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BULLETINS DU COMITE
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MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. DES BEAUX-ARTS
ET DES CULTES
SOUS-SECRÉtARIAT O'ÉTAT DES BEAUX-ARTS
Bureau de rBuieiernement et des Manufactures nationales
r 2S 15 AOUT 1905
BULLETIN
COMITE DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ABTS
OES DÉPARTEMENTS
SOMMA IKK
Acies administratifs. — Sesision de 1906. — Cirrulaire n" 1. — Partie docu-
mentaire. — Mémoires lus i la «ewion de 1905. — Distinclions honorifiques.
— Nécrologie.
30- SESSION
DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS DES DÉPARTEMENTS
1906
ARRÊTÉ
fixant la date de la session des Sociétés des Beaux- Arts des départements
en 1906
Le ministre de Tlnslruction piiblique, des Heaiix-Arts et des Cultes,
Vu les avis émis par le Comité des Sociétés des Beaux-Arts des dépar-
teinenis, les 19 et !26 novembre et le 20 décembre 1898;
Vu rarrêté du !20juin 1905 fixant li date dii 44* Congrès des Sociétés
savantes de Paris et des déparlemonls pour ITOH;
Sur la pro, position du sous -secrétaire d*E(al des Beaux-Arts,
Arbête :
I^ 30* réunion des Sociétés dos Beaux-Arts des départements aura lieu
h TEcole nationale des Beaux-Arts, du mardi 17 avril 1906 au vendredi 20
du même mois, inclusivement.
La séance de clôture aura lieu dans le grand amphiihéiltre de la Sor-
bonne, le samedi 21 avril, i\ 2 heures précises.
Paris, le 28 juillet 1905.
Signé : Bienvenu-Martin.
Pour ampllalion :
[^ sous^hef du bureau de l'enseignement
et des manufactures nationales,
M. Caviolk.
CXXII
SESSION DE 1906
CIRCULAIRE N« 1
A Messieurs les Membres non résidants el Correspondants du Comité, à
Messieurs les Présidents des Sociétés des Beaux- Arts des départenunls
en relations avec le Comité.
Palais-Royal, le 15 août 1905.
MoNSlKUR,
Par arrêté du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts en date
■ du Î8 juillet, la 30* session des Sociétés des Beaux-Arts des départements s'ou-
vrira, en 1906, à l'Ecole des Beaux- Arts, rue Bonaparte, n° 14, le mardi de
Pdques, 17 avril 1906.
Les mémoires préparés en vue de cette session devront m'étre adressés, au
sous-secrétariat d'Etat des Beaux-Arts, rue de V^alois, n** 3 (bureau de l'Ensei-
gnement et des Manufactures nationales), avant le 30 janvier 1906, terme de
rigueur, pour être soumis à l'examen du Comité des Sociétés des Beaux-Aris,
chargé de désigner ceux qui pourront être lus en séance publique.
Le grand nombre des communications m'oblige à rappeler aux auteurs qu'il
leur est accordé vingt minutes, au plus, pour lire ou résumer leurs travaux. l,es
mémoires qui, à l'impression, exigeraient plus de ringt pages du format du
Compte rendu devraient être l'objet de suppressions qui seraient demandées
aux auteurs avant la mise sous presse .
Les auteurs sont également prévenus que, désormais, les copies de pièces iné-
dites jointes aux mémoires soumis à l'examen du Comité devront être, s'il est
rstble, authentiquées, soit par les directeurs des dépôts d'archives, soit par
notaires, soit par les propriétaires des papiers communiqués.
Je ne crois pas utile de vous rappeler longuement ce dont l'expérience des
sessions précédentes vous a fait juge, n savoir le caractère particulier des éludes
que le Comité des Sociétés des Beaux-Arts apprécie et accueille de préférence . La
mise au jour de documents inédits sur les artistes ou les monuments de nos pro-
vinces, tel est le but que doivent se proposer les délégués des Sociétés des Beaux-
Arts des départements désireux de prendre part aux sessions annuelles.
En vous faisant parvenir ultérieurement les lettres d'invitation destinées à
MM. les Délégués, j'aurai l'honneur d'y joindre les instructions concernant les
mesures adoptées d'un coamiun accord par les Compagnies de chemins de fer et
mon Administration.
J'invite MM. les Présidents à me faire connaître avant le iiOjanrier 1906 la
liste de leurs délégués. Je les prie, toutefois, d'apporter la plus grande réserve
dans le choix des délégués.
En dehors des personnes qui aurout <\ faire des communications, chaipie
société ne pourra désigner pour la représenter que trois de ses membres, qui
devront, dès l'ouverture de la session, inscrire leur adresse ù Paris sur un
registre déposé a la porte de la salle où se tiendra la Section.
Le titre de Correspondant ou de ^lembre non résidant du Comité ne donne
pas droit k l'envoi Ùl office d'une carte d'invitation et d'une lettre de parcours.
Ces pièces devront faire l'objet d'une demande spéciale de la part des intéressés
dans le délai ci-dessus fixé.
Je vous prie de m* accuser réception de cette lettre.
Agréez, -Jilonsieur, l'assurance ne ma considération très distinguée.
Le Sous-Secrétaire d'Etat des Beaux-Arts,
Di'j )rdi\-Bk.aumktz .
M. B. — Chaque année, les auteurs des mémoires acceptés par le Comité et
insérés dans le (iOmpte rendu de la session demandent au sous-secrétariat d'Etat
des Beaux-Arts l'autorisation de faire des tirages i\ part de leurs travaux.
— CXXIII —
MM. les auteurs sont prévenus qu'ils peuvent traiter, pour les tirajjes à part,
avec IVditeur <iu Oompte rendu, sans que le sous-secrétariat d'Etat des Beaux-
Arts ait à intervenir eu aucune manière dans ces négociations. Il ne sera donc
pas répondu aux lettres des collaborateurs du Comité qui auraient trait à cette
question. — Les tirages à part ne sont livrables aux auteurs qu'nprcs l'achève-
meut et la distribution du (iompte rendu de la session.
MEMOIRES LIS A LA SESSIOX DE 1905
Brofferies iourangelies du dix-septième siècle, par M. unDH-iiMONT (Charles),
à Chatigny. — 1" Les tapisseries de la s. Licorne 9 du château de VerieuiL
S'* Petitot et Xattier : Deux œucres inédites. 3° Office de la Vierge, tratis-
crit par X. Jarry, par M, Emile Bïais, à Angoulôme. — La galei'ie des por-
traits d^abbesses de Fonterrault, par M. l'abbé Bosskboxik, t\ Tours. — De
Fontainieu, peintre marseillais (1760-1850), par M. BoLrLLo\-L/i\DAis. i\ Mar-
seille. — Iconographie religieuse, par M. Tabbé Brink, à Mont-sous-Vaudrcy
(Jura). — Enseignement public, des arts du dessin à Lyon, par M. LéonCuAR-
VKT, à Paris. — Coup d'œil sur le théâtre à Nimes à la fin du dix-huitième
siècle, par M. Paul Cl.alzkl, à Nîmes. — • Les origines de l'école de dessin et
du musée d' A ix-en- Provence, par M. \uma (]ostk, à Aix. — Morel d'Arleux,
peintre et graveur (^1755-1827), par M. Emile Dki.igmkrks, à Abbevilh*. — La
famille des Halle, par M. (). Estoihnkt, à Châtres, par Tournan (Seine-et-
Marne). — l'* Toiles peintes en Touraine au dix-huitième siècle ; ^^ Deux
peintres tourangeaux : T.-E. Pringot et J.-F. duérize, par M. Alfred (jabk.^u»
à Amboise. — Fontaine de la lîenaissance et Xymphée, à (J orge-de-Loup,
près de Lyon, par M. Léon G^lf.k, à Lyon. — Le comte A. de Forbin, direc-
teur général des^ Musées royaux f 1777-1 8 Vl), par M. le barou Clillibkrt, à
Aix. — Utie œucre inconnue d'Antoine Pater, par M. Xlauricc Hk.v.wlt, à Va-
lenciennes. — 1" L'organiste Ferdinand- Albert Gautier; 2* Le violoniste
Alexandre Boucher, par feu M. H. Hkri.liso.v et AI. Paul Lkrov, à Orléans. —
Fssai de Répertoire des artistes lorrains : orfèvres, joaUliers, argentiers et
potiers d'étain, par M. Albert Jacoi'ot, à \ancy. — Un Christ de Prétoire aux
armes de Jean-Jacques de Mesmes^ comte d'Avaux, président à mortier au
Parlement de Paris' (iHTi), par M. Henri J. ad art, à Reims. — Xote pour
servir à l'histoire de l'art aux seizième et dix-septième si-cles, par M. Paul
Lkrov, à Orléans. — .Musiciens bourguignons du dix-huitième siècle : Claude
et LazM-e Rameau, par M. Léonce Lkx, à Màcon. — Les séjours de Corot en
Limousin, par M. Camille Lkvmahik, ii Limoyes. — Un portrait de Julie
d' Angennes, au château du Tremblay, par M. Y. Loriv, à Rambouillet. — Le
Gisant du château d'Uxelles, par AL J. Marti.v, à Tournus. — 1" Fontaine de
François /"" à Ruelle (Charente) ; 2" Tombeau de François van der Burch,
archevêque de Cambrai (16i5-l()VV), par AI. de Aïontkgit, au chtUeau des Om-
brais, par La Rochefoucauld (Charente). — Le graveur Dufios^ par M. Paul
PiîLLOT, à Rethel (.Ardennes). — Emile Salomé, peintre de ^e«re (1833-1881);
Louis Salomé, graveur en taille-douce (1812-1863); Adolphe Vandervinck,
décorateur (i83ii-1885), par AL L. Qlarrk-Rkyboirbon, à Lille. — Le peintre
Claude Lefebvre^ par AI. Eugène Thoiso.v, à Larchant (Seine-et-Marne). —
Sculptures foréziennes, par Aï. Eélix Thiollikr, k Saint-Etienne. — OEuvresde
la Renaissance en Anjou : les Vitraux, par AI. le chanoine Charles Urskau, à
Angers. — Le peintre Quentin Varin^ par AI. Gaston Varknxk, à Beauvais. —
Jacques Millets Déruisseaux, architecte et sculpteur rouennais du commence-
ment du dix-huitième siècle, par AI. Léon dk Vkslv, à Rouen.
Présidents de séances.
AIAl. J.-J. Cltiffrkv, Camille Exlart, Louis dk Fourcald, Samuel Roche-
BI.AVK, membres du Comité.
L
— ex XIV —
DISTIXCTIONS HOXORIFIQLES
Officier de VInstrucl'wn publique :
M. Fabbé Bossebokup, correspondant du Comité à Tours (arrêté du
16 juin 1905).
Officier d'Académie :
M. Gabeau, correspondant du Comité à Aniboise (arrêté du 16 juin J905).
NKCaOLOGlR
M. Eugèoc Gl'ii.lalmk, le sculpteur écrivaia, membre de TAcadémie des
Beaux- Arts et de l'Académie française, appartenait au Comité des Sociétés des
Beaux-Arts des départements depuis 1877. Il a suivi longtemps, avec ponctua-
lité, les réunions préparatoires des congrès. La sûreté de son jugement a servi
dans le silence la cause des plus laborieux des correspondants. Les écrits de
M. Eugène Guillaume sont connus. Pins d'tm précepte utile, plus d'un aperçu
lumineux, puisés dans ses livres, ont contribué à Torieutation des recherches
récentes dont l'art national a été l'objet. M. Eugène Guillaume est décédé à
Rome en mars 1905.
M. Paul Di'Bois, sculpteur et peintre, membre de l'Institut, était entré au
Goijfiité des Sociétés des Beaux-Arts en 1878. Ses œuvres, ses devoirs proPes-
sionnels ne lui permettaient pas de prendre part aux délibérations du Comité.
Muis, si \]. Paul Dubois n'a pas eu à statuer sur la valeur des études rédigées
Ï>ar les érudits des départements, il s'était préoccupé de rendre plus amples
es connaissances du peintre, du sculpteur et de l'architecte par la création, à
l'Ecole des Beaux-Arts, d'un enseignement simultané des trois arts. C'est sous
Tadministration de )f. Paul Dubois qu'un Musée de portraits d'artistes a été
fondé à l'Ecole, au profit des professeurs peintres, sculpteurs, architectes, gra-
veurs, de 104-8 à ce jour. Et déjà cette curieuse galerie a été mise à contribu-
tion par des érudits en quête de l'image authentique d'un éducateur du passé
ou d'un maître vivant. Enfin, c'est à la bonne grAce empressée de M. Paul
Dubois que le congrès annuel est redevable de l'hospitalité dont il jouit dans
THémicycle de rF>ole depuis 1888. M. Paul Dubois s'est éteint en mai 1905.
A la veille du congrès où il se faisait fête de paraître, le 8 mai 1905, M. Hkr-
LiJiso.v, nommé correspondant du Comité et officier d'Académie en 1877, offi-
cier de l'Instruction publique en 1888, chevalier de la Légion d'honneur
en 1895, était soudainement enlevé à l'affection de ses proches, à l'estime de
ses compatriotes et de tous ceux qui avaient pu connaître cet homme d'intelli-
gence et de cœur. M. Herluison a fréquemment pris la parole aux congrès
annuels. Il fut, avec W\l. Delignières et (^hiarré-Reybourbon, le promoteur et
l'artisan de la solennité des noces d'argent du Comité. Mais ce n'est pas à Paris
qu'il convient de circonscrire l'action de M. Herluison. Le théâtre de son
influence fut sa ville natale, Orléans. Ses nombreuses publications relatives à la
F libératrice d'Orléans, son culte euvers la mémoire de la vierge lorraine avaient
fait de lui une sorte de médiateur également écouté de tous les partis. Il se
montrait d'ailleurs prodigue de ses heures aussi bien que de sa santé pour
V l'honneur de sa ville. En 1902, à la mort de M. Desnoyers, c'est M. Her-
\ luison qui fut nommé directeur du Musée Jeanne d'Arc. \on content d'ac-
l croître cette collection précieuse, AI. Herluison prenait, il y a quelques mois,
i l'initiative courageuse d une statue colossale de Jeanne d'Arc ; enfin, par une
î sorte de rapprochement qui ajoute i\ l'unité de sa carrière, c'est le 8 mai. au
matin même de la fête traditionnelle de la délivrance d'Orléans que ce fervent
f" de Jeanne d'Arc a fermé les yeux.
MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, DES BEAUX-ARTS-
ET DES CULTES
SOUS-SECRÉTARIAT D'ÉTAT DES BEAUX-ARTS
Bureau de l'Unselgaeiuent et dea Manufactures nationales
N* 29 6 SEPTEMBRE 1906
BULLETIN
DU
COMITÉ DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ABTS
DES DÉPARTEMENTS
SOMMAIRI-:
Actes administratifs. — Session do 1907. — Circulaire n' 1. — Partie docu-
mentaire. — Mé iioirrs lii> n la sosioa de 1906. — Distiactiou honorifique.
;n« SESSION
DES SOCIÉTÉS OKS BKAIIX-ARTS DES DÉPARTKMEXTS
1907
AUUiVrÉ
fixant la date de la session des Sociétés des Beaux- Arts des départements
en lît07.
Vu les avis émis par le Comité des Beaux Arts des dépaitemorils, les
19 et 26 novembre el le 20 dérembre 1898 ;
Vu rarrélédu 17 juillet 190H, fixant la date du -4.V Congrès des Sociétés
savantes de Paris et des départements pour 1907 ;
Sur la proposition du Sous -Secrétaire d'Ktal des Beaux-Arts;
Arrétk :
La 31' réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements aura lieu
à l'École nationale des Beaux-Arts du mardi 21 mai 1907 au vendredi
24 du même mois, inclusivement.
Paris, le 18 aoiit 1900.
A. BniAXD.
vs^t:^^
^^^^ n
— CXXVI —
SESSION DE 1907
CIKOIJLAIRK N» 1
A Messieurs les Membres non résidants et Correspondants du Comité,
à Messieurs les Présidents des Sociétés des Beaux-Arts des départements
en relation avec le Comité.
Paiais-Royal, le 3 septembre 1906.
MOXSIBI'R,
Par arrêté du ininislru de l'iastructiou publique et des Beaux-Arts en date
du 18 août 1906 la 31^ session des Sociétés des ({eaux-Arts des départements
s'ouvrira, en 1907, & l'Rrole des Beaux-Arts, rue Bouaparle^ n" 14, le mardi de
la Pentecôte, 21 mai 1907.
Lps mémoires préparés e'i vue de cette session devront m'élre adressés, au
Sons-Secrétariat d'Klat des Beaux-Arts, rue de Valois, n** 3 (bureau de l'Ensei-
j^nemcnt et des Manuiaclures nationales), avant le 15 février 1907, terme de
rigueur^ pour être soimiis à l'examen du Comité des Sociétés des Beaux-Arts.
cliurtfé de dési'^ner cl'hx qui pourront être lus en séance publique.
liC (jraiid nombre des communications m'oblige à rappeler aux auteurs qu*ii
leur est accordé vingt minutes, au plus, potir lire ou résumer leurs travaux. Les
mémoires qui, à f impression, exigeraient plus de vingt pages du format du
Compte rendu devraient être l'objet de suppressions qui seraient demandées
aux auteurs avant la mise sous presse.
Les auteurs sont également prévenus que, désormais, 1rs copies de pièces iné-
dites jointes aux mémoires soumis à l'examen du Comité devront être, s'il est
possible, authentiquées, soit par les directeurs des dépôts d'archives, soit par les
notaires, soit par les propriétaires des papiers communiqués.
^. Je ne crois pas ulilo de vous rappeler longuement ce dont rexpérience des ses-
y^, sion« précédentes vous a Tait juge, a savoir, le caraclère particulier des éludes
^ que le Comité des Sociétés des Beaux- Arts apprécie et accueille de préierence.
La mise au jour de documents inédits sur les artistes ou les monuments de nos
provinces, tel psi le but que doivent se proposer les délégués des Sociétés des
Beau\-Arls des départements dé^ireui de prendre part aux sessions annuelles.
Kn vous (disant parvenir ultérieurement les lettres d'invitation destinées à
MU. les Délégués, j'aurai l'honneur d'y joindre les instructions concernant les
mesures adoptées d'un commun accord par les (iompagnies de chemins de (er et
mon Administration.
J'invite M\l. les Présidents à me Taire connaître, avant le l^yecrier 1907, la
liste de leurs délégués. Je les prie, touterois, d'apporter la plus grande réserve
dans le choix des délégués.
\ Kn dehors des personnes qui auront h faire des communications, chaque Société
re pourra désigner pour la représenter que trois de ses membres, qui devront,
dès l'ouverture dt; la session, inscrire leur adresse à Paris sur un registre déposé
à la porte de la salle où se tiendra la Section.
JjC titre de Correspondant ou de Membre non résidant du Comité ne donne
pas droit ii l'envoi d office d'une carte d'invitation et d'une lettre de parcours.
(iCS pièces devront faire l'objet d'une demande spéciale de la part des intéressés
dsins le délai ci-dessus ûxé.
Agréei. Monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée.
Le Sous-Secrétaire d'Etat des Beaux- Arts,
Dujardiiv-Bkalmktz.
N.B. — Chaque année, les auteurs des mémoires acceptés par le Comité et
insérés dans le compte rendu de la session demandent à la Direction des Beaux-
Arts l'autorisation de faire des tirages à part de leurs travaux. MM. les AuleuiS
sont prévenus qu'ils peuvent traiter, pour les tirages à part, avec Téditeur du
compte rendu, sans que l'Administration ait à intervenir en aucune manière
— CXXVII —
dans ces négociations, il ne sera donc pas répondu aux leltres des collaborateurs
du Comité qui auraient trait à celte question. — Les tirages h paît ne sont
livrables aux auteurs qu'après l'achèvement et la distribution du compte rendu
de la session.
MKMOIRES LUS A LA SESSIOX DK lî>06
Un portrait de Mme de Montespan à Rambouiliet, rue de la Motte, par
M. LoRiN, à Rambouillet. — Une statue de Xicolas d'Angennes, en marbre,
par le même. — Un tableau inédit de Jean Daret dans l'église Saint-Paul
du Var, près Vence (Alpes-Maritimes), par \l. Dolblkt, ù \ice. — Inrentaire
somtnaire des églises rurales de l'arrondissement de Reims au point de tue de
l'art et de l'histoire, par M. Jadart, ù Reims. — La collection de tableaux du
chevalier Emile de Tarade, par \\. Gabrau, à Amboise. — Trois statuettes en
bois de l'école provençale, par M. le baron Ghillibert, h Aix. — Essai de
répertoire des artistes lorrains : Brodeurs et tapissiers de haute lisse, par
M. Albert Jacquot, à \ancy. — Pierre (fobert portraitiste, par \\. Eugène
Thoison, à Larchant (Seine-ct-Marno). — Les Sèmlcres ou n^tises au tombeau
en Picardie, par .\l. Emile Deligmères, à Abbc ville. — Jules-Edouard de Magy,
peintre tnarseillais, par M. Bomllox- Landais, a MarseilKv — Objets d'art reli-
gieux dans fancien archidiaconé de Toumus, par M. .\Iarti\, à Tournus. —
Une famille de peintres blésois, les Monsnier, par M. Tabbé Uosskbceif, ù
Tours. ^— Statues de l'école dijonnaise à la cathédrale de Hesançon, par
M. l'abbé Bru\r, à Mont-sous-Vaudrey. — Enseignement public des arts du
dessin à Lyon, par M. Léon Charvrt, ù Paris. — Joseph-Auguste Herlin, artiste
peintre, par M. QCARRli-RBVBOURBOf, à Lille. — Histoire d'un tableau : Le
martyre de Saint- Etienne, par Rubens, par M. Hkxallt, à Valencienoes. -
La chapelle du chdteau de la Sorinière en Saint-Pierre de Chemil/é, par
AI. le chanoine Urseau, à Angers. — A propos d'un Van Loo et d'un Largil-
liêre, par M. Planxouard, ii Magny-cn-Vexin (Seine-et-Oisc) ,
Présidents de séances.
\\\L Henry Uavaru, dk Xolhac, Lucien Marchkix, Lucien Xhu.vK, monibrcs
du Comité.
DISTLVCTIOX HONORIFIQUE
Officier de t Instruction publique :
M. le chanoine l'asKAr, correspondant du Comité à Angers (aiiélé du
20 avril lî)0(i).
1
DISCOURS
PROCÈS-VERBAUX ET RAPPORTS
^,\^^T
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J
RÉUNION
SOCIÉTÉS DES BE4UX-ARTS
DES DÉPARTEMENTS
DANS LA SALLB DB 1/hÉU1CYCLE DB l/ÉCOLB NATIONALE DES BEAUX-ARTS
EN 1906
TEENTIËME SESSION
Ouverture de la session et composition du Bureau,
Un arrêté rendu sur la proposition du sous-secrétaire d'État des
beaux-arts, sous la date du 28 juillet 1903, est ainsi conçu :
fiC ministre de Tînstruction publique, des beaux-arts et des
cultes,
Vu les avis émis par le comité des sociétés des beaux-arts des
départements les 19 et 26 novembre et le 20 décembre 1898 ;
Vu Tarrêlé du 20 juin 1905, Gxant la date du 44* congrès des
sociétés savantes de Paris et des départements pour 1906;
Sur la proposition du sous-secrétaire d'État des beaux-arts.
Arrête :
La 30* réunion des sociétés des beaux-arts des départements
aura lien à TÉcole nationale des beaux-arts du mardi 17 avril 1906
au vendredi 20 du même mois inclusivement.
La séance de clôture aura lieu dans le grand amphithéâtre de
la Sorbonne, le samedi 21 avril, à deux heures précises.
Bienvenu-Martin.
Un arrêté en date du 17 février 1906 fixe que les séances de
la session seront successivement présidées :
Le mardi 17 avril, par M. Henry Havard, inspecteur général
1
2 SÉA^'Cfi DU 11 AVRIL
des beaux-arts, membre du comité des sociétés des beaux-arts des
départements;
Le mercredi 18 avril, par H. de Noihac, conservateur du musée
national de Veraailles, membre du comité des sociétés des beaux-
arts des départements;
Le jeudi 19 avril, par M. Marcheix, conservateur du musée, de
la bibliothèque et des collections de TÉcole nationale des beaux-
arts, membredu comité des sociétés des beaux-arts des départements;
Le vendredi 20 avril, par H. Magne, inspecteur général des
monuments historiques, membre du comité des sociétés des beaux-
arts des départements.
Le vice-président de chaque séance sera choisi parmi les délé-
gués des sociétés des beaux-arts.
Le président et le vice-président seront assistés, pendant la durée
de la session, par :
M. Augustin Thierry, attaché au cabinet du sous-secrétaire
d'État des beaux-ar's, secrétaire adjoint du comité, qui remplira les
fonctions de secrétaire des séances.
Séance du mardi 17 avril,
PRÉSIDENCE DE M. HENRY HAVARD
La séance est ouverte à deux heures, sous la présidence de
M. Henry Havard, inspecteur général des beauj-arts, membre du
comité des sociétés des beaux-arts des départements.
M. le président invite M. Braquehaye, membre non résidant du
comité à Bordeaux, à prendre place au fauteuil de la vice-prési-
dence, et prononce le discours suivant :
Messieurs,
Le 18 avril 1879, jour où la confiante amitié de M. Jules
Ferry me désigna pour faire partie du comité des sociétés des
beaux-arts, si quelqde arrière-neveu de Cagliostro, ou quelque
élève de Mme Lenormand, m'eût prédit que vingt-sept ans plus
tard« j'aurais l'honneur insigne de présider, dans ce glorieux
amphithéâtre, à Tinauguration de votre trentième coogrès, il
m'aurait trouvé — pourquoi le cacher? — notoirement incrédule.
VÉcole des beaux-arts! presque un palais. L'hémicycle de Delà-
ALLOCUTIOM DE M. HBNRT HAVARD 3
iioche! presque un musée. Quel radieux contraste avec la salle
Gerson, — votre asile d'alors, — antre obscur et antiacoustique,
où, faute de jour, on pénétrait à tâtons, où la voix portait à peine à
deux mètres! Et ces trente années, messieurs, qui aurait osé pré-
voir une si longue vitalité, en ces temps d'incessantes fluctuations
d'idées, et d'autant moins rassurantes pour vous, que l'accueil fait
à vos premiers pas n'était rien moins que sympathique?
L'an dernier, ici même, mon cher et savant ami Jules Guiffrey,
lui aussi ouvrier du premier jour, rappelait les suspicions injusti-
fiées dont furent entourés vos débuts, les jalousies agissantes de
frères aines s'alarmant à tort, et croyant qu'on les voulait dépos-
séder de ce qu'ils considéraient comme leur patrimoine intangible.
Et, en dehors de ces oppositions latentes ou avouées, que d'événe-
ments accomplis en ce tiers de siècle! Que d'institutions jugées
indestructibles, anéanties peut-être pour toujours! Que de trans-
formations dans les esprits! Quelle évolution dans les mœurs! Et
pour moi, quelle joie, après tant d'années anxieuses, de pouvoir
saluer votre compagnie toujours aussi vaillante, aussi ardente à
l'étude, aussi dévouée à la science, plus nombreuse et mieux
aguerrie que jamais!
Les obstacles semés sous vos pas, vous les avez surmontés. Les
mauvais vouloirs, vous les avez vaincus. Les vides douloureux que
la mort a faits daiis vos rangs, vous les avez comblés. Le découra-
gement, la lassitude, le scepticisme qui fait douter du résultat et
détourne de l'efiTort, vous ne les avez pas connus. Votre activité
résolue, persévérante et féconde ne s'est laissé arrêter par rien...
pas même par l'ennemi le plus redoutable, le décevant silence!
Et, en effet, messieurs, si les hommes éminents appelés à pré-
sider vos séances annuelles se sont fait un pieux devoir de vous
remercier, tour à tour, des services dont l'histoire de notre art
national vous est redevable; s'ils ont rendu pleine et loyale jus-
tice à votre infatigable dévouement, à votre science éprouvée, à
vos constantes et ingénieuses recherches ; hors de cette enceinte, —
si l'on excepte quelques témoignages forcés de gratitude, — -on
affecta pendant longtemps d'ignorer la haute valeur de vos travaux
Cette indifférence, plus apparente que réelle, ne vous a pas*
émus. Vous avez éprouvé ee a fanatisme de l'Espérance « dont
' parle Mirabeaa; et voilà qu'enfin, cette année, devant un arèo-
n
4 SÉANCE DU 11 AVRIL
page choisi, un hommage public vous a été adressé, reconnais^
sance officielle de vos mérites, et dans des circonstances qu'il .
importe de rappeler, car elles fixent une date intéressante de votre
histoire.
Au cours de la dernière législature, une voix autorisée s'était
élevée dans le Parlement, pour signaler Tétat de délaissement
dans lequel végètent nombre de nos musées de province. On les
montrait privés de conservateurs expérimentés, dépourvus de cata-
logues raisonnes, menacés de destructions par Tincendie, par des
installations défectueuses et des inerties coupables. Le sous-secré-
taire d'État, qui préside aux destinées des beaux-arts, justement
soucieux des devoirs de sa charge, s'est ému de ce mal qu'on lui
signalait. Résolu d'y remédier dans la mesure du possible, il a
groupé dans une grande et importante commission toutes les
compétences désirables. Et comme, dès la première séance plénière
de cette commission, on déplorait Fabsence presq ue partout d^inven-
taires sérieux et de catalogues raisonnes, il a bien fallu parler de vos
travaux et proclamer la dette de reconnaissance contractée vis-à-vis .
de votre institution par tous ceux à qui nos musées sont chers.
On a forcément rappelé votre collaboration à cette immense et
noble entreprise de V Inventaire des richesses d'art de la France.
On a dû se souvenir qu'en 1877, M. de Chennevières s'en remet-
tait à vous du soin de la mener à bonne fin. u C'est à vous,
disait-il, jque nous sommes obligés de nous adresser pour établir
cette vaste statistique... Nous avons dressé le plan, tracé les
cadres, formulé le questionnaire; mais ce plan peut demeurer,
inutile, les cadres peuvent rester vides, si le questionnaii*e n'est
rempli par vous, si vous ne nous envoyez, chacun de votre côté,
les chapitres isolés de ce livre immense, d Vous vous mites à
l'œuvre de suite, sans hésitation; et deux ans plus tard, dans cette
afireuse salle Gerson dont je parlais à l'instant, la voix clairon-
nante de notre cher et vénéré maître, le vicomte Henri Delaborde,
nous annonçait l'apparition prochaine de trois catalogues : celui .
du musée de Tours, rédigé par Anatole de Montaiglon; ceux
d'Angers et de Nantes, par Henri Jouin et Olivier Merson.
Ceci se passait en 1879! Combien d'autres travaux du même
genre étaient alors sur chantier, imprimés, ou à la veille de l'être!
Le Catalogue du musée de Grenoble, par M. Roman; celui du
ALLOCUTION DE M. HENRY HAVARD 5
musée de Lisieux, par MM. Mély et de Montaiglon ; ceux de Besan-
çon, par M. Caslan; de Montpellier, par M. Lafencstre; d'Orléans,
par M. Eudoxe Marcille; de Chalon-sur-Saône, par H. Desfcil-
leur. Où en serions-nous aujourd'hui si des erreurs n'avaient été
commises dans la direction de cet immense travail (fautes qu'il
serait inutile de nier) et sans l'obstination qu'apporta H. Anlonin
Proust à en proclamer l'inutilité et à lui enlever les crédits néces-
saires? Et si nous feuilletons simplement les vingt-neuf volumes où
se condensent vos lectures annuelles, que de travaux d'approche,
d'études préliminaires ne nous fournissent-ils pas sur le sujet
spécial qu'a tant à cœur la grande commission dont nous parlons!
Faut-il citer les précieuses notices de M. Armand Cambon sur
le musée de Montauban, de M. Bouillon-Landais' sur le musée de
Marseille, de M. Charles Hue sur celui de Fécamp? les travaux de
M. Brocard sur le musée de Langres, de M. Bariau sur celui de
Moulins, dé M. Adrien Picard sur celui du château Borelly, et tant
d'autres? Certes, la commission des musées de province aurait eu
mauvaise grâce à méconnaître les services éminents que vous avez
rendus.
Mais ce n'est pas tout, a Les bonnes nouvelles, dit un vieux
dicton de la Bourgogne, viennent toujours de compagnie, r Une
autre occasion est proche où, devant une seconde assemblée non
moins nombreuse, également compétente, l'utilité démontrée de
votre œuvre provoquera certainement un nouvel hommage. J'ai
dit quelle était la sollicitude de M. Dujardin-Beaumetz pour toutes
les branches de l'administration confiée à ses soins. Soucieux
d'améliorer — s'il est possible — l'enseignement de ce qu'on est
convenu d'appeler a les arts décoratifs » , il vient de nommer une
commission spéciale, sorte de petit parlement, qui doit être chargée
d'étudier cette question passionnante.
Passionnante en effet, car peu de problèmes qui dans ces der-
nières années aient plus ému le grand et le petit public, fourni de
copie aux écrivains d'art et mis en verve les journalistes. A voir
l'entrain qu'on apporte à s'occuper d'elle, on serait enclin à lui
supposer les grâces piquantes et la virginale fraîcheur d'une jeu-
nesse immaculée. Il n'en est rien cependant. Et l'on trouverait dif-
ficilement une question moins neuve, plus mûre, qui ait davan-
tage fait parler d'elle.
« SÉANCE DU 11 AVRIL
Tout d'abord, il faut bien reconnaître que dès le treizième siècle
elle était déjà résolue par cette double institution de Tapprentis-
sage et de la maîtrise, dont le code un peu rébarbatif nous a été
transmis par Etienne Boileau. L'apprentissage dont la rigoureuse
discipline se chargeait de décourager les fausses vocaiions, d'inti-
mider les hésitants, d'évincer les paresseux; la maîtrise qui, au
sortir des rigueurs de l'apprentissage, procurait au candidat ayant
fait ses preuves l'appréciable privilège de pouvoir vivre du méfier
appris, sans avoir à redouter la concurrence des gâcheurs et des
exploiteurs étrangers à la profession. Et, entre ces deux termes
exXrêmes, le maître ne pouvant former qu'un nombre strictement
limité d'apprentis; non pas simplement tenu, comme le sont les
professeurs de nos jours, d'enseigner (suivant le mot si profond
de Chabal-Dussurgey) ce que trop souvent ils ignorent, ou a d'in-
culquer à la jeunesse l'amour de ce qu'ils ont toujours dédaigné r» ;
mais rompu aux difficultés de sa tâche et d'autant plus pressé de
façonner des ouvriers capables qu'il avait hâte de faire de ses
élèves d'utiles collaborateurs.
On sait à quel degré de perfection celte organisation un peu
rude porta nos industries d'art, et le fait que cette main-d'œuvre
incomparable se perpétua, chez nous, jusqu'à la fin de l'ancien
régime, démontre assez la valeur de l'institution et l'excellence de
la méthode. Personne n'ignore non plus que le souffle révolution-
naire balaya ces contrats restrictifs pour leur substituer les bien-
faits de la liberté. Ce que ceux qui font profession d'écrire sur ces
questions connaissent plus imparfaitement, ce sont les étapes par-
courues par cette émancipation moins soudaine qu'on ne croit
généralement. Il est pourtant bien utile, quand on veut savoir
exactement où l'on va, de s'enquérir un peu d'où Ton vient. Or,
c'est à vous, messieurs, que, dans le cas présent, il faut s'adresser
pour l'apprendre.
Après l'avortementdes velléités réformatrices de Turgot, quand
la loi du 2 mars 1791 supprima définitivement les maîtrises et les
jurandes, celles-ci avaient fait leur temps. Le robuste édifice
élevé par le moyen âge était miné à sa base. De protectrices qu'elles
avaient été d'abord, les corporations étaient devenues oppressives
et tyranniques. Les médiocrités, toujours et partout les plus nom-
breuses, prétendaient régenter le talent et enchaîner le génie dans
ALLOCUTION DE M. HENRY HAVARD 1
des i*ègles inexorables. Les peintres, vous le savez, furent les pre-
miers à secouer ce joug trop pesant. Dus 1648, grâce à la haute
intervention de Mazann, ils s'émancipèrent de la lourde tutelIiE^
qu'on prétendait leur imposer, en fondant, à Tinstigation de Le
Brun, cette académie royale de peinture et de sculpture qui devait
paiTourir une carrière si glorieuse. Vers le même temps, Nicolas
Levray, a sculpteur et architecte du Roy, t) érigeait à Toulon, dans
Tarsenal, cette École d'art de la marine, destinée à former des
artistes pour la décoration des constructions navales, école que
Puget devait immortaliser par sa présence.
Le mouvement, ainsi inauguré au Nord et au Midi, gagna très
lentement nos autres provinces. En 1676, sur la proposition de
Colbert, Louis XIV octroyait des lettres patentes « pour Tètablisscv
ment des académies de peinture et de sculpture dans les princi^
pales villes du royaume « ; mais c*est seulement en 1689 que
Thomas Blanchet s'efforça d'établir à Lyon une académie qui ne
devait réellement vivre et prospérer qu'au siècle suivant, et c'esC
en 1690 que Le Blond de la Tour, a peiatre ordinaire du Roy, *
obtint les lettres de fondation de l'académie royale de Bordeaux.
Avec le dix-huitième siècle, ces institutions se multiplient. En
1715, à An'as, Jacques-Philippe Ferraud rédige un projet pour
l'établissement des écoles gratuites de dessin. En 1740, l'aca-
démie de Rouen est fondée par Descamps, dont le nom est cher à
Id fois aux peintres et aux écrivains d'art. Douze ans plus tard,
Verdiguier, a maître sculpteur enthousiaste t> (comme l'appelle
M. Parrocel), inaugure l'académie de peinture et sculpture de Mar-
seille, qui allait former une phalange d'artisans émérites, faïen-
ciers, dessinateurs de papier peint, serruriers d'art, appelés à
régénérer les industries artistiques de la Provence. En 1764, l'ex-
cellent Bachelier installait à Paris, dans l'amphithéâtre de l'Ecole
de chirurgie, — où elle réside encore, — cette Ecole des arts déco-
ratifs à laquelle on promet périodiquement et vainement une ins-
tallation meilleure.
En 1767, les Etats de l'Artois ouvrent à Sainl-Omer une aca-
démie gratuite de dessin. En 1772, c'est le tour de l'académie de
Poitiers, dirigée par Anjollcst-Pagès. En 1779, apparaît l'école de
Tour, que le brave Rougeol fonde de ses propres deniers. En
1780, Antoine Saint-Lambert, élève de Lancret, inaugure Face-
« SÉANCE DfJ 17 AVRIL
demie de Cambrai, et en 1782, Chardenal celle de Langres. Voilà,
messieurs, ce qu*on apprend à feuilleter les vingt-neuf volumes
renfermant vos travaux. On y voit que renseignement des arts
décoratifs n'avait pas attendu, pourse libérer, la loi du 2 mars 1791.
Il ne faut pas, en effet, que le mot académie, qui revient si sou-
vent dans cette énumération, produise une confusion regrettable.
Il s'agit bien là — non pas seulement d*art décoratif, car, comme
le disait si bien ici même un de nos collègues les plus compétents :
tt Qu'est-ce donc que Tart décoratif? C'est Tart tout entier, rem-
plissant la fonction qui lui est dévolue » — mais de Tart appliqué
à nos industries nationales. Vingt textes, cités par vous-mômes, en
font foi. C'est d'abord le titre de l'école de Poitiers, qualifiée école
royale académique de peinture, sculpture, architecture et arts ana-
logues au dessin. C'est la réplique de l'abbé Lacroix à l'opposition
<pie font les fabricants-dessinateurs de Lyon (1751) à l'établisse-
ment de ses nouveaux cours, u Ces jeunes gens, disait Lacroix, fils
d'ouvriers, devenus dessinateurs, seront une ressource infinie pour
leurs familles, et, connaissant mieux l'çssence du métier, ils en
perfectionneront l'ouvrage. »
Voici maintenant (janvier 1779) la municipalité de Tours, qui,
visitant V Académie gratuite, établie à ses frais par le dévoué Rou-
geot, constate que les élèves, a quoique ayant la main appesantie
par les travaux de leur état, annoncent des dispositions qu'il
importe de faire valoir, v En 1781, à cette même école de Tours,
nous trouvons le sieur Lefebvre, u appareilleur du pont, n préposé
à la direction du cours de la coupe des pierres, précurseur de cet
atelier de stéréotomie, encore aujourd'hui si réputé sur les bords
de la Loire, et qui a rendu tant e! de si grands sei-vices à toute la
région. Enfin, citons encore une lettre de Rouillé, intendant de
Champagne, approuvant (20 août 1784) la fondation de l'école de
Langres et félicitant ses promoteurs des sei'vices qu'elle rend aux
tt arts mécaniques n .
Est-il nécessaire d'ajouter que la Révolution, en modifiant la
forme de nos insfilutions, se garda bien de changer le caractère
essentiellement pratique de leur enseignement? Elle s'empressa, au
contraire, de lui donner une sanction officielle. Le 29 septembre
1794, l'abbé Grégoire demandait à la Convention la création d'une
école et d'un musée consacrés aux arts industriels/a II est temps,
ALLOCUTION DE Bf. HENRY HAVARD 9
\disait^il, que les arts utiles soient honorés et que, comme les
autres arts, ils deviennent dans un musée un sujet d'études et la
cause d'améliorations, dont tous doivent profiter... Dans un pays
libre, tous les arts sont libéraux ! n Et Tannée suivante la Conven-
tion répondait à la proposition de Grégoire par la création du Con-
servatoire des arts et métiers.
Tous les artistes d'aloi*s, ceux-là mêmes qui paraissent les plus
férus de classicisme, les plus outranciérement épris de ce qu'on
commençait à appeler » l'art pur » , partageaient cette sollici-
tude pour ce qu'on a nommé depuis a les arts mineurs » . Louis
David, dans une lettre du 2 prairial an XI, où il recommandait la
candidature de son élève lierre Revoil à la direction de l'école de
Lyon, le grand, le classique David écrivait : a C'est le jeune homme
le plus estimable. Il possède toutes les qualités pour bien remplir
cette place... Il possède de plus l'intelligence absolue de connaître
mieux qu'aucun autre le genre particulier qui convient à une
ville comme Lyon. Il s'entend aux ouvrages de manufactures, qui
ont rendu cette ville célèbre en Europe. »
Est-il nécessaire d'insister sur des faits plus récents pour mon-
trer que cette question des arts décoratifs n'a jamais cessé d'ex-
citer en France un intérêt tout spécial? L'admission des industries
d'art à l'exposition de l'an VI, a pose d'une première pierre, sur
laquelle devait s'élever un monument colossal ; » les encourage-
ments qui leur furent prodigués par la Restauration en 1819, par
le gouvernement de Juillet en 1834, par la seconde République en
1849, nous amènent aux expositions universelles de Londres et de
Paris, et à cet admirable Rapport sur VapplicationdesartsàVvnr
dustrie, du comte de Laborde, qui, dans ses mille- pages, traite
avec une indiscutable et magistrale autorité les multiples problèmes
qui nous passionnent encore. Puis ce sont la fondation de V Union
centrale, l'enquête générale, solennellement instituée par M. An-
tonin Proust durant son éphémère ministère des arts, la révolu-
tion dans l'enseignement du dessin accomplie sous l'inspiration
d'Eugène Guillaume, les missions en Europe confiées à M. Marins
Vacbon, les expositions périodiques de nos écoles régionales d'art
décoratif... Que sais-je encore? Tout cela date d'hier. C'est de
l'histoire contemporaine; et si certains de nos critiques d'art
paraissent n'en rien savoir, c'est que, comme le disait la modiste
10 SÉANCE DU 17 AVRIL
de Marie-Antoinetle : a II n'y a de vraiment neuf en ce monde
que ce qu'on a oublié ! »
Pour les faits plus anciens, s'ils les ignorent, ils ne sont guère
plus excusables, car il leur suffisait de parcourir les comptes rendus
de vos sessions pour trouver sous la signature de MM. Charvet,
Durieux, Jules-Charles Roux, Braquehaye, Félix Laurent, Par-
rocel, Charles Ginoux, Victor Advielle,.Mélicourt-Lefèvre, Th. Vé-
ron, Guillard, et de quelques autres, la plupart des faits que je
viens de résumer. J'ajouterai qu'avant toute discussion, les membres
de la haute commission récemment instituée feront bien de relire,
dansées mêmes comptes rendus, les Quelques mots sur l'art déco-
ratif, de ChabaUDusseugey; les ingénieuses Idées au sujet de
V enseignement professionnel des arts décoratifs, de M. Charvet;
les pages savoureuses écrites par M. Francis Jacquier sur Y Initia-
tive individuelle dans la formation des œuvres d\art ; la lettre de
M. Léon Landinau sur V Enseignement du dessin dans Vinstruc-
tion primaire et secondaire; les lumineuses recherches sur l'^n-
seignement des arts, décoratifs, de M. A. Noël, etc., etc. Cette
lecture faite, justice pleine et entière ne peut manquer d'être
rendue à la merveilleuse activité dont vous faites preuve, à l'uti-
lité de vos travaux, à la grandeur de votre œuvre!
J'aurais voulu terminer cette allocution, un peu longue peut-
être, mais non inutile, par cette heureuse constatation. Cela ne
m'est pas permis. Vous m'en voudriez, messieurs, de ne pas
adresser, à l'ouverture de cette trentième session, un souvenir ému
et reconnaissant à celui que, l'an dernier, un de vos présidents
appelait : u votre infatigable secrétaire rapporteur, n ajoutant :
u j'allais dire votre secrétaire perpétuel, m Ironie de la destinée!
Celui qui, durant vingt-huit ans, assuma allègrement la tâche
énorme de coordonner vos efforts, nous manque pour la première
fois, quand il s'agit d'enregistrer vos définitifs succès. Soyez cer-
tains toutefois que, du fond de sa retraite, il est encore avec nous
de cœur et se console de son éloignement en répétant l'hémistiche
fameux de Lucrèce :
... eripitur persona, manet res!
M. Lorin, correspondant du comité à Rambouillet, donne lec-*^
SàANGB PU 17 AVRIL 11
ture de son mémoire intitulé : Un Portrait de Mme de Montespan
à Rambouillet.
Cette toile, où la marquise est représentée en Madeleine, se trouve
depuis fort longtemps dans la famille de la Hotte. On peut très,
vraisemblablement la considérer comme une réplique du fameux
portrait peint par Hignard pour Tabbesse de Fontevrault et que
Thospice d'Oiron possède aujourd'hui.
M. Lorin en établit avec précision tous les caractères d'authen-
ticité et fournit à son sujet maints détails intéressants sur l'icono-
graphie de Mme de Montespan, et en particulier sur ceux de ses
porlraits qui sont aux musées de Versailles et de Troyes.
On entend à nouveau M. Lorin sur une statue de Nicolas d'An-
gennes en marbre et un portrait du même.
C*est une intéressante notice consacrée à Nicolas d'Angenncs»
seigneur de Rambouillet (1533-1611), le grand-père de la célèbre
Julie d'Angennes, qui inspira la Guirlande de Julie, et à sa femme
Julienne d'Arquenay. Après leur mort, les statues de ces deux
personnages furent placées dans l'église de Rambouillet, mais
elles disparurent pendant la Révolution. M. Lorin a retrouvé et
identifié au musée de Versailles la statue de Nicolas d'Angennes
dont il raconte les vicissitudes depuis le jour de son enlèvement.
L'ordre du jour apj)clle la communication de M. Doublet
(Georges) sur Un Tableau inédit de Jean Daret dans l'église
Saint'PauUdu'Var, près Vence (Alpes-Maritimes) .
Etabli en Provence vers 1687, le peintre bruxellois Jean Daret
y fut chargé de commandes nombreuses, parmi lesquelles figure
la toile retrouvée par M. Doublet : Saint Mathieu écrivant son
évangile sous la dictée d'un ange. M. Doublet a fort habilement
fait ressortir tout l'intérêt présenté par cette œuvre importante de
l'un des meilleurs peintres qui travaillèrent en Provence.
La parole est ensuite donnée à M. Jadart (Henri), membre
non résidant du comité à Reims, sur un Inventaire sommaire des
églises rurales de l'arrondissement de Reims, au point de vue
de Vart et de l'histoire.
Ce travail très complet et très documenté est précédé de consi-
dérations sur son utilité dans les circonstances actuelles.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à trois heures
quarante.
1
12 SÉANCE DU 18 AVRIL
Séance du mercredi 1 8 avril.
PRÉSIDENCE DE M. DE NOLHAC
L^ séance est ouverte sous la présidence de M. de Nolhac, con-
servateur du musée national de Versailles, membre du comité des
beaiix-arts des départements.
M. le président invite M. Delignières, membre non résidant du
comité à Abbeville, à prendre place au fauteuil de la vice-présidence,
et prononce Fallocution suivante :
Messieurs,
Lorsque Thonncur m'a été fait, il y a quelques années, de
présider une de vos séances, j*ai usé du droit que me conférait
Tallocution d'usage pour vous entretenir de Tart décoratif familier
dans Tancienne France. J'ai attiré notamment votre attention sur
la nécessité de faire connaître les morceaux qui en subsistent dans
nos hôtels de province et nos vieux logis, en dehoi*s des morceaux
célèbres et classés, et sur le devoir qui s'impose à vos sociétés d'en
assurer la conservation.
Je voudrais aujourd'hui, messieurs, vous présenter quelques
observations sur ce qui fut le complément naturel de la maison de
nos pères et que les transformations du goût, comme le change-
ment des fortunes, a (Contribué presque partout à faire disparaître.
Je veux parler des jardins et plus spécialement des jardins à la
française.
C'est un art essentiellement français que l'art des jardins; je
veux dire que nulle part en Europe on n'a porté plus de soin et
attaché plus d'importance à l'ingénieux agencement par lequel la
nature asservie est appelée à l'embellissement des demeures. Il n'y
a qu'à voir l'importance donnée au jardin dans nos miniatures de
manuscrits du moyen âge et de la Renaissance, pour comprendre
l'attrait qu'il a exercé sur l'imagination de nos aïeux. Nos vient
poètes y font, d'ailleurs, vous le savez, d'innombrables
allusions.
Les miniatures et les anciens tableaux nous apportent un témoi-
gnage infiniment précieux sur la continuité des principes de l'ar-
ALLOCUTION DE M. DE NOLHAC la
chitecture des jardins dans notre pays. Le jardin français, qui
discipline la nature et l'ordonne suivant les lois méthodiques de
Tesprit, n'est pas, comme on le croit généralement, une innova-
tion du dix-septième siècle. Ce cadre coloré, qui achève les bâti-
ments d'apparat en continuant leurs lignes, se retrouve déjà dans
les documents anciens. Les principes de Tart ont donc été posés
par nos ancêtres, et, s'ils n'atteignent leur plein développement
qu'avec Le Nôtre, né et élevé parmi les jardiniers royaux, cela
tient assurément au génie de ce maître, mais encore à la carrière
exceptionnelle qu'il lui fut donné de parcourir.
L'œuvre de Le Nôtre est éparse sur tout notre territoire, et
même au delà de nos frontières, surtout en Allemagne et en
Angleterre, où les constructeurs' de châteaux ont fait tant de fois
appel à ses dessins. Si tous les jardins qui lui sont attribués ne
sauraient être de lui, il n'en est pas moins vrai que ce sont ses
principes qui les inspirèrent et que, sans l'avoir pour auteur,
toutes ces œuvres relèvent de lui.
Au reste, son ouvrage capital, le parc de Versailles, peut suffire
à donner une idée tout à fait complète de son art ; et je ne saurais
trop vous conviera x^enir l'étudier sur place, dans un ensemble
grandiose et dans le détail enchanteur de ses bosquets. Le colla-
borateur de Le Vau et de Mansart y a fourni la mesure de son
génie créateur, nourri d'une tradition puissante et d'une expé-
rience technique incomparable.
Que d'observations nous fera faire, messieurs, l'étude attentive
des anciens aspects de Versailles, de ses bosquets tant de fois
changés, de ses continuels perfectionnements où la mauvaise
humeur d'un Saint-Simon ne veut voir qu'un gaspillage d'argent
et la fantasque humeur du maitre, alors que nous y constatons la
recherche conscJencieuse de travailleurs toujours en progrès et les
scrupules admirables d'un art qui tend à sa perfection!
Quelle autre signification donner aux trois ou quatre transfor-
mations du célèbre Parterre d'eau, devant le château, qui ont fait
disparaître peu à peu un décor trop riche en complications de
broderies pour le simplifier en une conception plus belle, alors
que le roi n'a voulu, sou9 les fenêtres de sa maison, pour en
refléter l'harmonie, qu'un double miroir qui n'en brisât point
l'image? Nous jouissons aujourd'hui, pour des siècles, de l'œuvre
14 SÉANCE DU 18 AVRIL
accomplie, et nul homme de bonne fol ne saurait la déclarer inu-
tile ou trop coûteuse.
Il nous est permis de deviner, messieurs, quels principes
d'ensemble ont présidé à la combinaison architecturale de ces
jardins. Vous observerez à quel point ils ont été faits pour le bâti-
ment quMls encadrent, et dans une subordination étroite à Tidée
générale de la création de Versailles.
L'œuvre semble sortir de la nature et a pour fond les beaux
horizons des collines boisées qui Tentourent. Les immenses pièces
d'eau des Suisses et du Grand Canal peuvent sembler encore des
lacs harmonieux, ramenés à la ligne symétrique par un travail à
peine sensible; mais, par degrés, en se rapprochant du château,
l'art se laisse voir, s'affirme et s'étale. Les gazons se découpent,
les arbres se taillent, les eaux se concentrent en des margelles de
marbre, les statues se multiplient. Autour de la maison royale, la
nature est entièrement asservie; tout y a été construit et manié de
façon à ne laisser paraître que l'œuvre de l'homme.
Tel est le modèle le plus pur, l'œuvre maîtresse de l'architec-
ture des jardins en France. Versailles suffit à justifier les nobles
prétentions de cet art et à démontrer qu'il est un de ceux qui
font le plus grand honneur au génie français.
Messieurs, nous savons que nous n'étudions pas ici que des
chefs-d'œuvre ; l'histoire artistique d'un peuple est faite de l'en-
chainement des écoles et porte sur l'ensemble des ouvrages accu-
mulés par les siècles. Rien n'y est à négliger ni à omettre, tout au
moins dans la période de préparation, où l'on constitue les maté-
riaux de cette histoire. Nos provinces renferment en grand
nombre des parcs et des jardins, fameux ou modestes, qui ne sont
dépourvus ni de science ni de beauté. J'ose vous prier de recueillir
leurs dates, de publier leurs plans; je me permets de vous
indiquer l'intérêt qu'il pourrait y avoir à réserver une place,
en vos savantes investigations, à l'art que le monde entier
désigne par une périphrase à l'honneur de notre pays : Fart de
Le Nôtre.
Lecture est ensuite donnée du procès-verbal de la séance précé-
dente qui est adopté.
L'ordi*e du jour appelle la communication de M. Gabeau
SÉANCE DU 18 /IVRIL 15
f Alfred), correspondaqt du comité à Amboise : la CoUection de
tableaux du chevalier Emile de Tarade.
Au cours des années 1873 et 1874, un riche collectionneur tou-
rangeau, M. Rmîle de Tarade, faisait donation au musée de Toura
d^une quarantaine de toiles de maîtres anciens et modernes, com-
posant sa galerie particulière. Devenu veuf en 187f), le donateur
se remariait trois années plus tard et mourait en 1880. l n enfant
posthume naissait quelques mois plus tard de cette seconde union.
Mme de Tarade intentait alors à la ville de Tours un procès en
nullité de donation pour cause de survenance d'enfant légitime,
qu'elle gagnait devant les tribunaux. Ses tableaux étaient retirés
du musée et la collection dispersée après une vente publique.
Le travail très utile auquel s'est livré M. Gabeau avec patience
et conscience, après avoir fait l'historique de Théritage et du
procès soutenu par le musée de Tours, a été de retrouver, d'après
les cotes et procès-verbaux de vente et par des investigations
personnelles, la destinée des morceaux les plus importants de
cette collection si fâcheusement perdue pour l'Etat.
M. le baron GuiUibert, correspondant du comité à Aix-en-!>o-
vence, s'étant excusé de ne pouvoir assister à la séance, M. le pré-
sident a donné lecture d'un résumé de son mémoire intitulé :
Trois statuettes en bois de l'école provençale.
Ces trois statuettes, un Saint Jean VÉvangéliste (appartenant à
H. le baron Guillibert) ; une Mater Dolorosa (collection de M. de
Bresc) ; une Madeleine (cabinet de M. Paul Arbaud), sont rattachées
par l'auteur à l'école provençale des seizième et dix-septième siècles.
La Madeleine offre cette particularité qu'elle lit debout, ayant à
ses pieds le vase à parfums. M. le baron Guillibert croit voir en
cette ligure gracieuse, mièvre et mondaine, une inspiration du
portrait de la marquise de Grignon peint par Fauchier.
On entend M. Jacquot (Albert), membre non résidant du
comité à Nancy, sur un essai de répertoire des artistes lorrains :
Brodeurs et tapissiers de haute lisse.
C'est un nouveau chapitre du grand travail entrepris par
M. Jacquot sur les artistes lorrains. En 1905, il avait envoyé la
Ikle des orfèvres, joailliers, argentiei*s et potiers d'étain. Il nous
présente cette année le résultat de ses recherches sur les brodeurs
et la{Hfiaier8 de haute lisae auxquels il rend, en des pages à la
'1
16 SÉANCE DU 19 AVRIL
documentalioD à la fois brillante et serrée, le juste hompuage qui.
leur est dû.
La parole est donnée à M. Thoison (Eugène), correspondant du
comité à Larchant (Seine-et-Marne), pour sa lecture : Pierre
Gohert y portraitiste.
Ce nouveau mémoire de M. Thoison sur le peintre Gobert sert
de complément à Fétude qu'il a consacrée à cet artiste en 1903. 11
nous donne, en outre, le catalogue détaillé des toiles qu'il peignit
pour les princes de la famille Matignon-Grimaldi, durant le long
séjour (1715-1733) qu'il fit à la cour de Monaco.
M. Delignières (Emile Jp membre non résidant du comité à
Abbeville, a la parole sur les Sépulcres ou mises au tombeau en
Picardie,
La communication de M. Deligniéres est un répertoire des-
criptif très détaillé des sépulcres dans la région picarde, sculptés
d'après les scènes de la Passion, du moyen âge à la Renaissance.
La liste finale qu'il en donne est appelée à rendre les plus appré-
ciables services aux chercheurs qui voudront s'occuper de ces
monuments encore si peu étudiés.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures,
un quart.
Séance du jeudi 19 avril.
PRÉSIDEIVCE DE M. LUCIEN MARCHEIX
La séance est ouverte à deux heures, sous la présidence de
M. Marchcix, conservateur de la bibliothèque de l'École nationale
des beaux-arts, membre du comité des sociétés des beaux-arts des
départements.
M. le président invite M. Gaheau^ correspondant du comité à
Amboise, à prendre place au fauteuil de la vice-présidence, et pro-
nonce l'allocution suivante :
Mesdames et Messieurs,
Vos confrères les philologues nous ont appris que, dans la très
vieille langue latine, honos et onus étaient le même mot; je sens
très vivement aujourd'hui que c'est une même chose. En
remerciant de l'honneur M. le ministre de l'instruction publique,
qui m'a appelé à présider celte réunion, je vous prie, avecune
ALLOCUTION DB U. LOClEltf MABGHEIX 17
modestie non feinte, de m^aider à en soutenir la charge; J*y paraî-
trai moins inégal si vous voulez bien ne pas exiger de votre
président d'un jour le talent et la science de ceux qui l'ont
précédé et de celui qui le suivra : à défaut de titres éclatants h
votre bienveillance, il apporte ici la connaissance et Pestime djo
vos travaux, une sympathie déjà vieille pour des hommes voués
au culte de Thistoire, c'est-à-dire de la patrie, et une vénérattoiv
sincère pour ceux de vos vétérans que nous avons la joie de revoir
ici et que j'ai Tagréable devoir de saluer en votre nom.
Le 4 avril 1877, le marquis de Chennevières traçait le pro-
gramme de votre collaboration au recensement de nos richesses
d'art, au développement des musées municipaux et à celui des
écoles d'art. Ces œuvres demandent une direction unique, des
ressources permanentes et un personnel appointé; mais elles ont
besoin aussi de promoteui*s, de protecteurs, d'auxiliaires compé-
tents et dévoués : à tout corps d'armée il faut des éclaireurs
sagaces et ardents pour explorer le terrain et au besoin engager
la bataille. C'est ce qu'on vousdemandail d'être et cequevousavea
été : à preuve ces ti-ente volumes de mémoires où la commission
de l'inventaire a trouvé tant d'indications précieuses; à preuve
tant de musées ouverts sur vos instances ou enrichis de vos dons,
et tant d'écoles enfin auxquelles vous n'avez cessé de vous inté-
resser et dont nous constations ici même, l'an dernier, les progrès
et les promesses.
Peut-être, dans votre désir du mieux, vous demanderez-vous si
vos recherches n'auraient pas pu être plus méthodiques, vos efforts
mieux coordonnés; mais que votre conscience se rassure! Les
noms de MM . Herluison, A. Babeau, Charles et Louis de Grand-
maison, Chai*vet, Bouillon-Landais, Biais, Thiollier, Delignières,
Quarré-Reybourbon, le chanoine Requin, Monméja, Leroy, Jac-
quot, des abbés Brune, Langlois et Estournet, et vingt autres qu'il
me faudrait citer si je voulais réunir ici tous vos regrets avec
toutes vos espérances, ces noms, dis-jo, qui vous appartiennent ef
qui resteront attachés à tant d'ouvrages et d'établissements utiles,
répondent pour vous qu'avec une oi^anisation plus parfaite du
travail et sous une impulsion vigoureuse, la méthode et la suite
ne vous manqueront pas plus que la science et que le zèle. Vous
pourrez apporter ainsi, nous le souhaitons et vous le voudrez,
2
18 SÉANCE nu 19 AVRIL
messieurs, une contribution plus importante encore au développe-^
nxent de no^ écoles et de nos musées et à racliévement de ce recen-
sement artistique de la France, commencé après celui de T Alle-
magne et moins avancé, que tout le monde, j'imagine, se réjouirait
de voir terminé depuis plusieurs années. Mais, avant de cataloguer
les monuments, il s*agit de les conserver et de les défendre; ici,
vous pouvez, vous devez prendre le premier rôle, et c'est de quoi
je vous demande la permission de vous entretenir.
Pourquoi ces monuments nous sont-ils si précieux? Ce n'est
pas seulement parce que la beauté, en nous rendant sensible
rharmonie de Tunivers, nous met en harmonie avec nous-mêmes
et avec lui (car parmi eux plus d'un n'est pas beau, qui cependant
nous touche) ; c'est aussi parce qu'ils sont associés à mille souve-
nirs qui sans eux s'effaceraient, aux gloires et aux tristesses de
toute la race, à ses gestes, à ses façons de sentir et de penser, que
nous retrouvons dans les* nôtres; nous nous reconnaissons en elle
et elle en nous; et, après avoir assisté à ce laborieux enfantement
de Tame française, nous nous sentons plus étroitement unis avec
tous ceux en qui elle respire comme avec ceux qui l'ont créée.
Témoins incorruptibles, et qu'on voudrait immortels, de la soli-
darité des généralions, tant qu'ils existeront, ils nous parleront de
grâce et d'héroïsme, de patrie et d'idéal, et ni le mensonge, ni la
laideur, ni la bassesse n'auront définitivement triomphé.
Mais conobien de temps encore existeront-ils? Ah! messieurs,
n'est-ce pas une honte qu'on ait à se poser une pareille question?
Il le faut bien pourtant, car ils sont menacés, vous le savez mieux
que nous, vous qui vivez en province. Chaque jour emporte
quelque lambeau d'un héritage que chacun de nous devrait
défendre avec plus d'entrain que le sien propre, car c'est celui de
la communauté, et la perte en est irréparable. Tantôt c'est une
tour hautaine et chai*mante qu'on sacrifie à l'alignement d'une
rue, tantôt un pan de niurailles à créneaux qu'on abat pour
épargner un détour de vingt mètres aux passants ; ici on
dépouille un château du seizième siècle de toute sa décoration
sculpturale pour la disperser au hasard d'une vente publique; là
ce sont des stalles du quinzième siècle, plus loin de fines boiseries
du dix-huitième qui sont enlevées de quelque vieux couvent pour
aller assister au five o'clock de Londres ou de Chicago. Cependant
ALLOCUTION DE M. LUCIEN MARCHEIX t9
on coupe les derniers beaux arbres, on abat les dernières futaies,
et DOS provinces se vident de tout ce qui faisait leur gloire et leur
charme.
Mais Tagriculture, mais l'industrie profitent de ces terrains :
fallait-il les laisser improductifs? Nos villes grandissent; ne faut-il
pas y faciliter la circulation? Je ne sais pas si Tagriculture et Tin-
dustrie gagnent beaucoup à la destruction des beaux vieux murs,
mais je plains les gens qui trouvent stériles les belles choses et les-
nobles souvenirs; quant à nos villes je vois bien qu'elles gran-
dissent— elles ne grandissent que trop, hélas! — mais je vois
aussi qu'elles enlaidissent, et je crains bien que ce pays ne soit en
train de perdre une partie de sa grâce et de son originalité,
ce qui, après tout, est aussi une richesse.
Oh! je sais bien, messieurs, que plus d'une de vos sociétés a
protesté et que plus d'une fois vous vous êtes fait écouter; mais
croyez-vous avoir assez fait pour prévenir les destructions méditées
par l'utilitarisme des conseils municipaux, et par l'avidité des
propriétaires, pour empêcher aussi certaines restaurations que
l'esprit de système ou l'ignorance rendent pires que des destruc-
tions, parce qu'elles mentent? Il faut, plus quejamais, que partout
vous recherchiez, vous recensiez nos œuvres d'art; que vous vous
en constituiez les gardiens vigilants et hardis; que vous signaliez
à l'administration, au public, dans des rapports, dans des articles
de journaux, dans des conférences, celles auxquelles la négligence
ou la cupidité font courir des risques. Il faut que non seuIcmeQt
vous les empêchiez de sortir de France, mais que vous les gardiez,
autant que possible, à la place pour laquelle elles ont été faites,
la seule où elles aient toute leur valeur... Et puis enfin, si nous
concentrons tout ce que nous avons de plus beau dans trois ou
quatre musées, que nous restera-t-il le jour où ils brûleront? et
qui oserait dire que ce jour n'arrivera jamais?
A côté de l'utilitarisme, de la cupidité, de la demi-sciçnce, les
monuments ont d'autres adversaires, la haine et l'indifférence
pour le passé. Cette haine du passé, dont sont empoisonnés et se
glorifient un trop grand nombre de nos concitoyens, n'est pas la
; même et n'a pas la même cause chez tous. Chez les uns, elle
accompagne l'esprit de secte : incapable, dans sa raideur grossière,
d'admettre le bon sens et la bonne foi de qui ne pense pas comme
SO SÉANCE DU 19 AVRIL
lui, il étend sa haine des doctrines aux hommes qui les professent
et aux choses qui les rappellent. C*est lui qui, mosaïste ou chré-
tien, renvei*sait les temples des dieux; protestant, brisait les sta-
tues des saints; démocrate, brûlait les palais; et libre pen-seur (ô
ironie!), proscrirait volontiers les crucifix des cathédrales transfor-
mées en greniers à foin.
Parlerai-je de ceux qui, plus bas encore, ne voient dans ce que
. le génie a laissé sur la terre pour la consolation de tous les hommes
qu'un luxe usurpé par les riches et les intellectuels, dont le pauvre
n*a cure, et qu'il serait temps de supprimer pour le soulagement
de Tenvie? Que dire de ces deux groupes d'hommes, messieurs?
et que leur dire? Peut-être essayerez-vous de convertir les uns,
d'adoucir les autres : Orphée eut un courage de ce genre.., mais,
en ce cas, prenez-les tout petits.
A un plus grand nombre, heureusement, on peut faire entendre
raison, et c'est à ceux-là qu'il faut vous adresser sans relâche...
et sans tarder. Chez eux, la haine du passé n'est qu'une déviation
de l'amour du progrès : en leur montrant, dans des expositions,
dans des visites aux musées, dans des conférences, dans de courts
traités, illustrés d'images et distribués gratuitement, les merveilles
que nous ont léguées nos ancêtres, vous leur apprendrez à les res-
pecter; en leur faisant voir comment se sont transrhis dans chaque
métier les procédés et les traditions, comment les styles sont sortis
logiquement les uns des autres, vous leur ferez comprendre cette
grande loi de l'évolution contre laquelle on ne saurait se révolter
sans extravagance, et vous les réconcilierez avec ce passé dont les
vestiges, en disparaissant, emporteraient avec eux les germes de
l'avenir.
Vous ferez certainement du même coup, messieurs, des con-
quêtes sur l'indifférence; c'est même sur ^îlle que vous avez le
plus de chances d'en faire. Elle vient, la plupart du temps, d'igno-
rance aulant que de paresse : secouez cette paresse sans vous
lasser, sans vous rebuter; instruisez cette ignorance; ouvrez leurs
esprits avec leurs yeux. Allons! dressez dés demain vos plans de
campagne; que vos paroles, que vos écrits se répandent dans les
villages comme dans les villes, partout où il y s. une relique ou
une beauté à expliquer, à préserver, partout où il y a des préjugés
à redresser ou des mauvais vouloirs à combattre.
J
ALLOCUTION DB If. LUCIEN MARCHBIX SI
Ite et docete, vous n^avez pas seulement des monuments à
sauver, mais aussi des âmes.
Souvenez-vous d'hier, et songez à demain.
Lecture est ensuite donnée du procès-verbal de la séance précé-
dente, qui est adopté.
L'ordre du jour appelle la communication de M. Bouillon-Lan-
dais j correspondant du comité à Marseille, Jules-Edouard de
Magy y peintre marseillais^ dont lecture est donnée en Fabsence
de son auteur par M. Albert Jacquot.
C'est une monographie nouvelle qui vient s'ajouter à la suite
que M. Bouillon-Landais a consacrée depuis quelques années aux
peintres de la région marseillaise. Élève d'Emile Louban, de Magy
s'adonna principalement au paysage méridional. M. Bouillon-Lan-
dais lui a consacré d'intéressantes pages biographiques et établi le
catalogue complet de ses œuvres exposées de J847 à 1876 aux
salons de Paris et de Marseille.
La parole est donnée à M. Martin pour la* lecture de son
mémoire sur les Objets d'art religieux dans l'ancien archidiaconé
de Toumus.
L'ancien archidiaconé de Tournus est particulièrement riche en
monuments religieux, sculplures, bas-reliefs ou pierres tombales
d'une valeur artistique ou archéologique. M. Martin, dans son
. étude très consciencieuse et très documentée, accompagnée de
nombreuses photographies, pour la plupart inédites, fournit sur ces
œuvres trop peu connues des renseignements fort intéressants. Son
travail, s'il se décidait à le développer quelque peu, réunit,
semble-t-il, tous les éléments d'une solide épigraphie de la
région.
On entend M. le chanoine Urseau (Charles) y correspondant du
comité à Angers, sur 7a Chapelle du château de la Sorinière-en-
Saint-Pierre-de-Che mille.
Ce travail met en lumière une œuvre peu connue et peu acces-
sible au public. Ce sont trois peintures murales : la Nativité et
l'annonce aux bergers; l'Adoration des Mages et Saint Chris-
tophe, qui décorent une chapelle de château du commencement
du seizième siècle. Ces peintures, malheureusement en partie
gâtées par une maladroite restauration, sont datées par les armoi-
29 8ÉAVCE DL 19 AVRIL
ries qaî les accompagnent et sont curieusement décrites par l'au-
teur du mémoire.
H. le chanoine Urseau ne s'est pas contenté de nous faire con-
naître ces peintures. Il a également commenté un groupe de sculp-
ture un peu antérieur, représentant la Vierge de Pitié, accom-
pagnée de saint Jean, groupe d'un caractère assez exceptionnel en
ce qu'il participe à la fois de la figure classique de Notre-Dame de
Pitié et de la Mise au tombeau.
La pittoresque notice de M. Urseau contient en outre de nom-
breux renseignements tirés des archives du château, sur la date de
construction de la chapelle et les alliances de la famille de la Sori-
nière.
L'ordre du jour appelle la communication de M. Chnrvet
(Léon), membre non résidant du comité à Paris, sur Y Enseigne^
ment public des arts du dessin à Lyon.
Le mémoire de M. Charvet fait suite à des travaux sur le même
sujet, déjà présentés aux sessions précédentes par l'érudit archi-
tecte, inspecteupde l'enseignement du dessin et des musées.
On y retrouve les qualités de son auteur : clarté de l'exposition,
abondance et sincérité de la documentation, consciencieuse et fine
appréciation des faits historiques, des hommes et de leurs actes,
ainsi que des influences qu'ils ont eues ou qu'ils auraient pu avoir
sur le développement des beaux-arts et des industries d'art dans
la région lyonnaise, toutes questions que H. Charvet connaît
mieux que personne.
Le mémoire de M. Vahbé Brune^ correspondant du comité à
Mont-sous-Vaudrey, Statues de V école dijonnaise à la cathédrale-
de Besançon t contient la description de trois sculptures du quin-
zième ou du début du seizième siècle, que Tarchitecte de la cathé-
drale a eu le tort d'enlever d'une chapelle et de cacher dans un
couloir sombre.
Celte brève étude, espérons-le, intéressera, quand elle sera
publiée, Topinion à ces statues du meilleur style des artistes
flamands de Dijon, et mettra obstacle à leur disparition défini-
tive.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures.
ALLOCUTION DE M. MAGNB 23
Séance de clôture du vendredi 20 avril,
PRESIDENCE DE If. MAGNE
La séance est ouverte à deux heures, sous la présidence de
M. Magne, inspecteur général des monuments historiques,
membre du comité des sociétés des beaux-arts des départements.
Étaient présents, outre les auteurs des mémoires qui doivent
être lus en séance : M\l. Ch. Lameire; Frantz Marcou, inspecteur
général des monuments historiques; S. Vayson, président delà
Société d'émulation d'Abbeville; Léon Vincent, architecte en chef
des monuments historiques; Gindriez, directeur du musée muni-
cipal de Chalon-sur-Saône; Francisque André, archiviste hono-
raire de TAube; Colien, conservateur du musée de Tours; Nicod,
délégué de l'Union artistique de Toulouse. .
M. le président invite W. le chanoine Urseau, correspondant du
comité à Angers, à prendre place au fauteuil de la vice-présidence,
et prononce le discours qui suit :
Messieurs,^
Votre contribution annuelle à l'histoire de l'art français n'est
pas seulement précieuse pour les artistes et les érudits, elle
intéresse au plus haut point l'enseignement de l'art et peut singu-
lièrement aider à son développement.
A ce point de vue, il y aurait avantage à élargir le cadre de vos
études et à ne pas le limiter à l'architecture, à la peinture, à la
sculpture, à la gravure et à la musique, bref à ce qu'on est con^
venu d'appeler les beaux-arts, comme si l'art n'intervenait pas
dans toutes les œuvres humaines.
C'est de l'art applique aux divers métiers que je veux vous
entretenir aujourd'hui, pour vous indiquer le grand profit que les
artistes pourraient tirer d'études consciencieuses, telles que les
vôtres, dirigées vers les applications de Tart au travail des métaux
ou du bois, à la décoration des tissus, à la céramique, aux vitraux,
aux mosaïques, etc. Le champ est si vaste, que la difficulté est
plutôt dans le choix du sujet, répondant au goût particulier de
chacun de vous, que dans l'élaboration d'un travail d'ensemble.
. 94 SÉANCE DU 20 AVRIL
qui ne pourra se faire que plus tard, lorsque tous les documents
intéressant chacune des applications de Tart auront été réunis.
Je me bornerai donc aujourd'hui à vous donner quelques indi-
cations sur ce que pourrait être une éhidf^ telle que je la com-
prends, par exemple une étude sur les applications de Tart au
. iravail de fer.
Dès le début, vous verrez intervenir les connaissances tech-
niques, aussi indispensables d*ailleur8 aux peintres qu'aux fer-
ronniers. 11 n'est pas douteux, en effet, que les colorations mer-
veilleuses des tableaux des maîtres primitifs soient dues à la. con-
naissance parfaite qu'ils avaient des qualités des couleurs, de leur
préparation et de leur mode d'emploi.
Pour le fer, l'art a progressé avec la métallur;g[ie : lorequ on
extrayait d'un minei'ai très riche le fer en lopins travaillés manuel-
lement au feu de forge, on ne pouvait guère produire que des
ouvrages de dimensions restreintes, tels que des grilles, formées
,de fers plats roulés en volutes et rattachés par des colliers à des
supports verticaux, formant ainsi, par un assemblage de motifs,
une sorte de réseau ajouré.
Les grilles du cloître de la cathédrale du Puy et celles du chœur
de l'église de Conques sont des types de ces ouvrages primitifs. Si
limitée que soit la composition, elle est l'indice d'une idée très
juste qui subordonne l'effet aux qualités d'un« matière très résis-
tante, sous un faible volume, et impressionnant le spectateur par
la finesse des parties pleines, comparées aux parties ajourées.
Une autre application ancienne est celle des pentures, de ces
barres de fer plat, rattachant les planches jointives des portes et
les suspendant sur des gonds à scellement. Les plus anciennes,
celles qui subsistent sur les portes de petites églises des Pyrénées-
Orientales, à Marccvols par exemple, ou, en Auvergne, à Orcival,
sont assez simples. Elles procèdent encore de la refente du fer et
de son développement en volutes, ayant ce double résultat d'orner
la porte et de mieux assujettir les planches en multipliant les
attaclies.
Plus tard, aux portes de Notre-Dame, la penlure deviendra la
tige fleurie donnant naissance sur des renflements qu'exige la
réunion de pièces soudées à des tigettes forgées à part, décorées
«lles-mémes de feuilles et de fleurs soudées, qu'on exécute par
ALLOCUTION DE M. MAGNE Î5
estampage en matrice, lorsque la répétition donne lieu à ce pro-
cédé de simplification.
L emploi du fer aminci par le battage suggère Tidée d'autres
modes de décoration, celui du modelage au marteau qui permet
de relever le métal en bosse, et celui du reperçage qui facilite le
décor par ajourage des feuilles martelées.
Le travail est si délicat qu'on exécute ainsi des feuillages aux
dimensions qu'ils ont dans la nature, en ménageant pour les
attaches des feuilles et des fleurs sur les tiges des épaisseurs de
métal que la soudure rend d'ailleurs indispensables.
Ce procédé du relevage au marteau du fer battu est appliqué
dès le quinzième siècle aux ferrures des meubles, et particulière-
ment des coffres. Le fer battu et ajouré constitue des plaques dont
les dessins se combinent pour former autour de l'entrée de la ser-
rure une sorte de décoration en broderie, transition nécessaire
entre le bois et les reliefs du métal. Sur les serrures ainsi cons-
tituées, les pattes, les supports, les parties mobiles des verrous
sont des pièces forgées, enrichies par la figure, par l'animal ou
par la plante.
Le fer commence aussi à être employé pour les appareils
d'éclairage : lampes à godet, suspendues à des chaînes ; consoles
mobiles autour d'un axe vertical et terminées par une pointe, ser-
vant de support à l'appareil de lumière, torche ou flambeau. On
l'emploie encore pour les couronnes lumineuses seiTant à l'éclai-
rage des églises et pour mille objets mobiliers, trépieds, landiers,
arqftatures de puits, etc.
Mais le travail de fer est surtout développé en France au moyen
âge par la substitution aux cottes de mailles des armures en fer
battu et articulées, qu'on décore, soit par le travail au repoussé,
soit par la gravure, soit par l'insertion dans les traits gravés de
nielles ou de métaux précieux : c'est le travail à la damasquine,
pratiqué d'abord en Orient, mais qui fut d'usage courant en
France du quinzième au seizième siècle.
Lorsque l'emploi du martinet, c'est-à-dire du marteau mû
mécanîquenient, permet d'obtenir des barres de plus grande lon-
gueur, le fer a des applications plus nombreuses et son décor
prend auàsi plus d'ampleur. Les grilles du château de Maisons,
utilisées «u Louvre, l'une pour fermer la galerie d'Apollon, l'autre
1
26 8ÉANCB DU 20 AVRIL
pour clore dans le pavillon de THorloge la salle des Bronzés
antiques, font suffisamment connaître les progrès accomplis par
la métallurgie et ceux qui en résultent, soit pour le travail du fer
battu et relevé au marteau, soit pour la forge et pour les assem-
blages de ferronnerie. Ce qui est caractéristique, c'est Thabileté
avec laquelle les artisans du fer ont dû traduire en métal par
ajourage les formes architecturales qui, à partir du dix-septième
siècle et jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, s'imposaient, à tort
peut-être, à la ferronnerie.
On ne peut regretter cette orientation nouvelle du décor du fer,
si Ton considère des ouvrages tels que les grilles du chœur de
l'église Saint-Ouen à Rouen, f>u encore celles de la place Stanislas
à Nancy.
A Nancy, l'auteur des grilles, le serrurier Lamour, a publié
lui-même un livre important sur ses travaux ; mais c'est là une
exception, et le plus souvent nous sommes très mal renseignés
sur ces ouvrages de ferronnerie qui comptent cependant parmi le&
plus intéressants qui aient été produits en France.
Je ne citerai qu'un exemple, celui des ouvrages de fer forgé»
exécutés à Bordeaux dans le cours du dix-huitième siècle. Il y eut
là sûrement une école provinciale dont les œuvres mériteraient une
étude complète. Il n'est guère d'hôtel particulier, ou même de
maison, qui ne conserve un balcon, une rampe, une grille, un
panneau d'imposte, un marteau de porte méritant de retenir l'at-
tention par leur caractère artistique.
Vous voyez par les dessins mis sous vos yeux comment pouKrait
être présentée une élude de ce genre.
Sans doute la photographie peut vous aider à réunir les pre-
miers documents; elle ne peut vous renseigner qu'imparfaitement
sur les détails techniques, sur les procédés d'exécution ou les
méthodes d'assemblage, que l'analyse et le dessin peuvent seuls
fournir. Il faut donc faire marcher de front le dessin et les études
techniques, si l'on veut vraiment faire une œuvre profitable, une
œuvre d'enseignement.
Pourquoi n'associerait-on pas dans ce but l'art et l'archéologie?
Lorsque, dans une pensée très louable, pour rendre à nos pro-
vinces la vie artistique qu'elles eurent jadis, on s'est efforcé d'ins-
tituer, puis de développer des écoles régionales d'art, on a intro-
ALLOCUTION DK M. MAGNE ^'J
duit l*histoire de l'art dans leur enseignement. N'est-îl pas évident
qu'il y aurait avantage à faire dessiner par de jeunes artistes les
ouvrages anciens pour servir en quelque sorte de commentaires à
des études qui comprendraient, pour une ville ou pour une région,
les travaux exécutés à une époque déterminée? Quelle œuvre,
féconde ne pourrait-on attendre de cette collaboration d'artistes et
de savants !
Hais j'irai plus loin encore. II ne me paraît pas possible de
mener à bien des études archéologiques sans le secours du dessin
et des connaissances techniques. Je vous en citerai deux exemples.
On n'ignorait pas l'existence d'inscriptions gravées sur le marbre,
suivant l'usage antique, et qui concernaient l'Erechtheion. Il a
fallu la science d'un ingénieur doublé d'un artiste, H. Choisy,
pour donner leur valeur aux termes techniques que comprenaient
ces textes, et trouver dans notre langue les termes techniques
équivalents. Sans lui, ces inscriptions demeuraient obscures et
incompréhensibles. De même on savait bien qu'il existait à nos
archives nationales des comptes de la fin du quatorzième siècle
concernant les monuments élevés par Guy de Dammartin pour le
duc de Ben*y. Mais, jusqu'ici, ces comptes, émaillés de termes
techniques, étaient restés presque inexplorés. Leur intérêt consi-
dérable m'a déterminé à les publier il y a deux ans, et j'y ai
trouvé, pour toutes les applications de l'art, soit à la ferronnerie,
soit à la plomberie, soit à la 'charpente, soit à la pierre, soit à la
céramique, des détails si précis qu'ils forment presque une ency-
clopédie des métiers pour la période de vingt à vingt-cinq années
qu'ils embrassent.
C'est assez vous dire l'intérêt que présenteraient des études par-
ticulières, faites sur les applications de l'art aux divers métiers.
Elles aideraient, soyez-en sûrs, à former le goût des artistes, à
développer leur initiative; et, dans un pays comme le nôtre, dont
l'art sous toutes ses formes est la richesse, elles contribueraient à
accroître, en le faisant mieux connaître, notre patrimoine artis-
tique. U y a là vraiment une œuvre considérable à préparer, et je
suis sur que vos consciencieux travaux pourraient la mener à
bien.
D'ailleurs, cette œuvre est déjà commencée. Je relève dans le
programme de nos réunions des études telles que celles de M. Jac-
28 8ÉANGB DU 20 AVRIL
quot 8ur les broderies et tapisseries de haute lisse, de M. Martin
sur les objets d'art religieux dans Tancien archidiaconé de Tournus,
et j'ai plaisir à constater que des mémoires sur Tart appliqué
voisinent avec les beaux travaux de M. QuarrérReybourbon, de
M. Henault et de M. Plancouard sur des peintres dont quelques-
uns sont célèbres, et de M. le chanoine Urseau sur la chapelle du
château de la Sorinière-en-Saint-Pierre-de-Chemillé.
Il suffira donc d élargir un peu le cadre de vos études pour y
comprendre toutes les manifestalions de Fart, et c'est là qu'il faut
tendre. Si vous le voulez bien, vous y réussirez sûrement.
Lecture est ensuite donnée du procès-verbal de la séance pré-
cédente, qui est adopté.
La parole est donnée à M, Quarré-Reyhourhon^ correspondant
du comité à Lille, pour la lecture de son mémoire consacré à
Auguste-Joseph Herlin, artiste peintre lillois (1815-1900).
La situation sociale d'Auguste Herlin, sa fortune, son indépen-
dance firent de lui un artiste qui n'avait ni les goûts ni les besoins
de ses confrères.
Ce fut sans jamais quitter Lille qu'il commença et acheva toutes
ses études artistiques; il fut l'élève de Souchon, l'habile profes-
seur, directeur des écoles académiques de cette ville.
Auguste Herlin fut bon peintre de différents genres; il a laissé
de remarquables tableaux et un très grand nombre de dessins
exécutés avec soin; mais, plus tard, il délaissa la peinture pour
se donner tout entier à la direction du musée de Lille, auquel il
rendit de grands services.
M. Quarré-Reybourbon joint à son étude un certain nombre de
photographies de tableaux ou de dessins de l'artiste lillois et la
nomcnclalure de son œuvre.
La notice de M. Plancouard, correspondant du comité à Clery-
en-Vexin (Seine-et-Oise), A propos dun Van Loo etd'unLargU-
Hère, contient la description de deux toiles, un portrait de Louis XV
et un portrait de femme, attribués à ces deux maîtres, qui se
trouvent au château de Mondétour-en*Vexin.
On entend M. l'abbé Bossebœuf, correspondant du comité à
Tours, sur Une Famille de peintres blésois, les Monsnier.
Ces Monsnier qui, dans le courant du seizième et la première
SÉANCE OU 20 AVRIL 29
partie du dix-septième siècle, ont semé de leurs œuvres les bords
de la Loire, sont néanmoins peu connus. Le moins oublié d*entre
eux, Jean III, a travaillé à Valcnçay, à Cheverny et à Ménars.
H. Tabbé Bossebœuf nous fournit à leur sujet d'intéressants détails
biographiques, et a établi le catalogue, aussi complet qu'il lui fut'
possible, des toiles qu'on leur attribue.
En l'absence de M. Hénault, correspondant du comité à Valen-
ciennes, qui ne peut donner lecture de son important travail :
Histoire d'un tableau : le Martyre de saint Etienne, par Rubens,
et l'ordre du jour étant épuisé, M. le président prononce la clô-
ture de la session de 1906.
La séance est levée à trois heures vingt.
DISTINCTIONS HONORIFIQUES DÉCERNÉES A LA SUITE DE LA 30' SESSION
Officier de V Instruction publique
(Arrêté du 20 avril)
Urseau (le chanoine), correspondant du ministère de l'Instruc-
tion publique (Travaux historiques), à Angers *.
* On trouvera à la fin de ce volume la liste complète des distinctions honori-
fiques accordées sur la présentation du Comité depuis sa fondation.
LECTURES
ET
COMMUNICATIONS
LES SEPULCRES
ou
MISES AU TOMBEAU ElV PICARDIE»
INDICATIONS PRÉLIMINAIRES
Les divers épisodes du drame de la Passion ont maintes fois,
pris isolément, inspiré les artistes du Moyen âge et de la Renais-
sance. Ils sont maintenant plus généralement représentés dans
leur suite, mais d'une façon parfois bien peu artistique surtout à
notre époque ; on les eonnait dans leur ensemble sous le nom de
Chemin de la croix qui comprend quatorze sujets appelés
Stations.
Le dernier de ces sujets, celui qui se rattache à V Ensevelisse-
ment du Christ, a été souvent traité à part, quelquefois en pein-
ture, en miniature, parfois sur des verrières ou sur des tapisse-
ries, mais plus généralement en sculpture dès le quinzième siècle
et surtout au cours du seizième. Ces œuvres se présentent sous la
forme de . monuments isolés, de plus ou moins grandes dimen-
sions, sculptés soit en haut-relief soit en bas-relief; quelques-uns
sont de réelle valeur artistique. Tous en général sont intéressants
> Nous avions présenté, en 1899, à Tagrément du Comité» une monographie
sur le petit sépulcre de Saint'Valery-sur-Somme qui avait été acceptée. A cette
occasion, M. Louis de Fourcaud, avec sa bienveillance habituelle, nous avait
engagé à présenter pour une autre session un travail comprenant tous les
sépulcres pouvant se trouver dans la Picardie. Vous tenons à remercier ici
l'éminent professeur d*esthétique à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de nous
avoir suggéré Tidée de nous livrer à ces recherches : nous avons mis cette
idée à profit, et nous présentons aujourd'hui le résultat de nos investigations.
n
34 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PIGABDIE
à ètudiei" au point de vue de la disposition des personnages, de
leur costume ou de leur attitude, comme aussi de leur mode
d'exécution.
On sait d'après les récils des Evangélistes que le corps de Jésus-
Christ, après avoir été détaché et descendu de la croix, fut remis
par Pilate au centurion Joseph, natif de la ville d'Arimathic, qui
le lui avait demandé. Joseph était un disciple secret de Jésus; il
possédait sur le mont du Golgotha, non loin du lieu du crucifie-
ment, un jardin où il avait fait creuser dans le roc un sépulcre
pour lui et sa famille; c'est là où le Christ fut enseveli dans un
sarcophage en pierre.
Cette scène de la Mise au tombeau proprement dite est celle qui
a été le plus souvent représentée; mais elle avait été précédée de
deux autres épisodes bien distincts et qui cependant ont été par-
fois confondus sous la même appellation générale d' Ensevelisse-
ment du Christ.
La première phase, pourrait-on dire, de ce dernier acte de la
Passion, est celle où le corps du divin crucifié est resté exposé au
pied de la croix aussitôt après la descente. C'est là où l'on a
montré la Vierge, assise, soutenant sur ses genoux le corps pante-
lant de son fils; ce spectacle touchant a fait le sujet de ces groupes
sculptés répandus partout et connus sous le nom de la Vierge de
Pitié on encore sous celui de Pietà. Plusieurs écrivains d'art ont
parlé des Pitiés célèbres de Saint-Mihiel, d'Autrèche, de Dierre,
de Solesmes et de bien d'autres '. On trouve parfois ce groupe
décorant la partie supérieure des monuments représentant le
sépulcre; tels, en Picardie, ceux notamment de l'église Saint-
Germain à Amiens, de l'église Saint-Martin à Doullens, et bien
d'autres. Il est figuré aussi, dit M. Emile Mâle, sur de nombreuses
verrières, parliculièrement et surtout en Champagne, à Autrèche
* Ligier Richier, sculpteur lorrain au seizième siècle, par \\. Charles Codr-
NAULT. Paris, 1887.
La Sculpture française depuis le quatorzième siècle, par M. Louis (ioNss.
Paris, 1895.
Michel Colomlfe et la scttlpture française de son temps, par M, Paul Vitrf.
Paris, 1901.
L'Art français de la fin du moyen âge^ l'apparition du pathétique, par
M. Emile Malk (Revue des Deux Mondes^ i"' octobre 1905). Et les ouvrages
de MU. André Uicfael, Georges Lafenestre, Henri Bouchot et d'autres encore.
LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 35
en Touraine et ailleurs. Quelquefois, mais plus rarement, la
mère du Sauveur, dans la même attitude, est accompagnée de
Joseph d'Arimathie et de Nicodème; parfois enfin, de saint Jean
et des saintes femmes, en un mot, de tous les personnages du
drame. Il faut citer en première ligne, et comme œuvre peinte,
la remarquable Pietà de Villeneuve-lès-Avignon, sur fond d*or, à
Tœuf et à r huile, qui a figuré à l'Exposition des Primitifs fran-
çais et se trouve aujourd'hui au Louvre. C'est, dit M. Lemoisne \
tt une des œuvres les plus puissantes et les plus fortes qu'il soit
possible de voir ». Parmi les pièces en sculpture on peut men-
tionner les Pitiés du Tréport en Normandie, de Marolles-le-
Bailly en Champagne, de Sainte-Catherine-^U-Pierbois en Tou-
raine, diAigueperse en Auvergne, A'Akun dans la Marche, cités
par M. Mâle. Il en est signalé également à Moissac, à Bayelen
Champagne, et, dans la même province, à Mussy ; ailleurs
encore. Un de ces groupes se trouve aussi en Picardie, à l'église
du Saint-Sépulcre à Montdidier, à l'église Saint-Rémy à Amiens,
à celle de Prousel près d'Amiens, à Martainneville dans le
Vimeu; d'autres encore; il en sera parlé plus loin.
Du pied de la croix, le corps du Christ fut porté un peu au
delà sur la pierre dite de VOnction pour y être purifié, avant la
mise au tombeau dans la grotte du sépulcre. Là, sur la pierre, ses
plaies aux mains, aux pieds, sur le côté droit et autour de la tête
furent lavées, le corps entier fut couvert de parfums puis enve-
loppé en partie dans un linceul que Joseph d'Arimathie avait
apporté. Cette scène intermédiaire, bien distincte des deux autres,
et où figurent généralement plusieurs personnages, a été aussi
représentée mais plus rarement et surtout en peinture ^ Le petit
mofwxmtniA' Invalr-Boiroriy en Picardie, se rattache à cette seconde
phase.
Après sa purification, la dépouille du crucifié, enveloppée en
* Notes sur l'Exposition des Primitifs français, par M Paul-André Lk-
HOiSNE, Paris, 1905, et les publications antérieures de M.\f. Henri liouchot,
J. GuifTrey, G. Lafenestrc et autres, sur cette Exposition.
< Elle a fait l'objet, notamment, d'un tableau de Gilbert Vandellant à Téglise
de Pellouailles, d'un autre de .-\. Stella à l'hospice d'Angers, tous deux signalés
et décrits en 1892 et en 1899 par notre collègue \l. Denais, aux sessions des
Beaux-Arts. Nous l'avons nous-même fait connaître en 1903 coamie sujet d'une
toile de <juentin Varin.
86 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
partie du suaire, fut transporté par Joseph et Nicodème jusqu'à la
grotte du sépulcre où eut lieu Tensevelissement ' .
C*est cette dernière scène, la Mise au tombeau proprement dite,
qui a été surtout représentée et dans de nombreux monuments en
sculpture. Nous en donnons un relevé, au moins pour la France,
à la fin de cette étude. Comme disposition la plus généralement
suivie et devenue presque de tradition, le borps, au premier plan,
est soutenu horizontalement au-dessus du sarcophage par Nico-
dème, celui-ci placé le plus souvent à la tête, à gauche, et par
Joseph aux pieds; ils tiennent chacun Tune des extrémités du lin-
ceul. Le Christ, nu presque toujours, les reins seulement entourés
du linge appelé Epizonion^ est posé sur la dalle qui recouvre le
tombeau; parfois cependant ce tombeau est béant, et le corps,
toujours présenté dans toute son apparence, va y être descendu.
Au second plan, derrière le sarcophage, apparaissent, vus à mi-
corps, plusieurs personnages, en attitudes diverses, rangés sur la
même ligne : au milieu d'abord, la Vierge éplorée soutenue par
saint Jean le consolateur; puis, à droite et à gauche, dans une
pose de méditation douloureuse, les yeux parfois baissés ou dirigés
vers le Christ, les saintes femmes dont deux, Marie Jacobé et
Marie Salomé, qu'on appelle les Myrrifores, portent chacune
un vase à parfums.
Parmi les trois saintes on reconnaît facilement la Madeleine, à
son costume plus riche et à sa chevelure opulente déroulée, tenant
aussi parfois un vase à parfums. Leur présence, selon M. Barbier
de Montauit^, est contraire aux Ecritures, mais, dit-il, «les
artistes chrétiens, en faisant figurer autour du sarcophage dans la
grotte du sépulcre, non seulement les deux personnages, Joseph
et Nicodème qui portent le corps, mais aussi la Vierge, saint Jean
, et les saintes femmes, ont voulu ajouter au fait évangélique le
charme des traditions populaires. Saint Jean, le disciple bien-aimé
' ... Le culte des morts, qui a toujours été si en honneur dès la plus haute
antiquité, a pu contribuer à l'aire représenter la mise au tombeau du Christ eo
qui se résumait l'humanité toute entière. Les purifications et rembaumcment, de
même que le groupement autour du sarcophage, rentraient aussi dans les hon-
neurs que l'on rendait aux morts et on les retrouve dans les plus anciens
sépulcres. (Le Culte des morts dans l'antiquité païenne, par M. l'abbé Galli,
Paris, in-32).
• Annales archéologiques, t. XXV, 1865.
LES SÉPULCRES OU MlSBâ AU TOMBEAU EN PICARDIE $1
qui, seul d'entre les douze apôtres, était resté au pied de la croix
jusqu'au dernier moment, a été placé par eux au sépulcre pour
symboliser le modèle de Tamitié constante. »
Ces trois scènes, comprises sous la désignation générale de
Sépulcre, ont été représentées, plutôt en sculpture, dès la fin' du
quinzième siècle, dans le cours du seizième et aussi au commen*
cément du dix-septième ; ce sont principalement la première et
la dernière qui paraissent avoir été aloi*s les plus connues et les
plus populaires. On les trouire aussi reproduites en peinture et sur
des vitraux dès les premiers temps du moyen âge ; les plus grands
artistes s'en sont inspirés et ils en ont produit des chefs-d'œuvre.
Avant d'arriver au sujet principal de cette étude que nous
limitons à notre province, nous croyons devoir mentionner som-
mairement, sauf peut-être des omissions, les monuments de même
nature qui se trouvent dans les provinces limitrophes. Il en existe
en Normandie, notamment aux Andelys, à CaudebeCj à AumalCj
sans, oublier les autres sépulcres de Louviers, de Maulévrierj de
Saint'Cyr-la-Rosière, de Senarpontj de Vemeuil au Perche, et
surtout celui, plus rapproché, d'A'tt. Ce dernier, dont l'église
Saint-Jacques, à Dieppe, possède une copie en plâtre qui rem-
place un autre disparu, est digne de remarque par ses grandes
dimensions et par la richesse des costumes. Comme particularité
notamment, le corps du Christ y est placé en sens inverse de
l'ordinaire, la tête du côté droit*. Dans TArtois, M. Loriquet a
relevé à Saint-Omer, sur les ruines d'une chapelle dite du Cal-
vaire, une inscription mentionnant l'existence d'un sépulcre qui,
malheureusement, a été détruit. Le même auteur a fait connaître
une mise au tombeau qui se trouve encore à Verchin; il la qualifie
de remarquable. « C'est, dit-il, un haut-relief en pierre du com-
mencement du dix-huitième siècle ; les personnages sont au trois
quarts de la réalité, le Christ seul est moderne ^ » Dans l'Aisne,.
' La plupart de ces sépulcres ont été relevés et décrits par plusieurs auteurs,
parmi lesquels il convient de citer :
^ Abbé Cochet, les Eglises de F arrondissement de Dieppe, 1846. — Les
Églises de l^ arrondissement d'Yvetot, 1852.
Chanoine Porkb, la Statuaire en Normandie, 1899. — Note sur une statue de
sainte Anne de l'Atelier de Vérneuilau Perche, 1901.
^ Inventaire des monuments du Pas-de-Calais, par M. Loriquet, alors
archiviste à Arras (aujourd'hui à Rouen), Arras, 1890.
38 LEg 8ÈPULGBES OD MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
M. Edouard Fleury a signalé, à Sissy, la chapelle dite des
Endormis qui renferme un sépulcre de onze personnages, d'une
mise en scène savante et dramatique'. Plusieurs mises au tom-
beau dans rOise nous sont indiquées en cours de cette étude par
notfe savant 'et obligeant collègue M. le chanoine Marsaus, de
Beauvais, et nous lui adressons ici nos vifs remerciements. Ainsi :
à Clermont, dans le bas de Téglise, mais il ne se distingue par
aucune particularité; à Agnetz, près de cette ville, dans une
crypte au fond du collatéral de droite, on y remarque par devant,
comme à Sissy, des gardes endormis; de même encore à Senantes,
canton de Songeons, où le monument, là, est en-bas relief; à
Marseille-le-Petit, dans une chapelle dite des saintes Hosties,
indépendante de Téglise et qui se trouve dans le cimetière ^; à
MérUj au-bas côté sud, et autrefois dans lia chapelle sépulcrale
de Ferry-d'Humont ; à Saint-Germer , dans le transept sud de
l'église abbatiale; à VUlers-Saint-Sépulcrej près de Beauvais,
monument de bonne sculpture.
LES SÉPULCRES EN PICARDIE
La province de Picardie a pris une large part dans cette mani-
festation particulière de la foi de nos pères dès la fin du quinzième
siècle. Nous avons en effet relevé jusqu'à dix^neuf monnmenis
de ce genre, et encore sauf omissions possibles. La plupart sont
bien conseillés et presque tous, sauf quelques particularités qui
seront signalées pour plusieurs,- se rapportent à la tradition la
plus généralement suivie.
Deux autres, l'un à Péronne, l'autre à Berck-Vilh, ont dis-
paru; peut-être y en a-t-il eu davanta({e, mais nous n'en avons
pas eu de révélations. Parmi ceux que nous avons pu étudier, il
n'en existe pas représentant les deux premières scènes indiquées
plus haut comme se plaçant après la descente de croix ; toutefois,
' Antiquités et monuments du département de l'Aisne.
* Voy. Chapelle et pèlerinage des Saintes Hosties à Marseille-le-Petit
(Oise), par M. l'abbé IIar.saux, associé corraspondant de la Société des Anti-
quaires de Picardie, Paris, Dumoulin, 1894. gr. in-S** avec illustrations.
LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE S'J
la première sc^ne, la Vierge de Pitié, forme le siijel principal du
bas-relief de rêg^lise de Prousel; il y a aussi une PZ/tV au-dessus
du sépulcre de Téglise Saint-Germain à Amiens. Ce groupe enfin,
taillé en bois et de petites dimensions, se rencontre à Saint-Vulfran
d'Abbeville, dans d'autres églises et dans des collections particu-
lières, notamment au musée Boucher de Perthes à Abbeville, dans
le cabinet de Tilluslre savant où se voient aussi deux très petits
bois de la Mise au tombeau.
Les sépulcres proprement dits observés dans notre province
nous ont paru, soit par quelques dates de fondation des chapelles
où ils se trouvent, soit par leur mode d'exécution et autant qu'on
peut l'apprécier à défaut d'indications précises, se rattacher
presque tous au seizième siècle : les uns, comme à l'église Saint-
Germain à Amiens, à celle de Doullens, et à celle du saint
Sépulcre à Abheville, remontent aux premières années, ce sont
les plus curieux; celui de Prousel date de la première moitié.
D'autres accusent pluttM le coure du seizième siècle; telles sont
ceux de Montdidier et aussi ce qui en reste de celui de Montreuil-
sur-Mer; puis encore les sépulcres de Longpré'les-Corps-Saints
et de Tortefontaine, ce dernier, l'un des plus remarquables de
la Picardie. Ceux de Villers^Bocage et A'Allery paraissent plutôt
dater de la fin du seizième siècle.
Pour quelques-uns enfin, comme à Saint- Valery-sur -Somme,
à SorruSj à Inval-Boiron, à AUery et à Oust-Marais, les motifs
de décoration qui les encadrent les rattachent à la dernière pé-
riode de la Renaissance qui parait s'être prolongée dans nos pays
jusque dans les premières années du dix-septième siècle.
Trois méthodes pouvaient éire adoptées pour la présentation de
ces monuments : la première consistant à les classer par ordre de
valeur artistique, mais ce classement entraînait une responsabilité
d'appréciation devant laquelle nous avons reculé; l'autre, basée
sur l'ordre chronologique, présentait également un écueil, à
défaut, le plus souvent, d'indications précises ou de caractères
bien tranchés. Un groupement par contrées nous a paru avoir cet
avantage de rendre plus facile aux excursionnistes les recherches
et les études sur place; nous avons donc suivi celte dernière
méthode. On pourra, au moyen de la table, trouver facilement
40 LES SRPDLCBBS OU HISES âC TOUBBâD EN PICARDIE
par la pagination Findication de ceux de ces sépulcres que Tama*
teur voudrait plus particulièrement aller reconnaître.
Et tout d'abord, il y a lieu de parler des sépulcres qui, à raison
de leurs petites dimensions et aussi par d*autres indices tels que
des inscriptions, se rattachent manifestement à des sépultures
privées et ont servi à les décorer.
Parmi ceux-ci on peut ran;[jer en première ligne le petit monu-
ment de rhospice de Saint- Valéry ^sur-Somme. Il se trouvait
même, il y a quelque trente ans, encastré dans le mur du
cimetière entourant la chapelle; pour le préserver, avec juste
raison, des intempéries des saisons, on Ta placé dans Tintérienr
de la chapelle contre la paroi de gauche. Et c'est ici, comme
bien souvent ailleurs, le cas d'appliquer le mot si vrai cité par
M. le chanoine Marsaux, en parlant d'œuvres intéressantes qui,
souvent coudoyées au passage, passent cependant presque ina-
perçues : assueta vilescuni. Ce charmant bas-relief, en effet,
était resté presque ignoré dans ses détails lorsque nous en avons
fait l'objet d'une étude présentée à la Session de 1899 *; nous n'y
reviendrons ici que sommairement*.
H comprend trois parties superposées d'une hauteur ensemble
de l",47 sur 0",67 de largeur : au bas, la mise a,u tombeau, dans
une niche à plein cintre encadrée de pilastres ornementés et dont
la voûte est formée d'une large coquille renversée sur laquelle est
représenté le mont du Golgotha avec les trois croix à deux des-
quelles les larrons sont encore attachés. Au-dessus, sur une sorte
de frise, est figurée la Résurrection, en relief très peu accusé :
autour du Christ qui s'élève du tombeau sont les trois gardes dans
des attitudes diverses. Enfin, au fronton, ont été sculptés de nom-
breux motifs d'ornementation avec un oiseau au centre et des
anges sur les côtés; le tout ciselé avec une grande délicatesse.
Quant au sujet principal, au bas, il a été traité d'après les tradi-
tions en usage : le corps du divin sacrifié est entouré des sept
personnages, d'un bas-relief, là, très accusé, couverts de riches
costumes et dont les attitudes, bien variées, ont été précédem-
' Le petit Sépulcre on mise att tombeau de f hospice de Saint-Valery^sur-
Somme, Paris, Plon-\ourrit vi C«, 1900; grand in-«".
* Voir, ci-contrc, planche I.
Page 40.
PICE
^CPiflt Y-S U R-S 0 M M E
LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 41
ment décrites dans leurs détails ; nous n'avons plus à y revenir
ici. Ajoutons seulement que sur le devant, dans le bas, sont repré-
sentés (rois donateurs dont une jeune iille; les deux premiers
agenouillés devant un prie-Dieu. A en juger d'après la lettre R qui
est tracée sur un petit médaillon du fronton, ces personnages
appartenaient vraisemblablement à la famille des Rouault ou
Rohault, puissants seigneurs de Gamaches et autres lieux et dont
un des membres fut gouverneur perpétuel de la ville et du château
de Saint- Valéry.
Il existe à Téglise de Sorrus, petite commune à trois kilomè-
tres de Mon treuil-su r-Mer, comprise autrefois dans la Picardie*,
un petit sépulcre qui, bien qu'inférieur comme exécution et
comme conservation à celui de Saint- Valéry, n'en est pas moins
fort intéressant. Il a déjà été l'objet de deux études^ l'une par
M. le comte Georges de Lhomel *, l'autre par M. Roger Rodière *.
C'est un bas-relief taillé dans la craie tendre sujette à l'usure, et,
en outre, il est noyé sons plusieurs couches de badigeon qui lui
ont fait perdre de sa délicatesse et de sa finesse primitives; enfin,
il a subi des mutilations, plusieurs têtes ont été cassées. Ce petit
monument (haut. 0'',96, larg. l'",65) ^, encastré dans le mur
gauche de l'église, est de style Renaissance et, comme l'a très bien
fait remarquer M. Roger Rodière avec sa compétence d'énidit,
c'est le premier exemple à date certaine (1531) que l'on connaisse
de ce style dans les environs de Mon treuil, où le goût du gothique
a persisté longtemps. Il est partagé dans son développement en
largeur en trois parties, chacune surmontée d'un plafond cintré
en forme de grande coquille à larges nei'vures. La niche du mi-
lieu, séparée des autres par un pilastre, représente la mise au
tombeau, et les niches latérales, un peu plus étroites, renferment
les statuettes des donateurs, un homme et une femme, agenouillés
* La ville de Montreuil-sur-Mer et le village de Sorrus faisaient partie du
comté de Pontbieu qui était compris dans la province de Picardie. Le Ponthieu,
de ce côté, était bordé par la rivière de TAuthie, par la voie romaine dite
Chaussée Brunehaut, depuis Douriez jusqu'à Brimeux, puis par la rivière de la
Gauche jusqu'à la mer. à htaples. (Note de M. Roger Rodière).
• Mémoires de la Commission départementale des monuments historiques du
Pas-de-Calais, t. li, V livraison, Arras, 1902.
^ Epîgrapkie du Pas-de-Calais, canton de Montrcuil, 1904.
^ Voir, ci-dessous, planche II.
42 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
chacun devant un prie-Dieu et accotés de leurs patrons. Le sépulcre
proprement dit comprend, suivant T usage, les sept pei*son nages
sans compter le Christ gisant; celui-ci mesure 44 centimètres.
Ici, il n'est pas posé, comme on le voit plus généralement, sur la
dalle du sarcophage : il est soutenu, soulevé aux deux extrémités
du linceul par Joseph et Nicodème qui vont le descendre dans le
vide du tombeau; celui-ci est incliné par devant'. Sur la paroi
extérieure est figuré un cadavre entièrement nu, tout décomposé,
presque décharné, taillé d'une manière toute rudtmentaire. Enfin,
au bas, une inscription usée et presque indéchiffrable laisse sup-
poser, comme il est dit ci-dessus, que ce morceau de sculpture
avait dû décorer une sépulture de famille, ce qui parait, du
reste, confirmé par la présence des statuettes des donateurs.
Le village d'Inval-Boiron^ dans Tarrondissemenl d'Amiens,
canton d'Oisement, borde la vallée du Liger, un des confluents
de la rivière la Bresle qui sépare la Picardie de la Xormandie.
Au cours d'un ouvrage très documenté sur la Vallée du Liger,
M. Alcius Ledieu, conservateur de la bibliothèque des musées et
archives d'Abbeville, a fait le relevé d'un sépulcre, relativement
petit (haut. l'",20, larg. 1"), qui se trouve à l'église de cette com-
mune. Le sujet, traité également en bas-relief, est de l'époque de
la Renaissance; malheureusement, ici encore, il est mutilé^ les
têtes sont cassées sauf une à droite; les jambes du Christ sont
en partie brisées *. Ce morceau de sculpture représente non pas
la mise au tombeau proprement dite, mais la seconde des trois
scènes qui ont suivi la descente de croix, celle où le corps fut
posé sur la pierre de l'onction pour y être purifié avant d'être
porté plus loin à la grotte du sépulcre pour y être enseveli. Les
personnages, plus petits que nature, sont groupés selon la tradition
ordinaire. M. Indien a donné la description de tout l'ensemble et il
a été reproduit dans l'ouvrage par M. IVinckler, artiste lithographe
^ Cette dispositioa particulière se remarque aussi dans les mises au tombeau
de VilUrs-Bocage et d^Ouxt-Marais, tous deux également en Picardie, et daus
celui de Semur, dans la Sartlie.
* La Vallée du lAger et ses environs, par M. Alcius Lkdiku. Paris, Picard.
1887, i vol. in-8° de 432 p. Ouvrage couronné par la Société des i\ntiquaires de
Picardie.
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LBS SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 43
à Abbeville, d'après un dessin de M. Frontaux. Au fond, on aper-
çoit le mont des Oliviers et les trois croix, celles-ci mutilées en
partie. Comme particularité, dans les moulures de Tencadre-
ment sont figurés, d'une façon assez naïve, tous les instruments de
la Passion : Téchelle, le marteau, les tenailles, les clous, Téponge,
la lance, trois sabliers, et enfin, détail assez curieux, une oreille
(celle coupée par Pierre à Tun des soldats lors de l'arrestation
au jardin des Oliviers). M. Alcius Ledieu a relevé enfin une ins-
cription en vers qui se trouve en bas avec le nom de Mutel, mais
il n'a pas cru pouvoir en inférer que ce monument ait été érigé
par les soins de ce personnage.
Il fa\it mentionner ici, plutôt pour mémoire, deux petits mor-
ceaux de sculpture en bois sur le même sujet, l'un conservé dans
la crypte de l'église de Longpré-les-Corps-Saints où se trouve un
grand sépulcre en pierre qui sera décrit plus loin; l'autre à l'église
de SaintrPaul à Abbeville où il est placé au-dessus d'un remar-
quable retable en bois peint et doré provenant, comme un autre de
mêmes proportions qui se trouve dans l'église du Crotoy ', de l'an-
cienne chartreuse de Thuison-lés-Abbeville. Ces deux petits sé-
pulcres, d'un développement en largeur d'environ 25 centimètres,
sont traités dans le genre de ces petits sujets que l'on retrouve
dans plusieurs églises de nos campagnes. Là, on n'a représenté
^ue le corps du Christ soutenu au-dessus du tombeau par les
deux personnages traditionnels; sur le tombeau à Saint-Paul on a
taillé en relief la couronne d'épines, le marteau et les tenailles.
Nous arrivons maintenant aux monuments de plus grandes
dimensions. Ce sont les plus nombreux; les personnages y sont
représentés généralement en grandeur nature.
Et d'abord, à Amiens. II n'y en a qu'un seul, que nous sachions;
il se trouve à l'église Saint-Germain où il occupe un enfoncement
ou enfeu, avec arc surbaissé, dans la dernière chapelle latérale du
bas-côté nord. Notre collègue, M. Georges Durand, Térudit archi-
viste de la Somme, l'a décrit dans son étude bien complète sur
* Les retables de l'église Saint-Paul à Abbeville et de l'église du Crotoy,
par Emile Deligmèrks. Abbeville, 1883: iD-S**.
44 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
cette église ' ; nous nous bornerons à la résumer, avec quelques
remarqués pei*sonnelles.
Ce monument, en pierre, date de 1506; il a été donné par
Firmin le Coustellier, seigneur de Coupel, et par la dame le Cat,
son épouse. Dans Tintervalle des meneaux surmontant Tare se voit
un petit bas-relief représentant Notre^Dame-de-Pitié, Le sujet
principal, entièrement peint et doré, est d*une exécution soignée;
les figures sont belles, d'une grande sérénité d'expression. Les
personnages, un peu moins grands que nature (1"", 30), au nombre
de huit y compris le corps du Christ, sont placés autour du tom-
beau dans la pose traditionnelle. Joseph d'Arimathie, coiffé d'un
turban, est à la tête du crucifié; il est reconnaissable à son glaive
de centurion suspendu au côté; on sait que le plus souvent ce per-
sonnage est représenté aux pieds. Autre particularité plus rare :
une inscription, relevée par M. G. Durand, se lit à la bordure de
son vêtement, et, sur le voile de la Vierge, est tracée cette invoca-
tion : 0 Mater Dei mémento mei, amen. A remarquer enfin la
coiffure singulière de Nicodème; c'est un bonnet un peu élevé en
forme de toque, plate au-dessus, garnie de guirlandes.
Aux environs d'Amiens, à l'église de Villers-Bocage, chef-lieu
de canton, un sépulcre occupe la paroi intérieure du portail au
bas du collatéral de gauche*. Il provient de l'ancienne abbaye de
Berteaucourt-les-Dames, à quelque distance de là, aujourd'hui en
ruines. Ce monument, en pierre, de la fin du seizième siècle, taillé
en ronde-bosse, n'avait pas encore été décrit, croyons-nous; nous
en avons eu la reproduction d'après un cliché qui nous a été obli-
geamment communiqué par M. l'abbé Dubourguier, curé-doyen,
membre de la Société des Antiquaires de Picardie; nous lui en
offrons nos sincères remerciements. Ce sépulcre est conforme à
d'autres comme disposition des personnages, mais manifestement
des restaurations y ont été faites. Le Christ notamment, dont la
tête est entourée de la couronne d'épines, ce qui se voit assez
rarement, avait eu les jambes brisées, et on les a refaites malen-
contreusement dans de trop grandes dimensions, ce qui lui donne
* Notice sur l'église Saint-Germain à Amiens, par M. G. Durand. — Picardie
historique et monumentale, t. I. Il y a une reproduction du sépulcre.
' Voir, Q-coutrc, planche III.
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LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 4!V
une longueur anormale de 1",90, alors que les autres person-
nages n'ont que l",50 environ ; le tout est recouvert de peintures
modernes. Saint Jean occupe le milieu parmi les saintes- femmes
debout derrière le tombeau. D'après les types, un peu défigurés
toutefois par Tenluminure et d'une allure un peu mondaine,
pourrait-on dire, l'œuvre semble de facture italienne, à consi-
dérer surtout la Madeleine dont les cheveux sont retenus à plat
sur le front par un ruban. Joseph et Nicodème, au premier plan,
tous deux coiffés d'un turban, soulèvent le corps par le linceul
et vont le déposer dans le sarcophage béant. Celui de gauche, à
longue barbe, est vêtu d'un pourpoint avec des manches ornées
de crevés ; il porte au cou une chaînette. Celui de droite, à la
figure osseuse avec petites moustaches, forme un type bien parti-
culier et que nous n'avons retrouvé nulle part ailleurs ; c'est un
véritable mameluk. Il regarde fixement le Christ en portant une
main contre sa poitrine dans un geste affecté et presque théâtral.
Ce sépulcre est sous un arc surbaissé avec bordure en pendentifs
et il est orné de choux à l'extrados; cet entourage est moderne.
Le morceau de sculpture a été classé récemment parmi les mo-
numents historiques.
A l'église de Prousel^ village à douze kilomètres d'Amiens
(station de la ligne du chemin de fer d'Amiens à Beauvais) , se
trouve, dans une chapelle latérale, à gauche, un beau et assez
grand bas-relief (haut. 1",70, larg. 2", 20); il se rattache à la pre-
mière phase du dernier acte de la Passion. Un des miens a pu,
malgré le peu de jour sur un côté, en prendre une petite repro-
duction photographique. Au cours d'une étude très complète
publiée en 1899 dans les Mémoires de la Société des Antiquaires
de la Picardie, notre collègue, M. Bréard, a donné une descrip-
tion sommaire de ce monument*. Il comprend plusieurs parties;
celle principale, vers le haut, représente la scène où le Christ des-
cendu de la croix est soutenu sur les genoux de sa mère; c'est
une Pietà. La figure de la Vierge est d'une belle expression; nous
n'avons pu identifier les deux personnages dont parle M. Bréard
' Recherches historiques sur Prousel, son château, son église et ses anciens
seigneurs, par M. Charles Briîard. — Mémoires de la Société des .'\ntiquaires
de Picardie (4* série, t III, 1899, p. 3 et 153).
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46 LES SÉPLLGRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
comme se tenant à droite et à gauche. Sur le côté, vers le haut,
sont représentés deux sujets qui paraissent avoir un sens allégo-
rique : à droite, un berger et son troupeau; à gauche, un homme
chargé d'un sac monte vers un moulin; plus loin on aperçoit
les murailles et les tours crénelées d'une ville. Ce monument
devait sei*vir pour une sépulture privée, à en juger par la présen-
tation, au premier plan, dans le bas, de deux personnages, homme
et femme agenouillés, jchacun devant un prie-Dieu, et accom-
pagnés derrière de leurs patrons saint Jean-Baptiste et saint
Antoine. M. Bréard nous fait connaître que ces donateurs étaient
Bastien le Sellier, mort en 1525, et Antoinette de Galonné, décédée
en ]539, fondateurs de la chapelle. Cette œuvre a été mutilée en
plusieurs endroits ; la plupart des têtes, sauf celles de la Vierge et
du Christ, ont été abattues.
Une mise au tombeau décore le fond de la chapelle latérale
gauche de l'église du Saint-Sépulcre à Abheville. Elle a été l'objet
récemment d'une description par notre collègue M. Henri Mac-
queron '. Ce sépulcre avait été en grande partie détruit à la Révo-
lution ; il a été reconstitué et on ne retrouve de l'œuvre ancienne
que la statue du Christ étendu, grandeur nature, taillée dans le
bois, d'une assez belle expression; il a été peint en blanc. Un
autre morceau de sculpture, se rattachant encore à notre sujet,
surmonte l'autel <à droite; il représente les gardes endormis autour
du tombeau fermé. C'est un ouvrage moderne, fort beau, exécuté
en 1863 par AI. Duthoit, d'Amiens.
iVous devons mentionner également, de notre ville, à l'église
Saint- Vulfran, un Christ au tombeau, isolé (l", 45), qui se trouve
dans la première des chapelles du bas-côté droit; il est placé sous
une arcature de style Renaissance, mais moderne et même non
terminée comme moulures. La sculpture, qui paraît assez ancienne,
est en bois recouvert de peinture; le corps posé sur le linceul est
nu, sauf Vepizonion; il est incliné sur le côté, la tête un peu sur-
élevée, les jambes soulevées aux genoux, le bras droit tombant
par devant, l'autre repliée sur la poitrine. La statue est d'une
' Picardie historique et monumentale, t. III, !•' rasciciile, par M. Emile
Dbligvikubs pour l'église Saint-Vulfran et par M. Henri Macqubron pour le.s
autres monumcats et les maisons.
LES SEPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIB 47
exécution médiocre et ne mérite pas une plus ample descrip-
tion. Sur Tautel, en face, est une Pietà, aussi en bois.
La ville de Montdidier possède deux mises au tombeau, toutes
deux de grandes dimensions, Tune dans Téglise du Saint- épulcre,
Tautre dans celle de Saint-Pierre. Ces morceaux de sculpture ont
déjà été décrits et il nous suffira de rappeler brièvement ce qui en
a élé dit ^
Le premier occupe le fond du bas-côté droit qui a été construit
de 1549 à J582 par la famille de Bâillon; il est surmonté d'un
Ecce homo, bien .plus soigné que le sujet principal, et d'une
exécution parfaite. Quant à V Ensevelissement, il est entouré
d'une arcade cintrée à nervures ogivales (2", 55) datant seule-
ment de 1763; les figures des personnages, ceux-ci au nombre
traditionnel de sept, manquent d'expression. La Vierge, qui occupe
le milieu derrière le tombeau, a la tête couverte d'un voile lui
tombant droit presque sur les yeux; elle est un peu inclinée par
devant; ses mains sont jointes à plat devant la poitrine. Saint
Jean la soutient à gauche d'une main aux doigis très écartés; de
sa ceinture pendent deux objets dont l'un parait être une escar-
celle. Ce sépulcre est malheureusement recouvert d'une couche
épaisse de peinture qui empâte les détails. \ la face antérieure,
un homme et une femme sont agenouillés chacun devant un prie-
Dieu; au milieu, on a figuré la couronne d'épines entourant les
trois clous. Dans le haut, se lit cette inscription qui parait mo-
derne : Ibi posuerunt Jesunij et, sur la paroi du fond, celte
autre : tertia die resurget.
Le même sujet, à l'église Saint-Pierre, même ville, se trouve
dans une chapelle au bas du collatéral gauche, à côté d'un tom-
beau érigé pour Raoul de Créquy. Ce sépulcre paraît avoir été
l'objet de plusieurs restaurations; il est en pierre. Les person-
nages, au nombre de sept comme ci-dessus, sont aussi de gran-
' Le département de la Somme, par M. Dcsevkl. — Amiens, 1849, gr.
in-8».
Histoire de ta ville de Montdidier, par M. Victor de Bkauvillk. — Paris,
Olaye, 4875. in-4«.
La Picardie historique et monumentale, t. IL — Arrondissement de Mont-
didier^ par 11. le baron X. db Bonnault d'Houkt.
48 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
deur nature, mais la disposition en est un peu différente. Le
corps du Christ n'a pas la même position rigide; les jambes sont
soulevées aux genoux et le linceul, très apparent, tombe en petits
plis sur la paroi du devant qui est formée de simples blocs de
pierre sans ornements. Comme particularité que nous n'avons
remarquée nulle part ailleurs, les personnages du fond ont tous
la tète entourée d'un nimbe. La Vierge, comme à Téglise du Sé-
pulcre, se trouve au milieu. Nous renvoyons, au surplus, pour
plus amples détails, aux auteurs qui ont décrit ces monuments.
M. Edouard Fleury, dans son grand ouvrage mentionné plus
haut sur les Antiquités et monuments du département de V Aisne y
avait signalé un sépulcre à Péronne. N'ayant pas autrement
entendu parler de ce monument, nous avons eu recours à l'obli-
geance de notre collègue M. C. Boulanger, de cette ville, écrivain
et archéologue distingué bien connu. Il a bien voulu faire des
recherches dont nous nous faisons un plaisir de le remercier.
M. Boulanger nous a appris qu'un sépulcre avait existé efiTective-
ment à l'église de Péronne, et il se rappelait l'avoir vu dans sa
jeunesse; ce monument se trouvait dans une chapelle à côté d'une
tour, mais il a été complètement détruit en 1870. Pendant le
siège de la ville, le 29 décembre, l'église et le clocher ayant été
incendiés par les obus prussiens, les cloches ont fondu, le poids
du bronze a crevé la voûte de la petite chapelle; les statues en
pierre qui composaient la mise an tombeau ont été brisées, mises
en pièces, et les débris ont été entenés dans la cour du presby-
tère. M. Boulanger nous a ajouté que, d'après ses souvenirs, les
personnages étaient de grandeur naturelle. Ce sépulcre et un autre
qui se trouvait à l'église de Berck-Ville sont les deux seuls qui,
pensons-nous, ont disparu en Picardie.
liC sépulcre de Doullens, à l'église Saint-Martin ' , est un des
plus beaux et des plus ornementés extérieurement de tous ceux de
notre province. Il est, de plus, resté en parfait état de consei-va-
tion ; cela est dû surtout à son emplacement au fond du collatéral
de droite, dans une chapelle autrefois fermée et qui servait de lieu
de rangement inaccessible au public. Cette belle œuvre de scul-
* Voir, ci-contre, planche IV.
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Page 48.
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LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 49
plure, ainsi préservée, avait été signalée seulement en 1835 par
M. Dusevel, alors inspecteur des monuments historiques dans la
Somme, puis aussi en 1846; mais c'est surtout à cette dernière
date qu'elle a été bien connue et appréciée. M. Dusevel Ta fait
dégager, puis débarrasser d'un affreux badigeon, et elle apparaît
maintenant dans sa netteté et sa splendeur primitives telle qu'elle
était au commencement du seizième siècle. M. Pierre Dubois,,
notre obligeant collègue d'Amiens, nous a fait connaitre que ce
sépulcre remontait à 1504. Ici encore nous n'avons qu'à rappeler,
en les résumant, les descriptions dont ce monument a été l'objet
de la part de plusieurs érudils'; nous y joindrons quelques indi-
cations personnelles.
La mise au tombeau occupe un enfeu sous une arcature à pleiir
cintre avec guirlande et garnie d'accolades entre lesquelles figure
une petite Pietà d'un travail 1res fini. L'archivolte est surmontée
de six statues d'anges portant les instruments de la Passion; deux
contreforts latéraux portent sous un dais à clocheton et sur un cul-
de-lampe les statues de saint Nicolas et de saint Jean avec leurs
attributs. Le sujet principal a été traité suivant l'usage adopté
presque partout, avec les sept personnages, mais ici, y compris le
corps du Sauveur; les figures sont fort belles, d'une grande séré-
nité, sans recherche d'expression. Le corps étendu est très bien
modelé; la léte est entourée de la couronne d'épines, les mains
sont croisées au milieu du corps sur le linge qui entoure les reins.
La Vierge, la tête un peu inclinée couverte d'un voile double,
regarde le visage de son fils avec une expression de douleur rési-
gnée; elle tient les mains dressées et jointes contre sa poitrine.
Les costumes sont généralement riches, surtout ceux de Joseph et
de Nicodème; les plis sont savamment drapés. Dans le fond de lu
grotte, et posées sur des socles reposant eux-mêmes sur une
tablette qui suit toute la largeur du fond, se dressent des statuettes
' DusRVEL, DR LA Fo.vs Mrlico<) et Gabriel Rkmbault, Eglises, châteaux, bef-
frois de la Picardie. Amiens, Alfred Caron. 18V6, 2 vol., in-V, t. H.
Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, par \\\\. T.
Taylor, Ch. \oDiER et Alph. dr Caillkux. — Picardie. — Paris, Firmin Didot,
1835-1845. 3 vol. in-fol.
Lettres sur le déparlement de la Somme, par M. H. Dusrvrl. in-8*, Amiens,
1849.
D'autres peut-être.
50 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
de saints parmi lesquels feu M. Tabbé Lefebvre a cru reconnaître
saint Marc, saint Augustin, saint Furcy et saint Riquier. Enfin
Irois petits sujets en bas-relief, d*une grande délicatesse d'exécu-
tion, décorent le devant du sarcophage qui est divisé, par des
pieds*droits carrés, en trois niches : à gauche, Jésus apparaissant
à la Madeleine; au milieu, les Disciples d'Emmùûs et, à droite,
r Incrédulité de saint Thomas. D après une inscription, ce mo-
nument aurait jeté donné en 1583 par Jehan Boulliet et Nicolas
Rousselle, dont les statues se voient sur des piliers latéraux, mais
l'exécution du sépulcre serait bien antérieure.
M. Rodière a découvert il y a quelques années dans. Téglise
Saint-Saulve à Montreuil-sur-Mer, sa ville natale, un Christ au
tombeau de grandes dimensions (1",90); il se trouvait, resté
ignoré, sous le plancher de la sacristie'. Cette statue, couchée,
faisait corps par le tronc et les chevilles avec un bloc rectangu-
laire de 0'",60 de large en pierre de craie du paya. Le corps, pré-
sentant la plaie au coté restée bien apparente malgré T usure de
la statue et aussi les vestiges de la couronne d'épines, ue permet-
taient pas, dit H. Rodière, de douter de l'identité du sujet. Celte
stalue, selon lui, a pu être isolée, et il a établi péremptoirement
qu'elle devait être postérieure au siège de Montreuil, en 1537, qui
a détruit le chœur; il la date de 1540 à 1550 environ, a La statue,
ajoutait-il, est d'une bonne exécution, autant qu'on en peut juger
malgré son état d'usure; la forme du corps est correcte et l'œuvre
n'est pas indigne de la bonne, école montreuilloise, qui a donné
les anciens portails de l'église Saint-Saulve ainsi que les char-
mants détails de l'église Saint-Vallory. »
Tortefontaine est un village qui fait aujourd'hui partie du
département du Pas-de-Calais; son territoire était autrefois com-
pris souvent dans le comté de Ponthieu et, dès lors, appartenant
à la province de Picardie, mais cette attribution était contestée.
\ous croyons toutefois devoir parler ici de son sépulcre, et cela
d'autant plus volontiers que l'œuvre est fort belle et qu'elle mérite
* Xotre collègue en a donné la relation détaillée dans le journal la Mon-
treuilloise (n** du 15 mars 1899).
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LES SEPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 51
à tous égards de figurer dans cette étude. Elle avait déjà été
signalée et décrite sommairement par M. Roger Rodière dans son
Epigraphie du Pas-de-Calais (canton d'Hesdin.) Nous donnons, à
notre tour et d'une manière plus étendue, nos impressions person-
nelles prises sur place; elles viennent confirmer d'ailleurs les
appréciations de notre distingué collègue.
Le village est à Irois kilomètres de celui de Dompierre, point
terminus, quant à présent, de la petite ligne de chemin de fer
d'Abbeville à cet endroit, mais qui est destinée à être pro-
longée jusqu'à la ville d'Hesdin; Faccès en est donc facile pour
les touristes. Le sépulcre provient, ainsi que d'autres statues
non moins intéressantes, de l'ancienne et importante abbaye de
Dommartin dont on voit encore, non loin de là, la porte monu-
mentale d'entrée et les ruines imposantes de la vaste chapelle.
Le monument de Tortefontaine ' n'est plus dans son état pri-
mitif; le sarcophage a disparu et il n'en reste que la dalle qui le
recouvrait et sur laquelle le corps du Christ est étendu; cette dalle
a été placée sur un soubassement moderne. Les deux person-
nages qui devaient figurer au premier plan, de chaque côté du
tombeau, n'existent plus, et les cinq du fond n'apparaissent
qu'aux deux tiers à peu près de leur hauteur et tels qu'ils étaient
destinés à être vus derrière le sarcophage; ils ont été posés simple-
ment sur un autre soubassement au delà du premier. Ces statues
sont, comme l'a dit M. Roger Rodière, d'un travail fort achevé et
remontant au cours de la Renaissance. Elles sont, de même que
celle du Sauveur, en pierre, et recouvertes d'une peinture blanche,
peu épaisse heureusement, et qui n'a pas altéré le fini du travail.
Le Christ, plus grand que nature {1",90), à la dififérence des
autres personnages, présente un corps nu, d'une belle anatomie,
bien proportionné. La figure, 1res bien modelée, est régulière,
d'une grande sérénité dans son expression calme, sans aucune
contraction des traits : elle paraît, avec les yeux clos, les lèvres
rapprochées, être celle d'un homme endormi. Les pieds et les
mains, celles-ci ramenées sur le linge enro^'é a** milieu du corps,
sont d'un réalisme parfait; les doigts et jusqu'aux ongles sont
travaillés avec perfection. La barbe est courte; les cheveux, séparés
' Voir, ci-dessus, planche V.
5S LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
au milieu de la tête, tombent en larges bandeaux sur les côtés '.
Les statues du fond sont de grandeur naturelle; la Vierge et
saint Jean ont été taillés, comme à Longpré-les-Corps-Saints, dans
un seul bloc; ici, le bloc a été, par erreur, placé tout à droite alors
que, suivant un usage traditionnel, ces deux pei'sonnages occupent
toujours le milieu du groupe. La Vierge est un peu plus grande
que les autres; elle a la tête entourée d'un voile double; sur sa
robe, avec manches à retroussis, est posé un ample manteau à
orfrois garnis de médaillons ronds et en losanges bordés de
perles. Cette statue et celle de saint Jean sont admirables : la
mère du Sauveur est représentée avec la tête rejetée convulsive-
ment eh arrière, les bras tendus, les mains posées en croix sur la
poitrine ; elle parait prête à s'évanouir et à tomber, comme dans
le S4'»pulcre d'Eu^ entre les bras de saint Jean. L'attitude, le mou-
vement expriment une douleur poignante et cette douleur est
encore caractérisée davantage par la contraction du visage dont
les joues sont baignées de larmes'. L'effet est saisissant et il
rentre dans le a pathétique )>, selon l'expression si vraie de
M. Emile Mâle.
La figure de saint Jean qui la soutient tout à droite n'est pas
moins digne de remarque par son modelé achevé, par l'expression
de douceur et de bonté répandue sur ses traits et qui est compa-
rable à celle du Christ; on est frappé du sentiment de sollicitude
et de compassion très caractérisé avec lequel il regarde la Vierge
douloureuse. Ce groupe est de tous points remarquable.
Le saint porte une tunique recouverte d'un manteau à large
collet en forme de camail, rehaussé sur la bordure d'ornements
' Un de nos excellents collègues d'Abbe ville et d'Amiens, M. Tabbé Armand,
curé d'Estrées-lès-Crécy, à peu de distance de Tortefontaine, a pu en obtenir
un assez bon cliché malgré le faux jour d*une fenêtre au-dessus. H a bien
voulu nous le confier, et Tépreuve, quoique tirée à la dernière heure et dans
des conditions dilBciles, peut cependant donner une idée de la valeur très
artistique de Tœuvre. Mous sommes très reconnaissants à M. l'abbé Armand de
sa communication si obligeante et si empressée.
' M. Paul Vitry, dans son ouvrage cité plus haut, Michel Colombe et la
sculpture de son temps, p. ^\9, à propos de la déposition de croix de Stùtte-
Catherine-de-Fierbois où la Vierge ost également en larmes, dit avoir rej^ouvé
cet effet dramatique dans les peintures de l'école Ûamande. Le sculpteur, resté
malheureusement inconnu, du sépulcre de l'ancienne abbaye de Donunartin,
parait s'èire inspiré de celte école.
LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PIGARblE 53
en perles de même forme que pour le vêtement de la Vierge, et
on les retrouve aussi aux autres personnages.
Les trois statues à la suite sont d'un intérêt moindre. La sainte
à côté, la tête couverte d'un voile, présente des traits gros et vul-
gaires, sans expression; elle tient les mains en avant, rapprochées
seulement par le bout des doigts. Celle à la suite, un peu plus
petite que les autres, est la Madeleine, à en juger par ses cheveux
déroulés sur le dos et par le riche collier à double rang de perles
qui orne son cou, celui-ci bien dégagé. Sa figure est inclinée
vers le Christ avec une expression de douleur, mais qui est peu
caractérisée. La troisième statue, celle tout à gauche, repré-
sente le type d'une femme presque vieille, aux traits lourds et
communs; elle tient les mains jointes à plat par devant, un voile
lui couvre la tête et passe sur sa poitrine. Malgré la différence très
sensible qui existe dans l'exécution de ces trois derniers person-
nages comparée à celle des premiers, on peut remarquer, pour
tous, le soin et la délicatesse avec laquelle les mains ont été
traitées. Il semble que ce sépulcre soit l'œuvre de deux artistes,
l'un bien inférieur à l'autre.
M. Roger Rodière a enfin mentionné, toujours dans le Pas-de-
Calais, un sépulcre en marbre blanc comme ayant existé à l'église
de Berck-Ville y msiis qui a disparu.
Il nous reste à parler de plusieurs sépulcres qui se trouvent
dans la partie de la province de Picardie appelée le Vimeu et
confinant à la Normandie. On peut aller facilement les voir en
suivant la ligne du chemin de fer conduisant de Longpré au
Tréport et qui se rattache à la grande ligne /l'Amiens à Bou-
logne-sur-Mer, Chacun de ces monuments est d'aspect différent,
et ils n'ont été, que nous sachions, l'objet d'aucune étude appro-
fondie.
Le premier se voit dans la crypte de l'église de l'importante
commune de Longpré-leS'Corps-Saints ; une inscription murale
porte la date de 1190, date de la consécration de l'ancienne église.
Celle-ci a été reconstruite en très grande partie au seizième siècle,
et, en dehors de la crypte qui elle-même a été l'objet de répara-
tions, il ne reste de la primitive église, autrefois collégiale, que
LA LES SÉPULGBES OU MISES AL' TOMBEAU EN PICARDIE
quelques vestiges sous le clocher ' . Elle avait été bâtie par Alèauine
de Fontaine, un des premiers mayeurs d'Abbeville, qui partit à la
seconde croisade, prit part à la prise de Constantinople et mourut
en Terre-Sainte en 1205 *. Il avait envoyé en Picardie un grand
nombre de reliques qui furent déposées dans la crypte de Téglise
de Longpré; elles ont fait donner à ce village le nom qu'il a con-
servé de Longpré-les-Corps-Saints, malgré la disparition de la
plupart de ces souvenirs religieux *. La veuve d'Aléaume, appelée
Laurette, issue de sang royal et originaire de Saint-Valery-sur^
Somme, avait fait élever à la mémoire de son mari, dans le
caveau de Longpré, un mausolée en pierre qui a disparu, mais
dont il reste encore aujourd'hui une grande statue bien consen'ée,
en bas-relief très accusé et qui faisait corps avec la pierre tombale;
elle doit, d'après les documents, remonter à la première moitié du
ti'eizième siècle*. On la voil contre le mur du fond, à droite de
Tau tel, où elle est dressée debout, en pied. Le personnage, d'un
aspect imposant, de belle allure, est représenté tête nue, vêtu
d'une ample robe, tombant droit, à plis assez serrés, avec col orné
* Notice sur Long et Longprè'les-Corps-Saints et leur commune seigneurie ,
par l'abbé Dklgove, curé de Long. Amiens, 1860, in-8**.
Ernest Prarovd, Histoire de cinq rilles et de trois cents villages, 6 voL
gr. in-12. 1861-18Ô8. Abbeville et Hallencourt, t. V\ 1861, p. 333 à 348.
Paris, Dumoulin, 1861.
Emile Gallrt, Recherches pour servir à l'histoire d'un grand village. —
Quelques notes et documents sur Longpré-les-Corps-Saints. Amiens, in-4'', 1898.
Picardie historique et monumentale. Canton d' Hallencourt^ par M. Ph. dks
Forts.
• Le P. Ignacb, Histoire des mayeurs d'Abhecille.
Ernest Prarond, Les hommes utiles de l'arrondissement d'Abbecille, l voL
in-8*', Amiens, Abbeville. 1858. — Fontaine (.Aléaume de), p. 86.
Fonlaine-sur-Somme, notice historique par l'abbé A. Lb Sueur, curé d'EIron-
délie. — Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 4* série, t. P',
1891, in-8°.
' Notice sur les saintes reliques de l'église de Longpré'les-Corps-Sainls,
par l'abbé Thierry, curé. Compiègne, Lefcbvre, 1885, in-lâ".
L'ancien trésor de Longpré-les-Corps-Sainis, par Henri Macqueron, Abbe-
ville, Paillard, 1897. — Extrait du Bulletin de la Société d'émulation d' Abbe-
ville, année 1892, n* 1. Du même auteur, le Ponthieu en 1700. d'après le
mémoire de l'intendant Bignon. (Mém. de la Soc. d'émulation, 1886). Le village
comptait alors 780 habitants ; son église avait été érigée en collégiale «t eUe
avait à cette époque une réelle importance. Ce collège se composait d'un doyea
et de douze chanoines, dont cinq résidents.
Voir, ci-contre, planche VI.
Page 54.
.Ti, CA\TO>r D HALLKXCOtnr
LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 5&
d'un petit médaillon ; elle est recouverte, en arrière seulement,
d'un manteau maintenu sur le haut des épaules par une bande
d'étoffe que ce seigneur retient par devant de la main droite; de
l'autre main, il porte suspendu un objet assez difficile à déter-
miner, mais qui paraît être un gantelet; une bourse est attachée
à sa ceinture. On voit égalementdans cette crypte les deux statues,
celles-là plus finies, fort belles, d'époque postérieure, représentant
Laurette et sa fille.
On nous pardonnera cette digression en raison de TinténH que
présente le souvenir d'un grand personnage picard se rattachant
à l'histoire de notre province au douzième et au treizième siècle.
Quant au sépulcre qui se trouve au même endroit, nous avions
pensé, à un premier aperçu, qu'il pouvait, en raison do son exé-
cution fruste et rudimentairc, de la raideur et de l'aspect général
de ses personnages, aux costumes à plis anguleux, lourdement
drapés, remonter au delà du quinzième siècle et peut-être même,
en raison de son caractère et du lieu, à une époque peu éloignée
du mausolée d'Aléaume de Fontaine qui est à côté. Après un plus
ample examen, et en nous référant à des appréciations précédentes
faites par nos savants collègues, MM. Georges Durand et Ph. des
Forts, nous sommes revenu sur cette première impression, en
croyant pouvoir considérer cette œuvre comme n'étant que du sei-
zième siècle. D'autre part, M. Emile Mâle, dans sa remarquable
étude sur [Art français de la fin du moyen dge, dit qu'il lui
paraît certain que le quatorzième siècle n'a pas connu les grandes
mises au tombeau sculptées ; il ajoute que le plus ancien sépulcre
à personnages portant une date certaine est celui de Tonnerre
(1453). Or, du moment où il n'est pas possible de rattacher le
sépulcre de Longpré à une époque plus ou moins contemporaine
de celle du seigneur de Fontaine, on ne peut que l'attribuer à
une époque bien postérieure.
Quoi qu'il en soit, ce morceau de sculpture, tout imparfait qu'il
soit, n'en méritait pas moins, à notre sens, d'être examiné et
décrit V Le monument, en pierre blanche du pays*, est de grandes
' Voir, ci-dessous, planche VII.
^ Nous sommes heureux de pouvoir, le premier, en donner une reproduction
bien exacte, ainsi que delà statue d'Aléaume, d'après les clichés que M. Pic^ard-
Josse, à Abbeville, a pu habilement en tirer, malgré l'obscurité, grâce au jet
56 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
dimensions; il porte 2", 25 dans son développement en largeur. II
est en bon état de consei-vation, et, sauf deux mains disparues, il
est resté dans son état primitif. Le groupe occupe une niche
voûtée à plein cintre, sans aucun ornement, ménagée sur le côté
droit de la crypte et profonde de 0",75. Le Christ couché, plus
grand que nature (1",90), comme celui de Tortefontaine, a été
autrefois couvert d'une peinture dont il reste à peine trace; le
corps, nu, est d'une anatomie toute grossière, les côtes saillantes,
i€>s jambes trop longues; il est couché sur la dalle du tombeau et
on ne voit pas de linceul. La tête, complètement renversée,
entourée de la couronne d'épines, repose sur un coussin; la
figure, à la barbe courte, est d'un type étrange, rude. Les person-
nages du fond sont au nombre de cinq, comme toujours : la
Vierge, la tête couverte d'un grand voile à larges plis, vêtue d'une
ample robe sans ornements, se penche éplorée vers la figure du
Sauveur, la main gauche posée sur sa poitrine. Elle est soutenue
à l'autre bras par saint Jean, aux cheveux crépus qui s'étalent
largement sur les épaules; ces deux statues sont taillées dans le
même bloc. Des trois femmes qui les accompagnent, l'une à
gauche, isolée, paraît être la Madeleine, à en juger par son cos-
tume plus riche : robe à gorgerette, ceinture en forme de corde-
lière, opulente chevelure tombant en torsades sur les épaules; elle
lève les bras en l'air en signe d'étornement ou d'adoration ; là, lés
deux mains sont cassées. Les autres saintes, à droite après saint
Jean, sont vêtues de manteaux à larges plis; Tune est coifi*ée
d'un turban, l'autre a la tête couverte d'un long voile. A chaque
extrémité du tombeau, au premier plan, Joseph et Nicodème, tous
deux avec barbe et cheveux longs, sont vêtus de grands robes;
c«lle de Joseph, à droite, est plus soignée, avec manches s'arrêtant
aux coudes, et sous laquelle passe un autre vêtement serré aux
bras et à petits plis. Chacun de-ces personnages est coifilè d'un
bonnet semblable, à larges revers, et porte un vase à parfums de
foime allongée; c'est là une particularité, car on sait que partout
ailleurs ces vases sont tenus par deux des saintes femmes qu'on
appelle les myrrifores.
de lumière intense produit en l'espace d'une seconde par la poudre de magné-
:8ium. 11 en a été de même pour le sépulcre d'AUery qui n'avait jamais été
reproduit.
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LES SÉPULCRES OC MISES AV TOMBEAU EN PICARDIE 5*7
Comme on le voit, ce sépulcre présente quelques points de dif-
férence avec d'autres et il y avait lieu de les signaler.
A AiraineSy seconde station au delà de Longpré, sur la ligne
qui conduit au Tréport, une mise au tombeau se trouve dans une
baie peu profonde et de 2 mètres de large, au bas du collatéral
droit de Téglise Saint-Denis. C'est un haut-relief dont Fensemble,
vu d'ailleurs dans une demi-obscurité, n'offre rien de bien remar-
quable, sauf toutefois quelques curieux détails de costumes. Les
personnages, comme en général dans les monuments semblables
du Vimeu, sont d'un type picard bien accusé, mais ici, ils man-
quent d'expression; les dimensions sont un peu moins grandes
que nature. Celles moyenne$ sont de 1",64.
Le Christ étendu (longueur 1",40), la tête en partie détériorée,
a les cheveux déroulés et tombant en désordre sur le cou et sur
les épaules; le corps, tout émacié, l'epose directement sur la daUe
du tombeau; la paroi antérieure de ce tombeau est garnie de
quatre médaillons ronds sans ornements. Les deux personnages
qui se tiennent aux extrémités, sur le premier plan, portent
chacun un long camail ; celui qui est à la tète a une épée, il est
coiffé d'un turban et une écharpe passe devant sa poitrine; les
manches de sa robe sont serrées aux poignets.
Les autres statues, vues à mi-corps derrière le tombeau, n'ont
rien de bien caractérisé. La Vierge, la tête couverle d'un voile,
tient les mains posées à plat sur son corsage. Il y a à remarquer
particulièrement la Madeleine, facilement reconnaissable à ses
longs cheveux ondulés qui tombent en tresses sur ses épaules; la
figure est bien modelée, d'un beau galbe, aux traits fins et régu-
liers. Elle porte une coiffe rejelée sur le derrière de la tète ; sa
robe, à manches ornées de petits volants, est entr'ouverte par
devant avec gorgerette à petits plis. Sa taille est entourée d'une
chaîne à laquelle est suspendu un médaillon; le cou, bien
dégagé, est orné d'un collier; elle tient de ses deux mains,
aux doigts entrelacés, un vase à parfums. C'est assurément une
des figures les plus élégantes et les plus finement détaillées que
l'on trouve dans ce rayon, sauf celle, non moins étudiée, de la
même sainte, au sépulcre d'Oust-Marais dont il sera parlé plus
loin.
58 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN ^ICARDIE
A la station suivante, AUery, l'église renferme, tout au chevet
el très rapproché du maître-autel, un monument du mémo
{jenrc; il ne saurait assurément être considéré non plus comme
une œuvre de grand mérite artistique. Cependant l'exécution
en est assez soignée sur plusieurs points et les types essentielle-
ment locaux qui y ont été représentés en font un des spécimens
intéressants dans la Picardie. Notre distingué collègue M. Ph. des
Forts, dans sa description de Téglise d'Allery, où se trouvent des
fonts baptismaux de haute valeur archéologique, a consacré
quelques lignes à ce sépulcre ', sans reproduction.
Il occupe une niche abritée sous un arc en anse de panier sur-
monté de crochets et de gros choux; la gorge de Tarchivolle est
garnie de dragons au cou replié, de salamandres dans les flammes
et de serpents. Les personnages qui entourent le tombeau propre-
ment dit sont au nombre de sept, comme toujours*; quelques
têtes paraissent avoir été refaites. Le corps du Christ, d'une lon-
gueur normale de l'",62, est un vrai cadavre dans sa rigidité,
d'un réalisme saisissant, pathétique, comme l'aurait dit M. Emile
Mâle, avec ses yeux caves enfoncés dans les orbites et ses côtes
d'une saillie très prononcée; les cheveux sont étalés en boucles
jusque sur les bords du sarcophage. Il est nu, sauf le linge du
milieu sur lequel sont ramenés les bras, et les mains sont posées
à plat l'une sur l'autre. Le modelé en général est bon ; les pieds
et les mains notamment sont fort bien traités. Quant aux person-
nages, leurs figures sont particulièrement graves, d'aspect austère
et solennel; les yeux sont tous baissés dans l'attitude du recueil-
lement. C'est bien là le drame en action. Les draperies sont géné-
ralement bien comprises, aux plis savamment étudiés mais lourds;
malheureusement, le tout a été bariolé de peintures qui ne
paraissent pas bien anciennes. Nicodème, à gauche, près de la tète
du Christ, porte de ses deux mains la couronne d'épines ; c'est là
une particularité qui ne se trouve pas ailleurs, car on le repré-
sente presque toujours tenant avec Joseph les extrémités du
suaire. Nicodème est vêtu d'une robe à larges manches recou-
verte sur les épaules d'une sorte de camail descendant pdr devant
• Picardie historique et monumentale . Canton d'Hallencourt, par M. Ph. des
Forts, t. III, fasc. 2.
' Voir, ci-contre, planche VIII.
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LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 59
sur la poitrine. Joseph, aux longs cheveux en torsades, coiffé
comme le premier du turban classique, est vêtu d'un costume de
grand seigneur, avec longues manches, et laissant, bien dégagé,
le cou qui est entouré d'un collier de perles ; il porte d'une main
une sorte de bourse et tient l'autre levée. Parmi les personnages
qui occupent le fond, on remarque tout d'abord la Vierge, aux
traits contractés par la douleur, avec ses lèvres serrées, ses yeux
larmoyants, se tenant raide et portant les deux mains, aux doigts
entrelacés, à la hauteur de la poitrine; celles-ci, là, paraissent
avoir été refaites. Elle est vêtue d'une sorte de mante comme en
portent encore les femmes âgées du Vimeu dans les enterrements,
avec de larges manches brodées sur les bords et un grand capu-
chon ou capeline à bordure tuyautée qui lui couvre toute la tête
et forme comme une cagoule de pleureuse; c'est bien, à n'eu pas
douter, le type de nos anciennes villageoises.
Les figures des autres pei*son nages, impassibles, expriment
tout au plus une naïve compassion; celle de saint Jean, avec ses
cheveux un peu crépus tombant sur le front, rappelle un cleir de
village; deux petits objets que l'on ne distingue pas bien sont
suspendus à sa ceinture; l'un parait être un sceau, l'autre une
sorte d'étui. La sainte, à la suite, adroite, la Madeleine certaine-
ment, aux cheveux ondulés sur le front, robe à manches bouf-
fantes serrées aux poignets, gorgerette, collier à double tour au cou
avec un bijou en losange, élève les mains qu'elle joint à plat.
Celle à l'extrême droite a la tête enveloppée d'un long voile noir et
elle est vêtue d'un manteau qu'elle soutient d'une main en portant
de l'autre une sorte de mouchoir plissé. Enfin, la troisième sainte,
tout à droite, la tête également entourée d'un voile enroulé
autour de son cou, porte comme la première un vase à parfums.
Tel est ce sépulcre pour lequel, manifestement, l'imagier local a
fait figurer des personnes du pays : ici, pour la Vierge, la femme
du bailli; là, pour saint Jean, quelque jeune séminariste de l'en-
droit. Les deux hommes à chaque bout du tombeau sont de braves
cultivateurs tout pénétrés de l'importance de leur rôle dans cette
scène dramatique en action. Tous ces types sont fort curieux; ils
rappellent le bon vieux temps et si l'œuvre n'a qu'une valeur
artistique assurément très relative, elle n'en intéresse pas moins
par son caractère particulier et par sa couleur locale.
69 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
A Martainneville y autre station plus loin, éloignée du village,
se voit dans Téglise, contre le mur de gauche, une Pietà à quatre
personnages, en bas-relief, taillée dans trois blocs de chêne juxta-
posés (H. l'",25; L. l'",20). C'est Fœuvre sans doute un peu rudi-
mentaire comme exécution, mais d'un réalisme assez curieux et
intéressant à observer, de Tun de nos hucbiers picards. .On trouve
dans ce groupe, suivant une juste remarque de M. Pb. des Forts,
une grande ressemblance avec ceux du Tréport et de Téglise d'Eu.
Sur le bloc du milieu, la Vierge soutient sous son bras droit le
corps du Sauveur posé sur ses genoux ; ce corps est fout affaissé et
la tête est complètement renvei*sée en arrière. On voit presque
toujours la Vierge de douleur contemplant, tout émue, le corps
inanimé de son (ils, mais ici, par exception, elle est représentée
détournant la tête et, détail assez particulier, s'essuyant les yeux
avec un mouchoir.
Sur les deux autres blocs figurent, à gauche, 'saint Jean, impas-
sible, et, à droite, la Madeleine, les mains jointes, la tète cou-
verte d'une coiffe de forme assez originale et dont le bord est
relevé sur le front. Sa robe, comme celle de saint Jean, est recou-
verte d'un manteau à orfrois perlés; un collier de petites perles
orne son cou.
Au loin, on aperçoit, dans une perspective ioute fantaisiste, les
murs et les édifices de Jérusalem. Enfin, tout au premier plan, à
droite, on remarque deux moutons et, à gauche, un ange minus-
cule semblant terrasser un dragon. L'imagier a voulu remplir
consciencieusement toute la pièce de bois qu'il avait à tailler sur
commande.
Dans la même région où nou3 avons fait connaître plus haut,
vers la vallée du Liger, le sépulcre d'Inval-Boiron, se trouve, à
Bouillancourt enSery, vers Blangy-sur-Bresle', un morceau de
.sculpture en bois peint représentant l'ensevelissement, mais, là,
dans des dimensions assez restreintes (0",60 sur 0",60). Il nous
a été signalé comme le précédent par M. Ph. des Forts, qui a
bien voulu nous en envoyer une reproduction. Ce sépulcre pré-
sente cette singularité que le tombeau est plus petit en longueur
* V^oir, ci-contre, planche IX.
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LES SÉPIjLGRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 61
que le corps du Christ; Tentailieur n'avait sans doute à sa dispo-
sition qu'un bloc de chêne trop petit, mais il ne s'est pas arrêté h
Tin vraisemblance. Le groupe ne présente que quatre person-
nages, non compris le corps du Sauveur; celui-ci, assez bien
modelé, est représenté tout affaissé, absolument mort, la tête ren-
versée sur le côté par devant, le bras droit tombant inerte le long
du sarcophage, la main touchant le sol; l'autre est ramené par
devant sur Vepizonion; les jambes sont relevées aux genoux. La
tête, là, est soutenue par Joseph d'Arimathie qui est vêtu d'une
robe de moine à large camail peint en blanc; cette lobe est serrée
à la taille par une corde deux fois enroulée. A droite, Nicodéme
soulève le corps par les moUefs au-dessous des genoux ; il porte
une robe assez ample et une escarcelle est suspendue à sa cein-
ture; ses jambes sont couvertes d'une sorte de maillot collant
et l'une de ses chausses, non étirée, tombe en plis afiaiçsés; cette
négligence de toilette est d'un réalisme par trop naïf. Ces deux
hommes enfin sont coiffés de hauts bonnets, l'un à bordure en
turban, l'autre à revers abattus. Derrière le tombeau, la Vierge,
la léte entièrement couverte d'un voile blanc, se penche, éplorée,
vers le corps de son (ils, tenant les mains jointes à plat; saint Jean
la soutient par derrière, une main posée sur l'épaule. Ces figures
sont impassibles, sauf celle de la Vierge.
Une mise au tombeau, celle-là restée pour ainsi dire ignorée, se
trouve dans la très modeste égWseà'Oust'MaraiSy petite commune
.de cent soixante-quinze habitants, perdue vers l'extrémité de la
verdoyante vallée .de la Bi^esle, à trois kilomètres d'Eu. Sur la foi
d'une simple indication, dans une brochure publiée à Eu \ nous
avons été tout surpris de voir une véritable œuvre d'art de la pre-
mière moitié du seizième siècle, bien conservée malgré quelques
légères cassures; on peut la ranger parmi les meilleurs sépulcres
de la Picardie et en outre on y remarque certains détails caracté-
ristiques. Un des miens a pu, malgré le jour défavorable, en
prendre une bonne reproduction*.
Ce groupe se trouve dans une chapelle latérale, à gauche, où il
' Ce qu'il faut voir à Tréport,^ Mers, Eu, par MM. Jules P^ri.v et Paul
CiiGii, avec illustrations de M. Louis Périn. Eu, Lemaric, 1900.
• * Voir, ci-dessous, planche X.
62 LES SEPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PIGARDIB^
occupé un enfeu à plein cintre pratiqué dans le mur faisant face
à la nef {H. 2°, 10; L. l",35).Le cintre coupe sur presque toute sa
largeur une bande d'ornementation, sorte de litre, rehaussée de
palmes, de feuilles ef d'autres motifs et qui court, surmontée d'une
frise légère, tout le long du mur à la hauteur de 2 mètres. Dans
la même chapelle on peut remarquer sur le côté, près de Tautel,
une petite niche, en hauteur, peu profonde, encadrée entre deux
colonnettes, qui supporte un are à accolades surmonté de petites
arcatures; celles-ci sont reliées dans le haut par des moulures
ajoutées; le tout d'une grande délicatesse de travail.
Pour en revenir au sépulcre, les personnages, tous en haut-
relief, sont un peu moins grands que nature (1"',10 à 1*,25);
ils sont bien groupés, les Ggures sont parfaitement modelées. On
peut remarquer surtout les fines attaches des poignets et les mains
aux doigts effilés, ce qui dénote le talent habile et exercé du
.sculpteur. Les costumes sont d'une grande richesse et les orne-
ments ont été délicatement fouillés dans la pierre de craie, fort
tendre, du pays, comme celle du sépulcre de Sainl- Valéry -sur"
Somme et de Sorrus. Le tout est recouvert de peintures aux cou-
leurs éteintes par l'action du temps, sauf à quelques parties,
notamment aux figures, qui ont été maladroitement ravivées à
une époque relativement moderne.
Le corps du Sauveur est porté par les deux personnages habi-
tuels; ceux-ci le soutiennent sur le linceul au-dessus du sarco-
phage qui, là, est béant; le vide se voit sur la droite. Cette par-
ticularité se remarque également à Villers-Bocage et au petit
bas-relief Ae Sorrus; partout ailleurs le corps est posé sur la dalle
qui recouvre le tombeau. La paroi du devant est ornée de sept
médaillons ronds guillochés. Ici, par exception encore, c'est
Joseph d'Arimathie qui est à gauche, du côté de la tête; on le
reconnaît à son glaive de centurion suspendu à la ceinture. Il est
coifie d'une sorte de béret plat et vêtu d'une tunique à larges
plis, aux manches étroites; celle-ci est serrée au corps par une
cordelière enroulée deux fois autour de la taille et retenue devant
par un nœud aux bouts flottants. Nicodème porte une longue
barbe ; il est coiffé, comme souvent, du haut bonnet juif à oreil-
lettes et son costume se compose d'une robe aux manches bouf-
fantes près des épaules et aux poignets; un long et large scapu-
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LES SEPULCRES OC MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 63
laire de moine recouvre la robe depuis le cou, tombant devant et
derrière jusqu'aux pieds.
La première des saintes femmes placées derrière le tombeau,
celle qui est tout à gauche, porte un vase à parfums finement
ornementé; elle a la tète enserrée dans une coiffe surmontée d'un
chapeau aux larges bords, colui*ci garni d'une cordelière. Sa robe
est en partie recouverte d'un manteau avec orfrois aux délicates
broderies et dont les bords se rejoignent à la hauteur du corsage
au moyen d'une attache ornt^e d'une pierre précieuse. Enfin, de
son cou tombe une sorte de rabat à deux pans; c'est là une
singularité du costume que nous n'avons remarquée nulle part
ailleurs.
lia Vierge, la tète couverte d'un large voile, est inclinée vers la
figure du Christ et tient les mains jointes à la hauteur de sa poi-
trine. Elle porte une robe à petits plis par devant et un ample
manteau avec broderies ou arabesques. Saint Jean est vêtu d'une
tunique recouverte d'un grand camail ai^ec bordure ornée de
petits médaillons de toutes formes; sa tête est un peu renversée,
i et indique ainsi l'effort qu'il fait pour soutenir la Vierge. Des
deux saintes à droite, la première près de saint Jean paraît être
j la Madeleine eu égard à son costume plus riche; elle est coiffée
d'un turban à torsades de perles, et elle est vêtue d'une robe de
brocart avec corsage léger, sur lequel tombent deux chainettesaux
fines mailles où est suspendu un médaillon ; une autre chaîne est
enroulée autour de sa taille. Elle porte, comme la première, un
vase à parfums finement guil loche. Le costume de la troisième
! sainte est moins riche ; elle est vêtue d'une robe à épaulettes plis-
sées, et sa tête est également couverte d'un turban ; mais on peut
admirer la délicatesse avec laquelle, de ses mains croisées, aux
I doigts effilés, elle tient un vase à parfums, celui-q/ de forme
; élevée comme les autres. Il y a aussi, dans ce groupe, trois myr-
! rifores; c'est encore là une particularité.
Tels sont, dans notre province, les morceaux de sculpture en
haut ou en bas-relief représentant le même sujet, sauf des variantes;
nous les avons, pour la plupart, étudiés sur place et les autres ont
été relevés d'après des ouvrages. Nous nous sommes borné le
64 LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
plus souvent à les décrire, sans oser nous livrer à des considéra-
tions d'un ordre plus général et plus élevé sur les influences et les
pénétrations qui ont pu se produire dans la composition et dans
Texécution de ces œuvres sculptées, laissant aux grands érudits
d'art le soin de tirer de nos simples recherches et de nos descrip-
tions les déductions qu'elles peuvent comporter au point de vue
de l'histoire générale de l'art. Plusieurs de ces sculptures, assuré-
ment, ne présentent pas un caractère réellement artistique, mais
elles manifestent tout au moins de la part de nos modestes
huchiers ou 'en tailleurs picards de sérieuses aptitudes, une imagi-
nation qui, dans sa naïveté, est parfois féconde et primesautiére.
Il est toutefois plusieurs de ces monuments qui se recommandent
particulièrement à l'attention des archéologues : ce sont ceux,
bien conservés dans leur état primitif, de Doullens, de Torte-
fontaine, A'Oust-Marais, de Saint- Valery-sur Sommes sans
oublier les sépulcres de l'église Saint-Germain k Amiens, de celles
de Montdidier et de ViUers-Bocage ; ces derniers, toutefois,
paraissent avoir été remaniés. Ces œuvres, comme on l'a vu, sont
assez nombreuses et nous n'avons pas cependant la prétention
de les avoir fait connaître toutes; peut-être en est-il d'autres
encore, restées oubliées, décorant quelque modeste église de cam-
pagne dans le Ponthieu et dans le Vimeu, et qui ont pu échapper
à nos recherches. Quoi qu'il en soit, celte énumération et ces des-
criptions de sépulcres, fussent-elles même encore incomplètes,
malgré nos investigations, montreront que notre chère Picardie
n'est pas restée inférieure à d'autres provinces dans ce genre de
manifestation de l'art et de la foi, surtout au cours du seizième
siècle.
M. Paul Vitry, dans son important ouvrage sur Michel Colombe
et la sculp^fire française de son temps, déclare regretter l'absence
d'études de cette nature : u Ce n'est en effet, dit-il, que quand
un grand nombre de ces enquêtes régionales auront été faites,
que l'on pourra aborder avec fruit l'étude de l'ensemble de l'Art
Français, w Puissions-nous avoir contribué, pbur une faible part,
à la réalisation de ce désir!
Ém. Delignières,
Membre nou résident du Comité.
LES SEPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 65
SÉPULCRES EXISTANT ENCORE EN PiCARDIB ET DÉCRITS DA\S CETTE ÉTUDE
Pagt*
Abbevilk 43-46
Airaines ^ 57
AUery 58-59
Amiens 43-44
BouMancourt-en-Sery 60-Gl
DauUem 48-50
Inval'Boiron 42
Longpré'leS'CorpS' Saints 43, 53 à 56
Martainnevilk 60
Montdidier 47
Montreuil-sur-Mer 50
Ousl'Marais 61 à 63
Prousel 45
Sorrus 41
Tortefoniaine 50 à 53
Saint' lakry-sur-Somme iO
VilUrs-Bocage 4i-i5
Deux disparus :
A Btrck'VilU, à Péronne 38-48-5a
Les sÉPUiiCRES sculptés kn France relevés par divers écrivains ^
Abbeville (Somme). Kglise Saint-Vulfran ; Kglise du Sépulcre; Kglise
Saiht-Paul. — Ernest Praroxd. — Henri Macqieron. — Em. Oki.i-
GNIÈRES.
Agnetz près Glermont (Oise). — Abbé Lecler. — Chanoine Marsaux.
Airaines (Somme). Eglise Saint-Denis. — Ph. des Forts. — Em.
Delignières.
' L'auteur de cette étude ne prétend pas les avoir énumérés tous, bien qiio
cette liste comprenne déjà cent dix-huit localités et Findicalion de cent vingt-
six monuments. D'autres pourront se retrouver peut-être «ncore.
On trouvera au cours de cette étude l'indication de la plupart des ouvrages
où ces sépulcres sont relevés. On s*cst borné à donner ici la plupart des noms
des écrivains qui en ont parlé ou qui les ont seulement indiques. Les moDu-
ments qui ont disparu sont marqués d'un astérisque.
66 LES SÉPLLCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
Aix (Bouches-du-Rhône) . Chapelle des Pénitents-Grîs. — Baron Guil-
LIBKRT.
*Aixe (Indre). Kglise Sainte-Croix. — Abbé Lecler.
Allery (Somme). -^ Ph. des Forts. — Ëm. Dbi.ignières.
Aviboise (Indre-et-Loire). Église Saint-Denis-Hors. — A. dk Caumont.
— Paul VlTRY.
Amiens (Somme). Eglise Saint-Germain. — G. Durakd. — Paul Vitry.
— Em. Delignières.
Andefys (les), — Chanoine Poréb.
Angers (Maine-et-Loire), ^fusée. — Paul Vitry.
Arles (Bouches-du-Rhône) . Eglise Saint-Trophimc. — Trichai d. —
Abbé Lecler.
Auch (Gers). — X. Barbier de Mo\tault. — Paul Vitry.
Audrouet (?). — Baron Guillibert.
AumaU (Seine- Inférieure). — Chanoine Marsaux.
Jivignon (Vaucluse). Eglise Saint-Pierre. — Emile Mâle. — Paul
Vitry.
Baume-Us-Mess leurs (Jura) . — Louis Gonse.
*Berck- Ville (Pas-de-Calais). — Roger Rodière.
^Bergerac. Église Sainte-Catherine. — Marquis de Fayolle.
Berrey-Us-Citeaux (?). — Paul Vitry.
Biron (Dordogne). Chapelle du Château. '— Abbé Lecler.
Bordeaux (Gironde). Chapelle des Sœurs de la Miséricorde. — r
Abbé Lecler.
Bouillancourt-en-Sery (Somme). — Ph. des Forts. — Em. Deli-
UMÈRES.
Bourges (Cher). — A. de Caumont. — Abbé Lecler.
Carennac (Lot). — Delierre. — Abbé Lecler. — Paul Vitry.
Caudebec (Seine-Inférieure). Chapelle du Sépulcre; provenant de
Tabbaye de Jumiège. — r Abbé Cochet. — Chanoine Porée. —
Abbé ViMEUX.
Cejfonds (Haute-Marne) . — Congrès archéologique 1903.
Chaource (Aube). Sainte-Anne. — Vicomte d'AvouT. — R. Koechlin
et J.-J. Marquet de Vasselot. — Emile Mâle. — Paul Vitry.
CAéî/on*-*Mr-Afarn« (Marne) . Eglise iVotre-Dame-de-l' Epine. — Paul
Vitry.
Chapelle Rainsoin (Mayenne). — Paul Vitry.
Chartres (Eure-et-Loir). Cathédrale, au portail. — Emile Malb.
Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or). - Vicomte d*Avout. — Paul Vitry.
Chaumont-sur-Marne (Haute-Marne) — A. de Caumokt. — Abbé
Lecler. — Paul Vitry.
LES SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE 67
CUrmoht (Oise). — Chanoine Marsaux.
Clermont-en-Argonne (Meuse). — X. Barrier de Montault.
Coudray-Monthault (Maine-et-Loire) . — Paul Vitry.
Dieppe (Seine-Inférieure). — Abbé Cochet. — Henri Stein.
DouUens (Somme). Eglise Saint-Martin. — Dussvel. — Baron Tatlor.
— Abbé Lrfèvrb. — J.-P. Daire. — Delgove. — Warmé. —
Georges Durand. — Paul VrriiY. — Em. Deligmères.
Eu (Seine-Inférieure). — Henri Stbin. — Jules P^rin. — Emile
Make. — Paul Vitry. — Em. Deligkièrbs.
^EymoulUrs (Haute- Vienne) . — Abbé Lecler.
Ferry-d^ Humont (Oise). -^ Cbanoine Marsaux.
FoUevilU (Somme). — Paul Vitry.
Gisors (Eure) . — \. Barbier de Montault. — Abbé Lecler. — Cha-
noine PoRés.
Hazebrouck (Mord) . — Roger Rodière.
Inval'Boiron (Somme). — Alcius Lkdiru. — Ém. Deligniâres.
*Jarzi pr^s La Flèche (Sarthe). — Henri Chardon.
^Limoges (Haute-Vienne). Eglise Saint-Pierre-du-Queyroix ; Église
Saint-Étienne. — Abbé Lecler.
Longpré-ieS'Corps-Saints (Somme). Crypte de l'église. — Abbé Del-
gove. — Ernest Prarond. — Abbé Thierry. — Gallbt. — Ph.
DES Forts. — Abbé Lesueur. — Henri Maoqueron. — Em. Deli-
gnières.
Louviers (Eure). Église \olre-Dame. — Chanoine Porée. ^ Paul
Vitry.
Mans (le) (Sarthe). Cathédrale Saint-Julien. — Henri Chardon.
MaroUes-Us-Braux (Sarthe). — Henri Chardon.
Marseille (Bouches-du-Rhône) . Ancienne cathédrale la Major. — de
Verneilh.
Marsèille-le-Petit (Oise). — \.-B, de Montwlt. — Chanoine Mar-
saux.
Maulévrier (Seine-Inférieure). Église. — Abbé Cochet. — Chanoine
PORÉK.
Méru (Oise). — Chanoine Marsaux.
Martainneville-les-Butz (Somme). — Ph. des Forts. — Ém. Deli-
GNIÈRES.
Moissac (Lozère). Une Pietà. — de Verneilh. — Abbé Lecler. — Paul
Vitry. — Emile Mâle.
Montdidier (Somme). Eglise Saint-Sépulcre ; Église Saint-Pierre. —
A. DE Cal MONT. — Dusrvel. -—de Beauvillé. — Baron de Bow-
nault d*Houet. — Abbé Lecler. — Ém. Delignièbbs
6d LB8 SÉPULCRES OU MISES AU TOMBEAU EN PICARDIE
Montreuél-iur-Mer (Pa&-de-€aiats) . — Roger Rodière.
Moulins (Allier). — Paul Vitry.
Narhonne (Aude). Église Saint-Just. — Henri Macqueron. — Paul
ViTHY.
Neufcbâtel-en-Bray (Seine-Inférieure). — A. de Caumont. — Abbé
Lecler.
Nevers (Mièvre). — Delierrr. — Abbé Lecler. — Paul Vitry.
Oust'Marais (Somme). — Jules Périn. — Km. Delignières.
Oyron (Deux-Sèvres). — \. Barbier de Mowtault.
Paris (Seine). Églises Notre-Dame, Saint-Leu, Sain^-Louis-en-rile. —
X. Barbier de Montault: — Paul Vitry.
*Périgueux. Cathédrale Saint-Front, chapelle Barnabe. — A. Dujarric.
— Descohbes. — Marquis dk Fayolle.
*Péronne (Somme). — Ed. Fleury. — C. Boulanger.
Pemes (Pas-de-Calais). — Roger Rodière.
Peyrilhac (Haute- Vienne) . — Abbé Lecler. j
Poitiers (Vienne). Église IVfotre-Dame de la Garde. — X. Barbier de j
MoNTAULT. — DE Verneilm. — Abbé Lecler. — Paul Vitry. ,
Pont'â- Mousson (Meurthc-el-Moselle) . Église Saint-Martin. — Paul
Vitry.
Pontoise (Seine-et-Oise) . — A. de Cauuont. — Chanoine Porkr. —
Louis GoNSE.
PouiHy-en-Auxois (Côte-d'Or). — Vicomte A. d'Avout.
Prousel (SommcV ' — Charles Bréard. — Ém. Deligkièrrs.
Reims (Marne). Eglise Saint-Reiny. — X. Barbier de Mon'tallt.
Reygade (Corrèze). — Abbé Lecler.
Rochelle (la) (Charente-Inférieure). Kglise Saint-Sauveur. — Louis
Gonse'.
Rodez (AveyronV — X. Barbier de Moxtavlt. — Paul Vitry.
*Roé (Abbaye de) (Mayenne). — Henri Chardox.
Roisin (Chapelle) (?). — Henri Chardo\.
Rouen (Seine-Inférieure). — ^X. Barbier de Momtault. — Paul Vitry.
Saint-Cyr-la-Rosière (Eure) . — Chanoine Porée,.
Saint-Denis (Seine). — X. Barbier de Moktault.
Saint'Gene (Haute- Vienne) . — Abbé Lecler.
Saint-Genner de Fly (Oise). — Chanoine Marsaux. — Paul Vitry.
Saint' Jacques-de-Monestiés, presCarniaux (Tarn). — ]A. de Caiuoxt.
— E. JoLiBois. — Paul Vitry.
Saint'Janien (Haute- Vienne), Église paroissiale. — Abbé Lecler.
Saint'Laurent-sur-Sèvre (Vendée) . Chapelle des Vierges. — X. Barbier
DE Moktault.
f
LES SÉPULCRES OU MISES AD TOMBEAU EN PICARDIE 69
Sainl-Martin-aU'Bais (Oise). — Paul Vitry.
* Saint'Michel'des-Lions (?). — Abbé Lrcler.
Saint'-Mihiel (Meuse). — Fi. Laurens. — Henri Stein. — A. de Cau-
MOXT. — C. CoiRNALLT. — Emile Mâle. — André Arnoult. — Paul
Vitry.
Saint'Nizier (Loire). — Km. Deliq.vières.
*Saint-Ofner (Pas-de-Calais). — Loriquet.
SairU'Pierre-du-Queroy (Vienne). — Abbé Leclbr.
*Saint'Quentin (Aisne). Église Collégiale; Église de Saint-André;
Église des Gobelins. — A. de Cauiiont. — Ed. Fleury.
Saini-Valery-iur-Sinnme (Sotanme). Hospice. — Em. DKLiGMiiRBs.
Sakrs (Cantal). — Marquis de Fayolle.
*SaUes-la'Vauguya!n (leg) (Haute- Vienne) . — Abbé Legler.
Semur (Côte-d*Or). — Vicomte A. d'Avout — Paul Vitry.
Sériantes (Oise). ^ Chanoine \fARSAUx.
Senarpont (Seine- Inférieure). — Pierre Dubois.
Sissy (Aisne). Chapelle des Endormis. — A. de Caumont. — Ch.
GoMART. — Ed. Flkury.
Soksmes (Sarthe). — Henri Chardon, —de Verneilh. — Louis Gomsb.
— Paul Vitry.
Souvigny (Allier). Église Sainte-Madeleine. — Emile Mâle. — Vi-
comte A. d'Avout. — Paul Vitry.
Sorrus (Pas-de-Calais). — G. db Lhomel. — Roger Rodière.
TarteJbnUUne (Pas-de-Calais). — Roger Rodiâre. — Ém. Dblignières.
Tonnerre (Yonne). — Vicomte A. d'Avout. — Emile Mâle.
Toulouse (Haute-Garonne). Musée. — Paul Vitry. — Marquis de
Fayollk.
Troyes (Aube). Église Saint-Nizier. — R. Kokcblin et J.-J. Marqust
DE Vasselot. — Paul Vitry.
*Tulk (Corrèïe). Cathédrale. — Abbé Lecler.
Vercfdn (Pas-de-Calais). — Loriquet. — Roger Rodière.
Verdelais (Gironde). — Abbé Lecler.
ï'emeuil- au- Perche (Eure). Église de la Madeleine. — Abbé Dubois.
— Chanoine Porée. — Paul Vitry.
*l^'ienne (Isère). — A. Alluer et A. de Terrebasse.
Villeneuve-t Archevêque (Yonne). — Paul Vitry.
Vilters- Bocage (Somme). — Km. Dklignières.
VillerS'Saint'Sépulcre (Oise). — Chanoine Marsaux. — Paul Vitry.
Yebleron (Seine-Inférieure). — Abbé Cochet.
70 OBJETS D'ART RELIGIEUX
II
OBJETS D ART RELIGIEUX
DANS l'ancien ARCHIDIAGONÉ DE TOCRNUS.
Mes recherches faites pour réunir les inscriptions tumnlaires
et autres qui se trouvent encore dans les vingt-huit paroisses for-
mant au seizième siècle Tancien ' archidiaconé de Tournus, au
diocèse de Chalon-sur-Saône, m'ont permis de relever par le dessin
et la photographie un certain nombre de débris précieux, restes
malheureusement dispersés et souvent mutilés des travaux de nos
artistes bourguignons du Moyen Age et de la Renaissance.
Les signaler au congrès des sociétés des Beaux-Arts des dépar-
tements, c'est presque en.assurer la conservation.
Beaumont-sur-Grosne .
Le portail de Téglise de Beâumont est orné de deux colonnes
aux chapiteaux finement fouillés et dont les lourds tailloirs sup-
portent une archivolte cintrée ornée de palmettes romanes; ce
sont les seuls restes de sculpture de cette ancienne église du dou-
zième siècle, saccagée et brûlée par les troupes de Coligny au
seizième siècle. '
En entrant, on trouve à gauche, servant de piédestal aux fonts
baptismaux, une pilette en pierre blanche ayant avec son socle
1 m. iode hauteur; elle est hexagonale, ornée de niches dans
lesquelles sont des personnages en haut-relief; dans la principale
on voit un religieux à genoux ; derrière lui, un personnage debout
tient un agneau sur son bras, au-dessous un écu portant : nne
bande chargée aux extrémités de deux croisettes.
Ce remarquable spécimen de sculpture du quinzième ou des
débuts du seizième siècle doit provenir de l'abbaye de la Ferté-sur-
Grosne; le personnage agenouillé doit être Jean IV de Saint-Pierre,
abbé de 1439 à 1470, et derrière lui saint Jean-Baptiste son
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OBJETS d'art RELIGIEUX 71
patron; dans la niche au-dessus de la précédente on voit un vieil-
lard coiffé d*une couronne royale, sans doute saint Gontran, roi
de Bourgogne, premier bienfaiteur des monastères de la région ;
le guerrier dans la niche à gauche peut être saint Martin et le
prélat dans celle de droite, saint Loup, évéque de Chalon.
Dans le pavage du fond du chœur de la même église, dalle
tumulairc de forme orbicu taire ', c'est celle de Renée de Préf<jn-
taine (1527).
Br^ncion.
Ce village donna le nom à une des plus anciennes et des plus
illustres familles chevaleresques de Bourgogne, connue au dixième
siècle; les ruines de Tantique manoir des sires de Brancion, comme
un nid d'aigle, domine la vallée, ce château devint au treizième
siècle la propriété des ducs de Bourgogne; bâti sur des ruines
gallo-romaines, on y retrouve encore les traces des constructions
successives superposées des dixième *, douzième et quinzième
siècles.
L'église de Brancion, construite au douzième siècle, a mérité
d'être classée parmi les monuments historiques; on y \oit aussi
de curieuses pierres tombales. Les murs, au quatorzième siècle,
furent décorés de peintures, une partie en est encore visible; dans
le chœur est représentée In Résurrection, de nombreuses figures
nues soulèvent avec un air de satisfaction les lourds couvercles de
leurs sarcophages; à cùté, sur un des piliers qui soutiennent la
tour du clocher, un saint évéque, vétn de ses habits pontificaux,
mitre, debout, bénit de la main droite.
Dans la chapelle en cul de four terminant le collatéral sud, on
voit des personnages richement vêtus et des pèlerins qui viennent
s'agenouiller devant une chapelle vénérée*.
Sur le mur du collatéral nord est peinte une grande scène, c'est
la mise au tombeau d'une dame* : deux hommes déposent la
* CcUe forme de pierre tombale ne se voit qu'en Bour<{o<{ne et spécialement
aux environs de l'abbaye de Saint-Philibert de Tournus.
* Petit appareil posé en épis.
' Voir, ci-dessoiis, planche XL
* Voir, ci-dessous, planche \FL
'2 OBJBTS D'ART RELIGIEUX
défunte dans un cercueil de pierre, autour d'elle le clergé i-evélu
de riches vêtements sacerdotaux donne la dernière absoute, à
droite et à gauche des religieuses assistent à la cérémonie.
Au-dessus de cette scène , une antre fresque nous montre
Abraham tenant les élus dans son sein, à côté de lui Tarchange
Gabriel lui apporte Tàme de la défunte.
Chapelle de Bragny.
De Tancienne chapelle qui donna le nom à ce village il ne
reste que le sanctuaire, qui sert d'oratoire an château; dans cet
oratoire on retrouve la pierre tumulaire de Charles de Simon,
dernier du nom, mort à vingl^trois ans en défendant son château,
Tan 1591.
Cette abside contient aussi une slatue romane en bois, qui
témoigne notamment par les plis de son voile d'une inspiration
byzantine. C'est une Vierge assise dans un fauteuil, tenant sur ses
genoux l'enfant Jésus; celui-ci est assis, tient d'une main un
livre et bénit de l'autre ' ; cette statue a beaucoup de rapport avec
celle de Tournus.
Au moulin d'Hauterive, hameau de ce village, on voit incrusté
dans un mur un fragment de pierre sculptée de petites arcaturcs
treizième siècle, ayant fait partie d'un tombeau ou d'un devant
d'autel ; il provient de l'abbaye de la Ferté. Voici la descrip-
tion qu'en donne M. Jean Virey, l'auteur des Eglises romanes
du MriconnaiSy à qui je l'ai montré : « A la partie supérienn»
est un bandeau saillant relié au plan des arcaturcs par une frise
de feuillages; au-dessus dans les tympans limités par l'extrados
des arcaturcs sont sculptées d'autres motifs de feuillages. Chaque
arcature (il en reste deux entières, un fragment important d'une
troisième et l'amorce d'une quatrième), supportée par des colon-
nettes avec bases et chapiteaux, sert d'encadrement à une décora-
tion sculptée comprenant une forme de fenêtres gothiques dont le
dessin diffère pour chaque arcature, entourée d'une guirlande de
feuillages et surmontée d'une fleur. Cet ensemble décoratif très
' Lnc Ié[jcQdo miraciilcii.sc snr cette statue est très accréditée dans le pays.
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[le furent incendiés par
Wg^((||pSaf>l|i reste de cette église
^^>*il£;' •Atf'» «1^» «i^* «i^» «i^» «i^* «i^» «i^» ' '_
1^» «^» «^» «^» *-Kt^ «^» «^» •yy»
int Martin; Tune, en
en bois, est plus
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^w.'» V Al 00 Al ^ «?Sv» «
le mur inté-
tion faite en 1512. On
#^
ivg» •■y^'»
aume Chazaut prebtre,
ibera me tous les
our de sainct Pan-
douze, priez Dieu
74 OBJETS D'ART RELIGIEUX
Grevilly.
Dans la petite chapelle romane (onzième siècle) de ce village,
on voit gravé sur une pierre tombale sans inscription une grande
croix latine, accostée à dextre d*un fer de chaiTue et à senestre
d'une hache ancienne.
I.AIVES.
L'église du mont Saint-Martin-de-Laives, qui vient d'être classée
comme monument historique, date du douzième siècle * ; à Tinté-
rieur on y voit encore de nombreuses dalles tumulaires du quin-
zième au dix-huitième siècle.
Deux chapelles y ont été ajoutées au quinzième siècle, celle de
la Sainte-Vierge qui conserve sa belle clôture gothique en piefre
s'élcvant jusqu'à la voûte, elle fut fondée par Jean Delagrange,
qui s'y fît enterrer avec sa femme, et la chapelle de Saint-Fiacre,
fondée par Jean Geliot en 1482; la dalle tumulaire de ce prêtre
le représente velu de ses habits sacerdotaux.
La chapelle en cul de four du collatéral sud confient aussi la
pierre tombale de Pierre Parie, prêtre, 1597; c'est une des der-
nières figurations de personnages faite sur dalle tumulaire.
Au hameau de Lenoux, au pied du mont Saiiït-Martm, s'élève
Ja petite chapelle de Notre-Dame de Confort, appelée actuelle-
ment la chapelle de Lenoux ; elle fut fondée par Jean Geliot, natif
de Laives, pour y déposer le Saint-Sacrement*.
Cetfe chapelle est rectangulaire, les angles de la façade sont
flanqués de lourds contreforts en pierre de taille; sur ces contre-
forts sont des culs-de-lampe, qui. jadis supportaient de petites
statuettes. La porte d'entrée décorée, de fines colonnetles, est sur-
montée d'une riche accolade dont le fleuron senait de piédestal à*
une statue de Notre-Dame; sept autres statuettes ornaient la
façade; il n'en reste actuellement plus qu'une; enfin l'édifice est
' Cette église a été décrite par M. L. \ibpck. Histoire de Sennucy et de ses
communes, et par L. Baziv, Bulletin paroissial de Sennecey-le-Grand .
* Voir, ci-conire, planche Xllï.
I
I V*:*' «î^r*^»'
•^» awi
m^^^ ■ ■
OBJBTS D'ART RELIGIEUX 1&
terminé par un campanile sur la base duquel est gravée la date :
1484.
Le vantail en bois de la porte d'entrée, qui est celui du
quinzième siècle, est recouvert de planches pour en éviter la
détérioration.
A Fintérieur, des peintures assez bien conservées : au fond à
droite est un martyr, debout, tenant une palme et présentant
devant un autel un personnage agenouillé \ Au-dessous, était une
inscription, elle a été effacée. Une autre fresque à gauche repré-
sente saint Grégoire au moment de Télévation, à genoux, tenant
rhostie entre les mains, deux diacres soutiennent sa chasuble;
Jésus-Christ apparaît au-dessus de Tautel. On lit au bas a Ainsi
que saint Grégoire estant a Rome où il célébrait la saincte
mess€iO:> » ile^reste est effacé ' .
Sur Jes aiitiles faces de la chapelle court \}ïïe longue inscription
en lèttr«9MgolMques devenue illisible. A la clef de voûte est
sculptée la Sainte-Vierge, une couronne royale est posée sur sa
tête, deà tètes d'anges Tentourent; ces sculptures sont peintes.
A quelques pas de cette chapelle de Lenoux, incrusté dans le
mur au-dossus du portail à Textérieur d'une cour de cultivateur et
provenant d'une chapelle démolie au dix-huitième siècle, chapelle
de saint Antoine édifiée évidenjment sous le patronage de la com-
manderiedes Antonins de Chalon, de l'ordre de Saint-Antoine du
, Viennois *; on voit une niche en pierre blanche d'un beau gothique
du quinzième siècle, abritant une statue de saint Antoine dont les
pieds nus sont entourés de flammes, par allusion au mal des
ardents appelé ^ussijen de saint Antoine, qu'on lui attribuait lo
pouvoir de guérir*.
Celte niche est décorée de pilastres terminés par des pinacles à
.crochets soutenant une accolade aussi garnie à l'extrados de cro-
chets et terminée par un fleuron ; au-dessus une corniche, le fond
est rempli par des arcalures trilobées. Des animaux fantastiques
sont postés aux quatre coins extérieurs du dais ^
* Voir, ci-dessous, planche XIV.
' Voir, ci-dessous, plaache XV.
^ H. Batault. Notes sur une inscription lapidaire de 14'07.
* Espèce de lèpre qui ravagea le Chalonnais aux douzième et quatorzième
• siècles.
* Voir, ci-dessous, planche XVI.
-76 OBJETS D'ART RELIGIEUX
Cette niche repose sur une frise entièrement décorée ; au centre
an écu chargé d'un T, emhlème de l'ordre hospitalier de Sainl-
Antoine, est supporté par deux cochons; à droite et à gauche des
anges tiennent des banderoles, et aux extrémités sont placés des
monstres à tête humaine disposés de manière à servir de cul-de-
lampe.
En descendant dans h village de Laives, près du château de
Sermaizé, encastré au-dessus de la porte d'entrée d'une maison,
un sujet sculpté en haut-relief représentant la Présentation au
temple est attribué à Dubois, célèbre imagier dijonnais du sei-
zième siècle.
La Fertk-sur-Grosne.
De cette riche abbaye, fille aînée de Citeaux, fondée au commen-
cement du onzième sit»cle, il ne reste absolument rien, si ce n'est
le bâtiment élevé au dix-septième siècle par les derniers abbés et
qui est devenu le château de M. le baron Thénard.
De Téglise, dont les dernière propriétaires achevèrent la démo-
lition au dix-neuvième siècle, on ne revoit au château qu'une des
clefs de voûte, déposée au pied du grand escalier, chef-d'œuvre
architectural exécuté par un tailleur de pierres de Laives.
En 1901, on retrouva à Senncey-le-Grand la pierre tombale de
Tabbé Pierre de Hontcaulier, décédé en 1317 *. M. Humblot, vers
1850, fit don au Musée de Chalon d'une partie de celle qui recou-
vrait les abbés Jean de Bcaune et Jean de Saint-Pierre, morts en
1437 et 1470; enfin la dalle tumulaire de l'abbé Jean-Charles
d'Escrivieux, 1736, sert de ponceau à l'entrée d'une maison^du
village de Lalheue.
Lalheue.
A part la pierre tombale de Jean-Charles d'Escrivieux, sur les
façades de plusieurs maisons de ce village se trouvent incrustés
des débris de sculptures provenant de l'abbaye de la Ferté. Servant
de jambage à la porte d'un poulailler, un cul-de-lampe composé
de deux figurines d'enfants, rappelant les sculptures de Dubois.
^ Actuellemenl relevée contre le mur extérieur du presbytère deSennecey-le-*
Oraud.
lei
■pr
Page 76.
• • •
OBJETS D*ART RELIGIEUX 77
. Dans la cour d'une autre maison, une mitre d'abbé rouverte
d'abeilles, à côté un livre, par derrière une crosse richement ornée
dans le style de la Renaissance.
Au hameau du Buisson-Roncin, sur une façade de maison, est
incrusté un motif de retoml)ée de voûte de Tépoque romane, repré-
sentant deux animaux fantastiques entrelacés, Tun à tête humaine
et l'autre à tête d'oiseau.
Dans la salle basse du moulin de Lalheue, on lit l'inscription
commémorative d'une fondation faite à la même abbaye par Joce-
rand de Sercy en 1401 .
Le chœur de l'église de Lalheue, chapelle primitive du village,
est de construction très ancienne, avec abside en cul de four et
voûte plein cintre surhaussé, qui retombe jusqu'au niveau du sol.
Marnay.
L'église de Marnay est nouvellement rebâtie, il est très regret-
table que l'architecte n'ait pas songé à y utiliser les belles pierres
sculptées provenant de l'ancienne et aujourd'hui disparues.
On a cependant conservé l'inscription lapidaire rappelant sa
fondation en 1427, et aussi quatre motifs sculptés en haut-relief
sur pierre blanche, rappelant les scènes de la vie de saint Jean
sous le vocable duquel a toujours été cette église; ce sont : I* Le
haptême du Christ par saint Jean \; 2" La prédication dans le
désert; i" La décollation de saint Jean; 4" La descente de croix
oh le corps du Christ est recueilli parla Sainte-Vierge^ saint
Jean Tévangéliste et la Madeleine.
Ces sculptures, qui paraissent avoir été des panneaux d'un
retable, sont très remarquables et doivent être l'œuvre d'un de
nos meilleurs maîtres imagiers bourguignons du seizième siècle *.
Chaque panneau est entouré de rubans tressés, sur lesquels
sont gravées des sentences se rapportant au sujet représenté.
Les anciennes statues en pierre de saint Jean-Baptiste et de
sainte Marthe sont déposées dans le jardin de la cure.
' Voir, ci-desaouB, planche XVIL
* Le musée de Dijon possède un de ses sujets paraissant sortir du même
atelier ; il provient de Tancien couvent des Chartreux et porte la date de 1525.
(Note de M. Ghabeuf.)
18 OBJETS D'ART RELIGIEUX
Messey-sur-Grosne .
Ce bourg avait donué le nom à une ancienne et noble famille
bourguignonne, dont nous n*avons retrouvé trace dans ce village
que par une inscription lapidaire placée dans un mur du chemin
de Messey à Saint-Boil, au hameau de FAbergemont. Cette épi-
graphe parait dater du quinzième siècle.
Nanton.
Au hameau de Sully s'élève une belle croix de pierre érigée au
seizième siècle par les habitants; une inscription lapidaire y adhé-
rant rappelle qu'en 1518 le cardinal d'Ara Cœli, Christophe
Numali, accorda cent jours de pardon à ceux qui en passant
diront pater et ave et donneront de leurs biens aux pauvres *.
Sennecey-le-Grand.
Le château de Sennecey, après une durée de plus de sept siècles,
tomba sous le marteau des démolisseurs en 1825, il n'en reste
qu'une partie des murs d'enceinte et des fossés. On construisit
sur son emplacement une église du plus mauvais goût, ses dépen^
dances servirent à installer la mairie, les écoles et le presbytère.
De la chapelle des anciens marquis de Sennecey, on ne retrouve
que la plaque de bronze sur laquelle est gravée l'épitaplie de
Nicolas de BaufiTremont * décédé en 1582.
Dans Têglise du hameau de Saint-Julien, ancienne église parois-
siale, s'est conservée la chapelle bâtie en 1504 par Claude de
Lugny, seigneur de Ruffey \ Cette chapelle des Lugny est décorée
' Des épigraphes similaires se retrouvent à Mancey, canton de Sennecey-Ie-
Grand, arrondissement de Ghalon ; à GoUongette, canton de Lugny, arrondisse-
ment de MAcon; d'autres m'ont été signalées dans la Gôte-d'Or par M. Perrault-
Dabot.
' Gcttfî plaque est la propriété de Mme Niepce.
' Voir, ci-dessous, planche XVIII.
I
» «w» «2* *5* *a* *S* *S*
Page 78.
ST
OBJETS D'ART RELIGIEUX 19
de fresques du seizième au dix-septième siècle, elles représentent :
1 * Rencontre de saint Joachim et de sainte Anne à la porte Dorée ;
2* la naissance de la Sainte-Vierge; 3" l'Annonciation; 4" la
visite de Marie à sainte Elisabeth; &* la Circoncision; 6» la
Purification de la Sainté-Vierge ; 7* V Assomption *.
Les deux clefs de voûte de la même chapelle sont sculptées et
peintes, Tune aux armes de Lugny et sur l'autre uh Christ en
majesté. II est entouré des attributs symboliques des quatre évan-
gélistes et de quatre anges tenant des banderoles.
Encastré dans le mur ouest, un bas-relief en marbre blanc, qui
peut remonter à la fin du seizième siècle, représente le Christ
couché à côté de son tombeau, dont un ange soulève le couvercle;
ce sujet, bien traité, dans un style très académique et lourd, d'un
dessin mou et de proportions défectueuses, parait provenir de la
chapelle du château de Sermaizé, dépendance de Tabbaye de la
Ferté.
La nef de Téglise est désaffectée; dans une des chapelles, où la
clef de voûte sculptée et peinte représente la Sainte-Vierge entourée
de rayons dorés, se trouve la pierre tombale de Jean Broard et de
Guillemette sa femme (1500).
Sur la place joignant Téglise est élevée une croix de pierre sur
le soubassement de laquelle est sculpté un cœur; ce soubassement
supporte un dé dans lequel est creusée une niche, sur ce dé se
dresse une colonne supportant une croix aussi de pierre, parais-
sant dater du seizième siècle, un Christ d'un côté et une Vierge de
l'autre ornent cetie croix.
Vers.
Curieuse petite église romane du onzième au douzième siècle,
chevet carré. Des arcatures cintrées ornent les murs de la nef à
l'intérieur. Dans cette église, statue en bois de saint Félix, seizième
siècle.
' Lk Mirpcr. Histoire de Sennecey^
%0 OBJETS D'ART RELIGIEUX
Saint-Ambrel'il.
C'est sur cette commune que se trouve remplacement de l'an-
cienne abbaye de laFerté-sur-Grosne. La petite chapelle de Saint-
Eloi, édifiée par les moines de la Ferté, au quinzième siècle, au
lieu dit la Grange-Chevals, sert actuellement de remise à des cul-
tivateurs, sa façade est surmontée d'un clocher à arcades très
simple.
SAIIVT-LOLP-DE-i ARENXES .
Dans le cimetière qui entoure Téglise de Sainl-Loup-de-Va-»
rennes est une remarquable croix de pierre. Sur un socle sur-
monté d'un dé hexagonal se dresse une colonne aussi hexagonale,
sur laquelle sont sculptées en haut-relief deux statuettes, l'une
représentant saint Loup, évêque de Chalon au sixième siècle,
patron de cette paroisse, et l'autre sainte Barbe; cette colonne est
surmontée d'un chapiteau polygonal, plnt et évasé, servant de
base à une croix fleuronnée en pierre, ornée d'un christ d'un côté
et d'une Notre-Dame de l'autre, et à deux' personnages, la Made-
leine et saint Jean, debout de chaque coté de la croix.
Cette belle croix, qui paraît dater du quinzième siècle, avait été
cachée en 1791 par la famille Boucaud, ancêtres du maire actuel,
à qui l'on doit sa conservation.
Au pied de cette croix est la modeste pierre tombale de Micè-
phore Niepce, l'inventeur de la photographie.
TOURNUS.
Le monument de Tournus dont la construction parait la plus
aucienne est connu sous le nom de Chapelle Saint-Laurenl; ses
murs, construits en opus spicatum, prouveraient qu'il est anté-
rieur à la première moitié du onzième siècle.
La monographie de l'église Saint-Philibert, monument le plus
uj^^^^^^-9
|:
1:
OBJETS D*ART RELIGIEUX 81
complet et le mieux conservé du dixième et du douzième siècle,
vient d'être faite par M. H. Curé, archiprètre de cette église. L<»s
fresques en ont été dessinées en 1848, par M. Denuelle.
Comme objet d'art : Vierge romane en bois de cèdiT, douzième
ou treizième siècle; la Vierge est assise sur un siège soutenu par
quatre colonnes ornées de chapiteaux, supportant une galerie
d'arcatures géminées à colonnettes jumelles accolées, surmontées
d'une frise que décore une grecque; la Vierge lient l'enfant Jésus
assis sur ses genoux, celui-ci soutient un livre fermé de la main
gauche et bénit de la droite.
Le grand orgue fut posé en 1629; le buffet mesure 12 mètres
de hauteur sur 4 mètres de largeur au retable et 6 mètres à la
partie supérieure du cul-de-lampe.
Un retable en bois sculpté, dix-septième siècle, se trouve dans la
troisième chapelle du collatéral nord, il a 6 mètres de hauteur sur
i de largeur, deux massives colonnes torses entourées de pampres
en relief reposent sur des piédestaux, elles sont surmontées de
chapiteaux corinthiens et soutiennent un entablement couronné
d'un fronton coupé, dont les rampants sont décorés de deux grands
anges assis, les ailes éployées; au milieu, le buste du Christ en
bois peint et doré.
Le panneau central de ce retable était occupé par un très bon
tableau de l'école espagnole, que l'on voit actuellement accroché
contre le mur du collatéral sud, il représente la Vierge présentant
l'enfant Jésus à saint Antoine de Padoue; dans le bas du tableau
.sont les armes des Bauffremont, marquis de Sennecey, entourées
du collier de l'ordre du Saint-Esprit.
Le retable et le tableau proviennent de l'ancien couvent des
Récollets de Tournus, à qui ils avaient été donnés par Henri de
Bauffremont, marquis de Jiennecey, à son retour d'une ambassade
en Espagne (1612-1619).
Les autres tableaux les plus intéressants sont : -
Une scène de la Passion, bois dix-septième siècle, école fran-
çaise, sept gouaches sur vélin, reproduction des Sept Sacrenienis
du Poussin ; ces tableaux sont richement encadrés.
De nombreuses pierres tombales se voient encore, soit relevées
contre les murs, soit dans le pavage de cette église; les plus remar-
quables sont celles à figures, de Simone de Berzé, 1327; Pierre
6
92 OBJETS D'ART RELIGIEUX
Tiiézat, 1347; Jean de Toulonjon, 1477; Guicliard Languyer,
1513; èl d'autres de forme orbiculaire '.
En contournant l'église Saint-Philibert, on trouve la salle du
Chapitre, treizième ou quatorzième siècle; deux rangs de colonnes
rondes ornées de chapiteaux à crochets et à feuillages variés sou-
tiennent les retombées des voûtes à nerx'ures de ce bâtiment.
En face, le palais abbatial, quinzième siècle.
Dans la ville : l'église Saint-Valérien, onzième siècle; désaf-
fectée depuis la Révolution, il en reste le portail du douzième
siècle, intéressant par ses pilastres cannelés^ son fronton et son
archivolte à claveaux alternés de deux teintes. A l'intérieur, on
remarque la décoration de l'entrée d'une chapelle du quinzième
siècle.
Eglise de la Madeleine, beau portail, style roman du douzième
siècle ; on voit à l'intérieur une curieuse chapelle Renaissance dans
laquelle se trouve le tableau du peintre J.-B. Greuze, représentant
saint François d'Assise.
L'hôpital, rebâti de 1661 à 1792 par les cardinaux de Bouillon
et Fleury, abbés de Tournus. Les hauts planchers de ses vastes
salles sont lambrissés de boiseries à compartiments, leurs par-
quets recouvrent de nombreuses pierres tumulaircs et la phar-
macie est conservée intacte et sans aucune modification depuis sa
fondation, en 1673; on la voit avec ses rayons à colonnettes torses
aux chapiteaux et filets dorés, ses vénérables bocaux, ses pots en
faïence de Nevers, et le plafond style rococo est décoré de figures
allégoriques.
La statue en marbre de Greuze par Benedict Rougel et, aussi
enfant du pays, est érigée sur la place de l'Hôtel-de-Ville.
J. Martik.
* Ces dalles tumulaires rondes sodI spéciales au pays et ne se rencontrent
que dans les environs de Tournus ou dépendances de son ancienne abbaye.
INVENTAIRE SOMMAIRE Sd
111
INVENTAIRE SOMMAIRE
DES ÉGLISES RURALES DE L*ARRONDISSEMENT DE RBUIS, AU POINT DE VUE
DE l'art et de l'histoire
Les églises rurales représentent une part importante du passe
de notre civilisation ; elles gardent, en effet, des traces de toutes
les époques de Fart et de toutes les phases de notre histoire natio-
nale, Une grande sollicitude s'impose donc en faveur de ces mo-
destes édifices et de ce qu'ils contiennent encore d'œuvres intére
santés et de souvenirs historiques locaux. Il n'est personne parmi
ceux qui tiennent à nos traditions pour leur refuser un concours si
nécessaire.
Le moment est opportun, semble-t-il, pour signaler, avec le
danger qu'elles peuvent courir, l'ensemble des choses qu'il im-
porte de sauvegarder dans ces petits monuments et d'en faire
sentir la valeur aux plus indifférents '. Le classement officiel ne
pourrait suffire à cette tâche, parce qu'il est beaucoup d'objets
t|u'il convient de conserver et dont le mérite ne s'impose pas au
point de vue de l'art, par exemple les inscriptions, les débris de
vitraux et de sculpture offrant une date ou une figure, et tant
d'autres vestiges que l'on ne doit négliger nulle part. Aucune par-
celle de ces curiosités n'est à dédaigner pour l'historien de la loca-
lité; son devoir est, au contraire, de les signaler à l'attention de
tous et particulièrement aux soins de. leurs gardiens. En sauver
l'image par une reproduction est un premier service rendu à la
cause de l'art suivie jusque dans ses détails; les décrire est un de-
voir non moins essentiel, car ces choses ne sont point dans le
monopole d'une église, d'une association ; elles sont dans le do-
maine d'une jouissance plus large pour ceux qui étudient le passé
et cultivent l'histoire de leur pays.
' Roger RoDiiRK, le Classement des objets d'art religieux. (Extrait des
Notes d'art et d'archéologie, 1906). Gondeosatioo, en quatre pages, d'excellents
conseils pratiques.
84 INVENTAIRE SOMMAIRE
Tel était le rôle que traçait aux délégués des Sociétés des Beaux-
Arts Tun des présidents des réunions de Tan dernier, en les entre-
tenant de la suite à donner à V Inventaire général des richesses
d'art de la France, et en provoquant aussi de leur part des inven-
taires locaux jusque dans les moindres recoins d'un pays aussi
riche que le nôtre *. D'autres voix ont répété cette leçon en
d'autres termes, mais avec la même insistance '.
Il appartient donc à nos sociétés provinciales de répondre à cette
invitation, à cet ordre parti de si haut. Elles ne demandent qu'à
renseigner fidèlement les Comités des Beaux-Arts, à les seconder
et à soutenir elles-mêmes, sur place, la cause de l'inaliénabilité et
du respect des moindres objets historiques qui s'imposent à leur
sollicitude. Faciliter leurs publications, faites au prix de tant de
recherches désintéressées et de courses multipliées, ne serait que
justice de la part des pouvoirs publics.
C'est ainsi que l'Académie de Reims, dont je suis le délégué,
poursuit depuis vingt-six ans la mise au jour d'un Répertoire
archéologique des dix cantons de son arrondissJBment. Quatre vo-
lumes seulement ont paru, un cinquième est sous presse, mais les
matériaux, notes prises sur place et plans, vues, fac-similés, sont
déjà presque tous recueillis pour l'ensemble '.
Devançant l'époque encore lointaine d'un achèvement de
l'œuvre, et, vu l'utilité d'un inventaire sommaire en ce moment;
nous offrons au Comité des Sociétés des Beaux-Arts, le relevé des
objets artistiques et des curiosités historiques dont nous avons
constaté l'existence dans l'arrondissement tout entier*. Ce relevé
formera en quelque sorte une liste préparatoire au classement dos
œuvres les plus remarquables, et, en outre, il présentera son
contingent de renseignements brefs et précis sur tant d'autres
' M. Jules GuiKFREv, dans la séance du 13 juin 1905. Cf. Journal des Sa-
vants, octobre 1904, article du même érudit : Inreniaire des monuments d'art
en France et en Allemagne, p. 51.3 à 528.
' La vie et l'étude des monuments français, par Camille Jullian, dans la
Revue politique et littéraire des 6 et 13 janvier 1906.
' Volumes parus : Eglises de Reims, Cantons de Reims (deux éditions), Can-
ton d'Ay, Canton de Beine, et volume en cours de publication : Canton de
Bourgogne.
* Un aperçu de ce relevé a déjà paru dans le volume de la Réunion des
Sociétés des Becaix-Arls des départements en 1888, avec une planche, p. 823
à 833.
.J
DBS ÉGLISES DE L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 85
objets intéressants à des titres divers. Il est de ces objets qui ont
pu disparaître depuis notre visite, mais ils nous semblent figurer
encore utilement sur cette liste, ne fût-ce qu'à titre de document
rétrospectif.
Ainsi seront fixés les éléments descriptifs de nos richesses d^art
dans les limites d'un arrondissement, en dehors du chef-lieu, et
cette méthode abrégée pourrait s'étendre de proche en proche dans
toute la France par les soins assidus de nos sociétés savantes,
fidèles gardiennes de son patrimoine historique et artistique.
Henri Jadart, .
Membre non résident du Comité des Sociétés des Beaux-
Arts des départements, Conservateur de la Bibliothèque
et du Musée de Reims, Secrétaire général de l'Aca-
démie.
Obfeli d'art ou de curiosité historique, méritant (téire sauvegardés
ou classés dans Us églises rurales de l'arrondissement de Reims.
LISTE PRÉPARATOIRE AU CLASSEMENT
I. -— Gantons de Reims '.
l" Canton.
Rezannes. ' — Statue de sainte Anne, pierre, repeinte, dix-septième
siècle.
— La Cène, tableau sur bois, seizième siècle.
— (Autres tableaux décrits au Répertoire *.)
Ormes. — Statues de la sainte Vierge, de saint Rémi, de sainte Catl^rine
et de sainte Barbe, pierre, chapelles latérales, sur des consoles
(œuvres très intéressantes, bien conservées, quinzième et dix-sep-
tième siècles) .
Thillois. — Statue de la sainte Vierge, assise, et retable du maître autel,
pierre, quinzième et seizième siècles.
— Statues de saint Loup et de saint Hubert, bois, dix-septième siècle.
* Travaux de r Académie de Reims, t. LXXVI et LXXXV. Répertoire archéo-
logique, publié en 1885, réédité en 1891, 2 vol. gr. in-S** illustrés.
' Ibid,,^. 20 et 25.
86 INVENTAIRE SOMMAIRE
2* Canton.
Néant. (Pas de communes rurales.)
3« Canton.
GoRKONTREUiL. — Stalues de la sainte Vierge, assise, de saint André et de
saint Hubert, pierre, quinzième et seizième siècles.
— Fonts baptismaux, Renaissance, seizième ûècle.
— Débris de vitrail de la Madeleine, daté 1538.
Taissy. — Statue de saint Hubert, pierre, avec un écusson et la date
1571.
*— Petite cloche, avec légende gothique (moulée), treizième ou quatorzième
siècle.
— Grosse cloche, avec légende du dix-huitième siècle et marque du fon-
deur, 1781.
-**• Grille d^ appui du sanctuaire, en fer forgé, dix-huitième siècle.
Taoïs-PuiTS. — Statue de la sainte Vierge, debout, pierre (repeinte), sei-
zième siècle.
— Christ roman en hronze, sur croix en bois (sacristie), douzième
siècle.
— Deux consoles, servant de crédences, Louis XVI (chœur) , dix-huitième
siècle.
— Pupitre en bois, avec sculptures Louis XVI (chœur), dix-huitième
siècle.
A* Canton.
BÉTHEMY. — Cloche de 1723, avec inscription, dix-huitième siècle.
Champigky. — Vitraux du moyen âge, dessins variés, douzième et trei-
zième siècles.
— Chaire à prêcher, panneaux sculptés, époque Louis XI II.
Saint-Brige. -^ Vitrail avec les figures de VEcce Homo et de saint Brice,
daté 1543.
II. — Canton d'Ay >.
Ay. — Kpilaphe de Marie-Madeleine Bertin du Rocheret, veuve de Jean-
Remy de la Salle, écusson aux armes et daté 1758.
— Deux grands tableaux sur toile, signés L. Laynaud : Le Christ multi-
. pliant les pains dans le désert, 1842, et Saint Brice bénissant les
fidèles» 1844.
' Travaux de l' Académie de Reims, t. LXXXII. Répertoire archéologique,
publié en 1892, 1 vol. gr. in-8<> illustré.
DBS ÉGLISES DE L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 87
Ambonkav. — Fonts baptismaux, Renaissance, pierre, 1550 et 1886.
— Statue de saint Jean-Baptiste, pierre, restaurée, seizième siècle.
AvENAT. — Fonts baptismaux (1677), marbre, dix-septième siècle.
— Statues de saint Gombert et de sainte Berthe, pierre, dix-septième
siècle.
— Chaire à prêcher, belle menuiserie décorative, dix-septième siècle.
— Christ en bois, en face de la chaire, seizième siècle.
— Statue de saint Éloi, bois, sur une console aux armes d'une confrérie
de laboureurs, dix-septième siècle.
— Tableaux sur toile, entre autres :
Christ en croix, aux armes de M"* Brûlart de Sillery, abbcsse
d'Avenay, dix-septième siècle.
L'Annonciation, dix-septième siècle.
Ecce Homo, seizième siècle.
Sainte Berthe traçant le cours de la Livre, dix-septième siècle.
Descente de croix, seizième siècle.
La Flagellation (l)as-côté nord), dix-septième siècle.
Le martyre de saint Gombert (devant d'autel), dix-septième siècle.
Enfant Jésus portant la croix (devant d'autel), dix-septième sitH'le.
Saint François de Paule (devant d'autel), dix-septième siècle.
La Vierge entourée de saints, par Dubasty, d'après Poussin, dix-neu-
vième siècle.
La Flagellation (chapelle du nord), seizième siècle.
Kpitaphes sur les dalles du chœur et de la nef, dix -septième et dix-
huitième siècles.
BissEiiL. — Statue de la sainte Vierge, assise, pierre, quinzième ou sei-
! zième siècle.
i — Tableau, toile : l'Assomption, avec écusson Mansuet (1678), dix-sep*
I tième siècle.
I Champillon. — Tabernacle au maître autel, avec panneaux sculptés
(scènes de la Manne et de l'Annonciation), dix-septième siècle.
— Tableau, portrait d'une abbcsse d'Avenay (?), bois, dix-septième
siècle.
CoBuoYEUX. — Cloche gothique, avec inscription, date et figure de sainte
Hélène, 1544.
DizY. — Portes de l'église, à deux vantaux sculptés, dix-septième siècle.
Fontaine. — Statue de la sainte Vierge (au fond du chœur), seizième
siècle.
— Bancs à fuseau (dans la nef), époque Louis XIII.
Haotvillers. — Maitre-autel en marbre, très riche, dix-huitième siècle.
— Statue de sainte Hélène, pierre, dix-huitième siècle.
1
88 INVENTAIRE SOMMAIRE
Hautvillers. — Statue de saint Jean-Baptiste, par Tabacchi, de Turin
(1878), marbre blanc, dix-neuvième siècle.
— Autel latéral sud, retable sculpté, bois, 1653.
— Chaire, boiseries, stalles sculptées, 1780.
— Orgues (1769), buffet sculpté, dix-septième siècle.
— Tableaux, entre autres :
L'Invention de la sainte Croix, 1695.
Guérison d*un malade par la croix, 1695.
Saint Pierre, j
Saint Paul (disparu), I quatre toiles peintes par Claude Charles, de
Saint Nivard, i Nancy, dix-huitième siècle.
Saint Benoit, )
— Dans la nef, Kpitaphe de Dom Thierry Jluinart (1709), pierre tumu-
laire sur la sépulture ', dix-huitième siècle.
— Dans le chœur. Epitaphe de Dom Royer, abbé (1527), refaite, marbre
noir, dix-septième siècle.
— Dans le chœur, Epitaphe de Dom Pérignon (1715), marbre noir, dix-
huitième siècle.
— Autres épitaphes dans la nef et les chapelles, dix-septième et dix-huf-
tième siècles
Louvois. — Statue de la sainte Trinité, bois, sur une console, seizième
siècle.
— Statue de saint Hippolyte, sur une console, dix-septième siècle.
Mareuil-sur-Ay. — Grosse cloche, avec inscription et marque du fondeur,
et la date, 1603.
— Épitaphes sur marbre, de 1601 et 1744, dix-septième et dix-huitième
siècles.
MuTiGKY. — Porte du tabernacle, peinture sur cuivre représentant YEcce
Homo, dix-septième siècle.
MuTRY. — Porte de la sacristie, guirlandes sculptées, dix-septième
siècle.
— Cloche avec inscription et date, 1620.
Saint-Imoges. — Tableau peint sur bqis, représentant sainte Marguerite
agenouillée, cadre du temps, dix-septième siècle.
Tours-sur-Marne. — Tableaux, entre autres peintures sur toile :
(Autels latéraux) : Saint Sébastien, cadre du temps, dix-septième
siècle.
— L'Annonciation, cadre du temps, 1723.
' Tombe historiaue à sauvegarder, dans la crainte d*un nouveau pavage. Cf.
Bulletin momimental, 1886, t. LU, p. Vki à 236.
DES ÉGLISES DE L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 89
(Sacristie) : Sainte Catherine, palme et roue, dix-huitième
siècle.
I — Saint Hubert, dix-huitième siècle.
! — Sainte Marie-Madeleine, dix-huitième siècle.
— Sujet allégorique, avec texte sic transit gloria mundi, cadre moderne,
seizième siècle.
III. — Canton de Beine K
I Beine. — Fonts baptismaux, marbre noir, figures, onzième ou douzième
■ siècle.
j — Pierre de fondation, 1655.
i Ai-BERiVR. — Fonts baptismaux, marbre noir, figures, onzième ou dou-
i zième siècle.
— Cloche avec inscription et date, 17:28.
Berru. — Calice en vermeil, émaux, avec inscription et date, provenant du
Temple de Reims, 1576.
— Crucifix en face de la chaire, bois sculpté d'un beau travail, dix-sep-
tième siècle.
BÉTHENi VILLE. — Statue de sainte Marie-Madeleine, bois, seizième siècle.
CERNAY-Làs-REiMS. — Statue de la sainte Vierge, debout, marbre blanc
(œuvre d'art gothique, très précieuse) , quatorzième siècle.
— Trois cloches provenant de Fabbaye de Saint-Remi de Reims, avec ins-
criptions, armoiries et dates de leur fonte à Reims, 1685.
DoxTRiEN. — Fauteuil, siège du célébrant, en forme d'X, décoration des
insignes des pèlerins de Saint-Jacques-le-Majeur, seizième ou dix-
septième siècle.
— Statue de la sainte Vierge, debout, tenant l'Enfant Jésus, pierre (belle
statue, bras droit mutilé, déposée dans le jardin du presbytère) , qua-
torzième siècle.
— Statue de saint Laurent, pierre, seizième siècle.
(Déposée au même endroit) .
— Cloche avec inscription et date, 1788.
Epoyb. — Tableau, peinture sur bois, devant d'autel, dix-septième siècle,
avec Saint Pierre en buste, rinceaux entrelacés.
— Cloche avec inscription et date, 1783.
— Inscription commémorative de Jean Gerbaîs, célèbre docteur en Sor-
bonne, natif d'Kpoye, mort à Paris en 1699, fondation et fac-similé
de l'épitaphe, dix-septième siècle.
^ Travaux de f Académie de Reims, t. LXXXVIII. Répertoire arekéologique^
publié en 1900, 1 vol. gr. in-8« illustré.
90 INVENTAIRE SOMMAIRE
Nacroy. — Débris de vitraux peints, avec scènes : Prédication de saint
Jean-Baptiste, les Saintes femmes se rendant au tombeau, scixiëme
siècle.
— Cloche avec inscription et date, IGll.
No6BNt-l*Abbessb. — Statue équestre de saint Caprais, bois, en costume de
chevalier, sur une console à Tare triomphal, quinzième siècle.
— Statue de la Vierge de Pitié, pierre, dix-septième siècle.
— Vitraux avec les figures de saint Pierre el de saint Sébastien, seizième
siècle.
— Monument funéraire en pierre, bas-relief, le Calvaire (dans la sacristie),
seizième siècle.
PoxTFA verger. — Église Saint-Médard : Statue de la Vierge, en pierre
(dans une niche près du transept), seizième siècle..
— Église Saint-Brice : Statue de la sainte Vierge, dont le socle offre les
armes du chapitre de Reims (dans la fenêtre au-dessus du portail à
Tintérieur), seizième siècle.
Pbosnes. — Grille de clôture du sanctuaire, en fer forgé, dix-huitième
siècle.
— Épitaphes des frères Movisse, curés du lieu, div-septième siècle.
— Christ sculpté, avec les emblèmes des quatre évangéiistes, seizième
siècle.
(Ancien Christ de Tare triomphal, replacé en face de la chaire).
Saint-Hilaire-le- Petit. — Statue de sainte Agatbe, tenant livre et te-
nailles, avec son sein arraché (sur une console appliquée au mur du
bas-côté nord, ainsi que d*autres statues anciennes), avec date,
1598.
Sauht-Martin-l'Heureux. — Cloche avec légende gothique et date, 1463.
Saint-Masmes. — Statue de la sainte Vierge tenant T Enfant Jésus jouant
avec un oiseau (au bas de Tescalier des combles, 1888), en pierre,
gothique, seizième siècle.
— Cloche avec légende, figure gothiques et date, 1522.
Saixt-Souplet. — Trois retables des autels latéraux et du maitre-autel,
avec colonnes, statues, riches guirlandes, tableau, ensemble très
remarquable, dix-septième siècle.
— Chaire en menuiserie très fine, escalier à fuseaux, panneaux ornés de
guirlandes, dix-septième siècle.
— Tableau, toile, ancien devant d* autel, L* Annonciation, encadrement de
rinceaux, dix-septième siècle.
— Médaillon, saint Paul en buste (sculpture replacée au-dessus du portail
à Tintérieur), dix-septième siècle.
Selles. — Tableau du retable de lautel de la chapelle sud, saini Jean*
DES ÉGLISES DE L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 91
Baptiste dans le désert. Signé : Marmotte >, 1739, dix-huitième
siècle.
— Statue de saint Jean-Baptiste, pierre, sur un piédestal sculpté d* un beau
travail, avec un écusson ehargé de trois coquilles (dans le sanctuaire,
à droite de Tautel), seizième siècle.
— Saint Martin à cheval, groupe en bois, sculpture datée de 15^46.
(Au-dessus du portail, à Tintérieur.)
Vaudesincoirt. — Statue de la sainte Vierge, debout, gothique, pierre
(victime d^une restauration moderne), quatorzième ou quinzième
siècle.
— Statue de saint Rémi (également restaurée), seizième siècle.
IV. — Canton de Bourgogne ^
Bourgogne. — Pentes de dais, broderies très fines, fleurs et entrelacs d'un
dessin fort délicat, fond blanc, dix-septième siècle.
— Tableaux : La Conversion de saint Paul, par Perseval (mauvais étal),
dix-huitième siècle. Pèlerins de Saint-Jacques (id.).
Aumenancoirt-lr-Petit. — Retable au niaitre-autel, ensemble sculpté,
avec six statuettes représentant six apôtres, seizième siècle.
Bazancoi'RT. — Statue de la sainte Vierge, datée, console moderne, 1577.
— Deux statues d'évêques, sans attributs, consoles modernes, seizième
siècle.
— Statue de la sainte Vierge debout, tenant T Enfant Jésus jouant avec une
sphère, draperies très fines, quatorzième ou quinzième siècle.
BoiLT-suR-SuippK. — Eglise paroissiale: Statue de saint JeanTEvangélistc,
repeinte, seizième siècle.
— Chapelle près de la Suippe : Statue de la sainte Vierge, debout, sculp-
ture très fine, inscription et date, emblèmes, élégante décoration,
1577.
Briuont. — Maitre-autel en marbre gris, tabernacle de même, riche en-
semble, dix-huitième siècle.
— Statue de saint Rémi, debout, pierre, peinture ancienne, seizième siècle.
— Débris de vitraux des Minimes de Reims (fenêtres an sud), dix-sep-
tième sièple.
— Nombreux tableaux sur toile (nef et chapelles) , dix-septième et dix-
huitième siècles.
' Peintre rémois de valeur, XVHI* siècle. Cf. Catalogue du musée de
Reims, par Ch. Loriqukt, 1881, p. 147.
• Notes prises de 1880 à 1905. Le Répertoire archéologique est en cours de
préparation pour ce canton.
92 INVENTAIRE SOMMAIRE
€aurel-lks-La VANNES. — Groupe de saiote Anne, la sainte Vierge et FKn-
fant Jésus, apprertant à lire, pierre, jolie sculpture, sur console à
godrons, seizième» siècle.
— Statue de la sainte Vierge, debout, pierre (jardin du presbytère) , seizième
siècle.
Cauroy-lrs-Hbriionville. — Maitre-autel, retable avec pilastres et riches
guirlandes, sculpture sur bois, inscriptions et date, 1687.
--^ La Vierge et l'Enfant Jésus, toile peinte par Rêve, peintre rémois
(1841), dix-neuvième siècle.
— Retable de Tautel latéral (chapelle du sud) avec bas-reliefs, inscription
gothique et date, 1547.
— Sanctuaire : Statue de saint Nicaise (décapité), pierre, seizième siècle.
— Statue de saint Nicolas (avec enfants), pierre, seizième
siècle.
— Chapelle du sud : Statue de la sainte Vierge, assise, pierre, seizième
siècle.
— Statue de sainte Anne et de la sainte Vierge, pierre,
dix-septième siècle.
— Statue de saint Fiacre, avec donateur à genoux,
pierre, seizième siècle.
— Porche, chapiteaux du douzième siècle.
CoRMicv. — Maître-autel à colonnes de marbre et riche baldaquin, prove-
nant de Tabbaye de Longueau, de Reims, dix-huitième siècle.
— Autels latéraux, également en marbre, de mêmes provenance et
époque.
— Statue delà sainte Vierge, assise, pierre, dix-septième siècle.
— Statue de sainte Julitte, tenant saint Cyr à la main, bois, dix-sep-
tième siècle.
— Tableau de saint Rémi catéchisant Clovis, avec scènes latérales, pein-
ture sur bois, cadre du temps, seizième siècle.
CouRCY. — Vitrail avec scènes, Ogures et inscription, seizième siècle.
— Statue de saint Hippolyte, en guerrier, pierre, dix-septième siècle.
Hbittrégivili.e. — Fonts baptismaux en marbre, avec figures, onzième ou
douzième siècle.
— Vierge de Pitié, groupe en pierre, seizième siècle.
Lavan'nrs. — Maitre-autel avec quatre colonnes marbre (le baldaquin dis-
paru), dix-huitième siècle.
— Tableaux : La mort de saint François d^ Assises, cadre ancien, dix-
septième siècle.
— Saint François d* Assises couronné par les anges, cadre an-
cien, dix-septième siècle.
J
DES ÉGLISES DE L'ARRONDISSEMENT DE RElIfS 03
liAVANXRS. — Saint Sébastien couronné par les anges, dix-septième siècle.
LoivRE. — Vierge de Pitié, groupe en pierre, seizième siècle.
— Statue de sainte Barbe, pierre, seizième siècle.
— Statue de saint Sébastien, pierre, seizième siècle.
— Débris d*un retable gothique, incrusté dans la muraille, sculpture très
fine, statuette des apôtres, seizième siècle.
MsRrY. — Retable gothique, incrusté dans un autel moderne, arcaturcs,
statuettes des apôtres, seizième siècle.
— Siège gothique en bois, sculpture flamboyante aux armes de France et
de Bretagne, seizième siècle.
PoHACLE. — Dans le cimetière, sarcophage mérovingien, couvercle avec
dessins formés de croix et de cercles, cinquième ou sixième siècle.
PouiLLON. — Plat en cuivre repoussé de Tépoque de François I", seizième
.siècle.
— Vierge en cuivre argenté de style ïjouis XIH, dix-seplième siècle.
— Chasuble de soie à grands ramages du temps de Louis XIV, dix-hui-
tième siècle 1 .
Saint-Étienne-sur-Slippe. — Retable gothique incrusté dans la muraille
de la chapelle du sud, trois scènes : l'Annonciation, la Nativité,
TAdoration des Mages, arcatures flamboyantes au-dessus, et trois
écussons avec armoiries, statuettes, etc., seizième siècle.
Saint-Thierry. — Fragment gothique flamboyant dans la muraille du col-
latéral nord, scène du Calvaire, encadrement sculpté, pierre, sei-
zième siècle.
— Tableaux : I^es disciples d'Kmmaûs, cadre ancien, dix-septième siècle.
— La Vierge tenant TËnfant Jésus, cadre ancien, dix-huitième
siècle.
— Devant de tribune gothique, bois, quinzième siècle.
Villers-Franqdeux. — Vitrail à deux compartiments (abside), la Sainte-
Vierge entourée d^ attributs, le Miracle du porc sortant du puits, par
S. Théodulphe, riches bordures Renaissance ^, seizième siècle (1551).
— Deux consoles Louis XV, fort élégantes, servant de crcdences, di\-hui-
tième siècle.
— Tableau du maitre-autel, toile, copie du Christ en croix, d'après
Prudhon, par E. Barau, peintre rémois, dix-neuvième siècle.
Warueri ville. — Statue de sainte Anne, seizième siècle.
— Statue de saint Martin, seizième siècle.
— Fonts baptismaux, cuve octogone, avec la date, 1572.
' Expositions rétrospectives de Reims, 1876 et 1895.
' Dessin en couleur exécuté par E. Alger, 1905.
94 INVENTAIRE SOMMAIRE
WiTRY-LKS'RsiMS. — Ëpitaphe gothique, avec personnage agenouillé, curé
du lieu, Eglise nouvelle', seizième siècle.
' V. — Canton de Ghâtillon-sur-Mame ^.
Anthenat. — Carreaux vernissés du mojfen âge, nombreux dans le pavé
de Téglise (1880), quatorzième et seizième siècles.
— Débris de vitraux Renaissance, seizième siècle.
— Cloche avec inscription et date, 1678.
Basliecx-sous-Chatillon. — Statues de la sainte Vierge, de saint Léger,
de saint IVicolas, de saint Jean-Baptiste et de saint Antoine, abbé,
seizième siècle.
(Les statues et tombes du prieuré de Longueau ont été transférées au
prieuré de Binson en 1880), du quatorzième au seizième siècle.
Belval. — Eglise de Fancien prieuré, tombes et épitaphes, dix-septième
et dix-huitième siècles.
— Débris de vitraux Renaissance (saint Roch), seizième siècle.
Chatillon-sur-Marnë. — Eglise de Binson : Maitre-autel, massif intérieur
du douzième siècle, cité par M. de Caumont (Abécédaire, t. ]U,
p. 241). \*existe plus.
— Église du prieuré de Binson : Christ de Tare triomphal, bois peint,
quinzième siècle.
— Autel de Sainte-Posenne, pierre, inscription datée de 1069.
— Statues, pierres tombales, débris divers fixés dans une portion du
cloître ^, douzième au seizième siècle.
CicHERY. — Restes de vitraux Renaissance : Scènes de la vie de saint
Nicolas; Figure de la sainte V'^ierge, seizième siècle.
— Statue de saint Sébastien, patron des archers, seizième siècle.
— Fragment d*une croix du moyen âge, d*un côté le Christ, et de Tautre
une main bénissante, pierre (cimetière), quatorzième siècle.
CuisLEs. — Dalle tumulaire armoriée, de Luc de Salenove, avec date,
1G02.
* L'ancienne église offrait difTérentes œuvres d'art : maître-autel du dix-
huitième siècle, débris de vitraux du seizième siècle, tableaux, etc. 11 n'en
reste qu'une épitaphe du seizième siècle, depuis la reconstruction de l'église en
1892, et ce débris se trouve dans une pièce supérieure de la tour, conservée à
l'angle de la nouvelle façade. Cf. Travaux de V Académie de Reims, t. XLVI,
p. 402.
* Notes prises de 1880 à 1905, et Notes de M. l'abbé Chevallier, cyré de
Cuisles, 1875-1881, recueil in-4<», ms. des archives de l'Académie de Reims,
avec dessins dans le texte.
^ Bulletin monumental, t. LX, année 1889. — Cf. Almanach-annuaire de la
Marne, de l'Aisne et des Ardennes, 1897, p. 189.
D£S ÉGLISES D^ L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 95
Nanteoil-la-Fosse. — Kpîtaphe de Thomas de Doham, avec date, 1649.
— Epitaphe de Tabbé Servant, avec date^ 1805.
— Fonts baptismaux, pierre, sculpture fine et élégante, rinceaux,
têtes, etc., seizième siècle.
La ^[euville-aux-Larris. — Autek latéral, chapelle du sud, avec un retable
en bois, «gothique flamboyant, fenestrage dans les panneaux et taber-
nacle, seizième siècle.
— Statue de sainte Catherine, avec attributs, seizième siècle.
— Statue de saint Sébastien, avec attributs, seizième siècle.
— Tableau sur toile : Ap|)arîtion de Notre-Scigneur À la Madeleine, signé
par Claude Hélart, peintre rémois, avec la date, 1707 >.
Olizy. — Carreaux vernissés dans le pavé, chapelle latérale, quinzième
siècle. *
— Débris de vitrail, avec deux personnages, seizième siècle.
— Statue de la sainte Vierge, pierre, dans la sacristie, quinzième siècle.
Orquigny (Chapelle du hameau de Montigny) . — Groupe en bois décoré
représentant sainte Anne instruisant la sainte Vierge (sacristie),
seizième siècle.
— Tableaux dans la nef (à examiner), dix-septième et dix-huitième siècles.
Passy-Grigny. — L'église de Passy conserve quelques pavés vernissés du
moyen Age et une epitaphe de la famille de Chartogne avec deux
écussons et la date 1604.
— L'église des Templiers de Passy, transformée en grange, comprend une
nef du treizième siècle, encore bien conservée et remarquable au
dedans et au dehors, treizième siècle.
PouRCY. — Stalles sculptées d'un beau modèle, dix-septième siècle.
— Tabernacle du maitre-autel, d'un beau modèle, dix-septième siècle.
— Reliquaire de saint Julien, d'un beau modèle, dix-septième siècle.
— Tableaux (à examiner), dix-septième et dix-huitième siècles.
— Christ en ivoire sur croix en bois (au presbytère), dix-septième siècle.
— Chasuble ancienne brodée (sacristie), dix-s**ptiè me siècle.
Reuil. — Deux dalles tuniulaires avec personnages en pied, dans la nef
. principale, seizième siècle.
— Bas-relief, Christ en croix avec personnages agenouillés des deux côtés
(bas-côté), seizième siècle.
(Tableaux et statues à examiner.)
— Débris de vitraux Renaissance, 1577, seizième siècle.
Saixte-Gkmme. — Porte principale à deux vantaux, sculpture et ferron-
nerie ancienne, clous fleuronnés, seizième siècle,
' Catalogue du Musée de Reims, par Ch. Loriqukt, 1881, p. 108.
96 INVENTAIRE SOMMAIRE
Saintk-Gemme. — Retable sur Tautel de la chapelle de droite, en bois,
scènes sculptées de la Passion, beau travail, peinture d'un ton chêne,
Tensemble bien conservé (largeur, 1",50; hauteur, 0",80), seizième
siècle.
— Ancien reliquaire en cuivre de sainte Gemme, conservé chez M">« Piot-
Fayet, dix-septième siècle.
Vandières. — Carreaux vernissés encore assez nombreux, quinzième
siècle. — Porche, chapiteaux romans.
Villers-sous-Chatillon. — Inscriptions de la famille Gnyot de Chenizot^
décorations du temps, dix-huitième et dix-neuvième siècles.
— Anciennes stalles en chêne, bois sculpté, dix-septième siècle.
— Lustre ancien, en cristal taillé (nef), dix-septième siècle.
VI. — Canton de Fiâmes ^
Fismes. — Statue de sainte Macre (repeinte), chapelle latérale, mo>en
âge.
— Autre statue de cette sainte, en avant de la nef, dix-septième siècle.
— Banc Renaissance (sacristie), seizième siècle.
— Tableaux dans la nef (à examiner), dix-septième et dix-huitième
siècles.
— Petite cloche au sommet du clocher, inscription et date, 1755.
Baslieux-les-Fismes. — Retable avec huit scènes de la Passion, légendes
au bas, bien consprvé, chnpelle latérale, seizième siècle.
— Statue de saint Julien, statue équestre sur socle en pierre, seizième
siècle.
— Pierre tombale, avec personnage en pied et date, 1585.
BouvANCoiRT. — Statues anciennes sur des consoles (à examiner), seizième
siècle.
Breuil. -:- Débris de vitrail du moyen âge, dans une des fenêtres de Tab-
side, derrière le maître-autel, treizième siècle.
Chalons-sur-Veslb. — Deux tableaux remarquables, avec la date de 160Î) :
Le Christ en croix et T Adoration des Mage.s, tous deux avec cadres
noirs de Tépoque, garnis d*arabesques relevées en or, dix-septième
siècle.
Chenay. — Deux tableaux, attribués à J. Wilbault : la Xativité de la
sainte Vierge, la Sainte Famille, cadres du temps, et sur chaque
toile, écusson d^une abbesse, dix-huitième siècle.
CouRViLLK. — Retable gothique flamboyant, pierre, avec inscription por-
tant la date de 1519, trois niches, arcalures, fine sculpture.
' Notes prises sur place de 1880 ài 1905.
.J
DES ÉGLISES DE L'ARRONDISSEUENT DE REIUS 97
CovRViLLE. — Statue de la sainte Vierge, dans Tune des niches du retable,
pierre, seizième siècle.
— Chapiteaux très" curieux dans la nef, sculptés grossièrement, onzième
siècle.
— Église supérieure, restes de peintures et de décorations murales, sei-
zième siècle.
Hkrmonville. — Retable et autel gothique, chapelle latérale du nord,
scène sculptée (rAnnonciation) sur le devant, pierre, seizième siècle.
— Maitre-autel à baldaquin, riche sculpture décorative, tabernacle, siège
du célébrant, de même style, dix-huitième siècle.
— Sept tableaux dans les nefs, anciens cadres, dix-septième et dix>huitième
siècles.
HouRGKS. — Quelques anciennes statues, débris de retable en pierre avec
scènes de la Passion, épitaphe de 1641, fragments de dalles tumu-
laires, seizième siècle.
Magneux-les-Fismrs. — Clôture du chœur et retable du maitre-autel, en-
semble gothique flamboyant, avec deux statues (sainte Vierge et saint
Jean-Ëvangéliste) au sommet, pierre, scènes sculptées de la Pas-
sion \ seizième siècle.
— Débris de vitraux Renais.sance (sainte Barbe), chapelle nord, seizième
siècle.
— Cloche gothique avec inscription et date de 1506.
Pévy. — Retable flamboyant très élégant, chapelle du sud, scènes sculptées
de la vie de saint Jean-Baptiste, inscriptions, statues, arcatures ^, sei-
zième siècle.
Prouilly. — Balustrade en bois à la tribune, panneaux ornés de parche-
mins plissés, d*écussons, etc., seizième siècle.
— Épitaphe dans un encadrement sculpté, daté 1555, bas-relief du Cal-
vaire au sommet.
RovAiN. — Inscriptions, sur marbre blanc, de plusieurs membres de la
famille Coquebert et de la famille Roland, écussons dorés, dix-sep-
tième siècle.
— Très belle statue gothique de la sainte Vierge, sur Tautel de la cha-
pelle latérale, pierre, quatorzième siècle.
Saint-Gilles. — Statue de la sainte Vierge, en pierre, peinte, quinzième
siècle.
— Statue de saint Gilles, avec une biche, pierre, peinte, qliinzième siècle.
' Ensemble dessiné par E. Aiiger, 1904. (Musée de Reims). V. ci-dessons»
planche XIX.
* Ensemble dessiné par E. Auger, 1886. Travaux de l'Académie de Reims^
t. LXXIX, p. 51.
98 INVENTAlftK SOMMAIRE
Saint-Gilles. — Autel de Saint-Sébastien, de la Renaissance, avec retable
et cinq niches, avec les figures du Christ et des quatre évangélistes,
statues au sommet, quinzième siècle.
Trigny. — Tableau sur toile : Prédication de saint Jean-Baptiste, nom-
breux personnages, paysage, seizième siècle.
— Tableau sur bois : F Ensevelissement du Christ, seizième siècle.
— Tableaux sur toile de Perseval, peintre rémois, ovales, jolis cadres
Louis XVI :
La Résurrection de Moire-Seigneur, dix-huitième siècle.
La Nativité de \otre-Seigneur, dix-huitième siècle.
— Tableau sur toile du même : Descente de croix (copie d'après Van Mol),
dix-huitième siècle '.
— Groupes sculptés sur consoles, placés dans le sanctuaire, en bois,
peints, d'un travail très délicat représentant :
Sainte Anne et la sainte Vierge;
Saint Joseph et TEnfant Jésus, dix-septième siècle.
Unxhaiii. — Pierre tombale d'un laboureur, avec légende et figure de per-
sonnage en pied, seizième siècle.
Vandeuil. — Ancienne cloche, avec légende et date, 1775.
Ven'telay. — Statue de saint Hubert, avec écusson, peinture du temps,
pierre, seizième siècle.
— Fauteuil du célébrant, sanctuaire, bois sculpté Louis XV, étoffe mo-
derne, dix-huitième siècle.
VII. — Canton de Verzy *.
Verzy. — JVÎaitre-autel avec six colonnes en marbre et baldaquin doré, du
couvent des Cordeliers de Reims, armoiries peintes, dix-huitième
siècle.
— Autel latéral à droite, autel avec guirlandes sculptées, etc., dix-se|>-
tième siècle.
— ' Châsse de saint Basle, panneaux peints par Hécart, peintre rémois,
dix-neuvième siècle.
— Tableaux nombreux dans Téglise (à examiner) , dix-septième et dix-
huitième siècles.
— Statue gothique de la sainte Vierge, pierre, sur le portail, au dehors,
quatorzième siècle.
Baconnes. — Cloche, avec légende gothique, noms et date, 1568.
Beaumont-sur-Vesle. — Tableau sur toile, en face de la chaire, Saint Pierre
1 Catalogue du Musée de Reims, 1881. p. 35 et 159.
^ Notes prisAs sur place de 1880 à 1905.
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3
O
DES ÉGLISES DB L'ARRONDISSEMBBTT DE REIMS 99
dans sa pnson, assez fine peinture, seizième ou dix-septième siècle.
Chaiceby. — Deux autels latéraux, en pierre, de la Renaissance, décora-
tion sculptée avec semis de fleurs de lis et roses, seizième siècle.
— Débris d*un retable gothique, pierre, avec figures du Christ en croix,
des Apôtres, etc., sous des arcatures flamboyantes, quinzième ou
seizième siècle.
— Anciennes statues (& examiner) , quinzième et seizième siècles.
— Anciens tableaux (à examiner), dix-septième et dix-huitième siècles. —
L'un d'eux. Christ en Croix, avec anges, la Vierge, saint Jean, et les
deux donateurs, leurs armoiries et la date, 1626.
Chigny. — Tableau toile, le Baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ, belle
peinture, oblongue (près des Fonts), dix-septième siècle (1693).
Autres tableaux (à examiner), nefs latérales.
— Christ en croix de Tare triomphal, seizième siècle.
— Sainte Vierge assise et sainte Anne, anciennes statues (à examiner),
nefs latérales, quinzième et seizième siècles.
— Porte à deux vantaux sculptés k jour vers la tour, au dehors joli
portail Renaissance, seizième siècle.
CoiRMELois. — Deux paires d'appliques à deux branches et deux paires à
une branche, cuivre, dix-septième siècle.
— Statues de saint Jean-Baptiste, saint Éloi, saint Médard et saint Antoine,
ermite (avec le porc), dix-septième siècle.
LuDES. — Maitre-autel du dix-septième siècle, pierre et marbre, avec
trois grandes statues au sommet (saint Jean-Baptiste, sainte Vierge et
saint François d'Assise), dix-septième siècle (1669).
— Dalle gothique en avant du portail, légende usée et personnage en pied
sous une arcature, quatorzième siècle.
— ^^Statue de la sainte Vierge assise sur siège en X, au dehors, quatorzième
siècle»
— ^Dans le clocher, en face des cloches, pour boucher les ouïes, se trouve
(le 26 septembre 1888) une grande tapisserie (H. 3"; L. 2"-) à fond
de verdure, avec belle bordure à fleurs pour encadrement, dix-sep-
tième ou dix-huitième siècle,
Mailly. — Statue de la sainte Vierge, assise sur siège en X, non peinte,
avec TEnfant Jésus, pierre, sculpture très fine (restauration mo-
derne) (H. 1",30), livre ouvert, r Enfant joue avec une grappe de
raisin (morceau remarquable), quinzième siècle.
MoNTBRÉ >. — Vitrail du seizième siècle (Vies de saint Rémi et de saint
Hubert ou saint Eustache) , seizième siècle.
1 Publication illustrée sur cette église, texte et detsins par l'abbé Chevallier »
100 INVENTAIRE SOMMAIRE
MoNTBRÉ. — Retable gothiqae, avee scène du Calvaire, statoettes, arca-
tures flamboyantes, dais, seizième siècle.
--* Statues de saint Rémi, de la sainte Vierge, de sainte Barbe, de saint
Ëloi et de saint Jean-Baptiste, pierre, quinzième et seizième
siècles*
— Consoles avee figures grotesques dans la chapelle du sud, seizième
siècle.
— Fauteuil du célébrant, siège gothique, seizième siècle.
•^ Petite porte d'une armoire latérale, dans le sanctuaire, avec les gonds
en fer du quatorzième siècle.
Les Petites-Loges. — Cloche avec légende et date, 1733.
— Deux dalles tnmulaires, Tune de 1360 et l'autre de 1757.
RiLLY-LA-MoNTAG\'E. — Statue de la sainte Vierge, gothique, pierre, qua-
torzième siècle (naguère sous la tour du clocher).
— Mattre-autel avec baldaquin, dix-huitième siècle.
— Tableaux sur toile, restaurés (à examiner), dix-septième siècle.
— Epitaphes sur les murs de la nef, seizième siècle.
— Autour de Téglise, à Textérieur, bas-relief, seizième siècle.
— Autr^ bas-reliefs avec inscription et statue Ecce Homo, pierre, au nou-
veau cimetière, seizième siècle.
Sept-Saulx. — Statues de la sainte Vierge, assise, sur un fauteuil de
style flamboyant, pierre, seizième siècle.
— Sainte Anne faisant lire sa fille, bois, seizième siècle.
— Sainte Barbe, près d'elle tour, bois, seizième siècle.
(Statues de saint Basle et dé saint Hubert à rechercher) .
— Débris d'un retable, deux groupes conservés sur l'autel de la chapelle
sud, scènes de la Nativité^et de la Présentation, bois, seizième siècle.
Sermiers. — Statue de l'Ecce Homo, avec deux inscriptions gothiques du
chanoine Coulon (1566), pierre, seizième siècle.
— Statue de saint Sébastien, bois, seizième siècle.
— Vierge de Pitié (mutilée), pierre, dix-seplième siècle.
— Débris d'un retable sculpté, pierre, venant de MontrieuP, dix-sep-
tième siècle.
SiLLERY. — Statue de saint Rémi, tenant la sainte Ampoule, pierre, re-
peinte, seizième siècle.
— Groupe, Vierge de Pitié, pierre (au-dessus du portail, à l'intérieur), dix-
septième siècle.
dans YAlmanach annuaire de la Marne (Matot-Braine), Reims, 1896, p. iV3 ;
1903, p. «07; 1904. p. 198, et 1905, p. 350,
' Description de Téglise de Sermiers, ptibliée dans la Revue de Champagne
et Brie, 1900, p. 830, avec plan et vue après Fincendie.
J
DES ÉGLISES DE L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 101
SiLLERY. — - Grand tableau sur toile, scène allégorique, vue d'une ville
(a(jTu REMOIO) fort curieux, bas-côté, dix-septième siècle.
Trkpail, — Epitaphe gothique, avec le nom Bréhier (1468) , quinzième
siècle.
— Buste d*évéque, reliquaire en bois sculpté, seizième siècle.
— Tableau représentant le Sacrifice d*Ëlie, dix-septième siècle.
— Console Louis XVI.
— Statue de saint Gucuphat (entrailles sortant), pierre ou terre cuite,
dans un retable de la chapelle latérale nord, orné de pilastres*, dix-
septième ou dix-huitième siècle.
Vkrzenay. — Tabernacle en bois sculpté et doré, dix-septième siècle.
— Tombeau avec la statue couchée de saint Basle, pierre (portions re-
faites, sculpture moderne), tjpe ancien.
— Débris d'un bas-relief, nef latérale nord, seizième siècle.
— Tableaux assez nombreux (à examiner) , dix-septième et dix-huitième
siècles.
Ville-en-Selvk. — Deux tableaux sur toile : Sainte Famille, Fuite en
Egypte, provenant de Tabbaye de Saint-Basle, détériorés, dix-sep-
tième siècle.
Villrrs-Allerand. — Maitr&^utel, avec statues latérales de la sainte
Vierge et de sainte Agathe, bois, sur gaines, colonnes, baldaquin,
dix-huitième siècle.
— Chapiteau (à gauche du choeur), martyre de sainte Agathe, douzième
siècle.
Villers-MIarmery *. — Statues anciennes, pierre :
De la sainte Vierge (bas côté nord) , seizième siècle.
Saint Nicolas,
o . « n • t abside, seizième siècle.
Samt Remi, S
— Statue de saint Quentin, bois, chapelle nord, seizième siècle.
Wez. — Grande dalle gothique, epitaphe avec légende et figure en pied
d'un curé du lieu, dans la nef, avec date 1347.
VIII. — Canton de Ville-en-Tardenois
Ville-b\-Tardenois. «— Epitaphe (près du sanctuaire) , Robert de Baudic« ,
1637.
^ Description de Téglise de Trépail, publiée dans YAlmanach annuaire de la
Marne, de l'Aisne et des Ardennes, 1897, p. 159.
* Aux archives départementales de la Marne se trouve un dessin en couleur
d'un reliquaire en émail de Limoges, du moyen âge, avec la mention de Téglise
de Viliers-Marmery.
^ Notes prises de 1880 à 1905. Consulter une notice descriptive sommaire
lOft INVENTAIRE SOItlI/llRB
Villr*en-Taiidbnois. — Autre épitaphe (dans la sacristie), Glande de Bau-
dîer, 1647».
— Paire d^appliques à une lumière, torches, cuivre, dix-septième siècle.
«^ Galice ancien (sacristie), dix-septième siècle.
— Plancher en bois sur la nef «vec poutres décorées, seizième siècle.
AouGNY. ^- Débris d'un retable en pierre, avec trois scènes de la Passion,
fines sculptures retrouvées dans le massif de Vautel en 1889 *, quin*
cième ou seizième siècle.
^^ Garreaux vernissés, derrière le maltre-autel, quinzième siècle.
AuBiLLY. — Épitapbe de Henri Leleu, dalle marbre noir, 1785.
— Grand tableau, peinture remarquable, toile, TAdoration des Bergers
(environ 4", de largeur, sur â",50 de hauteur), dix-septième
siècle.
Branscourt. -^ Statue de la sainte Vierge, pierre, belle œuvre, dans la
sacristie (1893), quinzième siècle.
— Statues anciennes dans la nef, seizième siècle.
-— Inscription de fondation, sur plaque de marbre noir, par un bour-
geois de Paris, dix-huitième siècle.
Broijillrt. — Inscription à la mémoire de Jean Moêt, 1670.
-— Tableau ancien de l'Annonciation, dix-huitième siècle.
Geaiibrbcy. — Dalle funéraira^e Jean Ghinoir, écussons, 1560.
Ghaumijzy. — Grandes statues en pierre :
Sainte- Vierge (belle œuvre, repeinte), quatorzième siècle.
Saint Jean-Baptiste, seizième siècle.
Saint indéterminé, seizième siècle.
— Fontaine publique de saint Rémi, avec bas-relief k figures, douzième
siècle.
GouLOMMES. — Dans les combles, statues diverses.
— Anciennes statues dans Téglise :
Sainte Vierge debout sur croissant, avec F Enfant Jésus, seizième
siècle.
Sainte Vierge assise, avec TEnfant Jésus, quatorzième ou quinzième
siècle.
Saint Michel, saint Nicolas, pierre, seizième siècle.
Saint Remy, avec attributs, pierre, seizième siècle.
Et autres à revoir.
par l'abbé Chevallier, dans le tome \GIII des Travaux de t Académie de
Reims, p. 153.
' Epitaphes reproduites par Albert Baudon dans Y Almanach^annuaire Àfaiot'
Braine, 1905, p. 325.
• Bulletin du diocèse de Reims, 7 décembre 1889, p. 583.
J
DES ÉGLISBi DK L'ARRONDISSEXIBNT DB REIMS 10S
€ouLOUMKS. —- Kpitaphe, bas-relief, dans Téglise, avec figures de per-
sonnages du temps, et avec inscription datée de 1529.
'^ Voir an presbytère, vitrail À personnages, avec inscription datée
de 1558.
CouRlfAS. — Anciennes statues dans Téglise, saint Rémi, avec attribut^
pierre, seizième siècle.
— Au dehors :
Sainte Vierge assise, avec F Enfant Jésus (repeinte), pierre» quinzième
siècle.
Sainte Vierge de Pitié, pierre» seizième siècle.
— Tableau sur toile assez bon, dans la nef, T Adoration des Bergers, anges
chantant dans le haut, dix-huitième siècle.
EcuKiL. — Dalle funéraire de Clicquot-Blervache, mort à Beloi», près
d*Écueil, en 1796, dans le pavé du croisillon nord, marbre noir^
inscription datée 1796.
— Maitre-autel du dix-huitième siècle, avec boiseries et tableau de saint
Antoine, ermite, fine peinture, dix-huitième siècle.
— Large cuve baptismale de la Renaissance, seizième siècle.
Favrrolles. — Ancien tableau : TAdoration des Mages, vieille peinture
très curieuse, revemie récemment et placée en haut du bas-côté sud,
quinzième ou seizième siècle.
— Autre tableau sur toile : TAssomption, signée au bas : Màruottr,
pinxH, Reuis anno 1760.
— Dans le bas-côté nord, au mur, statue fort curieuse de saint Hippolytc
à cheval, co.stume de chevalier, pierre, bon état, quinzième s'èclc'.
Germigxy. — Fragments d'un retable en pierre, dans la chapelle sud
offrant six scènes d'une fine sculpture : Lavement des pieds, la
Cènej le Calvaire (entre pilastres), T Ensevelissement, l'Ascension,
du seizième siècle (ensemble incomplet, mais remarquable, photo«
graphie.)
— Cuve baptismale, seizième siècle.
Gueux. — Église nouvelle, deux bas^reliefs de Tancienne église, reportés
au bas des collatéraux : d'un côté, table, pierre. Les Commandements
de Dieu et de l'Église en français, seizième siècle; de l'autre côté, le
Christ portant sa croix, avec inscription funéraire d'un curé du lieu,
seizième siècle.
Janvry. — Cage d'escalier, en menuiserie, au bas de la nef, escalier tour-
^ Il y avait d'aDciens vitraux du seizième siècle dans le chœur, scèoes de la
vie de saint Hippolyte, etc., vendus, enlevés en 1905. Il reste des débris dans
les baies latérales.
' lOi INVENTAIRE SOMMAIRE
nant, avec panneaux à jour d*un dessin flamboyant, figures grotes-
ques en saillie ^ quinzième ou seizième siècle.
Jan'vry. — Inscription sur cuivre, autres inscriptions, dix-septième et dix-
huitième siècles.
JouY. — Deux fenêtres dans la nef avec vitraux complets du seizième
siècle. Tune avec scène du Calvaire, l'autre avec la Vierge portant
r Enfant Jésus dans son sein, bordures délicates, écussons de vigne-
rons, etc., seizième siècle*.
— Anciennes statues de la sainte Vierge, saint Lié, etc., seizième siècle.
— Anciens tableaux, Tun ovale avec cadre sculpté, dix-septième et dix-
huitième siècles.
Lagery. — Dans le sanctuaire, deux statues pierre, datant de 1677.
— Pierre tombale du moyen âge d'un seigneur du lieu.
— Dans le bas-côté nord, petit vitrail : Christ en croix, avec 6gure du
donateur, chiffre et légende, seizième siècle.
— Chaire à prêcher, avec panneaux ornés de draperies et contreforts avec
imbrications et torsades, dix-septième siècle.
Lhéry. — Anciens carreaux vernissés (dans la sacristie), quinzième et sei-
zième siècles.
Marfaux. — Eglise, Corniche de Tabside, à l'extérieur, têtes et ûgures des
consoles, curieuses scènes et décorations, onzième siècle.
— A l'intérieur, Statues anciennes en bois : saint Sébastien, saint Jean-
Baptiste (mutilées), seizième siècle.
— Statue en pierre, grandeur naturelle, personnage indéterminé, large-
ment drapé, un bras mutilé, l'autre tenant une tige de lis, quinzième
siècle.
Prémecy. — Pas encore visité, rien n'est signalé.
Les Mesxeux. — Inscription gothique, débris d'épitaphe, 1523.
— Autre inscription, contrefort extérieur, 1611 .
— La porte à deux vantaux du portail est du seizième siècle.
— Tableau sur toile, au mur de la nef. Vierge debout sans l'Enfant Jésus,
signée : J. Wilbaut, tnv., 1771.
MuizoN. — Épitaphe sur une dalle à Tcntréc de Téglisc, dix-huitième
siècle.
— Trace de litre seigneuriale au bas-côté sud, à l'extérieur, dix-huitième
siècle.
Pargxy. — Tableaux : Saint Jcan-Baptistc, copie ancienne en mauvais
état, beau cadre sculpté, dix-septième siècle.
' Il en a été exécuté une photographie en 1890.
• Travaux de l'Académie de Reims, t. LXX, p. 329. — Union médicale el
scientifique du Nord-Esty 15 juillet 1906, p. 14-5, avec figures.
I
J
DES ÉGLISES DK L'ARRONDISSEMENT DE REIMS 105
Pargxy. — Tableau K : Tête de Vierge, copie du Guide (?)
PoiLLY. — Maltre-autel gothique, le devant avec figures sculptées,
écusson, etc., quatorzième ou quinzième siècle.
(Très rare spécimei d'autel du moyen âge.)
RoMiGNY. — Bas-relief sculpté à Textérieur, épitaphe, au chevet de Téglise,
contre une chapelle, légende en lettres gothiques avec date 1536.
KosNAY. — Anciennes statues sur des consoles dans la nef : sainte Vierge,
saint Pierre, saint Antoine, saint Jean Evangéliste, Vierge martyre,
saint Eloi et saint Nicolas, bois ou pierre, seizième et dix-septième
siècles.
— Au bas du collatéral sud, statue de saint Jean-Baptiste, seizième siècle.
— Épitaphes de la famille de Sahuguet, au chevet, à Textérieur, plaques
avec blason, dix-huitième siècle.
Sacy. — Tribune de Torgue, avec escalier tournant, œuvre remarquable
de r époque gothique flamboyante, ai^ec panneaux à jour, écussons,
têtes aux pendentifs, etc. *. '
Saiutte-Euphraise et Clairizet. — Inscriptions funéraires de la famille
Coquebert de Montfort, écussons^ etc. , dix-septième et dix-huitième
siècles.
Sarcy. — Voûte en bois sur la nef^ les poutres reposant sur des consoles
sculptées et ornées de figurines, seizième siècle.
— Statue de la sainte Vierge, debout, pierre, quinzième ou seizième
siècle.
— Groupe de saint Michel terrassant le dragon, seizième siècle.
Savigny-sur-Ardre. — Porte latérale à deux vantaux sculptés, ornés de
têtes, figurines, rosaces et écussons en relief, dans le style de la
Renaissance *, seizième siècle.
--• Vitrail à la fenêtre de la chapelle du sud : Scènes de la vie de saint
Martin, légendes gothiques, seizième siècle.
— Autre vitrail ancien à la porte latérale, L'Annonciation, date 1550.
Tramery. — Bas-relief sculpté avec personnages, d'une belle sculpture,
avec épitaphe datée de 1521 .
Treslon'. — Nef. Plafond en bois sculpté, du plus bel effet et de la plus
belle conservation, seizième siècle.
— Épitaphe de Robert Gauchon, date 1663.
Villedommakgë. — I. Église : Maitre-aulcl avec colonnes en marbre et
boiseries, cbâsse de saint Lié (autel latéral), dix-huitième siècle.
^ Grand dessin par Tabbé Chevallier, reproduit dans V Aimanach-annuaire
Matot'Braine, 1905, p. 322.
' Dessin de cette porte dans la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des
départements en 1888, p. 832.
106 TROIS STATUETTES «N BOIS DE L ÉCOLE PROVENÇALE
ViLLEoouuANGB. — GHlle de clôture du chœur en fer forgé, dix-huitième
siècle.
— Deux vitraux avec personnages : La Madeleine, saint Sébastien, bor-
dure d'encadrement, seizième siècle.
«-* 11. Chapelle de Saint-Lié sur la montagne, dans le cimetière. Grande
effigie de la sainte Vierge debout, au-dessus de la portp, belle œuvre
de sculpture d*un haut relief, très fin (dais moderne), quinzième
siècle.
— Statues à Tintérieur : Ecce Homo, saint Jean Ëvangéliste, saint Jean-
Baptiste, sainte Vierge assise, saint Lié*, quinzième et seizième
siècles.
Vrigny *. — Cinq anciennes statues : saint Jean-Baptiste, saint Fiacre, saint
Nicolas, saint Laurent, sainte Vierge de Pitié, seizième et dix-sep-
tième siècles.
•^ Dans la chapelle latérale, épitapfae d'Espérance Billet, datée 1687.
IV
TROIS STATUETTES EN BOIS DE L'ÉCOLE PROVEÎWÇALE
(xvi*-xvir-xviir siècles)
L'exposition des Primitifs français a pleinement justifié ce que
nous écrivions en 1902 sur les artistes de Provence, parliculière-
ment sur la contribution de l'Ecole d'Aix à Thistoire de Tart fran-
çais au quinzième siècle ^ Le roi René, ajoulions-nous, avait fait
de sa capitale le centre artistique où se rencontrèrent les peintres,
les sculpteurs, les enlumineui's, flamands, italiens, provençaux,
en une école qui donna à la France Tessor précurseur de la
Renaissance.
Les œuvres provençales envoyées au pavillon de Marsan, en 1904,
* Statues décrites dans une Notice sur les églises de Villedommange, SaiiU»
Lié et Jouy. Voir les Travaux de l'Académie de Reims, t LXX, p. 320.
* Cloche avec légende (famille Moët), datée de 1647, dans une propriété
particulière de cette commune.
' Bulletin archéologique, Paris, 1900, imp. nat., p. 280 et s.
tAOil STAtDBTTSS EN BOU Jl£ L'ÉCOLE PROVENÇALE 107
ont excité une admiration unanime. Les tableaux, jusqu'alors
peu connus, de F Annonciation et de la Légende de saint Mitre
furent qualifiés « d'éblouissants « , de a premier ordre » . L'active
impulsion du roi René, à qui est due la commande du Buisson
ardenty est rappelée par Téminent conservateur des peintures du
Louvre, M. Georges Lafenestre, de l'Institut, en quelques lignes
d'une caractéristique fidélité, sur notre populaire comte de Pro-
vence ' .
u Presque tous les Avignonais, remarque-t-il, Nicolas Froment
d'abord, furent les familiers du roi René et ce dilettante éclec-
tique, presque aussi flamand que français, aussi tialien que fla-
mand, aussi provençal qu'angevin, plus artiste que prince, semble
vraiment leur avoir insufflé à tous son amour cosmopolite pour
l'infinie variété des choses dans la nature et dans l'art. »
A vrai dire, la rencontre, en Provence, des artistes flamands et
italiens a donné naissance à l'Ecole méridionale dont le roi René
fut le promoteur avéré. En parlant d'elle, le même auteur a
raison de dire : a nulle de ses œuvres qui ne porte la marque de
son origine et n'atteste une assimilation spontanée et libre d'élé-
ments divers amalgamés, transformés, vivifiés par un esprit local
de simplification à la fois plus clair que l'esprit flamand et moins
traditionnel que l'esprit italien et par une émotion simple, pio-
fonde, humaine, devant les réalités de la nature et de la vie, qui
se distingue encore de l'analyse à outrance des septentrionaux et
de la vision sommaire, plastique et sereine des méridionaux *. t.
René était bien de race latine; il parlait couramment et avec
une égale facilité, le latin, le provençal, l'italien, le catalan V En
même temps qu'il cultivait la peinture, a ce bon et devost prince,
qui aimait les arts et les sciences, se délectait fort en sculpture ^ n
' Les Primitifs français exposés au pavillon de Marsan, catalogue. Introduc-
tion, Paris. 2« édil., p. XXVIIL
• Ibid., p. XXVI.
* Annales de la peinture, par ?A. Parrockl, Paris-Marseille, p. 95.
' Histoire de René d'Anjou, par L.-F. ViLLUMBuvE-BARCinoNT, Paris, Biaise,
V. 3, p. 12 et 248.
L'auteur signale un groupe de deux statues attribuées au roi René, ou exécutées
sous ses ordres, entouré de vingt vers de sa composition.
La description de ce petit monument est dans Aix ancienet moderne^ tiédit.,
Aiz, Mouret, 1833, p. 147.
108 TROIS STATUETTES EN BOIS DE L'ÉCOLE PROVENÇALE
Aussi ne doit-on pas s'étonner de voir honorés en Provence les
sculpteurs et au premier rang les artistes sur bois, imagiers et
huchiers, qui, jusqu'à nos jours, continuent ces traditions d'art
ornemental.
Comme suite «à notre élude sur deux statuettes du quins^ième
siècle conservées à Aix, nous en signalerons aujourd'hui trois,
également en bois, appartenant chacune à une époque différente,
seizième, dix-septième et dix-huitième siècles. Elles représentent
saint Jean l'Évangeliste, une Pietà et sainte Madeleine.
I. — Statuette de saint Jean VÉvangéUste\
Ainsi que les Primitifs, nombre d'œuvres de la Renaissance ne
portent pas le nom de leurs auteui*s. Les statuaires n'indiquaient
pas davantage sur le marbre et le bois, que les peintres sur la
toile ou les fresques, un nom, une lettre ou un signe qui révélât
leur personnalité. L'auteur de notre statuette a agi de la sorte; il
est toutefois permis d'espérer que son nom sera quelque jour
découvert dans les archives locales ou les recueils d'actes et docu-
ments qui lui sont contemporains. C'est pourquoi un premier pas
utile dans cette voie est de déterminer par l'examen de l'œuvre
l'époque probable où elle est sortie des mains de l'artiste.
Un mot auparavant de l'emplacement qu'elle occupait à Aix.
Jusque vers la fin du siècle dernier et depuis plus de deux cents
ans, cette statue ornait la façade de l'hospice dit « de la Charité » ,
dans la niche sise au-dessus de la porte d'entrée principale. Elle
était entièrement recouverte d'un épais badigeon, couleur des
murs, qui la faisait supposer en pierre, comme son socle, que l'on
peut encore voir. Si, aux yeux des amateurs avisés et des hagio-
logues, elle représentait bien l'apôtre évangéliste saint Jean, le
public et les habitants du quartier, prenant les longs cheveux pour
un voile, saluaient en elle la patronne des orphelins de la Chanté,
la vénérée sainte Anne. C'est après l'avoir descendue de sa niche,
lors de la désaffectation du local et de ses transformations succes-
sives *, que son identité fut établie. D'après les connaisseurs, cette
statuette remontait au moins à la première moitié du seizième siècle.
' Voir, ci-contre, la planche \X. ■
' .actuellement le Muséum d*histoirc naturelle.
IW'^-
I
TROIS STATUETTES EN BOIS DE L^ÉCOtE PROVENÇALE 109
Haute de 1",12 sur 0",42 de largeur, elle représente Tapôtre
bien-aJmé, debout au pied de la croix, à gauche, tandis qu'était à
droite la mère de Jésus. La main soutenant le visage est le signe
de la douleur; le livre, dans la main gauche, rappelle le témoi-
gnage de Tévangéliste « qui écrit ce qu'il a vu ' ». Elle devait
donc faire partie d'uja calvaire. La Vierge et la croix auront été
transportées ailleurs, le saint Jean sera resté, comme souvenir,
sur la façade du «t Refuge n devenu ensuite a la Charité n .
Quoi qu'il en soit de cette supposition, la slatue, avant d'être
badigeonnée en imitation de la pierre, était polychrome. La con^
tatation en a été faite lors de son grattage ; il n'a pas été possible
de conserver les couleurs primitives. Ce n'est peut-être pas à
regretter, car, en présence du bois ainsi mis à nu et débarrassé
des empâtements du coloris, on voit mieux l'œuvre de l'artiste, le
fini des détails et le talent qu'il a mis à faire sortir d'un tronc de
noyer la figure expressive qu'il voulait reproduire.
VUnion centrale des arts décoratifs, dans son riche musée
nouvellement organisé, ofii-e comme chef-d'œuvre du quatorzième
siècle un saint Jean en bois, polychrome, qui. a de nombreux
points de ressemblance avec le nôtre. Il provient du legs Peyre.
I^s publications spéciales en ont récemment donné la phototypie*.
Un critique d'art autorisé le décrit ainsi : a Saint Jean au profil
pur, tenant son menton dans la main droite, dans une attitude
pensive, et portant un livre de la main gauche, où toute la beauté
pUre et calme de notre quatorzième siècle se trouve exprimée en
une œuvre exquise ' . «
La comparaison des deux statuettes nous aurait entraîné à les
croire contemporaines l'une de l'autre, si le saint Jean de l'Ecole
provençale ne rencontrait pas à Aix même une indication assez
précise qu'il n'a dû être sculpté qu'après 151 5.
* Caractéristique des saints dans l'art populaire, par le P. Ch. Cahirr,
Paris, Poussielque frères, 1867. — A la page 122, on lit : s Livre, saint Jean
révaogéliste au calvaire est ordinairement à gauche de la croix et tenant un livre
pour rappeler ce qu*il dit lui-même en parlant du côté de IVotre Seigneur,
percé par la lance (Joann., xix, 33, 35) : i Celui qui le dit, Ta vu. t
* Les Arts, Goupil, Manzi,.Joyaut, Paris, décembre 1905, n** spéc. Le musée
des arts décoratifs, p. 4.
' Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1905. — N« du 1«' juillet 1905, Le Musée
des arts décoratifs, par M. G. Migkon, p. 19.
no TROIS STATUETTES BBT BOIS DE L'ÉCOLE PROVENÇALE
Lorsque Louis XII eut créé le parlement de Provence en 15(ïl,
des aménagements furent opérés dans le palais comtal pour Tins-
tallation de la cour souveraine de justice qui remplaçait les
anciennes juridictions du pays. Des artistes flamands vinrent
exécuter des travaux d'ornementation, notamment à la chapelle'.
Ils étaient secondés dans Taccomplissement de leur tâche par des
sculpteurs locaux. Tous d'ailleurs ne retournèrent pas chez eux;
ils développèrent ainsi à Aix le goût de la statuaire en bois.
En 1515, ils exécutent un ex-voto, sortant de Tordinaire, particu-
lièrement remarqué; il occupe tout le chœur de la chapelle des
Pénitents Gris, dits Bourras*. Un groupe de douze. personnages en
bois représente Fensevelisscment du Christ. Les statues, de gran-
deur naturelle, sont dorées ou peintes. Saint Jean rÉvangéliste est
au centre; il soutient la Vierge-Mère en défaillance; ses cheveux
assez longs sont coupés sur le front. L'auteur de notre statue a
pu très bien s'inspirer de cette œuvre dont la date n'est pas
contestée.
D'autre part, l'érudit organisateur des sculptures ornant les
salles du pavillon Marsan à l'Exposition des Primitifs mentionne,
dans la Gazette des Beatuc^Arts ', un saint Jean de l'École touran-
gelle du quinzième siècle. L'apôtre est pieds nus, selon, dit-il,
a la tradition iconographique constante d . Il est vêtu d'une longue
tunique légèrement relevée et retenue sous le bras gauche de
façon à faire sur le devant une belle chute de plis. Cet effet est,
plus de cinquante ans après, réalisé au saint Jean d'Aix par le
vêtement relevé dans la ceinture. M. P. Vitry ajoute : a Les che-
veux sont coupés régulièrement autour de la tête, suivant la mode
du milieu du quinzième siècle; la figure est directement inspirée
de la nature, presque un portrait, n
Enfin, dans une communication sur des statues de la Renais-
sance d'un des distingués correspondants du comité des Sociétés
^ Dans teiXe chapelle se trouvait un tableau historique pour le ParljBment,
actuellement dans Téglise Saint-Jérome, que ses dimensions o*ont pas permis
de faire figurer à Texposition des Primitifs. — Rues d'Aix, par Roux Alphkran,
Aix. Aubin, 1846, t. I^ p. 5*2.
* Aia: ancien et moderne, par Portk. Aix» Guigues, 1823, i** édit.,
p. 126.
' Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1904, !•' février, p. 117. — Quelques bois
sculptés de l'école tourangelle du quinzième siècle, par M. P. Vitry.
— y^MJSj^-qtfc- '^'S'^rs^^*^ .
TROIS STâTUETTES EN BOIS DE L'^.COLE PROVENÇALE 111
départementales des Beaux-Arts \ sont décrites deux statuettes en
marbre — un saint Louis et un évéque — dont la coupe, de che-
veux carrée sur le front, le vêtement relevé pour former des plis,
et Tagrafe qui le retient sur la poitrine ne sont pas sans ana-
logie avec Tœuvre provençale de la façade du Refuge d'Aix.
Ces divers documents ne sont-ils pas suffisants pour justifier
l'attribution de celle-ci à un imagier du premier tiers du seizième
siècle? Qu'il nous soit permis de l'admettre, en attendant qu'un
registre de tabellionage ou quelque vieux papier d'archives fasse,
un jour, la lumière complète à ce sujet et ajoute ainsi un nom de
plus à la liste des artistes de l'École aixoise.
Cette statue de saint Jean l'Évangéliste n'est pas sortie d'Aix ;
elle fait partie de notre collection provençale.
II. ■ — Pietà, par le P. Vvan.
Ce sujet, émouvant et grandiose, de la mère du Sauveur ado-
rant, dans son immense douleur, le corps divin descendu de la
croix et reposant sur ses genoux, devait d'autant plus inspirer les
artistes qu'il excitait davantage la piété des fidèles. Les Pietà de
l'Ecole provençale ne sont pas rares; plusieurs ont acquis, ces
derniers temps, un renom bien mérité.
Celle que nous reproduisons' est l'œuvre d'un saint prêtre, né à
quelques lieues d'Aix, à Rians, en 1576, et décédé à Paris en 1653.
Il professait un culte particulier pour la « Mater dolorosa ?) . On a
de lui des tableaux, des gravures, des statues de madone et cette
Pietà polychromée. Le Père Yvan fut chargé, à Aix, de la chapelle de
N. D. de Beauvezet et ensuite de la paroisse de Sainte-Madeleine.
L'exécution de cette œuvre, que nous empruntons au cabinet d'un
fervçnl amateur aixois', est antérieure à Tannée 1638, date de la
fondation de son ordre des religieuses de la Miséricorde \ A partir
' RéuDion des Sociétés des beaux-arts des départements, 28" session, Paris,
Pion-Xourril. 1904, p. 430, pi. XVII et XVIII. — Les statues de la Renais-
sance à l'église d'Arlay (Jura), par M. Tabbé Brunk, à Mont-sous- Vaudrey.
^ Voir, ci-dessus, la planche XXI.
^ M. L. DB Brrsc, de l'Académie d'Aix et de la Société littéraire du Var, auteur
de l'Armoriai des communes de Provence, ancien maire et conseiller général
du Var, délégué d'Aix au Comité d'exposition générale d'art provençal.
* Les rues d'Aix, par Roux-Alphkran. Aix, Aubin, 1846, t. 1*', p. 574.
lis TROIS STATUETTES EN BOIS DE L'ÉCOLE PROVENÇALE
de ce moment, Tamateur d'art qu'était le P. Yvan eut peu de
loisirs à donner à ses goûts de sculpture.
Sa, Pieià mérite notre attention ; elle révèle plus d'une des qua-
lités exigées de l'artiste professionnel. On y remarque le senti-
raient du réel dans l'ensemble et dans les détails, ainsi que l'ex-
pression idéalisée des pensées évoquées par le sujet. Le visage de
la Vierge dit bien la douleur contenue, mais poignante, les yeux
sont gonflés de larmes. La tète tombante du Chrift, les bras sans
vie, entraînés par leur poids, sont impressionnants ; plus d'un
maître revendiquerait cette œuvre du P. Ant. Yvan.
Elle est de petite dimension et mesure soixante centimètres de
hauteur sur vingt-six de largeur. Les couleurs, assez épaisses, qui
recouvrent le bois «ont bien ordonnancées ; elles ont protégé
l'essence du tremble contre les injures du temps. En définitive,
cette Pietà constitue un précieux document de l'art provençal au
dix-septième siècle.
m. — Sainte Madeleine.
La troisième et dernière statuette phototypée est une Madeleine
polychrome. Elle appartient au riche cabinet du Peiresc moderne,
M Paul. Arbaud, membre d'honneur de l'Académie d'Aix, dont les
collections provençales sont, on peut le dire, sans rivales. Elle
provient de la haute Provence, où sainte Madeleine est aussi
vénérée que dans les pays du littoral. Mais la- célèbre pécheresse
n'est pas représentée, comme d'habitude, ou en pénitente à la
Sainte-Baume, ou en amie éplorée à la Mise au tombeau, ou
encore en contemplation dans les méditations et les extases ' .
L'abondante chevelure flottante qui l'enveloppe jusqu'à mi-
corps, le vase de parfums à ses pieds, fixent sans conteste sa per-
sonnalité. Le livre ouvert que supporte sa main droite, et dont,
deboutj elle fait une lecture attentive, détermine une pose en
laquelle Marie-Madeleine est très rarement dépeinte. Cette parti*
cularité est à signaler à titre documentaire de son iconographie.
Car dans les nombreux tableaux de maîtres ' où figure un livre à
' Voir, ci-contre, la planche XXIL
* Voir n.otanunent les gravures de sainte Madeleine d'après le Corrègo,
Gennari, Battoni, Murillo, Philippe de Gfaampaigne» Natoire et Greuze.
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Page 112.
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TR018 STATUETTES EN BOIS DE L'ÉCOLE PROVENÇALE 113
côté OU SOUS les yeux de la sainte, c'est toujours couchée ou assise
ou à genoux que celle-ci fait la lecture ; aucune gravure que nous
sachions ne la montre lisant debout.
Au surplus, Tensemble assez élégant de la statuette, qui a un
mètre de hauteur et trente-cinq centimètres de largeur, ferait
plutôt songer au portrait de la comtesse de Grignan, en Madeleine,
par Fauchier. Ce tableau, que le jeune peintre aixois ne put ter-
miner et qui a donné cours à une légende romanesque sur la fin
prématurée de Fauchier, nous offre le privilège d'admirer de
luxuriantes chevelures variées, et à défaut du livre, le vase à
parfum ou surtout la tête de mort, qui, on le sait, est le symbole
le plus significatif de la Madeleine. Car, fait des plus curieux, ce
fameux portrait de la fille de Mme de Sévigné — qui, certaine-
ment, n'a pas été détruit — existerait en quatre originaux absolu^
ment différents! Expliquons-nous: Aix, Marseille, le Comtat, la
Gironde revendiquent à la fois la comtesse de Grignan en Made-
leine'. Laquelle des quatre toiles est celle que Fauchier laissa
inachevée? Une solution serait à souhaiter pour l'histoire de l'art
provençal; le problème est tentant à étudier ; les difficultés de la
solution ne sont pas aussi ardues qu'elles le peuvent paraître au
premier abord.
^uant à la statuette du cabinet de M. Arbaud, elle réalise une
Madeleine assez artistique, telle que le goût des œuvres gracieuses
et miévrées du dix-huitième siècle entraînait à les exécuter jusque
dans les peintures et sculptures religieuses.
Elle mérite d'être signalée à l'avoir de l'Ecole provençale d'Aix
de cette époque.
Baron Guillibert,
Correspondant du Comité des Sociétés
des Beaux- Arts des départements, k
Aix-en-Provencc.
' La famille de Mme de SévigtU en Provence ^ par le marquis dk Saport.a.
Paris, Pion. 1889, p. 43 et 5.
Arch. de l'Académie de Bordeaux, 3* série, 65* année, un portrait de
Mme de Grignan, par \\. dr Bordks-Fontagrs, Paris, Picard, 1903, p. J03 et
suiv. — Voir la planche.
Réunion des Sociétés des beaux-arts des départements, 28* session. — La
(lolerie Paul de Surian, par M. Bouillon-LiINdais. Paris, PIon-\ourrit, 1901,
p. 167 et 8. — Voir la planche.
116 STATUBS DE L'ÉCOLE DUONNAISE
la Vierge de Plombières, au musée du Louvre, et le numéro 382
du musée de Cluny. Avec cette dernière surtout la ressemblance
est frappante. Les grands plis de la robe et du manteau étalé en
tablier large et épais, relevé par la main droite, sont identiques
dans Tune et Tautre statue : on n'y saisit que des différences
d'accentuation. Cependant tous ces caractères communs ne vont
pas jusqu'à faire de notre statue une simple répétition du type
consacré. Remarquons son déhanchement plus naturel et ses pro-
portions normales, puis les draperies qui se serrent sur le corps,
au lieu de s'élargir démesurément, comme on le voit en tant d'au-
tres œuvres de l'école. Ce sont là des particularités remarquables.
De plus, le visage est très personnel. Les artistes bourguignons se
plaisaient à reproduire les têtes qu'ils avaient sous les yeux, et
leur choix n'était pas toujours heureux. Ici le reproche tomberait
à faux. Dans la statue de Cluny, la Vierge se penche et sourit avec
une expression un peu forcée ; dans la nôtre la figure est sérieuse,
presque triste, mais d'une vie intense. Ce visage allongé, aux
pommettes légèrement saillantes, aux lèvres minces et avancées,
est la reproduction très fidèle d'un type qu'il n'est pas rare de
rencontrer encore aujourd'hui dans nos régions * .
L'enfant Jésus lui aussi est bien vivant, en son geste de této
bonnasse et tranquille. Il tient d'une main le globe du monde posé
sur ses genoux et bénit de l'autre.
Il faut conclure des observations précédentes que la Vierge de
Saint-Jean est l'une des plus intéressantes que l'on connaisse, soit
par le charme mélancolique de sa physionomie, soit par ses dimen-
sions peu ordinaires et par ses heureuses proportions, très éloi-
gnées des formes ramassées et trapues, si caractéristiques de l'école.
Nous pouvons, je crois, l'attribuer à l'un dfs meilleurs imagiers
dijonnais; c'est une œuvre d'artiste et non une production d'atelier.
Elle méritait d'être signalée et pourra servir plus tard de point de
comparaison, loi'sque le classement des Vierges bourguignonnes
sera plus avancé. Déjà un certain nombre ont été publiées et
décrites * ; beaucoup sont encore inconnues et c'est seulement
* La photographie, qui détruit sur I*épreuve J'harmonie des ombres, à cause
de la peinture dont le visage est couvert» ne rend pas le charme de douceur
et de timidité qui s'en dégage.
' On trouvera notamment dans les Ltçons de L. Courajod, t. II, et dans
i*
'%:-
^
S-
I.
Page 116.
STATUBS DE L'ÉCOLE DIJ0NNAI8B III
quand nos églises auront été soigneusement explorées qu'il
deviendra possible de les classer par types spéciaux, ressortissant
d artistes ou d'ateliers qu'on parviendra sans doute à déterminer,
à l'aide de leurs caractères communs et de nouveaux textes. Il me
semble qu'on peut dès maintenant les ramener à trois groupes dis-
tincts : au premier reviendrait le type ramassé, à manteau épais
comme du cuir, auquel appartiennent les statues de Cluny et du
Louvre, ainsi que celle de Besançon, bien que plus élégante. Le
second comprendrait celles dont le manteau, également très large,
parait comme doublé et forme deux séries de plis conjugués; les
volutes s'y multiplient d'une manière invraisemblable : la Vierge
du retable de Rouvres et plusieurs autres que je ferai bientôt con-
naître se rattachent à ce groupe. Enfin, dans la troisième catégo-
rie rentreraient ces visages d'une vulgarité et d'une laideur parfois
repoussantes et ces Enfants-Jésus à tête de vieillard, dont on con-
naît quelques exemplaires et dont plusieurs sont encore inédits. Je
me contente d'indiquer ici ces traits communs, susceptibles de
prêter à des classements raisonnes, sans vouloir en tirer des con-
clusions prématurées.
Les deux autres statues du retable ne dépassent pas les dimen-
sions courantes, soit un mètre environ. La première a pris le nom
de sainte Cécile', bien que rien dans ses attributs ne la désigne
spécialement ; elle tient en effet une palme (disparue) et un livre
ouvert, sur lequel on lit le texte du psaume 1 18 : Iniquitatemodio
habui; legem autem tuam dilexi. Elle est figurée debout*, vêtue
d'une cottardie ou longue robe très ajustée, légèrement décolletée,
et d'un manteau retenu par un cordon à double houppe. Sa tête
est nue, le visage jeune, très fin d'expression ; de longs cheveux
retombent sur les épaules. Cette statue, comme la Vierge, n'aco>^
l'intéressant volame récemment constcré à Glaus Sluter par H. Kleinclauss,
l'éaumération d'un certain nombre de Vierges à V enfant : Paris, musée du
Louvre 2, musée de Cluny 2 ; — Dijon 2 ; — Saint-Jean-de-Losne 1 ; — Gha-
lons, hôpital 1 ; — Rouvres 1 ; — Autun 2 ; — Semur 1 ; — Saint-.^polli-
naire 1 ; — Souvigny 1 ; — Laisy-près-Autun 1 ; — Lyon 2 ; — Bourg 1 ; —
Toulouse, musée i. 11 en existe dans le Jura, à Poligny, Salins, Saint-€laude,
Mièges, Saint-Christophe, etc.
' Guide du visiieur à l'église métropolitaine de Besançon, par l'abbé Gvi-
BAftD, 1808, p. 14. -. Guide du visiteur,.,, par G. H. S., 1902, p. 30.
* Voir, ci-dessous, planche XXIV.
lis STATUES DE L'ÉCOLE DIJONNAISK
t serve sa peinture que sur les nus et le livre ; sans avoir la valeur de
cette dernière, elle est loin d'être dénuée d'intérêt; les plis sont
bien traités, sobres et naturels; Tensemble est d'une excellente
tenue et donne une impression de grâce aimable.
La troisième statue porte le même costume et les mêmes
emblèmes que la précédente; elle est de plus accostée de l'attribut
de sainte Barbe : une tour octogone, avec fenêtres, créneaux et
mâchicoulis V Le haut du corps est très bien traité et annonce le
même ciseau que la sainte Cécile. Malheureusement toute la partie
inférieure est déplorablement gâtée. Est-ce la faute de l'imagier,
qui se serait aperçu trop tard d'un manque de proportions, ou
plutôt a-t-on voulu dans la suite l'agrandir, pour faire un pendant
à la sainte Cécile? Toujours est-il que les plis du bas de la robe
ont été modifiés et aplatis, pour les adapter tant bien que mal à
une ajoute des plus maladroites. La statue est complètement gâtée
par cette malheureuse adjonction.
J'aurais voulu pouvoir découvrir l'origine et la destination pri-
mitive de ces trois statues; les délibérations capitulaires, aussi
bien que le nécrologe et les actes de fondations, sont muets sur ce
point. Peut-être appartenaient-elles à la première chapelle, la res-
tauration du chanoine Bonvalot les ayant n\spectées et utilisées
dans le nouveau retable. Elles faisaient apparemment partie des
dix-neuf statues laissées en 1794 à la sacristie de Saint-Jean, après
le dépouillement de la métropole, à cause des frais que leur trans-
port aux magasins du district aurait occasionnés V
Ces statues, aussi bien que le retable deLulier, n'ontpas trouvé
grâce devant l'architecte restaurateur de la chapelle ; moins con-
servateur que ses devanciers du seizième siècle et de l'époque du
concordat, il les a remplacées par une table d'autel toute neuve et
toute nue. Espérons qu'on finira par leur trouver une petite place
dans quelque coin de la vieille métropole, qui compte assez peu
d'œuvres d'art pour n'être pas indifférente à la perte de statues de
la valeur de celles que je viens de décrire.
P. Brlne,
Correspondant du Comité.
' Voir, ci-contre, planche XXV.
^ Ea cathédrale de Sainf-Jean pendant la récolution, par le chanoine Si-
CHET, in-8», 1900, p. 56.
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UNE STATL'E DE NICOLAS D'ANGENNES 119
VI
l NE STATLE DE XiCOLAS D'AXGENXES
EN MARBRE ET UN PORTRAIT DU MÊME
Nicolas d'Angennes, seigneur de Rambouillet, naquit vers 1533;
il était le quatrième enfant de Jacques d\Angennes et dlsabeau
Cottcreau qui en eurent douze; ce fut, d'après de Thon, un lettré;
son nom est suivi des titres suivants : chevalier des ordres du Roy,
conseiller en son Conseil privé et capitaine de cinquante hommes
d'armes de ses ordonnances; son contrat de mariage aiec Julienne
d'Arquenay porte la date du 17 janvier 1567; Blanchuui'n,
tabellion juré à la paroisse de la Croix au Maine, le reçut.
Son frère aine étant mort au mois de septembre 1569, le second
ayant été tué en Piémont, le 18 août 1557, le troisième occupant
Tévéché du Mans, lui, quatrième, devint le chef de la famille, au
point de vue des biens et des titres civils et c'est en cette qualité
que la principale seigneurie des d'Angennes, la seigneurie de
Rambouillet, lui échut.
Henri III, alors duc d'Anjou, lui attribua le succès de la bataille
de Jarnac, gagnée le 13 mars 1569: on garda dans la famille une
letlre par laquelle le roi le remerciait.
En 1573, il fut vice-roi de Pologne en attendant que le roi y
allât; et, quand le roi y arriva, il lui dit, d'après Tallemant :
« Sire, j'ai à vous remettre une somme considérable entre les
mains, w C'étaient cent mille écus et davantage, a Vous vous mo-
quez, monsieur de RamlK)uillet, dit le roi, c'est votre épargne. ' —
Sire, il faut que vous la preniez, vous en aurez bien besoin. ^
Nicolas d'Angennes et Julienne d'Arquenay eurent deux enfants,
Madeleine et Charles, qui épousa Catherine de Vivonne et fut le
père de la célèbre Julie d'Angennes.
Plusieurs missions importantes incombèrent à Nicolas d'An-
gennes' : le 4 mai 1574 il avait été délégué en Pologne pour
' Les lettres de Catherine de Mëdicis, collection Ba«{ueDault de Puchessc,
dans chacun des neuf volumes, parlent fréquemment de la famille d'Angennes
et particulièrement de \icolas.
liO CNE STATUE DE NICOLAS D'ANGEW'ES
annoncer à Henri la mort de Charles IX et le prier d'accélérer le
retour en son royaume; en 1580, il se rendit en Angleterre pour
négocier le mariage d'Elisabeth avec le duc d'Alençon.
Après la mort du cardinal de Rambouillet, en 1587, il ajoutait
la seigneurie des Essarts, qu'il héritait de celui-ci, à la seigneurie
de Rambouillet.
Au moment du premier mariage de sa fille Madeleine avec
Pierre du Bellay, dont le contrat fut passé le 31 janvier 1588, le
13 mai, Henri III n'étant plus en sûreté à Paris, à raison des
troubles qui agitaient la capitale, Nicolas emmena le roi coucher à
Rambouillet, et le lendemain 14 à Chartres.
Cependant, dit Tallemant, Henri III ne fit point faire de fortune
à un homme qu'il estimait tant : on dit qu'il reconnaissait qu'il
avait tort et on ajoute que si le roi n'avait point été tué le 2 août
1589, il lui eût fait beaucoup de bien.
Nicolas d'Angennes eut l'estime du roi Henri IV, qui, au mois
d'avril 1595^ confirme lesdroitsduseigneurde Rambouillet a alors
capitaine de cent gentishommes de notre maison, disent les lettres
patentes, et sénéchal du Mans» , sur le marché de Rambouillet.
Au début du dix-septième siècle, Nicolas d'Angennes et Julienne
d'Arquenay ont la joie (Nicolas a près de soixante-dix ans) de voir
l'union de leur fils Charles, alors yidame du Mans, né vers 1 576,
avec Catherine de Vivonne qui n'a que douze ans ; leur contrat de
mariage est dressé le 26 janvier 1600.
Le vieux grand-père et Julienne d'Arquenay eurent le bonheur
de connaître leur petite-fille Julie, qui naquit en 1607.
Deux ans après, la grand'mère de Julie mourait, le 13 décembre
1609; le grand-père ne tardait pas à la suivre dans la tombe.
Nicolas d'Angennes décédait le 6 septembre 1611, ainsi qu'en
fait foi son acte mortuaire :
tt Noble homme, haut et puissant seigneur Nicolas d'Angennes,
chevalier des ordres du roi et seigneur de Rambouillet, décéda le
vendredi 6 de septembre 1611 et fut inhumé par moi en l'église
de Rambouillet. Signé : Bourlat, curé, d
L'année suivante, la seigneurie de Rambouillet fut érigée en
marquisat, en faveur de Charles d'Angennes.
* Archives Dationales 0* 3889.
i
UNE STATUE DE NICOLAS D'ANGKNNES li!
Le château du Tremblay, appartenant à M. le comte de Rougé,
aujourd'hui duc de Caylus, possède un intéressant portrait de
\icolas d'Angennes, dans sa jeunesse \
Le personnage porte la collerette de l'époque ; Tceilest vif etdécidé.
A gauche, dans un coin du tableau, sont reproduites les armes
des d'Angennes, consistant en une croix oblique ou croix de Saint-
André.
La toile du château du Tremblay mesure 76 centimètres de lon-
gueur sur 67 centimètres de largeur.
Elle contient une inscription ainsi conçue :
a Kicolas d'Angennes, capitaine des gardes du corps, le 30 dé-
cembre 1580. D C'est la date de sa réception comme chevalier du
Saint-Esprit.
Le château du Tremblay renferme les archives de la famille des
d'Angennes.
La piété de Charles d'Angennes éleva, à la mémoire de son
père et de sa mère inhumés à Rambouillet, deux monuments :
deux statues en marbre blanc les représentant à genoux, l'un
et l'autre ; ces statues furent placées dans l'église de Rambouillet.
Plus d'un siècle s'est écoulé après la mort de Nicolas d'Angennes
et de sa femme : Rambouillet n'appartient plus à leur famille; il
devient le domaine du comte de Toulouse en 1706.
Le comte de Toulouse a pour gouverneur de ses pages, pendant
trente-neuf ans, Piganiol de la Force qui, nécessairement accom-
pagnant le prince dans ses séjoui*s, connaît merveilleusement
Rambouillet.
Quelques années après la mort du comte de Toulouse, Piganiol
de la Force, en 1742, dans sa Description de Paris et des envi--
rons, décrit Rambouillet et trouve les deux statues; il s'exprime
ainsi à leur sujet et la même description est reproduite dans l'édi-
tion du même ouvrage publiée après sa mort, en 1765 :
a L'église est assez grande, mais d'ailleurs n'a rien qui la dis-
tingue d'une église de village. Quelques seigneurs de la maison
d'Angennes y sont inhumés, mais les changements qui y sont
arrivés font qu'on ne connaît plus l'endroit où leurs corps ont été
mis. Il n'y en a qu'un seul dont on voit ici un tombeau en pierre
' Voir, ci-dessous, planche WVI.
12â UIVB STATUE DE NICOLAS D*A\GEN\ES
sur lequel est un homme à genoux et armé, ayant ses gantelets
par terre devant lui, ce qui signifie qu'il mourut de mort naturelle
et point en guerre. Derrière cette statue et à la file est celle de sa
femme, aussi à genoux. Un écu parti de leurs armes est à c(Mé
d'eux et sculpté sur le mur. Il est décoré des colliers des ordres de
Saint-Michel et du Saint-Esprit et les armes des d'Augennes y sont
très reconnaissables, mais je n'ai rien connu à celles de sa femme.
L'on ne trouve rien dans les registres de cette église c|ui fasse
connaître nommément ce seigneur et cette dame ; il y a toute
apparence que c'est la représentation de Nicolas d'Angennes, sei-
gneur de Rambouillet, de la Villeneuve, de la .Uoutonnière,
vidame du Mans, gouverneur de Metz et pays messin, conseiller
d'Etat, lieulenaut-général des armées des rois Charles fX et
Henri III et capitaine des gardes de ce dernier, chevalier de Tordre
du Saint-Esprit. Il vivait encore le 5 février 1611 âgé de quatre-
vingt-un ans. Il avait épousé Julienne dame d'Arquena^, de
Champleury, de Bignon et de Maisoncelles, fille unique héritière
de Claude, seigneur d'Arquenay, vidame du Mans, et de Magde-
leine deBourgneuf de Lucé. «
Les deux statues que Piganiol vient de décrire demeurèrent dans
l'église de Rambouillet jusqu'à la Révolution.
D'après des témoins oculaires, elles étaient placées dans une
niche cintrée auprès de l'autel de la Vierge.
l ne délibération de la municipalité de Rambouillet du 28 août
1792' décida que toutes les armoiries sculptées dans l'église
seraient supprimées, que les plombs dont étaient composés les
cercueils des d'Angennes (il y en avait sept grands et deux petits)
seraient vendus, ainsi qu'une boite d'argent en renfermant une
autre de plomb dans laquelle paraissait avoir été renfermé le cœur
de. Léon Pompée d'Angennes, mort à la bataille de Xordiingue, le
3 août 1645, laquelle boite pesait dix-sept onces et demi environ.
Dès avant cette délibération, un habitant de la commune,
Besson, avait fait enlever les deux représentations ou statues qui s<!
trouvaient sur la tombe de la famille d'Angennes.
Le conseil n'entendait ni im prouver ni approuver à cet égard la
' Archives de Rambouillet et premier volume, troisième fascicule, des Mé*
moires de la Société.
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Pagc 1:22.
A \ G E N \ E S
UNE STATUE DE NICOLAS D*ANGENNES 12:^
conduite de Basson, mais ordonnait la vente du plomb des cei''-
cueils et du cœur d'argent ; pour les statues, il laissait aux auto-
rités supérieures le soin de se prononcer.
La délibération du conseil ne fardait pas à recevoir son exécu-
tion, cardes le 28 août les plombs provenant des cercueils étaient
vendus et l'assemblée du conseil du 27 novembre 1792 relatant
cette vente ajoute.:
tt Qu'en faisant cette vente, plusieurs personnes ont paru désirer
acquérir les statues des sieur et dame Dangesne et la table de
marbre qui fermait la tombe de celte famille, et que ces deux objets
ont été laissés au sieur Teissier, maçon, moyennant 45 I. 11 s. »
Quant au cœur d'argent, nous apprenons par une délibéralioa
du 15 juin 1793 qu'il fut, le 13 du même mois, vendu à Vinanl,
orfèvre à Paris.
L'acquéreur des deux statues, membre de la municipalité,
ardent révolutionnaire, est dénommé, dans un tableau de la
société populaire dressé en 1795, Tissier, Joseph, né à Xogenl-
sur-Marne, âgé de quarante-deux ans, entrepreneur de bâtiments
à Rambouillet.
Nous trouvons Teissier ou Tissier désarmé comme terroriste, en
vertu de la loi du 10 avril 1795; le procès-verbal de désarmement
constate que les commissaires trouvent chez le nommé Tissier,
maçon-entrepreneur, ex-membre du premier comité révolution-
naire de Rambouillet, une canne à sabre; dans un document de
l'époque, il est dépeint comme un homme inhumain, même dans
l'exercice des fonctions publiques; on cite des faits et on ajoute
tt cet homme est. généralement regardé dans Rambouillet comme
un des plus sanguinaires; il a adopté et soutenu avec chaleur et
acharnement le système de terreur et de sang, etc.' ».
Joseph Tissier mourut à Rambouillet, le 7 octobre 1813, dans
son domicile de la rue de l'Ëbat.
Mais qu'avait-il fait des deux statues qui lui avaient été vendues
en 1792?
Dans une note lue à la Société archéologique, le 8 octobre 1872,
M. Moutié, président de cette Société, faisant allusion à l'acquisi-
tion de Tissier, s'exprimait ainsi : » Il est peu probable que cet
' Mémoires de la Société archéologique, t. XII, année 1890.
124 UNB STATUE DE NICOLAS D'ANGENKES
homme les ait acquises pour les détruire. Une tradition locale
veut que pour en tirer parti plus tard il les ait enfouies dans sa
maison de TEbat, où la dalle qui fermait le caveau — dalle de
marbre noir — servirait encore de foyer à une cheminée. Peut-
être que le temps et le hasard feront, un jour, découvrir ces deux
monuments qui, comme objets d'art et comme portraits, seraient
des souvenirs très importants pour notre ville '. «
Ôr, une au moins de ces statues est retrouvée. En feuilletant le
Catalogue d'Eudore Soulié, du Musée de Versailles, nous avons
l'encontré Tindication d'une statue d'un d'Angennes, ainsi dési-
4jhée sous le n* 330 :
u Angennes (N. d*), seigneur de Rambouillet. — Statue à
genoux; marbre. — H. 1",33.
tt Ce personnage est représenté agenouillé sur un coussin, la
tête nue et les mains jointes ; il est revêtu d'une cotte de mailles
que recouvre un casque aux armes de la maison d'Angennes : de
^able au sautoir d'argent. Ses gantelets sont posés devant lui sur
le coussin et son casque est par terre^ à sa droite*, w
Cette figure, dit l'annotateur, était désignée, au Musée des Mo-
numents français, sous le n"* 168 du Catalogue de 1810, comme
■celle de Guillaume de Montmorency.
Mais M. de Guillermy l'examinant de près reconnut sur la
<;asaque les armes des d'Angennes et, rapprochant son examen de
la description de Piganiol de la Force, le savant archéologue
n'éprouva plus aucun doute sur l'attribution de cette statue à un
membre de la famille des d'Angennes; mais M. de Guilhermy lut
incomplètement le texte de Piganiol et il ne croit pas que cette
âtatue soit celle de Nicolas d'Angennes; la figure, d'après lui,
serait du seizième siècle et pourrait représenter le père ou le
grand-père de Nicolas.
Nous estimons qne nous sommes bien là en présence de la
statue de Nicolas d'Angennes.
Il est incontestable que le grand-père et la grand'mère de
Nicolas d'Angennes, ainsi que son aïeul et son aieule, furent aussi
inhumés dans l'église; cela résulte des extraits de Duchesne' :
* Mémoires de la Société, premier volume, treizième fascicule.
* Voir, ci-contre, plaoche XXVII.
' Mémoires de la Société archéologique, tome I.
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Page Ii4.
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UNE STATUE DE NICOLAS D'ANGBNNBS 12>
tt Charles d'Angennes qui trépassa le 10 février 1514- et sa
femme Marguerite de Coesmes furent inhumés dans l'église de
Rambouillet, n
Il est présnmable, bien que nous n'en ayons pas la certitude,
que Jacques d'Angennes et Isabeau Cottereau, père et mère de
Nicolas, morts, Tune en 1554, Tautre en 1562, furent enterrés
dans l'église.
Mais Piganiol est très précis; il ajoute à sa description qu'à
côté des statues, il y avait un écu décoré des colliers de Saint-
Michel et du Saint-Esprit.
Or, l'ordre du Saint-Esprit n'a été créé par Henri III qu'on
décembre 1578, pour marque de la reconnaissance que ce roi
devait à Dieu, des bienfaits qu'il en avait reçus surtout au jour de
la Pentecôte auquel il avait été élu roi de Pologne, en 1573, et
avait succédé à Charles IX à la Pentecôte de 1574, et seul des per-
sonnages dont nous parlons, Nicolas a pu en être revêtu; quant
au marquis son fils, il fut inhumé à Rambouillet, mais non sa
femme.
C'est donc bien de Nicolas d'Angennes dont il s'agit; noiis>
sommes allés voir la statue de Nicolas d'Angennes qui se trouve au
Musée de Versailles, dans la galerie de l'aile nord prenant nais-
sance près de la chapelle; les armoiries de la maison d'Angennes,
la croix de Saint-André sont nettement dessinées sur la casaque,
le coussin et notamment sur l'épaule droite du personnage.
Nicolas d'Angennes n'est plus le jeune capitaine à l'œil ardent;
il porte toute sa barbe dans une attitude pieuse de priant; la
tête a été recollée.
Quant aux armes de Julienne d'Arquenay que Piganiol n'a pu
reconnaître, elles sont de gueules à deux fasces d'hermine,
accompagnée en chef de trois besants d'argent.
Deux écussons donnant ces armes, sculptés sur grès, se trouvent
dans le jardin de M. Dubuc, propriétaire à Rambouillet; ces écus-
sons, encastrés dans le mur du jardin, proviennent de l'ancienne
église démolie en 1872; à cette époque, les corps des d'Angennes
furent transportés en l'église du Tremblay.
Peut-être est-ce l'un de ces écussons dont Piganiol de la Force
constata l'existence en 1742?
Sur un côté de chacun de ces écussons figurent les armes
126 UN PORTRAIT DE W* DE MONTESPAN
pleines des d'Angennes, avec les colliers très apparents de l'ordre
de Saint-Michel et de Tordre du Saint-Esprit.
De l'autre côté sont les armes du mari et de la femme jointes;
là moitié seulement des armes du mari est représentée et, à côté,
est accolée mi-partie des armoiries de la femme; les deux fasces
d'hermine y sont très visibles.
Ce sont, à n'en pas douter, les armes de Nicolas d'Angennes et
de Ju>lienne d'Arquenay.
Quant à la dalle en marbre noir fermant le caveau, nous
n'avons pu la retrouver'; la maison dans laquelle elle aurait été
placée ne peut être que la maison occupée par M. Sauton, rue de
l'Kbat.
Tessier n'avait donc point enfoui la statue de Nicolas d'An
«jennes, ou, s'il le fit, ce fut pour peu de temps; dans les Archives
du Musée des Monuments français, tome HI, p. 176, Lenoir
indique dans ses notes que la statue de Mathieu de Montmorency
fut achetée par lui à M. Ralleux, marbrier, à qui évidemment Tes-
sier Tavait vendue.
Espérons que nous poun'ons mettre la main également sur la
statue de Julienne d'Arquenay, qui est peut-être quelque part
l'objet d'une erreur d'attribution'.
LORIN,
Serrëtaire général de la Société
d'Archéologie de Rambouillet.
VU
UN PORTRAIT DE M- DE MONTESPAN
A RAMBOUILLET, RUE DE LA MOTTE ^
Mme veuve Constant de la Motte, dont le mari fut pendant de
longues années, et principalement au moment de la guerre
' Un maçon vieot de trouver à Rambouillet, en démolissant un mur, un
fragment en marbre qui paraît appartenir à la tête d*une statue de femme
âgée.
* Voir, ci-contre, pi. XXVIII.
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UX PORTRAIT DE M*^ DE MOKTESPAN 127
de ]870, maire de la ville de Rambouillet, possède un portrait de
Mme de Montespan qui présente un vif intérêt.
Ce portrait était déjà en 1808 dans la famille de la Motte, qui,
à cette époque, donna à la ville les deux beaux portraits du duc
de Penthièvre et du comte de Toulouse, qu'elle possédait, gardant
le portrait de Mme de Monlespan. îl mesure 1",55 de largeur sur
l'",30 de hauteur, non compris le cadre, qui est fort beau.
Mme de Montespan y est représentée dans l'attitude d'une péni-
tente tant soit peu mondaine; elle est étendue sur une natte de
jonc dont l'extrémité forme une sorte d'oreiller; ses pieds et ses
bras sont nus; ses cheveux toml)ent négligemment sur son sein;
sa tête repose sur sa main droite et elle tient dans sa gauche un
livre ouvert. Le portrait est en excellent état.
Dans le feuilleton du Journal d€S Débats du 30 octobre 1903,
M. André Hallays, en un article sur Oiron, décritun portrait iden-
tique de Mme de Montespan qui se trouve dans le salon de récep-
tion de r hospice d 'Oiron.
Déjà en 1868, Pierre Clément, dans son livre Mme de Mon-
tespan et Louis XIV j avait signalé le portrait d'Oiron et ce qu'en
disaient les mémoires de la Société savante de Niort. Clément donne
en appendice l'inventaire du château d'Oiron, qu'habita la
célèbre marqufse dans les dernières années de sa vie.
Mme de Montespan mourut à Bourbon-rArchambault, où elle
prenait les eaux, en 1707, mais elle vivait habituellement à Oiron,
qu'elle avait acheté le 13 avril 1700.
L'inventaire dressé le 22 juillet 1707, à la requête du duc
d'xAntin, son fils, constate à Oiron l'existence de plusieurs portraits
du comte de Toulouse, son autre fils, d'un portrait de sa sœur
Mme de Thianges et d'un certain nombre de portraits d'elle-
même.
Il y a d'elle : un portrait en miniature encadré d'or avec ses
bouquets de diamants, sur les plaques duquel sont les armes de la
dite dame; deux grands portraits, sans cadre, représentant ma
dite dame en Madeleine; un autre portrait, etc.
Il ne parait pas douteux que l'un des portraits de Mme de Mon-
tespan, en Madeleine, est resté à Oiron, et que le duc d'Antin,
l'unique héritier de sa mère, l'aura donné à l'hospice.
Le portrait d'Oiron est plus grand que celui de Mme de la Motte;
128 UN PORTRAIT DE M"' DE MONTESPAN
il mesure 2", 14, cadre non compris, de largeur et 1",43 de hau-
teur. Il est attribué au peintre Mignard'.
Mignard fit évidemment le portrait de Mme de Mentespan ; pour
sa sœur, Fabbesse de Fontevrault, il n'y a pas de doute possible,
bien que le portrait ait disparu, car Mme de Sévigné écrit le 6 sep-
tembre 1675* : tt Je n'ai pas vu Mignard; il peignait Mme de Fon-
tevrault, que j'ai regardée par le trou de la porte; je ne l'ai pas
trouvée jolie. »
Mme de Fontevrault avait alors trente ans; on possède seule-
ment son portrait par Gauterel qui peignit ses traits à quarante-
huit ans.
Il est permis de supposer que le portrait de Mme de Monlespan
en Madeleine fut exécuté vers cette année de 1676; cette année-
là, en effet, il y eut une courte rupture entre Louis XIV et sa maî-
tresse, Bossuet les ayant décidés l'un et l'autre à faire pénitence et
à se quitter.
Françoise-Aihénaîs de Rochechouart, marquise de Montespan,
avait aloi*s trente-cinq ans : «La nature, écrivait le duc de Noailles,
lui avait prodigué tous ses dons : des flots de cheveux blonds, des
yeux bleus ravissants avec des sourcils plus foncés, qui unissaient
la vivacité à la langueur, un teint d'une blancheur éblouissante,
une de ces figures enfin qui éclairent les yeux où elles paraissent. »
Mais en dehors des portraits de l'hospice d'Oiron et de
Mme de la Motte, il existe d'autres portraits de Mme de Montespan,
en Madeleine.
Nous en connaissons notamment un à Versailles, dont les dimen-
sions se rapprochent du portrait d'Oiron ; il appartient à M.- Fai-
sant, président honoraire du tribunal de Versailles, qui nous a rap-
porté la tradition suivante :
tt Quand Mme de Montespan était marraine, elle envoyait en
présent une copie de son portrait en Madeleine à son filleul ou à sa
filleule. »»
Mignard a dû faire le portrait de la marquise, ainsi que nous
l'avons dit, car l'époque de la faveur de la maîtresse du roi a été
celle où le peintre a le plus travaillé.
* Voir, ci-contre, plaDche XXIX.
• L'Abbesse de Fonteprauit, par Gl^mrnt.
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UN PORTRAIT DE M"' DE MONTESPAN 129
Mais Mme de Montespan avait auprès d'elle un peintre en litre
qui faisait évidemment des copies du maître.
Jal, dans son Dictionnaire^ signale Texistence de ce peintre; il
s'appelait Jean de la Haye; il vivait en 1683 sur le territoire de
Saint-Sulpice; il avait épousé Hélène Agnès, dont il eut quatre fils,
8 mai 1684, 3 mai 1685, 23 mai 1686, 23 juillet 1688; dans le
baptistaire de ses enfants, J. de la Haye est qualifié peintre de
Mme de Montespan.
Étant donnée la situation de la marquise, conseillée par
Louis XIV et Le Brun, le peintre qui lui était attaché était à coup
sûr un excellent artiste sur lequel on aimerait à être plus ample-
ment renseigné.
Quoi qu'il en soit, très beau est le portrait qui se trouve chez
Mme de la Motte et pour autant de raisons que celui d'Oiron, il
peut être attribué à Mignard.
Comjnent ce portrait est-il parvenu entre les mains de la famille
de la Motte?
Charles-Borromée Mauquest de la Motte, son plus ancien pos-
sesseur connu de nous, était en l'an IV (1796) receveur de la régie
et de l'enregistrement à Rambouillet. Il épousa, cette année-là,
Mlle Chardon, dont le père était directeur de la correspondance en
la régie de l'enregistrement et la mère une demoiselle Jeanne de
la Mustière. Or, la famille de la Mustière joue un rôle important
à Rambouillet au dix-huitième siècle. Le père de Mlle de la Mus-
tière fut bailli de Rambouillet de 1739 à 1775 et son frère remplit
les mêmes fonctions jusqu'à la Révolution pour être ensuite juge
au tribunal du district.
xM. de la Mustière fut le bailli du duc de Penthièvre, petit-filsde
Mme de Montespan.
Il est possible qu'en 1808 M. de la Motte, qui possédait les por-
traits du comte de Toulouse, du duc de Penthièvre, de Mme de
Montespan, tenait tous ces' portraits de la famille de la Mustière,
laquelle les aurait reçus en présent du duc de Penthièvre.
La famille de la Motte croit que tous ces portraits furent achetés
par quelqu'un de ses membres au moment de la Révolution.
En 1 793, les meubles du château furent vendus et la vente dura
six mois; le procès-verbal de cette vente est perdu, mais nous ne
croyons pas que ces portraits dépendent de cette vente, les meubles
9
130 UN PORTRAIT DE M"" DE MOXTESPAN
du château comprenant ic mobilier de Louis XVI et non celui du
duc de Penthièvre.
A riiospice de Rambouillet on remarque des portraits de la com-
tesse de Toulouse; peut-être existait-il là d'autres portraits qui
auraient été vendus et qu'aurait achetés la famille de la Motte.
Autant d'hypothèses vraisemblables. Il est très admissible que le
duc d'Antin, qui était en les meilleui-s termes avec le comte
de Toulouse, son frère, lui ait donné un portrait de leur mère
Commune et que ce portrait fut, à un moment donné, à Ram-
bouillet, domaine du comte.
- Ce qui est certain c est que nous sommes en présence, qu'il soit
un original ou une copie, d'un portrait vrai et ancien de la mai-
tresse du grand roi.
Et ceci a de l'importance, car, si on connaît un certain nombre
de portraits de la marquise, on n'est pas fixé sur la ressemblance
avec le modèle de ces différents portraits.
Dans son ouvrage sur Mme de Montespan, en appendice,
M. Clément passe en revue tous les portraits présumés d'elle qui
sont au musée de Versailles. : la plupart n'auraient pas été exé-
cutés d'après nature.
Le portrait qui porte le n* 2111, disent MM. de X'olhac et
Pératé (le Musée national de Versailles), est une Montespan et non
La Vallière, qui pourrait bien être l'unique portrait d'elle présen-
tant quelque intérêt parmi les toiles 3541, 3542, 3543, en y
joignant toutefois une autre peinture qui la représente âgée d'une
douzaine d'années (n*' 21 12) ; il faut citer aussi, ajoutent-ils, une
Mme de Montespan aux côtés du roi et de la reine dans le si curieux
petit tableau (7^).
M. Clément signale un portrait de Mme de Montespan dans un
tableau du château de Pontchartrain ; nous ne l'avons pas reirouvé.
Notre collègue M. Joseph Denais, dans sa Monographie de
Notre-Dame de Beau-fort, parue en 1874, nous apprend que la
Vierge est représentée sous les traits de Mme de Montespan, dans
une Annonciation de l'église de Beaufort peinte vers 1675; en
1890 notre confrère a fait à ce sujet, ici même, une communica-
tion sur le peintre Talcourt.
Le musée de Troycs'possède un beau tableau acheté en 1865;
M. Le Brun, dans une étude publiée par la Société académique de
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Pige 130.
2
UN PORTRAIT DE M"" DE MONTESPAN ISl
l'Aube en* 1870, soutient que dans ce tableau la figure environnée
de deux amours et soutenue par trois grâces est Mme de Montespan
et Fœuvre de Mignard. C'est aussi Topinion de M. Louis Gonse,
qui,^ dans les Chefs-d'œuvre des musées de France, page 326,
s'exprime ainsi : « Pierre Mignard a peint plusieurs fois le por-
trait de la belle marquise de Mootespan; les copies et les répéti-
tions abondent. Le premier devoir est de se méfier. J'estime cepen-
dant que celui du musée de Troyes est un des plus authentiques.
Il a été acquis par la société académique à la vente du château de
Belfort, ancienne résidence des princes d'Orléans. C'est une allé-
gorie pompeuse, où l'on voit la célèbre favorite couronnée par les
Amours et soutenue par les Grâces. La peinture, malheureuse-
ment, est retouchée et pleine d'ombres*. »
Puisque nous citons M. Louis Gonse, il convient de signalef
encore, dans la liste des portraits de la maîtresse de Louis XIV,
celui que possède le musée d'Avignon, reproduit en photogravure
dans le texte des Musées de province du même auteur et qu'à la
page 52 de son livre, il décrit ainsi :
tt Le portrait de Mme de Montespan et de son fils par Pierre
Mignard, de facture un peu froide, mais d'une tenue de dessin de
la plus haute élégance Louis quartorzienne et d'un arrangement
de composition tout à fait aristocratique. »
La famille de la Motte nous a affirmé avoir regardé attentive-
ment derrière la toile et n'avoir rien lu qui pût déceler l'origine
certaine du tableau ou le nom de son auteur.
Autres raisons pouvant expliquer la présence du portrait de
Mme de Montespan, à Rambouillet : la comtesse de Toulouse avait
épousé en premières noces le marquis de Pardaillan de Gondrin
(petit-fils légitime de Mme de Montespan). Le marquis d'Antin
mourut en 1712, c'est-à-dire cinq années après sa grand'mère, et
il put recueillir des mains de son père, au décès de celle-ci, un
portrait d'elle et le laisser à sa veuve.
Le propre fils de Mme de Montespan épousa en 1686 (et à ce
moment-là on signale sa présence à Rambouillet) Mlle de Crussol,
petite-fille de Monlausier, qui à cette époque était propriétaire de
Rambouillet.
* Voir, ci-dessus, planche XXX.
1
132 ENSEIGNEUENT PUBLIC DES ARTS OU DESSIN
L'exemplaire du portrait de Montespan que possède M. le pré-
sident Faisant mesure 2", 12 de largeur sur 1",37 de hauteur : il
aurait appartenu à la duchesse de Coigny, qui habitait le château
de Montigny, aux environs de Château-Thierry.
LORIN,
Secrétaire général de la Société archéologique
de Rambouillet.
VIII
ENSEIGXEMEiVT PUBUC DES ARTS DU DESSIX
A LYON
(Soite)
1794
Dans quel asile le pauvre CogeU put-il se réfugier pendant
cette eifroyable catastrophe du siège? Il ne nous Ta pas dit; il
nous a seulement raconté ' que Técole succomba, ensevelie sous
ses décombres, et que lui, qui Tavait soutenue (en 1792 et au
commencement de 1793), fut obligé d'abandonner et son poste et
le logement attenant à Tccole qu'il occupait à THôtel-de-Vilbs
comme peintre de la ville, enfin que cette malheureuse circons-
tance lui fit perdre la majeure partie de son mobilier.
Il dut rester fort peu du matériel de Técole.
Quant à Jayet, nous estimons qu'il avait fui à Langres, car
nous ne le retrouvons qu'en 1796. Villionne fils avait pris rang
dans les défenseurs de Lyon et eût été guillotiné après l'entrée des
troupes de la Convention sans une chance heureuse que nous
avons racontée; il n'est plus question de son père, fort âgé du
reste. Alexis Grognard, qui avait déjà quitté son service en 1791,
expose au Salon de Paris en 1798 et ne donne plus signe de vie
* On donnera à l'année 1806 le texte de la lettre où Gogell raconte ces
événements.
ENSEIGNEMEKT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN 138
jusqu'en 1807 où il est de nouveau nommé professeur de prin-
cipes. 11 ne sera plus question de Gonichon.
Il nous faut ici laisser un instant Fécole de dessin, laquelle, du
reste, ne fut rouverte qu'au commencement de 1795, afin d'exa-
miner la situation de Lyon au point de vue des arts, des lettres et
des sciences.
Notons d'abord une épître du 2 février (14 pluviôse an II), par
le peintre Hennequin, à la commission temporaire, composée de
MarinOj Boissière et Chambellan, pour lui proposer de faire un
tahleau u qui perpétuerait le souvenir de la rébellion et de la des-
truction de sa patrie v . Ceci indique une singulière disposition
d'esprit de la part de l'artiste; à cette demande, le représentant
du peuple Méaulle * répondit, en minutant avec simplicité au dos
de la lettre A'Hennequin : a Les représentants du peuple ne peuvent
qu'encourager les arts, et le pétitionnaire est très libre d'exercer
son génie, w et il signa *. IVous ne savons si Hennequin exécuta ce
tableau; dans tous les cas, sa missive suffisait pour le faire incar-
cérer ainsi que nous l'avons expliqué', si on l'avait gardé, lors
de la réaction qui se produisit après la mort de Robespierre,
arrivée le 28 juillet.
Le même Méaulle , de concert avec Fouché*, le 1" mars
(11 ventôse an II), prit un arrêté autorisant l'administration du
district de Ville-AfiFranchie * à occuper, à l'abbaye des Dames de
' Méaulle Jean-Nicolas (le chevalier). Dé À SainUAubin-du-Gormier (Ille-et-
Vilaine), le 16 mars 1751, est mort à Gand (Belgique), le 10 octobre 1826;
avocat, suppléant à la Législative en 1792, membre de la Gonvention, vota la
mort de Louis X VI; membre du Comité de sûreté générale, il remplit une
missiod à Lyon; député de la Loire-Inférieure au Conseil des Cinq-Cents;
nommé au Tribunal de cassation, puis commissaire près le tribunal criminel de
Gand ; refusa d'être conseiller à la Cour de Bennes ; proscrit en 1816.
^ Fonds Coste à la bibliothèque de la ville de Lyon du Lycée, n** 4962.
' Volume des Béunions des Sociétés des Beaux-Arts des départements de
1905, p. 539.
* Fouché Joseph, né à La Martinière, prés le bourg de Pellerin (Seine-
Inférieure), le 21 mai 1759, mort à Trieste le 26 décembre 1820. Tonsuré,
professeur, puis principal du collège de Nantes, député à la Convention, vota
la mort de Louis XVI sans appel ni sursis; envoyé en mission notaimnent à
Lyon avec Collot-d'Herbois, ministre de la police sous le Directoire et sous
l'Empire, sénateur, duc d'Otrante, congédié, renoimné par Louis XV Hî en
1815...
' Lyon ne reprit son nom que le 7 septembre (16 vendémiaire an IIl); popu-
lation 86,000 habitants ; 2,000 métiers.
134 ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
Saint-Pierre, tous les locaux nécessaires à la tenue de ses séances ' .
Car nous avons vu déjà qu'en 1791 le conseil général du déparle-
ment priait rassemblée générale d'autoriser le Directoire du
département à réserver, parmi les édifices faisant partie des biens
nationaux, un musée où seraient exposés et mis en vue les
tableaux, les statues et les autres productions provenant des églises
et communautés religieuses supprimées et que, précisément, les
administrateurs du Directoire du district de Lyon avaient jeté
leurs vues sur Fabbaye des dames de Saint-Pierre; ils commen-
çaient donc par s'y installer eux-mêmes en 1794, avec Tassenti-
ment des commissaires de la Convention.
Rappelons ici qu'il se manifestait à Lyon dés 1791 ces idées de
créer en France un genre d'établissement, les musées, qui n'exis-
tait pas auparavant, d'ouvrir des expositions à tous les artistes
français et étrangers, lesquelles furent ratifiées par une décision
législative, et enfin d'organiser un enseignement. Il faut lire aussi
pour cela un o Projet des bases de l'Instruction nationale des arts
de peinture, sculpture, architecture et gravure adressé à la Con-
vention nationale, par la Société libre des dits arts réunis le
13 janvier 1793 (an II de la République) n , que nous avons omis
de signaler à cette date, où l'on remarque, parmi les signataires
du département de Rhône-et-Loire, les noms de Dupré, Augus-
tin ', le célèbre graveur en médailles, et de Vignon, Barthélémy *,
plus tard architecte deà principaux personnages de l'Empire, qu'il
ne faut pas confondre avec son homonyme, l'architecte de l'église
de La Magdeleine.
Revenons à l'abbaye des dames de Saint-Pi erre,, ce somptueux
monument, que les très nobles religieuses avaient quitté èm 1790,
à la suite de leur dernière abbesse Marguerite-Magdeleine de
Monteynard, devenu propriété de la nation. On commença par y
entasser les bibliothèques des Dominicains, des Chartreux, des
grands-Capucins, du séminaire de Saint-Irénée, des missionnaires
' Fonds Coste à la bibliothèque de la ville de Lyon du Lycée, n'' k^k.
• Dupré Augustin, né à Saint-Etienne (Loire), le 16 octobre 17W, est mort
h Armentières. près Meaiix, le 30 janvier 1833.
' Vignon Barthélémy, architecte, né à Lyon en 176S, est mort à Paris le
29 juillet 18iS^. Nous lui avons consacré une notice dans notre travail sur les
architectes lyonnais. (Lyon, Bernoux et Cumin, 1899).
ENSEIGltfKMRNT PUBLIC DES ARTS DU DESSIX 135
de Saint-Joseph, des Oratoriens cl des petits Augustins (Pièce jus-
tificative n* XliV) ; les autres allèrent dans la maison des capu-
cins du Petit- Forêt et au Petit-Collège. Mais des bombes y avaient
éclaté pendant le siège où il servit de principale caserne des
défenseurs de Lyon, puis de leurs vainqueurs; les livres furent
brûlés, pillés par les uns et par les autres, ou endommagés soit
par les pluies qui filtrèrent des toits effondrés, soit par la négli-
gence. JousselmCj après avoir indiqué ce qu'il fallait faire en
face de ce désastre, termine son rapport en affirmant qu'il j a du
bon parmi les œuvres d'art, de la peinture et des gravures.
Ce Jousselme avait remplacé, le 21 février, le citoyen Thonion
chargé par le Cons'eil général du district, le 21 janvier, de réunir
et de conserver ces œuvres ; plus lard, une commission de sept
membres fut désignée, le 7 décembre, pour faire l'inventaire de
celles mises en réser\'e.
Des sculptures et des débris d'architecture furent entreposes
dans le cloître et dans le réfectoire des Cordeliers de Saint-Hona-
venture (Pièce justificative n" L).
Nous estimons que, des peintures envoyées à l'abbaye des dames
de Saint-Pierre, certaines furent placées dans l'église, ce qui peut
expliquer le grand nombre de celles qu'elle a conservées; on en
entreposa ensuite à l'infirmerie qui se trouvait au premier étage
en haut du grand escalier.
Répétons enfin encore ici, ce que nous avons expliqué en 179J ,
combien il est regrettable que nous n'ayons pas trouvé jus(|u'â
présent la liste de ce que le P. Janiti et Hennequin avaient exa-
miné, vérifié et choisi parmi les œuvres d'art des églises et des
monastères supprimés (Pièce justificative n" XLII) ; cependant, il
parait qu'en novembre 1792, Hennequin remit au directoire du
district un inventaire, affirmant que, dans diverses salles et corri-
dors de Saint-Pierre, il avait réuni 267 peintures, dont douze à
son avis étaient des morceaux capitaux ; les autres avaient été
vendues, disait-il; nous verrons en 1797 ce qui fut trié dans cet
entassement soit par Cossard, pour être envoyé à Paris en 1793,
soit, ensuite, par Jayet et par Cogell.
Sans ce vieil artiste, on n'aurait pas pensé sitôt à celte grave
question de l'enseignement des arts du dessin; bien entendu,
comme peintre il plaçait au premier rang la copie de la figure;
136 ENSEIGNEMENT l'UBLIC DES ARTS DU DESSIN
il n'oubliait pas cependant, comme éducateur, ce qui était néces-
saire au développement de Tindustrie locale. Il a la malheureuse
habitude de ne pas dater ses lettres; toutefois on peut fixer à la
fin de 17ÎM celle adressée par lui aux représentants du peuple en
mission à Lyon, leur expliquant qu'il convient ce d'avoir deux pro-
fesseurs pour le modèle d'après la nature, un peintre et un sculp-
teur, un professeur pour les fleurs et ornements, un pour les
principes élémentaires du dessin et pour la bosse et un pour Tar-
rhitecture \
Tout cela, c'était beaucoup pour recommencer; il fallait aupa-
ravant posséder un local, ce que CogeU ne réussit à obtenir, ainsi
qu'on va le voir, qu'au commencement de 1795.
Il va savoir le reconnaître, l'existence inquiète des esprits,
causée par les efforts incessants du Directoire exécutif pour com-
battre alternativement les partis extrêmes, entretint pendant
cinq ans en France une activité singulière dans toutes les intelli-
gences; jamais elles ne furent plus excitées; on avait oublié les
mauvais jours, et les premières espérances de 1789 se reprodui-
saient de toutes parts et dans toute leur pureté. C'est dans cette
période que s'organisèrent sérieusement l'Ecole Normale, l'École
polytechnique, l'Ecole des ponts-et-chaussées, les écoles centrales
et même les écoles primaires dont les dépenses furent imposées
aux communes. Toutefois on ne comprit pas bien, alors, la néces-
sité de faire enseigner partout le dessin ainsi qu'il convenait, soit
en préparation, soit en exercices.
1795
On pensera sans doute que l'intérêt personnel pouvait guider
Cogell dans cette ténacité à des démarches dans le but de rétablir
' Archives du département du ithône, série l).
ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DO DESSIN 137
son écolo ; nous n'en disconvenons pas. S'il fallait attendre que
la force des événements seule puisse conduire à des investigations
et à des expériences et, par conséquent, à des découvertes et à des
créations, il n'y aurait jamais rien. Cette opiniâtreté de Cogeïl,
tout en lui étant utile personnellement, nous montre une des
qualités du Suédois; il réussit, aidé par cette tournure d'esprit
des Français qui, s'ils montrent du dédain pour les hommes et
pour les choses qu'ils voient dans les autres pays, accueillent
volontiers avec faveur et politesse ces mêmes étrangers. Un artiste
de naissance lyonnaise eût obtenu moins de succès que Cogell en
exposant les intérêts de sa propre ville.
Par un arrêté du 22 janvier (3 pluviôse an III), l'administration
du département, composée de Cayre, Bridant et Papet, homo-
logua la décision prise par le district de Lyon, sur l'avis de la
commission des arts et sciences, établie par lui, qui avait été saisie
de la demande de Cogell, pour choisir un local provisoire afin de
rétablir tout de suite l'école de dessin et le cours de ses leçons
qui avaient été tenues dans un local au collège, sous la biblio-
thèque, ainsi que l'école de médecine, lequel l'émeute leur fit
quitter en 1768 * ; il fut décidé que l'on donnerait immédiatement
<*ongé aux locataires qui l'occupaient en leur accordant en com-
pensation des appartements sous la terrasse. Un local provisoire
fut, en attendant cette réinstallation, désigné dans l'extrémité de
l'aile nord du même collège, au premier étage, depuis la voûte qui
traversait la rue Pas-Etroit pour aller à la salle des exercices, jus-
qu'au quai, de manière à ce que la partie est eut pour accès le
petit escalier qui s'y trouvait pour aller à la salle des leçons com-
munes et le surplus pour le logement de Cogell. Ce local fut mis
tout de suite à sa disposition afin d'y régler les agencements con-
venables et commencer les leçons (Pièce justificative n* XLVI).
Ce qui se trouvait dans le « grand bas », dont il est question,
comme dépôt des grandes figures antiques appartenant à l'école,
dans la pièce justificative n* XLIII, fut-il sauvé du bombardement
du siège; put-on transporter quelque chose de l'ancien matériel
<lans le nouveau local? Cogell ne nous l'a pas dit. Pourtant, le
* Voyez le volume des Béunions des Sociétés des Beaux-Arts des départe-
ments de 1904, p. 412.
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ARTS DU DESSIN
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■^ ÉÉ(>»|^iS^Binglaise expliquait qu'elle fut
C^lmfcilf 2 BLBlli tmie de peinture avait été res-
l0|lSIQl§Râi^9jtW'Cole rétablie dans les bâtimenis
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^^liâifift.^ÉSLillUffliliiêlÉyiMtfans notre historique, se trou-
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•^r éiS^^^*'^'*3g'r*®**^*5*'^S- *l§'^Si*''^- ''*^t^res d'une voyageuse anglaise.
^^%^^i'^i^pîi!'3lp^»ïî|§ïiî^^ 1888, p 237.
'''K^&^tÈf!^^'>9h^^ de 1874 (p. 138 et 130 et
^^^p|§'^^ll<?^«^"||*'^llF^"<^ette salle des exercices.
••VaW mi^m ••«/■» «^fc m-VAm m-Vf^m «^» «^^ "^^ •■V^'»
-$.
ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN 13»
son commerce ; que la fabrication des étoffes de soie était, de tons
les genres d'indastrie auxquels s'étaient livrés les habitants de
cette commune, celui qui avait été porté au plus haut point de
perfection; que si tous les peuples recherchaient les étoffes de
Lyon, cette préférence n'était due qu'à l'élégance et à la correction
de leurs dessins; que, non seulement les manufactures de soie de
Lyon, mais encore celles de rubans et Jes toiles peintes, les
papiers meublants et tous les genres de main-d'œuvre où l'art du
dessin et les principes de géométrie élémentaire sont nécessaires,
exigent que cet établissement soit encouragé et soutenu, n
Ce cliché a déjà servi; il servira encore bien des fois, puisqu'il
sert encore !
Le président de l'administration départementale était Paul
Cayre, que nous reverrons avec plaisir plus loin, rendant des
services à l'enseignement et aux musées. Né en 1736, il est mort
à Lyon le 14 juin 1815. Mieux qu'un autre, il pouvait connaître
les besoins industriels de Lyon, puisqu'il y était négociant. ïl y
devint procureur-syndic et, plus tard, commissaire du Direcloire
exécutif; en cette qualité il adressa au gouvernemeni, en l'an VI,
une lettre dont fait mention le Moniteur, pour lui annoncer
Cl l'effet salutaire que l'événement du 4 septembre (18 fructidor)
a produit sur le commerce de Lyon » . Il fut élu le ] 1 avril 1798
(22 germinal an VI) député au conseil des Cinq-Cenis, se rallia
au coup d'Etat de Brumaire et fut admis par Bonaparte, le 25 dé-
cembre 1799 (4 nivôse an VIIÏ), dans le nouveau corps législatif;
enfin il devint, le 12 avril 1804 (22 germinal an XIÏ), conseiller
de préfecture à Lyon, où il resta jusqu'à sa mort.
Il existe au fonds Coste de la bibliothèque de la ville du Lycée,
n* 5267, deux pièces des 25 et 27 janvier (6 et 8 pluviôse an III)
pour exempter du service militaire Michel Grobon, « jeune
peintre, d'une grande expérience » , est-il dit, a mais d'une com-
plexion délicate, » signée des représentants du peuple Richaud et
Tellier, En effet, Jean^Michel Grobon, né à Lyon le 19 septembre
1770, était âgé de vingt-cinq ans en 1795; il pouvait se trouver
alors à l'armée. La démarche aboutit probablement, puisqu'il
exposa l'année suivante au Salon de 1796 et, plus tard, justifia,
comme artiste, les espérances dont parlaient les représeiitants du
peuple. D'un autre côté, cet homme, u d'une complexion déii-
140 ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
cale, ïî put vivre jusqu'à l'âge de quatre-vingt-trois ans, étant
mort le 2 septembre 1853; on le retrouvera en 1813, époque où il
fut nommé professeur à l'école de dessin, se rajeunissant de deux
ans.
RiCHAUD, Hyacinthe, né à Faucon (Basses-Alpes) le 31 décembre
1 757, est mort à Versailles le 22 avril 1827. Clerc de notaire, il fut
élu député supplémentaire à la Convention, puis titulaire en 1793
cl enfln envoyé en mission à Lyon. Membre du conseil des Cinq-
Cents, il adhéra au 18 brumaire et fut conseiller de préfecture de
Seine-et-Oise jusqu'en 1815.
Tellier, Constant'Adriefiy né à Laon (Aisne) le 23 juin 1755,
est mort à Qliartres le 17 septembre 1795. Député aux États géné-
raux, puis à la Convention en 1792, il vota pour la mort de
Louis XVI. Envoyé en mission à Lyon puis en Eure-et-Loir, et à
Chartres où il se donna la mort d'un coup de pistolet à la suite
d'ennuis qu'il y avait éprouvés.
Les écoles, dites Centrales, furent décrétées par la Convention
le 22 février (7 ventôse an III) dans tous les chefs-lieux de dépar-
tement pour l'enseignement des sciences, des lettres et des arts.
On prétendait donner une instruction presque encyclopédique;
mais les proportions démesurées de cet enseignement et la trop
grande multiplicité des écoles entraînèrent des impossibilités
d'exécution. La loi d'instruction publique du 25 octobre (3 bni-
maire an IV) réforma le plan primitif; on sait que les lycées rem-
placèrent lés écoles Centrales par la loi du 1" mai 1802; mais
nous n'en sommes pas encore là et l'École Centrale de Lyon ne fut
inaugurée que le 19 septembre 1796 (3* jour complémentaire
an IV). Nous y reviendrons à celte année, ainsi qu'à celle de son
règlement, qui date du 16 août 1797 (29 thermidor an V). Tou-
tefois, dès le 8 juin 1795 (20 prairial an III), le représenlant du
peuple Dupuy, en mission à Lyon, se préoccupait de ses moyens
d'enseignement; il arrétail à cette date(piècejustifîcativen''XLVII)
que l'administration du département eût à se faire rendre compte
des inventaires de tous les livres et manuscrits provenant des
bibliothèques des anciennes communautés, de celle de l'Académie
et de celles confisquées des émigrés; enst»mble : objets d'histoire
naturelle, instruments de physique, de mécanique, de chimie,
modèles de machines, d'arls et métiers, antiques, médailles,
ËMSEIGNEMEKT PUBLIC DES ARTS DU DESS1.\ 141
pierres gravées et estampes. 11 importait que les professeurs
pussent les avoir à leur disposition et il fallait aussi créer un
jardin dit de botanique.
Ceci, qui semblerait s'écarter de notre sujet, y touche au con-
traire d'une manière étroite, en ce sens que, dans la quantité de
livres qui avaient dû être rassemblés, se trouvaient de magnifiques
éditions anciennes d'ouvrages relatifs à Tarchitecture, à la scul-
pture, à la peinture et à la gravure; un très grand nombre de
ceux qui enrichissent nos collections et servent aux études de nos
artistes n'ont pas d'autre provenance. Ne nous sommes-nous pas
servi personnellement, dans nos travaux sur Philibert de VOmiej
d'un livre de ce maitre actuellement à la bibliothèque du palais
des Beaux-Arts qui faisait parlic, par une sijigulière coïncidence,
de la bibliothèque des Grands Carmes des Terreaux, commu-
nauté pour laquelle Jehan de TOrme, son père, avait achevé le
clocher et réparé les piliers de l'église? Xous reviendrons sur les
promenades que subirent tous ces livres avant d'arriver en lieu
tranquille. L'ancien jardin botanique, dit des plantes, qui se trou-
vait autrefois dans le même quartier, vers la place Sathonay, n'a-
l-il pas, pendant deux tiers de siècle, fourni aux élèves de l'école
des Beaux-Arts tous les feuillages et toutes les fleurs indispen-
sables pour leure études?
A présent se superposent les dérisions des représentants du
peuple en mission à Lyon : le 17 avril, Borelj Boisset et
Cadroy chargent l'architecte du district, Cochet, de présenter un
devis des réparations à faire à Saint-lMerre; le 22, ils nomment
le citoyen J.-F.^-M, Lacoste directeur du même musée, ainsi que
bibliothécaire en chef; le 16 mai, les mêmes décident que l'édi-
fice sera consacré à des établissements d'utilité publique. Il faut
noter aussi que le représentant Dupuy avait, le J3 juin, selon
une délibération du 19 septembre (3* jour complémentaire an III)
de l'administration du département et un arrêté du représentant
PouUain de Grandprèy du 14 novembre 1795 que» nous verrons
plus loin, réorganisé à nouveau une commission spéciale, sous le
nom de Conservatoire ^
' Cet arrêté n'a pas été transcrit dans le registre. (Communiqué par M. G.
Guigue^ archiviste du département da Rhône).
142 ENSeiGNEMEXT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
Jean-Baptisle-Claude-HenriDiiPiiYy qu'il ne faut pas confondre
avec Charles-François Dupuis, son coll^'gue à la Convention ', né
à Montbrison (Loire), le 18 août 1759, est mort à une date
inconnue, à l'étranger, exilé en suite de la loi de 1816 contre les
régicides. Il exerçait la profession d'homme de loi sous l'ancien
régime et devint juge au tribunal de district de Montbrison. Député
de Rhône-et-Loire, le 31 août 1791, à l'assemblée législative, le
4 septembre 1792, à la Convention où il vota la mort de lx)uisXVI.
Sa mission à Lyon fut courte, parce que probablement sa position
y devint difficile à cause de son attitude de partisan de Robespierre
avec Reverchon son collègue, car ces commissaires marchaient
toujours par deux ou trois *.
Ces deux représcntai\ts ne tardèrent pas à être remplaces par
d'autres qui présentèrent leurs pouvoirs à la municipalité le
11 juin (23 prairial an IH), et qui firent avancer ces questions :
Poullain de Grandprey et Ferroiix. Si nous ne savons où
logèrent les représentants envoyés antérieurement, nous sommes
fixés pour ces derniers; ils annoncèrent le 22 juin (4 messidor
an III) aux administrateurs du district, qu'ils voulaient loger place
Bellecour, maison de Malte. Le Conseil nomma, le 23, pour
faire droit à leur demande, les citoyens Arnaud, Philipon et
Thibière^. Cette maison de Malte n'était autre que l'hôtel de
La Croix de Malte, où nous avons raconté que Frédéric-Henri-
Louis, frère du roi de Prusse, avait logé en 1784*.
lia présence de ces représentants à Lyon a probablement empê-
ché l'insertion au registre de l'arrêté de Dupuy dont nous avons
' Xé à Trye-le-Château (Oise), le 26 octobre «742, est mort à Is-sur-Tille
(Côte-d'Or), le 29 septembre 1809; il n'a pas été envoyé à Lyon.
' Heverchon et hufjuy écrivaient, le l*"^ juin 1794 (14 prairial an 11), à leurs
collègues de la Convention pour les féliciter de ce quMls venaient de réprimer un
attentat contre la représentation nationale et de ce qu'ils avaient échappé à un
crime qui avait failli priver le pays de Robespierre et de Collot d'Herbois.
(Fonds Ooste à la bibliothèque de la ville de Lyon du Lycée, n^ 507S).
* Voyez fonds Coste à la bibliothèque de la ville de Lyon du Lycée, n^' 5,
320, 321.
Ce Thibière était peut-être Jean-Marie-Gabriel Thibière^ architecte, né à
Lyofi le 14 mars 1758 et mort le 23 mars 1822, dont nous avons donné la
notice dans nos Architectes lyonnais ^ Lyon, Dernoux et Cumin, 1899.
* Volumes des Héunions des Sociétés des beaux-arts des départements de
1905, p. 525.
ENSBIGXEMËNT PLBLIC DES ARTS OU OESSIfff 143
parlé plus haut; cet arrêté est rappelé dans un autre du 19 sep-
tembre (3* jour complémentaire an lïl), émanant du Directoire
du district composé de Paul Cayre, Bridant et Papet, en séance
publique (Pièce justificative, n* XLVIII), fort intéressant, puis-
qu'on y vise les arrêtés de Dupuy des 8 et 13 juin. Inutile de rap-
porler celui du 8, attendu que nous Tavons donné plus haut
(Pièce justificative n* XLVH) ; celui du 13 portait rétablissement
d'un conservatoire à Lyon, chargé de veiller à la conservation de
tous les monuments des sciences et des arts, de recouvrer ceux
qui auraient été dilapidés et de constater l'état de ceux qui sont
endommagés, de se faire rendre compte de tous les dépôts qui
existent, d'en dresser un tableau exact et de faire part de ces opé-
rations au comité de l'instruction publique; étaient nommés
comme membres de ce conservatoire : Delandine, Chinard,
Horace Coignet, Cochet^ et Riverieux-Varax. Toutefois, explique
l'arrêté du 19 septembre, Delandine n'ayant pas accepté ce
mandat, les autres en avertirent l'administration du département
du Rhône, en môme temps qu'ils faisaient observer qu'ils ne dis-
posaient d'aucun local pour leurs réunions.
Ils déclarèrent que tout était confusion pour les bibliothèques,
ouvertes à tous venants, non décrites, livrées à des agents qui,
sans mission légale, voituraient et entassaient à l'abbaye de Saint-
Pierre ce qui leur convenait, et qu'il devenait urgent de porter un
prompt remède à ce gâchis. La conclusion fut que l'administration
du district reçut l'invitation de nommer, parmi les membres du
Conservatoire, un commissaire qui se transporterait dans tous les
dépôts nationaux où se trouvaitmt des livres, des manuscrits, des
estampes, des tableaux, des antiques, des médailles, des machines
et objets d'histoire naturelle, pour y apposer des scellés et ensuite
procéder à un inventaire. !l serait nommé un bibliothécaire et,
dans le délai de deux ans, tout serait réuni dans la bibliothèque
du collège, afin de pouvoir être mis à la disposition du public
trois fois par semaine; le bibliothécaire dresserait un catalogue
en dou4)le, l'un devant être déposé au Conservatoire; enfin, deux
agents seraient choisis pour opérer les transports. Toutes ces dis-
positions, on le constate, montraient une grande prévoyance d'or-
ganisation rationnelle et définitive. Des bibliothécaires ne furent
nommés, ainsi qu'on le verra, qu'en novembre.
^
}AA ENSEIGIUEUeiVT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
Antoine-François Delakdine, né à Lyon le 6 mars 1756, y es!
mort le 5 mai 1820. On lui a consacré de nombreuses notices et
nous-méme, daift la a Société littéraire de Lyon au dix-huitième
siècles, avec la liste des ouvrages qu'il a publiés (Lyon, Mou-
gin-Rusand, 1879, pages 112. à 125), que nous ne rééditerons
pas ici.
Nous avons déjà parlé de Chinard, le statuaire, né à Lyon le
12 janvier 1776 et qui y est mort le 20 juin 1813 ^
Horace Coignet, musicien, co-compositeur du Pygmalion de
J.'J. Rousseau, né le 13 mai 1736, est mort le 29 août 1821.
Claude-Ennemond-Balthazar Cochet, architecte, né à Lyon le
6 janvier 1760, est mort le 14 mars 1835. Nous lui avons consacré
une notice dans nos Architectes lyonnais (Lyon, Bernoux et Cumin,
1899, pages 85 à 87) ; nous le retrouverons comme professeur à
Técole de dessin en 1814.
Jean- Jacques Riverieulx de Varax, ancien officier au régiment
de Rouergue, chevalier de Saint-Louis, fut, plus tard, conseiller
municipal de 1806 à 1813.
Cette institution du Conservatoire, créée, ainsi qu'on vient de le
voir, par des pouvoirs presque révolutionnaires, laquelle faisait
suite en quelque sorte aux associés-amateurs de 1756 et aux admi-
nistrateurs de 1780, réunit sous son contrôle tout ce qui concer-
nait les artsi^t les sciences et subsista (bien qu'amoindrie depuis le
3 octobre 1806), jusqu'au 19 novembre 1818 *.
D'abord, sans action réelle en 1795, elle arriva bien vite, lorsque
tout'fut réuni à l'abbaye des Dames de Saint-Pierre devenue palais
des Arts, à rendre des services qu'on ne saurait lui contester. Car
ces pluralités d'hommes montrent souvent de l'initiative pour cer-
taines questions et surtout empêchent à chaque subdivision d'em-
piéter sur les autres, ou de faire acte d'indépendance en cher-
chant à agrandir leurs locaux aux dépens de ceux des voisins.
PouUain de Grandprey, le dernier des représentants en mission
' Le 24 mars (4 gcrmiDal an III), le représentant du peuple Borel avait
écrit à Tagent national près le district de Lyon pour l'inviter à faire débarrasser
la ci'devant église des pénitents de Lorette et à la céder à. Chinard pour en
faire son atelier (Fonds Coste à la bibliothèque de la ville de Lyon du Lycée,
n» 5290).
^ \ous donnerons, à ces années, les textes des décisions administratives qui
statuèrent sur le Conservatoire.
ENSEICKEMENT PL1M.IC DES ARTS DU DESSIN 145
«Mivoyés par la Convenlion ' à Lyon, par son arri^lé du 14 no-
lembre (23 brumaire an IV), marque un pas considérable en
avant, en déterminant les locaux, tout en s'appuyant sur les déci-
sions de son prédéceeseur Dupuy <Pièce jusUficalive, n" XLIX).
Après un préambule empreint de la plus grande sensibilité sur
la situation de la ville et manifestant son désir de calmer les
esprits, il décide :
S'appuyant sur les avis qu'il a pris du commissaire des corps
administratifs et du Conservatoire des sciences et des arts;
Que tous les bâtiments du collè<j[e sont désignés par lui spécia-
lement pour rinstruction publique; les ventes faites restent pour
non. avenues; il est sursis à toute délivrance de bref jusqu'à la
décision du corps législatif;
Qu'un jardin de botanique de plantes indigènes et exotiques est
créé suivant l'arrêté du représentant Dupuy dans le jardin et clos
de l'Oratoire; toute aliénation dudit clos et jardin est regardée
comme non avenue;
Que tous les bâtiments de l'abbaye de Saint-Pierre, étant des-
tinés à servir un jour à un établissement important pour la Répu-
blique, pour la réunion de toutes les institutions qui peuvent
honorer et favoriser le commerce telles que la Bourse, le Tribunal
de commerce, FKcole de dessin, la Galerie des tableaux, les coiirs
du commerce, d'arts el métiers, de teinture, le dépôt des modèles
et machines inventées pour le perfectionnement des manufactures;
l'aliénalion de ces bàtimenls demeure ainsi suspendue.
Il décide l'organisation au collège d'une bibliothèque qui sera
composée de tous les livres qui s'y trouvent, de ceux qui sor.t
déposés à Saint-Pierre et dans d'autres édifices nationaux, laquelle
sera confiée à deux bibliothécaires, désignés par les corps admi-
nistratifs et par le Conservatoire, l'un Tabard, pour les sciences et
les arts, el l'autre, Rruriy pour la partie littéraire. Ces bibliothé-
caires devaient s'occuper de la formation du catalogue en double
et de tous les détails, tels que : rentrée de ce qui doit composer la
' l.a CoDVCDtioD prit Hn lors Ac la promu1<{ation de la Constitution dp l'an lil,
le 23 septembre 1795 (l" vendémiaire an IV). Le Directoire exécutif com-
mença ses fonctions le 27 octobre I79Â, et les termina, historiquement, le
IL novembre 1799 f^O brumaire an VIII), à 2 heures du matin, où les trois
consuls prêtèrent serment ù Lucien, président du Conseil des Cinq-Cents.
10
146 E\SEIG^EME\'T PUBLIC DES AUTS DU DESSIN
hihiiolhèquo, surv(»illor les jours d'ouverture au public, les jours
impairs de chaque décade, etc., avec deux garçons de peine.
Il y aura, près de celte bibliothèque, un cabinet de physique
sous la direction de Mollet, et un d'histoire naturelle sous celle de
OiHhert.
Il sera forme avec les doubles une bibliothèque médicale pour
être établie à Thôpital, et une autre sur Tart vétérinaire pour être
remise au directeur de cette école.
L'administration provisoire du district devra s'occuper de placer
ailleurs les ateliers de l'agence pour l'habillement, afin de débar-
rasser les bâtiments du collège pour les cours de l'Ecole Centrale.
Il conservait le dépôt à l'abbaye de Saint-Pierre, soit pour y
mettre en ordre les livres entassés, soit pour restituer ceux à qui
ils pouvaient avoir appartenu, leur donnant deux mois pour for-
muler leurs réclamations.
Deux dépositaires, désignés par les corps administratifs et par
le Conservatoire, Maurin et Lahussière, aidés de deux garçons de
peine, étaient nommés gardes de ce dépôt, soit pour trier et trans-
porter les livres, soit pour rendre aux familles ceux qui avaient
pu leur appartenir.
Une fois le triage fait et les livres, menacés de dépérissement et
de dégradation, transportés dans la grande salle de l'abbaye de
Saint-Pierre, les scellés seraient posés sur tous les dépôts par un
membre du Conservatoire, assisté d'un membre de la municipalité.
Knfin il invitait le Conservatoire à continuer son service de désin-
téressement pour la recherche et pour la conservation des monu-
ments des arts et des sciences et à communiquer ses vues, soit à
l'administration du département, soit au Corps Législatif.
Tous les historiens se sont accordés pour louer Poullain de
Grandprey de ce qu'il conçut à cette époque encore troublée;
malgré les lenteurs et les retards que l'on doit attribuer au peu de
ressources pécuniaires dont on disposait à ce moment, ses décisions
furent suivies. On sursit aux ventes du Collège et de l'abbaye de
Saint-Pierre qui abritent encore nos établissements d'art et d'ins-
truction publique, et c'est ce qui nous conduit à nous appesantir
sur ce personnage.
Joseph-Clément Poui.LAm de Grandprev était né à Ligneville
(Vosges), le 23 décembre J744, et mourut dans sa terre de Graux
£NSEIGN£ME!^T PUBLIC DBS ARTS DU DESSIN 147
(Vosges), le 6 février 1826. Procureur général syndic du dépar-
lement des Vosges, député à la Convention en 1792, il vota le
sursis dans le jugement de Louis XVI et fut envoyé plus tard à
Lyon ; élu au Conseil des Anciens, puis au Conseil des Cinq-Cents,
il s'opposa au 18 brumaire, fut exclus et déporté paji" arrêté du 27,
que Bonaparte s' empres^H, de rapporter le 4 frimaire; président
du tribunal civil de Neucbàteau, puis d'une des chambres de la
cour impériale de Trêves jusqu'en 1814; élu à la chambre des
représentants pendant les Cent-Jours; banni à Trêves en 1816;
amnistié en 1818.
Etienne-François Fekkoux, né à Salins (Jura), le 25 avril 1751,
est mort à Salins le 12 mai 1834. Fils de négociant, député à la
Convention, vota la mort de Louis XVI; arrêté comme ami des
Girondins; relâché en 1794; envoyé en mission en 1795 à Lyon.
Elu au conseil des Anciens, il ne fut pas réélu. Directeur des con-
tributions directes à Lons-le-Saunier; mis à la retraite en 1815;
banni en 1816, revint mourir à Salins.
François Tabard, né à Lyon le 10 mars 1746, y est mort le
5 mars 1821 ; outre plusieurs notices sur lui, nous lui en avons
consacré une, avec la liste de ses écrits, dans notre «Société lyon-
naise au dix-huitiéme siècle (Lyon, Mougin-Rusand, 1879,
pages 179 à 185) « , que nous ne rééditerons pas ici pour ne pas
allonger.
Sébastien Bk\]N y ancien principal du Collège de Notre-Dame
(Petit-Collège) à Lyon, est mort bibliothécaire de FEcoIe Centrale
le 8 juillet 1799. En 1792, il inventa une boîte ou caisse transpa-
rente pour apprendre à lire et reçut, pour cette invention, une
somme de 2,000 livres que le gouvernement lui accorda à titre de
récompense nationale.
Joseph Mollet, né à Aix-en-Provence, le 5 novembre 1746, y
est mort le 30 janvier 1829. Entré dans la congrégation de TOra-
toire, il fut attaché en 1775 à la chaire de physique du Collège
de Lyon qu'il occupa jusqu'à sa suppression. Professeur de phy-
sique à l'Ecole Centrale, doyen de la Faculté des Sciences de Lyon
jusqu'à la suppression de celte faculté en 1815. Nous le retrou-
verons, avec cette qualification, professeur de géométrie pratique'
à l'école de dessin de Lyon en 1816, jusqu'en 1828; remplacé
par Prévosty professeur adjoint. Voyez, pour ses publications :
1
!4H ENSEIGMEIIENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIX
Aix ancien et moderne^ par J. F. P... Aix, 1883, page 90.
Jean-Emmamiel GiiiBEKT, né à Lyon le 21 juin 1741, est mort
le 2 septembre 1814; médecin et naturaliste célèbre. Il étudia à
Montpellier, fut appelé en Pologne en 1775, y fonda un jardin
botanique; professeur d'histoire naturelle et de matières médi
cales à Vilna; il revint en France en 1783. Médecin de THôtel-Dieu ;
maire de la ville de Lyon, emprisonné, puis, comme on va le voir,
professeur à TÉcole Centrale de Lyon; ses publications sont nom-
breuses.
Nous ne tarderons pas à retrouver CogeU, Brun, Mollet, Gili"
bert, Delandine et Tahard à TÉcole Centrale avec Bérenger,
Roux, Besson et Servan * ; tous ces professeurs, ainsi qu'on peut le
juger, étaient des hommes de valeur.
1796
La commission temporaire des arts de la Convention avait bien
proposé et fait adopter par le Comité de Tlnstruction publique, en
Tan 11, une instruction sur la manière d'inventorier et de con-
server, dans toute l'étendue de la République, tous les objets qui
pouvaient servir aux Arts et aux Sciences, ainsi qu'à l'Enseigne-
ment; malheureusement l'exécution de ces mesures laissa consi-
dérablement à désirer. On peut s'en rendre compte par le singulier
procès-verbal, dressé par Mathieu, membre de l'Administration
municipale du Midi de Lyon, le 20 mai (1" prairial- an IV) pour
procéder à la reconnaisance des morceaux de sculpture et archi-
tecture en marbre ou autrement, déposés soit dans le cloître soit
dans le réfectoire du Couvent des Cordeliers de Sain t-Bonaven turc
eu vue du Musée. 11 se fit bien assister de Jayet et de Chinafd
sculpteurs; toutefois la liste en douze articles qui fut donnée
(Pièce justificative n* L) se trouvant singulièrement obscure et
abrégée, elle peut s'appliquer à quelques morceaux de sculpture
ou d'architecture que ce soit; était-ce là l'épave de plus de cent
cinquante œuvres de sculpture et de statuaire que nous avons pu
compter dans Expilly (1766) comme existant encore dans les édi-
' Cogell^ professeur de dessin ; Binin, grammaire générale ; Mollet^ physi-
que et chimie expérimentale ; Gitibert, histoire naturelle ; Delandine^ législa-
tion; Tahard, bibliothécaire: Roux^ mathématiques; /^fXfon, langues anciennes;
Srrvan, histoire.
EIVSEIGXEXIENT PUBLIC DES ARTS OU UESSIK 149
(ices civils et religieux de Lyon? Mon ; cela n'est pas possible. Si
au moins on eut indiqué les provenances, on aime à supposer que
le n* 2 est la statue de la Sainte-Vierge de Coysevox qui, exécutée
par leniaitre pour une niche à l'angle de la rue du Bàt-d'Argent
et de la rue Sirène et vendue au Chapitre de Saint-\izier en 1771,
par le propriétaire, se trouvait dans cette église au moment de la
Révolution, au retable dessiné par Perrache\ Nous ne savons
comment identiGer le reste; tout cela est désolant.
On voit que Chinard était rentré en grâce dans l'administration;
car on sait qu*avant son second séjour à Rome où il fut empri-
sonné en 1792, il avait exécuté à Lyon la statue de la Fédération
en 1790. C'est probablement le buste qu'on lui avait com-
mandé de Chàlier, avec celui de Le Hideux dont nous avons déjà
parlé plus haut, ainsi que d'autres travaux qui le firent incarcérer
momentanément aux Recluses, à Lyon, lors de la réaction. (En 1794
il avait un atelier dans l'ancienne chapelle des Pénitents de
Lorette; voyez à la date du 24 mars.) Four ne pas avoir à revenir
sur les œuvres de décorations officielles et éphémères de ce sta-
tuaire à cette époque, citons, en 1793, les deux statues de la
Liberté et de l'Égalité, pour remplacer au fronton de l'hôtel de
ville la statue équestre de Louis XIV, lesquelles y restèrent jus-
qu'en 1809; en 1794, la massue d'Hercule et le serpent d'Escu-
lape pour remplacer la croix sur le dôme du grand Hôtel-Dieu ;
une colonne en marbre surmontée d'un lion à la fontaine Milanois;
en 1798, deux statues sur le pont de la Guillotière pour la rentrée
des troupes de l'armée d'Italie. Il devait exécuter, sur la place de
Bellecour, un monument pour lequel on lui réserva des marbres,
lequel ne fut pas terminé, à ce qu'il parait, bien qu'il eût reçu une
somme importante pour cela.
De son côté, à ce moment de notre historique, le gouvernement
central, désireux de voir revenir à Lyon une prospérité que les
événements dont nous avons parlé avait interrompue, appliquait
tous ses efforts dans des mesures qu'il convient de savoir comme
ayant tentées, bien qu'ils paraissent avoir été infructueux. Du reste
* Voyez Histoire et descri/Uion de l'hospice de la Charité à Lyon, par
E.'L.-O. Charvety dans X Inventaire général d*- s richesses d'art de la France,
Monuments civils de la province, p. 314, citant M. H, Jouin, Antoine Goy<
sevox, 1883.
150 ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
il suffit de jeter un coup d'œil sur riiistoire de la France à celle
année pour le comprendre.
Le 17 avril (28 germinal an IV), le Directoire Exécutif de la
République lançait aux Lyonnais une proclamation où il affirmait
son désir de ramener dans leur ville le commerce et les arts dont
elle avait longtemps offert le modèle et le spectacle ; dans un appel
pressant (Moniteur de ce jour)) il leur disait et allait jusqu'à leur
affirmer qu'ils trahiraient leurs intérêts et leurs devoirs s'ils ne
secondaient de toutes leui's forces l'action du gouvernement. Le
Corps législatif était saisi et, quelques jours plus tard, le 27 (8 floréal
an IV), dit le Moniteur y le député Coupé ^ terminait au Conseil des
Cinq-Cents la lecture d'un rapport sur un projet de résolution qui
mettrait un million à la disposition du ministre de l'Inférieur pour
encourager les manufactures. Cette résolution, bien qu'ajournée
ce jour-là, fut reprise, et le 24 juin (6 messidor an IV), paraissait
une loi destinant quatre millions, valeur fixée, aux encourage-
ments des fabriques et manufactures nationales; par l'article 2,
un million serait versé dans une caisse de prêts et destiné à faire
des avances aux manufaclures et fabriques de Lyon (Pièce justifi-
cative n" LI) .
Cette loi paraît n'avoir été suivie d'aucun effet; toutefois nous
devions en parler ici, soit parce que la question de l'histoire de la
prospérité de la fabrique lyonnaise est intimement liée avec celle
de l'enseignement des arts du dessin, soit parce qu'en 1797 nous
allons devoir revenir sur la même question de l'intervention du
gouvernement, et cette fois augmentée de celle de la création de
cours spéciaux venant s'ajouter à celui de dessin, lequel avait été,
ainsi qu'on l'a vu, rétabli en 1795.
Ce qui peut consoler de tous ces efforts infructueux, c'est de
constater le soin d'organiser l'Ecole Centrale du département à Lyon.
On a vu comment le représentant du peuple, PouUain de
Grandprey, se conformant à Farrété de Dupuy son prédécesseur,
le 14 novembre de l'année précédente, assignait par l'article I" les
bâtiments de l'ancien grand collège à cette institution et rappelait,
à l'article XXIX, que l'administration du département deirait sans
^ Jacques-Michel Goupk, oé à Péroone en 1737, est mort à Paris le 11 mai
1809. Curé de Sermaise ea Picardie en 1789, membre de la Législative et de la
Convention (Oise), vota la mort du roi. Membre du Conseil des Cinq-Cents*
ENSEIGNEMENT l'UBLlC DES ARTS DU DESSIN loi
retard faire procéder à rèlection, par le jury dlnstruction nomme
par Dupuy, des neuf professeurs de celle école. Ce choix el la
répartition des locaux ayant été opérés, il se Irouva que les bâti-
ments du grand collège ne suffisaient pas.
Aussi par un arrêté du 18 septembre (2' complémentaire an IV)
Tadministration départementale composée de Couland, président,
Aliard, Piégay aîné, Bonnard, administrateurs, assistés de Paul
Cayre, commissaire du Directoire exécutif, décida que trois salles
des bâtiments de Tabbaye de Saint-Pierre seraient provisoirement
consacrées aux leçons publiques de TKcole Centrale, plus des loge-
ments salubres pour les professeurs qu'on ne pouiait loger au
(jrand Collège, réservant néanmoins ceux qui avaient élé assignés
à Télat-major de la Place, plus une chambre pour les professeurs,
les livres et les instruments, afin de préparer les leçons. Nous ver-
rons plus loin quels cours furenl ainsi placés à Tabbaye de Saint-
Pierre.
L'inauguration eut lieu le lendemain 19 septembre entre trois
et quatre heures du soir dans la grande salle de la bibliothèque au
Grand Collège; au fortd, cette cérémonie ne constituait que Tihs-
tallalion des professeurs, puisque ceux-ci eurent, le 21 novembre
(1" frimaire an V), à ouvrir leurs cours, aussi en séance solen-
nelle, qui eut lieu à Tabbaje des Dames de Saint-Pierre dans le
local dont nous venons de parler.
Bien que le règlement de TKcole Centrale n'ait été arrêté défini-
tivement que le 16 août de Tannée suivante (29 thermidor an V)
et que, par conséquent, nous ne le placerons aux pièces justifica-
tives qu'à cette date, comme il nous fournit l'esprit qui présida à
l'organisation, nous y relèverons tout de suite un point lequel est,
à notre avis^ d'un puissant intérêt.
Ce qui caractérise ce règlemenl, c'est qu'en dehors des per-
sonnes qui, âgées de plus de dix-huit ans, pouvaient assister aux
cours qu'elles préféraient, librement et sans être astreintes à être
interrogées et ne pouvant faire aucune question, les élèves n'ai aient
pas le droit de choisir à leur gré les cours à suivre; ils étaient
tenus de passer de l'un à l'autre successivement dans l'ordre établi
comme on va le voir.
Article \\\.
Ceux âgés de douze ans et au-dessous devaient entrer dans la
l'it ENSElGi\£\lE\T PLBL^C DES AUTS DU DESSIi\
r* classe e! assister pendant une année le matin au cours de gram-
maire générale et particulière (langues anciennes, géographie, his-
toire, mythologie), et, le soir, à Técole de dessin.
Ceux âgés de treize ans entraient dans la 2* classe, avec les
mêmes professeurs et continuaient les cours de Tannée précé-
dente.
Les élèves de 3* classe, âgés de quatorze ans, assistaient le matin
aux leçons de belles-lettres, et, le soir, à Técole de dessin.
Les élèves de la A* classe, âgés de quinze ans, allaient le
matin aux coui:s de mathématiques et, le soir à celui d'histoire
naturelle. Il était indispensable, selon Tarticle VIII, d'avoir quinze
ans pour être admis aux cours de mathém.atiques, seize, pour
celui de physique, et dix-sept pour celui de législation.
Il n'est pas question de dessin en quatrième et cinquième année;
ceux de sixième, ayant dix-sept ans par conséquent, pouvaient à
volonté aller le soir ou au cours d'histoire naturelle ou à l'école de
dessin.
L'enseignement du dessin obligatoire à I^yon dès 1797 dans ce
qui a précédé notre enseignement secondaire! Bien que nos
recherches pour les écoles similaires ne soient pas encore ter-
minées, il nous est possible d'affirmer qu'il en était de même
ailleurs.
Pas de séances dites d'études; les leçons (article XIl) ne devaient
commencer qu'après que chaque élève eut été interrogé sur la
leçon précédente ou fait vérifier ses extraits et compositions. La
i*étribution par an ne pouvait dépasser 25 francs selon la loi. Pas
d'internat, c'est Bonaparte qui, avec les lycées, a ramené le régime
de claustration de la jeunesse comme dans les couvents ou dans les
casernes, contre lequel on est conduit à réagir de nos jours.
Ce n'est pas ici la place de juger l'enseignement des Ecoles Cen-
trales qui furent supprimées en 1802 ; nous voyons seulement que
Cogellj en réussissant à adjoindre son école de dessin à l'Ecole
On traie, fit un coup de maître.
Voici de quelle manière, ayant à développer, ainsi que les autres
professeurs, le plan et les vues de son enseignement, il s*explique
le 21 novembre (Pièce justificative n"LII) :
Il s'efforce de justifier le législateur de 1795 (3 brumaire an IV)
d'avoir placé le dessin au nombre des matières qui constituent
ENSEiG\£.\lËNT PUi.'LlC DES ARTS DU DESSIN 153
essentiellement rinstriiction à laquelle sont appelés tous les
citoyens : Si le dessin, dit-il, est nécessaire à tous les artistes, le
simple artisan en a besoin aussi; privé de ce secours, il aurait à
regretter de ne pouvoir ni retracer ses idées, ni ses conceptions et
d'éprouver par cela seul les plus grands obstacles à Texécution.
Cogell continue en expliquant qu'il commencera son cours par
les premiers éléments, parce qu'il faut de l'unité dans l'instruction
et qu'il importe, dés le principe, de prendre une marche uniforme
et régulière et de prévenir les habitudes. Il prendra ensuite peu à
peu l'essor et s'efforcera d'atteindre un niveau élevé ; sans doute il
va se voir chargé d'un grand nombre d'élèves; mais, comme un
père au milieu de ses enfants, par son esprit communicatif, il se
prélera avec amitié à leur confiance et les conduira par la main au
Ira vers des difficultés.
Peut-être il se trou ve dans ce discours des passages, sur le goût
et sur la manière de voir la nature, qui dépassent un peu la ques-
tion ; toutefois on y constate cet esprit de ténacité et de dévouement
qui n'a pas quitté ce personnage, absolun^ent inconnu jusqu'à
présent, que nous nous sommes efforcé de mettre en lumière dans
noire long travail et avec lequel nous sommes encore bien loin
d'avoir fini.
E.-L.-G. Charvet.
PIECES JUSTIFICATIVES
XLV
Rapport de Jousselme
à la commission temporaire des Arts et des Sciences
5 Fructidor ao II (22 août 1794)
Rapport à la Commission temporaire des Arts et Sciences
u Environ vingt cy-devant communautés, tant religieuses que Maisons
d'éducation, étoient dans cette commune : chacune de ces communautés
a voit sa bibliothèque plus ou moins volumineuse
.< Un certain nombre de ces bibliothèques occupoit un local qui a été
vendu avec le reste de la maison ou dont on a eu besoin pour le bien de la
République. Tout a été transporté et entassé dans un dépôt général à la
maison de Pierre (Fabbaye de Saint-Pierre), en attendant qu'on eut formé
154 ËNSEIGXEMEIVT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
des rayons pour ranger les livres, telles que celles des cy-devant Domini-
cains, Chartreux, Grands Capucins, Séminaire Saint-lrénée, Missionnaires
de Saint-Joseph, Oratoriens, des Petits Augustins.
u Celles des Feuillants, des Carmes ont Hv transportées et entassées
dans un local de la maison des Capucins du Petit Forêt.
u Celles des chanoines de Sainte-Geneviève et des Cordeliers de TObser-
vancc ont été transportées au Petit Collège, le tout avant la rébellion
lyonnaise.
u Pendant le siège, la bombe a éclaté à diverses reprises au dépôt qui
se trouvait à la maison susdite de Pierre devenue la principale caserne des
Muscadins. Les livres qui s'y trouvaient ont été totalement endommagés,
partie a brûlé, partie a pourri par les pluies qui tombaient en abondance,
à cause de la dégradation des toits, quelques-uns ont été enlevés par les
rebelles, quelques autres briïlés par les volontaires de la République sous
prétexte que c'étaient des livres de fanatisme, de sorte qu il est difficile
actuellement de compléter le moindre ouvrage, malgré qu'il y ait encore
un assez grand nombre de volumes.
u Quant au dépôt du Petit Collège où on avait porté pendant le siège le
plus grand nombre dans une cave où il y a demeuré jusques à environ le
milieu de germinal d'où il a été retiré pour être transporté au dépôt géné-
ral, comme vous le sentez, les livres ont été endommagés et boulevei*sés
par les divers transports.
u 11 reste.encore d'existantes dans leur local les bibliothèques des cy-devant
Minimes, des Carmes-Déchaussés, des ex-comtes de Saint-Jean, des Corde-
liers de Bonaventure, des Lazaristes, des Capucins du Petit-Forét et celle
Petit-Collège.
u Celle des Augustins est à la vérité encore existante, en son entier,
mais on a été obligé, par rapport à l'atelier des habits, d'en tirer les livres
et de les entasser dans une chambre voisine.
Cl lies bibliothèques des Chartreux, des Cordeliers de l'Observance, des
Carmes des Terreaux et des Feuillants étoient opérées, les cartes étoient
dressées et prêtes pour la formation d'un catalogue, mais d'après les évé-
nements susdits, l'opération est devenue inutile.
ce Celles des Carmes Déchaussés, des comtes de Jean (les comtes de
Saint- Jean, chanoines de la Primatiale), des Capucins du Petit-Forét et des
Cordeliers de Bonaventure qui sont encore en leur entier, sont opérées, les
cartes faites et prêtes à la formation du catalogue.
u Quant h celle des Augustins, elle avoit bien été cartée, mais eu égard
à son déplacement des rayons, il sera très difficile à se reconnaitre et on
sera peut-être obligé à travailler tout de nouveau.
« On s'occupe actuellement à opérer les bibliothèques existantes dans
ENSEIGXEUEIVT PUBLIC DBS ARTS DU DESSIN 155
leur local et qui ne rétoienl pss encore, en commençant par celle du Pelil-
CoUège.
« On s* occupe également avec la plus grande activité au rassemblement
des livres et autres objets -concernant les arts qu'on trouve peu à peu, chez
les rebelles et déjà il y en a dans le dépôt général dix-huit ou dix-neuf
mille volumes provenant des bibliothèques susdites tirées de leur local et
déposés à la maison de Pierre, soit ailleurs, avant la rébellion. Tous ces
volumes, par ordre d'ouvrages sont placés dans des rayons qui ont été
posés iid hùCy sans compter environ quatre h cinq mille brochures arran-
gées et portant, pour une plus grande facilité d'inventaire, leur étiquette,
lequel inventaire, en règle, commencera nécessairement, car il y en a déjà,
pour la plus grande partie, un sommaire.
u Dans le même dépôt général se trouvoient rassemblés et entassés les
uns sur les autres, indépendamment des susdits^ environ trente mille volu-
mes qui ne traitent que de fanatisme, comme livres de méditations, de
prières, de messe, de résolution, de cas de conscience, de matières théolo-
giques, etc., etc., provenant tant des cy-devant communautés d'hommes
et de filles que de rebelles cagots, volumes, si le besoin l'exige, seront
ensuites enrajOnnés et portés sur le catalogue.
u Relativement aux cabinets d'histoire naturelle, de physique, d'anti-
quités, comme cette commune étoit presque entièrement adonnée au com-
merce et que l'esprit de ses habitants étoit de faire ce qu'on appelle fortune ^
on ne trouve pas beaucoup de choses de ce genre, et d'ailleurs, tout ce qui
s'y rencontre a extrêmement souffert des suites du siège : cependant on
s'attache à recueillir de chez les rebelles tout ce qu'on peut y rencontrer et
déjà l'on a, dans le dépôt, quelques petits morceaux de ce genre.
u La peinture, la gravure est ce qui abonde Le plus, et à en juger,
d'après quelques personnes de l'art, il y a du bon.
tt 11 faut cependant observer que quant h la physique, l'on a encore
quelque bonne chose malgré les dégâts que la bombe a occasionnés, d'après
la réunion du cy-devant séminaire de Saint-Irénée et celui du cy-dcvant
collège.
u Tout le contenu dans ce Mémoire est conforme à la vérité.
u Commune affranchie (Lyon) 5 fructidor de l'an II de l'ère républi-
caine, n
Signé : Joussri.mr >.
* Archives de la ville de Lyon, série non inventoriée.
156 ENSElGiVEMENT PUBLIC DBS ARTS DU DESSIN
XLVI
Arrêté de VadminUtraiion du département du Rhône
3 pluviôse ta IIl (22 janvier 1795)
Vu Favis de la commission établie par le district de Lyon pour la forma-
tion du muséum et la conservation des monuments ; sur le renvoy qui lui
a été fait par l'administration du district de la demande du citoyen Co^^elK
peintre, ci-devant professeur ft Técole gratuite de dessin, relative au choix
d'un local provisoire propre h y rétablir incessamment le cours de ses
leçons à T effet par ladite commission de donner Sbn avis portant que
l'école de dessin sera rétablie dans l'ancien local qu'elle occupait sous la
grande bibliothèque du Grand Collège, ainsi que les écoles de médecine et
que, de suite, il en sera donné avis aux locataires actuels qui l'occupent
que^ provisoirement, et pour laisser le temps de prendre les mesures con-
venables A la perfection de cet établissement, l'école gratuite de dessin sera
placée dans le prolongement de l'aile au nord des bâtiments dudit Collège,
au premier étage, depuis la voûte jusqu'au quai, de manière que la partie
à l'est du petit escalier serve de salle pour les leçons communes et le sur-
plus tant pour le logement du citoyen Cogell, professeur, que pour les
leçons particulières, que ce local sera immédiatement mis ù la disposition
du citoyen Cogpll pour y régler les agencements convenables et y com-
mencer le cours de ses leçons.
Vu l'avis du district de Lyon en date du 18 du mois dernier (nivôse) ,
portant qu'il y a lieu d'homologuer l'avis de la commission des sciences
et des arts établie par ce district ;
Considérant que la ville de Fiyon n'a dû sa célébrité qu'A la culture des
arts qui tiennent le plus à son commerce ; que la fabrication des étoffes de
jfoieétoit de tous les genres d'industrie auxquels s'étoient livrés les habitants
He cette commune celui qui a voit été porté au plus haut point de perfec-
tion;
Que, si tous les peuples recherchoient les étoffes de Lyon, cette préfé-
rence n'étoit due qu'à l'élégance et à la correction de leurs dessins ; que
non seulement les manufactures de soie de Lyon, mais encore celles de
rubans et de toiles peintes, les papiers meublants et tous les genres de
main-d'œuvre où l'art du dessin et les principes de géométrie élémentaire
sont nécessaires, exigent que cet établissement soit encouragé et soutenu ;
Le président entendu,
. L'administration arrête que, conformément à l'avis du district de I^yon,
l'école de dessin ci-devant établie dans Phôtel commun et dont les leçons
ENSEIGNEMENT PUBLIC DES AttTS DU DESSIN Iù7
ont été suspendues depuis )e siège sera rétablie dans toute son intégrité et
qu^elle sera provisoirement placée ainsi que le logement du professeur
dans le h' étage dans le prolongement de Taile au iVord du ci-devant
Grand Collège depuis la voûte jnsqu^au quai dans Fangle de la rue du Pas
Etroit et que les locataires qui occupent actuellement Icsdits appartements
seront, en remplacement, logés dans les appartements situés sous la ter-
rasse attenant auxdits bâtiments du Grand Collège ci-devant occupés par le
nommé Goiran qui a été puni de mort.
Signé : Paul Cayrk, Bridant et Papkt ',
XLVIl
Arrêté de Dupuy, représentant du peuple
Lyon le 20 prairial. Pan III de la République une et indivisible.
Le Représentant du peuple Dupuis, envoyé par la Convention nationale
dans le *d^ arrondissement de la République pour y assurer la prompte
exécution des lois relatives à l'instruction publique, arnHe ce qui suit :
Article premier. — L'administration du département du Rhône se fera
rendre compte dans le plus bref délai des inventaires qui ont dik être faits
de tous les livres et manuscrits qui composaient les bibliothèques des ci-
devant corps et communautés ecclésiastiques, des établissements d'instruc-
tion publique et spécialement de Pacadémie de Lyon et de ceuv des émi-
grés, ensemble les objets d'histoire naturelle, des instruments de physique,
de mécanique, de chimie, modèles de machine, d'arts et métiers, des anti-
ques, médailles, pierres gravées et estampes qui leur appartenaient et Pau-
torise à se faire remettre les objets ci-dessus mentionnés et à ordonner leur
rassemblement h Pécole centrale du département fixée à Lyon sur la
demande qu'en feront les professeurs lorsqu'ils les trouveront nécessaires
et convenables à la formation de la bibliothèque centrale, des cabinets de
physique et d'histoire naturelle, de la collection des machines, des modèles
d'arts et métiers qui doivent Otre attachés A Pécole centrale en vertu de la
loi du 7 ventôse, sans que sous aucun prétexte on puisse en rien distraire
ou l'appliquer A d'autres établissements si ce n'est de leur aveu ou par une
loi formelle.
Art. 2. — L'administration est aussi autorisée sur la demande des pro-
fesseurs à faire extraire des jardins non vendus soit des anciennes corpora-
tions ci-desus désignées, soit des émigrés, les plantes rares et arbustes que
' Folios 34 verso et 35 recto du Registre des arrêtés du département du
RhÔDe, ^3 frimaire an III au 1*' brumaire an IV.
158 EIVSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
les professeurs croient propres à la formation du jardin de botanique qui
doit (Hre attaché à Vécole centrale.
Art. 3. — Le jury nommera le citoyen charge de présider au rassem-
blement et au transport des livres et machines, et l'administration du
département ordonnera les dépenses nécessaires à cet égard.
Art. 4. — Il est enjoint à toutes les administrations du district de faci-
liter par tous les moyens qui sont en leur pouvoir la prompte exécution du
présent arrêté sous leur responsabilité.
Art. 5. — L'administration du département est chargée d'inviter tous
les bons citoyens qui sont jaloux de donner au nouvel établissement la
splendeur dftnt il peut être susceptible, à déposer, à Técole centrale, les
machines, instruments de physique, morceaux d'histoire naturelle et autres
objets relatifs aux progrès des sciences et des arts, dont leur patriotisme les
engagera à faire le sacrifice et à concourir par là de tout leur pouvoir à la
prompte formation d'un établissement qui doit préparer le bonheur de
plusieurs générations et leur procurer à eux-mêmes et à leurs enfants tant
<le ressources pour l'instruction et les plus douces jouissances de Tesprit.
Dupiis, Représentant du peuple '.
XLVHI
Arrêté du Directoire du district de Lyon
(19 septembre 1795)
Dans la séance publique du 3" jour- complémentaire de l'an 111 où
î'taient les administrateurs soussignés.
Vu les deux arrêtés du représentant du peuple Dupuis, en mission pour
l'exécution des lois relatives à l'instruction publique en date des 20 et
25 prairial dernier, le premier, ordonnant que « l'administration du
département du Rhône se fera rendre compte dans le plus bref délai des
inventaires qui ont dû être faits de tous les livres et manuscrits qui compo-
saient les bibliothèques des ci-devant corps et communautés ecclésiastiques,
des établissements d'instruction publique et spécialement de l'académie de
Lyon et de ceux des émigrés, ensemble des objets d'histoire naturelle, des
instruments de physique, de mécanique, de chimie, modèles de machines
d*arts et métiers, des antiques, médailles, pierres gravées et estam|)es qui
leur appartenaient et Tauforise à se faire remettre les objets ci-dessus
' Archivés du département du Rhône. Registre des délibérations du départe-
ment du Rhône, n* 2, f 187 v*; communiqué par M. Georges Guigue. archi-
viste du département du Rhône.
ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN 159
menfionnés, et ordonner leur rassemblement h TKrole centrale du départe-
ment, fixée k Lyon, sur la demande quVn feront les professeurs lorsqu'ils
les trouveront nécessaires ou convenables à la formation de la bibliothèque
centrale, des cabinets de physique et dMiistoire naturelle, de la collection
des machines, des modèles d'arts et métiers qui doivent ^tre attachés à
TKcole centrale en vertu de la loi du 7 ventôse, sans que sous aucun pré-
texte ou puisse en rien distraire, ou l'appliquer à d'autres établissements,
si ce n'est de leur aveu ou par une loi formelle.
u Que Fadministration est aussi autorisée sur la demande des professeurs,
à faire extraire des jardins non vendus, soit des anciennes corporations
ci-dessus désignées, soit des émigrés, les plantes rares et arbustes que les
professeurs croiront propres à la formation du jardin de botanique qui
doit t^tre attaché à l'Kcole centrale. »
Le second portant : « 1<* Ktablissement d*un conservatoire à Lyon,
chargé de veiller à la conservation de tous le^ monuments des sciences et
arts, de recouvrer ceux qui auraient été dilapidés et de constater Fétat [de
ceux qui sont endommagés, de se faire rendre compte de tous les dépôts
qui existent, d'en dresser un tableau exact et de faire part de ses opérations
au comité dinstruction publique, n
2*' La nomination des citoyens Delandine, Chinard, Horace Coignet,
Cochet et Riverieulx-Varax jK)ur membres du Conservatoire.
Vu le mémoire ou pétition desdits citoyens Cochet, Coignet, Riverieulx-
Varax présentée à l'administration du département du Rhône, portant que
le refus du citoyen Delandine, l'un d'eux, et le défaut de local, leur ont
empêché malgré leur activité de commencer leurs travaux, que tout ce qui
concerne l'instruction publique à Lyon est en confusion, que les biblio-
thèques nationales sont ouvertes et non décrites, que divers agents, les uns
inconnus, les autres sans mission légitime sont occupés h les voiturer et
entasser dans un dépôt dans la maison nationale de Saint-Pierre, qu'il est
de leur devoir et de l'intérêt de la République d'y mettre ordre.
Qu'à cet effet, au nom du Comité d'instruction publique et de l'intérêt
que tous les citoyens ont de jouir de ce que cet établissement peut leur
procurer d'utile, ils requièrent :
!•* De nommer un commissaire qui conjointement avec l'un des mem-
bres du conservatoire, mettront au plus tôt les scellés sur tous les dépôts
nationaux de cette commune, renfermant tout ce qui est relatif aux sciences
et arts pour ensuite, à la réquisition du Conservatoire, lesdits scellés être
reconnus et levés et procéder à l'inventaire et description.
2" D'ordonner que tout traitement en faveur de tout agent quelconque
attaché ù ces dépôts sera supprimé, î\ moins qu'il ne soit présenté par
ledit Conservatoire et approuvé par le département.
mO 1 KSEtr.NEMKNT PUIILIC DES AKTS DU DES91M
3* Que, »ous Tinspoction du Conservatoire, un bibliothécaire s'occupera
âc. la re:^titution aux familles des livres qui auront été soustraits pendant
la tyrannie, lorsque cette restitution aura été ordonnée par les corps adnii>
nistratifs, qu'il déposera à la bibliothèque du collège les ouvrages de litté-
rature et d'histoire, au plus tard dans deux mois, qu'il dressera de tout un
catalogue succinct, ledit catalogue fait double et par cahier séparé dont
chacun sera délivré de décade en décade ; qu'enfin le bibliothécaire pré-
sentera deux agents pour porter, ranger les livres et les remettre aux
citoyens lors de l'ouverture de la bibliothèque.
4« D'ordonner encore que la présente réquisition sera inscrite sur les
registres de l'administration et que l'arrôté à intervenir sera transmis à la
diligence de l'agent du district à tous les ci-devant employés dans le dépôt,
pour qu'ils aient à y cesser dans le jour toutes fonctions.
Le Directoire considérant qu'il est de la plus grande imjwrtance pour
r utilité publique que le Conservatoire établi à l^yon soit mis en activité
dansl e plus court délai ;
Arrête :
Le procureur général syndic ouï ;
1" Que l'administration du district est invitée a nommer parmi les mem-
bres un commissaire à l'effet de se transporter le jour et heure qu'elle
indiquera, avec un membre du Conservatoire dans tous les dépots natio-
naux de cette commune, où se trouveront des livres, estampes, tableaux,
gravures, antiques, machines et objets d'histoire naturelle, pour sur iceux
procéder par apposition de scellés et par suite à uji inventaire et descrip-
tion.
2" Que dès ce moment sont supprimés tous émoluments ou traitements
des agents qui peuvent être attachés aux dépôts.
3" Qu'il sera nommé et choisi un bibliothécaire qui s'occupera journel-
lement, sous l'inspiration du Conservatoire, de la restitution aux familles,
des livres et autres objets qu'elles justifieront leur avoir été enlevés lors des
dilapidations exercées dans cette commune et ailleurs, d'après l'autorisa-
tion des corps administratifs.
•i" Que tous les ouvrages de science, de littérature et d'histoire seront
déposés au plus tard dans deux mois a la bibliothè jue du collège, pour
être destinés h l'utilité publique trois fois par décade.
5" Que ledit bibliothVaire dressera un catalogue des livres déposc'»s dont
il conservera un double et remettra l'autre au Conservatoire, et lequel
sera fait par cahier séparé et chacun délivré de décade en décade.
6» Enfin il présentera sous l'approbation de l'administration et du Con-
servatoire deux agents pour voiturer, ranger et porter les livres dans le
dépôt indiqué.
ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN 161
Arrête en outre, que le présent arrêté sera, à la diligence du procureur
syndic du district, notifié à tous les ci -devant employés dans les dépôts
dont il a été parlé, pour qu'ils aient & cesser dans le jour toute fonction
sous les peines portées par les lois.
Fait le S*" complémentaire an 111.
Signé : Bridaxt, Paul Cayre, Papkt^
XLIX
Arrêté par Poullain de Grandprey, représentant du peuple
u Au nom du peuple français : Kf^altté. Humanité, l/iberté. Justice.
a Le représentant du peuple Poullain-Grandprey, commissaire du gou-
vernement dans les déparlements de l'Ain, de J'isèrc, Loire, Rhône et
Saône-et-Ijoire, investi des pouvoirs délégués aux commissaires du gouver-
nement près les armées ;
« Empressé de donner à la ville de Lyon une nouvelle preuve de l'in-
térêt que m'ont inspiré sa situation et ses malheurs, j'aurais désiré en faire
disparaître jusqu'au souvenir ; du moins, ennemi des excès qui peuvent les
accroître, jaloux de comprimer le choc des partis, et d'arrêter le cours des
vengeances réciproques, je n'ai écouté aucune faction, mais la seule loi du
devoir. Ce plan de conduite était aussi dans le cœur des deux collègues,
dont j'ai partagé pendant cinq mois les travaux et la sollicitude. Sévères et
inflexibles contre tout ce qui pouvait troubler la tranquillité de cette popu-
leuse cité, nous n'avons du inspirer d'effroi qu'aux méchants, et les hom-
mes probes nous sauront un jour quelque gré de notre fermeté dans la
résolution de réprimer tous les désordres.
u L*un des moyens de ramener entièrement le calme dans Lyon, est d'y
rappeler le goût des lettres et àe% arts ; des lettres qu'embellissent la vie et
instruisent tous les ûges; des arts, qui consolent des peines, font naître
l'aisance et assurent le bonheur. Les lettres et les arts, trop négligés depuis '
longtemps dans cette cité, peuvent seuls lui rendre son ancienne splendeur,
favoriser l'essor de son commerce, créer des hommes utiles, occuper l'oisif
et l'empêcher de nuire. Les vices rampent, comme le lierre, sous les pieds
de l'homme occupé, mais ils enveloppent de leurs rameaux touffus celui
qui espère trouver le bonheur dans l'inaction.
u Déjà les représentants Boisset et Dupuis se sont occupés de cet impor-
> Archives du département du Rhône, série L 80. Registre des arrêtés dq
département du Rhône, n» 3, f» 178.
1!
162 ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
tant objet : le premier, eu formant dans Tédifice de Saint-Pierre, un vaste
dépôt de livres, de machines et de tableaux; le second, en nommant un
conservatoire pour diriger tout ce qui tient à l'instruction, et un jury
chargé de choisir les professeurs pour Técole centrale, et en affectant les
bâtiments du collège et du pensionnat des ci-devant oratoriens, & l'ensei-
gnement, et le jardin de Flnslitut deToratoire, à rétablissement d'un jardin
botanique. Leurs arrêtés sont restés sans une entière exécution 11 est temps
qu'ils l'obtiennent, et qu'ils reprennent une nouvelle vigueur. Je suis
heureux de contribuer à seconder leurs premiers efforts, et à rendre aux
savants, aux artistes, aux littérateurs, aux professeurs, k leurs éJëves, à
tous les citoyens d'une grande et belle cité, que l'ignorance seule peut dé-
grader, les sources de l'instruction, du savoir et des vrais plaisirs.
u Aussi, après avoir pris l'avis des commissaires des corps administratifs
et du conservatoire des sciences et des arts, j'ai arrêté ce qui suit :
« Articlk premier. — Tous les bâtiments faisant partie du Grand
Collège, y compris le pensionnat, maison et terrasse enfermés dans la
masse de cet édifice, sont et demeurent spécialement désignés, conformé-
ment à la loi du 3 brumaire présent mois, et à l'arrêté du représentant
Dupuis, du 20 prairial dernier, pour servir A l'instruction publique, à
l'établissement de l'école centrale, au logement des bibliothécaires et pro-
fesseurs, aux salles des cours, bibliothèques, cabinets de physique, de
chimie et d'histoire universelle, observatoire, etc. Les ventes faites contre
les dispositions du même arrêté sont et restent pour non avenues.
u 11 est sursis à toute délivrance de bref, jusqu'à la décision du Corps
législatif.
u Art. 2. — Conformément audit arrêté du représentant du peuple
Dupuis, il sera formé un jardin de botanique, de plantes indigi'^nes et exo-
tiques, dans le jardin et clos du ci-devant Institut de l'oratoire, toute alié-
nation desdits clos et jardin pareillement regardée comme non avenue.
^ Art. 3. — Tous les bâtiments dépendant de l'édifice de Saint-Pierre,
étant destinés à servir un jour i\ un établissement important pour la Répu-
blique, par la réunion de toutes les institutions qui peuvent honorer et
favoriser le commerce, telles que la Bourse, le Tribunal de commerce,
l'école de dessin, la galerie des tableaux, les cours de commerce, d'arts et
métiers, de teinture, le dépôt des modèles et machines inventées pour le
perfectionnement des manufactures, l'aliénation de ces bâtiments demeu-
rera aussi suspendue.
u Art. 4. — 11 y aura une bibliothèque publique dans l'édifice dit du
Grand Collège ; elle sera formée tant des livres qui y existent actuellement,
que de ceux qui se trouvent déposés h Saint-Pierre et dans les divers édi-
fices nationaux.
ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN 163
M Art. 5. — Il y aura» près de celte Bibliothèque, un cabinet, de phy
«ique et un autre d'histoire naturelle.
^< Art. 6. — La bibliothèque et les cabinets sont confiés aux soins de
deux bibliothécaires ; Tun pour la partie des belles-lettres, histoire et anti-
quités, rentre pour celles des sciences et arts. Ils présideront alternative-
ment au service public ; le Jour de non-ouverture, ils s'occuperont : !• de
Ja formation du catalogue général des li,vres, manuscrits, estampes, ta-
bleaux antiques, instruments de physique, machines et objets d'histoire
naturelle ; 2<' de faire rentrer sous leur dépendance les livres et monuments
des sciences et arts qui se trouvent égarés dans les divers dépôts.
u Art. 7. — lia confection des catalogues sera double, pour Tun des
exemplaires être remis au département et Tautre rester entre les mains des
bibliothécaires.
u Art. 8. — Il y aura deux garçons de peine pour transporteries livres
et servir le public. Ils sauront lire et seront sous la direction absolue des
bibliothécaires et à leur simple nomination.
a Art. 9. — Sur la voûte de la ci-devant église et ailleurs, s'il est
nécessaire, il sera sur-le-champ ouvert un dépôt pour recevoir les
ouvrages qui, ne se trouvant pas d'une utilité reconnue et journalière,
obstrueraient la bibliothèque. I/administration provisoire du district fera
aussi débarrasser le local nécessaire au logement des employés à la biblio-
thèque ; et, en conformité de l'arrêté du représentant du peuple Dupuis,
elle s'occupera dans le mois de placer ailleurs les ateliers de l'agence des
habillements, pour qu'on puisse trouver dans l'église du Grand Collège les
salles nécessaires aux cours, sitôt que leur ouverture aura été faite, en
conformité de la loi du 3 brumaire présent mois.
« Art. 10. — T/ouverture de la bibliothèque publique sera faite dans
le mois, et elle aura lieu les jours impairs de chaque décade.
K Art. 11. — Personne ne pourra, sous aucun prétexte, sortir de la
salle de la bibliothèque les livres qu'elle renferme.
u Art. 12. — Sur la désignation du Conservatoire des arts et l'approba-
tion des Corps administratifs de la ville de Lyon, les citoyens Brun et
Tabard sont nommés bibliothécaires ; le premier, pour la partie littéraire;
le second, pour celle des sciences et arts.
« Art. 13. — Le dépôt de Saint-Pierre est conservé, soit pour y mettre
-en ordre les livres qui y sont entassés, soit pour restituer aux citoyens ceux
qui leur appartiennent.
u Art. 14. — Ceux qui auront des réclamations à faire, pour livres
enlevés à eux ou à leur famille, sont tenus de se pourvoir et de justifier de
leurs propriétés, dans le délai de deux. mois ; passé ce temps, ils n'y seront
plus reçus.
164 KNSEiGNEM£AIT PUBLIC DES ARTS DU DESSiM
u Art. 15. — 11 ne sera fait droit qu'après ce terme écoulé, sur les
réclamations qui ne contiendraient aucune désignation spéciale des livres
répétés, ou qui ne seraient justifiées par aucun titre écrit, etc.
tt Art. 16. — Tous les livres susceptibles de réclamation seront déposés
dans un local particulier.
« Art. 17. — Les livres de la galerie de Saint-Pierre, dont Tinventaire
est achevé, seront incessamment transférés dans la bibliothèque publique,
sous la direction des bibliothécaires, et d'après le choix qu'ils en auront
fait. Les exemplaires doubles, et les ouvrages qui ne paraîtront pas devoir
trouver place dans la bibliothèque publique, seront déposés dans le local
fixé par l'article 9.
u iiRT. 18. — Les livres menacés de dépérissement et de dégradation, à
raison de Tinsalubrité du local où ils se trouvent, seront transférés dans la
grande salle de Saint-Pierre, servant au dépôt général.
« Art. 19. — Immédiatement après cette translation, les scellés seront
apposés en présence de Tun des membres du Conservatoire des arts, par un
commissaire de la municipalité, tant sur les portes de cette salle que sur
celles des autres dépôts de cette ville, rcntermant des livres, tableaux,
estampes, machines, et autres monumens des sciences. Ils seront successi-
vement reconnus et levés au fur et à mesure du travail, et il sera pi*océdé,
sous la direction de l'un des membres du conservatoire, aux inventaires
sommaires de ce que ces dépôts renferment.
- Art. 2o. — il y aura au dépôt de Saint-Pierre deux dépositaires, l'un
pour mettre en ordre et appareiller les livres épars, et les remettre ensuite
à la bibliothèque publique; l'autre pour rendre aux familles les livres qui
pourront leur appartenir.
u Art. 21. — Il > aura de même deux garçons de peine pour voiturer
et transporteries livres.
u Art. 22. — Sur la désignation du conservatoire et l'approbation du
Corps administratif de cette ville, les citoyens Maurin et Labussière sont
conservés gardes du dépôt.
K Art. 23. — Le cabinet d^ histoire naturelle, et les livres rassemblés
par les soins du citoyen Gilibert, seront incessamment transférés, sous sa
surveillance, à la bibliothèque publique.
u Le citoyen Gilibert est invité & continuer ses recherches sur les objets
relatifs à l'histoire naturelle, et surtout à faire extraire des jardins natio-
naux, non vendus, tous les arbustes et plantes rares qu'il croira propres h
la formation du jardin botanique.
tt Art. 24. — Le citoyen Mollet, désigné pour professeur de physique
dans l'école centrale, est invité à continuer ses soins au cabinet de
physique ; à le faire réparer, mettre en ordre et placer dans le local
ENSEIGNEMENT PUBLIC DBS. ARTS DU DESSIN 165
convenable. Le citoyen Gambier restera char<|[é d*en réparer les înstru.-
mens.
' (c Art. 25. — Parmi les exemplaires qui seront reconnus doubles, par
les dépouillements faits tant à la bibliothèque qu'au dépôt de Saint-Pierre
et ailleurs, il sera formé, par les bibliothécaires, une collection d*ouvrages
relatifs à la physiologie, hygiène, thérapeutique, matière médicale, chi-
rurgie, anatomie, chimie, et généralement to.us ceux qui tiennent à Tart
de guérir. Cette collection sera déposée dans une salle de l'hôpital pour
servir à l'instruction des officiers de santé et élèves, sous la surveillance et
la direction de TofQcier de santé en chef pour la partie chirurgicale.
u Art. 26. — Il sera de m^me formé une collection parmi les doubles
des livres relatifs à Tart vétérinaire et hippiatrique, et h l'éducation des
animaux ; ils seront remis au directeur de l'école vétérinaire pour Fin»-
truction des élèves.
u Art. 27. — A dater de ce jour, les fonctions de tous les employés à'
la bibliothèque du collège et du dépôt de Saint-Pierre, autres que ceux
désignés par le présent arrMé, cesseront.
u Art. 28. «- Le conservatoire des arts est invité à continuer ses soins
désintéressés, pour la recherche et la conservation des monuments des
arts et des sciences, et à communiquer ses vues, soit & l'administration du
département que nous chargeons de les seconder, soit au Corps légis-
latif.
ce Art. 29. — L'administration du département fera procéder, sans
retard, en exécution de la loi du 3 brumaire, présent mois, à l'élection
pour le jur^ d'instruction nommé par le représentant du (peuple Dupuis,
des neuf professeurs dont les fonctions sont déterminées par l'article pre-
mier du titre second de la même loi.
« Art. 30. •— Je charge le commissaire provisoire du Directoire Exécutif
de surveiller et provoquer l'exécution du présent arrêté dont copies seront
adressées au Corps législatif, au gouvernement, aux administrations de départe*
nient et de district, à la municipalité et au Conservatoire des arts ei sciences
qui sera en outre aftiché dans les lieux accoutumés de la ville de Lyon.
u Lyon, le 23 brumaire an IV^ de la République française.
« Le représentant du peuple :
« PouLLAiN Grand Prey^ »
* Archives du Rhône. Registre des délibérations du conseil du district de
Lyon, n^ 15. f* 24; communiqué par M. Georges Guigue, archiviste du départe-
ment du Rhône.
166 ENSEIGNEMENT PUBLIC DES ARTS DU DESSIN
Procès-verbal relatif aux sculptures entreposées dans le couvent
des Cordeliers de saint Bonaventure
Liberté. Égalité.
tt Cejourd'huy premier pnririal l'an IV de la République française
(20 mai 179(5),
« Nous Etienne-Emmanuel Mathieu, membre de Tadministration muni>
cipale du Midy, canton de Lyon,, nommé par elle dans sa séance du
17 floréal dernier, pour procéder à la reconnaissance des morceaux de
sculpture et architecture en marbre ou autrement existant en dépôt dans le
cloître et réfectoire des ci-devant Cordeliers propres à être conservés et
destinés pour le Muséum des sciences et des arts ;
a Nous étant fait assister des citoyens Clément et Ghinard, artistes de
cette ville, nous nous sommes transportés au lieu ci-dessus désigné, ou
étant, parmi différentes pièces de marbre, la plupart mutilées et cassées,
nous avons jugé dignes d*élre conservées et avons séparé celles dont la
nomenclature suit :
« 1» Un bas-relief.
« 2" Une vierge.
u s** Un christ à la mosaïque en deux pièces.
« 4" Trois génies ou anges supportés par des nuages.
« 5« Un bénitier en forme de coquille.
« 6' Deux têtes en relief.
« ?• Treize urnes.
tt 8« Cinquante-six pièces de marbre de différentes grandeurs ayant servi
à divers orneraens, y compris un devant de tabernacle.
u 9^ Un médaillon.
« 10* Quatre colonnes à la Corinthienne y compris leurs coniiches et
chapiteaux.
« 11° Deux colonnes de forme ronde sans corniches ni chapiteaux.
t 12* Sept autres colonnes aussi de forme ronde sans corniches et cha-
piteaux,
« De tout quoi nous avons dressé le présent procès- verbal que lc«
citoyens Chinard et Clément ont signé avec nous les jours, mois et an susdits.
u Signé : Chinard, membre de l* Institut national.
Mathieu.
Clément *.
* Archives de la ville de Lyoo, série non inventoriée.
ENSEIGNEMENT PLBLIC DES ARTS DU DESSIN 16*/
Ll
(V^ 485) Loi qui destine quatre millions valeur fixe aux encouragements
des fabriques et manufactures nationales
(Du 6 messidor)
Le CONSEIL DES ANCIENS, adoptant les motifs et la déclaration d* urgence
qui précède la résolution ci-après, approuve Tacte d*urgence.
Suit la teneur de la déclaration d* urgence et de la résolution du 3 mes-
sidor :
Le conseil des Cinq Cents, considérant que l'intérêt du commerce, celui
de la prospérité publique, demandent de donner de promps encourage-
mens aux manufactures et fabriques nationales ;
Déclare qu'il y a urgence.
Le Conseil, après avoir déclaré 1* urgence, a résolu ce qui suit :
Articli;: prruikr. — 11 sera remis à la disposition du ministre de Tin-
térieur une somme de quatre millions, valeur fixe, pour servir d'encoura-
gement aux fabriques et manufactures nationales, à celles surtout qui tra-
vaillent les laines^ les toiles et les soieries.
Art. 2. — Cette somme sera employée ainsi qu'il suit :
Un million sera versé dans une caisse de prêt ; il sera destiné ù faire des
avances aux manufacturiers et fabricans de Lyon qui en auront besoin
pour remonter leurs métiers et leurs manufactures.
1^ Directoire exécutif est chargé de l'organisation de cette caisse, et de
déterminer les conditions et responsabilités à exiger des preneurs.
Art. 3. — Le surplus des quatre millions sera employé à des comman-
des d'ouvrages d'ai*t précieux, fabriqués avec les productions du sol et
principalement recherchés de l'étranger.
Le ministre de l'Intérieur rendra compte, successivement, de la distri-
bution des fonds qui sont mis ù sa disposition, des avantages qui en auront
résulté, des produits des ouvrages qui auront été fabriqués, lesquels pro-
duits seront versés dans la caisse, pour servir à de nouveaux fonds d'en-
couragement.
^i^n^ ; Petit (de la Lozère), président; J.-V. Dimolaru, J.-C. Fhi-
lippe-Dellevillk, Soulkîxac, Lkclerc (de Loir-et-Cher), secrétaires.
Après une nouvelle lecture, le Conseil des Anciens approi ve la
résolution ci-<lessus. !ie 0 messidor an IV de la République fran-
^»ise.
168 ENSEIGNEMENT PUBMC DES ARTS DU DESSIN
Signé : Portalis, président, Rabaut, Mathieu-Duuas, Moysset, secré-
taire.
Pour expédition conforme :
Signé : Carnot, président ; par le Directoire exécutif.
Le secrétaire général : Lagarde '
LU
Discours de Cogell
1" friinaire ao V (21 novembre 1796)
Ce n'est pas sans raison que le dessin a été classé par le législateur au
nombre des objets qui constituent essentiellement T instruction k laquelle
sont appelés tous les citoyens. Son utilité reconnue s'étend sur les arts qui
contribuent le plus au charme et au bonheur de la société. Le dessin est
nécessaire à tons les artistes qui veulent imprimer à leurs productions ce
caractère régulier sans lequel le génie même ne sera jamais rien de parfait.
Le simple artisan a besoin du dessin ; privé de ce secours, il aurait à
regretter de ne pouvoir retracer ni ses idées, ni ses conceptions et d'éprou-
ver par cela seul les plus grands obstacles à l'exécution.
Mais inutilement insisterions-nous sur les avantages non contestés d'un
art aussi précieux ; ce qui nous importe, c'est d'en donner une idée simple
et rapide^ assez juste pour qu'on aperçoive tout d'un coup le but auquel
nous tendons.
Celui qui veut parvenir à un degré de perfection qui honore l'art, doit
former son goût en même temps qu'il se remplit de la connaissance des
rc'gles qui assurent le succès du talent. Voir la nature, la considérer sur
toutes ses faces, saisir ses rapports les plus agréables, c'est le moyen in-
faillible de se former le goût. La main se porte d'elle-même à imiter ce
qui plaît ; mais la réflexion qui la guide, prévient s^ écarts ; et c'est à
force de réfléchir et de bien voir, qu'on se fait insensiblement des règles
invariables qui concilient la beauté des formes avec la justesse des propor-
tions en facilitant le travail. C'en est assez pour sentir que la théorie ne
doit jamais cesser d'être présente à Tesprit du dessinateur, et qu'en effet la
lumière des règles est le premier véhicule du génie. La théorie et la pra-
tique doivent se prêter un mutuel secours, et, dans Tétude de l'art, elles
sont aussi essentielles qu'inséparables.
• X*» 54 du Bulletin des lois, imprimerie de la République, bibl. nat., inven-
taire 26943, f^ 4659.
ENSEIGNËMEIVr PUBLIC DES ARTS DU DESSIN 169
Nous pourrions ici nous livrer ù des développements utiles sur les prin-
cipes fondamentaux de Tart, comme nous pourrions entrer dans des détails
importants et flatteurs pour notre cité, sur l'utilité générale du dessin,
relativement à la prospérité, h l'éclat qu'il peut ou doit encore y répandre;
mais nous devons nous borner et il est moins question de célébrer notre
art que d'en exposer les principes.
C'est pourquoi nous commencerons notre cours par les premiers élé-
ments^ parce qu'il faut de l'unité dans l'instruction, et qu'il importe, dès
le principe, de prendre une marche uniforme et régulière et de prévenir
le vice des habitudes. Une autre raison s'y joint : l'art a été négligé dans
cette ville par Teffet de nos malheurs, et la jeunesse ardente est restée long-
temps sans appât et sans nourriture pour son activité. C'est une lacune
immense à remplir ; elle a du être le premier objet de nos soins ; on nous
approuvera parce qu'on en sentira l'indispensable nécessité. Mais bientôt
nous reprendrons l'essor que nous prescrit la loi et nous tâcherons d'affer-
mir nos pas pour atteindre avec succès l'extrémité de la carrière. Dans la
suite, notre marche prendra un caractère plus libre et plus invariable.
Le zèle et l'assiduité des élèves, leur empressement excité par l'intérêt
de la chose, contribueront, avec le désir qui m'anime, à effectuer notre
plan.
L'artiste chargé d'un grand nombre d'élèves, qui apportent des carac-
tères et des dispositions différentes, a, sans doute, une tâche difficile à
remplir; mais, combien n'est-elle ]>as satisfaisante, lorsque, comme un
père au milieu de ses enfants, il les voit répondre à ses soins ! Lorsque son'
esprit communicatif se prête avec amitié à leur confiance et qu'il les
conduit pour ainsi dire comme par la main au travers des écueils. Animé
par son zèle, il les instruit partout par son exemple ; et, en rachetant par
la douceur, l'aridité et la dureté du précepte, il les encourage, en travail-
lant au milieu d'eux ; démontrer avec précision et netteté, varier avec
discernement les objets de l'étude de manière à prévenir l'inconstance et
le dégoût, en précipiter la marche, sans la ralentir au détriment de l'avan-
cement réel : tel est son devoir ; et c'est ainsi que, par degré, ses soins
développent les dispositions, accélèrent les progrès et que les progrès eux-
mêmes conduisent à la perfection.
Telle est la tâche que je me suis imposée et que je me propose de rem-
plir dans la place importante où la confiance publique m'a appelé ; mais,
je dois le dire, pour y parvenir, j'ai besoin de secours et que la bienveil-
lance soutenue de mes concitoyens encourage mon zèle et partage en quel-
que sorte le fardeau. Sous les yeux d'une administration sage, qui ne veut
que le bien, et qui le favorise de tout son pouvoir ; dirigé par les conseils
d'un jury éclairé^ environné de talents et de l'exemple de mes collègues.
no ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
je suis moins effrayé de ma tâche et j'aurai les forces nécessaires pour la
remplir ».
IX
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
(8« suite)
BRODEURS ET TAPISSIERS DE HAUTE LISSE
La broderie et la tapisserie furent de tous temps tenues en grand
honneur en Lorraine.
De ce fait, il nous a semblé utile de continuer pour les brodeurs
et les tapissiers de cette province Fessai de répertoire entrepris en
faveur des autres artistes illustrés par leurs œuvres spéciales.
Le savant archiviste, M. Lepage, écrivait dans ses Archives de
Nancy y à propos d'une mention inscrite sur un plan de celle ville
daté de 1611, que parmi les artistes de lous genres, on y voyait
aussi tt des brodeurs et tapissiers de haule lice fort experlz qui
ouvrent et besongnent en leurs maisons et logiz * « .
Les broderies d'or, d'argent, de soie, exécutées sur le velours et
les étoffes les plus précieuses, ont toujours eu les prédilections
marquées de la cour et des grands, en Lorraine.
Les fêtes religieuses ou civiles y étaient somptueuses et les vêle-
ments usités dans toutes cérémonies furent richement ornementés
par des broderies d'une grande valeur.
En effet, si nous examinons d'abord les registres et les comptes
de toutes les dépenses conservés aux archives lorraines, nous
sommes frappés de l'importance des charges des brodeurs de la
cour. Ensuite, il est facile de voir que les souverains avaient une
estime pour les artistes qui relevaienl ainsi le prestige de leur
puissance.
Les plus anciens brodeurs dont nous trouvons une mention sont
certainement Auberi de (]ondé-en-Barrois et Hennequin de Bar-
* Imprimés adressés aux deux conseils du corps législatiF, au ministre de l'in-
térieur, à toutes les administrations centrales des départements, aux professeurs
de l'Ecole Centrale et aux administrations municipales du département.
• i^rchives de Nancy. H. Lepage, t. I, p. 192.
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Page 170.
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ESSAI DE REPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS Hl
le-Duc, qui, pendant l'année 1363, firent des travaux de leur art
pour la comtesse de Bar, Yolande de Flandre.
C'est surtout vers le seizième siècle, pendant le règne de
Charles III, que Kart du brodeur prit une grande extension.
Avec quelle richesse voit-on broder les chasubles, les dalma-
tiques, les chapes, les tuniques, lesétoles!
Et même dans les fameuses cérémonies funèbres historiques de
la tt pompe funèbre w de Charles IH, le deuil n'exclut point cette
richesse. Au contraire, les planches de Claude Laruelle et les
descriptions qui les accompagnent en indiquent tous les détails.
Celui qui fut chargé des principaux travaux de broderies pour
ces fameuses obsèques, était maître Mathieu. Depuis les manteaux
de deuil des simples valets de ville, portant quatre croix de Lor-
raine environnées de chardons brodés de soie, d'argent et d'or,
jusqu'aux ornements des prélats, des personnages de la cour, des
vêtements qui recouvraient l'effigie du défunt duc, l'art du bro-
deur était mis à contribution d'extraordinaire façon.
Le Musée de Cluny, parmi toutes ses plendeurs, possède dans
une de ses vitrines une de ces tuniques de diacre avec les bor-
dures aux armes de Lorraine.
Au quinzième siècle, Pierre Billaut était attaché au service de
René II, dont il brodait les bannières des trompettes ducales. Puis
ce furent les Bontemps, les Grand-Jehan, Maistre Gille, les
Pierre, les Rongerin qui, tour à tour, obtinrent les titres de bro-
deurs de Monsieur le Duc et de Madame la Duchesse.
Le dix-septième et le dix-huitième siècle ne le cèdent en rien
au point de vue de l'importance acquise par ces artistes. On n'a
qu'à lire l'état des effets appartenant à la maison de Lorraine,
placés sous la responsabilité des Cordeliers de \ancy ', pour être
émen'eillé par la richesse et le travail considérable exécuté. Ce
sont des chapes en moire d'or et d'argent, brodées au nom des sou-
verains, aux armes de Lorraine, de magnifiques dais sériant aux
processions ou destinés à orner les salles du palais, avec brode-
ries constellées d'orfèvrerie, puis de superbes bourses en velours
et en soie, brodées aux chiffres ou aux armes de familles prin-
cières, à celles du chancelier de la Galaizière, de la famille de
* Journal de la Société d'archéologie lorraine, 1857, p. 174-.
n2 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
Rutant/, ou du Primat de Lorraine, François-Vincent Marc de
Bcauvau. Ces derniers ouvrages d'art sont encore au Palais ducal
(musée Lorrain), de Nancy ^
Les couveuls eurent aussi des artistes dont le nom s'effaçait
dans le silence du cloître, mais dont les œuvres révèlent le talent;
tel ce bel ornement et ce devant d'autel de Téglise de Vie, que
broda une religieuse de cette petite ville de Lorraine, puis la
chasuble antique de Téglise de Maizières, petit village situé non loin
delà».
Une tente de satin cramoisi, toute brodée de chardons et de
châtaignier, emblèmes de René U et de Philippe de Gueldres, fut
léguée à leur fils, le duc Antoine, lorsque sa mère entra au cou-
vent des Clarisses de Pont-à-Mousson.
Les mêmes attributs brodés ornaient aussi un dais magnifique
porté par les quatre gentilshommes, lors de Tentrée de Renée de
Bourbon à Nancy, en 1516.
Le dix-huitième siècle eut toute une dynastie de brodeurs qui
se nommaient Lamoureux, et ce fut Tun des derniers descendants
de cette-famille, Jean-Baptiste I", qui obtint le titre de brodeur du
roi de Pologne, Stanislas Lesczinski,.duc de Lorraine.
Avec la Révolution, l'art proprement dit du brodeur disparut
en Lorraine. Il avait trouvé son dernier refuge dans les vêtements
élégants portés par les gentilshommes de la cour de Nancy et de
Lunéville rassemblée sous l'égide du Mécène polonais. Cet art se
transforma dans notre pays pendant le siècle qui suivit; nous
voulons dire que la broderie de Nancy prit un essor inconnu
ju.sque-là.
Le cadre de nos recherches ne s'étendant qu'aux confins du
dix-hoilième siècle et à ce que l'on peut appeler Tart de l'an-
cienne Lorraine proprement dite, nous bornerons donc ici ce
court résumé pour le terminer par celui des tapissiers lorrains.
Nous ne voulons pas établir en faveur de la Lorraine une com-
paraison avec l'importante fabrication des tapisseries des Flandres
et d'autres pays.
M. Jules Guiffrey, administrateur de la Manufacture nationale
' Voir, ci-dessus, planciie XXXI.
• Voir, ci-contre, planche XXXII.
^ Journal de la Société d'archéologie lorraine^ 1855.
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Page m
|BS ROUGE
i^>DB DKAIVAU, PRIUAT DB LORR/II.VB
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS 173
des Gobelins a décrit, du reste, supérieurement dans un bel
ouvrage sur V Histoire générale de la Tapisserie, tous ces di\ei*s
ateliers. Xous désirons simplement mentionner ici, en ce qu'ils
ont eu de particulier, nos ateliers lorrains et dresser la liste des
artistes qui s'y distinguèrent.
C'est dès le commencement du quinzième siècle, qu'en Lorraine»
le luxe des tapisseries de haute lisse se répandit à la cour ducale
d'abord, dans les châteaux et demeures 'seigneuriales ensuite.
Si les œuvres de ces temps ont disparu ou ont été disséminées,
il n'en est pas de même au sujet des noms des principaux artistes
qui les créèrent.
En effet, les mentions des. archives nous révèlent que des ateliers
existaient, avant 1427, à Bar-le-Duc, puisqu'en cette année Robin
et Jeannin, de Chatelloii, furent appelés de Bar à Saint-Mihiel, ;
par ordre ducal, pour confectionner des tapisseries en cette der- 1
nière ville. j
Etienne Savoye, tapissier, brodeur et « Garde de la Tappisserie j
de Monseigneur le Duc », établi à Xancy, était pensionné par le j
souverain en 1480. Son successeur, Jacquemart de Tries, y fai- j
sait aussi des tapisseries de haute lisse en 1492.
Le duc René II avait accueilli avec beaucoup de bienveillance
un tapissier très distingué dans son art; il se nommait Luc Plaiel
des Plateaux; sa famille était originaire de Lille en Flandre.
Leduc Antoine, fils de René II, combla cet artiste de ses faieurs
en l'anoblissant et en lui donnant les armoiries suivantes : d'ar-
gent au chevron d'azur chargé de cinq larmes d'or et accompagné
de trois plateaux de gueule, deux en chef et un en pointe, avec
pour cimier un vol d'azur.
l ne œuvre se rattache à cette époque, non point qu'elle paraisse
de fabrication lorraine, mais parce que, selon toutes les traditions,
elle constitue un précieux trophée pour cette province.
Nous voulons parler de la tapisserie échappée heureusement au
terrible incendie qui dévora le Palais ducal de Nancy en 1871,
tapisserie dite de la tente de Charles le Téméraire.
Elle garnissait, a«sure-t-on, la luxueuse demeure de campagne
du duc de Bourgogne campé devant Nancy, qu'il assiégeait
en 1477.
Elle fut prise et pillée dans la nuit du 5 janvier qui vit la chute
1
174 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
de ce printe et sa mort tragique dans les marais glacés de 1 étang
Saint-Jean.
Cette tapisserie décrite tant de fois par des écrivains autorisés» et
qui représente a l'Histoire de Banqueta, fut conservée pendant
deux cent cinquante ans au garde-meuble de la couronne, jusqu'à
ce que le duc François IH, en quittant ses États, la remit aux
Xancéiens.
L'Hôtel de ■ Ville en reçut le dépôt précieux jusqu'en 1751,
époque à laquelle elle fut. placée à la cour souveraine de Lor-
raine. C'est dans l'ancien édifice qui abrita si longtemps cette
haute assemblée qu'on la retrouva en 1861, dans des pièces de
réserve. Elle fut alors définitivement exposée au Musée lorrain,
installé au palais des anciens ducs.
On ne peut que faire des suppositions au sujet du lieu de fabri-
cation de cette tapisserie, mais on croit qu'elle doit ètie des
Flandres. M. Soil, de Tournay, pense qu'elle aurait été faite en
<ette ville, par ordre des ducs de Bourgogne. Aucune marque ni
aucun document probant n'est venu jusqu'ici justifier cette suppo-
.sition.
Au château de Bar, des tapisseries faites en Lorraine ornaient
les salles pour le baptême du duc Antoine. Les emblèmes de
René II et de la duchesse Philippe de tiueidres, les chardons et les
châtaigniers, dont nous parlions plus haut, composaient encore
la décoration choisie pour ces tapisseries ' .
Mous ne savons si V Histoire de Clovis, offerte par le cardinal
de Lorraine à la cathédrale de Reims, en J573, provient d'un de
ces ateliers lorrains % mais au début du dix-septième siècle, le duc
et la duchesse, voulant donner sans doute plus de renommée à la
jabrication des tapisseries dans ce duché, firent venir à \ancy,
en 1604, le fameux tapissier bruxellois Harmant Labbé. C'est sur
la prière de la duchesse de Brunswick, que cet artiste accepta
d'initier à son art les ouvriers de la manufacture lorraine.
En 1619, le 23 août, Jacques Çoulombau, marchand tapissier,
habitant Metz en Lorraine, à la Grande-Eglise, devait à Laurent
de Smil, marchand tapissier à Anvers, la somme de 2,176 florins,
* Journal de la Société (f archéologie lêrraine, 1880.
* LoRRiyuKT, Les tapisseries de Xotre-Dame de Reims, 1876, p. xv, xvi.
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS Hà,
17 palars, montant de diverses tapisseries livrées récemment pour
le duc de Lorraine.
V Histoire de Noë et celle de Saint Paulj furent ainsi achetées
et ornèrent les salles du palais ducal de Nancy. On les reconnaît
facilement dans les planches gravées de la Pompe funèbre de
Charles III.
Les souverains se firent souvent présent de tapisseries de haute
lice; c'est ainsi qu'on voit le roi Louis XIV ', donnant au duc
Charles IV de Lorraine, qui venait de prêter hommage, une ten-
ture magnifique de V Histoire d' Alexandre j estimée à cette époque
25,000 écus.
C'est en 1616, que des travaux furent exécutés à THôtel de Ville
de Nancy pour y loger les tapissiers de Son Altesse. Ces travaux
furent plus considérables encore pendant les années 1624 et 1625.
Au reste, sur l'ancien plan de « Nansi » [sic), gravé à Rome, au
commencement de la guerre de Trente ans, le n* 32 de la légende
indique les Case dilauer di seta (maisons des ouvriers en soie) .
Ces établissements, qui doivent intéresser la manufacture des
tapisseries, occupaient à peu près l'emplacement du bâtiment de
l'ancien octroi central, rue Saint-Jean, à Nancy *.
A la vente faite chez les dominicains à Verdun il est question de
tt belles tapisseries de Nancy "îî .
M. Miintz a rappelé très heureusement, qu'en 1629, dans l'in-
ventaire de toits les meubles appartenant à « Son Altesse Monsei-
gneur le Duc, en son château de Viviers r , on voyait a huict
pièces de tapisseries de haute lisse, en la chambre de Mgr, de boc-
cage, à verdure, sept pièces de tapisseries de haute lisse en la
chambre de feue Madame, de feuillages et boccages. Deux pièces
de tapisseries de dévotion, c'est-à-dire avec sujets religieux, a qui
sont en la chambre de l'Oratoire. Neuf pièces de tapisseries de
Bergame » et enfin « unze pièces de tapisseries de cuir doré, façon
de Saint-Nicolas » .
Ces tapisseries de cuir doré, dites cuir de Cordoue, étaient fabri-
quées à Saint-Nicolas, près Nancy. Les Ragache et les Rougerîn en
étaient les chefs; les mentions de leurs fournitures au duc et à la
' La Tapisserie, E. Muntz, p. 253.
• Journal de la Société d'archéologie lorraine^ 1884, p. 55.
' Arch. dép. de la Meuse, 9, A. Benoit.
^
176 ESSAI D£ REPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
duchesse, sont assez nombreuses. De magnifiques tentures, en
cuir argenté, façonnées en bleu, étaient faites en 1599, 1603 et
1607, par ces artistes pour le service de Leurs Altesses '.
Les tapisseries qui ornaient la Grand Wlaisou, en 1621, apparte-
nant au comte de Koeurs, baron de Manonville, étaient faites à
Nancy et représentaient entre autres sujets V Histoire d'Armide^
celle de Cyrus, les Enfants jardiniers j etc. *.
A la Gn de ce dix-huitième siècle, nous voyons la fabrication des
tapisseries lorraines prendre un véritable essor.
Les manufactures de la Malgrange, de Xancy, et les ateliers
éphémères de Lunéville, firent, sous l'impulsion des Durant et
surtout de Charles Mité, des travaux dignes d'intérêt.
M. le chevalier Von Birk, de Vienne, dans son très intéressant
inventaire des Tapisseries des palais impénaux, dit textuellement
que « les Tapisseries des fabriques ducales et lorraines de Nancy
et de la Malgrange, conservées dans les palais impériaux de TAu-
triche, sont de toutes raretés ' » .
Les tapisseries de laine et de fil dues aux Durand furent très
appréciées en Lorraine, par les nobles d'abord et ensuite par la
bourgeoisie. Appréciées surtout de celle-ci, à cause de leur solidité
de fabrication et de leur prix relativement modique. Ce n'est qu'à
partir de la Révolution que cet atelier disparut; vers Tan IX, on
ne comptait plus dans le département de la Meurthe que treize
maîtres tapissiers et deux compagnons.
L'établissement de la Maîtrise des tapissiers, le 15 juin 1717*,
achève, dit M. Lepage, de prouver le développement de la tapis-
serie à Nancy, au dix-huitième siècle \
Déjà, en 1699, le 10 mai, les frères Durand, Nicolas et Pierre,
reçurent des lettres patentes entérinées le 5 octobre 1703, pour
* Au Musée lorrain on voit, sous le n" it57, un morceau de tapisserie, dite
cuir de Cordoue, garnissant au dix-huitième siècle une pièce du petit chdteau de
Lunéville, résidence de jeunesse du prince Charles^AIexandre. — Archives de
Meurthe-et-Moselle. B. 1274. f » 27 0 et 1300. fol. 275.
* Histoire de SaiJU-Mihiet, Dumoxt, t. IV, p. 198.
' D' Von Birk, Inventar der in besitze des aller hoechsten kaisershauses
beiindlichen niderlaender Tapeten und Gobelins. (Jahrsbuch der Kunsthisioris-
chen sammlungen des ailes hoechsten Kaisershauses, t. i. II, III, p. 212.
^ Cette corporation avait saint François d'Assise pour patron.
* Lkpage, Archiovs de Nancy, IV, p. 1883.
J
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS HT
l'obtention des greniers situés au-dessus de la. Boucherie de Nancy,
où ils établirent leur manufacture de tapisseries.
Le plus célèbre de ces tapissiers lorrains fut incontestablement
Charles Mitté».
D(^sle4aoiit 1698, après avoirdébuté dans les ateliers de Durand,
puis nommé tapissier de THôtel en 1701, il obtint en 1702 le
privilège pour établir une manufacture de tapisserie à Nancy.
On trouvera dans notre essai de répertoire des artistes tapissiers
lorrains la description des principaux travaux exécutés par lui à
Nancy.
Disons toutefois qu'il reproduisit en tapisseries de haute lice
les conquêtes de Charles V, c'est-à-dire le triomphe de ce prince,
sur les Turcs, en 1683 *-^ La pièce intitulée Délivrance de
Vienne « est signée de Alité et datée de la Malgrange m en 172i.
Treize portières actuellement à Vienne, où elles furent transpor-
tées avec toutes celles des ducs de Lor^-aine, lors du départ du duc
François III, sont ornées des armoiries du duc Léopold et de la
duchesse Elisabeth d'Orléans. Ces pièces sont de F. Jean Bacor et
de Sigisbert Mengin et datent de 1719; elles semblent avoir été
faites à la Malgrange et à Lunéville. Toutes ces tapisseries font
partie du garde-meuble de l'empereur d'Autriche, François-Joseph.
Cette manufacture de la Malgrange près Nancy eut recours,
pour les maquettes des tapisseries, à des peintres lorrains qui se
spécialisèrent dans ce genre de travail. C'est ainsi qu*en 1731 et
pendant les années suivantes, Coclet, peintre à Nancy, fut chargé
de faire la plupart des modèles exécutés en tapisserie à la Alal-
grange*. On croit que les dix-neuf pièces des Victoires de
Charles V y furent aussi fabriquées.
* Selon toute appareoce, le nom doit s'écrire Mite et non Mitté.
' Comptes du trésorier général de Lorraine, Journal de la Société d'archéo-
logie lorraine, 1866, p. 45.
' M. Eug. MUntz, dans son très intéressant travail, la Tapisserie ^ dit
(p. 334) : c A Mancy, le duc Léopold (f 1729; établit près de son palais un
atelier qui eut pour principale mission de tisser /es Batailles du duc Charles l\
d'après les cartons de Charles Hcrbel (f 1703/» et les Mois. Ces suites, aujour-
d'hui conservées dans le garde-meuble impérial de Vienne, sont presque toutes
l'œuvre de Charles Mitté. Tne fabrique particulière, dirigée par les frères
Durand, jeta en outre un certain éclat dans la capitale de Lorraine pendant
toute la durée du dix-huitième siècle. «
* Archives de .Meurthe-et-Moselle, B. 1670.
12
-^
178 ESSAI DE REPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
Rappelons (|ue M. Mùutz déclare que le duc de Lorraine Fran-
çois III, devenu grand-duc de Toscane, avant d'être Tempereur
François, ferma les ateliei*s de Florence en 1737 et en 1740, qu'il
fit reprendre les travaux de tapisserie exclusivement par des artistes
lorrains tels que Roch le jeune, Charles Depoix, Alexandre Germain
et Joseph Vauthier qui eurent le titre de chefs du garde-meuble.
On sait aussi que c'est la et par ces artistes lorrains que la
célèbre portière intitulée Vulcain et les deux Cyclopes « des
quatre éléments )) fut faite en 1734, à Florence, sur les cartons
du peintre Bonechi.
Les oianufactures de Nancy s'essayèrent dans différents genres,
mais principalement dans ceux des verdures avec oiseaux et vues
de châteaux, des sujets pastoraux, bucoliques, des fleurs et aussi
des sujets guerriers tirés de la mythologie ou de l'histoire contem-
poraine, tels les faits d'armes du duc Charles V.
A Pont-à-Mousson, des tapisseries très intéressantes ornent la
salle des délibérations du conseil municipal; elles représentent
quatre épisodes de la vie d'Alexandre le Grand; c'est-à-dire le
passage du Granique, l'entrevue d'Alexandre avec la famille de
Darius prisonnière, celle d'Alexandre et de Porus et enfin la
Marche triomphale, communément nommée l'entrée d'Alexandre
à Babylone.
Ce sont les tableaux de liebrun qui ont servi de modèles fidèle-
ment reproduits, et nous pensons, comme plusieurs auteurs les
ayant décrites, qu'elles sont de fabrication lorraine.
Des tapisseries du même genre se voyaient encore en 1881,
dans plusieurs maisons de la ville et des environs'. Aucun nom
ni indication de fabrication ne se voit sur ces tapisseries qui sont
d'un tissu trop. grossier pour être confondues avec celles des Gobe-
lins. Leur teinte, comme le dit M. Ory, dans ses Causeries sur
Pont-à-Mousson ', est assez faible.
Au second étage de cet hôtel de ville, quatre autres tapisseries
très intéressantes cependant, sont en partie cachées par les rayons
supportant les livres de la bibliothèque municipale,
' Pont-à-MoussoD, rue Saint-Laurcut, maison Colombe, et au château de
Villc-au-Val.
• Causerie sur Pont-à-Mousson, p. 460, 1881, et Patriote mussipontain^
15 avril 1876.
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS 179
Ces tapisseries, encadrées dans d'élégantes bordures sculptées
de beau chêne, représentent des sujets mythologiques, tels que le
Jugement de Paris, etc. *. Nous pensons aussi qu^elles sortent des
ateliers lorrains.
Terminant le court exposé des manifestations artistiques de la
broderie et de la tapisserie en Lorraine, nous constaterons que
cette province, dont nous connaissions déjà les ressources fécondes
dans les autres arts, a donné aussi un contingent intéressant de
brodeurs et de tapissiers.
Les efforts, encouragés en haut lieu, ont provoqué des résultats
honorables qu'il importait de relever ici. En ajoutant les noms de
ces brodeurs et de ces tapissiers de haute lisse à ceux des peintres,
des sculpteurs, des luthiers, des musiciens, des architectes lor-
rains, il nous a semblé qu'ils ne seraient nullement déplacés de se
trouver réunis sur le livre d'or de leur patrie aimée.
Albert Jacquot,
Membre non résident du Comité à Nancy.
BRODEURS
AuBERi de Condé, quatorzième siècle, brodeur qui fit des travaux de son
art pour la comtesse de Bar, Yolande de Flandre, pendant Tannée 1363.
AuLBOT (Maître Pierre), seizième siècle, qualifié brodeur dans le rôle
des habitants de la ville de Nancy, de 1551 à 1552.
Beauvais (Jean de), dix-septième siècle, brodeur qui, dès 1610, es'
mentionné en raison de différents ouvrages de son. art exécutés pour le duc
de Lorraine Henri II. C'est encore lui qui, en 1622, exécutâtes armoiries
de S. A. et de Mme la duchesse Marie de Gonzague sur des ornements
sacerdotaux destinés à Féglisc Saint-Sébastien de Nancy.
Archives de Mearthe-et-Moielle, B. 1326.
Archives de Xancy, I, 215.
Bertrand (Jean), seizième siècle, brodeur dont nous voyons les gages
payés en cette qualité de 1535 à 1539.
Archives de Mearthe-«t-\IoBelle, B. 1059-1065.
' C'est grâce à Tobligeance de M. Maire, bibliothécaire municipal de Pont-à-
Mousson, que nous avons pu examiner ces tapisseries et recueillir les quelques
documents les concernant.
n
180 ESSAI DE RÉPERTOUE DES ARTISTES LORRAIIVS
Berclauw (Pierre), seizième siècle, brodeur da duc Charles III, qui obtint,
en 1569, une pension accordée sous ce titre, sur la recette de Blàraont.
Archites de Meurtbe-et-Mofelle. B. 3278.
BiLLAUT (ou de Brillant) (Maître Pierre de), quinzième siècle, brodeur
qui fut tour à tour au service de René d'Anjou (1447 à 1478), s'attacha à
la cour de René II. C'est en 1463 qu'il broda les bannières des trompettes
ducales à Nancy.
Lecoy de U Ifarche. Comptes et Mémoires da roi Renë, n^ 469, 621, et Archives de
Meurthe-et-Moselle. B. 502.
BoNTEMPS (Vautrin), seizième siècle, brodeur de la duchesse Renée de
Bourbon qui, en 1523, est mentionné dans les comptes de la cour de Lor-
raine pour différentes sommes payées à lui pour des travaux de son art.
Archives de Meurthe-et-Moseile, 1030.
BoNTEUPS (Claudin), seizième siècle, brodeur établi à Nancy en 1551-52.
Archives de Meorthe-et-Moselle, Rôle des habitants de Nancy.
Colas (...), seizième siècle, brodeur dont le nom est inscrit dans le rôle
des habitants de Nancy en 1551-1552.
CuCHERON (Jean, dit la Fleur), dix-septième siècle, brodeur. En 1614,
il broda un superbe devant* d'autel embelli d'une croix au milieu, enrichi
de broderies d'or et d'argent avec les armoiries du duc et de la duchesse de
Lorraine entourées d'une palme et d'un laurier. En 1628, le payement de
ses gages est mentionné dans les comptes de la Cour.
Archives de Meurthe-et-Moselle. B. 1363. 1466 bis.
Drué (ou Derué) (Jean-François), dix-huitième siècle, brodeur de Nancy,
dont le nom est inscrit sur les registres de la paroisse de Saint-Sébastien
pour le baptême de son fils Joseph, le 14 février 1709. Ce fut le brodeur
Joseph Lamoureux, de cette ville, qui signa en qualité de parrain.
Archives de Nancy.
Fleur (dit La). Voir Cucheron.
Florentin (...). dix-septième siècle, brodeur au service de Son Altesse
le duc de Lorraine, inscrit au service de ce prince en 1699.
Archives de Nancy, II, p. 310.
Fontaine (Jacques La), dix^septième siècle, brodeur. En 1683, il fit
pour la Congrégation des Jésuites à Nancy, deux images brodées représen-
tant la Conception et destinées à orner un devant d'autel en clamas blanù
et une chasuble.
Archives de Meurthe-et-Moselle, U. 2039.
François (Êlisaljeth) , dix-huitième siècle, brodeuse et chasublière de la
ville de Nancy en 1774.
Archives de Nancy, II, p. 107.
ESSAI DE EÉPERTOIRE DBS ARTISTES LORRAINS 181
GÉRARD (Jean), dix-septième siècle, brodeur lorrain établi à Rome en
1614.
Journal de la Soci^^ d'archëologie lorraine, 1887, p. 121 •
Grand-Jehan (...), seizième siècle, brodeur pensionné par le duc de
Lorraine pendant les années 1551 et 1552.
R<^le des habitants de la ville de Nancy.
GiLLE (Maistre), seizième siècle, brodeur. Le rôle des habitants de la
ville de Nancy indique son décès survenu en octobre 1551 et spécifie sa
qualité de brodeur.
Grexot (Antoine), dix-huitième siècle, brodeur, né à Paris, mais établi
à Xancy où il mourut, à Tâge de soixante ans, le 22 octobre 1719.
Arcbifes de Nancy, 111, 365.
Hannotbl (Jean), dix-huitième siècle, brodeur très réputé de Nancy. En
1726, il fit neuf bourses en velours bleu doublé de satin cramoisi aux
armes de la ville et de S. A. R. et sept armoiries brodées aux armes de
S. A. R. et à celles de la ville dans un écusson enfermé d'un cartouche en
relief, le tout brodé d'or surdoré de Paris, pour mettre aux manteaux
des sergents de ville.
En 1738, il broda une bannière pour Téglise de Saint-Epvre, représen-
tant ce saint et la Sainte Croix. En 1739, en 1749, des payements lui
furent faits pour des travaux du môme genre, et il mourut à Nancy le
11 décembre 1750.
Archives de Nancy, II. 346, 347. 363 ; III, 333. Archives de Mearthe-et-Moselle, G.
804. 1U89; H. '2044.
Hknkeq.ix (...), quatorzième siècle, brodeur de Bar-le-Duc, bourgeois
de cette ville, au service, pour son art, auprès de la comtesse de Bar,
Yolande de Flandre, en 1363.
Max-Wbrlt. Congrès des Snciëtès des Beaux-Arts Volume da compte rendu de It
session de 1S97.
HuGUENix (...), quinzième siècle, brodeur à Pont-à-Mousson . Une men-
tion datée de 1487 et de cette ville, indique qu'il exécuta un travail de son
art pour les ornements du service religieux pour u des trépassés » .
Archives de Meurthe-et-Moselle, G. 1135.
Jacques (...), seizième siècle, brodeur dont le titre et le nom figurent
sur le rôle des habitants de Nancy de 1551 et de 1552.
Lamoureux (François I*'), brodeur de S. A. R. le duc Léopold de
ï^orraine, dont il reçut le brevet le 22 juin 1722. Nous relevons son nom
comme contribuable de la ville de Nancy en 1724. Il était né vers 1686,
mourut à Nancy où il fut enterré en T église des Dominicains le 7 décem-
bre 1738. La famille Lamoureux exerça en cette ville, pendant de longues
189 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
années, la profession de brodeur. François I" eut un fils, François II, né et
baptisé à Nancy le 9 décembre 1716, puis un second fils, André François,
le 31 juillet 1731. Un autre, nommé Jean, parait être aussi un de ses fils; il
se maria à la paroisse Saint-Rocb de Nancy le 16 août 1735. De son
mariage, il eut un fils, Gratien-Rapbaël, qui fut brodeur comme tous ceux
de sa famille.
Archives de Nancy, IV. 4.
Lavoureux (Luc), dix-septième siècle, brodeur à Nancy, parent de Fran-
çois I, eut un fils, Joseph, né en cette ville, oh. il se maria le 31 janvier
1708.
Lamourrux (Joseph) , dix-huitième siècle, brodeur, fils et élève de Luc
Lamoureux, marié à Nancy le 31 janvier 1708, fut parrain, en 1700, du
fils du brodeur nancéen Jean- François Drue.
Lamoureux (François H) , dix-huitième siècle, brodeur, fils de François I**^,
né et baptisé à Nancy le 9 décembre 1716.
Lamoureux (André-François), dix-huitième siècle, brodeur, second fils
de François I*% né et baptisé à Nancy le 31 juillet 1731.
. Lamoureux (Jean), dix-huitième siècle, brodeur du roi. Parait être un
des fils de François 1*'. Il se maria à la paroisse Saint-Roch de Nancy le
16 août 1735 et eut un fils, Graticn-Raphaël, né à Nancy le 13 avril
1743, qui fut brodeur de la ville et se maria le 5 février 1770 avec Anne-
Marie Desvillers.
Lamolreux (Gratien-Raphaêl) , dix-huitième siècle, brodeur deTHôtel de
Ville de Nancy, fils et élève de Jean, naquit à Nancy, paroisse Saint-Roch,
le 13 avril 1743 et se maria en cette ville à Anne-Marie Desvillers, le
5 février 1770.
Lamoureux (Jean-Raptiste I), dix-septième siècle, brodeur à Nancy, né
6 Nancy, vers 1712, obtint le titre de brodeur du roi de Pologne Stanislas
Lesczinski, duc de Lorraine. 11 eut un fils, Jean-Raptiste II, qui se maria le
24 février 1767 à Marie- Anne-Louise Stanislas Harmand, qui eurent un
fils, Jean-Raptistc-François-Xavier le 22 juin de Tannée suivante, dont
Jean-Raptiste I fut le parrain.
Lamoureix (Jean-Raptiste II), dix-huitième siècle, brodeur à Nancy, fils
de Jean-Raptiste I*% né en celte ville et marié le 24 février 1767 à Marie-
Anne-Louise-Stanislas Harmand, dont il eut un fils, Jean-Raptiste François-
Xavier, né et baptisé h Nancy le 22 juin 1768 et qui eut pour parrain son
grand-père Jean Raptiste I*^
LiÉBALT (Paul), dix-septième siècle, brodeur, qui, en 1629, reçoit du
.^
ESSAI DB RÉPERTOIRE DBS ARTISTES LORRAINS 183
duc de Lorraine des sommes d'argent en paiement pour des iravauv de
son art.
Archiver de Mcnrthe-et-Moaelle. B. 1475.
Lorrain (ou Lorrena) (Pompée), dix-septième siècle, brodeur, habitait
Rome en 1612, et y exerçait l'art de brodeur.
/oornal de la Société d'archéologie lorraiife, 1887, p. 121.
xMatbieu (Maître), seizième et dix-septième siècles, brodeur lorrain, fut
chargé des travaux de broderies pour les obsèques du duc Charles 111, à
Nancy, notamment de quatre croix de Lorraine environnées de chardons
sur les manches des manteaux de deuil des quatre valets de ville.
Archivei de Nanéy. II, 203.
NocRÉ (ou IVocrct) (Jacques), dix-septième siècle, brodeur. En 1618, i(
fut commandé, à Jacques \ocré, brodeur, des broderies pour les quatre
manteaux de valets de ville de Nancy Le 26 octobre 1615, naissance de
Jean y fils de Jacques Nocquerez (dit IVocret)^ brodeur, et de Louise
Leclerc. On peut supposer qu'il s'agit ici de Jacques Mocret, qui serait le
père de Jean, peintre d'histoire et de portraits, qu'on croit être né à \ancy
vers 1612.
Archive! de Nancy, II, 213; III, 376.
Perrox (Claude), dix-septième siècle, brodeur à Nancy, reçut, en 1628
et en 1629, des sommes d'argent du duc François H, pour des chapes,
tuniques, étoles, etc., que le souverain donna à l'église du Saint-Suaire de
Besançon.
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1465, 1474.
Petit (Nicolas), dix-septième siècle, brodeur, toucha, en 1610, des
sommes pour divers ouvrages de son art exécutes lors des fêtes qui eurent
lieu au palais ducal de Nancy, en cette année.
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1326.
«
Pierre (Maître), seizième siècle, brodeur qui, par ordre de la duchesse
Renée de Bourbon, fit, à Nancy, une chasuble « aux histoires d'Eliazar,
la scène de la Samaritaine, le baptême de N. S. et l'histoire du Pynacle « .
Kn 1551, il fut pensionné par le duc de Lorraine.
Archives de Nancy, I. 148, et ràle des habitanls de Nancy.
PiERRON (Jean), seizième et dix-septième siècles, brodeur à Nancy, exé-
cuta en 1604 un chardon avec des croix de Lorraine pour les manches da
manteau du dernier valet de ville, ledit chardon posé sur toile d'or. Jean
eut un fils, Paul, baptisé à Nancy, le 18 février 1600.
Archives de Nancy. II, 198 ; III, 343.
484 ESSAI HE RÉPERTOIUE DES ARTISTES LORRAINS
RouGERix (Jean), seizième siècle, brodeur de Monseigneur le duc et de
Madame la duchesse, de ] 534-1535.
Rdle des htbiUnti de Nancy.
Roussel (Jean), dix-septième siècle, brodeur, fit, en 1643, à Nancy,
sept armoiries de la ville, ou broderies rehaussées d'or, d'argent et de soie,
pour les manteaux des sept sergents dç ville. En 1649« il exécuta égale-
ment, deux images de broderies d'or et d'argent de saint Sébastien et de
saint Roch^ et une bannière pour la paroisse de Saint Sébastien de Afancy.
Archives de Nancy. II. 241 : IV. 74.
Wailtrlv ou Vautrin (Nicolas) (Maitre), dix-septième siècle, né à Nancy
vers 1610, mort en cette ville et enterré à Téglise Saint-Epvre, le 23 mars
1694, h l'Age de 84 ans, fut un des meilleurs brodeurs lorrains; il avait le
titra de u brodeur de Monseigneur le duc et de Madame la duchesse, à
Nancy, n
Archives de Nancy^ IV. 22 et rôle des habitants de Nancy.
Venotte (Bastien), dix-septième siècle, brodeur, exécuta en 1622, dos
broderies de marques sur les manches des valets de la ville de Nancy,
savoir : u Une croix de liOrraine couronnée d'une couronne couchée d'or
et enrichie de paillettes, avec le chardon de velours vert liséré d'or fin et
la fleur de soie d'après nature. »
Archives de Nancy, II, 216.
APPENDICE
BRODEURS
Inventaire des pièces estons en la GaUerie {Palais ducal de Nancy), dont
Claudine (Bossard) avoit la charge, 1530 et 1534 ». {Jean de Val-
leroy, secrétaire à t ordonnance de Monseigneur,)
Des ciels et parements de litz.
Ung lit de drap d'or frizé, mi-parties de bandes de velours violet chargé
de chiffres de A et R (Anthoine et Renée), et decroixdeHîerusalem, faicts
de fils d'argent.
Ung lit d'or frizé mi-parties de bandes de satin blanc chargé d'entretail-
lement de toille d'or uni à palmes et à ceintures d'espérance.
Ung ciel de satin cramoisi, chargé de chappeaultz de triomphe de brode^
ries d'or.
* Bibliothèque nationale. Inventaire du mobilier garnissant le chftteau de
Nancy et les résidences des ducs de Lorraine. — Volumes cotés 462 et 463.
Collection lorraine.
ESSAI Dfi RBPEKTOIRE DES ARTISTES LORRAINE 18ir
Dix pièces de tapisseries de damas blanc, chargé de palmes et de cein-
tures d*espérances.
Deux petits ciels de litz tapissés de velours cramoisi chargé de petits en-
fans qui portent les armes de Monseigneur et de Madame. Les dessus sont
de damas blanc et les rideaux de taffetas rouge, La robe de damas cra-
moisi et piquée d'or que Monseigneur fut accoutré à Paris, etc.
Ung ciel de satin cramoisi couvert de chappeaultz de triomphe, au fond
où il y a dedans des espées et y a des roulleaux où sont escriptes les devises
de Monseigneur et de Madame.
Inventaire du 21 mars 1544.
F^a grande pièce de chambre faicte de broderies d'or à grands person-
nages accompagnez d'un bord de perles. Le fond de toille d'or avec les
liants faiets de broderies de perles. Ensemble le ciel tout de broderies où il
y a deux grands anges tenant les armes de Monseigneur. Le timbre fait
d'or et celle des anges pareillement ; laquelle pièce mon dit seigneur a faict
mettre en la chambre.
Ung ciel de salle de velours jaulne et satin jaulne.
Ung autre ciel de velours jaulne et de damas rouge en la chambre de
Monseigneur.
Ung dorcelet de velours vert et voille d'or qui étoit en la chambre de
feue Madame.
Ung ciel de satin rouge avec des histoires saintes de broderies que l'on
porte le jour du Corpus Domini, etc.
Inventaire des partages du duc Charles, le ^janvier 1606.
DAIZ
Le grand daiz de soie violette, faict en broderies d'or uni avec ung bord
de pierreries cordonné d'or et d'argent sur toile d'or. Le chef et surcol de
la charité, formé de vingt-deux" gallons et entouré de pierreries et au fond
aux armoiries de Son Altesse, supportées par deux anges, l'escu, la cou-
ronne, l'alérion et les aisles faiets en or avec aux quatre coins les armoi-
ries de feue Madame la Duchesse Renée (de Bourbon) supportées par de
petits enfants et chappeaultz de triomphe, orné tout autour de rouleaux de
toile d'argent, cordonné d'argent avec ung bras armé sortant d'une nue,
tenant une espéeet faisant la devise de fecit potentiam. La couronne des
dites armoiries garnie de soie et gallons de pierreries.
Trois petits parements dudit dais.
Ung dais à colonne cramoisi brun, broderies rehaussées d'or et pierre-
ries. . Le fond de même, au milieu duquel sont les armoiries de feue Ma-
1
186 ESSAI DE RÉPERTOIBE DES ARTISTES LORRAINS
dame la duchesse Renée, la couronne formée de sLx gros galons remplis de
pierreries et les cbappeaulx de triomphe faicts d'or, supportées de deux
anges, toille d'argent. Les trois paires doubles de rideaux assortis audit
daiz, de mesme velours et entrctaillé où sont les armoiries de feu M<]|r le
duc Anthoine et Madame la duchesse Renée et chappeaultz de triomphe
d*orphévrerie supportées par deux génies rehaussés d'orphévrerie. Les cou-
ronnes desdicts et armoireries ornées de 17 gallons de pierreries, les franges
de soye cramoisie avec crespines d'or.
Le grand daiz d'or frizé my partie de toile d'or et de huict sujets d'or et
velours de soie violette avec crespines d'or et d'argent, les franges de soje
violette avec crespines d'or et d'argent.
Pn daiz toille d'or et d'argent et velours de soyc cramoisi rouge et niy
partie de velours cramoisy et brun orné du chiffre de toile d'or du double
X avec un F brodé sous une couronne au-dessus avec des palmes d'oliviers
avec trois pans doubles de toille d*or cramoisy damassé, frangé de soye
rou<][e avec crespines d'or.
Ung autre daiz hault frizé d'or et d'argent avec veloui*s cramoisy rouge
m y partie de velours cramoisy brun avec des alérions, brodés de toile d'ar-
gent avec ung gallon toile d'or.
Ung autre daiz avec la garniture au fond de satin blanc figuré d'incarnat
aux armoiries de Monseigneur faictes en broderies d'or surmonté d'un cha-
peau de triomphe.
Unc| daiz à colonne cramoisy û six pans, à la gauche duquel est la figure
de Amphitrite avec la Sybille et au fond l'image de Notre-Dame et ung soleil
de toile d'or. Le tout fait de double [JJ] et des ffi d'orphébrerie en
escailles et en trois parties des petites figures ou orphébrerie et celles du
dedans formées de chiffres et de croix comme dessus avec des gros cordons
d'orphébrerie, les pans frangés de soye cramoisy et de crespines d'or.
Ung aultrc daiz de toile d'or damassé de satin cramoisy avec des cbap-
peaulx de triomphe toille d'or aux! armoiries de Monseigneur et la devise
fccii potentiam, frangées de soye rouge, avec les rideaux et pans.
Ung aultre daiz toille d'or frizé, damassé de jaulne et rouge.
Ung autre daiz de satin blanc rayé d'or my partie de velours viollct et
cramoisy orné de AR, toille d'argent avec ^ de même.
Ung daiz de velours bleu avec fond d'argent battu, my partie toille d'ar-
gent avec six petites rangées d'argent et de soye blanche.
Ung daiz damas jaulne entretaillé de velours violet avec des AR et
*'cs 1^ proGlées de soie violette à la hauteur duquel est la figure de la
Justice, faite en broderies avec ornementations de gallons de pierreries.
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS 1S7
Cng aaltre dais d*or frizé rayé de noir, my partie de toille d'argent et
velours violet avec franges et ornement.
Ung daiz de toile d*or à trait damassé et de toille d'argent damassé avec
les bandes de velours cramoisy brun et ses ornements de mesme.
Ung daiz de toille blanche besongnée de filets blancs et tressés, les pans à
jour garnis de petites houpes à coquilles.
Ung poisle de toille d*or moullé sur un champ viollet rayé d'or et d'ar-
gent frangé de soye violette et crespine d'or faict en l'an 1603 pour servir
à la réception de . . du Roy à Xancy, laquelle toille d'or provient d*un
plus grand poisle au Rond.
Ung poisle toille d'or gaufîré sur fond gris rayé d'or frangé de soie grise
avec crespines nouées d'or.
Huit pièces de tapisseries tant grandes que petites, satin cramoisy rouge,
au milieu de la plus grande desquelles sont deux armoiries de la Reine de
Cécille, faites en broderies d'or et un feston de chastaigners et chardons
filetés de branches de chastaigniers et de chardons.
En oultre des deux autres pièces, les mesmes armoiries disposées à la
suste de branches, meslées de cbasteigniers et chardons.
Vingt pièces de tapisseries de trois aulnes moins un septième de hauteur
my parties de laisne, de toille d'argent et de velours bleu, contenant en une
totalité soixante-deux laisons d'argent et de soixante-deux laisons de ve-
lours, de l'une desquelles sont les deux poissons, quatre laisons d'argent
aussi un drap pour mectre sur le corps de feue madame Claude ; et lesquels
laisons d'argent le tout manque de deux pièces environ deux aulnes et avec
deux aulnes et celles de velours qui ont été prises et restées pendant le festin
des nopces de Madame la duchesse de Bourbon.
Cinq pièces de tapisseries de damas verts h grands feuillages provenant
de la tapisserie du cabinet.
Six pièces en tapisserie taffetas changeant jaulne et incarnat.
Onze pièces de tapisserie de damas bleu, la figure liseré d'un cordon d'or.
Six pièces de tapisserie velours vert.
Neuf aultres de toille d'or.
Onze pièces de tapisseries toille d'or frisé orné de soye cramoisie et de
velours de mesme, avec des chiffres, des C, F et des couronnes.
Une autre de velours vert de la chambre de monseigneur de Vaudé-
mont.
Six autres de damas blanc ornés de palmes et ceintures d'espérance d'or-
phébrerie, de broderies et au bord d'autre taille de velours cramoisi aux
armoiries de Monseigneur le Duc Anthoineetde Madame Renée, aux quatre
coins.
Vingt-huit pièces de tapisseries de damas blanc, montants entretaillés de
188 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
toille d'or, ung chiffre AR, A et R entrelacés et des croix de Hieru-
salem ^ .
Sept autres pièces argent rayé d'or velours noir, etc.
Huit pièces idem, toile d'or, etc.
Dans le chapitre des lits précieux, on voit :
Le grand Ut au fond de velours cramoisi de haulte couleur à un grand
soleil de toile d'or pourfîlé de torsades d'or au milieu duquel est un chiffre
de toille d'argent avec trois pièces de mesme étoffe cramoisy fileté de AR
toille d'argent et de ^ , toille d'or avec des quarrés de passemens d'or
failz à la tanelle (?) aux devises de : « J'espère avoir » et « COZ en crois-
sant » frangées de soye rouge aux crépines d'or et avec quatre pièces de
mesme velours l'un frangé d'or et de soye rouge et les trois autres frangés
d'or.
Le dais d'entretaillement toille d'argent sur velours cramoisy, my partie
de satin blanc, filé de palmes et de ceintures d'espérance, faits en orphé-
brerie avec la devise : « J'espère avoir, » etc.
TAPISSIERS DE LA HAUTE-LISSK
Allouette ou d'Allouette (Jean), seizième siècle, tapissier du duc
de Lorraine, établi à iVancy en 1582.
Bacor (F. Josse), dix-huitième siècle, tapissier de haute lisse, établi
d'abord à \ancy, dans sa fabrique de la Malgrange, près de cette ville, en
1719. Des lettres patentes datées de Lunéville, du 16 janvier J720, men-
tionnant que Josse Hacor et son associé, Sigisbert Mangin, eurent une
fabrique de tapisseries de hautes et basses lisses à Lunéville « ainsi que des
métiers sur pied. Mais l'éminent archiviste, feu M. Lepage, qui, en 1886,
trouva ce document complétant les précédents travaux écrits sur celte ques-
tion, ajoutait que cette exploitation ne semblait pas avoir subsisté longtemps,
qu'elle n'absorbait pas entièrement Bacor, puisqu'on le voit, en 1723,
«mployé aux ouvrages de tapisseries qui se fabriquaient à la Malgrange.
Bellat (Jean), dix-huitième siècle, tapissier d'Aubusson, établit le
10 août 1734, à Nancy, une manufacture de tapisseries de hautes et basses
lisses .
Archives de Nancy, t. H, 73.
Trente chênes des forêts de Nancy, lui sont délivrés gratuitement pour
la construction de ses métiers.
Inientaire sommaire, série R.
Bois (uu), Jean ou Dubois, seizième siècle, tapissier, né à Paris, vint en
Lorraine, à Nancy, en 1566, pour y exercer son art.
ESSAI DE RÉPERTOIRE DBS ARTISTES LORRAINS la^
Chapperon (Jean), seizième siècle, tapissier lorrain, établi à Nancy en
1559. On le suppose originaire de Paris et on le considère comme un
artiste plutôt que comme un simple ouvrier. Il était mort en 1566, puisque
diverses sommes sont payées à Jean du Bois, procureur des héritiers de feu
Jean Chapperon, pour certaines parties de tapisseries que celui-ci « avait
faites et fournies pour le service de Monseigneur » , en 1560, 1562
et 1563.
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1145. 10243. v»; B. 1148. (^ 259.
Chopplv (Claude), seizième siècle, tapissier, qui, en 1567, fit plu-
sieurs ouvrages de tapisseries pour la duchesse de Lorraine, Claude de
France.
Archives de Meurthe-et-Moselle, MM. B. 1150.
CouLOiiBEAU (Jacques), marchand tapissier de Metz, dix-septième siècle,
habitait sur la place de la Grande-Eglise (cathédrale), en août 1619, il
était en relation avec Laurent de Smit, marchand tapissier d'Anvers et
fournissait des tapisseries au duc de Lorraine.
Dkpoix (Jean) ou Poix et son fils Charles, dix-huitième siècle, tapissier
de haute lisse, employé par le duc François III^ touchait déjà en 1724 des
appointements de 28 livres, pour travaux de son art. On le voit réparer,
en 1728, les pièces de tapisserie représentant Achille et Romulus. Celui
que Ton croit son fils, Charles, reçoit ainsi que son père, en 1732, une
sonHite de 225 livres pour raccommoder la tapisserie « dite de Moyse au
mont Sinay. » Charles Dcpoix fut employé par le duc François 111, duc de
Lorraine, lors do son départ pour la Toscane, à Poggio, près Florence, en
1742 et au Palais Vieux.
Dubois (Jean) . Voir Bois (dl) .
Durand (iVicolas et Pierre) , dix-septième et dix-huitième siècles, tapis-
siers des ducs de Lorraine, frères tous deux, maîtres de la manufacture de
tapisseries de Nancy. Nicolas naquit à Nancy, vers 1644. 11 épousa, le
14 janvier 1721, Marie-Anne Bordenave, fille du fameux sculpteur Borde-
navè. Les deux frères établirent par permission ducale, une manufacture
de tapisseries dans les galeries situés au-dessus de la Boucherie de Nancy en
1699 et en 1703 dans laquelle lefameuxMitése distingua bientôt. En 1732,
Nicolas Durand fournissait pour la cour de Lorraine, des tapisseries faites
dans sa manufacture. C'est en 1726 que les deux frères abandonnèrent les
bâtiments de la Boucherie, à Nancy, où se trouvaient primitivement leurs
ateliers pour en occuper de*nouveaux. Nicolas Durand mourut à Nancy et
y fut inhumé le 7 octobre 1755, âgé de quatre-vingt-onze ans. En 1725,
les deux frères avaient reçu des patentes, confirmées ensuite, pour la jouis-
sance des bâtiments utilisés pour leur manufacture que le duc François 111,
190 ESSAI DE REPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
confirma aux mômes conditions en 1731 et 1732. Pierre Durand était mort
avant son frère Vicolas.
Lepage, Archives de Xancy, t. IV. p. 183 et Inventaire sommaire, série B.
Lepage, Archives de Nancy, t. III, p^ 335.
Archives de Nancy, H. Lepage et Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1729, 11450.
DiR.^ND (François), dix-huitième siècle, tapissier et directeur de la ma-
nufacture de IVancy ; il était le fils de Nicolas Durand, par conséquent
neveu de Pierre. François eut pour associé son gendre Sigisbert Mathieu.
Les tapisseries de la manufacture fondée par les Durand ne manquaient
pas de goût ; elles étaient d'une grande solidité et d'un prix modique.
Les fabriques de tapisseries de Nancy, Miînti. Journal de la Société d'archéologie
lorraine, 1883, p 308.
DosQUET (X...), dix-huitième siècle), tapissier de Nancy qui fut élu
député du Tiers-État, en 1789.
Archives de Nancy, I, 302.
Emelot (...), seizième siècle, tapissier du château de Bar, en 1536.
Fiacre (...), seizième siècle, tapissier de Nancy, où son nom figure
dès 1515, dans les paiements des fournitures ducales et qui, en 1521,
est qualifié dans les dits comptes, de u tapissier à Monseigneur » .
François (Jean), dix-septième àiècle, tapissier établi à Nancy en 1674.
Archives de Nancy, II, 12.
Frantz (...), seizième siècle, tapissier du duc de Lorraine, exerça son
art à Nancy. En 1565, u mention à Frantz, tapissier de Son Altesse, la
somme de vingt-cinq francs, monnoye de Lorraine, qu*il a pieu à Mon-
seigneur luy estre paiez pour reste de la fourniture qu*il a faicte en la ta-
pisserie de r histoire de Moyse, qui lui estoit deu. n
Archives de Meurlhe-el-Moselle, B. 1143. f« 144.
Flessëlles (Louis), dix-huitième siècle, tapissier établi à Senones en
1793. A cette époque il fut chargé d^ expertiser les meubles du prince
de Salm.
Galerie de peintures des princes de Salm. P. Chevreux. Archives d'Épinal, 1884.
FoucoT OU FouccAULT (René), seizième siècle, tapissier du duc Charles 111,
reçu bourgeois à Nancy en 1597. 11 était né à Paris et en 1598 il est qua-
lifié de tapissier et contrepointeur de T hôtel de Son Altesse depuis seize
ans. Les comptes des artisans de Thôtel mentionnent encore son nom en
1614. 11 eut un fils, Pierre, qui lui succéda.
FoicoT ou FouccAULT (Pierre) , dix-septième siècle, fils de René et son
élève. En 1613, le 7 octobre, il est nommé tapissier de la Chambre et du
cabinet, à la requête de René, son père.
Arcbires de Meurthe-et-Moselle, B. 1356 et Archives de Nancy, II, 176.
ESSII DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS 191
Grrmain (Alexandre), dix-huitièuie si(»c!e, tapissier de haute lisse. Nous
trouvons une mention le concernant, en 1726, pour payement des répara-
tions faites par lui aux quatre tapisseries de Thistoire de saint Paul.
En 1732, il réparc dix portières de tapisseries de haute lisse et en rétablit
douze autres. En cette même année il exécuta la tapisserie représentant le
siège de Vienne, et enfin, en 1742, il fit, k Florence, pour le duc Fran-
çois ni, plus tard empereur d'Allemagne, des travaux de rentraiture, avec
Roch le jeune, Joseph Vaulhier et Charles Dcpoix.
Journal de la Sociëtë d'archéologie lorraine, 1886, p. 219.
11 ne faut pas confondre cet artiste avec Germain Labbé, du dix- sep-
tic me sic«cle (1607 à 1609) qui travailla à Nancy, mais retourna dès 1610
à Munich, sa ville natale ou plutôt la ville où il débuta dans Fatelier de
Jean Van der Biest.
Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, p. 199. Mûnts.
Glo (Jean), dix-septième siècle, tapissier en feuillages qui obtint de la
ville de Nancy, le 2 janvier 1674, l'autorisation de travailler, en cette
ville, de son métier.
Archifes de Nancy, II, 12.
H.^GEN (Melchior Van der), dix-septième siècle, maître tapissier de
Bruxelles appelé par le duc Henri H, en 1613, a pour montrer son art à
des élèves, n
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 18*28, n« 1346.
Hamela (Isaac de), dix-septième siècle, tapissier de Bruxelles, appelé en
Lorraine, en 1613, par le duc Henri 11, pour y enseigner son art.
Archifes de Meurthe-et-Moselle, B. 1878, n» 1546. et Histoire de la Tapisserie, E. Miints,
p. 288, 1897.
Haukvdrn (Bernard Vas der), dix-septième siècle, tapissier flamand,
travailla, en 1620, à Nancy, à la tapisserie de l'histoire de saint Paul et ii
celle des Bergères commandées par le duc de Lorraine. En 1616,. traité
passé par ordre ducal pour introduire en Lorraine Tart de la tapisserie. La
femme de Bernard Van der Hameyden, qui se nommait Catherine Suart,
reçoit, en 1621, une rente de blé. En 1617, Bernard exécuta la tapisserie
dite d'Holopherne, pour le duc Henri II qui en fit présent à M. de Bour-
lémont.
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1410. f« 281 et B. 1380.
Hamkyurx (Melchior Van der) , dix-septième siècle, fut un des directeurs
dos ateliers de X^ancy, dans le premier tiers du dix-septième siècle.
La Tapisserie, E. Mûnts, p. 288.
Jknnin, deChatellon, tapissier de Bar, qui, en 1427, fut appelé à Saint-
IVIihiel pour des travaux de son art au service du duc de Lorraine.
La Tapisserie, E. Mûnts, B. 1050, ^ 56 v».
193 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
I^ABBÉ (Germain), dix-septit'^nie siècle, tapissier de haute lisse appelé à
\ancy, vers 1604, parle duc de Lorraine; il resta en cette ville et fut un des
directeurs des métiers de tapisseries installés par les ordres du duc et re-
tourna vers 1609, à Munich, d'où on le croit originaire.
On peut supposer qu'il était né dans la Flandre française et que son sé-
jour primitif fut à la manufacture de Munich, où il travailla sous les
ordres de Jean Van dcr Biest. Le nom de Germain Labbé ferait plutôt croire
à Torigine flamande de cet artiste, qu'à celle d'outre Rhin.
U Tapisserie. E. Uunti, p. 288 et 297.
Macqurt (Philippe) , seizième siècle, tapissier de haute lisse et brodeur
à \ancy ; de 1568 à 1574, nous le voyons « chargé de racoustrer ou de
rabtller les tapisseries de la maison de Monseigneur n .
La Tapisserie, E. Ifûots. B. 1152, 56. 58, 460 et 1164.
Manglv (Antoine), dix-huitième siècle, tapissier de Nancy, est mentionné
dans les registres de la paroisse Saint-F«pvre, comme parrain du (ils de
Nicole Michel, cordicr, le 5 juin 1704.
Ma\gi\ ou Mrvgi.v (Nicolas), dix-septième et dix-huitième siècles, tapis-
sier et bourgeois de Nancy, père de Sigisbert Mangin, tapissier réputé.
U Tapisserie, E. liiinis. B. 1676, n* 272, et Archifes de \aiicy, III, 356.
Mangix ou Mexgin (Sigisbert), dix-huitième siècle, tapissier, fils de
Nicolas Mangin, entrepreneur de tapisseries de S. A. R. le duc Léopold,
se maria à Nancy, le 20 août 1720. En 1722, il construisit, à Nancy, une
manufacture de tapisseries de haute lisse dans les terrains situés à gauche
du chemin de Nancy h Bonsecours, au delà du pont de la Madeleine.
Archives de Mpurlhe-elMoselie. H. 2676 et B. 1675, n<> 272.
Mathieu (Sigisbert), dix-huitième siècle, tapissier et directeur de la ma-
nufacture de haute et basse lisses de Nancy, gendre et associé de François
Durand, fils de Nicolas Durand. (Voir ces fioms.)
Milson (Christophe) , seizième et dix-septième siècles; tapissier de la cham-
bre de Son Altesse, reçoit en 1598, 1603 et 1605, différentes sommes pour
façon et besogne de son art ou pour parties de fournitures et façons Mêmes
paiements en 1638.
Archives de Menrlhe-et-MosePe. B. 1502, 1192, f» 348. Elles portent la mentioo de
7 pièces de Flandre, en Ja Chambre du conseil de \ille.
Mité ou MittI^ (Charles), dix-septième et dix-huitième siècles, un des
plus fameux artistes tapissiers de liorraine. Garde-meuble et tapissier de
S. A. R. le duc de Lorraine. Dès 161)8, son nom commence à être men-
tionné. En 1700, il est chargé de la réparation de la tapisserie connue sous
le nom de tapisserie de la lente de Charles le Téméraire.
Archives de \ancy, 11.313; IV, II.
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAIKS 193
Sa fille ainée, époasa à Tftge de seise ans, le 15 juillet 1709, François^
Galli-Bibienna, peintre et premier intendant des bâtiments de Sa Majesté
Impériale, Tarchitecte et décorateur de la salle de Tancien Opéra de Nancy
construite sont le règne de Léopold.
Le brevet de tapissier de rhôtei de Son Altesse Royale, daté de Luné-
ville, du 4 août 1698, mentionne la demeure de Mité à Nancy. En 1703, il
répare la tapisserie de T Adoration du Veau d*or; en 1704 il fait semblable
travail à de ricbes tapisseries ; en 1705 i\ celles du Serpent d'airain, fai-
sant partie de Thistoire de Vloyse.
En 1710, nous le voyons demander Tascensemcnt d'un terrain, sis à
Nancy, pour y planter de la gaude (guède ou pastel) et autres herbes propres
aux couleurs des teintures et soies pour les tapisseries de Son Altesse.
C'est en 1710 qu'il exécute des tapisseries dont il est Fauteur; il reçoit
alors, en cette année, les paiements pour celle du siège de Bude, d'après
le tableau de Du Rup, de celles des Conquêtes de Charles V et de celle
dite des Douze mois de l'année.
Les Victoires de Charles V, i^eproduites par lui, en tapisserie^, furent mal-
heureusement brûlées lors de l'incendie du château de TiUnéville en 1719.
Les cinq pièces connues sous le nom des Conquêtes de Qharles V se d<'»'
composent ainsi :
La première représentait la ville de Bude.
La deuxième représentait le saccagement de Bude.
La troisième repré.sentait la bataille de Mohatz. ^
La quatrième représentait la Transs\lvanie.
La cinquième représentait le triomphe de Charles V, toutes d'après les
peintures de Guyon et Martin.
Un autre mémoire indique, aux archives, la série suivante : les grotes-
ques de Raphaël ou les Douze mois, la levée du siège de Vienne, les sièges
et bataille de Barcan.
Strigonie et le passage du Danube au pont d'Essèque furent payées en
1717, puis enfin trois tapisseries : 1"* la défaite du secours de Bude; 2* la
Léopoldstadt ; 3** la prise dé Vaccia.
La femme de Charles Mité se nommait liOuise Hanry.
Arcliifet de Ueorthe-et-XIoselie, B. 11045. n* 42.
Pierre (Maitre), seizième siècle, brodeur et tapissier de Monseigneur le
duc et la duchesse, reçoit avec David Regnauldin et Waultrin une somme
de 325 francs, 4 gros, 4 deniers, pour parties de leurs arts et mestiers
qu'ilz ont faictz, fournis et délivrez pour façon de deuxcyelx, l'un à porter
le corptts domini, le jour du Sainct-Sacrement, l'autre qui a servi en la
grant salle, le jour des Estats, tenuz ù Nancy.
Bibliothèque nationale, çollertion de Lorraine, n* 462, f* 220.
13
n
19i ESSAI DK BÈPËHTOIRK DES ARTISTES LORKAIltfS
PixoT (Ëdine), dix-hoilième siècle, tapissier de haute lisse, travaillait û
la Malgrange, dans la manufacture installée prës de Mancy, où le 14 jan-
vier 1724 il reçoit trois cents livres d'appointements.
PiRK (Lucquet nu), seizième siècle, tapissier du duc de Lorraine, dont
une mention d'appointements est signalée eu 1505 et en 1523.
Archives.
Platkl (du ou dks Plateaux. Luc), quinzième et seizième siècles, tapis-
sier, dont Torigine delà famille était à Lille, en Flandres. Luc vint àllar,
à la suite de René H qui Tattacha ù sa cour et le tint en grande estime. 11
fut nommé chAtelain de Bar et fut chargé en tant qu'artiste de l'exécu-
tion, sinon de Tachèvement des tapisseries du prince qui utilisa son goût et
son habileté dans cet art. Le duc Antoine de Lorraine anoblit ou reconnut
la noblesse de Luc Plalel des Plateaux, par lettres datées du 23 mai 1550.
Ses armes étaient : d'argent au chevron d'azur, chargé de cinq larmes
d'or et accompagnés de trois plateaux de gueule, deux en chef et un en
pointe, pour. cimier un vol d'azur.
Luc épousa en premières noces Alix Boudet, en deuxièmes noces Klisa-
beth Lescamoussier, et probablement en troisièmes noces Catherine
Guyot.
Dom Pelletier, dans son nobiliaire, déclare que FiUC Platel du Plateau
u avait un goût exquis pour l'exécution des tapisseries de haute lisse et tU
mettre la dernière main aux fameuses et riches tapisseries qui sont encore
regardées aujourd'hui comme des chefs-d'œuvre n . Une des arrière-petites-
filles de Luc Platel des Plateaux, Marie-Gabrielle, épousa, à Meufchilteau,
Christophe Viriot, écuyer, seigneur de Chevaux, qui se réclama de la
famille des Viriot- Woeïriot
Dom Pcllelier, nobiliaire de Lorraine, p. 6r)4.
Poix (voir Dkpoix) .
fbid.
Ragache (Jean), seizième siècle, tapissier de haute lisse et tapissier en
cuir doré. Habitait Saint-Micolas en 1591). h)n cette année il touchait
836 francs pour redû sur une étendue de tapisserie en dix pièces de cuir
argenté, façonné en bleu qu'il a vendue ù Son Altesse et délivrée à la garde
de ses meubles, Madeleine Rougerin, garde des meubles du Rond de
THostel, reçut en li>03, 104 francs pour façon qu'elle a faicle à la garni-
ture de trente-cinq pièces de tapisseries dudit hôtel. En 1607, une somme
de 015 francs 2 gros est payée pour une tapisserie de cuir doré faite et
fournie pour le service de Son Altesse.
B. I:î7.i, f« 270 et 1300, f» 275.
ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS 195
Rkgnauldin (David), seizi^me siècle, tapissier de haute lisse et brodeur
^c Mgr le duc de Lorraine, k \Wey,-dès 1515, en 1534-1535.
Archive» de Ueiirthe-et-Moselle. B. 1056. 7ô98.
Robin (...), quinzième siècle, tapissier lorrain, appelé en 1427, à
Saint-Miliiel, pour travaux de son art, pour le duc de Lorraine.
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1050.
Robin (...), setsième siècle, tapissier du château de Bar, an service du
duc de Lorraine.
RoBY (Antoine et Jean), di.v-huitième siècle, tapissiers et hauts lissiers
de Son .^liesse Royale. Jean, fils d'Antoine, tapissier du roi aux Gobelins,
se maria h Nancy, le 20 février 1710, à la paroisse Saint-Epvre. Jean
Roby avait }\ cette époque trente-deux ans et était né à la paroisse Saint-
Sulpîce de Paris.
Archives de Mancy. IV, 13.
RooGERiN (Jean et Louis), seizième siècle, les deux frères, tapissiers de
S. A. le duc de Lorraine, dont les j^ages sont mentionnés de 1565 à 1584,
habitaient Nancy ; leurs gages annuels étaient de 60 francs. En 1573, u à
Uoys Rogerin, tapissier de Monseigneur, la somme de 500 francs que
mondit seigneur a heu ordonné luy estre délivrez pour subvenir à Ventre-
tennenient des compagnons tapissiers qui lors travaillaient, avec luy pour
le service de mondit seigneur. En 1574, payement de pareille somme.
Archives de Aleurihe-et-Mosi'lle. B. 1818. ^ 90 v« B, 1164, f^ 347 et Journal de la
Société d'arfhëologie lorraine, 1893, p. 91.
Savoyk (Etienne), quinzième siècle, tapissier et brodeur, travaillait de
son art, à Nancy, en 1480, touchait en cette année une pension de six ré-
seaux de blé sur le cellerier de Nancy, il est qualifié u garde de la tapis-
serie de Monseigneur le duc. » Son successeur fut Jacquemart de Tries.
Archives de Meurtbe-et-Moselle. B. 7553.
TorNT (Henry), dix-huitième .«siècle, tapissier de cuir doré, originaire de
Nancy, y eut un fils né et baptisé le 5 octobre 1724.
Archives de Nancy, III, 530.
Tries (Jagquruart ou Jacquemin de), quinzième siècle, tapissier de
haute lisse, travaillait, «de son art» , à Nancy, en 1492. Il succéda, comme
garde de la tapisserie de Monseigneur le duc à Etienne Savoye; il fut pen-
sionné par le souverain u pour cause de tendre et niectre à point et net-
toyer la tapisserie du roy » .
Archives de Meurthe-et-Moselle. B. 756->. ^ 134 v«.
VVauttrix (seizième siècle), brodeur et tapissier à Nancy, en 1534-1535,
fit des travaux de son art, avec David Regnauldin et maître Pierre, pour
deux dais destinés à la procession.
Archives de Ifeurthe-et-Moseile, B. 1056.
196 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
APPENDICE'
Tapùseries de hautes lisses, de fabrication lorraine ou attribuées
à cette fabrication.
Scènes de T histoire de Moyse, neuf pièces avec la double croix de lor-
raine comme marque de fabrique et le monogramme des tapissiers' :
Trésor impérial de Vienne. — Sur une de ces deux tapisseries où Moïse
est envifonné de musiciens, nous remarquons une sorte de violon, semblable
à Tépinette des Vosges, mais actionné par un archet très court, puis un
sistre qu'une musicienne accorde et cnfm un personnage jouant du tam-
bourin sur lequel le tapissier a eu soin de tisser des croix de Loraine or-
nant le fût. Des chanteurs et chanteuses chantent un chœur.
Seizième siècle.
Armes de François de Lorraine et de sa fennne,
Christine de Dannemark.
Et armes du duc Charles H et de sa femme Claude de France.
D. Von Birk. Vienne. Jahrbuch., t. 1, 1883.
Trésor impérial de Vienne. — Conquêtes du duc Charles V, de fior-
raine.
Cinq pièces avec la marque de fabrique \ancy et les initiales du tapis-
sier C. M. K. (Charles Mittc). Dix-huitième siècle.
Dans le milieu de chaque pièce sont les armes ducales de Lorraine.
3E 4^ 3E CME 4: \A\CL 1705
Trésor impérial de Vienne . — Victoires de Charles V, duc de Lor-
raine
Dix-neuf pièces d'après les dessins de Charles Herbel, -}- 1702, de la
fabrique de la Malgrange, près Nancy. Chaque pièce porte, en haut, dans
le milieu, les armes accolées de Lorraine-Orléans, du duc Léopold et de
Charlotte d'Orléans, dix-huitième siècle.
Inscription : Faict à la Malgrange, 1724-1725.
Trésor impérial de Vienne. — Armes du duc Léopold de Lorraine et
Elisabeth-Charlotte d*Orléans. Treize pit'ces, portières, sans marque de
fabrique, mais marquées du tapissier F.-J. Bacor, 1719, faites à la Mal-
grange ou à Luné ville.
F. J. BACOR. k S. M.
> Bibliothèque Datiooale. Volumes cotés 462 et 463. Collection de Lorraine.
' Voir, ci-contre, planche XXXIII.
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ESSAI DK RÉPBRTOIRE DES ARTISTES LORRAINS 197
Trésor impérial de Vienne. — Sept portières semblables, faites en
1710, m i^mes si gnàtures .
Trésor impérial de Vienne. — Quatre pièces semblables, sans nom de
fabrique mais avec les deux L de Léopold, entrelacées.
Trésor impérial de Vienne. — Arabesques, deux portières faites à la
Malgrange, dix-buitième siècle, avec le même monogramme du duc Léopold.
Trésor impérial de Vienne. — Les Douze mois de Tannée, dix pièces,
d'après les cartons du peintre lorrain Coclet, faites à la manufacture du-
cale des tapisseries de la JVfalgrange, Nancy, de Tan 1728 à 1736. Au mi-
lieu de la première pièce, en haut, sont les armes du duc Léopold-Orléans ;
dans les autres pièees, on voit les armes pleines seules de Lorraine accom-
pagnées des deux aigles à côté de Técusson. En bas, dans les bordures,
sous des couronnes ducales, sonl les chiffres entrelacés, de lieopold, en-
tourés du collier de la Toison d*or.
Dans Tinventaire des meubles et tapis.series étant << en la Gallerie et au
Rond, de la Cour (Palais ducal) » h Nancy, en 1544, du 21 mars, Claudine
Boussart, femme de chambre, gardienne, il est cité comme tapisseries, ce
qui suit :
En la maison de Monseigneur, à Nancy,
Onze pièces du voyage de Cœsar.
Dix pièces, dites la Neufve, bergerie.
Six pièces de Se ville.
Neuf pièces où sont les espées (à Tarmurerie) ?
Onze pièces de pensées.
Huit pièces où sont les fontaines.
Neuf pièces du prince des Perses.
Onze pièces où sont les cygnes.
Huit autres pièces.
Huit pièces de Tétat de noblesse.
Dix pièces de Carbanne (?)
Six pièces où sont les sept péchés mortels.
Sept pièces de l'empereur Tragent (Trajan) .
Huit pièces de l'Empereur Julianus.
Treize autres pièces.
Six pièces d'Esther.
Neuf pièces de banqueiz.
Vieilles tapisseries.
Huit pièces de gens d'armes (guerriers).
Une pièce croix de Jérusalem.
108 ESSAI DE RÉPERTOIRE DES ARTISTES LORRAINS
Vingt-trois pièces de tapisseries de « mesme verdure, tant grandes que
petites, compris deux qui présentent Notre-Dame-Marie r .
Huit pièces de. cadrans?
Treixe pièces de Janine Verdure.
Inventaire des partages du duc Charles II, le 2^ janvier 1606.
Tapisseries : Histoire de Pluton et de Proserpine, tapisserie de haute
lisse, en soie rehaussée d'or et d'argent.
Dix-huit pièces de tapisseries de Thistoire dç Moyse ^ u dix pièces de tapis-
serie de haulte lisse, de Thistoire de Mo]|fse avec deux devants faicts de soye
rehaussée d*or et d'argent. La bordure large et plusieurs figures rehaussées
de mesme et au fond d'or. Tout le tour desdite^ bordures faitan en tortil de
feuillages et . les dites sur un b&ton de soye cramoisy, et près des dittes
sont les armoiries de S. A. Madame de Danemark, de Son Altesse et de
feue Madame. »
Douze pièces de haulte lisse où sont les douze mois, emplies de gro-
tesques, faictes de soye rehaussée d'or et d'argent. Les fonds de soye cra-
moisyv la bordure d'argent au fond d'or avec plusieurs sortes de fruicts
rehaussés de soye.
Sept pièces de tapisserie où est l'histoire de saint Paul, faicte de soye,
rehaussée d'or et d'argent à un bord large couvert d'abondantes plantes et
fruicts et tenus par petits enfans.
Neuf pièces de tapisserie où est l'histoire d'Alexandre le Grand. Les
figures rehaussées d'or, d'argent et de soye, au fond de soyejaulne avec des
figures rehaussées d'or, argent et soye avec plusieurs fruictages.
Dix pièces de tapisseries de haulte lisse de l'histoire d'Abraham, re-
haussée de soye, d'argent avec bordures de mesme au fond d'icelles sont
deux escussons aux armoiries de Mgr le cardinal de Vaudémont.
Neuf pièces en tapisseries d'or, de haulte lisse de l'acte des apostres, re-
haussées de soye à larges bordures.
Une tendue de tapisserie de haulte lisse restant des six tendues que le
S' Novua a été chargé d'achepter au pays de Dar, en l'an 1598.
Six pièces de tapisseries de haulte lisse restant des six tendues de hauteur
et longueur provenant du château de Pulnoy.
Sept autres pièces de tapisseries de haulte lisse de trois aulnes et douze
de hauteur, forêts, jardinages et chasses.
Puis des tapisseries qui sont citées dans les documents spéciaux k la
broderie et ornées de chardons et châtaigniers, emblèmes du duc René H et
de sa femme Philippe de Gueldres.
' Voir, ci-contre, planche XW IV.
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COLLECTION DE TABLEAUX Dt CHEVALIER DE TARADR 199
LA COLLECTION DE TABLEAl X
DU CHEVALIER EMILE QE TARADE
M. de Tarade, Gilbert-Philippe-Emile, né à Moulins (Allier)^
le 2 messidor an VIII, était un amateur éclairé; aussi avait-il
réuni en son château de Belleroche, près d'Amboise, une impor-
tante collection composée de plus de trois cenis tableaux, de gra-
vures et de quelques objets d'art.
En mai et août 1873 et en mai 1874, M. de Tarade el Madame,
née Gautier, qui n'avaient pas d'enfants, offrirent au Musée de
Tours quarante-sept tableaux, deux marbres et un ivoire, à
choisir dans leur collection. Mme de Tarade mourut en 1876 et,
en 1879, son mari épousa, en secondes noces, Mlle Anne Limousin,
ij'année suivante, le 18 avril 1880, M. de Tarade décéda à son
tour, âgé de quatre-vingts ans, laissant sa femme enceinte et, le
10 décembre de la même année, naquit Emile-Jacques de
Tarade.
C'est à la suite de cet événement que Mme Anne Limousin,
veuve de M. de Tarade, agissant en son nom personnel comme
commune en biens avec son défunt mari, comme donataire d'un
quart en toute propriété et d'un quart en usufruit des biens meu-
bles et immeubles de la succession de M. de Tarade, et aussi
comme tulrice naturelle et légale du mineur Emile-Jacques de
Tarade, son fils, adressa au tribunal de Tours une requête ten-
dant à l'annulalion de la donation faite en J873 et 1874, par
M. et Mme de Tarade-Gautier. Le tribunal fit droit à la demande
de la veuve el rendit le jugement dont la teneur suit :
a Jugement du 5 juillet 1881 ,
a De Tarade contre Ville de Tours.
tt Déclare nulles et de nul effet, pour cause de survenance d'en-
fant légitime, (ou tes les donations de tableaux et autres obj(*ts
'iOO l.\ GOLLRCTION I>E TABLEAUX
d'art faites à la ville de Tours pour son musée par de Tarade avec
<ou sans le concours de Mme de Tarade-Gautier, en mai et août
«873 e! en mai 1874;
t( En conséquence, ordonne qne les statues d'Achille ou de
Mars, le buste en n^arbre de Chaptal, par Chaudet, la gravure
représentant Marie-Antoinette, le Christ en ivoire et lés quarante-
qualre tableaux mentionnés dans le catalogue du musée, sous les
numéros 346-349-350 à 382 inclus, 385 à 393 inclus, soient
rendus par le maire de la ville de Tours à la dame de Tarade-
liimousin en sa qualité de tutrice d'EmUe-Jacques de Tarade.
K Dit que le buste de Napoléon III et les deux tableaux repré-
sentant une odalisque et une procession parmi les pestiférés sont
des objets étant des souvenirs d'affection remis par le donateur à
la ville de Tours et représentant des sommes modiques eu égard
à la fortune de de Tarade;
a Que le portrait de de Tarade, peint par Lafont, est un don de
cet artiste à la ville de Tours, et que ladite ville est autorisée à le
conserver à la charge par elle de placer dans son musée les deux
tableaux et le portrait de de Tarade;
a Déclare mal fondée la demande de la dame de Tarade-
l.imousin os-qualités en ce qui concerne les dits bustes, tableaux
et portrait et Ten déboute ;
u Condamne Rivière, en qualité de maire de Tours, - aux
dépens. »
Le jugement rendu par le tribunal de Tours présente, selon
nous, un danger pour l'avenir de nos collections publiques. Qui
osera offrir à un musée une collection, un objet d'art, même
isolé, dans le but de le conserver à son pays, ou avec la pensée de
donner à son nom la juste notoriété qui s'attache à un bienfait?
îV'a-l-on pas au Louvre les collections Thiers, Sauvageot,
Lacaze, etc.; au Petit-Palais, la collection Dutuit? Les voit-on
revendiquées au nom d'un héritier, né avant la mort du donateur
ou après, et quittant nos palais? Il y avait au musée de Tours une
salle remplie des quarante-sept tableaux offerîs par M. et Mme de
Tarade-Gautier, à laquelle salle la municipalité reconnaissante
avait donné le nom des généreux donateurs. Eh bien ! le jugement
en question Ta faite vide.
^.
^?.
Page 200.
4.
m
Poge 200.
^-
DU CHEVALIER ÉMIL^ DE TARADE 201
Adieu, lès superbes toiles de Lépicié, la Douane et le Marché.
Le Louvre, parait-il, avait convoité Tune d'elles, la Douane^ et
envoyé Tun de ses représentants pour en faire l'acquisition ; mais,
par suite d'une erreur qui lui avait fait manquer l'heure fixée
pour l'adjudication, le mandataire de notre Musée national arriva
trop tard. M. Rague, marchand de tableaux à Paris, représentant
lui-même d'un riche anonyme, en avait été proclamé adjudica-
taire pour la somme de 21 ,500 francs; ils en vaudraient aujourd'hui
50,000, et c'est, semble-t-il, en Belgique qu'il les faudrait cher-
cher. Adieu le portrait de Louis H Elzevier^ de la famille des
célèbres imprimeurs hollandais du dix-septième siècle et celui
d'Adriana Bosman^, sa femme, les seuls portraits que Ton con-
naisse de cette grande dynastie, tous les deux attribués à Van der
Helst, l'un des peintres les plus réputés, alors, de la Hollande'.
Os derniers tableaux, au moins, n'ont pas quitté la France; ils
sont chez M. Fouret, l'un des directeurs de la maison d'édition
Hachette. Cet amateur distingué leur a donné un cadre digne
'd'eux, 22, boulevard Saint-Michel, dans son salon aménagé,
spécialement pour eux, dans le style du dix-septième siècle, d'après
les dessins et les plans et sous l'habile direction de M. Rossi-
gneux, architecte à Paris. — Adieu, le portrait de Mme Bou-
^ Veut-on nous permettre de reproduire ici ce quc.\Llc professeur Alphonse
U'illenis, de Bruxelles, dit de ces deux panneaux, dans son beau livre sur les
Elzevler : t l«ouis Ëlzcvier était officier de marine; il épousa, en 1630, Adrienne
Bosman, fille d*un bourgmestre de Rotterdam et eut deux enfants de ce
mariage... Louis mourut à Rotterdam en 1640. Le musée de Touré conserve
son portrait et celui de sa femme. «
M. Willems tenait lui-même ces renseignements de M. Anatole de Montai-
glon, qui lui avait signalé la présence de ces portraits au musée de Tours, en
1875, et qui, sur la prière de M. Willems, les avait examinés avec soin, t On
1rs attribue, disait M. de Montaiglon, à Van der Helst, mais ils n'en sont pas,
tout en étant bien hollandais, Thomme meilleur que la femme, bien conservés
et d'une peinture claire et blaireautée. » L'éminent critique d'art continue en
doDoant la description des deux portraits, des armoiries des deux personnalités
qu'ils représentent, et \\. Willems ajoute : t L'attribution du catalogue dé
Tours est exacte. Les armoiries décrites en premier lieu sont bien celles des
Elzeviei* ; et pour ce qui est de l'autre portrait, M'. Sheffer, Farchivitte de Rot-
terdam, à qui nous nous sommes adressé pour avoir les armes de Iman-Hen-
dreiksz Bosman, père d' Adrienne, nous a envoyé un croquis eo tout conforme à
la description qu'on vient de lire, b
Voir, ci-dessus, planche XXXV.
* Voir, ci-dessus, planche XX.XVI.
292 LA COLLECTIOX DE TABLEAUX
langer', de TOpéra-Comique, par Lecœur, séduisant lableaa, resté
henreusement entre les mains de son acquéreur, M. Rossigneux
qui habite, 23, quai d'Anjou '. — Le portrait en pied de Marie Lee-
ztnska, reine de France, par Charles-André Van Loo. — Le
Ménage de la mariée, de David Teniers le fils. — Les deux por-
traits, par Philippe de Champagne, dont Fun représentait un écbe-
vin de la ville de Paris. — Le portrait de Latour d'Auvergne, par
Hyacinthe Rigaud. — Le portrait de TÉcole allemande, catalogué
par M. de Montaiglon, comme étant celui de Luther %parHolbein,
ce dernier est à Amboise. Et tons les autres parmi lesquels se
trouvait un portrait de femme par Largillièrc*.
Quel cas fait donc la loi de la volonté des donateurs? Quel cas
fait-elle du droit qu'elle a elle-même donné au possesseur, d'user
et d'abuser de sa chose, s'il ne peut la donner alors qu'il peut la
vendre ou même la détruire à son gré? A quoi bon, se dira-t-on,
donner à la France, si elle n'est pas à l'abri d'une semblable
aventure? Le tribunal de Tours a jugé suivant la loi, c'est incon-
testable, les articles 960-961-962 du Code civil sont formels; mais
cet exemple, qui peut se reproduire, ne devrait-il pas inspirer à
nos législateurs, si enclins à édifier des lois nouvelles, la pensée
de faire, à ce sujet, un petit article d'exception ? France d'abord!
L'intérêt artistique de notre cher pays en vaut bien la peine,
assurément.
En conséquence, étant considéré que l'intérêt de l'Etat, des
départements et des communes, doit primer les intérêts particu-
liers — les lois d'expropriation pour cause d'utilité publique en
sont un exemple, — nous proposons d'ajouter aux articles 960-
961-962 du Code civil, l'article suivant : a 962 his. Toutefois,
toute donation ou legs d'une chose ayant un caractère historique,
d'art, d'archéologie ou de curiosité, faits à l'État en faveur de nos
collections publiques nationales, ou des .\fusées des départements
' Voir, ci-d<*ssuus, piaDchc WXVII.
* Mous tenons une grande partie des renseignements qui précèdent et ceux
compris dans la note ci-dessus, de MM. Rossif^neux et Kouret; nous leur devon.^
également les photographies de leurs beaux tableaux qu'ils ont bien voulu non»
autoriser à joindre à notre mémoire. \'Ous adressons ici, à ces aimables éru>
dits, nos plus sincères et reconnaissants remerciements.
' Voir, ri-dessous, planche XWVIII, fig. i.
* Voir, ci-dessous, planche XXXVIII, fig. 2.
DU CHEVALIKE ÉMILR DE TARADE 20.^
et des villes de France, ou encore de nos cx)lonies, quelle que soit
la valeur de la chose donnée par une personne (homme ou femme)
ayant qualité pour en disposer, sera irrévocable, dès qu'elle aura
été acceptée par les donataires, et ne pourra être revendiquée par
les héritiei*s ou les tuteurs des enfants mineurs des donateurs ou
des donatrices, ces enfants fussent-ils nés postérieurement au
décès des donateurs, si cette donation ou ce legs portent la men-
tion expresse que telle est la volonté formelle du donateur ou
de la donatrice. »
Nous voudrions, par cette étude, tenter de remettre en lumière
cette importante réunion de tableaux, amassés par un amateur
très averti, et qui ne fut pas appréciée, dans la localité, à sa juste
valeur; elle contenait cependant nombre de pièces de grand intérêt
et quelques-unes, même, de haute valeur; mais les marchands e!
amateurs parisiens, plus avisés, ne s'y sont pas laissé prendre^
comme on pourra s'en rendre compte, en consultant la table qui
suit cette étude; en effet, sur les trois cent seize numéros vendus^
un peu plus du tiers fut acheté par eux ; M. Guédy, seul, s\*st
rendu adjudicataire de quarante-trois, M. Lannoy de seize, etc.
C'est cette collection, dont la partie la plus importante, quant à
la qualité des tableaux, se rattache si intimement à Thisfoirc du
Musée de Tours, qui fut vendue au château de Belleroche, les 6,
7, 8 et 9 octobre 1881, par le ministère de M" Aillet, notaire à
Amboise; il nous a paru intéressant de la faire connaître en
publiant le procès-verbal de la vente, dont nous devons la com-
munication à l'obligeance extrême de M. Delaroche, notaire à
Amboise, successeur de M' Aillet.
Le catalogue du Musée de Tours, dressé par M. Laurent, le dis-
tingué et regretté conservateur de ce dépôt d'œuvres d'art, avec la
haute assistance de M. de Montaiglon, inspecteur des Beaux-Arts
pour les Musées de province, fut imprimé en 1874 (Tours, Lade-
vèze, in-12 de 210 pages), immédiatement après l'entrée au
musée des œuvres données par M. et Mme de Tarade-Gautier ;
ce catalogue nous fait connaître, dans une note insérée à la page
142, laquelle précède la désignation des tableaux, que : « ces
généreux donateurs ont bien voulu, en attendant le jour où leur
collection, composée de deux cent quatre-vingt-quatorze tableaux
et de divers autres objets d'art, viendra prendre place au Musée de
?< 4 LA COLLECTION DE TABLEAUX
Tours, faire hommage, dès à présent, à ce musée, d'un certain
nombre de toiles. Ces précieux tableaux ont été réunis dans une
même salle, à laquelle Tadministraiion municipale reconnaissante
a attaché le nom des donateurs. »
Mais, comme on vient de le voir, la naissance posthume d'un
enfant a empêché, non seulement la réalisation de Tespoir mani-
festé dans la note ci-dessus, mais encore a nécessité la restitution
à la famille des tableaux qui avaient pris place dans la salle spé-
cialement affectée pour eux, au musée, et leur dispersion au feu
des enchères.
Lors de la vente, les toiles restituées ayant été confondues avec
celles restées à Belleroche, nous avons fait un tableau dans lequel,
laissant de cùlé la description trop sommaire du procès-verbal,
nous empruntons celle, bien incomplète encore, donnée par
M. Warneck, expert à Paris, chargé de la rédaction du catalogue
général, et, dans une colonne spéciale, nous ajoutons les numéros,
la description et les attributions qu'indique le catalogue de 1874,
fait par MM. de Montaiglon et Laurent, lequel contient aussi les
dimensions négligées ailleurs. On pourra, par ce moyen, distin-
guer les tableaux que l'administration du Musée avait trouvés
dignes d'entrer dans les collections tourangelles.
L'Inventaire des Richesses (ÏArt de la France, pages 8-9 du
fascicule du Musée de Tours, donne une notice bibliographique des
livrets de ce musée — notice incomplète, du reste, car l'édition de
1838 y est omise, — cite pour huitième et dernier livret, celui
de 1881 (Tours, E. Mazereau, in-12 de 131 pages) et ajoute cette
remarque : » Ce livret est le seul sur lequel soient inscrits les
tableaux provenant du legs de Tarade. o Or, le livret de 1874,
que nous avons sous les yeux, les contient également, ainsi que la
collection Çchmidt, dont la cession fut acceptée le 8 avril 1874.
Nous croyons devoir signaler et l'omission du livret de 1838 et
cette petite erreur, laquelle intéresse la collection dont nous nous
occupons, ces petits catalogues étant devenus rares aujourd'hui.
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10
525
51
1 516
384. Titien (TiiiaooVBCRLU,
dit le). Une procession
au milieu des pestiférés.
(Copie, école it'iienne.)
361. Armide dans la forêt.
— Armide avec ses fem-
mes. Des hommes com-
battent dans le fond.
H. 1",30. — L. 1 mètre.
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d'âpre \t Caiëiu^un do Uui?^,
383. Titien (Tiiiano \ k-
GBLLi. dit le). Une oda-
lisque.
392. Portrait d'un prêtre
espagnol.
H. 0™.85. — L. l«»,6f).
357. Hkkm (David il). Na-
ture morte. Des fruits,
uu verre antique, une
montre, etc.
H. 0™,67. — L. 0»,5().
352.'Chaup.<iignb (Philippe
db) Portrait de Dagues-
seau.
H. 1" 32 — L. 0-.92
367. MiCMAi: (Tli^obald).
16*5-1765. Un paysage
avec un grand nombre
de figures. — Au premier
plan sont assis trois per-
sonnages et un enfant;
dans le fond, un bateau
à voiles.
H. 0",20. — L. 0",18.
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ABLEÂUX
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L«urt auBCiot, dé«igDatioat
et attribolioM
d'aprèt le CaUlogna en Mutée,
édifion de 1874
358. Hklst (V\\ i»bb). Por-
trait de Louis EliPiior.
(Sur panneau.)
H. 0'».7-2. — L. O.-eo.
359. Hklst (Vav dm). Por-
trait d'Adriana Busman,
femme de Louis Blscfier.
(Sur panneau.)
H. O-.TS. — L. C^.GO.
368. MikhKvklt (1567-
1641). Portrait de la
femme de l'amiral Trump.
Le personnage e.^t orné
d'une guipure et de deux
rangs de perles ajustées
sur l'épaule gauche.
H. 0«,55. — L. 0-.45.
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39
41
16
70
388. Tisio (Garofuno). Ecole
italienne. Portrait de
l'antenr peint par lai-
même. Il est représente
jonant d'no instmm' nt
appelé la théorbe.
H. 0-.62. — L. 0-.-46.
90
315
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-^cfr^^î-î'-î-rl?
886
372. Rapiurl (attribué A).
La Vierge à la pomme.
Attribue à Raphaël, mait
assurément l'œuvre d'un
de ses ëlèies, peut-être
du flamand Van Orley.
H. 0-.36. — L. 0-.28.
369. MiuJMON ou lfi.\ju.\-
(Abrabam). Nature morte.
Kruits, coquillages, in-
sectes.
H. 0-64. — L. 0-,45.
389. Vlibt (Jean-Georges
• Vunder). Ecole hollan-
daise. Né à Deift en 1610.
Portrait de femme. Une
guipure et une chaîne
d'or ornent son cou.
H. 0-,69. — L. 0-.56.
371. Nker (VâN dbr). Pay-
sage, Un lever de so-
14
^ÉS^Î-^^^^^^^^^*^ ^
210
LA COLLECTION DE TABLEAUX
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TARI.RAUX
DétlCRATIOXS ÏT ATT«l»lTIO««
d'âprrà le Cttalogne général de U tente
KOMJI RT ADRXSSRS ORS .«OQORRRVRS
PRIX
OSTIROS
TARLKAUX
RRSTITOiS tAti LR UV*H
et attribotioBs
d'apré* le Catalogoe da Miiiée.
ëditioB de 1874.
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Fraori.
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der Xeer. A' M. Brtrd. de Tourg,
pour
200
leil dans les Pays-Bas.
H. 0-.34. — L. 0",27.
55
62
64
Paysage, d'après llerghem. A. M. Bes-
nard. d'Orléans
52
60
56
Paysage. EfTet de neige, de Molrvakr.
A U. Cuëdy, peintre, à Fontcnay-aui-
Roses, près Paris, pour
51
65
Le joaeur de lielle. d'après A. OsUde.
43
66
Le joueur de vinlon, d'après A. Ostade.
A M. Mansault, de Loches, pour
58
20
Paysage aiec chute d'eau. Ecole hollan-
daise, par RouBOUTS, signé du mono-
gramme J. R. A M. Brard, de Tours,
pour
265
376. Ri'viDARL (Jacques).
Paysage. Cascade, ro-
chers, deui fabriques
sur la hauteur.
H. 0'»,36. — L. 0-.26.
50
30
Paysage agreste : à droite, trois hommes
couronnés de feuillages, atlribné à
Saltator Rosa. A M. Chénier du Chêne,
au châteab de la Roche, à Chargé,
pour
50
378. Saltator Ross. Pay-
sage arec figures. Dans
un lien sauvage, trois
hommes, dont inn cou-
ronné de feuillages, ani-
ment le c6tè droit du
Ubieao.
H. 0™,50. — L. 0",39.
(iO
138
Paysage. Soleil couchant. Signé : Pili.e-
UKXT.
130
Paysage. Effet du matin. Joigne : Pille-j
UKXT. A M. Cahen, 27. rue de Mau-\
bengir, i Paris, pour
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142
Reptiles, papillons, mousse, par Otto
MAKC8LLI8. A M. Remy Pathault. d'Am-
hoise. pour
60
0-2
143
Génies et fruits. Bon tableau décoratif
Ecole flamande. A M. Lannoy. 14,
rue Lafajetle, i Paris, pour
229
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144
Portrait présumé de Louis XIV. genre
Rigaud. A M. Du Chèue, chèlean de
la Roche, Chargé, pour
107
64
140
Paysage, site italien. Signé. Gérard Hobt
.-1 reporter. . .
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•t attribalioM
d'après le Catalogne da Moeëc,
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362. Lbgobiir. Portrait de
Mme Boulanger, actrice
de rOpëra-Comique.
H. 0».45. — L. 0-,37.
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313. Rtuiitu^DT, Vas Uiin.
Portrait de Rembrandt,
peint par lai-même. Il
tient un chapean d'une
main et appoie l'autre
•ur ta hancne.
H. 1 mètre. ~ L. 0-.84
370. II0.VNOVBR (B.). Un
vase avec dei flenrs.
H. 1 mètre. — L. 0».84.
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353. Chaupaigxb (Ph. dk).
Portrait d'un magistrat.
Le personnage est lélu
d'une robe rooge et porte
un col plat carré en
mousseline.
H. 0™,43. — L. O-'.Sô.
354. Ciivp. tu cavalier
suivi de chiens.
H. 0".72. — L. 0™,5G.
301. Auteur inconnu. Co-
pie de la Galatée de Ka-
phaël.
H. 0»,50. — L. 0«>,40.
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LA COLLECTION DE TABLEAUX
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2* rutt
46
47
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49
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52
53
35
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88
94
95
67
TAHLKAtX
DisicHâTtoRs rr âmum-non
d'après le CaUlogaf géaénl 4« U rrate.
KO» tr ADMttia on aoqoésxou
Report.
PRIX
3.610
Un« cour de dootne, par LIsFicii, 1775.
Ecole françaife.
Un marché de ville, par Lkpicik. 1778.^21.500
Ecole française.
A M. Bague, nie de la Chanisëe-d'Antin
k Paris, pour
Portrait de Louis de t<a Tour d'An-
vergne, lieutenant général des armées
du roi, en armure et plus d'à mi-
corps. H. RiG.%UD. A II. Lannoy, 14,
rue Lafayetle. à Paris, pour
Portrait d'un peintre devant son cheva-
let. Atlribué à Largillière. A M. War-
neck, 83, rue Itfeuve-des-Petits-Champs,
à Paris, pour
Portrait de femme. Signé et daté : G
SpKOVG, 1642. A M. Warneck. 83, rue
Neuve-des-Petits-Cliamps. pour. . . .
Paysage, rochers, scène de brigands,
genre Salvator Rosa. A M. Cuédy,
Peintre à Fontenaj-aux-Koses, prés
aris, pour
Vase de vermeil, avec des fruits. Signé :
W. Kalk. a m. Delarbeyrette, 43, rue
de Provence, Paris, pour
Portrait de Guillaume, stalhouder de
Hollande, en cuirasse, avec l'ordre de
l'éléphant en sautoir. Signé et daté :
Const. Nktschkr. 1708. A M. Lanuoy,
14, rue Lafayette, P«ris, pour
Le Festin des dieui. Signé du mono-
gramme : R. A. B. A M. fierruet, de
Tours, pour
1.400
TABLKAUX
RUTlTOiS rA& LC UOSltK
Lm» BBinérM, détigoalioM
et eCtributioBe
d'aprèi le Getalogae da lla»ée.
éditiuB de 1874.
485
310
140
960
500
200
A reporter 29. 105
365. LKnciK (\icoIas-Ber-
nard). Une douane.
364. LipiciR (Nicolas-Ber-
nard). Un marché.
Le premier : U. 1">.61. —
L. 0-,98.
Le second : H. I",68. —
L. 0»,98.
374. RiGALO (Hyacinthe).
Portrait du duc d'Evrcux,
La Tour d'Auvergne.
Ce portrait, gravé par
Schmidt, figure dans
l'œuvre de Rigaud et il
existe au Louvre un des-
sin de la main qui tient
le bAton du commande-
ment.
H. 1»,23. — L. 0-,95.
375. RiG/io» ^attribué à).
Portrait de l'auteur.
H. 1 mètre. — L. 0",74.
I
DU CHEVALIER EMILE DE TARADE
217
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43
42
TABLEAUX
DiSI0XATIO\S LT ATTRIROTIOX» ^
d'aprèfl l« Catalogo« général dt U trente.
KOMt rr AfiMuis DM aooc'keobs
JUport.
Portrmil de femme, par LABiiiLuàsi. A
M. A. Gabcfto, d'Amboite. pour...
Portrait d'homme, en butte, tenant un
livre. Ecole âamande, «eiiième siècle
A M. Gabeau, d'Amboise, pour
Le porle-ëtendard. attribué à Grimou,
Castiche de Rembrandt. A M. Delar-
eyrette, 43, rue de Provence, à Pa-
rla, pour
Portrait en pied de Marie Lecsinska.
femme de Louis XV. en costume royal
Ecole française, d'après Carie Vai
Léo. A M. Alibert, 38. rue La Roche
foucaold. à Paris, pour
PRIX
otmos
Francs.
29.105
130
185
315
200
294 Portrait de femme. Ecole de Nattier. A
M. Lanooy, 14. rue Lafayette, k
Paris, pour
Portrait de jeune fille, manière de Gri-
mou. A M. Faisan. 58, rue de Chà-
teaudun, à Pans, pour
Le jeune dessinateur, grandeur natu-
relle, par Grimou. A M. Faisan, 58,
rue de Châteaudun, à Paris, pour. . . .
Portrait d'homme, attribue a Largillière.
A M. Faisan, 58, rue de Chèteaudun,
k Paris, pour
Portrait d'homme. Fcole française. A
M. Uansault, de Loches, pour
Paysage. Entrée d'une ferme avec porte
crénelée. Erole hollandaise. Signé
V. G. (VA.<«Goiii.M). A M. Picard, d'Am
boise, pour
Halte k l'hAtellerie, composition k la
Wouvermaa. Signé : J. Bkrckhrvdr. A
M. Brard, rue de Buffon, à Tours,
pour
A reporter
400
165
275
75
20
166
410
31.446
TABLEAUX
RtSTHUis PAR LK MO&il
Laon anaérufr, déiigaalloat
et attriboUoaa
d'apréi la Cattlogaa da Mo>é«,
édition da 1874.
360. HoLBBiN. Portrait de
Luther: il lient la Bible.
(Bois.)
H. 0-,45. — L. 0«,34.
366. Loo (Charles-André).
Portrait de Marie Lec-
sinska, reine de France.
La reine porte la main
vers Èê couronne. Ce
Portrait est gravé dans
œuvre du maître.
H. 1",28. — L. 0-,96.
356. G01B.V (Va.\). Paysage.
Ce tableau est gravé.
H. 1 mètre. — L. 0".65.
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l<evrt naaéfM, déiigMtioo»
«1 attriboiiom
d'aprèi le CaUlagae da Matée.
éâktitm de 1874.
110
45
315
00
716
•^» ml^-m m^-» ml^-» «^fc
387 et 388 Virvkt (Claude-
Joseph). Le premier : ma-
rine, clair de lune; le
second ■ marine, soleil
levant. (Deux pendants
de chacun.)
H. 0-,30. — L. 0'»,30.
380. Tk.mkrs (Da»id) fils.
Le joueur de cornemuse.
H. 0»,25. — L. O^.aO.
Ce tableau est gravé.
390. Wattk.« (Jean-An-
toine). La toilette de Vé-
nus.
H. 0.-21. — L. 0»,17.
379. TKNihRS (David) fils.
Le ménage de la roarirc.
Le peintre et sa famille
figurent sur le premier
plan. Téniers porte une
canne à la main. Au se-
cond plan, des personnes
apportent divers objets de
ménage. Dans le fond, ou
signe le contrat et la dot
est comptée devant la
mariée elle-même, parée
d'une couronne ; plus
loin, les cuisiniers ap-
prêtent le repas.
H. 0'».70. — L. 0-.42,
I
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I
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TARADE
210
TlPLKAl'X
Leun naméroi, détigoationt
et attribatiou
d'aprèf le Catalogue dv Mnc^v,
édition da 1874.
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340. Bfi.iirwBR (Adrien). L'n
buYeiir, il tient un verre
et un pot de grès.
H. 0'»,50. — L. 0»,38.
351. Brkughkl (attribué i).
La vendange et la récolte
de» pommes.
H. 0«»,41. — L. Q^,b2.
381. TiTiKX (Tiziano Vk-
CKi.u, dit le). Portrait de
Spagnoli, général des
Carmes.
H. 0",50. — L. 0«'.33.
386. Vaxxi ou Va.wiis, le
chevalier François (at-
tribué à). Ecole ita-
lienne. Triomphe de la
Vierge. La Vierge, dans
un nuage, tient l'Enfant
Jésus Plusieurs saints
.^ur le devant. Dans le
coin à gauche, un enfant
tient un modèle en re-
lief de la cathédrale de
Sienne.
H. 0™,36. — L. 0-.23.
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220
LA COLLECTION DE TABLEAUX
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TARLEAUX
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d'tprèt le G«Uli>g«e général dt U venlv.
Kom rr aurkssrs dii acquérbors
Report
M. Guëdy, peintre, à Fontenay-anz-
Roses, près Paris, pour 95 francs. (Ce
numéro a ëtë biffe sur le catalogue de
la vente.)
Génie de l'Architecture. 6gnre allégo-
rique. Ecole de Boucher. A M. SaJo-
mon, 65, cité des Bains, à Paris,
pour
Danse de Bohémiens. Ecole italienne. A
M. Lagarde, d'Orléans, pour
Paysage. La Vendange. Vieille école fla-
mande. \ ]Ll. Brard, rue de Buffon, à
Tours, pour
Fleurs. Ecole italienne. A M. Guédy.
peintre, k Pontenay-aux-Roses. près
Paris, pour
Vase, avec des fleurs, tulipes, roses, etc.
Ecole française A M. Deslys, de
Tours, pour
Portrait de femme. Ancienne école bol-
landaise. A Mme Dupré, de Tours,
pour
Paysage. Clair de lune sur un canal,
Senre Van der Keer. A M. le docteur
Icunier, d'Amboisc, pour
Paysages avec personnages. A Mme Pes-
lys, de Tours, pour
Un intérieur. A M. Pic-Paris, à Pocé.
pour
Portrait en pied de jeune enfant dans
nn parc. Ecole hollandaise. A M Ca-
hen, 27, rue de Maubeuge, à Paris
pour
Partie galante dans un parc. Ecole de
Hais. A Mme de Tarade, château de
Belleroclie, près Amboise. pour
:l reporter. ...,,
PRIX
Fraoes.
333
60
50
40
165
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105
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61
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TABLRAIJX
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Lean Mmércw. désigutioM
«t •ttribotiou
d'aprii !• C«latoga« da Masée.
éditioa d« 1874.
3Ù3. Lbuoinb (Jacques). Le
génie de l'Archîtectare.
11 a près de lui un por-
tefeuille et tient un com-
pas.
H. 0".55. — L. 0-.40.
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TARADE
221
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278
TABLEAUX
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PRIX
OITIXOS
Report
Un cbefftl bUnc et des penonnAges au-
tour, manière de Berghem. A U. Guëdy,
à Fonlenay-aux-Roses. pour
Place publique en Hollande, par Gas-
KiBi^. A M. Remy Pathault, d'Am-
boise, pour
Un atelier de peintre. Signé : V\k dbr
Laxb a m. Delarbeyrette, 43. rue de
Provence, i Paris, pour
PAytAge et AnimAux. dAns la mAnière de
Berghem. A M. Guëdf, peintre, à Fon-
tenAf-Aux-Boses, pour
Une bAtaille. Ecole flAmande. A M. Taî-
nier, commAndAnt de gendArmerie, à
Tours, pour
Portrait de femme. Ecole hollAudÂise. A
Mme Dnprë, de Tours, pour
Tète d'expression, d'Après Greuie, copie
Ancienne. A M. ChAtou, de Tours,
pour
Tête de jeune fiUe, attribuée à DauIou,
A M. SérAp, 285. rue SAint-Honoré,
à PAris, pour. . .•
Jésus chex KfArthe et MArie, d'après Ru-
bens et Breugbel. A If. Salomon. 65,
cité des Bains, à Paris, pour.
Portrait d'homme tenant son enfant.
Ecole française. A M. Ghénier du
Ghéne. chèteau de la Roche, Chargé,
pour
Intérieur d'une cour. Signé : Th. Wick
et fait à la P. de Hoog. A Mme de
TArAde, au châteAu de Beileroche,
' près Amboise. pour
Cn intérieur, pAr Liiibrrcht. A U. Gué-
dy, k FontenAy-Aux-Roses. près pAris.
pour
A reporter
Fr*DCs.
3.039
22
142
80
25
82
40
201
16
305
60
4.290
TABLEAUX
usitTOis rai ut uvtiM
Lturt Bomèros, détigaalums
0t «KnlHitioDe
d'après le Catalo^va do Moade,
flditioD da 1814.
348. Bkrkbidk. Un cAVAlier
monté sur un che?Al
blAuc, fAît SAngler sa
monture.
H. 0«,43. — L. 0-,34.
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377. Ri'vgoâBL. Une ber-
gère, au premier plao,
conduit son troupeau,
lointains étendus.
H. 0".64. — L. 0«,61.
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34
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100
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6.735
TABLKArX
RESTlTtnte tAH LK VOS^B
Léon naméroi. dMfiiAtiaDt
et attribofloB»
d'apré* le Catalogue do yuiée.
fditio« de 1ST4.
396. Chaidit.
Bnsto de ChapU) (inar
bre).
(Signé
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164
239
240
235
237
196
198
TAPLEAUX
DiutlGXATIOXS rr A1THIBDTI0\!I
(raprèf le C«talo<jur général de la tente.
KOHS RT ADRbWlJ» tttS ACOUMKOIIS
PRIX
OIITK.\D!(
I^fport
Le liallcbardier. Signé . L. V.
La sentinelle. Signe : L. M. /
A M. Chaton, rue Bonaparte, à Tours. ^
pour '
Paysage. Ecole nsoderne. A M. Sondée,
à Malvau, près Amboise, pour
La Sainte Famille. Ecole du Poussin. A
Il Sanzéat, de Blois, pour
L'abreuvoir. E. H. A M. lUi Chêne,
au château de La Roche, Chargé, pour
Scène Watleau, non cataloguée. A IM. Si-
rop, 285, rue Saint-llonoré. Paris,
pour
Un paysage, non catalugué. A M. Remy
Patbault. d'Aniboise, pour
Paysage Ecole flamande. A M. Brard
de Tours, pour
La Vierge présentant le sein à l'Enfant
Jésns. École française du dix-sep-
tième sircle. A M Guiot, d'Ambois«>,
pour
Franc» ,
573
5*
Télé de jeune fille. Ecole moderne A
M. Gttiot, d'Amboise, pour
Aleiandre chez Apellc, attribué à Per-
rier. A .\1. Guédy. à Fontenay-aux-
Roses, près Paris, pour
La Vierge et l'Enfant Jésus, peinture
sur cuivre. Ecole flamande, dix-sep-
tième siècle. A M. Tuppin, d'Am-
boise, pour
Paysage, pont rustique, cascade, par
PiLLBUK.\T A M. Bontemps, d'Am-
boise, pour
La Vierge et l'Enfant Jésus endormi.
Ecole française. A M. Chénier du
Gbénc, château de La Roche. Chargé,
pour
A reparler
32
150
37
31
15
28
46
4]
67
1.171
TABLEAUX
RKSTITDéS FAH LK ULSKK
Leort uomëroB, déalgnationc
et altribulloDa
d'apréa le Catalogoe do Muaée,
édition de 1874.
MÊv^r&^^âa m ^^^^ât A R A D i
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Oeni griforcf encadr^et. A Mine de
Tarade. bhàteao de Belleroche, prèi
Amboiae (noo calalognëei). pour
50
m
Deui gravurei encadrëes. A Mme . de
Tirade, cliAteau de Bellerocbe. près
Amboiiie (non catafogu^es). pour
41
0-
Deiii gratures encadrëei. A M. Jean
UiDOtle. d'AoboUe (non caUlojnëet).
p9ur
25
98
Dcui gravures encadrées. A Mme de Ti-
rade, château de Belleroche, près Am
boise (non cataloguées), pour
26
•
90
Deui ffravures encadrées : Plies fla-
nindes. A M Chitou. rue Bon%parte.
à Tours (non ciUloguées), pour
11
HN)
Le Christ mort, dessin encadré A
Mme de Tarade, château de Belle-
roche (non catalogué), pour
20
loi
Une gravure encadrée. A M. Remy Pa-
thault.d'Amboise(non cataloguée), pour
10
Khi
l'ne gravure encadrée. A U. Damou-
rette. d\4mboise (non calai .guée).
pour
6
loi
Tue gravure encadrée. A M. Ollivicr. à
Saint-Denis-Hers. près Amboise (non
cataloguée), pour
<)
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Dno gravure encadrée, â M. Mansault.
de Loches (non cataloguée), pour
Total de la quatrième vacation .
7
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7.777 .
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33 389 •
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6.733 »
ème racatitin du 9 octobre
4 541 >
Total
52 442 >
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DU CHEVALIER EUILE DE TARADE SS3
Sur les quaraiite-noiif Uihieaux et objets d*art portés dans le
Catalogue du Musée de Tours, édition de 1874, quarante sont
représentés d'une faron certaine au Catalogue général de la vente
dressé par M. Warneck, expert, et ont été vendus; ce sont les
numéros suivants du Catalogue du Musée : 348, 349, 351,353,
354, 355, 356, 357, 358, 359, 360, 361, 362, 363, 364, 365,
366, 367, 368, 369, 370, 372, 373, 374, 576, 377, 378, 379.
380, 381, 386, 387, 388, 389, 390, 391, 392, 394, 395, 396.
Quatre ont des descriplions et attributions différentes dans les
deux Catalogues, ce qui rend incertain leur rapprochement, mais
n'en ont pas moins été vendus; ce sont les numéros : 352, 371,
375, 382. Deux ont été, par le jugement du 4 juillet 1881, attri-
bués au Musée : numéros 383, 384.
Enfin, trois, numéros 350, 385, 393, ne semblent pas être
compris dans le Catalogue, ou, tout au moins, leur description
est tellement différente, qu*il est impossible de les identifier. Tou-
tefois, quant au numéro 393 : Portrait de Mme Vigée-I^ebrun,
gravure au burin, il peut être compris dans Fun des numéros 101
à 104, quatrième vacation du procés-verbal, lesquels portent tous,
comme indication unique : Tne gravure encadrée.
TABLE
DES NOMS ET ADRESSES DES ACQUÉREURS
AcH.ARD, de Tours, i"* vacation, n"* 6, 23.
Alibkrt. 58, rue La Rochefoucauld, n Paris. 1" vac, n"** â4, 66. — 2* vac,
ii«57
Alurd, d'Amboisc. 2* vac, u*" 7.
ANONruR. V vac, n* 51.
Aici fils, à Amboisc. 2* vac, n" 20.. .
Bakr, 2, rue LafayeUc. à Paris. V* vac, n" 4, 28, 45. — 2» vac, n'** 10. 12.
Bague, rue de la Ghaussée-d'AntiD, à Paris. 2* vac, 46.
Besnard, d'Orléans, l" vac, n" 55. — 2* vac, n" 1. — 3* vac, n*' 21, 56.
Behrubt. de Tours. 2* vac, n*" 53.
BiBNVBKU, d'Amboise. l" vac, n" 22. — 2" vac, n'16.
BoNTBMPS, d'Amboise. 3* vac. n" 24, 61. — 4' vac, n" 30.
Boos. 32, boulevard Haussmann, Paris, l'* vac, n* 52. — 2°. vac. n^ 3, 23.
36, 42.
Bouquin, à Gbargé. 4' vac, n"* 84.
fiouKS. à Amboise. 4* vac, n"* 50.
234 LA COLLECTION DE TABLEAUX
Brard, à Tours. 1" vac, d* 54. 58, 65. — 2« vac, n" 64. — 3« vac, d* 12. —
4« vac, n"'25, 59, 60.
BucQL'RT, ù FonteDay, près Bléré. 2* vac, o" 70.
Bcisso.M, 34, rue de Trévise, Paris. 2" vac, n*»' 34, 35.
Cabanis, 12, rue du Regard, Paris. 1™ vac, n'' 67. — 2* vac, n* 18.
Cahb.v, 27, rue de Maubeuge, Paris. 1" vac, n**' 25,60. — 3* vac, n* 19.
Chatou, rue Bonaparte, Tours, i™ vac, n** 72. — 3" vac , n"* 40, 63. — 4* vac,
u" 19, 38, 44, 55, 57, 85, 86, 99.
Chèsk (Chénier dl), château de la Roche, Chargé. 1™ vac, n»' 37, 59, 69. —
2" vac, n" 11, 13. ~ 3« vac, n" 2, 8, 43, 64. — 4« vac, n** 22, 31. 47,
48, 56, 67, 70, 71, 72, 89.
DAMOunKTTE, à Aoiboise. 4' vac,, a*" 102.
Dat, à i^mboise. l"vac, &• 50. — 3* vac. n* 26. — 4" vac, n» 15.
Drlaplacr, à Amboise. 4" vac, n*^ 80, 81 .
Dkl^rbeybkttb, 43, rue de Provence, à Paris. 2" vac, n*"38, 51, 56. — 3** vac.
n- 36.
Drslvs, à Tours. 3« vac. n" 14, 17.
Ddprk (Mme), à Tours. 1™ vac, n*» 5. 16, 36. — 2« vac, n" 5, 28, 44. —
3« vac, n"* 1, 15, 39, 48, 60, 66. — 4« vac, n"' 10, 36.
EoRLiN, {\ Chargé. 4* vac, n" 58.
Faisan, 58, rue de Châteandun, Paris. 2« vac, n"* 8, 59, 60, 61.
FarIî, Il Maxell es. 4* vac, n° 77.
FAURR(Mine Félii), au Havre. l'« vac, n" 3.
Gabrau (Alfred), à Amboi.se. 2* vac, n" 5V, 55.
GuÉoY, peintre, à Fontcnay-aux-Roses, près Paris. 1" vac, n" 7. 15, 26, 3o^
32, 41, 56, 64, 71. — 2" vac, n" 2, 4, 6, 9, 22. 37. 39. 43, 50, 66, 72 —
3« vac, n"' 9. 13. 23. 27, 32, 33. 34. 37, 45, 47, 50, 54. — 4« vac, n"' 4,.
5. 16. 28, 38, 41, 43, 62. 64, 75, 87.
GuiNOT, à Amboise. 1™ vac, n" 47, 49.
GuiOT, h Amboise. 1" vac, n" 38. — 4' vac, n** 56, 27.
Illisible (nom), k Amboise. 1** vac, d° 13.
Jauain, à Amboise. 4*^ vac, n** 82.
Kneich, k \ozelles. 2« vac , n~ 17, 21.
Lagarde, à Orléans. 2* vac, n** 25, 33. — 3*= vac, n- 4. 11, 53. — 4'^ vac ,
n" 6, 11, 13, 45, 66.
Lauottr (Jean), à Amboise. 4' vac, n" 97,
Lavedan (Je comte us). 2* vac, n" 68.
La.\.voy, 14, rue Lafayette, k Paris. 1™ vac n"» 8, 14, 20. .33, 40, 42, 43, 62.
— 2« vac, n~ 15, 40, 47. 52, 58, 65. — 3' vac, n" 22. 31.
LiJiBSRT (le baron), de Tours. 1" vac, n"» 21, 27. — 3* vac, n" 3.
Mansawlt, à Loches. 1" vac, n« 19, 29, 57. — 2« vac, n"" 6?, 67. — 3* vac,
n» 7. — 4^^ vac, n"' 9, 32. 46, 83, 88, 90, 104.
Margubrita, . 4* vac , n° 54.
Marguerittb (Mme), à Malvau, près Amboise. 4* vac, n" 92.
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DU CHEVALIER EMILE DE TARADE 23^
Marijnbau (Mme), à la Verrerie, près Amboise. 3* vac, o"* 5^.
Mkunibr (le docteur), à Amboise. 3' vac , n"" 16.
MoRBAU (RaymoD'd), d'Amboisc. 2* vac, d** 22 bis.
Olliv(er, à Saint-Denis-Hors. V vac, n" 103.
Picard, d* Amboise. l" vac, n° 48. — 2* vac, n° 63.
Pic-Paris, cbâteau de Roche-Poie. 3' vac, d*>* 18, 30.
Pathault (Brice), à Amboise. 1" vac, n** 51. — V vac, n*^' 93, 9V.
Pathault (Remy). à Amboise. 1" vac, d" 61. — 2* vac, n*« 27, 29. — 3* lar.
n« 35. 55, 62, 65. — 4* vac, n«2V, 39. 101.
Rozii^RRs (Mme dk), cbâteau de P .près Blois. 1** vac, n" 73.
Ros.-iiGNEux, architecte, quai d* Anjou, Paris. 1™ vac, n"* 39, 69.
RuTARD, d* Amboise. 3» vac. n" 28, 29. — 4* vac. n"- 2, 8.
Salomcv, 65, cité des Bains. Paris. 1'* vac. n«' 1. 2. — 3'vac., n"' 10, 42. 51,
58.
Salouon le jeune, 62, rue Pigalle, Paris. 1** vac, n" 10. 11. — 4' vac, n"* 1,
3, ;î4.
Sauzéat, de Blois. 1" vac. n» 35. — 2* vac. n« 19. — 3* vac. n" 6, 46. —
4* vac, n«14, 21, 42, 73, 79.
S<Rip, 265, rue Saint-Honoré, Paris 3* vac, n'^' 35, 41. — 4" vac, n« 28, 35.
SouDéB. à Malvau, près Amboise. 3« vac, a" 5, 49, 57. — 4* vac, n"'7, 12.
17, 18, 20, 49, 53, 69.
Taradb (Mme dr). château de Belleroche, près Amboise. 1** vac, n"' 12, 17,
18, 31,34, 44,68,70,74. — 2«vac , n- 14, 24, 30, 31, 32,41, 69,71.—
3* vac. n- 20, 44. — 4« vac, u- 37, 40, 91, 95, 96, 98, 100.
Tarnikr, commandant de gendarmerie, à Tours. 1" vac . n* 46 — 3* vac.
n"38.
TuuvKNT (Michel db). par Fontenay. 2^ vac. n^ 45.
Tuppi.v, à Amboise 4* vac. , n*" 29, 52.
Vkrxon, à Amboise. 4* vac, n« 61, 63. 68, 74, 76.
VoisiNB. rue Bois-Denier, Paris. 2' vac, n" 26.
Warnbck, 63, rue Neuve-des-Petits-Champs, Paris, l'* vac, n"* 9, 53. —
2« vac, n" 48, 49.
A. Gabëau,
Correspondant du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements, à
Amboise, membre de la Société
arciiéologiqup de Touraine.-
"^
236 UNE FAMILLE DE PEINTRES BLÉSOtS
XI
r\E FAMILLE DE PEINTRES BLÉSOIS
LES MONSNIER
A Tinstar de la Touraine, Iv Blésois a connu l'avantage de voir
toute une pléiade de maîtres, comme le peintre Andréa Folario^
le statuaire Paganino, Tarchitecte Giocondô et l'universel génie
Leonardo da Vinci. Mais, à côté et au-dessous de ces princes de
Fart, cette province a vu fleurir sur son sol des artistes distingués,
et riiistoire a le devoir de mentionner les titres qu'ils présentent
à la reconnaissance du pays. Parmi ces derniers, figure une série de
peintres appartenant à la famille des Monsnier ou Monier — on
trouve les deux désignations — au sujet desquels nous avons
réuni un certain nombre de documents que nous compléterons
par des reproductions photographiques, dans la mesure du pos-
sible.
I
Les origines des Monsnier ne nous ont pas encore été révélées
par les pièces d'archives que nous avons consultées; mais nous
les rencontrons de bonne heure dans la ville de Blois, qui paraît
avoir été leur berceau. Au seizième siècle, les Monsnier exerçaient
la profession de peintreS'Vitriers, désignation qui s'applique tout
à la fois à des ouvriers d'art et à des artisans. Afin de bien pré-
ciser ce qui se rapporte à la famille et à la personne des peintres
qui font l'objet de ces notes, nous fournirons d'abord les rensei-
Ijnements d'ordre civil .
Le premier qui paraît est Louis, a Le huict du moys de juil-
let 1527,Loys Monnier » fit baptiser en l'église Saint-Solenne,
devenue depuis la cathédrale, un fils appelé a Jehan ' » . Dans la
' Archives de !*hôtel de ville de Blois, Registres d'état civil de la paroifte
de Saint'Solenne.
^
UNE FAMlLhB DE PEINTRES BLÊS018 287
suite, ainsi que nous le dirons, les actes d'état civil nous montrent
deux Jean, qualifiés, Tun u l'ainé » , et l'autre a le jeune ' . Nous
ne sommes pas en mesure de préciser quel est celui dont nous
venons de relever la naissance; mais ce que nous savons, c'est
que Jean, Taîné — que nous appellerons Jean /•' — avait pour
femme Françoise Fenau (?), et que le second — que nous nomme-
rons Jean II — avait épousé Suzanne Patin.
Par acte passé devant)!* Jamet, le 2 mars 1561, u Jehan Mons-
nier, peintre et vitrier» et Françoise Fenau (?) sa femme vendirent à
Etienne Vuadic, coutellier, demeurant à Blois, a la tierce partie
de vignes et d'une maison aux Hautes-Granges, paroisse de Saint-
Saulveur deBloys, proche le chemin de Bloys à Vendosme, chargée
de dix sols de rente vis-à-vis les religieux, abbé et couvent de
Saint-Lomer de Bloys ' . «
Le 20 juin 1564, par-devant le même notaire, ^^ Jehan Mosnier,
vistrier demeurant à Bloys, d'une part, et Alathurin Cochereau et
Thomas Arnault, maçons, demeurant en la paroisse Saint-Xicollas
les Bloys, d firent un marché, par lequel lesdits maçons s'enga-
geaient à faire un travail pour ledit Alonsnier. I^e prix de l'ou-
vrage, de peu d'importance, montait à quatorze livres-. Faute
d'indications précises, nous ignorons s'il s'agit de l'ainé ou du jeune.
Jean il, celui dont la descendance nous intéresse tout particu-
lièrement, eut la joie de présenter un enfant aux fonts baptis-
maux, au printemps de l'année 1600. L'acte que nous trouvons
sur les. registres paroissiaux de Saint-Honoré, est ainsi conçu :
^ Le XI' jour de mars 1600 a esté baptizé Jehan, fils de Jean
Mosnier le jeune et de Suzanne Pattin, pour ses parrains Jean
Mosnier laisné, Jean Gayronnet, procureur à Blois, la marraine
Judy Monsnier .) . Suivent les signatures : u Gouest (prêtre),
Guyronnet, Jehan Alonier (qui a accompagné son nom, écrit de
cette façon, d'un petit dessin avec deux palmes entrelacées),
Judicth Monier y) , peut-être une sœur du père ^
On remarquera que, dès celte époque, le nom de ces artistes
' Etude de M* Hicois, notaire à Blois, qui nous a très gracieusement permis
de compulser les minutes de son étude.
* Ktude de M'' Ricois, notaire ù Blois.
' Archives de Tliâtel de ville de Blois, Registres de la paroisse de Saint-
Honoré,
238 UNE FAMILLE DE PEINTRES BLÉSOIS
étail écrit de trois manières différentes. Du moins, ce document
original nous permet de rectifier l'assertion de Bernier, riiistorien
du Blésois au dix-septième siècle, lequel place la naissance de cet
enfant en Fan 1610 '.
Le foyer de Jean H devait s'enrichir de nouveaux rejetons.
tt Le Xni* jour de novembre 1603, a esté baptisée Anne, fille
de Jean Monsnier peintre à Bloys, et Susanne Patein, son parrain
noble homme Simon Reolle, les marraines dame Anne Dagault et
Marie Dacguier, fille de noble homme Jean Daguier, sieur du
Plessis, conseiller du roy et lieutenant général au bailliage de
Blois 1) . On relève la signature a Daguier n , mais celle de Mons-
nier est absente *. i: Le 12 mars 1608 « Jehan Wosnier,
a M* vitrier w, et Suzanne. Patin firent baptiser une fille qui fut
nommée Françoise \
Jean Monsnier III unit son existence à celle de Louise Le Maire,
d'une très honorable famille blésoise, dont certains membres
figurent dans la magistrature.. Sur cette souche poussèrent plu-
sieurs rejetons, ainsi que nous l'apprennent les registres a baptis-
taires v . u Le dernier jour de décembre ou dit an (1638), a esté
baplizée Marie, fille de honnorable homme Jehan Monnier,
peintre, de Louyse Le Maire sa femme, le parrain honorable
homme Laurent Girault marchant, la liiarraine Élizabeth Le
Maires. (Signé) Richer, Girault, Isabel Le maire *.
Mais dans la descendance de Jean IIÏ, nous devons avant tout
mentionner Jacques, dont le talent acquit une grande nsloriété,
et qui épousa Jeanne Lopin.
Jean IH avait son domicile à Blois dans une maison dite u Bona-
venture « . L'n compte, se référant aux années de 1623 à 1629,
nous apprend que ^i Jehan Monier, .M" paintre et vitrier, demeu-
rant à Bloys, au lieu de Bonaventure, o devait une rente de sept
livres sur une maisoYi sise ruelle de Rougeon *.
Quant à Jacques, nous le rencontrons à Tours en l'année 1681 .
' Histoire de Blois, in-4", à Blois.
* et * Archives de l'hôtel de ville de Blois, Registres de la paroisse Saint-
Honoré.
* Archives de l'hôtel de ville de Blois, Registres de ta paroisse Saint-
Honoré.
* Bibliothèque iiuinicipale de Blois. Registres des comptes de l'Hôtel de Ville,
UNE FAMILLE DE PEINTBES HLÉSOIS S39
L(» seize février, en l'église de Saiiil-Pierre le Puellier, depuis
transformée en habitation, nous assistons au mariage de u Jacques
Monier, peintre du roy, fils de defTunct Jean Monier et de Louise
Le .Maire, ses père et mère, et damoiselle Françoise Lopin, fille
de deffunct Jean Lopin, marchand drapier, et de Françoise
Dénia u v , en présence de plusieurs témoins, dont le frère de la
fiancée, Jean Lopin, a apoticaire de l'Hostel-Dieu de Paris * » .
Au dire d'un contemporain, Jean III laissa plusieui*s enfants qui
s'adonnèrent à la profession des arts. Mais ils quittèrent les hords
de la Loire pour se rendre dans la capitale, où u ils se sont heu-
reusement transplantez « el où ils se firent avantageusement con-
naître ^ Outre Jacques, avec lequel nous avons fait connaissance,
on signale Pierre et Michel.
Pierre entra jeune dans l'atelier de Bourdon. Il épousa Made-
leine Reneaume, laquelle, le 1 1 mars 1688, tint sur les fonts un
enfant de J-B. Belin de Fontenay. L'acte porte a Maunier « , et il
est à remarquer que, de 1687 à 1702, l'artiste changea l'ortho-
graphe de son nom, qu'il écrivait finalement a .\;onier » '. Pierre
eut un fils, Nicolas, qui fut élève de Largillière et qui dans la
manière d'écrire son nom se plut à revenir à l'orthographe origi-
nale uMonsnier » , ainsi qu'il parait dans l'acte de mariage deJ.-B.
Belin de Fontenay *.
Pierre décéda le 27 décembre 1703, à Paris, sur la paroisse de
Saint-Sulpice, rue de la Corne a aagéde64 ans » ; sa veuve mourut
le J 4 janvier de l'année suivante, sur la même paroisse, à Tàge de
7fi ans ^
Alichel Monsnier exerça la profession de sculpteur, dans laquelle
il se distingua.
Dans la parenté de Pierre et dv Michel, nous voyons : une sœur,
Marie, qui s'unit à J-B. Monnoyer; un neveu, André, qui entra
dans les ordres et qui signe Tacte de décès a \!osnier n; enfin
Jean, qui signe « Alonier « el dont nous ne saurions indiquer
nettement le degré de parenté avec les précédents *.
' Archives de l'Iiôtcl de ville de Tours, Heyistres de la paroisse de Sainl-
Pierre-le- Puellier. Cet acte a été publié par M. Gh. dk Grandmuso.v dans ses
Documents inédits sur les arts en Touraine, p. 104.
* nsR.v'iRR, Histoire de Rlois, p. 572.
', *, *, * Jal, Dictionnaire, art. Mosnier.
240 USE FAMILLE DE PEIKTRES BLÈSUIS
II
Après avoir essayé de préciser l'état civil des Monsnier, nous
devons mentionner les ouvrages qui sont sortis de leurs mains.
Les renseignements sont rares au sujet des premiers qui, d'ailleurs,
ne semblent pas avoir joui d'une grande notoriété. A Toccasion
do Texil de là reine Marie de Médicis au château de Blois en 1618,
Louis XIII ordonna d'exécuter rapidement les travaux néces-
saires tt pour la commodité du logement de la royne et de ses oflî-
ciers « , et cela u en tous endroits t? oii ellecn manifestera le désir!
Au nombre des ouvriers occupés à leurs u arts et mestiers r , on
remarque Jean Monnier, u peintre et vilrier v — il s'agit de
Jean I" ou de Jean II — lequel touche 517 livres de salaire '.
Alais, c'est surtout Jean III, né en 1600, qui excella dans l'art
de manier le pinceau et montra de bonne heure d'heureuses dis-
positions cultivées dans l'atelier paternel. Il avait une quinzaine
d'années, lorsque Marie de Médicis, qui avait reçu en cadeau des
Cordeliers de Blois la Vierge au coussin veri p&r Andréa Solarit>
(actuellement au Louvre, n" 403), chargea le jeune dessinateur
de lui en faire une copie. Cette copie, qui est passée de chez
M. Chanibert dans le musée de la ville, plut si fort à la reine
qu'elle offrit à l'artiste l'argent nécessaire pour faire le voyage
d'Italie, non sans le recommander h l'archevêque de Pise, qui
retournait à Florence *.
Jean III demeura trois ans à Floivnce où il étudia les ouvrages
de Lodovico Cardi, de Cristofano Allori et de Domenico Cresti.
iîràce à la bienveillante recommandation du prélat, il entra dans
les ateliers du Bronzino et du Passignano. Par gratitude, il peignit
une Vierge d'après Raphaël pour Alarie de Médicis, qui en fit pré-
sent aux Minimes de Blois ^
L'artiste blésois quitta Florence pour se rendre à Rome, où il
demeura cinq années, qu'il employa à se perfectionner dans l'étude
' Archives nationales. P 2878*, f. 33. — I)k Crov, Documents sur les rési-
dences royales, etc.
* Voir ci-contre la planche VXXIX.
' Bernibr, Histoire de Blois.
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Page 240
wr-
^. UNE FAMILLE DE PEINTRES BLÈSOIS 141
des maîtres. 11 eut la bonue fortune de se lier avec Poussin, qui arriva
sur les bords du Tibre au printemps de 1624, et il revint en France
avec celui qui allait devenir une des gloires de la peinture. Marie
de Médicts, qui était occupée à son palais du Luxembourg»
demanda à Jean III une série de peintures décoratives. I/inven-
taire manuscrit, dressé par Bailly en 1709, mentionne treize
sujets \ De ces ouvrages on connaît au Louvre la Magnificence
royalCy symbolisée par une femme assise sur une terrasse et tenant
un caducée de la main gauche, tandis que le bras droit s'appuie
sur une corne d'abondance d'où s'échappent des couronnes et des
tiges de laurier.
Mais Taumônier de la reine-mère, qui était en même temps
intendant des bâtiments de Marie de Médicis, ne dissimulait pas
toutes ses préférences pour Philippe de Champagne *. Jean
s'éloigna de Paris et revint dans sa ville natale, d'où sa réputation
devait rayonner sur les provinces de l'Ouest. Il ne tarda pas à
devenir le peintre quasi-ofGciel de l'opulente famille d'Estampes de
Valençay, dont on connaît le superbe château de style Renaissance.
En particulier, Léonor d'Estampes, qui fut abbé de Bourgueil et de
Saint-Martin dePontoise et occupa le siège de Reims, fit maintes
fois appel au pinceau de Jean III pour satisfaire ses goûts de prélat
magnifique'.
A Chartres, dont il fut d'abord évéque, I^onor d'Estampes, pour
décorer sa bibliothèque, commanda à l'artiste la représentation des
quatre grands conciles œcuméniques. Dans sa chapeHe il lui fit
peindre la lie de la Vierge y et, dans ses appartemenis, V Histoire
de Théagène et de Chariclée,
Le prélat ne se plaisait pas moins à décorer les abbayes qu'il
détenait en commandite. A Bourgueil, abbaye bénédictine jadis en
Anjou, qu'il dota d'importants travaux de reconstruction, Léonor
chargea l'artiste d'embellir une des salles de T Histoire d'Apollon
etdeDaphné. Nous apprenons d'un contemporain que Jean III
s'en tira » d'une manière fort gallante * » .
La renommée du peintre allait grandissant et il reçut des corn-
' Fr. ViLLOT, Xotice des tableaux du Lwicre, p. 234^, 255.
• Idem.
' Brrnibr, Histoire de Hlois, p. 571,
* Ibid.
16
24^ UNE FAMILLE DE PEINTRES BLES018
mandes pour Saumur, Chinon, Tours, IVogent-le-Rotrou, etc. Son
talent s'accommodait bien du caractère somptueux des ornemenis,
mis en vogue par le siècle de Louis XIV pour la décoration des châ-
teaux et même des églises. A Valençay et à Cheverny, Jean Mons-
nier exécuta de a beaux platfons et d'autres ouvrages» qui fixèrent
l'attention ' . Les peintures du château de Cheverny ont été étudiées
par M. de Montaiglon avec la particulière compétence qui le dis-
tingue *. D'autres belles résidence», notamment celle de Ménars, à
laquelle le dix-huitième siècle devait apporter des embellissements,
occupèrent le pinceau de l'artiste ^
Les édifices religieux n'eurent pas une place moins large dans
les travaux du peintre blésois. Collégiales, communautés et
paroisses, rivalisaient d'empressement à lui demander quelque
toile pour honorer les souvenirs les plus chers à chacun des
centres religieux. En particulier, il fit une Descente de Croix ipouv
l'église de Saint-Solenne à Blois, et une Nativité du Sauveur pour
celle de Saint-Honoré, sa paroisse. De leur côté, les capucins lui
commandèrent une Déposition de croix, dans laquelle, au rapport
d'un témoin, u toutes les parties de la peinture, le dessin, la dis-
position, le coloris, l'harmonie et la dégradation des couleui'ssont
en un beau jour, et 0(1 l'on observe particulièrement une expres-
sion admirable et tout à fait convenable au sujet ^ n .
Les bénédictins de la célèbre abbaye de Pontlevoy lui deman-
dèrent une toile pour leur superbe abbatiale. Le grand retable du
maitre-autel avec colonnes de marbre noir, statues et bas-reliefs,
«euvre d'Antoine Charpentier, de Tours, fut orné d'un Couronne--
ment de la Vierge « par Jean Mosnier, peintre de Blois * » . Cette
toile, qui fut placée plus tard dans le réfectoire des moines, se
voit présentement dans une chapelle latérale. Au-dessous de la
Vierge triomphante dans le ciel, l'artiste a représenté une vue de
la ville de Blois.
I BBRNtxR, Histoire de Blois.
* l^larquis DE Chbnnbviârbs, Recherches sur quelques artistes provinciaux,
Paris, 1850, t. II, Xotice par M. de MoDtaigloD.
^ fiBRNiBR, lac. cit.
* Brrnirr, Histoire de Blois, p. 571.
^ D. Ghazal, Histoire de Pontleooy, ma. conservé à la bibliothèque munici-
pale (le Blois, du dix-huitième siècle, publié par la revue Loir-et-Cher (1900-
1903).
LNB FAMILLE DE PEINTRES BLÉSOIS f4S
Parmi les tableaux qu'une tradition sérieuse attribue à Jean III,
se place celui qui est conservé dans Téglise de Notre-Dame des
Aides au faubourg de Vienne à Blois. Il a été exécuté à Toccasion
d'un Vœu fait à la Vierge par les échevins, qui paraissent k
genoux dans leur physionomie bien caractéristique. Il porte la date
de 1641 ; mais il est fixé à une telle hauteur, au sommet de Tautel
de Notre-Dame, qu'il ne nous a pas été possible de constater s'il
garde la signature de l'artiste. En dépit de la très grande difficulté,
nous voulons espérer qu'il nous sera possible d'obtenir une repro-
duction de ce curieux sujet historique.
EnTouraine, les couvents tenaient également à posséder quelque
ouvrage de Jean III. Les Minimes de Saint-François de Paule,
installés par leur pieux fondateur dans le voisinage de Plessis-
les-Tours, lui firent une commande. D'après l'inventaire dressé au
dix-huitième siècle, on remarquait a au-dessus des chaires du
chœur, du côté de l'Evangile, un grand tableau, Saint François de
Paule en l'air à la vue de Louis XI et de toute la cour, par M. Le
Mosnier père. » On voyait, en outre, les » tableaux des deux cré-
denres du grand autel, peints par M. Le Mosnier fils, directeur
de l'Académie royale de peinture et de sculpture, pour
200 livres ' n . Nous reviendrons, tout à l'heure, au fils de Jean III,
dont il s'agit ici.
Assurément, en recherchant avec soin dans les différentes
localités des rives de la Loire, on découvrira d'autres œuvres du
peintre blésois, et nous nous proposons de ne pas faiblir à cette
tâche. Au surplus, Jean IIJl était un esprit fin et très cultivé, autant
que passionné pour les arts. Dans son zèle pour la recherche des
travaux des maîtres, il fit plus d'une trouvaille et, au témoignage
de son contemporain, il réussit à u sauver quelques rares mor-
ceaux de l'obscurité et de la poussière n . En particulier, il trouva
tt dans un galetas du château de Blois, la divine pièce de Raphaël,
qui représente la Sainte-Famille r>^ et cette œuvre géniale a s'est
multipliée par une infinité de copies d'après la sienne ' « . L'une
de ces copies pourrait bien être la toile que l'on remarque au
musée de Tours.
' Inventaire des Minimes publié dans les Mémoires de la Soc. arch. de
Tour aine, t. 41, p. 57.
* Bbrnirr, ioc. cit.
844 (JWE FAMILLE DE PEINTRES BLÊSOIS
A l'instar de son camarade Poussin, bien qu'à un degré diffé-
rent, Taiiiste était très entendu dans les diverses questions d'arl.
Ceux qui Font fréquenté attestent qu' u il parloit fort bien de la pein-
ture et n'estoit pas moins correct en ses discours qu en ses
ouvrages * v . C'est auprès de lui que son fils Pierre commença de
puiser le goût et l'exercice de la critique artistique.
D'un naturel simple et désintéressé, Jean III n'arriva jamais à
la fortune et se contenta d'une modeste aisance pour lui et sa
famille. Sa santé seule laissait à désirer, et il ne tarda pas à res-
sentir les atteintes de la maladie de la goutte, qui devait l'em-
porter dans la vigueur de Tàge et du talent. S'il faut en croire
Félibien, sa mort arriva en 1656; mais, avec l'historien Bernier,
c'est en 1650, qu'il convient de placer le décès de l'artiste.
Pierre Mosnier, ou Monnier, comme il signe, continua la maî-
trise de son père. Venu tout jeune à Paris, il entra dans l'atelier
de Bourdon et l'on prétend qu'il aida le maître dans la décoration
de l'hôtel de Bretonvilliers. Lors de la fondation de l'Académie de
France à Rome, il prit part au concours dont le sujet était la Con-
quête de la Toison d'or par Jason, et, le 27 décembre 1664, il
obtint un prix. En conséquence, il prit rang parmi les premiers
pensionnaires que le directeur Errard conduisit sur les rives du
Tibre; l'année suivante.
A Rome, Pierre travailla avec assiduité à développer ses apti-
tudes par des ouvrages aussi nombreux que variés. De l'avis de
Bourdon et avec l'aide de Poussin, il mesura les statues antiques,
et quatre de ses études présentées en 1670 furent exposées dans
l'Ecole de l'académie. Entre tous les maîtres, il porta ses préfé-
rences sur Raphaël et Carrache. Il exécuta, entre autres, deux
copies à l'huile des tapisseries du peintre d'Urbino, et, dans- la
galerie Farnèse, il copia des toiles du maître de l'école Bolo-
naise ^
Lors de sa rentrée en France, Pierre vint frapper à la porte de
l'Académie de peinture. Comme sujet de son choix, il présenta
Hercule se disposant à défendre Thèbesei recevant d'Apollon des
* BiaiiiBR, lue. cit.
• Fr. ViLLOT, Notice dts tableaux du Louore, p. Î34.
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Page 244.
UNE FAMILLE DE PEIIPTRES BLÉS018 945
flèches, de Mercure une épée et de Vulcain une cuirasse. Ce tableau
a. été déposé dans les magasinsdu Louvre. On connaît peu d'œuvres
de Pierre. On sait qu'il peignit pour Notre-Dame de Paris un
tableau représentant le Parlement jugeant un procès pour le mar-
quis de Locmariaker, et une Vierge honorée par les Anges pour
Saint-Sulpice.
Mais la réputation de Pierre Monier lient plus spécialement à la
situation qu'il occupa dans TAcadémie. Reçu membre le 6 octobre
1674, il fut nommé professeur adjoint le 5 juillet. 1676, et profes-
seur en titre le 27 juillet 1686. Ses leçons, marquées au coin de la
perspicacité, de Texpérience et du savoir, lui firent un nom dans le
monde des arts et des artistes. Il exposa ses idées sur Thistoire
artistique dans une série de discoui*s très nourris, lus aux séances
de FAcadémie entre les années 1693 et 1696.
Comme les conférences ne furent pas publiées suivant qu'on
l'avait d'abord résolu, Pierre Monier reprit ses discours en les
complétant, et les fit paraître, deux ans plus tard, sous le titre
Histoire des arts qui ont rapport au dessin^ a où il est traité de
son origine, de son progrès, de sa chute et de son rétablissement :
ouvrage utile au public pour savoir ce qui s'est fait de plus consi-
dérable en tous les âges, dans la peinture, la sculpture, l'archi-
tecture et la gravure, et pour distinguer les bonnes manières des
mauvaises, par P. Monier, peintre du roi et professeur en l'Aca-
démie roiale de peinture et de sculpture » .
Le volume, in-12 de 350 pages (plus une table des noms), parut
à Paris en 1698 « chez Pierre GifTart, libraire et graveur du Roi,
riie Saint-Jacques, à l'Image Sainte Thérèse » .
Il est orné d'un frontispice figurant le Dessin entouré de génies
qui symbolisent les arts, avec la légende II Disegno padre degli
arti. La composition est l'œuvre de l'auteur, suivant cette indica-
tion : « P. Monier delineavit — P. Gyfart filius fecit » . Ainsi qu'il
le déclare au début, laissant de côté a les leçons d'anatomie, de
géométrie et de perspective » , l'auteur s'attache à ce qui regarde
plus particulièrement l'histoire des arts, dont il poursuivit l'évolu-
tion jusqu'au dix-septième siècle exclusivement. Il rései'vait la
suite pour et un second volume » ; mais il ne l'a pas publié. Le
livre est dédié au marquis de Villacerf, surintendant des bâtiments
du roi ; et, à l'occasion d'un éloge de l'ouvrage en six vers italieiis,
Î4» IIIVB FAIIILLB DE PEINTRES BLÉSOIS
il est qaestîon a de ToDcle très aimant, M. L. Reneaume de I^
Garanne D. M . « ; il s'agit probablement de l'oncle de la femme
de Pierre Monier, qui était une Reneaume, ainsi que nous Pavons
appris précédemment.
Nous n'avons pas à entrer dans le détail de ce livre, conçu avec
méthode et écrit avec une élégante simplicité. 1/auteur partage, il
est vrai, les préjugés de son temps sur notre art national ; et cVst
vainement qu'on chercherait dans ces pages une place pour les
architectes Françoys, Byart, Nepvcu et Valence, pour les peintres
Fouquet, Bourdichon et Perréal, pour les sculpteurs Colombo,
Regnault et Marchand. Sans nul doute, la lecture des recherches
modernes, en particulier de la série des Réunions des sociétés des
départements, modifierait aujourd'hui sa manière de voir. Néan-
moins, cette œuvre d'un esprit avisé, d'un critique lumineux et
d'un artiste recommandable, peut être a utile à tous ceux qui pro-
fessent les beaux-arts » suivant l'appréciation d'un architecte du
dix-septième siècle, BuUet, de l'Académie royale *.
Pour ce qui regarde les travaux des autres membres de la
famille Mosnier, nous n'avons plus que quelques obser\ations à
ajouter à ce qui a été dit à propos de Télat civil.
Jacques Mosnier, frère de Pierre, se distingua également comme
peintre. Lui aussi Ct un voyage en Italie. Il se trouvait à l'.Acadé-
mic de France comme pensionnaire, lorsqu'on commença !'« In-
ventaire des meubles et des travaux », le 24 mai 1673, et il figure
au procès-verbal sous le nom de a Jacque Munie y* . Mais il était
parli pour Naples à l'époque où fut close l'opération d'inventaire,
c'est-à-dire le 28 août suivant *. A son retour en France, Jacques
dut exécuter des travaux de son art; mais nos recherches ne nous
ont pas encore mis sur la piste de ses ouvrages, que nous espé-
rons retrouver quelque jour.
On s'accorde à compter, au nombre des enfants de Jean III, le
sculpteur Michel Mosnier ^ Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à l'au-
tomne de l'année 1673, Michel vint à Rome avec Noël Coypel, et
que l'inventaire dont il vient d'élre parlé mentionne » Michel
> P. MoNiKR, Histoire des Arts, in-iS. Paris, 1898, passim,
■ Réunions des Sociétés des Beaux- Arts des départements, aoDëc 1889, ar-
ticle par M. A. Gastan.
•Idem.
i
LA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORlNiÈRE 941
Monter n comme « pensionnaire n de TAcadémie. Parmi les
œuvres de cet artiste, on doit sigoaler, dans le parc de Versailles,
un Gladiateur mourant, copie en marbre d'après Pantique.
Quant à ce qui est de Nicolas^ (ils de Pierre, on sait qu'il étudia
dans ratelierdeLargillière; mais on n'est pas fixé sur les ouvrages
sortis de son pinceau.
Telles sont les observations que nous avons pu réunir louchant
la famille des Mosnier, Monsnier ou Monier, qui s'adonnèrent
à la pratique dos arts durant plus de deux siècles.
li. BOSSEBOEUF,
Correspondant du Comité.
XII
LA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORIMIERE
El» SAEVT-PIERRE DE CHEMILLÉ
Le château de la Sorinière est sihié sur le territoire de la com-
mune de Chemillé *, à 2,500 mètres à l'ouest du « bourg Saint-
Pierre » .
La terre de la Sorinière — terra de la Sorinère, dont le nom
figure, pour la première fois, en 1246, au cartulaire de Chenfiillc',
appartenait, en J308, à Jean Pierres, « vallet » ^ En LilO,
Jamet Pierres , demeurant au a lieu et houstel de la Sori-
nière «, agrandit le domaine \ Son arrière-petite-fille, Marie
' Cher-lieu de canton de l'arrondissement de Cholet (Maine-et-Loire).
* Arch. de Maine-et-Loire, série H. (C. Port, Dictionnaire... de Maine-et-
Loire, t. llï, p. 535).
' En 1360, le jour de sainte Catherine (22 novembre), deux paroissiens de
Gonnord vendent à Jean Pierres, c vallet ï , tous les droits qu'ils ont sur un
moulin, appelé c le moulin de Seneschal, en la rivière d'Irome > , pour dix flo-
rins d'or. (Arch. de la Sorinière). — A moins d'indication contraire, tous les
documents cités dans cette notice font partie des archives du château de la Sori-
nière.
'* Le 14 janvier 1410, Geoffroy de Cuer, paroissien de Saint-Lambert-du-
248 LA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORINIÈBB
Pierres, l'apporte en mariage, vers 1496, à François de Brie, sei-
gneur de Saint-Léger-des-Bois \ dont la descendance possède la
Sorinière pendant tout le seizième siècle.
En 1598, au plus tard, Michel d'Escoublant, ècuyer, (ils de
Louis d*Escoublant, sieur de la Touche, en Beaupréau, prend le
titre de sieur de la Sorinière *. Il avait épousé Renée de Brie, qui
mourut en 1611 '.
En 1668, par le mariage de Marie d'Escoublant, fille d'Esprit
d'Escoublant et de Madeleine de Launay avec François du Verdler,
écuyer \ la Sorinière passa entre les mains de la famille qui Tha-
bite encore aujourd'hui ^.
Le château a beaucoup souffert, à l'époque de la Révolution.
Actuellement, il se compose d'un rectangle, flanqué, sur la façade
nord, de deux tours rondes du quinzième siècle, dont l'une s'ap-
puie sur un massif voûté, dernier reste d'une construction plus
ancienne. Des fossés d'eau vive l'entourent et, jadis, le protégeaient.
L'n pont-leiis, établi entre deux tourillons à créneaux, fait com-
muniquer la cour intérieure avec une autre cour beaucoup plus
vaste, renfermée par les bâtiments de la ferme et par la cha-
pelle \
Lattay, vend à Jamet Pierres- les & terres du Chartaut, tes \oës de la Varaone i
et d'autres terres » sises à la Croix-Cosson, à la Planche de la Sorinière «,
etc.
* 27 réirier 1496, déclaration à i noble homme Françoys de Brie, escuyer,
seigneur de la Sorinière •», époux de Marie Pierres, par Guillaume Gerland
pour une portion de moulin.
' Mai 1598. transaction par Michel d*Escoublant, écuyer, seigneur de la
Sorinière et Renée de Brie, son épouse, héritière delà Sorinière. fille dn défunt
René de Brie, de son vivant seigneur de la Sorinière, et de Marie de Vaugi-
rault, avec les chanoines de Saint-Léonard de Ghcmillé. au sujet d*une rente de
deux septiers de blé, revendiquée par le chapitre.
^ On célébra son « annuel « dans la chapelle de \otre I)ame-de-Pitié, à
Saint-Pierre de Chemillé, du 13 juillet 1611 au 13 juillet 1612.
* Arch de Maine-et-Loire, E 4122.
^ J'adresse à M. le comte O'Kelly et k Mme la comtesse, née du Verdier de
la Sorinière, des remerciements très sincères pour l'extrême bienveillance avec
laquelle ils m'ont permis de compulser les archives de leur château et de pho-
tographier les peintures de leur chapelle.
' La chapelle du château de la Sorinière ne doit pas être confondue avec la
chapelle de \otre-Dame-de-Pitié, dite aussi chapelle de la Sorinière, accolée À
l'aile droite du transept de l'église de Saint-Pierre de Chemillé. Cette dernière
avait été élevée, en 1501, par François de Brie rt Marie Pierres, seigneur et
dame de la Sorinière, pour servir à la sépulture des membres de leur famille.
LA GHAPELLiS DU CHATEAU DE LA SOBINIÈRE 249
La diapelie de la Sorinière mesure 7*70 de longueur sur 5"30
de largeur. Elle se compose de deux travées voûtées d^ogives à
profil prismatique. Elle est éclairée par deux petites fenêtres à
trèfle et par une large baie en plein-cintre, qui s'ouvre au-dessus
de Fautel \ Les clefs de voûte sont ornées d'un écusson fruste;
un autre écusson, fixé au sommet de Tarc-doubleau, porte les
armes de la famille d'Escoublant : u deux escoubles ou aigles esso-
rantes d'argent, mises en fasce côte à côte, membrécs et becquées
de .sable. y>
Il est regrettable qu'elle ait été démolie, quand, en 1902, on a restauré l'église
Saint-Pierre; car, sans parler du mérite de cette modeste construction, c'était
un dos rares édifices du commencement du seizième siècle, dont on connût
c l'état civil v complet.
On possède, en efTet, le texte de deux marchés, conclus entre le seigneur de
la Sorinière et Etienne Pellepré ou Pelletier, maître maçon, pour la construc-
tion des murs et de l'autel de cette chapelle, t Aujourduy V* jour de novembre
mil V' et ung a esté faict marché entre mons** de Sainct-Ligier et de la Sori-
nière et Ëstienne Pellepré, roaistre maczon, pour faire la massonnerie cy dessus
dite pour le pris et somme de cinquante livres tournois, deux charges de seille
et une pippe de vin bon et franc. Presans à ce, mons' le prieur de Chemillé et
mons' le prieur du cloistre etmons' d'Espiré, fils dudit sieur de la Sorynière.
Ainsi signé : P. Dupo.vt, E. Pkllktirr, M. dr Brvk ; l'an et jor que dessus. »
Le lendemain, 6 novembre 1501, ils traitent ensemble pour la fourniture de
« la pierre de tuffeau, d'une table d'aultel de Ragesse ou de Sainct-Aignan et
deux ou trois pierre de Ragesse pour faire les pilliers de dessoubz l'autel. « Le
marché s'élève à la somme de trente livres tournois. Pellepré rendra la pierre
jusqu'au Gué des Moriers, près de Ghalonnes, d'où le seigneur la fera trans-
porter à Chemillé.
Le premier de ces marchés est précédé d'une sorte de devis, qui commence
à tomber en poussière, mais où il est encore possible de lire : t ... En iceluy
pignon [de la chapelle] fault ung vitrai de la grandeur et haulteur d'iceluy qui
est au pygnon du prieuré et y aura deux meyneaux en iceluy vitrai et sur les
meyneaulx formayement le plus ligier que faire se porra... Et sera lad. cha-
pelle voultéc à belles croisées d'ogyves... Item faudra faire une arche pour
veoir et passer de lad. chapelle en lad. église à la devise de mond. sieur et
aussy faire ung chaufTepié qn lad. chapelle encontre le gros pillier... i Ces
documents, encore inédits, suffiraient à prouver qu'il y eut en Anjou, au com-
mencement du seizième siècle, des constructeurs qui restaient toujours fidèles
aux traditions de l'art français.
Deux statues de saint Cosme et de saint Damien, conservées an musée-
archéologique d'Angers, ornaient jadis l'autel de cette chapelle. Le peuple de
Chemillé et des environs les avait baptisées du nom de saint Aignan (saini
Teignant) et de saint Ignace (saint Tignasse) et, jusqu à ces derniers temps,
il les invoquait contre les maladies du cuir chevelu.
* Avant la restauration de la chapelle, en 1830, cette fenêtre devait avoir
une autre forme.
f^ Là CBirCLLE BC CBITCIC »K LJ SOBISIEIK
4 ïe%lmtmr, l'^ifice B'offre rien ie rpaar^vaUr. A i'nitê>
fvvr, il rM nnè ie pHfitar9*s à U d^tmapr, ^«i pe«T«it figvrrr
a boa droit pami les ««rm 1rs pliu aitt«^bqaes ^«r le «râîèiBe
»irr{« ail Irgné*» à IWnym. Prol^i^ roDtrr le landalisme. à
I époqœ des ^erres de Vendée* par de§ fa^^ts qn reMpiîssaieDt
la rhapelle, res peintores n'ont ete endommaç^es. d'aillenrs très
légèrement, que rers 18^34), par on deroralevr anssi hardi que
roaladral. Elles forment trois grands pannean, représentant la
\aliiifê de \otre-Seignear, TAdoration des liages et saint Chris-
Uiphe, Persionne ne les a encore si^alf*es.
f^ Xatitiié de Jésus-Christ mesure 3*15 de lar^ear sor
3*25 de bantenr V
f^ scène ^ pas.«e dans un pajsa^je. Varie, la tête légèrement
penchée sur Tépaole droite, se présente à gênons, presque de face,
M9U% une double arcade que soutiennent des piliers carrés reiètns
de marbre, detani une crèche en mine, dont la toiture défoncée
lai»Mr entrevoir un coin du ciel gris et froid. Sa robe est échancrét»
an cou. In large manteau de couleur bleue Tenveioppe presque
font entière. Sur sa nuque flotte un voile de gaze transparente.
Kl le adore, les mains jointes, son divin fils, exposé tout nu sur le
dallage, que recouvre un linge blanc. Deux anges, dont T un porte
uni* chap«f d*or, sont représentés de chaque coté de Tenfant, qu*ils
prient a*i*c feneur.
Au premier plan, à droite et à gauche, le seigneur et la dame
de la Sorinière sont agenouillés sur un prie-Dieu recouvert d'une
étoffe bleue à leurs armes. Ils ont T un et Fautre les mains jointes;
au-dessus de leur livre de prières. Jean de Brie, reconnaissable à
son blason brodé sur le tapis du prie-Dieu, a les bras et les jambes
armés de toutes picVces et porte sur sa cotte un snrcot a fascé d'ar-
gent et de sable de huit raies, au lion de gueules brochant sur le
tout)). Son gantelet et son casque sont déposés à terre. Il était
assisté de saint Jean-Baptiste, son patron, que le décorateur de
1830 a maladroitement transformé en sainte Madeleine. Fran-
çoise de Mathefelon, son épouse, est coiffée d'un chaperon à queue,
)^x\T sa rol>e est posé un surcot à jupe traînante, armorié de Técus-
son à ses armes. Un chapelet blanc, à gros grains, est suspendu
' Voir ri-contre la plaDclie XLI.
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^ 1
LA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORINIÈBE 251
à sa ceinture. Sain (François d'Assise Taccompagne et la présente.
Au second plan, saint Joseph, vêtu d'une robe bleue et d'un
manteau rouge, la tète recouverte d'un chaperon, enti*e, à droit<\
avec sa lanterne allumée et son bâton. A gauche, un berger
accourt pour adorer l'Enfant-Jésus, avec sa houlette à la main vt
sa gibecière au côté. Un de ses camarades contemple le spectacle
par une des ouvertures de la misérable cabane. Deux autres ber-
gers le suivent; on les voit, traversant sur un pont la petite rivière
qui anime le paysage et causant entre eux de la grande nouvelle.
Le paysage qui fait le fond du tableau n'a pas la gaité, la dou-
ceur, la grâce un peu molle des paysages de l'école de la Loire.
On y sent une touche plus vigoureuse, plus dure même, mais
encore très habile et très sincère.
On y trouve, comme dans les peintures du quinzième siècle, des
détails charmants. Cette scène, en particulier, qui se passe à gauche
dans la prairie, n'est-elle pas d'une simplicité exquise? Deux anges,
que l'on aperçoit, dans les nuages, approchant d'un réchaud leurs
petites mains engourdies, ont annoncé aux bergers la naissance
du roi des juifs. Un groupe de patres, réunis autour d'un brasier, a
entendu l'appel d'en-haut. Deux d'entre eux sont déjà debout»
tout prêts à partir pour la crèche. Le troisième souffle à pleins
poumons dans sa cornemuse : il reste assis, pour répéter, sans
doute, la mélodie qui, tout à l'heure, égaiera le nouveau-né. Le
quatrième tient une écuelle de la main droite; de la main gauche
il porte une cuiller à sa bouche; c'est un homme pratique : avant
d'entreprendre le voyage, il termine son repas.
VAdoration des Mages forme un tableau de 2"", 1 8 de hauteur sur
4"", 85 de largeur. Il est bordé, à la partie inférieure, d'une sorte de
litre, sur laquelle on a peint, à partir du dix-septième siècle, les
blasons de toutes les familles qui se sont alliées à la famille du
Verdier de la Sorinière. La scène traitée par l'artiste est pleine de
vie et de mouvement; mais, sans parler de quelques maladresseiii
et de quelques fautes de dessin, on y sent un peu la recherche '.
La Vierge et saint Joseph portent le même costume que dans le
panneau de ^ la Nativité». L'architecture des colonnes qui les
encadrent ressemble à celle de la crèche.
* Voir ci-dessous la planche XLII.
^52 LA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORIMÈRE
Marie est assise, tenant TEnfant Jésus sur ses genoux. A sa
droite, saint Joseph, la main appuyée sur un bâton, se penche
pour contempler le spectacle extraordinaire qui se déroule au
premier plan. Un vieillard au front chauve, aux cheveux blancs,
un roi, sans doute, car il a été déposé à terre son chapel recou-
vert d'une couronne d'or, s'agenouille aux pieds de la jeune mère.
Il est enveloppé d'un manteau jaune, garni de riches fourrures.
De la main gauche il porte une coupe d'orfèvrerie, qu'il découvre
de la main droite et vers laquelle l'enfant tend les bras en souriant.
Un valet le suit, tenant en laisse un lévrier blanc. Debout près du
vieillard, un autre roi, dont le visage est encadré d'une chevelure
et d'une barbe opulentes, jette un regard plutôt sévère sur les
cavaliers de son escorte. Il est coiffé d'un turban, chaussé de
bottes à crevés, vêtu d'un manteau en velours grenat décoré d'ara-
besques et muni de manches bouffantes. Un large cimeterre pend
à sa ceinture. Sa main gauche tient un sceptre fleuronné. Les pré-
sents qu'il apporte sont renfermés dans une coupe de cristal
sertie d'or. Derrière lui, ses serviteurs et les officiers de son
palais se pressent en foule, montés sur des chevaux ou sur des
dromadaires.
Le roi nègre attend à gauche, coiffé d'un chapeau à bords
rabattus et contournés sur lequel repose une délicate couronne,
vêtu d'un ample manteau en brocart, qui laisse à découvert la
jambe droite chaussée d'une énorme botte à crevés. Un vase d'or,
qu'il soutient de la main gauche, renferme l'offrande destinée au
nouveau roi des juifs. En tète de son escorte, on remarque un
négrillon au costume bizarre, tenant par la bride un animal plus
étrange encore, dromadaire ou chameau richement caparaçonné,
dont le peintre a caché la tête, pour cette raison que, ne la con-
naissant pas exactement, il était incapable de la dessiner. La sup-
position n'est pas téméraire, quand on voit quelles formes amu-
santes il a attribuées à l'éléphant ' qui figure au dernier rang, à
gauche, avec une malle de voyage et un cavalier sur le dos '.
' La ménagerie du roi René, au château d'Anjjcrs, comptait plusieurs dro-
madaires ou chameaux ; elle ne possédait pas un seul éléphant. (Cf. Lkcoy dr
LA Marchk, Le roi René, t. II, p. 18).
* Les écussons qu'on voit, à gauche et h. droite, sur ce panneau, ont remplacé
ceux de Jean de Brie et de Françoise de Mathefelon.
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lA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORINIÈRB Sô3
Le dernier panneau mesure 3" 50 de largeur sur 3" 10 de hau-
teur. II représente saint Christophe ', sous les traits d'un géant, à
Tabondante chevelure, à la barbe grisonnante et frisée, marchant
dans les eaux d'une rivière jusqu'à la hauteur des mollets. Le
colosse est vêtu d'une culotte courte, serrée au-dessous du genou,
d'une tunique de brocart d'or à revers bleus et d'un manteau
rouge à larges plis, que soulève la brise. Il s'avance de gauche à
droite, en s'appuyant des deux mains sur un tronc d'arbre, qui
lui sert de bâton. Sa tète est tournée vers le Sauveur, gracieux
enfant aux cheveux bouclés, assis à califourchon sur l'épaule du
vigoureux passeur, quecefardeau mystérieux déconcerte et accable.
L'Enfant-Jésus porte une robe bleue et un manteau cendré,
qui flotte au vent. De la main droite, il soutient le globe du
monde, surmonté d'une croix, à laquelle pend une banderole
blanche. De la main gauche, il semble indiquer le rivage, sur
lequel on aperçoit un ermite, le genou en terre, qui présente sa
lanterne allumée, comme pour éclairer le passage. Malheureuse-
ment, cette partie du panneau a été repeinte : l'ermite, la cha-
pelle et le bouquet d'arbres qui l'entourent sont l'œuvre du restau-
rateur de 1830.
Au second plan, sous un ciel chargé de nuages, se profile la
silhouette d*une barque, qui vogue, toutes voiles dehors, vers la
haute mer; puis, plus près, la muraille d'une ville, qui s'avance
dans le fleuve et forme un port bien fermé, où les bateaux, à
l'abri de la tempête, attendent tranquillement l'heure du départ.
Cette scène, que les artistes du moyen âge ont interprétée tant
de fois, a été traitée ici avec une grâce naïve et charmante, qui
rappelle les meilleures compositions du quinzième siècle.
La légende raconte que saint Christophe aurait été martyrisé en
Lycie, au troisième siècle. A la Sorinière, son martyre continue.
Ses bourreaux sont les jeunes filles du voisinage, qui, pour trouver
un mari dans l'année, n'hésitent pas à fixer de longues épingles
dans le mollet du charitable colosse. La dévotion est telle, qu'il
faut, de temps en temps, panser les plaies béantes et recouvrir la
jambe du patient d'une nouvelle couche de peinture.
Les fresques de la chapelle de la Sorinière sont un peu anté-
' Voir ci-(le88U8 la planche \LI1I.
!234 LA CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORINÈIRE
rii^ures au milieu du seizième siècle. Telle est, en effet, Tépoque à
laquelle nous reporte le costume des personnages, qui sont habillés
<-omme on Tétait en France, sous le règne de François I". Telle
4'st aussi celle qu'indiquent les écussons armoriés de Jean de Brie
et de Françoise de Mathefelon. Jean de Brie s'était marié avec
Françoise de Mathefelon en 1517 *. Les deux époux vivaient
encore en 1535 ^; mais Françoise mourut avant 1540, car, à
cette date, Jean de Brie s'allia en secondes noces avec Catherine
l'antin V CVst donc entre 1517 et 1540, que le seigneur et la
ilame de la Sorinière firent exécuter pour l'oratoire de leur châ-
teau les peintures qui en sont le principal et, avec la statue de
\olre-Dame de Pitié qui décore l'autel, à peu près le seul ornement.
A quel artiste peut-on attribuer ces œuvres, qui, malgré quel-
ques imperfections, trahissent un goût très délicat et une main
très habile? A défaut d'un nom précis, que l'on chercherait en
\a\n dans les archives de la Sorinière, on peut affirmer, du moins,
que le peintre n'a pas été formé à l'école des bords de la Loire.
La Vierge ne rappelle en rien la jeune fille blonde, grassouillette
<'t fraîche des miniatures de Fouquet; elle a quelque chose de
plus grave et de pi us froid *. L'enfant ne ressemble ni au bambinok
grosse tète de Florence, ni au poupon leste, souple et vivace des
Heures de Chantilly; il se rapproche plutôt du nouveau-né maigre
4't anguleux des Flandres. Ce n'est plus ici, pourtant, l'assistance
immobile et muette des tableaux flamands du quinzième siècle :
. la scène — celle de a l'Adoration des Mages tu , en particulier, —
est vivante et réelle; mais on sent que l'artiste a des préférences
bien marquées pour les traditions de l'école du Nord. Ne serait-il
pas même l'élève d'un Coppin Delft, par exemple, d'un des
u peintres du roi de Sicile ^\ d'un de ces Flamands que le roi
René avait attachés à sa personne et fixés en Anjou? Je ne voudrais
pas l'affirmer; mais je suis tenté de le croire.
* Le contrat de mariage porte la date du 1*' décembre 1517.
* Transaction entre les seigneurs de Sorinière et de Brie-Serrant, au sujet
de la dot de dame Françoise de Mathefelon, épouse de Jean de Brie, seigneur
do la Sorinière et des Tailles.
* 8 ao&t 1540, contrat de mariage de t noble et puissant Jehan de Bryc, sei-
gneur de la Sorinière t . avec « damoiselie Catherine Pantin, fille de feu Jehaa
Pantin et de Renée de la Roche » .
^ La photographie accentue encore cette note.
€8
Page m.
^:
Là CHAPELLE DU CHATEAU DE LA SORINIÈRE 255
J'ai parlé, tout à l'heure, de 1a statue de Notre-Dame de Pitié,
<|ui décore Tautel de la Sorinière. C'est un groupe en pierre d'un
très grand mérite, qui offre une particularité iconographique assez
remarquahie '.
Au seizième siècle, la Vierge de Pitié est presque toujours repré-
.sentée seule avec son (ils. Quelquefois pourtant saint Jean et sainte
Marie-Madeleine l'assistent et partagent sa douleur. Quelquefois
aussi l'artiste a figuré tous les personnages qui furent présents à
l'ensevelissement du Christ : derrière la Vierge, qui porte son fils
sur ses genoux, on voit Nicodème, Joseph d'Arimathie, saint Jean,
la Madeleine, les saintes femmes *. A la Sorinière, Marie n'est
accompagnée que de saint Jean.
La Vierge, revêtue du costume traditionnel, manteau somhre
et guimpe blanche, est assise, joignant les mains et levant un peu
les yeux vers le ciel. Le corps inanimé de Jésus est étendu sur les
genoux de sa mère; les jambes sont rigides, le bras droit pend
inerte et effleure la terre. Saint Jean fléchit le genou pour recevoir
la tète, couronnée d'épines, du Sauveur, qu'il soutient de la main
droite, pendant que sa main gauche, passée derrière l'épaule de
Marie, sert d'appui à cette mère désolée. La figure de la Vierge
est admirable. Celle de TapiMre n'est pas moins parfaite; il semble
même difficile d'exprimer en traits plus saisissants l'angoisse de
la douleur tempérée par la foi.
Les armes de François de Brie et de Marie Pierres, son épouse,
sont sculptées sur le socle de ce groupe émouvant. La Vierge de
Pitié de la Sorinière est donc antérieure de quelques années aux
])eintures murales de la chapelle.
Chanoine Ch. Lrseau,
Correspondant du Comité, à Angers.
> Voir ci-dessus la planche \L1V.
* E. «\I.ALK, L'Ari français à la fin du moyen âge: l'apparition du pathéti-
que {Revue des deux Mondes, \" octobre 1905. p. 672-673).
206 HISTOIRE D'UN TABL£AU
XllI
HISTOIRE D l!V TABLEAU
LE MARTYRE DE SAINT ÉTIEWE PAR RUBENfS
Le musée de Valenciennes * possède, parmi bien des chefs-
d'œuvre, un tableau de premier ordre, le Martyre de saint Etienne,
que peignit vers 1623, pourTabbaye de Saint-Amand, IV-P. Rubens
en collaboration, croit-on, avec Corneille Schutt *.
Celte œuvre, grandiose en son ensemble, forme un triptyque
dont les petits panneaux de gauche et de droite sont peints sur les
deux faces.
Prenons le triptyque fermé : Rubens a représenté sur les deux
volets une Annonciation d'un grand caractère. A gauche on voit
la Vierge revêtue d'un costume somptueu^t aux couleurs éclatantes
et dont la coupe révèle nettement Tépoque à laquelle vivait le
peinire anversois. Plusieurs auteurs ont voulu voir, dans cette
représentation de la Vierge, le portrait en pied de la troisième
femme de l'artiste '. Si l'on se rappelle que Rubens se maria seule-
ment deux fois, il semble dès lors impossible d'ajouter foi à cette
affirmation. Les mêmes critiques ou historiens locaux ont égale-
mentcru reconnaître, dans les anges blonds et joufflus qui entourent
l'ange Gabriel peint sur le second panneau, les enfants du grand
' Voir les divers inventaires du musée. Editiou de 1839, n*" 251 à 254. —
Ed. 1841, n« 187 à 190. — Ed. 1861. n" 164 à 16T. — Ed. 1865, n- 1T9 À
1H2. — Ed. 1876. n- 182 à 185 — Ed. 1882, n- 210 à 213. — Ed. 1888»
n" 210 à 213. — Ed. 1898. n- 307 à 310.
' D'après L.^pbnrstrk. La fitinture en Euro'te. Im Relgiqu^, p. 83 — VAs-
lompiion de la Vierge du musée de Hruxelles (salle X, n** 407) fut commandée
 Rubens par les archiducs Albert et Isabelle. M. Max Rooses pense que la
partie supérieure doit être attribuée à c Corneille Schut qui collabora également
au Saini-Eiienne du musée de Valenciennes. «
* A. DiNAUx. Exposition publique des arts et de t industrie à Valenciennes en
1838. Compte rendu, p. 6. — V. Croix. Ville et abbaye de ^aint-Amand,
1899, p. 65. Etc..
HISTOIRE D'UN TABLEAU 257
artiste. Je n'insisterai pas davantage sur rinvraisemblance de
cette seconde affirmation.
Si Ton ouvre les volets, on aperçoit trois compositions d'iné-
gales dimensions, représentant certains épisodes de la vie de Saint
Etienne. Sur le panneau de gauche, Tartisle a peint Etienne prê-
chant au milieu des docteurs; la tète du saint est remarquable
d'expression. La grande scène du milieu, où est représenté son
martyre, est largement brossée; le talent vigoureux de Kubens s'y
révèle dans la plénitude de sa force. Le troisième panneau, l'ense-
velissement du martyr, est un modèle de composition. Dans un
espace fort restreint, Rubens a su placer à l'aise neuf personnages
sans qu'il y ait la moindre confusion.
Il faudrait des pages entières et une érudition qui me manque,
pour louer convenablement ce chef-d'œuvre que tous admirent. Il
est regrettable cependant que le manque de recul place le specta-
teur trop près de ces personnages presque le double de nature.
Cette (oile superbe devait produire une impression autrement
grandiose, alors qu'elle se trouvait encore placée au fond du vaste
vaisseau de l'église abbatiale de aSaint-Amand et dominait le maitre-
autel auquel on accédait par quarante degrés de marbre blanc.
C'est en effet l'un des abbés les plus remarquables de ce
monastère fameux, l'abbé Dubois, qui fit la commande de cette
œuvre superbe au grand peintre anversois. La légende ajoute
même que c'est au retour d'un voyage à Paris où il s'était rendu
pour peindre la galerie du Luxembourg, que Rubens s'arrêta à
Saint-Amand pour exécuter cette vaste composition; c'esl, ajou-
tons-le, une simple hypothèse qu'aucun semblant de preuve ne
vient confirmer.
Ce tableau demeura en place jusqu'aux premières années de la
Révolution. Mais l'humidité du lieu et, il faut le dire aussi, la
négligence des moines avaient forcé, en 1740 et en 1761, les
abbés en exercice d'avoir recours aux bons offices d'artistes qui
en exécutèrent la restauration partielle '.
Pendant près de dix ans, c'est-à-dire entre les années 1791 * et
' J. Dbsilvb. Revue de ta Société d'agricuiture, sciences et arts de Valen-
ciennes, t. XIX, 1865, p. 467. — Cellier, Inventaire du musée, 1861, p. 36.
* L*abbé Rudemare, fuyant Paris, passe à Saint-Amand et, le 7 février 1791,
écrit les lignes suivantes : L'autel dédié à la Vierge c ...est décoré d'un tableau
17
158 HISTOIRE D'UN TABLEAU
1801, le silence se fait autour de^ce tableau fameux. Saisi en qua-
lité de bien national, on Ta transporté avec plusieurs œuvres d'art
remarquables, de Saint-Amand à Valenciennes, où, après être
demeuré quelque temps dans le dépôt de la ville, il en fut retiré
pour figurer en bonne place au ^ Salon académique « , devenu plus
tard notre musée ' .
Peu à peu le calme renaît. Tordre est rétabli, les églises
s'ouvrent de nouveau au culte. Les prêtres, soucieux de rendre à
ces édifices sacrés leur splendeur ancienne, accablent de pétitions
les mairies et la préfecture, afin de recueillir quelqu'une de ces
œuvres d'art que l'État tient en réserve.
C'est ainsi que le 31 octobre 1804, les administrateurs de la
fabrique de l'église Sainl-Géry de Valenciennes demandent que
a deux tableaux de Kubens, déposés au musée de cette ville * »
leur soient attribués. Ajoutons que le clergé de l'église Saint-
Nicolas ' avait, depuis queli|ues jours déjà, émis le même vœu.
Le maire, devant cette double demande, se trouve quelque peu
embarrassé et les transmet toutes deux à la sous-préfecture, ajou-
tant qu'à son avis, Saint-(îéry, plus spacieuse et affectée désormais
à toutes les cérémonies officielles du culte, est plus digne de les
recevoir. Quant aux tableaux, déclare ce magistrat peu connais-
seur, o je ne vois point d'inconvénient à ce qu'ils soient tirés du
musée, qui n'est poui-vu, ajoute-t-il, que de très peu de tableaux
dcRubeas divisé en deux parties, sur l'une desquelles saint Etienne prêchant,
sur l'autre saint Etienne mort... • Rldkmarb. Journal d'un prêtre parisien,
1788-1792, p. 40-H. Citt^ par J. Desilve. — Vicolas Dubois. Mémoires histori-
ques de la Société d'agriculture, 1899. t. VII, p. 397.
' t Tableaux provenant de l'abbaye de Saint- Amand : Un tableau peint sur toile
par P. -P. Rubens, représentant saint Etienne lapidé, de 13 pieds 3 pouces de
haut, sur 8 pieds 6 pouces de large. -^ Un autre tableau peint sur bois du même
artiste étant à deux faces. D'un côté représente l'Annonciation et de l'autre la
mort de saint Etienne, de 12 pieds 8 pouces de haut sur 8 pieds 2 pouces de
large. » — « Inventaire des tableaux existant au Salon académique de Valen^
tiennes dressé le 17 prairial 9' année républicaine. > Cbllibr, Inventaire du
Muséey 1861. Préface, p. in.
• Voir pièces justificatives n** 1. — Archives de Valenciennes. T. 2-25,
pièce 1. .Volons qu'à la date des 3 et k vendémiaire an XII, Saint-Géry, en vertu
d'un arrêté préfectoral, avait reçu certains tableaux : C Adoration des bergers
de Martin de Vos, une Descente de croix de l'école de Rubens et la Passion
de Jésus-Christ.
* Lettres en date des 7 oct. et 5 nov. 1804.
HISTOIRE D\}\ TABLEAU .259
de mérite et ne présente en conséquence qu'un faible intérêt à la
curiosité publique '. t)
Si Saint-Nicolas n'obtint pas les Rubens qu'elle convoitait,
rÉtat lui confia deux autres tableaux de valeur, la Décollation de
saint Jacques, de Van Dyck, et la Vierge tenant le Christ mort
sur ses genotuJCj toile anonyme mais intéressante. Il est entendu,
toutefois, que ce prêt n'est que provisoire et que les membres du
conseil de fabrique, après avoir donné récépissé a ... s'engageront
à les représenter toutes les fois qu'ils en seront requis* » .
Durant ces pourparlers sument un troisième compélileur qui
prétend, lui aussi, et non sans quelque apparence de raison, avoir
certains droits à la possession de ces Rubens. C'est la municipalité
de SaintrAmand qui, metiant à profit le séjour du roi de Hollande
Louis-Bonaparte, aux eaux de la Fontaine-Bouillon, lui présente
une respectueuse supplique ^ Le maire de Valenciennes, averti,
s'émeut de cette demande et supplie le prince, faisant appel k ses
sentiments artistiques, de ne point a ... anéantir l'émulation des
élèves qui font leurs cours (aux académies) et de priver cette ville
des deux meilleurs modèles qu'elle possède * w . La réponse ne se
fait point attendre, Valenciennes conservera ses Rubens ^
Qu'advint-il alors de notre triptyque entre les années 1805 et
]831, nous l'ignorons. Mais à cette époque il n'est plus au musée
et sert d'ornement à l'église Saint-Géry. On ne connaît point la
date exacte à laquelle s'opéra ce déplacement, ni par quel ordre.
L'État, représenté par le préfet, ne prit aucun arrêté à cet égard;
et l'on est en droit de conclure que le maire en fonctions en 1805,
M. Benoît aîné, sans consulter son conseil, prêta ou donna le
tableau, sans exiger aucune garantie.
En tout cas, l'œuvre de Rubens soufii'it beaucoup de ce trans-
fert, car on 1831 ", Vitet s'élève avec vigueur contre l'état de
dégradation où il le trouva lors de son passage à Valenciennes.
Mais cette protestation, bien qu'autorisée, demeura platonique, et
' Correspondance du premier bureau. 180*. 6 nov. D. 1-4V, f» 229.
* T. 2-25, pièces 9 et 10 en dates de 1804, 17 nov., et 1805, 11 janv.
' Voir : Cellikr, Incentaire du musée, 1861, p. 37.
* T. 2-25, pièce 13, 1805, juillet. — Pièces just., n« 2.
* T. 2-25, pièce 15, 1805, 18 juillet. — Pièces just., d» 3.
« Vitet, Rapport... 1831.
260 HISTOIRE D'UK TABLEAU
c'est seulement en mars 1834, que V a Académie » de Valen-
ciennes s'émeut et choisit deux de ses membres, Julien Potier pro-
fesseur de peinture, et J. Bernard, professeur d'architecture, afin
d'examiner soigneusement le tableau et d'indiquer les mesures à
prendre, f^ Tout en fixant votre attention, disent ces experts,
sur la nécessité urgente de ne pas en retarder plus longtemps la
restauration, nous devons aussi vous prévenir des circonstances
qui ajoutent le plus à sa destruction et à celle de ses deui»pen-
dentifs, ce sont, messieurs, les dispositions du placement, l'indif-
férence impardonnable des personnes qui en ont la jouissance et
la grossière ignorance des individus qui sont chargés d'y veiller... »
Et plus loin : a Votre commission, en ayant l'honneur de vous
présenter son rapport sur le besoin indispensable de ne pas
retarder plus longtemps la restauration des tableaux de Rubens,
ne peut, en même temps, trop vous témoigner ses vives instances
pour que des ouvrages aussi précieux soyent transportés au nou-
veau musée de l'hôtel de ville et mis sous la responsabilité de per-
sonnes aimant les arts et capables d'estimer l'immense talent qu'on
admire dans ces productions vraiment dignes du plus grand génie
de l'école hollandaise, et dont la possession peut être enviée par
le grand musée de la capitale '... » A la suite de ces accusations
formelles, l'église Saint-Géry devient un pèlerinage. fréquenté du
public et surtout des artistes, qui, comme le sculpteur Lemaire,
protestent hautement et essaient d'arracher à son indififérence
coupable l'édilité valenciennoise *. Cette campagne porta cepen-
dant ses fruits et le maire, dans une lettre adressée au sous-préfet,
demande l'autorisation de proposer à son conseil le vote d'un
crédit destiné à la restauration du tableau de Rubens. Cette lettre
débute en des termes où la ville affirme nettement ses droits de
propriété ^ Un crédit de 1,000 francs, plus tard porté à
4,000 francs, est voté sans contestation et l'académie, qui vient de
nommer un commissaire chargé de présider à la restaurations
prévient le doyen de Saint-Géry que le tableau va être transporté
> T. 2-55, pièce 16, 1834, 4 mars. — Pièces Just.. n« 4.
• T. 2-25, pièce 17, 1834, 24 mars.
' T. 2-25, pièce 19. 1834, 28 juin. — Pièces jusl.. n"5.
^ Voir cooseil municipal, séance du 30 juin 183V, et T. 2-25, pièce 20, 1834,
9 juillet.
HISTOIRE D'UN TABLEAU 261
de son église à râtelier de Tartiste chargé de ce travail. Le doyen,
M. Meurice, pris au dépourvu, ne songe qu'à gagner du temps
et demande que le transfert n'ait lieu qu'à plusieurs jours de
là, à cause d'une cérémonie du culte qu'on ne saurait trou-
bler ni remettre. Il ne proteste aucunement contre la mesure
prise par la municipalité, mais il réunit sur l'heure le conseil
de fabrique; et c'est alors que nous assistons à un véritable coup
de théâtre. Dans une lettre conçue en termes respectueux, les
fabriciens afCrment nettement que a ... J'église Saint-Géry est
propriétaire des tableaux de Rubens qui se trouvent dans le
chœur, et sa propriété, ajoutent-ils, serait au besoin attestée par
sa longue possession. » De plus ils se refusent à livrer les tableaux
sans qu'il leur soit fait la promesse formelle qu'ils leur seront
rendus * .
L'étonnement du maire, bien naturel d'ailleurs, se manifeste
dans la réponse qu'il fait au conseil de fabrique. Il déclare qu'en
accueillant favorablement la demande du clergé de Saint-Géry,
datée de 1804, son prédécesseur *« ... ne voulut cerlainement pas
et ne pouvait d'ailleurs aliéner en aucune manière unft "^propriété
communale — ou mieux de l'Etat. — Ce n'est donc qu'un dépôt; et,
j'espère, ajoule-t-il, que cette explication devra suffire pour vous
faire renoncer à une prétention que vous n'avez pu élever qu'avec
bonne foi '. n Le lendemain, lettre des fabriciens qui, se gardant
de faire une réponse compromettante, prennent habilement l'of-
fensive, a Nous vous prions, écrivent-ils au'maire, de vouloir bien
faire mettre à notre disposition toutes les pièces dont vous voulez
vous servir et qui établissent que les tableaux de Rubens n'ont été
confiés à l'église Saint-Géry qu'à titre de dépùt. » La réponse était
spécieuse, aussi le maire, M. Flamme, eut-il bien tort de ne point
leur retourner la question. Sans discuter davantage, il adresse au
sous-préfet un curieux mémoire *, dans lequel il revendique pour
la ville, la possession entière, après restauration, du fameux
triptyque. Il y cite entre autres textes, certains passages caractéris-
tiques du rapport de M. Vitet. « Le bedeau, déclare cet érudit ins-
' T. 2-25, 9 juillet 1834, pièces St et 23. — Pièces just., n» 6.
* Celle du 31 oct. i804 est reproduite aux pièces just., n" 1.
» T. 2-25, 1834. 12 juillet, pièce 24. — Pièces just., n« 7.
* T. 2-25. 1834. 19 juillet, pièce 27. — Pièces just., n*» 8.
162 HISTOIRE D'UK TABLEAU
pecteur, pour faire virer de bord le triptyque, n'a d'autre moyen
que de le pousser avec le grand bâton à éteignoir... le tableau
résiste... alors le bedeau fait effort, et ce n'est qu'après trois ou
quatre bons coups d'éteignoir qu'il décide le malheureux tableau
à pivoter : ajoutez que cette cérémonie se renouvelle chaque fois
qu'il vient un curieux dans l'église, et vous ne serez pas surpris
que les angles inférieurs du tableau soient criblés de coups et à
demi-dépouillés de peinture. . . Il est urgent pour le salut de ce chef-
d'œuvre qu'il ait un autre conservateur que le bedeau de Saint-
Géry... u Et plus loin : a Ces tableaux sont placés sur un plancher
qui forme, derrière, une espèce de tambour de la largeur de huit ou
neuf pieds. Au lieu de laisser libre cet inter\alle, on a trouvé fort
commode d'en faire le réceptacle de tout ce qui, par vétusté,
devient inutile au culte. Planches, madriers, banquettes, lutrins,
ferrailles encombrent cette sorte de grenier, tous objets qui, en
raison de leur dureté, ne peuvent que causer des accidents fâcheux
par leur contact avec la toile peu résistante du Saint-Etienne, et la
peinture d'une des faces des panneaux. De là vient ce trou large
de deux pouces qui traverse les deux toiles à la base du Saint-
Etienne et les deux déchirures larges de quatre à cinq pouces
qu'on aperçoit dans une partie plus élevée. Toutes ces détério-
rations sont le résultat du choc violent des objets amassés der-
rière. « Puis, en manière de conclusion, les rapporteurs ajoutent :
tt Au moment de transférer ces tableaux dans une des salles de
rh(Mel-de-ville, pour les réparer, la fabrique de Sainl-Géry vient
de s'opposer formellement â cette translation, prétendant que
l'église en est propriétaire, et que, ne lui eussent-ils pas été
donnés primitivement, la possession vaut pour elle un titre. De
la part de toutes les autres personnes une pareille logique nous
semblerait autre chose que de la bonne foi; niîiis ce ne peut être
de celle des fabriciens qu'une erreur; ils n'ont pas réfléchi que
les actes de pures faculté s ^ et ceux de simples tolérances ne
peuvent fonder ni possession ni prescription. (Code civil ,
art. 2231.)
» Le maire de Valenciennes a pu mettre ces tableaux en dépôt
dans l'église Saint-Géry ; les diverses administrations ont pu tolérer
qu'ils servissent temporairement à orner cette paroisse; mais il
n'appartient à personne d'en disposer, personne n'avait qualité
HISTOIRE D'UN TABLEAU sea
pour aliéner une propriété de la commune. Les fabriciens ne
peuvent donc soutenir qu'il y ail donation, encore moins prescrip-
tion ' . n
Puis afin de créer un précédent, mai's après enquête faite sur
Tinobservation des mesures prises pour le parfait entretien des
tableaux déposés à Saint-Nicolas, le maire demande leur réinté-
gration dans le musée municipal. Les fabriciens de celte église ne
cherchent nullement k nier le prêt consenti en leur faveur et
s'exécutent de fort bonne grâce *.
Les recherches demandées à la préfecture baissent la question
en suspens et le maire se plaint à deux reprises difi^érentes de ces
relards ^ Le préfet se trouve embarrassé, car nous sommes, ne
l'oublions pas, en 1834, et un conflit s'élevant entre clercs et
laïques semble à cette époque tout à fait inadmissible. Aussi
demande-t-il Favis de Févêque de Cambrai. Celui-ci répond de
manière peu compromettante et déclare que le conseil de fabrique,
loin de recourir aux tribunaux, se prêtera volontiers à une tran-
saction honorable. Sans plus attendre, afin de dégager sa res-
ponsabilité, le préfet, baron Méchin, ordonne au sous-préfet de se
concerter avec le maire pour arriver coûte que coûte à une
entente*.
Les pourparlere furent, semble-t-il, fort longs, et cependant
l'œuvre de Rubens chaque jour se détériorait davantîige; il était
fort facile de prédire à brève échéance sa destruction totale. C'est
seulement en 1837 que la mairie, cédant aux instances des ama-
teui's d'art, prie poliment, mais nettement, le doyen de Saint-Géry,
ce de ne plus découvrir les Rubens jusqu'à ce qu'ils soient réparés,
attendu qu'il y a des parties qui s'écaillent et qui tomberaient nu
moindre frottement ou ébranlement^, -n Trois mois plus tard, il
informe le doyen de Saint-Géry, que le conseil, sur ses instances,
vient de voler 4,000 francs pour la restauration du triptyque et
^'engage, aussitôt le travail terminé, à le faire replacer dans cette
> T. 2-25, 183Ï, 28 juillet, pièce 28. — Pièces just. d 9^
* T. 2-25, 183V, 5 août, pièce 31. — Voir pièce 9, arrêté du 17 novembre
1804.
» T. 2-25, 1834. 8 sept, et 3 oct., pièces 33 et 34.
* T. 2-25. 1834, 22 oct., pièce 35.
* T. 2-25, 183T, Ù sept., pièce 37.
264 HISTOIBE D'LN TABLEAU
église '. Après échange de vues, l'accord se fait peu de femps après
sur ce point spécial *.
Pendant que les travaux de restauration s'opèrent par les soins
d'un habile artiste de Paris, M. Roëhn, qu'avait recommandé le
sculpteur Lemaire, de nombreux pourparlers s'engagent au sujet
de la possession du tableau. Le W septembre 1838, une commis-
sion composée de MM. Beau vois, Delcourt, Dubois et Dupont,
dépose un rapport qui se résume aux faits suivants. La ville de
Valenciennes était, après la Révolution, propriétaire ou mieux
dépositaire, au nom de l'État, du triptyque de Rubens. A une cer-
taine époque, le maire a ... de son propre mouvement, sans avis du
conseil municipal, sans autorisation de l'autorité supérieure, par
mesure d'administration intérieure, sur la demande qui lui fut
adressée par MM. les membres de la fabrique de Saint-Géry, conGa
ces tableaux de Rubens à la dite fabrique, n Considérant que la
ville est toujours propriélaire de ces tableaux* « que le dépositaire
ne peul jamais invoquer la prescription », la fabrique reconnaîtra*
la propriété de la ville; en échange, celle-ci lui donnera 500 francs
pour l'achat de tableaux destinés à remplacer le Rubens, plus une
rente perpétuelle de 2,000 francs. Le conseil municipal approuva
les conclusions de ce rapport dans sa séance du 3 octobre 1838',
et ces conditions furent aussitôt soumises au conseil de fabrique
qui accepta cette transaction avantageuse et déclara faire <» cession
de tous ses droits?? h la propriété du tableau de Rubens *. »
Le 7 décembre, le sous-préfet transmettait l'avis favorable du
conseil de préfecture et les actes authentiques étaient aussitôt
rédigés et signés par les deux parties au mois de mars de l'année
suivante. Enfin, le 11 novembre 1838, une ordonnance du Conseil
d'Etat mettait fin à cette longue querelle ^
> T. 2-25, 1837, 13 et 10 décembre, pièces 38 et 39. — Délibération du
Conseil du 14 décembre 1837, — Regi.stre de correspondance. D. 1-71,
p. 3V5.
* T. 2-25. 1837, 21. 26 et 29 déc, pièces W), 41 et 42.
' T. 2-25, 1838, 10 sept, et 10 oct., pièces 44, 45, 46 et 47. —Pièces just..
nMO.
* T. 2-25, 1838, 6 et 8 oct., et 1839. 24 oct.. pièces 50, 51, 52, 53. 54. —
Pièces just., n" 11.
' T. 2-25. 1839, 7 déc. et 11 nov.. pièces 56, 59 et 65. <- Pièces just.,
n- 12, 13, 14.
HISTOIRE D'IN TABLEAU SG5
J'ai (<»nii à oxposer très impartialement les causes, de ce conflit
lointain, car il est facile de prévoir qu'il peut renaître dans un
avenir tr^s prochain.
Je laisse à d'autres le soin d'apprécier et déjuger.
Maurice Hénault,
Archiviste.
PIKCES JISTIFICATIVES
\- 1.
Valrnciennes, le 9 brumaire an XIII (31 octobre 1804)
Les administrateurs de là fabrique de la paroisse de Saint-Géry à Mon-
sieur le Maire de Valenciennes.
MONSIRIR,
Mous vous prions de transmettre à monsieur le Préfet la pétition que
nous lui adressons pour lui faire la demande pour notre église des deux
tableaux de Ruliens déposés au musée de cette ville.
Vous savez que ce vaste et bel édifice a été choisi et destiné par monsieur
Lévéque et |)ar vous pour la célébration des cérémonies religieuses aux-
quelles les autorités sont invitées.
Vous avez été le témoin du zèle et des efforts et des sacrifices qu'ont faits
les administrateurs et les paroissiens pour parvenir à la restauration du
seul temple qui nous reste.
Car Ton ne peut donner ce nom au\ deux chapelles qui forment les
églises des deux autres paroisses.
Vous prouverez que vous avez apprécié nos efforts, en appuyant près de
monsieur le préfet notre juste demande dont les motifs sont détaillés dans
notre pétition.
\ous avons T honneur d'être avec la plus haute considération,
Monsieur le Maire,
Les administrateurs delà paroisse de Saînt-Géry.
Auguste Hauoir. Lkgros-Drunkau.
Dkswallers. Mburicr, !4AChèze-Lbroy.
curé.
An hifot de Valenciennfi, T â. 25, pièce 4.
266 HISTOIRE D'UN TABLEAU
N» 2.
Le Corps municipal de la ville de Valenciennes à Son Altesse Impériale
le prince Louis ^ grand conélable de ^empire,
MOKSBIGXKUR,
Sur la demande faite hier en votre présence au maire de cette ville par
plusieurs habitants et notamment par M. le curé de Saint-Amand de deux
tableaux faisant partie du musée de Valenciennes.
Nous prenons la respectueuse confiance d*adresser à votre altesse impé-
riale les observations suivantes :
Une académie de peintui-e et de sculpture fut fondée en cette ville le
9 décembre 1 782, elle a reçu ses statuts et règlements du directeur et
ordonnateur général des académies royales, le I" mars 1785 et des lettres
d'affiliation h l'académie de Paris lui furent expédiées le l*' octobre de la
même année.
Lors de la suppression des ordres religieux, les tableaux dont il est ques-
tion, qui appartenoient aux Bénédictins de Saint-Amand, devinrent une
propriété nationale.
Ils ont été transférés par ordre de Tadministralion supérieure au musée
de cette ville. Le gouvernement impérial, protecteur des Beaux-Arts,
accorde journalièrement aux diverses académies de Tempire les tableaux
qui ne peuvent être placés au musée impérial à Paris.
La ville de Valenciennes sollicite également sa part aux bienfaits du gou-
vernement pour augmenter sa très petite collection de tableaux de son
académie et ce seroit anéantir Témulation des élèves qui y font leurs cours,
que de priver cette ville des deux meilleurs modèles qu'elle possède, qu'elle
a sauvé des fureurs du vandalisme et qui lui ont coûté beaucoup de
dépenses en frais de transport, de réparations et de déplacements.
D'après ces motifs, l'administration municipale de Valenciennes ose
espérer que Votre Altesse Impériale refusera d'employer sa protection pour
appuyer la réclamation des habitants et de M. le curé de Saint-Amand,
auxquels ces tableaux n'ont jamais appartenu.
Juillet 1805. .
Archives de Valencieiinei, T 2. 25. pièce 19.
N* 3.
Aux eaux de Saint-Amand, le 29 messidor an XIII
(18 juillet 1805).
J'ai lu, messieurs, vos observations sur la demande qui m'a été faite par
HISTOIRE D'UN TABLEAU 267
les habitans et le curé de Saint-Airiand ; malgré ma disposition à obliger
cette commune je ne veux pas le faire au détriment de la ville de Valen-
ciennes. Puisque vous jugez que les tableaux réclamés sont nécessaires k la
collection dont ils font partie, je ferai ce que vous désirez et ce sera un
plaisir pour mot de vous donner cette marque de toute ma considération.
Louis Box A PARTE.
Arehivei de Valenciennes, T 2. 2.'», pièce 15.
N- 4.
Rapport de la commission chargée, de l'examen des tableaux du Ruhens
qui sont placés dans l'éijlise de Saint-Géry.
Messieurs,
D'après la délibération que vous avez prise dans votre dernière séance
de vérifier s'il y avait nécessité de restaurer les tableaux du Kubens placés
au maitre-autel de ré«][lise de Saint-Géry, votre commission, composée de
trois membres de votre choix, a Fhonneur de vous soumettre le résultat
de ses observations.
Le plus endommagé des deux, c'est le tableau représentant la lapidation
de saint Etienne. Si Ton ne s'empresse d'y porter tous les soins nécessaires,
vous pouvez être certains que bientôt il n'en restera plus que peu de
parties encore assez conservées pour laisser apercevoir ce que devait être
un ouvrage aussi remarquable.
Ce tableau est celui qui a le plus souffert, car une inscription tracée der-
rière annonce qu'il fut réentoilé h Douai en 1761 et h celte époque il était
déjà fort altéré ainsi qu'on peut le reconnaître à la base de la toile peinte
qui est arrachée en plusieurs endroits et aux raccords faits sur la toile
collée derrière. Lors des désastres de f)3, ce bel ouvrage fut encore exposé k
de nouvelles détériorations, car il resta longtemps étendu par terre dans
une des salles du collège, et chacun, suivant son bon plaisir, pouvait
marcher sur cette peinture. Il est difficile maintenant de juger de l'éclat
qui pourra résulter de la restauration, car il est extrêmement terni par la
poussière et la crasse du vernis.
Tout en fixant votre attention sur la nécessité urgente de ne pas en'
retarder plus longtemps la restauration, nous devons aussi vous prévenir
des circonstances qui ajoutent le plus à sa destruction et à celle de ses deux
pendentifs. Ce sont, messieurs, la disposition du placement, l'indifférence
impardonnable des personnes qui en ont la jouissance et la grossière igno-
rance des individus qui sont chargés d'y veiller. Ces tableaux, comme
vous le savez, sont placés sur une construction en planche qui forme une
espèce de tambour dont la largeur qui les sépare du mur est d'environ
8 à 9 pieds. Au lieu de laisser libre cet intervalle, on a trouvé fort corn-
1
968 HISTOIRE D'UN TABLEAU
mode d*y établir un grenier qui sert de réceptacle à toutes les vieilleries
inutiles au culte. On y voit des planches, des madriers, une banquette,
un lutrin, de lu ferraille; enfin tous objets qui en raison de leur dureté ne
peuvent causer que des incidents fâcheux par leur contact avec le peu de
résistance de la toile du saint Etienne et la peinture d'une des faces des
panneaux. De là vient ce trou large de deux pouces qui traverse les deux
toiles h la base du saint Ktienne et les deux déchirures larges de 4 à
5 pouces que Ton aperçoit dans une partie plus élevée et attenant au mur
Toutes ces détériorations n'ont pu y survenir que par le choc violent d'un
des objets amassés derrière. Si vous éprouvez un sentiment pénible en
voyant le peu de soin qu'on témoigne pour la conservation de vos chefs-
d'œuvre, vous devez doublement craindre pour la destruction d'un des
panneaux qui se trouve toujours en i-egard de ce réceptacle, et que chaque
partie qu'on en apporte ou qu'on en retire passe dans l'intervalle produit
par le pivotement. Ces admirables pendentifs sont d'une conservation par-
faîte comme couleur et reprendront tout leur éclat primitif lorsqu'ils
auront été nettoyés et revernis. En jetant les yeux sur l'angle inférieur du
sujet de l'enterrement du saint Etienne, on peut se convaincre de hi gros-
sière barbarie de l'homme chargé de les montrer aux curieux. De l'angle
de ce panneau s'échappe une foule de traces sur la peinture et dont toutes
les directions ont h la partie inférieure un centre commun. liOrsque le
bedeau a décroché par derrière et fait pivoter les panneaux, il redescend
pour laisser tout le temps nécessaire à l'admiration des amateurs qui
éprouvent ordinairement le désir de revoir le côté tourné contre le mur.
C'est là, ou pour s'éviter la peine de remonter, qu'il prend un long bâton
qu'il pointe sur la tringle en bois qui sert de support; et lorsque cette
partie prend une direction fuyante lors du pivotement, on conçoit que sou-
vent le bâton a pu glisser dans une assez longue étendue, en raison de la
force qu'il est obligé de mettre dans son opération ; aussi peut-on y remar-
quer une quarantaine de lignes plus ou moins en zig-zag qui sont sillonnées
sur la peinture.
Votre conmiission en ayant l'honneur de vous présenter son rapport sur
le besoin indispensable de ne pas retarder plus longtemps la restauration
des tableaux de Rubens, ne peut, en même tcms, trop vous témoigner ses
vives instances pour que des ouvrages aussi précieux soyent transportés au
nouveau musée de l'hôtel de ville et mis sous la responsabilité de personnes
aimant les arts et capables d'estimer l'immense talent qu'on admire dans
ces productions vraiment dignes du plus grand génie de l'école hollan-
daise, et dont la possession peut être enviée par le grand musée de la
capitale. Cette translation aurait un double avantage en ne privant plus
les élèves de votre académie et les artistes de pouvoir étudier et fixer leur
k
HlSTOiaE D'UN TABLEAU 260
^. attention sur ce que votre ville possède de plus beau en ce genre; tandis
^ (jue par le placement actuel il leur est impossible d'en tirer le moindre
profit en raison des dérangements continuels causés par les cérémonies du
culte, et la distance trop éloignée ou trop rapprochée pour les apercevoir.
Il est bien pénible de penser que de tels chefs-d'œuvre se trouvent confiés
à des personnes qui n*en éprouvent qu*un sentiment d*amour-propre, sans
I justifier en rien le désir de les conserver longtems.
Votre commission redouble donc unanimement ses instances auprès de
vous, messieurs, pour être accueillie dans ses demandes, d'autant plus que
la dimension des salles de Thôtel de ville est de six pieds plus haute que
celle des tableaux...
Lu en l'académie de Valencîennes,
le 4 mars 1834.
Julien PoTiRR, J. Bernard.
prof' h l'Académie.
Le rapport ci-dessus ayant été lu k la séance de ce jour quatre mars, il
a été délibéré qu'il serait fait une demande au conseil municipal, laquelle
tendrait à prendre les moyens de préserver ces chefs-d'œuvre d'une- des-
truction totale.
Présents : MM. de Quenvignies, Rarré^ Rousseau, Leconte, Bernard,
Raudart, Dinaux, Hécart.
Pour extrait :
Rousseau. Hécart. Arthur Dinaux.
Lkcoxtk.
Archiwes de Valeiiciennef, T 2. 26, pièce 16.
X» 5.
Valencienoes, le 28 Juin 1834.
Monsieur le Sous-Préfkt,
\a ville de Valenciennes possède trois tableaux précieux de Rubens;
TAcadémie de peinture a reconnu qu'il est nécessaire, si Ton ne veut perdre
ces chefs-d'œuvre, de les restaurer au plus tôt. Je vous prie en conséquence
de m'autoriser à proposer au conseil de voter un crédit |K)ur cet objet. H
s'assemble lundi prochain.
J'ai l'honneur d'être, avec la considération la plus distinguée,
Monsieur le Sous>Préfet,
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Dinaux,
maire.
Archkes de Vftlenciennet. T 2. 25, pièce 19.
2-70 HISTOIRE D'UN TABLEAU
N" 6.
Les membres du conseil de la fabrique de la paroisse Saint-Giry de
Valenciennes à monsieur Flamme, chevalier de la Légion d'honneur,
maire de la dite ville.
li'église de SainMjéry est propriétaire des tableaux de Rubens qui se
trouvent dans le chœur, la propriété seroit au besoin attesté par sa longue
Si la ville de Valenciennes veut les faire restaurer, nous sommes prêts à
les livrer au peintre que vous nous indiquerez, à la condition formelle que
ces tableaux seront remis à Téglise après leur restauration : dans le cas où
cette condition expresse ne nous serait point donnée, nous déclarons nous
refuser à les livrer.
Nous avons l'honneur d'être vos très humbles et obéissants serviteurs.
Tbinqukt-ï.erov.
Charles Plkz. Du Pont db S'-Ouen. Mklrick,
Dei.coiirt-Bkrtoiille. D' curé de S*-Géry.
E. Marlikre. Mabillk. P. Damhez. Bourdox Dusart.
Archives de ValeocieDnes, T 2. 25, pièce 23.
N» 7.
Ce 12 juillet 1834.
A messieurs les fabriciens de la paroisse Saint-Géry.
Messieurs,
J'ai lieu d'étil? surpris de la prétention que vous élevez sur la propriété
des deux tableaux de Rubens. Ils n'ont jamais cessé d'appartenir à la ville,
j'ai entre les mains des pièces qui le prouvent et entre autres la lettre par
laquelle la fabrique demande qu'ils soient transférés du musée auquel ils
appartiennent à l'église Saint-Géry. Cette lettre est signée par messieurs
Meurice, Auguste Hamoir, Legros Brunneau, Dewallers, Lachèzc-Leroy.
(C'est la pièce justificative n» I .)
En accueillant favorablement cette demande, le maire de Valenciennes
ne voulut certainement et ne pouvait d'ailleurs aliéner eu aucune manière
une propriété communale. Ce n'est donc qu'un dépôt, et j'espère que cette
explication devra suffire pour vous faire renoncer à une prétention que
vous n'avez pu élever qu'avec bonne foi.
Veuillez me répondre d*une manière positive et dater la lettre (la
HISTOIRE D'UN TABLEAU 271
dernière ne Tétait pas), car mon devoir m^oblige à suivre cette affaire,
.rai Fhonneur d'être avec la considération la plus distinguée,
Flamme.
Archives de Valenciennes, T 2. 25, pièce 24.
iV» 8.
Ce fb juillet 183 V.
MONSIKIR LK SOUS-PRÉFKT,
Il existe deux tableaux de Rubens à Téglise Saint-Géry ; ces tableaux
faisaient autrefois partie du musée de cette ville, et pour des motifs qui
vont cesser d'exister, on avait jugé convenable de les mettre en dépôt dans
cette église et d'en orner temporairement le chœur.
Aujourd'hui la ville les réclame, mais cette paroisse s'en prétend pro-
priétaire .
Je vous envoie ci- joint un mémoire adressé à M. le préfet et relatif à
cette contestation ; je vous prie de vouloir bien l'adresser à ce magistrat
avec votre avis, espérant que vous voudrez bien appuyer la demande que
nous fesons d'obtenir communication des pièces qui peuvent exister aux
archives de la préfecture, et qui seraient propres à prouver les droits de la
ville.
Agréez...
Flamme.
Archives de Valenciennes, T 2. 25, pièce 27.
N- 9.
Mémoire sur la possession par la ville des tableaux de Rubens provenant
de r abbaye de Saint-Amand à monsieur le Préfet du Nord.
Mo.VSIKlJR LK PRKFKT,
La ville de Valenciennes possède de magniriques tableaux peints par
Rubens et qui ont été déposés à l'église Saint-Géry, parce que le musée
n'offrait pas de place pour les exposer convenablement.
Aujourd'hui la ville les réclame et la fabrique refuse de les rendre et
prétend que l'église en est propriétaire^ J'aurai l'honneur dans ce mémoire
de vous exposer toute cette affaire, de solliciter votre avis et de vous prier
de nous accorder la communication des pièces qui pourraient nous être
utiles et qui doivent exister aux archives de la préfecture.
Ces tableaux proviennent de l'abbaye de Saint-Amand, et par ordre de
l'autorité supérieure ils ont été transférés i\ Valenciennes. Les frais de
transport, de réparation, de replacement au musée ont été payés par la
ville.
27« HISTOIRE D'UN TABLEAU
Dans le procès-verbal d'inventaire des tableaux existant au salon aca
démique, dressé le 17 prairial an IX et signé par M. Antoine Prouveur.
maire, et MM. Moinal, Cadet de Beaupré, professeurs, Joseph Desai's, con-
servateur, et Hécart, secrétaire de la mairie, ces deux tableaux figurent en
tête comme fesant partie de la collection.
Depuis, mais nous ne savons à quelle époque ils sont sortis du musée,
ils ont servi îi TorAcmcnt de Téglisc Saint-Géry. Leur séjour dans cette
église leur a été funeste : la négligence et Fignorance des gardiens et
hommes de service de Téglise sont cause que ces tableaux sont fortement
endommagés. Tous les artistes qui les ont visités se sont plaints de la
manière dont ils ont vu traiter ces chefs-d'œuvre.
M. Vitet, inspecteur des monuments historiques du mmistère de Tinté-
rieur, s'exprime ainsi dans son rapport au ministre, en parlant d'un des
tableaux, qui tourne sur pivot :
tt Le bedeau pour le faire virer de bord n'a d'autre moyen que de le
pousser avec le grand bûton à éteignoir... le tableau résiste... alors le
bedeau fait effort, et ce n'est qu'après trois ou quatre bons coups d' étei-
gnoir qu'il décide le malheureux tableau à pivoter : ajoutez que cette
cérémonie se renouvelle chaque fois qu'il vient un curieux dans l'église, et
vous ne serez pas surpris que les angles inférieurs du tableau sont criblés
de coups et h demi dépouillés de peinture.,. Il est urgent pour le salut de
ce chef-d'œuvre qu'il ait un autre conservateur que le bedeau de Saint-
Géry. n
MM. Abel de Pujol, Henri Lemairc et beaucoup d'autres artistes distin-
gués ont été témoins de la barbarie du bedeau ; leurs réclamations adres-
sées à ce sujet à l'administration municipale m'ont déterminé à consulter
l'académie sur ce qu'il y avait à faire pour les préserver d'une destruction
totale. En mars dernier racadémic a nommé une commission composée de
MM. Bodard, ins|)ecteur de l'école de dessin. Potier, professeur, et Bernard,
architecte de la ville, pour examiner l'état dans lequel se trouvent ces
tableaux.
Ces commissaires se sont transportes à Saint-Géry ; le passage suivant
de leur rapport fait connaître combien il est nécessaire de soustraire les
Rubens à l'insouciance des subalternes attachés au service de l'église.
u Ces tableaux sont placés sur un plancher qui forme derrière une es-
pèce de tambour de la largeur de huit & neuf pieds. Au lieu de laisser libre
cet intervalle, on a trouvé fort commode d'en faire le réceptable de tout ce
qui, par vétusté, devient inutile au culte. Hanches, madriers, banquettes,
lutrins, ferraille encombrent cette sorte de grenier, tous objets qui, en
raison de leur dureté, ne peuvent que causer des accidents fâcheux par
leur contact avec la toile peu résistante du Saint-Ktienne, et la peinture
HISTOIRE D UN TABLEAU 377
d*uiie des faces des panneaux. De là vient ce trou large de deux pouces qui
traverse les deux toiles à la base du Sain t-K tienne et les deux déchirures
larges de quatre à cinq pouces qu'on a})erçoit dans une partie plus élevée.
Toutes ces détériorations sont le résultat du choc violent des objets amassés
derrière. »
La commission a conclu à ce que ces tableaux fussent promptement
réparés et transférés au nouveau musée qu'on forme dans les salons de
rhùtel de ville.
Cette conclusion était la seule raisonnable. En effet, aprcs les avoir res>
taures n grands frais, irait-on imprudemment les exposer aux mêmes causes
qui les ont altérés ; outre la négligence impardonnable des gardiens qui ne
peuvent juger du prix de ces belles pag<^s, ces tableaux ont encore n redou-
ter, dans une église, Teffet de la poussièi*e, Faction corrosive d'une trop
vive lumière, l'humidité, la fumée de l'encens et enfin rinccndic. Deux
mois sont à peine écoulés depuis qu'à la suite d*un service funèbre, le feu
a pris aux tentures et les a presque toutes consumées. Si, par hasard, le
bedeau, en revenant du cimetière, ne fût rentré dans l'église qu'il trouva
enflammée, c'en était fait de ces précieuses peintures. Un autre motif puis-
sant doit déterminer la ville à les placer au nausée : dans le lieu où elles
sont présentement exposées, il est fort difficile de les voir, encore plus de
les étudier ; elles sont, pour ainsi dire, interdites aux artistes, aux voya-
geurs et aux jeunes gens qui suivent les cours de l'académie. Cependant
ce sont les seuls modèles historiques que nous puissions offrir aux élèves
avancés, mais la sainteté du lieu, et les cérémonies fréquentes du culte ne
leur permettent pas d'aller s'inspirer à ces chefs-d'œuvre ; on ne peut
transformer un temple en un atelier de peinture.
Tous ces incon\énieiits disparaissent au musée ; aussi l'académie a-t-etle
adopté les conclusions de sa commission, et sur sa demande le conseil mu-
rucipal a voté les fonds présumés nécessaires pour la restauration des
Rubens.
Au moment de les transférer dans une des salles de Thôtel de ville pour
les réparer, la fabrique de Saint-Géry vient de s'opposer formellement à
cette translation, prétendant que l'église en est propriétaire, et que, ne lui
eussent-ils pas été donnés primitivement, la posseitsion vaut pour elle un
titre. De la part de toutes autres personnes une pareille logique nous sem-
blerait autre chose que de la l>onne foi ; mais il ne peut être de celle des
fabriciens qu'une erreur; ils n'ont pas réfléchi que les actes dépures
facultés, et ceux de simples tolérances ne peuvent fonder ni possession,
ni prescription (Code ci vil , art . 223 1 ) .
Le maire de Valenciennes a pu mettre ces tableaux en dépôt dans l'église
de Saint-Géry ; les diverses administrations ont pu tolérer qu'ils .servissent
18
274 HISTOLRE D'UN TABLEAU
temporairement à orner cette paroisse ; mais il n'appartenait à personne
d'en disposer, personne n'avait qualité pour aliéner une propriété de la
commune. Les fabrîciens ne peuvent donc soutenir qu'il y ait donation,
«ncore moins prescription.
Cependant pour éviter toute espèce de scandale, pour convaincre, sans
avoir recours aux moyens judiciaires, nous avons rechercfié aux archives
les preuves que ces tableaux sont bien à la ville. Outre l'inventaire du
musée cité plus haut, nous avons trouvé :
l** Une lettre des fabriciens de Saint-Géry, du 9 brumaire an X.I1I, par
laquelle ils invitent le maire de Valenciennes à transmettre au préfet, et à
appuyer auprès de ce magistrat une pétition tendant k obtenir que ces
tableaux fussent transférés du musée dans leur église ;
2^ La lettre d'envoi de cette pétition et l'avis favorable du maire, sous
la date du 16 brumaire ;
3** Une pétition du conseil municipal sans date, mais qui a dû être écrite
du 20 au 27 messidor an XIII, adressée au prince Louis Bona|)arte, alors
aux eaux de Saint-Amand, pour l'inviter à obtenir du gouvernement que
ces tableaux restassent au musée de Valenciennes, ou ils sont très utiles
comme modèles du genre historique aux élèves avancés de l'école de pein-
ture ;
4** La réponse favorable du prince Louis, datée du 2f) messidor ;
5<> lilnfîn, une lettre de M. le préfet, datée du 27 messidor an \I11, et
qui parait n'être parvenue au maire qu'en Tan X.IV, comme le prouve ces
mots écrits au haut de la lettre : Remis. en tan XIV. Par cette lettre M. le
préfet demande communication de l'autorisation que le maire dit avoir
reçue de disposer des tableaux de prix désignés dans la lettre du 5 prairial.
La minute de cette dernière est perdue, nous ne savons donc de quels
tableaux il est question. Des copies de ces lettres sont jointes au présent
mémoire.
11 résulte de l'examen de ces différentes pièces que la demande des fabri-
ciens de Saint-fiény n'avait pas été accordée en messidor ; que les tableaux
étaient encore au musée ; que le prince Louis approuvait qu'ils restassent
à l'académie ; eiiOn que le corps municipal n'était nullement disposé à en
faire don à l'église.
Si postérieurement, et à une époque qui nous est inconnue^^es tableaux
ont été transférés à Saint-Géry, ce ne peut être que comme un dépôt pro-
visoire, parce que le musée n'offrait pas de place avantageuse pour les
exposer. G'est du moins avec cette dernière restriction qu'en nivôsean XIII,
M. le préfet permet le transfert d'un Van Dick à Saint-Nicolas.
L'absence de toute espèce de documents postérieurs à l'an XIII, nous
porto naturclleincnt à croire que le maire, de son autorité privée, aura
HISTOIRE D't'N TABLEAU 275
déposé ces tableaux à Saint-Géry ; c'est tout ce qu'il lui* était permis de
faire, il ne pouvait Içs concéder que temporairement, et certes il con-
naissait trop bien les limites de son pouvoir, pour les dépasser.
Nous sommes malbeureusement privés des renseignements qu'il aurait
pu nous donner. M. Benoit est mort, et.il nous faut recueillir avec soin
tous les témoignages écrits qui peuvent exister, afm que la ville n'ait pas
le désagrément de plaider contre Tune de ses paroisses, ni de perdre une
possession, à laquelle elle attache le plus grand prix.
J'ai donc l'honneur, monsieur le préfet, de solliciter de votre bienveil-:
lance un avis sur la marche que ]c dois suivre et en même tems conimur
nication sur récépissé de la pétition des fabriciens, des lettres intermédiaires
à celles dont les copies sont ci-Jointes, ainsi que de tontes les autres pièces
qui pourraient éclaircir Ja question.
L'intérêt de la ville, celui des arts, la conservation de deux chefs-d'œuvre
précieux nous font espérer que vous voudrez bien accueillir favorablement
cette demande.
J'ai l'honneur d'être avec un profond respect...
Archives de Valenciennei, T 2. 25, pièce 28.
X» 10
Tableaux ok Rubkns
3 octobre 1838.
Commission composée de MM. Beauvois, Dekourt-Dubois et Dupont. .
Rapport de M. Dupont.
Considérant que la ville de Valenciennes était propriétaire incontestable
de tableaux de Rubens, représentant Saint-Étienne préchant, Saint-Étîenne
au tombeau, Saint-Ktienne lapidé et l'Annonciation ;
Qu'après les désastres de la Révolution, apr^s le Concordat en 1803, lors
du rétablissement du culte catholique, M. le maire de Valenciennes, de son
propre mouvement, sans avis du conseil municipal, sans autorisation de
l'autorité supérieure, par mesure d'administration intérieure, sui la de-
mande qui lui fut adressée par M.M. les membres de la. fabrique de Saint-
Géry, dont la lettre repose encore aux archives de la ville, confie ces
tableaux de Rubens à ladite fabrique, pour orner Téglise Saint-Géry.
Considérant que cet acte de M. le maire de Valenciennes, intervenu
dans de telles circonstances, n'a pu faire perdre à la ville la propriété de
ces chefs-d'œuvre ; que les biens des connnunes ne peuvent être aliénés de
cette manière;
Considérant cependant que la fabrique de Saint-Géry veut donner k ce
'1
S7tf HISTOIRE D'UN TABLEAU
ce fait de M. le maire de Valenciennes, une portée autre que celle qu'il
doit avoir ; qu*elle se prétend propriétaire des tableaux, qu^elle fait résul-
ter sa propriété de sa possession qui se serait prolongée sans trouble pen-
dant plus de trente ans;
Considérant que, d'un autre côté, Is^ ville de Valenciennes n*a jamais
entendu renoncer à la propriété de ces tableaux par le dépôt qui en a été
fait à réglise de Saint-Géry, en octobre 1804, sur la demande que la fa-
brique lui en a faite, que le dépositaire ne peut jamais invoquée la près-
cription et que, d'ailleurs, cette prescription aurait été sufBsamment inter-
rompue par la réclamation que M. le maire de Valenciennes, par sa lettre
du 9 juillet IBM, a adressée à la fabrique qui en a immédiatement accusé
réception ;
Considérant que dans un pareil état de choses, un procès est imminent
entre les parties; qu'il est de la sa^^esse de l'autorité municipale de
l'éviter ; qu'il serait déplorable que Valenciennes eût à soutenir une lutte
judiciaire contre une des églises de cette ville ; ' que la fabrique de Saint-
Géry composée d'hommes honorables et amis de la prospérité de la cité
sentira elle-même la première nécessité de mettre fin à un tel procès, par
une transaction;
Considérant que la ville de Valenciennes qui aime et protège les beaux-
arts, qui envoie à Paris des élèves h l'école de peinture, ne doit reculer
devant aucun sacrifice pécuniaire, pour s'assurer à toujours la propriété de
ces pages immortelles qu'elle vient du reste elle-même de faire restaurer à
grands frais ;
Considérant que le sacrilice pécuniaire qu^elle va s'imposer est peu
important, en présence d'objets d'art d'une aussi grande valeur ; que le
chiffre sera beaucoup moins élevé qu'il paraît l'être ; qu'en effet, tous les
ans, vu l'insuffisance des ressources de la fabrique de Saint-Géry, la ville est
obligée de lui accorder un secours de 500 francs. Ce secours disparaîtra
lorsque la fabrique sera par elle-m(^me en état de pourvoir à tous ses
besoins.
Par ces motifs,
Le conseil délibère de faire reconnaître par la fabrique de l'église de
Saint-(iéry, que la ville est propriétaire des tableaux de Rubens ci-dessus
xlésignés qui resteront déposés dans son musée ; et moyennant cette recon-
naissance franche et loyale, la ville de Valenciennes s'obligera :
1* De compter à la fabrique de Saint-Géry la somme de cinq mille
francs qu'elle emploiera en acquisition de tableaux pour orner son église
et qui seront payés sur les fonds libres de 1838 ;
2" A lui payer annuellement à perpétuité une rente de deux mille francs.
M. le maire de Valenciennes est autorisé h remplir toutes les formalités
HISTOIRE D'UN TABLEAU 217
nécessaires pour terminer celte aiïaire sur les bases ci-dessus posées.
Dans le cas où cette transaction pleine de sagesse, et qui a pour but
d'éviter des luttes et des collisions fâcheuses, ne recevrait pas son exécution,
elle serait censée nulle, personne ne pourrait s*en servir, et chacune des
parties serait la maîtresse de faire valoir ses droits comme elle. le trouve-^*
rait convenable.
lie conseil municipal adopte les motifs et les conclusions de ce rapport.
Delgocrt-Dl'bois. Dupont,
Beau vois.
Archii«s de Valencienoei. T 2, 2ô, pièce 46.
N- 11
Extrait du Registre aux délibéralionê du Conseil de la fabrique de t église
Saint'Gérg à l'alenciennes.
Séance du 8 novembre 1838.
Le Conseil de la fabriqua a décidé à Tunanimité approuver les proposi-
tions faites par le Conseil de la ville de Valenciennes en sa séance du
3 octobre 1838, et en conséquence consentir h faire au proGt de la ville de
Valenciennes cession de tous les droits que la fabrique avait sur les tableaux
de Rubens représentant l'Annonciation de la Vierge, Saint-Etienne prê-
chant, Saint-Étienne lapidé et Saint-Ëtienne mis au tombeau ; moyen-
nant : l** une somme de cinq mille francs payée par la ville le plus tôt
possible pour Tacquisition de deux autres tableaux qui appartiendront à la
fabrique et 2» une rente perpétuelle et annuelle de deux mille francs qui
sera payée chaque année à la fabrique par la ville de Valenciennes.
Tout en acceptant ces propositions, le Conseil de la fabrique déclare faire
toutes réserves et protestations contre les expressions contenues en cette
délibération du 3 octobre, en ce sens qu'elles attribuent A la ville la pro-
priété incontestable de ces tableaux.
EnGn M. Delcourt, président, est autorisé à remplir toutes les formalités
et à signer tous les actes qui seraient nécessaires pour terminer cette tran-
saction d'après les bases qui précèdent.
Pour copie conforme :
Delcoubt Uertouillk.
Archives dt Valcnciennet T 2, 35. pièce 54.
278 HISTOIRE D'VK TABLEAU
7 décembre 1838.
Souê-pré/ecture de Valenciennes.
Le conseil de préfecture du département du Nord,
Vu la délibération en date du 3 octobre dernier par laquelle le conseil
municipal de Valenciennes désirant mettre fin aux contestations éleiées
entre ladite ville et la fabrique de Téglise de Saint-Géry, au sujet de la
propriété de quatre tableaux de Rubens qui se trouvaient déposés dans
cette église, et qui représentent Saint-Etienne prêchant, Saint-Etienne au
tombeau, Saint-£tienne lapidé et TAnnonciation, propose d^ arrêter par voie
de transaction, que ces tableaux seront reconnus appartenir définitivement
à la ville, moyennant par celle-ci de payer ^à la fabrique de Téglbe de
Saint-Géry : 1* une somme de cinq mille francs destinée h l'acquisition de
tableaux pour Tomement de Téglise, et 2" une rente annuelle et perpétuelle
de deux mille francs;
Vu la délibérati(in du conseil de fabrique en date du 8 novembre, por-
tant adhésion à ce projet de transaction ;
Vu l'avis des trois jurisconsultes composant le comité consultatif de
l'arrondissement de Valenciennes, ceux de M. le sous-préfet et de M. ïèv^-
que de Cambrai et Tarrété du gouvernement du 21 frimaire an XU;
Considérant que la ville de Valenciennes n'a pas moins d'intérêt à éviter
un prod*s avec Tune de ses églises qu'à obtenir la propriété incontestable
de quatre chefs-d'œuvre de peinture qui feraient l'ornement de son musée,
et que malgré le litige existant elle vient de faire restaurer h. ses Irais, que
sous ce point de vue les sacrifices auxquels elle se soumet seront bien
compensés par les avantages qu'elle retirera de la transaction ;
Que de son côté la fabrique de Téglise ^ trouvera une augmentation de
ressources qui la mettra à portée de satisfaire amplement à ses dépenses
annuelles, et que le capital de 5,000 francs qui lui sera compté lui donnera
les moyens de remplacer par de nombreux tableaux ceux dont elle aura
fait remise à la ville.
Considérant qu'il - est toujours avantageux pour deux établissements
publics de terminer à l'amiable leurs différents;
Estime qu'il y a lieu d'approuver la transaction projetée entre la ville de
Valenciennes et la fabrique de Téglise de Saint-Géry, suivant les conditions
HISTOIRE D'UN TABLEAU S79
déterminées dans la délibération du conseil municipal du 3 octobre der-
nier.
Fait en séance à Lille, le 7 décembre 1838.
Signé : Grodér, Bernas,
VaNH, LdISKT, DOYPA'-DUBRUSQIR.
Pour expédition conforme :
Pour le secrétaire général :
Le conseiller de préfecture délégué.
Signé : Doybn.
Pour expédition conforme :
L'auditeur au Conseil d'État,
Sous-Préfet,
Archivei de Valencienoef. T 2. 25. pièce 56.
M« 13
(Illisible.)
Nous maire de la ville de Valenciennes,
Autorisé à Feffet de.s présentes par délibération du conseil municipal en
date du 3 octobre 1838. D'une part ; Monsieur Delcourt-Bertouille, prési-
dent du conseil de fabrique de Téglise Saint-Géry à Valenciennes,
Egalement autorisé à rcffet des présentes par délibération du conseil de
fabrique en date du 8 novembre dernier.
D'autre part : Vu les délibérations précitées d'après lesquelles la ville de
Valenciennes conservant la propriété des tableaux de Rubens, représentant
Saint-Ktienne lapidé, Saint-Étienne au tombeau et TAnnonciation, serait
tenue de payer à la fabrique de Téglisc Saint-Géry : l*" une somme de cinq
mille francs, qu'elle emploierait en acquisition de tableaux pour orner son
église et qui seraient payés sur les fonds libres de 1838 ; 2« une rente an-
nuelle et perpétuelle de deux mille francs ;
Vu l'avis du conseil de préfecture du département du \ord eh date du
T décembre dernier portant que le conseil estime qu'il y alleu d'approuver
la transaction projetée entre la ville de Valenciennes et la fabrique de
Saint-Géry, suivant les conditions déterminées dans la délibération du
conseil municipal du 3 octobre 1838;
Déclarons définitivement consentie et acceptée de part et d'autre ladite
transaction et attendu que la fabrique de Saint-Gêry se trouve l'avoir
exécutée h l'avance par la remise des tableaux dont il s'agit, lors de la
280 HISTOIRK D'UN TABLEAU
restauration que la ville en a fait faire, et qu'il n'y a plus qu'a donner tt
la fabrique un titre suffisant pour que la somme une fois payée et la rente
annuelle convenue lui soit servie par la ville, le maire de la ville donne
décharge des tableaux à la fabrique de Saint-Géry, et oblige la ville de
Valenciennes de lui payer : b une somme de cinq mille francs ; 2'* chaque
année â partir de la présente année mil huit cent trente neuf, et par quart
de trois en trois mois, la somme de deux mille francs de rente perpétuelle.
Ladite somme de cinq mille francs, et le premier trimestre de ladite
rente ne seront exigibles qu'apri's que l'autorisation des crédits votés ù cet
effet, aura été obtenue.
Ces présentes seront adressées en triple original à Monsieur le sous-préfet
de Tarrondissement de Valenciennes pour ôtre soumises à rhomologation
du gouvernement.
Fait en quintuple à Valenciennes le dix-neuf mars mil huit cent trente-neuf.
Approuvé récriture : Approuvé t écriture :
(Illisible.) Delcourt-Bbrtouillk.
Arcbivei de Valenciennes, T 2. 25, pièce 59.
N» 14
Paris, le 11 novembre 1839.
ORDONNANCE DU ROI
I<ouis-Phi lippe. Roi des Français, à tous présens et à venir, salut :
Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'ECtat au département de
rintérieur.
Le Comité de Fintérieur de notre Conseil d'Ktat entendu,
Mous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
r Article premikr.
Est approuvé, pour être exécuté dans toutes les clauses et conditions, le
traité consenti par acte sous signatures privées du 19 mars 1839, entre la
ville de Valenciennes et la fabrique de Saint-Géry, au sujet de la propriété
dç quatre tableaux de Rubens qui étaient déposés dans ladite église.
Une expédition dudit traité demeurera annexée îi la présente ordonnance.
Archives de Valenciennes, T 2. 25, pièce 65«
UN TABLBAL' INÉDIT DE JEAN DARET Sdl
XIV
m TABLEAU INÉDIT DE JEAM DARET
DANS l'Église de sai\t-pall-dl-var, près de vence (alpes-maritimes)
il y a cinq ans, M. \'uma Costc, étudiant Jean Daret, peintre
bruxellois\ fit connaître une quarantaine de documents impor-
tants sur cet artiste, le plus célôbre peut-être de ceux qui travail-
lèrent en Provence au dix-septième siècle, reconstitua sa vie,
établit qu'il arriva à Aix au plus tard en J637, qu'il appela l'at-
tention de la cour en janvier 1660, quand Louis XIV vint dans
celte ville, qu'il alla à Paris presque aussitôt, peut-être pour décorer
la chapelle de Vincennes, et qu'il fut reçu le 15 septembre 1663 à
l'Académie royale de peinture et sculpture. M. Coste a si,<jnalé une
quinzaine d'œuvres religieuses de Jean Daret, qui sont conservées
à Aix, Aups, La Barben et Lambesc ', et d'autres dont il ne reste
que le souvenir.
Je voudrais compléter son excellente étude en /signalant un
tableau de cet artiste, peut-être l'un des plus beaux, qui a échappé
aux recherches de M. Coste. Il est dans l'église de Saint-Paul-du-
Var, une des communes du canton de Gagnes (Alpes-Maritimes).
€e pays n'est qu'un petit village. Mais on y voyait des remparts
datant de la fin du règne de François I", — ils donnent encore
beaucoup de pittoresque à ce lieu, — et c'était le siège d'une des
vingt-deux vigueries de la Provence ainsi que le séjour favori de
la noblesse des environs, qui semble avoir préféré Saint-Paul à la
petite ville, alors épiscopale, de Vence. L'église de Saint-Paul pos-
sédait en outre de belles orfèvreries dont la plupart ont heureuse-
ment échappé à la Révolution. J'ai parlé ailleurs de celles-ci en
particulier', puis de l'église et de toutes ses curiosités*. L'une des
^ Réunion des Sociétés des Beaux- Arts des départemeats (i9Ul). — Voir sa*
brochure de 38 pages. (Paris « Pion et .Vourrit.)
^ Sept de CCS quinze peintures sont datées avec précision.
' Le trésor d'orfèvrerie de l'église de Saint- Paul-du-l/ar^ dans le Bull,
urchéol. du Com. des 'Vrav. histor., 1808.
* Monographie de l'église de Saint- Paul-du-l/ar, dans les Annales de la
282 UK TABLEAU INÉDIT DE JE.)\' DARBT
principales est le tableau de J. Daret que M. Coste a omis dans sa
consciencieuse étude.
Parmi les familles originaires de Sainl-Paul, Tune des plus en
vue au dix-septième siècle était celle des Barcillon, issus d'un
noble de Baix^lone dont le fils cadet avait dû à Fappui de Robert
d'Anjou d'être évêque de Vence en 1337'. Lorsque Antoine
Godeau, de l'Académie française, évèque de Grasse depuis le
21 juin 1636% devint en outre évêque de Vence le 20 dé-
cembre 1639 *, puis lorsqu'il résigna Grasse en 1653 * et ne retint
que Vence S le chapitre cathédral de cette ville comptait deux
Barcillon. L'un, Jacques, docteur en théologie, chanoine de Vence
sous Mgr du Vair, avait été élu comme vicaire capitulaire de
Vence, au lendemain de la mort de cet évêque, en juin 1638 —
Godeau fut nommé peu après évêque de ce siège — il resta vicaire
capitulaire jusqu'au début de décembre 1653; il fut ensuite grand
vicaire de Godeau depuis janvier 1654; il mourut le 20 avril 1664.
Auteur d'une Vie de saint VéraUj évèque de Vence et l'un des
patrons de la cathédrale, il avait dédié ce travail au chapitre en
1630®. 11 composa ensuite une Vie de saint Lambert, évêque de
Vence et l'autre des patrons de la cathédrale, la dédia à Godeau
et, dit-on, la lui présenta le 26 mai 1650'. Ce même jour, il
offrit une châsse destinée à remplacer celle du quinzième siècle où
reposaient les reliques de saint Lambert. Jacques Bamilon fut
choisi par le chapitre, comme économe, en septembre 1654
et 1662.
L'autre Barcillon, qui faisait partie du chapitre de Vence, était
Société des L., Se. et Arts des Alp.'Marit., t. XV III, 1899. — Tiré à part,
Malvano, Nice.
* Artbkkuil, Hist, héroïq. et univers, de la noblesse de Provence, t. 1, Avi-
gnon, 1757.
' Date de sa nomination par Louis XIII. Ses bulles lui furent délivrées le
22 septembre. 11 fut sacré le 2^ décembre.
' Date où Louis Xlli ui^it les deux diocèses. Urbain VIII se refusa à notifier
Tunion, mais Innocent X y consentit le 7 décembre 164'^.
* Après avoir renoncé à cet évôché, il quitta Paris ennoven^bre.
* Il fut enfin reçu comme évéquc de cette ville par le chapitre, le 10 dé-
cembre 1653.
'^ Sou manuscrit appartient aux archives paroissiales de la cure de Vence.
' D'après Tisskra\d, Vence. — Le manuscrit de ce travail fait également
partie des archives paroissiales de Vence .
DN TABLEAU INÉDIT DE JEAN DARET 2g3
Gaspard, archidiacre jusqu'au 9 janvier 1660, puis du 5 juillet au
24 mai 1666, et par surcroit capiscol du 23 mai 1650 au 10 no-
vembre de cette même année; il obtint le canonicat de Tavocat
Claude qui avait obtenu celui de son frère Jacques; Gaspard ne
mourut que le 13 décembre 1688, sous Tépiscopat de Mgr de
Cabannes de Viens. Gaspard Barciilon fut élu par le chapitre,
comme économe, en septembre 1653, 1660 et 1666; en jan-
vier 1666 il reçut la prébende de Gourmes, Gourmettes et
Valet(es^ C'est seulement sous Mgr de Thomassin, en sep-
tembre 1676, que ce chanoine, peu pressé de s'acquitter de ses
obligations, offrit la chape qu'il devait donner depuis son entrée
au chapitre.
Sous Tépiscopat de Godeau, Jacques Barciilon fut remplacé
comme chanoine, du 20 avril 1664 au 9 janvier 1666, par son
frère Claude, docteur en droits et avocat à la Cour : nous venons
de l'indiquer.
Les livres relatifs à ce pays signalent d'autres membres de cette
f^imille qui furent distingués à cette même époque.
Philippe était chanoine de Reims.
Pierre fut prieur du village de Bcsaudun, an diocèse de
Vence*.
C'est chez Claude, u maître des ports au bureau d'Antibes et
conseiller du roi », que Godeau descendit en mai 1654, lors de la
première visite qu'il fit à Saint-Paul.
Parmi les consuls de celte petite ville qui le reçurent à celle
occasion, on trouve a le capitaine ^ Just Barciilon.
C'est chez Scipion-Joseph Barciilon, seigneur de Roquefort et de
Gourmes, qu'il descendit en novembre 1671, lors de la dernière
visite qu'il fit à Saint-Paul .
César Barciilon fut bénédictin à Lérins et infirmier de l'abbaye
en 1651 \
La maison des Barciilon à Saint-Paul est une des plus intéres-
' 11 eut en novembre 1668 un procès avec le prévôt c pour la vente des
noyers du pré du chapitre i. Eln 70, il n'était plus prébeudé de Gourmes : le
théologal Olive, qui Tétait ù cette date, fut responsable de l'accueil si peu em-
pressé que Godeau trouva dans ce village, si haut perché que jamais on n'y
avait vu ni un de ses prédécesseurs ni un de leurs vicaires généraux.
* TissKRAND, Vence, p. 214.
* Arch. des Alp.-Marit., Ev. de Grasse, G. 40.
284 UN TARI.BAU INÉDIT DE JKAN DABET
San tes parmi ces habitations blason nées que l'on y a plus d'une
fois signalées.
Elle se recommande à la curiosité des archéologues par ses
cheminées du seizième siècle, dont Tune présente la captivité de
Babylone, le prophète Élie au désert, David et Saùl, le sacriGce
d\Abraham, Adam et Eve chassés du paradis, et les armes, un
peu effacées, des Barcillon '. M. Henri Moris a donné, dans son
Pays bleu, une idée des cheminées de stuc, si finement sculp-
tées, qui ornent deux des modestes hôtels aux portes armoriées
de la petite ville, dont il décrit à merveille la ravissante posi-
tion, le jardin d*orangers, figuiers et oliviers qui Tentourc,
les puissantes murailles que Mandon a élevées à la fin du règne
de François I", les ouvrages de date antérieure que cet ingénieur
respecta, le donjon et la porte du nord percée dans une tour
du quatorzième siècle, la rue principale le long de laquelle
s'échelonnent les anciennes demeures bourgeoises, les ruelles
étroites et coupées d*arcades qui se précipitent vers le chemin de
ronde *.
Le plus illustre des Barcillon au milieu du dix-septième siècle
fut Jean-Baptiste, docteur en théologie comme Jacques, prieur de
Siint-\icolas-de-Roucy, de Saint-Pierre-de-Tropiac, de Chau-
cour^ aumônier* de la duchesse d'Orléans, Marguerite de Lor-
raine-Vaudemout, que le fr^Te cadet de Louis XIII, déjà veuf,
avait épousée en janvier I632\ Par acte du 29 août 1658, que
reçurent deux notaires de Paris, Rallu et Manchon, J.-B. Barcil-
' (j.U(:.vKT. liulL de la Société niçoise des sciences natur. et histor., t. I,
1789, p. 98.
* Moris, op. cit., p. IV) sq.
^ A Chanoine de Saiat-Médard-de-Soissoos, seigneur de Saint-Pierre et
€liauinout i, disait Tisserand dans son Vence, p. 214. — * Prieur de Saint-
\icolas de Houssi i, porte un acte, daté de septembre 1662. que le chapelain
de la chapelleoie saint Mathieu présenta le 9 au chapitre.
^ c VA conseiller t , dit cet acte, daté de septembre 1665.
^ Ce fut la marâtre de la i Grande Mademoiselle t et l'une des protectrices
de La Fontaine.
La seconde Temme de Gaston d'Orléans, Marguerite, sœur du duc Charles III
de Lorraine, déplaisait à Richelieu, qui aurait voulu faire casser cette union,
bien que Tt^glise Teùt bénie, et marier le frère du roi à sa nièce, qui fut ensuite
duchesse d'Aiguillon. L'assemblée générale du clergé de 1635 favorisa les vues
du cardinal-ministre, mais le pape ne jugea point de même et se refusa k pro-
noncer la nullité du mariage.
^u
UN TABLEAU INEDIT DE JEAN DARET 285
Ion, tt aumônier de S. A. R. la duchesse d'Orléans ' -.î , décida de
fonder une chapelle de saint Mathieu dans Téglise de Saint-Paul
et lui assura un capital de 4,000 livres *.
Il demandait des prières pour lui, ses parents, ses bienfaiteurs,
tt et particulièrement pour Tâme de très illustre et très puissante
princesse Mme Henrietle-Çaiherine de Joyeuse, duchesse de Guise
et de Joyeuse, pair de France v . Il s'agit ici d'une bâtarde de
Henri IV et de Gabrielle d'Estrées. Légitimée, elle avait été mariée
en 1611 avec le fils aîné du a Balafré n, Charles H de Lorraine,
quatrième duc de Guise, pair de France, duc d'Elbeuf et comte
d'Harcourt, qui fut gouverneur de la Picardie. Veuve en 1640^
elle était morte en 1656. Elle avait eu dix enfants, dont Henri,
duc de Guise, qui mourut en 1664 sans avoir été marié, et Louis,
duc de Joyeuse et ensuite d'Angouléme, qui, marié en novem-
bre 1640 à Marie de Valois, fille unique du comte d'Alais, gouver-
neur général de la Provence ', reçut le 22 août 1654, prèsd'Arras,
une blessure au bras droit dont il était mort le 27 septembre sui-
vant. Ajoutons que Louis avait eu un fils, Louis-Joseph, duc de
Joyeuse et d'Angouléme, qui, né en 1650, épousa en 1667 une
des filles du second mariage de Gaston d'Orléans, Elisabeth*,
duchesse d'Alençon, et mourut on 1671 *.
Ainsi J.-B. Barcillon, qui était en 1658 aumônier de la
> Elle ne devint veuve que le 2 février 1060. Quant au frère cadet de
Louis XiV, Philippe d'Orléans, il n'épousa Henriette-Anne d'Anc^leterrc qu'en
1661, le 31 mars. Il s'agit donc bien de Marguerite de Lorraine, duchesse
d'Orléans depuis plus d'un quart de siècle, qui mourut ù Paris le 3 avril
1672.
■ Une copie de cet acte se trouve aux Arch. dép. des Alp.-Marit., une aulre
aux Arch. paroiss. de Saint-Paul.
' Louis-Kmmanuel de Valois, connu d'abord sous le nom de comte d'Alais,
61s du bâtard que Charles I\ avait eu de Marie Touchet; il fut nommé le
29 octobre 1637 gouverneur-jjénéral de Provence. Son père, nommé d'abord
comte d'Auvergne, puis duc d'Angoulème en 1619. mourut \o 2'* septem-
bre lî*)50, âgé de 77 ans. Le comte d'.Alais s*appela alors duc d'.Angoulèmc,
mais ne vécut que jusqu'au 13 novembre 1653 et fut remplacé en 1652 comme
gouverneur de Provence par Louis de Vendc^me, duc de Mercœur, pctit-fils de
Henri IV.
* Elisabeth n'avait plus que sa sœur aînée, .Marguerite-Louise, mariée eu
1661 àtjôme HI, grand-duc de Toscane. Ses sœurs cadettes étaient mortes,
Françoise-Madeleine eu 6V, un an après avoir épousé le duc Charles-Emma-
nuel Il de Savoie, Marie-.^nnc en 56 dans sa quatrième année.
• D'où François-Joseph qui, né en 1670, mourut dès 77.
286 LN TABLEAL IXÉDIT D£ JKAM DlRBT
duchesse d'Orléans, avail été protégé par la duchesse de Gurse et
Joyeuse, morte en 1656.
11 désirait en outre que l*on posât dans le mur de la chapelle
tt une pierre on une lame de cuivre » avec une inscription dont il
rédigeait le texte. Cette plaque de métal fut placée. Elle se voit
encore à gauche de lautel de sa chapelle ^ La fondation de
1658 ne suffisant pas à J.-B. Barcillon, il érigea la chapelle en un
canonicat le 16 septembre 1664 : de son côté, jGodeau donna à
Téglise le titre de collégiale par une ordonnance du 1" juil-
let 1666 que Louis XIV approuva en janvier 1667 ^ Le tombeau
des parents de J.-B. Barcillon et de ses frères est à droite de lautel
de la chapelle qu'il fonda et fait vis-à-vis à la sépulture des
familles de Mercurin et de Rabuis. Les autres membres de la
famille Barcillon étaient inhumés dans un tombeau au haut de la
nef, côté droit en entrant, et il recevait aussi les de Flotte, les
Sabran-Baudinard, les Raymond d'Ëoulx '.
La dalle des Barcillon porte l'inscription suivante : a Deo
optimo. Hic jacent d[omi]n[u]s Bonifacius Barcillon et uxor ejus
eoru[mJq[ue] nati, solo Joanne Baptista d[octore] theologo supei^
stite, qui ad hoc altare s[a]n[c]ti Mathaei perpetuam capellaniam
fundavit an[n]o D[ominiJ 1658. Requiescant in pace tu . Des notes
historiques qui ont appartenu au chapitre de Vence, disent que
cette compagnie était fière de lui \ et pourtant il n'en avait pas
fait partie.
' I Surmontée d'armoiries d'évéques >, dit un mémoire manuscrit, posté-
rieur à 1860. que possédait, il y a quelques années. M. Patarrin, alors maire
de Saint- Paul-du-Var. Un certain Alphonse Achard l'avait fait à la bibliothèque
Xléjanes d'Aix, surtout à l'aide d'un ouvrage que son homonyme, médecin de
Marseille, membre de plusieurs académies, a composé et publié en 1788 sous
1? titre Descriplion histor. et géogr. des villages et hameaux de la Pro-
vence. « Ainsi que l'ai fait dans une Monogr. de l'église de Saint-Paul, je
l'appellerai, pour plus de brièveté, & le mémoire Achard i. Le blason des Bar-
c'illou était d'azur ù deux sautoirs alaises ou raccom'cis, rangés en fasce d'or et
surmontés d'une étoile d'or posée au milieu du chef.
' La duchesse douairière d'Orléans mourut en avril 1672, ayant survécu k
la jeune duchesse d'Orléans, Henriette d'x'lngleterre, qui mourut le 30 juin 1670.
^ Voir ma Monogr, ^ p. 26, d'après une note que Henri Layet, ancien
notaire à la Colle, avait dressée à l'aide des actes de sépulture des registres
paroissiaux de Saint-Paul. Feu l'abbé Giraud, alors curé de ce village, me
l'avait communiquée.
* .Arch. des Alp.-Marit., Chap. de F , G. 1.
UN TABLEAU 12VËU1T DE JEAN DARET 287
Moins de trois ans après la fondation de J.-B. Barcillon, Godeau
fit une visite pastorale à Saint-Paiil, en mai 1661. Le procès-
verbal en est mallieureusement incomplet. Il y est dit que
J.-B. Barcillon avait donné à sa chapelle de saint Mathieu divers
objets dont il ne reste que le commencement de la liste : un feuil-
let qui manque en portait la suite. D'autre part, un tableau ornait
alors cette chapelle. En effet, le chapelain qui la dessert dénoncé
à Tévéque le fait que les consuls de Saint-Paul, pour exposer le
Saint-Sacrement le Jeudi Saint, » plantent* des clous contre du
tableau du saint en so^te qu1ls le gâtent tout à fait... » Mais ce
(|ui reste du procès-verbal de la visite pastorale de Godeau à Saint-
Paul en mai 1661 n'indique ni le sujet, ni Tauteur du tableau.
En 1665, une délibération du chapitre cathédral de Vence,
tenue le 9 septembi*e, parle de « la grande et excellente' peinture
de saint Mathieu n. Le procès-ierbal de cette séance dit que
J.-B. Barcillon venait de la faire placer dans cette chapelle, mais,
— détail à noter, — n'en nomme point Tauteur. Guillaume
Maurel, chargé de cette chapellenie, requérait le chapitre cathé-
dral, en tant que prieur primitif de Téglise paroissiale de Saint-
Paul, d'approuver la fondation faite par J.-B. Barcillon a en la
chapelle et autel de saint Mathieu, apostre v ; il ajoutait que Bar-
cillon avait assuré l'existence d'un prêtre surnuméraire, obligé de
dire quatre messes basses par semaine, d'enseigner la doctrine
chrétienne à la jeunesse de la petite ville tous les dimanches, et
d'assister aux offices des fêtes solennelles. Maurel insistait en
outre sur ce que Barcillon avait enrichi tous les autres autels de
l'église, ce et l'a embellie d'une grande et excellente peinture du
saint et autres de pareil travail, le tout avec les ornements et
cadres dorés, l'ayant aussi ameublée de plusieurs chasubles,
devant d'autels, aubes, nappes, d'un calice et beurettes d'argent,
or, vermeilh et d'autres ornements nécessaires pour la messe. »
Inutile d'ajouter que le chapitre cathédral approuva l'importante
fondation de J.-B. Barcillon, sur la requête de Maurel.
J'ai dit ailleurs * que la confrérie de saint Antoine mettait ses
huiles dans une armoire de cette chapelle de saint Mathieu, du
' Noter ce présent.
* Voir ma Monogr. de l'église de Saint-Paul,
2N8 UN TABLEAU INÉDIT DK JEAN DARET
côtéderÉvangile. a Ce qui est cause d'incommodité et de distraction
aux prestres, lorsqu'ils célèbrent, par Touverture qu on en fait à
tout moment, et ce qui donne de mauvaises odeurs par les huiles
croupissantes et pourries qu'il y a parfois et qui entretiennent
quantité de rats qui rongent et gastent. •» C'est du moins en ces
termes que le diapelain dénonça à Godeau, lors de sa visite de
1661, un état de choses où les consuls et les rats avaient leur
rôle.
En septembre 1667 le grand vicaire de Godeau, visitant l'église,
devenue collégiale', de Saint-Paul et renij)Iaçant Tévéque qui était
malade, dit que l'autel saint Mathieu avait des ornements sacer-
dotaux aux armes de la famille des Barcillon, six autres tableaux
« y en ayant deux des fleurs en broderie » , un devant d'autel de
satin fleuri à fond blanc a\ec les armes des Barcillon « une chasuble
de brocard sur fond blanc d'argent à fleurs vertes avec une passe-
menterie d'or et les armes du cardinal de Joyeuse* et une cha-
suble de velours violet brodée aux armes de la maison de Guise
en or et argenté
Or une visite pastorale de 1670 nous apprend que J.-B. Bar-
cillon fut aumônier a de Madame de Guise «. La duchesse douai-
rière d'Orléans, Marguerite, qui mourut à Paris le 3 avril J672,
eut cinq enfants, dont quatre (illes. Xous avons dit plus haut que
l'une d'eHes, Elisabeth, duchesse d'Alencon, épousa en 1667 un
arrière-petil-lils du u Balafre « , Loiirs-Joseph, duc de Joyeuse,
d'Angouléme et (depuis J664) de Guise, qui mourut dés 1671.
J.-B. de Barcillon fut peut-être l'aumônier de sa veuve, après la
^ Les leUres-patentcs du roi qui approuvent cette érectioii dalent de jan-
vier. Kn décembre, (jodeau devait aller « à Saint-Paul pour établir la collégiale
qui a clé requise de la part des consuls dudit Saint-Paul en l'église parois-
siale 9 : d'où émotion du chapitre catbédral qui se considéra comme lésé par
cette érection et envoya le prévôt, alors économe du corps, pour prolester.
* 4 Du cardinal de Fr[ance?J mons[eigncur] de Joyeuse. » — J'ai dit ailleurs
qu'il s'agit de François de Joyeuse., frère du favori de Henri ill. Arche-
vêqiie de \arbonne à vingt ans.. en 1582, puis de Toulouse, puis de Rouen,
cardinal à vingt et un ans, en 1583, d'abord de Saint-Sylvestre, puis de Satut-
Martin-aux-Mouts et de la Trinité-du-VIont, il mourut en 16J5 à Avi<|non,
évoque d'Oslie et doyen du Sacré-('ollège. Parmi ses protégés, on cite d'Ossat,
qui devint cardinal à son tour, De.sportes et le neveu de celui-ci, Régnier.
^ TissKKAND mentionne (l'ence, p. 100) des ornements liturgiques aux armes
des Guise.
V\ TABLEAU INÉDIT DE JEAN DARET 28fl
morl de la mère de celle-ci, et il se peut quVile lui ait fait quelque
cadeau. Ou bien il avait été Tanaiônier de la duchesse de Guise,
Henriette-Catherine de Joyeuse, la bâtarde de Henri IV et de
Gabrielle d'Estrées de qui nous avons vu plus haut que, veuve
en 1640 de Charles II de Lorraine, elle mourut en 1656 et que le
repos de son âme fut en août 1658, quand Barcillon se présenta
devant deux notaires parisiens et fonda sa chapelle Saint-Mathieu,
Tobjet d'une mention toute spéciale. Après avoir demandé des
prières pour lui, pour ses pareuls et pour ses bienfaiteurs, c'est
tout c( particulièrement » qu'il en sollicita » pour Tàme n de cette
princesse «très illustre et très puissante», qui avait été sans
doute sa bienfaitrice. Il n'est pas étonnant que cette fille de
Henri IV et de Gabrielle d'Estrées ait donné h ce prêtre une*
chasuble aux armes des Guise et une aux armes du cardinal de
Joyeuse, qui furent offertes ainsi par lui à la chapelle qu'il fonda
à Saint-Paul.
Rien à tirer du procès-verbal des visites pastorales que firent à
Saint-Paul, Godeau en novembre 1671, liOuis de Thomassin en
novembre 1677, Théodore Allart en octobre 1683 et Jean Bal-
thasar de Cabannes de Viens en mars 1695.
•Mais voici le procès-verbal de visite que Jllgr François de Balbis
des Bertons de Grillon fit à Saint-Paul le 21 mars 1699'. Mous
y lisons d'une part que le juspatronat de la chapelle Saint-Mathieu
avait été, tt à la mort de Just Barcillon et de ses enfants, transmis
à la famille de M de Rochefort » . Puis l'évéque y note que le
retable de cette chapelle est a le tableau d de saint Mathieu, un
ange, saint ^ Pierre de Luxembourg, saint Antoine de Padoue,
fort beau, de la main de Daret» . Sans doute le prénom du peintre
n'est pas inscrit, et je m'étais demandé, lorsque je publiai la mono-
graphie de cette église, — M. Coste n'avait pas encore publié son
travail sur Jean Daret, — si la peinture était de Pierre, mort en
en 1675 ou 1678, ou de Jean.
L'autel était, quand je l'examinai pour la première fois, charge
de tant d'objets que je n'avais pas remarqué un détail du tableau.
Ce n'est qu'après la publication de ma Monographie de t église
* Au moins une.
* Arch. des Alp. Marit.. Chap. de Vence, G. 5.
^ Sic.
19
^
S90 UN TABLEAU INÉDIT DE JEAN DARET
de Saint-Paul qae mon attention fat attirée sur le fait que le beau
saint Mathieu, que le procès-verbal de Mg^de Grillon recomman-
dait à toute Tattenlion des amateurs, est signé : Daret invfenjtor
faciebat Parisiis I66I.
Sans doute, ici encore, nul prénom n'accompagne le nom du
peintre. Mais peut-on songer à Pierre? 11 ne compte pas dans
l'histoire de Fart en Provence. A ceux des fils de Jean qui furent
peintres? Michel avait vingt et un ans en 1661 et Jean-Baptiste
seulement douze. En outre le travail récent de M. \uma Coste
donne un intérêt particulier à la signature du saint Mathieu. Elle
indique qu'il fut fait, et à Paris, et en 1661 : nouvelle preuve du
voyage dont M. Coste avait rigoureusement établi — et ce docu-
ment nouveau n^était pas indispensable pour l'affirmer — qu'il a
eu lieu et qu'il résulta du passage de Louis XIV à Aix en janvier
et février 1660. Si le tableau fut fait à Paris et en 1661, il dut être
achevé au début de l'année, envoyé par J.-B. Barcillon durant le
Carême, et placé avant la Semaine Sainte, puisqu'en mai 1661
Godeau apprend du chapelain que les consuls de Saint-Paul,
pieux vandales, avaient planté, pour exposer le Saint-Sacrement
le Jeudi-Saint — or Pâques tomba le 17 avril en 1661 — « des
clous contre du tableau du saint en sorte qu'ils le gâtent tout à
fait « .
Nommé par brevet du 25 mai 1697 et sacré le 29 décembre par
l'archevêque d'Avignon, dans l'église des Jésuites de cette ville,
Mgr de Crillon ', qui se présenta le 4 octobre 1698 au chapitre et
fut installé par le prévôt, était fils du marquis Louis. Il avait été
vicaire-général de Mgr Aube de Roquemartine, évêque de Saint-
Pau 1-Trois-Chàteaux et antérieurement de Grasse, il avait été
d'autre part prévùt du chapitre cathédral de Cavaillon, dans les
Etats que le Saint-Siège possédait en France. Issu d'une famille
provençale dont il est inutile de rappeler qu'elle avait été tout
particulièrement illustrée par le capitaine qui avait refusé d'assas-
siner les Guise et que Henri IV surnommait le brave des braves,
Mgr de Crillon n'était pas un de ces u cuistres de séminaire, sans
science, sans naissance, dont l'obscurité et la grossièreté faisaient
tout le mérite», si nous en croyons ce que Saint-Simon dit de
' Voir le chap. ii de mon livre Le Jansénisme à Vence.
UN TABLEAU INÉDIT DE JKAN DARET 291
Tépiscopat d'alors qu'il accuse Louis XIV, on le sait, d'avoir
réservé à ce à la basse prétraillet) . Il avait dû entendre parler à Aix
du tt savant » Jean Daret, mort depuis une trentaine d'années,
quand il prit la mitre de Vcnce, des peintui*es religieuses que cet
artiste bruxellois avait exécutées pour des églises, pour des cha-
pelles d'ordres religieux et de confréries, pour des particuliers,
ainsi que des œuvres profanes dont les hôtels ou les châteaux de
la noblesse provençale étaient encore Gers*. Aussi n'a-t-il pas
manqué de signaler en mars 1C99 son nom que Godeau et son
vicaire général Thomassin, Allart, Viens, plus indifférents aux
choses de l'art, n'avaient pas mentionné dans leurs procès-ver-
' De celles-ci je D*ai pas parlé. M. Coste signale d'une part ce qui en a sur-
vécu. Les unes sont datées. En 164'!, un portrait de (jaspard de Fabri, à mi-
corps, pour placer à côté de l'autel de l'église d'Aups (p. 4, 15 et 18). En
i643, un Sommeil de Pomone qui est signé et daté et qui appartient à x\I. Ram-
bert (p. 5). En 1654, les peintures de Tbôtel d* Aymar d'Albi, baron de Châ-
teaurenard, où Louis \IV logea en 1660 et où est maintenant le bureau de
bienraisance d'Aix : pUronds et escaliers (p. 5, 10 et 12}. D'autres ne sont pas
datées. Le portrait de P. de Maurcl, en empereur romain, dans son hôtel,
d'après les traditions de la famille d'Espagnet (p. 7 et 11). Le plafond de Tan-
cicn hôtel de Venel, où sont les religieuses de Saint-Vincent de Paul (p. 13).
Le GuUarero du musée d'Aix (p. 11).
D'autre part, ce qui a disparu de ses œuvres profanes. La galerie du château
de Pontevès (p 7. 14 et 37). Le siège d'Aix par le comte d'Alais, tableau fait
en 1649 pour commémorer les troubles du Semestre (p. 9;. Orphée dans les
bois, qui se voyait en 1656 dans l'hôtel du baron de Valbelle Saiot-Symphorien
(p. 9). Je ne sais quelle œuvre datée de 1657, que l'on possédait au Dépôt
national selon un inventaire du 7 nivôse an IV (p. 9). Les décorations mytho-
logiques de la chambre à coucher de la maison où Louis de Vendôme, duc de
llercœur, petit-fils de Henri IV et frère du fameux Beaufort. gouverneur de
Provence depuis 1652, aima c la. belle du Canet «, Lucrèce de Forbin-Soliès,
veuve de Louis de Rascas (p. 14). Des travaux exécutés en 1650 "pour l'entrée
à Aix du marquis d'Aiguebunne (p. 21, sq.) : Daret n'en avait fait qu'une
partie.
M. Coste dit que les plafonds, aujourd'hui détruits, de l'hôtel de Boyer
d'Ëguilles ne furent pas son œuvre : cette maison ne fut bâtie que sept ans
après sa mort (p. 14 sq.), — et qu'un portrait, que l'on conserve dans l'an-
cien hôtel de Maurel, est, et le sien, et de lui (p. 7).
M A. Valabrègue parle, dans son article de la Grande Encyclopédie (Lami-
rault). des s panneaux en grisaille pour l'hôtel du duc de Mercœur ■ ; il indi-
que d'autre part que Jean Daret, — de qui nous ne .parlons qu'à titre de
peintre, et de peintre d 'œuvres religieuses — fut un graveur à l'eau-forte des
plus distingués, et qu'on connaît de lui une suite de neuf belles pièces, les
Vertus théologales et cardinales ^ celles dont j'ai dit qu'il les dédia à sa sœur
Marguerite.
S9S UN TABLEAU liXËDlT DE JEA\ DARET
baux. Et il ajoutait : a Le fort beau tableau deDaret est orné d'un
cadre de bois peint en rouge et doré ?) . Mgr de Grillon a examiné
aussi les vêtements sacerdotaux dont il a été parlé, la chasuble —
avec Télole, le manipule et le voile, dit-il — «t de velours fond
d'argent avec feuillage vert et armes du cardinal de Joyeuse » , la
chasuble de velours violet avec blason des Guise, une chasuble de
satin blanc avec croix au pelit point, fleurs et broderie, dentelles
et armes de Uarcillon, une de velours cramoisi avec le blason de
cette famille \ et une de camelot violet aux armes des Guise '.
Le chapelain de 1665 avait parlé au chapitre cathédral non seu-
lement u d'une grande et excellente peinture de saint Mathieu v ,
dont il n'avait pas nommé l'auteur, mais encore a d'autres de
pareil travail v . Voulait-il dire : du même artiste? Hgr de Grillon
ne remarque pas seulement le saint Mathieu de Daret : il ajoute
que celte chapelle possède on outre a quatre autres tableaux fort
beaux, saint Pierre, saint Paul, saint Jean-Baptiste, saint
François, et deux petits, la Vierge, un Ange » . Que ce soient les
six tableaux que le vicaire général de Godeau avait mentionnés
plus brièvement en 1667, sans indiquer les sujets qu'ils représen-
taient ni le peintre qui les avait exécutés, il n'y a pas à en douter.
Ne seraient-ils pas aussi des œuvres de Jean Daret? Mgr de
Grillon n'en dit rien. Et les deux petits tableaux placés aujour-
d'hui au bas du retable de l'autel Saint-Mathieu, qui représentent
la Vierge et l'Ange de V Annonciation, sans doute les deux
a petits D que l'évèque avait signalés \ appartiennent-ils à cet
artiste? Le style m'en fait douter.
* NoQ mentionnée eu 1667.
' Le vicaire général de Godeau avait, en 1667, parlé en termes moins précis
d'ornements sacerdotaux aux armes des Barcillon. Crilion ne dit rien du devant
d*aulel de satin fleuri à fond blanc, orné de leur blason, que le grand vicaire
de Godeau avait remarqué.
' J*ai noté dans ma Monographie que Ton a pris parfois ces deux figures
pour saint Klzéar de Sabran et sa femme sainte Delphine de Glandé ves, fille
d'un seigneur de Puymichel. J'achevais de corriger les épreuves quand feu
l'abbé Giraud m'en informa, et je n'avais pas le temps de me rendre à Saint-
Paul pour vérîiier l'exactitude de cette attribution. Qu'elle soit erronée, je l'ai
constaté depuis : la couronne royale qu'on prétendait voir sur la tête du pré-
tendu saint EIzéar est la couronne dont les peintres parent le plus souvent le
front de la sainte Vierge. Je regrette que la lettre du défunt curé m'ait fait
imprimer quelques lignes inexactes.
UN TABLEAU INÉDIT t)E JEAN DAHET S93
Aujourd'hui les quatre tableaux, relativement grands, que.
Mgr de Grillon avait remarqués, ne sont plus à Saint-Paul. Ces
toiles u de prix y^ , comme disent les notes de feu Henri Layet,
auraient appartenu quelque temps à Téglise de Roquestéron à
laquelle elles furent données, si j'en crois les mêmes notes, par
les héritiers d'un des derniers chanoines de Vence, AIziari, qui les
avait prises lors de la Révolution.
Quant aux deux petits* la Vierge et VAnge, les notes de feu
Henri Layet disent qu'on les voyait it sur deux crédences, à côté
du tableau de Daret », c'est-à-dire du saint Mathieu, et que l'un
d'eux représentait a l'Ange gardien », tandis que le procés-verbal
de Mgr de Grillon parle en quelque sorte d'un ange quelconque.
Ils existent encore, je viens de le dire, et au-dessus des deux
petites crédences dont il est question, mais, quel que soit l'espace
qui les sépare, celui de l'autel, ils représentent la scène de
VEvangile selon saint Luc. J'ai dil plus haut que je ne crois
pas qu'ils soient du pinceau de Daret.
Ijes quatre tableaux que l'église de Roquestéron posséda aux
dépens de celle de Saint-Paul semblent avoir disparu. M. l'abbé
Fabron, curé de Roquestéron, à qui j'avais demandé des rensei-
gnements au sujet de ces peintures, a bien voulu me répondre
que son église ne possède ni un saint Pierre, ni un saint Paul,
ni un saint François, In des autels latéraux, dont le titulaire
est saint Jean-Baptiste, a un tableau très ordinaire, non signé,
rentoilé, qui représente en son milieu le Précurseur tenant sa
petite croix à laquelle est attachée la banderole, munie de l'ins-
cription ordinaire : Ecce Agnus Dei, à droite et à gauche deux
personnages qui n'ont aucun attribut distinctif. Les vieillards
du pays en ignorent l'origine : le tableau a environ 2" 60 sur
1"30.
Disons quelques mots du tableau, non encore décrit, de Daret,
qui est dans l'église de Saint-Paul-du-Var.
L'Kvangéliste, qui est le principal personnage, est assis, la
jambe droite croisée sur la gauche, vêtu d'une robe grise et d'un
manteau marron ; il a les pieds nus ; de la main droite il dresse
une plume d'oie ; la gauche tient un rouleau de papier en tète
duquel sont écrits, en lettres capitales, les premiers mots de son
évangile : Liber generationis Jesu CAmrf^ jusqu'à et fratres
294 UN TABLEAU INÉDIT DB JEAN DARET
ejus ' ; il tourne la tête vers la gauche et écoute ce que FAnge lui
dit*; il a des cheveux noirs et bouclés, la moustache courte, la
barbe taillée assez ras. L'Ange est blond et imberbe; ses cheveux
sont bouclés et longs; les ailes blanches de son dos sont ouvertes;
il est drapé dans une étoffe blanche sur laquelle flotte un
voile lilas clair; ses pieds sont nus, la jambe droite est ramenée
et repliée sur la gauche; de la main droite il touche Fépaule de
rKvangéliste; de la gauche il lui montre le papier.où il écrira ce
qu'il va continuer à lui dicter; son épaule gauche est nue, ainsi
que le haut de la parlie gauche de la poitrine, Tavant-bras gauche,
le poignet gauche, les jambes ; sur le coude gauche flotte la dra-
perie lilas; TAnge est debout; il semble qu'il soit arrivé depuis peu
auprès de TEvangéliste ; il n'a pas encore replié ses ailes*. A la
droite de saint .Mathieu est saint Antoine de Lisbonne, dit de
Padoue, la figure rasée ainsi que le crâne, à l'exception de la cou-
ronne de cheveux noirs; — quand il est mort à Padoue en 1231 ,
il n'était âgé que de trente-six ans, — il est assis ou appuyé sur un
genou; les pieds sont chaussés des sandales de l'ordre; la bure de
sa robe est de couleur sombre, presque noire; il étend la main
gauche d'un geste d'admiration ; sa tête se penche à droite vers
l'Enfant Jésus debout sur un livre que le saint porte dans la main
droite. L'Enfant Jésus est nu, un petit linge blanc autour des
reins; une mince lumière se dégage de sa tète; il touche de sa
main droite le menton de saint Antoine. Au second plan, derrière
* Math., I. i et t.
* Le troisième verset, qui n*est pas encore écrit : c Juda engendra de
Thamar. .. i On sait que le symbole de saint \Iatliieu, comme évangéliste, est
rhomme, allusion au mystère de Tlncaruation : de même celui de saint Marc,
le lion (force et royauté); de saint Luc. le bœuf (sacerdoce et sacrifice); de
saint Jean, Taiglc (inspiration). Ces emblèmes furent choisis d'après la vision
d'Ezéchiel, i, 5 et 10, ainsi que d'après celle de saint Jean, Apocal., iv, 7. On
montre à Salerne le tombeau de saint Mathieu dont les reliques, croit-on, y
furent apportées en 95V : il est dans la crypte de la cathédrale.
' Qu'on ouvre le Nouveau Testament que Godeau publia en 1668 (Paris,
Muguet), on y trouve de belles vignettes, dont une de Karl Audraji, l'un des
membres de la famille d'artistes qui est si connue, en tête*de l' Evangile de
saint Mathieu, représente un ange montrant un arbre où se lisent les noms
d'Abraham, d'Isaac, Jacob et, dans une gloire, celui de Jésus. Les autres ne sont
pas signées. L'initiale de l'Evangile de saint Mathieu, un L majuscule, repré-
sente, comme le tableau de Daret, l'évangéliste écrivant sous la dictée d'un
ange.
UN TABLEAU INEDIT DE JEAN DARET 205
regroupe, le bienheureux Pierre de Luxembourg \ qui mourut
en 1387 à dix-huit ans, après avoir été chanoine de Paris à dix
ans et de Cambrai à douze, évéque de Metz à quatorze, cardinal-
diacre à seize. Daret Ta représenté en costume cardinalice, debout,,
imberbe, les deux mains étendues vers la droite du tableau; ses
cheveux sont courts et blonds. Au second plan, derrière rÉvangè-
liste et TAngc, ce que le Bienheureux regarde, cVst un nuage lumi-
neux au travers duquel on voit quatre angelots. Ces personnages
semblent groupés sur un escalier. De chaque côté le peintre a mis
une colonne non cannelée, diminuée, dont on ne voit pas le cha-
piteau; elle porte sur une base avec des enroulements et sur un
socle élevé, orné de moulures. Sur celui de la droite du tableau,
à la hauteur des mollets de FAnge, la signature de Daret ^ A
Tarrière-plan, du moins derrière le Bienheureux Pierre et à
gauche du tableau — nous avons dit qu'à droite est la nuée des-
quatre petits anges — de grandes architectures à plusieurs élages-
et d'ailleurs sans intérêt.
En haut du cadre, dans les moulures qui le surchargent, un
petit écusson surmonté d'un casque : les armoiries nVn sont pas
très distinctes. Je crois que ce sont celles des Barcillon : d'azur,
à deux sautoirs alaises ou raccourcis, rangés en fasce, d'or, et sur-
montés d'une étoile d'or posée au milieu du cheF. Dans les der-
niers travaux dont l'église de Saint-Pau Udu-Var a été l'objet, les
mui's de cette chapelle ont été peints de manière à figurer des
tentures roses que rehaussent des fleurs de lis blanches.
Georges Doublrt.
* Mgr de Grillon lui doaoe à tort le titre de saint; rar il n'est pas canonisé.
Mais il est plus que vénérable pour l'Kglise. On sait que le faux pape d'Avi-
gnon, Robert de Genève, Clément VII, le combla de faveurs et que ce Louis de
Gonzague du quatorzième siècle — le mot est de Salembier (Le grand schisme
d'Occident^ 2* édit., 1900, p. 84), — mourut sans avoir douté de la légitimité
de celui en qui il avait placé sa confiance.
* A l'Exposition coloniale de Marseille de 1906 (section de l'Art provençal),
trois tableaux sont attribués à ce peintre : une Sainte Famille (voir (iai. des
B,'A., 1906, p. 163), le portrait d'r\nt. Maurcl-l olonne eti la belle du Canet >.
296 PIERRE COBERT
XV
RECHERCHES SUR LES ARTISTES SE RATTACHAVT AU GATIXAIS
PIERRE GOBERT
Portraitiste.
SLTPLÉMEMT AU CATALOGl'E DE S0\ ŒUVRE
1
En achevant, dans notre Mémoire de 1903, le Catalogue des
œuvres de Gobert alors connues de nous, nous exprimions Topinion
que « l'avenir réservait, à ce sujet, plus d'une découverte » . Nous
ne pensions pas recueillir si tôt la moisson relativement abondante
dont nous allons dresser l'inventaire.
L'honneur de cette moisson ne nous revient d'ailleurs que pour
une faible part, et nous n'avons eu la peine que d'utiliser les ren-
seignements qu'a bien voulu nous fournir, avec une bonne grâce
parfaite, le savant archiviste de Monaco, M. Gustave Saige, dont la
mort inattendue et prémalurée est si profondément regrettable. A
M. Saige, nous unirons dans l'expression de notre reconnaissance
une artiste de talent, Mlle F. Sadler, qui s'est faite notre active
collaboratrice, et a pris la peine de copier pour nous aux archives
monégasques les documents dont nous allons faire usage.
Cvs documents et la très inléressante publication de M. G. Guil-
loi, Les Portraits des Matignon-Grimaldi (Saint-Lô, 1905, in-8'),
nous montrent Gobert employé pendant dix-huit ans, de 1715 à
1733, par la famille régnante de Monaco, et en particulier par
Jacques 1", fondateur de la dynastie des Matignon-Grimaldi,
princes de Monaco.
S'ils n'apprennent que peu de chose sur la vie toujours assez
mal connue de notre peintre, ils prouvent au moins qu'après l'ac-
cident de novembre 1732 dont nous avons parlé dans notre pre-
mier travail, il se remet courageusement à l'œuvre malgré ses
PIERRE GOBBRT 297
soixante et onzeaus; un grand tableau, que nous reproduisons 1
plus loin, date de cette époque ainsi qu'une toile charmante que
nous donnons également.
Nous en tirerons encore, au point de vue anecdotique, une indi- \
ration : le 10 septembre 1725, la princesse de Monaco écrit de i
Paris à son mari que le portrait d'un de leurs enfants a n'est pas i
encore fini, Gobert étant à Fontainebleau n . Or on se souviendra
que, depuis le 5 de ce mois de septembre, Marie Leczinska que
Tartiste venait de peindre avec tant de succès, à Wissembourg,
était reine de France. Tout porte donc à penser, le manage s'étant
fait à Fontainebleau, que Gobert s'y était rendu pour assister au
triomphe de son illustre, modèle; je n'oserais aller jusqu'à dire
qu'il y avait été invité:
Enfin nous avions du renoncer jusqu'à présent à trouver une
lettre autographe de Gobert; nous sommes plus heureux aujour-
d'hui, et voici le texte de celle encore unique consei^vée à Monaco.
Elle est adressée à M. Rousseau, intendant du prince de Monaco,
hôtel de Matignon, à Paris.
Monsieur, c*est de Tordre de Monseigneur le Prince de Monaco que jay
Ihonneur de vous écrire pour vous supplier de faire attention à un
mémoire que le Prince vous a remis qui est de 700 francs pour des ou-
\ ratées que jay faits pour lui depuis quelques années.
Monseigneur m'en promit le payement il y a trois mois et vien de m*en
assurer encore, trouvant bon que je vous solicitasse Monsieur a Len faire
souv enir. Je ne Tay jamais importuné tandis que je nay pas eu besoin d* ar-
gent, et je suplie très humblement que rien ne soit retranché de ce petit
mémoire, ayant en vérité mis les prix que le moindre particulier m*en
paye; faite moy donc la grâce, Monsieur, de m'en procurer le payement
promptement. Je suis actuellement attaché par lordrc du Prince à un
ouvrage considérable ' et si vous fmssiez dans ce quartier et que vous volus-
siez bien prendre la peine de monter vous verriez, je pense, que je mérite
que Monseigneur accorde sansdeslays ma demande.
J'ay Ihonneur destre avec une très parfaite estime, Monsieur, votre très
humble et très obéissant serviteur.
(iOBKRT.
L»2I atril n33 V
' Le grand tableau de famille dont nous parlons phis loin.
* Archives de -^fonaco. Maison princière, C. 22.
308 PIERRE GOBERT
Le vieil artiste qui tenait encore si fermement ses pinceaux avait
la main moins sûre en serrant une plume, et Técriture de cette
lettre est fortement tremblée.
II
SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
Baux (Honoré-Camille-Léonor, marquis des), fils aîné de
Jacques de Goyon-Matignon . Toile; haut. 0 ", 80; larg. 0 ", 65.
— Enfant nu dans une draperie rouge; il tient un papillon
entre le pouce et Tindex de la main droite, et appuie la niain
gauche sur une cage de laquelle sort un oiseau. En haut de
la toile, en capitales : M» LE MARQUIS DES BAUX AGE DE
TROIS ANS. 1723. Musée de Saint-Lô, n* 8 (G. Guillol, Cata-
logue..., p. 8). — Il existe au Palais de Monaco, Salon vert,
n" 29 ' du Catalogue anonyme, une copie ou une répétition "de ce
portrait, mais, comme presque toutes les toiles de Gobert conser-
vées à Monaco, elle est donnée pour un original de J.-B. Van Loo
représentant François-Charles, second comte de Carladés, et frère
du petit marquis, à Page de 7 ans. L'inscription ancienne de la
toile de Saint-LA ne laisse rien subsister de cette identification.
Quant à Tattribution à Gobert acceptée par M. Guillot, elle résulte
d'une tradition transmise dans la famille des donatrices, petites-
filles du marquis devenu, comme ou sait, prince de Monaco sous
le nom de Honoré lil, mais à défaut, elle résulterait nettement de
Texamen du portrait lui-même, de l'attitude du modèle et de la
présence de la cage, accessoire que Gobert parait avoir affectionné
(voir dans notre Catalogue Louise Marie de France et Charles-
Alexandre de Lorraine). Reproduit par M. G. Glillot, l^s Por-
traits des Matignon-Grimaldi.
Le marquis des Baux figure au Palais de Monaco avec deux por-
traits, n" 22 et 23, attribués tous les deux par le Catalogue à
' Depuis quelque temps, la phipart des tableaux de Monaco ne portent plus
de numéro.
* Avec cette seule diiïérence que la cage est posée sur un tabouret de bois
doré recouvert d*une étoffe mauve, ce que ne montre pas le portrait de
Saint-Lô.
PIEBRE GOBERT 399
J.-B. van Loo, et que M. Saige donnait à Gobert, nous no
savons malheureusement sur quelle aulorité. Nous n'en ferons
pas état.
Carladès (Marie-Charles-Auguste, comte de — , puis comte de
Matignon), fils de Jacques de Goyon-Matignon. C'est de ce portrait
que parle la lettre du 10 septembre 1725 citée plus haut. Le
10 novembre de la même année, Louise-Hippoly te écrit à nouveau
à son mari :
Je vis hier le portrait de Carladt^squi est à merveille et fort ressemblant.
Gobert Thabille en Apollon avec un an* et un carquois et tout ce qui s^en-
suit. Il doit me Tapporter mercredi qui vient et m*a dit qu'il nepourroit le
donner à moins de deux cents francs '...
Le tableau fut livré, et le prix, accepté, car le 25 décembre
1725, il était «payé au sieur Gaubert pour le portrait de M. le
comte de Karladès. . . deux cens livres * » .
Que devint ce portrait si apprécié? — Nous n'en savons rien,
ou plutôt nous ignorons si c'est l'original ou une copie, dont parle
la lettre du 10 septembre, qui est au Palais de Monaco, sous le
n' 27. Le Catalogue des Peintures donne ce numéro à J.-B. Van
Loo — c'est un parti pris — , mais M. Saige, dans les annotations
manuscrites de noire exemplaire, le restitue à Gobert, avec toute
vraisemblance.
EsTOLTEViLLE (Louise-Françoise-Thérèse de Matignon, Mademoi-
selle d'), fille de Jacques. Toile; haut. 0-',81 ; larg. 0'",70.
Presque de face, l'enfant âgée de 5 à 6 ans est velue de blanc avec
un manteau bleu; de la main droite levée, elle tient la laisse rouge
d'un singe debout, à sa droite, sur un tabouret vieux rouge, et ap-
puie la gauche sur une sorte de sphère ^ Palais de Monaco. Salon
verty n* 30 du Catalogue. C'est encore à M. Saige que nous devons
cette attribution enlevée à Van Loo
* Archives de Monaco, Correspondance.
* Archives de Monaco, Dépenses de la maison du duc de Valentinois, HH. 46.
' Xous devons très impartialement constater que cette sphère se retrouve
dans le portrait du jeune Louis de Lorraine, prince de Pons, par Van Loo, n° Il
dn musée de Saint-Lô. (Iteproduit : G. Guillot, les Portraits, etc.).
3aa PIERRE GOBBRT
Mais, après avoir tout pris à Gobert, ne va-t-on pas tomber dans
Texcôs contraire en dépouillant Vah Loo à son profit? Nous le
cruignons à propos d'un autre portrait de Monaco, le n* 26, Hade-
moisellc d'Estouteville à Tàge de 13 ans. Autant en effet il est
admissible que Gobert ait représenlé celle enfant en 1733 (née en
juillet 1728, elle a 5 à 6 ans sur le tableau), autant surtout il le
deviendra quand nous aurons décrit le grand ^ tableau de famille ^ ,
autant il Test peu qu'il Tait peinte à nouveau en 1741, alors qu'il
touche à ses 80 ans, et qu'il semble avoir renoncé à tout travail
depuis plusieui*s années. \ous laissons donc à Van Loo ce nu-
méro 26.
Gagé (Elisabeth de Matignon, comtesse de). Toile; haut.
0",92 ; larg. 0",74. En buste, presque de face, légèrement
tournée sur sa gauche. La comtesse est vêtue d'une robe de satin
rose avec broderies d'argent au corsage,, les manches serrées au
coude par un galon d'or. Manteau' bleu qu'elle relève de la main
droite, tandis que, de la gauche, elle approche une fleur de sa poi-
trine. Musée de ?ainl-Lô, n* 13. Reproduit par M. G. GmLLOT, Les
Portraits des Matignon-Grimaldi. — L'attribution à Gobert est
traditionnelle dans la famille des donatrices, les marquises de La-
Tour-du-Pin et Louvois; l'ensemble est bien dans la manière de
Tarliste; nous acceptons donc après M. Guillot cette attribu-
tion, mais, comme lui, nous serions disposé à faire quelques
réserves.
MoxACO (Charlotte de Matignon, Mademoiselle de). Gobert a fait
au moins deux fois le portrait de Mlle de Monaco :
1" A Tàge de 3 ans. C'est ainsi que nous interprétons une men-
tion d'un registre de comptes :
[1722] Au mois de iiiay, le 31.
Payé à Gobert, peintre, pour le portrait de Mlle de Valentinois, trois
louis valants... 135 livres*.
X'uus ne voyons pas, en 1722, d'autre demoiselle de Valentinois
que la fille aînée du duc et de Louise-Hippolyte, la jeune Char-
lotte née le 19 avril 1719. Il est vrai qu'elle est connue sous le nom
Mademoiselle de Monaco, mais elle a pu, comme deux de ses
' Archives de Monaco. Menues dépen^ps de M. le duc de Valentinois, H. 43.
^#^-
^
m
*•
Page 300.
m-VA» •Vt* «^» ' * "
:*:
IMBRKE GOBBRT 301
frères, changer de tilre au cours de son existence. — Nous no
savons rien d'ailleurs de la destinée de ce portrait.
2» A Page de 14 ans. Toile; haut. 0-,80; larg. 0",65. u Rc-
présentée jusqu'aux genoux [presque de face, le visage légère-
ment tourné vers la gauche]. Très jeune fille, rohe noire ouverte en
carré. L'ouverture du corsage est garnie d'une guimpe légèrement
échancrée; cornette blanche couvrant les cheveux; manches
courtes. Une croix d'or est pendue à un cordon noir ajusté sur le
cou. [Feuillette un livre posé sur une table et] sur lequel on lit :
Vie de S'-François de SaUe, notre Fondateur^ (G. Guillot, Cata-
logue de Saint'Lô, p. 8). Au fond de la toile, en capitales : soëlr
CHARLOTTE DE MONACO. 1733, et au dos : Portrait de Mademoiselle
de Monaco peinte par Gobert, en 1733. Musée de Saint-Lô, n' 7.
Reproduit par M. G. Guillot, Les Portraits des Matignon-Gri-
maldi^ et en tète du Catologue du Musée de Saint-Là. — La
seconde inscnption est inspirée par la tradition dont nous avons
déjà parlé à deux reprises, mais si l'on veut bien comparer (V. la
planche ci-contre*) la physionomie de la jeune religieuse avec
celle que lui prête une œuvre incontestablement de (Jobert
(V.Valentinois et la planche)*, on trouvera entre les deux plus que
de la ressemblance.
Le Catalogue des Peintures de Monaco a, sous le n' 25, un
portrait de la même Charlotte;'il le donne naturellement à J.-B.
Van Loo; or ce n'est qu'une répétition de celui ci-dessus. Dans tous
les cas, cette toile fait, à notre avis, grand honneur à son auleur.
Monaco (Louise-Hippolyte Grimaldi, duchesse de Vak*ntinois,
princesse de). Toile; haut. l'",46; largeur 1"',16. Presque de
face, la princesse est vêtue d'une -tunique blanche décolletée
recouverle d'une draperie bleue; la main abaissée semble indi-
quer quelque chose à terre; Louise-Hippolyte appuie le coude droit
sur un objet (?) que le mauvais éclairage de la toile ne permet pas
de déterminer. Palais de Monaco. Salon du fond, n' 17. C'est un
des rares portraits que le Catalogue accorde à Gobert.
' Xous empruotoDs cette planche au livre déjà plusieurs fois cité de
M. Guillot, publié par la Société d'agriculture et d'archéologie, etc. de la
Manche et abondamment illustré grâce à une subvention de S. A. S. \I<{r \v
prince de Monaco. .«
' Voir ci-dessous planche \LV.
30*2 PIBRRE GOBBHT
Monaco (Marie de Lorraine, duchesse de Valentinois, puis prin-
cesse de). Le 31 décembre 1715, la duchesse écrivait à son mari,
le duc Antoine, alors à Paris : u Ne vous donnez pas la peine de
retirer mon portrait de chez Gobert, mais souvenez-vous de dire à
mon frère Tabbé... y^ etc.V Gobert a donc fait, en 1715, le por-
trait de Marie de Lorraine; on ne sait ce qu'il est devenu. II y a
bien au Palais de Monaco, n"* 12 du Catalogue, et sans attribution»
une toile de 0'",77 de haut sur 0'°,60 de large qui représenterait
la princesse de Monaco, mais est-ce celle de Gobert? Nous man-
quons jusqu'à présent de données pour émettre une opinion.
Valentinois (Charles-Maurice, comte de), fils de Jacques de
Matignon-Grimaldi. Toile; haut. 0'»,81 ; larg. 0-,74. Lenfant
est représenté à Tàge de 7 ans. Palais de Monaco, n* 24. Nous ne
donnons ce portrait à Gobert que sur lautorité de M. Saige, dont
nous aurions voulu pouvoir connaître les raisons. Quant à Taltri-
bulion du Catalogue, c'est-à-dire à Van Loo, elle exige la correc-
tion de toutes les dates de la notice : celle-ci date le tableau de
1759; or J.-B. Van Loo est mort en 1745; veut-on lire 1739, mais
en 1739 Charles-Maurice né en 1727 — non en 1717, comme le
dit le Catalogue — avait 12 ans et pas 7. Si au contraire on sup-
pose ce portrait peint en 1733 ou 1734 par Gobert qui, on Ta vu
et on va le voir encore, travaille pour le prince de Monaco, Tenfant
a bien 6 à 7 ans. Il faudrait, pour trancher la question, un examen
auquel nous sommes hors d'état de nous livrer.
Valextinois (Jacques de Goyon-Matignon, comte de Torigny,
puis duc de). Gobert a représenté plusieurs fois Jacques de Mati-
gnon qui, de 1731 à 1733, porta le titre de prince de Monaco,
jiuquel il renonça en faveur de son fils Honoré III.
1" Le 1" août 1728, Gobert signait la quittance suivante :
Je reconnois avoir reçu de Monseigneur le duc de Valentinois la somme
de deux cens livres pour son portrait que j'ay fait en buste et cuirasse avec
une inain et que je luy ay livre aujourd'huy, dont quittance. Fait à
Paris... etc.
GOBKRT *.
* .archives de Monaco, CorrespoadaDce.
' La signature seii'e est de Gobert et trt' s tremblée. Archives de Uonaco,
<:. 22.
1
PIERRE GOBERT 303
On ne sait rien de plus de ce portrait, qui parait être à Monaco,
Salon du fond, n* 19 du Catalogue, sans attribution; toile; haut.
O'-^SO; larg. O-.eS. \
2* Toile: haut. l'',28; larg. J»,05. De trois quarts à droite,
la figure de face; tête nue, armé, il tient de la main droiteétendue
son bâton de commandement, et appuie la gauche sur la poignée
desonépée; un manteau de velours bleu doublé d'hermine est
été sur Tépanle droite; une ceinture de soie blanche est négligem-
ment nouée sur la hanche du même côté; cravate de mousseline
blanche dont le nœud de dentelle déborde de la cuirasse ; pareille
dentelle sort des brassards et forme manchette ; le casque est posé
à terre à gauche du spectateur. Fond de plein air; à droite, la ville
de Monaco. Au dos de la toile est écrit : Portrait de Jacques-
François-Léonor, prince de Monaco, duc de Valentinois et d'Es"
toutetille, pair de France, sire de Matignon, comte de Torigny,
Peint par Gober t, 1731 (G. Guillot, Catalogue du musée de
Saint-Ld, p. 10). Musée de Saint-Lô, n"" 12. Reproduit par
H: GtiLLOT, Les Portraits... etc. — Ce tableau est ainsi rappelé
dans Tarticle V' du » mémoire* » dont parle la lettre de Gobert
du 21 avril 1733 :
Par ordre de Monseigneur le Prince de Monaco, Gobert a fait un portrait
original de Monsieur le duc de Valentinois avec des mains et une veûe de
Monaco; ce portrait receu avec agrément et placé, Monseigneur lui a fait
changer deux fois T habit qu'il a voit lui-même désiré 300 francs.
S"" Xous ne connaissons ce troisième portrait que par le mémoire
sus-visé (art. 2) :
Un grand portrait de Monseigneur sur toille de quatre francs, et avoir
refait plusieurs choses par ordre de Monseigneur a un portrait de pareille
grandeur qui n'étoit pas son ouvrage... 200 francs.
Enfin le même mémoire a un article 3 ainsi conçu :
Quatre copies en buste du Portrait de Monseigneur. . 200 francs.
Xous n'avons pas trouvé de quel portrait il fut ainsi répandu des
copies dont une au moins doit se trouver à Monaco.
' Archives de Xlonaco, Xlaisoa princière, C. 22. — Le l**^ mai 1733, Pli il. -
Mex\s (îobert donne quittance d'un acompte de 300 1., au nom de son père.
Ibid. et H. 47.
304 PIERRE GOBERT
Nous arrivons au grand tableau de famille auquel il a dôjà vie
fait allusion; nous le reproduisons d'après un cliché exécuté avec
Tautorisation de S. A. S. le prince Albert, et à ses frais. C'est par
erreur que, dans notre premier mémoire, nous avons voulu y voir
Honoré Grimaldi, duc de Valentinois et sa famille; il représente en
réalité Jacques de Matignon, Louise-Hippolyte, princesse de
Monaco, sa femme, et leurs six enfants. liOuise-Hippolyte et son
mari dominent d'une sorte de fenêtre la terrasse sur laquelle sont
groupés les enfants. Au centre, Mlle de Monaco, morte religieuse
visitandine à Paris; elle appuie son bras droit sur Tépaule de sa
jeune sœur, Mlle d'Estouteville, qui joue avec une colombe. A droite
de .Mlle d'Estouteville se tient d'abord François-Charles, comte de
Torigny puis de Carladès (1726-1743); à droite de celui-ci est
assis le comte de Matignon (1722-1749). Le marquis des Baux,
assis à gauche de la princesse Charlotte, caresse la tète d'un chien ;
l'enfant qui joue avec un singe, dont la laisse est dans la main de
François-Charles, est le comte de Valentinois (V. la planche ci-
contre) ', Palais de Monaco, Salle du Trône y n* 15 du Catalogue
qui l'attribue sans hésitation à Van Loo Carie, cette fois, malgré
toutes les raisons prouvant qu'il est de (îobert. L'allusion qui y est
faite dans la lettre d'avril 1733 peut ne pas sembler démonstra-
tive, mais une quittance du 12 décembre 1733 pour un acompte
de 300 francs * a sur le tableau de famille qu'il fait pour moy, »
est formelle. Le catalogue des tableaux k qui estoientdans la mai-
son de Passy que M. le duc de Valentinois a achepté en 1736 i>,
comprend cette toile au nom de Gobert, 1733\ Enfin c'est bien
Gobert qui l'expose au Salon de 1737*. Mais cette persistance à
donner à Van Loo les œuvres d'un autre fait mieux apprécier
qu'une longue dissertation la valeur de cet autre.
Nous terminerons sur une quittance qui, sans nous révéler un
portrait original, nous paraît mériter d'être transcrite :
J'ay receii de Monseigneur le duc de Valentinois deux louis dor valant
quarcnte huit livre pour le payement de la copie en buste de feu Monsci-
> Planche XI 1.
* .archives de Monaco, Dépenses du duc de Valentinois/ H. 47.
' Archives de Monaco, Maison princière, c. 22.
* Fit non 1787, conune nous Va fait dire une coquille typographique ina-
perçue.
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A PROPOS D'LN « VAN LOO > ET D'UN t hARGILLlÈRB * 30j
gneur le Grand comte d*Arinagnac, dont je tient quile Mondit seigneur de
laditte copie.
Fait à paris ce 23 mars 1728, Gobbrt.
P.'S. — Un malentendu constaté trop tard a fait qu'une
planche annoncée dans le volume de J903, page 136, n'a pas été
gravée. L'occasion se présentant de réparer cette omission, le
Comité a bien voulu proposer de joindre an présent mémoire la
reproduction du portrait ci-contre, un des plus remarquables de
Gobert ' .
Larchaot, janvier 1006.
Eugène Thoisox\
Gorreipondant du Gomité,
à Larchant (SeiDe-et-Marn^).
XVI
A PROPOS n'UN u VAK LOO r> ET DLM u LARGILLIÈRE îi
LES OEUVRES D'ART
DU CHATEAU DE MAUDÈTOUR-E!V-VEXIN
Si Ton avait à sa disposition les inventaires des mobiliers qui
ornaient jadis les anciennes demeures seigneuriales, on serait
étonné du nombre et de la valeur des œuvres d'art qu'elles conte-
naient. xMal heureusement, un certain nombre de ces richesses
artistiques ont disparu et, souh le marteau impitoyable du com-
missaire priseur, se sont dispersées aux quatre coins du ciel. Quel-
ques-unes dé ces œuvres signées des maîtres de la peinture sont
allées orner les étalages d'antiquaires; très peu ont trouvé un
asile honorable, à l'abri des vicissitudes si fréquentes à noln'
époque.
Ces réflexions nous ^ suggérées, a u mois de janvier dernier,
— au cours d'une exe dans le Vexin, — par la lecture d'un
inventaire très curieux ous avait été confié avec la meilleure
' Voir ci-dessus lu plaoctie \LVII.
1
306 A PROPOS DIX « VAX LOO * ET D'UN • LARGILLIÈBK •
<{ràcc par les aimahlos riiàtelains do Maudéfour', M. le comte ei
Mme la comtesse R. de Rancher.
Le château de Maiidétour (canlon de Magiiy-en-Vexin), est
assis sur un contrefort du plateau d'Arthies, à huit kilomèti-es de
]Ua<{ny. La famille de Raucher le possède depuis 1700. Il est inté-
ressant, non seulement par a ses jardins dessinés en partie par
Le Nôtre', mais aussi par certains duels retentissants, pour la
notoriété des Rubentel, par les souvenirs, toujours bien conservés
de la duchesse de Berry, et particulièrement par les quelques
œuvres d'art qu'il renferme. Le château actuel, qui a remplacé le
manoir sei^jneurial du u Grand Maudétour', édifié dans le lieu
dit le « désert * « , date du commencement du dix-huitième
siècle. Il a très bel aspect et s'annonce avantageusement par une
jolie avenue de tilleuls. Cette avenue fait face à une grille latérale
donnant accès dans une grande cour où sont construits les com-
muns. A gauche, se trouve un bastion carré encadré, de chaque
côté, par une rangée de tilleuls formant terrasse et d'où Ton jouit
d'une vue magnifique; à ce bastion vient aboutir une autre
avenue, se dirigeant, vers l'intérieur du parc. La façade princi-
pale du château, tournée vei-s le village, est précédée d'une cour
d'honneur, limitée, d'un côté, par une aile du château, de l'autiT,
par la chapelle.
Beaucoup des objets d'art énumérés dans cet inventaire ont éfé
adjugés, en 18()8, pour un prix très inférieur à leur valeur: plu-
sieurs ont pu être sauvés du naufrage par M. et Mme de Rancher
<|ui, avec un goût très sûr et guidés par un sentiment filial, se sont
fait un devoir de recueillir, dans la mesure du possible, les épaves
artistiques, nobles débris du patrimoine des aïeux.
\Iais, avant de parler des deux toiles maîtresses de Van Ia>o et
de Largillière qui font l'objet de cette étude, nous nous permet-
trons de faire un rapide résumé des objets d'art de quelque valeur
qui sont portés à l'inventaire.
' Canton de Magny-fin-Vexin (Seine-cl-Oisr).
' Cf. An'drv. 1835 ; Statistique du canton de Mngny^ art. Mmtdétour,
' Désignation qui remonte à l'adjudiration des biens décrétés sur Guillaume
de l'Etang, en l'V73.
^ Monographie communale de Maudétour, par G. Pikrr«, instituteur (ms.
au cabinet de Tlnspection académique, h. Versailles}.
A PROPOS D'UN t VAN LOO > ET D'UN « LARG1LL1ÈR£ • 901
* ♦
Les inventaires sont arides, mais non stériles, et bien que leurs
indications soient sommaires, on y glane, cependant, de curieux
détails. Nous allocis recourir à VInventaire du château de Maudé-
tour, par Desanne, notaire à Paris ^ du 2 novembre 1848. De
cet inventaire, très détaillé, nous écarterons le mobilier ordinaire
pour nous attacher à Télégance, à la richesse artistique d'un chà*
teau campagnard au milieu du dix-neuvième siècle.
... A la requête de Clairet, notaire à Paris, rue Louis le-Grand, 8,
coiimie exécuteur de Madame Marie Louise Georgctte Sarbourg, veuve de
M. Joseph Roch, suivant le testament de cette dame en date, à Versailles,
du 6 février 1845...
Portraits et objets d'affectation de famille au château de Maudétour.
Quant à deux cadres comprenant chacun cinq médaillons avec portraits
et cheveux * et h treize antres cadres renfermant aussi des portraits, ils ne
sont autrement désignés, ni prisés, suivant i*usage, attendu qu'ils sont
portraits et objets d'affectation de famille.
Six petits groupes en ivoire sculpté, sujets de sainteté ; deux petites
coupes en biscuits. Une tasse et sa soucoupe en ancien Sèvres, pâte tendre,
fond bleu k rubans et guk*lande de fleurs, estimée. 30 fr.
Un meuble eu acajou couvert de damas, fond bleu soie et vert. 200 fr.
Un très joli groupe en biscuit de Sèvres représentant le Triomphe de
Diane, d*une hauteur de O^^GO, sur socle en bois d*acajou orné de bronze
avec piédestal en acajou. 460 fr.
Deux jpetites gravures coloriées, vue du château de Rosny *, dans leur
cadre en bois doré. 5 fr.
Une petite marine peinte en bleu sur tôle (?).
Deux tableaux faisant pendant : Intérieur d'estaminet, par Braun.
Un paysage sur bois, par Paul Brele.
' Ces médaillons existent dans le salon ; on lit, sur le milieu de l'encadre-
ment : cheveux de Henri U, de C/titrles X, dit Dauphin, de la Dauphine, de la
duchesse de Berry et de Mademoiselle, donnés par les princes à M. le comte
de Rancher, 1834.
* Ces gravures se voient dans la chambre n° 1 ; elles portent, sur le bord
inférieur du cadre, cette mention : > donné par son Altesse R., Madame
Duchesse de Berry. A M. Roch;. Marie Caroline fecil 1823. t
308 A PROPOS D'UN • VAN LOO * ET D'UN « LARGILLIÈRB •
Un tableau : Intérieur rustique y par Mallet. 50 fr.
Un tableau : Rome à la manière de Bebiane.
Un petit tableau sur bois : Effet de lumière à la manière de Shalcher.
Deux paysages par Du val ; deux autres : Moulin et Chute deau.
Deux dessins coloriés par Brune, chacun. 30 fr.
Un tableau de T école flamande : la Pileuse.
Un sujet romain par Lagrené.
Dans le boudoir :
Un petit tableau rond : Paysage.
Deux tableaux sur bois et deux paysage et marine.
Une croix de Saint-Louis émail. 30 fr.
Une décoration de Tordre de Saint-Jean de Jérusalem, en basoche-cuivre
doré et émaillé. 12 fr.
Un tableau : Intérieur de corps de garde.
Deux grands tableaux, peints sur toile, représentant : Tun, une Scène
de diseuse de bonne aventure, et Fauti-e, une Scène de saltimbanques, et
deux autres petits tableaux, aussi peints sur toile, représentant un paysage,
tous quatre dans leurs cadres bois doré. 120 fr.
Une jardinière, en porcelaine, à sujets peints. 20 fr.
Un portrait de la princesse, dite Madame, sur toile et dans son cadre
forme ovale en bois doré et sculpté.
Un tableau sur toile de Técole italienne : la Vierge, VEnfant Jésus et
un ange ■ .
Six autres portraits peints sur. toile, dans leurs cadres de bois doré
forme carrée et représentant :
Louis XIV,
Louis XV,
Louis XVI,
Louis XVI 11,
Cbarics X.
Un portrait du comte de Chambord. 200 fr.
Dans le salon octogone :
* iVous ne nous arrêterons pas à décrire le mobilier des autres pièces du
château et nous nous contenterons de relever les détails intéressants que
voici :
Méfiance, d'une composition très personnelle, et V Angélus, deux jolis des-
sins au crayon qui ornent la pièce consacrée, au premier étage, aux archives.
Ces dessins mettent en évidence un artiste aux aptitudes variées de modeleur
et de dessinateur. Toutefois, on devine que le dessin à la plume est Tart favori
de l'artiste, dont le talent a été très apprécié dans le Vexin. iVous avons
nommé Victor-Toussaint Hébert (1842, mort en 1904), qui a donné, au château
de Maudétour, deux de ses plus originales conceptions.
A PROPOS D'UN « VAN I.OO • ET D'UN • LâRGlLLtÈRE > 309
Sept m^aillons peints, vues et paysages.
Un petit tableau, peint sur cuivre, représentant la Sainte Famille.
Gravures et dessins dans leurs cadres et dix portraits. 70 fr.
Deux petits groupes en biscuit de Sèvres, sur leur socle et dans leur
verrine.
Un dessin de sainteté, bordé et sur soie, dans son cadre de bois doré et
noirci; quatre lithographies et portraits dans leurs cadres.
Un bénitier en porcelaine peinte et dorée. 28 fr
Un portrait de Charles \ en son cadre de bois doré. 13 fr.
Six gravures dans leurs cadres en bois doré. 75 fr.
Un grand tapis, dit écossais, trois carreaux de pieds. 70 fr.
Une table à rallonge, dite à l'anglaise.
Une statue en plâtre ' . 1 2 fr .
Un grand tapis en moquette, avec boi*dure d'encadrements et & dessins et
ileufs sur fond blanc. 200 fr.
Une armoire ancienne en bois de hêtre et à deux grands vitraux.
Trois vieux lambrequins en soie cramoisie.
Une lorgnette en ivoire garnie en cuivre.
Une paire de pistolets anglais.
Une tabatière à musique. 75 fr.
Un piano en bois d'acajou ù six octaves et demi signé « Walher à Ver^
sailles ».
Ajoutons à la u prisée de Tameublement des tableaux » : deux théières
et un pot à crème en terre de Wood-Wood. 10 fr.
Vingt-six médailles en bronze, dont les portraits de Charles X et de
Louis X.VI1I, estimées. 20 fr.
* C'est le buste en plâtre, bien ouvragé et artistcmeot fouillé, du maréchal de
lUliocourt, qui est représenté la tête nue, légèrement tournée adroite. Le buste
biea proportionné , de taille grande — 95 centimètres de hauteur sur 35 de
large : le socle qui le supporte a, en lettres gothiques, cette inscription :
CLAUDB GUILLAUUB TESTU MARQUIS DB
B4L1NC0URT. If*' DB KRANCB CUBVAURR OBS
ORDRES DU ROI GOUVERNEUR DZ STRASBOURG
MORT LK 12 UAI 1770 ÂGÉ DE 91 AXS.
A* sa mort, son neveu. le comte Louis, pour payer ses dettes, vendit par acte
<ievânt Guillaume, notaire à Paris, les 7 et 2^ novembre 1784. la terre de
Nfesle-la- Vallée. Mme de Genlis, dans ses Mémoires, parle du maréchal et de
son neveu dans ces termes : « Le comte Charles-Louis de Balincourt était, à
40 ans, un original et un prodigue « d'une gaieté si folle, qu'on ne pouvait dis-
tinguer, à travers ses extravagances, ses niches, ses espiègleries, s'il avait ou
non de l'esprit; mais il avait, dans toute sa personne, un tour original et un
1 naturel qui le rendaient amusant. Il n'était raisonnable qu'avec le marëclial de
i ikilincourt, son oncle et son bienfaiteur.
310 A PBOPOS D'UN « VAN LOO ■ ET D'UN • LARGILLIERE t
Un certain nombre de ces toiles existent encore au chàteaji de
Maudétour.
En dehors de deux peintures magistrales dont il va être ques-
fion, et dont Tune a disparu, six autres toiles en bonne facture
ornent les murs du salon. Ce sont des tableaux de famille. L'une
d'elles mérite une mention particulière. C'est celle de Aime Rocb,
en costume Directoire'. Vêtue d*une robe mauve, le sein à demi
découvert, elle s'accoude sur le bord d'un guéridon que recouvre
un lapis de roses. Sur le côté droit d'un œil ressort une légère
grosseur, et on remarque qu'une des mains a été mal rendue par
le peintre. Ce qu'il y a de particulier et d'intéressant dans ce
tableau, dont le cadre carré (O'^jOS X ^'■»65) est d'une date
antérieure, c'est que les cheveux du sujet sont soutenus par un
turban dont l'introduction en France est due à Mme de ^aël.
Les étoffes sont lourdes, à la façon de Greuze.
Mous avons aussi examiné un portrait de femme vue de face, au
corsage rouge, dont une manche est de même couleur et l'autre
bleue (85 X 65). La famille de Rancher suppose qu'il représente
tt Marguerite Guillemette-Testu de Balinrourt, épouse de Antoine
tt de Rancher, seigneur des terres, domaine, fief et seigneurie de
tt Maudétour » . Il est d'une bonne facture ^.
Signalons, en passant, une toile de forme ovale, non signée :
l'Amour et un lableau style Louis XVI représentant deux frères,
— dont Tun, Charles Paulin de Rancher (1793-1866) figure
seul sur un portrait du salon, — et leurs sœurs. En outre, deux
portraits de chevaliers de Malte de facture médiocre. Au milieu de
Tescalier intérieur, une toile (l",20 x 0",93) détériorée par
l'humidité, représente un abbé; c'est « noble homme Guillaume
Rubentel, prieur de Notre-Dame au prieuré de Courtenaye en
1593. r* Toutes ces toiles ne méritent qu'une mention rapide.
Aussi nous terminerons là ce rapide exposé, pour revenir à un
Louis XV de Van Loo, et à une toile de Largillière.
Nous avons dit que la première de ces toiles avait été vendue en
1868 et ne faisait plus partie du mobilier de Maudétour. Néan-
moins, nous avons eu la bonne fortune d'en retrouver la trace et
de recueillir, à son sujet, certains détails intéressants qui prouvent
' Voir ci-contre la plaDclie XL VIII.
* Voir ci-contre la planche XLIX.
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A PROPOS D'UN « VAN LOO > £1: D'UN • LARGILLIÈIIË t 311
manifestenaent son authencitc. En effet, un carnet de notes de M. le
docteur Caron, médecin à Arlhies depuis trois quarts de siôcle,
nous fournit, dans les termes suivants, des données nouvelles :
tt Un tableau Louis XV très disputé à la vente de 1868, admi-
rable Van Loo, vendu à un marchand de tableaux de la rue de
Cbàteaudun, la somme de 1,200 francs. Les belles choses n'ont
pas été vendues leur prix à cette vente; tels, les panneaux de la
salle de billard, v
On se demande si le portrait de Louis XV n'a pas été fait par
ordre du roi, pour être donné à a son courtisan le comte Antoine
de Rancher, conseiller, en juin 1720, à la deuxième chambre des
enquêtes au Parlement de Paris *. m Ces sortes de libéralités, assez
usitées, étaient fort appréciées par ceux qui en étaient Tobjet.
\l. le docteur Caron, s'appuyant sur la tradition, semble par-
tager notre avis. tt(> tableau, aux dimensions énormes, couvrait
le fond du salon, n On sait que, après sa ruine, à la suite de la
débâcle de Law, le peintre Van Loo fil, de mémoire, le portrait
du jeune roi Louis XV, qui lui commanda plusieui*s copies de sa
toile et un portrait équestre. Louis XV du château de Maudétour-
en-Vexin était certainement de Van Loo dont le talent fut réel,
bien qu'un peu superficiel.
Les amateurs nous permettront de leur signaler ce détail que le
docteur Caron a pris grand soin de noter : « En même temps que
la vente de la main de justice de Maudétour, par M"* Bergeron,
notaire à Magny-en-Vexin, et Godin, avoué, on a mis à prix un
tableau de Largillière, d'une belle couleur, représentant « une
femme noble en costume Louis XV « . Ce tableau doit être men-
tionné parmi les meilleures peintures du Van Dyck français :
Xicolas Largillière '. La beauté du coloris est riche et harmonieuse,
* Soiyneur de Maudétour, la Brclèclio, Mézières. \é en 1695, il est mort en
1779; il avait vendu sa charc^e en 1747 et était nommé, la mùmc année, con-
seiller honoraire. Il fut Tune des personnes qui se sont le plus occupés de la
route actuelle n** 14 de Paris à Rouen; les habitants de Ma<jny lui ont voté dos
remerciements dans une délibération du 4 mars 1765 ^.
^ .archives de la ville de Jklagny. Registres de délibérations t sans cote.
' En 1887, Mme Louise de Rancher, mariée à M. de Lema, iillc de Charles
de Rancher, propriétaire en Bretagne, demanda cette peinture pour en faire
un portrait-copie. Les amateurs délicats regretteront qu'elle ait eu la malen-
contreuse idée de retoucher la partie inférieure de l'original .
3]i A PROPOS n^IJ\ t VA\' LOO > ET DIK i l.AHGlLLlÈBB «
la fraîcheur du Ion étonnante; le dessin (0",85 x 0",65) sans
être d'une correclion absolue (telle la main droite tenue par
rextrémitédes doigts de la main gauche), est cependant gracieux.
La femme est assise; la tète tournée à gauche, elle a un collier de
perles au cou, un bouquet dans la chevelure, un nœud sur la
poitrine; les draperies amples et souples, bien jetées sur le bras
gauche, sont parfaitement disposées pour TeOet général. I^a
légèreté de touche de la tête et des mains révèle un soin et un art
dignes des plus grands maîtres.' Dans ses portraits, dont on évalue
le nombre à plus de quinze cents, IVicolas Largilliére excellait
surtout dans ceux de femmes, dont il rendait, avec uo rare
bonheur, la physionomie, le caractère et la grâce *. Par quel
concours de circonstances fut-il amené à exécuter ce portrait?
La question est posée. Aux amateurs de la résoudre. L'attribu-
tion de ce tableau à Largilliére est basée sur les relations ayant
existé entre son père originaire de Beauvals, la famille d'Abos
et celle des Rubentel ', seigneurs de Maudétour. Voilà, ce nous
semble, un renseignement bien précis. Rappelons que c'est
ainsi que Ton explique l'origine, à Maudétour, de meubles de la
manufacture Deaiivais. Nous nous en rapportons à nos hono-
rables collègues du comité des sociétés des beaux-arts des dépar-
tements, pour juger si cette attribution est suffisamment établie.
Louis-Denis de Rubentel et Gabriel d'Abos de Binanville, son
épouse, et Antoine de Rancher au droit de Elisabeth de Rubentel,
son épouse, possédaient Maudétour en 1669* n. C'est pour cette
dernière que Largilliére fait le portrait que nous étudions.
Comme l'a écrit Alexandre Lenoir en parlant de la ressemblance
frappante des personnages de Largilliére, on aura, en examinant
la toile de Maudétour, une idée exacte du talent de cet habile
* Voir ci-contre la planclie L.*
* L.-D. de Rubeatel, mattre d*hâtel de la reine, demeurait k Paris, rue
Pérou, quartier de Boucot. Dans le rôle du 4 mars 1649, « dixainc de la
Grange «, il est taxé de 3,000 livres pour Tarmement et de 30 livres par mois.
(Arch. nat., !!« 185, f" S33). Les Rubentel («for à 3 quiute de gueules posées
2 en cher et 1 en pointe) ont été seignrurs de Maudétour de 1250 à 1701.
*' Manuscrit en la possession de M. Charles Crété, instituteur à Maulc (Seine-
et-Oise) et intitulé : « Ktat et mémoire en forme d'ini'entaire perpétuel conte-
nant la description par extraits de tous et uu chacuncs et les titres et papiers
de la di'c seigneurie de lilaudétour. i
L
'"i'"*^*Pâge 312.
^i^S^^ÎIi^3|ctl*if i#l) É T 0 L R
" m^Zmf^Z'ijft «3!?» «S» «9S?» m^Z
•^» «^^ "^^ «^^ «^^ «^^ «^^ «yg*
JULËS-ËDOUARD DB MAGY 31»
peintre. Le portrait qui nous intéresse, d'une facture magistrale,
n été estimé 15,000 francs, nous a-t-on affirmé tout récemment;
M. Sedel Meyer ', propriétaire du château d'Ambleville, près Mau-
détour, nous écrit que le vernis des tableaux qui nous intéressent
est décomposé et opaque, mais que la valeur de celui que nous
signalons est hors de pair.
\ous avons été heureux de consacrer à dés œuvres d'art, d'une
réelle valeur, cette page de renseignements nouveaux, modeste
contingent apporté à Fart français, en contribuant à la vulgarisa-
tion de ses chefs-d'œuvre et à la glorification de ses interprètes.
Et c'est pour nous une grande satisfaction de constater que si,
malheureusement, le tableau de Louis XV de Van Loo a disparu,
il nous reste, dans notre vieille terre du Vexin, un superbe, et
ajoutons, authentique Largillière.
Léon Pla\gouard,
Correspondant du ministère de Tlnstruction
publique, et du Comité des Sociétés des .
Beaux- Arts des départements.
XVII
JULES-ÉDOUARD DE MAGY
PEINTRE MARSEILLAIS
1827-1878.
En 1897,- au cours de mon mémoire sur le maître provençal
Emile Loubon, j*ai cité le nom de quelques-uns de ses éli!îves; je
viens, cette année, donner des notes biographiques sur l'un d'eux,
elles seront peut-être utiles à Thisloire de notre art local.
De Magy, d'origine marseillaise, est né à'Melz le 24 mars 1827;
son père, officier supérieur d'artillerie, était en garnison dans
cette ville, lorsqu'un jour étant à chasser sur les bords de la
Moselle, un de ses amis, par mégarde,' le tua d'un très malheu-
» Toile estimée 30,000 francs en 1902, au décès de M. René-Clément-
Antoine Pierre, comte de Raucber, maire de Maudétour.
' Tableaux^ estampes, 6. rue La Rochefoucauld, Paris.
314 JLLfiS-ÉDOUARU DB MAGY
reux coup de fusil! Désolé de faire un orphelin, cet involontaire
meurtrier prit Tenfant sous sa protection et en fit son héritier.
Magy, encore en bas âge, fut envoyé à Marseille pour être confié
aux soins de deux parentes. Ces excellentes femmes, que Tor-
phelin vénérait, « mes bonnes tantes », disaif-il, l'entourèrent
d'une constante sollicitude. Magy fut mis auliycée de Marseille oii
il poursuivit ses études jusqu'en seconde; mais, comme il était
tourmenté du grand désir d'être arliste peintre, il entra tout jeune
dans l'atelier de Loubon.
Magy était d'une nature distinguée; il avait de l'esprit, la
repartie prompte et spirituelle, tr«»s observateur; en quelques
coups de crayon il indiquait le coté grotesque d'un personnage.
Cependant cette faculté ne fut qu'un amusement, car il n'a jamais
été caricaturiste de profession; en pratiquant son art, il visait
autre chose. Ses débuts, qui furent heureux, n'étaient pas sans
rappeler le maître; ses premières sensations lui vinrent un peu
de l'atelier. C'est ainsi qu'en 1847, il exposait à Marseille deux
toiles qui laissaient entrevoir que le maître n'était pas loin.
Ses premières impressions lui vinrent de la I^'ovence. En J8i7,
il débuta à Mareeille en exposant deux loiles ayant le même titre
n" 186-187, Paysage et animaux.
Jusqu'en 1857 il est toujours épris de la Provence (cependant
il habite Paris), son esthétique change, il se laisse tenter par la
peinture de genre; c'est alors qu'il expose au salon de 1859 un
Foyer de saltimbanques et Vendanges en Provence. Je ne refien-
drai que la première toile, œuvre charmante dans laquelle il se
montre spirituel et très observateur : la Roulotte aux panneaux
jaunes est en panne sur un coin de terrain; on donne la provende
au cheval, véritable haridelle efflanquée, dont la note blanche fait
le clou du tableau; un clown en souquenille claire rayée de rouge
tient, sous la tête de l'animal, une manne et lui donne sa pâture;
un autre clown, debout à droite, et une femme assise au fond, sur
les marches de la voiture, complètent cet ensemble bien groupé,
tout cela exécuté d'une touche fine et d'une couleur grise pleine
de distinction. Magy a donné là tout ce qu'on pouvait espérer d'un
cerveau spirituel et délicat plutôt que grandiose. Cette toile,
acquise en 1859 par la société des Amis des arts, a fait partie des
lots que cette société distribuait à ses actionnaires par la voie du
i
»
JULES-EDOUARD DB MAGY 315
sort; elle a été gagnée par le ceirle des Phocéens, à Marseille, où
elle se trouve encore.
Fromentin disait : u A toutes les époques, il s'est trouvé des
gens à qui les pieds brûlaient de s'en aller ailleurs » .
Magy n'a pas échappé à cette fièvre, il a voulu, comme tant
d'autres, faire de TOrient. En 1861, il délaissa la Provence et
partit pour Alger avec son ami Viclor Huguet, élève de l.oubon.
Magy a-t-il bien fait? Il me semble que non : celui qui se laisse
entraîner par un exemple quelque brillant qu'il soit ne sera qu'un
imitateur, on le comparera à ceux qui Tout précédé et ce sera
toujours à son désavantage.
Notre peintre, après avoir voyagé environ trois années sous
Tardent soleil africain, revint à Paris avec de nombreuses éludes
et d'excellents souvenirs. C'est alors qu'il exposa celte série de
sujets ayant trait à la vie nomade des Arabes.
Cependant, préoccupé du désir de mieux faire, Magy voulut
agi*andir son objectif; il fit de la peinture historique en costumant
en Arabes des sujets empruntés à la Bible. En 1865, il expose,
à Paris, au numéro 1414 du livret Ruth et Boos et au numéro 141 5
Agar chassée par Abraham.
En 1870, l'année désastreuse, Magy expose à Paris un sujet
algérien et, sous le n* 1828, Jardin à Meudony oasis de verdure
où il aimait à travailler et que l'ennemi détruisit. Le coup fut
cruel. Profondément atteint par ce désastre, l'artiste ne s'en releva
pas. Découragé, il vint à Marseille chercher un séjour plus tran-
quille. En 1871, il opta pour la France, car nos défaites en avaient
fait un étranger; après avoir exposé jusqu'en 1876 à Paris et jus-
qu'en 1867 à Marseille, Magy succomba presque subitement le
6 juillet 1878, emporté par une hypertrophie du cœur. Magy était
marié et a laissé postérité.
Le Musée de Marseille possède son tableau de Rulhet Booz.
Bolillox-Landais,
Membre de la commisioji de surveillance
du Mu.sée des Beaux-Arts de Marseille,
conservateur honoraire de ce Musée,
correspondant à Marseille des comités
des sociétés des Beaux- Uts des dépar-
tements'
316 jules-édouârd de magy
Salon marseillais
1847
Magy (Jules), élève de M. E. Loubon, Cours Julien, 23, à Marseille.
X*» 186 Paysage et Animaux.
187 Paysage et Animaux.
Salo?«î de Paris
1853
iMagy (Jules-Edouard), né à l^letz (Moselle), élève de M. Emile Loubon, k
Marseille, Cours Julien, 23, et à Paris chez M. Souty, place du Louvre»
18.
X' 791 Lisière d'un bois de pins, été (Provence).
792 Vendanges en Provence.
1852
Macy (Jules), Cours Julien, 23, Marseille.
\" 259 La Forêt de pins du château des Tours.
a Paysage d'été, effet du milieu du jour. »
260 Soleil levant d'octobre.
1853
Magy (Jules), Cours Julien, 23, à Marseille.
X» 203 La veille de la Fête de la Pentecôte dans la forêt de la Sainte-
Beaume.
1854
Magy (Jules), Cours Julien, à Marseille.
X" 216 Vendanges.
217 Premières frondaisons.
1855
M/\(îY (Jules), Cours Julien^ 23, à Marseille.
X** 257 Le pont sur le ravin.
258 Les coteaux de Mejean.
259 La saison des guérets.
1858
Magy (Jules-Kdouard) , né à Marseille, 8, rue de Douai, 15.
X* 307 Le retour de la journée.
1859
Magy (Jules-Kdouard) , né à Metz (Moselle élève de M. E. Loubon, rue
de Douai. 59, à Paris.
X" 312 La fenaison en Provence.
iULES-ÉDOUARD DE MAGY 317
1860
Marseille. •
Magy (Jnles-Edouard), né à Metz (Moselle), élève de M. liOubon, rue La-
martine, 50^ Paris.
N« 280 Les Saltimbanques.
1861
Marseille.
Magy (Jules-Edouard), né i Metz, élève de M. Lonbon^ rue Lamartine, 50,
Paris.
N« 243 Un Marcbé A Sainl-Jean-de-Luz
1862
Marseille.
Magy (Jules-Edouard), né à Metz, élève de M. Loubon, Paris, rucliamar-
tine, 50.
N*" 221 Plage marine.
222 Femmes de Saint4ean-de-Luz.
Exposition universelle
1855
Paris.
Magy (Jules-Edouard) , né à Metz (Moselle), élève de M. K. Loubon, à
Marseille, Cours Julien, 23, et à Paris, chez M. Souty, place du Lou-
vre, 18.
N* 3633 Première frondaison, Provence.
1857
Paris.
Magy (Jules-Edouard), né à Metz (Moselle), élève de M. E. Loubon, rue
de Douai, 15.
X" 1791 La fenaison (Provence).
1792 La Saison des aires dans la vallée de Sêon-Saint-Henri (Provence).
1859
Paris.
Magy (Jules-Edouard), né à Metz (Moselle), élève de M. E. Loubon, rue
de Douai, 15.
N** 2063 Un foyer de Saltimbanques.
2064 Le pressoir; Vendanges en Provence.
^IH JULES-EDOUARD DE UAGT
1864
Paris.
Magv (Jules-Edouard), né à Metz, élève deE. Loubon, rue des Martyrs, 24.
X"* 1273 Un convoi de moissonneurs dans un défilé de TAtlas.
1274 Le chevrierde Ben-Acknoum (Algérie).
1864
Marseille.
Maoy (Jules-Kdouard) , né à Metz, élève de M. Ë. Loubon.
\* 226 Un abreuvoir au pied des Montagnes Roses (Algérie).
1865
Marseille.
Magy (Jules-Kdouard), élève de M. E. Loubon, Paris, rue des Martyrs, 24.
\" 210 Abraham et Agar.
Salon de Paris
1865
]\Iagy (Jules-Kdouard) , né à Metz, élève de M. E. Loubon, rue des Mar-
tyrs, 24.
N« 1414 Ruth et Booz.
u Elle dormit donc à ses pieds jusqu'à ce que la nuit fût passée;
et elle se leva le matin avant que les hommes se pussent
reconnaître. » (La Dible. Le livre de Ruth.)
1 415 Agar chassée par Abraham.
1866
Marseille
Magy (Jules-Edouard), élève de M. E. Loubon, Paris, rue des Martyrs, 24.
X" 202 Convoi des moissonneurs kabyles daneun défilé de TAtlas (Algérie).
1866
Paris.
Magy (Jules-Edouard), né à Metz» élève de M. E. Loubon, rue des Mar-
tyrs, 24.
\" 1288 Razzia.
1867
Marseille.
Magy (Jules-Edouard), né à Metz, élève de M. Loubon, Paris, rue des
Martyrs, 24.
\° 210 Le Siroco.
JULES-KDOUARD DR \IAGY 81î>
1867
Paris.
Magy (Jules:-Kclouai*d), né à Metz, élève de M. E. Loubon, rue des Mar-
tyrs, 2i.
K" 3013 L'Achoui* (perception de Timpôt chez les Arabes).
MU Le Siroco.
Exposition universelle
1867
Magy (Jules-l!!douard), né h Metz, élève de Emile Loulwn, rue des Mar-
tyrs, 24.
X*" 439 Les Kabyles moissonneurs ; salon de 1863, Musée de Chaumont.
440 Convoi de moissonneurs dans un défilé de T Atlas, salon de 1864.
1868
Paris.
Magy (Jules-Kdouard), né à Metz, élève de M. E. Loubon, rue des Mar-
tyrs, 24.
\« 1644 L'Abreuvoir (Algérie).
1645 Une tente chez les Oulcd-Ma^ls.
1870
Paris.
Magy (Julcs-Kdouard), né h Metz, élève de M. E. Loubon, rue' des Mar-
tyrs, 20.
\» 1827 Le marché de Médéah (Algérie).
1828 Jardin à Meudon.
1873
Marseille.
.Magy (Jules-Kdouard) , né à Metz, élève de M. Loubon, rue de Douai, 65.
\» 984 Pleine lune de juin dans la Mitidja (Province d*Alger).
1876
Paris.
^4 Magy (Jules-Edmond), né â Metz (Moselle), élève de M. Loubon, à Mar-
seille, boulevard de Longchanip, 90, et à Paris chez M. Gauthier, rue
Le Peletier, 47.
\* 1374 D'EI-Kantara à Biskra (province de Constantine) . Clair de Lune.
1375 Le Lion (Algérie).
320 HËKLtN
XVIll
HËRLIX (AlJGlSTE-JOSEPH)
ARTISTB PRINTRE (1815-1900)
La situation d'Auguste Berlin» sa fortune, son indépendance
artistique, sa modestie et son désir de ne pas paraître, font de iiiî
un artiste, qui n'avait ni les goiits, ni les l)esoins de ses collègues.
Peignant bien, très bien même, abordant des genres différents,
réussissant en tout, il a laissé un très grand nombre de dessins
exécutés avec soin. Ses œuvres sont restées dans^sa famille; sou-
vent même on en offrait quelqu'une pour des tombolas de bienfai-
sance.
A part quelques-uns de ses tableaux, ses oeuvres n'étaient pas
connues, c^r l'auteur n'avait participé qu'à un petit nombre d'ex-
positions.
C'était un bomme aimable, instruit, bon, bienveillant pour tout
le monde, fin et agréable causeur, aimé de tous ; il a rendu notam-
ment de grands services au musée de Lille, dont il fut le conser-
vateur aussi compétent que dévoué. Ces quelques lignes étaient
utiles avant de commencer la notice sur notre artiste.
Herlim (Auguste-Joseph) est né à Lille le 18 août 1815. Il était
le fils de Joseph Herlinetde Julie Desrousseaux, appartenant tous
deux à des familles lilloises '.
Il avait une sœur et quatre frères, tous admirablement doués
pour les lettres et les sciences.
Il fit ses études au collège communal de I Jlle.
Quoique son père fut négociant et qu'il fût lui-même destiné à
continuer avec un de ses frères les affaires paternelles, Auguste
Herlin se sentait irrésistiblement attiré vers le dessin, veï-s la
peinture. Il désirait ardemmeni suivre l<^s cours de Souchon, din»c-
teur des écoles académiques, élève de David et qui faisait de très
* Ville de Lille. Extraits du registre aux actes de naissance pour Vannée
1815. 11 appert dudit registre que le 18 aoiU 1815 est. né Herlin .Auguste-
Joseph, fils létjiiime de Jeao-Xoël- Joseph' et de Julie-Joseph Desrousseaux.
wg'^^^m^^^^^^^^^'^glf,^^^i/'^ff^^^ 1
I
UKRLIN 331
bons élèves. Ses parents ne s'y opposèrent point et ce fut sans
jamais quitter Lille, qu'il commença et acheva ses études artisr
tiques.
II remporta deux médailles (médaille de T* classe en 1843).
Jusqu'à Tàge de trente-cinq ans, il demeura associé avec son
frère', dans la maison de commerce. Mais vers 1850, il aban-
donna sa place dans cette association industrielle, au profit de son
plus jeune frère.
Ses adieux faits à tout jamais au négoce, il se consacra entière-
ment à la peinture et dessina avec acharnement d'après nature.
Souchon, qui mourut à Lille, le 5 avril 1857, était à bon droit (ier
de son élève. Celui-ci abordait, avec un égal succès, les genres les
plus variés. Il s'était laissé surtout séduire par la vie campagnarde.
Plusieurs années avant que Jean-François Millet eut songé à immor-
taliser l'existence des paysans dans ses dessins, ses pastels et ses
tableaux, Auguste Herlin avait exécuté des centaines de dessins en
s'inspirant des campagnards du Nord, des paysannes surtout. Tout
cela e^t enlevé d'un trait rapide, d'une rare sûreté, d'une enve-
loppe bien vivante et sans la moindre lrace.de sécheresse.
Auguste Herlin a exposé au Salon de Paris : Battage du Colza,
le Viatique, VAlloir (1861)'; les Blanchisseuses (gravé en
décembre 1867 par Vlllustrated London news) ; le Train de
plaisir (1863) ; V Enterrement du pauvre au village, la Visite au
confrère (1866), la Lessive (1867). Aux expositions internatio-
nales de Bruxelles et de Londres, il a envoyé le Jardin de M. le
curé] le Bateau à herbe, le Filet et in paysage (1867). Comme
on le voit, étant données la quantité et la variété de ses œuvres,
Auguste Herlin a fort peu fréquenté les expositions.
M. Auguste Herlin appartient par sa manière à l'école de Muller,
c'est à la fois un dessinateur et un coloriste.
Sa Visite au confrère, qui a attiré tous les regards à l'exposition
de Lille, où elle a figuré avec un légitime succès à son retour de
* M. Théodore Herlin, qui s'est voué à Tétude des mathématiques et de la
physique, est auteur de plusieurs travaux estimés, notamment sur l'acoustique
musicale. 11 a publié un volume in-8*> (Lille, Danel, 1884) intitulé : Académie de
musique de Lille, 31 juillet 1816-31 décembre 1883. Notes chronologiques ex-
traites des archices. \l. Théodore Herlin est décédé vice-président de l'Aca-
. demie de musique, le S novembre 1889, dans sa 73* année.
^ Voir ci-dessus la planche LI.
ai
3SS HEBLIN
celle de Paris, est un petit chef-d'œuvre de vigueur et d'dbserva-
tiop, d'éclat et de sûreté de main ; ce tableau est un excellent spé-
cimen du style général de notre concitoyen *.
Ce tableau porte le n" 782 du catalogue de l'exposition de sep-
tembre 1866 à Lille'.
Quand il fut question de former la commission organisatrice
du Salon de Lille en 1881, lequel eut un si légitime succès,
Auguste Berlin fut choisi. Voici ce qu'écrivait à ce sujet la Vraie
France :
(> M. Herlin, petit homme à la tête blanchie, au sourire fln, au
regard doux, à la fois peintre érudit et connaisseur, ce qui ne
s'accorde pas toujoui*s ensemble. Il a le don de l'exécutant assez
pour qu'on regrette de le voir trop absorbé par les fonctions admi-
nistratives qui l'empêchent de produire. Est-ce un nomade ou un
boulevardier de Paris? Non, quoiqu'il en ait l'air, casanier Fla-
mand, il semble avoir vieilli dans les ateliers d'Aihénes » .
A cette exposition, Auguste Herlin prit part en exposant deux
tableaux sous les n" 71 J, Vendredi-saint chez les Dominicains/
712, la Soif.
M. Olivier Merson parle en ces termes de ces œuvres ' :
Ln tableau auquel son auteur, homme de goût parfait, d'un
esprit raffiné et charmant a su donner de justes proportions, c'est
le Vendredi-saint chez les Dominicains. Ce jour-là, dans toutes les
maisons de Tordre, le repas se compose de pain et d'eau, la lec-
ture est suspendue et la place d'honneur est réservée à Jésus-
Christ*.
M. Herlin nous introduit dans le réfectoire d'une de ces pieuses
* Vkrlv (Hippolyte), Essai de biographie contemporaine, in-8', p. 112,
113.
^ A l'occasion de cette exposition, on a édité un catalogue illustré avec
lithographies-charges des tableaux, intitulé : Le Bourgeois de Lille à l'exposi-
tion des Beaux-Arls de la cille de Lille. Souvenir, texte de M. Charles de
Fbanciosi, dessins par M. Jules Hknnrulin, septembre 1866, in-f^, Lille, Danel.
On lit : l.a visite au confrhe, scène d'un excellent réalisme comme idée, comme
dessin, comme couleur. Le cure qui s'essuie le front a passé par une de c€>s
chaleurs que l'on rencontre à Lille. Tu as dû voir quelque part la porte de ce
presbytère et le goulot des eaux de la cuisine dans le mur, et la vigne qui
grimpe par-dessus l'enclôture. La charge de Denneulin est intitulée : Vn pique-
nique gras et maigre.
* Los beaux-arts tV Lille. Exposition de 4881, par Olivier Mkrbo.n, p. 50.
* Voir ci-contre la planche LU.
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HBRLIN 8S3
demeures. De grands tableaux, voilés à cause de la solennité du
jour, coupent la monotonie des murailles blanchies à la chaux;
au centre du premier plan sur une petite estrade, un pupitre,
des livres fermés, un siège vide. Le siège, — le pupitre et les
livres du lecteur habituel; — et les Pères au nombre de onze, si
je ne me trompe, sont assis à une table régnant le long des
parois, au fond, et, au retour d^équerre, à droite et à gauche, un
autre Père achève de distribuer à chacun sa part d'eau et de
pain.
Au-dessus de la place réservée à Notre-Seigneur, au fond de la
salle, apparaît une croix lumineuse, signe visible de la présence
du Divin Maitre parmi ses disciples!
Je ne saurais dire combien ce tableau me séduit et me touche.
En y regardant de près, on découvre, je crois, de Thésilation dans
le travail de certains visages. Mais que tout cela est ingénieuse-
ment trouvé et sagement ordonné! Comme l'harmonie un peu
étouffée de la coloration et le sentiment intime et discret de la fac-
ture s'accordent avec le caractère de la scène! Un jour doux éclaire
cet intérieur paisible; la lumière glisse silencieusement sur les
murs, sur les personnes, sur les choses; montées en couleui*s, les
ombres ne sont ni dures, ni brusques, et il a fallu une intelligence
bien fine, un goût bien délicat pour varier, sans que l'effet parût,
Tattitude et le geste des religieux dont l'action et l'intention sont
les mêmes.
Exposé au salon de Paris en 1875, ce tableau obtint un réel
succès auprès de visiteurs attentifs, et, je m'en souviens, on fut
surpris de l'oubli du jury qui négligea de le comprendre dans la
liste des peintures récompensées. Quand tant d'autres surprennent
les sympathies par un programme bizarre, la sonorité des tons et
l'intempérance du faire, celle-là se contenfte d'èti-e simple, naïve
et vraie. Là, en effet, est le secret de son charme. Malheureuse-
ment tout le monde n'est^pas en mesure de le deviner et de le
comprendre.
On rencontre un autre tableau de M. Herlin au palais Rameau,
mais d'un style plus humble. Une petite paysanne, debout, de
profil, près d'une fontaine rustique, boit à une cruche qu'elle tient
à deux mains. Ce programme n'a pas demandé de grands frais
d'imagination. Il intéresse, néanmoins, grâce au talent du peintre.
aS4 BERLIN
qui sait donner de la valeur aux plus modestes personnages, aux
objets les plus simples et les plus vulgaires ' .
Nous ne pouvons négliger une appréciation sur le tableau la
Soif que nous empruntons à M. Paul Leroi * : Il n'a manqué à
H. Auguste Herlin qu'un grain d'ambition. S'il avait pu s'arracher
à sa ville provinciale pour vivre quelque temps dans l'atmosphère
de Paris, ses remarquables facultés s'y seraient promptement épa-
nouies et la popularité lui serait venue. Aujourd'hui ce n'est que
tout à fait par exception qu'on peut se rendre bien compte de son
mérite; à l'exposition on entrevoit seulement l'extrême souplesse
de son talent par l'absolu contraste que forme l'étude ensoleillée
qu'il a miiiulèe la Soif , avec le tableau d'un sentiment si distingué
d'une tonalité si juste, si harmonieuse qu'il peignit pour le salon
de 1875 et qui fut alors gravé dans l'Ari^.
Pour apprécier complètement cette organisation d'élite qui s'est
volontairement effacée, il faut avoir eu l'honneur d'être reçu chez
le frère de l'artiste, M. le notaire Herlin, qui doit être plus d'une
fois tenté de griffonner à la dérobée quelques croquis le long de
ses actes, souvenir des caricatures pleines d'htwwur que sa jeu-
nesse dessinait avec verve, — vous trouverez là un hôtel dont tous
les motifs décoratifs ont été peints par Auguste Herlin avec la plus
séduisante variété d'invention, et les mure ornés de ses œuvres
dont plusieurs m'étaient inconnues, entre autres une grande toile,
scène empruntée à la moisson, très vivante, très mouvementée, et
d'une conférence de Clergyman, d'une pénétrante finesse d'ol)-
servation.
' L'exposition de 1881 provoqua plusieurs publications. Celle de M. Olivier
Mkrson, dont nous avons parlé ci-dessus; Çà et M, Salon rimé par Charles
Manso, Impressions et souvenirs des Beaux- Arts de Lille; Souvenir de C expo-
sition des Beaux- Arts de Lille, Impression du vieux filtier recueillies et mises
en pasipiilles par Desrousseaux. Dans cette dernière publication, Fauteur a
consacré, i" série, p. 16, un agréable article en vers patois de Lille au Ven-
dredi saint citez les dominicains, par A. Hrrli.v. '
Au catalogue de l'exposition de 1881, no'us trouvons l'indication : Hrrlix
(Georges)t né ù Lille, élève de Pluchart, ù Lille, square Jussieu, 17.
N® 713 du catalogue : Le Grand Can'é (promenade du pré/et), à Lille^ et
n® lik : Ruines du Mont d'Haur (ArdennesJ.
* LArt. Exposition de Lille, par Paul Leroi, 1881, p. 17 à 20. (Le dessin
du tableau la Soif se trouve à la p. 19).
' Voir fArt, i" année, t. II, p. 245. La gravure de Senceton et Tilly, d'après
le Vendredi-saint chez les Dominicains, par Aug. Hrrlin.
HBRLIN 8i5
Au sujet du salon de 1882, M. Paul Leroi * écrit « : En province,
je suis plus que jamais d'avis qu'on ne saurait trop vivement
encourager les artistes de mérite qui font vaillamment de la
décentralisation en se <jroupant dans les principaux centres pro-
vinciaux. Lille, absolument privilégiée sous ce rapport, fait revivre
avec un complet succès, succès des plus enviables, ses vieilles tra-
ditions artistiques; elle imprime à tout le Nord un mouvement des
plus féconds, yy
Sauf Auguste Herlin, qui a tort de s'abstenir, j'ai retrouvé au
salon toute la persévérante phalange; elle y faisait fort bonne
figure.
C'est surtout au musée de Lille qu'Auguste Herlin rendit les
plus grands services.
M. Edouard Reynarl, devenu administrateur des musées de
Lille, s'adjoignit pour la conservation des tableaux notre artiste,
avec lequel il était intimement lié et qui n'appliqua jamais son
rare talent, son esprit charmant, son vaste savoir, son extrême
conscience qu'à mettre constamment en vedette son chef de file.
Auguste Herlin comprit immédiatement que tout en se tenant,
suivant ses goûts, à l'arrière-plan officiel, il compléterait M. Ed.
Reynart et qu'ainsi accouplés, ils seraient de taille à constituer
une œuvre vraiment grande. Reynart, de son côté, le savait si bien
qu'il ne prit jamais de décision sérieuse sans avoir commmencé
par se mettre d'accord avec son ami.
Reynart avait publié plusieurs éditions du catalogue du musée.
La première date de 1850, trois autres virent le jour en 1856,
1862 et 1869. Enfin une cinquième en 1875. Cette dernière édi-
tion fut complétée en 1881 et 1884 par deux suppléments publiés
par Auguste Herlin, ces deux suppléments se font remarquer par
la sobriété et la concision.
Avant de s'éteindre, Reynarl avait recueilli les dernières volontés
de Brasseur, dont l'important legs orne aujourd'hui le musée. Sa
mort arriva le 17 février 1879.
Reynart disparu, l'administration municipale confia sa succes-
sion à M. J. Houdoy, qui se retira après avoir essuyé certaines
difficultés et avoir reçu la croix de la Légion d'honneur des mains
» L*Art, Salon de 1882, par Paul Leroî, t. III. p. 144.
3)6 HERLIK
du ministre Jules Fei'ry, pendant l'inauguration d'une nouvelle
salle de peinture, au musée.
Auguste Herlin remplit alors les fonctions de conservateur du
musée de peinture, sans cependant avoir d'autre titre que celui de
vice-président de la commission.
Si Reynart avait eu souvent la main heureuse dans les dons
qu'il a réussi à faire faire au musée, Auguste Herlin a sur ce point
mérité tout autant, car c'est à lui que nous devons le plus précieux
peut-être de la collection des modernes.
L'aventure est typique. Auguste Herlin est un artiste plein de
savoir et de goût, comme chacun sait. Ses tableaux sont appréciés
grandement de ceux qui les possèdent. Or, une dame, qui en avait
un, au milieu de beaucoup d'autres de maîtres, témoigna le désir
de l'offrir au musée. M. Herlin court la trouver : a Grand merci,
madame, de vos bonnes intentions, mais je serais gêné de me voir
entrer au musée de mon vivant; s'il vous plaît, donnez-nous autre
chose. Ti La dame consentit de si bonne grâce que M. Herlin réussit
à décrocher en échange.. . quoi. . . ni plus ni moins que la Becquée^
de J.-F. Millet. N'était-ce pas faire à la fois acte d'une modestie
bien rare et d'un flair bien sûr. Ceci se passait en 1871, quand ce
pauvre Millet luttait encore contre le besoin pour nourrir sa nom-
breuse famille.
Cette aventure nous en rappelle une autre plus ancienne encore,
datant de 1866. Elle va vous apprendre qu'il ne tint pas à notre
ami Herlin que le musée ne possédât un autre Millet bien plus
important encore. Cette année-là notre Salon possédait la grande
Tondeuse de moutons, qui a fait tant de bruit, et qu'en ce
moment même, le monde entier court admirer à Chicago. L'artiste
en demandait sept mille francs : on l'aurait eue certainement pour
quatre ou cinq mille. Un jour que la commission errait dans les
salles pour faire ses choix, Herlin dit à Reynart : « Pourquoi
n'achèterions-nous pas le Millet? — J'en suis, répondit ce dernier.
— Comment, s'écria l'un des membres les plus influents, vous
voudriez de cette croûte-là? Si l'on fait un pareil achat, je donne
ma démission. C'est par trop mauvais; quel dessin, i^oyez donc où
est placé ce cubitus! » Nous certifions l'exactitude de ces paroles,
que nous avons entendues de nos propres oreilles. Cette boutade
intimida les indécis de la commission, où le goût de la génération
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HERLIN 327
précédente régnait encore. L'achat fut repoussé, cl ce cubitus
douteux nous valut la perte d'une œuvre dont le prix se chiffre
aujourd'hui par des centaines de mille francs ^ .
En 1891 Auguste Herlin reçut une juste récompense de ses tra-
vaux artistiques. Il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur, à
la grande joie de ses amis. La commission des beaux-arts lui offrit
un banquet le 24 octobre 1891, pour fêter cette heureuse nomi-
nation ^.
Auguste Herlin fut reçu membre de la Société des sciences et
arts de Lille en 1883 et en devint président en 1892.
C'était un peintre de talent, dont certaine œuvre put un jour
être confondue avec celles de Diaz, et qui renonça à la peinture
pour se consacrer plus exclusivement à nos musées, qu'il aimait
avec passion.
Cette passion, ce culte, pourrions-nous dire, il les manifestait
non seulement dans la présentation des tableaux qu'il classait et
mettait en valeur avec un art dont le musée ne nous donne plus
aujourd'hui l'équivalent, il les manifestait non seulement dans les
acquisitions qu'il fit faire ou les dons qu'il provoqua, mais encore
dans son zèle à grouper tous les documents concernant nos œuvres
d'art.
Toutes les appréciations importantes qu'il avait pu recueillir des
critiques de renom et des historiens d'art éminents sur nos tableaux,
toutes les indications relatives à leur histoire qu'il avait pu récolter,
il les avait inscrites de sa fine écriture en marge d'un catalogue
^ Catalogue des tahlecaix du musée de Lille, précédé d'uue notice historique
par Jules Lknglart, officier d'académie, secrétaire de ta Gommission du musée
de Lille. Lille, 1893, p. xxiii, introdttction et suivantes.
■ l«e journal l' Echo du Nord , a* du 26 octobre 1891, rend compte de cette
fête : Le banquet Herlin a eu lieu, samedi soir, dans le quartier Renaissance de
la maison Divoir. On recevait dans la salle du rez-de-chaussée et le couvert
était mis dans la belle galerie de l'enlresol. Une quarantaine d'amphitryons,
tous membres des Commissions des Beaux-Arts, et trois invités : M. Herlin.
M. Vel-Durand, préfet du Wd, et M. Géry-Legrand, maire de Lille. Table
superbe et repas excellent. Au centre, en face M. Herlin, M. Van Hende, qui
est après lui le plus ancien des présidents dé conmiissions. et qui. au dessert,
ouvre les toasts par une allocution de félicitations à son aîné. M. Herlin lui
répond. M. Géry-Legrand parle ensuite, comme maire de Lille, puis M. V'el-
Durand, comme préfet du Mord, et enfin M. Pluchart, comme collaborateur
et ami de M. Herlin. Trois discours brefs, précis et sincères. V^ers onze heures
et demi, les convives se sont retirés.
32^^ BERLIN
i|ui constitue un manuscrit singulicrcmont précieux, cl qu'il offrit
à son ami IMuchart au moment où il quitta Tadministration du
musée : a Je me fais vieux, lui dit-il, cela vous servira désormais
plus qu'à moi. » Mais Pluchari devait précéder Herlin dans la
mort, et, si nous ne nous trompons, ce catalogue annoté a dû être
offert au musée'.
Herlin s'est éteint le 13 décembre 1900, dans sa quatre-vingt-
sixième année *. Avec lui disparaît une des figures les plus aimables
et les plus sympathiques de notre ville, un homme dont le sou-
venir restera, qui fut plus qu'aucun autre le bon génie de nos
musées *.
Nous emprunlons au journal la Dépêche le récit de ses funé-
railles : Samedi matin, 15 décembre 1900, à onze heures, ont eu
lieu, en l'église Sainte-Catherine, les funérailles de M. Auguste
Herlin, chevalier de la Légion d'honneur, officier de V Instruction
publique, conservateur honoraire des musées de Lille, ancien
président de la Société des sciences et arts d^ Lille, ancien prési-
dent de la Commission administrative de t École des beauœ-arts
de Lille et membre des sociétés des beaux-arts des départements .
Selon les volontés du défunt, il n'avait été envoyé ni fleurs ni
couronnes, les honneurs n'ont pas été rendus et aucun discours
n'a été prononcé au cimetière.
Les coins du poêle étaient tenus par \\\\. Dcsplechin, représen-
tant la commission de l'École des beaux-arts; De Winter, de la
Commission des musées; Damien, représentant la Société des
sciences et arts de Lille, et Lenglart, ancien secrétaire de la Com-
mission des musées.
Le deuil était conduit par MAI. Georges Herlin et Ernest Blon-
deau, neveux du défunt, et d'autres membres de la famille.
ïi'assistance était nombreuse et se composait de l'élite de la
lille.
' Il résulte de rrn.srifjocmcDts que nous arons obtcnn.s de radmioistraiion du
Mu.sée de Lille depui.s la leeture de rettc notice que ce catalogue ne lui a pas
été envoyé.
- \'ille de Lille. Extraits du registre aux actes de décès pour Vannée 1900.
— 11 appert dudit registre que le 13 décembre 1900 est décédé Herlin Augusle-
Jo.seph, âgé de 85 ans 3 mois, célibataire, fils légitime de Jean-Xoël-Joseph et
de Julie-Joseph Desrousseaux.
^ Jules DiTHfL. Dépêche du 15 décembre 1900.
HERLIN 3^9
Après le service funèbre célébré par M, le doyen de Sainte-Ca-
therine, le cortège s'est dirigé vers le cimetière de TEst où Tinhu-
mation a été faite. La cérémonie s'est terminée à midi un quart.
La nouvelle de cette mort a été de suite répandue dans le monde
artistique. Les journctix d'art consacrèrent des articles nécrolo-
giques à Auguste Berlin.
Celui de M. Paul Leroi, publié dans T^^r^, est d'un ami sincère;
nous en publions un extrait :
Intimement lié avec lui depuis plus de quarante ans, je suis
allé voir Berlin une dernière fois peu de jours avant sa mort; à
peine auprès de lui, je ne pus conserver la moindre illusion; il
était perdu; et cependant sa sérénité habituelle ne l'abandonna
point un seul instant, pas plus que la vivacité de son esprit si lin,
si pénétrant. Il avait à cAté de lui quelques dessins; il apporta tout
plein de bonne grâce à me les laisser voir et nous nous mimes à
deviser à leur sujet. Il m'apprit qu'il en avait fait au moins une
quinzaine de mille : « Je voudrais pouvoir vous les classer, ajouta-
t-il, et dans ce cas je vous en choisirais quelques-uns afin que vous
causiez avec eux comme nous le faisons ici.» Puis en souriant tout
doucement de ce sourire si spirituel qui lui était familier : a Le
nombre doit être un peu diminué, les dames de Lille n'organisent
aucune loterie de bienfaisance sans venir mettre le tas à contribu-
tion. »
Revenant à ses dessins et me montrant l'un d'eux que M. Del-
phin Petit a fac-similé dans la perfection, il reprit ainsi : u Que
de fois ne m'a-t-on pas scié pour me décider à vendre de mes des-
sins. Je n'ai jamais songé à m'en séparer pas plus que de mes
tableaux. Il m'a toujours semblé que faire concurrence à ceux qui
iloivent vivre de leur art, c'est commettre une mauvaise action, n
Ces derniers mots le peignent tout entier.
Il me rappela que l'heure du train était proche et, de sa main
décharnée, serra forlement la mienne en me disant un ce Au
revoir » qu'il s'était efforcé de rendre convaincu. Je partis cruelle
ment bouleversé et tombai malade en arrivant.
La France a perdu en Auguste Berlin une nature d'élite absolu-
ment exceptionnelle, un de ses enfants excellent entre les meil-
leurs de tous les citoyens.
330 BERLIN
Trois des meilleurs artistes de ce temps, trois de ceux qui comp-
teront le plus aux yeux de la postérité, se sont rencontrés pour
considérer les dessins d'Auguste Herlin comme autant de pré-
cieuses révélations. Un critique sagace qui consacra récemment
dans le Sénuiphore de Marseille d'excellent* articles sur la néces-
sité de créer dans cette ville un musée civique, un 'autre musée
Carnavalet, M. Louis Brès, m'écrivait, il y a quelques mois, com-
bien il me savait gré de la publication de mes emprunts faits dans
les portefeuilles de mon cher ami lillois, sa lettre ne tarit pas
d'éloges à leur sujet. Tout en m'associant à ses louanges si jus-
tifiées, je tiens à déclarer que le mérite de cette publication appar-
tient, avant toute autre personne, à une femme d'élite. Aille Louise
Blondeau, fille de la sœur d'Herlin. Elle a mis infiniment de cœur
à rendre un pieux hommage au talent de l'oncle qui la chérissait.
Sans elle, le mérite du parent qu'elle regrette tant serait resté
dans l'ombre qu'il afiectionnait et qui constituait, aux yeux de ce
sage, la plus enviable des situations \
Le journal TArt a reproduit un cerlain nombre de dessins
d'Auguste Herlin et des meilleurs. Ils pourraient former un album
bien intéressant et d'une grande utilité comme modèle.
La mémoire d'Auguste Herlin méritait d'être rappelée par une
exposition rétrospective de ses œuvres.
Cet honneur lui fut rendu en avril 1902, dans une exposition
dés beaux-arts organisée par l Union artistique du Nord, dans. son
local, rueXégrier, à Lille. \ln salon spécial était résené aux œuvres
de l'artiste regretté.
Ce n'était pas la première fois que ri nion artistique organisait
ainsi des expositions rétrospectives d'un caractère plus particuliè-
rement local et pieux. Elle l'avait fait d'abord pour les peintres
lillois du dix-huitième siècle, puis Colas, Leiiepvre, Thys, de
Carne eurent leur tour, et, grâce à cette initiative, les amateurs
ont pu admirer sinon l'œuvre complète, au moins un ensemble
très large et très satisfaisant d'artistes de mérite et qui nous sont
chers.
L'hommage à Auguste Herlin s'imposait d'une façon d'autant
plus impérieuse qu'Herlin avait depuis longtemps renoncé
^ extrait de Farticlc Quelqiiun, paru dans différents numéros de tArt,
HERLIN 331
à exposer aux Salons parisiens, et qu'il avait raréfié sa production
pour se consacrer plus entièrement aux musées de sa ville. On
avait conservé le vague souvenir de quelques tableaux qui, il y a
trente ans, avaient été remarqués; mais ce souvenir était bien
embrumé par la distance, et, en tous cas, on ignorait totalement
ce qu'il avait fait depuis.
L'exposition Herlin se présenta donc comme une révélation, et
elle étonna autant qu'elle charma ceux qui désiraient l'étudier à
loisir.
Cette exposition, qui ne comprenait pas moins de soixante-cinq
numéros, n'était cependant pas complète. Il y manquait quelques
pages connues et célèbres, comme te Visite au confrère j qui est au
musée de Lille; il y manque en outre toute la production de l'ar-
tiste, tout ce qu'il a fait avant sa quarante-cinquième année, en
sorte que nous ignorons ses commencements et que les renonce-
ments auxquels il se résigna plus tard nous privent de la connais-
sance des dernières évolutions de son goût.
Aussitôt l'exposition Auguste Herlin ouverte, M. Jules Duthil,
avec sa compétence artistique, fit dans la Dépêche un rapport amical
sur son importance et sa valeur \
Nous nous sommes permis de lui prendre quelques bonnes
inspirations.
M. L. Brès a été chargé de faire un résumé de ses souvenirs de
l'exposition d'Auguste Herlin par le rédacteur en chef de VArt.
Ce savant critique d'art s'exprime en ces termes : a Plusieurs de ces
toiles ont laissé en moi des impressions profondes! ce sont du
reste celles qui ont marqué les étapes de la carrière du peintre. ^ Il
donne l'explication de certains tableaux dont nous avons parlé
précédemment. Il ajoute : Je ne voudrais pas passer sous silence
une peinture fort originale d'Herlin, son Duel de femmes. Elle
avait figuré au Salon de 1876 sous ce titre : Une Affaire d'honneur.
Ces dames vident une querelle intime sur le terrain. Les témoins
appartiennent aussi au sexe féminin. La scène se passe sur une
dune au bord de la mer. Figures et paysage sont traités avec beau-
coup d'esprit.
Il était de toute équité que cette production de toute une vie,
' Dépêche» 10 avril 1902.
33-2
HERLIN
restée volontairement obscure, fût mise en lumière et que justice
pût lui être rendue. Cest ce (]u\i fait TUnion artistique. Son
comité a trouvé dans la famille de Tartisle regretté le concours le
plus large pour mener à bonne fin cette œuvre de réparation. On
ne saurait oublier aussi Tintclligence et le goût dont a fait preuve,
dans Tarrangement de cette exposition spéciale, un jenne artiste
lillois, M. Paul Lefebvre. Xous croyons répondre à la pensée
d'Herlin et de ses admirateurs en leur adressant à tous nos vifs
remerciements '.
Nous donnons ensuite la nomenclature des œuvres du regretté
Auguste Herlin, qui composaient son salon à notre exposition
de 1902.
SALO.V AUGUSTE HERLIM
s
NOMS
de»
PROPRIÉTAIRRS
SIJETS
s s
1
2
l
5
6
i
8
9
10
U
12
13
U
lô
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
HERLIN (M"»)
La Conférence
LiUe.
LÎiïe.
Le Curé au baromètre
La Recolle des Colzas
Le Viatique
Le Repas du Vendredi-saint chex les
Dominicains (esquisse)
La Religieuse (esquisse)
Stella Maris (esquisse)
Le Matin
___
Etude
__
Etude
_
Etude
La Famille
__
La Riirière
___
La Mare
Etude de paysage
_„
Allégorie
__
Allégorie
BLOJVDEAU (M"«)
Le Radoub
Jour d'été
Ambleteuse
Les Lavandières à Evian
La Femme du pécheur (étude)
Sur la platée
Paysanne épluchant des carottes
Alléi^orie
Allégorie.
LArt, t. LXI.
BERLIN
333
l
NOMS
de*
SUJETS
g g
1 8-E
ri
as ^
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
63
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
BLONDEAU
Lft fin de partie
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Lille.
Duel de dames
Marine
Dans ïe» poches
Les Lavandières.
_
La gorge d'Oerbemont
MULLIEZ-SAMIN
VERLEY-SAMIN '(H^*)'.'.
R. P. DOMINICAINS..!!
CRESPEL-TILLOY (M™*).
BIGO-DANEL
Les Dominicains se rendant à une
retraite
L'AIloir
Le lac d'EvIan
La visite au Curé
Le Cliemiu creux
Hcrbemont (étude) •
Herbemont (étude)
Le Marais
Sur la dune
Faneuse
Frère de la doctrine chrétienne lisant.
Le Repas du Vendredi-saint chei les
frères Dominicains
La Tonsure
Fantaisie
Fantaisie
Allégorie..
BIGO-DANEL
Allégorie
PLtCBART (M-)
DÉSOBLAIX :..,.'.'.'.'.'.'.
QOARRÉ-REYBOURBON .
BERLIN (Gborgrb)
Aux Champs (soleil couchant)
Allégorie
La Soif.
Pavsa<re
i^cLe :....
Marine
La Fontaine
Etude
La l'rière
Pêcheuse
Sous bois
Les Saules
Esquisse pour (les Colzas)
Paysage
La Deûle au faubourg de la Barre
La Servante
L. Quarré-Reybourbom,
CorrespondaQt du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements à
Lille.
> Voir ci-dessus la planche LUI.
ANNEXES
1
r
I
COMITÉ DES SOCIÉTÉS I)KS BEAUX-ARTS
DES DÉPARTEMENTS
PréiidenL
M. Aristide BRI AND, député, ministre de Tlnstruclion publique et
des Beaux-Arts.
M. DUJARDIN-BEAUMËTZ, député, sous-secrétaire d'Etat des Beaux-
Arts, 3, rue de Valois (1").
Secrétaire,
M, €AVIOLË, sous-chef du bureau de FEnseignement et des Manufac-
factures nationales, 3, rue de Valois (!*').
Secrétaire adjoint.
M. AUGUSTIlV-THIEftRY, attaché au cabinet du sous-secrétaire d*Etat
des Beaui-Arts, 3, rne de Valois (!•').
Membres,
MM. BAIGNIËRES (Arthur), critique d'art, 32, boulevard de Courcelles
(Vni-)
BERGER (Georoes), Ci^, membre de Flnstitut, député, 8, rue
Legendre (Wll*)
BOESWILWALD (Paul), Oj$, inspecteur général des monuments
historiques, professeur à TÉcole nationale des Beaux-Arts,
6, boulevard Saint-Michel (VI«).
2t
838 ANNEXES
BOURGAULT-DUCOUDRAY (L.-A.), *, professeur au Conservatoire
national de n^usique et de déclamation, II, rue d*Aateuil
(XVI-).
CALMETTF.S (Fernand), homme de If tires, 116, rue de Vaiigirard
(XV.) .
CLARETIE (Jules), C^, membre de TAcadémie française, admi-
nistrateur général de la Comédie-Françabe, 6, rue de
Richelieu (!•').
COLLIGNO.V (L.-\I.), ^, membre de Tlnstitut, 88, boulevard
SainUGermain (V^).
EMLART (Camille), directeur du Musée de sculpture comparée, au
Trocadéro, 14, rue du Cherche-Midi (VI') ■
FOURCAUD (Louis ok)« ^, professeur à TÉcole nationale des Beaux-
Arts. H bis, rue Marbeuf(Vlll»).
GOIVSK (Louis), ^, critique d*art, 205, boulevard Saint-Germain
(VU-).
GRAXDJËAN (Charles), ^, inspecteur général des monuments hislo-
riques, 119, boulevard Saint-Germain (Vh).
GROSJEAlVf-MAUPIN(L.), professeur agrégé de l'Université, U, rue
du Vol-d*Osnp, à Sainl-Maurice (Seine).
GRUVkR (Anatoi.k), 0^, membre de Tlnstitul, inspecteur général
des Musées des départements, 18, rue Duphot {\*').
GUIFFRËY (Jules), Oe$, membre de Tlnslitut^ administrateur de
la Manufacture nationale des Gobelins, 40, avenue des
Gobelins (WU*).
HAVARI) (Henry), 0^, inspecteur général des Beaux-Arts,
83, avenue de la Grande-Armée (XVI*).
HÉRON DE VILLEFOSSE (A.), 0*, membre de l'Académie des
Inscriptions et Bolles-LeKres, conservateur au Musée du
Louvre, 15, rue Wasbington (VIH*).
HOUSSAYE (Henry), 0^, membre de T Académie française,
39, aveiTue Friedland (VIIÏ«).
KAEMPFEN, 0^, directeur honoraire des Musées nationaux,
46, rue Blanche (1X«).
LAFEXESTRE (Georges), 0^, membre de l'Institut, conservateur
au Musée du Louvre, 5, avenue Lakanal, h Bourg-la-
Reine (Seine).
L0UVR1ER DE LAJOLAIS, ^, directeur de l'École nationale des
Arts décoratifs, 19, quai Bourbon (IV*).
MAGNE (Licien), 0^, inspecteur général des Monuments histo-
riques, 6, rue de l'Oratoire-du-Louvre (!•').
MAIGNAN (Albert), 0*^, artiste peintre, 1, rue La Bruyère (IX*).
MALHERBE (Charles), archiviste du théâtre national de TOpéra,
34, rue Pigalle (IX*).
MARCHEIX, conservateur de la bibliothèque et des collections à
l'École nationale des Beaux-Arts, 47, rue de Vaugirard (VI*) .
COMITÉ DES SOCIÉTÉS DES BEAUX-ARTS 339
MARGOU (F.), ^, inspecteur général des monoments historiques,
29, nie Bonaparte (VI«).
MARX (Rogrr), 0^, inspecteur général des musées des dépar-
tements, 105^ rue de la Pompe (XVI*).
MICHEL (Ëuilr), ^, membre de Tlnslilut, 9, avenue de TObser-
vatoire {VI").
MILLAUI) (Edouard), sénateur, 78, avenue Kléber, Paris-Passy
(XVI-).
MONVAL (Georges), archiviste de la Comédie- Française, 8, rue
Crébillon' (Vï").
NOLHAC (P. de), ^, conservateur du Musée national de Versailles,
au palais de Versailles.
PAMS (JuLRs), sénateur, 35, rue Decamps (XVh).
PILLET (Jules), ^, inspecteur honoraire de TEnseignement du
dessin et des Musées, professeur k TEcole nationale des
Beaux-Arts, 18, rue Saint-Sulpice (VI').
POIRÉE (Élir), conservateur-adjoint à la bibliothèque Sainte-
Geneviève, 6, place du Panthéon (V*).
ROCHEBLAVE (Saulel), ^, professeur à TÉcole nationale des
Beaux-Arts, 284, boulevard Raspail (XIV*).
ROSEROT (Alphonse), ancien archiviste, il, rue Servandoni (VI*).
ROIJJON (Henry), secrétaire perpétuel de T Académie des Beaux-
Arts, 25, quàiConti (VI*).
SERVOIS (Gi'STAVe), 0^, directeur honoraire des Archives natio-
nales, 101, boulevard Malesherbes (VIII*).
STE1N (Henri), archiviste aux Archives nationales, B8, rue Gay-
Lussac (V*).
TOURVEUX (Maurice), ^, homme de lettres, 34, quai de Béthane
(IV).
VALENTINO (Henri), ^, chef du bureau de TEnseignement ri des
Manufactures >iationales au sous-secrétariat des Beaux-
Arts, â, rue de Valoir* (I*').
Il
MEMBRES NOi\ RÉSIDAMTS DU COMITÉ
AUBE
MM.
Babeau (Albert), membre de Tlnstilal, prcsideiii de la Société académique
d'agriculture, sciences, arts et bellos-letlres de TAube, 8, rue du
Clollre-Saint-Élienne, à Troyes, et 133, boulevard Haussmann, h
Paris (Vlll*).
BOUCHES-DU^RHONE
Roux (Jules-Cbarles), président de la Société des Amis deâ Arts, membre
de la Chambre de commerc3 et du Conseil municipal, administra-
teur de la Banque de France, 79, rue Sainte^ à Marseille.
CALVADOS
Bknet (Armand), archiviste du département, membre de la Société des
Beaux-Arts, à Caen.
CùLiN (Paul), inspecteur principal de TEnseignement du dessin et des
Musées, 1, quai Malaqunis, à Paris.
CHARENTE
Biais (Emile), membre de la Société archéologique et bistoriqtie de la
Charente, archiviste municipal, 34, rempart de rEst,à Angoulémc.
CHER
Bi noT DR KeasERS, membre ds la Société des Antiquaires du Centre, à
\1E\IBRES NON RÉSIDANTS DU CjUITÉ 34J
COTE-D'OR
Gaittbibr (Jules), archiviste du département, h Dijon.
CREUSE
Gravier (Léopold), président dj la Conmission du musée d'Aubusson,
16, quai d'Orléans, & Paris.
EURE
Chassant, conservateur du Musée, A Évreux.
PoRÉK (Pabbé), curé de Bournainville.
GARD
Lknthéric (Charles), inspecteur général, en retraite, des ponts et chaussées,
30, rue du Luxembourg, h Paris.
GÎROIVDE
BiuQCKiiAYE (Charles), ancien directeur de TEcole municipale des Beaux-
Arts de Bordeaux, 15/Hois-de-Boulogne, Talence-Bordeuux.
IMDRE-ET.LOIRE
Mabillrau (Léopold), professeur de Faculté, 15,avenuede La x\Iotte-Piequel,
k Paris.
LOIRE (HAUTE-)
GiRON (Léon), membre de la Société d'agriculture, sciences, arts et com-
merce, au Puy.
LOT-ET-GARONNE
MouMéJA (Jules), conservateur du Musée, à Agen.
MAIME-ET.LOIRE
Dacban (Jules), correspondant de Tlnstîtut, inspecteur de rEnseignemenl
du dessin et des Musées, conservateur honoraire du Musée de pein-
ture, à Angers, place du Ralliement.
MARNE
Jadart (Henri), conservateur de la Bibliothèque et du Musée, secrétaire
générai de TAcadémie^ 15, rue du Couchant, à Reims.
342 ANNEXES
MEURTHE-ET-MOSELLE
Jacquot (Albert), membre de T Académie de Slanislas et de la Société d'ar-
chéologie lorraine, 19, rue Gambetta, à Nancy.
NIÈVRE
Massillobi-Rouvkt, architecte, membre de la Société nivernaise des
lettres, sciences et arts, 4, rue du Doyenné, à Nevers.
NORD
Di'TEBT, inspecleur général de TEnseignement da dessin et des manu-
factures nationales de Sèvres, des Gobelins et de Beauvais,
41, avenue Kléber, à Paris.
PAS-DE-CALAIS
Vaillakt (V.-J.), archéologue, à Bou4ogne-sur-Mer.
RHONE
Aynard, vice-président du Conseil d^adminislration de T École nationale
des Beaux*Arla, des Ecoles municipales et du Musée, à Lyon.
Charvet (Léon), inspecteur de TEnseignement du dessin et des Mutées,'
4, rue Bérite, à Paris (Vl«).
HiRscH, ancien architecte de la ville, à Lyon.-
SEINE-ET-MARNE
Lhuillikr (Th.), président de la Société d'archéologie, h Melun.
SEINE-ET-OISE
DÉLEROT, conservateur de la Bibliothèque, & Versailles.
DiTiLLEix (A.), secrétaire de la Commission des antiquités et des arts,
ik Versailles.
Grave (K.), publiciste, ancien archiviste municipal, à Alantes
SEINE-INFÉRIEURE
Peu.btier, président de la Société industrielle, à Elbeof.
SOMME
Drmgm&res (Kmile), avocat, président de la Société d'émulation, à Abbe-
ville.
MEMBRES ^iON RÉSIDANTS DU COMITÉ 348
VAUCLUSE
Requin (le chanoine), membre de TAcadémie de Vaucluse, archiviste diocé-
sain, 14, rue Victor-Hugo, à Avignon.
VIENNE (HAUTE-)
Lbymarie (Camille), conservateur de la Bibliothèque communale, secré-
taire du Musée national Adrien-Dubouché, 84, avenue Baudin, à
Limoges.
111
OOUHESPOIVDANTS DU COMITK
AISNK
MM.
Matton, ancien archiviste du déparlement, à Laon.
ALPES (HAUTES.)
GfjiLLAiitiE (Pabbé Paul), archiviste du département, membre du Comité
départemental des richesses d'art, k Gap.
Roman (J.), au château de Picomtal, près Embrun, et 75, rue Itlanche, à
Paris.
ALPES-MARITIMES
Di'Foi'RiiANTEi.LK (ChaHes), archiviste paléographe, 25, rue Assalit, k Nice.
Moais, archiviste du département, à N'ice.
Sa IGE (Gustave), conservateur des Archives de la principauté de Monaco.
ARDËCHE
AxuaÉ (folouard), archiviste du département, k Privas.
AUBE
Andr^. (Francisque), ancien archiviste du déparlement, à Troyes.
Le Clkrt, conservateur du Musée archéologique, à Troyes.
MoRiN (Louis), 74, rive droite du canal, à Troyes.
BOUCHES-DU-RHONE
Blancard, archiviste du département, à Marseille.
Boiillon-Landais, conservateur honoraire du Musée de peinture, à
Marseille, à La Maussane-Sainl-Menel, banlieue de Marseille.
CosTE (Numa), membre de la Société des Beaux-Arts, à Aiz.
GuiLLiBERT (baron), secrétaire perpétuel de TAcadémie d*Aix, à Aix.
CORReSPO\'DANTS DU COMITÉ * 345
Parrogel (Pierre), juge d*iiistruction, 52, rue Saint-Ferréol, à Marseille.
Saporta (le marquis de), correspondant de rinstilut, h Aix.
Vidal (Léon), membre de TAcadéruie de Marseille, professeur h TRcole
nalionale des Arts décoratifs, 7, rue Scheffer, ù Paris.
CALVADOS
Jacquier (Frnncis), architecte, rue I)esmouea\, à Caen.
LoxGrEUARE (Paul de), membre de la Société des Antiquaires de Norman-
die, 19, place Saint-Sauveur, à Caen.
MÉLY (db), au chilteau de MesniK-Germain, par Fervacques (Calvados], et
10, rue Clément-Marot, à Paris.
Travers (Km île), archiviste paléographe, à Caen.
CHARENTE
Fleiry (Paul de), archiviste du département, h Angoulémc.
CHARENTE-INFÉRIEIRE
MrssKT (Georges), bibliothécaire de la ville, à la Rochelle.
Ricbruond (Meschinet de), archiviste du département, 23, rue Venlièrr,
h la Rochelle.
CHER
Goy (Pierre de), à Bourges.
Pètre (Ch.), directeur de TÉcole nationale des Beaux- Arts, consorvateur
du Musée, à Bourges.
CORRÊZE
Rupin, vice-président de la Société historique et archéologique, à Brive.
CORSE
Pkraldi, conservateur du Musée, h. Ajaccio.
COTE-IVOR
Cbabelf (Joseph-Henri), secrétaire de T Académie des sciences et arts,
55, rue Legouz-Gerland, à Dijon.
Maxerollk (Fernand), correspondant de la Commission des antiquités de la
Côte-d'Or, archiviste à THôlel des monnaies et médailles,
11, quai Conti, et 2, rue Singer, A Paris.
Sl'isse (Charles), architectp diocésain, h Dijon.
3i6 ANNEXES
CREUSE
Gkssag (Jean de), à Guéret.
Prratbon (Cyprîen), à Aubusson.
EURE
VelcliN, au Mesnil-sur-PEstrée.
EURE-ET-LOIR
Merlet, archiviste du déparlement, à Chartres.
Roussel, propriétaire, à Anet.
FINISTÈRE
Beau (Alfred), directeur du Musée, & Quimper.
Bourde delà Rooerie, archiviste départemental, correspondant du Minis-
tère (Travaux historiques), 9, rue du Palais, à Quimper.
GARD
Clauzel (Paul), secrétaire perpétuel de TAcadémie de Nîmes, àNimes.
GARONNE (HAUTE-)
Labondès (de), écrivain d*art, à Toulouse.
Pasquier (Félix), archiviste du département, 6, rue Saint-Antoine, à Tou-
louse.
RoscHACH (Ernest), ancien archiviste municipal, correspondant de Tins-
titut, 103, rue des Récollets, à Toulouse.
GIRONDE
Brutails (Aug.), archiviste du département, & Bordeaux.
HÉRAULT
Berthelé, archiviste du déparlement, à Montpellier.
PoNSONAiLHE (Charles), membre de la Société archéologique et littéraire
de Béziers, 46, avenue Bosquet, à Paris (VII*).
ILLE-ET-VILAINE
LsNOiR (Ch.), statuaire, directeur de Fl^cole régionale des Beaax-Arts, à
Rennes.
Parfouru, archiviste du département, à Rennes.
CORRESPONDANTS DU COMITÉ 347
INDRE-ET.F.OIRE
Bealhont (Charles or), secrétaire de la Sociélé archéologique de Toiiraîne,
à Chaligny, par FondeUes, el 12, houievard des Invalides, à j
Paris. ^
BossËBOKUF (fabbé), président honoraire de la Société archéologique de j
Tou raine, 16^", rue du Belvédère, à Tours. j
Gabeai: (Alfred), membre de la Sociélé archéologique de Tou raine, 14, rue '^
de la Concorde, à A m boise. ;^
Grakdmaison (Louis dk), archiviste dn département, vice-président de la .^
Société archéologique de Touraine, 13, rue Emile-Zola, à , ^
Tours. ^
Vincent, n!embre de la Société archéologique de Touraine, 35, boule-
vard Heurteloup, à Tours.
ISÈRE
Bernard (Jules), conservateur du Musée, à Grenoble.
CoLET, professeur à la Faculté des sciences, à Grenoble.
Pri'OHOMHe, archiviste du département, 39, rue Lesdiguiëres, & Gre-
noble.
Reyuond (Marcel), peintre et critique d'art, 4, place de la Constitution, k
Grenoble.
Thibaut (Francisque), professeur de rhétorique au lycée, à Grenoble.
JURA
Brune (Pabbé), correspondant du ministère de Tlnstruclion publique et
des Beaux -Arts, à Mont-sou s- Va udrey.
LiBOls, archiviste du département, à Lons-le-Saunier.
LOIR-ET-CHER
Gbrvais (Eugène), conservateur du Musée, à Blois.
Scribe (L.), membre du Comité départemental de Tlnventaire des richesses
d*art de la France, à Romoranlin.
Storklli, ancien conservateur du Musée de peinture ,,n Blois, ou à la
Gourre, par Blois.
LOIRE
Déchklktte-Debpierres (Joseph), à Roanne.
Gai.lby, ancien directeur de TÉcole des Arts industriels, 13, rue Paul-Uert,
à Saint'Élienne.
Thiollier (Félix), 28, rue de la Bourse, à Saint-Etienne.
348 ANNEXES
LOlRIil-LXFÉRIËURE
De l^Islë de Drëneuc, conservaleur du Musée archéologique, à Nantes.
Maître (liéon), archiviste du déparlemenl, h Natiles.
Masskron (U.), vîce-p résident de la Société des Amis des Arts, à Nantes.
LOIRET
Lkroy (Paul), membre de la Société des Amis des Arts, rue des Limou>
sins, A Jargeau.
NoKL, architecte, membre de la Société des Amis des Arts, 53, roe de
Bourgogne, n Orléans.
LOT
Ganoardel, & Gahors.
LOT-ET-GARONNi:;
Tholin (Georges), archiviste du déparlement, rue Scaliger, h Agen
MAINE-ET-LOIRE
Dkn'Ais (Joseph), membre de la Société d*agriculture, sciences et aris
d*Angers, 10, rue Fontaine-Saini-Georges, à Paris (IXr)
Micuel (A.), conservaleur du Musée d*amiquités, 68, rue Boîsnet, à
Angers.
PissoT, président de la Société des sciences et des beaux-arts, à Gholet.
Urseau (le chanoine), correspondant du Ministère (Travaux historiques),
à Angers.
MANCHE
QuESNKL (L.), conservateur du Musée de peinture, à Goulanccs.
MAYENNE
Richard (Jules), ancien archiviste du Pas-de-Calais, A Laval
MEURTHE-ET-MOSELLE
Germain (Léon), 26, rue Héré, à Nancy.
MORBIHAN
Lion (Emile), sous-préfet de Pontivy.
NIÈVRE
Dk Fl^iiare, archiviste du département, à Nevcrs.
CORRESPONDANTS DU COMITÉ 349
NORD
Urassart, archiviste de la ville, 63, rue du Cauteleux, k Douai.
Delecroix (Kmile), avocat, à Lille.
FiNOT (Jules), archiviste du département, à Lille.
HÉNAULT (Maurice), archiviste municipal, à Valenciennes.
Pi.i'CRART, conservateur du Musée Wicar, à Lille«
QuARRé-RKYBOURBOx, membre de la Commission historique du Nord,
70, boulevard de la Liberté, à Lille.
Rivière (Benjamin), bibliothécaire de la ville, 1, passage Leborgnt?, à
Douai.
SwARTR (Victor ue), trésorier général des finances, à Lille.
OISE
Badin, administrateur de la manufacture nationale, à Beauvais.
RorssEL (Ernest), archiviste du département, à Beauvais.
ORNE
Brioux (f/i€Pnei) , professeur ai^x Ecoles de la ville, conservateur du
Musée, 60, rue de Bretagne, à Alençon.
Di'VAL (Louis), archiviste du départemeut, à Alençon.
PAS.DE-CAL/\IS
Hur.REL, 'ancien directeur de TEcole d'art décoratif, 19, rue Nollft, à
Paris.
LoRiQiET, archiviste du département, à Arras.
PUY-DE-DOME
RoiCHON (G.), archiviste du département, 9, rue de rHôtel-de-Ville,
à Clermont-Ferrand.
PYRÉNÉES (BASSES-)
Lafomd (Paul), conservateur du Musée municipal, membre de la Société
des sciences, lettres et arts, h Pau.
SoULiCE, conservateur de la Bibliothèque, k Pau.
RHONE
BÉGiLE (Lucien), artiste peintre, membre de la Société littéraire d'archéo-
logie, 86, chemin de Cboulans, k Lyon.
Galle (Léon), archiviste de la Société des Bibliophiles lyonnais, 1, quai
de la Pêcherie, à Lyon.
350 ANNEXES
George, archilecle, 27, cours Gambetla, à Lyon.
GiBAun, conservaleiir du Musée d'archéologie, à Lyon.
GniGiK (Georges), archivisle du. département, à Lyon.
HéDiN, ancien directeur de TÉcole des Beaux-Arts de Lyon, 16. boule-
vard des Filles-du-Calvaire, à Paris.
SAONE-ET-LOIRE
Lex (Léonce), bibliothécaire dé la ville, archiviste du département, 38,
rae de TEritan, à Mftcon.
SARTHE
DuNOYBR DE Segonzac, ancien archiviste du déparlement, au Mans.
Trigrr (Robert), membre de la Commission des monuments historiques
de la Sarthe, 5, rue de rAncicn-Évêché, au Mans.
SEINE
Braun (Gaston), photographe das Musées nationaux, 18, r^e Louis-le-
Grand, à Paris.
GtéuENT (Léon), photographe des Musées nationaux, 18, rue Louis-le>
Grand, h Paris.
SEINE-ET-OISE
Couard, archiviste du département, 2 ter, rue Carnot, & Veriaiiies.
LoRix (P.), secrétaire de la Société archéologique, 2, rue de Paris, à
Rambouillet.
Maillard, membre de la Société archéologique de Rambouillet, 10, avenue
de Sceaux, à Versailles.
Mangeant (P.-E.), membre de la Commission des antiquités et des arts,
104, avenue de Paris, à Versailles.
PÉRATé, attaché h la conservation du Musée national de Versailles.
Plancoi'Ard (Léon), archéologue, à Cléry-en-Vexin, par Magny.
SEINE-IMFÉRIëURE
Béai repaire (Charles de), archiviste du département, 24, rue Beffroi,
à Rouen.
Lerel, directeur de TEcole des Beaux-Arts et conservateur du Musée de
peinture, à Rouen.
Le Breton (Gaston), directeur du Musée céramique, à Rouen.
Veslt (Léon de), architecte, professeur à Tl^cole régionale des Beaux-»
Arts, 21, rue des Faulx, à Rouen.
CORRESPONDANTS DU COMITÉ 351
SELVE-ET-MARNE
Leroy (G.), bibliothécaire de la ville, à IVIelun.
Thoison (Eugène), membre de la Société archéologique du uAtinais, k
Larchant.
SÈVRES (Ï)EUX-)
Arnaulurt (Thomas), ancien bibliothécaire de la ville d;* Niort, «iii Fossé-
Rouge, commune de Sainte-Florence (Vendée).
Dupont, archiviste paléographe du déparlement, à Niort.
Saint-Marc, juge de paix du premier canton de Niort.
SOMME
DuRAKD, archiviste du département, à Amiens.
Florival (A. 1)k), président du Tribunal, àPéronne.
Lkoieu (Alcius), bibliothécaire de la ville, à Abbeville.
TARN
Mazas, àLavaur.
I TARN-ET-GARONNE
FoRESTiK (Edouard), secrétaire de la Société archéologique de Tarn-Pt-
Garonne, archiviste de TAcadémie des sciences, belles-lettres et
arts, 23, rue de la République, k Montauban.
PoTTiER (le chanoine), président de la Société archéologique, à Montauban
VAR
MiREUR, archiviste du département, à Draguignan.
Rossi (François), président du Cercle national artistique, 62, rue de la
j République, & Toulon.
I
VAUGLUSE
Bourges, professeur de dessin au lycée, à Avignon.
DuBAUBL, archiviste du département, à Avignon.
, Grivollas, directeur de TEcole des Beauv-Arts, k Avignon.
i Labande (H.), conservateur de la Bibliothèque et du Musée, à Avignon.
\ VIENNE
!
BaoïiLLEf, conservateur du Musée de peinture, directeur de TEcole muni-
cipale régionale des Beaux- Arts, à Poitiers.
Richard (Alfred), archiviste du département, 7, rue du Puycarreau,
à Poitiers.
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Limoges,
archéologique et historique du
Limoges.
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IV
DISÏIXCTIOMS
ACGORDieS AUX DÉLÉGUÉS DBS SOCIÉTÉS DBS BBAUX-ARTS
DES DÉPARTEMENTS, SUR LA PROPOSITION DU COMITÉ
DR 1877 A 1906.
Chevaliers de la IJgion d'honneur.
MM.
Deligniébes (Emile), président honoraire de la Société d'émulation d'AI)-
bevillo, membre non résidant du Comité des Sociétés des Beaux-
Arts des départements.» — Décret du 9 juin 1898.
Dt'RiKtx (A.), secrétaire de U Société dVmulatîon al Cambrai, membre
non résidant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des dép.irle-
ments. — Décret du 11 juin 1892. (Décédé.)
FoDRCAtD (Louis DK BoussÈs dr), membre du Conseil supérieur des Beaux-
Arts et du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements,
professeur d*esthétique et dMiistoire de TArt à FKcole nationale
des Beaux- A ris. — Décret du 31 mars 1896.
GoNSK (Louis), membre du Conseil supérieur des Beaux -Arts et du Comité
des Sociétés des Beaux-Arts des déparlements. — Décret du
15 juin 1889.
GuiFFRRY (Jules-Joseph), administrateur de la manufactijre des Gobelins
et membre du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départe-
ments. — Décret du 19 avril 1884.
Herll'isox (Henri), membre de la Commission du Musée, correspondant
du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements à Orlénns.
— Décret du 19 avril 1805. (i'écédé.)
JoiiN (Henry), secrétaire rapporteur du Comité des Sociétés des Beaiix-
Arts des départements. — Décret du 8 avril 1893.
Marcillr (Eudoxe), conservateur du Musée d^Orléans. — Décret du
19 avril 1879. (Décédé.)
Michel (Kdmond), rorrespondimt de la Société des Antiquaires de France,
membre de la Société archéologique de TOrléanais, membre non
23
3J4 ANNEXES
résidant du Coinilé iles Sociétés des Beaux-Arts des déparlemenis.
— Décret du ;J avril 1881. (Décédé.)
Ojfflc'urs de l'Instruction publique.
MU.
Abruiam (TaiicrèJe), conserviileur du Musée de Ciiâteau-Gonlier, vice-
président de la Société des Arts réunis de la Mayenne. Oflicier
d'Académie du 18 avril 1879. — 0. ï. Arrêté du 12 juillet 1884
(Décédé.)
Advikllr (Victor), membre de la Société artésienne des Amis des Arts
d'Arras, correspondant dn Comité. — Arrêté du 11 avril 1885
(Décédé.)
Alegrk (Ijéon), conservateur, fondateur du Musée-UiblioUièque de la vilit*
de Bagnols (Gard). Officier d* Académie en décembre 1860. —
0. I. Arrêté du 22 avril 1881.
HiAis (L'imife), archiviste de la ville d*An<foulême, rorrespondanl du Comité
à Angoulânie. — Arrêté du 30 mars 1894.
UossEROEi'K (Pabbé), président de la Société arcbéologi:|ue de Touraine,
correspondant du Comité, à Toiiis. — Officier d'académie du
15 avril 18P8. — 0. I. Arrêté du 16 juin 1^05.
Bouii.LKT (Pabbé Augiisto-Nicolas-Victor), correspondant du Comité à
Nancy. Officier d'Académie du 30 mars 1894. -^0. 1. Arrêté du
26 mai 1899. (Décédé.)
Bouillox-Laxdais, conservateur du Musée de Marseille, correspondant du
Comité à Marseille. — Arrêté du 30 mars 1894.
Capfarkka (Louis), avocat h Toulon, membre ds TAcadémic du Var. —
Arrêté du I5j<iin 1889.
CuiZKL (Paul), secrétaire perpétuel de T Académie do Ximes, correspon-
dant du Comité, à Mimes. — Ariélé du 6 juin 1903.
Couard, archiviste deSeine-et-Oise, correspondant du Comité A Versailles.
-- Arréié d;i 31 mai 1890.
D.AL'iiAK, inspecteur de l'Enseignement du dessin el des Musées, conser-
vnteur honoraire du Musée d'Angers, membre non résidant du
Comité. Officier d'Académie du 18 avril 1879. — 0. I. Arrêté du
20 décembre 1884.
Dki.igmkrks (ËmiL'), membre non résidant du Comilé h Abbeville. —
Arrêté du 20 avril 1895.
Denais (Joseph), correspondant d.i Comité & Angers. — Arrêté du
27 mai 1891.
DuRiBUX, secrétaire de la Société d'émulation de Cambrai. — Arrêté du
31 mars 1880. (Décédé.)
DuTiLLKix (A.), membre de la Commission des Anti(|uité8 et des Arts dj
Seine-3l-0ise. — Arrêté du !•' mai 188G.
DISTINGTIOMS ACCORDEES DE 1877 A 1905 855
<jALLk (F rail cois -Léon), secrétaire dd la Société des Bibliophiles lyonnais,
correspondant du Comité & Lyon. — Arrêté du 6 juin 1903.
GBOfiGK, architecte, correspondant du Comité îi Lyon. Officier d'Aca-
démie du 27 avril 1878. — 0. I. Arrêté du 15 juin 1880.
•GiNOUX (Charleâ), nuMnbre de T Académie du Var, correspondant du
Comité. — 0. ï. Arrêté du 26 mai 1888. (Décédé.)
<iiROX (Léon), membre de la Société d'agriculture, sciences, arts et
commerce du Puy, membre non résidant du Comité. Officier
d'Académie le 11 avril 18c>5. —0. 1. Arrêté du 14 juillet 1892.
<jRANDiN (G.'orges), ancien conservateur du .Musée de Laon. Officier
d'Académie du 20 avril 1895. — O. 1. Arrêté du 8 juin 1900.
•Grandmaison (Louis de), archiviste du département d'Indre-et-Loire, cor-
respondant du Comité, à Tours. — Officier d'académie du
23 avril 1897. — 0. I. Arrêié du 4 avril 1902.
GuiGiK (Georges), archiviste en chef du département du Rhône, corres-
pondant du Comité h Lyon. — Arrêté du 23 avril 1897.
'Grii.MUUB (l'abbé), archiviste du département des Hautes-Alpes, membre
du Comité départemental de l'Inventaire des richesses d'art. Offi-
cier d'Académie du 31 mars 1883.-^0. 1. Arrêlédu26 mai 1888.
HknaiLt (Maurice), archiviste de la ville de Valenciennes, correspon-
dant du Comité. Officier d'Académie du 15 avril 1898. — 0. I.
Arrêté du 6 juin 1903.
Hkri.msox (H.), auteur-éditeur, membre non résidant du Comité h Orléans.
Officier d'Académie du 7 avril 1877. — 0. I. Arrêté du 26 mai
1888. (Décédé.)
J.-^CQUOT (Albert), membre non résidant du Comité, correspondant de la
Société des artistes musiciens, à Nancy. Officier d'Académie du
15 avril 1882. — 0. I. Arrêté du 2G mai 1888.
Jarry (Lojis), membre de la Société archéologique de l'Orléanais, cor-
respondant du Comité à Orléans Ofticier d'Académie du 25 mai
1888. — 0. I. Arrêté du 30 mars 1804. (Décédé.)
Joi.iBois (Kmile), secrétaire delà Société des sciences, arts et belles-lettres
du Tarn, conservateur du Musée d'Albi. Officier d'Académie du
18 avril 1879. — 0. ï. Arrôlé du 5 mai 188G. (Décédé.)
liAFOND (Pnul), membre de la Société des Beau\-Arts h Pau, corres-
pondant du Comité. Officier d'Académie du 20 avril 1895. —
0. I. Arrêté du 8 juin 1900
Laurent (Félix), conservateur du Musée, h Tours, membre non résidant
du Comité. Officier d'Académie du 20 avril 1878. — 0. I. Arrêté
du 19 avril 1884.
Lr Breton (Gaston), directeur du Musée céramique de Rou^'n, correspon-
dant du Comité. Officier d'Académie du 20 avril 1878. — 0. 1.
Arrêté du 31 mars 1883.
4iRX (Léonce), archiviste du département de Sadne-^t-Loire, correspondant
du Comité à Mâcon. — Arrêté du 30 mars 1894.
856 AKNEXKS
Leyiiabib (Camille), correspondant du Comilé h Limoges. Officier d'Aca-
démie du 15 juin 1889. — Arrêté du 20 avril 1895.
Mabcillb (Ëudoxe), conservateur du Musée, k Orléans. — Arrêté da
19 avril 1884. (Décédé.)
Mabionnr/iu (Charles), correspondant du Comité, & Bordeaux. Officier
d'Académie du 7 avril 1877. — 0. I. Arrêté du 15 avril 1882.
(Décédé.)
MoMMÉJA (Jules), conservateur du Musée d'Agen, membre non résidant
du Comilé. Officier d'Académie du 27 mai 1891. -- 0. I. Arrêté
du 2 avril 1896.
Pabbogbl (Etienne], membre de l'Académie des sciences, arts et letti^es de
Marseille. Officier d'Académie du 18 avril 1879. — 0, I. Arrêté
du 19- avril 1834. (Décédé.)
Pabbocbl (Pierre), membre- de l'Académie de Vaucluse, correspondant
du Comité à Marseille. — Arrêté du 20 avril 1895.
PoNSONAiLHR (Charles),, membre de la Société archéologique et littéraire
de Béziers, correspondant du Comilé, à Béziers. — Officier d'aca-
démie du 23 avril 1897. -- 0. 1. Arrêté du 4 avril 1902.
POBÉK (M. l'abbé And ré- Adolphe), correspondant du Comilé à Bournain-
ville (E ire). Officier d'Académie du 15 juin 1889. ^ 0. 1. Arrêté
du 2 avril 1896.
Port (Célestin), archiviste d3 Main e-st- Loire. — Arrêté d:i 20 avril
1878. (Décédé.)
Qiarré-Rbybourbon, membre de la Commission historique du Nord, cor-
respondant du Comilé à Lille. — Arrêlé du 4 avril 1893.
Rrquin (l'abbé), membre de l'Académie de Vauclus?, archiviste du diocèse
d'Avignon, membre non résidant du Comité k Avignon. Officier
d'Académie du 11 juin 1892. — 0. 1. Arrêté du 23 avril
1897.
HoiiAN (J.), correspondant du Comité à Embrun. Officier d'Académie
du 31 mars 1880. — 0. I. Arrêlé du 11 avril 1885.
RoNDOT (Nalalis), commandeur de la Légion d'honneur, membre non rési-
dant du Comilé, à Lyon. — Arrêté du 15 juin 1889. (Décédé.)
RosBBOT (Alphonse), membre du Comité. — Arrêté du 20 avril 1895.
SoLDi (Emile), graveur en médailles, écrivain d'art. — Arrêté du
26 mai 1888.
Stein (Henri), secrétaire de la Société historique et archéologique du Gêti-
nai.s, membre du Comilé. Officier d'Académie du 30 avril 1886.
— 0. I. Arrêlé du 11 juin 1802.
Swarte (Victor i>b), chevalier de la Légion d'honneur, correspondant du
Comité. — Arrêté du 15 juin 1889.
Thoiso» (Eugène), correspondant du Comilé ù Larchant (Seine-et-Marne).
-^ Arrêlé du 26 mai 1899.
Urseau (le chanoine),, correspondant du Comité (Maine-et-Loire). —
Arrêlé du 20 avril 1906.
DISTINCTIONS ACCOEDÉBS DE 1817 A 1905 857
Vidai. (Léon), membre de la Société de statistique de Marseille, corres-
pondant du Comité. Officier d* Académie du 27 avril 1878. —
0. I. Arrêté du 31 mars 1883.
Officitn il^ Académie,
MM.
Beauuont (Charles-Joseph-Marie de la Bonninière i>k), membre de la
Société archéologique de la Touraine, correspondant du Comité,
à Cbatigny (Indre-et-Loire). — ArrAlé du 15 avril 1898.
B1LI.0T (Achille), artiste peintre, membre de la Commission de Tlnven-
taire des richesses d'art du Jura et de la Société d'émulation du
même département. — Arrêté du 19 avril 1881.
Rraqukhaye (Charles), vice-président de la Société archéologique de Bor-
deaux, membrenon résidant du Comité. — Arrêté du 8 juillet 1877.
Brès, membre de la Société des Amis des Arts de Marseille. — Arrêté
du 27 avril 1878.
Brocard (Henry), conservateur du Musée de Langres, membre non
résidant du Comité. — Arrêté du 31 mars 1880 (Décédé.)
Brune (l'abbé), curé de Mont-sous-Vaudrey (Jura), correspondant du
Comité. — Arrêté du 6 juin 1903.
BoRBT, secrétaire honoraire de la Société des Beaux-Arts de Caen. — Arrête
du 19 avril 1881. (Décédé.)
Caubon (Armand), conservateur du Musée de Montauban. — Arrêté
du 19 avril 1881. (Décédé.)
Chardon, écrivain d^art. — Arrêté dn 7 avril 1877.
Cheyssac (l'abbé) , membre de la Société historique et archéologique du
Périgord. — Arrêté du 18 avril 1879. (Décédé.)
DéLEROT, bibliothécaire de la ville de Versailles. — Arrêté du 18 avril 1879.
Desavary, secrétaire de la Société artésienne des Amis des Aris, & Arras. —
Arrêté du 18 avril 1879.
Despierres (M**), correspondant du Comité à Alençon. — Arrêté du
Il juin 1892. (Décédée.)
DiBOURG, conservateur du Musée de Honfleur, professeur de dessin au
collège de Honfleur. — Arrêté du 2 avril 1880.
DuBOZ (Félix), secrétaire du comité d'organisation de l'Exposition des
Beaux-Arts, à Tours. — Arrêté du 19 avril 1881. (Décédé.)
DiBROC DR Ségange, Correspondant du ministère de l'Instruction publique,
à Moulins. -> Arrêté du 8 juillet 1877. (Décédé.)
DuGAssEAU, conservateur du Musée du Mans. — Arrêté du 27 avril 1878.
Faucpnnkal-1>ufrrsne , membre du Comité départemental de Tluventaire
des richesses d'an de l'Indre. — Arrêté du 31 mars 1883.
Gabbau (Alfred), membre de la Société archéologique de Touraine, cor^
respondant du Comité, à A m boise.
3^8 ANNEXES
GoovAKRTS, chef de section aux Archives du royaume, à Bruxelles. —
Arrêté d<i 11 juin 1892.
Hbrvé, membre d'honneur de la musique municipale deRemiremont, pro-
fesseur u TAssociation polytechnique de Paris. — Arrêté du «H mars
1880.
Jadart (Henri), secrétaire général de l'Académie de Reims, membre non
résidant du Comité. — Arrêté du 30 avril 1886. — 0. I. du
2 avril 1896.
Laperrièrk (fabbé), président de la Commission des arts et monuments, k
Saintes. » Arrêté du 27 avril 1878.
Lrconte, ancien député, membre du Comité. — Arrêté du 8 juin 1900.
Le HénAFF, inspecteur de renseignement du dessin, à Rennes. — Arrêté
du 2 avril 1880. (Décédé.)
liRROY (Paul), correspondant du Comité à Orléans. — Arrêté du 26 mat
1899.
Mangeaxt, membre de la Commission des Antiquités et des Arts de Seine-
et-Oise, correspondant du Comité k Versailles. — Arrêtédu 2 april
1896.
Martin (Paul), correspondant du Comité à Màcon. -r- Arrêté du 15 juin
1889. (Décédé.)
Massillox-Rolvrt, architecte, correspondant du Comité à Xevers. Arrêlé
du 2 avril 1896.
Michel (Edmond), correspondant de la Société des Antiquaires de France^
h Touvent, par Fontenay-sur-Loing. — Arrêté du 20 avril 1878.
(Décédé.)
MiDOUX, membre de la Société académique de Laon. — Arrêté du
18 avril 1879.
Noël, architecte, professeur è l'École de dessin d'Orléans, correspondant
du Comité. — Arrêté du 18 avril 1879.
Roussel, propriétaire, h A net. — Arrêté du 8 juillet 1877.
Sabatier, correspondant du Comité à Vire. — Arrêlé du 15 juin 1889.
ScRiRK (L.) , membre du Comité départemental de l'Inventaire des
richesses d'art de la Franco, correspondant du Comité h Romo-
lantin. — Arrêté du 4 avril 1893
V
SOCIÉTÉS
Correspondant avec \e Comité des Sociélés des Beaux-Arts des départements
et avec la Commission de l'Invenlaire général des richesses d'art de la France
1877-1906.
AliV
Bourg Société d*émiilalion, agrirullure, sciences, lettre!?
et n ris.
— Sociélé littéraire, historique et archéologique du
déparlemrnt de TAin.
— Société des Amis. des arts de TAin.
AISNE
Laon Société académique.
Chateai'-Thirrry. . Société historique et archénlo<^ique.
Chauny Société académique.
Saint-Qi'kntin . . . Société industrielle de Saint-Quentin ci de TAisn",
— ... Société académique des sciences, arts ci billes-
lettres, agriculture et industrie.
— ... Société des Amis des arts.
SoissoNS Société archéologique.
Vrrvins Société archéo1ogii|ue.
ALLIER
Moi'LiNS Société d*ému!aLion de T Allier.
— Commission départemental;^ d > Tlnventaire dns ri-
chesses d'art.
ALPES (BASSES)
DiGNR Commission défVïrfem'enlale de l'Inventaire des ri-
chesses d'art.
— Société scienlifique et littéraire des Basses-Alpes.
360 AXXEXES
^ARN Académie nationale des sciences el arts.
— Société des antiquaires de X^ormandie.
*^ Association normande pour le progrès des ans.
— Conservatoire de musique.
Bavklx . Société d'agriculture.
— Société des sciences, arts el belles-leilres.
Falaise Société d'agriculture, arts el belles-lettres.
— Société d'agriculture, industrie, scienci's et arts.
Jiisieux Société d'agriculture.
— Société historique.
ï*oxT-L'EvfcQUE . . . Société d'agriculture, arts el sciences, etc.
CAiVTAL
AiRiLLAc Société d'horticulture, d'acclimatation, des sciences
et des arts.
CHARENTE
AxoouLèMK Société archéologique et historique de la Cha-
rente.
CHARKMTE-INFÉRIEURE
La Roghellr .... Académie des belles-lettres, sciences el arts.
— .... Société des Amis des arts.
— .... Société philharmonique.
Ro<:Hi£POftT Société de géographie.
Saintks Commission des arts et monuments.
— Société des archives historiques.
— Société des Amis des arts.
RoYAN' Académie des Muses santones.
CHER
Boi'RGES Société historique, littéraire, artistique et scienti-
fique du Cher.
— Société îles antiquaires du Centre.
— Conservatoire du Musée.
— Comité diocésain de l'Inventaire des richesses d'jirt.
CORRÈZE
Tille société des lettres, sciences el arts.
— Commission départementale de l'Inventaire des
richesses d'art.
Brivk Société scientifiqiin, historique el archéologique.
SOCIÉTÉS CORRESPOKDAXT AVEC LE COMITÉ 361
ALPES (HAUTES-)
G A? Commission déparlemenlale de rinvenlaira des
richesses d^art.
— Société d^éUides des Hautes-Alpes.
ALI>ES-MARITIMES
KiGE Société des lettres, sciences et arts.
— Société des architectes du département.
AUBE
Thoyks Société académique d^ugricullure, des sciences, arts
et helles-lettres.
— Société des Amis des arts.
Bar-sur-Aubb. . . . Société des architectes du département de TAobe.
NooRNT-si^R-^KiNR. . Société pour développer çt encourager Fétode du
dessin.
AUDE
Carcassonkb .... Société des arts et des sciences.
Liuoux Société des Amis des arts.
Narbonhb Commission archéologique et littéraire de Farron-
dissement de Narbonne.
— Société des Beaux-Arts.
AVEYRON
Hodkz p Société des lettres, sciences et arts de TAveyron.
BELFORT (TERRITOIRE DE)
BRI.FORT Société belfortaine d'émulation.
BOUCHES-DU-RHONE
Marseille Académie des sciences, lettres et arts.
Ait Académie des sciences, arts et bel les-lei très.
— . . Société historique de Provence, rue Mazarine.
— Cercle musical.
— Société des Amis drs arts, Durand-Mille, boulevard
du Roi-René.
Arles ...... Commission archéologique.
CALVADOS
Cakv Société française d*archéologie.
— . Société des Beaux-Arts.
a62
A N \ K \ K s
COTK-D^OU
1>1J0N Académie des sciences, urts et belles-lettres.
— Société des Amis des arts.
— Commission des antiquités du département,
— Commission départementale de Tlnvenlaire des
richesses d'art.
— Conservatoire de musique.
Bkaukk Société archéolo;{i(pi?, d'histoire et de littcrat.ire.
CnATiLi.OK-suR-SRiNF. . Société archéolojjique.
Seuir Société de< sciences h:sloriq:ies.
Saint-Brieic:
COTES-DIJ-NORU
Société d'émulation de^i C(Ues-du-Xord.
Société archcolo,q[iqii'' et historique.
Association bretonne.
Société musicale.
Société philharmonique.
CREIJSK
GuÉRET Société des sciences n<i(u relies et archéologiques.
AufirssON Société du Musée.
nOUDOGXE
pKRiriURDX Société historique et nrcliéolo(;(ique du Périgord.
— Société des Bsaux-Arls d(» la Oordogne.
Bksaxço\
MoNruÉLi^Ru
nOUBS
Société d'cinulalion.
Société des Amis des arts.
Académie des sciences, lettres et arts.
Commission de rinvenlairo di's richesses d*art.
Ecole municipale de musique.
Société des Beaux-Arts.
Société d'Emulation.
EVREUX.
Chartres. . .
Chateaidun .
EURE
Société départementale des Amis des arts.
EURE-ET-LOIR
Société nrcliéoloj^ique d'Eure-et-l*oir.
Commission de Tlnvontaire des richesses d'art.
Société dunoise.
SOCIÉTÉS CORRBSPOiMDANT AVEC LE COUITÉ
363
FIXISTKHK
OuuPER iSociélé arcbcolo«{i(|ue.
Brkst Société d-émiilalion.
— Sociélé académique.
MoRLAix ...... Sociélé du Musée.
GAHI)
NiUES Académie du Gard.
— Sociélé des Amis des arls.
— Commission municipale i\es Beaux-Arts.
— Ecole de musique.
Alais Sociélé scienlifique et titiéraire.
GAROVXK (HAUTE-)
Toulouse. .... Société archcolo<][ique du Midi de la France.
— Académie des sciences, inscriptions et bclles-leltres.
— Société artistique.
— Ecole de musique.
GERS
AucB Sociélé historique de Gascogne.
— Société des archives historiques de la Gascogne.
GlUOiVDE
BoHDKAL'X Académie des sciences, arls el belles-lettres.
— Société des Amis des arts.
— Société archéologique.
— Société phitomathique.
— Société des archives historiques.
— Commission des iiionumeots
— Sociéti' de Sninte-Cécile.
— Société philharmonique
— Société des architecies.
— Sociélé des bibliophiles de Guyenne.
Montpellier
UÉZIKRS
HKKAll/r
Académie drs sciences el lettres.
Société urtislique de THérault.
Société archéologique.
Société des bibliophiles languedociens.
Sociélé archéologique et littéraire.
Société di* s Beaix-Arls.
364 A \ N E X E S
ILLE-ET-VILAIIME
Rkw'Es Société archéologique.
— Conservatoire de musique.
Saixt-Malo Société du Musée.
INDUE
CiiATRAURoux. . . . Société du Musée.
— .... Commission de r Inventaire des richesses d*arl.
INDRE-ET-LOIRE
Tours Société des Amis des arts.
— Société d*agriculture, sciences et arts.
— Société archéologique île Touraine.
ISÈRE
Grrnoblk Académie delphinale.
— Société de statistique et des arts iodustrîels.
— Société des Amis des arts.
JURA
Lons-lk-Salkier . . Société d*émulation.
— . . Commission de Tlnventaire des richesses d*art.
PoLiGNY Société d*agriculture, sciences et arts.
L^XDES
Dax Société de Borda.
— Société d'agriculture, sciences, commerce et arts.
LOIRE
Saixt-ëtiknnr . . . Société d'agriculture, industrie, sciences et arts.
MoNTRRisoN La Diana.
LOIUE (HAUTE)
Le Puv Société des Amis des sciences, de Tinduslrie et des
arts.
— Société d'agriculture, sciences et arts.
LOIRE-IVFKRIEURE
Nantes. Société académique.
— Commission du \f usée.
— Société archéologique
SOCIÉTÉS CORRESPONDANT AVEC LE COMITÏ
LOIRET
365
Obléans Société archéologique.
Société des Amis des arts.
Société d* agriculture, sciences, belles-lettres et arts.
Académie de Sainte-Croix.
Institut musical.
LOIR-ET-CHER
Société des sciences et lettres.
— Société d'excursions artistiques.
T— . Comité de Tlnventaire des ricnesses d*art.
— Société des Amis des arts, sciences et lettres.
RoilORANTiN .... Comité de T Inventaire des richesses d'art.
Vendôme Société archéologique et littéraire.
— Comité de Tlnventaire des richesses d'art.
LOT
Cahors Société dos études littéraires, scientifiques et artis-
tiques du Lot.
— Commission de l'Inventaire des richesses d'art.
LOT-ET-GAROiWVE
Agen Société d'agriculture, sciences et arts.
LOZÈRE
Mendr Société d'agriculture, industrie, sciences et arts.
MAIMK-ET-LOIRE
Angers Association artistique.
— Société d'études scientifi:|ues.
— Comité historique et artistique de l'Ouest.
— Société d''agriculture, sciences et arts.
Cbolet Société des sciences et des arts.
.MAVCHE
Saint-Lo Société d'agriculture et d'archéologie.
— Commission de Tlaventaire des richesses d'art,
AvRANGHES Sociéléd'archcologie, de littérature, scieuccs el arls.
Cherbourg Société académique.
— Société artistique et industrielle.
— Société de V Union cherbourgeoise.
366
A i\ K E X K S
CouTANces Société académique du Colenlin.
V^ALOONES Sociélé jirchéologique, arlisliqae el lilléraire.
Carbktan Académie normande.
Ch AI.OKS-6UR-MARKE.
Keius
Vitry-lk-Fraxçois
liANORKS ......
Si^lKT-DlZIRR . . .
Laval
\a.v<.v
Bar-lk-Duc.
V'erdix . .
MARAIK
Société d'agriculture, sciences et arts.
Académie nationale.
Sociélé des Amis des arts, à l'école professionnelle,
rue LibLM-gier.
Soctcl('* des Arts réunis.
Société des architectes de la Marne.
Société des sciences et arts.
\\M\m (HAUTE.)
Sociélé historique et archéologique.
Sociélé des sciences, lettres et arts.
\ÎAYÎ':.\VK
Commission historique et archéologique.
Sociélé des Aris réunis.
Sociélé d'archéologie, sciences, arts et belles-lettres.
MEIRTHE-ET-MOSKLLK
Sociélé d'archéologie lorraine.
Académie de Stanislas.
(lomité do l'Association des artistes musiciens.
Sociélé chorale d'Alsace-Lorraine.
MEUSE
Sociélé des leitres, sciences et arts.
Sociélé du Musée.
Sociélé philomalhique.
MOUBIHA.V
Vankes.
LORIKNT.
Xkvkrs
Clam tu: Y
Varzy .
Sociélé polymalhique.
Sociélé philotechnique.
MÈIUE
Sociélé nivernnise d«s lettres, sciences et arts.
Commission de T Inventaire des richesses d*art.
Société acadé. nique du Nivernais.
Sociélé scienliliquc el artistique.
Sociélé du Musée.
Sociélé histori()Ue, littéraire et agricole.
SOCIÉTÉS'CORRESPO.\DA!MT WtC LE COMITÉ 3«1
NORD
Lille Société les sciences, de ragriculture e( des arts.
— Commission hislorîqiie du Nord.
— Comilé flamand de France.
— Conservatoire de musique.
— Société des archiïecles.
AvKSNKS Sociôlé archéolojfi jue.
Caurrai Société d*émula(ion.
— Académie de musique.
Douai Société d'agriculture, sciences el arts.
— École de musique.
— Société des Amis des arts.
DuNKRRQDE Société dunkerqiioise pour Teiicouragemenldes art S.
^■^ Ecole de musique.
— ..... Commission de musique.
RoiBAix Société d'émulation.
— Ecolo de musique.
TouRCOïKU Académie de musique.
Valkncirnnrs. . • . Société d*a<](ricullure, sciences et arts.
— .... Académie de musique.
OISE
Rr^ijvals Société académique d'archéolo<^ie.
— Commission (le ri nven! aire des richesses d*art.
— Comité correspondant de l'Association des artistes
musiciens.
CouPiècNB . ... Société historique.
N0YO.N . Comité historique él archéologique.
Srnlis Comité archéologique.
OU ME
Alrk(;o\ ...... Commission des archives.
— Société historique el archéologique de TOrne.
Flkrs ...... Société industrielle.
PAS-iM:.CALAIS
AnnAS . Académie des sciences, lettres et arts.
— Union artistique du Pas-de-Calais.
— Société artésienne des Amis des arts.
— Commission des monuments historiques du Pas-de-
Calais.
— Ecole de musique.
— Commission des antiquités.
368 ANNEXES
Bouloomr-8UR-Mbr . Société académique.
— Académie communale de musique.
— . Société d*agricutture et des Beaux-Arts.
— . Société des concerts populaires.
Calais. «..••• Société des sciences industrielles.
Saint-Ouer .... Société des antiquaires de la Morînie.
St-Pierre-lez-Calais Commission de surveillance et de patronage de V École
d'art décoratif.
PUY-DE-DO^IE
Clermont-Ferrand . Académie des sciences, belles-lettres el arts.
— . Société des architectes.
— Société légionale des architectes du Puy-de-DAmc,
de la Haute-Loire et de TAHier.
— Société d'émulation de l'Auvergne.
Riou Société du Musée.
PYRÉMKRS (BASSES-)
Pau Société des sciences, lettres et arts.
— Société des Amis des ans.
B A YONNE Société d?s sciences el arts.
— Conservatoire de musique.
— Société artistique.
PYUKiVÉES (HAUTES-)
Baonàrks-de-Biqorrb Société Kamond.
PYRIOMRES-OUIKNTAIJS
Pbrpiqkan Société agricole, scientifique et littéraire.
— Conservatoire de musique.
RHOXË
Lyon Académie des sciences, belles-lettres el ans.
— Société littéraire, historique et archéologique.
— Société académique d^architecture.
— Conservatoire de musique.
. — ........ Société d'agriculture el arts utiles.
— Société d'enseignement professionnel.
— Société des sciences industrielles.
— Société lyonnaise df s Beaux-Arts.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANT AVEC LE COMITÉ 869
SAONR-ET-LOIRB
Maçon Académie des sciences, arts et belles-lettres.
— ....... Société des concerts historiques.
— . Société philharmonique.
AoTVK Société éduenne.
Chau>n-81'r-Sa6nk . Société d*hîstoire et d'archéologie.
TouRKUS Société des Amis des arts.
SARTHE
Ije Mans Commission pour la conservation des monuments.
— Société historique et archéologique.
— Société d^agriculture, sciences et arts.
— ...... Société française d'archéologie.
SAVOIE
GHAunéRY Académie des sdences, belles-lettres et arts.
— Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.
— Conservatoire de musique.
MouTiERs. ..... Académie de la Val d'Isère.
S.-JBAN-Ds-MAURiBKifs Société d'histoirc et d'archéologie.
SAVOIE (HAUTE.)
Ankkgt. Société florimontane.
SEINErËT-MARNË
Melun Société d'archéologie, sciences, lettres et arts.
— Comité départemental de l'Inventaire des richesses
d'art.
FoNTAïKBRLRAO . . . Société historique et archéologique du Gâtinais.
Mkaux - Société d'agriculture, sciences et arts.
RoiOT Société d'agriculture et d'économie domestique.
SBINE-ET-OISE
Vkrsaillbs Commission des antiquités et des arts de Seine-et-
Oise.
— Société des Amis des arts.
— Société des sciences morales, des lettres et des arts.
— Société d'agriculture et des arts.
PoNTOlSB Société historique et archéologique.
Rambouillrt. • . . Société archéologique.
34
}
370 ANKEXE8
SËINE-INFÉRIEURË
Roi'EN Académie des sciences, belles-lettres el arts.
— Société des Amis des arts.
— Commission des antiquités.
— Société de Thisloire de Normandie.
— Société libre d*émuiation.
-^ Société industrielle.
-:- . Société des architectes.
— . . . . 4 . . Société artistique «le .Vormandie.
— Société des bibliophiles.
— Société rouennaise des bibliophiles.
— Commission d'architecture de la Seine-Inférieure.
FécAMP Société du Musée.
Havrb (lk) Société havraise d'études diverses.
— Société de Sainte-Cécile.
— Société musicale la Lyre havraise,
— Société des Amis des arts.
— Société des Heau\-Arts.
Société géolo<]ique de Normandie.
Elbeuf Société industrielle.
— Société des architectes du canton d'Elbeuf.
SÈVRES (DEUX-)
Niort Société de statistique, sciences, belles-lettres et arts.
SOMME
AuiKivs Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société des antiquaires de Picardie.
— Société industrielle.
— Société. des Amis des arts.
— Société linnéenne do nord de la France.
— àSociété de géographie.
Abbrvillk ..... Société d*é mutation.
4
TARN
Albi Académie des sciences, arts et belles-lettret du
Tarn.
TARN-ET-GARO\NE
MoNTAURAN Académie des sciences, belles-lettres et arts.
SOCIÉTÉS CORRESPOMDilNT AVEC LE COMITÉ 311
MoNTAiiRAN Société archéologique.
— Commission de Tlnventaire des richesses d*art.
VAR
Draguionak Société d^études scientiriques et archéologiques.
Toulon Société académique.
VAllCLUSE
Avignon Société du musée Calvet.
— Conservatoire communal de musique.
— Académie de V^aucluse.
Apt.' Société littéraire, scientifique et artistique.
VENDÉE
La Roche-sur- Yon. . Société d*émulation de la Vendée.
VIENNE
Poitiers Société des Antiquaires de TOuest.
— Commission de l*Inventaire des richesses d^art.
— Académie des Beaux-Arts.
— Comité correspondant de TAssociation des artistes
musiciens.
— Société des archives du Poitou.
— Société poitevine d^encouragement à Tagriculture.
VIENNE (HAUTE.)
LfuooES Société archéologique et historique.
— Société d'agriculture, sciences et arts.
VOSGES
Épinal Société d*émulation.
— Commission de T Inventaire des richesses d'art.
YONNE
AuxERRK Société des Amis des arts.
— Société des sciences historiques et naturelles de
TYonne.
AvALLON Société d'études.
Sens Société archéologique.
31« AKMRXgS
ALGER
Algeb Sociélé des Beaoz-Arts.
— Sociélé historiqoe algérienne.
COWSTAiVIIiVE
CoKSTAKTiKK. . . . Société archéologiqae du déparlrment de Constan-
line.
Bons Académie d*Hippone.
ORAN
OnAS Sociélé de géographie el d*arcliéologie.
TABLE DES MATIÈRES
BULLETIN DU COMITÉ
Pagva.
X»» 28, 20 du Bulletin du Comité des Sociétés des Beaux-Arts
(15 août 1905 et () septembre HÎ06) cxxi
DISCOURS, PROCÈS-VERBAUX ET RAPPORT
l
2
12
16
23
29
Ouverture-de la session et composition du Bureau
Séance du mardi 17 avril (présidence de M. Henry Havari>) . .
Séance du n>ercredi 18 avril (présidence de M. de Molhac). . .
Séance du jeudi 19 avril (présidence de M. Lucien Marchrix). .
Séance de clôture du vendredi 20 avril (présidence de M. Magxr)
Distinctions honorifiques décernées à la suite de la 30* session .
LECTURES ET COM MUMCATIONS
1. Les Sépulcres ou mises au tombeau en Picardie. (Indica-
tions préliminaires). — M. Km. Delioxikrks 33
II. Objets d*art religieux dans Tancien archidiaconé de
Tournus. — M. J. Martin 70
III. Inventaire sommaire des éjjlises rurales de Tarrondisse-
ment de Reims, au point de vue de Fart et de l'his-
toire. — M. Henri Jadart 83
IV. Trois statuettes en bois de Técole provençale (seizième,
dix-septième, dix-huitième siècles). — M. le baron
(îlilLLIBERT 106
V. Statues de l'école dijonnaise à la cathédrale de Besançon.
— M. P. Brune \ . 114
VI. Une statue de Vicolas d'Angcnnes en marbre et un por-
trait du même. — M. Lorin 119
VII. Un portrait de Mme de Montespan h Rambouillet, rue de
la Motte. — M. Loriv 126
»
374 TABLE DES UATIÈRES
P«|M.
VIII. Enseignement public des arts du dessin à Lyon [Suite).
-- M. E. L. G. Charvet 132
IX. Essai de répertoire des artistes lorrains (8* suite). Bro-
deurs et tapissiers de haute lisse. — M. Albert Jac-
QUOT 170
X. La collection de tableaux du chevalier Emile de Tarade.
— M. A. Gabeau 199
XI. Une famille de peintres hlésois : les Monsnier. — M. L.
KossEBoeuF 236
XII. La chapelle du château de la Sorinière en Saint-Pierre
de Chemillé. — M. le chanoine Ch. IJrseau 247
XIII. Histoire d*un tableau : le Martyre de Saint-Etienne par
Rubens. — M. Maurice Héxault 256
XIV. Un tableau inédit de Jean Daret dans Téglise de Saint-
Paul-du-Var, près de Vence (Alpes- Maritimes). —
M. Georges Doublet 281
XV. Recherches sur les artistes se rattachant au Gâtinais.
Pierre Gobert, portraitiste. Supplément au catalogue
de son œuvre. — M. Eugène Thoïson 296
XVI. A propos d'un u Van Loo » et d'un u Largillière d. Les
œuvres d*art du château de Maudétour-cn-Vexin. —
M. Léon Plancouard 305
XVII. Jules-Edouard de Magy, peintre marseillais (1827-
1878). — M. Bouillon-Landais 313
XVill. Herlin (Auguste- Joseph), artiste peintre (1815-1900). —
M. Quarré-Reysourbon 320
ANNEXES
I. Coipité des Sociétés des Beaux -Arts des déparlements . . 337
11. Membres non résidants du Comité . 340
III. Correspondants du Comité 3ii
IV. Distinctions accordées aux délégués des Sociétés des
Beaux-Arts des départements, s.ur la proposition du
Comité, de 1877 à 1906 353
Chevaliers de la Légion d'honneur 353
Officiers de T Instruction publique 354
OfGciers d'Académie 357
V. Sociétés correspondant avec le Comité des Sociétés des
Beaux-Arts des départements et avec la Commission de
rinventaire général des richesses d'art de la France,
1877-1906 359
TABLE DES PLANCHES
1.^ Chapelle de Thospice de la ville de Saint-Valéry-sar-
Sonime '40
II. Eglise de Sorrus, près de Montreuil-sur-Mer (ancienne
Picardie) 42
IIÏ. Eglise de Villers-Bocage (arrondissement d* Amiens). . . 44
IV. Eglise Saint- Martin, à DouUens (Somme) 48
V. Eglise de Tortefontai ne (Pas-de-Calais) 50
VI. Pierre tombale d*Aléaume de Fontaine, crypte de l'église
de Longpré- les -Corps -Saints, canton d*Hallencourt
(Somme) 54
Vn. Crypte de Téglise de Longpré-les-Corps-Saints, canton
d'Hallencourt (Somme) 56
VIII. Eglise d'Allery, canton d'Hallencourt (Somme) 58
IX.. Eglise de Bouillancourt-en-Séry, canton de Gamaches
(Somme) 60
X. Eglise d'Oust-Marais, canton d'Ault (Somme) 62
XI. Fresque dans Téglise de Hrancion 70
XII. Fresque de r église de Brancion 72
XIII. Chapelle de Lenoux, à Laives (1482) 74
XIV. Peinture murale dans la chapelle de Lenoux, à Laives. . 76
XV. Peinture murale dans la chapelle de Lenoux, à Laides. . 76
XVI. Statue de saint Antoine, h Laives 76
XVII. Le Baptôme du Christ, église de iMarnay 78
XVIII. Chapelle de Lugny dans Téglise de Saint-Julien, près de
Sennecey-la-Grande (Sarthe). 80
XIX. Retable et clôture du chœur, église de Magneux-les-
Fismes 98
XX. Saint Jean TEvangéliste, en bois, école provençale du
XVI* siècle. (Collection de M. le baron Guillibert). . . 108
XXI. Pietà, en bois, par le P. Yvan, école provençale du
xvii" siècle. (Collection de M. L. de Bresc) 110
XXII. Sainte Madeleine, en bois, école provençale du xviri* siècle.
(Collection de M. P. Arbaud). ., / 112
•416 TABLE DES PLiINCHES
P«gM .
X\lll. Statue de la Vierge, cathédrale de Besançon. ...... 116
XXIV. Statue de sainte Cécile (?), cathédrale de Besançon. ... 118
XXV. Statue de sainte Barbe, cathédrale de Besançon 118
XXVI. Portrait de Xicolasd' Antennes, dans sa jeunesse. . . . 122
XXVII. Slitue agenouillée de \icolas d*Angennes 124
XXVIII. Portrait de M"" de Montespan, appartenant à M"» C. de
la Motte 126
XXIX. Portrait de M"« de Monlespan. (Hospice d'Oiron). ... 128
XXX. Portrait de M"' de Montespan. (Musée de Troyes). ... lao
XXXI. Bourse en velours n)uge, brodée aux armes et aux
^k'î chiffres de la famille de Butant. (Musée lorrain, ;i
\anci) 170
fv XXXII. Bourse on velours rouge, brodée aux armes de François-
\ r: Vincent-Marc de Beauvau, primat de Lorraine. (Musée
^rJ- lorrain, à Nancy) 172
XXXIII. Tapisserie de haute lisse, fabrication lorraine, marquée
à la double croix, armoiries ducales: Moyse environné
de musiciens, dont l'un tient un tambour |)ortant les
^ ^_ croix de Lorraine. (Garde-meuble impérial de Vienne). 196
I ^ XXXIV. Tapisserie de haute lisse, fabrication lorraine, marquée à
i ^ la double croix, armoiries ducales : Mojse et le serpent
-î r*' d'airain. (Garde-meuble impérial de Vienne) lî>8
^ j? XXXV. Portrait de Louis II Kl/evier, par Van der Hki.st. . . . 200
^|5«. XXXVI. Portrait d'AdrienneBosman, femme de Louis II Ëlzevier,
par Van der Hklst .• . 200
XXXVII. Portrait de M"* Boulanger, de TOpéra-Comique, par
Lkcokur 202
*^}& XXXVIII. Portrat der Luther, par Holbkix (f. 1). Portrait de
f.:: femme, par Laruii.likrk (f. II) 204
XXXIX. La Vierge au coussin vert, copie par Jean AIonsxikr.
(Musée de Blois) 240
XL. Gaston d'Orléans, tableau attribué A Jean Monsnier.
• (Musée de Blois) 244
XLI. La Nativité et l'Adoration des bergers, à la chapelle du
château, de la Sorinii'^re 250
XLII. I/Adoration des Mages, à la chapelle du château de la
Sorinière 252
XLIII. Saint Christophe, à la chapelle du château de la Sori-
n'ibio 252
XLIV. La Vierge de Pitié, à la chapelle du château de la Sori-
nière 254
XLV. Sanir Charlotte de M<maco, |)ar Pierre Gorkrt. (Musée de
Saint-Lô, n» 7) . 300
XLVI. Le duc de Valenlinois et sa famille, par Pierre Go»KhT.
(Palais de Monaco, n" 15) 304
rw
TABLB DBS PLANGHBS 377
) I ''■^•
I f XLVII. Corneille van Clève, par Pierre Gobkrt. (Uusée du
( f Louvre, salon Denon, n* 36i) «KH
KLVllI. M"* Roch, par Grruzb. (Galerie du château de Maudé-
tour) 310
XIjIX. Marguerite-Guillemette Testu de Balincoart. (Galerie du
château de Maudétour) 310
L. Elisabeth de Rubentel, par Largiluèrb. (Galerie du châ-
teau de Maudétour) 312
Ll. I/alloir 320
LU. Le Repas du Vendredi-Saint chez les Dominicains. . . . 322
LUI. Herbemont, étude 326
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