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Full text of "Réunion des sociétés des beaux-arts des départements .."

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BULLETINS   DU   COMITE 


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MINISTERE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE.  DES  BEAUX-ARTS 
ET  DES  CULTES 


SOUS-SECRÉtARIAT  O'ÉTAT  DES  BEAUX-ARTS 


Bureau  de  rBuieiernement  et  des  Manufactures  nationales 


r  2S  15  AOUT  1905 

BULLETIN 


COMITE  DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ABTS 

OES  DÉPARTEMENTS 

SOMMA  IKK 

Acies  administratifs.  —  Sesision  de  1906.  — Cirrulaire  n"  1.  — Partie  docu- 
mentaire. —  Mémoires  lus  i  la  «ewion  de  1905.  —  Distinclions  honorifiques. 
—  Nécrologie. 

30-  SESSION 
DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ARTS  DES  DÉPARTEMENTS 

1906 

ARRÊTÉ 

fixant  la  date  de  la  session  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départements 

en  1906 

Le  ministre  de  Tlnslruction  piiblique,  des  Heaiix-Arts  et  des  Cultes, 

Vu  les  avis  émis  par  le  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  dépar- 
teinenis,  les  19  et  !26  novembre  et  le  20  décembre  1898; 

Vu  rarrêté  du  !20juin  1905  fixant  li  date  dii  44*  Congrès  des  Sociétés 
savantes  de  Paris  et  des  déparlemonls  pour  ITOH; 

Sur  la  pro, position  du  sous -secrétaire  d*E(al  des  Beaux-Arts, 

Arbête  : 

I^  30*  réunion  des  Sociétés  dos  Beaux-Arts  des  départements  aura  lieu 
h  TEcole  nationale  des  Beaux-Arts,  du  mardi  17  avril  1906  au  vendredi  20 
du  même  mois,  inclusivement. 

La  séance  de  clôture  aura  lieu  dans  le  grand  amphiihéiltre  de  la  Sor- 
bonne,  le  samedi  21  avril,  i\  2  heures  précises. 
Paris,  le  28  juillet  1905. 

Signé  :   Bienvenu-Martin. 
Pour  ampllalion  : 
[^  sous^hef  du  bureau  de  l'enseignement 
et  des  manufactures  nationales, 
M.  Caviolk. 


CXXII    

SESSION    DE    1906 
CIRCULAIRE  N«  1 

A  Messieurs  les  Membres  non  résidants  el  Correspondants  du  Comité,  à 
Messieurs  les  Présidents  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départenunls 
en  relations  avec  le  Comité. 

Palais-Royal,  le  15  août  1905. 
MoNSlKUR, 

Par  arrêté  du  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  en  date 
■  du  Î8  juillet,  la  30*  session  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  s'ou- 
vrira, en  1906,  à  l'Ecole  des  Beaux- Arts,  rue  Bonaparte,  n°  14,  le  mardi  de 
Pdques,  17  avril  1906. 

Les  mémoires  préparés  en  vue  de  cette  session  devront  m'étre  adressés,  au 
sous-secrétariat  d'Etat  des  Beaux-Arts,  rue  de  V^alois,  n**  3  (bureau  de  l'Ensei- 
gnement  et  des  Manufactures  nationales),  avant  le  30  janvier  1906,  terme  de 
rigueur,  pour  être  soumis  à  l'examen  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Aris, 
chargé  de  désigner  ceux  qui  pourront  être  lus  en  séance  publique. 

Le  grand  nombre  des  communications  m'oblige  à  rappeler  aux  auteurs  qu'il 
leur  est  accordé  vingt  minutes,  au  plus,  pour  lire  ou  résumer  leurs  travaux.  l,es 
mémoires  qui,  à  l'impression,  exigeraient  plus  de  ringt  pages  du  format  du 
Compte  rendu  devraient  être  l'objet  de  suppressions  qui  seraient  demandées 
aux  auteurs  avant  la  mise  sous  presse . 

Les  auteurs  sont  également  prévenus  que,  désormais,  les  copies  de  pièces  iné- 
dites jointes  aux  mémoires  soumis  à  l'examen  du  Comité  devront  être,  s'il  est 
rstble,  authentiquées,  soit  par  les  directeurs  des  dépôts  d'archives,  soit  par 
notaires,  soit  par  les  propriétaires  des  papiers  communiqués. 

Je  ne  crois  pas  utile  de  vous  rappeler  longuement  ce  dont  l'expérience  des 
sessions  précédentes  vous  a  fait  juge,  n  savoir  le  caractère  particulier  des  éludes 
que  le  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  apprécie  et  accueille  de  préférence .  La 
mise  au  jour  de  documents  inédits  sur  les  artistes  ou  les  monuments  de  nos  pro- 
vinces, tel  est  le  but  que  doivent  se  proposer  les  délégués  des  Sociétés  des  Beaux- 
Arts  des  départements  désireux  de  prendre  part  aux  sessions  annuelles. 

En  vous  faisant  parvenir  ultérieurement  les  lettres  d'invitation  destinées  à 
MM.  les  Délégués,  j'aurai  l'honneur  d'y  joindre  les  instructions  concernant  les 
mesures  adoptées  d'un  coamiun  accord  par  les  Compagnies  de  chemins  de  fer  et 
mon  Administration. 

J'invite  MM.  les  Présidents  à  me  faire  connaître  avant  le  iiOjanrier  1906  la 
liste  de  leurs  délégués.  Je  les  prie,  toutefois,  d'apporter  la  plus  grande  réserve 
dans  le  choix  des  délégués. 

En  dehors  des  personnes  qui  aurout  <\  faire  des  communications,  chaipie 
société  ne  pourra  désigner  pour  la  représenter  que  trois  de  ses  membres,  qui 
devront,  dès  l'ouverture  de  la  session,  inscrire  leur  adresse  ù  Paris  sur  un 
registre  déposé  a  la  porte  de  la  salle  où  se  tiendra  la  Section. 

Le  titre  de  Correspondant  ou  de  ^lembre  non  résidant  du  Comité  ne  donne 
pas  droit  k  l'envoi  Ùl  office  d'une  carte  d'invitation  et  d'une  lettre  de  parcours. 
Ces  pièces  devront  faire  l'objet  d'une  demande  spéciale  de  la  part  des  intéressés 
dans  le  délai  ci-dessus  fixé. 

Je  vous  prie  de  m* accuser  réception  de  cette  lettre. 

Agréez,  -Jilonsieur,  l'assurance  ne  ma  considération  très  distinguée. 

Le  Sous-Secrétaire  d'Etat  des  Beaux-Arts, 
Di'j  )rdi\-Bk.aumktz  . 

M.  B.  —  Chaque  année,  les  auteurs  des  mémoires  acceptés  par  le  Comité  et 
insérés  dans  le  (iOmpte  rendu  de  la  session  demandent  au  sous-secrétariat  d'Etat 
des  Beaux-Arts  l'autorisation  de  faire   des   tirages  i\  part   de  leurs    travaux. 


—   CXXIII    — 

MM.  les  auteurs  sont  prévenus  qu'ils  peuvent  traiter,  pour  les  tirajjes  à  part, 
avec  IVditeur  <iu  Oompte  rendu,  sans  que  le  sous-secrétariat  d'Etat  des  Beaux- 
Arts  ait  à  intervenir  eu  aucune  manière  dans  ces  négociations.  Il  ne  sera  donc 
pas  répondu  aux  lettres  des  collaborateurs  du  Comité  qui  auraient  trait  à  cette 
question.  —  Les  tirages  à  part  ne  sont  livrables  aux  auteurs  qu'nprcs  l'achève- 
meut  et  la  distribution  du  (iompte  rendu  de  la  session. 


MEMOIRES  LIS  A  LA  SESSIOX  DE  1905 

Brofferies  iourangelies  du  dix-septième  siècle,  par  M.  unDH-iiMONT  (Charles), 
à  Chatigny.  —  1"  Les  tapisseries  de  la  s.  Licorne  9  du  château  de  VerieuiL 
S'*  Petitot  et  Xattier  :  Deux  œucres  inédites.  3°  Office  de  la  Vierge,  tratis- 
crit  par  X.  Jarry,  par  M,  Emile  Bïais,  à  Angoulôme.  —  La  galei'ie  des  por- 
traits d^abbesses  de  Fonterrault,  par  M.  l'abbé  Bosskboxik,  t\  Tours.  — De 
Fontainieu,  peintre  marseillais  (1760-1850),  par  M.  BoLrLLo\-L/i\DAis.  i\  Mar- 
seille. —  Iconographie  religieuse,  par  M.  Tabbé  Brink,  à  Mont-sous-Vaudrcy 
(Jura).  —  Enseignement  public,  des  arts  du  dessin  à  Lyon,  par  M.  LéonCuAR- 
VKT,  à  Paris.  —  Coup  d'œil  sur  le  théâtre  à  Nimes  à  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  par  M.  Paul  Cl.alzkl,  à  Nîmes.  — •  Les  origines  de  l'école  de  dessin  et 
du  musée  d' A ix-en- Provence,  par  M.  \uma  (]ostk,  à  Aix.  —  Morel  d'Arleux, 
peintre  et  graveur  (^1755-1827),  par  M.  Emile  Dki.igmkrks,  à  Abbevilh*.  —  La 
famille  des  Halle,  par  M.  ().  Estoihnkt,  à  Châtres,  par  Tournan  (Seine-et- 
Marne).  —  l'*  Toiles  peintes  en  Touraine  au  dix-huitième  siècle  ;  ^^  Deux 
peintres  tourangeaux  :  T.-E.  Pringot  et  J.-F.  duérize,  par  M.  Alfred  (jabk.^u» 
à  Amboise.  —  Fontaine  de  la  lîenaissance  et  Xymphée,  à  (J orge-de-Loup, 
près  de  Lyon,  par  M.  Léon  G^lf.k,  à  Lyon.  —  Le  comte  A.  de  Forbin,  direc- 
teur général  des^  Musées  royaux  f  1777-1 8 Vl),  par  M.  le  barou  Clillibkrt,  à 
Aix.  —  Utie  œucre  inconnue  d'Antoine  Pater,  par  M.  Xlauricc  Hk.v.wlt,  à  Va- 
lenciennes.  —  1"  L'organiste  Ferdinand- Albert  Gautier;  2*  Le  violoniste 
Alexandre  Boucher,  par  feu  M.  H.  Hkri.liso.v  et  AI.  Paul  Lkrov,  à  Orléans.  — 
Fssai  de  Répertoire  des  artistes  lorrains  :  orfèvres,  joaUliers,  argentiers  et 
potiers  d'étain,  par  M.  Albert  Jacoi'ot,  à  \ancy.  —  Un  Christ  de  Prétoire  aux 
armes  de  Jean-Jacques  de  Mesmes^  comte  d'Avaux,  président  à  mortier  au 
Parlement  de  Paris'  (iHTi),  par  M.  Henri  J. ad  art,  à  Reims.  —  Xote  pour 
servir  à  l'histoire  de  l'art  aux  seizième  et  dix-septième  si-cles,  par  M.  Paul 
Lkrov,  à  Orléans.  —  .Musiciens  bourguignons  du  dix-huitième  siècle  :  Claude 
et  LazM-e  Rameau,  par  M.  Léonce  Lkx,  à  Màcon.  —  Les  séjours  de  Corot  en 
Limousin,  par  M.  Camille  Lkvmahik,  ii  Limoyes.  —  Un  portrait  de  Julie 
d' Angennes,  au  château  du  Tremblay,  par  M.  Y.  Loriv,  à  Rambouillet.  —  Le 
Gisant  du  château  d'Uxelles,  par  AL  J.  Marti.v,  à  Tournus.  —  1"  Fontaine  de 
François  /""  à  Ruelle  (Charente)  ;  2"  Tombeau  de  François  van  der  Burch, 
archevêque  de  Cambrai  (16i5-l()VV),  par  AI.  de  Aïontkgit,  au  chtUeau  des  Om- 
brais, par  La  Rochefoucauld  (Charente).  —  Le  graveur  Dufios^  par  M.  Paul 
PiîLLOT,  à  Rethel  (.Ardennes).  —  Emile  Salomé,  peintre  de  ^e«re  (1833-1881); 
Louis  Salomé,  graveur  en  taille-douce  (1812-1863);  Adolphe  Vandervinck, 
décorateur  (i83ii-1885),  par  AL  L.  Qlarrk-Rkyboirbon,  à  Lille.  —  Le  peintre 
Claude  Lefebvre^  par  AI.  Eugène  Thoiso.v,  à  Larchant  (Seine-et-Marne).  — 
Sculptures  foréziennes,  par  Aï.  Eélix  Thiollikr,  k  Saint-Etienne.  —  OEuvresde 
la  Renaissance  en  Anjou  :  les  Vitraux,  par  AI.  le  chanoine  Charles  Urskau,  à 
Angers.  —  Le  peintre  Quentin  Varin^  par  AI.  Gaston  Varknxk,  à  Beauvais.  — 
Jacques  Millets  Déruisseaux,  architecte  et  sculpteur  rouennais  du  commence- 
ment  du  dix-huitième  siècle,  par  AI.  Léon  dk  Vkslv,  à  Rouen. 

Présidents   de  séances. 

AIAl.  J.-J.  Cltiffrkv,  Camille  Exlart,  Louis  dk  Fourcald,  Samuel  Roche- 
BI.AVK,  membres  du  Comité. 


L 


—   ex  XIV    — 

DISTIXCTIONS   HOXORIFIQLES 

Officier  de  VInstrucl'wn  publique  : 

M.   Fabbé  Bossebokup,  correspondant  du  Comité  à  Tours  (arrêté   du 
16  juin  1905). 

Officier  d'Académie  : 

M.  Gabeau,  correspondant  du  Comité  à  Aniboise  (arrêté  du  16  juin  J905). 


NKCaOLOGlR 


M.  Eugèoc  Gl'ii.lalmk,  le  sculpteur  écrivaia,  membre  de  TAcadémie  des 
Beaux- Arts  et  de  l'Académie  française,  appartenait  au  Comité  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts  des  départements  depuis  1877.  Il  a  suivi  longtemps,  avec  ponctua- 
lité, les  réunions  préparatoires  des  congrès.  La  sûreté  de  son  jugement  a  servi 
dans  le  silence  la  cause  des  plus  laborieux  des  correspondants.  Les  écrits  de 
M.  Eugène  Guillaume  sont  connus.  Pins  d'tm  précepte  utile,  plus  d'un  aperçu 
lumineux,  puisés  dans  ses  livres,  ont  contribué  à  Torieutation  des  recherches 
récentes  dont  l'art  national  a  été  l'objet.  M.  Eugène  Guillaume  est  décédé  à 
Rome  en  mars  1905. 

M.  Paul  Di'Bois,  sculpteur  et  peintre,  membre  de  l'Institut,  était  entré  au 
Goijfiité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  en  1878.  Ses  œuvres,  ses  devoirs  proPes- 
sionnels  ne  lui  permettaient  pas  de  prendre  part  aux  délibérations  du  Comité. 
Muis,  si  \].   Paul  Dubois  n'a  pas  eu  à  statuer  sur  la  valeur  des  études  rédigées 

Ï>ar  les  érudits  des  départements,  il  s'était  préoccupé  de  rendre  plus  amples 
es  connaissances  du  peintre,  du  sculpteur  et  de  l'architecte  par  la  création,  à 
l'Ecole  des  Beaux-Arts,  d'un  enseignement  simultané  des  trois  arts.  C'est  sous 
Tadministration  de  )f.  Paul  Dubois  qu'un  Musée  de  portraits  d'artistes  a  été 
fondé  à  l'Ecole,  au  profit  des  professeurs  peintres,  sculpteurs,  architectes,  gra- 
veurs, de  104-8  à  ce  jour.  Et  déjà  cette  curieuse  galerie  a  été  mise  à  contribu- 
tion par  des  érudits  en  quête  de  l'image  authentique  d'un  éducateur  du  passé 
ou  d'un  maître  vivant.  Enfin,  c'est  à  la  bonne  grAce  empressée  de  M.  Paul 
Dubois  que  le  congrès  annuel  est  redevable  de  l'hospitalité  dont  il  jouit  dans 
THémicycle  de  rF>ole  depuis  1888.  M.  Paul  Dubois  s'est  éteint  en  mai  1905. 

A  la  veille  du  congrès  où  il  se  faisait  fête  de  paraître,  le  8  mai  1905,  M.  Hkr- 
LiJiso.v,  nommé  correspondant  du  Comité  et  officier  d'Académie  en  1877,  offi- 
cier de  l'Instruction  publique  en  1888,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 
en  1895,  était  soudainement  enlevé  à  l'affection  de  ses  proches,  à  l'estime  de 
ses  compatriotes  et  de  tous  ceux  qui  avaient  pu  connaître  cet  homme  d'intelli- 
gence et  de  cœur.  M.  Herluison  a  fréquemment  pris  la  parole  aux  congrès 
annuels.  Il  fut,  avec  W\l.  Delignières  et  (^hiarré-Reybourbon,  le  promoteur  et 
l'artisan  de  la  solennité  des  noces  d'argent  du  Comité.  Mais  ce  n'est  pas  à  Paris 
qu'il  convient  de  circonscrire  l'action  de  M.  Herluison.  Le  théâtre  de  son 
influence  fut  sa  ville  natale,  Orléans.  Ses  nombreuses  publications  relatives  à  la 
F  libératrice  d'Orléans,  son  culte  euvers  la  mémoire  de  la  vierge  lorraine  avaient 

fait  de  lui  une  sorte  de  médiateur   également  écouté  de  tous  les  partis.  Il  se 
montrait    d'ailleurs   prodigue  de   ses  heures  aussi  bien  que  de  sa   santé  pour 
V  l'honneur  de  sa   ville.  En   1902,  à  la   mort  de  M.    Desnoyers,   c'est  M.  Her- 

\  luison  qui  fut  nommé  directeur  du   Musée   Jeanne    d'Arc.  \on   content    d'ac- 

l  croître  cette  collection  précieuse,  AI.  Herluison  prenait,  il   y  a  quelques  mois, 

i  l'initiative  courageuse  d  une  statue  colossale  de  Jeanne  d'Arc  ;    enfin,  par  une 

î  sorte   de  rapprochement  qui  ajoute  i\  l'unité  de  sa   carrière,  c'est  le  8  mai.  au 

matin  même  de  la  fête  traditionnelle  de  la  délivrance  d'Orléans  que  ce  fervent 
f"  de  Jeanne  d'Arc  a  fermé  les  yeux. 


MINISTERE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE,  DES  BEAUX-ARTS- 
ET  DES  CULTES 


SOUS-SECRÉTARIAT  D'ÉTAT  DES  BEAUX-ARTS 


Bureau  de  l'Unselgaeiuent  et  dea  Manufactures  nationales 
N*  29  6  SEPTEMBRE  1906 

BULLETIN 

DU 

COMITÉ  DES  SOCIÉTÉS  DES  BEAUX-ABTS 

DES  DÉPARTEMENTS 


SOMMAIRI-: 

Actes  administratifs.  —  Session  do  1907.  —  Circulaire  n'  1.  —  Partie  docu- 
mentaire. —  Mé  iioirrs  lii>  n  la  sosioa  de  1906.  —  Distiactiou  honorifique. 


;n«  SESSION 

DES  SOCIÉTÉS  OKS  BKAIIX-ARTS  DES  DÉPARTKMEXTS 

1907 

AUUiVrÉ 

fixant  la  date  de  la  session  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départements 

en  lît07. 

Vu  les  avis  émis  par  le  Comité  des  Beaux  Arts  des  dépaitemorils,  les 
19  et  26  novembre  el  le  20  dérembre  1898  ; 

Vu  rarrélédu  17  juillet  190H,  fixant  la  date  du  -4.V  Congrès  des  Sociétés 
savantes  de  Paris  et  des  départements  pour  1907  ; 

Sur  la  proposition  du  Sous -Secrétaire  d'Ktal  des  Beaux-Arts; 

Arrétk  : 

La  31'  réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  aura  lieu 
à  l'École  nationale  des  Beaux-Arts  du  mardi  21  mai  1907  au  vendredi 
24  du  même  mois,  inclusivement. 

Paris,  le  18  aoiit  1900. 

A.  BniAXD. 


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—    CXXVI    — 
SESSION   DE  1907 


CIKOIJLAIRK  N»  1 


A  Messieurs  les  Membres  non  résidants  et  Correspondants  du  Comité, 
à  Messieurs  les  Présidents  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements 
en  relation  avec  le  Comité. 

Paiais-Royal,  le  3  septembre  1906. 
MOXSIBI'R, 

Par  arrêté  du  ininislru  de  l'iastructiou  publique  et  des  Beaux-Arts  en  date 
du  18  août  1906  la  31^  session  des  Sociétés  des  ({eaux-Arts  des  départements 
s'ouvrira,  en  1907,  &  l'Rrole  des  Beaux-Arts,  rue  Bouaparle^  n"  14,  le  mardi  de 
la  Pentecôte,  21  mai  1907. 

Lps  mémoires  préparés  e'i  vue  de  cette  session  devront  m'élre  adressés,  au 
Sons-Secrétariat  d'Klat  des  Beaux-Arts,  rue  de  Valois,  n**  3  (bureau  de  l'Ensei- 
j^nemcnt  et  des  Manuiaclures  nationales),  avant  le  15  février  1907,  terme  de 
rigueur^  pour  être  soimiis  à  l'examen  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts. 
cliurtfé  de  dési'^ner  cl'hx  qui  pourront  être  lus  en  séance  publique. 

liC  (jraiid  nombre  des  communications  m'oblige  à  rappeler  aux  auteurs  qu*ii 
leur  est  accordé  vingt  minutes,  au  plus,  potir  lire  ou  résumer  leurs  travaux.  Les 
mémoires  qui,  à  f  impression,  exigeraient  plus  de  vingt  pages  du  format  du 
Compte  rendu  devraient  être  l'objet  de  suppressions  qui  seraient  demandées 
aux  auteurs  avant  la  mise  sous  presse. 

Les  auteurs  sont  également  prévenus  que,  désormais,  1rs  copies  de  pièces  iné- 
dites jointes  aux  mémoires  soumis  à  l'examen  du  Comité  devront  être,  s'il  est 
possible,  authentiquées,  soit  par  les  directeurs  des  dépôts  d'archives,  soit  par  les 
notaires,  soit  par  les  propriétaires  des  papiers  communiqués. 
^.  Je  ne  crois  pas  ulilo  de  vous  rappeler  longuement  ce  dont  rexpérience  des  ses- 

y^,  sion«  précédentes  vous  a  Tait  juge,  a  savoir,  le  caraclère  particulier  des  éludes 

^  que  le  Comité  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  apprécie  et  accueille  de  préierence. 

La  mise  au  jour  de  documents  inédits  sur  les  artistes  ou  les  monuments  de  nos 
provinces,  tel  psi  le  but  que  doivent  se  proposer  les  délégués  des  Sociétés  des 
Beau\-Arls  des  départements  dé^ireui  de  prendre  part  aux  sessions  annuelles. 

Kn  vous  (disant  parvenir  ultérieurement  les  lettres  d'invitation  destinées  à 
MU.  les  Délégués,  j'aurai  l'honneur  d'y  joindre  les  instructions  concernant  les 
mesures  adoptées  d'un  commun  accord  par  les  (iompagnies  de  chemins  de  (er  et 
mon  Administration. 

J'invite  M\l.   les  Présidents  à  me  Taire  connaître,  avant  le  l^yecrier  1907,  la 
liste  de  leurs  délégués.  Je  les  prie,  touterois,  d'apporter  la  plus  grande  réserve 
dans  le  choix  des  délégués. 
\  Kn  dehors  des  personnes  qui  auront  h  faire  des  communications,  chaque  Société 

re  pourra  désigner  pour  la  représenter  que  trois  de  ses  membres,  qui  devront, 
dès  l'ouverture  dt;  la  session,  inscrire  leur  adresse  à  Paris  sur  un  registre  déposé 
à  la  porte  de  la  salle  où  se  tiendra  la  Section. 

JjC  titre  de  Correspondant  ou  de  Membre  non  résidant  du  Comité  ne  donne 
pas  droit  ii  l'envoi  d  office  d'une  carte  d'invitation  et  d'une  lettre  de  parcours. 
(iCS  pièces  devront  faire  l'objet  d'une  demande  spéciale  de  la  part  des  intéressés 
dsins  le  délai  ci-dessus  ûxé. 

Agréei.  Monsieur,  l'assurance  de  ma  considération  très  distinguée. 

Le  Sous-Secrétaire  d'Etat  des  Beaux- Arts, 
Dujardiiv-Bkalmktz. 

N.B.  —  Chaque  année,  les  auteurs  des  mémoires  acceptés  par  le  Comité  et 
insérés  dans  le  compte  rendu  de  la  session  demandent  à  la  Direction  des  Beaux- 
Arts  l'autorisation  de  faire  des  tirages  à  part  de  leurs  travaux.  MM.  les  AuleuiS 
sont  prévenus  qu'ils  peuvent  traiter,  pour  les  tirages  à  part,  avec  Téditeur  du 
compte  rendu,   sans  que  l'Administration  ait  à    intervenir  en  aucune  manière 


—   CXXVII    — 


dans  ces  négociations,  il  ne  sera  donc  pas  répondu  aux  leltres  des  collaborateurs 
du  Comité  qui  auraient  trait  à  celte  question.  —  Les  tirages  h  paît  ne  sont 
livrables  aux  auteurs  qu'après  l'achèvement  et  la  distribution  du  compte  rendu 
de  la  session. 


MKMOIRES  LUS  A  LA  SESSIOX  DK  lî>06 

Un  portrait  de  Mme  de  Montespan  à  Rambouiliet,  rue  de  la  Motte,  par 
M.  LoRiN,  à  Rambouillet.  —  Une  statue  de  Xicolas  d'Angennes,  en  marbre, 
par  le  même.  —  Un  tableau  inédit  de  Jean  Daret  dans  l'église  Saint-Paul 
du  Var,  près  Vence  (Alpes-Maritimes),  par  \l.  Dolblkt,  ù  \ice.  —  Inrentaire 
somtnaire  des  églises  rurales  de  l'arrondissement  de  Reims  au  point  de  tue  de 
l'art  et  de  l'histoire,  par  M.  Jadart,  ù  Reims.  —  La  collection  de  tableaux  du 
chevalier  Emile  de  Tarade,  par  \\.  Gabrau,  à  Amboise.  —  Trois  statuettes  en 
bois  de  l'école  provençale,  par  M.  le  baron  Ghillibert,  h  Aix.  —  Essai  de 
répertoire  des  artistes  lorrains  :  Brodeurs  et  tapissiers  de  haute  lisse,  par 
M.  Albert  Jacquot,  à  \ancy.  —  Pierre  (fobert  portraitiste,  par  \\.  Eugène 
Thoison,  à  Larchant  (Seine-ct-Marno).  —  Les  Sèmlcres  ou  n^tises  au  tombeau 
en  Picardie,  par  .\l.  Emile  Deligmères,  à  Abbc ville. — Jules-Edouard  de  Magy, 
peintre  tnarseillais,  par  M.  Bomllox- Landais,  a  MarseilKv  —  Objets  d'art  reli- 
gieux dans  fancien  archidiaconé  de  Toumus,  par  M.  .\Iarti\,  à  Tournus.  — 
Une  famille  de  peintres  blésois,  les  Monsnier,  par  M.  Tabbé  Uosskbceif,  ù 
Tours.  ^—  Statues  de  l'école  dijonnaise  à  la  cathédrale  de  Hesançon,  par 
M.  l'abbé  Bru\r,  à  Mont-sous-Vaudrey.  —  Enseignement  public  des  arts  du 
dessin  à  Lyon,  par  M.  Léon  Charvrt,  ù  Paris.  — Joseph-Auguste  Herlin,  artiste 
peintre,  par  M.  QCARRli-RBVBOURBOf,  à  Lille.  —  Histoire  d'un  tableau  :  Le 
martyre  de  Saint- Etienne,  par  Rubens,  par  M.  Hkxallt,  à  Valencienoes.  - 
La  chapelle  du  chdteau  de  la  Sorinière  en  Saint-Pierre  de  Chemil/é,  par 
AI.  le  chanoine  Urseau,  à  Angers.  —  A  propos  d'un  Van  Loo  et  d'un  Largil- 
liêre,  par  M.  Planxouard,  ii  Magny-cn-Vexin  (Seine-et-Oisc) , 

Présidents  de  séances. 

\\\L  Henry  Uavaru,  dk  Xolhac,  Lucien  Marchkix,  Lucien  Xhu.vK,  monibrcs 
du  Comité. 

DISTLVCTIOX  HONORIFIQUE 

Officier  de  t Instruction  publique  : 

M.  le  chanoine  l'asKAr,  correspondant  du  Comité  à   Angers  (aiiélé  du 
20  avril  lî)0(i). 


1 


DISCOURS 

PROCÈS-VERBAUX    ET   RAPPORTS 


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RÉUNION 

SOCIÉTÉS  DES  BE4UX-ARTS 

DES  DÉPARTEMENTS 

DANS  LA  SALLB   DB  1/hÉU1CYCLE  DB   l/ÉCOLB  NATIONALE  DES  BEAUX-ARTS 

EN    1906 

TEENTIËME  SESSION 


Ouverture  de  la  session  et  composition  du  Bureau, 

Un  arrêté  rendu  sur  la  proposition  du  sous-secrétaire  d'État  des 
beaux-arts,  sous  la  date  du  28  juillet  1903,  est  ainsi  conçu  : 

fiC  ministre  de  Tînstruction  publique,  des  beaux-arts  et  des 
cultes, 

Vu  les  avis  émis  par  le  comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des 
départements  les  19  et  26  novembre  et  le  20  décembre  1898  ; 

Vu  Tarrêlé  du  20  juin  1905,  Gxant  la  date  du  44*  congrès  des 
sociétés  savantes  de  Paris  et  des  départements  pour  1906; 

Sur  la  proposition  du  sous-secrétaire  d'État  des  beaux-arts. 

Arrête  : 

La  30*  réunion  des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements 
aura  lien  à  TÉcole  nationale  des  beaux-arts  du  mardi  17  avril  1906 
au  vendredi  20  du  même  mois  inclusivement. 

La  séance  de  clôture  aura  lieu  dans  le  grand  amphithéâtre  de 
la  Sorbonne,  le  samedi  21  avril,  à  deux  heures  précises. 

Bienvenu-Martin. 

Un  arrêté  en  date  du  17  février  1906  fixe  que  les  séances  de 
la  session  seront  successivement  présidées  : 

Le  mardi  17  avril,  par  M.  Henry  Havard,  inspecteur  général 


1 


2  SÉA^'Cfi    DU    11   AVRIL 

des  beaux-arts,  membre  du  comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des 
départements; 

Le  mercredi  18  avril,  par  H.  de  Noihac,  conservateur  du  musée 
national  de  Veraailles,  membre  du  comité  des  sociétés  des  beaux- 
arts  des  départements; 

Le  jeudi  19  avril,  par  M.  Marcheix,  conservateur  du  musée,  de 
la  bibliothèque  et  des  collections  de  TÉcole  nationale  des  beaux- 
arts,  membredu  comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements; 

Le  vendredi  20  avril,  par  H.  Magne,  inspecteur  général  des 
monuments  historiques,  membre  du  comité  des  sociétés  des  beaux- 
arts  des  départements. 

Le  vice-président  de  chaque  séance  sera  choisi  parmi  les  délé- 
gués des  sociétés  des  beaux-arts. 

Le  président  et  le  vice-président  seront  assistés,  pendant  la  durée 
de  la  session,  par  : 

M.  Augustin  Thierry,  attaché  au  cabinet  du  sous-secrétaire 
d'État  des  beaux-ar's,  secrétaire  adjoint  du  comité,  qui  remplira  les 
fonctions  de  secrétaire  des  séances. 

Séance  du  mardi  17  avril, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  HENRY  HAVARD 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  sous  la  présidence  de 
M.  Henry  Havard,  inspecteur  général  des  beauj-arts,  membre  du 
comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements. 

M.  le  président  invite  M.  Braquehaye,  membre  non  résidant  du 
comité  à  Bordeaux,  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-prési- 
dence, et  prononce  le  discours  suivant  : 

Messieurs, 

Le  18  avril  1879,  jour  où  la  confiante  amitié  de  M.  Jules 
Ferry  me  désigna  pour  faire  partie  du  comité  des  sociétés  des 
beaux-arts,  si  quelqde  arrière-neveu  de  Cagliostro,  ou  quelque 
élève  de  Mme  Lenormand,  m'eût  prédit  que  vingt-sept  ans  plus 
tard«  j'aurais  l'honneur  insigne  de  présider,  dans  ce  glorieux 
amphithéâtre,  à  Tinauguration  de  votre  trentième  coogrès,  il 
m'aurait  trouvé  —  pourquoi  le  cacher?  —  notoirement  incrédule. 

VÉcole  des  beaux-arts!  presque  un  palais.  L'hémicycle  de  Delà- 


ALLOCUTIOM  DE  M.  HBNRT  HAVARD  3 

iioche!  presque  un  musée.  Quel  radieux  contraste  avec  la  salle 
Gerson,  —  votre  asile  d'alors,  —  antre  obscur  et  antiacoustique, 
où,  faute  de  jour,  on  pénétrait  à  tâtons,  où  la  voix  portait  à  peine  à 
deux  mètres!  Et  ces  trente  années,  messieurs,  qui  aurait  osé  pré- 
voir une  si  longue  vitalité,  en  ces  temps  d'incessantes  fluctuations 
d'idées,  et  d'autant  moins  rassurantes  pour  vous,  que  l'accueil  fait 
à  vos  premiers  pas  n'était  rien  moins  que  sympathique? 

L'an  dernier,  ici  même,  mon  cher  et  savant  ami  Jules  Guiffrey, 
lui  aussi  ouvrier  du  premier  jour,  rappelait  les  suspicions  injusti- 
fiées dont  furent  entourés  vos  débuts,  les  jalousies  agissantes  de 
frères  aines  s'alarmant  à  tort,  et  croyant  qu'on  les  voulait  dépos- 
séder de  ce  qu'ils  considéraient  comme  leur  patrimoine  intangible. 
Et,  en  dehors  de  ces  oppositions  latentes  ou  avouées,  que  d'événe- 
ments accomplis  en  ce  tiers  de  siècle!  Que  d'institutions  jugées 
indestructibles,  anéanties  peut-être  pour  toujours!  Que  de  trans- 
formations dans  les  esprits!  Quelle  évolution  dans  les  mœurs!  Et 
pour  moi,  quelle  joie,  après  tant  d'années  anxieuses,  de  pouvoir 
saluer  votre  compagnie  toujours  aussi  vaillante,  aussi  ardente  à 
l'étude,  aussi  dévouée  à  la  science,  plus  nombreuse  et  mieux 
aguerrie  que  jamais! 

Les  obstacles  semés  sous  vos  pas,  vous  les  avez  surmontés.  Les 
mauvais  vouloirs,  vous  les  avez  vaincus.  Les  vides  douloureux  que 
la  mort  a  faits  daiis  vos  rangs,  vous  les  avez  comblés.  Le  découra- 
gement, la  lassitude,  le  scepticisme  qui  fait  douter  du  résultat  et 
détourne  de  l'efiTort,  vous  ne  les  avez  pas  connus.  Votre  activité 
résolue,  persévérante  et  féconde  ne  s'est  laissé  arrêter  par  rien... 
pas  même  par  l'ennemi  le  plus  redoutable,  le  décevant  silence! 

Et,  en  effet,  messieurs,  si  les  hommes  éminents  appelés  à  pré- 
sider vos  séances  annuelles  se  sont  fait  un  pieux  devoir  de  vous 
remercier,  tour  à  tour,  des  services  dont  l'histoire  de  notre  art 
national  vous  est  redevable;  s'ils  ont  rendu  pleine  et  loyale  jus- 
tice à  votre  infatigable  dévouement,  à  votre  science  éprouvée,  à 
vos  constantes  et  ingénieuses  recherches  ;  hors  de  cette  enceinte,  — 
si  l'on  excepte  quelques  témoignages  forcés  de  gratitude, — -on 
affecta  pendant  longtemps  d'ignorer  la  haute  valeur  de  vos  travaux 

Cette  indifférence,  plus  apparente  que  réelle,  ne  vous  a  pas* 
émus.  Vous  avez  éprouvé  ee  a  fanatisme  de  l'Espérance  «  dont 
'    parle  Mirabeaa;  et  voilà  qu'enfin,  cette  année,  devant  un  arèo- 


n 


4  SÉANCE    DU   11   AVRIL 

page  choisi,  un  hommage  public  vous  a  été  adressé,  reconnais^ 
sance  officielle  de  vos  mérites,  et  dans  des  circonstances  qu'il . 
importe  de  rappeler,  car  elles  fixent  une  date  intéressante  de  votre 
histoire. 

Au  cours  de  la  dernière  législature,  une  voix  autorisée  s'était 
élevée  dans  le  Parlement,  pour  signaler  Tétat  de  délaissement 
dans  lequel  végètent  nombre  de  nos  musées  de  province.  On  les 
montrait  privés  de  conservateurs  expérimentés,  dépourvus  de  cata- 
logues raisonnes,  menacés  de  destructions  par  Tincendie,  par  des 
installations  défectueuses  et  des  inerties  coupables.  Le  sous-secré- 
taire d'État,  qui  préside  aux  destinées  des  beaux-arts,  justement 
soucieux  des  devoirs  de  sa  charge,  s'est  ému  de  ce  mal  qu'on  lui 
signalait.  Résolu  d'y  remédier  dans  la  mesure  du  possible,  il  a 
groupé  dans  une  grande  et  importante  commission  toutes  les 
compétences  désirables.  Et  comme,  dès  la  première  séance  plénière 
de  cette  commission,  on  déplorait  Fabsence  presq  ue  partout  d^inven- 
taires  sérieux  et  de  catalogues  raisonnes,  il  a  bien  fallu  parler  de  vos 
travaux  et  proclamer  la  dette  de  reconnaissance  contractée  vis-à-vis  . 
de  votre  institution  par  tous  ceux  à  qui  nos  musées  sont  chers. 

On  a  forcément  rappelé  votre  collaboration  à  cette  immense  et 
noble  entreprise  de  V Inventaire  des  richesses  d'art  de  la  France. 
On  a  dû  se  souvenir  qu'en  1877,  M.  de  Chennevières  s'en  remet- 
tait à  vous  du  soin  de  la  mener  à  bonne  fin.  u  C'est  à  vous, 
disait-il,  jque  nous  sommes  obligés  de  nous  adresser  pour  établir 
cette  vaste  statistique...  Nous  avons  dressé  le  plan,  tracé  les 
cadres,  formulé  le  questionnaire;  mais  ce  plan  peut  demeurer, 
inutile,  les  cadres  peuvent  rester  vides,  si  le  questionnaii*e  n'est 
rempli  par  vous,  si  vous  ne  nous  envoyez,  chacun  de  votre  côté, 
les  chapitres  isolés  de  ce  livre  immense,  d  Vous  vous  mites  à 
l'œuvre  de  suite,  sans  hésitation;  et  deux  ans  plus  tard,  dans  cette 
afireuse  salle  Gerson  dont  je  parlais  à  l'instant,  la  voix  clairon- 
nante de  notre  cher  et  vénéré  maître,  le  vicomte  Henri  Delaborde, 
nous  annonçait  l'apparition  prochaine  de  trois  catalogues  :  celui . 
du  musée  de  Tours,  rédigé  par  Anatole  de  Montaiglon;  ceux 
d'Angers  et  de  Nantes,  par  Henri  Jouin  et  Olivier  Merson. 

Ceci  se  passait  en  1879!  Combien  d'autres  travaux  du  même 
genre  étaient  alors  sur  chantier,  imprimés,  ou  à  la  veille  de  l'être! 
Le  Catalogue  du  musée  de  Grenoble,  par  M.  Roman;  celui  du 


ALLOCUTION    DE    M.    HENRY   HAVARD  5 

musée  de  Lisieux,  par  MM.  Mély  et  de  Montaiglon  ;  ceux  de  Besan- 
çon, par  M.  Caslan;  de  Montpellier,  par  M.  Lafencstre;  d'Orléans, 
par  M.  Eudoxe  Marcille;  de  Chalon-sur-Saône,  par  H.  Desfcil- 
leur.  Où  en  serions-nous  aujourd'hui  si  des  erreurs  n'avaient  été 
commises  dans  la  direction  de  cet  immense  travail  (fautes  qu'il 
serait  inutile  de  nier)  et  sans  l'obstination  qu'apporta  H.  Anlonin 
Proust  à  en  proclamer  l'inutilité  et  à  lui  enlever  les  crédits  néces- 
saires? Et  si  nous  feuilletons  simplement  les  vingt-neuf  volumes  où 
se  condensent  vos  lectures  annuelles,  que  de  travaux  d'approche, 
d'études  préliminaires  ne  nous  fournissent-ils  pas  sur  le  sujet 
spécial  qu'a  tant  à  cœur  la  grande  commission  dont  nous  parlons! 
Faut-il  citer  les  précieuses  notices  de  M.  Armand  Cambon  sur 
le  musée  de  Montauban,  de  M.  Bouillon-Landais'  sur  le  musée  de 
Marseille,  de  M.  Charles  Hue  sur  celui  de  Fécamp?  les  travaux  de 
M.  Brocard  sur  le  musée  de  Langres,  de  M.  Bariau  sur  celui  de 
Moulins,  dé  M.  Adrien  Picard  sur  celui  du  château  Borelly,  et  tant 
d'autres?  Certes,  la  commission  des  musées  de  province  aurait  eu 
mauvaise  grâce  à  méconnaître  les  services  éminents  que  vous  avez 
rendus. 

Mais  ce  n'est  pas  tout,  a  Les  bonnes  nouvelles,  dit  un  vieux 
dicton  de  la  Bourgogne,  viennent  toujours  de  compagnie,  r  Une 
autre  occasion  est  proche  où,  devant  une  seconde  assemblée  non 
moins  nombreuse,  également  compétente,  l'utilité  démontrée  de 
votre  œuvre  provoquera  certainement  un  nouvel  hommage.  J'ai 
dit  quelle  était  la  sollicitude  de  M.  Dujardin-Beaumetz  pour  toutes 
les  branches  de  l'administration  confiée  à  ses  soins.  Soucieux 
d'améliorer  —  s'il  est  possible  —  l'enseignement  de  ce  qu'on  est 
convenu  d'appeler  a  les  arts  décoratifs  » ,  il  vient  de  nommer  une 
commission  spéciale,  sorte  de  petit  parlement,  qui  doit  être  chargée 
d'étudier  cette  question  passionnante. 

Passionnante  en  effet,  car  peu  de  problèmes  qui  dans  ces  der- 
nières années  aient  plus  ému  le  grand  et  le  petit  public,  fourni  de 
copie  aux  écrivains  d'art  et  mis  en  verve  les  journalistes.  A  voir 
l'entrain  qu'on  apporte  à  s'occuper  d'elle,  on  serait  enclin  à  lui 
supposer  les  grâces  piquantes  et  la  virginale  fraîcheur  d'une  jeu- 
nesse immaculée.  Il  n'en  est  rien  cependant.  Et  l'on  trouverait  dif- 
ficilement une  question  moins  neuve,  plus  mûre,  qui  ait  davan- 
tage fait  parler  d'elle. 


«  SÉANCE    DU    11   AVRIL 

Tout  d'abord,  il  faut  bien  reconnaître  que  dès  le  treizième  siècle 
elle  était  déjà  résolue  par  cette  double  institution  de  Tapprentis- 
sage  et  de  la  maîtrise,  dont  le  code  un  peu  rébarbatif  nous  a  été 
transmis  par  Etienne  Boileau.  L'apprentissage  dont  la  rigoureuse 
discipline  se  chargeait  de  décourager  les  fausses  vocaiions,  d'inti- 
mider les  hésitants,  d'évincer  les  paresseux;  la  maîtrise  qui,  au 
sortir  des  rigueurs  de  l'apprentissage,  procurait  au  candidat  ayant 
fait  ses  preuves  l'appréciable  privilège  de  pouvoir  vivre  du  méfier 
appris,  sans  avoir  à  redouter  la  concurrence  des  gâcheurs  et  des 
exploiteurs  étrangers  à  la  profession.  Et,  entre  ces  deux  termes 
exXrêmes,  le  maître  ne  pouvant  former  qu'un  nombre  strictement 
limité  d'apprentis;  non  pas  simplement  tenu,  comme  le  sont  les 
professeurs  de  nos  jours,  d'enseigner  (suivant  le  mot  si  profond 
de  Chabal-Dussurgey)  ce  que  trop  souvent  ils  ignorent,  ou  a  d'in- 
culquer à  la  jeunesse  l'amour  de  ce  qu'ils  ont  toujours  dédaigné  r»  ; 
mais  rompu  aux  difficultés  de  sa  tâche  et  d'autant  plus  pressé  de 
façonner  des  ouvriers  capables  qu'il  avait  hâte  de  faire  de  ses 
élèves  d'utiles  collaborateurs. 

On  sait  à  quel  degré  de  perfection  celte  organisation  un  peu 
rude  porta  nos  industries  d'art,  et  le  fait  que  cette  main-d'œuvre 
incomparable  se  perpétua,  chez  nous,  jusqu'à  la  fin  de  l'ancien 
régime,  démontre  assez  la  valeur  de  l'institution  et  l'excellence  de 
la  méthode.  Personne  n'ignore  non  plus  que  le  souffle  révolution- 
naire balaya  ces  contrats  restrictifs  pour  leur  substituer  les  bien- 
faits de  la  liberté.  Ce  que  ceux  qui  font  profession  d'écrire  sur  ces 
questions  connaissent  plus  imparfaitement,  ce  sont  les  étapes  par- 
courues par  cette  émancipation  moins  soudaine  qu'on  ne  croit 
généralement.  Il  est  pourtant  bien  utile,  quand  on  veut  savoir 
exactement  où  l'on  va,  de  s'enquérir  un  peu  d'où  Ton  vient.  Or, 
c'est  à  vous,  messieurs,  que,  dans  le  cas  présent,  il  faut  s'adresser 
pour  l'apprendre. 

Après  l'avortementdes  velléités  réformatrices  de  Turgot,  quand 
la  loi  du  2  mars  1791  supprima  définitivement  les  maîtrises  et  les 
jurandes,  celles-ci  avaient  fait  leur  temps.  Le  robuste  édifice 
élevé  par  le  moyen  âge  était  miné  à  sa  base.  De  protectrices  qu'elles 
avaient  été  d'abord,  les  corporations  étaient  devenues  oppressives 
et  tyranniques.  Les  médiocrités,  toujours  et  partout  les  plus  nom- 
breuses, prétendaient  régenter  le  talent  et  enchaîner  le  génie  dans 


ALLOCUTION    DE    M.    HENRY    HAVARD  1 

des  i*ègles  inexorables.  Les  peintres,  vous  le  savez,  furent  les  pre- 
miers à  secouer  ce  joug  trop  pesant.  Dus  1648,  grâce  à  la  haute 
intervention  de  Mazann,  ils  s'émancipèrent  de  la  lourde  tutelIiE^ 
qu'on  prétendait  leur  imposer,  en  fondant,  à  Tinstigation  de  Le 
Brun,  cette  académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture  qui  devait 
paiTourir  une  carrière  si  glorieuse.  Vers  le  même  temps,  Nicolas 
Levray,  a  sculpteur  et  architecte  du  Roy,  t)  érigeait  à  Toulon,  dans 
Tarsenal,  cette  École  d'art  de  la  marine,  destinée  à  former  des 
artistes  pour  la  décoration  des  constructions  navales,  école  que 
Puget  devait  immortaliser  par  sa  présence. 

Le  mouvement,  ainsi  inauguré  au  Nord  et  au  Midi,  gagna  très 
lentement  nos  autres  provinces.  En  1676,  sur  la  proposition  de 
Colbert,  Louis  XIV  octroyait  des  lettres  patentes  «  pour  Tètablisscv 
ment  des  académies  de  peinture  et  de  sculpture  dans  les  princi^ 
pales  villes  du  royaume  «  ;  mais  c*est  seulement  en  1689  que 
Thomas  Blanchet  s'efforça  d'établir  à  Lyon  une  académie  qui  ne 
devait  réellement  vivre  et  prospérer  qu'au  siècle  suivant,  et  c'esC 
en  1690  que  Le  Blond  de  la  Tour,  a  peiatre  ordinaire  du  Roy,  * 
obtint  les  lettres  de  fondation  de  l'académie  royale  de  Bordeaux. 

Avec  le  dix-huitième  siècle,  ces  institutions  se  multiplient.  En 
1715,  à  An'as,  Jacques-Philippe  Ferraud  rédige  un  projet  pour 
l'établissement  des  écoles  gratuites  de  dessin.  En  1740,  l'aca- 
démie de  Rouen  est  fondée  par  Descamps,  dont  le  nom  est  cher  à 
Id  fois  aux  peintres  et  aux  écrivains  d'art.  Douze  ans  plus  tard, 
Verdiguier,  a  maître  sculpteur  enthousiaste  t>  (comme  l'appelle 
M.  Parrocel),  inaugure  l'académie  de  peinture  et  sculpture  de  Mar- 
seille, qui  allait  former  une  phalange  d'artisans  émérites,  faïen- 
ciers, dessinateurs  de  papier  peint,  serruriers  d'art,  appelés  à 
régénérer  les  industries  artistiques  de  la  Provence.  En  1764,  l'ex- 
cellent Bachelier  installait  à  Paris,  dans  l'amphithéâtre  de  l'Ecole 
de  chirurgie,  —  où  elle  réside  encore,  — cette  Ecole  des  arts  déco- 
ratifs à  laquelle  on  promet  périodiquement  et  vainement  une  ins- 
tallation meilleure. 

En  1767,  les  Etats  de  l'Artois  ouvrent  à  Sainl-Omer  une  aca- 
démie gratuite  de  dessin.  En  1772,  c'est  le  tour  de  l'académie  de 
Poitiers,  dirigée  par  Anjollcst-Pagès.  En  1779,  apparaît  l'école  de 
Tour,  que  le  brave  Rougeol  fonde  de  ses  propres  deniers.  En 
1780,  Antoine  Saint-Lambert,  élève  de  Lancret,  inaugure  Face- 


«  SÉANCE    DfJ    17   AVRIL 

demie  de  Cambrai,  et  en  1782,  Chardenal  celle  de  Langres.  Voilà, 
messieurs,  ce  qu*on  apprend  à  feuilleter  les  vingt-neuf  volumes 
renfermant  vos  travaux.  On  y  voit  que  renseignement  des  arts 
décoratifs  n'avait  pas  attendu,  pourse  libérer,  la  loi  du  2  mars  1791. 

Il  ne  faut  pas,  en  effet,  que  le  mot  académie,  qui  revient  si  sou- 
vent dans  cette  énumération,  produise  une  confusion  regrettable. 
Il  s'agit  bien  là  —  non  pas  seulement  d*art  décoratif,  car,  comme 
le  disait  si  bien  ici  même  un  de  nos  collègues  les  plus  compétents  : 
tt  Qu'est-ce  donc  que  Tart  décoratif?  C'est  Tart  tout  entier,  rem- 
plissant la  fonction  qui  lui  est  dévolue  »  —  mais  de  Tart  appliqué 
à  nos  industries  nationales.  Vingt  textes,  cités  par  vous-mômes,  en 
font  foi.  C'est  d'abord  le  titre  de  l'école  de  Poitiers,  qualifiée  école 
royale  académique  de  peinture,  sculpture,  architecture  et  arts  ana- 
logues au  dessin.  C'est  la  réplique  de  l'abbé  Lacroix  à  l'opposition 
<pie  font  les  fabricants-dessinateurs  de  Lyon  (1751)  à  l'établisse- 
ment de  ses  nouveaux  cours,  u  Ces  jeunes  gens,  disait  Lacroix,  fils 
d'ouvriers,  devenus  dessinateurs,  seront  une  ressource  infinie  pour 
leurs  familles,  et,  connaissant  mieux  l'çssence  du  métier,  ils  en 
perfectionneront  l'ouvrage.  » 

Voici  maintenant  (janvier  1779)  la  municipalité  de  Tours,  qui, 
visitant  V Académie  gratuite,  établie  à  ses  frais  par  le  dévoué  Rou- 
geot,  constate  que  les  élèves,  a  quoique  ayant  la  main  appesantie 
par  les  travaux  de  leur  état,  annoncent  des  dispositions  qu'il 
importe  de  faire  valoir,  v  En  1781,  à  cette  même  école  de  Tours, 
nous  trouvons  le  sieur  Lefebvre,  u  appareilleur  du  pont,  n  préposé 
à  la  direction  du  cours  de  la  coupe  des  pierres,  précurseur  de  cet 
atelier  de  stéréotomie,  encore  aujourd'hui  si  réputé  sur  les  bords 
de  la  Loire,  et  qui  a  rendu  tant  e!  de  si  grands  sei-vices  à  toute  la 
région.  Enfin,  citons  encore  une  lettre  de  Rouillé,  intendant  de 
Champagne,  approuvant  (20  août  1784)  la  fondation  de  l'école  de 
Langres  et  félicitant  ses  promoteurs  des  sei'vices  qu'elle  rend  aux 
tt  arts  mécaniques  n  . 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  que  la  Révolution,  en  modifiant  la 
forme  de  nos  insfilutions,  se  garda  bien  de  changer  le  caractère 
essentiellement  pratique  de  leur  enseignement?  Elle  s'empressa,  au 
contraire,  de  lui  donner  une  sanction  officielle.  Le  29  septembre 
1794,  l'abbé  Grégoire  demandait  à  la  Convention  la  création  d'une 
école  et  d'un  musée  consacrés  aux  arts  industriels/a  II  est  temps, 


ALLOCUTION    DE    Bf.   HENRY   HAVARD  9 

\disait^il,  que  les  arts  utiles  soient  honorés  et  que,  comme  les 
autres  arts,  ils  deviennent  dans  un  musée  un  sujet  d'études  et  la 
cause  d'améliorations,  dont  tous  doivent  profiter...  Dans  un  pays 
libre,  tous  les  arts  sont  libéraux  !  n  Et  Tannée  suivante  la  Conven- 
tion répondait  à  la  proposition  de  Grégoire  par  la  création  du  Con- 
servatoire  des  arts  et  métiers. 

Tous  les  artistes  d'aloi*s,  ceux-là  mêmes  qui  paraissent  les  plus 
férus  de  classicisme,  les  plus  outranciérement  épris  de  ce  qu'on 
commençait  à  appeler  »  l'art  pur  » ,  partageaient  cette  sollici- 
tude pour  ce  qu'on  a  nommé  depuis  a  les  arts  mineurs  » .  Louis 
David,  dans  une  lettre  du  2  prairial  an  XI,  où  il  recommandait  la 
candidature  de  son  élève  lierre  Revoil  à  la  direction  de  l'école  de 
Lyon,  le  grand,  le  classique  David  écrivait  :  a  C'est  le  jeune  homme 
le  plus  estimable.  Il  possède  toutes  les  qualités  pour  bien  remplir 
cette  place...  Il  possède  de  plus  l'intelligence  absolue  de  connaître 
mieux  qu'aucun  autre  le  genre  particulier  qui  convient  à  une 
ville  comme  Lyon.  Il  s'entend  aux  ouvrages  de  manufactures,  qui 
ont  rendu  cette  ville  célèbre  en  Europe.  » 

Est-il  nécessaire  d'insister  sur  des  faits  plus  récents  pour  mon- 
trer que  cette  question  des  arts  décoratifs  n'a  jamais  cessé  d'ex- 
citer en  France  un  intérêt  tout  spécial?  L'admission  des  industries 
d'art  à  l'exposition  de  l'an  VI,  a  pose  d'une  première  pierre,  sur 
laquelle  devait  s'élever  un  monument  colossal  ;  »  les  encourage- 
ments qui  leur  furent  prodigués  par  la  Restauration  en  1819,  par 
le  gouvernement  de  Juillet  en  1834,  par  la  seconde  République  en 
1849,  nous  amènent  aux  expositions  universelles  de  Londres  et  de 
Paris,  et  à  cet  admirable  Rapport  sur  VapplicationdesartsàVvnr 
dustrie,  du  comte  de  Laborde,  qui,  dans  ses  mille-  pages,  traite 
avec  une  indiscutable  et  magistrale  autorité  les  multiples  problèmes 
qui  nous  passionnent  encore.  Puis  ce  sont  la  fondation  de  V Union 
centrale,  l'enquête  générale,  solennellement  instituée  par  M.  An- 
tonin  Proust  durant  son  éphémère  ministère  des  arts,  la  révolu- 
tion dans  l'enseignement  du  dessin  accomplie  sous  l'inspiration 
d'Eugène  Guillaume,  les  missions  en  Europe  confiées  à  M.  Marins 
Vacbon,  les  expositions  périodiques  de  nos  écoles  régionales  d'art 
décoratif...  Que  sais-je  encore?  Tout  cela  date  d'hier.  C'est  de 
l'histoire  contemporaine;  et  si  certains  de  nos  critiques  d'art 
paraissent  n'en  rien  savoir,  c'est  que,  comme  le  disait  la  modiste 


10  SÉANCE    DU    17   AVRIL 

de  Marie-Antoinetle  :  a  II  n'y  a  de  vraiment  neuf  en  ce  monde 
que  ce  qu'on  a  oublié  !  » 

Pour  les  faits  plus  anciens,  s'ils  les  ignorent,  ils  ne  sont  guère 
plus  excusables,  car  il  leur  suffisait  de  parcourir  les  comptes  rendus 
de  vos  sessions  pour  trouver  sous  la  signature  de  MM.  Charvet, 
Durieux,  Jules-Charles  Roux,  Braquehaye,  Félix  Laurent,  Par- 
rocel,  Charles  Ginoux,  Victor  Advielle,.Mélicourt-Lefèvre,  Th.  Vé- 
ron,  Guillard,  et  de  quelques  autres,  la  plupart  des  faits  que  je 
viens  de  résumer.  J'ajouterai  qu'avant  toute  discussion,  les  membres 
de  la  haute  commission  récemment  instituée  feront  bien  de  relire, 
dansées  mêmes  comptes  rendus,  les  Quelques  mots  sur  l'art  déco- 
ratif, de  ChabaUDusseugey;  les  ingénieuses  Idées  au  sujet  de 
V  enseignement  professionnel  des  arts  décoratifs,  de  M.  Charvet; 
les  pages  savoureuses  écrites  par  M.  Francis  Jacquier  sur  Y  Initia- 
tive individuelle  dans  la  formation  des  œuvres  d\art  ;  la  lettre  de 
M.  Léon  Landinau  sur  V Enseignement  du  dessin  dans  Vinstruc- 
tion primaire  et  secondaire;  les  lumineuses  recherches  sur  l'^n- 
seignement  des  arts,  décoratifs,  de  M.  A.  Noël,  etc.,  etc.  Cette 
lecture  faite,  justice  pleine  et  entière  ne  peut  manquer  d'être 
rendue  à  la  merveilleuse  activité  dont  vous  faites  preuve,  à  l'uti- 
lité de  vos  travaux,  à  la  grandeur  de  votre  œuvre! 

J'aurais  voulu  terminer  cette  allocution,  un  peu  longue  peut- 
être,  mais  non  inutile,  par  cette  heureuse  constatation.  Cela  ne 
m'est  pas  permis.  Vous  m'en  voudriez,  messieurs,  de  ne  pas 
adresser,  à  l'ouverture  de  cette  trentième  session,  un  souvenir  ému 
et  reconnaissant  à  celui  que,  l'an  dernier,  un  de  vos  présidents 
appelait  :  u  votre  infatigable  secrétaire  rapporteur,  n  ajoutant  : 
u  j'allais  dire  votre  secrétaire  perpétuel,  m  Ironie  de  la  destinée! 
Celui  qui,  durant  vingt-huit  ans,  assuma  allègrement  la  tâche 
énorme  de  coordonner  vos  efforts,  nous  manque  pour  la  première 
fois,  quand  il  s'agit  d'enregistrer  vos  définitifs  succès.  Soyez  cer- 
tains toutefois  que,  du  fond  de  sa  retraite,  il  est  encore  avec  nous 
de  cœur  et  se  console  de  son  éloignement  en  répétant  l'hémistiche 
fameux  de  Lucrèce  : 

...  eripitur  persona,  manet  res! 
M.  Lorin,  correspondant  du  comité  à  Rambouillet,  donne  lec-*^ 


SàANGB    PU    17   AVRIL  11 

ture  de  son  mémoire  intitulé  :  Un  Portrait  de  Mme  de  Montespan 
à  Rambouillet. 

Cette  toile,  où  la  marquise  est  représentée  en  Madeleine,  se  trouve 
depuis  fort  longtemps  dans  la  famille  de  la  Hotte.  On  peut  très, 
vraisemblablement  la  considérer  comme  une  réplique  du  fameux 
portrait  peint  par  Hignard  pour  Tabbesse  de  Fontevrault  et  que 
Thospice  d'Oiron  possède  aujourd'hui. 

M.  Lorin  en  établit  avec  précision  tous  les  caractères  d'authen- 
ticité et  fournit  à  son  sujet  maints  détails  intéressants  sur  l'icono- 
graphie de  Mme  de  Montespan,  et  en  particulier  sur  ceux  de  ses 
porlraits  qui  sont  aux  musées  de  Versailles  et  de  Troyes. 

On  entend  à  nouveau  M.  Lorin  sur  une  statue  de  Nicolas  d'An- 
gennes  en  marbre  et  un  portrait  du  même. 

C*est  une  intéressante  notice  consacrée  à  Nicolas  d'Angenncs» 
seigneur  de  Rambouillet  (1533-1611),  le  grand-père  de  la  célèbre 
Julie  d'Angennes,  qui  inspira  la  Guirlande  de  Julie,  et  à  sa  femme 
Julienne  d'Arquenay.  Après  leur  mort,  les  statues  de  ces  deux 
personnages  furent  placées  dans  l'église  de  Rambouillet,  mais 
elles  disparurent  pendant  la  Révolution.  M.  Lorin  a  retrouvé  et 
identifié  au  musée  de  Versailles  la  statue  de  Nicolas  d'Angennes 
dont  il  raconte  les  vicissitudes  depuis  le  jour  de  son  enlèvement. 

L'ordre  du  jour  apj)clle  la  communication  de  M.  Doublet 
(Georges)  sur  Un  Tableau  inédit  de  Jean  Daret  dans  l'église 
Saint'PauUdu'Var, près  Vence  (Alpes-Maritimes) . 

Etabli  en  Provence  vers  1687,  le  peintre  bruxellois  Jean  Daret 
y  fut  chargé  de  commandes  nombreuses,  parmi  lesquelles  figure 
la  toile  retrouvée  par  M.  Doublet  :  Saint  Mathieu  écrivant  son 
évangile  sous  la  dictée  d'un  ange.  M.  Doublet  a  fort  habilement 
fait  ressortir  tout  l'intérêt  présenté  par  cette  œuvre  importante  de 
l'un  des  meilleurs  peintres  qui  travaillèrent  en  Provence. 

La  parole  est  ensuite  donnée  à  M.  Jadart  (Henri),  membre 
non  résidant  du  comité  à  Reims,  sur  un  Inventaire  sommaire  des 
églises  rurales  de  l'arrondissement  de  Reims,  au  point  de  vue 
de  Vart  et  de  l'histoire. 

Ce  travail  très  complet  et  très  documenté  est  précédé  de  consi- 
dérations sur  son  utilité  dans  les  circonstances  actuelles. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  trois  heures 
quarante. 


1 


12  SÉANCE    DU    18   AVRIL 

Séance  du  mercredi  1 8  avril. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    DE   NOLHAC 

L^  séance  est  ouverte  sous  la  présidence  de  M.  de  Nolhac,  con- 
servateur du  musée  national  de  Versailles,  membre  du  comité  des 
beaiix-arts  des  départements. 

M.  le  président  invite  M.  Delignières,  membre  non  résidant  du 
comité  à  Abbeville,  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-présidence, 
et  prononce  Fallocution  suivante  : 

Messieurs, 

Lorsque  Thonncur  m'a  été  fait,  il  y  a  quelques  années,  de 
présider  une  de  vos  séances,  j*ai  usé  du  droit  que  me  conférait 
Tallocution  d'usage  pour  vous  entretenir  de  Tart  décoratif  familier 
dans  Tancienne  France.  J'ai  attiré  notamment  votre  attention  sur 
la  nécessité  de  faire  connaître  les  morceaux  qui  en  subsistent  dans 
nos  hôtels  de  province  et  nos  vieux  logis,  en  dehoi*s  des  morceaux 
célèbres  et  classés,  et  sur  le  devoir  qui  s'impose  à  vos  sociétés  d'en 
assurer  la  conservation. 

Je  voudrais  aujourd'hui,  messieurs,  vous  présenter  quelques 
observations  sur  ce  qui  fut  le  complément  naturel  de  la  maison  de 
nos  pères  et  que  les  transformations  du  goût,  comme  le  change- 
ment des  fortunes,  a  (Contribué  presque  partout  à  faire  disparaître. 
Je  veux  parler  des  jardins  et  plus  spécialement  des  jardins  à  la 
française. 

C'est  un  art  essentiellement  français  que  l'art  des  jardins;  je 
veux  dire  que  nulle  part  en  Europe  on  n'a  porté  plus  de  soin  et 
attaché  plus  d'importance  à  l'ingénieux  agencement  par  lequel  la 
nature  asservie  est  appelée  à  l'embellissement  des  demeures.  Il  n'y 
a  qu'à  voir  l'importance  donnée  au  jardin  dans  nos  miniatures  de 
manuscrits  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance,  pour  comprendre 
l'attrait  qu'il  a  exercé  sur  l'imagination  de  nos  aïeux.  Nos  vient 
poètes  y  font,  d'ailleurs,  vous  le  savez,  d'innombrables 
allusions. 

Les  miniatures  et  les  anciens  tableaux  nous  apportent  un  témoi- 
gnage infiniment  précieux  sur  la  continuité  des  principes  de  l'ar- 


ALLOCUTION   DE   M.   DE   NOLHAC  la 

chitecture  des  jardins  dans  notre  pays.  Le  jardin  français,  qui 
discipline  la  nature  et  l'ordonne  suivant  les  lois  méthodiques  de 
Tesprit,  n'est  pas,  comme  on  le  croit  généralement,  une  innova- 
tion du  dix-septième  siècle.  Ce  cadre  coloré,  qui  achève  les  bâti- 
ments d'apparat  en  continuant  leurs  lignes,  se  retrouve  déjà  dans 
les  documents  anciens.  Les  principes  de  Tart  ont  donc  été  posés 
par  nos  ancêtres,  et,  s'ils  n'atteignent  leur  plein  développement 
qu'avec  Le  Nôtre,  né  et  élevé  parmi  les  jardiniers  royaux,  cela 
tient  assurément  au  génie  de  ce  maître,  mais  encore  à  la  carrière 
exceptionnelle  qu'il  lui  fut  donné  de  parcourir. 

L'œuvre  de  Le  Nôtre  est  éparse  sur  tout  notre  territoire,  et 
même  au  delà  de  nos  frontières,  surtout  en  Allemagne  et  en 
Angleterre,  où  les  constructeurs' de  châteaux  ont  fait  tant  de  fois 
appel  à  ses  dessins.  Si  tous  les  jardins  qui  lui  sont  attribués  ne 
sauraient  être  de  lui,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  ce  sont  ses 
principes  qui  les  inspirèrent  et  que,  sans  l'avoir  pour  auteur, 
toutes  ces  œuvres  relèvent  de  lui. 

Au  reste,  son  ouvrage  capital,  le  parc  de  Versailles,  peut  suffire 
à  donner  une  idée  tout  à  fait  complète  de  son  art  ;  et  je  ne  saurais 
trop  vous  conviera  x^enir  l'étudier  sur  place,  dans  un  ensemble 
grandiose  et  dans  le  détail  enchanteur  de  ses  bosquets.  Le  colla- 
borateur de  Le  Vau  et  de  Mansart  y  a  fourni  la  mesure  de  son 
génie  créateur,  nourri  d'une  tradition  puissante  et  d'une  expé- 
rience technique  incomparable. 

Que  d'observations  nous  fera  faire,  messieurs,  l'étude  attentive 
des  anciens  aspects  de  Versailles,  de  ses  bosquets  tant  de  fois 
changés,  de  ses  continuels  perfectionnements  où  la  mauvaise 
humeur  d'un  Saint-Simon  ne  veut  voir  qu'un  gaspillage  d'argent 
et  la  fantasque  humeur  du  maitre,  alors  que  nous  y  constatons  la 
recherche  conscJencieuse  de  travailleurs  toujours  en  progrès  et  les 
scrupules  admirables  d'un  art  qui  tend  à  sa  perfection! 

Quelle  autre  signification  donner  aux  trois  ou  quatre  transfor- 
mations du  célèbre  Parterre  d'eau,  devant  le  château,  qui  ont  fait 
disparaître  peu  à  peu  un  décor  trop  riche  en  complications  de 
broderies  pour  le  simplifier  en  une  conception  plus  belle,  alors 
que  le  roi  n'a  voulu,  sou9  les  fenêtres  de  sa  maison,  pour  en 
refléter  l'harmonie,  qu'un  double  miroir  qui  n'en  brisât  point 
l'image?  Nous  jouissons  aujourd'hui,  pour  des  siècles,  de  l'œuvre 


14  SÉANCE    DU    18   AVRIL 

accomplie,  et  nul  homme  de  bonne  fol  ne  saurait  la  déclarer  inu- 
tile ou  trop  coûteuse. 

Il  nous  est  permis  de  deviner,  messieurs,  quels  principes 
d'ensemble  ont  présidé  à  la  combinaison  architecturale  de  ces 
jardins.  Vous  observerez  à  quel  point  ils  ont  été  faits  pour  le  bâti- 
ment quMls  encadrent,  et  dans  une  subordination  étroite  à  Tidée 
générale  de  la  création  de  Versailles. 

L'œuvre  semble  sortir  de  la  nature  et  a  pour  fond  les  beaux 
horizons  des  collines  boisées  qui  Tentourent.  Les  immenses  pièces 
d'eau  des  Suisses  et  du  Grand  Canal  peuvent  sembler  encore  des 
lacs  harmonieux,  ramenés  à  la  ligne  symétrique  par  un  travail  à 
peine  sensible;  mais,  par  degrés,  en  se  rapprochant  du  château, 
l'art  se  laisse  voir,  s'affirme  et  s'étale.  Les  gazons  se  découpent, 
les  arbres  se  taillent,  les  eaux  se  concentrent  en  des  margelles  de 
marbre,  les  statues  se  multiplient.  Autour  de  la  maison  royale,  la 
nature  est  entièrement  asservie;  tout  y  a  été  construit  et  manié  de 
façon  à  ne  laisser  paraître  que  l'œuvre  de  l'homme. 

Tel  est  le  modèle  le  plus  pur,  l'œuvre  maîtresse  de  l'architec- 
ture des  jardins  en  France.  Versailles  suffit  à  justifier  les  nobles 
prétentions  de  cet  art  et  à  démontrer  qu'il  est  un  de  ceux  qui 
font  le  plus  grand  honneur  au  génie  français. 

Messieurs,  nous  savons  que  nous  n'étudions  pas  ici  que  des 
chefs-d'œuvre  ;  l'histoire  artistique  d'un  peuple  est  faite  de  l'en- 
chainement  des  écoles  et  porte  sur  l'ensemble  des  ouvrages  accu- 
mulés par  les  siècles.  Rien  n'y  est  à  négliger  ni  à  omettre,  tout  au 
moins  dans  la  période  de  préparation,  où  l'on  constitue  les  maté- 
riaux de  cette  histoire.  Nos  provinces  renferment  en  grand 
nombre  des  parcs  et  des  jardins,  fameux  ou  modestes,  qui  ne  sont 
dépourvus  ni  de  science  ni  de  beauté.  J'ose  vous  prier  de  recueillir 
leurs  dates,  de  publier  leurs  plans;  je  me  permets  de  vous 
indiquer  l'intérêt  qu'il  pourrait  y  avoir  à  réserver  une  place, 
en  vos  savantes  investigations,  à  l'art  que  le  monde  entier 
désigne  par  une  périphrase  à  l'honneur  de  notre  pays  :  Fart  de 
Le  Nôtre. 

Lecture  est  ensuite  donnée  du  procès-verbal  de  la  séance  précé- 
dente qui  est  adopté. 

L'ordi*e  du  jour  appelle  la  communication    de   M.   Gabeau 


SÉANCE    DU   18   /IVRIL  15 

f Alfred),  correspondaqt  du  comité  à  Amboise  :  la  CoUection  de 
tableaux  du  chevalier  Emile  de  Tarade. 

Au  cours  des  années  1873  et  1874,  un  riche  collectionneur  tou- 
rangeau, M.  Rmîle  de  Tarade,  faisait  donation  au  musée  de  Toura 
d^une  quarantaine  de  toiles  de  maîtres  anciens  et  modernes,  com- 
posant sa  galerie  particulière.  Devenu  veuf  en  187f),  le  donateur 
se  remariait  trois  années  plus  tard  et  mourait  en  1880.  l  n  enfant 
posthume  naissait  quelques  mois  plus  tard  de  cette  seconde  union. 

Mme  de  Tarade  intentait  alors  à  la  ville  de  Tours  un  procès  en 
nullité  de  donation  pour  cause  de  survenance  d'enfant  légitime, 
qu'elle  gagnait  devant  les  tribunaux.  Ses  tableaux  étaient  retirés 
du  musée  et  la  collection  dispersée  après  une  vente  publique. 

Le  travail  très  utile  auquel  s'est  livré  M.  Gabeau  avec  patience 
et  conscience,  après  avoir  fait  l'historique  de  Théritage  et  du 
procès  soutenu  par  le  musée  de  Tours,  a  été  de  retrouver,  d'après 
les  cotes  et  procès-verbaux  de  vente  et  par  des  investigations 
personnelles,  la  destinée  des  morceaux  les  plus  importants  de 
cette  collection  si  fâcheusement  perdue  pour  l'Etat. 

M.  le  baron  GuiUibert,  correspondant  du  comité  à  Aix-en-!>o- 
vence,  s'étant  excusé  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance,  M.  le  pré- 
sident a  donné  lecture  d'un  résumé  de  son  mémoire  intitulé  : 
Trois  statuettes  en  bois  de  l'école  provençale. 

Ces  trois  statuettes,  un  Saint  Jean  VÉvangéliste  (appartenant  à 
H.  le  baron  Guillibert)  ;  une  Mater  Dolorosa  (collection  de  M.  de 
Bresc)  ;  une  Madeleine  (cabinet  de  M.  Paul  Arbaud),  sont  rattachées 
par  l'auteur  à  l'école  provençale  des  seizième  et  dix-septième  siècles. 

La  Madeleine  offre  cette  particularité  qu'elle  lit  debout,  ayant  à 
ses  pieds  le  vase  à  parfums.  M.  le  baron  Guillibert  croit  voir  en 
cette  ligure  gracieuse,  mièvre  et  mondaine,  une  inspiration  du 
portrait  de  la  marquise  de  Grignon  peint  par  Fauchier. 

On  entend  M.  Jacquot  (Albert),  membre  non  résidant  du 
comité  à  Nancy,  sur  un  essai  de  répertoire  des  artistes  lorrains  : 
Brodeurs  et  tapissiers  de  haute  lisse. 

C'est  un  nouveau  chapitre  du  grand  travail  entrepris  par 
M.  Jacquot  sur  les  artistes  lorrains.  En  1905,  il  avait  envoyé  la 
Ikle  des  orfèvres,  joailliers,  argentiei*s  et  potiers  d'étain.  Il  nous 
présente  cette  année  le  résultat  de  ses  recherches  sur  les  brodeurs 
et  la{Hfiaier8  de  haute  lisae  auxquels  il  rend,  en  des  pages  à  la 


'1 


16  SÉANCE   DU   19   AVRIL 

documentalioD  à  la  fois  brillante  et  serrée,  le  juste  hompuage  qui. 
leur  est  dû. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Thoison  (Eugène),  correspondant  du 
comité  à  Larchant  (Seine-et-Marne),  pour  sa  lecture  :  Pierre 
Gohert y  portraitiste. 

Ce  nouveau  mémoire  de  M.  Thoison  sur  le  peintre  Gobert  sert 
de  complément  à  Fétude  qu'il  a  consacrée  à  cet  artiste  en  1903.  11 
nous  donne,  en  outre,  le  catalogue  détaillé  des  toiles  qu'il  peignit 
pour  les  princes  de  la  famille  Matignon-Grimaldi,  durant  le  long 
séjour  (1715-1733)  qu'il  fit  à  la  cour  de  Monaco. 

M.  Delignières  (Emile Jp  membre  non  résidant  du  comité  à 
Abbeville,  a  la  parole  sur  les  Sépulcres  ou  mises  au  tombeau  en 
Picardie, 

La  communication  de  M.  Deligniéres  est  un  répertoire  des- 
criptif très  détaillé  des  sépulcres  dans  la  région  picarde,  sculptés 
d'après  les  scènes  de  la  Passion,  du  moyen  âge  à  la  Renaissance. 
La  liste  finale  qu'il  en  donne  est  appelée  à  rendre  les  plus  appré- 
ciables services  aux  chercheurs  qui  voudront  s'occuper  de  ces 
monuments  encore  si  peu  étudiés. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  quatre  heures, 
un  quart. 

Séance  du  jeudi  19  avril. 

PRÉSIDEIVCE  DE  M.  LUCIEN  MARCHEIX 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  sous  la  présidence  de 
M.  Marchcix,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  l'École  nationale 
des  beaux-arts,  membre  du  comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des 
départements. 

M.  le  président  invite  M.  Gaheau^  correspondant  du  comité  à 
Amboise,  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-présidence,  et  pro- 
nonce l'allocution  suivante  : 

Mesdames  et  Messieurs, 

Vos  confrères  les  philologues  nous  ont  appris  que,  dans  la  très 
vieille  langue  latine,  honos  et  onus  étaient  le  même  mot;  je  sens 
très  vivement  aujourd'hui  que  c'est  une  même  chose.  En 
remerciant  de  l'honneur  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique, 
qui  m'a  appelé  à  présider  celte  réunion,  je  vous  prie,  avecune 


ALLOCUTION    DB   U.    LOClEltf    MABGHEIX  17 

modestie  non  feinte,  de  m^aider  à  en  soutenir  la  charge;  J*y  paraî- 
trai moins  inégal  si  vous  voulez  bien  ne  pas  exiger  de  votre 
président  d'un  jour  le  talent  et  la  science  de  ceux  qui  l'ont 
précédé  et  de  celui  qui  le  suivra  :  à  défaut  de  titres  éclatants  h 
votre  bienveillance,  il  apporte  ici  la  connaissance  et  Pestime  djo 
vos  travaux,  une  sympathie  déjà  vieille  pour  des  hommes  voués 
au  culte  de  Thistoire,  c'est-à-dire  de  la  patrie,  et  une  vénérattoiv 
sincère  pour  ceux  de  vos  vétérans  que  nous  avons  la  joie  de  revoir 
ici  et  que  j'ai  Tagréable  devoir  de  saluer  en  votre  nom. 

Le  4  avril  1877,  le  marquis  de  Chennevières  traçait  le  pro- 
gramme de  votre  collaboration  au  recensement  de  nos  richesses 
d'art,  au  développement  des  musées  municipaux  et  à  celui  des 
écoles  d'art.  Ces  œuvres  demandent  une  direction  unique,  des 
ressources  permanentes  et  un  personnel  appointé;  mais  elles  ont 
besoin  aussi  de  promoteui*s,  de  protecteurs,  d'auxiliaires  compé- 
tents et  dévoués  :  à  tout  corps  d'armée  il  faut  des  éclaireurs 
sagaces  et  ardents  pour  explorer  le  terrain  et  au  besoin  engager 
la  bataille. C'est  ce  qu'on  vousdemandail  d'être  et  cequevousavea 
été  :  à  preuve  ces  ti-ente  volumes  de  mémoires  où  la  commission 
de  l'inventaire  a  trouvé  tant  d'indications  précieuses;  à  preuve 
tant  de  musées  ouverts  sur  vos  instances  ou  enrichis  de  vos  dons, 
et  tant  d'écoles  enfin  auxquelles  vous  n'avez  cessé  de  vous  inté- 
resser et  dont  nous  constations  ici  même,  l'an  dernier,  les  progrès 
et  les  promesses. 

Peut-être,  dans  votre  désir  du  mieux,  vous  demanderez-vous  si 
vos  recherches  n'auraient  pas  pu  être  plus  méthodiques,  vos  efforts 
mieux  coordonnés;  mais  que  votre  conscience  se  rassure!  Les 
noms  de  MM .  Herluison,  A.  Babeau,  Charles  et  Louis  de  Grand- 
maison,  Chai*vet,  Bouillon-Landais,  Biais,  Thiollier,  Delignières, 
Quarré-Reybourbon,  le  chanoine  Requin,  Monméja,  Leroy,  Jac- 
quot,  des  abbés  Brune,  Langlois  et  Estournet,  et  vingt  autres  qu'il 
me  faudrait  citer  si  je  voulais  réunir  ici  tous  vos  regrets  avec 
toutes  vos  espérances,  ces  noms,  dis-jo,  qui  vous  appartiennent  ef 
qui  resteront  attachés  à  tant  d'ouvrages  et  d'établissements  utiles, 
répondent  pour  vous  qu'avec  une  oi^anisation  plus  parfaite  du 
travail  et  sous  une  impulsion  vigoureuse,  la  méthode  et  la  suite 
ne  vous  manqueront  pas  plus  que  la  science  et  que  le  zèle.  Vous 
pourrez  apporter  ainsi,  nous  le  souhaitons  et  vous  le  voudrez, 

2 


18  SÉANCE    nu    19  AVRIL 

messieurs,  une  contribution  plus  importante  encore  au  développe-^ 
nxent  de  no^  écoles  et  de  nos  musées  et  à  racliévement  de  ce  recen- 
sement artistique  de  la  France,  commencé  après  celui  de  T Alle- 
magne et  moins  avancé,  que  tout  le  monde,  j'imagine,  se  réjouirait 
de  voir  terminé  depuis  plusieurs  années.  Mais,  avant  de  cataloguer 
les  monuments,  il  s*agit  de  les  conserver  et  de  les  défendre;  ici, 
vous  pouvez,  vous  devez  prendre  le  premier  rôle,  et  c'est  de  quoi 
je  vous  demande  la  permission  de  vous  entretenir. 

Pourquoi  ces  monuments  nous  sont-ils  si  précieux?  Ce  n'est 
pas  seulement  parce  que  la  beauté,  en  nous  rendant  sensible 
rharmonie  de  Tunivers,  nous  met  en  harmonie  avec  nous-mêmes 
et  avec  lui  (car  parmi  eux  plus  d'un  n'est  pas  beau,  qui  cependant 
nous  touche)  ;  c'est  aussi  parce  qu'ils  sont  associés  à  mille  souve- 
nirs qui  sans  eux  s'effaceraient,  aux  gloires  et  aux  tristesses  de 
toute  la  race,  à  ses  gestes,  à  ses  façons  de  sentir  et  de  penser,  que 
nous  retrouvons  dans  les* nôtres;  nous  nous  reconnaissons  en  elle 
et  elle  en  nous;  et,  après  avoir  assisté  à  ce  laborieux  enfantement 
de  Tame  française,  nous  nous  sentons  plus  étroitement  unis  avec 
tous  ceux  en  qui  elle  respire  comme  avec  ceux  qui  l'ont  créée. 
Témoins  incorruptibles,  et  qu'on  voudrait  immortels,  de  la  soli- 
darité des  généralions,  tant  qu'ils  existeront,  ils  nous  parleront  de 
grâce  et  d'héroïsme,  de  patrie  et  d'idéal,  et  ni  le  mensonge,  ni  la 
laideur,  ni  la  bassesse  n'auront  définitivement  triomphé. 

Mais  conobien  de  temps  encore  existeront-ils?  Ah!  messieurs, 
n'est-ce  pas  une  honte  qu'on  ait  à  se  poser  une  pareille  question? 
Il  le  faut  bien  pourtant,  car  ils  sont  menacés,  vous  le  savez  mieux 
que  nous,  vous  qui  vivez  en  province.  Chaque  jour  emporte 
quelque  lambeau  d'un  héritage  que  chacun  de  nous  devrait 
défendre  avec  plus  d'entrain  que  le  sien  propre,  car  c'est  celui  de 
la  communauté,  et  la  perte  en  est  irréparable.  Tantôt  c'est  une 
tour  hautaine  et  chai*mante  qu'on  sacrifie  à  l'alignement  d'une 
rue,  tantôt  un  pan  de  niurailles  à  créneaux  qu'on  abat  pour 
épargner  un  détour  de  vingt  mètres  aux  passants  ;  ici  on 
dépouille  un  château  du  seizième  siècle  de  toute  sa  décoration 
sculpturale  pour  la  disperser  au  hasard  d'une  vente  publique;  là 
ce  sont  des  stalles  du  quinzième  siècle,  plus  loin  de  fines  boiseries 
du  dix-huitième  qui  sont  enlevées  de  quelque  vieux  couvent  pour 
aller  assister  au  five  o'clock  de  Londres  ou  de  Chicago.  Cependant 


ALLOCUTION   DE   M.   LUCIEN    MARCHEIX  t9 

on  coupe  les  derniers  beaux  arbres,  on  abat  les  dernières  futaies, 
et  DOS  provinces  se  vident  de  tout  ce  qui  faisait  leur  gloire  et  leur 
charme. 

Mais  Tagriculture,  mais  l'industrie  profitent  de  ces  terrains  : 
fallait-il  les  laisser  improductifs?  Nos  villes  grandissent;  ne  faut-il 
pas  y  faciliter  la  circulation?  Je  ne  sais  pas  si  Tagriculture  et  Tin- 
dustrie  gagnent  beaucoup  à  la  destruction  des  beaux  vieux  murs, 
mais  je  plains  les  gens  qui  trouvent  stériles  les  belles  choses  et  les- 
nobles  souvenirs;  quant  à  nos  villes  je  vois  bien  qu'elles  gran- 
dissent—  elles  ne  grandissent  que  trop,  hélas!  —  mais  je  vois 
aussi  qu'elles  enlaidissent,  et  je  crains  bien  que  ce  pays  ne  soit  en 
train  de  perdre  une  partie  de  sa  grâce  et  de  son  originalité, 
ce  qui,  après  tout,  est  aussi  une  richesse. 

Oh!  je  sais  bien,  messieurs,  que  plus  d'une  de  vos  sociétés  a 
protesté  et  que  plus  d'une  fois  vous  vous  êtes  fait  écouter;  mais 
croyez-vous  avoir  assez  fait  pour  prévenir  les  destructions  méditées 
par  l'utilitarisme  des  conseils  municipaux,  et  par  l'avidité  des 
propriétaires,  pour  empêcher  aussi  certaines  restaurations  que 
l'esprit  de  système  ou  l'ignorance  rendent  pires  que  des  destruc- 
tions, parce  qu'elles  mentent?  Il  faut,  plus  quejamais,  que  partout 
vous  recherchiez,  vous  recensiez  nos  œuvres  d'art;  que  vous  vous 
en  constituiez  les  gardiens  vigilants  et  hardis;  que  vous  signaliez 
à  l'administration,  au  public,  dans  des  rapports,  dans  des  articles 
de  journaux,  dans  des  conférences,  celles  auxquelles  la  négligence 
ou  la  cupidité  font  courir  des  risques.  Il  faut  que  non  seuIcmeQt 
vous  les  empêchiez  de  sortir  de  France,  mais  que  vous  les  gardiez, 
autant  que  possible,  à  la  place  pour  laquelle  elles  ont  été  faites, 
la  seule  où  elles  aient  toute  leur  valeur...  Et  puis  enfin,  si  nous 
concentrons  tout  ce  que  nous  avons  de  plus  beau  dans  trois  ou 
quatre  musées,  que  nous  restera-t-il  le  jour  où  ils  brûleront?  et 
qui  oserait  dire  que  ce  jour  n'arrivera  jamais? 

A  côté  de  l'utilitarisme,  de  la  cupidité,  de  la  demi-sciçnce,  les 
monuments  ont  d'autres  adversaires,  la  haine  et  l'indifférence 
pour  le  passé.  Cette  haine  du  passé,  dont  sont  empoisonnés  et  se 
glorifient  un  trop  grand  nombre  de  nos  concitoyens,  n'est  pas  la 
;  même  et  n'a  pas  la  même  cause  chez  tous.  Chez  les  uns,  elle 
accompagne  l'esprit  de  secte  :  incapable,  dans  sa  raideur  grossière, 
d'admettre  le  bon  sens  et  la  bonne  foi  de  qui  ne  pense  pas  comme 


SO  SÉANCE    DU    19  AVRIL 

lui,  il  étend  sa  haine  des  doctrines  aux  hommes  qui  les  professent 
et  aux  choses  qui  les  rappellent.  C*est  lui  qui,  mosaïste  ou  chré- 
tien, renvei*sait  les  temples  des  dieux;  protestant,  brisait  les  sta- 
tues des  saints;  démocrate,  brûlait  les  palais;  et  libre  pen-seur  (ô 
ironie!),  proscrirait  volontiers  les  crucifix  des  cathédrales  transfor- 
mées en  greniers  à  foin. 

Parlerai-je  de  ceux  qui,  plus  bas  encore,  ne  voient  dans  ce  que 
.  le  génie  a  laissé  sur  la  terre  pour  la  consolation  de  tous  les  hommes 
qu'un  luxe  usurpé  par  les  riches  et  les  intellectuels,  dont  le  pauvre 
n*a  cure,  et  qu'il  serait  temps  de  supprimer  pour  le  soulagement 
de  Tenvie?  Que  dire  de  ces  deux  groupes  d'hommes,  messieurs? 
et  que  leur  dire?  Peut-être  essayerez-vous  de  convertir  les  uns, 
d'adoucir  les  autres  :  Orphée  eut  un  courage  de  ce  genre..,  mais, 
en  ce  cas,  prenez-les  tout  petits. 

A  un  plus  grand  nombre,  heureusement,  on  peut  faire  entendre 
raison,  et  c'est  à  ceux-là  qu'il  faut  vous  adresser  sans  relâche... 
et  sans  tarder.  Chez  eux,  la  haine  du  passé  n'est  qu'une  déviation 
de  l'amour  du  progrès  :  en  leur  montrant,  dans  des  expositions, 
dans  des  visites  aux  musées,  dans  des  conférences,  dans  de  courts 
traités,  illustrés  d'images  et  distribués  gratuitement,  les  merveilles 
que  nous  ont  léguées  nos  ancêtres,  vous  leur  apprendrez  à  les  res- 
pecter; en  leur  faisant  voir  comment  se  sont  transrhis  dans  chaque 
métier  les  procédés  et  les  traditions,  comment  les  styles  sont  sortis 
logiquement  les  uns  des  autres,  vous  leur  ferez  comprendre  cette 
grande  loi  de  l'évolution  contre  laquelle  on  ne  saurait  se  révolter 
sans  extravagance,  et  vous  les  réconcilierez  avec  ce  passé  dont  les 
vestiges,  en  disparaissant,  emporteraient  avec  eux  les  germes  de 
l'avenir. 

Vous  ferez  certainement  du  même  coup,  messieurs,  des  con- 
quêtes sur  l'indifférence;  c'est  même  sur  ^îlle  que  vous  avez  le 
plus  de  chances  d'en  faire.  Elle  vient,  la  plupart  du  temps,  d'igno- 
rance aulant  que  de  paresse  :  secouez  cette  paresse  sans  vous 
lasser,  sans  vous  rebuter;  instruisez  cette  ignorance;  ouvrez  leurs 
esprits  avec  leurs  yeux.  Allons!  dressez  dés  demain  vos  plans  de 
campagne;  que  vos  paroles,  que  vos  écrits  se  répandent  dans  les 
villages  comme  dans  les  villes,  partout  où  il  y  s.  une  relique  ou 
une  beauté  à  expliquer,  à  préserver,  partout  où  il  y  a  des  préjugés 
à  redresser  ou  des  mauvais  vouloirs  à  combattre. 


J 


ALLOCUTION   DB    If.   LUCIEN  MARCHBIX  SI 

Ite  et  docete,  vous  n^avez  pas  seulement  des  monuments  à 
sauver,  mais  aussi  des  âmes. 

Souvenez-vous  d'hier,  et  songez  à  demain. 

Lecture  est  ensuite  donnée  du  procès-verbal  de  la  séance  précé- 
dente, qui  est  adopté. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  M.  Bouillon-Lan- 
dais j  correspondant  du  comité  à  Marseille,  Jules-Edouard  de 
Magy y  peintre  marseillais^  dont  lecture  est  donnée  en  Fabsence 
de  son  auteur  par  M.  Albert  Jacquot. 

C'est  une  monographie  nouvelle  qui  vient  s'ajouter  à  la  suite 
que  M.  Bouillon-Landais  a  consacrée  depuis  quelques  années  aux 
peintres  de  la  région  marseillaise.  Élève  d'Emile  Louban,  de  Magy 
s'adonna  principalement  au  paysage  méridional.  M.  Bouillon-Lan- 
dais lui  a  consacré  d'intéressantes  pages  biographiques  et  établi  le 
catalogue  complet  de  ses  œuvres  exposées  de  J847  à  1876  aux 
salons  de  Paris  et  de  Marseille. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Martin  pour  la*  lecture  de  son 
mémoire  sur  les  Objets  d'art  religieux  dans  l'ancien  archidiaconé 
de  Toumus. 

L'ancien  archidiaconé  de  Tournus  est  particulièrement  riche  en 
monuments  religieux,  sculplures,  bas-reliefs  ou  pierres  tombales 
d'une  valeur  artistique  ou  archéologique.  M.  Martin,  dans  son 
.  étude  très  consciencieuse  et  très  documentée,  accompagnée  de 
nombreuses  photographies,  pour  la  plupart  inédites,  fournit  sur  ces 
œuvres  trop  peu  connues  des  renseignements  fort  intéressants.  Son 
travail,  s'il  se  décidait  à  le  développer  quelque  peu,  réunit, 
semble-t-il,  tous  les  éléments  d'une  solide  épigraphie  de  la 
région. 

On  entend  M.  le  chanoine  Urseau  (Charles) y  correspondant  du 
comité  à  Angers,  sur  7a  Chapelle  du  château  de  la  Sorinière-en- 
Saint-Pierre-de-Che  mille. 

Ce  travail  met  en  lumière  une  œuvre  peu  connue  et  peu  acces- 
sible au  public.  Ce  sont  trois  peintures  murales  :  la  Nativité  et 
l'annonce  aux  bergers;  l'Adoration  des  Mages  et  Saint  Chris- 
tophe, qui  décorent  une  chapelle  de  château  du  commencement 
du  seizième  siècle.  Ces  peintures,  malheureusement  en  partie 
gâtées  par  une  maladroite  restauration,  sont  datées  par  les  armoi- 


29  8ÉAVCE   DL    19  AVRIL 

ries  qaî  les  accompagnent  et  sont  curieusement  décrites  par  l'au- 
teur du  mémoire. 

H.  le  chanoine  Urseau  ne  s'est  pas  contenté  de  nous  faire  con- 
naître ces  peintures.  Il  a  également  commenté  un  groupe  de  sculp- 
ture un  peu  antérieur,  représentant  la  Vierge  de  Pitié,  accom- 
pagnée de  saint  Jean,  groupe  d'un  caractère  assez  exceptionnel  en 
ce  qu'il  participe  à  la  fois  de  la  figure  classique  de  Notre-Dame  de 
Pitié  et  de  la  Mise  au  tombeau. 

La  pittoresque  notice  de  M.  Urseau  contient  en  outre  de  nom- 
breux renseignements  tirés  des  archives  du  château,  sur  la  date  de 
construction  de  la  chapelle  et  les  alliances  de  la  famille  de  la  Sori- 
nière. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  M.  Chnrvet 
(Léon),  membre  non  résidant  du  comité  à  Paris,  sur  Y  Enseigne^ 
ment  public  des  arts  du  dessin  à  Lyon. 

Le  mémoire  de  M.  Charvet  fait  suite  à  des  travaux  sur  le  même 
sujet,  déjà  présentés  aux  sessions  précédentes  par  l'érudit  archi- 
tecte, inspecteupde  l'enseignement  du  dessin  et  des  musées. 

On  y  retrouve  les  qualités  de  son  auteur  :  clarté  de  l'exposition, 
abondance  et  sincérité  de  la  documentation,  consciencieuse  et  fine 
appréciation  des  faits  historiques,  des  hommes  et  de  leurs  actes, 
ainsi  que  des  influences  qu'ils  ont  eues  ou  qu'ils  auraient  pu  avoir 
sur  le  développement  des  beaux-arts  et  des  industries  d'art  dans 
la  région  lyonnaise,  toutes  questions  que  H.  Charvet  connaît 
mieux  que  personne. 

Le  mémoire  de  M.  Vahbé  Brune^  correspondant  du  comité  à 
Mont-sous-Vaudrey,  Statues  de  V école  dijonnaise  à  la  cathédrale- 
de  Besançon t  contient  la  description  de  trois  sculptures  du  quin- 
zième ou  du  début  du  seizième  siècle,  que  Tarchitecte  de  la  cathé- 
drale a  eu  le  tort  d'enlever  d'une  chapelle  et  de  cacher  dans  un 
couloir  sombre. 

Celte  brève  étude,  espérons-le,  intéressera,  quand  elle  sera 
publiée,  Topinion  à  ces  statues  du  meilleur  style  des  artistes 
flamands  de  Dijon,  et  mettra  obstacle  à  leur  disparition  défini- 
tive. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  quatre  heures. 


ALLOCUTION   DE    M.   MAGNB  23 

Séance  de  clôture  du  vendredi  20  avril, 

PRESIDENCE    DE    If.    MAGNE 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  sous  la  présidence  de 
M.  Magne,  inspecteur  général  des  monuments  historiques, 
membre  du  comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements. 

Étaient  présents,  outre  les  auteurs  des  mémoires  qui  doivent 
être  lus  en  séance  :  M\l.  Ch.  Lameire;  Frantz  Marcou,  inspecteur 
général  des  monuments  historiques;  S.  Vayson,  président  delà 
Société  d'émulation  d'Abbeville;  Léon  Vincent,  architecte  en  chef 
des  monuments  historiques;  Gindriez,  directeur  du  musée  muni- 
cipal de  Chalon-sur-Saône;  Francisque  André,  archiviste  hono- 
raire de  TAube;  Colien,  conservateur  du  musée  de  Tours;  Nicod, 
délégué  de  l'Union  artistique  de  Toulouse.    . 

M.  le  président  invite  W.  le  chanoine  Urseau,  correspondant  du 
comité  à  Angers,  à  prendre  place  au  fauteuil  de  la  vice-présidence, 
et  prononce  le  discours  qui  suit  : 

Messieurs,^ 

Votre  contribution  annuelle  à  l'histoire  de  l'art  français  n'est 
pas  seulement  précieuse  pour  les  artistes  et  les  érudits,  elle 
intéresse  au  plus  haut  point  l'enseignement  de  l'art  et  peut  singu- 
lièrement aider  à  son  développement. 

A  ce  point  de  vue,  il  y  aurait  avantage  à  élargir  le  cadre  de  vos 
études  et  à  ne  pas  le  limiter  à  l'architecture,  à  la  peinture,  à  la 
sculpture,  à  la  gravure  et  à  la  musique,  bref  à  ce  qu'on  est  con^ 
venu  d'appeler  les  beaux-arts,  comme  si  l'art  n'intervenait  pas 
dans  toutes  les  œuvres  humaines. 

C'est  de  l'art  applique  aux  divers  métiers  que  je  veux  vous 
entretenir  aujourd'hui,  pour  vous  indiquer  le  grand  profit  que  les 
artistes  pourraient  tirer  d'études  consciencieuses,  telles  que  les 
vôtres,  dirigées  vers  les  applications  de  Tart  au  travail  des  métaux 
ou  du  bois,  à  la  décoration  des  tissus,  à  la  céramique,  aux  vitraux, 
aux  mosaïques,  etc.  Le  champ  est  si  vaste,  que  la  difficulté  est 
plutôt  dans  le  choix  du  sujet,  répondant  au  goût  particulier  de 
chacun  de  vous,  que  dans  l'élaboration  d'un  travail  d'ensemble. 


.  94  SÉANCE    DU  20  AVRIL 

qui  ne  pourra  se  faire  que  plus  tard,  lorsque  tous  les  documents 
intéressant  chacune  des  applications  de  Tart  auront  été  réunis. 

Je  me  bornerai  donc  aujourd'hui  à  vous  donner  quelques  indi- 
cations sur  ce  que  pourrait  être  une  éhidf^  telle  que  je  la  com- 
prends, par  exemple  une  étude  sur  les  applications  de  Tart  au 
.  iravail  de  fer. 

Dès  le  début,  vous  verrez  intervenir  les  connaissances  tech- 
niques, aussi  indispensables  d*ailleur8  aux  peintres  qu'aux  fer- 
ronniers. 11  n'est  pas  douteux,  en  effet,  que  les  colorations  mer- 
veilleuses des  tableaux  des  maîtres  primitifs  soient  dues  à  la. con- 
naissance parfaite  qu'ils  avaient  des  qualités  des  couleurs,  de  leur 
préparation  et  de  leur  mode  d'emploi. 

Pour  le  fer,  l'art  a  progressé  avec  la  métallur;g[ie  :  lorequ  on 
extrayait  d'un  minei'ai  très  riche  le  fer  en  lopins  travaillés  manuel- 
lement au  feu  de  forge,  on  ne  pouvait  guère  produire  que  des 
ouvrages  de  dimensions  restreintes,  tels  que  des  grilles,  formées 
,de  fers  plats  roulés  en  volutes  et  rattachés  par  des  colliers  à  des 
supports  verticaux,  formant  ainsi,  par  un  assemblage  de  motifs, 
une  sorte  de  réseau  ajouré. 

Les  grilles  du  cloître  de  la  cathédrale  du  Puy  et  celles  du  chœur 
de  l'église  de  Conques  sont  des  types  de  ces  ouvrages  primitifs.  Si 
limitée  que  soit  la  composition,  elle  est  l'indice  d'une  idée  très 
juste  qui  subordonne  l'effet  aux  qualités  d'un«  matière  très  résis- 
tante, sous  un  faible  volume,  et  impressionnant  le  spectateur  par 
la  finesse  des  parties  pleines,  comparées  aux  parties  ajourées. 

Une  autre  application  ancienne  est  celle  des  pentures,  de  ces 
barres  de  fer  plat,  rattachant  les  planches  jointives  des  portes  et 
les  suspendant  sur  des  gonds  à  scellement.  Les  plus  anciennes, 
celles  qui  subsistent  sur  les  portes  de  petites  églises  des  Pyrénées- 
Orientales,  à  Marccvols  par  exemple,  ou,  en  Auvergne,  à  Orcival, 
sont  assez  simples.  Elles  procèdent  encore  de  la  refente  du  fer  et 
de  son  développement  en  volutes,  ayant  ce  double  résultat  d'orner 
la  porte  et  de  mieux  assujettir  les  planches  en  multipliant  les 
attaclies. 

Plus  tard,  aux  portes  de  Notre-Dame,  la  penlure  deviendra  la 
tige  fleurie  donnant  naissance  sur  des  renflements  qu'exige  la 
réunion  de  pièces  soudées  à  des  tigettes  forgées  à  part,  décorées 
«lles-mémes  de  feuilles  et  de  fleurs  soudées,  qu'on  exécute  par 


ALLOCUTION   DE    M.   MAGNE  Î5 

estampage  en  matrice,  lorsque  la  répétition  donne  lieu  à  ce  pro- 
cédé de  simplification. 

L  emploi  du  fer  aminci  par  le  battage  suggère  Tidée  d'autres 
modes  de  décoration,  celui  du  modelage  au  marteau  qui  permet 
de  relever  le  métal  en  bosse,  et  celui  du  reperçage  qui  facilite  le 
décor  par  ajourage  des  feuilles  martelées. 

Le  travail  est  si  délicat  qu'on  exécute  ainsi  des  feuillages  aux 
dimensions  qu'ils  ont  dans  la  nature,  en  ménageant  pour  les 
attaches  des  feuilles  et  des  fleurs  sur  les  tiges  des  épaisseurs  de 
métal  que  la  soudure  rend  d'ailleurs  indispensables. 

Ce  procédé  du  relevage  au  marteau  du  fer  battu  est  appliqué 
dès  le  quinzième  siècle  aux  ferrures  des  meubles,  et  particulière- 
ment des  coffres.  Le  fer  battu  et  ajouré  constitue  des  plaques  dont 
les  dessins  se  combinent  pour  former  autour  de  l'entrée  de  la  ser- 
rure une  sorte  de  décoration  en  broderie,  transition  nécessaire 
entre  le  bois  et  les  reliefs  du  métal.  Sur  les  serrures  ainsi  cons- 
tituées, les  pattes,  les  supports,  les  parties  mobiles  des  verrous 
sont  des  pièces  forgées,  enrichies  par  la  figure,  par  l'animal  ou 
par  la  plante. 

Le  fer  commence  aussi  à  être  employé  pour  les  appareils 
d'éclairage  :  lampes  à  godet,  suspendues  à  des  chaînes  ;  consoles 
mobiles  autour  d'un  axe  vertical  et  terminées  par  une  pointe,  ser- 
vant de  support  à  l'appareil  de  lumière,  torche  ou  flambeau.  On 
l'emploie  encore  pour  les  couronnes  lumineuses  seiTant  à  l'éclai- 
rage des  églises  et  pour  mille  objets  mobiliers,  trépieds,  landiers, 
arqftatures  de  puits,  etc. 

Mais  le  travail  de  fer  est  surtout  développé  en  France  au  moyen 
âge  par  la  substitution  aux  cottes  de  mailles  des  armures  en  fer 
battu  et  articulées,  qu'on  décore,  soit  par  le  travail  au  repoussé, 
soit  par  la  gravure,  soit  par  l'insertion  dans  les  traits  gravés  de 
nielles  ou  de  métaux  précieux  :  c'est  le  travail  à  la  damasquine, 
pratiqué  d'abord  en  Orient,  mais  qui  fut  d'usage  courant  en 
France  du  quinzième  au  seizième  siècle. 

Lorsque  l'emploi  du  martinet,  c'est-à-dire  du  marteau  mû 
mécanîquenient,  permet  d'obtenir  des  barres  de  plus  grande  lon- 
gueur, le  fer  a  des  applications  plus  nombreuses  et  son  décor 
prend  auàsi  plus  d'ampleur.  Les  grilles  du  château  de  Maisons, 
utilisées  «u  Louvre,  l'une  pour  fermer  la  galerie  d'Apollon,  l'autre 


1 


26  8ÉANCB    DU   20  AVRIL 

pour  clore  dans  le  pavillon  de  THorloge  la  salle  des  Bronzés 
antiques,  font  suffisamment  connaître  les  progrès  accomplis  par 
la  métallurgie  et  ceux  qui  en  résultent,  soit  pour  le  travail  du  fer 
battu  et  relevé  au  marteau,  soit  pour  la  forge  et  pour  les  assem- 
blages de  ferronnerie.  Ce  qui  est  caractéristique,  c'est  Thabileté 
avec  laquelle  les  artisans  du  fer  ont  dû  traduire  en  métal  par 
ajourage  les  formes  architecturales  qui,  à  partir  du  dix-septième 
siècle  et  jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  s'imposaient,  à  tort 
peut-être,  à  la  ferronnerie. 

On  ne  peut  regretter  cette  orientation  nouvelle  du  décor  du  fer, 
si  Ton  considère  des  ouvrages  tels  que  les  grilles  du  chœur  de 
l'église  Saint-Ouen  à  Rouen,  f>u  encore  celles  de  la  place  Stanislas 
à  Nancy. 

A  Nancy,  l'auteur  des  grilles,  le  serrurier  Lamour,  a  publié 
lui-même  un  livre  important  sur  ses  travaux  ;  mais  c'est  là  une 
exception,  et  le  plus  souvent  nous  sommes  très  mal  renseignés 
sur  ces  ouvrages  de  ferronnerie  qui  comptent  cependant  parmi  le& 
plus  intéressants  qui  aient  été  produits  en  France. 

Je  ne  citerai  qu'un  exemple,  celui  des  ouvrages  de  fer  forgé» 
exécutés  à  Bordeaux  dans  le  cours  du  dix-huitième  siècle.  Il  y  eut 
là  sûrement  une  école  provinciale  dont  les  œuvres  mériteraient  une 
étude  complète.  Il  n'est  guère  d'hôtel  particulier,  ou  même  de 
maison,  qui  ne  conserve  un  balcon,  une  rampe,  une  grille,  un 
panneau  d'imposte,  un  marteau  de  porte  méritant  de  retenir  l'at- 
tention par  leur  caractère  artistique. 

Vous  voyez  par  les  dessins  mis  sous  vos  yeux  comment  pouKrait 
être  présentée  une  élude  de  ce  genre. 

Sans  doute  la  photographie  peut  vous  aider  à  réunir  les  pre- 
miers documents;  elle  ne  peut  vous  renseigner  qu'imparfaitement 
sur  les  détails  techniques,  sur  les  procédés  d'exécution  ou  les 
méthodes  d'assemblage,  que  l'analyse  et  le  dessin  peuvent  seuls 
fournir.  Il  faut  donc  faire  marcher  de  front  le  dessin  et  les  études 
techniques,  si  l'on  veut  vraiment  faire  une  œuvre  profitable,  une 
œuvre  d'enseignement. 

Pourquoi  n'associerait-on  pas  dans  ce  but  l'art  et  l'archéologie? 
Lorsque,  dans  une  pensée  très  louable,  pour  rendre  à  nos  pro- 
vinces la  vie  artistique  qu'elles  eurent  jadis,  on  s'est  efforcé  d'ins- 
tituer, puis  de  développer  des  écoles  régionales  d'art,  on  a  intro- 


ALLOCUTION   DK    M.    MAGNE  ^'J 

duit  l*histoire  de  l'art  dans  leur  enseignement.  N'est-îl  pas  évident 
qu'il  y  aurait  avantage  à  faire  dessiner  par  de  jeunes  artistes  les 
ouvrages  anciens  pour  servir  en  quelque  sorte  de  commentaires  à 
des  études  qui  comprendraient,  pour  une  ville  ou  pour  une  région, 
les  travaux  exécutés  à  une  époque  déterminée?  Quelle  œuvre, 
féconde  ne  pourrait-on  attendre  de  cette  collaboration  d'artistes  et 
de  savants  ! 

Hais  j'irai  plus  loin  encore.  II  ne  me  paraît  pas  possible  de 
mener  à  bien  des  études  archéologiques  sans  le  secours  du  dessin 
et  des  connaissances  techniques.  Je  vous  en  citerai  deux  exemples. 
On  n'ignorait  pas  l'existence  d'inscriptions  gravées  sur  le  marbre, 
suivant  l'usage  antique,  et  qui  concernaient  l'Erechtheion.  Il  a 
fallu  la  science  d'un  ingénieur  doublé  d'un  artiste,  H.  Choisy, 
pour  donner  leur  valeur  aux  termes  techniques  que  comprenaient 
ces  textes,  et  trouver  dans  notre  langue  les  termes  techniques 
équivalents.  Sans  lui,  ces  inscriptions  demeuraient  obscures  et 
incompréhensibles.  De  même  on  savait  bien  qu'il  existait  à  nos 
archives  nationales  des  comptes  de  la  fin  du  quatorzième  siècle 
concernant  les  monuments  élevés  par  Guy  de  Dammartin  pour  le 
duc  de  Ben*y.  Mais,  jusqu'ici,  ces  comptes,  émaillés  de  termes 
techniques,  étaient  restés  presque  inexplorés.  Leur  intérêt  consi- 
dérable m'a  déterminé  à  les  publier  il  y  a  deux  ans,  et  j'y  ai 
trouvé,  pour  toutes  les  applications  de  l'art,  soit  à  la  ferronnerie, 
soit  à  la  plomberie,  soit  à  la 'charpente,  soit  à  la  pierre,  soit  à  la 
céramique,  des  détails  si  précis  qu'ils  forment  presque  une  ency- 
clopédie des  métiers  pour  la  période  de  vingt  à  vingt-cinq  années 
qu'ils  embrassent. 

C'est  assez  vous  dire  l'intérêt  que  présenteraient  des  études  par- 
ticulières, faites  sur  les  applications  de  l'art  aux  divers  métiers. 
Elles  aideraient,  soyez-en  sûrs,  à  former  le  goût  des  artistes,  à 
développer  leur  initiative;  et,  dans  un  pays  comme  le  nôtre,  dont 
l'art  sous  toutes  ses  formes  est  la  richesse,  elles  contribueraient  à 
accroître,  en  le  faisant  mieux  connaître,  notre  patrimoine  artis- 
tique. U  y  a  là  vraiment  une  œuvre  considérable  à  préparer,  et  je 
suis  sur  que  vos  consciencieux  travaux  pourraient  la  mener  à 
bien. 

D'ailleurs,  cette  œuvre  est  déjà  commencée.  Je  relève  dans  le 
programme  de  nos  réunions  des  études  telles  que  celles  de  M.  Jac- 


28  8ÉANGB    DU  20  AVRIL 

quot  8ur  les  broderies  et  tapisseries  de  haute  lisse,  de  M.  Martin 
sur  les  objets  d'art  religieux  dans  Tancien  archidiaconé  de  Tournus, 
et  j'ai  plaisir  à  constater  que  des  mémoires  sur  Tart  appliqué 
voisinent  avec  les  beaux  travaux  de  M.  QuarrérReybourbon,  de 
M.  Henault  et  de  M.  Plancouard  sur  des  peintres  dont  quelques- 
uns  sont  célèbres,  et  de  M.  le  chanoine  Urseau  sur  la  chapelle  du 
château  de  la  Sorinière-en-Saint-Pierre-de-Chemillé. 

Il  suffira  donc  d  élargir  un  peu  le  cadre  de  vos  études  pour  y 
comprendre  toutes  les  manifestalions  de  Fart,  et  c'est  là  qu'il  faut 
tendre.  Si  vous  le  voulez  bien,  vous  y  réussirez  sûrement. 

Lecture  est  ensuite  donnée  du  procès-verbal  de  la  séance  pré- 
cédente, qui  est  adopté. 

La  parole  est  donnée  à  M,  Quarré-Reyhourhon^  correspondant 
du  comité  à  Lille,  pour  la  lecture  de  son  mémoire  consacré  à 
Auguste-Joseph  Herlin,  artiste  peintre  lillois  (1815-1900). 

La  situation  sociale  d'Auguste  Herlin,  sa  fortune,  son  indépen- 
dance firent  de  lui  un  artiste  qui  n'avait  ni  les  goûts  ni  les  besoins 
de  ses  confrères. 

Ce  fut  sans  jamais  quitter  Lille  qu'il  commença  et  acheva  toutes 
ses  études  artistiques;  il  fut  l'élève  de  Souchon,  l'habile  profes- 
seur, directeur  des  écoles  académiques  de  cette  ville. 

Auguste  Herlin  fut  bon  peintre  de  différents  genres;  il  a  laissé 
de  remarquables  tableaux  et  un  très  grand  nombre  de  dessins 
exécutés  avec  soin;  mais,  plus  tard,  il  délaissa  la  peinture  pour 
se  donner  tout  entier  à  la  direction  du  musée  de  Lille,  auquel  il 
rendit  de  grands  services. 

M.  Quarré-Reybourbon  joint  à  son  étude  un  certain  nombre  de 
photographies  de  tableaux  ou  de  dessins  de  l'artiste  lillois  et  la 
nomcnclalure  de  son  œuvre. 

La  notice  de  M.  Plancouard,  correspondant  du  comité  à  Clery- 
en-Vexin  (Seine-et-Oise),  A  propos  dun  Van  Loo  etd'unLargU- 
Hère,  contient  la  description  de  deux  toiles,  un  portrait  de  Louis  XV 
et  un  portrait  de  femme,  attribués  à  ces  deux  maîtres,  qui  se 
trouvent  au  château  de  Mondétour-en*Vexin. 

On  entend  M.  l'abbé  Bossebœuf,  correspondant  du  comité  à 
Tours,  sur  Une  Famille  de  peintres  blésois,  les  Monsnier. 

Ces  Monsnier  qui,  dans  le  courant  du  seizième  et  la  première 


SÉANCE    OU   20  AVRIL  29 

partie  du  dix-septième  siècle,  ont  semé  de  leurs  œuvres  les  bords 
de  la  Loire,  sont  néanmoins  peu  connus.  Le  moins  oublié  d*entre 
eux,  Jean  III,  a  travaillé  à  Valcnçay,  à  Cheverny  et  à  Ménars. 
H.  Tabbé  Bossebœuf  nous  fournit  à  leur  sujet  d'intéressants  détails 
biographiques,  et  a  établi  le  catalogue,  aussi  complet  qu'il  lui  fut' 
possible,  des  toiles  qu'on  leur  attribue. 

En  l'absence  de  M.  Hénault,  correspondant  du  comité  à  Valen- 
ciennes,  qui  ne  peut  donner  lecture  de  son  important  travail  : 
Histoire  d'un  tableau  :  le  Martyre  de  saint  Etienne,  par  Rubens, 
et  l'ordre  du  jour  étant  épuisé,  M.  le  président  prononce  la  clô- 
ture de  la  session  de  1906. 

La  séance  est  levée  à  trois  heures  vingt. 

DISTINCTIONS   HONORIFIQUES   DÉCERNÉES   A   LA   SUITE  DE  LA  30'  SESSION 

Officier  de  V Instruction  publique 

(Arrêté  du  20  avril) 

Urseau  (le  chanoine),  correspondant  du  ministère  de  l'Instruc- 
tion publique  (Travaux  historiques),  à  Angers  *. 


*  On  trouvera  à  la  fin  de  ce  volume  la  liste  complète  des  distinctions  honori- 
fiques accordées  sur  la  présentation  du  Comité  depuis  sa  fondation. 


LECTURES 


ET 


COMMUNICATIONS 


LES  SEPULCRES 

ou 

MISES  AU  TOMBEAU  ElV  PICARDIE» 
INDICATIONS   PRÉLIMINAIRES 

Les  divers  épisodes  du  drame  de  la  Passion  ont  maintes  fois, 
pris  isolément,  inspiré  les  artistes  du  Moyen  âge  et  de  la  Renais- 
sance. Ils  sont  maintenant  plus  généralement  représentés  dans 
leur  suite,  mais  d'une  façon  parfois  bien  peu  artistique  surtout  à 
notre  époque  ;  on  les  eonnait  dans  leur  ensemble  sous  le  nom  de 
Chemin  de  la  croix  qui  comprend  quatorze  sujets  appelés 
Stations. 

Le  dernier  de  ces  sujets,  celui  qui  se  rattache  à  V Ensevelisse- 
ment du  Christ,  a  été  souvent  traité  à  part,  quelquefois  en  pein- 
ture, en  miniature,  parfois  sur  des  verrières  ou  sur  des  tapisse- 
ries, mais  plus  généralement  en  sculpture  dès  le  quinzième  siècle 
et  surtout  au  cours  du  seizième.  Ces  œuvres  se  présentent  sous  la 
forme  de .  monuments  isolés,  de  plus  ou  moins  grandes  dimen- 
sions, sculptés  soit  en  haut-relief  soit  en  bas-relief;  quelques-uns 
sont  de  réelle  valeur  artistique.  Tous  en  général  sont  intéressants 

>  Nous  avions  présenté,  en  1899,  à  Tagrément  du  Comité»  une  monographie 
sur  le  petit  sépulcre  de Saint'Valery-sur-Somme  qui  avait  été  acceptée.  A  cette 
occasion,  M.  Louis  de  Fourcaud,  avec  sa  bienveillance  habituelle,  nous  avait 
engagé  à  présenter  pour  une  autre  session  un  travail  comprenant  tous  les 
sépulcres  pouvant  se  trouver  dans  la  Picardie.  Vous  tenons  à  remercier  ici 
l'éminent  professeur  d*esthétique  à  l'Ecole  nationale  des  Beaux-Arts  de  nous 
avoir  suggéré  Tidée  de  nous  livrer  à  ces  recherches  :  nous  avons  mis  cette 
idée  à  profit,  et  nous  présentons  aujourd'hui  le  résultat  de  nos  investigations. 


n 


34      LES    SÉPULCRES    OU    MISES    AU    TOMBEAU    EN    PIGABDIE 

à  ètudiei"  au  point  de  vue  de  la  disposition  des  personnages,  de 
leur  costume  ou  de  leur  attitude,  comme  aussi  de  leur  mode 
d'exécution. 

On  sait  d'après  les  récils  des  Evangélistes  que  le  corps  de  Jésus- 
Christ,  après  avoir  été  détaché  et  descendu  de  la  croix,  fut  remis 
par  Pilate  au  centurion  Joseph,  natif  de  la  ville  d'Arimathic,  qui 
le  lui  avait  demandé.  Joseph  était  un  disciple  secret  de  Jésus;  il 
possédait  sur  le  mont  du  Golgotha,  non  loin  du  lieu  du  crucifie- 
ment, un  jardin  où  il  avait  fait  creuser  dans  le  roc  un  sépulcre 
pour  lui  et  sa  famille;  c'est  là  où  le  Christ  fut  enseveli  dans  un 
sarcophage  en  pierre. 

Cette  scène  de  la  Mise  au  tombeau  proprement  dite  est  celle  qui 
a  été  le  plus  souvent  représentée;  mais  elle  avait  été  précédée  de 
deux  autres  épisodes  bien  distincts  et  qui  cependant  ont  été  par- 
fois confondus  sous  la  même  appellation  générale  d' Ensevelisse- 
ment  du  Christ. 

La  première  phase,  pourrait-on  dire,  de  ce  dernier  acte  de  la 
Passion,  est  celle  où  le  corps  du  divin  crucifié  est  resté  exposé  au 
pied  de  la  croix  aussitôt  après  la  descente.  C'est  là  où  l'on  a 
montré  la  Vierge,  assise,  soutenant  sur  ses  genoux  le  corps  pante- 
lant de  son  fils;  ce  spectacle  touchant  a  fait  le  sujet  de  ces  groupes 
sculptés  répandus  partout  et  connus  sous  le  nom  de  la  Vierge  de 
Pitié  on  encore  sous  celui  de  Pietà.  Plusieurs  écrivains  d'art  ont 
parlé  des  Pitiés  célèbres  de  Saint-Mihiel,  d'Autrèche,  de  Dierre, 
de  Solesmes  et  de  bien  d'autres  '.  On  trouve  parfois  ce  groupe 
décorant  la  partie  supérieure  des  monuments  représentant  le 
sépulcre;  tels,  en  Picardie,  ceux  notamment  de  l'église  Saint- 
Germain  à  Amiens,  de  l'église  Saint-Martin  à  Doullens,  et  bien 
d'autres.  Il  est  figuré  aussi,  dit  M.  Emile  Mâle,  sur  de  nombreuses 
verrières,  parliculièrement  et  surtout  en  Champagne,  à  Autrèche 

*  Ligier  Richier,  sculpteur  lorrain  au  seizième  siècle,  par  \\.  Charles  Codr- 
NAULT.  Paris,  1887. 

La  Sculpture  française  depuis  le  quatorzième  siècle,  par  M.  Louis  (ioNss. 
Paris,  1895. 

Michel  Colomlfe  et  la  scttlpture  française  de  son  temps,  par  M,  Paul  Vitrf. 
Paris,  1901. 

L'Art  français  de  la  fin  du  moyen  âge^  l'apparition  du  pathétique,  par 
M.  Emile  Malk  (Revue  des  Deux  Mondes^  i"'  octobre  1905).  Et  les  ouvrages 
de  MU.  André  Uicfael,  Georges  Lafenestre,  Henri  Bouchot  et  d'autres  encore. 


LES    SÉPULCRES    OU    MISES    AU   TOMBEAU   EN    PICARDIE       35 

en  Touraine  et  ailleurs.  Quelquefois,  mais  plus  rarement,  la 
mère  du  Sauveur,  dans  la  même  attitude,  est  accompagnée  de 
Joseph  d'Arimathie  et  de  Nicodème;  parfois  enfin,  de  saint  Jean 
et  des  saintes  femmes,  en  un  mot,  de  tous  les  personnages  du 
drame.  Il  faut  citer  en  première  ligne,  et  comme  œuvre  peinte, 
la  remarquable  Pietà  de  Villeneuve-lès-Avignon,  sur  fond  d*or,  à 
Tœuf  et  à  r huile,  qui  a  figuré  à  l'Exposition  des  Primitifs  fran- 
çais et  se  trouve  aujourd'hui  au  Louvre.  C'est,  dit  M.  Lemoisne  \ 
tt  une  des  œuvres  les  plus  puissantes  et  les  plus  fortes  qu'il  soit 
possible  de  voir  ».  Parmi  les  pièces  en  sculpture  on  peut  men- 
tionner les  Pitiés  du  Tréport  en  Normandie,  de  Marolles-le- 
Bailly  en  Champagne,  de  Sainte-Catherine-^U-Pierbois  en  Tou- 
raine, diAigueperse  en  Auvergne,  A'Akun  dans  la  Marche,  cités 
par  M.  Mâle.  Il  en  est  signalé  également  à  Moissac,  à  Bayelen 
Champagne,  et,  dans  la  même  province,  à  Mussy  ;  ailleurs 
encore.  Un  de  ces  groupes  se  trouve  aussi  en  Picardie,  à  l'église 
du  Saint-Sépulcre  à  Montdidier,  à  l'église  Saint-Rémy  à  Amiens, 
à  celle  de  Prousel  près  d'Amiens,  à  Martainneville  dans  le 
Vimeu;  d'autres  encore;  il  en  sera  parlé  plus  loin. 

Du  pied  de  la  croix,  le  corps  du  Christ  fut  porté  un  peu  au 
delà  sur  la  pierre  dite  de  VOnction  pour  y  être  purifié,  avant  la 
mise  au  tombeau  dans  la  grotte  du  sépulcre.  Là,  sur  la  pierre,  ses 
plaies  aux  mains,  aux  pieds,  sur  le  côté  droit  et  autour  de  la  tête 
furent  lavées,  le  corps  entier  fut  couvert  de  parfums  puis  enve- 
loppé en  partie  dans  un  linceul  que  Joseph  d'Arimathie  avait 
apporté.  Cette  scène  intermédiaire,  bien  distincte  des  deux  autres, 
et  où  figurent  généralement  plusieurs  personnages,  a  été  aussi 
représentée  mais  plus  rarement  et  surtout  en  peinture  ^  Le  petit 
mofwxmtniA' Invalr-Boiroriy  en  Picardie,  se  rattache  à  cette  seconde 
phase. 

Après  sa  purification,  la  dépouille  du  crucifié,  enveloppée  en 

*  Notes  sur  l'Exposition  des  Primitifs  français,  par  M  Paul-André  Lk- 
HOiSNE,  Paris,  1905,  et  les  publications  antérieures  de  M.\f.  Henri  liouchot, 
J.  GuifTrey,  G.  Lafenestrc  et  autres,  sur  cette  Exposition. 

<  Elle  a  fait  l'objet,  notamment,  d'un  tableau  de  Gilbert  Vandellant  à  Téglise 
de  Pellouailles,  d'un  autre  de  .-\.  Stella  à  l'hospice  d'Angers,  tous  deux  signalés 
et  décrits  en  1892  et  en  1899  par  notre  collègue  \l.  Denais,  aux  sessions  des 
Beaux-Arts.  Nous  l'avons  nous-même  fait  connaître  en  1903  coamie  sujet  d'une 
toile  de  <juentin  Varin. 


86     LES   SÉPULCRES   OU    MISES    AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

partie  du  suaire,  fut  transporté  par  Joseph  et  Nicodème  jusqu'à  la 
grotte  du  sépulcre  où  eut  lieu  Tensevelissement  ' . 

C*est  cette  dernière  scène,  la  Mise  au  tombeau  proprement  dite, 
qui  a  été  surtout  représentée  et  dans  de  nombreux  monuments  en 
sculpture.  Nous  en  donnons  un  relevé,  au  moins  pour  la  France, 
à  la  fin  de  cette  étude.  Comme  disposition  la  plus  généralement 
suivie  et  devenue  presque  de  tradition,  le  borps,  au  premier  plan, 
est  soutenu  horizontalement  au-dessus  du  sarcophage  par  Nico- 
dème, celui-ci  placé  le  plus  souvent  à  la  tête,  à  gauche,  et  par 
Joseph  aux  pieds;  ils  tiennent  chacun  Tune  des  extrémités  du  lin- 
ceul. Le  Christ,  nu  presque  toujours,  les  reins  seulement  entourés 
du  linge  appelé  Epizonion^  est  posé  sur  la  dalle  qui  recouvre  le 
tombeau;  parfois  cependant  ce  tombeau  est  béant,  et  le  corps, 
toujours  présenté  dans  toute  son  apparence,  va  y  être  descendu. 
Au  second  plan,  derrière  le  sarcophage,  apparaissent,  vus  à  mi- 
corps,  plusieurs  personnages,  en  attitudes  diverses,  rangés  sur  la 
même  ligne  :  au  milieu  d'abord,  la  Vierge  éplorée  soutenue  par 
saint  Jean  le  consolateur;  puis,  à  droite  et  à  gauche,  dans  une 
pose  de  méditation  douloureuse,  les  yeux  parfois  baissés  ou  dirigés 
vers  le  Christ,  les  saintes  femmes  dont  deux,  Marie  Jacobé  et 
Marie  Salomé,  qu'on  appelle  les  Myrrifores,  portent  chacune 
un  vase  à  parfums. 

Parmi  les  trois  saintes  on  reconnaît  facilement  la  Madeleine,  à 
son  costume  plus  riche  et  à  sa  chevelure  opulente  déroulée,  tenant 
aussi  parfois  un  vase  à  parfums.  Leur  présence,  selon  M.  Barbier 
de  Montauit^,  est  contraire  aux  Ecritures,  mais,  dit-il,  «les 
artistes  chrétiens,  en  faisant  figurer  autour  du  sarcophage  dans  la 
grotte  du  sépulcre,  non  seulement  les  deux  personnages,  Joseph 
et  Nicodème  qui  portent  le  corps,  mais  aussi  la  Vierge,  saint  Jean 
,  et  les  saintes  femmes,  ont  voulu  ajouter  au  fait  évangélique  le 
charme  des  traditions  populaires.  Saint  Jean,  le  disciple  bien-aimé 

'  ...  Le  culte  des  morts,  qui  a  toujours  été  si  en  honneur  dès  la  plus  haute 
antiquité,  a  pu  contribuer  à  l'aire  représenter  la  mise  au  tombeau  du  Christ  eo 
qui  se  résumait  l'humanité  toute  entière.  Les  purifications  et  rembaumcment,  de 
même  que  le  groupement  autour  du  sarcophage,  rentraient  aussi  dans  les  hon- 
neurs que  l'on  rendait  aux  morts  et  on  les  retrouve  dans  les  plus  anciens 
sépulcres.  (Le  Culte  des  morts  dans  l'antiquité  païenne,  par  M.  l'abbé  Galli, 
Paris,  in-32). 

•  Annales  archéologiques,  t.  XXV,  1865. 


LES    SÉPULCRES   OU   MlSBâ   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE     $1 

qui,  seul  d'entre  les  douze  apôtres,  était  resté  au  pied  de  la  croix 
jusqu'au  dernier  moment,  a  été  placé  par  eux  au  sépulcre  pour 
symboliser  le  modèle  de  Tamitié  constante.  » 

Ces  trois  scènes,  comprises  sous  la  désignation  générale  de 
Sépulcre,  ont  été  représentées,  plutôt  en  sculpture,  dès  la  fin'  du 
quinzième  siècle,  dans  le  cours  du  seizième  et  aussi  au  commen* 
cément  du  dix-septième  ;  ce  sont  principalement  la  première  et 
la  dernière  qui  paraissent  avoir  été  aloi*s  les  plus  connues  et  les 
plus  populaires.  On  les  trouire  aussi  reproduites  en  peinture  et  sur 
des  vitraux  dès  les  premiers  temps  du  moyen  âge  ;  les  plus  grands 
artistes  s'en  sont  inspirés  et  ils  en  ont  produit  des  chefs-d'œuvre. 

Avant  d'arriver  au  sujet  principal  de  cette  étude  que  nous 
limitons  à  notre  province,  nous  croyons  devoir  mentionner  som- 
mairement, sauf  peut-être  des  omissions,  les  monuments  de  même 
nature  qui  se  trouvent  dans  les  provinces  limitrophes.  Il  en  existe 
en  Normandie,  notamment  aux  Andelys,  à  CaudebeCj  à  AumalCj 
sans,  oublier  les  autres  sépulcres  de  Louviers,  de  Maulévrierj  de 
Saint'Cyr-la-Rosière,  de  Senarpontj  de  Vemeuil  au  Perche,  et 
surtout  celui,  plus  rapproché,  d'A'tt.  Ce  dernier,  dont  l'église 
Saint-Jacques,  à  Dieppe,  possède  une  copie  en  plâtre  qui  rem- 
place un  autre  disparu,  est  digne  de  remarque  par  ses  grandes 
dimensions  et  par  la  richesse  des  costumes.  Comme  particularité 
notamment,  le  corps  du  Christ  y  est  placé  en  sens  inverse  de 
l'ordinaire,  la  tête  du  côté  droit*.  Dans  TArtois,  M.  Loriquet  a 
relevé  à  Saint-Omer,  sur  les  ruines  d'une  chapelle  dite  du  Cal- 
vaire, une  inscription  mentionnant  l'existence  d'un  sépulcre  qui, 
malheureusement,  a  été  détruit.  Le  même  auteur  a  fait  connaître 
une  mise  au  tombeau  qui  se  trouve  encore  à  Verchin;  il  la  qualifie 
de  remarquable.  «  C'est,  dit-il,  un  haut-relief  en  pierre  du  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle  ;  les  personnages  sont  au  trois 
quarts  de  la  réalité,  le  Christ  seul  est  moderne  ^  »  Dans  l'Aisne,. 

'  La  plupart  de  ces  sépulcres  ont  été  relevés  et  décrits  par  plusieurs  auteurs, 
parmi  lesquels  il  convient  de  citer  : 

^  Abbé  Cochet,  les  Eglises  de  F  arrondissement  de  Dieppe,  1846.  —  Les 
Églises  de  l^ arrondissement  d'Yvetot,  1852. 

Chanoine  Porkb,  la  Statuaire  en  Normandie,  1899.  —  Note  sur  une  statue  de 
sainte  Anne  de  l'Atelier  de  Vérneuilau  Perche,  1901. 

^  Inventaire  des  monuments  du  Pas-de-Calais,  par  M.  Loriquet,  alors 
archiviste  à  Arras  (aujourd'hui  à  Rouen),  Arras,  1890. 


38     LEg   8ÈPULGBES   OD   MISES   AU   TOMBEAU  EN   PICARDIE 

M.  Edouard  Fleury  a  signalé,  à  Sissy,  la  chapelle  dite  des 
Endormis  qui  renferme  un  sépulcre  de  onze  personnages,  d'une 
mise  en  scène  savante  et  dramatique'.  Plusieurs  mises  au  tom- 
beau dans  rOise  nous  sont  indiquées  en  cours  de  cette  étude  par 
notfe  savant 'et  obligeant  collègue  M.  le  chanoine  Marsaus,  de 
Beauvais,  et  nous  lui  adressons  ici  nos  vifs  remerciements.  Ainsi  : 
à  Clermont,  dans  le  bas  de  Téglise,  mais  il  ne  se  distingue  par 
aucune  particularité;  à  Agnetz,  près  de  cette  ville,  dans  une 
crypte  au  fond  du  collatéral  de  droite,  on  y  remarque  par  devant, 
comme  à  Sissy,  des  gardes  endormis;  de  même  encore  à  Senantes, 
canton  de  Songeons,  où  le  monument,  là,  est  en-bas  relief;  à 
Marseille-le-Petit,  dans  une  chapelle  dite  des  saintes  Hosties, 
indépendante  de  Téglise  et  qui  se  trouve  dans  le  cimetière  ^;  à 
MérUj  au-bas  côté  sud,  et  autrefois  dans  lia  chapelle  sépulcrale 
de  Ferry-d'Humont  ;  à  Saint-Germer ,  dans  le  transept  sud  de 
l'église  abbatiale;  à  VUlers-Saint-Sépulcrej  près  de  Beauvais, 
monument  de  bonne  sculpture. 


LES  SÉPULCRES   EN   PICARDIE 

La  province  de  Picardie  a  pris  une  large  part  dans  cette  mani- 
festation particulière  de  la  foi  de  nos  pères  dès  la  fin  du  quinzième 
siècle.  Nous  avons  en  effet  relevé  jusqu'à  dix^neuf  monnmenis 
de  ce  genre,  et  encore  sauf  omissions  possibles.  La  plupart  sont 
bien  conseillés  et  presque  tous,  sauf  quelques  particularités  qui 
seront  signalées  pour  plusieurs,-  se  rapportent  à  la  tradition  la 
plus  généralement  suivie. 

Deux  autres,  l'un  à  Péronne,  l'autre  à  Berck-Vilh,  ont  dis- 
paru; peut-être  y  en  a-t-il  eu  davanta({e,  mais  nous  n'en  avons 
pas  eu  de  révélations.  Parmi  ceux  que  nous  avons  pu  étudier,  il 
n'en  existe  pas  représentant  les  deux  premières  scènes  indiquées 
plus  haut  comme  se  plaçant  après  la  descente  de  croix  ;  toutefois, 

'  Antiquités  et  monuments  du  département  de  l'Aisne. 

*  Voy.  Chapelle  et  pèlerinage  des  Saintes  Hosties  à  Marseille-le-Petit 
(Oise),  par  M.  l'abbé  IIar.saux,  associé  corraspondant  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  Picardie,  Paris,  Dumoulin,  1894.  gr.  in-S**  avec  illustrations. 


LES    SÉPULCRES   OU    MISES    AU   TOMBEAU    EN   PICARDIE      S'J 

la  première  sc^ne,  la  Vierge  de  Pitié,  forme  le  siijel  principal  du 
bas-relief  de  rêg^lise  de  Prousel;  il  y  a  aussi  une  PZ/tV  au-dessus 
du  sépulcre  de  Téglise  Saint-Germain  à  Amiens.  Ce  groupe  enfin, 
taillé  en  bois  et  de  petites  dimensions,  se  rencontre  à  Saint-Vulfran 
d'Abbeville,  dans  d'autres  églises  et  dans  des  collections  particu- 
lières, notamment  au  musée  Boucher  de  Perthes  à  Abbeville,  dans 
le  cabinet  de  Tilluslre  savant  où  se  voient  aussi  deux  très  petits 
bois  de  la  Mise  au  tombeau. 

Les  sépulcres  proprement  dits  observés  dans  notre  province 
nous  ont  paru,  soit  par  quelques  dates  de  fondation  des  chapelles 
où  ils  se  trouvent,  soit  par  leur  mode  d'exécution  et  autant  qu'on 
peut  l'apprécier  à  défaut  d'indications  précises,  se  rattacher 
presque  tous  au  seizième  siècle  :  les  uns,  comme  à  l'église  Saint- 
Germain  à  Amiens,  à  celle  de  Doullens,  et  à  celle  du  saint 
Sépulcre  à  Abheville,  remontent  aux  premières  années,  ce  sont 
les  plus  curieux;  celui  de  Prousel  date  de  la  première  moitié. 
D'autres  accusent  pluttM  le  coure  du  seizième  siècle;  telles  sont 
ceux  de  Montdidier  et  aussi  ce  qui  en  reste  de  celui  de  Montreuil- 
sur-Mer;  puis  encore  les  sépulcres  de  Longpré'les-Corps-Saints 
et  de  Tortefontaine,  ce  dernier,  l'un  des  plus  remarquables  de 
la  Picardie.  Ceux  de  Villers^Bocage  et  A'Allery  paraissent  plutôt 
dater  de  la  fin  du  seizième  siècle. 

Pour  quelques-uns  enfin,  comme  à  Saint- Valery-sur -Somme, 
à  SorruSj  à  Inval-Boiron,  à  AUery  et  à  Oust-Marais,  les  motifs 
de  décoration  qui  les  encadrent  les  rattachent  à  la  dernière  pé- 
riode de  la  Renaissance  qui  parait  s'être  prolongée  dans  nos  pays 
jusque  dans  les  premières  années  du  dix-septième  siècle. 

Trois  méthodes  pouvaient  éire  adoptées  pour  la  présentation  de 
ces  monuments  :  la  première  consistant  à  les  classer  par  ordre  de 
valeur  artistique,  mais  ce  classement  entraînait  une  responsabilité 
d'appréciation  devant  laquelle  nous  avons  reculé;  l'autre,  basée 
sur  l'ordre  chronologique,  présentait  également  un  écueil,  à 
défaut,  le  plus  souvent,  d'indications  précises  ou  de  caractères 
bien  tranchés.  Un  groupement  par  contrées  nous  a  paru  avoir  cet 
avantage  de  rendre  plus  facile  aux  excursionnistes  les  recherches 
et  les  études  sur  place;  nous  avons  donc  suivi  celte  dernière 
méthode.  On  pourra,  au  moyen  de  la  table,  trouver  facilement 


40     LES   SRPDLCBBS   OU    HISES   âC   TOUBBâD   EN   PICARDIE 

par  la  pagination  Findication  de  ceux  de  ces  sépulcres  que  Tama* 
teur  voudrait  plus  particulièrement  aller  reconnaître. 

Et  tout  d'abord,  il  y  a  lieu  de  parler  des  sépulcres  qui,  à  raison 
de  leurs  petites  dimensions  et  aussi  par  d*autres  indices  tels  que 
des  inscriptions,  se  rattachent  manifestement  à  des  sépultures 
privées  et  ont  servi  à  les  décorer. 

Parmi  ceux-ci  on  peut  ran;[jer  en  première  ligne  le  petit  monu- 
ment de  rhospice  de  Saint- Valéry  ^sur-Somme.  Il  se  trouvait 
même,  il  y  a  quelque  trente  ans,  encastré  dans  le  mur  du 
cimetière  entourant  la  chapelle;  pour  le  préserver,  avec  juste 
raison,  des  intempéries  des  saisons,  on  Ta  placé  dans  Tintérienr 
de  la  chapelle  contre  la  paroi  de  gauche.  Et  c'est  ici,  comme 
bien  souvent  ailleurs,  le  cas  d'appliquer  le  mot  si  vrai  cité  par 
M.  le  chanoine  Marsaux,  en  parlant  d'œuvres  intéressantes  qui, 
souvent  coudoyées  au  passage,  passent  cependant  presque  ina- 
perçues :  assueta  vilescuni.  Ce  charmant  bas-relief,  en  effet, 
était  resté  presque  ignoré  dans  ses  détails  lorsque  nous  en  avons 
fait  l'objet  d'une  étude  présentée  à  la  Session  de  1899  *;  nous  n'y 
reviendrons  ici  que  sommairement*. 

H  comprend  trois  parties  superposées  d'une  hauteur  ensemble 
de  l",47  sur  0",67  de  largeur  :  au  bas,  la  mise  a,u  tombeau,  dans 
une  niche  à  plein  cintre  encadrée  de  pilastres  ornementés  et  dont 
la  voûte  est  formée  d'une  large  coquille  renversée  sur  laquelle  est 
représenté  le  mont  du  Golgotha  avec  les  trois  croix  à  deux  des- 
quelles les  larrons  sont  encore  attachés.  Au-dessus,  sur  une  sorte 
de  frise,  est  figurée  la  Résurrection,  en  relief  très  peu  accusé  : 
autour  du  Christ  qui  s'élève  du  tombeau  sont  les  trois  gardes  dans 
des  attitudes  diverses.  Enfin,  au  fronton,  ont  été  sculptés  de  nom- 
breux motifs  d'ornementation  avec  un  oiseau  au  centre  et  des 
anges  sur  les  côtés;  le  tout  ciselé  avec  une  grande  délicatesse. 
Quant  au  sujet  principal,  au  bas,  il  a  été  traité  d'après  les  tradi- 
tions en  usage  :  le  corps  du  divin  sacrifié  est  entouré  des  sept 
personnages,  d'un  bas-relief,  là,  très  accusé,  couverts  de  riches 
costumes  et  dont  les  attitudes,  bien   variées,  ont  été  précédem- 

'  Le  petit  Sépulcre  on  mise  att  tombeau  de  f  hospice  de  Saint-Valery^sur- 
Somme,  Paris,  Plon-\ourrit  vi  C«,  1900;  grand  in-«". 
*  Voir,  ci-contrc,  planche  I. 


Page  40. 


PICE 
^CPiflt  Y-S  U  R-S  0  M  M  E 


LES    SÉPULCRES   OU   MISES    AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE     41 

ment  décrites  dans  leurs  détails  ;  nous  n'avons  plus  à  y  revenir 
ici.  Ajoutons  seulement  que  sur  le  devant,  dans  le  bas,  sont  repré- 
sentés (rois  donateurs  dont  une  jeune  iille;  les  deux  premiers 
agenouillés  devant  un  prie-Dieu.  A  en  juger  d'après  la  lettre  R  qui 
est  tracée  sur  un  petit  médaillon  du  fronton,  ces  personnages 
appartenaient  vraisemblablement  à  la  famille  des  Rouault  ou 
Rohault,  puissants  seigneurs  de  Gamaches  et  autres  lieux  et  dont 
un  des  membres  fut  gouverneur  perpétuel  de  la  ville  et  du  château 
de  Saint- Valéry. 

Il  existe  à  Téglise  de  Sorrus,  petite  commune  à  trois  kilomè- 
tres de  Mon  treuil-su  r-Mer,  comprise  autrefois  dans  la  Picardie*, 
un  petit  sépulcre  qui,  bien  qu'inférieur  comme  exécution  et 
comme  conservation  à  celui  de  Saint- Valéry,  n'en  est  pas  moins 
fort  intéressant.  Il  a  déjà  été  l'objet  de  deux  études^  l'une  par 
M.  le  comte  Georges  de  Lhomel  *,  l'autre  par  M.  Roger  Rodière  *. 
C'est  un  bas-relief  taillé  dans  la  craie  tendre  sujette  à  l'usure,  et, 
en  outre,  il  est  noyé  sons  plusieurs  couches  de  badigeon  qui  lui 
ont  fait  perdre  de  sa  délicatesse  et  de  sa  finesse  primitives;  enfin, 
il  a  subi  des  mutilations,  plusieurs  têtes  ont  été  cassées.  Ce  petit 
monument  (haut.  0'',96,  larg.  l'",65)  ^,  encastré  dans  le  mur 
gauche  de  l'église,  est  de  style  Renaissance  et,  comme  l'a  très  bien 
fait  remarquer  M.  Roger  Rodière  avec  sa  compétence  d'énidit, 
c'est  le  premier  exemple  à  date  certaine  (1531)  que  l'on  connaisse 
de  ce  style  dans  les  environs  de  Mon  treuil,  où  le  goût  du  gothique 
a  persisté  longtemps.  Il  est  partagé  dans  son  développement  en 
largeur  en  trois  parties,  chacune  surmontée  d'un  plafond  cintré 
en  forme  de  grande  coquille  à  larges  nei'vures.  La  niche  du  mi- 
lieu, séparée  des  autres  par  un  pilastre,  représente  la  mise  au 
tombeau,  et  les  niches  latérales,  un  peu  plus  étroites,  renferment 
les  statuettes  des  donateurs,  un  homme  et  une  femme,  agenouillés 

*  La  ville  de  Montreuil-sur-Mer  et  le  village  de  Sorrus  faisaient  partie  du 
comté  de  Pontbieu  qui  était  compris  dans  la  province  de  Picardie.  Le  Ponthieu, 
de  ce  côté,  était  bordé  par  la  rivière  de  TAuthie,  par  la  voie  romaine  dite 
Chaussée  Brunehaut,  depuis  Douriez  jusqu'à  Brimeux,  puis  par  la  rivière  de  la 
Gauche  jusqu'à  la  mer.  à  htaples.  (Note  de  M.  Roger  Rodière). 

•  Mémoires  de  la  Commission  départementale  des  monuments  historiques  du 
Pas-de-Calais,  t.  li,  V  livraison,  Arras,  1902. 

^  Epîgrapkie  du  Pas-de-Calais,  canton  de  Montrcuil,  1904. 
^  Voir,  ci-dessous,  planche  II. 


42     LES    SÉPULCRES    OU    MISES   AU   TOMBEAU    EN   PICARDIE 

chacun  devant  un  prie-Dieu  et  accotés  de  leurs  patrons.  Le  sépulcre 
proprement  dit  comprend,  suivant  T usage,  les  sept  pei*son nages 
sans  compter  le  Christ  gisant;  celui-ci  mesure  44  centimètres. 
Ici,  il  n'est  pas  posé,  comme  on  le  voit  plus  généralement,  sur  la 
dalle  du  sarcophage  :  il  est  soutenu,  soulevé  aux  deux  extrémités 
du  linceul  par  Joseph  et  Nicodème  qui  vont  le  descendre  dans  le 
vide  du  tombeau;  celui-ci  est  incliné  par  devant'.  Sur  la  paroi 
extérieure  est  figuré  un  cadavre  entièrement  nu,  tout  décomposé, 
presque  décharné,  taillé  d'une  manière  toute  rudtmentaire.  Enfin, 
au  bas,  une  inscription  usée  et  presque  indéchiffrable  laisse  sup- 
poser, comme  il  est  dit  ci-dessus,  que  ce  morceau  de  sculpture 
avait  dû  décorer  une  sépulture  de  famille,  ce  qui  parait,  du 
reste,  confirmé  par  la  présence  des  statuettes  des  donateurs. 

Le  village  d'Inval-Boiron^  dans  Tarrondissemenl  d'Amiens, 
canton  d'Oisement,  borde  la  vallée  du  Liger,  un  des  confluents 
de  la  rivière  la  Bresle  qui  sépare  la  Picardie  de  la  Xormandie. 
Au  cours  d'un  ouvrage  très  documenté  sur  la  Vallée  du  Liger, 
M.  Alcius  Ledieu,  conservateur  de  la  bibliothèque  des  musées  et 
archives  d'Abbeville,  a  fait  le  relevé  d'un  sépulcre,  relativement 
petit  (haut.  l'",20,  larg.  1"),  qui  se  trouve  à  l'église  de  cette  com- 
mune. Le  sujet,  traité  également  en  bas-relief,  est  de  l'époque  de 
la  Renaissance;  malheureusement,  ici  encore,  il  est  mutilé^  les 
têtes  sont  cassées  sauf  une  à  droite;  les  jambes  du  Christ  sont 
en  partie  brisées  *.  Ce  morceau  de  sculpture  représente  non  pas 
la  mise  au  tombeau  proprement  dite,  mais  la  seconde  des  trois 
scènes  qui  ont  suivi  la  descente  de  croix,  celle  où  le  corps  fut 
posé  sur  la  pierre  de  l'onction  pour  y  être  purifié  avant  d'être 
porté  plus  loin  à  la  grotte  du  sépulcre  pour  y  être  enseveli.  Les 
personnages,  plus  petits  que  nature,  sont  groupés  selon  la  tradition 
ordinaire.  M.  Indien  a  donné  la  description  de  tout  l'ensemble  et  il 
a  été  reproduit  dans  l'ouvrage  par  M.  IVinckler,  artiste  lithographe 


^  Cette  dispositioa  particulière  se  remarque  aussi  dans  les  mises  au  tombeau 
de  VilUrs-Bocage  et  d^Ouxt-Marais,  tous  deux  également  en  Picardie,  et  daus 
celui  de  Semur,  dans  la  Sartlie. 

*  La  Vallée  du  lAger  et  ses  environs,  par  M.  Alcius  Lkdiku.  Paris,  Picard. 
1887,  i  vol.  in-8°  de  432  p.  Ouvrage  couronné  par  la  Société  des  i\ntiquaires  de 
Picardie. 


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LBS   SÉPULCRES   OU   MISES    AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE     43 

à  Abbeville,  d'après  un  dessin  de  M.  Frontaux.  Au  fond,  on  aper- 
çoit le  mont  des  Oliviers  et  les  trois  croix,  celles-ci  mutilées  en 
partie.  Comme  particularité,  dans  les  moulures  de  Tencadre- 
ment  sont  figurés,  d'une  façon  assez  naïve,  tous  les  instruments  de 
la  Passion  :  Téchelle,  le  marteau,  les  tenailles,  les  clous,  Téponge, 
la  lance,  trois  sabliers,  et  enfin,  détail  assez  curieux,  une  oreille 
(celle  coupée  par  Pierre  à  Tun  des  soldats  lors  de  l'arrestation 
au  jardin  des  Oliviers).  M.  Alcius  Ledieu  a  relevé  enfin  une  ins- 
cription en  vers  qui  se  trouve  en  bas  avec  le  nom  de  Mutel,  mais 
il  n'a  pas  cru  pouvoir  en  inférer  que  ce  monument  ait  été  érigé 
par  les  soins  de  ce  personnage. 

Il  fa\it  mentionner  ici,  plutôt  pour  mémoire,  deux  petits  mor- 
ceaux de  sculpture  en  bois  sur  le  même  sujet,  l'un  conservé  dans 
la  crypte  de  l'église  de  Longpré-les-Corps-Saints  où  se  trouve  un 
grand  sépulcre  en  pierre  qui  sera  décrit  plus  loin;  l'autre  à  l'église 
de  SaintrPaul  à  Abbeville  où  il  est  placé  au-dessus  d'un  remar- 
quable retable  en  bois  peint  et  doré  provenant,  comme  un  autre  de 
mêmes  proportions  qui  se  trouve  dans  l'église  du  Crotoy ',  de  l'an- 
cienne chartreuse  de  Thuison-lés-Abbeville.  Ces  deux  petits  sé- 
pulcres, d'un  développement  en  largeur  d'environ  25  centimètres, 
sont  traités  dans  le  genre  de  ces  petits  sujets  que  l'on  retrouve 
dans  plusieurs  églises  de  nos  campagnes.  Là,  on  n'a  représenté 
^ue  le  corps  du  Christ  soutenu  au-dessus  du  tombeau  par  les 
deux  personnages  traditionnels;  sur  le  tombeau  à  Saint-Paul  on  a 
taillé  en  relief  la  couronne  d'épines,  le  marteau  et  les  tenailles. 

Nous  arrivons  maintenant  aux  monuments  de  plus  grandes 
dimensions.  Ce  sont  les  plus  nombreux;  les  personnages  y  sont 
représentés  généralement  en  grandeur  nature. 

Et  d'abord,  à  Amiens.  II  n'y  en  a  qu'un  seul,  que  nous  sachions; 
il  se  trouve  à  l'église  Saint-Germain  où  il  occupe  un  enfoncement 
ou  enfeu,  avec  arc  surbaissé,  dans  la  dernière  chapelle  latérale  du 
bas-côté  nord.  Notre  collègue,  M.  Georges  Durand,  Térudit  archi- 
viste de  la  Somme,  l'a  décrit  dans  son  étude  bien  complète  sur 


*  Les  retables  de  l'église  Saint-Paul  à  Abbeville  et  de  l'église  du  Crotoy, 
par  Emile  Deligmèrks.  Abbeville,  1883:  iD-S**. 


44     LES    SÉPULCRES   OU   MISES   AU    TOMBEAU   EN   PICARDIE 

cette  église  '  ;  nous  nous  bornerons  à  la  résumer,  avec  quelques 
remarqués  pei*sonnelles. 

Ce  monument,  en  pierre,  date  de  1506;  il  a  été  donné  par 
Firmin  le  Coustellier,  seigneur  de  Coupel,  et  par  la  dame  le  Cat, 
son  épouse.  Dans  Tintervalle  des  meneaux  surmontant  Tare  se  voit 
un  petit  bas-relief  représentant  Notre^Dame-de-Pitié,  Le  sujet 
principal,  entièrement  peint  et  doré,  est  d*une  exécution  soignée; 
les  figures  sont  belles,  d'une  grande  sérénité  d'expression.  Les 
personnages,  un  peu  moins  grands  que  nature  (1"", 30),  au  nombre 
de  huit  y  compris  le  corps  du  Christ,  sont  placés  autour  du  tom- 
beau dans  la  pose  traditionnelle.  Joseph  d'Arimathie,  coiffé  d'un 
turban,  est  à  la  tête  du  crucifié;  il  est  reconnaissable  à  son  glaive 
de  centurion  suspendu  au  côté;  on  sait  que  le  plus  souvent  ce  per- 
sonnage est  représenté  aux  pieds.  Autre  particularité  plus  rare  : 
une  inscription,  relevée  par  M.  G.  Durand,  se  lit  à  la  bordure  de 
son  vêtement,  et,  sur  le  voile  de  la  Vierge,  est  tracée  cette  invoca- 
tion :  0  Mater  Dei  mémento  mei,  amen.  A  remarquer  enfin  la 
coiffure  singulière  de  Nicodème;  c'est  un  bonnet  un  peu  élevé  en 
forme  de  toque,  plate  au-dessus,  garnie  de  guirlandes. 

Aux  environs  d'Amiens,  à  l'église  de  Villers-Bocage,  chef-lieu 
de  canton,  un  sépulcre  occupe  la  paroi  intérieure  du  portail  au 
bas  du  collatéral  de  gauche*.  Il  provient  de  l'ancienne  abbaye  de 
Berteaucourt-les-Dames,  à  quelque  distance  de  là,  aujourd'hui  en 
ruines.  Ce  monument,  en  pierre,  de  la  fin  du  seizième  siècle,  taillé 
en  ronde-bosse,  n'avait  pas  encore  été  décrit,  croyons-nous;  nous 
en  avons  eu  la  reproduction  d'après  un  cliché  qui  nous  a  été  obli- 
geamment communiqué  par  M.  l'abbé  Dubourguier,  curé-doyen, 
membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Picardie;  nous  lui  en 
offrons  nos  sincères  remerciements.  Ce  sépulcre  est  conforme  à 
d'autres  comme  disposition  des  personnages,  mais  manifestement 
des  restaurations  y  ont  été  faites.  Le  Christ  notamment,  dont  la 
tête  est  entourée  de  la  couronne  d'épines,  ce  qui  se  voit  assez 
rarement,  avait  eu  les  jambes  brisées,  et  on  les  a  refaites  malen- 
contreusement dans  de  trop  grandes  dimensions,  ce  qui  lui  donne 

*  Notice  sur  l'église  Saint-Germain  à  Amiens,  par  M.  G.  Durand.  —  Picardie 
historique  et  monumentale,  t.  I.  Il  y  a  une  reproduction  du  sépulcre. 
'  Voir,  Q-coutrc,  planche  III. 


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LES   SÉPULCRES   OU    MISES   AU    TOMBEAU   EN   PICARDIE      4!V 

une  longueur  anormale  de  1",90,  alors  que  les  autres  person- 
nages n'ont  que  l",50  environ  ;  le  tout  est  recouvert  de  peintures 
modernes.  Saint  Jean  occupe  le  milieu  parmi  les  saintes-  femmes 
debout  derrière  le  tombeau.  D'après  les  types,  un  peu  défigurés 
toutefois  par  Tenluminure  et  d'une  allure  un  peu  mondaine, 
pourrait-on  dire,  l'œuvre  semble  de  facture  italienne,  à  consi- 
dérer surtout  la  Madeleine  dont  les  cheveux  sont  retenus  à  plat 
sur  le  front  par  un  ruban.  Joseph  et  Nicodème,  au  premier  plan, 
tous  deux  coiffés  d'un  turban,  soulèvent  le  corps  par  le  linceul 
et  vont  le  déposer  dans  le  sarcophage  béant.  Celui  de  gauche,  à 
longue  barbe,  est  vêtu  d'un  pourpoint  avec  des  manches  ornées 
de  crevés  ;  il  porte  au  cou  une  chaînette.  Celui  de  droite,  à  la 
figure  osseuse  avec  petites  moustaches,  forme  un  type  bien  parti- 
culier et  que  nous  n'avons  retrouvé  nulle  part  ailleurs  ;  c'est  un 
véritable  mameluk.  Il  regarde  fixement  le  Christ  en  portant  une 
main  contre  sa  poitrine  dans  un  geste  affecté  et  presque  théâtral. 
Ce  sépulcre  est  sous  un  arc  surbaissé  avec  bordure  en  pendentifs 
et  il  est  orné  de  choux  à  l'extrados;  cet  entourage  est  moderne. 
Le  morceau  de  sculpture  a  été  classé  récemment  parmi  les  mo- 
numents historiques. 

A  l'église  de  Prousel^  village  à  douze  kilomètres  d'Amiens 
(station  de  la  ligne  du  chemin  de  fer  d'Amiens  à  Beauvais) ,  se 
trouve,  dans  une  chapelle  latérale,  à  gauche,  un  beau  et  assez 
grand  bas-relief  (haut.  1",70,  larg.  2", 20);  il  se  rattache  à  la  pre- 
mière phase  du  dernier  acte  de  la  Passion.  Un  des  miens  a  pu, 
malgré  le  peu  de  jour  sur  un  côté,  en  prendre  une  petite  repro- 
duction photographique.  Au  cours  d'une  étude  très  complète 
publiée  en  1899  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  la  Picardie,  notre  collègue,  M.  Bréard,  a  donné  une  descrip- 
tion sommaire  de  ce  monument*.  Il  comprend  plusieurs  parties; 
celle  principale,  vers  le  haut,  représente  la  scène  où  le  Christ  des- 
cendu de  la  croix  est  soutenu  sur  les  genoux  de  sa  mère;  c'est 
une  Pietà.  La  figure  de  la  Vierge  est  d'une  belle  expression;  nous 
n'avons  pu  identifier  les  deux  personnages  dont  parle  M.  Bréard 

'  Recherches  historiques  sur  Prousel,  son  château,  son  église  et  ses  anciens 
seigneurs,  par  M.  Charles  Briîard.  —  Mémoires  de  la  Société  des  .'\ntiquaires 
de  Picardie  (4*  série,  t  III,  1899,  p.  3  et  153). 


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46      LES    SÉPLLGRES    OU    MISES    AU    TOMBEAU    EN    PICARDIE 

comme  se  tenant  à  droite  et  à  gauche.  Sur  le  côté,  vers  le  haut, 
sont  représentés  deux  sujets  qui  paraissent  avoir  un  sens  allégo- 
rique :  à  droite,  un  berger  et  son  troupeau;  à  gauche,  un  homme 
chargé  d'un  sac  monte  vers  un  moulin;  plus  loin  on  aperçoit 
les  murailles  et  les  tours  crénelées  d'une  ville.  Ce  monument 
devait  sei*vir  pour  une  sépulture  privée,  à  en  juger  par  la  présen- 
tation, au  premier  plan,  dans  le  bas,  de  deux  personnages,  homme 
et  femme  agenouillés,  jchacun  devant  un  prie-Dieu,  et  accom- 
pagnés derrière  de  leurs  patrons  saint  Jean-Baptiste  et  saint 
Antoine.  M.  Bréard  nous  fait  connaître  que  ces  donateurs  étaient 
Bastien  le  Sellier,  mort  en  1525,  et  Antoinette  de  Galonné,  décédée 
en  ]539,  fondateurs  de  la  chapelle.  Cette  œuvre  a  été  mutilée  en 
plusieurs  endroits  ;  la  plupart  des  têtes,  sauf  celles  de  la  Vierge  et 
du  Christ,  ont  été  abattues. 

Une  mise  au  tombeau  décore  le  fond  de  la  chapelle  latérale 
gauche  de  l'église  du  Saint-Sépulcre  à  Abheville.  Elle  a  été  l'objet 
récemment  d'une  description  par  notre  collègue  M.  Henri  Mac- 
queron  '.  Ce  sépulcre  avait  été  en  grande  partie  détruit  à  la  Révo- 
lution ;  il  a  été  reconstitué  et  on  ne  retrouve  de  l'œuvre  ancienne 
que  la  statue  du  Christ  étendu,  grandeur  nature,  taillée  dans  le 
bois,  d'une  assez  belle  expression;  il  a  été  peint  en  blanc.  Un 
autre  morceau  de  sculpture,  se  rattachant  encore  à  notre  sujet, 
surmonte  l'autel  <à  droite;  il  représente  les  gardes  endormis  autour 
du  tombeau  fermé.  C'est  un  ouvrage  moderne,  fort  beau,  exécuté 
en  1863  par  AI.  Duthoit,  d'Amiens. 

iVous  devons  mentionner  également,  de  notre  ville,  à  l'église 
Saint- Vulfran,  un  Christ  au  tombeau,  isolé  (l",  45),  qui  se  trouve 
dans  la  première  des  chapelles  du  bas-côté  droit;  il  est  placé  sous 
une  arcature  de  style  Renaissance,  mais  moderne  et  même  non 
terminée  comme  moulures.  La  sculpture,  qui  paraît  assez  ancienne, 
est  en  bois  recouvert  de  peinture;  le  corps  posé  sur  le  linceul  est 
nu,  sauf  Vepizonion;  il  est  incliné  sur  le  côté,  la  tête  un  peu  sur- 
élevée, les  jambes  soulevées  aux  genoux,  le  bras  droit  tombant 
par  devant,   l'autre  repliée  sur  la  poitrine.  La  statue  est  d'une 

'  Picardie  historique  et  monumentale,  t.  III,  !•'  rasciciile,  par  M.  Emile 
Dbligvikubs  pour  l'église  Saint-Vulfran  et  par  M.  Henri  Macqubron  pour  le.s 
autres  monumcats  et  les  maisons. 


LES    SEPULCRES   OU    MISES    AU    TOMBEAU    EN    PICARDIB     47 

exécution   médiocre   et   ne   mérite  pas  une  plus  ample  descrip- 
tion. Sur  Tautel,  en  face,  est  une  Pietà,  aussi  en  bois. 

La  ville  de  Montdidier  possède  deux  mises  au  tombeau,  toutes 
deux  de  grandes  dimensions,  Tune  dans  Téglise  du  Saint-  épulcre, 
Tautre  dans  celle  de  Saint-Pierre.  Ces  morceaux  de  sculpture  ont 
déjà  été  décrits  et  il  nous  suffira  de  rappeler  brièvement  ce  qui  en 
a  élé  dit  ^ 

Le  premier  occupe  le  fond  du  bas-côté  droit  qui  a  été  construit 
de  1549  à  J582  par  la  famille  de  Bâillon;  il  est  surmonté  d'un 
Ecce  homo,  bien  .plus  soigné  que  le  sujet  principal,  et  d'une 
exécution  parfaite.  Quant  à  V Ensevelissement,  il  est  entouré 
d'une  arcade  cintrée  à  nervures  ogivales  (2", 55)  datant  seule- 
ment de  1763;  les  figures  des  personnages,  ceux-ci  au  nombre 
traditionnel  de  sept,  manquent  d'expression.  La  Vierge,  qui  occupe 
le  milieu  derrière  le  tombeau,  a  la  tête  couverte  d'un  voile  lui 
tombant  droit  presque  sur  les  yeux;  elle  est  un  peu  inclinée  par 
devant;  ses  mains  sont  jointes  à  plat  devant  la  poitrine.  Saint 
Jean  la  soutient  à  gauche  d'une  main  aux  doigis  très  écartés;  de 
sa  ceinture  pendent  deux  objets  dont  l'un  parait  être  une  escar- 
celle. Ce  sépulcre  est  malheureusement  recouvert  d'une  couche 
épaisse  de  peinture  qui  empâte  les  détails.  \  la  face  antérieure, 
un  homme  et  une  femme  sont  agenouillés  chacun  devant  un  prie- 
Dieu;  au  milieu,  on  a  figuré  la  couronne  d'épines  entourant  les 
trois  clous.  Dans  le  haut,  se  lit  cette  inscription  qui  parait  mo- 
derne :  Ibi  posuerunt  Jesunij  et,  sur  la  paroi  du  fond,  celte 
autre  :  tertia  die  resurget. 

Le  même  sujet,  à  l'église  Saint-Pierre,  même  ville,  se  trouve 
dans  une  chapelle  au  bas  du  collatéral  gauche,  à  côté  d'un  tom- 
beau érigé  pour  Raoul  de  Créquy.  Ce  sépulcre  paraît  avoir  été 
l'objet  de  plusieurs  restaurations;  il  est  en  pierre.  Les  person- 
nages, au  nombre  de  sept  comme  ci-dessus,  sont  aussi  de  gran- 


'  Le  département  de  la  Somme,  par  M.  Dcsevkl.  —  Amiens,  1849,  gr. 
in-8». 

Histoire  de  ta  ville  de  Montdidier,  par  M.  Victor  de  Bkauvillk.  —  Paris, 
Olaye,  4875.  in-4«. 

La  Picardie  historique  et  monumentale,  t.  IL  —  Arrondissement  de  Mont- 
didier^ par  11.  le  baron  X.  db  Bonnault  d'Houkt. 


48     LES   SÉPULCRES   OU   MISES   AU   TOMBEAU  EN   PICARDIE 

deur  nature,  mais  la  disposition  en  est  un  peu  différente.  Le 
corps  du  Christ  n'a  pas  la  même  position  rigide;  les  jambes  sont 
soulevées  aux  genoux  et  le  linceul,  très  apparent,  tombe  en  petits 
plis  sur  la  paroi  du  devant  qui  est  formée  de  simples  blocs  de 
pierre  sans  ornements.  Comme  particularité  que  nous  n'avons 
remarquée  nulle  part  ailleurs,  les  personnages  du  fond  ont  tous 
la  tète  entourée  d'un  nimbe.  La  Vierge,  comme  à  Téglise  du  Sé- 
pulcre, se  trouve  au  milieu.  Nous  renvoyons,  au  surplus,  pour 
plus  amples  détails,  aux  auteurs  qui  ont  décrit  ces  monuments. 

M.  Edouard  Fleury,  dans  son  grand  ouvrage  mentionné  plus 
haut  sur  les  Antiquités  et  monuments  du  département  de  V  Aisne  y 
avait  signalé  un  sépulcre  à  Péronne.  N'ayant  pas  autrement 
entendu  parler  de  ce  monument,  nous  avons  eu  recours  à  l'obli- 
geance de  notre  collègue  M.  C.  Boulanger,  de  cette  ville,  écrivain 
et  archéologue  distingué  bien  connu.  Il  a  bien  voulu  faire  des 
recherches  dont  nous  nous  faisons  un  plaisir  de  le  remercier. 
M.  Boulanger  nous  a  appris  qu'un  sépulcre  avait  existé  efiTective- 
ment  à  l'église  de  Péronne,  et  il  se  rappelait  l'avoir  vu  dans  sa 
jeunesse;  ce  monument  se  trouvait  dans  une  chapelle  à  côté  d'une 
tour,  mais  il  a  été  complètement  détruit  en  1870.  Pendant  le 
siège  de  la  ville,  le  29  décembre,  l'église  et  le  clocher  ayant  été 
incendiés  par  les  obus  prussiens,  les  cloches  ont  fondu,  le  poids 
du  bronze  a  crevé  la  voûte  de  la  petite  chapelle;  les  statues  en 
pierre  qui  composaient  la  mise  an  tombeau  ont  été  brisées,  mises 
en  pièces,  et  les  débris  ont  été  entenés  dans  la  cour  du  presby- 
tère. M.  Boulanger  nous  a  ajouté  que,  d'après  ses  souvenirs,  les 
personnages  étaient  de  grandeur  naturelle.  Ce  sépulcre  et  un  autre 
qui  se  trouvait  à  l'église  de  Berck-Ville  sont  les  deux  seuls  qui, 
pensons-nous,  ont  disparu  en  Picardie. 

liC  sépulcre  de  Doullens,  à  l'église  Saint-Martin  ' ,  est  un  des 
plus  beaux  et  des  plus  ornementés  extérieurement  de  tous  ceux  de 
notre  province.  Il  est,  de  plus,  resté  en  parfait  état  de  consei-va- 
tion  ;  cela  est  dû  surtout  à  son  emplacement  au  fond  du  collatéral 
de  droite,  dans  une  chapelle  autrefois  fermée  et  qui  servait  de  lieu 
de  rangement  inaccessible  au  public.  Cette  belle  œuvre  de  scul- 

*  Voir,  ci-contre,  planche  IV. 


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Page  48. 


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LES   SÉPULCRES   OU    MISES   AU    TOMBEAU   EN    PICARDIE      49 

plure,  ainsi  préservée,  avait  été  signalée  seulement  en  1835  par 
M.  Dusevel,  alors  inspecteur  des  monuments  historiques  dans  la 
Somme,  puis  aussi  en  1846;  mais  c'est  surtout  à  cette  dernière 
date  qu'elle  a  été  bien  connue  et  appréciée.  M.  Dusevel  Ta  fait 
dégager,  puis  débarrasser  d'un  affreux  badigeon,  et  elle  apparaît 
maintenant  dans  sa  netteté  et  sa  splendeur  primitives  telle  qu'elle 
était  au  commencement  du  seizième  siècle.  M.  Pierre  Dubois,, 
notre  obligeant  collègue  d'Amiens,  nous  a  fait  connaitre  que  ce 
sépulcre  remontait  à  1504.  Ici  encore  nous  n'avons  qu'à  rappeler, 
en  les  résumant,  les  descriptions  dont  ce  monument  a  été  l'objet 
de  la  part  de  plusieurs  érudils';  nous  y  joindrons  quelques  indi- 
cations personnelles. 

La  mise  au  tombeau  occupe  un  enfeu  sous  une  arcature  à  pleiir 
cintre  avec  guirlande  et  garnie  d'accolades  entre  lesquelles  figure 
une  petite  Pietà  d'un  travail  1res  fini.  L'archivolte  est  surmontée 
de  six  statues  d'anges  portant  les  instruments  de  la  Passion;  deux 
contreforts  latéraux  portent  sous  un  dais  à  clocheton  et  sur  un  cul- 
de-lampe  les  statues  de  saint  Nicolas  et  de  saint  Jean  avec  leurs 
attributs.  Le  sujet  principal  a  été  traité  suivant  l'usage  adopté 
presque  partout,  avec  les  sept  personnages,  mais  ici,  y  compris  le 
corps  du  Sauveur;  les  figures  sont  fort  belles,  d'une  grande  séré- 
nité, sans  recherche  d'expression.  Le  corps  étendu  est  très  bien 
modelé;  la  léte  est  entourée  de  la  couronne  d'épines,  les  mains 
sont  croisées  au  milieu  du  corps  sur  le  linge  qui  entoure  les  reins. 
La  Vierge,  la  tête  un  peu  inclinée  couverte  d'un  voile  double, 
regarde  le  visage  de  son  fils  avec  une  expression  de  douleur  rési- 
gnée; elle  tient  les  mains  dressées  et  jointes  contre  sa  poitrine. 
Les  costumes  sont  généralement  riches,  surtout  ceux  de  Joseph  et 
de  Nicodème;  les  plis  sont  savamment  drapés.  Dans  le  fond  de  lu 
grotte,  et  posées  sur  des  socles  reposant  eux-mêmes  sur  une 
tablette  qui  suit  toute  la  largeur  du  fond,  se  dressent  des  statuettes 

'  DusRVEL,  DR  LA  Fo.vs  Mrlico<)  et  Gabriel  Rkmbault,  Eglises,  châteaux,  bef- 
frois de  la  Picardie.  Amiens,  Alfred  Caron.  18V6,  2  vol.,  in-V,  t.  H. 

Voyages  pittoresques  et  romantiques  dans  l'ancienne  France,  par  \\\\.  T. 
Taylor,  Ch.  \oDiER  et  Alph.  dr  Caillkux.  —  Picardie.  —  Paris,  Firmin  Didot, 
1835-1845.  3  vol.  in-fol. 

Lettres  sur  le  déparlement  de  la  Somme,  par  M.  H.  Dusrvrl.  in-8*,  Amiens, 
1849. 

D'autres  peut-être. 


50      LES    SÉPULCRES    OU    MISES    AU    TOMBEAU    EN    PICARDIE 

de  saints  parmi  lesquels  feu  M.  Tabbé  Lefebvre  a  cru  reconnaître 
saint  Marc,  saint  Augustin,  saint  Furcy  et  saint  Riquier.  Enfin 
Irois  petits  sujets  en  bas-relief,  d*une  grande  délicatesse  d'exécu- 
tion, décorent  le  devant  du  sarcophage  qui  est  divisé,  par  des 
pieds*droits  carrés,  en  trois  niches  :  à  gauche,  Jésus  apparaissant 
à  la  Madeleine;  au  milieu,  les  Disciples  d'Emmùûs  et,  à  droite, 
r Incrédulité  de  saint  Thomas.  D  après  une  inscription,  ce  mo- 
nument aurait  jeté  donné  en  1583  par  Jehan  Boulliet  et  Nicolas 
Rousselle,  dont  les  statues  se  voient  sur  des  piliers  latéraux,  mais 
l'exécution  du  sépulcre  serait  bien  antérieure. 

M.  Rodière  a  découvert  il  y  a  quelques  années  dans.  Téglise 
Saint-Saulve  à  Montreuil-sur-Mer,  sa  ville  natale,  un  Christ  au 
tombeau  de  grandes  dimensions  (1",90);  il  se  trouvait,  resté 
ignoré,  sous  le  plancher  de  la  sacristie'.  Cette  statue,  couchée, 
faisait  corps  par  le  tronc  et  les  chevilles  avec  un  bloc  rectangu- 
laire de  0'",60  de  large  en  pierre  de  craie  du  paya.  Le  corps,  pré- 
sentant la  plaie  au  coté  restée  bien  apparente  malgré  T usure  de 
la  statue  et  aussi  les  vestiges  de  la  couronne  d'épines,  ue  permet- 
taient pas,  dit  H.  Rodière,  de  douter  de  l'identité  du  sujet.  Celte 
stalue,  selon  lui,  a  pu  être  isolée,  et  il  a  établi  péremptoirement 
qu'elle  devait  être  postérieure  au  siège  de  Montreuil,  en  1537,  qui 
a  détruit  le  chœur;  il  la  date  de  1540  à  1550  environ,  a  La  statue, 
ajoutait-il,  est  d'une  bonne  exécution,  autant  qu'on  en  peut  juger 
malgré  son  état  d'usure;  la  forme  du  corps  est  correcte  et  l'œuvre 
n'est  pas  indigne  de  la  bonne,  école  montreuilloise,  qui  a  donné 
les  anciens  portails  de  l'église  Saint-Saulve  ainsi  que  les  char- 
mants détails  de  l'église  Saint-Vallory.  » 

Tortefontaine  est  un  village  qui  fait  aujourd'hui  partie  du 
département  du  Pas-de-Calais;  son  territoire  était  autrefois  com- 
pris souvent  dans  le  comté  de  Ponthieu  et,  dès  lors,  appartenant 
à  la  province  de  Picardie,  mais  cette  attribution  était  contestée. 
\ous  croyons  toutefois  devoir  parler  ici  de  son  sépulcre,  et  cela 
d'autant  plus  volontiers  que  l'œuvre  est  fort  belle  et  qu'elle  mérite 


*  Xotre  collègue  en  a  donné  la  relation  détaillée  dans  le  journal  la  Mon- 
treuilloise (n**  du  15  mars  1899). 


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LES    SEPULCRES   OU   MISES    AU   TOMBEAU    EN    PICARDIE     51 

à  tous  égards  de  figurer  dans  cette  étude.  Elle  avait  déjà  été 
signalée  et  décrite  sommairement  par  M.  Roger  Rodière  dans  son 
Epigraphie  du  Pas-de-Calais  (canton  d'Hesdin.)  Nous  donnons,  à 
notre  tour  et  d'une  manière  plus  étendue,  nos  impressions  person- 
nelles prises  sur  place;  elles  viennent  confirmer  d'ailleurs  les 
appréciations  de  notre  distingué  collègue. 

Le  village  est  à  Irois  kilomètres  de  celui  de  Dompierre,  point 
terminus,  quant  à  présent,  de  la  petite  ligne  de  chemin  de  fer 
d'Abbeville    à   cet  endroit,    mais  qui    est  destinée   à   être  pro- 
longée jusqu'à  la  ville  d'Hesdin;  Faccès  en  est  donc  facile  pour 
les  touristes.    Le  sépulcre  provient,   ainsi   que  d'autres   statues 
non  moins  intéressantes,  de  l'ancienne  et  importante  abbaye  de 
Dommartin  dont  on  voit  encore,  non  loin  de  là,  la  porte  monu- 
mentale d'entrée  et  les  ruines  imposantes  de  la  vaste  chapelle. 
Le  monument  de  Tortefontaine  '  n'est  plus  dans  son  état  pri- 
mitif; le  sarcophage  a  disparu  et  il  n'en  reste  que  la  dalle  qui  le 
recouvrait  et  sur  laquelle  le  corps  du  Christ  est  étendu;  cette  dalle 
a  été   placée  sur  un  soubassement  moderne.  Les  deux  person- 
nages qui  devaient  figurer  au  premier  plan,  de  chaque  côté  du 
tombeau,   n'existent   plus,   et   les  cinq  du   fond   n'apparaissent 
qu'aux  deux  tiers  à  peu  près  de  leur  hauteur  et  tels  qu'ils  étaient 
destinés  à  être  vus  derrière  le  sarcophage;  ils  ont  été  posés  simple- 
ment sur  un  autre  soubassement  au  delà  du  premier.  Ces  statues 
sont,  comme  l'a  dit  M.  Roger  Rodière,  d'un  travail  fort  achevé  et 
remontant  au  cours  de  la  Renaissance.  Elles  sont,  de  même  que 
celle  du  Sauveur,  en  pierre,  et  recouvertes  d'une  peinture  blanche, 
peu  épaisse  heureusement,  et  qui  n'a  pas  altéré  le  fini  du  travail. 
Le  Christ,  plus  grand  que  nature  {1",90),  à  la  dififérence  des 
autres  personnages,  présente  un  corps  nu,  d'une  belle  anatomie, 
bien  proportionné.  La  figure,  1res  bien  modelée,  est  régulière, 
d'une  grande  sérénité  dans  son  expression  calme,  sans  aucune 
contraction  des  traits  :  elle  paraît,  avec  les  yeux  clos,  les  lèvres 
rapprochées,  être  celle  d'un  homme  endormi.  Les   pieds  et  les 
mains,  celles-ci  ramenées  sur  le  linge  enro^'é  a**  milieu  du  corps, 
sont  d'un  réalisme  parfait;  les  doigts  et  jusqu'aux  ongles  sont 
travaillés  avec  perfection.  La  barbe  est  courte;  les  cheveux,  séparés 

'   Voir,  ci-dessus,  planche  V. 


5S     LES   SÉPULCRES   OU    MISES   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

au  milieu  de  la  tête,  tombent  en  larges  bandeaux  sur  les  côtés  '. 

Les  statues  du  fond  sont  de  grandeur  naturelle;  la  Vierge  et 
saint  Jean  ont  été  taillés,  comme  à  Longpré-les-Corps-Saints,  dans 
un  seul  bloc;  ici,  le  bloc  a  été,  par  erreur,  placé  tout  à  droite  alors 
que,  suivant  un  usage  traditionnel,  ces  deux  pei'sonnages  occupent 
toujours  le  milieu  du  groupe.  La  Vierge  est  un  peu  plus  grande 
que  les  autres;  elle  a  la  tête  entourée  d'un  voile  double;  sur  sa 
robe,  avec  manches  à  retroussis,  est  posé  un  ample  manteau  à 
orfrois  garnis  de  médaillons  ronds  et  en  losanges  bordés  de 
perles.  Cette  statue  et  celle  de  saint  Jean  sont  admirables  :  la 
mère  du  Sauveur  est  représentée  avec  la  tête  rejetée  convulsive- 
ment eh  arrière,  les  bras  tendus,  les  mains  posées  en  croix  sur  la 
poitrine  ;  elle  parait  prête  à  s'évanouir  et  à  tomber,  comme  dans 
le  S4'»pulcre  d'Eu^  entre  les  bras  de  saint  Jean.  L'attitude,  le  mou- 
vement expriment  une  douleur  poignante  et  cette  douleur  est 
encore  caractérisée  davantage  par  la  contraction  du  visage  dont 
les  joues  sont  baignées  de  larmes'.  L'effet  est  saisissant  et  il 
rentre  dans  le  a  pathétique  )>,  selon  l'expression  si  vraie  de 
M.  Emile  Mâle. 

La  figure  de  saint  Jean  qui  la  soutient  tout  à  droite  n'est  pas 
moins  digne  de  remarque  par  son  modelé  achevé,  par  l'expression 
de  douceur  et  de  bonté  répandue  sur  ses  traits  et  qui  est  compa- 
rable à  celle  du  Christ;  on  est  frappé  du  sentiment  de  sollicitude 
et  de  compassion  très  caractérisé  avec  lequel  il  regarde  la  Vierge 
douloureuse.  Ce  groupe  est  de  tous  points  remarquable. 

Le  saint  porte  une  tunique  recouverte  d'un  manteau  à  large 
collet  en  forme  de  camail,  rehaussé  sur  la  bordure  d'ornements 

'  Un  de  nos  excellents  collègues  d'Abbe ville  et  d'Amiens,  M.  Tabbé  Armand, 
curé  d'Estrées-lès-Crécy,  à  peu  de  distance  de  Tortefontaine,  a  pu  en  obtenir 
un  assez  bon  cliché  malgré  le  faux  jour  d*une  fenêtre  au-dessus.  H  a  bien 
voulu  nous  le  confier,  et  Tépreuve,  quoique  tirée  à  la  dernière  heure  et  dans 
des  conditions  dilBciles,  peut  cependant  donner  une  idée  de  la  valeur  très 
artistique  de  Tœuvre.  Mous  sommes  très  reconnaissants  à  M.  l'abbé  Armand  de 
sa  communication  si  obligeante  et  si  empressée. 

'  M.  Paul  Vitry,  dans  son  ouvrage  cité  plus  haut,  Michel  Colombe  et  la 
sculpture  de  son  temps,  p.  ^\9,  à  propos  de  la  déposition  de  croix  de  Stùtte- 
Catherine-de-Fierbois  où  la  Vierge  ost  également  en  larmes,  dit  avoir  rej^ouvé 
cet  effet  dramatique  dans  les  peintures  de  l'école  Ûamande.  Le  sculpteur,  resté 
malheureusement  inconnu,  du  sépulcre  de  l'ancienne  abbaye  de  Donunartin, 
parait  s'èire  inspiré  de  celte  école. 


LES    SÉPULCRES    OU   MISES   AU   TOMBEAU   EN    PIGARblE      53 

en  perles  de  même  forme  que  pour  le  vêtement  de  la  Vierge,  et 
on  les  retrouve  aussi  aux  autres  personnages. 

Les  trois  statues  à  la  suite  sont  d'un  intérêt  moindre.  La  sainte 
à  côté,  la  tête  couverte  d'un  voile,  présente  des  traits  gros  et  vul- 
gaires, sans  expression; elle  tient  les  mains  en  avant,  rapprochées 
seulement  par  le  bout  des  doigts.  Celle  à  la  suite,  un  peu  plus 
petite  que  les  autres,  est  la  Madeleine,  à  en  juger  par  ses  cheveux 
déroulés  sur  le  dos  et  par  le  riche  collier  à  double  rang  de  perles 
qui  orne  son  cou,  celui-ci  bien  dégagé.  Sa  figure  est  inclinée 
vers  le  Christ  avec  une  expression  de  douleur,  mais  qui  est  peu 
caractérisée.  La  troisième  statue,  celle  tout  à  gauche,  repré- 
sente le  type  d'une  femme  presque  vieille,  aux  traits  lourds  et 
communs;  elle  tient  les  mains  jointes  à  plat  par  devant,  un  voile 
lui  couvre  la  tête  et  passe  sur  sa  poitrine.  Malgré  la  différence  très 
sensible  qui  existe  dans  l'exécution  de  ces  trois  derniers  person- 
nages comparée  à  celle  des  premiers,  on  peut  remarquer,  pour 
tous,  le  soin  et  la  délicatesse  avec  laquelle  les  mains  ont  été 
traitées.  Il  semble  que  ce  sépulcre  soit  l'œuvre  de  deux  artistes, 
l'un  bien  inférieur  à  l'autre. 

M.  Roger  Rodière  a  enfin  mentionné,  toujours  dans  le  Pas-de- 
Calais,  un  sépulcre  en  marbre  blanc  comme  ayant  existé  à  l'église 
de  Berck-Ville y  msiis  qui  a  disparu. 

Il  nous  reste  à  parler  de  plusieurs  sépulcres  qui  se  trouvent 
dans  la  partie  de  la  province  de  Picardie  appelée  le  Vimeu  et 
confinant  à  la  Normandie.  On  peut  aller  facilement  les  voir  en 
suivant  la  ligne  du  chemin  de  fer  conduisant  de  Longpré  au 
Tréport  et  qui  se  rattache  à  la  grande  ligne  /l'Amiens  à  Bou- 
logne-sur-Mer,  Chacun  de  ces  monuments  est  d'aspect  différent, 
et  ils  n'ont  été,  que  nous  sachions,  l'objet  d'aucune  étude  appro- 
fondie. 

Le  premier  se  voit  dans  la  crypte  de  l'église  de  l'importante 
commune  de  Longpré-leS'Corps-Saints ;  une  inscription  murale 
porte  la  date  de  1190,  date  de  la  consécration  de  l'ancienne  église. 
Celle-ci  a  été  reconstruite  en  très  grande  partie  au  seizième  siècle, 
et,  en  dehors  de  la  crypte  qui  elle-même  a  été  l'objet  de  répara- 
tions, il  ne  reste  de  la  primitive  église,  autrefois  collégiale,  que 


LA     LES   SÉPULGBES   OU   MISES   AL'   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

quelques  vestiges  sous  le  clocher  ' .  Elle  avait  été  bâtie  par  Alèauine 
de  Fontaine,  un  des  premiers  mayeurs  d'Abbeville,  qui  partit  à  la 
seconde  croisade,  prit  part  à  la  prise  de  Constantinople  et  mourut 
en  Terre-Sainte  en  1205  *.  Il  avait  envoyé  en  Picardie  un  grand 
nombre  de  reliques  qui  furent  déposées  dans  la  crypte  de  Téglise 
de  Longpré;  elles  ont  fait  donner  à  ce  village  le  nom  qu'il  a  con- 
servé de  Longpré-les-Corps-Saints,  malgré  la  disparition  de  la 
plupart  de  ces  souvenirs  religieux  *.  La  veuve  d'Aléaume,  appelée 
Laurette,  issue  de  sang  royal  et  originaire  de  Saint-Valery-sur^ 
Somme,  avait  fait  élever  à  la  mémoire  de  son  mari,  dans  le 
caveau  de  Longpré,  un  mausolée  en  pierre  qui  a  disparu,  mais 
dont  il  reste  encore  aujourd'hui  une  grande  statue  bien  consen'ée, 
en  bas-relief  très  accusé  et  qui  faisait  corps  avec  la  pierre  tombale; 
elle  doit,  d'après  les  documents,  remonter  à  la  première  moitié  du 
ti'eizième  siècle*.  On  la  voil  contre  le  mur  du  fond,  à  droite  de 
Tau  tel,  où  elle  est  dressée  debout,  en  pied.  Le  personnage,  d'un 
aspect  imposant,  de  belle  allure,  est  représenté  tête  nue,  vêtu 
d'une  ample  robe,  tombant  droit,  à  plis  assez  serrés,  avec  col  orné 

*  Notice  sur  Long  et  Longprè'les-Corps-Saints  et  leur  commune  seigneurie , 
par  l'abbé  Dklgove,  curé  de  Long.  Amiens,  1860,  in-8**. 

Ernest  Prarovd,  Histoire  de  cinq  rilles  et  de  trois  cents  villages,  6  voL 
gr.  in-12.  1861-18Ô8.  Abbeville  et  Hallencourt,  t.  V\  1861,  p.  333  à  348. 
Paris,  Dumoulin,  1861. 

Emile  Gallrt,  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  d'un  grand  village.  — 
Quelques  notes  et  documents  sur  Longpré-les-Corps-Saints.  Amiens,  in-4'',  1898. 

Picardie  historique  et  monumentale.  Canton  d' Hallencourt^  par  M.  Ph.  dks 
Forts. 

•  Le  P.  Ignacb,  Histoire  des  mayeurs  d'Abhecille. 

Ernest  Prarond,  Les  hommes  utiles  de  l'arrondissement  d'Abbecille,  l  voL 
in-8*',  Amiens,  Abbeville.  1858.  —  Fontaine  (.Aléaume  de),  p.  86. 

Fonlaine-sur-Somme,  notice  historique  par  l'abbé  A.  Lb  Sueur,  curé  d'EIron- 
délie.  —  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie,  4*  série,  t.  P', 
1891,  in-8°. 

'  Notice  sur  les  saintes  reliques  de  l'église  de  Longpré'les-Corps-Sainls, 
par  l'abbé  Thierry,  curé.  Compiègne,  Lefcbvre,  1885,  in-lâ". 

L'ancien  trésor  de  Longpré-les-Corps-Sainis,  par  Henri  Macqueron,  Abbe- 
ville, Paillard,  1897.  —  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'émulation  d' Abbe- 
ville, année  1892,  n*  1.  Du  même  auteur,  le  Ponthieu  en  1700.  d'après  le 
mémoire  de  l'intendant  Bignon.  (Mém.  de  la  Soc.  d'émulation,  1886).  Le  village 
comptait  alors  780  habitants  ;  son  église  avait  été  érigée  en  collégiale  «t  eUe 
avait  à  cette  époque  une  réelle  importance.  Ce  collège  se  composait  d'un  doyea 
et  de  douze  chanoines,  dont  cinq  résidents. 
Voir,  ci-contre,  planche  VI. 


Page  54. 


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LES   SÉPULCRES   OU   MISES   AU   TOMBEAU   EN    PICARDIE      5& 

d'un  petit  médaillon  ;  elle  est  recouverte,  en  arrière  seulement, 
d'un  manteau  maintenu  sur  le  haut  des  épaules  par  une  bande 
d'étoffe  que  ce  seigneur  retient  par  devant  de  la  main  droite;  de 
l'autre  main,  il  porte  suspendu  un  objet  assez  difficile  à  déter- 
miner, mais  qui  paraît  être  un  gantelet;  une  bourse  est  attachée 
à  sa  ceinture.  On  voit  égalementdans  cette  crypte  les  deux  statues, 
celles-là  plus  finies,  fort  belles,  d'époque  postérieure,  représentant 
Laurette  et  sa  fille. 

On  nous  pardonnera  cette  digression  en  raison  de  TinténH  que 
présente  le  souvenir  d'un  grand  personnage  picard  se  rattachant 
à  l'histoire  de  notre  province  au  douzième  et  au  treizième  siècle. 

Quant  au  sépulcre  qui  se  trouve  au  même  endroit,  nous  avions 
pensé,  à  un  premier  aperçu,  qu'il  pouvait,  en  raison  do  son  exé- 
cution fruste  et  rudimentairc,  de  la  raideur  et  de  l'aspect  général 
de  ses  personnages,  aux  costumes  à  plis  anguleux,  lourdement 
drapés,  remonter  au  delà  du  quinzième  siècle  et  peut-être  même, 
en  raison  de  son  caractère  et  du  lieu,  à  une  époque  peu  éloignée 
du  mausolée  d'Aléaume  de  Fontaine  qui  est  à  côté.  Après  un  plus 
ample  examen,  et  en  nous  référant  à  des  appréciations  précédentes 
faites  par  nos  savants  collègues,  MM.  Georges  Durand  et  Ph.  des 
Forts,  nous  sommes  revenu  sur  cette  première  impression,  en 
croyant  pouvoir  considérer  cette  œuvre  comme  n'étant  que  du  sei- 
zième siècle.  D'autre  part,  M.  Emile  Mâle,  dans  sa  remarquable 
étude  sur  [Art  français  de  la  fin  du  moyen  dge,  dit  qu'il  lui 
paraît  certain  que  le  quatorzième  siècle  n'a  pas  connu  les  grandes 
mises  au  tombeau  sculptées  ;  il  ajoute  que  le  plus  ancien  sépulcre 
à  personnages  portant  une  date  certaine  est  celui  de  Tonnerre 
(1453).  Or,  du  moment  où  il  n'est  pas  possible  de  rattacher  le 
sépulcre  de  Longpré  à  une  époque  plus  ou  moins  contemporaine 
de  celle  du  seigneur  de  Fontaine,  on  ne  peut  que  l'attribuer  à 
une  époque  bien  postérieure. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  morceau  de  sculpture,  tout  imparfait  qu'il 
soit,  n'en  méritait  pas  moins,  à  notre  sens,  d'être  examiné  et 
décrit  V  Le  monument,  en  pierre  blanche  du  pays*,  est  de  grandes 

'  Voir,  ci-dessous,  planche  VII. 

^  Nous  sommes  heureux  de  pouvoir,  le  premier,  en  donner  une  reproduction 
bien  exacte,  ainsi  que  delà  statue  d'Aléaume,  d'après  les  clichés  que  M.  Pic^ard- 
Josse,  à  Abbeville,  a  pu  habilement  en  tirer,  malgré  l'obscurité,  grâce  au  jet 


56     LES    SÉPULCRES   OU    MISES   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

dimensions;  il  porte  2", 25  dans  son  développement  en  largeur.  II 
est  en  bon  état  de  consei-vation,  et,  sauf  deux  mains  disparues,  il 
est  resté  dans  son  état  primitif.  Le  groupe  occupe  une  niche 
voûtée  à  plein  cintre,  sans  aucun  ornement,  ménagée  sur  le  côté 
droit  de  la  crypte  et  profonde  de  0",75.  Le  Christ  couché,  plus 
grand  que  nature  (1",90),  comme  celui  de  Tortefontaine,  a  été 
autrefois  couvert  d'une  peinture  dont  il  reste  à  peine  trace;  le 
corps,  nu,  est  d'une  anatomie  toute  grossière,  les  côtes  saillantes, 
i€>s  jambes  trop  longues;  il  est  couché  sur  la  dalle  du  tombeau  et 
on  ne  voit  pas  de  linceul.  La  tête,  complètement  renversée, 
entourée  de  la  couronne  d'épines,  repose  sur  un  coussin;  la 
figure,  à  la  barbe  courte,  est  d'un  type  étrange,  rude.  Les  person- 
nages du  fond  sont  au  nombre  de  cinq,  comme  toujours  :  la 
Vierge,  la  tête  couverte  d'un  grand  voile  à  larges  plis,  vêtue  d'une 
ample  robe  sans  ornements,  se  penche  éplorée  vers  la  figure  du 
Sauveur,  la  main  gauche  posée  sur  sa  poitrine.  Elle  est  soutenue 
à  l'autre  bras  par  saint  Jean,  aux  cheveux  crépus  qui  s'étalent 
largement  sur  les  épaules;  ces  deux  statues  sont  taillées  dans  le 
même  bloc.  Des  trois  femmes  qui  les  accompagnent,  l'une  à 
gauche,  isolée,  paraît  être  la  Madeleine,  à  en  juger  par  son  cos- 
tume plus  riche  :  robe  à  gorgerette,  ceinture  en  forme  de  corde- 
lière, opulente  chevelure  tombant  en  torsades  sur  les  épaules;  elle 
lève  les  bras  en  l'air  en  signe  d'étornement  ou  d'adoration  ;  là,  lés 
deux  mains  sont  cassées.  Les  autres  saintes,  à  droite  après  saint 
Jean,  sont  vêtues  de  manteaux  à  larges  plis;  Tune  est  coifi*ée 
d'un  turban,  l'autre  a  la  tête  couverte  d'un  long  voile.  A  chaque 
extrémité  du  tombeau,  au  premier  plan,  Joseph  et  Nicodème,  tous 
deux  avec  barbe  et  cheveux  longs,  sont  vêtus  de  grands  robes; 
c«lle  de  Joseph,  à  droite,  est  plus  soignée,  avec  manches  s'arrêtant 
aux  coudes,  et  sous  laquelle  passe  un  autre  vêtement  serré  aux 
bras  et  à  petits  plis.  Chacun  de-ces  personnages  est  coifilè  d'un 
bonnet  semblable,  à  larges  revers,  et  porte  un  vase  à  parfums  de 
foime  allongée;  c'est  là  une  particularité,  car  on  sait  que  partout 
ailleurs  ces  vases  sont  tenus  par  deux  des  saintes  femmes  qu'on 
appelle  les  myrrifores. 

de  lumière  intense  produit  en  l'espace  d'une  seconde  par  la  poudre  de  magné- 
:8ium.  11  en  a  été  de  même  pour  le  sépulcre  d'AUery  qui  n'avait  jamais  été 
reproduit. 


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LES   SÉPULCRES   OC    MISES   AV   TOMBEAU    EN    PICARDIE      5*7 

Comme  on  le  voit,  ce  sépulcre  présente  quelques  points  de  dif- 
férence avec  d'autres  et  il  y  avait  lieu  de  les  signaler. 

A  AiraineSy  seconde  station  au  delà  de  Longpré,  sur  la  ligne 
qui  conduit  au  Tréport,  une  mise  au  tombeau  se  trouve  dans  une 
baie  peu  profonde  et  de  2  mètres  de  large,  au  bas  du  collatéral 
droit  de  Téglise  Saint-Denis.  C'est  un  haut-relief  dont  Fensemble, 
vu  d'ailleurs  dans  une  demi-obscurité,  n'offre  rien  de  bien  remar- 
quable, sauf  toutefois  quelques  curieux  détails  de  costumes.  Les 
personnages,  comme  en  général  dans  les  monuments  semblables 
du  Vimeu,  sont  d'un  type  picard  bien  accusé,  mais  ici,  ils  man- 
quent d'expression;  les  dimensions  sont  un  peu  moins  grandes 
que  nature.  Celles  moyenne$  sont  de  1",64. 

Le  Christ  étendu  (longueur  1",40),  la  tête  en  partie  détériorée, 
a  les  cheveux  déroulés  et  tombant  en  désordre  sur  le  cou  et  sur 
les  épaules;  le  corps,  tout  émacié,  l'epose  directement  sur  la  daUe 
du  tombeau;  la  paroi  antérieure  de  ce  tombeau  est  garnie  de 
quatre  médaillons  ronds  sans  ornements.  Les  deux  personnages 
qui  se  tiennent  aux  extrémités,  sur  le  premier  plan,  portent 
chacun  un  long  camail  ;  celui  qui  est  à  la  tète  a  une  épée,  il  est 
coiffé  d'un  turban  et  une  écharpe  passe  devant  sa  poitrine;  les 
manches  de  sa  robe  sont  serrées  aux  poignets. 

Les  autres  statues,  vues  à  mi-corps  derrière  le  tombeau,  n'ont 
rien  de  bien  caractérisé.  La  Vierge,  la  tête  couverle  d'un  voile, 
tient  les  mains  posées  à  plat  sur  son  corsage.  Il  y  a  à  remarquer 
particulièrement  la  Madeleine,  facilement  reconnaissable  à  ses 
longs  cheveux  ondulés  qui  tombent  en  tresses  sur  ses  épaules;  la 
figure  est  bien  modelée,  d'un  beau  galbe,  aux  traits  fins  et  régu- 
liers. Elle  porte  une  coiffe  rejelée  sur  le  derrière  de  la  tète  ;  sa 
robe,  à  manches  ornées  de  petits  volants,  est  entr'ouverte  par 
devant  avec  gorgerette  à  petits  plis.  Sa  taille  est  entourée  d'une 
chaîne  à  laquelle  est  suspendu  un  médaillon;  le  cou,  bien 
dégagé,  est  orné  d'un  collier;  elle  tient  de  ses  deux  mains, 
aux  doigts  entrelacés,  un  vase  à  parfums.  C'est  assurément  une 
des  figures  les  plus  élégantes  et  les  plus  finement  détaillées  que 
l'on  trouve  dans  ce  rayon,  sauf  celle,  non  moins  étudiée,  de  la 
même  sainte,  au  sépulcre  d'Oust-Marais  dont  il  sera  parlé  plus 
loin. 


58      LES    SÉPULCRES    OU    MISES    AU   TOMBEAU   EN   ^ICARDIE 

A  la  station  suivante,  AUery,  l'église  renferme,  tout  au  chevet 
el  très  rapproché  du  maître-autel,  un  monument  du  mémo 
{jenrc;  il  ne  saurait  assurément  être  considéré  non  plus  comme 
une  œuvre  de  grand  mérite  artistique.  Cependant  l'exécution 
en  est  assez  soignée  sur  plusieurs  points  et  les  types  essentielle- 
ment locaux  qui  y  ont  été  représentés  en  font  un  des  spécimens 
intéressants  dans  la  Picardie.  Notre  distingué  collègue  M.  Ph.  des 
Forts,  dans  sa  description  de  Téglise  d'Allery,  où  se  trouvent  des 
fonts  baptismaux  de  haute  valeur  archéologique,  a  consacré 
quelques  lignes  à  ce  sépulcre  ',  sans  reproduction. 

Il  occupe  une  niche  abritée  sous  un  arc  en  anse  de  panier  sur- 
monté de  crochets  et  de  gros  choux;  la  gorge  de  Tarchivolle  est 
garnie  de  dragons  au  cou  replié,  de  salamandres  dans  les  flammes 
et  de  serpents.  Les  personnages  qui  entourent  le  tombeau  propre- 
ment dit  sont  au  nombre  de  sept,  comme  toujours*;  quelques 
têtes  paraissent  avoir  été  refaites.  Le  corps  du  Christ,  d'une  lon- 
gueur normale  de  l'",62,  est  un  vrai  cadavre  dans  sa  rigidité, 
d'un  réalisme  saisissant,  pathétique,  comme  l'aurait  dit  M.  Emile 
Mâle,  avec  ses  yeux  caves  enfoncés  dans  les  orbites  et  ses  côtes 
d'une  saillie  très  prononcée;  les  cheveux  sont  étalés  en  boucles 
jusque  sur  les  bords  du  sarcophage.  Il  est  nu,  sauf  le  linge  du 
milieu  sur  lequel  sont  ramenés  les  bras,  et  les  mains  sont  posées 
à  plat  l'une  sur  l'autre.  Le  modelé  en  général  est  bon  ;  les  pieds 
et  les  mains  notamment  sont  fort  bien  traités.  Quant  aux  person- 
nages, leurs  figures  sont  particulièrement  graves,  d'aspect  austère 
et  solennel;  les  yeux  sont  tous  baissés  dans  l'attitude  du  recueil- 
lement. C'est  bien  là  le  drame  en  action.  Les  draperies  sont  géné- 
ralement bien  comprises,  aux  plis  savamment  étudiés  mais  lourds; 
malheureusement,  le  tout  a  été  bariolé  de  peintures  qui  ne 
paraissent  pas  bien  anciennes.  Nicodème,  à  gauche,  près  de  la  tète 
du  Christ,  porte  de  ses  deux  mains  la  couronne  d'épines  ;  c'est  là 
une  particularité  qui  ne  se  trouve  pas  ailleurs,  car  on  le  repré- 
sente presque  toujours  tenant  avec  Joseph  les  extrémités  du 
suaire.  Nicodème  est  vêtu  d'une  robe  à  larges  manches  recou- 
verte sur  les  épaules  d'une  sorte  de  camail  descendant  pdr  devant 

•  Picardie  historique  et  monumentale .  Canton  d'Hallencourt,  par  M.  Ph.  des 
Forts,  t.  III,  fasc.  2. 

'  Voir,  ci-contre,  planche  VIII. 


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LES   SÉPULCRES    OU   MISES    AU   TOMBEAU   EN    PICARDIE      59 

sur  la  poitrine.  Joseph,  aux  longs  cheveux  en  torsades,  coiffé 
comme  le  premier  du  turban  classique,  est  vêtu  d'un  costume  de 
grand  seigneur,  avec  longues  manches,  et  laissant,  bien  dégagé, 
le  cou  qui  est  entouré  d'un  collier  de  perles  ;  il  porte  d'une  main 
une  sorte  de  bourse  et  tient  l'autre  levée.  Parmi  les  personnages 
qui  occupent  le  fond,  on  remarque  tout  d'abord  la  Vierge,  aux 
traits  contractés  par  la  douleur,  avec  ses  lèvres  serrées,  ses  yeux 
larmoyants,  se  tenant  raide  et  portant  les  deux  mains,  aux  doigts 
entrelacés,  à  la  hauteur  de  la  poitrine;  celles-ci,  là,  paraissent 
avoir  été  refaites.  Elle  est  vêtue  d'une  sorte  de  mante  comme  en 
portent  encore  les  femmes  âgées  du  Vimeu  dans  les  enterrements, 
avec  de  larges  manches  brodées  sur  les  bords  et  un  grand  capu- 
chon ou  capeline  à  bordure  tuyautée  qui  lui  couvre  toute  la  tête 
et  forme  comme  une  cagoule  de  pleureuse;  c'est  bien,  à  n'eu  pas 
douter,  le  type  de  nos  anciennes  villageoises. 

Les  figures  des  autres  pei*son nages,  impassibles,  expriment 
tout  au  plus  une  naïve  compassion;  celle  de  saint  Jean,  avec  ses 
cheveux  un  peu  crépus  tombant  sur  le  front,  rappelle  un  cleir  de 
village;  deux  petits  objets  que  l'on  ne  distingue  pas  bien  sont 
suspendus  à  sa  ceinture;  l'un  parait  être  un  sceau,  l'autre  une 
sorte  d'étui.  La  sainte,  à  la  suite,  adroite,  la  Madeleine  certaine- 
ment, aux  cheveux  ondulés  sur  le  front,  robe  à  manches  bouf- 
fantes serrées  aux  poignets,  gorgerette,  collier  à  double  tour  au  cou 
avec  un  bijou  en  losange,  élève  les  mains  qu'elle  joint  à  plat. 
Celle  à  l'extrême  droite  a  la  tête  enveloppée  d'un  long  voile  noir  et 
elle  est  vêtue  d'un  manteau  qu'elle  soutient  d'une  main  en  portant 
de  l'autre  une  sorte  de  mouchoir  plissé.  Enfin,  la  troisième  sainte, 
tout  à  droite,  la  tête  également  entourée  d'un  voile  enroulé 
autour  de  son  cou,  porte  comme  la  première  un  vase  à  parfums. 

Tel  est  ce  sépulcre  pour  lequel,  manifestement,  l'imagier  local  a 
fait  figurer  des  personnes  du  pays  :  ici,  pour  la  Vierge,  la  femme 
du  bailli;  là,  pour  saint  Jean,  quelque  jeune  séminariste  de  l'en- 
droit. Les  deux  hommes  à  chaque  bout  du  tombeau  sont  de  braves 
cultivateurs  tout  pénétrés  de  l'importance  de  leur  rôle  dans  cette 
scène  dramatique  en  action.  Tous  ces  types  sont  fort  curieux;  ils 
rappellent  le  bon  vieux  temps  et  si  l'œuvre  n'a  qu'une  valeur 
artistique  assurément  très  relative,  elle  n'en  intéresse  pas  moins 
par  son  caractère  particulier  et  par  sa  couleur  locale. 


69     LES   SÉPULCRES   OU    MISES   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

A  Martainneville y  autre  station  plus  loin,  éloignée  du  village, 
se  voit  dans  Téglise,  contre  le  mur  de  gauche,  une  Pietà  à  quatre 
personnages,  en  bas-relief,  taillée  dans  trois  blocs  de  chêne  juxta- 
posés (H.  l'",25;  L.  l'",20).  C'est  Fœuvre  sans  doute  un  peu  rudi- 
mentaire  comme  exécution,  mais  d'un  réalisme  assez  curieux  et 
intéressant  à  observer,  de  Tun  de  nos  hucbiers  picards.  .On  trouve 
dans  ce  groupe,  suivant  une  juste  remarque  de  M.  Pb.  des  Forts, 
une  grande  ressemblance  avec  ceux  du  Tréport  et  de  Téglise  d'Eu. 

Sur  le  bloc  du  milieu,  la  Vierge  soutient  sous  son  bras  droit  le 
corps  du  Sauveur  posé  sur  ses  genoux  ;  ce  corps  est  fout  affaissé  et 
la  tête  est  complètement  renvei*sée  en  arrière.  On  voit  presque 
toujours  la  Vierge  de  douleur  contemplant,  tout  émue,  le  corps 
inanimé  de  son  (ils,  mais  ici,  par  exception,  elle  est  représentée 
détournant  la  tête  et,  détail  assez  particulier,  s'essuyant  les  yeux 
avec  un  mouchoir. 

Sur  les  deux  autres  blocs  figurent,  à  gauche,  'saint  Jean,  impas- 
sible, et,  à  droite,  la  Madeleine,  les  mains  jointes,  la  tète  cou- 
verte d'une  coiffe  de  forme  assez  originale  et  dont  le  bord  est 
relevé  sur  le  front.  Sa  robe,  comme  celle  de  saint  Jean,  est  recou- 
verte d'un  manteau  à  orfrois  perlés;  un  collier  de  petites  perles 
orne  son  cou. 

Au  loin,  on  aperçoit,  dans  une  perspective  ioute  fantaisiste,  les 
murs  et  les  édifices  de  Jérusalem.  Enfin,  tout  au  premier  plan,  à 
droite,  on  remarque  deux  moutons  et,  à  gauche,  un  ange  minus- 
cule semblant  terrasser  un  dragon.  L'imagier  a  voulu  remplir 
consciencieusement  toute  la  pièce  de  bois  qu'il  avait  à  tailler  sur 
commande. 

Dans  la  même  région  où  nou3  avons  fait  connaître  plus  haut, 
vers  la  vallée  du  Liger,  le  sépulcre  d'Inval-Boiron,  se  trouve,  à 
Bouillancourt  enSery,  vers  Blangy-sur-Bresle',  un  morceau  de 
.sculpture  en  bois  peint  représentant  l'ensevelissement,  mais,  là, 
dans  des  dimensions  assez  restreintes  (0",60  sur  0",60).  Il  nous 
a  été  signalé  comme  le  précédent  par  M.  Ph.  des  Forts,  qui  a 
bien  voulu  nous  en  envoyer  une  reproduction.  Ce  sépulcre  pré- 
sente cette  singularité  que  le  tombeau  est  plus  petit  en  longueur 

*  V^oir,  ci-contre,  planche  IX. 


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LES   SÉPIjLGRES    OU   MISES    AU    TOMBEAU    EN    PICARDIE     61 

que  le  corps  du  Christ;  Tentailieur  n'avait  sans  doute  à  sa  dispo- 
sition  qu'un  bloc  de  chêne  trop  petit,  mais  il  ne  s'est  pas  arrêté  h 
Tin  vraisemblance.  Le  groupe  ne  présente  que  quatre  person- 
nages, non  compris  le  corps  du  Sauveur;  celui-ci,  assez  bien 
modelé,  est  représenté  tout  affaissé,  absolument  mort,  la  tête  ren- 
versée sur  le  côté  par  devant,  le  bras  droit  tombant  inerte  le  long 
du  sarcophage,  la  main  touchant  le  sol;  l'autre  est  ramené  par 
devant  sur  Vepizonion;  les  jambes  sont  relevées  aux  genoux.  La 
tête,  là,  est  soutenue  par  Joseph  d'Arimathie  qui  est  vêtu  d'une 
robe  de  moine  à  large  camail  peint  en  blanc;  cette  lobe  est  serrée 
à  la  taille  par  une  corde  deux  fois  enroulée.  A  droite,  Nicodéme 
soulève  le  corps  par  les  moUefs  au-dessous  des  genoux  ;  il  porte 
une  robe  assez  ample  et  une  escarcelle  est  suspendue  à  sa  cein- 
ture; ses  jambes  sont  couvertes  d'une  sorte  de  maillot  collant 
et  l'une  de  ses  chausses,  non  étirée,  tombe  en  plis  afiaiçsés;  cette 
négligence  de  toilette  est  d'un  réalisme  par  trop  naïf.  Ces  deux 
hommes  enfin  sont  coiffés  de  hauts  bonnets,  l'un  à  bordure  en 
turban,  l'autre  à  revers  abattus.  Derrière  le  tombeau,  la  Vierge, 
la  léte  entièrement  couverte  d'un  voile  blanc,  se  penche,  éplorée, 
vers  le  corps  de  son  (ils,  tenant  les  mains  jointes  à  plat;  saint  Jean 
la  soutient  par  derrière,  une  main  posée  sur  l'épaule.  Ces  figures 
sont  impassibles,  sauf  celle  de  la  Vierge. 

Une  mise  au  tombeau,  celle-là  restée  pour  ainsi  dire  ignorée,  se 
trouve  dans  la  très  modeste  égWseà'Oust'MaraiSy  petite  commune 
.de  cent  soixante-quinze  habitants,  perdue  vers  l'extrémité  de  la 
verdoyante  vallée  .de  la  Bi^esle,  à  trois  kilomètres  d'Eu.  Sur  la  foi 
d'une  simple  indication,  dans  une  brochure  publiée  à  Eu  \  nous 
avons  été  tout  surpris  de  voir  une  véritable  œuvre  d'art  de  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle,  bien  conservée  malgré  quelques 
légères  cassures;  on  peut  la  ranger  parmi  les  meilleurs  sépulcres 
de  la  Picardie  et  en  outre  on  y  remarque  certains  détails  caracté- 
ristiques. Un  des  miens  a  pu,  malgré  le  jour  défavorable,  en 
prendre  une  bonne  reproduction*. 

Ce  groupe  se  trouve  dans  une  chapelle  latérale,  à  gauche,  où  il 

'  Ce  qu'il  faut  voir  à  Tréport,^  Mers,  Eu,  par  MM.  Jules   P^ri.v  et  Paul 
CiiGii,  avec  illustrations  de  M.  Louis  Périn.  Eu,  Lemaric,  1900. 
•  *  Voir,  ci-dessous,  planche  X. 


62      LES    SEPULCRES    OU    MISES    AU    TOMBEAU    EN   PIGARDIB^ 

occupé  un  enfeu  à  plein  cintre  pratiqué  dans  le  mur  faisant  face 
à  la  nef  {H.  2°, 10;  L.  l",35).Le  cintre  coupe  sur  presque  toute  sa 
largeur  une  bande  d'ornementation,  sorte  de  litre,  rehaussée  de 
palmes,  de  feuilles  ef  d'autres  motifs  et  qui  court,  surmontée  d'une 
frise  légère,  tout  le  long  du  mur  à  la  hauteur  de  2  mètres.  Dans 
la  même  chapelle  on  peut  remarquer  sur  le  côté,  près  de  Tautel, 
une  petite  niche,  en  hauteur,  peu  profonde,  encadrée  entre  deux 
colonnettes,  qui  supporte  un  are  à  accolades  surmonté  de  petites 
arcatures;  celles-ci  sont  reliées  dans  le  haut  par  des  moulures 
ajoutées;  le  tout  d'une  grande  délicatesse  de  travail. 

Pour  en  revenir  au  sépulcre,  les  personnages,  tous  en  haut- 
relief,  sont  un  peu  moins  grands  que  nature  (1"',10  à  1*,25); 
ils  sont  bien  groupés,  les  Ggures  sont  parfaitement  modelées.  On 
peut  remarquer  surtout  les  fines  attaches  des  poignets  et  les  mains 
aux  doigts  effilés,  ce  qui  dénote  le  talent  habile  et  exercé  du 
.sculpteur.  Les  costumes  sont  d'une  grande  richesse  et  les  orne- 
ments ont  été  délicatement  fouillés  dans  la  pierre  de  craie,  fort 
tendre,  du  pays,  comme  celle  du  sépulcre  de  Sainl- Valéry -sur" 
Somme  et  de  Sorrus.  Le  tout  est  recouvert  de  peintures  aux  cou- 
leurs éteintes  par  l'action  du  temps,  sauf  à  quelques  parties, 
notamment  aux  figures,  qui  ont  été  maladroitement  ravivées  à 
une  époque  relativement  moderne. 

Le  corps  du  Sauveur  est  porté  par  les  deux  personnages  habi- 
tuels; ceux-ci  le  soutiennent  sur  le  linceul  au-dessus  du  sarco- 
phage qui,  là,  est  béant;  le  vide  se  voit  sur  la  droite.  Cette  par- 
ticularité se  remarque  également  à  Villers-Bocage  et  au  petit 
bas-relief  Ae  Sorrus;  partout  ailleurs  le  corps  est  posé  sur  la  dalle 
qui  recouvre  le  tombeau.  La  paroi  du  devant  est  ornée  de  sept 
médaillons  ronds  guillochés.  Ici,  par  exception  encore,  c'est 
Joseph  d'Arimathie  qui  est  à  gauche,  du  côté  de  la  tête;  on  le 
reconnaît  à  son  glaive  de  centurion  suspendu  à  la  ceinture.  Il  est 
coifie  d'une  sorte  de  béret  plat  et  vêtu  d'une  tunique  à  larges 
plis,  aux  manches  étroites;  celle-ci  est  serrée  au  corps  par  une 
cordelière  enroulée  deux  fois  autour  de  la  taille  et  retenue  devant 
par  un  nœud  aux  bouts  flottants.  Nicodème  porte  une  longue 
barbe  ;  il  est  coiffé,  comme  souvent,  du  haut  bonnet  juif  à  oreil- 
lettes et  son  costume  se  compose  d'une  robe  aux  manches  bouf- 
fantes près  des  épaules  et  aux  poignets;  un  long  et  large  scapu- 


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LES   SEPULCRES   OC    MISES    AU   TOMBEAU  EN    PICARDIE     63 

laire  de  moine  recouvre  la  robe  depuis  le  cou,  tombant  devant  et 
derrière  jusqu'aux  pieds. 

La  première  des  saintes  femmes  placées  derrière  le  tombeau, 
celle  qui  est  tout  à  gauche,  porte  un  vase  à  parfums  finement 
ornementé;  elle  a  la  tète  enserrée  dans  une  coiffe  surmontée  d'un 
chapeau  aux  larges  bords,  colui*ci  garni  d'une  cordelière.  Sa  robe 
est  en  partie  recouverte  d'un  manteau  avec  orfrois  aux  délicates 
broderies  et  dont  les  bords  se  rejoignent  à  la  hauteur  du  corsage 
au  moyen  d'une  attache  ornt^e  d'une  pierre  précieuse.  Enfin,  de 
son  cou  tombe  une  sorte  de  rabat  à  deux  pans;  c'est  là  une 
singularité  du  costume  que  nous  n'avons  remarquée  nulle  part 
ailleurs. 

lia  Vierge,  la  tète  couverte  d'un  large  voile,  est  inclinée  vers  la 
figure  du  Christ  et  tient  les  mains  jointes  à  la  hauteur  de  sa  poi- 
trine. Elle  porte  une  robe  à  petits  plis  par  devant  et  un  ample 
manteau  avec  broderies  ou  arabesques.  Saint  Jean  est  vêtu  d'une 
tunique  recouverte  d'un  grand  camail  ai^ec  bordure  ornée  de 
petits  médaillons  de  toutes  formes;  sa  tête  est  un  peu  renversée, 

i  et  indique  ainsi  l'effort  qu'il   fait  pour  soutenir  la  Vierge.  Des 

deux  saintes  à  droite,  la  première  près  de  saint  Jean  paraît  être 

j  la  Madeleine  eu  égard  à  son  costume  plus  riche;  elle  est  coiffée 

d'un  turban  à  torsades  de  perles,  et  elle  est  vêtue  d'une  robe  de 
brocart  avec  corsage  léger,  sur  lequel  tombent  deux  chainettesaux 
fines  mailles  où  est  suspendu  un  médaillon  ;  une  autre  chaîne  est 
enroulée  autour  de  sa  taille.  Elle  porte,  comme  la  première,  un 
vase  à  parfums  finement  guil loche.  Le  costume  de  la  troisième 

!  sainte  est  moins  riche  ;  elle  est  vêtue  d'une  robe  à  épaulettes  plis- 

sées,  et  sa  tête  est  également  couverte  d'un  turban  ;  mais  on  peut 
admirer  la  délicatesse  avec  laquelle,  de  ses  mains  croisées,  aux 

I  doigts  effilés,   elle   tient   un   vase  à   parfums,  celui-q/  de  forme 

;  élevée  comme  les  autres.  Il  y  a  aussi,  dans  ce  groupe,  trois  myr- 

!  rifores;  c'est  encore  là  une  particularité. 


Tels  sont,  dans  notre  province,  les  morceaux  de  sculpture  en 
haut  ou  en  bas-relief  représentant  le  même  sujet,  sauf  des  variantes; 
nous  les  avons,  pour  la  plupart,  étudiés  sur  place  et  les  autres  ont 
été  relevés  d'après  des  ouvrages.  Nous  nous  sommes  borné   le 


64     LES   SÉPULCRES   OU   MISES   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

plus  souvent  à  les  décrire,  sans  oser  nous  livrer  à  des  considéra- 
tions d'un  ordre  plus  général  et  plus  élevé  sur  les  influences  et  les 
pénétrations  qui  ont  pu  se  produire  dans  la  composition  et  dans 
Texécution  de  ces  œuvres  sculptées,  laissant  aux  grands  érudits 
d'art  le  soin  de  tirer  de  nos  simples  recherches  et  de  nos  descrip- 
tions les  déductions  qu'elles  peuvent  comporter  au  point  de  vue 
de  l'histoire  générale  de  l'art.  Plusieurs  de  ces  sculptures,  assuré- 
ment, ne  présentent  pas  un  caractère  réellement  artistique,  mais 
elles  manifestent  tout  au  moins  de  la  part  de  nos  modestes 
huchiers  ou 'en tailleurs  picards  de  sérieuses  aptitudes,  une  imagi- 
nation qui,  dans  sa  naïveté,  est  parfois  féconde  et  primesautiére. 
Il  est  toutefois  plusieurs  de  ces  monuments  qui  se  recommandent 
particulièrement  à  l'attention  des  archéologues  :  ce  sont  ceux, 
bien  conservés  dans  leur  état  primitif,  de  Doullens,  de  Torte- 
fontaine,  A'Oust-Marais,  de  Saint- Valery-sur Sommes  sans 
oublier  les  sépulcres  de  l'église  Saint-Germain  k  Amiens,  de  celles 
de  Montdidier  et  de  ViUers-Bocage  ;  ces  derniers,  toutefois, 
paraissent  avoir  été  remaniés.  Ces  œuvres,  comme  on  l'a  vu,  sont 
assez  nombreuses  et  nous  n'avons  pas  cependant  la  prétention 
de  les  avoir  fait  connaître  toutes;  peut-être  en  est-il  d'autres 
encore,  restées  oubliées,  décorant  quelque  modeste  église  de  cam- 
pagne dans  le  Ponthieu  et  dans  le  Vimeu,  et  qui  ont  pu  échapper 
à  nos  recherches.  Quoi  qu'il  en  soit,  celte  énumération  et  ces  des- 
criptions de  sépulcres,  fussent-elles  même  encore  incomplètes, 
malgré  nos  investigations,  montreront  que  notre  chère  Picardie 
n'est  pas  restée  inférieure  à  d'autres  provinces  dans  ce  genre  de 
manifestation  de  l'art  et  de  la  foi,  surtout  au  cours  du  seizième 
siècle. 

M.  Paul  Vitry,  dans  son  important  ouvrage  sur  Michel  Colombe 
et  la  sculp^fire  française  de  son  temps,  déclare  regretter  l'absence 
d'études  de  cette  nature  :  u  Ce  n'est  en  effet,  dit-il,  que  quand 
un  grand  nombre  de  ces  enquêtes  régionales  auront  été  faites, 
que  l'on  pourra  aborder  avec  fruit  l'étude  de  l'ensemble  de  l'Art 
Français,  w  Puissions-nous  avoir  contribué,  pbur  une  faible  part, 
à  la  réalisation  de  ce  désir! 

Ém.  Delignières, 

Membre  nou  résident  du  Comité. 


LES   SEPULCRES   OU   MISES    AU   TOMBEAU    EN   PICARDIE     65 


SÉPULCRES  EXISTANT  ENCORE  EN  PiCARDIB  ET  DÉCRITS  DA\S  CETTE  ÉTUDE 

Pagt* 

Abbevilk 43-46 

Airaines ^ 57 

AUery 58-59 

Amiens 43-44 

BouMancourt-en-Sery 60-Gl 

DauUem 48-50 

Inval'Boiron 42 

Longpré'leS'CorpS' Saints 43,  53  à  56 

Martainnevilk 60 

Montdidier 47 

Montreuil-sur-Mer 50 

Ousl'Marais 61  à  63 

Prousel 45 

Sorrus 41 

Tortefoniaine 50  à  53 

Saint'  lakry-sur-Somme iO 

VilUrs-Bocage 4i-i5 

Deux  disparus  : 
A  Btrck'VilU,  à  Péronne 38-48-5a 

Les  sÉPUiiCRES  sculptés  kn  France  relevés  par  divers  écrivains  ^ 

Abbeville  (Somme).  Kglise  Saint-Vulfran  ;  Kglise  du  Sépulcre;  Kglise 
Saiht-Paul.  —  Ernest  Praroxd.  —  Henri  Macqieron.  —  Em.  Oki.i- 

GNIÈRES. 

Agnetz  près  Glermont  (Oise).  —  Abbé  Lecler.  —  Chanoine  Marsaux. 
Airaines  (Somme).  Eglise  Saint-Denis.  —  Ph.   des  Forts.   —  Em. 
Delignières. 


'  L'auteur  de  cette  étude  ne  prétend  pas  les  avoir  énumérés  tous,  bien  qiio 
cette  liste  comprenne  déjà  cent  dix-huit  localités  et  Findicalion  de  cent  vingt- 
six  monuments.  D'autres  pourront  se  retrouver  peut-être  «ncore. 

On  trouvera  au  cours  de  cette  étude  l'indication  de  la  plupart  des  ouvrages 
où  ces  sépulcres  sont  relevés.  On  s*cst  borné  à  donner  ici  la  plupart  des  noms 
des  écrivains  qui  en  ont  parlé  ou  qui  les  ont  seulement  indiques.  Les  moDu- 
ments  qui  ont  disparu  sont  marqués  d'un  astérisque. 


66      LES    SÉPLLCRES    OU    MISES   AU    TOMBEAU    EN    PICARDIE 
Aix  (Bouches-du-Rhône) .  Chapelle  des  Pénitents-Grîs.  —  Baron  Guil- 

LIBKRT. 

*Aixe  (Indre).  Kglise  Sainte-Croix.  —  Abbé  Lecler. 
Allery  (Somme).  -^  Ph.  des  Forts.  —  Ëm.  Dbi.ignières. 
Aviboise  (Indre-et-Loire).  Église  Saint-Denis-Hors.  —  A.  dk  Caumont. 

—  Paul  VlTRY. 

Amiens  (Somme).  Eglise  Saint-Germain.  —  G.  Durakd.  — Paul  Vitry. 

—  Em.  Delignières. 
Andefys  (les),  —  Chanoine  Poréb. 

Angers  (Maine-et-Loire),  ^fusée.  —  Paul  Vitry. 

Arles  (Bouches-du-Rhône) .  Eglise  Saint-Trophimc.  —  Trichai  d.  — 
Abbé  Lecler. 

Auch  (Gers).  —  X.  Barbier  de  Mo\tault.  —  Paul  Vitry. 

Audrouet  (?).  —  Baron  Guillibert. 

AumaU  (Seine- Inférieure).  —  Chanoine  Marsaux. 

Jivignon   (Vaucluse).    Eglise   Saint-Pierre.  —   Emile  Mâle.  —  Paul 
Vitry. 

Baume-Us-Mess leurs  (Jura) .  —  Louis  Gonse. 
*Berck- Ville  (Pas-de-Calais).  —  Roger  Rodière. 
^Bergerac.  Église  Sainte-Catherine.  —  Marquis  de  Fayolle. 

Berrey-Us-Citeaux  (?).  —  Paul  Vitry. 

Biron  (Dordogne).  Chapelle  du  Château.  '—  Abbé  Lecler. 

Bordeaux   (Gironde).   Chapelle  des    Sœurs    de    la  Miséricorde.    — r 
Abbé  Lecler. 

Bouillancourt-en-Sery  (Somme).   —  Ph.    des  Forts.  —  Em.  Deli- 

UMÈRES. 

Bourges  (Cher).  —  A.  de  Caumont.  — Abbé  Lecler. 
Carennac  (Lot).  —  Delierre.  —  Abbé  Lecler.  —  Paul  Vitry. 
Caudebec    (Seine-Inférieure).    Chapelle  du   Sépulcre;   provenant   de 

Tabbaye  de  Jumiège.  — r  Abbé  Cochet.  —  Chanoine  Porée.   — 

Abbé  ViMEUX. 
Cejfonds  (Haute-Marne) .  —  Congrès  archéologique  1903. 
Chaource  (Aube).  Sainte-Anne.  —  Vicomte  d'AvouT.  —  R.  Koechlin 

et  J.-J.  Marquet  de  Vasselot.  —  Emile  Mâle.  —  Paul  Vitry. 
CAéî/on*-*Mr-Afarn«  (Marne) .  Eglise  iVotre-Dame-de-l' Epine.  —  Paul 

Vitry. 
Chapelle  Rainsoin  (Mayenne).  —  Paul  Vitry. 
Chartres  (Eure-et-Loir).  Cathédrale,  au  portail.  —  Emile  Malb. 
Châtillon-sur-Seine  (Côte-d'Or).  -    Vicomte  d*Avout.  —  Paul  Vitry. 
Chaumont-sur-Marne   (Haute-Marne)     —  A.  de  Caumokt.  — Abbé 

Lecler.  —  Paul  Vitry. 


LES   SÉPULCRES   OU   MISES   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE     67 

CUrmoht  (Oise).  —  Chanoine  Marsaux. 
Clermont-en-Argonne  (Meuse).  —  X.  Barrier  de  Montault. 
Coudray-Monthault  (Maine-et-Loire) .  —  Paul  Vitry. 
Dieppe  (Seine-Inférieure).  —  Abbé  Cochet.  —  Henri  Stein. 
DouUens  (Somme).  Eglise  Saint-Martin. —  Dussvel.  —  Baron Tatlor. 
—  Abbé  Lrfèvrb.  —  J.-P.  Daire.  —  Delgove.  —  Warmé.  — 
Georges  Durand.  —  Paul  VrriiY.  —  Em.  Deligmères. 
Eu  (Seine-Inférieure).    —    Henri   Stbin.  —   Jules  P^rin.  —   Emile 
Make.  —  Paul  Vitry.  —  Em.  Deligkièrbs. 
^EymoulUrs  (Haute- Vienne) .  —  Abbé  Lecler. 
Ferry-d^ Humont  (Oise).  -^  Cbanoine  Marsaux. 
FoUevilU  (Somme).  —  Paul  Vitry. 

Gisors  (Eure) .  —  \.  Barbier  de  Montault.  —  Abbé  Lecler.  —  Cha- 
noine PoRés. 
Hazebrouck  (Mord) .  —  Roger  Rodière. 

Inval'Boiron  (Somme).  —  Alcius  Lkdiru.  —  Ém.  Deligniâres. 
*Jarzi  pr^s  La  Flèche  (Sarthe).  —  Henri  Chardon. 
^Limoges   (Haute-Vienne).    Eglise    Saint-Pierre-du-Queyroix ;    Église 
Saint-Étienne.  —  Abbé  Lecler. 
Longpré-ieS'Corps-Saints  (Somme).  Crypte  de  l'église.  —  Abbé  Del- 
gove. —  Ernest  Prarond.  —   Abbé  Thierry.  —  Gallbt.  —  Ph. 
DES  Forts. — Abbé  Lesueur.  —  Henri  Maoqueron. —  Em.  Deli- 
gnières. 
Louviers  (Eure).   Église  \olre-Dame.   —  Chanoine  Porée.  ^   Paul 

Vitry. 
Mans  (le)  (Sarthe).  Cathédrale  Saint-Julien.  —  Henri  Chardon. 
MaroUes-Us-Braux  (Sarthe).  —  Henri  Chardon. 
Marseille  (Bouches-du-Rhône) .  Ancienne  cathédrale  la  Major.  —  de 

Verneilh. 
Marsèille-le-Petit  (Oise).  —  \.-B,   de  Montwlt.  —  Chanoine  Mar- 
saux. 
Maulévrier  (Seine-Inférieure).  Église.  — Abbé  Cochet.  —  Chanoine 

PORÉK. 

Méru  (Oise).  —  Chanoine  Marsaux. 

Martainneville-les-Butz  (Somme).  —  Ph.  des  Forts.  —  Ém.  Deli- 

GNIÈRES. 

Moissac  (Lozère).  Une  Pietà.  —  de  Verneilh.  —  Abbé  Lecler.  — Paul 
Vitry.  —  Emile  Mâle. 

Montdidier  (Somme).  Eglise  Saint-Sépulcre  ;  Église  Saint-Pierre.  — 
A.  DE  Cal  MONT.  —  Dusrvel.  -—de  Beauvillé.  —  Baron  de  Bow- 
nault  d*Houet.  —  Abbé  Lecler.  —  Ém.  Delignièbbs 


6d     LB8   SÉPULCRES   OU    MISES   AU   TOMBEAU   EN   PICARDIE 

Montreuél-iur-Mer  (Pa&-de-€aiats) .  —  Roger  Rodière. 

Moulins  (Allier).  — Paul  Vitry. 

Narhonne   (Aude).    Église  Saint-Just.  —  Henri  Macqueron.  —  Paul 

ViTHY. 

Neufcbâtel-en-Bray   (Seine-Inférieure).   —  A.  de  Caumont.  —  Abbé 

Lecler. 
Nevers  (Mièvre).  —  Delierrr.  —  Abbé  Lecler.  —  Paul  Vitry. 
Oust'Marais  (Somme).  —  Jules  Périn.  —  Km.  Delignières. 
Oyron  (Deux-Sèvres).  —  \.  Barbier  de  Mowtault. 
Paris  (Seine).  Églises  Notre-Dame,  Saint-Leu,  Sain^-Louis-en-rile.  — 

X.  Barbier  de  Montault:  —  Paul  Vitry. 
*Périgueux.  Cathédrale  Saint-Front,  chapelle  Barnabe.  — A.  Dujarric. 

—  Descohbes.  —  Marquis  dk  Fayolle. 
*Péronne  (Somme).  —  Ed.  Fleury.  —  C.  Boulanger. 
Pemes  (Pas-de-Calais).  —  Roger  Rodière. 

Peyrilhac  (Haute- Vienne) .  —  Abbé  Lecler.  j 

Poitiers  (Vienne).  Église  IVfotre-Dame  de  la  Garde.  —  X.  Barbier  de  j 

MoNTAULT.  —  DE  Verneilm.  —  Abbé  Lecler.  —  Paul  Vitry.  , 

Pont'â- Mousson  (Meurthc-el-Moselle) .  Église  Saint-Martin.  —  Paul 

Vitry. 
Pontoise  (Seine-et-Oise) .  —  A.  de  Cauuont.  — Chanoine  Porkr.  — 

Louis  GoNSE. 
PouiHy-en-Auxois  (Côte-d'Or).  —  Vicomte  A.  d'Avout. 
Prousel  (SommcV  ' —  Charles  Bréard.  —  Ém.  Deligkièrrs. 
Reims  (Marne).  Eglise  Saint-Reiny.  —  X.  Barbier  de  Mon'tallt. 
Reygade  (Corrèze).  —  Abbé  Lecler. 
Rochelle  (la)  (Charente-Inférieure).    Kglise  Saint-Sauveur.   —   Louis 

Gonse'. 
Rodez  (AveyronV  —  X.  Barbier  de  Moxtavlt.  —  Paul  Vitry. 
*Roé  (Abbaye  de)  (Mayenne).  —  Henri  Chardox. 
Roisin  (Chapelle)  (?).  —  Henri  Chardo\. 

Rouen  (Seine-Inférieure).  — ^X.  Barbier  de  Momtault.  —  Paul  Vitry. 
Saint-Cyr-la-Rosière  (Eure) .  —  Chanoine  Porée,. 
Saint-Denis  (Seine).  —  X.  Barbier  de  Moktault. 
Saint'Gene  (Haute- Vienne) .  —  Abbé  Lecler. 
Saint-Genner  de  Fly  (Oise).  — Chanoine  Marsaux.  —  Paul  Vitry. 
Saint' Jacques-de-Monestiés,  presCarniaux  (Tarn).  — ]A.  de  Caiuoxt. 

—  E.  JoLiBois.  —  Paul  Vitry. 
Saint'Janien  (Haute- Vienne),  Église  paroissiale.  —  Abbé  Lecler. 
Saint'Laurent-sur-Sèvre  (Vendée) . Chapelle  des  Vierges.  —  X.  Barbier 
DE  Moktault. 


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LES   SÉPULCRES   OU   MISES   AD   TOMBEAU    EN    PICARDIE     69 

Sainl-Martin-aU'Bais  (Oise).  —  Paul  Vitry. 
* Saint'Michel'des-Lions  (?).  —  Abbé  Lrcler. 
Saint'-Mihiel  (Meuse).  —  Fi.  Laurens.  —  Henri  Stein.  — A.  de  Cau- 
MOXT.  —  C.  CoiRNALLT.  —  Emile  Mâle.  —  André  Arnoult.  —  Paul 
Vitry. 
Saint'Nizier  (Loire).  —  Km.  Deliq.vières. 
*Saint-Ofner  (Pas-de-Calais).  —  Loriquet. 

SairU'Pierre-du-Queroy  (Vienne).  —  Abbé  Leclbr. 
*Saint'Quentin    (Aisne).    Église   Collégiale;   Église  de  Saint-André; 
Église  des  Gobelins.  —  A.  de  Cauiiont.  —  Ed.  Fleury. 
Saini-Valery-iur-Sinnme  (Sotanme).  Hospice.  —  Em.  DKLiGMiiRBs. 
Sakrs  (Cantal).  —  Marquis  de  Fayolle. 
*SaUes-la'Vauguya!n  (leg)  (Haute- Vienne) .  —  Abbé  Legler. 
Semur  (Côte-d*Or).  —  Vicomte  A.  d'Avout  —  Paul  Vitry. 
Sériantes  (Oise).  ^  Chanoine  \fARSAUx. 
Senarpont  (Seine- Inférieure).  —  Pierre  Dubois. 
Sissy    (Aisne).  Chapelle  des  Endormis.  —  A.   de  Caumont.  —   Ch. 

GoMART. — Ed.  Flkury. 
Soksmes  (Sarthe). —  Henri  Chardon,  —de  Verneilh.  —  Louis Gomsb. 

—  Paul  Vitry. 

Souvigny   (Allier).    Église  Sainte-Madeleine.  —  Emile  Mâle. —  Vi- 
comte A.  d'Avout.  —  Paul  Vitry. 

Sorrus  (Pas-de-Calais).  —  G.  db  Lhomel.  —  Roger  Rodière. 

TarteJbnUUne  (Pas-de-Calais). —  Roger Rodiâre.  —  Ém.  Dblignières. 

Tonnerre  (Yonne).  —  Vicomte  A.  d'Avout.  —  Emile  Mâle. 

Toulouse  (Haute-Garonne).  Musée.  —  Paul  Vitry.    —  Marquis  de 
Fayollk. 

Troyes  (Aube).  Église  Saint-Nizier.  —  R.  Kokcblin  et  J.-J.  Marqust 
DE  Vasselot.  — Paul  Vitry. 
*Tulk  (Corrèïe).  Cathédrale.  —  Abbé  Lecler. 

Vercfdn  (Pas-de-Calais).  —  Loriquet.  —  Roger  Rodière. 

Verdelais  (Gironde).  —  Abbé  Lecler. 

ï'emeuil- au- Perche  (Eure).  Église  de  la  Madeleine.  —  Abbé  Dubois. 

—  Chanoine  Porée.  —  Paul  Vitry. 

*l^'ienne  (Isère).  —  A.  Alluer  et  A.  de  Terrebasse. 
Villeneuve-t Archevêque  (Yonne).  —  Paul  Vitry. 
Vilters- Bocage  (Somme).  —  Km.  Dklignières. 
VillerS'Saint'Sépulcre  (Oise).  —  Chanoine  Marsaux.  —  Paul  Vitry. 
Yebleron  (Seine-Inférieure).  —  Abbé  Cochet. 


70  OBJETS   D'ART   RELIGIEUX 


II 


OBJETS  D  ART  RELIGIEUX 

DANS  l'ancien  ARCHIDIAGONÉ  DE  TOCRNUS. 

Mes  recherches  faites  pour  réunir  les  inscriptions  tumnlaires 
et  autres  qui  se  trouvent  encore  dans  les  vingt-huit  paroisses  for- 
mant au  seizième  siècle  Tancien  '  archidiaconé  de  Tournus,  au 
diocèse  de  Chalon-sur-Saône,  m'ont  permis  de  relever  par  le  dessin 
et  la  photographie  un  certain  nombre  de  débris  précieux,  restes 
malheureusement  dispersés  et  souvent  mutilés  des  travaux  de  nos 
artistes  bourguignons  du  Moyen  Age  et  de  la  Renaissance. 

Les  signaler  au  congrès  des  sociétés  des  Beaux-Arts  des  dépar- 
tements, c'est  presque  en.assurer  la  conservation. 

Beaumont-sur-Grosne  . 

Le  portail  de  Téglise  de  Beâumont  est  orné  de  deux  colonnes 
aux  chapiteaux  finement  fouillés  et  dont  les  lourds  tailloirs  sup- 
portent une  archivolte  cintrée  ornée  de  palmettes  romanes;  ce 
sont  les  seuls  restes  de  sculpture  de  cette  ancienne  église  du  dou- 
zième siècle,  saccagée  et  brûlée  par  les  troupes  de  Coligny  au 
seizième  siècle.  ' 

En  entrant,  on  trouve  à  gauche,  servant  de  piédestal  aux  fonts 
baptismaux,  une  pilette  en  pierre  blanche  ayant  avec  son  socle 
1  m.  iode  hauteur;  elle  est  hexagonale,  ornée  de  niches  dans 
lesquelles  sont  des  personnages  en  haut-relief;  dans  la  principale 
on  voit  un  religieux  à  genoux  ;  derrière  lui,  un  personnage  debout 
tient  un  agneau  sur  son  bras,  au-dessous  un  écu  portant  :  nne 
bande  chargée  aux  extrémités  de  deux  croisettes. 

Ce  remarquable  spécimen  de  sculpture  du  quinzième  ou  des 
débuts  du  seizième  siècle  doit  provenir  de  l'abbaye  de  la  Ferté-sur- 
Grosne;  le  personnage  agenouillé  doit  être  Jean  IV  de  Saint-Pierre, 
abbé  de   1439  à   1470,  et   derrière  lui   saint  Jean-Baptiste  son 


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OBJETS   d'art   RELIGIEUX  71 

patron;  dans  la  niche  au-dessus  de  la  précédente  on  voit  un  vieil- 
lard coiffé  d*une  couronne  royale,  sans  doute  saint  Gontran,  roi 
de  Bourgogne,  premier  bienfaiteur  des  monastères  de  la  région  ; 
le  guerrier  dans  la  niche  à  gauche  peut  être  saint  Martin  et  le 
prélat  dans  celle  de  droite,  saint  Loup,  évéque  de  Chalon. 

Dans  le  pavage  du  fond  du  chœur  de  la  même  église,  dalle 
tumulairc  de  forme  orbicu taire  ',  c'est  celle  de  Renée  de  Préf<jn- 
taine  (1527). 

Br^ncion. 

Ce  village  donna  le  nom  à  une  des  plus  anciennes  et  des  plus 
illustres  familles  chevaleresques  de  Bourgogne,  connue  au  dixième 
siècle;  les  ruines  de  Tantique  manoir  des  sires  de  Brancion,  comme 
un  nid  d'aigle,  domine  la  vallée,  ce  château  devint  au  treizième 
siècle  la  propriété  des  ducs  de  Bourgogne;  bâti  sur  des  ruines 
gallo-romaines,  on  y  retrouve  encore  les  traces  des  constructions 
successives  superposées  des  dixième  *,  douzième  et  quinzième 
siècles. 

L'église  de  Brancion,  construite  au  douzième  siècle,  a  mérité 
d'être  classée  parmi  les  monuments  historiques;  on  y  \oit  aussi 
de  curieuses  pierres  tombales.  Les  murs,  au  quatorzième  siècle, 
furent  décorés  de  peintures,  une  partie  en  est  encore  visible;  dans 
le  chœur  est  représentée  In  Résurrection,  de  nombreuses  figures 
nues  soulèvent  avec  un  air  de  satisfaction  les  lourds  couvercles  de 
leurs  sarcophages;  à  cùté,  sur  un  des  piliers  qui  soutiennent  la 
tour  du  clocher,  un  saint  évéque,  vétn  de  ses  habits  pontificaux, 
mitre,  debout,  bénit  de  la  main  droite. 

Dans  la  chapelle  en  cul  de  four  terminant  le  collatéral  sud,  on 
voit  des  personnages  richement  vêtus  et  des  pèlerins  qui  viennent 
s'agenouiller  devant  une  chapelle  vénérée*. 

Sur  le  mur  du  collatéral  nord  est  peinte  une  grande  scène,  c'est 
la  mise  au  tombeau   d'une   dame*  :   deux  hommes  déposent  la 

*  CcUe  forme  de  pierre  tombale  ne  se  voit  qu'en  Bour<{o<{ne  et  spécialement 
aux  environs  de  l'abbaye  de  Saint-Philibert  de  Tournus. 

*  Petit  appareil  posé  en  épis. 

'  Voir,  ci-dessoiis,  planche  XL 

*  Voir,  ci-dessous,  planche  \FL 


'2  OBJBTS    D'ART    RELIGIEUX 

défunte  dans  un  cercueil  de  pierre,  autour  d'elle  le  clergé  i-evélu 
de  riches  vêtements  sacerdotaux  donne  la  dernière  absoute,  à 
droite  et  à  gauche  des  religieuses  assistent  à  la  cérémonie. 

Au-dessus  de  cette  scène ,  une  antre  fresque  nous  montre 
Abraham  tenant  les  élus  dans  son  sein,  à  côté  de  lui  Tarchange 
Gabriel  lui  apporte  Tàme  de  la  défunte. 


Chapelle  de  Bragny. 

De  Tancienne  chapelle  qui  donna  le  nom  à  ce  village  il  ne 
reste  que  le  sanctuaire,  qui  sert  d'oratoire  an  château;  dans  cet 
oratoire  on  retrouve  la  pierre  tumulaire  de  Charles  de  Simon, 
dernier  du  nom,  mort  à  vingl^trois  ans  en  défendant  son  château, 
Tan  1591. 

Cette  abside  contient  aussi  une  slatue  romane  en  bois,  qui 
témoigne  notamment  par  les  plis  de  son  voile  d'une  inspiration 
byzantine.  C'est  une  Vierge  assise  dans  un  fauteuil,  tenant  sur  ses 
genoux  l'enfant  Jésus;  celui-ci  est  assis,  tient  d'une  main  un 
livre  et  bénit  de  l'autre  '  ;  cette  statue  a  beaucoup  de  rapport  avec 
celle  de  Tournus. 

Au  moulin  d'Hauterive,  hameau  de  ce  village,  on  voit  incrusté 
dans  un  mur  un  fragment  de  pierre  sculptée  de  petites  arcaturcs 
treizième  siècle,  ayant  fait  partie  d'un  tombeau  ou  d'un  devant 
d'autel  ;  il  provient  de  l'abbaye  de  la  Ferté.  Voici  la  descrip- 
tion qu'en  donne  M.  Jean  Virey,  l'auteur  des  Eglises  romanes 
du  MriconnaiSy  à  qui  je  l'ai  montré  :  «  A  la  partie  supérienn» 
est  un  bandeau  saillant  relié  au  plan  des  arcaturcs  par  une  frise 
de  feuillages;  au-dessus  dans  les  tympans  limités  par  l'extrados 
des  arcaturcs  sont  sculptées  d'autres  motifs  de  feuillages.  Chaque 
arcature  (il  en  reste  deux  entières,  un  fragment  important  d'une 
troisième  et  l'amorce  d'une  quatrième),  supportée  par  des  colon- 
nettes  avec  bases  et  chapiteaux,  sert  d'encadrement  à  une  décora- 
tion sculptée  comprenant  une  forme  de  fenêtres  gothiques  dont  le 
dessin  diffère  pour  chaque  arcature,  entourée  d'une  guirlande  de 
feuillages  et  surmontée  d'une   fleur.  Cet  ensemble  décoratif  très 

'  Lnc  Ié[jcQdo  miraciilcii.sc  snr  cette  statue  est  très  accréditée  dans  le  pays. 


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tion  faite  en  1512.  On 


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aume  Chazaut  prebtre, 
ibera  me  tous  les 
our  de  sainct  Pan- 
douze,  priez   Dieu 


74  OBJETS    D'ART    RELIGIEUX 


Grevilly. 

Dans  la  petite  chapelle  romane  (onzième  siècle)  de  ce  village, 
on  voit  gravé  sur  une  pierre  tombale  sans  inscription  une  grande 
croix  latine,  accostée  à  dextre  d*un  fer  de  chaiTue  et  à  senestre 
d'une  hache  ancienne. 

I.AIVES. 

L'église  du  mont  Saint-Martin-de-Laives,  qui  vient  d'être  classée 
comme  monument  historique,  date  du  douzième  siècle  *  ;  à  Tinté- 
rieur  on  y  voit  encore  de  nombreuses  dalles  tumulaires  du  quin- 
zième au  dix-huitième  siècle. 

Deux  chapelles  y  ont  été  ajoutées  au  quinzième  siècle,  celle  de 
la  Sainte-Vierge  qui  conserve  sa  belle  clôture  gothique  en  piefre 
s'élcvant  jusqu'à  la  voûte,  elle  fut  fondée  par  Jean  Delagrange, 
qui  s'y  fît  enterrer  avec  sa  femme,  et  la  chapelle  de  Saint-Fiacre, 
fondée  par  Jean  Geliot  en  1482;  la  dalle  tumulaire  de  ce  prêtre 
le  représente  velu  de  ses  habits  sacerdotaux. 

La  chapelle  en  cul  de  four  du  collatéral  sud  confient  aussi  la 
pierre  tombale  de  Pierre  Parie,  prêtre,  1597;  c'est  une  des  der- 
nières figurations  de  personnages  faite  sur  dalle  tumulaire. 

Au  hameau  de  Lenoux,  au  pied  du  mont  Saiiït-Martm,  s'élève 
Ja  petite  chapelle  de  Notre-Dame  de  Confort,  appelée  actuelle- 
ment la  chapelle  de  Lenoux  ;  elle  fut  fondée  par  Jean  Geliot,  natif 
de  Laives,  pour  y  déposer  le  Saint-Sacrement*. 

Cetfe  chapelle  est  rectangulaire,  les  angles  de  la  façade  sont 
flanqués  de  lourds  contreforts  en  pierre  de  taille;  sur  ces  contre- 
forts sont  des  culs-de-lampe,  qui.  jadis  supportaient  de  petites 
statuettes.  La  porte  d'entrée  décorée,  de  fines  colonnetles,  est  sur- 
montée d'une  riche  accolade  dont  le  fleuron  senait  de  piédestal  à* 
une  statue  de  Notre-Dame;  sept  autres  statuettes  ornaient  la 
façade;  il  n'en  reste  actuellement  plus  qu'une;  enfin  l'édifice  est 

'  Cette  église  a  été  décrite  par  M.  L.  \ibpck.  Histoire  de  Sennucy  et  de  ses 
communes,  et  par  L.  Baziv,  Bulletin  paroissial  de  Sennecey-le-Grand . 
*  Voir,  ci-conire,  planche  Xllï. 


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OBJBTS    D'ART    RELIGIEUX  1& 

terminé  par  un  campanile  sur  la  base  duquel  est  gravée  la  date  : 
1484. 

Le  vantail  en  bois  de  la  porte  d'entrée,  qui  est  celui  du 
quinzième  siècle,  est  recouvert  de  planches  pour  en  éviter  la 
détérioration. 

A  Fintérieur,  des  peintures  assez  bien  conservées  :  au  fond  à 
droite  est  un  martyr,  debout,  tenant  une  palme  et  présentant 
devant  un  autel  un  personnage  agenouillé  \  Au-dessous,  était  une 
inscription,  elle  a  été  effacée.  Une  autre  fresque  à  gauche  repré- 
sente saint  Grégoire  au  moment  de  Télévation,  à  genoux,  tenant 
rhostie  entre  les  mains,  deux  diacres  soutiennent  sa  chasuble; 
Jésus-Christ  apparaît  au-dessus  de  Tautel.  On  lit  au  bas  a  Ainsi 
que  saint  Grégoire  estant  a  Rome  où  il  célébrait  la  saincte 
mess€iO:>  »  ile^reste  est  effacé  ' . 

Sur  Jes  aiitiles  faces  de  la  chapelle  court  \}ïïe  longue  inscription 
en  lèttr«9MgolMques  devenue  illisible.  A  la  clef  de  voûte  est 
sculptée  la  Sainte-Vierge,  une  couronne  royale  est  posée  sur  sa 
tête,  deà  tètes  d'anges  Tentourent;  ces  sculptures  sont  peintes. 

A  quelques  pas  de  cette  chapelle  de  Lenoux,  incrusté  dans  le 
mur  au-dossus  du  portail  à  Textérieur  d'une  cour  de  cultivateur  et 
provenant  d'une  chapelle  démolie  au  dix-huitième  siècle,  chapelle 
de  saint  Antoine  édifiée  évidenjment  sous  le  patronage  de  la  com- 
manderiedes  Antonins  de  Chalon,  de  l'ordre  de  Saint-Antoine  du 
,  Viennois  *;  on  voit  une  niche  en  pierre  blanche  d'un  beau  gothique 
du  quinzième  siècle,  abritant  une  statue  de  saint  Antoine  dont  les 
pieds  nus  sont  entourés  de  flammes,  par  allusion  au  mal  des 
ardents  appelé  ^ussijen  de  saint  Antoine,  qu'on  lui  attribuait  lo 
pouvoir  de  guérir*. 

Celte  niche  est  décorée  de  pilastres  terminés  par  des  pinacles  à 
.crochets  soutenant  une  accolade  aussi  garnie  à  l'extrados  de  cro- 
chets et  terminée  par  un  fleuron  ;  au-dessus  une  corniche,  le  fond 
est  rempli  par  des  arcalures  trilobées.  Des  animaux  fantastiques 
sont  postés  aux  quatre  coins  extérieurs  du  dais  ^ 

*  Voir,  ci-dessous,  planche  XIV. 
'  Voir,  ci-dessous,  plaache  XV. 

^  H.  Batault.  Notes  sur  une  inscription  lapidaire  de  14'07. 

*  Espèce  de  lèpre  qui  ravagea  le  Chalonnais  aux   douzième  et  quatorzième 
•  siècles. 

*  Voir,  ci-dessous,  planche  XVI. 


-76  OBJETS    D'ART    RELIGIEUX 

Cette  niche  repose  sur  une  frise  entièrement  décorée  ;  au  centre 
an  écu  chargé  d'un  T,  emhlème  de  l'ordre  hospitalier  de  Sainl- 
Antoine,  est  supporté  par  deux  cochons;  à  droite  et  à  gauche  des 
anges  tiennent  des  banderoles,  et  aux  extrémités  sont  placés  des 
monstres  à  tête  humaine  disposés  de  manière  à  servir  de  cul-de- 
lampe. 

En  descendant  dans  h  village  de  Laives,  près  du  château  de 
Sermaizé,  encastré  au-dessus  de  la  porte  d'entrée  d'une  maison, 
un  sujet  sculpté  en  haut-relief  représentant  la  Présentation  au 
temple  est  attribué  à  Dubois,  célèbre  imagier  dijonnais  du  sei- 
zième siècle. 

La  Fertk-sur-Grosne. 

De  cette  riche  abbaye,  fille  aînée  de  Citeaux,  fondée  au  commen- 
cement du  onzième  sit»cle,  il  ne  reste  absolument  rien,  si  ce  n'est 
le  bâtiment  élevé  au  dix-septième  siècle  par  les  derniers  abbés  et 
qui  est  devenu  le  château  de  M.  le  baron  Thénard. 

De  Téglise,  dont  les  dernière  propriétaires  achevèrent  la  démo- 
lition au  dix-neuvième  siècle,  on  ne  revoit  au  château  qu'une  des 
clefs  de  voûte,  déposée  au  pied  du  grand  escalier,  chef-d'œuvre 
architectural  exécuté  par  un  tailleur  de  pierres  de  Laives. 

En  1901,  on  retrouva  à  Senncey-le-Grand  la  pierre  tombale  de 
Tabbé  Pierre  de  Hontcaulier,  décédé  en  1317  *.  M.  Humblot,  vers 
1850,  fit  don  au  Musée  de  Chalon  d'une  partie  de  celle  qui  recou- 
vrait les  abbés  Jean  de  Bcaune  et  Jean  de  Saint-Pierre,  morts  en 
1437  et  1470;  enfin  la  dalle  tumulaire  de  l'abbé  Jean-Charles 
d'Escrivieux,  1736,  sert  de  ponceau  à  l'entrée  d'une  maison^du 
village  de  Lalheue. 

Lalheue. 

A  part  la  pierre  tombale  de  Jean-Charles  d'Escrivieux,  sur  les 
façades  de  plusieurs  maisons  de  ce  village  se  trouvent  incrustés 
des  débris  de  sculptures  provenant  de  l'abbaye  de  la  Ferté.  Servant 
de  jambage  à  la  porte  d'un  poulailler,  un  cul-de-lampe  composé 
de  deux  figurines  d'enfants,  rappelant  les  sculptures  de  Dubois. 

^  Actuellemenl  relevée  contre  le  mur  extérieur  du  presbytère  deSennecey-le-* 
Oraud. 


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Page  76. 


•        •        • 


OBJETS    D*ART    RELIGIEUX  77 

.  Dans  la  cour  d'une  autre  maison,  une  mitre  d'abbé  rouverte 
d'abeilles,  à  côté  un  livre,  par  derrière  une  crosse  richement  ornée 
dans  le  style  de  la  Renaissance. 

Au  hameau  du  Buisson-Roncin,  sur  une  façade  de  maison,  est 
incrusté  un  motif  de  retoml)ée  de  voûte  de  Tépoque  romane,  repré- 
sentant deux  animaux  fantastiques  entrelacés,  Tun  à  tête  humaine 
et  l'autre  à  tête  d'oiseau. 

Dans  la  salle  basse  du  moulin  de  Lalheue,  on  lit  l'inscription 
commémorative  d'une  fondation  faite  à  la  même  abbaye  par  Joce- 
rand  de  Sercy  en  1401 . 

Le  chœur  de  l'église  de  Lalheue,  chapelle  primitive  du  village, 
est  de  construction  très  ancienne,  avec  abside  en  cul  de  four  et 
voûte  plein  cintre  surhaussé,  qui  retombe  jusqu'au  niveau  du  sol. 

Marnay. 

L'église  de  Marnay  est  nouvellement  rebâtie,  il  est  très  regret- 
table que  l'architecte  n'ait  pas  songé  à  y  utiliser  les  belles  pierres 
sculptées  provenant  de  l'ancienne  et  aujourd'hui  disparues. 

On  a  cependant  conservé  l'inscription  lapidaire  rappelant  sa 
fondation  en  1427,  et  aussi  quatre  motifs  sculptés  en  haut-relief 
sur  pierre  blanche,  rappelant  les  scènes  de  la  vie  de  saint  Jean 
sous  le  vocable  duquel  a  toujours  été  cette  église;  ce  sont  :  I*  Le 
haptême  du  Christ  par  saint  Jean  \;  2"  La  prédication  dans  le 
désert;  i"  La  décollation  de  saint  Jean;  4"  La  descente  de  croix 
oh  le  corps  du  Christ  est  recueilli  parla  Sainte-Vierge^  saint 
Jean  Tévangéliste  et  la  Madeleine. 

Ces  sculptures,  qui  paraissent  avoir  été  des  panneaux  d'un 
retable,  sont  très  remarquables  et  doivent  être  l'œuvre  d'un  de 
nos  meilleurs  maîtres  imagiers  bourguignons  du  seizième  siècle  *. 

Chaque  panneau  est  entouré  de  rubans  tressés,  sur  lesquels 
sont  gravées  des  sentences  se  rapportant  au  sujet  représenté. 

Les  anciennes  statues  en  pierre  de  saint  Jean-Baptiste  et  de 
sainte  Marthe  sont  déposées  dans  le  jardin  de  la  cure. 

'  Voir,  ci-desaouB,  planche  XVIL 

*  Le  musée  de  Dijon  possède  un  de  ses  sujets  paraissant  sortir  du  même 
atelier  ;  il  provient  de  Tancien  couvent  des  Chartreux  et  porte  la  date  de  1525. 
(Note  de  M.  Ghabeuf.) 


18  OBJETS    D'ART   RELIGIEUX 


Messey-sur-Grosne  . 

Ce  bourg  avait  donué  le  nom  à  une  ancienne  et  noble  famille 
bourguignonne,  dont  nous  n*avons  retrouvé  trace  dans  ce  village 
que  par  une  inscription  lapidaire  placée  dans  un  mur  du  chemin 
de  Messey  à  Saint-Boil,  au  hameau  de  FAbergemont.  Cette  épi- 
graphe parait  dater  du  quinzième  siècle. 


Nanton. 

Au  hameau  de  Sully  s'élève  une  belle  croix  de  pierre  érigée  au 
seizième  siècle  par  les  habitants;  une  inscription  lapidaire  y  adhé- 
rant rappelle  qu'en  1518  le  cardinal  d'Ara  Cœli,  Christophe 
Numali,  accorda  cent  jours  de  pardon  à  ceux  qui  en  passant 
diront  pater  et  ave  et  donneront  de  leurs  biens  aux  pauvres  *. 


Sennecey-le-Grand. 

Le  château  de  Sennecey,  après  une  durée  de  plus  de  sept  siècles, 
tomba  sous  le  marteau  des  démolisseurs  en  1825,  il  n'en  reste 
qu'une  partie  des  murs  d'enceinte  et  des  fossés.  On  construisit 
sur  son  emplacement  une  église  du  plus  mauvais  goût,  ses  dépen^ 
dances  servirent  à  installer  la  mairie,  les  écoles  et  le  presbytère. 

De  la  chapelle  des  anciens  marquis  de  Sennecey,  on  ne  retrouve 
que  la  plaque  de  bronze  sur  laquelle  est  gravée  l'épitaplie  de 
Nicolas  de  BaufiTremont  *  décédé  en  1582. 

Dans  Têglise  du  hameau  de  Saint-Julien,  ancienne  église  parois- 
siale, s'est  conservée  la  chapelle  bâtie  en  1504  par  Claude  de 
Lugny,  seigneur  de  Ruffey  \  Cette  chapelle  des  Lugny  est  décorée 

'  Des  épigraphes  similaires  se  retrouvent  à  Mancey,  canton  de  Sennecey-Ie- 
Grand,  arrondissement  de  Ghalon  ;  à  GoUongette,  canton  de  Lugny,  arrondisse- 
ment de  MAcon;  d'autres  m'ont  été  signalées  dans  la  Gôte-d'Or  par  M.  Perrault- 
Dabot. 

'  Gcttfî  plaque  est  la  propriété  de  Mme  Niepce. 

'  Voir,  ci-dessous,  planche  XVIII. 


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»  «w»  «2*  *5*  *a*  *S*  *S* 


Page  78. 


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OBJETS    D'ART   RELIGIEUX  19 

de  fresques  du  seizième  au  dix-septième  siècle,  elles  représentent  : 
1  *  Rencontre  de  saint  Joachim  et  de  sainte  Anne  à  la  porte  Dorée  ; 
2*  la  naissance  de  la  Sainte-Vierge;  3"  l'Annonciation;  4"  la 
visite  de  Marie  à  sainte  Elisabeth;  &*  la  Circoncision;  6»  la 
Purification  de  la  Sainté-Vierge  ;  7*  V Assomption  *. 

Les  deux  clefs  de  voûte  de  la  même  chapelle  sont  sculptées  et 
peintes,  Tune  aux  armes  de  Lugny  et  sur  l'autre  uh  Christ  en 
majesté.  II  est  entouré  des  attributs  symboliques  des  quatre  évan- 
gélistes  et  de  quatre  anges  tenant  des  banderoles. 

Encastré  dans  le  mur  ouest,  un  bas-relief  en  marbre  blanc,  qui 
peut  remonter  à  la  fin  du  seizième  siècle,  représente  le  Christ 
couché  à  côté  de  son  tombeau,  dont  un  ange  soulève  le  couvercle; 
ce  sujet,  bien  traité,  dans  un  style  très  académique  et  lourd,  d'un 
dessin  mou  et  de  proportions  défectueuses,  parait  provenir  de  la 
chapelle  du  château  de  Sermaizé,  dépendance  de  Tabbaye  de  la 
Ferté. 

La  nef  de  Téglise  est  désaffectée;  dans  une  des  chapelles,  où  la 
clef  de  voûte  sculptée  et  peinte  représente  la  Sainte-Vierge  entourée 
de  rayons  dorés,  se  trouve  la  pierre  tombale  de  Jean  Broard  et  de 
Guillemette  sa  femme  (1500). 

Sur  la  place  joignant  Téglise  est  élevée  une  croix  de  pierre  sur 
le  soubassement  de  laquelle  est  sculpté  un  cœur;  ce  soubassement 
supporte  un  dé  dans  lequel  est  creusée  une  niche,  sur  ce  dé  se 
dresse  une  colonne  supportant  une  croix  aussi  de  pierre,  parais- 
sant dater  du  seizième  siècle,  un  Christ  d'un  côté  et  une  Vierge  de 
l'autre  ornent  cetie  croix. 

Vers. 

Curieuse  petite  église  romane  du  onzième  au  douzième  siècle, 
chevet  carré.  Des  arcatures  cintrées  ornent  les  murs  de  la  nef  à 
l'intérieur.  Dans  cette  église,  statue  en  bois  de  saint  Félix,  seizième 
siècle. 

'  Lk  Mirpcr.  Histoire  de  Sennecey^ 


%0  OBJETS    D'ART    RELIGIEUX 


Saint-Ambrel'il. 


C'est  sur  cette  commune  que  se  trouve  remplacement  de  l'an- 
cienne abbaye  de  laFerté-sur-Grosne.  La  petite  chapelle  de  Saint- 
Eloi,  édifiée  par  les  moines  de  la  Ferté,  au  quinzième  siècle,  au 
lieu  dit  la  Grange-Chevals,  sert  actuellement  de  remise  à  des  cul- 
tivateurs, sa  façade  est  surmontée  d'un  clocher  à  arcades  très 
simple. 

SAIIVT-LOLP-DE-i  ARENXES . 

Dans  le  cimetière  qui  entoure  Téglise  de  Sainl-Loup-de-Va-» 
rennes  est  une  remarquable  croix  de  pierre.  Sur  un  socle  sur- 
monté d'un  dé  hexagonal  se  dresse  une  colonne  aussi  hexagonale, 
sur  laquelle  sont  sculptées  en  haut-relief  deux  statuettes,  l'une 
représentant  saint  Loup,  évêque  de  Chalon  au  sixième  siècle, 
patron  de  cette  paroisse,  et  l'autre  sainte  Barbe;  cette  colonne  est 
surmontée  d'un  chapiteau  polygonal,  plnt  et  évasé,  servant  de 
base  à  une  croix  fleuronnée  en  pierre,  ornée  d'un  christ  d'un  côté 
et  d'une  Notre-Dame  de  l'autre,  et  à  deux' personnages,  la  Made- 
leine et  saint  Jean,  debout  de  chaque  coté  de  la  croix. 

Cette  belle  croix,  qui  paraît  dater  du  quinzième  siècle,  avait  été 
cachée  en  1791  par  la  famille  Boucaud,  ancêtres  du  maire  actuel, 
à  qui  l'on  doit  sa  conservation. 

Au  pied  de  cette  croix  est  la  modeste  pierre  tombale  de  Micè- 
phore  Niepce,  l'inventeur  de  la  photographie. 


TOURNUS. 

Le  monument  de  Tournus  dont  la  construction  parait  la  plus 
aucienne  est  connu  sous  le  nom  de  Chapelle  Saint-Laurenl;  ses 
murs,  construits  en  opus  spicatum,  prouveraient  qu'il  est  anté- 
rieur à  la  première  moitié  du  onzième  siècle. 

La  monographie  de  l'église  Saint-Philibert,  monument  le  plus 


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1: 


OBJETS   D*ART   RELIGIEUX  81 

complet  et  le  mieux  conservé  du  dixième  et  du  douzième  siècle, 
vient  d'être  faite  par  M.  H.  Curé,  archiprètre  de  cette  église.  L<»s 
fresques  en  ont  été  dessinées  en  1848,  par  M.  Denuelle. 

Comme  objet  d'art  :  Vierge  romane  en  bois  de  cèdiT,  douzième 
ou  treizième  siècle;  la  Vierge  est  assise  sur  un  siège  soutenu  par 
quatre  colonnes  ornées  de  chapiteaux,  supportant  une  galerie 
d'arcatures  géminées  à  colonnettes  jumelles  accolées,  surmontées 
d'une  frise  que  décore  une  grecque;  la  Vierge  lient  l'enfant  Jésus 
assis  sur  ses  genoux,  celui-ci  soutient  un  livre  fermé  de  la  main 
gauche  et  bénit  de  la  droite. 

Le  grand  orgue  fut  posé  en  1629;  le  buffet  mesure  12  mètres 
de  hauteur  sur  4  mètres  de  largeur  au  retable  et  6  mètres  à  la 
partie  supérieure  du  cul-de-lampe. 

Un  retable  en  bois  sculpté,  dix-septième  siècle,  se  trouve  dans  la 
troisième  chapelle  du  collatéral  nord,  il  a  6  mètres  de  hauteur  sur 
i  de  largeur,  deux  massives  colonnes  torses  entourées  de  pampres 
en  relief  reposent  sur  des  piédestaux,  elles  sont  surmontées  de 
chapiteaux  corinthiens  et  soutiennent  un  entablement  couronné 
d'un  fronton  coupé,  dont  les  rampants  sont  décorés  de  deux  grands 
anges  assis,  les  ailes  éployées;  au  milieu,  le  buste  du  Christ  en 
bois  peint  et  doré. 

Le  panneau  central  de  ce  retable  était  occupé  par  un  très  bon 
tableau  de  l'école  espagnole,  que  l'on  voit  actuellement  accroché 
contre  le  mur  du  collatéral  sud,  il  représente  la  Vierge  présentant 
l'enfant  Jésus  à  saint  Antoine  de  Padoue;  dans  le  bas  du  tableau 
.sont  les  armes  des  Bauffremont,  marquis  de  Sennecey,  entourées 
du  collier  de  l'ordre  du  Saint-Esprit. 

Le  retable  et  le  tableau  proviennent  de  l'ancien  couvent  des 
Récollets  de  Tournus,  à  qui  ils  avaient  été  donnés  par  Henri  de 
Bauffremont,  marquis  de  Jiennecey,  à  son  retour  d'une  ambassade 
en  Espagne  (1612-1619). 

Les  autres  tableaux  les  plus  intéressants  sont  :   - 

Une  scène  de  la  Passion,  bois  dix-septième  siècle,  école  fran- 
çaise, sept  gouaches  sur  vélin,  reproduction  des  Sept  Sacrenienis 
du  Poussin  ;  ces  tableaux  sont  richement  encadrés. 

De  nombreuses  pierres  tombales  se  voient  encore,  soit  relevées 
contre  les  murs,  soit  dans  le  pavage  de  cette  église;  les  plus  remar- 
quables sont  celles  à  figures,  de  Simone  de  Berzé,    1327;  Pierre 

6 


92  OBJETS    D'ART   RELIGIEUX 

Tiiézat,  1347;  Jean  de  Toulonjon,  1477;  Guicliard  Languyer, 
1513;  èl  d'autres  de  forme  orbiculaire  '. 

En  contournant  l'église  Saint-Philibert,  on  trouve  la  salle  du 
Chapitre,  treizième  ou  quatorzième  siècle;  deux  rangs  de  colonnes 
rondes  ornées  de  chapiteaux  à  crochets  et  à  feuillages  variés  sou- 
tiennent les  retombées  des  voûtes  à  nerx'ures  de  ce  bâtiment. 

En  face,  le  palais  abbatial,  quinzième  siècle. 

Dans  la  ville  :  l'église  Saint-Valérien,  onzième  siècle;  désaf- 
fectée depuis  la  Révolution,  il  en  reste  le  portail  du  douzième 
siècle,  intéressant  par  ses  pilastres  cannelés^  son  fronton  et  son 
archivolte  à  claveaux  alternés  de  deux  teintes.  A  l'intérieur,  on 
remarque  la  décoration  de  l'entrée  d'une  chapelle  du  quinzième 
siècle. 

Eglise  de  la  Madeleine,  beau  portail,  style  roman  du  douzième 
siècle  ;  on  voit  à  l'intérieur  une  curieuse  chapelle  Renaissance  dans 
laquelle  se  trouve  le  tableau  du  peintre  J.-B.  Greuze,  représentant 
saint  François  d'Assise. 

L'hôpital,  rebâti  de  1661  à  1792  par  les  cardinaux  de  Bouillon 
et  Fleury,  abbés  de  Tournus.  Les  hauts  planchers  de  ses  vastes 
salles  sont  lambrissés  de  boiseries  à  compartiments,  leurs  par- 
quets recouvrent  de  nombreuses  pierres  tumulaircs  et  la  phar- 
macie est  conservée  intacte  et  sans  aucune  modification  depuis  sa 
fondation,  en  1673;  on  la  voit  avec  ses  rayons  à  colonnettes  torses 
aux  chapiteaux  et  filets  dorés,  ses  vénérables  bocaux,  ses  pots  en 
faïence  de  Nevers,  et  le  plafond  style  rococo  est  décoré  de  figures 
allégoriques. 

La  statue  en  marbre  de  Greuze  par  Benedict  Rougel  et,  aussi 
enfant  du  pays,  est  érigée  sur  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville. 

J.  Martik. 


*  Ces  dalles  tumulaires  rondes  sodI  spéciales  au  pays  et  ne  se  rencontrent 
que  dans  les  environs  de  Tournus  ou  dépendances  de  son  ancienne  abbaye. 


INVENTAIRE    SOMMAIRE  Sd 


111 


INVENTAIRE  SOMMAIRE 

DES  ÉGLISES  RURALES  DE  L*ARRONDISSEMENT  DE  RBUIS,  AU  POINT  DE  VUE 
DE  l'art  et  de  l'histoire 

Les  églises  rurales  représentent  une  part  importante  du  passe 
de  notre  civilisation  ;  elles  gardent,  en  effet,  des  traces  de  toutes 
les  époques  de  Fart  et  de  toutes  les  phases  de  notre  histoire  natio- 
nale, Une  grande  sollicitude  s'impose  donc  en  faveur  de  ces  mo- 
destes édifices  et  de  ce  qu'ils  contiennent  encore  d'œuvres  intére 
santés  et  de  souvenirs  historiques  locaux.  Il  n'est  personne  parmi 
ceux  qui  tiennent  à  nos  traditions  pour  leur  refuser  un  concours  si 
nécessaire. 

Le  moment  est  opportun,  semble-t-il,  pour  signaler,  avec  le 
danger  qu'elles  peuvent  courir,  l'ensemble  des  choses  qu'il  im- 
porte de  sauvegarder  dans  ces  petits  monuments  et  d'en  faire 
sentir  la  valeur  aux  plus  indifférents  '.  Le  classement  officiel  ne 
pourrait  suffire  à  cette  tâche,  parce  qu'il  est  beaucoup  d'objets 
t|u'il  convient  de  conserver  et  dont  le  mérite  ne  s'impose  pas  au 
point  de  vue  de  l'art,  par  exemple  les  inscriptions,  les  débris  de 
vitraux  et  de  sculpture  offrant  une  date  ou  une  figure,  et  tant 
d'autres  vestiges  que  l'on  ne  doit  négliger  nulle  part.  Aucune  par- 
celle de  ces  curiosités  n'est  à  dédaigner  pour  l'historien  de  la  loca- 
lité; son  devoir  est,  au  contraire,  de  les  signaler  à  l'attention  de 
tous  et  particulièrement  aux  soins  de.  leurs  gardiens.  En  sauver 
l'image  par  une  reproduction  est  un  premier  service  rendu  à  la 
cause  de  l'art  suivie  jusque  dans  ses  détails;  les  décrire  est  un  de- 
voir non  moins  essentiel,  car  ces  choses  ne  sont  point  dans  le 
monopole  d'une  église,  d'une  association  ;  elles  sont  dans  le  do- 
maine d'une  jouissance  plus  large  pour  ceux  qui  étudient  le  passé 
et  cultivent  l'histoire  de  leur  pays. 

'  Roger  RoDiiRK,  le  Classement  des  objets  d'art  religieux.  (Extrait  des 
Notes  d'art  et  d'archéologie,  1906).  Gondeosatioo,  en  quatre  pages,  d'excellents 
conseils  pratiques. 


84  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

Tel  était  le  rôle  que  traçait  aux  délégués  des  Sociétés  des  Beaux- 
Arts  Tun  des  présidents  des  réunions  de  Tan  dernier,  en  les  entre- 
tenant de  la  suite  à  donner  à  V Inventaire  général  des  richesses 
d'art  de  la  France,  et  en  provoquant  aussi  de  leur  part  des  inven- 
taires locaux  jusque  dans  les  moindres  recoins  d'un  pays  aussi 
riche  que  le  nôtre  *.  D'autres  voix  ont  répété  cette  leçon  en 
d'autres  termes,  mais  avec  la  même  insistance '. 

Il  appartient  donc  à  nos  sociétés  provinciales  de  répondre  à  cette 
invitation,  à  cet  ordre  parti  de  si  haut.  Elles  ne  demandent  qu'à 
renseigner  fidèlement  les  Comités  des  Beaux-Arts,  à  les  seconder 
et  à  soutenir  elles-mêmes,  sur  place,  la  cause  de  l'inaliénabilité  et 
du  respect  des  moindres  objets  historiques  qui  s'imposent  à  leur 
sollicitude.  Faciliter  leurs  publications,  faites  au  prix  de  tant  de 
recherches  désintéressées  et  de  courses  multipliées,  ne  serait  que 
justice  de  la  part  des  pouvoirs  publics. 

C'est  ainsi  que  l'Académie  de  Reims,  dont  je  suis  le  délégué, 
poursuit  depuis  vingt-six  ans  la  mise  au  jour  d'un  Répertoire 
archéologique  des  dix  cantons  de  son  arrondissJBment.  Quatre  vo- 
lumes seulement  ont  paru,  un  cinquième  est  sous  presse,  mais  les 
matériaux,  notes  prises  sur  place  et  plans,  vues,  fac-similés,  sont 
déjà  presque  tous  recueillis  pour  l'ensemble  '. 

Devançant  l'époque  encore  lointaine  d'un  achèvement  de 
l'œuvre,  et,  vu  l'utilité  d'un  inventaire  sommaire  en  ce  moment; 
nous  offrons  au  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts,  le  relevé  des 
objets  artistiques  et  des  curiosités  historiques  dont  nous  avons 
constaté  l'existence  dans  l'arrondissement  tout  entier*.  Ce  relevé 
formera  en  quelque  sorte  une  liste  préparatoire  au  classement  dos 
œuvres  les  plus  remarquables,  et,  en  outre,  il  présentera  son 
contingent  de  renseignements  brefs  et   précis  sur  tant  d'autres 

'  M.  Jules  GuiKFREv,  dans  la  séance  du  13  juin  1905.  Cf.  Journal  des  Sa- 
vants, octobre  1904,  article  du  même  érudit  :  Inreniaire  des  monuments  d'art 
en  France  et  en  Allemagne,  p.  51.3  à  528. 

'  La  vie  et  l'étude  des  monuments  français,  par  Camille  Jullian,  dans  la 
Revue  politique  et  littéraire  des  6  et  13  janvier  1906. 

'  Volumes  parus  :  Eglises  de  Reims,  Cantons  de  Reims  (deux  éditions),  Can- 
ton d'Ay,  Canton  de  Beine,  et  volume  en  cours  de  publication  :  Canton  de 
Bourgogne. 

*  Un  aperçu  de  ce  relevé  a  déjà  paru  dans  le  volume  de  la  Réunion  des 
Sociétés  des  Becaix-Arls  des  départements  en  1888,  avec  une  planche,  p.  823 
à  833. 


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DBS    ÉGLISES   DE    L'ARRONDISSEMENT   DE    REIMS  85 

objets  intéressants  à  des  titres  divers.  Il  est  de  ces  objets  qui  ont 
pu  disparaître  depuis  notre  visite,  mais  ils  nous  semblent  figurer 
encore  utilement  sur  cette  liste,  ne  fût-ce  qu'à  titre  de  document 
rétrospectif. 

Ainsi  seront  fixés  les  éléments  descriptifs  de  nos  richesses  d^art 
dans  les  limites  d'un  arrondissement,  en  dehors  du  chef-lieu,  et 
cette  méthode  abrégée  pourrait  s'étendre  de  proche  en  proche  dans 
toute  la  France  par  les  soins  assidus  de  nos  sociétés  savantes, 
fidèles  gardiennes  de  son  patrimoine  historique  et  artistique. 

Henri  Jadart,     . 

Membre  non  résident  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux- 
Arts  des  départements,  Conservateur  de  la  Bibliothèque 
et  du  Musée  de  Reims,  Secrétaire  général  de  l'Aca- 
démie. 


Obfeli  d'art  ou  de  curiosité  historique,    méritant  (téire  sauvegardés 
ou  classés  dans  Us  églises  rurales  de  l'arrondissement  de  Reims. 

LISTE  PRÉPARATOIRE  AU  CLASSEMENT 
I.  -—  Gantons  de  Reims  '. 

l"  Canton. 

Rezannes.  '  —  Statue  de  sainte  Anne,  pierre,  repeinte,  dix-septième 
siècle. 

—  La  Cène,  tableau  sur  bois,  seizième  siècle. 

—  (Autres  tableaux  décrits  au  Répertoire  *.) 

Ormes.  —  Statues  de  la  sainte  Vierge,  de  saint  Rémi,  de  sainte  Catl^rine 
et  de  sainte  Barbe,  pierre,  chapelles  latérales,  sur  des  consoles 
(œuvres  très  intéressantes,  bien  conservées,  quinzième  et  dix-sep- 
tième siècles) . 

Thillois.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  assise,  et  retable  du  maître  autel, 
pierre,  quinzième  et  seizième  siècles. 

—  Statues  de  saint  Loup  et  de  saint  Hubert,  bois,  dix-septième  siècle. 

*  Travaux  de  r Académie  de  Reims,  t.  LXXVI  et  LXXXV.  Répertoire  archéo- 
logique, publié  en  1885,  réédité  en  1891,  2  vol.  gr.  in-S**  illustrés. 
'  Ibid,,^.  20  et  25. 


86  INVENTAIRE   SOMMAIRE 

2*  Canton. 
Néant.  (Pas  de  communes  rurales.) 

3«  Canton. 

GoRKONTREUiL.  —  Stalues  de  la  sainte  Vierge,  assise,  de  saint  André  et  de 
saint  Hubert,  pierre,  quinzième  et  seizième  siècles. 

—  Fonts  baptismaux,  Renaissance,  seizième  ûècle. 

—  Débris  de  vitrail  de  la  Madeleine,  daté  1538. 

Taissy.  —  Statue  de  saint  Hubert,  pierre,  avec  un  écusson  et  la  date 

1571. 
*—  Petite  cloche,  avec  légende  gothique  (moulée),  treizième  ou  quatorzième 

siècle. 

—  Grosse  cloche,  avec  légende  du  dix-huitième  siècle  et  marque  du  fon- 

deur, 1781. 

-**•  Grille  d^ appui  du  sanctuaire,  en  fer  forgé,  dix-huitième  siècle. 

Taoïs-PuiTS.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  pierre  (repeinte),  sei- 
zième siècle. 

—  Christ  roman  en  hronze,   sur    croix  en  bois    (sacristie),  douzième 

siècle. 

—  Deux  consoles,  servant  de  crédences,  Louis  XVI  (chœur) ,  dix-huitième 

siècle. 

—  Pupitre  en  bois,  avec  sculptures   Louis   XVI  (chœur),  dix-huitième 

siècle. 

A*  Canton. 

BÉTHEMY.  —  Cloche  de  1723,  avec  inscription,  dix-huitième  siècle. 
Champigky.  —  Vitraux  du  moyen  âge,  dessins  variés,  douzième  et  trei- 
zième siècles. 

—  Chaire  à  prêcher,  panneaux  sculptés,  époque  Louis  XI II. 
Saint-Brige.  -^  Vitrail  avec  les  figures  de  VEcce  Homo  et  de  saint  Brice, 

daté  1543. 

II.  —  Canton  d'Ay  >. 

Ay.  —  Kpilaphe  de  Marie-Madeleine  Bertin  du  Rocheret,  veuve  de  Jean- 
Remy  de  la  Salle,  écusson  aux  armes  et  daté  1758. 

—  Deux  grands  tableaux  sur  toile,  signés  L.  Laynaud  :  Le  Christ  multi- 

.  pliant  les  pains  dans  le  désert,   1842,  et  Saint  Brice  bénissant  les 
fidèles»  1844. 

'  Travaux  de  l' Académie  de  Reims,  t.  LXXXII.  Répertoire  archéologique, 
publié  en  1892,  1  vol.  gr.  in-8<>  illustré. 


DBS   ÉGLISES    DE    L'ARRONDISSEMENT   DE    REIMS  87 

Ambonkav.  —  Fonts  baptismaux,  Renaissance,  pierre,  1550  et  1886. 

—  Statue  de  saint  Jean-Baptiste,  pierre,  restaurée,  seizième  siècle. 
AvENAT.  —  Fonts  baptismaux  (1677),  marbre,  dix-septième  siècle. 

—  Statues  de  saint  Gombert  et  de  sainte  Berthe,   pierre,   dix-septième 
siècle. 

—  Chaire  à  prêcher,  belle  menuiserie  décorative,  dix-septième  siècle. 

—  Christ  en  bois,  en  face  de  la  chaire,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Éloi,  bois,  sur  une  console  aux  armes  d'une  confrérie 
de  laboureurs,  dix-septième  siècle. 

—  Tableaux  sur  toile,  entre  autres  : 
Christ    en  croix,  aux  armes  de  M"*  Brûlart  de  Sillery,   abbcsse 

d'Avenay,  dix-septième  siècle. 

L'Annonciation,  dix-septième  siècle. 

Ecce  Homo,  seizième  siècle. 

Sainte  Berthe  traçant  le  cours  de  la  Livre,  dix-septième  siècle. 

Descente  de  croix,  seizième  siècle. 

La  Flagellation  (l)as-côté  nord),  dix-septième  siècle. 

Le  martyre  de  saint  Gombert  (devant  d'autel),  dix-septième  siècle. 

Enfant  Jésus  portant  la  croix  (devant  d'autel),  dix-septième  sitH'le. 

Saint  François  de  Paule  (devant  d'autel),  dix-septième  siècle. 

La  Vierge  entourée  de  saints,  par  Dubasty,  d'après  Poussin,  dix-neu- 
vième siècle. 

La  Flagellation  (chapelle  du  nord),  seizième  siècle. 

Kpitaphes  sur  les  dalles  du  chœur  et  de  la  nef,  dix -septième  et  dix- 
huitième  siècles. 
BissEiiL.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  assise,  pierre,  quinzième  ou  sei- 
!  zième  siècle. 

i  —  Tableau,  toile  :  l'Assomption,  avec  écusson  Mansuet  (1678),  dix-sep* 

I  tième  siècle. 

I  Champillon.  —   Tabernacle   au    maître   autel,   avec   panneaux   sculptés 

(scènes  de  la  Manne  et  de  l'Annonciation),  dix-septième  siècle. 

—  Tableau,    portrait   d'une    abbcsse   d'Avenay    (?),    bois,    dix-septième 

siècle. 
CoBuoYEUX.  —  Cloche  gothique,   avec  inscription,  date  et  figure  de  sainte 

Hélène,  1544. 
DizY.  —  Portes  de  l'église,  à  deux  vantaux  sculptés,  dix-septième  siècle. 
Fontaine.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge  (au  fond  du  chœur),  seizième 

siècle. 

—  Bancs  à  fuseau  (dans  la  nef),  époque  Louis  XIII. 

Haotvillers.  —  Maitre-autel  en  marbre,  très  riche,  dix-huitième  siècle. 

—  Statue  de  sainte  Hélène,  pierre,  dix-huitième  siècle. 


1 


88  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

Hautvillers.  —  Statue  de  saint  Jean-Baptiste,  par  Tabacchi,   de   Turin 
(1878),  marbre  blanc,  dix-neuvième  siècle. 

—  Autel  latéral  sud,  retable  sculpté,  bois,  1653. 

—  Chaire,  boiseries,  stalles  sculptées,  1780. 

—  Orgues  (1769),  buffet  sculpté,  dix-septième  siècle. 

—  Tableaux,  entre  autres  : 

L'Invention  de  la  sainte  Croix,  1695. 

Guérison  d*un  malade  par  la  croix,  1695. 

Saint  Pierre,  j 

Saint  Paul  (disparu),  I  quatre  toiles  peintes  par  Claude  Charles,  de 

Saint  Nivard,  i      Nancy,  dix-huitième  siècle. 

Saint  Benoit,  ) 

—  Dans  la  nef,  Kpitaphe  de  Dom  Thierry  Jluinart  (1709),  pierre  tumu- 

laire  sur  la  sépulture  ',  dix-huitième  siècle. 

—  Dans  le  chœur.  Epitaphe  de  Dom  Royer,  abbé  (1527),  refaite,  marbre 

noir,  dix-septième  siècle. 

—  Dans  le  chœur,  Epitaphe  de  Dom  Pérignon  (1715),    marbre  noir,  dix- 

huitième  siècle. 

—  Autres  épitaphes  dans  la  nef  et  les  chapelles,  dix-septième  et  dix-huf- 

tième  siècles 
Louvois.  —  Statue  de  la  sainte  Trinité,  bois,  sur  une  console,  seizième 
siècle. 

—  Statue  de  saint  Hippolyte,  sur  une  console,  dix-septième  siècle. 
Mareuil-sur-Ay.  —  Grosse  cloche,  avec  inscription  et  marque  du  fondeur, 

et  la  date,  1603. 

—  Épitaphes  sur  marbre,  de  1601  et  1744,  dix-septième  et  dix-huitième 

siècles. 
MuTiGKY.  —  Porte  du  tabernacle,  peinture  sur  cuivre  représentant  YEcce 

Homo,  dix-septième  siècle. 
MuTRY.    —  Porte   de   la    sacristie,    guirlandes    sculptées,    dix-septième 

siècle. 

—  Cloche  avec  inscription  et  date,  1620. 

Saint-Imoges.  —  Tableau  peint  sur  bqis,  représentant  sainte  Marguerite 

agenouillée,  cadre  du  temps,  dix-septième  siècle. 
Tours-sur-Marne.  —  Tableaux,  entre  autres  peintures  sur  toile  : 

(Autels  latéraux)    :  Saint   Sébastien,  cadre  du  temps,   dix-septième 
siècle. 
—  L'Annonciation,  cadre  du  temps,  1723. 


'  Tombe  historiaue  à  sauvegarder,  dans  la  crainte  d*un  nouveau  pavage.  Cf. 
Bulletin  momimental,  1886,  t.  LU,  p.  Vki  à  236. 


DES   ÉGLISES    DE    L'ARRONDISSEMENT   DE    REIMS  89 

(Sacristie)  :  Sainte  Catherine,    palme  et  roue,   dix-huitième 

siècle. 
I  —  Saint  Hubert,  dix-huitième  siècle. 

!  —  Sainte  Marie-Madeleine,  dix-huitième  siècle. 

—  Sujet  allégorique,  avec  texte  sic  transit  gloria  mundi,  cadre  moderne, 

seizième  siècle. 

III.  —  Canton  de  Beine  K 

I  Beine.  —  Fonts  baptismaux,  marbre  noir,  figures,  onzième  ou  douzième 

■  siècle. 

j  —  Pierre  de  fondation,  1655. 

i  Ai-BERiVR. —  Fonts  baptismaux,  marbre  noir,  figures,  onzième  ou  dou- 

i  zième  siècle. 

—  Cloche  avec  inscription  et  date,  17:28. 
Berru.  —  Calice  en  vermeil,  émaux,  avec  inscription  et  date,  provenant  du 

Temple  de  Reims,  1576. 

—  Crucifix  en  face  de  la  chaire,  bois  sculpté  d'un  beau  travail,  dix-sep- 
tième siècle. 

BÉTHENi VILLE.  —  Statue  de  sainte  Marie-Madeleine,  bois,  seizième  siècle. 
CERNAY-Làs-REiMS.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  marbre  blanc 
(œuvre  d'art  gothique,  très  précieuse) ,  quatorzième  siècle. 

—  Trois  cloches  provenant  de  Fabbaye  de  Saint-Remi  de  Reims,  avec  ins- 
criptions, armoiries  et  dates  de  leur  fonte  à  Reims,  1685. 

DoxTRiEN.  —  Fauteuil,  siège  du  célébrant,  en  forme  d'X,  décoration  des 
insignes  des  pèlerins  de  Saint-Jacques-le-Majeur,  seizième  ou  dix- 
septième  siècle. 

—  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  tenant  l'Enfant  Jésus,  pierre  (belle 
statue,  bras  droit  mutilé,  déposée  dans  le  jardin  du  presbytère) ,  qua- 
torzième siècle. 

—  Statue  de  saint  Laurent,  pierre,  seizième  siècle. 
(Déposée  au  même  endroit) . 

—  Cloche  avec  inscription  et  date,  1788. 
Epoyb.  —  Tableau,  peinture  sur  bois,  devant  d'autel,  dix-septième  siècle, 

avec  Saint  Pierre  en  buste,  rinceaux  entrelacés. 

—  Cloche  avec  inscription  et  date,  1783. 

—  Inscription  commémorative  de  Jean  Gerbaîs,  célèbre  docteur  en  Sor- 
bonne,  natif  d'Kpoye,  mort  à  Paris  en  1699,  fondation  et  fac-similé 
de  l'épitaphe,  dix-septième  siècle. 

^  Travaux  de  f  Académie  de  Reims,  t.  LXXXVIII.  Répertoire  arekéologique^ 
publié  en  1900,  1  vol.  gr.  in-8«  illustré. 


90  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

Nacroy.  —  Débris  de  vitraux  peints,  avec  scènes  :  Prédication  de  saint 
Jean-Baptiste,  les  Saintes  femmes  se  rendant  au  tombeau,  scixiëme 
siècle. 

—  Cloche  avec  inscription  et  date,  IGll. 

No6BNt-l*Abbessb.  —  Statue  équestre  de  saint  Caprais,  bois,  en  costume  de 
chevalier,  sur  une  console  à  Tare  triomphal,  quinzième  siècle. 

—  Statue  de  la  Vierge  de  Pitié,  pierre,  dix-septième  siècle. 

—  Vitraux  avec  les  figures  de  saint  Pierre  el  de  saint  Sébastien,  seizième 

siècle. 

—  Monument  funéraire  en  pierre,  bas-relief,  le  Calvaire  (dans  la  sacristie), 

seizième  siècle. 
PoxTFA verger.  —  Église  Saint-Médard  :  Statue  de  la  Vierge,  en  pierre 
(dans  une  niche  près  du  transept),  seizième  siècle.. 

—  Église  Saint-Brice  :  Statue  de  la  sainte  Vierge,  dont  le  socle  offre  les 

armes  du  chapitre  de  Reims  (dans  la  fenêtre  au-dessus  du  portail  à 
Tintérieur),  seizième  siècle. 
Pbosnes.  —  Grille  de  clôture  du  sanctuaire,  en  fer  forgé,  dix-huitième 
siècle. 

—  Épitaphes  des  frères  Movisse,  curés  du  lieu,  div-septième  siècle. 

—  Christ  sculpté,  avec  les  emblèmes  des  quatre  évangéiistes,  seizième 

siècle. 
(Ancien  Christ  de  Tare  triomphal,  replacé  en  face  de  la  chaire). 

Saint-Hilaire-le- Petit.  —  Statue  de  sainte  Agatbe,  tenant  livre  et  te- 
nailles, avec  son  sein  arraché  (sur  une  console  appliquée  au  mur  du 
bas-côté  nord,  ainsi  que  d*autres  statues  anciennes),  avec  date, 
1598. 

Sauht-Martin-l'Heureux.  —  Cloche  avec  légende  gothique  et  date,  1463. 

Saint-Masmes.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge  tenant  T Enfant  Jésus  jouant 
avec  un  oiseau  (au  bas  de  Tescalier  des  combles,  1888),  en  pierre, 
gothique,  seizième  siècle. 

—  Cloche  avec  légende,  figure  gothiques  et  date,  1522. 
Saixt-Souplet.  —  Trois  retables  des  autels  latéraux  et  du  maitre-autel, 

avec  colonnes,  statues,  riches  guirlandes,  tableau,    ensemble  très 
remarquable,  dix-septième  siècle. 

—  Chaire  en  menuiserie  très  fine,  escalier  à  fuseaux,  panneaux  ornés  de 

guirlandes,  dix-septième  siècle. 

—  Tableau,  toile,  ancien  devant  d* autel,  L* Annonciation,  encadrement  de 

rinceaux,  dix-septième  siècle. 

—  Médaillon,  saint  Paul  en  buste  (sculpture  replacée  au-dessus  du  portail 

à  Tintérieur),  dix-septième  siècle. 
Selles.  —  Tableau  du  retable  de  lautel  de  la  chapelle  sud,  saini  Jean* 


DES   ÉGLISES   DE    L'ARRONDISSEMENT   DE    REIMS  91 

Baptiste  dans  le  désert.  Signé  :  Marmotte  >,   1739,  dix-huitième 
siècle. 

—  Statue  de  saint  Jean-Baptiste,  pierre,  sur  un  piédestal  sculpté  d* un  beau 

travail,  avec  un  écusson  ehargé  de  trois  coquilles  (dans  le  sanctuaire, 
à  droite  de  Tautel),  seizième  siècle. 

—  Saint  Martin  à  cheval,  groupe  en  bois,  sculpture  datée  de  15^46. 
(Au-dessus  du  portail,  à  Tintérieur.) 

Vaudesincoirt.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  gothique,  pierre 
(victime  d^une  restauration  moderne),  quatorzième  ou  quinzième 
siècle. 

—  Statue  de  saint  Rémi  (également  restaurée),  seizième  siècle. 

IV.  —  Canton  de  Bourgogne  ^ 

Bourgogne.  —  Pentes  de  dais,  broderies  très  fines,  fleurs  et  entrelacs  d'un 
dessin  fort  délicat,  fond  blanc,  dix-septième  siècle. 

—  Tableaux  :  La  Conversion  de  saint  Paul,  par  Perseval  (mauvais  étal), 

dix-huitième  siècle. Pèlerins  de  Saint-Jacques  (id.). 

Aumenancoirt-lr-Petit.  —  Retable  au  niaitre-autel,    ensemble  sculpté, 

avec  six  statuettes  représentant  six  apôtres,  seizième  siècle. 
Bazancoi'RT.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  datée,  console  moderne,  1577. 

—  Deux  statues  d'évêques,  sans  attributs,    consoles  modernes,   seizième 

siècle. 

—  Statue  de  la  sainte  Vierge  debout,  tenant  T Enfant  Jésus  jouant  avec  une 

sphère,  draperies  très  fines,  quatorzième  ou  quinzième  siècle. 
BoiLT-suR-SuippK.  —  Eglise  paroissiale:  Statue  de  saint  JeanTEvangélistc, 
repeinte,  seizième  siècle. 

—  Chapelle  près  de  la  Suippe  :  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  sculp- 

ture très  fine,   inscription  et  date,  emblèmes,  élégante  décoration, 
1577. 
Briuont.  —  Maitre-autel  en  marbre  gris,  tabernacle  de  même,  riche  en- 
semble, dix-huitième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Rémi,  debout,  pierre,  peinture  ancienne,  seizième  siècle. 

—  Débris  de  vitraux  des  Minimes  de  Reims  (fenêtres  an  sud),  dix-sep- 

tième sièple. 

—  Nombreux  tableaux  sur  toile  (nef  et  chapelles) ,  dix-septième  et  dix- 

huitième  siècles. 


'  Peintre  rémois  de  valeur,  XVHI*  siècle.  Cf.  Catalogue  du  musée  de 
Reims,  par  Ch.  Loriqukt,  1881,  p.  147. 

•  Notes  prises  de  1880  à  1905.  Le  Répertoire  archéologique  est  en  cours  de 
préparation  pour  ce  canton. 


92  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

€aurel-lks-La VANNES.  — Groupe  de  saiote  Anne,  la  sainte  Vierge  et  FKn- 
fant  Jésus,  apprertant  à  lire,  pierre,  jolie  sculpture,  sur  console  à 
godrons,  seizième» siècle. 

—  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  pierre  (jardin  du  presbytère) ,  seizième 

siècle. 
Cauroy-lrs-Hbriionville.  —  Maitre-autel,  retable  avec  pilastres  et  riches 

guirlandes,  sculpture  sur  bois,  inscriptions  et  date,  1687. 
--^  La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus,  toile  peinte  par  Rêve,   peintre  rémois 

(1841),  dix-neuvième  siècle. 

—  Retable  de  Tautel  latéral  (chapelle  du  sud)  avec  bas-reliefs,  inscription 

gothique  et  date,  1547. 

—  Sanctuaire  :  Statue  de  saint  Nicaise  (décapité),  pierre,  seizième  siècle. 

—         Statue  de  saint  Nicolas  (avec  enfants),  pierre,  seizième 
siècle. 

—  Chapelle  du  sud  :  Statue  de  la  sainte  Vierge,  assise,  pierre,  seizième 

siècle. 

—  Statue  de  sainte  Anne  et  de  la  sainte  Vierge,  pierre, 

dix-septième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Fiacre,  avec  donateur  à  genoux, 

pierre,  seizième  siècle. 

—  Porche,  chapiteaux  du  douzième  siècle. 

CoRMicv.  —  Maître-autel  à  colonnes  de  marbre  et  riche  baldaquin,  prove- 
nant de  Tabbaye  de  Longueau,  de  Reims,  dix-huitième  siècle. 

—  Autels  latéraux,    également  en   marbre,    de   mêmes    provenance  et 

époque. 

—  Statue  delà  sainte  Vierge,  assise,  pierre,  dix-septième  siècle. 

—  Statue  de  sainte  Julitte,  tenant  saint  Cyr  à  la  main,  bois,  dix-sep- 

tième  siècle. 

—  Tableau  de  saint  Rémi  catéchisant  Clovis,  avec  scènes  latérales,  pein- 

ture sur  bois,  cadre  du  temps,  seizième  siècle. 
CouRCY.  —  Vitrail  avec  scènes,  Ogures  et  inscription,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Hippolyte,  en  guerrier,  pierre,  dix-septième  siècle. 
Hbittrégivili.e.  —  Fonts  baptismaux  en  marbre,  avec  figures,  onzième  ou 

douzième  siècle. 

—  Vierge  de  Pitié,  groupe  en  pierre,  seizième  siècle. 

Lavan'nrs.  —  Maitre-autel  avec  quatre  colonnes  marbre  (le  baldaquin  dis- 
paru), dix-huitième  siècle. 

—  Tableaux  :  La  mort  de  saint  François  d^ Assises,  cadre  ancien,  dix- 

septième  siècle. 
—  Saint  François  d* Assises  couronné  par  les  anges,  cadre  an- 

cien, dix-septième  siècle. 


J 


DES   ÉGLISES    DE    L'ARRONDISSEMENT    DE    RElIfS  03 

liAVANXRS.  —  Saint  Sébastien  couronné  par  les  anges,  dix-septième  siècle. 
LoivRE.  —  Vierge  de  Pitié,  groupe  en  pierre,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  sainte  Barbe,  pierre,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Sébastien,  pierre,  seizième  siècle. 

—  Débris  d*un  retable  gothique,  incrusté   dans  la  muraille,  sculpture  très 

fine,  statuette  des  apôtres,  seizième  siècle. 
MsRrY.  —  Retable  gothique,  incrusté  dans  un  autel  moderne,  arcaturcs, 
statuettes  des  apôtres,  seizième  siècle. 

—  Siège  gothique  en  bois,  sculpture  flamboyante  aux  armes  de  France  et 

de  Bretagne,  seizième  siècle. 
PoHACLE.  —  Dans  le  cimetière,  sarcophage  mérovingien,  couvercle  avec 

dessins  formés  de  croix  et  de  cercles,  cinquième  ou  sixième  siècle. 
PouiLLON.  —  Plat  en  cuivre  repoussé  de  Tépoque  de  François  I",  seizième 

.siècle. 

—  Vierge  en  cuivre  argenté  de  style  ïjouis  XIH,  dix-seplième  siècle. 

—  Chasuble  de  soie  à  grands  ramages  du  temps  de  Louis  XIV,  dix-hui- 

tième siècle  1 . 

Saint-Étienne-sur-Slippe.  —  Retable  gothique  incrusté  dans  la  muraille 
de  la  chapelle  du  sud,  trois  scènes  :  l'Annonciation,  la  Nativité, 
TAdoration  des  Mages,  arcatures  flamboyantes  au-dessus,  et  trois 
écussons  avec  armoiries,  statuettes,  etc.,  seizième  siècle. 

Saint-Thierry.  —  Fragment  gothique  flamboyant  dans  la  muraille  du  col- 
latéral nord,  scène  du  Calvaire,  encadrement  sculpté,  pierre,  sei- 
zième siècle. 

—  Tableaux  :  I^es  disciples  d'Kmmaûs,  cadre  ancien,  dix-septième  siècle. 

—  La  Vierge  tenant  TËnfant  Jésus,  cadre  ancien,  dix-huitième 

siècle. 

—  Devant  de  tribune  gothique,  bois,  quinzième  siècle. 

Villers-Franqdeux.  —  Vitrail  à  deux  compartiments  (abside),  la  Sainte- 
Vierge  entourée  d^ attributs,  le  Miracle  du  porc  sortant  du  puits,  par 
S.  Théodulphe,  riches  bordures  Renaissance  ^,  seizième  siècle  (1551). 

—  Deux  consoles  Louis  XV,  fort  élégantes,  servant  de  crcdences,  di\-hui- 

tième  siècle. 

—  Tableau   du  maitre-autel,   toile,  copie   du  Christ  en    croix,    d'après 

Prudhon,  par  E.  Barau,  peintre  rémois,  dix-neuvième  siècle. 
Warueri ville.  —  Statue  de  sainte  Anne,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Martin,  seizième  siècle. 

—  Fonts  baptismaux,  cuve  octogone,  avec  la  date,  1572. 

'  Expositions  rétrospectives  de  Reims,  1876  et  1895. 
'  Dessin  en  couleur  exécuté  par  E.  Alger,  1905. 


94  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

WiTRY-LKS'RsiMS.  —  Ëpitaphe  gothique,  avec  personnage  agenouillé,  curé 
du  lieu,  Eglise  nouvelle',  seizième  siècle. 

'  V.  —  Canton  de  Ghâtillon-sur-Mame  ^. 

Anthenat.  —  Carreaux  vernissés  du  mojfen  âge,  nombreux  dans  le  pavé 
de  Téglise  (1880),  quatorzième  et  seizième  siècles. 

—  Débris  de  vitraux  Renaissance,  seizième  siècle. 

—  Cloche  avec  inscription  et  date,  1678. 
Basliecx-sous-Chatillon.  —  Statues  de  la  sainte  Vierge,  de  saint  Léger, 

de  saint  IVicolas,  de  saint  Jean-Baptiste  et  de  saint  Antoine,  abbé, 
seizième  siècle. 
(Les  statues  et  tombes  du  prieuré  de  Longueau  ont  été  transférées  au 
prieuré  de  Binson  en  1880),  du  quatorzième  au  seizième  siècle. 
Belval.  —  Eglise  de  Fancien  prieuré,  tombes  et  épitaphes,  dix-septième 
et  dix-huitième  siècles. 

—  Débris  de  vitraux  Renaissance  (saint  Roch),  seizième  siècle. 
Chatillon-sur-Marnë.  —  Eglise  de  Binson  :  Maitre-autel,  massif  intérieur 

du  douzième  siècle,  cité  par  M.  de  Caumont  (Abécédaire,  t.  ]U, 
p.  241).  \*existe  plus. 

—  Église  du  prieuré  de  Binson  :  Christ  de  Tare  triomphal,  bois  peint, 

quinzième  siècle. 

—  Autel  de  Sainte-Posenne,  pierre,  inscription  datée  de  1069. 

—  Statues,  pierres  tombales,  débris  divers  fixés  dans  une  portion   du 

cloître  ^,  douzième  au  seizième  siècle. 
CicHERY.  —  Restes  de  vitraux  Renaissance  :  Scènes  de  la  vie  de  saint 
Nicolas;  Figure  de  la  sainte  V'^ierge,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Sébastien,  patron  des  archers,  seizième  siècle. 

—  Fragment  d*une  croix  du  moyen  âge,  d*un  côté  le  Christ,  et  de  Tautre 

une  main  bénissante,  pierre  (cimetière),  quatorzième  siècle. 
CuisLEs.  —  Dalle  tumulaire  armoriée,  de  Luc  de  Salenove,  avec  date, 
1G02. 

*  L'ancienne  église  offrait  difTérentes  œuvres  d'art  :  maître-autel  du  dix- 
huitième  siècle,  débris  de  vitraux  du  seizième  siècle,  tableaux,  etc.  11  n'en 
reste  qu'une  épitaphe  du  seizième  siècle,  depuis  la  reconstruction  de  l'église  en 
1892,  et  ce  débris  se  trouve  dans  une  pièce  supérieure  de  la  tour,  conservée  à 
l'angle  de  la  nouvelle  façade.  Cf.  Travaux  de  V Académie  de  Reims,  t.  XLVI, 
p.  402. 

*  Notes  prises  de  1880  à  1905,  et  Notes  de  M.  l'abbé  Chevallier,  cyré  de 
Cuisles,  1875-1881,  recueil  in-4<»,  ms.  des  archives  de  l'Académie  de  Reims, 
avec  dessins  dans  le  texte. 

^  Bulletin  monumental,  t.  LX,  année  1889.  —  Cf.  Almanach-annuaire  de  la 
Marne,  de  l'Aisne  et  des  Ardennes,  1897,  p.  189. 


D£S    ÉGLISES    D^   L'ARRONDISSEMENT    DE    REIMS  95 

Nanteoil-la-Fosse.  —  Kpîtaphe  de  Thomas  de  Doham,  avec  date,  1649. 

—  Epitaphe  de  Tabbé  Servant,  avec  date^  1805. 

—  Fonts    baptismaux,    pierre,    sculpture    fine    et   élégante,    rinceaux, 

têtes,  etc.,  seizième  siècle. 
La  ^[euville-aux-Larris.  —  Autek latéral,  chapelle  du  sud,  avec  un  retable 
en  bois,  «gothique  flamboyant,  fenestrage  dans  les  panneaux  et  taber- 
nacle, seizième  siècle. 

—  Statue  de  sainte  Catherine,  avec  attributs,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Sébastien,  avec  attributs,  seizième  siècle. 

—  Tableau  sur  toile  :  Ap|)arîtion  de  Notre-Scigneur  À  la  Madeleine,  signé 

par  Claude  Hélart,  peintre  rémois,  avec  la  date,  1707  >. 
Olizy.  —  Carreaux  vernissés  dans  le  pavé,  chapelle  latérale,  quinzième 
siècle.  * 

—  Débris  de  vitrail,  avec  deux  personnages,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  la  sainte  Vierge,  pierre,  dans  la  sacristie,  quinzième  siècle. 
Orquigny   (Chapelle  du  hameau  de  Montigny) .  —  Groupe  en  bois  décoré 

représentant   sainte   Anne  instruisant  la   sainte  Vierge  (sacristie), 
seizième  siècle. 

—  Tableaux  dans  la  nef  (à  examiner),  dix-septième  et  dix-huitième  siècles. 
Passy-Grigny.  —  L'église  de  Passy  conserve  quelques  pavés  vernissés  du 

moyen  Age  et  une  epitaphe  de  la  famille  de  Chartogne  avec  deux 
écussons  et  la  date  1604. 

—  L'église  des  Templiers  de  Passy,  transformée  en  grange,  comprend  une 

nef  du  treizième  siècle,  encore  bien  conservée  et  remarquable  au 
dedans  et  au  dehors,  treizième  siècle. 
PouRCY.  —  Stalles  sculptées  d'un  beau  modèle,  dix-septième  siècle. 

—  Tabernacle  du  maitre-autel,  d'un  beau  modèle,  dix-septième  siècle. 

—  Reliquaire  de  saint  Julien,  d'un  beau  modèle,  dix-septième  siècle. 

—  Tableaux  (à  examiner),  dix-septième  et  dix-huitième  siècles. 

—  Christ  en  ivoire  sur  croix  en  bois  (au  presbytère),  dix-septième  siècle. 

—  Chasuble  ancienne  brodée  (sacristie), dix-s**ptiè me  siècle. 

Reuil.  —  Deux  dalles  tuniulaires  avec  personnages  en  pied,  dans  la  nef 
.  principale,  seizième  siècle. 

—  Bas-relief,  Christ  en  croix  avec  personnages  agenouillés  des  deux  côtés 

(bas-côté),  seizième  siècle. 
(Tableaux  et  statues  à  examiner.) 

—  Débris  de  vitraux  Renaissance,  1577,  seizième  siècle. 
Saixte-Gkmme.  —  Porte  principale  à  deux  vantaux,  sculpture  et  ferron- 
nerie ancienne,  clous  fleuronnés,  seizième  siècle, 

'  Catalogue  du  Musée  de  Reims,  par  Ch.  Loriqukt,  1881,  p.  108. 


96  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

Saintk-Gemme.  —  Retable  sur  Tautel  de  la  chapelle  de  droite,  en  bois, 
scènes  sculptées  de  la  Passion,  beau  travail,  peinture  d'un  ton  chêne, 
Tensemble  bien  conservé  (largeur,  1",50;  hauteur,  0",80),  seizième 
siècle. 

—  Ancien  reliquaire  en  cuivre  de  sainte  Gemme,  conservé  chez  M">«  Piot- 

Fayet,  dix-septième  siècle. 
Vandières.  —  Carreaux   vernissés  encore  assez   nombreux,  quinzième 

siècle.  —  Porche,  chapiteaux  romans. 
Villers-sous-Chatillon.  —  Inscriptions  de  la  famille  Gnyot  de  Chenizot^ 

décorations  du  temps,  dix-huitième  et  dix-neuvième  siècles. 

—  Anciennes  stalles  en  chêne,  bois  sculpté,  dix-septième  siècle. 

—  Lustre  ancien,  en  cristal  taillé  (nef),  dix-septième  siècle. 

VI.  —  Canton  de  Fiâmes  ^ 

Fismes.  —  Statue  de  sainte  Macre  (repeinte),  chapelle  latérale,  mo>en 
âge. 

—  Autre  statue  de  cette  sainte,  en  avant  de  la  nef,  dix-septième  siècle. 

—  Banc  Renaissance  (sacristie),  seizième  siècle. 

—  Tableaux   dans   la   nef   (à   examiner),   dix-septième  et  dix-huitième 

siècles. 

—  Petite  cloche  au  sommet  du  clocher,  inscription  et  date,  1755. 
Baslieux-les-Fismes.  —  Retable  avec  huit  scènes  de  la  Passion,  légendes 

au  bas,  bien  consprvé,  chnpelle  latérale,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Julien,   statue  équestre  sur  socle  en  pierre,  seizième 

siècle. 

—  Pierre  tombale,  avec  personnage  en  pied  et  date,  1585. 
BouvANCoiRT.  —  Statues  anciennes  sur  des  consoles  (à  examiner),  seizième 

siècle. 

Breuil.  -:-  Débris  de  vitrail  du  moyen  âge,  dans  une  des  fenêtres  de  Tab- 
side,  derrière  le  maître-autel,  treizième  siècle. 

Chalons-sur-Veslb.  —  Deux  tableaux  remarquables,  avec  la  date  de  160Î)  : 
Le  Christ  en  croix  et  T Adoration  des  Mage.s,  tous  deux  avec  cadres 
noirs  de  Tépoque,  garnis  d*arabesques  relevées  en  or,  dix-septième 
siècle. 

Chenay.  —  Deux  tableaux,  attribués  à  J.  Wilbault  :  la  Xativité  de  la 
sainte  Vierge,  la  Sainte  Famille,  cadres  du  temps,  et  sur  chaque 
toile,  écusson  d^une  abbesse,  dix-huitième  siècle. 

CouRViLLK.  —  Retable  gothique  flamboyant,  pierre,  avec  inscription  por- 
tant la  date  de  1519,  trois  niches,  arcalures,  fine  sculpture. 

'  Notes  prises  sur  place  de  1880  ài  1905. 


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DES   ÉGLISES   DE   L'ARRONDISSEUENT    DE    REIUS  97 

CovRViLLE.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  dans  Tune  des  niches  du  retable, 
pierre,  seizième  siècle. 

—  Chapiteaux  très"  curieux  dans  la  nef,  sculptés  grossièrement,  onzième 

siècle. 

—  Église  supérieure,  restes  de  peintures  et  de  décorations  murales,  sei- 

zième siècle. 
Hkrmonville.  —  Retable  et  autel  gothique,  chapelle  latérale  du  nord, 
scène  sculptée  (rAnnonciation)  sur  le  devant,  pierre,  seizième  siècle. 

—  Maitre-autel  à  baldaquin,  riche  sculpture  décorative,  tabernacle,  siège 

du  célébrant,  de  même  style,  dix-huitième  siècle. 

—  Sept  tableaux  dans  les  nefs,  anciens  cadres,  dix-septième  et  dix>huitième 

siècles. 

HouRGKS.  —  Quelques  anciennes  statues,  débris  de  retable  en  pierre  avec 
scènes  de  la  Passion,  épitaphe  de  1641,  fragments  de  dalles  tumu- 
laires,  seizième  siècle. 

Magneux-les-Fismrs.  —  Clôture  du  chœur  et  retable  du  maitre-autel,  en- 
semble gothique  flamboyant,  avec  deux  statues  (sainte  Vierge  et  saint 
Jean-Ëvangéliste)  au  sommet,  pierre,  scènes  sculptées  de  la  Pas- 
sion \  seizième  siècle. 

—  Débris  de  vitraux  Renais.sance  (sainte  Barbe),  chapelle  nord,  seizième 

siècle. 

—  Cloche  gothique  avec  inscription  et  date  de  1506. 

Pévy.  —  Retable  flamboyant  très  élégant,  chapelle  du  sud,  scènes  sculptées 
de  la  vie  de  saint  Jean-Baptiste,  inscriptions,  statues,  arcatures  ^,  sei- 
zième siècle. 

Prouilly.  —  Balustrade  en  bois  à  la  tribune,  panneaux  ornés  de  parche- 
mins plissés,  d*écussons,  etc.,  seizième  siècle. 

—  Épitaphe  dans  un  encadrement  sculpté,   daté  1555,  bas-relief  du  Cal- 

vaire au  sommet. 
RovAiN.  —  Inscriptions,  sur  marbre  blanc,   de  plusieurs  membres  de  la 
famille  Coquebert  et  de  la  famille  Roland,  écussons  dorés,  dix-sep- 
tième siècle. 

—  Très  belle  statue  gothique  de  la  sainte  Vierge,  sur  Tautel  de  la  cha- 

pelle latérale,  pierre,  quatorzième  siècle. 
Saint-Gilles.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  en  pierre,  peinte,  quinzième 
siècle. 

—  Statue  de  saint  Gilles,  avec  une  biche,  pierre,  peinte,  qliinzième  siècle. 

'  Ensemble  dessiné  par  E.  Aiiger,  1904.  (Musée  de  Reims).  V.  ci-dessons» 
planche  XIX. 

*  Ensemble  dessiné  par  E.  Auger,  1886.  Travaux  de  l'Académie  de  Reims^ 
t.  LXXIX,  p.  51. 


98  INVENTAlftK   SOMMAIRE 

Saint-Gilles.  —  Autel  de  Saint-Sébastien,  de  la  Renaissance,  avec  retable 
et  cinq  niches,  avec  les  figures  du  Christ  et  des  quatre  évangélistes, 
statues  au  sommet,  quinzième  siècle. 

Trigny.  —  Tableau  sur  toile  :  Prédication  de  saint  Jean-Baptiste,  nom- 
breux personnages,  paysage,  seizième  siècle. 

—  Tableau  sur  bois  :  F  Ensevelissement  du  Christ,  seizième  siècle. 

—  Tableaux  sur  toile  de  Perseval,  peintre  rémois,  ovales,  jolis  cadres 

Louis  XVI  : 

La  Résurrection  de  Moire-Seigneur,  dix-huitième  siècle. 

La  Nativité  de  \otre-Seigneur,  dix-huitième  siècle. 

—  Tableau  sur  toile  du  même  :  Descente  de  croix  (copie  d'après  Van  Mol), 

dix-huitième  siècle  '. 

—  Groupes  sculptés  sur  consoles,   placés  dans  le  sanctuaire,    en  bois, 

peints,  d'un  travail  très  délicat  représentant  : 
Sainte  Anne  et  la  sainte  Vierge; 
Saint  Joseph  et  TEnfant  Jésus,  dix-septième  siècle. 
Unxhaiii.  —  Pierre  tombale  d'un  laboureur,  avec  légende  et  figure  de  per- 
sonnage en  pied,  seizième  siècle. 
Vandeuil.  —  Ancienne  cloche,  avec  légende  et  date,  1775. 
Ven'telay.  —  Statue  de  saint  Hubert,  avec  écusson,  peinture  du  temps, 
pierre,  seizième  siècle. 

—  Fauteuil  du  célébrant,  sanctuaire,  bois  sculpté  Louis  XV,  étoffe  mo- 

derne, dix-huitième  siècle. 

VII.  —  Canton  de  Verzy  *. 

Verzy.  —  JVÎaitre-autel  avec  six  colonnes  en  marbre  et  baldaquin  doré,  du 
couvent  des  Cordeliers  de  Reims,  armoiries  peintes,  dix-huitième 
siècle. 

—  Autel  latéral  à  droite,  autel  avec  guirlandes  sculptées,  etc.,  dix-se|>- 

tième  siècle. 
— '  Châsse  de  saint  Basle,  panneaux  peints  par  Hécart,  peintre  rémois, 
dix-neuvième  siècle. 

—  Tableaux  nombreux  dans  Téglise  (à  examiner) ,  dix-septième  et  dix- 

huitième  siècles. 

—  Statue  gothique  de  la  sainte  Vierge,  pierre,  sur  le  portail,  au  dehors, 

quatorzième  siècle. 
Baconnes.  —  Cloche,  avec  légende  gothique,  noms  et  date,  1568. 
Beaumont-sur-Vesle.  —  Tableau  sur  toile,  en  face  de  la  chaire,  Saint  Pierre 

1  Catalogue  du  Musée  de  Reims,  1881.  p.  35  et  159. 
^  Notes  prisAs  sur  place  de  1880  à  1905. 


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DES   ÉGLISES    DB    L'ARRONDISSEMBBTT   DE    REIMS  99 

dans  sa  pnson,  assez  fine  peinture,  seizième  ou  dix-septième  siècle. 
Chaiceby.  —  Deux  autels  latéraux,  en  pierre,  de  la  Renaissance,  décora- 
tion sculptée  avec  semis  de  fleurs  de  lis  et  roses,  seizième  siècle. 

—  Débris  d*un  retable  gothique,  pierre,  avec  figures  du  Christ  en  croix, 

des  Apôtres,  etc.,  sous  des  arcatures  flamboyantes,  quinzième  ou 
seizième  siècle. 

—  Anciennes  statues  (&  examiner) ,  quinzième  et  seizième  siècles. 

—  Anciens  tableaux  (à  examiner),  dix-septième  et  dix-huitième  siècles.  — 

L'un  d'eux.  Christ  en  Croix,  avec  anges,  la  Vierge,  saint  Jean,  et  les 
deux  donateurs,  leurs  armoiries  et  la  date,  1626. 
Chigny.  —  Tableau  toile,  le  Baptême  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  belle 
peinture,  oblongue  (près  des  Fonts),  dix-septième  siècle  (1693). 
Autres  tableaux  (à  examiner),  nefs  latérales. 

—  Christ  en  croix  de  Tare  triomphal,  seizième  siècle. 

—  Sainte  Vierge  assise  et  sainte  Anne,  anciennes  statues  (à  examiner), 

nefs  latérales,  quinzième  et  seizième  siècles. 

—  Porte  à  deux  vantaux  sculptés  k  jour  vers  la  tour,  au  dehors  joli 

portail  Renaissance,  seizième  siècle. 
CoiRMELois.  —  Deux  paires  d'appliques  à  deux  branches  et  deux  paires  à 
une  branche,  cuivre,  dix-septième  siècle. 

—  Statues  de  saint  Jean-Baptiste,  saint  Éloi,  saint  Médard  et  saint  Antoine, 

ermite  (avec  le  porc),  dix-septième  siècle. 
LuDES.  —  Maitre-autel  du  dix-septième  siècle,  pierre  et  marbre,   avec 
trois  grandes  statues  au  sommet  (saint  Jean-Baptiste,  sainte  Vierge  et 
saint  François  d'Assise),  dix-septième  siècle  (1669). 

—  Dalle  gothique  en  avant  du  portail,  légende  usée  et  personnage  en  pied 

sous  une  arcature,  quatorzième  siècle. 

— ^^Statue  de  la  sainte  Vierge  assise  sur  siège  en  X,  au  dehors,  quatorzième 
siècle» 

— ^Dans  le  clocher,  en  face  des  cloches,  pour  boucher  les  ouïes,  se  trouve 
(le  26  septembre  1888)  une  grande  tapisserie  (H.  3";  L.  2"-)  à  fond 
de  verdure,  avec  belle  bordure  à  fleurs  pour  encadrement,  dix-sep- 
tième ou  dix-huitième  siècle, 

Mailly.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  assise  sur  siège  en  X,  non  peinte, 
avec  TEnfant  Jésus,  pierre,  sculpture  très  fine  (restauration  mo- 
derne) (H.  1",30),  livre  ouvert,  r Enfant  joue  avec  une  grappe  de 
raisin  (morceau  remarquable),  quinzième  siècle. 

MoNTBRÉ  >.  —  Vitrail  du  seizième  siècle  (Vies  de  saint  Rémi  et  de  saint 
Hubert  ou  saint  Eustache) ,  seizième  siècle. 

1  Publication  illustrée  sur  cette  église,  texte  et  detsins  par  l'abbé  Chevallier  » 


100  INVENTAIRE   SOMMAIRE 

MoNTBRÉ.  —  Retable  gothiqae,  avee  scène  du  Calvaire,  statoettes,  arca- 

tures  flamboyantes,  dais,  seizième  siècle. 
--*  Statues  de  saint  Rémi,  de  la  sainte  Vierge,  de  sainte  Barbe,  de  saint 

Ëloi   et  de  saint  Jean-Baptiste,    pierre,    quinzième    et    seizième 

siècles* 

—  Consoles  avee  figures  grotesques  dans  la  chapelle  du  sud,  seizième 

siècle. 

—  Fauteuil  du  célébrant,  siège  gothique,  seizième  siècle. 

•^  Petite  porte  d'une  armoire  latérale,  dans  le  sanctuaire,  avec  les  gonds 

en  fer  du  quatorzième  siècle. 
Les  Petites-Loges.  —  Cloche  avec  légende  et  date,  1733. 

—  Deux  dalles  tnmulaires,  Tune  de  1360  et  l'autre  de  1757. 
RiLLY-LA-MoNTAG\'E.  —  Statue  de  la  sainte  Vierge,  gothique,  pierre,  qua- 
torzième siècle  (naguère  sous  la  tour  du  clocher). 

—  Mattre-autel  avec  baldaquin,  dix-huitième  siècle. 

—  Tableaux  sur  toile,  restaurés  (à  examiner),  dix-septième  siècle. 

—  Epitaphes  sur  les  murs  de  la  nef,  seizième  siècle. 

—  Autour  de  Téglise,  à  Textérieur,  bas-relief,  seizième  siècle. 

—  Autr^  bas-reliefs  avec  inscription  et  statue  Ecce  Homo,  pierre,  au  nou- 

veau cimetière,  seizième  siècle. 
Sept-Saulx.  —  Statues  de  la  sainte  Vierge,  assise,  sur  un  fauteuil   de 
style  flamboyant,  pierre,  seizième  siècle. 

—  Sainte  Anne  faisant  lire  sa  fille,  bois,  seizième  siècle. 

—  Sainte  Barbe,  près  d'elle  tour,  bois,  seizième  siècle. 

(Statues  de  saint  Basle  et  dé  saint  Hubert  à  rechercher) . 

—  Débris  d'un  retable,  deux  groupes  conservés  sur  l'autel  de  la  chapelle 

sud,  scènes  de  la  Nativité^et  de  la  Présentation,  bois,  seizième  siècle. 
Sermiers.  —  Statue  de  l'Ecce  Homo,  avec  deux  inscriptions  gothiques  du 
chanoine  Coulon  (1566),  pierre,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  saint  Sébastien,  bois,  seizième  siècle. 

—  Vierge  de  Pitié  (mutilée),  pierre,  dix-seplième  siècle. 

—  Débris  d'un  retable  sculpté,  pierre,  venant  de  MontrieuP,  dix-sep- 

tième siècle. 
SiLLERY.  —  Statue  de  saint  Rémi,  tenant  la  sainte  Ampoule,  pierre,  re- 
peinte, seizième  siècle. 

—  Groupe,  Vierge  de  Pitié,  pierre  (au-dessus  du  portail,  à  l'intérieur),  dix- 

septième  siècle. 

dans  YAlmanach  annuaire  de  la  Marne  (Matot-Braine),  Reims,  1896,  p.  iV3  ; 
1903,  p.  «07;  1904.  p.  198,  et  1905,  p.  350, 

'  Description  de  Téglise  de  Sermiers,  ptibliée  dans  la  Revue  de  Champagne 
et  Brie,  1900,  p.  830,  avec  plan  et  vue  après  Fincendie. 


J 


DES   ÉGLISES   DE    L'ARRONDISSEMENT   DE    REIMS  101 

SiLLERY.  — -  Grand  tableau  sur  toile,  scène  allégorique,  vue  d'une  ville 
(a(jTu  REMOIO)  fort  curieux,  bas-côté,  dix-septième  siècle. 

Trkpail,  —  Epitaphe  gothique,  avec  le  nom  Bréhier  (1468) ,  quinzième 
siècle. 

—  Buste  d*évéque,  reliquaire  en  bois  sculpté,  seizième  siècle. 

—  Tableau  représentant  le  Sacrifice  d*Ëlie,  dix-septième  siècle. 

—  Console  Louis  XVI. 

—  Statue  de  saint  Gucuphat  (entrailles  sortant),  pierre  ou  terre  cuite, 

dans  un  retable  de  la  chapelle  latérale  nord,  orné  de  pilastres*, dix- 
septième  ou  dix-huitième  siècle. 
Vkrzenay.  —  Tabernacle  en  bois  sculpté  et  doré,  dix-septième  siècle. 

—  Tombeau  avec  la  statue  couchée  de  saint  Basle,  pierre  (portions  re- 

faites, sculpture  moderne),  tjpe  ancien. 

—  Débris  d'un  bas-relief,  nef  latérale  nord,  seizième  siècle. 

—  Tableaux  assez  nombreux  (à  examiner) ,  dix-septième  et  dix-huitième 

siècles. 

Ville-en-Selvk.  —  Deux  tableaux  sur  toile  :  Sainte  Famille,  Fuite  en 
Egypte,  provenant  de  Tabbaye  de  Saint-Basle,  détériorés,  dix-sep- 
tième siècle. 

Villrrs-Allerand.  —  Maitr&^utel,  avec  statues  latérales  de  la  sainte 
Vierge  et  de  sainte  Agathe,  bois,  sur  gaines,  colonnes,  baldaquin, 
dix-huitième  siècle. 

—  Chapiteau  (à  gauche  du  choeur),  martyre  de  sainte  Agathe,  douzième 

siècle. 
Villers-MIarmery  *.  —  Statues  anciennes,  pierre  : 
De  la  sainte  Vierge  (bas  côté  nord) ,  seizième  siècle. 
Saint  Nicolas, 


o  .  «  n      •       t  abside,  seizième  siècle. 
Samt  Remi,      S 

—  Statue  de  saint  Quentin,  bois,  chapelle  nord,  seizième  siècle. 

Wez.  —  Grande  dalle  gothique,   epitaphe  avec  légende  et  figure  en  pied 

d'un  curé  du  lieu,  dans  la  nef,  avec  date  1347. 


VIII.  —  Canton  de  Ville-en-Tardenois 


Ville-b\-Tardenois.  «—  Epitaphe  (près  du  sanctuaire) ,  Robert  de  Baudic« , 
1637. 

^  Description  de  Téglise  de  Trépail,  publiée  dans  YAlmanach  annuaire  de  la 
Marne,  de  l'Aisne  et  des  Ardennes,  1897,  p.  159. 

*  Aux  archives  départementales  de  la  Marne  se  trouve  un  dessin  en  couleur 
d'un  reliquaire  en  émail  de  Limoges,  du  moyen  âge,  avec  la  mention  de  Téglise 
de  Viliers-Marmery. 

^  Notes  prises  de  1880  à  1905.  Consulter  une  notice  descriptive  sommaire 


lOft  INVENTAIRE   SOItlI/llRB 

Villr*en-Taiidbnois.  —  Autre  épitaphe  (dans  la  sacristie),  Glande  de  Bau- 
dîer,  1647». 

—  Paire  d^appliques  à  une  lumière,  torches,  cuivre,  dix-septième  siècle. 
«^  Galice  ancien  (sacristie),  dix-septième  siècle. 

—  Plancher  en  bois  sur  la  nef  «vec  poutres  décorées,  seizième  siècle. 
AouGNY.  ^-  Débris  d'un  retable  en  pierre,  avec  trois  scènes  de  la  Passion, 

fines  sculptures  retrouvées  dans  le  massif  de  Vautel  en  1889  *,  quin* 

cième  ou  seizième  siècle. 
^^  Garreaux  vernissés,  derrière  le  maltre-autel,  quinzième  siècle. 
AuBiLLY.  —  Épitapbe  de  Henri  Leleu,  dalle  marbre  noir,  1785. 

—  Grand  tableau,  peinture  remarquable,  toile,  TAdoration  des  Bergers 

(environ   4",  de  largeur,   sur  â",50   de  hauteur),    dix-septième 
siècle. 
Branscourt.  -^  Statue  de  la  sainte  Vierge,  pierre,  belle  œuvre,  dans  la 
sacristie  (1893),  quinzième  siècle. 

—  Statues  anciennes  dans  la  nef,  seizième  siècle. 

-—  Inscription   de  fondation,  sur  plaque  de  marbre  noir,  par  un  bour- 
geois de  Paris,  dix-huitième  siècle. 
Broijillrt.  —  Inscription  à  la  mémoire  de  Jean  Moêt,  1670. 
-—  Tableau  ancien  de  l'Annonciation,  dix-huitième  siècle. 
Geaiibrbcy.  —  Dalle  funéraira^e  Jean  Ghinoir,  écussons,  1560. 
Ghaumijzy.  —  Grandes  statues  en  pierre  : 

Sainte- Vierge  (belle  œuvre,  repeinte),  quatorzième  siècle. 

Saint  Jean-Baptiste,  seizième  siècle. 

Saint  indéterminé,  seizième  siècle. 

—  Fontaine  publique  de  saint  Rémi,  avec  bas-relief  k  figures,  douzième 

siècle. 
GouLOMMES.  —  Dans  les  combles,  statues  diverses. 

—  Anciennes  statues  dans  Téglise  : 

Sainte  Vierge  debout  sur  croissant,    avec   F  Enfant  Jésus,   seizième 

siècle. 

Sainte  Vierge  assise,  avec  TEnfant  Jésus,  quatorzième  ou  quinzième 

siècle. 
Saint  Michel,  saint  Nicolas,  pierre,  seizième  siècle. 

Saint  Remy,  avec  attributs,  pierre,  seizième  siècle. 
Et  autres  à  revoir. 

par  l'abbé  Chevallier,  dans  le  tome  \GIII  des  Travaux  de  t Académie  de 
Reims,  p.  153. 

'  Epitaphes  reproduites  par  Albert  Baudon  dans  Y Almanach^annuaire  Àfaiot' 
Braine,  1905,  p.  325. 

•  Bulletin  du  diocèse  de  Reims,  7  décembre  1889,  p.  583. 


J 


DES   ÉGLISBi  DK    L'ARRONDISSEXIBNT   DB    REIMS  10S 

€ouLOUMKS.  —-  Kpitaphe,  bas-relief,  dans  Téglise,  avec  figures  de  per- 
sonnages du  temps,  et  avec  inscription  datée  de  1529. 

'^  Voir  an  presbytère,  vitrail  À  personnages,  avec  inscription  datée 
de  1558. 

CouRlfAS.  —  Anciennes  statues  dans  Téglise,  saint  Rémi,  avec  attribut^ 
pierre,  seizième  siècle. 

—  Au  dehors  : 

Sainte  Vierge  assise,  avec  F  Enfant  Jésus  (repeinte),  pierre»  quinzième 

siècle. 
Sainte  Vierge  de  Pitié,  pierre»  seizième  siècle. 

—  Tableau  sur  toile  assez  bon,  dans  la  nef,  T Adoration  des  Bergers,  anges 

chantant  dans  le  haut,  dix-huitième  siècle. 
EcuKiL.  —  Dalle  funéraire  de  Clicquot-Blervache,  mort  à  Beloi»,  près 
d*Écueil,  en  1796,  dans  le  pavé  du  croisillon  nord,  marbre  noir^ 
inscription  datée  1796. 

—  Maitre-autel  du  dix-huitième  siècle,  avec  boiseries  et  tableau  de  saint 

Antoine,  ermite,  fine  peinture,  dix-huitième  siècle. 

—  Large  cuve  baptismale  de  la  Renaissance,  seizième  siècle. 
Favrrolles.  —  Ancien  tableau  :  TAdoration  des  Mages,  vieille  peinture 

très  curieuse,  revemie  récemment  et  placée  en  haut  du  bas-côté  sud, 
quinzième  ou  seizième  siècle. 

—  Autre  tableau  sur  toile  :  TAssomption,  signée  au  bas  :    Màruottr, 

pinxH,  Reuis  anno  1760. 

—  Dans  le  bas-côté  nord,  au  mur,  statue  fort  curieuse  de  saint  Hippolytc 

à  cheval,  co.stume  de  chevalier,  pierre,  bon  état,  quinzième  s'èclc'. 
Germigxy.  —  Fragments  d'un  retable  en  pierre,  dans  la  chapelle  sud 
offrant  six  scènes  d'une  fine  sculpture  :  Lavement  des  pieds,  la 
Cènej  le  Calvaire  (entre  pilastres),  T Ensevelissement,  l'Ascension, 
du  seizième  siècle  (ensemble  incomplet,  mais  remarquable,  photo« 
graphie.) 

—  Cuve  baptismale,  seizième  siècle. 

Gueux.  —  Église  nouvelle,  deux  bas^reliefs  de  Tancienne  église,  reportés 
au  bas  des  collatéraux  :  d'un  côté,  table,  pierre.  Les  Commandements 
de  Dieu  et  de  l'Église  en  français,  seizième  siècle;  de  l'autre  côté,  le 
Christ  portant  sa  croix,  avec  inscription  funéraire  d'un  curé  du  lieu, 
seizième  siècle. 

Janvry.  —  Cage  d'escalier,  en  menuiserie,  au  bas  de  la  nef,  escalier  tour- 


^  Il  y  avait  d'aDciens  vitraux  du  seizième  siècle  dans  le  chœur,  scèoes  de  la 
vie  de  saint  Hippolyte,  etc.,  vendus,  enlevés  en  1905.  Il  reste  des  débris  dans 
les  baies  latérales. 


'  lOi  INVENTAIRE    SOMMAIRE 

nant,  avec  panneaux  à  jour  d*un  dessin  flamboyant,  figures  grotes- 
ques en  saillie  ^  quinzième  ou  seizième  siècle. 

Jan'vry.  —  Inscription  sur  cuivre,  autres  inscriptions,  dix-septième  et  dix- 
huitième  siècles. 

JouY.  —  Deux  fenêtres  dans  la  nef  avec  vitraux  complets  du  seizième 
siècle.  Tune  avec  scène  du  Calvaire,  l'autre  avec  la  Vierge  portant 
r Enfant  Jésus  dans  son  sein,  bordures  délicates,  écussons  de  vigne- 
rons, etc.,  seizième  siècle*. 

—  Anciennes  statues  de  la  sainte  Vierge,  saint  Lié,  etc.,  seizième  siècle. 

—  Anciens  tableaux,  Tun  ovale  avec  cadre  sculpté,  dix-septième  et  dix- 

huitième  siècles. 
Lagery.  —  Dans  le  sanctuaire,  deux  statues  pierre,  datant  de  1677. 

—  Pierre  tombale  du  moyen  âge  d'un  seigneur  du  lieu. 

—  Dans  le  bas-côté  nord,  petit  vitrail  :  Christ  en  croix,  avec  6gure  du 

donateur,  chiffre  et  légende,  seizième  siècle. 

—  Chaire  à  prêcher,  avec  panneaux  ornés  de  draperies  et  contreforts  avec 

imbrications  et  torsades,  dix-septième  siècle. 

Lhéry.  —  Anciens  carreaux  vernissés  (dans  la  sacristie),  quinzième  et  sei- 
zième siècles. 

Marfaux.  —  Eglise,  Corniche  de  Tabside,  à  l'extérieur,  têtes  et  ûgures  des 
consoles,  curieuses  scènes  et  décorations,  onzième  siècle. 

—  A  l'intérieur,  Statues  anciennes  en  bois  :  saint  Sébastien,  saint  Jean- 

Baptiste  (mutilées),  seizième  siècle. 

—  Statue  en  pierre,  grandeur  naturelle,  personnage  indéterminé,  large- 

ment drapé,  un  bras  mutilé,  l'autre  tenant  une  tige  de  lis,  quinzième 

siècle. 
Prémecy.  —  Pas  encore  visité,  rien  n'est  signalé. 
Les  Mesxeux.  —  Inscription  gothique,  débris  d'épitaphe,  1523. 

—  Autre  inscription,  contrefort  extérieur,  1611 . 

—  La  porte  à  deux  vantaux  du  portail  est  du  seizième  siècle. 

—  Tableau  sur  toile,  au  mur  de  la  nef.  Vierge  debout  sans  l'Enfant  Jésus, 

signée  :  J.  Wilbaut,  tnv.,  1771. 
MuizoN.  —   Épitaphe  sur  une  dalle  à  Tcntréc   de  Téglisc,  dix-huitième 
siècle. 

—  Trace  de  litre  seigneuriale  au  bas-côté  sud,  à  l'extérieur,  dix-huitième 

siècle. 
Pargxy.  —  Tableaux  :  Saint  Jcan-Baptistc,  copie  ancienne  en  mauvais 
état,  beau  cadre  sculpté,  dix-septième  siècle. 

'   Il  en  a  été  exécuté  une  photographie  en  1890. 

•  Travaux  de  l'Académie  de  Reims,  t.  LXX,  p.  329.   —  Union  médicale  el 
scientifique  du  Nord-Esty  15  juillet  1906,  p.  14-5,  avec  figures. 


I 

J 


DES   ÉGLISES    DK   L'ARRONDISSEMENT   DE    REIMS  105 

Pargxy.  —  Tableau  K  :  Tête  de  Vierge,  copie  du  Guide  (?) 

PoiLLY.    —   Maltre-autel    gothique,    le   devant   avec   figures  sculptées, 

écusson,  etc.,  quatorzième  ou  quinzième  siècle. 
(Très  rare  spécimei  d'autel  du  moyen  âge.) 
RoMiGNY.  —  Bas-relief  sculpté  à  Textérieur,  épitaphe,  au  chevet  de  Téglise, 

contre  une  chapelle,  légende  en  lettres  gothiques  avec  date  1536. 
KosNAY.  —  Anciennes  statues  sur  des  consoles  dans  la  nef  :  sainte  Vierge, 

saint  Pierre,  saint  Antoine,  saint  Jean  Evangéliste,  Vierge  martyre, 

saint  Eloi  et  saint  Nicolas,  bois  ou  pierre,  seizième  et  dix-septième 

siècles. 

—  Au  bas  du  collatéral  sud,  statue  de  saint  Jean-Baptiste,  seizième  siècle. 

—  Épitaphes  de  la  famille  de  Sahuguet,  au  chevet,  à  Textérieur,  plaques 

avec  blason,  dix-huitième  siècle. 
Sacy.  —  Tribune  de  Torgue,  avec  escalier  tournant,  œuvre  remarquable 

de  r époque  gothique  flamboyante,  ai^ec  panneaux  à  jour,  écussons, 

têtes  aux  pendentifs,  etc.  *.     ' 
Saiutte-Euphraise  et  Clairizet.  —  Inscriptions  funéraires  de  la  famille 

Coquebert  de  Montfort,  écussons^  etc. ,  dix-septième  et  dix-huitième 

siècles. 
Sarcy.  —  Voûte  en  bois  sur  la  nef^  les  poutres  reposant  sur  des  consoles 

sculptées  et  ornées  de  figurines,  seizième  siècle. 

—  Statue  de  la  sainte  Vierge,  debout,  pierre,  quinzième  ou  seizième 

siècle. 

—  Groupe  de  saint  Michel  terrassant  le  dragon,  seizième  siècle. 
Savigny-sur-Ardre.  —  Porte  latérale  à  deux  vantaux  sculptés,  ornés  de 

têtes,  figurines,  rosaces  et  écussons  en  relief,  dans  le  style  de  la 
Renaissance  *,  seizième  siècle. 
--•  Vitrail  à  la  fenêtre  de  la  chapelle  du  sud  :  Scènes  de  la  vie  de  saint 
Martin,  légendes  gothiques,  seizième  siècle. 

—  Autre  vitrail  ancien  à  la  porte  latérale,  L'Annonciation,  date  1550. 
Tramery.  —  Bas-relief  sculpté  avec  personnages,  d'une  belle  sculpture, 

avec  épitaphe  datée  de  1521 . 
Treslon'.  —  Nef.  Plafond  en  bois  sculpté,  du  plus  bel  effet  et  de  la  plus 
belle  conservation,  seizième  siècle. 

—  Épitaphe  de  Robert  Gauchon,  date  1663. 

Villedommakgë.  —  I.  Église  :  Maitre-aulcl  avec  colonnes  en  marbre  et 
boiseries,  cbâsse  de  saint  Lié  (autel  latéral),  dix-huitième  siècle. 

^  Grand  dessin  par  Tabbé  Chevallier,  reproduit  dans  V Aimanach-annuaire 
Matot'Braine,  1905,  p.  322. 

'  Dessin  de  cette  porte  dans  la  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des 
départements  en  1888,  p.  832. 


106  TROIS  STATUETTES  «N  BOIS  DE  L  ÉCOLE  PROVENÇALE 

ViLLEoouuANGB.  —  GHlle  de  clôture  du  chœur  en  fer  forgé,  dix-huitième 
siècle. 

—  Deux  vitraux  avec  personnages  :  La  Madeleine,  saint  Sébastien,  bor- 

dure d'encadrement,  seizième  siècle. 
«-*  11.  Chapelle  de  Saint-Lié  sur  la  montagne,  dans  le  cimetière.  Grande 
effigie  de  la  sainte  Vierge  debout,  au-dessus  de  la  portp,  belle  œuvre 
de  sculpture  d*un  haut  relief,  très  fin  (dais  moderne),  quinzième 
siècle. 

—  Statues  à  Tintérieur  :  Ecce  Homo,  saint  Jean  Ëvangéliste,  saint  Jean- 

Baptiste,  sainte  Vierge  assise,  saint  Lié*,  quinzième  et  seizième 
siècles. 

Vrigny  *.  —  Cinq  anciennes  statues  :  saint  Jean-Baptiste,  saint  Fiacre,  saint 
Nicolas,  saint  Laurent,  sainte  Vierge  de  Pitié,  seizième  et  dix-sep- 
tième siècles. 

•^  Dans  la  chapelle  latérale,  épitapfae  d'Espérance  Billet,  datée  1687. 


IV 

TROIS   STATUETTES  EN   BOIS  DE    L'ÉCOLE   PROVEÎWÇALE 

(xvi*-xvir-xviir  siècles) 

L'exposition  des  Primitifs  français  a  pleinement  justifié  ce  que 
nous  écrivions  en  1902  sur  les  artistes  de  Provence,  parliculière- 
ment  sur  la  contribution  de  l'Ecole  d'Aix  à  Thistoire  de  Tart  fran- 
çais au  quinzième  siècle  ^  Le  roi  René,  ajoulions-nous,  avait  fait 
de  sa  capitale  le  centre  artistique  où  se  rencontrèrent  les  peintres, 
les  sculpteurs,  les  enlumineui's,  flamands,  italiens,  provençaux, 
en  une  école  qui  donna  à  la  France  Tessor  précurseur  de  la 
Renaissance. 

Les  œuvres  provençales  envoyées  au  pavillon  de  Marsan,  en  1904, 

*  Statues  décrites  dans  une  Notice  sur  les  églises  de  Villedommange,  SaiiU» 
Lié  et  Jouy.  Voir  les  Travaux  de  l'Académie  de  Reims,  t   LXX,  p.  320. 

*  Cloche  avec  légende  (famille  Moët),  datée  de  1647,  dans  une  propriété 
particulière  de  cette  commune. 

'  Bulletin  archéologique,  Paris,  1900,  imp.  nat.,  p.  280  et  s. 


tAOil   STAtDBTTSS   EN   BOU  Jl£   L'ÉCOLE   PROVENÇALE      107 

ont  excité  une  admiration  unanime.  Les  tableaux,  jusqu'alors 
peu  connus,  de  F  Annonciation  et  de  la  Légende  de  saint  Mitre 
furent  qualifiés  «  d'éblouissants  « ,  de  a  premier  ordre  » .  L'active 
impulsion  du  roi  René,  à  qui  est  due  la  commande  du  Buisson 
ardenty  est  rappelée  par  Téminent  conservateur  des  peintures  du 
Louvre,  M.  Georges  Lafenestre,  de  l'Institut,  en  quelques  lignes 
d'une  caractéristique  fidélité,  sur  notre  populaire  comte  de  Pro- 
vence ' . 

u  Presque  tous  les  Avignonais,  remarque-t-il,  Nicolas  Froment 
d'abord,  furent  les  familiers  du  roi  René  et  ce  dilettante  éclec- 
tique, presque  aussi  flamand  que  français,  aussi  tialien  que  fla- 
mand, aussi  provençal  qu'angevin,  plus  artiste  que  prince,  semble 
vraiment  leur  avoir  insufflé  à  tous  son  amour  cosmopolite  pour 
l'infinie  variété  des  choses  dans  la  nature  et  dans  l'art.  » 

A  vrai  dire,  la  rencontre,  en  Provence,  des  artistes  flamands  et 
italiens  a  donné  naissance  à  l'Ecole  méridionale  dont  le  roi  René 
fut  le  promoteur  avéré.  En  parlant  d'elle,  le  même  auteur  a 
raison  de  dire  :  a  nulle  de  ses  œuvres  qui  ne  porte  la  marque  de 
son  origine  et  n'atteste  une  assimilation  spontanée  et  libre  d'élé- 
ments divers  amalgamés,  transformés,  vivifiés  par  un  esprit  local 
de  simplification  à  la  fois  plus  clair  que  l'esprit  flamand  et  moins 
traditionnel  que  l'esprit  italien  et  par  une  émotion  simple,  pio- 
fonde,  humaine,  devant  les  réalités  de  la  nature  et  de  la  vie,  qui 
se  distingue  encore  de  l'analyse  à  outrance  des  septentrionaux  et 
de  la  vision  sommaire,  plastique  et  sereine  des  méridionaux  *.  t. 

René  était  bien  de  race  latine;  il  parlait  couramment  et  avec 
une  égale  facilité,  le  latin,  le  provençal,  l'italien,  le  catalan  V  En 
même  temps  qu'il  cultivait  la  peinture,  a  ce  bon  et  devost  prince, 
qui  aimait  les  arts  et  les  sciences,  se  délectait  fort  en  sculpture  ^  n 


'  Les  Primitifs  français  exposés  au  pavillon  de  Marsan,  catalogue.  Introduc- 
tion, Paris.  2«  édil.,  p.  XXVIIL 

•  Ibid.,  p.  XXVI. 

*  Annales  de  la  peinture,  par  ?A.  Parrockl,  Paris-Marseille,  p.  95. 

'  Histoire  de  René  d'Anjou,  par  L.-F.  ViLLUMBuvE-BARCinoNT,  Paris,  Biaise, 
V.  3,  p.  12  et  248. 

L'auteur  signale  un  groupe  de  deux  statues  attribuées  au  roi  René,  ou  exécutées 
sous  ses  ordres,  entouré  de  vingt  vers  de  sa  composition. 

La  description  de  ce  petit  monument  est  dans  Aix  ancienet  moderne^  tiédit., 
Aiz,  Mouret,  1833,  p.  147. 


108     TROIS    STATUETTES   EN    BOIS    DE    L'ÉCOLE    PROVENÇALE 

Aussi  ne  doit-on  pas  s'étonner  de  voir  honorés  en  Provence  les 
sculpteurs  et  au  premier  rang  les  artistes  sur  bois,  imagiers  et 
huchiers,  qui,  jusqu'à  nos  jours,  continuent  ces  traditions  d'art 
ornemental. 

Comme  suite  «à  notre  élude  sur  deux  statuettes  du  quins^ième 
siècle  conservées  à  Aix,  nous  en  signalerons  aujourd'hui  trois, 
également  en  bois,  appartenant  chacune  à  une  époque  différente, 
seizième,  dix-septième  et  dix-huitième  siècles.  Elles  représentent 
saint  Jean  l'Évangeliste,  une  Pietà  et  sainte  Madeleine. 

I.  —  Statuette  de  saint  Jean  VÉvangéUste\ 

Ainsi  que  les  Primitifs,  nombre  d'œuvres  de  la  Renaissance  ne 
portent  pas  le  nom  de  leurs  auteui*s.  Les  statuaires  n'indiquaient 
pas  davantage  sur  le  marbre  et  le  bois,  que  les  peintres  sur  la 
toile  ou  les  fresques,  un  nom,  une  lettre  ou  un  signe  qui  révélât 
leur  personnalité.  L'auteur  de  notre  statuette  a  agi  de  la  sorte;  il 
est  toutefois  permis  d'espérer  que  son  nom  sera  quelque  jour 
découvert  dans  les  archives  locales  ou  les  recueils  d'actes  et  docu- 
ments qui  lui  sont  contemporains.  C'est  pourquoi  un  premier  pas 
utile  dans  cette  voie  est  de  déterminer  par  l'examen  de  l'œuvre 
l'époque  probable  où  elle  est  sortie  des  mains  de  l'artiste. 

Un  mot  auparavant  de  l'emplacement  qu'elle  occupait  à  Aix. 

Jusque  vers  la  fin  du  siècle  dernier  et  depuis  plus  de  deux  cents 
ans,  cette  statue  ornait  la  façade  de  l'hospice  dit  «  de  la  Charité  » , 
dans  la  niche  sise  au-dessus  de  la  porte  d'entrée  principale.  Elle 
était  entièrement  recouverte  d'un  épais  badigeon,  couleur  des 
murs,  qui  la  faisait  supposer  en  pierre,  comme  son  socle,  que  l'on 
peut  encore  voir.  Si,  aux  yeux  des  amateurs  avisés  et  des  hagio- 
logues,  elle  représentait  bien  l'apôtre  évangéliste  saint  Jean,  le 
public  et  les  habitants  du  quartier,  prenant  les  longs  cheveux  pour 
un  voile,  saluaient  en  elle  la  patronne  des  orphelins  de  la  Chanté, 
la  vénérée  sainte  Anne.  C'est  après  l'avoir  descendue  de  sa  niche, 
lors  de  la  désaffectation  du  local  et  de  ses  transformations  succes- 
sives *,  que  son  identité  fut  établie.  D'après  les  connaisseurs,  cette 
statuette  remontait  au  moins  à  la  première  moitié  du  seizième  siècle. 

'  Voir,  ci-contre,  la  planche  \X.    ■ 

'  .actuellement  le  Muséum  d*histoirc  naturelle. 


IW'^- 


I 


TROIS    STATUETTES   EN   BOIS   DE    L^ÉCOtE    PROVENÇALE      109 

Haute  de  1",12  sur  0",42  de  largeur,  elle  représente  Tapôtre 
bien-aJmé,  debout  au  pied  de  la  croix,  à  gauche,  tandis  qu'était  à 
droite  la  mère  de  Jésus.  La  main  soutenant  le  visage  est  le  signe 
de  la  douleur;  le  livre,  dans  la  main  gauche,  rappelle  le  témoi- 
gnage de  Tévangéliste  «  qui  écrit  ce  qu'il  a  vu  '  ».  Elle  devait 
donc  faire  partie  d'uja  calvaire.  La  Vierge  et  la  croix  auront  été 
transportées  ailleurs,  le  saint  Jean  sera  resté,  comme  souvenir, 
sur  la  façade  du  «t  Refuge  n  devenu  ensuite  a  la  Charité  n  . 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  supposition,  la  slatue,  avant  d'être 
badigeonnée  en  imitation  de  la  pierre,  était  polychrome.  La  con^ 
tatation  en  a  été  faite  lors  de  son  grattage  ;  il  n'a  pas  été  possible 
de  conserver  les  couleurs  primitives.  Ce  n'est  peut-être  pas  à 
regretter,  car,  en  présence  du  bois  ainsi  mis  à  nu  et  débarrassé 
des  empâtements  du  coloris,  on  voit  mieux  l'œuvre  de  l'artiste,  le 
fini  des  détails  et  le  talent  qu'il  a  mis  à  faire  sortir  d'un  tronc  de 
noyer  la  figure  expressive  qu'il  voulait  reproduire. 

VUnion  centrale  des  arts  décoratifs,  dans  son  riche  musée 
nouvellement  organisé,  ofii-e  comme  chef-d'œuvre  du  quatorzième 
siècle  un  saint  Jean  en  bois,  polychrome,  qui. a  de  nombreux 
points  de  ressemblance  avec  le  nôtre.  Il  provient  du  legs  Peyre. 
I^s  publications  spéciales  en  ont  récemment  donné  la  phototypie*. 
Un  critique  d'art  autorisé  le  décrit  ainsi  :  a  Saint  Jean  au  profil 
pur,  tenant  son  menton  dans  la  main  droite,  dans  une  attitude 
pensive,  et  portant  un  livre  de  la  main  gauche,  où  toute  la  beauté 
pUre  et  calme  de  notre  quatorzième  siècle  se  trouve  exprimée  en 
une  œuvre  exquise  ' .  « 

La  comparaison  des  deux  statuettes  nous  aurait  entraîné  à  les 
croire  contemporaines  l'une  de  l'autre,  si  le  saint  Jean  de  l'Ecole 
provençale  ne  rencontrait  pas  à  Aix  même  une  indication  assez 
précise  qu'il  n'a  dû  être  sculpté  qu'après  151 5. 

*  Caractéristique  des  saints  dans  l'art  populaire,  par  le  P.  Ch.  Cahirr, 
Paris,  Poussielque  frères,  1867.  —  A  la  page  122,  on  lit  :  s  Livre,  saint  Jean 
révaogéliste  au  calvaire  est  ordinairement  à  gauche  de  la  croix  et  tenant  un  livre 
pour  rappeler  ce  qu*il  dit  lui-même  en  parlant  du  côté  de  IVotre  Seigneur, 
percé  par  la  lance  (Joann.,  xix,  33,  35)  :  i  Celui  qui  le  dit,  Ta  vu.  t 

*  Les  Arts,  Goupil,  Manzi,.Joyaut,  Paris,  décembre  1905,  n**  spéc.  Le  musée 
des  arts  décoratifs,  p.  4. 

'  Gazette  des  Beaux-Arts,  Paris,  1905.  —  N«  du  1«'  juillet  1905,  Le  Musée 
des  arts  décoratifs,  par  M.  G.  Migkon,  p.  19. 


no     TROIS   STATUETTES   BBT   BOIS    DE    L'ÉCOLE    PROVENÇALE 

Lorsque  Louis  XII  eut  créé  le  parlement  de  Provence  en  15(ïl, 
des  aménagements  furent  opérés  dans  le  palais  comtal  pour  Tins- 
tallation  de  la  cour  souveraine  de  justice  qui  remplaçait  les 
anciennes  juridictions  du  pays.  Des  artistes  flamands  vinrent 
exécuter  des  travaux  d'ornementation,  notamment  à  la  chapelle'. 
Ils  étaient  secondés  dans  Taccomplissement  de  leur  tâche  par  des 
sculpteurs  locaux.  Tous  d'ailleurs  ne  retournèrent  pas  chez  eux; 
ils  développèrent  ainsi  à  Aix  le  goût  de  la  statuaire  en  bois. 
En  1515,  ils  exécutent  un  ex-voto,  sortant  de  Tordinaire,  particu- 
lièrement remarqué;  il  occupe  tout  le  chœur  de  la  chapelle  des 
Pénitents  Gris,  dits  Bourras*.  Un  groupe  de  douze. personnages  en 
bois  représente  Fensevelisscment  du  Christ.  Les  statues,  de  gran- 
deur naturelle,  sont  dorées  ou  peintes.  Saint  Jean  rÉvangéliste  est 
au  centre;  il  soutient  la  Vierge-Mère  en  défaillance;  ses  cheveux 
assez  longs  sont  coupés  sur  le  front.  L'auteur  de  notre  statue  a 
pu  très  bien  s'inspirer  de  cette  œuvre  dont  la  date  n'est  pas 
contestée. 

D'autre  part,  l'érudit  organisateur  des  sculptures  ornant  les 
salles  du  pavillon  Marsan  à  l'Exposition  des  Primitifs  mentionne, 
dans  la  Gazette  des  Beatuc^Arts  ',  un  saint  Jean  de  l'École  touran- 
gelle du  quinzième  siècle.  L'apôtre  est  pieds  nus,  selon,  dit-il, 
a  la  tradition  iconographique  constante  d  .  Il  est  vêtu  d'une  longue 
tunique  légèrement  relevée  et  retenue  sous  le  bras  gauche  de 
façon  à  faire  sur  le  devant  une  belle  chute  de  plis.  Cet  effet  est, 
plus  de  cinquante  ans  après,  réalisé  au  saint  Jean  d'Aix  par  le 
vêtement  relevé  dans  la  ceinture.  M.  P.  Vitry  ajoute  :  a  Les  che- 
veux sont  coupés  régulièrement  autour  de  la  tête,  suivant  la  mode 
du  milieu  du  quinzième  siècle;  la  figure  est  directement  inspirée 
de  la  nature,  presque  un  portrait,  n 

Enfin,  dans  une  communication  sur  des  statues  de  la  Renais- 
sance d'un  des  distingués  correspondants  du  comité  des  Sociétés 

^  Dans  teiXe  chapelle  se  trouvait  un  tableau  historique  pour  le  ParljBment, 
actuellement  dans  Téglise  Saint-Jérome,  que  ses  dimensions  o*ont  pas  permis 
de  faire  figurer  à  Texposition  des  Primitifs.  — Rues  d'Aix,  par  Roux  Alphkran, 
Aix.  Aubin,  1846,  t.  I^  p.  5*2. 

*  Aia:  ancien  et  moderne,  par  Portk.  Aix»  Guigues,  1823,  i**  édit., 
p.  126. 

'  Gazette  des  Beaux-Arts,  Paris,  1904,  !•' février,  p.  117.  —  Quelques  bois 
sculptés  de  l'école  tourangelle  du  quinzième  siècle,  par  M.  P.  Vitry. 


— y^MJSj^-qtfc-  '^'S'^rs^^*^  . 


TROIS  STâTUETTES  EN  BOIS  DE  L'^.COLE  PROVENÇALE   111 

départementales  des  Beaux-Arts  \  sont  décrites  deux  statuettes  en 
marbre  —  un  saint  Louis  et  un  évéque  —  dont  la  coupe,  de  che- 
veux carrée  sur  le  front,  le  vêtement  relevé  pour  former  des  plis, 
et  Tagrafe  qui  le  retient  sur  la  poitrine  ne  sont  pas  sans  ana- 
logie avec  Tœuvre  provençale  de  la  façade  du  Refuge  d'Aix. 

Ces  divers  documents  ne  sont-ils  pas  suffisants  pour  justifier 
l'attribution  de  celle-ci  à  un  imagier  du  premier  tiers  du  seizième 
siècle?  Qu'il  nous  soit  permis  de  l'admettre,  en  attendant  qu'un 
registre  de  tabellionage  ou  quelque  vieux  papier  d'archives  fasse, 
un  jour,  la  lumière  complète  à  ce  sujet  et  ajoute  ainsi  un  nom  de 
plus  à  la  liste  des  artistes  de  l'École  aixoise. 

Cette  statue  de  saint  Jean  l'Évangéliste  n'est  pas  sortie  d'Aix  ; 
elle  fait  partie  de  notre  collection  provençale. 

II.  ■ —  Pietà,  par  le  P.  Vvan. 

Ce  sujet,  émouvant  et  grandiose,  de  la  mère  du  Sauveur  ado- 
rant, dans  son  immense  douleur,  le  corps  divin  descendu  de  la 
croix  et  reposant  sur  ses  genoux,  devait  d'autant  plus  inspirer  les 
artistes  qu'il  excitait  davantage  la  piété  des  fidèles.  Les  Pietà  de 
l'Ecole  provençale  ne  sont  pas  rares;  plusieurs  ont  acquis,  ces 
derniers  temps,  un  renom  bien  mérité. 

Celle  que  nous  reproduisons'  est  l'œuvre  d'un  saint  prêtre,  né  à 
quelques  lieues  d'Aix,  à  Rians,  en  1576,  et  décédé  à  Paris  en  1653. 
Il  professait  un  culte  particulier  pour  la  «  Mater  dolorosa  ?) .  On  a 
de  lui  des  tableaux,  des  gravures,  des  statues  de  madone  et  cette 
Pietà  polychromée.  Le  Père  Yvan  fut  chargé,  à  Aix,  de  la  chapelle  de 
N.  D.  de  Beauvezet  et  ensuite  de  la  paroisse  de  Sainte-Madeleine. 
L'exécution  de  cette  œuvre,  que  nous  empruntons  au  cabinet  d'un 
fervçnl  amateur  aixois',  est  antérieure  à  Tannée  1638,  date  de  la 
fondation  de  son  ordre  des  religieuses  de  la  Miséricorde  \  A  partir 

'  RéuDion  des  Sociétés  des  beaux-arts  des  départements,  28"  session,  Paris, 
Pion-Xourril.  1904,  p.  430,  pi.  XVII  et  XVIII.  —  Les  statues  de  la  Renais- 
sance à  l'église  d'Arlay  (Jura),  par  M.  Tabbé  Brunk,  à  Mont-sous- Vaudrey. 

^  Voir,  ci-dessus,  la  planche  XXI. 

^  M.  L.  DB  Brrsc,  de  l'Académie  d'Aix  et  de  la  Société  littéraire  du  Var,  auteur 
de  l'Armoriai  des  communes  de  Provence,  ancien  maire  et  conseiller  général 
du  Var,  délégué  d'Aix  au  Comité  d'exposition  générale  d'art  provençal. 

*  Les  rues  d'Aix,  par  Roux-Alphkran.  Aix,  Aubin,  1846,  t.  1*',  p.  574. 


lis     TROIS    STATUETTES    EN    BOIS    DE    L'ÉCOLE    PROVENÇALE 

de  ce  moment,  Tamateur  d'art  qu'était  le  P.  Yvan  eut  peu  de 
loisirs  à  donner  à  ses  goûts  de  sculpture. 

Sa,  Pieià  mérite  notre  attention  ;  elle  révèle  plus  d'une  des  qua- 
lités exigées  de  l'artiste  professionnel.  On  y  remarque  le  senti- 
raient du  réel  dans  l'ensemble  et  dans  les  détails,  ainsi  que  l'ex- 
pression idéalisée  des  pensées  évoquées  par  le  sujet.  Le  visage  de 
la  Vierge  dit  bien  la  douleur  contenue,  mais  poignante,  les  yeux 
sont  gonflés  de  larmes.  La  tète  tombante  du  Chrift,  les  bras  sans 
vie,  entraînés  par  leur  poids,  sont  impressionnants  ;  plus  d'un 
maître  revendiquerait  cette  œuvre  du  P.  Ant.  Yvan. 

Elle  est  de  petite  dimension  et  mesure  soixante  centimètres  de 
hauteur  sur  vingt-six  de  largeur.  Les  couleurs,  assez  épaisses,  qui 
recouvrent  le  bois  «ont  bien  ordonnancées  ;  elles  ont  protégé 
l'essence  du  tremble  contre  les  injures  du  temps.  En  définitive, 
cette  Pietà  constitue  un  précieux  document  de  l'art  provençal  au 
dix-septième  siècle. 

m.  —  Sainte  Madeleine. 

La  troisième  et  dernière  statuette  phototypée  est  une  Madeleine 
polychrome.  Elle  appartient  au  riche  cabinet  du  Peiresc  moderne, 
M  Paul.  Arbaud,  membre  d'honneur  de  l'Académie  d'Aix,  dont  les 
collections  provençales  sont,  on  peut  le  dire,  sans  rivales.  Elle 
provient  de  la  haute  Provence,  où  sainte  Madeleine  est  aussi 
vénérée  que  dans  les  pays  du  littoral.  Mais  la-  célèbre  pécheresse 
n'est  pas  représentée,  comme  d'habitude,  ou  en  pénitente  à  la 
Sainte-Baume,  ou  en  amie  éplorée  à  la  Mise  au  tombeau,  ou 
encore  en  contemplation  dans  les  méditations  et  les  extases  ' . 

L'abondante  chevelure  flottante  qui  l'enveloppe  jusqu'à  mi- 
corps,  le  vase  de  parfums  à  ses  pieds,  fixent  sans  conteste  sa  per- 
sonnalité. Le  livre  ouvert  que  supporte  sa  main  droite,  et  dont, 
deboutj  elle  fait  une  lecture  attentive,  détermine  une  pose  en 
laquelle  Marie-Madeleine  est  très  rarement  dépeinte.  Cette  parti* 
cularité  est  à  signaler  à  titre  documentaire  de  son  iconographie. 
Car  dans  les  nombreux  tableaux  de  maîtres  '  où  figure  un  livre  à 

'  Voir,  ci-contre,  la  planche  XXIL 

*  Voir  n.otanunent  les  gravures  de  sainte  Madeleine  d'après  le  Corrègo, 
Gennari,  Battoni,  Murillo,  Philippe  de  Gfaampaigne»  Natoire  et  Greuze. 


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Page  112. 


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TR018    STATUETTES   EN    BOIS   DE    L'ÉCOLE    PROVENÇALE      113 

côté  OU  SOUS  les  yeux  de  la  sainte,  c'est  toujours  couchée  ou  assise 
ou  à  genoux  que  celle-ci  fait  la  lecture  ;  aucune  gravure  que  nous 
sachions  ne  la  montre  lisant  debout. 

Au  surplus,  Tensemble  assez  élégant  de  la  statuette,  qui  a  un 
mètre  de  hauteur  et  trente-cinq  centimètres  de  largeur,  ferait 
plutôt  songer  au  portrait  de  la  comtesse  de  Grignan,  en  Madeleine, 
par  Fauchier.  Ce  tableau,  que  le  jeune  peintre  aixois  ne  put  ter- 
miner et  qui  a  donné  cours  à  une  légende  romanesque  sur  la  fin 
prématurée  de  Fauchier,  nous  offre  le  privilège  d'admirer  de 
luxuriantes  chevelures  variées,  et  à  défaut  du  livre,  le  vase  à 
parfum  ou  surtout  la  tête  de  mort,  qui,  on  le  sait,  est  le  symbole 
le  plus  significatif  de  la  Madeleine.  Car,  fait  des  plus  curieux,  ce 
fameux  portrait  de  la  fille  de  Mme  de  Sévigné  —  qui,  certaine- 
ment, n'a  pas  été  détruit  —  existerait  en  quatre  originaux  absolu^ 
ment  différents!  Expliquons-nous:  Aix,  Marseille,  le  Comtat,  la 
Gironde  revendiquent  à  la  fois  la  comtesse  de  Grignan  en  Made- 
leine'. Laquelle  des  quatre  toiles  est  celle  que  Fauchier  laissa 
inachevée?  Une  solution  serait  à  souhaiter  pour  l'histoire  de  l'art 
provençal;  le  problème  est  tentant  à  étudier  ;  les  difficultés  de  la 
solution  ne  sont  pas  aussi  ardues  qu'elles  le  peuvent  paraître  au 
premier  abord. 

^uant  à  la  statuette  du  cabinet  de  M.  Arbaud,  elle  réalise  une 
Madeleine  assez  artistique,  telle  que  le  goût  des  œuvres  gracieuses 
et  miévrées  du  dix-huitième  siècle  entraînait  à  les  exécuter  jusque 
dans  les  peintures  et  sculptures  religieuses. 

Elle  mérite  d'être  signalée  à  l'avoir  de  l'Ecole  provençale  d'Aix 
de  cette  époque. 

Baron  Guillibert, 

Correspondant  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux- Arts  des  départements,  k 
Aix-en-Provencc. 

'  La  famille  de  Mme  de  SévigtU  en  Provence  ^  par  le  marquis  dk  Saport.a. 
Paris,  Pion.  1889,  p.  43  et  5. 

Arch.  de  l'Académie  de  Bordeaux,  3*  série,  65*  année,  un  portrait  de 
Mme  de  Grignan,  par  \\.  dr  Bordks-Fontagrs,  Paris,  Picard,  1903,  p.  J03  et 
suiv.  —  Voir  la  planche. 

Réunion  des  Sociétés  des  beaux-arts  des  départements,  28*  session.  —  La 
(lolerie  Paul  de  Surian,  par  M.  Bouillon-LiINdais.  Paris,  PIon-\ourrit,  1901, 
p.  167  et  8.  —  Voir  la  planche. 


116  STATUBS   DE   L'ÉCOLE    DUONNAISE 

la  Vierge  de  Plombières,  au  musée  du  Louvre,  et  le  numéro  382 
du  musée  de  Cluny.  Avec  cette  dernière  surtout  la  ressemblance 
est  frappante.  Les  grands  plis  de  la  robe  et  du  manteau  étalé  en 
tablier  large  et  épais,  relevé  par  la  main  droite,  sont  identiques 
dans  Tune  et  Tautre  statue  :  on  n'y  saisit  que  des  différences 
d'accentuation.  Cependant  tous  ces  caractères  communs  ne  vont 
pas  jusqu'à  faire  de  notre  statue  une  simple  répétition  du  type 
consacré.  Remarquons  son  déhanchement  plus  naturel  et  ses  pro- 
portions normales,  puis  les  draperies  qui  se  serrent  sur  le  corps, 
au  lieu  de  s'élargir  démesurément,  comme  on  le  voit  en  tant  d'au- 
tres œuvres  de  l'école.  Ce  sont  là  des  particularités  remarquables. 
De  plus,  le  visage  est  très  personnel.  Les  artistes  bourguignons  se 
plaisaient  à  reproduire  les  têtes  qu'ils  avaient  sous  les  yeux,  et 
leur  choix  n'était  pas  toujours  heureux.  Ici  le  reproche  tomberait 
à  faux.  Dans  la  statue  de  Cluny,  la  Vierge  se  penche  et  sourit  avec 
une  expression  un  peu  forcée  ;  dans  la  nôtre  la  figure  est  sérieuse, 
presque  triste,  mais  d'une  vie  intense.  Ce  visage  allongé,  aux 
pommettes  légèrement  saillantes,  aux  lèvres  minces  et  avancées, 
est  la  reproduction  très  fidèle  d'un  type  qu'il  n'est  pas  rare  de 
rencontrer  encore  aujourd'hui  dans  nos  régions  * . 

L'enfant  Jésus  lui  aussi  est  bien  vivant,  en  son  geste  de  této 
bonnasse  et  tranquille.  Il  tient  d'une  main  le  globe  du  monde  posé 
sur  ses  genoux  et  bénit  de  l'autre. 

Il  faut  conclure  des  observations  précédentes  que  la  Vierge  de 
Saint-Jean  est  l'une  des  plus  intéressantes  que  l'on  connaisse,  soit 
par  le  charme  mélancolique  de  sa  physionomie,  soit  par  ses  dimen- 
sions peu  ordinaires  et  par  ses  heureuses  proportions,  très  éloi- 
gnées des  formes  ramassées  et  trapues,  si  caractéristiques  de  l'école. 
Nous  pouvons,  je  crois,  l'attribuer  à  l'un  dfs  meilleurs  imagiers 
dijonnais;  c'est  une  œuvre  d'artiste  et  non  une  production  d'atelier. 
Elle  méritait  d'être  signalée  et  pourra  servir  plus  tard  de  point  de 
comparaison,  loi'sque  le  classement  des  Vierges  bourguignonnes 
sera  plus  avancé.  Déjà  un  certain  nombre  ont  été  publiées  et 
décrites  *  ;  beaucoup  sont  encore  inconnues  et   c'est  seulement 

*  La  photographie,  qui  détruit  sur  I*épreuve  J'harmonie  des  ombres,  à  cause 
de  la  peinture  dont  le  visage  est  couvert»  ne  rend  pas  le  charme  de  douceur 
et  de  timidité  qui  s'en  dégage. 

'  On  trouvera  notamment  dans  les  Ltçons  de  L.  Courajod,  t.   II,  et  dans 


i* 


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I. 


Page  116. 


STATUBS   DE    L'ÉCOLE    DIJ0NNAI8B  III 

quand  nos  églises  auront  été  soigneusement  explorées  qu'il 
deviendra  possible  de  les  classer  par  types  spéciaux,  ressortissant 
d  artistes  ou  d'ateliers  qu'on  parviendra  sans  doute  à  déterminer, 
à  l'aide  de  leurs  caractères  communs  et  de  nouveaux  textes.  Il  me 
semble  qu'on  peut  dès  maintenant  les  ramener  à  trois  groupes  dis- 
tincts :  au  premier  reviendrait  le  type  ramassé,  à  manteau  épais 
comme  du  cuir,  auquel  appartiennent  les  statues  de  Cluny  et  du 
Louvre,  ainsi  que  celle  de  Besançon,  bien  que  plus  élégante.  Le 
second  comprendrait  celles  dont  le  manteau,  également  très  large, 
parait  comme  doublé  et  forme  deux  séries  de  plis  conjugués;  les 
volutes  s'y  multiplient  d'une  manière  invraisemblable  :  la  Vierge 
du  retable  de  Rouvres  et  plusieurs  autres  que  je  ferai  bientôt  con- 
naître se  rattachent  à  ce  groupe.  Enfin,  dans  la  troisième  catégo- 
rie rentreraient  ces  visages  d'une  vulgarité  et  d'une  laideur  parfois 
repoussantes  et  ces  Enfants-Jésus  à  tête  de  vieillard,  dont  on  con- 
naît quelques  exemplaires  et  dont  plusieurs  sont  encore  inédits.  Je 
me  contente  d'indiquer  ici  ces  traits  communs,  susceptibles  de 
prêter  à  des  classements  raisonnes,  sans  vouloir  en  tirer  des  con- 
clusions prématurées. 

Les  deux  autres  statues  du  retable  ne  dépassent  pas  les  dimen- 
sions courantes,  soit  un  mètre  environ.  La  première  a  pris  le  nom 
de  sainte  Cécile',  bien  que  rien  dans  ses  attributs  ne  la  désigne 
spécialement  ;  elle  tient  en  effet  une  palme  (disparue)  et  un  livre 
ouvert,  sur  lequel  on  lit  le  texte  du  psaume  1 18  :  Iniquitatemodio 
habui;  legem  autem  tuam  dilexi.  Elle  est  figurée  debout*,  vêtue 
d'une  cottardie  ou  longue  robe  très  ajustée,  légèrement  décolletée, 
et  d'un  manteau  retenu  par  un  cordon  à  double  houppe.  Sa  tête 
est  nue,  le  visage  jeune,  très  fin  d'expression  ;  de  longs  cheveux 
retombent  sur  les  épaules.  Cette  statue,  comme  la  Vierge,  n'aco>^ 


l'intéressant  volame  récemment  constcré  à  Glaus  Sluter  par  H.  Kleinclauss, 
l'éaumération  d'un  certain  nombre  de  Vierges  à  V enfant  :  Paris,  musée  du 
Louvre  2,  musée  de  Cluny  2  ;  —  Dijon  2  ;  —  Saint-Jean-de-Losne  1  ;  —  Gha- 
lons,  hôpital  1  ;  —  Rouvres  1  ;  —  Autun  2  ;  —  Semur  1  ;  —  Saint-.^polli- 
naire  1  ;  —  Souvigny  1  ;  —  Laisy-près-Autun  1  ;  —  Lyon  2  ;  —  Bourg  1  ;  — 
Toulouse,  musée  i.  11  en  existe  dans  le  Jura,  à  Poligny,  Salins,  Saint-€laude, 
Mièges,  Saint-Christophe,  etc. 

'  Guide  du  visiieur  à  l'église  métropolitaine  de  Besançon,  par  l'abbé  Gvi- 
BAftD,  1808,  p.  14.  -.  Guide  du  visiteur,.,,  par  G.  H.  S.,  1902,  p.  30. 

*  Voir,  ci-dessous,  planche  XXIV. 


lis  STATUES   DE    L'ÉCOLE    DIJONNAISK 

t  serve  sa  peinture  que  sur  les  nus  et  le  livre  ;  sans  avoir  la  valeur  de 

cette  dernière,  elle  est  loin  d'être  dénuée  d'intérêt;  les  plis  sont 
bien  traités,  sobres  et  naturels;  Tensemble  est  d'une  excellente 
tenue  et  donne  une  impression  de  grâce  aimable. 

La  troisième  statue  porte  le  même  costume  et  les  mêmes 
emblèmes  que  la  précédente;  elle  est  de  plus  accostée  de  l'attribut 
de  sainte  Barbe  :  une  tour  octogone,  avec  fenêtres,  créneaux  et 
mâchicoulis  V  Le  haut  du  corps  est  très  bien  traité  et  annonce  le 
même  ciseau  que  la  sainte  Cécile.  Malheureusement  toute  la  partie 
inférieure  est  déplorablement  gâtée.  Est-ce  la  faute  de  l'imagier, 
qui  se  serait  aperçu  trop  tard  d'un  manque  de  proportions,  ou 
plutôt  a-t-on  voulu  dans  la  suite  l'agrandir,  pour  faire  un  pendant 
à  la  sainte  Cécile?  Toujours  est-il  que  les  plis  du  bas  de  la  robe 
ont  été  modifiés  et  aplatis,  pour  les  adapter  tant  bien  que  mal  à 
une  ajoute  des  plus  maladroites.  La  statue  est  complètement  gâtée 
par  cette  malheureuse  adjonction. 

J'aurais  voulu  pouvoir  découvrir  l'origine  et  la  destination  pri- 
mitive de  ces  trois  statues;  les  délibérations  capitulaires,  aussi 
bien  que  le  nécrologe  et  les  actes  de  fondations,  sont  muets  sur  ce 
point.  Peut-être  appartenaient-elles  à  la  première  chapelle,  la  res- 
tauration du  chanoine  Bonvalot  les  ayant  n\spectées  et  utilisées 
dans  le  nouveau  retable.  Elles  faisaient  apparemment  partie  des 
dix-neuf  statues  laissées  en  1794  à  la  sacristie  de  Saint-Jean,  après 
le  dépouillement  de  la  métropole,  à  cause  des  frais  que  leur  trans- 
port aux  magasins  du  district  aurait  occasionnés  V 

Ces  statues,  aussi  bien  que  le  retable  deLulier,  n'ontpas  trouvé 
grâce  devant  l'architecte  restaurateur  de  la  chapelle  ;  moins  con- 
servateur que  ses  devanciers  du  seizième  siècle  et  de  l'époque  du 
concordat,  il  les  a  remplacées  par  une  table  d'autel  toute  neuve  et 
toute  nue.  Espérons  qu'on  finira  par  leur  trouver  une  petite  place 
dans  quelque  coin  de  la  vieille  métropole,  qui  compte  assez  peu 
d'œuvres  d'art  pour  n'être  pas  indifférente  à  la  perte  de  statues  de 
la  valeur  de  celles  que  je  viens  de  décrire. 

P.  Brlne, 

Correspondant  du  Comité. 

'  Voir,  ci-contre,  planche  XXV. 

^  Ea  cathédrale  de  Sainf-Jean  pendant  la  récolution,  par  le  chanoine  Si- 
CHET,  in-8»,  1900,  p.  56. 


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UNE    STATL'E    DE    NICOLAS   D'ANGENNES  119 


VI 


l  NE  STATLE  DE  XiCOLAS  D'AXGENXES 

EN    MARBRE   ET   UN   PORTRAIT   DU   MÊME 

Nicolas  d'Angennes,  seigneur  de  Rambouillet,  naquit  vers  1533; 
il  était  le  quatrième  enfant  de  Jacques  d\Angennes  et  dlsabeau 
Cottcreau  qui  en  eurent  douze;  ce  fut,  d'après  de  Thon,  un  lettré; 
son  nom  est  suivi  des  titres  suivants  :  chevalier  des  ordres  du  Roy, 
conseiller  en  son  Conseil  privé  et  capitaine  de  cinquante  hommes 
d'armes  de  ses  ordonnances;  son  contrat  de  mariage  aiec  Julienne 
d'Arquenay  porte  la  date  du  17  janvier  1567;  Blanchuui'n, 
tabellion  juré  à  la  paroisse  de  la  Croix  au  Maine,  le  reçut. 

Son  frère  aine  étant  mort  au  mois  de  septembre  1569,  le  second 
ayant  été  tué  en  Piémont,  le  18  août  1557,  le  troisième  occupant 
Tévéché  du  Mans,  lui,  quatrième,  devint  le  chef  de  la  famille,  au 
point  de  vue  des  biens  et  des  titres  civils  et  c'est  en  cette  qualité 
que  la  principale  seigneurie  des  d'Angennes,  la  seigneurie  de 
Rambouillet,  lui  échut. 

Henri  III,  alors  duc  d'Anjou,  lui  attribua  le  succès  de  la  bataille 
de  Jarnac,  gagnée  le  13  mars  1569:  on  garda  dans  la  famille  une 
letlre  par  laquelle  le  roi  le  remerciait. 

En  1573,  il  fut  vice-roi  de  Pologne  en  attendant  que  le  roi  y 
allât;  et,  quand  le  roi  y  arriva,  il  lui  dit,  d'après  Tallemant  : 
«  Sire,  j'ai  à  vous  remettre  une  somme  considérable  entre  les 
mains,  w  C'étaient  cent  mille  écus  et  davantage,  a  Vous  vous  mo- 
quez, monsieur  de  RamlK)uillet,  dit  le  roi,  c'est  votre  épargne.  ' — 
Sire,  il  faut  que  vous  la  preniez,  vous  en  aurez  bien  besoin.  ^ 

Nicolas  d'Angennes  et  Julienne  d'Arquenay  eurent  deux  enfants, 
Madeleine  et  Charles,  qui  épousa  Catherine  de  Vivonne  et  fut  le 
père  de  la  célèbre  Julie  d'Angennes. 

Plusieurs  missions  importantes  incombèrent  à  Nicolas  d'An- 
gennes' :  le  4  mai   1574  il  avait  été  délégué  en  Pologne  pour 

'  Les  lettres  de  Catherine  de  Mëdicis,  collection  Ba«{ueDault  de  Puchessc, 
dans  chacun  des  neuf  volumes,  parlent  fréquemment  de  la  famille  d'Angennes 
et  particulièrement  de  \icolas. 


liO  CNE    STATUE    DE    NICOLAS   D'ANGEW'ES 

annoncer  à  Henri  la  mort  de  Charles  IX  et  le  prier  d'accélérer  le 
retour  en  son  royaume;  en  1580,  il  se  rendit  en  Angleterre  pour 
négocier  le  mariage  d'Elisabeth  avec  le  duc  d'Alençon. 

Après  la  mort  du  cardinal  de  Rambouillet,  en  1587,  il  ajoutait 
la  seigneurie  des  Essarts,  qu'il  héritait  de  celui-ci,  à  la  seigneurie 
de  Rambouillet. 

Au  moment  du  premier  mariage  de  sa  fille  Madeleine  avec 
Pierre  du  Bellay,  dont  le  contrat  fut  passé  le  31  janvier  1588,  le 
13  mai,  Henri  III  n'étant  plus  en  sûreté  à  Paris,  à  raison  des 
troubles  qui  agitaient  la  capitale,  Nicolas  emmena  le  roi  coucher  à 
Rambouillet,  et  le  lendemain  14  à  Chartres. 

Cependant,  dit  Tallemant,  Henri  III  ne  fit  point  faire  de  fortune 
à  un  homme  qu'il  estimait  tant  :  on  dit  qu'il  reconnaissait  qu'il 
avait  tort  et  on  ajoute  que  si  le  roi  n'avait  point  été  tué  le  2  août 
1589,  il  lui  eût  fait  beaucoup  de  bien. 

Nicolas  d'Angennes  eut  l'estime  du  roi  Henri  IV,  qui,  au  mois 
d'avril  1595^  confirme lesdroitsduseigneurde Rambouillet  a  alors 
capitaine  de  cent  gentishommes  de  notre  maison,  disent  les  lettres 
patentes,  et  sénéchal  du  Mans» ,  sur  le  marché  de  Rambouillet. 

Au  début  du  dix-septième  siècle,  Nicolas  d'Angennes  et  Julienne 
d'Arquenay  ont  la  joie  (Nicolas  a  près  de  soixante-dix  ans)  de  voir 
l'union  de  leur  fils  Charles,  alors  yidame  du  Mans,  né  vers  1 576, 
avec  Catherine  de  Vivonne  qui  n'a  que  douze  ans  ;  leur  contrat  de 
mariage  est  dressé  le  26  janvier  1600. 

Le  vieux  grand-père  et  Julienne  d'Arquenay  eurent  le  bonheur 
de  connaître  leur  petite-fille  Julie,  qui  naquit  en  1607. 

Deux  ans  après,  la  grand'mère  de  Julie  mourait,  le  13  décembre 
1609;  le  grand-père  ne  tardait  pas  à  la  suivre  dans  la  tombe. 

Nicolas  d'Angennes  décédait  le  6  septembre  1611,  ainsi  qu'en 
fait  foi  son  acte  mortuaire  : 

tt  Noble  homme,  haut  et  puissant  seigneur  Nicolas  d'Angennes, 
chevalier  des  ordres  du  roi  et  seigneur  de  Rambouillet,  décéda  le 
vendredi  6  de  septembre  1611  et  fut  inhumé  par  moi  en  l'église 
de  Rambouillet.  Signé  :  Bourlat,  curé,  d 

L'année  suivante,  la  seigneurie  de  Rambouillet  fut  érigée  en 
marquisat,  en  faveur  de  Charles  d'Angennes. 

*  Archives  Dationales  0*  3889. 


i 


UNE    STATUE    DE    NICOLAS   D'ANGKNNES  li! 

Le  château  du  Tremblay,  appartenant  à  M.  le  comte  de  Rougé, 
aujourd'hui  duc  de  Caylus,  possède  un  intéressant  portrait  de 
\icolas  d'Angennes,  dans  sa  jeunesse  \ 

Le  personnage  porte  la  collerette  de  l'époque  ;  Tceilest  vif  etdécidé. 

A  gauche,  dans  un  coin  du  tableau,  sont  reproduites  les  armes 
des  d'Angennes,  consistant  en  une  croix  oblique  ou  croix  de  Saint- 
André. 

La  toile  du  château  du  Tremblay  mesure  76  centimètres  de  lon- 
gueur sur  67  centimètres  de  largeur. 

Elle  contient  une  inscription  ainsi  conçue  : 

a  Kicolas  d'Angennes,  capitaine  des  gardes  du  corps,  le  30  dé- 
cembre 1580.  D  C'est  la  date  de  sa  réception  comme  chevalier  du 
Saint-Esprit. 

Le  château  du  Tremblay  renferme  les  archives  de  la  famille  des 
d'Angennes. 

La  piété  de  Charles  d'Angennes  éleva,  à  la  mémoire  de  son 
père  et  de  sa  mère  inhumés  à  Rambouillet,  deux  monuments  : 
deux  statues  en  marbre  blanc  les  représentant  à  genoux,  l'un 
et  l'autre  ;  ces  statues  furent  placées  dans  l'église  de  Rambouillet. 

Plus  d'un  siècle  s'est  écoulé  après  la  mort  de  Nicolas  d'Angennes 
et  de  sa  femme  :  Rambouillet  n'appartient  plus  à  leur  famille;  il 
devient  le  domaine  du  comte  de  Toulouse  en  1706. 

Le  comte  de  Toulouse  a  pour  gouverneur  de  ses  pages,  pendant 
trente-neuf  ans,  Piganiol  de  la  Force  qui,  nécessairement  accom- 
pagnant le  prince  dans  ses  séjoui*s,  connaît  merveilleusement 
Rambouillet. 

Quelques  années  après  la  mort  du  comte  de  Toulouse,  Piganiol 
de  la  Force,  en  1742,  dans  sa  Description  de  Paris  et  des  envi-- 
rons,  décrit  Rambouillet  et  trouve  les  deux  statues;  il  s'exprime 
ainsi  à  leur  sujet  et  la  même  description  est  reproduite  dans  l'édi- 
tion du  même  ouvrage  publiée  après  sa  mort,  en  1765  : 

a  L'église  est  assez  grande,  mais  d'ailleurs  n'a  rien  qui  la  dis- 
tingue d'une  église  de  village.  Quelques  seigneurs  de  la  maison 
d'Angennes  y  sont  inhumés,  mais  les  changements  qui  y  sont 
arrivés  font  qu'on  ne  connaît  plus  l'endroit  où  leurs  corps  ont  été 
mis.   Il  n'y  en  a  qu'un  seul  dont  on  voit  ici  un  tombeau  en  pierre 

'  Voir,  ci-dessous,  planche  WVI. 


12â  UIVB    STATUE    DE    NICOLAS   D*A\GEN\ES 

sur  lequel  est  un  homme  à  genoux  et  armé,  ayant  ses  gantelets 
par  terre  devant  lui,  ce  qui  signifie  qu'il  mourut  de  mort  naturelle 
et  point  en  guerre.  Derrière  cette  statue  et  à  la  file  est  celle  de  sa 
femme,  aussi  à  genoux.  Un  écu  parti  de  leurs  armes  est  à  c(Mé 
d'eux  et  sculpté  sur  le  mur.  Il  est  décoré  des  colliers  des  ordres  de 
Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit  et  les  armes  des  d'Augennes  y  sont 
très  reconnaissables,  mais  je  n'ai  rien  connu  à  celles  de  sa  femme. 
L'on  ne  trouve  rien  dans  les  registres  de  cette  église  c|ui  fasse 
connaître  nommément  ce  seigneur  et  cette  dame  ;  il  y  a  toute 
apparence  que  c'est  la  représentation  de  Nicolas  d'Angennes,  sei- 
gneur de  Rambouillet,  de  la  Villeneuve,  de  la  .Uoutonnière, 
vidame  du  Mans,  gouverneur  de  Metz  et  pays  messin,  conseiller 
d'Etat,  lieulenaut-général  des  armées  des  rois  Charles  fX  et 
Henri  III  et  capitaine  des  gardes  de  ce  dernier,  chevalier  de  Tordre 
du  Saint-Esprit.  Il  vivait  encore  le  5  février  1611  âgé  de  quatre- 
vingt-un  ans.  Il  avait  épousé  Julienne  dame  d'Arquena^,  de 
Champleury,  de  Bignon  et  de  Maisoncelles,  fille  unique  héritière 
de  Claude,  seigneur  d'Arquenay,  vidame  du  Mans,  et  de  Magde- 
leine  deBourgneuf  de  Lucé.  « 

Les  deux  statues  que  Piganiol  vient  de  décrire  demeurèrent  dans 
l'église  de  Rambouillet  jusqu'à  la  Révolution. 

D'après  des  témoins  oculaires,  elles  étaient  placées  dans  une 
niche  cintrée  auprès  de  l'autel  de  la  Vierge. 

l  ne  délibération  de  la  municipalité  de  Rambouillet  du  28  août 
1792'  décida  que  toutes  les  armoiries  sculptées  dans  l'église 
seraient  supprimées,  que  les  plombs  dont  étaient  composés  les 
cercueils  des  d'Angennes  (il  y  en  avait  sept  grands  et  deux  petits) 
seraient  vendus,  ainsi  qu'une  boite  d'argent  en  renfermant  une 
autre  de  plomb  dans  laquelle  paraissait  avoir  été  renfermé  le  cœur 
de.  Léon  Pompée  d'Angennes,  mort  à  la  bataille  de  Xordiingue,  le 
3  août  1645,  laquelle  boite  pesait  dix-sept  onces  et  demi  environ. 

Dès  avant  cette  délibération,  un  habitant  de  la  commune, 
Besson,  avait  fait  enlever  les  deux  représentations  ou  statues  qui  s<! 
trouvaient  sur  la  tombe  de  la  famille  d'Angennes. 

Le  conseil  n'entendait  ni  im prouver  ni  approuver  à  cet  égard  la 


'  Archives  de  Rambouillet  et  premier  volume,  troisième  fascicule,  des  Mé* 
moires  de  la  Société. 


iT^o'-^'^z.  ::»sc"  '«s** 


1^  1  ^  -^ 


«W»  «W»  m^»    Et      Et    mWm  « W» 

tP      tP      tP    «2»  a^»  ,^.  -S8- 


Pagc    1:22. 


A  \  G  E  N  \  E  S 


UNE    STATUE    DE   NICOLAS    D*ANGENNES  12:^ 

conduite  de  Basson,  mais  ordonnait  la  vente  du  plomb  des  cei''- 
cueils  et  du  cœur  d'argent  ;  pour  les  statues,  il  laissait  aux  auto- 
rités supérieures  le  soin  de  se  prononcer. 

La  délibération  du  conseil  ne  fardait  pas  à  recevoir  son  exécu- 
tion, cardes  le  28  août  les  plombs  provenant  des  cercueils  étaient 
vendus  et  l'assemblée  du  conseil  du  27  novembre  1792  relatant 
cette  vente  ajoute.: 

tt  Qu'en  faisant  cette  vente,  plusieurs  personnes  ont  paru  désirer 
acquérir  les  statues  des  sieur  et  dame  Dangesne  et  la  table  de 
marbre  qui  fermait  la  tombe  de  celte  famille,  et  que  ces  deux  objets 
ont  été  laissés  au  sieur  Teissier,  maçon,  moyennant  45  I.  11  s.  » 

Quant  au  cœur  d'argent,  nous  apprenons  par  une  délibéralioa 
du  15  juin  1793  qu'il  fut,  le  13  du  même  mois,  vendu  à  Vinanl, 
orfèvre  à  Paris. 

L'acquéreur  des  deux  statues,  membre  de  la  municipalité, 
ardent  révolutionnaire,  est  dénommé,  dans  un  tableau  de  la 
société  populaire  dressé  en  1795,  Tissier,  Joseph,  né  à  Xogenl- 
sur-Marne,  âgé  de  quarante-deux  ans,  entrepreneur  de  bâtiments 
à  Rambouillet. 

Nous  trouvons  Teissier  ou  Tissier  désarmé  comme  terroriste,  en 
vertu  de  la  loi  du  10  avril  1795;  le  procès-verbal  de  désarmement 
constate  que  les  commissaires  trouvent  chez  le  nommé  Tissier, 
maçon-entrepreneur,  ex-membre  du  premier  comité  révolution- 
naire de  Rambouillet,  une  canne  à  sabre;  dans  un  document  de 
l'époque,  il  est  dépeint  comme  un  homme  inhumain,  même  dans 
l'exercice  des  fonctions  publiques;  on  cite  des  faits  et  on  ajoute 
tt  cet  homme  est. généralement  regardé  dans  Rambouillet  comme 
un  des  plus  sanguinaires;  il  a  adopté  et  soutenu  avec  chaleur  et 
acharnement  le  système  de  terreur  et  de  sang,  etc.'  ». 

Joseph  Tissier  mourut  à  Rambouillet,  le  7  octobre  1813,  dans 
son  domicile  de  la  rue  de  l'Ëbat. 

Mais  qu'avait-il  fait  des  deux  statues  qui  lui  avaient  été  vendues 
en  1792? 

Dans  une  note  lue  à  la  Société  archéologique,  le  8  octobre  1872, 
M.  Moutié,  président  de  cette  Société,  faisant  allusion  à  l'acquisi- 
tion de  Tissier,  s'exprimait  ainsi  :  »  Il  est  peu  probable  que  cet 

'  Mémoires  de  la  Société  archéologique,  t.  XII,  année  1890. 


124         UNB  STATUE  DE  NICOLAS  D'ANGENKES 

homme  les  ait  acquises  pour  les  détruire.  Une  tradition  locale 
veut  que  pour  en  tirer  parti  plus  tard  il  les  ait  enfouies  dans  sa 
maison  de  TEbat,  où  la  dalle  qui  fermait  le  caveau  —  dalle  de 
marbre  noir  —  servirait  encore  de  foyer  à  une  cheminée.  Peut- 
être  que  le  temps  et  le  hasard  feront,  un  jour,  découvrir  ces  deux 
monuments  qui,  comme  objets  d'art  et  comme  portraits,  seraient 
des  souvenirs  très  importants  pour  notre  ville  '.  « 

Ôr,  une  au  moins  de  ces  statues  est  retrouvée.  En  feuilletant  le 
Catalogue  d'Eudore  Soulié,  du  Musée  de  Versailles,  nous  avons 
l'encontré  Tindication  d'une  statue  d'un  d'Angennes,  ainsi  dési- 
4jhée  sous  le  n*  330  : 

u  Angennes  (N.  d*),  seigneur  de  Rambouillet.  —  Statue  à 
genoux;  marbre.  —  H.  1",33. 

tt  Ce  personnage  est  représenté  agenouillé  sur  un  coussin,  la 
tête  nue  et  les  mains  jointes  ;  il  est  revêtu  d'une  cotte  de  mailles 
que  recouvre  un  casque  aux  armes  de  la  maison  d'Angennes  :  de 
^able  au  sautoir  d'argent.  Ses  gantelets  sont  posés  devant  lui  sur 
le  coussin  et  son  casque  est  par  terre^  à  sa  droite*,  w 

Cette  figure,  dit  l'annotateur,  était  désignée,  au  Musée  des  Mo- 
numents français,  sous  le  n"*  168  du  Catalogue  de  1810,  comme 
■celle  de  Guillaume  de  Montmorency. 

Mais  M.  de  Guillermy  l'examinant  de  près  reconnut  sur  la 
<;asaque  les  armes  des  d'Angennes  et,  rapprochant  son  examen  de 
la  description  de  Piganiol  de  la  Force,  le  savant  archéologue 
n'éprouva  plus  aucun  doute  sur  l'attribution  de  cette  statue  à  un 
membre  de  la  famille  des  d'Angennes;  mais  M.  de  Guilhermy  lut 
incomplètement  le  texte  de  Piganiol  et  il  ne  croit  pas  que  cette 
âtatue  soit  celle  de  Nicolas  d'Angennes;  la  figure,  d'après  lui, 
serait  du  seizième  siècle  et  pourrait  représenter  le  père  ou  le 
grand-père  de  Nicolas. 

Nous  estimons  qne  nous  sommes  bien  là  en  présence  de  la 
statue  de  Nicolas  d'Angennes. 

Il  est  incontestable  que  le  grand-père  et  la  grand'mère  de 
Nicolas  d'Angennes,  ainsi  que  son  aïeul  et  son  aieule,  furent  aussi 
inhumés  dans  l'église;  cela  résulte  des  extraits  de  Duchesne'  : 

*  Mémoires  de  la  Société,  premier  volume,  treizième  fascicule. 

*  Voir,  ci-contre,  plaoche  XXVII. 

'  Mémoires  de  la  Société  archéologique,  tome  I. 


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Page  Ii4. 
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UNE  STATUE  DE  NICOLAS  D'ANGBNNBS        12> 

tt  Charles  d'Angennes  qui  trépassa  le  10  février  1514-  et  sa 
femme  Marguerite  de  Coesmes  furent  inhumés  dans  l'église  de 
Rambouillet,  n 

Il  est  présnmable,  bien  que  nous  n'en  ayons  pas  la  certitude, 
que  Jacques  d'Angennes  et  Isabeau  Cottereau,  père  et  mère  de 
Nicolas,  morts,  Tune  en  1554,  Tautre  en  1562,  furent  enterrés 
dans  l'église. 

Mais  Piganiol  est  très  précis;  il  ajoute  à  sa  description  qu'à 
côté  des  statues,  il  y  avait  un  écu  décoré  des  colliers  de  Saint- 
Michel  et  du  Saint-Esprit. 

Or,  l'ordre  du  Saint-Esprit  n'a  été  créé  par  Henri  III  qu'on 
décembre  1578,  pour  marque  de  la  reconnaissance  que  ce  roi 
devait  à  Dieu,  des  bienfaits  qu'il  en  avait  reçus  surtout  au  jour  de 
la  Pentecôte  auquel  il  avait  été  élu  roi  de  Pologne,  en  1573,  et 
avait  succédé  à  Charles  IX  à  la  Pentecôte  de  1574,  et  seul  des  per- 
sonnages dont  nous  parlons,  Nicolas  a  pu  en  être  revêtu;  quant 
au  marquis  son  fils,  il  fut  inhumé  à  Rambouillet,  mais  non  sa 
femme. 

C'est  donc  bien  de  Nicolas  d'Angennes  dont  il  s'agit;  noiis> 
sommes  allés  voir  la  statue  de  Nicolas  d'Angennes  qui  se  trouve  au 
Musée  de  Versailles,  dans  la  galerie  de  l'aile  nord  prenant  nais- 
sance près  de  la  chapelle;  les  armoiries  de  la  maison  d'Angennes, 
la  croix  de  Saint-André  sont  nettement  dessinées  sur  la  casaque, 
le  coussin  et  notamment  sur  l'épaule  droite  du  personnage. 

Nicolas  d'Angennes  n'est  plus  le  jeune  capitaine  à  l'œil  ardent; 
il  porte  toute  sa  barbe  dans  une  attitude  pieuse  de  priant;  la 
tête  a  été  recollée. 

Quant  aux  armes  de  Julienne  d'Arquenay  que  Piganiol  n'a  pu 
reconnaître,  elles  sont  de  gueules  à  deux  fasces  d'hermine, 
accompagnée  en  chef  de  trois  besants  d'argent. 

Deux  écussons  donnant  ces  armes,  sculptés  sur  grès,  se  trouvent 
dans  le  jardin  de  M.  Dubuc,  propriétaire  à  Rambouillet;  ces  écus- 
sons, encastrés  dans  le  mur  du  jardin,  proviennent  de  l'ancienne 
église  démolie  en  1872;  à  cette  époque,  les  corps  des  d'Angennes 
furent  transportés  en  l'église  du  Tremblay. 

Peut-être  est-ce  l'un  de  ces  écussons  dont  Piganiol  de  la  Force 
constata  l'existence  en  1742? 

Sur  un   côté  de  chacun   de  ces  écussons  figurent  les  armes 


126         UN  PORTRAIT  DE  W*  DE  MONTESPAN 

pleines  des  d'Angennes,  avec  les  colliers  très  apparents  de  l'ordre 
de  Saint-Michel  et  de  Tordre  du  Saint-Esprit. 

De  l'autre  côté  sont  les  armes  du  mari  et  de  la  femme  jointes; 
là  moitié  seulement  des  armes  du  mari  est  représentée  et,  à  côté, 
est  accolée  mi-partie  des  armoiries  de  la  femme;  les  deux  fasces 
d'hermine  y  sont  très  visibles. 

Ce  sont,  à  n'en  pas  douter,  les  armes  de  Nicolas  d'Angennes  et 
de  Ju>lienne  d'Arquenay. 

Quant  à  la  dalle  en  marbre  noir  fermant  le  caveau,  nous 
n'avons  pu  la  retrouver';  la  maison  dans  laquelle  elle  aurait  été 
placée  ne  peut  être  que  la  maison  occupée  par  M.  Sauton,  rue  de 
l'Kbat. 

Tessier  n'avait  donc  point  enfoui  la  statue  de  Nicolas  d'An 
«jennes,  ou,  s'il  le  fit,  ce  fut  pour  peu  de  temps;  dans  les  Archives 
du  Musée  des  Monuments  français,  tome  HI,  p.  176,  Lenoir 
indique  dans  ses  notes  que  la  statue  de  Mathieu  de  Montmorency 
fut  achetée  par  lui  à  M.  Ralleux,  marbrier,  à  qui  évidemment  Tes- 
sier Tavait  vendue. 

Espérons  que  nous  poun'ons  mettre  la  main  également  sur  la 
statue  de  Julienne  d'Arquenay,  qui  est  peut-être  quelque  part 
l'objet  d'une  erreur  d'attribution'. 

LORIN, 

Serrëtaire  général  de  la  Société 
d'Archéologie  de  Rambouillet. 


VU 

UN  PORTRAIT  DE  M-  DE  MONTESPAN 

A   RAMBOUILLET,    RUE    DE    LA   MOTTE  ^ 

Mme  veuve  Constant  de  la  Motte,  dont  le  mari  fut  pendant  de 
longues  années,    et   principalement   au   moment    de   la   guerre 

'  Un  maçon  vieot  de  trouver  à  Rambouillet,  en  démolissant  un  mur,  un 
fragment  en  marbre  qui  paraît  appartenir  à  la  tête  d*une  statue  de  femme 
âgée. 

*  Voir,  ci-contre,  pi.  XXVIII. 


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de  ]870,  maire  de  la  ville  de  Rambouillet,  possède  un  portrait  de 
Mme  de  Montespan  qui  présente  un  vif  intérêt. 

Ce  portrait  était  déjà  en  1808  dans  la  famille  de  la  Motte,  qui, 
à  cette  époque,  donna  à  la  ville  les  deux  beaux  portraits  du  duc 
de  Penthièvre  et  du  comte  de  Toulouse,  qu'elle  possédait,  gardant 
le  portrait  de  Mme  de  Monlespan.  îl  mesure  1",55  de  largeur  sur 
l'",30  de  hauteur,  non  compris  le  cadre,  qui  est  fort  beau. 

Mme  de  Montespan  y  est  représentée  dans  l'attitude  d'une  péni- 
tente tant  soit  peu  mondaine;  elle  est  étendue  sur  une  natte  de 
jonc  dont  l'extrémité  forme  une  sorte  d'oreiller;  ses  pieds  et  ses 
bras  sont  nus;  ses  cheveux  toml)ent  négligemment  sur  son  sein; 
sa  tête  repose  sur  sa  main  droite  et  elle  tient  dans  sa  gauche  un 
livre  ouvert.  Le  portrait  est  en  excellent  état. 

Dans  le  feuilleton  du  Journal  d€S  Débats  du  30  octobre  1903, 
M.  André  Hallays,  en  un  article  sur  Oiron,  décritun  portrait  iden- 
tique de  Mme  de  Montespan  qui  se  trouve  dans  le  salon  de  récep- 
tion de  r hospice  d 'Oiron. 

Déjà  en  1868,  Pierre  Clément,  dans  son  livre  Mme  de  Mon- 
tespan et  Louis  XIV j  avait  signalé  le  portrait  d'Oiron  et  ce  qu'en 
disaient  les  mémoires  de  la  Société  savante  de  Niort.  Clément  donne 
en  appendice  l'inventaire  du  château  d'Oiron,  qu'habita  la 
célèbre  marqufse  dans  les  dernières  années  de  sa  vie. 

Mme  de  Montespan  mourut  à  Bourbon-rArchambault,  où  elle 
prenait  les  eaux,  en  1707,  mais  elle  vivait  habituellement  à  Oiron, 
qu'elle  avait  acheté  le  13  avril  1700. 

L'inventaire  dressé  le  22  juillet  1707,  à  la  requête  du  duc 
d'xAntin,  son  fils,  constate  à  Oiron  l'existence  de  plusieurs  portraits 
du  comte  de  Toulouse,  son  autre  fils,  d'un  portrait  de  sa  sœur 
Mme  de  Thianges  et  d'un  certain  nombre  de  portraits  d'elle- 
même. 

Il  y  a  d'elle  :  un  portrait  en  miniature  encadré  d'or  avec  ses 
bouquets  de  diamants,  sur  les  plaques  duquel  sont  les  armes  de  la 
dite  dame;  deux  grands  portraits,  sans  cadre,  représentant  ma 
dite  dame  en  Madeleine;  un  autre  portrait,  etc. 

Il  ne  parait  pas  douteux  que  l'un  des  portraits  de  Mme  de  Mon- 
tespan, en  Madeleine,  est  resté  à  Oiron,  et  que  le  duc  d'Antin, 
l'unique  héritier  de  sa  mère,  l'aura  donné  à  l'hospice. 

Le  portrait  d'Oiron  est  plus  grand  que  celui  de  Mme  de  la  Motte; 


128  UN  PORTRAIT  DE  M"'  DE  MONTESPAN 

il  mesure  2",  14,  cadre  non  compris,  de  largeur  et  1",43  de  hau- 
teur. Il  est  attribué  au  peintre  Mignard'. 

Mignard  fit  évidemment  le  portrait  de  Mme  de  Mentespan  ;  pour 
sa  sœur,  Fabbesse  de  Fontevrault,  il  n'y  a  pas  de  doute  possible, 
bien  que  le  portrait  ait  disparu,  car  Mme  de  Sévigné  écrit  le  6  sep- 
tembre 1675*  :  tt  Je  n'ai  pas  vu  Mignard;  il  peignait  Mme  de  Fon- 
tevrault, que  j'ai  regardée  par  le  trou  de  la  porte;  je  ne  l'ai  pas 
trouvée  jolie.  » 

Mme  de  Fontevrault  avait  alors  trente  ans;  on  possède  seule- 
ment son  portrait  par  Gauterel  qui  peignit  ses  traits  à  quarante- 
huit  ans. 

Il  est  permis  de  supposer  que  le  portrait  de  Mme  de  Monlespan 
en  Madeleine  fut  exécuté  vers  cette  année  de  1676;  cette  année- 
là,  en  effet,  il  y  eut  une  courte  rupture  entre  Louis  XIV  et  sa  maî- 
tresse, Bossuet  les  ayant  décidés  l'un  et  l'autre  à  faire  pénitence  et 
à  se  quitter. 

Françoise-Aihénaîs  de  Rochechouart,  marquise  de  Montespan, 
avait  aloi*s  trente-cinq  ans  :  «La  nature,  écrivait  le  duc  de Noailles, 
lui  avait  prodigué  tous  ses  dons  :  des  flots  de  cheveux  blonds,  des 
yeux  bleus  ravissants  avec  des  sourcils  plus  foncés,  qui  unissaient 
la  vivacité  à  la  langueur,  un  teint  d'une  blancheur  éblouissante, 
une  de  ces  figures  enfin  qui  éclairent  les  yeux  où  elles  paraissent.  » 

Mais  en  dehors  des  portraits  de  l'hospice  d'Oiron  et  de 
Mme  de  la  Motte,  il  existe  d'autres  portraits  de  Mme  de  Montespan, 
en  Madeleine. 

Nous  en  connaissons  notamment  un  à  Versailles,  dont  les  dimen- 
sions se  rapprochent  du  portrait  d'Oiron  ;  il  appartient  à  M.- Fai- 
sant, président  honoraire  du  tribunal  de  Versailles,  qui  nous  a  rap- 
porté la  tradition  suivante  : 

tt  Quand  Mme  de  Montespan  était  marraine,  elle  envoyait  en 
présent  une  copie  de  son  portrait  en  Madeleine  à  son  filleul  ou  à  sa 
filleule.  »» 

Mignard  a  dû  faire  le  portrait  de  la  marquise,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit,  car  l'époque  de  la  faveur  de  la  maîtresse  du  roi  a  été 
celle  où  le  peintre  a  le  plus  travaillé. 


*  Voir,  ci-contre,  plaDche  XXIX. 

•  L'Abbesse  de  Fonteprauit,  par  Gl^mrnt. 


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UN   PORTRAIT   DE    M"'  DE    MONTESPAN  129 

Mais  Mme  de  Montespan  avait  auprès  d'elle  un  peintre  en  litre 
qui  faisait  évidemment  des  copies  du  maître. 

Jal,  dans  son  Dictionnaire^  signale  Texistence  de  ce  peintre;  il 
s'appelait  Jean  de  la  Haye;  il  vivait  en  1683  sur  le  territoire  de 
Saint-Sulpice;  il  avait  épousé  Hélène  Agnès,  dont  il  eut  quatre  fils, 
8  mai  1684,  3  mai  1685,  23  mai  1686,  23  juillet  1688;  dans  le 
baptistaire  de  ses  enfants,  J.  de  la  Haye  est  qualifié  peintre  de 
Mme  de  Montespan. 

Étant  donnée  la  situation  de  la  marquise,  conseillée  par 
Louis  XIV  et  Le  Brun,  le  peintre  qui  lui  était  attaché  était  à  coup 
sûr  un  excellent  artiste  sur  lequel  on  aimerait  à  être  plus  ample- 
ment renseigné. 

Quoi  qu'il  en  soit,  très  beau  est  le  portrait  qui  se  trouve  chez 
Mme  de  la  Motte  et  pour  autant  de  raisons  que  celui  d'Oiron,  il 
peut  être  attribué  à  Mignard. 

Comjnent  ce  portrait  est-il  parvenu  entre  les  mains  de  la  famille 
de  la  Motte? 

Charles-Borromée  Mauquest  de  la  Motte,  son  plus  ancien  pos- 
sesseur connu  de  nous,  était  en  l'an  IV  (1796)  receveur  de  la  régie 
et  de  l'enregistrement  à  Rambouillet.  Il  épousa,  cette  année-là, 
Mlle  Chardon,  dont  le  père  était  directeur  de  la  correspondance  en 
la  régie  de  l'enregistrement  et  la  mère  une  demoiselle  Jeanne  de 
la  Mustière.  Or,  la  famille  de  la  Mustière  joue  un  rôle  important 
à  Rambouillet  au  dix-huitième  siècle.  Le  père  de  Mlle  de  la  Mus- 
tière fut  bailli  de  Rambouillet  de  1739  à  1775  et  son  frère  remplit 
les  mêmes  fonctions  jusqu'à  la  Révolution  pour  être  ensuite  juge 
au  tribunal  du  district. 

xM.  de  la  Mustière  fut  le  bailli  du  duc  de  Penthièvre,  petit-filsde 
Mme  de  Montespan. 

Il  est  possible  qu'en  1808  M.  de  la  Motte,  qui  possédait  les  por- 
traits du  comte  de  Toulouse,  du  duc  de  Penthièvre,  de  Mme  de 
Montespan,  tenait  tous  ces'  portraits  de  la  famille  de  la  Mustière, 
laquelle  les  aurait  reçus  en  présent  du  duc  de  Penthièvre. 

La  famille  de  la  Motte  croit  que  tous  ces  portraits  furent  achetés 
par  quelqu'un  de  ses  membres  au  moment  de  la  Révolution. 

En  1 793,  les  meubles  du  château  furent  vendus  et  la  vente  dura 
six  mois;  le  procès-verbal  de  cette  vente  est  perdu,  mais  nous  ne 
croyons  pas  que  ces  portraits  dépendent  de  cette  vente,  les  meubles 

9 


130  UN    PORTRAIT    DE    M""  DE    MOXTESPAN 

du  château  comprenant  ic  mobilier  de  Louis  XVI  et  non  celui  du 
duc  de  Penthièvre. 

A  riiospice  de  Rambouillet  on  remarque  des  portraits  de  la  com- 
tesse de  Toulouse;  peut-être  existait-il  là  d'autres  portraits  qui 
auraient  été  vendus  et  qu'aurait  achetés  la  famille  de  la  Motte. 

Autant  d'hypothèses  vraisemblables.  Il  est  très  admissible  que  le 
duc  d'Antin,  qui  était  en  les  meilleui-s  termes  avec  le  comte 
de  Toulouse,  son  frère,  lui  ait  donné  un  portrait  de  leur  mère 
Commune  et  que  ce  portrait  fut,  à  un  moment  donné,  à  Ram- 
bouillet, domaine  du  comte. 

-  Ce  qui  est  certain  c  est  que  nous  sommes  en  présence,  qu'il  soit 
un  original  ou  une  copie,  d'un  portrait  vrai  et  ancien  de  la  mai- 
tresse  du  grand  roi. 

Et  ceci  a  de  l'importance,  car,  si  on  connaît  un  certain  nombre 
de  portraits  de  la  marquise,  on  n'est  pas  fixé  sur  la  ressemblance 
avec  le  modèle  de  ces  différents  portraits. 

Dans  son  ouvrage  sur  Mme  de  Montespan,  en  appendice, 
M.  Clément  passe  en  revue  tous  les  portraits  présumés  d'elle  qui 
sont  au  musée  de  Versailles.  :  la  plupart  n'auraient  pas  été  exé- 
cutés d'après  nature. 

Le  portrait  qui  porte  le  n*  2111,  disent  MM.  de  X'olhac  et 
Pératé  (le  Musée  national  de  Versailles),  est  une  Montespan  et  non 
La  Vallière,  qui  pourrait  bien  être  l'unique  portrait  d'elle  présen- 
tant quelque  intérêt  parmi  les  toiles  3541,  3542,  3543,  en  y 
joignant  toutefois  une  autre  peinture  qui  la  représente  âgée  d'une 
douzaine  d'années  (n*'  21 12)  ;  il  faut  citer  aussi,  ajoutent-ils,  une 
Mme  de  Montespan  aux  côtés  du  roi  et  de  la  reine  dans  le  si  curieux 
petit  tableau  (7^). 

M.  Clément  signale  un  portrait  de  Mme  de  Montespan  dans  un 
tableau  du  château  de  Pontchartrain  ;  nous  ne  l'avons  pas  reirouvé. 

Notre  collègue  M.  Joseph  Denais,  dans  sa  Monographie  de 
Notre-Dame  de  Beau-fort,  parue  en  1874,  nous  apprend  que  la 
Vierge  est  représentée  sous  les  traits  de  Mme  de  Montespan,  dans 
une  Annonciation  de  l'église  de  Beaufort  peinte  vers  1675;  en 
1890  notre  confrère  a  fait  à  ce  sujet,  ici  même,  une  communica- 
tion sur  le  peintre  Talcourt. 

Le  musée  de  Troycs'possède  un  beau  tableau  acheté  en  1865; 
M.  Le  Brun,  dans  une  étude  publiée  par  la  Société  académique  de 


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Pige  130. 


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UN  PORTRAIT  DE  M""  DE  MONTESPAN  ISl 

l'Aube  en*  1870,  soutient  que  dans  ce  tableau  la  figure  environnée 
de  deux  amours  et  soutenue  par  trois  grâces  est  Mme  de  Montespan 
et  Fœuvre  de  Mignard.  C'est  aussi  Topinion  de  M.  Louis  Gonse, 
qui,^  dans  les  Chefs-d'œuvre  des  musées  de  France,  page  326, 
s'exprime  ainsi  :  «  Pierre  Mignard  a  peint  plusieurs  fois  le  por- 
trait de  la  belle  marquise  de  Mootespan;  les  copies  et  les  répéti- 
tions abondent.  Le  premier  devoir  est  de  se  méfier.  J'estime  cepen- 
dant que  celui  du  musée  de  Troyes  est  un  des  plus  authentiques. 
Il  a  été  acquis  par  la  société  académique  à  la  vente  du  château  de 
Belfort,  ancienne  résidence  des  princes  d'Orléans.  C'est  une  allé- 
gorie pompeuse,  où  l'on  voit  la  célèbre  favorite  couronnée  par  les 
Amours  et  soutenue  par  les  Grâces.  La  peinture,  malheureuse- 
ment, est  retouchée  et  pleine  d'ombres*.  » 

Puisque  nous  citons  M.  Louis  Gonse,  il  convient  de  signalef 
encore,  dans  la  liste  des  portraits  de  la  maîtresse  de  Louis  XIV, 
celui  que  possède  le  musée  d'Avignon,  reproduit  en  photogravure 
dans  le  texte  des  Musées  de  province  du  même  auteur  et  qu'à  la 
page  52  de  son  livre,  il  décrit  ainsi  : 

tt  Le  portrait  de  Mme  de  Montespan  et  de  son  fils  par  Pierre 
Mignard,  de  facture  un  peu  froide,  mais  d'une  tenue  de  dessin  de 
la  plus  haute  élégance  Louis  quartorzienne  et  d'un  arrangement 
de  composition  tout  à  fait  aristocratique.  » 

La  famille  de  la  Motte  nous  a  affirmé  avoir  regardé  attentive- 
ment derrière  la  toile  et  n'avoir  rien  lu  qui  pût  déceler  l'origine 
certaine  du  tableau  ou  le  nom  de  son  auteur. 

Autres  raisons  pouvant  expliquer  la  présence  du  portrait  de 
Mme  de  Montespan,  à  Rambouillet  :  la  comtesse  de  Toulouse  avait 
épousé  en  premières  noces  le  marquis  de  Pardaillan  de  Gondrin 
(petit-fils  légitime  de  Mme  de  Montespan).  Le  marquis  d'Antin 
mourut  en  1712,  c'est-à-dire  cinq  années  après  sa  grand'mère,  et 
il  put  recueillir  des  mains  de  son  père,  au  décès  de  celle-ci,  un 
portrait  d'elle  et  le  laisser  à  sa  veuve. 

Le  propre  fils  de  Mme  de  Montespan  épousa  en  1686  (et  à  ce 
moment-là  on  signale  sa  présence  à  Rambouillet)  Mlle  de  Crussol, 
petite-fille  de  Monlausier,  qui  à  cette  époque  était  propriétaire  de 
Rambouillet. 

*  Voir,  ci-dessus,  planche  XXX. 


1 


132  ENSEIGNEUENT   PUBLIC    DES   ARTS    OU   DESSIN 

L'exemplaire  du  portrait  de  Montespan  que  possède  M.  le  pré- 
sident Faisant  mesure  2",  12  de  largeur  sur  1",37  de  hauteur  :  il 
aurait  appartenu  à  la  duchesse  de  Coigny,  qui  habitait  le  château 
de  Montigny,  aux  environs  de  Château-Thierry. 

LORIN, 

Secrétaire  général  de  la  Société  archéologique 
de  Rambouillet. 


VIII 

ENSEIGXEMEiVT  PUBUC  DES  ARTS  DU  DESSIX 

A    LYON 

(Soite) 

1794 

Dans  quel  asile  le  pauvre  CogeU  put-il  se  réfugier  pendant 
cette  eifroyable  catastrophe  du  siège?  Il  ne  nous  Ta  pas  dit;  il 
nous  a  seulement  raconté  '  que  Técole  succomba,  ensevelie  sous 
ses  décombres,  et  que  lui,  qui  Tavait  soutenue  (en  1792  et  au 
commencement  de  1793),  fut  obligé  d'abandonner  et  son  poste  et 
le  logement  attenant  à  Tccole  qu'il  occupait  à  THôtel-de-Vilbs 
comme  peintre  de  la  ville,  enfin  que  cette  malheureuse  circons- 
tance lui  fit  perdre  la  majeure  partie  de  son  mobilier. 

Il  dut  rester  fort  peu  du  matériel  de  Técole. 

Quant  à  Jayet,  nous  estimons  qu'il  avait  fui  à  Langres,  car 
nous  ne  le  retrouvons  qu'en  1796.  Villionne  fils  avait  pris  rang 
dans  les  défenseurs  de  Lyon  et  eût  été  guillotiné  après  l'entrée  des 
troupes  de  la  Convention  sans  une  chance  heureuse  que  nous 
avons  racontée;  il  n'est  plus  question  de  son  père,  fort  âgé  du 
reste.  Alexis  Grognard,  qui  avait  déjà  quitté  son  service  en  1791, 
expose  au  Salon  de  Paris  en  1798  et  ne  donne  plus  signe  de  vie 

*  On  donnera  à  l'année  1806  le  texte  de  la  lettre  où  Gogell  raconte  ces 
événements. 


ENSEIGNEMEKT   PUBLIC   DES   ARTS   DU   DESSIN  138 

jusqu'en  1807  où  il  est  de  nouveau  nommé  professeur  de  prin- 
cipes. 11  ne  sera  plus  question  de  Gonichon. 

Il  nous  faut  ici  laisser  un  instant  Fécole  de  dessin,  laquelle,  du 
reste,  ne  fut  rouverte  qu'au  commencement  de  1795,  afin  d'exa- 
miner la  situation  de  Lyon  au  point  de  vue  des  arts,  des  lettres  et 
des  sciences. 

Notons  d'abord  une  épître  du  2  février  (14  pluviôse  an  II),  par 
le  peintre  Hennequin,  à  la  commission  temporaire,  composée  de 
MarinOj  Boissière  et  Chambellan,  pour  lui  proposer  de  faire  un 
tahleau  u  qui  perpétuerait  le  souvenir  de  la  rébellion  et  de  la  des- 
truction de  sa  patrie  v .  Ceci  indique  une  singulière  disposition 
d'esprit  de  la  part  de  l'artiste;  à  cette  demande,  le  représentant 
du  peuple  Méaulle  *  répondit,  en  minutant  avec  simplicité  au  dos 
de  la  lettre  A'Hennequin  :  a  Les  représentants  du  peuple  ne  peuvent 
qu'encourager  les  arts,  et  le  pétitionnaire  est  très  libre  d'exercer 
son  génie,  w  et  il  signa  *.  IVous  ne  savons  si  Hennequin  exécuta  ce 
tableau;  dans  tous  les  cas,  sa  missive  suffisait  pour  le  faire  incar- 
cérer ainsi  que  nous  l'avons  expliqué',  si  on  l'avait  gardé,  lors 
de  la  réaction  qui  se  produisit  après  la  mort  de  Robespierre, 
arrivée  le  28  juillet. 

Le  même  Méaulle ,  de  concert  avec  Fouché*,  le  1"  mars 
(11  ventôse  an  II),  prit  un  arrêté  autorisant  l'administration  du 
district  de  Ville-AfiFranchie  *  à  occuper,  à  l'abbaye  des  Dames  de 

'  Méaulle  Jean-Nicolas  (le  chevalier).  Dé  À  SainUAubin-du-Gormier  (Ille-et- 
Vilaine),  le  16  mars  1751,  est  mort  à  Gand  (Belgique),  le  10  octobre  1826; 
avocat,  suppléant  à  la  Législative  en  1792,  membre  de  la  Gonvention,  vota  la 
mort  de  Louis  X  VI;  membre  du  Comité  de  sûreté  générale,  il  remplit  une 
missiod  à  Lyon;  député  de  la  Loire-Inférieure  au  Conseil  des  Cinq-Cents; 
nommé  au  Tribunal  de  cassation,  puis  commissaire  près  le  tribunal  criminel  de 
Gand  ;  refusa  d'être  conseiller  à  la  Cour  de  Bennes  ;  proscrit  en  1816. 

^  Fonds  Coste  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Lyon  du  Lycée,  n**  4962. 

'  Volume  des  Béunions  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  de 
1905,  p.  539. 

*  Fouché  Joseph,  né  à  La  Martinière,  prés  le  bourg  de  Pellerin  (Seine- 
Inférieure),  le  21  mai  1759,  mort  à  Trieste  le  26  décembre  1820.  Tonsuré, 
professeur,  puis  principal  du  collège  de  Nantes,  député  à  la  Convention,  vota 
la  mort  de  Louis  XVI  sans  appel  ni  sursis;  envoyé  en  mission  notaimnent  à 
Lyon  avec  Collot-d'Herbois,  ministre  de  la  police  sous  le  Directoire  et  sous 
l'Empire,  sénateur,  duc  d'Otrante,  congédié,  renoimné  par  Louis  XV Hî  en 
1815... 

'  Lyon  ne  reprit  son  nom  que  le  7  septembre  (16  vendémiaire  an  IIl);  popu- 
lation 86,000  habitants  ;  2,000  métiers. 


134  ENSEIGNEMENT   PUBLIC   DES    ARTS   DU   DESSIN 

Saint-Pierre,  tous  les  locaux  nécessaires  à  la  tenue  de  ses  séances  ' . 
Car  nous  avons  vu  déjà  qu'en  1791  le  conseil  général  du  déparle- 
ment priait  rassemblée  générale  d'autoriser  le  Directoire  du 
département  à  réserver,  parmi  les  édifices  faisant  partie  des  biens 
nationaux,  un  musée  où  seraient  exposés  et  mis  en  vue  les 
tableaux,  les  statues  et  les  autres  productions  provenant  des  églises 
et  communautés  religieuses  supprimées  et  que,  précisément,  les 
administrateurs  du  Directoire  du  district  de  Lyon  avaient  jeté 
leurs  vues  sur  Fabbaye  des  dames  de  Saint-Pierre;  ils  commen- 
çaient donc  par  s'y  installer  eux-mêmes  en  1794,  avec  Tassenti- 
ment  des  commissaires  de  la  Convention. 

Rappelons  ici  qu'il  se  manifestait  à  Lyon  dés  1791  ces  idées  de 
créer  en  France  un  genre  d'établissement,  les  musées,  qui  n'exis- 
tait pas  auparavant,  d'ouvrir  des  expositions  à  tous  les  artistes 
français  et  étrangers,  lesquelles  furent  ratifiées  par  une  décision 
législative,  et  enfin  d'organiser  un  enseignement.  Il  faut  lire  aussi 
pour  cela  un  o  Projet  des  bases  de  l'Instruction  nationale  des  arts 
de  peinture,  sculpture,  architecture  et  gravure  adressé  à  la  Con- 
vention nationale,  par  la  Société  libre  des  dits  arts  réunis  le 
13  janvier  1793  (an  II  de  la  République)  n ,  que  nous  avons  omis 
de  signaler  à  cette  date,  où  l'on  remarque,  parmi  les  signataires 
du  département  de  Rhône-et-Loire,  les  noms  de  Dupré,  Augus- 
tin ',  le  célèbre  graveur  en  médailles,  et  de  Vignon,  Barthélémy  *, 
plus  tard  architecte  deà  principaux  personnages  de  l'Empire,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  son  homonyme,  l'architecte  de  l'église 
de  La  Magdeleine. 

Revenons  à  l'abbaye  des  dames  de  Saint-Pi  erre,,  ce  somptueux 
monument,  que  les  très  nobles  religieuses  avaient  quitté  èm  1790, 
à  la  suite  de  leur  dernière  abbesse  Marguerite-Magdeleine  de 
Monteynard,  devenu  propriété  de  la  nation.  On  commença  par  y 
entasser  les  bibliothèques  des  Dominicains,  des  Chartreux,  des 
grands-Capucins,  du  séminaire  de  Saint-Irénée,  des  missionnaires 


'  Fonds  Coste  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Lyon  du  Lycée,  n''  k^k. 

•  Dupré  Augustin,  né  à  Saint-Etienne  (Loire),  le  16  octobre  17W,  est  mort 
h  Armentières.  près  Meaiix,  le  30  janvier  1833. 

'  Vignon  Barthélémy,  architecte,  né  à  Lyon  en  176S,  est  mort  à  Paris  le 
29  juillet  18iS^.  Nous  lui  avons  consacré  une  notice  dans  notre  travail  sur  les 
architectes  lyonnais.  (Lyon,  Bernoux  et  Cumin,  1899). 


ENSEIGltfKMRNT    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIX  135 

de  Saint-Joseph,  des  Oratoriens  cl  des  petits  Augustins  (Pièce  jus- 
tificative n*  XliV)  ;  les  autres  allèrent  dans  la  maison  des  capu- 
cins du  Petit- Forêt  et  au  Petit-Collège.  Mais  des  bombes  y  avaient 
éclaté  pendant  le  siège  où  il  servit  de  principale  caserne  des 
défenseurs  de  Lyon,  puis  de  leurs  vainqueurs;  les  livres  furent 
brûlés,  pillés  par  les  uns  et  par  les  autres,  ou  endommagés  soit 
par  les  pluies  qui  filtrèrent  des  toits  effondrés,  soit  par  la  négli- 
gence. JousselmCj  après  avoir  indiqué  ce  qu'il  fallait  faire  en 
face  de  ce  désastre,  termine  son  rapport  en  affirmant  qu'il  j  a  du 
bon  parmi  les  œuvres  d'art,  de  la  peinture  et  des  gravures. 

Ce  Jousselme  avait  remplacé,  le  21  février,  le  citoyen  Thonion 
chargé  par  le  Cons'eil  général  du  district,  le  21  janvier,  de  réunir 
et  de  conserver  ces  œuvres  ;  plus  lard,  une  commission  de  sept 
membres  fut  désignée,  le  7  décembre,  pour  faire  l'inventaire  de 
celles  mises  en  réser\'e. 

Des  sculptures  et  des  débris  d'architecture  furent  entreposes 
dans  le  cloître  et  dans  le  réfectoire  des  Cordeliers  de  Saint-Hona- 
venture  (Pièce  justificative  n"  L). 

Nous  estimons  que,  des  peintures  envoyées  à  l'abbaye  des  dames 
de  Saint-Pierre,  certaines  furent  placées  dans  l'église,  ce  qui  peut 
expliquer  le  grand  nombre  de  celles  qu'elle  a  conservées;  on  en 
entreposa  ensuite  à  l'infirmerie  qui  se  trouvait  au  premier  étage 
en  haut  du  grand  escalier. 

Répétons  enfin  encore  ici,  ce  que  nous  avons  expliqué  en  179J , 
combien  il  est  regrettable  que  nous  n'ayons  pas  trouvé  jus(|u'â 
présent  la  liste  de  ce  que  le  P.  Janiti  et  Hennequin  avaient  exa- 
miné, vérifié  et  choisi  parmi  les  œuvres  d'art  des  églises  et  des 
monastères  supprimés  (Pièce  justificative  n"  XLII)  ;  cependant,  il 
parait  qu'en  novembre  1792,  Hennequin  remit  au  directoire  du 
district  un  inventaire,  affirmant  que,  dans  diverses  salles  et  corri- 
dors de  Saint-Pierre,  il  avait  réuni  267  peintures,  dont  douze  à 
son  avis  étaient  des  morceaux  capitaux  ;  les  autres  avaient  été 
vendues,  disait-il;  nous  verrons  en  1797  ce  qui  fut  trié  dans  cet 
entassement  soit  par  Cossard,  pour  être  envoyé  à  Paris  en  1793, 
soit,  ensuite,  par  Jayet  et  par  Cogell. 

Sans  ce  vieil  artiste,  on  n'aurait  pas  pensé  sitôt  à  celte  grave 
question  de  l'enseignement  des  arts  du  dessin;  bien  entendu, 
comme  peintre  il   plaçait  au  premier  rang  la  copie  de  la  figure; 


136  ENSEIGNEMENT    l'UBLIC    DES    ARTS   DU    DESSIN 

il  n'oubliait  pas  cependant,  comme  éducateur,  ce  qui  était  néces- 
saire au  développement  de  Tindustrie  locale.  Il  a  la  malheureuse 
habitude  de  ne  pas  dater  ses  lettres;  toutefois  on  peut  fixer  à  la 
fin  de  17ÎM  celle  adressée  par  lui  aux  représentants  du  peuple  en 
mission  à  Lyon,  leur  expliquant  qu'il  convient  ce  d'avoir  deux  pro- 
fesseurs pour  le  modèle  d'après  la  nature,  un  peintre  et  un  sculp- 
teur, un  professeur  pour  les  fleurs  et  ornements,  un  pour  les 
principes  élémentaires  du  dessin  et  pour  la  bosse  et  un  pour  Tar- 
rhitecture  \ 


Tout  cela,  c'était  beaucoup  pour  recommencer;  il  fallait  aupa- 
ravant posséder  un  local,  ce  que  CogeU  ne  réussit  à  obtenir,  ainsi 
qu'on  va  le  voir,  qu'au  commencement  de  1795. 

Il  va  savoir  le  reconnaître,  l'existence  inquiète  des  esprits, 
causée  par  les  efforts  incessants  du  Directoire  exécutif  pour  com- 
battre alternativement  les  partis  extrêmes,  entretint  pendant 
cinq  ans  en  France  une  activité  singulière  dans  toutes  les  intelli- 
gences; jamais  elles  ne  furent  plus  excitées;  on  avait  oublié  les 
mauvais  jours,  et  les  premières  espérances  de  1789  se  reprodui- 
saient de  toutes  parts  et  dans  toute  leur  pureté.  C'est  dans  cette 
période  que  s'organisèrent  sérieusement  l'Ecole  Normale,  l'École 
polytechnique,  l'Ecole  des  ponts-et-chaussées,  les  écoles  centrales 
et  même  les  écoles  primaires  dont  les  dépenses  furent  imposées 
aux  communes.  Toutefois  on  ne  comprit  pas  bien,  alors,  la  néces- 
sité de  faire  enseigner  partout  le  dessin  ainsi  qu'il  convenait,  soit 
en  préparation,  soit  en  exercices. 

1795 

On  pensera  sans  doute  que  l'intérêt  personnel  pouvait  guider 
Cogell  dans  cette  ténacité  à  des  démarches  dans  le  but  de  rétablir 

'  Archives  du  département  du  ithône,  série  l). 


ENSEIGNEMENT   PUBLIC    DES    ARTS   DO    DESSIN  137 

son  écolo  ;  nous  n'en  disconvenons  pas.  S'il  fallait  attendre  que 
la  force  des  événements  seule  puisse  conduire  à  des  investigations 
et  à  des  expériences  et,  par  conséquent,  à  des  découvertes  et  à  des 
créations,  il  n'y  aurait  jamais  rien.  Cette  opiniâtreté  de  Cogeïl, 
tout  en  lui  étant  utile  personnellement,  nous  montre  une  des 
qualités  du  Suédois;  il  réussit,  aidé  par  cette  tournure  d'esprit 
des  Français  qui,  s'ils  montrent  du  dédain  pour  les  hommes  et 
pour  les  choses  qu'ils  voient  dans  les  autres  pays,  accueillent 
volontiers  avec  faveur  et  politesse  ces  mêmes  étrangers.  Un  artiste 
de  naissance  lyonnaise  eût  obtenu  moins  de  succès  que  Cogell  en 
exposant  les  intérêts  de  sa  propre  ville. 

Par  un  arrêté  du  22  janvier  (3  pluviôse  an  III),  l'administration 
du  département,  composée  de  Cayre,  Bridant  et  Papet,  homo- 
logua la  décision  prise  par  le  district  de  Lyon,  sur  l'avis  de  la 
commission  des  arts  et  sciences,  établie  par  lui,  qui  avait  été  saisie 
de  la  demande  de  Cogell,  pour  choisir  un  local  provisoire  afin  de 
rétablir  tout  de  suite  l'école  de  dessin  et  le  cours  de  ses  leçons 
qui  avaient  été  tenues  dans  un  local  au  collège,  sous  la  biblio- 
thèque, ainsi  que  l'école  de  médecine,  lequel  l'émeute  leur  fit 
quitter  en  1768  *  ;  il  fut  décidé  que  l'on  donnerait  immédiatement 
<*ongé  aux  locataires  qui  l'occupaient  en  leur  accordant  en  com- 
pensation des  appartements  sous  la  terrasse.  Un  local  provisoire 
fut,  en  attendant  cette  réinstallation,  désigné  dans  l'extrémité  de 
l'aile  nord  du  même  collège,  au  premier  étage,  depuis  la  voûte  qui 
traversait  la  rue  Pas-Etroit  pour  aller  à  la  salle  des  exercices,  jus- 
qu'au quai,  de  manière  à  ce  que  la  partie  est  eut  pour  accès  le 
petit  escalier  qui  s'y  trouvait  pour  aller  à  la  salle  des  leçons  com- 
munes et  le  surplus  pour  le  logement  de  Cogell.  Ce  local  fut  mis 
tout  de  suite  à  sa  disposition  afin  d'y  régler  les  agencements  con- 
venables et  commencer   les   leçons  (Pièce  justificative  n*  XLVI). 

Ce  qui  se  trouvait  dans  le  «  grand  bas  »,  dont  il  est  question, 
comme  dépôt  des  grandes  figures  antiques  appartenant  à  l'école, 
dans  la  pièce  justificative  n*  XLIII,  fut-il  sauvé  du  bombardement 
du  siège;  put-on  transporter  quelque  chose  de  l'ancien  matériel 
<lans  le  nouveau  local?  Cogell  ne  nous  l'a  pas  dit.  Pourtant,  le 


*  Voyez  le  volume  des  Béunions  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départe- 
ments de  1904,  p.  412. 


A 


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ARTS    DU    DESSIN 


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■^  ÉÉ(>»|^iS^Binglaise    expliquait  qu'elle   fut 

C^lmfcilf 2 BLBlli tmie  de  peinture  avait  été  res- 

l0|lSIQl§Râi^9jtW'Cole  rétablie  dans  les  bâtimenis 

SA  m  MmmmmmQàÈlVmuwÊ([ue\([\ie&  anciens  moulages,  sur 


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^^liâifift.^ÉSLillUffliliiêlÉyiMtfans  notre  historique,  se  trou- 
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-S^^^t*4§'''i^^^^J^^^^*89^^fS^^  <|"'  n^  tai'da  pas  à  donner  un 


linistration 
que  la  ville  de  Lyon 
qui  tiennent  le  plus  à 

•^'   *    •  * Wi*  "^^  «Vf  m  «^fc  «^fc  *jWj*  "M*  "M* 
^^r .  0*0  «^»  *^?*  mm-m  «^»  00  •  s»  *^* 
•^r  éiS^^^*'^'*3g'r*®**^*5*'^S- *l§'^Si*''^-  ''*^t^res  d'une  voyageuse  anglaise. 
^^%^^i'^i^pîi!'3lp^»ïî|§ïiî^^         1888,  p    237. 
'''K^&^tÈf!^^'>9h^^  de   1874  (p.    138   et   130  et 

^^^p|§'^^ll<?^«^"||*'^llF^"<^ette  salle  des  exercices. 

••VaW  mi^m  ••«/■»  «^fc  m-VAm  m-Vf^m  «^»  «^^  "^^  •■V^'» 


-$. 


ENSEIGNEMENT  PUBLIC  DES  ARTS  DU  DESSIN     13» 

son  commerce  ;  que  la  fabrication  des  étoffes  de  soie  était,  de  tons 
les  genres  d'indastrie  auxquels  s'étaient  livrés  les  habitants  de 
cette  commune,  celui  qui  avait  été  porté  au  plus  haut  point  de 
perfection;  que  si  tous  les  peuples  recherchaient  les  étoffes  de 
Lyon,  cette  préférence  n'était  due  qu'à  l'élégance  et  à  la  correction 
de  leurs  dessins;  que,  non  seulement  les  manufactures  de  soie  de 
Lyon,  mais  encore  celles  de  rubans  et  Jes  toiles  peintes,  les 
papiers  meublants  et  tous  les  genres  de  main-d'œuvre  où  l'art  du 
dessin  et  les  principes  de  géométrie  élémentaire  sont  nécessaires, 
exigent  que  cet  établissement  soit  encouragé  et  soutenu,  n 

Ce  cliché  a  déjà  servi;  il  servira  encore  bien  des  fois,  puisqu'il 
sert  encore  ! 

Le  président  de  l'administration  départementale  était  Paul 
Cayre,  que  nous  reverrons  avec  plaisir  plus  loin,  rendant  des 
services  à  l'enseignement  et  aux  musées.  Né  en  1736,  il  est  mort 
à  Lyon  le  14  juin  1815.  Mieux  qu'un  autre,  il  pouvait  connaître 
les  besoins  industriels  de  Lyon,  puisqu'il  y  était  négociant.  ïl  y 
devint  procureur-syndic  et,  plus  tard,  commissaire  du  Direcloire 
exécutif;  en  cette  qualité  il  adressa  au  gouvernemeni,  en  l'an  VI, 
une  lettre  dont  fait  mention  le  Moniteur,  pour  lui  annoncer 
Cl  l'effet  salutaire  que  l'événement  du  4  septembre  (18  fructidor) 
a  produit  sur  le  commerce  de  Lyon  » .  Il  fut  élu  le  ]  1  avril  1798 
(22  germinal  an  VI)  député  au  conseil  des  Cinq-Cenis,  se  rallia 
au  coup  d'Etat  de  Brumaire  et  fut  admis  par  Bonaparte,  le  25  dé- 
cembre 1799  (4  nivôse  an  VIIÏ),  dans  le  nouveau  corps  législatif; 
enfin  il  devint,  le  12  avril  1804  (22  germinal  an  XIÏ),  conseiller 
de  préfecture  à  Lyon,  où  il  resta  jusqu'à  sa  mort. 

Il  existe  au  fonds  Coste  de  la  bibliothèque  de  la  ville  du  Lycée, 
n*  5267,  deux  pièces  des  25  et  27  janvier  (6  et  8  pluviôse  an  III) 
pour  exempter  du  service  militaire  Michel  Grobon,  «  jeune 
peintre,  d'une  grande  expérience  » ,  est-il  dit,  a  mais  d'une  com- 
plexion  délicate,  »  signée  des  représentants  du  peuple  Richaud  et 
Tellier,  En  effet,  Jean^Michel  Grobon,  né  à  Lyon  le  19  septembre 
1770,  était  âgé  de  vingt-cinq  ans  en  1795;  il  pouvait  se  trouver 
alors  à  l'armée.  La  démarche  aboutit  probablement,  puisqu'il 
exposa  l'année  suivante  au  Salon  de  1796  et,  plus  tard,  justifia, 
comme  artiste,  les  espérances  dont  parlaient  les  représeiitants  du 
peuple.  D'un  autre  côté,  cet  homme,    u  d'une  complexion  déii- 


140  ENSEIGNEMENT   PUBLIC    DES    ARTS   DU   DESSIN 

cale,  ïî  put  vivre  jusqu'à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans,  étant 
mort  le  2  septembre  1853;  on  le  retrouvera  en  1813,  époque  où  il 
fut  nommé  professeur  à  l'école  de  dessin,  se  rajeunissant  de  deux 
ans. 

RiCHAUD,  Hyacinthe,  né  à  Faucon  (Basses-Alpes)  le  31  décembre 
1 757,  est  mort  à  Versailles  le  22  avril  1827.  Clerc  de  notaire,  il  fut 
élu  député  supplémentaire  à  la  Convention,  puis  titulaire  en  1793 
cl  enfln  envoyé  en  mission  à  Lyon.  Membre  du  conseil  des  Cinq- 
Cents,  il  adhéra  au  18  brumaire  et  fut  conseiller  de  préfecture  de 
Seine-et-Oise  jusqu'en  1815. 

Tellier,  Constant'Adriefiy  né  à  Laon  (Aisne)  le  23  juin  1755, 
est  mort  à  Qliartres  le  17  septembre  1795.  Député  aux  États  géné- 
raux, puis  à  la  Convention  en  1792,  il  vota  pour  la  mort  de 
Louis  XVI.  Envoyé  en  mission  à  Lyon  puis  en  Eure-et-Loir,  et  à 
Chartres  où  il  se  donna  la  mort  d'un  coup  de  pistolet  à  la  suite 
d'ennuis  qu'il  y  avait  éprouvés. 

Les  écoles,  dites  Centrales,  furent  décrétées  par  la  Convention 
le  22  février  (7  ventôse  an  III)  dans  tous  les  chefs-lieux  de  dépar- 
tement pour  l'enseignement  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts. 
On  prétendait  donner  une  instruction  presque  encyclopédique; 
mais  les  proportions  démesurées  de  cet  enseignement  et  la  trop 
grande  multiplicité  des  écoles  entraînèrent  des  impossibilités 
d'exécution.  La  loi  d'instruction  publique  du  25  octobre  (3  bni- 
maire  an  IV)  réforma  le  plan  primitif;  on  sait  que  les  lycées  rem- 
placèrent lés  écoles  Centrales  par  la  loi  du  1"  mai  1802;  mais 
nous  n'en  sommes  pas  encore  là  et  l'École  Centrale  de  Lyon  ne  fut 
inaugurée  que  le  19  septembre  1796  (3*  jour  complémentaire 
an  IV).  Nous  y  reviendrons  à  celte  année,  ainsi  qu'à  celle  de  son 
règlement,  qui  date  du  16  août  1797  (29  thermidor  an  V).  Tou- 
tefois, dès  le  8  juin  1795  (20  prairial  an  III),  le  représenlant  du 
peuple  Dupuy,  en  mission  à  Lyon,  se  préoccupait  de  ses  moyens 
d'enseignement;  il  arrétail  à  cette  date(piècejustifîcativen''XLVII) 
que  l'administration  du  département  eût  à  se  faire  rendre  compte 
des  inventaires  de  tous  les  livres  et  manuscrits  provenant  des 
bibliothèques  des  anciennes  communautés,  de  celle  de  l'Académie 
et  de  celles  confisquées  des  émigrés;  enst»mble  :  objets  d'histoire 
naturelle,  instruments  de  physique,  de  mécanique,  de  chimie, 
modèles   de   machines,   d'arls    et    métiers,    antiques,    médailles, 


ËMSEIGNEMEKT   PUBLIC    DES    ARTS   DU   DESS1.\  141 

pierres  gravées  et  estampes.  11  importait  que  les  professeurs 
pussent  les  avoir  à  leur  disposition  et  il  fallait  aussi  créer  un 
jardin  dit  de  botanique. 

Ceci,  qui  semblerait  s'écarter  de  notre  sujet,  y  touche  au  con- 
traire d'une  manière  étroite,  en  ce  sens  que,  dans  la  quantité  de 
livres  qui  avaient  dû  être  rassemblés,  se  trouvaient  de  magnifiques 
éditions  anciennes  d'ouvrages  relatifs  à  Tarchitecture,  à  la  scul- 
pture, à  la  peinture  et  à  la  gravure;  un  très  grand  nombre  de 
ceux  qui  enrichissent  nos  collections  et  servent  aux  études  de  nos 
artistes  n'ont  pas  d'autre  provenance.  Ne  nous  sommes-nous  pas 
servi  personnellement,  dans  nos  travaux  sur  Philibert  de  VOmiej 
d'un  livre  de  ce  maitre  actuellement  à  la  bibliothèque  du  palais 
des  Beaux-Arts  qui  faisait  parlic,  par  une  sijigulière  coïncidence, 
de  la  bibliothèque  des  Grands  Carmes  des  Terreaux,  commu- 
nauté pour  laquelle  Jehan  de  TOrme,  son  père,  avait  achevé  le 
clocher  et  réparé  les  piliers  de  l'église?  Xous  reviendrons  sur  les 
promenades  que  subirent  tous  ces  livres  avant  d'arriver  en  lieu 
tranquille.  L'ancien  jardin  botanique,  dit  des  plantes,  qui  se  trou- 
vait autrefois  dans  le  même  quartier,  vers  la  place  Sathonay,  n'a- 
l-il  pas,  pendant  deux  tiers  de  siècle,  fourni  aux  élèves  de  l'école 
des  Beaux-Arts  tous  les  feuillages  et  toutes  les  fleurs  indispen- 
sables pour  leure  études? 

A  présent  se  superposent  les  dérisions  des  représentants  du 
peuple  en  mission  à  Lyon  :  le  17  avril,  Borelj  Boisset  et 
Cadroy  chargent  l'architecte  du  district,  Cochet,  de  présenter  un 
devis  des  réparations  à  faire  à  Saint-lMerre;  le  22,  ils  nomment 
le  citoyen  J.-F.^-M,  Lacoste  directeur  du  même  musée,  ainsi  que 
bibliothécaire  en  chef;  le  16  mai,  les  mêmes  décident  que  l'édi- 
fice sera  consacré  à  des  établissements  d'utilité  publique.  Il  faut 
noter  aussi  que  le  représentant  Dupuy  avait,  le  J3  juin,  selon 
une  délibération  du  19  septembre  (3*  jour  complémentaire  an  III) 
de  l'administration  du  département  et  un  arrêté  du  représentant 
PouUain  de  Grandprèy  du  14  novembre  1795  que»  nous  verrons 
plus  loin,  réorganisé  à  nouveau  une  commission  spéciale,  sous  le 
nom  de  Conservatoire  ^ 


'  Cet  arrêté  n'a  pas  été  transcrit  dans  le  registre.  (Communiqué  par  M.  G. 
Guigue^  archiviste  du  département  da  Rhône). 


142  ENSeiGNEMEXT    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN 

Jean-Baptisle-Claude-HenriDiiPiiYy  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  Charles-François  Dupuis,  son  coll^'gue  à  la  Convention  ',  né 
à  Montbrison  (Loire),  le  18  août  1759,  est  mort  à  une  date 
inconnue,  à  l'étranger,  exilé  en  suite  de  la  loi  de  1816  contre  les 
régicides.  Il  exerçait  la  profession  d'homme  de  loi  sous  l'ancien 
régime  et  devint  juge  au  tribunal  de  district  de  Montbrison.  Député 
de  Rhône-et-Loire,  le  31  août  1791,  à  l'assemblée  législative,  le 
4  septembre  1792,  à  la  Convention  où  il  vota  la  mort  de  lx)uisXVI. 
Sa  mission  à  Lyon  fut  courte,  parce  que  probablement  sa  position 
y  devint  difficile  à  cause  de  son  attitude  de  partisan  de  Robespierre 
avec  Reverchon  son  collègue,  car  ces  commissaires  marchaient 
toujours  par  deux  ou  trois  *. 

Ces  deux  représcntai\ts  ne  tardèrent  pas  à  être  remplaces  par 
d'autres  qui  présentèrent  leurs  pouvoirs  à  la  municipalité  le 
11  juin  (23  prairial  an  IH),  et  qui  firent  avancer  ces  questions  : 
Poullain  de  Grandprey  et  Ferroiix.  Si  nous  ne  savons  où 
logèrent  les  représentants  envoyés  antérieurement,  nous  sommes 
fixés  pour  ces  derniers;  ils  annoncèrent  le  22  juin  (4  messidor 
an  III)  aux  administrateurs  du  district,  qu'ils  voulaient  loger  place 
Bellecour,  maison  de  Malte.  Le  Conseil  nomma,  le  23,  pour 
faire  droit  à  leur  demande,  les  citoyens  Arnaud,  Philipon  et 
Thibière^.  Cette  maison  de  Malte  n'était  autre  que  l'hôtel  de 
La  Croix  de  Malte,  où  nous  avons  raconté  que  Frédéric-Henri- 
Louis,  frère  du  roi  de  Prusse,  avait  logé  en  1784*. 

lia  présence  de  ces  représentants  à  Lyon  a  probablement  empê- 
ché l'insertion  au  registre  de  l'arrêté  de  Dupuy  dont  nous  avons 


'  Xé  à  Trye-le-Château  (Oise),  le  26  octobre  «742,  est  mort  à  Is-sur-Tille 
(Côte-d'Or),  le  29  septembre  1809;  il  n'a  pas  été  envoyé  à  Lyon. 

'  Heverchon  et  hufjuy  écrivaient,  le  l*"^  juin  1794  (14  prairial  an  11),  à  leurs 
collègues  de  la  Convention  pour  les  féliciter  de  ce  quMls  venaient  de  réprimer  un 
attentat  contre  la  représentation  nationale  et  de  ce  qu'ils  avaient  échappé  à  un 
crime  qui  avait  failli  priver  le  pays  de  Robespierre  et  de  Collot  d'Herbois. 
(Fonds  Ooste  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Lyon  du  Lycée,  n^  507S). 

*  Voyez  fonds  Coste  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Lyon  du  Lycée,  n^'  5, 
320,  321. 

Ce  Thibière  était  peut-être  Jean-Marie-Gabriel  Thibière^  architecte,  né  à 
Lyofi  le  14  mars  1758  et  mort  le  23  mars  1822,  dont  nous  avons  donné  la 
notice  dans  nos  Architectes  lyonnais ^  Lyon,  Dernoux  et  Cumin,  1899. 

*  Volumes  des  Héunions  des  Sociétés  des  beaux-arts  des  départements  de 
1905,  p.  525. 


ENSBIGXEMËNT    PLBLIC    DES    ARTS    OU    OESSIfff  143 

parlé  plus  haut;  cet  arrêté  est  rappelé  dans  un  autre  du  19  sep- 
tembre (3*  jour  complémentaire  an  lïl),  émanant  du  Directoire 
du  district  composé  de  Paul  Cayre,  Bridant  et  Papet,  en  séance 
publique  (Pièce  justificative,  n*  XLVIII),  fort  intéressant,  puis- 
qu'on y  vise  les  arrêtés  de  Dupuy  des  8  et  13  juin.  Inutile  de  rap- 
porler  celui  du  8,  attendu  que  nous  Tavons  donné  plus  haut 
(Pièce  justificative  n*  XLVH)  ;  celui  du  13  portait  rétablissement 
d'un  conservatoire  à  Lyon,  chargé  de  veiller  à  la  conservation  de 
tous  les  monuments  des  sciences  et  des  arts,  de  recouvrer  ceux 
qui  auraient  été  dilapidés  et  de  constater  l'état  de  ceux  qui  sont 
endommagés,  de  se  faire  rendre  compte  de  tous  les  dépôts  qui 
existent,  d'en  dresser  un  tableau  exact  et  de  faire  part  de  ces  opé- 
rations au  comité  de  l'instruction  publique;  étaient  nommés 
comme  membres  de  ce  conservatoire  :  Delandine,  Chinard, 
Horace  Coignet,  Cochet^  et  Riverieux-Varax.  Toutefois,  explique 
l'arrêté  du  19  septembre,  Delandine  n'ayant  pas  accepté  ce 
mandat,  les  autres  en  avertirent  l'administration  du  département 
du  Rhône,  en  môme  temps  qu'ils  faisaient  observer  qu'ils  ne  dis- 
posaient d'aucun  local  pour  leurs  réunions. 

Ils  déclarèrent  que  tout  était  confusion  pour  les  bibliothèques, 
ouvertes  à  tous  venants,  non  décrites,  livrées  à  des  agents  qui, 
sans  mission  légale,  voituraient  et  entassaient  à  l'abbaye  de  Saint- 
Pierre  ce  qui  leur  convenait,  et  qu'il  devenait  urgent  de  porter  un 
prompt  remède  à  ce  gâchis.  La  conclusion  fut  que  l'administration 
du  district  reçut  l'invitation  de  nommer,  parmi  les  membres  du 
Conservatoire,  un  commissaire  qui  se  transporterait  dans  tous  les 
dépôts  nationaux  où  se  trouvaitmt  des  livres,  des  manuscrits,  des 
estampes,  des  tableaux,  des  antiques,  des  médailles,  des  machines 
et  objets  d'histoire  naturelle,  pour  y  apposer  des  scellés  et  ensuite 
procéder  à  un  inventaire.  !l  serait  nommé  un  bibliothécaire  et, 
dans  le  délai  de  deux  ans,  tout  serait  réuni  dans  la  bibliothèque 
du  collège,  afin  de  pouvoir  être  mis  à  la  disposition  du  public 
trois  fois  par  semaine;  le  bibliothécaire  dresserait  un  catalogue 
en  dou4)le,  l'un  devant  être  déposé  au  Conservatoire;  enfin,  deux 
agents  seraient  choisis  pour  opérer  les  transports.  Toutes  ces  dis- 
positions, on  le  constate,  montraient  une  grande  prévoyance  d'or- 
ganisation rationnelle  et  définitive.  Des  bibliothécaires  ne  furent 
nommés,  ainsi  qu'on  le  verra,  qu'en  novembre. 


^ 


}AA  ENSEIGIUEUeiVT    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN 

Antoine-François  Delakdine,  né  à  Lyon  le  6  mars  1756,  y  es! 
mort  le  5  mai  1820.  On  lui  a  consacré  de  nombreuses  notices  et 
nous-méme,  daift  la  a  Société  littéraire  de  Lyon  au  dix-huitième 
siècles,  avec  la  liste  des  ouvrages  qu'il  a  publiés  (Lyon,  Mou- 
gin-Rusand,  1879,  pages  112. à  125),  que  nous  ne  rééditerons 
pas  ici. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  Chinard,  le  statuaire,  né  à  Lyon  le 
12  janvier  1776  et  qui  y  est  mort  le  20  juin  1813  ^ 

Horace  Coignet,  musicien,  co-compositeur  du  Pygmalion  de 
J.'J.  Rousseau,  né  le  13  mai  1736,  est  mort  le  29  août  1821. 

Claude-Ennemond-Balthazar  Cochet,  architecte,  né  à  Lyon  le 
6  janvier  1760,  est  mort  le  14  mars  1835.  Nous  lui  avons  consacré 
une  notice  dans  nos  Architectes  lyonnais  (Lyon,  Bernoux  et  Cumin, 
1899,  pages  85  à  87)  ;  nous  le  retrouverons  comme  professeur  à 
Técole  de  dessin  en  1814. 

Jean- Jacques  Riverieulx  de  Varax,  ancien  officier  au  régiment 
de  Rouergue,  chevalier  de  Saint-Louis,  fut,  plus  tard,  conseiller 
municipal  de  1806  à  1813. 

Cette  institution  du  Conservatoire,  créée,  ainsi  qu'on  vient  de  le 
voir,  par  des  pouvoirs  presque  révolutionnaires,  laquelle  faisait 
suite  en  quelque  sorte  aux  associés-amateurs  de  1756  et  aux  admi- 
nistrateurs de  1780,  réunit  sous  son  contrôle  tout  ce  qui  concer- 
nait les  artsi^t  les  sciences  et  subsista  (bien  qu'amoindrie  depuis  le 
3  octobre  1806),  jusqu'au  19  novembre  1818  *. 

D'abord,  sans  action  réelle  en  1795,  elle  arriva  bien  vite,  lorsque 
tout'fut  réuni  à  l'abbaye  des  Dames  de  Saint-Pierre  devenue  palais 
des  Arts,  à  rendre  des  services  qu'on  ne  saurait  lui  contester.  Car 
ces  pluralités  d'hommes  montrent  souvent  de  l'initiative  pour  cer- 
taines questions  et  surtout  empêchent  à  chaque  subdivision  d'em- 
piéter sur  les  autres,  ou  de  faire  acte  d'indépendance  en  cher- 
chant à  agrandir  leurs  locaux  aux  dépens  de  ceux  des  voisins. 

PouUain  de  Grandprey,  le  dernier  des  représentants  en  mission 

'  Le  24  mars  (4  gcrmiDal  an  III),  le  représentant  du  peuple  Borel  avait 
écrit  à  Tagent  national  près  le  district  de  Lyon  pour  l'inviter  à  faire  débarrasser 
la  ci'devant  église  des  pénitents  de  Lorette  et  à  la  céder  à.  Chinard  pour  en 
faire  son  atelier  (Fonds  Coste  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Lyon  du  Lycée, 
n»  5290). 

^  \ous  donnerons,  à  ces  années,  les  textes  des  décisions  administratives  qui 
statuèrent  sur  le  Conservatoire. 


ENSEICKEMENT    PL1M.IC    DES    ARTS    DU    DESSIN  145 

«Mivoyés  par  la  Convenlion  '  à  Lyon,  par  son  arri^lé  du  14  no- 
lembre  (23  brumaire  an  IV),  marque  un  pas  considérable  en 
avant,  en  déterminant  les  locaux,  tout  en  s'appuyant  sur  les  déci- 
sions de  son  prédéceeseur  Dupuy  <Pièce  jusUficalive,  n"  XLIX). 

Après  un  préambule  empreint  de  la  plus  grande  sensibilité  sur 
la  situation  de  la  ville  et  manifestant  son  désir  de  calmer  les 
esprits,  il  décide  : 

S'appuyant  sur  les  avis  qu'il  a  pris  du  commissaire  des  corps 
administratifs  et  du  Conservatoire  des  sciences  et  des  arts; 

Que  tous  les  bâtiments  du  collè<j[e  sont  désignés  par  lui  spécia- 
lement pour  rinstruction  publique;  les  ventes  faites  restent  pour 
non. avenues;  il  est  sursis  à  toute  délivrance  de  bref  jusqu'à  la 
décision  du  corps  législatif; 

Qu'un  jardin  de  botanique  de  plantes  indigènes  et  exotiques  est 
créé  suivant  l'arrêté  du  représentant  Dupuy  dans  le  jardin  et  clos 
de  l'Oratoire;  toute  aliénation  dudit  clos  et  jardin  est  regardée 
comme  non  avenue; 

Que  tous  les  bâtiments  de  l'abbaye  de  Saint-Pierre,  étant  des- 
tinés à  servir  un  jour  à  un  établissement  important  pour  la  Répu- 
blique, pour  la  réunion  de  toutes  les  institutions  qui  peuvent 
honorer  et  favoriser  le  commerce  telles  que  la  Bourse,  le  Tribunal 
de  commerce,  FKcole  de  dessin,  la  Galerie  des  tableaux,  les  coiirs 
du  commerce,  d'arts  el  métiers,  de  teinture,  le  dépôt  des  modèles 
et  machines  inventées  pour  le  perfectionnement  des  manufactures; 
l'aliénalion  de  ces  bàtimenls  demeure  ainsi  suspendue. 

Il  décide  l'organisation  au  collège  d'une  bibliothèque  qui  sera 
composée  de  tous  les  livres  qui  s'y  trouvent,  de  ceux  qui  sor.t 
déposés  à  Saint-Pierre  et  dans  d'autres  édifices  nationaux,  laquelle 
sera  confiée  à  deux  bibliothécaires,  désignés  par  les  corps  admi- 
nistratifs et  par  le  Conservatoire,  l'un  Tabard,  pour  les  sciences  et 
les  arts,  el  l'autre,  Rruriy  pour  la  partie  littéraire.  Ces  bibliothé- 
caires devaient  s'occuper  de  la  formation  du  catalogue  en  double 
et  de  tous  les  détails,  tels  que  :  rentrée  de  ce  qui  doit  composer  la 

'  l.a  CoDVCDtioD  prit  Hn  lors  Ac  la  promu1<{ation  de  la  Constitution  dp  l'an  lil, 
le  23  septembre  1795  (l"  vendémiaire  an  IV).  Le  Directoire  exécutif  com- 
mença ses  fonctions  le  27  octobre  I79Â,  et  les  termina,  historiquement,  le 
IL  novembre  1799  f^O  brumaire  an  VIII),  à  2  heures  du  matin,  où  les  trois 
consuls  prêtèrent  serment  ù  Lucien,  président  du  Conseil  des  Cinq-Cents. 

10 


146  E\SEIG^EME\'T    PUBLIC    DES    AUTS    DU    DESSIN 

hihiiolhèquo,  surv(»illor  les  jours  d'ouverture  au  public,  les  jours 
impairs  de  chaque  décade,  etc.,  avec  deux  garçons  de  peine. 

Il  y  aura,  près  de  celte  bibliothèque,  un  cabinet  de  physique 
sous  la  direction  de  Mollet,  et  un  d'histoire  naturelle  sous  celle  de 
OiHhert. 

Il  sera  forme  avec  les  doubles  une  bibliothèque  médicale  pour 
être  établie  à  Thôpital,  et  une  autre  sur  Tart  vétérinaire  pour  être 
remise  au  directeur  de  cette  école. 

L'administration  provisoire  du  district  devra  s'occuper  de  placer 
ailleurs  les  ateliers  de  l'agence  pour  l'habillement,  afin  de  débar- 
rasser les  bâtiments  du  collège  pour  les  cours  de  l'Ecole  Centrale. 

Il  conservait  le  dépôt  à  l'abbaye  de  Saint-Pierre,  soit  pour  y 
mettre  en  ordre  les  livres  entassés,  soit  pour  restituer  ceux  à  qui 
ils  pouvaient  avoir  appartenu,  leur  donnant  deux  mois  pour  for- 
muler leurs  réclamations. 

Deux  dépositaires,  désignés  par  les  corps  administratifs  et  par 
le  Conservatoire,  Maurin  et  Lahussière,  aidés  de  deux  garçons  de 
peine,  étaient  nommés  gardes  de  ce  dépôt,  soit  pour  trier  et  trans- 
porter les  livres,  soit  pour  rendre  aux  familles  ceux  qui  avaient 
pu  leur  appartenir. 

Une  fois  le  triage  fait  et  les  livres,  menacés  de  dépérissement  et 
de  dégradation,  transportés  dans  la  grande  salle  de  l'abbaye  de 
Saint-Pierre,  les  scellés  seraient  posés  sur  tous  les  dépôts  par  un 
membre  du  Conservatoire,  assisté  d'un  membre  de  la  municipalité. 
Knfin  il  invitait  le  Conservatoire  à  continuer  son  service  de  désin- 
téressement pour  la  recherche  et  pour  la  conservation  des  monu- 
ments des  arts  et  des  sciences  et  à  communiquer  ses  vues,  soit  à 
l'administration  du  département,  soit  au  Corps  Législatif. 

Tous  les  historiens  se  sont  accordés  pour  louer  Poullain  de 
Grandprey  de  ce  qu'il  conçut  à  cette  époque  encore  troublée; 
malgré  les  lenteurs  et  les  retards  que  l'on  doit  attribuer  au  peu  de 
ressources  pécuniaires  dont  on  disposait  à  ce  moment,  ses  décisions 
furent  suivies.  On  sursit  aux  ventes  du  Collège  et  de  l'abbaye  de 
Saint-Pierre  qui  abritent  encore  nos  établissements  d'art  et  d'ins- 
truction publique,  et  c'est  ce  qui  nous  conduit  à  nous  appesantir 
sur  ce  personnage. 

Joseph-Clément  Poui.LAm  de  Grandprev  était  né  à  Ligneville 
(Vosges),  le  23  décembre  J744,  et  mourut  dans  sa  terre  de  Graux 


£NSEIGN£ME!^T   PUBLIC    DBS   ARTS    DU    DESSIN  147 

(Vosges),  le  6  février  1826.  Procureur  général  syndic  du  dépar- 
lement des  Vosges,  député  à  la  Convention  en  1792,  il  vota  le 
sursis  dans  le  jugement  de  Louis  XVI et  fut  envoyé  plus  tard  à 
Lyon  ;  élu  au  Conseil  des  Anciens,  puis  au  Conseil  des  Cinq-Cents, 
il  s'opposa  au  18  brumaire,  fut  exclus  et  déporté  paji"  arrêté  du  27, 
que  Bonaparte  s' empres^H,  de  rapporter  le  4  frimaire;  président 
du  tribunal  civil  de  Neucbàteau,  puis  d'une  des  chambres  de  la 
cour  impériale  de  Trêves  jusqu'en  1814;  élu  à  la  chambre  des 
représentants  pendant  les  Cent-Jours;  banni  à  Trêves  en  1816; 
amnistié  en  1818. 

Etienne-François Fekkoux,  né  à  Salins  (Jura),  le  25  avril  1751, 
est  mort  à  Salins  le  12  mai  1834.  Fils  de  négociant,  député  à  la 
Convention,  vota  la  mort  de  Louis  XVI;  arrêté  comme  ami  des 
Girondins;  relâché  en  1794;  envoyé  en  mission  en  1795  à  Lyon. 
Elu  au  conseil  des  Anciens,  il  ne  fut  pas  réélu.  Directeur  des  con- 
tributions directes  à  Lons-le-Saunier;  mis  à  la  retraite  en  1815; 
banni  en  1816,  revint  mourir  à  Salins. 

François  Tabard,  né  à  Lyon  le  10  mars  1746,  y  est  mort  le 
5  mars  1821  ;  outre  plusieurs  notices  sur  lui,  nous  lui  en  avons 
consacré  une,  avec  la  liste  de  ses  écrits,  dans  notre  «Société  lyon- 
naise au  dix-huitiéme  siècle  (Lyon,  Mougin-Rusand,  1879, 
pages  179  à  185)  « ,  que  nous  ne  rééditerons  pas  ici  pour  ne  pas 
allonger. 

Sébastien  Bk\]N y  ancien  principal  du  Collège  de  Notre-Dame 
(Petit-Collège)  à  Lyon,  est  mort  bibliothécaire  de  FEcoIe  Centrale 
le  8  juillet  1799.  En  1792,  il  inventa  une  boîte  ou  caisse  transpa- 
rente pour  apprendre  à  lire  et  reçut,  pour  cette  invention,  une 
somme  de  2,000  livres  que  le  gouvernement  lui  accorda  à  titre  de 
récompense  nationale. 

Joseph  Mollet,  né  à  Aix-en-Provence,  le  5  novembre  1746,  y 
est  mort  le  30  janvier  1829.  Entré  dans  la  congrégation  de  TOra- 
toire,  il  fut  attaché  en  1775  à  la  chaire  de  physique  du  Collège 
de  Lyon  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  suppression.  Professeur  de  phy- 
sique à  l'Ecole  Centrale,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon 
jusqu'à  la  suppression  de  celte  faculté  en  1815.  Nous  le  retrou- 
verons, avec  cette  qualification,  professeur  de  géométrie  pratique' 
à  l'école  de  dessin  de  Lyon  en  1816,  jusqu'en  1828;  remplacé 
par  Prévosty  professeur  adjoint.  Voyez,  pour  ses  publications  : 


1 


!4H  ENSEIGMEIIENT  PUBLIC    DES   ARTS    DU    DESSIX 

Aix  ancien  et  moderne^   par  J.  F.   P...  Aix,    1883,  page  90. 

Jean-Emmamiel  GiiiBEKT,  né  à  Lyon  le  21  juin  1741,  est  mort 
le  2  septembre  1814;  médecin  et  naturaliste  célèbre.  Il  étudia  à 
Montpellier,  fut  appelé  en  Pologne  en  1775,  y  fonda  un  jardin 
botanique;  professeur  d'histoire  naturelle  et  de  matières  médi 
cales  à  Vilna;  il  revint  en  France  en  1783.  Médecin  de  THôtel-Dieu  ; 
maire  de  la  ville  de  Lyon,  emprisonné,  puis,  comme  on  va  le  voir, 
professeur  à  TÉcole  Centrale  de  Lyon;  ses  publications  sont  nom- 
breuses. 

Nous  ne  tarderons  pas  à  retrouver  CogeU,  Brun,  Mollet,  Gili" 
bert,  Delandine  et  Tahard  à  TÉcole  Centrale  avec  Bérenger, 
Roux,  Besson  et  Servan  *  ;  tous  ces  professeurs,  ainsi  qu'on  peut  le 
juger,  étaient  des  hommes  de  valeur. 

1796 

La  commission  temporaire  des  arts  de  la  Convention  avait  bien 
proposé  et  fait  adopter  par  le  Comité  de  Tlnstruction  publique,  en 
Tan  11,  une  instruction  sur  la  manière  d'inventorier  et  de  con- 
server, dans  toute  l'étendue  de  la  République,  tous  les  objets  qui 
pouvaient  servir  aux  Arts  et  aux  Sciences,  ainsi  qu'à  l'Enseigne- 
ment; malheureusement  l'exécution  de  ces  mesures  laissa  consi- 
dérablement à  désirer.  On  peut  s'en  rendre  compte  par  le  singulier 
procès-verbal,  dressé  par  Mathieu,  membre  de  l'Administration 
municipale  du  Midi  de  Lyon,  le  20  mai  (1"  prairial- an  IV)  pour 
procéder  à  la  reconnaisance  des  morceaux  de  sculpture  et  archi- 
tecture en  marbre  ou  autrement,  déposés  soit  dans  le  cloître  soit 
dans  le  réfectoire  du  Couvent  des  Cordeliers  de  Sain t-Bonaven turc 
eu  vue  du  Musée.  11  se  fit  bien  assister  de  Jayet  et  de  Chinafd 
sculpteurs;  toutefois  la  liste  en  douze  articles  qui  fut  donnée 
(Pièce  justificative  n*  L)  se  trouvant  singulièrement  obscure  et 
abrégée,  elle  peut  s'appliquer  à  quelques  morceaux  de  sculpture 
ou  d'architecture  que  ce  soit;  était-ce  là  l'épave  de  plus  de  cent 
cinquante  œuvres  de  sculpture  et  de  statuaire  que  nous  avons  pu 
compter  dans  Expilly  (1766)  comme  existant  encore  dans  les  édi- 

'  Cogell^  professeur  de  dessin  ;  Binin,  grammaire  générale  ;  Mollet^  physi- 
que et  chimie  expérimentale  ;  Gitibert,  histoire  naturelle  ;  Delandine^  législa- 
tion; Tahard,  bibliothécaire:  Roux^  mathématiques;  /^fXfon,  langues  anciennes; 
Srrvan,  histoire. 


EIVSEIGXEXIENT    PUBLIC    DES   ARTS    OU    UESSIK  149 

(ices  civils  et  religieux  de  Lyon?  Mon  ;  cela  n'est  pas  possible.  Si 
au  moins  on  eut  indiqué  les  provenances,  on  aime  à  supposer  que 
le  n*  2  est  la  statue  de  la  Sainte-Vierge  de  Coysevox  qui,  exécutée 
par  leniaitre  pour  une  niche  à  l'angle  de  la  rue  du  Bàt-d'Argent 
et  de  la  rue  Sirène  et  vendue  au  Chapitre  de  Saint-\izier  en  1771, 
par  le  propriétaire,  se  trouvait  dans  cette  église  au  moment  de  la 
Révolution,  au  retable  dessiné  par  Perrache\  Nous  ne  savons 
comment  identiGer  le  reste;  tout  cela  est  désolant. 

On  voit  que  Chinard  était  rentré  en  grâce  dans  l'administration; 
car  on  sait  qu*avant  son  second  séjour  à  Rome  où  il  fut  empri- 
sonné en  1792,  il  avait  exécuté  à  Lyon  la  statue  de  la  Fédération 
en  1790.  C'est  probablement  le  buste  qu'on  lui  avait  com- 
mandé de  Chàlier,  avec  celui  de  Le  Hideux  dont  nous  avons  déjà 
parlé  plus  haut,  ainsi  que  d'autres  travaux  qui  le  firent  incarcérer 
momentanément  aux  Recluses,  à  Lyon,  lors  de  la  réaction.  (En  1794 
il  avait  un  atelier  dans  l'ancienne  chapelle  des  Pénitents  de 
Lorette;  voyez  à  la  date  du  24  mars.)  Four  ne  pas  avoir  à  revenir 
sur  les  œuvres  de  décorations  officielles  et  éphémères  de  ce  sta- 
tuaire à  cette  époque,  citons,  en  1793,  les  deux  statues  de  la 
Liberté  et  de  l'Égalité,  pour  remplacer  au  fronton  de  l'hôtel  de 
ville  la  statue  équestre  de  Louis  XIV,  lesquelles  y  restèrent  jus- 
qu'en 1809;  en  1794,  la  massue  d'Hercule  et  le  serpent  d'Escu- 
lape  pour  remplacer  la  croix  sur  le  dôme  du  grand  Hôtel-Dieu  ; 
une  colonne  en  marbre  surmontée  d'un  lion  à  la  fontaine  Milanois; 
en  1798,  deux  statues  sur  le  pont  de  la  Guillotière  pour  la  rentrée 
des  troupes  de  l'armée  d'Italie.  Il  devait  exécuter,  sur  la  place  de 
Bellecour,  un  monument  pour  lequel  on  lui  réserva  des  marbres, 
lequel  ne  fut  pas  terminé,  à  ce  qu'il  parait,  bien  qu'il  eût  reçu  une 
somme  importante  pour  cela. 

De  son  côté,  à  ce  moment  de  notre  historique,  le  gouvernement 
central,  désireux  de  voir  revenir  à  Lyon  une  prospérité  que  les 
événements  dont  nous  avons  parlé  avait  interrompue,  appliquait 
tous  ses  efforts  dans  des  mesures  qu'il  convient  de  savoir  comme 
ayant  tentées,  bien  qu'ils  paraissent  avoir  été  infructueux.  Du  reste 

*  Voyez  Histoire  et  descri/Uion  de  l'hospice  de  la  Charité  à  Lyon,  par 
E.'L.-O.  Charvety  dans  X Inventaire  général  d*- s  richesses  d'art  de  la  France, 
Monuments  civils  de  la  province,  p.  314,  citant  M.  H,  Jouin,  Antoine  Goy< 
sevox,  1883. 


150  ENSEIGNEMENT   PUBLIC    DES    ARTS   DU   DESSIN 

il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  riiistoire  de  la  France  à  celle 
année  pour  le  comprendre. 

Le  17  avril  (28  germinal  an  IV),  le  Directoire  Exécutif  de  la 
République  lançait  aux  Lyonnais  une  proclamation  où  il  affirmait 
son  désir  de  ramener  dans  leur  ville  le  commerce  et  les  arts  dont 
elle  avait  longtemps  offert  le  modèle  et  le  spectacle  ;  dans  un  appel 
pressant  (Moniteur  de  ce  jour))  il  leur  disait  et  allait  jusqu'à  leur 
affirmer  qu'ils  trahiraient  leurs  intérêts  et  leurs  devoirs  s'ils  ne 
secondaient  de  toutes  leui's  forces  l'action  du  gouvernement.  Le 
Corps  législatif  était  saisi  et,  quelques  jours  plus  tard,  le  27  (8  floréal 
an  IV),  dit  le  Moniteur  y  le  député  Coupé  ^  terminait  au  Conseil  des 
Cinq-Cents  la  lecture  d'un  rapport  sur  un  projet  de  résolution  qui 
mettrait  un  million  à  la  disposition  du  ministre  de  l'Inférieur  pour 
encourager  les  manufactures.  Cette  résolution,  bien  qu'ajournée 
ce  jour-là,  fut  reprise,  et  le  24  juin  (6  messidor  an  IV),  paraissait 
une  loi  destinant  quatre  millions,  valeur  fixée,  aux  encourage- 
ments des  fabriques  et  manufactures  nationales;  par  l'article  2, 
un  million  serait  versé  dans  une  caisse  de  prêts  et  destiné  à  faire 
des  avances  aux  manufaclures  et  fabriques  de  Lyon  (Pièce  justifi- 
cative n"  LI) . 

Cette  loi  paraît  n'avoir  été  suivie  d'aucun  effet;  toutefois  nous 
devions  en  parler  ici,  soit  parce  que  la  question  de  l'histoire  de  la 
prospérité  de  la  fabrique  lyonnaise  est  intimement  liée  avec  celle 
de  l'enseignement  des  arts  du  dessin,  soit  parce  qu'en  1797  nous 
allons  devoir  revenir  sur  la  même  question  de  l'intervention  du 
gouvernement,  et  cette  fois  augmentée  de  celle  de  la  création  de 
cours  spéciaux  venant  s'ajouter  à  celui  de  dessin,  lequel  avait  été, 
ainsi  qu'on  l'a  vu,  rétabli  en  1795. 

Ce  qui  peut  consoler  de  tous  ces  efforts  infructueux,  c'est  de 
constater  le  soin  d'organiser  l'Ecole  Centrale  du  département  à  Lyon. 

On  a  vu  comment  le  représentant  du  peuple,  PouUain  de 
Grandprey,  se  conformant  à  Farrété  de  Dupuy  son  prédécesseur, 
le  14  novembre  de  l'année  précédente,  assignait  par  l'article  I"  les 
bâtiments  de  l'ancien  grand  collège  à  cette  institution  et  rappelait, 
à  l'article  XXIX,  que  l'administration  du  département  deirait  sans 

^  Jacques-Michel  Goupk,  oé  à  Péroone  en  1737,  est  mort  à  Paris  le  11  mai 
1809.  Curé  de  Sermaise  ea  Picardie  en  1789,  membre  de  la  Législative  et  de  la 
Convention  (Oise),  vota  la  mort  du  roi.  Membre  du  Conseil  des  Cinq-Cents* 


ENSEIGNEMENT    l'UBLlC    DES   ARTS    DU    DESSIN  loi 

retard  faire  procéder  à  rèlection,  par  le  jury  dlnstruction  nomme 
par  Dupuy,  des  neuf  professeurs  de  celle  école.  Ce  choix  el  la 
répartition  des  locaux  ayant  été  opérés,  il  se  Irouva  que  les  bâti- 
ments du  grand  collège  ne  suffisaient  pas. 

Aussi  par  un  arrêté  du  18  septembre  (2'  complémentaire  an  IV) 
Tadministration  départementale  composée  de  Couland,  président, 
Aliard,  Piégay  aîné,  Bonnard,  administrateurs,  assistés  de  Paul 
Cayre,  commissaire  du  Directoire  exécutif,  décida  que  trois  salles 
des  bâtiments  de  Tabbaye  de  Saint-Pierre  seraient  provisoirement 
consacrées  aux  leçons  publiques  de  TKcole Centrale,  plus  des  loge- 
ments salubres  pour  les  professeurs  qu'on  ne  pouiait  loger  au 
(jrand  Collège,  réservant  néanmoins  ceux  qui  avaient  élé  assignés 
à  Télat-major  de  la  Place,  plus  une  chambre  pour  les  professeurs, 
les  livres  et  les  instruments,  afin  de  préparer  les  leçons.  Nous  ver- 
rons plus  loin  quels  cours  furenl  ainsi  placés  à  Tabbaye  de  Saint- 
Pierre. 

L'inauguration  eut  lieu  le  lendemain  19  septembre  entre  trois 
et  quatre  heures  du  soir  dans  la  grande  salle  de  la  bibliothèque  au 
Grand  Collège;  au  fortd,  cette  cérémonie  ne  constituait  que  Tihs- 
tallalion  des  professeurs,  puisque  ceux-ci  eurent,  le  21  novembre 
(1"  frimaire  an  V),  à  ouvrir  leurs  cours,  aussi  en  séance  solen- 
nelle, qui  eut  lieu  à  Tabbaje  des  Dames  de  Saint-Pierre  dans  le 
local  dont  nous  venons  de  parler. 

Bien  que  le  règlement  de  TKcole  Centrale  n'ait  été  arrêté  défini- 
tivement que  le  16  août  de  Tannée  suivante  (29  thermidor  an  V) 
et  que,  par  conséquent,  nous  ne  le  placerons  aux  pièces  justifica- 
tives qu'à  cette  date,  comme  il  nous  fournit  l'esprit  qui  présida  à 
l'organisation,  nous  y  relèverons  tout  de  suite  un  point  lequel  est, 
à  notre  avis^  d'un  puissant  intérêt. 

Ce  qui  caractérise  ce  règlemenl,  c'est  qu'en  dehors  des  per- 
sonnes qui,  âgées  de  plus  de  dix-huit  ans,  pouvaient  assister  aux 
cours  qu'elles  préféraient,  librement  et  sans  être  astreintes  à  être 
interrogées  et  ne  pouvant  faire  aucune  question,  les  élèves  n'ai  aient 
pas  le  droit  de  choisir  à  leur  gré  les  cours  à  suivre;  ils  étaient 
tenus  de  passer  de  l'un  à  l'autre  successivement  dans  l'ordre  établi 
comme  on  va  le  voir. 
Article  \\\. 
Ceux  âgés  de  douze  ans  et  au-dessous  devaient  entrer  dans  la 


l'it  ENSElGi\£\lE\T    PLBL^C    DES    AUTS    DU    DESSIi\ 

r*  classe  e!  assister  pendant  une  année  le  matin  au  cours  de  gram- 
maire générale  et  particulière  (langues  anciennes,  géographie,  his- 
toire, mythologie),  et,  le  soir,  à  Técole  de  dessin. 

Ceux  âgés  de  treize  ans  entraient  dans  la  2*  classe,  avec  les 
mêmes  professeurs  et  continuaient  les  cours  de  Tannée  précé- 
dente. 

Les  élèves  de  3*  classe,  âgés  de  quatorze  ans,  assistaient  le  matin 
aux  leçons  de  belles-lettres,  et,  le  soir,  à  Técole  de  dessin. 

Les  élèves  de  la  A*  classe,  âgés  de  quinze  ans,  allaient  le 
matin  aux  coui:s  de  mathématiques  et,  le  soir  à  celui  d'histoire 
naturelle.  Il  était  indispensable,  selon  Tarticle  VIII,  d'avoir  quinze 
ans  pour  être  admis  aux  cours  de  mathém.atiques,  seize,  pour 
celui  de  physique,  et  dix-sept  pour  celui  de  législation. 

Il  n'est  pas  question  de  dessin  en  quatrième  et  cinquième  année; 
ceux  de  sixième,  ayant  dix-sept  ans  par  conséquent,  pouvaient  à 
volonté  aller  le  soir  ou  au  cours  d'histoire  naturelle  ou  à  l'école  de 
dessin. 

L'enseignement  du  dessin  obligatoire  à  I^yon  dès  1797  dans  ce 
qui  a  précédé  notre  enseignement  secondaire!  Bien  que  nos 
recherches  pour  les  écoles  similaires  ne  soient  pas  encore  ter- 
minées, il  nous  est  possible  d'affirmer  qu'il  en  était  de  même 
ailleurs. 

Pas  de  séances  dites  d'études;  les  leçons  (article  XIl)  ne  devaient 
commencer  qu'après  que  chaque  élève  eut  été  interrogé  sur  la 
leçon  précédente  ou  fait  vérifier  ses  extraits  et  compositions.  La 
i*étribution  par  an  ne  pouvait  dépasser  25  francs  selon  la  loi.  Pas 
d'internat,  c'est  Bonaparte  qui,  avec  les  lycées,  a  ramené  le  régime 
de  claustration  de  la  jeunesse  comme  dans  les  couvents  ou  dans  les 
casernes,  contre  lequel  on  est  conduit  à  réagir  de  nos  jours. 

Ce  n'est  pas  ici  la  place  de  juger  l'enseignement  des  Ecoles  Cen- 
trales qui  furent  supprimées  en  1802  ;  nous  voyons  seulement  que 
Cogellj  en  réussissant  à  adjoindre  son  école  de  dessin  à  l'Ecole 
On  traie,  fit  un  coup  de  maître. 

Voici  de  quelle  manière,  ayant  à  développer,  ainsi  que  les  autres 
professeurs,  le  plan  et  les  vues  de  son  enseignement,  il  s*explique 
le  21  novembre  (Pièce  justificative  n"LII)  : 

Il  s'efforce  de  justifier  le  législateur  de  1795  (3  brumaire  an  IV) 
d'avoir  placé  le  dessin  au  nombre  des  matières  qui  constituent 


ENSEiG\£.\lËNT    PUi.'LlC    DES    ARTS    DU    DESSIN  153 

essentiellement  rinstriiction  à  laquelle  sont  appelés  tous  les 
citoyens  :  Si  le  dessin,  dit-il,  est  nécessaire  à  tous  les  artistes,  le 
simple  artisan  en  a  besoin  aussi;  privé  de  ce  secours,  il  aurait  à 
regretter  de  ne  pouvoir  ni  retracer  ses  idées,  ni  ses  conceptions  et 
d'éprouver  par  cela  seul  les  plus  grands  obstacles  à  Texécution. 

Cogell  continue  en  expliquant  qu'il  commencera  son  cours  par 
les  premiers  éléments,  parce  qu'il  faut  de  l'unité  dans  l'instruction 
et  qu'il  importe,  dés  le  principe,  de  prendre  une  marche  uniforme 
et  régulière  et  de  prévenir  les  habitudes.  Il  prendra  ensuite  peu  à 
peu  l'essor  et  s'efforcera  d'atteindre  un  niveau  élevé  ;  sans  doute  il 
va  se  voir  chargé  d'un  grand  nombre  d'élèves;  mais,  comme  un 
père  au  milieu  de  ses  enfants,  par  son  esprit  communicatif,  il  se 
prélera  avec  amitié  à  leur  confiance  et  les  conduira  par  la  main  au 
Ira  vers  des  difficultés. 

Peut-être  il  se  trou  ve  dans  ce  discours  des  passages,  sur  le  goût 
et  sur  la  manière  de  voir  la  nature,  qui  dépassent  un  peu  la  ques- 
tion ;  toutefois  on  y  constate  cet  esprit  de  ténacité  et  de  dévouement 
qui  n'a  pas  quitté  ce  personnage,  absolun^ent  inconnu  jusqu'à 
présent,  que  nous  nous  sommes  efforcé  de  mettre  en  lumière  dans 
noire  long  travail  et  avec  lequel  nous  sommes  encore  bien  loin 
d'avoir  fini. 

E.-L.-G.  Charvet. 


PIECES  JUSTIFICATIVES 

XLV 

Rapport  de  Jousselme 
à  la  commission  temporaire  des  Arts  et  des  Sciences 

5  Fructidor  ao  II  (22  août  1794) 
Rapport  à  la  Commission  temporaire  des  Arts  et  Sciences 

u  Environ  vingt  cy-devant  communautés,  tant  religieuses  que  Maisons 
d'éducation,  étoient  dans  cette  commune  :  chacune  de  ces  communautés 
a  voit  sa  bibliothèque  plus  ou  moins  volumineuse 

.<  Un  certain  nombre  de  ces  bibliothèques  occupoit  un  local  qui  a  été 
vendu  avec  le  reste  de  la  maison  ou  dont  on  a  eu  besoin  pour  le  bien  de  la 
République.  Tout  a  été  transporté  et  entassé  dans  un  dépôt  général  à  la 
maison  de  Pierre  (Fabbaye  de  Saint-Pierre),  en  attendant  qu'on  eut  formé 


154  ËNSEIGXEMEIVT    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN 

des  rayons  pour  ranger  les  livres,  telles  que  celles  des  cy-devant  Domini- 
cains, Chartreux,  Grands  Capucins,  Séminaire  Saint-lrénée,  Missionnaires 
de  Saint-Joseph,  Oratoriens,  des  Petits  Augustins. 

u  Celles  des  Feuillants,  des  Carmes  ont  Hv  transportées  et  entassées 
dans  un  local  de  la  maison  des  Capucins  du  Petit  Forêt. 

u  Celles  des  chanoines  de  Sainte-Geneviève  et  des  Cordeliers  de  TObser- 
vancc  ont  été  transportées  au  Petit  Collège,  le  tout  avant  la  rébellion 
lyonnaise. 

u  Pendant  le  siège,  la  bombe  a  éclaté  à  diverses  reprises  au  dépôt  qui 
se  trouvait  à  la  maison  susdite  de  Pierre  devenue  la  principale  caserne  des 
Muscadins.  Les  livres  qui  s'y  trouvaient  ont  été  totalement  endommagés, 
partie  a  brûlé,  partie  a  pourri  par  les  pluies  qui  tombaient  en  abondance, 
à  cause  de  la  dégradation  des  toits,  quelques-uns  ont  été  enlevés  par  les 
rebelles,  quelques  autres  briïlés  par  les  volontaires  de  la  République  sous 
prétexte  que  c'étaient  des  livres  de  fanatisme,  de  sorte  qu  il  est  difficile 
actuellement  de  compléter  le  moindre  ouvrage,  malgré  qu'il  y  ait  encore 
un  assez  grand  nombre  de  volumes. 

u  Quant  au  dépôt  du  Petit  Collège  où  on  avait  porté  pendant  le  siège  le 
plus  grand  nombre  dans  une  cave  où  il  y  a  demeuré  jusques  à  environ  le 
milieu  de  germinal  d'où  il  a  été  retiré  pour  être  transporté  au  dépôt  géné- 
ral, comme  vous  le  sentez,  les  livres  ont  été  endommagés  et  boulevei*sés 
par  les  divers  transports. 

u  11  reste.encore  d'existantes  dans  leur  local  les  bibliothèques  des  cy-devant 
Minimes,  des  Carmes-Déchaussés,  des  ex-comtes  de  Saint-Jean,  des  Corde- 
liers de  Bonaventure,  des  Lazaristes,  des  Capucins  du  Petit-Forét  et  celle 
Petit-Collège. 

u  Celle  des  Augustins  est  à  la  vérité  encore  existante,  en  son  entier, 
mais  on  a  été  obligé,  par  rapport  à  l'atelier  des  habits,  d'en  tirer  les  livres 
et  de  les  entasser  dans  une  chambre  voisine. 

Cl  lies  bibliothèques  des  Chartreux,  des  Cordeliers  de  l'Observance,  des 
Carmes  des  Terreaux  et  des  Feuillants  étoient  opérées,  les  cartes  étoient 
dressées  et  prêtes  pour  la  formation  d'un  catalogue,  mais  d'après  les  évé- 
nements susdits,  l'opération  est  devenue  inutile. 

ce  Celles  des  Carmes  Déchaussés,  des  comtes  de  Jean  (les  comtes  de 
Saint- Jean,  chanoines  de  la  Primatiale),  des  Capucins  du  Petit-Forét  et  des 
Cordeliers  de  Bonaventure  qui  sont  encore  en  leur  entier,  sont  opérées,  les 
cartes  faites  et  prêtes  à  la  formation  du  catalogue. 

u  Quant  h  celle  des  Augustins,  elle  avoit  bien  été  cartée,  mais  eu  égard 
à  son  déplacement  des  rayons,  il  sera  très  difficile  à  se  reconnaitre  et  on 
sera  peut-être  obligé  à  travailler  tout  de  nouveau. 

«  On  s'occupe  actuellement  à  opérer  les  bibliothèques  existantes  dans 


ENSEIGXEUEIVT    PUBLIC    DBS    ARTS    DU    DESSIN  155 

leur  local  et  qui  ne  rétoienl  pss  encore,  en  commençant  par  celle  du  Pelil- 
CoUège. 

«  On  s* occupe  également  avec  la  plus  grande  activité  au  rassemblement 
des  livres  et  autres  objets -concernant  les  arts  qu'on  trouve  peu  à  peu,  chez 
les  rebelles  et  déjà  il  y  en  a  dans  le  dépôt  général  dix-huit  ou  dix-neuf 
mille  volumes  provenant  des  bibliothèques  susdites  tirées  de  leur  local  et 
déposés  à  la  maison  de  Pierre,  soit  ailleurs,  avant  la  rébellion.  Tous  ces 
volumes,  par  ordre  d'ouvrages  sont  placés  dans  des  rayons  qui  ont  été 
posés  iid  hùCy  sans  compter  environ  quatre  h  cinq  mille  brochures  arran- 
gées et  portant,  pour  une  plus  grande  facilité  d'inventaire,  leur  étiquette, 
lequel  inventaire,  en  règle,  commencera  nécessairement,  car  il  y  en  a  déjà, 
pour  la  plus  grande  partie,  un  sommaire. 

u  Dans  le  même  dépôt  général  se  trouvoient  rassemblés  et  entassés  les 
uns  sur  les  autres,  indépendamment  des  susdits^  environ  trente  mille  volu- 
mes qui  ne  traitent  que  de  fanatisme,  comme  livres  de  méditations,  de 
prières,  de  messe,  de  résolution,  de  cas  de  conscience,  de  matières  théolo- 
giques, etc.,  etc.,  provenant  tant  des  cy-devant  communautés  d'hommes 
et  de  filles  que  de  rebelles  cagots,  volumes,  si  le  besoin  l'exige,  seront 
ensuites  enrajOnnés  et  portés  sur  le  catalogue. 

u  Relativement  aux  cabinets  d'histoire  naturelle,  de  physique,  d'anti- 
quités, comme  cette  commune  étoit  presque  entièrement  adonnée  au  com- 
merce et  que  l'esprit  de  ses  habitants  étoit  de  faire  ce  qu'on  appelle  fortune ^ 
on  ne  trouve  pas  beaucoup  de  choses  de  ce  genre,  et  d'ailleurs,  tout  ce  qui 
s'y  rencontre  a  extrêmement  souffert  des  suites  du  siège  :  cependant  on 
s'attache  à  recueillir  de  chez  les  rebelles  tout  ce  qu'on  peut  y  rencontrer  et 
déjà  l'on  a,  dans  le  dépôt,  quelques  petits  morceaux  de  ce  genre. 

u  La  peinture,  la  gravure  est  ce  qui  abonde  Le  plus,  et  à  en  juger, 
d'après  quelques  personnes  de  l'art,  il  y  a  du  bon. 

tt  11  faut  cependant  observer  que  quant  h  la  physique,  l'on  a  encore 
quelque  bonne  chose  malgré  les  dégâts  que  la  bombe  a  occasionnés,  d'après 
la  réunion  du  cy-devant  séminaire  de  Saint-Irénée  et  celui  du  cy-dcvant 
collège. 

u  Tout  le  contenu  dans  ce  Mémoire  est  conforme  à  la  vérité. 

u  Commune  affranchie  (Lyon)  5  fructidor  de  l'an  II  de  l'ère  républi- 
caine, n 

Signé  :  Joussri.mr  >. 

*  Archives  de  la  ville  de  Lyon,  série  non  inventoriée. 


156  ENSElGiVEMENT    PUBLIC    DBS    ARTS    DU    DESSIN 

XLVI 
Arrêté  de  VadminUtraiion  du  département  du  Rhône 

3  pluviôse  ta  IIl  (22  janvier  1795) 

Vu  Favis  de  la  commission  établie  par  le  district  de  Lyon  pour  la  forma- 
tion du  muséum  et  la  conservation  des  monuments  ;  sur  le  renvoy  qui  lui 
a  été  fait  par  l'administration  du  district  de  la  demande  du  citoyen  Co^^elK 
peintre,  ci-devant  professeur  ft  Técole  gratuite  de  dessin,  relative  au  choix 
d'un  local  provisoire  propre  h  y  rétablir  incessamment  le  cours  de  ses 
leçons  à  T effet  par  ladite  commission  de  donner  Sbn  avis  portant  que 
l'école  de  dessin  sera  rétablie  dans  l'ancien  local  qu'elle  occupait  sous  la 
grande  bibliothèque  du  Grand  Collège,  ainsi  que  les  écoles  de  médecine  et 
que,  de  suite,  il  en  sera  donné  avis  aux  locataires  actuels  qui  l'occupent 
que^  provisoirement,  et  pour  laisser  le  temps  de  prendre  les  mesures  con- 
venables A  la  perfection  de  cet  établissement,  l'école  gratuite  de  dessin  sera 
placée  dans  le  prolongement  de  l'aile  au  nord  des  bâtiments  dudit  Collège, 
au  premier  étage,  depuis  la  voûte  jusqu'au  quai,  de  manière  que  la  partie 
à  l'est  du  petit  escalier  serve  de  salle  pour  les  leçons  communes  et  le  sur- 
plus tant  pour  le  logement  du  citoyen  Cogell,  professeur,  que  pour  les 
leçons  particulières,  que  ce  local  sera  immédiatement  mis  ù  la  disposition 
du  citoyen  Cogpll  pour  y  régler  les  agencements  convenables  et  y  com- 
mencer le  cours  de  ses  leçons. 

Vu  l'avis  du  district  de  Lyon  en  date  du  18  du  mois  dernier  (nivôse)  , 
portant  qu'il  y  a  lieu  d'homologuer  l'avis  de  la  commission  des  sciences 
et  des  arts  établie  par  ce  district  ; 

Considérant  que  la  ville  de  Fiyon  n'a  dû  sa  célébrité  qu'A  la  culture  des 
arts  qui  tiennent  le  plus  à  son  commerce  ;  que  la  fabrication  des  étoffes  de 
jfoieétoit  de  tous  les  genres  d'industrie  auxquels  s'étoient  livrés  les  habitants 
He  cette  commune  celui  qui  a  voit  été  porté  au  plus  haut  point  de  perfec- 
tion; 

Que,  si  tous  les  peuples  recherchoient  les  étoffes  de  Lyon,  cette  préfé- 
rence n'étoit  due  qu'à  l'élégance  et  à  la  correction  de  leurs  dessins  ;  que 
non  seulement  les  manufactures  de  soie  de  Lyon,  mais  encore  celles  de 
rubans  et  de  toiles  peintes,  les  papiers  meublants  et  tous  les  genres  de 
main-d'œuvre  où  l'art  du  dessin  et  les  principes  de  géométrie  élémentaire 
sont  nécessaires,  exigent  que  cet  établissement  soit  encouragé  et  soutenu  ; 

Le  président  entendu, 
.  L'administration  arrête  que,  conformément  à  l'avis  du  district  de  I^yon, 
l'école  de  dessin  ci-devant  établie  dans  Phôtel  commun  et  dont  les  leçons 


ENSEIGNEMENT    PUBLIC    DES    AttTS    DU    DESSIN  Iù7 

ont  été  suspendues  depuis  )e  siège  sera  rétablie  dans  toute  son  intégrité  et 
qu^elle  sera  provisoirement  placée  ainsi  que  le  logement  du  professeur 
dans  le  h'  étage  dans  le  prolongement  de  Taile  au  iVord  du  ci-devant 
Grand  Collège  depuis  la  voûte  jnsqu^au  quai  dans  Fangle  de  la  rue  du  Pas 
Etroit  et  que  les  locataires  qui  occupent  actuellement  Icsdits  appartements 
seront,  en  remplacement,  logés  dans  les  appartements  situés  sous  la  ter- 
rasse attenant  auxdits  bâtiments  du  Grand  Collège  ci-devant  occupés  par  le 
nommé  Goiran  qui  a  été  puni  de  mort. 

Signé  :  Paul  Cayrk,  Bridant  et  Papkt  ', 

XLVIl 

Arrêté  de  Dupuy,  représentant  du  peuple 

Lyon  le  20  prairial.  Pan  III  de  la  République  une  et  indivisible. 

Le  Représentant  du  peuple  Dupuis,  envoyé  par  la  Convention  nationale 
dans  le  *d^  arrondissement  de  la  République  pour  y  assurer  la  prompte 
exécution  des  lois  relatives  à  l'instruction  publique,  arnHe  ce  qui  suit  : 

Article  premier.  —  L'administration  du  département  du  Rhône  se  fera 
rendre  compte  dans  le  plus  bref  délai  des  inventaires  qui  ont  dik  être  faits 
de  tous  les  livres  et  manuscrits  qui  composaient  les  bibliothèques  des  ci- 
devant  corps  et  communautés  ecclésiastiques,  des  établissements  d'instruc- 
tion publique  et  spécialement  de  Pacadémie  de  Lyon  et  de  ceuv  des  émi- 
grés, ensemble  les  objets  d'histoire  naturelle,  des  instruments  de  physique, 
de  mécanique,  de  chimie,  modèles  de  machine,  d'arts  et  métiers,  des  anti- 
ques, médailles,  pierres  gravées  et  estampes  qui  leur  appartenaient  et  Pau- 
torise  à  se  faire  remettre  les  objets  ci-dessus  mentionnés  et  à  ordonner  leur 
rassemblement  h  Pécole  centrale  du  département  fixée  à  Lyon  sur  la 
demande  qu'en  feront  les  professeurs  lorsqu'ils  les  trouveront  nécessaires 
et  convenables  à  la  formation  de  la  bibliothèque  centrale,  des  cabinets  de 
physique  et  d'histoire  naturelle,  de  la  collection  des  machines,  des  modèles 
d'arts  et  métiers  qui  doivent  Otre  attachés  A  Pécole  centrale  en  vertu  de  la 
loi  du  7  ventôse,  sans  que  sous  aucun  prétexte  on  puisse  en  rien  distraire 
ou  l'appliquer  A  d'autres  établissements  si  ce  n'est  de  leur  aveu  ou  par  une 
loi  formelle. 

Art.  2.  —  L'administration  est  aussi  autorisée  sur  la  demande  des  pro- 
fesseurs à  faire  extraire  des  jardins  non  vendus  soit  des  anciennes  corpora- 
tions ci-desus  désignées,  soit  des  émigrés,  les  plantes  rares  et  arbustes  que 

'  Folios  34  verso  et  35  recto  du  Registre  des  arrêtés  du  département  du 
RhÔDe,  ^3  frimaire  an  III  au  1*'  brumaire  an  IV. 


158  EIVSEIGNEMENT    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN 

les  professeurs  croient  propres  à  la  formation  du  jardin  de  botanique  qui 
doit  (Hre  attaché  à  Vécole  centrale. 

Art.  3.  —  Le  jury  nommera  le  citoyen  charge  de  présider  au  rassem- 
blement et  au  transport  des  livres  et  machines,  et  l'administration  du 
département  ordonnera  les  dépenses  nécessaires  à  cet  égard. 

Art.  4.  —  Il  est  enjoint  à  toutes  les  administrations  du  district  de  faci- 
liter par  tous  les  moyens  qui  sont  en  leur  pouvoir  la  prompte  exécution  du 
présent  arrêté  sous  leur  responsabilité. 

Art.  5.  —  L'administration  du  département  est  chargée  d'inviter  tous 
les  bons  citoyens  qui  sont  jaloux  de  donner  au  nouvel  établissement  la 
splendeur  dftnt  il  peut  être  susceptible,  à  déposer,  à  Técole  centrale,  les 
machines,  instruments  de  physique,  morceaux  d'histoire  naturelle  et  autres 
objets  relatifs  aux  progrès  des  sciences  et  des  arts,  dont  leur  patriotisme  les 
engagera  à  faire  le  sacrifice  et  à  concourir  par  là  de  tout  leur  pouvoir  à  la 
prompte  formation  d'un  établissement  qui  doit  préparer  le  bonheur  de 
plusieurs  générations  et  leur  procurer  à  eux-mêmes  et  à  leurs  enfants  tant 
<le  ressources  pour  l'instruction  et  les  plus  douces  jouissances  de  Tesprit. 

Dupiis,  Représentant  du  peuple  '. 

XLVHI 

Arrêté  du  Directoire  du  district  de  Lyon 

(19  septembre  1795) 

Dans  la  séance  publique  du  3"  jour-  complémentaire  de  l'an  111  où 
î'taient  les  administrateurs  soussignés. 

Vu  les  deux  arrêtés  du  représentant  du  peuple  Dupuis,  en  mission  pour 
l'exécution  des  lois  relatives  à  l'instruction  publique  en  date  des  20  et 
25  prairial  dernier,  le  premier,  ordonnant  que  «  l'administration  du 
département  du  Rhône  se  fera  rendre  compte  dans  le  plus  bref  délai  des 
inventaires  qui  ont  dû  être  faits  de  tous  les  livres  et  manuscrits  qui  compo- 
saient les  bibliothèques  des  ci-devant  corps  et  communautés  ecclésiastiques, 
des  établissements  d'instruction  publique  et  spécialement  de  l'académie  de 
Lyon  et  de  ceux  des  émigrés,  ensemble  des  objets  d'histoire  naturelle,  des 
instruments  de  physique,  de  mécanique,  de  chimie,  modèles  de  machines 
d*arts  et  métiers,  des  antiques,  médailles,  pierres  gravées  et  estam|)es  qui 
leur  appartenaient  et  Tauforise  à  se  faire  remettre  les  objets  ci-dessus 

'  Archivés  du  département  du  Rhône.  Registre  des  délibérations  du  départe- 
ment du  Rhône,  n*  2,  f  187  v*;  communiqué  par  M.  Georges  Guigue.  archi- 
viste du  département  du  Rhône. 


ENSEIGNEMENT    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN  159 

menfionnés,  et  ordonner  leur  rassemblement  h  TKrole  centrale  du  départe- 
ment, fixée  k  Lyon,  sur  la  demande  quVn  feront  les  professeurs  lorsqu'ils 
les  trouveront  nécessaires  ou  convenables  à  la  formation  de  la  bibliothèque 
centrale,  des  cabinets  de  physique  et  dMiistoire  naturelle,  de  la  collection 
des  machines,  des  modèles  d'arts  et  métiers  qui  doivent  ^tre  attachés  à 
TKcole  centrale  en  vertu  de  la  loi  du  7  ventôse,  sans  que  sous  aucun  pré- 
texte ou  puisse  en  rien  distraire,  ou  l'appliquer  à  d'autres  établissements, 
si  ce  n'est  de  leur  aveu  ou  par  une  loi  formelle. 

u  Que  Fadministration  est  aussi  autorisée  sur  la  demande  des  professeurs, 
à  faire  extraire  des  jardins  non  vendus,  soit  des  anciennes  corporations 
ci-dessus  désignées,  soit  des  émigrés,  les  plantes  rares  et  arbustes  que  les 
professeurs  croiront  propres  à  la  formation  du  jardin  de  botanique  qui 
doit  t^tre  attaché  à  l'Kcole  centrale.  » 

Le  second  portant  :  «  1<*  Ktablissement  d*un  conservatoire  à  Lyon, 
chargé  de  veiller  à  la  conservation  de  tous  le^  monuments  des  sciences  et 
arts,  de  recouvrer  ceux  qui  auraient  été  dilapidés  et  de  constater  Fétat  [de 
ceux  qui  sont  endommagés,  de  se  faire  rendre  compte  de  tous  les  dépôts 
qui  existent,  d'en  dresser  un  tableau  exact  et  de  faire  part  de  ses  opérations 
au  comité  dinstruction  publique,  n 

2*'  La  nomination  des  citoyens  Delandine,  Chinard,  Horace  Coignet, 
Cochet  et  Riverieulx-Varax  jK)ur  membres  du  Conservatoire. 

Vu  le  mémoire  ou  pétition  desdits  citoyens  Cochet,  Coignet,  Riverieulx- 
Varax  présentée  à  l'administration  du  département  du  Rhône,  portant  que 
le  refus  du  citoyen  Delandine,  l'un  d'eux,  et  le  défaut  de  local,  leur  ont 
empêché  malgré  leur  activité  de  commencer  leurs  travaux,  que  tout  ce  qui 
concerne  l'instruction  publique  à  Lyon  est  en  confusion,  que  les  biblio- 
thèques nationales  sont  ouvertes  et  non  décrites,  que  divers  agents,  les  uns 
inconnus,  les  autres  sans  mission  légitime  sont  occupés  h  les  voiturer  et 
entasser  dans  un  dépôt  dans  la  maison  nationale  de  Saint-Pierre,  qu'il  est 
de  leur  devoir  et  de  l'intérêt  de  la  République  d'y  mettre  ordre. 

Qu'à  cet  effet,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique  et  de  l'intérêt 
que  tous  les  citoyens  ont  de  jouir  de  ce  que  cet  établissement  peut  leur 
procurer  d'utile,  ils  requièrent  : 

!•*  De  nommer  un  commissaire  qui  conjointement  avec  l'un  des  mem- 
bres du  conservatoire,  mettront  au  plus  tôt  les  scellés  sur  tous  les  dépôts 
nationaux  de  cette  commune,  renfermant  tout  ce  qui  est  relatif  aux  sciences 
et  arts  pour  ensuite,  à  la  réquisition  du  Conservatoire,  lesdits  scellés  être 
reconnus  et  levés  et  procéder  à  l'inventaire  et  description. 

2"  D'ordonner  que  tout  traitement  en  faveur  de  tout  agent  quelconque 
attaché  ù  ces  dépôts  sera  supprimé,  î\  moins  qu'il  ne  soit  présenté  par 
ledit  Conservatoire  et  approuvé  par  le  département. 


mO  1  KSEtr.NEMKNT  PUIILIC    DES    AKTS    DU    DES91M 

3*  Que,  »ous  Tinspoction  du  Conservatoire,  un  bibliothécaire  s'occupera 
âc.  la  re:^titution  aux  familles  des  livres  qui  auront  été  soustraits  pendant 
la  tyrannie,  lorsque  cette  restitution  aura  été  ordonnée  par  les  corps  adnii> 
nistratifs,  qu'il  déposera  à  la  bibliothèque  du  collège  les  ouvrages  de  litté- 
rature et  d'histoire,  au  plus  tard  dans  deux  mois,  qu'il  dressera  de  tout  un 
catalogue  succinct,  ledit  catalogue  fait  double  et  par  cahier  séparé  dont 
chacun  sera  délivré  de  décade  en  décade  ;  qu'enfin  le  bibliothécaire  pré- 
sentera deux  agents  pour  porter,  ranger  les  livres  et  les  remettre  aux 
citoyens  lors  de  l'ouverture  de  la  bibliothèque. 

4«  D'ordonner  encore  que  la  présente  réquisition  sera  inscrite  sur  les 
registres  de  l'administration  et  que  l'arrôté  à  intervenir  sera  transmis  à  la 
diligence  de  l'agent  du  district  à  tous  les  ci-devant  employés  dans  le  dépôt, 
pour  qu'ils  aient  à  y  cesser  dans  le  jour  toutes  fonctions. 

Le  Directoire  considérant  qu'il  est  de  la  plus  grande  imjwrtance  pour 
r utilité  publique  que  le  Conservatoire  établi  à  l^yon  soit  mis  en  activité 
dansl  e  plus  court  délai  ; 

Arrête  : 

Le  procureur  général  syndic  ouï  ; 

1"  Que  l'administration  du  district  est  invitée  a  nommer  parmi  les  mem- 
bres un  commissaire  à  l'effet  de  se  transporter  le  jour  et  heure  qu'elle 
indiquera,  avec  un  membre  du  Conservatoire  dans  tous  les  dépots  natio- 
naux de  cette  commune,  où  se  trouveront  des  livres,  estampes,  tableaux, 
gravures,  antiques,  machines  et  objets  d'histoire  naturelle,  pour  sur  iceux 
procéder  par  apposition  de  scellés  et  par  suite  à  uji  inventaire  et  descrip- 
tion. 

2"  Que  dès  ce  moment  sont  supprimés  tous  émoluments  ou  traitements 
des  agents  qui  peuvent  être  attachés  aux  dépôts. 

3"  Qu'il  sera  nommé  et  choisi  un  bibliothécaire  qui  s'occupera  journel- 
lement, sous  l'inspiration  du  Conservatoire,  de  la  restitution  aux  familles, 
des  livres  et  autres  objets  qu'elles  justifieront  leur  avoir  été  enlevés  lors  des 
dilapidations  exercées  dans  cette  commune  et  ailleurs,  d'après  l'autorisa- 
tion des  corps  administratifs. 

•i"  Que  tous  les  ouvrages  de  science,  de  littérature  et  d'histoire  seront 
déposés  au  plus  tard  dans  deux  mois  a  la  bibliothè  jue  du  collège,  pour 
être  destinés  h  l'utilité  publique  trois  fois  par  décade. 

5"  Que  ledit  bibliothVaire  dressera  un  catalogue  des  livres  déposc'»s  dont 
il  conservera  un  double  et  remettra  l'autre  au  Conservatoire,  et  lequel 
sera  fait  par  cahier  séparé  et  chacun  délivré  de  décade  en  décade. 

6»  Enfin  il  présentera  sous  l'approbation  de  l'administration  et  du  Con- 
servatoire deux  agents  pour  voiturer,  ranger  et  porter  les  livres  dans  le 
dépôt  indiqué. 


ENSEIGNEMENT   PUBLIC   DES   ARTS    DU   DESSIN  161 

Arrête  en  outre,  que  le  présent  arrêté  sera,  à  la  diligence  du  procureur 
syndic  du  district,  notifié  à  tous  les  ci -devant  employés  dans  les  dépôts 
dont  il  a  été  parlé,  pour  qu'ils  aient  &  cesser  dans  le  jour  toute  fonction 
sous  les  peines  portées  par  les  lois. 

Fait  le  S*"  complémentaire  an  111. 

Signé  :  Bridaxt,  Paul  Cayre,  Papkt^ 


XLIX 

Arrêté  par  Poullain  de  Grandprey,  représentant  du  peuple 

u  Au  nom  du  peuple  français  :  Kf^altté.  Humanité,  l/iberté.  Justice. 

a  Le  représentant  du  peuple  Poullain-Grandprey,  commissaire  du  gou- 
vernement dans  les  déparlements  de  l'Ain,  de  J'isèrc,  Loire,  Rhône  et 
Saône-et-Ijoire,  investi  des  pouvoirs  délégués  aux  commissaires  du  gouver- 
nement près  les  armées  ; 

«  Empressé  de  donner  à  la  ville  de  Lyon  une  nouvelle  preuve  de  l'in- 
térêt que  m'ont  inspiré  sa  situation  et  ses  malheurs,  j'aurais  désiré  en  faire 
disparaître  jusqu'au  souvenir  ;  du  moins,  ennemi  des  excès  qui  peuvent  les 
accroître,  jaloux  de  comprimer  le  choc  des  partis,  et  d'arrêter  le  cours  des 
vengeances  réciproques,  je  n'ai  écouté  aucune  faction,  mais  la  seule  loi  du 
devoir.  Ce  plan  de  conduite  était  aussi  dans  le  cœur  des  deux  collègues, 
dont  j'ai  partagé  pendant  cinq  mois  les  travaux  et  la  sollicitude.  Sévères  et 
inflexibles  contre  tout  ce  qui  pouvait  troubler  la  tranquillité  de  cette  popu- 
leuse cité,  nous  n'avons  du  inspirer  d'effroi  qu'aux  méchants,  et  les  hom- 
mes probes  nous  sauront  un  jour  quelque  gré  de  notre  fermeté  dans  la 
résolution  de  réprimer  tous  les  désordres. 

u  L*un  des  moyens  de  ramener  entièrement  le  calme  dans  Lyon,  est  d'y 
rappeler  le  goût  des  lettres  et  àe%  arts  ;  des  lettres  qu'embellissent  la  vie  et 
instruisent  tous  les  ûges;  des  arts,  qui  consolent  des  peines,  font  naître 
l'aisance  et  assurent  le  bonheur.  Les  lettres  et  les  arts,  trop  négligés  depuis  ' 
longtemps  dans  cette  cité,  peuvent  seuls  lui  rendre  son  ancienne  splendeur, 
favoriser  l'essor  de  son  commerce,  créer  des  hommes  utiles,  occuper  l'oisif 
et  l'empêcher  de  nuire.  Les  vices  rampent,  comme  le  lierre,  sous  les  pieds 
de  l'homme  occupé,  mais  ils  enveloppent  de  leurs  rameaux  touffus  celui 
qui  espère  trouver  le  bonheur  dans  l'inaction. 

u  Déjà  les  représentants  Boisset  et  Dupuis  se  sont  occupés  de  cet  impor- 

>  Archives  du  département  du  Rhône,  série  L  80.  Registre  des  arrêtés  dq 
département  du  Rhône,  n»  3,  f»  178. 

1! 


162  ENSEIGNEMENT   PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN 

tant  objet  :  le  premier,  eu  formant  dans  Tédifice  de  Saint-Pierre,  un  vaste 
dépôt  de  livres,  de  machines  et  de  tableaux;  le  second,  en  nommant  un 
conservatoire  pour  diriger  tout  ce  qui  tient  à  l'instruction,  et  un  jury 
chargé  de  choisir  les  professeurs  pour  Técole  centrale,  et  en  affectant  les 
bâtiments  du  collège  et  du  pensionnat  des  ci-devant  oratoriens,  &  l'ensei- 
gnement, et  le  jardin  de  Flnslitut  deToratoire,  à  rétablissement  d'un  jardin 
botanique.  Leurs  arrêtés  sont  restés  sans  une  entière  exécution  11  est  temps 
qu'ils  l'obtiennent,  et  qu'ils  reprennent  une  nouvelle  vigueur.  Je  suis 
heureux  de  contribuer  à  seconder  leurs  premiers  efforts,  et  à  rendre  aux 
savants,  aux  artistes,  aux  littérateurs,  aux  professeurs,  k  leurs  éJëves,  à 
tous  les  citoyens  d'une  grande  et  belle  cité,  que  l'ignorance  seule  peut  dé- 
grader, les  sources  de  l'instruction,  du  savoir  et  des  vrais  plaisirs. 

u  Aussi,  après  avoir  pris  l'avis  des  commissaires  des  corps  administratifs 
et  du  conservatoire  des  sciences  et  des  arts,  j'ai  arrêté  ce  qui  suit  : 

«  Articlk  premier.  —  Tous  les  bâtiments  faisant  partie  du  Grand 
Collège,  y  compris  le  pensionnat,  maison  et  terrasse  enfermés  dans  la 
masse  de  cet  édifice,  sont  et  demeurent  spécialement  désignés,  conformé- 
ment à  la  loi  du  3  brumaire  présent  mois,  et  à  l'arrêté  du  représentant 
Dupuis,  du  20  prairial  dernier,  pour  servir  A  l'instruction  publique,  à 
l'établissement  de  l'école  centrale,  au  logement  des  bibliothécaires  et  pro- 
fesseurs, aux  salles  des  cours,  bibliothèques,  cabinets  de  physique,  de 
chimie  et  d'histoire  universelle,  observatoire,  etc.  Les  ventes  faites  contre 
les  dispositions  du  même  arrêté  sont  et  restent  pour  non  avenues. 

u  11  est  sursis  à  toute  délivrance  de  bref,  jusqu'à  la  décision  du  Corps 
législatif. 

u  Art.  2.  —  Conformément  audit  arrêté  du  représentant  du  peuple 
Dupuis,  il  sera  formé  un  jardin  de  botanique,  de  plantes  indigi'^nes  et  exo- 
tiques, dans  le  jardin  et  clos  du  ci-devant  Institut  de  l'oratoire,  toute  alié- 
nation desdits  clos  et  jardin  pareillement  regardée  comme  non  avenue. 

^  Art.  3.  —  Tous  les  bâtiments  dépendant  de  l'édifice  de  Saint-Pierre, 
étant  destinés  à  servir  un  jour  i\  un  établissement  important  pour  la  Répu- 
blique, par  la  réunion  de  toutes  les  institutions  qui  peuvent  honorer  et 
favoriser  le  commerce,  telles  que  la  Bourse,  le  Tribunal  de  commerce, 
l'école  de  dessin,  la  galerie  des  tableaux,  les  cours  de  commerce,  d'arts  et 
métiers,  de  teinture,  le  dépôt  des  modèles  et  machines  inventées  pour  le 
perfectionnement  des  manufactures,  l'aliénation  de  ces  bâtiments  demeu- 
rera aussi  suspendue. 

u  Art.  4.  —  11  y  aura  une  bibliothèque  publique  dans  l'édifice  dit  du 
Grand  Collège  ;  elle  sera  formée  tant  des  livres  qui  y  existent  actuellement, 
que  de  ceux  qui  se  trouvent  déposés  h  Saint-Pierre  et  dans  les  divers  édi- 
fices nationaux. 


ENSEIGNEMENT   PUBLIC    DES   ARTS   DU   DESSIN  163 

M  Art.  5.  —  Il  y  aura»  près  de  celte  Bibliothèque,  un  cabinet,  de  phy 
«ique  et  un  autre  d'histoire  naturelle. 

^<  Art.  6.  —  La  bibliothèque  et  les  cabinets  sont  confiés  aux  soins  de 
deux  bibliothécaires  ;  Tun  pour  la  partie  des  belles-lettres,  histoire  et  anti- 
quités, rentre  pour  celles  des  sciences  et  arts.  Ils  présideront  alternative- 
ment au  service  public  ;  le  Jour  de  non-ouverture,  ils  s'occuperont  :  !•  de 
Ja  formation  du  catalogue  général  des  li,vres,  manuscrits,  estampes,  ta- 
bleaux antiques,  instruments  de  physique,  machines  et  objets  d'histoire 
naturelle  ;  2<'  de  faire  rentrer  sous  leur  dépendance  les  livres  et  monuments 
des  sciences  et  arts  qui  se  trouvent  égarés  dans  les  divers  dépôts. 

u  Art.  7.  —  lia  confection  des  catalogues  sera  double,  pour  Tun  des 
exemplaires  être  remis  au  département  et  Tautre  rester  entre  les  mains  des 
bibliothécaires. 

u  Art.  8.  —  Il  y  aura  deux  garçons  de  peine  pour  transporteries  livres 
et  servir  le  public.  Ils  sauront  lire  et  seront  sous  la  direction  absolue  des 
bibliothécaires  et  à  leur  simple  nomination. 

a  Art.  9.  —  Sur  la  voûte  de  la  ci-devant  église  et  ailleurs,  s'il  est 
nécessaire,  il  sera  sur-le-champ  ouvert  un  dépôt  pour  recevoir  les 
ouvrages  qui,  ne  se  trouvant  pas  d'une  utilité  reconnue  et  journalière, 
obstrueraient  la  bibliothèque.  I/administration  provisoire  du  district  fera 
aussi  débarrasser  le  local  nécessaire  au  logement  des  employés  à  la  biblio- 
thèque ;  et,  en  conformité  de  l'arrêté  du  représentant  du  peuple  Dupuis, 
elle  s'occupera  dans  le  mois  de  placer  ailleurs  les  ateliers  de  l'agence  des 
habillements,  pour  qu'on  puisse  trouver  dans  l'église  du  Grand  Collège  les 
salles  nécessaires  aux  cours,  sitôt  que  leur  ouverture  aura  été  faite,  en 
conformité  de  la  loi  du  3  brumaire  présent  mois. 

«  Art.  10.  —  T/ouverture  de  la  bibliothèque  publique  sera  faite  dans 
le  mois,  et  elle  aura  lieu  les  jours  impairs  de  chaque  décade. 

K  Art.  11.  —  Personne  ne  pourra,  sous  aucun  prétexte,  sortir  de  la 
salle  de  la  bibliothèque  les  livres  qu'elle  renferme. 

u  Art.  12.  —  Sur  la  désignation  du  Conservatoire  des  arts  et  l'approba- 
tion des  Corps  administratifs  de  la  ville  de  Lyon,  les  citoyens  Brun  et 
Tabard  sont  nommés  bibliothécaires  ;  le  premier,  pour  la  partie  littéraire; 
le  second,  pour  celle  des  sciences  et  arts. 

«  Art.  13.  —  Le  dépôt  de  Saint-Pierre  est  conservé,  soit  pour  y  mettre 
-en  ordre  les  livres  qui  y  sont  entassés,  soit  pour  restituer  aux  citoyens  ceux 
qui  leur  appartiennent. 

u  Art.  14.  —  Ceux  qui  auront  des  réclamations  à  faire,  pour  livres 
enlevés  à  eux  ou  à  leur  famille,  sont  tenus  de  se  pourvoir  et  de  justifier  de 
leurs  propriétés,  dans  le  délai  de  deux. mois  ;  passé  ce  temps,  ils  n'y  seront 
plus  reçus. 


164  KNSEiGNEM£AIT   PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSiM 

u  Art.  15.  —  11  ne  sera  fait  droit  qu'après  ce  terme  écoulé,  sur  les 
réclamations  qui  ne  contiendraient  aucune  désignation  spéciale  des  livres 
répétés,  ou  qui  ne  seraient  justifiées  par  aucun  titre  écrit,  etc. 

tt  Art.  16.  —  Tous  les  livres  susceptibles  de  réclamation  seront  déposés 
dans  un  local  particulier. 

«  Art.  17.  —  Les  livres  de  la  galerie  de  Saint-Pierre,  dont  Tinventaire 
est  achevé,  seront  incessamment  transférés  dans  la  bibliothèque  publique, 
sous  la  direction  des  bibliothécaires,  et  d'après  le  choix  qu'ils  en  auront 
fait.  Les  exemplaires  doubles,  et  les  ouvrages  qui  ne  paraîtront  pas  devoir 
trouver  place  dans  la  bibliothèque  publique,  seront  déposés  dans  le  local 
fixé  par  l'article  9. 

u  iiRT.  18.  —  Les  livres  menacés  de  dépérissement  et  de  dégradation,  à 
raison  de  Tinsalubrité  du  local  où  ils  se  trouvent,  seront  transférés  dans  la 
grande  salle  de  Saint-Pierre,  servant  au  dépôt  général. 

«  Art.  19.  —  Immédiatement  après  cette  translation,  les  scellés  seront 
apposés  en  présence  de  Tun  des  membres  du  Conservatoire  des  arts,  par  un 
commissaire  de  la  municipalité,  tant  sur  les  portes  de  cette  salle  que  sur 
celles  des  autres  dépôts  de  cette  ville,  rcntermant  des  livres,  tableaux, 
estampes,  machines,  et  autres  monumens  des  sciences.  Ils  seront  successi- 
vement reconnus  et  levés  au  fur  et  à  mesure  du  travail,  et  il  sera  pi*océdé, 
sous  la  direction  de  l'un  des  membres  du  conservatoire,  aux  inventaires 
sommaires  de  ce  que  ces  dépôts  renferment. 

-  Art.  2o.  —  il  y  aura  au  dépôt  de  Saint-Pierre  deux  dépositaires,  l'un 
pour  mettre  en  ordre  et  appareiller  les  livres  épars,  et  les  remettre  ensuite 
à  la  bibliothèque  publique;  l'autre  pour  rendre  aux  familles  les  livres  qui 
pourront  leur  appartenir. 

u  Art.  21.  —  Il  >  aura  de  même  deux  garçons  de  peine  pour  voiturer 
et  transporteries  livres. 

u  Art.  22.  —  Sur  la  désignation  du  conservatoire  et  l'approbation  du 
Corps  administratif  de  cette  ville,  les  citoyens  Maurin  et  Labussière  sont 
conservés  gardes  du  dépôt. 

K  Art.  23.  —  Le  cabinet  d^ histoire  naturelle,  et  les  livres  rassemblés 
par  les  soins  du  citoyen  Gilibert,  seront  incessamment  transférés,  sous  sa 
surveillance,  à  la  bibliothèque  publique. 

u  Le  citoyen  Gilibert  est  invité  &  continuer  ses  recherches  sur  les  objets 
relatifs  à  l'histoire  naturelle,  et  surtout  à  faire  extraire  des  jardins  natio- 
naux, non  vendus,  tous  les  arbustes  et  plantes  rares  qu'il  croira  propres  h 
la  formation  du  jardin  botanique. 

tt  Art.  24.  —  Le  citoyen  Mollet,  désigné  pour  professeur  de  physique 
dans  l'école  centrale,  est  invité  à  continuer  ses  soins  au  cabinet  de 
physique  ;  à  le  faire  réparer,   mettre  en  ordre  et  placer  dans  le  local 


ENSEIGNEMENT   PUBLIC    DBS.  ARTS   DU   DESSIN  165 

convenable.  Le  citoyen  Gambier  restera  char<|[é  d*en  réparer  les  înstru.- 
mens. 

'  (c  Art.  25.  —  Parmi  les  exemplaires  qui  seront  reconnus  doubles,  par 
les  dépouillements  faits  tant  à  la  bibliothèque  qu'au  dépôt  de  Saint-Pierre 
et  ailleurs,  il  sera  formé,  par  les  bibliothécaires,  une  collection  d*ouvrages 
relatifs  à  la  physiologie,  hygiène,  thérapeutique,  matière  médicale,  chi- 
rurgie, anatomie,  chimie,  et  généralement  to.us  ceux  qui  tiennent  à  Tart 
de  guérir.  Cette  collection  sera  déposée  dans  une  salle  de  l'hôpital  pour 
servir  à  l'instruction  des  officiers  de  santé  et  élèves,  sous  la  surveillance  et 
la  direction  de  TofQcier  de  santé  en  chef  pour  la  partie  chirurgicale. 

u  Art.  26.  —  Il  sera  de  m^me  formé  une  collection  parmi  les  doubles 
des  livres  relatifs  à  Tart  vétérinaire  et  hippiatrique,  et  h  l'éducation  des 
animaux  ;  ils  seront  remis  au  directeur  de  l'école  vétérinaire  pour  Fin»- 
truction  des  élèves. 

u  Art.  27.  —  A  dater  de  ce  jour,  les  fonctions  de  tous  les  employés  à' 
la  bibliothèque  du  collège  et  du  dépôt  de  Saint-Pierre,  autres  que  ceux 
désignés  par  le  présent  arrMé,  cesseront. 

u  Art.  28.  «-  Le  conservatoire  des  arts  est  invité  à  continuer  ses  soins 
désintéressés,  pour  la  recherche  et  la  conservation  des  monuments  des 
arts  et  des  sciences,  et  à  communiquer  ses  vues,  soit  &  l'administration  du 
département  que  nous  chargeons  de  les  seconder,  soit  au  Corps  légis- 
latif. 

ce  Art.  29.  —  L'administration  du  département  fera  procéder,  sans 
retard,  en  exécution  de  la  loi  du  3  brumaire,  présent  mois,  à  l'élection 
pour  le  jur^  d'instruction  nommé  par  le  représentant  du  (peuple  Dupuis, 
des  neuf  professeurs  dont  les  fonctions  sont  déterminées  par  l'article  pre- 
mier du  titre  second  de  la  même  loi. 

«  Art.  30.  •—  Je  charge  le  commissaire  provisoire  du  Directoire  Exécutif 
de  surveiller  et  provoquer  l'exécution  du  présent  arrêté  dont  copies  seront 
adressées  au  Corps  législatif,  au  gouvernement,  aux  administrations  de  départe* 
nient  et  de  district,  à  la  municipalité  et  au  Conservatoire  des  arts  ei  sciences 
qui  sera  en  outre  aftiché  dans  les  lieux  accoutumés  de  la  ville  de  Lyon. 

u  Lyon,  le  23  brumaire  an  IV^  de  la  République  française. 

«  Le  représentant  du  peuple  : 

«  PouLLAiN  Grand  Prey^  » 

*  Archives  du  Rhône.  Registre  des  délibérations  du  conseil  du  district  de 
Lyon,  n^  15.  f*  24;  communiqué  par  M.  Georges  Guigue,  archiviste  du  départe- 
ment  du  Rhône. 


166  ENSEIGNEMENT   PUBLIC   DES   ARTS   DU   DESSIN 


Procès-verbal  relatif  aux  sculptures  entreposées  dans  le  couvent 
des  Cordeliers  de  saint  Bonaventure 

Liberté.  Égalité. 

tt  Cejourd'huy  premier  pnririal  l'an  IV  de  la  République  française 
(20  mai  179(5), 

«  Nous  Etienne-Emmanuel  Mathieu,  membre  de  Tadministration  muni> 
cipale  du  Midy,  canton  de  Lyon,,  nommé  par  elle  dans  sa  séance  du 
17  floréal  dernier,  pour  procéder  à  la  reconnaissance  des  morceaux  de 
sculpture  et  architecture  en  marbre  ou  autrement  existant  en  dépôt  dans  le 
cloître  et  réfectoire  des  ci-devant  Cordeliers  propres  à  être  conservés  et 
destinés  pour  le  Muséum  des  sciences  et  des  arts  ; 

a  Nous  étant  fait  assister  des  citoyens  Clément  et  Ghinard,  artistes  de 
cette  ville,  nous  nous  sommes  transportés  au  lieu  ci-dessus  désigné,  ou 
étant,  parmi  différentes  pièces  de  marbre,  la  plupart  mutilées  et  cassées, 
nous  avons  jugé  dignes  d*élre  conservées  et  avons  séparé  celles  dont  la 
nomenclature  suit  : 

«  1»  Un  bas-relief. 

«  2"  Une  vierge. 

u  s**  Un  christ  à  la  mosaïque  en  deux  pièces. 

«  4"  Trois  génies  ou  anges  supportés  par  des  nuages. 

«  5«  Un  bénitier  en  forme  de  coquille. 

«  6'  Deux  têtes  en  relief. 

«  ?•  Treize  urnes. 

tt  8«  Cinquante-six  pièces  de  marbre  de  différentes  grandeurs  ayant  servi 
à  divers  orneraens,  y  compris  un  devant  de  tabernacle. 

u  9^  Un  médaillon. 

«  10*  Quatre  colonnes  à  la  Corinthienne  y  compris  leurs  coniiches  et 
chapiteaux. 

«  11°  Deux  colonnes  de  forme  ronde  sans  corniches  ni  chapiteaux. 

t  12*  Sept  autres  colonnes  aussi  de  forme  ronde  sans  corniches  et  cha- 
piteaux, 

«  De  tout  quoi  nous  avons  dressé  le  présent  procès- verbal  que  lc« 
citoyens  Chinard  et  Clément  ont  signé  avec  nous  les  jours,  mois  et  an  susdits. 

u  Signé  :  Chinard,  membre  de  l* Institut  national. 
Mathieu. 
Clément  *. 

*  Archives  de  la  ville  de  Lyoo,  série  non  inventoriée. 


ENSEIGNEMENT   PLBLIC    DES    ARTS   DU    DESSIN  16*/ 


Ll 

(V^  485)  Loi  qui  destine  quatre  millions  valeur  fixe  aux  encouragements 
des  fabriques  et  manufactures  nationales 

(Du  6  messidor) 

Le  CONSEIL  DES  ANCIENS,  adoptant  les  motifs  et  la  déclaration  d* urgence 
qui  précède  la  résolution  ci-après,  approuve  Tacte  d*urgence. 

Suit  la  teneur  de  la  déclaration  d* urgence  et  de  la  résolution  du  3  mes- 
sidor : 

Le  conseil  des  Cinq  Cents,  considérant  que  l'intérêt  du  commerce,  celui 
de  la  prospérité  publique,  demandent  de  donner  de  promps  encourage- 
mens  aux  manufactures  et  fabriques  nationales  ; 

Déclare  qu'il  y  a  urgence. 

Le  Conseil,  après  avoir  déclaré  1* urgence,  a  résolu  ce  qui  suit  : 

Articli;:  prruikr.  —  11  sera  remis  à  la  disposition  du  ministre  de  Tin- 
térieur  une  somme  de  quatre  millions,  valeur  fixe,  pour  servir  d'encoura- 
gement aux  fabriques  et  manufactures  nationales,  à  celles  surtout  qui  tra- 
vaillent les  laines^  les  toiles  et  les  soieries. 

Art.  2.  —  Cette  somme  sera  employée  ainsi  qu'il  suit  : 

Un  million  sera  versé  dans  une  caisse  de  prêt  ;  il  sera  destiné  ù  faire  des 
avances  aux  manufacturiers  et  fabricans  de  Lyon  qui  en  auront  besoin 
pour  remonter  leurs  métiers  et  leurs  manufactures. 

1^  Directoire  exécutif  est  chargé  de  l'organisation  de  cette  caisse,  et  de 
déterminer  les  conditions  et  responsabilités  à  exiger  des  preneurs. 

Art.  3.  —  Le  surplus  des  quatre  millions  sera  employé  à  des  comman- 
des d'ouvrages  d'ai*t  précieux,  fabriqués  avec  les  productions  du  sol  et 
principalement  recherchés  de  l'étranger. 

Le  ministre  de  l'Intérieur  rendra  compte,  successivement,  de  la  distri- 
bution des  fonds  qui  sont  mis  ù  sa  disposition,  des  avantages  qui  en  auront 
résulté,  des  produits  des  ouvrages  qui  auront  été  fabriqués,  lesquels  pro- 
duits seront  versés  dans  la  caisse,  pour  servir  à  de  nouveaux  fonds  d'en- 
couragement. 

^i^n^  ;  Petit  (de  la  Lozère),  président;  J.-V.  Dimolaru,  J.-C.  Fhi- 
lippe-Dellevillk,  Soulkîxac,  Lkclerc  (de  Loir-et-Cher),  secrétaires. 

Après  une  nouvelle  lecture,  le  Conseil  des  Anciens  approi  ve  la 
résolution  ci-<lessus.  !ie  0  messidor  an  IV  de  la  République  fran- 
^»ise. 


168  ENSEIGNEMENT    PUBMC    DES    ARTS    DU    DESSIN 

Signé  :  Portalis,  président,  Rabaut,  Mathieu-Duuas,  Moysset,  secré- 
taire. 

Pour  expédition  conforme  : 

Signé  :  Carnot,  président  ;  par  le  Directoire  exécutif. 
Le  secrétaire  général  :  Lagarde  ' 


LU 

Discours  de  Cogell 

1"  friinaire  ao  V  (21  novembre  1796) 

Ce  n'est  pas  sans  raison  que  le  dessin  a  été  classé  par  le  législateur  au 
nombre  des  objets  qui  constituent  essentiellement  T instruction  k  laquelle 
sont  appelés  tous  les  citoyens.  Son  utilité  reconnue  s'étend  sur  les  arts  qui 
contribuent  le  plus  au  charme  et  au  bonheur  de  la  société.  Le  dessin  est 
nécessaire  à  tons  les  artistes  qui  veulent  imprimer  à  leurs  productions  ce 
caractère  régulier  sans  lequel  le  génie  même  ne  sera  jamais  rien  de  parfait. 
Le  simple  artisan  a  besoin  du  dessin  ;  privé  de  ce  secours,  il  aurait  à 
regretter  de  ne  pouvoir  retracer  ni  ses  idées,  ni  ses  conceptions  et  d'éprou- 
ver par  cela  seul  les  plus  grands  obstacles  à  l'exécution. 

Mais  inutilement  insisterions-nous  sur  les  avantages  non  contestés  d'un 
art  aussi  précieux  ;  ce  qui  nous  importe,  c'est  d'en  donner  une  idée  simple 
et  rapide^  assez  juste  pour  qu'on  aperçoive  tout  d'un  coup  le  but  auquel 
nous  tendons. 

Celui  qui  veut  parvenir  à  un  degré  de  perfection  qui  honore  l'art,  doit 
former  son  goût  en  même  temps  qu'il  se  remplit  de  la  connaissance  des 
rc'gles  qui  assurent  le  succès  du  talent.  Voir  la  nature,  la  considérer  sur 
toutes  ses  faces,  saisir  ses  rapports  les  plus  agréables,  c'est  le  moyen  in- 
faillible de  se  former  le  goût.  La  main  se  porte  d'elle-même  à  imiter  ce 
qui  plaît  ;  mais  la  réflexion  qui  la  guide,  prévient  s^  écarts  ;  et  c'est  à 
force  de  réfléchir  et  de  bien  voir,  qu'on  se  fait  insensiblement  des  règles 
invariables  qui  concilient  la  beauté  des  formes  avec  la  justesse  des  propor- 
tions en  facilitant  le  travail.  C'en  est  assez  pour  sentir  que  la  théorie  ne 
doit  jamais  cesser  d'être  présente  à  Tesprit  du  dessinateur,  et  qu'en  effet  la 
lumière  des  règles  est  le  premier  véhicule  du  génie.  La  théorie  et  la  pra- 
tique doivent  se  prêter  un  mutuel  secours,  et,  dans  Tétude  de  l'art,  elles 
sont  aussi  essentielles  qu'inséparables. 

•  X*»  54  du  Bulletin  des  lois,  imprimerie  de  la  République,  bibl.  nat.,  inven- 
taire 26943,  f^  4659. 


ENSEIGNËMEIVr    PUBLIC    DES    ARTS    DU    DESSIN  169 

Nous  pourrions  ici  nous  livrer  ù  des  développements  utiles  sur  les  prin- 
cipes fondamentaux  de  Tart,  comme  nous  pourrions  entrer  dans  des  détails 
importants  et  flatteurs  pour  notre  cité,  sur  l'utilité  générale  du  dessin, 
relativement  à  la  prospérité,  h  l'éclat  qu'il  peut  ou  doit  encore  y  répandre; 
mais  nous  devons  nous  borner  et  il  est  moins  question  de  célébrer  notre 
art  que  d'en  exposer  les  principes. 

C'est  pourquoi  nous  commencerons  notre  cours  par  les  premiers  élé- 
ments^ parce  qu'il  faut  de  l'unité  dans  l'instruction,  et  qu'il  importe,  dès 
le  principe,  de  prendre  une  marche  uniforme  et  régulière  et  de  prévenir 
le  vice  des  habitudes.  Une  autre  raison  s'y  joint  :  l'art  a  été  négligé  dans 
cette  ville  par  Teffet  de  nos  malheurs,  et  la  jeunesse  ardente  est  restée  long- 
temps sans  appât  et  sans  nourriture  pour  son  activité.  C'est  une  lacune 
immense  à  remplir  ;  elle  a  du  être  le  premier  objet  de  nos  soins  ;  on  nous 
approuvera  parce  qu'on  en  sentira  l'indispensable  nécessité.  Mais  bientôt 
nous  reprendrons  l'essor  que  nous  prescrit  la  loi  et  nous  tâcherons  d'affer- 
mir nos  pas  pour  atteindre  avec  succès  l'extrémité  de  la  carrière.  Dans  la 
suite,  notre  marche  prendra  un  caractère  plus  libre  et  plus  invariable. 

Le  zèle  et  l'assiduité  des  élèves,  leur  empressement  excité  par  l'intérêt 
de  la  chose,  contribueront,  avec  le  désir  qui  m'anime,  à  effectuer  notre 
plan. 

L'artiste  chargé  d'un  grand  nombre  d'élèves,  qui  apportent  des  carac- 
tères et  des  dispositions  différentes,  a,  sans  doute,  une  tâche  difficile  à 
remplir;  mais,  combien  n'est-elle  ]>as  satisfaisante,  lorsque,  comme  un 
père  au  milieu  de  ses  enfants,  il  les  voit  répondre  à  ses  soins  !  Lorsque  son' 
esprit  communicatif  se  prête  avec  amitié  à  leur  confiance  et  qu'il  les 
conduit  pour  ainsi  dire  comme  par  la  main  au  travers  des  écueils.  Animé 
par  son  zèle,  il  les  instruit  partout  par  son  exemple  ;  et,  en  rachetant  par 
la  douceur,  l'aridité  et  la  dureté  du  précepte,  il  les  encourage,  en  travail- 
lant au  milieu  d'eux  ;  démontrer  avec  précision  et  netteté,  varier  avec 
discernement  les  objets  de  l'étude  de  manière  à  prévenir  l'inconstance  et 
le  dégoût,  en  précipiter  la  marche,  sans  la  ralentir  au  détriment  de  l'avan- 
cement réel  :  tel  est  son  devoir  ;  et  c'est  ainsi  que,  par  degré,  ses  soins 
développent  les  dispositions,  accélèrent  les  progrès  et  que  les  progrès  eux- 
mêmes  conduisent  à  la  perfection. 

Telle  est  la  tâche  que  je  me  suis  imposée  et  que  je  me  propose  de  rem- 
plir dans  la  place  importante  où  la  confiance  publique  m'a  appelé  ;  mais, 
je  dois  le  dire,  pour  y  parvenir,  j'ai  besoin  de  secours  et  que  la  bienveil- 
lance soutenue  de  mes  concitoyens  encourage  mon  zèle  et  partage  en  quel- 
que sorte  le  fardeau.  Sous  les  yeux  d'une  administration  sage,  qui  ne  veut 
que  le  bien,  et  qui  le  favorise  de  tout  son  pouvoir  ;  dirigé  par  les  conseils 
d'un  jury  éclairé^  environné  de  talents  et  de  l'exemple  de  mes  collègues. 


no         ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS 

je  suis  moins  effrayé  de  ma  tâche  et  j'aurai  les  forces  nécessaires  pour  la 
remplir  ». 

IX 

ESSAI  DE  RÉPERTOIRE  DES  ARTISTES  LORRAINS 

(8«  suite) 
BRODEURS    ET   TAPISSIERS   DE    HAUTE    LISSE 

La  broderie  et  la  tapisserie  furent  de  tous  temps  tenues  en  grand 
honneur  en  Lorraine. 

De  ce  fait,  il  nous  a  semblé  utile  de  continuer  pour  les  brodeurs 
et  les  tapissiers  de  cette  province  Fessai  de  répertoire  entrepris  en 
faveur  des  autres  artistes  illustrés  par  leurs  œuvres  spéciales. 

Le  savant  archiviste,  M.  Lepage,  écrivait  dans  ses  Archives  de 
Nancy  y  à  propos  d'une  mention  inscrite  sur  un  plan  de  celle  ville 
daté  de  1611,  que  parmi  les  artistes  de  lous  genres,  on  y  voyait 
aussi  tt  des  brodeurs  et  tapissiers  de  haule  lice  fort  experlz  qui 
ouvrent  et  besongnent  en  leurs  maisons  et  logiz  *  «  . 

Les  broderies  d'or,  d'argent,  de  soie,  exécutées  sur  le  velours  et 
les  étoffes  les  plus  précieuses,  ont  toujours  eu  les  prédilections 
marquées  de  la  cour  et  des  grands,  en  Lorraine. 

Les  fêtes  religieuses  ou  civiles  y  étaient  somptueuses  et  les  vêle- 
ments usités  dans  toutes  cérémonies  furent  richement  ornementés 
par  des  broderies  d'une  grande  valeur. 

En  effet,  si  nous  examinons  d'abord  les  registres  et  les  comptes 
de  toutes  les  dépenses  conservés  aux  archives  lorraines,  nous 
sommes  frappés  de  l'importance  des  charges  des  brodeurs  de  la 
cour.  Ensuite,  il  est  facile  de  voir  que  les  souverains  avaient  une 
estime  pour  les  artistes  qui  relevaienl  ainsi  le  prestige  de  leur 
puissance. 

Les  plus  anciens  brodeurs  dont  nous  trouvons  une  mention  sont 
certainement  Auberi  de  (]ondé-en-Barrois  et  Hennequin  de  Bar- 

*  Imprimés  adressés  aux  deux  conseils  du  corps  législatiF,  au  ministre  de  l'in- 
térieur, à  toutes  les  administrations  centrales  des  départements,  aux  professeurs 
de  l'Ecole  Centrale  et  aux  administrations  municipales  du  département. 

•  i^rchives  de  Nancy.  H.  Lepage,  t.  I,  p.  192. 


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Page   170. 


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ESSAI  DE    REPERTOIRE    DES    ARTISTES   LORRAINS         Hl 

le-Duc,  qui,  pendant  l'année  1363,  firent  des  travaux  de  leur  art 
pour  la  comtesse  de  Bar,  Yolande  de  Flandre. 

C'est  surtout  vers  le  seizième  siècle,  pendant  le  règne  de 
Charles  III,  que  Kart  du  brodeur  prit  une  grande  extension. 

Avec  quelle  richesse  voit-on  broder  les  chasubles,  les  dalma- 
tiques,  les  chapes,  les  tuniques,  lesétoles! 

Et  même  dans  les  fameuses  cérémonies  funèbres  historiques  de 
la  tt  pompe  funèbre  w  de  Charles  IH,  le  deuil  n'exclut  point  cette 
richesse.  Au  contraire,  les  planches  de  Claude  Laruelle  et  les 
descriptions  qui  les  accompagnent  en  indiquent  tous  les  détails. 

Celui  qui  fut  chargé  des  principaux  travaux  de  broderies  pour 
ces  fameuses  obsèques,  était  maître  Mathieu.  Depuis  les  manteaux 
de  deuil  des  simples  valets  de  ville,  portant  quatre  croix  de  Lor- 
raine environnées  de  chardons  brodés  de  soie,  d'argent  et  d'or, 
jusqu'aux  ornements  des  prélats,  des  personnages  de  la  cour,  des 
vêtements  qui  recouvraient  l'effigie  du  défunt  duc,  l'art  du  bro- 
deur était  mis  à  contribution  d'extraordinaire  façon. 

Le  Musée  de  Cluny,  parmi  toutes  ses  plendeurs,  possède  dans 
une  de  ses  vitrines  une  de  ces  tuniques  de  diacre  avec  les  bor- 
dures aux  armes  de  Lorraine. 

Au  quinzième  siècle,  Pierre  Billaut  était  attaché  au  service  de 
René  II,  dont  il  brodait  les  bannières  des  trompettes  ducales.  Puis 
ce  furent  les  Bontemps,  les  Grand-Jehan,  Maistre  Gille,  les 
Pierre,  les  Rongerin  qui,  tour  à  tour,  obtinrent  les  titres  de  bro- 
deurs de  Monsieur  le  Duc  et  de  Madame  la  Duchesse. 

Le  dix-septième  et  le  dix-huitième  siècle  ne  le  cèdent  en  rien 
au  point  de  vue  de  l'importance  acquise  par  ces  artistes.  On  n'a 
qu'à  lire  l'état  des  effets  appartenant  à  la  maison  de  Lorraine, 
placés  sous  la  responsabilité  des  Cordeliers  de  \ancy  ',  pour  être 
émen'eillé  par  la  richesse  et  le  travail  considérable  exécuté.  Ce 
sont  des  chapes  en  moire  d'or  et  d'argent,  brodées  au  nom  des  sou- 
verains, aux  armes  de  Lorraine,  de  magnifiques  dais  sériant  aux 
processions  ou  destinés  à  orner  les  salles  du  palais,  avec  brode- 
ries constellées  d'orfèvrerie,  puis  de  superbes  bourses  en  velours 
et  en  soie,  brodées  aux  chiffres  ou  aux  armes  de  familles  prin- 
cières,  à  celles  du  chancelier  de  la  Galaizière,  de  la  famille  de 

*  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  1857,  p.  174-. 


n2         ESSAI   DE   RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS 

Rutant/,  ou  du  Primat  de  Lorraine,  François-Vincent  Marc  de 
Bcauvau.  Ces  derniers  ouvrages  d'art  sont  encore  au  Palais  ducal 
(musée  Lorrain),  de  Nancy  ^ 

Les  couveuls  eurent  aussi  des  artistes  dont  le  nom  s'effaçait 
dans  le  silence  du  cloître,  mais  dont  les  œuvres  révèlent  le  talent; 
tel  ce  bel  ornement  et  ce  devant  d'autel  de  Téglise  de  Vie,  que 
broda  une  religieuse  de  cette  petite  ville  de  Lorraine,  puis  la 
chasuble  antique  de  Téglise  de  Maizières,  petit  village  situé  non  loin 
delà». 

Une  tente  de  satin  cramoisi,  toute  brodée  de  chardons  et  de 
châtaignier,  emblèmes  de  René  U  et  de  Philippe  de  Gueldres,  fut 
léguée  à  leur  fils,  le  duc  Antoine,  lorsque  sa  mère  entra  au  cou- 
vent des  Clarisses  de  Pont-à-Mousson. 

Les  mêmes  attributs  brodés  ornaient  aussi  un  dais  magnifique 
porté  par  les  quatre  gentilshommes,  lors  de  Tentrée  de  Renée  de 
Bourbon  à  Nancy,  en  1516. 

Le  dix-huitième  siècle  eut  toute  une  dynastie  de  brodeurs  qui 
se  nommaient  Lamoureux,  et  ce  fut  Tun  des  derniers  descendants 
de  cette-famille,  Jean-Baptiste  I",  qui  obtint  le  titre  de  brodeur  du 
roi  de  Pologne,  Stanislas  Lesczinski,.duc  de  Lorraine. 

Avec  la  Révolution,  l'art  proprement  dit  du  brodeur  disparut 
en  Lorraine.  Il  avait  trouvé  son  dernier  refuge  dans  les  vêtements 
élégants  portés  par  les  gentilshommes  de  la  cour  de  Nancy  et  de 
Lunéville  rassemblée  sous  l'égide  du  Mécène  polonais.  Cet  art  se 
transforma  dans  notre  pays  pendant  le  siècle  qui  suivit;  nous 
voulons  dire  que  la  broderie  de  Nancy  prit  un  essor  inconnu 
ju.sque-là. 

Le  cadre  de  nos  recherches  ne  s'étendant  qu'aux  confins  du 
dix-hoilième  siècle  et  à  ce  que  l'on  peut  appeler  Tart  de  l'an- 
cienne Lorraine  proprement  dite,  nous  bornerons  donc  ici  ce 
court  résumé  pour  le  terminer  par  celui  des  tapissiers  lorrains. 

Nous  ne  voulons  pas  établir  en  faveur  de  la  Lorraine  une  com- 
paraison avec  l'importante  fabrication  des  tapisseries  des  Flandres 
et  d'autres  pays. 

M.  Jules  Guiffrey,  administrateur  de  la  Manufacture  nationale 

'  Voir,  ci-dessus,  planciie  XXXI. 

•  Voir,  ci-contre,  planche  XXXII. 

^  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine^  1855. 


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Page  m 
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i^>DB    DKAIVAU,    PRIUAT    DB    LORR/II.VB 


ESSAI   DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS         173 

des  Gobelins  a  décrit,  du  reste,  supérieurement  dans  un  bel 
ouvrage  sur  V Histoire  générale  de  la  Tapisserie,  tous  ces  di\ei*s 
ateliers.  Xous  désirons  simplement  mentionner  ici,  en  ce  qu'ils 
ont  eu  de  particulier,  nos  ateliers  lorrains  et  dresser  la  liste  des 
artistes  qui  s'y  distinguèrent. 

C'est  dès  le  commencement  du  quinzième  siècle,  qu'en  Lorraine» 
le  luxe  des  tapisseries  de  haute  lisse  se  répandit  à  la  cour  ducale 
d'abord,  dans  les  châteaux  et  demeures 'seigneuriales  ensuite. 

Si  les  œuvres  de  ces  temps  ont  disparu  ou  ont  été  disséminées, 
il  n'en  est  pas  de  même  au  sujet  des  noms  des  principaux  artistes 
qui  les  créèrent. 

En  effet,  les  mentions  des.  archives  nous  révèlent  que  des  ateliers 
existaient,  avant  1427,  à  Bar-le-Duc,  puisqu'en  cette  année  Robin 
et  Jeannin,  de  Chatelloii,  furent  appelés  de  Bar  à  Saint-Mihiel,  ; 

par  ordre  ducal,  pour  confectionner  des  tapisseries  en  cette  der-  1 

nière  ville.  j 

Etienne  Savoye,  tapissier,  brodeur  et  «  Garde  de  la  Tappisserie  j 

de  Monseigneur  le  Duc  »,  établi  à  Xancy,  était  pensionné  par  le  j 

souverain  en  1480.  Son  successeur,  Jacquemart  de  Tries,  y  fai-  j 

sait  aussi  des  tapisseries  de  haute  lisse  en  1492. 

Le  duc  René  II  avait  accueilli  avec  beaucoup  de  bienveillance 
un  tapissier  très  distingué  dans  son  art;  il  se  nommait  Luc  Plaiel 
des  Plateaux;  sa  famille  était  originaire  de  Lille  en  Flandre. 

Leduc  Antoine,  fils  de  René  II,  combla  cet  artiste  de  ses  faieurs 
en  l'anoblissant  et  en  lui  donnant  les  armoiries  suivantes  :  d'ar- 
gent au  chevron  d'azur  chargé  de  cinq  larmes  d'or  et  accompagné 
de  trois  plateaux  de  gueule,  deux  en  chef  et  un  en  pointe,  avec 
pour  cimier  un  vol  d'azur. 

l  ne  œuvre  se  rattache  à  cette  époque,  non  point  qu'elle  paraisse 
de  fabrication  lorraine,  mais  parce  que,  selon  toutes  les  traditions, 
elle  constitue  un  précieux  trophée  pour  cette  province. 

Nous  voulons  parler  de  la  tapisserie  échappée  heureusement  au 
terrible  incendie  qui  dévora  le  Palais  ducal  de  Nancy  en  1871, 
tapisserie  dite  de  la  tente  de  Charles  le  Téméraire. 

Elle  garnissait,  a«sure-t-on,  la  luxueuse  demeure  de  campagne 
du  duc  de  Bourgogne  campé  devant  Nancy,  qu'il  assiégeait 
en  1477. 

Elle  fut  prise  et  pillée  dans  la  nuit  du  5  janvier  qui  vit  la  chute 


1 


174         ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES   LORRAINS 

de  ce  printe  et  sa  mort  tragique  dans  les  marais  glacés  de  1  étang 
Saint-Jean. 

Cette  tapisserie  décrite  tant  de  fois  par  des  écrivains  autorisés»  et 
qui  représente  a  l'Histoire  de  Banqueta,  fut  conservée  pendant 
deux  cent  cinquante  ans  au  garde-meuble  de  la  couronne,  jusqu'à 
ce  que  le  duc  François  IH,  en  quittant  ses  États,  la  remit  aux 
Xancéiens. 

L'Hôtel  de  ■  Ville  en  reçut  le  dépôt  précieux  jusqu'en  1751, 
époque  à  laquelle  elle  fut.  placée  à  la  cour  souveraine  de  Lor- 
raine. C'est  dans  l'ancien  édifice  qui  abrita  si  longtemps  cette 
haute  assemblée  qu'on  la  retrouva  en  1861,  dans  des  pièces  de 
réserve.  Elle  fut  alors  définitivement  exposée  au  Musée  lorrain, 
installé  au  palais  des  anciens  ducs. 

On  ne  peut  que  faire  des  suppositions  au  sujet  du  lieu  de  fabri- 
cation de  cette  tapisserie,  mais  on  croit  qu'elle  doit  ètie  des 
Flandres.  M.  Soil,  de  Tournay,  pense  qu'elle  aurait  été  faite  en 
<ette  ville,  par  ordre  des  ducs  de  Bourgogne.  Aucune  marque  ni 
aucun  document  probant  n'est  venu  jusqu'ici  justifier  cette  suppo- 
.sition. 

Au  château  de  Bar,  des  tapisseries  faites  en  Lorraine  ornaient 
les  salles  pour  le  baptême  du  duc  Antoine.  Les  emblèmes  de 
René  II  et  de  la  duchesse  Philippe  de  tiueidres,  les  chardons  et  les 
châtaigniers,  dont  nous  parlions  plus  haut,  composaient  encore 
la  décoration  choisie  pour  ces  tapisseries  ' . 

Mous  ne  savons  si  V Histoire  de  Clovis,  offerte  par  le  cardinal 
de  Lorraine  à  la  cathédrale  de  Reims,  en  J573,  provient  d'un  de 
ces  ateliers  lorrains  %  mais  au  début  du  dix-septième  siècle,  le  duc 
et  la  duchesse,  voulant  donner  sans  doute  plus  de  renommée  à  la 
jabrication  des  tapisseries  dans  ce  duché,  firent  venir  à  \ancy, 
en  1604,  le  fameux  tapissier  bruxellois  Harmant  Labbé.  C'est  sur 
la  prière  de  la  duchesse  de  Brunswick,  que  cet  artiste  accepta 
d'initier  à  son  art  les  ouvriers  de  la  manufacture  lorraine. 

En  1619,  le  23  août,  Jacques  Çoulombau,  marchand  tapissier, 
habitant  Metz  en  Lorraine,  à  la  Grande-Eglise,  devait  à  Laurent 
de  Smil,  marchand  tapissier  à  Anvers,  la  somme  de  2,176  florins, 


*  Journal  de  la  Société  (f  archéologie  lêrraine,  1880. 

*  LoRRiyuKT,  Les  tapisseries  de  Xotre-Dame  de  Reims,  1876,  p.  xv,  xvi. 


ESSAI  DE  RÉPERTOIRE  DES  ARTISTES  LORRAINS    Hà, 

17  palars,  montant  de  diverses  tapisseries  livrées  récemment  pour 
le  duc  de  Lorraine. 

V Histoire  de  Noë  et  celle  de  Saint  Paulj  furent  ainsi  achetées 
et  ornèrent  les  salles  du  palais  ducal  de  Nancy.  On  les  reconnaît 
facilement  dans  les  planches  gravées  de  la  Pompe  funèbre  de 
Charles  III. 

Les  souverains  se  firent  souvent  présent  de  tapisseries  de  haute 
lice;  c'est  ainsi  qu'on  voit  le  roi  Louis  XIV  ',  donnant  au  duc 
Charles  IV  de  Lorraine,  qui  venait  de  prêter  hommage,  une  ten- 
ture magnifique  de  V Histoire  d' Alexandre j  estimée  à  cette  époque 
25,000  écus. 

C'est  en  1616,  que  des  travaux  furent  exécutés  à  THôtel  de  Ville 
de  Nancy  pour  y  loger  les  tapissiers  de  Son  Altesse.  Ces  travaux 
furent  plus  considérables  encore  pendant  les  années  1624  et  1625. 

Au  reste,  sur  l'ancien  plan  de  «  Nansi  »  [sic),  gravé  à  Rome,  au 
commencement  de  la  guerre  de  Trente  ans,  le  n*  32  de  la  légende 
indique  les  Case  dilauer  di  seta  (maisons  des  ouvriers  en  soie) . 

Ces  établissements,  qui  doivent  intéresser  la  manufacture  des 
tapisseries,  occupaient  à  peu  près  l'emplacement  du  bâtiment  de 
l'ancien  octroi  central,  rue  Saint-Jean,  à  Nancy  *. 

A  la  vente  faite  chez  les  dominicains  à  Verdun  il  est  question  de 
tt  belles  tapisseries  de  Nancy  "îî  . 

M.  Miintz  a  rappelé  très  heureusement,  qu'en  1629,  dans  l'in- 
ventaire de  toits  les  meubles  appartenant  à  «  Son  Altesse  Monsei- 
gneur le  Duc,  en  son  château  de  Viviers  r ,  on  voyait  a  huict 
pièces  de  tapisseries  de  haute  lisse,  en  la  chambre  de  Mgr,  de  boc- 
cage,  à  verdure,  sept  pièces  de  tapisseries  de  haute  lisse  en  la 
chambre  de  feue  Madame,  de  feuillages  et  boccages.  Deux  pièces 
de  tapisseries  de  dévotion,  c'est-à-dire  avec  sujets  religieux,  a  qui 
sont  en  la  chambre  de  l'Oratoire.  Neuf  pièces  de  tapisseries  de 
Bergame  »  et  enfin  «  unze  pièces  de  tapisseries  de  cuir  doré,  façon 
de  Saint-Nicolas  » . 

Ces  tapisseries  de  cuir  doré,  dites  cuir  de  Cordoue,  étaient  fabri- 
quées à  Saint-Nicolas,  près  Nancy.  Les  Ragache  et  les  Rougerîn  en 
étaient  les  chefs;  les  mentions  de  leurs  fournitures  au  duc  et  à  la 

'   La  Tapisserie,  E.  Muntz,  p.  253. 

•  Journal  de  la  Société  d'archéologie  lorraine^  1884,  p.  55. 

'  Arch.  dép.  de  la  Meuse,  9,  A.  Benoit. 


^ 


176         ESSAI    D£    REPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS 

duchesse,  sont  assez  nombreuses.  De  magnifiques  tentures,  en 
cuir  argenté,  façonnées  en  bleu,  étaient  faites  en  1599,  1603  et 
1607,  par  ces  artistes  pour  le  service  de  Leurs  Altesses  '. 

Les  tapisseries  qui  ornaient  la  Grand Wlaisou,  en  1621,  apparte- 
nant au  comte  de  Koeurs,  baron  de  Manonville,  étaient  faites  à 
Nancy  et  représentaient  entre  autres  sujets  V Histoire  d'Armide^ 
celle  de  Cyrus,  les  Enfants  jardiniers  j  etc.  *. 

A  la  Gn  de  ce  dix-huitième  siècle,  nous  voyons  la  fabrication  des 
tapisseries  lorraines  prendre  un  véritable  essor. 

Les  manufactures  de  la  Malgrange,  de  Xancy,  et  les  ateliers 
éphémères  de  Lunéville,  firent,  sous  l'impulsion  des  Durant  et 
surtout  de  Charles  Mité,  des  travaux  dignes  d'intérêt. 

M.  le  chevalier  Von  Birk,  de  Vienne,  dans  son  très  intéressant 
inventaire  des  Tapisseries  des  palais  impénaux,  dit  textuellement 
que  «  les  Tapisseries  des  fabriques  ducales  et  lorraines  de  Nancy 
et  de  la  Malgrange,  conservées  dans  les  palais  impériaux  de  TAu- 
triche,  sont  de  toutes  raretés  '  »  . 

Les  tapisseries  de  laine  et  de  fil  dues  aux  Durand  furent  très 
appréciées  en  Lorraine,  par  les  nobles  d'abord  et  ensuite  par  la 
bourgeoisie.  Appréciées  surtout  de  celle-ci,  à  cause  de  leur  solidité 
de  fabrication  et  de  leur  prix  relativement  modique.  Ce  n'est  qu'à 
partir  de  la  Révolution  que  cet  atelier  disparut;  vers  Tan  IX,  on 
ne  comptait  plus  dans  le  département  de  la  Meurthe  que  treize 
maîtres  tapissiers  et  deux  compagnons. 

L'établissement  de  la  Maîtrise  des  tapissiers,  le  15  juin  1717*, 
achève,  dit  M.  Lepage,  de  prouver  le  développement  de  la  tapis- 
serie à  Nancy,  au  dix-huitième  siècle  \ 

Déjà,  en  1699,  le  10  mai,  les  frères  Durand,  Nicolas  et  Pierre, 
reçurent  des  lettres  patentes  entérinées  le  5  octobre  1703,  pour 


*  Au  Musée  lorrain  on  voit,  sous  le  n"  it57,  un  morceau  de  tapisserie,  dite 
cuir  de  Cordoue,  garnissant  au  dix-huitième  siècle  une  pièce  du  petit  chdteau  de 
Lunéville,  résidence  de  jeunesse  du  prince  Charles^AIexandre.  —  Archives  de 
Meurthe-et-Moselle.  B.  1274.  f »  27 0  et  1300.  fol.  275. 

*  Histoire  de  SaiJU-Mihiet,  Dumoxt,  t.  IV,  p.  198. 

'  D'  Von  Birk,  Inventar  der  in  besitze  des  aller  hoechsten  kaisershauses 
beiindlichen  niderlaender  Tapeten  und  Gobelins.  (Jahrsbuch  der  Kunsthisioris- 
chen  sammlungen  des  ailes  hoechsten  Kaisershauses,  t.  i.  II,  III,  p.  212. 

^  Cette  corporation  avait  saint  François  d'Assise  pour  patron. 

*  Lkpage,  Archiovs  de  Nancy,  IV,  p.  1883. 


J 


ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS         HT 

l'obtention  des  greniers  situés  au-dessus  de  la.  Boucherie  de  Nancy, 
où  ils  établirent  leur  manufacture  de  tapisseries. 

Le  plus  célèbre  de  ces  tapissiers  lorrains  fut  incontestablement 
Charles  Mitté». 

D(^sle4aoiit  1698,  après  avoirdébuté  dans  les  ateliers  de  Durand, 
puis  nommé  tapissier  de  THôtel  en  1701,  il  obtint  en  1702  le 
privilège  pour  établir  une  manufacture  de  tapisserie  à  Nancy. 

On  trouvera  dans  notre  essai  de  répertoire  des  artistes  tapissiers 
lorrains  la  description  des  principaux  travaux  exécutés  par  lui  à 
Nancy. 

Disons  toutefois  qu'il  reproduisit  en  tapisseries  de  haute  lice 
les  conquêtes  de  Charles  V,  c'est-à-dire  le  triomphe  de  ce  prince, 
sur  les  Turcs,  en  1683  *-^  La  pièce  intitulée  Délivrance  de 
Vienne  «  est  signée  de  Alité  et  datée  de  la  Malgrange  m  en  172i. 
Treize  portières  actuellement  à  Vienne,  où  elles  furent  transpor- 
tées avec  toutes  celles  des  ducs  de  Lor^-aine,  lors  du  départ  du  duc 
François  III,  sont  ornées  des  armoiries  du  duc  Léopold  et  de  la 
duchesse  Elisabeth  d'Orléans.  Ces  pièces  sont  de  F.  Jean  Bacor  et 
de  Sigisbert  Mengin  et  datent  de  1719;  elles  semblent  avoir  été 
faites  à  la  Malgrange  et  à  Lunéville.  Toutes  ces  tapisseries  font 
partie  du  garde-meuble  de  l'empereur  d'Autriche,  François-Joseph. 

Cette  manufacture  de  la  Malgrange  près  Nancy  eut  recours, 
pour  les  maquettes  des  tapisseries,  à  des  peintres  lorrains  qui  se 
spécialisèrent  dans  ce  genre  de  travail.  C'est  ainsi  qu*en  1731  et 
pendant  les  années  suivantes,  Coclet,  peintre  à  Nancy,  fut  chargé 
de  faire  la  plupart  des  modèles  exécutés  en  tapisserie  à  la  Alal- 
grange*.  On  croit  que  les  dix-neuf  pièces  des  Victoires  de 
Charles  V  y  furent  aussi  fabriquées. 

*  Selon  toute  appareoce,  le  nom  doit  s'écrire  Mite  et  non  Mitté. 

'  Comptes  du  trésorier  général  de  Lorraine,  Journal  de  la  Société  d'archéo- 
logie lorraine,  1866,  p.  45. 

'  M.  Eug.  MUntz,  dans  son  très  intéressant  travail,  la  Tapisserie ^  dit 
(p.  334)  :  c  A  Mancy,  le  duc  Léopold  (f  1729;  établit  près  de  son  palais  un 
atelier  qui  eut  pour  principale  mission  de  tisser  /es  Batailles  du  duc  Charles  l\ 
d'après  les  cartons  de  Charles  Hcrbel  (f  1703/»  et  les  Mois.  Ces  suites,  aujour- 
d'hui conservées  dans  le  garde-meuble  impérial  de  Vienne,  sont  presque  toutes 
l'œuvre  de  Charles  Mitté.  Tne  fabrique  particulière,  dirigée  par  les  frères 
Durand,  jeta  en  outre  un  certain  éclat  dans  la  capitale  de  Lorraine  pendant 
toute  la  durée  du  dix-huitième  siècle.  « 

*  Archives  de  .Meurthe-et-Moselle,  B.  1670. 

12 


-^ 


178         ESSAI    DE    REPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS 

Rappelons  (|ue  M.  Mùutz  déclare  que  le  duc  de  Lorraine  Fran- 
çois III,  devenu  grand-duc  de  Toscane,  avant  d'être  Tempereur 
François,  ferma  les  ateliei*s  de  Florence  en  1737  et  en  1740,  qu'il 
fit  reprendre  les  travaux  de  tapisserie  exclusivement  par  des  artistes 
lorrains  tels  que  Roch  le  jeune,  Charles  Depoix,  Alexandre  Germain 
et  Joseph  Vauthier  qui  eurent  le  titre  de  chefs  du  garde-meuble. 

On  sait  aussi  que  c'est  la  et  par  ces  artistes  lorrains  que  la 
célèbre  portière  intitulée  Vulcain  et  les  deux  Cyclopes  «  des 
quatre  éléments  ))  fut  faite  en  1734,  à  Florence,  sur  les  cartons 
du  peintre  Bonechi. 

Les  oianufactures  de  Nancy  s'essayèrent  dans  différents  genres, 
mais  principalement  dans  ceux  des  verdures  avec  oiseaux  et  vues 
de  châteaux,  des  sujets  pastoraux,  bucoliques,  des  fleurs  et  aussi 
des  sujets  guerriers  tirés  de  la  mythologie  ou  de  l'histoire  contem- 
poraine, tels  les  faits  d'armes  du  duc  Charles  V. 

A  Pont-à-Mousson,  des  tapisseries  très  intéressantes  ornent  la 
salle  des  délibérations  du  conseil  municipal;  elles  représentent 
quatre  épisodes  de  la  vie  d'Alexandre  le  Grand;  c'est-à-dire  le 
passage  du  Granique,  l'entrevue  d'Alexandre  avec  la  famille  de 
Darius  prisonnière,  celle  d'Alexandre  et  de  Porus  et  enfin  la 
Marche  triomphale,  communément  nommée  l'entrée  d'Alexandre 
à  Babylone. 

Ce  sont  les  tableaux  de  liebrun  qui  ont  servi  de  modèles  fidèle- 
ment reproduits,  et  nous  pensons,  comme  plusieurs  auteurs  les 
ayant  décrites,  qu'elles  sont  de  fabrication  lorraine. 

Des  tapisseries  du  même  genre  se  voyaient  encore  en  1881, 
dans  plusieurs  maisons  de  la  ville  et  des  environs'.  Aucun  nom 
ni  indication  de  fabrication  ne  se  voit  sur  ces  tapisseries  qui  sont 
d'un  tissu  trop. grossier  pour  être  confondues  avec  celles  des  Gobe- 
lins.  Leur  teinte,  comme  le  dit  M.  Ory,  dans  ses  Causeries  sur 
Pont-à-Mousson  ',  est  assez  faible. 

Au  second  étage  de  cet  hôtel  de  ville,  quatre  autres  tapisseries 
très  intéressantes  cependant,  sont  en  partie  cachées  par  les  rayons 
supportant  les  livres  de  la  bibliothèque  municipale, 

'  Pont-à-MoussoD,  rue  Saint-Laurcut,  maison  Colombe,  et  au  château  de 
Villc-au-Val. 

•  Causerie  sur  Pont-à-Mousson,  p.  460,  1881,  et  Patriote  mussipontain^ 
15  avril  1876. 


ESSAI   DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES   LORRAINS        179 

Ces  tapisseries,  encadrées  dans  d'élégantes  bordures  sculptées 
de  beau  chêne,  représentent  des  sujets  mythologiques,  tels  que  le 
Jugement  de  Paris,  etc.  *.  Nous  pensons  aussi  qu^elles  sortent  des 
ateliers  lorrains. 

Terminant  le  court  exposé  des  manifestations  artistiques  de  la 
broderie  et  de  la  tapisserie  en  Lorraine,  nous  constaterons  que 
cette  province,  dont  nous  connaissions  déjà  les  ressources  fécondes 
dans  les  autres  arts,  a  donné  aussi  un  contingent  intéressant  de 
brodeurs  et  de  tapissiers. 

Les  efforts,  encouragés  en  haut  lieu,  ont  provoqué  des  résultats 
honorables  qu'il  importait  de  relever  ici.  En  ajoutant  les  noms  de 
ces  brodeurs  et  de  ces  tapissiers  de  haute  lisse  à  ceux  des  peintres, 
des  sculpteurs,  des  luthiers,  des  musiciens,  des  architectes  lor- 
rains, il  nous  a  semblé  qu'ils  ne  seraient  nullement  déplacés  de  se 
trouver  réunis  sur  le  livre  d'or  de  leur  patrie  aimée. 

Albert  Jacquot, 

Membre  non  résident  du  Comité  à  Nancy. 


BRODEURS 

AuBERi  de  Condé,  quatorzième  siècle,  brodeur  qui  fit  des  travaux  de  son 
art  pour  la  comtesse  de  Bar,  Yolande  de  Flandre,  pendant  Tannée  1363. 

AuLBOT  (Maître  Pierre),  seizième  siècle,  qualifié  brodeur  dans  le  rôle 
des  habitants  de  la  ville  de  Nancy,  de  1551  à  1552. 

Beauvais  (Jean  de),  dix-septième  siècle,  brodeur  qui,  dès  1610,  es' 
mentionné  en  raison  de  différents  ouvrages  de  son.  art  exécutés  pour  le  duc 
de  Lorraine  Henri  II.  C'est  encore  lui  qui,  en  1622,  exécutâtes  armoiries 
de  S.  A.  et  de  Mme  la  duchesse  Marie  de  Gonzague  sur  des  ornements 
sacerdotaux  destinés  à  Féglisc  Saint-Sébastien  de  Nancy. 

Archives  de  Mearthe-et-Moielle,  B.  1326. 
Archives  de  Xancy,  I,  215. 

Bertrand  (Jean),  seizième  siècle,  brodeur  dont  nous  voyons  les  gages 
payés  en  cette  qualité  de  1535  à  1539. 

Archives  de  Mearthe-«t-\IoBelle,  B.  1059-1065. 

'  C'est  grâce  à  Tobligeance  de  M.  Maire,  bibliothécaire  municipal  de  Pont-à- 
Mousson,  que  nous  avons  pu  examiner  ces  tapisseries  et  recueillir  les  quelques 
documents  les  concernant. 


n 


180         ESSAI    DE    RÉPERTOUE    DES    ARTISTES   LORRAIIVS 

Berclauw  (Pierre),  seizième  siècle,  brodeur  da  duc  Charles  III,  qui  obtint, 
en  1569,  une  pension  accordée  sous  ce  titre,  sur  la  recette  de  Blàraont. 

Archites  de  Meurtbe-et-Mofelle.  B.  3278. 

BiLLAUT  (ou  de  Brillant)  (Maître  Pierre  de),  quinzième  siècle,  brodeur 

qui  fut  tour  à  tour  au  service  de  René  d'Anjou  (1447  à  1478),  s'attacha  à 

la  cour  de  René  II.  C'est  en  1463  qu'il  broda  les  bannières  des  trompettes 

ducales  à  Nancy. 

Lecoy  de  U  Ifarche.  Comptes  et  Mémoires  da  roi  Renë,  n^  469,  621,  et  Archives  de 
Meurthe-et-Moselle.  B.  502. 

BoNTEMPS  (Vautrin),  seizième  siècle,  brodeur  de  la  duchesse  Renée  de 
Bourbon  qui,  en  1523,  est  mentionné  dans  les  comptes  de  la  cour  de  Lor- 
raine pour  différentes  sommes  payées  à  lui  pour  des  travaux  de  son  art. 

Archives  de  Meurthe-et-Moseile,  1030. 

BoNTEUPS  (Claudin),  seizième  siècle,  brodeur  établi  à  Nancy  en  1551-52. 
Archives  de  Meorthe-et-Moselle,  Rôle  des  habitants  de  Nancy. 

Colas  (...),  seizième  siècle,  brodeur  dont  le  nom  est  inscrit  dans  le  rôle 
des  habitants  de  Nancy  en  1551-1552. 

CuCHERON  (Jean,  dit  la  Fleur),  dix-septième  siècle,  brodeur.  En  1614, 
il  broda  un  superbe  devant* d'autel  embelli  d'une  croix  au  milieu,  enrichi 
de  broderies  d'or  et  d'argent  avec  les  armoiries  du  duc  et  de  la  duchesse  de 
Lorraine  entourées  d'une  palme  et  d'un  laurier.  En  1628,  le  payement  de 
ses  gages  est  mentionné  dans  les  comptes  de  la  Cour. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle.  B.  1363.  1466  bis. 

Drué  (ou  Derué)  (Jean-François),  dix-huitième  siècle,  brodeur  de  Nancy, 
dont  le  nom  est  inscrit  sur  les  registres  de  la  paroisse  de  Saint-Sébastien 
pour  le  baptême  de  son  fils  Joseph,  le  14  février  1709.  Ce  fut  le  brodeur 
Joseph  Lamoureux,  de  cette  ville,  qui  signa  en  qualité  de  parrain. 

Archives  de  Nancy. 

Fleur  (dit  La).  Voir Cucheron. 

Florentin  (...).  dix-septième  siècle,  brodeur  au  service  de  Son  Altesse 
le  duc  de  Lorraine,  inscrit  au  service  de  ce  prince  en  1699. 
Archives  de  Nancy,  II,  p.  310. 

Fontaine  (Jacques  La),  dix^septième  siècle,  brodeur.  En  1683,  il  fit 
pour  la  Congrégation  des  Jésuites  à  Nancy,  deux  images  brodées  représen- 
tant la  Conception  et  destinées  à  orner  un  devant  d'autel  en  clamas  blanù 
et  une  chasuble. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  U.  2039. 

François  (Êlisaljeth) ,  dix-huitième  siècle,  brodeuse  et  chasublière  de  la 
ville  de  Nancy  en  1774. 
Archives  de  Nancy,  II,  p.  107. 


ESSAI    DE    EÉPERTOIRE    DBS    ARTISTES   LORRAINS        181 

GÉRARD  (Jean),  dix-septième  siècle,  brodeur  lorrain  établi  à  Rome  en 
1614. 

Journal  de  la  Soci^^  d'archëologie  lorraine,  1887,  p.  121  • 

Grand-Jehan  (...),  seizième  siècle,  brodeur  pensionné  par  le  duc  de 
Lorraine  pendant  les  années  1551  et  1552. 

R<^le  des  habitants  de  la  ville  de  Nancy. 

GiLLE  (Maistre),  seizième  siècle,  brodeur.  Le  rôle  des  habitants  de  la 
ville  de  Nancy  indique  son  décès  survenu  en  octobre  1551  et  spécifie  sa 
qualité  de  brodeur. 

Grexot  (Antoine),  dix-huitième  siècle,  brodeur,  né  à  Paris,  mais  établi 
à  Xancy  où  il  mourut,  à  Tâge  de  soixante  ans,  le  22  octobre  1719. 
Arcbifes  de  Nancy,  111,  365. 

Hannotbl  (Jean),  dix-huitième  siècle,  brodeur  très  réputé  de  Nancy.  En 
1726,  il  fit  neuf  bourses  en  velours  bleu  doublé  de  satin  cramoisi  aux 
armes  de  la  ville  et  de  S.  A.  R.  et  sept  armoiries  brodées  aux  armes  de 
S.  A.  R.  et  à  celles  de  la  ville  dans  un  écusson  enfermé  d'un  cartouche  en 
relief,  le  tout  brodé  d'or  surdoré  de  Paris,  pour  mettre  aux  manteaux 
des  sergents  de  ville. 

En  1738,  il  broda  une  bannière  pour  Téglise  de  Saint-Epvre,  représen- 
tant ce  saint  et  la  Sainte  Croix.  En  1739,  en  1749,  des  payements  lui 
furent  faits  pour  des  travaux  du  môme  genre,  et  il  mourut  à  Nancy  le 
11  décembre  1750. 

Archives  de  Nancy,  II.  346,  347.  363  ;  III,  333.  Archives  de  Mearthe-et-Moselle,  G. 
804.  1U89;  H.  '2044. 

Hknkeq.ix  (...),  quatorzième  siècle,  brodeur  de  Bar-le-Duc,  bourgeois 
de  cette  ville,  au  service,  pour  son  art,  auprès  de  la  comtesse  de  Bar, 
Yolande  de  Flandre,  en  1363. 

Max-Wbrlt.  Congrès  des  Snciëtès  des  Beaux-Arts  Volume  da  compte  rendu  de  It 
session  de  1S97. 

HuGUENix  (...),  quinzième  siècle,  brodeur  à  Pont-à-Mousson .  Une  men- 
tion datée  de  1487  et  de  cette  ville,  indique  qu'il  exécuta  un  travail  de  son 
art  pour  les  ornements  du  service  religieux  pour  u  des  trépassés  » . 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  G.  1135. 

Jacques  (...),  seizième  siècle,  brodeur  dont  le  titre  et  le  nom  figurent 
sur  le  rôle  des  habitants  de  Nancy  de  1551  et  de  1552. 

Lamoureux  (François  I*'),  brodeur  de  S.  A.  R.  le  duc  Léopold  de 
ï^orraine,  dont  il  reçut  le  brevet  le  22  juin  1722.  Nous  relevons  son  nom 
comme  contribuable  de  la  ville  de  Nancy  en  1724.  Il  était  né  vers  1686, 
mourut  à  Nancy  où  il  fut  enterré  en  T église  des  Dominicains  le  7  décem- 
bre 1738.  La  famille  Lamoureux  exerça  en  cette  ville,  pendant  de  longues 


189         ESSAI   DE   RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES   LORRAINS 

années,  la  profession  de  brodeur.  François  I"  eut  un  fils,  François  II,  né  et 
baptisé  à  Nancy  le  9  décembre  1716,  puis  un  second  fils,  André  François, 
le  31  juillet  1731.  Un  autre,  nommé  Jean,  parait  être  aussi  un  de  ses  fils;  il 
se  maria  à  la  paroisse  Saint-Rocb  de  Nancy  le  16  août  1735.  De  son 
mariage,  il  eut  un  fils,  Gratien-Rapbaël,  qui  fut  brodeur  comme  tous  ceux 
de  sa  famille. 

Archives  de  Nancy,  IV.  4. 

Lavoureux  (Luc),  dix-septième  siècle,  brodeur  à  Nancy,  parent  de  Fran- 
çois I,  eut  un  fils,  Joseph,  né  en  cette  ville,  oh.  il  se  maria  le  31  janvier 
1708. 

Lamourrux  (Joseph) ,  dix-huitième  siècle,  brodeur,  fils  et  élève  de  Luc 
Lamoureux,  marié  à  Nancy  le  31  janvier  1708,  fut  parrain,  en  1700,  du 
fils  du  brodeur  nancéen  Jean- François  Drue. 

Lamoureux  (François  H) ,  dix-huitième  siècle,  brodeur,  fils  de  François  I**^, 
né  et  baptisé  à  Nancy  le  9  décembre  1716. 

Lamoureux  (André-François),  dix-huitième  siècle,  brodeur,  second  fils 
de  François  I*%  né  et  baptisé  à  Nancy  le  31  juillet  1731. 

.  Lamoureux  (Jean),  dix-huitième  siècle,  brodeur  du  roi.  Parait  être  un 
des  fils  de  François  1*'.  Il  se  maria  à  la  paroisse  Saint-Roch  de  Nancy  le 
16  août  1735  et  eut  un  fils,  Graticn-Raphaël,  né  à  Nancy  le  13  avril 
1743,  qui  fut  brodeur  de  la  ville  et  se  maria  le  5  février  1770  avec  Anne- 
Marie  Desvillers. 

Lamolreux  (Gratien-Raphaêl) ,  dix-huitième  siècle,  brodeur  deTHôtel  de 
Ville  de  Nancy,  fils  et  élève  de  Jean,  naquit  à  Nancy,  paroisse  Saint-Roch, 
le  13  avril  1743  et  se  maria  en  cette  ville  à  Anne-Marie  Desvillers,  le 

5  février  1770. 

Lamoureux  (Jean-Raptiste  I),  dix-septième  siècle,  brodeur  à  Nancy,  né 

6  Nancy,  vers  1712,  obtint  le  titre  de  brodeur  du  roi  de  Pologne  Stanislas 
Lesczinski,  duc  de  Lorraine.  11  eut  un  fils,  Jean-Raptiste  II,  qui  se  maria  le 
24  février  1767  à  Marie- Anne-Louise  Stanislas  Harmand,  qui  eurent  un 
fils,  Jean-Raptistc-François-Xavier  le  22  juin  de  Tannée  suivante,  dont 
Jean-Raptiste  I  fut  le  parrain. 

Lamoureix  (Jean-Raptiste  II),  dix-huitième  siècle,  brodeur  à  Nancy,  fils 
de  Jean-Raptiste  I*%  né  en  celte  ville  et  marié  le  24  février  1767  à  Marie- 
Anne-Louise-Stanislas  Harmand,  dont  il  eut  un  fils,  Jean-Raptiste  François- 
Xavier,  né  et  baptisé  h  Nancy  le  22  juin  1768  et  qui  eut  pour  parrain  son 
grand-père  Jean  Raptiste  I*^ 

LiÉBALT  (Paul),  dix-septième  siècle,  brodeur,  qui,  en  1629,  reçoit  du 


.^ 


ESSAI   DB   RÉPERTOIRE    DBS    ARTISTES    LORRAINS         183 

duc  de  Lorraine  des  sommes  d'argent  en  paiement  pour  des  iravauv  de 
son  art. 

Archiver  de  Mcnrthe-et-Moaelle.  B.  1475. 

Lorrain  (ou  Lorrena)  (Pompée),  dix-septième  siècle,  brodeur,  habitait 
Rome  en  1612,  et  y  exerçait  l'art  de  brodeur. 

/oornal  de  la  Société  d'archéologie  lorraiife,  1887,  p.  121. 

xMatbieu  (Maître),  seizième  et  dix-septième  siècles,  brodeur  lorrain,  fut 
chargé  des  travaux  de  broderies  pour  les  obsèques  du  duc  Charles  111,  à 
Nancy,  notamment  de  quatre  croix  de  Lorraine  environnées  de  chardons 
sur  les  manches  des  manteaux  de  deuil  des  quatre  valets  de  ville. 

Archivei  de  Nanéy.  II,  203. 

NocRÉ  (ou  IVocrct)  (Jacques),  dix-septième  siècle,  brodeur.  En  1618,  i( 
fut  commandé,  à  Jacques  \ocré,  brodeur,  des  broderies  pour  les  quatre 
manteaux  de  valets  de  ville  de  Nancy  Le  26  octobre  1615,  naissance  de 
Jean  y  fils  de  Jacques  Nocquerez  (dit  IVocret)^  brodeur,  et  de  Louise 
Leclerc.  On  peut  supposer  qu'il  s'agit  ici  de  Jacques  Mocret,  qui  serait  le 
père  de  Jean,  peintre  d'histoire  et  de  portraits,  qu'on  croit  être  né  à  \ancy 
vers  1612. 

Archive!  de  Nancy,  II,  213;  III,  376. 

Perrox  (Claude),  dix-septième  siècle,  brodeur  à  Nancy,  reçut,  en  1628 
et  en  1629,  des  sommes  d'argent  du  duc  François  H,  pour  des  chapes, 
tuniques,  étoles,  etc.,  que  le  souverain  donna  à  l'église  du  Saint-Suaire  de 
Besançon. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1465,  1474. 

Petit  (Nicolas),  dix-septième  siècle,  brodeur,  toucha,  en  1610,  des 
sommes  pour  divers  ouvrages  de  son  art  exécutes  lors  des  fêtes  qui  eurent 
lieu  au  palais  ducal  de  Nancy,  en  cette  année. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1326. 

« 

Pierre  (Maître),  seizième  siècle,  brodeur  qui,  par  ordre  de  la  duchesse 
Renée  de  Bourbon,  fit,  à  Nancy,  une  chasuble  «  aux  histoires  d'Eliazar, 
la  scène  de  la  Samaritaine,  le  baptême  de  N.  S.  et  l'histoire  du  Pynacle  « . 
Kn  1551,  il  fut  pensionné  par  le  duc  de  Lorraine. 

Archives  de  Nancy,  I.  148,  et  ràle  des  habitanls  de  Nancy. 

PiERRON  (Jean),  seizième  et  dix-septième  siècles,  brodeur  à  Nancy,  exé- 
cuta en  1604  un  chardon  avec  des  croix  de  Lorraine  pour  les  manches  da 
manteau  du  dernier  valet  de  ville,  ledit  chardon  posé  sur  toile  d'or.  Jean 
eut  un  fils,  Paul,  baptisé  à  Nancy,  le  18  février  1600. 

Archives  de  Nancy.  II,  198  ;  III,  343. 


484         ESSAI    HE    RÉPERTOIUE    DES    ARTISTES    LORRAINS 

RouGERix  (Jean),  seizième  siècle,  brodeur  de  Monseigneur  le  duc  et  de 
Madame  la  duchesse,  de  ] 534-1535. 

Rdle  des  htbiUnti  de  Nancy. 

Roussel  (Jean),  dix-septième  siècle,  brodeur,  fit,  en  1643,  à  Nancy, 
sept  armoiries  de  la  ville,  ou  broderies  rehaussées  d'or,  d'argent  et  de  soie, 
pour  les  manteaux  des  sept  sergents  dç  ville.  En  1649«  il  exécuta  égale- 
ment, deux  images  de  broderies  d'or  et  d'argent  de  saint  Sébastien  et  de 
saint  Roch^  et  une  bannière  pour  la  paroisse  de  Saint  Sébastien  de  Afancy. 

Archives  de  Nancy.  II.  241  :  IV.  74. 

Wailtrlv  ou  Vautrin  (Nicolas)  (Maitre),  dix-septième  siècle,  né  à  Nancy 
vers  1610,  mort  en  cette  ville  et  enterré  à  Téglise  Saint-Epvre,  le  23  mars 
1694,  h  l'Age  de  84  ans,  fut  un  des  meilleurs  brodeurs  lorrains;  il  avait  le 
titra  de  u  brodeur  de  Monseigneur  le  duc  et  de  Madame  la  duchesse,  à 
Nancy,  n 

Archives  de  Nancy^  IV.  22  et  rôle  des  habitants  de  Nancy. 

Venotte  (Bastien),  dix-septième  siècle,  brodeur,  exécuta  en  1622,  dos 
broderies  de  marques  sur  les  manches  des  valets  de  la  ville  de  Nancy, 
savoir  :  u  Une  croix  de  liOrraine  couronnée  d'une  couronne  couchée  d'or 
et  enrichie  de  paillettes,  avec  le  chardon  de  velours  vert  liséré  d'or  fin  et 
la  fleur  de  soie  d'après  nature.  » 

Archives  de  Nancy,  II,  216. 

APPENDICE 

BRODEURS 

Inventaire  des  pièces  estons  en  la  GaUerie  {Palais  ducal  de  Nancy),  dont 
Claudine  (Bossard)  avoit  la  charge,  1530  et  1534  ».  {Jean  de  Val- 
leroy,  secrétaire  à  t ordonnance  de  Monseigneur,) 

Des  ciels  et  parements  de  litz. 

Ung  lit  de  drap  d'or  frizé,  mi-parties  de  bandes  de  velours  violet  chargé 
de  chiffres  de  A  et  R  (Anthoine  et  Renée),  et  decroixdeHîerusalem,  faicts 
de  fils  d'argent. 

Ung  lit  d'or  frizé  mi-parties  de  bandes  de  satin  blanc  chargé  d'entretail- 
lement  de  toille  d'or  uni  à  palmes  et  à  ceintures  d'espérance. 

Ung  ciel  de  satin  cramoisi,  chargé  de  chappeaultz  de  triomphe  de  brode^ 
ries  d'or. 

*  Bibliothèque  nationale.  Inventaire  du  mobilier  garnissant  le  chftteau  de 
Nancy  et  les  résidences  des  ducs  de  Lorraine.  —  Volumes  cotés  462  et  463. 
Collection  lorraine. 


ESSAI    Dfi    RBPEKTOIRE    DES   ARTISTES    LORRAINE         18ir 

Dix  pièces  de  tapisseries  de  damas  blanc,  chargé  de  palmes  et  de  cein- 
tures d*espérances. 

Deux  petits  ciels  de  litz  tapissés  de  velours  cramoisi  chargé  de  petits  en- 
fans  qui  portent  les  armes  de  Monseigneur  et  de  Madame.  Les  dessus  sont 
de  damas  blanc  et  les  rideaux  de  taffetas  rouge,  La  robe  de  damas  cra- 
moisi et  piquée  d'or  que  Monseigneur  fut  accoutré  à  Paris,  etc. 

Ung  ciel  de  satin  cramoisi  couvert  de  chappeaultz  de  triomphe,  au  fond 
où  il  y  a  dedans  des  espées  et  y  a  des  roulleaux  où  sont  escriptes  les  devises 
de  Monseigneur  et  de  Madame. 

Inventaire  du  21  mars  1544. 

F^a  grande  pièce  de  chambre  faicte  de  broderies  d'or  à  grands  person- 
nages accompagnez  d'un  bord  de  perles.  Le  fond  de  toille  d'or  avec  les 
liants  faiets  de  broderies  de  perles.  Ensemble  le  ciel  tout  de  broderies  où  il 
y  a  deux  grands  anges  tenant  les  armes  de  Monseigneur.  Le  timbre  fait 
d'or  et  celle  des  anges  pareillement  ;  laquelle  pièce  mon  dit  seigneur  a  faict 
mettre  en  la  chambre. 

Ung  ciel  de  salle  de  velours  jaulne  et  satin  jaulne. 

Ung  autre  ciel  de  velours  jaulne  et  de  damas  rouge  en  la  chambre  de 
Monseigneur. 

Ung  dorcelet  de  velours  vert  et  voille  d'or  qui  étoit  en  la  chambre  de 
feue  Madame. 

Ung  ciel  de  satin  rouge  avec  des  histoires  saintes  de  broderies  que  l'on 
porte  le  jour  du  Corpus  Domini,  etc. 

Inventaire  des  partages  du  duc  Charles,  le  ^janvier  1606. 

DAIZ 

Le  grand  daiz  de  soie  violette,  faict  en  broderies  d'or  uni  avec  ung  bord 
de  pierreries  cordonné  d'or  et  d'argent  sur  toile  d'or.  Le  chef  et  surcol  de 
la  charité,  formé  de  vingt-deux"  gallons  et  entouré  de  pierreries  et  au  fond 
aux  armoiries  de  Son  Altesse,  supportées  par  deux  anges,  l'escu,  la  cou- 
ronne, l'alérion  et  les  aisles  faiets  en  or  avec  aux  quatre  coins  les  armoi- 
ries de  feue  Madame  la  Duchesse  Renée  (de  Bourbon)  supportées  par  de 
petits  enfants  et  chappeaultz  de  triomphe,  orné  tout  autour  de  rouleaux  de 
toile  d'argent,  cordonné  d'argent  avec  ung  bras  armé  sortant  d'une  nue, 
tenant  une  espéeet  faisant  la  devise  de  fecit  potentiam.  La  couronne  des 
dites  armoiries  garnie  de  soie  et  gallons  de  pierreries. 

Trois  petits  parements  dudit  dais. 

Ung  dais  à  colonne  cramoisi  brun,  broderies  rehaussées  d'or  et  pierre- 
ries. .  Le  fond  de  même,  au  milieu  duquel  sont  les  armoiries  de  feue  Ma- 


1 


186         ESSAI   DE    RÉPERTOIBE    DES    ARTISTES   LORRAINS 

dame  la  duchesse  Renée,  la  couronne  formée  de  sLx  gros  galons  remplis  de 
pierreries  et  les  cbappeaulx  de  triomphe  faicts  d'or,  supportées  de  deux 
anges,  toille  d'argent.  Les  trois  paires  doubles  de  rideaux  assortis  audit 
daiz,  de  mesme  velours  et  entrctaillé  où  sont  les  armoiries  de  feu  M<]|r  le 
duc  Anthoine  et  Madame  la  duchesse  Renée  et  chappeaultz  de  triomphe 
d*orphévrerie  supportées  par  deux  génies  rehaussés  d'orphévrerie.  Les  cou- 
ronnes desdicts  et  armoireries  ornées  de  17  gallons  de  pierreries,  les  franges 
de  soye  cramoisie  avec  crespines  d'or. 

Le  grand  daiz  d'or  frizé  my  partie  de  toile  d'or  et  de  huict  sujets  d'or  et 
velours  de  soie  violette  avec  crespines  d'or  et  d'argent,  les  franges  de  soje 
violette  avec  crespines  d'or  et  d'argent. 

Pn  daiz  toille  d'or  et  d'argent  et  velours  de  soyc  cramoisi  rouge  et  niy 
partie  de  velours  cramoisy  et  brun  orné  du  chiffre  de  toile  d'or  du  double 
X  avec  un  F  brodé  sous  une  couronne  au-dessus  avec  des  palmes  d'oliviers 
avec  trois  pans  doubles  de  toille  d*or  cramoisy  damassé,  frangé  de  soye 
rou<][e  avec  crespines  d'or. 

Ung  autre  daiz  hault  frizé  d'or  et  d'argent  avec  veloui*s  cramoisy  rouge 
m  y  partie  de  velours  cramoisy  brun  avec  des  alérions,  brodés  de  toile  d'ar- 
gent avec  ung  gallon  toile  d'or. 

Ung  autre  daiz  avec  la  garniture  au  fond  de  satin  blanc  figuré  d'incarnat 
aux  armoiries  de  Monseigneur  faictes  en  broderies  d'or  surmonté  d'un  cha- 
peau de  triomphe. 

Unc|  daiz  à  colonne  cramoisy  û  six  pans,  à  la  gauche  duquel  est  la  figure 
de  Amphitrite  avec  la  Sybille  et  au  fond  l'image  de  Notre-Dame  et  ung  soleil 

de  toile  d'or.    Le  tout   fait  de  double  [JJ]  et  des  ffi  d'orphébrerie  en 

escailles  et  en  trois  parties  des  petites  figures  ou  orphébrerie  et  celles  du 
dedans  formées  de  chiffres  et  de  croix  comme  dessus  avec  des  gros  cordons 
d'orphébrerie,  les  pans  frangés  de  soye  cramoisy  et  de  crespines  d'or. 

Ung  aultrc  daiz  de  toile  d'or  damassé  de  satin  cramoisy  avec  des  cbap- 
peaulx de  triomphe  toille  d'or  aux!  armoiries  de  Monseigneur  et  la  devise 
fccii  potentiam,  frangées  de  soye  rouge,  avec  les  rideaux  et  pans. 

Ung  aultre  daiz  toille  d'or  frizé,  damassé  de  jaulne  et  rouge. 

Ung  autre  daiz  de  satin  blanc  rayé  d'or  my  partie  de  velours  viollct  et 

cramoisy  orné  de  AR,  toille  d'argent  avec  ^  de  même. 

Ung  daiz  de  velours  bleu  avec  fond  d'argent  battu,  my  partie  toille  d'ar- 
gent avec  six  petites  rangées  d'argent  et  de  soye  blanche. 

Ung   daiz  damas  jaulne  entretaillé  de  velours  violet  avec  des  AR  et 

*'cs  1^  proGlées  de  soie  violette  à  la  hauteur  duquel  est  la  figure  de  la 

Justice,  faite  en  broderies  avec  ornementations  de  gallons  de  pierreries. 


ESSAI   DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS         1S7 

Cng  aaltre  dais  d*or  frizé  rayé  de  noir,  my  partie  de  toille  d'argent  et 
velours  violet  avec  franges  et  ornement. 

Ung  daiz  de  toile  d*or  à  trait  damassé  et  de  toille  d'argent  damassé  avec 
les  bandes  de  velours  cramoisy  brun  et  ses  ornements  de  mesme. 

Ung  daiz  de  toille  blanche  besongnée  de  filets  blancs  et  tressés,  les  pans  à 
jour  garnis  de  petites  houpes  à  coquilles. 

Ung  poisle  de  toille  d*or  moullé  sur  un  champ  viollet  rayé  d'or  et  d'ar- 
gent frangé  de  soye  violette  et  crespine  d'or  faict  en  l'an  1603  pour  servir 
à  la  réception  de  . .  du  Roy  à  Xancy,  laquelle  toille  d'or  provient  d*un 
plus  grand  poisle  au  Rond. 

Ung  poisle  toille  d'or  gaufîré  sur  fond  gris  rayé  d'or  frangé  de  soie  grise 
avec  crespines  nouées  d'or. 

Huit  pièces  de  tapisseries  tant  grandes  que  petites,  satin  cramoisy  rouge, 
au  milieu  de  la  plus  grande  desquelles  sont  deux  armoiries  de  la  Reine  de 
Cécille,  faites  en  broderies  d'or  et  un  feston  de  chastaigners  et  chardons 
filetés  de  branches  de  chastaigniers  et  de  chardons. 

En  oultre  des  deux  autres  pièces,  les  mesmes  armoiries  disposées  à  la 
suste  de  branches,  meslées  de  cbasteigniers  et  chardons. 

Vingt  pièces  de  tapisseries  de  trois  aulnes  moins  un  septième  de  hauteur 
my  parties  de  laisne,  de  toille  d'argent  et  de  velours  bleu,  contenant  en  une 
totalité  soixante-deux  laisons  d'argent  et  de  soixante-deux  laisons  de  ve- 
lours, de  l'une  desquelles  sont  les  deux  poissons,  quatre  laisons  d'argent 
aussi  un  drap  pour  mectre  sur  le  corps  de  feue  madame  Claude  ;  et  lesquels 
laisons  d'argent  le  tout  manque  de  deux  pièces  environ  deux  aulnes  et  avec 
deux  aulnes  et  celles  de  velours  qui  ont  été  prises  et  restées  pendant  le  festin 
des  nopces  de  Madame  la  duchesse  de  Bourbon. 

Cinq  pièces  de  tapisseries  de  damas  verts  h  grands  feuillages  provenant 
de  la  tapisserie  du  cabinet. 

Six  pièces  en  tapisserie  taffetas  changeant  jaulne  et  incarnat. 

Onze  pièces  de  tapisserie  de  damas  bleu,  la  figure  liseré  d'un  cordon  d'or. 

Six  pièces  de  tapisserie  velours  vert. 

Neuf  aultres  de  toille  d'or. 

Onze  pièces  de  tapisseries  toille  d'or  frisé  orné  de  soye  cramoisie  et  de 
velours  de  mesme,  avec  des  chiffres,  des  C,  F  et  des  couronnes. 

Une  autre  de  velours  vert  de  la  chambre  de  monseigneur  de  Vaudé- 
mont. 

Six  autres  de  damas  blanc  ornés  de  palmes  et  ceintures  d'espérance  d'or- 
phébrerie,  de  broderies  et  au  bord  d'autre  taille  de  velours  cramoisi  aux 
armoiries  de  Monseigneur  le  Duc  Anthoineetde  Madame  Renée,  aux  quatre 
coins. 

Vingt-huit  pièces  de  tapisseries  de  damas  blanc,  montants  entretaillés  de 


188         ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS 

toille  d'or,  ung  chiffre  AR,  A  et  R  entrelacés  et  des  croix   de  Hieru- 

salem  ^  . 

Sept  autres  pièces  argent  rayé  d'or  velours  noir,  etc. 

Huit  pièces  idem,  toile  d'or,  etc. 

Dans  le  chapitre  des  lits  précieux,  on  voit  : 

Le  grand  Ut  au  fond  de  velours  cramoisi  de  haulte  couleur  à  un  grand 
soleil  de  toile  d'or  pourfîlé  de  torsades  d'or  au  milieu  duquel  est  un  chiffre 
de  toille  d'argent  avec  trois  pièces  de  mesme  étoffe  cramoisy  fileté  de  AR 

toille  d'argent  et  de  ^  ,  toille  d'or  avec  des  quarrés  de  passemens  d'or 

failz  à  la  tanelle  (?)  aux  devises  de  :  «  J'espère  avoir  »  et  «  COZ  en  crois- 
sant »  frangées  de  soye  rouge  aux  crépines  d'or  et  avec  quatre  pièces  de 
mesme  velours  l'un  frangé  d'or  et  de  soye  rouge  et  les  trois  autres  frangés 
d'or. 

Le  dais  d'entretaillement  toille  d'argent  sur  velours  cramoisy,  my  partie 
de  satin  blanc,  filé  de  palmes  et  de  ceintures  d'espérance,  faits  en  orphé- 
brerie  avec  la  devise  :  «  J'espère  avoir,  »  etc. 

TAPISSIERS  DE  LA  HAUTE-LISSK 

Allouette  ou  d'Allouette  (Jean),  seizième  siècle,  tapissier  du  duc 
de  Lorraine,  établi  à  iVancy  en  1582. 

Bacor  (F.  Josse),  dix-huitième  siècle,  tapissier  de  haute  lisse,  établi 
d'abord  à  \ancy,  dans  sa  fabrique  de  la  Malgrange,  près  de  cette  ville,  en 
1719.  Des  lettres  patentes  datées  de  Lunéville,  du  16  janvier  J720,  men- 
tionnant que  Josse  Hacor  et  son  associé,  Sigisbert  Mangin,  eurent  une 
fabrique  de  tapisseries  de  hautes  et  basses  lisses  à  Lunéville  «  ainsi  que  des 
métiers  sur  pied.  Mais  l'éminent  archiviste,  feu  M.  Lepage,  qui,  en  1886, 
trouva  ce  document  complétant  les  précédents  travaux  écrits  sur  celte  ques- 
tion, ajoutait  que  cette  exploitation  ne  semblait  pas  avoir  subsisté  longtemps, 
qu'elle  n'absorbait  pas  entièrement  Bacor,  puisqu'on  le  voit,  en  1723, 
«mployé  aux  ouvrages  de  tapisseries  qui  se  fabriquaient  à  la  Malgrange. 

Bellat  (Jean),  dix-huitième  siècle,  tapissier  d'Aubusson,  établit  le 
10  août  1734,  à  Nancy,  une  manufacture  de  tapisseries  de  hautes  et  basses 
lisses . 

Archives  de  Nancy,  t.  H,  73. 

Trente  chênes  des  forêts  de  Nancy,  lui  sont  délivrés  gratuitement  pour 
la  construction  de  ses  métiers. 
Inientaire  sommaire,  série  R. 

Bois  (uu),  Jean  ou  Dubois,  seizième  siècle,  tapissier,  né  à  Paris,  vint  en 
Lorraine,  à  Nancy,  en  1566,  pour  y  exercer  son  art. 


ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DBS    ARTISTES    LORRAINS  la^ 

Chapperon  (Jean),  seizième  siècle,  tapissier  lorrain,  établi  à  Nancy  en 
1559.  On  le  suppose  originaire  de  Paris  et  on  le  considère  comme  un 
artiste  plutôt  que  comme  un  simple  ouvrier.  Il  était  mort  en  1566,  puisque 
diverses  sommes  sont  payées  à  Jean  du  Bois,  procureur  des  héritiers  de  feu 
Jean  Chapperon,  pour  certaines  parties  de  tapisseries  que  celui-ci  «  avait 
faites  et  fournies  pour  le  service  de  Monseigneur  » ,  en  1560,  1562 
et  1563. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1145.  10243.  v»;  B.  1148.  (^  259. 

Chopplv  (Claude),  seizième  siècle,  tapissier,  qui,  en  1567,  fit  plu- 
sieurs ouvrages  de  tapisseries  pour  la  duchesse  de  Lorraine,  Claude  de 
France. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  MM.  B.  1150. 

CouLOiiBEAU  (Jacques),  marchand  tapissier  de  Metz,  dix-septième  siècle, 
habitait  sur  la  place  de  la  Grande-Eglise  (cathédrale),  en  août  1619,  il 
était  en  relation  avec  Laurent  de  Smit,  marchand  tapissier  d'Anvers  et 
fournissait  des  tapisseries  au  duc  de  Lorraine. 

Dkpoix  (Jean)  ou  Poix  et  son  fils  Charles,  dix-huitième  siècle,  tapissier 
de  haute  lisse,  employé  par  le  duc  François  III^  touchait  déjà  en  1724  des 
appointements  de  28  livres,  pour  travaux  de  son  art.  On  le  voit  réparer, 
en  1728,  les  pièces  de  tapisserie  représentant  Achille  et  Romulus.  Celui 
que  Ton  croit  son  fils,  Charles,  reçoit  ainsi  que  son  père,  en  1732,  une 
sonHite  de  225  livres  pour  raccommoder  la  tapisserie  «  dite  de  Moyse  au 
mont  Sinay.  »  Charles  Dcpoix  fut  employé  par  le  duc  François  111,  duc  de 
Lorraine,  lors  do  son  départ  pour  la  Toscane,  à  Poggio,  près  Florence,  en 
1742  et  au  Palais  Vieux. 

Dubois  (Jean) .  Voir  Bois  (dl)  . 

Durand  (iVicolas  et  Pierre) ,  dix-septième  et  dix-huitième  siècles,  tapis- 
siers des  ducs  de  Lorraine,  frères  tous  deux,  maîtres  de  la  manufacture  de 
tapisseries  de  Nancy.  Nicolas  naquit  à  Nancy,  vers  1644.  11  épousa,  le 
14  janvier  1721,  Marie-Anne  Bordenave,  fille  du  fameux  sculpteur  Borde- 
navè.  Les  deux  frères  établirent  par  permission  ducale,  une  manufacture 
de  tapisseries  dans  les  galeries  situés  au-dessus  de  la  Boucherie  de  Nancy  en 
1699  et  en  1703  dans  laquelle  lefameuxMitése  distingua  bientôt.  En  1732, 
Nicolas  Durand  fournissait  pour  la  cour  de  Lorraine,  des  tapisseries  faites 
dans  sa  manufacture.  C'est  en  1726  que  les  deux  frères  abandonnèrent  les 
bâtiments  de  la  Boucherie,  à  Nancy,  où  se  trouvaient  primitivement  leurs 
ateliers  pour  en  occuper  de*nouveaux.  Nicolas  Durand  mourut  à  Nancy  et 
y  fut  inhumé  le  7  octobre  1755,  âgé  de  quatre-vingt-onze  ans.  En  1725, 
les  deux  frères  avaient  reçu  des  patentes,  confirmées  ensuite,  pour  la  jouis- 
sance des  bâtiments  utilisés  pour  leur  manufacture  que  le  duc  François  111, 


190         ESSAI   DE    REPERTOIRE    DES    ARTISTES   LORRAINS 

confirma  aux  mômes  conditions  en  1731  et  1732.  Pierre  Durand  était  mort 

avant  son  frère  Vicolas. 

Lepage,  Archives  de  Xancy,  t.  IV.  p.  183  et  Inventaire  sommaire,  série  B. 

Lepage,  Archives  de  Nancy,  t.  III,  p^  335. 

Archives  de  Nancy,  H.  Lepage  et  Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1729, 11450. 

DiR.^ND  (François),  dix-huitième  siècle,  tapissier  et  directeur  de  la  ma- 
nufacture de  IVancy  ;  il  était  le  fils  de  Nicolas  Durand,  par  conséquent 
neveu  de  Pierre.  François  eut  pour  associé  son  gendre  Sigisbert  Mathieu. 
Les  tapisseries  de  la  manufacture  fondée  par  les  Durand  ne  manquaient 
pas  de  goût  ;  elles  étaient  d'une  grande  solidité  et  d'un  prix  modique. 

Les  fabriques  de  tapisseries  de  Nancy,  Miînti.  Journal  de  la  Société  d'archéologie 
lorraine,  1883,  p  308. 

DosQUET  (X...),  dix-huitième  siècle),  tapissier  de   Nancy  qui  fut  élu 
député  du  Tiers-État,  en  1789. 
Archives  de  Nancy,  I,  302. 

Emelot  (...),  seizième  siècle,  tapissier  du  château  de  Bar,  en  1536. 

Fiacre  (...),  seizième  siècle,  tapissier  de  Nancy,  où  son  nom  figure 
dès  1515,  dans  les  paiements  des  fournitures  ducales  et  qui,  en  1521, 
est  qualifié  dans  les  dits  comptes,  de  u  tapissier  à  Monseigneur  »  . 

François  (Jean),  dix-septième  àiècle,  tapissier  établi  à  Nancy  en  1674. 
Archives  de  Nancy,  II,  12. 

Frantz  (...),  seizième  siècle,  tapissier  du  duc  de  Lorraine,  exerça  son 
art  à  Nancy.  En  1565,  u  mention  à  Frantz,  tapissier  de  Son  Altesse,  la 
somme  de  vingt-cinq  francs,  monnoye  de  Lorraine,  qu*il  a  pieu  à  Mon- 
seigneur luy  estre  paiez  pour  reste  de  la  fourniture  qu*il  a  faicte  en  la  ta- 
pisserie de  r histoire  de  Moyse,  qui  lui  estoit  deu.  n 
Archives  de  Meurlhe-el-Moselle,  B.  1143.  f«  144. 

Flessëlles  (Louis),  dix-huitième  siècle,  tapissier  établi  à  Senones  en 
1793.  A  cette  époque  il  fut  chargé  d^ expertiser  les  meubles  du  prince 
de  Salm. 

Galerie  de  peintures  des  princes  de  Salm.  P.  Chevreux.  Archives  d'Épinal,  1884. 

FoucoT  OU  FouccAULT  (René),  seizième  siècle,  tapissier  du  duc  Charles  111, 
reçu  bourgeois  à  Nancy  en  1597. 11  était  né  à  Paris  et  en  1598  il  est  qua- 
lifié de  tapissier  et  contrepointeur  de  T hôtel  de  Son  Altesse  depuis  seize 
ans.  Les  comptes  des  artisans  de  Thôtel  mentionnent  encore  son  nom  en 
1614.  11  eut  un  fils,  Pierre,  qui  lui  succéda. 

FoicoT  ou  FouccAULT  (Pierre) ,  dix-septième  siècle,  fils  de  René  et  son 
élève.  En  1613,  le  7  octobre,  il  est  nommé  tapissier  de  la  Chambre  et  du 
cabinet,  à  la  requête  de  René,  son  père. 

Arcbires  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1356  et  Archives  de  Nancy,  II,  176. 


ESSII   DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS         191 

Grrmain  (Alexandre),  dix-huitièuie  si(»c!e,  tapissier  de  haute  lisse.  Nous 
trouvons  une  mention  le  concernant,  en  1726,  pour  payement  des  répara- 
tions faites  par  lui  aux  quatre  tapisseries  de  Thistoire  de  saint  Paul. 
En  1732,  il  réparc  dix  portières  de  tapisseries  de  haute  lisse  et  en  rétablit 
douze  autres.  En  cette  même  année  il  exécuta  la  tapisserie  représentant  le 
siège  de  Vienne,  et  enfin,  en  1742,  il  fit,  k  Florence,  pour  le  duc  Fran- 
çois ni,  plus  tard  empereur  d'Allemagne,  des  travaux  de  rentraiture,  avec 
Roch  le  jeune,  Joseph  Vaulhier  et  Charles  Dcpoix. 

Journal  de  la  Sociëtë  d'archéologie  lorraine,  1886,  p.  219. 

11  ne  faut  pas  confondre  cet  artiste  avec  Germain  Labbé,  du  dix- sep- 
tic  me  sic«cle  (1607  à  1609)  qui  travailla  à  Nancy,  mais  retourna  dès  1610 
à  Munich,  sa  ville  natale  ou  plutôt  la  ville  où  il  débuta  dans  Fatelier  de 
Jean  Van  der  Biest. 

Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  p.  199.  Mûnts. 

Glo  (Jean),  dix-septième  siècle,  tapissier  en  feuillages  qui  obtint  de  la 
ville  de  Nancy,  le  2  janvier  1674,  l'autorisation  de  travailler,  en  cette 
ville,  de  son  métier. 

Archifes  de  Nancy,  II,  12. 

H.^GEN  (Melchior  Van  der),  dix-septième  siècle,  maître  tapissier  de 
Bruxelles  appelé  par  le  duc  Henri  H,  en  1613,  a  pour  montrer  son  art  à 
des  élèves,  n 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  18*28,  n«  1346. 

Hamela  (Isaac  de),  dix-septième  siècle,  tapissier  de  Bruxelles,  appelé  en 

Lorraine,  en  1613,  par  le  duc  Henri  11,  pour  y  enseigner  son  art. 

Archifes  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1878,  n»  1546.  et  Histoire  de  la  Tapisserie,  E.  Miints, 
p.  288,  1897. 

Haukvdrn  (Bernard  Vas  der),  dix-septième  siècle,  tapissier  flamand, 
travailla,  en  1620,  à  Nancy,  à  la  tapisserie  de  l'histoire  de  saint  Paul  et  ii 
celle  des  Bergères  commandées  par  le  duc  de  Lorraine.  En  1616,.  traité 
passé  par  ordre  ducal  pour  introduire  en  Lorraine  Tart  de  la  tapisserie.  La 
femme  de  Bernard  Van  der  Hameyden,  qui  se  nommait  Catherine  Suart, 
reçoit,  en  1621,  une  rente  de  blé.  En  1617,  Bernard  exécuta  la  tapisserie 
dite  d'Holopherne,  pour  le  duc  Henri  II  qui  en  fit  présent  à  M.  de  Bour- 
lémont. 
Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.   1410.  f«  281  et  B.  1380. 

Hamkyurx  (Melchior  Van  der)  ,  dix-septième  siècle,  fut  un  des  directeurs 
dos  ateliers  de  X^ancy,  dans  le  premier  tiers  du  dix-septième  siècle. 

La  Tapisserie,  E.  Mûnts,  p.  288. 

Jknnin,  deChatellon,  tapissier  de  Bar,  qui,  en  1427,  fut  appelé  à  Saint- 
IVIihiel  pour  des  travaux  de  son  art  au  service  du  duc  de  Lorraine. 
La  Tapisserie,  E.  Mûnts,  B.  1050,  ^  56  v». 


193         ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DES   ARTISTES    LORRAINS 

I^ABBÉ  (Germain),  dix-septit'^nie  siècle,  tapissier  de  haute  lisse  appelé  à 
\ancy,  vers  1604,  parle  duc  de  Lorraine;  il  resta  en  cette  ville  et  fut  un  des 
directeurs  des  métiers  de  tapisseries  installés  par  les  ordres  du  duc  et  re- 
tourna vers  1609,  à  Munich,  d'où  on  le  croit  originaire. 

On  peut  supposer  qu'il  était  né  dans  la  Flandre  française  et  que  son  sé- 
jour primitif  fut  à  la  manufacture  de  Munich,  où  il  travailla  sous  les 
ordres  de  Jean  Van  dcr  Biest.  Le  nom  de  Germain  Labbé  ferait  plutôt  croire 
à  Torigine  flamande  de  cet  artiste,  qu'à  celle  d'outre  Rhin. 

U  Tapisserie.  E.  Uunti,  p.  288  et  297. 

Macqurt  (Philippe) ,  seizième  siècle,  tapissier  de  haute  lisse  et  brodeur 
à  \ancy  ;  de  1568  à  1574,  nous  le  voyons  «  chargé  de  racoustrer  ou  de 
rabtller  les  tapisseries  de  la  maison  de  Monseigneur  n  . 

La  Tapisserie,  E.  Ifûots.  B.  1152,  56.  58,  460  et  1164. 

Manglv  (Antoine),  dix-huitième  siècle,  tapissier  de  Nancy,  est  mentionné 
dans  les  registres  de  la  paroisse  Saint-F«pvre,  comme  parrain  du  (ils  de 
Nicole  Michel,  cordicr,  le  5  juin  1704. 

Ma\gi\  ou  Mrvgi.v  (Nicolas),  dix-septième  et  dix-huitième  siècles,  tapis- 
sier et  bourgeois  de  Nancy,  père  de  Sigisbert  Mangin,  tapissier  réputé. 
U  Tapisserie,  E.  liiinis.  B.  1676,  n*  272,  et  Archifes  de  \aiicy,  III,  356. 

Mangix  ou  Mexgin  (Sigisbert),  dix-huitième  siècle,  tapissier,  fils  de 
Nicolas  Mangin,  entrepreneur  de  tapisseries  de  S.  A.  R.  le  duc  Léopold, 
se  maria  à  Nancy,  le  20  août  1720.  En  1722,  il  construisit,  à  Nancy,  une 
manufacture  de  tapisseries  de  haute  lisse  dans  les  terrains  situés  à  gauche 
du  chemin  de  Nancy  h  Bonsecours,  au  delà  du  pont  de  la  Madeleine. 

Archives  de  Mpurlhe-elMoselie.  H.  2676  et  B.  1675,  n<>  272. 

Mathieu  (Sigisbert),  dix-huitième  siècle,  tapissier  et  directeur  de  la  ma- 
nufacture de  haute  et  basse  lisses  de  Nancy,  gendre  et  associé  de  François 
Durand,  fils  de  Nicolas  Durand.  (Voir  ces  fioms.) 

Milson  (Christophe) ,  seizième  et  dix-septième  siècles;  tapissier  de  la  cham- 
bre de  Son  Altesse,  reçoit  en  1598, 1603  et  1605,  différentes  sommes  pour 
façon  et  besogne  de  son  art  ou  pour  parties  de  fournitures  et  façons  Mêmes 
paiements  en  1638. 

Archives  de  Menrlhe-et-MosePe.  B.  1502,  1192,  f»  348.  Elles  portent  la  mentioo  de 
7  pièces  de  Flandre,  en  Ja  Chambre  du  conseil  de  \ille. 

Mité  ou  MittI^  (Charles),  dix-septième  et  dix-huitième  siècles,  un  des 
plus  fameux  artistes  tapissiers  de  liorraine.  Garde-meuble  et  tapissier  de 
S.  A.  R.  le  duc  de  Lorraine.  Dès  161)8,  son  nom  commence  à  être  men- 
tionné. En  1700,  il  est  chargé  de  la  réparation  de  la  tapisserie  connue  sous 
le  nom  de  tapisserie  de  la  lente  de  Charles  le  Téméraire. 

Archives  de  \ancy,  11.313;  IV,  II. 


ESSAI   DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAIKS         193 

Sa  fille  ainée,  époasa  à  Tftge  de  seise  ans,  le  15  juillet  1709,  François^ 
Galli-Bibienna,  peintre  et  premier  intendant  des  bâtiments  de  Sa  Majesté 
Impériale,  Tarchitecte  et  décorateur  de  la  salle  de  Tancien  Opéra  de  Nancy 
construite  sont  le  règne  de  Léopold. 

Le  brevet  de  tapissier  de  rhôtei  de  Son  Altesse  Royale,  daté  de  Luné- 
ville,  du  4  août  1698,  mentionne  la  demeure  de  Mité  à  Nancy.  En  1703,  il 
répare  la  tapisserie  de  T Adoration  du  Veau  d*or;  en  1704  il  fait  semblable 
travail  à  de  ricbes  tapisseries  ;  en  1705  i\  celles  du  Serpent  d'airain,  fai- 
sant partie  de  Thistoire  de  Vloyse. 

En  1710,  nous  le  voyons  demander  Tascensemcnt  d'un  terrain,  sis  à 
Nancy,  pour  y  planter  de  la  gaude  (guède  ou  pastel)  et  autres  herbes  propres 
aux  couleurs  des  teintures  et  soies  pour  les  tapisseries  de  Son  Altesse. 

C'est  en  1710  qu'il  exécute  des  tapisseries  dont  il  est  Fauteur;  il  reçoit 
alors,  en  cette  année,  les  paiements  pour  celle  du  siège  de  Bude,  d'après 
le  tableau  de  Du  Rup,  de  celles  des  Conquêtes  de  Charles  V  et  de  celle 
dite  des  Douze  mois  de  l'année. 

Les  Victoires  de  Charles  V,  i^eproduites  par  lui,  en  tapisserie^,  furent  mal- 
heureusement brûlées  lors  de  l'incendie  du  château  de  TiUnéville  en  1719. 

Les  cinq  pièces  connues  sous  le  nom  des  Conquêtes  de  Qharles  V  se  d<'»' 
composent  ainsi  : 

La  première  représentait  la  ville  de  Bude. 

La  deuxième  représentait  le  saccagement  de  Bude. 

La  troisième  repré.sentait  la  bataille  de  Mohatz.    ^ 

La  quatrième  représentait  la  Transs\lvanie. 

La  cinquième  représentait  le  triomphe  de  Charles  V,  toutes  d'après  les 
peintures  de  Guyon  et  Martin. 

Un  autre  mémoire  indique,  aux  archives,  la  série  suivante  :  les  grotes- 
ques de  Raphaël  ou  les  Douze  mois,  la  levée  du  siège  de  Vienne,  les  sièges 
et  bataille  de  Barcan. 

Strigonie  et  le  passage  du  Danube  au  pont  d'Essèque  furent  payées  en 
1717,  puis  enfin  trois  tapisseries  :  1"*  la  défaite  du  secours  de  Bude;  2*  la 
Léopoldstadt  ;  3**  la  prise  dé  Vaccia. 

La  femme  de  Charles  Mité  se  nommait  liOuise  Hanry. 

Arcliifet  de   Ueorthe-et-XIoselie,  B.  11045.  n*  42. 

Pierre  (Maitre),  seizième  siècle,  brodeur  et  tapissier  de  Monseigneur  le 
duc  et  la  duchesse,  reçoit  avec  David  Regnauldin  et  Waultrin  une  somme 
de  325  francs,  4  gros,  4  deniers,  pour  parties  de  leurs  arts  et  mestiers 
qu'ilz  ont  faictz,  fournis  et  délivrez  pour  façon  de  deuxcyelx,  l'un  à  porter 
le  corptts  domini,  le  jour  du  Sainct-Sacrement,  l'autre  qui  a  servi  en  la 
grant  salle,  le  jour  des  Estats,  tenuz  ù  Nancy. 

Bibliothèque  nationale,  çollertion  de  Lorraine,  n*  462,  f*  220. 

13 


n 


19i         ESSAI    DK    BÈPËHTOIRK    DES    ARTISTES    LORKAIltfS 

PixoT  (Ëdine),  dix-hoilième  siècle,  tapissier  de  haute  lisse,  travaillait  û 
la  Malgrange,  dans  la  manufacture  installée  prës  de  Mancy,  où  le  14  jan- 
vier 1724  il  reçoit  trois  cents  livres  d'appointements. 

PiRK  (Lucquet  nu),  seizième  siècle,  tapissier  du  duc  de  Lorraine,  dont 
une  mention  d'appointements  est  signalée  eu  1505  et  en  1523. 

Archives. 

Platkl  (du  ou  dks  Plateaux.  Luc),  quinzième  et  seizième  siècles,  tapis- 
sier, dont  Torigine  delà  famille  était  à  Lille,  en  Flandres.  Luc  vint  àllar, 
à  la  suite  de  René  H  qui  Tattacha  ù  sa  cour  et  le  tint  en  grande  estime.  11 
fut  nommé  chAtelain  de  Bar  et  fut  chargé  en  tant  qu'artiste  de  l'exécu- 
tion, sinon  de  Tachèvement  des  tapisseries  du  prince  qui  utilisa  son  goût  et 
son  habileté  dans  cet  art.  Le  duc  Antoine  de  Lorraine  anoblit  ou  reconnut 
la  noblesse  de  Luc  Plalel  des  Plateaux,  par  lettres  datées  du  23  mai  1550. 
Ses  armes  étaient  :  d'argent  au  chevron  d'azur,  chargé  de  cinq  larmes 
d'or  et  accompagnés  de  trois  plateaux  de  gueule,  deux  en  chef  et  un  en 
pointe,  pour. cimier  un  vol  d'azur. 

Luc  épousa  en  premières  noces  Alix  Boudet,  en  deuxièmes  noces  Klisa- 
beth  Lescamoussier,  et  probablement  en  troisièmes  noces  Catherine 
Guyot. 

Dom  Pelletier,  dans  son  nobiliaire,  déclare  que  FiUC  Platel  du  Plateau 
u  avait  un  goût  exquis  pour  l'exécution  des  tapisseries  de  haute  lisse  et  tU 
mettre  la  dernière  main  aux  fameuses  et  riches  tapisseries  qui  sont  encore 
regardées  aujourd'hui  comme  des  chefs-d'œuvre  n .  Une  des  arrière-petites- 
filles  de  Luc  Platel  des  Plateaux,  Marie-Gabrielle,  épousa,  à  Meufchilteau, 
Christophe  Viriot,  écuyer,  seigneur  de  Chevaux,  qui  se  réclama  de  la 
famille  des  Viriot- Woeïriot 

Dom  Pcllelier,  nobiliaire  de  Lorraine,  p.  6r)4. 

Poix  (voir  Dkpoix)  . 

fbid. 

Ragache  (Jean),  seizième  siècle,  tapissier  de  haute  lisse  et  tapissier  en 
cuir  doré.  Habitait  Saint-Micolas  en  1591).  h)n  cette  année  il  touchait 
836  francs  pour  redû  sur  une  étendue  de  tapisserie  en  dix  pièces  de  cuir 
argenté,  façonné  en  bleu  qu'il  a  vendue  ù  Son  Altesse  et  délivrée  à  la  garde 
de  ses  meubles,  Madeleine  Rougerin,  garde  des  meubles  du  Rond  de 
THostel,  reçut  en  li>03,  104  francs  pour  façon  qu'elle  a  faicle  à  la  garni- 
ture de  trente-cinq  pièces  de  tapisseries  dudit  hôtel.  En  1607,  une  somme 
de  015  francs  2  gros  est  payée  pour  une  tapisserie  de  cuir  doré  faite  et 
fournie  pour  le  service  de  Son  Altesse. 
B.  I:î7.i,  f«  270  et  1300,  f»  275. 


ESSAI    DE    RÉPERTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS         195 

Rkgnauldin  (David),  seizi^me  siècle,  tapissier  de  haute  lisse  et  brodeur 
^c  Mgr  le  duc  de  Lorraine,  k  \Wey,-dès  1515,  en  1534-1535. 

Archive»  de  Ueiirthe-et-Moselle.  B.  1056.  7ô98. 

Robin  (...),  quinzième  siècle,  tapissier  lorrain,  appelé  en  1427,  à 
Saint-Miliiel,  pour  travaux  de  son  art,  pour  le  duc  de  Lorraine. 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  B.  1050. 

Robin  (...),  setsième  siècle,  tapissier  du  château  de  Bar,  an  service  du 
duc  de  Lorraine. 

RoBY  (Antoine  et  Jean),  di.v-huitième  siècle,  tapissiers  et  hauts  lissiers 
de  Son  .^liesse  Royale.  Jean,  fils  d'Antoine,  tapissier  du  roi  aux  Gobelins, 
se  maria  h  Nancy,  le  20  février  1710,  à  la  paroisse  Saint-Epvre.  Jean 
Roby  avait  }\  cette  époque  trente-deux  ans  et  était  né  à  la  paroisse  Saint- 
Sulpîce  de  Paris. 

Archives  de  Mancy.  IV,  13. 

RooGERiN  (Jean  et  Louis),  seizième  siècle,  les  deux  frères,  tapissiers  de 
S.  A.  le  duc  de  Lorraine,  dont  les  j^ages  sont  mentionnés  de  1565  à  1584, 
habitaient  Nancy  ;  leurs  gages  annuels  étaient  de  60  francs.  En  1573,  u  à 
Uoys  Rogerin,  tapissier  de  Monseigneur,  la  somme  de  500  francs  que 
mondit  seigneur  a  heu  ordonné  luy  estre  délivrez  pour  subvenir  à  Ventre- 
tennenient  des  compagnons  tapissiers  qui  lors  travaillaient,  avec  luy  pour 
le  service  de  mondit  seigneur.  En  1574,  payement  de  pareille  somme. 

Archives  de  Aleurihe-et-Mosi'lle.  B.  1818.  ^  90  v«  B,  1164,  f^  347  et  Journal  de  la 
Société  d'arfhëologie  lorraine,  1893,  p.  91. 

Savoyk  (Etienne),  quinzième  siècle,  tapissier  et  brodeur,  travaillait  de 
son  art,  à  Nancy,  en  1480,  touchait  en  cette  année  une  pension  de  six  ré- 
seaux de  blé  sur  le  cellerier  de  Nancy,  il  est  qualifié  u  garde  de  la  tapis- 
serie de  Monseigneur  le  duc.  »  Son  successeur  fut  Jacquemart  de  Tries. 

Archives  de  Meurtbe-et-Moselle.  B.  7553. 

TorNT  (Henry),  dix-huitième  .«siècle,  tapissier  de  cuir  doré,  originaire  de 
Nancy,  y  eut  un  fils  né  et  baptisé  le  5  octobre  1724. 

Archives  de  Nancy,  III,  530. 

Tries  (Jagquruart  ou  Jacquemin  de),  quinzième  siècle,  tapissier  de 
haute  lisse,  travaillait,  «de  son  art»  ,  à  Nancy,  en  1492.  Il  succéda,  comme 
garde  de  la  tapisserie  de  Monseigneur  le  duc  à  Etienne  Savoye;  il  fut  pen- 
sionné par  le  souverain  u  pour  cause  de  tendre  et  niectre  à  point  et  net- 
toyer la  tapisserie  du  roy  » . 

Archives  de  Meurthe-et-Moselle.  B.  756->.  ^  134  v«. 

VVauttrix  (seizième  siècle),  brodeur  et  tapissier  à  Nancy,  en  1534-1535, 
fit  des  travaux  de  son  art,  avec  David  Regnauldin  et  maître  Pierre,  pour 
deux  dais  destinés  à  la  procession. 

Archives  de  Ifeurthe-et-Moseile,  B.  1056. 


196         ESSAI   DE    RÉPERTOIRE    DES   ARTISTES   LORRAINS 


APPENDICE' 

Tapùseries  de  hautes  lisses,   de  fabrication    lorraine    ou    attribuées 
à  cette  fabrication. 

Scènes  de  T histoire  de  Moyse,  neuf  pièces  avec  la  double  croix  de  lor- 
raine comme  marque  de  fabrique  et  le  monogramme  des  tapissiers'  : 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Sur  une  de  ces  deux  tapisseries  où  Moïse 
est  envifonné  de  musiciens,  nous  remarquons  une  sorte  de  violon,  semblable 
à  Tépinette  des  Vosges,  mais  actionné  par  un  archet  très  court,  puis  un 
sistre  qu'une  musicienne  accorde  et  cnfm  un  personnage  jouant  du  tam- 
bourin sur  lequel  le  tapissier  a  eu  soin  de  tisser  des  croix  de  Loraine  or- 
nant le  fût.  Des  chanteurs  et  chanteuses  chantent  un  chœur. 

Seizième  siècle. 

Armes  de  François  de  Lorraine  et  de  sa  fennne, 

Christine  de  Dannemark. 

Et  armes  du  duc  Charles  H  et  de  sa  femme  Claude  de  France. 
D.  Von  Birk.  Vienne.  Jahrbuch.,  t.  1,  1883. 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Conquêtes  du  duc  Charles  V,  de  fior- 
raine. 

Cinq  pièces  avec  la  marque  de  fabrique  \ancy  et  les  initiales  du  tapis- 
sier C.  M.  K.  (Charles  Mittc).  Dix-huitième  siècle. 

Dans  le  milieu  de  chaque  pièce  sont  les  armes  ducales  de  Lorraine. 

3E     4^     3E  CME   4:   \A\CL  1705 

Trésor  impérial  de  Vienne .  —  Victoires  de  Charles  V,  duc  de  Lor- 
raine 

Dix-neuf  pièces  d'après  les  dessins  de  Charles  Herbel,  -}-  1702,  de  la 
fabrique  de  la  Malgrange,  près  Nancy.  Chaque  pièce  porte,  en  haut,  dans 
le  milieu,  les  armes  accolées  de  Lorraine-Orléans,  du  duc  Léopold  et  de 
Charlotte  d'Orléans,  dix-huitième  siècle. 

Inscription  :  Faict  à  la  Malgrange,  1724-1725. 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Armes  du  duc  Léopold  de  Lorraine  et 
Elisabeth-Charlotte  d*Orléans.  Treize  pit'ces,  portières,  sans  marque  de 
fabrique,  mais  marquées  du  tapissier  F.-J.  Bacor,  1719,  faites  à  la  Mal- 
grange ou  à  Luné  ville. 

F.  J.  BACOR.  k  S.  M. 

>  Bibliothèque  Datiooale.  Volumes  cotés  462  et  463.  Collection  de  Lorraine. 
'  Voir,  ci-contre,  planche  XXXIII. 


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ESSAI    DK    RÉPBRTOIRE    DES    ARTISTES    LORRAINS         197 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Sept  portières  semblables,  faites  en 
1710,  m  i^mes  si  gnàtures . 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Quatre  pièces  semblables,  sans  nom  de 
fabrique  mais  avec  les  deux  L  de  Léopold,  entrelacées. 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Arabesques,  deux  portières  faites  à  la 
Malgrange,  dix-buitième  siècle,  avec  le  même  monogramme  du  duc  Léopold. 

Trésor  impérial  de  Vienne.  —  Les  Douze  mois  de  Tannée,  dix  pièces, 
d'après  les  cartons  du  peintre  lorrain  Coclet,  faites  à  la  manufacture  du- 
cale des  tapisseries  de  la  JVfalgrange,  Nancy,  de  Tan  1728  à  1736.  Au  mi- 
lieu de  la  première  pièce,  en  haut,  sont  les  armes  du  duc  Léopold-Orléans  ; 
dans  les  autres  pièees,  on  voit  les  armes  pleines  seules  de  Lorraine  accom- 
pagnées des  deux  aigles  à  côté  de  Técusson.  En  bas,  dans  les  bordures, 
sous  des  couronnes  ducales,  sonl  les  chiffres  entrelacés,  de  lieopold,  en- 
tourés du  collier  de  la  Toison  d*or. 

Dans  Tinventaire  des  meubles  et  tapis.series  étant  <<  en  la  Gallerie  et  au 
Rond,  de  la  Cour  (Palais  ducal)  »  h  Nancy,  en  1544,  du  21  mars,  Claudine 
Boussart,  femme  de  chambre,  gardienne,  il  est  cité  comme  tapisseries,  ce 
qui  suit  : 

En  la  maison  de  Monseigneur,  à  Nancy, 

Onze  pièces  du  voyage  de  Cœsar. 

Dix  pièces,  dites  la  Neufve,  bergerie. 

Six  pièces  de  Se  ville. 

Neuf  pièces  où  sont  les  espées  (à  Tarmurerie)  ? 

Onze  pièces  de  pensées. 

Huit  pièces  où  sont  les  fontaines. 

Neuf  pièces  du  prince  des  Perses. 

Onze  pièces  où  sont  les  cygnes. 

Huit  autres  pièces. 

Huit  pièces  de  Tétat  de  noblesse. 

Dix  pièces  de  Carbanne  (?) 

Six  pièces  où  sont  les  sept  péchés  mortels. 

Sept  pièces  de  l'empereur  Tragent  (Trajan) . 

Huit  pièces  de  l'Empereur  Julianus. 

Treize  autres  pièces. 

Six  pièces  d'Esther. 

Neuf  pièces  de  banqueiz. 

Vieilles  tapisseries. 

Huit  pièces  de  gens  d'armes  (guerriers). 
Une  pièce  croix  de  Jérusalem. 


108         ESSAI   DE    RÉPERTOIRE    DES   ARTISTES    LORRAINS 

Vingt-trois  pièces  de  tapisseries  de  «  mesme  verdure,  tant  grandes  que 
petites,  compris  deux  qui  présentent  Notre-Dame-Marie  r . 
Huit  pièces  de. cadrans? 
Treixe  pièces  de  Janine  Verdure. 

Inventaire  des  partages  du  duc  Charles  II,  le  2^  janvier  1606. 

Tapisseries  :  Histoire  de  Pluton  et  de  Proserpine,  tapisserie  de  haute 
lisse,  en  soie  rehaussée  d'or  et  d'argent. 

Dix-huit  pièces  de  tapisseries  de  Thistoire  dç  Moyse  ^  u  dix  pièces  de  tapis- 
serie de  haulte  lisse,  de  Thistoire  de  Mo]|fse  avec  deux  devants  faicts  de  soye 
rehaussée  d*or  et  d'argent.  La  bordure  large  et  plusieurs  figures  rehaussées 
de  mesme  et  au  fond  d'or.  Tout  le  tour  desdite^  bordures  faitan  en  tortil  de 
feuillages  et .  les  dites  sur  un  b&ton  de  soye  cramoisy,  et  près  des  dittes 
sont  les  armoiries  de  S.  A.  Madame  de  Danemark,  de  Son  Altesse  et  de 
feue  Madame.  » 

Douze  pièces  de  haulte  lisse  où  sont  les  douze  mois,  emplies  de  gro- 
tesques, faictes  de  soye  rehaussée  d'or  et  d'argent.  Les  fonds  de  soye  cra- 
moisyv  la  bordure  d'argent  au  fond  d'or  avec  plusieurs  sortes  de  fruicts 
rehaussés  de  soye. 

Sept  pièces  de  tapisserie  où  est  l'histoire  de  saint  Paul,  faicte  de  soye, 
rehaussée  d'or  et  d'argent  à  un  bord  large  couvert  d'abondantes  plantes  et 
fruicts  et  tenus  par  petits  enfans. 

Neuf  pièces  de  tapisserie  où  est  l'histoire  d'Alexandre  le  Grand.  Les 
figures  rehaussées  d'or,  d'argent  et  de  soye,  au  fond  de  soyejaulne  avec  des 
figures  rehaussées  d'or,  argent  et  soye  avec  plusieurs  fruictages. 

Dix  pièces  de  tapisseries  de  haulte  lisse  de  l'histoire  d'Abraham,  re- 
haussée de  soye,  d'argent  avec  bordures  de  mesme  au  fond  d'icelles  sont 
deux  escussons  aux  armoiries  de  Mgr  le  cardinal  de  Vaudémont. 

Neuf  pièces  en  tapisseries  d'or,  de  haulte  lisse  de  l'acte  des  apostres,  re- 
haussées de  soye  à  larges  bordures. 

Une  tendue  de  tapisserie  de  haulte  lisse  restant  des  six  tendues  que  le 
S'  Novua  a  été  chargé  d'achepter  au  pays  de  Dar,  en  l'an  1598. 

Six  pièces  de  tapisseries  de  haulte  lisse  restant  des  six  tendues  de  hauteur 
et  longueur  provenant  du  château  de  Pulnoy. 

Sept  autres  pièces  de  tapisseries  de  haulte  lisse  de  trois  aulnes  et  douze 
de  hauteur,  forêts,  jardinages  et  chasses. 

Puis  des  tapisseries  qui  sont  citées  dans  les  documents  spéciaux  k  la 
broderie  et  ornées  de  chardons  et  châtaigniers,  emblèmes  du  duc  René  H  et 
de  sa  femme  Philippe  de  Gueldres. 

'  Voir,  ci-contre,  planche  XW IV. 


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COLLECTION   DE  TABLEAUX   Dt   CHEVALIER  DE  TARADR      199 


LA  COLLECTION  DE  TABLEAl  X 

DU  CHEVALIER  EMILE  QE  TARADE 

M.  de  Tarade,  Gilbert-Philippe-Emile,  né  à  Moulins  (Allier)^ 
le  2  messidor  an  VIII,  était  un  amateur  éclairé;  aussi  avait-il 
réuni  en  son  château  de  Belleroche,  près  d'Amboise,  une  impor- 
tante collection  composée  de  plus  de  trois  cenis  tableaux,  de  gra- 
vures et  de  quelques  objets  d'art. 

En  mai  et  août  1873  et  en  mai  1874,  M.  de  Tarade  el  Madame, 
née  Gautier,  qui  n'avaient  pas  d'enfants,  offrirent  au  Musée  de 
Tours  quarante-sept  tableaux,  deux  marbres  et  un  ivoire,  à 
choisir  dans  leur  collection.  Mme  de  Tarade  mourut  en  1876  et, 
en  1879,  son  mari  épousa,  en  secondes  noces,  Mlle  Anne  Limousin, 
ij'année  suivante,  le  18  avril  1880,  M.  de  Tarade  décéda  à  son 
tour,  âgé  de  quatre-vingts  ans,  laissant  sa  femme  enceinte  et,  le 
10  décembre  de  la  même  année,  naquit  Emile-Jacques  de 
Tarade. 

C'est  à  la  suite  de  cet  événement  que  Mme  Anne  Limousin, 
veuve  de  M.  de  Tarade,  agissant  en  son  nom  personnel  comme 
commune  en  biens  avec  son  défunt  mari,  comme  donataire  d'un 
quart  en  toute  propriété  et  d'un  quart  en  usufruit  des  biens  meu- 
bles et  immeubles  de  la  succession  de  M.  de  Tarade,  et  aussi 
comme  tulrice  naturelle  et  légale  du  mineur  Emile-Jacques  de 
Tarade,  son  fils,  adressa  au  tribunal  de  Tours  une  requête  ten- 
dant à  l'annulalion  de  la  donation  faite  en  J873  et  1874,  par 
M.  et  Mme  de  Tarade-Gautier.  Le  tribunal  fit  droit  à  la  demande 
de  la  veuve  el  rendit  le  jugement  dont  la  teneur  suit  : 

a  Jugement  du  5  juillet  1881 , 

a  De  Tarade  contre  Ville  de  Tours. 

tt Déclare  nulles  et  de  nul  effet,  pour  cause  de  survenance  d'en- 
fant légitime,  (ou tes  les  donations  de  tableaux  et  autres  obj(*ts 


'iOO  l.\    GOLLRCTION    I>E    TABLEAUX 

d'art  faites  à  la  ville  de  Tours  pour  son  musée  par  de  Tarade  avec 
<ou  sans  le  concours  de  Mme  de  Tarade-Gautier,  en  mai  et  août 
«873  e!  en  mai  1874; 

t(  En  conséquence,  ordonne  qne  les  statues  d'Achille  ou  de 
Mars,  le  buste  en  n^arbre  de  Chaptal,  par  Chaudet,  la  gravure 
représentant  Marie-Antoinette,  le  Christ  en  ivoire  et  lés  quarante- 
qualre  tableaux  mentionnés  dans  le  catalogue  du  musée,  sous  les 
numéros  346-349-350  à  382  inclus,  385  à  393  inclus,  soient 
rendus  par  le  maire  de  la  ville  de  Tours  à  la  dame  de  Tarade- 
liimousin   en   sa  qualité  de   tutrice  d'EmUe-Jacques  de  Tarade. 

K  Dit  que  le  buste  de  Napoléon  III  et  les  deux  tableaux  repré- 
sentant une  odalisque  et  une  procession  parmi  les  pestiférés  sont 
des  objets  étant  des  souvenirs  d'affection  remis  par  le  donateur  à 
la  ville  de  Tours  et  représentant  des  sommes  modiques  eu  égard 
à  la  fortune  de  de  Tarade; 

a  Que  le  portrait  de  de  Tarade,  peint  par  Lafont,  est  un  don  de 
cet  artiste  à  la  ville  de  Tours,  et  que  ladite  ville  est  autorisée  à  le 
conserver  à  la  charge  par  elle  de  placer  dans  son  musée  les  deux 
tableaux  et  le  portrait  de  de  Tarade; 

a  Déclare  mal  fondée  la  demande  de  la  dame  de  Tarade- 
l.imousin  os-qualités  en  ce  qui  concerne  les  dits  bustes,  tableaux 
et  portrait  et  Ten  déboute  ; 

u  Condamne  Rivière,  en  qualité  de  maire  de  Tours,  -  aux 
dépens.  » 

Le  jugement  rendu  par  le  tribunal  de  Tours  présente,  selon 
nous,  un  danger  pour  l'avenir  de  nos  collections  publiques.  Qui 
osera  offrir  à  un  musée  une  collection,  un  objet  d'art,  même 
isolé,  dans  le  but  de  le  conserver  à  son  pays,  ou  avec  la  pensée  de 
donner  à  son  nom  la  juste  notoriété  qui  s'attache  à  un  bienfait? 
îV'a-l-on  pas  au  Louvre  les  collections  Thiers,  Sauvageot, 
Lacaze,  etc.;  au  Petit-Palais,  la  collection  Dutuit?  Les  voit-on 
revendiquées  au  nom  d'un  héritier,  né  avant  la  mort  du  donateur 
ou  après,  et  quittant  nos  palais?  Il  y  avait  au  musée  de  Tours  une 
salle  remplie  des  quarante-sept  tableaux  offerîs  par  M.  et  Mme  de 
Tarade-Gautier,  à  laquelle  salle  la  municipalité  reconnaissante 
avait  donné  le  nom  des  généreux  donateurs.  Eh  bien  !  le  jugement 
en  question  Ta  faite  vide. 


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DU    CHEVALIER    ÉMIL^    DE    TARADE  201 

Adieu,  lès  superbes  toiles  de  Lépicié,  la  Douane  et  le  Marché. 
Le  Louvre,  parait-il,  avait  convoité  Tune  d'elles,  la  Douane^  et 
envoyé  Tun  de  ses  représentants  pour  en  faire  l'acquisition  ;  mais, 
par  suite  d'une  erreur  qui  lui  avait  fait  manquer  l'heure  fixée 
pour  l'adjudication,  le  mandataire  de  notre  Musée  national  arriva 
trop  tard.  M.  Rague,  marchand  de  tableaux  à  Paris,  représentant 
lui-même  d'un  riche  anonyme,  en  avait  été  proclamé  adjudica- 
taire pour  la  somme  de  21 ,500  francs;  ils  en  vaudraient  aujourd'hui 
50,000,  et  c'est,  semble-t-il,  en  Belgique  qu'il  les  faudrait  cher- 
cher. Adieu  le  portrait  de  Louis  H  Elzevier^  de  la  famille  des 
célèbres  imprimeurs  hollandais  du  dix-septième  siècle  et  celui 
d'Adriana  Bosman^,  sa  femme,  les  seuls  portraits  que  Ton  con- 
naisse de  cette  grande  dynastie,  tous  les  deux  attribués  à  Van  der 
Helst,  l'un  des  peintres  les  plus  réputés,  alors,  de  la  Hollande'. 
Os  derniers  tableaux,  au  moins,  n'ont  pas  quitté  la  France;  ils 
sont  chez  M.  Fouret,  l'un  des  directeurs  de  la  maison  d'édition 
Hachette.  Cet  amateur  distingué  leur  a  donné  un  cadre  digne 
'd'eux,  22,  boulevard  Saint-Michel,  dans  son  salon  aménagé, 
spécialement  pour  eux,  dans  le  style  du  dix-septième  siècle,  d'après 
les  dessins  et  les  plans  et  sous  l'habile  direction  de  M.  Rossi- 
gneux,  architecte  à   Paris.  —  Adieu,  le  portrait  de  Mme  Bou- 

^  Veut-on  nous  permettre  de  reproduire  ici  ce  quc.\Llc  professeur  Alphonse 
U'illenis,  de  Bruxelles,  dit  de  ces  deux  panneaux,  dans  son  beau  livre  sur  les 
Elzevler  :  t  l«ouis  Ëlzcvier  était  officier  de  marine;  il  épousa,  en  1630,  Adrienne 
Bosman,  fille  d*un  bourgmestre  de  Rotterdam  et  eut  deux  enfants  de  ce 
mariage...  Louis  mourut  à  Rotterdam  en  1640.  Le  musée  de  Touré  conserve 
son  portrait  et  celui  de  sa  femme.  « 

M.  Willems  tenait  lui-même  ces  renseignements  de  M.  Anatole  de  Montai- 
glon,  qui  lui  avait  signalé  la  présence  de  ces  portraits  au  musée  de  Tours,  en 
1875,  et  qui,  sur  la  prière  de  M.  Willems,  les  avait  examinés  avec  soin,  t  On 
1rs  attribue,  disait  M.  de  Montaiglon,  à  Van  der  Helst,  mais  ils  n'en  sont  pas, 
tout  en  étant  bien  hollandais,  Thomme  meilleur  que  la  femme,  bien  conservés 
et  d'une  peinture  claire  et  blaireautée.  »  L'éminent  critique  d'art  continue  en 
doDoant  la  description  des  deux  portraits,  des  armoiries  des  deux  personnalités 
qu'ils  représentent,  et  \\.  Willems  ajoute  :  t  L'attribution  du  catalogue  dé 
Tours  est  exacte.  Les  armoiries  décrites  en  premier  lieu  sont  bien  celles  des 
Elzeviei*  ;  et  pour  ce  qui  est  de  l'autre  portrait,  M'.  Sheffer,  Farchivitte  de  Rot- 
terdam, à  qui  nous  nous  sommes  adressé  pour  avoir  les  armes  de  Iman-Hen- 
dreiksz  Bosman,  père  d' Adrienne,  nous  a  envoyé  un  croquis  eo  tout  conforme  à 
la  description  qu'on  vient  de  lire,  b 

Voir,  ci-dessus,  planche  XXXV. 

*  Voir,  ci-dessus,  planche  XX.XVI. 


292  LA    COLLECTIOX    DE    TABLEAUX 

langer',  de  TOpéra-Comique,  par  Lecœur,  séduisant  lableaa,  resté 
henreusement  entre  les  mains  de  son  acquéreur,  M.  Rossigneux 
qui  habite,  23,  quai  d'Anjou  '.  —  Le  portrait  en  pied  de  Marie  Lee- 
ztnska,  reine  de  France,  par  Charles-André  Van  Loo.  —  Le 
Ménage  de  la  mariée,  de  David  Teniers  le  fils.  —  Les  deux  por- 
traits, par  Philippe  de  Champagne,  dont  Fun  représentait  un  écbe- 
vin  de  la  ville  de  Paris.  —  Le  portrait  de  Latour  d'Auvergne,  par 
Hyacinthe  Rigaud.  —  Le  portrait  de  TÉcole  allemande,  catalogué 
par  M.  de  Montaiglon,  comme  étant  celui  de  Luther  %parHolbein, 
ce  dernier  est  à  Amboise.  Et  tons  les  autres  parmi  lesquels  se 
trouvait  un  portrait  de  femme  par  Largillièrc*. 

Quel  cas  fait  donc  la  loi  de  la  volonté  des  donateurs?  Quel  cas 
fait-elle  du  droit  qu'elle  a  elle-même  donné  au  possesseur,  d'user 
et  d'abuser  de  sa  chose,  s'il  ne  peut  la  donner  alors  qu'il  peut  la 
vendre  ou  même  la  détruire  à  son  gré?  A  quoi  bon,  se  dira-t-on, 
donner  à  la  France,  si  elle  n'est  pas  à  l'abri  d'une  semblable 
aventure?  Le  tribunal  de  Tours  a  jugé  suivant  la  loi,  c'est  incon- 
testable, les  articles  960-961-962  du  Code  civil  sont  formels;  mais 
cet  exemple,  qui  peut  se  reproduire,  ne  devrait-il  pas  inspirer  à 
nos  législateurs,  si  enclins  à  édifier  des  lois  nouvelles,  la  pensée 
de  faire,  à  ce  sujet,  un  petit  article  d'exception  ?  France  d'abord! 
L'intérêt  artistique  de  notre  cher  pays  en  vaut  bien  la  peine, 
assurément. 

En  conséquence,  étant  considéré  que  l'intérêt  de  l'Etat,  des 
départements  et  des  communes,  doit  primer  les  intérêts  particu- 
liers —  les  lois  d'expropriation  pour  cause  d'utilité  publique  en 
sont  un  exemple,  —  nous  proposons  d'ajouter  aux  articles  960- 
961-962  du  Code  civil,  l'article  suivant  :  a  962  his.  Toutefois, 
toute  donation  ou  legs  d'une  chose  ayant  un  caractère  historique, 
d'art,  d'archéologie  ou  de  curiosité,  faits  à  l'État  en  faveur  de  nos 
collections  publiques  nationales,  ou  des  .\fusées  des  départements 

'  Voir,  ci-d<*ssuus,  piaDchc  WXVII. 

*  Mous  tenons  une  grande  partie  des  renseignements  qui  précèdent  et  ceux 
compris  dans  la  note  ci-dessus,  de  MM.  Rossif^neux  et  Kouret;  nous  leur  devon.^ 
également  les  photographies  de  leurs  beaux  tableaux  qu'ils  ont  bien  voulu  non» 
autoriser  à  joindre  à  notre  mémoire.  \'Ous  adressons  ici,  à  ces  aimables  éru> 
dits,  nos  plus  sincères  et  reconnaissants  remerciements. 

'  Voir,  ri-dessous,  planche  XWVIII,  fig.  i. 

*  Voir,  ci-dessous,  planche  XXXVIII,  fig.  2. 


DU  CHEVALIKE  ÉMILR  DE  TARADE  20.^ 

et  des  villes  de  France,  ou  encore  de  nos  cx)lonies,  quelle  que  soit 
la  valeur  de  la  chose  donnée  par  une  personne  (homme  ou  femme) 
ayant  qualité  pour  en  disposer,  sera  irrévocable,  dès  qu'elle  aura 
été  acceptée  par  les  donataires,  et  ne  pourra  être  revendiquée  par 
les  héritiei*s  ou  les  tuteurs  des  enfants  mineurs  des  donateurs  ou 
des  donatrices,  ces  enfants  fussent-ils  nés  postérieurement  au 
décès  des  donateurs,  si  cette  donation  ou  ce  legs  portent  la  men- 
tion expresse  que  telle  est  la  volonté  formelle  du  donateur  ou 
de  la  donatrice.  » 

Nous  voudrions,  par  cette  étude,  tenter  de  remettre  en  lumière 
cette  importante  réunion  de  tableaux,  amassés  par  un  amateur 
très  averti,  et  qui  ne  fut  pas  appréciée,  dans  la  localité,  à  sa  juste 
valeur;  elle  contenait  cependant  nombre  de  pièces  de  grand  intérêt 
et  quelques-unes,  même,  de  haute  valeur;  mais  les  marchands  e! 
amateurs  parisiens,  plus  avisés,  ne  s'y  sont  pas  laissé  prendre^ 
comme  on  pourra  s'en  rendre  compte,  en  consultant  la  table  qui 
suit  cette  étude;  en  effet,  sur  les  trois  cent  seize  numéros  vendus^ 
un  peu  plus  du  tiers  fut  acheté  par  eux  ;  M.  Guédy,  seul,  s\*st 
rendu  adjudicataire  de  quarante-trois,  M.  Lannoy  de  seize,  etc. 

C'est  cette  collection,  dont  la  partie  la  plus  importante,  quant  à 
la  qualité  des  tableaux,  se  rattache  si  intimement  à  Thisfoirc  du 
Musée  de  Tours,  qui  fut  vendue  au  château  de  Belleroche,  les  6, 
7,  8  et  9  octobre  1881,  par  le  ministère  de  M"  Aillet,  notaire  à 
Amboise;  il  nous  a  paru  intéressant  de  la  faire  connaître  en 
publiant  le  procès-verbal  de  la  vente,  dont  nous  devons  la  com- 
munication à  l'obligeance  extrême  de  M.  Delaroche,  notaire  à 
Amboise,  successeur  de  M'  Aillet. 

Le  catalogue  du  Musée  de  Tours,  dressé  par  M.  Laurent,  le  dis- 
tingué et  regretté  conservateur  de  ce  dépôt  d'œuvres  d'art,  avec  la 
haute  assistance  de  M.  de  Montaiglon,  inspecteur  des  Beaux-Arts 
pour  les  Musées  de  province,  fut  imprimé  en  1874  (Tours,  Lade- 
vèze,  in-12  de  210  pages),  immédiatement  après  l'entrée  au 
musée  des  œuvres  données  par  M.  et  Mme  de  Tarade-Gautier  ; 
ce  catalogue  nous  fait  connaître,  dans  une  note  insérée  à  la  page 
142,  laquelle  précède  la  désignation  des  tableaux,  que  :  «  ces 
généreux  donateurs  ont  bien  voulu,  en  attendant  le  jour  où  leur 
collection,  composée  de  deux  cent  quatre-vingt-quatorze  tableaux 
et  de  divers  autres  objets  d'art,  viendra  prendre  place  au  Musée  de 


?<  4  LA   COLLECTION    DE   TABLEAUX 

Tours,  faire  hommage,  dès  à  présent,  à  ce  musée,  d'un  certain 
nombre  de  toiles.  Ces  précieux  tableaux  ont  été  réunis  dans  une 
même  salle,  à  laquelle  Tadministraiion  municipale  reconnaissante 
a  attaché  le  nom  des  donateurs.  » 

Mais,  comme  on  vient  de  le  voir,  la  naissance  posthume  d'un 
enfant  a  empêché,  non  seulement  la  réalisation  de  Tespoir  mani- 
festé dans  la  note  ci-dessus,  mais  encore  a  nécessité  la  restitution 
à  la  famille  des  tableaux  qui  avaient  pris  place  dans  la  salle  spé- 
cialement affectée  pour  eux,  au  musée,  et  leur  dispersion  au  feu 
des  enchères. 

Lors  de  la  vente,  les  toiles  restituées  ayant  été  confondues  avec 
celles  restées  à  Belleroche,  nous  avons  fait  un  tableau  dans  lequel, 
laissant  de  cùlé  la  description  trop  sommaire  du  procès-verbal, 
nous  empruntons  celle,  bien  incomplète  encore,  donnée  par 
M.  Warneck,  expert  à  Paris,  chargé  de  la  rédaction  du  catalogue 
général,  et,  dans  une  colonne  spéciale,  nous  ajoutons  les  numéros, 
la  description  et  les  attributions  qu'indique  le  catalogue  de  1874, 
fait  par  MM.  de  Montaiglon  et  Laurent,  lequel  contient  aussi  les 
dimensions  négligées  ailleurs.  On  pourra,  par  ce  moyen,  distin- 
guer les  tableaux  que  l'administration  du  Musée  avait  trouvés 
dignes  d'entrer  dans  les  collections  tourangelles. 

L'Inventaire  des  Richesses  (ÏArt  de  la  France,  pages  8-9  du 
fascicule  du  Musée  de  Tours,  donne  une  notice  bibliographique  des 
livrets  de  ce  musée  —  notice  incomplète,  du  reste,  car  l'édition  de 
1838  y  est  omise,  —  cite  pour  huitième  et  dernier  livret,  celui 
de  1881  (Tours,  E.  Mazereau,  in-12  de  131  pages)  et  ajoute  cette 
remarque  :  »  Ce  livret  est  le  seul  sur  lequel  soient  inscrits  les 
tableaux  provenant  du  legs  de  Tarade.  o  Or,  le  livret  de  1874, 
que  nous  avons  sous  les  yeux,  les  contient  également,  ainsi  que  la 
collection  Çchmidt,  dont  la  cession  fut  acceptée  le  8  avril  1874. 

Nous  croyons  devoir  signaler  et  l'omission  du  livret  de  1838  et 
cette  petite  erreur,  laquelle  intéresse  la  collection  dont  nous  nous 
occupons,  ces  petits  catalogues  étant  devenus  rares  aujourd'hui. 


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PRXI 


TAnLKAUÎt 


160 


20 


21 


31 


91 

245 

33 

10 
10 

525 

51 
1   516 


384.  Titien  (TiiiaooVBCRLU, 
dit  le).  Une  procession 
au  milieu  des  pestiférés. 
(Copie,   école   it'iienne.) 


361.  Armide  dans  la  forêt. 
—  Armide  avec  ses  fem- 
mes. Des  hommes  com- 
battent dans  le  fond. 

H.  1",30.  —  L.  1  mètre. 


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40 


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d'âpre  \t  Caiëiu^un   do    Uui?^, 


383.  Titien  (Tiiiano  \  k- 
GBLLi.  dit  le).  Une  oda- 
lisque. 


392.   Portrait    d'un    prêtre 

espagnol. 
H.  0™.85.  —  L.  l«»,6f). 

357.  Hkkm  (David  il).  Na- 
ture morte.  Des  fruits, 
uu  verre  antique,  une 
montre,  etc. 

H.  0™,67.  —  L.  0»,5(). 

352.'Chaup.<iignb  (Philippe 
db)  Portrait  de  Dagues- 
seau. 

H.  1"  32  —  L.  0-.92 

367.  MiCMAi:  (Tli^obald). 
16*5-1765.  Un  paysage 
avec  un  grand  nombre 
de  figures.  —  Au  premier 
plan  sont  assis  trois  per- 
sonnages et  un  enfant; 
dans  le  fond,  un  bateau 
à  voiles. 

H.  0",20.  —  L.  0",18. 


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ABLEÂUX 


4.I8S 


L«urt  auBCiot,  dé«igDatioat 

et  attribolioM 

d'aprèt  le  CaUlogna  en  Mutée, 

édifion  de  1874 


358.  Hklst  (V\\  i»bb).  Por- 
trait de  Louis  EliPiior. 
(Sur  panneau.) 

H.  0'».7-2.  —  L.  O.-eo. 

359.  Hklst  (Vav  dm).  Por- 
trait d'Adriana  Busman, 
femme  de  Louis  Blscfier. 
(Sur  panneau.) 

H.    O-.TS.    —    L.    C^.GO. 


368.  MikhKvklt  (1567- 
1641).  Portrait  de  la 
femme  de  l'amiral  Trump. 
Le  personnage  e.^t  orné 
d'une  guipure  et  de  deux 
rangs  de  perles  ajustées 
sur  l'épaule  gauche. 

H.  0«,55.  —  L.  0-.45. 


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388.  Tisio  (Garofuno).  Ecole 
italienne.  Portrait  de 
l'antenr  peint  par  lai- 
même.  Il  est  représente 
jonant  d'no  instmm'  nt 
appelé  la  théorbe. 

H.  0-.62.  —  L.  0-.-46. 


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372.  Rapiurl  (attribué  A). 
La  Vierge  à  la  pomme. 
Attribue  à  Raphaël,  mait 
assurément  l'œuvre  d'un 
de  ses  ëlèies,  peut-être 
du  flamand  Van  Orley. 

H.  0-.36.  —  L.  0-.28. 

369.  MiuJMON  ou  lfi.\ju.\- 
(Abrabam). Nature  morte. 
Kruits,  coquillages,  in- 
sectes. 

H.  0-64.  —  L.  0-,45. 

389.  Vlibt  (Jean-Georges 
•  Vunder).  Ecole  hollan- 
daise. Né  à  Deift  en  1610. 
Portrait  de  femme.  Une 
guipure  et  une  chaîne 
d'or  ornent  son  cou. 
H.  0-,69.  —  L.  0-.56. 

371.  Nker  (VâN  dbr).  Pay- 
sage,   Un    lever   de   so- 


14 


^ÉS^Î-^^^^^^^^^*^  ^ 


210 


LA    COLLECTION  DE  TABLEAUX 


S9«  5 

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TARI.RAUX 

DétlCRATIOXS  ÏT  ATT«l»lTIO«« 

d'âprrà  le  Cttalogne  général  de  U  tente 

KOMJI  RT  ADRXSSRS  ORS  .«OQORRRVRS 

PRIX 

OSTIROS 

TARLKAUX 

RRSTITOiS  tAti  LR    UV*H 

et  attribotioBs 

d'apré*  le  Catalogoe  da   Miiiée. 

ëditioB  de  1874. 

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Fraori. 
4.886 

der  Xeer.    A'  M.    Brtrd.    de    Tourg, 
pour 

200 

leil   dans    les    Pays-Bas. 
H.  0-.34.  —  L.  0",27. 

55 

62 
64 

Paysage,  d'après  llerghem.   A.    M.    Bes- 
nard.  d'Orléans 

52 
60 

56 

Paysage.  EfTet   de  neige,  de  Molrvakr. 
A  U.  Cuëdy,  peintre,  à  Fontcnay-aui- 
Roses,  près  Paris,  pour 

51 

65 

Le  joaeur  de  lielle.  d'après  A.  OsUde. 

43 

66 

Le  joueur  de  vinlon,  d'après  A.  Ostade. 
A  M.  Mansault,  de  Loches,  pour 

58 

20 

Paysage  aiec  chute  d'eau.  Ecole  hollan- 
daise, par  RouBOUTS,  signé  du  mono- 
gramme J.  R.  A  M.  Brard,  de  Tours, 

pour 

265 

376.  Ri'viDARL  (Jacques). 
Paysage.  Cascade,  ro- 
chers, deui  fabriques 
sur  la  hauteur. 

H.  0'»,36.  —  L.  0-.26. 

50 

30 

Paysage  agreste  :  à  droite,  trois  hommes 
couronnés    de   feuillages,    atlribné    à 
Saltator  Rosa.  A  M.  Chénier  du  Chêne, 
au  châteab    de   la    Roche,  à   Chargé, 
pour 

50 

378.  Saltator  Ross.  Pay- 
sage arec  figures.  Dans 
un  lien  sauvage,  trois 
hommes,  dont  inn  cou- 
ronné de  feuillages,  ani- 
ment le  c6tè  droit  du 
Ubieao. 

H.  0™,50.  —  L.  0",39. 

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138 

Paysage.  Soleil  couchant.  Signé  :  Pili.e- 

UKXT. 

130 

Paysage.  Effet  du  matin.  Joigne  :  Pille-j 
UKXT.  A  M.  Cahen,  27.   rue   de    Mau-\ 
bengir,  i  Paris,  pour 

►         81 

- 

til 

142 

Reptiles,    papillons,    mousse,    par   Otto 
MAKC8LLI8.  A  M.  Remy  Pathault.  d'Am- 
hoise.  pour 

60 

0-2 

143 

Génies  et  fruits.   Bon  tableau  décoratif 
Ecole   flamande.    A   M.    Lannoy.    14, 
rue  Lafajetle,  i  Paris,  pour 

229 

t>3 

144 

Portrait  présumé  de  Louis  XIV.  genre 
Rigaud.  A  M.   Du  Chèue,   chèlean  de 
la  Roche,  Chargé,  pour 

107 

64 

140 

Paysage,  site  italien.  Signé.  Gérard Hobt 
.-1  reporter. . . 

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TARLEAUX 
jusnni»  PâR  ut  uvUk 

L«an  Danérai,  défignalioM 

•t  attribalioM 

d'après  le  Catalogne  da   Moeëc, 

édilluk  dp  ]ftl4 


362.  Lbgobiir.  Portrait  de 
Mme  Boulanger,  actrice 
de  rOpëra-Comique. 

H.  0».45.  —  L.  0-,37. 


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Mon- 

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.  à  Paris. 


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165 


81 


122 


524 


313.  Rtuiitu^DT,  Vas  Uiin. 
Portrait  de  Rembrandt, 
peint  par  lai-même.  Il 
tient  un  chapean  d'une 
main  et  appoie  l'autre 
•ur  ta  hancne. 

H.  1  mètre.  ~  L.  0-.84 


370.    II0.VNOVBR    (B.).    Un 

vase  avec  dei  flenrs. 
H.  1  mètre.  —  L.  0».84. 


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353.  Chaupaigxb  (Ph.  dk). 
Portrait  d'un  magistrat. 
Le  personnage  est  lélu 
d'une  robe  rooge  et  porte 
un  col  plat  carré  en 
mousseline. 

H.  0™,43.  —  L.  O-'.Sô. 


354.     Ciivp.     tu     cavalier 

suivi  de  chiens. 
H.  0".72.  —  L.  0™,5G. 


301.  Auteur  inconnu.  Co- 
pie de  la  Galatée  de  Ka- 
phaël. 

H.  0»,50.  —  L.  0«>,40. 


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LA    COLLECTION    DE    TABLEAUX 


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52 


53 


35 


40 


81 


88 


94 


95 


67 


TAHLKAtX 

DisicHâTtoRs  rr  âmum-non 

d'après  le  CaUlogaf  géaénl  4«  U  rrate. 

KO»  tr  ADMttia  on  aoqoésxou 


Report. 


PRIX 


3.610 


Un«  cour  de  dootne,  par  LIsFicii,  1775. 
Ecole  françaife. 


Un  marché  de  ville,    par  Lkpicik.  1778.^21.500 

Ecole  française. 
A  M.  Bague,  nie  de  la  Chanisëe-d'Antin 

k  Paris,  pour 


Portrait  de  Louis  de  t<a  Tour  d'An- 
vergne,  lieutenant  général  des  armées 
du  roi,  en  armure  et  plus  d'à  mi- 
corps.  H.  RiG.%UD.  A  II.  Lannoy,  14, 
rue    Lafayetle.    à  Paris,  pour 


Portrait  d'un  peintre  devant  son  cheva- 
let. Atlribué  à  Largillière.  A  M.  War- 
neck,  83,  rue  Itfeuve-des-Petits-Champs, 
à  Paris,  pour 


Portrait  de  femme.  Signé  et  daté  :  G 
SpKOVG,  1642.  A  M.  Warneck.  83,  rue 
Neuve-des-Petits-Cliamps.   pour. . . . 


Paysage,    rochers,    scène    de   brigands, 
genre    Salvator    Rosa.    A   M.    Cuédy, 

Peintre    à    Fontenaj-aux-Koses,    prés 
aris,  pour 


Vase  de  vermeil,  avec  des  fruits.  Signé  : 
W.  Kalk.  a  m.  Delarbeyrette,  43,  rue 
de  Provence,  Paris,  pour 


Portrait  de  Guillaume,  stalhouder  de 
Hollande,  en  cuirasse,  avec  l'ordre  de 
l'éléphant  en  sautoir.  Signé  et  daté  : 
Const.  Nktschkr.  1708.  A  M.  Lanuoy, 
14,    rue    Lafayette,  P«ris,  pour 


Le  Festin  des  dieui.  Signé  du  mono- 
gramme :  R.  A.  B.  A  M.  fierruet,  de 
Tours,  pour 


1.400 


TABLKAUX 

RUTlTOiS  rA&  LC  UOSltK 

Lm»  BBinérM,  détigoalioM 

et  eCtributioBe 

d'aprèi   le   Getalogae  da  lla»ée. 

éditiuB  de  1874. 


485 


310 


140 


960 


500 


200 


A  reporter 29. 105 


365.  LKnciK  (\icoIas-Ber- 
nard).  Une  douane. 

364.  LipiciR  (Nicolas-Ber- 
nard). Un  marché. 

Le  premier  :  U.  1">.61.  — 
L.  0-,98. 

Le  second  :  H.  I",68.  — 
L.  0»,98. 

374.  RiGALO  (Hyacinthe). 
Portrait  du  duc  d'Evrcux, 
La  Tour  d'Auvergne. 
Ce  portrait,  gravé  par 
Schmidt,  figure  dans 
l'œuvre  de  Rigaud  et  il 
existe  au  Louvre  un  des- 
sin de  la  main  qui  tient 
le  bAton  du  commande- 
ment. 

H.  1»,23.  —  L.  0-,95. 

375.  RiG/io»  ^attribué  à). 
Portrait  de  l'auteur. 

H.  1  mètre.  —  L.  0",74. 


I 


DU    CHEVALIER   EMILE    DE   TARADE 


217 


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34 


68 


295 


172 


43 


42 


TABLEAUX 

DiSI0XATIO\S    LT   ATTRIROTIOX»      ^ 

d'aprèfl  l«  Catalogo«  général  dt  U  trente. 
KOMt  rr  AfiMuis  DM  aooc'keobs 


JUport. 


Portrmil  de  femme,  par  LABiiiLuàsi.    A 
M.  A.  Gabcfto,  d'Amboite.  pour... 


Portrait  d'homme,  en  butte,  tenant  un 
livre.  Ecole  âamande,  «eiiième  siècle 
A  M.  Gabeau,  d'Amboise,  pour 


Le    porle-ëtendard.  attribué  à  Grimou, 

Castiche  de  Rembrandt.  A    M.    Delar- 
eyrette,  43,  rue  de  Provence,  à  Pa- 
rla, pour 


Portrait  en  pied  de  Marie  Lecsinska. 
femme  de  Louis  XV.  en  costume  royal 
Ecole  française,  d'après  Carie  Vai 
Léo.  A  M.  Alibert,  38.  rue  La  Roche 
foucaold.  à  Paris,  pour 


PRIX 

otmos 


Francs. 
29.105 

130 
185 


315 


200 


294  Portrait  de  femme.  Ecole  de  Nattier.  A 
M.  Lanooy,  14.  rue  Lafayette,  k 
Paris,  pour 


Portrait  de  jeune  fille,  manière  de  Gri- 
mou. A  M.  Faisan.  58,  rue  de  Chà- 
teaudun,  à  Pans,  pour 


Le  jeune  dessinateur,  grandeur  natu- 
relle, par  Grimou.  A  M.  Faisan,  58, 
rue  de  Châteaudun,  à  Paris,  pour. . .  . 

Portrait  d'homme,  attribue  a  Largillière. 
A  M.  Faisan,  58,  rue  de  Chèteaudun, 
k  Paris,  pour 


Portrait    d'homme.    Fcole    française.   A 
M.  Uansault,  de  Loches,  pour 


Paysage.  Entrée  d'une  ferme  avec  porte 
crénelée.    Erole  hollandaise.    Signé 
V.  G.  (VA.<«Goiii.M).  A  M.  Picard,  d'Am 
boise,  pour 


Halte  k  l'hAtellerie,  composition  k  la 
Wouvermaa.  Signé  :  J.  Bkrckhrvdr.  A 
M.  Brard,  rue  de  Buffon,  à  Tours, 
pour 

A  reporter 


400 


165 


275 


75 


20 


166 


410 
31.446 


TABLEAUX 

RtSTHUis  PAR  LK  MO&il 

Laon  anaérufr,  déiigaalloat 

et  attriboUoaa 

d'apréi   la   Cattlogaa  da  Mo>é«, 

édition  da  1874. 


360.  HoLBBiN.  Portrait  de 
Luther:  il  lient  la  Bible. 
(Bois.) 

H.  0-,45.  —  L.  0«,34. 


366.  Loo  (Charles-André). 
Portrait  de  Marie  Lec- 
sinska, reine  de  France. 
La  reine  porte  la  main 
vers    Èê     couronne.     Ce 

Portrait   est   gravé   dans 
œuvre  du  maître. 
H.  1",28.  —  L.  0-,96. 


356.  G01B.V  (Va.\).  Paysage. 

Ce  tableau  est  gravé. 
H.  1  mètre.  —  L.  0".65. 


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31.446 


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TABLKilLY 

■mmiite  r\M  li  moi 

l<evrt  naaéfM,  déiigMtioo» 

«1  attriboiiom 

d'aprèi  le  CaUlagae  da  Matée. 

éâktitm  de  1874. 


110 


45 


315 


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387  et  388  Virvkt  (Claude- 
Joseph).  Le  premier  :  ma- 
rine, clair  de  lune;  le 
second  ■  marine,  soleil 
levant.  (Deux  pendants 
de  chacun.) 

H.  0-,30.  —  L.  0'»,30. 


380.    Tk.mkrs  (Da»id)  fils. 
Le  joueur  de  cornemuse. 
H.  0»,25.  —  L.  O^.aO. 
Ce  tableau  est  gravé. 

390.  Wattk.«  (Jean-An- 
toine).  La  toilette  de  Vé- 
nus. 

H.  0.-21.  —  L.  0»,17. 


379.  TKNihRS  (David)  fils. 
Le  ménage  de  la  roarirc. 
Le  peintre  et  sa  famille 
figurent  sur  le  premier 
plan.  Téniers  porte  une 
canne  à  la  main.  Au  se- 
cond plan,  des  personnes 
apportent  divers  objets  de 
ménage.  Dans  le  fond,  ou 
signe  le  contrat  et  la  dot 
est  comptée  devant  la 
mariée  elle-même,  parée 
d'une  couronne  ;  plus 
loin,  les  cuisiniers  ap- 
prêtent le  repas. 

H.  0'».70.  —  L.  0-.42, 


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TARADE 


210 


TlPLKAl'X 

Leun  naméroi,  détigoationt 

et  attribatiou 

d'aprèf  le   Catalogue  dv  Mnc^v, 

édition  da  1874. 


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340.  Bfi.iirwBR  (Adrien).  L'n 
buYeiir,  il  tient  un  verre 
et  un  pot  de  grès. 

H.  0'»,50.  —  L.  0»,38. 

351.  Brkughkl  (attribué  i). 

La  vendange  et  la  récolte 

de»  pommes. 
H.  0«»,41.  —  L.  Q^,b2. 

381.  TiTiKX  (Tiziano  Vk- 
CKi.u,  dit  le).  Portrait  de 
Spagnoli,  général  des 
Carmes. 

H.  0",50.   —  L.  0«'.33. 


386.  Vaxxi  ou  Va.wiis,  le 
chevalier  François  (at- 
tribué à).  Ecole  ita- 
lienne. Triomphe  de  la 
Vierge.  La  Vierge,  dans 
un  nuage,  tient  l'Enfant 
Jésus  Plusieurs  saints 
.^ur  le  devant.  Dans  le 
coin  à  gauche,  un  enfant 
tient  un  modèle  en  re- 
lief de  la  cathédrale  de 
Sienne. 

H.  0™,36.  —  L.  0-.23. 


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220 


LA   COLLECTION    DE    TABLEAUX 


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19 


20 


37 


254 


233 


234 


44 


140 


297 


168 

et 

160 

75 


241 


91 


TARLEAUX 

ofeiGSATioM  rr  âTTBiMrnon 

d'tprèt  le  G«Uli>g«e  général  dt  U  venlv. 

Kom  rr  aurkssrs  dii  acquérbors 


Report 

M.  Guëdy,  peintre,  à  Fontenay-anz- 
Roses,  près  Paris,  pour  95  francs.  (Ce 
numéro  a  ëtë  biffe  sur  le  catalogue  de 
la  vente.) 

Génie  de  l'Architecture.  6gnre  allégo- 
rique. Ecole  de  Boucher.  A  M.  SaJo- 
mon,  65,  cité  des  Bains,  à  Paris, 
pour 

Danse  de  Bohémiens.  Ecole  italienne.  A 
M.  Lagarde,  d'Orléans,  pour 

Paysage.  La  Vendange.  Vieille  école  fla- 
mande. \  ]Ll.  Brard,  rue  de  Buffon,  à 
Tours,  pour 

Fleurs.  Ecole  italienne.  A  M.  Guédy. 
peintre,  k  Pontenay-aux-Roses.  près 
Paris,  pour 

Vase,  avec  des  fleurs,  tulipes,  roses,  etc. 
Ecole  française  A  M.  Deslys,  de 
Tours,  pour 

Portrait  de  femme.  Ancienne  école  bol- 
landaise.  A  Mme  Dupré,  de  Tours, 
pour 

Paysage.   Clair  de   lune   sur   un    canal, 

Senre  Van  der  Keer.  A  M.  le  docteur 
Icunier,  d'Amboisc,  pour 

Paysages  avec  personnages.  A  Mme  Pes- 
lys,  de  Tours,  pour 

Un  intérieur.  A  M.  Pic-Paris,  à  Pocé. 
pour 

Portrait  en  pied  de  jeune  enfant  dans 
nn  parc.  Ecole  hollandaise.  A  M  Ca- 
hen,  27,  rue  de  Maubeuge,  à  Paris 
pour 

Partie  galante  dans  un  parc.  Ecole  de 
Hais.  A  Mme  de  Tarade,  château  de 
Belleroclie,   près  Amboise.  pour 

:l  reporter. ...,, 


PRIX 


Fraoes. 
333 


60 


50 


40 


165 


50 


105 


218 


60 


61 


410 


1.607 


TABLRAIJX 
aasTinis  pab  lk  aiistfa 

Lean  Mmércw.  désigutioM 

«t  •ttribotiou 

d'aprii  !•  C«latoga«  da  Masée. 

éditioa  d«  1874. 


3Ù3.  Lbuoinb  (Jacques).  Le 
génie  de  l'Archîtectare. 
11  a  près  de  lui  un  por- 
tefeuille et  tient  un  com- 
pas. 

H.  0".55.  —  L.  0-.40. 


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TARADE 


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80 

40 

183 

41 

161 

42 

134 

43 

182 

4% 

270 

45 

278 

TABLEAUX 

oincxiirivvs  rr  AmitcTioKs 
4'cprit  >•  CaUlogiM  géDéral  de  la  vent». 

sont    IT  ADHSMU   DU   AGQtJUtOlia 


PRIX 

OITIXOS 


Report 

Un  cbefftl  bUnc  et  des  penonnAges  au- 
tour, manière  de  Berghem.  A  U.  Guëdy, 
à  Fonlenay-aux-Roses.  pour 

Place  publique  en  Hollande,  par  Gas- 
KiBi^.  A  M.  Remy  Pathault,  d'Am- 
boise,  pour 

Un  atelier  de  peintre.  Signé  :  V\k  dbr 
Laxb  a  m.  Delarbeyrette,  43.  rue  de 
Provence,  i  Paris,  pour 

PAytAge  et  AnimAux.  dAns  la  mAnière  de 
Berghem.  A  M.  Guëdf,  peintre,  à  Fon- 
tenAf-Aux-Boses,  pour 

Une  bAtaille.  Ecole  flAmande.  A  M.  Taî- 
nier,  commAndAnt  de  gendArmerie,  à 
Tours,  pour 

Portrait  de  femme.  Ecole  hollAudÂise.  A 
Mme  Dnprë,  de  Tours,  pour 

Tète  d'expression,  d'Après  Greuie,  copie 
Ancienne.  A  M.  ChAtou,  de  Tours, 
pour 

Tête  de  jeune  fiUe,  attribuée  à  DauIou, 
A  M.  SérAp,  285.  rue  SAint-Honoré, 
à  PAris,  pour. .  .• 

Jésus  chex  KfArthe  et  MArie,  d'après  Ru- 
bens  et  Breugbel.  A  If.  Salomon.  65, 
cité  des  Bains,  à  Paris,  pour. 

Portrait  d'homme  tenant  son  enfant. 
Ecole  française.  A  M.  Ghénier  du 
Ghéne.  chèteau  de  la  Roche,  Chargé, 
pour 

Intérieur  d'une  cour.  Signé  :   Th.  Wick 

et  fait   à   la  P.   de  Hoog.  A  Mme  de 

TArAde,   au    châteAu    de    Beileroche, 

'  près  Amboise.  pour 

Cn  intérieur,  pAr  Liiibrrcht.  A  U.  Gué- 
dy,  k  FontenAy-Aux-Roses.  près  pAris. 

pour 

A  reporter 


Fr*DCs. 
3.039 


22 


142 


80 


25 


82 


40 


201 


16 


305 


60 


4.290 


TABLEAUX 
usitTOis  rai  ut  uvtiM 

Lturt  Bomèros,  détigaalums 

0t  «KnlHitioDe 

d'après  le  Catalo^va  do  Moade, 

flditioD  da    1814. 


348.  Bkrkbidk.  Un  cAVAlier 
monté  sur  un  che?Al 
blAuc,  fAît  SAngler  sa 
monture. 

H.  0«,43.  —  L.  0-,34. 


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377.  Ri'vgoâBL.  Une  ber- 
gère, au  premier  plao, 
conduit  son  troupeau, 
lointains  étendus. 

H.  0".64.  —  L.  0«,61. 


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PRIX 

OBTI.V0S 


Fraact. 
5.235 


33 

76 

125 
102 

34 

120 
100 


910 
6.735 


TABLKArX 

RESTlTtnte  tAH  LK   VOS^B 

Léon  naméroi.  dMfiiAtiaDt 

et  attribofloB» 

d'apré*  le  Catalogue  do   yuiée. 

fditio«   de    1ST4. 


396.      Chaidit. 

Bnsto   de  ChapU)   (inar 
bre). 


(Signé 
pUl   (mai 


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22 

167 

23 

164 
239 

240 
235 

237 

196 
198 


TAPLEAUX 

DiutlGXATIOXS   rr   A1THIBDTI0\!I 

(raprèf  le  C«talo<jur  général  de  la  tente. 

KOHS    RT    ADRbWlJ»    tttS   ACOUMKOIIS 


PRIX 

OIITK.\D!( 


I^fport 

Le  liallcbardier.  Signé  .  L.  V. 

La  sentinelle.  Signe  :  L.  M.  / 

A    M.  Chaton,  rue  Bonaparte,    à   Tours. ^ 

pour ' 

Paysage.  Ecole  nsoderne.  A  M.  Sondée, 
à  Malvau,  près  Amboise,  pour 

La  Sainte  Famille.  Ecole  du  Poussin.  A 
Il  Sanzéat,  de  Blois,  pour 

L'abreuvoir.  E.  H.  A  M.  lUi  Chêne, 
au  château  de  La  Roche,  Chargé,  pour 

Scène  Watleau,  non  cataloguée.  A  IM.  Si- 
rop, 285,  rue  Saint-llonoré.  Paris, 
pour 

Un  paysage,  non  catalugué.  A  M.  Remy 
Patbault.  d'Aniboise,  pour 

Paysage  Ecole  flamande.  A  M.  Brard 
de  Tours,  pour 

La  Vierge  présentant  le  sein  à  l'Enfant 
Jésns.  École  française  du  dix-sep- 
tième sircle.  A  M  Guiot,  d'Ambois«>, 
pour 


Franc» , 
573 


5* 


Télé   de  jeune   fille.   Ecole  moderne    A 
M.  Gttiot,  d'Amboise,   pour 


Aleiandre  chez  Apellc,  attribué  à  Per- 
rier.  A  .\1.  Guédy.  à  Fontenay-aux- 
Roses,  près  Paris,  pour 


La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus,  peinture 
sur  cuivre.  Ecole  flamande,  dix-sep- 
tième  siècle.  A  M.  Tuppin,  d'Am- 
boise, pour 


Paysage,  pont  rustique,  cascade,  par 
PiLLBUK.\T  A  M.  Bontemps,  d'Am- 
boise, pour 


La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  endormi. 
Ecole  française.  A  M.  Chénier  du 
Gbénc,  château  de  La  Roche.  Chargé, 
pour 

A  reparler 


32 


150 
37 
31 


15 


28 


46 


4] 


67 
1.171 


TABLEAUX 

RKSTITDéS   FAH    LK    ULSKK 

Leort  uomëroB,  déalgnationc 

et  altribulloDa 

d'apréa  le  Catalogoe  do  Muaée, 

édition  de  1874. 


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TABLKALX 

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d'aprti  )e  Ctlkl^igtir  dd  UaiM, 
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Là  COLLBCTIOV   DE  TABLEAUX 


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J*<frit  l«  Catalo^M  fésénl  4«  U  vMto. 

nux 

Mme* 

TABLBALX 
•nmvés  rta  u  wntix 

4'apm  le  C«talogK  4«  Mn^. 
éâilMw  èm  1874. 

i'  W4l 

Htport 

Fraacs. 
4.339 

05 

Oeni    griforcf    encadr^et.    A   Mine  de 
Tarade.  bhàteao    de   Belleroche,   prèi 
Amboiae  (noo  calalognëei).  pour 

50 

m 

Deui    gravurei    encadrëes.   A  Mme .  de 
Tirade,   cliAteau   de   Bellerocbe.  près 
Amboiiie  (non  catafogu^es).  pour 

41 

0- 

Deiii    gratures    encadrëei.   A   M.    Jean 
UiDOtle.  d'AoboUe  (non  caUlojnëet). 
p9ur 

25 

98 

Dcui  gravures  encadrées.  A  Mme  de  Ti- 
rade, château  de  Belleroche,  près  Am 
boise  (non  cataloguées),  pour 

26 

• 

90 

Deui    ffravures    encadrées   :    Plies    fla- 
nindes.  A  M   Chitou.  rue  Bon%parte. 
à  Tours  (non  ciUloguées),  pour 

11 

HN) 

Le    Christ    mort,     dessin     encadré      A 
Mme  de   Tarade,    château   de   Belle- 
roche  (non  catalogué),  pour 

20 

loi 

Une  gravure  encadrée.   A    M.  Remy  Pa- 
thault.d'Amboise(non  cataloguée),  pour 

10 

Khi 

l'ne  gravure   encadrée.    A    U.    Damou- 
rette.    d\4mboise     (non     calai  .guée). 
pour 

6 

loi 

Tue  gravure  encadrée.    A  M.  Ollivicr.  à 
Saint-Denis-Hers.  près  Amboise   (non 
cataloguée),  pour 

<) 

lOi 

Dno  gravure  encadrée,   â   M.    Mansault. 

de  Loches  (non  cataloguée),  pour 

Total  de  la  quatrième  vacation  . 

7 

4.5il 

RÉCAPITL'LATÏOX 

PmnH 

TroitU 
Qiiairi 

En  «jo 
f  n  « 

^r««  vacation  du  tJ  octobre 

7.777     . 

me  vacation  du  7  octobre 

33  389     • 

ime  vacation  du  8  octobre 

6.733     » 

ème  racatitin  du  9  octobre 

4  541     > 

Total 

52  442     > 

utant  à  cette  somme  les  ô  centimes  pir 
us  des  prit 

frinc  sti 

pnlés 

2.622  10 

mâm^^ 

J 


DU   CHEVALIER   EUILE    DE    TARADE  SS3 

Sur  les  quaraiite-noiif  Uihieaux  et  objets  d*art  portés  dans  le 
Catalogue  du  Musée  de  Tours,  édition  de  1874,  quarante  sont 
représentés  d'une  faron  certaine  au  Catalogue  général  de  la  vente 
dressé  par  M.  Warneck,  expert,  et  ont  été  vendus;  ce  sont  les 
numéros  suivants  du  Catalogue  du  Musée  :  348,  349,  351,353, 
354,  355,  356,  357,  358,  359,  360,  361,  362,  363,  364,  365, 
366,  367,  368,  369,  370,  372,  373,  374,  576,  377,  378,  379. 
380,  381,  386,  387,  388,  389,  390,  391,  392,  394,  395,  396. 

Quatre  ont  des  descriplions  et  attributions  différentes  dans  les 
deux  Catalogues,  ce  qui  rend  incertain  leur  rapprochement,  mais 
n'en  ont  pas  moins  été  vendus;  ce  sont  les  numéros  :  352,  371, 
375,  382.  Deux  ont  été,  par  le  jugement  du  4  juillet  1881,  attri- 
bués au  Musée  :  numéros  383,  384. 

Enfin,  trois,  numéros  350,  385,  393,  ne  semblent  pas  être 
compris  dans  le  Catalogue,  ou,  tout  au  moins,  leur  description 
est  tellement  différente,  qu*il  est  impossible  de  les  identifier.  Tou- 
tefois, quant  au  numéro  393  :  Portrait  de  Mme  Vigée-I^ebrun, 
gravure  au  burin,  il  peut  être  compris  dans  Fun  des  numéros  101 
à  104,  quatrième  vacation  du  procés-verbal,  lesquels  portent  tous, 
comme  indication  unique  :  Tne  gravure  encadrée. 


TABLE 

DES  NOMS  ET  ADRESSES  DES  ACQUÉREURS 

AcH.ARD,  de  Tours,  i"*  vacation,  n"*  6,  23. 

Alibkrt.   58,  rue   La   Rochefoucauld,  n   Paris.  1"  vac,  n"**  â4,  66. — 2*  vac, 

ii«57 
Alurd,  d'Amboisc.  2*  vac,  u*"  7. 
ANONruR.  V  vac,  n*  51. 
Aici  fils,  à  Amboisc.  2*  vac,  n"  20..    . 

Bakr,  2,  rue  LafayeUc.  à  Paris.  V*  vac,  n"  4,  28,  45.  —  2»  vac,  n'**  10.  12. 
Bague,  rue  de  la  Ghaussée-d'AntiD,  à  Paris.  2*  vac,  46. 
Besnard,  d'Orléans,  l"  vac,  n"  55.  —  2*  vac,  n"  1.  — 3*  vac,  n*'  21,  56. 
Behrubt.  de  Tours.  2*  vac,  n*"  53. 
BiBNVBKU,  d'Amboise.  l"  vac,  n"  22.  —  2"  vac,  n'16. 
BoNTBMPS,  d'Amboise.  3*  vac.  n"  24,  61.  —  4'  vac,  n"  30. 
Boos.  32,  boulevard  Haussmann,  Paris,   l'*  vac,  n*  52.  —  2°. vac.  n^  3,  23. 

36,  42. 
Bouquin,  à  Gbargé.  4'  vac,  n"*  84. 
fiouKS.  à  Amboise.  4*  vac,  n"*  50. 


234  LA    COLLECTION    DE   TABLEAUX 

Brard,  à  Tours.  1"  vac,  d*  54.  58,  65.  —  2«  vac,  n"  64.  —  3«  vac,  d*  12.  — 

4«  vac,  n"'25,  59,  60. 
BucQL'RT,  ù  FonteDay,  près  Bléré.  2*  vac,  o"  70. 
Bcisso.M,  34,  rue  de  Trévise,  Paris.  2"  vac,  n*»'  34,  35. 

Cabanis,  12,  rue  du  Regard,  Paris.  1™  vac,  n''  67.  —  2*  vac,  n*  18. 
Cahb.v,  27,  rue  de  Maubeuge,  Paris.  1"  vac,  n**'  25,60.  —  3*  vac,  n*  19. 
Chatou,  rue  Bonaparte,  Tours,  i™  vac,  n**  72.  —  3"  vac  ,  n"*  40,  63.  —  4*  vac, 

u"  19,  38,  44,  55,  57,  85,  86,  99. 
Chèsk  (Chénier  dl),  château  de  la  Roche,  Chargé.  1™  vac,  n»'  37,  59,  69.  — 

2"  vac,  n"  11,  13.  ~  3«  vac,   n"  2,   8,  43,  64.  —  4«  vac,  n**  22,  31.  47, 

48,  56,  67,  70,  71,  72,  89. 

DAMOunKTTE,  à  Aoiboise.  4'  vac,,  a*"  102. 

Dat,  à  i^mboise.  l"vac,  &•  50.  —  3*  vac.  n*  26.  —  4"  vac,  n»  15. 

Drlaplacr,  à  Amboise.  4"  vac,  n*^  80,  81 . 

Dkl^rbeybkttb,  43,  rue  de  Provence,  à  Paris.  2"  vac,  n*"38,  51,  56. — 3**  vac. 

n-  36. 
Drslvs,  à  Tours.  3«  vac.  n"  14,  17. 
Ddprk  (Mme),  à  Tours.  1™  vac,  n*»  5.  16,  36.   —  2«  vac,  n"  5,  28,  44.  — 

3«  vac,  n"*  1,  15,  39,  48,  60,  66.  —  4«  vac,  n"'  10,  36. 

EoRLiN,  {\  Chargé.  4*  vac,  n"  58. 

Faisan,  58,  rue  de  Châteandun,  Paris.  2«  vac,  n"*  8,  59,  60,  61. 
FarIî,  Il  Maxell  es.  4*  vac,  n°  77. 
FAURR(Mine  Félii),  au  Havre.  l'«  vac,  n"  3. 

Gabrau  (Alfred),  à  Amboi.se.  2*  vac,  n"  5V,  55. 

GuÉoY,  peintre,  à  Fontcnay-aux-Roses,  près  Paris.  1"  vac,  n"  7.  15,  26,  3o^ 
32,  41,  56,  64,  71.  —  2"  vac,  n"  2,  4,  6,  9,  22.  37.  39.  43,  50,  66,  72  — 
3«  vac,  n"'  9.  13.  23.  27,  32,  33.  34.  37,  45,  47,  50,  54.  —  4«  vac,  n"'  4,. 
5.  16.  28,  38,  41,  43,  62.  64,  75,  87. 

GuiNOT,  à  Amboise.  1™  vac,  n"  47,  49. 

GuiOT,  h  Amboise.  1"  vac,  n"  38.  —  4'  vac,  n**  56,  27. 

Illisible  (nom),  k  Amboise.  1**  vac,  d°  13. 
Jauain,  à  Amboise.  4*^  vac,  n**  82. 
Kneich,  k  \ozelles.  2«  vac  ,  n~  17,  21. 

Lagarde,  à  Orléans.  2*  vac,  n**  25,  33.  —  3*=  vac,  n-  4.  11,  53.  —  4'^  vac  , 

n"  6,  11,  13,  45,  66. 
Lauottr  (Jean),  à  Amboise.  4'  vac,  n"  97, 
Lavedan  (Je  comte  us).  2*  vac,  n"  68. 
La.\.voy,  14,  rue  Lafayette,  k  Paris.  1™  vac   n"»  8,  14,  20.  .33,  40,  42,  43,  62. 

—  2«  vac,  n~  15,  40,  47.  52,  58,  65.  —  3'  vac,  n"  22.  31. 
LiJiBSRT  (le  baron),  de  Tours.  1"  vac,  n"»  21,  27.  —  3*  vac,  n"  3. 

Mansawlt,  à  Loches.  1"  vac,  n«  19,  29,  57.  —  2«  vac,  n""  6?,  67.  —  3*  vac, 

n»  7.  —  4^^  vac,  n"'  9,  32.  46,  83,  88,  90,  104. 
Margubrita,  .  4*  vac  ,  n°  54. 

Marguerittb  (Mme),  à  Malvau,  près  Amboise.  4*  vac,  n"  92. 


w^ 


DU  CHEVALIER  EMILE  DE  TARADE  23^ 

Marijnbau  (Mme),  à  la  Verrerie,  près  Amboise.  3*  vac,  o"*  5^. 
Mkunibr  (le  docteur),  à  Amboise.  3'  vac  ,  n""  16. 
MoRBAU  (RaymoD'd),  d'Amboisc.  2*  vac,  d**  22  bis. 

Olliv(er,  à  Saint-Denis-Hors.  V  vac,  n"  103. 

Picard,  d* Amboise.  l"  vac,  n°  48.  —  2*  vac,  n°  63. 
Pic-Paris,  cbâteau  de  Roche-Poie.  3' vac,  d*>*  18,  30. 
Pathault  (Brice),  à  Amboise.  1"  vac,  n**  51.  —  V  vac,  n*^'  93,  9V. 
Pathault  (Remy).  à  Amboise.  1"  vac,  d"  61.  —  2*  vac,  n*«  27,  29.  —  3*  lar. 
n«  35.  55,  62,  65.  —  4*  vac,  n«2V,  39.  101. 

Rozii^RRs  (Mme  dk),  cbâteau  de  P  .près  Blois.  1**  vac,  n"  73. 

Ros.-iiGNEux,  architecte,  quai  d* Anjou,  Paris.  1™  vac,  n"*  39,  69. 
RuTARD,  d* Amboise.  3»  vac.  n"  28,  29.  —  4*  vac.  n"-  2,  8. 

Salomcv,  65,  cité  des  Bains.  Paris.  1'*  vac.  n«'  1.  2.  —  3'vac.,  n"'  10,  42.  51, 

58. 
Salouon  le  jeune,  62,  rue  Pigalle,  Paris.  1**  vac,  n"  10.  11.   —  4'  vac,  n"*  1, 

3,  ;î4. 

Sauzéat,  de  Blois.   1"  vac.  n»  35.  —  2*  vac.  n«  19.  —  3*  vac.  n"  6,  46.  — 

4*  vac,  n«14,  21,  42,  73,  79. 
S<Rip,  265,  rue  Saint-Honoré,  Paris   3*  vac,  n'^'  35,  41.  —  4"  vac,  n«  28,  35. 
SouDéB.  à  Malvau,  près  Amboise.  3«  vac,   a"  5,  49,  57.  —  4*  vac,  n"'7,  12. 

17,  18,  20,  49,  53,  69. 

Taradb  (Mme  dr).  château  de  Belleroche,   près  Amboise.  1**  vac,  n"' 12,  17, 

18,  31,34,  44,68,70,74.  —  2«vac  ,  n-  14,  24,  30,  31,  32,41,  69,71.— 
3*  vac.  n-  20,  44.  —  4«  vac,  u-  37,  40,  91,  95,  96,  98,  100. 

Tarnikr,    commandant   de    gendarmerie,   à  Tours.  1"  vac  .  n*  46    —  3*  vac. 

n"38. 
TuuvKNT  (Michel  db).  par  Fontenay.  2^  vac.  n^  45. 
Tuppi.v,  à  Amboise    4*  vac. ,  n*"  29,  52. 

Vkrxon,  à  Amboise.  4*  vac,  n«  61,  63.  68,  74,  76. 
VoisiNB.  rue  Bois-Denier,  Paris.  2'  vac,  n"  26. 

Warnbck,   63,   rue  Neuve-des-Petits-Champs,    Paris,    l'*  vac,  n"*  9,  53.   — 
2«  vac,  n"  48,  49. 

A.  Gabëau, 

Correspondant  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  des  départements,  à 
Amboise,  membre  de  la  Société 
arciiéologiqup  de  Touraine.- 


"^ 


236         UNE  FAMILLE  DE  PEINTRES  BLÉSOtS 

XI 

r\E  FAMILLE  DE  PEINTRES  BLÉSOIS 

LES   MONSNIER 

A  Tinstar  de  la  Touraine,  Iv  Blésois  a  connu  l'avantage  de  voir 
toute  une  pléiade  de  maîtres,  comme  le  peintre  Andréa  Folario^ 
le  statuaire  Paganino,  Tarchitecte  Giocondô  et  l'universel  génie 
Leonardo  da  Vinci.  Mais,  à  côté  et  au-dessous  de  ces  princes  de 
Fart,  cette  province  a  vu  fleurir  sur  son  sol  des  artistes  distingués, 
et  riiistoire  a  le  devoir  de  mentionner  les  titres  qu'ils  présentent 
à  la  reconnaissance  du  pays.  Parmi  ces  derniers,  figure  une  série  de 
peintres  appartenant  à  la  famille  des  Monsnier  ou  Monier  —  on 
trouve  les  deux  désignations  —  au  sujet  desquels  nous  avons 
réuni  un  certain  nombre  de  documents  que  nous  compléterons 
par  des  reproductions  photographiques,  dans  la  mesure  du  pos- 
sible. 

I 

Les  origines  des  Monsnier  ne  nous  ont  pas  encore  été  révélées 
par  les  pièces  d'archives  que  nous  avons  consultées;  mais  nous 
les  rencontrons  de  bonne  heure  dans  la  ville  de  Blois,  qui  paraît 
avoir  été  leur  berceau.  Au  seizième  siècle,  les  Monsnier  exerçaient 
la  profession  de peintreS'Vitriers,  désignation  qui  s'applique  tout 
à  la  fois  à  des  ouvriers  d'art  et  à  des  artisans.  Afin  de  bien  pré- 
ciser ce  qui  se  rapporte  à  la  famille  et  à  la  personne  des  peintres 
qui  font  l'objet  de  ces  notes,  nous  fournirons  d'abord  les  rensei- 
Ijnements  d'ordre  civil . 

Le  premier  qui  paraît  est  Louis,  a  Le  huict  du  moys  de  juil- 
let 1527,Loys  Monnier  »  fit  baptiser  en  l'église  Saint-Solenne, 
devenue  depuis  la  cathédrale,  un  fils  appelé  a  Jehan  '  » .  Dans  la 


'  Archives  de  !*hôtel  de  ville  de  Blois,   Registres  d'état  civil  de  la  paroifte 
de  Saint'Solenne. 


^ 


UNE    FAMlLhB    DE    PEINTRES    BLÊS018  287 

suite,  ainsi  que  nous  le  dirons,  les  actes  d'état  civil  nous  montrent 
deux  Jean,  qualifiés,  Tun  u  l'ainé  »  ,  et  l'autre  a  le  jeune  ' .  Nous 
ne  sommes  pas  en  mesure  de  préciser  quel  est  celui  dont  nous 
venons  de  relever  la  naissance;  mais  ce  que  nous  savons,  c'est 
que  Jean,  Taîné  —  que  nous  appellerons  Jean  /•'  —  avait  pour 
femme  Françoise  Fenau  (?),  et  que  le  second  —  que  nous  nomme- 
rons  Jean  II —  avait  épousé  Suzanne  Patin. 

Par  acte  passé  devant)!*  Jamet,  le  2  mars  1561,  u  Jehan  Mons- 
nier,  peintre  et  vitrier»  et  Françoise  Fenau  (?)  sa  femme  vendirent  à 
Etienne  Vuadic,  coutellier,  demeurant  à  Blois,  a  la  tierce  partie 
de  vignes  et  d'une  maison  aux  Hautes-Granges,  paroisse  de  Saint- 
Saulveur  deBloys,  proche  le  chemin  de  Bloys  à  Vendosme,  chargée 
de  dix  sols  de  rente  vis-à-vis  les  religieux,  abbé  et  couvent  de 
Saint-Lomer  de  Bloys  ' .  « 

Le  20  juin  1564,  par-devant  le  même  notaire,  ^^  Jehan  Mosnier, 
vistrier  demeurant  à  Bloys,  d'une  part,  et  Alathurin  Cochereau  et 
Thomas  Arnault,  maçons,  demeurant  en  la  paroisse  Saint-Xicollas 
les  Bloys,  d  firent  un  marché,  par  lequel  lesdits  maçons  s'enga- 
geaient à  faire  un  travail  pour  ledit  Alonsnier.  I^e  prix  de  l'ou- 
vrage, de  peu  d'importance,  montait  à  quatorze  livres-.  Faute 
d'indications  précises,  nous  ignorons  s'il  s'agit  de  l'ainé  ou  du  jeune. 

Jean  il,  celui  dont  la  descendance  nous  intéresse  tout  particu- 
lièrement, eut  la  joie  de  présenter  un  enfant  aux  fonts  baptis- 
maux, au  printemps  de  l'année  1600.  L'acte  que  nous  trouvons 
sur  les.  registres  paroissiaux  de  Saint-Honoré,  est  ainsi  conçu  : 
^  Le  XI'  jour  de  mars  1600  a  esté  baptizé  Jehan,  fils  de  Jean 
Mosnier  le  jeune  et  de  Suzanne  Pattin,  pour  ses  parrains  Jean 
Mosnier  laisné,  Jean  Gayronnet,  procureur  à  Blois,  la  marraine 
Judy  Monsnier  .) .  Suivent  les  signatures  :  u  Gouest  (prêtre), 
Guyronnet,  Jehan  Alonier  (qui  a  accompagné  son  nom,  écrit  de 
cette  façon,  d'un  petit  dessin  avec  deux  palmes  entrelacées), 
Judicth  Monier  y) ,  peut-être  une  sœur  du  père  ^ 

On  remarquera  que,  dès  celte  époque,  le  nom  de  ces  artistes 

'  Etude  de  M*  Hicois,  notaire  à  Blois,  qui  nous  a  très  gracieusement  permis 
de  compulser  les  minutes  de  son  étude. 

*  Ktude  de  M''  Ricois,  notaire  ù  Blois. 

'  Archives  de  Tliâtel  de  ville  de  Blois,  Registres  de  la  paroisse  de  Saint- 
Honoré, 


238  UNE    FAMILLE    DE    PEINTRES    BLÉSOIS 

étail  écrit  de  trois  manières  différentes.  Du  moins,  ce  document 
original  nous  permet  de  rectifier  l'assertion  de  Bernier,  riiistorien 
du  Blésois  au  dix-septième  siècle,  lequel  place  la  naissance  de  cet 
enfant  en  Fan  1610  '. 

Le  foyer  de  Jean  H  devait  s'enrichir  de  nouveaux  rejetons. 
tt  Le  Xni*  jour  de  novembre  1603,  a  esté  baptisée  Anne,  fille 
de  Jean  Monsnier  peintre  à  Bloys,  et  Susanne  Patein,  son  parrain 
noble  homme  Simon  Reolle,  les  marraines  dame  Anne  Dagault  et 
Marie  Dacguier,  fille  de  noble  homme  Jean  Daguier,  sieur  du 
Plessis,  conseiller  du  roy  et  lieutenant  général  au  bailliage  de 
Blois  1) .  On  relève  la  signature  a  Daguier  n ,  mais  celle  de  Mons- 
nier est  absente  *.  i:  Le  12  mars  1608  «  Jehan  Wosnier, 
a  M*  vitrier  w,  et  Suzanne.  Patin  firent  baptiser  une  fille  qui  fut 
nommée  Françoise  \ 

Jean  Monsnier  III  unit  son  existence  à  celle  de  Louise  Le  Maire, 
d'une  très  honorable  famille  blésoise,  dont  certains  membres 
figurent  dans  la  magistrature..  Sur  cette  souche  poussèrent  plu- 
sieurs rejetons,  ainsi  que  nous  l'apprennent  les  registres  a  baptis- 
taires  v .  u  Le  dernier  jour  de  décembre  ou  dit  an  (1638),  a  esté 
baplizée  Marie,  fille  de  honnorable  homme  Jehan  Monnier, 
peintre,  de  Louyse  Le  Maire  sa  femme,  le  parrain  honorable 
homme  Laurent  Girault  marchant,  la  liiarraine  Élizabeth  Le 
Maires.   (Signé)  Richer,  Girault,  Isabel  Le  maire  *. 

Mais  dans  la  descendance  de  Jean  IIÏ,  nous  devons  avant  tout 
mentionner  Jacques,  dont  le  talent  acquit  une  grande  nsloriété, 
et  qui  épousa  Jeanne  Lopin. 

Jean  IH  avait  son  domicile  à  Blois  dans  une  maison  dite  u  Bona- 
venture  « .  L'n  compte,  se  référant  aux  années  de  1623  à  1629, 
nous  apprend  que  ^i  Jehan  Monier,  .M"  paintre  et  vitrier,  demeu- 
rant à  Bloys,  au  lieu  de  Bonaventure,  o  devait  une  rente  de  sept 
livres  sur  une  maisoYi  sise  ruelle  de  Rougeon  *. 

Quant  à  Jacques,  nous  le  rencontrons  à  Tours  en  l'année  1681 . 


'  Histoire  de  Blois,  in-4",  à  Blois. 

*  et  *  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Blois,   Registres  de  la  paroisse  Saint- 
Honoré. 

*  Archives  de  l'hôtel  de    ville   de    Blois,   Registres  de  ta  paroisse  Saint- 
Honoré. 

*  Bibliothèque  iiuinicipale  de  Blois.  Registres  des  comptes  de  l'Hôtel  de  Ville, 


UNE    FAMILLE    DE    PEINTBES    HLÉSOIS  S39 

L(»  seize  février,  en  l'église  de  Saiiil-Pierre  le  Puellier,  depuis 
transformée  en  habitation,  nous  assistons  au  mariage  de  u  Jacques 
Monier,  peintre  du  roy,  fils  de  defTunct  Jean  Monier  et  de  Louise 
Le  .Maire,  ses  père  et  mère,  et  damoiselle  Françoise  Lopin,  fille 
de  deffunct  Jean  Lopin,  marchand  drapier,  et  de  Françoise 
Dénia u  v ,  en  présence  de  plusieurs  témoins,  dont  le  frère  de  la 
fiancée,  Jean  Lopin,  a  apoticaire  de  l'Hostel-Dieu  de  Paris  *  » . 

Au  dire  d'un  contemporain,  Jean  III  laissa  plusieui*s  enfants  qui 
s'adonnèrent  à  la  profession  des  arts.  Mais  ils  quittèrent  les  hords 
de  la  Loire  pour  se  rendre  dans  la  capitale,  où  u  ils  se  sont  heu- 
reusement transplantez  «  el  où  ils  se  firent  avantageusement  con- 
naître ^  Outre  Jacques,  avec  lequel  nous  avons  fait  connaissance, 
on  signale  Pierre  et  Michel. 

Pierre  entra  jeune  dans  l'atelier  de  Bourdon.  Il  épousa  Made- 
leine Reneaume,  laquelle,  le  1 1  mars  1688,  tint  sur  les  fonts  un 
enfant  de  J-B.  Belin  de  Fontenay.  L'acte  porte  a  Maunier  «  ,  et  il 
est  à  remarquer  que,  de  1687  à  1702,  l'artiste  changea  l'ortho- 
graphe de  son  nom,  qu'il  écrivait  finalement  a  .\;onier  »  '.  Pierre 
eut  un  fils,  Nicolas,  qui  fut  élève  de  Largillière  et  qui  dans  la 
manière  d'écrire  son  nom  se  plut  à  revenir  à  l'orthographe  origi- 
nale uMonsnier  » ,  ainsi  qu'il  parait  dans  l'acte  de  mariage  deJ.-B. 
Belin  de  Fontenay  *. 

Pierre  décéda  le  27  décembre  1703,  à  Paris,  sur  la  paroisse  de 
Saint-Sulpice,  rue  de  la  Corne  a  aagéde64  ans  »  ;  sa  veuve  mourut 
le  J 4  janvier  de  l'année  suivante,  sur  la  même  paroisse,  à  Tàge  de 
7fi  ans  ^ 

Alichel  Monsnier  exerça  la  profession  de  sculpteur,  dans  laquelle 
il  se  distingua. 

Dans  la  parenté  de  Pierre  et  dv  Michel,  nous  voyons  :  une  sœur, 
Marie,  qui  s'unit  à  J-B.  Monnoyer;  un  neveu,  André,  qui  entra 
dans  les  ordres  et  qui  signe  Tacte  de  décès  a  \!osnier  n;  enfin 
Jean,  qui  signe  «  Alonier  «  el  dont  nous  ne  saurions  indiquer 
nettement  le  degré  de  parenté  avec  les  précédents  *. 

'  Archives  de  l'Iiôtcl  de  ville  de  Tours,  Heyistres  de  la  paroisse  de  Sainl- 
Pierre-le- Puellier.  Cet  acte  a  été  publié  par  M.  Gh.  dk  Grandmuso.v  dans  ses 
Documents  inédits  sur  les  arts  en  Touraine,  p.  104. 

*  nsR.v'iRR,  Histoire  de  Rlois,  p.  572. 

',  *,  *,  *  Jal,  Dictionnaire,  art.  Mosnier. 


240  USE    FAMILLE   DE    PEIKTRES    BLÈSUIS 


II 


Après  avoir  essayé  de  préciser  l'état  civil  des  Monsnier,  nous 
devons  mentionner  les  ouvrages  qui  sont  sortis  de  leurs  mains. 
Les  renseignements  sont  rares  au  sujet  des  premiers  qui,  d'ailleurs, 
ne  semblent  pas  avoir  joui  d'une  grande  notoriété.  A  Toccasion 
do  Texil  de  là  reine  Marie  de  Médicis  au  château  de  Blois  en  1618, 
Louis  XIII  ordonna  d'exécuter  rapidement  les  travaux  néces- 
saires tt  pour  la  commodité  du  logement  de  la  royne  et  de  ses  oflî- 
ciers  «  ,  et  cela  u  en  tous  endroits  t?  oii  ellecn  manifestera  le  désir! 
Au  nombre  des  ouvriers  occupés  à  leurs  u  arts  et  mestiers  r ,  on 
remarque  Jean  Monnier,  u  peintre  et  vilrier  v  —  il  s'agit  de 
Jean  I"  ou  de  Jean  II  —  lequel  touche  517  livres  de  salaire  '. 

Alais,  c'est  surtout  Jean  III,  né  en  1600,  qui  excella  dans  l'art 
de  manier  le  pinceau  et  montra  de  bonne  heure  d'heureuses  dis- 
positions cultivées  dans  l'atelier  paternel.  Il  avait  une  quinzaine 
d'années,  lorsque  Marie  de  Médicis,  qui  avait  reçu  en  cadeau  des 
Cordeliers  de  Blois  la  Vierge  au  coussin  veri  p&r  Andréa  Solarit> 
(actuellement  au  Louvre,  n"  403),  chargea  le  jeune  dessinateur 
de  lui  en  faire  une  copie.  Cette  copie,  qui  est  passée  de  chez 
M.  Chanibert  dans  le  musée  de  la  ville,  plut  si  fort  à  la  reine 
qu'elle  offrit  à  l'artiste  l'argent  nécessaire  pour  faire  le  voyage 
d'Italie,  non  sans  le  recommander  h  l'archevêque  de  Pise,  qui 
retournait  à  Florence  *. 

Jean  III  demeura  trois  ans  à  Floivnce  où  il  étudia  les  ouvrages 
de  Lodovico  Cardi,  de  Cristofano  Allori  et  de  Domenico  Cresti. 
iîràce  à  la  bienveillante  recommandation  du  prélat,  il  entra  dans 
les  ateliers  du  Bronzino  et  du  Passignano.  Par  gratitude,  il  peignit 
une  Vierge  d'après  Raphaël  pour  Alarie  de  Médicis,  qui  en  fit  pré- 
sent aux  Minimes  de  Blois  ^ 

L'artiste  blésois  quitta  Florence  pour  se  rendre  à  Rome,  où  il 
demeura  cinq  années,  qu'il  employa  à  se  perfectionner  dans  l'étude 

'  Archives  nationales.  P  2878*,  f.  33.  —  I)k  Crov,  Documents  sur  les  rési- 
dences royales,  etc. 

*  Voir  ci-contre  la  planche  VXXIX. 
'  Bernibr,  Histoire  de  Blois. 


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Page  240 


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^.  UNE    FAMILLE    DE   PEINTRES   BLÈSOIS  141 

des  maîtres.  11  eut  la  bonue  fortune  de  se  lier  avec  Poussin,  qui  arriva 
sur  les  bords  du  Tibre  au  printemps  de  1624,  et  il  revint  en  France 
avec  celui  qui  allait  devenir  une  des  gloires  de  la  peinture.  Marie 
de  Médicts,  qui  était  occupée  à  son  palais  du  Luxembourg» 
demanda  à  Jean  III  une  série  de  peintures  décoratives.  I/inven- 
taire  manuscrit,  dressé  par  Bailly  en  1709,  mentionne  treize 
sujets  \  De  ces  ouvrages  on  connaît  au  Louvre  la  Magnificence 
royalCy  symbolisée  par  une  femme  assise  sur  une  terrasse  et  tenant 
un  caducée  de  la  main  gauche,  tandis  que  le  bras  droit  s'appuie 
sur  une  corne  d'abondance  d'où  s'échappent  des  couronnes  et  des 
tiges  de  laurier. 

Mais  Taumônier  de  la  reine-mère,  qui  était  en  même  temps 
intendant  des  bâtiments  de  Marie  de  Médicis,  ne  dissimulait  pas 
toutes  ses  préférences  pour  Philippe  de  Champagne  *.  Jean 
s'éloigna  de  Paris  et  revint  dans  sa  ville  natale,  d'où  sa  réputation 
devait  rayonner  sur  les  provinces  de  l'Ouest.  Il  ne  tarda  pas  à 
devenir  le  peintre  quasi-ofGciel  de  l'opulente  famille  d'Estampes  de 
Valençay,  dont  on  connaît  le  superbe  château  de  style  Renaissance. 
En  particulier,  Léonor  d'Estampes,  qui  fut  abbé  de  Bourgueil  et  de 
Saint-Martin  dePontoise  et  occupa  le  siège  de  Reims,  fit  maintes 
fois  appel  au  pinceau  de  Jean  III  pour  satisfaire  ses  goûts  de  prélat 
magnifique'. 

A  Chartres,  dont  il  fut  d'abord  évéque,  I^onor  d'Estampes,  pour 
décorer  sa  bibliothèque,  commanda  à  l'artiste  la  représentation  des 
quatre  grands  conciles  œcuméniques.  Dans  sa  chapeHe  il  lui  fit 
peindre  la  lie  de  la  Vierge  y  et,  dans  ses  appartemenis,  V  Histoire 
de  Théagène  et  de  Chariclée, 

Le  prélat  ne  se  plaisait  pas  moins  à  décorer  les  abbayes  qu'il 
détenait  en  commandite.  A  Bourgueil,  abbaye  bénédictine  jadis  en 
Anjou,  qu'il  dota  d'importants  travaux  de  reconstruction,  Léonor 
chargea  l'artiste  d'embellir  une  des  salles  de  T Histoire  d'Apollon 
etdeDaphné.  Nous  apprenons  d'un  contemporain  que  Jean  III 
s'en  tira  »  d'une  manière  fort  gallante  *  »  . 

La  renommée  du  peintre  allait  grandissant  et  il  reçut  des  corn- 

'  Fr.  ViLLOT,  Xotice  des  tableaux  du  Lwicre,  p.  234^,  255. 

•  Idem. 

'  Brrnibr,  Histoire  de  Hlois,  p.  571, 

*  Ibid. 

16 


24^  UNE    FAMILLE    DE    PEINTRES   BLES018 

mandes  pour  Saumur,  Chinon,  Tours,  IVogent-le-Rotrou,  etc.  Son 
talent  s'accommodait  bien  du  caractère  somptueux  des  ornemenis, 
mis  en  vogue  par  le  siècle  de  Louis  XIV  pour  la  décoration  des  châ- 
teaux et  même  des  églises.  A  Valençay  et  à  Cheverny,  Jean  Mons- 
nier  exécuta  de  a  beaux  platfons  et  d'autres  ouvrages»  qui  fixèrent 
l'attention  ' .  Les  peintures  du  château  de  Cheverny  ont  été  étudiées 
par  M.  de  Montaiglon  avec  la  particulière  compétence  qui  le  dis- 
tingue *.  D'autres  belles  résidence»,  notamment  celle  de  Ménars,  à 
laquelle  le  dix-huitième  siècle  devait  apporter  des  embellissements, 
occupèrent  le  pinceau  de  l'artiste  ^ 

Les  édifices  religieux  n'eurent  pas  une  place  moins  large  dans 
les  travaux  du  peintre  blésois.  Collégiales,  communautés  et 
paroisses,  rivalisaient  d'empressement  à  lui  demander  quelque 
toile  pour  honorer  les  souvenirs  les  plus  chers  à  chacun  des 
centres  religieux.  En  particulier,  il  fit  une  Descente  de  Croix  ipouv 
l'église  de  Saint-Solenne  à  Blois,  et  une  Nativité  du  Sauveur  pour 
celle  de  Saint-Honoré,  sa  paroisse.  De  leur  côté,  les  capucins  lui 
commandèrent  une  Déposition  de  croix,  dans  laquelle,  au  rapport 
d'un  témoin,  u  toutes  les  parties  de  la  peinture,  le  dessin,  la  dis- 
position, le  coloris,  l'harmonie  et  la  dégradation  des  couleui'ssont 
en  un  beau  jour,  et  0(1  l'on  observe  particulièrement  une  expres- 
sion admirable  et  tout  à  fait  convenable  au  sujet  ^  n  . 

Les  bénédictins  de  la  célèbre  abbaye  de  Pontlevoy  lui  deman- 
dèrent une  toile  pour  leur  superbe  abbatiale.  Le  grand  retable  du 
maitre-autel  avec  colonnes  de  marbre  noir,  statues  et  bas-reliefs, 
«euvre  d'Antoine  Charpentier,  de  Tours,  fut  orné  d'un  Couronne-- 
ment  de  la  Vierge  «  par  Jean  Mosnier,  peintre  de  Blois  *  »  .  Cette 
toile,  qui  fut  placée  plus  tard  dans  le  réfectoire  des  moines,  se 
voit  présentement  dans  une  chapelle  latérale.  Au-dessous  de  la 
Vierge  triomphante  dans  le  ciel,  l'artiste  a  représenté  une  vue  de 
la  ville  de  Blois. 

I  BBRNtxR,  Histoire  de  Blois. 

*  l^larquis  DE  Chbnnbviârbs,  Recherches  sur  quelques  artistes  provinciaux, 
Paris,  1850,  t.  II,  Xotice  par  M.  de  MoDtaigloD. 

^  fiBRNiBR,  lac.  cit. 

*  Brrnirr,  Histoire  de  Blois,  p.  571. 

^  D.  Ghazal,  Histoire  de  Pontleooy,  ma.  conservé  à  la  bibliothèque  munici- 
pale (le  Blois,  du  dix-huitième  siècle,  publié  par  la  revue  Loir-et-Cher  (1900- 
1903). 


LNB    FAMILLE    DE    PEINTRES   BLÉSOIS  f4S 

Parmi  les  tableaux  qu'une  tradition  sérieuse  attribue  à  Jean  III, 
se  place  celui  qui  est  conservé  dans  Téglise  de  Notre-Dame  des 
Aides  au  faubourg  de  Vienne  à  Blois.  Il  a  été  exécuté  à  Toccasion 
d'un  Vœu  fait  à  la  Vierge  par  les  échevins,  qui  paraissent  k 
genoux  dans  leur  physionomie  bien  caractéristique.  Il  porte  la  date 
de  1641  ;  mais  il  est  fixé  à  une  telle  hauteur,  au  sommet  de  Tautel 
de  Notre-Dame,  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  constater  s'il 
garde  la  signature  de  l'artiste.  En  dépit  de  la  très  grande  difficulté, 
nous  voulons  espérer  qu'il  nous  sera  possible  d'obtenir  une  repro- 
duction de  ce  curieux  sujet  historique. 

EnTouraine,  les  couvents  tenaient  également  à  posséder  quelque 
ouvrage  de  Jean  III.  Les  Minimes  de  Saint-François  de  Paule, 
installés  par  leur  pieux  fondateur  dans  le  voisinage  de  Plessis- 
les-Tours,  lui  firent  une  commande.  D'après  l'inventaire  dressé  au 
dix-huitième  siècle,  on  remarquait  a  au-dessus  des  chaires  du 
chœur,  du  côté  de  l'Evangile,  un  grand  tableau,  Saint  François  de 
Paule  en  l'air  à  la  vue  de  Louis  XI  et  de  toute  la  cour,  par  M.  Le 
Mosnier  père.  »  On  voyait,  en  outre,  les  »  tableaux  des  deux  cré- 
denres  du  grand  autel,  peints  par  M.  Le  Mosnier  fils,  directeur 
de  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture,  pour 
200  livres  '  n  .  Nous  reviendrons,  tout  à  l'heure,  au  fils  de  Jean  III, 
dont  il  s'agit  ici. 

Assurément,  en  recherchant  avec  soin  dans  les  différentes 
localités  des  rives  de  la  Loire,  on  découvrira  d'autres  œuvres  du 
peintre  blésois,  et  nous  nous  proposons  de  ne  pas  faiblir  à  cette 
tâche.  Au  surplus,  Jean  IIJl  était  un  esprit  fin  et  très  cultivé,  autant 
que  passionné  pour  les  arts.  Dans  son  zèle  pour  la  recherche  des 
travaux  des  maîtres,  il  fit  plus  d'une  trouvaille  et,  au  témoignage 
de  son  contemporain,  il  réussit  à  u  sauver  quelques  rares  mor- 
ceaux de  l'obscurité  et  de  la  poussière  n  .  En  particulier,  il  trouva 
tt  dans  un  galetas  du  château  de  Blois,  la  divine  pièce  de  Raphaël, 
qui  représente  la  Sainte-Famille  r>^  et  cette  œuvre  géniale  a  s'est 
multipliée  par  une  infinité  de  copies  d'après  la  sienne  '  «  .  L'une 
de  ces  copies  pourrait  bien  être  la  toile  que  l'on  remarque  au 
musée  de  Tours. 

'  Inventaire  des  Minimes  publié  dans  les  Mémoires  de  la  Soc.  arch.  de 
Tour  aine,  t.  41,  p.  57. 
*  Bbrnirr,  ioc.  cit. 


844  (JWE    FAMILLE    DE    PEINTRES   BLÊSOIS 

A  l'instar  de  son  camarade  Poussin,  bien  qu'à  un  degré  diffé- 
rent, Taiiiste  était  très  entendu  dans  les  diverses  questions  d'arl. 
Ceux  qui  Font  fréquenté  attestent  qu'  u  il  parloit  fort  bien  de  la  pein- 
ture et  n'estoit  pas  moins  correct  en  ses  discours  qu  en  ses 
ouvrages  *  v  .  C'est  auprès  de  lui  que  son  fils  Pierre  commença  de 
puiser  le  goût  et  l'exercice  de  la  critique  artistique. 

D'un  naturel  simple  et  désintéressé,  Jean  III  n'arriva  jamais  à 
la  fortune  et  se  contenta  d'une  modeste  aisance  pour  lui  et  sa 
famille.  Sa  santé  seule  laissait  à  désirer,  et  il  ne  tarda  pas  à  res- 
sentir les  atteintes  de  la  maladie  de  la  goutte,  qui  devait  l'em- 
porter dans  la  vigueur  de  Tàge  et  du  talent.  S'il  faut  en  croire 
Félibien,  sa  mort  arriva  en  1656;  mais,  avec  l'historien  Bernier, 
c'est  en  1650,  qu'il  convient  de  placer  le  décès  de  l'artiste. 

Pierre  Mosnier,  ou  Monnier,  comme  il  signe,  continua  la  maî- 
trise de  son  père.  Venu  tout  jeune  à  Paris,  il  entra  dans  l'atelier 
de  Bourdon  et  l'on  prétend  qu'il  aida  le  maître  dans  la  décoration 
de  l'hôtel  de  Bretonvilliers.  Lors  de  la  fondation  de  l'Académie  de 
France  à  Rome,  il  prit  part  au  concours  dont  le  sujet  était  la  Con- 
quête de  la  Toison  d'or  par  Jason,  et,  le  27  décembre  1664,  il 
obtint  un  prix.  En  conséquence,  il  prit  rang  parmi  les  premiers 
pensionnaires  que  le  directeur  Errard  conduisit  sur  les  rives  du 
Tibre;  l'année  suivante. 

A  Rome,  Pierre  travailla  avec  assiduité  à  développer  ses  apti- 
tudes par  des  ouvrages  aussi  nombreux  que  variés.  De  l'avis  de 
Bourdon  et  avec  l'aide  de  Poussin,  il  mesura  les  statues  antiques, 
et  quatre  de  ses  études  présentées  en  1670  furent  exposées  dans 
l'Ecole  de  l'académie.  Entre  tous  les  maîtres,  il  porta  ses  préfé- 
rences sur  Raphaël  et  Carrache.  Il  exécuta,  entre  autres,  deux 
copies  à  l'huile  des  tapisseries  du  peintre  d'Urbino,  et,  dans-  la 
galerie  Farnèse,  il  copia  des  toiles  du  maître  de  l'école  Bolo- 
naise ^ 

Lors  de  sa  rentrée  en  France,  Pierre  vint  frapper  à  la  porte  de 
l'Académie  de  peinture.  Comme  sujet  de  son  choix,  il  présenta 
Hercule  se  disposant  à  défendre  Thèbesei  recevant  d'Apollon  des 

*  BiaiiiBR,  lue.  cit. 

•  Fr.  ViLLOT,  Notice  dts  tableaux  du  Louore,  p.  Î34. 


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Page  244. 


UNE    FAMILLE    DE    PEIIPTRES   BLÉS018  945 

flèches,  de  Mercure  une  épée  et  de  Vulcain  une  cuirasse.  Ce  tableau 
a. été  déposé  dans  les  magasinsdu  Louvre.  On  connaît  peu  d'œuvres 
de  Pierre.  On  sait  qu'il  peignit  pour  Notre-Dame  de  Paris  un 
tableau  représentant  le  Parlement  jugeant  un  procès  pour  le  mar- 
quis de  Locmariaker,  et  une  Vierge  honorée  par  les  Anges  pour 
Saint-Sulpice. 

Mais  la  réputation  de  Pierre  Monier  lient  plus  spécialement  à  la 
situation  qu'il  occupa  dans  TAcadémie.  Reçu  membre  le  6  octobre 
1674,  il  fut  nommé  professeur  adjoint  le  5  juillet. 1676,  et  profes- 
seur en  titre  le  27  juillet  1686.  Ses  leçons,  marquées  au  coin  de  la 
perspicacité,  de  Texpérience  et  du  savoir,  lui  firent  un  nom  dans  le 
monde  des  arts  et  des  artistes.  Il  exposa  ses  idées  sur  Thistoire 
artistique  dans  une  série  de  discoui*s  très  nourris,  lus  aux  séances 
de  FAcadémie  entre  les  années  1693  et  1696. 

Comme  les  conférences  ne  furent  pas  publiées  suivant  qu'on 
l'avait  d'abord  résolu,  Pierre  Monier  reprit  ses  discours  en  les 
complétant,  et  les  fit  paraître,  deux  ans  plus  tard,  sous  le  titre 
Histoire  des  arts  qui  ont  rapport  au  dessin^  a  où  il  est  traité  de 
son  origine,  de  son  progrès,  de  sa  chute  et  de  son  rétablissement  : 
ouvrage  utile  au  public  pour  savoir  ce  qui  s'est  fait  de  plus  consi- 
dérable en  tous  les  âges,  dans  la  peinture,  la  sculpture,  l'archi- 
tecture et  la  gravure,  et  pour  distinguer  les  bonnes  manières  des 
mauvaises,  par  P.  Monier,  peintre  du  roi  et  professeur  en  l'Aca- 
démie roiale  de  peinture  et  de  sculpture  » . 

Le  volume,  in-12  de  350  pages  (plus  une  table  des  noms),  parut 
à  Paris  en  1698  «  chez  Pierre  GifTart,  libraire  et  graveur  du  Roi, 
riie  Saint-Jacques,  à  l'Image  Sainte  Thérèse  » . 

Il  est  orné  d'un  frontispice  figurant  le  Dessin  entouré  de  génies 
qui  symbolisent  les  arts,  avec  la  légende  II  Disegno  padre  degli 
arti.  La  composition  est  l'œuvre  de  l'auteur,  suivant  cette  indica- 
tion :  «  P.  Monier  delineavit  —  P.  Gyfart  filius  fecit  »  .  Ainsi  qu'il 
le  déclare  au  début,  laissant  de  côté  a  les  leçons  d'anatomie,  de 
géométrie  et  de  perspective  » ,  l'auteur  s'attache  à  ce  qui  regarde 
plus  particulièrement  l'histoire  des  arts,  dont  il  poursuivit  l'évolu- 
tion jusqu'au  dix-septième  siècle  exclusivement.  Il  rései'vait  la 
suite  pour  et  un  second  volume  »  ;  mais  il  ne  l'a  pas  publié.  Le 
livre  est  dédié  au  marquis  de  Villacerf,  surintendant  des  bâtiments 
du  roi  ;  et,  à  l'occasion  d'un  éloge  de  l'ouvrage  en  six  vers  italieiis, 


Î4»  IIIVB   FAIIILLB   DE   PEINTRES   BLÉSOIS 

il  est  qaestîon  a  de  ToDcle  très  aimant,  M.  L.  Reneaume  de  I^ 
Garanne  D.  M .  «  ;  il  s'agit  probablement  de  l'oncle  de  la  femme 
de  Pierre  Monier,  qui  était  une  Reneaume,  ainsi  que  nous  Pavons 
appris  précédemment. 

Nous  n'avons  pas  à  entrer  dans  le  détail  de  ce  livre,  conçu  avec 
méthode  et  écrit  avec  une  élégante  simplicité.  1/auteur  partage,  il 
est  vrai,  les  préjugés  de  son  temps  sur  notre  art  national  ;  et  cVst 
vainement  qu'on  chercherait  dans  ces  pages  une  place  pour  les 
architectes  Françoys,  Byart,  Nepvcu  et  Valence,  pour  les  peintres 
Fouquet,  Bourdichon  et  Perréal,  pour  les  sculpteurs  Colombo, 
Regnault  et  Marchand.  Sans  nul  doute,  la  lecture  des  recherches 
modernes,  en  particulier  de  la  série  des  Réunions  des  sociétés  des 
départements,  modifierait  aujourd'hui  sa  manière  de  voir.  Néan- 
moins, cette  œuvre  d'un  esprit  avisé,  d'un  critique  lumineux  et 
d'un  artiste  recommandable,  peut  être  a  utile  à  tous  ceux  qui  pro- 
fessent les  beaux-arts  »  suivant  l'appréciation  d'un  architecte  du 
dix-septième  siècle,  BuUet,  de  l'Académie  royale  *. 

Pour  ce  qui  regarde  les  travaux  des  autres  membres  de  la 
famille  Mosnier,  nous  n'avons  plus  que  quelques  obser\ations  à 
ajouter  à  ce  qui  a  été  dit  à  propos  de  Télat  civil. 

Jacques  Mosnier,  frère  de  Pierre,  se  distingua  également  comme 
peintre.  Lui  aussi  Ct  un  voyage  en  Italie.  Il  se  trouvait  à  l'.Acadé- 
mic  de  France  comme  pensionnaire,  lorsqu'on  commença  !'«  In- 
ventaire des  meubles  et  des  travaux  »,  le  24  mai  1673,  et  il  figure 
au  procès-verbal  sous  le  nom  de  a  Jacque  Munie  y* .  Mais  il  était 
parli  pour  Naples  à  l'époque  où  fut  close  l'opération  d'inventaire, 
c'est-à-dire  le  28  août  suivant  *.  A  son  retour  en  France,  Jacques 
dut  exécuter  des  travaux  de  son  art;  mais  nos  recherches  ne  nous 
ont  pas  encore  mis  sur  la  piste  de  ses  ouvrages,  que  nous  espé- 
rons retrouver  quelque  jour. 

On  s'accorde  à  compter,  au  nombre  des  enfants  de  Jean  III,  le 
sculpteur  Michel  Mosnier  ^  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'à  l'au- 
tomne de  l'année  1673,  Michel  vint  à  Rome  avec  Noël  Coypel,  et 
que  l'inventaire  dont   il   vient  d'élre  parlé  mentionne   »  Michel 

>  P.  MoNiKR,  Histoire  des  Arts,  in-iS.  Paris,  1898,  passim, 
■  Réunions  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départements,  aoDëc  1889,  ar- 
ticle par  M.  A.  Gastan. 
•Idem. 


i 


LA   CHAPELLE    DU   CHATEAU   DE    LA    SORlNiÈRE  941 

Monter  n  comme  «  pensionnaire  n  de  TAcadémie.  Parmi  les 
œuvres  de  cet  artiste,  on  doit  sigoaler,  dans  le  parc  de  Versailles, 
un  Gladiateur  mourant,  copie  en  marbre  d'après  Pantique. 

Quant  à  ce  qui  est  de  Nicolas^  (ils  de  Pierre,  on  sait  qu'il  étudia 
dans  ratelierdeLargillière;  mais  on  n'est  pas  fixé  sur  les  ouvrages 
sortis  de  son  pinceau. 

Telles  sont  les  observations  que  nous  avons  pu  réunir  louchant 
la  famille  des  Mosnier,  Monsnier  ou  Monier,  qui  s'adonnèrent 
à  la  pratique  dos  arts  durant  plus  de  deux  siècles. 

li.    BOSSEBOEUF, 
Correspondant  du  Comité. 


XII 


LA  CHAPELLE  DU  CHATEAU  DE  LA  SORIMIERE 

El»   SAEVT-PIERRE  DE    CHEMILLÉ 

Le  château  de  la  Sorinière  est  sihié  sur  le  territoire  de  la  com- 
mune de  Chemillé  *,  à  2,500  mètres  à  l'ouest  du  «  bourg  Saint- 
Pierre  » . 

La  terre  de  la  Sorinière  —  terra  de  la  Sorinère,  dont  le  nom 
figure,  pour  la  première  fois,  en  1246,  au  cartulaire  de  Chenfiillc', 
appartenait,  en  J308,  à  Jean  Pierres,  «  vallet  »  ^  En  LilO, 
Jamet  Pierres ,  demeurant  au  a  lieu  et  houstel  de  la  Sori- 
nière «,    agrandit  le   domaine  \   Son    arrière-petite-fille,  Marie 

'  Cher-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Cholet  (Maine-et-Loire). 

*  Arch.  de  Maine-et-Loire,  série  H.  (C.  Port,  Dictionnaire...  de  Maine-et- 
Loire,  t.  llï,  p.  535). 

'  En  1360,  le  jour  de  sainte  Catherine  (22  novembre),  deux  paroissiens  de 
Gonnord  vendent  à  Jean  Pierres,  c  vallet  ï  ,  tous  les  droits  qu'ils  ont  sur  un 
moulin,  appelé  c  le  moulin  de  Seneschal,  en  la  rivière  d'Irome  > ,  pour  dix  flo- 
rins d'or.  (Arch.  de  la  Sorinière).  —  A  moins  d'indication  contraire,  tous  les 
documents  cités  dans  cette  notice  font  partie  des  archives  du  château  de  la  Sori- 
nière. 
'*  Le  14  janvier  1410,  Geoffroy  de  Cuer,   paroissien  de  Saint-Lambert-du- 


248  LA   CHAPELLE    DU   CHATEAU    DE    LA   SORINIÈBB 

Pierres,  l'apporte  en  mariage,  vers  1496,  à  François  de  Brie,  sei- 
gneur de  Saint-Léger-des-Bois  \  dont  la  descendance  possède  la 
Sorinière  pendant  tout  le  seizième  siècle. 

En  1598,  au  plus  tard,  Michel  d'Escoublant,  ècuyer,  (ils  de 
Louis  d*Escoublant,  sieur  de  la  Touche,  en  Beaupréau,  prend  le 
titre  de  sieur  de  la  Sorinière  *.  Il  avait  épousé  Renée  de  Brie,  qui 
mourut  en  1611  '. 

En  1668,  par  le  mariage  de  Marie  d'Escoublant,  fille  d'Esprit 
d'Escoublant  et  de  Madeleine  de  Launay  avec  François  du  Verdler, 
écuyer  \  la  Sorinière  passa  entre  les  mains  de  la  famille  qui  Tha- 
bite  encore  aujourd'hui  ^. 

Le  château  a  beaucoup  souffert,  à  l'époque  de  la  Révolution. 
Actuellement,  il  se  compose  d'un  rectangle,  flanqué,  sur  la  façade 
nord,  de  deux  tours  rondes  du  quinzième  siècle,  dont  l'une  s'ap- 
puie sur  un  massif  voûté,  dernier  reste  d'une  construction  plus 
ancienne.  Des  fossés  d'eau  vive  l'entourent  et,  jadis,  le  protégeaient. 
L'n  pont-leiis,  établi  entre  deux  tourillons  à  créneaux,  fait  com- 
muniquer la  cour  intérieure  avec  une  autre  cour  beaucoup  plus 
vaste,  renfermée  par  les  bâtiments  de  la  ferme  et  par  la  cha- 
pelle \ 

Lattay,  vend  à  Jamet  Pierres- les  &  terres  du  Chartaut,  tes  \oës  de  la  Varaone  i 
et  d'autres  terres  »  sises  à  la  Croix-Cosson,  à  la  Planche  de  la  Sorinière  «, 
etc. 

*  27  réirier  1496,  déclaration  à  i  noble  homme  Françoys  de  Brie,  escuyer, 
seigneur  de  la  Sorinière  •»,  époux  de  Marie  Pierres,  par  Guillaume  Gerland 
pour  une  portion  de  moulin. 

'  Mai  1598.  transaction  par  Michel  d*Escoublant,  écuyer,  seigneur  de  la 
Sorinière  et  Renée  de  Brie,  son  épouse,  héritière  delà  Sorinière.  fille  dn  défunt 
René  de  Brie,  de  son  vivant  seigneur  de  la  Sorinière,  et  de  Marie  de  Vaugi- 
rault,  avec  les  chanoines  de  Saint-Léonard  de  Ghcmillé.  au  sujet  d*une  rente  de 
deux  septiers  de  blé,  revendiquée  par  le  chapitre. 

^  On  célébra  son  «  annuel  «  dans  la  chapelle  de  \otre  I)ame-de-Pitié,  à 
Saint-Pierre  de  Chemillé,  du  13  juillet  1611  au  13  juillet  1612. 

*  Arch    de  Maine-et-Loire,  E  4122. 

^  J'adresse  à  M.  le  comte  O'Kelly  et  k  Mme  la  comtesse,  née  du  Verdier  de 
la  Sorinière,  des  remerciements  très  sincères  pour  l'extrême  bienveillance  avec 
laquelle  ils  m'ont  permis  de  compulser  les  archives  de  leur  château  et  de  pho- 
tographier les  peintures  de  leur  chapelle. 

'  La  chapelle  du  château  de  la  Sorinière  ne  doit  pas  être  confondue  avec  la 
chapelle  de  \otre-Dame-de-Pitié,  dite  aussi  chapelle  de  la  Sorinière,  accolée  À 
l'aile  droite  du  transept  de  l'église  de  Saint-Pierre  de  Chemillé.  Cette  dernière 
avait  été  élevée,  en  1501,  par  François  de  Brie  rt  Marie  Pierres,  seigneur  et 
dame  de  la  Sorinière,  pour  servir  à  la  sépulture  des  membres  de  leur  famille. 


LA   GHAPELLiS    DU   CHATEAU    DE    LA    SOBINIÈRE  249 

La  diapelie  de  la  Sorinière  mesure  7*70  de  longueur  sur  5"30 
de  largeur.  Elle  se  compose  de  deux  travées  voûtées  d^ogives  à 
profil  prismatique.  Elle  est  éclairée  par  deux  petites  fenêtres  à 
trèfle  et  par  une  large  baie  en  plein-cintre,  qui  s'ouvre  au-dessus 
de  Fautel  \  Les  clefs  de  voûte  sont  ornées  d'un  écusson  fruste; 
un  autre  écusson,  fixé  au  sommet  de  Tarc-doubleau,  porte  les 
armes  de  la  famille  d'Escoublant  :  u  deux  escoubles  ou  aigles  esso- 
rantes d'argent,  mises  en  fasce  côte  à  côte,  membrécs  et  becquées 
de  .sable.  y> 


Il  est  regrettable  qu'elle  ait  été  démolie,  quand,  en  1902,  on  a  restauré  l'église 
Saint-Pierre;  car,  sans  parler  du  mérite  de  cette  modeste  construction,  c'était 
un  dos  rares  édifices  du  commencement  du  seizième  siècle,  dont  on  connût 
c  l'état  civil  v  complet. 

On  possède,  en  efTet,  le  texte  de  deux  marchés,  conclus  entre  le  seigneur  de 
la  Sorinière  et  Etienne  Pellepré  ou  Pelletier,  maître  maçon,  pour  la  construc- 
tion des  murs  et  de  l'autel  de  cette  chapelle,  t  Aujourduy  V*  jour  de  novembre 
mil  V'  et  ung  a  esté  faict  marché  entre  mons**  de  Sainct-Ligier  et  de  la  Sori- 
nière et  Ëstienne  Pellepré,  roaistre  maczon,  pour  faire  la  massonnerie  cy  dessus 
dite  pour  le  pris  et  somme  de  cinquante  livres  tournois,  deux  charges  de  seille 
et  une  pippe  de  vin  bon  et  franc.  Presans  à  ce,  mons'  le  prieur  de  Chemillé  et 
mons'  le  prieur  du  cloistre  etmons'  d'Espiré,  fils  dudit  sieur  de  la  Sorynière. 
Ainsi  signé  :  P.  Dupo.vt,  E.  Pkllktirr,  M.  dr  Brvk  ;  l'an  et  jor  que  dessus.  » 

Le  lendemain,  6  novembre  1501,  ils  traitent  ensemble  pour  la  fourniture  de 
«  la  pierre  de  tuffeau,  d'une  table  d'aultel  de  Ragesse  ou  de  Sainct-Aignan  et 
deux  ou  trois  pierre  de  Ragesse  pour  faire  les  pilliers  de  dessoubz  l'autel.  «  Le 
marché  s'élève  à  la  somme  de  trente  livres  tournois.  Pellepré  rendra  la  pierre 
jusqu'au  Gué  des  Moriers,  près  de  Ghalonnes,  d'où  le  seigneur  la  fera  trans- 
porter à  Chemillé. 

Le  premier  de  ces  marchés  est  précédé  d'une  sorte  de  devis,  qui  commence 
à  tomber  en  poussière,  mais  où  il  est  encore  possible  de  lire  :  t  ...  En  iceluy 
pignon  [de  la  chapelle]  fault  ung  vitrai  de  la  grandeur  et  haulteur  d'iceluy  qui 
est  au  pygnon  du  prieuré  et  y  aura  deux  meyneaux  en  iceluy  vitrai  et  sur  les 
meyneaulx  formayement  le  plus  ligier  que  faire  se  porra...  Et  sera  lad.  cha- 
pelle voultéc  à  belles  croisées  d'ogyves...  Item  faudra  faire  une  arche  pour 
veoir  et  passer  de  lad.  chapelle  en  lad.  église  à  la  devise  de  mond.  sieur  et 
aussy  faire  ung  chaufTepié  qn  lad.  chapelle  encontre  le  gros  pillier...  i  Ces 
documents,  encore  inédits,  suffiraient  à  prouver  qu'il  y  eut  en  Anjou,  au  com- 
mencement du  seizième  siècle,  des  constructeurs  qui  restaient  toujours  fidèles 
aux  traditions  de  l'art  français. 

Deux   statues  de  saint  Cosme    et   de  saint  Damien,    conservées  an  musée- 
archéologique  d'Angers,  ornaient  jadis  l'autel  de  cette  chapelle.  Le  peuple  de 
Chemillé  et  des  environs  les  avait  baptisées  du  nom  de  saint  Aignan  (saini 
Teignant)  et  de  saint  Ignace  (saint  Tignasse)  et,  jusqu  à  ces  derniers  temps, 
il  les  invoquait  contre  les  maladies  du  cuir  chevelu. 

*  Avant  la  restauration  de  la  chapelle,  en  1830,  cette  fenêtre  devait  avoir 
une  autre  forme. 


f^  Là  CBirCLLE  BC  CBITCIC  »K  LJ  SOBISIEIK 

4  ïe%lmtmr,  l'^ifice  B'offre  rien  ie  rpaar^vaUr.  A  i'nitê> 
fvvr,  il  rM  nnè  ie  pHfitar9*s  à  U  d^tmapr,  ^«i  pe«T«it  figvrrr 
a  boa  droit  pami  les  ««rm  1rs  pliu  aitt«^bqaes  ^«r  le  «râîèiBe 
»irr{«  ail  Irgné*»  à  IWnym.  Prol^i^  roDtrr  le  landalisme.  à 
I  époqœ  des  ^erres  de  Vendée*  par  de§  fa^^ts  qn  reMpiîssaieDt 
la  rhapelle,  res  peintores  n'ont  ete  endommaç^es.  d'aillenrs  très 
légèrement,  que  rers  18^34),  par  on  deroralevr  anssi  hardi  que 
roaladral.  Elles  forment  trois  grands  pannean,  représentant  la 
\aliiifê  de  \otre-Seignear,  TAdoration  des  liages  et  saint  Chris- 
Uiphe,  Persionne  ne  les  a  encore  si^alf*es. 

f^  Xatitiié  de  Jésus-Christ  mesure  3*15  de  lar^ear  sor 
3*25  de  bantenr  V 

f^  scène  ^  pas.«e  dans  un  pajsa^je.  Varie,  la  tête  légèrement 
penchée  sur  Tépaole  droite,  se  présente  à  gênons,  presque  de  face, 
M9U%  une  double  arcade  que  soutiennent  des  piliers  carrés  reiètns 
de  marbre,  detani  une  crèche  en  mine,  dont  la  toiture  défoncée 
lai»Mr  entrevoir  un  coin  du  ciel  gris  et  froid.  Sa  robe  est  échancrét» 
an  cou.  In  large  manteau  de  couleur  bleue  Tenveioppe  presque 
font  entière.  Sur  sa  nuque  flotte  un  voile  de  gaze  transparente. 
Kl  le  adore,  les  mains  jointes,  son  divin  fils,  exposé  tout  nu  sur  le 
dallage, que  recouvre  un  linge  blanc.  Deux  anges,  dont  T un  porte 
uni*  chap«f  d*or,  sont  représentés  de  chaque  coté  de  Tenfant,  qu*ils 
prient  a*i*c  feneur. 

Au  premier  plan,  à  droite  et  à  gauche,  le  seigneur  et  la  dame 
de  la  Sorinière  sont  agenouillés  sur  un  prie-Dieu  recouvert  d'une 
étoffe  bleue  à  leurs  armes.  Ils  ont  T  un  et  Fautre  les  mains  jointes; 
au-dessus  de  leur  livre  de  prières.  Jean  de  Brie,  reconnaissable  à 
son  blason  brodé  sur  le  tapis  du  prie-Dieu,  a  les  bras  et  les  jambes 
armés  de  toutes  picVces  et  porte  sur  sa  cotte  un  snrcot  a  fascé  d'ar- 
gent et  de  sable  de  huit  raies,  au  lion  de  gueules  brochant  sur  le 
tout)).  Son  gantelet  et  son  casque  sont  déposés  à  terre.  Il  était 
assisté  de  saint  Jean-Baptiste,  son  patron,  que  le  décorateur  de 
1830  a  maladroitement  transformé  en  sainte  Madeleine.  Fran- 
çoise de  Mathefelon,  son  épouse,  est  coiffée  d'un  chaperon  à  queue, 
)^x\T  sa  rol>e  est  posé  un  surcot  à  jupe  traînante,  armorié  de  Técus- 
son  à  ses  armes.  Un  chapelet  blanc,  à  gros  grains,  est  suspendu 

'  Voir  ri-contre  la  plaDclie  XLI. 


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LA   CHAPELLE    DU    CHATEAU    DE    LA    SORINIÈBE  251 

à  sa  ceinture.  Sain  (François  d'Assise  Taccompagne  et  la  présente. 

Au  second  plan,  saint  Joseph,  vêtu  d'une  robe  bleue  et  d'un 
manteau  rouge,  la  tète  recouverte  d'un  chaperon,  enti*e,  à  droit<\ 
avec  sa  lanterne  allumée  et  son  bâton.  A  gauche,  un  berger 
accourt  pour  adorer  l'Enfant-Jésus,  avec  sa  houlette  à  la  main  vt 
sa  gibecière  au  côté.  Un  de  ses  camarades  contemple  le  spectacle 
par  une  des  ouvertures  de  la  misérable  cabane.  Deux  autres  ber- 
gers le  suivent;  on  les  voit,  traversant  sur  un  pont  la  petite  rivière 
qui  anime  le  paysage  et  causant  entre  eux  de  la  grande  nouvelle. 

Le  paysage  qui  fait  le  fond  du  tableau  n'a  pas  la  gaité,  la  dou- 
ceur, la  grâce  un  peu  molle  des  paysages  de  l'école  de  la  Loire. 
On  y  sent  une  touche  plus  vigoureuse,  plus  dure  même,  mais 
encore  très  habile  et  très  sincère. 

On  y  trouve,  comme  dans  les  peintures  du  quinzième  siècle,  des 
détails  charmants.  Cette  scène,  en  particulier,  qui  se  passe  à  gauche 
dans  la  prairie,  n'est-elle  pas  d'une  simplicité  exquise?  Deux  anges, 
que  l'on  aperçoit,  dans  les  nuages,  approchant  d'un  réchaud  leurs 
petites  mains  engourdies,  ont  annoncé  aux  bergers  la  naissance 
du  roi  des  juifs. Un  groupe  de  patres,  réunis  autour  d'un  brasier,  a 
entendu  l'appel  d'en-haut.  Deux  d'entre  eux  sont  déjà  debout» 
tout  prêts  à  partir  pour  la  crèche.  Le  troisième  souffle  à  pleins 
poumons  dans  sa  cornemuse  :  il  reste  assis,  pour  répéter,  sans 
doute,  la  mélodie  qui,  tout  à  l'heure,  égaiera  le  nouveau-né.  Le 
quatrième  tient  une  écuelle  de  la  main  droite;  de  la  main  gauche 
il  porte  une  cuiller  à  sa  bouche;  c'est  un  homme  pratique  :  avant 
d'entreprendre  le  voyage,  il  termine  son  repas. 

VAdoration  des  Mages  forme  un  tableau  de  2"",  1 8  de  hauteur  sur 
4"", 85  de  largeur.  Il  est  bordé,  à  la  partie  inférieure,  d'une  sorte  de 
litre,  sur  laquelle  on  a  peint,  à  partir  du  dix-septième  siècle,  les 
blasons  de  toutes  les  familles  qui  se  sont  alliées  à  la  famille  du 
Verdier  de  la  Sorinière.  La  scène  traitée  par  l'artiste  est  pleine  de 
vie  et  de  mouvement;  mais,  sans  parler  de  quelques  maladresseiii 
et  de  quelques  fautes  de  dessin,  on  y  sent  un  peu  la  recherche  '. 

La  Vierge  et  saint  Joseph  portent  le  même  costume  que  dans  le 
panneau  de  ^  la  Nativité».  L'architecture  des  colonnes  qui  les 
encadrent  ressemble  à  celle  de  la  crèche. 

*  Voir  ci-dessous  la  planche  XLII. 


^52     LA  CHAPELLE  DU  CHATEAU  DE  LA  SORIMÈRE 

Marie  est  assise,  tenant  TEnfant  Jésus  sur  ses  genoux.  A  sa 
droite,  saint  Joseph,  la  main  appuyée  sur  un  bâton,  se  penche 
pour  contempler  le  spectacle  extraordinaire  qui  se  déroule  au 
premier  plan.  Un  vieillard  au  front  chauve,  aux  cheveux  blancs, 
un  roi,  sans  doute,  car  il  a  été  déposé  à  terre  son  chapel  recou- 
vert d'une  couronne  d'or,  s'agenouille  aux  pieds  de  la  jeune  mère. 
Il  est  enveloppé  d'un  manteau  jaune,  garni  de  riches  fourrures. 
De  la  main  gauche  il  porte  une  coupe  d'orfèvrerie,  qu'il  découvre 
de  la  main  droite  et  vers  laquelle  l'enfant  tend  les  bras  en  souriant. 
Un  valet  le  suit,  tenant  en  laisse  un  lévrier  blanc.  Debout  près  du 
vieillard,  un  autre  roi,  dont  le  visage  est  encadré  d'une  chevelure 
et  d'une  barbe  opulentes,  jette  un  regard  plutôt  sévère  sur  les 
cavaliers  de  son  escorte.  Il  est  coiffé  d'un  turban,  chaussé  de 
bottes  à  crevés,  vêtu  d'un  manteau  en  velours  grenat  décoré  d'ara- 
besques et  muni  de  manches  bouffantes.  Un  large  cimeterre  pend 
à  sa  ceinture.  Sa  main  gauche  tient  un  sceptre  fleuronné.  Les  pré- 
sents qu'il  apporte  sont  renfermés  dans  une  coupe  de  cristal 
sertie  d'or.  Derrière  lui,  ses  serviteurs  et  les  officiers  de  son 
palais  se  pressent  en  foule,  montés  sur  des  chevaux  ou  sur  des 
dromadaires. 

Le  roi  nègre  attend  à  gauche,  coiffé  d'un  chapeau  à  bords 
rabattus  et  contournés  sur  lequel  repose  une  délicate  couronne, 
vêtu  d'un  ample  manteau  en  brocart,  qui  laisse  à  découvert  la 
jambe  droite  chaussée  d'une  énorme  botte  à  crevés.  Un  vase  d'or, 
qu'il  soutient  de  la  main  gauche,  renferme  l'offrande  destinée  au 
nouveau  roi  des  juifs.  En  tète  de  son  escorte,  on  remarque  un 
négrillon  au  costume  bizarre,  tenant  par  la  bride  un  animal  plus 
étrange  encore,  dromadaire  ou  chameau  richement  caparaçonné, 
dont  le  peintre  a  caché  la  tête,  pour  cette  raison  que,  ne  la  con- 
naissant pas  exactement,  il  était  incapable  de  la  dessiner.  La  sup- 
position n'est  pas  téméraire,  quand  on  voit  quelles  formes  amu- 
santes il  a  attribuées  à  l'éléphant  '  qui  figure  au  dernier  rang,  à 
gauche,  avec  une  malle  de  voyage  et  un  cavalier  sur  le  dos  '. 

'  La  ménagerie  du  roi  René,  au  château  d'Anjjcrs,  comptait  plusieurs  dro- 
madaires ou  chameaux  ;  elle  ne  possédait  pas  un  seul  éléphant.  (Cf.  Lkcoy  dr 
LA  Marchk,  Le  roi  René,  t.  II,  p.  18). 

*  Les  écussons  qu'on  voit,  à  gauche  et  h.  droite,  sur  ce  panneau,  ont  remplacé 
ceux  de  Jean  de  Brie  et  de  Françoise  de  Mathefelon. 


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lA  CHAPELLE  DU  CHATEAU  DE  LA  SORINIÈRB     Sô3 

Le  dernier  panneau  mesure  3"  50  de  largeur  sur  3"  10  de  hau- 
teur. II  représente  saint  Christophe  ',  sous  les  traits  d'un  géant,  à 
Tabondante  chevelure,  à  la  barbe  grisonnante  et  frisée,  marchant 
dans  les  eaux  d'une  rivière  jusqu'à  la  hauteur  des  mollets.  Le 
colosse  est  vêtu  d'une  culotte  courte,  serrée  au-dessous  du  genou, 
d'une  tunique  de  brocart  d'or  à  revers  bleus  et  d'un  manteau 
rouge  à  larges  plis,  que  soulève  la  brise.  Il  s'avance  de  gauche  à 
droite,  en  s'appuyant  des  deux  mains  sur  un  tronc  d'arbre,  qui 
lui  sert  de  bâton.  Sa  tète  est  tournée  vers  le  Sauveur,  gracieux 
enfant  aux  cheveux  bouclés,  assis  à  califourchon  sur  l'épaule  du 
vigoureux  passeur,  quecefardeau  mystérieux  déconcerte  et  accable. 

L'Enfant-Jésus  porte  une  robe  bleue  et  un  manteau  cendré, 
qui  flotte  au  vent.  De  la  main  droite,  il  soutient  le  globe  du 
monde,  surmonté  d'une  croix,  à  laquelle  pend  une  banderole 
blanche.  De  la  main  gauche,  il  semble  indiquer  le  rivage,  sur 
lequel  on  aperçoit  un  ermite,  le  genou  en  terre,  qui  présente  sa 
lanterne  allumée,  comme  pour  éclairer  le  passage.  Malheureuse- 
ment, cette  partie  du  panneau  a  été  repeinte  :  l'ermite,  la  cha- 
pelle et  le  bouquet  d'arbres  qui  l'entourent  sont  l'œuvre  du  restau- 
rateur de  1830. 

Au  second  plan,  sous  un  ciel  chargé  de  nuages,  se  profile  la 
silhouette  d*une  barque,  qui  vogue,  toutes  voiles  dehors,  vers  la 
haute  mer;  puis,  plus  près,  la  muraille  d'une  ville,  qui  s'avance 
dans  le  fleuve  et  forme  un  port  bien  fermé,  où  les  bateaux,  à 
l'abri  de  la  tempête,  attendent  tranquillement  l'heure  du  départ. 

Cette  scène,  que  les  artistes  du  moyen  âge  ont  interprétée  tant 
de  fois,  a  été  traitée  ici  avec  une  grâce  naïve  et  charmante,  qui 
rappelle  les  meilleures  compositions  du  quinzième  siècle. 

La  légende  raconte  que  saint  Christophe  aurait  été  martyrisé  en 
Lycie,  au  troisième  siècle.  A  la  Sorinière,  son  martyre  continue. 
Ses  bourreaux  sont  les  jeunes  filles  du  voisinage,  qui,  pour  trouver 
un  mari  dans  l'année,  n'hésitent  pas  à  fixer  de  longues  épingles 
dans  le  mollet  du  charitable  colosse.  La  dévotion  est  telle,  qu'il 
faut,  de  temps  en  temps,  panser  les  plaies  béantes  et  recouvrir  la 
jambe  du  patient  d'une  nouvelle  couche  de  peinture. 

Les  fresques  de  la  chapelle  de  la  Sorinière  sont  un  peu  anté- 
'  Voir  ci-(le88U8  la  planche  \LI1I. 


!234     LA  CHAPELLE  DU  CHATEAU  DE  LA  SORINÈIRE 

rii^ures  au  milieu  du  seizième  siècle.  Telle  est,  en  effet,  Tépoque  à 
laquelle  nous  reporte  le  costume  des  personnages,  qui  sont  habillés 
<-omme  on  Tétait  en  France,  sous  le  règne  de  François  I".  Telle 
4'st  aussi  celle  qu'indiquent  les  écussons  armoriés  de  Jean  de  Brie 
et  de  Françoise  de  Mathefelon.  Jean  de  Brie  s'était  marié  avec 
Françoise  de  Mathefelon  en  1517  *.  Les  deux  époux  vivaient 
encore  en  1535  ^;  mais  Françoise  mourut  avant  1540,  car,  à 
cette  date,  Jean  de  Brie  s'allia  en  secondes  noces  avec  Catherine 
l'antin  V  CVst  donc  entre  1517  et  1540,  que  le  seigneur  et  la 
ilame  de  la  Sorinière  firent  exécuter  pour  l'oratoire  de  leur  châ- 
teau les  peintures  qui  en  sont  le  principal  et,  avec  la  statue  de 
\olre-Dame  de  Pitié  qui  décore  l'autel,  à  peu  près  le  seul  ornement. 
A  quel  artiste  peut-on  attribuer  ces  œuvres,  qui,  malgré  quel- 
ques imperfections,  trahissent  un  goût  très  délicat  et  une  main 
très  habile?  A  défaut  d'un  nom  précis,  que  l'on  chercherait  en 
\a\n  dans  les  archives  de  la  Sorinière,  on  peut  affirmer,  du  moins, 
que  le  peintre  n'a  pas  été  formé  à  l'école  des  bords  de  la  Loire. 
La  Vierge  ne  rappelle  en  rien  la  jeune  fille  blonde,  grassouillette 
<'t  fraîche  des  miniatures  de  Fouquet;  elle  a  quelque  chose  de 
plus  grave  et  de  pi  us  froid  *.  L'enfant  ne  ressemble  ni  au  bambinok 
grosse  tète  de  Florence,  ni  au  poupon  leste,  souple  et  vivace  des 
Heures  de  Chantilly;  il  se  rapproche  plutôt  du  nouveau-né  maigre 
4't  anguleux  des  Flandres.  Ce  n'est  plus  ici,  pourtant,  l'assistance 
immobile  et  muette  des  tableaux  flamands  du  quinzième  siècle  : 
.  la  scène  —  celle  de  a  l'Adoration  des  Mages  tu  ,  en  particulier,  — 
est  vivante  et  réelle;  mais  on  sent  que  l'artiste  a  des  préférences 
bien  marquées  pour  les  traditions  de  l'école  du  Nord.  Ne  serait-il 
pas  même  l'élève  d'un  Coppin  Delft,  par  exemple,  d'un  des 
u  peintres  du  roi  de  Sicile  ^\  d'un  de  ces  Flamands  que  le  roi 
René  avait  attachés  à  sa  personne  et  fixés  en  Anjou?  Je  ne  voudrais 
pas  l'affirmer;  mais  je  suis  tenté  de  le  croire. 

*  Le  contrat  de  mariage  porte  la  date  du  1*'  décembre  1517. 

*  Transaction  entre  les  seigneurs  de  Sorinière  et  de  Brie-Serrant,  au  sujet 
de  la  dot  de  dame  Françoise  de  Mathefelon,  épouse  de  Jean  de  Brie,  seigneur 
do  la  Sorinière  et  des  Tailles. 

*  8  ao&t  1540,  contrat  de  mariage  de  t  noble  et  puissant  Jehan  de  Bryc,  sei- 
gneur de  la  Sorinière  t .  avec  «  damoiselie  Catherine  Pantin,  fille  de  feu  Jehaa 
Pantin  et  de  Renée  de  la  Roche  » . 

^  La  photographie  accentue  encore  cette  note. 


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Page  m. 


^: 


Là    CHAPELLE  DU  CHATEAU  DE  LA  SORINIÈRE     255 

J'ai  parlé,  tout  à  l'heure,  de  1a  statue  de  Notre-Dame  de  Pitié, 
<|ui  décore  Tautel  de  la  Sorinière.  C'est  un  groupe  en  pierre  d'un 
très  grand  mérite,  qui  offre  une  particularité  iconographique  assez 
remarquahie '. 

Au  seizième  siècle,  la  Vierge  de  Pitié  est  presque  toujours  repré- 
.sentée  seule  avec  son  (ils.  Quelquefois  pourtant  saint  Jean  et  sainte 
Marie-Madeleine  l'assistent  et  partagent  sa  douleur.  Quelquefois 
aussi  l'artiste  a  figuré  tous  les  personnages  qui  furent  présents  à 
l'ensevelissement  du  Christ  :  derrière  la  Vierge,  qui  porte  son  fils 
sur  ses  genoux,  on  voit  Nicodème,  Joseph  d'Arimathie,  saint  Jean, 
la  Madeleine,  les  saintes  femmes  *.  A  la  Sorinière,  Marie  n'est 
accompagnée  que  de  saint  Jean. 

La  Vierge,  revêtue  du  costume  traditionnel,  manteau  somhre 
et  guimpe  blanche,  est  assise,  joignant  les  mains  et  levant  un  peu 
les  yeux  vers  le  ciel.  Le  corps  inanimé  de  Jésus  est  étendu  sur  les 
genoux  de  sa  mère;  les  jambes  sont  rigides,  le  bras  droit  pend 
inerte  et  effleure  la  terre.  Saint  Jean  fléchit  le  genou  pour  recevoir 
la  tète,  couronnée  d'épines,  du  Sauveur,  qu'il  soutient  de  la  main 
droite,  pendant  que  sa  main  gauche,  passée  derrière  l'épaule  de 
Marie,  sert  d'appui  à  cette  mère  désolée.  La  figure  de  la  Vierge 
est  admirable.  Celle  de  TapiMre  n'est  pas  moins  parfaite;  il  semble 
même  difficile  d'exprimer  en  traits  plus  saisissants  l'angoisse  de 
la  douleur  tempérée  par  la  foi. 

Les  armes  de  François  de  Brie  et  de  Marie  Pierres,  son  épouse, 
sont  sculptées  sur  le  socle  de  ce  groupe  émouvant.  La  Vierge  de 
Pitié  de  la  Sorinière  est  donc  antérieure  de  quelques  années  aux 
])eintures  murales  de  la  chapelle. 

Chanoine  Ch.  Lrseau, 
Correspondant  du  Comité,  à  Angers. 


>  Voir  ci-dessus  la  planche  \L1V. 

*  E.  «\I.ALK,  L'Ari  français  à  la  fin  du  moyen  âge:  l'apparition  du  pathéti- 
que {Revue  des  deux  Mondes,  \"  octobre  1905.  p.  672-673). 


206  HISTOIRE    D'UN    TABL£AU 


XllI 


HISTOIRE   D  l!V   TABLEAU 

LE  MARTYRE  DE  SAINT  ÉTIEWE  PAR  RUBENfS 

Le  musée  de  Valenciennes  *  possède,  parmi  bien  des  chefs- 
d'œuvre,  un  tableau  de  premier  ordre,  le  Martyre  de  saint  Etienne, 
que  peignit  vers  1623,  pourTabbaye  de  Saint-Amand,  IV-P.  Rubens 
en  collaboration,  croit-on,  avec  Corneille  Schutt  *. 

Celte  œuvre,  grandiose  en  son  ensemble,  forme  un  triptyque 
dont  les  petits  panneaux  de  gauche  et  de  droite  sont  peints  sur  les 
deux  faces. 

Prenons  le  triptyque  fermé  :  Rubens  a  représenté  sur  les  deux 
volets  une  Annonciation  d'un  grand  caractère.  A  gauche  on  voit 
la  Vierge  revêtue  d'un  costume  somptueu^t  aux  couleurs  éclatantes 
et  dont  la  coupe  révèle  nettement  Tépoque  à  laquelle  vivait  le 
peinire  anversois.  Plusieurs  auteurs  ont  voulu  voir,  dans  cette 
représentation  de  la  Vierge,  le  portrait  en  pied  de  la  troisième 
femme  de  l'artiste  '.  Si  l'on  se  rappelle  que  Rubens  se  maria  seule- 
ment deux  fois,  il  semble  dès  lors  impossible  d'ajouter  foi  à  cette 
affirmation.  Les  mêmes  critiques  ou  historiens  locaux  ont  égale- 
mentcru  reconnaître,  dans  les  anges  blonds  et  joufflus  qui  entourent 
l'ange  Gabriel  peint  sur  le  second  panneau,  les  enfants  du  grand 

'  Voir  les  divers  inventaires  du  musée.  Editiou  de  1839,  n*"  251  à  254.  — 
Ed.  1841,  n«  187  à  190.  —  Ed.  1861.  n"  164  à  16T.  —  Ed.  1865,  n-  1T9  À 
1H2.  —  Ed.  1876.  n-  182  à  185  —  Ed.  1882,  n-  210  à  213.  —  Ed.  1888» 
n"  210  à  213.  —  Ed.  1898.  n-  307  à  310. 

'  D'après  L.^pbnrstrk.  La  fitinture  en  Euro'te.  Im  Relgiqu^,  p.  83  —  VAs- 
lompiion  de  la  Vierge  du  musée  de  Hruxelles  (salle  X,  n**  407)  fut  commandée 
  Rubens  par  les  archiducs  Albert  et  Isabelle.  M.  Max  Rooses  pense  que  la 
partie  supérieure  doit  être  attribuée  à  c  Corneille  Schut  qui  collabora  également 
au  Saini-Eiienne  du  musée  de  Valenciennes.  « 

*  A.  DiNAUx.  Exposition  publique  des  arts  et  de  t  industrie  à  Valenciennes  en 
1838.  Compte  rendu,  p.  6.  —  V.  Croix.  Ville  et  abbaye  de  ^aint-Amand, 
1899,  p.  65.  Etc.. 


HISTOIRE    D'UN   TABLEAU  257 

artiste.  Je  n'insisterai  pas  davantage  sur  rinvraisemblance  de 
cette  seconde  affirmation. 

Si  Ton  ouvre  les  volets,  on  aperçoit  trois  compositions  d'iné- 
gales dimensions,  représentant  certains  épisodes  de  la  vie  de  Saint 
Etienne.  Sur  le  panneau  de  gauche,  Tartisle  a  peint  Etienne  prê- 
chant au  milieu  des  docteurs;  la  tète  du  saint  est  remarquable 
d'expression.  La  grande  scène  du  milieu,  où  est  représenté  son 
martyre,  est  largement  brossée;  le  talent  vigoureux  de  Kubens  s'y 
révèle  dans  la  plénitude  de  sa  force.  Le  troisième  panneau,  l'ense- 
velissement du  martyr,  est  un  modèle  de  composition.  Dans  un 
espace  fort  restreint,  Rubens  a  su  placer  à  l'aise  neuf  personnages 
sans  qu'il  y  ait  la  moindre  confusion. 

Il  faudrait  des  pages  entières  et  une  érudition  qui  me  manque, 
pour  louer  convenablement  ce  chef-d'œuvre  que  tous  admirent.  Il 
est  regrettable  cependant  que  le  manque  de  recul  place  le  specta- 
teur trop  près  de  ces  personnages  presque  le  double  de  nature. 
Cette  (oile  superbe  devait  produire  une  impression  autrement 
grandiose,  alors  qu'elle  se  trouvait  encore  placée  au  fond  du  vaste 
vaisseau  de  l'église  abbatiale  de  aSaint-Amand  et  dominait  le  maitre- 
autel  auquel  on  accédait  par  quarante  degrés  de  marbre  blanc. 

C'est  en  effet  l'un  des  abbés  les  plus  remarquables  de  ce 
monastère  fameux,  l'abbé  Dubois,  qui  fit  la  commande  de  cette 
œuvre  superbe  au  grand  peintre  anversois.  La  légende  ajoute 
même  que  c'est  au  retour  d'un  voyage  à  Paris  où  il  s'était  rendu 
pour  peindre  la  galerie  du  Luxembourg,  que  Rubens  s'arrêta  à 
Saint-Amand  pour  exécuter  cette  vaste  composition;  c'esl,  ajou- 
tons-le, une  simple  hypothèse  qu'aucun  semblant  de  preuve  ne 
vient  confirmer. 

Ce  tableau  demeura  en  place  jusqu'aux  premières  années  de  la 
Révolution.  Mais  l'humidité  du  lieu  et,  il  faut  le  dire  aussi,  la 
négligence  des  moines  avaient  forcé,  en  1740  et  en  1761,  les 
abbés  en  exercice  d'avoir  recours  aux  bons  offices  d'artistes  qui 
en  exécutèrent  la  restauration  partielle  '. 

Pendant  près  de  dix  ans,  c'est-à-dire  entre  les  années  1791  *  et 

'  J.  Dbsilvb.  Revue  de  ta  Société  d'agricuiture,  sciences  et  arts  de  Valen- 
ciennes,  t.  XIX,  1865,  p.  467.  — Cellier,  Inventaire  du  musée,  1861,  p.  36. 

*  L*abbé  Rudemare,  fuyant  Paris,  passe  à  Saint-Amand  et,  le  7  février  1791, 
écrit  les  lignes  suivantes  :  L'autel  dédié  à  la  Vierge c  ...est  décoré  d'un  tableau 

17 


158  HISTOIRE    D'UN    TABLEAU 

1801,  le  silence  se  fait  autour  de^ce  tableau  fameux.  Saisi  en  qua- 
lité de  bien  national,  on  Ta  transporté  avec  plusieurs  œuvres  d'art 
remarquables,  de  Saint-Amand  à  Valenciennes,  où,  après  être 
demeuré  quelque  temps  dans  le  dépôt  de  la  ville,  il  en  fut  retiré 
pour  figurer  en  bonne  place  au  ^  Salon  académique  «  ,  devenu  plus 
tard  notre  musée  ' . 

Peu  à  peu  le  calme  renaît.  Tordre  est  rétabli,  les  églises 
s'ouvrent  de  nouveau  au  culte.  Les  prêtres,  soucieux  de  rendre  à 
ces  édifices  sacrés  leur  splendeur  ancienne,  accablent  de  pétitions 
les  mairies  et  la  préfecture,  afin  de  recueillir  quelqu'une  de  ces 
œuvres  d'art  que  l'État  tient  en  réserve. 

C'est  ainsi  que  le  31  octobre  1804,  les  administrateurs  de  la 
fabrique  de  l'église  Sainl-Géry  de  Valenciennes  demandent  que 
a  deux  tableaux  de  Kubens,  déposés  au  musée  de  cette  ville  *  » 
leur  soient  attribués.  Ajoutons  que  le  clergé  de  l'église  Saint- 
Nicolas  '  avait,  depuis  queli|ues  jours  déjà,  émis  le  même  vœu. 
Le  maire,  devant  cette  double  demande,  se  trouve  quelque  peu 
embarrassé  et  les  transmet  toutes  deux  à  la  sous-préfecture,  ajou- 
tant qu'à  son  avis,  Saint-(îéry,  plus  spacieuse  et  affectée  désormais 
à  toutes  les  cérémonies  officielles  du  culte,  est  plus  digne  de  les 
recevoir.  Quant  aux  tableaux,  déclare  ce  magistrat  peu  connais- 
seur, o  je  ne  vois  point  d'inconvénient  à  ce  qu'ils  soient  tirés  du 
musée,  qui  n'est  poui-vu,  ajoute-t-il,  que  de  très  peu  de  tableaux 


dcRubeas  divisé  en  deux  parties,  sur  l'une  desquelles  saint  Etienne  prêchant, 
sur  l'autre  saint  Etienne  mort...  •  Rldkmarb.  Journal  d'un  prêtre  parisien, 
1788-1792,  p.  40-H.  Citt^  par  J.  Desilve.  —  Vicolas  Dubois.  Mémoires  histori- 
ques de  la  Société  d'agriculture,  1899.  t.  VII,  p.  397. 

'  t  Tableaux  provenant  de  l'abbaye  de  Saint- Amand  :  Un  tableau  peint  sur  toile 
par  P. -P.  Rubens,  représentant  saint  Etienne  lapidé,  de  13  pieds  3  pouces  de 
haut,  sur  8  pieds  6  pouces  de  large.  -^  Un  autre  tableau  peint  sur  bois  du  même 
artiste  étant  à  deux  faces.  D'un  côté  représente  l'Annonciation  et  de  l'autre  la 
mort  de  saint  Etienne,  de  12  pieds  8  pouces  de  haut  sur  8  pieds  2  pouces  de 
large.  »  —  «  Inventaire  des  tableaux  existant  au  Salon  académique  de  Valen^ 
tiennes  dressé  le  17  prairial  9'  année  républicaine.  >  Cbllibr,  Inventaire  du 
Muséey  1861.  Préface,  p.  in. 

•  Voir  pièces  justificatives  n**  1.  —  Archives  de  Valenciennes.  T.  2-25, 
pièce  1.  .Volons  qu'à  la  date  des  3  et  k  vendémiaire  an  XII,  Saint-Géry,  en  vertu 
d'un  arrêté  préfectoral,  avait  reçu  certains  tableaux  :  C Adoration  des  bergers 
de  Martin  de  Vos,  une  Descente  de  croix  de  l'école  de  Rubens  et  la  Passion 
de  Jésus-Christ. 

*  Lettres  en  date  des  7  oct.  et  5  nov.  1804. 


HISTOIRE    D\}\    TABLEAU  .259 

de  mérite  et  ne  présente  en  conséquence  qu'un  faible  intérêt  à  la 
curiosité  publique  '.  t) 

Si  Saint-Nicolas  n'obtint  pas  les  Rubens  qu'elle  convoitait, 
rÉtat  lui  confia  deux  autres  tableaux  de  valeur,  la  Décollation  de 
saint  Jacques,  de  Van  Dyck,  et  la  Vierge  tenant  le  Christ  mort 
sur  ses  genotuJCj  toile  anonyme  mais  intéressante.  Il  est  entendu, 
toutefois,  que  ce  prêt  n'est  que  provisoire  et  que  les  membres  du 
conseil  de  fabrique,  après  avoir  donné  récépissé  a  ...  s'engageront 
à  les  représenter  toutes  les  fois  qu'ils  en  seront  requis*  » . 

Durant  ces  pourparlers  sument  un  troisième  compélileur  qui 
prétend,  lui  aussi,  et  non  sans  quelque  apparence  de  raison,  avoir 
certains  droits  à  la  possession  de  ces  Rubens.  C'est  la  municipalité 
de  SaintrAmand  qui,  metiant  à  profit  le  séjour  du  roi  de  Hollande 
Louis-Bonaparte,  aux  eaux  de  la  Fontaine-Bouillon,  lui  présente 
une  respectueuse  supplique  ^  Le  maire  de  Valenciennes,  averti, 
s'émeut  de  cette  demande  et  supplie  le  prince,  faisant  appel  k  ses 
sentiments  artistiques,  de  ne  point  a  ...  anéantir  l'émulation  des 
élèves  qui  font  leurs  cours  (aux  académies)  et  de  priver  cette  ville 
des  deux  meilleurs  modèles  qu'elle  possède  *  w  .  La  réponse  ne  se 
fait  point  attendre,  Valenciennes  conservera  ses  Rubens  ^ 

Qu'advint-il  alors  de  notre  triptyque  entre  les  années  1805  et 
]831,  nous  l'ignorons.  Mais  à  cette  époque  il  n'est  plus  au  musée 
et  sert  d'ornement  à  l'église  Saint-Géry.  On  ne  connaît  point  la 
date  exacte  à  laquelle  s'opéra  ce  déplacement,  ni  par  quel  ordre. 
L'État,  représenté  par  le  préfet,  ne  prit  aucun  arrêté  à  cet  égard; 
et  l'on  est  en  droit  de  conclure  que  le  maire  en  fonctions  en  1805, 
M.  Benoît  aîné,  sans  consulter  son  conseil,  prêta  ou  donna  le 
tableau,  sans  exiger  aucune  garantie. 

En  tout  cas,  l'œuvre  de  Rubens  soufii'it  beaucoup  de  ce  trans- 
fert, car  on  1831  ",  Vitet  s'élève  avec  vigueur  contre  l'état  de 
dégradation  où  il  le  trouva  lors  de  son  passage  à  Valenciennes. 
Mais  cette  protestation,  bien  qu'autorisée,  demeura  platonique,  et 

'  Correspondance  du  premier  bureau.  180*.  6  nov.  D.  1-4V,  f»  229. 

*  T.  2-25,  pièces  9  et  10  en  dates  de  1804,  17  nov.,  et  1805, 11  janv. 
'  Voir  :  Cellikr,  Incentaire  du  musée,  1861,  p.  37. 

*  T.  2-25,  pièce  13,  1805,  juillet.  —  Pièces  just.,  n«  2. 

*  T.  2-25,  pièce  15,  1805,  18  juillet.  —  Pièces  just.,  d»  3. 
«  Vitet,  Rapport...  1831. 


260  HISTOIRE    D'UK    TABLEAU 

c'est  seulement  en  mars  1834,  que  V  a  Académie  »  de  Valen- 
ciennes  s'émeut  et  choisit  deux  de  ses  membres,  Julien  Potier  pro- 
fesseur de  peinture,  et  J.  Bernard,  professeur  d'architecture,  afin 
d'examiner  soigneusement  le  tableau  et  d'indiquer  les  mesures  à 
prendre,  f^  Tout  en  fixant  votre  attention,  disent  ces  experts, 
sur  la  nécessité  urgente  de  ne  pas  en  retarder  plus  longtemps  la 
restauration,  nous  devons  aussi  vous  prévenir  des  circonstances 
qui  ajoutent  le  plus  à  sa  destruction  et  à  celle  de  ses  deui»pen- 
dentifs,  ce  sont,  messieurs,  les  dispositions  du  placement,  l'indif- 
férence impardonnable  des  personnes  qui  en  ont  la  jouissance  et 
la  grossière  ignorance  des  individus  qui  sont  chargés  d'y  veiller...  » 
Et  plus  loin  :  a  Votre  commission,  en  ayant  l'honneur  de  vous 
présenter  son  rapport  sur  le  besoin  indispensable  de  ne  pas 
retarder  plus  longtemps  la  restauration  des  tableaux  de  Rubens, 
ne  peut,  en  même  temps,  trop  vous  témoigner  ses  vives  instances 
pour  que  des  ouvrages  aussi  précieux  soyent  transportés  au  nou- 
veau musée  de  l'hôtel  de  ville  et  mis  sous  la  responsabilité  de  per- 
sonnes aimant  les  arts  et  capables  d'estimer  l'immense  talent  qu'on 
admire  dans  ces  productions  vraiment  dignes  du  plus  grand  génie 
de  l'école  hollandaise,  et  dont  la  possession  peut  être  enviée  par 
le  grand  musée  de  la  capitale  '...  »  A  la  suite  de  ces  accusations 
formelles,  l'église  Saint-Géry  devient  un  pèlerinage. fréquenté  du 
public  et  surtout  des  artistes,  qui,  comme  le  sculpteur  Lemaire, 
protestent  hautement  et  essaient  d'arracher  à  son  indififérence 
coupable  l'édilité  valenciennoise  *.  Cette  campagne  porta  cepen- 
dant ses  fruits  et  le  maire,  dans  une  lettre  adressée  au  sous-préfet, 
demande  l'autorisation  de  proposer  à  son  conseil  le  vote  d'un 
crédit  destiné  à  la  restauration  du  tableau  de  Rubens.  Cette  lettre 
débute  en  des  termes  où  la  ville  affirme  nettement  ses  droits  de 
propriété  ^  Un  crédit  de  1,000  francs,  plus  tard  porté  à 
4,000  francs,  est  voté  sans  contestation  et  l'académie,  qui  vient  de 
nommer  un  commissaire  chargé  de  présider  à  la  restaurations 
prévient  le  doyen  de  Saint-Géry  que  le  tableau  va  être  transporté 

>  T.  2-55,  pièce  16,  1834,  4  mars.  —  Pièces  Just..  n«  4. 
•  T.  2-25,  pièce  17,  1834,  24  mars. 
'  T.  2-25,  pièce  19.  1834,  28  juin.  —  Pièces  jusl..  n"5. 
^  Voir  cooseil  municipal,  séance  du  30  juin  183V,  et  T.  2-25,  pièce  20,  1834, 
9  juillet. 


HISTOIRE    D'UN    TABLEAU  261 

de  son  église  à  râtelier  de  Tartiste  chargé  de  ce  travail.  Le  doyen, 
M.  Meurice,  pris  au  dépourvu,  ne  songe  qu'à  gagner  du  temps 
et  demande  que  le  transfert  n'ait  lieu  qu'à  plusieurs  jours  de 
là,  à  cause  d'une  cérémonie  du  culte  qu'on  ne  saurait  trou- 
bler ni  remettre.  Il  ne  proteste  aucunement  contre  la  mesure 
prise  par  la  municipalité,  mais  il  réunit  sur  l'heure  le  conseil 
de  fabrique;  et  c'est  alors  que  nous  assistons  à  un  véritable  coup 
de  théâtre.  Dans  une  lettre  conçue  en  termes  respectueux,  les 
fabriciens  afCrment  nettement  que  a  ...  J'église  Saint-Géry  est 
propriétaire  des  tableaux  de  Rubens  qui  se  trouvent  dans  le 
chœur,  et  sa  propriété,  ajoutent-ils,  serait  au  besoin  attestée  par 
sa  longue  possession.  »  De  plus  ils  se  refusent  à  livrer  les  tableaux 
sans  qu'il  leur  soit  fait  la  promesse  formelle  qu'ils  leur  seront 
rendus  * . 

L'étonnement  du  maire,  bien  naturel  d'ailleurs,  se  manifeste 
dans  la  réponse  qu'il  fait  au  conseil  de  fabrique.  Il  déclare  qu'en 
accueillant  favorablement  la  demande  du  clergé  de  Saint-Géry, 
datée  de  1804,  son  prédécesseur  *«  ...  ne  voulut  cerlainement  pas 
et  ne  pouvait  d'ailleurs  aliéner  en  aucune  manière  unft "^propriété 
communale — ou  mieux  de  l'Etat.  —  Ce  n'est  donc  qu'un  dépôt;  et, 
j'espère,  ajoule-t-il,  que  cette  explication  devra  suffire  pour  vous 
faire  renoncer  à  une  prétention  que  vous  n'avez  pu  élever  qu'avec 
bonne  foi  '.  n  Le  lendemain,  lettre  des  fabriciens  qui,  se  gardant 
de  faire  une  réponse  compromettante,  prennent  habilement  l'of- 
fensive, a  Nous  vous  prions,  écrivent-ils  au'maire,  de  vouloir  bien 
faire  mettre  à  notre  disposition  toutes  les  pièces  dont  vous  voulez 
vous  servir  et  qui  établissent  que  les  tableaux  de  Rubens  n'ont  été 
confiés  à  l'église  Saint-Géry  qu'à  titre  de  dépùt.  »  La  réponse  était 
spécieuse,  aussi  le  maire,  M.  Flamme,  eut-il  bien  tort  de  ne  point 
leur  retourner  la  question.  Sans  discuter  davantage,  il  adresse  au 
sous-préfet  un  curieux  mémoire  *,  dans  lequel  il  revendique  pour 
la  ville,  la  possession  entière,  après  restauration,  du  fameux 
triptyque.  Il  y  cite  entre  autres  textes,  certains  passages  caractéris- 
tiques du  rapport  de  M.  Vitet.  «  Le  bedeau,  déclare  cet  érudit  ins- 

'  T.  2-25,  9  juillet  1834,  pièces  St  et  23.  —  Pièces  just.,  n»  6. 

*  Celle  du  31  oct.  i804  est  reproduite  aux  pièces  just.,  n"  1. 
»  T.  2-25,  1834.  12  juillet,  pièce  24.  —  Pièces  just.,  n«  7. 

*  T.  2-25.  1834.  19  juillet,  pièce  27.  —  Pièces  just.,  n*»  8. 


162  HISTOIRE    D'UK    TABLEAU 

pecteur,  pour  faire  virer  de  bord  le  triptyque,  n'a  d'autre  moyen 
que  de  le  pousser  avec  le  grand  bâton  à  éteignoir...  le  tableau 
résiste...  alors  le  bedeau  fait  effort,  et  ce  n'est  qu'après  trois  ou 
quatre  bons  coups  d'éteignoir  qu'il  décide  le  malheureux  tableau 
à  pivoter  :  ajoutez  que  cette  cérémonie  se  renouvelle  chaque  fois 
qu'il  vient  un  curieux  dans  l'église,  et  vous  ne  serez  pas  surpris 
que  les  angles  inférieurs  du  tableau  soient  criblés  de  coups  et  à 
demi-dépouillés  de  peinture. . .  Il  est  urgent  pour  le  salut  de  ce  chef- 
d'œuvre  qu'il  ait  un  autre  conservateur  que  le  bedeau  de  Saint- 
Géry...  u  Et  plus  loin  :  a  Ces  tableaux  sont  placés  sur  un  plancher 
qui  forme,  derrière,  une  espèce  de  tambour  de  la  largeur  de  huit  ou 
neuf  pieds.  Au  lieu  de  laisser  libre  cet  inter\alle,  on  a  trouvé  fort 
commode  d'en  faire  le  réceptacle  de  tout  ce  qui,  par  vétusté, 
devient  inutile  au  culte.  Planches,  madriers,  banquettes,  lutrins, 
ferrailles  encombrent  cette  sorte  de  grenier,  tous  objets  qui,  en 
raison  de  leur  dureté,  ne  peuvent  que  causer  des  accidents  fâcheux 
par  leur  contact  avec  la  toile  peu  résistante  du  Saint-Etienne,  et  la 
peinture  d'une  des  faces  des  panneaux.  De  là  vient  ce  trou  large 
de  deux  pouces  qui  traverse  les  deux  toiles  à  la  base  du  Saint- 
Etienne  et  les  deux  déchirures  larges  de  quatre  à  cinq  pouces 
qu'on  aperçoit  dans  une  partie  plus  élevée.  Toutes  ces  détério- 
rations sont  le  résultat  du  choc  violent  des  objets  amassés  der- 
rière. «  Puis,  en  manière  de  conclusion,  les  rapporteurs  ajoutent  : 
tt  Au  moment  de  transférer  ces  tableaux  dans  une  des  salles  de 
rh(Mel-de-ville,  pour  les  réparer,  la  fabrique  de  Sainl-Géry  vient 
de  s'opposer  formellement  â  cette  translation,  prétendant  que 
l'église  en  est  propriétaire,  et  que,  ne  lui  eussent-ils  pas  été 
donnés  primitivement,  la  possession  vaut  pour  elle  un  titre.  De 
la  part  de  toutes  les  autres  personnes  une  pareille  logique  nous 
semblerait  autre  chose  que  de  la  bonne  foi;  niîiis  ce  ne  peut  être 
de  celle  des  fabriciens  qu'une  erreur;  ils  n'ont  pas  réfléchi  que 
les  actes  de  pures  faculté  s ^  et  ceux  de  simples  tolérances  ne 
peuvent  fonder  ni  possession  ni  prescription.  (Code  civil , 
art.  2231.) 

»  Le  maire  de  Valenciennes  a  pu  mettre  ces  tableaux  en  dépôt 
dans  l'église  Saint-Géry  ;  les  diverses  administrations  ont  pu  tolérer 
qu'ils  servissent  temporairement  à  orner  cette  paroisse;  mais  il 
n'appartient  à  personne  d'en  disposer,  personne  n'avait  qualité 


HISTOIRE    D'UN   TABLEAU  sea 

pour  aliéner  une  propriété  de  la  commune.  Les  fabriciens  ne 
peuvent  donc  soutenir  qu'il  y  ail  donation,  encore  moins  prescrip- 
tion ' .  n 

Puis  afin  de  créer  un  précédent,  mai's  après  enquête  faite  sur 
Tinobservation  des  mesures  prises  pour  le  parfait  entretien  des 
tableaux  déposés  à  Saint-Nicolas,  le  maire  demande  leur  réinté- 
gration dans  le  musée  municipal.  Les  fabriciens  de  celte  église  ne 
cherchent  nullement  k  nier  le  prêt  consenti  en  leur  faveur  et 
s'exécutent  de  fort  bonne  grâce  *. 

Les  recherches  demandées  à  la  préfecture  baissent  la  question 
en  suspens  et  le  maire  se  plaint  à  deux  reprises  difi^érentes  de  ces 
relards  ^  Le  préfet  se  trouve  embarrassé,  car  nous  sommes,  ne 
l'oublions  pas,  en  1834,  et  un  conflit  s'élevant  entre  clercs  et 
laïques  semble  à  cette  époque  tout  à  fait  inadmissible.  Aussi 
demande-t-il  Favis  de  Févêque  de  Cambrai.  Celui-ci  répond  de 
manière  peu  compromettante  et  déclare  que  le  conseil  de  fabrique, 
loin  de  recourir  aux  tribunaux,  se  prêtera  volontiers  à  une  tran- 
saction honorable.  Sans  plus  attendre,  afin  de  dégager  sa  res- 
ponsabilité, le  préfet,  baron  Méchin,  ordonne  au  sous-préfet  de  se 
concerter  avec  le  maire  pour  arriver  coûte  que  coûte  à  une 
entente*. 

Les  pourparlere  furent,  semble-t-il,  fort  longs,  et  cependant 
l'œuvre  de  Rubens  chaque  jour  se  détériorait  davantîige;  il  était 
fort  facile  de  prédire  à  brève  échéance  sa  destruction  totale.  C'est 
seulement  en  1837  que  la  mairie,  cédant  aux  instances  des  ama- 
teui's  d'art,  prie  poliment,  mais  nettement,  le  doyen  de  Saint-Géry, 
ce  de  ne  plus  découvrir  les  Rubens  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  réparés, 
attendu  qu'il  y  a  des  parties  qui  s'écaillent  et  qui  tomberaient  nu 
moindre  frottement  ou  ébranlement^,  -n  Trois  mois  plus  tard,  il 
informe  le  doyen  de  Saint-Géry,  que  le  conseil,  sur  ses  instances, 
vient  de  voler  4,000  francs  pour  la  restauration  du  triptyque  et 
^'engage,  aussitôt  le  travail  terminé,  à  le  faire  replacer  dans  cette 


>  T.  2-25,  183Ï,  28  juillet,  pièce  28.  —  Pièces  just.  d  9^ 

*  T.  2-25,  183V,  5  août,  pièce  31.  —  Voir  pièce  9,  arrêté  du  17  novembre 
1804. 

»  T.  2-25,  1834.  8  sept,  et  3  oct.,  pièces  33  et  34. 

*  T.  2-25.  1834,  22  oct.,  pièce  35. 

*  T.  2-25,  183T,  Ù  sept.,  pièce  37. 


264  HISTOIBE    D'LN    TABLEAU 

église  '.  Après  échange  de  vues,  l'accord  se  fait  peu  de  femps  après 
sur  ce  point  spécial  *. 

Pendant  que  les  travaux  de  restauration  s'opèrent  par  les  soins 
d'un  habile  artiste  de  Paris,  M.  Roëhn,  qu'avait  recommandé  le 
sculpteur  Lemaire,  de  nombreux  pourparlers  s'engagent  au  sujet 
de  la  possession  du  tableau.  Le  W  septembre  1838,  une  commis- 
sion composée  de  MM.  Beau  vois,  Delcourt,  Dubois  et  Dupont, 
dépose  un  rapport  qui  se  résume  aux  faits  suivants.  La  ville  de 
Valenciennes  était,  après  la  Révolution,  propriétaire  ou  mieux 
dépositaire,  au  nom  de  l'État,  du  triptyque  de  Rubens.  A  une  cer- 
taine époque,  le  maire  a  ...  de  son  propre  mouvement,  sans  avis  du 
conseil  municipal,  sans  autorisation  de  l'autorité  supérieure,  par 
mesure  d'administration  intérieure,  sur  la  demande  qui  lui  fut 
adressée  par  MM.  les  membres  de  la  fabrique  de  Saint-Géry,  conGa 
ces  tableaux  de  Rubens  à  la  dite  fabrique,  n  Considérant  que  la 
ville  est  toujours  propriélaire  de  ces  tableaux*  «  que  le  dépositaire 
ne  peul  jamais  invoquer  la  prescription  »,  la  fabrique  reconnaîtra* 
la  propriété  de  la  ville;  en  échange,  celle-ci  lui  donnera  500  francs 
pour  l'achat  de  tableaux  destinés  à  remplacer  le  Rubens,  plus  une 
rente  perpétuelle  de  2,000  francs.  Le  conseil  municipal  approuva 
les  conclusions  de  ce  rapport  dans  sa  séance  du  3  octobre  1838', 
et  ces  conditions  furent  aussitôt  soumises  au  conseil  de  fabrique 
qui  accepta  cette  transaction  avantageuse  et  déclara  faire  <»  cession 
de  tous  ses  droits??  h  la  propriété  du  tableau  de  Rubens  *.  » 

Le  7  décembre,  le  sous-préfet  transmettait  l'avis  favorable  du 
conseil  de  préfecture  et  les  actes  authentiques  étaient  aussitôt 
rédigés  et  signés  par  les  deux  parties  au  mois  de  mars  de  l'année 
suivante.  Enfin,  le  11  novembre  1838,  une  ordonnance  du  Conseil 
d'Etat  mettait  fin  à  cette  longue  querelle  ^ 


>  T.  2-25,  1837,  13  et  10  décembre,  pièces  38  et  39.  —  Délibération  du 
Conseil  du  14  décembre  1837,  —  Regi.stre  de  correspondance.  D.  1-71, 
p.  3V5. 

*  T.  2-25.  1837,  21.  26  et  29  déc,  pièces  W),  41  et  42. 

'  T.  2-25,  1838,  10  sept,  et  10  oct.,  pièces  44,  45,  46  et  47.  —Pièces just.. 
nMO. 

*  T.  2-25,  1838,  6  et  8  oct.,  et  1839.  24  oct..  pièces  50,  51,  52,  53.  54.  — 
Pièces  just.,  n"  11. 

'  T.  2-25.  1839,  7  déc.  et  11  nov..  pièces  56,  59  et  65.  <-  Pièces  just., 
n-  12,  13, 14. 


HISTOIRE    D'IN    TABLEAU  SG5 

J'ai  (<»nii  à  oxposer  très  impartialement  les  causes,  de  ce  conflit 
lointain,  car  il  est  facile  de  prévoir  qu'il  peut  renaître  dans  un 
avenir  tr^s  prochain. 

Je  laisse  à  d'autres  le  soin  d'apprécier  et  déjuger. 

Maurice  Hénault, 

Archiviste. 


PIKCES  JISTIFICATIVES 

\-  1. 

Valrnciennes,  le  9  brumaire  an  XIII  (31  octobre  1804) 

Les  administrateurs  de  là  fabrique  de  la  paroisse  de  Saint-Géry  à  Mon- 
sieur le  Maire  de  Valenciennes. 

MONSIRIR, 

Mous  vous  prions  de  transmettre  à  monsieur  le  Préfet  la  pétition  que 
nous  lui  adressons  pour  lui  faire  la  demande  pour  notre  église  des  deux 
tableaux  de  Ruliens  déposés  au  musée  de  cette  ville. 

Vous  savez  que  ce  vaste  et  bel  édifice  a  été  choisi  et  destiné  par  monsieur 
Lévéque  et  |)ar  vous  pour  la  célébration  des  cérémonies  religieuses  aux- 
quelles les  autorités  sont  invitées. 

Vous  avez  été  le  témoin  du  zèle  et  des  efforts  et  des  sacrifices  qu'ont  faits 
les  administrateurs  et  les  paroissiens  pour  parvenir  à  la  restauration  du 
seul  temple  qui  nous  reste. 

Car  Ton  ne  peut  donner  ce  nom  au\  deux  chapelles  qui  forment  les 
églises  des  deux  autres  paroisses. 

Vous  prouverez  que  vous  avez  apprécié  nos  efforts,  en  appuyant  près  de 
monsieur  le  préfet  notre  juste  demande  dont  les  motifs  sont  détaillés  dans 
notre  pétition. 

\ous  avons  T honneur  d'être  avec  la  plus  haute  considération, 
Monsieur  le  Maire, 

Les  administrateurs  delà  paroisse  de  Saînt-Géry. 

Auguste  Hauoir.  Lkgros-Drunkau. 

Dkswallers.  Mburicr,  !4AChèze-Lbroy. 

curé. 

An  hifot  de  Valenciennfi,  T  â.  25,  pièce  4. 


266  HISTOIRE    D'UN   TABLEAU 

N»  2. 

Le  Corps  municipal  de  la  ville  de  Valenciennes  à  Son  Altesse  Impériale 
le  prince  Louis ^  grand  conélable  de  ^empire, 

MOKSBIGXKUR, 

Sur  la  demande  faite  hier  en  votre  présence  au  maire  de  cette  ville  par 
plusieurs  habitants  et  notamment  par  M.  le  curé  de  Saint-Amand  de  deux 
tableaux  faisant  partie  du  musée  de  Valenciennes. 

Nous  prenons  la  respectueuse  confiance  d*adresser  à  votre  altesse  impé- 
riale les  observations  suivantes  : 

Une  académie  de  peintui-e  et  de  sculpture  fut  fondée  en  cette  ville  le 
9  décembre  1 782,  elle  a  reçu  ses  statuts  et  règlements  du  directeur  et 
ordonnateur  général  des  académies  royales,  le  I"  mars  1785  et  des  lettres 
d'affiliation  h  l'académie  de  Paris  lui  furent  expédiées  le  l*'  octobre  de  la 
même  année. 

Lors  de  la  suppression  des  ordres  religieux,  les  tableaux  dont  il  est  ques- 
tion, qui  appartenoient  aux  Bénédictins  de  Saint-Amand,  devinrent  une 
propriété  nationale. 

Ils  ont  été  transférés  par  ordre  de  Tadministralion  supérieure  au  musée 
de  cette  ville.  Le  gouvernement  impérial,  protecteur  des  Beaux-Arts, 
accorde  journalièrement  aux  diverses  académies  de  Tempire  les  tableaux 
qui  ne  peuvent  être  placés  au  musée  impérial  à  Paris. 

La  ville  de  Valenciennes  sollicite  également  sa  part  aux  bienfaits  du  gou- 
vernement pour  augmenter  sa  très  petite  collection  de  tableaux  de  son 
académie  et  ce  seroit  anéantir  Témulation  des  élèves  qui  y  font  leurs  cours, 
que  de  priver  cette  ville  des  deux  meilleurs  modèles  qu'elle  possède,  qu'elle 
a  sauvé  des  fureurs  du  vandalisme  et  qui  lui  ont  coûté  beaucoup  de 
dépenses  en  frais  de  transport,  de  réparations  et  de  déplacements. 

D'après  ces  motifs,  l'administration  municipale  de  Valenciennes  ose 
espérer  que  Votre  Altesse  Impériale  refusera  d'employer  sa  protection  pour 
appuyer  la  réclamation  des  habitants  et  de  M.  le  curé  de  Saint-Amand, 
auxquels  ces  tableaux  n'ont  jamais  appartenu. 

Juillet  1805.      . 
Archives  de  Valencieiinei,  T  2.  25.  pièce  19. 

N*  3. 

Aux  eaux  de  Saint-Amand,  le  29  messidor  an  XIII 
(18  juillet  1805). 

J'ai  lu,  messieurs,  vos  observations  sur  la  demande  qui  m'a  été  faite  par 


HISTOIRE   D'UN    TABLEAU  267 

les  habitans  et  le  curé  de  Saint-Airiand  ;  malgré  ma  disposition  à  obliger 
cette  commune  je  ne  veux  pas  le  faire  au  détriment  de  la  ville  de  Valen- 
ciennes.  Puisque  vous  jugez  que  les  tableaux  réclamés  sont  nécessaires  k  la 
collection  dont  ils  font  partie,  je  ferai  ce  que  vous  désirez  et  ce  sera  un 
plaisir  pour  mot  de  vous  donner  cette  marque  de  toute  ma  considération. 

Louis    Box  A  PARTE. 
Arehivei  de  Valenciennes,  T  2.  2.'»,  pièce  15. 

N-  4. 

Rapport  de  la  commission  chargée,  de  l'examen  des  tableaux  du  Ruhens 
qui  sont  placés  dans  l'éijlise  de  Saint-Géry. 

Messieurs, 

D'après  la  délibération  que  vous  avez  prise  dans  votre  dernière  séance 
de  vérifier  s'il  y  avait  nécessité  de  restaurer  les  tableaux  du  Kubens  placés 
au  maitre-autel  de  ré«][lise  de  Saint-Géry,  votre  commission,  composée  de 
trois  membres  de  votre  choix,  a  Fhonneur  de  vous  soumettre  le  résultat 
de  ses  observations. 

Le  plus  endommagé  des  deux,  c'est  le  tableau  représentant  la  lapidation 
de  saint  Etienne.  Si  Ton  ne  s'empresse  d'y  porter  tous  les  soins  nécessaires, 
vous  pouvez  être  certains  que  bientôt  il  n'en  restera  plus  que  peu  de 
parties  encore  assez  conservées  pour  laisser  apercevoir  ce  que  devait  être 
un  ouvrage  aussi  remarquable. 

Ce  tableau  est  celui  qui  a  le  plus  souffert,  car  une  inscription  tracée  der- 
rière annonce  qu'il  fut  réentoilé  h  Douai  en  1761  et  h  celte  époque  il  était 
déjà  fort  altéré  ainsi  qu'on  peut  le  reconnaître  à  la  base  de  la  toile  peinte 
qui  est  arrachée  en  plusieurs  endroits  et  aux  raccords  faits  sur  la  toile 
collée  derrière.  Lors  des  désastres  de  f)3,  ce  bel  ouvrage  fut  encore  exposé  k 
de  nouvelles  détériorations,  car  il  resta  longtemps  étendu  par  terre  dans 
une  des  salles  du  collège,  et  chacun,  suivant  son  bon  plaisir,  pouvait 
marcher  sur  cette  peinture.  Il  est  difficile  maintenant  de  juger  de  l'éclat 
qui  pourra  résulter  de  la  restauration,  car  il  est  extrêmement  terni  par  la 
poussière  et  la  crasse  du  vernis. 

Tout  en  fixant  votre  attention  sur  la  nécessité  urgente  de  ne  pas  en' 
retarder  plus  longtemps  la  restauration,  nous  devons  aussi  vous  prévenir 
des  circonstances  qui  ajoutent  le  plus  à  sa  destruction  et  à  celle  de  ses  deux 
pendentifs.  Ce  sont,  messieurs,  la  disposition  du  placement,  l'indifférence 
impardonnable  des  personnes  qui  en  ont  la  jouissance  et  la  grossière  igno- 
rance des  individus  qui  sont  chargés  d'y  veiller.  Ces  tableaux,  comme 
vous  le  savez,  sont  placés  sur  une  construction  en  planche  qui  forme  une 
espèce  de  tambour  dont  la  largeur  qui  les  sépare  du  mur  est  d'environ 
8  à  9  pieds.  Au  lieu  de  laisser  libre  cet  intervalle,  on  a  trouvé  fort  corn- 


1 


968  HISTOIRE    D'UN   TABLEAU 

mode  d*y  établir  un  grenier  qui  sert  de  réceptacle  à  toutes  les  vieilleries 
inutiles  au  culte.  On  y  voit  des  planches,  des  madriers,  une  banquette, 
un  lutrin,  de  lu  ferraille;  enfin  tous  objets  qui  en  raison  de  leur  dureté  ne 
peuvent  causer  que  des  incidents  fâcheux  par  leur  contact  avec  le  peu  de 
résistance  de  la  toile  du  saint  Etienne  et  la  peinture  d'une  des  faces  des 
panneaux.  De  là  vient  ce  trou  large  de  deux  pouces  qui  traverse  les  deux 
toiles  h  la  base  du  saint  Ktienne  et  les  deux  déchirures  larges  de  4  à 
5  pouces  que  Ton  aperçoit  dans  une  partie  plus  élevée  et  attenant  au  mur 
Toutes  ces  détériorations  n'ont  pu  y  survenir  que  par  le  choc  violent  d'un 
des  objets  amassés  derrière.  Si  vous  éprouvez  un  sentiment  pénible  en 
voyant  le  peu  de  soin  qu'on  témoigne  pour  la  conservation  de  vos  chefs- 
d'œuvre,  vous  devez  doublement  craindre  pour  la  destruction  d'un  des 
panneaux  qui  se  trouve  toujours  en  i-egard  de  ce  réceptacle,  et  que  chaque 
partie  qu'on  en  apporte  ou  qu'on  en  retire  passe  dans  l'intervalle  produit 
par  le  pivotement.  Ces  admirables  pendentifs  sont  d'une  conservation  par- 
faîte  comme  couleur  et  reprendront  tout  leur  éclat  primitif  lorsqu'ils 
auront  été  nettoyés  et  revernis.  En  jetant  les  yeux  sur  l'angle  inférieur  du 
sujet  de  l'enterrement  du  saint  Etienne,  on  peut  se  convaincre  de  hi  gros- 
sière barbarie  de  l'homme  chargé  de  les  montrer  aux  curieux.  De  l'angle 
de  ce  panneau  s'échappe  une  foule  de  traces  sur  la  peinture  et  dont  toutes 
les  directions  ont  h  la  partie  inférieure  un  centre  commun.  liOrsque  le 
bedeau  a  décroché  par  derrière  et  fait  pivoter  les  panneaux,  il  redescend 
pour  laisser  tout  le  temps  nécessaire  à  l'admiration  des  amateurs  qui 
éprouvent  ordinairement  le  désir  de  revoir  le  côté  tourné  contre  le  mur. 
C'est  là,  ou  pour  s'éviter  la  peine  de  remonter,  qu'il  prend  un  long  bâton 
qu'il  pointe  sur  la  tringle  en  bois  qui  sert  de  support;  et  lorsque  cette 
partie  prend  une  direction  fuyante  lors  du  pivotement,  on  conçoit  que  sou- 
vent le  bâton  a  pu  glisser  dans  une  assez  longue  étendue,  en  raison  de  la 
force  qu'il  est  obligé  de  mettre  dans  son  opération  ;  aussi  peut-on  y  remar- 
quer une  quarantaine  de  lignes  plus  ou  moins  en  zig-zag  qui  sont  sillonnées 
sur  la  peinture. 

Votre  conmiission  en  ayant  l'honneur  de  vous  présenter  son  rapport  sur 
le  besoin  indispensable  de  ne  pas  retarder  plus  longtemps  la  restauration 
des  tableaux  de  Rubens,  ne  peut,  en  même  tcms,  trop  vous  témoigner  ses 
vives  instances  pour  que  des  ouvrages  aussi  précieux  soyent  transportés  au 
nouveau  musée  de  l'hôtel  de  ville  et  mis  sous  la  responsabilité  de  personnes 
aimant  les  arts  et  capables  d'estimer  l'immense  talent  qu'on  admire  dans 
ces  productions  vraiment  dignes  du  plus  grand  génie  de  l'école  hollan- 
daise, et  dont  la  possession  peut  être  enviée  par  le  grand  musée  de  la 
capitale.  Cette  translation  aurait  un  double  avantage  en  ne  privant  plus 
les  élèves  de  votre  académie  et  les  artistes  de  pouvoir  étudier  et  fixer  leur 


k 


HlSTOiaE    D'UN    TABLEAU  260 

^.  attention  sur  ce  que  votre  ville  possède  de  plus  beau  en  ce  genre;  tandis 

^  (jue  par  le  placement  actuel  il  leur  est  impossible  d'en  tirer  le  moindre 

profit  en  raison  des  dérangements  continuels  causés  par  les  cérémonies  du 
culte,  et  la  distance  trop  éloignée  ou  trop  rapprochée  pour  les  apercevoir. 
Il  est  bien  pénible  de  penser  que  de  tels  chefs-d'œuvre  se  trouvent  confiés 
à  des  personnes  qui  n*en  éprouvent  qu*un  sentiment  d*amour-propre,  sans 
I  justifier  en  rien  le  désir  de  les  conserver  longtems. 

Votre  commission  redouble  donc  unanimement  ses  instances  auprès  de 
vous,  messieurs,  pour  être  accueillie  dans  ses  demandes,  d'autant  plus  que 
la  dimension  des  salles  de  Thôtel  de  ville  est  de  six  pieds  plus  haute  que 
celle  des  tableaux... 

Lu  en  l'académie  de  Valencîennes, 
le  4  mars  1834. 

Julien  PoTiRR,  J.  Bernard. 

prof'  h  l'Académie. 

Le  rapport  ci-dessus  ayant  été  lu  k  la  séance  de  ce  jour  quatre  mars,  il 
a  été  délibéré  qu'il  serait  fait  une  demande  au  conseil  municipal,  laquelle 
tendrait  à  prendre  les  moyens  de  préserver  ces  chefs-d'œuvre  d'une-  des- 
truction totale. 

Présents  :  MM.  de  Quenvignies,  Rarré^  Rousseau,  Leconte,  Bernard, 
Raudart,  Dinaux,  Hécart. 

Pour  extrait  : 

Rousseau.  Hécart.  Arthur  Dinaux. 

Lkcoxtk. 

Archiwes  de  Valeiiciennef,  T  2.  26,  pièce  16. 

X»  5. 

Valencienoes,  le  28  Juin  1834. 
Monsieur  le  Sous-Préfkt, 

\a  ville  de  Valenciennes  possède  trois  tableaux  précieux  de  Rubens; 
TAcadémie  de  peinture  a  reconnu  qu'il  est  nécessaire,  si  Ton  ne  veut  perdre 
ces  chefs-d'œuvre,  de  les  restaurer  au  plus  tôt.  Je  vous  prie  en  conséquence 
de  m'autoriser  à  proposer  au  conseil  de  voter  un  crédit  |K)ur  cet  objet.  H 
s'assemble  lundi  prochain. 

J'ai  l'honneur  d'être,  avec  la  considération  la  plus  distinguée, 
Monsieur  le  Sous>Préfet, 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Dinaux, 

maire. 

Archkes  de  Vftlenciennet.  T  2.  25,  pièce  19. 


2-70  HISTOIRE    D'UN   TABLEAU 


N"  6. 


Les  membres  du  conseil  de  la  fabrique  de  la  paroisse  Saint-Giry  de 
Valenciennes  à  monsieur  Flamme,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
maire  de  la  dite  ville. 

li'église  de  SainMjéry  est  propriétaire  des  tableaux  de  Rubens  qui  se 
trouvent  dans  le  chœur,  la  propriété  seroit  au  besoin  attesté  par  sa  longue 


Si  la  ville  de  Valenciennes  veut  les  faire  restaurer,  nous  sommes  prêts  à 
les  livrer  au  peintre  que  vous  nous  indiquerez,  à  la  condition  formelle  que 
ces  tableaux  seront  remis  à  Téglise  après  leur  restauration  :  dans  le  cas  où 
cette  condition  expresse  ne  nous  serait  point  donnée,  nous  déclarons  nous 
refuser  à  les  livrer. 

Nous  avons  l'honneur  d'être  vos  très  humbles  et  obéissants  serviteurs. 

Tbinqukt-ï.erov. 
Charles  Plkz.         Du  Pont  db  S'-Ouen.         Mklrick, 

Dei.coiirt-Bkrtoiille.  D'  curé  de  S*-Géry. 

E.  Marlikre.       Mabillk.       P.  Damhez.       Bourdox  Dusart. 

Archives  de  ValeocieDnes,  T  2.  25,  pièce  23. 

N»   7. 

Ce  12  juillet  1834. 

A  messieurs  les  fabriciens  de  la  paroisse  Saint-Géry. 

Messieurs, 

J'ai  lieu  d'étil?  surpris  de  la  prétention  que  vous  élevez  sur  la  propriété 
des  deux  tableaux  de  Rubens.  Ils  n'ont  jamais  cessé  d'appartenir  à  la  ville, 
j'ai  entre  les  mains  des  pièces  qui  le  prouvent  et  entre  autres  la  lettre  par 
laquelle  la  fabrique  demande  qu'ils  soient  transférés  du  musée  auquel  ils 
appartiennent  à  l'église  Saint-Géry.  Cette  lettre  est  signée  par  messieurs 
Meurice,  Auguste  Hamoir,  Legros  Brunneau,  Dewallers,  Lachèzc-Leroy. 
(C'est  la  pièce  justificative  n»  I .) 

En  accueillant  favorablement  cette  demande,  le  maire  de  Valenciennes 
ne  voulut  certainement  et  ne  pouvait  d'ailleurs  aliéner  eu  aucune  manière 
une  propriété  communale.  Ce  n'est  donc  qu'un  dépôt,  et  j'espère  que  cette 
explication  devra  suffire  pour  vous  faire  renoncer  à  une  prétention  que 
vous  n'avez  pu  élever  qu'avec  bonne  foi. 

Veuillez   me  répondre   d*une   manière  positive   et  dater  la  lettre  (la 


HISTOIRE    D'UN    TABLEAU  271 

dernière  ne  Tétait  pas),  car  mon  devoir  m^oblige  à  suivre  cette  affaire, 
.rai  Fhonneur  d'être  avec  la  considération  la  plus  distinguée, 

Flamme. 

Archives  de  Valenciennes,  T  2.  25,  pièce  24. 

iV»  8. 

Ce  fb  juillet  183 V. 

MONSIKIR    LK    SOUS-PRÉFKT, 

Il  existe  deux  tableaux  de  Rubens  à  Téglise  Saint-Géry  ;  ces  tableaux 
faisaient  autrefois  partie  du  musée  de  cette  ville,  et  pour  des  motifs  qui 
vont  cesser  d'exister,  on  avait  jugé  convenable  de  les  mettre  en  dépôt  dans 
cette  église  et  d'en  orner  temporairement  le  chœur. 

Aujourd'hui  la  ville  les  réclame,  mais  cette  paroisse  s'en  prétend  pro- 
priétaire . 

Je  vous  envoie  ci- joint  un  mémoire  adressé  à  M.  le  préfet  et  relatif  à 
cette  contestation  ;  je  vous  prie  de  vouloir  bien  l'adresser  à  ce  magistrat 
avec  votre  avis,  espérant  que  vous  voudrez  bien  appuyer  la  demande  que 
nous  fesons  d'obtenir  communication  des  pièces  qui  peuvent  exister  aux 
archives  de  la  préfecture,  et  qui  seraient  propres  à  prouver  les  droits  de  la 
ville. 

Agréez... 

Flamme. 

Archives  de  Valenciennes,  T  2.  25,  pièce  27. 

N-  9. 

Mémoire  sur  la  possession  par  la  ville  des  tableaux  de  Rubens  provenant 
de  r abbaye  de  Saint-Amand  à  monsieur  le  Préfet  du  Nord. 

Mo.VSIKlJR    LK    PRKFKT, 

La  ville  de  Valenciennes  possède  de  magniriques  tableaux  peints  par 
Rubens  et  qui  ont  été  déposés  à  l'église  Saint-Géry,  parce  que  le  musée 
n'offrait  pas  de  place  pour  les  exposer  convenablement. 

Aujourd'hui  la  ville  les  réclame  et  la  fabrique  refuse  de  les  rendre  et 
prétend  que  l'église  en  est  propriétaire^  J'aurai  l'honneur  dans  ce  mémoire 
de  vous  exposer  toute  cette  affaire,  de  solliciter  votre  avis  et  de  vous  prier 
de  nous  accorder  la  communication  des  pièces  qui  pourraient  nous  être 
utiles  et  qui  doivent  exister  aux  archives  de  la  préfecture. 

Ces  tableaux  proviennent  de  l'abbaye  de  Saint-Amand,  et  par  ordre  de 
l'autorité  supérieure  ils  ont  été  transférés  i\  Valenciennes.  Les  frais  de 
transport,  de  réparation,  de  replacement  au  musée  ont  été  payés  par  la 
ville. 


27«  HISTOIRE    D'UN    TABLEAU 

Dans  le  procès-verbal  d'inventaire  des  tableaux  existant  au  salon  aca 
démique,  dressé  le  17  prairial  an  IX  et  signé  par  M.  Antoine  Prouveur. 
maire,  et  MM.  Moinal,  Cadet  de  Beaupré,  professeurs,  Joseph  Desai's,  con- 
servateur, et  Hécart,  secrétaire  de  la  mairie,  ces  deux  tableaux  figurent  en 
tête  comme  fesant  partie  de  la  collection. 

Depuis,  mais  nous  ne  savons  à  quelle  époque  ils  sont  sortis  du  musée, 
ils  ont  servi  îi  TorAcmcnt  de  Téglisc  Saint-Géry.  Leur  séjour  dans  cette 
église  leur  a  été  funeste  :  la  négligence  et  Fignorance  des  gardiens  et 
hommes  de  service  de  Téglise  sont  cause  que  ces  tableaux  sont  fortement 
endommagés.  Tous  les  artistes  qui  les  ont  visités  se  sont  plaints  de  la 
manière  dont  ils  ont  vu  traiter  ces  chefs-d'œuvre. 

M.  Vitet,  inspecteur  des  monuments  historiques  du  mmistère  de  Tinté- 
rieur,  s'exprime  ainsi  dans  son  rapport  au  ministre,  en  parlant  d'un  des 
tableaux,  qui  tourne  sur  pivot  : 

tt  Le  bedeau  pour  le  faire  virer  de  bord  n'a  d'autre  moyen  que  de  le 
pousser  avec  le  grand  bûton  à  éteignoir...  le  tableau  résiste...  alors  le 
bedeau  fait  effort,  et  ce  n'est  qu'après  trois  ou  quatre  bons  coups  d' étei- 
gnoir qu'il  décide  le  malheureux  tableau  à  pivoter  :  ajoutez  que  cette 
cérémonie  se  renouvelle  chaque  fois  qu'il  vient  un  curieux  dans  l'église,  et 
vous  ne  serez  pas  surpris  que  les  angles  inférieurs  du  tableau  sont  criblés 
de  coups  et  h  demi  dépouillés  de  peinture.,.  Il  est  urgent  pour  le  salut  de 
ce  chef-d'œuvre  qu'il  ait  un  autre  conservateur  que  le  bedeau  de  Saint- 
Géry.  n 

MM.  Abel  de  Pujol,  Henri  Lemairc  et  beaucoup  d'autres  artistes  distin- 
gués ont  été  témoins  de  la  barbarie  du  bedeau  ;  leurs  réclamations  adres- 
sées à  ce  sujet  à  l'administration  municipale  m'ont  déterminé  à  consulter 
l'académie  sur  ce  qu'il  y  avait  à  faire  pour  les  préserver  d'une  destruction 
totale.  En  mars  dernier  racadémic  a  nommé  une  commission  composée  de 
MM.  Bodard,  ins|)ecteur  de  l'école  de  dessin.  Potier,  professeur,  et  Bernard, 
architecte  de  la  ville,  pour  examiner  l'état  dans  lequel  se  trouvent  ces 
tableaux. 

Ces  commissaires  se  sont  transportes  à  Saint-Géry  ;  le  passage  suivant 
de  leur  rapport  fait  connaître  combien  il  est  nécessaire  de  soustraire  les 
Rubens  à  l'insouciance  des  subalternes  attachés  au  service  de  l'église. 

u  Ces  tableaux  sont  placés  sur  un  plancher  qui  forme  derrière  une  es- 
pèce de  tambour  de  la  largeur  de  huit  &  neuf  pieds.  Au  lieu  de  laisser  libre 
cet  intervalle,  on  a  trouvé  fort  commode  d'en  faire  le  réceptable  de  tout  ce 
qui,  par  vétusté,  devient  inutile  au  culte.  Hanches,  madriers,  banquettes, 
lutrins,  ferraille  encombrent  cette  sorte  de  grenier,  tous  objets  qui,  en 
raison  de  leur  dureté,  ne  peuvent  que  causer  des  accidents  fâcheux  par 
leur  contact  avec  la  toile  peu  résistante  du  Saint-Ktienne,  et  la  peinture 


HISTOIRE    D  UN    TABLEAU  377 

d*uiie  des  faces  des  panneaux.  De  là  vient  ce  trou  large  de  deux  pouces  qui 
traverse  les  deux  toiles  à  la  base  du  Sain t-K tienne  et  les  deux  déchirures 
larges  de  quatre  à  cinq  pouces  qu'on  a})erçoit  dans  une  partie  plus  élevée. 
Toutes  ces  détériorations  sont  le  résultat  du  choc  violent  des  objets  amassés 
derrière.  » 

La  commission  a  conclu  à  ce  que  ces  tableaux  fussent  promptement 
réparés  et  transférés  au  nouveau  musée  qu'on  forme  dans  les  salons  de 
rhùtel  de  ville. 

Cette  conclusion  était  la  seule  raisonnable.  En  effet,  aprcs  les  avoir  res> 
taures  n  grands  frais,  irait-on  imprudemment  les  exposer  aux  mêmes  causes 
qui  les  ont  altérés  ;  outre  la  négligence  impardonnable  des  gardiens  qui  ne 
peuvent  juger  du  prix  de  ces  belles  pag<^s,  ces  tableaux  ont  encore  n  redou- 
ter, dans  une  église,  Teffet  de  la  poussièi*e,  Faction  corrosive  d'une  trop 
vive  lumière,  l'humidité,  la  fumée  de  l'encens  et  enfin  rinccndic.  Deux 
mois  sont  à  peine  écoulés  depuis  qu'à  la  suite  d*un  service  funèbre,  le  feu 
a  pris  aux  tentures  et  les  a  presque  toutes  consumées.  Si,  par  hasard,  le 
bedeau,  en  revenant  du  cimetière,  ne  fût  rentré  dans  l'église  qu'il  trouva 
enflammée,  c'en  était  fait  de  ces  précieuses  peintures.  Un  autre  motif  puis- 
sant doit  déterminer  la  ville  à  les  placer  au  nausée  :  dans  le  lieu  où  elles 
sont  présentement  exposées,  il  est  fort  difficile  de  les  voir,  encore  plus  de 
les  étudier  ;  elles  sont,  pour  ainsi  dire,  interdites  aux  artistes,  aux  voya- 
geurs et  aux  jeunes  gens  qui  suivent  les  cours  de  l'académie.  Cependant 
ce  sont  les  seuls  modèles  historiques  que  nous  puissions  offrir  aux  élèves 
avancés,  mais  la  sainteté  du  lieu,  et  les  cérémonies  fréquentes  du  culte  ne 
leur  permettent  pas  d'aller  s'inspirer  à  ces  chefs-d'œuvre  ;  on  ne  peut 
transformer  un  temple  en  un  atelier  de  peinture. 

Tous  ces  incon\énieiits  disparaissent  au  musée  ;  aussi  l'académie  a-t-etle 
adopté  les  conclusions  de  sa  commission,  et  sur  sa  demande  le  conseil  mu- 
rucipal  a  voté  les  fonds  présumés  nécessaires  pour  la  restauration  des 
Rubens. 

Au  moment  de  les  transférer  dans  une  des  salles  de  Thôtel  de  ville  pour 
les  réparer,  la  fabrique  de  Saint-Géry  vient  de  s'opposer  formellement  à 
cette  translation,  prétendant  que  l'église  en  est  propriétaire,  et  que,  ne  lui 
eussent-ils  pas  été  donnés  primitivement,  la  posseitsion  vaut  pour  elle  un 
titre.  De  la  part  de  toutes  autres  personnes  une  pareille  logique  nous  sem- 
blerait autre  chose  que  de  la  l>onne  foi  ;  mais  il  ne  peut  être  de  celle  des 
fabriciens  qu'une  erreur;  ils  n'ont  pas  réfléchi  que  les  actes  dépures 
facultés,  et  ceux  de  simples  tolérances  ne  peuvent  fonder  ni  possession, 
ni  prescription  (Code  ci  vil ,  art .  223 1  ) . 

Le  maire  de  Valenciennes  a  pu  mettre  ces  tableaux  en  dépôt  dans  l'église 
de  Saint-Géry  ;  les  diverses  administrations  ont  pu  tolérer  qu'ils  .servissent 

18 


274  HISTOLRE    D'UN    TABLEAU 

temporairement  à  orner  cette  paroisse  ;  mais  il  n'appartenait  à  personne 
d'en  disposer,  personne  n'avait  qualité  pour  aliéner  une  propriété  de  la 
commune.  Les  fabrîciens  ne  peuvent  donc  soutenir  qu'il  y  ait  donation, 
«ncore  moins  prescription. 

Cependant  pour  éviter  toute  espèce  de  scandale,  pour  convaincre,  sans 
avoir  recours  aux  moyens  judiciaires,  nous  avons  rechercfié  aux  archives 
les  preuves  que  ces  tableaux  sont  bien  à  la  ville.  Outre  l'inventaire  du 
musée  cité  plus  haut,  nous  avons  trouvé  : 

l**  Une  lettre  des  fabriciens  de  Saint-Géry,  du  9  brumaire  an  X.I1I,  par 
laquelle  ils  invitent  le  maire  de  Valenciennes  à  transmettre  au  préfet,  et  à 
appuyer  auprès  de  ce  magistrat  une  pétition  tendant  k  obtenir  que  ces 
tableaux  fussent  transférés  du  musée  dans  leur  église  ; 

2^  La  lettre  d'envoi  de  cette  pétition  et  l'avis  favorable  du  maire,  sous 
la  date  du  16  brumaire  ; 

3**  Une  pétition  du  conseil  municipal  sans  date,  mais  qui  a  dû  être  écrite 
du  20  au  27  messidor  an  XIII,  adressée  au  prince  Louis  Bona|)arte,  alors 
aux  eaux  de  Saint-Amand,  pour  l'inviter  à  obtenir  du  gouvernement  que 
ces  tableaux  restassent  au  musée  de  Valenciennes,  ou  ils  sont  très  utiles 
comme  modèles  du  genre  historique  aux  élèves  avancés  de  l'école  de  pein- 
ture ; 

4**  La  réponse  favorable  du  prince  Louis,  datée  du  2f)  messidor  ; 

5<>  lilnfîn,  une  lettre  de  M.  le  préfet,  datée  du  27  messidor  an  \I11,  et 
qui  parait  n'être  parvenue  au  maire  qu'en  Tan  X.IV,  comme  le  prouve  ces 
mots  écrits  au  haut  de  la  lettre  :  Remis. en  tan  XIV.  Par  cette  lettre  M.  le 
préfet  demande  communication  de  l'autorisation  que  le  maire  dit  avoir 
reçue  de  disposer  des  tableaux  de  prix  désignés  dans  la  lettre  du  5  prairial. 
La  minute  de  cette  dernière  est  perdue,  nous  ne  savons  donc  de  quels 
tableaux  il  est  question.  Des  copies  de  ces  lettres  sont  jointes  au  présent 
mémoire. 

11  résulte  de  l'examen  de  ces  différentes  pièces  que  la  demande  des  fabri- 
ciens de  Saint-fiény  n'avait  pas  été  accordée  en  messidor  ;  que  les  tableaux 
étaient  encore  au  musée  ;  que  le  prince  Louis  approuvait  qu'ils  restassent 
à  l'académie  ;  eiiOn  que  le  corps  municipal  n'était  nullement  disposé  à  en 
faire  don  à  l'église. 

Si  postérieurement,  et  à  une  époque  qui  nous  est  inconnue^^es  tableaux 
ont  été  transférés  à  Saint-Géry,  ce  ne  peut  être  que  comme  un  dépôt  pro- 
visoire, parce  que  le  musée  n'offrait  pas  de  place  avantageuse  pour  les 
exposer.  G'est  du  moins  avec  cette  dernière  restriction  qu'en  nivôsean  XIII, 
M.  le  préfet  permet  le  transfert  d'un  Van  Dick  à  Saint-Nicolas. 

L'absence  de  toute  espèce  de  documents  postérieurs  à  l'an  XIII,  nous 
porto  naturclleincnt  à  croire  que  le  maire,   de  son  autorité  privée,  aura 


HISTOIRE    D't'N   TABLEAU  275 

déposé  ces  tableaux  à  Saint-Géry  ;  c'est  tout  ce  qu'il  lui*  était  permis  de 
faire,  il  ne  pouvait  Içs  concéder  que  temporairement,  et  certes  il  con- 
naissait trop  bien  les  limites  de  son  pouvoir,  pour  les  dépasser. 

Nous  sommes  malbeureusement  privés  des  renseignements  qu'il  aurait 
pu  nous  donner.  M.  Benoit  est  mort,  et.il  nous  faut  recueillir  avec  soin 
tous  les  témoignages  écrits  qui  peuvent  exister,  afm  que  la  ville  n'ait  pas 
le  désagrément  de  plaider  contre  Tune  de  ses  paroisses,  ni  de  perdre  une 
possession,  à  laquelle  elle  attache  le  plus  grand  prix. 

J'ai  donc  l'honneur,  monsieur  le  préfet,  de  solliciter  de  votre  bienveil-: 
lance  un  avis  sur  la  marche  que  ]c  dois  suivre  et  en  même  tems  conimur 
nication  sur  récépissé  de  la  pétition  des  fabriciens,  des  lettres  intermédiaires 
à  celles  dont  les  copies  sont  ci-Jointes,  ainsi  que  de  tontes  les  autres  pièces 
qui  pourraient  éclaircir  Ja  question. 

L'intérêt  de  la  ville,  celui  des  arts,  la  conservation  de  deux  chefs-d'œuvre 
précieux  nous  font  espérer  que  vous  voudrez  bien  accueillir  favorablement 
cette  demande. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  un  profond  respect... 

Archives  de  Valenciennei,  T  2.  25,  pièce  28. 

X»  10 

Tableaux  ok  Rubkns 

3  octobre  1838. 

Commission  composée  de  MM.  Beauvois,  Dekourt-Dubois  et  Dupont.    . 
Rapport  de  M.  Dupont. 

Considérant  que  la  ville  de  Valenciennes  était  propriétaire  incontestable 
de  tableaux  de  Rubens,  représentant  Saint-Étienne  préchant,  Saint-Étîenne 
au  tombeau,  Saint-Ktienne  lapidé  et  l'Annonciation  ; 

Qu'après  les  désastres  de  la  Révolution,  apr^s  le  Concordat  en  1803,  lors 
du  rétablissement  du  culte  catholique,  M.  le  maire  de  Valenciennes,  de  son 
propre  mouvement,  sans  avis  du  conseil  municipal,  sans  autorisation  de 
l'autorité  supérieure,  par  mesure  d'administration  intérieure,  sui  la  de- 
mande qui  lui  fut  adressée  par  M.M.  les  membres  de  la. fabrique  de  Saint- 
Géry,  dont  la  lettre  repose  encore  aux  archives  de  la  ville,  confie  ces 
tableaux  de  Rubens  à  ladite  fabrique,  pour  orner  Téglise  Saint-Géry. 

Considérant  que  cet  acte  de  M.  le  maire  de  Valenciennes,  intervenu 
dans  de  telles  circonstances,  n'a  pu  faire  perdre  à  la  ville  la  propriété  de 
ces  chefs-d'œuvre  ;  que  les  biens  des  connnunes  ne  peuvent  être  aliénés  de 
cette  manière; 

Considérant  cependant  que  la  fabrique  de  Saint-Géry  veut  donner  k  ce 


'1 


S7tf  HISTOIRE    D'UN    TABLEAU 

ce  fait  de  M.  le  maire  de  Valenciennes,  une  portée  autre  que  celle  qu'il 
doit  avoir  ;  qu*elle  se  prétend  propriétaire  des  tableaux,  qu^elle  fait  résul- 
ter sa  propriété  de  sa  possession  qui  se  serait  prolongée  sans  trouble  pen- 
dant plus  de  trente  ans; 

Considérant  que,  d'un  autre  côté,  Is^  ville  de  Valenciennes  n*a  jamais 
entendu  renoncer  à  la  propriété  de  ces  tableaux  par  le  dépôt  qui  en  a  été 
fait  à  réglise  de  Saint-Géry,  en  octobre  1804,  sur  la  demande  que  la  fa- 
brique lui  en  a  faite,  que  le  dépositaire  ne  peut  jamais  invoquée  la  près- 
cription  et  que,  d'ailleurs,  cette  prescription  aurait  été  sufBsamment  inter- 
rompue par  la  réclamation  que  M.  le  maire  de  Valenciennes,  par  sa  lettre 
du  9  juillet  IBM,  a  adressée  à  la  fabrique  qui  en  a  immédiatement  accusé 
réception  ; 

Considérant  que  dans  un  pareil  état  de  choses,  un  procès  est  imminent 
entre  les  parties;  qu'il  est  de  la  sa^^esse  de  l'autorité  municipale  de 
l'éviter  ;  qu'il  serait  déplorable  que  Valenciennes  eût  à  soutenir  une  lutte 
judiciaire  contre  une  des  églises  de  cette  ville  ;  '  que  la  fabrique  de  Saint- 
Géry  composée  d'hommes  honorables  et  amis  de  la  prospérité  de  la  cité 
sentira  elle-même  la  première  nécessité  de  mettre  fin  à  un  tel  procès,  par 
une  transaction; 

Considérant  que  la  ville  de  Valenciennes  qui  aime  et  protège  les  beaux- 
arts,  qui  envoie  à  Paris  des  élèves  h  l'école  de  peinture,  ne  doit  reculer 
devant  aucun  sacrifice  pécuniaire,  pour  s'assurer  à  toujours  la  propriété  de 
ces  pages  immortelles  qu'elle  vient  du  reste  elle-même  de  faire  restaurer  à 
grands  frais  ; 

Considérant  que  le  sacrilice  pécuniaire  qu^elle  va  s'imposer  est  peu 
important,  en  présence  d'objets  d'art  d'une  aussi  grande  valeur  ;  que  le 
chiffre  sera  beaucoup  moins  élevé  qu'il  paraît  l'être  ;  qu'en  effet,  tous  les 
ans,  vu  l'insuffisance  des  ressources  de  la  fabrique  de  Saint-Géry,  la  ville  est 
obligée  de  lui  accorder  un  secours  de  500  francs.  Ce  secours  disparaîtra 
lorsque  la  fabrique  sera  par  elle-m(^me  en  état  de  pourvoir  à  tous  ses 
besoins. 

Par  ces  motifs, 

Le  conseil  délibère  de  faire  reconnaître  par  la  fabrique  de  l'église  de 
Saint-(iéry,  que  la  ville  est  propriétaire  des  tableaux  de  Rubens  ci-dessus 
xlésignés  qui  resteront  déposés  dans  son  musée  ;  et  moyennant  cette  recon- 
naissance franche  et  loyale,  la  ville  de  Valenciennes  s'obligera  : 

1*  De  compter  à  la  fabrique  de  Saint-Géry  la  somme  de  cinq  mille 
francs  qu'elle  emploiera  en  acquisition  de  tableaux  pour  orner  son  église 
et  qui  seront  payés  sur  les  fonds  libres  de  1838  ; 

2"  A  lui  payer  annuellement  à  perpétuité  une  rente  de  deux  mille  francs. 

M.  le  maire  de  Valenciennes  est  autorisé  h  remplir  toutes  les  formalités 


HISTOIRE    D'UN   TABLEAU  217 

nécessaires   pour   terminer  celte   aiïaire  sur  les   bases  ci-dessus   posées. 

Dans  le  cas  où  cette  transaction  pleine  de  sagesse,  et  qui  a  pour  but 
d'éviter  des  luttes  et  des  collisions  fâcheuses,  ne  recevrait  pas  son  exécution, 
elle  serait  censée  nulle,  personne  ne  pourrait  s*en  servir,  et  chacune  des 
parties  serait  la  maîtresse  de  faire  valoir  ses  droits  comme  elle. le  trouve-^* 
rait  convenable. 

lie  conseil  municipal  adopte  les  motifs  et  les  conclusions  de  ce  rapport. 

Delgocrt-Dl'bois.  Dupont, 

Beau  vois. 

Archii«s  de  Valencienoei.  T  2,  2ô,  pièce  46. 

N-  11 

Extrait  du  Registre  aux  délibéralionê  du  Conseil  de  la  fabrique  de  t  église 
Saint'Gérg  à  l'alenciennes. 

Séance  du  8  novembre  1838. 

Le  Conseil  de  la  fabriqua  a  décidé  à  Tunanimité  approuver  les  proposi- 
tions faites  par  le  Conseil  de  la  ville  de  Valenciennes  en  sa  séance  du 
3  octobre  1838,  et  en  conséquence  consentir  h  faire  au  proGt  de  la  ville  de 
Valenciennes  cession  de  tous  les  droits  que  la  fabrique  avait  sur  les  tableaux 
de  Rubens  représentant  l'Annonciation  de  la  Vierge,  Saint-Etienne  prê- 
chant, Saint-Étienne  lapidé  et  Saint-Ëtienne  mis  au  tombeau  ;  moyen- 
nant :  l**  une  somme  de  cinq  mille  francs  payée  par  la  ville  le  plus  tôt 
possible  pour  Tacquisition  de  deux  autres  tableaux  qui  appartiendront  à  la 
fabrique  et  2»  une  rente  perpétuelle  et  annuelle  de  deux  mille  francs  qui 
sera  payée  chaque  année  à  la  fabrique  par  la  ville  de  Valenciennes. 

Tout  en  acceptant  ces  propositions,  le  Conseil  de  la  fabrique  déclare  faire 
toutes  réserves  et  protestations  contre  les  expressions  contenues  en  cette 
délibération  du  3  octobre,  en  ce  sens  qu'elles  attribuent  A  la  ville  la  pro- 
priété incontestable  de  ces  tableaux. 

EnGn  M.  Delcourt,  président,  est  autorisé  à  remplir  toutes  les  formalités 
et  à  signer  tous  les  actes  qui  seraient  nécessaires  pour  terminer  cette  tran- 
saction d'après  les  bases  qui  précèdent. 

Pour  copie  conforme  : 

Delcoubt  Uertouillk. 

Archives  dt  Valcnciennet  T  2,  35.  pièce  54. 


278  HISTOIRE   D'VK    TABLEAU 


7  décembre  1838. 


Souê-pré/ecture  de  Valenciennes. 


Le  conseil  de  préfecture  du  département  du  Nord, 

Vu  la  délibération  en  date  du  3  octobre  dernier  par  laquelle  le  conseil 
municipal  de  Valenciennes  désirant  mettre  fin  aux  contestations  éleiées 
entre  ladite  ville  et  la  fabrique  de  Téglise  de  Saint-Géry,  au  sujet  de  la 
propriété  de  quatre  tableaux  de  Rubens  qui  se  trouvaient  déposés  dans 
cette  église,  et  qui  représentent  Saint-Etienne  prêchant,  Saint-Etienne  au 
tombeau,  Saint-£tienne  lapidé  et  TAnnonciation,  propose  d^ arrêter  par  voie 
de  transaction,  que  ces  tableaux  seront  reconnus  appartenir  définitivement 
à  la  ville,  moyennant  par  celle-ci  de  payer  ^à  la  fabrique  de  Téglbe  de 
Saint-Géry  :  1*  une  somme  de  cinq  mille  francs  destinée  h  l'acquisition  de 
tableaux  pour  Tomement  de  Téglise,  et  2"  une  rente  annuelle  et  perpétuelle 
de  deux  mille  francs; 

Vu  la  délibérati(in  du  conseil  de  fabrique  en  date  du  8  novembre,  por- 
tant adhésion  à  ce  projet  de  transaction  ; 

Vu  l'avis  des  trois  jurisconsultes  composant  le  comité  consultatif  de 
l'arrondissement  de  Valenciennes,  ceux  de  M.  le  sous-préfet  et  de  M.  ïèv^- 
que  de  Cambrai  et  Tarrété  du  gouvernement  du  21  frimaire  an  XU; 

Considérant  que  la  ville  de  Valenciennes  n'a  pas  moins  d'intérêt  à  éviter 
un  prod*s  avec  Tune  de  ses  églises  qu'à  obtenir  la  propriété  incontestable 
de  quatre  chefs-d'œuvre  de  peinture  qui  feraient  l'ornement  de  son  musée, 
et  que  malgré  le  litige  existant  elle  vient  de  faire  restaurer  h.  ses  Irais,  que 
sous  ce  point  de  vue  les  sacrifices  auxquels  elle  se  soumet  seront  bien 
compensés  par  les  avantages  qu'elle  retirera  de  la  transaction  ; 

Que  de  son  côté  la  fabrique  de  Téglise  ^  trouvera  une  augmentation  de 
ressources  qui  la  mettra  à  portée  de  satisfaire  amplement  à  ses  dépenses 
annuelles,  et  que  le  capital  de  5,000  francs  qui  lui  sera  compté  lui  donnera 
les  moyens  de  remplacer  par  de  nombreux  tableaux  ceux  dont  elle  aura 
fait  remise  à  la  ville. 

Considérant  qu'il  -  est  toujours  avantageux  pour  deux  établissements 
publics  de  terminer  à  l'amiable  leurs  différents; 

Estime  qu'il  y  a  lieu  d'approuver  la  transaction  projetée  entre  la  ville  de 
Valenciennes  et  la  fabrique  de  Téglise  de  Saint-Géry,  suivant  les  conditions 


HISTOIRE    D'UN   TABLEAU  S79 

déterminées  dans  la  délibération  du  conseil  municipal  du  3  octobre  der- 
nier. 

Fait  en  séance  à  Lille,  le  7  décembre  1838. 

Signé  :  Grodér,  Bernas, 

VaNH,  LdISKT,  DOYPA'-DUBRUSQIR. 

Pour  expédition  conforme  : 

Pour  le  secrétaire  général  : 

Le  conseiller  de  préfecture  délégué. 

Signé  :  Doybn. 

Pour  expédition  conforme  : 

L'auditeur  au  Conseil  d'État, 

Sous-Préfet, 


Archivei  de  Valencienoef.  T  2.  25.  pièce  56. 


M«  13 


(Illisible.) 


Nous  maire  de  la  ville  de  Valenciennes, 

Autorisé  à  Feffet  de.s  présentes  par  délibération  du  conseil  municipal  en 
date  du  3  octobre  1838.  D'une  part  ;  Monsieur  Delcourt-Bertouille,  prési- 
dent du  conseil  de  fabrique  de  Téglise  Saint-Géry  à  Valenciennes, 

Egalement  autorisé  à  rcffet  des  présentes  par  délibération  du  conseil  de 
fabrique  en  date  du  8  novembre  dernier. 

D'autre  part  :  Vu  les  délibérations  précitées  d'après  lesquelles  la  ville  de 
Valenciennes  conservant  la  propriété  des  tableaux  de  Rubens,  représentant 
Saint-Ktienne  lapidé,  Saint-Étienne  au  tombeau  et  TAnnonciation,  serait 
tenue  de  payer  à  la  fabrique  de  Téglisc  Saint-Géry  :  l*"  une  somme  de  cinq 
mille  francs,  qu'elle  emploierait  en  acquisition  de  tableaux  pour  orner  son 
église  et  qui  seraient  payés  sur  les  fonds  libres  de  1838  ;  2«  une  rente  an- 
nuelle et  perpétuelle  de  deux  mille  francs  ; 

Vu  l'avis  du  conseil  de  préfecture  du  département  du  \ord  eh  date  du 
T  décembre  dernier  portant  que  le  conseil  estime  qu'il  y  alleu  d'approuver 
la  transaction  projetée  entre  la  ville  de  Valenciennes  et  la  fabrique  de 
Saint-Géry,  suivant  les  conditions  déterminées  dans  la  délibération  du 
conseil  municipal  du  3  octobre  1838; 

Déclarons  définitivement  consentie  et  acceptée  de  part  et  d'autre  ladite 
transaction  et  attendu  que  la  fabrique  de  Saint-Gêry  se  trouve  l'avoir 
exécutée  h  l'avance  par  la  remise  des  tableaux  dont  il  s'agit,   lors  de  la 


280  HISTOIRK    D'UN    TABLEAU 

restauration  que  la  ville  en  a  fait  faire,  et  qu'il  n'y  a  plus  qu'a  donner  tt 
la  fabrique  un  titre  suffisant  pour  que  la  somme  une  fois  payée  et  la  rente 
annuelle  convenue  lui  soit  servie  par  la  ville,  le  maire  de  la  ville  donne 
décharge  des  tableaux  à  la  fabrique  de  Saint-Géry,  et  oblige  la  ville  de 
Valenciennes  de  lui  payer  :  b  une  somme  de  cinq  mille  francs  ;  2'*  chaque 
année  â  partir  de  la  présente  année  mil  huit  cent  trente  neuf,  et  par  quart 
de  trois  en  trois  mois,  la  somme  de  deux  mille  francs  de  rente  perpétuelle. 

Ladite  somme  de  cinq  mille  francs,  et  le  premier  trimestre  de  ladite 
rente  ne  seront  exigibles  qu'apri's  que  l'autorisation  des  crédits  votés  ù  cet 
effet,  aura  été  obtenue. 

Ces  présentes  seront  adressées  en  triple  original  à  Monsieur  le  sous-préfet 
de  Tarrondissement  de  Valenciennes  pour  ôtre  soumises  à  rhomologation 
du  gouvernement. 

Fait  en  quintuple  à  Valenciennes  le  dix-neuf  mars  mil  huit  cent  trente-neuf. 
Approuvé  récriture  :  Approuvé  t écriture  : 

(Illisible.)  Delcourt-Bbrtouillk. 

Arcbivei  de  Valenciennes,  T  2.  25,  pièce  59. 

N»  14 

Paris,  le  11  novembre  1839. 

ORDONNANCE   DU   ROI 

I<ouis-Phi lippe.  Roi  des  Français,  à  tous  présens  et  à  venir,  salut  : 
Sur  le  rapport  de  notre  ministre  secrétaire  d'ECtat  au  département  de 
rintérieur. 

Le  Comité  de  Fintérieur  de  notre  Conseil  d'Ktat  entendu, 
Mous  avons  ordonné  et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

r  Article  premikr. 

Est  approuvé,  pour  être  exécuté  dans  toutes  les  clauses  et  conditions,  le 
traité  consenti  par  acte  sous  signatures  privées  du  19  mars  1839,  entre  la 
ville  de  Valenciennes  et  la  fabrique  de  Saint-Géry,  au  sujet  de  la  propriété 
dç  quatre  tableaux  de  Rubens  qui  étaient  déposés  dans  ladite  église. 

Une  expédition  dudit  traité  demeurera  annexée  îi  la  présente  ordonnance. 
Archives  de  Valenciennes,  T  2.  25,  pièce  65« 


UN    TABLBAL'    INÉDIT    DE    JEAN    DARET  Sdl 


XIV 

m  TABLEAU  INÉDIT  DE  JEAM  DARET 

DANS  l'Église  de  sai\t-pall-dl-var,  près  de  vence  (alpes-maritimes) 

il  y  a  cinq  ans,  M.  \'uma  Costc,  étudiant  Jean  Daret,  peintre 
bruxellois\  fit  connaître  une  quarantaine  de  documents  impor- 
tants sur  cet  artiste,  le  plus  célôbre  peut-être  de  ceux  qui  travail- 
lèrent en  Provence  au  dix-septième  siècle,  reconstitua  sa  vie, 
établit  qu'il  arriva  à  Aix  au  plus  tard  en  J637,  qu'il  appela  l'at- 
tention de  la  cour  en  janvier  1660,  quand  Louis  XIV  vint  dans 
celte  ville,  qu'il  alla  à  Paris  presque  aussitôt,  peut-être  pour  décorer 
la  chapelle  de  Vincennes,  et  qu'il  fut  reçu  le  15  septembre  1663  à 
l'Académie  royale  de  peinture  et  sculpture.  M.  Coste  a  si,<jnalé  une 
quinzaine  d'œuvres  religieuses  de  Jean  Daret,  qui  sont  conservées 
à  Aix,  Aups,  La  Barben  et  Lambesc  ',  et  d'autres  dont  il  ne  reste 
que  le  souvenir. 

Je  voudrais  compléter  son  excellente  étude  en /signalant  un 
tableau  de  cet  artiste,  peut-être  l'un  des  plus  beaux,  qui  a  échappé 
aux  recherches  de  M.  Coste.  Il  est  dans  l'église  de  Saint-Paul-du- 
Var,  une  des  communes  du  canton  de  Gagnes  (Alpes-Maritimes). 
€e  pays  n'est  qu'un  petit  village.  Mais  on  y  voyait  des  remparts 
datant  de  la  fin  du  règne  de  François  I",  —  ils  donnent  encore 
beaucoup  de  pittoresque  à  ce  lieu,  —  et  c'était  le  siège  d'une  des 
vingt-deux  vigueries  de  la  Provence  ainsi  que  le  séjour  favori  de 
la  noblesse  des  environs,  qui  semble  avoir  préféré  Saint-Paul  à  la 
petite  ville,  alors  épiscopale,  de  Vence.  L'église  de  Saint-Paul  pos- 
sédait en  outre  de  belles  orfèvreries  dont  la  plupart  ont  heureuse- 
ment échappé  à  la  Révolution.  J'ai  parlé  ailleurs  de  celles-ci  en 
particulier',  puis  de  l'église  et  de  toutes  ses  curiosités*.  L'une  des 

^  Réunion  des  Sociétés  des  Beaux- Arts  des  départemeats  (i9Ul).  —  Voir  sa* 
brochure  de  38  pages.  (Paris «  Pion  et  .Vourrit.) 

^  Sept  de  CCS  quinze  peintures  sont  datées  avec  précision. 

'  Le  trésor  d'orfèvrerie  de  l'église  de  Saint- Paul-du-l/ar^  dans  le  Bull, 
urchéol.  du  Com.  des  'Vrav.  histor.,  1808. 

*  Monographie  de  l'église  de  Saint- Paul-du-l/ar,  dans  les  Annales  de  la 


282  UK    TABLEAU    INÉDIT    DE   JE.)\'    DARBT 

principales  est  le  tableau  de  J.  Daret  que  M.  Coste  a  omis  dans  sa 
consciencieuse  étude. 

Parmi  les  familles  originaires  de  Sainl-Paul,  Tune  des  plus  en 
vue  au  dix-septième  siècle  était  celle  des  Barcillon,  issus  d'un 
noble  de  Baix^lone  dont  le  fils  cadet  avait  dû  à  Fappui  de  Robert 
d'Anjou  d'être  évêque  de  Vence  en  1337'.  Lorsque  Antoine 
Godeau,  de  l'Académie  française,  évèque  de  Grasse  depuis  le 
21  juin  1636%  devint  en  outre  évêque  de  Vence  le  20  dé- 
cembre 1639  *,  puis  lorsqu'il  résigna  Grasse  en  1653  *  et  ne  retint 
que  Vence  S  le  chapitre  cathédral  de  cette  ville  comptait  deux 
Barcillon.  L'un,  Jacques,  docteur  en  théologie,  chanoine  de  Vence 
sous  Mgr  du  Vair,  avait  été  élu  comme  vicaire  capitulaire  de 
Vence,  au  lendemain  de  la  mort  de  cet  évêque,  en  juin  1638  — 
Godeau  fut  nommé  peu  après  évêque  de  ce  siège  —  il  resta  vicaire 
capitulaire  jusqu'au  début  de  décembre  1653;  il  fut  ensuite  grand 
vicaire  de  Godeau  depuis  janvier  1654;  il  mourut  le  20  avril  1664. 
Auteur  d'une  Vie  de  saint  VéraUj  évèque  de  Vence  et  l'un  des 
patrons  de  la  cathédrale,  il  avait  dédié  ce  travail  au  chapitre  en 
1630®.  11  composa  ensuite  une  Vie  de  saint  Lambert,  évêque  de 
Vence  et  l'autre  des  patrons  de  la  cathédrale,  la  dédia  à  Godeau 
et,  dit-on,  la  lui  présenta  le  26  mai  1650'.  Ce  même  jour,  il 
offrit  une  châsse  destinée  à  remplacer  celle  du  quinzième  siècle  où 
reposaient  les  reliques  de  saint  Lambert.  Jacques  Bamilon  fut 
choisi  par  le  chapitre,  comme  économe,  en  septembre  1654 
et  1662. 

L'autre  Barcillon,  qui  faisait  partie  du  chapitre  de  Vence,  était 


Société  des  L.,  Se.  et  Arts  des  Alp.'Marit.,   t.  XV  III,  1899.  —  Tiré  à  part, 
Malvano,  Nice. 

*  Artbkkuil,  Hist,  héroïq.  et  univers,  de  la  noblesse  de  Provence,  t.  1,  Avi- 
gnon, 1757. 

'  Date  de  sa  nomination  par  Louis  XIII.  Ses  bulles  lui  furent  délivrées  le 
22  septembre.  11  fut  sacré  le  2^  décembre. 

'  Date  où  Louis  Xlli  ui^it  les  deux  diocèses.  Urbain  VIII  se  refusa  à  notifier 
Tunion,  mais  Innocent  X  y  consentit  le  7  décembre  164'^. 

*  Après  avoir  renoncé  à  cet  évôché,  il  quitta  Paris  ennoven^bre. 

*  Il  fut  enfin  reçu  comme  évéquc  de  cette  ville  par  le  chapitre,  le  10  dé- 
cembre 1653. 

'^  Sou  manuscrit  appartient  aux  archives  paroissiales  de  la  cure  de  Vence. 
'  D'après  Tisskra\d,   Vence.  —  Le  manuscrit  de  ce  travail  fait  également 
partie  des  archives  paroissiales  de  Vence  . 


DN   TABLEAU    INÉDIT   DE   JEAN   DARET  2g3 

Gaspard,  archidiacre  jusqu'au  9  janvier  1660,  puis  du  5  juillet  au 
24  mai  1666,  et  par  surcroit  capiscol  du  23  mai  1650  au  10  no- 
vembre de  cette  même  année;  il  obtint  le  canonicat  de  Tavocat 
Claude  qui  avait  obtenu  celui  de  son  frère  Jacques;  Gaspard  ne 
mourut  que  le  13  décembre  1688,  sous  Tépiscopat  de  Mgr  de 
Cabannes  de  Viens.  Gaspard  Barciilon  fut  élu  par  le  chapitre, 
comme  économe,  en  septembre  1653,  1660  et  1666;  en  jan- 
vier 1666  il  reçut  la  prébende  de  Gourmes,  Gourmettes  et 
Valet(es^  C'est  seulement  sous  Mgr  de  Thomassin,  en  sep- 
tembre 1676,  que  ce  chanoine,  peu  pressé  de  s'acquitter  de  ses 
obligations,  offrit  la  chape  qu'il  devait  donner  depuis  son  entrée 
au  chapitre. 

Sous  Tépiscopat  de  Godeau,  Jacques  Barciilon  fut  remplacé 
comme  chanoine,  du  20  avril  1664  au  9  janvier  1666,  par  son 
frère  Claude,  docteur  en  droits  et  avocat  à  la  Cour  :  nous  venons 
de  l'indiquer. 

Les  livres  relatifs  à  ce  pays  signalent  d'autres  membres  de  cette 
f^imille  qui  furent  distingués  à  cette  même  époque. 

Philippe  était  chanoine  de  Reims. 

Pierre  fut  prieur  du  village  de  Bcsaudun,  an  diocèse  de 
Vence*. 

C'est  chez  Claude,  u  maître  des  ports  au  bureau  d'Antibes  et 
conseiller  du  roi  »,  que  Godeau  descendit  en  mai  1654,  lors  de  la 
première  visite  qu'il  fit  à  Saint-Paul. 

Parmi  les  consuls  de  celte  petite  ville  qui  le  reçurent  à  celle 
occasion,  on  trouve  a  le  capitaine  ^  Just  Barciilon. 

C'est  chez  Scipion-Joseph  Barciilon,  seigneur  de  Roquefort  et  de 
Gourmes,  qu'il  descendit  en  novembre  1671,  lors  de  la  dernière 
visite  qu'il  fit  à  Saint-Paul . 

César  Barciilon  fut  bénédictin  à  Lérins  et  infirmier  de  l'abbaye 
en  1651  \ 

La  maison  des  Barciilon  à  Saint-Paul  est  une  des  plus  intéres- 

'  11  eut  en  novembre  1668  un  procès  avec  le  prévôt  c  pour  la  vente  des 
noyers  du  pré  du  chapitre  i.  Eln  70,  il  n'était  plus  prébeudé  de  Gourmes  :  le 
théologal  Olive,  qui  Tétait  ù  cette  date,  fut  responsable  de  l'accueil  si  peu  em- 
pressé que  Godeau  trouva  dans  ce  village,  si  haut  perché  que  jamais  on  n'y 
avait  vu  ni  un  de  ses  prédécesseurs  ni  un  de  leurs  vicaires  généraux. 

*  TissKRAND,  Vence,  p.  214. 

*  Arch.  des  Alp.-Marit.,  Ev.  de  Grasse,  G.  40. 


284  UN    TARI.BAU    INÉDIT    DE    JKAN    DABET 

San  tes  parmi  ces  habitations  blason  nées  que  l'on  y  a  plus  d'une 
fois  signalées. 

Elle  se  recommande  à  la  curiosité  des  archéologues  par  ses 
cheminées  du  seizième  siècle,  dont  Tune  présente  la  captivité  de 
Babylone,  le  prophète  Élie  au  désert,  David  et  Saùl,  le  sacriGce 
d\Abraham,  Adam  et  Eve  chassés  du  paradis,  et  les  armes,  un 
peu  effacées,  des  Barcillon  '.  M.  Henri  Moris  a  donné,  dans  son 
Pays  bleu,  une  idée  des  cheminées  de  stuc,  si  finement  sculp- 
tées, qui  ornent  deux  des  modestes  hôtels  aux  portes  armoriées 
de  la  petite  ville,  dont  il  décrit  à  merveille  la  ravissante  posi- 
tion, le  jardin  d*orangers,  figuiers  et  oliviers  qui  Tentourc, 
les  puissantes  murailles  que  Mandon  a  élevées  à  la  fin  du  règne 
de  François  I",  les  ouvrages  de  date  antérieure  que  cet  ingénieur 
respecta,  le  donjon  et  la  porte  du  nord  percée  dans  une  tour 
du  quatorzième  siècle,  la  rue  principale  le  long  de  laquelle 
s'échelonnent  les  anciennes  demeures  bourgeoises,  les  ruelles 
étroites  et  coupées  d*arcades  qui  se  précipitent  vers  le  chemin  de 
ronde  *. 

Le  plus  illustre  des  Barcillon  au  milieu  du  dix-septième  siècle 
fut  Jean-Baptiste,  docteur  en  théologie  comme  Jacques,  prieur  de 
Siint-\icolas-de-Roucy,  de  Saint-Pierre-de-Tropiac,  de  Chau- 
cour^  aumônier*  de  la  duchesse  d'Orléans,  Marguerite  de  Lor- 
raine-Vaudemout,  que  le  fr^Te  cadet  de  Louis  XIII,  déjà  veuf, 
avait  épousée  en  janvier  I632\  Par  acte  du  29  août  1658,  que 
reçurent  deux  notaires  de  Paris,  Rallu  et  Manchon,  J.-B.  Barcil- 

'  (j.U(:.vKT.  liulL  de  la  Société  niçoise  des  sciences  natur.  et  histor.,  t.  I, 
1789,  p.  98. 

*  Moris,  op.  cit.,  p.  IV)  sq. 

^  A  Chanoine  de  Saiat-Médard-de-Soissoos,  seigneur  de  Saint-Pierre  et 
€liauinout  i,  disait  Tisserand  dans  son  Vence,  p.  214.  —  *  Prieur  de  Saint- 
\icolas  de  Houssi  i,  porte  un  acte,  daté  de  septembre  1662.  que  le  chapelain 
de  la  chapelleoie  saint  Mathieu  présenta  le  9  au  chapitre. 

^  c  VA  conseiller  t ,  dit  cet  acte,  daté  de  septembre  1665. 

^  Ce  fut  la  marâtre  de  la  i  Grande  Mademoiselle  t  et  l'une  des  protectrices 
de  La  Fontaine. 

La  seconde  Temme  de  Gaston  d'Orléans,  Marguerite,  sœur  du  duc  Charles  III 
de  Lorraine,  déplaisait  à  Richelieu,  qui  aurait  voulu  faire  casser  cette  union, 
bien  que  Tt^glise  Teùt  bénie,  et  marier  le  frère  du  roi  à  sa  nièce,  qui  fut  ensuite 
duchesse  d'Aiguillon.  L'assemblée  générale  du  clergé  de  1635  favorisa  les  vues 
du  cardinal-ministre,  mais  le  pape  ne  jugea  point  de  même  et  se  refusa  k  pro- 
noncer la  nullité  du  mariage. 


^u 


UN   TABLEAU    INEDIT    DE    JEAN    DARET  285 

Ion,  tt  aumônier  de  S.  A.  R.  la  duchesse  d'Orléans  '  -.î  ,  décida  de 
fonder  une  chapelle  de  saint  Mathieu  dans  Téglise  de  Saint-Paul 
et  lui  assura  un  capital  de  4,000  livres  *. 

Il  demandait  des  prières  pour  lui,  ses  parents,  ses  bienfaiteurs, 
tt  et  particulièrement  pour  Tâme  de  très  illustre  et  très  puissante 
princesse  Mme  Henrietle-Çaiherine  de  Joyeuse,  duchesse  de  Guise 
et  de  Joyeuse,  pair  de  France  v .  Il  s'agit  ici  d'une  bâtarde  de 
Henri  IV  et  de  Gabrielle  d'Estrées.  Légitimée,  elle  avait  été  mariée 
en  1611  avec  le  fils  aîné  du  a  Balafré  n,  Charles  H  de  Lorraine, 
quatrième  duc  de  Guise,  pair  de  France,  duc  d'Elbeuf  et  comte 
d'Harcourt,  qui  fut  gouverneur  de  la  Picardie.  Veuve  en  1640^ 
elle  était  morte  en  1656.  Elle  avait  eu  dix  enfants,  dont  Henri, 
duc  de  Guise,  qui  mourut  en  1664  sans  avoir  été  marié,  et  Louis, 
duc  de  Joyeuse  et  ensuite  d'Angouléme,  qui,  marié  en  novem- 
bre 1640  à  Marie  de  Valois,  fille  unique  du  comte  d'Alais,  gouver- 
neur général  de  la  Provence  ',  reçut  le  22  août  1654,  prèsd'Arras, 
une  blessure  au  bras  droit  dont  il  était  mort  le  27  septembre  sui- 
vant. Ajoutons  que  Louis  avait  eu  un  fils,  Louis-Joseph,  duc  de 
Joyeuse  et  d'Angouléme,  qui,  né  en  1650,  épousa  en  1667  une 
des  filles  du  second  mariage  de  Gaston  d'Orléans,  Elisabeth*, 
duchesse  d'Alençon,  et  mourut  on  1671  *. 

Ainsi    J.-B.    Barcillon,   qui    était  en    1658   aumônier    de    la 

>  Elle  ne  devint  veuve  que  le  2  février  1060.  Quant  au  frère  cadet  de 
Louis  XiV,  Philippe  d'Orléans,  il  n'épousa  Henriette-Anne  d'Anc^leterrc  qu'en 
1661,  le  31  mars.  Il  s'agit  donc  bien  de  Marguerite  de  Lorraine,  duchesse 
d'Orléans  depuis  plus  d'un  quart  de  siècle,  qui  mourut  ù  Paris  le  3  avril 
1672. 

■  Une  copie  de  cet  acte  se  trouve  aux  Arch.  dép.  des  Alp.-Marit.,  une  aulre 
aux  Arch.  paroiss.  de  Saint-Paul. 

'  Louis-Kmmanuel  de  Valois,  connu  d'abord  sous  le  nom  de  comte  d'Alais, 
61s  du  bâtard  que  Charles  I\  avait  eu  de  Marie  Touchet;  il  fut  nommé  le 
29  octobre  1637  gouverneur-jjénéral  de  Provence.  Son  père,  nommé  d'abord 
comte  d'Auvergne,  puis  duc  d'Angoulème  en  1619.  mourut  \o  2'*  septem- 
bre lî*)50,  âgé  de  77  ans.  Le  comte  d'.Alais  s*appela  alors  duc  d'.Angoulèmc, 
mais  ne  vécut  que  jusqu'au  13  novembre  1653  et  fut  remplacé  en  1652  comme 
gouverneur  de  Provence  par  Louis  de  Vendc^me,  duc  de  Mercœur,  pctit-fils  de 
Henri  IV. 

*  Elisabeth  n'avait  plus  que  sa  sœur  aînée,  .Marguerite-Louise,  mariée  eu 
1661  àtjôme  HI,  grand-duc  de  Toscane.  Ses  sœurs  cadettes  étaient  mortes, 
Françoise-Madeleine  eu  6V,  un  an  après  avoir  épousé  le  duc  Charles-Emma- 
nuel Il  de  Savoie,  Marie-.^nnc  en  56  dans  sa  quatrième  année. 

•  D'où  François-Joseph  qui,  né  en  1670,  mourut  dès  77. 


286  LN    TABLEAL    IXÉDIT    D£    JKAM    DlRBT 

duchesse  d'Orléans,  avail  été  protégé  par  la  duchesse  de  Gurse  et 
Joyeuse,  morte  en  1656. 

11  désirait  en  outre  que  l*on  posât  dans  le  mur  de  la  chapelle 
tt  une  pierre  on  une  lame  de  cuivre  »  avec  une  inscription  dont  il 
rédigeait  le  texte.  Cette  plaque  de  métal  fut  placée.  Elle  se  voit 
encore  à  gauche  de  lautel  de  sa  chapelle  ^  La  fondation  de 
1658  ne  suffisant  pas  à  J.-B.  Barcillon,  il  érigea  la  chapelle  en  un 
canonicat  le  16  septembre  1664  :  de  son  côté,  jGodeau  donna  à 
Téglise  le  titre  de  collégiale  par  une  ordonnance  du  1"  juil- 
let 1666  que  Louis  XIV  approuva  en  janvier  1667  ^  Le  tombeau 
des  parents  de  J.-B.  Barcillon  et  de  ses  frères  est  à  droite  de  lautel 
de  la  chapelle  qu'il  fonda  et  fait  vis-à-vis  à  la  sépulture  des 
familles  de  Mercurin  et  de  Rabuis.  Les  autres  membres  de  la 
famille  Barcillon  étaient  inhumés  dans  un  tombeau  au  haut  de  la 
nef,  côté  droit  en  entrant,  et  il  recevait  aussi  les  de  Flotte,  les 
Sabran-Baudinard,  les  Raymond  d'Ëoulx  '. 

La  dalle  des  Barcillon  porte  l'inscription  suivante  :  a  Deo 
optimo.  Hic  jacent  d[omi]n[u]s  Bonifacius  Barcillon  et  uxor  ejus 
eoru[mJq[ue]  nati,  solo  Joanne  Baptista  d[octore]  theologo  supei^ 
stite,  qui  ad  hoc  altare  s[a]n[c]ti  Mathaei  perpetuam  capellaniam 
fundavit  an[n]o  D[ominiJ  1658.  Requiescant  in  pace  tu  .  Des  notes 
historiques  qui  ont  appartenu  au  chapitre  de  Vence,  disent  que 
cette  compagnie  était  fière  de  lui  \  et  pourtant  il  n'en  avait  pas 
fait  partie. 

'  I  Surmontée  d'armoiries  d'évéques  >,  dit  un  mémoire  manuscrit,  posté- 
rieur à  1860.  que  possédait,  il  y  a  quelques  années.  M.  Patarrin,  alors  maire 
de  Saint- Paul-du-Var.  Un  certain  Alphonse  Achard  l'avait  fait  à  la  bibliothèque 
Xléjanes  d'Aix,  surtout  à  l'aide  d'un  ouvrage  que  son  homonyme,  médecin  de 
Marseille,  membre  de  plusieurs  académies,  a  composé  et  publié  en  1788  sous 
1?  titre  Descriplion  histor.  et  géogr.  des  villages  et  hameaux  de  la  Pro- 
vence. «  Ainsi  que  l'ai  fait  dans  une  Monogr.  de  l'église  de  Saint-Paul,  je 
l'appellerai,  pour  plus  de  brièveté,  &  le  mémoire  Achard  i.  Le  blason  des  Bar- 
c'illou  était  d'azur  ù  deux  sautoirs  alaises  ou  raccom'cis,  rangés  en  fasce  d'or  et 
surmontés  d'une  étoile  d'or  posée  au  milieu  du  chef. 

'  La  duchesse  douairière  d'Orléans  mourut  en  avril  1672,  ayant  survécu  k 
la  jeune  duchesse  d'Orléans,  Henriette  d'x'lngleterre,  qui  mourut  le  30  juin  1670. 

^  Voir  ma  Monogr, ^  p.  26,  d'après  une  note  que  Henri  Layet,  ancien 
notaire  à  la  Colle,  avait  dressée  à  l'aide  des  actes  de  sépulture  des  registres 
paroissiaux  de  Saint-Paul.  Feu  l'abbé  Giraud,  alors  curé  de  ce  village,  me 
l'avait  communiquée. 

*  .Arch.  des  Alp.-Marit.,  Chap.  de  F  ,  G.  1. 


UN  TABLEAU    12VËU1T    DE    JEAN    DARET  287 

Moins  de  trois  ans  après  la  fondation  de  J.-B.  Barcillon,  Godeau 
fit  une  visite  pastorale  à  Saint-Paiil,  en  mai  1661.  Le  procès- 
verbal  en  est  mallieureusement  incomplet.  Il  y  est  dit  que 
J.-B.  Barcillon  avait  donné  à  sa  chapelle  de  saint  Mathieu  divers 
objets  dont  il  ne  reste  que  le  commencement  de  la  liste  :  un  feuil- 
let qui  manque  en  portait  la  suite.  D'autre  part,  un  tableau  ornait 
alors  cette  chapelle.  En  effet,  le  chapelain  qui  la  dessert  dénoncé 
à  Tévéque  le  fait  que  les  consuls  de  Saint-Paul,  pour  exposer  le 
Saint-Sacrement  le  Jeudi  Saint,  »  plantent*  des  clous  contre  du 
tableau  du  saint  en  so^te  qu1ls  le  gâtent  tout  à  fait...  »  Mais  ce 
(|ui  reste  du  procès-verbal  de  la  visite  pastorale  de  Godeau  à  Saint- 
Paul  en  mai  1661  n'indique  ni  le  sujet,  ni  Tauteur  du  tableau. 

En  1665,  une  délibération  du  chapitre  cathédral  de  Vence, 
tenue  le  9  septembi*e,  parle  de  «  la  grande  et  excellente' peinture 
de  saint  Mathieu  n.  Le  procès-ierbal  de  cette  séance  dit  que 
J.-B.  Barcillon  venait  de  la  faire  placer  dans  cette  chapelle,  mais, 
—  détail  à  noter,  —  n'en  nomme  point  Tauteur.  Guillaume 
Maurel,  chargé  de  cette  chapellenie,  requérait  le  chapitre  cathé- 
dral, en  tant  que  prieur  primitif  de  Téglise  paroissiale  de  Saint- 
Paul,  d'approuver  la  fondation  faite  par  J.-B.  Barcillon  a  en  la 
chapelle  et  autel  de  saint  Mathieu,  apostre  v  ;  il  ajoutait  que  Bar- 
cillon avait  assuré  l'existence  d'un  prêtre  surnuméraire,  obligé  de 
dire  quatre  messes  basses  par  semaine,  d'enseigner  la  doctrine 
chrétienne  à  la  jeunesse  de  la  petite  ville  tous  les  dimanches,  et 
d'assister  aux  offices  des  fêtes  solennelles.  Maurel  insistait  en 
outre  sur  ce  que  Barcillon  avait  enrichi  tous  les  autres  autels  de 
l'église,  ce  et  l'a  embellie  d'une  grande  et  excellente  peinture  du 
saint  et  autres  de  pareil  travail,  le  tout  avec  les  ornements  et 
cadres  dorés,  l'ayant  aussi  ameublée  de  plusieurs  chasubles, 
devant  d'autels,  aubes,  nappes,  d'un  calice  et  beurettes  d'argent, 
or,  vermeilh  et  d'autres  ornements  nécessaires  pour  la  messe.  » 
Inutile  d'ajouter  que  le  chapitre  cathédral  approuva  l'importante 
fondation  de  J.-B.  Barcillon,  sur  la  requête  de  Maurel. 

J'ai  dit  ailleurs  *  que  la  confrérie  de  saint  Antoine  mettait  ses 
huiles  dans  une  armoire  de  cette  chapelle  de  saint  Mathieu,  du 


'  Noter  ce  présent. 

*  Voir  ma  Monogr.  de  l'église  de  Saint-Paul, 


2N8  UN    TABLEAU    INÉDIT    DK    JEAN    DARET 

côtéderÉvangile.  a  Ce  qui  est  cause  d'incommodité  et  de  distraction 
aux  prestres,  lorsqu'ils  célèbrent,  par  Touverture  qu  on  en  fait  à 
tout  moment,  et  ce  qui  donne  de  mauvaises  odeurs  par  les  huiles 
croupissantes  et  pourries  qu'il  y  a  parfois  et  qui  entretiennent 
quantité  de  rats  qui  rongent  et  gastent.  •»  C'est  du  moins  en  ces 
termes  que  le  diapelain  dénonça  à  Godeau,  lors  de  sa  visite  de 
1661,  un  état  de  choses  où  les  consuls  et  les  rats  avaient  leur 
rôle. 

En  septembre  1667  le  grand  vicaire  de  Godeau,  visitant  l'église, 
devenue  collégiale',  de  Saint-Paul  et  renij)Iaçant  Tévéque  qui  était 
malade,  dit  que  l'autel  saint  Mathieu  avait  des  ornements  sacer- 
dotaux aux  armes  de  la  famille  des  Barcillon,  six  autres  tableaux 
«  y  en  ayant  deux  des  fleurs  en  broderie  » ,  un  devant  d'autel  de 
satin  fleuri  à  fond  blanc  a\ec  les  armes  des  Barcillon  «  une  chasuble 
de  brocard  sur  fond  blanc  d'argent  à  fleurs  vertes  avec  une  passe- 
menterie d'or  et  les  armes  du  cardinal  de  Joyeuse*  et  une  cha- 
suble de  velours  violet  brodée  aux  armes  de  la  maison  de  Guise 
en  or  et  argenté 

Or  une  visite  pastorale  de  1670  nous  apprend  que  J.-B.  Bar- 
cillon fut  aumônier  a  de  Madame  de  Guise  «.  La  duchesse  douai- 
rière d'Orléans,  Marguerite,  qui  mourut  à  Paris  le  3  avril  J672, 
eut  cinq  enfants,  dont  quatre  (illes.  Xous  avons  dit  plus  haut  que 
l'une  d'eHes,  Elisabeth,  duchesse  d'Alencon,  épousa  en  1667  un 
arrière-petil-lils  du  u  Balafre  « ,  Loiirs-Joseph,  duc  de  Joyeuse, 
d'Angouléme  et  (depuis  J664)  de  Guise,  qui  mourut  dés  1671. 
J.-B.  de  Barcillon  fut  peut-être  l'aumônier  de  sa  veuve,  après  la 


^  Les  leUres-patentcs  du  roi  qui  approuvent  cette  érectioii  dalent  de  jan- 
vier. Kn  décembre,  (jodeau  devait  aller  «  à  Saint-Paul  pour  établir  la  collégiale 
qui  a  clé  requise  de  la  part  des  consuls  dudit  Saint-Paul  en  l'église  parois- 
siale 9  :  d'où  émotion  du  chapitre  catbédral  qui  se  considéra  comme  lésé  par 
cette  érection  et  envoya  le  prévôt,  alors  économe  du  corps,  pour  prolester. 

*  4  Du  cardinal  de  Fr[ance?J  mons[eigncur]  de  Joyeuse.  »  —  J'ai  dit  ailleurs 
qu'il  s'agit  de  François  de  Joyeuse.,  frère  du  favori  de  Henri  ill.  Arche- 
vêqiie  de  \arbonne  à  vingt  ans.. en  1582,  puis  de  Toulouse,  puis  de  Rouen, 
cardinal  à  vingt  et  un  ans,  en  1583,  d'abord  de  Saint-Sylvestre,  puis  de  Satut- 
Martin-aux-Mouts  et  de  la  Trinité-du-VIont,  il  mourut  en  16J5  à  Avi<|non, 
évoque  d'Oslie  et  doyen  du  Sacré-('ollège.  Parmi  ses  protégés,  on  cite  d'Ossat, 
qui  devint  cardinal  à  son  tour,  De.sportes  et  le  neveu  de  celui-ci,  Régnier. 

^  TissKKAND  mentionne  (l'ence,  p.  100)  des  ornements  liturgiques  aux  armes 
des  Guise. 


V\    TABLEAU    INÉDIT    DE    JEAN    DARET  28fl 

morl  de  la  mère  de  celle-ci,  et  il  se  peut  quVile  lui  ait  fait  quelque 
cadeau.  Ou  bien  il  avait  été  Tanaiônier  de  la  duchesse  de  Guise, 
Henriette-Catherine  de  Joyeuse,  la  bâtarde  de  Henri  IV  et  de 
Gabrielle  d'Estrées  de  qui  nous  avons  vu  plus  haut  que,  veuve 
en  1640  de  Charles  II  de  Lorraine,  elle  mourut  en  1656  et  que  le 
repos  de  son  âme  fut  en  août  1658,  quand  Barcillon  se  présenta 
devant  deux  notaires  parisiens  et  fonda  sa  chapelle  Saint-Mathieu, 
Tobjet  d'une  mention  toute  spéciale.  Après  avoir  demandé  des 
prières  pour  lui,  pour  ses  pareuls  et  pour  ses  bienfaiteurs,  c'est 
tout  c(  particulièrement  »  qu'il  en  sollicita  »  pour  Tàme  n  de  cette 
princesse  «très  illustre  et  très  puissante»,  qui  avait  été  sans 
doute  sa  bienfaitrice.  Il  n'est  pas  étonnant  que  cette  fille  de 
Henri  IV  et  de  Gabrielle  d'Estrées  ait  donné  h  ce  prêtre  une* 
chasuble  aux  armes  des  Guise  et  une  aux  armes  du  cardinal  de 
Joyeuse,  qui  furent  offertes  ainsi  par  lui  à  la  chapelle  qu'il  fonda 
à  Saint-Paul. 

Rien  à  tirer  du  procès-verbal  des  visites  pastorales  que  firent  à 
Saint-Paul,  Godeau  en  novembre  1671,  liOuis  de  Thomassin  en 
novembre  1677,  Théodore  Allart  en  octobre  1683  et  Jean  Bal- 
thasar  de  Cabannes  de  Viens  en  mars  1695. 

•Mais  voici  le  procès-verbal  de  visite  que  Jllgr  François  de  Balbis 
des  Bertons  de  Grillon  fit  à  Saint-Paul  le  21  mars  1699'.  Mous 
y  lisons  d'une  part  que  le  juspatronat  de  la  chapelle  Saint-Mathieu 
avait  été,  tt  à  la  mort  de  Just  Barcillon  et  de  ses  enfants,  transmis 
à  la  famille  de  M  de  Rochefort  » .  Puis  l'évéque  y  note  que  le 
retable  de  cette  chapelle  est  a  le  tableau  d  de  saint  Mathieu,  un 
ange,  saint  ^  Pierre  de  Luxembourg,  saint  Antoine  de  Padoue, 
fort  beau,  de  la  main  de  Daret»  .  Sans  doute  le  prénom  du  peintre 
n'est  pas  inscrit,  et  je  m'étais  demandé,  lorsque  je  publiai  la  mono- 
graphie de  cette  église,  —  M.  Coste  n'avait  pas  encore  publié  son 
travail  sur  Jean  Daret,  —  si  la  peinture  était  de  Pierre,  mort  en 
en  1675  ou  1678,  ou  de  Jean. 

L'autel  était,  quand  je  l'examinai  pour  la  première  fois,  charge 
de  tant  d'objets  que  je  n'avais  pas  remarqué  un  détail  du  tableau. 
Ce  n'est  qu'après  la  publication  de  ma  Monographie  de  t église 

*  Au  moins  une. 

*  Arch.  des  Alp.  Marit..  Chap.  de  Vence,  G.  5. 
^  Sic. 

19 


^ 


S90  UN   TABLEAU   INÉDIT   DE    JEAN    DARET 

de  Saint-Paul  qae  mon  attention  fat  attirée  sur  le  fait  que  le  beau 
saint  Mathieu,  que  le  procès-verbal  de  Mg^de  Grillon  recomman- 
dait à  toute  Tattenlion  des  amateurs,  est  signé  :  Daret  invfenjtor 
faciebat  Parisiis  I66I. 

Sans  doute,  ici  encore,  nul  prénom  n'accompagne  le  nom  du 
peintre.  Mais  peut-on  songer  à  Pierre?  11  ne  compte  pas  dans 
l'histoire  de  Fart  en  Provence.  A  ceux  des  fils  de  Jean  qui  furent 
peintres?  Michel  avait  vingt  et  un  ans  en  1661  et  Jean-Baptiste 
seulement  douze.  En  outre  le  travail  récent  de  M.  \uma  Coste 
donne  un  intérêt  particulier  à  la  signature  du  saint  Mathieu.  Elle 
indique  qu'il  fut  fait,  et  à  Paris,  et  en  1661  :  nouvelle  preuve  du 
voyage  dont  M.  Coste  avait  rigoureusement  établi  —  et  ce  docu- 
ment nouveau  n^était  pas  indispensable  pour  l'affirmer  —  qu'il  a 
eu  lieu  et  qu'il  résulta  du  passage  de  Louis  XIV  à  Aix  en  janvier 
et  février  1660.  Si  le  tableau  fut  fait  à  Paris  et  en  1661,  il  dut  être 
achevé  au  début  de  l'année,  envoyé  par  J.-B.  Barcillon  durant  le 
Carême,  et  placé  avant  la  Semaine  Sainte,  puisqu'en  mai  1661 
Godeau  apprend  du  chapelain  que  les  consuls  de  Saint-Paul, 
pieux  vandales,  avaient  planté,  pour  exposer  le  Saint-Sacrement 
le  Jeudi-Saint —  or  Pâques  tomba  le  17  avril  en  1661  —  «  des 
clous  contre  du  tableau  du  saint  en  sorte  qu'ils  le  gâtent  tout  à 
fait  « . 

Nommé  par  brevet  du  25  mai  1697  et  sacré  le  29  décembre  par 
l'archevêque  d'Avignon,  dans  l'église  des  Jésuites  de  cette  ville, 
Mgr  de  Crillon  ',  qui  se  présenta  le  4  octobre  1698  au  chapitre  et 
fut  installé  par  le  prévôt,  était  fils  du  marquis  Louis.  Il  avait  été 
vicaire-général  de  Mgr  Aube  de  Roquemartine,  évêque  de  Saint- 
Pau  1-Trois-Chàteaux  et  antérieurement  de  Grasse,  il  avait  été 
d'autre  part  prévùt  du  chapitre  cathédral  de  Cavaillon,  dans  les 
Etats  que  le  Saint-Siège  possédait  en  France.  Issu  d'une  famille 
provençale  dont  il  est  inutile  de  rappeler  qu'elle  avait  été  tout 
particulièrement  illustrée  par  le  capitaine  qui  avait  refusé  d'assas- 
siner les  Guise  et  que  Henri  IV  surnommait  le  brave  des  braves, 
Mgr  de  Crillon  n'était  pas  un  de  ces  u  cuistres  de  séminaire,  sans 
science,  sans  naissance,  dont  l'obscurité  et  la  grossièreté  faisaient 
tout  le  mérite»,  si  nous  en  croyons  ce  que  Saint-Simon  dit  de 

'  Voir  le  chap.  ii  de  mon  livre  Le  Jansénisme  à  Vence. 


UN    TABLEAU   INÉDIT    DE   JKAN   DARET  291 

Tépiscopat  d'alors  qu'il  accuse  Louis  XIV,  on  le  sait,  d'avoir 
réservé  à  ce  à  la  basse  prétraillet) .  Il  avait  dû  entendre  parler  à  Aix 
du  tt  savant  »  Jean  Daret,  mort  depuis  une  trentaine  d'années, 
quand  il  prit  la  mitre  de  Vcnce,  des  peintui*es  religieuses  que  cet 
artiste  bruxellois  avait  exécutées  pour  des  églises,  pour  des  cha- 
pelles d'ordres  religieux  et  de  confréries,  pour  des  particuliers, 
ainsi  que  des  œuvres  profanes  dont  les  hôtels  ou  les  châteaux  de 
la  noblesse  provençale  étaient  encore  Gers*.  Aussi  n'a-t-il  pas 
manqué  de  signaler  en  mars  1C99  son  nom  que  Godeau  et  son 
vicaire  général  Thomassin,  Allart,  Viens,  plus  indifférents  aux 
choses  de  l'art,  n'avaient  pas  mentionné  dans  leurs  procès-ver- 


'  De  celles-ci  je  D*ai  pas  parlé.  M.  Coste  signale  d'une  part  ce  qui  en  a  sur- 
vécu. Les  unes  sont  datées.  En  164'!,  un  portrait  de  (jaspard  de  Fabri,  à  mi- 
corps,  pour  placer  à  côté  de  l'autel  de  l'église  d'Aups  (p.  4,  15  et  18).  En 
i643,  un  Sommeil  de  Pomone  qui  est  signé  et  daté  et  qui  appartient  à  x\I.  Ram- 
bert  (p.  5).  En  1654,  les  peintures  de  Tbôtel  d* Aymar  d'Albi,  baron  de  Châ- 
teaurenard,  où  Louis  \IV  logea  en  1660  et  où  est  maintenant  le  bureau  de 
bienraisance  d'Aix  :  pUronds  et  escaliers  (p.  5,  10  et  12}.  D'autres  ne  sont  pas 
datées.  Le  portrait  de  P.  de  Maurcl,  en  empereur  romain,  dans  son  hôtel, 
d'après  les  traditions  de  la  famille  d'Espagnet  (p.  7  et  11).  Le  plafond  de  Tan- 
cicn  hôtel  de  Venel,  où  sont  les  religieuses  de  Saint-Vincent  de  Paul  (p.  13). 
Le  GuUarero  du  musée  d'Aix  (p.  11). 

D'autre  part,  ce  qui  a  disparu  de  ses  œuvres  profanes.  La  galerie  du  château 
de  Pontevès  (p  7.  14  et  37).  Le  siège  d'Aix  par  le  comte  d'Alais,  tableau  fait 
en  1649  pour  commémorer  les  troubles  du  Semestre  (p.  9;.  Orphée  dans  les 
bois,  qui  se  voyait  en  1656  dans  l'hôtel  du  baron  de  Valbelle  Saiot-Symphorien 
(p.  9).  Je  ne  sais  quelle  œuvre  datée  de  1657,  que  l'on  possédait  au  Dépôt 
national  selon  un  inventaire  du  7  nivôse  an  IV  (p.  9).  Les  décorations  mytho- 
logiques de  la  chambre  à  coucher  de  la  maison  où  Louis  de  Vendôme,  duc  de 
llercœur,  petit-fils  de  Henri  IV  et  frère  du  fameux  Beaufort.  gouverneur  de 
Provence  depuis  1652,  aima  c  la. belle  du  Canet  «,  Lucrèce  de  Forbin-Soliès, 
veuve  de  Louis  de  Rascas  (p.  14).  Des  travaux  exécutés  en  1650 "pour  l'entrée 
à  Aix  du  marquis  d'Aiguebunne  (p.  21,  sq.)  :  Daret  n'en  avait  fait  qu'une 
partie. 

M.  Coste  dit  que  les  plafonds,  aujourd'hui  détruits,  de  l'hôtel  de  Boyer 
d'Ëguilles  ne  furent  pas  son  œuvre  :  cette  maison  ne  fut  bâtie  que  sept  ans 
après  sa  mort  (p.  14  sq.),  —  et  qu'un  portrait,  que  l'on  conserve  dans  l'an- 
cien hôtel  de  Maurel,  est,  et  le  sien,  et  de  lui  (p.  7). 

M  A.  Valabrègue  parle,  dans  son  article  de  la  Grande  Encyclopédie  (Lami- 
rault).  des  s  panneaux  en  grisaille  pour  l'hôtel  du  duc  de  Mercœur  ■  ;  il  indi- 
que d'autre  part  que  Jean  Daret,  —  de  qui  nous  ne  .parlons  qu'à  titre  de 
peintre,  et  de  peintre  d 'œuvres  religieuses  —  fut  un  graveur  à  l'eau-forte  des 
plus  distingués,  et  qu'on  connaît  de  lui  une  suite  de  neuf  belles  pièces,  les 
Vertus  théologales  et  cardinales ^  celles  dont  j'ai  dit  qu'il  les  dédia  à  sa  sœur 
Marguerite. 


S9S  UN    TABLEAU    liXËDlT   DE   JEA\    DARET 

baux.  Et  il  ajoutait  :  a  Le  fort  beau  tableau  deDaret  est  orné  d'un 
cadre  de  bois  peint  en  rouge  et  doré  ?) .  Mgr  de  Grillon  a  examiné 
aussi  les  vêtements  sacerdotaux  dont  il  a  été  parlé,  la  chasuble  — 
avec  Télole,  le  manipule  et  le  voile,  dit-il  —  «t  de  velours  fond 
d'argent  avec  feuillage  vert  et  armes  du  cardinal  de  Joyeuse  »  ,  la 
chasuble  de  velours  violet  avec  blason  des  Guise,  une  chasuble  de 
satin  blanc  avec  croix  au  pelit  point,  fleurs  et  broderie,  dentelles 
et  armes  de  Uarcillon,  une  de  velours  cramoisi  avec  le  blason  de 
cette  famille  \  et  une  de  camelot  violet  aux  armes  des  Guise  '. 

Le  chapelain  de  1665  avait  parlé  au  chapitre  cathédral  non  seu- 
lement u  d'une  grande  et  excellente  peinture  de  saint  Mathieu  v  , 
dont  il  n'avait  pas  nommé  l'auteur,  mais  encore  a  d'autres  de 
pareil  travail  v  .  Voulait-il  dire  :  du  même  artiste?  Hgr  de  Grillon 
ne  remarque  pas  seulement  le  saint  Mathieu  de  Daret  :  il  ajoute 
que  celte  chapelle  possède  on  outre  a  quatre  autres  tableaux  fort 
beaux,  saint  Pierre,  saint  Paul,  saint  Jean-Baptiste,  saint 
François,  et  deux  petits,  la  Vierge,  un  Ange  » .  Que  ce  soient  les 
six  tableaux  que  le  vicaire  général  de  Godeau  avait  mentionnés 
plus  brièvement  en  1667,  sans  indiquer  les  sujets  qu'ils  représen- 
taient ni  le  peintre  qui  les  avait  exécutés,  il  n'y  a  pas  à  en  douter. 

Ne  seraient-ils  pas  aussi  des  œuvres  de  Jean  Daret?  Mgr  de 
Grillon  n'en  dit  rien.  Et  les  deux  petits  tableaux  placés  aujour- 
d'hui au  bas  du  retable  de  l'autel  Saint-Mathieu,  qui  représentent 
la  Vierge  et  l'Ange  de  V Annonciation,  sans  doute  les  deux 
a  petits  D  que  l'évèque  avait  signalés  \  appartiennent-ils  à  cet 
artiste?  Le  style  m'en  fait  douter. 


*  NoQ  mentionnée  eu  1667. 

'  Le  vicaire  général  de  Godeau  avait,  en  1667,  parlé  en  termes  moins  précis 
d'ornements  sacerdotaux  aux  armes  des  Barcillon.  Crilion  ne  dit  rien  du  devant 
d*aulel  de  satin  fleuri  à  fond  blanc,  orné  de  leur  blason,  que  le  grand  vicaire 
de  Godeau  avait  remarqué. 

'  J*ai  noté  dans  ma  Monographie  que  Ton  a  pris  parfois  ces  deux  figures 
pour  saint  Klzéar  de  Sabran  et  sa  femme  sainte  Delphine  de  Glandé ves,  fille 
d'un  seigneur  de  Puymichel.  J'achevais  de  corriger  les  épreuves  quand  feu 
l'abbé  Giraud  m'en  informa,  et  je  n'avais  pas  le  temps  de  me  rendre  à  Saint- 
Paul  pour  vérîiier  l'exactitude  de  cette  attribution.  Qu'elle  soit  erronée,  je  l'ai 
constaté  depuis  :  la  couronne  royale  qu'on  prétendait  voir  sur  la  tête  du  pré- 
tendu saint  EIzéar  est  la  couronne  dont  les  peintres  parent  le  plus  souvent  le 
front  de  la  sainte  Vierge.  Je  regrette  que  la  lettre  du  défunt  curé  m'ait  fait 
imprimer  quelques  lignes  inexactes. 


UN   TABLEAU   INÉDIT   t)E    JEAN    DAHET  S93 

Aujourd'hui  les  quatre  tableaux,  relativement  grands,  que. 
Mgr  de  Grillon  avait  remarqués,  ne  sont  plus  à  Saint-Paul.  Ces 
toiles  u  de  prix  y^ ,  comme  disent  les  notes  de  feu  Henri  Layet, 
auraient  appartenu  quelque  temps  à  Téglise  de  Roquestéron  à 
laquelle  elles  furent  données,  si  j'en  crois  les  mêmes  notes,  par 
les  héritiers  d'un  des  derniers  chanoines  de  Vence,  AIziari,  qui  les 
avait  prises  lors  de  la  Révolution. 

Quant  aux  deux  petits*  la  Vierge  et  VAnge,  les  notes  de  feu 
Henri  Layet  disent  qu'on  les  voyait  it  sur  deux  crédences,  à  côté 
du  tableau  de  Daret  »,  c'est-à-dire  du  saint  Mathieu,  et  que  l'un 
d'eux  représentait  a  l'Ange  gardien  »,  tandis  que  le  procés-verbal 
de  Mgr  de  Grillon  parle  en  quelque  sorte  d'un  ange  quelconque. 
Ils  existent  encore,  je  viens  de  le  dire,  et  au-dessus  des  deux 
petites  crédences  dont  il  est  question,  mais,  quel  que  soit  l'espace 
qui  les  sépare,  celui  de  l'autel,  ils  représentent  la  scène  de 
VEvangile  selon  saint  Luc.  J'ai  dil  plus  haut  que  je  ne  crois 
pas  qu'ils  soient  du  pinceau  de  Daret. 

Ijes  quatre  tableaux  que  l'église  de  Roquestéron  posséda  aux 
dépens  de  celle  de  Saint-Paul  semblent  avoir  disparu.  M.  l'abbé 
Fabron,  curé  de  Roquestéron,  à  qui  j'avais  demandé  des  rensei- 
gnements au  sujet  de  ces  peintures,  a  bien  voulu  me  répondre 
que  son  église  ne  possède  ni  un  saint  Pierre,  ni  un  saint  Paul, 
ni  un  saint  François,  In  des  autels  latéraux,  dont  le  titulaire 
est  saint  Jean-Baptiste,  a  un  tableau  très  ordinaire,  non  signé, 
rentoilé,  qui  représente  en  son  milieu  le  Précurseur  tenant  sa 
petite  croix  à  laquelle  est  attachée  la  banderole,  munie  de  l'ins- 
cription ordinaire  :  Ecce  Agnus  Dei,  à  droite  et  à  gauche  deux 
personnages  qui  n'ont  aucun  attribut  distinctif.  Les  vieillards 
du  pays  en  ignorent  l'origine  :  le  tableau  a  environ  2"  60  sur 
1"30. 

Disons  quelques  mots  du  tableau,  non  encore  décrit,  de  Daret, 
qui  est  dans  l'église  de  Saint-Paul-du-Var. 

L'Kvangéliste,  qui  est  le  principal  personnage,  est  assis,  la 
jambe  droite  croisée  sur  la  gauche,  vêtu  d'une  robe  grise  et  d'un 
manteau  marron  ;  il  a  les  pieds  nus  ;  de  la  main  droite  il  dresse 
une  plume  d'oie  ;  la  gauche  tient  un  rouleau  de  papier  en  tète 
duquel  sont  écrits,  en  lettres  capitales,  les  premiers  mots  de  son 
évangile  :  Liber  generationis  Jesu  CAmrf^  jusqu'à  et  fratres 


294  UN   TABLEAU    INÉDIT   DB   JEAN   DARET 

ejus  '  ;  il  tourne  la  tête  vers  la  gauche  et  écoute  ce  que  FAnge  lui 
dit*;  il  a  des  cheveux  noirs  et  bouclés,  la  moustache  courte,  la 
barbe  taillée  assez  ras.  L'Ange  est  blond  et  imberbe;  ses  cheveux 
sont  bouclés  et  longs;  les  ailes  blanches  de  son  dos  sont  ouvertes; 
il  est  drapé  dans  une  étoffe  blanche  sur  laquelle  flotte  un 
voile  lilas  clair;  ses  pieds  sont  nus,  la  jambe  droite  est  ramenée 
et  repliée  sur  la  gauche;  de  la  main  droite  il  touche  Fépaule  de 
rKvangéliste;  de  la  gauche  il  lui  montre  le  papier.où  il  écrira  ce 
qu'il  va  continuer  à  lui  dicter;  son  épaule  gauche  est  nue,  ainsi 
que  le  haut  de  la  parlie  gauche  de  la  poitrine,  Tavant-bras  gauche, 
le  poignet  gauche,  les  jambes  ;  sur  le  coude  gauche  flotte  la  dra- 
perie lilas;  TAnge  est  debout;  il  semble  qu'il  soit  arrivé  depuis  peu 
auprès  de  TEvangéliste  ;  il  n'a  pas  encore  replié  ses  ailes*.  A  la 
droite  de  saint  .Mathieu  est  saint  Antoine  de  Lisbonne,  dit  de 
Padoue,  la  figure  rasée  ainsi  que  le  crâne,  à  l'exception  de  la  cou- 
ronne de  cheveux  noirs;  —  quand  il  est  mort  à  Padoue  en  1231 , 
il  n'était  âgé  que  de  trente-six  ans,  —  il  est  assis  ou  appuyé  sur  un 
genou;  les  pieds  sont  chaussés  des  sandales  de  l'ordre;  la  bure  de 
sa  robe  est  de  couleur  sombre,  presque  noire;  il  étend  la  main 
gauche  d'un  geste  d'admiration  ;  sa  tête  se  penche  à  droite  vers 
l'Enfant  Jésus  debout  sur  un  livre  que  le  saint  porte  dans  la  main 
droite.  L'Enfant  Jésus  est  nu,  un  petit  linge  blanc  autour  des 
reins;  une  mince  lumière  se  dégage  de  sa  tète;  il  touche  de  sa 
main  droite  le  menton  de  saint  Antoine.  Au  second  plan,  derrière 

*  Math.,  I.  i  et  t. 

*  Le  troisième  verset,  qui  n*est  pas  encore  écrit  :  c  Juda  engendra  de 
Thamar. ..  i  On  sait  que  le  symbole  de  saint  \Iatliieu,  comme  évangéliste,  est 
rhomme,  allusion  au  mystère  de  Tlncaruation  :  de  même  celui  de  saint  Marc, 
le  lion  (force  et  royauté);  de  saint  Luc.  le  bœuf  (sacerdoce  et  sacrifice);  de 
saint  Jean,  Taiglc  (inspiration).  Ces  emblèmes  furent  choisis  d'après  la  vision 
d'Ezéchiel,  i,  5  et  10,  ainsi  que  d'après  celle  de  saint  Jean,  Apocal.,  iv,  7.  On 
montre  à  Salerne  le  tombeau  de  saint  Mathieu  dont  les  reliques,  croit-on,  y 
furent  apportées  en  95V  :  il  est  dans  la  crypte  de  la  cathédrale. 

'  Qu'on  ouvre  le  Nouveau  Testament  que  Godeau  publia  en  1668  (Paris, 
Muguet),  on  y  trouve  de  belles  vignettes,  dont  une  de  Karl  Audraji,  l'un  des 
membres  de  la  famille  d'artistes  qui  est  si  connue,  en  tête*de  l' Evangile  de 
saint  Mathieu,  représente  un  ange  montrant  un  arbre  où  se  lisent  les  noms 
d'Abraham,  d'Isaac,  Jacob  et,  dans  une  gloire,  celui  de  Jésus.  Les  autres  ne  sont 
pas  signées.  L'initiale  de  l'Evangile  de  saint  Mathieu,  un  L  majuscule,  repré- 
sente, comme  le  tableau  de  Daret,  l'évangéliste  écrivant  sous  la  dictée  d'un 
ange. 


UN    TABLEAU    INEDIT    DE    JEAN    DARET  205 

regroupe,  le  bienheureux  Pierre  de  Luxembourg  \  qui  mourut 
en  1387  à  dix-huit  ans,  après  avoir  été  chanoine  de  Paris  à  dix 
ans  et  de  Cambrai  à  douze,  évéque  de  Metz  à  quatorze,  cardinal- 
diacre  à  seize.  Daret  Ta  représenté  en  costume  cardinalice,  debout,, 
imberbe,  les  deux  mains  étendues  vers  la  droite  du  tableau;  ses 
cheveux  sont  courts  et  blonds.  Au  second  plan,  derrière  rÉvangè- 
liste  et  TAngc,  ce  que  le  Bienheureux  regarde,  cVst  un  nuage  lumi- 
neux au  travers  duquel  on  voit  quatre  angelots.  Ces  personnages 
semblent  groupés  sur  un  escalier.  De  chaque  côté  le  peintre  a  mis 
une  colonne  non  cannelée,  diminuée,  dont  on  ne  voit  pas  le  cha- 
piteau; elle  porte  sur  une  base  avec  des  enroulements  et  sur  un 
socle  élevé,  orné  de  moulures.  Sur  celui  de  la  droite  du  tableau, 
à  la  hauteur  des  mollets  de  FAnge,  la  signature  de  Daret  ^  A 
Tarrière-plan,  du  moins  derrière  le  Bienheureux  Pierre  et  à 
gauche  du  tableau  —  nous  avons  dit  qu'à  droite  est  la  nuée  des- 
quatre  petits  anges  —  de  grandes  architectures  à  plusieurs  élages- 
et  d'ailleurs  sans  intérêt. 

En  haut  du  cadre,  dans  les  moulures  qui  le  surchargent,  un 
petit  écusson  surmonté  d'un  casque  :  les  armoiries  nVn  sont  pas 
très  distinctes.  Je  crois  que  ce  sont  celles  des  Barcillon  :  d'azur, 
à  deux  sautoirs  alaises  ou  raccourcis,  rangés  en  fasce,  d'or,  et  sur- 
montés d'une  étoile  d'or  posée  au  milieu  du  cheF.  Dans  les  der- 
niers travaux  dont  l'église  de  Saint-Pau  Udu-Var  a  été  l'objet,  les 
mui's  de  cette  chapelle  ont  été  peints  de  manière  à  figurer  des 
tentures  roses  que  rehaussent  des  fleurs  de  lis  blanches. 

Georges  Doublrt. 

*  Mgr  de  Grillon  lui  doaoe  à  tort  le  titre  de  saint;  rar  il  n'est  pas  canonisé. 
Mais  il  est  plus  que  vénérable  pour  l'Kglise.  On  sait  que  le  faux  pape  d'Avi- 
gnon, Robert  de  Genève,  Clément  VII,  le  combla  de  faveurs  et  que  ce  Louis  de 
Gonzague  du  quatorzième  siècle  —  le  mot  est  de  Salembier  (Le  grand  schisme 
d'Occident^  2*  édit.,  1900,  p.  84),  —  mourut  sans  avoir  douté  de  la  légitimité 
de  celui  en  qui  il  avait  placé  sa  confiance. 

*  A  l'Exposition  coloniale  de  Marseille  de  1906  (section  de  l'Art  provençal), 
trois  tableaux  sont  attribués  à  ce  peintre  :  une  Sainte  Famille  (voir  (iai.  des 
B,'A.,  1906,  p.  163),  le  portrait  d'r\nt.  Maurcl-l olonne  eti  la  belle  du  Canet  >. 


296  PIERRE    COBERT 

XV 

RECHERCHES  SUR   LES   ARTISTES   SE   RATTACHAVT   AU   GATIXAIS 


PIERRE  GOBERT 

Portraitiste. 
SLTPLÉMEMT  AU  CATALOGl'E  DE  S0\  ŒUVRE 

1 

En  achevant,  dans  notre  Mémoire  de  1903,  le  Catalogue  des 
œuvres  de  Gobert  alors  connues  de  nous,  nous  exprimions  Topinion 
que  «  l'avenir  réservait,  à  ce  sujet,  plus  d'une  découverte  »  .  Nous 
ne  pensions  pas  recueillir  si  tôt  la  moisson  relativement  abondante 
dont  nous  allons  dresser  l'inventaire. 

L'honneur  de  cette  moisson  ne  nous  revient  d'ailleurs  que  pour 
une  faible  part,  et  nous  n'avons  eu  la  peine  que  d'utiliser  les  ren- 
seignements qu'a  bien  voulu  nous  fournir,  avec  une  bonne  grâce 
parfaite,  le  savant  archiviste  de  Monaco,  M.  Gustave  Saige,  dont  la 
mort  inattendue  et  prémalurée  est  si  profondément  regrettable.  A 
M.  Saige,  nous  unirons  dans  l'expression  de  notre  reconnaissance 
une  artiste  de  talent,  Mlle  F.  Sadler,  qui  s'est  faite  notre  active 
collaboratrice,  et  a  pris  la  peine  de  copier  pour  nous  aux  archives 
monégasques  les  documents  dont  nous  allons  faire  usage. 

Cvs  documents  et  la  très  inléressante  publication  de  M.  G.  Guil- 
loi,  Les  Portraits  des  Matignon-Grimaldi  (Saint-Lô,  1905,  in-8'), 
nous  montrent  Gobert  employé  pendant  dix-huit  ans,  de  1715  à 
1733,  par  la  famille  régnante  de  Monaco,  et  en  particulier  par 
Jacques  1",  fondateur  de  la  dynastie  des  Matignon-Grimaldi, 
princes  de  Monaco. 

S'ils  n'apprennent  que  peu  de  chose  sur  la  vie  toujours  assez 
mal  connue  de  notre  peintre,  ils  prouvent  au  moins  qu'après  l'ac- 
cident de  novembre  1732  dont  nous  avons  parlé  dans  notre  pre- 
mier travail,  il  se  remet  courageusement  à   l'œuvre  malgré  ses 


PIERRE    GOBBRT  297 


soixante  et  onzeaus;  un  grand  tableau,  que  nous  reproduisons  1 

plus  loin,  date  de  cette  époque  ainsi  qu'une  toile  charmante  que 
nous  donnons  également. 

Nous  en  tirerons  encore,  au  point  de  vue  anecdotique,  une  indi-  \ 

ration  :  le  10  septembre  1725,  la  princesse  de  Monaco  écrit  de  i 

Paris  à  son  mari  que  le  portrait  d'un  de  leurs  enfants  a  n'est  pas  i 

encore  fini,  Gobert  étant  à  Fontainebleau  n  .  Or  on  se  souviendra 
que,  depuis  le  5  de  ce  mois  de  septembre,  Marie  Leczinska  que 
Tartiste  venait  de  peindre  avec  tant  de  succès,  à  Wissembourg, 
était  reine  de  France.  Tout  porte  donc  à  penser,  le  manage  s'étant 
fait  à  Fontainebleau,  que  Gobert  s'y  était  rendu  pour  assister  au 
triomphe  de  son  illustre,  modèle;  je  n'oserais  aller  jusqu'à  dire 
qu'il  y  avait  été  invité: 

Enfin  nous  avions  du  renoncer  jusqu'à  présent  à  trouver  une 
lettre  autographe  de  Gobert;  nous  sommes  plus  heureux  aujour- 
d'hui, et  voici  le  texte  de  celle  encore  unique  consei^vée  à  Monaco. 
Elle  est  adressée  à  M.  Rousseau,  intendant  du  prince  de  Monaco, 
hôtel  de  Matignon,  à  Paris. 

Monsieur,  c*est  de  Tordre  de  Monseigneur  le  Prince  de  Monaco  que  jay 
Ihonneur  de  vous  écrire  pour  vous  supplier  de  faire  attention  à  un 
mémoire  que  le  Prince  vous  a  remis  qui  est  de  700  francs  pour  des  ou- 
\ ratées  que  jay  faits  pour  lui  depuis  quelques  années. 

Monseigneur  m'en  promit  le  payement  il  y  a  trois  mois  et  vien  de  m*en 
assurer  encore,  trouvant  bon  que  je  vous  solicitasse  Monsieur  a  Len  faire 
souv  enir.  Je  ne  Tay  jamais  importuné  tandis  que  je  nay  pas  eu  besoin  d* ar- 
gent, et  je  suplie  très  humblement  que  rien  ne  soit  retranché  de  ce  petit 
mémoire,  ayant  en  vérité  mis  les  prix  que  le  moindre  particulier  m*en 
paye;  faite  moy  donc  la  grâce,  Monsieur,  de  m'en  procurer  le  payement 
promptement.  Je  suis  actuellement  attaché  par  lordrc  du  Prince  à  un 
ouvrage  considérable  '  et  si  vous  fmssiez  dans  ce  quartier  et  que  vous  volus- 
siez  bien  prendre  la  peine  de  monter  vous  verriez,  je  pense,  que  je  mérite 
que  Monseigneur  accorde  sansdeslays  ma  demande. 

J'ay  Ihonneur  destre  avec  une  très  parfaite  estime,  Monsieur,  votre  très 
humble  et  très  obéissant  serviteur. 

(iOBKRT. 
L»2I  atril  n33  V 

'  Le  grand  tableau  de  famille  dont  nous  parlons  phis  loin. 
*  Archives  de  -^fonaco.  Maison  princière,  C.  22. 


308  PIERRE    GOBERT 

Le  vieil  artiste  qui  tenait  encore  si  fermement  ses  pinceaux  avait 
la  main  moins  sûre  en  serrant  une  plume,  et  Técriture  de  cette 
lettre  est  fortement  tremblée. 

II 

SUPPLÉMENT   AU   CATALOGUE 

Baux  (Honoré-Camille-Léonor,  marquis  des),  fils  aîné  de 
Jacques  de  Goyon-Matignon .  Toile;  haut.  0  ",  80;  larg.  0  ",  65. 
—  Enfant  nu  dans  une  draperie  rouge;  il  tient  un  papillon 
entre  le  pouce  et  Tindex  de  la  main  droite,  et  appuie  la  niain 
gauche  sur  une  cage  de  laquelle  sort  un  oiseau.  En  haut  de 
la  toile,  en  capitales  :  M»  LE  MARQUIS  DES  BAUX  AGE  DE 
TROIS  ANS.  1723.  Musée  de  Saint-Lô,  n*  8  (G.  Guillol,  Cata- 
logue...,  p.  8).  —  Il  existe  au  Palais  de  Monaco,  Salon  vert, 
n"  29  '  du  Catalogue  anonyme,  une  copie  ou  une  répétition  "de ce 
portrait,  mais,  comme  presque  toutes  les  toiles  de  Gobert  conser- 
vées à  Monaco,  elle  est  donnée  pour  un  original  de  J.-B.  Van  Loo 
représentant  François-Charles,  second  comte  de  Carladés,  et  frère 
du  petit  marquis,  à  Page  de  7  ans.  L'inscription  ancienne  de  la 
toile  de  Saint-LA  ne  laisse  rien  subsister  de  cette  identification. 
Quant  à  Tattribution  à  Gobert  acceptée  par  M.  Guillot,  elle  résulte 
d'une  tradition  transmise  dans  la  famille  des  donatrices,  petites- 
filles  du  marquis  devenu,  comme  ou  sait,  prince  de  Monaco  sous 
le  nom  de  Honoré  lil,  mais  à  défaut,  elle  résulterait  nettement  de 
Texamen  du  portrait  lui-même,  de  l'attitude  du  modèle  et  de  la 
présence  de  la  cage,  accessoire  que  Gobert  parait  avoir  affectionné 
(voir  dans  notre  Catalogue  Louise  Marie  de  France  et  Charles- 
Alexandre  de  Lorraine).  Reproduit  par  M.  G.  Glillot,  l^s  Por- 
traits des  Matignon-Grimaldi. 

Le  marquis  des  Baux  figure  au  Palais  de  Monaco  avec  deux  por- 
traits, n"  22  et  23,  attribués  tous  les  deux  par  le  Catalogue  à 

'  Depuis  quelque  temps,  la  phipart  des  tableaux  de  Monaco  ne  portent  plus 
de  numéro. 

*  Avec  cette  seule  diiïérence  que  la  cage  est  posée  sur  un  tabouret  de  bois 
doré  recouvert  d*une  étoffe  mauve,  ce  que  ne  montre  pas  le  portrait  de 
Saint-Lô. 


PIEBRE    GOBERT  399 

J.-B.  van  Loo,  et  que  M.  Saige  donnait  à  Gobert,  nous  no 
savons  malheureusement  sur  quelle  aulorité.  Nous  n'en  ferons 
pas  état. 

Carladès  (Marie-Charles-Auguste,  comte  de  — ,  puis  comte  de 
Matignon),  fils  de  Jacques  de  Goyon-Matignon.  C'est  de  ce  portrait 
que  parle  la  lettre  du  10  septembre  1725  citée  plus  haut.  Le 
10  novembre  de  la  même  année,  Louise-Hippoly te  écrit  à  nouveau 
à  son  mari  : 

Je  vis  hier  le  portrait  de  Carladt^squi  est  à  merveille  et  fort  ressemblant. 
Gobert  Thabille  en  Apollon  avec  un  an*  et  un  carquois  et  tout  ce  qui  s^en- 
suit.  Il  doit  me  Tapporter  mercredi  qui  vient  et  m*a  dit  qu'il  nepourroit  le 
donner  à  moins  de  deux  cents  francs  '... 

Le  tableau  fut  livré,  et  le  prix,  accepté,  car  le  25  décembre 
1725,  il  était  «payé  au  sieur  Gaubert  pour  le  portrait  de  M.  le 
comte  de  Karladès. . .  deux  cens  livres  *  »  . 

Que  devint  ce  portrait  si  apprécié?  —  Nous  n'en  savons  rien, 
ou  plutôt  nous  ignorons  si  c'est  l'original  ou  une  copie,  dont  parle 
la  lettre  du  10  septembre,  qui  est  au  Palais  de  Monaco,  sous  le 
n'  27.  Le  Catalogue  des  Peintures  donne  ce  numéro  à  J.-B.  Van 
Loo  —  c'est  un  parti  pris  — ,  mais  M.  Saige,  dans  les  annotations 
manuscrites  de  noire  exemplaire,  le  restitue  à  Gobert,  avec  toute 
vraisemblance. 

EsTOLTEViLLE  (Louise-Françoise-Thérèse  de  Matignon,  Mademoi- 
selle d'),  fille  de  Jacques.  Toile;  haut.  0-',81  ;  larg.  0'",70. 
Presque  de  face,  l'enfant  âgée  de  5  à  6  ans  est  velue  de  blanc  avec 
un  manteau  bleu;  de  la  main  droite  levée,  elle  tient  la  laisse  rouge 
d'un  singe  debout,  à  sa  droite,  sur  un  tabouret  vieux  rouge,  et  ap- 
puie la  gauche  sur  une  sorte  de  sphère  ^  Palais  de  Monaco.  Salon 
verty  n*  30  du  Catalogue.  C'est  encore  à  M.  Saige  que  nous  devons 
cette  attribution  enlevée  à  Van  Loo 


*  Archives  de  Monaco,  Correspondance. 

*  Archives  de  Monaco,  Dépenses  de  la  maison  du  duc  de  Valentinois,  HH.  46. 
'  Xous  devons  très  impartialement    constater  que  cette  sphère  se  retrouve 

dans  le  portrait  du  jeune  Louis  de  Lorraine,  prince  de  Pons,  par  Van  Loo,  n°  Il 
dn  musée  de  Saint-Lô.  (Iteproduit  :  G.  Guillot,  les  Portraits,  etc.). 


3aa  PIERRE    GOBBRT 

Mais,  après  avoir  tout  pris  à  Gobert,  ne  va-t-on  pas  tomber  dans 
Texcôs  contraire  en  dépouillant  Vah  Loo  à  son  profit?  Nous  le 
cruignons  à  propos  d'un  autre  portrait  de  Monaco,  le  n*  26,  Hade- 
moisellc  d'Estouteville  à  Tàge  de  13  ans.  Autant  en  effet  il  est 
admissible  que  Gobert  ait  représenlé  celle  enfant  en  1733  (née  en 
juillet  1728,  elle  a  5  à  6  ans  sur  le  tableau),  autant  surtout  il  le 
deviendra  quand  nous  aurons  décrit  le  grand  ^  tableau  de  famille  ^ , 
autant  il  Test  peu  qu'il  Tait  peinte  à  nouveau  en  1741,  alors  qu'il 
touche  à  ses  80  ans,  et  qu'il  semble  avoir  renoncé  à  tout  travail 
depuis  plusieui*s  années.  \ous  laissons  donc  à  Van  Loo  ce  nu- 
méro 26. 

Gagé  (Elisabeth  de  Matignon,  comtesse  de).  Toile;  haut. 
0",92  ;  larg.  0",74.  En  buste,  presque  de  face,  légèrement 
tournée  sur  sa  gauche.  La  comtesse  est  vêtue  d'une  robe  de  satin 
rose  avec  broderies  d'argent  au  corsage,,  les  manches  serrées  au 
coude  par  un  galon  d'or.  Manteau' bleu  qu'elle  relève  de  la  main 
droite,  tandis  que,  de  la  gauche,  elle  approche  une  fleur  de  sa  poi- 
trine. Musée  de  ?ainl-Lô,  n*  13.  Reproduit  par  M.  G.  GmLLOT, Les 
Portraits  des  Matignon-Grimaldi.  —  L'attribution  à  Gobert  est 
traditionnelle  dans  la  famille  des  donatrices,  les  marquises  de  La- 
Tour-du-Pin  et  Louvois;  l'ensemble  est  bien  dans  la  manière  de 
Tarliste;  nous  acceptons  donc  après  M.  Guillot  cette  attribu- 
tion, mais,  comme  lui,  nous  serions  disposé  à  faire  quelques 
réserves. 

MoxACO  (Charlotte  de  Matignon,  Mademoiselle  de).  Gobert  a  fait 
au  moins  deux  fois  le  portrait  de  Mlle  de  Monaco  : 

1"  A  Tàge  de  3  ans.  C'est  ainsi  que  nous  interprétons  une  men- 
tion d'un  registre  de  comptes  : 

[1722]  Au  mois  de  iiiay,  le  31. 

Payé  à  Gobert,  peintre,  pour  le  portrait  de  Mlle  de  Valentinois,  trois 
louis  valants...      135  livres*. 

X'uus  ne  voyons  pas,  en  1722,  d'autre  demoiselle  de  Valentinois 
que  la  fille  aînée  du  duc  et  de  Louise-Hippolyte,  la  jeune  Char- 
lotte née  le  19  avril  1719.  Il  est  vrai  qu'elle  est  connue  sous  le  nom 
Mademoiselle  de  Monaco,  mais  elle  a  pu,  comme  deux  de  ses 

'  Archives  de  Monaco.  Menues  dépen^ps  de  M.  le  duc  de  Valentinois,  H.  43. 


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Page  300. 


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IMBRKE    GOBBRT  301 

frères,  changer  de  tilre  au  cours  de  son  existence.  —  Nous  no 
savons  rien  d'ailleurs  de  la  destinée  de  ce  portrait. 

2»  A  Page  de  14  ans.  Toile;  haut.  0-,80;  larg.  0",65.  u  Rc- 
présentée  jusqu'aux  genoux  [presque  de  face,  le  visage  légère- 
ment tourné  vers  la  gauche].  Très  jeune  fille,  rohe  noire  ouverte  en 
carré.  L'ouverture  du  corsage  est  garnie  d'une  guimpe  légèrement 
échancrée;  cornette  blanche  couvrant  les  cheveux;  manches 
courtes.  Une  croix  d'or  est  pendue  à  un  cordon  noir  ajusté  sur  le 
cou.  [Feuillette  un  livre  posé  sur  une  table  et]  sur  lequel  on  lit  : 
Vie  de  S'-François  de  SaUe,  notre  Fondateur^  (G.  Guillot,  Cata- 
logue de  Saint'Lô,  p.  8).  Au  fond  de  la  toile,  en  capitales  :  soëlr 
CHARLOTTE  DE  MONACO.  1733,  et  au  dos  :  Portrait  de  Mademoiselle 
de  Monaco  peinte  par  Gobert,  en  1733.  Musée  de  Saint-Lô,  n'  7. 
Reproduit  par  M.  G.  Guillot,  Les  Portraits  des  Matignon-Gri- 
maldi^  et  en  tète  du  Catologue  du  Musée  de  Saint-Là.  —  La 
seconde  inscnption  est  inspirée  par  la  tradition  dont  nous  avons 
déjà  parlé  à  deux  reprises,  mais  si  l'on  veut  bien  comparer  (V.  la 
planche  ci-contre*)  la  physionomie  de  la  jeune  religieuse  avec 
celle  que  lui  prête  une  œuvre  incontestablement  de  (Jobert 
(V.Valentinois  et  la  planche)*,  on  trouvera  entre  les  deux  plus  que 
de  la  ressemblance. 

Le  Catalogue  des  Peintures  de  Monaco  a,  sous  le  n'  25,  un 
portrait  de  la  même  Charlotte;'il  le  donne  naturellement  à  J.-B. 
Van  Loo;  or  ce  n'est  qu'une  répétition  de  celui  ci-dessus.  Dans  tous 
les  cas,  cette  toile  fait,  à  notre  avis,  grand  honneur  à  son  auleur. 

Monaco  (Louise-Hippolyte  Grimaldi,  duchesse  de  Vak*ntinois, 
princesse  de).  Toile;  haut.  l'",46;  largeur  1"',16.  Presque  de 
face,  la  princesse  est  vêtue  d'une  -tunique  blanche  décolletée 
recouverle  d'une  draperie  bleue;  la  main  abaissée  semble  indi- 
quer quelque  chose  à  terre;  Louise-Hippolyte  appuie  le  coude  droit 
sur  un  objet  (?)  que  le  mauvais  éclairage  de  la  toile  ne  permet  pas 
de  déterminer.  Palais  de  Monaco.  Salon  du  fond,  n'  17.  C'est  un 
des  rares  portraits  que  le  Catalogue  accorde  à  Gobert. 

'  Xous  empruotoDs  cette  planche  au  livre  déjà  plusieurs  fois  cité  de 
M.  Guillot,  publié  par  la  Société  d'agriculture  et  d'archéologie,  etc.  de  la 
Manche  et  abondamment  illustré  grâce  à  une  subvention  de  S.  A.  S.  \I<{r  \v 
prince  de  Monaco.  .« 

'  Voir  ci-dessous  planche  \LV. 


30*2  PIBRRE    GOBBHT 

Monaco  (Marie  de  Lorraine,  duchesse  de  Valentinois,  puis  prin- 
cesse de).  Le  31  décembre  1715,  la  duchesse  écrivait  à  son  mari, 
le  duc  Antoine,  alors  à  Paris  :  u  Ne  vous  donnez  pas  la  peine  de 
retirer  mon  portrait  de  chez  Gobert,  mais  souvenez-vous  de  dire  à 
mon  frère  Tabbé...  y^  etc.V  Gobert  a  donc  fait,  en  1715,  le  por- 
trait de  Marie  de  Lorraine;  on  ne  sait  ce  qu'il  est  devenu.  II  y  a 
bien  au  Palais  de  Monaco,  n"*  12  du  Catalogue,  et  sans  attribution» 
une  toile  de  0'",77  de  haut  sur  0'°,60  de  large  qui  représenterait 
la  princesse  de  Monaco,  mais  est-ce  celle  de  Gobert?  Nous  man- 
quons jusqu'à  présent  de  données  pour  émettre  une  opinion. 

Valentinois  (Charles-Maurice,  comte  de),  fils  de  Jacques  de 
Matignon-Grimaldi.  Toile;  haut.  0'»,81  ;  larg.  0-,74.  Lenfant 
est  représenté  à  Tàge  de  7  ans.  Palais  de  Monaco,  n*  24.  Nous  ne 
donnons  ce  portrait  à  Gobert  que  sur  lautorité  de  M.  Saige,  dont 
nous  aurions  voulu  pouvoir  connaître  les  raisons.  Quant  à  Taltri- 
bulion  du  Catalogue,  c'est-à-dire  à  Van  Loo,  elle  exige  la  correc- 
tion de  toutes  les  dates  de  la  notice  :  celle-ci  date  le  tableau  de 
1759;  or  J.-B.  Van  Loo  est  mort  en  1745;  veut-on  lire  1739,  mais 
en  1739  Charles-Maurice  né  en  1727  —  non  en  1717,  comme  le 
dit  le  Catalogue  —  avait  12  ans  et  pas  7.  Si  au  contraire  on  sup- 
pose ce  portrait  peint  en  1733  ou  1734  par  Gobert  qui,  on  Ta  vu 
et  on  va  le  voir  encore,  travaille  pour  le  prince  de  Monaco,  Tenfant 
a  bien  6  à  7  ans.  Il  faudrait,  pour  trancher  la  question,  un  examen 
auquel  nous  sommes  hors  d'état  de  nous  livrer. 

Valextinois  (Jacques  de  Goyon-Matignon,  comte  de  Torigny, 
puis  duc  de).  Gobert  a  représenté  plusieurs  fois  Jacques  de  Mati- 
gnon qui,  de  1731  à  1733,  porta  le  titre  de  prince  de  Monaco, 
jiuquel  il  renonça  en  faveur  de  son  fils  Honoré  III. 

1"  Le  1"  août  1728,  Gobert  signait  la  quittance  suivante  : 

Je  reconnois  avoir  reçu  de  Monseigneur  le  duc  de  Valentinois  la  somme 
de  deux  cens  livres  pour  son  portrait  que  j'ay  fait  en  buste  et  cuirasse  avec 
une  inain  et  que  je  luy  ay  livre  aujourd'huy,  dont  quittance.  Fait  à 
Paris...  etc. 

GOBKRT  *. 


*  .archives  de  Monaco,  CorrespoadaDce. 

'  La  signature  seii'e  est  de  Gobert  et  trt'  s  tremblée.  Archives  de  Uonaco, 
<:.  22. 


1 


PIERRE    GOBERT  303 

On  ne  sait  rien  de  plus  de  ce  portrait,  qui  parait  être  à  Monaco, 
Salon  du  fond,  n*  19  du  Catalogue,  sans  attribution;  toile;  haut. 
O'-^SO;  larg.  O-.eS.  \ 

2*  Toile:  haut.  l'',28;  larg.  J»,05.  De  trois  quarts  à  droite, 
la  figure  de  face;  tête  nue,  armé,  il  tient  de  la  main  droiteétendue 
son  bâton  de  commandement,  et  appuie  la  gauche  sur  la  poignée 
desonépée;  un  manteau  de  velours  bleu  doublé  d'hermine  est 
été  sur  Tépanle  droite;  une  ceinture  de  soie  blanche  est  négligem- 
ment nouée  sur  la  hanche  du  même  côté;  cravate  de  mousseline 
blanche  dont  le  nœud  de  dentelle  déborde  de  la  cuirasse  ;  pareille 
dentelle  sort  des  brassards  et  forme  manchette  ;  le  casque  est  posé 
à  terre  à  gauche  du  spectateur.  Fond  de  plein  air;  à  droite,  la  ville 
de  Monaco.  Au  dos  de  la  toile  est  écrit  :  Portrait  de  Jacques- 
François-Léonor,  prince  de  Monaco,  duc  de  Valentinois  et  d'Es" 
toutetille,  pair  de  France,  sire  de  Matignon,  comte  de  Torigny, 
Peint  par  Gober t,  1731  (G.  Guillot,  Catalogue  du  musée  de 
Saint-Ld,  p.  10).  Musée  de  Saint-Lô,  n""  12.  Reproduit  par 
H:  GtiLLOT,  Les  Portraits...  etc.  —  Ce  tableau  est  ainsi  rappelé 
dans  Tarticle  V'  du  »  mémoire*  »  dont  parle  la  lettre  de  Gobert 
du  21  avril  1733  : 

Par  ordre  de  Monseigneur  le  Prince  de  Monaco,  Gobert  a  fait  un  portrait 
original  de  Monsieur  le  duc  de  Valentinois  avec  des  mains  et  une  veûe  de 
Monaco;  ce  portrait  receu  avec  agrément  et  placé,  Monseigneur  lui  a  fait 
changer  deux  fois  T  habit  qu'il  a  voit  lui-même  désiré 300  francs. 

S""  Xous  ne  connaissons  ce  troisième  portrait  que  par  le  mémoire 
sus-visé  (art.  2)  : 

Un  grand  portrait  de  Monseigneur  sur  toille  de  quatre  francs,  et  avoir 
refait  plusieurs  choses  par  ordre  de  Monseigneur  a  un  portrait  de  pareille 
grandeur  qui  n'étoit  pas  son  ouvrage...  200  francs. 

Enfin  le  même  mémoire  a  un  article  3  ainsi  conçu  : 

Quatre  copies  en  buste  du  Portrait  de  Monseigneur.  .  200  francs. 

Xous  n'avons  pas  trouvé  de  quel  portrait  il  fut  ainsi  répandu  des 
copies  dont  une  au  moins  doit  se  trouver  à  Monaco. 

'  Archives  de  Xlonaco,  Xlaisoa  princière,  C.  22.  —  Le  l**^  mai  1733,  Pli  il. - 
Mex\s  (îobert  donne  quittance  d'un  acompte  de  300  1.,  au  nom  de  son  père. 
Ibid.  et  H.  47. 


304  PIERRE    GOBERT 

Nous  arrivons  au  grand  tableau  de  famille  auquel  il  a  dôjà  vie 
fait  allusion;  nous  le  reproduisons  d'après  un  cliché  exécuté  avec 
Tautorisation  de  S.  A.  S.  le  prince  Albert,  et  à  ses  frais.  C'est  par 
erreur  que,  dans  notre  premier  mémoire,  nous  avons  voulu  y  voir 
Honoré  Grimaldi,  duc  de  Valentinois  et  sa  famille;  il  représente  en 
réalité  Jacques  de  Matignon,  Louise-Hippolyte,  princesse  de 
Monaco,  sa  femme,  et  leurs  six  enfants.  liOuise-Hippolyte  et  son 
mari  dominent  d'une  sorte  de  fenêtre  la  terrasse  sur  laquelle  sont 
groupés  les  enfants.  Au  centre,  Mlle  de  Monaco,  morte  religieuse 
visitandine  à  Paris;  elle  appuie  son  bras  droit  sur  Tépaule  de  sa 
jeune  sœur,  Mlle  d'Estouteville,  qui  joue  avec  une  colombe.  A  droite 
de  .Mlle  d'Estouteville  se  tient  d'abord  François-Charles,  comte  de 
Torigny  puis  de  Carladès  (1726-1743);  à  droite  de  celui-ci  est 
assis  le  comte  de  Matignon  (1722-1749).  Le  marquis  des  Baux, 
assis  à  gauche  de  la  princesse  Charlotte,  caresse  la  tète  d'un  chien  ; 
l'enfant  qui  joue  avec  un  singe,  dont  la  laisse  est  dans  la  main  de 
François-Charles,  est  le  comte  de  Valentinois  (V.  la  planche  ci- 
contre)  ',  Palais  de  Monaco,  Salle  du  Trône  y  n*  15  du  Catalogue 
qui  l'attribue  sans  hésitation  à  Van  Loo  Carie,  cette  fois,  malgré 
toutes  les  raisons  prouvant  qu'il  est  de  (îobert.  L'allusion  qui  y  est 
faite  dans  la  lettre  d'avril  1733  peut  ne  pas  sembler  démonstra- 
tive, mais  une  quittance  du  12  décembre  1733  pour  un  acompte 
de  300  francs  *  a  sur  le  tableau  de  famille  qu'il  fait  pour  moy,  » 
est  formelle.  Le  catalogue  des  tableaux  k  qui  estoientdans  la  mai- 
son de  Passy  que  M.  le  duc  de  Valentinois  a  achepté  en  1736  i>, 
comprend  cette  toile  au  nom  de  Gobert,  1733\  Enfin  c'est  bien 
Gobert  qui  l'expose  au  Salon  de  1737*.  Mais  cette  persistance  à 
donner  à  Van  Loo  les  œuvres  d'un  autre  fait  mieux  apprécier 
qu'une  longue  dissertation  la  valeur  de  cet  autre. 

Nous  terminerons  sur  une  quittance  qui,  sans  nous  révéler  un 
portrait  original,  nous  paraît  mériter  d'être  transcrite  : 

J'ay  receii  de  Monseigneur  le  duc  de  Valentinois  deux  louis  dor  valant 
quarcnte  huit  livre  pour  le  payement  de  la  copie  en  buste  de  feu  Monsci- 

>  Planche  XI 1. 

*  .archives  de  Monaco,  Dépenses  du  duc  de  Valentinois/ H.  47. 
'  Archives  de  Monaco,  Maison  princière,  c.  22. 

*  Fit  non  1787,  conune  nous  Va  fait   dire  une  coquille  typographique  ina- 
perçue. 


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A   PROPOS    D'LN    «   VAN    LOO   >    ET    D'UN    t   hARGILLlÈRB    *        30j 

gneur  le  Grand  comte  d*Arinagnac,  dont  je  tient  quile  Mondit  seigneur  de 
laditte  copie. 

Fait  à  paris  ce  23  mars  1728,  Gobbrt. 

P.'S.  —  Un  malentendu  constaté  trop  tard  a  fait  qu'une 
planche  annoncée  dans  le  volume  de  J903,  page  136,  n'a  pas  été 
gravée.  L'occasion  se  présentant  de  réparer  cette  omission,  le 
Comité  a  bien  voulu  proposer  de  joindre  an  présent  mémoire  la 
reproduction  du  portrait  ci-contre,  un  des  plus  remarquables  de 
Gobert  ' . 


Larchaot,  janvier  1006. 


Eugène  Thoisox\ 

Gorreipondant  du  Gomité, 

à  Larchant    (SeiDe-et-Marn^). 


XVI 

A    PROPOS   n'UN     u    VAK    LOO   r>    ET    DLM    u    LARGILLIÈRE    îi 

LES  OEUVRES  D'ART 

DU   CHATEAU    DE    MAUDÈTOUR-E!V-VEXIN 

Si  Ton  avait  à  sa  disposition  les  inventaires  des  mobiliers  qui 
ornaient  jadis  les  anciennes  demeures  seigneuriales,  on  serait 
étonné  du  nombre  et  de  la  valeur  des  œuvres  d'art  qu'elles  conte- 
naient. xMal heureusement,  un  certain  nombre  de  ces  richesses 
artistiques  ont  disparu  et,  souh  le  marteau  impitoyable  du  com- 
missaire priseur,  se  sont  dispersées  aux  quatre  coins  du  ciel.  Quel- 
ques-unes dé  ces  œuvres  signées  des  maîtres  de  la  peinture  sont 
allées  orner  les  étalages  d'antiquaires;  très  peu  ont  trouvé  un 
asile  honorable,  à  l'abri  des  vicissitudes  si  fréquentes  à  noln' 
époque. 

Ces  réflexions  nous  ^  suggérées,  a u  mois  de  janvier  dernier, 

—  au  cours  d'une  exe  dans  le  Vexin,  —  par  la  lecture  d'un 

inventaire  très  curieux  ous  avait  été  confié  avec  la  meilleure 

'  Voir  ci-dessus  lu  plaoctie  \LVII. 


1 


306        A    PROPOS    DIX    «   VAX    LOO   *    ET    D'UN    •    LARGILLIÈBK    • 

<{ràcc  par  les  aimahlos  riiàtelains  do  Maudéfour',  M.  le  comte  ei 
Mme  la  comtesse  R.  de  Rancher. 

Le  château  de  Maiidétour  (canlon  de  Magiiy-en-Vexin),  est 
assis  sur  un  contrefort  du  plateau  d'Arthies,  à  huit  kilomèti-es  de 
]Ua<{ny.  La  famille  de  Raucher  le  possède  depuis  1700.  Il  est  inté- 
ressant, non  seulement  par  a  ses  jardins  dessinés  en  partie  par 
Le  Nôtre',  mais  aussi  par  certains  duels  retentissants,  pour  la 
notoriété  des  Rubentel,  par  les  souvenirs,  toujours  bien  conservés 
de  la  duchesse  de  Berry,  et  particulièrement  par  les  quelques 
œuvres  d'art  qu'il  renferme.  Le  château  actuel,  qui  a  remplacé  le 
manoir  sei^jneurial  du  u  Grand  Maudétour',  édifié  dans  le  lieu 
dit  le  «  désert  *  « ,  date  du  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  très  bel  aspect  et  s'annonce  avantageusement  par  une 
jolie  avenue  de  tilleuls.  Cette  avenue  fait  face  à  une  grille  latérale 
donnant  accès  dans  une  grande  cour  où  sont  construits  les  com- 
muns. A  gauche,  se  trouve  un  bastion  carré  encadré,  de  chaque 
côté,  par  une  rangée  de  tilleuls  formant  terrasse  et  d'où  Ton  jouit 
d'une  vue  magnifique;  à  ce  bastion  vient  aboutir  une  autre 
avenue,  se  dirigeant,  vers  l'intérieur  du  parc.  La  façade  princi- 
pale du  château,  tournée  vei-s  le  village,  est  précédée  d'une  cour 
d'honneur,  limitée,  d'un  côté,  par  une  aile  du  château,  de  l'autiT, 
par  la  chapelle. 

Beaucoup  des  objets  d'art  énumérés  dans  cet  inventaire  ont  éfé 
adjugés,  en  18()8,  pour  un  prix  très  inférieur  à  leur  valeur:  plu- 
sieurs ont  pu  être  sauvés  du  naufrage  par  M.  et  Mme  de  Rancher 
<|ui,  avec  un  goût  très  sûr  et  guidés  par  un  sentiment  filial,  se  sont 
fait  un  devoir  de  recueillir,  dans  la  mesure  du  possible,  les  épaves 
artistiques,  nobles  débris  du  patrimoine  des  aïeux. 

\Iais,  avant  de  parler  des  deux  toiles  maîtresses  de  Van  Ia>o  et 
de  Largillière  qui  font  l'objet  de  cette  étude,  nous  nous  permet- 
trons de  faire  un  rapide  résumé  des  objets  d'art  de  quelque  valeur 
qui  sont  portés  à  l'inventaire. 


'  Canton  de  Magny-fin-Vexin  (Seine-cl-Oisr). 

'  Cf.  An'drv.  1835  ;  Statistique  du  canton  de  Mngny^  art.  Mmtdétour, 

'  Désignation  qui  remonte  à  l'adjudiration  des  biens  décrétés  sur  Guillaume 
de  l'Etang,  en  l'V73. 

^  Monographie  communale  de  Maudétour,  par  G.  Pikrr«,  instituteur  (ms. 
au  cabinet  de  Tlnspection  académique,  h.  Versailles}. 


A   PROPOS   D'UN    t    VAN    LOO  >    ET   D'UN    «   LARG1LL1ÈR£   •        901 


*  ♦ 

Les  inventaires  sont  arides,  mais  non  stériles,  et  bien  que  leurs 
indications  soient  sommaires,  on  y  glane,  cependant,  de  curieux 
détails.  Nous  allocis  recourir  à  VInventaire  du  château  de  Maudé- 
tour,  par  Desanne,  notaire  à  Paris ^  du  2  novembre  1848.  De 
cet  inventaire,  très  détaillé,  nous  écarterons  le  mobilier  ordinaire 
pour  nous  attacher  à  Télégance,  à  la  richesse  artistique  d'un  chà* 
teau  campagnard  au  milieu  du  dix-neuvième  siècle. 

...  A  la  requête  de  Clairet,  notaire  à  Paris,  rue  Louis  le-Grand,  8, 
coiimie  exécuteur  de  Madame  Marie  Louise  Georgctte  Sarbourg,  veuve  de 
M.  Joseph  Roch,  suivant  le  testament  de  cette  dame  en  date,  à  Versailles, 
du  6  février  1845... 

Portraits  et  objets  d'affectation  de  famille  au  château  de  Maudétour. 

Quant  à  deux  cadres  comprenant  chacun  cinq  médaillons  avec  portraits 
et  cheveux  *  et  h  treize  antres  cadres  renfermant  aussi  des  portraits,  ils  ne 
sont  autrement  désignés,  ni  prisés,  suivant  i*usage,  attendu  qu'ils  sont 
portraits  et  objets  d'affectation  de  famille. 

Six  petits  groupes  en  ivoire  sculpté,  sujets  de  sainteté  ;  deux  petites 
coupes  en  biscuits.  Une  tasse  et  sa  soucoupe  en  ancien  Sèvres,  pâte  tendre, 
fond  bleu  k  rubans  et  guk*lande  de  fleurs,  estimée.  30  fr. 

Un  meuble  eu  acajou  couvert  de  damas,  fond  bleu  soie  et  vert.     200  fr. 

Un  très  joli  groupe  en  biscuit  de  Sèvres  représentant  le  Triomphe  de 
Diane,  d*une  hauteur  de  O^^GO,  sur  socle  en  bois  d*acajou  orné  de  bronze 
avec  piédestal  en  acajou.  460  fr. 

Deux  jpetites  gravures  coloriées,  vue  du  château  de  Rosny  *,  dans  leur 
cadre  en  bois  doré.  5  fr. 

Une  petite  marine  peinte  en  bleu  sur  tôle  (?). 

Deux  tableaux  faisant  pendant  :  Intérieur  d'estaminet,  par  Braun. 

Un  paysage  sur  bois,  par  Paul  Brele. 

'  Ces  médaillons  existent  dans  le  salon  ;  on  lit,  sur  le  milieu  de  l'encadre- 
ment :  cheveux  de  Henri  U,  de  C/titrles  X,  dit  Dauphin,  de  la  Dauphine,  de  la 
duchesse  de  Berry  et  de  Mademoiselle,  donnés  par  les  princes  à  M.  le  comte 
de  Rancher,  1834. 

*  Ces  gravures  se  voient  dans  la  chambre  n°  1  ;  elles  portent,  sur  le  bord 
inférieur  du  cadre,  cette  mention  :  >  donné  par  son  Altesse  R.,  Madame 
Duchesse  de  Berry.  A  M.  Roch;. Marie  Caroline  fecil  1823.  t 


308        A   PROPOS   D'UN    •   VAN    LOO    *    ET   D'UN    «   LARGILLIÈRB    • 

Un  tableau  :  Intérieur  rustique  y  par  Mallet.  50  fr. 

Un  tableau  :  Rome  à  la  manière  de  Bebiane. 

Un  petit  tableau  sur  bois  :  Effet  de  lumière  à  la  manière  de  Shalcher. 
Deux  paysages  par  Du  val  ;  deux  autres  :  Moulin  et  Chute  deau. 
Deux  dessins  coloriés  par  Brune,  chacun.  30  fr. 

Un  tableau  de  T école  flamande  :  la  Pileuse. 
Un  sujet  romain  par  Lagrené. 
Dans  le  boudoir  : 
Un  petit  tableau  rond  :  Paysage. 
Deux  tableaux  sur  bois  et  deux  paysage  et  marine. 
Une  croix  de  Saint-Louis  émail.  30  fr. 

Une  décoration  de  Tordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  en  basoche-cuivre 
doré  et  émaillé.  12  fr. 

Un  tableau  :  Intérieur  de  corps  de  garde. 

Deux  grands  tableaux,  peints  sur  toile,  représentant  :  Tun,  une  Scène 
de  diseuse  de  bonne  aventure,  et  Fauti-e,  une  Scène  de  saltimbanques,  et 
deux  autres  petits  tableaux,  aussi  peints  sur  toile,  représentant  un  paysage, 
tous  quatre  dans  leurs  cadres  bois  doré.  120  fr. 

Une  jardinière,  en  porcelaine,  à  sujets  peints.  20  fr. 

Un  portrait  de  la  princesse,  dite  Madame,  sur  toile  et  dans  son  cadre 
forme  ovale  en  bois  doré  et  sculpté. 

Un  tableau  sur  toile  de  Técole  italienne  :  la  Vierge,  VEnfant  Jésus  et 
un  ange  ■ . 

Six  autres  portraits  peints  sur.  toile,  dans  leurs  cadres  de  bois  doré 
forme  carrée  et  représentant  : 

Louis  XIV, 
Louis  XV, 
Louis  XVI, 
Louis  XVI 11, 
Cbarics  X. 
Un  portrait  du  comte  de  Chambord.  200  fr. 

Dans  le  salon  octogone  : 

*  iVous  ne  nous  arrêterons  pas  à  décrire  le  mobilier  des  autres  pièces  du 
château  et  nous  nous  contenterons  de  relever  les  détails  intéressants  que 
voici  : 

Méfiance,  d'une  composition  très  personnelle,  et  V Angélus,  deux  jolis  des- 
sins au  crayon  qui  ornent  la  pièce  consacrée,  au  premier  étage,  aux  archives. 
Ces  dessins  mettent  en  évidence  un  artiste  aux  aptitudes  variées  de  modeleur 
et  de  dessinateur.  Toutefois,  on  devine  que  le  dessin  à  la  plume  est  Tart  favori 
de  l'artiste,  dont  le  talent  a  été  très  apprécié  dans  le  Vexin.  iVous  avons 
nommé  Victor-Toussaint  Hébert  (1842,  mort  en  1904),  qui  a  donné,  au  château 
de  Maudétour,  deux  de  ses  plus  originales  conceptions. 


A   PROPOS    D'UN    «   VAN    I.OO   •    ET    D'UN    •   LâRGlLLtÈRE    >       309 

Sept  m^aillons  peints,  vues  et  paysages. 

Un  petit  tableau,  peint  sur  cuivre,  représentant  la  Sainte  Famille. 

Gravures  et  dessins  dans  leurs  cadres  et  dix  portraits.  70  fr. 

Deux  petits  groupes  en  biscuit  de  Sèvres,  sur  leur  socle  et  dans  leur 
verrine. 

Un  dessin  de  sainteté,  bordé  et  sur  soie,  dans  son  cadre  de  bois  doré  et 
noirci;  quatre  lithographies  et  portraits  dans  leurs  cadres. 

Un  bénitier  en  porcelaine  peinte  et  dorée.  28  fr 

Un  portrait  de  Charles  \  en  son  cadre  de  bois  doré.  13  fr. 

Six  gravures  dans  leurs  cadres  en  bois  doré.  75  fr. 

Un  grand  tapis,  dit  écossais,  trois  carreaux  de  pieds.  70  fr. 

Une  table  à  rallonge,  dite  à  l'anglaise. 

Une  statue  en  plâtre  ' .  1 2  fr . 

Un  grand  tapis  en  moquette,  avec  boi*dure  d'encadrements  et  &  dessins  et 
ileufs  sur  fond  blanc.  200  fr. 

Une  armoire  ancienne  en  bois  de  hêtre  et  à  deux  grands  vitraux. 

Trois  vieux  lambrequins  en  soie  cramoisie. 

Une  lorgnette  en  ivoire  garnie  en  cuivre. 

Une  paire  de  pistolets  anglais. 

Une  tabatière  à  musique.  75  fr. 

Un  piano  en  bois  d'acajou  ù  six  octaves  et  demi  signé  «  Walher  à  Ver^ 
sailles  ». 

Ajoutons  à  la  u  prisée  de  Tameublement  des  tableaux  »  :  deux  théières 
et  un  pot  à  crème  en  terre  de  Wood-Wood.  10  fr. 

Vingt-six  médailles  en  bronze,  dont  les  portraits  de  Charles  X  et  de 
Louis  X.VI1I,  estimées.  20  fr. 

*  C'est  le  buste  en  plâtre,  bien  ouvragé  et  artistcmeot  fouillé,  du  maréchal  de 
lUliocourt,  qui  est  représenté  la  tête  nue,  légèrement  tournée  adroite.  Le  buste 
biea  proportionné ,  de  taille  grande  —  95  centimètres  de  hauteur  sur  35  de 
large  :  le  socle  qui  le  supporte  a,  en  lettres  gothiques,  cette  inscription  : 

CLAUDB  GUILLAUUB  TESTU  MARQUIS  DB 
B4L1NC0URT.  If*'  DB  KRANCB  CUBVAURR  OBS 
ORDRES  DU  ROI  GOUVERNEUR  DZ   STRASBOURG 
MORT  LK  12  UAI  1770  ÂGÉ  DE  91  AXS. 

A*  sa  mort,  son  neveu.  le  comte  Louis,  pour  payer  ses  dettes,  vendit  par  acte 
<ievânt  Guillaume,  notaire  à  Paris,  les  7  et  2^  novembre  1784.  la  terre  de 
Nfesle-la- Vallée.  Mme  de  Genlis,  dans  ses  Mémoires,  parle  du  maréchal  et  de 
son  neveu  dans  ces  termes  :  «  Le  comte  Charles-Louis  de  Balincourt  était,  à 
40  ans,  un  original  et  un  prodigue  «  d'une  gaieté  si  folle,  qu'on  ne  pouvait  dis- 
tinguer, à  travers  ses  extravagances,  ses  niches,  ses  espiègleries,  s'il  avait  ou 
non  de  l'esprit;  mais  il  avait,  dans  toute  sa  personne,  un  tour  original  et  un 

1  naturel  qui  le  rendaient  amusant.  Il  n'était  raisonnable  qu'avec  le  marëclial  de 

i  ikilincourt,  son  oncle  et  son  bienfaiteur. 


310        A   PBOPOS    D'UN    «  VAN    LOO    ■    ET   D'UN    •    LARGILLIERE   t 

Un  certain  nombre  de  ces  toiles  existent  encore  au  chàteaji  de 
Maudétour. 

En  dehors  de  deux  peintures  magistrales  dont  il  va  être  ques- 
fion,  et  dont  Tune  a  disparu,  six  autres  toiles  en  bonne  facture 
ornent  les  murs  du  salon.  Ce  sont  des  tableaux  de  famille.  L'une 
d'elles  mérite  une  mention  particulière.  C'est  celle  de  Aime  Rocb, 
en  costume  Directoire'.  Vêtue  d*une  robe  mauve,  le  sein  à  demi 
découvert,  elle  s'accoude  sur  le  bord  d'un  guéridon  que  recouvre 
un  lapis  de  roses.  Sur  le  côté  droit  d'un  œil  ressort  une  légère 
grosseur,  et  on  remarque  qu'une  des  mains  a  été  mal  rendue  par 
le  peintre.  Ce  qu'il  y  a  de  particulier  et  d'intéressant  dans  ce 
tableau,  dont  le  cadre  carré  (O'^jOS  X  ^'■»65)  est  d'une  date 
antérieure,  c'est  que  les  cheveux  du  sujet  sont  soutenus  par  un 
turban  dont  l'introduction  en  France  est  due  à  Mme  de  ^aël. 
Les  étoffes  sont  lourdes,  à  la  façon  de  Greuze. 

Mous  avons  aussi  examiné  un  portrait  de  femme  vue  de  face,  au 
corsage  rouge,  dont  une  manche  est  de  même  couleur  et  l'autre 
bleue  (85  X  65).  La  famille  de  Rancher  suppose  qu'il  représente 
tt  Marguerite  Guillemette-Testu  de  Balinrourt,  épouse  de  Antoine 
tt  de  Rancher,  seigneur  des  terres,  domaine,  fief  et  seigneurie  de 
tt  Maudétour  »  .  Il  est  d'une  bonne  facture  ^. 

Signalons,  en  passant,  une  toile  de  forme  ovale,  non  signée  : 
l'Amour  et  un  lableau  style  Louis  XVI  représentant  deux  frères, 
—  dont  Tun,  Charles  Paulin  de  Rancher  (1793-1866)  figure 
seul  sur  un  portrait  du  salon,  —  et  leurs  sœurs.  En  outre,  deux 
portraits  de  chevaliers  de  Malte  de  facture  médiocre.  Au  milieu  de 
Tescalier  intérieur,  une  toile  (l",20  x  0",93)  détériorée  par 
l'humidité,  représente  un  abbé;  c'est  «  noble  homme  Guillaume 
Rubentel,  prieur  de  Notre-Dame  au  prieuré  de  Courtenaye  en 
1593.  r*  Toutes  ces  toiles  ne  méritent  qu'une  mention  rapide. 
Aussi  nous  terminerons  là  ce  rapide  exposé,  pour  revenir  à  un 
Louis  XV  de  Van  Loo,  et  à  une  toile  de  Largillière. 

Nous  avons  dit  que  la  première  de  ces  toiles  avait  été  vendue  en 
1868  et  ne  faisait  plus  partie  du  mobilier  de  Maudétour.  Néan- 
moins, nous  avons  eu  la  bonne  fortune  d'en  retrouver  la  trace  et 
de  recueillir,  à  son  sujet,  certains  détails  intéressants  qui  prouvent 

'  Voir  ci-contre  la  plaDclie  XL VIII. 
*  Voir  ci-contre  la  planche  XLIX. 


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A   PROPOS    D'UN    «   VAN    LOO    >   £1:   D'UN    •  LARGILLIÈIIË   t        311 

manifestenaent  son  authencitc.  En  effet,  un  carnet  de  notes  de  M.  le 
docteur  Caron,  médecin  à  Arlhies  depuis  trois  quarts  de  siôcle, 
nous  fournit,  dans  les  termes  suivants,  des  données  nouvelles   : 

tt  Un  tableau  Louis  XV  très  disputé  à  la  vente  de  1868,  admi- 
rable Van  Loo,  vendu  à  un  marchand  de  tableaux  de  la  rue  de 
Cbàteaudun,  la  somme  de  1,200  francs.  Les  belles  choses  n'ont 
pas  été  vendues  leur  prix  à  cette  vente;  tels,  les  panneaux  de  la 
salle  de  billard,  v 

On  se  demande  si  le  portrait  de  Louis  XV  n'a  pas  été  fait  par 
ordre  du  roi,  pour  être  donné  à  a  son  courtisan  le  comte  Antoine 
de  Rancher,  conseiller,  en  juin  1720,  à  la  deuxième  chambre  des 
enquêtes  au  Parlement  de  Paris  *.  m  Ces  sortes  de  libéralités,  assez 
usitées,  étaient  fort  appréciées  par  ceux  qui  en  étaient  Tobjet. 
\l.  le  docteur  Caron,  s'appuyant  sur  la  tradition,  semble  par- 
tager notre  avis.  tt(>  tableau,  aux  dimensions  énormes,  couvrait 
le  fond  du  salon,  n  On  sait  que,  après  sa  ruine,  à  la  suite  de  la 
débâcle  de  Law,  le  peintre  Van  Loo  fil,  de  mémoire,  le  portrait 
du  jeune  roi  Louis  XV,  qui  lui  commanda  plusieui*s  copies  de  sa 
toile  et  un  portrait  équestre.  Louis  XV  du  château  de  Maudétour- 
en-Vexin  était  certainement  de  Van  Loo  dont  le  talent  fut  réel, 
bien  qu'un  peu  superficiel. 

Les  amateurs  nous  permettront  de  leur  signaler  ce  détail  que  le 
docteur  Caron  a  pris  grand  soin  de  noter  :  «  En  même  temps  que 
la  vente  de  la  main  de  justice  de  Maudétour,  par  M"*  Bergeron, 
notaire  à  Magny-en-Vexin,  et  Godin,  avoué,  on  a  mis  à  prix  un 
tableau  de  Largillière,  d'une  belle  couleur,  représentant  «  une 
femme  noble  en  costume  Louis  XV  « .  Ce  tableau  doit  être  men- 
tionné parmi  les  meilleures  peintures  du  Van  Dyck  français  : 
Xicolas  Largillière  '.  La  beauté  du  coloris  est  riche  et  harmonieuse, 


*  Soiyneur  de  Maudétour,  la  Brclèclio,  Mézières.  \é  en  1695,  il  est  mort  en 
1779;  il  avait  vendu  sa  charc^e  en  1747  et  était  nommé,  la  mùmc  année,  con- 
seiller honoraire.  Il  fut  Tune  des  personnes  qui  se  sont  le  plus  occupés  de  la 
route  actuelle  n**  14  de  Paris  à  Rouen;  les  habitants  de  Ma<jny  lui  ont  voté  dos 
remerciements  dans  une  délibération  du  4  mars  1765  ^. 

^  .archives  de  la  ville  de  Jklagny.  Registres  de  délibérations  t  sans  cote. 

'  En  1887,  Mme  Louise  de  Rancher,  mariée  à  M.  de  Lema,  iillc  de  Charles 
de  Rancher,  propriétaire  en  Bretagne,  demanda  cette  peinture  pour  en  faire 
un  portrait-copie.  Les  amateurs  délicats  regretteront  qu'elle  ait  eu  la  malen- 
contreuse idée  de  retoucher  la  partie  inférieure  de  l'original . 


3]i        A    PROPOS    n^IJ\    t    VA\'    LOO    >    ET    DIK   i    l.AHGlLLlÈBB    « 

la  fraîcheur  du  Ion  étonnante;  le  dessin  (0",85  x  0",65)  sans 
être  d'une  correclion  absolue  (telle  la  main  droite  tenue  par 
rextrémitédes  doigts  de  la  main  gauche),  est  cependant  gracieux. 
La  femme  est  assise;  la  tète  tournée  à  gauche,  elle  a  un  collier  de 
perles  au  cou,  un  bouquet  dans  la  chevelure,  un  nœud  sur  la 
poitrine;  les  draperies  amples  et  souples,  bien  jetées  sur  le  bras 
gauche,  sont  parfaitement  disposées  pour  TeOet  général.  I^a 
légèreté  de  touche  de  la  tête  et  des  mains  révèle  un  soin  et  un  art 
dignes  des  plus  grands  maîtres.'  Dans  ses  portraits,  dont  on  évalue 
le  nombre  à  plus  de  quinze  cents,  IVicolas  Largilliére  excellait 
surtout  dans  ceux  de  femmes,  dont  il  rendait,  avec  uo  rare 
bonheur,  la  physionomie,  le  caractère  et  la  grâce  *.  Par  quel 
concours  de  circonstances  fut-il  amené  à  exécuter  ce  portrait? 
La  question  est  posée.  Aux  amateurs  de  la  résoudre.  L'attribu- 
tion de  ce  tableau  à  Largilliére  est  basée  sur  les  relations  ayant 
existé  entre  son  père  originaire  de  Beauvals,  la  famille  d'Abos 
et  celle  des  Rubentel  ',  seigneurs  de  Maudétour.  Voilà,  ce  nous 
semble,  un  renseignement  bien  précis.  Rappelons  que  c'est 
ainsi  que  Ton  explique  l'origine,  à  Maudétour,  de  meubles  de  la 
manufacture  Deaiivais.  Nous  nous  en  rapportons  à  nos  hono- 
rables collègues  du  comité  des  sociétés  des  beaux-arts  des  dépar- 
tements, pour  juger  si  cette  attribution  est  suffisamment  établie. 
Louis-Denis  de  Rubentel  et  Gabriel  d'Abos  de  Binanville,  son 
épouse,  et  Antoine  de  Rancher  au  droit  de  Elisabeth  de  Rubentel, 
son  épouse,  possédaient  Maudétour  en  1669*  n.  C'est  pour  cette 
dernière  que  Largilliére  fait  le  portrait  que  nous  étudions. 
Comme  l'a  écrit  Alexandre  Lenoir  en  parlant  de  la  ressemblance 
frappante  des  personnages  de  Largilliére,  on  aura,  en  examinant 
la  toile  de  Maudétour,  une  idée  exacte  du  talent  de  cet  habile 


*  Voir  ci-contre  la  planclie  L.* 

*  L.-D.  de  Rubeatel,  mattre  d*hâtel  de  la  reine,  demeurait  k  Paris,  rue 
Pérou,  quartier  de  Boucot.  Dans  le  rôle  du  4  mars  1649,  «  dixainc  de  la 
Grange  «,  il  est  taxé  de  3,000  livres  pour  Tarmement  et  de  30  livres  par  mois. 
(Arch.  nat.,  !!«  185,  f"  S33).  Les  Rubentel  («for  à  3  quiute  de  gueules  posées 
2  en  cher  et  1  en  pointe)  ont  été  seignrurs  de  Maudétour  de  1250  à  1701. 

*'  Manuscrit  en  la  possession  de  M.  Charles  Crété,  instituteur  à  Maulc  (Seine- 
et-Oise)  et  intitulé  :  «  Ktat  et  mémoire  en  forme  d'ini'entaire  perpétuel  conte- 
nant la  description  par  extraits  de  tous  et  uu  chacuncs  et  les  titres  et  papiers 
de  la  di'c  seigneurie  de  lilaudétour.  i 


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'"i'"*^*Pâge  312. 

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JULËS-ËDOUARD   DB    MAGY  31» 

peintre.  Le  portrait  qui  nous  intéresse,  d'une  facture  magistrale, 
n  été  estimé  15,000  francs,  nous  a-t-on  affirmé  tout  récemment; 
M.  Sedel  Meyer  ',  propriétaire  du  château  d'Ambleville,  près  Mau- 
détour,  nous  écrit  que  le  vernis  des  tableaux  qui  nous  intéressent 
est  décomposé  et  opaque,  mais  que  la  valeur  de  celui  que  nous 
signalons  est  hors  de  pair. 

\ous  avons  été  heureux  de  consacrer  à  dés  œuvres  d'art,  d'une 
réelle  valeur,  cette  page  de  renseignements  nouveaux,  modeste 
contingent  apporté  à  Fart  français,  en  contribuant  à  la  vulgarisa- 
tion de  ses  chefs-d'œuvre  et  à  la  glorification  de  ses  interprètes. 
Et  c'est  pour  nous  une  grande  satisfaction  de  constater  que  si, 
malheureusement,  le  tableau  de  Louis  XV  de  Van  Loo  a  disparu, 
il  nous  reste,  dans  notre  vieille  terre  du  Vexin,  un  superbe,  et 
ajoutons,  authentique  Largillière. 

Léon  Pla\gouard, 

Correspondant  du  ministère  de  Tlnstruction 
publique,  et  du  Comité  des  Sociétés  des    . 
Beaux- Arts  des  départements. 


XVII 

JULES-ÉDOUARD  DE  MAGY 

PEINTRE    MARSEILLAIS 
1827-1878. 

En  1897,-  au  cours  de  mon  mémoire  sur  le  maître  provençal 
Emile  Loubon,  j*ai  cité  le  nom  de  quelques-uns  de  ses  éli!îves;  je 
viens,  cette  année,  donner  des  notes  biographiques  sur  l'un  d'eux, 
elles  seront  peut-être  utiles  à  Thisloire  de  notre  art  local. 

De  Magy,  d'origine  marseillaise,  est  né  à'Melz  le  24  mars  1827; 
son  père,  officier  supérieur  d'artillerie,  était  en  garnison  dans 
cette  ville,  lorsqu'un  jour  étant  à  chasser  sur  les  bords  de  la 
Moselle,  un  de  ses  amis,  par  mégarde,'  le  tua  d'un  très  malheu- 

»  Toile   estimée  30,000  francs   en   1902,  au   décès  de   M.   René-Clément- 
Antoine  Pierre,  comte  de  Raucber,  maire  de  Maudétour. 
'  Tableaux^  estampes,  6.  rue  La  Rochefoucauld,  Paris. 


314  JLLfiS-ÉDOUARU    DB    MAGY 

reux  coup  de  fusil!  Désolé  de  faire  un  orphelin,  cet  involontaire 
meurtrier  prit  Tenfant  sous  sa  protection  et  en  fit  son  héritier. 

Magy,  encore  en  bas  âge,  fut  envoyé  à  Marseille  pour  être  confié 
aux  soins  de  deux  parentes.  Ces  excellentes  femmes,  que  Tor- 
phelin  vénérait,  «  mes  bonnes  tantes  »,  disaif-il,  l'entourèrent 
d'une  constante  sollicitude.  Magy  fut  mis  auliycée  de  Marseille  oii 
il  poursuivit  ses  études  jusqu'en  seconde;  mais,  comme  il  était 
tourmenté  du  grand  désir  d'être  arliste  peintre,  il  entra  tout  jeune 
dans  l'atelier  de  Loubon. 

Magy  était  d'une  nature  distinguée;  il  avait  de  l'esprit,  la 
repartie  prompte  et  spirituelle,  tr«»s  observateur;  en  quelques 
coups  de  crayon  il  indiquait  le  coté  grotesque  d'un  personnage. 
Cependant  cette  faculté  ne  fut  qu'un  amusement,  car  il  n'a  jamais 
été  caricaturiste  de  profession;  en  pratiquant  son  art,  il  visait 
autre  chose.  Ses  débuts,  qui  furent  heureux,  n'étaient  pas  sans 
rappeler  le  maître;  ses  premières  sensations  lui  vinrent  un  peu 
de  l'atelier.  C'est  ainsi  qu'en  1847,  il  exposait  à  Marseille  deux 
toiles  qui  laissaient  entrevoir  que  le  maître  n'était  pas  loin. 

Ses  premières  impressions  lui  vinrent  de  la  I^'ovence.  En  J8i7, 
il  débuta  à  Mareeille  en  exposant  deux  loiles  ayant  le  même  titre 
n"  186-187,  Paysage  et  animaux. 

Jusqu'en  1857  il  est  toujours  épris  de  la  Provence  (cependant 
il  habite  Paris),  son  esthétique  change,  il  se  laisse  tenter  par  la 
peinture  de  genre;  c'est  alors  qu'il  expose  au  salon  de  1859  un 
Foyer  de  saltimbanques  et  Vendanges  en  Provence.  Je  ne  refien- 
drai  que  la  première  toile,  œuvre  charmante  dans  laquelle  il  se 
montre  spirituel  et  très  observateur  :  la  Roulotte  aux  panneaux 
jaunes  est  en  panne  sur  un  coin  de  terrain;  on  donne  la  provende 
au  cheval,  véritable  haridelle  efflanquée,  dont  la  note  blanche  fait 
le  clou  du  tableau;  un  clown  en  souquenille  claire  rayée  de  rouge 
tient,  sous  la  tête  de  l'animal,  une  manne  et  lui  donne  sa  pâture; 
un  autre  clown,  debout  à  droite,  et  une  femme  assise  au  fond,  sur 
les  marches  de  la  voiture,  complètent  cet  ensemble  bien  groupé, 
tout  cela  exécuté  d'une  touche  fine  et  d'une  couleur  grise  pleine 
de  distinction.  Magy  a  donné  là  tout  ce  qu'on  pouvait  espérer  d'un 
cerveau  spirituel  et  délicat  plutôt  que  grandiose.  Cette  toile, 
acquise  en  1859  par  la  société  des  Amis  des  arts,  a  fait  partie  des 
lots  que  cette  société  distribuait  à  ses  actionnaires  par  la  voie  du 


i 
» 


JULES-EDOUARD   DB    MAGY  315 

sort;  elle  a  été  gagnée  par  le  ceirle  des  Phocéens,  à  Marseille,  où 
elle  se  trouve  encore. 

Fromentin  disait  :  u  A  toutes  les  époques,  il  s'est  trouvé  des 
gens  à  qui  les  pieds  brûlaient  de  s'en  aller  ailleurs  »  . 

Magy  n'a  pas  échappé  à  cette  fièvre,  il  a  voulu,  comme  tant 
d'autres,  faire  de  TOrient.  En  1861,  il  délaissa  la  Provence  et 
partit  pour  Alger  avec  son  ami  Viclor  Huguet,  élève  de  l.oubon. 
Magy  a-t-il  bien  fait?  Il  me  semble  que  non  :  celui  qui  se  laisse 
entraîner  par  un  exemple  quelque  brillant  qu'il  soit  ne  sera  qu'un 
imitateur,  on  le  comparera  à  ceux  qui  Tout  précédé  et  ce  sera 
toujours  à  son  désavantage. 

Notre  peintre,  après  avoir  voyagé  environ  trois  années  sous 
Tardent  soleil  africain,  revint  à  Paris  avec  de  nombreuses  éludes 
et  d'excellents  souvenirs.  C'est  alors  qu'il  exposa  celte  série  de 
sujets  ayant  trait  à  la  vie  nomade  des  Arabes. 

Cependant,  préoccupé  du  désir  de  mieux  faire,  Magy  voulut 
agi*andir  son  objectif;  il  fit  de  la  peinture  historique  en  costumant 
en  Arabes  des  sujets  empruntés  à  la  Bible.  En  1865,  il  expose, 
à  Paris,  au  numéro  1414  du  livret  Ruth  et  Boos  et  au  numéro  141 5 
Agar  chassée  par  Abraham. 

En  1870,  l'année  désastreuse,  Magy  expose  à  Paris  un  sujet 
algérien  et,  sous  le  n*  1828,  Jardin  à  Meudony  oasis  de  verdure 
où  il  aimait  à  travailler  et  que  l'ennemi  détruisit.  Le  coup  fut 
cruel.  Profondément  atteint  par  ce  désastre,  l'artiste  ne  s'en  releva 
pas.  Découragé,  il  vint  à  Marseille  chercher  un  séjour  plus  tran- 
quille. En  1871,  il  opta  pour  la  France,  car  nos  défaites  en  avaient 
fait  un  étranger;  après  avoir  exposé  jusqu'en  1876  à  Paris  et  jus- 
qu'en 1867  à  Marseille,  Magy  succomba  presque  subitement  le 
6  juillet  1878,  emporté  par  une  hypertrophie  du  cœur.  Magy  était 
marié  et  a  laissé  postérité. 

Le  Musée  de  Marseille  possède  son  tableau  de  Rulhet  Booz. 

Bolillox-Landais, 

Membre  de  la  commisioji  de  surveillance 
du  Mu.sée  des  Beaux-Arts  de  Marseille, 
conservateur  honoraire  de  ce  Musée, 
correspondant  à  Marseille  des  comités 
des  sociétés  des  Beaux-  Uts  des  dépar- 
tements' 


316  jules-édouârd  de  magy 

Salon  marseillais 

1847 

Magy  (Jules),  élève  de  M.  E.  Loubon,  Cours  Julien,  23,  à  Marseille. 
X*»  186  Paysage  et  Animaux. 
187  Paysage  et  Animaux. 

Salo?«î  de  Paris 
1853 

iMagy  (Jules-Edouard),  né  à  l^letz  (Moselle),  élève  de  M.  Emile  Loubon,  k 
Marseille,  Cours  Julien,  23,  et  à  Paris  chez  M.  Souty,  place  du  Louvre» 
18. 

X'  791  Lisière  d'un  bois  de  pins,  été  (Provence). 
792  Vendanges  en  Provence. 

1852 

Macy  (Jules),  Cours  Julien,  23,  Marseille. 
\"  259  La  Forêt  de  pins  du  château  des  Tours. 

a  Paysage  d'été,  effet  du  milieu  du  jour.  » 
260  Soleil  levant  d'octobre. 

1853 

Magy  (Jules),  Cours  Julien,  23,  à  Marseille. 

X»  203  La  veille  de  la  Fête  de  la  Pentecôte  dans  la  forêt  de  la  Sainte- 

Beaume. 

1854 

Magy  (Jules),  Cours  Julien,  à  Marseille. 
X"  216  Vendanges. 

217  Premières  frondaisons. 

1855 

M/\(îY  (Jules),  Cours  Julien^  23,  à  Marseille. 
X**  257  Le  pont  sur  le  ravin. 

258  Les  coteaux  de  Mejean. 

259  La  saison  des  guérets. 

1858 

Magy  (Jules-Kdouard) ,  né  à  Marseille,  8,  rue  de  Douai,  15. 
X*  307  Le  retour  de  la  journée. 

1859 

Magy  (Jules-Kdouard) ,  né  à  Metz  (Moselle  élève  de  M.  E.  Loubon,  rue 

de  Douai.  59,  à  Paris. 
X"  312  La  fenaison  en  Provence. 


iULES-ÉDOUARD   DE   MAGY  317 

1860 
Marseille.  • 

Magy  (Jnles-Edouard),  né  à  Metz  (Moselle),  élève  de  M.  liOubon,  rue  La- 

martine,  50^  Paris. 
N«  280  Les  Saltimbanques. 

1861 
Marseille. 

Magy  (Jules-Edouard),  né  i  Metz,  élève  de  M.  Lonbon^  rue  Lamartine,  50, 

Paris. 
N«  243  Un  Marcbé  A  Sainl-Jean-de-Luz 

1862 

Marseille. 

Magy  (Jules-Edouard),  né  à  Metz,  élève  de  M.  Loubon,  Paris,  rucliamar- 

tine,  50. 
N*"  221  Plage  marine. 

222  Femmes  de  Saint4ean-de-Luz. 

Exposition  universelle 
1855 

Paris. 

Magy  (Jules-Edouard) ,  né  à  Metz  (Moselle),  élève  de  M.  K.  Loubon,  à 
Marseille,  Cours  Julien,  23,  et  à  Paris,  chez  M.  Souty,  place  du  Lou- 
vre, 18. 

N*  3633  Première  frondaison,  Provence. 

1857 

Paris. 

Magy  (Jules-Edouard),  né  à  Metz  (Moselle),  élève  de  M.  E.  Loubon,  rue 

de  Douai,  15. 
X"  1791  La  fenaison  (Provence). 

1792  La  Saison  des  aires  dans  la  vallée  de  Sêon-Saint-Henri  (Provence). 

1859 
Paris. 

Magy  (Jules-Edouard),  né  à  Metz  (Moselle),  élève  de  M.  E.  Loubon,  rue 

de  Douai,  15. 
N**  2063  Un  foyer  de  Saltimbanques. 

2064  Le  pressoir;  Vendanges  en  Provence. 


^IH  JULES-EDOUARD   DE   UAGT 

1864 
Paris. 

Magv  (Jules-Edouard),  né  à  Metz,  élève  deE.  Loubon,  rue  des  Martyrs,  24. 
X"*  1273  Un  convoi  de  moissonneurs  dans  un  défilé  de  TAtlas. 
1274  Le  chevrierde  Ben-Acknoum  (Algérie). 

1864 

Marseille. 

Maoy  (Jules-Kdouard) ,  né  à  Metz,  élève  de  M.  Ë.  Loubon. 
\*  226  Un  abreuvoir  au  pied  des  Montagnes  Roses  (Algérie). 

1865 
Marseille. 

Magy  (Jules-Kdouard),  élève  de  M.  E.  Loubon,  Paris,  rue  des  Martyrs,  24. 
\"  210  Abraham  et  Agar. 

Salon  de  Paris 
1865 

]\Iagy  (Jules-Kdouard) ,  né  à  Metz,  élève  de  M.  E.  Loubon,  rue  des  Mar- 
tyrs, 24. 
N«  1414  Ruth  et  Booz. 

u  Elle  dormit  donc  à  ses  pieds  jusqu'à  ce  que  la  nuit  fût  passée; 
et  elle  se  leva  le  matin  avant  que  les  hommes  se  pussent 
reconnaître.  »  (La  Dible.  Le  livre  de  Ruth.) 
1 415  Agar  chassée  par  Abraham. 

1866 
Marseille 

Magy  (Jules-Edouard),  élève  de  M.  E.  Loubon,  Paris,  rue  des  Martyrs,  24. 
X"  202  Convoi  des  moissonneurs  kabyles  daneun  défilé  de  TAtlas  (Algérie). 

1866 
Paris. 

Magy  (Jules-Edouard),  né  à  Metz»  élève  de  M.  E.  Loubon,  rue  des  Mar- 
tyrs, 24. 
\"  1288  Razzia. 

1867 
Marseille. 

Magy  (Jules-Edouard),   né  à  Metz,  élève  de  M.  Loubon,  Paris,  rue  des 

Martyrs,  24. 
\°  210  Le  Siroco. 


JULES-KDOUARD   DR    \IAGY  81î> 

1867 
Paris. 

Magy  (Jules:-Kclouai*d),  né  à  Metz,  élève  de  M.  E.  Loubon,   rue  des  Mar- 
tyrs, 2i. 

K"  3013  L'Achoui*  (perception  de  Timpôt  chez  les  Arabes). 
MU  Le  Siroco. 

Exposition  universelle 

1867 

Magy  (Jules-l!!douard),  né  h  Metz,  élève  de  Emile  Loulwn,  rue  des  Mar- 
tyrs, 24. 

X*"  439  Les  Kabyles  moissonneurs  ;  salon  de  1863,  Musée  de  Chaumont. 
440  Convoi  de  moissonneurs  dans  un  défilé  de  T Atlas,  salon  de  1864. 

1868 
Paris. 

Magy  (Jules-Kdouard),  né  à  Metz,  élève  de  M.  E.  Loubon,  rue  des  Mar- 
tyrs, 24. 
\«  1644  L'Abreuvoir  (Algérie). 

1645  Une  tente  chez  les  Oulcd-Ma^ls. 

1870 

Paris. 

Magy  (Julcs-Kdouard),  né  h  Metz,  élève  de  M.  E.  Loubon,   rue' des  Mar- 
tyrs, 20. 
\»  1827  Le  marché  de  Médéah  (Algérie). 
1828  Jardin  à  Meudon. 

1873 
Marseille. 

.Magy  (Jules-Kdouard) ,  né  à  Metz,  élève  de  M.  Loubon,  rue  de  Douai,  65. 
\»  984  Pleine  lune  de  juin  dans  la  Mitidja  (Province  d*Alger). 

1876 
Paris. 

^4  Magy  (Jules-Edmond),  né  â  Metz  (Moselle),  élève  de  M.  Loubon,  à  Mar- 

seille, boulevard  de  Longchanip,  90,  et  à  Paris  chez  M.  Gauthier,  rue 
Le  Peletier,  47. 
\*  1374  D'EI-Kantara  à  Biskra  (province  de  Constantine) .  Clair  de  Lune. 
1375  Le  Lion  (Algérie). 


320  HËKLtN 


XVIll 

HËRLIX  (AlJGlSTE-JOSEPH) 

ARTISTB   PRINTRE   (1815-1900) 

La  situation  d'Auguste  Berlin»  sa  fortune,  son  indépendance 
artistique,  sa  modestie  et  son  désir  de  ne  pas  paraître,  font  de  iiiî 
un  artiste,  qui  n'avait  ni  les  goiits,  ni  les  l)esoins  de  ses  collègues. 

Peignant  bien,  très  bien  même,  abordant  des  genres  différents, 
réussissant  en  tout,  il  a  laissé  un  très  grand  nombre  de  dessins 
exécutés  avec  soin.  Ses  œuvres  sont  restées  dans^sa  famille;  sou- 
vent même  on  en  offrait  quelqu'une  pour  des  tombolas  de  bienfai- 
sance. 

A  part  quelques-uns  de  ses  tableaux,  ses  oeuvres  n'étaient  pas 
connues,  c^r  l'auteur  n'avait  participé  qu'à  un  petit  nombre  d'ex- 
positions. 

C'était  un  bomme  aimable,  instruit,  bon,  bienveillant  pour  tout 
le  monde,  fin  et  agréable  causeur,  aimé  de  tous  ;  il  a  rendu  notam- 
ment de  grands  services  au  musée  de  Lille,  dont  il  fut  le  conser- 
vateur aussi  compétent  que  dévoué.  Ces  quelques  lignes  étaient 
utiles  avant  de  commencer  la  notice  sur  notre  artiste. 

Herlim  (Auguste-Joseph)  est  né  à  Lille  le  18  août  1815.  Il  était 
le  fils  de  Joseph  Herlinetde  Julie  Desrousseaux,  appartenant  tous 
deux  à  des  familles  lilloises  '. 

Il  avait  une  sœur  et  quatre  frères,  tous  admirablement  doués 
pour  les  lettres  et  les  sciences. 

Il  fit  ses  études  au  collège  communal  de  I  Jlle. 

Quoique  son  père  fut  négociant  et  qu'il  fût  lui-même  destiné  à 
continuer  avec  un  de  ses  frères  les  affaires  paternelles,  Auguste 
Herlin  se  sentait  irrésistiblement  attiré  vers  le  dessin,  veï-s  la 
peinture.  Il  désirait  ardemmeni  suivre  l<^s  cours  de  Souchon,  din»c- 
teur  des  écoles  académiques,  élève  de  David  et  qui  faisait  de  très 

*  Ville  de  Lille.  Extraits  du  registre  aux  actes  de  naissance  pour  Vannée 
1815.  11  appert  dudit  registre  que  le  18  aoiU  1815  est. né  Herlin  .Auguste- 
Joseph,  fils  létjiiime  de  Jeao-Xoël- Joseph' et  de  Julie-Joseph  Desrousseaux. 


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I 


UKRLIN  331 

bons  élèves.  Ses  parents  ne  s'y  opposèrent  point  et  ce  fut  sans 
jamais  quitter  Lille,  qu'il  commença  et  acheva  ses  études  artisr 
tiques. 

II  remporta  deux  médailles  (médaille  de  T*  classe  en  1843). 

Jusqu'à  Tàge  de  trente-cinq  ans,  il  demeura  associé  avec  son 
frère',  dans  la  maison  de  commerce.  Mais  vers  1850,  il  aban- 
donna sa  place  dans  cette  association  industrielle,  au  profit  de  son 
plus  jeune  frère. 

Ses  adieux  faits  à  tout  jamais  au  négoce,  il  se  consacra  entière- 
ment à  la  peinture  et  dessina  avec  acharnement  d'après  nature. 
Souchon,  qui  mourut  à  Lille,  le  5  avril  1857,  était  à  bon  droit  (ier 
de  son  élève.  Celui-ci  abordait,  avec  un  égal  succès,  les  genres  les 
plus  variés.  Il  s'était  laissé  surtout  séduire  par  la  vie  campagnarde. 
Plusieurs  années  avant  que  Jean-François  Millet  eut  songé  à  immor- 
taliser l'existence  des  paysans  dans  ses  dessins,  ses  pastels  et  ses 
tableaux,  Auguste  Herlin  avait  exécuté  des  centaines  de  dessins  en 
s'inspirant  des  campagnards  du  Nord,  des  paysannes  surtout.  Tout 
cela  e^t  enlevé  d'un  trait  rapide,  d'une  rare  sûreté,  d'une  enve- 
loppe bien  vivante  et  sans  la  moindre  lrace.de  sécheresse. 

Auguste  Herlin  a  exposé  au  Salon  de  Paris  :  Battage  du  Colza, 
le  Viatique,  VAlloir  (1861)';  les  Blanchisseuses  (gravé  en 
décembre  1867  par  Vlllustrated  London  news) ;  le  Train  de 
plaisir  (1863)  ;  V Enterrement  du  pauvre  au  village,  la  Visite  au 
confrère  (1866),  la  Lessive  (1867).  Aux  expositions  internatio- 
nales de  Bruxelles  et  de  Londres,  il  a  envoyé  le  Jardin  de  M.  le 
curé]  le  Bateau  à  herbe,  le  Filet  et  in  paysage  (1867).  Comme 
on  le  voit,  étant  données  la  quantité  et  la  variété  de  ses  œuvres, 
Auguste  Herlin  a  fort  peu  fréquenté  les  expositions. 

M.  Auguste  Herlin  appartient  par  sa  manière  à  l'école  de  Muller, 
c'est  à  la  fois  un  dessinateur  et  un  coloriste. 

Sa  Visite  au  confrère,  qui  a  attiré  tous  les  regards  à  l'exposition 
de  Lille,  où  elle  a  figuré  avec  un  légitime  succès  à  son  retour  de 

*  M.  Théodore  Herlin,  qui  s'est  voué  à  Tétude  des  mathématiques  et  de  la 
physique,  est  auteur  de  plusieurs  travaux  estimés,  notamment  sur  l'acoustique 
musicale.  11  a  publié  un  volume  in-8*>  (Lille,  Danel,  1884)  intitulé  :  Académie  de 
musique  de  Lille,  31  juillet  1816-31  décembre  1883.  Notes  chronologiques  ex- 
traites des  archices.  \l.  Théodore  Herlin  est  décédé  vice-président  de  l'Aca- 
.  demie  de  musique,  le  S  novembre  1889,  dans  sa  73*  année. 
^  Voir  ci-dessus  la  planche  LI. 

ai 


3SS  HEBLIN 

celle  de  Paris,  est  un  petit  chef-d'œuvre  de  vigueur  et  d'dbserva- 
tiop,  d'éclat  et  de  sûreté  de  main  ;  ce  tableau  est  un  excellent  spé- 
cimen du  style  général  de  notre  concitoyen  *. 

Ce  tableau  porte  le  n"  782  du  catalogue  de  l'exposition  de  sep- 
tembre 1866  à  Lille'. 

Quand  il  fut  question  de  former  la  commission  organisatrice 
du  Salon  de  Lille  en  1881,  lequel  eut  un  si  légitime  succès, 
Auguste  Berlin  fut  choisi.  Voici  ce  qu'écrivait  à  ce  sujet  la  Vraie 
France  : 

(>  M.  Herlin,  petit  homme  à  la  tête  blanchie,  au  sourire  fln,  au 
regard  doux,  à  la  fois  peintre  érudit  et  connaisseur,  ce  qui  ne 
s'accorde  pas  toujoui*s  ensemble.  Il  a  le  don  de  l'exécutant  assez 
pour  qu'on  regrette  de  le  voir  trop  absorbé  par  les  fonctions  admi- 
nistratives qui  l'empêchent  de  produire.  Est-ce  un  nomade  ou  un 
boulevardier  de  Paris?  Non,  quoiqu'il  en  ait  l'air,  casanier  Fla- 
mand, il  semble  avoir  vieilli  dans  les  ateliers  d'Aihénes  »  . 

A  cette  exposition,  Auguste  Herlin  prit  part  en  exposant  deux 
tableaux  sous  les  n"  71 J,  Vendredi-saint  chez  les  Dominicains/ 
712,  la  Soif. 

M.  Olivier  Merson  parle  en  ces  termes  de  ces  œuvres  '  : 

Ln  tableau  auquel  son  auteur,  homme  de  goût  parfait,  d'un 
esprit  raffiné  et  charmant  a  su  donner  de  justes  proportions,  c'est 
le  Vendredi-saint  chez  les  Dominicains.  Ce  jour-là,  dans  toutes  les 
maisons  de  Tordre,  le  repas  se  compose  de  pain  et  d'eau,  la  lec- 
ture est  suspendue  et  la  place  d'honneur  est  réservée  à  Jésus- 
Christ*. 

M.  Herlin  nous  introduit  dans  le  réfectoire  d'une  de  ces  pieuses 

*  Vkrlv  (Hippolyte),  Essai  de  biographie  contemporaine,  in-8',  p.  112, 
113. 

^  A  l'occasion  de  cette  exposition,  on  a  édité  un  catalogue  illustré  avec 
lithographies-charges  des  tableaux,  intitulé  :  Le  Bourgeois  de  Lille  à  l'exposi- 
tion des  Beaux-Arls  de  la  cille  de  Lille.  Souvenir,  texte  de  M.  Charles  de 
Fbanciosi,  dessins  par  M.  Jules  Hknnrulin,  septembre  1866,  in-f^,  Lille,  Danel. 
On  lit  :  l.a  visite  au  confrhe,  scène  d'un  excellent  réalisme  comme  idée,  comme 
dessin,  comme  couleur.  Le  cure  qui  s'essuie  le  front  a  passé  par  une  de  c€>s 
chaleurs  que  l'on  rencontre  à  Lille.  Tu  as  dû  voir  quelque  part  la  porte  de  ce 
presbytère  et  le  goulot  des  eaux  de  la  cuisine  dans  le  mur,  et  la  vigne  qui 
grimpe  par-dessus  l'enclôture.  La  charge  de  Denneulin  est  intitulée  :  Vn  pique- 
nique  gras  et  maigre. 

*  Los  beaux-arts  tV  Lille.  Exposition  de  4881,  par  Olivier  Mkrbo.n,  p.  50. 

*  Voir  ci-contre  la  planche  LU. 


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HBRLIN  8S3 

demeures.  De  grands  tableaux,  voilés  à  cause  de  la  solennité  du 
jour,  coupent  la  monotonie  des  murailles  blanchies  à  la  chaux; 
au  centre  du  premier  plan  sur  une  petite  estrade,  un  pupitre, 
des  livres  fermés,  un  siège  vide.  Le  siège,  —  le  pupitre  et  les 
livres  du  lecteur  habituel;  —  et  les  Pères  au  nombre  de  onze,  si 
je  ne  me  trompe,  sont  assis  à  une  table  régnant  le  long  des 
parois,  au  fond,  et,  au  retour  d^équerre,  à  droite  et  à  gauche,  un 
autre  Père  achève  de  distribuer  à  chacun  sa  part  d'eau  et  de 
pain. 

Au-dessus  de  la  place  réservée  à  Notre-Seigneur,  au  fond  de  la 
salle,  apparaît  une  croix  lumineuse,  signe  visible  de  la  présence 
du  Divin  Maitre  parmi  ses  disciples! 

Je  ne  saurais  dire  combien  ce  tableau  me  séduit  et  me  touche. 
En  y  regardant  de  près,  on  découvre,  je  crois,  de  Thésilation  dans 
le  travail  de  certains  visages.  Mais  que  tout  cela  est  ingénieuse- 
ment trouvé  et  sagement  ordonné!  Comme  l'harmonie  un  peu 
étouffée  de  la  coloration  et  le  sentiment  intime  et  discret  de  la  fac- 
ture s'accordent  avec  le  caractère  de  la  scène!  Un  jour  doux  éclaire 
cet  intérieur  paisible;  la  lumière  glisse  silencieusement  sur  les 
murs,  sur  les  personnes,  sur  les  choses;  montées  en  couleui*s,  les 
ombres  ne  sont  ni  dures,  ni  brusques,  et  il  a  fallu  une  intelligence 
bien  fine,  un  goût  bien  délicat  pour  varier,  sans  que  l'effet  parût, 
Tattitude  et  le  geste  des  religieux  dont  l'action  et  l'intention  sont 
les  mêmes. 

Exposé  au  salon  de  Paris  en  1875,  ce  tableau  obtint  un  réel 
succès  auprès  de  visiteurs  attentifs,  et,  je  m'en  souviens,  on  fut 
surpris  de  l'oubli  du  jury  qui  négligea  de  le  comprendre  dans  la 
liste  des  peintures  récompensées.  Quand  tant  d'autres  surprennent 
les  sympathies  par  un  programme  bizarre,  la  sonorité  des  tons  et 
l'intempérance  du  faire,  celle-là  se  contenfte  d'èti-e  simple,  naïve 
et  vraie.  Là,  en  effet,  est  le  secret  de  son  charme.  Malheureuse- 
ment tout  le  monde  n'est^pas  en  mesure  de  le  deviner  et  de  le 
comprendre. 

On  rencontre  un  autre  tableau  de  M.  Herlin  au  palais  Rameau, 
mais  d'un  style  plus  humble.  Une  petite  paysanne,  debout,  de 
profil,  près  d'une  fontaine  rustique,  boit  à  une  cruche  qu'elle  tient 
à  deux  mains.  Ce  programme  n'a  pas  demandé  de  grands  frais 
d'imagination.  Il  intéresse,  néanmoins,  grâce  au  talent  du  peintre. 


aS4  BERLIN 

qui  sait  donner  de  la  valeur  aux  plus  modestes  personnages,  aux 
objets  les  plus  simples  et  les  plus  vulgaires  ' . 

Nous  ne  pouvons  négliger  une  appréciation  sur  le  tableau  la 
Soif  que  nous  empruntons  à  M.  Paul  Leroi  *  :  Il  n'a  manqué  à 
H.  Auguste  Herlin  qu'un  grain  d'ambition.  S'il  avait  pu  s'arracher 
à  sa  ville  provinciale  pour  vivre  quelque  temps  dans  l'atmosphère 
de  Paris,  ses  remarquables  facultés  s'y  seraient  promptement  épa- 
nouies et  la  popularité  lui  serait  venue.  Aujourd'hui  ce  n'est  que 
tout  à  fait  par  exception  qu'on  peut  se  rendre  bien  compte  de  son 
mérite;  à  l'exposition  on  entrevoit  seulement  l'extrême  souplesse 
de  son  talent  par  l'absolu  contraste  que  forme  l'étude  ensoleillée 
qu'il  a  miiiulèe  la  Soif ,  avec  le  tableau  d'un  sentiment  si  distingué 
d'une  tonalité  si  juste,  si  harmonieuse  qu'il  peignit  pour  le  salon 
de  1875  et  qui  fut  alors  gravé  dans  l'Ari^. 

Pour  apprécier  complètement  cette  organisation  d'élite  qui  s'est 
volontairement  effacée,  il  faut  avoir  eu  l'honneur  d'être  reçu  chez 
le  frère  de  l'artiste,  M.  le  notaire  Herlin,  qui  doit  être  plus  d'une 
fois  tenté  de  griffonner  à  la  dérobée  quelques  croquis  le  long  de 
ses  actes,  souvenir  des  caricatures  pleines  d'htwwur  que  sa  jeu- 
nesse dessinait  avec  verve,  —  vous  trouverez  là  un  hôtel  dont  tous 
les  motifs  décoratifs  ont  été  peints  par  Auguste  Herlin  avec  la  plus 
séduisante  variété  d'invention,  et  les  mure  ornés  de  ses  œuvres 
dont  plusieurs  m'étaient  inconnues,  entre  autres  une  grande  toile, 
scène  empruntée  à  la  moisson,  très  vivante,  très  mouvementée,  et 
d'une  conférence  de  Clergyman,  d'une  pénétrante  finesse  d'ol)- 
servation. 

'  L'exposition  de  1881  provoqua  plusieurs  publications.  Celle  de  M.  Olivier 
Mkrson,  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus;  Çà  et  M,  Salon  rimé  par  Charles 
Manso,  Impressions  et  souvenirs  des  Beaux- Arts  de  Lille;  Souvenir  de  C expo- 
sition des  Beaux- Arts  de  Lille,  Impression  du  vieux  filtier  recueillies  et  mises 
en  pasipiilles  par  Desrousseaux.  Dans  cette  dernière  publication,  Fauteur  a 
consacré,  i"  série,  p.  16,  un  agréable  article  en  vers  patois  de  Lille  au  Ven- 
dredi saint  citez  les  dominicains,  par  A.  Hrrli.v.  ' 

Au  catalogue  de  l'exposition  de  1881,  no'us  trouvons  l'indication  :  Hrrlix 
(Georges)t  né  ù  Lille,  élève  de  Pluchart,  ù  Lille,  square  Jussieu,  17. 

N®  713  du  catalogue  :  Le  Grand  Can'é  (promenade  du  pré/et),  à  Lille^  et 
n®  lik  :  Ruines  du  Mont  d'Haur  (ArdennesJ. 

*  LArt.  Exposition  de  Lille,  par  Paul  Leroi,  1881,  p.  17  à  20.  (Le  dessin 
du  tableau  la  Soif  se  trouve  à  la  p.  19). 

'  Voir  fArt,  i"  année,  t.  II,  p.  245.  La  gravure  de  Senceton  et  Tilly,  d'après 
le  Vendredi-saint  chez  les  Dominicains,  par  Aug.  Hrrlin. 


HBRLIN  8i5 

Au  sujet  du  salon  de  1882,  M.  Paul  Leroi  *  écrit  «  :  En  province, 
je  suis  plus  que  jamais  d'avis  qu'on  ne  saurait  trop  vivement 
encourager  les  artistes  de  mérite  qui  font  vaillamment  de  la 
décentralisation  en  se  <jroupant  dans  les  principaux  centres  pro- 
vinciaux. Lille,  absolument  privilégiée  sous  ce  rapport,  fait  revivre 
avec  un  complet  succès,  succès  des  plus  enviables,  ses  vieilles  tra- 
ditions artistiques;  elle  imprime  à  tout  le  Nord  un  mouvement  des 
plus  féconds,  yy 

Sauf  Auguste  Herlin,  qui  a  tort  de  s'abstenir,  j'ai  retrouvé  au 
salon  toute  la  persévérante  phalange;  elle  y  faisait  fort  bonne 
figure. 

C'est  surtout  au  musée  de  Lille  qu'Auguste  Herlin  rendit  les 
plus  grands  services. 

M.  Edouard  Reynarl,  devenu  administrateur  des  musées  de 
Lille,  s'adjoignit  pour  la  conservation  des  tableaux  notre  artiste, 
avec  lequel  il  était  intimement  lié  et  qui  n'appliqua  jamais  son 
rare  talent,  son  esprit  charmant,  son  vaste  savoir,  son  extrême 
conscience  qu'à  mettre  constamment  en  vedette  son  chef  de  file. 
Auguste  Herlin  comprit  immédiatement  que  tout  en  se  tenant, 
suivant  ses  goûts,  à  l'arrière-plan  officiel,  il  compléterait  M.  Ed. 
Reynart  et  qu'ainsi  accouplés,  ils  seraient  de  taille  à  constituer 
une  œuvre  vraiment  grande.  Reynart,  de  son  côté,  le  savait  si  bien 
qu'il  ne  prit  jamais  de  décision  sérieuse  sans  avoir  commmencé 
par  se  mettre  d'accord  avec  son  ami. 

Reynart  avait  publié  plusieurs  éditions  du  catalogue  du  musée. 
La  première  date  de  1850,  trois  autres  virent  le  jour  en  1856, 
1862  et  1869.  Enfin  une  cinquième  en  1875.  Cette  dernière  édi- 
tion fut  complétée  en  1881  et  1884  par  deux  suppléments  publiés 
par  Auguste  Herlin,  ces  deux  suppléments  se  font  remarquer  par 
la  sobriété  et  la  concision. 

Avant  de  s'éteindre,  Reynarl  avait  recueilli  les  dernières  volontés 
de  Brasseur,  dont  l'important  legs  orne  aujourd'hui  le  musée.  Sa 
mort  arriva  le  17  février  1879. 

Reynart  disparu,  l'administration  municipale  confia  sa  succes- 
sion à  M.  J.  Houdoy,  qui  se  retira  après  avoir  essuyé  certaines 
difficultés  et  avoir  reçu  la  croix  de  la  Légion  d'honneur  des  mains 

»  L*Art,  Salon  de  1882,  par  Paul  Leroî,  t.  III.  p.  144. 


3)6  HERLIK 

du  ministre  Jules  Fei'ry,  pendant  l'inauguration  d'une  nouvelle 
salle  de  peinture,  au  musée. 

Auguste  Herlin  remplit  alors  les  fonctions  de  conservateur  du 
musée  de  peinture,  sans  cependant  avoir  d'autre  titre  que  celui  de 
vice-président  de  la  commission. 

Si  Reynart  avait  eu  souvent  la  main  heureuse  dans  les  dons 
qu'il  a  réussi  à  faire  faire  au  musée,  Auguste  Herlin  a  sur  ce  point 
mérité  tout  autant,  car  c'est  à  lui  que  nous  devons  le  plus  précieux 
peut-être  de  la  collection  des  modernes. 

L'aventure  est  typique.  Auguste  Herlin  est  un  artiste  plein  de 
savoir  et  de  goût,  comme  chacun  sait.  Ses  tableaux  sont  appréciés 
grandement  de  ceux  qui  les  possèdent.  Or,  une  dame,  qui  en  avait 
un,  au  milieu  de  beaucoup  d'autres  de  maîtres,  témoigna  le  désir 
de  l'offrir  au  musée.  M.  Herlin  court  la  trouver  :  a  Grand  merci, 
madame,  de  vos  bonnes  intentions,  mais  je  serais  gêné  de  me  voir 
entrer  au  musée  de  mon  vivant;  s'il  vous  plaît,  donnez-nous  autre 
chose.  Ti  La  dame  consentit  de  si  bonne  grâce  que  M.  Herlin  réussit 
à  décrocher  en  échange.. .  quoi. . .  ni  plus  ni  moins  que  la  Becquée^ 
de  J.-F.  Millet.  N'était-ce  pas  faire  à  la  fois  acte  d'une  modestie 
bien  rare  et  d'un  flair  bien  sûr.  Ceci  se  passait  en  1871,  quand  ce 
pauvre  Millet  luttait  encore  contre  le  besoin  pour  nourrir  sa  nom- 
breuse famille. 

Cette  aventure  nous  en  rappelle  une  autre  plus  ancienne  encore, 
datant  de  1866.  Elle  va  vous  apprendre  qu'il  ne  tint  pas  à  notre 
ami  Herlin  que  le  musée  ne  possédât  un  autre  Millet  bien  plus 
important  encore.  Cette  année-là  notre  Salon  possédait  la  grande 
Tondeuse  de  moutons,  qui  a  fait  tant  de  bruit,  et  qu'en  ce 
moment  même,  le  monde  entier  court  admirer  à  Chicago.  L'artiste 
en  demandait  sept  mille  francs  :  on  l'aurait  eue  certainement  pour 
quatre  ou  cinq  mille.  Un  jour  que  la  commission  errait  dans  les 
salles  pour  faire  ses  choix,  Herlin  dit  à  Reynart  :  «  Pourquoi 
n'achèterions-nous  pas  le  Millet?  —  J'en  suis,  répondit  ce  dernier. 
—  Comment,  s'écria  l'un  des  membres  les  plus  influents,  vous 
voudriez  de  cette  croûte-là?  Si  l'on  fait  un  pareil  achat,  je  donne 
ma  démission.  C'est  par  trop  mauvais;  quel  dessin,  i^oyez  donc  où 
est  placé  ce  cubitus!  »  Nous  certifions  l'exactitude  de  ces  paroles, 
que  nous  avons  entendues  de  nos  propres  oreilles.  Cette  boutade 
intimida  les  indécis  de  la  commission,  où  le  goût  de  la  génération 


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HERLIN  327 

précédente  régnait  encore.  L'achat  fut  repoussé,  cl  ce  cubitus 
douteux  nous  valut  la  perte  d'une  œuvre  dont  le  prix  se  chiffre 
aujourd'hui  par  des  centaines  de  mille  francs  ^ . 

En  1891  Auguste  Herlin  reçut  une  juste  récompense  de  ses  tra- 
vaux artistiques.  Il  fut  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  à 
la  grande  joie  de  ses  amis.  La  commission  des  beaux-arts  lui  offrit 
un  banquet  le  24  octobre  1891,  pour  fêter  cette  heureuse  nomi- 
nation ^. 

Auguste  Herlin  fut  reçu  membre  de  la  Société  des  sciences  et 
arts  de  Lille  en  1883  et  en  devint  président  en  1892. 

C'était  un  peintre  de  talent,  dont  certaine  œuvre  put  un  jour 
être  confondue  avec  celles  de  Diaz,  et  qui  renonça  à  la  peinture 
pour  se  consacrer  plus  exclusivement  à  nos  musées,  qu'il  aimait 
avec  passion. 

Cette  passion,  ce  culte,  pourrions-nous  dire,  il  les  manifestait 
non  seulement  dans  la  présentation  des  tableaux  qu'il  classait  et 
mettait  en  valeur  avec  un  art  dont  le  musée  ne  nous  donne  plus 
aujourd'hui  l'équivalent,  il  les  manifestait  non  seulement  dans  les 
acquisitions  qu'il  fit  faire  ou  les  dons  qu'il  provoqua,  mais  encore 
dans  son  zèle  à  grouper  tous  les  documents  concernant  nos  œuvres 
d'art. 

Toutes  les  appréciations  importantes  qu'il  avait  pu  recueillir  des 
critiques  de  renom  et  des  historiens  d'art  éminents  sur  nos  tableaux, 
toutes  les  indications  relatives  à  leur  histoire  qu'il  avait  pu  récolter, 
il  les  avait  inscrites  de  sa  fine  écriture  en  marge  d'un  catalogue 

^  Catalogue  des  tahlecaix  du  musée  de  Lille,  précédé  d'uue  notice  historique 
par  Jules  Lknglart,  officier  d'académie,  secrétaire  de  ta  Gommission  du  musée 
de  Lille.  Lille,  1893,  p.  xxiii,  introdttction  et  suivantes. 

■  l«e  journal  l' Echo  du  Nord ,  a*  du  26  octobre  1891,  rend  compte  de  cette 
fête  :  Le  banquet  Herlin  a  eu  lieu,  samedi  soir,  dans  le  quartier  Renaissance  de 
la  maison  Divoir.  On  recevait  dans  la  salle  du  rez-de-chaussée  et  le  couvert 
était  mis  dans  la  belle  galerie  de  l'enlresol.  Une  quarantaine  d'amphitryons, 
tous  membres  des  Commissions  des  Beaux-Arts,  et  trois  invités  :  M.  Herlin. 
M.  Vel-Durand,  préfet  du  Wd,  et  M.  Géry-Legrand,  maire  de  Lille.  Table 
superbe  et  repas  excellent.  Au  centre,  en  face  M.  Herlin,  M.  Van  Hende,  qui 
est  après  lui  le  plus  ancien  des  présidents  dé  conmiissions.  et  qui.  au  dessert, 
ouvre  les  toasts  par  une  allocution  de  félicitations  à  son  aîné.  M.  Herlin  lui 
répond.  M.  Géry-Legrand  parle  ensuite,  comme  maire  de  Lille,  puis  M.  V'el- 
Durand,  comme  préfet  du  Mord,  et  enfin  M.  Pluchart,  comme  collaborateur 
et  ami  de  M.  Herlin.  Trois  discours  brefs,  précis  et  sincères.  V^ers  onze  heures 
et  demi,  les  convives  se  sont  retirés. 


32^^  BERLIN 

i|ui  constitue  un  manuscrit  singulicrcmont  précieux,  cl  qu'il  offrit 
à  son  ami  IMuchart  au  moment  où  il  quitta  Tadministration  du 
musée  :  a  Je  me  fais  vieux,  lui  dit-il,  cela  vous  servira  désormais 
plus  qu'à  moi.  »  Mais  Pluchari  devait  précéder  Herlin  dans  la 
mort,  et,  si  nous  ne  nous  trompons,  ce  catalogue  annoté  a  dû  être 
offert  au  musée'. 

Herlin  s'est  éteint  le  13  décembre  1900,  dans  sa  quatre-vingt- 
sixième  année  *.  Avec  lui  disparaît  une  des  figures  les  plus  aimables 
et  les  plus  sympathiques  de  notre  ville,  un  homme  dont  le  sou- 
venir restera,  qui  fut  plus  qu'aucun  autre  le  bon  génie  de  nos 
musées  *. 

Nous  emprunlons  au  journal  la  Dépêche  le  récit  de  ses  funé- 
railles :  Samedi  matin,  15  décembre  1900,  à  onze  heures,  ont  eu 
lieu,  en  l'église  Sainte-Catherine,  les  funérailles  de  M.  Auguste 
Herlin,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  officier  de  V Instruction 
publique,  conservateur  honoraire  des  musées  de  Lille,  ancien 
président  de  la  Société  des  sciences  et  arts  d^  Lille,  ancien  prési- 
dent de  la  Commission  administrative  de  t École  des  beauœ-arts 
de  Lille  et  membre  des  sociétés  des  beaux-arts  des  départements . 

Selon  les  volontés  du  défunt,  il  n'avait  été  envoyé  ni  fleurs  ni 
couronnes,  les  honneurs  n'ont  pas  été  rendus  et  aucun  discours 
n'a  été  prononcé  au  cimetière. 

Les  coins  du  poêle  étaient  tenus  par  \\\\.  Dcsplechin,  représen- 
tant la  commission  de  l'École  des  beaux-arts;  De  Winter,  de  la 
Commission  des  musées;  Damien,  représentant  la  Société  des 
sciences  et  arts  de  Lille,  et  Lenglart,  ancien  secrétaire  de  la  Com- 
mission des  musées. 

Le  deuil  était  conduit  par  MAI.  Georges  Herlin  et  Ernest  Blon- 
deau,  neveux  du  défunt,  et  d'autres  membres  de  la  famille. 

ïi'assistance  était  nombreuse  et  se  composait  de  l'élite  de  la 
lille. 

'  Il  résulte  de  rrn.srifjocmcDts  que  nous  arons  obtcnn.s  de  radmioistraiion  du 
Mu.sée  de  Lille  depui.s  la  leeture  de  rettc  notice  que  ce  catalogue  ne  lui  a  pas 
été  envoyé. 

-  \'ille  de  Lille.  Extraits  du  registre  aux  actes  de  décès  pour  Vannée  1900. 
—  11  appert  dudit  registre  que  le  13  décembre  1900  est  décédé  Herlin  Augusle- 
Jo.seph,  âgé  de  85  ans  3  mois,  célibataire,  fils  légitime  de  Jean-Xoël-Joseph  et 
de  Julie-Joseph  Desrousseaux. 

^  Jules  DiTHfL.  Dépêche  du  15  décembre  1900. 


HERLIN  3^9 

Après  le  service  funèbre  célébré  par  M,  le  doyen  de  Sainte-Ca- 
therine, le  cortège  s'est  dirigé  vers  le  cimetière  de  TEst  où  Tinhu- 
mation  a  été  faite.  La  cérémonie  s'est  terminée  à  midi  un  quart. 

La  nouvelle  de  cette  mort  a  été  de  suite  répandue  dans  le  monde 
artistique.  Les  journctix  d'art  consacrèrent  des  articles  nécrolo- 
giques à  Auguste  Berlin. 

Celui  de  M.  Paul  Leroi,  publié  dans  T^^r^, est  d'un  ami  sincère; 
nous  en  publions  un  extrait  : 

Intimement  lié  avec  lui  depuis  plus  de  quarante  ans,  je  suis 

allé  voir  Berlin  une  dernière  fois  peu  de  jours  avant  sa  mort;  à 
peine  auprès  de  lui,  je  ne  pus  conserver  la  moindre  illusion;  il 
était  perdu;  et  cependant  sa  sérénité  habituelle  ne  l'abandonna 
point  un  seul  instant,  pas  plus  que  la  vivacité  de  son  esprit  si  lin, 
si  pénétrant.  Il  avait  à  cAté  de  lui  quelques  dessins;  il  apporta  tout 
plein  de  bonne  grâce  à  me  les  laisser  voir  et  nous  nous  mimes  à 
deviser  à  leur  sujet.  Il  m'apprit  qu'il  en  avait  fait  au  moins  une 
quinzaine  de  mille  :  «  Je  voudrais  pouvoir  vous  les  classer,  ajouta- 
t-il,  et  dans  ce  cas  je  vous  en  choisirais  quelques-uns  afin  que  vous 
causiez  avec  eux  comme  nous  le  faisons  ici.»  Puis  en  souriant  tout 
doucement  de  ce  sourire  si  spirituel  qui  lui  était  familier  :  a  Le 
nombre  doit  être  un  peu  diminué,  les  dames  de  Lille  n'organisent 
aucune  loterie  de  bienfaisance  sans  venir  mettre  le  tas  à  contribu- 
tion. » 

Revenant  à  ses  dessins  et  me  montrant  l'un  d'eux  que  M.  Del- 
phin  Petit  a  fac-similé  dans  la  perfection,  il  reprit  ainsi  :  u  Que 
de  fois  ne  m'a-t-on  pas  scié  pour  me  décider  à  vendre  de  mes  des- 
sins. Je  n'ai  jamais  songé  à  m'en  séparer  pas  plus  que  de  mes 
tableaux.  Il  m'a  toujours  semblé  que  faire  concurrence  à  ceux  qui 
iloivent  vivre  de  leur  art,  c'est  commettre  une  mauvaise  action,  n 

Ces  derniers  mots  le  peignent  tout  entier. 

Il  me  rappela  que  l'heure  du  train  était  proche  et,  de  sa  main 
décharnée,  serra   forlement   la   mienne  en   me  disant  un  ce  Au 
revoir  »  qu'il  s'était  efforcé  de  rendre  convaincu.  Je  partis  cruelle 
ment  bouleversé  et  tombai  malade  en  arrivant. 

La  France  a  perdu  en  Auguste  Berlin  une  nature  d'élite  absolu- 
ment exceptionnelle,  un  de  ses  enfants  excellent  entre  les  meil- 
leurs de  tous  les  citoyens. 


330  BERLIN 

Trois  des  meilleurs  artistes  de  ce  temps,  trois  de  ceux  qui  comp- 
teront le  plus  aux  yeux  de  la  postérité,  se  sont  rencontrés  pour 
considérer  les  dessins  d'Auguste  Herlin  comme  autant  de  pré- 
cieuses révélations.  Un  critique  sagace  qui  consacra  récemment 
dans  le  Sénuiphore  de  Marseille  d'excellent*  articles  sur  la  néces- 
sité de  créer  dans  cette  ville  un  musée  civique,  un 'autre  musée 
Carnavalet,  M.  Louis  Brès,  m'écrivait,  il  y  a  quelques  mois,  com- 
bien il  me  savait  gré  de  la  publication  de  mes  emprunts  faits  dans 
les  portefeuilles  de  mon  cher  ami  lillois,  sa  lettre  ne  tarit  pas 
d'éloges  à  leur  sujet.  Tout  en  m'associant  à  ses  louanges  si  jus- 
tifiées, je  tiens  à  déclarer  que  le  mérite  de  cette  publication  appar- 
tient, avant  toute  autre  personne,  à  une  femme  d'élite.  Aille  Louise 
Blondeau,  fille  de  la  sœur  d'Herlin.  Elle  a  mis  infiniment  de  cœur 
à  rendre  un  pieux  hommage  au  talent  de  l'oncle  qui  la  chérissait. 
Sans  elle,  le  mérite  du  parent  qu'elle  regrette  tant  serait  resté 
dans  l'ombre  qu'il  afiectionnait  et  qui  constituait,  aux  yeux  de  ce 
sage,  la  plus  enviable  des  situations  \ 

Le  journal  TArt  a  reproduit  un  cerlain  nombre  de  dessins 
d'Auguste  Herlin  et  des  meilleurs.  Ils  pourraient  former  un  album 
bien  intéressant  et  d'une  grande  utilité  comme  modèle. 

La  mémoire  d'Auguste  Herlin  méritait  d'être  rappelée  par  une 
exposition  rétrospective  de  ses  œuvres. 

Cet  honneur  lui  fut  rendu  en  avril  1902,  dans  une  exposition 
dés  beaux-arts  organisée  par  l Union  artistique  du  Nord,  dans. son 
local,  rueXégrier,  à  Lille.  \ln  salon  spécial  était  résené  aux  œuvres 
de  l'artiste  regretté. 

Ce  n'était  pas  la  première  fois  que  ri  nion  artistique  organisait 
ainsi  des  expositions  rétrospectives  d'un  caractère  plus  particuliè- 
rement local  et  pieux.  Elle  l'avait  fait  d'abord  pour  les  peintres 
lillois  du  dix-huitième  siècle,  puis  Colas,  Leiiepvre,  Thys,  de 
Carne  eurent  leur  tour,  et,  grâce  à  cette  initiative,  les  amateurs 
ont  pu  admirer  sinon  l'œuvre  complète,  au  moins  un  ensemble 
très  large  et  très  satisfaisant  d'artistes  de  mérite  et  qui  nous  sont 
chers. 

L'hommage  à  Auguste  Herlin  s'imposait  d'une  façon  d'autant 
plus    impérieuse    qu'Herlin     avait    depuis    longtemps    renoncé 

^  extrait  de  Farticlc  Quelqiiun,  paru  dans  différents  numéros  de  tArt, 


HERLIN  331 

à  exposer  aux  Salons  parisiens,  et  qu'il  avait  raréfié  sa  production 
pour  se  consacrer  plus  entièrement  aux  musées  de  sa  ville.  On 
avait  conservé  le  vague  souvenir  de  quelques  tableaux  qui,  il  y  a 
trente  ans,  avaient  été  remarqués;  mais  ce  souvenir  était  bien 
embrumé  par  la  distance,  et,  en  tous  cas,  on  ignorait  totalement 
ce  qu'il  avait  fait  depuis. 

L'exposition  Herlin  se  présenta  donc  comme  une  révélation,  et 
elle  étonna  autant  qu'elle  charma  ceux  qui  désiraient  l'étudier  à 
loisir. 

Cette  exposition,  qui  ne  comprenait  pas  moins  de  soixante-cinq 
numéros,  n'était  cependant  pas  complète.  Il  y  manquait  quelques 
pages  connues  et  célèbres,  comme  te  Visite  au  confrère j  qui  est  au 
musée  de  Lille;  il  y  manque  en  outre  toute  la  production  de  l'ar- 
tiste, tout  ce  qu'il  a  fait  avant  sa  quarante-cinquième  année,  en 
sorte  que  nous  ignorons  ses  commencements  et  que  les  renonce- 
ments auxquels  il  se  résigna  plus  tard  nous  privent  de  la  connais- 
sance des  dernières  évolutions  de  son  goût. 

Aussitôt  l'exposition  Auguste  Herlin  ouverte,  M.  Jules  Duthil, 
avec  sa  compétence  artistique,  fit  dans  la  Dépêche  un  rapport  amical 
sur  son  importance  et  sa  valeur  \ 

Nous  nous  sommes  permis  de  lui  prendre  quelques  bonnes 
inspirations. 

M.  L.  Brès  a  été  chargé  de  faire  un  résumé  de  ses  souvenirs  de 
l'exposition  d'Auguste  Herlin  par  le  rédacteur  en  chef  de  VArt. 
Ce  savant  critique  d'art  s'exprime  en  ces  termes  :  a  Plusieurs  de  ces 
toiles  ont  laissé  en  moi  des  impressions  profondes!  ce  sont  du 
reste  celles  qui  ont  marqué  les  étapes  de  la  carrière  du  peintre.  ^  Il 
donne  l'explication  de  certains  tableaux  dont  nous  avons  parlé 
précédemment.  Il  ajoute  :  Je  ne  voudrais  pas  passer  sous  silence 
une  peinture  fort  originale  d'Herlin,  son  Duel  de  femmes.  Elle 
avait  figuré  au  Salon  de  1876  sous  ce  titre  :  Une  Affaire  d'honneur. 
Ces  dames  vident  une  querelle  intime  sur  le  terrain.  Les  témoins 
appartiennent  aussi  au  sexe  féminin.  La  scène  se  passe  sur  une 
dune  au  bord  de  la  mer.  Figures  et  paysage  sont  traités  avec  beau- 
coup d'esprit. 

Il  était  de  toute  équité  que  cette  production  de  toute  une  vie, 

'  Dépêche»  10  avril  1902. 


33-2 


HERLIN 


restée  volontairement  obscure,  fût  mise  en  lumière  et  que  justice 
pût  lui  être  rendue.  Cest  ce  (]u\i  fait  TUnion  artistique.  Son 
comité  a  trouvé  dans  la  famille  de  Tartisle  regretté  le  concours  le 
plus  large  pour  mener  à  bonne  fin  cette  œuvre  de  réparation.  On 
ne  saurait  oublier  aussi  Tintclligence  et  le  goût  dont  a  fait  preuve, 
dans  Tarrangement  de  cette  exposition  spéciale,  un  jenne  artiste 
lillois,  M.  Paul  Lefebvre.  Xous  croyons  répondre  à  la  pensée 
d'Herlin  et  de  ses  admirateurs  en  leur  adressant  à  tous  nos  vifs 
remerciements  '. 

Nous  donnons  ensuite  la  nomenclature  des  œuvres  du  regretté 
Auguste  Herlin,  qui  composaient  son  salon  à  notre  exposition 
de  1902. 

SALO.V   AUGUSTE   HERLIM 


s 

NOMS 
de» 

PROPRIÉTAIRRS 

SIJETS 

s     s 

1 

2 

l 

5 

6 
i 

8 
9 
10 
U 
12 
13 
U 
lô 
16 
17 
18 
19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
26 

HERLIN   (M"») 

La  Conférence 

LiUe. 
LÎiïe. 

Le  Curé  au  baromètre    

La  Recolle  des  Colzas 

Le  Viatique 



Le   Repas  du  Vendredi-saint  chex  les 
Dominicains  (esquisse) 

La  Religieuse  (esquisse) 



Stella  Maris  (esquisse) 



Le  Matin 

___ 

Etude 

__ 

Etude  

_ 

Etude  



La  Famille 

__ 

La  Riirière 

___ 

La  Mare 



Etude  de  paysage 

_„ 

Allégorie 

__ 

Allégorie 

BLOJVDEAU   (M"«) 

Le  Radoub     

Jour  d'été 

Ambleteuse 

Les  Lavandières  à  Evian 

La  Femme  du  pécheur  (étude) 

Sur  la   platée 

Paysanne  épluchant  des  carottes 

Alléi^orie       

Allégorie. 

LArt,  t.  LXI. 


BERLIN 


333 


l 

NOMS 
de* 

SUJETS 

g      g 

1  8-E 

ri 

as       ^ 

27 
28 
29 
30 
31 
32 
33 

34 
35 
36 
37 
38 
39 
40 
41 
42 
43 
44 

45 
46 
47 
48 
49 
50 
51 
52 
63 
54 
55 
56 
57 
58 
59 
60 
61 
62 
63 
64 
65 

BLONDEAU 

Lft  fin  de  partie 

Lille. 
Lille. 

Lille. 

Lille. 
Lille. 
Lille. 

Lille. 
Lille. 

Lille. 
Lille. 
Lille. 

Duel  de  dames 

Marine 



Dans  ïe»  poches 

Les  Lavandières. 

_ 



La  gorge  d'Oerbemont 

MULLIEZ-SAMIN 

VERLEY-SAMIN  '(H^*)'.'. 

R.  P.  DOMINICAINS..!! 

CRESPEL-TILLOY  (M™*). 
BIGO-DANEL 

Les    Dominicains    se    rendant    à    une 
retraite  

L'AIloir 

Le  lac  d'EvIan 

La  visite  au  Curé 

Le  Cliemiu  creux 

Hcrbemont  (étude)  • 

Herbemont  (étude) 

Le  Marais 

Sur  la  dune   

Faneuse 

Frère  de  la  doctrine  chrétienne  lisant. 

Le  Repas  du    Vendredi-saint  chei  les 

frères  Dominicains 

La  Tonsure 

Fantaisie 

Fantaisie 

Allégorie.. 

BIGO-DANEL 

Allégorie 

PLtCBART  (M-) 

DÉSOBLAIX  :..,.'.'.'.'.'.'. 
QOARRÉ-REYBOURBON . 
BERLIN  (Gborgrb) 

Aux  Champs  (soleil  couchant) 

Allégorie 

La  Soif. 

Pavsa<re 

i^cLe :.... 

Marine 

La  Fontaine 

Etude 

La  l'rière 

Pêcheuse  

Sous  bois 

Les  Saules 

Esquisse  pour  (les  Colzas) 

Paysage  

La  Deûle  au  faubourg  de  la  Barre 

La  Servante 

L.   Quarré-Reybourbom, 

CorrespondaQt  du  Comité  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  des  départements  à 
Lille. 


>  Voir  ci-dessus  la  planche  LUI. 


ANNEXES 


1 


r 


I 

COMITÉ  DES  SOCIÉTÉS  I)KS  BEAUX-ARTS 

DES   DÉPARTEMENTS 


PréiidenL 

M.  Aristide  BRI  AND,  député,  ministre  de  Tlnstruclion   publique  et 
des  Beaux-Arts. 

M.  DUJARDIN-BEAUMËTZ,  député,  sous-secrétaire  d'Etat  des  Beaux- 
Arts,  3,  rue  de  Valois  (1"). 

Secrétaire, 

M,  €AVIOLË,  sous-chef  du  bureau  de  FEnseignement  et  des  Manufac- 
factures  nationales,  3,  rue  de  Valois  (!*'). 

Secrétaire  adjoint. 

M.  AUGUSTIlV-THIEftRY,  attaché  au  cabinet  du  sous-secrétaire  d*Etat 
des  Beaui-Arts,  3,  rne  de  Valois  (!•'). 

Membres, 

MM.    BAIGNIËRES  (Arthur),  critique  d'art,  32,  boulevard  de  Courcelles 

(Vni-) 
BERGER  (Georoes),  Ci^,   membre  de  Flnstitut,  député,  8,  rue 

Legendre  (Wll*) 
BOESWILWALD  (Paul),  Oj$,  inspecteur  général  des  monuments 

historiques,  professeur  à  TÉcole  nationale  des  Beaux-Arts, 

6,  boulevard  Saint-Michel  (VI«). 

2t 


838  ANNEXES 

BOURGAULT-DUCOUDRAY  (L.-A.),  *,  professeur  au  Conservatoire 

national  de  n^usique  et  de  déclamation,   II,  rue  d*Aateuil 

(XVI-). 
CALMETTF.S  (Fernand),  homme  de  If  tires,  116,  rue  de  Vaiigirard 

(XV.) . 
CLARETIE  (Jules),  C^,  membre  de  TAcadémie  française,  admi- 
nistrateur général  de  la  Comédie-Françabe,  6,    rue  de 

Richelieu  (!•'). 
COLLIGNO.V  (L.-\I.),   ^,    membre  de  Tlnstitut,  88,  boulevard 

SainUGermain  (V^). 
EMLART  (Camille),  directeur  du  Musée  de  sculpture  comparée,  au 

Trocadéro,  14,  rue  du  Cherche-Midi  (VI')  ■ 
FOURCAUD  (Louis  ok)«  ^,  professeur  à  TÉcole  nationale  des  Beaux- 
Arts.  H  bis,  rue  Marbeuf(Vlll»). 
GOIVSK  (Louis),  ^,  critique  d*art,  205,  boulevard  Saint-Germain 

(VU-). 
GRAXDJËAN  (Charles),  ^,  inspecteur  général  des  monuments  hislo- 

riques,  119,  boulevard  Saint-Germain  (Vh). 
GROSJEAlVf-MAUPIN(L.),  professeur  agrégé  de  l'Université,  U,  rue 

du  Vol-d*Osnp,  à  Sainl-Maurice  (Seine). 
GRUVkR  (Anatoi.k),  0^,  membre  de  Tlnstitul,  inspecteur  général 

des  Musées  des  départements,  18,  rue  Duphot  {\*'). 
GUIFFRËY  (Jules),  Oe$,  membre  de  Tlnslitut^  administrateur  de 

la  Manufacture  nationale  des  Gobelins,  40,    avenue    des 

Gobelins  (WU*). 
HAVARI)    (Henry),  0^,    inspecteur    général    des    Beaux-Arts, 

83,  avenue  de  la  Grande-Armée  (XVI*). 
HÉRON  DE  VILLEFOSSE  (A.),  0*,  membre  de  l'Académie  des 

Inscriptions  et  Bolles-LeKres,  conservateur  au  Musée  du 

Louvre,  15,  rue  Wasbington  (VIH*). 
HOUSSAYE    (Henry),    0^,    membre    de   T Académie   française, 

39,  aveiTue  Friedland  (VIIÏ«). 
KAEMPFEN,    0^,    directeur  honoraire  des    Musées   nationaux, 

46,  rue  Blanche  (1X«). 
LAFEXESTRE  (Georges),  0^,  membre  de  l'Institut,  conservateur 

au  Musée  du  Louvre,   5,    avenue  Lakanal,  h  Bourg-la- 

Reine  (Seine). 
L0UVR1ER  DE  LAJOLAIS,  ^,  directeur  de  l'École  nationale  des 

Arts  décoratifs,  19,  quai  Bourbon  (IV*). 
MAGNE  (Licien),  0^,  inspecteur  général  des  Monuments  histo- 
riques, 6,  rue  de  l'Oratoire-du-Louvre  (!•'). 
MAIGNAN  (Albert),  0*^,  artiste  peintre,  1,  rue  La  Bruyère  (IX*). 
MALHERBE  (Charles),  archiviste  du  théâtre  national  de  TOpéra, 

34,  rue  Pigalle  (IX*). 
MARCHEIX,  conservateur  de  la  bibliothèque  et  des  collections  à 

l'École  nationale  des  Beaux-Arts,  47,  rue  de  Vaugirard  (VI*) . 


COMITÉ    DES    SOCIÉTÉS    DES    BEAUX-ARTS  339 

MARGOU  (F.),  ^,  inspecteur  général  des  monoments  historiques, 
29,  nie  Bonaparte  (VI«). 

MARX  (Rogrr),  0^,  inspecteur  général  des  musées  des  dépar- 
tements, 105^  rue  de  la  Pompe  (XVI*). 

MICHEL  (Ëuilr),  ^,  membre  de  Tlnslilut,  9,  avenue  de  TObser- 
vatoire  {VI"). 

MILLAUI)  (Edouard),  sénateur,  78,  avenue  Kléber,  Paris-Passy 
(XVI-). 

MONVAL  (Georges),  archiviste  de  la  Comédie- Française,  8,  rue 
Crébillon' (Vï"). 

NOLHAC  (P.  de),  ^,  conservateur  du  Musée  national  de  Versailles, 
au  palais  de  Versailles. 

PAMS  (JuLRs),  sénateur,  35,  rue  Decamps  (XVh). 

PILLET  (Jules),  ^,  inspecteur  honoraire  de  TEnseignement  du 
dessin  et  des  Musées,  professeur  k  TEcole  nationale  des 
Beaux-Arts,  18,  rue  Saint-Sulpice  (VI'). 

POIRÉE  (Élir),  conservateur-adjoint  à  la  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève,  6,  place  du  Panthéon  (V*). 

ROCHEBLAVE  (Saulel),  ^,  professeur  à  TÉcole  nationale  des 
Beaux-Arts,  284,  boulevard  Raspail  (XIV*). 

ROSEROT  (Alphonse),  ancien  archiviste,  il,  rue  Servandoni  (VI*). 

ROIJJON  (Henry),  secrétaire  perpétuel  de  T Académie  des  Beaux- 
Arts,  25,  quàiConti  (VI*). 

SERVOIS  (Gi'STAVe),  0^,  directeur  honoraire  des  Archives  natio- 
nales, 101,  boulevard  Malesherbes  (VIII*). 

STE1N  (Henri),  archiviste  aux  Archives  nationales,  B8,  rue  Gay- 
Lussac  (V*). 

TOURVEUX  (Maurice),  ^,  homme  de  lettres,  34,  quai  de  Béthane 
(IV). 

VALENTINO  (Henri),  ^,  chef  du  bureau  de  TEnseignement  ri  des 
Manufactures  >iationales  au  sous-secrétariat  des  Beaux- 
Arts,  â,  rue  de  Valoir*  (I*'). 


Il 

MEMBRES  NOi\  RÉSIDAMTS   DU  COMITÉ 


AUBE 

MM. 
Babeau  (Albert),  membre  de  Tlnstilal,  prcsideiii  de  la  Société  académique 
d'agriculture,  sciences,  arts  et  bellos-letlres  de  TAube,  8,  rue  du 
Clollre-Saint-Élienne,  à  Troyes,  et  133,  boulevard  Haussmann,  h 
Paris  (Vlll*). 

BOUCHES-DU^RHONE 

Roux  (Jules-Cbarles),  président  de  la  Société  des  Amis  deâ  Arts,  membre 
de  la  Chambre  de  commerc3  et  du  Conseil  municipal,  administra- 
teur de  la  Banque  de  France,  79,  rue  Sainte^  à  Marseille. 

CALVADOS 

Bknet  (Armand),  archiviste  du  département,   membre  de  la  Société  des 

Beaux-Arts,  à  Caen. 
CùLiN  (Paul),  inspecteur  principal  de  TEnseignement  du  dessin  et  des 

Musées,  1,  quai  Malaqunis,  à  Paris. 

CHARENTE 

Biais  (Emile),  membre  de  la  Société  archéologique  et  bistoriqtie  de  la 
Charente,  archiviste  municipal,  34,  rempart  de  rEst,à  Angoulémc. 

CHER 
Bi  noT  DR  KeasERS,  membre  ds  la  Société  des  Antiquaires  du  Centre,  à 


\1E\IBRES    NON    RÉSIDANTS    DU    CjUITÉ  34J 

COTE-D'OR 
Gaittbibr  (Jules),  archiviste  du  département,  h  Dijon. 

CREUSE 

Gravier  (Léopold),  président  dj  la  Conmission  du  musée  d'Aubusson, 
16,  quai  d'Orléans,  &  Paris. 

EURE 

Chassant,  conservateur  du  Musée,  A  Évreux. 
PoRÉK  (Pabbé),  curé  de  Bournainville. 

GARD 

Lknthéric  (Charles),  inspecteur  général,  en  retraite,  des  ponts  et  chaussées, 
30,  rue  du  Luxembourg,  h  Paris. 

GÎROIVDE 

BiuQCKiiAYE  (Charles),  ancien  directeur  de  TEcole  municipale  des  Beaux- 
Arts  de  Bordeaux,  15/Hois-de-Boulogne,  Talence-Bordeuux. 

IMDRE-ET.LOIRE 

Mabillrau  (Léopold),  professeur  de  Faculté,  15,avenuede  La  x\Iotte-Piequel, 
k  Paris. 

LOIRE  (HAUTE-) 

GiRON  (Léon),  membre  de  la  Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et  com- 
merce, au  Puy. 

LOT-ET-GARONNE 
MouMéJA  (Jules),  conservateur  du  Musée,  à  Agen. 

MAIME-ET.LOIRE 

Dacban  (Jules),  correspondant  de  Tlnstîtut,  inspecteur  de  rEnseignemenl 
du  dessin  et  des  Musées,  conservateur  honoraire  du  Musée  de  pein- 
ture, à  Angers,  place  du  Ralliement. 

MARNE 

Jadart  (Henri),  conservateur  de  la  Bibliothèque  et  du  Musée,  secrétaire 
générai  de  TAcadémie^  15,  rue  du  Couchant,  à  Reims. 


342  ANNEXES 

MEURTHE-ET-MOSELLE 

Jacquot  (Albert),  membre  de T Académie  de  Slanislas  et  de  la  Société  d'ar- 
chéologie lorraine,  19,  rue  Gambetta,  à  Nancy. 

NIÈVRE 

Massillobi-Rouvkt,  architecte,  membre  de  la  Société  nivernaise  des 
lettres,  sciences  et  arts,  4,  rue  du  Doyenné,  à  Nevers. 

NORD 

Di'TEBT,  inspecleur  général  de  TEnseignement  da  dessin  et  des  manu- 
factures nationales  de  Sèvres,  des  Gobelins  et  de  Beauvais, 
41,  avenue  Kléber,  à  Paris. 

PAS-DE-CALAIS 
Vaillakt  (V.-J.),  archéologue,  à  Bou4ogne-sur-Mer. 

RHONE 

Aynard,  vice-président  du  Conseil  d^adminislration  de  T École  nationale 
des  Beaux*Arla,  des  Ecoles  municipales  et  du  Musée,  à  Lyon. 

Charvet  (Léon),  inspecteur  de  TEnseignement  du  dessin  et  des  Mutées,' 
4,  rue  Bérite,  à  Paris  (Vl«). 

HiRscH,  ancien  architecte  de  la  ville,  à  Lyon.- 

SEINE-ET-MARNE 
Lhuillikr  (Th.),  président  de  la  Société  d'archéologie,  h  Melun. 

SEINE-ET-OISE 

DÉLEROT,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  &  Versailles. 

DiTiLLEix  (A.),  secrétaire  de  la  Commission  des  antiquités  et  des  arts, 

ik  Versailles. 
Grave  (K.),  publiciste,  ancien  archiviste  municipal,  à  Alantes 

SEINE-INFÉRIEURE 
Peu.btier,  président  de  la  Société  industrielle,  à  Elbeof. 

SOMME 

Drmgm&res  (Kmile),  avocat,  président  de  la  Société  d'émulation,  à  Abbe- 
ville. 


MEMBRES    ^iON    RÉSIDANTS    DU    COMITÉ  348 

VAUCLUSE 

Requin  (le  chanoine),  membre  de  TAcadémie  de  Vaucluse,  archiviste  diocé- 
sain, 14,  rue  Victor-Hugo,  à  Avignon. 

VIENNE  (HAUTE-) 

Lbymarie  (Camille),  conservateur  de  la  Bibliothèque  communale,  secré- 
taire du  Musée  national  Adrien-Dubouché,  84,  avenue  Baudin,  à 
Limoges. 


111 

OOUHESPOIVDANTS  DU  COMITK 


AISNK 

MM. 

Matton,  ancien  archiviste  du  déparlement,  à  Laon. 

ALPES  (HAUTES.) 

GfjiLLAiitiE  (Pabbé  Paul),  archiviste  du  département,  membre  du  Comité 

départemental  des  richesses  d'art,  k  Gap. 
Roman  (J.),  au  château  de  Picomtal,  près  Embrun,  et  75,  rue  Itlanche,  à 

Paris. 

ALPES-MARITIMES 

Di'Foi'RiiANTEi.LK  (ChaHes),  archiviste  paléographe,  25,  rue  Assalit,  k  Nice. 

Moais,  archiviste  du  département,  à  N'ice. 

Sa IGE  (Gustave),  conservateur  des  Archives  de  la  principauté  de  Monaco. 

ARDËCHE 
AxuaÉ  (folouard),  archiviste  du  département,  k  Privas. 

AUBE 

Andr^.  (Francisque),  ancien  archiviste  du  déparlement,  à  Troyes. 
Le  Clkrt,  conservateur  du  Musée  archéologique,  à  Troyes. 
MoRiN  (Louis),  74,  rive  droite  du  canal,  à  Troyes. 

BOUCHES-DU-RHONE 

Blancard,  archiviste  du  département,  à  Marseille. 

Boiillon-Landais,  conservateur   honoraire  du    Musée  de   peinture,   à 

Marseille,  à  La  Maussane-Sainl-Menel,  banlieue  de  Marseille. 
CosTE  (Numa),  membre  de  la  Société  des  Beaux-Arts,  à  Aiz. 
GuiLLiBERT  (baron),  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie  d*Aix,  à  Aix. 


CORReSPO\'DANTS    DU   COMITÉ         *  345 

Parrogel  (Pierre),  juge  d*iiistruction,  52,  rue  Saint-Ferréol,  à  Marseille. 
Saporta  (le  marquis  de),  correspondant  de  rinstilut,  h  Aix. 
Vidal  (Léon),  membre  de  TAcadéruie  de  Marseille,  professeur  h  TRcole 
nalionale  des  Arts  décoratifs,  7,  rue  Scheffer,  ù  Paris. 

CALVADOS 

Jacquier  (Frnncis),  architecte,  rue  I)esmouea\,  à  Caen. 
LoxGrEUARE  (Paul  de),  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Norman- 
die, 19,  place  Saint-Sauveur,  à  Caen. 
MÉLY  (db),  au  chilteau  de  MesniK-Germain,  par  Fervacques  (Calvados],  et 

10,  rue  Clément-Marot,  à  Paris. 
Travers  (Km île),  archiviste  paléographe,  à  Caen. 

CHARENTE 

Fleiry  (Paul  de),  archiviste  du  département,  h  Angoulémc. 

CHARENTE-INFÉRIEIRE 

MrssKT  (Georges),  bibliothécaire  de  la  ville,  à  la  Rochelle. 
Ricbruond  (Meschinet  de),  archiviste  du  département,  23,  rue  Venlièrr, 
h  la  Rochelle. 

CHER 

Goy  (Pierre  de),  à  Bourges. 

Pètre  (Ch.),  directeur  de  TÉcole  nationale  des  Beaux- Arts,  consorvateur 
du  Musée,  à  Bourges. 

CORRÊZE 
Rupin,  vice-président  de  la  Société  historique  et  archéologique,  à  Brive. 

CORSE 
Pkraldi,  conservateur  du  Musée,  h.  Ajaccio. 

COTE-IVOR 

Cbabelf  (Joseph-Henri),  secrétaire  de   T Académie  des  sciences  et  arts, 

55,  rue  Legouz-Gerland,  à  Dijon. 
Maxerollk  (Fernand),  correspondant  de  la  Commission  des  antiquités  de  la 

Côte-d'Or,    archiviste    à    THôlel    des    monnaies    et    médailles, 

11,  quai  Conti,  et  2,  rue  Singer,  A  Paris. 
Sl'isse  (Charles),  architectp  diocésain,  h  Dijon. 


3i6  ANNEXES 

CREUSE 

Gkssag  (Jean  de),  à  Guéret. 
Prratbon  (Cyprîen),  à  Aubusson. 

EURE 
VelcliN,  au  Mesnil-sur-PEstrée. 

EURE-ET-LOIR 

Merlet,  archiviste  du  déparlement,  à  Chartres. 
Roussel,  propriétaire,  à  Anet. 

FINISTÈRE 

Beau  (Alfred),  directeur  du  Musée,  &  Quimper. 

Bourde  delà  Rooerie,  archiviste  départemental,  correspondant  du  Minis- 
tère (Travaux  historiques),  9,  rue  du  Palais,  à  Quimper. 

GARD 
Clauzel  (Paul),  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie  de  Nîmes,  àNimes. 

GARONNE  (HAUTE-) 

Labondès  (de),  écrivain  d*art,  à  Toulouse. 

Pasquier  (Félix),  archiviste  du  département,  6,  rue  Saint-Antoine,  à  Tou- 
louse. 

RoscHACH  (Ernest),  ancien  archiviste  municipal,  correspondant  de  Tins- 
titut,  103,  rue  des  Récollets,  à  Toulouse. 

GIRONDE 
Brutails  (Aug.),  archiviste  du  département,  &  Bordeaux. 

HÉRAULT 

Berthelé,  archiviste  du  déparlement,  à  Montpellier. 
PoNSONAiLHE  (Charles),  membre  de  la  Société  archéologique  et  littéraire 
de  Béziers,  46,  avenue  Bosquet,  à  Paris  (VII*). 

ILLE-ET-VILAINE 

LsNOiR  (Ch.),  statuaire,  directeur  de  Fl^cole  régionale  des  Beaax-Arts,  à 

Rennes. 
Parfouru,  archiviste  du  département,  à  Rennes. 


CORRESPONDANTS    DU   COMITÉ  347 

INDRE-ET.F.OIRE 

Bealhont  (Charles  or),  secrétaire  de  la  Sociélé  archéologique  de  Toiiraîne, 

à   Chaligny,   par  FondeUes,  el  12,  houievard  des   Invalides,   à  j 

Paris.  ^ 

BossËBOKUF  (fabbé),  président  honoraire  de  la  Société  archéologique  de  j 

Tou raine,  16^",  rue  du  Belvédère,  à  Tours.  j 

Gabeai:  (Alfred),  membre  de  la  Sociélé  archéologique  de  Tou  raine,  14,  rue  '^ 

de  la  Concorde,  à  A  m  boise.  ;^ 

Grakdmaison  (Louis  dk),  archiviste  dn  département,  vice-président  de  la  .^ 

Société   archéologique    de    Touraine,     13,    rue    Emile-Zola,     à  ,  ^ 

Tours.  ^ 

Vincent,  n!embre  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  35,  boule- 
vard Heurteloup,  à  Tours. 

ISÈRE 

Bernard  (Jules),  conservateur  du  Musée,  à  Grenoble. 

CoLET,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  à  Grenoble. 

Pri'OHOMHe,  archiviste  du  département,  39,  rue  Lesdiguiëres,  &  Gre- 
noble. 

Reyuond  (Marcel),  peintre  et  critique  d'art,  4,  place  de  la  Constitution,  k 
Grenoble. 

Thibaut  (Francisque),  professeur  de  rhétorique  au  lycée,  à  Grenoble. 

JURA 

Brune  (Pabbé),  correspondant  du  ministère  de  Tlnstruclion  publique  et 

des  Beaux -Arts,  à  Mont-sou  s- Va  udrey. 
LiBOls,  archiviste  du  département,  à  Lons-le-Saunier. 

LOIR-ET-CHER 

Gbrvais  (Eugène),  conservateur  du  Musée,  à  Blois. 

Scribe  (L.),  membre  du  Comité  départemental  de  Tlnventaire  des  richesses 

d*art  de  la  France,  à  Romoranlin. 
Storklli,  ancien  conservateur  du  Musée  de  peinture  ,,n  Blois,  ou  à  la 

Gourre,  par  Blois. 

LOIRE 

Déchklktte-Debpierres  (Joseph),  à  Roanne. 

Gai.lby,  ancien  directeur  de  TÉcole  des  Arts  industriels,  13,  rue  Paul-Uert, 

à  Saint'Élienne. 
Thiollier  (Félix),  28,  rue  de  la  Bourse,  à  Saint-Etienne. 


348  ANNEXES 

LOlRIil-LXFÉRIËURE 

De  l^Islë  de  Drëneuc,  conservaleur  du  Musée  archéologique,  à  Nantes. 

Maître  (liéon),  archiviste  du  déparlemenl,  h  Natiles. 

Masskron  (U.),  vîce-p résident  de  la  Société  des  Amis  des  Arts,  à  Nantes. 

LOIRET 

Lkroy  (Paul),  membre  de  la  Société  des  Amis  des  Arts,   rue  des  Limou> 

sins,  A  Jargeau. 
NoKL,  architecte,  membre  de  la  Société  des  Amis  des  Arts,  53,  roe  de 

Bourgogne,  n  Orléans. 

LOT 

Ganoardel,  &  Gahors. 

LOT-ET-GARONNi:; 
Tholin  (Georges),  archiviste  du  déparlement,  rue  Scaliger,  h  Agen 

MAINE-ET-LOIRE 

Dkn'Ais  (Joseph),  membre  de  la  Société  d*agriculture,  sciences  et  aris 
d*Angers,  10,  rue  Fontaine-Saini-Georges,  à  Paris  (IXr) 

Micuel  (A.),  conservaleur  du  Musée  d*amiquités,  68,  rue  Boîsnet,  à 
Angers. 

PissoT,  président  de  la  Société  des  sciences  et  des  beaux-arts,  à  Gholet. 

Urseau  (le  chanoine),  correspondant  du  Ministère  (Travaux  historiques), 
à  Angers. 

MANCHE 

QuESNKL  (L.),  conservateur  du  Musée  de  peinture,  à  Goulanccs. 

MAYENNE 

Richard  (Jules),  ancien  archiviste  du  Pas-de-Calais,  A  Laval 

MEURTHE-ET-MOSELLE 

Germain  (Léon),  26,  rue  Héré,  à  Nancy. 

MORBIHAN 

Lion  (Emile),  sous-préfet  de  Pontivy. 

NIÈVRE 

Dk  Fl^iiare,  archiviste  du  département,  à  Nevcrs. 


CORRESPONDANTS    DU    COMITÉ  349 

NORD 

Urassart,  archiviste  de  la  ville,  63,  rue  du  Cauteleux,  k  Douai. 

Delecroix  (Kmile),  avocat,  à  Lille. 

FiNOT  (Jules),  archiviste  du  département,  à  Lille. 

HÉNAULT  (Maurice),  archiviste  municipal,  à  Valenciennes. 

Pi.i'CRART,  conservateur  du  Musée  Wicar,  à  Lille« 

QuARRé-RKYBOURBOx,    membre   de    la   Commission    historique  du  Nord, 

70,  boulevard  de  la  Liberté,  à  Lille. 
Rivière  (Benjamin),  bibliothécaire  de  la  ville,   1,  passage  Leborgnt?,  à 

Douai. 
SwARTR  (Victor  ue),  trésorier  général  des  finances,  à  Lille. 

OISE 

Badin,  administrateur  de  la  manufacture  nationale,  à  Beauvais. 
RorssEL  (Ernest),  archiviste  du  département,  à  Beauvais. 

ORNE 

Brioux   (f/i€Pnei) ,  professeur  ai^x  Ecoles  de  la    ville,   conservateur  du 

Musée,  60,  rue  de  Bretagne,  à  Alençon. 
Di'VAL  (Louis),  archiviste  du  départemeut,  à  Alençon. 

PAS.DE-CAL/\IS 

Hur.REL, 'ancien  directeur  de   TEcole  d'art  décoratif,  19,  rue  Nollft,  à 

Paris. 
LoRiQiET,  archiviste  du  département,  à  Arras. 

PUY-DE-DOME 

RoiCHON  (G.),  archiviste  du  département,  9,  rue  de  rHôtel-de-Ville, 
à  Clermont-Ferrand. 

PYRÉNÉES  (BASSES-) 

Lafomd  (Paul),  conservateur  du  Musée  municipal,  membre  de  la  Société 

des  sciences,  lettres  et  arts,  h  Pau. 
SoULiCE,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  k  Pau. 

RHONE 

BÉGiLE  (Lucien),  artiste  peintre,  membre  de  la  Société  littéraire  d'archéo- 
logie, 86,  chemin  de  Cboulans,  k  Lyon. 

Galle  (Léon),  archiviste  de  la  Société  des  Bibliophiles  lyonnais,  1,  quai 
de  la  Pêcherie,  à  Lyon. 


350  ANNEXES 

George,  archilecle,  27,  cours  Gambetla,  à  Lyon. 
GiBAun,  conservaleiir  du  Musée  d'archéologie,  à  Lyon. 
GniGiK  (Georges),  archivisle  du. département,  à  Lyon. 
HéDiN,  ancien  directeur  de  TÉcole  des  Beaux-Arts  de  Lyon,  16.  boule- 
vard des  Filles-du-Calvaire,  à  Paris. 

SAONE-ET-LOIRE 

Lex  (Léonce),  bibliothécaire  dé  la  ville,  archiviste  du  département,  38, 
rae  de  TEritan,  à  Mftcon. 

SARTHE 

DuNOYBR  DE  Segonzac,  ancien  archiviste  du  déparlement,  au  Mans. 
Trigrr  (Robert),  membre  de  la  Commission  des  monuments  historiques 
de  la  Sarthe,  5,  rue  de  rAncicn-Évêché,  au  Mans. 

SEINE 

Braun  (Gaston),  photographe  das  Musées  nationaux,    18,   r^e  Louis-le- 

Grand,  à  Paris. 
GtéuENT  (Léon),  photographe  des  Musées  nationaux,  18,  rue  Louis-le> 

Grand,  h  Paris. 

SEINE-ET-OISE 

Couard,  archiviste  du  département,  2  ter,  rue  Carnot,  &  Veriaiiies. 
LoRix  (P.),  secrétaire  de  la  Société  archéologique,  2,   rue  de  Paris,  à 

Rambouillet. 
Maillard,  membre  de  la  Société  archéologique  de  Rambouillet,  10,  avenue 

de  Sceaux,  à  Versailles. 
Mangeant  (P.-E.),  membre  de  la  Commission  des  antiquités  et  des  arts, 

104,  avenue  de  Paris,  à  Versailles. 
PÉRATé,  attaché  h  la  conservation  du  Musée  national  de  Versailles. 
Plancoi'Ard  (Léon),  archéologue,  à  Cléry-en-Vexin,  par  Magny. 

SEINE-IMFÉRIëURE 

Béai  repaire  (Charles  de),   archiviste  du  département,  24,    rue  Beffroi, 

à  Rouen. 
Lerel,  directeur  de  TEcole  des  Beaux-Arts  et  conservateur  du  Musée  de 

peinture,  à  Rouen. 
Le  Breton  (Gaston),  directeur  du  Musée  céramique,  à  Rouen. 
Veslt  (Léon  de),  architecte,  professeur  à  Tl^cole  régionale  des  Beaux-» 

Arts,  21,  rue  des  Faulx,  à  Rouen. 


CORRESPONDANTS   DU    COMITÉ  351 

SELVE-ET-MARNE 

Leroy  (G.),  bibliothécaire  de  la  ville,  à  IVIelun. 

Thoison  (Eugène),  membre  de  la  Société  archéologique  du  uAtinais,  k 
Larchant. 

SÈVRES  (Ï)EUX-) 

Arnaulurt  (Thomas),  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  d;*  Niort,  «iii  Fossé- 
Rouge,  commune  de  Sainte-Florence  (Vendée). 
Dupont,  archiviste  paléographe  du  déparlement,  à  Niort. 
Saint-Marc,  juge  de  paix  du  premier  canton  de  Niort. 

SOMME 

DuRAKD,  archiviste  du  département,  à  Amiens. 
Florival  (A.  1)k),  président  du  Tribunal,  àPéronne. 
Lkoieu  (Alcius),  bibliothécaire  de  la  ville,  à  Abbeville. 

TARN 
Mazas,  àLavaur. 

I  TARN-ET-GARONNE 

FoRESTiK  (Edouard),  secrétaire  de  la  Société  archéologique  de  Tarn-Pt- 
Garonne,  archiviste  de  TAcadémie  des  sciences,  belles-lettres  et 
arts,  23,  rue  de  la  République,  k  Montauban. 

PoTTiER  (le  chanoine),  président  de  la  Société  archéologique,  à  Montauban 

VAR 

MiREUR,  archiviste  du  département,  à  Draguignan. 

Rossi  (François),  président  du  Cercle  national  artistique,  62,  rue  de  la 

j  République,  &  Toulon. 

I 

VAUGLUSE 

Bourges,  professeur  de  dessin  au  lycée,  à  Avignon. 

DuBAUBL,  archiviste  du  département,  à  Avignon. 
,  Grivollas,  directeur  de  TEcole  des  Beauv-Arts,  k  Avignon. 

i  Labande  (H.),  conservateur  de  la  Bibliothèque  et  du  Musée,  à  Avignon. 

\  VIENNE 

! 

BaoïiLLEf,  conservateur  du  Musée  de  peinture,  directeur  de  TEcole  muni- 
cipale régionale  des  Beaux- Arts,  à  Poitiers. 

Richard  (Alfred),  archiviste  du  département,  7,  rue  du  Puycarreau, 
à  Poitiers. 


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Limoges, 
archéologique  et  historique  du 
Limoges. 


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IV 


DISÏIXCTIOMS 

ACGORDieS   AUX    DÉLÉGUÉS   DBS   SOCIÉTÉS    DBS    BBAUX-ARTS 

DES   DÉPARTEMENTS,    SUR    LA   PROPOSITION   DU   COMITÉ 

DR  1877  A  1906. 


Chevaliers  de  la  IJgion  d'honneur. 

MM. 

Deligniébes  (Emile),  président  honoraire  de  la  Société  d'émulation  d'AI)- 
bevillo,  membre  non  résidant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux- 
Arts  des  départements.» —  Décret  du  9  juin  1898. 
Dt'RiKtx  (A.),  secrétaire  de  U  Société  dVmulatîon  al  Cambrai,  membre 
non  résidant  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  dép.irle- 
ments.  —  Décret  du  11  juin  1892.  (Décédé.) 
FoDRCAtD  (Louis  DK  BoussÈs  dr),  membre  du  Conseil  supérieur  des  Beaux- 
Arts  et  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements, 
professeur  d*esthétique  et  dMiistoire  de  TArt  à  FKcole  nationale 
des  Beaux- A  ris.  —  Décret  du  31  mars  1896. 
GoNSK  (Louis),  membre  du  Conseil  supérieur  des  Beaux -Arts  et  du  Comité 
des    Sociétés  des   Beaux-Arts   des  déparlements.    —    Décret   du 
15  juin  1889. 
GuiFFRRY  (Jules-Joseph),  administrateur  de  la  manufactijre  des  Gobelins 
et  membre  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départe- 
ments. —  Décret  du  19  avril  1884. 
Herll'isox  (Henri),  membre  de  la  Commission  du  Musée,  correspondant 
du  Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  à  Orlénns. 
—  Décret  du  19  avril  1805.  (i'écédé.) 
JoiiN  (Henry),  secrétaire  rapporteur  du  Comité  des  Sociétés  des  Beaiix- 

Arts  des  départements.  —  Décret  du  8  avril  1893. 
Marcillr   (Eudoxe),  conservateur  du   Musée  d^Orléans.  —  Décret   du 

19  avril  1879.  (Décédé.) 
Michel  (Kdmond),  rorrespondimt  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France, 
membre  de  la  Société  archéologique  de  TOrléanais,  membre  non 

23 


3J4  ANNEXES 


résidant  du  Coinilé  iles  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  déparlemenis. 
—  Décret  du  ;J  avril  1881.  (Décédé.) 


Ojfflc'urs  de  l'Instruction  publique. 

MU. 

Abruiam  (TaiicrèJe),  conserviileur  du   Musée  de  Ciiâteau-Gonlier,  vice- 
président  de  la  Société  des  Arts  réunis  de  la  Mayenne.  Oflicier 
d'Académie  du  18  avril  1879.  —  0.  ï.  Arrêté  du  12  juillet  1884 
(Décédé.) 

Advikllr  (Victor),  membre  de  la  Société  artésienne  des  Amis  des  Arts 
d'Arras,  correspondant  dn  Comité.   —  Arrêté  du   11  avril  1885 
(Décédé.) 

Alegrk  (Ijéon),  conservateur,  fondateur  du  Musée-UiblioUièque  de  la  vilit* 
de  Bagnols  (Gard).  Officier  d* Académie  en  décembre  1860.  — 
0.  I.  Arrêté  du  22  avril  1881. 

HiAis  (L'imife),  archiviste  de  la  ville  d*An<foulême,  rorrespondanl  du  Comité 
à  Angoulânie.  —  Arrêté  du  30  mars  1894. 

UossEROEi'K  (Pabbé),  président  de  la  Société  arcbéologi:|ue  de  Touraine, 
correspondant  du  Comité,  à  Toiiis.  —  Officier  d'académie  du 
15  avril  18P8.  —  0.  I.  Arrêté  du  16  juin  1^05. 

Bouii.LKT  (Pabbé  Augiisto-Nicolas-Victor),  correspondant  du  Comité  à 
Nancy.  Officier  d'Académie  du  30  mars  1894.  -^0.  1.  Arrêté  du 

26  mai  1899.  (Décédé.) 

Bouillox-Laxdais,  conservateur  du  Musée  de  Marseille,  correspondant  du 
Comité  à  Marseille.  —  Arrêté  du  30  mars  1894. 

Capfarkka  (Louis),  avocat  h  Toulon,  membre  ds  TAcadémic  du  Var.  — 
Arrêté  du  I5j<iin  1889. 

CuiZKL  (Paul),  secrétaire  perpétuel  de  T Académie  do  Ximes,  correspon- 
dant du  Comité,  à  Mimes.  —  Ariélé  du  6  juin  1903. 

Couard,  archiviste  deSeine-et-Oise,  correspondant  du  Comité  A  Versailles. 
--  Arréié  d;i  31  mai  1890. 

D.AL'iiAK,  inspecteur  de  l'Enseignement  du  dessin  el  des  Musées,  conser- 
vnteur  honoraire  du  Musée  d'Angers,  membre  non  résidant  du 
Comité.  Officier  d'Académie  du  18  avril  1879.  —  0.  I.  Arrêté  du 
20  décembre  1884. 

Dki.igmkrks  (ËmiL'),  membre  non  résidant  du  Comilé  h  Abbeville.  — 
Arrêté  du  20  avril  1895. 

Denais    (Joseph),    correspondant    d.i    Comité   &   Angers.    —   Arrêté  du 

27  mai  1891. 

DuRiBUX,  secrétaire  de  la  Société  d'émulation  de  Cambrai.  —  Arrêté  du 

31  mars  1880.  (Décédé.) 
DuTiLLKix  (A.),  membre  de  la  Commission  des  Anti(|uité8  et  des  Arts  dj 

Seine-3l-0ise.  —  Arrêté  du  !•'  mai  188G. 


DISTINGTIOMS    ACCORDEES    DE    1877    A    1905  855 

<jALLk  (F  rail  cois -Léon),  secrétaire  dd  la  Société  des  Bibliophiles  lyonnais, 
correspondant  du  Comité  &  Lyon.  —  Arrêté  du  6  juin  1903. 

GBOfiGK,  architecte,  correspondant  du  Comité  îi  Lyon.  Officier  d'Aca- 
démie du  27  avril  1878.  —  0.  I.  Arrêté  du  15  juin  1880. 

•GiNOUX  (Charleâ),  nuMnbre  de  T Académie  du  Var,  correspondant  du 
Comité.  —  0.  ï.  Arrêté  du  26  mai  1888.  (Décédé.) 

<iiROX  (Léon),  membre  de  la  Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et 
commerce  du  Puy,  membre  non  résidant  du  Comité.  Officier 
d'Académie  le  11  avril  18c>5.  —0.  1.  Arrêté  du  14  juillet  1892. 

<jRANDiN  (G.'orges),  ancien  conservateur  du  .Musée  de  Laon.  Officier 
d'Académie  du  20  avril  1895.  —  O.  1.  Arrêté  du  8  juin  1900. 

•Grandmaison  (Louis  de),  archiviste  du  département  d'Indre-et-Loire,  cor- 
respondant du  Comité,  à  Tours.  —  Officier  d'académie  du 
23  avril  1897.  —  0.  I.  Arrêié  du  4  avril  1902. 

GuiGiK  (Georges),  archiviste  en  chef  du  département  du  Rhône,  corres- 
pondant du  Comité  h  Lyon.  —  Arrêté  du  23  avril  1897. 

'Grii.MUUB  (l'abbé),  archiviste  du  département  des  Hautes-Alpes,  membre 
du  Comité  départemental  de  l'Inventaire  des  richesses  d'art.  Offi- 
cier d'Académie  du  31  mars  1883.-^0. 1.  Arrêlédu26  mai  1888. 

HknaiLt  (Maurice),  archiviste  de  la  ville  de  Valenciennes,  correspon- 
dant du  Comité.  Officier  d'Académie  du  15  avril  1898.  —  0.  I. 
Arrêté  du  6  juin  1903. 

Hkri.msox  (H.),  auteur-éditeur,  membre  non  résidant  du  Comité  h  Orléans. 
Officier  d'Académie  du  7  avril  1877.  —  0.  I.  Arrêté  du  26  mai 
1888.  (Décédé.) 

J.-^CQUOT  (Albert),  membre  non  résidant  du  Comité,  correspondant  de  la 
Société  des  artistes  musiciens,  à  Nancy.  Officier  d'Académie  du 
15  avril  1882.  —  0.  I.  Arrêté  du  2G  mai  1888. 

Jarry  (Lojis),  membre  de  la  Société  archéologique  de  l'Orléanais,  cor- 
respondant du  Comité  à  Orléans  Ofticier  d'Académie  du  25  mai 
1888.  —  0.  I.  Arrêté  du  30  mars  1804.  (Décédé.) 

Joi.iBois  (Kmile),  secrétaire  delà  Société  des  sciences,  arts  et  belles-lettres 
du  Tarn,  conservateur  du  Musée  d'Albi.  Officier  d'Académie  du 
18  avril  1879.  —  0.  ï.  Arrôlé  du  5  mai  188G.  (Décédé.) 

liAFOND  (Pnul),  membre  de  la  Société  des  Beau\-Arts  h  Pau,  corres- 
pondant du  Comité.  Officier  d'Académie  du  20  avril  1895.  — 
0.  I.  Arrêté  du  8  juin  1900 

Laurent  (Félix),  conservateur  du  Musée,  h  Tours,  membre  non  résidant 
du  Comité.  Officier  d'Académie  du  20  avril  1878.  —  0.  I.  Arrêté 
du  19  avril  1884. 

Lr  Breton  (Gaston),  directeur  du  Musée  céramique  de  Rou^'n,  correspon- 
dant du  Comité.  Officier  d'Académie  du  20  avril  1878.  —  0.  1. 
Arrêté  du  31  mars  1883. 

4iRX  (Léonce),  archiviste  du  département  de  Sadne-^t-Loire,  correspondant 
du  Comité  à  Mâcon.  —  Arrêté  du  30  mars  1894. 


856  AKNEXKS 

Leyiiabib  (Camille),  correspondant  du  Comilé  h  Limoges.  Officier  d'Aca- 
démie du  15  juin  1889.  —  Arrêté  du  20  avril  1895. 

Mabcillb  (Ëudoxe),  conservateur  du  Musée,  k  Orléans.  —  Arrêté  da 
19  avril  1884.  (Décédé.) 

Mabionnr/iu  (Charles),  correspondant  du  Comité,  &  Bordeaux.  Officier 
d'Académie  du  7  avril  1877.  —  0.  I.  Arrêté  du  15  avril  1882. 
(Décédé.) 

MoMMÉJA  (Jules),  conservateur  du  Musée  d'Agen,  membre  non  résidant 
du  Comilé.  Officier  d'Académie  du  27  mai  1891.  --  0.  I.  Arrêté 
du  2  avril  1896. 

Pabbogbl  (Etienne],  membre  de  l'Académie  des  sciences,  arts  et  letti^es  de 
Marseille.  Officier  d'Académie  du  18  avril  1879.  —  0,  I.  Arrêté 
du  19- avril  1834.  (Décédé.) 

Pabbocbl  (Pierre),  membre- de  l'Académie  de  Vaucluse,  correspondant 
du  Comité  à  Marseille.  —  Arrêté  du  20  avril  1895. 

PoNSONAiLHR  (Charles),,  membre  de  la  Société  archéologique  et  littéraire 
de  Béziers,  correspondant  du  Comilé,  à  Béziers.  —  Officier  d'aca- 
démie du  23  avril  1897.  --  0.  1.  Arrêté  du  4  avril  1902. 

POBÉK  (M.  l'abbé  And  ré- Adolphe),  correspondant  du  Comilé  à  Bournain- 
ville  (E  ire).  Officier  d'Académie  du  15  juin  1889.  ^  0. 1.  Arrêté 
du  2  avril  1896. 

Port  (Célestin),  archiviste  d3  Main e-st- Loire.  —  Arrêté  d:i  20  avril 
1878.  (Décédé.) 

Qiarré-Rbybourbon,  membre  de  la  Commission  historique  du  Nord,  cor- 
respondant du  Comilé  à  Lille.  —  Arrêlé  du  4  avril  1893. 

Rrquin  (l'abbé),  membre  de  l'Académie  de  Vauclus?,  archiviste  du  diocèse 
d'Avignon,  membre  non  résidant  du  Comité  k  Avignon.  Officier 
d'Académie  du  11  juin  1892.  —  0.  1.  Arrêté  du  23  avril 
1897. 

HoiiAN  (J.),  correspondant  du  Comité  à  Embrun.  Officier  d'Académie 
du  31  mars  1880.  —  0.  I.  Arrêlé  du  11  avril  1885. 

RoNDOT  (Nalalis),  commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  membre  non  rési- 
dant du  Comilé,  à  Lyon.  —  Arrêté  du  15  juin  1889.  (Décédé.) 

RosBBOT  (Alphonse),  membre  du  Comité.  —  Arrêté  du  20  avril  1895. 

SoLDi  (Emile),  graveur  en  médailles,  écrivain  d'art.  —  Arrêté  du 
26  mai  1888. 

Stein  (Henri),  secrétaire  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Gêti- 
nai.s,  membre  du  Comilé.  Officier  d'Académie  du  30  avril  1886. 
—  0.  I.  Arrêlé  du  11  juin  1802. 

Swarte  (Victor  i>b),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  correspondant  du 
Comité.  —  Arrêté  du  15  juin  1889. 

Thoiso»  (Eugène),  correspondant  du  Comilé  ù  Larchant  (Seine-et-Marne). 
-^  Arrêlé  du  26  mai  1899. 

Urseau  (le  chanoine),,  correspondant  du  Comité  (Maine-et-Loire).  — 
Arrêlé  du  20  avril  1906. 


DISTINCTIONS    ACCOEDÉBS    DE    1817   A    1905  857 

Vidai.  (Léon),  membre  de  la  Société  de  statistique  de  Marseille,  corres- 
pondant du  Comité.  Officier  d* Académie  du  27  avril  1878.  — 
0.  I.  Arrêté  du  31  mars  1883. 


Officitn  il^ Académie, 

MM. 

Beauuont    (Charles-Joseph-Marie  de  la  Bonninière  i>k),  membre  de  la 

Société  archéologique  de  la  Touraine,  correspondant  du  Comité, 

à  Cbatigny  (Indre-et-Loire).  —  ArrAlé  du  15  avril  1898. 
B1LI.0T  (Achille),  artiste  peintre,  membre  de  la  Commission  de  Tlnven- 

taire  des  richesses  d'art  du  Jura  et  de  la  Société  d'émulation  du 

même  département.  —  Arrêté  du  19  avril  1881. 
Rraqukhaye  (Charles),  vice-président  de  la  Société  archéologique  de  Bor- 
deaux, membrenon  résidant  du  Comité.  — Arrêté  du  8  juillet  1877. 
Brès,  membre  de  la  Société  des  Amis  des  Arts  de  Marseille.  —  Arrêté 

du  27  avril  1878. 
Brocard  (Henry),   conservateur   du    Musée  de  Langres,    membre  non 

résidant  du  Comité.  —  Arrêté  du  31  mars  1880  (Décédé.) 
Brune    (l'abbé),   curé  de  Mont-sous-Vaudrey  (Jura),  correspondant  du 

Comité.  —  Arrêté  du  6  juin  1903. 
BoRBT,  secrétaire  honoraire  de  la  Société  des  Beaux-Arts  de  Caen.  —  Arrête 

du  19  avril  1881.  (Décédé.) 
Caubon  (Armand),  conservateur  du   Musée   de   Montauban.  —  Arrêté 

du  19  avril  1881.  (Décédé.) 
Chardon,  écrivain  d^art.  —  Arrêté  dn  7  avril  1877. 
Cheyssac  (l'abbé)  ,  membre  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 

Périgord.  —  Arrêté  du  18  avril  1879.  (Décédé.) 
DéLEROT,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Versailles.  —  Arrêté  du  18  avril  1879. 
Desavary,  secrétaire  de  la  Société  artésienne  des  Amis  des  Aris,  &  Arras.  — 

Arrêté  du  18  avril  1879. 
Despierres  (M**),   correspondant  du   Comité  à  Alençon.  —  Arrêté  du 

Il  juin  1892.  (Décédée.) 
DiBOURG,  conservateur  du  Musée  de  Honfleur,  professeur  de  dessin  au 

collège  de  Honfleur.  —  Arrêté  du  2  avril  1880. 
DuBOZ  (Félix),  secrétaire  du   comité  d'organisation  de  l'Exposition  des 

Beaux-Arts,  à  Tours.  —  Arrêté  du  19  avril  1881.  (Décédé.) 
DiBROC  DR  Ségange,  Correspondant  du  ministère  de  l'Instruction  publique, 

à  Moulins.  ->  Arrêté  du  8  juillet  1877.  (Décédé.) 
DuGAssEAU,  conservateur  du  Musée  du  Mans.  —  Arrêté  du  27  avril  1878. 
Faucpnnkal-1>ufrrsne  ,  membre  du  Comité  départemental  de  Tluventaire 

des  richesses  d'an  de  l'Indre.  —  Arrêté  du  31  mars  1883. 
Gabbau  (Alfred),  membre  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  cor^ 

respondant  du  Comité,  à  A  m  boise. 


3^8  ANNEXES 

GoovAKRTS,  chef  de  section  aux  Archives  du  royaume,  à  Bruxelles.  — 

Arrêté  d<i  11  juin  1892. 
Hbrvé,  membre  d'honneur  de  la  musique  municipale  deRemiremont,  pro- 
fesseur u  TAssociation  polytechnique  de  Paris.  — Arrêté  du  «H  mars 

1880. 
Jadart  (Henri),  secrétaire  général  de  l'Académie  de  Reims,  membre  non 

résidant  du  Comité.  —  Arrêté  du  30  avril   1886.  —  0.   I.  du 

2  avril  1896. 
Laperrièrk  (fabbé),  président  de  la  Commission  des  arts  et  monuments,  k 

Saintes.  »  Arrêté  du  27  avril  1878. 
Lrconte,  ancien  député,  membre  du  Comité.  —  Arrêté  du  8  juin  1900. 
Le  HénAFF,  inspecteur  de  renseignement  du  dessin,  à  Rennes.  —  Arrêté 

du  2  avril  1880.  (Décédé.) 
liRROY  (Paul),  correspondant  du  Comité  à  Orléans.  —  Arrêté  du  26  mat 

1899. 
Mangeaxt,  membre  de  la  Commission  des  Antiquités  et  des  Arts  de  Seine- 

et-Oise,  correspondant  du  Comité  k  Versailles.  — Arrêtédu  2  april 

1896. 
Martin  (Paul),  correspondant  du  Comité  à  Màcon.  -r-  Arrêté  du  15  juin 

1889.  (Décédé.) 
Massillox-Rolvrt,  architecte,  correspondant  du  Comité  à  Xevers.  Arrêlé 

du  2  avril  1896. 
Michel  (Edmond),  correspondant  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France^ 

h  Touvent,  par  Fontenay-sur-Loing.  —  Arrêté  du  20  avril  1878. 

(Décédé.) 
MiDOUX,  membre  de  la   Société  académique  de    Laon.    —    Arrêté  du 

18  avril  1879. 
Noël,  architecte,  professeur  è  l'École  de  dessin  d'Orléans,  correspondant 

du  Comité.  —  Arrêté  du  18  avril  1879. 
Roussel,  propriétaire,  h  A  net.  —  Arrêté  du  8  juillet  1877. 
Sabatier,  correspondant  du  Comité  à  Vire.  —  Arrêlé  du  15  juin  1889. 
ScRiRK   (L.) ,    membre  du  Comité   départemental    de     l'Inventaire   des 

richesses  d'art  de  la  Franco,  correspondant  du  Comité  h  Romo- 

lantin.    —  Arrêté  du  4  avril  1893 


V 

SOCIÉTÉS 

Correspondant  avec  \e  Comité  des  Sociélés  des  Beaux-Arts  des  départements 
et  avec  la  Commission  de  l'Invenlaire  général  des  richesses  d'art  de  la  France 

1877-1906. 


AliV 

Bourg Société  d*émiilalion,    agrirullure,  sciences,   lettre!? 

et  n ris. 
— Sociélé   littéraire,    historique   et  archéologique   du 

déparlemrnt  de  TAin. 
— Société  des  Amis. des  arts  de  TAin. 

AISNE 

Laon Société  académique. 

Chateai'-Thirrry.  .  Société  historique  et  archénlo<^ique. 

Chauny Société  académique. 

Saint-Qi'kntin  .   .   .  Société  industrielle  de  Saint-Quentin  ci  de  TAisn", 

—  ...  Société   académique   des   sciences,   arts  ci    billes- 

lettres,  agriculture  et  industrie. 

—  ...     Société  des  Amis  des  arts. 

SoissoNS Société  archéologique. 

Vrrvins Société  archéo1ogii|ue. 

ALLIER 

Moi'LiNS Société  d*ému!aLion  de  T Allier. 

—      Commission  départemental;^  d  >  Tlnventaire  dns  ri- 
chesses d'art. 

ALPES  (BASSES) 

DiGNR Commission  défVïrfem'enlale  de  l'Inventaire  des  ri- 
chesses d'art. 
— Société  scienlifique  et  littéraire  des  Basses-Alpes. 


360  AXXEXES 

^ARN Académie  nationale  des  sciences  el  arts. 

— Société  des  antiquaires  de  X^ormandie. 

*^ Association  normande  pour  le  progrès  des  ans. 

— Conservatoire  de  musique. 

Bavklx    . Société  d'agriculture. 

—       Société  des  sciences,  arts  el  belles-leilres. 

Falaise Société  d'agriculture,  arts  el  belles-lettres. 

—      Société  d'agriculture,  industrie,  scienci's  et  arts. 

Jiisieux Société  d'agriculture. 

—       Société  historique. 

ï*oxT-L'EvfcQUE  .   .  .     Société  d'agriculture,  arts  el  sciences,  etc. 

CAiVTAL 

AiRiLLAc Société  d'horticulture,  d'acclimatation,  des  sciences 

et  des  arts. 

CHARENTE 

AxoouLèMK Société   archéologique   et    historique   de    la    Cha- 
rente. 

CHARKMTE-INFÉRIEURE 

La  Roghellr  ....  Académie  des  belles-lettres,  sciences  el  arts. 

—  ....  Société  des  Amis  des  arts. 

—  ....  Société  philharmonique. 
Ro<:Hi£POftT Société  de  géographie. 

Saintks Commission  des  arts  et  monuments. 

— Société  des  archives  historiques. 

— Société  des  Amis  des  arts. 

RoYAN' Académie  des  Muses  santones. 

CHER 

Boi'RGES Société  historique,  littéraire,   artistique  et  scienti- 
fique du  Cher. 

—      Société  îles  antiquaires  du  Centre. 

—       Conservatoire  du  Musée. 

—      Comité  diocésain  de  l'Inventaire  des  richesses  d'jirt. 

CORRÈZE 

Tille société  des  lettres,  sciences  el  arts. 

— Commission    départementale    de    l'Inventaire   des 

richesses  d'art. 
Brivk Société  scientifiqiin,  historique  el  archéologique. 


SOCIÉTÉS   CORRESPOKDAXT    AVEC    LE    COMITÉ  361 

ALPES  (HAUTES-) 

G  A? Commission    déparlemenlale    de   rinvenlaira    des 

richesses  d^art. 
— Société  d^éUides  des  Hautes-Alpes. 

ALI>ES-MARITIMES 

KiGE Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 

— Société  des  architectes  du  département. 

AUBE 

Thoyks Société  académique  d^ugricullure,  des  sciences,  arts 

et  helles-lettres. 

— Société  des  Amis  des  arts. 

Bar-sur-Aubb.    .  .   .     Société  des  architectes  du  département  de  TAobe. 
NooRNT-si^R-^KiNR.   .     Société  pour  développer  çt  encourager  Fétode  du 

dessin. 

AUDE 

Carcassonkb  ....     Société  des  arts  et  des  sciences. 

Liuoux Société  des  Amis  des  arts. 

Narbonhb Commission  archéologique  et  littéraire  de  Farron- 

dissement  de  Narbonne. 
—        Société  des  Beaux-Arts. 

AVEYRON 
Hodkz  p Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  TAveyron. 

BELFORT  (TERRITOIRE  DE) 
BRI.FORT Société  belfortaine  d'émulation. 

BOUCHES-DU-RHONE 

Marseille Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Ait Académie  des  sciences,  arts  et  bel les-lei très. 

—  .   .       Société  historique  de  Provence,  rue  Mazarine. 

— Cercle  musical. 

— Société  des  Amis  drs  arts,  Durand-Mille,  boulevard 

du  Roi-René. 

Arles  ......  Commission  archéologique. 

CALVADOS 

Cakv Société  française  d*archéologie. 

— .     Société  des  Beaux-Arts. 


a62 


A  N  \  K  \  K  s 


COTK-D^OU 

1>1J0N Académie  des  sciences,  urts  et  belles-lettres. 

—      Société  des  Amis  des  arts. 

— Commission  des  antiquités  du  département, 

—      Commission     départementale    de    Tlnvenlaire   des 

richesses  d'art. 

—     Conservatoire  de  musique. 

Bkaukk Société  archéolo;{i(pi?,  d'histoire  et  de  littcrat.ire. 

CnATiLi.OK-suR-SRiNF. .     Société  archéolojjique. 

Seuir Société  de<  sciences  h:sloriq:ies. 


Saint-Brieic: 


COTES-DIJ-NORU 

Société  d'émulation  de^i  C(Ues-du-Xord. 
Société  archcolo,q[iqii''  et  historique. 
Association  bretonne. 
Société  musicale. 
Société  philharmonique. 


CREIJSK 

GuÉRET Société  des  sciences  n<i(u relies  et  archéologiques. 

AufirssON Société  du  Musée. 


nOUDOGXE 

pKRiriURDX Société  historique  et  nrcliéolo(;(ique  du  Périgord. 

—       Société  des  Bsaux-Arls  d(»  la  Oordogne. 


Bksaxço\ 


MoNruÉLi^Ru 


nOUBS 

Société  d'cinulalion. 

Société  des  Amis  des  arts. 

Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Commission  de  rinvenlairo  di's  richesses  d*art. 

Ecole  municipale  de  musique. 

Société  des  Beaux-Arts. 

Société  d'Emulation. 


EVREUX. 


Chartres.  .  . 
Chateaidun  . 


EURE 
Société  départementale  des  Amis  des  arts. 

EURE-ET-LOIR 

Société  nrcliéoloj^ique  d'Eure-et-l*oir. 
Commission  de  Tlnvontaire  des  richesses  d'art. 
Société  dunoise. 


SOCIÉTÉS    CORRBSPOiMDANT    AVEC    LE    COUITÉ 


363 


FIXISTKHK 

OuuPER iSociélé  arcbcolo«{i(|ue. 

Brkst Société  d-émiilalion. 

—      Sociélé  académique. 

MoRLAix  ......  Sociélé  du  Musée. 


GAHI) 

NiUES Académie  du  Gard. 

— Sociélé  des  Amis  des  arls. 

— Commission  municipale  i\es  Beaux-Arts. 

— Ecole  de  musique. 

Alais Sociélé  scienlifique  et  titiéraire. 

GAROVXK  (HAUTE-) 

Toulouse.  ....  Société  archcolo<][ique  du  Midi  de  la  France. 

—      Académie  des  sciences,  inscriptions  et  bclles-leltres. 

—      Société  artistique. 

—      Ecole  de  musique. 

GERS 

AucB       Sociélé  historique  de  Gascogne. 

—     Société  des  archives  historiques  de  la  Gascogne. 

GlUOiVDE 

BoHDKAL'X Académie  des  sciences,  arls  el  belles-lettres. 

—  Société  des  Amis  des  arts. 

—  Société  archéologique. 

—  Société  phitomathique. 

—  Société  des  archives  historiques. 

—  Commission  des  iiionumeots 

—  Sociéti'  de  Sninte-Cécile. 

—  Société  philharmonique 

—  Société  des  architecies. 

—  Sociélé  des  bibliophiles  de  Guyenne. 


Montpellier 


UÉZIKRS 


HKKAll/r 

Académie  drs  sciences  el  lettres. 
Société  urtislique  de  THérault. 
Société  archéologique. 
Société  des  bibliophiles  languedociens. 
Sociélé  archéologique  et  littéraire. 
Société  di*  s  Beaix-Arls. 


364  A  \  N  E  X  E  S 

ILLE-ET-VILAIIME 

Rkw'Es Société  archéologique. 

— Conservatoire  de  musique. 

Saixt-Malo Société  du  Musée. 

INDUE 

CiiATRAURoux.  .  .  .     Société  du  Musée. 

—         ....     Commission  de  r Inventaire  des  richesses  d*arl. 

INDRE-ET-LOIRE 

Tours Société  des  Amis  des  arts. 

— Société  d*agriculture,  sciences  et  arts. 

— Société  archéologique  île  Touraine. 

ISÈRE 

Grrnoblk Académie  delphinale. 

—        Société  de  statistique  et  des  arts  iodustrîels. 

—        Société  des  Amis  des  arts. 

JURA 

Lons-lk-Salkier  .  .     Société  d*émulation. 

—            .  .     Commission  de  Tlnventaire  des  richesses  d*art. 
PoLiGNY Société  d*agriculture,  sciences  et  arts. 

L^XDES 

Dax Société  de  Borda. 

— Société  d'agriculture,  sciences,  commerce  et  arts. 

LOIRE 

Saixt-ëtiknnr  .   .  .     Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et  arts. 
MoNTRRisoN La  Diana. 

LOIUE  (HAUTE) 

Le  Puv Société  des  Amis  des  sciences,  de  Tinduslrie  et  des 

arts. 
— Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

LOIRE-IVFKRIEURE 

Nantes. Société  académique. 

—       Commission  du  \f  usée. 

—       Société  archéologique 


SOCIÉTÉS   CORRESPONDANT    AVEC    LE    COMITÏ 

LOIRET 


365 


Obléans Société  archéologique. 

Société  des  Amis  des  arts. 

Société  d* agriculture,  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

Académie  de  Sainte-Croix. 

Institut  musical. 

LOIR-ET-CHER 

Société  des  sciences  et  lettres. 

— Société  d'excursions  artistiques. 

T— .  Comité  de  Tlnventaire  des  ricnesses  d*art. 

— Société  des  Amis  des  arts,  sciences  et  lettres. 

RoilORANTiN   ....  Comité  de  T Inventaire  des  richesses  d'art. 

Vendôme Société  archéologique  et  littéraire. 

—       Comité  de  Tlnventaire  des  richesses  d'art. 

LOT 

Cahors Société  dos  études  littéraires,  scientifiques  et  artis- 
tiques du  Lot. 

—      Commission  de  l'Inventaire  des  richesses  d'art. 

LOT-ET-GAROiWVE 
Agen Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

LOZÈRE 
Mendr Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et  arts. 

MAIMK-ET-LOIRE 

Angers Association  artistique. 

—      Société  d'études  scientifi:|ues. 

—      Comité  historique  et  artistique  de  l'Ouest. 

—         Société  d''agriculture,  sciences  et  arts. 

Cbolet Société  des  sciences  et  des  arts. 

.MAVCHE 

Saint-Lo Société  d'agriculture  et  d'archéologie. 

—      Commission  de  Tlaventaire  des  richesses  d'art, 

AvRANGHES Sociéléd'archcologie,  de  littérature,  scieuccs  el  arls. 

Cherbourg Société  académique. 

—        Société  artistique  et  industrielle. 

—        Société  de  V  Union  cherbourgeoise. 


366 


A  i\  K  E  X  K  S 


CouTANces Société  académique  du  Colenlin. 

V^ALOONES Sociélé  jirchéologique,  arlisliqae  el  lilléraire. 

Carbktan Académie  normande. 


Ch  AI.OKS-6UR-MARKE. 
Keius 


Vitry-lk-Fraxçois 


liANORKS  ...... 

Si^lKT-DlZIRR  .    .    . 


Laval 


\a.v<.v 


Bar-lk-Duc. 
V'erdix   .  . 


MARAIK 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Académie  nationale. 

Sociélé  des  Amis  des  arts,  à  l'école  professionnelle, 

rue  LibLM-gier. 
Soctcl('*  des  Arts  réunis. 
Société  des  architectes  de  la  Marne. 
Société  des  sciences  et  arts. 

\\M\m  (HAUTE.) 

Sociélé  historique  et  archéologique. 
Sociélé  des  sciences,  lettres  et  arts. 

\ÎAYÎ':.\VK 

Commission  historique  et  archéologique. 

Sociélé  des  Aris  réunis. 

Sociélé  d'archéologie,  sciences,  arts  et  belles-lettres. 

MEIRTHE-ET-MOSKLLK 

Sociélé  d'archéologie  lorraine. 

Académie  de  Stanislas. 

(lomité  do  l'Association  des  artistes  musiciens. 

Sociélé  chorale  d'Alsace-Lorraine. 

MEUSE 

Sociélé  des  leitres,  sciences  et  arts. 
Sociélé  du  Musée. 
Sociélé  philomalhique. 

MOUBIHA.V 


Vankes. 

LORIKNT. 


Xkvkrs 


Clam  tu:  Y 
Varzy  . 


Sociélé  polymalhique. 
Sociélé  philotechnique. 

MÈIUE 

Sociélé  nivernnise  d«s  lettres,  sciences  et  arts. 

Commission  de  T Inventaire  des  richesses  d*art. 

Société  acadé. nique  du  Nivernais. 

Sociélé  scienliliquc  el  artistique. 

Sociélé  du  Musée. 

Sociélé  histori()Ue,  littéraire  et  agricole. 


SOCIÉTÉS'CORRESPO.\DA!MT    WtC    LE    COMITÉ  3«1 

NORD 

Lille Société  les  sciences,  de  ragriculture  e(  des  arts. 

—     Commission  hislorîqiie  du  Nord. 

—      Comilé  flamand  de  France. 

—     Conservatoire  de  musique. 

—     Société  des  archiïecles. 

AvKSNKS Sociôlé  archéolojfi  jue. 

Caurrai Société  d*émula(ion. 

—       Académie  de  musique. 

Douai Société  d'agriculture,  sciences  el  arts. 

— École  de  musique. 

— Société  des  Amis  des  arts. 

DuNKRRQDE Société  dunkerqiioise  pour  Teiicouragemenldes  art  S. 

^■^        Ecole  de  musique. 

—        .....  Commission  de  musique. 

RoiBAix Société  d'émulation. 

—       Ecolo  de  musique. 

TouRCOïKU Académie  de  musique. 

Valkncirnnrs.   .   •   .  Société  d*a<](ricullure,  sciences  et  arts. 

—         ....     Académie  de  musique. 

OISE 

Rr^ijvals Société  académique  d'archéolo<^ie. 

—         Commission  (le  ri nven! aire  des  richesses  d*art. 

—      Comité  correspondant  de  l'Association  des  artistes 

musiciens. 
CouPiècNB  .       ...     Société  historique. 

N0YO.N  . Comité  historique  él  archéologique. 

Srnlis Comité  archéologique. 

OU  ME 

Alrk(;o\  ......     Commission  des  archives. 

—      Société  historique  el  archéologique  de  TOrne. 

Flkrs      ......     Société  industrielle. 

PAS-iM:.CALAIS 

AnnAS  . Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

—     Union  artistique  du  Pas-de-Calais. 

— Société  artésienne  des  Amis  des  arts. 

— Commission  des  monuments  historiques  du  Pas-de- 
Calais. 

—     Ecole  de  musique. 

—      Commission  des  antiquités. 


368  ANNEXES 

Bouloomr-8UR-Mbr  .     Société  académique. 

—  Académie  communale  de  musique. 

—  .  Société  d*agricutture  et  des  Beaux-Arts. 

—  .  Société  des  concerts  populaires. 
Calais.   «..•••  Société  des  sciences  industrielles. 
Saint-Ouer  ....  Société  des  antiquaires  de  la  Morînie. 
St-Pierre-lez-Calais  Commission  de  surveillance  et  de  patronage  de  V  École 

d'art  décoratif. 

PUY-DE-DO^IE 

Clermont-Ferrand  .     Académie  des  sciences,  belles-lettres  el  arts. 

—  .     Société  des  architectes. 

—  Société  légionale  des  architectes  du  Puy-de-DAmc, 

de  la  Haute-Loire  et  de  TAHier. 

—  Société  d'émulation  de  l'Auvergne. 
Riou Société  du  Musée. 

PYRÉMKRS  (BASSES-) 

Pau Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

— Société  des  Amis  des  ans. 

B  A  YONNE Société  d?s  sciences  el  arts. 

—      Conservatoire  de  musique. 

—      Société  artistique. 

PYUKiVÉES    (HAUTES-) 
Baonàrks-de-Biqorrb    Société  Kamond. 

PYRIOMRES-OUIKNTAIJS 

Pbrpiqkan Société  agricole,  scientifique  et  littéraire. 

—         Conservatoire  de  musique. 

RHOXË 

Lyon Académie  des  sciences,  belles-lettres  el  ans. 

— Société  littéraire,  historique  et  archéologique. 

— Société  académique  d^architecture. 

— Conservatoire  de  musique. 

. —  ........  Société  d'agriculture  el  arts  utiles. 

— Société  d'enseignement  professionnel. 

— Société  des  sciences  industrielles. 

— Société  lyonnaise  df  s  Beaux-Arts. 


SOCIÉTÉS   CORRESPONDANT    AVEC    LE    COMITÉ  869 

SAONR-ET-LOIRB 

Maçon Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres. 

—    .......  Société  des  concerts  historiques. 

— .  Société  philharmonique. 

AoTVK Société  éduenne. 

Chau>n-81'r-Sa6nk  .  Société  d*hîstoire  et  d'archéologie. 

TouRKUS Société  des  Amis  des  arts. 

SARTHE 

Ije  Mans Commission  pour  la  conservation  des  monuments. 

—      Société  historique  et  archéologique. 

—      Société  d^agriculture,  sciences  et  arts. 

—  ......     Société  française  d'archéologie. 

SAVOIE 

GHAunéRY Académie  des  sdences,  belles-lettres  et  arts. 

—        Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie. 

—  Conservatoire  de  musique. 
MouTiERs.  .....  Académie  de  la  Val  d'Isère. 

S.-JBAN-Ds-MAURiBKifs  Société  d'histoirc  et  d'archéologie. 

SAVOIE  (HAUTE.) 
Ankkgt. Société  florimontane. 

SEINErËT-MARNË 

Melun Société  d'archéologie,  sciences,  lettres  et  arts. 

— Comité  départemental  de  l'Inventaire  des  richesses 

d'art. 
FoNTAïKBRLRAO  .    .  .     Société  historique  et  archéologique  du  Gâtinais. 

Mkaux -    Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

RoiOT Société  d'agriculture  et  d'économie  domestique. 

SBINE-ET-OISE 

Vkrsaillbs Commission  des  antiquités  et  des  arts  de  Seine-et- 

Oise. 

—       Société  des  Amis  des  arts. 

—       Société  des  sciences  morales,  des  lettres  et  des  arts. 

—       Société  d'agriculture  et  des  arts. 

PoNTOlSB Société  historique  et  archéologique. 

Rambouillrt.  •  .  .  Société  archéologique. 

34 


} 


370  ANKEXE8 

SËINE-INFÉRIEURË 

Roi'EN Académie  des  sciences,  belles-lettres  el  arts. 

— Société  des  Amis  des  arts. 

— Commission  des  antiquités. 

— Société  de  Thisloire  de  Normandie. 

— Société  libre  d*émuiation. 

-^ Société  industrielle. 

-:-     . Société  des  architectes. 

—     .   .   .   .  4   .   .  Société  artistique  «le  .Vormandie. 

— Société  des  bibliophiles. 

— Société  rouennaise  des  bibliophiles. 

— Commission  d'architecture  de  la  Seine-Inférieure. 

FécAMP Société  du  Musée. 

Havrb  (lk) Société  havraise  d'études  diverses. 

—         Société  de  Sainte-Cécile. 

—        Société  musicale  la  Lyre  havraise, 

—        Société  des  Amis  des  arts. 

—        Société  des  Heau\-Arts. 

Société  géolo<]ique  de  Normandie. 

Elbeuf Société  industrielle. 

— Société  des  architectes  du  canton  d'Elbeuf. 

SÈVRES  (DEUX-) 
Niort Société  de  statistique,  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

SOMME 

AuiKivs Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

— Société  des  antiquaires  de  Picardie. 

— Société  industrielle. 

— Société. des  Amis  des  arts. 

— Société  linnéenne  do  nord  de  la  France. 

— àSociété  de  géographie. 

Abbrvillk  .....  Société  d*é mutation. 

4 

TARN 

Albi Académie  des   sciences,  arts  et  belles-lettret   du 

Tarn. 

TARN-ET-GARO\NE 
MoNTAURAN Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 


SOCIÉTÉS    CORRESPOMDilNT    AVEC    LE    COMITÉ  311 

MoNTAiiRAN Société  archéologique. 

—        Commission  de  Tlnventaire  des  richesses  d*art. 

VAR 

Draguionak Société  d^études  scientiriques  et  archéologiques. 

Toulon Société  académique. 

VAllCLUSE 

Avignon Société  du  musée  Calvet. 

— Conservatoire  communal  de  musique. 

—      Académie  de  V^aucluse. 

Apt.' Société  littéraire,  scientifique  et  artistique. 

VENDÉE 
La  Roche-sur- Yon.  .     Société  d*émulation  de  la  Vendée. 

VIENNE 

Poitiers Société  des  Antiquaires  de  TOuest. 

—      Commission  de  l*Inventaire  des  richesses  d^art. 

—      Académie  des  Beaux-Arts. 

—      Comité  correspondant  de  TAssociation  des  artistes 

musiciens. 

—     Société  des  archives  du  Poitou. 

—         Société  poitevine  d^encouragement  à  Tagriculture. 

VIENNE  (HAUTE.) 

LfuooES Société  archéologique  et  historique. 

—       Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

VOSGES 

Épinal Société  d*émulation. 

— Commission  de  T Inventaire  des  richesses  d'art. 

YONNE 

AuxERRK Société  des  Amis  des  arts. 

—     Société  des   sciences  historiques  et  naturelles  de 

TYonne. 

AvALLON Société  d'études. 

Sens Société  archéologique. 


31«  AKMRXgS 

ALGER 

Algeb Sociélé  des  Beaoz-Arts. 

— Sociélé  historiqoe  algérienne. 

COWSTAiVIIiVE 

CoKSTAKTiKK.  .  .   .     Société  archéologiqae  du  déparlrment  de  Constan- 

line. 
Bons Académie  d*Hippone. 

ORAN 
OnAS Sociélé  de  géographie  el  d*arcliéologie. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


BULLETIN     DU     COMITÉ 

Pagva. 

X»»  28,  20    du    Bulletin  du  Comité  des    Sociétés   des    Beaux-Arts 

(15  août  1905  et  ()  septembre  HÎ06) cxxi 

DISCOURS,     PROCÈS-VERBAUX     ET     RAPPORT 


l 

2 
12 
16 
23 
29 


Ouverture-de  la  session  et  composition  du  Bureau 

Séance  du  mardi  17  avril  (présidence  de  M.  Henry  Havari>)   .   . 
Séance  du  n>ercredi  18  avril  (présidence  de  M.  de  Molhac).   .   . 
Séance  du  jeudi  19  avril  (présidence  de  M.  Lucien  Marchrix).  . 
Séance  de  clôture  du  vendredi  20  avril  (présidence  de  M.  Magxr) 
Distinctions  honorifiques  décernées  à  la  suite  de  la  30*  session  . 

LECTURES     ET     COM  MUMCATIONS 

1.  Les  Sépulcres  ou  mises  au  tombeau  en  Picardie.  (Indica- 
tions préliminaires).  —  M.  Km.  Delioxikrks 33 

II.  Objets   d*art   religieux    dans    Tancien    archidiaconé   de 

Tournus.  —  M.  J.  Martin 70 

III.  Inventaire  sommaire  des  éjjlises  rurales  de  Tarrondisse- 

ment  de  Reims,  au  point  de  vue  de  Fart  et  de  l'his- 
toire. —  M.  Henri  Jadart 83 

IV.  Trois  statuettes  en  bois  de  Técole  provençale  (seizième, 

dix-septième,  dix-huitième  siècles).  —  M.    le  baron 

(îlilLLIBERT 106 

V.  Statues  de  l'école  dijonnaise  à  la  cathédrale  de  Besançon. 

—  M.  P.  Brune \   .     114 

VI.  Une  statue  de  Vicolas  d'Angcnnes  en  marbre  et  un  por- 

trait du  même.  —  M.  Lorin 119 

VII.  Un  portrait  de  Mme  de  Montespan  h  Rambouillet,  rue  de 

la  Motte.  —  M.  Loriv 126 

» 


374  TABLE    DES    UATIÈRES 

P«|M. 

VIII.  Enseignement  public  des  arts  du  dessin  à  Lyon  [Suite). 

--  M.  E.  L.  G.  Charvet 132 

IX.  Essai  de  répertoire  des  artistes  lorrains  (8*  suite).  Bro- 
deurs et  tapissiers  de  haute  lisse.  —  M.   Albert  Jac- 

QUOT 170 

X.  La  collection  de  tableaux  du  chevalier  Emile  de  Tarade. 

—  M.  A.  Gabeau 199 

XI.  Une  famille  de  peintres  hlésois  :  les  Monsnier.  —  M.  L. 

KossEBoeuF 236 

XII.  La  chapelle  du  château  de  la  Sorinière  en  Saint-Pierre 

de  Chemillé.  —  M.  le  chanoine  Ch.  IJrseau 247 

XIII.  Histoire  d*un  tableau  :  le  Martyre  de  Saint-Etienne  par 

Rubens.  —  M.  Maurice  Héxault 256 

XIV.  Un  tableau  inédit  de  Jean  Daret  dans  Téglise  de  Saint- 

Paul-du-Var,    près   de   Vence    (Alpes- Maritimes).   — 

M.  Georges  Doublet 281 

XV.  Recherches   sur  les  artistes  se  rattachant  au   Gâtinais. 
Pierre  Gobert,  portraitiste.  Supplément  au  catalogue 

de  son  œuvre.  —  M.  Eugène  Thoïson 296 

XVI.  A  propos  d'un  u  Van  Loo  »  et  d'un  u  Largillière  d.  Les 
œuvres  d*art  du  château  de  Maudétour-cn-Vexin.  — 

M.  Léon  Plancouard 305 

XVII.  Jules-Edouard    de    Magy,    peintre    marseillais   (1827- 

1878).  —  M.  Bouillon-Landais 313 

XVill.  Herlin  (Auguste- Joseph),  artiste  peintre  (1815-1900).  — 

M.  Quarré-Reysourbon 320 

ANNEXES 

I.  Coipité  des  Sociétés  des  Beaux -Arts  des  déparlements  .   .  337 

11.  Membres  non  résidants  du  Comité  . 340 

III.  Correspondants  du  Comité 3ii 

IV.  Distinctions   accordées    aux    délégués    des   Sociétés   des 

Beaux-Arts  des  départements,   s.ur  la  proposition  du 

Comité,  de  1877  à  1906 353 

Chevaliers  de  la  Légion  d'honneur 353 

Officiers  de  T Instruction  publique 354 

OfGciers  d'Académie 357 

V.  Sociétés  correspondant  avec  le  Comité  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts  des  départements  et  avec  la  Commission  de 
rinventaire  général  des  richesses  d'art  de  la  France, 
1877-1906 359 


TABLE  DES  PLANCHES 


1.^  Chapelle  de  Thospice  de  la   ville   de  Saint-Valéry-sar- 

Sonime '40 

II.  Eglise  de  Sorrus,   près  de  Montreuil-sur-Mer  (ancienne 

Picardie) 42 

IIÏ.  Eglise  de  Villers-Bocage  (arrondissement  d* Amiens).   .   .  44 

IV.  Eglise  Saint- Martin,  à  DouUens  (Somme) 48 

V.  Eglise  de  Tortefontai ne  (Pas-de-Calais) 50 

VI.  Pierre  tombale  d*Aléaume  de  Fontaine,  crypte  de  l'église 
de    Longpré- les -Corps -Saints,    canton   d*Hallencourt 

(Somme) 54 

Vn.  Crypte  de  Téglise  de  Longpré-les-Corps-Saints,    canton 

d'Hallencourt  (Somme) 56 

VIII.  Eglise  d'Allery,  canton  d'Hallencourt   (Somme) 58 

IX..  Eglise  de   Bouillancourt-en-Séry,    canton    de  Gamaches 

(Somme) 60 

X.  Eglise  d'Oust-Marais,  canton  d'Ault  (Somme) 62 

XI.  Fresque  dans  Téglise  de  Hrancion 70 

XII.  Fresque  de  r église  de  Brancion 72 

XIII.  Chapelle  de  Lenoux,  à  Laives  (1482) 74 

XIV.  Peinture  murale  dans  la  chapelle  de  Lenoux,  à  Laives.   .  76 
XV.  Peinture  murale  dans  la  chapelle  de  Lenoux,  à  Laides.   .  76 

XVI.  Statue  de  saint  Antoine,  h  Laives 76 

XVII.  Le  Baptôme  du  Christ,  église  de  iMarnay 78 

XVIII.  Chapelle  de  Lugny  dans  Téglise  de  Saint-Julien,  près  de 

Sennecey-la-Grande  (Sarthe). 80 

XIX.  Retable  et  clôture  du   chœur,    église  de   Magneux-les- 

Fismes 98 

XX.  Saint  Jean  TEvangéliste,    en    bois,  école   provençale  du 

XVI*  siècle.  (Collection  de  M.  le  baron  Guillibert).   .    .  108 
XXI.  Pietà,    en  bois,    par  le  P.   Yvan,   école  provençale   du 

xvii"  siècle.  (Collection  de  M.  L.  de  Bresc) 110 

XXII.  Sainte  Madeleine,  en  bois,  école  provençale  du  xviri*  siècle. 

(Collection  de  M.  P.  Arbaud).   .,  / 112 


•416  TABLE    DES    PLiINCHES 

P«gM  . 

X\lll.  Statue  de  la  Vierge,  cathédrale  de  Besançon.   ......      116 

XXIV.  Statue  de  sainte  Cécile  (?),  cathédrale  de  Besançon.    ...      118 

XXV.   Statue  de  sainte  Barbe,  cathédrale  de  Besançon 118 

XXVI.  Portrait  de  Xicolasd' Antennes,  dans  sa  jeunesse.   .   .   .         122 

XXVII.  Slitue  agenouillée  de  \icolas  d*Angennes 124 

XXVIII.  Portrait  de  M""  de  Montespan,  appartenant  à  M"»  C.  de 

la  Motte 126 

XXIX.  Portrait  de  M"«  de  Monlespan.   (Hospice  d'Oiron).   ...      128 
XXX.  Portrait  de  M"' de  Montespan.   (Musée  de  Troyes).   ...      lao 
XXXI.   Bourse   en    velours    n)uge,    brodée   aux   armes  et  aux 
^k'î  chiffres    de    la   famille   de   Butant.   (Musée  lorrain,  ;i 

\anci) 170 

fv  XXXII.  Bourse  on  velours  rouge,  brodée  aux  armes  de  François- 

\  r:  Vincent-Marc  de  Beauvau,  primat  de  Lorraine.  (Musée 

^rJ-  lorrain,  à  Nancy) 172 

XXXIII.  Tapisserie  de  haute  lisse,   fabrication   lorraine,  marquée 
à  la  double  croix,  armoiries  ducales:  Moyse  environné 
de  musiciens,  dont  l'un  tient  un  tambour  |)ortant   les 
^  ^_  croix  de  Lorraine.  (Garde-meuble impérial  de  Vienne).     196 

I  ^  XXXIV.  Tapisserie  de  haute  lisse,  fabrication  lorraine,  marquée  à 

i  ^  la  double  croix,  armoiries  ducales  :  Mojse  et  le  serpent 

-î  r*'  d'airain.  (Garde-meuble  impérial  de  Vienne) lî>8 

^  j?  XXXV.  Portrait  de  Louis  II  Kl/evier,   par  Van  der  Hki.st.   .   .    .     200 

^|5«.  XXXVI.   Portrait  d'AdrienneBosman,  femme  de  Louis  II  Ëlzevier, 

par  Van  der  Hklst .•  . 200 

XXXVII.  Portrait   de  M"*   Boulanger,  de   TOpéra-Comique,    par 

Lkcokur 202 

*^}&  XXXVIII.  Portrat   der   Luther,    par    Holbkix   (f.   1).   Portrait  de 

f.::  femme,   par  Laruii.likrk  (f.  II) 204 

XXXIX.   La  Vierge  au  coussin    vert,  copie  par  Jean    AIonsxikr. 

(Musée   de  Blois) 240 

XL.  Gaston  d'Orléans,    tableau    attribué    A   Jean    Monsnier. 

•    (Musée  de  Blois) 244 

XLI.  La  Nativité  et  l'Adoration  des  bergers,  à  la  chapelle  du 

château, de  la  Sorinii'^re 250 

XLII.  I/Adoration  des  Mages,   à  la  chapelle  du  château  de  la 

Sorinière 252 

XLIII.  Saint  Christophe,  à  la  chapelle  du  château   de  la  Sori- 

n'ibio 252 

XLIV.   La  Vierge  de  Pitié,  à  la  chapelle  du  château  de  la  Sori- 
nière      254 

XLV.  Sanir  Charlotte  de  M<maco,  |)ar  Pierre  Gorkrt.  (Musée  de 

Saint-Lô,  n»  7) .     300 

XLVI.   Le  duc  de  Valenlinois  et  sa  famille,  par  Pierre  Go»KhT. 

(Palais  de  Monaco,  n"  15) 304 


rw 


TABLB    DBS   PLANGHBS  377 

)      I  ''■^• 
I     f                   XLVII.  Corneille  van   Clève,    par  Pierre   Gobkrt.    (Uusée  du 

(     f                                   Louvre,  salon  Denon,  n*  36i) «KH 

KLVllI.  M"*  Roch,  par  Grruzb.  (Galerie  du  château  de   Maudé- 

tour) 310 

XIjIX.  Marguerite-Guillemette  Testu  de  Balincoart.  (Galerie  du 

château  de  Maudétour) 310 

L.  Elisabeth  de  Rubentel,  par  Largiluèrb.  (Galerie  du  châ- 
teau de  Maudétour) 312 

Ll.  I/alloir 320 

LU.  Le  Repas  du  Vendredi-Saint  chez  les  Dominicains.   .   .   .  322 

LUI.  Herbemont,  étude 326 


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