"^ REVUE
DE
CHAMPAGNE
ET
DE BRTE
HISTOIRE — BIOGRAPHIE )\
ARCHÉOLOGIE — DOCUMENTS INÉDITS — BIBLIOGRAPHIE I
BEAUX-ARTS
IL \s
VINGT-TROISIÈME ANNÉE - DEUXIÈME SÉRIE
TOME DIXIÈME
>K^
A R C I s » s U R - A U B E
LÉON FRÉMONT, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
PLAGE DE LA HALLE Y
1898
,K--^— 3M---— OH---— -M-— ^M----î)-^---— ^^<---— -^e
REVUE
DE
CHAMPAGNE & DE BRIE
Ai'cis- sur- Aube. — Imprimerie Léon Frémont.
REVUE
DE CHAMPAGNE
ET
DE BRIE
HISTOIRE — BIOGRAPHIE
ARCHÉOLOGIE — DOCUMENTS INÉDITS — BIBLIOGRAPHIE
BEAUX-ARTS
•H*
VINGT-DEUXIEME ANNEE — DEUXIÈME SERIE
TOME DIXIÈME
ARGIS-SUR-AUBE
LKOxN FRÉMONT, IMPRIMEUR-ÉDITEUR, PLACE DE LA HALLE
1898
Me de Cliampaène et de Brie
FRANÇOIS VINCHANT
SON PASSAGE EX CHAMPAGNE EN 1609
Au commencement de septembre 1609, uu jeune ecclésias-
tique du Hainaut, François Vinchant, né à Mous eu loS2,
appartenant à une famille riche et considérée du pays, après
avoir terminé ses études à rUuiversité de Louvaiu, résolut de
compléter son éducation en allant faire un pèlerinage à Rome.
Ce voyage fut rapide, car, commencé le IG septembre 1609, il
était terminé le IS février 1610, et notre prêtre montois avait
traversé le Hainaut, la Champagne, la Bourgogne et la Fran-
che-Comté, la Suisse, le Milanais et les différents Elats du
nord et du centre de l'Italie. Il avait séjourné à Rome et élait
revenu, après avoir visité les sanctuaires d'Assise et de
Lorette, longé les rives de l'Adrialique, vu Venise el Milan,
par les Alpes, le Lyonnais et la Bourgogne, Orléans el Paris.
Son récit est intéressant, car, aux descriptions habituelles de
monuments, empruntées trop souvent par lui, comme par
d'autres, aux récits de voyages et aux guides qui commen-
çaient à se répandre, il a joint de nombreuses observations
personnelles sur les mœurs et les habitudes des provinces
qu'il a visitées.
Vinchant revint se fixer dans sa ville natale où il mourut en
1G35, revêtu du litre de protonotaire apostolique, ayant mené
la vie d'un saint prêtre doublée de celle d'un érudit. Il s'élait
livré à de nombreuses recherches historiques sur le Hainaut,
qui furent récompensées par le don d'une écuelle d'argent que
lui firent les Etats de celte province, mais qui n'ont été
publiées qu'une douzaine d'années après sa mort.
Le journal de son voyage, resté manuscrit, élait sorti des
mains de sa famille et faisait parlie, en dernier lieu, de la
b FBANÇOIS viNCHANT
célèbre bibliothèque de Sir Thomas Philipps, à Ghellenham.
Il a été compris dans les acquisitions faites, en 1887, par
la Bibliothèque royale de Belgique.
M. Félix Hachez, comprenant l'intérêt de ce récit d'un de
ses concitoyens, vient de le publier dans le Bulletin de la
Société Royule Belge de Géographie, en supprimant un certain
nombre de dissertations et hors-d'œuvre qui lui ont paru sans
grand intérêt *. Nous en extrayons ce qui concerne la Cham-
pagne.
*
« «
La première ville que décrit notre voyageur est Reims,
dont il commence par nous rappeler l'ancienneté, l'étendue et
la renommée. Il cite les deux opinions émises sur son origine
à cette époque et qui attribuaient sa fondation, l'une au 23«
roi des Celtes, nommé Rème, contemporain de Priam, et l'au-
tre h des fauteurs Je Remus, frère de Romulus, mais sans se
prononcer ; il montre cependant sa préférence pour celte der-
nière opinion et ajoute qu'il y a encore une porte qui s'appelle
la poi te de Bacchus, et sur laquelle se voit une effigie de ce
Dieu.
Il retrace ensuite en quelques lignes l'histoire de Clovis et
de Monsieur Sainl-Remi, et donne un long récit du baptême
de ce prince, ainsi qu'une histoire des cérémonies du sacre
des roi?, morceaux que l'éditeur a supprimés dans sa publi-
cation.
La description de la cathédrale est assez curieuse pour le
temps où elle a été écrite, aussi la reproduisons-nous presque
en entier :
« Cette église est haut élevée, soutenue de plusieurs beaux
piliers de matière d'albâtre. Les chanoines d'icelle ont bonnes
prébendes. Eu leurs demeures resenle encore quelque retrait
des religieux de la primitive église, car ils ont tous leurs mai-
sons conjointes l'une à l'autre eu une rue contigue à l'église,
laquelle, la nuit avenant, on la reserre à heure compétente.
Aussi lesdits chanoines estant à l'église, ils observent en leurs
offices et cérémonies une magnificence sans pareille.
« f^n ladite église, le maître autel est couvert d'une lame de
fin or, par don de Ilermarus, XXXI* évêque de Reims, à l'en-
1. Voyage de François Vinchant, en France et en Italie, du 16 sep-
tembre 1609 au 18 février 1610, texte accompagné d'une introduclioa par
Félix Hachez. Bruxelles, Sodélé générale d'imprimerie, 1897, io-S",
236 papes.
FRANÇOIS VINCIIANT 7
tour du quel sont placés à terre XII à XV grands chandeliers
d'argent portant flambeaux. Au dessus dudit autel est une
croix de pur or. Au derrière sont renserrées les reliques et
trésor.
• De surplus, l'on voit le tombeau du cardinal de Guise
qui fut assassiné à Blois par la charge du roi Henri 3, en
Tan 1388. Sur ledit tombeau est un crucifix de pur or d'admi-
rable artifice.
« Mais surtout le portail attire toute personne en admira-
tion, car outre qu'il est d'une structure haute et large, l'on y
voit sur icelui l'histoire du vieux et nouveau testament, avec
les 4 fins de l'homme, en imaiges relevées en bosse de matière
de pierre, tellement qu'il ne se faut étonner lorsque l'on dit
que, pour avoir une église parfaite en tout endroit, qu'il fau-
droit joindre la nef d'Amiens et le chœur de Beauvais au
portail de Rheims. »
On voit que Vinchaut n'avait pas encore vu l'Italie, qu'il
n'appréciait pas par suite les monuments de la Renaissance
et, chose rare pour son temps, estimait encore l'architecture
gothique.
Nous passerons sur la description très sommaire de Saiut-
Remi, qui se borne presque à une énuméralion des statues
des pairs de France qui décorent le tombeau du saint, et à
l'indication, dans la sacristie, d'uii livre de parchemin qui
contient un grand nombre d'épitaphes.
Grâce à « l'iutermise de Monsieur Vitus, natif de Douay,
docteur es droits, qui enseignait lors à Rheims, notre voya-
geur put vénérer la Sainte Ampoule, et même le religieux qui
le conduisait, voyant qu'il était prêtre et étranger, lui remit en
main le reliquaire, aussi put-il bien voir i cette ampulle, de
matière de verre, et qui n'est pas plus grande que le mitant du
petit doict. »
L'Université est mentionnée en quatre lignes, elle cas d'une
servante, accusée d'avoir étouffé l'enfant de la fille de sa maî-
tresse, pendue en 1389, retrouvée vivante trois jours après,
tient une demi-page, mais le fait doit être bien connu des
Rémois, aussi finirons-nous par cette appréciation du caractère
des habitants :
f Le peuple est bon, doux et beuin. Les marchands de vin
ont un trafic heureux ; aussi ont-ils pour cet effet une belle
place en forme de croix, où ils exposent leurs marchandises et
se tiennent tous à l'environ d'icelles. L'air est bon et agréa-
ble. »
8 FRANÇOIS VINCHANT
Malgré ses atlrails, Reims n'élait qu'une des premières
étapes du voyage de uolre moutois, voyage qui devait durer
cinq mois seulement et lui faire parcourir la France, la Suisse
et l'Italie, aussi Vinchaut fit-il, au départ de Reims, marché
avec un voilurier qui le conduisit à Ghâlons, distant de six
lieues ; il nous éuumère les villages traversés par lui et vante
la fertilité do leur territoire et sa belle o planure », Ce sont :
Sillery, Beaumont (sur Vcsle), Petites-Logettes, Grandes-
Logettes, La Vesve (La Veuve).
Après nous avoir parlé de la défaite d'Attila, il nous donne
ses impressions sur Ghâlons, impressions qui portent surtout
sur les mœurs des habitants et les usages qu'il a pu y obser-
ver et qui, à ce titre, offrent plus d'intérêt que les énuméra-
tions de reliques ou les traditions historiques plus ou moins
légendaires que, comme les voyageurs de ce temps, il ne nous
méuage pas.
« Cette ville (Ghâlons) n'est pas agréable à cause des rues
étroites et maisons mal bâties. Toutefois, il y a une rivière
appellée Marne, qui l'embellit grandement, et l'ail une petite
isle en laquelle les bourgeois, en temps d'été, prennent leurs
ébats et récréalious, car ce lieu est plaisant à cause des hauts
arbres qui y croissent.
« Il y a en cette ville une belle tour joignant l'église Saint-
Etienne. En icelle il y a une côte dudit saint.
re Les églises n'ont guère de lustre. »
On nous permettra de ne pas partager cet avis.
« Les bourgeois, reprend Vinchaut, sont béguins aux
eplrangiers pour leur argent et cauteleux pour l'attraper.
« Ils s'appliquent à cultiver diligemment leurs jardins pour
avoir des melons, qui y croissent assez en abondance et sont
très bons. C'est pourquoi Henri 4, roi de France, à cause de
la bonté des melons de ce lieu, disoit, selon la relation que
m'en firent des bourgeois :
« Je inaintlendrny Châlons,
Mon jardin à jnelons. »
Ce qui a surtout frappé Vinchaut, ce sont les mariages
auxquels il a assisté, et je crois que si l'on s'était marié à
Mons comme à Ghâlons, il aurait peut-être renoncé aux digni-
tés qui attendaient le futur prolouotaire apostolique pour y
prendre femme :
« Je vis en cette ville que les façons de s'allier par contrat de
mariage sont différentes à celles de nos pays, car il faut enten-
FRANÇOIS VINCHA.NT 9
dre que, en plusieurs lieux de France, le concile de Trente n'a
pas été promulgué par les évoques, cause pourquoi il n'est pas
observé en tous points.
« En ce fait, avenant le mariage des conjoints, l'on ne fait
aucune publication des bans, mais tout le contrat se pratique
entre les parens des deux côtés. Or, avenant le jour des
espousailles, je vis que l'époux et la fiancée, selon la cou-
tume, se représentoient de côto et d'autre parmi la ville avant
ledit jour. Le pasteur ou curé, avec les plus proches parens
mariés, marche devant ; s'ensuit l'époux qui a après soi la
jeunesse pareutisée"; en après marchent les femmes mariées ;
et après icelles, l'épouse suivie des jeunes pucelles. Celte
cérémonie tient lieu des annonccmens des bans.
« Le lendemain, toute cette compagnie se retrouve à
l'église. Au devant de l'autel, l'on fait une petite case de
feuillage dedans laquelle le marié et la mariée future se met-
tent à genoux, et se baisent plusieurs fois avec toute honnê-
teté. Et à certaines cérémonies, pratiquées par le prêtre,
l'époux redouble lesdits baisers. Et en ce fait, il n'y a point de
scandale, ni aucune mauvaise édification vers le peuple ; ains
qui plus est que si l'époux omeltoit ce devoir, il donne un
mauvais présaige et opinion à ce peuple, et même à sa fiancée
et parens.
a Etant épousemeul fait, tous les hommes du côté du
marié vont donner un baiser à l'épousée, et le marié va baiser
toutes les femmes et filles du côté de son épouse. La compai-
gnie étant hors l'église, il est permis à tous honnêtes bour-
geois d'approcher la mariée et la baiser avec toute honnêteté.
Voilà une coutume bien différente aux nôtres. Je crois bien
que le temps rompra petit à petit ces façons de faire. »
Mais, comme dit l'abbé, allons plus oultre, et nous voici sur
la route de Brienne, en compagnie, depuis Kosnay, « d"uu
honnête personnage, appelle Grégoire Monlgerart, natif d'Eper-
nay, homme de lettre et prêire, qui s'aclieminait par dévotion
au monastère de Glervaux. »
Nous passerons rapidement à Brienne et à Bar-sur-Âube,
mais avant de nous engager dans la forêt de Bilie * pour
gagner le monastère fondé par saint Bernard, écoutons les
remarques que cette région inspire à notre voyageur :
« A l'environ d'icelle (ville de Bar-sur-Aube), fou voit des
montaignes et petites collines portant du vin 1res délicieux et
1. Bayel.
10 FRANÇOIS VmCHANT
graudemeEit renommé aux Pa^'s-Bas. D'où vient que les habi-
tans, qui soûl presque tous marchands, en lirent grand proffit.
« Ce fut ici que, outre ce que l'air est bon par toute la
Champagne, que j'expérimentai qu'il était très agréable, doux
et tempéré.
« Les rivières sont assez grandes.
a Le peuple est soigneux, vigilant et bon ménagier, jusque
à là que j'ai vu (femmes el filles), mener et conduire la charrue
pour cultiver la terre.
« La noblesse est gaillarde, courtoise et vaillante, et en très
grand nombre ; mais que l'on se garde de leur tenir tête, car
ils sont un peu opiniâtres.
« Notez ici que ceux de Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine,
même Bar-en-Barrois, se vantent d'avoir encore pour leurs
domiciles les pancartes des Bardes gaulois, qui estoient les
poètes et causidignes entre les Druides ^ «
Pour aller de Bar-sur-Aube à Clairvaux, Viuchant prit par
la forêt de Bilie (Bayel), qui est considérée comme dangereuse
à cause des brigands ; il y rencontra un compagnon « qui se
doléoil de ce qu'on lui avoit ôté le manteau ». Plus tard,
Vinchant sut qu'il avait eu tort de suivre ce chemin et qu'il
aurait dû passer par Troyes.
Vient ensuite une description de Clairvaux, avec le récit de
la fondation de l'abbaye par saint Bernard :
« L'église de ce monastère est un bâtiment antique et assez
obscur, mais ceci est provenu de l'industrie et prudence de
ceux qui l'ont fait bâtir, jugeant que les lieux ténébreux sont
plus commodes et propres à recueillir et arrêter les esprits à
méditer et louer notre Créateur. Aussi, pour cette raison, la
plupart des églises bâties par l'antiquité chrétienne sont de
peu lumineuses.
0 En celte église donc il y a deux places, l'une suivant
l'autre du long, où sont en chacune beaux sièges pour accom-
moder les religieux tenant chœur eu leurs oftices, en nombre
de 300 environ.
« A droit costé d'icelle, l'on voit encore les murailles
anciennes de l'église que fit autrefois bâtir Monsieur S. Ber-
nard.
a Ce monastère a esté ragrandi pour loger les pèlerins.
« Hôtellerie. — Aujourd'hui, ce lieu sert de retraite pour
1 . Je ne comprends pas liien ce passage.
FRANÇOIS VINGHANT 11
les charretiers et voilurins amenant vin de Bourgoigne au Païs»
Bas, car il y a bonne hôstellerie.
« Et lorsque j'y estois, je fus émerveillé de voir toute sorte
de gens, tant de cheval que de pied, tant nobles que roturiers,
d'être bien accommodés. Il faut toutefois arriver de bonne
heure, car difficilement sur le tard on y entre : ce que j'ai
expérimenté.
« Le gros tonneau de Vabbaye. — Avant partir de ce lieu,
je fus d'avis de voir ce tonneau duquel l'on parle tant. Le
prieur me fit cette courtoisie de me le montrer. Il est à costé
gauche de l'entrée de l'église, enserré dedans une grande
place. Ses cercles sont faits de sommiers de chêne. 11 contient
plus ou environ, selon la relation dudit prieur, 1,500 tonneaux
de vin, tels que Ton apporte de par deçà venant de France. On
emplissoit jadis ce tonneau plein de vin, du temps de Monsieur
S^ Bernard, pour faire la charité aux pauvres, et depuis la
mort de ce saint, aux pèlerins. Maintenant, comme la charité
est refroidie, la cherté augmentée, la dévotion des pèlerins
diminuée, les donations retranchées, il ne sert que de parade
ou pour condamner la paresse de ce siècle.
« Parlant de Clervaux, je vins à côtoyer la rivière d'Aube,
entre deux bois montaigneux et passer les sousdits villaiges, à
sçavoir : Ville. Ferté, Chevrolle, Dinteville, Ormoys, La Tré-
cey, Opiare où proche de là il y a un monastère de religieux,
Vonne, Bay, Ovrid, Chienisson, Villemary, Gussilée, Mared,
Jed situé sur la rivière de Rille. »
De là à Callent, notre voyageur entre en la duché de Bour-
gogne où nous l'abandonnerons, le laissant poursuivre son
voyage ^
Comte DE Marsy.
1 . L'orthographe de Vinchant élanl lorl irrégulière, uous avous cru inu-
tile de la conserver, tout en nous abstenant scrupuleusement de corriger sa
rédaction.
L'ART GOTHIQUE CHAMPENOIS
dans l'île de Chypre
L'école gothique de la Champagne est une de celles qui ont
produit le plus de beaux monuments et atteint le plus souvent
à la perfection. Pden n'égale la splendeur de la cathédrale de
Reims ; la beauté de sa statuaire est au-dessus de tout éloge,
et les chefs-d'œuvre de la science et de l'élégance en architec-
ture sont peut-être Saint-Urbain de Troyes et Saint-Nicaise
de Reims, cet édifice à jamais regrettable. Cependant, avec
tout sou mérite, l'école de Champagne a été tout le contraire
d'une école originale : elle a pris et amalgamé tout ce qu'elle
a trouvé de bon dans le style gothique de l'Ile de France et
dans celui de la Bourgogne ; elle y a ajouté quelques inspira-
tions puisées dans les traditions de l'école germanique, et de
tout cela elle a su faire, avec beaucoup de goût et de science,
un tout harmonieux K
Si sou originalité n'est pas égale à sou mérite, l'étendue du
domaine de l'école de Champagne est certainement égale ou
supérieure au territoire des plus vastes écoles d'art. Du côté
de la Bourgogne, la limite est difficile à établir à cause de la
similitude des caractères ; du côté du sud, l'école gothique de
Champagne s'étend jusqu'à Bourges, où elle a marqué de son
empreinte l'églir-e Saint-Pierre, avec les arcades suraiguës de
son abside, le passage qui traverse les embrasures de ses
fenêtres, le cordon de moulures qui passe au-dessous ; du côté
de l'Ile de France, l'école de Champagne pousse une pointe
hardie : la plupart des monuments gothiques non seulement
de TAisue, mais de Seine-et-Marne, sont de son domaine ; du
côté de l'est et du nord, la Lorraine lui appartient, et l'Alle-
magne, à qui elle a emprunté quelques formes, lui doit en
revanche sa première et sa meilleure architecture gothique :
la cathédrale de Limbourg calque celle de Laon ; le plan de
Notre-Dame de Trêves et celui même de Saint-Martin de Kas-
chau eu Hongrie, reproduisent le plan de l'église de Braisne.
1 . On trouvera une bihliof:rafjl)ie des ouvrages qui traitent des monu-
ments gothiques de Champagne à la page 24 de l'ouvrage actuellement soas
presse, Monuments gotlàques de Chypi'e. l'aris, Leroux, 18'.)8, gr. in-S".
DANS l'île de CHYPRE 13
L'école clianipenoise u'a pasbculumeulùlcudu ïdOU iullucnce
aux régions voisiuos : ses artistes ont été appelés au loin, et
on reconnaît leur style dans les édifices golhiq;ies de régions
parfois éloignées.
Le chœur de la cathédrale de Bayouue, avec ses passages à
travers les embrasures de fenêtres, et ses arcs suraigus ; la
cathédrale de Léon, eu Espagne, avec les mêmes détails et des
chapiteaux à deux étages analogues à ceux des églises de
Chartres, Reims, tSaiut-Queutiu, rappellent les édifices de
Champagne, mais les comtes de Champagne ayant acquis, eu
1234, le royaume de Navarre, il n'y a rien ijuede naturel à ce
que des artistes champenois aient été amenés, peu d'années
après, dans des régions toutes voisines d'uu domaine do leur
seigneur. Ou sait combien les seigneurs du Moyen-àge étaient
souvent eu voyage et combien ils promenaient de gens avec
eux.
Mais le voyage par excellence, c'était le passage d'outre-
mer. Or, dans les croisades, on sait quelle place prépondé*
rante la Champagne a tenu : ce que nous pouvons Ure de plus
intéressant sur ces expéditions glorieuses, nous le devons à la
plume d'un Yillehardouin ou d'un Joinville ; je n'os;) mettre
en leur compagnie le Ménestrel de Reims, mais il est pourtant
à noter.
Henri, comte de Champagne, devient roi de Jérusalem, et
sa fille Alix reine de Chypre ; le clergé qui accompagne leurs
expéditions et bâtit des églises eu Orient appartient en grande
partie à l'ordre de Citeaux qui a ses maisons-mères en Cham-
pagne et eu Bourgogne. En Grèce, les sires de la Roche leur
ont donné Dafni, où ils ont imité le porche de Pontigny, tau-
dis qu'àMistra, un clocher calqué sur ceux de Reims s'élève
près des ruines du château des Villehardouin.
A Ghalcis en Eubée et à Athènes même, des églises gothi-
ques à chevet carré rappellent les petites églises rurales de la
Champagne. Cette similitude est trop complète, car en Grèce,
certains chapiteaux mal galbés et sculptés avec une rudesse
extraordinaire pour des œuvres du xm^ siècle, rappellent par
exemple ceux de l'égUse de Corribert près Orbais.
Mais ce n'est pas sur ces œuvres très secondaires que je
veux m'étendre ici : la Champagne a fait plus et mieux en
Orient, et spécialement dans le royaume de Chypre. L'ile de
Chypre, conquise sur les Grecs par Richard Cœur de Lion en
11 91, devint, en 1192, la propriété de Guy de Lusignan, et
ses descendants y régnèrent jusqu'à la fin du xv° siècle ; de
14
L ART GOTHIQUE CHAMPENOIS
1489 à 1570, Chypre fui colonie véuilieune ; de 1571 à nos
jours, elle a été asservie à la domiualiou oLlomane.
Parmi les nombreuses familles françaises qui, dans les der-
nières années du xir et au début du xiii" siècle, vinrent colo-
Kij, 1. — Effigie funéraire de Henri H de I.usifrnan f-i- 13?J) trouvée à Nicosie
(Mission de l'auteur ; 18%).
niser l'ile de Chypre, on trouve beaucoup de noms appartenant
à la Champagne : les maisons de Brienne et de Montbéliard
étaient apparentées à la famille royale ; les familles de Brie,
de Soissons, de Dampierre étaient des plus puissantes deCby-
DANS l'iLB DB CHYPRE 15
pre, et mes coufrères et amis, MM. Em. Berlaux et 0. Joia-
Lambert ont montré que le grand ingénieur militaire Philippe
Cbinard, que Frédéric II trouva en Chypre et attacha à son
service eu 1250, et qui lui bâtit ses chùleaux de Fouille, était
originaire de Ghennegy près Troyes '.
Dès que le royaume de Chypre s'organise et que les Latins
trouvent assez de loisir et de ressources pour élever des monu-
ments, une reine jeune, iulelligente et entreprenante, préside à
ses destinées ; c'est Alix de Champagne, femme de Hugues I
de Lusignan(120!j-1218), et fille de Henri, comte de Champa-
gne et roi de Jérusalem. Après son veuvage, elle redoublera
d'activité ; l'histoire de ses aventures romanesques et de ses
ambitions politiques en fait foi, et saint Louis eut besoin de
toute sa S8gesse pour apaiser ce tempérament fémiuij. Jamais
Alix ne perdra de vue le domaine de ses ancêtres ; à la mort de
son oncle Thibaut III (1201), elle s'en prétendit même héri-
tière-, et, de 1210 à 1235, soutint guerre et procès contre sou
cousin Thibaut IV. Elle vint de Chypre en France, où elle
garda toute sa vie des terres et ^es serviteurs^; Jean de
Brienne hérita de ces domaines en 1237 '*.
Il est à remarquer que, hors de ses possessions proprement
champenoises, Alix avait des terres à Mantes^ dont l'église
gothique primitive, avec sou déambulatoire sans chapelles, se
rapproche absolument de la cathédrale dont Alix posa la pre-
mière pierre en 1209 à Nicosie, capitale de son royaume, et
que les libérables de saint Louis et de sa cour aidèrent à
mener à bonne fin, lorsqu'en 124S la cour de France séjourna
en Chypre''. Alix avait d'autres possessions : Sancerre ', où
1. Em. Bertaux, Caslel del Monte et les archilecies frariçais. Commu-
nicalioQs faites à l'Académie des Iiiscriplioos et Belles-Lettres. 1897.
2. Voir Joinville; édition N. de Wailly, p. 4i, 4G, 48 ; \Jas-Latrie, Ilisli
de Chypre, t. II, p. 40-42, et d'Arbois de Jubainville, Calalogtic des actes
des comtes de Champagne.
3. Ibid., p. 49, 59,00. Les domaines qui restèrent à Alix étaient à Wassy,
à Mantes, et dans divers autres lieux des comtés de Champagne et de Brie.
4. Ârch. Nat., I. 433, n" 3. iS'i?. Nicosie. Henri I renonce, en faveur de
Jean de Brienne, à ses droits sur la Champagne et la Brie. Mas-Latrie,
Hist. de Chypre, p. 69. 1257. Jean de Brienne hérite des possessions
d'Alix de Champagne.
5. Mas-Latrie, ouvr. cité, p. 69.
6. Joinville, le comte de Joigny et beaucoup d'autres champenois fai-
saient partie de la suite que le roi eut sept mois avec lui dans l'île de Chy-
pre en 1248-1249.
7. Arch. Nat., J. 433, n" 4. Saint Louis acquiert les Gefs litigieux de
16 l'art gothique champenois
l'église abbatiale de Saiul-Satur est un des mouumculs de
France qui rappelleul le plus le style gothique adopté eu
Chypre et spécialement à l'intérieur de la cathédrale de Fama-
gouste \
L'influence champenoise apjjarail en Chypre dès la construc-
tion du chœur de la cathédrale de Nicosie ; elle s'y manifeste
du début du xiii" jusqu'en plein xiv" siècle ; commencée sous
la protection de la reine Alix, cette église fut, du reste, plus
tard coulinuée sous un archevêque champenois, Gérard de
Laugres (1200-1312), ancien doyen du chapitre de Langres ^
On sait que le modèle si particulier de corniche, que la
Bourgogne avait sans doute créé et à coup sûr adopté d'une
fa(;on générale, s"élend également à la Champagne; ou sait
que ce type de corniche se compose d'une tablette portée sur
des modilloDs dont les faces latérales courbes se réunissent de
façon à former une série de demi-cercles^. On peut en citer
comme exemples, en Champagne, les églises de Thenuelières,
Saint-Lyé, Auzon, Gérosdot, Villacerf et Courtaoult dans
l'Aube, Chaumont et Bourbonne-les-Bains dans la Haute-
Marne, Ecrouves près Toul.
On sait que les modiilons des corniches de ce genre peuvent
être à profil concave ou convexe ; ce dernier est considéré par
Yiollel-le-Duc comme plus ancien ; il persiste cependant au
moins jusquau xi\° siècle.
Hors de Bourgogne et de Champagne, on ne trouve guère
ce type de coruiche que dans des monuments ayant manifes-
tement subi une iullueuce de la Bourgogne et de la Champa-
gne, et tout d'abord dans ceux qui ont été élevés par les archi-
tectes de l'ordre de Citeaux.
Ce genre de corniche n'apparait en Cbypre que sur le
déambulatoire et le transept de la cathédrale de Nicosie, c'est-
Blois, Sancerre el Cliâleauduu, auxquels renonce Alix de Champague, eu
même lempb que Thibaut les cède au roi.
1 . Edouard I, comle de Bar, mourut à Famagousle eu 1336 (Voir Maxe-
Verly, De l'arl et des arlislcs dans le Uanois. Réunion des Sociétés des
Beaux-Arts des départemeuls. 1896, p. 2S2).
2. Voir i Histoire des archevêques de Chypre, du regretté comle de Mas-
Latrie. Gênes, 1888, iu-i", p. 46 (Extrait des Archives de TOrient latin).
3. Celle corniche a élé parfois imitée dans le midi de la France comme
d'autres formes de l'archilecture chanipcuoise. Ou la trouve notamment à
Balbièges près Meudc, Séverac-le-CliïlLeau près Bodez (clocher), Chirac
(église paroissiale déiall'eclée), Clcrmont-l'Hérault, Monlpazier. Dans ce
dernier exemple, les corbeaux sont espacés. Dès le xii« siècle, le cloître
romau de la cathédrale de Vaisou a une corniche à peu près bourguignonne.
i
i
DANS L ILE DE CHYPRE
\1
à-dire dans la parlie la plus ancienue de celle conslruclioii. Le
profil des corbeaux y est en quarl de rond.
Les églises bourguignonnes des xiii" el xiv'' siècles, el celles
de l'école cliimpenoise, ont en général une galerie de circula-
liou ménagée sur l'appui des fenêtres et traversant les piliers.
En Bourgogne, ce passage est le plus souvent couvert d'un
dallage, et en Champagne, d'une série de très larges t'ormeretb
ou sorte de courtes voûtes en berceau. On peut citer, conitue
exemple de cette disposition, la cathédrale d'Auxene, Saint-
Jean de Sens, Saiul-Julien-du-Sau(. Pont-sur- Yonne, la
cathédrale de Reims, Saint-Père-sous-Vézelay. la cathédrale
et Sainl-Gengoulf . de Toul, la cathédrale de Saiut-Dié. le
chœur de la collégiale d'Épinal, Sainl-Salur près Sancerre.
Celle même disposition existe dans les collatéraux de la
cathédrale de Nicosie, avec cette particularité que dans chaque
travée les passages montent et descendent une série de mar-
ches posées sur les reins d'une grande arcalure surbaissée, la
parlie de la galerie qui correspond aux appuis des fenêtres
étant placée beaucoup plus haut que les portes à corbeaux qui
traversent les piliers. Cela conslilue une promenade fatigante,
mais une disposition piltoresque. Des escaliers de ce genre
existent dans le chœur de Saint-Père-sous-Vézelay et dans le
transept de la collégiale d'Epinal. mais ils n'y sont ni systé-
matiques ni répétés ; il n'existe qu'une rampe de degrés dans
la première tiavée du chœur ou du transept conligu à une
parlie du monument où la galerie est placée plus bas. Cela est
beaucoup plus rationnel qu'à Nicosie.
Quand les églises champenoises pourvues de collatéraux
n'ont qu'un chevel simple, ce qui arrive souvent, une galerie
de circulation passe fréquemment à mi hauteur du chevet,
entre deux étages de fenêtres qui répondent à celles de la nef
et des collatéraux ; grâce à ce passage, l'on peut faire le tour
complet de l'église au-dessus des voûtes des bas-côlés. Celte
disposition a reçu des formes assez variées à Braiue, Chani-
peaux. la Chapelle-sur-Crécy, Cuis, la cathédrale de Saint-Dié,
la collégiale d'Epinal. Essômes, Mézy, Moret, Mussy- sur-
Seine, Saint-Urbain de ïroyes.
Ce parti a été suivi dans la calhédrale de Famagouste (fi g. 2).
Comme cette église sans toitures n'a pas de Iriforium et n'a
que peu d'espace entre l'appui de ses fenêtres supéiieures et
le haut des fenêtres inférieures, la galerie est un bimple bal-
con. C'est à l'extérieur qu'on l'a ménagé pour relier entre
2
18
L ART GOTHIQUE CHAMPENOIS
elles les terrasses des bas-côtés. Des consoles d'un grand
caractère, analogues à celles des mâchicoulis, portaient les
dalles et le parapet qui formaient cette galerie.
Ce chevet de la cathédrale de Famagouste a une grande
analogie avec celui de Saint-Urbain de Troyes ; même plan,
même forme de piscine assez particulière (fig. 3), formant une
ïiMWimî
Fi:.', o. — Cathéilralf df Fiima;:oU5U'. Piscinu du cl^-ur.
niche rectangulaire dont la partie antérieure est ornée d'un
remplage trèfle porté sur deux arcs et un meneau central.
Mêmes g.ibles encadrant les fenêtres supérieures, même emploi
de médaillons circulaires élrésillonnant ces gables, même dessin
de balustrade à la crête des murs, mêmes clochetons sur les
contreforts, mêmes portails à tympans vitrés d'un des-
sin à peu près identique. Ces portails, par leurs tympans et
par les pignons qui les encadrent, appellent aussi la compa-
raison avec la cathédrale de Reims.
Une particularité bien champenoise de la cathédrale de
Famagouste consiste dans ses clochers à quatre pignons 1er-
PANS L ILE DE CHYPRE
19
miuaux. Si la Champagne a exporté en Allemagne son style
gothique, c'est d'Allemagne, eu retour, que la Champagne a
reçu au xiii" siècle cette forme architecturale qui y était très
répandue dès l'époque romane, témoins les clochers de Samt-
Géréou et des Sainls-Apôlres à Cologne, des cathédrales de
Bonn et de Paderhorn, de Saint-Paul de Worms, de la cathé-
drale de Spire, de l'abbatiale de Laach. de Notre-Dame d'Hal-
bersladt, de l'é-
glise d'Ander- >^
uach, etc.
On peut citer,
comme esem-
pleschampenois
de clochers à
quatre pignons,
la cathédrale et
Saint-Nicaise de
Reims, Dor-
mans, Voultou
(Seine-et-Mar-
ne), La Cha-
pelle-sur-Crécy,
Vassemy (Ais-
ne), et l'ancien
clocher de No-
tre-Dame de
Soissons. Auxv»
siècle encore, ou
tout au moins
à la fin du xiv*',
ce type se voit
à Presles près
Gretz (Seine-et-
Marne). L'église
Saint-Gilles d'E-
lampes a aussi
un clocher de
ce genre.
Quant a u x
voussures feuil-
lues nui ornent t'--^- — Vou??uic Ja portai! sail rfela calliédiale de Famagoustc.
les arcades du portail sud et les fenêtres de la cathédrale de
Faraagoustc (tig. 4), c'est absolument la reproduction de celles
20
l'aiit gothique champenois
du portail sud de Saiul-Jeau-BajDlisle de Chaumoal. L'animal
conlourué, qui amortit Tarchivolte du portail sud (ûg. i), est
semblable en tout point à celui qui remplit le même office sur
uue maison de la rue de Tambour, à Reims.
L'ensemble delà façade (fig. o) avec ses trois portails à frou-
Fii'. T). — F.-H-.àde (!o la catliL-drale df Fiininiroii-l'
Ion?, le dessin des deux étages de ses lours, sa grande fenêtre
encadrant une rose rayonnante, la beauté de ses proportions et
de son exécution appellent impérieusement la comparaison avec
les façades de la catbédrale et de Saiut-Nicaise de Reims.
DANS L ILE DE CHYPRE
21
A quel arlisLe champeaois est dû ce chef-d'œuvre ? Malheu-
reuseraeul nous rignorous : loul ce que l'on sait est que celle
église, commencée en 130U, n'avait, onze ans après, que son
chevet et les trois travées les plu 5 orientales de ses bas-côlés,
et qu'en 1311, l'évèque Baudoin Lambert entreprit de l'ache-
ver à ses frais, et que l'œuvre fut dès lors menée à bonne fin.
Une belle inscription française (fig. G) témoigne, encore aujour-
d'hui, de la générosité du prélat ; elle est ainsi conçue :
Insdiptinn
itliiiliale lie FamaKouste.
Lan . de . M . 0 . troi . cens . et . XI
d ' Crist . a . IllI . jors . daoust . fu .
despendue . lamonee . ordene
e . por . lelabour . d . liglise . d . Fam
ag " . e . c.omêsa . lelabour . levesq ' .
Bauduin . le . dit . an . le pre
mier . jor . d ' . septembre . do
u . quel . labour . VI . votes . d' .
deus . bêles . estoient, . faites . e .
. X . votes . des . heles . ave . VIII . voles . d
la . nave . d '
liglise . e
stoit . a . fa
ire . '.
1. Cf. le texte moins exact publié par le comte L. le Mas-Latrie L'He
4e Chypre. Paris, 1S79, in-8% p. 385. (Note.)
99
L ART GOTHinUK CHAMPENOIS
Votes (voûtes) peut, par extension, signifier travées. On
peut comparer la rédaction de celte inscription avec celle de
l'inscription du labyrinthe de la cathédrale de Reims qui don-
nait pareillement l'histoire de l'éditice *.
La seule voûte de la nave (vaisseau central) de Famagousle
qui oxist;U en 1^1 1 était le chevet ; les huit autres travées res-
taient à couvrir ; les ?ieles (ailes) sont les bas- côtés. On avait
commencé par le sanctuaire. L'inscription occupe la place où
s'étaient arrêtés les travaux.
Une autre église gothique un peu antérieure existe à Fama-
gouste et rappelle, sous un autre rapport, Saint-Urbain de
Troj'es : c'est la petite église Saint-Georges des Latins, avec
sa nef unique ruinée, de proportions délicieuses, et qui fait
penser à la Sainte-Chapelle. Ses gargouilles en forme de figu-
res nues (fig, 7), accompagnées ou non de draperies, et ses
Fig. T. — Garsrouille^ Je Saint-Gporues i\e< Latins à Faiiia!;ou>;te.
chapiteaux octogones touffus sont tout à fait analogues aux
sculptures de l'église troyenne. Un chapiteau, garni de pampres
1 . Voir L. Demaison : Les architectes de la cathédrale de Reims (Bulle-
tin archéologique. 1894;.
DANS I. ir.K DE CHYPRE
23
(fig. 8), fail penseï- ù ceux de la cathédrale de Reims, de Ville-
ueuve-l'Archevêque et d'autres églises champenoises.
Les redents des remplages des baies de la fin du xiii^ siècle
et du xiv« siècle i .
eu Champagne, no-
tamment à Saint-
Urbain, sont par-
fois terminés eu
fleurs de lys d'une
forme assez parti-
culière. Nous re-
trouvons ce détail
identique dans l'Ile
de Chj-pre, à S""-
Catherine de Nico-
sie, à Saint-Domi-
nique de Fama-
gouste et au cloître
de Lapais.
Un grand nom-
bre d'églises du
xiii'-' siècle, en Bourgogne et en Champagne, ont des fenêtres
géminées surmontées d'un oculus ou d'un quatre-feuilles. Il
est d'autres églises champenoises qui ont des fenêtres simple-
ment géminées ; telles Notre-Dame de Châlons, Saint-Chris-
tophe de Neufchàteau, la Madeleine de Troyes, les chapelles
absidiales de Montier-en-Der* ; au Breuil,près Orbais, la pre-
mière travée du chœur possède seule une fenêtre de ce type,
11 en est de même à Sainte-Sophie de Nicosie.
Quelques analogies existent aussi entre l'église de Monlier-
en-Der et celle de Sainte-Sophie de Nicosie. Quand, au début
du xiii" siècle, on voulut donner un comble au déambulatoire
de Sainte-Sophie, on établit, pour porter la poutre faîtière de
ce comble, une tablette moulurée portée sur de grosses conso-
les ayant pour profil deux quarts de rond superposés. Même
disposition se voit sous les combles des tribunes du déambu-
latoire de Montier-en-Der. De pareilles consoles portent aussi
les chéueaux de l'égUse de Mussy-sur-Seine. Beaucoup d'égh-
ses, et surtout d'églises secondaires du xiii" siècle, dans la
s. — Cliapitpaux de Saint-Georges de-; Lalins
de Famasoustp.
1 . Dans la plupart des cas, ces fenêtres répondent à des voûtes sexpar-
lites. Elles peuvent être aussi une réminiscenre d'une ordonnance romane
germanique (églises de Saint-Dié, etc.).
24 l'art gothique champenois
région champenoise, ont un chevel rectangulaire percé de trois
fenêtres, par exemple : Lorris, Puiseaux.
C'est aussi la disposition adoptée dans le chœur de l'abba-
tiale de Lapais.
Dans ie déambulatoire de Montier-en-Der. le portail de l'es-
calier de la tribune a un tympan orné d'un tracé d'arc sur-
baissé trilobé, analogue à celui du tympan d'un portail du
Trésor qui occupe la même place dans le. déambulatoire de
Nicosie.
A Montier-en-Der, la salle du Trésor est du xiv^ siècle ;
Sainte-Sophie de Nicosie a un porche de la même époque ;
Ions deux ont des arcs ogives d'un profil extrêmement rai-c à
cette époque, avec deux tores séparés par un canal.
Le déambulatoire de l'église de Montier-en-Der présente de
singulières arcatures eu forme de linteaux portés sur des cor-
beaux profilés en cavet '. Pareille anomalie se voit dans
l'église Saint- Martin d'Ypres, qui porte des traces évidentes
d'influence champenoise. Ce tracé rappelle, du reste, absolu-
ment celui des bizarres arcades du cloître du Val-des-Choux
(Haute-Marne), lesquelles rappellent certaine fenêtre du don-
jon gothique de Castrogiovauui en Sicile, élevé par Frédéric H,
qui avait pour architecte militaire, en Sicile et en Pouille,
Philippe Chinard, originaire des environs de Troyes, et qui
avait passé sa jeunesse en Chypre.
Les arcatures de c'eux des portails occidentaux de Sainte-
Sophie et celles du grand portail de Saint-Nicolas de Nico.-ie
préseuleiU absolument le même tracé que celles du déambula-
toire de Montier-en-Der.
Jl y a, au xv"^ siècle, une curieuse analogie entre les porches
de bois qu'on appuyait à toute la façade latérale des églises ou
dont on les entourait même sur plusieurs côtés-, tant eu
Champagne qu'en Chypre. En Champagne, on peut (ùter celui
de Sdinl-Nicolas de Chàtillonsur-Seine. En Chypre, Sainte-
Catherine de Pyrga, Glykiotissa près Cérines, Sainte-Anne de
P'amagouste.
Les architectes de l'école de Champagne, ajx xiii'' et xiv''
1. Ce dessin est d'origine germanique. Voir notamir.ent les arcatures
extérieures des clochers romans d'Audercacli (Prusse rhénane).
2. Ces porches existent aussi assez fréquemment en Sologne (Loiiel,
Cher et Loire). On en trouve dans le Cher à Saiute-Montaine et à brinon
(Voir B. de Ker.-ers, Stalislifjue monumenlale du Cher, fasp. II, p. lOG).
Ces porches ont servi de balles.
DANS l'île de CHYPRE 25
siècles, out fait uu usage assez coaslaul d'arcs plus aigus que
le tiers-point. Les exemples en sont innombrables : on peut
citer Corribert, Dormaus, Remiremout, Saint-Dié, etc.
L'arc suraigu se reucoutre aus^i en Chypre ; on le remarque
surtout dans une fenêtre de la façade de Saint-Pierre-el-Saint-
Faul de Famagousle.
L'emploi des grosses colonnes isolées, qui a été fréquent
dans les églises du xii^ et du début du xiii° siècle, a persisté
plus longtemps eu Champagne, témoin l'église de Saint-Eugène
(Aisne) et la cathédrale de Chàlons-sur-Marne. C'est la règle
générale eu Chypre. Les hautes colonnes de la cathédrale de
Chàlons, avec leurs clMpiteaux octogones garnis de feuillages
assez peu décoratifs, dépourvus d'effet, d'ampleur et de finesse,
ressemblent d'une façon fra[)panle aux colonnes et aux chapi-
teaux de l'abbatiale chypriote de Morphou.
Les chapiteaux ronds abondent en Champagne comme en
Chypre. Une variété particulière est celle des chapiteaux fans
sculpture. Us ne sont pas rares en Champagne et sont surtout
usuels en Lorraine, et dans le style gothique qui, de Champa-
gne et de Lorraine, a pénétré la région germanique ' ; on en
voit aux Istres près Epernay, au clocher de la Chapelle-sous-
Orbais, à Luxeuil, cà 6aint-Ghristophe et à Saint-Nicolas de
Neufchâleau, à Montier-en-Der dans la chapelle du nord-est,
à Metz au portail de Sainte-Ségolène, dans l'église abbatiale de
Saint-Salur près de Sancerrc. les chœurs de la cilhédrale de
Saint-Dié et de la collégidle d'Epinal, dans celle de Kemire-
moQl ; de même dans certaines églises d'Allemagne : Sainte-
Elisabeth de Marbourg, saiut-Jacques de Stralsund, Sainte-
Marie de Stargard, Saint-Jean de Stetiin, Neubraudebourg.
Le même parti est adopté dans la nef de la cathédrale de
Nicosie, dan> une église de Paphos. dans les églises Saint-"
Nicolas, Saiuts-Pierre-et-Paul, Saint-Georges des Grecs et
Saint-Antoine à Famagousle, Saiut-Sozomène près Polamia.
L'église Saint-Paul de Besançon a de fort curieux chapi-
teaux du xiv'' siècle, La plupart sont divisés en deux zones -
ornées d'étranges feuillages découpés en faible relief. L'un
d'eux est décoré de grandes feuilles de trèfle posées en alter-
1 . Ce lype de chapiteaux a quelquefois été exporté de Champagne par les
moines de Citeaux, ainsi au réiecloire et aux celliers de l'abbaye de Noir-
lac (Cher].
2. C'est une lourde reproduction du type Lieu connu du chapiteau à deux
étages des cathédrales de Reims, de Chartres et de Léon (Espagne) et de la
collégiale de Saint-Quentin.
26 l'art gothiqur champenois
ijauce. La même division on deux registres cl le molif si parti-
culier des trèlles posés en alternance pc retrouve ù Fiuna-
gouste, daus les épais tailloirs des consoles qui portaieut les
voûtes d'une église ruinée voisine de celle des Sainis-Pierre-el-
Paul.
L'église d'Ecrouves près Toul a, aux retombées des voûtes
de sa nef, de petits culots du xiii'' siècle d'une forme assez
particulière. Ce sont des pyramides renversées de plan rectan-
gulaire et à boulon terminal sur les angles desquels s'appli-
quent des feuilles polylobées traitées presque en méplat, légè-
rement creusées au centre de chaque lobe et ne formant ni
coude ni crochet.
Des culots, en tous points semblables, reçoivent les retom-
bées des voûtes du porche de Lapais.
Le chœur de l'église de Dorraaus a de très singuliers fais-
ceaux de colonnes adossées qui décrivent un coude au-dessus
du chapiteau. Ce genre curieux d'encorbellement s'adapte bien
au tracé de la courbe de pression des voûtes.
Un exemple beaucoup plus grossier de la même singularité
architecturale se voit à Famagouste, dans une petite église
située entre celle des Carmes et celle des JNestoriens.
Ces exemples peuvent être rapprochés des fûts de colonnes
à ressauts, plus larges dans la partie supérieure, que l'on
trouve parfois en Bourgogne (Saint-Seine, salle capitulaire de
Fonlenay).
La Bourgogne a probablement créé, à coup sûr adopté, plus
qu'une autre province, un type de corbeaux très particulier
que la Champagne a adopté avec le reste des habitudes bour-
guignoni^es, et qui a eu quelques imitations aussi en Pro-
vence.
Ces corbeaux forment, sur leur tranche, uu triangle ren-
versé dont le sommet se raccorde avec une arête qui vient
mourir à la partie inférieure du corbeau'.
On trouve de ces corbeaux en Chypre au xiv'' et au xv® siè-
cles, à Lapais (porte du sous-sol du dortoir), à Sainl-Mammas
de Dali et dans les restes du couvent des Augustins de
Nicosie.
Par une corruption assez déplaisante, les moulures qui
devraient former un triangle renversé sont parfois, au xv^ siè-
1. Voir Eularl : Origines de l'architecture gothique en Italie (Biblio-
thèque des écoles de Hume et d'Athènes), 4894, p. 273.
DANS l/lI.K DE CHYPUR 27
cle, dirigées la poinle en haut , celle déforinalion s'observe à
Sainl-Mainraas de Dali el dans une pelile église de Fama-
gousle (entre Sainle-Anne el les Carmes).
Certains eucorbellemenls bourguignons, fornaés de groupes
de culots, ont été aussi assez usités en Champagne, et se
retrouvent en Chypre, ù l'abbaye cistercienne de Beaulieu.
non loin de Larnaca, à celle d'Acheropiilou près Cérines, à la
cathédrale de Paphos el dans une chapelle des lïospilaliers de
Famagousle.
Les monuments du royaume de Chypre, sur lesquels je
comple faire paraître, dans peu de mois, une élude complète ',
montrent d'une façon saisissante quelle a été la puissance
colonisatrice de la France du Moyen-âge, combien grands, et
quelquefois durables, ont été les résultats matériels et moraux
des croisades, et quelle patt glorieuse la Champagne y a prise,
non seulement par les armes, ce qui était connu, mais par ses
artistes dont les œuvres coloniales méritaient, je crois, d'être
tirées de l'oubli.
(1. Enlarï.
1. Ouvrage cité dans la première note de cet article.
itépertoire Historique de la Haute-Marne'
CONTKNAM' LA NO.MENCLATLHK
DES OUVRAGES, ARTICLES, DISSERTATIONS & DOCUMENTS IMPRIMÉS
Concer/iauf r/iistoire de ce Déjxu'tement
DEUXIF.ME PARTIE
CATALOGUE DES ACTES
805. — 121 1. — Guillaume,
évéque de Langres, atteste le don
par Emeliiie, dame de Seiinevoy,
et par son frère Geotlroi, aux re-
ligieuses de Jully, la première,
du 8*" des pâtures de Seniievoy,
et le second, d'une certaine rente
à La Chapelle.
E. l'etit, «arlul. Jully-les-Nonnains, :!5 ;
d'ap. Ardi. Ciile-d'Or, fonds Molèine, n"250.
— Jobin, Hist. du prieuré de Jully-les-
Nonnains. ■,'55 ; d'ap. orig. Arcli. Cule-d'Or,
prieuré de Jullv, H l'ôU.
806. — 121 I. — tuJe, duc
de Bourgogne, permet aux reli-
gieux de Longuay d'acquérir sur
les bords de 1 Ouice, soit sur ses
hommes, soit en ses fiefj, autant
de prés qu'ils voudront, jusqu'à
concurrence de quarante charret-
tes de foi.i.
E. l'ctil, Hist. (les ducs de Bouri/., 111,
IHi), d'ap. Arcli. Haute-Marne, earlul. I.on-
•jua.v, loi. lu;!.
807. — 121 1 (v. st ), février.
— Hervé, évéque de Troyes,
atteste que Geoffroi de Vassy,
chevalier, a donné à Moncier-en-
Der tout ce qu'il avait dans la
dîme de Jusanvigny (Aube). Si-
mon, chevalier de Lassicourt^.
a fait un don semblable pour la
dîme de Lassicourt (Aube).
Laliire, Princip. cartul., IV. T21 ; d'ap.
'i' nartul. Montier-en-Der, fol. 26, v'.
808. — I2I2. — Guillaume,
évéque de Langres, affecte à la
dotation du prieuré du Yal-des-
Ecoliers, des terres, usages, ren-
tes et autres biens.
Gall. christ, nova, IV. instr. col. lO'.l, —
Bri'-(juii/nij, Tab. cAiv., W, .")5.').
809. — I2I2, 23 février, La-
tran (7 kal. mars, an XV). —
Lettre du pape Innocent lll au
chapitre de Langres, par laquelle
il confirme l'annulation des élec-
tions de H., chantre d'Autun, et
de H., archidiacre de Bar-sur-
.Aube^. qui avaient été nommés
doyens de ce chapitre. <( Cum
causam que... »
Itdhize. Epist. Innoopulii III, loiiio II, p.
.")!17. — Mii/iii-, Innoe. op., III, 540. —
Jlréqiiif/iii/, Tali. clir., IV, Sl'J. — Pottlinst,
n" i.'.si.
810. — 121 2, 23 février, La-
tran (7 kal. mars, an XV). —
Lettre du pape Innocent III au
chapitre de Langres, par laquelle
il lui permet de rentrer en posses-
sion de biens qui avaient été
aliénés sans son consentement
par les évoques de Langres. k Ad
hoc sumus... »
' \'oir page 8i3, tome IX, 2' série, de ly lievue de Champagne,
BÉPERÎOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNË
29
Orig. Arcli. llaulc-Mainp, G. S. n" 2.
Baluze, Epist. Innocentii 111, lome 11. p.
597. — ^iilJne, Innoc. op., III, 539. — Hrr-
quiQUlj. Tali. clir., IV, 51',l. — l'otthasl. n"
i:!8ii.
8ii. — I2I2, 2 1 mars, Latr.in
(i3 kal. avril, an XV). — Lettre
du pape Innocent III aux abbés de
Morimond et de Saint-Etienne de
Dijon, et au grand archidiacre
de Langres, qu'il charge d'exami-
ner l'authenticité ou tausseté des
lettres produites en la cause du
comte Êtieniie, et de les lui trans-
mettre. Ils maintiendront la sen-
tence d'excommunication et l'in-
terdit prononcés par l'archevêque
de Besançon, jusqu'à ce qu'il ait
réparé les torts causés par lui à
l'archevêque. « Venerabili fratri
nostro... ï
Jialuze. Epist. Innocenlii 111, touie II. y.
002. — Mir/ne, Innoc. op., III, 550. — Brr-
quigny, ïab. clir., IV. b'i\. — Potthast, n"
440S.
8i2, — I2I2, 31 mars, Latran
(2 kal. avril^ an XV). — Lettre
du pape Innocent III à l'évéque
de Langres, à l'abbé de Villierset
à N., chanoine de Verdun, par la-
quelle il leur enjoint d'assigner à
P., clerc, neveu d'Henri, évéque
d'.-\lbano, l'une des huit prében-
des vacantes de l'église de Metz,
quoique le chapitre de Metz ait
engagé les revenus de ces prében-
des pour quatre ans. « Cum per
alias... »
Unluza, Epist. Innocentii 111, lomc II. p.
605. — Mifjiu', Innoc. op., III. ô'ij. — Ilrr-
iliiir/iii/. Tab. rlir., IV, 521',. — l'otlliast, n"
■illl.
813. — I2I2, 7 juin, Latran
(7 id. juin, an XV). — Lettre du
pape Innocent III à l'évéque de
Langres, lequel lui avait demandé
son avis concernant un juit qui
avait frappé un prêtre ; un pri-
sonnier, qui s'était tait passer
pour évéque et avait consacré des
autels et des novices mineurs,
qui, ayant repris l'habit séculier,
et sans avoir fait profession pen-
dant un an^. avaient été promus
aux ordres sacrés, en connaissance
de cause, par leurs évèques. « Pos-
tulasti per sedem... »
Jlalu:e. Episl Innocenlii 111, lome 11, p.
Ii4(i. — Miqne, Innoc. op.. III, (ilJO, et au-
tres (voir i'otlliasti. — Jirrqnifjinj. Tab.
clii-., IV. :>;!;!. — fntllmst. n» \hr.\.
814. — 1212, juin. — Henri,
fils du comte de Bar-le-Duc, fait
savoir que Renier, chevalier de
« Pares » (Paroyr),a donné à l'é-
glise de Biurg-Sainte-Marie vingt-
cinq arpents de terre.
//Ufhcsiif, llist. lie la nMÎ-.n de B.n-le-
l)uc, l'r., p. 2:> : ex cliartul. Moli^in. Iraiïiii.
Iiieve. — /Jrrqtiif/ny, Tali. ilir., I\', W.'^i'i.
815. — 1212, juin. — Gillc,
autrefois dame de Vergy, et son
fils Guillaume, déclarentque Blan-
che de Navarre ayant consenti à
l'engagement de leur ficf à la
Fertéj-sur-.Aube], pour une somme
de 90 livres, ils la tiendront in-
demne de tout préjudice.
Duchcsne, Hisl. de la maison de Veri^y,
Pr. p 178. — Analyse : Teulet, Layettes,
n° 101:!.
Cat. actes des comtes de Champ., n° 705.
816. — 1212^ juillet, Saint-
Germain-en-Laye. — Le roi Phi-
lippe Auguste écrit au pape Inno-
cent IK que du temps de Manas-
fès, évéque de Langres, il a été
décidé que l'abbé, l'église et les
bourgeois de Bèze étaient sous h
juridiction temporelle de l'évéque
de Langres. L'abbé de Beze s'é-
tant plaint récemment de l'évéque
Guillaume, les parties furent assi-
gnées devant la cour du roi à Vil-
leneuve, aux octaves de Saint-
Martin avant Noël (18 nov. 121 1),
et l'abbé renvoyé devant la cour
de l'évéque.
/'('<(7, Tlieodori po?niteutiale, 11, 70(i ; ex
cartul. eccles. Ling. , ad an. 122-. — • Bré-
quiginj. Tab. clir., V, lf<0, ad ann. 1222. —
L. ' Diiiish;, Cat. des actes de Pli. Au?;., n»
1:190.
817. — 1212. — Guillaume,
évéque de L.mgres, déclare que
Hugue, chevalier, fil.s d'Hugue
de Vergy, avec l'assentiment de
sa mère Gile, dame d'.Autrey, et
de son frère Guillaume de Vergy,
chevalier, a donné aux religieux
de Mores toutes les dîmes lui ap-
partenant dans leurs terresde Val-
bonnet.
3U
UÉPERTOIKE HISTORIQUE DK LA HAUTE-MARNE
Lalore, Chartes de Mote-s p. SO, n» 70,
d'ap. copie du xvii' ?. Bili. n;it., liani;ais
r)995, fol. m; I".
8i8. — 1212 (v. St.), janvier.
— Pierre, abbé de Saint-Remi de
Reims, convient avec Blanche de
Navarre, comtesse de Champa-
gne, de partager avec elle la main-
morte et les formariages de La
Villeneuve-au-Frcna.
Teulet, Layotles, u" ll>;!l •. allili,v^.•, J'ap.
Arcli. nal.. j'. l'.»7, n° 'J.
Cal. ai-tos des couilcs de Cliaiiip., u" SOô.
819. — I2I2 (v. St.), février.
— Guillaume, évèque de Langres,
déclare qu'il était en contestation
avec Blanche de Navarre, com-
tesse de Champagne, p.irce qu'il
voulait exercer le retrait seigneu-
rial de ce qu'il avait acquis de
dame Chamunde, et parce que
Blanche voulait exercer le retrait
seigneurial de ce qu'il avait ac-
quis d'Aubri de La Fauche à Choi-
gnes ; mais les deux p.irties s"en
sont remises à ["arbitrage du duc
de Bourgogne, qui jugera sur le
rapport de Lambert Bouclm et
de Pierre de Frolois, et qui ne
pourra rien donner à l'evéque
dans le château de Chaumont.
Analyse, Teulcl, Layettes, n" 1030.
Cal. actes des coailes cleCluimp., u" cSUT.
820. — 121 2 (v. St.), février.
— Charte d'Eude, duc de Bour-
gogne, constatant les mêmes taits
que la charte précédente ; mais le
premier expert désigné est le ma-
réchal de Champagne (Geoffroi
de ViUehardouin). au lieu de
Lambert Bouchu.
Analyse, Tev.let, Layettes, n" lOSG.
Cat.des actes des C'"- de Champ., a" SdS.
821. — I2I2 (v. St.), février.
— Eude, duc de Bourgogne, dé-
clare que dans le cas oia il recon-
naîtrait que les acquisitions taitcs
par Blanche de Navarre, comtesse
de Champagne, dans la chàtelle-
nie de Chaumont, sont de la
mouvance de l'évcché de Langres,
il décidera que la comtesse les
tiendra de lévéque en accroisse-
ment de fief.
Analyse, Teulet, Laveltc, n" 1037. —
Cat. actes de.* C'* de Chainpâirnc, u" i<0'J.
822. — 1213, 29 mai, Latran
(4 kal. juin, an XVI). — Lettre
du pape Innocent III à l'évèque
de Langres et à l'abbé de Mori-
mond, par laquelle il les charge
de retirer à l'archevêque de Lyon
l'administration de son diocèse,
s'il n'accomplit pas la punition
qui lui a été inflip.ée. « Auditis
(Manrique : Lectis) epistolis... »
Jjali(Zi\ Epist. Inuoccntii III. tome II, p.
77'J. — Manrique, Ann. cislerc, IV, SI -.
alisque not. chvon. — Migne. Innoc. op., III,
S(i6. — liréiiuuinxj, Tab. clir. , IV, 5(10. —
l'iitthast, u» t730.
823. ■ — 1213, mai. — Gau-
tier, seigneur de Vignory, con-
firme au prieuré de ce lieu la pos-
session d'une vigne.
./. (V Arbauiiwnt, i:artul. de Vignory, 11.
824. — 1213. — Guillaume,
évèque de Langres, déclare que
Gautier, sire de Vignory, a donné
aux religieux du Val-des-Ecoliers
un demi-muid de froment, me-
sure de Vignory. sur son moulin.
Au cas où elle ferait défaut, cette
rente sera prise sur le moulin de
Soncourt.
J. d Arbaumont, Carlul. de Vignory, 208;
d'ap. oris'. Arch. Haute-Marne, Val-des-Eco-
liers, 12" liasse, .S'^ partie.
825. — 121 3. — Girard, évè-
que de Châlons-sur-Marne, fait
savoir que Simon, sire de Join-
ville, a renoncé à toutes les tailles
et exactions indues dans les do-
maines de l'abbaye de St-Urbain.
J. Simonnet. Ksi-ai sur les sires de Join-
villi-, llii ; d'ap. Arch. Ilautc-Marne. cartul.
(le S>-Urbain, I, loi. 30li.
l'Original, scellé de l'évèque, mOme fonds,
l.">" liasse, '.i' partie).
826. — 1214, 2 janvier, La-
tran (4 non. janv., an XVI). —
Lettre du pape Innocent III à
l'évèque de Langres et à l'abbé
de Morimond, indiquant la for-
mule du serment que devra pro-
noncer l'archevêque de Lyon pour
l'expiation de sa faute. * Recepi-
mus (Decr : .Accepimus) litteras
vestras... »
Btiluze, Epi>l. liinoccntii III, tome II, p.
S22. — bosquet, Innoc. op.. 660. — Mifine,
Innoc. op., 111. 'Jl5. — Decr. Grcg. I.X, apud
Bfclimor, Corp. II, S29 ; ud an. 1213.—
RÉPERTOIRE HISTOHIQUE DE L\ HAUTE-MARNE
31
Bn-quif/ny, Tali. tlir.. IV, 571. — l'olih.ist.
827. — 1214, août, Troye-i.
— Simon de Joiiiville, sénéchal
de Champagne, fait hommage-
lige à Blanche de Navarre, com-
tesse de Champagne, pour la sé-
néchaussée de Champagne, saut
réserve de la question d'hérédité;
il aidera le comte Thibau i IV
contre les filles du comte Henri ;
il lui fait hommage-lige de Join-
ville.
Cliiinti'.rftiH, II, Traité des fiefs, l'J, M.
— Bnissel, U^agc des fiefs, 638. — Ûidot,
Joinville, p. CXI, lettre A, — Catal. des acier,
des C'"' de Champ., 867.
828. — 1214, août. — Guil-
laume, évéque de Langres^. atteste
un échange tait entre les religieu-
ses de Jully et Manassès de Sen-
ne voy.
E. Petit, Cartul. de .JuUy-les-Noiiuaiii-,
o(î ; d'ap. orig. Avch. Cote-d'Ôr, fonds Mo-
léme, n" 250. — Jobiii. Hist. du prieuré de
Jully-les-NoDiiain', Ï.").t ; d'ap. ori^. Arcli.
Cc')te-d'Or, piiemé de Jully, H. 25U.
839. — 1214. — Guillaume,
évéque de Langres, atteste la
vente de deux parts des dîmes de
Jouancy, par Pétronille, fille du
seigneur Philippe des Prés (.^),aux
religieuses de Jully.
E. Petit. Carlul. du prieuré de .Jullv-lr--
Xoiinains, 35 ; d'ap. orig. Arch. Cuted'Ûr,
fonds Moléme, n" 250. — Jobin, Hist. du
prieuré de Jully-les-Nonnains, 256 ; d'ap. ori-
ginal, Arch. Cote-d'Or, prieuré de Jully, 11.
250.
830. — 1214. — Simon, sire
de Joinville^ reconnaît les droits
de l'abbaye de Montier-enDer
sur la rivière de Biaise ; il aban-
donne le moulin qu'il avait fait
construire à Vaux, et renonce au
droit qu'il prétendait de contrain-
dre les hommes de l'abbaye à
contribuer aux travaux du château
de Joinville.
.y. 6'j/«ou«ef, Essai sur les sires de Join-
ville, 120 ; d'ap. 2" rartul. Montifr-en-Drr.
fol. 70, v.
831. — 1214. — Simon, sire
de Joinville, renonce, au profit
des religieux de Montier-en-Der,
à toutes ses prétentions sur la ri-
vière de Biaise.
./. Sitiwiini't, Kssai sur ]•■:. -lies de Join-
ville, 120; d'ap. 2''rartul.dL' Monlior-cn-Der,
fol. 7(1, r.
832. — 1214. — Guill.iume,
seigneur de Vergy, se reconnaît
homme-lige de l'évéque de Lan-
gres après le duc de Bourgogne,
car il tient dudit évè,"iuc la mai-
son-forte de Milon d'EUe, sise à
" Henevetce ».
A. Iluchesiii', Ilisl. do la maison di-Vergy,
Pr. p. 17!) ; exLr. <lu carlul. des liel's de l'E-
véehé de Lanières.
Urriiiùiiinj, Tali. i-lir. , V, 2ii.
83?. — 1215, juin. — Gui
[de Joinville], seigneur de Sailly,
fait hommage- lige de Donjeux à
Thibaud IV, comte de Champa-
gne.
Chanlerrau. Traité de> liefs, 11, VJ
J. Hiiiioiiiti't, Kiiiù sur les
de Cliai
de Join-
n" OIS.
854. — 1215, juin. — Simon,
seigneur de Joinville, sénéchal de
Champagne, consent à ce que
Gui, seigneur de Sailly, son frère,
tienne ligement Donjeux de Thi-
baud IV, comte de Champagne.
CliCUitcreaUs Traité des fiefs, II, 57.
Cal, actes des C" de Clianip., n" Dl'J.
835. — 1215^. septembre. —
Guillaume, évéque de Langres.
fait connaître et approuve la règle
adoptée par W., prieur, et les au-
tres religieux du Val-des-tcoliers.
A. />'Ac/(f?'//,Spicil., III. 581), e\ niembranis
domini d'Ilérouval. — Gall. christ, nova, IV,
in-lr. .•.;.!. l'.l'.l
836. — 1215. .septembre, —
Adeline, abbesse, et tout le cou-
vent de Poulangy^ font connaître
une convention relative à l'entre-
cours de leurs hommes et de ceux
de l'évéque de Langres. Ceux de
l'abbesse conserveront les hérita-
ges qu'ils auront dans la terre de
l'évéque, en quelque lieu qu'ils
demeurent ; il en sera de même,
à l'inverse, pour les hommes de
l'évéque.
Brcssel, Usage des fiefs, II, 102;î, note a.
837. — 1215, septembre. —
L'abbesse et les religieuses de
Belmont vendent ;;ux religieux du
32
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA aAtlTE^MÀRNE
Val-Jcs-KLoliers une rente de 20
sous provinois qui leur avait été
donnéj par Chaumondc, sur les
revenus de Chaumonr.
B>i//'inil. lli-t. (lu Favl-Billdl. -'17. note ï.
838. — 1215. — L'nbbé de
Cluny faic savoir qu'ayant été élu
abbe de Cluny, il a résigné son
abbaye de Moienie entre les mains
de Guillaume évéque de Langres,
et a demandé à cet évéque, pour
les religieux de Molémc, l'autori-
sation d'élire un nouvel abbé.
./. /V/!f, Tlieodori pœnilenliale. 11. lil",'.
linhjuigiiy, Tuli. clir., V, 4(3.
839. — 1216, mai. — Gautier,
seigneur de Vignory, reconnaît
que les forteresses de Biaise (sous-
Arzillières) et d'Isle(-sur-Marne)
sont rendables à Blanche de Na-
varre, comtesse de Champagne,
et à son fils Thibaud, à grande et
à petite torce.
ChaïUereau, Traité des fiefs, II, OL'. —
Teulet, Lavettes du trésor des charte.-, u"
1181.
Bréqiiigny, Tab. chr., V. 51.
Cal. actes des C" de Cbaiii|.., n" 908.
840. — 1216, mai. — Guil-
laume de Vergy taie savoir que
Gui de Beaumont est homme-lige
de lévéque de Langres après le
seigneur de Beaumont, son Irrère,
et qu'il a repris dudii evéque tout
ce qu"il a à « Coicheium ».
A. Du Cliesiii', Hist. de la maison de
Verirv, Pr. p. 397; extr. du cartul. des fiefs
de levi'clié île Langres.
/Jri'i/ioi/iii/, 'l'ail, clir., V, 51.
841. — 1216, juin. — Blanche
de INavarre, comtesse de Cham-
pagne, tcnae le prieuré des Ermi-
tes de Vas^y, ordre du Val-des-
hcoliers.
/v. '/'• Itarllu'Icmi/, Diocèse ancien de
Chàlons-«ur-Marne, 1, 2l;>.
Cat. actes des C'«~ de Cliaiiip., n' 'J7."i.
842. — I2i6, 26 juillet, Pé-
rouse (7 kal. août, an I). — Let-
tre du pape Honorius III aux ab-
bés de Citeaux, de La Ferté, de
Poniigny, de Clauvaux et de .Vlo-
rimond. par laquelle il les exhorte
ù vivre en paix les uns avec les
autres. « Sinceritatis affectus
quos... »
.1. Manrique, Annal, cisterc. IV', H.t. —
Jirc'tjuif/inj, Tah. dir., V, 52. — Potthast.
843. — 1216, octobre. — Thi-
baud IV, comte de Champagne,
en récompense des services de
Lambert de Chàtillon, et notam-
ment de ses fatigues outre-mer,
lui donne ce que lui Thibaud
avait à Rizaucourt, et la place où
l'on vend les cuirsà Bar[-sur-.Aube].
Chantpveau. Traité des fiels, II, S7. —
lliicliesne, Hist. de la maison de CliàtiUon,
Pr. ,.. ■:.
Cal. actes des Comtes de Champ., no 10;'l.
844. — 1216. — Guillaume,
évétiue de Langres. fait connaître
des conventions intervenues encre
le monastère de Vauxbons et le
doyen et le chapitre de Langres.
Gall. christ, nova, IV, instr. col. '-'01 ; e.\
autoprrapho.
lln}(/uigny, Tab. chr., V, (!(;.
— 1216.
Simon, sire
de Joinville, accorde des droits
de pèche à l'abbaye de Clairvaux.
Chtimpotlion, Documents inédits sur Jean,
sire de Joinville. (Docum. hist. extr. de la
Bib. Royale, I, (ilH.)
846. — 1216. — Guillaume,
évéque de Langres, atteste que
Foulque, chevauer de Bourbonne,
et sa temme .Agnès, ont donné à
Reine, Gillette et Sarah, religieu-
ses de JuUy, six setiers de grain
sur les tierces de La Chapelle,
pour en jouir jusqu'à leur mort.
JC. Petit, Cartul. du ]iricuré de Jully-los-
Nonnains, 37 ; d'ap. orig. Arch. Cote-d'Or,
fonds Molème, n" -50. — Jobin, Hist. du
prieuré de Jully-les-.N'onnains. l'Ol ; d'ap.
ovvx. Arch. Cole-d'Or, prieuré de Jully, U.
-'au.
847. 1216
de Bourgogne,
mon, seigneur
ses hommes d'
nonce, en faveu
Longuay, au d
prétendaient av
d' « trces ».
E. Petit, Hist. d,
163, d'ap. Arch. Uau
L'uav. lui. 172.
— tude, duc
déclare que Si-
de Rochefort, et
hssarois ont re-
I des religieux de
roit d'usage qu'ils
oir dans le bois
ducs de Bourg., 111,
tc-Marnej cartul. Loa-
RÉPERTOIRE HISTORIQtjE DE LA HAUTE-MAHNK
'n
848. — 1216. — GLiillaume,
évéque de I^aii^res, atteste diver-
ses donntioiis faires par Gui, che-
valier d'Ancy[-le-Franc]. aux reli-
gieuses de Jully.
Jobin. Hist. du prieun' de Julh-Io-Noii-
nain?. 2(i2 ; d'av ori;;. Airli. Càlc-d'Or,
fonds de Fulvy, H. -^ÎO.
849. — [1216.1 — Lettre du
pape Innocent III à Tévéque de
i.angres et à Gui, abbé de Mori-
mond, par laquelle il leur expose
ce qu'Us devront exiger de l'ar-
chevêque de Besançon pour l'ex-
piation de ses crimes.
Manrique, Annal. Cinon- , IV, S2 ; ad
an. 1216. — Bréqiùriny. Tal). chr., V, 67.
(C'est peut-être la même chose que la bulli'
du 2 janv. 1214, n" 836 ci-dessus. — Cf. n»
S22.)'
8>o. — 1216 (v. st.), janvier.
— Guillaume, évéque de 1 angres,
tait savoir que Hugue d'Acey,
sur le point de partir pour Jéru-
s.ilem, a renoncé, en taveur de
Tabbé de Saint-Bénigne de Dijon,
à ses prétentions conceriunt « Or-
gelz ».
Pérard, Recueil, 305: ex cartul. S. Beni-
gni.
Bréquigny, Tab. chr., V, 61.
851. — 1217, 14 mars, Latran
(2 ides mars, an I). — Lettre du
pape Honorius III aux abbés de
Citeaux, Pomigny, Clairvaux et
Morimond, par laïuelle il les in-
vite à observer l'accord établi en-
tre eux par Nicolas^ évéque de
Tusculum, légat du Saint-Siège,
concernant l'élection des abbés de
Pontigny. Clairvaux^ La Ferté et
Morimond. « Cum nuper in... »
A. Manrique, Annal, cisterc. IV, 100. —
Bréquigny, 'Va.h. cW., V, Q'i. — Potthast,
n» 5497.
852. — 1217, II avril (^ ides
avril). — Albéric. archevêque de
Reims, et Guillaume, évéque de
Chàions[-sur- .Marne] , confirment
la tondatioi du pri.'uré d'Epineu-
seval (commune de Villiers-au-
Bois) par Gui de Da npierre, com-
plétée par son fils Guillaume.
Gall. christ, nova, X, insir. col. 177-17S.
853. — 1217, juin. — Henri,
comte de Bar-le-Duc, fait savoir
que Cécile, fille de Renier de
« Pares » (Paroy.'), a donné à l'é-
glise de Bourg-Sainte-Marie tout
son alleu de « Votum » avec 40
livres de provinois forts.
.A. Tlii Clmsyu;. Hist. dr l.i maison de Bar-
le-Duc Pr. 2:'.; d'ap. .■artni. Midriin'.
854. — 121"^, -loijc. — Guil-
laume, évéque de L^^i grès, asso-
cie Blanche de Navarre, comtesse
de Champigne, aux droits que
l'abbaye de Saint-Bénigne de Di-
jon lui a cédés sur Moiitigny| -le-
Roi]. Le prévôt sera nommé d'un
commun accord par les deux par-
ties ; une forteresse sera bâtie à
frais communs.
Teu/et. Lavette^, n" 12:^8, d'ap. Arch.nat.
J. 103, n" 9. — Cal. acte» des C" de '
Cliainp., n" 1082.
855. — 1217, août. — Guil-
laume, évéque de Langres, cède à
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, et à son filsThibaud
ce qi'il a à Choignes, et reçoit en
échange ce qu'ils avaient a Aube-
pierre.
Analyse, Teulet, Lavettes, n" 1239.
Cat. actes des C" de Champ., n" lOSL
856. — 1217, décembre. —
Simon, sire de Joinville, donne
des lettres de non-préjudice à
l'abbaye de Saint-Urbain qui avait
envoyé, de son bon gré, des
hommes faire le guet au château
de Joinville.
Diicanr/e, Glossarium, au mot ■< Hordamen
tum. »
J. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville. 117 ; d'ap. Arch. Haute-Marne, Saint-
Urbain, 15« liasse, 2' partie.
857. — 1218, 27 janvier, La-
tran (6 kal. fév., an II). — Hono-
rius III écrit à [ConradJ, abbé de
Valsecret, à [RaouP, abbé de St-
Jean des-Vignes, et à [Gui], doyen
de Soi-sons, que [Garin], évéque
de Senlis, [Jean], abbé de Sainte-
Geneviève de P.) ris, et [Jean],
prieur de St-.VIartin-des-Champs,
ont enjoint à [Guillaume], évé-
que de Langres, d inviter, sous
peine d'excommunication et d'in-
terdit, Erard de Brienne, Philip-
34
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNÈ
piiie, Milon de Noyers, Miloii de
Saint-Florentin, Simon de Clef-
mont. Simon de Sexfontaine. Rai-
nard de Choiseul^ à faire avec
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, une trêve conforme
aux prescriptions du concile géné-
ral ; que révèque de Langres a
tait cette invitation mais n'a dé-
noncé ni l'excommunication, ni
l'interdit. Honorius charge les deux
abbés et le doyen de ly contrain-
dre, soi's peine de suspension.
« Ltrum Christi membrum... »
Ti'i(lrt,D" 1275. a'ap. J. 20'.i, n» 17. —
Polthast, n" 56711. — Cat. iiclcs dos Comtes
de Cliaiiip,, n" 1U'.)7.
8)8. — I2i8, II février, La-
tran (3 ides tév., an II). — Lettre
du pape Honorius III aux abbés
de Clairvaux,xVlorimond et Bourg-
moyen de Blois, par laquelle il
leur ordonne d'aller trouver le
Roi et de lui enjoindre de rendre
à l'évéque d'Orléans le château de
c Soliacum » et de taire réparer
les dommages causés à cet évé-
que. (I Oblata nobis venerabilis.. . »
A. Manrlque, Annal, cisterc, IV, 124. —
Rec. Hisl. Fr.. .\1.\', (352. — Bri^i/uigny,
Tab. cbr., V, 82. — Potthast, n" 5G1I8.
859. — 1218, le-^juin, Araance.
Thibaud, duc de Lorraine, mar-
chis, comte de Metz et de Dabo,
revient à l'hommage de Blanche
de Navarre, comtesse de Champa-
gne, et de son fils Thibaud ; il
s'engage à leur venir en aide con-
tre Erard de Brienne. En cas
d"inexécutio!i de ses engagements,
il fera la réparation que détermi-
neront Hugue, duc de Bourgo-
gne, et Jean d'.Arcis. Il donne en
gage : 1° à Blanche, les fiefs que
tiennent de lui le comte de Bar-
le-Duc et le seigneur de La Fau-
che ; 2" au duc de Bourgogne, le
château de Châtenois.
Godefroy, Généal. des ducs de Lorraine,
33. — Teulet, Layettes, n» 12'J3.
Cat. actes des C'* de Cbarop., n" 1117.
860. — 1218, i*^^"" juin [Aman-
ce]. — Hugue de La Fauche se
porte caution de l'exécution des
engagements contractés par Thi-
baud, duc de Lorraine^ envers
Blanche de Navarre^ comtesse de
Champagne.
(.'hantcrimii. Traité des liefs, II, 97.
Cal. actes des Comtes do Champ., n° 1122.
861. — 1218,7 juin. — Simon
de Joinville déclare que son droit
héréditaire à la sénéchaussée de
Champagne ayant été reconnu par
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, et son fils Thibaud
IV, il est revenu à leur hommage
et les aidera contre Erard de
Brienne. Pour gage de sa fidélité,
il leur reconnaît le droit de con-
iisquer la mouvance de La Fau-
che, leur donne en otage son fils
Geotiroi, et livre son château de
Joinville à l'évéque de Langres.
Chanti'reau, Traité des fiefs, II, 32. —
Martcne, Anecd., I, 8R5. — Cat. actes des
C'-"'^ do Cbanip., n" 1124.
862. — 1218^ juin (7). — Blan-
che de Navarre, comtesse de
Champagne, et Thibaud IV, son
fils, constatent l'existence des con-
ventions ci-dessus,
.^/énarrf, Joinville, 285'. — />!/ca7(g'e, Join-
ville, 367 ; d'ap. Ménard. — Chantereau,
Traité des fiefs, II, 94, 95. — Didot, Mém.
de Joinville, p. CXI. — Cat. actes des C"
de Champ., n» 1125.
863. — 1218 [7] juin. — Guil-
laume, évèquede Langres, déclare
avoir reçu en gage le château de
Joinville. Il le livrera à Blanche
de Navarre^ comtesse de Cham-
pagne, dans le cas où Simon de
Joinville ne remplirait pas ses
engagements.
(lianlenmu. Traité des fiefs, II, 90. —
D. Marténc, Veter. monum., I, 1134.
Cat. actes des C" de Champ., n» 1126.
864. — 1218, 15^ juin. —
H[aimardJ, évéque de Soissons,
R[aoul]^ abbé de Saint- Jean-des-
Vignes, G[ui], doyen de Soisson.s,
qui avaient donné à Guillaume,
evéque de Langres, Tordre d'ex-
communier Simon de Châteauvil-
lain et de mettre sa terre en in-
terdit, chargent cet évéque de le-
ver l'excommunication et l'in-
terdit.
Chantereau, Traité des fiofs, II, 80.
Cat. actes des C" de Champ., n» 1131.
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
35
865. — 1218, juin. — Hugue
de La Fauche reçoit en fiet, de
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, 20 hvres de rente sur
les Foires de Bar ; il promet de
l'aider de son château de La Fau-
che contre toute personne, et de
ne pas revenir ;i l'hommage de
Simon de Joinville sans Ihom-
mage de ladite Blanche.
CUantereau, Traili; des liefs. Il, '.•?.
Cat. actes des G'"' de Champ., n" H2;i.
866. — 1218, 16 juillet. —
Jean, seigneur de NuUy, fait sa-
voir que Vilain de NuUy, son
père, a donné à l'abbaye de Bou-
lancourt un muid de blé à rece-
voir chaque année à Mesnil-sur-
Saulx. Il approuve ce don et dé-
fend à Guillaume de Vergy, mari
de sa sœur, de tourmenter à ce
sujet les religieux de Boulancourt.
A. Du Chesiie, Hist. de la maison de Ver-
gy, Pr. p., 308 ; extr. du cartul. de Boulan-
oouit.
Iiréquiguy, Tab. ciir. . V, Vo.
867. — 1218, 23 juillet. —
Hugue de La Fauche fait hom-
mage à Blanche de Navarre, com-
tesse de Chanipagne, et à son fils
Thibaud IV, pour La Fauche et
tout ce qu'il tenait ^de Simon de
Joinville.
Chantereau, Traité des fiefs, II, 33.
Cat. actes des C" de Champ., n" 1142.
868. — 1218, juillet, — Her-
mengarde, dame de Montclair,
renonce à son douaire pour le cas
où elle se remarierait après le dé-
cès de Simon de Joinville, son
mari. Jusqu'à ce que son fils
GeotlVoi (depuis seigneur de Vau-
couleurs) ait quinze ans^ elle
jouira de tout l'héritage ; puis
elle se contentera de son douaire,
si son fils l'exige.
Bidot, Joinville, p. CXIII, lettre C.
Cat. actes des C" de Champ., n" 1140.
869. — 1218, juillet. — Simon,
sire de Joinville, renonce, en fa-
veur de l'abbaye de Saint-Urbain,
au gite de Watrignéville, sous la
réserve de ses droits d'avouene ;
il donne des droits de pâturage
aux habitants de Blécourt ; un
homme de Vaux à l'abbaye, etc.
/. Siinonnut, Essai sur les sires de Join-
ville, Ils ; d'ap. Arch. Haute-Marne, Saint-
Urhain, H>' liasse, 1""" partie.
870. — 1218, juillet. — Erard,
seigneur de Chacenay, donne à
l'abbaye de Longuay tout ce qu'il
avait au terrage de Cour-l'Evéque.
Lalore, Les Sires de Chiicenui/, p. 46-47,
d'ap Arch. Haute-Marne, larlul. Lon^uav,
fol. 82.
871. — 1218, 20 décembre,
Latran (13 kal. janv., an III). —
Honorius III confirme la décision
d'[Haimard], évéque de Soissons,
de Rfaoul], abbé de Saint-Jean-
des-Vignes, et de [GuiJ, doyen de
SoissonSj qui ont relevé Simon de
Joinville et Simon de Chateauvil-
lai:i des censures portées contre
eux, avec cette réserve que ces
censures reprendront leur eflet
si les deux absous, recommen-
cent la guerre contre Blmche de
Navarre, comtesse de Champa-
gne. <i Significarunt nobis nobi-
iis... »
Kec. Hist. de France, XIX, 674. — Pot-
thast, n» 5047. — Cat. actes des C" de
Ctfamp., n" 1172.
872. — 1218. — Guillaume,
évéque de Langres, approuve le
don des dîmes de Malain (Ma-
clein) fait à l'abbjye de Buxièrcs
par Hervé, fils de Gautier de
Sombernon, avec l'assentiment
de son trère Gautier et de sa
mère Jacquette.
Chif/let, S. Bernard! genus, 408 ; ex ta-
bul. Buxer., part. XIII, cart. I.
Bréquirjny, Tab. chr.. V, KXs.
873. — 1218. — Jacques,
doyen, et le chapitre de Langres,
approuvent et confirment la foii-
dation de l'abbaye du Val-des-
Choux.
Gall. christ, nova", IV, instr. col. 202^
Bréquigny, Tab. chr., V, 108.
874. — 1218. — Ponce de
Grancey donne à l'abbaye d'Au-
berive une anée de blé sur le
moulin de Santenoge. Approba-
tion de sa femme .Alix et de ses
fils Eude et Simon.
S6
RÉPERTOIRE iriSTORIQtJE DE LA HAtJTE- MARNE
K. Pelii, Hist. des dues di' liourf/.AU.
471, (i'ap. Arch. Haute-Marne, oarlul. Au-
lierive, 1. 626.
875. — 1218. — R., comte
de Montbéliard, se déclare piège
ciiver.s Th., duc do Lorraine, de
cenc marcs qui devront être payés
par Simon de Joinville, dans le
mois qui suivra Pâques, si à la
réquisition du duc ledit Simon ne
tient pas la fidélité qu'il lui a pro-
mise.
,/. SiJiwnnet, E.-sai sur les sires de Join-
ville, 111-112 ; il'ap. Arch. Meuse. carlulairL'.
B. 256, fol. eOS. V".
876. — 1218. — Simon, sire
de Jcinville. donne à fabbaye
\.-D. d'Ecurey un cens de 21
sous qu'elle lui devait sur ses vi-
gnes de Joinville. Il l'autorise ;'i
vendre à Joinville ses vins de
Colombe, à l'époque où les habi-
tants de Joinville ont la faculté
de vendre leurs vins de prove-
nance étrangère.
J. Simonnet. Essai sur les sires de Join-
\ille, 113 : dap. Archives de la Meuse, fonds
d'Ecurey.
8'7'7. — 12 19, avril. — Simon
de Clefmont revient à l'hommage-
lige de B'anche de Navarre, com-
tesse de Champagne, et de son
lilsThibaud; il leur abandonne ce
qu'il avait à MontignyL-le-Roi] et
;i Ageville, et reconnaît tenir
d'eux Is[-en-Bassigiiyj, ce qu'il a à
la Ferté|-sur-Aube , sa rente sur
les foires de Champagne et ce
qu'il possède à Vendeuvre (.Aube).
Teulet. Layettes du Trésor des chartes, n"
i:?t3. — Chaiitereau, Traité des fiefs, II, 37,
l()r)-lll6. 11'.?. — Cat. actes C'"' de Champ.,
n" ll'.M.
878. — 1219. mai- — ^"-'.'i-
laume, évcque de Langres, notifie
que Urric de Marac a approuvé la
donation faite par son frère Re-
nier aux religieux de Longuay de
partie de la dîme de Marac.
E. Petit, y/i«/- drs ilucs <lc linurp.. IV,
171, d'a(>. Arcli. llauli'-Marne. ciirlul. I.on-
ïçuay, fol. 170.
879. — 1219, 27 juillet (sa-
medi après la Madeleine). —
louis (sic), évéque de langres,
donne à Jean, seigneur d'.Arentiè-
res (Aube), la permission d'éta-
blir une chapelle dans sa maison
d'.Arentières, et d'y fonder deux
chapellenies, pour chacune des-
quelles il assignera et fera amor-
tir une rente de 15 livres.
J Petit, Theodori P.i-nitentiale, 11, 109 :
ex cartul. ercl. Linqon.
lirrqnirimj, Tah. chr., V. 119.
880. — 1219, octobre. — Re-
nier de Nogent[-le-RoiJ cède à
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, et à son fils Thibaud
la colline dite Chastelier d'Ande-
lot, ce qu'il avait à .Morteau et ses
prétentions sur la garde de Tab-
baye de Septfontaines. 11 reçoit en
échange ce que Blanche et Thi-
baud avaient à Ageville et à
Coudes.
Teulet. Layettes, n" 1366 ; analyse d'a-
près Arch. nat.. J. -01, n" 8.
Cal. actes des C" de Champ., n" 1232.
881. — 1219, novembre. —
.Arnoul de Cirey abandonne à
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, et à son fils Thibaud,
ce que lui et ses hommes avaient
sur la montagne d'Ar.delot, no-
tamment sur le plateau où i'on
doit créer, un hurgiim.
Analyse, Teulet, Layettes, n" 1309. —
Cat. actes des C^" de Champ., n" 123S.
882. — J219. — Alix, du-
chesse de Bourgogne, concède aux
religieux de Longuay tout ce qu'ils
ont acquis de Sim')n, seigneur de_
Châteauvillain, mouvant du fief
de la duchesse, dans les deux vil-
lages de Dancevoir. Elle a reçu
cent libres deprovenisiens, qu'elle
a employées en l'acquit de son
mari le duc Eude.
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., IV.
17.Ô, d'ap. Arch. Haute-Marne, cartul. Lon-
iruay. fol. 191.
883. — 1219, décembre. —
Hervée, évéque de Troyes, dé-
clare que Simon de 0 Tegnium »
a donné à Montier-ea-Der le quart
de la grosse dîme de Villeret
(Aube), et Renaud, prêtre, le hui-
tième de la dîme de Chavanges
(Aube), etc.
I.alore. Priucip. carlul., IV, 222 ; d'ap. 2'
cartul. MoMtier-cn-Dcr, fol. 2(.i. v».
I
REPERTOIRE HlSTOllIQUE DE LA HAUTE-MARNE
37
884. — 1219. — Olivier, sire
de Dronny (Marne), avait traduit
les religieux de La Chapelle[-aux-
Planches], pour diverses réclama-
tions^ devant un tribunal com-
posé de Guillaume, prieur de
Margerie et ancien abbédeCluny,
Albéric, prieur de Rosnay (Aube)^
et Nicolas, doyen de Margerie
(Marne), juges désignés par le
pape. Il fait abandon de ses pré-
tentions, sauf de celle qui était
relative à un demi-muid de blé,
lequel n'avait pas été payé pen-
dant le temps que la grange de
Laval-le-Comte avait été détenue
par Gui de Dampierre.
Oric;. Arcli. Haute-Marne. •
Lalore, Princip. cart., IV, 41 ; d'ap. car-
tul. La Chapelle, fol. 11, v«.
885. — 1219. — Les juges
délégués par le pape pour tran-
cher un différend entre l'abbaye
de La Ch3pelle[-aux-Planches] et
Olivier, sire de Dronay, font con-
naître la conclusion de cette af-
faire.
Oriç. Arch. Ilaute-Marne.
Extrait Za/ore, ï'rineip. cartul., IV, 45;
d'ap. cartul. La CLapelle, fol. 12, r".
886. — 1219. — Emeline
[de Broyés], dame de Chacenay,
approuve la vente des deux Dan-
cevoir., que Simon, seigneur de
Châteauvillain, son trère, a faite
aux frères de Longuay.
Lalore, Les sires et les barons de Chiice-
iiay, p. 49.
É. Petit, Hist. des ducs de Bourg., IV,
177, d'ap. Arcli. Haute-Marne, oartul. Lon-
1,'uay, fol. IGU.
887. — 1219. — -Eude, seigneur
de Giancey, donne aux frères d'Au-
berive deux setiers de blé sur ses
revenus de Chalancey, à perce-
voir avec les cinq seciers dûs cha-
que année en vertu d'une dona-
tion de son frère Ponce.
_E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., IV,
17s, d'ap. Arcli. Haute-Marne, cailùl. Au-
berive, II, 559.
888. — 1219. — Elisabeth,
dame de Châteauvillain, et son
fils bimon, tont savoir que Haton,
autrefois prévôt de Broyés, a
donné, en leur présence, aux reli-
gieux du Reclus, tous les reve-
nus et coutumes qu'il avait au
Talus et à Montfoubert jusqu'à la
rivière de « Ballein ».
Notilia ordin. cisterc, part. I, p. 58. —
J)uchesue, Hist. de la maison de Broyés et
CluUeauviliain, Pr. p. 19.
/Iréquignij, Tab. clir., V, 131.
889. — 1219. — Simon, sei-
gneur de Châteauvillain, approuve
les dons faits par son père Hu-
gue, autrefois seigneur de Broyés,
à l'abbaye de N.-D. d'Andecy.
A. Du Chesnr, Hist. de la maison de Broyés
et Cliàteauvillain, Pr. p. 32 ; ex cartul.
abbat. Andeciaruni.
Bréquigng, Tab. Mir., V, 131.
890. — 12 19. — Hugue, sei-
gneur de Beaumont, tait savoir
que Othon de Ruffey, avec l'as-
sentiment de sa femme Ameline,
a donné à l'église Saint-Mammès
et à Hugue, évéque de Langres,
tout ce qu'il avait dans la chàtel-
lenie de Moiitsaugeon. « .Actum
anno domini MCCXXIX. >
{lÂseï : MCCXLX, comme dans
la marge.)
A. Ducliesne, Hist. de la maison de Vergy,
Pr. p. 398 ; extr. du livre des fiefs de l'évèché
de Langres,
Bréquigny, Tab. «br.. V, 131.
891. — 1219. — Guillaume,
évéque de Langres, déclare que
Simon de Bricon a donné aux frè-
res d'Auberive, pour le cas où il
ne reviendrait pas d'Outre-mer,
la moitié des prés de Biix, que
son père Etienne, chevalier^ avait
donnée en gage auxdits religieux.
.Approbation de ses frères Guil-
laume, Renier et Milon.
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., d'ap.
Arcb. Haute-Marne, cartul. Auberive, II,
107.
892. — 1219. — Alix, du-
chesse de Baurgogne^ reconnaît
avoir reçu des religieux de Lon-
guay cent livres de proveiusiens
pour la confirmation de la vente
des deux Dancevoir à eux faite
par Simon, seigneur de Château-
villain.
?.. Pftit, Hist. lies duc.'i de Bourg., IV,
179, da[i. Arcb. Haute-Marne, cartul. Imh-
guay, fol. 191,
3<^
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
893. — 121 9. — Alix, du-
chesse de Bourgogne, rappelle que
sou mari Kude, duc de Bourgo-
gne, a donné au chapitre de Lan-
gres dix livres de Dijon sur le
péage de Chàtillon(-sur-Seine) à
toucher le jour des Rameaux de
chaque année. Elle y ajoute cent
sous,;\ prendre sur le même péage
et à la même époque, pour l'anni-
versaire de .sondit mari.
D. Plancher. Hist. ào Bourg., Il, Pr. i>.
7 ; ex cartul. capit. I-ing.
Bréquigmj. Tah ihr., V, 133.
894. — 2219. — Hugue,
abbé de Béze, et tout le couvent,
vendent au chapitre de Langres
leur clos de vigne de Gevrey,
moyennant 600 livres d'esteve-
nants.
D. Plancher. Hisl. de Bourg., I, Pr. p.
101 ; ex carlul. capit. Liniî.
Brégiiir/in/, Tah ilir.. V. Kiiî.
89Ç. — 121 9.— Guilenc (sic)^
évéque de Langres, fait savoir
que Simon de Bricon a donné à
l'abbaye d'Auberive, pour le cas
où il reviendrait de Jérusalem,
moitié des prés que son père
ttienne, chevalier, avait engagés
aux religieux.
Ch. Boi/er, Cliarte? roncprnant l'abliaye
il'AubLTive. (Bullelin de la Société liiH. et
arcliéol. de Langres, II, 120.)
896. — 1219. — Jacques,
doyen de Langres, représentant
du diocèse, déclare que Josbert
de Chacenay, chevalier, a donné
aux religieux de I onguay, de-
meurant à Rouvre, tout l'usage
au finage de Coulmier et de Li-
g'iy-
Lalore, Sires de Chacenay, p. 4'J-5U,
il'ap. Arili. Haute-Marne, cartul. Longuay,
loi. 4'-'.
897. — 1220, juillet. — Her-
vée, évéque de Troyes, déclare
que Geotîroi de Vassy, chevalier,
et Fromond, clerc, son fils, lui
ont remis le tiers de ce qu'ils
avaient dans la grosse dîme de
Crespy (Aube), et qu'il l'a trans-
mise a Bavon, prieur de Montier-
en-Dtr.
I.alore, Priiicip. cartul., IV, 222 ; d'à]). 2*
cartul. Montier-en-Der, loi. 18, r".
898. — 1220, août. — Simon,
seigneur de Sextontaine, recon-
naît que sa forteresse de Sexton-
taine est jurable et rendable à
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, et à son fils Thibaud
IV.
Chaiiterean. Traité ao> fief?, II, 121. —
ïeulet, Layettes, n° 1401, <rap. Aroli. nat.,
J. 19:î, n° 12.
Cat. actes des C^*» de Champ., n" 12S7.
899. — 1220, septembre. —
Simon, sire de Joinville. et le
chapitre de Saint-Laurent dudit
Joinville, choisissent Guillaume,
archevêque de Reims, pour arbi-
tre de leurs diflérends au sujet de
la collation des prébendes.
•
/. Sitnonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 124 ; d'ap. Arcli. Haute-Marne, cartul.
de Saint-Laurent de Joinville, n" .\XV1II,
900. — 1220, 17 décembre.
— Transaction passée en présence
du seigneur de Jonvelle, entre les
abbés et couvent de Saint-Béni-
gne de Dijon, et Gérard, cheva-
lier, dit Machecroûte, concernant
l'avouerie d'Entonveile^. et des
préjudices causés auxdits reli-
gieux par Gérard, audit lieu d'En-
fonvelle. Les deux tiers des
amendes appartiendront au prieur,
et l'autre tiers à l'avoué.
Pérard, Recueil, 323 ; ex cartul. S. Beni-
gni.
Bréquigmj, Tal.. clir., V, 147.
901. — 1220, décembre. —
Henri, comte de Bar-le-Duc, prend
envers Agnès, mère de Gilbert
de Chaumont, sergent de Blanche
de Navarre, comtesse de Cham-
pagne, et envers Pierre, filsd'.Ag-
nès, l'engagement de ne rien exi-
ger d'eux au-delà de ce que per-
mettent les coutumes de Saint-
Thiébaut. Blanche de Navarre en
est caution.
riiantereau, Traité des (iefs, II, 122.
Cat. actes des C*" de Champ., n" 1304.
902. — 1220, mars. — Hu-
gue, évéque de Langres, tait sa-
voir que son frère Jean de Mont-
réal, seigneur de Tart, a donné
aux religieuses de Tart une terre
que ses hommes tenaient près de
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HAUTE-MA.RNE
39
la grange de Bauveoir ^commune
de Saligny-en-Terre-Plaine, Yon-
ne), et d'autres choses.
D. Plancher, Hist. de Bourg., II, Pr. p.
101 ; ex archiv. abl.at. de Tart. — C" di:
Chastellux, Hist. sénéal. de la maison do
Chastellux, 300, d'ap. Archive.s de-; Béaédic-
tines de Tart. — Bréquigny, TaL. ihr., V,
135.
90^. — 1220. — Eude, sei-
gneur de Grancey, déclare qu'E-
tienne de Magny, chevalier, sa
femme Guillaume, et leurs hom-
mes lie Vaillant, ayant été ex-
communiés pour avoir violem-
ment envahi le bois des frères
d'Auberive^ appelé Malmont, fi-
nage d'.Arcfraict, où ils se préten-
daient un droit d'usage, ont fait
amende honorable.
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., IV,
187, d'ap. Arch. Haute-Marne, carlul. Aubf-
rive, I, 500.
904. — 1220. — Hugue,
évéque de Langres, confirme une
décision de Gautier (sic), l'un de
ses prédécesseurs, de l'an 1182,
qu'il rapporte, relative au droit
exclusif de l'abbaye de Saint-.Vli-
chel de Tonnerre de posséder un
cimetière.
C» de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de diastellux, p. 301, d'ap. coUect.
Bourg. T. LXXIV, p. 219.
*
90^. — 1220. — Hugue,
évéque de Langres, confirme le
don fait par Gui, fils de Bernard
d'Epoisse, chanoine de Langres et
d'Auxerre, aux religieux de Fon-
tenay, de tout ce qu'il avait à
Marmagne (Côte-d'Or).
Chifflet, S. Bemardi genus, 555 ; ex ta-
bul. Fonten. — C" de Chastellux, Hist.
généal. de la maison de Chastellux, 300,
d'ap. cartul. de Fontenay, n" LV. — Bré-
quigny, Tab. chr., V, 15Ï.
906. — 1220. — Hugue,
évéque de Langres, fait savoir que
Manassès, seigneur de Pougy
(Aube), a donné aux religieuses
de Juily le sixième des dîmes de
Polisot (Aube).
E. Petit, Cartulaire du prieuré de Jullv-
les-Nonnains, 38; d'ap. orig. Arch. Côle-d'Or,
fonds Molème, n" 250. — Jobin, Hist. du
prieuré de Jully-les-Nonnains, 260 ; d'ap.
origin. Arch. Côte-d'Or, H. 250.
907. — 1221, 25 janvier, La-
tran (8 Ical. fév., an V). — Bulle
du pape Honorius III adressée
aux évèques de Langres et de Va-
lence, et à l'abbé de Cluny, par
laquelle il leur prescrit de s'en-
quérir de la vie et des miracles
de Robert^ abbé de Molème,
dont on demandait la canonisa-
tion. « Gloriosus Deus in... »
Gall. clirist. nova, IV, instr. col. 203. —
Duche.ine, Bibliolh. ciuniac, col. 125 ; ad an.
1221. — • Manrique, Ann. cisterc, IV, 213 ;
ad an. 1222, sans notes chronologiques. —
Uréqulgmj, Tab. chr., V, 148; ad an. 1220.
Ibidem, V, 196, ad an. 1222, d'ap. Manri-
([ue. — Pottliast, n° d527.
908. — 1220 (v. st.), février.
— Hugue, évéque de Langres,
atteste et confirme comme suze-
rain le don que Lamb.Tt de Châ-
tillo.i a fiii, aux religieuses de
Jully, de 20 sous de rente à pren-
dre sur les dix livics qu'il avait
dans h venti de Ciiàtillon[-sur-
SeineJ.
E. Petit, Cartui. du prieuré de .lully-les-
Nonnains, 39 ; d'ap. Arch. Cote-d'Or, orig.
fonds Molénip, n° 250. — Joliin, Hist. du
prieuré de Jully-les-Nonnains, 266 ; d'ap. orig.
Arch. CiHe-d'Or, prieuré de .fully, H. 250.
909. — 1220 (v. St.), février.
— Hugue, évéque de Langres,
fait un traité avec Gautier, évé-
que d'Autun. au sujet des excom-
muniés.
A. de Charmasse, Carlul. de l'évèché
d'Autun. 260.
910. — I22T, 29 mai, Latran
(4 kal. juin, an V). — Lettre du
pape Honorius III à l'abbé et au
couvent de Septfontaines, par la-
quelle il leur permet de nommer
des religieux de leur abbaye au
gouvernement des paroisses qui
sont à leur présentation, lorsqu'il
se produira des vacances, en sorte
qu'ils dépendront de l'abbé pour
le temporel, et de l'évéque pour
le spirituel. « Id nec petitur... »
Hugo, Annal. Prœmonstr., Pr, II, col.
493.
Brrquignrj, Tab. chr., V, 160. — Pot-
tliast, n° 6670.
911. — 122 1, juin. — Ar-
noulf, maître de xVlorme.it, et
tout le couvent, déclarent qu'au-
40
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
cune de leurs niaisons ne peut
sortir de leurs mains sans l'assen-
timent de rés'èque de Langres,
et que leur maison de Pelo igeroc,
tenue contre leur volonté par
maicre Frédéric, chanoine de l.an-
gres, devra être saisie par l'é-
véque.
/. Petit, Theoilori l'oMiiu-ntiale, II. G41 ;
l'X ciiitul. eccles. Lini;.
Urt-quiijiuj, Tali. tlir., V, 1(31.
912. — 1221, août. — Gui
[de Joinville|, seigneur de Sailly,
tait à Blanche de Navarre, com-
tesse de Champagne, et n son fils
Thibaud, hommage-lige du fiet
de Jully[-sur-Sarcc] qui lui est
échu du chef de sa femme, fille
de feu Gui de Cliappjs. l.e châ-
teau et le bourg de Jully sont ju-
rables et rendables a Blanche et
à Thibaud.
Chantereau, Traité dos liefs, II, 128. —
Teulet, Layettes, u° 1467 ; analyse.
Cat. actes des C" de Champ., n" 1330.
913. — I22I, août. — Hu-
gue, évèque de Langres, agissant
au nom des religieux de Béze,
vend le droit de mainmorte aux
habitants du lieu.
C'« de Chastellux, Hist. géUBal. de la niiii-
son de Cliasteliux, 306, d'ap. arcliiv. cuiiim.
de Bèze.
914. — I22I, décembre. —
Gautier, sire de Vignory, donne
au prieuré de Champcourt tout
ce qu'il avait au moulin des con-
vers de Champcourt, situé sur la
Biaise.
J. d'Arbaumonl, Cartul. de Vignory, 213 ■.
d'ap. Arch. Haute-Marne, 2" cartul. de Mon-
tier-en-Uer, fol. 7'J, V.
015. — I22I, décembre. —
Simon, sire de Joinvihe, se re-
connaît homme-lige du comte de
Bar pour les fiets qu'il en a reçus,
savoir : Biencourt, Ribeaucourr,
Bures, Germay, Juvigny (.Meuse).
J. Simoniict, E---^ii sur les sire* de Joiu-
ville, 111 ; d\ip. Arcli. de U .M(;urtlie.
916. — I22I. — Hugue, évé-
que de Langres, promet aux ha-
bitants de Beze de faire approu-
ver par le pape leur charte de
franchise.
t''« Je Chastellux, llist. eéiiéal. de la
maison de Chastellux, 307, d'ap. archiv.
comui. di' Uûzci.
917. — I22I. — Hugue, évè-
que de Langres, coniirme l'abbé
de Saint- Ltienne de Dijon dans
ie droit de nommer et de desti-
tuer les chanoines de cette abbaye
mis à la tète des églises qui en
dépendaient, réservé le droit de
l'église de Langres.
C" de Cliasteliux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 307, d'après le cartul.
de S'-Etienne de Dijon, 11, n" IV.
918. — I22I. — Renard, sei-
gneur de Choiseul, déclare avoir
assigné à titre de douaire, à sa
tem.iie .Alix [de Dreux]^ dame de
Salins, le château de Choiscul et
moitié de la terre.
A. Bu Cliesne, Hist. de la maison de
Dreux, Pr. p. 26i ; ex regest. feod. episc.
Ling. — Guillaume, Hist. généal. des sires
de Salins, I, Pr. p 101.
Bréquiyny, Tab. chr., V, 173.
919. — I22I. — Hugue, évè-
que de Langres, fait savoir que
Gui de « Corz » (con:imune de
Noyers, Yonne), damoiseau, a
donné aux ^rères de N.-D. de
Bissy tout ce qu'il avait dans la
dime dudic Bissy.
C» de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 305^ d'ap. cartul. du
Val-des-Choux, p. 498.
920. — I22I. — Hugue, évè-
que de Langres, à la demande
d'Alix, duchesse de Bourgogne,
déclare que si la duchesse revient
sur ses conventions avec la com-
mune de Dijon, contenues dans
sa charte de 1220, avant que son
iils Hugue ait lage de 21 ans, il
mettra toute la terre de la du-
chesse en interdit, sauf la ville de
Dijon, jusqu'à pleine satisfuction
Pérard. Recueil, 351. — t''" de Chastel-
lux, Hist. généal. de la maison île Chastellux,
303. d'a[i. Arch. C6te-d Or, B. I. — Bréqui-
yny, Tah. chr., V, 175.
921. — I22I. — Gautier, sei-
gneur de Vignory^ donne au
prieuré de -ce lieu une charrette
de toin à preiure chaque année
dans son breuii de Vignoiy.
J. d'Arbaumont, Cartul. du prieuré de
ViL'nory, 45 ; d'ap oriL'. Arch. Haute-Marn».
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
41
922. — I22I. — Gautier, sire
de Vignory, assure à Hugue, évê-
que de Langres, et à ses succes-
seurs, la possession paisible du
village de Saint-Germain, mou-
vani de son fief, que Guillaume,
autrefois évéquc de Langres, et
maintenant archevêque de Reims,
avait acheté de Simon de Join-
ville, son frère.
/. d'Arbaiiniont, C»rtul. de Vignory, 212 ;
d'ap. cartul. de Langres du prés. Bouhier,
fol. 55.
923. — I2ai. — Gautier, sei-
gneur de Vignory, rapporte et
confirme le don que Haia, autre-
fois femme de Amard, chevalier,
a fait au prieuré de Vignory, de
six setiers de blé à prendre sur les
dîmes d'Ambonviiie.
J. d'Arbaumont, Cartul. de Vignory, 45.
924. — I22I. — Hpgue, ar-
chidiacre du Barrois, fait savoir
que dame Haia, de Vignory, a
reconnu la donation faite par
Evrard, son mari, pour son anni-
versaire, aux moines de Vignory,
d'un muid de vin à Vouécourt
et un setier de froment sur la
dime d'Ambonviiie.
J. d'Arbaumont, Cartul. de Vignory, 46 ;
d'ap. orig. Arch. Haute-Marne.
925. — 1222, 5 janvier, La-
tran (6 ides janv.^ an VI). — Bulle
du pape Hononus III adressée à
l'abbé et aux religieux de Moléme,
par laquelle il les informe qu'il a
délégué les évéques de Langres et
de Valence pour s'enquérir de la
vie et des miracles de Robert,
abbe de Moléme, donc lesdits re-
ligieux demandaient la canonisa-
tion. Il leur permet de le vénérer
comme saint, des à présent, dans
leur église. »< Cum olim per... »
Robert, Gall. christ., 1" part., 624. —
A. Du Cliesne, BibliotU cluniac. instr., 2'
partie, col. 125. — Gall. clirisl. nova, IV,
instr. col. 20IJ. — Mnnrique, Ann. cist., IV,
215. — BuUar. Roman, éd. Taur. III, 3So,
n" 59. — B'équiyny, Tab. chr., V, 167. —
PottlMSt, n° 0758.
926. — !22i (v. st.), 12 mars.
— Simon, seigneur de Clefmont,
qui devait 300 livres à Bovenec,
bourgeois de Chacenay, lui a cédé
jusqu'ù remboursement la jouis-
sance des biens que ledit Simon
possède dans la chàtellenie de
Vendeuvre (.Aube), sauf quelques
réserves, et il a obtenu l'approba-
tion de Blanche de Navarre, com-
tesse de Champagne ; mais il con-
tinue à devoir le service téodal
pour le bien engagé.
Teulet, Layettes, n° 1514; analyse, d'après
Arch. nat., J. 19:i, n» 15. — Cat. actes des
C" de Champ., n" 1390.
927. — I22I (v. st.), 28 mars,
Isle-Aumont. — tude de Gran-
cey, h.rard de Villy et Lambert
Bouchu rendent un jugement ar-
bitral entre Erard de Chacenay et
Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne, et son fils Thibaud.
Erard s'engagera à soutenir Blan-
che et Thibaud contre toutes per-
sonnes, notamment contre la
reine de Chypre \ il reconnaîtra
cette convention devant le roi, la
fera attester par lettres de la du-
chesse de Bourgogne et de l'évê-
que de Langres; donnera des cau-
tions, etc.
Teulet, Layettes, n» 1515. — Cat. actes
des C*" de Clïamp., n° 1391.
920. — 1222 [mai
Hu-
gue, évéque de Langres, déclare
qu'Érard de Chacenay a fait hom-
mage-lige à Blanche de Navarre
et à son fils Thibaud^ et qu'il a
juré de les soutenir contre routes
personnes, notamment contre la
reine de Chypre. Si Erard man-
que à son serment, Hugue l'ex-
communiera et frappera sa terre
d'interdit.
Chantereau, Traité des fiefs, II, 131 ; ex
cartul. Bibl. Thuan.
Cat. actes des C'»' de Champ., n° 1411.
929. — 1222, 2 juin, Alatfi (4
non. juin, an VI). — Le pape Ho-
norius III délègue le doyen, le
sacriste et Ph. de Saint-Sauveur,
chanoines d'.Auxetre, pour s'oppo-
ser aux prétentions de P., sire de
Jaucourt et autres ci-après. G.,
sire de Vignory, avait donné aux
religieux de Clairvaux certaines
possessions qu'il leur reprit quel-
que temps après, et comme il
voulait les vendre^ les religieux
42
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
les lui rachetèrent. Aujourd'hui,
P[ierre], clievalier, sire de Jau-
court (Aube), sa femme A. et
d'autres héritiers dudit sire de
Vignory^. des diocèses de Toul et
de Laiigres, eu vertu duue cou-
tume de leur pays, prétendent
avoir droit de reprendre ces pos-
sessions en remboursant le prix
d'achat.
Rapporté en enli(>r dans la sentence dos
juives délégué? par le pape, le 30 fév. 1222
(T. st.) : /. iVArliaumont, Cart. de Visnorv,
214; d'apr. Arcli. Aube, oris. 3 H 137, "et
Cart. Clairvanx, II, Yignory, WVW.
930. — 1222, i*"" août. — Si-
mon de Joinville, qui devait 500
livres à Guillaume, évéque de
Chàlons, donne pour caution Thi-
baud IV, comte de Champagne,
et lui promet de le tenir indemne
de tout dommage.
Cluinterenu. Traité des fiefs, II. 111.
Cit. actes des C'«' de Champ., n» 1441.
931. — 1222, septembre. —
Simon de Joinville, sénéchal de
Champagne, déclare qu'il a en-
gagé pour 400 livres, aux moines
de Clairvaux, ses revenus de Co-
lombe et de Charmes. Thibaud
IV, comte de Champagne, pourra
le contraindre à exécuter cet en-
gagement.
Chantercau, Traité des (iefs. H, 141-H2.
Cal des actes des C» de Champ., n» 1445.
932. — 1222, septembre. —
Hugue, évéque de Langres. fait
savoir que Jean Lerouge, cheva-
lier de Maligny, a vendu à Gui,
abbé de Réomé (Moutier-Saint-
Jean), tout ce qu'il avait dans le
sauvement d'Etivey (Yonne).
P. Rouyer, Hist. mon. Reom., 2."^1 ; ex
cartul. Reom. — C" de Chastfllux. Hisl.
généal. de la maison de Chastellux, 309 ; ex
Reom. — Bréguigny, Tab. chr., V, 1.S4.
933. — 1222, décembre. —
Simon, sire de Joinville, accorde
à labbaye de Monrier-en-Der les
droits sur Sommevoireet Mertrud
que le couvent avait mis en la
main de son frère Guillaume],
l'archevêque de Reims.
J. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 122 ; d'ap. 2" cartul. de Montier-tn-
Uer, fol. 72, r«.
934. — 1222. — Hug^ue, évé-
que de Langres, rapporte un ac-
cord fait en sa présence entre
Hugue, duc de Bourgogne, et
l'abbaye de Saint-Etienne de Di-
jon, concernant une chapelle que
le duc voulait fonder.
C^' de Chasti'tlux. Hist. tjénéal. de la
maison île Chastellux, 308, d'après cartul. de
S'-Etienne de Dijon, II, n° XXII.
93). — 1222. — Hugue, évé-
que de Langres, rapporte le désis-
tement de Guillaume, sire d'A-
premont, au profit de l'abbaye de
Saint-Bénigne de Dijon, des pré-
tentions qu'il avait sur les terres
de Cessey (Côte-d'Or).
O' de. Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 308, d'ap. fonds de St-
Bénigne, Arch. Côte-d'Or.
936. — 1222. — Hugue, évé-
que de Langres, déclare que l'abbé
de Saint-Seine a le droit de pa-
tronage sur l'église de Saint-Mar-
tin de Langres,
C° de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 309, d'après cartul. de
S'-Seine, n" XL.
957. — [1222]. — Lettres
d'Hugue, évéque de Langres, ec
de G., évéque de Valence, au
pape Honorius III, sur la vie et
les miracles de Robert, abbé de
Moléme, qu'ils estiment digne
d'être inscrit au catalogue des
saints.
A. Manri(jue, Ann. cisterc, IV, 213 ; ad
an. 1222.
Bréquiyny, Tab. chr., V, 190.
938. — 1222 (v. St.), février.
— Le chapitre de Tonnerre re-
connaît qu il est sous l'autorité
d'Hugue, évéque de Langres^ et
de ses successeurs, et qu'il ne
peut ob:enir aucun privilège pour
se soustraire à cette dépendance.
J. PelU,'i'Ueni\m\ l'œnitentiale, il, 085;
ex cartul. I.inc.
lii(<jHi<iny,'Ta.\>. chr, V, 190.
939. — 1222. — Hugue, évé-
que de Langres, fait .savoir que
Guillaume, seigneur d'Apremo;it,
a lait la p.iix avec Gelebert, abbé,
et les religieux de Saint-Hénigne
de Dijon, sur les usurpations
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
43
qu'il avait commises ; il leur a
donné un cens de lo sous d'este-
venants à percevoir aux foires
d'Apremont, et à joindre à lo
sous que l'abbaye avait déjà.
Pérard, Recueil, 327 ; ex cartul. S'-Be-
niïiii.
liri^quigny , Tab. chr., V, 195.
940. — 1222 (v. St.), 20 fé-
vrier (lundi après le dimanche où
l'on chante : Circumdederunt me),
— B., doyen, t., sacriste, et Vh..
de Saint-Sauveur, délégués par le
pape Honorius III (voir ci-dessus,
10 juin 1222), prononcent une
sentence contre Pierre, sire de
Jaucourt (Aube), et sa femme,
qui prétendaient avoir droit de
reprendre sur les religieux de
Clairvaux, moyennant rembour-
sement du prix de vente, Cham-
pignolle (.Aube), et Mondeville
(lieu détruit, même commune), à
eux vendus par G., sire de Vi-
gnory.
/. d'Arbaumont, Cartul. de Vignory, 214;
d'ap. Arch. Aube, orig. 3 H 137, et cartul.
de Clairvaux, II, Vignory, XXVII.
941. — 1222 (v. st.)^ mars. —
Gautier, seigneur de Vignory, dé-
clare qu'il y a déjà plus de douze
ans qu'il a donné aux religieux
de Clairvaux tout ce qu'il avait à
Champignolle (Aube) et à Mon-
deville (lieu détruit, même com-
mune), mais qu'il le leur prit en-
suite. Enfin, touché de repentir,
il leur en fait la restitution, par
la main de Hugue^ évèque de
Langres.
/. d'Arbaumont, Cartul. de Vignory, 217;
d'ap. Arch. Aube, orig. scellé, 3 H 137, et
cartul. de Clairvaux, II, Vignory, XXIV et
XXV.
942. — 1223, avril. — Simon
de Passavant fait hommage à
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, de 30 livres de rente sur la
foire de Bar[-sur-Aube], et lui
cède tout ce qu'il avait à Monti-
gny-en-Bassigny.
Chantereau, Traité des fiefs, II, 148. —
Teulet, Lavettes, n" 1613, d'après Arch. nat.,
J. 193, n" 18.
Cat. actes des C" de Champ., n° 1532.
943'
1223^ ;uin.
Renier,
seigneur de Nogentf-le-Roi], don-
ne Ageville à son fils Guillaume,
qui en fait hommage à Thibaud
IV, comte de Champagne.
Teulet, Layettes du Trésor des chartes, n"
1585. —Cat." actes des C" de Champ., n"
1544.
944. — 1223, 17 décembre. —
Renier de Nogent[-le-Roi] recon-
naît avoir reçu de Thibaud IV,
comte de Champagne, cent livres
pour la construction, à .Ageville,
d'une forteresse jurable et renda-
ble audit Thibaud.
Chantereau, Traité des fiefs, II, 150. —
Analyse, Teuiet, Layettes, n" 1618. — Cat.
autes des C'»* de Champ., n" 1572.
945. — ^223, Vienne. — Let-
tre de Rufin, évèque de Porto,
légat du Saint-Siège, par laquelle
il ordonne aux religieux de Béze
de quitter leur abbaye^ à cause
des tautes qu'ils ont commises ;
il donne l'administration de l'ab-
baye à l'évéque de Langres et
décide que ce dernier se paiera,
sur les revenus du monastère^ de
toutes les dépenses qu'il a faites
et qu'il fera à cette occasion.
/. Petit, Theodori Pœnitentiale, II, 703 ;
ex cartul. Ling.
Bréquigny, Tab. chr., V, 214.
946. — 1223. — Anséric,
doyen, et le chapitre de Langres,
font connaître un accord inter-
venu entre eux et les religieux
d'Auberive qui avaient acquis des
dîmes et des fiefs appartenant à
leur église : les religieux les con-
serveront^ sauf la maison de
Langres et le 1/4 de la dîme de
Chassigny, mais ne pourront rien
acquérir de plus par la suite.
Galaiid, Frane aleu, 228.
bréquigny, Tab. chr., V, 215.
947. — 1223. — Eude de
Frolois, dit Ragot, connétable de
Bourgogne, donne aux frères
d'Auberive tout ce qu'il avait
dans les pâtures de Santenoge, et
deux ânées de blé sur le moulin
dudit lieu.
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., IV,
208, d'ap. Arch. Haute-Marne, eartol. Aabe-
rive, I, 627.
44
BÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
948. — 1223. — Hugue, évè-
que de Langres, fait savoir que
Hugue, prêtre de Mussy, a donné
à l'abbaye de Moléme, pour en
jouir à partir de son décès, tour
ce qu'il a acquis et tout ce qu'il
pourra acquérir à Essoyes,
E. Socnrd. Chartes inéd. extr. des cartul.
de Moléme, 151, d'ap. 2" cartul., fol. 27, r".
949. — 1223 (v. st.)^. janvier,
— Hugue, évéque de Langres,
conniissanc l'afiection du seigneur
de TilChàtel pour les habitants
de Bèze, l'institue comme gar-
dien de leur commune, au nom
de l'évéque de Langres.
C' de Chasti.'llux, Hist. généal. de la
maison de CbasloUux, 309, d'ap. Arch. coinm.
de Bèze.
950. — 1223 (v. St.), mars. —
R , évéque de Troycs. déclare que
Renaud, curé de Beaufort (auj.
Montmorency, Aube), a remis à
Montier-en-Der son moulin de
Morcey (commune de Lentilles,
Aube) et la dime de Villeret,
sauf ce qui appartenait à la cure,
Lalore, Princip. cartul., IV, 223 ; d'ap. 2"
cartul. Montier-en-Der, fol 20, r".
951. — 1224, 9 juin. — Guil-
laume, archevêque de Reims, lé-
gat du pape, décl.ire qu'en sa pré-
sence, Thibaud IV, comte de
Champagne, a donné à Simon de
Joinville, à charge d'hommage-
lige, la sénéchaussée de Champa-
gne. Après la mort de Simon, on
jugera la question de savoir si la
sénéchaussée de Champagne est
héréditaire.
U russe/, Usage des fiels, 6'M.
Cat. actes do>C'»' de Champ., 11" 1630.
952. — i224_, 3 septembre
(mardi avant la Nativité de la S.
Vierge). — Hugue, cvéque de
Langres, fait savoir que le prieur
et les religieux de Sniiit-Bénigne
de Dijon lui ayant délégué leur
droit de vote en matière d'élec-
tion et d'autres choses, il a pro-
mis de ne pis en user pour causer
aucun préjudice à l'abbaye.
l'i-rard, Herueil, -lUtJ ; ex cartul. S'-Beni-
e.n\. — Gall. christ, nova, IV, col. 600. —
C'* de Chastelliix, Hist. généal. de la maison
de Chastellux, 314 ; ex Gallia christ.
quigny, Tab. chr., V, 228.
Bré-
95^3. — 1224, septembre, Mar-
gerie. — R., évéque de Troyes,
atteste que Guillaume de Brienne
a reconnu aux moines de Montier-
en-Der, demeurant au prieuré de
Brienne. situé près de l'église St-
Pierre, le libre passige vers sa
maison, pour aller à l'église.
Lalore, Princip. cartul., IV, 223 ; d'ap.
2« cartul. Moutier-en-Der, fol. '.I, v°.
954. — 1224, octobre, — Si-
mon, sire de Joinville. approuve
plusieurs dons faits aux chevaliers
de l'ordre Teutonique, de la mai-
son de Beauvoir (commune de
Chaumesnil, Aube), par Hugue,
sire de La Fauche. (Rapporté en
entier dans une charte de Jean de
Joinville, son fils, d'avril 1292.)
A', de Wdilly, Recueil de chartes origina-
les de Joinville en lanuue vuUaire. (Bib. Ec.
des chartes, 6" série, III, 5itd, lettre T.)
955. — 1224, 23 novembre
(jour de Saint-Clément). — Sen-
tence d'Hugue, évéque de Lm-
gres, portant que l'abbé de Saint-
Michel de Tonnerre a voix au
chapitre de N.-D. de cette ville
et stalle au chœur de l'église,
comme un des chanoines.
C' de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux. 312, d'après Colleet.
Bourg., t. LXXIV, p. 221, a. la Bibl. nat.
956. — 1224, décembre. —
Conventions encre Gautier, sei-
gneur de Reyiiel, et les bourgeois
de Neufchateau. Il s'engage à ne
pas exiger plu.s d'un marc d'argent
par an des bourgeois de Neufcha-
teau, qui viennent demeurer sous
lui. il donne pour garant Thibaud
I\', comte de Champagne.
r/i«;i/,'n'fu(. Traité des liefs, Pr. p. 102.
— J'cU'Ct, Lavettes du 'J'résor des chartes,
II, p. 41, n" 1079.
Catalogue actes des couitcs de Champ., n"
lliû.').
957. — 1224. — Hugue, évé-
que de Langres. atteste une dona-
tion de biens à Marmagne et à
Senevoy, faite à l'abbaye de Fon-
tenay par les héritiers de Jean de
Senevoy.
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HAUTE-MARNE
45
C* de Chastelbix, Hist. çéncal. de Ih
maison de Chastellux, 313, d'après (^artul. dn
Fontenay, n" I.VI.
958. — 1224. — Hugue, évé
que de Langres, supprime les cha-
noines qu'il avait établis dans l'é-
glise de la Maison-Dieu de Ton-
nerre, attendu que le droit de
présentation en appartenait à l'ab-
baye de Mole ne.
r'« de. Chaslelliix, Hist. séiiéal. de la
inai>on de Cbastellux, d'ap. rartul. de Mo-
léme, II, fol. 1)2.
959. — 1224. — Erard, abbé
de Longuay, fait savoir qu'Erard
J e Borgne, chevalier, a approuvé
le don qu'Agnès, sa temme, a fait
aux religieux d'Auberive, de ce
qu'elle avait dans les prés sis au-
dessous de La Roche, au fi;iage
de Rouelle.
Cit. Roijt-r. Charles concernant l'abliaye
d'Auberive. (Bulletin de la Soc. hist. et ar-
ohéol. de Lanf^res, II, 124-125.)
960. — 1324, à Marmagne, —
.A., dame de \'illaines, reçoit en
fief de Hugue, évéqiie de lan-
gres, la moitié de Santenoge.
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., IV.
216, d'ap. cartul. de l'évèché de Lan^^res,
Bih. nat. lat.n 17000. p. 111.
961. — 1224. — Hélissende,
comtesse de Bar-sur-Seine, donne
au portier de 1 abbaye de Clair-
vaux (.Aube) la Jime de Villiers-
le-Sec, à charge d'en employer le
produit ù vêtir vingt pauvres
chaque année.
H. d'Arbois de Jnbainville, Etudes sur
l'état intérieur des abbayes cisterciennes,
369 ; d'ap. Arch. Aube, cartul. Clairvaux
(tome 11), reg. 3 H 9, Porta, XX.W.
962. — 1224. — Simon, sei-
gneur de Cletmont, et sa femme
Ermeiigarde, avec l'assentiment
de leurs fils "-imon et Eude, don-
nent aux religieux de .Mores ( Aube),
deux seiiers de blé à preiîdre cha-
que année sur leurs terrages de
Vendeuvre (Aube).
Lalore. Chartes de Mores, p. 85, n° 81 ;
d'ap. copie du xvn» 5. Bib. nat., fonds français
n» 5995. fol. 144, v>.
963. — 1224. — Simon, sire
de Jomville, et sa femme Béatrix,
donnent à l'abbaye de Moléme un
terrain à Vaucouleurs pour y
construire la chapelle St-Laurent.
J. Simonnet, Essai sur les sires de Join
ville. 127 ; d'ap. Arch. Côte-d'Or, H. 249.
964. — 1224 (v. St.), janvier.
— Hugue, évéque de Langres^
fait savoir que. de son assenti-
ment^ les religieux de Béze ont
renoncé, moyennant indemnité,
t leurs prétentions sur I.1 main-
morte des habitants de Béze.
C' fie ChilStelliiX, Hist. :,-i;néal. de la
maison de Gliastellux, 314, d'après .Vrchiv.
coiiun. de Béze.
965. — 1224 (v. st.). janvier.
— R., évéque de Troyes, rap-
porte que les moines du prieuré
de Brienne lui ont déclaré avoir
droit au libre passage pour aller
de leur prieuré à l'église.
Extrait, Lalore, Princip. cartul., IV, 224;
d'ap. 2" cartul. Montier-en-Der, fol. 8, v».
966. ■ — 1224 (v. St.), février.
— Thibaud IV. com'e de Cham-
pagne, en exécution d'un traité
tait avec Jacques de Durnay, lui
assigne des biens représentant un
revenu annuel de 450 livres 8
sols, à Loches, B)ro ville. Laines-
au-Bois, Machy, Torvilliers, Mon-
tier-la-Celle. Sainte-Savi .e, Bu-
cey-eii-Othe, Messon, \\ Rivière-
de-Corps, Pont-Sainte- Marie, La-
vau^ Assencières, Vailly^ Creney
(Aube); Gillancourt, MaranviUe,
Rennepont.Vaud remont, Villier.-;-
le-Sec (Haute-Marne), etc.
Bnissel, Us.ige des fiefs, ITO ; extrait.
Cat. actes des C" de Champ., n' 1664.
967. — 1224 (v. st. )^ février.
— Henri, seigneur deSombernon,
se rend caution pour le duc de
Bourgogne envers Alix, dame de
Choiseul et de Salins, d'une rente
annuelle de 50 livres.
Guillnume. Hist. ïénéalo;:. des sires de
Salins. 1, Pr. p. 1(12.
968. — T224 (v. St.), février.
— Elisabeth, dame de Chateau-
villain, et son fils Simon, recon-
naissent à l'abbaye du Reclus la
possession du bois de « Cort-
îiart ».
46
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNB
Joiigelin, Notitia abbat. ord. Cisterc. part.
I, p. 58. — A. Vu ChesnCy Hi>t. de la mai-
son de Broyés et de Chàtpauvillain, Pr. p.
ISt : ex earlul. abbat. du Reclus.
JUréquiguy, Tab. cbr., V, 23".
969. — 1224 (v. St.;, février.
— Henri de Sombernon se déclare
principal débiteur, pour Hugue
II, duc de Bourgogne, envers A.,
dame de Choiseui, à laquelle le
duc devait 1,400 livres d'este-
venants, comme règlement de
douaire.
Pcrard, Reiueil, -lOà.
ûréqitigny, Tab. chr., V, 23S.
970. — 1224 (v. st.)^ mars. —
Gautier, sire de Vignory, vend
aux religieux de Clairvaux son
moulin de Longchamp (Aube) et
remplacement, avec ses dépen-
dances, etc.
J. d'Arbaumont, Cartul. de Vignory, 219 ;
d'ap. Arch. Aube, cartui. Clairvaux, II,
Vignory, XXX.
971. — 1225, 8 avril, Latran
(6 ides avril, an IX). — Le pape
Honorius III envoie le pallium à
l'évéque d'Autun, et lui annonce
qu'il l'a envoyé à l'évéque de
Langres, lequel le lui remettra ou
lui fera remettre par l'évéque de
Chalon[-sur-Saône]. « Cum pal-
leum, quod est... »
Gallia thrisliana nova, IV, col. 400. —
A. de Charmasse, Cartul. évéehe d'Autun,
261. — Potthast, a" 7393 (qui dicit : Initium
deest.)
972. — 1225^ mai. — Gervins,
prieur de l'ordre de Saint-Jean de
Jérusalem, reconnaît avoir reçu
une donation faite à la maison de
Morment par Hugue, évêque de
Langres, à la condition que ledit
évéque conserverait toujours la
même juridiction que précédem-
ment sur Morment et sur ses
membres, et que cette maison ne
l)ourrait obtenir de privilèges
d'exceptions.
^. P«<!7. Theodori Pœnituntiale, II, 688;
ex cartul. Lingon.
Briquigny, Tab. chr., V, 253.
973. — 122J, juillet. — .Si-
mon, seigneur de joinville, séné-
chal de Champagne, tait connaî-
tre les conventions par lesquelles
il a terminé avec Jean, comte de
Chalon[-sur-Saône], son beau-
frère, leur désaccord relatit au
château de Marnay et à ses dé-
pendances.
Chif/let, Béatrix, comtesse de Chalon,
114; exorig. in archiv. Cathol. régis apud
Dolam.
Drâquigny, Tab. chr., V, 255.
974. — 1225, 4 septembre
(Meaux). — Simon de Joinville,
sériéchal de Champagne, déclare
que Kobert (III), comte de Braine
et de Dreux, est devenu homme-
lige de Thibaud IV, comte de
Champagne, pour tout ce que son
père Robert (II) tenait dudit Thi-
baud et de la comtesse Blanche
de Navarre.
Chantereau, Traité des liefs, II, lt)4, 167.
Cat. actes des C'"^ de Champ., n» 1681.
975. — 1225, octobre. — Si-
mon de Châteauvillainetsa femme
Alix approuvent un accord établi
entre eux et les religieux du Re-
clus.
Jongelin, Notit. abbat. ordm. Cisterc,
part. I, p. (iO. — A. Du Cliesiu-, Hist. de la
maison de Broyés et de ChàtcauviUain, Pr.
p. 32 ; ox cartul. abbat. du Reclus.
Bréquigny, Tab. chr., V, 260.
976. — 1225. — Gautier, sei-
gneur de Vignory, donne aux re-
ligieux de Saint-Bénigne de Di-
jon, Ermangarde, fille de Joiat^
de Viéville.
l'érard, Recueil, 407. — J. d'Arbau-
mont, Cartul. de Vignory, p. 220, n» 100.
Bréquigny, Tab. chr., V, 271.
977. — I22J. — Hugue, évé-
que de Langres, vidime et con-
firme une charte de la même
année, par laquelle le chapitre de
Langres a agréé^ moyennant paie-
ment et sous certaines conditions
pour l'avenir, les acquisitions fai-
tes dans ses domaines par l'hôpi-
tal de Brochon.
C* de Chastellux, Hist. géneal. de la
maison de Chastellux, 316.
978. — 1225 (v. St.), 19 jan-
vier (lundi après l'octave de l'E-
piphanie), — Gautier^, sire de Vi-
gnory, promet que si Eude de
Méranie et sa femme Béatrix ne
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HAUTB-MÀRNE
47
remplissent pas les engagements
qu'ils ont pris pour le mariage
projeté entre leur fils Othon et
Blanche, lille de Thibaud IV^
comte de Champagne, il tcra à
Thibaud IV liommage des fiefs
qu'il tient deux.
/. d'Ai'baunwnt, Carlul. de Viguory, 221;
(i'ap. Liber priiicipum, II, fol. 531. — Cal.
des acte? des C'"» de Champ., n" lOSS.
979. — 1226, 23 avril. —
Gautier de Reynei déclare qu'il a
transmis à Liébaud de Bauffre-
mont le droit héréditaire qu'il
avait à Dainville, village dépen-
dant du prieuré de Saint-Bénigne
de it Bertiniaca curtis » (auj. St-
Blin).
Pérard, Recueil, 407 ; ex cartul. S"-Beni-
gni.
lin-quigny, Tab. chr.,V, 2/3.
980. — 1226, mai. — Pierre,
abbé, et le couvent de Saint- De-
nis, ont prêté à Thibaud IV,
comte de Champagne, deux mille
livres parisis. Lors du rembour-
sement, ils rendront à Thibaud
ses reconnaissances, les lettres de
ses cautions, celles qu'ils ont
reçues de Guillaume, archevêque
de Reims, de Hugue, évéque de
Langres, de Robert^ évéque de
Troyes, enfin les gages^ savoir :
la table et la croix d'or de Saint-
Etienne de Troyes.
Gali. christ, nova, VIT, instr. col. '.^^.
Gat. actes des C^" de Champ., n" I7I2.
981. — 1226, mai. — Lettre
d'Henri de Fouvent à l'évéque
de Langres, par laquelle il le prie
de mettre en interdit ses terres
s'il venait à enfreindre les con-
ventions qu'il a faifes avec les re-
ligieux de Saint-Bénigne de Di-
jon, concernant les revenus du
prieuré de Saint-.Marcel.
Pérard, Recueil, 408 ; ex cartul. S'-Beni-
gni.
Brêquigny, Tab. chr., V, 278.
982. — [1226, juin]. — Un
grand nombre de prélats, parmi
lesquels l'évéque de Langres, et
plusieurs barons^ écrivent à l'em-
pereur Frédéric II pour lui signa-
ler la trahison des habitants d'.A-
vignon (dont les croisés faisaient
le siège).
Tridet. Lavette^ du Trl;■^or des Chai le.-;, II,
p. S7, n- 1780.
983. — 1226^ 28 juillet (mardi
après S. Jacques apôtre). — Thi-
baud IV^ comte do Champagne^
accorde à Simon de Joinville la
sénéchaussée de Champagne, à
titre héréditaire.
('hai)ipollioii.-J''ir/Hac, Ltoc. inéd. exlr. de
la Bib. Koy., I, 61«. — E. de Barthélémy,
Dioc. anc. de Ghàlons, I, 307. — J. Simon-
net, Essai sur les sires de Joinville, 114;
d'ap. Champollion. — Cat. actes des C'"* de
Champ., n" 1720.
984. — 1226, août. — Renard,
sire de Choiseul, donne auprieuré
de Varennes six mines de blé i
prendre à Saulxurres.
Bri/faiit, Hisl. de Vicq (La Haute-Marne,
Revue champenoise, 457) ; d'ap. Arch. Haute-
Marne, prieuré de Varennes.
98). — 1226, 22 septembre,
Langres (lendemain de S. Ma-
thieu). — Hugue, évéque de
Langres, reconnaît que les moines
de Saint-Bénigne de Dijon lui ont
rendu loo marcs d'argent et d'au-
tres choses pour lesquels il avait
donné sa caution entre les mains
de Zacharicj bourgeois de Véze-
lay, et de Pierre Durand de Chap-
ponnay, citoyens de Lyon.
Pérard, Recueil, 400 ; ex cartul. S'-Beni-
gni. — C^" de Chastellux, Hisl. généal. de
la maison de Chastellux, 317, ex Perardo. —
Brêquigny, Tab. chr., V, 283.
986. — 1227, avril (après le
I i). — Hugue de Montréal, évé-
que de Langres, approuve un état
des biens et droits respectifs du
prévôt de Chablis et du chapitre
de Saint-Martin de Tours audit
Chablis.
C-' de Chastellux, Hisl. généul. de la mai-
son de Chastellux, 31S, d'après Archives
Yonne, prévolé de Chablis, liasse 4.
987. — 1227, juin. — Simon,
sire de Join''ille, avec l'assenti-
ment de sa femme et de ses en-
fants, donne au chapitre de Join-
ville la maison peinte située dans
le château, entre le puits et la
grande cour.
/. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
48
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HAUTE-MARNE
Tille, 12c); d'ap. Arch. Haute-Marne, cartul.
S'-Laurent de Joinville, n" XXVI.
988. — 1227^ juillet. — Guil-
laume, seigneur de Dampierre, et
sa femme Marguerite, fondent le
couvent de N.-D. de Saint-Dizier,
ordre de S. Benoit, filiation de
Cîteaux.
aall. christ., X, instr. col. 17S.
989. — 1227, août. — Thi-
baud IV, comte de Champagne,
assigne à Erard de Bnenne et à
sa femme Philippine, 1,200 livres
de rente qu'il leur doit^ savoir :
ce qu'il avait à Ormoy (châtelle-
nie de La Ferté-sur-Aube), à Gii-
Jancourt, etc.
Chanterenii, Traité dc> fiefs, II. l'.'i.
Cat. actes des C'«' de Champ., n" 1770.
990. — 1227, juillet. — Guil-
laume, seigneur de Dampierre
(Aube), et sa femme Marguerite
déclarent avoir fondé, sur un ter-
rain leur appartenant, une abbaye
de femmes de l'ordre de Citeaux,
appelée l'abbaye de Saint-Didier
(Saint-Dizier), et lui avoir donné
les terres environnantes et divers
revenus y dénommés.
Gall. christ, nova, X, instr. col. 178 ; ex
tabuli? ejusd. parthenonis.
Briquigny, Tab. chr., V, 303.
991 — 1227, décembre. —
Gautier, sire de Vignory, donne
à l'abbaye de .Vlonticr-en-Der tous
les droits qu'il avait dans la mai-
son de Champcourt et ses dépen-
dances, pour y établir un prieuré^.
savoir : une forêt entre Champ-
court et Culmont, le four de
Biaise, la grange de Blaisy, la
Maison-Dieu de Vignory, des
hommes et femmes de Guindre-
court-sur-Blaise, etc.
/. (T Arbauniont, Cartul, de Vignory, 221' -,
d'ap. Arch. Haute-Marne, 2" cartul. de Mon-
tier-en-Der, fol. 7!i. r".
992. — 1227. — Rainard,
seigneur de Choiseul, approuve le
don d'hommes et d'autres biens à
Bourbonne, que Foulque, .'veigneur
de Bourbonne, son parent, a fait
aux religieux de Cherlieu avec
l'assentiment de sa femme Elisa-
beth et de ses frères Raiiiaud et
Gui.
./. Berfier dcXivrey. Lettre à M. Hase, etc.,
*ur Bourbonne. 213 -. d'ap. copie de 1762,
Bill. Hoyale, Cab des Titre-. — fiougard,
Blbliotbeca Borvoniensis, II, et Géoiiraphie
illustrée du canton de Bourbonne, p. 113. —
Extrait, A. Bonvatler , Les liefs de la mou-
vance royale de CoifTv (Hev. Cham|ia!rne et
Brie, XV'lI (1884, 4I,"note 1).
993. — 1227 (v. St.), 5 février.
— Blanche de Navarre, comtesse
de Champagne, et son fus Thi-
baud IV, jurent fidélité à Henri,
archevêque de Reims. Ils réser-
vent la fidélité qu'ils doivent au
roi. Thibjud réserve spécialement
la fidélité qu'il doit à Alix, du-
chesse de Bourgogne, au duc^Hu-
gue] son fils, et à l'évèque de
Langres
Marlot, 1" édit., II, 512. — 2« édit
— Gall. christ, nova, IX, 108. — Varin,
Arch. admin. de Reims, I. 511.
Cat. actes des C" de Champ., n" 1810.
994. — 1228, 6 mai. — Guil-
laume, seigneur de Dampierre, et
sa temme Marguerite, accordent
une charte d'atiranchissement et
de commune à leurs hommes de
Saint-Dizier.
Carlier, Ypres et Saint-Dizier, étude his-
torique sur deux communes du Moyen-âge,
p. 46 ; d'après copie collât, du 22 mai 1470.
— Mém. de la Soc det lettres de Sairit-
Dizier. 1880-81, pp. 9-23.
995. — 1228, 5 juillet, Pé-
rouse. — Lettre du pape Grégoire
IX à l'abbé et au prieur de Mon-
tier-en-Der, pour la confirmation
du droit de patronage apparte-
nant aux religieux de Cluny sur
plusieurs églises de la province de
Keims.
Bullarium ord, cluniac, 107 (Analyse, sui-
vant Potthast). — Briquigny, Tab. chr., V,
;i25. — Potthast. n" 8230.
996. — 1228^ juillet. — An-
seau de Dampierre, seigneur de
Cirey[-le-Château], déclare que
les hommes du Châte 1er (Hiure-
Marne) doivent à Thibaud IV,
comte de Champagne, un droit
de sauvement de six deniers par
homme ou par femme veuve.
Analyse, Teulet. Layettes, n" 1975.
Cat. actes des C" d'e Champ., n» 1844.
RKPKRTOIUE HISTOUIQUE DE LA HAUTE-MARNK
49
997. — 1228, juillet. — Lettre
de Durand, évéque de Chalon
[-sur-Saôiie^, sur le compromis
qui a terminé un désaccord sur-
venu entre Hugue^ évéque de
I.angres, et G., comte de Nevers
et de Forez.
L. D'Achery, Spicileç., III, 600.
Bréquigny, Tab. chr., V, 327.
998. — 1228, 10 septembre,
Montbard (mercredi après S. De-
nis). — Guillaume de Vergy, sei-
gneur de Fouvent. reconnaît que
ledit jour il a reçu d'Hugue,
évéque de Langres, le fietde Fou-
vent.
A. Du Chesne. HIst. de la uiai'on de
Versty, Pr. p. 483 ; extr. du carlul. des liefs
de l'èvéché de Langres.
Bréquigny, Tab. chr., V, 329.
999. — 1228, septembre. —
Fonce de Mont-Saint-Jean, sei-
gneur de Charny, tait savoir que
Hugue, évéque de Langres, lui a
donné Rschanlard, pécheur, et
ses héritiers, à la condition qu'a-
près le décès dudit évéque, la
propriété dudit Eschaniard et de
ses descend.incs reviendra au do-
maine de l'èvéché.
À. Du Chesne, Hist. de la uiaLson de
Veriry, Pr. p 174 ; extr. du cartul. des fiefs
de l'èvéché de Langres.
Bréquigny, Tab. chr.. V, 328
i.ooo. — 1228, septembre. —
Simon, sire de Joinville, approuve
une transaction passée entre l'ab-
baye de Montier-en-Der etArnoul
de Saint-Louvent (auj. Doule-
vant).
J. Simonnet, Essai sur les sires de Jom-
Tille, 123 ; d'ap. Arch. Haute-Marne, 2"
cartul. de Montier-en Der, fol. 73. r".
i.ooi. — 1228, 23 novembre.
— Gautier, sire de Vignory, pro-
jet-int de faire épouser à son fils
Gautier la nièce d' uiseau de Pos-
sesse, promet à Anseau que la tu-
ture épouse aura le château de
Vignory en douaire et donne
Thibaud IV, cointe de Champa-
gne, pour caution. Si Gautier
n'exécute pss cet engagement.
Thibaud pourra saisir le fief que
Gautier tient de lui.
J. rf'Arèaumon^, Cartul. de Vignory, 223;
d'ap. Liber prini;i|)Uiii. H, loi. oAÎ. — Cat.
actes de.s O" de Oliauip.. a" 1860.
1.002. — £228 (v. St.), février.
— Hugue, évéque de Langres,
reconniUt, comme l'a fiit précé-
demment le duc de Bourgogne,
que ledit duc est lige de l'évéque
de Langres. aprèsle roi de France,
et tient de lui en fiet tout ce qu'il
a à Chàtillon(-sur-Seine) et dé-
pendances, tant en lief que do-
maine, et le castrum de Mont-
bard, saufsa maison sise au même
câstrum, laquelle est tenue en fief
de l'abbé de Kéomé. Il tient éga-
lement en fief dudit évéque le
fiei: de Griselles et celui de Lar-
rey.
Original, ^cellé, .\rch. Cnte-d'Or, B.
1047 L — D. Plancher. Hist. de Bourg.,
11, Pr. p. 10. —A. Duchesne, Hisl. de "la
niaisoQ rie Châtillon. Pr. p. 3. — Pérard,
Rei-uRil. 411. — Brassel, Usage des liefs. I,
p. 5. note 6. — L. Mall-ird et Xadault de
Buffon, Mémoires pour servir a l'histoire de
la ville Ai\ Montbard, d'après le manuscrit de
Jean Nadault, 18S2, Pièces justifie., p. I^V.
1.003. — 1228 (v. S'.), 24
mars (samedi avant Laetare). —
0[don], évéque de Toul, s'aJres-
sant au curé du Masnil, menace
Simon de Joinville de l'excommu-
nication si dans les dix jours de
l'avertissement qu'il aura reçu, il
ne répare pis ses torts envers les
religieux de Saint-Urbain.
Orig. Arch. Haute-Marne, Saint-Urbain,
15" liasse, 2' partie.
/. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 119 ; d'ap. cartul. de S'-Urbain, I, fol.
308.
1.004. — 1228 (v. st.), mars,
Troyes. — Thibaud IV, comte de
Champagne, confirme la charte
donnée en 1190, par le comte
Henri II, aux habitants de Chau-
mont-en-Bassigny.
Chantereau, Traité des fiefs, II, 182. —
La Thaumassière, Coutume de Berry, 429.
— Ordonnances, XII, 48.
Cat. actes des C" de Champ., n" 1894.
1.005. — 1228 (v. st ), mars.
— P., abbé, et le couvent de St-
Etienne de Dijon, promettent au
chapitre de Langres de ne plus
acquérir d'églises dans le diocèse
de Langres sans son assentiment.
50
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
[Fyot], Ilist. Jb S'-Klicnnc de Dijon. Pr. p.
127 ; ex carlul. eccl. Ling.
Dréquigny, Tab. cbr., V, 338.
1.006. — 1228 (v. St.), mars.
— Nicolas, doyen, et le chapitre
de Laiigres, approuvent les dona-
tions d'églises faites jusque-là par
les évéques de Langres aux abbés
et religieux de Saint-Etienne de
Dijon ; mais ils ne pourront plus
en acquérir sans le consentement
du chapitre.
[Fyot], Hist. de S'-Étlenne de Dijon, Pr.
p. 127 ; ex cartul. 2 S. StepL., part. I, cap.
25.
Bréquigny. Tab. clir., V, 338.
1.007. — 1229, avril (Du 15^
au 31 avril 1229, ou du i'^'' au 6
avril 1230). — Hugue, évéque
de I angres, approuve le don que
noble homme Erard de Villehar-
douin et sa femme Mabile, avec
l'assentiment de leur fils Guil-
laume^ ont fait à l'abbaye de Mo-
léme, de tout ce qu'ils avaient
dans la dîme de Chesley (Aube),
ainsi qu'il est contenu dans leurs
lettres.
Original, Arcb. Cote-dOr, fond? Moléme,
H. 7, u° 202.
E. Socard. Chartes inéd. exlr. des cartul.
de Molcme, 159, d'ap. 2« cartul., fol. 21, v°.
(Sans indication de mois.)
1.008. — 1229, septembre, —
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, donne à Simon de Beaujeu
20 livres de rente sur la foire de
Bar-sur-Aube ; il reçoit l'hom-
mage de Simon, sauf la ligéité de
Renard de Choiseul, de Guillaume
de Vergy et de Jocerand-le-Gros.
Simon viendra en aide à Thibaud
dans la guerre dudit Thibaud
contre [Hugue], duc de Bourgo-
gne, quand même il serait appelé
dans le camp du duc par Renard,
Guillaume et Jocerand.
Chantereau, Traité de? fiefs, II, 203.
Cat. actes des C" de Champ., n" 1938.
1.009. — 1229; octobre. —
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, donne ses hommes de Tranne
(.Aube), en augment de fiet, à
Gautier de Reynel,
Chuntereau, Traite des fief.-î, II, 204.
Bréquigny, Tab. chr., V, 356.
i.oio. — 1229, octobre. —
Alix, dame de Choiseul, se cons-
titue principal débiteur envers
Hugue, évéque de Langres, pour
100 livres de Provins que son
mari Renard, seigneur de Choi-
seul, devait audit évéque, et ce,
pour le cas où son mari viendrait
à mourir sans les avoir payées.
A. Dufhesne, Hist. de la maison de Dreux,
Pr. p. 2(51.
Bréquigny, Tab. cbr., V, 356.
i.oii. — 1229. — Simon^
seigneur de Châteauvillain, fait
connaître l'accord sur la séné-
chaussée de Langres intervenu
entre Hugue^ évéque de Lan-
gres, Renier, chevalier de Bricon,
seigneur de Marac. Ce dernier
prétendait que la sénéchaussée
lui appartenait par droit hérédi-
taire. Il y a renoncé, mais l'évê-
que et ses successeurs devront
payer 7 livres, monnaie de Lan-
gres, audit Renier et à ses des-
cendants, chaque année, le jour
de la fête Saint-Mammès.
Brussel, Usage des fiefs, I, 641, note a.
Bréquigny, Tab. cbr., V, 367.
1.012. — 1229. — Renard,
seigneur de Choiseul, donne à
labbaye de Morimond une terre
située à Meuvy.
A. Du Chesne, Hist. de la maison de
Dreux, Pr. p. 261.
Bréquigny, Tab. chr., V, 368.
1.013. — 1229. — Hugue,
évéque de Langres, déclare qu'en
sa présence Gaucher, chevalier,
de Cades, a reconnu tenir de l'ab-
b.Tye de Moléme le moulin de
Jouancy, sous Fresnes (Vonne),
pour sa vie et moyennant une
certaine redevance.
C* de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 321, dt'ap. Archives
Yonne, fonds de Moléme.
1.014. — 1229. — Hugue,
évéque de Langres, rapporte que
Mathieu^ seigneur de Gigny, a
donné aux religieuses de Jully et
du Puits-d'Orbe moitié de la
djme de Sainte-Colombe.
E. Petit, Cartul. du prieuré de Jully-les-
Nonnains, 12 ; d'ap. orig. ArcL. Côte-d'Or,
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
11
fomls Moléme, n" 250. — Jobin. IJist. du
prieuré de Jully-les-Nonnains, 268 ; d'ap.
i:opie du ïvii" s. Arcli. Cote-d'Or, prieuré de
Jully, H. -'50.
1.015. — 1229 (v. st.)^ 27
janvier. — Félicicé^ comtesse de
Rethel, donne à l'abbaye de Bou-
lancourc 3 muids de blé à prendre
chaque année sur ses terrages
d'Outines (Marne).
Jonqelin, Notitia abbat. ord. ci?terc., part.
I, p. 65. — A. Du Chesne, Hist. des mai-
sous de Dreux, etc. Cliàteauvillain, Pr. p. 22 ;
ex cartul. abbal. BuUencur.
lii-équigny, Tab. ciir., V, 362.
1.016. — 1229 (v. St.), jan-
vier. — Hugue, duc de Bourg:o-
gne, confirme la convention faite
par son père Eude, duc de Bour-
gogne, et r-évè]ue de Langres,
concern.Tnt leurs droits respectifs
à Chàtillon-sur-Seine.
(D. Planclier : sans date de mois.)
Prrard, Recueil, 299. — D. Plancher,
Jîist. de Bours., Pr. p. 102. — Bréquigny,
Tab. chr., V, 363 et 371.
1.017. — 1229 fv. St.), jan-
vier. — Gautier, seigneur de Vi-
gnory, déclare que Gui, chevalier
de Vignory, a donné au prieuré
de ce lieu une oublie pain ou-
bliau) et trois sous de cens.
/. d' Arbauiiiont , Cartul. de Vignorv, 47.
1.018. — 1229 (v. St.), jan-
vier. — Thibaud IV, comte de
Champagne, promet à Henri,
comte de Grandpré, de l'aider
contre le comte de Bar-le-Duc et
contre les alliés de ce comte. Hu-
gue. comte de Rethel, et Simon
de Joinville, ont juré, sur 1 ame
de Thibaud, que ledit Thibaud
observera les conditions de cette
alliance.
Chantereau, Traité des fiefs, II, 196.
Cat. actes des G'" do Champ., n" 1978.
1.019. — 1229 (v. St.), fé-
vrier. — Hugue, duc de Bour-
gogne, fait s.ivoir que Lambert
de Chàtillon, chevalier, a engagé
à Hugue, évêque de Langres, en
sa présence, pour 500 livres de
Provins, tout le fief qu'il tenait de
lui.
A. lluchesne, Hist. de la maison de Châ-
tillon-sur-Marne, Pr. p. 2.
Uréi]uif/(iij, Tab. cbr., V, 364.
1.020. — 1230, avril (après le
7). — Hugue, évcque de Lan-
gres, assigne aux religieux de Mo-
léme une rente d'un muiJ d'a-
voine ù prendre en sa grange de
Mussy, et cent sous de dijonnais,
à Mussy, en échange des hom-
mes qui habitaient à « Luxe-
ium ».
E. Socard, Chartes inéd. extr. des cartul.
de Moléme, 161, d'ap. 2' cartul., fol. 7, v.
1.021. — 1-230, août, Reynel.
— E., dame de Reynel, certifie
qu'il n'arrivera aucun désagré-
ment au prieur de Saint-Bénigne
de Dijon si Thierry, gendre de
Pierre, doyen de « Riniartis cu-
ria », homme du prieur de Saint-
Bénigne et de flt Mannetis villa »,
va demeurera « Riniartis curia ».
Pcrard, Recueil, 415 ; ex cartul. S'-Beni-
gni.
Bréquigny, Tab. chr., V, 381.
1.022. — 1230, 24 septembre,
Compiègne (Sept., le mardi avant
Saint-.Michel). — Simon, seigneur
de Joinville, sénéchal de Cham-
pagne, déclare que du consente-
ment de sa femme Béatrix, il a
repris en fief, du duc de Bourgo-
gne^ le château de Mornay, et
s'est engagé à l'en aider contre
toute personne, sauf contre le
comte de Champagne.
Pérard, Recueil, 4LG. — J. Simonnet,
Essai sur les sires de Joinville, 112, d'ap.
Arch. Cote-d'Or, B. 10471. — Bréquigny^
Tab. chr., V, 383.
1.023. — 1230, septembre. —
Béatrix, dame de Joinville, dé-
clare avoir ordonné à son mari,
Simon, seigneur de Joinville, de
reprendre en fiet du duc de Bour-
gogne le château de Mornay dont
elle était propriétaire de son chef.
Pérard, Recueil, 416. — /. Simonnet,
Essai sur les sires de Joinville, 112 ; d'après
Arch. Cote-d'Or, B. 10471.
Bréquigny, Tab. chr., V, 384.
1.024. — 1230. — Félicité,
dame de Beaufort (auj. Montmo-
rency, Aube), comtesse de Re-
thel, confirme les donations faites
52
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
à l'abbaye de Boulancourt par son
aïeul Simon de Broyas et par son
père Simon de Beaufort.
Jongelin, Nolilia abljat. ordin. cisterc,
pari. I, }>. 65. — A. I>u Cliesni'. Hist. de la
maison de Broves et de Cbàteauvillain, Pr.
p. 22.
Bréqiiigiiy, Tab. clir.. V, 391.
1.02). — 1230. — Hugue,
évèque de Langres, fait savoir
que Léger, prêtre de Gevrey,
juré de Noiron(-lès-Cîteaux), a
donné au chapitre de Langres
deux journaux de vigne au terri-
toire de Dijon, une maison à Di-
jon, un journal de vigne à Ge-
vrey, etc.
C' de Chastellux, Hist généal. de la
maison de Chastellux, 32?.
1.026. — '230, II aoiît. —
Simon, seigneur de Joinville, sé-
néchal de Champagne, déclare
que Thibaud IV, comte de Cham-
pagne, a constaté par lettres pa-
tentes les conventions du mariage
projeté entre Jean, fils dudit Si-
mon et de Béatrix, fille d'htienne,
comte d'Auxonne, et Alix, fiile de
iVlarie^ comtesse de Grandpré. Si-
mon promet à Thibaud que si
Henri, comte de Grandpré^. retuse
son consentement aux conven-
tions dont il s'agit, Jean, fils de
Simon, n'élèvera aucune réclama-
tion contre Henri. Dans le cas
contraire, si le comte rhibaud
éprouvait quelque préjudice, il
pourrait se taire donner par Si-
mon des dommages et intérêts.
Chantereau, Traité des fiefs, H, 213.
Cal. actes des C» de Cliauip., n» 213.S,
sous l'anaée L231.
1.027. — 123..., 9 mai (En
la Translation de Saint Nicolas).
— Hugue, évêque de Langres^.
écrit à G., doyen, et au chapitre
de L.-ngres, pour s'excuser de
n'avoir pu se rendre au chapitre
le vendredi avant l'Ascension, à
cause de la guerre que se taisaient
alors le duc de Bourgogne et le
comte de Champagne. (Date in-
complète.)
Gai), clinst. nova, IV, inslr. col. 204; ex
ctiartar. BolicriaU') I^inironensi.
Dréquigny, Tab. cbr., V, 373.
1.028. — 1231, avril. — Thi-
baud IV, comte de Champagne,
approuve la donation de la grange
de Morins (commune de Mon-
therie), faite par sa mère à l'ab-
baye de Clairvaux, et toutes les
autres acquisitions de cette ab-
baye eu Champagne et en Brie.
Il prend sous sa protection l'ab-
baye et ses dépendances.
Ordonnances, III, 542.
Iircqnif/)iy, V, 395.
Cat. actes des C"" de Champ., n" 2116.
1.029. — i23i,août. — Gau-
tier, seigneur de Vignory, engage
au prieuré de ce lieu sa dime de
La Mancine pour 28 livres et 10
sous de provinois.
/. d'Arbaumont, Carlul. de Visrnory, 48 ;
d'ap. le cartul. de la Bib. nat., fol. 24.
1.030. — 1231, octobre. —
Simon, .sire de Joinville, approuve
la renonciation consentie par
Isambart de Suzémont à tous ses
droits sur le cours de la Biaise et
sur un moulin qu'il voulait cons-
truire devant Su/.émont.
./. Simonriet^ Essai sur les sires de Join-
ville, 124 ; d'ap. Areb. Haute-Marne, 2« car-
lulaire de Montier-en-Der. fol. 73, V.
1.031. — 1231, 15 novembre
(samedi après S. Martin d'hiver),
Bourbonne. — Nicolas, doyen de
Faverney (Haute-Saône), déclare
avoir été présent à la donation
que feu Renier, sire de Bour-
bonne, fit à Gérard de Bourbonne,
de tout ce que le père dudit Gé-
rard avait à Senaide (Vosges).
A. Lacordaire, Les seigneurie et Féaultez
de Bourbonne (Revue Champ, et Brie. VIII
(l8S0y, p. 173;; d'ap. orii.'. Arch. Doubs,
abbaye S'-Vincent de Besancon, 9, n" 2.
1.032. — 1231, 21 novembre
(6' jour avant S. Clément). Be-
sançon. — Le prieur de Saint-
l'aul et Humbert, chantre de St-
Jean de Besançon^, déclarent que
Gérard de Bourbonne, clerc, a
donné à l'église Saint-Vincent de
Besançon tout ce qu il avait à Se-
naide (Vosges).
A. Lncordaire, Les seiijncurie et Féaultez
de Bourbonne (Ilev. Champ, et Brie, VIII
(18H0). p. 173-174) ; d'ap. oriç. Arch. Doubs,
fonds S'-Vincent de Besançon, carton S.n" 2.
I
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
Î3
1.033. — 123 1 , 29 novembre,
au prieuré de Vignory (Veille de
S. André, apôtre). — Accord entre
Barthéiemi, prieur de Vignory, et
maître Lambert de Pontaillier
maître des écoles de Vignory,
concernant l'éclairage desdites
écoles.
J. d'Arbawnont, Carlul. de Viirnory, 49.
1.034. — 1231, novembre. —
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, à la demande d'Hugue, évè-
que de Langres, donne en fief et
hommage-lige à Guiard Pérmol,
bailli de l'évéclié de Langres,
vingt livres de rente sur les foiies
de Troyes.
C" de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 323, d'ap. Tré>or des
Chartes, J. 196, n° 26. — Analyse, Teulet,
Layettes, n" 2167. — Cat. des actes des C"
de Champ., n» 2162.
1.035. — 1231. — Hugue^
évèque de Langres, déclare qu'en
sa présence Gui de (( Luserico »,
chevalier, a reconnu aux hommes
de l'abbaye de Molème, habitant
à Gigny (Yonne), un droit de pâ-
turage au bois de Larrey. Il a
consenti à reprendre en fief de
l'abbaye tout ce qu'il avait à Gi-
gny, etc.
C'« de Chastellux, Hist. généal. de la
maison de Chastellux, 322, d'après cartul.
Molême, aux archives de l'Yonne.
1.036. — 1231 [juillet]. —
Hugues, évèque de Langres, con-
firme aux religieux de Clairvaux
la possession de partie des dîmes
de Doulaincourt, Saint-Hrice, St-
Evre et Roche, qu'ils ont achetée
de Ihibaud IV, comte de Cham-
pagne. Le droit du chapitre de
Langres est réservé.
Cliifflet, Hist. de l'abbavc de Tournus, Pr*
p. 213.
Bréquigny, Tab. chr., V, 112.
1.037. — 1231. — Hugue,
évèque de Langres, fut savoir
qu'en sa présence Jodert, Gui et
Jérémie de VerpiUieres, frères,
chevaliers, ont reconnu tenir en
fief, de l'abbaye de .Molème, tout
ce qu ils ont eu bois et plaine à
VerpiUieres, et notamment leurs
maisons de VerpiUieres et le bois
d'Oisellemont. Gui et Jérémie
ont en outre engagé aux religieux
toutes les tailles, abonnements et
revenus de leurs hommes de Ver-
piUieres, réservés la justice et les
cens, moyennant 60 livres de pro-
vinois.
E. Socard, Chartes inéd. extr. des cartul.
de Molème, 165, d'ap. 2« cartul,, fol. 26, r".
1.038. — 1231. — Gautier,
sire de Vignory, engage aux reli-
gieux de Molème sa garde de
Champigny-sous-Varennes. Il ne
se dessaisira pas, jusqu'à rembour-
sement, du château de La Ferté-
sur-.Amance dont cette garde est
mouvante.
J . d' Arbaumont , Cartul. de Vignory, 220 ;
d'ap. Arch. Côte-d'Or, 2« cartul. de Molême,
fol. 23, v°.
1.039. — 1231. — Gui de
« Cangiense », sire de La Ferté-
sur-Amance, se porte caution de
l'engagement pris par son frère
Gautier, sire de Vignory, envers
les religieux de Molême, concer-
nant Champigny - sous- "Varenne.
/, d' Arbaumont. Cartul. de Vignory, 227;
d'ap. Arch, Cote-d'Or, 2" cartul. de Molème,
fol, 74.
1.040. — 12} I (v. st.), I"
janvier (octave de Noël), — Si-
mon, sire de Joinville, déclare
qu'ayant obtenu du chapitre de
Joinville l'.mtorisation de faire
célébrer la messe dans sa chapelle
du château, parce qu'il ne pou-
vait aller à Saint-Laurent, ù cause
d'une fracture de la jambe, cela
ne préjudiciera pas aux droits du
chapitre.
/. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 120 ; d'ap. Arch, Haute-Marne, cartul.
de S'-Laurent de Joinville, n" XII.
1.041. — 1231 (v. St.), 13
janvier, Chassigny (Samedi après
Heminiscere). — Hugue, évèque
de Langres, reconnaît que l'église
de b'aint-Bénignu de Dijon a le
droit de patronage de l'église de
Saint-Jean de Losne.
Gall. christ, nova, IV, iustr. col. 204.
Bri-quigny, Tab. chr., V, 410.
1.042. — 123 1 (v. St.), jan-
54
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MaRNE
vier. — Thibaud IV, comte de
Champagne. allVanchit de la main-
morte SCS hommes de La Ferté-
sur-Aube.
lien. Choppiti, OporrK Hi:!l ), IV, (ÎOO. —
l'h. liuifjnard, dan:i : Annuaire do l'Aulu-,
1850, !?' partie, p. 70 ; d'ap. oris;. Arrli.
comm. P. 3 (en français). — Carnandcl l'a-
vait réimprimée dans le 3« volume de fon
Trésor des pièces curieuses de la Cliampaj^ne,
dont il n'a paru que deux feuilles, non mises
dans le i-oinmerci'.
Mention Bréquiyny, Tali. clir., V, 10',*, ad
an. \'2'2\ .
1.043. — ï-3'. (^'- ^'^•)i i''^"-
vier. — Gautier, sire de Vignory,
abandonne aux religieux de Mon-
tier-en-Der tous les droits qu'il
peut avoir dans les choses ven-
dues à cette abbaye par Ferri de
Daiilaiicourt, jadis sénéchal de
Vignory, savoir : le quart des
fouages de Guindrecourt [-sur-
Biaise], la moitié des terrages,
etc.
/. fV A rbaumont , Cartul. de Vii^nory, 22S ;
d'ap. Arcli. Haute-Marne, orig. fonds Mon-
tier-en-Der, 17'' liasse, 0« partie, et 2" cartu-
laire, fol. S:t. r".
1.044. — 1 23 1 (v. St.), 27 fé-
vrier (Vendredi après les Bran-
dons), à 1 a Chasseigne. — Hu-
gue, évéque de Langres, termine
un. contestation qui existait déjà
entre ses prédécesseurs et le cha-
pitre d'.Avallon, sur le droit de
patronage de la cure de Vieux-
Chateau (Côte-d'Or). Il reconnaît
ce droit au chapitre.
6''" de Chastellux, Ilist. .çénéal. de la
maison de Chastellux, 323. d'ap. Arch. Yonne,
fonds do l'église de S'-Lazare d'Avallon,
liasse 4.
1.045. — 123 I (v. st.), mars.
— Gautier, seigneur de Vignory,
rapporte un échange fait entre
Barthélémy^ prieur de Vignory,
et Jean, prieur de Saint-Bénigne
de Dijon. Le prieuré de Vignory
aura tout ce que le prieuré de
K Bertiniaca curtis » (auj. Saint-
Blin) possédait à Vraincourt, et
celui-ci aura les hommes de Ma-
nois appartenant au prieuré de
Vignory.
J. d' ArhnumoHt , Carlul. de Vignory, 50.
546.
123 1, avril (ou du
i''"" au 10 avril 1232). — Gautier,
sire de Vignory, et sa femme Ber-
the, donnent ;iux religieux de
Clairvaux tous leurs ferrages de
Colombé-les-deux-Eglises, etc.
J. d' A rbaumont , Cartul. de Vignory, 2.'!0;
d'ap. Arch. .\ul)e. cartul. de Clairvaux, H,
Viipior;/, n» WXUl bis.
1 .047. — 1232, 27 avril (mardi
avant la fête S. Philippe et S. Jac-
ques).— Gautier, sire de Vignory,
vend au chapitre de Langres et
au prieuré de Condes tout ce que
Guillaume, Mathieu et Sereta,
entants de Thibaud Le Lorgne,
avaient dans la dime et le péage
de Darmanne, Treix et Bonmar-
chais. Lui et ses héritiers seront
garants.
Orig. Arch. Haute-Marne, prieuré de Con-
des. — J. (i'Arbau»wnt,Cdrtul. de Vignory,
231 ; d'ap. cariai, de Lanières, du présiU.
Bouhior, fol. OU.
1.048. — 1232, 28 avril (mer-
credi avant S. Philippe et S. Jac-
ques) — B., prieur de Vignory,
et G., prieur de La Genevroie,
attestent la vente ci-dessus.
/. d'Arbaumont, Cartul. de Vignory, 231 ;
d'ap. cartul. de Langres, du présid. Bouhier,
fol. 66.
1.049. — 1232, juin. — Thi-
baud IV, comte de Champagne,
fait connaître les conditions du
mariage projeté entre Jean de
Joinville et Alix de Grandpré.
Diilot, Mém. de .loinville, CXV ; ad an.
1231. — /. Simonne/, Essai sur les sires de
Joinville, 143, note 1 (traduction). — Cat.
actes des C" de Champ., n" 2195.
Serait do 1231, suivant M. Delaborde (^ean
de Joinville et les seigneui-s de Joinville,
Catal. n» 273.)
1.050. — 1232, août. — R.,
abbé de Montier-en-Der, aban-
donne au curé d'tpothémont trois
quarts de la grosse dîme de ce
village.
Lalore, Princip. cartul., IV, 227 ; d'ap.
vidimus de juillet 1231, 2" cartul. Montler-
eu-I>er, fol. 20, r".
1.051. — 1232, 26 octobre (3*
jour avant S. Simon et S. Jude).
— Gautier, sire de Vignory, et sa
temme B[ertlicJ remettent entre
les mains des religieux de Mon-
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
tier-eii-Der tout ce qu'ils ont ù
Champcourt et à Guindrecourt
[-sur-Biaise] jusqu'à ce qu'Us
aient fait approuver par Simon de
Grand, fils d'Arnoul de Cirey, les
conventions qu'ils ont faites avec
lesdits religieux concernant ces
possessions.
J. d'Arhaumont, Crirtul. de Viçnory, 233;
d'ap. Areh. Haute-Marne, 2' carlulaire de
Montier-en-Der, fol. 84, r°.
1.052. — 1232, octobre. —
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, doiuae en augment de fief à
Pierre de Jaucourt, savoir : tme
partie de la dime de Condes, Bre-
thenay, Jonchery, La Harmand,
plus le fief de feu Barnage sur la
dime de Ch3umont(-en-Bassi-
gny) ; enfin les fossés de Bar-sur-
Aube depuis 1.) porte Saint-Nico-
las, près la maison de Richer,
clerc, jusqu'au fossé de Pierre de
Mathaux.
Teulet, Layettes, n° 2207.
Cat. des actes des C" de Champ. .n" 2211.
1.053. — 1232, novembre. —
Gautier^ sire de Vignory, avec
l'assentiment de sa femme Ber-
the, donne au prieuré de Saint-
Etienne de Vignory un moulin^
un jardin et une place pour bâtir
un four.
Pérard, Recneil, 424 ; ex cartul. S'-Beni-
gni. — /. à'Arhaumont, Cartulaire du
prieuré de S'-Etienne de Vienorv, p. 53. — ■
Bréquigny, Tab. chr., V, 431.
1.054. — 1232, novembre. —
Robert, évéque de Langres, fonde
l'anniversaire d'Hugue, son pré-
décesseur, à l'abbaye de Clair-
vaux.
Gall. christ, nova, IV, instr. col. 204.
Bréquigny, Tab. chr., V, 423.
1.055. — 1232, décembre. —
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, donne en augment de fief à
Pierre, seigneur de Jaucourt, tout
ce qu'il avait à Maiac, notam-
ment les biens de Gilebert de
Chaumont, confisqués à cause du
forfait dudit Gilebert.
Teulet. Lavettes, n» 2212 ; analyse, d'ap.
Arch. nat., J.' 193, n» 27.
Cat. actes des C" de Champ., n» 2220.
1.056. — 1232. — Mathieu,
duc et marquis de Lorraine, fait
savoir que Wichard, seigneur de
Montreuil-le-Sec, a confirmé les
donations faites aux religieuses de
Bontays par ses prédécesseurs Si-
mon de Clefmont et son frère
Wichard. Il y ajoute le droit d'u-
sage dans ses bois, pour leur
grange de « Gresiliis ».
IJupo, Annal. Praemonstr., T'r. I, col. 314.
JSréquifjny, Tah. chr., V, 429.
1.057. — 1232. — Gautier,
sire de Vignory, rapporte et con-
firme le don par Raoul, chevalier
de Vainoise, au prieuré de Vi-
gnory, de ce qu'il avait à Ceri-
sières,
/. d'Arbnumont. Cartul. du [jrieuré de
Vi:;nory, 51 ; d'ap. crie;. Arch. Haute-Marne.
1.058. — 1232. — "luillaume,
archidiacre^ et Nicolas, archipré-
tre de Langres, tout savoir que
Eude de Gié[-sur-Aujon], lils de
Thibaud, chevalier^, surnommé La
Pie, a donné aux religieux d'Au-
berive ses prés de Saint-Loup[-sur-
-Aujon].
Mém. Soc. hi>t. et archeol. de Lanirres, I,
2S4, et fac-similé.
1.059. — 1232 (v. St.), lé-
vrier. — Simon, sire de Joinville,
donne 20 sous de Provins nu cha-
pitre dudit Joinville pour son
anniversaire.
/. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 126 ; d'ap. Arch. Haute-Marne, cartul.
S'-Laurent de Joinville, n° XV.
1.060. — 1232 (v. St.). mars.
— Robert, évéque de Langres,
fait connaître les conventions du
mariage de Thibaud IV, comte de
Champagne, avec Marguerite, fille
d'Arcliambaud, sire de Bourbon.
/. Berger de Xivrey, Lettre à M. Hase,
etc., sur Bourbonne, 215 ; d'ap. orig. Arch.
nat., Trésor des Chartes, J. 197. — Analyse,
l'eulet, Lavettes, etc., 11, 247, n» 2232, ex
orig., J. 198 B.
i.o6r. — 1233, mai (avant le
8). — Larchevéque de Lyon dé-
clare que R , évéque de Langres, et
le duc de Bourgogne, ont promis
de s'en rapporter à son jugement
sur : 1° le serment que le duc de-
56
RERERTOIRE HISTORIQUE DE I-A HAUTE-MARNE
vait prêter à l'évèque ; 2° des
biens enlevés à l'église St-Ltienne
de Dijon ; 3° la coiumiinc de Châ-
tillon, que le duc avaic ctnblic au
préjudice des droits de l'évèque
de Langres.
Brussel, Ufaïo des fiefs, I, IS'.t, noie a.
Bréquigny, Tab. ehr., V, 435.
1.062. — Ï233, 8 mai (Di-
manche avant l'Ascension). —
R., archevêque de Lyon, pris pour
arbitre, détermine les conditions
d'un accord e itre R., évéque de
Langres, et H., duc de Bourgo-
gne, son neveu, concernant des
biens de l'abbaye de St-Etienne
de Dijon détenus par le duc dans
la commune de Chàtillon, et di-
verses autres choses.
Brussel, U?a^;e des fiefs, I, 188, note a. —
D. Plancher, Hist. de Bourgoîrne, II, Pr.
p. 11. — [J'^yot], Hist. de S'-Etienne de Di-
jon, Pr. p. 128 ; extr. du livre des fiefs de
l'évèché de Langres. — Du Chesne, Hist.
généal. des ducs de Bourg., III, part. I, Pr.
p. 61 ; extr. du livre des fiefs de l'èvèclié de
Lyon — Bréquigny, Tab. chr., V, -iSi. —
J. Garnier, chartes de communes en Bonr-
gocne, 1, 340.
1.06-Ç. — I2J", 13 mai (Lende-
main de r.Ascension) — Hugue,
duc de Bourgogne, pour conserver la
paix avec Robert, évéque de Lan-
gres, supprime la commune qu'il
avait établie à Châtillon(-sur-
Seine) sans la participation de l'é-
vèque.
D. Plancher, Hist. de Bourg., II, Pr. p.
11. — A. Duchesne, Hist. des rois, ducs de
Bourg., II, part. I, Pr. p. 60. — Brussel,
Usage des fiefs, I, 196, note a.
Bréquigny, Tah. chr., V, 435.
1.064. - 1233, mai. — Geof-
froi, sire de Deuilly (commune
de Serécourt, Vosges), avec l'as-
sentiment de sa femme .Aliénor,
et de son iils Guillaume, cheva-
lier, renonce à des prétentions
qu il élevait contre l'abbaye de
La Chapellv [-aux-Planches|.
Orig. Arch. Haute-Marne.
Lalort-, l'nunp. cnrtul., IV, Ki ; d'ap.
carlul. I-a Chapelle, fol. (i, v".
1.065. — 1233, "'■'^- ~ ^^^~
bert, a.chevéque de Lyon^. tait
savoir qu'en sa présence Pierre de
Paluel, maréchal de Bjurgogne,
et Guill.Tume « Frites a ont tait
hommage à R., évéque de Lan-
gres, savoir : Pierre, après l'hom-
mage de Guillaume de Vergy, et
Guillaume, après l'hommage de
ces seigneurs.
A. Duchesne, Hist. géni'^al. des ducs de
Bour;;., 11, part. I, Pr. p. Cl ; extr. du livre
dos (iefs de l'évèché de Lyon.
Bréquigny, Tab. chr., V, 435.
1.066. — 1233, mai. — Ro-
bert, évéque de Langres, et G.,
doyen de Langres, font savoir
qu André, seigneur d'Epoisses, a
légué aux religieuses de Jully un
muids de blé sur les tierces d'E-
poisNCS.
Jobm, Hist. du prieuré de JuUy-les-Non-
nains, 270 ; d'ap orieinal, Arch. Côte-d'Or,
prieuré de Jully, H. 250.
1.067. — ï233.< ^4 ji^i'i (3*
jour après St Barnabe). — Ro-
bert, évè lue de Langres, déclare
que par l'arbitrage de Guillaume
de Bourmont, archidiacre, de Fré-
déiic, chanoine de 1 angres, et du
doyen de Beaune, il a compromis
avec l'abbaye de Tart. Celle-ci
prétendait que l'abbaye de Pou-
iangy était dans sa dépendance,
et l'évèque disait au contraire
avoir sur elle pleine autorité.
D. Plancher, Hist. de Bourg., I, Pr. p.
103.
Bréquigny, Tab. chr., V, 43G.
1.068. — 1233, 15: juin (4^
jour après St-Barnabé). — Sen-
tence arbitrale rendue par les -ju-
ges ci-dessus, entre 1 évéque de
Langres et l'abbaye de Tart. Ils
déclarent que la règle de St-Be-
noit doit continuer à être obser-
vée à Poulangy, et que l'abbesse
de Tart y aura le droit de visite,
mais révé-]ue de Langres conser-
vera la juridiction.
J. Petit, Theodori Pœnitentiale, II, 689 ;
ex cartul. eccl. Ling. — D. Plancher, Hist.
do Bourcr., I, Pr. p. 103. — Gall. christ,
nova, IV, instr. col. 205.
Bri^qutgny, Tab. chr., V, 436.
1.069. — 1233, juin. — Hu-
gue, seigneur do La Fauche, avec
l'assentiment de sa temme Béa-
trix, de ses fils Hugue déjà che-
valier (et sa femme Elisabeth),
•Alain et Gautier, encore damoi-
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
57
seaux, vend à l'église Saint-Béni-
gne de Dijon, pour 120 livres et
16 deniers forts de Champagne^
tout ce qu'il pouvait avoir ou ré-
clamer à Saint Bénigne, réservé le
fiet d'Ecot et d'autres choses,
Pérard, Recueil, 425 -, ex cartul. S'-Beni-
gni.
Bréquigny, Tab. rhr., V, 437.
1.070. — 1233, 8 juillet, Leu-
gley (6" jour après octaves de la
Nativité S. J. -Baptiste). — Guil-
laume de Vergy, sénéchal de
Bourgogne, décbre avoir promis
à Robert, évèque de langres, que
pendant tout le temps que ledit
Robert sera évéque de Langres,
ni lui ni ses héritiers ne pourront
fortifier « Monttierge » (com-
mune de Percey le-Graud, Haute-
Saône).
A. Du Chesne, Hist. de la maison de
Versy, Pr. p. 184 ; extr. du cartul. des fiefs
de l'êvéché de Laugres.
Bréquigny , Tab. chr., V, 438.
1.071. — 1233, septembre. —
Le prieur de Bourbonne, le doyen
de Faverney et le curé de Fres-
nes rendent une sentence arbitrale
réglant les droits respectifs du
prieur de Varennes et du curé de
CoifTy sur le casuel des églises de
Coiiiy et de la Neuvelle, et sur
divers immeubles.
A. Bonvallet, La Prévôté royale de
Coiffy, dans Revue de Champ, et Brie, 1894,
p. 862.
1.072. — '233, St-Germain-
en-Laye. — Le roi Louis IX or-
donne aux chevaliers et autres
hommes de l'évèque de Langres,
qui avaient formé entre eux une
coiitéderatiou en préjudice des
droits dé l'évèque, de se dissou-
dre immédiatement.
Brussel, Usage des fiefs, I, 277.— 5. Mi-
gneret. Histoire de Langres, 341 ; ex libre
ïendorum episcopatus LLnçonensis. — E. Pe-
tit. Uist. des ducs de Bourg., V, 501,
d'ap. original, Arch. Langres. — Bréquiont/,
Tab. ch.", V, 452.
1.073 — 1233. — Lettre par
laquelle les religieux de Molôme
demandeiit à l'évèque de Langres
l'autorisation d'élire un abbé.
J. PenV, Theodori Pœnitentiale, II, 643»
ex cartul eccl. Ling. Fragm. breviss.
Bréquigny, Tab. chr., V, 455.
1.074. — 1233. — Béatrix,
dame de Joinville, juge un difie-
rend entre l'abbaye d'Evaux et un
clerc tonsuré de Neuville, qui
prétendait être exempt du four ec
du moulin banaux, etc. (En fran-
çais). Charte fausse.
J. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 194 ; d'ap. Arch. Meuse, abbaye d'E-
vaux, Q. n° 26.
1.075. ~ 1233 (v, st.), jan-
vier. — Simon, sire de Clefmont,
aflfranchit de la mainmorte ses
hommes de La Ferté-sur-Aube.
Ph. Guignard, dans : Annuaire de l'Aube,
1850, 2= partie, p. 71 ; d'ap. orig. Arch.
comm. P. 4 (en français).
1.076. — 1234, 6 février, La-
tran (8 ides fév., an Vil). — Let-
tre du pape Grégoire IX à l'abbé
et aux religieux de Boulancourt,
leur ordonnant d'observer rigou-
reusement leurs statuts. Cette let-
tre est motivée par le fait que
plusieurs sœurs converses avaient
été indûment inhumées dans une
grange voisine de l'abbaye, « Ex-
hibita nobis vestra... »
A. Manrique, Annal, cisterc, IV, 473. —
Bréquigny, Tab. chr., V, 447. — Potthast,
n" 9389.
1.077. — 1233 (^'* ^^•)> '^^-
vrier. — Nicolas, évéque de
Troyes, déclare qu'Oger de Saint-
Chéron, chanoine de Saint-Etien-
ne de Troyes, a donné à Mon-
tier - en - Der sa dfme d'Yèvre
(.Aube), pour le prieuré de Beau-
fort (auj. Montmorency, .Aube).
Lalore, Princip. cartul., IV, 226 ; d'ap.
2« cartul. Montier-en-Der, fol. 24, v°.
1.078. — 1234, mai. — Ro-
bert, évéque de Langres, fait un
règlement pour la ville de Langres
sur les dépenses, l'administration
de la justice^ les peines, etc.
S. Migneret, Précis de l'histoire de Lan-
gres, 341 ; ex autographo.
I 079. — 1234, octobre. —
Robert, évéque de Langres, faic
savoir que les religieux de Puroy
58
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNî:
(lieu détruit, commur.e deBligiiy,
Aube), ayant transféré leur prieuré
à Helroy, ont abandonné au curé
de Bligny les dîmes, oblations et
autres revenus de l'église de Pu-
roy, attendu qu'ils n'en faisaient
plus le service.
Lalore, Nolioe sur le prieuré do Belroy
(.Aubi'l, charte n* 8. (Mém. île 1b Soc. acad.
lie l'Aubo. tome XL, 1S87.J
1.080. — 1234, octobre. —
Robert, évèque de Langres, ap-
prouve les conventions interve-
nues entre l'abbaye de Saint-Béni-
gne de Dijon et Alix, mère d'Eu-
de. duc de Bourgogne, concer-
nant « Prunetum ».
D. Plancher, Hin. de Bourg., II, Pr. p.
11.
Biciiuiyny, Tab. clir., V, 460.
1.081. — 1234^ novembre. —
Robert, évéque de Langres, dé-
clare que Jean, chanoine de Lan-
gres, fils de teu Gui, seigneur de
Saulx, a cédé à l'abbaye de Saint-
Bénigne de Dijon les droits sur le
village de c Ville » qui iaisaient
l'objet de difficultés entre lui et
les religieux.
Gall. christ, nova, IV, in.str. col. "i05. —
Pérard, Recueil, 478. — D. Plancher, liif t.
de Bourit., I, Pr. p. 104. — Uréquigmj,
Tab. chr., V. 46K.
1.082. — 1234, décembre. —
Robert, évèque de Langres^ ap-
prouve la cession faite aux reli-
gieux de Réomé (Moutier-Saint-
Jean) par Hugiie, seigneur de
i< Bjiche », che/alier, sa femme
Pétronille et leurs fils, de leurs
droits sur le four de a Marme-
aus » et un moulin situé au-des-
sous de « Vineas ».
Rouyfr, Ili-l. uionast. llcoiii.. p. 257.
liréquigiiy, Tab. chr., V, 4U9.
1.083. — 1234. — Béatrix,
dame de Joinville, adjuge à l'ab-
baye de Mureau le sixième des
drmes de Cirfontaine-en-Ornois,
qui lui était conresté par le frère
de Thomas de Braz, premier do-
nateur.
Recueil de documents =ur Ikistoire des
Vosces, 1, 17U. — J. Simomiet, Essai sur les
«ires de Joinville, l'JU ; d'ap. Arcli. Vosges,
cartul. de Muraau, fol. 7J8. — L'origioal
eit aux Archives de la Haute- Mtrne.
1.084. — 1234. — Renard,
seigneur de Choiseul, accorde à
Foulque, seigneur de Beaujeu, et
à ses descendants, une mine de
froment, mesure de Langres, à
prendre chaque année dans les dî-
mes de Lavernoy.
A. Du Chpsne, Hist. de la maison de
Dreux, Pr. p. 2C1 ; ex cartul. Molism.
Bréquigny, Tab. chr., V, 474.
1.085. — 1234 (v. St.), 28 jan-
vier. — Hugue, duc de Bourgo-
gne, jure d'aider Thibaud IV,
comte deChampagne, contre toute
personne, sauf le roi de P'rance,
la reine et l'évéque de Langres.
Il fait aussi alliance avec Archam-
baud de Bourbon.
Chanter-eau, Traité des liefs, II, 217. —
Teulet. Layettes. n° 2330, d'après Arch. nat.,
J. 198 B, n° 09.
Cat. actes des C" de Champ., n" 2138.
1.086. — 1234 (v. St.), 10
mars (samedi après Reminiscere).
— Robert, évèque de Langres,
autorise la fondation, à Chau-
mont, d'un hôpital dont le maître
.sera à la nomination du comte de
Champagne ; mais l'évéque aura
le droit de visite et de réforme.
Analyse, Teulet, Layettes du Trésor des
Chartes. Il, 284, n" 2355, d'ap. orig. Arch.
nat., J. 201, n°H.
Cat. actes i|es C" de Champ., n» 2328.
1.087. — 1234 (v. St.), mars.
— Robert, évéque de Langres^,
fait savoir que Guillaume de Ri-
cey, écuycr, et sa femme Margue-
rite, ont reconnu n'avoir aucun
droit sur les homrnes et ferrjtries
de l'abbaye de MoléiTie, ni sur
leur parcours.
E. Socard, Chartes inéd. exlr. des cartul.
de Molenie. 171, d'ap. 2« cartul., fol. 8, r".
1.088. — 1234 (v. st.), mars.
— Robert, évéque de Langres,
fait savoir que Milon et Guil-
laume, frères, enfants d'Olivier,
chevalier, de Ricey, ont approuvé
le don que leur père^ avec leur
assentiment, a fait aux religieux
de Moléme, de trois setiers de blé
de rente, à prendre, deux sur les
coutumes de Lannes, et sur les
tierces de Ricey.
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
59
E. Socard, Chartes inéd. extr. de» carlul.
de MoléiDO, 175, d'ap: 2" carlul., loi. S, r».
1.089. — 1234 (v. St.;, I*''
avril (Dimanche des Rameaux).
— N., évèque de Troyes, en con-
sidération de la pauvreté des ab-
bayes de Beaulieu (Aube) et de
La Chapelle aux- Planches, leur
abandonne les dîmes des novales
de Joncreuil (Aube), Outines
(Marne) ec Bailly-ie-Franc (Aube)
qu'elles avaient perçues sans son
consentement et qu'il avait fait
saisir.
Orig. Arcli. Haute-Marne.
Lalore, Princip. cartul.. IV, 47 ; d'ap. car-
tul. La Chapelle, fol. 26, r».
1 .090. — 1235, avril. — Thi-
baud IV, comte de Champagne,
et Alix, reine de Chypre, adres-
sent à G[autier], archevêque de
Sens, à [RobertJ, évèque de Lan-
gres, et à [Bernard], évèque d'Au-
xerre, copie du traité par lequel
ladite Alix a renoncé à ses pré-
tentions sur le comté de Champa-
gne et de Brie, et les prient de le
vidimer.
Teulet, Lavettes, n» 2374 ; analyse, d'a-
près Arch. nat , J. 209, n° 33.
Cat. actes des C" de Champ., n° 2348.
1.091. — 1235^ mai. — Gau-
tier, sire deVignory, déclare qu'a-
vec l'assentiment de sa femme
Berthe, jadis comtesse de Kibourg,
il a vendu, aux religieux de Clair-
vaux, l'usage à deux voitures,
dans sa foré: de Blaisy et dans ses
bois du fîiiage de Colombé-les-
deux- Eglises, sauf le bois de la
Wèvre, situé près de Pratz.
/. d'Arbaumont. Cartul. de Vignory, 235;
d'ap. Arch. Cote-d'Or, orig. fonds de Clair-
vaux, H. 546, et Arch. Aube, cartul. de
Clairvaux, II, Vignory, W X.XXlV.
1.092. — 1235, 6 juin (4« jour
après les octaves de la Pentecôte).
— Robert, évèque de Langres^
déclare que par une pure libéra-
lité, Pierre, abbé de St-Etienne
de Dijon, l'a reçu dans la maison
d'Asnières et d'.Ahuy, appartenant
à cette abbaye, et qu'il n'y a au-
cun droit de procuration.
[l'yot], Ilist. de S'-Etienne de Dijon, Pr,
p. 260 ; ex autogr. Steph.
Urùquigny^ Tab. chr., V, 479.
1.093. — 1235, juin. — Thi-
baud IV, comte de Champagne,
affranchit ses hommes de Nogent
(-le-Roi).
Ordonnance?, VII, 466. — PisloUet deS^-
Ferjcux, dans : Méni. Soc. hist, et archéol.
de Langres, I, 21 ; d'ap. vidimus de 1259. —
G. Couvreux, Documents sur Nogent-le-Roi,
21. o .
Cat. actes des C" de Champ., n* 3359.
1.094. — 1235, juin. — Ro-
bert, évèque de Langres. termine
les difficultés élevées entre les re-
ligieux de Réomé (.Vloutier-Saint-
Jean) et Itier de la Broce, concer-
nant Ricey ; ils partageront par
moitié les échoites, tailles, cheva-
ges, corvées et droits de justice.
Bouyer, Ilist. mon. Reom., 258.
Bréquiyny, Tab. chr., V, 481.
1.095. — 1235, juillet. — Gau-
tier, seigneur de Vignory, et sa
femme Berthe, retiennent la moi-
tié d'un moulin situé près de l'é-
tang de Vignory, mais il appar-
tiendra en totalité au prieur après
leur mort.
Pi'rard, Recueil, 437; ex cartul. S'-Beni-
gni Divion. — J. d'Arbaumont, Cartul. du
prieuré de S'-Etienne de Vignory, p. 55.
Bréquigny, Tab. chr., V, 482.
1.096. — 1235, septembre. —
Nicolas, évèque de Troyes, ter-
mine des contestations élevées en-
tre lui, les religieux de Saint-Loup
de Troyes et ceux de Montier-en-
Der, concernant la dépendance de
l'hôpital de Brienne[-le-CbàteaL'].
Lalore, Princip. carlul., IV, 227 ; d'ap.
2" cartul. Montier-en-Der, fol. 2, r".
{A suivre.)
A . R OSEROT ,
Glossaire du Mouzonnais*
N
Nouviau, Nouvai^ adj., nouveau, nouvel. — Tout nouviau,
tout biau. — Eh bin, voisin, n'i ai ti don nouvai, anoiit?
Nous renderons tous les prisons vies et nouviaus.
(Chron. de Rains)
Vesci véez •!■ enfant qui est tous nouviawi nés.
[Brun de la Montagne)
Et aussi le nouviau seigneur sur ses droits.
(Coût, de Vermandois, 1448)
En cel ain but-ons de noveais vins à S* Lorent al com-
menchement d'awost.
(Jean d"Outremeuse)
Nue, adj^ neuf — féminin : Nûve, neuve. Employé souvent
pour nouveau, et se place devant le substantif. — / v^el ses nuves
bottes anout pou{r) l'premie{r) cô{p).
Tu fes nues nez et nueves bouches.
(Gautier de Coincy)
11 y a gens trop bien d'accord
Car bon leur est vies et nues.
[Chans. sur les Évén^^ de Bretagne^ 1375)
Mais sitùt que la mer bonasse
Se calme en la neuve saison.
(Baïf)
Nu-iau, s, m., œuf vidé placé dans les nids pour exciter les
poules à pondre. En Vendée, on dit Gniau, en Normandie Giiieu
et Niot.
Nu-iée, s. f., nuée, l'orage électrique^ tonitruant ; nuage
noir. — /.a NU-iÉE est juste au dessus d'nous.
Nuisance, s. f., action de nuire; résultat de cette action.
Son umbre, qui me porte nuisance.
(Villon)
• Voir page 867, tome IX ûe la Hevue de Champagne.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 61
Nunepart, neum'part, adv., nulle part. — Jû iC vo-iage
neum'part, çute semainne-ci. C'est là une prononciation vicieuse de
nulie, évidemment. Mais c'est aussi un vestige de l'ancienne
forme nun, nuns, nul.
El nuns ne s'i doit fier.
{Fioire et Blancheftor)
N'estoil nuns jors qu'elle n'eust
Del pain assez.
(DoloïKithos)
Nûve, adj. fém., neuve. — Voy. iiue.
Obligie(r), v., obliger. — P. p. obligie. — Xsos oBuotE d'
ma'n aller.
Ladite maisons estoit tenuo et obliç}ie chascun an à. . .
{Arch A dm. Reims, 1295)
Lesquels pleiges obleyies par deviers mi, je quit de leur
covenant.
(Car t. de Rethel, 1323)
Et je ne vnurrai men cuer vraiement obligier.
(Bastars de Buillon)
Cil Poitevin qui ubligies s'estoient envers les François.
(Froissart)
Oder, v. — Voyez Hoder.
Oeuf! (ô quel) pour: o quelle œuvre, quelle belle œuvre, le
joli résultat, le joli produit ! Ironique.
Offerre, v., ofTrir. — J'otiers, j'offrans — J'olTros, j'offrains —
J'ai offert — J'offerrai, j'offerros. — Je vas li offerre cent sous.
Puisqu'il se veut à nous offerre
Viengne en cel val
Sans compaignie et sanz cheval.
(Rutebeuf, Théophile)
Mais au froit celier
Lai me puel on querre;
La voil mon argent offerre.
(Fabl. Dupuy)
le ii oferray volentiers.
(Fabliau de Martin Hapart)
Mult oferra pour acoler.
{Flaire et Blanceflor)
è2 GLOSSAIRE DU M0U20NNAIS
Od mil lances d'acier burnies
Et 0(1 mil espées forbies
Li offerrai jà mun convei.
{Chron. des ducs de Norm.)
Oi, diphlhongue qui remplace ordinairement la syllabe voi. Oa
dit : oir, oiturey oisin, aoi{r), saoi{7') pour voir, voilure,
voisin, avoir, savoir...
0-ie (prou, auille), oue, s. f., oie.
Quant prendre doit l'ortie
Que nouvelement point, on le voit à Voye.
(Du Guesclin)
Pour ferrer oes et canettes.
(Villon)
Se il avoit une aue, j'arois ii. paons.
(Rom. d'Alixandre)
0-ie-son^ oï'sson, s. m., oison, petit de Toie. Rabelais dit
oyon.
L'oyçon paie XII tournois.
(Chronique de Stavelot)
Le musnier ne doibt avoir oyes ni oyons, poulies ny poul-
lon, pourceaux ny porcellons.
(Loy de Beaumonl)
Oir^ terminaison qui se prononce ordinairement oi, par la
cbute de Yr : faUoi(r), saoi(r), pouoi(r), miroi{r), mouchoi{r),
ti7'0i(r), rasoi{r), saloi(r) Et se change parfois en oue dans
les substantifs : traînoue, tra-ioue, dewidoue, pour traînoir, tra-
hoir, dévidoir. Cette dernière forme rappelle l'ancienne terminai-
son ouei\
Oir, V., (v)oir. — Voyez voir.
Oï(r), V., ouir, entendre. — J'os, il ot, j'oians — j'oïos — j'ai
Oïu. — J'orrai ou j'oïerai.
Oez, seigneur quel pecchiez nous encumbret.
(Chanson de Roland)
Os-tu, chevaliers boins eiirous.
(Saint Graal)
Et se tu os nul mesdisant, qui aille famé desprisant.
{Roman de la Rose)
Devant Fremia qui m'o<, s'il ne dort.
(Villon)
Les canons ne s'oioient, ny le bruit lies alarmes.
(Baïf)
QuaQt Ricars l'a oit — Lors ly dist
(Godefroi de Bouillon)
ëLOSSAlRE DU MOtZONNAiS 63
Cil dist à Clarion, si que tout font oii.
(Bueves de Commarchis)
Tout chu qu'ilh avoit veut et oiut les racomptat.
(Jean d'Hutremeuse)
La plus bêle riens que je onques eusse ouu en mon jovent.
(Beatiairc d'amour)
Rollans escrie si que bien fu oùz.
{Roman de Roncevaux)
Li dus ne Voï mie ; d'autre part est torné.
[Quatre fils Ayinon)
Jamais n'erres si bonne (estoire) en treslout vostre aé.
(Idem.)
Quant vous orrez huchier.
(Villon)
Si que mais jour de vostre vie
N'orre's parler de druerie.
(Amadas et Ydoine)
Quant il oient parler de De
Pur richeces sunt asorde.
(Bestiaire divin)
Oire pour oi(v)re.
Si ot moult grant talent de boire
Cil qui bien sot la gent décoiore.
{Rom. Renart)
Ôis, oit, finale ancienne des verbes à l'imparfait ou condition-
nel, écrite et prononcée aujourd'hui ais, ail, et qui dans le patois
se dit os, ot. — Je parlos, tu devos, I ri-io(, — J'resteros, tu
partros, I reviuroî.
Oisiau, oigeai^ ugiau, s. m. Oiseau. — La 2« forme dérive
d'oisiel, oisel. — Enfin ou prononce les hoisiaus, in hoigeai
comme s'il y avait une h aspirée.
Come li oisiaus sur la branche.
(Rutebeuf)
Monseignor Yvain. . . Qui tant aima chiens et oisiaus.
{Court Mantel)
Li fox oisiaus de li s'aprime.
{Rom. de la Rose)
S'il abat oue ou autre oisiel.
(L'escouffle)
Au lems nouvel
Que cil oisel
Sont haitié et gai,
(Perrin d'Angecourt)
64 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
llh' avoit là -I- aigle qui la estoit, et batoit les oyseaii si
qu'ilh esloient espoenteis.
(Jean d'Oulremeuse)
Ojerter, Ajerter, v., empêtrer, rendre les jarrets, les jambes
raides. — Voy. Jerrel.
Oliette, s. f., œillette, plante oléagineuse.
Il ait nagueres pris et emblé environ sept sextiers
de navette et trois meneaux d'oliettc.
(Cit. de Lacurne)
La prouvenance em poes counoistre
Par •!• petit gra>n d'vlietle.
(Jean de Condé)
Olivettes (danse des). — Sorte de farandole qui circule entre
une suite de sièges, tabourets ou chaises, reposant en équilibre
peu stable à l'aide de morceaux de bois, d'allumettes placés sous
les pieds, et qu'il faut prendre garde de faire tomber. Pendant la
danse, on chante la ronde des Lorrains : Lnn Ion la, laissez-les
passer, les Français dans la Lorraine C'est un des divertis-
sements obligatoires du lendemain de la noce.
Ombri-iie;r)^. v., ombrager, donner de l'ombre. — Metlans
nous d'zous l'poirie(r), ça va tovjou{r)s nous ômbrl-iie(r)inpeu.
Desous uns chastinier où li solaus onbrie.
(Brun de la Montagne)
Li lance et li crois et la vierge Marie
Estoit en l'estandart, qui au soleil ombrie.
(Bastars de Buillon)
Il y a ja des ans foison
Que je ne m'i poc ombryer.
(Froissart, Buisson de Jonece)
Omnette, s. f., omelette. — Quelquefois Amnetle.
On, pronom indéfini. — Se lie le plus souvent à la voyelle du
mot suivant par l'intermédiaire de la lettre z. Il faut voir dans
cette sorte de liaison, soi-disant euphonique, un vestige de l'an-
cienne forme sujet homs, lions, homme. — Quand ons ai vu qu'i
n'vénot mi — 0ns ncsl mi pus loi partie qu'oNs est arrivé.
— Ons y est moût bin. — / m'semb'l)e quû l'oss est moût
longtas.
Les Liégeois en quels ons avoit de temps passeit eut très
grans flanches.
[Chron. de Staoeloi)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 65
Chesl oniinanche nu fiist mie tenue, car o/is aidaî inonsan-
gneur valhaminerit.
(Id.)
El ont pris l'or et l'argent ([ue ons y avoit g'Tteil.
(Ji.'an (rOiilrcniiHisc)
Puis c'ons est en religion
Et il a chainte la corroie.
(Complainte dea Jacobins et des Cordelière'')
Homs n'enlomloit mie quant ii estoit en liunneur.
(l'sauticr)
Uns /ionv convenence a ung autre honin rju'il tuera...
(Heaumanoir)
Et se aucuns homs ocist un auLri' ;'i lietln'si . . .
(Charte de Relhcl, I2.53)
On, est parfois la traduction de un latin, et se prononce cun :
lumbe, lumber; — de la poisun.
Son umbre qui me porte nuisance.
(Villon)
Ongue, s. f., ongle. — Comme v avez des grandes, ongues, ma
rjranl maman!? C'est pou(r) iniiis f griffer vi'n nfanl. (Chaperon
rouge>)
Elle avoit évité la pertide machine
Lorsque, se rencontrant sous la main de l'oiseau.
Elle sent son ongle maline.
(La Fontaine)
Onque, s. m., oncle.
Oragan. s. m., ouragan.
Orage, s. f. // ai fait 'n grosse orage à Mouzon.
Orbée, s. f., petit espace de temps. — S'emploie aussi pour
forte pluie.
Orée, s. f. , bord, lisière. — A /'orée don bos. — Emplis la
mesure jusqu'à /'orée. — Désigne aussi une pluie (de une heure,
hora?| ; c'est l'analogue d'ondée.
Me soubvient avoir leu que Vorée de la montaigne en
laquelle Moses receut la loy des Juifs. . .
(Rabelais)
Ne me partirai don siège pour vent et pour oré.
(Rcnart te \ouvcl)
Mult les a malbaillis li vens et H ores.
(Quatre fils Aijtnon)
6é GLOSSAIRE DU MOUZONNA.IS
Une tempùste commence et uns ores.
{Huon de Bordeaux)
. . . Les lunaire, et les venz et les gielz
Et les orcz.
(Chanson de Roland)
Et tant avons sosfert do pluies et d'ores.
De grans fains et de sois el de chailivetés.
(Gui de Bourgogne)
Oreries, orries, s. f. pL, pièces, bijoux d'or ; — dorures (l'ô
est long, comme s'il y avait aurerics).
Orfévrie, s. f., orfèvrerie. Le vieux et vrai mot français est
orfaverie (ai =: a).
Esmailleurs d'orfaverie.
{Mesliers de la ville de Paris., 1313)
Li reis Solomun preiad Yram que un ménestrel bon li
enveiast ki en seust e maist en fust de orfaverie, e de pur-
traiture et de engravare, e de altres engins.
(Tierz livre des Beis)
Il i a marcheans de pion
D'orfaverie et de cristal.
(Fabliau, Dit des Marcheans)
Gorgeron sans orfaverie.
(Villon)
Orge (grain d'). — Orgelet, pelile tumeur à la paupière, com-
père loriot.
Ori-iie(r) ou Auriiie(r), v., garnir d'or, dorer. — P. p.,
Ori-iie.
En Voriet punt asez i ad reliques.
(67t. de Roland)
Orillie(r), s. m., oreiller.
Nompourquant à mon orillier
M'alai erranment conseiilier.
(Poésies, Froissarl)
Blans dras et orilliers cornus.
[Gauvain)
Do couvertouers, de coûtes pointes
Et û'orillicrs mignoz et cointes.
(Gautier de Coincy)
D'une pierre a fait orillier
Si conmença à sommeillier.
(Roman de Renart)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 67
le sçait endormir Vorillier.
{Varlct à louer)
Orillette, s. f., oreillette, doucette, mâche : salude dont la
feuille a la l'orme d'une oreille (?).
Grillon^ s. m., oreillon. — Les orillons, maladie. — Et aussi :
enveloppes de toile qu'on met aux oreilles des chevaux pour les
protéger contre les mouches.
Ormoire, aurmoire, aulmoire, s. i'., armoire, Voy. aiir-
moire.
Lorsque je senty dame mémoire
Rescoudre et mcctre en son aulmoire.
(Villon)
Orvers_, s. m., orvet, petit serpent, presque aveugle (orbe).
Escarbots, talions, orvers, hannetons.
(Nouvelle fabrique)
Oseille dti crapaud : — s. f. Patience, grande oseille (Poly-
gonées).
Oseille dii boquillon, — s. f. pain de coucou, oxalyde.
Osière, s. f., osier.
Issi sui com Vosière franche.
(Rutebeuf)
Vimen, osidre — Siler, osière.
(Gloss. Rom. latin., XV" s.)
Ele preist un bouchiel d'osicres, si lénoint de bithumin et
de poi et raist l'enfant dedans.
(Bibl. histor., Godefroy)
Ossie(r)_, ocie(r), v., voy. liossie{r), hocie{r).
Ossu, adj., qui a de gros os.
Mais gros fu et ossu;; et fourmez grossement.
(Du Guesclin]
Ostant, adv. — Voy. .iustanl.
Osto (à 1'), espr. à la prison ; à la maison, à l'hôtel (ostei).
Sarrazin s'estormissent, venu sont as ostaiis.
(Élie de S. Gille)
lou ay comme vous sabes ben
(Dyou marcy) cauque pau de ben
Bouan houstau, tout enbert de paille.
[Seigne Peyre)
68 QLOSSAlRK DU MOUZONNAlS
Osuré. — Voyez Auzuré.
Os, ot = ais, ait, finales dos verbes à Timparfait et au con-
ditionnel. — J'pan.os, il CTOT, js^ros, i umRoi.
En la curt le reis conversof
Assez sovent i sujufWo<.
(Marie de France, Lai des 2 Amants)
La reine Cleopalras,
Qui tant doutot de mort le pas.
(Bestiaire divin)
Ne nus ni osot aproclier.
(Mir. de Sardenay)
Quant l'ost errot lote sa voie.
(Ambroise, Estoire de la guerre sainte)
L'ùsl, qui mult désirât le jour,
(/d.)
... Cops... Que IL reis Richarz i mot
Et les ocïet et tuot.
(Id.)
... Fauvel... Ki le portât de tel randon.
ild.)
Ou, employé pour rarlicle au, surtout à la frontière.
Frères Yves 'rouva un livre ou chevet dou lit au vieil.
(Joinville)
En leurs noms et ou non de toute la communauté.
{Livre des métiers)
Un quarlel de sel ou quel le |)revost prent le tiers,
{Aveu de Mulry, à Mouzon, 1369)
J'ai ou trésor de ma pensée — Un mirouer.
(Charles d'Orléans)
On se boutast ou cors d'un coutel dusqu'au manche.
(Regrès de la mort S. Loys)
Oublie, s. i'., sorte de pâtisserie sèche, appelée à Paris plaisir,
analogue à l'hostie (oblala, offerte). — Est encore au diction-
naire, quoique rarement employé à présent : chez nous c'est
un ternie courant.
Il ne peut entendre ne voir comment un homme entier
puet estre en celé oubléc que le i)restre tient à l'autel.
(Mircour du monde)
Oubli-iie^r), v., oublier. — P. p., oubli-iie.
Et requeslc d'ami ne doit estre oubli-ie.
(Brun de la Montagne)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 69
La parole David est bien onlr^oubliie.
Qui dist : « Rendes vos veus, ne les trespassez mie. »
(Rulebeuf)
Ougnon, s. m., oignon. — On dit : N'i ai dTouoNON, il y a de
la discorde, du grabuge.
llennuyers, coupeurs de ramée,
Vous ne valiez pas deulx ougiions.
[Chanson sur le siège de Mézières, 1521)
Ouline, houline, s. f., chenille. — N'i ai des boulines plein la
haute (h aspirée). — Voyez houline.
Oume, s. m., homme, voy. houme.
Se aucune descendues d'hiretage vient à X'oume où tans
que il a famé.
(Beaumanoir)
Cy vous weil deviser des .iiij complections de Voume.
(Pierre de Maubeuge)
Ouner, terminaison verbale provenant de noms à finale on :
touner, douner.
A Tourne qui ele est, a bon louier donne.
(Rom. d'Alixandre)
Oût(r)e, adv., outre, au delà, passé. — Ah! le bon temps est
oût(r)e.
Ce dit mercredi partismes de celle fonleine et oullre au giste.
(S' Voy. en Jhérusalem)
Ouverre^ ouverd(r)e, v., ouvrir. — J'ouvers, j'ouvrans ou
j'ouverdans — J'ouvros ou j'ouverdos — J'ouverrai ou j'ouverdrai.
— P. passé féminin, oitverde. — On dit quelquefois douverre,
douvie (frontière).
Sire, tu enverras les lèvres.
(Psautier)
Le capitaine dist : c Et la j)orto ouverray. «
(Du Gucsclin)
On li ouverra la fenestre.
(Fabliau de Gautier le Loup)
Et il leur ouverroit la première porte des bailles (première
fortification).
(Froissart)
Ouvrage, s. fém. — T'ais fait d'ia belle ouvrage.
Car Dieu et le bon droit et bonne volonlé
Laboure en bonne ouvrage sans penser fauceié.
(Rom. de Siperes, Lincy)
Ouvrie(r), s. m., ouvrier. — Jou(v) ouvrie(r), jour ouvrable,
non férié, où l'on travaille.
70 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Et tandis qu'il est jour ouvrier
Le temps pers, quant à vous devise.
(Charles d'Orléans)
Tant aux jours ouvriers qu'à la feste
A Paris, ung tas de bejaunes
Lavent trois fois le jour leur teste
AfQn qu'ils aient leurs cheveulx jaunes.
(Coquillart, Perruques)
Oviette, s. f., petite brebis (ovis, ovilis). — Le vieux français
avait AtdVf^ brebis.
Et prendre pors, vake, moutons, auwes, capons.
{Chronique de Rains)
Ovette pure et entérine
De toute bonté la racine.
(Chr. de Pisan, Prière à N.-D.)
Pai, s. f., peau. — Voy. Piau.
Dessoubz ma pel n'a fors ordure.
{Mireour du moiide)
Pa-iie(r) et pé-iie(r). — P. p , pa-iie, à la frontière pa-ïèt.
Lu donnateur seroit tenu de païer les quinctz deniers.
(Coustume de Vermandois)
Et le surplus se paiera aux frais des hoirs.
(Id.)
... Il amenusast les lettres de tant coni il aura paiet.
{Arch. Adm. Reims, 1256)
Car contrains suy d'aler paier une debto.
(Mireour du momie)
la ne seront paies jiar moi, quar je nés porroie paier.
(Fabliau, Bourse plaine de sens)
Paîle, paêle, s. f., poêle à frire.
Et si doient prester les couches et les coucins et les pots
et les peales.
(Charte de Chauvenct/^ i240)
Qui tient la pael par la coue, si la tourne ou il voet.
(Proverbes^ Ijincy)
"Vin d'espicerie, canelle, pesshoun espandiee et plaunté
dedenz la pacle.
(Man. Old Roy, Ane. textes)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 71
Quatre grans paelles a ance.
(Ménagier)
La paelle fu toute plainne
Si com je la portai à painne.
{Dolopathos)
Patella, patelle.
[Gloss. Rom. lat., XV' s.)
So li covient trépior
Et paiele et andier.
(Estillement au vilain)
Le cuers de grant paour flaiele
Et frit con tourtiaus en la paiele.
(Jean de Gondé)
Et puis le fist mètre en une grande paede de fer toute ardente.
(Parement des Daines)
Paîlée, s. f., le contenu de la paile.
Paille, s. f., saoulée, cuite. — .1 v'ia iuii qui s'a fout des
rudes pailles (!).
« Mettre de la paille «lans ses souliers », s'enyvrer.
(Ouilin)
Paillot, pa-ïot, s. m., sorte de petite paillasse, servant sur-
tout dans le lit des enfants. Le mot, normand, est devenu paiUet
en anglais.
Pailon, s. m., poêlon.
Le grant géant avoit toutes les paelles, pacllons. chaul-
erons, coquasses, lèchefrites et marmites du pays avallé.
(Rabelais
Pain d'coucou, s. m., plante, oxalyde, oseille des bois.
t^àîil d'oisiau, s, m., plante, cardamine des prés.
Pain d'alouette, s. m., le pain qui reste, que Ton rapporte
des champs, et que l'on donne aux enfants comme un gâteau.
Pairë^ s. f., employé souvent pour dire deux sans l'idée de
couple. — J'mangerai bin 'n paire d'ues ; veux lu casse?' 'n paire
dû nougelles ?
Païs, s. m., pays. — Prononciation de la frontière. — Quand
ju reverrans (nous retournerons) ou païs
Se nous n'estiens pas pèlerins mis en pais estranges.
fGerson)
Li ospitaus et li baron dou païs.
(Joinville)
Li païsant qui furent do pais.
(Mort de Garin)
72 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
. . . Une dame envoisie
Qui en un pais suit manans.
(Lai du Conseil)
Salehaiiins s'en ala en son pa'i's.
(Altuatrel de Reims)
Paisson, paîchon, s. f., temps où les porcs vont pâturer soit
aux bois, soil aux champs.
Los bourgeois, manans et habitans de Douzy avoient leurs
aisances tant de tailler et copper , comme aussi de pais-
sonner toutes et quantes fois que paisson adreçoit.
(Sentence du prévôt de Mouzon^ 1456)
Palâs, s. m., palais. — Prononciation de la Meuse, qui fait
dire Stend pour Stenay. — Le mot palais n'est évidemment pas du
langage courant. Mais à Douzy, un lieudit le Palds rappelle
l'existence du palais de Charlemagne.
Pale, s. f. , vanne. On levé la pale pou(r) widit(r) l'étang. —
Existait sous cette forme en vieux français ; est du reste encore au
dictionnaire.
Pale, palon, s., sorte de pelle en bois. — On prenrai la pale
poufr) afourner les pains.
Et avecques une pale
On me jette en Tair bien haut.
(Léy. de Jean le blanc)
Palée, s. f., le contenu d'une pelle.
Paler, v., travailler à la pelle, nettoyer, enlever des ordures,
du fumier, avec une pelle. — / faitrot bin paler devant la
porte., c'est moût niche.
Paletée, s. f., pelletée, contenu de la pelle. — Prends n' pale-
TÉE de terre et s' la mets sus l'trou.
Li segneur leur toloient, à force, paletées de farine.
(Échii^. de Normandie)
Panâder (se), v,, se pavaner, se promener, faire le beau, le
paon (paonnades).
Panai, voy. panniaus.
Pançau, s. m., pour pançard, pansu ; goulu, gourmand. —
Que gros PA^çAU ! // al pourtant '.oui mangie !
Saint l'ançau, qui n'ai mi soiipé
Voulez-vous bin li a douner ?
(Ronde ',,opuluire)
Et de cellf racf naquit saint Hausard et Mardy^ras.
(Rabelais)
TABLE
DU
Tome IX, 2"" Série, de la Revue de Champagne et Brie
ACADEMIE de Reims 305, 592, 459, 765
ACTES RELIGIEUX dil Petit-Mesnil (Aube), 1670-
1700, par P. Chauvet 87, 329, 665
AGAR (Mrae)^ née à Sedsn 312
APPERT, promu lieutenant-colonel 783
ARCIS-SUK- AUBE, création d'un camp de cavalerie . 929
AUBA\ -MOET, son monument 22<f
BAYE (le baron de), don à la Bibliothèque nationale . 144
— Conférence à Reims sur le couronnement du
Tsar 223
— Conférence à la Société de Géographie. . . . 307
— Exposition des co lections ethnographiques de sa
mission 625
— Dons au Musée de Chàlons. 461
BAVE (l'abbé), prélat de la maison de S. S 149
B AVE (les cèdres du château de) 464
— (Église de) . . 775
BAZAR DE LA CHARITÉ; victimes champenoises de
l'incendie 635
BAZ^ILLES (souvenir de) 234, 764, 928
BEAUMONT-EM-ARGONNE, monummt des Alle-
mands 775
BELLAY (l'ancien village de) 151
BERLAND (Just), de l'École des Chartes 70
BIET (Ms>-), chevalier de la Légion d'honneur . ... 313
BIGNIPONT, sépulture et monnaies du xviie siècle. . 921
BONNEAU (Auguste), médaille du Ministère de la
Guerre 7^S
BOSSUET, lettres et œuvres inédites 60, 301
BOUILLON (documents sur) 47
BOURGUIGNON (Jules), doyen des cantonniers de
France 9?"^
BOURQUELOT (Emile), membre de l'Académie de
Médecine 9^3
BRIMONT (le vicomte de)^ prix Montyon à l'Institut . 637
BUSSY-AUX-BOIS 24, 199, 241, 481
II TAËLB
BUSSV-SAINT-MARTIN (Seine-et-Marne) 914
CADRE EN ÉbÈNE du XVI» siècle 768
CAMP DE CHALONS, souvenir du séjour du Tsar. . 63
— Souvenirs de 1867 et 1870 . . 76
— (La vie au) 942
CARANDA (collection) 463
CARRA DE VAUX (le baron), mission en Orient . . 781
CARRE (Henri), 1" prix de clarinette 638
CENTENAIRES : à Brie-Comte-Robert 145
— à Cheminon 146
— à Tours-sur-Marne 228
— à Vitry-le-François 312
— M. Frédéric Moreau 635, 778
— à Carisey (Yonne) 463
— à Prunay 777
CERF (le chanoine), son jubilé sacerdotal 934
CERNON-SUR-COOLE, sépulture gallo-romaine . , 462
CHALONS, Bussy-Rahutin et le baron de Soudé. . . 80
— Chapelle des Jésuites 140
— Monument Can;ot 628
— Nécropole gauloise 776
CHANDON DE BRLAILLES (Gaston), grand'croix de
Saiiit-Grégoire-le-Grand 69
CHATEAU-THIERRY, discours de M. Massoul à la
distribution des prix du Collège 614
CHAUMONT (le général) 228
CHAVAILLAUD (Léon), sculpteur 630
CHEMINON (les armoiries de) 227
COLLIGNON, nommé sous-préfet de Reims en rempla-
cement de M. Gilbert 466
— curé d'Herpont, médaille au concours
musical de Toulouse 787
CONDÉ-SUR-MARNE, pont du chemin de fer ... 631
CONGRES des Sociétés savantes : communications de
MM. Parfouru, Moulé, Pilloy, Morel^ Vauvillé, Cour-
nault, Guyot, L. Maxe-Werly, abbé Bonno, Lhuillier,
Jadart. Roserot, abbé Trihidez, Denancy 45'!
— Discours de M. Babelon sur lutilicé scientifique des
monnaies anciennes 468
COQUILLARD (Guillaume), chanoine et officiai de
Reims 3^^
CORMICY, tableau de S' Remy 922
COURAJOD (lœuvre de) appréciée par les Allemands. 158
COURS D HISTOIRE de la sculpture à l'Ecole du Lou-
vre, par M. André MICHEL 57
DEBRAY (L.-Alb.), receveur particulier à Château-
Thierry 149
DELMAS (René de Pont-Jest), prix Lambert à l'Institut. 638
TABLE in
DEMOGUE, i'« médaille d'or à la Faculté de Droit de
Paris 638
DEVAUX (Eugène) (le lieutenant) 69
DOMMANGET DE LA BARRE (la baronne), legs à
l'armée yyS
DICTONS CHAMPENOIS 238
DOREZ (Léon), conférencier 68
DOUIN (P.)> rsçu docteur en médecine yXj
DRIANT (le commandant)^ président de l'Institut de
Carthage 70
DUBOIS (le colonel), commandant militaire au Sénat . 70
DUBOIS (Théodore), une œuvre nouvelle 777, 930
EPERNAY, le monument de M. Auban-Moët. . . . 225
— Eglise SS. -Pierre et Paul 227
— Bénédiction des cloches 623
ESSAI sur la vie et le rôle politique de Guiilaume-aux-
Blanches-Mains, tlièse de M. J. Mathorez. . . . 439
EVRARD (le D""), médaille d'honneur 953
FÈRE-CHAMPENOISE, Hôtel de Ville 779
FORAIV (conférence sur l'œuvre de), par M. MONTEiL 224
FREDERIC .MOREL, imjirimeur du xvie siècle, par
M. Joseph Dumoulin 443
GACE-BRULE, trouvère champenois 921
GASTON PARIS, réception à l'Académie française . , 135
— Banquet offert par les Marnais. . . 227, 230
— Société des Parlers de France . . . 462
GERBROIS (le général de), doyen des généraux fran-
çais, né en 1806 463
GIGNY-AUX-BOIS (histoire de) 24
GLOSSAIRE du Mouzonnais, par N. Goffart. . 2q, 118, 181,
273, 422, 551, 688, 867
GRASSET (Paul), décoré de Saint-Stanislas 70
GUISE (portrait de Mi"= de) 134
HAXOTAUX (G.), membre de l'Académie française. . 465
HARMEL (M'ie Blanche), profession religieuse . . . 147
HAUTE-MARNE, Répertoire historique. . . . 402, 670, 843
HENNEQUIN, professeur à l'Université de Lyon j men-
tion très honorable à l'Institut 70
HENRY, dOmey, nommé lieutenant-colonel .... 933
HIRSEVILLE (Haute-Marne), villa gjUo-romaine . . 776
HISTOIRE DE BUSSY-AUX-BOIS, par A. Millard . 24, 199
241, 481
HUYSMANS, préface inédite 15,-
JADART, l'ancienne baronnie du Thour en Champagne 35^ 93
— Membre de la Commission des expositions
• rétrospectives 466
JANNOT (le colonel Eug.), officier de la Légion d'hon-
neur 782
iV TAbLE
JEAN DE LA FONTAINE, discours de M. Georges
Lafeiiestre 95°
JEANNE D'ARC, aquarelles par M. BOUTET DE MON-
VEl 62
— Fêtes à Orléans 309
— Drame de Joseph Fabre .... 619
— Le blason et le cri de 620
— Poème de Clovis Hugues .... 769
— — de l'abbé Maestrate . . . 770
— Sa béatification 922
LA FERTÉ-MILON, maison supposée de la famille
Racine 774
LACAILLE, de Charleville, conseiller à la Cour de
Nancy 933
LA CHAPE de saint Martin à Bussy 914
LA CRYPTE de S' Génebaud à Laon 918
LALAIN (Ernest de), officier du Dragon de l'Annani . 934
LA MISSION A REIMS en 1821, par L. M ONCE W. , 383
L'ANCIENNE BARONNIE DU THOUR en Champa-
gne, par H. Jadart 35» 9^
LANGRES^ mercuriale du xv« au xix« siècle . . . , 641
LAON, Porte Saint-Martin 142
— Crypte à S* -Génebaud 918
LARIVIERE (J.-L.-Ch. de), receveur particulier à
Sedan 149
LE CENTENAIRE DE LXEILLET et la mort du che-
valier de Rougeville 792
LE CHAMPENOIS DE PARIS^, journal 632
LEFORT, général de brigade 466, 782
LÉGION D'HONNEUR^. MM. Croissant, Anatole Le-
roy-Be ulieu, G.-Fr. Chanzy, L. Jeanniot, Hébert. . 147, 228
LEON GAUTIER, discours de M. HÉRON DE Ville-
FOSSE 946
LE PHYLLOXERA au xv« siècle 794
LE POÈTE GUILLAUME COQUILLART, par M. Gas-
ton Paris 321
LES ASSOCIATIONS champenoises à Paris ... . 632
LES MERCURIALES DE LANGRES du xv>^ au xix«
siècle, par J.-C. HvMBLOT 641
LES SEIGNEURS DE VILLE-SUR-ARCE, par A. PÉ-
TEL 5) 161, 2JI
334, 492, 668, 804
LES VOYAGES du miirquis de Nointel et les peintures
de Jacques Carrey 788
LHUILLIER (Th.), membre non résidant du Comité
des Sociétés savantes et correspondant de la Commis-
sion des monuments historiques 465
L HUITRE (vitraux de légiise de) 312
TABLE V
LOISV-SUR-MARNC, sépultures gallo-romaines . . . 311
LONGNON (Auguste), nommé membre du Conseil de
perfectionnement de l'Ecole des Chartes 657
LUTON (le D'), son buste 630
MAIGRET (le contre-amiral de), nommé vice-amiral . 313
MARGOTIN (L.), inspecteur des trasaux diocésains. . 639
MARS-LA-TOUR à Bazeilles (Musée militaire de) . . 626
MARTIN (Louis-Barnabe), officier de la [.égion d'hon-
neur 70
MATIGNICOURT (monument de) 629, 772, 916
MAUBERT-FONTAINE, église 772
MAUROY (A. de), vol de médailles au château du Thi-
vet 780
— (le marquis Adr.-Ch. de), commandeur de
l'ordre de Pie IX 783
MAXE-WERLY (Léon), chevalier de la Légion d'hon-
neur 464
MEAUX, comptes du temporel de l'évéché (1422-1426). 451
— Legs du duc de Tarente 780
MELUN, monument de Pasteur 69
MERBIOX (le général du) 61
MÉRITE AGRICOLE 148
MESTRUDE£(Ferdinand), commandeur du Nicham Ifti-
kar 228
MISSA (Edmond) 777
MOREAU (le capitaine Maxime-Frédéric) 929
MORTEAU (Haute-Marne), la plus petite commune de
France 931
MOUVEMENT judiciaire et administratif ..... 785
MOUZON, pierre tombale 81
— Eglise Notre-Dame 618,
MOUZONNAIS (Glossaire du) 29, 118, 181
273, 422, 551, 688, 807
MUN (A. de), membre de l'Académie française . . . 465
NEVEUX (Pol), secrétaire de la Commission supérieure
des Expositions rétrospectives des Beaux-Arts et Arts
décoratifs 466
NOCES D'OR, M. et M^-^ Simon-Taton 228
— M. et Mii'e Briet 778
NOIROT (Maurice), chevalier de la Légion d'honneur . 784
NOTE sur le fief de Toulongeon. à Chaumesnii, par P.
Chauvet 801
OFFICIERS d'Académie 147, 464, 784
OFFICIERS de l'Iistruction publique 147, 464
OFFICIERS du Mérite agricole 785
PASTEUR, son monument à Melun 69
PATENOTRE^ ambassadeur à Madrid 781
PECHENARD (^Ms-^)^ recteur de l'Institut catholique . 67, 927
VI TABLE
PETIT-MESNIL. actes d "état civil 87, 329. 665
PILLE (Henri) '317
— Sa bibliothèque 634
PIQUET (Jean), maire de Troyes au XVIl* siècle . . . 928
PONSINET (Albert), directeur de l'intérieur à la Réu-
nion 782
POUILLON, pèlerinage 773
PRILLY (M?-- de) à la bataille d'EyIau 315-
PROVINS, ancienne tuilerie 63
QUATRE-VINGT-DIX-NEUF (banquet des) .... 14?
RACINE, ss maison à la Ferté-Milon 775
RAILLET (Alcide), membre de l'Académie de Médecine 149
RAMKRUPT, chemin de croix 779
REGNIER (Henri de), chevalier de la Légion d'honneur 460
REIMS, exposition d'atfiches illustrées 59
— (Centenaire de) ; ode de Léon XIII .... 61
— Dons au Lycée 64
— Faune rémoise et les rayons X 66
— Musée : dons du baron de Baye 68
— Victor Hugo à 79
— Musée archéologique 132
— Bibliothèque de 138
— Musée de peinture 139^ 226
— Relique de S^ Rémi 142
— Médaille du centenaire 143
— Travaux à la cathédrale 144
— Vente Barbier 144
— Maison de convalescence 226
— Mystère de la Passion 306
— Chemin de fer de Reims à Cormicy .... 309
— Discours de R. P. Rollin à la distribution des
prix de l'école S^-Joseph 6iJ
— La tapisserie de S' -Rémi 622
— Cinquantenaire du Comice agricole .... 627
— Don à la cathédrale 630
— Orgue de S'-André 631
— Associacion des anciens élèves du Lycée. . . 636
— La mission en 1821 382
— Vente de la collection Petitjean 457
— Cimetière de Reims, combat de mars 1814. . 45'9
— Exposition d'art local 763
— Chapelle St-Remi à la cathédrale 770
— Maître-autel à S'-Maurice 771
— S' Leu, patron des bouchers 774
— Découvertes archéologiques 92 r
— Musique russe 923
— Une œuvre de James Tissot à la cathédrale. . 924
RENART DE FUCHSAMBERG (tamille) 81
TABLE ^n
RÉPERTOIRE HISTORIQUE de la Haute-Marne, par
A. ROSEROT 402, 670, 843
RETHEL, banquet des anciens élèves du Collège No-
tre-Dame 227
RIGAULT (Abel), documents sur Bouillon 47
RIGAULT, mention honorable à l'Institut 637
RIMBAUD (Arthur), sa sépulture 637
ROTHIER (Léon), médaille au Conservatoire. . . . 638
ROUCY_, baptême de la cloche de l'hospice .... 930
SAINT-GORGON, pèlerinage 773
SAINT-LAMBERT (Cécile de), abbesse de S'-Pierre à
Reims, sa tombe , 66
SAINT-l.UMIERLA-POPULEUSE, épée gauloise . . 462
SAINT-MARCEAUX (René de), le monument d'Alex.
Dumas fils 225
SAINT MARTIN (chape de) 914
SALMON, préfet de la Marne 69
SEDAN (^monument de) 629, 762
— Cérémonie patriotique 765
SI.MON (Albert), i«' prix au concours du projet de
reconstruction du Collège de Châlons 638
SOCIETE ACADÉMIQUE de l'Aube . . 58, 131, 449, 754, 908
— Récompenses décernées. . 931
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, Commerce, Sciences et
Arts de la Marne 751
SOCIÉTÉ HISTORIQUE de Château -Thierry . . . '131, 220
. , , 446, 590» 756, 912
SOCIETE LITTÉRAIRE et historique de la Brie . . 304, 447
609, 909
SOURRIEU (le cardinal), son jubilé sacerdotal . . . 934
STEIN (Henri)^ membre du Comité des Sociétés des
Beaux-Arts. . , , . . . 46)
SURUGUES, décoré de S'«-Anne, 3« classe .... 314
TAINE (les curiosités de) 72
THOUR EN CHAMPAGNE (baronnie du). .... 35, 92
TOULONJON (Chaumesnil, Aube) . 801
TRIHIDEZ (l'abbé), chevalier de S'-Stanislas .... 466
— Mission en Egypte et Syrie 781
TROYES, dons au Musée 307, 607
UNE PIERRE TOMBALE de l'église de Mouzon, par
A. FrÉZET 81
VARENNES, adresse des Rémois à la municipalité . . 919
VARIN (Adolphe), notice par M. Frédéric HenRiET. . 937
VASSEMY (Aisne), archéologie préhistorique .... 311
VERZY, monument commémoratif 636
VILLE-SUR-ARCE (les seigneurs de) 5,161,251
334, 492, 668, 804
VIN DE CHAMPAGNE 460
VIII TABLE
VIOLLE (Jules), membre de l'Académie des Sciences . 313
VITRY -LE-FRANÇOIS, Musée 64
— Première pierre du pont . . 312
— Monument de la revue. . . 629, 758
WtRLE-CLICQUOT-PONSARDIN, notes sur cette mai-
son de commerce 796
BIBLIOGRAPHIE
Mémoires de 3f">^ de Chastenay 55
Sommaire de la Revue historique 55, 219, 438,
589, 750," 907
Sommaire de la Revue historique ardennaise. . . . 55, 218, 437,
589, 749> 906
Sommaire de la Revue d'Ardenne et d'Argonne. . . 55, 218, 438,
589. 749j 907
Jeanne d'Arc, pur BOVTET ^D^E.MOii\^L 129
Carnets de voyage de H. Taine 130
Histoire de Fabbaye de Bricot, par Ed. AUDRÈ 217
Histoire de Berru, par Ch. BOSTEAUX-Paris .... 217
Œuvre inédite de Bossuer^ publiée par l'abbé LÉVESQUE . 301
L'architecture religieuse dans l'ancien diocèse de Soissons
aux XP et XII^ siècles, par E. LefÈVRE-PontaLIS, . 583
Le procès de Guichard, évêque de Troyes, par A bel Rl-
GAULT $S$
jWk"" Landriot, archevêque de Reims 586
Le vin de Champagne sous Louis XIV et Louis XV, par
Armand BOURGEOIS 587
Manuel de théologie mystique, par l'abbé I.EJEUNE. . . 587
Manuel des cérémonies de V ordination, pd^r l'abbé BERNARD 588
Méliador, par Jean Froissart, édité par M. LONGNON . 436
Revue des traditions populaires ; table des dix premiers
volumes 437
Atlas du département ; feuille de la Marne 437
Les ayeuls maternels du B. J.-B. de La Salle, par le V»*
E. DU Pin de la Guérivière 748
La véritable première édition des Contes rémois, par G. GLI-
NEL 748
Médicaments chimiques organiques inscrits au supplément
du Codex, par H. I AJOUX et Alex. Grandval . . . 748
Cuba libre, par Séverin Caillot 749
Vie des saints du diocèse de Reims, par le chan. Cerf. . 905
L'église et l'abbaye de Saint- Mcaise de Reims, par Ch.
GivELET 906
La vallée de l'A rdres, par ^' abbé ChevalUEK 906
TABLE II
MARIAGES
Audebert de Lapinsonie et M"« Decharme 787
Auger (Adolphe) et M"' Marthe Winsbach 149
Bocquillon (Jules) et M"» Marie-Louise Duchâtaux . . 936
Bruneel (comte Albert) et M"° Anne de Clermont-Ton-
nerre 639
Bur (Paul) et M"° Amélie Bénard 150
Bur (Louis) et M"' Cécile Bénard 150
Chandon de Briailles (le comte) et M"'' Laure de Saii-
gnac-Fénelon 935
Contamine (Henri) et Mlle Jeanne Fontaine 467
Corda (Augustin) et M'ie Blanche JuUy 639
Dargent (Raymond) et Mlle Valentine Rome .... 314
Démangeât (Adolphe) et M"' Hélène Bourgoin. ... 71
Dérodé (Marcel) et MU"" Jeanne Strohl 787
Dufour {Vierre-Eugène-Pucer/ie Bernchon) et MUe Fréd.-
Marie-Isabelle Rimbaud 639
Dupont (Rugèue) et M"' Marthe Nouvion 639
Faupin (Edmond) et MUf Juliette Benoist 229
Forgemol de Bostquénard et M""= Wildes, née Gladstrme 71
Gayot (J.-P.-Amédée)et Ml'^ Marie- Blanche-Alice Cout-
tolenc 229
Guignard (Jean) et M'''' Jacqueline de Pierrebourg . . 640
Lemesle (Charles) et M"' Marguerite Foucart. ... 71
Lyautey de Colombe (André) et MU*" Thérèse Ogier de
Baulny 935
Mun (comte Bertrand de) et M"' Marcelle Werlé . . 640
Peltereau-Villeneuve (Armand) et M'ii" Jeanne Lefort . 228
Petit (Paul) et MH*^ Germiine Lagèze 466
Régnier (André) et M"' Marie-Andrée Duriez . . . 639
Sérurier et M'i'' Luzzani 788
Stremler et M'i'' Jeanne Croisy 787
Thureau (Edouard) et MU'' Jeanne Guieysse .... 314
Vergés et Mlle Madeleine Lesage 467
NÉCROLOGIE
Arlet (Oscar) 434
Aubert-Gadiot (Francis) 127
Aubert-Loche (Fr. -Apollinaire) 137
Au vert 2x6
Barau (M^e) ^3
Barnabaud (Edmond) 582
Barrois (Maurice-Onésime) 901
3e TABLE
Bnrthel (le capitaine) 216
Baudin (Aug.-Alph.) 434
BauffremontCourtenay (le prince de) 744
BetTroy de la Grève (M. de) ^yg
Béthune-SuUy [\n comtesse de) 578
Boiteux (Gaston) 747
Bouché (l'abbé) 434
BouUaire (M^e) ^y
Bourgoing (le docteur) 215
Bouthillier-Chavigny (la marquise de) 746
Bouvet (le baron de) 902
Bouzon (l'abbé) 299
Boyron (le docteur) 300
Briffaut (i'abbé) 432
Brisson (T. -P.) 898
Buirette-Lefèvre (P.) 216
Cagnion (M'»*') 903
Carrette 902
Cazet (Alphonse) 53
Cazotte (Henri de) 900
Chanal (Louis) 433
Chapuzot (l'abbé) 433
Charlier (Honoré) 746
Chaubry de Troncenord (la baronne) 583, 743
Chifflard (A.) 901
Clermont-Tonnerre (la marquise de) 54
Clivot (l'abbé) . . ' 53
Colin 299
Collet (Alexandre), le D"- 53
Couillaud (le docteur) 299
Couturier (l'abbé Simon) 902
Croisy (M'»»'' veuve) 747
Damien 434
Davenet (le général) $1
Deheurle (Victor) 399
Delacroix (J.) 5^3
Délaissement 433
Delbeck-Barrachin (M^e) 51
Demaison (Paul-François) 582
Denizot (l'abbé) 898
Derousseaux, comte de Médrano 53
DeuUin (Eugène) 127
Devédeix (Eugène) 434
Dortu-DeuUin 5'3
Drumel (Ernest) 900
Du Hamel de Breuil (le comte) 577
Durand de Mareuil (le comte) 577
Elambert (Paulj 582
TABLK Xt
Fauvet (Jean-Marie) 433
Fort (le capitaine) 300
Gariiiet (Mn") 899
Garot (Monseigneur) 745
Galichet (l'abbé) 299
Gentilhomme (trnest), le docteur 433
Girardin 43 î
Godbert 9^2
Goulet (Mme Henry) 902
Grandjeaii 747
Griffon (René) $0
Guay (Edmond) $^2
Hannesse (l'abbé P,-Marie-Ch.) 300
Hannion (l'abbé) 128
Henriot 582
Herblin (frère Jules-Marie) 54
Herment (Arnould-Maximilien) 127
Holden (Isaac) 743
Hourblin (Jean-Baptiste) 582
Hubert 901
Igier (Gaston) 216
Irroy (M^e) 582
Isle (la marquise d') 434
Isle (Henriette d') 434
Jacquemart (J.-B.) 434
Jourdain de Muizon (J.-B.-Ern.) 432
Jossin 128
Lafaist 74^
Lallement 747
Lemoine (Victor) 297
Lequeux (M™e) 903
Maillot (Mine) 128
Martin (Nicolas-Alexandre) 216
Mathrez (Lucien-Désiré) 127
Maucourant (Xavier) 4H
Michel (Marcelin) 747
Michel (Mm«), Mère sainte Marie 52
Monet (la comtesse de) 3°°
Morel 53
Morlaincourt (Charles de) 745
Morlet (l'abbé Ferdinand) 216
Mougeot (le D"-) 747
Muizon (Maie Aug. de) 433
Muller 50
Nettancourt-Vaubecourt (la marquise de) 126
Olivier (le chanoine) 433
Pasquier (l'abbé) 582
Patizel (Irénée) 746
XII TABLE
Percebois (iM-"') 578
Perrier (Pierre-Louis-.Alfred) 128
Pétro (l'abbé) 433
Pille (Henri) 297
Plonquet (le docteur) 578
Poirier (M^e) 127
Poisson (le capitaine) 903
Prévoteau (l'abbé) 299
Regnault 582
Remy (Pauline), sceur Valbertine 434
Rigollet 216
Rigollot (Mme de) 216
Rivart (Charles) 127
Robinet (Emile) 746
Rœderer (Mme veuve) 214
Rousseau-Taton 901
Saguet (l'abbé) 53
Seine (Louis) 434
Senart (Mme Alex.) 432
Simon (Gaétan) 901
Socquard (l'abbé) 299
Sommyèvre (M. de) 747
Thélin (François de) 746
Thézard (Clémence- Aline), baronne de Plancy . . . 582
Thiémé-Deperthes 901
Tondeur 216
Vacherot (Etienne) 581
Varin (Ariolphe) 746
Verrier (Achille) 433
Villemant (Félix) 215
Villermont (le comte de) 54
Villiers (le vicomte de) 899
Vix-Bara 432
Walbaum (Auguste) 127
Wignacourt (le marquis Alof-Marie-Florent de) ... 126
Wollaston (le docteur) 300
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 73
Panchie(r) l'iaue, v., pisser, uriner.' — Faut pourtant quû
fvas pancuie(r) l'iaue. — C'est : épancher.
Pandour, s. m., sorte de jeu de cartes. — Comparez avec le
jeu de lansquenet. — Se dit aussi d'un homme d'allures liberti-
nes, bon vivant, trop vivant ; ou bien lourd et grossier.
Panerée, panetée, s. f., contenu du panier.
S'il crachoit, c'estoient panerées de chardonnette,
(Rabelais)
Pame(r), s. m., panier.
Panniaus, panai, s. m,, petit pan (panneau). — Se dit à peu
près uniquement des pans de la chemise. — / s'promeinne à
PANNIAUS volants, nu et en chemise. — Ta culotte est trawée pa{r)
drie{r), on (v)oit Tpanai.
Les chars crues il mettent entre leurs selles et leurs paniaus.
(Joinville)
Et il a son panel trossé.
(Rom. de Renart)
Pâpâ, s. m., image, portrait. Terme enfantin.
Papeloter, t., papoter, bavarder, jacasser.
Pâpie(r) et paupie(r), s. m., papier. — J'ai co'n belle feille
dû paopie(r) à letl{r)es.
Papîrie, s. f., usine à papier, fabrique de papier, papeterie.—
Das l'ieinps n'i avot 'n papîrie à Tloune, pi ieune à Rouffie. A
ftheure, La teu dil Tloune c'est 'n filature.
Ladite Machere cy devant estoit une papillerie et avoit
déjà esté un moulin.
(Manusc. de Jean Tobie)
Papinette, s. f., cuiller en bois, mouvette pour la cuisine.
Papillie(r), papi-ue(r), v., papillonner, tourner autour, vol-
tiger. — Oh ! il est précoce! I va d'jà papillie(r) iiutour des filles
(demoiselles).
Puis retournât à Liège li evesque menbrus
Où si genspapillent por estre recolhus (recueillis).
(Geste de Liège)
Pâquage, s. m., présent qui se fait à l'occasion de la fête de
Pâques et consistant surtout en œufs (œufs de Pâques). — firai
(tjoir ma tante ■■ p'lêt(r]e qu'elle inii donrai mes paquages.
Pâquette, s. f., buis (bénit aux Rameaux, Pâques flories).
74 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
PaquiSj s. m,, pâturage sur le bord des chemins et autour des
maisons. — Nom de lieu, rappelant l'usage commun à tous les
habitants d'un lieu, d'une pâture boisée ou non. — A Blilson,
comme das bin des aut{r]es villages, ni ai in bos communal
qu'on appelle lu Paquis.
Pa(r), prép. par. Se contracte avec le, les, en : voy. Pau,
Paux, P'en. — On dit : je imis par In, mais pa la route.
Aussi faint bien famé pa boulle
Eslre enfermée pour gessir soûle.
(Clef d'amour)
Parc, s. m., lieu enclos de claies mobiles où l'on enferme les
moutons qui paissent les champs.
4*ar ci, exp. adv., par ici, de ce côté-ci. — Resté en français
dans l'expression par-ci, par-là. — On il' 'vfoit) poûl de leilS
PAR Cl.
Biax niés Girbers^ revenez en par ci
[Mort de Garin)
Par oîi s'en va. — Par ci tout droit.
(Rom. Renart)
James ne revenrai par ci.
(Pastourelle de Wenceslas)
Hui matin quant je ving par ci.
(GUérin, du PrOboM)
Voulentiero, m'amie, sans faille
Venez par cy.
(Miracle N.-D.)
Pa(r) d'iez, Pas devez, exp. adv., du côté de, âui etiviroùs
de. — J'ai vu ton père pa(r) d"lez l'pnifs Pantoise.
Par delez lui mussant aloie.
{Dolopathos)
fcràUfrey a regardé par delès un buisson.
{Gaufrey)
Pa(r)ce quû (pascu), prononciation de parce que. — Pou(r)
quoi ? — pa(r)c' qitil.
Pardouner, v., pardonner. — Je pardonnerai ou je pardon rai.
— On dit : « pardonner quelqu'un » .• Jaynais fnii h'pardou^
nerai.
. . . Ainsi qu'il pardonna ceulx qui le mirent en croix.
(Voyaiqe en Jherusalem)
Si pria tant mesire Robiers son aegneur
Ke il li pardonna son mesfait.
{Flore et Jehanne)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 75
Le visconte doit sovent pardonner ses vij. sos et Jemy par
pitié.
{Assises de Jérusalem)
Et li pardonna tous méfiais.
{Renart le Nouvel)
Se vous me le rendez, je vous pardonrai mon raautalant.
(Ménestrel de Reims)
Pa(r) drie(r), expr. adv, , par derrière, — en cacliette, en
secret, hors de la présence. — I dit tout m pa(r) drie(r), jamai(s)
en face.
Pariure, s. f., pari, gageure. — J'tu fais 'n pariure.
Parler et paurler (à Douzy), t., parler. Anciennement
paroler.
Parmi, prép., au milieu, à travers. — S'emploie absoiument.
— Jésus est là, par my les champs (Ronde de Trimâuzét).
Si veissiez muiez, asnes et bues, vaches et chevàus aler
sans garde parmi les chans.
(Guillaume de Tyr)
Et parmy les rues crier
Petit mercier, petit panier.
(Charles d'Orléans)
Partageus, adj., qui veut partager, socialiste.
Partier pour partie. — On dit : J^ans fait 'n bonne partier
(de piquet).
Parti(r), v.^ partir. — Je parte, tu partes, i parte, j partans,
— J'ai parti ou parla. — J'partrai — J'partros. — Signifie sou-
vent mourir, quitter la terre. — H ai parti d'ia poitrine.
Ly conte de saint Pol entendit chu, a pou qu'il ne part de duelle.
(Jean d'Outremeuse)
Pas, nég., ne se lie pas à la voyelle qui suit. — On n'waitt H
à ça !
Pas moins, expr. signifiant pourtant, cependant, néanmoihs.
— J'v'ai vu rprenre, pas moins !
Passagie(r), passagière (ère bref), adj. ou subst. — Passant,
qui passe.
Toute gaie pensée en mon cœur passagière.
(Baïf)
Passé ! pour pensez ! eiclamation qui exprime l'espoir, le
dé<sir. — / n'oserait v'ni(r), passé 1 — Passé qui vinrant !
76 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Passée, s. f., trace, marque de passage ; sentier du gibier. —
Temps de passage. — J'ai vu des passées de r'nard. — A la pas-
sée des couaiUes.
Pataî, s. m., pâtée, bouillie épaisse. — N'i ai trop d'pain das
la soupe : c'es(i) in vrai pataî.
Patard, adj., payant. — Au bal patard 07i paie in &ou pou(r)
chaque danse. — De palard^ menue monnaie.
Patatrac, int. patatras; — onomatopée qui exprime le fracas.
Pataud, patiaud, adj. et s., lourdaud, grossier. — Que gros
PATiAUD qu'ça fait.
Patiner, v., toucher, retourner sans délicatesse comme avec la
patte.
Patou-iie(r), v., patauger, tripoter, manier grossièrement. —
Il est toi(jou(r)s à pato0-iie(r) das les glô-ies. — L'cfiin ai
PATouiiE toute ma raube.
Si laidement le rebouloit '
Et patoïoit a lui ses pâtes
Qu'avoit plus noires que cavales.
(Gautier de Coincy)
Li mau chaucie se je di voir
Qant il vont patoiant la boe. . .
(Dit des cordoaniers)
On lui apporte de la viande froide, qui n'est pas seule-
ment demeurée des commères, mes est le demeurant des
matrones que elles ent patrouillé à journée.
(X V joyes de mariage)
Patrimoin-ne, s. m., patrimoine.
Est à scavoir que ung possesseur de fiefs les peuU
avoir à cause de son acqueste ou de patrimoinne.
{Couit. de Vermandois)
Pat'tavau, adv., partout avau, de tpus côtés à l'entour, en
chaque endroit. — N'i ai des liev(r)es pat'tavau Vban d'Dul&on.
Patte d"ô-ie, s. f. , plante dont la feuille copie la patte de
l'oie. C'est la renoncule rampante, ou bouton d'or.
Pattenée, s. f., ombellifère, graine lenticulaire, fleurs jaunes.
Pattu, adj., qui a de grosses pattes. — /?i' pou-ïe pattue.
Pâturai,, s. m., pâtre. — Individu grossier, mal élevé. C'est
laucien pastourel, pasloreau (ce dernier resté nom propre avec
Paturaux).
GLOSSAIRK DU MOUZONNAIS 77
Chascun pastoureau, herdior, portier ou vachier.
{Statuts de Mézières, XIV' s.)
Après ung pau de temps.
(Cheval, au Cygne)
Pau, pauc, pou, — peu (paucum)
Après ung pau de
Il est ; au plus de mienuit.
(Jean de Gondé)
De ces enfants
Qui sus un po d'herbe gisoienl.
(Roi Thierry)
Nostre gent fut ung poe navrée.
[Guerre de Metz)
Et ceste virtus est apelée virius morans, pour ce k'ele est
pau sovent ens es gens.
(Li ars d'amour)
Lors Bertran du Guesclin -I- po se retourna.
(Du Guesclin)
Le tière dont il i a vint et wit rosières, pau plus pau moins.
{Cartul. de Flines, 1250)
De l'une a Tautre tour avoit
Trois milles pou plus pou moins.
(Adenès li Rois)
Pour bien geter et desgiler
Fault bien entendre et po parler.
{Devise d'u7i jeton de Bretaigne, AT» s.)
Pau, paux, contractions de par le, par les. — // ai parti pau
chemin d'Chemery. — J'I'al apougnie paux cheveux.
Paumaison^ adj., saison, époque où se façonne la paume,
c'est-à-dire l'épi. — A la paumaison des orges.
Paume, s. f., épi. — On rCtrouve mi seulement 'n paume dii
blé à glaner. ~ Il ai ramassie sa fortune paume à paume
(comme le glaneur, et comme on dit sou à sou).
Paumer et paumi-iie(r), v., se mettre en paumes. — P. p.,
paumé, l'épi bien formé — ou paumi-iie, bien grené. — Les blés
vaut bintôt paumer; — Ça paumie comme i faut. — Fautarra-
chie(r) les noelles duvant qu'les blés n' paumi-iant.
Paumi, adj., pâmé. — Le verbe est Paumi(r).
Jehan, mon bon prestre, se pausma.
(Joinville)
Paumi-ion, s. m., petite « paume ».
Paumi(r)^ v,, pâmer. — Voy. Paumi.
78 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Paumisson, s. f., pâmoison.
El la franke royne revint de paumisson.
(Chev. au Cygne)
Arière chéit, si se pauma.
Et quant del' paumeison leva
Pur Sun seignur lost envéia.
(Marie de France, Lai du Frêne)
Ainsi com cil qui a songié
Revienent cil de garnison.
(Roman de Ham)
Et la roïne se repasma ; et fu grant pièce en paumison.
(Ménestrel de Reims)
Paumon, s. m., poumon.
Le fie et le pomon li trencha sans avis.
(Bastars de Buillon)
As lévriers a doné lor droit
Et le pomon et la coraille.
[Rom. de Renart)
Si qu'il li mist jusqu'al pomon
Le destre pied dedans le cors.
(Gauvain)
Prez qu'il ne li perça le foie et le pomon.
{Guesclin)
Les piez en oste et lo musel (au bœuf)
La teste atot la haterel
Pance, boel, foie et poimonl.
{Dit des bochiers)
Paupi-iie(r), v., fermer et ouvrir alternativement les paupiè-
res, par suite de l'envie de dormir. — Va t'a t'couchie(r)j va !
v'ia tes ijus qui taupi-iant.
Pauvresse, s. f., femme pauvre, mendiante — signifie aussi
Pauvrelé. — Mon Diu! c'est n'rude pauvresse là d'das.
L'ostel de l'homme necligent vient en chelivece et pauvresse.
(Voyaiye en Jhérusalem)
Pavement, s. m., pavé. Employé normalement avec ce seul
sens de pavé.
Tantost qu'elle entendit la nouvelle de son fils qui estoit
mort, elle cheut sur le pavement.
(Roman d'Edipus)
El pavement se dreça : molt fu gente.
(Foulques de Candie)
Une petite chapelle ronde faicte au milieu du pavement d'icelle.
(S^ Voy. de Jhérusalem)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 1^
Pavine, s. f., chiendent, herbe pavante.
Pavot, s. m., appellation de diverses espèces de pavots, parmi
lesquelles le Coquelicot, dit aussi pacôt rouge, — A la frontière :
Paverai.
Pê, s. f., pel, peau, — Voy. piaus.
Pellis, pel.
{Gloss. liuman latin, XV« s.)
Péchette, péchenette, s. f., cenelle, fruit de l'aubépine
(petite pêche). — A Bulson on dit seulement pêche. — N'mançie
ponL (i'pÉcHETTKs, là, ça fait veni(r) des poux.
Pécheus^ s. m., pêcheur. — / reste à la rue des Pécheus, à
Douzy.
Péchie(r), v., pécher et pêcher.
Itfes bon fussent eles pe&chies
Les anguilles <it escorchies.
(Rom. de Henart)
Ne li anges qui n'ont nul talent de péchier.
(Thibaud de Marly)
Péchon, s. m., poisson.
Ly loup lerra boys et montz
En ewe meindra ou peschons.
(Fitz Warin)
Serrée : Vyn, eawe, anguilles fresches et autre manere de
pesshonn,
(Man. Old. lioij, Ane. Textes)
Si fait que sage U peisson
Qui fuit le verni por l'amecon.
(Fie de S. Alexis)
Li pesson qui denz sont enclos
Dunt nus fesuns sovent grant los.
(Adam, drame)
La mer, les eves as peissoas.
{Chron. ducs de Norm.)
Qui fol enveit en mer
N'avéra peissoun ne el.
(Prov. del vilain^ Lincy)
Et des bestea e des oisels et des peissuns disputa.
(Lu', des Reis)
Icest peisson (la cete ou baleine), quant fain le prent
Bee la gole durement.
(Bestiaire dioin)
80 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Peingne, s. m. Peigne.
Je sers (vends) de pingnes a resoier (à faire des réseaulx).
{Cris de Paris)
Pour ij pingneSy ij miroirs, ij broquettes.
(G/oss. de Laborde)
Peingne dû loup^ dû Iteu, s. tn. — Chardon des champs,
dont la fleur à maturité fournit les cardes employées au travail de
la laine. — Dipsacée.
Peingnie, s. f., peignée^ raclée, rossée, coups.
Peingnie(r), v., peigner. — P. p , peingnie. — Signifie aussi
battre, donner une raclée.
Comere, pingmer.
{Voc. Ut. fr. du XIII' s.)
Moult grant les cornes ont mestier :
En en fait peignes por peignier.
(Dit des bockiers)
Pein-ne, à la frontière pon-ne,'^s. f., peine.
Moult est grant torment et grant peinne.
(Dolopathos)
Qui paie la painne commise.
{Rose, J. de Meung)
Se de merci ne devoit jà goir
Se tient il bien painne a emploi-ie.
(Froissart)
Nus vaissiaus n'i pouoit pa.sseir se à painne non.
{Ménestrel de Reims)
Peinturer, v., enduire de peinture, colorier.
Li rois fu en la sale d'or painturée à liste.
{Berte aus grans pies)
Sor les escus qui furent painturé.
{Huon de Bordeaux)
Il n'y avoit branche ne rains
Tous ne sembloient azurés
A fleurs de lis d'or painturez.
(Watriquet, Arbre royal]
Sor un faudestuel (fauteuil) d'or à boutons noelé
Se sist li emperères el palais painturé.
{Chanson d'Antioche)
Et est voilé et moult richement ouvré, painturé et imaginé.
(S' Voy. de Jhérusalem)
Pèle, s. f., poêle. — Voy. paîle.
GLOSSAIRE DU MOUTONNAIS 8l
Pelle, pesle, s. f. (e bref). — Chambre appuyée à la chemi-
née de la cuisine ou maison ; chambre principale, comme le salon
à la campagne ; c'est proprement la chambre, par opposition à la
maison, nom que porte la cuisine, servant de salle à manger, où
se trouve la porte d'entrée du logis. — Allans nous assir en
PELLE.
Et pourmené de l'uys (maison) au peslc.
i Vil ion)
Si dormoit lors dedans ung jiesle chauil.
{Triumplie de D. V.)
Pelote (jeu de la), s. f., balle ou ballon. — Ni ni la pelote à
courifr), la pelote à chevaux (balle au chasseur), etc.
Un jor i ot une grant flote
De garçonnets à la pelole
Devant les portaus de l'Église.
(Gautier de (Joincy)
De vos niarys jouez à la pellote
Qu'est chose sotte, dont deussiez avoir honte.
(Reformation des dames de Paris)
Un galant lance deux ou trois grosses pelotes de neige
contre les fenestres.
(Evangile des Quenouilles)
Peloter, ploder, pelauder^ v. — (Radie, peau, pel), battre,
empoigner la peau, tlanquer des coups, donner une raclée. — Il
anl 'lé s'pLOTEii sus l'femie(r).
A grands coups de fourche ils te pelauderont.
(Rabelais)
Jusques à ce que je sois
Tant pelaudé, tant bourré
A grans coups de pied ferré.
(Lég. de Jean le blanc)
Peltris, peltreau, s., perdrix, perdreau.
Aussi com il avient de la pertrù'c, que
(Bestiaire d'amour)
P'en, contraction de Par en. — Pa(rJ d'où (est) ce qu'i faut
aller? Passe p'e.n haut, passe p'en bas, farriverais tout de
meinmc.
Pendant, s. m., versant (d'une montagne). — Sus Vaul(re)
PENDANT d'ia côte, n'i ai que des carrières.
Ambedui poingnent (descendent.) le pandant d'un vaucel (val).
{Roman de Roncevaux)
Pend'oreilles, s. T., pendant d'oreilles. — Pou(r) la noce dû
Madeleinne, j'meUrai mes pus belles pend'oreilles.
6
82 GLOSSAIRE DU MOUZONNA.IS
Pendoue. s. m., peiidoir (peiidouer) ; ustensile servant à sus-
pendre certains objets, quartiers de lard, saucisson, linge.
Penser vse), v., rétléchir, imaginer, penser en soi. — Ju
m'pense qu'Emile porrol bin v'nifr) jeudi! C'est le vieux verbe
s'apenser.
Mesires Gauvains s'apensa.
(Gauvain)
Mais le ruy se pensa bien qu'il y viendroil.
{Jean de Paris)
Le rov se pensa en luv mesmes que.
(Id.)
Mes je nw pens, si je 11 di
(Méraugis)
Je me pensay que ceste noble euvre multiplieroit.
(Christine de Pisan)
Pentecotes, s. f. , fleurs Tiolettes qui fleurissent vers la Pente-
cùle, et dont on se sert pour teindre les œufs.
Pépettes, s. f. pi., argent, fortune, comme on dit ailleurs
picaillons. Probablement piécette, esp. peseta, ou plutôt pe'pife. —
A via iun qu'est riche! il a 'n ai des pépettes!
Pèque, s. f., femme méchante, à la langue acérée. Un peu
comme pécore. — Que mauvaise pèque ! Ais-tu atendu comme
elle m'ai akonchie ?
Péquet, s. m., mauvaise eau-de-vie, de grain ou de pomme de
terre, qui se consomme en quantité à la frontière et en Belgique.
Percé, adj., trempé, traversé par la pluie. — Ah! mon Diu!
que temps! fsos tout percé.
Percette ou persette, perselle, s. f. , le bleuet (composées).
— Vient de Pers^ couleur entre bleu et vert.
La llour de lys est belle et la perselle.
(Froissant)
Perche à ligne, s. f., grande baguette de bois à l'extrémité
de laquelle on attache une ligne pour la pêche. C'est ^ancienne
verge à pescheur.
Perchette, s. f., petite perche. — Poisson, la perche.
Perchie(r), v., percher. — I>. p., perchie.
Quant l'esjirevier commence à soy perckier sur icelluy bloc.
(Ménagier)
Perchin, s. m., espèce de grand persil (qui se dit persi7i, en
bourguignon et picardj.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 83
Verdure coinnie porée, choux, uavets, persin.
(Journal de Paris, cité par Lacurne)
Percie(r), v., percer, faire un trou. — P. p., Perde. —
Quand on li ai peucie ks oreilles.
Ainsi erl mainte bezoigne perde et derronipu.
(Buenes de Comarchis)
El mes cors estroes et perdes et mal mis,
{Rom. d' Alixandre)
Perde, s. f. , perte.
Mais a Otesien est grant perde venue.
(Romant d'A Icxandre)
La perde en torna al Bretuns.
{Roi Lear)
Mais 11 hermites s'en issi
Par nuit, sans perde et sans ahan.
(Phil. Mouskes)
Et de la perde que cil ait.
Qui puis en a et honte et lait.
(Rutebeuf)
Or vont Flamant lor perde demandant.
[Chans. du siège de Namur, 1238)
Et qui atant s'en partirait
A pou de perde s'en irait.
{Fabliau, Hermite et Sarazin)
La greingnors perde en est tornée as nos.
(Roman de Roncevaux)
Tel perde n'est pas trop grevainne.
(Dolopathos)
Perd(r)e, v., perdre. — Je perde, tu perdes, i perde.
Père, s. m., mâle. — J'ans deux lapins : jus.'le), n'iai in
pÈaE et ine mère. — Ce mot est aussi employé adjectivement
pour grand, fort, considérable, maître. -■ Ç'ai le in père cou'p
qiiU d'vend(r)c ça comna.
Péri, adj., mort. — A vHà tout d'mainme dize dû pékis dt
hiver ci.
Mais bien veuil estre péri
Pues ke j'ai a vos failli.
(Perrin d'Angecourt)
Péri(r), v., périr, mourir.
Perlinage, s. m., pèlerinage. — On n'sarot aller à perlinage
quù dousquïi les saints poussant (dicton ardennais).
Pernelle, s. f., prunelle, petite prune. — La per.nelle des ijus.
84 GLOSSAIRE DU MOUZONNÀIS
Pernelli6(r), s, m., épine noire, qui donne la pernelle.
Pernez (v'), pernant, voy. prenre.
Se les gellnes perniez
Et se vos les sesisiez.
(Rom. de Renart)
Perniaus, s. m., pruneau.
Pérouette, s. f., pirouette. — Faille la pérouette, culbuter.
Persoune, s. f., personne. — ^''i ai ti persoune à la mai-
son ? A la frontière on prononce : péchoûne.
Ensi furent ensanle ces -II- boines personnes.
{Flore et Jehanne)
Pour ce que chascune persoune est certaine que tous les
biens viennent de Dieu le tout-puissant.
{Assises de Jérusalem)
Pertris^ s. f. , voy. pcUris.
J'arai deus de ses periris
Qui seront fîl de nonnain.
(Watriquet, Fatras)
Perzure. s. f., présure, substance tirée de l'estomac du veau,
et dont on se sert pour faire cailler le lait.
Pet (il est sec comme in), exp. prov. pour dire : il est cassant,
raide.
Péter, v., éclater, casser, fendre, défoncer. — M' chaudron ai
PÉTÉ la première fois quù j'I'ai mins au fu. — Signifie aussi
céder, être obsédé : 1 s'a met des charges à péter dzous.
PéteroUe, s. f., herbe, la mercuriale. — Plante médicinale
qui communique un besoin qui lui a fait donner son nom (par
onomatopée) — et aussi un autre besoin qui l'a fait baptiser Foi-
rolle par ceux de l'Ile de France, et Chiterolle par nos compa-
triotes ardennais (Voy. ce mot).
Péteux, adj, et s. — Poltron, peureux. — / s^ai sauvé comme
in PÉTEcs.
Péton, péteron, s. m., élincelle, jet de feu qui, au départ,
fait le bruit dont il rappelle le nom. — Au fu (incendie) don
Terme, les pétons volaint inc Une Long. — N'i ai in péteron
qu'ai chu sus ni (tevanUe(r), il ai fait in trou.
Peu(r), s. f., peur. On prononce peu-ïe. — Via in chin qui
débouche au coin a bawi-idnl, j'ai lu 'n belle peu-ie.
Péullent (ils), ils peuvent. — On dit f pla?iSy v p'iez, i
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 85
p'iant, pour : nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent. — l'
p'iant bin faire c't effort Là, si v'iant.
Vingt livres de rouiige qui peullent croistre et décroistre.
(Aveu R. de la Marck, Mouzon, 1477)
Et pue tient valoir les dits souliers
(Id.)
Ly enfans de premier mariaige puelent aler à tout l'iretaige.
{Paweilhars)
Cest tout Toir
De là ne puelent mouvoir.
(Eust. Deschamps, Lay de Vaillance)
Phormacie, phormacien, s., pharmacie, pharmacien.
Pi, adv., puis. — J' t'ai abracie, pi fli ai fait des caresses.
Piâlard, piaulard, piauleus, adj. et s., qui piaule, pleurni-
che, geint, se plaint facilement.
Piâler, piauJer, v., piaillier, pleurer, pleurnicher, crier.
Piau et pê, s. t., peau, pel.
Frères, fait-il, mult estes biaus
Et mult est luisanz vostre piauz.
(Marie de Fr., Chien et Leu)
Unes piaus acatées out
Velues et ent le manière
{Amadas et Ydoine)
L'argent en prenoit de leurs piaus (des agneaux).
(Chron. de S. Magloire)
Sur ces cercles gectent piaus de moutons que on appelé
piaus de Damas.
(Joinville)
De chariot le Juif qui chia en la pel dou lièvre.
(Rutebeuf)
Ypocrites est par de fors bel :
De l'aignel a vestu la pel.
(Castoicment. . .)
Après to«t y laissa la pel.
[Prophécie de Ch. VIII j
Et s'ot en son chief un chapel
Qui fu d'une mult riche pel.
[Dolopathos)
Pichate, puchate, s. f., urine.
8R GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Faut rocueillier de la pissate du chien et lui en faire boire
en cervoise.
[Evangile des Quenouilles)
Urina, pissate.
(Gloss. rom. Int., AT' s.)
Li autre qui iioiro vouloient
Si con nécessité g>'nt chace
Transglûutissoient leur pissace.
(^Branche des royaux lignages)
Pichet, s. m., vase, pot à liquide, vin, bière ou cidre.
Pichie(r), puchie(r), v., pisser. — P. p., pichie, puehie. —
Mes colles i'Ucuant l'iaue (sont tellement mouillées que l'eau en
découle). — Çute Irc/fe là puchk la rousée. — A Roàcoùt, n'i
ai n coûluî'e qui s'appelle PucuE-Moi'ai (Pissemoreau).
Lors se liève sire Gombers ;
S'ala à l'uis pissier toz nuz.
(Fabliau, de Gombert)
Min gère, pissier.
(Voc. lat. fr., Xllhs.)
Lor s a sour se keue pibsié
Renars, et puis les esproa (aspergea)
Es iols
(Renart li Nouvel)
Picot, s. ni., piquant, pointe. — T m'ais d'nè 'n branche du
guerzeltirfr) qu'est toute pleinde dû picots.
Pie(d), s. m., pied ; au pluriel : pie(ds). — J'ai frad les piks ;
— il ai les pies comme des nez d'chins.
Cil a pie et cil a cheval.
{Bec. Taillar, 1252)
N'avoit sorlés en pies.
[Chev. au Cygne)
Unicornes ha cors de ceval et pics d'olifant et teste de cerf.
[Bestiaire divin)
Et celle les pies ly grala
Des pies ses mains es a genous mist.
[Fabliau de VArmile)
Ne soiez ja trop deletable
De marchier le pie souz la table.
{Clef d'amour)
Et tenoit le thour plus que XIIII pies de espesse.
(Chronique de Stavelot)
Mais chis es|)ies les adevanolia et trota tant a pie que il
devint a Mortaigne.
(Froissa rt)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 87
Je SIS venu
Ung pie chauché et l'autre nu.
(Friquassée'^
Pie(d) d'Alouette, s. ni., plante, dauphinelle, consoude.
Pie(d) d'Pigeon, s. m., plante, cardamine des prés. — Mar-
chier à pie(d) d'pigcon, à cloche pied.
Pierre (er très bref), Pîrre, s. f., pierre.
I grant montaigne chaiit et si covrit toute la terre
de pires.
(Jean d'Outremeuse)
Or dist qu'il le fera ocirre
S'il puet prendre sa tor de pire.
(Blancandin)
Pierrette, pîrrette, s. f,, petite pierre. — Un souvenir du
songe de Jacob se traduit ainsi : Ju v'&ouh^ilans ostant d'afants
— Qu'i ni ai d'piERREiTEs das les champs (Ronde de Trimauzet).
Et celé qui guete, prent petites pt>re<es de soz ses piez.
{Bebtiairc d'amour)
Neient ne fust
En l'autel mise la pierete
Qui estait vile et petitete.
(llom. du .W St Michel)
Li marcis manda ariere que le plus petite pierete de Sur
ne li donroit il mie.
((^hron. d'Ernoul)
Pile, s. f., raclée, volée, leçon. — // ai voulu m'aleurprenre
aux caries, mais fli ai Joutu 'n belle pile !
Piler, V., battre à coups de pilon, sorte de gros maillet de
bois. On pile le chanvre pour briser les restes de chenevottes
avant de le peigner, — Marcher, mettre le pied sur : J'ai pilé
das 'n glôïe.
Pileu(r), s. m., ouvrier qui pile (le chanvre).
Piloue, s. m., piloir (pilouer), bloc sur lequel on pile.
Pimpernelle, s. f,, pimprenelle.
Des petites feuilles comme celles de la pimpernelle.
(Olivier de Serres)
Pincettes (Abracier à). — Embrasser en pinçant les joues,
pour marquer plus grande amitié. — Pincette équivaut à pinçon,
marque qui reste sur la peau que l'on a pincée.
88 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Je te |irye, baise nioy à la pincetle.
(Ane. th. français, IX, 72)
Pincier, v., pincer. — P. p., piiicie.
Pinçons, plutôt épinçons, s. m, pi., froid piquant aux
mains, et qui engourdit les mains.
Ping'nie(r). — Voy. peingnie(r).
Piou, s. m., petit poulet (onom., cri du poulet). — Piou,
piou, piou ! cri d'appel lancé par la ménagère, imitant le piaule-
ment des poussins, pour les faire venir. — Adressé aux poules, cet
appel se transforme en : péLÎîîte, pétiiite!
Piper, V., fumer (plus spécialement avec la pipe). — /' n'ai
mi co PIPÉ anoue. — Se dit aussi pour parler, répondre : / s'ai
a'n allé scnis piper mol.
Piquette, s. f. A la piquette don jou(r), au jour naissant,
tout au matin.
Pis, adv. coDJ. Puis. — Posez ça, pi(s) allez v' z'a.
Pisquû, puisque.
Pîter, quelquefois pîtie^r), v,, mesurer (aveu in pie). — Par
extension, à divers jeux, comme aux chiques, on dit : pzie,
mesure avec la main étendue. — Qu'esl-ce qu'est l'pus prés
d'noiis deux ? — J'na sais riii ; j'vans pIter, — Signifie aussi
marcher à grands pas, ou vite, c'est-à-dire mesurer du chemin. —
Ça 'n es(t) iun qui pîte bin, c'ii là! il a [ail don chemin a
(en) ine heure! — On dit en proverbe d'une personne qui se lève
tard : elle nû pIterai mi sus les crapauds ! (elle ne marchera
pas sur )
Pîton, piéton, s. m., piéton^ homme qui marche à pied. —
Le facteur de la poste : /'pîton n'ai mi co passé.
Et avoit aveque luy XXV milh pilons el XIII milh chevals.
(Jean d'Outremeuse)
Pîtouner, v., piétiner, marcher sur place, à petits pas.
Plafonner, v., plafonner.
Plafouneus, s., plafonneur, ouvrier qui fait les plafonds.
Plaiderie, s. f., plaidoirie, procès. — Ta via iun qu'ain-mt
bin les plaideiues.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 89
En quoy sainte église recorde. . . .
Le pouer et la plederie.
(Advocacie N.-D.)
Plaideus, s. m., qui plaide, qui aime les procès.
Plaidie(r), v., plaider. — P. p.,plaidie. — J'ans plaidiepus
d'dix ans aveu loue.
Cilz dui chevalier diroit qu'il les convenroit plaidier ou
deffendre.
(Cartul. Rethel, 1258)
Et si pensez de boivre et de mengier
Car d'autre chose ne devez mais plaidier.
(Raoul de Cambrai)
Nulz advocatz pour quelconque réplique
Ne scet plaidier sans passer ce passage.
(Eustache ûeschamps)
Advocat, sans long procès faire,
Venez vostre cause plaidier.
(Dance macabre)
Plaigi(r), s. m., plaisir. — J'an(s) iu pue dû plaigi dud'puis
quû j'sans au monde quu fn'a 'n ara7is das le res(te) dû
nol' vie.
Plaindant, s. m. et part, prés., plaignant.
Les plaindans se devront présenter.
{Coût, gén.)
Plainde, s. f., plainte, accusation.
Plaind(r)e, v., plaindre. — Je plains, j'plaindans — J'plain-
dos, j'plaindains. — J'ai plaindu — J'plaindrai ou plainrai —
J'plaindros ou plainros. — A plaindant. — /m' plaint le pain,
il me reproche le pain qu'il me donne et trouve que j'en mange
trop ; il le donne à regret.
Gontesse, a tors dou conte vous plaindés.
[Chans. Siège de Namur, 1258)
Puisque oiis soy plaindoit de coul de cuteal,
{Li paweilhars, 1285)
Car por leur inobédience
Plaindent et plorent incessamment.
{Mystère de la Création)
Car Dieu sciet bien que sans bon droit
Se pleindent de moy orendroit.
(Prince noir)
Tost vous plaindés^e tanison.
(Froiss., Rose et Violette)
SO GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Plaint, s. m., plainte, gémissement. — C'pauv' malade là
fait des plaints ! ça u' férot braire rin quû d' l'atend{r)e.
Un plaint geta e un haut cri.
{Chron. de Norm.)
Geté i ot platnz et sospirs.
(Rom. de Troie)
Si a les dous plains entre ois.
(Romancero français)
Car proufiler ne me peuvent mes plains.
(Ch. d'Orléans)
Quelz gemissemens et quelz plains
Feray-je ?
(Complaincie de Vame damnée)
Or est vrai qu'après plainglz et pleurs.
(Villon)
Et pour les plaints qui du cœur viennent.
(Baïf)
Plaire, v. — J'ai plait. — J'm'ai bin i'Lait à la noce.
Plaisi(r), plaigi(r), s. m., plaisir.
Si parleront a ior devis
Et nos ferons toz nos plaisirs.
(Romancero français)
Plait, p. p. de Plaire, plu.
Planchie(r), plainchie(r), s. m., plancher.
XIIII .s. pour le planchier afailier.
{Arch. Adm.de Reims, 1289)
Pâmée chiet par desor le plainchier.
(Raoul de Cambrai)
Uns planchiers que aseurs fust li alers et li venirs, que
l'um poust entur très Ijien aler e apuier a aheise e ester.
{Liv. des Rois)
Dont s'en vont maintenant andui
Et passent l'uis et le planchier.
(Fabliau Milon d'Amiens)
Por les degrez de raabre montèrent ou plainchié.
(Floovant)
Plane, s. m., érable plane (acer platanoïde).
Plantoue, s. m., plantoir (plantouer). Outil de jardinage, ser-
vant au repiquage.
Platené*, s. f., contenu d'un plat.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 91
Et a veû tout en apert
De son sel une platelée.
{FabliaUy de Foie Largèce)
Platiau, s. m., plat, plateau, — On va monte)' sus ^platiau.
Pos, hanas et plaliaua d'argent
Donna li rois à pluseur gent.
{Cléomadès)
Plein (tout), expr. adv., beaucoup, en quantité. Figure au dic-
tionnaire. — // nnt ramassie tout plein des sous a faisant c'
méiieir) là.
Pleinde, adj. fém., pleine. — A In sainte Madeleine, les
nougetles saut pleindes (prov.)-
Pieu, part. p. de pleuvoir. Voyez plûre. — Le vieux français
disait plehi.
En la terre du roy Ligurge ou ilz trouvèrent grant faulte
d'eaue, car bien avoit trois moys qu'il n'y avoit pieu.
(Rom. d'Edipus)
Pleumer, v., plumer, enlever la plume, l'écorce.
Plie, s. f., levée au jeu de cartes. — J'n^ai pas co fait 'n pue
= Faire sa plie, faire son affaire, un bénéfice, réussir,
Plo-iie(r), v., plier, ployer. — J'plo-ïe,j'plo-ios — J'ai plo-iie
— J'plo-ierai, j'plo-ieros. — A plo-iant. — On va plo-iie(r) les
draps (plier). — Tu ne saros faire plo-iie(r) c' bauton là
(ployer, fléchir, courber).
Voiez ! corn ois fait le tornoi plo'ier.
(Gilles de Chin)
Ne cuit qu'il ait céans si fort
Ne si durs ki ne fust ploiez.
(Dolopalhos)
Il prist la grant ensaigne, si la ploia en trois.
(Quatre fils Aymon)
Plongeron, s. m., plongeon.
Plongie(r), v., plonger. — P. p., plongie.
Il le faira sous l'espée plungier.
(Mort de Garin)
Or verroiz en la mer les estodes plongier.
(Thibaud de Marly)
Ploque, ploquer, ploqueu(r), ploqueuse. Mots qui se rap-
portent au travail des laines, rattachement des fils cassés.
92 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Plu-ie, prononc. plue en mouillant e ; et quelquefois plûve,
s. f., pluie (pluviam). — Plu-ie d'avri(l), c'est don femie[r) (V
bfrbh (prov.).
La plue revint et pluit -II- jours en rotte.
(Journal d'Aubrion)
Kt commencièrent à traire saietes aussi menuement comme
plueue chiet dou ciel.
(Ménestrel de Reims)
Plumer, v., enlever l'écorce : on plume l'osie(r) ; voy. pieu-
mer.
Plumon, s. m., sorte de couverture de lit, faite de plumes,
analogue à ce qui se dit un duvet, un édredon.
Plûre, quelquefois pleure, v., pleuvoir. — I plue — I pluvut
— Il ai plue ou pleue — I plûrai — I plurot — A pluvant.
Là oîi Deu voet il pluil.
(Prov. de Lincy)
Plusée, s. f., raclée, coups.
Pluser, Y., nettoyer la laine, la tirer presque fil à lîl pour en
expulser les corps étrangers. — C'est peut-être pelucher ou
éplucher. — Signifier aussi donner des coups, une plusée : les
deux lurom s'ant plusé dur.
Plûve, plue, s. f., pluie (pluviam).
Car ly sans va courant de caucie en caucie
Oussy bien que des cieux fu ly plueve glacée.
(God. de Bouillon)
Et avenoit aucune foye que, par grant abundance
De pliievSy ladite femme ne pooit aleir en sa grange.
(Arch. adm. de ReimSy 1278)
Et nus essewemens (écoulement) ne d'ewe ne de ploeive,
ne puet
(Rcc. Taillar, 1247)
Quant les anettes sentent la tempeste, . . . bien scèventque
pleuve aront.
[Évang. des Quenouilles)
Puis si vient Egypte la grans
U nue ne plueve ne vient.
(Image du Monde)
Pochetée, s. f., le contenu d'une poche. — J'ai cueitdu 'n
pocHKTÉE d'nougettes.
Pochie (tout), exp. adj., ressemblant. — C'est s'pére tout
pocHiE. On dit quelquefois : tout crachie.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 93
Que menton forché !
Vrayement c'estes vous tout poché !
(Maître Pathelin)
Pochon, s. m., poche, vase à boire^ sorte de louche.
Poçon — Voy. posson.
Poinçouner, v., marquer au poinçon.
Poirette, s. f., petite poire, poire sauva°:e ; voy. Cariset. —
L'arbre qui porte les poirettes se dit Poirettie(r).
Pomelettes
Et poirettes
Sont les fruictz.
(Mystère de la Passion)
Poirie(r;, s. m., poirier. — On disait jadis Périer, comme
dans la charte de Maisoucelles (1204) : le perler de Corbenoc.
Des poumes et des pères dont l'om prenl le cart de droi-
ture.
(Assises de Jérusalem)
Poirie(r) fourchu. Désigne une position qui consiste à se
planter verticalement sur la tête, les jambes en l'air et séparées
ou étendues.
Et les pieds ce sont les rameaux, contremont comme si un
homme faisoit le ckesne fourchu.
(Rabelais)
Pois de senteur, s. m., gesse odorante, papilionacée.
Poison, s. f., comme dans l'ancien français (potion). — On dit
d'une méchante femme qu'elle est une poison.
... Je vos ai la poison quise
Qui bone est contre vostre mal.
(Hom. de Renart)
Antipater te précédera en gloire par sa poison.
(Complainte d'Hector)
Puisset-eile en mes ennemis
Dégorger sa poison amère.
(Baif)
Le vin pur est un certain remède contre la poison de la ciguë.
(Amyot)
Ayons de l'eaue de ces lycornes
Qui sert fort contre la poyson.
(Chicheface)
Polie, s. f. , poulie.
El la polie aval le moine (le mène en bas).
(Renard contrefait)
94 GLOSSAIRE DO MOUZONNAIS
Et quant on y mengoit, on montoit et avaloitvins et vian-
des à une polie, pour ce que trop hault eust esté à porter.
(Guillebert de Metz)
Biecquebaque ou pollie.
{La FonSj Gloss. man., Godefroy)
Et sachiez bien que si lelon (foulon)
Viaut à polie son drap prendre
{Dit des cordiers)
Poli(r), V., polir.
Polirie, s. f., usine où l'on polit les objets en métal, fer ou
acier.
Pome, poumô, peume (eu bref), s. f. Pomme.
Encore ai-je
Du fromage ci en mon sain
Et une grant pièche de pain
Et des paumes que m'aportas.
(Robin et Marion)
Li rois méismes jura par sa couronne
Que ja par home n'i perdra une poume.
(Raoul de Cambrai)
De pûmes se juaient qu'ils avoient là près.
(Chev. au Cygne)
Que la punie du douz pumier
Jà ne saura tant roveller.
(Marie de France)
Des poumes et des pères dont l'om prent le cart de droi-
ture.
(Assises Jérusalem)
Pomette, s. f., le jaune d'œuf.
Pomie(r), poumie(r), peumie(r), s. m. Pommier.
Ardent cez hansles de Iraisn et de pumier.
(Chans. de Roland)
Pour ceul itant que m'en voux aïrier
Me feri il d'un baston de poumier.
(Raoul de Cambrai)
Belias haucha son baston de pumier.
(Cygne)
Ponçai, s. m., ponceau, poncel. — ISom de lieu, à Mouzon.
Par dessus le poncel estroit — Mist
(Gauvain)
OLOSSAIRB DtJ MOUZONNAÎS 98
Pon-ne. — Voy. pein-ue.
0ns y acquiert pone et grevanche,
Oussi toist qu'ons est tresjiasseis.
(Jean de Stavelot)
Ponre, pouni(r), v., pondre. De ponere, vieux français
ponant, poser, — Elle poune, i pouiiant — elle pounot — elle
pounerai ou ponrai — elle pounerot ou ponrot — elle ai pounti.
— Nos poules ri'ant mi co pocnu ; via sculrmeiil qu'i vant
coumacieir) à ponri;.
Et si verrez une geline se tenir jjIus grasse en ponnant
chaque jour, que ne fait un coq.
{XV joyes de mariage)
Les coques des deux œufs jadis ponnus et esclos par Leda.
(Rabelais)
Pont, adv., point ou pas. — C n'est mi la pein-ne du wai-
tie{r) après les clous, n'i a 'n ai pont das c' boîte là. — J' n'a
veux pont (De pimctum^ point).
Pont ne suy teis ; veneis avant.
(J. de Stavelot)
Pontique ou boutique, s. f., boite ou caisse où l'on enferme
le poisson pris à la pêche et qu'on veut conserver dans l'eau.
Ponton, s. m., bac pour passer une rivière.
Le bourt de la Rue où soulloil ai^order le ponthon ou bac
de ladite ville de Lestanne.
(Compte de Mouzon, 1515)
Popa, p'pa, s. m., papa.
Poqueleuse, s. f., jusquiame, solaoée.
Poquer, v., choquer, heurter. — Les ues ant té poqués, c'est-
à-dire choqués entre eux, et par suite enfoncés par endroits. —
Onomatopée. — Signifie aussi : former ampoule (poque). —
J'm'ai brûlé le bras ; toaitc ! o'ià qu'ça poque.
Poque, ampoule de la petite vérole. On dit : A(c)oi;r) les
poques, avoir la petite vérole. — Vient de poche, poche pleine
d'humeur, qui crève et laisse un trou. — Chus nous, quand qué-
qu'un ai iu les poqdes, on dit qii'il ai té vacciné à coups de
pioche.
Poqueus, s. m., qui a eu les poques.
Pôrai, poriau, s. m., poireau, verrue. — On trouve porion*
96 «LOSSAIEB DU MOUZONNAIS
Veruca, vérue ou poreil, en la main.
[Glo&s. rom. lat., XV^ s.)
Porcession, s. f., procession.
Si issent à porcession
Contre Blancandin le baron.
(Blancandin)
Et de vostre part li dira
Que après la porcession
Li face salisfacion.
(Rom. de Renart)
PDrchie(r), s., porcher.
Je ni lesse mi atouchier
Chascun vilain, chascun porchier.
(Rom. de la Rose)
Chascun pastoureau, herdier, porchier ou vachier est tenu. . .
iStal. de Mezières, X[V' s.)
Pôrée, porette, s, f., poireau. — Aussi porai.
J'ai pore'es et s'ai naviaus
J'ai pois en coses tout nouviaus.
(Cris de Paris)
Puis après porete menue
Letues fresches demanois.
(Id.)
L iver fait mourir les porées.
(Ménagier)
Depuis avril jusques a la Magdeleine fait bon semer porees.
(Ménagier)
C'est autretel pechié^ comme qui melroit porréc et pois par
despit et benoît calice.
(Mireour du monde)
Quar quant 11 preudom veut avoir
Porée se li fesoit pois.
(Fabl. Dame anieuse)
Autant en ferois de ces belles andouilles avec de la porée.
(Noël du Fail)
Porrum, porel — Poretum, porée
Piretum, herbes poirei.
[Gloss. roman latin, Xi^' s.)
Porge, s. m., porche, vestibule d'une maison de paysan, sorte
de cabinet avant la porte d'entrée de la cuisine. — Ces gamins-
là, ça reste pourtant toute La messe das /'porge du l'église.
Et ])ar dedens ledit chastel, à l'entrée du tinel (vestibule)
a un beau porge, en lequel
(Foy. d'oultremer en Jhérusalem)
Qui n'a palais, passer se faut d'un porge.
(G, Chastellain)
glOssaiue du mou'Zonnais 27
Porichinel, s. m., polichinelle.
Porrai (je), — Porros (je), — je pourrai, je pourrais. Voyez
Pou(v)ui(rj.
Porrot bin vali. expression e.xclamalivc, signilianL ; F'Iùt à
Dieu que cela soit, Cela devrait bien être. — On dit, que Nicolas
Tuiol ai hérite : pourot bin vali poiu' loue (cela .seiait bien
heureux pour lui).
Porteu(r), s. m., porteur. — In porteu(r' (f mortie[r) —
Les ponTEU(R)s (d'un cercueil) ant droit a chncu/i '/i paire dii
ganis et in crêpe.
Porteu(r) d' soupe, s. m., celui qui porte à manger aux tra-
vailleurs des champs, domesti(|ue. — Nom donné au valet, au jeu
de caries.
■ Poser, V.. déposer, quitter, laisser. — Pose tes sahols, t'
coDRRAis pus vile.
Possenée, s. f., contenu d'un posson. — J'ai bu 'n possk.née
d' lait prins. — Voy. Posson.
Posson, s, m., pot en grès destiné surtout à contenir du lait,
qui y crème et devient lait prins, c'est-à-dire caillé.
Li poçons li port plain de let.
(Marie de France)
Et en pelis passons estait la v/ive chaux.
[Du Guesclin)
Deux saussières, ou un poçon
Ou un platel, ou escuelie.
[Le dit. de la Maille, Laborde)
A donc la dicte Marotte prisl un poçonnet et vint a ce
ruissel et volt puisier de l'iaue.
(Mir. de S. Louis, Laborde)
Chescun des parties deivent eslre boillez en un net pos-
senet.
{Manus. Old Roy., Ane. Textes)
Potiau, s. m. Poteau. — J'ai n'terre au Potiau, à Bulson
(Poliau, lieudil).
Potkan, potequau (peut-être Pot d'camp), s. m., petit pot à
anse, d'ordinaire en fer-blanc, qui sert à transporter la nourriture,
la soupe, le café, le lait, etc., aux champs. Laborde, dans son
7
98 GLOSSAIRB DU MOUZONNAtS
« Glossaire », donne Polkin, avec kin diminutif, comme dans
manliin.
Un petit potkin d'or avec une hance.
{Gloss. Laborde)
Ung potlequin de terre à boire cervoise.
Od.)
Pou, pau, pauc, peu. — Voy. pau.
Ung pou séjourna Bertrand illec.
(Du Guesclin)
Pouchai, pourçai (à l;i frontière), s. m. — Cochon, pourceau
(de pourcel). — lu gardciis d' i'OUchaîs.
Maint homme sont, se il ont a mangier et à boivre et lor
ventre plain comme porcel ne leur en caut de plus.
(Maurice de Sully)
Le pourcel doit une obole.
(Tonlieu de Mézières^ XIV' s.)
Vive li hom com porchiaus.
(Thib. de Marly)
Pou(r) d'bon, exp. adv., pour de bon, sérieusemeut.
Pou d'bos, s. m., tique.
Pou d'cochon, s. m., cloporte.
Pouez, Poez (v'), vous pouvez. — Voy. pou(v)oi(r).
Pougn, Puign, s. m., poing. — 1 s'ant baUus à caiips d'
pouGN. — Quelquefois pongn.
Par le puign tint le cunte Guenelon.
(Chans. de Roland)
El chaiil des pires eussi grosse que I pougne d'homme.
(Jean d'Outremeuse)
Pougnie, s. f., poignée.
Prengne chascuns une. pugnie
De ches besans : ja n'i parroit.
(J. Bodel, S' Nicolas)
Cil qui se mellent de draper
Eu prendent la plus grans puignies.
(Froissart)
Garroites (carottes) sont racines rouges que l'on vent es
halles par pougnies.
(Ménagier)
Pougnie(r), v., battre à coups de poing; combattre (pun«
gère). — On trouve le vieui nom pougnei.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 99
Se nus est pris de vosire gent
En poigneis, ne en liataille.
•Ordène de chevalerie)
Pou-ïe, pou-iette (ou bref), s. f., poule, poulette. — Ti!
pai-iieir) ! Tu pai-ierais l'année bizetle, quand les pou-ies iranl
à crossetles!
Poulain, s. m., bille de bois, sorte de chevrette ou de chevalet,
servant à manœuvrer des fardeaux, roues, tonneaux, etc.
Poulaque, s. — Individu sale, dégoûtant, polisson. Terme
injurieux : àePolak, polonaise?). — On trouve plus anciennement
poacres.
Les autres devindrent poacres,
Pugnais, impotens, contrefais.
(Martial de Paris)
Poulière^ s. f., cage à poulets.
Poulot, s. m., petit enfant, terme caressant, devenu parfois
surnom. — Bonjour, Pierre Poulot. — (de Pullus).
Poulou, Poulou! cri d'appel de la ménagère à ses poules et
Foulions (Loy de Beaumont, voy. oysons).
Poume, s. f,, pomme. — Voy. Pome, peume.
Poumonique. adj. et s., pulmonique, poitrinaire, phtisique.
Pounasse, s. f., lit^ paillasse; terme de mépris. Dérive appa-
remment de pouni(r), pondre.
Pounie(r), s. m., se dit d'an homme, d'un enfant qui se tient
trop volontiers à la maison, autour de la ménagère, ce qu'en lan-
gage familier et argotique on appelle un chauffe- la-couche. —
C'est donc quelque chose comme le pondeur de La Fontaine.
Pouni(r), v., pondre, voy. Ponre. — P- p-, Pounu, pondu. —
La première jjou-ie qui cdquie c'est la leus qu'ai pounu (prov,).
Neyr geline poune blank oef,
(Prov. de Fr., Lincy)
Tant s'entramèrent ambedui (ostour el Huans)
Qu'an un ni ensanble pouneient.
(Marie de France)
Pinte parla qui plus savoit,
Gelé qui les gros ces ponnoit.
(Rom. de Iknart)
ibO (SLOSSAiRE DU AlbUZONNAlS
Car je n'estime jias qu'un homme de courage
Puisse estre possédé de plus poignante rage
Qu'alors que dans son nid il sait qu'on a pounu
El qu'il voit du public son diffame connu.
(Ane. théàt. français, VIII, 145)
Et s'ils eussent pounu ung œuf.
(Vie de rOyson)
Bombardes — Chargées d'œufz
Qui avoient pounu grosses poules Lombardes.
(Con/lict de Caresmc et Charmaire)
Pouplie(r), s. m., peuplier (populus), des salicinées.
Populus, pouplier.
(Gloss. rom. lut., XV^ s.)
Sos un poplicr en l'erbe cstoient.
(Rom. de la Rose)
11 se mue et tourne plus que fueille Ae pouplier.
(Gerson, 1405)
Pou(r), prép. pour. Voyez l'emploi de cette préposition pour
éviter le subjonctif, dans l'Introduction. — Eu général on pro-
nonce pou: i! n'y a guère d'exception que si le mot qui suit est un
pronom régime : c'est l'ou boire — donne m'a pou deux sous ; —
POU faire ia soupe: — rou ii n'aoi; — pou aller à l'icole; ^= Pour
mi., pour ii, pour lou, pour telle, pour nous, pour vous, pour
zeux. = C'n'est mi pou za raoi.
Sur ce commencèrent toutes à i^llus lever pour elles
retourner cliascune à sa chascune.
(Evang. des Quenouilles)
Je souhaitti,', . . Ung bon lil mol pour moi/ coucher.
{Souhaiz des hommes)
Ne ia n'iert s'amuur pou <:i'.n moindre.
(Clef d'amour)
L'acteur pou les femmes.
(La procès des deux amants)
L'éditeur dit : c Rien ne serait si facile que d'ajouter l"r » ; mais il
nous semble que devant une consonne, il faut laisser celte orthogra-
phe, qui figure la vraie jirononciation ancienne : pou les femmes.
Pourçai, s. m., porc, pourceau, pourcel. — Voy. pouchai.
i>es aucuns sont en gloutonnie et luxure et sotte oiseuse
qui détiennent le pèlerin comme en tioe et en ordure, sans
penser où il est, oii il doit aller, plus que un pourcel.
(Gerson)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 101
Chascune beste comme buef, vache, chièvre, pourcel, et
autre que
(Statuts de Mézières, XIV* s.)
Quant il te fist. s'il vousist, il t'eust fait un boterel (cra-
paud) ou un porcel.
(Mireour du monde)
Pourchessie(r), v., pourchasser, poursuivre, donner la
chasse. On dit aussi : Pouchessie(r).
Sachent tuit que nous n'entendons à faire ou pourches-
sier, ni ne ferons ou pourchesserons.
(Lettre des eschevins de neims, i353j
Mais elle s'en est alée
Tant a pourchassie ennuy.
(Charles d'Orléans)
Pourcliie(r), porchie(r), s. m., porcher.
Tels gens dussent être porchiers.
(Alain Charlier)
Poure, s. f., poudre.
Et de la poxirre de l'estrille.
(Rutebeuf, Dit de l'Erberie)
Li jors fu biaus, la pourre lieve
A cens de l'ost forment lieve.
(Blancandin)
Encore a il dessous l'eskine
IIII doie de crasse poure.
(Fabliau, Prestre et Chevalier)
Cieus qui portoit l'escu Ne portasl a lierre en la pourre.
(Jean de Condé)
Pourre d'une herbe que li phisicien apelent bislorte.
(Alebrand)
Pourrifr), pôri(r), v., pourrir. — Les feim-nes pôrirant
biniôt.
N'atendez mie tant qu'il (le vin) porisse el tonel.
(Chantepleurej
Cil se lessent porir comme la mauvaise pomme.
[là.)
Pou(r) rire, adv., pour rire, non sérieusement.
Poursuir. poursui(v)re, v., poursuivre. — J'poursuivos —
J'ai poursui ou poursuivu — Jpoursuirai.
Amors fait bon porsuir.
(Perrin d'Angecourt)
Largesse avoir et tout temps poursuir.
(Eust. Deschamps)
102 GLOSSAIHE DU MOUZONNAIS
Cil qui cause averoieni d'eous (eux) poiirsuircient et
messoueroient après les ditles vint cinc années leurs ahans...
{Cartul. deRethel, 1301)
Dit a esté par parlement que ce sont iij appeaulz non poursuiz.
(Notables points de l'usage de France^
Sire, aide moi ; car les félons m'ont poursuy.
(Psautier)
Que messire Pierre de Haraucourl et ses aidans
fussent tant chaciez et pmirsniz qu'il peussent estre prins.
(Lettre de Gaucher de Châiillon ; H^' Haraucourl)
J'ay empris ceste histcire à poursuir.
(Froissart)
Lors messire Bertrand conseilla au roy que poursuy fut
Piètre.
(Chron. de du Guesclin)
Pour esmouvoir et enflamber à poursuir ce que vous sçavez.
(Gerson, 1405)
Poussie, s. f., effort, pesée, poussée.
Poussie(r), v., pousser. — Ez-v' poussie à la roue?
Poussière (faire de la). — Expression signifiant faire des
embarras, de la pose, prendre de grands airs.
Ppussiéreux, adj., poudreux, couvert de poussière.
Pou(v)oi(r), pooi(r), v.^ pouvoir. — Je peux, j'pouans ou
pouvans — Je pouos ou pouvos, j'pouains ou pouvains, v'pouvie(z)
— J'ai pouvii — J"pourrai ou pùrrai — J'pourros ou pôrros. — A
pouant ou pouvant. — C\'Sl tout d'meinme bin malhcvrevx du
n' POU- CI marchie(r). — J'ai fait cquu j'ai pocyd. — On con-
jugue aussi parfois : J'p'lans ou poulans, v'poulez ou p'iez, i pou-
iant OU p'ianl. — f(ls) p'lant 6m faire toute l'ouvrage!
Il furent si sourpris qu'il n'orent pouoir d'eus deffendre.
(xUcnestrel de Reims)
Mors est Tristans ii voslre amis, vous le poez bien veoir.
(Tristan)
Ne se poet regarder
Car enfin savoir le poés
Vos qui poez grant fais embracier. '
(Rutebeuf)
Et s'il ne le pooit pas faire en terre plene
(Règ^ Thibaut VI, 1224^
Si corn je porrai deviser.
(Castoiement d'un père)
liant H porén vous bien dire.
(Amadas et Ydoine)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 103
Con faitement d'ore en avant
Le porons faire.
(Id.)
La citiez ert de genz si plaine
Qu'il i poeint à grant peine.
(Ambroise, Est. guerre sainte)
Conment parviens nous estre si lonc tans départi ?
(Berte aus grans pies)
Nous porriens bien de vrai en nous consid»^,rer...
(B. du Guesclin)
Ce que nos ne porriens faire par force d'armes ne d'en-
ging.
(Les livres dou Trésor)
Chasteaux et ville porront estre gardés.
(Échange de Mouzon, 1379J
Si mènerons le moins de compaignons avecques nous quo
nous porrons.
(Lancelot)
La menue gent menger veulent
Si tost qu'ochoisonner les peulf.nt.
(Jean de Gondé)
Les habitants de Maisières ont et puellent peschier par
aysances aux franches eaues environ Remilly, d'emprés
Mouson.
(Aisances de Mézières^ XIV' s.)
... Lesquelles rentes peullent croistre et decroistru.
fyli'CM de la Marck, Moitzon, iill)
Pou(v)oi(rJ mais (n'a). — Locution : n'en pouvoir mais,
c'est-à-dire n'en pouvoir plus ou davantage ; être exténué, à bout
de ressources ; n'être pas cause. — J' n'a peux mais, wiî, si tu
t' fais don mau, ce n'est pas ma faute, si tu
P'pa, popa, prononc. de papa.
Pra-ïè(l), s. m., pré, prairie — préau. — Rare aujourd'hui, et
resté nom de couture (à Douzy, par ei.).
Pratellum, prayel.
(Gloss. rom. lat., XV* s.)
Grande fu la bataille par dessus le praiel.
(Baudouin de Sebourc)
Blancheflour fu assize souz l'ente en un prael.
(Berte aus grans pies)
Par gfant revel
Ens el prael.
Dire li alai.
(Perrin d'Angecourt)
104 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Hors de sa hoche (de l'oliphanl) ist un boel
0 quel il pest par le pracl.
(Bestiaire divin)
Précepteur pour percepteur.
Prêchie(r), v., prêcher.
Et envola, pour jnéchicr des crois.
(Chron. de Rains)
Li apostole alèrent et préchierent par tôt le monde.
(Serm. de Maurice de Sully)
Après cordelier
Sovent aves preschie de mort.
(Dance macabre)
Sur le mont Olivote ira por preeschier.
(Thibaud de Mariy)
Prêchou(er), s. m., prêchoir, chaire à prêcher.
Premie(r)^ promie(r), prumie(r), adj.^ premier.
Le prumier jour, le second et le tiers...
(Arch. Ad. de Reims, 1294;
Jadis au tens nus prumiers pères
Et de nos prumeraines mères.
(Rom. de la Rose)
Li prumir est partant que li conseilh del citeit est trop
large.
(Patron délie Tempor alite it)
Premie(r) (en), exp. adv. pour commencer, à l'origine, dans
les commencemeuls. — Par opposition, on emploie en Dernie(r),
à la fin, dans les derniers temps. — En premie(r) d'leu(r)
mariage, ça allol ce bin. — Voy. Preum.
De ce ne fu pas li roys tendres
Au primier ; mais au derrenier.
En fu il lasches et lanier.
(Gûdefroy de Paris)
Prenre, pren(d)re, v., prendre. — J'prens, j'prenans ou per-
nans, v'prenez ou pernez — J'preuo? ou prenos. — J'ai pris ou
prins iprinse) — J'prenrai — J'prenros. — A prenant ou pernant.
— Le vieux français employait souvent petire.
Cunssel, en <list, lor estuei prenre.
(Marie de France)
Veuillent ou non, se laissent pranre.
[Floire et Blance(lor)
Cil de Metz font lor baronie
Apertemeni prenre leurs armes.
(Guerre de Metz)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 105
Fromons le posteis
Qui la venjance veut prenre de ses fils.
(Mort de Garin)
Conseil pernez^ Des sages et des senez.
(Dist. de Catoriy LincyJ
Dame ! por vos est fornie
Ma chançon. Pernez l'en gré.
(Perrin d'Angecourt)
Li Rus Rei ne lessout as Yglises neient ;
Les rentes en perneit, l'aveir, l'or et l'argent.
(Thomas le martyr)
Cilz vit qu'à ce panroit la mort
S'il n'en pernoit aucun confort.
X (FabliaUj Morel^
Et ensi doit torner por la ville pernant ce garde des des-
suz dites chozes.
(Assises de Jérusalem)
S«nt greffiz etprins cinq ou six.
(Villon)
Cinq gerbes de blé par lui prinaes à diverses fois.
(? )
Presser, v., se dit épresser, avec le sens d'exprimer. On
épresse le beurre ; — le fromage ; — des groseilles.
Presse (nH ai pont d'). — Cela n'est pas pressé, ne vous
hâtez pas, ne vous précipitez pas, il n'y a pas avantage. — Aller
das ces affaires-là, pou(r) ramasser don mau ! n'i ai pont
d'presse.
Préten(d)re, v,, prétendre. — Quoi 'c' qu'il ai à prétenre
après s'père ? Rin I
Sens kue nus i puet riens reclamers ne prétenre.
(Charte de Renaud de Bar, 1118)
Préteu(r), s. m., prêteur, qui prête.
Preum, adj., premier. — C'est mi Tpreum.
Preum (au), exp. adv. — A l'instant, seulement. — Via Jean 1
il arrive au preum.
Et ne puet il monsigneor... riens reclamers ne o prum ne
en lutur en ultre ce
(Charte de Renaud de Bar, Hi8J
Pri-iie(r), v., prier. — P. pas., pri-iie. — J'aiïs bin pri-iik
l'bon Diu, lourtous.
106 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Au duc son signour, pour priier
Que il le face chevalier.
(Amadas et Ydoine)
Prijon, s. f., prison.
Prijounie(r), s. m., prisonnier.
Et que devenra li tïenprisotmiers.
(Comtesse de Ponthieu)
Prins, prinse, adj., pris, prise. — Lait pri.vs, lait caillé. —
In PRiNzE dû bec, une prise de bec. — Priuze, adj., enceinte,
grosse d'enfant.
Je ne peullz bien avoir en moy puissance
Parfaicte ad ce que j'ay ci entreprins
Car je ne puys trouver sens ne sentence
Pour que ne suys pas ad ce faire aprins
Pour produire ce que seul ay comprins.
(Grand Triumphe des Dames)
Ung malfaiteur n'i porroit estre prins.
(Hommage de Mutry, Mouzon^ i369)
IV arbitres prms d'entre les dites parties.
(Coutumes de Namur)
La volupté mal prinse ramolit et relasche la vigueur de
l'eaprit et du corps.
(Charron)
Après que le jeune homs et sa femme, qui est jeune, ont
bien ppins de plaisance et déclarations.
(X V joyes de mariage)
Une truie qui preins estoii.
(Marie de Fr., Leu et Truie)
La femelft (de l'oliphant), ce m'est avis,
Porte deus anz, quant ele est preins.
(Bestiaire divin)
Priseus, s. m., celui qui prise, prend du tabac en poudre.
Prisounier. — Voy. priJQunU(r).
Et qu-i devenra li tiers prisouniers .
(Comtesse de Ponthieu)
Probab(l)e, adj., probable. D'où l'adverbe probab'ment et
môme simplement probabe. — J'irans à S'dan dimanche, probabe !
Prolongie(r), v., prolonger. — P. p., prolongie.
Je porrois prolongier ce termine à ma volenté.
(Cartutaire de liethel^ 1258)
Abrégeons 3%n« plus prolongier.
(Ballade dw de Bourgogne)
GLOSSAIRE pu MOUZONNAIS 107
Promener, promein-ner, proumein-ner, v., promener. Ce
verbe n'est pas pronominal : J'irans i'Romein-ner à S'dan. On dit
cependant : Jù m'promein-ne.
Nous allons pourmener nou3 deux
Alentour de ces près herbeux.
(Baïf)
Promeneu(r), s. m., promeneur. — On dit en proverbe : Les
pROMENEUx (l'A tligny (les lUineurs).
Promett(r)e, v., promettre. — V. froumellCrje.
Promie(r), adj., premier.
La prigt le jor li entes sa promière bonteit.
(Légende S* Alexis)
Prononcie(r), v., prononcer. — P. p., prononcie.
Chescun... A pronuncier telle sentence.
(Advocacie N.-D.)
Prop(r)e, prop(r)emat, propre, proprement.
Et moy, mignonne, je souhaitte
Estre toujours prope et honneste.
(Souhaiz des femmes)
• Apres cen, les devez trechier
Et galonner si propement
Que nul ni vee amendement.
(Clef d'amour)
Proumett(r)e, v., promettre. — P. p., Proumins,inse. S'em-
ploie souvent pour assurer, jurer. — Quelquefois promettu.
Mais je veus et proumet.....
Que par moy ert céans vos enfes raportes.
(Brun de la Montaigne)
Prumie(r), adj., premier, voy. premie(r)f pro'mie(rJ.
Et quant cil le virent qui prumier issirent dou moustier.
(Merlin)
En sa venue la prumière
Greva il en mainte manière — L'yglise
(Godef. de Paris)
L'an de grâce mil IIIc LXVIII fu nés Charles, fils du roy
de France, le prumier dimenche des advens.
(Chr. de Jean de Noyai)
P'tèt(r)e, adv., peut-être.
Puant^ pu-iant, s. m., arbrisseau, le nerprun. — C'est aussi
le participe du verbe puer, pu-ier. — Enfin s'applique à l'individu
poseur, orgueilleux, glorieux.
108 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Pue, p(l)us, adv., plus, davantage. — Pue s'adresse plutôt à
la quantité, au nombre ; — pus est opposé à encore. — N'i ai
trop bin des caiels sus et aube là ! mais n'i a'n ai eo d'puc
sus c'ti là. — J'ii'irai pus à la foive, on n'y fait rinf
Pûch, s. m., puits (à la frontière), — Le vieux verbe espû-
chiefr) veut donc dire tirer du puits.
Quant velt de l'eve, du puch le va sachier.
(Ogier d'Ardenois)
Andrier de Lairdieu qui demorat devant le puche délais
saint Folhin.
(Jean de Stavelot)
Et corne il feist ses camels accoucher hors la citée, jouste
le puis del eawe a vespre, a cel temps que femes soleient
aler espuehier eawe.
(Bible Guiot)
Puchalit, s. m,, pissenlit.
Puchate, s. f,, urine. — Voy. piehate.
Puchie(r), picliie(r), v., pisser, — Voy. piehie(rj. A Rau-
court, il existe une censé ou ferme du nom de Pissemoreau, qu'on
prononce Pdche Moral (source à tleur de sol).
Le roi les a si essauciez
Qu'as tueax d'or les l'ait pissier.
(Flaire et Blanceflor)
Puer, pu-iér, pur, v., puer. — Ça pciot, ça pu-ie, ça
PUROT, c'est pu-iANT, Ça va PD-iER ou ca va pdr. — Pur est le
représentant de l'anc. puir.
Tosiors doit ii fumier puir.
[Chreslien de Troyes)
Pûgie(r), V., puiser. — P. p., pûgie. — Nous avons déjà cité
l'ancien terme espûchicr. — On prononce aussi souvent pouisie(r).
— Das quoi 'e' quû l'ai pugie t'n iaue2
. . . Sept très bêles pucheles qui ne cessent de puisier de
ces sept ruissiaus
(Mireour du monde)
Ewe en viver u en estanc
Est plus legier a espucher (facile à épuiser).
Que n'ort son beivre et son manger.
(Chron. de Geoffroy Gaimar)
Dedenz a le bacin puîsie
Au plus bêlement que il pot,
(Rom. de Renart)
Puiant, v. Puant.
GLOSSAtRB DU WOUZONNAIS 109
turemat, adv., Purement. — J'ii dirai tout pûremat c'quïi
y pense.
Purette (à), expr. adv., en manches de chemise, sans blouse,
ni paletot. — On dit ailleurs : en pure tête, c'est-à-dire tête nue
ou non coilfée ; et jadis, on avait l'expression : en pure sa che-
mise. — Jii remets m'sauroi ; i fait trop frad pov(r) trava-
iie(r) à purette.
Car elle se despouilla en pure chemise.
(Ménestrel de Reirns)
Li clerc s'en ala en pure sa chemise.
(Joinville)
Il estoit toz nus en pure sa chemise.
(Comtesse de Ponthieu)
Car elle se despulhat toute nue en pure sa chemise.
(Jiîan d'Oulremeuse)
Ces puceles Cevaucent en pur les chiés (têtes).
(Roman de Ham)
Purge, s. f., purgation médicinale. C'est le vieux mot français.
— On prend 'n purge quan(d) on ai l'corps dérangie.
Purgie(r), v., purger. — P. p , purgie.
Cil se porra purjier par son seul eermeni qu'il n'ara point
sceu la semonce.
(Charte de Mézières, i233j
Telles médecines qu'ils prennent Pour purgte?' les corps
(Eust. Deschamps)
P(l)us pas, exp. adv., même pas, pas un seul. — /'n'ai pus
PAS in sou.
Putain, s. f., employé comme garce, dans les jurons et apos-
trophes, sans emporter l'idée insolente et injurieuse que le mot
comporte d'ordinaire. — Oh! la laide putain, tu niais fai(t)
a(o)oi(r) peulr) ! — Le vieux mot pute (voyez emputer) désigne
en général quelque chose de mauvais, méchant, sale.
De pute racine, pute herbe.
(Cléomadès^ proverbe)
Putôt, adv., plutôt. — Aussi plus tôt, opposé à P(l)us tard.
Qua ou ca. Exclamation de regret ou d'inquiétude : Mon Diil,
QUA. ! — Parait être le commencement d'une explication qu'on ne
110 éLOSSAIRK DU MOOZONNAIS
donne pas : car ou quare : J' n'ans jamais su li faire com-
prenrc : c'est in rude malheur, oua !
Quaille, s. f. — Voy. couaiUe.
Li François les enchancent com espervier la quaille.
(Foulques de Candie)
Coturnix, quaille.
(Gloss. rom. lat., XV^ s.)
Cil ne vaut pas qui ne la loe
Un uef de quaille ou d'aloe.
(Gautier de Coincy)
Qua-iie(r), voy. couaillier. — Quand les pou-ies su quaillant,
c'est signe dû plu-ie.
Quance et plutôt Qurance (voy. Cramé). — Semblant :
Faire crancc, faire semblant. Nos voisins de la Lorraine disent
quance.
Quarantaine, s. f., espèce de pomme de terre dite aussi six
semaines et coquettes, — Ce nom s'applique également à une
espèce de giroflée.
Quartel au mars, s. m., ancienne mesure qui valait non loin
de 25 litres.
La mesure au wede (pastel) contient nuef quartelz au
mars à rez.
(Statuts de Mézières ?)
Quarteron, s. m., le quart de cent : in quarteron d'ûies, 26
œufs avec les quatre au cent ; — in quarteron de terre, 23 ver-
ges ; — in quarteron d'suc, un quart de livre de sucre.
Quasi, quasimat, adv., presque^ quasiment. — J'ai quasi ou
OOAsncAT tout béchie. — Quelquefois quausi.
En diligence et quasi tout hors d'haleine.
(La Fontaine, Contes)
Quatqua-iot, s. m., caille (onomatopée).
Quat^r)e, n. de nombre. — Veux-tu quat' sous ? — Voy. trô-
fuat(r)€.
Quat'sous, s. m. pi., les seins.
[A suivre.) N. Goffakt.
NÉCROLOGIE
Nous apprenons la mort de M. Atlilius-Félix-riOnstaul Calisli,
ancien sous-préfel de Vouziers, chevalier de la Légion d'honneur,
officier d'Académie, décédé à Paris, le 1" décembre 4 897, à l'âge
de 63 ans.
M. Calisti était sous-préfet à Vouziers lors de la funeste guerre
de 1870; tous ceux qui l'ont vu à l'œuvre, en ces tristes circons-
tances, n'ont pas oublié le courage dont il a fait preuve vis-à-vis
des envahisseurs.
Sa vaillante conduite lui valut, de la part de ces derniers, une
condamnation à mort ; elle fut commuée par le chef allemand, eu
égard à la crâuerie avec laquelle il se défendit.
M. Galisti, pour sa belle conduite, fut réintégré à son poste
après le départ des Allemands et, plus tard, nomaié chevalier de
la Légion d'honneur.
Son père, inspecteur honoraire d'Académie, fut tué lors du
bombardement de Charleville, au collège de cette ville, où il
s'était réfugié chez M. Desdouet, alors principal de l'établissement,
et dont il était l'ami. M. Calisti lui-même fut blessé aux côtés de
SOQ vénérable père.
Le docteur Jules-Nicolas Bienfait, chevalier de la Légion d'hon-
neur, ancien adjoint au maire de Reims, ancien vice-président du
Conseil général de la iMarne, est décédé à Reims le 30 décembre
I897jà l'âge de 18 ans.
D'une droiture et d'une sincérité à toute épreuve, le docteur
Bienfait se signala, dans l'exercice de sa profession médicale, par
une vie toute de dévouement et de charité. Excellent praticien, il
se faisait également apprécier de tous ceux auxquels il apportait
spontanément les secours de son art et de sa profonde expérience.
A ce titre, il laisse d'universels regrets, et ceux-là même qui
purent se trouver en désaccord avec ses idées n'en seront pas
moins unanimes à rendre hommage à ses rares qualités d'intelli-
gence et de cœur.
Les obsèques du docteur Bienfait ont eu lieu à Reims, le 2 jan-
vier 1898.
Le deuil était conduit par M. V. Diancourt. Les cordons du drap
mortuaire étaient tenus par MM. Farre, docteur Langlet, docteur
Lévêque, Sarazin^ docteur Guelliot et Arthur Morizet.
Au cimetière, des discours ont été prononcés par M. Diancourt
et MM. les docteurs Langlet, au nom de l'Association médicale de
1 1 2 NÉCROLOGIE
la Marne, et Guelliol, au nom de la Société protectrice de l'En-
fance, dont le défunt avait été également président.
Le baron Joseph-Étienne-Alphonse de Ruble, membre de l'Ins-
tilutj est décédé à Paris, le 15 janvier 1898, à l'âge de 58 ans.
Il se rattachait à notre province par son mariage avec M"« de
Connantre.
Les obsèques ont eu lieu le 19 janvier, eu l'église de la Madeleine.
Le baron de Ruble était, avec MM. Ludovic Lalanne^ Hector de
La Perrière, Tamizey de Larroque, Baguenault de Puchesse, Fran-
cis de Crue et quelques autres, un des hommes les plus au cou-
rant de l'histoire de notre xvi« siècle, si vivant et si passionnant
par sa complexité même. Avec la conscience droite d'un érudit
scrupuleux, il aura contribué, par ses ouvrage?, à éclairer la phy-
sionomie de cette époque. Il serait trop long d'énumérer ici ses
divers travaux ; nous nous bornerons à citer les excellentes édi-
tions des Commfntaires et des Lellres de Biaise de Montluc, des
Poésies et des Mémoires de Jeanne d'Albret, et les importants
volumes consacrés au Traité de Cateau-Cambrésis, au Mariage de
Jeanne d'Albret, à Antoine de Bourbon, etc., etc. Au moment de
sa mort, le baron de Ruble venait de mettre au jour une curieuse
étude sur VAssassinat du duc de Guise par Poltrot de Mère, qui
nous restitue, par sa documentation savante et exacte, la figure
du grand homme de guerre, l'un des plus illustres de ce temps si
fécond en capitaines.
*
On annonce également la mort :
De M. Bertrand-Amédée d'Audebard, comte de Férussac, décédé
à Pleurs le 29 novembre 1897, dans sa quatre-vingt-unième année.
Il avait épousé M"^ de Pleurre, morte il y a quelques années.
F,es obsèques ont eu lieu à Pleurs le !<"■ décembre. Les cordons
du poêle étaient tenus par MM. Joly, conseiller général ; comte du
Four, commandant de Mareuil et Henri Barbier. Au cimetière,
M. Barbier, adjoint faisant les fonctions de maire, a pris la parole
au nom de ses collègues et rappelé la carrière généreuse et toute
de bienfaisance du regretté défunt ;
— De M. Auguste Masson, ancien négociant, ancien maire de
Saint-Memmie (Marne).
Les obsèques ont eu lieu le l^' décembre ;
— De M. Ch. Lhuillier, ancien administrateur de la Société
générale, beau-père de M. de la Chauvinière, beau-frère du mar-
quis de Monlmort et oncle du vicomte de Guerne, décédé à
Vanault-les-Dames (Marne) ;
— De M"»'= Adèle Rogissart, en religion sœur Sainte-Théodosie^
NÉCROLOGIE II!)
originaire de Gespunsart (Ardenncs), et supérieure de l'Orplielinal
de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Chrétienne, à Epernay,
décédée en cette ville, le 4 décembre, à l'âge de soixanle-el-un
ans. Elle résidait depuis trente-huit ans dans la communauté
d'Épernay, où sa perte sera vivement ressentie ;
— De iM"« Cuvillier. directrice de l'école communale dos l'illes
de Fismes (Marne), décédée à Magenta^ prés Éperiiav, le 9 décem-
bre 1897;
— De M. VViet, ancien conseiller municipal, ancien membre du
Conseil d'arrondissement et du Conseil général de la Mai'nc,
décédé à Reims le 16 décembre, A l'âge de 70 ans ;
— De M"'' Thierry-Delanoue, lille du député de Bar-sur-A.iibe.
Les obsèques ont été célébrées à Paris, en l'église Saint-Phi-
lippe-dn-Roule ;
— De M"'" Louise-Éléonore-Florine Breul, veuve de M. Nicolas-
Armand Bourgeois, et mère de notre collaborateur .M. Armand
Bourgeois, décédée à Saint-Martin-d'Ablois (Marne), le 20 décem-
bre, dans sa soixante-dix-neuvième année;
— De M"'« Biliek. décédée à Cuperly (Marne), dans sa cent-sep-
tième année.
Les obsèques ont eu iieu le 19 décembre ;
— De M. Vasseur, notaire à Buzancy (Ardennes), décédé le 21
décembre, à l'âge de 40 ans ;
— De M. Lorin, chevalier de la Légion d'honneur, ancien direc-
teur des postes et télégraphes du département de la Marne,
ancien conseiller municipal de Châlons, décédé à Paris, à l'âge de
66 ans ;
— De la comtesse Edmond d'Imécourt, née des Moustiers-
Mérinville, décédée au château de Louppy (Meuse), à l'âge de 77
ans ;
— De M. Vérette, ancien principal du collège de Château-
Thierry, membre de la Société archéologique de cette ville, offi-
cier de l'instruction publique, décédé à Château-Thierry, à l'âge
de 87 ans ;
— De M. Jules Clinchon, prêtre de la Mission, décédé le
31 décembre 1897, â l'âge de 81 ans. dont 37 de vocation reli-
gieuse.
Il était né au Baizil (Marne). Après quelques années de profes-
sorat au Grand-Séminaire de Carcassonne, il fut appelé à la Mai-
son-Mère de la rue de Sèvres, comme maitre des novices. Il fut
l'ami intime et le bras droit du P. Etienne. A son avènement au
généralat, M. Fiat le nomma à, sa place assistant, c'est-à-dire
supérieur de la Maison-Mère;
— De M"" de Felcourt, mère du directeur de VEcko de la
Marne^ décédée à Vitry-le-François ;
8
114 NÉCROLOGIE
— De sœur Rosalie, née Carnazaid, fille de la charité, décédée
à' l'Hôtel- Dieu de Chàlons, à l'âge de 75 ans ;
— De M. Martin, ingénieur principal du chemin de fer de \m~
cennes, officier de la Légion d'honneur.
M. Martin, ancien élève de l'Ecole des Arts et métiers de Chàlons,
avait su se créer une situation brillante. On se rappelle que la
croix d'officier lui avait été remise par le Ministre des Travaux
publics dans un banquet de l'Association des anciens élèves des
Arts et métiers.
11 était gendre du regretté M. Changy, notaire à Chàlons ;
— Du baron Morand, dernier lils du général comte Morand,
pair de France, un des trois grands divisionnaires du premier
Empire. Il était le frère du vicomte Morand, général, aide de camp
de l'empereur, tué à Sedan.
11 laisse deux fils officiers et trois filles, dont l'une a épousé
M. Pierre Barraciiin, pelit-fîis du maréchal Magnan, conseiller
général du canton de Signy-le-Pctit (Ardennes).
Les obsèques ont eu lieu le 13 janvier, en l'église Sainte-Clo-
tilde, à Paris ;
— De M. Herding, pasteur de Téglise réformée de Reims,
décédé en cette ville le 23 janvier, à l'âge de 45 ans.
M. Goulden, président du Consistoire de Sedan, et MM. les pas-
teurs Nyezard, de Nancy, et Loux, de Sedan, ont pris la parole au
temple. L'éloge du défunt a en outre été prononcé, au cimetière,
par M. Krug, au nom du Conseil presbytéral, et par un pasteur,
ancien condisciple de M. Herding.
BIBLIOGRAPHIE
La Flore des grandes cathfdrales de France, par Emile Lambin, profes-
seur d'histoire et d'archéologie ualionale Paris, 1897. Gr. in-8" de
68 pages, avec 12 dessins dans le texte.
Auteur de la Flore yotiiU/ue., M. Emile Lambin nous oliie, dans
celle nouvelle élude, ses recherches spéciales sur sept cathédrales
géantes, savoir : Paris, Reims, Amiens, Rouen, Beauvais, Chartres
et Bourges.
L'étude sur la tlure de l'église métropolitaine de Reims occupe
les pages 24 à 30, avec le dessin d'un chapiteau (chêne et lierre).
L'auteur discute et rectifie les identifications de plantes précé-
demment données par MM. Saubinet, Lèvent et le chanoine Cerf.
Il donne une liste des décorations florales aux piliers de la nef, du
transept, du clueur et du pourtour du chonir (soit tO piliers en
tout).
Etude minutieuse et fouillée, fruit d'un travail de contrôle sur
place, cette contribution à la description de la cathédrale de Heims
gardera une place dans sa bibliographie. Nous y relevons celle
conclusion toute locale : « La vigne règne en souveraine dans le
chœur de Notre-Dame de Reims. »
H. J.
Sommaire de la Revue d'Ardeimc el d'Argonne ("décembre
1897) :
D' J. Jailliot, Recherches sur l'abbaye de Chéhéry : Pièces justificatives.
Bibliographie : Épigraphie campanaire ardennaise : Les cloches du can-
ton de Rethel, par H. Jadart, P. Laurent et Al. Baudon (P. Colunet).
(Janvier-février 1<S98) :
Marc Husson, Vie de Nicolas Philbert, curé de Sedan, évûque constilu-
tionnel du département des Ardenncs (1724-1797).
Ch. Mathieu, Épigraphie campanaire ardennaise : Les anciennes cloches
, de Rumigny.
Variétés. — I. Henri Bourguignat, Découverte a Cbeveuges d"un
haut-relief du xv» siècle.
II. H. Bourguignat et P. Collinet, Supplément a la liste des personna-
ges enterrés dans l'église Saint-Charles de Sedan.
III. Une édition unique d'un ouvrage de Gerson.
IV. Manuscrits et livres intéressant les Ardennes et récemment veudus à
Épernay.
116 BIBLIOGRAPHIE
BiBLiOGKAPHiE . — Usages locaux et règlements ayant force de loi dans
le département des Ardeiiues. .,, rédigés par E. Bourgueil (P. Collinet),
Le val de l'Amblèvc, histoires et scènes ardennaises, par Marcellin La
Garde (A. Donnât).
Gravure hors texte : Nicolas l'hilberl, curé de Sedan et évêque cooslitu-
tionuel des Ardcunes.
Sommaire de la Reoue historique nrdeniiaise ; b" année;
livraison de janvier-février 1898 :
I. Nionl-Olran, Montiort, Aima et Vinty : recherches sur quelques lieux de
la vallée de la Meuse aux envjrous de Stenay et de Mouzon, occupés à
l'époque gallo-romaine (avec une carte et une planche double), par
KoGER Graffin.
II. Mélanges. — Le général La Bruyère, de Donchery, d'après des docu-
ments inédits, par Arthur Chuquet.
L'origine ardennaise de la famille de l'éditeur Hachetie, par Paul F'ellot.
Un jeu de cavagniole, provenant de l'ancien château d'Asfeld, par Henri
Jadart.
La vérité historique sur le squelette de la grotte de Nichet, par Paul Lau-
rent.
III. Bibliographie. — Arthur Chuquet, La jeunesse de Napoléon :
Brienne {H. Jadabt).
IV. Chronique. — L'inscription commémoralive de la porte du Grand-
Pont, à Relhel (1778), par Al. Baudon.
Sommaire de la Reçue liislofigue^ janvier-février 1898 :
BoiSLiBLE (A. de). Les aventures du marquis de Langalerie, 1661-1717,
premier article, p. 1 à i'2. — M. Marion : Les débuts de l'alTaire de Bre-
tagne, I7t)3-1764, p. 43 à 89. — A. -F. Lièvre : Le lieu de la rencontre
des Francs «tdes Wisigoths sur les bords du Clain en 507, p. 90 à 10-4.
— Nous signalons dans les comptes-rendus critiques, p. 182 à 191, un
article très important de M. l'abbé Duchesne sur le tome I"' de l'Histoire
do liretagne publiée par M. de la Borderie. Le savant académicien expose
avec autorité le parti que l'on peut tirer, pour l'nistoire, des légendes des
saints, et met en garde contre les écueils sur lesquels ou pourrait som-
brer, faute de prudence.
CHRONIQUE
Société académique de l'Aube. — Séance du 19 novembre
IS97. — Présidence de M. Dufour-Bouquot, président.
Ouvrages offerts.
Par iM. Labourasse, membre correspondant : Le luxe au pres-
bytère avant 1789. Carnet de dépenses de l'abbé Barrois, curé de
Vouthon-Haul. Ces dépenses s'élèvent à une moyenne annuelle de
773 francs.
Par M. Daguin, membre correspondant : Les Pnissie7is à
Nogeni-en-Bassignij, en IS70, d'après les journaux étrangers de
l'époque. Récit des bombardements, pillages et incendies intligés
à la petite ville de Nogent-en-Bassigny, les C, 7, 12 décembre
1370; — Armoriai des viUes, communautés et corporations du
département de la Haute-Marne.
Par M. Louis Morin : Notes et documents sur les Jardiniers
troyens, suite ù l'étude publiée sur les Confréries de Jardiniers
de Troyes et de la banlieue.
Par iM. Henri Corot : Le tumulus de Millot ; la Molosse et les
Vendues.
Par M. l'abbé Etienne Georges, au nom de l'auteur, M.Alphonse
Gosset, architecte à Reims, un atlas orné de très belles planches :
Evolution historique de la construction des églises chrétiennes.
Cet ouvrage fait l'historique de l'évolution des deux types commu-
nément adoptés pour les églises, basilique et coupole. L'auteur
termine par l'exposé d'un projet d'église à coupole, qui réalise la
prédominance de la coupole à l'intérieur et à l'extérieur, et le
groupement des fidèles autour de l'autel, à la portée de la parole
du prêtre officiant.
Travaux des Sociétés savantes.
Travaux de l'Académie nationale de Reims : Pièce de vers de la
baronne de Baye : Vieil éventail, qui a obtenu une médaille d'ar-
gent grand module. M. le président en donne lecture à la Société.
— Récit, par M. le baron de Baye, de la réception enthousiaste
qu'il a reçue à Orenbourg (Russie). — Les vieilles enseignes de
Heims, dessinées et expliquées par M. Henri Jadart, secrétaire
général. — Les noms des rues de Reims en 1895-1896, avec le
résumé et la statistique des vocables, par le même.
Bulletin de la Société historique de Langres : Le tumulus de
Charmoilles. On y a trouvé des fragments de poterie, deux mor-
ceaux d'un polissoir en pierre dure brisé à dessein comme les
poteries, et sans doute déposé comme elles près du mort, à titre
1 1 8 CHRONIQUE
d'offrande votive ; enlin, une épée de bronze enlièremenl intacte
et sans la moindre ératlure.
Lectures et communications des membres.
M. Tenting rend compte d'une comédie de M. Louis Morin, inti-
tulée : Affaire d'honneur, et donne l'analyse de cette pièce.
M. le comte de Launay rend compte d'un travail important de
M. Dumont, lauréat de l'Ecole d'Agriculture du Grand-Juan, pro-
fesseur d'agriculture dans les Ardennes, sur V Agriculture de la
Champagne. L'auteur a étudié successivement le sol, les cultures,
les améliorations culturales, les vignes, les arbres à cidre, les
pineraies, le bétail et la situation économique. M. le rapporteur
constate qu'on trouve dans le livre de M. Dumont une étude très
sérieuse de la culture dans les régions qui composent la Champa-
gne ; quelques légères critiques de détail ne peuvent enlever à cet
ouvrage une réelle valeur.
M. l'abbé d'Antessanty analyse une brochure intitulée Vie et
culte de saint FInvit, par M. l'abbé Simon, doyen de Marcilly-le-
Hayer. Ce petit livre, sans prétentions scientifiques, est clair, bien
écrit et renferme des considérations morales très pratiques ; il
mérite de devenir populaire.
W. Charles Baltet donne de très intéressants détails sur les Chry-
santhèmes et leur culture. Le Chrysanthème, introduit de l'Ex-
trême-Orient en France par Pierre Blancart, armateur à Marseille,
est la tleur populaiie du Japon. Depuis, des voyageurs anglais
étudièrent les procédés de culture mis en pratique par les Japo-
nais. Les Français les ont imités, et aujourd'hui nous obtenons des
plantes se couvrant de fleurs aux dimensions extraordinaires, aux
coloris les plus variés.
Elections et présentations.
Sont élus membres associés : MM. l'abbé Jossier, curé de Cié-
rey ; Anatole Maury, notaire honoraire, maire de Lesmont ; Marc
de Bouvier, propriétaire à lÉtang-Mercier ; Léopold Bourguignat,
propriétaire-sylviculteur à Bar-sur-Aube.
Sont élus meml)res correspondants : MM. Alphonse-Auguste
Ruelle, négociant à Paris ; le vicomte François de Reviers de
.Mauny, chef d'escadron d'artillerie à Paris.
M. Raymond Ko'chlin, rédacteur au Journal des Débats^ à
Paris, est présenté comme membre correspondant.
Pendant le scrutin pour ces élections. M. de la Boullaye signale
l'indication, dans un catalogue de librairie, d'autographes de
Grosley et d'un incunable de Pierre Comestor, datant de 148."'.
Séance du 11 décembre 1897. — Le procès-verbal de la
séance du 19 novembre est lu et adopté, avec cette addition qu'un
travail de M. Louis Morel : Les délégués de la municipalité de
CHRONIQUE 119
Troyes au sacre de Louis ATi, od'ert par lui, a été renvoyé à la
Commission de VAnnuaire.
Correspondance.
MM. Jossier, Maury, de Bouvier_, Bourguigiiat, Ruelle et le
vicomte de Reviers de Mauiiy, élus à la dernière séance, sont pro-
clamés, les quatre premiers membres associés, et les deux autres
membres correspondants.
M. le baron de Baye exprime ses regrets de n'avoir pu se rendre
à l'invitation qui lui avait été adressée de venir prendre la parole
à la dernière séance publique. Il rentre de Russie, après avoir
parcouru, depuis le mois de juillet, 18,000 kilomètres, tant en
Sibérie qu'au Caucase ; il sera charmé, quand il sera reposé de ses
fatigues, de communiquer à ses collègues de l'Aube les résultats
obtenus et les impressions recueillies au cours de sa mission.
Ouvrages o/lerts.
Par M. le vicomte de Reviers de Mauny, membre correspon-
dant : Un travail inséré dans le Carnet de la S'ibretache (^numéro
de mars 1897) : Napoleone de Buonaparle, officier d'artillerie
(n8o-n9S). Ce sont des notes intéressantes sur les premières
années de la vie de Napoléon. L'auteur rappelle qu'il fut admis à
l'école royale militaire de Brienne-le-Chùleau, le 28 mars 1779, et
qu'il y est resté quatre ans et demi. Il conclut en disant que si
Napoléon est né avec toutes les qualités « sublimes » du comman-
dement, celles que l'on peut perfectionner, mais non acquérir,
cependant son passage dans l'artillerie a grandement contribué à
développer chez lui l'esprit de prévoyance.
Par M. Louis Morin : Essai sur les dominolicrs Lroijens.
Travaux des Sociétés savantes.
Revue de Champagne et de Brie : Les actes religieux du Petil-
Mesnil, par M. l'abbé Chauvet ; — Les seigneurs de Ville-sur-
Arce, par M. l'abbé Pétel ; — Réperloire historique de la Haule-
Marne^ par M. Alphonse Roserot.
Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts
de la Marne : Chdlons souterrain, par M. Moignon. L'auteur
recherche quelle pouvait être la destination de ces cryptes si nom-
breuses à Ghâlons; réfutant les diverses hypothèses émises à leur
sujet, il pense quelles servaient de magasins pour mettre en
sûreté, dans l'intervalle des foires, les marchandises données en
gage ou invendues. Elles auraient été les docks de ce temps-là.
Mémoires de la Société d'émulation du Jura : Les chevaliers du
noble et hardy jeu de l'arquebuse de la ville de Dôle^ par
M. Julien Feuvrier. C'est un exposé complet de l'organisation et
du fonctionnement des anciennes compagnies de l'arquebuse, et,
à ce titre, il a pour nous un intérêt particulier, une Société de ce
genre ayant eu à Troyes une existence des plus brillantes, dont
120 CHRONIQUE
témoignent les niagnitiqiies vitraux que Linard-Gonthier avait faits
pour l'hôtel de l'Arquebuse, et qui ornent acluellenient la grande
salle de la Bibliothèque municipale.
Séance du 21 janvier IS9S. — Parmi les ouvrages offerts,
signalons un album de 35 planches dessinées par M. Pial comme
modèles d'art décoratif, pour donner une nouvelle impulsion à
l'art français en vue de l'Exposition de 1900.
M. Plat, présent à la séance, ajoute (ju'il donnera les originaux
eux-mêmes au Musée.
M. le président rappelle avec quel dévouement M. Piat s'est
toujours occupé des questions artistiques, il le félicite et le remer-
cie de ce don généreux qui va reliausser l'éclat du Musée fondé
par lui, Musée appelé à faire naître et à développer le goût des
œuvres d'art en même temps qu'à susciter des vocations artis-
tiques.
Le président fait connaître que, dans le dernier numéro du
Monileur scolaire de l'Aube, l'inspecteur d'Académie, répondant
au désir exprimé par le conservateur du Musée d'archéologie,
vient d'inviter les instituteurs de son ressort à prêter leur concours
à la Société académique, en lui signalant les découvertes etTec-
tuées et en provoquant les dons au Musée.
M. Le Clert énumère les dons otferts au Musée pendant le tri-
mestre et, sur sa demande, des remerciements sont adressés aux
donateurs.
II dépose le manuscrit d'un important travail sur Romilly,
accompagné d'une vue du château de Romilly en 1729 Les
extraits, dont il donne lecture, mettent la Société à même d'ap-
précier l'intérêt de cette étude.
Il est procédé à l'élection du Comité de publication pour l'an-
née 1898. MM. Pron, Forest, Dupont et iNioré, membres sortants,
sont réélus.
M. Verpy, présenté à la séance mensuelle de décembre, est élu
membre correspondant.
Société uisTORiguK et ahcukologiuuho de Cuateau-Thierrv. —
Séance du A janvier 1898.
De nombreuses lettres de condoléances ont été adressées à la
suite du décès de M. Vérette ; le secrétaire donne lecture de quel-
ques-unes, émanant soit de collègues qui n'ont pu assister aux
obsèques, soit de présidents de Sociétés correspondantes :
MM. Chanoine Pignon, de Saint-Quentin ; Légiiillette, de Paris;
Ferton, capitaine d'artilleiie à Bonifacio ; Clinel, président de la
Société académique de Laon ; comte de Dion, président de la
Société de Rambouillet, etc.
Le secrétaire annonce la mort de M. Henaud, membre fonda-
CHRONIQUE 121
leur de la Société ; il rappelle les signalés services qu'a renclus ce
regretté collègue comme imprimeur des Annales, comme vice-
secrétaire et trésorier. M. Renaud, dont la bonté et l'obligeance
étaient très grandes, laisse d'universels regrets ; décédé le 29
décembre, il a été inhumé le vendredi 31 décembre. M. Renaud
était âgé de 67 ans.
L'auteur de VHistoire de Chdteau-Tliierry et d'un grand nom-
bre de monographies relatives au diocèse et au département de
l'Aisne, M. l'abbé Poquet, historiographe du diocèse de Soissons,
membre honoraire de la Société à laquelle il appartenait depuis
1868, est décédé à Berry-au-Bac (Aisne) le 29 décembre. Il était
doyen de Berry depuis 1857 et entrait dans sa quatre-vingt-dixième
année. Les obsèques ont eu lieu dans sa paroisse le lundi 3 janvier.
A ces noms, il nous faut ajouter celui de M. l'abbé Guilliot,
ancien curé d'Essômes, ancien doyen d'Oulchy-le-Château, doyen
de Flavy-le-Martel depuis 1887. M. l'abbé Guilliot, qui vient d'être
enlevé subitement, pour ainsi dire, par une congestion, était
membre correspondant depuis l'année 1868.
Lecture est donnée du rapport sur les travaux de la Société en
1897.
A cause de l'extension donnée aux analyses des procès-verbaux
mensuels, le compte-rendu de fin d'année ne peut être que fort
concis. On ne peut passer sous silence, néanmoins, les diverses
notices dues à la plume de M. Fr. Henriet : le château de Mont-
mort ; le peintre Henri Pille ; le graveur Adolphe Varin ; la collec-
tion d'un amateur, pas plus que le charmant rapport, présenté
par M. Maurice Henriet, sur les fêtes du centenaire de la Société
d'Emulation d'Abbeville. Quelques autres mémoires ne sont point
indignes de l'attention des amis de notre histoire locale : le tom-
beau de la Peyronie, le chirurgien philanthrope qui a possédé le
château de Marigny ; la vie d'Anne de Caumont, duchesse de
Saint-Pol, duchesse de Château-Thierry ; une nouvelle thèse sur
notre La Fontaine, puis des documents ayant un grand intérêt
sur les anciens usages de Fère-en-Tardenois. . . C'en est assez, ce
semble, pour démontrer que cette année-ci, funeste par les deuils
qu'elle a causés, n'est point inférieure aux précédentes en ce qui
concerne les mémoires destinés aux Annales de 1897.
Nous devons à l'obligeance de M. Berthelé la communication sui-
vante qu'il tient lui-même de M. Riomet, intiluteur à Villeneuve-
sur-Fère :
Inscriplions de cloches.
\° « Cloche de la ferme de Wallée : M. Pierre Chambellain,
damoiselle Jehanne de Darius, fille de M. le baron de Givray, 1607.
'i" i< Bénédiction de cloches à Villeneuve-sur-Fère : le diman-
che sixième jour de novembre de cette année 1718, ont été bénites
par moy curé soussigné les trois cloches de cette église ; la pre-
nnière a été nommée Anne-Jeanne-.Marie-Nicole par messire Jean-
122 CHRONIQUE
Baptiste Pinterel, chevalier, seigneur de Villeneuve et autres
lieux, conseiller dn roy, prévaut des trésoriers généraux de France
en la généralité de Soissons, parrain, et dame Marie-Nicolle Petit
son épouse, marraine, représentée par damoiselle Anne^Nicolle de
Morienne.
'« La seconde a été nommée Elisabeth-Catherine par messire
Mathieu Payen, chevalier, seigneur de Montmort, conseiller du
roy en tous ses conseils, maître d'hùtel ordinaire de Sa Majesté,
son parcin, représenté par messire Memmie de Bar de Bussy,
écuyer, seigneur de Bussy et autres lieux, et dame Marie-Cathe-
rine Pinterel de Montoury sa mareine, représentée par damoiselle
Elisabeth de Morienne.
" La troisième a été nommée Memmie-Georgette par messire
Memmie de Bar de Bussy, écuyer, seigneur de Bussy et autres
lieux, son parcin, et damoiselle Marie-Catherine de Maupas, sa
mareine, représentée par damoiselle Elisabeth de Morienne, et le
■pavein et mareine représentant ont signez cy :
Siguf' : Aune-Nicolle de Moriene.
Elisabeth de Morienne.
Pinterel de Villeneuve.
De Bar de Bussy.
Dupuis, curé. )>
L'état civil de Villeneuve remonte à 1372, les cloches actuelles
dé l'église portent les dates de 1804 — 1827 — 1877.
Les cloches de Bruyèros-sur-Fère portent les dates de 1816 —
1821 — 1825.
En 1825, le parrain était Thomas-Frédéric Moreau, la marraine
Eugénie Véron, demoiselle.
♦ »
Société; littéraire et historique de la Brie. — Séance du
9 décembre 1897. — M. le président dépose sur lé bureau
comme dons laits à la Société :
1" Par M. l'abbé Bobard, curé-doyen de Lagny :
Études sur les Églises de La Ferlé -sous- Joiiar re :
L'Invasion de 181i et 1815 à La Ferté ;
Notice sur le baron de Lagny ;
Inauguration et bénédiclion d'un bas-relief de Henri Chapu
dans l'église du Mèe (Seine-et-Marne), 12 septembre 1897 ;
Consécration de l'église du Mée, le 24 juillet 1893.
2* Par M. Paul Ravaisse, profèsseU^ à l'école des langues orien-
tales :
Îsmaïl-Pacha, khédive d'Egypte, iS30-189o [Extrait de la
Revue d'Egypte). Notes historiques.
è° Par M. Albert Melaye : Une Notice généalogique sur les sei-
gneurs di Nànlouillet.
CHRONIQUE 123
Par le môme : Un portrait de Lefèvre, né à Meaux en 1764.
4° Par M. Muller : La Bévue de Champagne et de Brie; Les
anciennes résidences de la noblesse française.
o" Par M. Lemarié : La Petite Gazette de Dammarlin.
0° Par M. Barigny : deux médailles.
M. le président donne connaissance d'une spirituelle lettre de
M. Paul Ravaisse, en réponse à une lettre de M. Andrieux lui fai-
sant part de son admission au nombre des membres correspon-
dants de la Société littéraire et historique de la Brie.
M. Muller explique qu'il a été cédé tout récemment à Paris, à
M. le baron Schickler, par un libraire doublé d'un bibliophile,
M. A. Claudin, un exemplaire des Commentarii initiatorii in qua-
tuor evangelia, etc., in-folio de près de 400 pages, extrêmement
rare. Au bas de la page du dernier feuillet, on trouve la suscrip-
tion suivante :
Meldis, impensis Simonis Colinxi anno salutis humanx
MDXXIl, mense junio.
M. Le Blondel observe que malgré tout l'honneur qu'en retire-
rait la ville de Meaux^ il n'a été encore trouvé aucun document
confirmant cette attribution qui a intrigué bien des bibliographes.
Il ne croit pas au fonctionnement, même passager, d'une impri-
merie à Meaux au xvi« siècle, et il fait remarquer que la beauté de
l'exécution du volume indique de la manière la plus probante qu'il
a été imprimé à Paris.
On sait que Lefèvre d'Etaples s'était retiré à Meaux auprès de
Guillaume Briçonnet, son ami ; c'est en effet en cette ville qu'il
composa ses commentaires sur les Evangiles. Déjà, en 1520, Simon
de Colines avait imprimé pour G. Briçonnet, grâce à la protection
de Lefèvre d'Etaples, un volume de Sermons. Simon de Colines
fut chargé naturellement de l'impression des Commentaires, et
on peut dire qu'il s'en tira à son honneur. De l'aveu des plus fins
amateurs, ce volume est peut-être le plus beau de ceux sortis des
presses du célèbre imprimeur.
Dans tous les cas, c'est le seul volume que l'on connaisse de
cette époque portant le nom de la ville de Meaux. On cite aussi
un autre petit volume imprimé au xvii« siècle, qui porte la sus-
cription de Meaux. Cette indication est également fausse.
Elle s'explique par la faveur accordée par l'éditeur de remplacer
son nom sur la couverture et même sur le titre des ouvrage? qu'il
publie, par celui d'un confrère, à charge par ce dernier de sous-
crire à un certain nombre d'exemplaires.
11 résulte des recherches faites par plusieurs bibliographes, que
ce n'est qu'au commencement du xviii<' siècle, sous l'épiscopat du
cardinal de Bissy, successeur immédiat de Bossuet, qu'une
modeste imprimerie fut créée à Meaux par Frédéric Allard.
U n'en est pas moins regrettable que la bibliothèque de Meaux
124 CHRONIQUE
n'ait pu acquérir ce curieux volume qui ferait bonne ligure à cùlé
des raretés bibliographiques qu'elle possède.
M. Le Biondel donne ensuite quelques indications relatives au
meldois Lefèvre, représenté dans une lithographie offerte par
M. Melaye.
Sous l'anagrame de Verfèle, Lefèvre a publié plusieurs ouvrages
en prose et en vers ; nous citerons les suivants : Voyage â Saint-
Fiacï'e, Voyage à Ermenonville (prose et vers), et la Siiprèmaiie
du fromage de Brie (en vers).
Denis Lefèvre fut secrétaire général de la trésorerie publique,
de 1792 à 1823. C'était une fonction importante. Il est décédé à
Paris en 1837. Une nouvelle édition de La suprématie du fromage
de Brie, précédée de la biographie de cet illustre oublié, natif de
Meaux, est en préparation.
La parole est ensuite donnée à M. Gassies, qui dirigeait, en
qualité de vice-président, la promenade à Dammartin etNantouil-
let, en l'absence de MiM. Droz et Millier. 11 retrace les principales
étapes de cette intéressante journée, et fait circuler des épreuves
photographiques prises à Dammartin et Nantouillet au cours de
l'excursion. Il rappelle le bienveillant accueil dont les membres de
la Société ont été l'objet de la part de MM. Lemarié et Mélaye, et
de Mme Tartier, grâce à l'obligeance de laquelle le château du car-
dinal Duprat a pu êti'e visité.
Séancé du 13 janvier 1898. — M. le président procède au
dépouillement de la correspondance.
M. Delacour, obligé de quitter Farrondissement, envoie sa
démission et adresse en même temps une note qui lui avait été
demandée sur la lecture qu'il a faite relativement à une représen-
tation dramatique au collège de Meaux en septembre 1657, sous
l'épiscopat de l'évêque Séguier.
Sont élus membres titulaires : MM. Courcier et Defoix, et mem-
bre correspondant : M"<^ Dufaux de la Jonchère, présentés à la
dernière séance.
M. le présidentdépose sur le bureau, comme dons faits àla Société :
Par M. Héron de Villefosse, les trois numéros de mars, juillet et
août 1897 de la Revue de Champagne el de Brie.
M. Barigny expose l'état des comptes linanciers de la Société
pour 1897.
Ils se décomposent comme suit :
Les recettes s'élèvent à 792 8o
Les dépenses à 633 44
(Dans ce dernier chiffre, les dépenses relatives à la
séance solennelle du mois de juin 1897, figurent pour
264 fr. 65 c.)
Excédent de recettes 159 41
CHRONIQUE 1 25
tl reste à recevoir, pour les années 1895, 1896 et 1897 320 »
Ajctutant le montant d'un livret de Caisse d'épargne
en capital et intérêts à fin de 1897, soit 1.198 36
On a un actif total de . . . 1 .677 77
M. Gassies donne lecture d'une étude adressée par M. Ravaisse,
membre correspondant, sur \'Art musical chez les Arabes. Après
avoir défini la musique d'après les Grecs, M. Ravaisse nous parle
d'abord des chair, nomades de l'Arabie, des chanteurs primitifs
du temps de ïlgnorniice, qui ont légué leurs traditions aux Ara-
bes musulmans. La musique et la poésie arabes ont le désert pour
berceau, et la première chanson née tout naturellement dans le
désert, c'est la mélopée monotone et grave, vraiment originale,
que scandait l'amble régulier du chameau. Al. Ravaisse étudie
ensuite les divers rythmes lyriques des Bédouins ; il note comme
un fait important l'apparition du Ulracorde ou mizdr. Il y eut
alors en Arabie une véritable levée de Ihéorbes, et l'on cite jus-
qu'à deux cents noms de poètes musiciens entre Mohabill et
Mahomel.
La lyrique nouvelle est contemporaine, ou à peu près, de la
grande réforme politique qui fit des Arabes une nation.
Mais tous ces trésors poétiques sont aujourd'hui perdus, et il
faudrait reconstituer ces archaïques chefs-d'œuvre d'après les
notations existantes, mais restées lettres mortes.
M. Ravaisse termine ce premier chapitre d'une étude pleine de
promesses par une anecdote, qui est le trait d'union entre la
période anté-islamique qu'il vient d'étudier, et la période inaugu-
rée par l'ère de l'Hégire au vu" siècle. D'après le poète mekkois
Haçan, fils de Thabit, qui fut secrétaire de Mahomet, il y eut en
Arabie de véritables cours poétiques, où des Arabes, chrétiens il
est vrai, récompensaient généreusement les poètes.
Liste des dons faits au Musée de Troyes pendant le quatrième
TRIMESTRE DE l' ANNÉE 1897 :
Archéologie.
jyjme Vaudé, née Martin, à Brienne-le-Château : — Une pointe
de lance, en bronze, trouvée à Brienne-la- Vieille. Époque gauloise.
De Villemereuil, membre associé, au château de Villemereuil :
— Quatre fragments de tuiles provenant des graviers de la com-
mune d'Isle-Aumont, situés sur la déclivité qui s'étend vers la
Mogne, entre Roche et Virloup, au lieudit Ponl-Lavau et La
Charmolte. En cet endroit, la grève est recouverte de 60 à 80cea-
timètres de terre végétale. Deux de ces tuileaux ont été trouvés à
la base de la couche d'humus, tout près de la grève pure ; les deux
autres étaient seulement à io ou 20 centimètres du sol. L'argile
126 CHRONIQUE
qui a servi à les pétrir iresl pas la monie pour trois d'entre eux.
— Si le terrain dont ils proviennent peut être considéré conime
un dernier dépôt du diluviuiu, et non comme une alluvion de la
Mogne. ces morceaux de terre cuite présenteraient un grand inté-
rêt archéologique, car ils auraient été fabriqués avant ou pendant
la formation de ce dépôt.
La Compagnie des chemins de fer de l'Est et M. Ivaufniant,
ingénieur principal : — Trois crânes humains dont l'un, de
grande dimension, semble être celui d'un homme; — Une ampoule ;
un goulot de flacon orné d'une collerette sur laquelle reposent
deux anses adhérentes au goulot et placées en regard l'une de
l'autre ; plusieurs fragments d'un petit gobelet, le tout en verre ;
— Deux vases en terre noircie, dont l'un est incomplet, et plu-
sieurs fragments de v.ises semblables ; — Un petit gobelet en terre
rouge ; deux écuelles en terre de même couleur, endommagées,
et deux vases en terre séchée au soleil ; — Une pointe de javeline
en fer ; — Un très curieux bracelet, sorte de disque large et mince
en grès vert ou jadéite, renfermant encore les os de l'avant -bras ;
— Une petite bague en bronze, tige plate taillée à facettes à l'ex-
térieur. — Tous ces objets ont été découverts à Romilly-sur-Seine
en 1888, lors de l'agrandissement de la gare, dans des sépultures
antiques placées à 60 mètres environ à droite de la culée ouest du
pont sur lequel passe le chemin conduisant au cimetière et à la
ferme neuve du château (kilom. 128- loO de la ligne de Paris à
Belfort). Il existe en cet endroit un cimetière, encore inexploré,
datant des premiers temps de Toccupation franque. — Une dent
d'ours provenant de la balastière de Beaulieu, près de Nogent-
sur-Seine ; — Une épingle en bronze trouvée non loin de Malay
(Yonne), à 2™80 de profondeur, dans les fouilles de l'aqueduc des
eaux de la ville de Paris (ligne de Sens-Châlons, kilom. 1 00-650).
Numismatique et sigillographie.
Marcel Collet, propriétaire à Villechétif : — Six monnaies
anciennes, parmi lesquelles ligureut : un petit billon de Fran-
çois I*"" ; un gros ou double sol d'Henri III; un double sol de
Louis XV ; une pièce suisse, une monnaie lorraine, etc..
Kaufmant, ingénieur principal de la Compagnie de l'Est, à
Troyes : — Un mereau ou jeton en laiton portant sur sa face un
écu semé de France et sur son revers une rosace fleurdelisée. La
légende + AVE.MARIA.GRACIA.PLEN. figure sur les deux côtés.
nv* siècle. Trouvée à Troyes.
M"** Hérault, à Tonnerre : — Une médaille en argent décernée,
en 1873, par la Société générale de Secours mutuels de Troyes à
M. Louis-Pierre Mortinet, ancien trésorier.
Abit, contrôleur des télégraphes en retraite, à Troyes : — Deux
très belles reproductions de médailles, l'une de iNapoléon 111,
empereur, par Caqué ; l'autre de la République Française, par
Gayrard. Ces galvanoplasties sont destinées à compléter la série
CMR©OTQtJB i^l
de médailles de souverains françai.s, dite collection Caqué, donnée
au Musée par M"" Mitanlier.
Georges Kaperski, à Troyes : - La reproduction galvanique
argentée d'une n)édaille représentant Robespierre (17o9-t794).
Buste en profil à droite.
M. et M""* Salvy, boulevard du Quatorze-Juillet, à Troyes, au
nom de leur fille défunte, M"^ Louise Salvy : — Quatre assignats
(de 10 sous, 20 sous, iiO sous et ."i livres) émis par la première
République Franraise ; — Six monnaies romaines, françaises et
étrangères, plus un bouton d'habit datant de la première Répu-
blique.
Malatras, adjoint au maire de Ruvigny : — Un cachet breloque,
en cuivre jaune, trouvé dans un champ près de Ruvigny. Il porte,
gravées en creux, trois liges fleuries et juxtaposées sur une ter-
rasse. Légende : DIE GEMEINE ZVR TREHNAH. — Appendice en
fer de lance, xviii" siècle.
Daguin, juge de paix à Lille, membre correspondant : — Une
empreinte sur cire rouge du sceau de la trésorerie du Chapitre de
Langres ; '— Trois cartons portant 86 empreintes de sceaux, parmi
lesquelles figurent celles de trois cachets différents aux armes de
Msr Ravinet, évêque de Troyes.
Bienfaiteurs de la Bibliothèque de Reims pendant l'année
1897. — Comme les années précédentes, la Bibliothèque de Reims
a reçu de nombreux bienfaiteurs des séries d'ouvrages en tous
genres, qui sont pour beaucoup d'entre eux leurs propres publica-
tions ou les produits de leurs presses. Ne pouvant donner ici les
titres de tant de volumes et de biochures diverses, nous tenons à
produire du moins les noms des auteurs et des donateurs, comme
un légitime témoignage de gratitude de la part de la Ville.
Voici donc la liste, dans l'ordre chronologique, des Villes, des
Sociétés publiques ou particulières et des personnes généreuses, la
plupart nos compatriotes :
I. — Donateurs de livres.
L'État (Ministère de l'Instruction publique et du Commerce), 109
ouvrages ou sujets d'ouvrages, revues, etc.
L'Institut de France.
Le Gouvernement belge et l'Acadéiuie royale de Belgique.
Les Villes de Paris, de Marseille et de Reims.
Le Conseil général de la Marne.
La Société de Charité maternelle.
L'Union des Femmes de France.
L'Académie de Reims.
Le Comice agricole de Reims.
La Ligue de l'Enseignement.
128 CHRONIQUE
Les Établissements économiques rémois.
Le Syndicat du commerce des vins de Champagne.
La Fourmi.
L'Espérance.
La Société détude des sciences naturelles.
La Société de médecine.
La Société d'horticulture et de viticulture.
Le Photo-Club.
Les Associations amicales du Lycée, du Pensionnat des Frères et
des autres établissements d'enseiguement.
Les Directeurs des journauï et revues diverses de Reims.
MM. Anatole de Barthélémy, de Flnstitut (plusieurs envois
importants).
le baron J. de Baye.
Caillot, avocat.
l'abbé Misset, directeur de l'École Lhomond.
Thierry, imprimeur.
D'' Pol Gosset, à Reims.
A. Baudon, à Reims.
H. Jadart, bibliothécaire.
H. Menu, employé.
V. Charlier, employé.
H. Loriquet, archiviste.
Hugueny, professeur à l'Ecole des Arts industriels.
Charles Arnould, négociant en vins de Champagne.
Bugg, imprimeur.
Keidel.
A. Jacquier^ à Reims.
Houdart.
Blondel, agrégé de l'Université.
E. Dubois, négociant.
Louis Morin et Baltet, à Troyes.
Bellevoye, graveur à Reims.
Henri Paris, avocat.
Alph. Gosset, architecte.
Lucien Monce, imprimeur.
Lassalle, conseiller municipal.
D'' Langlet, professeur à l'Ecole de Médecine.
B. Prost, inspecteur des bibliothèques.
Bazin de Bezons, proviseur du Lycée.
Lavalley, bibliothécaire de Caen.
Ostermann, professeur,
D' E. Doyen, à Reims.
l'abbé Chevallier, curé de Montbré.
l'abbé Etienne Georges, de Troyes.
Janssen, de l'Institut.
l'abbé Ch. Cerf, chanoine.
Paul Pellot, de Rethel.
CHRONIQUE 129
MM. Demogiie, docteur en (iroit.
J. Boullaire, ancien procureur de la République.
Pol Marguet, secrétaire du Comice agricole.
Glinel, de Laoïi.
J. Laurent, professeur d'iiistoire naturelle.
N. Legrand, à Reims.
le comte de Marsy, à Compiègne (nombreux envois)
Eugène Courmeaux, bibliothécaire honoraire.
le vicomte Du Pin de la (juérivière.
Nouvion-Jacquet et Cordier, à Reims.
Emile Lefèvre.
le comte de Vallerand.
Pélicier, archiviste de la Marne.
D"" Bourgeois, à Reims.
Ch. Richard, adjoint au maire.
Dubuisson.
D"" Duguet. à Paris.
Ch. Givelet, archéologue.
H. Matot, imprimeur.
Deligny, à Reims.
Pellier, à Reims.
Duny. imprimeur.
le lieutenant Fourlinie.
l'abbé Laiiilrieux, vicaire général.
G. de Beauvallun.
l'abbé Bernard, curé de IJidilre (.\ube).
F. Langlet, directeui- de la voirie.
J -B. André.
M-^s Godio, à Guise (\isne).
H. — Donakurs de Manuscrits et d'Aulograplies.
MM. le D"- Guelliot.
H. .Menu.
Collinet, artiste peintre.
D' Pol Gosset.
le chanoine Cerf.
André Maurel, de Paris.
F. Michaud, libraire.
m. — Donateurs d'Estampes, Photographies,
ChromoidliOijraphics, etc.
MM. le baron de Baye.
V. Charlier.
A. Lhote, de Chàlons.
Gillen^ menuisier de la ville.
Vasnier, pour la maison Pommery.
le Bureau d'hygiène.
Abel .lamas.
9
130 CHRONIQUE
MM. Paul Martin.
Ville de Paris.
Malot-Braine.
l'abbé Chevallier.
J. Juslinart, imprimeur.
PiERRii i)E MoNTEUEAU. — Le Pctîl Jouviial publie, à la suite de
divers articles consacrés à la l»iographie du grand architecte de la
Sainte-Chapelle de Paris, l'intéressante lettre ci-jointe, due à la
plume autorisée de M., Paul Quesvers :
Wonlereau-fauU-Youne, 26 septembre.
« Monsieur le Rédacteur,
« Je vieus de lire les articles que le Pelil Journal a publiés
dans ses numéros des 23 et 24 septembre sur Pierre de Monlereau.
« Le débat est-il clos ou me permettez-vous d'ajouter quelques
lignes ?
« Puis-je, en attendant que les finances de la ville de Monte-
reau-fault-Yonne lui permettent d'élever une statue au plus illus-
tre de ses enfants, venir à mon tour revendiquer pour elle un
honneur qui ne lui est contesté que depuis cent ans à peine ?
« Et tout d'abord, il n'y a pas de confusion possible entre
Eudes de Monlreuil et Pierre de Montereau : le premier était un
architecte militaire qui accompagna saint Louis en Terre sainte, oîi
il éleva les fortifications de JalTa, et fut inhumé à Paris, en 1289,
dans l'église des Cordeliers, entre ses deux femmes ; le second
était un architecte civil et religieux qui n'eut qu'une femme nom-
mée Agnès, mourut en 1266 et fut inhumé dans l'église de l'ab-
baye de Saint-Germain-des-Prés.
« Sept villes de la Grèce se disputaient, dit-on, la gloire d'avoir
donné le jour à Homère ; notre architecte n'en est pas là, car jus-
qu'à présent, il n'est revendiqué que par un chef-lieu de canton,
une commune et un hameau aujourd'hui disparus. Mais de quel
pays est réellement l'architecte de la Sainte-Chapelle? De Mon-
Ireuil-sous-Bois, de iMontereau près de Montreuil, ou de Montereau
(Seine-et-Marne) ?
« De Montreuil-sous-Bois, avance le pays intéressé et, à l'appui
de sa thèse, il invoque le témoignage de l'abbé Lebeuf et de tous
ceux qui lont copié, y compris Euiile de La Bédollière, le dernier
venu, qui affirme avec un sérieux imperturbable que le nom de
Montereau (Seine-et-Marne), « est toujours suivi de Sancti Mar-
tini ». Où diable ce bon La Bédollière a-t-il vu cela?
e De Montereau, près de Monlreuil, insinue l'abbé Lebeuf.
« De Montereau (Seine-et-Marne', affirment Félibien, Lobineau,
Moréri, Emeric David, etc., et une tradition plusieurs fois sécu-
laire qui a bien, ce me semble, quelque valeur.
CHRONIQUE 131
€ Car il ne faut pas le perdre de vue, c'est l'ablié Lebeuf qui,
près de cinq siècles après la mort de Pierre de Monlereau, a le
premier émis des doutes sur le lieu de sa naissance. Certes, l'au-
torité du savant auxerrois est considérable, mais est-il infaillible?
L'abbé Lebeuf, comme beaucoup d'historiens qui s'occupent spé-
cialement d'une province ou d'une ville, avait une tendance à
englober le plus d'illustrations possible dans son Histoire du dio-
cèse de Paris ; mais, à l'appui de son affirmation, il n'apporte
aucun docunienl, aucune [treuve, aucun argument, si ce n'est
celui qu'il lire de l'épitaphe de la femme de Pierre, épilaplio ainsi
conçue :
t;i GiST ANNKS,
FEMME JADIS FEU MESlTtE l'IEIUlE DE MONTEREIU..
« L'argument est faible, car je pourrais fournir vingt textes du
Moyen-âge dans lesquels Monlereau-fault- Yonne est appelé Moiiic-
reul et même Monlreuil. Aussi Emeric David, dans le tome XIX
de VHisloire lUlèrnire de la France^ dit-il avec beaucoup de bon
sens que « tous les rapprochements de l'abbé Lebeuf, fussent-ils
* justes, n'offriraient pas une raison suftisanle pour faire rejeter la
c tradition suivie jusqu'aujourd'hui », c'est-à-dire cette tradition
six fois séculaire qui fait naître à Monlereau- fault-Yonne rillustre
architecle de la Sainte-Chapelle.
« Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, mes civilités les plus
empressées.
« Paul QURSVERS. »
Les inscriptions lapidaires et les graffiti de l'église df.
Lhuître. — Jamais les recherches et les travaux d'histoire locale
n'ont été poussés avec plus d'ardeur que de nos jours ; tous les
fonds d'archives publiques ou privées, toutes les sources auxquelles
on peut puiser un document, un renseignement, m\ fait ou une
tradition sont minutieusement fouillés^, compulsés, interrogés
pour leur arracher leur secret.
Mais il est cependant une source de renseignements, féconde en
résultats imprévus, qui est à la portée de tout le mondé, et parait
avoir échappé à la sagacité des chercheurs, ou, du moins, avoir
été peu consultée jusquici. Nous voulons parler des inscriptions
lapidaires spontanées, souvent anonymes, que l'on trouve écrites
au crayon ou gravées à la pointe du couteau sur les monuments
publics, et particulièrement sur les murs des églises.
Sans doute, la plupart de ces noms et de ces notes, laissés par
les visiteurs, en souvenir de leur passage, comme on signe sur un
album ou sur un registre de grande maison, n'offrent pas beaucoup
d'intérêt, et sont plutôt fastidieux et ridicules; mais on y découvre
aussi, parfois, des noms, des faits et des réflexions qui mérite'nt
d'être recueillis et conservés pour l'histoire locale. Nous pensons
même qu'il y aurait un travail d'ensemble très curieux à faire, en
1 32 CHRONIQUE
condensant les meilleures de ces inscriptions dans un recueil
départemental que les chroniqueurs auraient intérêt à consulter.
C'est pourquoi nous avons cru devoir appeler l'attention de la
Société académique de lAube sur cette question.
Voici, du reste, à titre de spécimen, quelques notes que nous
avons relevées sur les murs de l'église de Lhuilre, principalement
à l'intérieur de la tourelle de l'escalier du clocher :
1600. — Denis Collet, preslre-prieur de Luistre.
160'. — Edme Remy, recteur d'escolle.
1617. — Hilaire Remy, recteur descolle.
1645. — « Le jour de la Saint-Martin (11 novembre 1645), au
« malin, il y a eu quatre personnes qui ont esté
« noyez (sic), auprès du moulin de Ramerupt, en
« allant à la foire de Pougy. »
1691. — e Fait par Pierre Lefébure. bon garçon, demeurant à
t Lbuistre, proche de l'église, conlrollcur de ce
« lieu. »
1709. — « Le jour de l'Assomption 1709, il y a eu quatre baptes-
« mes et quatre enterrements à Lhuistre. »
1711. — Nicolas Collet, recteur d'école.
1728. — « Ce jourd'huy huit de may 1728, j'ay esté voir les
» vignes, et j'ay trouvé qu'elles alloient fort bien. On
f y voit des raisins deux à trois par branche, et
« encore qu'il en pousse sur les chouches (sic). Jean-
V Baplise Lciidot. »
1732. — « Le lundy des Rogations, M. Godet, de Saint-Hilaire-
e mont (prieur-curé) a décampé de Lhuistre. Bon
€ voyage ! »
1732. — Jean l'asquot, recteur d'école.
Arsène Thévenot.
La troisième Mission du baron de Baye. — Après un séjour de
cinq mois en Sibérie et au Caucase, M. le baron de Baye vient de
rentrer en France et a été reçu le 16 décembre^, à l'Elysée, par le
Président de la République. C'est plus spécialement au point de
vue archéologique et ethnographique que M. de Baye a rempli la
mission que lui avait confiée M Rambaud, minisire de llnstruc-
tion publique ; mais les observations qu'il a enregistrées au cours
de son exploration sont de nature à être particulièrement profita-
bles à l'exportation française.
Au cours d'une conférence qui sera incessamment organisée au
siège de la Société de géographie, M. de Baye présentera sur ce
dernier point des remarques convaincantes. Nous espérons que
notre distingué compatriote se fera entendre devant l'Académie
de Reims, comme déjà il l'a fait. Voici, en attendant^ le récit
succinct de M. de Baye à l'un de nos confrères parisiens :
CHRONIQUE 133
€ Mon troisième voyage en Sibérie, dit M. de Baye, n'aura été
ni moins instructif au point de vue de l'histoire des divers pays
que j'ai traversés, ni moins fécond en renseignements sur les dif-
férentes populations qui les habitent, que celui que j'avais déjà
entrepris en 1890.
a Pendant un court séjour dans le gouvernement de Penza, j'ai
pu recueillir une collection très remarquable de costumes et d'ob-
jets d'usage journalier. Mon hôte le prince Mirsky, gouverneur de
Penza, qui est un très fervent ami de la France, m'a initié aux
coutumes des Mordvines et des Méchériaks qui peuplent cette
région.
« Cette partie de la Russie est, du reste, en voie constante de
progrès, et j'ai eu la joie d'assister à linauguration d'une école
des arts industriels analogue à celle qu'avait créée Bogorouzoiï.
c Après avoir traversé l'Oural, où j'ai également complété mes
collections et étudié les exploitations aurifères des tourbières du
lac Tchighir, j'ai suivi la ligne du chemin de fer transsibérien jus-
qu'à Krasnoïarsk. Je dois tout d'abord faire part des nombreux
progrès accomplis sur cette ligne depuis mon dernier voyage. La
vitesse des trains s'est accrue ; des ponts ont été construits ; par-
tout où l'on a établi des stations, de petits villages se forment, car
il ne faut pas oublier qu'à 300 kilomètres et au delà de la voie du
Transsibérien, le pays est très habitable.
« Les paysans russes ne l'ignorent pas ; il y a une émigration
continue de tous les peuples de Russie vers cette région de la Sibé-
rie, et leur foi est si grande dans l'avenir de ce pays neuf, qu'ils
abandonnent chez eux leurs terres et leurs maisons pour se ren-
dre dans les contrées que le gouvernement leur désigne. Mais cet
établissement de colons ne va pas sans de lourdes dépenses, car
il faut fournir des guides aux émigrants, et le gouvernement se
voit dès lors contraint de modérer cette curieuse tendance que l'on
constate depuis quelque temps chez les paysans russes.
€ 11 est cependant certaines régions, le long du Transsibérien,
qui sont plutôt défavorables au voyageur : ainsi dans les steppes
Kirghizes, malgré tous les efforts faits au moyen de puits arté-
siens d'immense profondeur pour aller chercher des nappes d'eau
potable, on n'a encore découvert qu'une eau salée, très purgative
et absolument désagréable pour les Européens.
« L'aspect du pays change, du reste, complètement lorsque l'on
arrive à Krasnoïarsk ; aux régions tristes que l'on vient de traver-
ser succèdent des panoramas riants formés par une ramification
des monts Saïan. Krasnoïarsk est construite sur la rive de l Ienis-
seï ; le Transsibéiien y traversera le ileuve sur un pont commencé
en 1896 lors de mon précédent voyage ; il est maintenant en
bonne voie de construction, et, malgré les inconvénients que font
subir aux ingénieurs les fortes crues de l'été qui transforment le
fleuve en vrai torrent, il sera terminé en 1899,
134 CHRONIQUE
« On devine quels avantages la Russie trouvera dans son achè-
vement, le chemin de fer Transsibérien devant alors aller sans
discontinuité juscju'au Baïkal, presque à la frontière de Chine.
« Je crois que krasnoiarsk est destinée à prendre une impor-
tance considérable, peut-être au détriment de Tomsk, qui n'est
reliée au Transsibérien que par un tronçon de voie ferrée, tandis
que Krasnoïar?k sera directement desservie par la grande ligne et
est de plus sur les rives de l'Ienisseï, qui est très aisément naviga-
ble. J'in-isterai comme il convient sur une observation que j'ai pu
l'aire pendant mon séjour à Krasnoiarsk : c'est que, tandis que
nos exportateurs paraissent montrer la plus grande indifférence
pour importer dans ces contrées tous les produits dont manque la
Russie^ les Allemands et les Anglais font remonter par l'Iénisséï
des stocks considérables de marchandises.
« Je signalerai, dit-il, les curieuses tentatives qui se poursuivent
actuellement en vue de l'acclimatation du thé dans le (iaucase ;
j"ai visité, lors de mon retour, quelques-unes de ces plantations,
et si, comme tout le laisse espérer, les expériences réussissent, ce
sera une nouvelle source de richesses pour cette contrée déjà si
favorisée par ses merveilleux vignobles. »
Do.XS A LA BlItLlOTlIKOUE DE l'ArCHEVÊCUÉ DE ReIMS. — SoU
Em. le cardinal Langénieux vient de déposer à la Bibliothèque de
l'Archevêché de Reims les piè.^es suivantes :
1° Acte de vente (mai 1312).
Vente, par les chanoines de l'église de Reims, d'une maison sise
devant les fossés dans la ruelle qui mène du marché aux laines à
'église Saint-Hilaire, à Grégoire de Cath, bailli du chapitre de
Reims, et à Belle, son épouse, moyennant une rente annuelle de
iO sols parisis.
2° Acte de 1436, par lequel Jean de Witry, chanoine de Reims
et receveur des subsides du clergé, exempte de tous droits et rede-
vances imposés par le roi de France ou le connétable, les religieux
de l'ordre de i'Hùpilal de la ville de Reims.
3" Vidimus de 14!)1 (1492), d'une charte de l'empereur Conrad II,
par laquelle il accorde différents privilèges à Eudes, abbé de
Saint-Remi, lorsqu'il visitera, en Allemagne, les terres dépendan-
tes de son ordre.
4° Lettre du 23 janvier 1698, des RR. PP. Jacques Picard,
Pierre Pommereau, Louis Legrand et Isaac .Marlineau, S. J., pré-
sentant leurs excuses à l'archevêque de Reims, Ch. -Maurice Le
Tellier. Us avaient laissé paraître une remontrance anonyme con-
tre l'ordonnance de l'archevêque eu date du 20 juillet 1697.
a" Lettre du cardinal de Bouillon (1707), demandant le siège de
Reims pour labbé d'Auvergne, son neveu.
CHRONIQUE 135
6° Le cachet de Biaise Pascal, légué par Ms' Tourneur, avec la
note suivante, écrite par M. le chanoine Jolinet :
Reims, 14 septembre IS^i.
e Ce cachet de Biaise Pascal a été longtemps en la possession
« de M. Jean-Baptiste Savoye, ancien négociant, fort connu à
c Reims par son attachement au parti janséniste. A sa mort, il est
« passé comme objet de curiosité entre les mains de M. Malherbe,
« curé de Notre-Dame de Reims, et à la mort de celui-ci, son
€ petit-neveu, l'abbé Jolinet, chanoine, en a hérité.
« Aujourd'hui, il en fait don à M. l'abbé Tourneur, aumônier
« du Lycée impérial, académicien, archéologue, etc. »
L'herbier de J.-J. Rous?eau au château de Baye. — M. Jan-
sen, bibliotiiécaire de la ville de Berlin, a fait paraître en 1885 un
livre intitulé : Rousseau considéré comme botaniste. « Depuis
longtemps, dit-il, la plus grande partie de Therbier de Ijuusseau,
ainsi que tous les écrits du philosophe sur la botanique, se .trou-
vent en la possession du Mu.'.ée botanique de Berlin, sans que la
direction de cet établissement ait pu établir à quelle époque,
comment et pourquoi ces précieuses reliques étaient arrivées jus-
qu'ici. »
Rousseau avait composé plusieurs herbiers.
L'un d'eux a été vendu en 1823 au Musée Européen à Paris : il
avait été donné, par Thérèse Levasseur, à Le Bègue do i'resle,
médecin et ami de Rousseau.
Un autre herbier, composé de douze volumes, est conservé au
château de Baye ; un troisième appartient au marquis actuel de
Girardin.
Un herbier que Rousseau composa pour IM'"^ Delessert, née Boy
de Latour, se trouve au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Mme Delessert était nièce de M°"= Arnal.
A la mort du marquis de Girardin, les nombreux volumes de
plantes recueillies et séchées par Rousseau furent divisés entre les
enfants du propriétaire d'Ermenonville. La part échue à Sophie de
Girardin fut olTerte par elle, après son mariage avec le comte de
Bohm, au roi Frédéric-Guillaume de Prusse, dont son mari était
chambellan.
Voici la lettre par laquelle le souverain en accuse réception;
l'original est conservé dans les archives de la famille de Baye :
« A Madame la marquise de Bohm, née marquise de Girardin.
« Madame la Comtesse,
€ J'accepte avec reconnaissance l'herbier de Jean-Jacques Rous-
« seau que vous avez bien voulu me faire olfrir par le directeur
( Henry. Je sais apprécier ce souvenir d'un homme célèbre, et la
136 CHRONIQUE
« main qui le donne en relève encore le prix à mes yeux. Je me
« félicite de trouver l'occasion de prouver mon estime à une
e femme aussi distinguée par ses qiiaiités personnelles et par ses
« vertus, et je vous prie de croire que je serai toujours charmé
a d'être appelé à vous en donner des preuves.
a Je suis votre bien affectionné.
« Frkdéric-Guillaumk. »
« Berlin, ce 27 mai 182ÎJ. s
Cette lettre est écrite entièrement de la main du roi Frédéric-
Guillaume 111, roi de Prusse, né en 1770, mort en 1840.
L'herbier se trouve actuellement dans le nouveau Musée du jar-
din botanique impérial de Berlin ; il est rangé dans une petite
armoire sur le fronton de laquelle se trouve l'inscription : Vitam
impendere vero. Les plantes sont attachées par un lit d'or.
(Gaulois.) Baronne de Baye.
Nouvelles acquisitions du Musée de Reims. — Le Comité du
Musée de Reims vient d'acquérir un portrait au pastel, signé Nan-
teiiil, 1662, et encore encadré dans sa bordure de l'époque. Il
vient d'être installé dans la grande salle du Musée, non loin du
dessin de la Vierge, que nous possédons de longue date, et signé
R. Nanlûeil F. Parisiis, An. 1654.
La Bibliothèque possède l'œuvre entière des portraits gravés
par l'illustre artiste rémois.
Le Musée vient de recevoir en même temps une nouvelle collec-
tion d'objets franco-russes, due à la libéralité de M. Philippe-
Deschamps, de Paris.
*
Une patriote. — M"^ Marie Cosne, receveuse des postes et des
télégraphes à Dommartin-sur-Yèvre (Marne), vient d'obtenir du
ministre des Finances, à titre exceptionnel, une pension entière de
retraite, après vingt-huit années de loyaux services.
M"« Cosne a débuté, pendant l'Année terrible, à l'âge de vingt
ans, à Sampigny (Meuse).
A cette époque inoubliable, les courriers et les facteurs des pos-
tes ne pouvaient plus circuler, surveillés qu'ils étaient par les sol-
dais de l'armée allemande, qui s'emparaient des dépêches, et les
retenaient prisonniers.
Soullrant dans son patriotisme d'un tel état de choses et n'é-
coulant que son courage, qui était au-dessus de son âge et de son
sexe. M"" Cosne s'entendit avec M. Uesfourneaux, alors receveur
des postes à Commercy, afin de faire parvenir à destination les
nombreuses correspondances qu'elle recevait chaque jour dans son
bureau, apportées par des agents secrets connus d'elle seule.
A partir du jour de celte entente, on vil quotidiennement cette
CHRONIQUE 137
jeune fille, — cette enfant plutôt, — quitter Sarnpigny tous les
soirs vers cinq heures, par tous les temps possibles et par des voies
différentes, pour se rendre à Commercy, ville distante de dix kilo-
mètres, et traverser les postes allemands, un panier à la main, la
tête haute, pour aller remettre à M. Desfourneaux les correspon-
dances journalières qui lui étaient parvenues.
Ses fréquents déplacements furent bientôt remarqués par
l'ennemi.
On l'arrêta un jour et on la conduisit au feld-maréchal de
Moltke, major général des armées allemandes, qui lui demanda
l'explication de ses voyages si répétés.
Fixant sur le général des yeux pleins d'une noble assurance,
sans qu'elle laissât percer la moindre émotion, elle lui répondit ;
(( Général, je remplis chaque jour mes devoirs de famille.
Ouvrez mon panier, et vous constaterez par vous-même qu'il est
vide. J'ai des poches ; si vous le désirez, je vais les retourner
devant vous ; ou, si vous le préférez, faites-moi fouiller, afin de
vous assurer que je n'ai rien sur moi de suspect qui puisse vous
porter ombrage. »
Voyant l'assurance de cette noble enfant, de Moltke la fit relâ-
cher et ordonna qu'on la mit en liberté.
Elle en profita pour aller remettre au receveur principal,
M. Desfourneaux, les nombreuses correspondances qu'elle cachait
dans son corsage.
La guerre terminée, le directeur départemental des postes et
des télégraphes à Bar-le-Duc, M. Duportal. instruit de cette noble
et belle conduite, adressa à M"' Cosne une lettre de félicitations,
et l'administration supérieure, pour la récompenser de son
dévouement, lui envoya, à titre d'indemnité, une somme de
300 francs.
Dix ans plus tard, en 1880, M"* Cosne quittait Sampigny,
emportant l'estime et les regrets de la population tout entière,
pour occuper le poste de receveuse au Coudray-Saint-Germer
(Oise), emploi qu'elle abandonna en 1894 pour se rendre à Dom-
martin-sur-Yèvre, arrondissement de Sainte-Menehould, sa rési-
dence actuelle.
Un HisTORiEiN RUSSE DE Jeanne d'Arc — Le général Dragomi-
rolï, qui se trouve actuellement à Kliarkow, vient d'achever un
important travail sur Jeanne d'.Arc, qui paraîtra bientôt.
Un chêne de huit cents ans, a Cunfin (Aube). — Tout près de
nous, à Cunfin, dit M. Henri de l'arville, dans sa revue des scien-
ces du Journal des Débais, il y a un chêne qui, parait-il, a été
Î38 CHRONIQUE
planté en 1070. Cet arbre, qui a par conséquent huit cent vingt-
sept ans, n'offre ni l'étendue, ni l'élévation que ferait supposer son
ancienneté. 11 n'a, en effet, que sept nif-tres de circonférence, et
son tronc n'a que dix mètres de haut jusqu'aux premières
branches.
Ce chêne, huit fois séculaire, se dresse encore fièrement sur un
coteau voisin de la chapelle Sainte-Anne, petit édifice qui est à la
sortie même de Cunfin, sur la route de ce village à Laferlé-
sur-Auhe,
Monument comuémoratik des morts de 1870 en Seine-et-Marne.
— La Société des anciens combattants de Seine-et-Marne avait
ouvert un concours entre tous les artistes français_, pour élever un
monument à la mémoire des enfants de ce département morts
pour la patrie en 1870-1871.
Environ cinquante maquettes ont été exposées pendant quinze
jours à Melun. Par soixante-deux suffrages sur quatre-vingts
votants, la maquette du sculpteur Charles Desvergnes a été choi-
sie pour être mise à exécution.
Don a la municipalité de Mailly. — M™« veuve Douillat, pro-
priétaire, en souvenir de son mari, qui a été pendant de longues
années conseiller municipal et maire de Mailly (Marne), vient de
faire don à cette commune d'une somme de 2,000 francs destinée
à des améliorations scolaires.
Fécondité. — On dit tous les jours que la population décroît et
qu'il n'y a plus de familles nombreuses dans nos campagnes. Cel-
les-ci se font de plus en plus rares, il est vrai, mais il y a encore
bien des exceptions.
Ainsi, dans la commune de Dampierrele-Château (Marne), on
peut citer comme exemple les époux Déforges-Kraack qui ont eu
vingt-sept enfants du même lit, dont seize sont vivants et bien
portants.
Le premier est âgé de trente-deux ans et le dernier de quatorze
mois.
Le mari compte cinquante-six printemps et la femme quarante-
neuf.
Ce sont de braves gens, peu fortunés, mais qui, à force de tra-
vail et d'économie, ont pu élever cette nombreuse famille, acqué-
rir une maison et faire valoir un {)elil bien qui les aide à subvenir
à leurs besoins.
GHRONIQUB 1 39
Nomination? et Distinctions. — M. Auguste Longaon, vice-pré-
sident de l'Académie des Inscriptions pour l'aimée 1897, vient
d'être désigné pour la présidence de cette Compagnie pendant
l'exercice de 1898.
Le 29 décembre, à Châlons-sur-Marne, à l'occasion du cinquan-
tenaire de M. Edouard Ponsard — ancien député, conseiller géné-
ral de la Marne — en qualité de président du Comice central de
la Marne et de président d'honneur du Comice de Chàlons-sur-
iMarne, un banquet par souscription avait été organisé par les
membres des bureaux des six Comices agricoles du département.
M. Duchâtaux, ancien conseiller général de la Marne, ancien
président du Comice de Reims, présidait la réunion, assisté de
M. AUred Lequeux, ancien conseiller général de la Marne, prési-
dent du Comice de Châlons-sur-Marne ; de M. Charles Lhùlelain,
conseiller général de la Marne, président du Comice de Reims et
membre du Conseil supérieur de l'agriculture ; de M. Julien de
Felcourt, ancien conseiller général de la Marne, président du
Comice de Vilry-le-François et délégué de la Société nationale des
agriculteurs de Fi-ance ; de M. Altred Chémery, vice-président du
Comice de Sainte-Menehould ; de M. le comte de Riocourt d'Omey ;
de M. Jules Bourgeois, conseiller général de la Marne, etc.^ etc.
Au dessert, M. Duchâtaux, après avoir remercié M. Ponsard de
ses longs services à l'agriculture, lui a offert, au nom d'un grand
nombre de souscripteurs, un superbe bronze de Mathurin Moreau :
Le Retour de la moisson.
M. Edouard Ponsard, vivement ému, a chaleureusement remer-
cié les assistants.
M. Alfred Lequeux a félicité M. Ponsard, ancien président du
Comice de Châlons-sur-Marne, au nom des membres de cette asso-
ciation.
Enfin, M. Julien de Felcourt a apporté au héros de la fête le tri-
but d'élogres de la Société nationale des agriculteurs de France.
Notre érudit compatriote, M. Ernest Babelon, conservateur du
Cabinet des Médailles à la Bibliothèque nationale, vient d'être élu
membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans la
séance du 10 décembre 1897, en remplacement de M. Léon Gau-
tier, décédé.
Sur la proposition de la Commission d'hygiène de l'enfance, à
l'Académie de Médecine de Paris, le Ministre de l'Intérieur a
1 40 CHRONIQUE
accordé une médaille de vermeil à M. Grosjean, de Fismes, méde-
cin à Montmirail, pour son travail de statistique infantile.
Parmi les récentes promotions faites dans l'ordre de la Légion
d'honneur, à l'occasion de la nouvelle année, nous relevons les
nominations suivantes :
M. Sarazin, ancien notaire k Fismes, président du Conseil géné-
ral de la Marne, est nommé ofticier de la Légion d'iionneur ;
M. Hippolyle-Octave Noiret, ancien maire de Rethel de 1872 à
4b78, ancien conseiller général des Ardennes, membre de la
Chambre de commerce de Sedan, président de la Chambre con-
sultative des arts et manufactures, membre du bureau de l'assis-
tance judiciaire, fondateur d'une crèche et d'un hospice de vieil-
lards ; — M. Hache, médecin de l""* classe de réserve de lamarine,
professeur à l'Ecole de Médecine de Reims ; — M. Gustave Lahé-
made, originaii^e de Dormans (Marne), capitaine-trésorier au 98"=
régiment d'infanterie 5 — M. Félix-Lucien Margaine, de Sainte-
Menehould, lieutenant au 28* régiment de dragons, qui compte
quatoize ans de services et huit campagnes au Soudan, sont nom-
més chevaliers de la Légion d'honneur.
Nous relevons encore les nominations suivantes dans la liste
des décorations accordées à l'occasion de l'E-xposition internatio-
nale de Bruxelles :
M. Emile Deviolaine, directeur des verreries de Vauxrot (Aisne) ;
M. Clément Denaiffe, marchand grainier à Carignan (Ardennes);
M. Eugène Biard, ingénieur principal du matériel à la Compa-
gnie des chemins de fer de l'Est ;
Et M. Jules PouUot, fabricant de tissus, président de la Cham-
bre de commerce de Reims.
M. Hennechart, juge à Châteaudun, vient d'être nommé à Châ-
lons-bur-Marne, en remplacement de M. Crébaul, nommé président
à No^ent-leRotrou.
Mariag-es. — Le mercredi 5 janvier, a été célébré en l'église
d'Ay (Marne), le mariage de M. André Petitjean, enseigne de
vaisseau, attaché au service de la défense mobile de Toulon, avec
M"« Edmée George.
M. le doyen d'Ay a prononcé l'allocution d'usage et donné la
bénédiction nuptiale.
M. André Petitjean, sorti de l'Ecole polytechnique, promet à
notre marine un officier des plus distingués. Il est fils de M. Théo-
dore Petitjean, commandeux- de Charles 111 d'Espagne et du Christ
de Portugal, niaire de la Neuvillette-les-Keims, et de Madame née
Menne^sou.
CHRONIQUE 1 4 1
*
* *
Le même jour a été béni^ dans léglise de SainlQuentin, le
mariage de M. A. Jolibois, lieutenant au 1 i-* dragons, avec
M"« Jeanne Gargam.
Les témoins étaient, pour le marié : MM. Jolibois, propriétaire
à Bar-Ie-Duc, son trère^. et de Beilaiiig, ('olonol du 14- diagoiis, à
Reims ; pour la mariée : MM. le docteur (Jargam, de Rouen, et
Benonville, ingénieur, ses oncles.
Le samedi 8 janvier a été célébré, en l'église cathédrale de
Reims, le mariage de M"« Julie Mennesson, fille de M. Emile Men-
nesson, éditeur de musique à Reims, avec M. Albert Figard, de
Toulon.
Sainte Cécile, sous les auspices de laquelle a été fondée la mai-
son Mennesson, ne pouvait manquer de donner à cette solennité,
avec son patronage, un certain éclat musical.
En efi'et, c'est par un morceau célèbre de notre distingué conci-
toyen Th. Dubois — la Marche héroïque de Jeanne d'Arc — qu'a
commencé la cérémonie, et c'est un autre rémois, M. Henri Dal-
lier, — l'organiste renommé de Saint-Eustache — qui en faisait
résonner la magnificence sur le grand orgue de la Cathédrale.
La Maitrise, sous l'habile direction de M. Dazv, a magistrale-
ment chanté un Veni Creator ei un Deus Abraham de M. Th.
Dubois, avec des soli où a été particulièrement goûtée la belle
voix du ténor M. Boudin, l'un des principaux employés de la mai-
son Em. Mennesson.
L'évêque de Dijon, Ms^ Oury, a donné la bénédiction nuptiale
aux époux, après leur avoir adressé une touchante allocution dans
laquelle, avec un singulier bonheur d'expression, il avait emprunté
la plupart de ses métaphores à l'art musical.
Le mercredi 12 janvier a été célébré à Avize (Marne) le mariage
de M. Georges Vix avec M'"' Suzanne Mottant.
MÉLANGES
Un EvêoDE sATANiQUE AU xiv SIÈCLE ' . — Il v a, dans la Divine
comédie, quelques tercets bien singuliers où Danle, qui haïssait
mortellement Roniface VIII, évoque la vision de « la Ueur de lys »
entrant dans Anagni et du « Christ, captif pour la seconde fois,
en la personne de son vicaire ». Ici, c'est réellement le vieux pon-
tif, outragé sur les marches de l'autel par les émissaires de Philippe
le I3el, dont le poète a pris la défense en face de la conscience
chrétienne. Et, en même temps, il montre le roi avare envahis-
sant le Temple pour s'enrichir de ses dépouilles. Il entrevoit le lien
qui rattache l'un à l'autre ces deux grands attentats, il comprend
que Boniface violenté, les Templiers dépossédés et supprimés,
c'est l'Eglise elle-même qui est atteinte, la communauté chré-
tienne qui est détruite au profit d'une monarchie particulière. Un
procès, depuis longtemps connu, celui de Bernard Saisset, évêque
de Pamiers, manifestait, en un moins grave incident, l'application
de la même politique, qui, au procès des Templiers, aux premiè-
res procédures du procès de Boniface VIII, apparut en toute sa
ruse savante et son impitoyable dureté : la politique du scandale
employée pour ruiner les hommes que le scandale blesse le plus
cruellement. Voici, pour achever la démonstration, une nouvelle
affaire criminelle dont l'extraordinaire dossier contient toutes les
misères morales, toutes les terreurs superstitieuses du moyen âge,
le procès de Guichard, évêque de Troyes, publié par l'Ecole des
Charles. L'auteur, IM. Abei Kigault^ nous donne, avec des faits et
des documents, discrètement commentés, mais d'un ensemble
tragique^ la sensation d'un roman, je dirais volontiers d'un cau-
chemar historique. Ce Procès, venant à peu près à la même heure
que les thèses de MM. Funck-Brentano et Paul Lehujeur, confir-
mera les personnes paisibles dans cette opinion qu'il ne faisait pas
bon de vivre en France au xiV siècle, même avec une mitre bro-
dée d'or sur le front.
Guichard naquit, non loin de Troyes, vers le milieu du xni« siè-
cle. Son père — ou plutôt l'homme qui parut être son père —
s'appelait Jean. Sa maison paternelle passa pou»" être hantée du
démon, et l'évêque Nicolas dut y venir afin de l'asperger. C'était
un début fâcheux dans la vie chrétienne. De sa jeunesse nous ne
savons rien. Il fut élevé en vue de l'état monacal. Dès 1273,11
était prieur de Saint-Ayoul de Provins. Le bruit courut qu'il avait
1. Le /'roces de Guichard, évêque de Troyes, 1308-1313, par Abt*
Rigault, archiviste paléographe, attaché au Ministère des Aifaires étiangè-
res. Paris, Picard, 1896.
MÉLANGES HZ
empoisonné son prédécesseur, afin d'en recueillir la dignité. Dix
ans plus tard il était abbé de Monlier-la-Celle, l'un des plus riches
monastères de la Champagne. 11 entrait dans les bonnes grâces de
la jeune héritière de la Champagne et de la Navarre, Jeanne, qui,
en 1285, épouse de Philippe le Bel, devenait reine de France. En
1296, il était membre du conseil du roi. Enfin, en 1298, les cha-
noines de Troyes le choisissaient pour évêque. Le voilà donc, à
cinquante ans, prince de l'Eglise, pourvu d'une mense plantu-
reuse, grand personnage du royaume et ami de la reine. La situa-
tion était belle pour un homme de naissance douteuse. H ne tarda
pas à la gâter.
En évêque méthodique, c'est d'abord avec son clergé qu'il se
brouille. Il prend, à l'égard de ses clercs, des allures de pirate,
entre de force chez un curé e.xempt de sa juridiction, couche au
presbytère malgré l'bnte, le fait battre par ses gens et confisque
ses biens ; il démolit un presbytère par pur caprice ; il s'empare à
tort et à travers, tantôt des moulins de ses chanoines, tantôt d'une
coupe de forêt utile à la réfection desdils moulins ; il perçoit les
revenus des églises vacantes, il vend à des indignes les charges de
marguilliers, dépouille peu à peu son chapitre de ses droits, pri-
vilèges, juridictions et petits revenus canoniques en espèces bien
trébuchantes ; son clergé se plaint tout bas ; on l'accuse de toutes
les simonies ; ses mauvaises mœurs s'étalent au grand jour ; mais
c'est un trop haut seigneur, qui semble inviolable et supérieur à la
justice du roi, puisqu'il est du parlement royal. Il faut, pour
abaisser son insolence et, ébranler sa fortune, un scandale plus
éclatant que tous ces menus faits d'ordre ecclésiastique. La déplo-
rable affaire de Jean ae Calais va permettre aux chanoines
troyens d'espérer la chute prochaine de leur évêque.
Ce Jean de Calais, chanoine lui-même, était receveur des reve-
nus de Blanche, reine douairière de Navarre, en Champagne. Il
mettait impudemment les revenus dans sa propre tirelire. 11 fut
arrêté, confié à la garde de son évêque. Il s'évada et s'enfuit à
Rome où il vécut bien à son aise. Mais Guichard fut accusé à la
fois par l'archidiacre de Vendôme, Sitnon Festu, et un Florentin,
Nolfo Dei, agent d'une compagnie de banquiers et de marchands
lombards, d'avoir ouvert pour de l'argent, au chanoine indélicat,
la porte de sa prison. Jean de Calais avoua, de loin, qu'il avait
donné à son évêque 400 florins d'or et des joyaux, pour sa déli-
vrance. Les deux reines, la mère et sa fille. Blanche et Jeanne,
déclarèrent Guichard responsable des escroqueries du clerc fugitif
et le firent chasser du conseil du roi.
L'archevêque de Sens dut ouvrir une enquête contre son sufTra-
gant. Au cours de la procédure, la reine de Navarre mourut sou-
dainement. En même temps, un curé du diocèse de Troyes était
assassiné, deux hommes mouraient mystérieusement dans les
cachots de Monlier-la-Celle. On pensa que c'étaient les œuvres de
Guichard. La reine, disait-on, avait été empoisonnée. On surprit
1 4 4 MÉLANGES
un billet — M. Rigault le croit fabriqué par les ennemis de Gui-
chard — dans lequel l'évêque de Troj'cs invitait un apothicaire
florentin, Cassiano, à une « besoigne secrète », contre la femme
qui le « détruisait ». Cette première aflaire traîna en une lon-
gue intrigue ténébreuse ; Jean de Calais, mourant à Viterbe, et
ÏSoli'o Dei rétractèrent leurs accusations ; les poursuites languirent
et furent abandonnées. Guichard s'enferma en son diocèse, sus-
pect, dilfamé, brûlé d'une haine atroce contre ses ennemis, contre
la cour, le clergé, le monde entier. 11 se liait avec des usuriers,
des Italiens louches, s'occupait d'alchimie, se laissait tenter par la
sorcellerie. La protection de Clément V lui permit de durer qua-
tre ans encore (1304-1308), objet de mépris et de terreur, sur le
siège de Troyes. Mais la reine de France mourait tout d'un coup,
à trente-deux ans. La rumeur de l'empoisonnement courut de
nouveau, puis on soupçonna l'envoûtement.
On découvrit alors, tapi dans l'ombre de sa cathédrale, l'évêque
impur, parmi ses spadassins, ses juifs, ses mignons et ses sorciè-
res. Au mois d'août 1308, il tut arrêté par ordre de l'archevêque
de Sens, transféré à Paris et mis à la tour du Louvre. Le même
coup de filet avait pris une sorcière, une accoucheuse et son lils,
le clerc servant d'un ermite et le chambellan de l'évêque. On
était, à cette heure, en plein scandale du procès des Templiers, et
Philippe le Bel exigeait du faible Clément V que la procédure cri-
minelle s'ouvrit contre la mémoire de Boniface VIIL Le pape
français, etfaré, ne comptant plus que sur les lenteurs ou le cou-
rage d'un concile général pour sauver l'honneur de l'Eglise,
accorda, sans compter, au roi, tout ce qu'il exigea contre l'évê-
que. Et l'effroyable procès de Guichard fut instruit, comme une
répétition générale de la tragédie réservée à Boniface. Le dossier
du pape simoniaque parut servir contre Tévêque sorcier. Et, par-
dessus les crimes et les impiétés de Guichard, ce siècle de vision-
naires et de démoniaques accumula les sacrilèges et les infamies
de la religion de Satan. Cette cause inouïe méritait véritablement
d'être remise à la lumière de l'histoire.
A l'origine de Tatfaire, nous trouvons la dénonciation d'un
ermite qui avait prêté sa cellule aux opérations diaboliques de
Guichard. Celui-ci avait reçu, de nuit, l'évêque, déguisé en
paysan, accompagné d'une sorcière. Guichard avait voulu le for-
cer à verser du poison au comte d'Anjou, frère du roi, au roi de
Navarre, à tous les lils de Philippe le Bel. Le roi informa le pape,
«jui adressa une bulle à l'archevêque de Sens, aux évêques
d'Auxerre et d'Orléans, leur enjoignant de commencer une
enquête, « sans bruit ni ligure de jugement ». La bulle insistait
sur la mort de la reine Jeanne et les tentatives d'empoisonnement
contre les personnes royales ; elle n indiquait que vaguement les
autres attentats « contre la majesté divine ». Mais, dès le début
de l'instruction, par l'incarcération mênie de l'évêque au Louvre^
le procès échappa à l'Eglise et devint une cause toute séculière,
MÉLANGES 145
menée par les légistes de Pliilippe. Uerrière ces légistes on aper-
çoit toujours riioinme sans scrupule, le ministre de KuUurkcunpf,
dont rien n'inquiète la conscience dès qu'il s'agit des intérêts de
la couronne, le tranquille et dur (uiillaume de Nogarel.
C'est le bailli de Sens, (juillaume de Hangest, qui est le prorno-
leur, le ministère public du procès. Il propose aux commissaires
ecclésiastiques vingt-buit articles fondés sur les révélations de l'er-
mite, où l'envoûtement de la reine occupe la place d'bonneur. Le
légiste raconte le maléfice en ses plus petits détails : consultation
près d'un moine qui a l'art d'évoquer les démons , l'évêque fait
hommage au diable : celui-ci propose limage de cire, baptisée au
nom de la reine ; baptême de la poupée, en présence du moine et
deux sorcières, dans la chapelle du bon ermite (le nombre des
sorcières s'était accru avec le temps) ; piqûres répétées sur le
corps de la reine de cire. « Finalement, vo3'ant que la reine tar-
dait longuement à nnjurir, il était revenu à l'ermitage et, comme
il tenait la ligure près du feu, il avait dit, en lui la'isant les mem-
bres : « Que diable ! elle vivra donc toujours, cette femme ! »
puis l'avait foulée sous ses pieds, jetée dans la llamme et brûlée ;
et la l'eine était morte. »
Puis, venaient les faits relatifs à plusieurs tentatives d'empoi-
sonnement contre les frères et les fils du roi, la boile aux poisons
allant sans cesse des mains de l'ermite à celles de l'évêque ; un
chien tué par le e venin » épiscopal ; un chevalier mort pour
avoir mangé des prunes préparées par le prélat. Les évoques com-
missaires chargés par ie pape de poursuivre Talfaire, rédigèrent
un acte d'accusation, développant, en les poussant au noir, les
allégations du bailli.
« 11 fit évoquer le démon ; et quand le démon parut devant lui,
l'évêque lui demanda comment il pourrait avoir sa grâce de la
reine, ou sinon faire qu'elle mourût en peu de temps. Le démon,
après que l'évêque lui eût fait hommage et engagé un de ses
membres, lui enjoignit de faire une image de cire, etc. »
Guichard protesta et nia. 11 n'était allé, dit-il, à l'ermitage
qu'une seule fois, en 1307, de jour, en habits d'évêque, avec sa
suite. Les témoins, interrogés hors de sa présence, l'ermite, la
sorcière, l'accoucheuse, acteurs principaux dans la scène d'envoû-
tement, déposèrent longuement, avec une abondance naïve de
petits détails réalistes ; la sorcière elle-même ne fut pas soumise à
la torture préalable ; seul, Lorin, le chambellan, fut un instant
suspendu par les quatre membres, de façon à être désai ticulé
quelque peu s'il ne parlait point : il parla. Le témoignage de l'er-
mite était formidable, car il montrait le diable en personne,
obéissant aux ordres du moine jacobin Jean de Fay.
Un jour, à l'ermitage, le moine et Guichard avaient ordonné à
la sorcière de s'éloigner. Margueroune (ainsi s'appelait la dame)
10
146 MÉLANGES
n'alla pas si loin qu'elle ne pût voir et entendre. Le jacobin dit :
c II faut que je lise le gramairc{\(i grimoire.) » Et il se mit à lire
dans un livre qu'il tenait à la maiu... Margueronne vit tout d'un
coup, d'une fenêtre haute de la chambre, une forme comme un
moine noir qui descendait, sans échelle, en volant^ près de l'évê-
que et du jacobin ; elle avait des cornes sur le front, et la sorcière
pensa que c'était le diable. Il dit au jacobin : « Que me veux-tu,
toi (jui me fatigues ainsi ? » Le jacobin répondit : « Voici l'évêque
qui te demande. » Le diable exige, pour le service qu'on attend
de lui, un des membres de l'évêque, et se retire, en battant des
ailes, par la même fenêtre.
Le baptême de la poupée de cire est aussi une scène curieuse,
que je recommande à l'attention de Jean-Paul Laurens. Ils sont
tous assis par terre, dans la cuisine de l'ermite : l'évêque en
rochet de grosse toile blanche, un capucbon de poils de chèvre
sur la tête ; frère Jean en tunique noirâtre et rocbet de toile;
e avec ces rochets, on les aurait pris pour des vachers ou des
cbari'etiers » ; la sorcière a préparé la cire ; le jacobin la pétrit en
forme de femme. Puis il lit dans son grimoire, bénit de l'eau
dans un poëlle d'airain. Sur ces entrefaites, arrive l'accoucheuse
que Guiot. le valet de l'ermite, est allé quérir. Cette femme a
décrit dans sa déposition les deux sacrilèges : « L'un, grand, mai-
gre, avec un visage long et roux, paraissant quarante ans, qui
tenait d'une main la figure de cire et de l'autre un livre — c'était
le moine ; l'autre, moins grand et plus gros, avec une figure
rouge, grosse et grasse, paraissant environ soixante ans » —
c'était l'évêque. Elle consent avec peine à être la marraine. Alors,
le moine se passe une étole au cou ; l'ermite, Guichard, l'accou-
cheuse, la sorcière imposent leurs mains sur la poupée diabolique
et l'abominable baptême est conféré au nom du Père, du P^ils et
du Saint-Esprit.
Ici, le procès prend tout à coup une tournure nouvelle. Ce n'est
plus assez du crime d'envoûtement, dont les preuves semblent
palpables. !1 est vrai que l'on n'avait point sous la main le moine
mystérieux à Tappel duquel Satan se révélait. C'était, dans l'ac-
cusation, une fêlure assez grave. Trois pièces sont versées à l'ins-
lruction_, qui ont passé certainement d'abord sous les yeux de
Nogaret, et devaient être {trêles depuis quelque temps. Elles
dénoncent une longue série de crimes auxquels les premiers
enquêteurs faisaient déjà vaguement allusion : Muila alla enor-
mia et nefanda, disaient-ils. Enormia, en efl'et. Je les résume en
leur scélérate simplicité.
L'empoisonnement de la reine de Navarre ; joie scandaleuse de
Guichard en recevant la nouvelle. Il donne cent sols et une robe
au messager. Assassinai d'un prêtre qui refusait de baptiser l'en-
fant que l'évêque avait eu d'une nonne. Usure manifeste. Paga-
nisme excessif des mœurs. Faux en écritures de tabellion. Parju-
res fréquents. Incendie du prieuré de Saint-Ayoul. Excommunica-
MÉLANGES 1 47
tion des geôliers de Troyes qui se refusaient à livrer la clef des
champs à un tlorcntin débiteur du roi. I.a suprême impiété :
" Quand il ohantoit la messe, il tcnoit le cors de Nostre Seigneur
en sa bouche sans user (sans communier) et giloit jus » (il cra-
chait l'hostie à terre). Sous cette nouvelle dénonciation se trouve
le nom de l'implacable ennemi de Guichard : NoHo Doi.
Cependant l'accusé avait constitue .sa déft-nse. Ses procureurs
opposèrent à l'ensemble de la procédure des arguments juridi-
ques qui n'eurent aucun eifet. Le tribunal épiscopal, réduit aux
seuls évoques d'Orléans et d'Auxerrc, passa outre et déroula une
série d'accusations bien étranges. Le satanisme absolu entrait en
scène.
Depuis plus de soi.xante ans, l'évêqne de Troyes se croyait le fils
de Jean Guichard. Il se trompait. Sa mère, qui s'appelait Agnès,
avait eu des faiblesses pour un démon, un incube, un neton, de
son nom français. Ce mot de nelon vient, selon M. Gaston Paris,
du latin netumiS^ corruption de Neptumis. On sait que les diables
avaient l'esprit classique et qu'ils se couvraient volontiers la face
du masque des dieux païens. Or, ce nelon rôdait jour et nuit,
surtout la nuit, autour de la timide Agnès, c au point que per-
sonne ne pouvait ni ne voulait rester dans la maison (rappelez-
vous que cette maison passa en etïet pour hantée du démon) et
qu'aucune servante ne voulait la servir ». L'accusation mentionne
l'exorcisme de l'évêque Nicolas. Elle afiirme que Jean, convaincu
de son malheur, pardonna à sa femme qui était « bonne, pure (?),
et de sainte conversation », mais ne voulut, de sa vie, voir l'en-
fant, qu'il eut toujours en horreur. A l'école et au couvent, les
camarades appelaient couramment Guichard « fils de neton ».
Il était donc, sinon le fils, tout au moins le neveu de Satan. La
profanation de l'hostie, au mystère même de l'autel, s'expliquait
naturellement. Le Diable ne peut communier. D'ailleurs, l'arti-
cle m de ce dernier acte d'accusation était une preuve irréfraga-
ble de satanisme :
« Au temps où il était prieur de Saint-Ayoul, se trouvant seul
avec un petit moine, comme il enlevait son capuchon et le lui
remettait, des démons en foule sortirent de la capuce et de ses
cheveux, sous forme de cendres : ce voyant, le petit moine,
effrayé et comme hébété, se prit à pousser les hauts cris ; le
prieur s'efforça de le réconforter, en lui disant : « Voyons, tais-
« loi, tais-toi, n'aie pas peur ! et ne va jamais dire à personne ce
« que tu as vu ! > Mais le moine l'alia dire tôt après à un de ses
camarades, maintenant trésorier du prieur de Saint-Ayoul. »
Voici, sur ce chef, quelques lignes de la déposition résumée du
témoin :
« Comme il montait les degrés de sa chambre avec Jacques de
Villemaur, son clerc, il enleva son froc, et Pierre, le petit moine,
allait le lui prendre des mains, mais, en regardant la tête du
)48 MÉLANGES
prieur, il vil tout aulour un cercle : c'était comme du feu de cen-
dre tout ardent et cela ressemblait à des cendres louges qui brû-
leraient sans flamme. » Guichard éprouve alors le besoin de se
confesser ; il fait quérir son chapelain par le clerc Jacques ; le
petit moine, tout bouleversé, court au chapelain et lui raconte
l'aventure. L'autre de répondre, sans étonnement : « Il y a du
diable là-dedans, son diable est en colère après lui ! »
Tous les autres crimes reprochés à l'évêque. qui semblent gros-
sir au cours de la procédure par l'acharnement et la précision
grandissante des témoignages, les assassinats, les simonies, les
faux en écritures notariées, les subornations de témoins, les accu-
sations mensongères et intéressées pour hérésie ou sorcellerie,
l'alchimie criminelle, la fausse monnaie, l'usure éhontée sur les
cliampa de foire de la Champagne, les dettes, les relations avec
des juifs, un prêtre bigame ordonné par Guichard, un clerc mort
en prison pour n'avoir pu pa3'er cent sous d'amende ; cet énorme
dossier, compilé savamment par les légistes de Nogaret sur les
dépositions de plus de deux cents témoins, ne devait paraître aux
hommes de cet âge violent qu'un chapelet de peccadilles, en com-
paraison de la tache originelle et de la perpétuelle infamie de l'ac-
cusé : le satanisme. Guichard nia ou atténua, ou essaya d'ex-
pliquer favorablement tous les autres chefs d'accusation; mais,
troublé dans sa foi, quand on lui opposa sa naissance démonia-
que, il courba la tête.
Le procès traîna cinq années. Clément V, juge souverain en
cette cause, avait fait transférer Guichard à Avignon^ dans les pri-
sons de l'Eglise. Le concile de Vienne, qui donnait au pape une
singulière autorité, était ouvert depuis l'automne de 1311.0a
était en avril 1313. Le Florentin Noffo Dei avait été pendu à Paris
et avait proclamé, au pied de la potence, que l'évêque était
innocent dans l'alfaire de Jean de Calais. Brusquement, rarchevè-
que de Sens convoqua Guichard, prisonnier du pape, à un concile
provincial et l'excommunia pour ne s'y être point rendu. Clé-
ment V jugea le procédé un peu vif et répondit au métropolitain
par Tordre de révoquer la sentence, d'abolir toute procédure et
renoncer au piocès. L'encre des légistes royaux avait coulé en
vain. L'évêque de Troyes était absous et libre, sous les clefs pon-
tificales, administrant de loin son diocèse. Le 20 avril 1314, il
assistait à son lit de mort le premier pape d'Avignon.
Clément V, dans les dernières semaines de sa vie, avait transféré
Guichard à l'évèché de Uiakovar, en Bosnie, aux contins de la
chrétienté, eu pleine barbarie. Il est peu probable qu'il y ait fait
acte de présence. Il mourut au commencefnent de 1317. On croit
qu'il fut enterré dans son ancienne cathédrale de Saint-Pierre de
Troyes, côte à côte avec son successeur, qui n'avait pas eu le
temps de prendre possession du siège épiscopal.
La conclusion de ce grand procès, l'acquittement de l'accusé par
MÊLA NGES 1 49
sentence papale, est as?ez extraordinaire. Que (luithard ait été la
victime d'une machination impitoyable de la part de l'Albigeois
Nogaret, que les accusations forgées contre lui ressemblent singu-
lièrement — les plus graves, tout an moins — à celles qui furent
lancées contre Boniface VIII et les Templiers, cela est évident. Il
est certain aussi que l'évèque de ïroyes eut pour lui l'opinion
populaire et bourgeoise, même un trouvère clérical qui, trente
ans plus tard, glissa la défense du malheureux prélat dans une
version de Jienard le conlrefail. Je laisse, bien entendu, la filia-
tion diabolique et les effets de la sorcellerie et de l'envoûtement
au compte des superstitions médiévales. Mais je ne puis néanmoins
les retirer du dossier, au nom de la raison moderne. A mesure
qu'il avançait dans cette histoire, M. Rigault inclinait de plus en
plus à l'innocence relative de Guichard. Et cependant il a montré
que celui-ci fut trop souvent, dans sa bergerie troyenne, un loup
dévorant plutôt qu'un bon jjasteur. Le savant élève de l'Ecole des
Chartes, lié par la méthode rigoureuse de l'érudition, ne semble
pas tenté de rechercher en dehors de ses documents positifs l'ex-
plication du mystère. Qu'il me permette d'user du privilège des
simples lettrés, à qui il est licite d'éclairer, par l'imagination, les
côtés obscurs de l'histoire.
Je crois bien que cet étrange résultat, l'absolution pontificale, la
résignation de l'Eglise et du roi s'expliquent par l'absence du per-
sonnage qui eiit été à la fois le ténmin principal, le complice dia-
bolique et le coaccusé de Guichard, le jacobin Jean de Fay. Ce
moine était certes, plus que l'évèque lui-même, le familier de
Satan. C'est lui qui mit Guichard en relation directe avec le Mau-
dit, qui présida au sacrilège baptême de la figure de cire
employée pour l'envoûtement de la reine. Les témoins ont signalé
sa perpétuelle présence aux côtés de l'évèque. C'était son âme
damnée, avec sa boite à diableries, où cohabitaient une couleuvre,
deux crapauds, deux scorpions et deux araignées. Il disparait. Il a,
dit-on, quitté la France. Il est, pour le moins, introuvable. Et,
cependant, c'est lui la clef de voûte de tout le procès. S'il a pu
s'enfuir, c'est qu'on a bien voulu le laisser partir. Mais il est peut-
être au fond d'un in-pace de son ordre, ou même dans l'autre
monde. Jacobin, c'est le nom qu'on donnait volontiers en France
aux prêcheurs, aux dominicains. Or, l'office de l'Inquisition appar-
tenait à la famille de saint Dominique. Un dominicain démonia-
que, non, l'Inquisition ne pouvait souffrir une telle horreur, un si
cruel outrage. Et le moine, évanoui tel qu'une fumée légère,
sauva l'évèque. Emile Gebhart.
Napoléon a Briknne'. — La littérature napoléonienne, déjà
1 . La Jeunesse de Xapolèon ; Brtenne, l'École MilUaire, garnison et
congés, par Arthur Chucjuet, 1 vol. in-8" Paris, Armand Colin, 189".
1 50 MÉLANGES
fort abondante, s'est enrichie, cette semaine, d'un impoi'lant
ouvrage, qu'il convient de placer dans nos hibliotlirques, au bon
coin et à part. La Jeunesse de Napoléon, par M. Arthur Chuquet,
n'est pas une («uvre de polémique, ni un monument d'admiration
béate, ni enfin un de ces manuels d'arrivisme., que l'étonnante
l'urlune de l'empereur a fait éclore, ces temps-ci, dans des céna-
cles cyniques et naïfs. L'auteur de la Vie du général Chanzy, de
Hoche et la lullc pour l'Alsace, de la Trahison de Dumouriez
excelle dans la biographie, si l'on entend f)ar ce mot (souvent
réservé à de plates notices) la description d'une existence indivi-
duelle, e.xactement située au milieu des personnes et des choses
qui en ont déterminé l'évolution, modifié l'allure, favorisé ou gêné
l'élan. Vu de celte façon, le passé s'anime comme un drame.
Ainsi comprise, I histoire devient un roman réel. i>es institutions,
les codes, les coutumes, les traités, toutes les choses abstraites,
collectives, anonymes, qui sont maintenant (à tort) la partie
essentielle de l'enseignement historique, nous apparaissent en
acte, ei, pour ainsi dire, en fonclion des individus. Nous pouvons
peser ce que vaut cet appareil en face des volontés fortes, et
mesurer tout le champ qui s'ouvre aux génies audacieux, dès que
la loi faiblit, que la règle s'use, et que les barrières vermoulues
chancellent. La biographie détaillée, la biographie minutieuse, la
biographie complète, qui dispose des arrière-plans et ménage des
perspectives autour d'un héros, me semble être encore la meil-
leure méthode pour atteindre, dans le domaine des sciences histo-
riques, quelques vérités générales.
En évoquant, une fois de plus, le cas de Napoléon Bonaparte,
M. Arthur Chuquet limite son étude à vingt années d'une vie si
féconde en merveilles. Il nous fait voir successivement le petit sau-
vageon de Corse dans son île (15 août 1769-15 décembre 1778) ;
— le boursier du collège militaire de Brienne (mai 1779-14 octo-
bre 1784) ; — le « cadet-gentilhomme » de l'Ecole-Militaire (22
octobre 1784-30 octobre 1785) ; le lieutenant en second de la com-
pagnie des bombardiers de la Gohière, au régiment de la Fère-
artillerie, stationné à Valence (1783-1788) ; le lieutenant en second
des bombardiers de Coquebert, au même régiment, stationné à
Auxonne (1788-1789).
Cette série de tableaux est, pour le lecteur, l'occasion d'aperce-
voir, en une vive antithèse dont l'historien ne force point les
traits et n'exagère pas les contrastes, deux sociétés, l'une confinée
dans les bioussaiiles d'une île à demi-barbare, l'autre installée
sur le territoire d'un royaume glorieux qui semble être l'asile de
la politesse, du bon goût, des mœurs élégantes, de la vie aisée.
La Corse, pour les beaux esprits de Versailles, est une colonie
aussi lointaine que le pays des Hurons et des Topinambous. On
y vit pauvrement, durement. On y baragouine un affreux patois.
Mais on y garde une âpre fidélité aux anciennes mœurs. On y est
croyant, violent, combatif. C'est un pays d'énergies neuves, qui,
MÉLANGES 151
jusqu'à nouvel ordre, ne trouvent pas leur emploi. La France, an
contraire, est habitée par une aristocratie riche, sceptique, rail-
leuse. On y parle un langage exquis, très propre à tout bafouer
en badinant et à tout détruire sans avoir l'air de toucher à rien.
On s'y moque très spirituellement des vieilleries, et le € retour à la
nature » n'y est qu'un jeu d'académie ou de salon. Bref, on y
savoure, dans une fausse sécurité, cette « douceur de vivre », qui
est souvent le signe avant-coureur des révolutions. Survienne une
lézarde dans la vieille bâtisse continentale : le jeune gretfon,
transplanté de l'île sauvage, poussera des branches dans tontes les
fissures, enfoncera dea racines entre les moellons disjoints, et fleu-
rira, fructifiera triomphalement sur la ruine. La France ne savait
pas e.xactement ce qu'elle faisait lorsqu'elle s'empara de la Corse.
Ceci a conquis cela.
En 1708, la Sérénissime République de GAnes, (jui devait quel-
ques millions à la France et qui ne pouvait pas les payer, crut
s'acquitter en nous cédant l'île de Corse. Du même coup elle nous
a donné Napoléon, qui naquit précisérncr;t l'année suivanLe.
Il restait beaucoup à dire sur la jeunesse de Napoléon, après la
compilation bàtive et partiale de l'inexact général Iiing. Il res-
tait de l'inédit à découvrir, même après les enquêtes dévotes et les
trouvailles précieuses de M. Frédéric Masson. Le nouveau biogra-
phe de Napoléon a recherché, dans les archives de la guerre, tout
ce qui pouvait se rapporter aux premières années de son héros.
Plusieurs papiers importants ou curieux lui ont été communiqués
par des personnes obligeantes. Muni d'un nouvel instrument de
précision, M. Arthur Chuquet a pu analyser d'une façon presque
infinitésimale l'enfance rêveuse de Bonaparte et les dures sai-
sons pendant lesquelles le futur empereur fit son noviciat mili-
taire. J'aurais voulu qu'en racontant les dix années de Corse, il
eût mis, dans son récit, un peu de réalité locale, de couleur insu-
laire. L'empereur aimait à rappeler dans ses entretiens de Sainte-
Hélène, que l'odeur des cistes lui annonçait, en mer, l'approche
du maquis natal. Il disait aussi que sa vigne héréditaire de la
Sposata donnait un vin dont le bouquet rafraîchissait la bouche.
Les couchers de soleil sur le golfe d'Ajaccio le ravissaient. Pour-
quoi M. Chuquet n'a-t-il pas imprégné de ce parfum, de cette
saveur et de cette lumière les pages de son livre? Son livre, si
informé, si exact, si « documenté », manque de lentisques, d'ar-
bousiers, de myrtes, de bruyères et de lauriers-thyms. Pourquoi,
eh indiquant la lière silhouette de Paoli, en dessinant le geste
noble de Charles Bonaparte, en célébrant la beauté de Letizia
Ramolino, a-t-il résisté au désir d'appuyer le crayon davantage et
de serrer les contours en affinant les nuances? Je regrette qu'il
ait négligé l'occasion de fondre tous les renseignements dont foi-
sonne sa mémoire, en une peinture plus vivante, plus intime,
où apparaîtraient ces petits nobles d'Ajaccio, réduits à la simpli-
cité par les conditions médiocres de leur fortune, mais très
152 MÉLANGES
orgueilleux de leurs origines, jaloux de leurs prérogatives, hantés
par je ne sais quel rêve impérieux . . .
Cette maison d'Ajaccio, dont la façade bourgeoise se rehaussait
d'un blason seigneurial, j'avoue que je la vois mal dans ce récit
dont la lucidité limpide décolore un peu les objets. Ici, je suis
obrigé d'appeler à mon secours Mérimée, Gregovius, Pan! Bourde,
Maupassant, tous ceux qui ont respiré l'arôme des cistes, et qui
aident l'histoire (quelquefois sans y faire attention) en notant cer-
taines « actualités » très anciennes. Et j'associe volontiers au
témoignage de ces voyageurs mes propres souvenirs, rapportés de
plusieurs séjours aux îles gréco-latines du Levant. La Corse, divi-
sée en circonscriptions électorales, a nécessairement changé. Je
suis persuadé qu'au temps où le maréchal de Vaux débarqua sur
la grève de Porto-Vecchio au nom du roi Louis XV, la Corse res-
semblait à Naxos, à Santorin, à Corfou. Même vie pastorale fru-
gale, libre dans la montagne ; le bonnet des bergers du Monte
d'Oro, et leur pelone^ manteau en poil de chèvre, n'auraient pas
été trop dépaysés, là-bas, sur les pentes du mont Koroni, parmi
les vignes de Saint-Elie ou dans les lauriers roses du Pantokrator.
Même vie patriarcale, économe, fière dans le logis familial dont
la porte s'ouvre libéralement à l'étranger de marque, à l'hôte
recommandé, mais se clôt à toutes les curiosités indiscrètes.
Lorsque j'ai vu passer, à travers les récits de M. Chuquet, le
père de l'empereur, ce Charles Bonaparte, gentilhomme citadin et
petit propriétaire rural, iUuslrissimo signor e nobile del regno,
beau cavalier, instruit, éloquent, poète à ses heures, rimant en
italien des gentillesses voltairiennes, parlant le français très cor-
rectement, plein d'ambition et chargé de famille, magnilique et
besogneux, je me suis dit : « Mais j'ai rencontré quelque part cet
insulaire ! >
On pourrait le retrouver, en montant au premier étage, au
piano nobile des palais vénitiens de Corfou, en explorant l'ancien
duché de Naxos, en visitant les familles latines de Santorin, même
en poussant une pointe jus(ju'à Malte. La lignée des Metaxa,
des Capo d'istria, des Notara, des Negri ne ditîère pas beaucoup
de la sienne. Il vil encore, ou plutôt il végète, ici ou là, dans
auelque coin de la Méditerranée. Il s'est marié jeune, selon la
coutume de son pays. Sa femme est d'une fécondité accablante.
Le mariage de ses filles et l'établissement de ses garçons occupent
presque toutes ses pensées.
Charles Bonaparte avait vingt-trois ans, lorsque les Français
vinrent en Corse, il se prononça d'abord pour l'indépendance
et la neulralilé de l'ile. Quand il vit que la lutte était inutile,
Paoli étant vaincu et banni, son bon sens naturel lui fit compren-
dre que la Corse ne perdait qu'à demi la partie, puisqu'elle était
délivrée des Génois. Il se rallia sans arrière-pensée au nouveau
régime. « J'ai été, disait-il, bon patriote et paoliste tant qu'a duré
MÉLANaSS 153
le gouvernement national ; mais ce gouvernement n'est plus, nous
sommes devenus Français, evoiva il Be e suo governo ! »
Notons d'ailleurs que les Corses avaient sollicité, en 1130, le
protectorat de la France. M. Chuquet a eu tort de ne point rappe-
ler ce fait. La domination de la République de (îênes tut abomina-
ble partout. En 11360, les Grecs de Chio préférèrent les Turcs aux
Génois. C'est tout dire.
Charles Bonaparte, dès qu'il eut fait sa soumission, sut en tirer
beaucoup d'avantages et de bénéfices. Docteur en droit de l'Uni-
versité de Pise, il n'eut qu'à montrer son diplôme pour être aussi-
tôt nommé assesseur de la juridiction royale d'Ajaccio. Lié avec
les officiers de la garnison d'Ajaccio, protégé par M. de Marbeuf,
qui était lieutenant-général et gouverneur de la Corse, il s'em-
pressa de faire prouver ses quatre quartiers de noblesse devant
M. d'Hozier, juge d'armes de France, afin d'obtenir que son fils
iNapoléon fût nommé » élève du roi » à l'Ecole militaire de
Brienne.
On a souvent conté le séjour du petit Bonaparte dans cette
école, qui était un des douze collèges institués par le ministre
Saint-Germain pour élever les fils des gentilshommes pauvres.
L'humeur taciturne du petit Corse, son isolement volontaire dans
un coin de la cour pendant les récréations, ses longues retraites
dans la bibliothèque, tout cela rapporté, commenté, grossi, a servi
de thème à plusieurs dissertations et de sujet à quelques tableaux
de genre. On a voulu voir, dans cette attitude gênée, inquiète,
parfois bourrue, une infinité de choses. On s'est livré, sur ce sujet,
à une véritable débauche d'ethnographie. Voilà bien l'Italien, le
voilà bien ! L'italien de la Renaissance ! Le condottiere ! Castruc-
cio-Castracani ! Braccio de Mantoue ! Malalestade Rimiai ! Sforza !
Piccinino ! Et toute la séquelle de tyranneaux que Stendhal a
exhumés de leurs tombes et déchaînés dans la littérature ! C'est
beaucoup de bruit pour rien. N'est-il pas naturel qu'un enfant de
dix ans, subitement transporté de Corse en Champagne, et pas-
sant de la maison paternelle dans une geôle de jeunesse captive,
soit un peu abasourdi par cet exil et par cet internat? Quitter les
béguines et les jésuites d'Ajaccio pour les Minimes de Brienne ;
sentir autour de soi le dédain goguenard d'une centaine de gamins
sans pitié pour qui le désarroi du petit hobereau corse était une
occasion de taquineries sans fin : voilà de quoi décider n'importe
quel écolier à prendre le parti du silence et à tomber dans la nos-
talgie. Et il n'y a pas là, vraiment, de quoi découvrir l'Italien de
la Renaissance, le condottiere, etc. Au reste^ traiter Bonaparte
d' « étranger » parce qu'il venait de la Corse (annexée en 1769),
c'est comme si l'on refusait la qualité de Français au maréchal
Ney, parce qu'il venait de la Lorraine (annexée en 1766).
Taine, au tome !«'■ de son Régime, moderne, cite ce mot que
Napoléon Bonaparte, âgé de dix ans, aurait dit à son condisciple
1 14 MÉLANGES
Bourrieniie : » Je ferai à les Français tout le mal que je pourrai* i
M. Cluiqiiet démotilre que les fameux Mémoires attribués à Bour-
rieiine (lequel d'ailleurs était un triste sire) sont l'œuvre menson-
gère d'un compilateur inepte et qu'il les faut regarder comme des
commérages de domestique renvoyé.
M. Chuquet a eu la patience de reconstituer, avec des morceaux
de papier raccordés ingénieusement, la liste nominative des jeu-
nes nobles qui furent les camarades du futur empereur à l'école
de Brienne. Si Napoléon avait été le mauvais camarade que l'on
nous dépeint, il eût gardé rancune à ces jeunes gens. Or, je
relève, dans cette liste, les noms suivants :
Nansouty. — Général de division en 1803 ; colonel général des
dragons en 4813, commandant de la cavalerie de la garde impé-
riale, premier écuyer de l'empereur, etc.
Giidin. — Général de brigade (1799). général de division
(1800), comte de l'Empire (1808). Tilê en Russie.
De Jessainl. — Préfet de l'Aube, baron de TEmpire. Son fils,
auditeur au Conseil d'État^, fut sous-préfet de Genève en 1812.
lirunetcnu de Sainle-Sucanne. — Préfet de l'Ardècbe (1806),
de la Sarre (1810), baron de l'Empire, avec une dotation sur l'oc-
tfoi du hhitl.
Laplanche-Moriières. — Adjudant supérieur du palais des
Consuls (1802). « Élevé à Brienne avec Bonaparte, dit le général
Bigarré dans ses Mémoires, il dut à ce souvenir d'être appelé par
celui-ci à Paris, fit presque toutes les campagnes et mourut offi-
cier général. »
La Colombière. — Emigré en 1793, passe au service de l'Espa-
gne. Réintégré par Napoléon dans les cadres de l'élat-major fran-
çais avec le titre d'inspecteur principal des vivres de la Grande
Armée.
Le Lieur de Ville-sur-Arce. — Démissionnaire. Réintégré
comme officier d'ordonnance du général Marmonl (1800). Envoyé
à Cronstadt comme sous-commissaire des relations extérieures
(1802). Sous-inspecteur aux revues (1809).
Ckamprnilon. — Emigré. Réintégré comme capitaine (1810) et
chef de bataillon (1812).
Balaihier de Bragelonne. — Emigré. Réintégré comme capi-
tâltie à l'armée d'Italie (l"97j. Adjoint aux adjudants généraui
(1798). .Major (1798). Chef de bataillon (1799). Chef de division au
ministère de la guerre (180o;. Sous-gouverneur des pages (1806).
Général de brigade (1811).
Bonnayj. — Sous-directeur de.s fortifications à Thionville et à
Strasbourg, directeur à Metz et à Besançon. Retraité en 1810.
Calvet de Madailian. — Baron de l'Empire (1813).
Castres de Vaux. — Emigré. Réintégré en 1802. Sous-lieute-
nant ingénieur géographe (1803). Capitaine (1805). Chef dé batail-
lon (1809). Colonel (1813).
MÉLANGES 155
En résumé, tous ceux qui, dans le désarroi où les avait jetés la
Révolution, s'adressèrent à leur ancien camarade de Uriennc,
éprouvèrent les bienfaits d'un empereur qui, apparemment, avait
oublié les déboires do Técolier. Il y eut de singulières destinées,
parmi ces jeunes nobles, soudain dispersés par les ouragans de la
politique. Tel cadet de bonne race, après avoir guerroyé dans l'ar-
mée de Condé, se contenta, sous la Restauration, d'un costume
d'officier de la garde nationale. Tel autre s'éteignit en des hon-
neurs municipaux. I>e brillant Cominges iinit dans les contribu-
tions indirectes. Le tranquille Labretesclie devint capitaine dans
un régiment autrichien. D'Argeavel créa, au Caire, le Tivoli
égyptien, avec balançoires, musique, illuminations, danses du
ventre. On cite un t Brieunois » qui, lassé des agitations publi-
ques, devint administrateur des pépinières impériales et se fil
connaître par un Mémoire sur le dahlia. . . Toute cette partie du
livre de M. Chuquet est très curieuse et très neuve.
Les moines de Brienne n'eurent pas à se repentir d'avoir fait
apprendre les Commentaires de César à Napoléon Bonaparte. Le
père Patrauld, professeur de mathématiques, ayant mal tourné, le
premier consul paya ses dettes. Le père Berton, supérieur de
Brienne, devint économe à Saint-Cyr et proviseur du lycée de
Reims. Un autre Beitou, frère du précédent et sous-principal
de Brienne, fut, dans la suite, économe du Val-de-Gràce. Arrêté
pour malversation, il ne dut son salut qu'à l'intervention de son
ancien élève. . . Je n'insiste pas sur ces faits. M. Arthur Lévy les a
indiqués dans son livre intitulé Napoléon intime (p. 13).
Taine a reproché au boursier de Brienne, devenu cadet-gen-
tilhomme à l'Ecole militaire, de n'avoir point servi, pendant les
désordres de la Révolution, la cause du roi, de n'avoir point
regardé celui-ci « comme son général-né », de n'avoir point « tiré
l'épée pour lui ». Ici encore, l'enquête de M. Chuquet aboutit à
des évidences qui contredisent l'illustre auteur des Origines de la
France contemporaine. La promotion de Napoléon Bonaparte,
reconstituée d'après les archives de la guerre, atteste que le petit
cadet d'Ajaccio, lorsqu'il se détacha d'une royauté qu' s'abandon-
nait elle-même, ne lit que se conformer à un mouvement qui
emporta bien d'autres fidélités. « N'émigrez pas, lui disait, à
Valence, M™^ du Colombier. N'émigrez pas. On sait comment on
sort, on ne sait pas comment on rentre. — Oui, répondait le petit
lieutenant. Mieux vaut devoir le bâton de maréchal k la Nation
qu'aux étrangers. » S'il fut monstre en ceci, l'histoire impartiale
doit dénoncer d'autres monstres, ses camarades :
Hoisgérard. — Chef de bataillon en 1793, employé contrôles
Vendéens, général de brigade en 1796, tué dans l'expédition de
Naples.
Chrysogone de Chabannes. — Lieutenant au régiment de
Navarre (1788), simple soldat au 72e d'infanterie (1792), brigadier
au 24« chasseurs à cheval (1794).
156 MÉLANGES
Pierre de Champeaux, — Capitaine des guides à l'armée du
Rhin (1792), chargé d'apporter à la Convention les drapeaux
conquis à Spire, demandé par Bonaparte \)Oiir servir à l'armée
d'Italie (1707), général de brigade (1800). Tué k Mareugo. Napo-
léon se chargea de l'éducation de ses deux fils et nomma son oncle
recteur de l'Académie d'Orléans.
Rayniond de Dalmas. — Capitaine-commandant au 2* régi-
ment d'artillerie. Servit sous Dumouriez en Hollande (1792-1793).
Frévol de Lacoste. — Capitaine O~02). Employé à l'armée des
Pyrénées-Occidentales. Mort de ses blessures à l'hôpital d'Hernani
(1795).
La Bruyère. — Nommé adjudant général par Carrier et Merlin
de Thionville (1793). Chef de brigade (1796). Commandant du
département de la Mayenne (1802). Tué au siège de Madrid (1808),
après avoir reçu, à la guerre, vingt-cinq blessures.
Richard de Caslelnau. — Capitaine-commandant au 7» régi-
ment d'artillerie (1792-1793).
Parmi les anciens e cadets-gentilshommes » des autres promo-
tions, on retrouve le maréchal Davout, les généraux Desaix, de
Tugny, d'Hautpoul, etc. M. de Quintin, M. de Lauiiston, M. Jul-
lien de Bidon, M. Roche de Cavillac, M. de Labarrière, M. de Gas-
sendi, M. de Vaugrigneuse, M. d'Andigné, M. de Lariboisiére,
M. Sorbier, plusieurs autres officiers nobles qui avaient servi avec
Bonaparte dans le corps royal de l'artillerie, rencontrèrent leur
ancien camarade dans les rangs des armées républicaines.
Et ainsi de suite. Tous ces exemples prouvent qu'un officier
français pouvait, en 1792, continuer de combattre dans l'armée
française, sans être, pour cela, un condottiere de la Renaissance.
L'empereur Napoléon n'est pas encore tout à fait sorti des nua-
ges de la légende. Nous l'avons vu, jusqu'ici, sous deux formes
également illusoires : \° Le vieux Napoléon des gens du peuple,
« bon zigue » ou tyran abominable, petit caporal ou € ogre de
Corse », selon les besoins de la politique courante et au gré des
bourrasques de l'opinion; 2°. le récent Napoléon des gens de let-
tres, froidement ambitieux, tranquillement féroce, un Julien Sorel
botté, éperonné, couronné. A la fin de ce siècle, qu'il a rempli de
sa gloire, qu'il continue de régir par ses institutions, mais que ses
pâles imitateurs ne peuvent plus effrayer, nous verrons peut-être
le Napoléon des historiens.
Grâce à la science lucide et au talent probe de M. Chuquet, le
colosse déjà s'humanise, le bloc se colore, l'énigme s'éclaire. A
travers les brouillards accumulés par l'esprit d'adulation et par la
manie du dénigrement, nous apercevons enfin la réalité, trop
flexible et multiforme pour entrer dans l'armature des systèmes
préconçus. Nous assistons aux momenls successifs qui sont la con-
dition même de la vie. Nous apercevons, au lieu du fantoche de
mélodrame qu'inventa la crédulité populaire, à la place du man-
MÉLANGES 157
liequin de comédie qu'imagina le dilettantisme des lettrés, une
créature humaine, sujette aux lois de l'existence, soumise à l'action
du temps, accessible aux changements qui nuancent la série de
nos actes. Dans ce récit, où s'inscrit presque jour par jour la Jeih-
nesse de Napoléon^ il est aisé de distinguer trois états d'une
même personne.
C'est d'abord le petit collégien de Brienne, dépaysé, eli'arouché,
taquiné et taqinn, bon camarade et peu expansif, bon élève sans
rien de brillant, grand li-eur des Vies de Pkitarque, songeant à
ses parents qu'il ne voit plus, pleurant à chaudes larmes en réci-
tant les vers de Delille sur VExilé de Tahiti., parce que l'image
de ce Tahitien lui fait faire un retour sur lui-mcme^ exilé loin de
sa Corse natale. . .
C'est ensuite le t cadet-gentilhomme j> de l'Ecole militaire,
engoncé dans son habit, gêné aux entournures, jauni comme un
polytechnicien par l'abus des mathématiques^ attristé, raidi par le
caporalisme claustral de la maison, talonné par les examens,
privé de vacances, songeant à son père mort, à sa mère veuve, à
ses frères sans avenir, honorablement noté mais sans éclat, estimé
de ses maîtres, amicalement raillé par ses camarades, à cause
de ses prétentions à la vertu et de ses tirades sentimentales sur la
Corse.
C'est enfin le lieutenant Bonaparte, déniaisé, déridé, détendu,
libre d'examens, ivre de liberté, tout fier de porter l'uniforme du
corps royal de l'artillerie, joyeux et sobre, laborieux et mondain,
canonnier plein de zèle et danseur enclin aux innocentes amou-
rettes, savourant, avec deux ou trois camarades, ce qu'il appelle la
divine amilié, banquetant bruyamment en l'honneur de sainte
Barbe, patronne des artilleurs ; très ferré sur la théqrie, sollici-
tant des congés pour aller en Corse, mais piochant dur dans sa
chambre de Valence ou d'Auxonne, très soucieux d'obéir à l'or-
donnance de 1720, qui prescrivait aux officiers « d'avoir de l'am-
bition, d'étudier chez eux, d'aller^ par leurs méditations et leur
applicationy au delà des instruclions données, d'acquérir, par
des progrès quotidiens, le premier mérite de leur profession. •
Jeunesse pensive, sérieuse, exemplaire, en somme; aurore indé-
cise et touchante d'une journée d'orage.
En 1789, le lieutenant Bonaparte a vingt ans. Encore quel-
ques années, et son historien sera obligé de nous montrer com-
ment, après cette enfance généreuse, son héros fut gâté par l'exer-
cice précoce de la toute-puissance, ég.iré par l'ivresse du triomphe,
porté au mépris du genre humain par les trahisons des politiciens
et par l'expérience quotidienne de leur servilité.
Gaston Deschamps.
M. l'abbé PuisEux. — M. Pélicier, ancien président de la
Société d'agriculture de la Marne, vient de faire tirer à part le dis-
158 MÉLANGE*
cours qu'il a prononcé l'année dernière, en séance publique de
cette Société, et qui doit paraître dans le prochain volume des
Mémoires.
Ce discours était consacré à M. l'abbé Puiseujc, mort le 20 mai
1896, au cours d'un voyage en Terre-Sainte.
L'éloge du saint prêtre, qui était aussi un historien du plus haut
mérite, ne pouvait être mieux confié qu'au savant archiviste du
département de la Marne. Les amis de M. Puiseux liront ou reli-
ront avec intérêt et émotion ces pages où celui qu'ils ont perdu
est apprécié comme il aurait souhaité de l'être. En quelques mots,
M. Pélicier caractérise chacune des œuvres de son regretté collè-
gue, celles du moins qui parurent dans les mémoires de la Société
académique : U?i soldat de la guerre de Sept-Ans ; M. de Prilly ;
— les Eludes sur l'instruction primaire dans le diocèse ancien
de Ckdlons avant I7S9 ; — le Théâtre au collège de Clidlons au
XVII^ siècle, etc.
« Vous pardonnerez, dit M. Pélicier, à un vieux classique
comme moi de vous recommander notamment celte dernière
étude; elle est pleine d'agrément, de bon sens et de ces réminis-
cences littéraires qui sont un régal pour tout esprit cultivé »,
Puis, après avoir cité les recherches sur Notre-Dame de l'Épine,
M. Pélicier termine ainsi :
< ... De même que l'on ne saurait visiter les églises de noire
ville sans tenir un Grignon à la main, de même ne pourra-l-on
faire désormais le pèlerinage de l'Épine saus avoir dans la pensée
et sur les lèvres le souvenir de l'abbé Puiseux ».
M. Pélicier a raison de croire que ce souvenir sera pieusement
conservé. Cette année même, à la date du funèbre anniversaire,
paraissaient quelques pages dont nous nous reprochons de n'avoir
pas encore parlé ; elles sont intitulées : A la mémoire de
M. fabbé Puiseux. Elles portent pour épigraphe : c La Terre-
Sainte m'a conquis; je ne serai pas venu en vain, — J. Puiseux
{Extrait de sa dernière lettre], *
Cet In Alemoriam, précédé d'un beau portrait, se compose
d'une courte et substantielle notice, et d'une pièce de vers signée
de M"« Zélie Villin ; c'est un nom souvent applaudi aux concours
poétiques de la Société académique de la Marne,.. Est-il besoin
de rappeler y^a/me d'Arc, la Corbeille de chiffons et surtout la
Croix Rouge ?
Poète, M. Puiseux l'était aussi, et il aurait apprécié l'élévation
de sentiment, la sûreté d'expression, avec lesquelles l'auteur s'est
fait l'interprète de la pensée qui l'avait conduit au tombeau de
Jésus-Christ :
Prêlre du Christ, il veut du sacerdoce saint
Retrouver le berceau.
Après avoir décrit à grands traits ce pays « saint et maudit »,
Qui reçut le Messie et lit la Passion,
l'auleur parle au nom des amis que le voyageur avait laissés der-
rière lui et qui suivaient les étapes de son voyage :
Nous, les humbles croyants, qui regardons d'en bas
Ces chercheurs du divin, sur ces sublimes plages
Hessaisissaut uu trait du ciel à tous les pas,
Nous les suivons du doigt sur de pâles images.
Oh ! lorsqu'il reviendra, portant à ses souliers
Les restes vénérés de ces poussières saintes ;
Et sous son front gardant, pieusement plies.
Ses souvenirs avec leurs parhims et leurs leiules,
Que de récils émus sûrs de nous émouvoir 1
Hélas ! il ne devait pas revenir :
Il est mort I 11 est mort là-bas !
Mais si cette mort fut cruelle par sa soudaineté, quel reconfort
pour le croyant, pour le prêtre à ses derniers moments, dans
cette pensée qu'il mourait à quelques pas du tombeau du Sau-
veur ! Et, pour ceux qu'il avait quittés, quelle grande et chré-
tienne consolation au milieu du deuil qui les frappait. C'est encore
ce qu'exprimait si bien notre poète :
Ne le cherchons plus dans la mort...
De son entrée eu Terre-Sainte,
Celte lettre tardive, empreinte
D'un tel bonheur : a J'arrive au port !. .. »
N'est-ce pas, franchissant la nue.
Un écho de la bienvenue
Rencontrée au céleste bord?
Aux œuvres précédentes se rattache, par le souvenir de l'abbé
Puiseux, le beau livre que M. l'abbé Janel vient de faire paraître
sous ce titre : Les Saints- Lieux — ConslanlinopLe — Athènes —
Notes d'un peler' in.
Au moment où il venait d'uborder à la côte de Galilée, l'auteur
écrivait : c II se pourrait que nous fassions en Terre-Sainte œuvre
de Français autant que de pèlerins. »
En effet, si l'émotion du chrétien est profonde, de pouvoir se
dire, comme l'abbé Janel : « Uuel bonheur ! nous voici donc dans
la maison du Seigneur! *, l'étnction du Français est presque
aussi intense de retrouver à chaque pas les traces de notre
ancienne puissance, les souvenirs des Croisades et ceux de Bona-
parte, souvenirs qui prolongent et maintiennent, malgré bien des
fautes commises et malgré de déplorables abandons, le renom et
le prestige de la France.
Le livre de M. Janel sera sans doute l'objet de l'étude spéciale
qu'il mérite. De Jérusalem à Constantinople et Athènes, l'itiné-
\ 60 MÉLANGES
raire qu'il a suivi traverse ces régions où se livre le séculaire com-
bat de l'Islam et de la civilisation chrétienne. L'auteur y indique
nettement les inlhiences hostiles à notre pays, et le lecteur fran-
çais pourra y puiser plus d'un enseignement, et, ce qui vaut
mieux encore, y perdre quelques-unes de ces dangereuses illusions
dont l'ignorance ou le parti-pris aiment trop à se bercer.
Mais, nous le répétons, le présent article est consacré surtout à
la mémoire de M. l'abbé Puiseux, et nous avons voulu relire des
pages touchantes, celles où l'auteur nous redit les heures cruelles
de la séparation et l'adieu suprême à son compagnon de voyage :
« Quand je me vis seul derrière cette bière, parmi tous ces
« étrangers, la douleur fut la plus forte. Si loin de tous ceux que
« iM. Puiseux avait connus, de tous ceux qu'il avait aimés, de tous
« ceux qui, en ce moment même, attendaient qu'on les rassurât
« sur sa santé, c'était à moi seul de porter tous ces deuils, ceux de
« ses frères dans le sacerdoce, ceux du diocèse dont il était l'hon-
e neur, ceux de ses enfants aimés, et tous les deuils secrets, sou-
« vent les plus cruels; alors je mépris à sangloter. »
Les amis de M. Puiseux sauront gré à M. l'abbé Janel d'avoir su,
loin du pays natal, si dignement représenter et exprimer la dou-
leur de ceux dont la sollicitude inquiète, la prièie et les vœux
accompagnaient les deux pèlerins.
L' Imprimeur- (Jéranl,
LÉON FRÉMONT.
LES HENNEQUIN
La Maison des Houueciuiii esl. aiubi (]ue l'iudiquc ubaez sua
Dom. originaire des Flandres. La signiticaliou de ce nom e^l
Jean ou Pelitjean.
Li'S plus anciennes généalogies fonl burlir de Gand Uudiiiol
Hennequin. l'anobli, premier du nom, et le disent ills d'un des
révollés de Gand, lieutenant d'Arlewelde, chargé d'aller défier
le roi le 11 novembre pour la bataille de Rosebecque. Une
autre généalogie, qui s'explique plus amplement, annonce que
ledit Oudinot Hennequin était tils de Nicolas Hennequin,
Flamand de nation, chef en l'armée que les Flamands rebel-
les à leur comte, levèrent contre le roi Philippe de "Valois au
mont de Cassel, oia fut donnée la bataille en août 1328, et où
ledit Nicolas Hennequin fut tué.
Quoi qu'il en soit de ces origines, le nom de llenuequii; est
fort ancien en Flandre ; le Carpentier, les Sceaux des Flan-
dres et autres ouvrages y citent des Hennequin dès la plus
haute antiquité.
On trouve un Piei're Hennequin. bourgeois de Troyes, qui
donne une verrière à l'église de Troyes en 1317, etHenuequui
le Flamand, peintre à Troyes en 1381. Tous deux doivent èlre
des proches d'Oudinot Hennequin, l'anobli, premier du nom
de la longue généalogie qui suit.
Les armoiries de la maison Hennequin sont : Vairé d'or eu
(l'azur, au chef de gueules chargé d'un lio7ipassant d'argent.
Les devises qui accompagnaient ces armoii'ies furent nom-
breuses et variées. Celle de la branche de Villermout, seule
subsistante, est : Spes mea Deus.
Nota. — Les Hennequin étant de noblesse indiscutable,
on a cru pouvoir omettre les qualifications d'écuyer et de che-
valier, qui furent portées par touo les membres de cette famille.
Tige commune et branche aînée.
I . Oudinot Hennequin, qualifié seigneur de Màchy-lc^-
Saint-Phal, et ayant acquis aussi les aeigneuries de Lantages
11
162 LES HENiNEQUIN
el Malbaux, bourgeois de Troues, anobli le 27 juillel 13;jy pour
services rendus au roi, notamment en Test de Breteuil et
ailleurs. Il mourut vers lot38, et fut inhumé en roplise Saint-
Bernard de Troyes. Il fut père de :
1. Ûudinol, qui suit.
'J. Pierre Heiinequin. qui fui prévôt de Troyes de loi)!
à 1 408. Marié à Jehanuette de Hetz (alias de Haisy).
il en eut :
o. Oudard ILunequiii, bailli de Gié en 1426, père de :
4. Jean Henuequin. maître des eaux-el- forêts à
Bar-sur-Seine.
3 . ( Juillemette Hennequiu, mariée à Jean Ancelol (alias
liouzelot;, seigneur de Dosches el Moutgueux.
D'autres généalogistes font celle Guillemei.le liUe
de Oudinot l'anobli.
2. Uudinol Ilenuequiu, seigneur de Màchy, Lanlages el
Matbaux, avocat du roi à Troyes. Il fut père de :
3. Jean, qui suit.
o. Oudinol Hennequiu, mort sans enfauls.
3. Jean Hennequiu, seigneur de Lanlages et Màchy, avo-
cat du roi à Troyes eu 1380 et 1385. C'est sans doute lui qui
est qualibé licencié ès-lois et conseiller de ville à Troyes en
1 i26. Marié à Marie de Gastellux, il en eut :
4, Oudart, qui suit.
i . Oudinol Hennequiu, lige dune branche qui suivra el
qui mit eu chef de ses armoiries, au lieu du lion
passayit, trois aiglettes d'argent.
4. Oudard Hennequiu, conseiller et avocat du roi à Troyes,
seigneur de Màchy et Lantages, conseiller de ville à Troyes en
1420, marié à Guilleraelle de Mergey (^Z2«5 de Mergery) ; il eu
eut :
'.}. Simon, qui suit.
0. Jean Hennequiu, qui a forme la branche de Lanlages,
laquelle suivra.
0. Jeanne [alias Mahaui) Hennequiu, mariée par contrat
du 4 .septembre 1428, passé jar devant Jean Mergey
el Jean de Mesgiigny, notaires à Troj'es, à Antoine
Guerry, dit des Essarts, prévôt de Troyts.
i>. Perronnc Hennequiu, mariée en 1418 à Jacquinol Phi-
lippe, .'^eigneur de Landrevilie [alias Phelippe).
D'après d'autres généalogistes, cette Perronnc Hen-
LES EtENNEQUIN 168
uequiu u'exisleraiL pas el aurait été coulbnduc
avec une Perroune de la Garmoise, sœur de Gillette
et de Guillemelle de la Garmoise, fille de Pierre de
la Garmoise, seigueur de Saiul-Mesmio. et épouse
de Jacquinol Phelippe ou Philippe.
5. Simou Hennequin, seigneur de Màchy, Savières, Blives,
conseiller de ville à Troyes eu 1458. Il fut confirmé dans sa
noblesse par arrêt de la Cour des Aides du 17 janvier 148-i, Il
épousa Gilelte de la Garmoise, liUe de Pierre de la Garmoise,
seigneur de Saint-Mesmin, et de Jeanne Jacques. Lesdils
époux de la Garmoise Cureut inhumés sous une grande tombe
lamée de cuivre devant le maitr-i-autel de Saint-Jean de
Troyes. De ce mariage vinrent :
t». Pierre, qui suit.
G. Oudart Hennequin, doyen de Samt-Urbaiu de Troyes.
En 1497, il lègue de grands biens à cette église.
Michelet Henne(]uin, son frère et exécuteur testa-
mentaire, donna ausj-i beaucoup à cette église,
notamment en 1L06. En 1493, ledit Ûudart est qua-
lifié curé de Bouilly et Piney, doyen de Saint-
Etienne.
G, Jean, qui suivra.
G . Simon Hennequin, chanoine de Saint-Germain-l'Auxer-
rois, conseiller-clerc au Parlement de Paris en 1 483,
testa le 1 1 mars 1 i9o. mourut le "28 septembre 1494,
et fut inhumé à Saint-Germain-l'Auxerrois.
G. Guillaume Hennequin, seigneur de la Chapelle, con-
seiller-clerc au Parlement en 1475, couseiller-lay
en 1482, marié à Marguerite Avyn, fille de Jean
Avyo, conseiller au Parlement, et de Guillemelle de
Vie ; il fut inhumé à l'église Saint- Paul de Paris. Il
eut pour enfants :
7. Jean Hennequin, seigneur de la Chapelle, du Ples-
sis-Bouillancy, Villers-sur-Orge, la Bapée, la
Grange-aux-Merciers, etc., conseiller au Parle-
ment, mort sans hoirs le 17 juillet 1548, inhumé
eu la chapelle Sainl-Amable qu'il a fondée à
l'église Saint-Paul de Paris, à la nomination de
l'aîné de sa famille.
7. Martin Hennequin, trésorier de l'église Saiut-
Etienne de Troyes en 1510, abbé de la Trappe,
conseiller-clerc au Parlement de Rouen, mort le
G janvier 1547.
it)4 LES UENNÉQUlN
7. Gilolle Heuuequiu, mariée à Jeau du Buib, lieulo-
nanl-général à Noyou.
7. Jeanne llennequiu, religieuse aux Filles-Dieu de
Paris.
0. François, qui suivra.
G. Michel, qui suivra.
6. Pierre Hennequiu, seigneur de Màchy, Malhaux, Saviè-
res, Blives, Brevonnelle, Saint-Ulin, laCour-Saint-Phal, elc,
avocal au Parlement, conseiller du roi en la Chambre du Tré-
sor en 1482, écheviu de Paris en 1529, mort en 1332. D'après
Y Histoire de la Chancellerie , Pierre Hennequin, conseiller du
roi eu la Chambre du Trésor, fui conseiller el secrétaire du
roi, maison, couronne de France el de ses finances en l;'>b6.
el résigna en lo57. Il y a une erreur de dates dans cel
ouvrage, ou bien il s'agit alors d'un aulre Pierre Hennequin
qui aurait été aussi conseiller en la Chambre du Trésor. Il
épousa Marguerite de Marie, fille d'Arnauld de Marie, prési-
dent à mortior au Parlement, petite-fille d'Henri de Marie,
chancelier de France, puis en secondes noces Marguerite Cor-
delier. H eut du premier lit :
7 . Pierre, qui suit.
7 . Nicolas Hennequiu, doyen de Saint-Urbain de Troye»,
archidiacre de Troyes, mort en loi 8 (1548 ?j et
inhumé à Saint-Urbain.
7 . Martine Hennequin, mariée à Dreux Raguier, sei-
gneur de Thionville, Rumilly- sur-Seine, baron de
Pou&sey, grand-maître des Eaux-et-Forèls de Cham-
pagne et Brie, prévôt des marchands de Paris en
1506.
7. Anne Hennequin, dame de Saint-Utin, mariée à
Jacques Pétremol, seigneur de Viaspres et Sainl-
Utin, greffier de l'Echiquier d'Aleuron.
7. Ijuiilcmeltc Hennequin, mariée à François Damours,
seigneur de Sainl-Serain en Anjou, puis à Artus
Gidoine, seigneur de Portai. en Beauce.
El du deuxième lit :
7. Simon Hennequin, religieux cordelier.
7. Pierre Hennequin, seigneur de Mathaux, Brevonnelle,
Savières et Blives ; procureur du roi en la Cour des Monnaies,
mort ie 10 septembre 1553 et inhumé en l'église Saint-Paul de
Paris dans sa chapelle de Sainl-Amable. Il épousa Marguerite
LES FIENNK(,)r IN Hl'l
Lolin, fille de Uobert Loliu, seigiieur de Vaires el conseiller
au Parlemenl, et de Marie Aguenin le Duc. Il en eut :
8. Louis, qui suit.
8. Nicolas Hennequin, seigneur de Blives, chanoine de
Saint-Pierre de Troyes, grand-vicaire de l'évèque de
Troyes en 1577 et 1581, après avoir été vicaire-
général du chapitre en 1562-1563, doj'en de Saint-
Urbain de Troyes dès 15fi0; était né en 1512, il
mourut en 1590 et fut inhumé à Saint-Urbain avec
son oncle Xicolas.
S. Jean Hennequin, seigneur de Brevonnelle, auditeur
des Comptes, né le 22 juin 1526, mort en 1597,
inhumé en la chapelle Saint-Amable de l'église
Saint-Paul. Il épousa en 1555 Nicole Coiffarl, fille
de Nicolas Coiffarl, seigneur de Saint-Benoît el Ver-
moiso, el de Guillemelte Pinette, laquelle mourut
le 2 juin 1567 et fut iuhumée en la chapelle Sainl-
Amable de Saint -Paul ; puis en secondes noces
Marie AUigret, fille dOlivierAlligret, avocat-général
au Parlemenl, seigneur de Charenlonneau et CHchy-
la-Garenne, et de (Uaire Legendre. Il eut du premier
lit :
9. Jacques Hennequin, baptisé le 28 décembre i56o,
mort sans enfants.
9 . Cabriel Hennequin, seigneur de Brevonnelle, né le
10 oclobre 1565, mort en 1586.
9. Marie Hennequin, née le o mars 1559, mariée le
14 février 1575 à Pierre d'Argillières, seigneur
de Moulceaux, conseiller du roi, général eu la
Cour des Monnaies, mort le lô Janvier 1612. Elle
mourut le 6 août 1616 et fut inhumée au Temple
à Paris.
Du deuxième lit :
9. Anne Hennequin, née le 4 janvier 1571 ; mariée le
22 juin 1587 à Pioberl le Clerc, seigneur d'Arme-
nonviUe, elle mourut en 1636. Son mari se disait
issu du chancelier le Clerc et en portait les armes.
8. Marie Hennequin, mariée le 5 septembre 1524 à Ger-
main le Sueur, avocat du roi aux Requêtes de
l'hôtel, puis à Almeric Trouillard, avocat au Parle-
ment, seigneur de Gouldres au Maine.
8. Marguerite Hennequin. mariée en 1 536 à Jacques le
]ù{\ LKS HENNEQt'IN
Faure, seigueur de Morsan, vicomte de Seus, avocat
au Parlement, maître des requêtes de l'hôtel de la
reine-mère; elle mourut le 21 décembre 11)73.
8, Aune Ilenuequin. religieuse à l'abbaye de Lougcbamp.
près Paris.
8. Louis Ilennequiu, seigneur de Mathaux, Clicby-la-
Garenue. etc.. conseiller du roi et procureur-général en la
Cour des Monnaies, né en H'09 ; il mourut en 1371. Marié à
Anne Alligret, sœur de Marie, femme de ?on frère Jean,
morte eu lo78, il eu eut ;
\) . Pierre, qui suit.
0. Louis Henuequiii, seigneur de Clichy-la-Garenne, né
le 12 juin 1558, mort sans hoirs en lo85.
9. Marie Hennequiu, née le 3 mai louO, morte enfant.
9. Marguerite Hennequin, née le 13 avril 1054, morle
enfant.
9. Pierre Hennequin. seigneur de Mathaux. ué le 7 juin
1543, conseiller de ville à Paris en 1584. 11 est dit suivant
les armes et tué en 1589 lors de l'attaque des faubourgs de
Troyes par M. de Mayenne ; son corps fui porté dans une mai-
son qui fut incendiée, on ne le retrouva pas. Il avait épousé en
1579, par centrât du 23 juin. Aune du Breuil, ilUe d'Alexau-
dre du Breuil, seigneur de Montault en Bourgogne, chevalier
de l'Ordre du Roi, gouverneur de Rue en Picardie, et de
Françoise de Fouquerolles. R en eut :
10. Alexandre, qui suit,
10. Judith Hennequin, née en 1386, mariée à Robert de
Joyeuse, baron de Verpel.
10. Marie Hennequin, aînée de la précédente, née en
1585, mais morte enfant.
10. Alexandre Hennequin, seigneur de Montault près
Noyers en Bourgogne, Mathaux, Clichy-la-Gareune, etc., né
le 12 juillet 1583. marié à Marie Richer. fille du seigneur do
la Lobinière, au Maine. 1\ en eut :
1 1 . Michel Hennequiu, seigneur de Montault, marié à
Marie le Roy, mort avant le 1(1 septembre 1676. R eut d'elle :
12. Dreux Hennequin, né le 27 mai IGil. En 1660, il
est lieutenant des toiles, tentes et pavillon, du roi
pour la chasse au sanglier, sous la charge du mar-
quis d'Ecquevilly, son cousin. R est possible qu'il
ait eu postérité, car un généalogiste dit qu'un
Dreux Hennequin est encore pourvu do celle
LES HKNNEQUIN 167
charge de lieulenauL du vautrail eu 17'2(.i. Mais
c'est peut-être une erreur de date, et c'est proba-
blement noire Dreux, uc en 1641, qu'a visé le
généalogiste. Il est plus probable qu'il est mort
sans poslérilé masculine.
12. Gabrielle Ilennequin, religieuse.
Branche de Croissy.
6. Jean liennequiu, brisa ses armoiries d'u7ie tête de cerf
placée au premier canton, el ses descendants les portèrent de
même ; il fut seigneur d'Epagne, Saint- Liénard, les Granges.
Elu à ïroyes eu 1480. En 1 199 et 1300, un Jean Hennequin.
laiué, est dit receveur du grenier à sel de Troyes ; ce doit être
notre personnage. Marié à Catherine Léguisé, il en eut :
T . Jean, qui suit.
7. Nicolas, dont la branche suivra.
7. Christophe, dont la branche suivra celle de ses l'rères
aînés.
7 . Claude Hennequin, bourgeois de Paris, marié àGillelle
Croquet, dont :
8. Catherine Hennequin, mariée à Germain Parent,
puis en 1549 à Léonard Goulas, avocat au Parle-
ment.
8. Jeanne Hennequin, mariée à Laurent Leschassier,
bourgeois de Paris.
8. Madeleine Hennequin, mariée à Guillaume Larcher,
bourgeois de Paris. Ces deux époux ont donné à
la cathédrale de Troyes une verrière où ils sont
représentés agenouillés sur des prie-Dieu à leurs
armes.
7. Jeanne Hennequin, mariée à Guillaume Brinon, sei-
gneur de Villaiiies et Guieucourt, avocat au Parle-
ment. Ils furent inhumés tous deux à Saint-Séve-
riu, à Paris.
7. Barbe Hennequin, mariée à Claude Mole, seigneur de
Villy-le-Maréchal.
7 . Gilelte Hennequin, mariée à Jean de Malleville, bour-
geois de Paris.
7. Jean Hennequin, seigneur de Croissy, Saint- Liénard.
Epagne, les Granges, etc., conseiller de ville à Paris en 1577,
raorl le 17 mars 1593. comme il se voyait par son épitaphe
\i'>^ LES IIENNEQUIN
dans une chapelle derrière le chœur à Saiul-Jeaû-en-Grève,
où était sa statue à genoux, sur un pilier, avec ses aroies.
Marié à Claude de Malleville, il eu eut :
8. Claude, qui suit.
S. Nicole Hennequin, mariée le 12 juillet 1518 à Jean
Bourdel, secrétaire du roi de la graude chancellerie.
8. Catherine Hennequin, mariée par contrat du 8 juin
1 o23 à XicolrtS le Vallois. seigneur d'Ecoville, vicomte
de Caen.
8. Claude Hennequin, seigneur de Croissy, les Granges,
etc., conseiller et général en la Cour des Monnaies, mort le
It janvier 1^''73, avant son père, et inhumé avec lui en la même
chapelle de Saint-Jeau-de-Grève. Il épousa Germaine le Sueur,
fille d'un général en la Cour des Monnaies, et en eut :
9. Nicolas, qui suit.
9. Jean Hennequin, seigneur de Ooiss}', mort sans
alliance, était né en 1534.
9. Nicolas Hennequin, né en 1333 et morl eu 1574, marié
à Simonne Janvier. Il en eut :
10. (Claude Hennequin, mort jeune.
Branche du Perray.
7 . Nicolas Hennequin. seigneur du Péray et Bermainville;
il ajouta un crucifix d'or entre les bois du cerf pris par son
père. Il fut échevin de Paris, membre du Conseil des Vingt
pendant la captivité du roi en Io2o. Il avait été émancipé par
son père en 1490. Il fit bâlir à neuf le cloître des Jacobins de
la rue Saint-Jacques, à Pari?, et on y voyait ses armes. Il
mourut en 1336 et fut inhumé aux Saints- Innocents, à
Paris. Il avait épousé Jeanne le Gras, morte eu 1332, dont il
eut :
8. Nicolas, qui suit.
8. Claude Hennequin, seigneur de Bermainville et Com-
pans, conseiller du roi en ses conseils, maître des
requêtes de son hôtel en 1553, marié à Magdeleiue
Séguier, fille de Pierre Séguier. président au Parle-
ment. Il en eut :
9. Marie Hennequin, mariée à Gilles le Maître, sei-
gneur de Ferrières, petit-fils du premier président
de ce nom, et mort en 1624.
9. Jeanne Hennequin, mariée à P'élix Vialarl, sei-
LKS HRNNEQUIM 1G9
gneur de la ForAl de Oivry, conseiller du roi en
ses Conseils, maître des requêtes de son hôtel ;
elle mourut le 21 octobre 1643.
9 Anne Henuequin. dame de Compaus, mariée à
Jacques Dauès, s-" de Marly-la-ViUe, président en
la Chambre des Comptes en lo88, conseiller
d'Etat, prévôt des marchands de Paris en 1598 ;
elle mourut en janvier 1645 et lui en 1618.
8. Anne Heunequin, mariée à Antoine Bohier, s' de la
Chesnaye, receveur-général des finances à Bourges.
8 Jeanne Heunequin, mariée à François de Conan, che-
valier, seigneur de Coulon et P.abesti.n, conseiller
du roi, maître des requêtes de l'hôtel, maître des
Comptes en 1539, lequel a composé le Droit civil:
il mourut en 1551 et elle avant juin 1565.
8 Nicolas Hennequin, seigneur du Peray ou du Perray et
Savigny. maît.e des requêtes de l'hôtel du roi et maître des
Comptes en 1544; secrétaire du roi, maison, couronne de
France et de ses finances en 1548, il ré.igne cet office en 1578.
Marié à Jeanne de Sallard, fillede Jean Sallard, s'' de Bouvron.
Monti-ny et Marlotle, capitaine et bailli de Chaumont en Bas-
signy,^ maître des Comptes en 1520 ; elle est morte le 3 octo-
bre 1608 et inhumée à Sainte-Opportune. Il eut d'elle :
9. Nicolas, qui suit.
9. Jeanne Heunequin, mariée à Antoine Hennequin, sei-
gneur d'Assy, son cousin, conseiller au Parlement
et président es Requêtes du Palais.
9. Marie Hennequin, mariée à Guillaume Barthcieray,
seigneur de Beauvergcr, conseiller au Parlement.
9. Anne Hennequin, moite jeune et prèle à être mariée.
9 Nicolas Hennequin, seigneur du Perray et de Savigny,
conseiller du roi en ses Conseils et maître des requêtes de
son hôtel en 1588. président au Grand Conseil; conseiller et
secrétaire du roi, maison, couronne de France et de ses finan-
ces en 1578 sur la résignation de son père ; il résigna lui-même
la même année, et tous deux résignèrent leurs survivances en
1582. n est compris dans la Hste des ligueurs proscrits et
chassés de Paris pour avoir tenté un dernier effort en faveur
du duc de Mayenne le 30 mars 1 594, huit jours après la reddi-
tion de Paris à Henri IV. Il mourut h 31 octobre 1634, a 78
ans, comme il se voyait par son épitaphe sur son caveau de
Sainl-Merry. Il épousa Renée Hennequin, sa cousine, qui mou-
rut le 12 mai 1640. Il en eut :
1"n LRP (TENNKQflN
III. .leaune. Hennoquiu, mariée ;ï Georges Babou, àei-
gneur de la Bourdaisièrc, comle de Sagouue,
capitaiue des cent gentilshomrres de la Maison
du roi, lequel fui tué eu duel; puis eu secondes
Doces à Gilbert Filhel, seigneur de la Gurée et la
Roche-Turpin. chevalier des Ordres du loi, com-
mandant une compagnie de 200 chevau-légers de
la garde ; puis en troisièmes noces, en 1606, à
Gabriel d'Aremberg, s'' des Guiches, capitaine
des gardes suisses du duc d'Orléans et chambel-
lan de ce prince. A propos de son second mari,
on rapporte que dans le combat de Fontaine-
Française, Gilbert Filhel de la Curée combattait
sans armure el mal monté. Une voix, qu'il recon-
nut pour celle du roi, lui cria : « Garde la Curée ! >'
dans le temps qu'un des ennemis élait prêt à le
percer de sa lance. Aussilût , la Cui ée se retourna
et tua celui qui l'altaquail. Après l'adion, il
vint trouver le roi qui était encore à cheval, el
lui accolant la cuisse, lui dit : « Sire, il l'ait bon
d'avoir un maître qui vous ressemble, car il sauve
la vie pour le moins une fois le jour à ses servi-
teurs : j'ai rc çu aujourd'hui deux fois celle grâce
de Voire Majesté, l'une en ce que j'ai participé
au salut général, el la seconde quand il vous a
plu me crier : « Garde la Curée ! » « Voilà, lui
répondit le roi, comment jaime la concervalion
de mes bous serviteurs. «
10. Renée Hennequiu, abbesse de Malnoûe le 24 no-
vembre 1640.
10. Marie Heunequin, dame du Perrav, mariée par
contrat du 4 lévrier 1025 à Henri de Goufûer,
marquis de Boissy, comle de Maulevrier. Elle
mourut à Vilry le 2 avril 1676, suivant son épi-
laphe en l'église des Cordeliers. Quant à lui, il
fut tué le 24 août 1 6:^9 au combat d'Everqueque.
Elle est dite avoir épousé en secondes noces
M. de la Rochepol.
Branche de Dammartin.
7 . Christophe Hennequiu, seigneur de Darnmarliu. reçu
conseiller au Parlement en'l'i91 ; devint doyen du Parlement,
l'un des opposants au concordat de Léon X. pourquoi il fut
I.F.S HENNEQLIN 171
iulcrJil par la régeule Louise de Savoie eu l'oio, couliuuu
copendaûl d'aller siéger au Parlemeul. Le roi, de relour, allri-
bua au Grand Couseil les causes ecclé^^iasliques. Marié eu
loti à Bonne Couraull, dame de Dammarliu, fille de Jean
Courault, s"" dudillieu, et de Jeanne Turquanl. Il en eul :
8. Jean, qui suit.
8. Christophe Heunequin, tué en U ville de Poitiers élani
jeune encore.
8. Jeanne Hcnnequin, mariée eu lo26 a Nicolas Mole,
seigneur de Jusanvigny, conseiller au Parlement.
S. Marie Hennequin, religieuse à Jouarre [alias à Chelles).
8 . Madeleine Hennequin, religieuse à Montmartre.
8. Geneviève Hennequin, religieuse à Yerre?
8. Nicole Hennequin, mariée en lo30 à Jean-Jacques de
Mesmes, sr de Roissy, lieutenant-civil et maiire des
Requêtes de l'hôtel, conseiller du roi en ses Conseils
privé et d'Elat, président au l'arlement de Norman-
die, ambassadeur en Allemagne, Suisse. Espagne.
ami des rois François L"" et Henri H. Il mourut le
17 janvier 1r)o4 et elle le 23 octobre 1369.
s. Aune Hennequin, mariée à Jacques le Sueur, s'd'Aul-
noy. greffier de la Cour des Aides.
8. Jean Plenucquin, seigneur de Damtnarliu, conseiller au
Parlement, commissaire aux Requêtes du Palais. 11 épousa, le
18 novembre Ki37, Aune Mole, fille de Nicolas Mole, seigneur
de Jusanvigny, et de Jeanne Charmolue ; il mourut le
"29 novembre 1542, ayant eu pour enfants :
9. Anne Hennequin, mariée à Jean {alias Germain) le
Masson, s'' de Bellassise, conseiller au Parlement,
puis à Jean de Refuge, s"" de Courcelles et Précy,
conseiller au Parlement.
9. Nicole Hennequin. mariée le 9 juin 136U à Claude
Tudert. s'- de la Bournalière, conseiller au Parle-
ment,
9. Madeleine Hennequin, mariée à Denis Brulart, con-
seiller du roi eu ses Conseils privé et d'Etal, premier
président au Parlement de Dijon. On rappoite qu'il
était d'une grande pusillanimité, et que sa femme
avait coutume de lui dire : « Si Madeleine Henne-
quin était premier président, les choses ne se pas-
sieraieut pas ain^^i. »
172 LKS IIENNEQUIN
Branche d'Auzon et de la Meyrie.
6. François Heu iiequiD, seigne\:r d'Auzon, marié en 1470
à Jacquelte Mole, fille de Guillaume Mole, s' de Villy-le-
Maréchal, et d'une Léguisé, celle-ci sœur du célèbre évêque
de Troyes de ce nom. Il eu eut :
7, Simon, qui suit.
7. François [alias Antoine) Hennequin, seigneur de
Précy-Notre-Dame, marié à Louise Mole, veuve de
Nicolas de Pleurs (ou de Fleurie), s'' de Précy. Il
en eut :
8. Mahaul [alias Marie) Hennequin, mariée à Antoine
Guerry. s' des Essarls. lieutenant-général de Chau-
monl eu Bassigny. puis lieulecanl-civil de la pré-
voie de Paris. Leur contrat de mariage est du
4 aoûi 154t.
7 . Simon Hennequin, s'' d'Auzon, marié à Aliéuor Goujon,
fille de Jean Goujon, s'' de Coigny et Marqueuay. et de Marie
Moël, dame d'Alhis, elc. Il en eut :
8. Claude Hennequin, marié à Jeanne Bareton, dont :
9. Barbe Hennequin, mariée à Odard Boucherai, s'
de. . . . près Pont-sur-Seine, desquels vint Nicolas
Boucherai, général de Cileaux en IfiO'i.
8. François, qui suit.
8. Simon, qui suivra.
8. Anne Hennequin, mariée k Arlus de Jouane, prévôl
de Soissons. Elle était veuve en 15GQ.
8. Aliénor Hennequin, mariée à Jacques Fillette, s' de
Ludes près Reims.
8. François Hennequin. seigneur de la Mairie ou la Mérye
près la Ferlé-Milou, épousa Radegonde [alias Catherine) le
Riche, dame de Rivière et Maréville près la Ferlé- Milon. lien
eut ;
9. François, qui suil.
9. Marguerite Hennequin. mariée à Jean s' de
Lambres, demeurant à Rosna^-, près Reims, lequel
est appelé aussi Jean Lambert par une généalogie.
9. Jean Hennequin, mort sans hoirs,
9. Micole Hennequin, mariée à Jean de Lambres.
9. Eléonore Hennequin, mariée par contrat du 26 no-
vembre 11)61 à Robert Fouquet, seigneur df» Long-
voisin el Richeoourl.
LKS HK-NNEyUiN l73
'.•. Adrieiiue Heunequiu, mariée à Kobeil Barbier, sei-
gneur de la Roche, puis à Nicolas , seigneur
de Richecourl.
ISula. — Ou ne peut préciser laquelle, d'Eléonore ou
d'Adrieuue Hennequin, sa sœur, épousa aussi François Bril-
fault, s'' des Aigloulius.
9 . François Hennequin. seigneur de la Meyrie ou la Mérye.
épousa Marie de Caffres [alias de Castres), fille du seigneur de
Neufmaisou. gouverneur de Natifal, et de Marie de Meurtz. Il
en eut :
10. François, qui suit,
10. Robert Hennequin, seigneur de Reauval, marié à
Suzanne de Sorbey, de la maison de Gerondelle,
dont il eut :
i 1 . François Heunequiu.
, II. Philippe Hennequin.
11. Jacques Hennequin.
1 1 . Charles Hennequin. Ces quatre tils sont dits morts
au service du roi et non mariés,
lu. Marguerite Hennequin. non mariée,
lu. Koberte Hennequin, mariée à François Barthélémy,
s' de Charondal.
10. François Hennequin, seigneur de la Meyrie, d'Ambly-
sur-Bar. de Rivières-les-Amblières, de Charapchalelliers en
Rethélois. etc., épousa, le 10 juillet 1600. Jeanne de Villelon-
gue, fille de Gilles de Villelongue et de Jeanne d'Ambly ; il
vivait en 1635 au chàleau de Bosmonl. près Guise. 11 eut pour
enfants :
1 1 , François Hennequin, chanoine régulier prémontré.
1 1 . Philippe Hennequin, capitaine d'infanterie, qualihe
gouverneur de Saint-Quentin, mort sans alliance.
1 1 . Tristan Hennequin, prèlre, chanoine et doyen de
Rosoy.
1 1 . Philibert HennequiU; guidon de gendarmerie, mort
sans alliance.
1 1 . Roger Hennequin. qui suit.
11. Isabeau Hennequin. mariée en 1630 à Germain
Denis, s"^ d'Origny, exempt des gardes du corps.
lieutenant de gens de pied en la forteresse d'Hirson.
1 1 . Jeanne Hennequin, morte sans alliance.
1 1 . Roger Hennequin, seigneur de la Meyrie, capiluiue de
174 LES HENNEQUIN
cavalerie, marié à Anne de Rosières, fille de Kraiirois de
Rosières, capitaine, gruyer et prévôt de Saiut-Mihiel eu Lor-
raine, et de Suzanne d'Allamonl. Il eu eut :
!2. Elisabelh Heuuequin, mai-iée à M. de la bureune
{nlias de la Turetle).
1». Marguerite Hennequiu, mariée eu 17UU à Louis-
François de la Housse, baron de Valronville, s'' de
Fiquelmont, Xonville, etc.
Branche de Souyndre.
8. Simon Hennequiu, seigueui- de Souyndre, gioftier des
présentations de la Cour eu looO, receveur-général des deniers
communs de Champagne et Brie en lotiS. On trouve, en 1541,
un Simon Hennequiu, auditeur des Comptes, qui doit être
le même. Il épousa Henriette Noël, tille de Nicolas iNoël,
seigneur des Conardins, Montbeson et Lude, et de Catherine
l-'illelle. Il en eut :
'.L Michel Hennequiu, mort jeune, né eu lo4'J.
0 . Louis, qui suit.
'.), Simon Hennequm, ué eu looG, mort jeuuc.
'K Jean Hennequin, ué en lî.oS, mort jeune.
'.1. Reguault Heuuequin, suivant les armes, tué en la mer
d'Afrique.
0. rsicolas Hennequiu, curé de Nogent-sur-Seine.
!L François Hennequiu. mort sans alliauce.
9. Catherine Heuuequin, morte jeune, était née eu loîitl.
'.'. Charlotte Hennequiu. mariée à Adrien Pétremol, s'' de
Rosières et Laiues-Bourreuse, contrôleur-général
des Gnauces. Elle mourut eu loOi et fut inhumée
aux Blancs-Manteaux, (Juaul à son mari, il était
mort eu 1 j'J2.
'.t. Aune Hennequiu, maiiée à Louis JJeftiers, s' de la
Flouce eu pays chartrain. Elle était née eu 1551 .
9. Louis Hennequiu, s' de Souyndre, commissaire ordi-
naire des Guerres en 1576. trésoriei'-géuéral des finances de
Champagne eu 1580; il épousa Claude de Palluau, fille de
M. Palluau, secrétaire du roi. intendant de la Maison de
Nevers. Il en eut :
lU. Henriette Heuuequin, dam i de Souyndre, uée en
158r». mariée en 1002 à Pierre Poucher, auditeur
des Comptes en 1.t88, maître des Comptes eu
LES HENNEQUIN 1 /O
lo'.i". puis à Louia de Kesuel, b' do Baillebour,
capilaiue des galères.
lu, Geneviève Heanequiu, mariée eu 1007 à Maxnui-
lien d'Abos. seigneur d'Herville et Briuauville,
Arnouville, etc., capilaiue de 100 hommes do
pied. Il mourut eu IIjoI. Elle était merle en
\ûil el fut iuhuraée eu l'église d' Arnouville.
Branche de Cury, Boiaville, M'= d'Ecquevilly.
6, Michel Heunequin, seigneur de Jury et Boiuville,
épousa, le 23 juillet 1477, Catherine Gobaille, dite de Crccy,
qui mourut eu iIlO'3. Il mourut eu lillO et fui inhumé avec
elle aux Jacobins de Troyes. Sa descendance, comblée d'hon-
neurs el de biens par les rois, donna cependant dans la Ligue
avec un acharnement lel, que Henri 111 l'appelait la race
ingrate. A Paris, on appelait les Heunequin la grande mes-
gjiée, el on disait d'eux communément : Henneq^clns, plus fols
que coquins^ ou bien ; Plus de fols que de coquins. De Michel
Heunequin et de Calherine Gobaille de Crécy vinrent :
7 . Nicolas Heunequin, s' de Cury, prieur de Saiut-Phal,
chauoine de Notre-Dame de Paris et président des
Enquêtes au Parlemeul «le Paris. Il mourut le
30 janvier 1369 et fut inhumé à Sainl-Méry.
7. Oudarl, qui suit.
7. Dreux, qui suivra.
7. Anne Hennequiu, mariée en lo20 à Jean Luillier, s^
de Boulancourt, Champcenelz, Sainl-Mesmin, Anger-
ville, président en la Chambre des Comptes en 1531,
prévôt des marchands de Paris, conseiller du roi en
ses Conseils.
7 . Oudart Heunequin, seigneur de Boinville et Cury, maî-
tre des Comptes en lool, contrôleur-général des finances
d'entre Seine et Yonne, mort eu 1357 et inhumé avec sa
femme eu l'église Saint-Merry. Elle élait morte aussi avant le
18 septembre 1539. On trouve un Oudart Hennequiu, conseil-
ler au Parlement, conseiller de ville à Paris en 1349. Il épousa
Jeanne Michou, tille de Charles Michou, s=' de Baguolet et
Villepinle, par contrat du "23 janvier [i>2i. Il eu eut ;
8. Pierre, qui suit.
8. Jean Heunequin, s' de Cury près Beauvais, Genicourt,
etc., baron de Villepinle, maître des Comptes en
1-^58 eu survivance de son père, installé en 1363,
176 LES HENNEQUIN
graud uudieucier de France eu IjTU, iuleudauL des
fmances, couseiller et secrétaire du roi, maisou.
couronne de France et de ses finances enlri69, il
résigna cet office, ainsi que ses fonctions de grand
audiencier, en 1 576. Il épousa, par contrai du 6 nc-
venobre 1569, Charlotte le Grand, fille de Benoît le
Grand, s' du Plessis, maître des Comptes en loo6,
et de Charlotte de Boudeville. 11 mourut en février
1()04, ayant eu pour enfants :
0. Jean Hennequin, seigneur de Cury, Villepinie,
écuyer de la petite écurie, gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi, lesta en 1613, vivait encore
en 1610, mourul sans enfants.
'J. Robert Hennequin, mort le 12 janvier 11)79. Il fut
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
9. l'ené Hennequin, mort le 19 juin 1577.
9. Pierre Hennequin, mort en bas-àge.
9. Charles Hennequin, mort le 12 juin 1576.
9. Jean- Jacques Hennequin, dit le commandeur de
Cury, &'■ de Villepinte, puis de Cury près Beau-
vais ; il donna sa terre de Cury à l'ordre de Malte
en J629, à condition que ce serait une comman-
derie ; il prit l'habit de chevalier et fut fait grand-
croix de l'ordre ; il jouit de sa terre sa vie durant,
mourut en Sicile allant à Malle.
9. Nicolas Hennequin, mort jeune le 4 juin 1584.
9. Henry Hennequin, chevalier de Malte, tué au siège
de la Rochelle en 1622.
9. Françoise Hennequin, morte jeune.
9. Louise Hennequin, née eu 1599, maiiée le 'ô octobre
1612 à François de Boufilers, comte de Caigny,
vicomte de Pouches, bailli de Beauvais, député de
la noblesse du Boauvaisis en 1614, conseiller
d'Etal; elle mourul en 16o4.
9. Isabelle Hennequin, religieuse à Marcigny.
9. Charlolle Hennequin, morte jeune.
9. Marie Hennequin, morte jeune.
9. Marguerite Hennequin, morte jeune.
8. Antoinette Hennequin, mariée à Jean Brachet, s' de
Pornoran, secrétaire du roi.
8. Jeanne Hennequin, miriée par contrat du S juin 1552
LES liËNNEQtJiN 17?
à Henry de Mesmes, s'' de Ro'.^y, conseiller du roi
en ses Conseils privé el d'Etat, maître des Requêtes
de son hôlel, chaui'elier de Navarre.
b. Nicole Heunequiu, morte avant llib9.
8. Pierre Heunequia, s'' deBoinville, conseiller au Parle-
ment en 1530, président eu la même Cour eu 15G8, charge qui
fut créée en sa faveur, conseiller du roi eu ses Conseils privé
et d'Etat. En 1536, il est conseiller de ville à Paris ; il mourut
le '12 judlet 1577 et fut itjluimé, avec ses père el mère, à
Saiut-ilédéric de Paris (ou Saint-Merry). L'Estoile le désigne
comme créature des Guises et l'un des piliers de la Ligue à
Paris. On rapporte qu'il avait de grands biens et qu'il prêta
♦)0,00U livres à Cdlherine de Médicis ; en reconnaissance de
quoi il fut créé président à mortier, et installé malgré toutes
les oppositions et remontrances. Il n'y avait, en effet, que
cinq charges de président, la sixièmç fut érigée eu sa faveur.
On fil sur lui ce pasquiu :
Puero régnante
Feminà gubernaule
Asiniis quinlus faclu^ est sexlus prœies infulalus.
On disait Hennequin ou Haunequin [asmus qidntus). 11 avait
épousé, en 1560, Jeanne Bruslart, fille de Jacques Bruslart,
conseiller au Parlement, et d'Isabelle le Picart ; elle était
baronne de Hez eu Artois. Elle mourut en 1578 et fut inhu-
mée à Saiut-Merry. Leurs enfants furent :
'J. Oudart, qui suit.
U. Renée Hennequiu, mariée à Nicolas Henuequin, s' du
Perray, raaitre des requêtes et président au Grand
Conseil, conseilL-r du roi en ses Conseils privé et
d'Etat.
9. Marie Henuequin, mariée en 1591 à Olivier le P'ebvre,
s"" d'Eaubonne, conseiller du roi en ses Conseils,
président en la Chambre des Comptes en 1 388 ; puis
en secondes noces, en 1613, à Aune de la Mark,
comte de Braine, chevalier de l'ordre du roi; puis
en troisièmes noces à Guy du Faur, s' de Pibrac,
maréchal de bataille, gentilhomme de la maison du
roi.
9. Oudart Hennequin, seigneur de Boinville et de Fresne,
conseiller au Parlement, commissaire aux Requêtes du Palais,
maître des requêtes de l'hôtel du roi, conseiller du roi en ses
n
178 LES HENNEQUIN
Conseils, conseiller et secrétaire du roi, mai-on, couronne de
France et de ses finances en 1GU9, résigna cet office en 1612.
On rapporte qu'il fui amoureux de la reine-mère Anne d'Au-
triche : il fut trouvé caché sous son lit, mais la reine ne voulut
pas qu'il lui fût rien fait. Les Môtnjires de Bassompierre
disent : Je devins amoureux de la Beaussire, le roi le devint
de Madame de Boinville. » Oudarl Ilenncquin de Boinville
avait épousé eu effet, en 1597, la jolie Renée Potier, qui cap-
tiva un instant le cœur volage d'Henri IV : elle était* fille de
Nicolas Potier, s'" de Blancmesuil, président au Parlement,
chancelier de Marie de Médicis, et d'Isabelle Baillet. Ce
mariage fit descendre les Hennequiu qui en sortirent du roi
Philippe Auguste et d'Agnès de Méranie. Ces enfants furent :
10, Pierre Hennequin, s' de Boinville et de Fresiie, con-
seiller au Parlement, commissaire aux Requêtes
du Palais, mort sans hoirs en IGGO et inhumé à
Sain t-Nicolas-des- Champs.
10. Nicolas, qui suit.
10. Je'\nne liennequiu, morte sans alliance.
10. Charlotte Henneq'jin, sans alliance.
10. Renée Hennequin, morte sans alliance.
10. Nicolas Hennequin. seigneur de Boinville et Fresne,
baron d'Ecquevilly, capitaine des toiles, tentes et pavillons du
roi pour la chasse au sanglier, autrement dit capilaine du vau-
trait. Il mourut le 3 février 1653. Il avait épousé, en 1630,
Anne Sarrus, fille de Michel Sarrus, conseiller au Parlement ;
elle mourut le 7 mai 1681 et fut inhumée avec son mari en
leur chapelle Saint-Amable à Saint-Merry. Ils eurent :
1 1 . Pierre Hennequiu, marquis de Fresne, s'" de Heez, né
en 1640, mort sans hoirs le 2 mai 1718, et inhumé
à Saint-Merry. Il eut des aventures extraordi-
naires ; il tua son frère Nicolas, qui était devenu
amoureux de sa femme Elisabeth Girard, détermina
celle-ci à un voyage eu Italie, et traita avec des
patrons de barques barbaresques pour la ven-
dre et la ("aire emmener en Barbarie. D'api es quel-
ques-uns elle découvrit le traité, se sauva à Tunis,
et le roi de France, sur la prière de sa famille,
fil enfermer son mari, Pierre Hennequin, à Pierre-
Encise. D'après d'autres, elle fut vendue en effet
au corsaire, eut des aventures romanesques, à la
suite desquelles celui-ci, touché de sa vertu, se
berail converti. Elisabeth Girard, femme de Pierre
LES HENNEQUIN 179
Henuequin. marquis de Fresne, élait fille de Charles
Girard, marquis du Tillel, présideul en la Chambre
des Comptes eu IGoO, et d'Elisabeth de BaiUeul,
Ces Girard du Tillel, de BaiUeul, ainsi que les
dames Honnequin de Fresne et d'Ecquevillj ,
furent quelquefois maltraités par la chronique du
temps. (Voir les historiettes de Tallemaut des
Réaux.) Catien de Courtil a écrit les Mémoires de
la marquise de Fresnt et son roman diffère peu de
la réalité. Le scandale de Vhomme qui avait vendu
sa ftmme ne fut pas étranger au changement de
nom de Fresne en celui d'Ecquevilly. Les souve-
nirs laissés par le marquis de Fresne dans la
mémoire des habitants du pays sont tels que con-
fondant les dates et les faits, ils donnent le nom
de ce seigneur au fantôme légendaire qui, dans
les longues nuits d'hiver, accompagné d'un nom-
breux équipage de chasse, poursuit dans la forêt
des AUuets un cerf fantastique qu'il n'atteint
jamais. Celte chasse légendaire est conduite par le
grand veneur Hennequin. (Voir sur la vie du mar-
quis de Fresue, ses passions violentes, l'enlève-
ment par lui de Mlle Girard du Tillel, leur mariage
romanesque et ses suites plus romanesques encore,
V Histoire du marquisat d'Ecquevilly, par M. Emile
Réaux.)
1 1 . André, qui suit.
11 . Henri Hennequin ; ou dit qu'il fut tué à 8 ans par
son frère Pierre.
1 1 . Claude Hennequin. s' de Presles et de Bressolles, né
le 2'J décembre 1659, lieutenant aux gardes, épousa,
par contrat du 9 novembre 1G79, Marie-Charlotte
Milon. Il testa en lo9o ; elle mourut le "20 octo-
bre 1G88. Ils eurent :
12. Claire-Suzanne Hennequin, religieuse à Poissy,
née en 1G79.
12. Claude-Joseph Hennequin, né eu 1679, jumeau de
la précédente, mort jeune.
12 . Alexis Hennequin, dit le marquis de Bressolles, né
le 6 avril 1684. Eu 1699, il fai.sait ses preuves
pour être reçu page de la petite écurie. Entra au
service, fut officier d'artillerie; devenu trop gros,
il quitta les armes après avoir tué eu duel le
180 LES HENNEQUIN
marquis de Gassiou ; se ruina eu débauches,
lit UD mariage inavouable, fut trouvé mort sur
Fesplanade des fossés de la porte Saiut-Autoine.
1 1 . Nicolas Henuequin, dit le chevalier dEcquevilly, né
le 22 mars 16o0, lue par son frère Pierre le 29
octobre 1G70, parce qu"il était amoureux de sa
belle-sœur, femme de celui-ci.
1 1 . Aune-René Heunequiu, s'' d'Fguilly et des (jouUons,
né eu 10 ici; il est dit colonel de cavalerie en lôG8.
11. Antoinette llennequin, religieuse à Poissy, morte
en 1694.
1 1 . Suzanne llennequin, née en 1048, religieuse à Poissy.
I i . André Henuequin, dit le marquis d'Ecquevilly, seigneur
de Fresne, Bouafle, la Muette, Vérigny, les Goullons, Presle,
etc., baron d"Hest ou Heez en Artois, etc.. né le 23 janvier
1642, page de la chambre du roi eu 16GU, capitaine du vautrait,
lieutenant de la capitainerie de Saiut-Germain-en-Laye. Il
épousa, le 17 septembre 1682, Magdeleine-Théièse-Euphrasie
de Marillac, fille de René de Marillac, conseiller d'Etat, et de
Jeanne Potier d'Ocquerre. Il mourut le 27 décembre 1723, et
elle en 1727. Ils eurent :
12. Michel-André Henuequin d'Ecquevilly, abbé de
Mazières, né le 11 juillet 1683.
12. Augustin-Vinceut, qui suit.
12. Anne-Madeleine Henuequin d'Ecquevilly, née le 25
décembre 1686, mariée le 18 février 17u6 à Lotis
Gigaull, marquis de Bellefonds et la BouUaye, gou-
verneur de Vincennes, mestre de camp du régiment
de cavalerie de Bellefonds ; elle mourut eu couches
le l'^'^juiu 1708.
12. Thérèse Henuequin d'Ecquevilly, née le 8 mai 16'."0,
mariée le 28 janvier 1717 à Louis le Peletier, mar-
quis de Villeneuve, président à mortier au Parle-
ment. Elle mourut le 25 février 1748.
12. Geneviève Henuequin d'Ecquevilly, morte en 1688,
enfant.
12. Augustin-Vincent Henuequin, marquis d'Ecquevilly,
s'' de Fresne, Bouafle, la Muette, Vérigny, Presle, etc., né le
1"^' mai 1084, colonel fl premier guidon de la compagnie des
gendarmes de la garde ordinaire du roi, brigadier dos armées
du roi eu 1719, chevalier de Saint-Louis, capitaine du vautrait
du roi, lieutenant des chasses de la capitainerie de Saint- Ger-
LES HENNEQUIN 181
main. Il se trouva, en 1708, à la bataille d'Oudenarde, se dis-
tingua à celle de Malplaquet eu 1709, et servit avec valeur
jusqu'à la paix de Kasladt. Eu juillet 1724 il obtient des lettres
patentes qui érigent les chàt.elleries de Fresne et Bouafle et
dépendances en marquisat d'Ecquevilly. Il fut admis aux
houneurg de la cour eu 1748. Il épousa, le 2i avril 1714, Made-
leine du Monceau, fille de Charles du Monceau, s'' de NoUant,
intendant des armées du roi. Il mourut le 8 décembre 1749, et
elle le 8 mai 1730 ; ils furent inhumés eu la chapelle des Hen-
nequiu à Saict-Merry. Ils eurent :
13. Charles-Marie Hennequio d'Ecquevilly, mort au
berceau le 8 mai 1720.
13. Augusliu-Louis, qui suit.
13. Augustin-Louis Hennequin, marquis d'Ecquevilly et
Chemery, comte de Grandpré, s'' de Presle et Flamechon, etc.,
né eu 1717, chevalier des ordres du roi, capitaine du vautrait,
mestre de camp du régiment du roi-cavalerie, maréchal de
camp, puis lieutenant-général des armées du roi en 1780,
chevalier de Saint-Louis, lieutenant-général pour le roi au
gouvernement de Champagne. Il fut admis aux honneurs de
la cour en 17G7, et sa femme en 1769; il était à une portière
du carrosse du roi, et le prince de Coudé à l'autre, lors du sacre
de Louis XVI à Reims. Il combattit aux sièges de Prague,
Menin, Ypres, Furnes, B'ribourg, ïournay, Termonde, Oude-
narde, Aih et Maëstricht ; aux batailles de Dettingen, Fonte-
noy, Raucourt, Lawfeldt, <à la conquête de l'électorat de
Hanovre. Il épousa, le 3 juillet 1741, Honorée de Joyeuse,
marquise de Chémery, fille de Jean-Gédéon, comte de Grand-
pré, lieuteuant-général des provinces de Champagne et Brie,
et d'Antoinette de Villiersde Rousseville. Il mourut à Amiens
le 14 mars 1794, et elle vers 1809. Ils eurent pour enfants :
14 , Armand-François Hennequin, comte d'Ecquevilly, s"
de ViUe-sur-Tourbe, né le 30 septembre 1747,
mousquetaire du roi, mestre de camp du régiment
du roi-cavalerie, maréchal de camp, chevaher des
ordres du roi, capitaine du vautrait, émigré, servit
à l'armée de Condé comme maréchal-général des
logis de la cavalerie ; rentré en France, accom-
pagna le roi à Gand ; fait pair de France le 17 août
1815, lieutenant-général des armées, grand-croix
de Saint-Louis, officier de la Légion d'honneur,
directeur du dépôt de la guerre, etc. Il était aussi
commandeur de Tordre de Malte. Il publia l'histoire
182 LKS TÎENNEQUIN
des campagnes du corps de Condé en 1818. Il
épousa Araable-Gécile de Durfort-Givrac, fille dt>
François- A imery de Durforl-Civrac, marquis de
Givrac, maréchal de camp, nieniu du dauphin et de
^laric-Françoise de Pardaillan-Goudriu, fille du duc
d'Antiu et de Gillonne de Montmorency-Luxem-
bourg. La comtesse d'Eci|uevilly fut admise aux
honneurs de la cour en 178^. Le comte d'Ecque-
villy mourut en 1830, n'ayant eu qu'un fils mort
au berceau.
14. Amable-Charles, qui suit.
14. Achille Hennequiu d'Ecquevilly, prêtre, vicaire-
général de Reims en 1789.
14. Adélaïde-Honorée Hennequin d'Ecqueviily, mariée
à Antoine-Joseph-Philippe-fxégis, comte d'Esterno,
mestre de camp de cavalerie, enseigne des chevau-
légers de la garde du roi.
1 4 . Âglaé-Marie Hennequin d'Ecquevilly, mariée en 1 772
à François de Gappendu, comte de Boursonne,
capitaine au régiment P»oyal-Picardie,
14. Amable-Charles îlennequin, vicomte d'Ecquevilly, dit
le chevalier d'Ecquevilly, chevalier de Malle en minorité, che-
valier de Saint-Louis, colonel du régiment du roi-cavalerie,
mestre de camp en second du régiment des Deus-Pouts, puis
colonel du régiment de Jarnac, capitaine du vautrait. 11 fut
admis aux honneurs de la cour en 1770. Emigré, rentré en
France d'assez bonne heure. Marié en 1782, par contrat signé
du roi et de la famille royale, à Marie-Anne d'Eyck, fille de
M. VanderEykeu, comte d'Eyck, ministre de l'électeur de
Bavière près le roi de France, et de la comtesse de Kœnigs-
feldt. Il mourut en 180G à "Ville-sur-Tourbe (Marne), et sa
femme y mourut en 1810. Leurs enfants lurent :
1[). Amable-Charles Hennequin, marquio d'Ecquevilly.
11 servit sous l'Empire dans le 1^'" cuirassiers, puis
dans le 21* chasseurs à cheval, où il devint offi-
cier. Il fut officier aux lanciers de la garde sous
Louis XVIII, retraité lieutenant-colonel de cava-
lerie, avait été officier d'ordonnance du maréchal
de Bourmout, fut aussi chevalier de Saint-Louis,
de la Légion d'honneur et de l'ordre de Saint-Fer-
dinand d'Espagne ; pair de France après son oncle,
mais il ne siégea pas : son oncle étant mort sous
LoUis-Philippe, il ne voulut pas prêter serment à
LES HKNNEQUIN 183
ce roi. Il mourut à Paris en 1853 (23 décembre),
âgé de 0 i ans, sans enfants,
lo. Alfred- Armand- P'rédéric, qui suit.
1;>. Honorée Hennequin d'Ecijuevilly, mariée à M. de
Bouraine, sous-préfei d'Elampes.
l.T. Augiistine-Autoinelle-Zéphiriue Hennequin d'Ecque-
villy, mariée en 1811 à M. de Chavigny du Balloy.
15. Alfred-Armand-Frédéric Hennequin, vicomte, puis
marquis d'Ecquevilly, né en 1788, sous-lieutenant au 7® cui-
rassiers en 18U7, quitta le service et fut retraité chef d'esca-
dron d'état-major, chevalier de Saint-Louis, officier de la
Légion d honneur, chevalier de oaint-Ferdinand d'Espagne. Il
fit plusieurs campagnes, celles de 1807, 1808, 1«09, 1810.
1813 : il eut deux fois sou cheval tué sous lui, entre autres à
Leipsick ; il suivit le roi à Oand. et fit encore la campagne
d'Espagne en 1823. li épousa, le 7 novembre 1821, Madeleine-
Françoise Porée de Valhébert, fille de J.-B. Porée de Valhé-
bert et de Marie de Roolz. Il mourut à Caen, le iG avril 1870,
à 82 ans et neuf mois. Il eut pour enfants :
Ifi. Marie-Blanche Hennequin d'Ecquevilly, morte sans
alliance.
10. Claire-Elisabeth Hennequin d'Ecquevilly, épousa le
vicomte de Trimond, ancien officier d'artillerie.
IG. Marguerite - Clémentine Hennequin d'Ecquevilly,
épousa le baron d'Yzarn.
IG. Malhilde-Louise Hennequin d'Ecquevilly, mariée le
3 mai 18.VJ à Louis-Henry, vicomte de Beaurepaire-
Louvagny, chevalier de l'ordre de Pie IX, officier
au 85^ de ligne. En 1861, il est capitaine aux
zouaves pontificaux ; eu 1870, il est commandeur
de mobiles : il meurt à Dreux d'une chute dans
l'escalier d'un clocher où il montait pour observer
l'ennemi.
Rameau d'Assy, de Chantereine, de Sermoises et du Fay.
7 . Dreux Hennequin, seigneur d'Assy et Queux, conseiller
du roi en ses Conseils privé et d'Etat, maître des Comptes en
Ia31, premier président de la Chambre des Comptes reçu en
lo37 en survivance de son beau-père, mais il n'exerça pas :
conseiller et secrétaire du roi, maison, couronne de France et
de ses finances en 1537, résigna en 1538. Il mourut en' 1550 et
fut inhumé à Saint-Merry ; il y avait une longue épitaphe com-
184 LES HENNEQUIN
muue à lui et à sa femme, avec leurs armoiries. II épousa, en
1536, Renée Nicolaï, dame de Vincy, Orville, Louvres en Pari-
sis, Manœuvre, etc., fille d'Aymar Nicolaï, premier président
de la Chambre des Comptes, s' d'Orville, Saint-Victor, Gous-
sainville, Louvres en Parisis, etc., et d'Anne Baillet, dame de
Goussainville. Il en eut :
8. Antoine, qui suit.
8. Oudart, qui suivra.
8,' René, qui suivra aussi.
8. Aymar Hennequiu, ué le M juin 1543, évêque de Ren-
nes en 1575, nommé à l'archevêché de Reims et
mort sans avoir pris possession, mais ayant prêté le
serment de duc et pair le 2 avril 11^94. Abbé de
Bernay en 1 558 ; assista aux Etats de Blois eu 1 5''7,
fut conseiller au Parlement de Paris, et mort en
1600. Il est dit l'un des principaux agents des Guises
et nommé, par leur crédit, évêque de Rennes.
Depuis la mort du duc et du cardinal, il se livra au
duc de Mercœur, échauffa le peuple de son diocèse,
parut à la tête des barricades en 1589, et fil passer
la ville de Rennes sous l'autorité du duc de Mer-
cœur. Il prêcha la sédition et la révolte dans le
panégyrique qu'il prononça à Notre-Dame de Paris
des deux martyrs, lors des obsèques solennelles que
la Ligue leur décerna ; nommé par Mayeune prési-
dent du Conseil de^ Quarante : il est cité dans toutes
les manifestations de la Ligue, à la fameuse proces-
sion de la Ligue, etc. Il a laissé des écrits religieux
et de science liturgique.
8. Nicolas, qui suivra après ses frères aîoés.
8. Jérôme Hennequin, né le 13 novembre 1547, conseil-
ler-clerc au Parlement de Paris, évêque de bois-
sons, abbé de Bernay, aumônier du duc d'Alençon,
mort en 1610.
8. Jean Hennequin, seigneur de Manœuvre et Roque-
mont, trésorier de France en Picardie, maître des
requêtes et secrétaire des finances du duc d'Alen-
çon en 1575, ligueur, fil partie du Conseil des Seize.
il était né le 27 avril 1549.
8. Jeanne Hennequin, née le 13 décembre 1544, reli-
gieuse à Fontaine-les-Nonnains.
8. Anne Hennequin, née le 5 septembre 1539, mariée à
LES HENNBQUIN 18^
André de Hacqueville, s' d'Osembray, conseiller du
roi en ses Conseils d'Etat et privé, maître des
reijuêtes de son hôtel et premier président au
Grand Conseil.
8. Marie Hennequin, née le 17 juillet 1550, mariée à
Jean Courtin, s'' de Bozoy, mort doyen du Parle-
ment en 1653. Elle mourut en 1633.
8. Antoine Hennequin, seigneur d'Assy et Champcenetz.
né le 24 août 1538, conseiller du roi en ses Conseils d'Etat et
privé, conseiller au Parlement en 1 575, président aux Requêtes
du Palais, maître des requêtes et conseiller du duc d'Alenoon
en 1575, mort eu 16'2Û. i\Joins aveuglément livré à la Ligue
que ses frères, il sélail attiré une verte réprimande et remon-
trance du duc de Mayenne, à qui il avait osé dire en plein
conseil que le plus court pour les Parisiens était d'ouvrir leurs
portes au Béarnais, puisque ceux qui les commandaient ne
se trouvaient pas en élal de les tirer d'oppression. Il épousa
Jeanne Hennequin, fille de Nicolas, seigneur du Perray, maître
des Comptes, et de Jeanne Sallard. Il en eut deux fils et trois
filles, mortes en bas-âge. et encore deux enfants qui suivent.
Antoine Hennequin mit tant d'empressement à aller saluer le
duc de Parme après qu'il eut fait le siège de Paris eu 1590,
que les deux chevaux de son carrosse moururent de fatigue ; on
en fit cette épigramme :
« Un certain président, Triboulet surnommé,
Suivait Monsieur Roland, échevin renommé.
Pour saluer le duc de Parme et de Plaisance;
Il avait deux chevaux meilleurs Français que lui
Qui, contraints d'y aller en eurent tant d'ennui,
Que tous deux, en deux jou^s, sont morts de déplaisance. »
Les enfants d'Antoine Hennequin furent :
9. Antoine Hennequin, s'' d'Assy et Champcenets, tué
en duel au siège d'Amiens en 1597.
9. Catherine Hennequin, née le 14 octobre 1586, mariée
le 28 juin 1606 à Charles de Balzac, baron de
Dunes ; puis en 1612 à César de Balzac, comte de
Gra ville, s"^ de Gié, premier colonel -général des
carabiniers et gouverneur d'Orléans; puis en troi-
sièmes noces, le 16 décembre 1640, à Nicolas de
Brichanteau, marquis de Nangis, chevalier du
Saint-Esprit et des ordres du roi.
8. Oudart Hennequin, né le l^'" octobre 1540, seigneur de
Chantereine, auditeur des Comptes en 1363, maître des Comph
186 LKS HENNEQUÎN
les eu 1507, maître des requèles et conseiller du duc d'Aleu-
çou en 1;i7a. Il donna dans la Ligue. Il vivait encore en 1377
et était mort eu 1G09, Selon uu auteur, il épousa en premières
noces Jeanne de Hacqueville, sœur du premier président de
ce nom ; mais il épousa certainement Madeleine Boucher
d'Orsay- dont il eut :
9. Antoine Heuuequin. seigneur d'Orville, né en \l\C)^,
suivant les armes, mort sans hoirs.
0. Dreux Hennequiu, né en lo72, seigneur de Chante-
reine, conseiller-clerc au Parlement, prieur de Ville-
nauxe puis abbé de Sainte-Marie de Beruay, cha-
noine de Paris, mort le 7 mars 1651. Au dire de
Guy Patiu, il avait 'iO,000 livres de rente, ou l'ap-
pelait le caharetier de la Cour, parce qu'il tenait
table ouverte à tous les courtisans, et les grands
joueurs s'y rendaient et étaient bien reçus. Talle-
mant des Réaux dit qu'on l'appelait le cuisinier de
satin ; il avait la prétention d'avoir la meilleure
table et le premier cuisinier de Paris. l,e roi
Louis XIII l'avait nommé à l'évêché de Soissons
après le décès de son oncle Jérôme Hennequin.
9. Edouard Hennequin, né en V6^'.\ et mort jeune.
',». André Hennequin, né en 1588, maitre des Comptes
de 1619 à 163G, mort sans alliance en 1636.
9. Renée [alias Elisabeth) Hennequin, née en 1575,
mariée en 1596 à Raoul le Féron, s' d'Orville et
Louvres en Parisis, maitre des Comptes.
9. Gabrielîe [alias Ysabeau) Hennequin, née en 1585,
mariée le 8 février 1615 à Deuys Feydeau, s' de
Brou, conseiller d'Etat. Elle meurt le 9 octobre 1643
et est inhumée à Saint-Merry.
9. Jeanne Hennequin, religieuse à Ghelles; elle était née
en 1578.
8. René Hennequiu, seigneur de Sermoises et Vîncy, né le
31 décembre 1541, conseiller du roi en ses Conseils en 1507,
maître des requêtes de l'hôtel en 1572, maître des Requêtes
et conseiller du duc d'Alençon eu 1575; membre du Conseil
des Quarante pendant la Ligue, mais s'en détacha dès avant la
reddition de Paris. Il épousa Marie de Marillac, fille de Guil-
laume de Marillac, seigneur de Ferrières, surintendant des
Finances, et de Marie [alias Renée) AUigret. Il en eut :
I,RS HENNEQUtN 187
0, Aune Hennequiu, nôo on l!i74, religieuse .lux Filles-
Dieu.
[) . Renée Hennequiu, née en 11170. religieuse à Fon-
laiue-les-Nonuains.
0. Geneviève Henuequin, religieuse à Fonlair.e-les Non-
nains, Lée en I IJll .
9, Ysabelle Heunequin, née en Hi78, religieuse à Notre-
Dame de Soissons.
9. Louise Hennequiu. née en lliSO, mariée à Pierre
Boucher, s' d'Orsay, conseiller au Parlement, puis
à Sébastien le Hardi, s' de la Trousse, grand prévôt
de rHùlel, conseiller du roi en ses Conseils privé et
d'Etal, gentilhomme ordinaire de sa chambre et capi-
taine des gardes de la Porte.
9. Marie Hennequin, née en 1:i83, mariée à Nicolas de
Gleyscnoux, s' de Morainville, secrétaire des com-
mandements du duc de Lorraine.
8. Nicolas Hennequin, né en lo4iî, seigneur du Fay,
secrétaire des Finances et maître d'hôtel ordinaire du roi,
conseiller du roi en ses Conseils d'Etat et privé en 1623. En
ISnTi, il est conseiller et secrétaire du roi. maison, couronne
de France et de ses Finances. En 1b75, il est maître des
Requêtes et secrétaire des finances du duc d'Aleucon. H est
(lit le plus riche bourgeois de Paris. On croit que c'est lui qui
lit bâtir le cloître des Jacobins de Paris. Il épousa, le 17 mai
1577, Marguerite le Féron, tille d'Antoine le Féron, conseiller
au Trésor, et d'Anne le Picart. Il en eut :
9. Antoine Hennequin. s"" du Fay et Vincy eu partie, né
en 1578, suivit d'abord les armes, puis se tît reli-
gieux à Saint-Lazare, mourut en 1645,
!•. Vsabelle Hennequin, non mariée.
9. Renée Hennequin, née en 100b, mariée à Louis Arba-
leste, vicomte de Melun.
Brandie de Lantages, à Troyes, et son rameau aîné
établi en Lorraine.
5. Jean Hennequin, s"" de Mâchy et Lantages, avocat du
roi à Troyes ; il est dit avoir donné, avec sa femme, la table
du grand-autel de Saint-Jean de Troyes, où se voyaient leurs
armes ; ils furent inhumés devant le grand-autel de l'hôpital
Saint-Bernard ; il mourut en 1468. Marié à Guillemette de la
Garraoise, fille de Pierre de la Garmoise, s"" de Saint-Mesmin,
188 LES HENNEQUIN
et de JeaDue Jacques, lesquels furent inhumés sous une
grande tombe de cuivre devant l'autel de Saint-Jean de
Troyes ; cette Guillemelte était sœur de Gilette de la Gar-
moise. femme de Simon Hennequiu. frère dudil Jean. De ce
mariage vinrent :
6. Jean, qui suit,
6. Oudart Heanequin, chanoine et grand archidiacre de
Troyes en 1470, chanoine et doyen de Saint- Etienne,
curé de Saint-Jean, doyen de Saint-Urbain, grand-
vicaire de Louis Kaguier, évêque de Troyes en
1461. Il mourut en 1483.
6. François, qui suivra.
0. D'après certains généalogistes, il faudrait mettre ici
Gérard Hennequin, auteur de la branche de Viller-
mont. Les anciens auteurs ne le font pas.
6. Nicole Hennequin, mariée à Guyot le Pelé, s'' de
Sainl-Parres.
ô. Catherine Hennequin, mariée à Guillaume du Bois, s'
de LigueroUes.
(j . Henrietle Hennequin, mariée à Philippe Luillier, avo-
cat-général au Parlement. l\ mourut le 2 octobre
1491, et elle le 11 septembre 1484. Ils furent inhu-
més aux Saints-Iunocents.
t) . Jeanne Hennequin, mariée à Nicolas de Mauroy, sei-
gneur de Colaverdey, Saint-Etienne. Fontaines et
autres lieux, lieutenant-général du bailliage de
Troyes.
G. Gilette Hennequin, mariée à Jacques Hacqueville ou
de Hacqueville, bourgeois de Paris, quelquefois
qualifié conseiller au Parlement.
6. Guillemette Hennequin, mariée à Jacquinot de Mau-
roy, voyeur pour le roi et garde »le la Monnaie de
Troyeh '.
6. Jean Hennequin, seigneur de Lanlages, avocat du roi à
Troyes. Eu 1481, un Jean Hennequin est député de Troyes
1 . De ce mariage descend toute la famille de Mauroy. Les Mauro}',
venus à Troyes avec les Hennequin, y sont ciK^s avai>t l'an 1250 ; ils sont
l'une des branches cadettes de la Maison de Wallincourt en Cambrésis et
Artois. Ils portaient anciennement eu Artois et à Troyes : d'azur au lion
d'argent à la bordure d'ur. Ils portent depuis Tan 1447 les armes parlâmes :
d'azur au chevron d'or accompagné de 3 couronnes royales de France.
Cri : Waliincourl ! Devise : Dampné nez pas sy ne le croys.
Lhi, HENiNEQUlN 189
aux ElaU généraux. En 1500, uu Jean Hennequia est rece-
veur du grenier à sel de Troyes, ce pourrait encore è're
celui-ci. Il épousa Aune Baillet, iille de Jean Baillet, conseil-
ler au Parlement, maître des requêtes de l'hùiel et seigneur
de Sceaux, et de Nicole de Fresnes. D'après Moréri et Blan-
chard, Jean Heunequin se relira à Bar-le-Duc et y épousa eu
secondes noces Louise de Longeville ou de Longueville, dont
il est dit avoir eu deux enfants, dont François, auteur de la
branche de Lorraine. On a toujours discuté à cette branche sa
jonction avec les Hennequin, mais quoi qu'il en soit,, elle fut
reconnue parente par le reste de la famille, jouit d'une posses-
sion d'état incontestée, trouva place avec Moréri, Blanchard et
autres, dans la généalogie Hennequin. Les auteurs plus
anciens, les anciennes généalogies n'en parlent pas. Jeanne
Hennequin eut de son premier lit :
7. Oudart Hennequin. né à Troyes eu I48i, mort à
Troyes en 1544, Il fut abbé de Vertus en 1522, de
Bassefontaine en 1526, de Saint-Loup en 1533, de
Saint-Marlin-ès-Aires en 1534, prieur du Saint-
Sépulchre et de la Celle-sous-Chantemerle, évêque
de Senlis en 1526, permuta avec Gaillaurae Petit
pour l'évèché de Troyes, où il ilt son entrée solen-
nelle le 28 mars 1 527 ; fit rebâtir la rose méridionale
de la cathédrale, qui était tombée en 1533, restaura
le palais épiscopal et le château de Saint-Lyé, fit
construire le jubé de l'église Saint-Médéric ou Sainl-
Merry de Paris, fit faire deux grandes verrières au
chœur de Saint-Merry de Paris, où il est représenté
avec ses armes écarlelées de celles de Baillet, etc. ;
il fut inhumé au milieu delà nef de la cathédrale
de Troyes. Sa pierre tombale, recouverte d'une
lame de cuivre sur laquelle étaient gravées son
épitaphe et ses armes, fut déplacée lors du dépave-
ment général, en 1780, et disparut à la Révolution.'
Il fut aumônier de François 1"-, qu'il suivit en Italie
et en Espagne, doyen de Saint-Urbain et chanoine
de Saint-Pierre de Troyes. En 1517, un Odard Hen-
nequin, chanoine et échevin de Troyes, doit encore
èlre notre personnage. En 1533, l'évèque Henne-
quin euirelient les chanoines en chapitre de la néces-
siié de combattre les erreurs qui sont en recrudes-
cence dans la France entière, et qu'a ressuscitées
uu certain Martin Luther, Saxon allemand. Le 20
190 LES HENNEQUIN
décembre 1 o34, lecture, eu chapitre, de lettres du roi
à l'évèque Ileuuequiu, qui riuvitent à agir eu cou-
séqueuce de celles qu'il a reçues précédemment, et
à veiller sur sou troupeau, afin de le proléger contre
l'hérésie damnée de Martin Luther. Eu llJo2, les
armes de l'évèque lleuuequin sont mises à la nef de
la cathédrale de Troyes.
7. Guillaume Henuequiû. mort jeune.
7. Jeau Heuuequiu, graud archidiacre de '1 royes, abbé
de Bassefoutaiue, doyen de Saint-Urbain ; qualifié
aussi chanoine de Saint- Pierre et archidiacre de Mar-
gerie, chevecier et chanoine de Saint-Élienne, mort
eu 1531, inhumé à Saint-Pierre sous une tombe de,
cuivre, première chapelle sous la grosse tour. Ce
Jeau est dit le jeune ; avant lui, un Jeau lleunequiu,
dit Fainé, fut 7'^ doyen de Sc^int-Liibain, archidiacre
d'Arcis, chanoine de Saint-Pierre et de Saint-
làienne.
7. Colette lieuuequin, mariée à Pierre de Giéou de Giey,
bailli de Langres, lieutenant-général de Chaumout,
seigneur de Raucourt, Briaucourt et Maruay. C'est
par erreur que dom Pelletier fait cette Colette enfant
du second lit.
7. Claude Hennequiu, mariée à Jeau FesUiot, maire de
Troyes eu lb20.
7. Gilette Hennequiu, mariée à Jeau Jamard, avocat du
roi à Chàteau-Tliierry, puis à Marc-des-Prés, s' de
Viélaiues.
7. Une ancienne généalogie ajoute, aux enfants de Jeau
Hennequiu el d'Anne Baillel, une Ysabeau Henne-
quiu, femme de Jean Luillier, bourgeois de Troyes,
puis de Jacques de Villiers. procureur du roi à
Sézaune eu Brie.
Et du deuxième lit ;
7. François Hennequiu, qui suit.
7. Jean Henaequin, marié à (ludelle Maucervel, est
mort sans hoii'S.
7 . François Hennequiu. Les lettres d'érection du comté de
Curel, en 1718, le disent originaire do Troyes el de la Maison
Hennequiu de cette ville, veuue de Flandres. Malgré cela, uu
doute plane sur cette jonction, parce que les anciennes généa-
logies mauuscriles ne citent pas le second mariage de Jean
LES HENNEQUIN 191
Hennequia, dont François est dit être venu, et ne nomment
pas François parmi ses enfants ; mais nous avons dit (jue la
desceuJauce de ce François a loujouis joui d'une possession
d'élat et d'une reconnaissance de parenté par les autres Heu-
nequin. Les au'eurs (Moréri, Blanchard, dom Pellelier) ont
donc admis celte jonction. François Heunequin, établi en
Lorraine, épousa, en loo7, Nicole Hébert, ilUe de Noël
Hébert, capitaine des portes et murailles de Bar-le-Duc, puis
Marguerite de Dramail. Il eut du premier lit :
8. Claude Henueciuin, lieuleuaut-colonel du régiment de
Poupart, servit longtemps en Hongrie, pensionnaire
du duc de Lorraine, mort à Nancy.
8. Nicole Hennequiu, mariée à Claude Dupuy.
8. Jeanne Henuequin, religieuse à Bar-le-Duc.
El du deuxième lit :
8. Nicolas, qui suit.
8. 8. <S. 8. Quatre tils dont les noms et la destinée sont
iuconnus.
8. Nicolas Hennequiu, est dit avoir servi en Hongrie sous
le duc de Mercœur, mort à Nancy en 1604. Epousa Adelinc
de Bar, puis Didière Pinot. H eut du premier lit :
9. Jean Hennequiu, mort en France dans le régiment
des gardes.
Du deuxième lit :
9. François, qui suit.
9. Judith Hennequiu.
9. Anne Hennequiu, non mariée.
9. François Hennequiu, seigneur de PuUenoy, dit le baron
Hennequiu, secrétaire de la grande-duchesse de Toscane en
1034, secrétaire des commandements de François, duc de
Lorraine, lit faire enquête sur sa noblesse à Bar-le-Duc en
1623 ; reconnu noble par le duc Charles le 20 janvier 1639, et
par le roi Louis XIV en 1653, créé libre baron de l'Empire et
comte palatin par lettres de l'empereur Ferdinand du 6 avril
lôo2, devint président de la Chambre des Comptes de Lor-
raine et surintendant de la Maison du duc de Lorraine, ministre
et ambassadeur du duc de Lorraine en plusieurs cours. Pen-
dant plus de cinquante ans, il fut mêlé aux affaires politiques
de la Lorraine. Tout jeune encore, il fut attaché comme secré-
taire à la grande-duchesse de Toscane, Christine de Lorraine,
femme de Ferdinand de Médicis. A|)rès avoir passé quelque
temps à Florence, il revint dans son pays, où il entra au service
1y2 LES HENNEQUiN
de Nicolas- François de Vaudémont, encore étudiant à TUniver-
silé de Pont-à-Mous&on. Ce n'était pas une sinécure que d'être
secrétaire d'un étudiant de 19 ans, évèque depuis cinq ans et
cardinal depuis peu. Pendant son séjour à Florence, il avait
été soupçonué. par Cosme III de Médicis, de favoriser l'amour
passionné que la grande-duchesse de ïoscaue, Marguerite-
Louise d'Orléans, avait conçu pour le prince Charles de Lor-
raine, fils de Nicolas-François. C'est à ce soupçon qu'il dut
d'être emprisonné à Metz, et son séjour de trente-deux mois
à la Bastille (1675) u'est pas étranger à ces mille intrigues dont
la Lorraine a tant souffert au xvu« siècle. Le baron de Henne-
quin s'est acquitté de ses fonctions avec un dévouement aveu-
gle pendant lout^^. sa vie. Quand ou cherche à débrouiller le
réseau des iolrigues dont il esi parlé plus haut, ou rencontre à
chaque pas le nom de Hennequin. 11 a écrit les souvenirs de sa
captivité cà la Bastille, cl l'on y voit qu'il entretenait les meil-
leures relations, à celte époque, avec ses parents d'Ecquevilly,
Charmont et autres. On a aussi de lui des Mémoires qui sont
demeurés manuscrits et qui étaient à l'abbaye d'Eslival, entre
les mains du P. Hugo. Dom Calmet, qui leur a fail de nom-
breux emprunts, les estimait beaucoup. Hennequiu avait en
outre publié à Nancy, en 16?1, une traduction française du
« discours funèbre » prononcé par le jésuite Lubérius, l'an
1 649, à l'anniversaire de la mort de la duchesse Claude, femme
de Nicolas- François. Il épousa Louise de Fourny, puis Jeanne
de la Grange d Arquien, fille de Jean-Jacques de la Grange
d'Arquien ; elle était nièce du cardinal d'Arquieu et cousine
germaine de la reine de Pologne. Il eut du premier lit :
10. Ferdinand, qui suit.
10. Marthe Hennequin, née à Vienne en Autriche eu
1G44.
10. Ferdinand Hennequin, libre baron de l'Empire et
comte palatin, seigneur de Gellenoncourt, Schwersheim, Vel-
lolte, Boulancourt et Pullenoy, né à Florence en 163o, inten-
dant du duc François de Lorraine, gentilhomme de la cham-
bre du roi de France, envoyé du duc de Lorraine en Pologne,
fait gouverneur de Gorze en 1660, commandant d'une compa-
gnie de chevau-légers de la garde; épousa, par contrat du 16
novembre IGOO, Catherine-Georgette de la Haye de Salles,
baronne de Curel, lille de François de la Haye de Salles et de
Jeanne de la Grange d'Arquien, remariée à son père François
Hennequin. Il en eut :
1 1 . Pierre-Louis Hennequin.
LES HENNEQtJIN 193
11. Charles Heuuequiu.
1 1 . Nicolas-François, qui suil.
11 . Louise-Élisabelh Heunequin, née en 1667, le 5 jan-
vier, tenue au baptême par Isabelle d'Orléans,
duchesse douairière de Guise.
1 1 . Nicolas-François Henuequiu, baron de Hennequiu el du
Saint-Einpire, comte de Gurel et de Gellenoncourt par lettres
d'éieciiou du 10 décembre HIS, baron de Fresn^l, seigneur de
Boulaucouri. l^'orcelles, Gugney, Dompèvre, Pelil-Mesnil,
Bazoile.-, Bouzev.-d, Eslrennes, Velolie, Adometnil, Hérimes-
nil, etc., né à Paris en 16C2, tenu au baplème par Nicolas-
François de Lorraine et par Marguerite-Madeleine de Loi raine,
duchesse douairière d'Orléans. La baronnie deHeez eu Artois,
celles de Fresiiel, de Gurel el de Salles furent érigées en
comté en sa faveur par lettres paieutes du lU décembre 1718.
Il fut fcéuécbal de la principauté de Joinville, page de la
grande écurie de Louis XIV en 1680, premier chambellan du
duc Léopold en luDS, lieutenant de la vénerie, grand louve-
lier de Lorraine en 1702, conseiller d'Éiat du duc de Lorraine
en 1715, mort en H^U. Il a laissé des Mémoires sur 1 histoire
de la Lorraine. Il épousa, le 20 avril 1693, Elisabeth le Pru-
dhomme, fuie de Biaise-Ignace le Prudhomme, s'' de Vitri-
monl, el de Galherine de Ghastenay, puis Galheriue-Flisabelh
de lloucourl, ûllc de Gharles-Frauçois, s^ de Pioncourt, séné-
chal de la Molhe et Bourmont, par contrat de mariage du
5 décembre 17.7. Il eut du premier lit :
12. Nicolas Hennequin. En 1708, sous le titre de baron
de Hennequin de Gellenoncourt, il est lieutenant
commandant d'une compagnie de chevau- légers
de la garde du duc de Lorraine, api es avoir été
sous-lieutenant dans la même compagnie. Il épousa,
le 28 août 1721, Marthe-Louise de Oéder, fille
d'un colonel de régiment suisse. Il fut tué en duel
le 7 décembre 1736 à 40 ans, et mourut sans
enfants.
Et du deuxième lit :
12. Nicolas-François, qui suit.
12. Charles-François Hennequin, comte de Gurel, qui
était, en 1789, premier gentilhomme de la cbam-
bre du feu roi de Pologne.
12. Élisabetb-Charlolte-Pauline Hennequin, née et
baptisée le 18 juin ]Tà'6.
13
194 LES HENNEQUIN
12. Nicolas-François Ilennequin, comle de Fresnel, reçu
cadet genlilhomtnc dans la compagnie du duc de Lorraine en
1745, marié à Maiie-CharloUe Diicoiu. Il eu eut :
13. Calheriue-CharloUe Ilenuequiu, née à Chàlons-sur-
Marne en 1759.
D'après certains indices, celle branche se serait perpétuée,
jusqu'à nos jours, en Autriche et eu Lorraine. On dit qu'elle
a produit, en notre siècle, un général au service autrichien.
Branche de Lantages (continuée à Troyes) et des
seigneurs marquis de Charment.
6. François Hennequin, seigneur de Lantages, grenetier
d'Arcis-sur-Aube, épousa Jac(iuelle Léguisé, dont il eut :
7. Nicolas, qui suit.
7. Jeanne Hennequin, mariée k Guillaume le Comte,
bourgeois de Paris.
7. Guillemelle Hennequin, mariée à Denys Gochol, puis
à Christophe Ménisson.
7. Nicolas Hennequin, seigneur de Lantages, échevin de
Troyes en 1533 ; était si riche qu'on dit qu'il eut 60 maisons
brûlées lors de l'incendie de Troyes en 1024. Épousa Jeanne
{alias Catherine) Ludot, dont il eul :
8. François, qui suit.
8. Nicolas Hennequin. prieur de Nolre-Dame-des-Vertus. .
8. Oudart Hennequin, mort sans alliance.
8. Jean Hennequin, marié à Louise de Mercure, dont il
eut :
y. Pantaléon Hennequin, religieux à la Kivour.
9. Nicolas Hennequin, prieur de Notre-Dame- des -
'Vertus.
9. Louise Hennequin, mariée à Claude {alias Jean)
Luiilier.
9. Hélène Henr:equin, mariée à Pierre Boilletol, s'
d'Assenay, consul à Troyes.
8. Jacquette Hennequin, morte sans alliance.
8. Jeanne Hennequin, mariée à Nicolas Arnould.
8. Catherine Hennequin, mariée à Jean du May.
8. Denise Hennequin, mariée à Jean de la Huproye,
puis à Jean Faulchon [alias Frochon).
8. François Hennequin, s'' de Lantages, vivait encore de
LES HENNEQUIN 195
1576 à 1584, échevin de Troyes eu 1550. Il épousa Calheriue
Camusat, puis Barbe Clérey, ûlle de Denis Clérey, s"" de Vau-
bercey, et de Jeanne Mole. Il eut du premier lit :
9. François Heunequin, mort jeune,
y. Nicolas, qui suit.
9. Claude {alias Charlotte) Hennequin, non mariée.
9. Marie Hennequin, non mariée.
Et du deuxième lit :
9. Jean Hennequin, qui suivra.
9. Odard Heunequin, licencié eu décrets, chanoine de
Saint- Ëlienue et doyen de cette collégiale, archi-
diacre de Margerie ; en 1614. il est encore chanoine
et archidiacre de Saint-Pierre, grand vicaire et grand
aumônier de l'évèque de Troyes ; il meurt le 18 jan-
vier 1614 ; il fut aussi doyen de Saint-Pierre.
Ardent ligueur, échevin de ïroyes en 1594, chef de
la députalion de Troyes aux États de la Ligue en
1590.
9. François Hennequin, marié à Anne de Saint-Aubin et
mort sans hoirs.
9. Louis, qui suivra.
9. Nicolas Hennequin, seigneur de Lantages, échevin de
Troyes en 1 584, marié à Jeanne Huez, puis à Catherine Paillot.
Il eut du premier lit ;
10. François Hennequin, né en 1573, mort sans
alliance.
10. Claude Hennequin, né en 1574, chanoine et cel-
lerier de la cathédrale de Troyes en 1605 ; il fut
inhumé à Sainte-Marguerite de Chàlons, étant
mort en cette ville pendant un voyage, en 1646.
10. Marie Hennequin, née en 1576, mariée à Jacques
de Combles.
Et du deuxième lit :
10. Vincent Hennequin, né en 1584 et mort jeune.
10. Catherine Heunequin, née en 1585, mariée à Bal-
thazar Tarlel, notaire royal à Troyes. Elle est
dite aussi épouse de Jean Hennequin, élu eu
l'élection de Chàlons, receveur -général des
gabelles de Champagne.
10, Anne Hennequin, mariée à Laurent Tarlel, notaire
royal à Troyes.
106 LES HENNEQUIN
10. Odarl Hennequin, né eu 1j90, niorl jeune.
10. Nicolas Hennequin, né en lo'.)3, morl jeune.
10. Marie Hennequin. née en lb94, mariée à François
de Combles.
10. Moïse Hennequin, né eu 1597, lequel est dit avoir
élé père de deux enfanl?.
10. Claude Hennequin, né en 1508 et mort jejne.
10. Marguerite Hennequin, mariée à Jacqu^-s Norias.
9. Jean Hennequin, éclieviu de Tioyes eu ]oS'2, marié à
Marie Angonoust, dont :
10. Jacques Hennequin, né à Troyes le 7 novembre
ll>To, morl à Troycs le 31 août 166). Henne-
quin, dit François Pithou, est pour nous toute
la Sorbouje. En 1636, il revient à Troyes après
cinquante ans de professorat en Sorbonne, où
il était docteur et professeur de théologie ; il fut
chanoine de Sainl-Pierre de Troyes, et légua sa
bibliothèque à cette ville avec 400 livres pour
le traitement du bibliothécaire. Il fonda aussi
quatre lits permanents à l'Hôtel-Dieu de Troyes.
Son iulervenliou auprès do Richelieu fil réduire
de 200,000 Hvres à 120,000 un impôt dont fut
frappé la ville de Tioyes. H fut inhumé aux Cor-
deliers de Troyes, où l'on voyait, avant la
Révolution, sa tombe avec son epitapàe. U est
dit avoir été choisi pour enseigner 'a religion
catholique à Henri IV.
10. Jean Hennequin, seigaeur de Ta}iie ?
10. Odard Hennequin, chanoine de Saint- Pierre et
trésorier de Saint -Etienne, doyen de Saint-
Étienne et de Saint-Urbain, mort en 10o4 en sa
maison du cloître Saint- Éiienne.
10. Nicolas Hennequin, mort sans alliance.
10. François Hennequin, chanoine régulier de Saint-
Loup de Iroyes.
10. Euslache Hennequin, s'^ de Saint-André, adjoint
aux Enquêtes du bailliage de Troyes.
10 . Marie Hennequin, mariée en 1 o80 à Emmanuel Mau-
clerc, bourgeois de Troyes ; il est dit lieutenant-
général du bailliage de Vitry. Son père eut cerlai-
nement cette charge, c'est moins prouvé pour lui.
10. Anne Hennequin, mariée à François de Coussy.
LES HENNEQUIN 197
9. Louis Ileimequin, seigneur de Charmonl, couseiller et
secrétaire du roi, maison, couronne de France et de ses
Finances en 1009, résigna cet office en 1633. secrétaire du
cardinal de Bourbon, secrétaire de la chambre et du cabinet
du roi, conseiller d'Éiat avec entrée au Conseil ; avait été
intendant du prince de Conti. 11 accompagnait le roi aux com-
bats d'Arqués et d'Ivry ; marié le 13 avril 1608 à Antoinette
de Mauroy, dame de Colaverdey-Cbarmout, fille de François
de Mauroy, seigneur de Colaverdey-Charmont, et de Margue-
rite de Marguenat ; il mourut en 1694 et fut inhumé à Saint-
Ândré-des-Arls. Il eut pour enfants :
10, François, qui suit.
10. Louis Hennequin, religieux de Saint-Denis en France.
10. Jean Hennequin, capitaine au régiment d'Orléans,
mort jeune.
10. Antoine Hennequin, chanoine de Troyes, doyen de
Morlain.
10. Bénigne Hennequin, seigneur de Charmont et Fon-
taines, capitaine au régiment de Champagne, capi-
taine aux gardes, maréchal de camp avec pension
de 2,000 livres sur le trésor royal, tué en 1653 au
siège de Sainle-Menehould, après plusieurs actions
d'éclat. Il épousa Madeleine de Brouilly-Piennes
et mourut sans enfants.
10. Pierre Hennequin, mort jeune.
10. Antoinette Hennequin, religieuse à Foicy-les-
Troyes.
10, Marguerite Hennequin, mariée à Charles de Car-
donne, baron d'Anglure, écuyer ordinaire du roi.
10. Marie Hennequin, mariée à Michel de Noël, sei-
gneur de Buchères, trésorier de France en Bour-
gogne.
10. Geneviève Hennequin, religieuse à Notre-Dame-aux-
Nounaius de Troyes.
10. Louise Hennequin, religieuse à l'abbaye de Ghelles
(alias à l'abbaye de Longpré).
10. Marie Hennequin, morte jeune.
' 10. François Hennequin, seigneur de Charmont et Golaver-
dey (le fief principal de Colaverdey tînit par prendre le nom de
Ch'irmont, petit lief qui en dépendait) ; il fut aussi seigneur de
la Barre, etc., conseiller au grand Conseil. Il mourut en mars
1659. Il épousa, le 27 septembre 1037, Anne de Pingre de
198 LES HENNFIQUIN
Farinvilliers, sœur de Pierre Piugré, évéque de Toulon, mort
en odeur de sainteté ; elle mourut le 14 octobre 1683. Leurs
enfants furent :
M. Louis-François, qui suit.
11. François Hennequin, conseiller-clerc au Parlement,
chanoine de Paris, mort en avril 1709.
11. Claude Hennequin, né le 10 juin lGo2, prieur de
Saint- Gervais et Saint-Protais, chanoine honoraire
de l'église de Paris, vicaire-général des cardinaux
de Furstemberg et de Rohan, supérieur des reclus
du Mont-Valérien, mort à 84 ans en 1738, inhumé
à Notre-Dame de Paris, il a laissé des écrits et
donné une nouvelle édition de la Bible Vulgate.
1 1 . Antoinette Hennequin, religieuse à Foicy-les-Troyes.
11. Marguerite Hennequin, mariée à Antoine le Féron,
s"" de Montgeroult, conseiller au grand Conseil, lieu-
tenant criminel. Elle mourut en mars 1712.
1 1 . Madeleine Hennequin, morte jeune.
11 . Charles Hennequin, mort jeune.
11 , Louise Hennequin, morte en bas-âge.
1 1 . Antoine Hennequin, mort jeune.
1 1 . Louis- François Hennequin, s"" de Charmont, etc., né le
12 juin 1639, conseiller, puis procureur général au grand Con-
seil, nommé premier président du Parlement de Normandie,
charge dont il remercia le roi; mort le 18 novembre 1708. Il
épousa Aune de Poussemothe de l'Étoile, fille d'un maître des
Comptes, laquelle fut inhumée à Saint-André-des-Arls le
23 décembre 1662, puis Marguerite Lhoste de Beaulieu,
laquelle mourut le 26 janvier 1723 et fut inhumée, avec son
mari, en leur chapelle des prêtres de Saint- Lazare. Il eut du
deuxième lit :
12. Louis-Léonard Hennequin, né en 1670, docteur en
théologie, abbé du Valsecret, prieur de Sainl-Jean-
l'Hermilaire au diocèse de Soissons, mort le 23 fé-
vrier 173o.
12. Joseph-Antoine, qui suit.
12. Jean-Marie Hennequin, mort jeune.
12. Nicolas-François, dit le chevalier Hennequin de
Charmont, gouverneur de Bar-sur-Seine, capitaine
des vaisseaux du roi, inspecteur des troupes de
la marine, chevalier de Saint-Louis. Il fui auss|
LES HBNNEQUIN 199
commandaul pour le roi à Calais, Mardyck et Dun-
kerque ; blessé en plusieurs combats contre les
Anglais et Hollandais, mort à Paris le 19 avril
1727, à 55 ans, inhumé à Saint-Sulpice.
1 2 , Charles-François Hennequin , lieutenant des vaisseaux
du roi, mort à Saint-Domingue en 1G9G.
12. Michel Antoine Hennequin, mort en 1699, tué au ser-
vice du roi.
12. Marie-Françoise Hennequin, morte jeune.
12. Marie-Marguerite Hennequin, religieuse aux Corde-
lières du faubourg Saint-Germain, morte en 17)3.
12. Gabrielle-Félicilé Hennequin, mariée en 170G à Jac-
(jues d'Aubeterre, comte de Juilly-le-Châlel. s,'' de
Vaux et Fouchères. capitaine de cavalerie au régi-
ment de Montpeyroux.
12. Marie-Perpétue Hennequin. religieuse à Hautes-
Bruyères.
12. Joseph-Antoine Hennequin, dit le marquis de Char-
mont, seigneur de Charmont, Fontaines, etc., baron de Chas-
senay, page du roi, mousquetaire, capitaine au régiment du
roi ; prit ensuite la robe, fut conseiller au grand Conseil, rap-
porteur en chancellerie, procureur-général au grand Conseil,
seciétaire du cabinet, ambassadeur à Venise, conseiller d État,
gouverneur de Châlons en 1722, lieutenant de roi à Troyes en
1723, secrétaire des commandements du duc de Bourgogne.
Saint-Simon le cite longuement sous le nom de Charmont. Il
jouissait de la plus haute considération auprès du duc de
Bourgogne. Il épousa Louise- Elisabeth de Marcillac, fille de
Claude de Marcillac, s"" d'Arc et de Charasse ; elle mourut au
château de Charmont le 7 août 1731. Leurs enfants furent :
13. Marie-Louise-Élisabeth Hennequin, mariée le 27 juil-
let 1714 à Joseph Trudaine, seigneur d'Oissy et
Riencourt, brigadier des armées du roi, comman-
deur de Saint-Louis, capitaine des gendarmes de
Bretagne; puis en secondes noces, en 1735, à
Joseph-Joachim-Thomas de Cohorn, marquis de la
Pallun, gouverneur de Bourbon et des ville et
principauté d'Orange, capitaine des gardes du
comte de Charol^.
13. Françoise-Élisabetfi Hennequin, morte jeune*
200 LES HENNEQUIN
Branche de Villermont.
Reconnue par la branche d'Ecquevilly au commencement
de ce siècle, non citée par les anciens auteurs ; mais leshétal-
distes contemporains, d'accord avec les traditions de famille,
font son auteur Gérard, fils de Jean Hennequiu de Lantages
et de Guillemelle de la Garmoise, ainsi qu'il a été dit plus
haut.
6. Gérard Hennequiu, seigneur d'Allonneaux, épousa,
avant le 30 novembre 14iJ5, Anne de Cheppe, dame duditlieu,
dont il rendit hommage à Robert de Baudricourt, fc' de Bussy-
le-Ghâtel et Cernon, le 30 novembre 145o. Ces deux époux
vivaient encore eu 1490 ; ils eurent pour enfants :
7. Jacques, qui suiL
7. André Hennequiu, s'' de Drouilly, dont on ignore la
destinée.
7 . Jacques Hennequiu, seigneur d'Allonneaux, épousa, le
30 septembre 1490, Catherine Chenu, fille de Jean Chenu,
licencié ès-lois, et de Jeanne de Maucabriey. Il est dit êlredes
Chenu, s?''^ d'Yvelot. De ce mariage :
8. Gérard, qui suit.
8. Hélène Heunequin, mariée le 14 février 1u37 à
Charles des Forges, s"" de Vaux et Pringy.
8. Gérard Hennequiu, seigneur d'Allonueaux, marié, par
contrat du 15 mai lb35, à Anne Bizet [alias Brissier), veuve
de Nicolas Cuissolte, s"" de Gizaucourl, Bierges, etc. Il meurt
en 1560 ; sa veuve vit encore en 1548. Ils eurent :
9. Nicolas, qui suit.
9. Aune Hennequiu, mariée à Jean Brissier, bourgeois
de Châlons, et inhumée à Saint- Alpin de Ghâlons
le 9 octobre 1599.
9. Nicolas Heunequin, seigneur d'Allonneaux, receveur
di's aide» et laillch eu l' élection de Châlons, gouverneur muni-
cipal de Châlons en 1565, marié le 9 mars 1560 à Marguerite
Domraangiu, lille de Pierre Dommaugiu et d'Anne (ou Jeanne)
Langault. 11 mourut le 24 mars 1572, et elle le 6 avril 1609 ;
tous deux furent inhumés à Saint-Alpin. Ils eurent pour
enfants :
10. Nicolas, qui suit.
10. Antometle Heunequin.
10. Nicolas Hennequiu, seigneur d'Allonneaux et Cramant
en partie, marié, par contrat du 23 février 1585, à Claude
LES HENNEQUIN 201
Horguelin, fille de Pierre Ho»'guelinet de Marie de GhasUllon,
puis, par contrat du 13 décembre 1597, à Perrette Oulry, tille
de Michel Oulry et de Perrette Brissier. Il mourut le 11 avril
1630, et fut inhumé à Saint-Alpin avec sa première femme. Il
eut du premier lit ;
11 , Jean Hennequin, élu en l'élection de Châlons, rece-
veur général des gabelles de Champagne en 1031,
marié à Catherine Hennequin, fille de Nicolas Hen-
nequin, de Troyes, et de Catherine Paillol. Il en
eut :
12. Nicolas Hennequin, qui était, eu 1642, sous la
tutelle de Nicolas le Febvre, s'^ des Chevaliers,
son beau-frère.
12. Perrette Hennequin, mariée à Nicolas le Febvre, s*"
des Chevaliers, la Planche et du Plessis.
11 . Nicolas Hennequin, marié, par contrai du 22 février
1613, à Claude Pillou ; il vivait encore en 1633. Ou
le du mort sans hoirs. Eu 1624, il avait eu un fils,
Nicolas Hennequin.
11 . Michel Hennequin, conseiller du roi, receveur-géné-
ral des gabelles de Champagne en 1644, marié à
Françoise Passart. petite- tille de Michel Pâssart,
dit le Gciueher, si estimé d'Henri IV pour s'être
employé vigoureusement à la reddition de Paris
en son obéissance. Il mourut en 1671, ayant eu
pour enfants :
12. Claude Hennequin, s"' de Matry, Vouciennes,
Vitry-la- Ville en partie, né le 23 décembre 1639,
écuyer de la grande écurie du roi en 1 669, épousa
à Châlons, le 2 juillet 1666, Claude Malhé, dame
de Vitry-la- Ville en partie, Vouciennes, etc.,
grand prévôt de Champagne, et de Marguerite
d'Aoust. Il mourut avant le 3U septembre 1680,
et elle le 18 mars 1713, à Paris. Ils eurent :
13. Marie-Françoise, née le 17 mai 1668.
<3. Marie-Angélique, née en 1667.
13. Claude Hennequin, s' de Matry, Vilry, Voul-
ciennes, né le 23 décembre 1669, figure à
l'arrière-ban de 1695, mort sans alliauce en
1724.
13. Claude- Angélique Hennequin de Matry, dame
dudit lieu, morte en 1734.
202 LES HENNEQUIN
r2. Madeleine Hennequin, née le 6 juillet 1631, mariée,
par contrai du 11 mai 1650. à Charles Colberl,s'
du Terron et Longeville, marquis de Bourbonae,
intendant de la marine du Pouant, intendant
de Touraiue, conseiller du roi en ses Conseils
privé et d'État, lequel mourut en 1733.
1 1 . Pierre Hennequin, marié à Louise Godet de Crouy,
dame de Vienne, lille de Jean Godet, s' de Crouj*
et de Marie de Paris de Branscourt. Il mourut avant
le 28 août 1640, ayant eu :
12. Claude Hennequin, mariée, par contrat du 28 août
1640, à Claude Loisson, écuyer, s' de Guiuau-
raoDt, Breuvery, etc., conseiller d'État, président
et lieutenant-général du bailliage et siège prési-
dial de Châlons.
12, Nicolas Hennequin, né en 1621.
Et du deuxième lit :
1 1 . Gilles, qui suivra.
1 1 . Catherine Hennequin, mariée à Jean Clozier, s"" de la
Veuve, Juvigny, etc., conseiller du roi, gentil-
homme ordinaire de sa chambre, ambassadeur à
Mayence et en Wurtemberg : il fut aussi commis-
saire des guerres, commissaire ordonnateur et con-
ducleur-général de la cavalerie légère. l\ est mort
à Juvigny le 2 avril 1662, et sa femme le 8 avril
1684. Ils furent ensevelis en l'église Notre-Dame
dudit lieu.
1 1 . Gilles Hennequin, s"" de la Molhe et Cramant, conseil-
ler du roi, président au grenier à sel de Châlons eu 1631 ; il
épousa, par contrat du 25 novembre 1630, Jeanne le Duc,
lille de Pierre le Duc, écuyer, s'' de Compertrix et de Marie de
Bar. Il mourut le 10 février 1661. Ils eurent pour enfants :
12. Christophe, qui suit.
12. Gilles Hennequin, s'' de Cramant et Saint-Martin-
aux-Champs, lieutenant de cavalerie, gentilhomme
ordinaire delà chambre du roi en 1653, puis prêtre
et prieur de Chépy ; il était né en 1631, mourut
le 30 mai 1721 ; fut appelé l'abbé de Cramant.
12. Nicolas Hennequin, s"" de Cramant, né le 14 janvier
1648, lieutenant d'infanterie, capitaine d'une com-
pagnie de fusiliers ea 1679 ; aide de sergent-major
4e la yille de Marsal en 1684, épousa, par contrat
LÈS HENNKQUIN 203
du l;i février 1070, Judith de Brivoy {alias de
Sabrevois), lille de Nicolas, seigneur de Sabre-
vois, el de Fleurdelys Mailly. Il ea eut :
13. François Hennequiu de Cramant, sous-lieutenant
dans le régiment d'infanterie de Tulle eo U193,
lieutenant dans celui de cavalerie de du Trong
eu 1721.
\?<. Madeleine Hennequin, épouse de Jacques de Moli-
nier, lieutenant de cavalerie au régiment de Vil-
lars, chevalier de Saint-Louis. Elle mourut en
1762.
13, Marie-Jeanne Hennequin, née le 1 '/ février 1675.
13. Nicolas Hennequin de Cramant, lieutenant de la
compagnie de Compreignac au régiment d'infan-
terie de Tulle en 1693, puis cornette en la com-
pagnie de Pallière au régiment de Narbonne-
cavalerie en 16U4, lieutenant au même régiment
la même année, lieutenant réformé en 1698.
13 Hennequin, lieutenant, mort à Lunéville.
13. Anne Hennequin, morte sans alliance.
12. Catherine Hennequiu, née en 1634.
12. Pierre Hennequin, né en 1636 (12 janvier).
12. Anne Hennequin, née le 22 novembre 1637, mariée
avant le 7 avril 1691 à Léandre de Vaudelar, s'' de
Condé-sur-Marne.
12. Marie Hennequin, née le 18 décembre 1640.
12. Guillemelte Hennequin, née en 1641, mariée à Nico-
las Gargam, s"" de Mauberlfontaine.
12. Henri Hennequin, né en 1652.
12. Christophe Hennequiu, s' de Vieuxdampierre, Cra-
mant, etc., né le 3 mai 164i ; conseiller du roi, président du
grenier à sel de Chàlous, mort le 5 juillet 1712, inhumé en
l'église de la Trinité à Châlons. Il fut tué d'un coup de fusil
lâché par un soldat ivre. Le 10 septembre 1680, il fut main-
tenu noble par arrêt de la Cour des Aides. 11 épousa, par contrat
du 26 avril 1673, Perrelte-Angélique Fagnier de Vienne. Elle
mourut à Châlons à 68 ans, le 21 janvier 1715. Ils eurent
pour enfants :
13. Pierre-Nicolas, qui suit.
13. Ghrislophe'Georges Hennequin, né le 31 mai 1674,
204 LES HENNEQUIN
lieuleuaut au régiment d'Humières en 1694, mort
sans alliance en 1704.
13. Félix-François Ilennequiu, né le 25 juillet 1675, lieu-
tenant au régimenl de Lorraine, mort en 1706.
13. Catherine-Angélique Hennequin, née le 20 février
1677, mariée le 1'^'' avril 17)5 à François Cornet,
écuyer, s"" de Villermont, capitaine d'infanterie au
régiment de la Marche, gentilhomme près le comte
d'Harcourt-Lorraine. N'ayant pas eu d'enfants, il
légua Villermont à son neveu Pierre- Gilles Hen-
nequin. Elle mourut le 14 août 1742.
13. Nicolas Flennequin, né eu 1679.
13. Pierre-Nicolas Hennequin, s'' de Vieuxdampierre, Saint-
Martin-aux-Champs, etc.. né le 31 mai 167d, épousa, par
contrat du 27 avril 1715, A.nne-Pome Gatgam, liUe de Pierre
Gargara, lieutenant de roi de la ville de Chàlous, et de Marie
le Moyne. Il mourut le 14 avril 1727, et elle le 15 mars 1719
à 28 ans 10 mois. Hs eurent pour enfants :
14. Gilles- Emmanuel Hennequin, né le 20 mars 1716,
mort à neuf jours.
14. Pierre-Gilles, qui suit.
14. Pierre- Gilles Hennequin, seigneur de Villermont, S'-
Martin-aux-Ghamps, Villerin, Cuys-la-Tour, Fay, Cramant,
Ghouilly, né le 5 mai 1717, marié, par contrat du 11 décem-
bre 1746, à Suzanne-Rose de Failly, fille de Henry de Failly,
s"" de Doumely, Vinay, Guys, Cramant, major au légiment de
la marine, chevalier de Saint-Louis, et de Françoise de Fra-
rin. Il mourut le 6 janvier 1795, et elle le 30 décembre 1803.
Ils eurent :
15. Perrette-Henrielte Hennequin de Villermont, née le
21 janvier 174S.
15. Marie-Suzanne Hennequin, née le 12 octobre 1749,
mariée en 1773 à Jacques Perrier, s"' de la vicomte
de Savigny.
15. Perrette-Louise Hennequin de Guys, née le 14 no-
vembre 1750, mariée le 24 juin 17^1 à Alexandre
d'Aulnay, s'' de Frampas, chevalier de Saint-
Louis, capitaine d'artillerie.
15. Barbe-Jeanne Hermequin, née en 1751, morte eu
1719.
15. Alexandre-Guy-Âldon, qui suit.
15. Hennequin, né en 1755, mort eu 1758.
LES HENNKQUIN 20b
15. Marie-Heiirielle Hennequiii, née en 17oG, morle en
183G.
lo. Aurore Heuaequiu, née le lii janvier I7b9, tnorle en
17'JI.
\[', . Alhanase-Louis-Emmanuel, qui suivra.
15. Alexandre-Guy-Aldon Ilennequin de Villermonl, né le
6 mars 17;J0, capilaine des grenadiers au régimenlde Norman-
die en 1787, marié, par coniral du 7 septembre \1'J'6, a Elisa-
beth-Chariotle de Kailly, fille de Nicolais-Jo.-eph de Fadly,
comle de Florent, Beilevdle, etc., et de J -anue-É éouore de
P.ivant. Il mourut le '2'j janvier 1830, et elle le 27 janvier
1838, laissant :
16. Alexandre-Nicolas- Joseph Heuuequiu, marquis de
Villermonl, né le 20 juin 179G, officier au 1*='' hussards, démis-
sionnaire ; officier de la Maison rouge du roi Louis XVIIf,
marié à Sophie-Constance de Bruneteau de Sainte-Suzanne,
fille du lieut.euanl-général et pair de France, et de la baronne
Zorn de Bulach, son épouse. Il mourut le 18 septembre 1850.
Ils eurent pour enfants :
17. Léonide-Élisabeth Hennequin de Villermonl, née
en 1b21, non mariée.
17. Marie-Ernestine Hennequin de Villermonl, née en
1824, non mariée, morte en î8<Sl.
17. Alfred-Heury-IIubert, qui suit.
17. Alberline-Augustine Hennequin de Villermonl,
née en 1829, non mariée.
17. Alfred-Henry-Huberl Hennequin, marquis de Viller-
monl, né le 7 mai 1826, ancien élève de l'École polytechnique,
fit campagne en Crimée comme officier d'étal-raajor, aide de
camp du général de Failly , fut grièvement blessé, à la tète, d'un
éclat d'obus le 31 août 1855 ; fut, en Algérie, aide de camp du
générai Yusuf, puis, à Rome, aide de camp du général de
Monlebello ; fil la campagne de 1870; fait prisonnier de
guerre à Metz et envoyé en Allemagne; prit part à la répres-
sion de la Commune ; lieutenant-colonel d'étal- major en
1873, retraité en 187G ; nommé conseiller référendaire à la
Cour des Comptes le 31 décembre 1875; conseiller référen-
daire honoraire eu 1896; officier de la Légion d'honneur,
commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire le Grand (classe
militaire), chevalier de l'ordre de Pie IX, chevalier de l'ordre
de Wasa, de Saint-AIaurice et Saint-Lazare, décoré du Medji-
dié, de la médaille anglaise de Crimée, de la médaille poulill-
206 LES HBNKEQUIN
cale de Mentana, de la médaille coloniale, elc. Marié le 13 juiu
1860 à Marguerile-Georgine Labbey de la Roque, petile-fiUe
du comle d'Héricy, grand écuyer de l'Empereur, il en eut :
18. Henry-Léon-Baudoin Hennequin, comte de Viller-
mont, né le 13 avril 1861 ; élève de l'école de
Saint-Cyr, capitaine au 95^ d'infanterie. Marié, le
27 juillet 1891, à Marie Saulereau du Part, iille
de Jules Saulereau du Paît, ancien député, et de
Marie de Nesle, dont :
19 . Georges-Huberl- Antoine Hennequin de Villermonl,
né le 19 juin 1893.
19. Solange-Marguerite-Marie Hennequin de Viller-
mont, née le 24 août 1896.
15. Atbanase-Louis-Emmanuel Hennequin, dit le cheva-
lier de Villermont, créé comte par Louis XVIII, par signature
du roi en son contrat de mariage avec M"'= de Brettes ; né le
9 avril 1763. capitaine de vaisseau, contre -amiral honoraire,
chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'honneur. Il fit ses
premières armes sur le Scipion, au naufrage duquel il
échappa ; il était sur le Triton sous le comte de Guiche, aux
combats des 17 avril, 15 et 19 mai 1780 ; enseigne de vaisseau
en 1781 , fit les campagnes de 1 781 et 1782 sur le Réfléchi, de
l'escadre du comte de Grasse, et se distingua aux combats des
Iles-sous-le-Vent et du 29 avril 1781, à celui de la baie de
Chesapeake le S septembre suivant, de Saint- Christophe le
2o janvier 1782, et à ceux du lendemain 26. Il était sur le
Téméraire lors du combat du 9 avril 1782, et à celui du 12 du
même mois. Il leva, sous le comte de Puységur, les plans de
Saint-Domingue; fait lieutenant de vaisseau en 1786, servit
en celte qualité sur le Téméraire et le Superbe, et comme
commandant de V Active. Il était à Saint-Domingue lors de
l'insurrection, et il s'y montra brave et énergique. Il émigra et
servit à l'armée des princes dans le corps de la marine, til les
campagnes de 1791 et 1792, fut major du corps de la marine ;
était olficier d'artillerie sous le marquis d'Aulichamp, au siège
de Maeslricht ; il passa en Russie, y commanda le brick la
Victoire, sur lequel il Ut les camjjagnes de 1796 et 1797 sur
les côtes de Perse, où il se distingua eu dispersant seul une
ilottille ; remplit deux missions sur les cùles de Turcomanie,
quitta le service russe en 1798; fut fait chevalier de Saint-
Louis par Louis XVIII ; invité par Napoléon à reprendre du
service quand il rentra en France, refusa ; capitaine de vais-
seau à la rentrée des Bourbons, attaché au port de Cherbourg
LES HENNEQUIN 20"?
en 1814, gouverneur du Collège roj'al de la Marine à Augou-
lènie, chevalier de la Légion d'honneur en 1821 , conlre-amiral
honoraire en 1827. Il épousa, le 24 mai 1802, Louise-Claudine
de Maussiou, tille de Thomas-Urbain de Maussion, conseiller
au Parlemeni, et de (Jalherine Thévenin de Tanlay, puis en
deuxièmes noces, le 15 septembre 1814, par contrat signé du
roi Louis XVIII, Françoise-Louise-Joséphine-Charlotle, com-
tesse de Bretles, chauoinesse de Blesles, fille de J.-B., comte
de Brettes, marquis du Cros, comte de Cumy, baron de Mas-
rocher, colonel de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, et de
Madeleine de Barentiu-Montchal. Il mourut le 28 octobre 1840,
et elle le 1"^' novembre 1859. Ils eurent pour enfants :
16. Charles-Antoine, qui suit.
16. Louis-Marie, jumeau du précédent, qui suivra.
16. Une fille, née le 12 juillet 1815, jumelle des précé-
dents, qui ne vécut que quelques jours.
10. Louise-Charlotte Hennequin de Villermont, née le
21 mars 1817, mariée le 12 avril 1837 à Joseph-
Jacques BoUinger, fils du bailli supérieur du cercle
d'Ellwangen (Bavière), et mort le 25 décembre 1 884 .
16. Charles-Antoine Hennequin, comte de Villermont, né
le 12 juillet 1815, tenu au baptême par le duc et la duchesse
d'Angoulème : il fut membre de la députation permanente du
Conseil provincial de Namur, vice-président des conférences
de Saint- Vincent-de-Paul de Belgique, président du Comité
des œuvres pontificales, grand-croix de Saint-Grégoire le
Grand et de François-Joseph d'Autriche, commandeur du
Saint-Sépulcre et de l'ordre de Pie IX, grand- officier de
Saint-Charles de Monaco, etc., naturalisé belge; sou titre de
comte a été reconnu par le roi des Belges, avec transmissibi-
lilé à sa descendance masculine et féminine. Il a publié Tilly
ou la guerre de trente ans , le Comte de Mansfeldt ; la Vie de
Marie- Thérèse, et autres ouvrages importants. Il épousa, le
13 octobre 1838, Elisabeth de Fraye de Schiplaeken, morte le
29 octobre 1841, puis en secondes noces, le 19 avril 1847,
Marie-Adélaïde Licol de Nismes, fille de Michel- Joseph Licot
de îsismes et d'Elisabeth Savary de Cérisy. 11 eut du pre-
mier lit :
■17. Adélaïde-Emma Hennequin de Villermont, née en
1839 (le 5 octobre), religieuse au Sacré-Cœur,
morte en 1883.
Et du deuxième lit :
17. Alphonse-Marie-Louis Hennequin, comte de Viller-
208 LES HENNÊQUIN
mont, ué le 18 novembre 1851, marié le 31 juil-
let 1886 à Marie deMoreau, morlele 1 1 juillet 1887,
puis eu secondes noces à Adeline, baronne de
T'serclaes. Il est docteur eu droit, chevalier de
Tordre de la Couronne de Chêne de Hollande. 11 a
de son premier mariage :
18. Henry-Oudart Hennequin de Villeimont, n6. le
3 juillet 1S87.
17. I.ouis-Marie-Michel Uennejuiu, comte de Villermonl,
ué le 17 octobre 1853, lieutenant de lanciers, mort
enl8'J!.
17. Paul-Marie-Marlin-Léon Hennequin, comte de Vil-
lermonl, officier des guides puis des lanciers, con-
seiller provincial, décoré de la croix civique de
1"^ classe, etc., né le 26 janvier 18o8.
17. Honoré-Marie-Charles-Michel Hennequin, comte de
Villermonl, ué le 30 septembre 18o'.), ancien offi-
cier de cavalerie, marié à Aline le Grand de Bo-i-
neterre, dont :
18. Marie-Françoise Hennequin de Villermonl, née en
février 1896.
18. Béatrice-Marie H. de Villermonl, née le 23 octo-
bre 1897.
il. Chailes-Marie-Joseph Hennequin, comle de Viller-
monl, né le 17 mai 1664, ancien allaché an minis-
tère des Affaires étrangères, marié le 8 janvier 1889
à Clémence Van,den Berghe, fille de Léon Vau
den Berghe, allaché de légation, et de Jeanne de
Craene. Il en a :
18. Charles -Léon-Marie-Clément-Jean Hennequin de
Villermonl, né le 8 juin 1 89 1 .
18. Marie- Perrelte-Oswaldine- Clémence- Caroline-
Jeanne-Renée Hennequin de Villermonl, née le
18 juillet 189i.
î 8 . Marie-J eanue-Léonie- Josèphe-Clémence-Yolande-
Cornélie Hennequin de Villermonl, née le 1 5 sep-
tembre 1892.
18. Caroline- Alphonsine-Anne- Marie Hennequin de
Villermonl, née le 16 juin 1894.
17. Marie-Elisabeth-Françoise Hennequin, comtesse de
Villermonl, née le 16 août 1848, non mariée.
LES HENNEQUIN 2U9
17. Jeamie-Marie-Françoise Hennequin, comtesse de
Villernioul, née le 29 avril 18j0. Nou mariée.
17, Henrielle-Mat'ie-Joséphiue Hennequin, comtesse de
Villermoiit, née le 1) mai 185o, Non m-u'iée.
17. Madeleiiie-Marie-Oclavie-FrédériquHlIeaueqniQ, com-
tesse de Villermont, née le 2 février 186G. Nou
mariée.
16. Louis-Marie Hennequin, vicomte de Villermont, né le
12 juillet 1815, tenu au baptême par le duc et la duche.~se
d'Augoulème, commandeur des ordres de Saint-Grégoire le
Grand et de Saint-Sylveslre, marié le 8 octobre l!S5û à Alarie-
Ebba, comtesse de Sparre, ei mort eu 18y6. Eu eut :
17. Pierre-Âchille-Louis-Marie Hennequin, vicomte de
Villermont, ancien sous lieutenant d'infanterie, né
en 1855.
17. Charles-Maric-Josepb Hennequin, baron de Viller-
mont, ancien lieuteuant de chasseurs à pied,
épousa M"" Fischer, fille d'un lieutenant-général
de cavalerie belge, dont :
18. Simonne Hennequin de Villermont, née le o août
1887.
17. Élouard-Louis-Marie Hennequin de Villermont, né
en I8G4, marié à M"" Lemaire-Dupouchel. Il eut :
18. Charles-Edouard Hennequin de Villermont, né en
1891.
17. Marguerite-Clémentine Charlotte-Marie Hennequin
de Villermont, née en 1851, mariée le 16 février
1876 à Gaston deOérault de Langalerie, lieutenant-
colonel, chevalier de la Légion d'honneur et de
ëaint-Grégoire -le- Grand.
17. Lucie-Marie-Eugénie Hennequin de Villermont, née
le 27 avril 1854, religieuse au Sacré-Cœur.
17. Félicie-Ebba-Marie Hennequin de Villermont, née
en 1861, n'a vécu que peu de jours.
Xoms épavs, trouvés aux Archioes de l'état civil de ChcU
Ions et ailleurs, et se rapportant à la branche de Vil-
lermont, qui est donnée incomplètement dans ses pre-
miers degrés.
1 . Claude Hennequin ou Hannequin, échevin de Chàlons
(1565).
14
210 LES HENNEQUIN
2. Nicolas Vevenat, docteur en médecine, époux de Jeanne
Hennequin, sœur de Nicolas Heiinequin, receveur des aides
et lailles en Téiection de Chàlons, et tous deux enfauts de
Claude Hennequin, gouverneur écheviu de Chàlons en !b44,
et de Nicole Linage (1568).
3. Claude Hennequin est marraine en 1580. Elle épousa
Michel Chastillon, gouverneur écheviu de Chàlons en 1589.
4. En 1581 naît Françoise, lille de Nicolas Hennequin et
de Louise N, . , , sa femme.
0. En 1583, Charlotte Hennequin et Marie Hennequin sont
marraines.
H. En 1583, Louis Hennequin, général (des finances?).
7. En 1590, meurt Gérard Haimequin, sr de Vaux. Il est
inhumé au milieu de la nef de t;aint-Ë'oi à Chàlons.
8. En 1591, naît Gilles, lils de Lauient Hanequin.
9. 1610. François d'Aoust, receveur des Tailles à Chàlons,
épouse Françoise Hennequin, liile de Nicolas Hennequin, s'
du RupI, et de Louise de Péas.
10. Eu IC'il, naît Anne, fille de Nicolas [alias Claude)
Gargam et de Marie Hennequin. De 1622 à 1626, il nait d'au-
tres enfants à Claude Gargam et à Marie Hennequin.
11. En 1627, Marguerite Hennequin est femme de François
le Moyne.
12. En 1028, Marie Hennequin est épouse de Pierre Hor-
guelin.
13. Michel Chastillon meurt le 8 février 1631, à 86 ans ; sa
femme, Claude Hennequin, morte le 16 février 1618 ; tous
deux sont inhumés à Saint-Alpin de Chàlons.
14. Le 25 février 1641, meurt Françoise Hennequin,
veuve de Pierre le Gorlier, mort le 1'''' octobre 1638, tous deux
inhumés à Notre-Dame de Chàlons.
15. En 1647, naît Louis Hennequin, fils naturel de noble
homme Jean Hennequin et de Marie Deya.
16. En 1657, le 4 août, meurt Jeanue-Louisn Hennequin,
veuve d'Isaïe Béchefer, conseiller du roi en l'élection de Chà-
lons, mort le 10 octobre 1606, tous deux inhumés à Saint-
Loup de Chàlons.
17. En 1659, Antoinette Hennequin est femme de Laurent
Philon.
18. En 1661, vit Louise Hennequin.
19. En 1678, Antoinette Hennequin est femme de M. Phi*
LES HENNEQUIN 211
lippe, S' de C'est sans doute la même qui est écrite
plus haut épouse de Laurent Pliilou.
Branche de Vaubercey, à Troyes.
4-. Oudinot Heuuequiu, qualifié avocat du roi à Troyes, fut
père de :
5. Sansonnet, qui suit.
'6. Pierre Heuuequin, marié à Juliane Antoine {alias
Antonis). eu eut ;
6 . Jean Heuuequin, marié à Catherine N, . . , dont :
7. Simon Hennequin, mort le 18 octobre 1519,
époux de Léonor Gornot, morte le 2U juin loi 7,
suivant leur belle tombe de marbre noir à
Saint- Urbain de Troyes. Il fut père de :
8. Gillet Hennequin.
8. Micolas Hennequin, époux de Jeannette Doui-
net.
8. Gilelle Hennequin, mariée à Etienne le Mau-
genet.
8. Simonelte Henuc(iuin, mariée à Jean Chevry.
8 . Jeannette Hennequin, mariée à Nicolas Garnier.
6. Pierre Hennequin, bachelier ès-lois.
6. Ktienne Hennequin, maître ès-arts.
b. Jeanne Hennequin, mariée à Simon Griveau, s"" de
Souleaux, voyeur du roi à Troyes.
5. Sansonnet Heunequiu, s»' de Vaubercey. marié à Mau-
gine de Vanligny, allas Marguerite, dame du Mesnil et de
Valeutigny, laquelle, veuve de lui, se remaria le 1 1 mai 14.-34
à Etienne de Louvemont. H eut d'elle ;
6. Pierre Hennequin, s' de Vaubercey, prévôt de Troyes
de 1429 à 1437, lequel fut père de :
7 . jSicolas Hennequin, s' de Vaubercey, lequel est dit, en
IbÛS, propriétaire de lancien hôtel du Vauluisant, (jui passa,
après lui, à sa fille Jeanne ou Jeannette. Il fut receveur de la
ville de Troyes et épousa 'i'sabeau Beithier, dont il eut :
8. Guillaume, qui suil.
8. Nicolas Hennequin, établi à Paris.
8. Isabeau Hennequiu, mariée à Simon de Sens, enquê-
teur à Troyes.
212 LES HENNEQUIN
8. Jeaunelte Hennequiu, mariée à Jean Date, puis à Jean
Morise.
8. Hélène Heuucquin, mariée à François (alias Nicolas)
le Cornuat.
8. Jacqueline Henurqniu, mariée à Edme le Compasseur,
par conlral du 7 janvier 1 l'JS.
8. Guillaume Heunequin, écheviu de Troyes eu 1523, prévôt
de la Monnaie ; M"^' de Guise loge chez lui au passage d'Heuri II
à Troyes. Il meurl eu lo82. Marié à Perrelle Ludut, il eu eut :
9. Guillemelle Henuequin, mariée à Robert Angeuoust.
9. Anloine, qui suit.
9. Nicolas, qui suivra.
9. Perrelle Henuequiu, mariée à Claude Clérc}', s' de la
Grande-Fouchère.
9. Humberle Heunequin, mariée à Nicolas d'A velus, puis
à Jean d'Estampes, s"" de Vaudes, secrétaire de
François de Clèves, duc de Nevers ; elle en était
veuve en 1o82. Elle est dite encore, d'après cer-
tains généalogistes, épouse de Nicolas de la Feiley.
9 . Ysabeau Hennequin, mariée à Jacques Vestier.
9. Antoine Hennequin, seigneur de Vaubereey et Lesche-
relle, receveur des Tailles en réleclion de Troyes en 1559,
écheviu de Troyes en loo3. Il acquit l'hùlel de Vauluisant et
y fil construire, vers 15oU, le pavillon avec ses tourelles. 11
épousa Nicole de Me?grigny, pm?, par conlral de lo42,
Odette Clére}^, fille de Denis Clérey, s- de Vauberci'y et de
Jeanne Mole, laquelle Oilelle Clérey mourut en 1576, à 77
ans. Il eul du premier lil :
10. Catherine Hennequin.
Et du deuxième lil :
10. Guillaume Hennequin, marié à Marguerite Fichet. Il
est cité parmi les réformés de Troyes en 1562, et
mort sans hoirs.
10. Louise Hennequin, mariée à Morise le Trulal, con-
trôleur des guerres en 1539.
10. Anne Henneciuin, mariée à Germain Saigeol, sei-
gueur d'Avon, secrétaiie du roi, commis de M. de
Laubespine, secrétaire d'État.
9. Nicolas Hennequin, s"" de Vaubercey, prévôl de la Mon-
naie de Troyes, écheviu de Troyes en J5ou, marié à Simon-
LES HENNEQUIN 213
netle Maillet, puis à Anne Péricard, fille de Jacques Péricard
et de Catherine Mole. Il eut du premier lit :
10. Guillaume, qui suit.
Et du deuxième lit :
10. Nicolas, qui suivra.
10. Catherine Hennequio, mariée à Nicolas Pinelle,
puis Jean Millet, avocat du roi à Troyes.
10. Guillaume Hennequin, s"" de Vaubercey, capitaine et
major de la ville de Troyes, garde de la Monnaie de Troyes,
écheviu de Troyes en 1006, élait administrateur de l'Hôtel-
Dieule-Comte en 1584. Le 29 avril 1586, il loue deux jeux de
paume tenant l'un à l'autre, et deux bâtiments sur le derrière
d iceux, rue de la Corterie à Troyes. Il épousa, en 1573, Ysa-
biau Cauis, puis en secondes noces Catherine de Mauroy. Il
eut du premier lit :
11. Anne Hennequin, mariée le 27 octobre 1588 à
Antoine Rémond, s*" de Bruyères, homme d'armes
de la compagnie de M, de Praslin, bailli et garde
des sceaux à Chaource ; elle mourut en juillet
4627, et lui le 23 mai 1624.
1 ! . N... Hennequin, mariée à Jc-\ù le Secq, de Chaource.
11. Huberlhe Hennequin.
11. Élisabe h Hennequin, mariée à Louis de Vienne,
bailli d'Isles et .seigneur de Presles, en 1609.
Et du deuxième lit :
11. Guillaume Hennequin, avocat au Parlement, demeu-
rant à Chaource en 1040, père de :
12. Nicolas Hennequin, bourgeois de Chaource en
1686, dont :
13 Hennequin, avocat au Parlement, demeu-
rant à Bar-sur-Seine en 1720.
11 . Marie Hennequin, mariée à M. de la Rouere, de Bar-
sur-Seine.
\ 1 . Antoine Hennequin, mort au service du roi,
1 1 , Georgette Hennequin, religieuse à Notre-Dame-
aux-Nonnains de Troyes.
1 1 , Nicolas Hennequin, marié à Parent, fille du
médecin de ce nom à Troyes.
10. Nicolas Hennequin, sr de Vaubercey, Souligny et
Richebourg, capitaine des arquebusiers de Troyes en 1596.
En 1588 et années suivantes, il est capitaine ligueur à Troyes
214 LES HENNEQUIN
avec Sébastien de Mauro}-, son beau-frère, échevin de Troyes
en 1586, trésorier de France et receveur-général pour la Ligue
à Troyes ; marié à Colombe de Hault, fille de Nicolas de Ilault,
s'' de Lignol, receveur des décioies à Troyes et maire de
Troyes. Il en eut :
11. Nicolas Hennequin, s' de Souliguy, marié à Phili-
berte de Bridost.
1 ] . Pierre Hennequin, mort sans enfants.
1 1 . Michel Hennequin, mort sans enfants.
11 . Anne Hennequin, mariée à Jacques de Corbie, s"" de
Lisy.
11 . Colombe Hennequin, mariée à Michel de la Frée, s""
de Moudemont.
11. Odette Hennequin, mariée à Jean Martin, s' de
Pvichebourg.
1 1 . Jeanne Hennequin, religieuse.
11 . Claude Hennequin, s' de Lignol et Pdcbebourg, marié
à Anne de Verneuil. dont :
12. Aune Hennequin, mariée à François le Sain, s""
de Rochefort, Mondétour et Tugny.
11. Marie Hennequin, mariée à Mathieu de Ripault, s'"
de Lignol.
Noms isolés qui rentrent dans la généalogie des Henne-
quin, et dont plusieurs doivent s'identifier avec ceux
quij' sont cités.
1 . Guillaume Hennequin, drapier à Troyes, époux de
Jeannette (1399).
2. Jean Hennequin, servant' d'armes, du prieuré de Cham-
pagne, au siège de Rhodes eu 1480.
3. Jeanne Hennequin, femme de Nicolas Von, s' de Haut-
pré ; leur fille, Anne Ynn, mariée à Pierre Poterat, de Troyes,
en 1571.
4. Jean Hennequin, receveur de Troyes (1480).
5. Jean Hennequin, maître delà Monnaie de Troyes (1480).
6. Jean Hennequin, receveur du grenier à sel de Troyes
(1500).
7. Jean Hennequin, le jeune, l'un des principaux mar-
chands de Troyes, député par cette ville auprès du roi pour
délibérer avec ceux d'autres villes sur certaines cjuestiQps
commerciales ep 1481,
LES HENNEQUIN 215
8. Jean Ilennequin l'aiaé, époux de Perrelte du Cliesue ;
leur tombe, du xvr siècle, est à SaiDle-AIadeleiue de Troyes.
10. Jean Hennequiii l'alué, marchand à Troyes, député aux
Etals généraux de 1483.
9, En 1633, ou cite, à la catliédrale de Troyes, la chapelle
des Hennequiu.
Albert de Mauroy.
ESSAI
D'UNE DIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE EF ARCHÉOLOGIQUE
DU DÉPARTEMENT DES ARDENNES
RliolGhE
A l'occasion du Congrès de la Socitit française d'Archéologie
QUI DEVAIT ai': TENIR DANS CE DÉPARTEMENT EN I 898
AVANT-PROPOS
La tenue d'un Congrès archéologique est l'occasion naturelle
d'un relevé de toutes les publications historiques relatives aux
monuments, aux arts et aux anliquilés du département visité.
La bibliographie du département des Ardennes n'a pas
encore été dressée, à cet égard, d'une manière méthodique, et
nous ne prétendons pas, d'ailleurs, réunir absolument ici
toutes les sources imprimées sur l'archéologie locale. Tel livre,
telle brochure, telle plaquette très rare nous aura échappé ;
tel auteur ne sera pas cité, malgré nos recherches incessantes.
Que l'on nous pardonne ces lacunes et ces omissions inévita-
bles dans de si minutieuses investigaiions. L'essentiel est que
notre liste soit profitable à la science, aux chercheurs en
général, et particulièrement aux érudils si bienveillants qui
doivent tenir leurs assises au milieu de nous en 1898 '.
Il est bien difficile de distinguer l'archéologie de l'histoire,
dont elle n'est en somme qu'une subdivision. Aussi avons-
nous indiqué les monographies de communes et de cantons,
qui traitent à la fois du passé historique et des monuments de
chaque localité. De même, nous avons compris dans notre
classification les ouvrages sur les noms de lieux, sur la topo-
graphie, sur les monnaies, les sceaux, les curiosités et les
œuvres d'art en général. Nous avons groupé de la sorte
2U0 fiches ou titres d'ouvrages donnant des indications som-
maires, mais précises, sur autant de publications écloses dans
1. Depuis que ces lignes ont été écrites (septembre 1897), le projet d'un
Congrès archéologique dans les Ardennes a dH être abandouné, au grand
regret des amis de l'histoire, des arts et deâ antiquités de ce département
(Avril 1898).
DU PKPAKTEMENT DES AHDENNES 21 7
les Ardennes pour la plupart. Les ouvrages généraux sur la
Champagne ou le pays rémois, tels que V Histoire de Reims
par D. Marlol, etc., ne sont pas relevés ici. Ils sont tous bien
connus des chercheurs. Notre examen ne s'est pas étendu au
dépouillement des grands recueils ni des revues auxquelles on
peut toujours recourir à l'aide des renseignements que nous
reproduisons. Sur les 200 fiches, nous en comptons 58 pour
les ouvrages généraux sur le déparlement, revues, recueils,
etc., et 142 pour les ouvrages particuliers sur les communes
ou sur leurs dépendances.
trous quelle forme convenait-il de grouper cet ensemble
d'ouvrages bien variés et susceptibles de classements compli-
qués et divers ? Nous nous sommes arrêtés au système alpha-
bétique selon l'ordre des communes, réservant d'abord, bien
entendu, aux ouvrages généraux sur le département une place
préalable. Ces ouvrages généraux son! rangés par ordre chro-
nologique de publication, et ceux relatifs aux communes, par
ordre alphabétique. Eu résumé, nous adoptons le plan si judi-
cieux du regretté M. Périn dans ses Recherches bibliographi-
ques sur le département de V Aisne (3 vol. gr. in-8°, 1866-67-
83). Nous avons préféré mettre en vedette le nom des localités
plutôt que celui dtss auteurs (qu'une table finale énumère à la
suite), étant donnée la nature des recherches nécessairement
rapides et tenant surtout à des considérations de lieux. Nous
arrivons ainsi à offrir des titres sur plus de soixante-quinze
villes ou communes actuelles du déparlement. Nous avons
cherché, par des notes additionnelles, à y joindre des rensei-
gnements accessoires tirés des sources les plus sûres et les
plus faciles à vérifier. Nous avons omis le dépouillement des
journaux ardennais, dans lesquels, cependant, bien des arti-
cles intéressants ont paru, le Courrier des Ardennes par
exemple, où écrivit si longtemps M. Jean Hubert. Ce serait une
bibliographie spéciale à rédiger.
Si l'on s'élève maintenant au-dessus de l'arrangement maté-
riel de celle bibliographie et si l'on veut juger des données
acquises et des résultats produits, il sera possible de s'en ren-
dre compte d'après l'effort considérable accompli depuis un
demi-siècle.
Avant l'essor donné de 1840 à 1850 par M. Jean Hubert,
écrivain distingué, professeur au collège de Charleville, pres-
que aucune tentative n'avait eu heu dans les Ardennes pour
connaître et sauvegarder les monuments historiques, les égli-
ses rurales, les ruines et les objets d'art. Par ses tournées
218 ESSAI d'une BIBLIOORAPHIB
dinspeclion, par la publication de ses éditions de la Géogra-
phie départementale el par sa Statistique monumentale, ce
zélé correspondant du Comité des Travaux historiques était
arrivé à attirer l'attention publique sur les œuvres et les docu-
ments du moyen âge. D'intelligentes restaurations d'édifices
délabrés eurent lieu sur plusieurs points du département, des
plans furent levés, des essais analogues se propagèrent, enfin
des monographies virent le jour et le terrain actuel fut préparé
pour des œuvres nouvelles, c'est-à-dire pour des recherches
plus approfondies et plus durables. Les Archives des Arden-
nes, les Bibliothèques des villes de Charleville, Sedan et Reims
possèdent des fonds d'histoire locale qui ont recueilli toutes
ces publications.
Le passé se trouvait donc remis en honneur. Rethel eut ses
historiens avec MM. Jolibois et Pauffin, Sedan avec MM. Pey-
ran et Prégnon, d'autres localités avec leurs curés ou leurs
instituteurs. L'agent-voyer en chef du département, M. Mia-
laret, actuellement maire de Mézières, réalisa en 1865, à l'aide
du service vicinal, le tracé d'une carte archéologique des cinq
arrondissements. Une revue se créait alors par les soins de
l'archiviste de la Préfecture, M. Sénemaud, et après une trop
longue suspension, elle vient de reprendre vie sous un titre
presque semblable et sous l'impulsion du nouvel archiviste,
M. Paul Laurent, originaire du pays, actif et compétent orga-
nisateur de tous les moyens d'action dans la voie historique
et archéologique.
Un grand service avait été rendu simultanément aux tra-
vailleurs ardennais par l'Académie de Reims, fondée en 1841,
et qui, à défaut d'autre Société savante, étendit son influence
et ses largesses à toute l'étendue du diocèse de Reims. Ses
concours annuels ont fait éclore de» monographies dont l'énu-
mération donnée plus loin étonnera ceux qui n'ont pas suivi ce
mouvement. D'autre part, un Musée a été établi à Sedan, et
une revue s'y est aussi créée.
Il est résulté de ces multiples efforts, à l'heure présente, un
groupe de travailleurs qui compte dans ses rangs D. Noël,
bénédictin de la Congrégation de France, MM. le D'" Vincent,
Marc Husson, H. Rouy, Henri Lacaille, Paul Collinel, le
D^ 0. Guelliot, Roger Graffin, P. Laurent, P. Pellot, A. Bau-
don, etc., qui s'attachent à décrire les édifices et à fouiller les
archives en vue de maintenir l'honneur et les traditions de
cette intéressante région qui s'étend de la frontière belge aux
plaines de la Cbampagi^e. Des villes comme IV^ouspu, Sedan,
DU DÉPARTEMENT DES ARDKNNES 219
Mézières, Relhel, Rocroi, Grandpré, Atligny, Vouziers, Ghar-
leville et Givet méritenl l'altention et l'examen des érudits,
aulaul par leurs édifices d'époque? différentes que par leurs
souvenirs en tous genres et par les traces qu'elles ont mar-
quées dans l'Histoire de PVance.
H. Jadàrt,
Membre de la Sociùli- françaiss d'Arcliéologie.
Villers-devant-le-Thour (Ardennes), le 15 septembre Î897.
220
ESSAI DUNE BIBLIOGRAPHIE
I
Ouvrages généraux sur le Département, Recueils
et Revues diverses.
(Selon Vordre chronologique des publications,)
1. — Almanach historique, ci-
vil, ecclésiastique, militaire et to-
pographique du département des
Ardennes pour 1791. — Charle-
ville^ Raiicourty in- 32.
Noies sur divers monuments et cliàtcaux
détruits, sur l'église d'AsfelJ, etc.
2. — Voyages dans les dépar-
tements de la France par une So-
ciété d'artistes et de gens de let-
tres,.. Département des Arden-
nes. — Puns, Brion. 1792, in-8°
de 32 pp. avec carte ec vues.
3. — Département des Arden-
nes. Nomenclature générale des
communes par ordre alphabéti-
que, contenant des renseignements
de statistique administrative, des
Notes historiques et des Indica-
tions sur toutes les dépendances
de ces communes. — Me^iéres^
Imprimerie de lu Préfecture^ s. d.
In-4" oblong.
Recueil fécond en renseignements topogra-
phiques et de statistique.
4. — Guide pittoresque du
voyageur en France. Département
des Ardennes. — Paris, Didot^ s.
J., in-8" de 22 pp. avec 6 vues,
châteaux de Grandpré, Thugny,
Buzancy, etc.
5» — Biographie ardennaise^
par l'abbé Boulliot. — Paris^
1830, 2 vol. in-8".
Savantes notices sur les arti.'tes, antiquai-
res et historiens du département, les incrip-
tions, poi traits et épitajjhes qui les concer-
nent. — Pour la biouraphie contemporaine,
consulter le Dictionnaire biographique des
Ardennes, Paris, Jouve, 1897, in-S" avec
portraits. — Sur l'Histoire des Ardennes
de l'abbé Boulliot, voir /«-s l ariétés his-
toriques ardennaises, par P. Laurent, V.
6. — Géographie historique,
physique^ statistique ., du dé-
partement des Ardennes, par J.-
B. HuDert. — Charleville. Lhuyer^
Z83Ô, in-i2 de 128 pp.
Professeur au collège de Cliarleville, écri-
vain très érudit sur l'histoii e du département
auquel il a consacré ses travaux jusqu'à sa
mort en 188G. Voir sa biographie dans le
Courrier dos Ardennes du 31 décembre
188G. — Cet auteur a bien mérité des Arden-
7. — La Chronique de Cham-
pagne (par louis Pans et H.
Fleury), — Reims, Jacquet^ 1837-
38, 4 vol. gr. in-8^ avec planches.
Consulter la chronique de chacune des li-
vrai-ions sur les fouilles et trouvailles lians la
région, notamment sur la découverte d'une
sépulture antique au Thour, t. IV, p. 63 ; —
et =nr les antiquités de Rethel, avec vue,
t. III, p. 301,
8. — Annuaire du départe-
ment des Ardennes pour i84i,par
Alfred Lavome. — Mé^ières, Tré-
court, 1840, in-8° de 416 pp., et
notamment pp. 382 à 385, statis-
tique archéologique du départe-
ment.
9. — Géologie des Ardennes
ou statistique minéralogique et
géologique du département des
Ardennes, par C. Sauvage et A.
Buvignier. — Méiières^ 1842,111-8°
avec cartes.
A signaler, pour la suite des recherches de
ce genre, les notices et les cartes géologiques
des arrondissement» de Vouziers et de Re-
thel, publiées par MM. Meugy et Nivoit de
1875 à 78.
10. — Statistique du dépnrte-
ment des Ardennes, par E. Du-
bois, chef du secrétariat de la
Préfecture. — C/iarleville, 1842,
in-8" de 208 pp.
11. — Abrégé de la Géogra-
phie historique du dépaitement
des .Ardennes. par Jean Hubert,
2<= édit. — C/iurlevdle. 1S46, in-i8
de Vi-166 pp.
Voir sur les antiquités, monuments et rui-
nes, les pp. 11 i 22.
12. — Géographie élémentaire
du département des Ardennes,
DU DÉPARTEMENT DES ARDENNES
221
par Ducoiii-Girardin. — Mc^ières,
LelMtraL-i, t8)), iii-T2 de i66 pp.
avec vue de la place de la Préfec-
ture à Mézières.
13. — Géographie historique
du dcpartemeiu de? Ardeiines,
cùmprenant, ourre la géographie
physique et politique^ de non-
breux renseigne nents sur l'Adnii-
nistatioii, I Lidusirie, le Com-
merce, i"Hi-tou-e, la Géologie,
l'Archéologie, etc., par Jcui Hu-
bert, professeur de rhétorique.
Nouvelle éJition entièrement re-
fila iue. — CkarlevilU, E. Jolly,
1856, ia-i2 de vi-512 pp. avec
une carte du département.
La première édition date de 1836. m-12 de
128 pp. — Consulter la bibliographie histori-
que placée en tète de l'edilion de 1856.
14. — Les Marchesdel'Ardenne
et de Woëpres. . ., par M. Jeatitin.
— Nuncy, 1854,, 2 vol. in-8'' avec
cartes.
Le même auteur, président du Tribunal de
MontméJy, a publié aussi Les Chroniquns df
l'Ardennc, 2 vol. in-S".
i^. • — Statistique monumen-
tale du diocèse de Reims. Dépar-
tement des .ArJennes, par Jean
Hubert, de Charleville. — Monu-
ments historiques et monuments
présentant de l'intérct sous le rap-
port de l'art (129 notices descrip-
tives), publication taite en 1855,
dans les tomes XVII et XVIII des
Tra.v^ux de l'Académie de Reims j
sans tirage à part.
16. — Sous le haut patronage
de S. A. R. le duc de Brabant. —
Les Ardenne.'î, p:ir Victor Joly,
illustré de trente planches à l'eau-
torte^ gravures sur bois, lithogra-
phies, etc., par Martinus A. Kuy-
te ibrouwer. — Bruxelles, J. Van
Bugge/ihofidCj 1854-1857, 2 vol.
in-t" (Bibliothèque de Reims).
17. — Voyages pittoresques et
romantiques dans l'ancienne Fran-
ce, par le baron Taylor. CHAMPA-
GNE. — Paris, Didot, 1857, 2 vol.
gr. in-folio illustrés. (Idem.)
Vues des églises de Mézières. Relliel,
plans dirers, etc.. dans le t. Il, avec notices.
18. — Biographies et chroni-
ques populaires du département
des .Ardennes, par Hubert Colin.
— VouT-ur^, Lapic, 1859-64, 3
vol. in- 13.
OEuvrc rie vuleari.^alion. mai> révélant
bien des particularités sur la lan!;ue, les
noms et les coutumes locales. — Voir aussi
les Chroniqut's nrdeiinaises. par Charles
Boue, Paris. Chartccillf, 18o9, in-8'.
19. — Guide-itinéraire histori-
que et descrii.tif de Reims à Laon,
Reims à Charleville — Charleville
à Mouzon, Charleville à Sedan,
pir Jean Hubert — Charlevilley
Poiiillard.^ 1860, in-i2 de 204 pp.
20. — .Annales ardennaises ou
histoire des lieux qui forment ie
département des Arden les. par
F -X. .Vlas>on. — Mé-iercs, Le-
laurin, 186 1, i vol. 111-8" (U I, le
seul paru).
21. — Essii historique sur Ro-
zoy-sur-Serre (Aisne) et les envi-
rons, comprenant une grande par-
tie de la Thiérache et du Porcien,
par G. -.A. Martin — Laon^ Fleu-
ry, 1863, 2 vol. in-8<' avec suppl.
gr. in-S".
Cet ouvraje contient d'abondants rensei-
gnements sur beaucoup de localités avdennai-
se.s, et des vues anciennes de Chàteau-Por-
cien, Rumçnv, Bonnelontaine et Sip^ny.
22. — Revue historique des
.Ardennes, publiée par Ed. Séne-
maud. — Mézières., Devin, 1864-
1868, 6 vol. gr. in-8" avec plan-
ches.
Recueil contenant, particulièrement dan-
le t. I, p. 14.T, les liecUevclies arcli''o!of/i-
qw-s sii.r le dépai't'iiteiit, par Ch. Mialaret,
avec carte en couleur ; — dans le t. V, p. 5,
le JJémoin' sur Us antiqnitvx dt: Sedan,
etc., par Linnoy ; — dans le t. VL p. -11, le
Cartidaire de prieuré de .Vouy : — et, dans
tous les volumes, la chroni(iue mentionnant
quelques fouilles et découvertes archéoloi;i-
aues, inscriptions, etc. On y trouvera aussi
quelques traces îles immenses recherches
accomplies par le comte Olivier de Gourjault
sur l'histoire départementale dans les dépots
d'archives les plus divers. Peu de publication?
ont été faites par cet crudit de haute valeur
décédé en ISOl, elles ont été énumérées dans
une notice bibliographique due a Stéphen Le-
roy et au marquis Henri de Gourjault eu
1896.
23. — Bulletin du diocèse de
Reims, revue religieuse, histori-
222
ESSAI DUNE BIBLIOGHAPHIE
que et littéraire. — Keims^ imp.
coop.j 1 867-1897, gr. in-8".
Consulter les notl■;e^ .iK-lieoloîçiiiUBs :
Ealise d'Ilerpv, 1. \1. Is78. y. ^U:?. —
EgHsc d'Aire. 'l. \I, \>. 416. — Esiise de
Saint-Pierreniont, t. \l, p. b.i3. — Chapcll»'
de la Vieilleville a Saulres-MomliD. I. M.
p. fi02. ^ Ksli^^o de MoHiain. I. \1(. IST'.).
p. 205. - Eiçlir^n do Tliusny, t. VU, p 4(5.
— Egli!=e dp Charluville. colnple-rondu.
I. \XI. 1888. p. V.it - Reiueil ronlenant
un outre l>ieu d'aulre< iDdicaliou!- >ur no>
monuments, conr-iriiêe.-! dan?^le> Tahli'- ilplm-
l.'i'tiiiucs annuell''-.
24. — La Fraiite illustrée, par
V.-A. Malte-Brun. Livraisons il-
lustrées pet. in-t°. Editions Burhj.
{s. d.)et Rouff(iS8i). .Ardennes,
livr. avec carte et vues de quel-
ques monumeuts, châteaux» etc.
2j. — Les .Ardennes illustrées,
France et Belgique, publiées par
Elisée de Moatagnac. — Paris.
Hachette^ 1868-1874^ 2 vol. in-f'
avec supplément.
L'auteur, originaire de Sedan. 6:1 mori on
1895. • — Cet ouvrai! e de çrand luxe contient
deux étude? de M. l'abbé Tourneur sur le-
Ahbnyes et le? Er/li.ti's rie': Ardfinii's, ar-
compa^nécs de planche- ri de ligure?, avec
vue» det principaux monuments. On v Irouvn
aussi, du luèmc auteur, une notice ^ur Lin-
cbaœps avec vues, t. TII. Autres notices des-
criptives sur Rocroi, Mcziere?, Hetket,Givel,
etc., etc. — Il existe un autre grand ouvrage
illustré sur Les Ariiniuex, publié en Bclgi-
ijue par Victor Joly. in-f», voir n" 1(5.
26. — Guides- Joanae. Vosges
et ."Vrdennes. par Adolphe Joanuc.
— Paris^ Hachette. 1869, in- 16 de
320 pp.
27. — Itinéraire descriptit' et
historique de Mézières-Charleville
à Namur. — Givci , Cfioppin, 1869-
71, in-H" de78pp.
28. — Etude sur les Pagi du
diocèse de Keims, avec quatre
canes, par A. Longnon. — Paris,
France, 1872, gr. in-80 de 143 pp.
Fait partie de la Coll/'ilioii hislnriqnr,
munil tir IrnvnKX i-einlifs tmx Sri''iiiis
historigiiPi, H' fascicule. — Savante étude
comprenant la description de la plus grande
partie du département des Ardennes.
29. — Table générale des Bul-
letins du Comité des Travaux histo-
riques et de la Revue des Sociétés
suva/ties, par M. Octave Teissier.
— Pans, impr. nat.^ 1873, in- 8°
de 329 pp.
Voir aux mots Ardi'inws, At/iony, Mr.
ziérrs, Mouzoïi . RrthrI. Vouzirrt, etc.,
etc. — r.herclier aussi les très nombreuses
communications adres-ées au Comité par
■M. .Nozot. inspeiteur primaire à Sedan, cor-
respondant du Ministère, >ur les église*,
cloches, teuvres d'art el ruines de- localités
.irilcnnaises. — Consulter ésalement les Ta-
lile- alphabétiques du Jiiillrlin inoiiiiinental,
el celle recomment parue (1894) àp~ linllediu
rf Mi^mnirrs lie lu Sncirir iint'iiDnlr tirs
.\,:l„p„n,;: ,!,■ Fnn.rr.
30. — Les Abbayes des Ar-
dennes, par Ed. de Barthélémy.
— S. l. (Bruxelles , 5. d. 11874),
in-S" de 15 pp.
ICxlrait du Mrsfnyir rirs Sciences hislo-
I irjms dr Di If/ique, 1874.
31. — Entrevues dans les Ar-
dennes (8^9-1654), par Ed. Séne-
maud. — Paris, Champion, 1875,
in-8* de 36 pp.
l'Iusieurs de ces événements ont donné lieu
a des découvertes ou sont appelés â provo-
'[uer de- monnments ccmmémoratif?.
32. — Mélanges d'histoire ar-
dennaise, par Jean Hubert. —
CharlcviUe^ Colin, 1876, gr. iii-S"
de 361 pp.
Kenseignemenls sur ijuclques anciennes
abbayes et églises du dé|iartenienl.
33. — Petite Géographie des
Ardennes, par I. Carré, inspecteur
d'Académie. — Charlcville^ Colin
(1877), in- 12 de 117 pp.
34. — Les Eglises du diocèse
de Reims (Marne et .Ardennes).
Aperçu de leur intérêt historique
Lt artistique, parH. Jadart. Etude
publiée à l'otcasion de l'Inventaire
général des richesses dart de la
France. — Reims^ imp. coop.,
1877, S""- i'i 8" de 16 pp.
Exilait du JJidlrtiit du diocèse de Reims.
1S77.
35. — Table des Travaux de
rA:adémie de Reims (1841-1882),
par H. Jadart. — Reims^ imprime-
rie coopérative., 1882, in-8'' de
VIII- 187 pp.
Nombreuses indications sur le? sujets d'ar-
chéologie ardeunaise jusqu'au t. LX.XII ; con-
sulter la suite jusqu'au t. C, pul>Lié en 1898,
qui oll're une nouvelle laide alphabétique gé-
nérale de la collcclioà. — Les Archiver de
DU DEPARTEMENT DES ÂRDENNES
223
1 Académie 'te Heiui^ contiennent egaleuienl
beaucoup «le document:< »ur l'histoite arden-
naise, dont linvenliure se trouve au t.
LXXIX de la coUeclion.
7,6, — Géographie des Ardeii-
nes, par Adolphe Jeanne, avec ii
gravures et une carte. — Paru,
Hachette^ 1884, in- 12 de 64 pp.
37. — Guides Jonnne. Itiné-
raire général de la France. Cham-
pagne et Ardennes. Cartes et
plans. — Paris, Hachette, iSSj,
in-i8 de 338 pp. ; et notamment
sur les Ardennes, pp. 11 à 34, 56
à 64^ et 91 à 1 16.
38. — Le touriste delà Meuse,
guide-recueil descriptif. historique
et littéraire, dédié aux excursion-
nistes dans la vallée de la Meuse,
publié sous les auspices de Alph.
Fricotteau de Pargny. f"^ édition.
— Reims, Druart, 1886, in-8".
39. — Inventaire-sommaire des
Archives départementales anté-
rieures à 1790. rédigé par M. Sé-
nemaud, archiviste, avec intro-
duction, supplément et table, pat
M. Paul Laurent, archiviste, Ar-
dennes, t. IV, Archives ecclésias-
tiques : séries G, H et I. — Char-
leville, Devin, 1888, 111-4" ^^ -°°
pp.
Nombreux renseignement? «ur le? épli^ej
et monument? de? Ardenne?.
40. — Artistes ardennais con-
temporains. Notes biographiques
[par E. Henry] — Sedan^J, Laro-
che, 1888, in-80 de 38 pp.
41. — Les Anciennes Croix de
chemins, de carrefours et de ci-
metières dans le pays rémois et
les Ardennes, par H. Jadart. —
Reims, Michaud, 1888, in-8° de 62
pp. avec figures.
Extrait de? /'invuxj: ilc l'Aïadéiiii'' de
Reims, t. XCl.
42. — Bibliographie des tra-
vaux historiques et archéologi-
ques publiés par les Sociétés sa-
vantes de la France^ par R. de
Lasteyrie... Paris, impr. nat.
t. II, 1891, et t. III, 1896, in-40^
Voir les notice? sur le? monuments ardea-
nai? publiées dans le? Travni'x df l'.Xvtidr-
tiiir de li finis, et dans la suite des Bidli'tiiis
lin Comitr di'x Trovni'X historiqui's, IHÎO-
ISSn.
43. — Table des vingt-cinq
premiers volumes de la Revue de
Champagne et de Brie (1876-1888),
par Chr. Daguin, — Arcis-sur-
Auhe, Fr/monc, i89i,in-8" de ij6
pp.
Von a 1.1 table onoma?tique le? nom? d'.l/"-
'Irnncs, Grnndpré. Mi'zierns, Vllroy, r'r>''-
Cjj, Chctiicri/sur-Bar, etc., et consulter la
>uite de la collection, ?■= série, t. I à X, années
1880 à 1898. Collaborateur? ardcunai? : MM.
P. Laurent, Jadart, V Vinceut, D' Guelliot,
P. Pellot, Numa Albot, etc.
44. — Table des Almanachs-
Anniiaires de la Marne, de l' Aisne
et des Ardennes, publiés à Reims
de 1858 à 1888 par Matot-Braine.
~ Reims, Mutot, 1888, in- 18 de
56 pp,
Consulter la suite dp cet Annuaire sur lés
fouLlles et ciécouverte?, etc. Ou y trouve, jus-
qu'en 1808, de? élément? fort curieux ?ur
(histoire ardennai?e. avec vue? uombreuse-
et tort ?oiçnée? de? localités, ?ite3 et m"nu-
tiieiit-.
45. — Traditions, légendes et
contes des Ardennes, par .Albert
Meyrac. — Charleville, 1890, in-
4'^ de x-589 pp., avec couverture
illustrée p.ir A. Colle, et pages de
musique à la fin.
D'autres ouvrage? du même écrivain ont
suivi et traitent des Forets, des anciennes
Localités, lieuxdits, etc.. étudiés au point de
vue pittoresque et lé^'enaaire.
46. — Nouvelle géographie
illustrée du département des Ar-
dennes..., par Ch. Guyon, ins-
pecteur d'Académie. — Charle-
ville. 1890, in-4° de 16 pp. avec
cartes et vues.
47. — Bulletin historique des
Ardennes. Revue publiée par Ju-
les Poirier. . . i'*^ année, 1890-,
in-8».
Publication qui n'a pas eu de suite.
48. — Les Campagnes d'un
paysagiste, par Frédéric Henriet.
— Paris. 1891, gr. in-8''avec figu-
res.
Voir cet ouvra.içe sur les monuments et les
sites de la vallée de la Meuse, de Charleville
!i4
ESSAI d'une bibliographie
à Chàteau-Repnaulil, Revin et Guet. pp. 250
à 273, avec jolis croquis dans le texte.
49. — Revue d'Ardeniie e:
d'Argonne, scientifique, histori-
que, littéraire et artistique. —
Sedan, J. Lurocke, 1893 1898,
livr. gr. in-8» avec planches.
Détails sur le» inscriptions de Sedan, surles
édifices et les cioolies de la contrée, ainsi que
sur l'abbaye de Cbébérv, sur les cimeiiéres
paulois d'Aussonce et de La Neuville-en-
Tournafuy. sur une découverte arcbéoloïiquc
a Vouziers, et sur le Cbesne dit les Quiitrr
fils Aijmon :t III. pp. 30 et 155) — Les
prmcii)aux collaborateurs sont : MM. Paul
Collinct, Cb llouiu, A Donnay, H. Bourçui-
jnat. D' Jailliot, G. Deleau, Cli. .Matbiou, etc.
50. — Variétés historiques ar-
dennaises, 12 livr. a\ec onze plan-
ches, 1890-93. — Revue histori-
que ardennaise, publiée par Paul
Laurent. — Dole. imp. Bcrnin^ et
Paris, Alpli. Puurd^ éditeur^ 1894-
1897^ livr. in-8° sur vergé, avec
planches, formant des volumes an-
nuels.
Description de monuments, sceaux, jetons,
trouvailles, cloches, édifices divers. — Tables
annuelles alphabétiques très détaillées. — ■
Avec l'année 1898, le format a été porté au
Çr. in-S", et les planches y sont plus nom-
breuses. — Les principaux collaborate llr^
sont : MM. P. Laurent, A. Chuquet, L. De-
maison, GiaflJn, l'abbé Ilaudecœur, Jadart.
Lacaiile, Dom Noël, Pelicier, Pcllot. C-G.
Roland, Souchon, Nunia Albot, D' Vincent,
D' O. Guelliot. Albert Baudon, etc.
JT. — Mélanges d'épigraphie
ardennaise, par Henri Menu. —
Caen, H. Deles^ues^ 1893, in-S"
de 40 pp. avec ligures et tac-simi-
lés.
Extrait du Bulletin monumental , LVII»
Volume, 1893. — L'auteur, bibliographe ré-
mois, ancien libraire à Paris, est, depuis
1893, attaché à la Bibliothèque de Reims.
y2. — Excursion dans l'Ar-
gonne, notes d'un touriste et d'un
archéologue. — Keims^ Muhuiid,
1894, gr. in-S" de 43 pp.
Notes sur Grandpré, Apremont. etc. Ex-
trait de la Bm'uc deChomp'ignv et de Bric,
1891.
53. — L'Ardenne. Guide du
touriste et du cycliste, par Jean
d'.Ardenne. — Bruxelles, 1894,
in-i2. T. II, 1895.
Comptes rendus par P. CoUinet, dans la
/levHfi d'Ardenne et d'Argonne, t. II, p. 96
et l'.ir.
54. — I a trouée des .Ardennes.
Histoire militaire dun départe-
ment français, par I -.A. Riyeur,
protess.-ur au Lycée Chanzy. —
tliarleville^ 1894, in- 8' avec carte.
Ouvrage récompensé par l'Académie fran-
çaise. — Du même, Variétr^ ard'-nnaises,
vol. ia-80, 1895, et notices illustrées sur di-
vers sites ou localités ardcnnaises dans /,<•
Tour /h, .Voiidr. t. LWIII. 1894, 2» sem.
J). — .Annales de Dom Gan-
neron. Centuries du pays des
Essuens publiées pir Paul Lau-
rent^ archiviste. — Paris^ A. Pl-
cardy 1894, vol. gr, in-8'.
56. — Topographie ardennaise.
Répertoire des fiefs, offices, etc.,
mis en vente de 1772 à 1792. —
Arcis-sur-Aube, Fremo.r, 1895, gr.
in-8'' de 62 pp.
Détails sur divers châteaux et monastères,
leurs mobiliers. Extrait de la Revue de
Chawpnf/ne et de Drie, 1891-95.
57. — Les .Ardennes à l'Expo-
sition rétrospective de Reims, par
H. Jadart. — Paris, Picard, 1895.
in-8'' de 6 pp. avec planche des
armoiries de l'abbaye de Signy,
par le baron Frédéric Seillière.
Extrait de la Revue historique arden-
naise, 1895.
58. — Les ardoisières des .Ar-
dennes. Description et exploita-
tion du schiste ardoisier. Fabrica-
tion des ardoises. Lever des plans
d'ardoisières, par N. Watrin, con-
trôleur principal des mines. 1 vol.
in-S'^ de 332 pp. avec 55 figures
dans le texte, une photogravure
hors texte et une carte. — Charte-
ville, Ed. Jolly, éditeur, 1897.
DU DEPARTEMENT DES ARDENNES
22o
Ouvrages particuliers sur les communes
et leurs dépendances.
(Selon l'urilrr aipliabrlii/uc des cominunes.)
Aire.
59. — La tribune peinte de
l'église d'Aire_, ]iar H. Jadart. —
Caen, Delesques, 1894, in-S^dc 13
pp. avec trois planches.
Extiuil du Bullcliii iiionuiiiciild', ISOLI.
Aunelles, voir Chaumont-
Porcien^ a" 94, note.
Arnicourt.
60. — Notes sur le prieuré
d'Arnicourt, de l'ordre de S'- Be-
noit et de la dépendance de
Fleury-sur-Loire..., par l'abbéJ.-
B.-E. Carré. — Sci:aux^ 1887,
in- 8",
Asfeld.
61. — Notice historique et
descriptive de l'église d'ÂHsfeld,
par H. Jadart, avec quatre plan-
ches par J, A lard. — Cien, Deles-
qiies^ 1889, in 8" de 26 pages et
4 plans et vues.
Extrait (lu DuUt'fin inoniimeiital, 1S89. —
Sur le prieuré de La Pre>le, ((ui était situé
près d'A^feld, voir une notice par l'alibù
Carré dans la Revue île Cliainpaqne et de
lirie, 1S92-93.
62. — Les cloches du canton
d'Asteld, par H. Jadart et P. Lau-
rent. — Sedan, Laroche, 1896,
gr. in-S" de 44 pp. avec vue du
clocher d'Asteld.
Attigny.
65. — Attigiiy avec ses dé-
pendances, son palais, ses conci-
les..., par H.-L. Hulot. — Rheims,
s. d. (1820), in-8° de 341 pp.
Une vie de l'auteur, mort vicaire général
ea 1829, a été publiée à Reims par l'abbé Bi-
got en 1893.
64. — Pèlerinage deSaintMéen
à Attigny (par l'abbé X. Bal-
teaux). — Charleville, Fouillard,
1859, in-i8 de 162 pp.
Cfr. la Ti'anslalioii des reliques de saint
Mreii à'Attii/iu/ eu /7iî6', dans les \(triélés
liistoriqnes ardrnnnises, p.ir P. Laurent,
VllI, p. 10.
Aussonce.
6). — Aussonce^ La Neuville-
cn-Tourne-à-Fuy, topographie et
histoire de ces communes, par
l'abbé Marcq. — Retins^ '873,
in- 80.
Extrait des Travaux de iAcadihiiii' de
Briais. t. XLVIIL — L'auteur est actuulle-
iiicnt curé-doyen d'Asfeld.
66. — Découverte de sépultu-
res de l'époque hallstatien/ie et
tumulus des environs de Reims,
mémoire lu par Ch. Bosteaiix au
Congrès tenu à Caen par l'Asso-
ciation française pour l'avance-
inent des Sciences, 1894, br. in H"
de 7 pp. avec figures.
Découvertes aux environs d' Aussonce et du
Ménil-L'Epinois (Ardennes). M. Lo^'eart,
originaire d'Aussonce, instituteur a Reims, a
découvert depuis deux autres cimetières an-
tiques sur le terroir d'.\ussonce.
67. — Résultats des fouilles
faites dans les cimetières gaulois
d'.Aussonce et de La Neuville -e;i-
Tourne-à-Fuy, de 1894 à janvier
1898^ par Gustave Logeart, arti-
cles avec plans publiés d.ms la
Revue d'Ardenne et d'Argonne^
t. IV, 1896-97, p. 34-35, et t. V,
1897-98, p. 109 à 1 14.
Balan.
68. — Balan pendant la guerre
de 1870, par l'abbé Fouqu^t. —
Broch. ia-i6.
Imprimé par l'auteur, qui a donné une no-
tice analogue sur Bazeilies en 1890.
Balham.
69. — L'Eglise et le vitrail
Renaissance de Balham, avec deux
planches. — ReimSj impr, coop.,
1879, ''^-8° de 8 pp. non paginées.
15
226
ESSAI D UNE BIBLIOGRAPHIE
Barby.
70. — L'épitaphe de la mère
du chancelier Gerscii dans l'église
de Barby, par H. Jadart. —
Tours, Bousrc-^^ 1882, in-8" de 20
pp. avec planche.
Extrait Ju liidli'tiii mnnvmcnlnl, ISS2
71. — Discours prononcé à la
bénédiction de l'église de Barby
et à l'inauguration du monument
de Gerson, le 3 octobre 1882, par
-M. l'abbé Prévoteaux. — Imp.
cooy. de Reims, 1882, in-8° de 14
pp.
72. — Le monument du chan-
celier Gerson dans l'église de
Barby. — Reims, i/np. roop., 1884,
gr. in-8° avec planches, vue de
l'ancienne église, etc.
Voir la notice sur le chanrelier Gerson et
!<on villaïe natal, par le même auteur, dans
les Travaux ilr l'Académie de ReiniH.
t. LXVIII.
Bazeilles.
73. — Dii^cours prononcé dans
la cérémonie de l'inauguration
d'une église provisoire dans l'an-
cien presbytère de Bazeilles le 1 1
novembre 1872, par M. l'abbé V.
Tourneur. — Reims, imp. caop.,
1872, gr. in-S» de 8 pp.
La construction procbaine d'une nouvelle
église à Bazeilles ét-iit annoncée dans le But-
Ivliii (lu diocèse de Beims, juillet 18i)7.
74. — Tableau des derniers
jours, de la fin désastreuse et du
rétablissement de Bazeilles, par
l'abbé Leflon . — Charleville, Poi/il-
lard, '875, in- 12 de 143 pp.
Beaucoup d'autres publications ont vu le
jour sur la ruine de Bazeilles et les ossuaires
militaires <jui y fonl conservés reliçieusc-
mcnt.
Beaumont-en-Argonne.
75. — La Loy de Eeaumont,
par l'abbé Defourny. — Reims, P.
Dubois, 1864, I vol. avec plan-
ches de monuments, charte;, etc.
Extrait des Travaux de l'Académie de
Beims, t. XXXVII. — I.'auleur a publié plus
lard une notice sur l'église de Thin-le-Mouticr
et sur le culte de sainte Belande, dans la
Bévue de Chamj/af/ne et de Brie, 1881.
76. — KURTH (G.). — La Loi
de Beaumont en Belgique. Etude
sur le renouvellement annuel des
justices locales. — Bruxelles, 1881,
in-8° br.
Li Loi de Beaumont a fait l'objet du nom-
breuse'» études, parmi lesquelles nous citerons
encore celles de M. Bonvalot pour la Lor-
raine.
Belval-Bois-des-Dames, voir
Mouzon, n" 131.
Blanchefosse.
77. — iVIonographie de l'ab-
baye de Boimetjiitaine, par l'abbé
Chardron. — Lille, Société de
S^inr-Augustin, 1885. gr. in-8"de
47 pp. avec vues de ruines, etc.
L'abbaye do Bonncfontaine, dont il reste
quelques ruines, se trouvait sur le terroir de
Blanchefosse.
78. — La croix de Blanche-
fosse (Ardennes), par Georges Du-
rand. — Cuen, DelesLJues, i889,in-
8° de lo pp. avec 2 planches.
Croix en vermeil du xm° siècle, provenant
de l'abbaye de Bonnefontaine. — Extrait du
Bulletin monumental, t. LV, 18S9. — Cette
croix est également reproduite, avec trois
vues des ruines, dans la revue L'Jllustra-
tion, n'' du 2 septembre 1S7(3. p. l.'iT.
Carignan.
79. — Annales civiles et reli-
gieuses d'Yvois-Carignan et de
Mouzon, par Ch.-J. Delahaut,pu-
bliées par L'Ecuy. — Paris, 1822,
I vol. in-S" de 491 pp.
Voir dans les Variétés historiques par P.
Laurent, VI, Le livre des statuts d Ivois-
(Jarif/nati, in-S".
Charbogne.
80. — L'épitaphe de Gaucher
de Chirbogne, par le Dr H. Vin-
cent. — Charleville, impr. nou-
velle, 1890, in-80 de 16 pp.
Extrait du Courrier des Ardennes des 2
et 3 juillet 1890.
Charleville.
81. — Histoire de Charleville,
par Jean Hubert^avec deux plans.
— Charleville, A. Pouillard, 1854,
in-ia de IV-312 pp.
82. — Recherches sur un Mé-
rcau du Mont-Olympe, par Léon
Maxe-Werly. — Reims, P. Du-
Dû DEPARTEMENT DES ARDENXES
227
bois, 1864, in-S" de 8 pp. avec fi-
gures.
Le Monl-Olynipo, aniMOnni' foiteresse, ilo-
niine Cliarlovillo.
83. — Baux de la monnaie de
Charleville, pnr A. Bretagne. —
Pjm, A/nous de Rivière^ 1879, in-
8" de 36 pp. avec fig.
84. — L'église paroissiale de
Charleville, par Jules Poirier. —
Sedan, J. Laroche^ 1888, gr. in-8''
de 75 pp.
85. — \otice historique sur le
canton de Charleville, par dom
Albert Noël. — Keinn\, Matot-
Bruine^ 1890^ in-S" de 292 pp.
Extrait de X'Almnnach- Annuaire (Je In
Marnr, de l'Aisiio et des Ardcnnes, oO» et
31' uiint'o.
86. — Les Religieuses chanoi-
nesses du Saint-Sépulcre de Char-
leville, par Numa Albot. — Arcis-
siir-Aube^ Frémont^ '893, in-8'
avec figures, armoiries, inscrip-
tions, etc.
Extrait de la Revue de Clianipayne et de
Brie, 18'J2-',t.3. Non mis dans \r ( uininerce.
87. — Inventaire - sommaire
des Archives historiques de Ch^.r-
leville (ville et hospice), par P.
Laurent, 1895. In-4^.
88. — Stein (H.). — Une
fausse impression de Charleville,
article de la revue Le Bibliogra-
phe moderne^ 1897, n» 4.
L'auteur, bibliographe très estimé, est ar-
chiviste aux Archives nationales.
Château-Porcien.
89. — Histoire de Chùteau-
Porcien, par J.-B. Lépine. — Vou-
^iers^ Duchêne (1858), in-12 de
125 pp.
90. — Nicolas et Jacques Wil-
hault, peintres français du XVIIF
siècle, par H. Jadart. — Pans,
Pion, 1886, gr. in-8° de 32 pp.
avec deux portr. gravés par Ad.
Varin.
Extrait du volume Je la Ri'ninion des So-
ciétés des Beaux-Arts. 1S8G. — Ces deux
peintres sont originaires et sont morts a Chà-
teau-Porcicu.
91. — Chronique de Jean
Taté, greffier de l'Hôtel de Ville
de Chiitcau-Porcien (1677-1748),
publiée par H. Jadart. — Reims.^
F. Mtcliaud, 189a, gr. in-S" de
196 pp. avec planches et figures.
Description de l'église de Cliàtcau-Porcien,
ses inscriptions, diverses antiquités romaines
et du Moven àse. Extrait de la Revue de
Champagne et de Brie, 1889-90.
Château-Regnault.
93. — D' L. PÉCHENART. —
Chàteau-Kegnault, Bogny. — 1897^
Charleville . imprimerie du Courrier
des Ardeniies^ i vol. gr. in-8" avec
planches, de XII et 34S pages. —
Table des noms.
Voir sur cet ouvrage un compte-rendu ^i\-ni'3
par l'abbé G -G. Holand, dans la Revue Itis-
torique ardennaise, lévrier-mars 189S, p.
9f)-97. — L'auteur e-t originaire de cette lo-
calité.
Châtel-Cliéhéry.
93. — Recherches sur i'abbiye
de Chéhéry, p:ir J.-L. Jailliot,
docteur en médecine. — Sedan j
librairie Jourdan^ 1898, gr. in-8"
de 178 pp. avec 2 planches, vue
et plan de l'abbaye.
Extrait de la Revue d.'Ardenne et d'Ar-
ijnune, 1896-97, — L'auteur habite Sedan et
Apreuiont.
Chaumont-Porcien.
94. — Notice sur l'abbaye de
Chaumont-Porcien, par l'abbé A.
Lannois. — Rethel, Beauvarlec
(1881}, gr. in-8" de ^6 pp.
L'auteur, ancien curé de Thugnv, collabore
à la Revue historique ardennaise, où il a
publié une notice sur Le cimetière r/aulois
d Annelles, avec planche, mai-juin ISiiS.
9). — Notice sur saint Ber-
thauld, apôtre et patron de Chau-
mont-Porcien^ par le P.Ch. Clair,
s. j. — Paris, Savahc, I895, in-j8
de 96 pp.
En tète, lettre du R. P. Fressencourt aux
habitants de Chaumont. Vue de Cliaumont eu
Irontispiee (fausse attribution d'une ancienne
estampe, qui donne la vue de Chaumonl-en-
Bassiguyj, autres vues de la chapelle et de la
nouvelle châsse de saint Bertliauld. Sur le ti-
tre, fac-similé du sceau gothique de l'abbaye
de Chaumont, transférée à la Piscine, près
Kemaucourt, au début du xvii= siècle.
Donchery.
96. — Annales du prieuré, de
228
ESSAI d'une bibliographie
la ville et de l'hospice de Don-
chery, par l'abbé Lagiieau. —
Sedjn, imp. de J. Laroche^ 1874,
in-S" de 175 pp., et notamment
voir sur l'église et la cure les pp.
82 à toi.
Comple-remlu dans la Revue de Cham/ia-
gne et rie Vnr, juillet 1876.
Doux.
97. — La cloche de l'église de
Doux (Ardennes). Notes généalo-
giques sur la famille Renart de
Fuchsamberg, par A. Baudon. —
Reims, AUtotj 1895. gr. in-8" de
8 pp.
Extrnil (le VAlniaiiacIt anniifiire de la
Marne, de l'Aisne et dei Anlrnnes, 1895.
L'auteur, orisinaiie de Rethel, habite
Reims où il poursuit d'utiles recherches sur
l'histoire locale.
Écordal.
98. — Histoire d'Ecordal, par
Désiré Boizet. — Auigny^ Déro-
che^ 1894, iii-i2 de 1 14 pp.
L'auteur est un liabitanl d'Ecordal.
Gespunsart.
99. _ Histoire de Gespuns.ut,
par l'abbé P.-L. Péchenard. —
Ch^rlevllle, Pouillard, 1877, i
vol. in-8'J de IV- 3 48.
L'auteur est oriçinnre de cette localité.
Il était alors vicaire sénéral du diocèse de
Reims et a été nommé, en 1896, recteur de
l'Institut catholique de Paris.
Givet.
100. — Givet. Recherches his-
toriques par J. î.artigue et A. Le-
catte, — Givet ^ C/ioppin, 1868,
in- 12 de 311 pp. avec ligures.
^L Lartiïue est décédé en juin 1898.
Givry.
loi. — L'ancien village de
Montmarin, notice sur son ter-
roir, sa seigneurie et son église,
par H. Jadart et A. Baudon. ~
Dole,, Bernin, 1897, in-12 de 52
pp. avec planche du portail de
l'église.
Extrait de laiî^'i'i/e historique nrdennaisc,
18'j7. — Ancienne localité de ce terroir.
Grandpré.
to2. — Chronique de la ville
et des comtes de Grandpré selon
l'ordre chronologique de l'His-
toire de France, par Miro'v', juge
de paix du canton. — Vou^iers^
Mary, 1839, in-8° de 212 pp.
Vciir la yiiticr historique sur la Mnisnii
lie (iniiid/irr par A. de Barthélémy, dans la
Jievue de Clnitiijiagnc et de Brie, t. VllI a
XVIII, 1" série.
Haraucourt, voir Raucourt,
n" 141.
Hierges,
10^. — Ancienne baronnie de
Hierges. Esquisses historiques. —
Givet, Clwppin^ 1872, in-8'^ de 16
pp.
Extrait de VÉcho de Givet, 1872. Le châ-
teau de Hierses oit're des ruines très pittores-
ques sur la vallée de la Meuse.
Imécourt, voir Sedan, n" 173.
La Neuville-aux-Tourneurs.
104. — Histoire de La Neu-
ville-aux-Tourneurs, par P.-L. Pé-
chenard. Nouvelle édition. —
Reims, F. Mic/iaud,^ 1887, in-8° de
130 pp.
La première édition date de 1872, in-12 de
es pp. — L'auteur a été curé de cette localité.
Le Châtelet-sur-Retourne.
105. — Etude historique sur
le Rethélois. . . Le Chàtelet-sur-
Retourne, Bergnicourt, Alincourt,
par l'abbé Th. Portagnier. —
Reims, imp. coop.. 1874, in-8" de
471 pp. avec 2 plans.
Extrait des Travaux de l'Acndrmie de
Reims, t. Ll'V. — L'auteur est uiorl curé du
Chàtelet-sur-Retoume en 187t).
Le Mont-Dieu.
106. — La chartreuse du Mont-
Dieu au diocèse de Reims, avec
pièces justificatives inédites, par
l'abbé J. Gillet. — Reims, Lcpur-
gneii/\ 1889, gr. in-8° de XIII-
659 pp. avec 22 planches ou figu-
res, plans, vues, écussons, etc.
L'auteur est actuellement archiprétre de
Charlcville.
107. — -Annales de Dom Gan-
neron. Les antiquités de la char-
treuse du Mont-Dieu, publiées
par Paul Laurent. — Paris, Alpli.
DU DEPARTEMENT DES ARDENNES
>20
Picard^ 1893, in-8* de 330 pp.
avec XII planches d'armoiries,
sceaux, monnaies, plans et vues.
Ouvrage imprimé par les chartrrux d'une
maison du Pas-de-Calais.
Le Thour.
108. — La Baronnie du Thour
en Champagne, son étendue, ses
possessions et les lieuxdits de son
territoire d'après un aveu de 1390
comparé au cadastre, par H. Ja-
dart et Léon Le Grand. — Arcis-
sur-Aube, Fremonr, 1897, gr. in-8"
de 94 pp.
Extrait de la lifrnr ih' Chnui/Kii/iit.' et ili'
Brie, l«9G-'.t7.
Les Grandes Armoises.
109. — La maison des Armoi-
ses, originaire de Champagne, par
H.Vincent. — Pa.ns^Menu, 1877,
in-8° de 25 pp. avec dessin de la
pierre tombale de Nicolas leGuel-
lars (1303), conservée au prieuré
des Rosiers (commune de Sé-
chault).
Extrait des Mi'inoirfis rie In Société d'Ar-
cliéolof/ii- lorraini', 1877.
Les Mazures.
iio. — Histoire du village air-
dennais, Les Mazures et de l'ab-
baye N.-D. de Consolation, par
l'abbé V. Genêt. — Reims^ 1881,
I vol. in-80.
Extrait du t. L\-\ des Traviiu.i: rli' l'Aca-
démie lie Jieims. — L'auteur, oriijinaire de
ce lieu, est décédé à Cliarleville eu ISStî.
Linchamps (château de), voir
Lûmes, n» 112.
Liry.
m. — Marc Husson. — L'os-
suaire robenhausien de Liry. —
Sedun^ J. Laroche, 1884, in-8° de
24 pp.
En tète, lettre de M. le D'' Ad. Ilenrot, de
Reims, auquel est due la découverte de cet
ossuaire.
Lûmes.
112. — Le siège et la destruc-
tion du très fort château de Lin-
champs et du château de Lûmes
(.Ardennes), par J.-L. Micqueau,
de Reims, précédé d'une intro-
ductioii par l'abbé V. Tourneur.
— Reims, P. Régnier. 1 85 J, in-80 de
102 pp. avec vue de Linchamps.
Extrait du t. X.\l des Travaux de I'Aki-
driiiie de Ueiiins, et suite dans le t. LIV sur
Linchamps, forteresse ruinée du terroir de la
commune de Tliilay. — L'auteur, ancien
archiprùtre do Sedan, e>t décédé vicaire gé-
néral à Reims, sa ville natale, en 1889.
Mairy.
113. — Le bras-reliquaire de
Mairy (Ardennes), par A. Breta-
gne et H. N'incent. — Reim^.
imp. coop., 1890, gr. in-8" de 23
pp. avec deux planches^
Extrait des Travaux de l'Académie de
Jîeims, t. LXXXV, 1888-89. — L'un des
auteurs, M. Bretagne, ancien directeur des
Contributions directes, né à Rocroi, est dé-
cédé à Nancy, en 1891, dans sa Su' année.
Maure.
114. — Les sceaux commu-
naux de Manre. par le D'' Vin-
cent. — Reims, Delii^ne^ 1881, in-
80 de 13 pp. avec figures.
Extrait des Travaux de l'Acadéiiiie d(i
Reims, t. LXVIII.
Margut.
115. — Margut, Fromy et St-
Walfroy. par l'abbé Hamon. —
Reims ^ imp. coop., 1876, in-8" de
167 pp.
Extrait des Travaux île l'Académie de
Reims, t. LVIl.
116. — Vie de .saint Walfroy.
Notice historique sur la restaura-
tion du pèlerinage, par l'abbé V.
Tourneur, 2"^ édition. — Sedan,
J. Laroche, 1874, i'i-8'' de 57 pp.
avec vue du monastère fondé en
l'honneur du styiite ardelmais.
La chapelle de Salnt-^^'alfroy est située sur
le terroir de Bièvres, mais plus près de la sta-
tion de Margut. Les missionnaires lazaristes
viennent de fonder (1897) une revue men-
suelle. l'Echo de Saint-Walfroi/, qui doit
donner quelques notes d'histoire et d'archéo-
logie locales.
Maubert-Fontaine.
117. — Le domaine des Potées
(Ardennes) ou la donation de
saint Remy, par l'abbé L. Péche-
nart, — Reims, Bugg, 1896, gr.
in-8° de 144 pp.
La terre des Potées, ancien domaine du
Chapitre de Reims, comprenait un certain
230
ESSAI D UNE BIBLIOGRAPHIE
noiulno «11- communes ilc^
ilo Maulicil- Fontaine.
environs du Ijouri;
Mézières.
ii8. — Notice historique sur
le canton de Mcziéres, par Dom
Albert Noël, bénédictin de la
Congrégation de France. — Reims^
M^tot-Brji/ic, 1879, in-8° de 200
pp. avec vue de l'église de Méziè-
res.
Extrait de VAlinnnacli-Anmtairi' ilc la
Afat'iii', (h- l'Aisui' l't tle.1 Arifi'nnes (21'^ ot
22° annt'é-s). — f-'auteur c*l oriirinairo do
Gliarlevillc et a liabilé Solesnu'?, ]vui<ralil)ayo
de Sainl-Maur de Glanl'euil (Maine-et-Loire).
119. — Inventaire- sommaire
des Archives communales et hos-
pitalières de ia ville de .Mézicres,
par Ed. Sénemaud et P. Laurent.
— Mé-^ières, 1873, C/urleville,
1891, 2 fasc. in-4".
L'auleur, né à Donimery (Ardennes), est
arcllivi^te des ArJeunes depuis 1HS7.
I2J. — Notices liiscoriquessur
la ville de Mézières (.Anciennes
rues, Francs-archers, Léproserie),
par P. Laurent. — Alé'ières,
1888-89, 3 br. in-8".
Du même auteur : Méziî'fcf! jii'iiiliiiil tu
(léffuxc 'If Unyin'd, dans ses YariiHés hh-
turiques (if<leniiiiisi:i, XI. — Notice sur le
Siétji! de Mézières en i:>2l , |iar A. Chuquet,
lors lie l'inauKuralion de la statue de Bayard
dans cette ville. l.s;i:i.
12 1. — Statuts et coutumes de
l'Echevinage de Mézières (xil"-'-
XVlir siècle), publiés par P. Lau-
rent. — Mézières, Kcne\ 1889, gr.
in-8" de XLIII-203 pp.
122. — Mézières illustré. Re-
cueil de irac-simile phototypiques,
publié par P. Laurent. — CharU-
ville, Devin, 1889. Album in-f».
On y trouve de belles vues des monuments
de la ville et de la coupe de Bayard.
Cette coupe en vermeil, si précieuse à tant
d'égards, n'a pas encore été étudiée au point
de vue de .sua oriL;ine de l'abrication. Elle
porte deux marques ou poinçon-, l'un avec
les lettres NA, et l'autre avec la lettre O.
123. — Les inscriptions de l'é-
glise de .Mézières, recueil de tex-
tes historiques du XV" siècle jus-
qu'à nos jours, par H. Jadart. —
Caen, Delestjues, 1892, in-S" de
36 pp. avec figures.
l'-xtruit du liuUctin iiioiiumentnl, t. LVII.
— Voir un rapport de M. J.-B. Couly, arclii-
tecle, sur l'état de l'église de Mézières après
le siège de 1871, dans le Courrier des Ar-
diuiics du 3 mai 1871. — Nous devons rec-
lilier, en ce qui concerne les inscri|ilions de
l'église de Mézières, l'indication donnée a. tort
de la destruction totale des anciennes pierres
tombales. Cinq d'entre elles ont élé reportées
dans le pavé de la nef latérale du sud vers
1875.
Montcornet.
124. — Monographie de l'an-
cien marquisat de Montcornet-
en-Ardennes et des communes du
canton de Renwez, par .I.-B. Lé-
pine. — CharleviUe^ Leiellier^iS62^
in-i8 de XXXIII-36Î pp. avec plan
et deux vues des ruines du châ-
teau.
125. — Les ruines du chùteau
de Montcornet-en- Ardennes, par
Achille Rivet-Créquy. — Mépè-
res, inipr. A. Ronsin, 1892, in- 18
de 18 pp. avec plan et vue.
Montgon.
126. — Notice sur l'abbaye de
Longwé, canton du Chesne (Ar-
deiines), par l'abbé R.-C. Hai-
zeaux. — Impr. par Fauteur^ i8^6,
in-S" de 84 pp. avec pi. photogr.
Abbaye détruite sur le terroir de Montgon,
canton du Cliesne. — L'auteur est curé île
Guincourt.
Monthermé.
127. — Notice historique sur
le canton de Monthermé, par D.
.Albfert Noël, religieux btinédictin.
Publication en cours dans les Alincaiachs-
aniiuaircs de la Aliirne, de l'Aisne eî des
Anli'iines pour ISSti, IS97 et IHd/l. — Dans
ce dernier annuaire, notice illustrée sur lie-
cin autrefois et aujourd'hui, avec vues, par
le docteur Séjournet, p. 231-42.
Mouzon.
128. — Discours en faveur de
l'église de Mouzon, prononcé dans
la cathédrale de Reims le 1 1 jan-
vier 1863, par l'abbé L. Biye. —
Reimsy 1863, in-8\
L'auteur, originaire de Mouzon, alors vi-
caire à la calbédrale de Reims, est dei>uis
lS70 curé de la basilique Saint-llenii de cette
ville.
129. — Archives des monuments
historiques^ reproduction des des-
sins et relevés qui ont été faits de
DU DEPARTEMENT DES ARDENNES
231
l'église de xMouzon, dessins qui se
trouvent aux archives de la Com-
mission des iMoiiuraents histori-
ques.
LeUi-t! <Iu 4 avril 189H. do M. Paul Bœs-
wilwiild a M. Jules Alai'd, arcliitecte à
lieims. — Il existe aussi une nolicn des tra-
vaux exécuti's a l'éuliso de Monzon par
M. Ba-swilwald père, areliilec^lo diocésuin.
130. — L'abbé E. Jussy. —
Notre-Dame de Mouzon. — Se-
ddri^ J, Luroche, 1880, in-8" de
105 pp.
Excellent suitie de ce monuuicnt. L'auteur
est mort vicaire général eu 1884. — Voir
aus>i sur l'église de Mouzon une notice insé-
rée dans le volume du Cuiiyres arcli''otofji-
(/uf (le Kranea, 28° session, tenue a Reims
eu 18GL — Consulter éi,'alotnent, pour i'épi-
tcrapliie niouzounaise en général et pour les
inscriptions de l'église, un travail !ort*oigué,
encore inédit et intitulé par l'auteur : Ins-
criptions niuitzonnaisi-.s tiiccMeii de 70 ins-
criptions relatives à la ville de Mouzon, du
XI* siècle au xviii' siècle). — Mémoire um-
nuscrit de 2ô8 11'., envové au concours d'his-
toire de l'Académie de lieims, en IS'JS, par
l'abbé Frézet, vicaire a Cliarleville. — Du
inèuie, on attend la publication de la Clmjni-
(/ite du P. Fuhjencc, capucin de Mouzon.
131. — Inscriptions (gallo-ro-
maines) de Reims^ de Stenay et
de Mouzon, par Antoine Héron
de Villetûsse. — Vienne.^ 1883,
in-S" 16 p. (Sur Mouzon, p. 14 et
Extrait du liuUeAin épiyrapliiquc du la
Gaule, mai-juin 188:5. — Las monuments ro-
mains sont fort rares dans le département des
Ardcnnes. Citons, outre l'inscription conser-
vée dans l'église de Mouzon, une autre ins-
cription trouvée a. Cbarlevilie provenant de
Montcy et décrite par Numa Albot, ainsi
((u'uno stèle avec deux figures, provenant du
ilomainH de Valconlant prés Neuimaison, con-
servée niaintenanl dans la propriété du mar-
quis de Gourjault a Balan prés Sedan. Les
débris antiques recueillis par M. RogerGraf-
lin a Belval-Bois-des-Dames. ont été décrits
par lui dans la Revue iiisloriquu avOennaise ,
18ÎG-97 et U8.
132. — Discours prononcé le
4 août 1889 ^ ''^ bénédiction de
l'église de Mouzon, par l'abbe
Baye. — Reims^Dubois-Poflimonc,
1889^ in-8" de 26 pp.
A cette date étaient achevés les grands tra-
vaux de restauration de celte église, poursui-
vis par M. Bo,'Swilwald depuis vingt ans.
133. — N. GofFart. — Numis-
matique ardennaise. La monnaie
de Mouzon. — Paris ^ 1891, gr.
in-S" de 17 pp.
Extrait de \'An)iunir<' df la Socu'lé de
A'uniiunKXtiijue, Isyi. L'auteur, oriuiiiaiiedo
Mouzon, agrégé do l'Université, habile Pari»
et collabore à la Hevw. de Cliai/iinit/ne cl df
Brie.
134. — Précis d'une histoire
de la ville et du pays de .Mouzon,
par N. GotTarr. — Arcis- sur-Aube,
L. Frémont, 1894, gr. iii-8"de 396
pp.
Extrait de la lievue de Chonipagiie ci de
Brie, 18yi. — Compte rendu de cet ouvrage
et autres travaux sur le Cartulaire municipal
de Mouzon par P. Collinet. dans la Itcune
d'Ardenne et d'Argonne, années 1894-1X95.
135. — Marc Husson. — Sceau
inédit de Pierre d'Essone. abbéde
Mouzon. — Sedan, E. Laroche,,
1897, gr. in-8" de 7 pp. avec pi.,
fac-similé.
Extrait de la Jtevue d'Ai'dvnm: et ilWr-
f/onne, 1897.
Murtin.
136. — les Reli luiires de l'é-
glise de Murtin, par H. Jadart et
L. Demaison — Caen, Delesqiies,^
1893, in-8" de 18 pp. avec plan-
che photographique de H. Duché-
noy.
fjXtrait du iJulli'tin inoniimenlal. 1892.
t. LVII.
Neuvizy.
137. — Notre-Dame de Bon-
Secours de Neuvizy. Histoire du
pèlerinage, par l'abbé Valentin.
— Mé^^ières,, Lapie^ s. .i, m- 18
de 44 pp
L'auteur est mort curé de
vers 1872.
cette localiti-
Novion-Porcien.
138. — Reconstitution de la
voie romaine de Reims à Colo-
gne, par Novion-Porcien, Warcq
et Etion, par M. l'abbé Dessailly.
— Paris, Ddagrave,) ^891, gr. in-
8° de 19 pp. avec carte,
A consulter avec réserve, élant donnée la
difliculté du sujet. L'auteur, originaire do
JuniviUe, se trouve actuelleuient dans le dio-
cèse de VeisaiUes.
Novy.
139. — L'Eglise du prieuré de
Novy^ son architecture, sa déco-
ration, ses pierres tombales, par
H. Jadart. — Reims^ imp. coop.,
Ï879, in-S" de 8 pp.
232
ESSAI D UNE BIBLIOGRAPHIE
Exilait (lu linlletin du dioc^sr ih- lie'uns,
187'.!. — Des addition-: fort utile? ii celte pre-
iniore notice ont été donnée* par Albert Bau-
don dans la Rcrui- liistorii/ite ardennaise.
t. II, p. 199, cl t. m, ]•. 140. — Le carlu-
laire du prieuré de New a été analysé dans
In Hi'viw lii^torigue des Ardenncs, l. Yl,
p. 41.
Raucourt.
140. — Notice historique sur
le canton de Raucourt (Arden-
ries\ par N. et E. GofTiirr. — Se-
d^n^ J. I.aroche^iSSg, iii-S" de 224
pp.
141. — Histoire de mon vil-
lage. Etudes historiques sur Rau-
court et Haraucourt et la région
avoisinante, par Sécheret-Cellier.
— Sedj.n^ J. Laroche^ 1896, gr.
in-8' de 495 pp. avec planches.
Compte-renilu de cet ouvra!;e dans la Bi-
bUutlièqu,' de l'Ecole des Chartes, t. LVIII,
mai-juin 1897. p. 331-35. — L'auteur est di-
recteur de l'Ecole communale de Mouzon,
niemljre correspondant et lauréat de l'Acadé-
mie de Reims.
Renwez.
142. — Notice historique sur
le canton de Renwez, par Dom
Albert Noël. — Reims, Matot-
Braine^ 1884, in-8° de i^i pp.
Extrait de VAlmnnach-Annitaire de la
Marne, de l'Aisne et des Ardenncs, 1884-
87.
Rethel.
143. — Rethel et Gerson, par
Chéri Pauffin. — Rethel^ Bduvar-
let^ 1845, in-i2 de 280 pp. avec
pottraic de Gerson.
L'auteur, ancien niaijistral à Retlicl. où il
est mort en I8lj3, a léirué à cette ville un
immense recueil manuscrit de* plus intéres-
sants pour l'étude des monuments et des arts
dans le département, intitulé : Les Ardennes
illustrées. 11 esta la disposition de tous les
chercheur.s â l'Hôtel de Ville de Rethel.
144. — La Champagne catho-
lique, revue scientifique, archéo-
logique et littéraire, 3^ année. —
Reims, Jacquet, 1846, livr. in-8°.
Monosraphie. Histoire de l'éslise de Rethel
(par Louis l'aris), dans les livraisons de mai,
juin, août, octobre et novemhre 184G.
14J. — Histoire de la ville de
Rethel depuis son origine jusqu'à
la Révolution, par Lm. Jolibois.
— Rei'iel, Bcduvarlet, 1847, in-8''
de 294 pp.
Détails et documents divers sur les monu-
ments et l'église de celte ville. L'auteur est
mort archiviste du Tarn en 1896.
146. — Histoire politique et
numismatique du comté de Re-
thel, p.ir Victor Gaillard. — Gand,
1851, gr. in-8° de 2 pp. et i pi.
Extrait de la Revue de la numismatique
helf/e. t. 1, 2" série. — Sur les anciens poids
du Rethélois, recourir à l'ouvrage rarissime :
Réduction et évaluation des mesures et
poids anciens du duclié de Rethélois à me-
sures et poids royaux..., par François
(înrrault. imprimé à Paris chez Sébastien
Nivelle en 1585. un volume petit in-4" de
91 pp. I Bibliothèque du D'' IL Vinent, a.
Vouziers;.
147. — Notice sur le cartu-
laire du comté de Rethel avec la
table des lieux, par Léopold De-
lisle. — Pj.rlsyRenouj.rd.i'èS-j, in-
8» de 160 pp.
Y.KlTiùl AeV Annuaire-Bulletin de la So-
ciété de l'Histoire de France. 1SG7.
T48. — Guide Rethélois, 1883-
1894. — Rethel, Beauvarlet, 10
plaquettes in-8°.
Articles sur les monuments de Rethel, l'é-
glise, etc.. notices par N. Mercier, A. Bau-
don, H. Jadart, etc.
149. — .Annuaire Rethélois,
1896-1897. — Rethel, Beauvarlet,
2 plaquettes in-8°.
Suite du précédent recueil, avec
lilables notices.
de sem-
150. — Les monuments histo-
riques de l'arrondissement de Re-
thel, notice sommaire de leurs
principales curiosités, publiée à
l'occasion de la loi du 30 mars
1887 pour la conservation des
monuments hisroriques, par H.
Jadart. — Rethel, G. Beauvarlet,
1887, in-8' de 16 pp.
Extrait du Guide Rethélois, 18.S8.
151. — Sceaux extraits du tré-
sor des Chartes du comté de Re-
thel. Catalogue des moulages ex-
posés au pavillon de Monaco à
l'Exposition univensellc. (Préface
signée G. S(aijîe). — Monaco, im-
primerie du Gouvernement, 1889,
pet. in-4'' '^^ 40 PP-
152. — La cloche de l'Hôtel
de Ville de Rethel. Documents
DU DÉPARTEMENT DES ARDENNES
233
extraits des comptes de cette ville
rel.:tifs à sa iroiue en 1513, p^r
Henri Lacaille. — Arcis-siir-Auhe^
Léon Frémont, 1891, gr. in-B» de
12 pp.
Extrait de la Ri'viir de Chimipiigne i-t 'le
IJrie. juin-juillet 1891.
15' 3. — Essni sur Rethel (745
à 1890), par J.-B. Caruel. — Ke-
tliel, Beauvarkt^ 1891. gr. in-H"
de IX-432 pp. avec phin et vues
des monuments, sceaux, armoi-
ries, etc.
L'auteur, ancien secrétaire de la mairie de
Rclliel, est mort en cette ville en 1896,
154. — Documents sur la fon-
dation de l'Hôpital général de
Rethel, extraits des Archives com-
munales et hospitalières de cette
ville, par Henri Lacaille. — Keims^
Al^tot, Ï893, S""- ''1*8° de 107 pp.
i^^. — La Crèche Hippolyte
Noiret, par le D'' P. Drapier. —
Paris, Jouve, 1893, ia-8° de 20 pp.
Crèche fondée par M. et M°" Noiret en
souvenir de leur fds, sur remplacement île
l'ancien hôtel des arquebusiers. La compagnie
de l'Arquebuse de Kelhel a donné lieu à une
notice par H. Jadart et H. Lacaille. publiée
dans la Rrvue (le Champagne et de Brie.
août 1895, et tirée à part en brochure à 25
exemplaires.
156. — La maison natale de
Boucher de Perthes à Rethel, son
musée et sa tombe à Abbeville,
par H. Jadart. — Retliel^Beauvar-
let, i893_, ''1-8" de 24 pp.
Extrait du Guide lîclhrlois. 1801.
1-^7. — Essai d'une bibliogra-
phie rethéloise, catalogue raisonné
d'ouvriges manuscrits et impri-
més concernant l'histoire et la
biographie de la ville de Rethel,
par H. Jadart. — Rethel, Bcdic-
varlet, 1894, in 8" de 86 pp.
ij8. — Les cloches du canton
de Rethel, par H. Jadart, P. Lau-
rent et Al. Baudon. — Rettiel,
Beauvizrlet, 1897, gr, in-8° de
VIII-94 pp. avec la vue du clocher
de Rethel.
159. — Tablettes généalogi-
ques rethéloises. La famille Lan-
dragin, par Albert Baudon. —
Pans, Alpli. Picard, 1897.
Commentaire d'une épitaphe de l'é?;lisc de
Rethel. Extrait de la /fciwic liistoi-iijiw ar-
dennaisi, 1897.
160. — L'église de Rethel^ sa
description monumentale, ses an-
ciennes inscriptions et ses œuvres
d'art, par H. Jadart et L. Demai-
son. — Li-8" avec vues et plan.
il'.lude (-n [uililicalioa d:ms le Jlullrtin mo-
iiHiiii'ntiit, 1S'.IS. ;
Revin.
161. — Revin et leP.Billuart,
par l'abbé S. Dunaini". — Char-
Icville, MdUfait, 1858, in-12 de
93 PP-
Description de la tombe du P. Billuart
dans l'église do Revin. L'auteur est mort ar-
chiprctre de Sedan en ISS").
162. — Compte-rendu de l'i-
nauguration de la statue du P.
Billuart (à Revin). — Charleville,
Mail/ait. 1858, in-12 de 31 pp.
Même auteur que pour le précédent opus-
cule.
163. — L'église des Domini-
cains de Revin, sa construction,
ses œuvres d'art, ses souvenirs de
Billuart et des frères Labye, par
H. Jadart. — Reims, inip. coop.,
1880, gr. iii-8' de 18 pp.
Extrait du liulletin du diocèse de Reims,
1880. — Notice sur Revin par le docteur Se
journet, dans VAlmanncli-anniinire de la
Marne, de l'Aisne et rfev Ardennes pour
IS9S. p. 2:u.
Rocquigny.
164. — Notice historique sur
le prieuré de Gérigi^y, de l'ordre
de Prémontré, au diocèse de
Reims, 1 180-1789, avec plan et
pièces justificatives inédites, par
l'abbé J.-B.-E. Carré. — Reims,
1885, in-S" br.
Cet ancien prieuré était situé sur le ter-
rain de Rocquigny. — Du même auteur, no-
tice et analyse du cartulaire du prieuré de La
Presle, qui était situé près d'Asfeld, et dis-
parut dès le XV" siècle, dans la Revue de
Champagne et de Brie, 18112-93.
Rocroi.
165. — Histoire de la ville de
Rocroi depuis sonorigine jusqu'en
1850..,, par J,-B. Lépine. — Aie'
234
ESSAI D UNE BIHLIOGRAPHIE
^iêres^ cyp. Leluarin^ 1860, 111-8°
(Je 464 pp. avec jiortraic de l'au-
teur et plan de la bataille.
La bataille d(^ Uocroi a donné lieu à plu-
sieurs publications oonli^np ..aines, donl la
plus célèbre est celle do M. le duc d'Aumale,
La journée dt' Uocroi, in-l'J. — Voir aussi
daus les Variâtes liistori(jU'-s arileiiiinises,
par P. Laurent, II, Avant et «près tti b(i-
tailli' de Uocroi, in 8".
Rumigny.
166. — Histoire généalogique
de la maison de Ruaiigny-Fiorcn-
nes, par i':)bbé C.-G. Roland. —
Numtir, 1891, gr. in-8° de 248
pages avec gravures dans le texte,
sceaux, écussons, etc.
Kxlrait des Annales de la Sociélé arclié-
otoijique de yatnnr, t. XI.K et X\. — Uu-
vrace a consulter pour la topoiçrapliie et la
sigillo^'raphie. — Ajoutons qu'a Runiii;m'
existe encore un ancien iliàleau. dit la Cour
des Près, appartenant a la famille Piette. où
M. Edouard Piette, ancien magistrat, corres-
]iondant de la Société des Antiquaires de
France, a réuni de riclies collections d ar-
chéologie préhistorique, etc.
Saint-Loup-Terrier.
167. — Histoire de Saint-
Loup-Terrier (Ardennesj, compo-
sée et imprimée par l'abbé L.
-Alexandre, 1894, in-8° illustré de
vues de l'église et du château,
etc.
L'auteur est curé de cette localité, dout il
a parfaitement approfondi l'Iiistoire.
Saint-Pierremont.
168. — La maison natale de
Dom Mabillon et son monument
dans l'église de Saint-Pierremont,
par H. Jadart. — Cj.en. Le Blanc,
1885, in-8° de 19 pp. avec plan-
che.
Extrait du Bidletin monumental, 1885. —
Voir sur û. Maiullon et sou lieu natal l'é-
tude publiée par le même auteur dans les
Travaux de V Académie de Reims, t. LXIV.
Saint-Quentin-le Petit.
169. — Sceau de l'abbaye de
la Valroi en Champagi.e, par L.
Boilleau. — Furis^ 1852, gr. in-80
de 8 pp. avec figure du sceau.
Extrait du Recueil de la Société de
S/jUrar/islique. février 1S52. — Cette ab-
baye, entièrement détruite, se trouvait sui le
terroir de Sainl-Ouentin-le-Petit. Cf. Revue
de Chatitjjuyne et de iirie, 1" «irie, t. 1|
p. 4117.
170. — Analyse d'un cartulaire
de l'abbaye de La Valroy, par I.
Desilve. — Laon^ Jucob^ 1^77)
111-8° de 144 pp.
Extrait du Jiulletin de la Société acadé-
mique de Laon, 1877.
Savig-ny-sur Aisne.
171. — Les portrait.s de Louis
de Gonzague ec de Christopiie de
Savigny, par H. Jadart. — />>o/<?,
5e/-/2//2, 1897, in -8" de 12 pp. avec
pi. et {yg.
Extrait àeW Renie historique ardennaise,
août 1897. — Christophe de Saviïny était le
seigneur de Savignv-sur-Aisne.
Séchault.
172. — Xotre-Dame des Ro-
siers (ordre de Citeaux), près
Monthois, par H. Vincent. — Pu-
ris, Menu (1880^, gr. in-S" de 22
pp.
Extrait de la Revue de Champagne et de
Brie, 188(J. — Il reste encore des vestiuesde
ce prieuré, écart de la commune de Séchault.
Voir plus haut le n» 1U9.
Sedan.
173. — Histoire de l'ancienne
principauté de Sedan, par J. Pey-
ran. — Sedun, Hennuy^ 1826, 2
vol. in-S" de 343 et 372 pp.
Pasteur protestant très érudit, né à Genève
en 1788, lut envoyé à Sedan en 1812.
174. — Sedan pittoresque, ou
topographie de l'arrondissement,
par Ch. Pranard. — Sedun, 1842,
in-8" de 184 pp. avec carte.
L'auteur, publiciste et écrivain, est décède
a Hcthel eu 1871.
175. — Histoire du pays et de
la ville de Sedan, par l'abbé Pré-
gnon. — Sedan, Ponciny 1856, 3
vol. in-S" avec portraits, etc.
Compto-readu et analyse de cet ouvra'.; e,
par l'aljLé Poussin, dans les Travaux de l'A-
cadémie de Reims, t. XXIII, p. 04.
176. — Sedan. Les La Marck
et les deux Turenne, par J.-C.
Villet, a*-" édition. — Charleville^
1863, in-i2.
L'auteur était avoué à Sedan, et amateur
d'histoire locale, comme un grand nombre de
ses compatriote.s dont nous no pouvons énon*
i:er ici toutes les publicutione.
DU DEPARTEMENT DES ARDENNES
TM
177. — Henry Rouy. — Les
fortifications et le thateau de Se-
dan. ~ Sedariy L^roche^ 1876, in-
12 de 58 pp.
Col auteur a publié éi;:ik'iiienlune//(S<o(;'i;
po/iulairt; de Sediin (1893), et une suit» de
Souvenirs Snlanais qui contiennent d'utiles
mentions sur les nionutncnts et les curio-il<-s
de l;i ville.
178. — Marc Hiisson. Médail-
les relatives à l'histoire locale. —
Sedari^ Laroche. 1887, in-4» de 31
p. sur vergé.
Tiié à 40 exeinpliiire». — Cilon> roiiiam
eoinpléujent ;iiix reclieiclics île ce genre, par
rapport aux protes^tanls, une étude intitulée :
Le Méreau dans les l'-ijlises rOforntées de
J<'rance, par H. (jelin, publiée dans les Mé-
moires de ta Société de stutistique, scien-
ces, lettres et arts du déjiai'tement des
Detcx-Sèvres, à' iérie, t. VIII, 1891. p. 142. —
Voir sur le temple et le mèreau d'Imécourt
(Ardennes), en 1667, le passage de cette
étude qui le concerne.
179. — Catalogue du Musée
municipal. Introduction. Vingt
plans et vues de la ville de Sedan
du XV* siècle jusqu'à nos jours,
par Ed. Dupaquit, conservateur
du Musée, et Ëm. Thellier, cor-
respondant du -Musée. — Scdu/i,
Laroche, 1886, in-8° suivi de 19
planches.
Il a été publié, en outre, deux abréj;és ilu
Catalogue général, section des sciences natu-
lelles, par A. Thiriet, en 18S6. — Enfin il a
paru, de 1887 à 1880, un Bulletin trimes-
triel du Musée juunicipal de la ville de Se-
dan, par livraisons grand in^", donnant de
nombreux renseianeoients sur les fouilles^ dé-
couvertes arcbeologitjues, objets acquis et
donnés, etc.
i8o. — Siège et blocus de la
ville et du château de Sed.in en
1815, par Jules Poirier. — Sedun^
Laroche^ in-8'' de 178 pp.
Quelques détails sur le cbàteau de Sedan a
cette époque.
181. — Sedan il y a cent ans,
première partie (1790-1793), avec
une planche, par Paul Collinet,
docteur en droit. — Sedan^ Lizro-
che^ 1893, in-8° de vni-207 pp.
Publication de la Société d'Etudes Arden-
nai-es « La Bruyère ■. Lauti-ur, originaire
Je Sedan, est actuellement professeur agrégé
à la Faculté de droit de l'Université de Lille.
182.— Notice armoriale et gé-
néalogique sur la maison de Bouil-
lon-I.a Tour, accompagnée de ta-
bleaux généalogiques, par Sré-
phen Leroy. — Sedan^ Jourdan^
1896, gr. in-B" de 196 pp.
L'auteur a donné d'autres utiles études sur
l'histoire seJanaise. Il a prolessé l'Iiisloire aux
collèges de Griiy et do Sedan.
Senuc, voir Signy-l'Abbaye,
no 186.
Seuil.
183. — Elias Liebbe. — Ci-
metière gallo-romain de Seuil
(Ardennes). — ■ Sedan^ J. Laro-
che, 1895, gr. in-B" de 6 pp. avec
planche.
Extrait de la Revue d'Ardenne et d'Ar-
(joiine, t. H. mai-juin 1895. — L'auteur pos-
sède le cbàteau de Trugny, voisin de Seuil.
Sévigny-'Waleppe.
184. — Porte en fer (XV^ siè-
cle) du moulin de Sévigny-Wa-
leppe, par H. Jadart. — Pans,
imp. nac.^ 1897, gr. in-8° de 4 pp.
avec figure.
Extrait du Bulletin archéologique du Co-
mité des Travaux historiques, 1896. — A.
publier procliaineuient : Les reijistres parois-
siaux de Sévif/uy-Waleppr, dans la Hevue
Itisluriqiir ardenniiisi',
Signy-l'Abbaye.
185. — Catalogue de mon-
naies romaines découvertes à Si-
gny-l'.Abbaye, par V. Duquénelle.
— Reims, P. Dubois, 1865, gr.
in-S" d." 36 pp.
Extrait des Travaux de l'Académie de
Reims, t. .\L1I1. L'auteur, antiquaire ré-
mois, mort en 1883, a léuuè ses collections au
Mu^ee de Reims.
186. — Cartulaires de Notre-
Dame de Sigtiv et de Saint-Oricle
de Senuc, par Ed. de Barthélémy.
Reims, Dubois, 1879,111-8» de 68 pp.
Extrait des Travaux de l'Académie de
Reims, t. LIX. — L'auteur est décédé a
Paris en 1888.
187. — Souvenirs de l'abbaye
de Signy, par Paul Laurent, archi-
viste des .Ardennes. — Pans,
Alph. Picard, 1890, in-8° de 21
pp. ave: 3 planches d'inscriptions,
taques et portraits.
Extrait des Variétés historiques arden-
".aises, III.
23G
KSSAI D UNE BIBLIOGRAPHIE
188. — Manuscrits légués ù la
Bibliothèque iiatioiinle par Ar-
mand Durand en 1894. (Notice par
Léopold Delisle. suivie de iachio-
nique de l'abbaye de Signy, anno-
tée.) In-8° s. l. n. d. de 34 pp.
Extrait île la liihUothèqrœ de l'Éco/,' dfs
Chdfle.i, ;innèe IS'.ll, t. I.V. — 'Vrvi utile
pulilicalion du savant administrateur de la
Bibliollièque nationale.
Signy-le-Petit.
189. — Notice historique sur
le canton de Signy-le-Petit, par
D.-.A.. Noël, bénédictin. — Reims.
Matot^ 1881, in-S" de 138 pp.
Extrait de VAbiKinach-Amiuaira histori-
que fie ta Marne. île l'Aisne et des Anlen-
nes ii-i' année .
Sorbon.
190. — Maître Robert de Sor-
bon et le village de Sorbon, par
H. Jadart et P. Pellor. — Ki'lms,
imp . coop.., 1888, in-8'' de 82 pp.
avec figures, vue de l'église^, etc.
Extrait des Travaux ilii l'AcaJéiiiie île
Jteims, t. LXXX. — Cfr. Jhiilem. t. LX,
notice ?ur Robert de Sorbon.
191. — I.a Scrbonne et son
fondateur. Discours prononcé le
8 octobre 1888 à l'inauguration
du nionumeiit de Robert de Sor-
bon dans l'église de Sorbon (Ar-
dejines), par Elie iMéric, prote.s-
seur à la Sorbonne. — Paris, Le-
coffre, 1888, gr. in-8'' de 40 pp.
avec planche.
Extrait du l, I.XWIII des Travaux île
l'Académie de Iteims. — Le monument avec
buste de Robert de Sorbon a été exécuté par
M. Colle, de CliarleviUe, â la suite d'une
souscription ouverte dans la contrée et ra(ii-
denient couverte.
Thin-le-Moutier.
192. — Thin-le-Moutieret son
église, par P. Defourny, dans la
Revue de Chumpugne et de Brie^
1881, t. X, p. 81 et 163.
Celte notice a été tirée à part et publiée en
crand format avec une illustration a-sez soi-
gnée. — L'auteur, ancien curé de Beaumont-
en-Arçonne, puis de Thin-le-Moulier, est dé-
cédé à Paris en 1891.
Tourteron.
193. — Histoire de Tourteron
(.■\rdennes), par l'abbé R.-C. Hai-
zeaux. — Impr. par l'ait leur., 1897,
in-8'' de 95 pp. avec pi. photogr.
Du iiièine, nr.tice ms. sur Lnmelz en 1898.
■Villers-devant-le-Thour.
194. — Une Eglise rurale du
moyen iige jusqu'à nos jours. Vil-
lers-devant-le-Thour et Juzan-
courr, par H. Jadart. — Arcis-sur-
Aiihe^ Frémont., 1896, gr, 111-8" de
116 pp. avec planches et figures.
Extrait de la Jteviie de Cliainjinijne et de
IJrie, 1895.
Vireux-Molhain.
195'. — L'Eglise Saint-Frmel
de iMolhain, par H. Jadart. —
Reims, imp. coop., 1879, i'i'^" de
5 pp.
Tiré à quelques exemplaires du Bulletin du
diocèse de Reims, 3 mai 1ST9.
196. — Fragments historiques
sur la collégiale de Molhain (.Ar-
dennes). — Reims, Matot-Braine,
1893, in-8° de 18 pp. avec image.
Tiré il 35 exemplaires de \Wlmauach-An-
nuaire de In Mnrtie, de l'Aisne et des Ar-
ili'nne-s pour )8'J1. — Opuscule cité ici uni-
quement pour mettre en carde le cberclieur,
qui en reconnaîtra le caractère mystificateur
a propos d'une fausse inscription romaine. —
Voir une note de la Revue liisluriijiiearilen-
II aise, mars-avril 1894, p. 51.
197. — Molhain, le hameau et
la collégiale dans la vallée de la
Meuse. Essais historiques et mo-
raux par l'abbé Antoine, curé de
Vieux-Molhain, plusieurs fois lau-
réat de l'Académie nationale de
Reims. — Givet^imp. Albert Dury,
1895, 111-8° de 300 pp. avec 2
planches à la fin.
L'auteur a composé de semblables recueils
sur Vireux-Wallerand, Cliooz, etc., encore
inédits.
Vouziers.
198. — Notices historiques et
statistiques sur la ville de Vou-
ziers. par C. Pâle. — Vou^ters,
Mary, 1837, in-8° de 86 pp. avec
plan et vue du portail de l'église.
11 a été exécuté, de ce remarquable portail
Renaissance, plusieurs vues de arand format,
dont une avec l'acbèvement des tours.
199. — Chronologie des vi-
comtes et seigneurs de la terre de
Vouziers depuis le XIV' siècle jus-
DU DEPARTEMENT DES ARDENNES
237
qu'en 1792, par C. Pale. — Fon-
ciers, Mdry^ 1843, in-S" de 172
pp.
Constant Pâle, secrétaire de la mairie de
Vouziers. est né en cette ville le 21 décem-
bre 1817.
200. — Epigraphieardemiaise.
Les inscriptions anciei.nes de l'ar-
rondissement de Vouziers ou re-
latives à la région, par le docteur
H. Vincent, avec une préface de
M. Anatole de Barthélémy, mem-
bre de l'Institut. — Reims^ H.
Mutot, 1892, I vol. in-8" de
XXXIl-joô pp. avec planches, fac-
similés, etc.
Ouvrage important et très soigné, qui a
reru l'une des médailles du concours des Anti-
quités nationales à l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres. — L'auteur est asso-
lié-ronespondant de la Société des Antiquai-
res de France.
III
Table des Auteurs.
(Selon l'ordre alphabétique des noms.)
Aldrd (J.), 61, 129.
Alexandre (l'abbé), 167.
Antoine (l'abbé), 197.
Ardenne (Jean d'), 53.
Aumale (duc d'), 165^ note.
Biiltemix (l'abbél, 64.
Barthélémy (A. de), 102, 200.
Barthélémy (Ed. de), 30, 186.
Baudon (Albert), 97, loi, 1
148, 158, 159.
Baye (l'abbé), 128, 132.
Bœswilwald, 129.
Boilleau (L.), 1Ô9.
Boi^et (D.), 98.
Bonvalot^ 76.
Bosteaitx (Ch.), 66.
Boulliot (l'abbé), 5.
Bretagne (A.), 83, 113.
Carré (J.), 33.
Carré (l'abbe), 60, 164.
Caruel (J.-B.), 153.
Chardron (l'abbé), 77.
Chuquet (A.), 50. 120.
Clair (Ch.), 95.
Colin (Hubert), 18.
Collinet (Paul), 49, 134, 181.
Dugidn (Chr.), 43.
Defourny (l'abbé), 75, 192.
Delahaut (Ch.), 79.
DiUsle (Léopold), 147. 188.
Demaison (L.), 50, 136, 160.
Desilve (I.), 170.
Dessailly (l'abbé), 138.
Drapier {D' P.), 155.
Dubois (E.), 10.
Ducoin - Girard in , 12.
Dunaime (l'abbé), 161, 162.
Dupaquit (Ed.), 179.
Duquénelle (V.), 185.
Durand (G.), 78.
Fouquet (Fabbé), 68.
Fré'^et (l'abbé), 130.
39, Fricûtieau de Pargny, 38.
Gaillard (V.), 146.
Ganneron (Dom), 5J.
Garrault (Fr.). 146, note.
Gelin (H.l, 178, note.
Genêt (l'abbé), iio.
Gillet (l'abbé J.), 106.
Goffart (N. et E.), 133, 134,140.
Gourjault (Olivier de), 22, note.
Graffin (Roger), 50, 131.
Guelliot (D'- O. ), 43, 50.
Guy on (Ch.), 46.
Hai^eaux (l'abbé), 126, 193.
Hamon (l'abbé), 115.
Henriet (Frédéric), 48. «
Henry (E.), 40.
Héron de Ville fosse (.A.), 131.
Hubert (Jean), 6, 11, 13^ 15, 19,
32, 81.
Hulot (l'abbé), 63.
Husson (Marc), m, 135, 178.
Jadart (Henri), 23, 34, 35, 41,
44, 52, 56, 57, 59. 61, 62, 69,
70, 72, 90, 91, loi, 108, 123,
136, 139, 148, 150, 155, 156,
238
ESSAI d'une BIBLIOGRAPaiE
IÇ7, 158, 160, 161, 168, 171,
184, 190, 194, 19J.
Jallliot (DO, 49' 93-
Jeaniin^ 14.
Joannc (Ad.), 26, 36, 37.
Jolibois (E.), 145.
Jcj/^ (Victor), 16.
Jtissy (l'abbé), 130.
Kurth (G.). 76.
LjcmUc (Henri), 152, 1J4, 155.
Lagneau (l'abbe), 96.
Lannois (l'abbé), 94.
Lurcigiie (J.) et Lecatte (A.), 100.
Lasteyrie (R. de), 42.
Laurent (Paul), archiviste, 39,
43. 5°» 55' 64, 87, 107, 119,
120, 121, 122, 187.
Laurent (Paul), jui^e de paix, 62,
158.
Lavoine (Altred), 8.
L'Ecuy (labbé), 79.
Le Grand (Léon), 108.
Lépine (J.-B.), 89, 124, 165.
Leroy (Stéphen), 182.
Liebbe (Elias), 183.
Logeart (G.), 66. 67.
Longnon (A.), 28.
Malte-Brun, 24.
Marcq (l'abbé), 65.
Martin (G. -A.), 21.
Mjsson (F.-X.), 20.
Maxe-jy.rly (L.), 82.
Menu (Henri), 51.
Mercier (N.), 148.
Méric (l'abbé), 191.
Meyrac (Albert), 45.
Mtalaret (Ch.), 22.
Miroy, 103.
Moniagnac (Elizée de), 25.
iV<?^/(Dom),85, 118, 127, 142, 189.
Numa AI bot, 43, jo, 86, 131.
Pdle (C), 198, 199.
Paris (Louis), 7^ 144.
Pauffin (Ch.), 143.
Pèchenard (P.-L,), 99, 104.
Pichenart (l'abbé), 92, 117.
Pellot (P.), 50, 190.
Peyran (J.), 173.
Pictte (Ed.), 166, note.
Poirier (J.), 47, 84, 180.
Portagnier (l'abbé), T05.
Pranard (Ch,), 174.
Prégnon (l"abbé), 175.
Prévoteaux (l'abbé), 71.
Rayeur (L-A,), 54.
Rivet (Achille), 125.
Roland (l'abbé C.G.), ^o^ 166.
Rouy (H.), 177.
Saige (G.), iÇi.
Sauvage et Buvignier^ 9.
Secheret-Cellier^ 141.
Sèjournet (le D'), 127, 163.
Sénemaud (Ed.), 22, 31, 39, 119.
Stem (H.), 88.
Taté (Jean), 91.
Taylor (Baron), 17.
Tetssier (O.), 29.
Thellicr (Em.), 179.
Tliiriet (A.), 179, note.
Tourneur {Vs.hbé), 22^.73, 1 12, 1 16.
Valentin (l'abbé), 137.
Villet (J.-C), 176.
Vincent (D'' H.), 50, 80, 109,
113, 114, 170, 172, 200.
Watrm (N.), 58.
ACTES RELIGIEUX DU PETIT-WIESNIl
DE 1755 A LA RÉVOLUTION
Baptêmes.
26 mars IISI. — Pierre-Alexandre, fils de M''" Claiide-Benoisl
de Chaumont, écuier, s"" du Petit-Mesnil, Chaumesnil, gendarme
de la garde du Roy. et de daine Elisabeth-hlniilie i.allier, parrain
Pierre de Chaumont, écuier, s"" desdils lieux, marraine darne
Anne-Marie de FraissineL Lallier.
/o février 1742. — Mention de M' de Creney, s"" en partie du
Petit-Mesnil.
23 novcmbn: 1742. — Cliarles-daljriel, fils de M''^ Claudc-
Benoist de Cliaumont, et de dame Elisaheth-Eniilie Lallier, parrain
M'"e Charles-Nicolas de Chaumont, s"" desdits lieux, phr'*^ docteur
de Sorbonne, d' à Paris, marraine d"'' Madeleine-Gabriel de Chau-
mont, dame desdits lieux.
i3 février 17 S3. — M"^ Jean-Baptisie Lepage, écuier, s'' en
partie de Freimont. .., officier de rHûLei royal des Invalides, fils
de défunt M'<* Claude Lepage, aussi écuier de Luistres, et de d"*^
Charlotte de la Libaudière ; et d"e Marie-Madeleine Boyot, ve de
défunt M^e du Mesnil, écuier, s' du Petit-Mesnil en partie...
DÉCÈS.
H novembre 1739. — Louis-Marcel de Baussancourt, écuier,
s"" du Petit-Mesnil '.
30 octobre 1710. — Claude-François de la Mothe, âgé de
3 ans, fils de M"^" Claude- François de la Molhc, écuier, d'' au
Magny-Fouchard, et de défunte Marie-Angélique de Beaufort.
8 septembre 1743. — Pierre Chaumont, s'' en partie du
• Voir page 60o, tome IX (ie la licvue de Champagne.
1. « Conduit au Magny-Fouchard, dit le curé du Peùt-Mesnil, où il a
demaudé sa sépulture, quoi qu'elle dût être en l'église de ce lieu, sépulture
de ses ancêtres. »
£0MiSiVrt?'Cci avait épousé, eu '.707, Jeannele Perry du Magny-Fouchard.
On voit sa tombe dans l'église, devant la chapelle de Saint^Antoine, ainsi
que celles de son père et de sa fdle.
Sur la tombe de Jeanne le Perry, on lit : « Cy gist dame Jeanne-'
240 ACTES RELIGIEUX DU PETÎT-MESNlL
Pelil-Mesnil et Cliaumesnil, àgc de 80 ans, inhumé en la chapelle
de l'église.
6 octobrn 17 ii. — W'^ Benoit de Chaumont, écuier, s"' du
Pelit-Mesiiil, Agé de 3i) an?, inhumé en la chapelle de l'église.
ta décembre 1746. — Pierre Napaii, curé du Petit-.Mesnil,
âgé de 78 ans.
22 iiKti 1766. — Dame Madideine Boiaul de la Cour, âgée de
74 ans, femme en doniièrcs noces de feu le s'' Le Page, écuyer.
29 décembre I7S3. — M^- Louis de Coussy, curé du Pelil-
Mesnil, âgé de 74 ans.
Résumé : 2 baptêmes, 1 mariage et 7 décès. C'est fini : tous les
seigneurs ont disparu; désormais, M. Grassin,d'Arcis-sur-Aube, sera
seul possesseur de presque toutes les terres du Pelil-Mesnil.
P. Chauvet.
Françoise le Poiry, veuve de feu messirc Lcuis-Marcel de Baussancourl,
vivanl chevalier seigneur en partie du Magny-Foujhard, du Pelit-Mesnil,
Chauraesnil, seigneur féodal de Fresnay, décédée le 19 décembre 1772 dans
sa 80" année. Pries Dieu pour le repos de son ame. » l'our armoiries : 2
ecus accolés, l'un à une bande, et L'autre à deux lions de front, courants.
La tombe du père porte celte inscriplioa : « Cy gist noble seigneur Léo-
narl le Perry, en son vivant seigneur de la Chaufie..,, Maj^ny-Fouchard,
le Brouilleur en partie, lequel a décédé le treisiesme jour de juin mil sis"
et deux. Prié Dieu pour son âme. » Double écusson comme ci-dessus.
Sur la tombe de la fille est gravée celte épitaphe : « Cy gil demoiselle
Louise-Elisabeth de Baussancourl, dame en partie du Maguj'-Fouchard,
\'auchonvillières, fille de messire Louis-Marcel de Baussancourl et de
Jeanne Françoise le Pcrry, décédée le... décembre 1774 dans sa tib'
année. Priés Dieu pou"- le repos de son àme. » — Eau losange, un lion.
On remarque encore dans la chapelle de S'-Anloine, au Magny-Fou-
cbard, deux lombes. L'une ne porte plus que le nom d'un ancien seigneur du
pays. C'est « Anlhoine de Verloing (seigneur des 4/5 de Verloing;, dont
les descendants se sont alliés aux Perry; et l'autre appartient à Jehan de
Chavipignij, seigneur de la Villeneuve et du cinquième de (Jhàlillon (au
Ma?iiy-Fouchard;. Lépitaphe est déjà bien elfacée, mais on peut encore
lire : a Cy gist Jehan de Champigny, en son vivant... 1581... et damoi-
selle... (Oarvinca) ?. . . novelle, décé... jour daoust 1535... pour
leurs. . . »
Glossaire du Mouzonnais*
Que, qu', pruii. rel., souvent employé pour qui. — Va-L'd
r'(/u'ri(r) ton père ijVj'esl à l'auberge. — C ov'est fail nest mi à
faire (Proverbe de Renart).
Rrandist la hante de l'espée qu'est brunie.
(Mort de Garinj
Raoul dit. . . de son sens qu'est petit.
{Méraugis)
Que, employé aussi pour à qui : Ou reporterai ca au teu
ou' c'est (à celui à qui cela appartient).
Que pour quel, quelle, quels, quelles. — Et aussi queu. —
Devant une voyelle on conserve le son el. — Que monde qui n'y
avot-, mon Diu ! — Oli ! uué grosse pomme !
Ami ! ques hom es tu ?
{Chanson cVAntiocha)
Que nus ne puet ncis penser
Quex tens que ce est qui est [jresmir.
(Rom m de la Rose)
Li quex qu'aviegnent, mult se crient.
(Amadas et Yiloine]
Puis demandèrent ques terre c'estoit.
(Aucassin et Nicolclte)
Laijuex dame de Soiette prisl 1"S os au conte. Gautier.
(Joinville)
Convient savoir ques choses sont ces deus chose? inouvans.
(Li ars d'amour)
Quant elle le vit, si li dist : Queis nouveles?
(Ménestrel de /t'(.'tw>)
Et quex noveles? li cuens PVomont a dit.
{Garin le Lohcrain)
* Voir pa'f^e 00, tome X de la Revue de Champagne.
If.
242 GLOSSAIRE DU MOUïONNAÏS
Entr'aus lui demandèrent ; Ques noveles dires?
[Chanson d'Antiodtc)
Hion se jjrenoient garde (jueus manière d'estrumens il
lesoient por assaillir.
[Guill. de Tyr)
(Ji c novelles nie dites dou clialol Avenant.
(Floovant)
Que, quel, quelle, équivaut à combien grand ou gros, vaste.
Quel, quelle, employés pour celui, celle. — Faut-i d'ner ça
à Jeanne ou à Louise ? — Donne lu à laquelle quû t'veux. — On
dit encore plus volontiers : a la teu.
Clikès : A ((uel jeu ?
Pincedès -. A quel que tu veus.
(J. Bodel, Jus. S. Michuliia)
Qu(e)lougne, clougne, s. f., quenouille.
Colus, quelcnijnc.
(Voc. lat. fr., XIII'' s.)
O (avec) ma queloiyne vois fdant.
(Fabliau du prestrc teint)
Les femmes d'Alemaigne ont ceste coutume que de laissier
le lin à la queloingne le samedi.
[Evang. des Quenouilles)
Yère l'avoit louée pour liler sa quelongne.
(Registre S^-Martin-des-Cli., 13:i6)
Qu(e)lougnie, clougnie, s. f., quenouillée.
Item le portage de Reihesl ; c'est assavoir de rondes
perches, de keloingnis(?), de keus de quoi on aiguise cou-
teaux.
(Cartul. de liethel, J332)
Qu(e)nesseu(r), s. m., connaisseur.
Qu(e)nessu, quenu, P. p., connu (à la frontière). — Ali!
l' vie Lamberl ! J'iai bin ol'nks.su.
Quenoistre, v., connaître. A donné les mots précédents. Il est
à noter que lo qucueu, le parent, l'allié, est resté nom propre.
Car si com li muls avoit honte
De quenoistre la vérité.
(Castoiement)
El issi fut i.idis scrvise
Pallat qui ne se qucnul mie
El l'cauc.
{Clef d'amuur)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 243
Quéqu'zuns, pron. iridéf., quelqu un. — N'i ai-t-i ouéqu'zun
à la boutique ?
Qu(e)ri(r), v., quérir. — Voy. Querre.
Querre, qu'ri(r), v., chercher avec le sens de saisir, prendre
pour apporter, — Ne s'emploie qu'à l'itifiniLif. — On pronotice
souvent quai : Va-l'a ouaî don lait chus le voisin.
La me vint querre IMaistres Robert de Sorbon.
(Joinvillu)
Et tant l'eray
Que jusques là l'envoieray
Aussi que pour querre du vin.
(Mir. Notre-Dame)
Quant les navires compassa
Vûv la toison d'or aller querre.
[liom. de la Rose)
Et se on ne puet le droit avoir (à Machaut) on va le
querre à Rethel.
[Cartul. de Rethel, 132;j)
S'ele me prent, venès-moi querre.
(Gauvain)
Il vint en baste des montagnes jior querre la centisme
berbix ke perie estoit.
(Scrm. S' Bernard)
QuertOD, s. m., crelon, petit morceau de lard.
Quéteus, s. m., qui quête. — Se dit d'un chien de chasse qui
cherche bien.
Quétout, adv. Beaucoup. — Exclamation : combien ! que de !
On waite aux nougelles ; ons a trouve trop bin ; ons appelle les
autes a bauiant : '< QuiiTour ! quétout ! » -- Peut-on voir dans ce
mot un démembrement du vieux terme cnsuvquelout.^ surtout,
insuper ?
Queude, voy. cœud(r)e, cueud{r)e et cueùde.
Car on en ensoie le fil (la so'e du cochon)
Don en queust et soler et cuir.
{Dit des bockiers)
Queûde, s. m., coude.
Cubitus, queusde.
[Gloss, Rom. lat., .VF* s.)
Queud(r)e, v. coudre. On trouve queust, licust au Livre des
Métiers. On y trouve aussi queut pour il cueille^
244 GLOSSAiRE DU MOUZONNAtS
Queu-ie et aussi Quoue, s. f., queue.
Mais en aval (il s'agit du phénix) jusqu'à la coe est de
color de porprc, et la coe rose, selon ce que 11 arabien tesmoi-
gnent.
(B. Latini, Le livre du Trésor)
Queue de rat, s. f., equiseluni, sorte de prêle.
Quillie(r), s. f., cuiller, — Voy, Cui-iie.
. . . Entre bouche et quillier
Avlent sovent grant encombrier,
(Row. de lienart)
Quiner, v., avoir des rapports charnels, — Remplace le verbe
baiser dans d'autres patois, et le mol rafailier dans cette citation
de Lacurne : « Lesquels deux hommes aloient rafailiei' ou bois
Icsdites femmes ». — On a dit aussi rasellcr. — L'objet que prê-
tent lesdiles femmes s'appelle quin et non c..^ comme parlaient
les anciens contes.
Quinzain-ne, s. f.. quinzaine.
Li rois lor ot couvent quededenzlagui>}:;e»ine. il la feroit
widier.
[Ménestrel de Reims)
Quirée, kîrée, s. f., cuillerée. — Voy. Cui'iie{r).
Quoi, adj. et s., coi, tranquille (quietus). — Voyez Coi. Le
vieux français a eu le verbe acoiteter, couvrir, mettre au coi.
Et ses eles tant larges sunt
Qu'il acouctent tout le mont (monde)
(Bestiaire divin)
Quoi iesse quii? qu'est-ce que.
De quoy esse que vous démentez.
(Farce de Jenin)
Quoique ça, exp. adv., malgré cela, pourtant, enfin. — //
n' vouLol mi coimiacie(r) ; mais il s'est décidé à midi, ocoique ça,
Quois quii ? pour : quoi est-ce que, qu'est-ce que? — (Juois'
QLu fais co, à braire comna ?
Quû, prononciation ordinaire de que, — Ecoulez, qlù fvOUS
dis! — Pue Quii v'a direz, moins quu/ vous croirans, ainsi!
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 245
R finale des infinitifs eu ir, ne se prononce pas. Voir ce qui a
été dit à ce sujet dans l'Introduction.
Car Beizebuth et ce vilain Mommon
Ln font trotter et maintz lieux courtr.
Comme le chat ayant prins la sourîs,
Après son jeu, il l'estrangle et l'emporte.
(Débat de charité et d'orgueil)
Beaux père, ge sui pris.
Ja sui-je vostre : si ferai vos plaisîir.
(Foiilqueft de Candie)
Rabachie(r), rabaîssie(r), v., rabaisser, rabattre. — P. p.,
rabachie, rabaissie. — Jli ai rabachie f caquet.
S'en voit on souvent rabaissier
L onneur et le bien du princier.
{Chanson du XIV'' s.)
Rabâchie(r), v., répéter, redire, radoter, rabâcher.
Rabas, s. m., rabais, diminution, ce qu'on rabat.
Rabêti(r), v., rendre bète, confus, honteux. — Jii U ai rap-
pelé iauques qui l'ai bin rabèti.
Rabeûtlée, s. f. , grande quantité (de choses à manger). —
J'crois qiC nof vache avot bin faim : j'ii ai mis 'n bonne
RABECTLÉE d' luzeme das s' bac.
Rabine, s. f., le fait de rabiner, de dépouiller un arbre, déjà
cueilli, de ses derniers fruits. — A l'automne (au waienj, on
(v)oit tous les gamins qui vant à la rabine das les enclos doii
est-ce qu'i 7i'i aides 'pom7nie(rs). Le mot originel est probable-
ment rapine.
Rabiner, v., ramasser les quelques fruits qui peuvent rester
sur l'arbre ou l'arbrisseau oîi l'on a fait la cueillette. — Via in
nobcrtie{r) qu'est co bon à rabiner .• 7i'i ai co trop bin iauques
diissus.
Rabistocler, v., arranger, raccommoder, remonter. — J' frai
co BABISTOCLER 'n fois wi' pauv' vins chair.
Rablouquie(r), v., reboucler, reboutonner, renouer. —
Rablouque les cordons d' tes soleirjs.
24G GLOSSAIRK DU MOUTONNAIS
Rabobiner, v., remettre sur la bobine. — Fig. remettre,
raccommoder, réconcilier des personnes fâchées.
Râbotte, raubotte, s. f., chausson aux pommes : pâtisserie
faite d'une pomme entourée de pAte et cuite au four. — A la
forme d'une houle, d'un ballon, qui servait dans le jeu de rabote.
Rabourage, s, m., le fait et le résultat de rahourer. — fans
fait deux rabourai;es das nol' journée.
Rabourer, v. Labourer. La suhstilulion de Yr à Vl est un fait
commun.
Raboureu(r), s. m., laboureur, cultivateur. — Petit proprié-
taire qui fait valoir et soigne ses terres, ou celles de ses voisins.
Rabout'ner, raboutouner, v., reboutonner, remettre les
boutons dans les boutonnières.
Rabrouchie(r). v., rebrousser, retourner. — Fig. reprendre
sévèrement, rabrouer. — / coumaçot à m' dère des misons ; mais
j'tu l'ai RABRoicuiE in peu vite.
Racachie(r), v., recacher, cacher avec soin, —P. p., racachie.
Raca-ion, s. m., couvreur en ardoises (qui emploie des
écailles).
Racalengie(r), v., ramener, retirer et «acher quelqu'un chez
soi pour le protéger. — Le vieux verbe calengier signifiait proté-
ger, défendre, disputer, louer, faire honnêteté, etc. — C't homme
là est dewaitie d' tout /' monde, i s' racalenge d'où 'st ce qiiH
peut. — Tous les dimanches au soir, les garçons s' racalengeant
chus ces niches gens là : pis i finissant pa(r) s' disputer et 5'
l>att\
Ou vous i envolez de gant
Sans ospargnier or ne argent
Dont li droiz Dieu soit lalengiez.
(Rutebeuf)
11 est fol qui maine dangier
Vers celluy qu'il doit calengier.
{Rom. de la lioie)
Race, s. f., dans le sens d'espèce. — J' vous donrai d' mes
pois : c'est d' la bonne race.
Racerceler, v., remettre un cerceau (à un tonneau). — Tour-
ner en cerceau ou cercle. — Friser.
Gr.OSSAlUE DU MOUZONNAIS 247
Blont ot le poil, menu rcccrcelé.
(Guill. au court nez)
Rachécie.r), rachacie(r), v., rechasser, renvoyer, repousser
avec l'idée de retour, de revenue).
Se ji' voy que Gnrvaiso soit rac/mssic.
(Jouvencel)
Au beau bailleur ferme nacquet
Qui sache rachasser derrière (la balle).
(Co(iuill.'irl)
Rachiéri(r), v., renchérir^ enchérir. — Lpaih est mout
n.vcuiKRi dud'puis in mois.
Raclairci(r), v., éclaircir. — Via l'tempsqui s' uACL.MnciT. —
Clarifier : / [aurai aUcnd{r)e qu'à l' vin s' kaclaircit.
Racle, raucle, raclette, rauclette, s. m. et f. — Racloire ;
instrument pour racler, ratisser. — Voy. Radouc.
Racle, raucle (à), exp. adv., à ras. — Contraire de « à com-
ble », dans la mesure des grains. On obtient le racle en passant la
racloire ou un simple bâton droit sur les bords de la mesure et
faisant tomber le grain qui dépasse le niveau.
Raclore, v., enclore, enfermer, fermer. — P. p., /Jac/os, fémi-
nin radote. — On dit : /' H ai raclos l' bec, je lui ai fermé la
bouche, je l'ai réduit à ne savoir que dire.
Lesquels pertuis se commencèrent à raclore.
(Miracle de S. LouU)
La plaie l'ut raclose, la douleur s'en ala.
(G au fr l'y)
Racoisi(r) (se), v., s'apaiser, redevenir coi ou tranquille, par-
ler moins vite.
Racoin, s. m., recoin, coin, endroit retiré.
Raconduire, v., ramener, accompagifer, reconduire.
Et tantost que cil soissante varlet le avoient raconduit à
son hostel.
(Froissart)
Les attendroit douze jours au lieu oîi il les laisseroit pour
les raconduire au retour en seurcé.
(Du Bellay)
Racontrer, v., rencontrer. — J' raconteurre, — j' raconteur-
rai — J' raconteurros, — Quand f nACONTEURRM Louis., f li débi-
terai s'n affaire.
248 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Bien puet. cil estre en aventure
Gui il premiers enconterras,
(Gilles de Chin)
Racoqui-iie(r), racroqui-iie(r), v., recroqueviller, replier
comme en coquille, friser, boucler. — L' fu racro(jc;i-ie là cuir
des solei(rs).
Les cheveux frisez cl rccoquillez.
{Serées de Bouchet)
Et avient souvent que le ji^une homme qui estrcqnoquillé,
se marie. . .
(A'V joycs de mariage)
Racoquiner (se), v., se retirer dans un coin, comme dans une
coquille, se cacher. — Vivre dans une seule habitude et relire.
Racoumaci6(r), v., recommencer. — P. p., Racoumacic.
Ci encoumance la complainte de Coustantinoble.
(Ruteheuf)
Lors li racommencic à dire : Ha dame !
(Chevalier qui donna lanel)
Racoupler, v., mettre en couple, rattacher divers objets
ensemble. — Racouplez les cliins d^vanl quïi d'nous an aller.
Racourci(r), v., raccourcir.
Racouri(r), v., revenir rapidement, en courant. — Quand il,
ai iu vu c'qud c'élot, i s'ai dépêchic d'RAcouiu(R).
La roïae racourt,
De duel confont et d'ire.
{Aude [roi li Bastars)
La bataille a choisie, tantost est racorxis.
(Bueves de Comniarchis)
Aucuns escoçois couroyent et racouroijent .
(Froissarl)
Il coui't et racourt par derrière.
{Fontaine d'Amour)
Racquit (Jouer au)^ v., faire une nouvelle partie, dans l'espoir
que le perdant rattrapera, acquittera une partie de sa dette.
Mort ne joue pas à racquit.
Ce qu'à defîoit ne peut deffaire.
{Débat de Nature et Jeunesse)
Racramiage, s. m., enchevêtrement ; au fig. affaires enihrouil-
lées, acrami-iies (Voy. ce mot).
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 249
Racréchie(r), v.^ mettre de la nouriiture^ herbe, fuiii ou
paille dans la crèche, — Ai-l-on RAcniicuiE les berbis ?
Racrochie(r), v., raccrocher, rattraper, resaisir, arrêter. —
!•. p., racrochic.
Raculer. v., reculer. — Racule ta chnircUe aco in peu.
Raculorum, s. m., recoin, endroit retiré; — restes. Oudin,
dans ses Cu>-iosilcz, dit: <( Demeurera reculorum, estre reculéen
une affaire. »
Rade (à), exp. adv., à ras, à rez, exactement, au niveau (des
bords de la mesure), comme à rdcle. — J'iiai servi 'n mesure
du blé A RADE.
Râdé, adj. — Panne, vidé, n'a plus le sou.
Râder, rauder, v., racler, gratter la surface d'un objet
[radere, raser ; vieux français raire, rère). — On ral'de la boue
d'ses solei(rs). — On rade ine pomme, aveu in coutiau, ipou^r)
arrachie{r) la pulpe en forme de marmelade. — La mère Robert,
qui liai pus d dénis, raude ses noiseltes pou(r) les mangie[r). —
On trouve, dans les vieux auteurs, ce terme sous la forme abra-
der, du lat. abradere, racler.
Râdice, s. f. Le radis noir (radicem). — Tai mangie 'n bonne
radice anoul à midi.
Radormi(r), v., rendormir, — Jii m'radors, jii m'radormerai.
Radoteu(r), s. m., qui radote, bavarde.
Radouci(r), v. radoucir.
Râdoue, raudoue, s. m., pour radoir., instrument avec
lequel on rade, décrottoir. Oudin (DicL.) dit que RaJouere est ce
quon passe sur la mesure quand elle est pleine pour la rendre
rase. C'est donc notre TÛcle ou raclelle.
Radarera, radoire de jjestrin.
{Gloss. Rom. lat. du jr« s.)
Radurci(r), v., rendurcir, aguerrir. — C'est in vins badurci,
Râdure, raudure, s. f., ce qu'on ôte en radant.
Rafachie(r), v., emmailloter un petit enfant, lui faire sa
fâche.
250 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Rafanti(r), v., redevenir enfant, par la raison, les idées. —
C'iHC homme là rafantit, il perd peu à peu le sens.
RafFermi(r), v., rafTermir, airerniir.
Raffiler, v., affiler, aiguiser. — J\'as raffileu m'coutiau.
Raffoler, v., blessé de nouveau. — J'ai raffolé m'genou qiCé-
lol quasi gari.
Raffourrée, s. f.. ce qui se donne d'herbe ou de foin pour le
repas des bêtes à cornes. — On -porterai In raffourrke aux bêles
dûvant qu'dà s"couchie{r) !
Raflfourrer, v., garnir la mangeoire (des bestiaux) de four-
rage. — V'arez soui (/"raffourrer les b}ies corne i faut.
Raffuter, v., afi'ater, aiguiser de nouveau.
RafoDcie(r), v., renfoncer. — P. p., rafoncie. — Il ai lesyus
trop RAFo.NxiEs das la figure.
Rafraîchir), v,, rafraîchir, mouiller.
Rafrougnie(r), v., froncer la mine, prendre un masque
méchant, de mauvaise humeur, renfrogné. — P. p., rafrougnie,
renfrogné.
Cette vieille estoit moult laide et raffrognée.
(Gerars de Ne vers)
Rafroumer, v., renfermer, enfermer. — // ai té rafroumé
(tenu en prison) pendant trois mois.
Ragace, s. f., fait de ragacie(r). — Jouer à la ragace, c'est
jouer à rattraper des objets lancés par des joueurs adverses. — Se
dit aussi d'une forte pluie : il ai chu 'n bonne ragace.
Ragache, s. m., valet, goujat, dans la vieille langue. Demeuré
nom propre dans nos pays. Un Ragache était archer à Mouzon au
XVI' sièele.
Trois ragaches qui suivoient le camp.
{M ont lue)
Ragacie(r), v., attraper au vol, rattraper, ramasser, empêcher
de tomber, s'emparer de. — il semble probable que Ragache soit
celui qui ragace, recueille, ramasse. — J'ai kagacik 'npomme qui
che-iol. — Va-ia ragacib Viauc d'ia chênaie.
OLOSSAIRE DU WOUZONNAIS 251
Ragagie(r), v., rengager, reprendre du service. — P. p.,
Jiagayie. — NoC Colas ai ragaiue pou{r) deux ans.
Ragai-ii(r;, v., égayer, redonner ou reprendre de la gaité, de
la bonne humeur, et môme du courage ou de la conliance. —
C'qiiù lu m'clis là 7îî'ragai-iit in peu. — Jù l'trouve tout ragai-ii.
Râge^ rauge, s, m., crible pour les grains, en forme de cylin-
dre treillage. — Blutoir.
Ragencie(r), v., raccommoder, rajuster. — V. p., Ragencie.
— / faurai ragencie(r) la porte ; n'i ai in gond d'défail.
Râgie(r), raugie(r), v., passer le grain au rage.
Ragot, s. m., bavardage, cancan, racontar malveillant. — .1
v'ia ieunne quainme bin d'faire des ragots.
Ragrandi(r), v., agrandir, augmenter les dimensions.
Ragrangie(r), v., engranger, mettre les récoltes en grange.
— Les blés anl té bin ragrangïes, et année ci, ils ont été récoltés
et rentrés bien secs, en bon état.
Ragripper, regrepper, v., rattraper, raccrocher, resaisir
(avec les ongles ou les griffes). — Regagner, reprendre. — J'étos
à la son d'in ca-iétue ; tout d'in coup, v'ia qu j'ai chu : heurcu-
semat, fmai ragrippé aux branches d'en bas. — Sus c'marchie
là, j'ai tout d'meinme ragrippé cent sous.
Raguernette, s. f. Le résidu d'un plat, spécialement du plat
de bouillie, préparé pour les petits enfants. Après qu'on a enlevé
le principal, ce qui reste au fond du plat. — Chus nous, c'étot
toujou(rs) mi qui mangeot la raguernette. — Roquefort cite
Ragurnon avec le même sens.
Ragûge I pierre à), s. f., pierre à aiguiser les couteaux, faux,
etc.
Ragûgeus, ?. m., émouleur, ouvrier qui aiguise les couteaux.
Ragùgie(r), v., aiguiser avec la meule ou la pierre à ragûge.
— S'applique aussi à des raisonnements, rabâchages, arguties ;
c"est alors le mot picard Arguchicr. — Allons, quoi 's quù ("ra-
GUGEs co? tais-tù ! tu Ji'dis qu'des bêtises. — P. p., Ragngie.
Richier — Qui portoit en son col -I- grant pol agugie.
(Floovant)
2Ù2 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Raguinchie(r), v., rhabiller, refaire la toilette. — C'est-à-
dire ùter le guiiichis, ce qui est de travers. — P. p., raquinchie.
Rahière, raïère, s. f., roie, sillon. — Inusité aujourd'hui,
sauf comme nom de lieudit (à Artaise).
Entre deux piex en la raière
Esloit aie on la poudrière.
[Rom. de Renart)
Raide, adj., ivre, parti, pris de vin (antinomie). — Tu sais !
quand il ni parti don diner, il élol d'jà raide.
Raide, adv., et adj.. rapidement, vite. — L'courant d'ia
Chiers est pvs raide quû rieus d'in Meuse. — L'coup est parti
pus RAIDE quii ju 7i'voulos.
Acores lost bien rades (rapides)
Portant larmes pour plorer mes doulours.
{Compl. f .l/'""^ Marguerite)
Rain-ne corace^. s. f., reinette, grenouille. — De rana., et
corace, onomatopée, cri de l'animal. La grenouille coasse
(coaxare).
Et courant les rainnes issirenl
De la palu.
(Dolopathos)
Rain-nette, s. f., pomme grise, la reinette.
Raisons (des)^. difficultés, discussions, discordes, chicanes,
paroles plus ou moins probantes. — A renl-i des raisons, c'i
ouvric{r)-ln ! — Ah! i n'est guère agréiab(le) ! ons ai toujou(rsJ
des raisons aveu(c) loii.
Dame esgardes -I- raison.
(Chresiien de Troyes)
Raisouuer quelqu'un, lui faire des remontrances, lui pro-
duire des raisons, des preuves, lui représenter son devoir. — J'ai
ii( biau /'raisouner, i n'ai jamais voulu r'véniir).
Rajeun-ni(r)^ v., rajeunir.
Ralarge, s. f., pièce mise pour Ralargi(r), un vêtement par
exemple.
Ralargi(r), v., faire plus large, plus grand, élargir. — J'ai té
ohligie d' faire ralargi(r) m' gilet.
Râle, râleté pour rare, rareté.
Râler, v., marchander, barguigner, chicaner, refuser de don-
GLOSSAIRE DU MOLZONNAlS 253
lier le prix demandé. — Retenir tant et plus — et sembler plutôt
vouloir mourir, râler au propre, que de céder.
Râleus, râleuse, s. et adj., qui raie. — Ça n'est mi agrcia-
b(lc) dît faire des affaires aveu(c) lune, c'est in rude ualkus.
Raller, v., re-aller, aller de nouveau, retourner, repartir, ren-
trer. — Signifie aussi : avoir meilleure santé. — Je rêvas, jii
revans, v'rallez, i rêvant — Je rallos — J'ai r'té ou r'eté — J'rirai
ou jù r'verrai — J'riros ou ju r'verros. — J'ai té bin malade ;
mais jii r'va inius ; et das quai{rc) jou'^rs)^ ça rIuai (ou u'verrai)
co miiis. — R'allez v'z'a. — Arn'allez v'za.
Ue tûtes parz les revunt envaïr.
(Roland)
Talenl ai de valer à ma mesnic.
{!d.)
Ju m'en rirai en Englelerre.
(Chron. de liains)
Ralez-vous ent.
(Mir. A'.-/'., Abbessc grosse)
En mon pais m'estuet râler.
[Amadas et Ydoine)
El li roys Esclamars a fait les siens rentrer
En le chité de Miekes et as osteus râler.
{Bastars de Buillon)
Si s'en râla à la posterne.
(Chron. d'Ernoul)
Pour Dieu, râlons a Bourdele le cit.
(Huon de Bordeaux)
Un pou s'est endormie, pour Dieu râlez vous ent.
(Berle)
"Vers leur pays s'en sont raie.
{Cléomadès)
Raller (sa), s'ar'n'aller, v., s'en re-aller. — J'm'arva, j'nous
arallans, arvans ou arnallans — J'm'arallos ou arnallos — J'm'a'n
ai rallé ou r'n'allé — J'm'arnirai ou arverrai. — A m'arallant ou
m'arnallant.
Puis. . . s'enrallèreiit en lor pais.
(Chalel. de Coucy)
El après leur décès tout z'inreva aux amis.
{Notables points de l'usage de France;
Rallongie(r), v., rallonger, rendre plus long, augmenter,
allonger. — F. p., rallongie.
Ezechias list reculer le soleil, et de tant que il recula, fist
ralongy le jour.
{Toison d'oy)
*2&4 (iLOSSAlBK iDU MOUZONNAÏS
Et sur cesle récréance nous eussiens ralongie la dicte
récrcance desdis prisons.
{Cartul. de Reîhel, 132o)
Ramages, s. m. pi., bavardages, racontars, médisances, his-
toires inventées. — Jù n'U imrdouiierai jamais les «amages
qu'elle ai faits sus nicomptc.
Ramageus, euse, adj. cl s., qui fait des ramages. — Bavard,
radoteur.
Ramagie(r), v., raniager, bavarder, faire des ramages^ parler
inconsidérément ; — parler vite, radoter.
Ramanchie(r), v., renimancher, remettre le manche, — rac-
commoder (des personnes fâchées) ; remettre en train. — Cesl
lou qu'ai uamanchie l'afjairr.
Ramaquer. v., rabrouer, réduire au silence, accabler par un
raisonnement ou une semonce, frapper d'une maque qui étourdit.
Ramasse, s. f., ràtle, action de rassembler, de réunir, de se
munir. — Anout, fans fait 'n bonne ramasse, aux caïets. —
Signifie aussi raclée, roulée : // ai voulu attaquer Ugeinne, mais
il ai reçu 'n sacrée ramasse.
Ramasseus, s., qui ramasse. — Via déjà les ramassel-s d' faî-
nes qui parlant au bos. — liamasseus de crottes^ ouvrier sans
savoir, impropre à tout travail, sauf à ramasser des crottes.
Ramassie(r), v.. ramasser, mettre en tas ; accumuler ; —
battre, culbuter, rouler.
Rambour, s. m., nom d'une pomme de grosse espèce, rouge
et jaune veinée de rouge. — Dans le vieux français, ce mot signi-
fiait exacteur, concussionnaire. 11 est resté nom propre. — Le
vieux verbe Ranibre^ raembre, d'où rambeor, signifiait racheter;
quant au nom de la pomme, il viendrait, suivant Littré, du village
de Rambure (Somme).
Or gardez mieux vos gélines
Que Rembourt ne fist son coq.
(Watriqucl)
Rameinner, ramon-ner, v., ramener.
Or nous dit qui nous le ramainne,
(Froissart)
Rameute voir, v., se souvenir, se rappeler. Ce mot, que nous
avons encore entendu, est aujourd'hui complètement perdu. Nos
voisins de la Thiérache s'en servent encore. 11 est fré(|uemmcnt
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 255
emplciyé dans les lettres de la princesse de Sedan, femme de
Henri de la Tour, à sa sœur la duchesse de la Trémouiile.
Jo leur ramcntoij le ji;u d'asne.
(Villon)
Ramie(r), s. m., ramée, las de bois formé de baliveaux
réceininent coupés par le boquillon et destinés à être façonnés en
fagots. — Pigeon ramie(u).
Les sujiplians ostans audit boys Lrouvèrent un rainijer à
faire fagots.
{Cil. de La Curne)
Ramignoter, v. , remettre en bons termes, raccommoder des
gens brouillés ou fâchés.
Ramô-iie(r), v., rassembler, mettre en mùie (tas), amonceler.
P. p., ramo-iie. — Est-ce qui/ toutes les gerbes sant uamù-iiks?
Ramolasse, s. f., radis (petit) blanc.
Ramoleus, s. m., rémouleur.
Jehan Karesme, esmoleur de coustiaus.
(Reg. S' Martin des champs, i:J37)
Ramon, s. m., balai. De ramus, rameau, branche.
Ilem le partage de Rethest : c'est assavoir de fissie-
les, Je ramons^ de boussiaux.
iCartul. de Relhel, 1322)
Que Griselidis lîst le ramon et balay en la main
comme la mendre de toutes les femmes.
{Parement des Dames]
Scoba, ramon.
{Gloss. Rom. lat. du XV' s.)
Bons remèdes y sera mis
On les chassera d'un ramor^.
(Eust. Deschamps)
Une chambrière qui se disoit Picarde (combien qu'elle fust
Normande) de laquelle il avoit pris un peu auparavant que
ramon estoit un balai et ramoner balier.
{Bon. Despériers)
Ramon-ner, v., ramener. Voy. ramein-ner.
Plusieurs ]iroies ont rainonnées
Et maint homme laissiet en lainge.
{Guerre de Metz)
Ramôre, v., émoudre. — Voy. Ramoure.
Ramôrie, s. f., émoudrerie. — Au \\g. racontars, hi.îtoires,
plaintes, ronchonnements.
2oG GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Ramouner, quelquel'ois ramoner, v., balayer avec le ramon.
— Aussi : culbuter, renverser : il ai binlôl iu fait c^'iiamouner ïn
homme (sou adversaire).
Il n'i a cliambrette ]ie(ite,
Qui ne soit si bien ramonée
Que jà jiouiire n'i ert trouvée.
(Ruteb., Voie de Paradis)
RaiXiounie(rj, ramouneus, ramouniat (gna), s., ramoneur.
Le premier désigne plus spécialement le fabricant de ramons, et
le dernier le ramoneur qui grimpe dans les cheminées. — Oh !
wailc don(c) Chose, il cal noir comme in ramouniat.
Ramounures, s. f., balayures, ordures.
A esté donné congié pour prendre les esmondices et
ramonnurfs estant en la ville de Corbic.
[Carlul. de Corbie, dans La Curne)
Ramoure, ramôre, v., émoudre. — J'ramous ou ramùs,
j'ramolans — J'ai ramolu — J'ramourai ou ramôrai — A ramo-
lant. — J'ai uamolu lous nos couliaus, la sarpe el l'fcndrci. —
Employé au figuré pour raconter, raisonner, ronchonner (à la façon
du ronron de la meule). — / bamout des histoires a n'a pus
fmi{r) ; il a'n ai pou(r) des heures. . . — Quil l'diab(le) tu ramous !
que bavard !
Rampe, s. t., clématite des haies, viorne. — C'est le bois de la
rampe que nos gamins fument en guise de cigare. — Son nom lui
vient de ce que cet arbrisseau grimpe ou rampe (en vieux fran-
çais) : € Les escheiles dressèrent aux murs et rampére?it contre-
mont sur les murs. » {Chron. de Saint-I)e7iis, dans Lacurne.)
Rampot, s. m., expression du jeu de billes, du jeu de quilles.
On a fait rampot quand on est parvenu à obtenir l'égalité de
points, ou bien quand on a mis toutes les billes dans la fosselte,
Ramse, s. f. Jeu de cartes. — Peut avoir été employé au lieu
de ramasse, car lorsqu'un joueur gagne et impose beaucoup d'ad-
versaires à Tamende (à la ramse)^ il dit qu' « il ai fait 'n bonne
UAMASSK. »
Ramser, v., prendre un joueur, lui imposer l'amende, au jeu
de '< ramse ».
Rancart, s, m., rebut. — Mell(r)e au nAsc\RT, mettre au rebut,
à l'écart.
Rancuneus, adj., rancunier, qui a de la rancune.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 257
Randounée, randonée, s. f., poursuite, chasse, voy. cam-
pousse. — Du vieux mot randon, impétuosité, couise rapide.
Si s'en ala di; randonée (au galop).
(Ph. Mouskos)
Ils lirochèrent lus destriers toute une randonnée.
{Gui de Nanleuil)
Rang, arang-, érang à cochons. — Tecl ou toit à porcs.
Rangeus, euse, adj. et s., qui range^ soigneux, ordonné. —
PouÇr) ça, Louise, c'est 'n bonne rangeuse.
Rangie, s. f., rangée,
Rangie(r), v., ranger. — P. p., ranrjie.
Vois souvent rengicr
Gens qui ne font rions fors mengier.
(Br. des royaux lignages)
Voit l'ost des crcstiens, qui bien estoit rengie.
(Bastars de Bail Ion)
(Lidus) Fait sa gent conréer, et si l'a bien rangie.
(Quatre fîb Aymon)
Cinq ou six fois en bataille rengie.
(Chron. de Chastellain)
Et voient nostre gent rengie et ordenée.
[Du Gutsclin)
Ra-oi. ra(vjoi(r). v., ravoir, réobtenir, ressaisir, recouvrer,
retirer, ressortir. — J'rai, j'ravans — j'ravos — j'ai riu — j'rarai.
— J'ai lé si siayrins qiijû rCsacos m'a raoi. — J'ai cru qu'jit
/i'RARos jamais les sous qu'jil li avos prêtés. — C'rCesl qu'au
d'boul d'ine heure quii j'ai nwm'siau qu'étal chu das l'puils. —
Remarquez la forme normale ra(ve)rai.
Les terres estoient si molles que ceval ne s'en pooient
ravoir.
(Froissa rt)
Il prent l'anel et l'en mercie
Et dist qu'encor r'ara s'amie.
[F loir e et Blanreflor)
Nous ne rarons jà mais greignor (plus grand seigneur).
(Watriquel)
Par pleurer ne le rarez point.
[Mir. N.-D., Eoesque. . .)
Jou les raverai quant je porrai.
{Chr. d'Ernoul)
17
2b8 OLOSSAIRB DU JMOUZONNAlS
Rapa-iie(r) pour rapaillie(r), v.. rempailler.
Rapairi(r), v., apaiser, reprendre haleine, cesser de haleter. —
Kclaircir, cesser d'être trouble. — fai couru, fsos tou{t)
èchou/Jlé : atlenids) in peu, qu'jù /«'rai-aiuîs! — Quand l'cafc
serai uapaîri, ju t'boirans.
El la roïnc se repasma,. . . et quant elle fu repairie, si disl :
(Ménestrel de Heinis)
Rapairi-iie(r), v., apparier, refaire la paire. — P. p., rapai-
ri-iie.
Rapaisie(r), rapaigie(r), quelquefois rapouaig'ie(r), v.,
apaiser, calmer. — A huit heures, il ai tout d'meinme comacic à
.î'rapaigie(r).
L'archevesque, pour les rapaisier, issi hors de son hostel.
IChron. de Jean le Fèvre)
Vostre fille et ses trois puceles
Qui bien sembloient rapaisies.
(Cléomadès)
Rapapi-iie(r), v., raccommoder, remettre d'accord des per-
sonnes brouillées ou fâchées. — Probablement de papyer, qui
voulait dire babiller, commencer à parler comme pour dire papa :
on fait en effet reprendre la conversation entre gens qui ne se
parlent plus. On dit aussi : Rapaupi-iie(r). Le p. p. est rapapi-
iie. — J'an{s) iu des mots à propos d'in enclos ; mais j'noiis ans
rapapi-iies dild'piiis.
Rapasser, v., repasser, passer de nouveau, passer en retour-
nant, c'est à-dire en sens inverse du premier passage. — Lpîton
n'ai mi co râpasse.
Il sera connu qu'il a la mer rapassée.
(Gilles de Chin)
Et fisent tant que ils repassèrent la rivière en grant
malaise.
(Froissart)
Je fusse passé, rapas)<é
Mal habillé ou bien vostu
Qu'on ne m'éust pas ilii, d'où viens-tu?
(Martial de Pans)
Rapiéceter, v., rapiécer, remettie des pièces, de petites piè-
cesj des piécettes. — J'ai 'n culotte qu'est rudement RAPiÉcEiiiE.
Rapîter, v., refaire un pied (à un bas ou une chaussette). —
On RAriiE in bas a tricotant in nouviau pie{d) après la jambe
d'in vins bas qu'on veuf garder^ pa(r)ce qu'elle est co bounc.
(tLOS^àIRS 2)U mouzonnaIs 2ë9
Raporte à, expr. adv. (rapport à), à cause de.. — C'est rapoute
A tes cancans qu'fai lu toutes ces histoires-là.
Rapougnie(r), v., rempoigner, ressaisir, rattraper. — l's'ant
uAFOLi.ME au moin.s quat(re) fois.
Raprenre, rappren(d)re, v., rapprendre, apprendre de nou-
veau. — Se conjugue sur appren(d)re et pren(d)re.
Raprochie(r), v.. rapprocher. — P. p., Raprochie.
Raprop(r)i-iie(r), v., faire, rendre propre, nettoyer, vêtir d1ia-
bits de dimanche ou de fête. — P. p., rapropi-iie.
Rapsaudis, s. m. pi., restes, guenilles, choses de peu de
valeur. — Oh ! on dit qui m'ai d'né trop bin iauques ; i lùn'ai
laissie qu'des rapsaudis.
Râqui-iiefr), v. Voy. rauqui-iie(r). v., cracher, cracholter,
etc.
Rasibus (au), expr. au ras, tout près. — On couperai les
branches ad rasibus doti mur. — On a ehaoté jadis, et on répète
aujourd'hui le refrain :
Lui coupa la crotte
Au rasibus du eu,
i^ur l'air du tra
Comme il passoit rabibus du chasleau.
(Cil. de Lacurne)
Domine crepuit! Il est rasibus de la relie.
(Friquassée crolestijUunnée)
Rassaner, v., rassembler. — Eh hin! c'est convenu^ on s'kas-
sANERAi chu{s) Hubert.
Rassas, s. m., ustensile de pêche, sorte de filet.
Les bourgeois d'Olixie ont leurs aisances en ladite rivière,
si come de razas, de verge, etc.
{Charte d'Olizijy 1284, copie)
Li borjois y ont et avcront lor pescheries a piet en mes
eaues de Rethest, si come de rassas, de iruel et de ligne à
verge.
(Charte de Hethcl, 1253)
Rassasî-iie(r), v., rassasier.
Il ne se puet rassasiicr
D'à li penser.
(Rciiart le nuucel)
26Ô GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Rassaveter, v., raccommoder grossièrement, malproprement.
Rassir, v., rasseoir. — Jù m'rassis, j'nousrassians — Jii mras
si-os — J'm'ai rassi — Jù m'rassîrai — A m'rassiant. — Elle s'ai
RAssiE. — Don pain rassi.
Rassorti(r), v., rassortir.
Rassoti(r), v., devenir sot, être rendu sot, stupide, sans esprit
ni volonté.
Dieus est tout rasotis
Qu'ensi avanche ung homme
[Hugues Capet)
Rastaurer, v. restaurer; — donner à manger. — Fig.^ mal
traiter quelqu'un en paroles.
Ratacheus, euse, s., qui rattache les fils dans le filage de la
laine au mélier mécanique.
Ratachie(r), v., rattacher. — P. p., ratachie.
Les blans haubers ont endosses
Et les cauces de fer lachies
Et les enarmes ratachies.
(Perceval le Galois)
Ratai, s. m., râteau, ratel (à la frontière).
Ratassie(r), v., rentasser, déprimer. — P. p., ratassie, ren-
iasse, ramassé ou appuie sur lui-même, le cou dans les épaules.
— Le counois-tu ? c'est in gros ratassie.
Ratiboiser, v., prendre^ enlever, dépouiller, ruiner. — J ans
joué au pandowe, fii ai bintôl iu ratiboisé ses quaCsous.
Rât'lie(r), s. m., râtelier.
Rat'ni(r), v., retenir. — 0ns ai fait des écluses pou(r) rat'ni(r)
IHaiie.
Ratenri(r), v., ratlendrir, attendrir, devenir tendre. — Quand
c pomme là serai in peu ratenrik, elle serai bonne.
Raterzéler, (pron. teur, bref); v., raniasser les gerbes éparpil-
lées sur un champ et en faire des tas, des lerziaus, des groupes
de treize.
Ratorti-iie(r), pour Ratortillie(r)j v.^ envelopper, entourer
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 2G1
(l'un linge enroulé sur lui-nitMiie. — L'pauo' agneau! il avol iiioiit
frad! j lai ratortiiie das ma bannette.
Ratouchie(r), v., retoucher, toucher de nouveau, loucher. —
On n'y ai pu ratouchie diid'pnis lundi.
Ratours, s. m. pi. Détours, ruses, malices. ~ / connaît tous
tes TOURS et les ratours.
Ratournée, s. f. , volée de coups, roulée, raclée. — Il ai reçu
'n RATOUBNÉK dc coujis de haulons qu'i s'a souvini^ai. — Signifie
aussi répartie, riposte ; malice, ratours. — // ai toutes les ratour-
NÉES, il ne demeure jamais à quia.
Ratourner, v., revenir sur ses pas. — J'avo(s) oubli-iie 'n pièce,
il ai fallu quii /'ratourne. — quelquefois aussi, retourner : j'm'ai
RATOURNÉ.
Cil des nés le roi se ratournent.
{Branche des royaux lignages)
Si s'en ratournent devers les prés ou Galehans avoit dit.
{Lancelol)
Qu'il me doune sam et haytiez ratourner entre vous.
(Voyaiye d' Oultremer enJhérusalem)
Il m'ont le droit chemin montré
Dont sont arrière ratorné.
( Voie de Paradis)
Ratouser, v., renipper, rhabiller, donner des vêtements à un
guenilleux. — L'adj. Ratousé s'emploie aussi avec la signification
de dépouillé, dévalisé, démuni, i« ratiboisé ».
Ratrain-uer, v., ramener en traînant ; ramener (avec nuance
de mépris) : — Tous les dimanches i ratrai.v-.ne à la maison des
godailleus comme loue.
Qui dont voist les mors ratrainer et rassembler.
(Froissart, Lac)
Ratrer, v., rentrer. — Se conjugue sur atrer, entrer.
% Jamais ne renterrai el pas
Devant que je l'aurai véu.
(Gauijain)
Et je croi bien que tant feront
Por les frères, qu'il renterront
En leur saisine primeraine.
(Requeste des frères mineurs, 1318)
Ratroupeler, v., remettre en troupe, refaire une troupe, un
troupeau. — Faurai qu'on ratroupele les berbis devant quïi
('soleil nii se couche.
1Ù2 OLOSSAIRB DU MOUZONNAIS
F"n aucuns liens se ratropelent.
(Br. des roy. lignages)
Ratteude, s. f., attente. — JN'est guère ennployé que dans des
expressions telles que : atlei' à la rattbndk, êt(rje à la battendk,
pour dire qu'on ira guetter, qu'on guette, qu'on attend le passage
on l'arrivée de quelqu'un, d'un gibier, etc.
, Rattend(r)e, v., attendre, guetter, surveiller le passage.
Chi me r'atendés, Maroto,
Chi venr.ii parler à vous,
(Jeu de Robin et Mnrion)
Raube, s. f., robe.
La mort Anselet le tailleur de raubes.
[Arch. Adm. de Reims, 1303)
You daray a ma Catarine
Une raube de boulengine.
[De Seigne Peyre et Seignc Jean)
Raubotte, s. f., voyez râbotle.
Rauchi-iiô(rj, rauci-iie(r), v., ronger, mordre, mâcher,
comme en arrachant peu à peu. — On rauchie in' os ou bin in
torcion.d'poinme.
Rauge, s. m., blutoir. — Voy. Rage et Râgie(r).
Raugmenter, v., augmenter. — Les canadas ant bin racg-
MENTÉ dûd'pnis in mois.
RauUer, v., rouler, chercher, fureter. — J'atends Edouard
qui RAULLE par là, à la chamb{r)e.
Qui lors veist haubers rauller glaives enferrer
[Ménestrel de Reims)
Rauqui-iie(r), râqui-iie(r), v. (ch r= k = qu) ; s'apprêter à
cracher comme un fumeur (allemand, rauch), en jetant un son
rauque (raucus). Lacurne et Roquefort donnent racler elrachicr,
pour cracher avec elfort. En vieux français, Rouchier, roukicr
signifie ronfler ; il s'agit bien du m^me genre de bruit que fait le
rauqvi-eus.
Toute jour ronAe con •!• pors.
{Fabliau de la Veuve)
Emmi le vis li uni escopi et rachié (craché).
(Thomas le martyr)
Rauqui-ieus, s., celui qui rauquie.
Rauqui-ion. s., crachat. — Rruit produit par l'individu qui
fiLOSSATRE DU MOOiJONNAIS 263
rauqui-iie. — On emploie aussi rauqui-ion df pomme, au lieu de
torcion, résidu de la pomme qu'on a ranci- lie, et qui devrait èlre
un roci-ion.
Rauqui-iouuer, v., faire des rauqui-ions ; fréquentatif de rau-
qui-iie(r).
Ravagiefr), v. , ravager.
Ravauder, v., chercher, fouiller, presque comme renauchic{r).
— Aussi ; racommoder (de vieux habits).
Rave, s. f., le petit radis, rose ou blanc (raphanus sativus).
Raveind(r)e, v., retirer, ressaisir, rattraper un objet placé
haut ou trop profondément. -- P. p., raveindu. — Cest aveu(c)
l'crawic quûj'ukXEisDxys les siaus qu'ant chu das fpuils.
Raverdi(r), v. , redevenir vert. — V'Là les Ireff'es gt« raverdis-
SANT. — Se dit aussi d'une personne malade qui reprend santé et
force. — Servals ai tant souffert d'aoi lé pris comme otage à la
guerre! I n'ai jamais raverdi. — l'niai planté là pou{r) raver-
di(r), prov. Il ma abandonné.
Celé herbe et celé fueille qui muert et raverdist.
{Chautepleure)
Quant voi le félon tens fine
Qu'entré sonmes el mois de mai
Que raverdissent bois et pré,
(Perrin d'Angecouri)
Raverse, s. f., averse. — // ai chu 'n bonne raverse, hier à
cinq heures au soir. — / plu-ie à raverse, il pleut à verse, très
fort.
Ravigoter, v., reprendre vigueur, vie, ressusciter. Le vieux
français disait resvigorer, ravlgorer, dans le premier sens.
Ravi(r), v., ravir; prendre, enlever.
Ly murdres, ly larrecins, li choses ravi/es en la main
le seigneur.
(Charte de Mouzon, 1220)
RavO'iie(r), v., renvoyer, chasser. — Remettre dans la voie
(vû-ie).
Phelipes,. . . vers France ses oz (son armée) ravoia.
(Branches des roy. lignages)
Nous escrirons
Un escrit que renvoicrons
A vo signer de part nous trois.
(Renart le Nouvel)
264 GLOSSAIRE DT' MOUZONNATS
Ravoler, v., envoler, repartir. — Mes pigeons saut havolks
don côté d'Douzy.
Rawarder, v., regarder (à la frontière).
Raze, adj., ras, tondu, sans barbe. — C'iindividu là est tout
RAZE, i n'ai pont de barbe don tout.
Re, particule prépositive qui s'ajoute à certains mots pour
exprimer la réduplication : rinviter.^ rinstaller, raller —
Parfois son adjonction ne modifie aucunement la signilicalion du
mot : raugmenter = augmenter; rallende = attente, etc.
Reba-iie(r), pour rebaillie(r), v., redonner, vendre. — Voy.
Rebau-iie(r).
Et pour liant le te rebail.
(J. Bodel, Jus. S. Nicholai)
Rebat, s. m.^. reconnaissance, action de constater. — Faire le
hkbat, aller sur les lieux pour faire un constat.
Rebatt(r)e un outil, lui faire une opération qui le rende comme
neuf, raviver l'acier.
Rébecca, s. f. , bavarde, répliqueuse, qui n'écoule pas les
remontrances sans répondre.
Rebéquer (se), v., se défendre (du bec^, répliquer, répondre
prestement, se révolter en paroles ; d'où la Hcbecca. — Employé
par Villon.
Au grant jugement
Tu rendras compte et reliqua :
Il faut garder le rebcca.
{Songe doré de la Pucelle)
Rebau-iie(r), v., rendre, rebailler. — .\ la quête que fait le
marguillier à l'église, il répond parfois à celui qui dépose son
obole dans la bourse : Diu ^j'/'eurbau-iie ! Dieu vous le rende !
Rébouchie(r), v., boucher, remplir un trou, combler une
lacune. — Ai-Von rkbouchie l'trou qu'élût das la hati-ie?
ReboufFer, v., répondre mal ; repousser, rebulfer. — Opposé
à Bouf]'er.
Rebouler, v., repousser, replier le bout ; retourner, rabattre.
— iV'i ai des clans qui passant das m''solei{r).,fvas les reboulku.
— Les dents d.ma fourchette sant tout reboulks.
GLOSSAIRE DU MOU/.ONNAIS 21'»^
Si laidement li' rebouloit
El patoïoit a lui ses pâtes
Qu'avoit plus noires que çavates.
(Gautier rie Coincy)
Et Jehan qui tint la marue
Feionessement le rebole.
(Fabliau d'Estormi)
Peuvent et doivent tous sujets l'abandonner, et rebouler
la sujétion d'un tel homme.
{Duclos, cil. par Lacurné)
Reboulette (à la), expr. adv., au rebours, à l'envers. — Waite
in feu à li, tu fais tout ça à la reboulette.
Rebouli(r), v., rebouillir, bouillir de nouveau. — Se conjugue
comme Bouli(r). — Lii lait al-t-flé r'BouLO?
Rebours (à la), au rebours.
Rebouteuir), s. m., empirique qui remet (boule, en vieux
français) les membres démis ou cassés. I.e vieux verbe bouter est
resté dans les compo<^és, boute-eii-lrain, boute-sel'e.
Rebuquer, rebuter, v., repousser, renvoyer par élasticité. —
rai infusi{l) qui n'BunrE fort.
Recachie(r), v., cacher, recouvrir. — Le chat est prop(r)e : i
RECACHE ses ordures. — P. p., Recachie.
Recaler, v., répondre sèchement en mettant l'adversaire en
place (comme avec une cale ?). — Se dit aussi pour battre, vain-
cre au jeu. — / s'ai fait heckleb. au billard.
Recauser, v., reparler, s'entretenir. — C'est 'n grosse affaire,
fa r'c.auserans.
Rechampi(r), v., regarnir de mortier ou de plâtre des murs
dégradés, redonner un champ plus lisse, rajointoyer.
Rechange (à), à rechanger, en grande quantité.
Rechangie(r), v., changer, échanger, rechanger. — Se
r'changie{r), mettre d'autres vêtements, s'habiller d'objets pro-
pres : Au village on n'sû r'change guère quiï C dimanche.
Rechargie^r), v. recharger, remettre la charge ou une plus
forte charo^e.
2G('i nr.ossAiRK du mouzonnais
Rechaussie(r), v.^ rechausser, refaire une pièce ; refaire sur-
tout des parties qui demandent à être soudées.
Avoir reliait ni rechaussie le fer du grant moulin.
{Compte de Mouzon, 1515)
Réche, adj., rude au toucher, âpre au goût, — La langue don
chat est rkchk, — Les coings, c'est des espèces dit poires rîx.hes.
Rechécie^r), v.^ rechasser, renvoyer. — P. p., rechécie, —
Rachécier ajoute à l'idée précédente celle de ramener. — J'ai
RECHÉCIE vos berbis, je les ai poussées vers votre étable, hors de
chez nous. — J'ai raciiécie iios berbis^ je les ai poussées vers
notre étable, chez nous.
R*chignie(r), v., rechigner, reculer, repousser. — C'n'est
qu'in paresseux, qui r"chig.\e à Vouvrage. — Aussi, grincer les
dents.
Le ouvert renart qui tant set de bole (pusps)
Les euz dût et les denz rechine.
[Bestiaire divin)
Renart qui tôt le monde engigne
Les euls clôt et les denz rechigne.
(Rom. de Heimrt)
Rechiner, v., rechigner, refuser, reculer, être dégoûté.
Il vous convient, n'en rechinez
Qu'aujourd'uy tout un vous baguiez,
{Miracle F. d'un roy)
Rechoir, v., retomber. — H ai co r'chu 'n fois das ses noires
idées.
Mais toutes voies me gart de y recheoir.
{Troiluf)
Reciuer, v., remanger, rediner, (re, cœnare) ; prendre une
collation, un petit repas entre les repas. — J'ai toujou(r)s faim
à dix heures ; i faut qu'jil r'cine.
A ma belle salade d'esté
Je ne la veus qu'après disner
Pour queicun qui veut ressincr
Cela le faict mettre en gayeté.
(Cris de Paris)
iceulx. voisins se mirent ensemble pour aller reciner.
(Cit. de Lacurne)
Vous dictes qu'il n'est déjeuner que de escholiers, dipner
que d'advocatz, resainer que de vignerons, soupper que de
raarchans,
(Rabelais, Pantag.)
nr.oPSATRF, nu mouzonnats 'HM
Récipel, s., érysipèie. Transformation qui n'est pas plus à
mépriser que celle d'apoplexie en popclesie, que s'est permise
Froissart. Au surplus, ou sait que peu de mots scienlifiques échap-
pent à Jeur sort, qui est d'être défigurés et simplifiés.
Recœud(r)e, v., recoudre. — Voy. ('œûd(r)r.
Recœurre, rescœurre, rescourre, le chanvre, v. Teiller,
ne laisser que la fibie, par conséquent tirer le ccrur. L'instrument
employé est la rrcousselte. — P. p., Rescœu : J'ans itEsca.c
t'rpsie du la chanv{re) hier,
Reçoir, reçoi(v)re, v., recevoir; vieux français, reçoivre. —
Je reçois, je recevans — je reçevos — j'ai reçu — Je r'çoirai — Je
r'çoiros — A recevant. — Genin, dans ses Variations du lanrjagr
français, dit que lorsqu'on ti'ouvait écrit rcccoir,, on ne manquait
pas de lire receVoir. Notre prononciation patoise ne vient-elle
pas infirmer son système ?
Les palis marchissans les doiient deffendre et resçoire si
com leurs anemis.
(Jean de Stavolol)
Belléem est sans faille et digne de rezoyvre nostre signor.
(Serin, de S. Bernard)
Tant ferai que il sera cerz
De m'amor, se reçoiore l'ose.
(C liges)
Envoie ciii tu vins por reçoivre colée.
(lîom. d'Alixandre}
Quant ceste honor reçoivre ne volez.
{Charroi de Nimes)
Recommandise, s. f. Rappel que le prêtre fait au prône de la
messe paroissiale, du nom de personnes défuntes en recomman-
dant leurs âmes à Dieu. — Le mot est au Coutumier général, et le
terme commandisc se rencontre souvent pour commandement et
recommandation, ou chose recommandée (dépôt).
Cis orés la raison de l'oste a qui l'on demande la recou-
mandise que hom li douna.
{Assises de Jérusalem)
Sire, vo commandise est faite.
(J. Bodel, S. Nicholas)
Sa coinandiye (dépi'it, trésor) demande a celui qui il le
liailla.
{Castoiement)
Reconnoit(rie, recounoit(r)e. — V., reconnaître. A lafron-
2G8 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
lière on conjugue : Jû reoou niche, jii recounichos, j'ai recounii-
cfii, A recounichant. — Voyez Connaître.
Et tu ne me recounissoies ?
{Jeu de Robin et Marion)
Nel recounissent usque il s'en sait alet.
{Vie de St Alexis)
Si la mult bien recouneu.
{Amadas et Ydoine)
Et se il ne recounoist rien entre l'an et jour, ci rloit estre
mis de la prison hors.
(/Issises de Jêrus.)
Et si or si très noble fin
En reconissant de cœur fyn
Son Dieu et son vrai Créateur.
(Prince noir)
Cil est de la cité m' amie,
Mais il ne me reconnoist mie.
(Blancandin)
Recorder, v., enseigner, rappeler, apprendre (par cœur, cor-
dem). — Remeltre d'accord ; un record, dans l'ancienne jurispru-
dence, désignait un acte qui consistait à unifier des chartes, des
lois, des arrêts, à les comparer et les mettre d'accord. — A l'icole,
c'est mi qui becordos tes gamins aux tableaux (je leur apprenais
leur? lettres, ou à lire sur les tableaux de lecture).
Maintenant te vueil recorder,
A mes ditz te dois accorder.
(Rom. Rose)
Se d'eus sai aucun bien, je le recorderai.
(Froissarl)
Recouchie(rj, v., recoucher, se recoucher. — P. p., reconchie.
— A min-nuil, fm'ai levé; j'ai lé (v)oir à rècurie, pis fm'ai
RECOUCHIE.
La dame le fisl recoucier.
(Jean de Condé)
Recoumacie(r), racoumacie(r), v., recommencer. — P. p.,
rtcoiimacie.
Or est tout au recoumancier.
(Rutebeuf)
Et l'afaire ont recommencie
Ainz qu'il eussent partancie.
[Rom. Renart)
Recoumandation, recoumandise, s. f., recomniandalion.
— N'iu vante loujou{r)s mi d'ça, pa(7-)c'quu c n'est mi 'n bonne
RECOMMANDISE.
Recoumander, v., recommander.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 269
Reniles moi les XXV besans que je vous bailla eL recou-
manda (déposai) quanl je alais eu Jérusalem.
(Assises de Jerus.)
Recounoiti^rje. - Voy. llecoiinoiUr)r.
Recounoissance, recounichance, s. f , reconnaissance.
Et alanl en doit estre quite, ce plus n'i a de recounoissance.
{Assises de Jérus.)
Mais pour doner en remembrance
De son fait et reconissance.
(Blancandin)
Récoussette;, s. f., instrument pour rc'cœurre.
Kecouverre, v., recouvrir. — N'oublie:i nù dû uecouverre lu,
pot. — Vous REGouvERDREz Us poukls à cùiq heures. — Signifie
rarement recouvrer., qui est à peine connu.
Diex ! je ne dis hui mes eures ! ^
Comment recouverrai-']e mes ?
(? )
Recréter, regréter (se), v.^ se rebilfer, redresser la crèle,
répondre vivement (à des reproches).
Damoisiaus estrais de bon estre
Ne se doit en orgueil crestcr
Ne en vilanie arrester.
(Watriquet, DU de la nois)
Recru, adj., harassé, fatigué, rendu.
Ce poise moi que l'uns n'est recréas.
{Raoul de Cambrai)
Recueud(r)e (eu bref), v. Recueillir, récoller ; vov. cucudre.
— J'ans REcuEUDu douze ues anoul.
En ses eles requeul le vent.
(Bestiaire divin)
Les biens rcqueuU autompne.
(Eusl. Deschamps)
Recugnie(r), v., repousser, refouler, rabattre, renfoncer (dans
le coin), — Voy. cugnie(r). — On recug.ne tu clau. — J'iai recu-
GNiE jusqu'au debout don collidor.
Je ne bougeay de mon quignel (petit coin) toujours.
(Messaigier d'amours)
Récurer, v., nettoyer, faire briller (les ustensiles en métal).
Récuru, s , écureuil.
270 GLOSSAlKB DL MOUZONNAIS
Redégau-iie(r), et souvent dégau-iie(r), v. , rendre, rejeter,
recracher un aliment ou un objet introduit dans la bouche (et la
gave ou gavi-ion, gorge), que l'on trouve mauvais ou répugnant
au goût. — J'cHlrapc des grains d'brausier cro-iant iju'c'éloL des
aigrelles ; j'ics avalc^ mais fies ai ntGAC-iiEs lout d'suitc.
Réaimer, v., racheter, compenjcr. — Eh bin '. ai n'i ai d'puc
d'in coté, /RKDlMERANi;.
Réditaire, réditairemat, adv., toujours, habituellement, sans
cesser. — H est levé réditairemat à quatre heures.
Rédiver, v., répliquer, répondre pour se défendre ou s'expli-
quer, étant de mauvaise humeur. — A^'rédive pas! j'iû f'ou(s)
n'gifj'c.
Redoir, v , redevuir. — Se conjugue sur doir.
Redrécie(r), v., redresser. — I'. p., redrécie.
Or mettra sa main à l'oreille
Pour ses tresses haut redrecier.
[Fabliau du XlV^ s.)
Les sorz fera oir, et les torz redrecier.
(Thibaut Je Marly)
En faisant refaire l'huys
El redrecier le pignon.
(Villon, G. Test.)
Refairie {des garçons), s. t., réunion où l'on nomme les maî-
t(res) garçons, chefs de la jeunesse d'une localité, et qui s'occu-
pent de l'organisation et des dépenses des divertissements, bals,
etc., donnés à la fête (feria ?) patronale.
Refait, s. m., réparation, redressement. — Ce mot, autrefois
terme de droit, n'est plus guère usité qu'au jeu de caries : Si les
deux berlans adcerscs anl l'mcin-mc nomb(rc) dû points, on
recoumace la partie : c'est in rf.iait. — Le verbe refaire veut
dire alors battre à nouveau les caries pour recommencer la même
partie avec les mêmes positions qu'à la précédente.
Réfradi(r), v., refroidir. Ue re-lVeider, frigidarc. — J'in'al
RÉFRADi, a sortant hier au soir.
. . . Ung an, deux ans, iij ans ou plus, tant qu'ilz refrc-
dissent leur jeunesse.
(A V joyes de manaige)
Refroumer, refrumer, refremer^. v., refermer. — Ancien"
ncnieul, par exleiioion, forlilier.
(jLossaiee du mouzon:4A1S 271
Li rois Phelippes fisl refreiner ses castiaus et ses marces.
(Chron. de Rains)
Et vinrent acourant à la porte pour le refremer.
(Froissart)
Regairder, v., regarder (sur la Cbiefa).
I)eus ! (jui porroit à loisir
Rcgairder sa faice tendre
Mais ne li poroit venir.
(Perrin d'Angecourt)
Regaii-gnie(r), v,, regagner, rattraper, rejoindre. — Poiifr
aller à An(iecon{r)l, i faut regang.\ie(u) l'chemin de R'milly. —
C'est tovjou(r$) ça dû u'gangme sus m'mauuais marchie !
Regiber, v., regimber, refuser. — Se détendre comme un res-
sort, une perche ployée. — Envoyer des coups de. pattes.
Et li foula on si sa vendenge, qu'il n'ot pouoir ne talant
de regibeir.
(Ménestrel de Reims)
Dessouz le chevalier a si fort regibé
Que li chevaliers est à la terre versez.
(Chron. du Gnesclin)
Quant il sentent les cos, se vont si regibant
Que cil qui sont derière s'en fuient par devant.
(God. de Bouillon)
r.ui je pore bien asener
N'aura talent de regiber.
(Rom. de Renart)
Contre son vueil, serviteur ne regibbe.
(Lé g. Pierre Faifeu)
Regigler, v., regiber, se détendre comme un arc. — Voy.
gigler.
Regiglette, argiglette, s. f., petit appareil pour lancer des
projectiles, formé d'une tige tlexible sur laquelle on pose la balle
à envoyer. — Sorte de piège à oiseaux.
Quand reginglcUes et réseaux
Attraperont petits oiseaux.
(La Fontaine)
Regréter (se), recréter (se), v., se rebiffer, se révolter, faire
face sur le pied de défense. — J'caressos L'chat sus l'dos ; pis tout
d'in coup, i s'ai regbiîté. — Voy. Recréter.
Regrignie(r), v., rabrouer, mal répondre à ijuelqu'un j -^
irronder.
212 GLOSSAlRP; DU MOUZONNAIS
Viz gens de cour, que vous dirai-ju t
Qui s'aloienL fort regrignant.
(Eust. Deschamps)
Regrougnie(rj, v., relouruer, renverser, déplacer. — P. p.,
regrougtiic. — J'm'ai flEcnouGME l' pouce. — S'emploie quelque-
fois pour : reprendre quehju'un, le disputer ; mais on dirait plutôt
reyroucie{r).
El se il se courouce
Et sa famé regrouce.
(Estillemenl au vilain)
Reguignier, arguignier, v., regarder de façon instante, el
parfois menaçante.
R'hachie(r), v. (l'Ii violemment aspirée), retirer, ressaisir, rat-
traper.
C'est le vieux Resaquer,
Qui l'y boula? un vieux cheval
Qui le resacqua? une brebis.
{Friquassée crotestyllonnée)
Reingne, s. m. Chose qui se répand, maladie qui atteint tout
le monde, endémie. — Les canadas sanl gâtés parloiil; c'est
comme in reingne, c't année-ci.
Reingnie(r), v., régner.
Sire, pour Dieu ! il doit régnier après vous.
(Ménestrel de Reims)
Quand il aura trenle anz, lors prenra à reignier.
(Thibaul de Marly)
Rein-ne, s. f., reine. — Dormez vile, ma belle rein-ne !
Rein-ne glaude, s. f., reine-claude, sorte de prune.
Reins, s. f. pluriel, le dos, les lombes, dans le voisinage des
reins. — J'ai nioul niau les reins I j'ai un fort lombago, une
sorte de rhumatisme dans la région dorso-lombaire.
Rejaler, v., regeler,
Relaissie(r), v., laisser, quitter, abandonner.
Je suis tenus après a faire relaissier ces lors dou seigneur
de Halan aus bourgois de celle ville.
(Car lui de Relhel, 1249)
Relauchie(r), v.; relâcher, relaxer. — L'berr/iefr! n'ai mi co
r'lauchie, neum ? — Rin là non ! i n'est qu trois heures el i
n'sarol lauchie(r) devant cinq.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 273
Cist r'ont en lor rais atachies
Dont jamais n'ierent relâchies.
(/to;;i. de la Rose)
Il leur offry à rclaschier leur trou iiribut) pour dix ans.
(Guillebert de Metz)
Relaver, v., laver (spécialement la vaisselle). S'emploie abso-
lument : Je vans coumacieir) à u'laver.
Relavette, s. f., lavette; chiffon, torchon avec lequel on lave.
on relave ^la vaisselle). — On applique ce nom à une langue trop
bien pendue.
Relavures, s. i". pi., eaux qui proviennent du lavage de la
vaisselle, et consommées par les cochons.
Ils ont patiemment enduré des injures plus que des iruyes
ne boyroient de lacailles.
(Rabelais)
Relichieir), v., lécher, relécher. — Fam. s'embrasser souvent.
Quelquefois^ 5e relichie[r) signifie se pourlécher, se réjouir^, être
en joie, en liesse (vieux.^eece, lœtitia).
Quant sa granl biauté rcmir
Tout mi fet rcslecier.
(Perrin d'Angocourt)
Toujors se doit fins cuers releechirr.
(Chans. du XI II" s.)
ReliDcie(r), v., rincer. — A nous denx j'ar ans biniôi riELi.Nciii
in mille du boiilei-ics. — Relincie(r) la lissive^ c'est passer les
linges à l'eau claire pour le nettoyage tinal. — Signifie également
mouiller; êt(r)e relincie, être mouillé par la pluie. Le vieux mol
Relin désignait bien une pluie fine.
Chi près jusqu'à une ruée
Ai espiet une buée
Que j'aiderai à rechinchier.
(J. Bodel, Jus. S. Nicholai)
Pour ce qu'il faisoit grand Rclin, les terres estoient si mol-
les que cevul ne s'en povoient ravoir.
(Froissari)
Relinçure, s. f. , rinçure ; eaux qui ont servi à rincer; restes
dans le fond des vases où Ton a bu. — Par e-xlension, liqueur for-
tement arrosée d'eau : / n'sent vin, l'café^ ce n'est quii d'ia rklin-
ÇURE.
Reliques, s. f. pi., employé avec la signiticalion de choses
18
2T4 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
secrètes, qu'on doit cacher; sert aussi à exprimer le relus, à écar-
ter l'indiscrélion. — Quoi 'c quù t'porles là ? — Ali ça, mon dus,
c'est des iiELiQLEs. — Est-ce quû t'iifa donrai, dis ? — Ak bin oui,
des RELIQUES !
Le Mary. — Il luy en laut pour son souj)er.
Le CciiÉ. — Il en aura.
GriLLEHME. — Ouy ÛGS reliques.
(Farce de Guiilerme
Reliter, v., remettre de la litière, Je la paille aux bestiaux. —
Ai-t'on r'lité les berbis?
Relo-iie{r), v., relier, rattacher. — P. p., rclo-iie. — N'ou-
bliez mi dit r'lo-iier les bêles aussitôt qu'elles ra leurrant ! de
rattacher à leurs anneaux...
El lor seles erent brisies
En plus de cent lieus reloiies.
(Lai du Trot'
Relo-ïure, s. f. , reliure, nouvelle liure ou lo-ïurc.
Remaitrise, s. f., assemblée où on nomme les maîtres gar-
çons, organisateurs des fêtes et danses* du village. Dit aussi
liefairie.
Remein-ner, remon-ner, v., reconduire.
El disl H maire : Rcmone le a Chiney tantosl.
(Jean d'Outremeuse")
Reinett(r)e quéqu'un, v., le reconnaître : Ah ! c'est vous qu'est
Guillet ! Bin, jii n'iious reuettos mi. — Rentrer, s'approvision-
ner : Ju r'mettraxs not'blé demain au matin. — / sant riches I i
REMETTANT doii vin. — F/fl don biau temps poit(r) remett(r)e,
pour rentrer les produits des champs, les moissons, les foins.
Remettu, p. p., remis (à la front.).
Remins, inse, adj., remis, remise. — Reconnu. — Cornât 'c
qu'on li ai remins s'bras, donc ? i usait s'a servi{r). — N'i ai
moût longlas qiCjû n't'ai ru. jii n't'ai mi remins d'au premier
coup, là !
Remontrer, remouirer, v., remontrer; faire des remon-
trances ; enseigner. — Se conjugue sur montrer. — Remouteurre
mii ça co 'n fois I — / n'ai pu méiieir) d'aUé{r) à l'icole, c't
afant là : il a remouteurre à s'maH{r)e.
Remors, s. m., arrière-goiit, souvenir d'une chose mangée ou
j,ue. — Cute poire là laisse in drôle du remors. — Peut-t'-tre de
remémorer?
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 275
Rempou iie(r), Reiapouillie(r), v., mettre de nouvelles
empouilles. — Fig. se rempou- iie{r) signifie aussi se remplumer,
se refaire une bonne tenue, une fortune : contraire de dppoii-
ne(r).
Reinucie(r), v.^ se cacher, se refourrer, se mncie(r) de nou-
veau. — Va Va le uemucie(r) vile das CliL m'n afant, il [ail frad.
Pour ce se scel tost rcmucier
Un grant cerf, vie!, malicieux.
(Lacurne)
Remu-iie(r)^ v., remuer, déplacer, secouer, émouvoir. —
P. p., remii-iie. — J'sos si hodé qu'jil 7i'sais pus me rejiu-iie(r).
Je ne dis mie qu'il i fuissent se par remuier non.
(Chron. d'Ernoul)
Bon vin à. remuier.
(Motet anonijmej
Renaquer, v., vomir; — êlre dégoûté, renâcler. — En vieux
français il avait ce dernier sens.
Renard (piquer in), v., vomir.
Renarder, Renauder, v., piquer un renard, vomir, rendre
nourriture ou boisson prise en excès.
Renardiaus, renardai, s. m., petit renard. — A Douzy, il
existe le lieudit le Renardai.
Se deux filz ot bien assenez
Renars, qu'il les ot ordenez
Renardiaus jacobins estoit
Li ainsnez et noirs draps vestoii.
(Jean de Condé)
Renauchie(rj, v., chercher, fureter, fourrager dans les meu-
bles et ailleurs, pour y trouver surtout à manger. — De Rcnaudy
renard, rusé, malin, fureteur.
Renaud, s. m., souvent pour Kenaid ; uom propre attribue au
goupil dans les anciens romans.
Renauder, v., s'emploie souvent avec le sens de vomir, et
quelquefois avec celui de rcnauchieir).
Rencougniei.r), v., rencogner, mettre, pousser dans le coin.
Rendition, s. f., reddition, action de rendre. — / [aurai bin
quijj i'soyans n la renditio.n des comples.
276 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
La rendition de la cité du Caire.
{Hist. d'Alexandre, Lacurne)
Rend(r)e, v., rendre. — Je rends, jrendans — j'rendos, j"ren-
dains, etc. . .
S'il avenoit jou et li mions el mi hoir lor renderiens
onlirement tous lis cous et damaiges que
(Cartul. de Flines, année 1245)
Renfiler son nœud, v., partir, se sauver, s'échapper.
Renforci(r), v., redevenir fort.
Rengain-ne, s. 1'., mensonge, tricherie^. Uornperie, feinlise —
mauvaise raison. — Allons 1 tout ça c'est de la rengainne, lu
n'mïi ferais 7 in accrairc. — Le vieux mol était probablement
enfjaine, enging. d'où était issu le verbe engigner, cngcigner
(La Fontaine), enguainer.
Rengorgie(r), v,, rengorger.
Reni-iie(r), reno-iie(r), v , renier. — P. [>., roù-iie, reno-
ue, — ,T[à RENO-ïE pou{r) ma fille.
Puisque chascuns de vous a se loy reno-ïe.
{Bastars de Bâillon)
En Flandres s'en ala partout
Mais il l'ont par tout renoiie.
(Phil, Mûuskos)
En deus anz et demi cuide tant esploitier
Que tôt li plus del siècle fera Deu renoier.
(Thibaud de Marly)
Renoncie(r)^. v., renoncer. — P. p., renoncie.
Et ont renonchie li devant di oir.
{Cartul. d'Orval, 12yi)
Renou, renon, v., octave de la fête paroissiale, où l'on renou-
velle la fête. — En Normandie, on dit le rebond. Dans Renou, il
faut peut-être voir renouveau, reneuf, renoef.
RenseigDie(r), v., renseigner. — P. p.. reuseignie.
Rentraise, s. f., rentrayure, raccommodage — Hentrailure (au
dictionnaire).
Renvers (au) el Renverse (à la). — Exp. adv., sur le dos.
— Il ai chu A LA RENVERSE OU AU RENVERS. — J'iul nllrupé AU REN-
VERS, par derrière.
GLOSSAIRE dt; mouzonnais 277
Je cuide bien qu'il soit vray de la grandeur des dites IX
maladies, mais non pas de celles dont on chiet à la renucrse.
{Evangile des Quenouilles)
Repairer, v., se retirer en un repaire, habiter, demeurer. —
Peu usité. — Lu renard est repairk là.
Et en autres manières et voies licites y (à Mouzon) repairier.
[Règlement de la voirie à Mouzon, 1372)
Répard(r)e, v., répandre, rendre épars. — J'ans co cinqiie
rliérérs d'femic(r) à nKPARD(R)E anout.
Reparti(r), v., partir de nouveau, s'en retourner.
Repas d'chevau, de berbis, s. m. Repas où l'on mange sans
boire.
Manger sans beivre est à berbis.
(Prov. LincyJ
Repêchie(r), v., repêcher, rattraper, ressaisir, sauver.
Repeindu, p, p., repeint, peint.
Repeinturer, v., repeindre.
On voit le pré de fleurs repeinturé.
(Perceforest)
Repenser (se), v., se consulter, s'aviser, repasser dans sa
mémoire, repenser en soi. — Durant, la nuit, /'mïi repensos
conina tout seus, qu'à j'ftros bin du
Et la dame se repanssa
Qu'ele avoit si grant tort eu.
(Chrestien de Troyes)
Repenti(r) (se), v., n'existe pas. On dit n{v]oi{r) don regret.
Répéter, v., réclamer, obtenir pour restitution, retenir. — A
vendant noV cochon, j'ai répété La tête et la gru-ïelte.
Bien créait l'en que leur pénitences li eussent la vie repe-
tiée (rendue restituée).
^'Guillaume de Tyr)
Rplûre, r'pleure, v., repleuvoir.
Replo-iie(r), v., replier; vaincre, battre.
Répond(r)e, répon(d)re, v., répondre. — J'réponrai, j'répon-
ros. — Dans l'ancien français, rt-ponre signifiait cacher, mettre eu
secret. — On dit : réponre quéqmin : S'i m'demande co iauques,
fnû /'réponrai mi.
278 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
lit cil a point la respondi
Tant com a lui en aferi.
(Cléomadès)
Repoussie(r), v., repousser.
Repren(d)re. v., reprendre. — P. p., reprins. — Signifie
aussi moquer, singer, imiter quelqu'un. — Ça n'est mi biaus, tu
sais, dît r'puenbi: î??. paiiv' vins cnmna. qui boite, qui ne sait
marchic{r).
Simon de LomI)US fait savoir qu'il a reprins de Thommas
i'arcevesque de Rains
{Aceu à Mouzon, 1253)
Reprochie(r). v., reprocher, faire des reproches. — P. p.,
reprocliie. — Quelquefois Reprouchie{r).
Cilz portiers tant bel se déporte
Comme nul n'i lait aprochier
Dont venir li puist rcprochier.
(Watriquet de Couvin)
Un confort voi en vostre désevrance
Que je n'aurai à Dieu que rcprochier.
(Châtelain de Coucy)
Ce que por nos soITri nos vendra reprochier.
(Thibaud de Marly)
Répugnie(r). v., répugner.
Requaillie(r), recoua-iie(r),v., se cacher à la façon des cail-
les, se recoquiller. — Recouai-iies-îw das Vlit, m'pauv' petit
gueux! i fait moût frad, va !
{A sîdvre.) N. Goffart.
NECROLOGIE
Mi' Gortet (Pierre-Louis-Marie), évoque de ïroyes, est mort le
do février à Cannes, emporté par la maladie de cmur dont il souf-
frait depuis de longues années. Le vénérable prélat a reçu les der-
niers sacrements des mains de M. l'abbé Deheurles, supérieur de
son petit séminaire, mandé l'autre jour par télégramme auprès
de Sa Grandeur. L'abbé Deheurles était Tancien secrétaire parti-
culier et rbonune de confiance de l'évèque de Troyes.
M^r Corlel était né à Châleau-Chinon le 1 mars 1817. De bonne
l'.eure, il témoigna d'un goîit très vif pour l'étude. Aussi son père,
humble artisan, s'imposa-t-il de lourds sacrilices pour lui faire
donner une instruction et une éducation soignées.
A sa sortie du petit séminaire, l'abbé Cortet entra au grand
séminaire-de A'evers, mais il n'y passa que deux années, son évo-
que ayant jugé à propos de l'envoyer achever sa théologie à
Saiul-Sulpice. Le grand séminaire de Paris recrute, on ne l'ignore
pas, un grand nombre de ses élèves parmi les meilleurs sujets des
diocèses de province.
Ordonné prêtre en i84U, l'abbé Cortet, rappelé dans la Nièvre,
y fut nommé curé de Collemerie. Bientôt sa haute intelligence,
sa prudence, sa réputation naissante de prédicateur attirèrent sur
lui l'attention de l'administration diocésaine. Il devint tour à tour
archiprêlre de la Charilé-sur-Loire, puis supérieur du petit sémi-
naire de Pignelin, avec le titre de vicaire général honoraire.
Il était vicaire général de la Rochelle, où l'avait appelé Ms'' Tho-
mas, le futur cardinal archevêque de Rouen, lorsqu'éclata la
guerre franco-allemande. L'abbé Cortet fit la campagne comme
aumônier des mobiles de la Charente. 11 aimait à raconter qu'un
jour de bataille il fut presque enseveli sous les décombres d'un
mur démoli par un obus, et qu'un de ses confrères, le tenant pour
mort, après lui avoir donné à tout hasard l'absolution, récita à
son intention le De profundis.
Après la guerre, l'abbé Cortet reprit son poste de vicaire géné-
rai de la Rochelle. Une retraite ecclésiastique, qu'il avait été
appelé à prêcher à Paris, émerveilla Mg-^ Guiberl au point que le
vénérable prélat sollicita la nomination de son prédicateur à
l'évêché de Troyes. Le décret parut à l'Officiel le 17 août 1875.
M?"" Cortet avait tous les dons extérieurs de l'orateur : la taille
majestueuse, la voi.x puissante, le geste large, l'accent convaincu,
le feu d'un regard brillant d'intelligence et d'énergie. Il possédait
en outre, ce qui vaut mieux encore pour un évêque : une ardente
et inépuisable charité. Les œuvres qu'il a fondées et auxquelles il
280 NKCROLOfilE
consacrait toutes ses ressources, orplielinats, crèches, écoles
libres, patronages, etc., attestent assez que ce prélat est demeuré
fidèle jusqu'à la fin à la devise qui figure dans ses armes : Omnia
vuicU amor.
Il y a sept ans que Ms'- Cortet était malade, et c'est à Paris qu'il
avait contracté sa maladie. Au mois de mai 1<*91, il devait donner
à la Madeleine un sermon de charité pour un orphelinat de gar-
çons. Trè5 souffrant déjà, mais esclave de sa parole, il monta en
chaire malgré la défense des médecins. Quelques jours après, il
était à toute exlrémilé.
Il revint cependant à la vie, mais ne recouvra jamais entière-
ment ses forces. Son intelligence n'avait l'ien perdu de sa lucidité
et il continua d'administrer son diocèse, mais il dut renoncer à
faire des tournées pastorales et même à paraître dans sa cathédrale.
L'hospitalité si généreuse et si dévouée qu'il recevait chaque
hiver, à Cannes, dans la famille de M. Jules Desseiligny, le fils de
l'ancien ministre, a certainement beaucoup contribué à prolonger
ses jours.
Disons enfin, à la louange de Ms'' Cortet, que s'il se montra tou-
jours modéré et conciliant dans ses rapports avec le gouverne-
ment, il ne consentit jamais à aucune abdication des droits de
l'Eglise.
Les obsèques de iMi'"" Cortet ont été célébrées à Cannes, le
17 février, à neuf heures et demie dn matin, en présence de JN.N.
SS. Valleau, évêque de Quimper, Lalty, évêque de Châlons, Clia-
pon, évêque de Nice, et du grand-vicaire de Monaco, Mb»" Theuret,
en Péglise Nolre-Dame-de-Bon-Voyage.
Le cortège s'est ensuite rendu à la gare où le cercueil a été
dirigé sur Troyes.
Tony Révillon, récemment décédé, était très populaire en
Champagne où la nouvelle de sa mort a causé de vifs regrets.
Celle popularité datait de 188i. A Epernay, cette année là, un
grand concours poétique fut organisé par !\!. Armand Bourgeois :
concours original à coup sûr et où la célébration du vin de Cham-
pagne était le sujet proposé à l'inspiration des nombreux poètes
qui y prirent part.
De très belles fêles furent données à cette occasion dans la cité
sparnacienne, et c'est ce bon Bourguignon de Révillon qu'on avait
prié de présider ces réjouissances champenoises. 11 y mit tant de
cordialité, de verve et de bonne grâce, il prononça de si jolis
toasts et de si fins discours, qu'il fit littéralement la conquête de
ses hôtes.
On voit que ceux-ci ne l'avaient pas oublié après tant d'années
écoulées : c'est à l'honneur de Tony et c'est à l'honneur aussi des
Champenois.
NKCROLOOIE 281
I.e dimanche 27 février 189S, M. Nicolas-François-Alfred Dufour-
Bouqiiot, ancien imprimeur à Troyes, ancien membre du Conseil
municipal de la même ville, membre résident de la Sociélé acadé-
mique, est murt en quelques jours, emporté par une pneumonie
infectieuse, compliquée d'une maladie de cœur.
M. Dufour-Bouquot était né en 1834, à Astaffort (Lot-et-
Garonne); il était par conséquent âgé de 64 ans. Son père sappe-
lait Philippe Dufour et sa mère Cornélie-Victoire Laroche.
11 était tixé depuis si longtemps à Troyes, y exerçant l'honora-
ble profession d'imprimeur, qu'on peut presque le considérer
comme un Troyen. Dans les loisirs que lui laissaient ses multiples
occupations, M. Dufour, esprit cultivé, aimait à s'adonner aux
nobles travaux de l'intelligence : lettres, sciences, arls. rien ne lui
était étranger.
De longue date, il était membre de la Sociélé académique de
l'Aube, aux travaux de laquelle il prit toujours une part active, et
même, ea ces dernières années, la confiance de ses collègues
l'avait appelé à les présider.
Depuis quelques années seulement, il vivait relire des affaires,
au Pont-Ilubert, commune de PonlSainte-Marie (Aube), en la
charmante résidence qu'il avait aménagée à son goût, pour y vivre
encore de longs jours. La Providence en avait disposé autrement.
C'est là qu'elle vint le surprendre, lui laissant toutefois le temps
de recevoir un suprême pardon.
Ses funérailles ont eu lieu le l" mars, à onze heures du matin,
au milieu d'un concours choisi de parents et d'amis.
Suivant le désir du défunt, la cérémonie s'est accomplie avec
simplicité, et aucun discours n'a élé prononcé sur la tombe.
La mort vient de frapper d'un coup cruel une famille originaire
de Reims, dans la personne de M. Paul Géruzez, fils du regretté
Eugène Géruzez, ancien professeur d'éloquence à la Sorbonne et
maître de conférenc^îs à l'Ecole normale supérieure, dont il fut le
fervent disciple.
M. Paul Géruzez fut, comme son frère Victor (l'excellent de.ssi-
naleur Crafty), un artiste aimable et estimé qui avait autant d'ha-
bileté que de goût, et de courtoisie que de talent.
Il était âgé de 66 ans.
Le marquis de M un est mort le 23 mars, à dix heures du matin,
en son appartement, 8, avenue de l'Aima, entouré de tous ses
enfants et pelits-enfants.
•28'2 NÉCROLOGIR
Avec lui disparaît l'une des plus belles ligui'cs de i'ainslocratie
parisienne. Royaliste convaincu et catholique fervent, il fut de
tout temps l'exemple de toutes les vertus cliréliennes. Malgré ses
quatre-vingts ans, il en imposait par sa superbe prestance. De son
premier mariage avec M^^ Eugénie de La Ferronnays, sœur du
comte Fernand de La Ferronnays et de M™* Graven, il eut deux
fils, le comte Uobert de Mun, mort en 1887, qui avait épousé la
princesse Jeanne de Beauvau-Craon, et le comte Albert de Mun, de
l'Académie française, député du Finistère, et l'apôtre zélé des plus
nobles causes et des revendications des classes ouvrières par leur
retour à l'église catholique.
De son second mariage avec M"'^' de Ludre, le marquis de iMun
laisse quatre enfants : la duchesse d'Ursel, la comtes'^e Pierre
d'Harcourt, la comtesse de Francqueville et M. l'abbé de Mun.
Se tenant à l'écart de la vie politique, le marquis de Mun vivait
depuis longtemps retiré dans son domaine de Lumigny, en Seine-
et-Marne, que sa famille avait hérité d'Helvétius. On sait que le
célèbre philosophe, auteur du fameux traité De l'Esprit, eut deux
filles, dont l'une épousa l'arrière-grand-père du marquis de Mun,
l'autre le comte d'Andlau.
C'est à Lumigny que le marquis de Mun menait une existence
patriarcale. Il y réunissait tous les ans, du mois de juillet au mois
de janvier, tousses enfants et petits-enfants. Ses chasses à tiret
ses chasses à courre, servies par un équipage très réputé, étaient
sa passion favorite.
Sa mort est un grand deuil non seulement pour la commune
qu'il habitait, mais pour tout le déparlement, car ce grand sei-
gneur, dont la charité était inépuisable, n'aimait qu'à répandre le
bien autour de lui.
La famille de Mun, originaire de Bigorre, est une des plus
anciennes de France.
Plusieurs de ses membres prirent part aux premières croisades.
Leurs armes portent la boule du monde, surmontée de la croix
avec la devise : NU ultra vires.
C'est le comte de Mun, fils aîné du comte Robert de Mun, qui
hérite du nom et des armes de la famille. Il est marié à M"^ de
Venoge, dont le père est décédé récemment à Epernay. Le nou-
veau marquis de Mun a un frère et deux sœurs, la comtesse Ber-
trand de Blacas et la comtesse Pomereu d'Aligre.
Le comte Albert de Mun, marié à M"'' d'Andlau, a également
quatre enfants, dont l'aîné est le comte Bertrand de Mun, marié
l'été dernier à M"'' Werlé, de Reims.
Les obsèques du marquis de Mun ont été célébrées le samedi
26 mars, à dix heures, en l'église Saint-Pierre de Chaillot. Le
corps a été ensuite transporté à Lumigny, où l'inhumation a eu
lieu le lundi 28 dans le caveau de famille.
NÉGROLOGIF. 283
Nous avons !e regret d'apprendre la morl de M. Alplionse
Vélault, conservateur de la Bibliothèque de Rennes.
M. Vétault s'était fait de nombreux amis à Châlons où, au sortir
de l'Ecole des Chartes, il avait résidé pendant dix ans, de 1868 à
1878, comme archiviste départemental.
On n'a pas oublié avec quelle compéleace et quel soin il admi-
nistra le vaste et précieux dépôt qui lui ét'iit confié, 11 avait su
trouver, au milieu de ses occupations, des loisirs pour se livrer à
d'importants travau.\ historiques. C'est pendant son séjour à Châ-
lons qu'il publia les Vies de Suger et de Godefroy de Bouillon, et
surtout cette belle Histoire de Charlemaçjîie, une des merveilles
sorties de l'imprimerie Marne, ot qui valut à son auteur le grand
prix Gobert, décerné par l'Académie française aux meilleurs
ouvrages historiques.
On doit encore à M. Vétault diverses publications relatives à
notre histoire locale, et notamment son étude sur l'Ancienne
ma7iii facture de Chdlons, qui retrace avec tant de précision les
phases diverses de l'industrie à Châlons sous l'ancien régime.
Voici en quels termes le Journal de la Marne, par la plume
d'un de nos confrères les plus autorisés, apprécie la carrière scien-
tifique et administrative de cet érudit distingué :
a M. Alphonse Vétault, ancien archiviste du département de la
Marne, bibliothécaire en chef de la ville de Rennes, vient de mou-
rir dans cette ville, après une longue maladie. Les services qu'il a
rendus ici et ailleurs valent bien qu'on les rappelle au souvenir de
ceux qui furent les témoins de sa première activité.
« C'est au sortir de l'Ecole des Chartes, en 136S, que Vétault
fut appelé à la direction du dépôt de la Marne. Le bâtiment actuel
des Archives était à peine achevé. Pour son début dans la carrière,
Vélault dut y installer et y classer ce vaste ensemble de pièces
historiques et administratives, jusqu'alors relégué dans les com-
bles de la Préfecture où les nécessités du temps l'avaient comme
enseveli, ignoré du public, inaccessible, presque inutile à l'admi-
nistration même qui en avait la garde. A la suite de son prédé-
cesseur, il commença par introduire Tordre et la lumière là où il
n'y avait encore que confusion et obscurité : ce qu'il eut à dépen-
ser, dans ce pénible labeur, d'activité et d'intelligence profession-
nelles, ceux-là seuls le savent qui, ayant connu la situation des
Archives de la Marne à cette époque, ont mesuré l'étendue de la
tâche à remplir et les résultats auxquels Vélault élail arrivé après
dix années employées par lui à organiser son service.
« Ces mêmes qualités d'organisateur, il les déploya sur un
autre théâtre, lorsqu'en 1878 la ville de Rennes lui confia le soin
d'administrer sa bibliothèque : là aussi un labeur opiniâtre lui
permit de rétablir l'ordre dans un dépôt quelque peu négligé
284 NÉCROLOGIE
avant lui et de dresser un catalogue complet, instrument indis-
pensable de toute bibliothèque, plus indispensable encore à celle
d'une grande ville qui est aujourd'hui le siège d'une de nos Uni-
versités régionales.
« Cependant^ les devoirs de sa fonction n'empêchaient pas
Vétault de se livrer à d'importants travaux personnels. Il consa-
crait le jour à ses obligations professionnelles el réservait une
partie de ses nuits à la composition d'un grand ouvrage, VHistoire
de Charlemagne, qui lui valut en 1877 le grand prix Gobert, la
plus haute des récompenses que l'Académie Française puisse
décerner aux publications de ce genre. Celle oeuvre révéla en lui
un réel talent d'écrivain, mérite assez rare chez les érudits de pro-
fession, auquel le secrétaire perpétuel rendit hommage dans le
rapport qu'il adressa à rAcadémie.
•' Dans son ensemble, dit M. Camille Douccl, l'ouvrage de
M. Vétault se dislingue par des qualités vraiment supérieures.
Combiné avec art, le tableau général est tracé largement, et la
figure du grand empereur y apparaît dans un juste relief. » De ce
livre, le rapporteur a pu dire, sans dépasser la mesure de l'éloge,
que notre littérature hibtorique y a gagné un monument qui lui
manquait, car le Chaiiemagne de Vétault est le premier ouvrage
de langue française où la biographie du roi franc soit traitée d'une
manière digne du sujet.
V Personne ne contredira si nous ajoutons qu'aux mérites de
l'écrivain, du savant et du fonctionnaire, Vétault joignait de pré-
cieuses qualités personnelles. Ceux qui ont eu le bonheur et
l'avantage de l'approcher n'ont pas oublié la sûreté de son com-
merce, l'aiïabilité de ses manières et son inépuisable obligeance
qui, partout où il a passé, lui ont concilié de nombreuses sympa-
thies ; ces amitiés, justement acquises à un homme de sa valeur,
garderont de lui un long et pieux souvenir.
« Châlons, 20 mars 1898. » P. Pélicirr.
Deux centenaires sont morts récemment dans le département
de l'Yonne.
Le premier, le père Jean Caigé, de Villeneuve-sur-Yonne, est
décédé à lâge de cent ans et neuf mois.
Ne à Villeneuve-sur-Yonne^ le 14 avril 1797, le vénérable vieil-
lard a vécu dans cette charmante petite ville jusqu'à l'âge de qua-
tre-vingt-cinq ans, partagé entre les travaux de sa profession de
tanneur et la culture de ses vignes.
En 1882, il alla se fixer à Montlhéry, où, au pied de la tour his-
torique, fut célébré, en 1897, le centenaire de sa naissance.
A part une fièvre typhoïde qui l'affecta, à l'ûge de vingt ans,
d'une légère surdité, ce grand vieillard n'avait jamais éprouvé le
moindre malaise durant sa longue existence.
NÉCROLOGIE 28o
Le second cenlenaire, M. Louis- Victor Bailiot, luu des rares
survivants de Waterloo, et, croyons-nous, le dernier médaillé de
Sainte-Hélène, est mort le 3 février, à Carisey (V'onne), à làge de
cent cinq ans et dix mois.
M. Victor Bailiot avait été décoré de la Légion d'honneur, il y a
deux ans, par M. Félix Faure, en gare de Laroche.
Détail curieux, M. Victor Bailiot avait été réformé, à l'Age de
vingt ans, comme phtisique.
En octobre 1896, M. Mariotte décédait à Paris, laissant à Ciiau-
mont^sa ville natale, un million pour la construction d'un hôpital
affecté aux vieillards. Les restes de cet homme de bien ont été
transportés à Chaumont, où l'inhumation définitive a eu liou dans
les derniers jours de janvier. La foule était considérable.
Au cimetière, M. Fourcaut, maire, a prononcé un éloquent dis-
cours et rendu hommage à la mémoire du défunt.
On annonce également la mort :
De M. Auguste Grévin, manufacturier, décédé à Heims, le
2 février 1898, dans sa soixante-neuvième année ;
— De M. Gustave de Boislaville, décédé à Coulommieis, à làge
de 89 ans ;
— De M. Aimable-Charlemagne Francière, conseiller municipal
de Châlons, décédé à l'âge de 74 ans ;
— De M. Casalta, premier adjoint de Saint -Dizier, administra-
teur de l'hospice, trésorier perpétuel et président d'honneur de la
Société de secours mutuels.
La ville lui a fait, le 9 février, des funérailles émues, et l'abbé
Meltrier. curé-doyen de l'église Notre-Dame, avant l'absoute,
MM. Georges, second adjoint, et de la Fournière, au nom des éco-
les libres, au cimetière, ont prononcé l'éloge du défunt ;
— De M. Eugène Blandin, ancien avoué, ancien maire et
député d'Epernay, chevalier de la Légion d'honneur^, décédé à
Neuilly (Seine), le 14 février 1898, à l'âge de 67 ans.
Il avait été secrétaire d'Etat au département do la guerre dans
le cabinet Gambetta.
Son corps a été ramené à Epernay, où les obsèques ont eu lieu
le 9 mars ;
— De M. l'abbé Collot, curé de Belleville-sur-Bar (Ardennes),
décédé à l'âge de SiJ ans, dont soi.xante années de sacerdoce et
cinquante dans la paroisse de Belleville et celle de Toges, qu'il
avait renoncé à desservir depuis deux ans seulement;
— De M. Auguste Lochet, qui fut huissier-audiencier, pendant
prés de quarante ans, au Tribunal civil de Châlons.
286 NÉCROLOGIE
M. Lochel, d'une vieille et honorable famille ehâlonnaise, avait
succédé à son père, lequel avait remplacé son beau-père, M. Gos-
sel, nommé huissier-audiencier en 1800, lors de l'organisation du
Tribunal civil ;
— De M. Louis-Victor Malra, rédacteur du Courrier de la
Champagne, décédé à Reims, le 17 lévrier 1898, dans sa cin-
quante-cinquième année ;
— De M. Lévêque, ancien receveur principal des Contributions
indirectes, décédé à Chàlons.
Les obsèques ont eu lieu le 19 février;
— De M""» veuve Paul Pierrard, décédée à Arcachon, le
21 février 1898.
Les obsèques ont eu lieu à Reims, le 21», en l'église Saint-
André :
— De M. Pierre-Auguste Billard, manufacturier, décédé à Pont-
faverger (Marne), le 24 février 1898, dans sa soixante-douzième
année.
Les obsèques ont eu lieu, le 26, en l'église Saint-Médard de
Pontfaverger ;
— Des époux Thirion-CIaudon qui, nés le même jour en ISlo,
et mariés en 1848, se sont doucement éteints le même jour
17 février 1898, à Violot (Haute-Marne), à l'âge de 83 ans ;
— De M. Louis David, vice-président de la Chambre de Com-
merce de Sedan.
Les obsèques ont eu lieu à Sedan, le 28 février, en réglisc
Saint-Charles ;
— De M. César Blion, décédé à Pocancy (Marne), à l'âge de
87 ans ;
— De M. labbé Lenfumé, curé de Dosnon (Aube) depuis
soixante-deux ans, chanoine honoraire, décédé à l'âge de 89 ans.
11 était né à Arcis-sur-Aube, le 4 novembre 1808.
Les obsèques ont été célébrées à Dosnon, le ?8 février, au
milieu d'une nombreuse assistance;
— Du baron Alphonse de Launay, ancien sous-préfet, chevalier
de la Légion d'honneur, décédé à Paris, le 20 février, à l'âge de
68 ans.
Gendre de M. Benjamin Perrier, de Châlons, il était devenu
chef de cette importante maison de vins de Champagne, et avait
continué les traditions de la famille en coopérant à toutes les
œuvres de bienfaisance.
M. le baron de Launay était le frère du général de Launay,
ancien commandant de corps d'armée. Il présidait, en 188o, le
Comité conservateur libéral de la Marne.
Les obsèques ont eu lieu le 24 février, en Téglise Notre-Dame de
Châlons. en présence d'une foule nombreuse.
NÉCROLOGIE 287
Au cinietiéie, M. Redouiu a pris la parole et rappelé le souvenir
des qualités qui distinguaient le regretté défunt ;
— De M. l'abbé E. Desoize, curé de iMontcornel et d'Arreux
(Ardennes), décédé à l'âge de GO ans ;
— De M. Charles Mangin, ancien directeur des Conlrihulions
indirecte?, décédé à Saint-Martin d'Ablois (Marne), le l"" mars
1808, à l'âge de 72 ans ;
— De Mrac veuve Ragot-David, décédée à Reims, le 4 mars
1898, à l'âge de 87 ans ;
— De M. l'abbé Besset, curé-doyen de Carignan depuis 1886,
décédé le 14 mars, à l'âge de 8G ans.
Les obsèques ont eu lieu le 16 mars, au milieu d'une grande
aftiuence de prêtres et de fidèles.
— De M. Louis-Henri-Gaétan de V'enoge, commandeur de l'or-
dre de Saint-(îrégoire-le-Grand, négociant en vins de Champagne,
décédé à iNice le 17 mars, dans sa cinquante-cinquième année.
Les obsèques ont eu lieu à Epernay, le 21 mars.
Le deuil était conduit par le comte Adrien de Mun, gendre du
défunt ;
— De M. l'abbé Drubigny, ancien doyen de Fismes, ancien
archiprêtre de Sedan, chanoine honoraire de Reims, décédé le
19 mars à la Neuvilie-aux-Joutes (Ardennes), son village natal,
dans sa soixante-quinzième année ;
— De M. le docteur Flamain, décédé le 20 mars, à Dampierre-
le-Chàteau (Marne), dans sa cinquante-quatrième année ;
— De M. Page, receveur de l'enregistrement à Vitry-le- Fran-
çois, décédé à l'âge de 47 ans ;
— De M""" Sophie-Victoire Pastour, veuve Gravel, décédée à
Saint-Léger-sous-Margerie (Marne), dans sa centième année.
Née le 14 nivôse an III (3 janvier 1799), M"""^ Gravel était de
petite taille et d'une constitution délicate. Elle a conservé jusqu'à
la mort toute sa lucidité d'esprit et la validité de ses membres;
elle ne sortait guère fle la maison, mais vaquait assez facilement
aux travaux de son intérieur;
— De M. Lambert-Auguste Rinable, ancien adjoint au maire de
Charleville, membre de la Commission administrative de l'hos-
pice, président de la Société d'horticulture des Ardennes.
Ses obsèques ont eu lieu le ;iO mars 1S98, en l'église de Char-
leville.
BIBLIOGRAPHIE
L'ArcInteclurc leligievst dans l'ancien diocèse de Soissotis au A7* el au
XII' siècle, par Eugène I.iïfèvre-Fontalis, aucien élève de l'Ecole des
Charles. Tome secoud, qualrième livraison suivie d'additions elde coirec-
lions, et des tables du volume eutier. — l'aris, Pion, 1B97. lu-folio.
Jamais nos églises rurales n'ont été à pareille tète. Voici un
auteur qui les aime, qui les visite dans leur région la plus féconde,
et qui en reproduit et en décrit la partie essentielle pour la pre-
mière, puis pour la seconde moitié du xn^ siècle. Au texte des-
criptif de 88 édifices, dont la calliédrale et deux anciennes églises
de Soissons, vient rejoindre une admirable suite de 1)3 planches,
où s'accumulent tous les détails imaginables de Tarchitecture
romane et de rarchiteclure gothique du xii« siècle.
Avant d'entrer dans l'examen des monuments décrits, disons
qu'un simple coup d'oeil sur cette splendide illustration oflfre un
enseignement multiple et pour ainsi dire infini. La lin du style
roman, l'origine du style gothique, quel plus beau problème
s'offre à nos recherches? M. Lefèvre-Pontalis a voulu faire œuvre
régionale, mais voici que ses églises du Soissonnais, dont les types
sont si bien choisis, se trouvent être les sœurs de mille autres
églises champenoises, barroises, picardes, etc. Je reconnais sur
l'une de ces planches un motif de décoration, un chapiteau, une
baie, un clocher entier d'une église de n'importe quel autre pays,
et je réussis ainsi à dater, à bien connaître et à restituer, s'il est
nécessaire, le fragment ou l'édifice qui m'intéresse. On ne tra-
vaille jamais pour soi seul, lorsqu'on est érudit consciencieux.
Mais, en dehors du service général rendu de la sorte à l'archéo-
logie tout entière du Nord et de l'Est de la France, l'ouvrage que
nous recommandons offre dans son second^olume les plus utiles
monographies locales pour les départements de l'Aisne, de l'Oise
el de la Marne. Chacun prêche pour son saint, et nous signalerons
d'abord aux lecteurs de la Revue de Champagne des environs de
Ghàteau-Tliierry, les notices sur les églises de Brasies, de Bruyè-
res-sur-Fère, de Crézancy, de Lalilly^ de Sergy, de Vieils-Mai-
sons, de Croultes, de Mareuil-en-D6le, de Saponay. etc. . . Puis, en
nous rapprochant des environs de Fismes, aux contins du Rémois
et du Soissonnais, nous indiquerons les études sur les églises de
Bazoches, de Glennes, de Lhuys, de Merval et de Vailly.
Enlin, dans le département même de la Marne, nous avons à
citer, pour le texte ou pour les planches, les plus utiles renseigne-
ments, tracés et descriptions concernant les églises de Courthiézy,
de Marcuil-le-Port, de Vandières, de Verneuil-sur-Marnc, de
a
lUBLlOaRAPHlE '1^'J
Daiuery (bel et curieux édifice entre tous) et de Saint-Gilles pour
son clocher octogonal. Voilà une solide contribution apportée au
futur répertoire archéologique départemental, comme aux réper-
toires plus faciles à dresser des cantons et des arrondissements de
la Marne. Ce qui rend, en ell'et, si appréciable l'œuvre entreprise
par M. Lefèvre-Ponlalis, c'est qu'elle n'abonde qu'en types origi-
naux, eu véritables modèles ou spécimens de nos plus belles égli-
ses. AU unâ disce omnes, peut-on dire en achevant telle de ses
monographies.
Remercions donc le savant distingué, qui s'est fait touriste,
dessinateur et architecte, pour appeler dignement nos regards cl
noire attention persévérante sur nos cathédrales comme sur les
moindres de nos chapelles rustiques. Avec lui, rien ne se perdra
de ces richesses d'art de nos derniers villages, vieux témoins si
touchants de la foi et du goût éclairé de nos ancêtres.
H. .1
De la noblesse maternelle en Fhance et particulièrement en
Champagne, par M. Marcel Grau, docteur en droit; Paris, imprimerie
des Ecoles, Henri Jouve, 1898, 1 vo'. in-S» de 123 pages.
Au début de l'année courante, M. Marcel Grau présentait à la
Faculté de Droit de Paris une thèse sur Lanoblesse maicrneUc en
France et yarticidicrement en Champagne^ qui lui a valu le titre
de docteur et qui est de nature à intéresser tout spécialement les
lecteurs de cette Revue. — A en juger par les trois grandes pages
de bibliographie que l'auteur a placées à la lin de son travail
(p. 118 etsuiv.), il semblerait que tout ait été dit sur la matière
et qu'il soit désormais supertlu de revenir sur un sujet depuis
longtemps épuisé. Il n'en est rien pourtant, et M. Grau s'est chargé
de le démontrer victorieusement.
Son étude, rédigée avec beaucoup de soin, témoigne d'une éiu-
dition déjà vaste et très sûre d'elle-même ; elle se compose, avec
une Introduction, une Conclusion et trois Appendices, de quatre
chapitres.
Le but que s'est proposé l'auteur a été d'examiner une célèbre
règle de filiation admise dans notre ancien droit, notamment en
ce qui touche la transmission de la noblesse, et l'exception remar-
quable et fort curieuse qui lui fut apportée.
La règle se composait d'un axiome cité couramment par nos
anciens auteurs et composé de ces deux phrases : « La verge ano-
blit ; le ventre alfranchit. » Il en résultait, d'une part, que l'en*
tant né du mariage d'un homme noble et d'une franche temme
non noble était noble, tandis qu'il était roturier dans le cas con-
traire, et, d'un autre côté, que l'enfant né d'un serf et d'une
femme franche suivait la condition de sa mère et naissait franc.
Or, à la première partie du brocard qu'Antoine Loyscl nous indi-
-90 BIBLIOGRAPHIE
quecouinic elaiiL j^enéralemenl accepté et suivi pour le tout en pa)'s
de coutumes, il avait cependant été apporté quelques déroga-
tions. C'est ainsi que les coutumes rédigées de Cliampagne, de
Barrois et d'Artois nous montrent qu'il suffisait que l'un des deux
époux, même la mère, fût noble, pour que les enfants le fussent
pareillement, de telle manière que, d'après ces coutumes, il était
vrai de dire que le ventre anoblit.
Cela étant, d'où vient la règle, d'où vient l'exception ? Pourquoi
certaines coutumes admettaient-elles, dans tout ce qu'il pouvait
avoir d'utile à l'enfant, le principe : Partus xerjuitur ventrein,
alors le plus grand nombre en limitaient l'application et la portée
à l'affranchissement? 11 n'y aurait là, d'après M, Grau, que le
résultat d'un mélange assez notable des coutumes germaniques et
du droit romain, et c'est dans ce sens-là qu'il conviendrait,
d'après lui, de chercher la véritable solution de la question.
De la sorte, le plan qu'il a adopté, et qui s'imposait à lui, se
dégage logique et naturel. Après avoir rappelé les principes de la
filiation en droit romain et en droit germanique, il nous fait assis-
ter au mélange des deux principes lors de la conquête franque,
comme à leur évolution à travers le Moyen-âge et l'époque
féodale. Il nous montre comment ainsi on abouHt à la noblesse de
mère et comment elle se développe pour disparaître presque
entièrement au xvn^ et au xviiie siècles.
Le chapitre l'^"', consacré à l'ancien droit, nous retrace les prin-
cipes de la filiation en droit romain en Gaule et en Germanie.
Réservé à l'époque barbare et féodale, le second contient l'analyse
du principe de la filiation niaternelle dans les lois barbares, et des
règles de la filiation et de la noblesse maternelle d'après les pre-
miers coulumiers. — Avec le chapitre suivant, nous arrivons aux
coutumes rédigées. Une première section se charge de nous faire
connaître les règles générales de la filiation. Parmi les coutumes
qui prennent soin de régler expressément la condition des person-
nes, il n'en est que dix qui admettent la noblesse maternelle. On
doit, à ce sujet, savoir gré à l'auteur de ne pas s'être borné à les
énumérer, mais d'en avoir reproduit la teneur même; ce sont :
les coutumes du baillage de Troyes (art. 1), de Meaux (art. IV), de
Sens (art. 149), de Chaumont (art. 2), de Chàlons (art. 2), de
Vitry (art Ht), de liar-le Duc (art. 71), de Saint-.Mihiel (titre I,
art. 2), de Clermont-en-Argonne (chapitre II, art. l*""" et 2) et
d'Artois (ancienne coutume, art. 1 i-1 ; nouvelle coutume, art.
lOS). Une seconde section précise la condition des nobles de mère
d'après les coutumes rédigées. — Quant au chapitre IV et der-
nier, il a trait à la noblesse maternelle depuis la rédaction des
coutumes. Tandis qu'une première section l'envisage tour à tour
dans les anciens auteurs et d'après la jurisprudence, une seconde
section nous retrace l'origine et la nature de la noblesse mater-
nelle d'après quelques auteurs.
La conclusion qui couronne l'ensemble des développements qui
filBLIOOBAPUIK 291
précèdent ueii contient que le résumé et nous montre très nette-
ment l'état du droit et de la législation depuis les originesjusqu'à
la fin de l'ancien régime.
Des trois Appendices qui terminent la thèse de M. Grau, le pre-
mier est rendu de beaucoup le plus important par une précieuse
découverte du jeune savant, qui fait le plus grand honneur à sou
esprit d'investigation. Ce premier Appendice est relatif à l'indica-
tion de l'ancien Coullimiei' champenois, dont les diiférents
manuscrits n'ont jamais fait jusqu'ici l'objet d'une édition criti-
que. Or, on ne connaissait que cinq textes de ce CaïUiimier possé-
dés par la Bibliothèque nationale, alors qu'il en existe en réalité
six : c'est ce sixième manuscrit (il est du xm^ siècle) qui figure
sous le n» o3i7 du fonds français actuel, que M. Grau a eu la
bonne fortune de découvrir. — Le second Appendice reproduit
un très intéressant jugement de la première moitié du w'- siècle
(il est du 14 mars 1430), portant reconnaissance de noblesse uté-
rine, et le troisième, non moins utile que les précédents, contient
un tableau des coutumes admettant la noblesse maternelle et la
servitude personnelle.
Au total, l'œuvre de début du jeune docteur est de celles qui
méritent d'être prises en considération et qui sont dignes d'autre
chose et de mieux que d'un simple succès d'estime. En en
recommandant très chaudement la lecture à tous ceux qu'inté-
resse le délicat problème de la noblesse maternelle, nous n'en-
tendons pas payer, par un éloge banal, le plaisir personnel qu'un
examen attentif de son contenu nous a procuré ; nous tenons à
attirer l'attention sur une monographie dont tout le monde
pourra bien, il est vrai, ne pas partager les conclusions ou les
idées, mais à laquelle nul ne refusera de reconnaître les qua'ités
rnailresses qui font un bon livre.
P. -Louis Lucas,
Professeur de Droit civil k la Faculté
de Droit de l'Université de Dijon.
Am. àIargrv et Tabbé E. Mullek. — Pierre Séguin, ligueur, reclus et
écrivain (1588-1636). Senlis. imp. Dufresne, 1897, in-S" de 204 p.
L'abbé Muller et M. .Margry viennent de publier, dans les
.Mémoires du (Comité archéologique de Senlis, un document qui
peut intéresser les lecteurs de la Revue. C'est la vie de Pierre
Séguin, rédigée par Charles, son frère.
Pierre Séguin, fils de Philippe, procureur du roi à Senlis, l'ut,
dès l'âge de 18 ans, attaché à M. du Val de Mondreville qui devint
baron de Hans et comte de Dampierre-le-Château. Celui-ci le fit
entrer dans la maison du duc de Guise. Pierre Séguin embrassa
avec ardeur le parti de la Ligue et y prit une part active les armes
il la main, puis en Io96,, après le siège de Paris et l'efTondrcment
29- BIBLIOGRAPHIE
des affaires de la Ligue, il se convertit, se lit ermite, et, vers 1599,
s'enferma dans l'ermitage de Sainte-Marguerite près de Nancy,
puis dans celui de Sainte-Marie des Reclus. Il mourut en 1636 après
avoir édifié tous ceux qui l'approchaient par ses salutaires conseils
et sa vie austère et pieuse.
Dans les lettres qui accompagnent la biographie due à Philip|)e
Séguin, il est fait mention de Jacques du Val qui, par son
mariage, fut possessionné en Champagne, de son fils Henri, mort
glorieusement au siège de Presbourg. de l'abbaye de Moiremont,
etc.
Usages locaux et i-cglemenls ayant force de loi dans le déparleinent Jes
Ardennes, constatés et recueillis conformément au vœu du Conseil géné-
ral par des Commissions cantonales, vérifiés par une Commission cen-
trale, et rédigés par E. Boubgueil, procureur de la République près la
Cour d'assises des Ardennes et près le Tribunal de première instance de
Charleville. officier d'Académie, chevalier du Mérite agricole. — Un vol.
in- 8° de 430 pages. Charleville, Edouard Jolly, libraire- éditeur. Prix :
6 francs, par la poste, 6 fr. 8o.
Ce travail était devenu absolument indispensable, à raison de la
rareté de la brochure publiée en I8b8 par les soins du Conseil
général et des modifications apportées aux usages en vigueur par
la législation, notamment en 1883 sur les affouages et en 1889 et
1890 sur la vaine pâture.
L'auteur a cru devoir faire précéder chaque usage — et nous
joignons volontiers nos éloges à ceux que lui a décernés la Com-
mission centrale — d'un exposé juridique ; il a, en même temps,
introduit dans son œuvre les principaux règlements locaux sur les
abeilles, les auberges, la pêche, la chasse, les grivières, les incen-
dies, les pigeons, les marchés, la voirie, les anciennes mesures
agraires, etc.
Ces additions sont fort utiles : elles accroissent l'intérêt du
volume qui rendra de grands services, non seulement aux magis-
trats, aux avocats, aux avoués, aux maires, mais aussi aux pro-
priétaires et aux fermiers, aux patrons et aux employés.
L'ordre alphabétique, adopté par l'auteur, facilite les recher-
ches. La publication est élégante et fait honneur à l'éditeur,
M. Jolly. Malheureusement ce luxe ne peut se donner et le prix
est un peu élevé pour les petites bourses.
En souhaitant aux Usages locaux le succès qu'ils méritent, U
nous sera permis de rappeler que .M. Bourgueil a commis une
erreur en disant que les procès-verbaux des trente-et-une Com-
missions cantonales constituées par le préfet des Ardennes, d'après
l'invitation que le Conseil général lui avait adressée, sur l'initia-
tive de M. Haoot^. ont été laissés jusqu'en 1897 dans les cartons de
la Préfecture.
Voyant que le Conseil général, tout en souhaitant ardemment a
BIBIJOGRAPHIE 293
puljlicalioii de ces procès-verbaux, ne votait pas ou ne trouvait
pas les ressources nécessaires pour ce travail^ le Courrier des
Ardenncs imprima, au mois de novembre et de décembre 1881,
les réponses des Commissions. Sans doute, les lois nouvelles ont
aboli quelques-uns de ces usages, et le besoin d'un nouveau tra-
vail était depuis longtemps reconnu. II n'en reste pas moins acquis
que le Courrier des Ardennes a fait, en 1881, œuvre utile dont il
n'eût été que ju'^te, nous semble-t-il, d'évoquer le souvenir.
Albert Mack.
Carie routière el vêlocipédiquc du déparlement de la Marne, en six cou-
leurs, au 1/250,000^, dressée par M. I. Lambert, ingénieur des ponts et
chaussées. — Reira?, 1898, librairie H. Malol. Pris : I fr. 2?) ; par la
poste, 1 fr. 50.
Cette carte, d'une magnifique exécution tvpograpbique, avec
les plans des villes principales de la Marne, est accompagnée
d'une instruction donnant tous les renseignements de route
nécessaires. Elle est donc un vade mecum obligatoire pour tous
les fervents de la bécane, professionnels ou amateurs.
Sommaire delà Revue historique ardennaise (ma.vs-a.vt\l iS9S) :
I. Les anciennes propriétés de l'abbaye de Slavelot-Malmedy, dans les
Ardeones françaises, par C.-G. Roland,
II. Vakiétés bévoll'tionnaires. — FixatioQ du chef-liea du départe-
menl à .Mézières. — L'enlrée en fondions des membres de l'Assemblée
du déparlement. — Le siè^e de TAdminislralion départementale. — L'df-
faire de Villemonlry. — Un conflit entre le maire de Mé^ières et le com -
mandant de place. — L'armement des gardes nationales. — Fournitures
de poudre et de boulets. — Projet d'indemnité à accorder aux conseillers
généraux. — La vente des biens nationaux. — Le club patriotique de
Givet. — Dubois-Crancé proposé comme capitaine de gendarmerie du
département. — Un S(;anda :e dans l'église de Rimogne. — Gaspard
Monge, émigré du département des Ardennes.
III. Bibliographie. — H. Jadart, P. Laurent et Al. Baudon, Epigraphie
campanaire : Les cloches du canton de Rethel (Joseph Behthelé). —
H. Jadart et P. Laurent, Lts cloches du canton d'As feld. — Pécheuart,
l'IuUfau-Regnaull-Bogny (C.-G. Roland).
IV. Chronique. — Un projet de canal de l'Aisne à la .Meuse, par la
Vaux, le Thin et la Sormonue (avec carte), par Paul Laurent.
Sommaire de la Revue d'Ardenne et d'Argonne (mars-avril
1898) :
Marc Husson, Vie de Nicolas PhilLert, curé de Sedan, évèque constitulion-
nel dj département des Ardennes '1724-1797. [suite).
'29^ BIBLIOURAPHIR
LoGKART, Késultals des fouilles faites dans les cimetières gaulois d'Aos-
sonce et de la Neuviile-eii-Tourue-a-Fuy, de 1894 à janvier l>-98.
Henri Bourguignat, Folk-lore ardenuais : Jeux : 1 . La Clignetle ;
2. EnGler les aiguilles ; 3. A la salière du pain d'épices ; 4. La termi-
gnole.
Paul Collinet, La Presse daus les Ardennes pendant la Révolution (note
complémentaire) : Le Journal de Sedan.
GeorGhs Dei.eau, Chansons do route (De Laforest à Orchimont).
Vabiétks. — Paul Coli.inet, Quelques notes extraites des registres
paroissiaux de \ieil-Saint-Remy.
Bibliographie. — La Baronnie du Thour l'n Champagne, par H. Jadart
et L. Le Grand. — Quelques souvenirs des Russes dans le département
des Ardennes {ar7'ondis^ement de Rethel], par H. Jadart. — D'une
espèce de chaiicose dite maladie des ardoisiers, par le D'' A. Ripert
(H. Bourguignat). — Revue des périodiques.
Plan hors texte : — Partie du territoire d'Aussonce contenant des cime-
tières gaulois.
CHRONIQUE
SociKïK ACADKuiQUG DR l'Aube. — Séauce du 18 fèvripv fSDS.
— Présidence de M. le comte de Launay, pi'ésidenf.
Correspondance.
M. Ver[>y esl proclamé membre correspondant.
M. Léopold Bourguignal annonce que M"'-^ Mougeot ollre à l;i
Société, en souvenir de son mari, M. le docteur Mougeot, un
tableau représentant saint Sébastien.
C 0 7n mil nica lions de M. le Président.
M. le Président annonce la mort de M. Gérard, notaire à Kstis-
sac, membre associé, et exprime les regrets de la Société.
Il signale ensuite les distinctions accordées récemment à plu-
sieurs membres. M. E. Delatour, membre associé, a été nommé
oflicier de l'Instruction publique, et MM. de la Boullaye, membre
résidant, Paul Flicbe et Auguste Marguillier, membres correspon-
dants, officiers d'Académie. M. Charles Ballet a été fait chevalier
de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie.
Lectures et communications des memlires.
M. de la Boullaye lit un rapport sur la sixième édition de VArt
de greffer, par M. Charles Ballet ; il donne d'intéressants détails
sur différentes expériences faites par l'auteur. Il parle aussi de
l'Horticulture dans les cinq parties du monde, ouvrage d'une
grande valeur, honoré de la plus haute récompense.
M. Tenting rend compte d'une note de M. E. Choullier, juge de
paix à Ervy, intitulée : Franklin à VAcadémie des Sciences.
M. Choullier a retrouvé, dans les archives d'Ervy, une pièce où
M. Etienne Baillot rend compte à son fils de la séance à laquelle
il est fait allusion, et à laquelle il a assisté.
M. Le Clert entrelient la Société d'une découverte archéologi-
que faite à Auxon. On a trouvé un cercueil de pierre renfermant,
avec des ossements, un objet de fer très oxydé, et les fragments
d'un autre cercueil. Ces sarcophages n'ont d'autres ornements que
des stries horizontales ; l'objet en fer est une énorme boucle de
ceinturon ; il remonte à l'époque carolingienne. M. Le Clert
pense que les sépultures découvertes datent du vni« siècle ou du
commencement du ix" ; en tout cas, elles ne pourraient pas être
postérieures au ix'^ siècle. L'emplacement où elles ont été trouvées
serait celui de l'anciehne église d'.\uxon ; elles sont jusqu'ici le
plus ancien monument signalant l'existence du village. M. le
maire d'Auxon a généreusement offert au .Musée de Troyes le cer-
cueil et l'objet qu'il contenait.
•296 CHRONIQUE
Elections.
M. Léon Piol, ancien dépulo de l'Aube, est élu membre associé.
Sont élus membres correspondants : MM. Jules Vernier, archi-
viste déparlementa] à Clnmbéry ; Vilnet, élève de l'Ecole des
Chartes ; Albert Moreau, directeur du Bureau auxiliaire de la Ban-
que de France, à Sens ; Delatour, conseiller d'Etat, directeur
général des coolribulions indirectes; Ferlet de Bourbonnci, ancien
sous-préfet ; l'abbé Charles Vaulliier, curé de Rolampont (Haute-
Marne)
Séaiice du IS ma)'S hSOS. — M. le président fait, en termes
émus, l'éloge de M. Dufour-Bouquot, que la mort vient de frapper
presque subitement. La volonté formelle du défunt Ta empêché
d'exprimer sur sa tombe les regrets de la Société.
M. le Président fait connaître que M. le Préfet, président d'iion-
neur de la Société, vient d'être nommé commandeur de l'ordre
du Dragon de l'Annam : il se fait l'interprète de la Société pour
Ten félici-ter.
Ek'CÙons.
MM. Léon Piot, Vilnet, Moreau, Delatour, Ferlet de Bourbonne,
Vauthier et Vernier sont proclamés : M. Piot, membre a-socié, et
les autres, membres correspondants.
Ouvrages of/erls.
Par M. Charles Baltet : Complc-rendu du Cowjres des fruits à
cidre, tenu à Xantes en IS97.
Par M. Louis Morin : La pépinière royale de Troyes (1124-
I19:ijy tirage à part d'une élude publiée dans les Annales de la
Société horticole.
Par M. Jules Baudot : L'Klymolorjie de Bar-leDuc. Ce travail
intéresse notre région, car il traite par extension de l'étymologie
des noms de Bar-sur-Aube et de Bai -sur-Seine.
Travaux des Sociétés correspondantes.
Comple-rendu de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres:
M. l'c Bailhéleni}', membre correspondant, otïre le Catalogue des
.l/o/i?ia/'cs ^^u/o/st'S du Musée de ïroves, dressé par M. Le Clerl,
et en fait le plus grand éloge.
Bulletin de la Société d'Horticulture deSeine-cl-Uise: Compte-
rendu du Congrès promologique de France, tenu à Rennes en
IS'JT. 11 a classé et adopté la poire Directeur Hardy, obtenue par
M. Charles Ballet.
Bulletin de la Société liisiorique ci archéoioyiquc de l'Orléa-
nais : Compte-rendu d'un ouvrage de M. Léon Dorez, membre
associé, sur le sac de Rome en l.'i27, d'après la relation d'un Orléa-
nais, nommé Jean Cave, qui avait ù celte époque une charge à la
Chancellerie pontificale. Jean Cave raconte les faits qui se sont
CHRONIQUE '297
passés à Home, el dont il a soullerl, avec une siucérilé ijii'ou ne
rencontre pas chez les autres écrivains contemporains.
Société i'Emulalion et des Beaux-Arts du Bourbonnais .• Noie
de M. Pérot sur rornementation du foyer. Il y est dit que les
contre-cœurs en fonle, appelés « laques <>, se fabriquaient presque
tous en Cliampa'-Mie. et qu'un maître de for^çc^ champenois,
nommé Suzennon, eu a livré, au xvii'' siècle, 220 pour orner le
château de Versailles.
Journal des Savants : M. Hcrthelot rend compte de l'ouverture
des cercueils de Voltaire et de Rousseau, à laquelle il a assisté. 11
rappelle, d'après Grosley, l'inhumation de Voltaire à Sellières et
le procès-verbal de la municipalité de Homilly, reproduit par
M. Babeau, constatant la première exhumation. Les détails four-
nis alors sont conformes à l'état dans l?<iuel a élé retrouvé le
corps. M. Det a déjà traité cette question à propos du talon de
Voltaire.
Présentation.
M. Georges Chanoine, directeur de la succursale de la Banque
de France, à Vesoul, est présenté comme membre correspondant.
M. le Président, avec Tassentiment de la Société, lève la séance,
en signe de deuil, à cause de la mort de M Dnfour-Bouquot.
Société HisTORiQuri rt AiiCHÉOLOGiciCE de Chateac-Tuierrv. —
Séance du I" février 1808.
M. BaiTière-Flovy, de la Société archéologique du Midi de la
France, afin de compléter son « important travail d'ensemble sur
l'industrie des peuples barbares du v« siècle », demande des ren-
seignements précis sur les objets de lépoque dite mérovingienne,
objets conservés au Musée de la Société ou dans les collections
particulières. La réponse élait facile : le secrétaire a indiqué à
l'honorable corre.spondant » le Catalogue des objets d'antiquité de
la collection Caranda », catalogue édité en iS'J.'j par M. Fr.
Moreau.
Dans le Bulletin de la Société du Midi. M. Barrière-Flovy,
d'après les notes de M. Lclauraiii, un fouilleur heureux de notre
département, décrit le mobilier funéraire trouvé dans des tombes
récemment découvertes à Courlies (canton do la Fère) et à
Aulnois-sur-Laon.
M. le baron J. de Baye, dui-anl sa dernière mission dans la
Russie orientale, a été autorisé à faire des fouilles dans des sépul-
tures à Ananino ; il a trouvé des bijoux, des iibules, des boucles
ayant la plus grande analogie avec les bijoux funéraires exhumés
de nos nécropoles champenoises.
La notice biographique de M. Vérette par M. Moulin, et celle de
M. l'abbé Poquet par son ami M. le chanoine Palant, sont ren-
298 GHRONTQUK
voyées à la Comiiiissiuii des Annales, l'ersonne n'étail plus auto-
risé que M. l'abbé Palaril pour parler, comme il convenait, du
caractère sacerdotal et de l'œuvre scientifique de M. Poquet. Jus-
lice a été rendue, depuis longtemps déjà, à ce pionnier de notre
histoire locale.
Deux membres de la Société viennent d'être enlevés presque
subitement par une pneumonie infectieuse, à deux jours de dis-
tance: M.M. Vielle et le docteur Joussaume-Latour. M. Vielle, juge de
paix de Château-Thierrv, était un vaillant adepte de l'archéologie
préhistorique, et laisse une collection des plus intéressantes. 11 a
découvert, aux environs de Fère-en-Tardenois, outre un tumulus,
un certain nombre d'ateliers préhistoriques. Depuis quinze ans
surtout, il avait recueilli des spécimens nombreux d'un type de
flèches en silex^ d'une forme particulière (Voir Annales, 1890,
page 173). Sa collection, moins importante qu'elle ne l'est deve-
nue en ces derniers temps, avait été exposée à l'Exposition uni-
verselle de 1889 et lui avait valu, de la part du Ministère de l'his-
Iruction publique, un diplôme et une médaille. En 1895, lors de
l'Exposition rétrospective de Reims, M. Vielle avait exposé quel-
ques-unes de ses tlèchcs barbelées et à pédoncule. L'aménité de
son caractère, sa grande bienveillance, lui avaientconcilié l'estime
et la sympathie de nos compatriotes. Né à Gournay en 1837,
M. Vielle est décédé le 11 janvier, après quelques jours de mala-
die ; il appartenait à la Société depuis près de dix ans.
S'il était un homme universellement aimé et estimé, c'était
bien le D"" Joussaume-Latour. né à Cliâteau-Thierry en 1S32 et
décédé le 13 janvier. Depuis plus de cent ans, la famille Jous-
saume exerce la médecine dans la contrée, à Montreuil-aux-Bois
et Château-Thierry. Le regretté docteur laisse la réputation, non
seulement d'un savant et prudent praticien, mais aussi d'un
homme essentiellement bon, charitable, modeste, faisant le bien
sans réclame, sans ostentation ; il étdit la providence des pauvres.
Il est mort victime de son devoir, et n'a été alité qu'une seule
Journée. Ses occupations ne lui permettaient guère d'assister aux
réunions de la Société dont il faisait partie depuis 1868, mais il
aimait sa ville natale et s'intéressait à tout ce qui pouvait lui don-
ner du relief.
M. Dupont, secrétaire de la Société de l'Arquebuse, fait, au nom
du Bureau de cette Société, remise des documents qui la concer-
nent. Un état des pièces constituant ce dépôt sera dressé en dou-
ble ; un exemplaire restera dans les archives, annexé à la liasse de
ces papiers.
M. Dupont doit, à la prochaine réunion, retracer Ibistorique de
la fondation, ainsi que les principaux événements auxquels a été
mêlée cette institution qui s'éteint faute d"arquebusiers. Cet histo-
rique viendra compléter les notes que M. Rollct a présentées sur
l'Arquebuse CVoir Annales. 1881, page VJ).
r.HRONIQUK '290
Séance du /«■" mara 18D8. — M. le D'- Marcel Vcrelle, récem-
ment admis dans la Société, et en souvenir de son regretté père,
fait don, pour la l)ibliothèque, du plus ancien classique de la col-
lection de l'ancien et vénérable président. Ce sont deux volumes
in-folio de lo6'2 imprimés à Lyon par Claude Senneton à la Sald-
mendre iSic) avec un e.^-lihris macabre portant ces mots en exer-
gue : « durer, mourir et non périr. » Ils ont pour titre : « L'His-
toire du Monde de C. Pline second, coHationnce, corrigée sur
plusieurs vieux exemplaires. . . v, Le libellé fort long du titre se
termine par ces mots : « Le tout fo.it et mis en français par
Antoine du Pincl, seigneur de Noroy. » Puis une longue épître
dédicatoire au Toy très chrestien (Charles IX); un avertissement
non moins étendu « au lecteur débonnaire », enfin, une ode de
quatre-vingt-huit vers, à la louange de Du Pinet, par un ami qui
déguise sa personnalité sous les initiales X. R. T. Les dessins qui
forment les en-lèles des chapitres semblent provenir de l'illustra-
tion d'une Bible éditée sans doute par Cl. Senneton. L'excellent
commentaire de Littré sur Pline le naturaliste ne dit absolument
rien de Du Pinet. Nous savons seulement qu'il embrassa la
Réforme, devint un des plus ardents prosélytes du protestantisme
et publia, entre autres nombreux ouvrages : Taxe de la péniten-
cerie et cfiancellcrie romaine » qui devint plus tard : « Taxe des
parties casuelles de la houllquo du pape. » Du Pinet était né à
Besançon ou à Baume-les-Dames vers tolo et mourut à Paris en
1584.
La plus grande partie des communes de l'arrondissement de
Château-Thierry et le chef-lieu lui-même ont leur compagnie d'ar-
chers dont l'origine remonte au xiii" siècle. Ces corporations
fêtent le triomphe du bouquet chaque année et paraissent pleines
de vitalité et d'entrain. Il n'en est plus de même de la Société de
V Arquebuse fondée avant le ïv« siècle et réglementée par des
lettres-patentes de François I'^"', de Henri II, de Henri IV, de
Louis XllI (alors à Château-Thierry) et de Louis XV. Les nouvelles
Sociétés de tir, dont l'utilité justifie le succès, ont remplacé les
confréries des arquebusiers. Ces corporations ont eu, néanmoins,
une histoire qu'il était bon de rappeler, des privilèges, souvent
excessifs, qui amenaient de violentes contestations. Les archers
ont toujours eu un rôle modeste ; les arquebusiers, qui se recru-
taient parmi ies notables, étaient fiers de leurs droits, de leurs
attributs. ^
Les derniers beaux jours de la Compagnie, comme de toutes
celles qui existaient dans la province, ont été rappelés par
M. RoUet dans son étude sur La fêle des arquebusiers à Chdlons
en 1754. La notice que .M. Dupont a consacrée à V Arquebuse de
Château-Thierry est une page toit intéressante et très bien traitée
de notre histoire locale. Une plaquette, publiée par M. Delbarre
en 185.3 et « dédiée aux confrères de V Arquebuse », permettra à
M. Dupont de compléter les renseignements qu'il a recueilli';.
300 CHRONIQUE
M. lo dorteiir Vilcoq, tio Clulteaii-Thierrv, gonrlro liii i-pcroltù
.M. Delornip, est ('hi iuen)l)i'e lilulaire.
SoCIÉTt: LITTÉRAIRE ET IIISTORIOUK DK LA BuiE. — SécUlCC du
jeudi 10 février tS98. — Présidence de M. Millier, vice-pré-
sident.
M. Millier procède au dépouillement de la correspondance ; il
donne connaissance aux membres présents d'une lettre de M. Paul
Ravaisse, professeur à l'école des langues orientales, à M. Andrieux,
lui euvorant une note sur un point de son premier chapitre qu'il
lui a semblé intéressant de développer, ayant pour titre : VArl
musical chez, les Arabes.
M. le président dépose sur le bureau, comme dons taits à
la Société :
1° Par M. Lemarié, la Petite Gazelle de Dammarlin :
2° Par M. Barigny, une pièce de monnaie ancienne en argent.
D'après différents historiens, le cardinal Guillaume Briçonnet,
évêque de Saiat-.Malo, puis de INînies, et ministre de Charles VIII,
aurait été également évêque de Meaux ; ce point est à éclaircir, à
moins toutefois ijue le cardinal et son lîls n'aient été tous les deux
évèques de Meaux.
M. le président donne ensuite lecture d'un manuscrit envoyé par
M, Paul Ravaisse, ayant pour titre : fArl musical c liez les Arabes.,
et faisant suite à Tarlicle intéressant lu dans la précédente
séance.
M. (iassies communique un certain nombre de documents
manuscrits, provenant de la bibliothèque de M. le baron Feuillet*
de Couches (vers sur la coufédératiou de .MM. de l'Académie fran-
çaise avec les comédiens français (1732) ; suppliques en vers, con-
tes, horoscope. Texte original manuscrit d'une comédie de
Boissy, intitulée : la Ruse favorable. Observations géologiques sur
la Brie et la Champagne).
*
LiSTK DES DO.NS F.VITS AU MUSIÎF, DE TrOYES PENDANT LE QUATRIÈME
TRIMESTRE DE l'aN.MCE 1897 (SuiU'} :
M. Forgeot-Guerrapain, à Monlier-la-Cellc (Saint-André : — La
pierre tombale eu marbre tioir, malheureusement mutilée, d'An-
toine Girard, dernier abbé élu de Montier-la-Celle (1517-1534). On
voit sur cette dalle les armoiries de l'abbé Girard : un chevron
accompagné de (rois truffes d'eau {tribulus aquaticus, macle,
cornuelle ou châtaigne d'eau).
.M.Adolphe Parigol, président du Tribunal civil de Troyes, mem-
bre correspondant : — Sept carreaux eu terre cuite, incrustés et
verfiissés. trouvés k Provin> : l'un d'eux provient du convfnt des
CHRONIQUE 301
liénédiclios. Ils sont décorés de tleiu'oiis et de rosaces, saul' un,
qui présente des reliefs destinés à être recouverts d'émail et com-
posés d'un écu en pointe, <iiirnionté d'un fleuron et fkuuiué, à
droite, d"une inscription qu'on peut lire : IMS-KICH. et à gauclie,
d'une croix pattée, xiv= siècle ; — Un carreau faïence, avec décor
en couleur, portant au revers la marque VRON.
M. Désiré ThiébauU, propriétaire à Moiins: — Deux clés ancien-
nes en fer et une sorte de petit couteau dont la soie, repliée sur
elle-même, forme le manche.
JM"'" Allanic de Bellecherre, à Paris : La décoration portée par
l'officier prussien qui, en 1815, tua traîtreusement le commandant
Constant Rambourgt. Fait prisonnier, il brûla la cervelle de son
vainqueur au moment même où il venait d'obtenir de ce dernier
l'autorisation de conserver ses armes.
M. Ilerluison, membre correspondant à Orléans : — Un moule en
bronze ayant servi à l'estampage de couvercles de tabatière en
cuir bouilli. Sujet : Héioïse, personnage à mi-corps. Commence-
ment du six« siècle.
^]. Grosdemenge, àTroyes : — Une tabatière en forme circulaire,
en bois de bouleau, portant sur ses deux faces et en côté de?
motifs décoratifs (attributs guerriers et agricoles) imprimés au fer
sur la seconde écorce du bouleau. Fabrication polonaise, xviii''
sièiîlc.
Expositions artistiques. — Au Cercle artistique et littéraire de
la rue Volney s'est tenue, du 20 janvier au 18 février, l'exposition
annuelle de peinture et de sculpture ; et. du 28 février au \o mars,
celle d'aquarelles, dessins, eaux-fortes, etc.
Nous avons remarqué, dans cette dernière, les envois de notre
compatriote, M. Charles Monginot, de Brienne (Aube), dont la
verve spirituelle ne se dément pas un seul instant ; ses natures
mortes, Pipe, Cigarettes^ son Braconnier emportant à travers le
bois le faisan qu'il vient d'abattre, son Coup de rabot, amusants
ébats d'un siYige dans un atelier de statuaire, sont de savoureux
pastels où nous retrouvons avec plaisir l'habileté coutumiére du
maître.
Deux intéressants dessins à l'encre de Chine, pris l'un de face,
l'autre de profil, par M. Paul Grolleron, nous olfrent les traits véné-
rables de M, Louis-Victor Baillot, le dernier survivant de Water-
loo, né le 9 avril 1793, décédé à Carisey (Vonnej, le 3 février 1898,
à l'âge de cent quatre ans.
Au Cercle de l'Union artistique, rue Boissyd'Anglas, l'exposition
annuelle de peinture et de sculpture a eu lieu également du
7 février au 10 mars. Nous citerons, parmi beaucoup d'œuvres très
remarquables, deux beaux portraits de femmes dus au pinceau de
M. Jules Aviat, de Brienne (Aube) ; le portrait de M?' Langénieux,
o02 GHROISIQUK
cardinal-Hifhcvèque de Reims, par Fcrnand Cormoii, et celui de
M. Gabriel Hanutaux, le nouvel académicien, miuislre des atïaires
étrangères, par Benjamin-Constant.
Sur un fond sévère, aux teintes brunâtres relevées par un coin
do draperie écarlale brodée d'or, se détacbe très nettement
rimagc du jeune homme d'Élat, dans une attitude familière et
très vivante, debout, les mains appuyées nerveusement au dos
d'un fauteuil, et comme prêt à prendre la parole pour une discus-
sion politique ou littéraire. L'expression des traits, maigres et
volontaires, est frappante et des mieux réussies.
TUAVACX EXÉCCTliS DANS LA CHAPELLE DE SaINT-JoSEPU , A LA
Cathédrale de Reims. — Les travaux d'embellissement de la cha-
pelle de Saint-Joseph, dans la cathédrale de Reims, sont enfin
terminés : péinlures murales, couliées à M. Lameire ; vilrall
offert par .M. le comte Werlé, exécuté par M. Vermonet; autel en
pierre^, dû à Tentrcpreneur des travaux de l'édifice et dont les
bas-reliefs, la Fuite en Egypte, l'Atelier de Nazareth, la Mort de
saint Joseph, ont été sculptés par MM. VVendlinget (>orbel ; garni-
tures en bronze doré, de la maison Chertier, de Paris ; statue de
saint Joseph offerte par le généreux cardinal Gousset et remise en
honneur... Restait à faire le pavage; il vient d'être posé par
M. Auguste Coulin, avantageusement connu par de nombreux Ira-
vaux artistiques.
C'est lui qui a exécuté les chapiteaux de la nouvelle église de
Witry-les-Reims ainsi que le maitreautel, d'après ses dessins
approuves par M. Thiérot, architecte et inspecteur diocésain. Par
son intelligence et ses travaux finement soignés, M. Coutin avait
attiré l'attention du curé, M. l'abbé Donnaire, qui lui confia un
projet de dallage pour le sanctuaire de sa nouvelle église. Ce dal-
lage devait être une imitation du célèbre pavage de l'église de
Saint-Nicaise, dont on peut admirer une partie heureusement
conservée et placée dans une des chapelles de Saint-Remi. L'or-
nementation est en plomb rcmplissanl les traits gravés dans la
dure pierre de liais.
Ce que l'artiste n'avait pas pu exécuter pour l'église de Witry,
il l'a réalisé dans la cathédrale de Reims • il a tenu à reproduire
le pavage de Sainl-Nicaise, il a produit une œuvre qui fera épo-
que dans sa vie. Seulement, seul, il sait ce qu'il a rencontré de
difficultés pour graver une pierre que l'on ne peut attaquer qu'avec
la mèche lortement trempée : seul, il sait ce que veut ce dallage,
qui a demandé deux années de travail continu à plusieurs
ouvriers de talent. Donnons, pour les amateurs, une idée du tra-
vail, et pour les visiteurs, la nomenclature des scènes bibliques
consacrées à la Vie de saint Joseph, (elles que la Fabrique les
avait désignées.
CHRONIQUE 303
Le dallage est eu pierre de liais de (iriinaull (Voni)e). Les des-
sins ont élé reportés sur les pierres polies au moyen d'outils spé-
ciaux. A raison de la dureté de la matière, il a fallu percer des
trous de 1 à 2 millimètres de largeur, suivant le trait à graver, à
une profondeur de 8 à 10 millimètres et espacés d'un 1/2 millimè-
tre et suivant toutes les courbures du dessin. Ces trous achevés,
les petites cloisons de pierre furent brisées, et l'on coupa la pierre
avec un soin extrômc pour f.'viter les cassures. Cette gravure, à
angle droit, d'un ]/2 centimètre do profondeur, est garnie, dans
le fond, de trous qui permettent d'accrocher la matière eu rem-
plissage, le plomb maté à l'aide de forts marteaux.
Par économie, M. Coutin, tout en conservant les contours et les
dessins de ce pavage, presque unique en son genre, a remplace
le plomb par un ciment très dur.
L'Académie de Reims, ]c 19 juillet lHl)4, ea séance solennelle,
a décerné une médaille d'argent à M. Coutin pour ce pavage,
dont le dessin des personnages et les divers ornements, de style
sm^ siècle, lui parurent remarquables.
Le sol de la chapelle est entièrement couvert par le dallage,
formé d'un lapis conduisant à l'autel, de dix sujets à gauche et
de dix à droite, encadrés d'ornements entrelacés, présentés en
diagonale, et figurant V Histoire de Joseph. L'ensemb'e est serti
de bordures ornées, d'un bel effet.
Les vingt sujets sont dessinés avec une telle finesse, que, pho-
tographiés, ils représentent de véritabhs miniatures. La composi-
tion de chaque scène est la reproduction scrupuleuse du texte
sacré que nous aimerions à signaler si nous ne craignions pas de
fatiguer le lecteur.
En commençant à gauche, en bas du pavage, nous trouvons en
remontant les sujets suivants :
1° Naissance de Joseph. La mère de l'enfant était belle, dit le
texte sacré; l'aitiste lui a donné un air de grandeur.
1° Premier songe de Joseph. Il raconte à ses frères « que sa
<■<■ gerbe se leva, se tint debout, et que les leurs se prosternèrent
X devant elle ».
3° Dcuxicmc songe. Joseph est couché dans un lit : « Il voit le
" soleil, la lune et onze étoiles qui se prosternent devant lui »,
ligures de son père, de sa mère et de ses frères.
4'^ Joseph., dépouille, est descendu dans une ciUrnc. il prie ;
plusieurs de ses frères examinent sa robe aux diverses couleurs ;
d'autres, assis, mangent, pendant que le reste regarde la caravane
des marchands qui doit enlever l'enfant.
5° Joseph, vendu, pleure. Ses frères se partagent le prix do la
vente.
6° Joseph ch(?:- Putiphar. Assis, richenient vê'ui, il administre
la maison.
304 CHRONIQUE
7° La femme de PuliplKV. Elle le tente ; Joseph fuit ca laissanl
son manteau.
8° Joseph, en priso7i, explique le songe du grand panelierelde
l'échanson qui lient une coupe ; ces derniers sont enchaînés.
9" Joseph explique à Pharaon le songe des caches grasses cl
maigres.
10° Joseph., portant au cou le collier du commaiidcnient, fait,
remiser Us blés dans les greniers du roi, contre lesquels sont
adossées des échelles.
Il" Joseph reconnaît ses frères, les fait jeter en prison.
12° Jacob laisse partir Benjamin en larmes.
13° FesUn offert par Joseph à ses frères ; connue le dit leLcxLe
sacré, il mange à une table séparée.
14" Les frères de Joseph sont arrêtés : la coupe de Joseph est
trouvée dans le sac de Benjamin.
lb° Joseph se fait reconnaître etsejelleau cou de Benjamin.
16° Un grand chariot amène en Egypte Jacob et sa famille.
17° Jacob est présenté au roi Pharaon : le vieillard porte un
vase de parfums, selon le texte sacré.
18° Mort de Jacob, qui bérvil Manassé et Ephraim, les fils de
Joseph. Le vieillard met la main droite sur le plus jeune ; Joseph
veut la retirer, mais en vain.
19" Le corps de Jacob, entouré de bandelettes, est déposé dans
le tombeau de ses pères.
20" Mort de Joseph également enseveli dans le tonibeau de ses
pères.
Sur la gauche du pavage on lit :
PAVIllENTUM HOC
SUMPTIBUS
lABniC.E ECOLES. METROI'.
DELl.MVrr FECTTQUE AUG. COUTIN
DIRIGENÏE D. DARCY ARCHITECTONE
AN NO D.NI 1898.
Celait justice de placer ici le nom de M. Uarcy, l'architeclc du
gouvernement qui a donné des plans ou approuvé ceux qu'on lui
a présentés pour retnbellissement de la chapelle.
Ch. Cerf.
Le comte Armand et l'orphelin.^t agricole de Mo.ntardoise. —
Le comte Armand, leminent conseiller général d'Arcis-sur-Aube,
convaincu des services que rendrait à cette région, trop dépeuplée,
une œuvre hospitalière rurale, vient de s'entendre, pour relever
lorphelinat agricole de .Monlardoise, commune de Montsuzaiu
(Aube), avec la Société centrale de patronage fondée à Paris par
M. le marquis de Couvello.
CHRONIQUE 3<Jo
Celle Société, si comme par le nombre d'asiles qu'elle a l'oiidés
et par les milliers d'enfanls qu'elle a sauvés, est représentée par
un Conseil dont l'archevêque de Paris est le président d'honneur,
et la duchesse de Vendôme la présidente du Comité des Dames
patronnesses.
Parmi les membres du Conseil, nous sommes lieureux de remar-
(juer le vicomte de Champreux-Verneui! et le comte Jean-Kemy
Ciiandon de Briailles, qui ont de grands intérêls en Champagne.
Au nombre des bienfaiteurs de la Société, nous comptons aussi
plusieurs champenois, en particulier M. Julien de Felcourl et le
comle NVerlé.
Par l'apport du domaine de Montardoise, va aujourd'hui nguroi'
au premier rang, dans le livre d'or de l'ClEuvre, notre compatriote
le comle Armand.
Grâce à lui, une centaine de pauvres créatures abandonnées
pourront bientôt être recueillies, placées à l'abri de la faim et du
froid !
Grâce à lui, ces petits garçons, qui connaitront les caresses de
la mère dans la sœur de charité, et seraient devenus des vaga-
bonds perdus dans la grande ville, vont être exercés de bonne
heure au métier de ragricullure. Ils pourront plus tard s'em-
ployer utilement dans les travaux des champ?.
Le magnilique chalet, les bàlimenls de la ferme, le logement
de l'aumônier, la chapelle, les classes, de nombreuses dépendan-
ces, tout a été mis par le comte Armand à la disposition de la
Société des Orphelinats agricoles de rrance.
Autour de cet ensemble de constructions, iUU lieclares de lerre
et bois de sapins s'étendent à perte de vue.
On dira sans doute que ces 8U0 arpents au sous-sol crayeux ne
valent pas les bonnes terres de Normandie.
Erreur profonde. Des terrains comme ceux de Moutaidoise [uo-
duisenl d'excellentes récoltes, si on ne leur refuse pas les soins et
|es engrais nécessaires; d'eux surtout l'on peut dire :
"^ .lez, prenez de la peine ;
c. <-^ fonds qui manque le moiti;.
Et, mon Dieu, quelle peine faut-il prendre? Leà fonds gras et
argileux se remuent par la charrue à bo.-ufs. Ici, dans nos pays,
un cheval suffit, conduit par un jeune homme de seize ans, pour
préparer le sol aux productions rémunératrices.
Les statistiques font foi que nos régions étaient beaucoup plus
peuplées avant la grande Révolution que de nos jours. Combien
de villages disparus ou dmiinués depuis cent ans? 'Son, ce n'est
pas la terre qui, chez nous, manque à l'homme ; mais c'est plutôt
l'homme, les bras de l'homme, qui manquent à la terre.
Aussi bien, le défrichement s'impose a Montardoise. Aviint
■20
o'J(^ CHRONIQUE
longtemps, les sapins rabougris céderont la place aux nioissoii?
de seigles, d'avoines et de blés noirs. Les prairies artiticielles et
toutes sortes de racines y viendront bien.
Une vaste bergerie attend aussi, là-bas, son troupeau de mou-
tons qui contribuera au bien-èlrc des orphelin? et ■•■'. la fécondité
du sol.
I.ii Société des Orphelinats agricoles fait les choses bien cL vite.
Le mardi i janvier sont arrivés les Sirurs et vingt pupilles,
accompagnés par M. l'abbé Santol, inspecteur général des Orphe-
linats agricoles. Ce digne prêtre, qui vient de donner aux Parères
de Saint-Jean de Dieu ses établissements de Cerbères (Pyrénées-
Orientales), où un sanatorium maritime est actuellement fondé,
est chargé par la Société de l'installation première de ses omvres.
Il s'est déjà acquitté de plusieurs missions ; particulièrement, il
a mis sur pied Minière, les Troqucs-Maries (Eure-et-Loir), Notre-
Dame Auxiliatrice du Fleix (Dordogne), Sainte-Marie, Muret
(Haute-Garonne), Gévigney (Haute-Saùne).
Les religieuses arrivées à Montardoise appartiennent ù lu vail-
lante congrégation de Saint-Jacul ^Morbihan).
C'est à la recommandation du distingué président. M. le mar-
quis de Gouvello, que l'on doit d'avoir obtenu cette communauté
de Sœurs bretonnes, si parfaites pour Téducatioa des pauvres
orphelins.
L orphelinat de Montardoise est place sous le vocable de sainte
Marguerite, en souvenir d'une pieuse intention du généreux fon-
dateur.
L'intluence de cette œuvre liumanitairc et chrétienne est appe-
lée à rayonner sur cette portion rurale de notre vieille Cham-
pagne.
C'est là que les jeunes déshérités des joies de la famille trouv:--
ront le pain, le gite et aussi l'alfection.
C'est là, aussi, que viendront plus tard s'instruire les amis de
l'agriculture et du sol natal, lorsque les orphelins devenus grands,
ayant employé leurs robustes bras au défrichement des sapiniè-
res, produiront les céréales, qui donnent du pain et du bétai! là
où le P'nius Sylvesiiis mettait des années à s'élever de terre.
Car les productions agricoles sont et seront, malgré- tout, la
principale ressource d'un pays.
La pensée du poctc latin sera loujuurs vraie :
O rus, quando le aspiciam ?
Et celle de notre Gresset est plus l)elle encore, car elle est plus
chrétienne :
Quand ou vil près de la Nature,
On est plus près de la Vertu.
Vn Hutal.
(^HRQ>ilQLiF. o<»7
CuNlLREN(.fc;5 DU RAHON DE liAVIi tfl'U >A ULUMÈRt; MISSIUiN L.N
GtoKGiE ET EN SiJjÉRiE. — Nolre distingué collaboi'ateur, le bavoii
de Baye, a lait, le ir» février 1898, à la Société de Géographie
commerciale, dans la grande salle de la Société de Géographie,
obligeamment prêtée à cette occasion, une intéressante confé-
rence, accompagnée de projections à l'aide des nombreux clichés
photographiques pris par l'auteur, sur sa récente mission en
Géorgie.
Le lis mars 1898, le baron de Baye a exposé dans le mémo
local, devant la Société de Géograpliie^ les résultats d'une troi-
sième mission en Sibérie qu'il a accomplie cp. 1897 sous les auspi-
ces du Ministère de IMnstruction publique.
Après avoir décrit les mœuis des Mordvine.-^, peuplade liniKj-
ougrienne, qui se rencontre dans le gouvernement de Pcnza. le
conférencier, en suivant l'itinéraire du transsibérien, donne de
curieux détails sur les colons et sur les agglomérations d'habita-
tions qui se sont formées dans ces contrées avec une rapidité sur-
prenante.
Il termine en conduisant ses auditeurs sur l'Jénisséi jusqu'à
Minoussink et en peignant les mœurs des tribus tartares encore
chamanistes qui habitent dans ce district.
GuNKERENce UE M. Garriel BoNVALui, A KEiys. — M. Gabriel
Bonvalot, l'explorateur bien connu, a donné une conférence le
mercredi 30 mars 189S, à Reims, dans la salle du Cirque, .sous les
auspices du Comité de l'Alliance française.
Gabriel Bonvalot, hâtons-nous de le dire, est champenois. 11 est
né en 18j3 à Epagne (Aube), a fait ses études au lycée de Troyes
et les a poursuivies en .Mlemagne et en Angleterre.
Il fut, en 1880, chargé, avec M. Guillaume Capus, professeur
d'histoire naturelle au Muséum, d'une première mission scientifi-
que en Asie centrale. En 1886, ils repartirent tous deux pour une
nouvelle mission dans laquelle ils devaient compléter les études
commencées dans la précédente, et cette fois accompagnés de
.M. Pépin, artiste peintre, autre enfant du département de l'Aube.
11 s'agissait de parcourir la Bactriane et de trouver un passage
du Turkestan dans l'Inde, par le Katiristan ou le Pamir.
Les voyageurs s'embarquèrent à Marseille le 22 février I88G, et
par Constantinople, le Caucase et la mer Caspienne, arrivèrent à
Téhéran. Ils traversèrent tout le Nord de la Perse, Merv, le désert
de Kara-Koum et Bokhara, atteignirent l'Oxus par les montagnes
du Hissar et la vallée du Kalirnahan et franchirent le Pamir d'Och
à Gakhkoutch.
31)8 CHRONIQUE
Ce fut un audacieux voyage que les li'ois Français surent ineuer
à bien. Ils rar.conipiirenl avec un courage indomptable, une iné-
branlable volonté, triomphant du froid, de la neige, où leurs che-
vaux enfonçaient jusqu'au poitrail et disparaissaient dans des
trous, en sorte qu'une heure entière ne suffisait pas a parcourir
ui: kilomètre, et venant aussi à bout de la défiance jalouse et bar-
bare avec laquelle les habitants de ces régions inexplorées interdi-
saient l'accès de leur pays.
Le G juillet 1889, M. Bonvalot commençait une nouvelle expédi-
tion. C'est celle dont on a le plus parlé, non sans raison, et qu'il
lit avec le prince Henri d'Orléans et l'abbé Dedeken, missionnaire
belge. Elle ouvre une porte de la Russie sur le Thibet etduThibet
sur l'hido-Chinc française. Le chemin qu'ont tracé les hardis
voyageurs n'est encore parcouru par aucune ligne de fer ; rien ne
nous dit qu'elle ne le sera pas un jour, car on ne saurait prévoir
les besoins économiques des peuples. On se souviendra alors que
les premiers jalons de cette route ont été posés par nos compa-
triote-.
Il faut lire, dans le livre où M. Bonvalot a fait le récit simple et
vivant de ce voyage, les souiîrances physiques et morales endu-
rées par lui et ses compagnons, l'énergie qu'ils déployèrent, le
chef de l'expédition principalement, lorsque, arrivé au point
extrême des explorations précédentes, aux passes des monts
Altyne-Tag et Colomba, quittant la direction de l'Est suivie par
ses prédécesseurs Prjevalski et Carey, pour prendre celle du Sud,
et abordant de front le massif colossal qui s'appelle le toit de
l'ancien monde, il s'écrie : « De l'audace, en avant et à la grâce
de Dieu ! »
La caravane, réduite à quatorze hommes, n'a d'autre guide que
les anciennes traces de chameaux mongols ; encore même tout à
coup ces traces disparaissent : on marche à l'aventure entre 21)"
et iO" de froid, à une altitude de .'ijOOO mètres ; l'eau bout à 72°,
un ne peut ni taire cuire la viande, ni faire infuser le thé. On vit
de farine délayée dans de la graisse, et de pain cassé au marteau.
On souffre, mais on ne s'ennuie jamais, raconte le chef.
Le 31 janvier 1890j après deux mois passés sans avoir vu un
être humain, on rencontre les premiers bergers thibétains ; le lii
février, on fort de l'inconnu, la caravane avait perdu deux hom-
mes, tousses chevaux et vingt-cinq chameaux sur quarante. Elle
marche maintenant sur Batang, cette fois en pays habité, et de
Batang arrive le 28 septembre à Hanoi, la capitale du Tonkin. Les
explorateurs avaient, en huit mois, fait 2,500 kilomètres de route
nouvelle et étaient restés 300 jours à cheval.
>L Bonvalot, dans un récit semblable à celui de son voyage
avec le prince d'Orléans, expose les péiipéties, différenles, mais
nou moins curieuses assurément, de son expédition récente en
Abvssinie.
CFIRONIQUK ^00
La « JEAN'Nt: d'Arc » de Paul Dui!û:>, a Paris. — Craignant
d'être pris au dépourvu si la fête de Jeanne d'Arc était votée et
célébrée en mai prochain, le Conseil des bâtiments civils s'est
enfin décidé à s'occuper de l'emplacement de la Jeanne d'Arc de
Paul Dubois.
11 vient d'adresser à la Ville de Paris une demande tendant à
obtenir la place Saint-Augustin pour y élever cette statue ; mais
il paraît que certains conseillers se montrent peu disposés à accep-
ter ce nouveau monument, sous prétexte que deux existent déjà :
celui de Frémiet et celui de Chntrousse sur le boulevard Sainl-
Marcel.
Ces conseillers oublient sans doute que Voltaire a trois statues à
Paris : l'une au square Monge, l'autre à la mairie de la rue
Drouot et la troisième sur le quai Malaquais. Si l'hommage n'est
pas excessif pour l'auteur de la PuccUey comment le serait-il pour
la grande libératrice de la patrie ?
Au fond, la place commence à manquer à Paris pour les monu-
ments, et on veut sans duute se réserver le peu qui reste pour los
gloires contemporaines.
*
KliCEPTION DU PRIN'GE NlCOLAS ScHERBATOFF PAR L'x^CADKMir: DE
Reius. — Le samedi 12 février 1898, l'Académie de Reims avait
l'honneur de recevoir l'un de ses membres correspondants nou-
vellement élus en Russie, Son Excellence le prince Nicolas Scher-
batoir, administrateur du Musée impérial historique de Moscou,
officier de la Légion d'honneur, qui était venu passer l'hiver avec
sa famille tant à Biarritz qu'à Paris. Avec lui se trouvaient le baron
de Raye et M. Robert-E. Boker, architecte à Saint-Pétersbourg.
Le prince Scherbatofï visita successivement l'Arc de Triomphe,
les Musées et la Bibliothèque de la ville, la collection Léon Morel,
la cathédrale, l'église Saint-Remi, et enfin le Musée lapidaire de
l'Hôlel-Dieu. Il se rendit aussi au Palais de l'Archevûché, où il
rendit visite à Son Eminence le cardinal Langénieux, archevêque
de Reims.
Un déjeuner intime réunit, à midi, le prince et le bureau de
l'Académie à la table hospitalière de M. le comte Werlé, consul
de Russie à Reims et membre titulaire de TAcadémie.
Le soir, un banquet, à l'hôtel du Lion-d'Or, groupa autour du
prince plusieurs notabilités rémoises : M. le sénateur Diancourt,
M. H. Paris et M. le D"" H. Henrot, anciens maires de Reims,
M. V. Duchâtaux. etc. Ms^ Cauly, président de l'Académie, porta
la santé de l'hôte si distingué qui avait reçu à Moscou les repré-
sentants de la science française au Congrès Médical tenu l'an der-
nier, f.a plus franche cordialité anima cette réunion.
nid CHRONIQUE
l'ouf lenniner la lûlc, le baron de Ba}e, menibie honoraiie de
l'AcadérDie de Reims, raconla son récent voyage en Géorgie dans
«ne conférence lr^s applaudie et accompagnée de projections fort
bien réussies.
*
Vente de la Bibliothèque Deulll\, a Épernay. — La vente de
la bibliothèque de M. Eugène Deullin a eu lieu à Epernay le lundi
.Il janvier et jours suivants. M" Cbevret, commissaire-priseur, était
assisté de M Claudin, libraire à Paris, qui a dirigé la vente devani
un public de chois, l/assistance n'était pas très nombreuse. Quel-
ques libraires ronnus liaient présents, entre autres M. !\lichaud,
de Reims.
Le catalogue, qui ne comptait pas moins de i,9l9 numéros,
renfermait un grand nombre de livres et quelques manuscrits
intéressants pour l'histoire de la Champagne, la littérature, les
beaux-arts, la bibliographie et les biographies provinciales.
Le prix le plus élevé — 81 francs — a été atteint par l'Histoire
de Chdlons-siir-Marne et de ses institutions, par Barbât (n'^ 73).
L'ouvrage de l'historien chàlonnais est toujours très recherché à
cause de ses lithographies, représentant les anciens aspects de la
ville qui s'est transformée depuis IS.'ili, date de ces publications.
Un manuscrit du xviii* siècle, les Antiquités de la ville de Join-
rille (n° i'ô), a été adjugé à M. Claudin.
Il contient une généalogie des seigneurs de Joinville.
Un manuscrit latin, Anliquilalum Claravallensium appendix
follcctus anno 1680 (n' 30), a eu le même acquéreur.
La bibliothèque de la ville d'Epernay a fait l'acquisition de
quelques volumes : les Apophtegmes de Perrot d'Ablancourt
(n» 39), les Commentaires de César, traduits par le même ; le
Répertoire archéologique du département de l'Aube, par d'Arbois
de .lubain ville (a" 49) ; l'Histoire des Archers et des Arquebusiers
de la ville de [ieims, par Edouard de Barthélémy (n" 85).
La curiosité de ceux qui suivaient la vente a été assez excitée à
lin moment par une publication curieuse, réimpression d'un pla-
card illustré publié à Paris en 1749.
Cette réimlDressiou avait été faite pour M. Deullin par l'éditeur
Bonnedame, à Epernay, en 1872. Le placard porte ce titre ; Avis
important au sujet qu'on mcnr des chiens dans les églises
(n- 58).
M. Deullin avait conservé de cette feuille 3i; exemplaires que les
amateurs se sont partagés à bon coinpte moyennant 1 à 2 fr.
Don au Musle de Cualons. — Le Musée de la ville vient de
recevoir de l'Elat, en dépAt. der.x peintures sur toile :
r.uRONiouK :; Il
1" bacri/lce au hioi l*a)u [j.h Philijifw l.iuiri (x\w sii-ric,
Kcole romaine).
2o Place de la Clauslre, à Périnucux^ par (Jriveau.
Ces deux tableaux sont exposés dans la salle de peinture du
premier étage.
*
Li. BRi;\tAinE dt. M?"" DarbOv. — Le rardinal Richard vient de
déposer au trésor de Noire-Dame le bréviaire que Mi-r Darboy avail
emporté ù la Roquette et qui fut remis après sa mort à l'abbé
Gallet, alors vicaire de Saint- \u?^ustin, par l'un des fédérés, car-
dieu de la prison.
Ou sait que l'infortuni'- prélat était originaire de Fayl-fîillnl
I Haule-MarneK
M^'" Lattv a Rume. — Le jeudi 17 février, à midi, Léon Mil a
reçu l'évûque de Cbàlons en audience privée. Le Souverain-Pon-
tife a retenu pendant une heure M?'" Lattv, qui s"est retiré [jrofoii-
dément ému et llatté de l'accueil paternel de Léon Xlll.
Sur le désir exprimé par Sa Sainteté, le prélat retournera au
Vatican, pour prendre congé du Saint-Pére. la veille de ?nn
dénart de la Ville éternelle.
ÏUOLVAILLE ArtcHKOLor.iQLE A Basslet. — Une découverte
archéologique importante a été faite récemment à Bassuet
(Marne), par M. Villenet fils. Il a mis au jour plusieurs tombes
gallo-romaines contenant des torques, bracelets, poignards cise-
lés, fibules, etc
La Société des Sciences et Arts de Vitry se propose, d'accord
avec les propriétaires voisins et sous la direction de M. Ruche,
instituteur, de continuer les fouilles.
DlXOCVERTli d'oSSEMKNTS FOSSILES A LA NëL'VILLE-AC-PoNT. —
M. Jacquier-Radière, de la Neuville-au-Pont (Marne), a trouvé
dernièrement, dans une carrière de sable, à cinq mètres de pro-
fondeur, une superbe dent de mastodonte^, mesurant douze centi-
mètres de longueur et cinq de largeur, et pesant 850 gramme-^.
Destruction des ruines du cuateau des comtes de Champagne.
A Lachy, — Le vandalisme des acquéreurs des ruines du vieux
château de Lachy a jeté bas les antiques murailles de la chapelle.
\ ce sujet, le Courrier de Sézanne publie un historique que lui
adresse un de ses correspondants :
312 CHRONIQUE
a .le ne puis que {ilourcr sur ces vieux témoins dos évr'ueinenls
de noire histoire, depuis saint Louis jusqu'à nos jours.
Le château de la reine Blanche de Champagne et de Navarre
fut démoli probablement au cours de la longue et cruelle guerre
de Cent ans. Le vieux château de Lachy avait élé témoin de la
révolte de Jacques Bonhomme — la Jacquerie — contre son suze-
rain. Il vit passer plus lard, peiidant les guerres religieuses, les
Huguenots, qui incendièrent probablement le couvent du Val-
Dieu, son voisin.
Arrive la Uévolulion ; on arrache les pierres aux tours du chA-
tcau, pour faire comme les Parisiens qui démolissaient la Bastille.
Ce qui restait, entouré de bois, servit encore deux l'ois de
refuge. C'était l'invasion de 1814, les batailles de Champaubcrl,
de Vaiichamps, de Montmiraii, de Sézanne, de Fère-Champenoise.
Les Cosaques couvraient toutes les routes, tous les chemins. On se
cacha dans les taillis du vieux château, et les Russes passèrent à côté,
mais n'osèrent point pénétrer dans les fourrés de ronces et d'épines.
Enfin, en 1870, à la nouvelle que la France était encore
envahie, on cacha le linge et ce qu'on avait de plus précieux dans
les vieux souterrains de l'antique castcl, cachette vite découverte,
mais qu'on croyait sûre.
Quand le vieux château fut construit, c'était un signe de pro-
grès, puisque c'était, en même temps qu'une forteresse, un lieu
de refuge pour les serfs, nos ancêtres. Aujourd'hui, c'est encore un
signe des temps. Ses piei-res, vendues à l'encan, sont converties
en pièces d'or.
Rien n'eu restera que le souvenir de ce qui fut le berceau de
nos aii'ière-grands-pères.
Ainsi passe la gloire du monde. »
L'.NE (KLVRK nu si.ULfTiiUU L)i:loye. — Les amis de l'humorisle
Pothey ont inauguré le 2 février dernier, au cimetière de Saint-
Oucn, un modeste monument sur l.i toniln' de l'auleui tlo la
M'ji'lW.
Ce monument comporte un médaillon dû au ciseau du très dis-
tingué sculpteur scdanais. Gustave Deloye, qui fut l'ami très
dévoué de Pothev.
Une cE.NTENAinE. — M°"= Julia Cousinat, veuve Chiquet, née à
Aulnay-sur-Marne le 2o février 1797, a atteint, le vendredi 2ri
février 1898, sa cent-unième année. M™"^ veuve Chiquet a, parait-
il, conservé ses facultés et raconte volontiers ses souvenirs. A son
âge, ce n'est pas ce qui manque le moins. Elle habite tantôt chez
l'une do ses filles, à Athis (Marne,',' tantôt chez l'autre, à Tours-sur-
CHRONIQUE 313
.Marne, * sos doux i^-amines », dil-nlli', qui smil luiit^s deux ?op-
t 11 aire II a ires.
Nominations kt Distinction^. — Itc'ception di' M. le comte
Albo'i de Mun à l'Académie française. — Le 11 mars 1898 a
eu lieu la réception, à l'Académie française, de M. le comte .\lbert
de Mun, qui succédait à M. Jules Simon, décédé en 1896.
Dès dis heures du matin, bien que les portes ne dussent s'ou-
vrir qu'à une heure de l'après-midi, une foule considérable se
pressait aux portes de l'Institut.
Une heure avant l'ouverture de la séance, la salle était comble
et il ne restait disponibles que les places réservées aux membres
de l'Institut, au corps diplomatique et à la famille du défunt
membre de l'Académie, dont on prononce l'éloge.
Aux places réservées et au centre on remarque l'amiral Bes-
nard, ministre de la marin ■ ; M. Barthou, ministre de l'intérieur;
M. Hanotaux, ministre desatïaires étrangères ; M""" Clari, nonce du
pape ; le prince OuroussotT, ambassadeur de Russie ; le grand-duc
Michel ; l'ambassadeur d'Aulriche, etc.
Les membres de la famille de M. Jules Simon occupent une tri-
bune qui leur est spécialement réservée.
A deux heures exactement, le bureau de l'Académie française,
.MM. le comte d'Haussonville, directeur; Jules Lemaître, chance-
lier, et Gaston Boissier, secrétaire perpétuel, suivi du récipien-
daire, M. le comte Albert de Mun, accompagné de ses parrains,
MM. Mézières et le vicomte de Vogiié, fait son entrée dans la salle
des séances solennelles au milieu d'une haie de soldats du 102"
régiment d'infanterie qui piésenteiit les armes.
C'est avec la plus grande attention que les assistants ont écouté
le discours de M. le comte Albert de Mun, faisant l'éloge de
M. Jules Simon, et la réponse de bienvenue qui lui est faite parle
directeur de rAcadémie. .M. le curnte d'Haussonville.
Réception de. M. Gabriel Hanolau.c à l'Aradcmie française.
— Le 25 mars 1898, M. Gabriel Hanotaux recueillait à son tour,
sous la coupole de rinstitul, la succession de M. Ghallemel-Lacour.
Depuis longtemps, on n'avait vu une telle affluence de monde
entre le pont des Arts et le palais Mazarin.
Pendant que les privilégiés pénètrent sous la coupole, les mem-
bres de l'Académie française arrivent et se rendent dans la grande
.salle de la Bibliothèque. Seuls, sont en habit à palmes vertes : le
récipiendaire, M. Gabriel Hanotaux ; ses deux parrains, M.M. Albert
Sorel et José-.Maria de Heredia ; l'ancien directeur, M. le vicomte
de Vogué, et le secrétaire perpétuel, M. Gaston Boissier.
■1 t CHRONIOOK
Aux places du cunlro. dans les Iribuiios ot, dans les aiupiiilhéii-
Ires, le public s'entasse el se serre. La salle des séances publi-
ques, qui contient habituellement 900 personnes, est bondée à tel
point que près de 1,000 personnes ont pu y prendre place.
Devant la tribune du bureau de l'Académie se trouve une ban-
quelle réservée où doivent s'asseoir 31. Félix Faure, Président
de la République et ses invités personnels. On a jugé, en effet,
que la loge spéciale qui est habituellement réservée an chef di^
l'Etat est trop peu spacieuse.
Tout ce que Paris compte de nolabiiités dans le monde de la
liolitique ou de la diplomatie se trouve présent.
La tribune réservée à la famille dn défunt membre de l'Acadé-
mie dont on prononce l'éloge est occupée par des parents éloignés
de M. Challemel-Lacour.
Un peu avant deux heures de l'après-midi, le Président de la
République, qui avait tenu à rendre un témoignage de particu-
lière estime au Minisire des Affaires étrangères, mais qui avait
aussi voulu venir au simple titre d'invité, arrive à l'Institut
accompagné de M. le général Hagrun, secrétaire général de la
présidence, et de M. Le Gall. directeur de son cabinet. Le Prési-
dent est vêtu de la redingote et porte à la boutonnière la rosetle
de la Légion d'honneur. Il est rejoint par le grand-duc Nicolas
Michaïlowich et le prince Ouroussolf, ambassadeur de Russie, ses
invités personnels. Le Président pénètre sous la coupole et prend
place au centre de la banquette qui lui est réservée. Le grand-
duc Nicolas s'assied à sa droite et l'ambassadeur de Russie se place
à sa gauche.
A deux heures précises, le bureau de l'Académie, précédant le réci-
piendaire et ses parrains, fait sonentré'e dans la salle des séances.
Le nouveau membre de l'Académie française se lève et d'une
voix forte, claire et bien timbrée, lit son discours de réception,
consacré à l'éloge de son prédécesseur, M. Challemel-Lacour.
Cette lecture est écoulée avec le plus grand plaisir par l'assis-
tance qui souligne plusieurs passages de murmures approbateurs
el de ses applaudissements.
La réponse au discours de M. Hanotaux, par M. le vicomte de
Vogiié, est entendue avec non moins d'intérêt et obtient un égal
succès.
Un service d'ordre spécial a dû être organisé dans la cour du
palais Mazarin et sur le quai Conti.
Le Président de la République, le grand-duc Nicolas et le
prince Ouroussotl on été vivement acclamés.
L'Académie des Inscriptions et Relies-Lettres a procédé, dans sa
séance du 2'6 mars 1898, à l'élection d'un académicien libre en
remplacement du baron de Rublc, récemment décédi'.
CHRONIQUE .M;'
Aa 'o'' tour de sciuLii), le H. P. Thédenal a i;Lé élu par 'l'J voix
sur ii volants.
Le R. P. Henri Tliédenal, pnHre de l'Oratoire, est né à la
Rochelle en i844. Il fut naguère directeur du collège de Juilly.
Président sortant de la Société des Antiquaires de France, qui est,
on le sait, pour les archéologues, une sorte de vestibule de l'Aca-
démie, il s'occupe, avec autant de science que d'ardeur, des anti-
quités romaines, sur lesquelles il a publié de nombreux travaux,
parmi lesquels, tout récemment, une rcmanjuable monographie
du Forum romain*, pour la préparation duquel il a fait un loncc
^f'jour dans la Ville éternollo.
Mu'dc Pélacol, nouvel cvêguc de Troycs. — Le successeur de
>!•?■■ Cortet sur le siège de Troyes est un gentilhomme aussi noble
d'esprit et de cœur que de naissance. La distincUoii de ses maniè-
res n'a d'égale que son exquise alTabilité.
Né le 14 juin 1840, il débuta dans le ministère sacerdotal
comme secrétaire particulier de l'évêque du Puy.
M"'' Lebreton le nomma en 1874 vicaire généial et il conserva
ces fonctions sous Tépiscopat de M?"" Fulbert Petit, aujourd'hui
archevêque de Besançon, dont le successeur, M^'" Guillois, lui
donna également toute sa confiance.
Vingt-deux années d'administration diocésaine ont donné à
l'abbé de Pélacot une expérience consommée des affaires ecclé-
siastiques.
Le générai Godarl. — Le général Godart, qui vient d'être
nommé commandant de la IC^ division, à Bourges, est né le il
août 1837 à Mareuil-le-Port (Marne). Elève à Saint-Cyr en 1857, il
fut promu sous-lieutenant le 1"^^' octobre 1839, lieutenant le 24
juin 1865. Pendant la guerre franco-allemande, il fit partie, avec
le G9' de ligne, où il servait, de la division Castagny du 3" corps
d'armée, et assista à la bataille de Borny (14 août), à celles de
Gravelotte et de Saint-Privat (IC et 18 août). On lui donna les
épaulettes de capitaine le 2 octobre 1S70 et, quand la paix fut
signée, la croix de la Légion d'honneur.
Chef de bataillon le 15 mars 1880, officier de la Légion d'hon-
neur le 15 mai 1884, lieutenant-colonel le 30 octobre suivant,
M. Godart devint colonel le 1" juillet 1887. Il commanda le lli'.e
d'infanterie, à Mamers, puis à Paris, jusqu'au 20 décembre 1891,
date à laquelle il obtint les étoile? de général de brigade. II com-
manda alors la 77^ brigade d'infanterie à Commercy et fut choisi
comme divisionnaire le 9 octobre 1890.
1 . ParÎF. HaoliPlte, 1S98 : iii- 18 avec caile- et pi.
3 If) CHRONIQUE
l.c gt'nènU Mourlan. — Parmi les nouveaux divisionnaires,
nous devons également srikier le général Mourlan, qui est appa-
renté à l'honorable famille Barbât, do Chàlons.
Le général Mourlan était chef d'escadron, officier d'ordonnance
du général Clinchant, lorsque celui-ci succéda, en 1879, au géné-
ral Douay, comme chef du C corps d'armée.
A la suppression de l'ancien corps d'état-ntajor, Mourlan servit
aux tirailleur^ algériens, fit avec distinction, en qualité de colonel,
plusieurs campagne.» au Tonkin, et mérita ainsi le grade de géné-
ral de brigade, il a commandé en cette qualité une brigade d'in-
fanterie dans l'ouest et est devenu président du Comité de gen-
darmerie.
Le général Mourlan est Agé de soixante-et-un ans.
Ln colonel Lecomlc. — M. le lieutenant-colonel Lecomte,
directeur du Génie à Cbâlons, qui préside actuellement le Conseil
de guerre de la 6" région de corps d'armée, est le fils du regretté
général Lecomte, qui fut fusillé pendant la Commune, par les
fédérés, avec son collègue, l'infortuné général Clément Thomas.
A l'époque de ce lâche assassinat. M. le colonel Lecomte était
lieutenant du uénie.
M. Pillière, originaire de l'oix (Marne), lieutenant-colonel au G"
de ligne, vient d'être promu colonel et affecté au L'ïG'^.
.M. le colonel du génie Maillac, directeur du génie à Alger, est
nommé commandant supérieur de la défense des places du
groupe de Reims, en remplacement du général Lefort.
M""' Madeleine Lemalre. — M"*' Madeleine Lemaire vientd'ètrc
nommée professeur de Heurs par la direction du Muséum d'his-
toire naturelle.
Il n'y a que deux professeurs d'art au Muséum : M. rrémiel
pour les animaux, Mm« Madeleine Lemairc pour les Heurs. C'est
dire l'importance du choix fait par les membres de l'Institut.
Ce n'est pas, au point de vue du féminisme, un mince événe-
ment que la nomination de M™" Madeleine Lemaire comme pro-
fesseur au Muséum d'histoire naturelle, La distinction serait déjà
très flatteuse par elle-même : mais c'est, en outre, la première fois
CHRONKJUE 317
iju iiiiu t'emine Osl appelée à remplir des roiiclious si iiuloireriienL
ofljcielies, et à occuper un poste où ne manquaient pus les candi-
datures masculines. M'n'= Madeleine Lemaire succède à ces artistes
célèbres qui se nommaient Van Spendonck et Redouté.
M. Théodore Dubois. — On sait que M. Tliéodore Dubois,
notre distingué compatriote, a été, pendant longtemps, organiste
titulaire de l'église de ia Madeleine, à Paris. Nommé directeur du
Conservatoire, il avait dû résilier ses fonctions. Le Conseil de
fabrique vient de le nommer organiste honoraire de la paroisse,
en récompense de ses bons et loyaux services. M. Théodore Dubois
compte^, en eii'et. vingt-six ans d'exercice à la Madeleine, en qua-
lité de maître de chapelle et d"organiste. Il avait succédé à
M. Camille Saint-Saëns.
M. l'abbé Hertzog, curé de la Madeleine, est allé faire paît de
celte décision, ces jours derniers, au directeur du Conservatoire.
L'Académie des Sciences avait à décerner, dans sa dernière
séance annuelle, le prix Bréant, de IOU,0(tO francs, pour la guéri-
son du choléra.
Ce prix n'a pas été attribué, mais M. le D"^ Kmile Legrain,
d'Avenay (Marne), figure pour une somme de t,00(t francs dans
les récompenses accordées à ce sujet.
Le ministre de la Guerre vient d'accorder une médaille d'hon-
neur au frère ApoUin Camille, directeur de l'école libre de Sedan,
pour récompenser le dévouement dont ce dernier a fait preuve à
l'hùpital militaire de cette ville pendant les épidémies do fièvre
typhoïde et de si'arlatine.
Le frère Apollin Camille, qui s'appelait il y a quelques mois le
sergent Duval, a quitté l'armée pour se consacrer à l'éducation
chrétienne des pauvres.
MM. Eugène Doucet et Edmond PetiLfils, étudiants, anciens élè-
ves de l'Institution Saint-Hemi, à Chaileville, viennent d'obtenir
chacun une médaille de bronze (troisième prix), au concours
ouvert par la Société littéraire et artistique de Nîmes, le premier
pour une nouvelle, le second pour une comédie en prose.
Dans le mouvement administratif [)ublié le 26 février au Joui -
nal o/ficicl.) nous relevons les nominations suivantes :
31§ CHB©NlQUfc
M. Tréponl, sous-pietet de Dole, est nomme secrélaire-géiiéial
de l'Aisiie ;
M. Fournier, licencié en droit, est nommé conseiller de préi'ec-
liire des Ardennes, en remplacement de M. Vauzy, nommé con-
seiller de préfecture de l'Allier. •
l'arnii les nombreuses nominations académiques faites à l'oc-
casion du i'^r janvier et promulguées seulement au mois de février
dernier, il faut citer, pour notre région, comme officiers d'Ins-
truction publique :
MM. liarbry, ancien garde-mines, inspecteur du travail dans le
déparlement de la Marne, qui compte plus de quarante années de
services ;
Ernest Cury, compositeur et professeur de musique à Paris.
M. Krnest Cury, ancien élève de la maîtrise de Reims, a tenu le
petit orgue de la cathédrale. C'est un des meilleurs élèves de feu
M. Robert. Il fonda à Reims, avec Bazin, la première Société cho-
rale la Saillie Cécile :
Henri-Edouard Uallier, compositeur de musique à Paris, mem-
bre des jurys d'examen au Conservatoire, organiste de Saint-Eus-
tache. On sait les origines rémoises de ce futur professeur au
Conservatoire, qui fut longtemps organiste de la cathédrale ;
Delatour, vice-président du Conseil général de l'Aube j
Delorme, médecin principal de l^^ classe, médecin en chef de
l'hôpital du camp de Chàlons ;
Auguste-Alphonse-Marie-Joseph Dru/., secrétaire-général de Ja
|)réfeclure de Chàlons-sur-Marne ;
Le docteur Lebrun, médecin à Bar-sur-Aubc ;
.Menneret, inspecteuc des enfants assistés du département de
l'Aube ;
Speckhahn, président de délégation cantonale à Renwe/.
(Ardennes) ;
Tèlevuide, conseiller général et maire à Halnot sur-Laignes
(Aube).
— Comme ofliciers d'Académie : MM. Auiiriot, ancien instituteur,
secrétaire de la sous-préfecture de Bar-sur-Seine ;
Le docteur Baratier, à Jeugny (Aube) ;
Belianger, ingénieur à Sainte-Menehuuld ;
Bertozzi fils, sculpteur à Reims ;
Eugène-Pierre Bosc, chef du cabinet du Préfet de la Marne ;
De la Boullaye, inspecteur des forêts à Troyes ;
Brunetot, ancien instituteur, maire de Villers-AUerand ;
Couttolenc, professeur de physique ci de chimie à l'Ecole pro-
fessionnelle de Reims ;
(JHKQNIQIIK cl 19
Delagardu, prociireui' de la République à VUry-le-lraiiçois ;
M'"'' Rose-Kélicie Delaunay, arlisle lyrique eL professeur de
chant à Paris.
Nous retrouvons eu elle une aimable rémoise, M'^' Rose lîuu/.li,
-^ belle-sii'iii de noire excellent violoniste M. Vaulhier. Elle a
épousé un peintre de talent, fils de l'éminent sociétaire de la
Comédie-Frant^aise. M'^'^ Rose Delaunay a été engagée durant
quelque temps à l'Opéra Comique ;
Viclor-Prosper Dussautoir, vérilicateur en chef des poids et
mesures à ChAlons-sur-Marnc ;
(ilinel, publiciste à Laon. Notaire à Reims avant de se lixer
définitivement dans l'Aisne, M. Glinel a consacré d'intéressants
travaux littéraires au poète Arvers et à Alexandre Dumas père. Il
est président de la Société académique de Laon ;
Le docteur Guelliot, chirurgien au l^ycée et à l'Hùlel-Dieu de
Reims. On lui doit de bons travaux sur l'ancienne Faculté de
médecine de Heims ;
Hugnier, vice-président du Bureau de bienfaisance à Troyes ;
J. Huot, membre de la Chambre de commerce de Reims.
Ancien négociant à Rethel, il a laissé d'excellents souvenirs dans
toute la contrée ;
îsnard, ancien juge de paix à Verzy et à Ay ]
Jacquinet, maire île Suippes, délégué cantonal à Ay ;
Cbarles-Emile Levylier, maire de Courdemanges (Marne), avo-
cat à la Cour d'appel de Paris ;
Meim, instituteur à Fismes ;
Niverd, professeur de musique à Reims ;
Pigot, suppléant du juge de paix à Villenauxe (^Aube; :
Précardin, percepteur des contributions directes à Dampierre-
le-Château (Aube) ;
■ Prudon, receveur des postes à Pont-sur-Vonne (Aube] ;
Quantin, instituteur en retraite à Ambonnay (Marne) ;
Trulal, maire de Clesles (Marne), délégué cantonal ;
Vanier, publiciste à Troyes ;
Et Vermonet, peintre-verrier à Reini;.
Mariages. — Au commencement de fevriei a elc célèbre, en
Fégiise Saiiit-Ferdinand-des-Terncs, à Paris, le mariage de
M. Emile Mercier, négociant en vins de Champagne à Epernay,
avec M"^ Félicie Hennequin, de Paris.
Dans les premiers jouro du mois a été célébré également le
mariage de M"'' de Fonlonoy, fille du comte de Fontenoy et de la
o20 CHKO.NIQL'E
comtesse née de l'eloouil, propriétaires de 1 aiiciemie abbaye de
Trois-Fonlaines (Marne), avec le comte Antoine de Mahuet.
L'abl)é Maurel, supérieur de l'école Belzunce de Villeneuve-sur-
Lot, a béni le 2 février, en l'église Saint Philippe du Roule, à
Paris, le mariage du baron Paul Hulot de Collart avec M'''= Magde-
leine de Frémont.
Les témoins du liaiicé étaient : .M. Louis Tirman, sénateur,
ancien gouverneur général de l'Algérie, et M. Gaston de Pellerin
de Latouche, secrétaire-adjoint de la Compagnie P.-L.-M.
Ceux de la mariée, ses oncle/, M. Malpeyre, inspecteur des
forêts, et le comte d'Aigrepont.
La mariée est fille du distingué inspecteur de l'exploitation delà
Compagnie d'Orléans, d'une vieille famille militaire du Bourbon-
nais. Le marié est l'aîné des petits-fils d'un héros de la Grande
Armée, officier supérieur d'artillerie, démissionnaire en 1S30, et
le petit-neveu du général baron Jacques-Louis Hulot, dont la
brillante conduite au siège de Lille, en 1815, lui valut, en gage de
reconnaissance de ses habitants, une épée d'honneur qui lui fui
remise par le duc de Berry.
Le nom ardennais de Hulot, remontant à Jean llulol, de Braux,
près Charleville^ anobli avec toute sa famille, par lettres données
à Rome, le 3 mai 152b, en raison des services rendus au Saint-
Siège, reçut un nouveau lustre pendant les guerres du premier
Empire et de la Restauration. Il fut porté par trois vaillants géné-
raux et il est inscrit sur l'Arc de Triomphe do l'Etoile.
Le 14 février a eu lieu à Reims le mariage de M'" Hébert, fille
du directeur de la succursale de la Banque de France, avec
M. Ducancel, industriel.
Les témoins de la mariée étaient : M. Gustave Masson, de
Troyes, sou oncle, et M. BrissarL, avocat à Reims, ami de la
famille ; ceux du marié : M. Francillon, notaire à Villeneuve-sur-
Nonne, son beau-frère, et M. Stéphane Uucancel. propriétaire à
Reims, son oncle.
M. l'abbé Froment, curé de Saint-Jean-Baplislc, a célébré la
messe, et M?"" Mollien, évêque de Chartres, a donné la bénédiction
nuptiale, après avoir adressé aux fiancés et à leurs familles une
paternelle et éloquente allocution.
L'lm|jrimeur-'Jéranl,
Lku.n FHÉMONT,
NOTICE
SEIGNEURIE DE LA ROTHIÈRE'
Il D'y aviil aiicieuuemeul (avaal lo36), à la Rolhière,
d'aulre justice el seigneurie que la seigneurie ^l justice uni-
verselle de la Kothière. Celle seigneurie el justice n'avait point
d'autre nom que celui du lieu, et il n'était point fait mention
alors ni du lîef et justice de Lanté, ni du liel et justice de
Gigny, ni de la justice du Haut-Chemin, ni enfin de celle du
buis Rinnoiir-t. Cctle distinclion n'est venue qu'à la suite des
temps, à cause des partages de la seigneurie de la Rothière.
Tel était l'état des choses jusqu'au commencement du XIV^
siècle, où la seigneurie tout entière était possédée par les com-
tes de Brienne et aussi par les comtes de Nevers et de Rethel,
seigneurs de Jaucourt. Mais, à cette époque (1336), la terre de
la Rothière fut partagée entre plusieurs feigneuis, et l'on dis-
tingue : 1" la haute seigneurie ; 2" la seigneurie de la Rothière
proprement dite, relevant en tief des sires de Dienville, et en
arrière- fief des comtes de Brienne ; 3" les fiefs de Lanté, de
Gigny, du Haut-Chemiu el du bois Runonel.
I
Comtes de Brienne.
D'après les documenls du château de Dienville, les seigneurs de
la Rotliière sont :
1. Jchanne de ChdLiUon, épouse de GauUiier V, comte de
Brienne et de fiches, et duc d'Athènes. Elle était fille de Gau-
cher V, connétable de France, el d'Isabelle de Dreux (Acte sur par*
chemin, 0 février 133G).
2. Gauthier VI, son iils (même acte).
3. Isabeaii. Jchanne de Chàtillon eut deux enfaiiLs : GaU'
lliier VI qui précède et Isabeau. Gauthier VI périt à la bataille de
Poitiers -, el Isabeau, sa sœur, lui succéda dans le comté de
1 . Canlon de Soulaines (Aube).
2. 19 septembre 1356.
21
322 NOTICE SUR LA SEIGNEURIE
Brieiiue. Elle s'uuiL à Gauthier IV d'Enghlen^. Dès lors, la
Holhière passa à celle famille.
■i. Pierre de Luxembûurg. (iauthier IV d'Eiighien, iils de Gau-
thier m et d'Yolande de Flandre, ent deux Iils : Pierre, conile de
l.iolie?, d'Elainpes el de Luxcmbour^^, époux de Marguerite de
Luxembourg, ei Louis, comte de Brienne, qui épousa Jeanne de
Sainl-Séverin, dont il eut une fille unique, nommée Marguerite,
épouse de Jolian de Luxembourg. C'est ainsi que la Rolliiére
devint la propriété des Luxembourg. Il est fait mention de Pierre
de Luxembourg dans un parchemin du 22 juillet ISS6.
'.i. Jehan de Luxeuibourg, époux de Marguerite d'Enghien,
était iils puiué de Guy, comte de Ligny, et de Mahaud de Chàlil-
lon, Marguerite lui apporta le coiiité de Brienne, la seiginnirie
d'Enghien et ses droits sur le duché d'Athènes (Il est question de
lui dans un acte du 9 juin 1398).
6. Isabelle d'Enghien. Aveu fourni à d"" Isabelle d'Enghien,
comme ayant la garde-noble el administration des enfants
mineurs de messire Jehan de Luxembourg et de feue dame Mar-
guerite d'Enghien, sa femme (parchemin, *J juin 1398).
I. Pierre de Luxembourg^ seigneur de Belrenom et d'Enghien,
comte de Pouessan et de Brienne, fils du précédent"-. Il épousa
Marguerite de Baux d'Andrie (parchemin, Il novembre 1404).
8. Marguerite de Baux dWndric, comtesse de Saiot-Pol, de
Brienne el de Conversan {I4iG, parchemin),
9. Louis de Luxembourg, fils du précédent^ ccnte de Saint-
Pol, de Brienne et de Conversan {\i~'i).
10. Antoine de Luxcmboui'g, fils du précédent, comte de
Brienne, de Roussy et de Ligny, baron de Rameru et de Piney,
seigneur de Pougy, etc. (lofli).
II. Gitetle de Coi'tivy. Antoine de Luxembourg épousa en
troisièmes noces (îilette de CoiJtivy, iille d'Olivier, seigneur de
Taillebouig, sénéchal de Guienne. Un acte du o janvier lolo
nous apprend qu'à la requête de dame Gilette de Coétivy, com-
tesse de Brienne, barronnesse (sic) de Saint-Andrey en la Marche,
dame de Faye, de la Ramade, d'Eiidrilly-sur-Cure, le Tremblay,
Surmonl, Plessy, etc.. plusieurs habitants de la Rolhière ont
déclaré que les officiers de Brienne-la-Vieille venaient tenir la jus-
tice sur un lieu nommé le fossé blanc s\laé près et contre le finage
de la Rolhière, et jugeaient les procès entre ceux qui se disaient
bourgeois de Madame la comtesse de Brienne.
"12. Charles de /.uxembourg, comte de Brienne, de Ligny et
de Roussy. époux de (Charlotte d'Estouteville, comtes.se douairière
de Brienne (Io40).
1. Eu 1320.
'1. Jelian de Luxembourg,
t)E LA KOTHIÈRB 323
13. Aiiloiiic de Luxembourg, comle de IJiieiine el de l.igiiy
(1549).
14. Jehan de Luxembourg ^ chevalier de l"Ordrc du Roi,
comle de Biieiiiie, Liçny, baron de Poiigy el Opsoiiviller?, sei-
gneur de Siiitil-Marliii d'Ablons, elo. (I;j"i).
15. Henri-Auguste de Loménic, cotnle de Brieniic et de Moiil-
bron, baro(i de Boupsac, Pougy et Maiiteresse (parcheiniQ, 1014).
Après lui vieuiient plusieurs Loménic : 1° Louis-Henri de Lonié-
nic (1660) ; 2" Henri-Louis de Lonirnio (1608) ; 3" Nicolas Loui.-; de
Loménie (1743).
16. lùicnnc luzcaux de Clémon (IT")»)).
H
Comtes de Nevers et de Rethel.
Les comtes de Nevers et de Hellicl, seigneurs de la Hotliière ',
sont :
I . (,'harlcs de Bourgogne, comte de Nevers, baron de Uoiizi,
seigneur de Jully. 11 était lils de Philippe. 11 épousa Marie d'Al-
brely fille de Charles II, sire d'Albret, et d'Anne d'Armagnac. Un
aveu fourni à Huct, s'' de Uienville, par Guiot de (jigny. nous
apprend que ce dernier partageait la jusiice haute, moyenne et
basse du Haut Chemin, à la Rolhière, avec J/v le duc de Bour-
gogne (Acte du 14 février 1424).
2. Françoise d'Aibrelf épouse de Jean de Bourgogne, frère
puîné de Charles el son héritier. Nous avons un traité et accord
entre Françoise d'AJbrct, duchesse de Brabant, comtesse douai-
rière de Nevers, dame usufruitière des terres el scigneuiics
à'\i>\e%-id.\\cou\\, demeurant à la Rolhière; — haut el puissant
prince Jean d'Albret, comte de Rethel, ayant radministratiou des
demoiselles, ses filles ; — et les héritiers Richier (seigneurs du
Pelit-Mesnil), au sujet d'un bois appelé le bois des quatre étangs,
par lequel il fut convenu « que ce bois appartiendrait au comte de
Rethel et à ses filles en toute propriété, et à la dame de Brabant
en usufruit, à cause de leur seigneurie de .laucourt, la Borde et la
Rùthière, et que les seigneurs du retit-Mesnil auraient le surplus,
d'un côté el par devers le hoh Saint-Michel et l'étang jusqu'au pré
Beschat, el d'un autre côté jusqu'à l'étang neuf de Rameru, sans
préjudice du droit d'usage et autres que les hajjilants prétendent
y avoir » (10 décembre loOO).
3. Marie d'Albret, comtesse de Nevers et de Dreux, dame de
1. Od ne doit pas s'élonncf de trouver les comtes de Nevers eldeHelhel
à la Rothière, car ce dernier paj'S dépendail, au moius en parlie, de la
baronuiede Jaucourl « qui fut vendue, dit l'abbé Caiilin JJuelques seigneu^
ries..i, p. 326], en 1367, par Jeanne de Jaucourl à Philippe de France,
duc de Bourgogne, comle de Nevers cl de Rethel m»
324 NOTICE SUR LA SEIGNEUIUE
JaucourI, Jiilly el la Grève. Françoise d'Albret étant morte sans
enfants, iMarie d'Albret, fille de Jean, sire d'Orval, et de Charlotte
de Bourgogne (fille de Jean de Bourgogne), lui succéda. Elle
épousa Cliaiies de Clives, el porta ainsi dans cette maison le
comté de Nevers et de Relbel, avec la seigneurie de JaucourI el
de la Rolhirvc. Elle accorda aux habitants de ce lieu et au-x reli-
gieux de Beaulieu le droit de prendre du bois mort et du mort
bois et des chêne.? pour bâtir, avec droit de piiturage dans cent
arpenls de bois de M. le duc de Luxembourg, à la charge de payer
trois boisseaux d'avoine, deux deniers et une geline par feu, cha-
que année, à la Saint-Remy (9 février lo33).
V. ïrançoh de Clévcs, fils de Charles, comte de UeLhel,
Auxerre et Doiizi, duc de Nevers et comte d'Apremont. Il épousa
Marguerite de Bourbon, fille de Charle.*, duc de Vendôme, et de
Françoise d'Alençon, tante du roi Henri IV.
.'i. Marie de Clercs, épouse de Henri de Bourbon, prince de
Condé, duc d'Enghien. Elle était marquise d'Isle Aumont, dame
de Nevers, J.aucourt, la Rothière, comtesse de Beaufort-Montmo-
rency. Elle fut élevée, comme son mari,dansla religion réformée.
Il ne faut donc pas s'étonner si, par l'autorité du prince de Condé,
seigneur haut justicier de la Rothière, l'église de cette paroisse a
été prise aux catholiques et convertie en temple protestant.
Les so.'urs de Marie de Clèves, Henriette et Catherine, se
marièrent : la première à Louis de Gonzagiie, proche parent de
saint Louis de Gonzague, et la deuxième à Henri de Lorraine,
dit le Balafré, duc de Guise, chef des ligueurs. On a trouvé^ dans
les champs de la Rothière, des monnaies à l'effigie de ces ditl'é-
rents personnages. Ee Musée de la porte du Groux (Nevers\
n» 222, possède l'épitapbe de Lodovico Gonzaga (abbé Boutillier,
Mémoire., tome VHI, 1873, p. 144).
6. Le prince de Condé, duc d'Enghien, seigneur et baron de
JaucourI (15"3) '.
7. Catherine de Bourbon, fille du pré^édcnt^ marquise d'isle-
Aumont, comtesse de Beaufort, baronne de Villemaur et de Jau-
courI, dame de Soulaine el de la Rothière, mourut à l'Age de
2Z ans.el ses tantes maternelles, /ie/i/'/e^ie de Cleves ei Catherine,
se partagèrent ses biens.
8. Catherine de Clèces. Contrat passé au Chàtelet de Paris
entre très haute cl très illustre princesse Madame Catherine de
Clèves (iille de Marie de Clèves), duchesse de Guise, comtesse d'Eu,
pair de France, et haute el puissante dame Gabrielle d'Estrée,
marquise de Monceaux..., par lequel Madame la duchesse de
Guise vend à ladite dame marquise d'Estrée les terres, baronnie
et seigneuries de Jaucourt, Larzicourt, la Rothière (dépendant de
I. Père de Heuri 11 donl liouidaloue a fait l'oraison (uuèbre, el graud-
père de Louis de Hourbon (le grand Coudé; loué pur Botsu»!,
DE LA ROTHIKRE 32b
JaucourL), moyennant la somme do i(>,0()0 éciis soleil (0 juillet
lèlOT). Ces terres sont advenues à Madame la duchesse de Guise
par le décès de Catherine de Bourbon, suivant parlage fait avec
Madame la duchesse de Mvernais (Henriette de Clèves), sa sœur
et cohéritière en la succession de ladite dame, le 4 février 1;190
(Actes du 7 avril et du 14 août 1730).
9. Gabrielle d'Eslrée. Lettres d'érection (impélrées par haute
et puissante dame Gabrielle d'Eslrée, et données par le roi
Henri IV, au mois de juillet 1597) des terres et seigneuries de
Beaufort et de Jaucourt, en duché-pairie. — Substitution faite par
dame Gabrielle d'Estrée, par le contrat de mariage d'entre César,
duc de Vendôme, et la dame Françoise de Lorraine, le o avril
1398 (Acte du 14 août 17 oO).
10. César de Bourbon., duc de Vendôme, de Meressan, d'Epar-
Ihénonce, de Beaufort et d'Etampe, prince d'Ance et de .Martigues,
pair de France, grand maître chevalier et surintendant de la
navigation et commerce du royaume, baron de Soulaine et sei-
gneur de la Kolhière (1627). il nous reste plusieurs documents
qui concernent ce grand seigneur : 1" une déclaration du 2S juil-
li'l Ili27, fournie à M. le duc de Vendôme, seigneur de la Rolhière,
par la veuve d'Edme Ménestrier, pour une maisun, bàtimenls et
terres à elle appartenant, situés au village de la Rothière ; 2" un
échange entre César de Vendôme et Louis de Maujon (Voir plus
bas, fief de Gigny) ; 3° un mesurage fait par les olliciers de M. le
duc de Vendôme,' des terres données en échange par M. de Mau-
jon (28 septembre 1635) '.
1 1 . Louis de Bourbon, fils de César,
12. Louis-Joseph de Bourbon-. Sentence rendue aux requêtes
du Palais, le 0 juillet 1682, entre les dames abbesse et religieuses
des Prés-les-Troyes, poursuivant les criées de la seigneurie de la
justice haute, moyenne et basse du llaul-Chemin de la Rolhière,
et dn fief de la Rolhière, sis en la paroisse de Jouvanzé, appelé
anciennement le gaynage de Jouvanzé, saisi réellement sur Joseph
de Maujon, — et M. le duc de Vendôme et de Beaufort. Par cette
sentence^ M. le duc de Vendôme a été débouté de son opposition
tendant à ce que distraction fût faite des saisies réelles et criées
de la terre et seigneurie de la Rolhière, de la moitié de la sei-
gneurie, justice haute, moyenne et basse du Haul-Cliemin, qu'il
disait lui appartenir et faire partie de la baronnie de Jaucourl. —
Arrêt de la Cour de Parlement, rendu entre les mêmes parties,
qui confirme ladite sentence avec amende et dépens (22 janvier
1684). — Par devant les conseillers du Roi au Chàlelet de Paris,
très haut, très puissant et illustre prince Md'' Louis-Joseph, duc de
I . Marié à l''raLÇoise de Lorraine, fille unique de Philippe EQima:.uel,
dont S. François de Sales a l'ail le panégyrique à Nolre-I'ame de Paris
(il avril 1662'.
1, Fils du piécédent.
;?20 NOTICE SUR LA SEIGNEURIE
Vciulùmo, Mcrcô'ur, Beauforl, Etampes, prince d'Auce et de Mar-
ligues, gouverneur el lieulenantgéiiéral pour le Roi en province,
en son nom et comme seul et unique hérilier par bénéfice d'in-
ventaire de très haute, très puissante et illustre princesse Madame
FraJicoise de Lorraine, veuve de très haut, très puissant et illus-
tre prince M-"" César de Vendôme, etc., ses aïeuls paternels et le
curateur en la succession vacante, ont vendu à très haut et puis-
sant seigneur, Ms' Charles-François-Frédéricq de Monlmorencv-
Luxembourg, prince de Tingr)-,duc et pair de France, les duchés-
pairie de Beaufort, en la province de Champagne, consistant en
baronnies de Beaufort, Soulaines, Larzicourl et Jaucourfi, plus la
seigneurie de Villemaheu, sise audit Soulaines (18 mars 1688),
moyennant la somme de 460,000 livres. Sur cette somme, le duo
de Vendôme a reçu conjointement avec très haute et très puis-
sante darne Jeanne-Marie d'Albret, son épouse, 60,000 livres
comptant, à savoir : 10,000 livres de très haut et très puissant
seigneur Honoré d'Albrel, comte de Monlforl et autres lieux, et de
très haute et très puissante dame Jeanne-Marie Colbcrl, son
épouse, père et mère de ladite dame, et 50,000 livres de M-' le
marquis de Seignelay, secrétaire d'Etat, oncle maternel de ladite
dame : le tout pour partie de la dot promise à ladite dame en
faveur et par son contrat de mariage avec ledit seigneur, les
i?6' el 21 août 1686. L'acte a été fait en présence et du consente-
ment de très haut, très puissant et illustre prince M"'" Philippe
de Vendôme, grand prieur de France, frère de -Louis-Joseph, —
des duc et duchesse de Chevreuse, — de messire Charles d'Al-
6?'^/^ chevalier, etc. (Acte du 14 août I7o0).
13. Charles-François-Frédcric, baron de Jaucourt et seigneur
de la Rothière.
14 . Charles-François, fils du précédent, duc de Montmorency, de
Luxembourg et de Piney, pair et premier baron chrétien de France,
gouverneur de la province de Normandie, lieutenant général des
armées du Roi, seigneur de la Rothière (Acte du 7 avril ITaO).
lo. Anne-François et Anne-Léon de Montmorency.
16 Fizeaux dé Clémon (1770).
III
Seigneurs du fief de la Rothière.
Les petits seigneurs qui suivent se sont établis à la Rothière à la
faveur des comtes de Brienne qui leur ont donné des terres pour
les récompenser des services qu'ils eh avaient reçus.
1. Jean el Isabelle de la HolJiiere. Foi et honimag<' par Jean
1. De la baronnie de Jaucourt dépendaienl : Jaucouri, IVjverviile,
.Arsonvai, La l?olhièrc, Cdâlillon- sur-Dro\es, Argançon, i^ou^i-pré, le
Puits et Nuisement, Beurey el une partie de Bossancourti
DE LA ROTIIIKKE 327
de Saiiil-Florontiii et d"'' Isuliclle do la Hotliii're, sa femmes à
dame Jeanne de Chùlillon, duchesse d'Athènes, et ù Gauthier, son
lils, comte de Brienne, pour la terre de la Rolhière à elle éciiue
par le décès de Jean de (a Rolhière, son frère, lequel acte con-
tient quittance du droit de relief [Q février 1336).
■2. Jean, sire de Dienville ^. Aveu et dùnonihrenient fourni au
comte de Brienne par Jean, sire de Uienvillc, pour un gagnage à
la Rothière (1368;.
3. I/iielf sire de Dieuville. Aveu et dénombrement par Huet,
sire de Dienville, à M"'' d'Enghicn : i° pour un gagnage d'environ
40 j. de terres labourables à la Rothière ; ii° pour le jardin de la
Rothière tel qu'il est ; 3" pour la huitième partie de la justice de
la Rolhière partageable avec les autres seigneurs de la Rolhière
(27 septembre l'ili)).
4. Guinl de Gigny. Dans un aveu du i4 février Ii2i, Guiot
de Gigny, écuyer, prend la qualité de seigneur de la Rolhière
(Voir plus loin tief de Gigny).
5. Fciize de Gigny. Paul Lombard, époux de Félize de Gigny
(apparemment fille de Guiot de Gigny), prend aus~i le titre de
seigneur de la Itothière dans un aveu du 20 septembre I ISi), oii
il est dit que la maison seigneuriale de la Rolhière était alors en
ruine (Voir fief de Gigny).
6. Jacques de Grandpré. Aveu et dénombrement fourni au
comte de Brienne par Jacques de Grandpré^ chevalier, sire de
Dienville (23 juin 1509).
7. Jehan de Vassan et Lorette de Mérillc (5 octobre 1335.
Voir le fief de Gigny).
8. Louis de Pontallier. Aveu et dénombrement par messire
Louis de Pontallier, chevalier, pour le fief ou gagnage de la
Rothière (19 juillet la.".o).
9. Juste de Pontallier. Aveu et dénombrement par Juste de
Pontallier, chevalier (7 août 1587).
10. Jean-Louis de Pontallier, frère du précédent. Aveu et
dénombrement pour le fief de la Rothière, par messire Jean-Louis
de Pontallier, chevalier (12 avril 1003).
11. Louis d'Amboise. Aveu et dénombrement au comte de
Brienne par messire Louis d'Amboise, époux de Diane de Pontal-
lier (IG janvier 1629).
12. Christophe Lefebcre, sr de la Planche^ conseiller du Roi et
son avocat à Troyes. — Foy et hommage par messire Ghristophe
Lefebvre, pour le gagnage de la Rolhière, pour le fief du grand
étang et pour 1/2 écu de rente à prendre sur le petit four de Dien-
ville : le tout acquis de messire Juste de Pontallier et de Diane de
Luxembourg, sa femme, par contrat du 15 avril IGH (19 juin
1. PrûLaliltmenl le même que le précéiieut.
328 NOTICE SUR LA. SEIGNEURIE
1614). — Aveu el dénombrement par le môme pour un gaguage
de 00 j. de terres, 17 f. de prés, le grand étang (30 j ) et i'2 écu
de rente (18 octobre 1614) i.
13. Jean Lefcbvre. Aveu et dénombrement par messire Jean
l.efebvre, chevalier (20 mai 1G87).
14. Jean-Jacques Lefcbvre, conseiller d'honneur au bureau des
finances et chambre du domaine de la généralité de Paris (1749).
lo. Nicolas Lefcbvre des chevaliers, prêtre, docteur en théolo-
gie de la Faculté de Paris, chanoine et grand archidiacre de
l'église de Troyes, y demeurant, héritier de Jean-Jacques Lefcb-
vre, son frère. — Foi et hommage pour le fief de la Rolhière et
pour ceux du grand étang et du gros gagnage au territoire de
Dienville (10 juillet 1749). — Aveu et dénombrement par le même
à Nicolas-Louis de Loménie (3 novembre 1750).
16. De Puget de Monihoron, chevalier, lieutenant au régiment
de Picardie, demeurant ordinairement à Troyes (1770)
17. Pierre de la Por le. Foi et hommage au comte de Brieune par
le s'' Pierre de la Porte, bourgeois de Troyes, pour un gagnage à
la Rothière qu'il a acquis de Pierre de Puget le \'6 novembre 1769
(30 mai 1770).
18. Fizcavx de Clémon (1770).
IV
Fief de Lanté.
Les seigneurs du fief de Lanté, mouvant du comte de Brienne,
sont :
1. Jeliano de Baigneux-les-Juils. Foi et hommage, par
.lehannot de Baigneux-!es-Juifs, à M. le comte d'Etampes et de
Luxembourg, au nom et à cause de Marguerite de la Porte, sa
femme, fille de feu Jehan de la Porte, écuyer, pour la 10"^ gerbe
du terrage d'une pièce de terre au fioage de la Rothière, au lieu
dit Lanlcl, portant lots et ventes de 20 sols tournois et 40 deniers,
quand il est ensemencé, et quand ladite terre est en sombre,
1 denier tournois de censive par journal, payables au jour de la
Nativité de S. Jean-Baptiste (22 juillet 1386).
2. Jehan Olhenin. Aveu fourni à d"« Isabelle d'Enghien,
comme ayant la garde-noble et administration des enfants
mineurs de feu M'' Jehan de Luxembourg et de feue dame Mar-
guerite d'Enghien, sa femme, par Jehan Oihoiin^ écuyer, demeu-
rant à Longeville-les-Plancy, pour la 10« gerbe du terrage d'une
pièce de terre, linage de la Rothière, lieu dit Lantel, contenant
1. Un vitrail de l'église de Juvanzé (milieu de l'abâide), qui représente le
crucitiement de N.-S., porte les armes d'un Lcfebvre : d'azur à 3 pals
d'or, celui du milieu chargé de 3 roses de gueules.
DE LA ROTHIÈRE 329
170 j. — la juslice moyenne et basse sur ledit terrage. et 2 pou-
les pour le droit d'usa,û;e sur les bois (9 juin 1308). — Aveu fourni
par le même pour la même pièce de terre (9 juin 1398). — Foi
et hommage à Pierre de I.uxeml)0urg par Jehan Olhenin, seigneur
de Maissy, pour les ciioses ci-dessus (11 novembre 140i). — Autre
aveu, foy et hommage par Jehan Olhenin, seigneur de Montigny-
le-Roi, du terrago de Lanté, contenant 150 j. bornés tout autour,
et valant environ 12 seplicrs de grain, mesure de Troyes (20 mai
1410).
3. Jehan de Vinsan. Contrat d'acquisition, par Jehan de Vas-
san et sa femme, du fief de Lanlé (sans date). — Titre de main-
levée du fief ("28 novembre 1483). — Echange du ferrage de Lanlé
passé sur le scel de la prévôté de Bar-sur-Seine (1486). — Foi et
hommage par Jehan de Vassan et Lorette de Mérille, sa femme,
pour le fief de Lanlé (sans date),
4. Marie de Vassan, fille de Jehan de Vassan, hérite le droit
de ferrage au finage de la Kolhière, lieu dit Lanic, après la mort
de ses père et mère (10 août 1541). — Foi et hommage par la
même (9 mai lb3a) ',
a. François de la Chaussée. Acquisition, par François de la
Chaussée, écuyer, gouverneur du comté de Brienne, de Jehan
Guillemet, apothicaire à Troyes, et de Marie de Vassan. fa femme,
d'un droit de terrage appelé Lanlé (il août 1541).
6. René de la Chaussé.'. Déclaration des héritages appartenant
à Etienne Coquin, faite à honoré seigneur René de la Chaussée,
écuyer, s^ de la Rothière, et du fief de Lanté qui en dépend (23
juillet 1611}.
7. Laurent de la Chaussée. Procuration donnée par Laurent
de la Chaussée pour porter foy et hommage, aveu et dénombre-
ment au comte de Brienne pour les fiefs de Gigny, du Pijnt (à
Unienville), de Lanlé et du bois Ramonet (9 avril 1633).
8. Louis de Maujon. Procès- verbal du bornage du fief de
Lanlé fait par les officiers de la juslice du fief de Gigny, pour
messire Louis de Maujon. 11 est dit dans cet acte que le fief de
Lanté dépend de celui de Gigny, et Louis de Maujon prend la qua-
lité de seigneur de la Rothière (3 novembre 1644). — Procès-ver-
bal d'adjudication fait devant les officiers de la justice de la
Rothière au profit de Louis ne Maujon, s' de Chefdeville, à qui
lesdits juges ont donné la qualité de seigneur de la Rothière (14
mars 1616). — Reconnaissance du 4 juillet 16i6 fournie par le s'
Hadée à Louis de Maujon, sr de la Rothière, pour diflerents héri-
tages situés dans le fief de Lanlé. — Procès-verbal fait devant les
1. Un vitrail de l'église d'Unienville, dans la chapelle de la Sainte Vierge
(ancien sanctuaire), porte les armes d'un de Vassan : d^azur à un chevron
d'or, accompagné en chef de 2 roses d'argent, et en pointe d'une coquille
{ou vannet) de même,
330 NOTICE SUR LA SEIGNEURIE
officiers de la justice du fief de fîigiij', pour Louis de Maujoii, s""
de la Rolhière^. au sujet des saisies d'emblavés sur le fief de Lanlé
(.'i aoiH i;ii9). — Jugement rendu en la Chambre souveraine éta-
blie par le Roi sur le fait des francs-fiefs, nouveaux ac^quêts et
amorlissemenls, qui déclare Louis de Maujon, &■" de la Rothièro,
exemjil du droit de francs- fiefs ("21 février 1G5*). — Donation et
convention entre Louis de Maujon et ses enidiiil?^ H envi- Emma-
nuel, Joseph et Louis, par laquelle le s' de la Rolhière cède à son
second fils, Joseph de Maujon, tous les biens qui lui appartien-
dront au jour de son décès, à la condition qu'il donnera 4,000 liv.
à H envi- Emmanue l, son frère aîné, clerc tonsuré du diocèse de
Paris, et 8,000 liv. à Louis, son autre frère (H octobre 1661).
9. Jean Comparât. Adjudication par décret faite aux requêtes
du Palais à M. Jean Comparai, conseiller du Roi, sr de Longsols,
président en l'élection du grenier à sel de Troyes, moyennant la
somme de 11,100 livres, des fiefs de Lanté, de Gigny, du bois
Ramonel, de la maison seigneuriale de Gigny en la paroisse de la
Rolhière, du lief du Pont et du fief de la Rolhière sis à Jouvanzé;
lesdils fiefs saisis réellement à la requête des dames abbesse,
prieure et religieuses de Notre-Dame-les-Prés-les-Troyes, sur
Joseph de Maujon, écuyer, s'' de la Rolhière ('29 octobre 1685). —
Sentence des requêtes du Palais qui permet à messire Jean Com-
parût de se mettre en possession de ces fiefs (26 novembre 1683).
— Fragment de reconnaissance des litres remis par M. de Maujon
au s"" Comparût, après sa prise de possession (28 novembre ^685).
Foi et honitiiage au comte de Brienne par Jehan Comparût, pour
les fiefs de Lanlé, du Pont et du bois Ramonet (l" mars 1686). —
Procès-verbal dressé par les officiers de la justice des fiefs de
Gigny, Lanlé et le bois Ramonet, au sujet des saisies des embla-
ves sur le lief de Lanlé, faute de paiement du droit de boisseau
(lOjuillet 1G86).
iO. LoiAs II el Joseph de Maujon. Jugement rendu au bail-
liage de Brienne pour faire nommer un curateur à la succession
vacante de Louis de Maujon (3 octobre 1687). — Assignation don-
née à Nicolas Paillé, à la requête de Louis de Maujon, s"" de la
Rolhière (Il février 1688). — Procès-verbal d'estimation des biens
délaissi's par défunt Inouïs de Maujon, s"" de la Rolhière (12 février
1688). — Procès-verbal par les officiers de la justice de Gigny,
Lanté et le bois Ramonet, au sujet des emb'aves saisies sur le fief
de Lanté (19 juillet 1G88). — Donation par Joseph de Maujon à
son fils Louis ([.ouis 111 de Maujon), cornette au régiment de cava-
lerie de Duras, d'une somme de 16,350 livres (22 décembre 1690).
— Procès-verbal par les officiers de la justice du fief de Gigny,
Lanlé et le bois Ramonet, an sujet d'emblavés saisies sur le fief
de Lanté (23 juillet 1691). — Requête présentée par le s' Compa-
rût, seigneur en partie de la Rothiére, pour faire constater des
dégradations dans la forêt de Der (3 septembre 1697).
H. .1/. firassin. Acquisition par M. Grassin, d'Arcis-sur-Aube,
DR LA ROIHIKRE 331
dft M. Maujon et de Marie-Tlién'-sc ti'Anglebermer, son ôpoiisc, du
lief de Lanlé, r.onsislanl dans un droit de boisseau |)ar cliaque
journal (19 octobre IT'iG), ainsi que des fiefs de Balilly el du Pont
(à L'nienville), mo3"ennant 11,000 livres. — Foi et homniag'C pour
ces terres (28 avril 1735''. — Procédures faites pour parvenir au
paiement des censives dues sur le fief de Lanlé, et avoir de nou-
velles reconnaissances. — Trois affiches et publications à ce sujet
(27, 29 juin et 4 juillet 1728). — Requête et ordonnance qui
permet à M. (îrassin de faire saisir le fief de Lanté, ensemble les
grains pendants par les racines (22 juillet 1728). — Procès-verbal
de saisie du fief de Lanlé (Î3 juillet 1728). — Main-levée, au profit
des religieux de Clairvaux, d'une saisie des fruits sur 3 j. de terres
dans le fief de I.anté, à cause de leur maison de Bcaitcais-lcs-
Atlemnnds. Dans une lettre du 31 août 11 SU, l'abb»'- de Clairvaux
informe M. Giassin que, par un acte en date du 20 juillet 1530,
Jehan de Vassan reconnaît que ces 3 j. de terres sont francs de
tous droits de cens el de terrage. Cette reconnaissance eut lieu
devant le bailli de Brienne et en présence de Pierre de Bar, dit
Adenelj procureur des religieux. — Procès- verbal de plantage de
nouvelles bornes à côlé des anciennes (posées par M. de Maujon),
qui sont usées (17 février I743j. — Provision et réception du juge
de la justice de Lanlé. M. Grassin fait cboix de Jacques Armez,
prévôt de Dienville, à cause de sa bonne vie et mœurs, et de son
attachement à la religion catholique, apostolique cl romaine
(C"" juin, 12 novembre 17i)0}.
12. Nicolas Dufoiir. Acte par lequel dame Marie-Thérèse d'An-
glehermer, veuve de Louis de .Maujon, a vendu à Pierre-Nicolas
Dufour, avocat en Parlement, conseiller du Roi, juge-garde de la
monnaie de Troyes, le fief de Gigny (83 j. 1/2), plus 24 j. ou envi-
ron du fief de Lanlé, plus le fief du bois Ramonet (13 ou ti
arp,), plus la justice haute, moyenne et basse du Haul-Chemin
(la moitié), plus 4 f. !■' de prés, finage de Chaumesnil. Ladite
vente moyennant la somme de i2,o00 1. (IG mai 1730). — Au bas
du contrat de vente sont deux expéditions du contrat de mariage
des sr et dame de Maujon du 29 avril 1108, pour justifier : l^que
M. de Maujon père a donné au s' Louis de Maujon, son fils,
tous ses biens immeubles ; 2" de la donation entre vifs faite entre
lesdits s"" et dame de Maujon, en faveur du survivant (9 avril
1708). — Quittance donnée par M'^ Denis Aubert, créancier délé-
gué de M. de Maujon, à Nicolas Dufour, de la somme de 8,210 1.,
laquelle était due par ol)ligalion (du (3 décembre 1733) de 6^000 1.
avec 133 1. d'arrérages, et par une autre obligation (du 8 février
1733) de 2,000 1. avec tl2 1. 10'^ d'intérêt (4 juin 1736). — Autre
quittance donnée par Louis Tliiriot, fondé de procuration de M"""
Pierre Calherinot de Villechaise, aussi créancier délégué par la
dame de Maujon ii M. Dufour, à raccjuit de ladite dame, avec
subrogation en faveur dudit s'' Dufour (2 janvier 1737). — Décla-
ration faite par Nicolas Dufour à M'* Pierre Grassin, do plusieurs
3:V2 NOTICE SUR LA SEIGNEURIE
pièces de terres quil lient de Louis de Maiijon, situées dans les
limites du fiof de Lanté. chargées d'un droit de terrage, d'un bois-
seau par journal. ... (19 juillet iTi^fi).
13. Fizcaiix de Clcmon (1770).
V
Fief de Gigny.
Le fief de Higny, mouvant des sires de Dienville, parait avoir
été compris primitivement dans le fief de la Rolliicre ; c'est Giiiol
de Gigny qui lui a donné .=on nom. Les seigneurs de ce fief sont :
1. Giiiol de Gigny. Aveu fourni à M. Huet, s'' de Dienville,
par Guiot de Gigny, écuyer, s"' de la Rothière : t" pour la justice
haute, moyenne et basse en la maison, jardin et enclos de la
Rothière, appartenant audit s'' de fiigny ; 2» pour le droit de 16
deniers en U sols sur toutes les prises faites en la fin de la ville de
la Rothière ; 3° pour la moitié de la justice haute, moyenne et
basse du Haul-Chemin à partager par moitié avec .I7v le duc de
Bourgogne ; 4° pour plusieurs censivcs à la Rothièie portant lots
et ventes de 3* 4'i pour livre sur plusieurs maisons et bâtiments y
énoncés ; '6° pour plusieurs héritages et domaines de ladite sei-
gneurie (14 février 142i-).
2. Paul Lombard. Foi el hommage à Christophe Hangest, sire
de Dienville, par Paul Lombard, à cau?e de Félize de Gigny, sa
femme, pour le fief de Gigny, lequel est conforme mot à mot à
celui de 1424; on y remarque seulement que le bien venait de
Félize de Gigny, et que la maison seigneuriale de la Rothière était
eu ruine (20 septembre 14S9).
3. Jehan de Vassan. Dénombrement qui prouve que Jehan de
Vassan et sa femme Lorctto possédaient le fief de Gigny (parche-
min, sans date)
4. Adrien de Va.<isan. Déclaration faite, par Adrien de Vassan,
du gagnage de Gigny à la lîothière (5 octobre la3b).
y. Lorelle de Mérllle. Foy el hommage à Louis de Ponlallier,
s'' de Dienville, par d"'" Lorelle de Mérille, veuve de Jean du Buis-
son, écuyer, demeurant à Brienne,pour la moitié par indivis avec
les enfants et héritiers dudit Jean du Buisson, d'une maison
naguère édifiée parle défunt, élable, cour, jardin, accin et pour-
pris, appelée la maison Guiol de Gigny; item pour la justice
haute, moyenne et basse pour le loul èsdites maison et accin ;
pour la justice haute au Haut-Glu min ; pour plusieurs censives et
droits seigneuriaux, et un gagnage duquel dépendent 58 j. de
terres au finage de la Rothière el aux environs (o octobre 1535).
fi. François de la Chaussée. Acquisition par noble homme
François de la Chaussée, capitaine et gouverneur du comté de
Brienne, et dame Marie de Rouy, sa fenuiie, de noble personne
De la rothière 33li
Simon Méiille el Lorelle de \assaii, sa femme, Adrien de Vassaii
et Callierine sa femme, deiDeiiratil à Brierme, des 3/1 2 par indivis
d'un fief appelé communément le fief Giiiol de (//7/ii/, moyennant
la somme de 370 I. Ces terres proviennent de la succession de
Jehan de Vassan ' (19 mars 1540). — Acte par lequel Jehan Guil-
lemet, marcLand apothicaire demeurant à Troycs, et Marie de
Vassan, sa femme, lille de Jehan, donnent à François delà Chaus-
sée les 2,3 d"uu fief qui consiste en un gagnage au (inage de la
Rolhière, plus les 8/12 d'une pièce de pré contenant une fauchée
environ, au finage de iMurvilliers ; de son côté, François de la
Chaussée donne à Jehan Guillemet plusieurs maisons, jardins et
terres labourables à Corbeil-les-.Margeries (M août loil). —
Acquisition, par François de la Chaussée et d'''= .Marie de Kouy, sa
femme, de Colette de Vassan, veuve de feu Ftienne Gillot, demeu-
rant à Bar-sur- Seine, de la portion qui lui appartient comme
héritière de noble homme Jehan de Vassan, son père, consistant
en une maison, accin, droits, aisances et appartenances, au lieu
de la Rolhière, mouvant de la seigneurie de Dicnville ; plus la
portion qui lui apiiartient en tous les héritages, terres et prés,
tant au finage de la Rothière qu'es fuiages circonvoi.-ins, avec tous
les droits de justice haute, moyenne et basse : le tout partageable
par indivis avec les dits s"' et dame de là Chaussée, comme ayant
les droits de tous les autres cohéritiers de la veoderesse. Ladite
vente moyennant la somme de 132 1. (31 mai ioiO).
T. Marie de lioui/. Acquisition faite par dame Marie de Rouy,
veuve de François de la Chaussée, de Claude Bar et sa femme,
d'une fauchée de pré environ et 6 denrées au linagc de Chaumes-
nil, lieu dit la Ruelle du Mongon, chargé envers le seigneur de
Brienne de 3^ 9'', moyennant 33 I. (2 avril !oo5).
8. Charles de la Chaussée. Acquisition par Charles de la
Chaussée, stipulant pour dame Huniberle de Francièrc, sa femme,
de François de Vitry el consorts, d'un gagnage situé aux finages
de la Rothière, Unienville et Morviliiers, consistant en 25 j. et un
quartier, tint terres que prés, à la mesure du pied du Chàtelet,
chargés de leurs charges anciennes, moyennant o7o 1. (12 décem-
bre 1369). — Aven fourni par Charles de la Chaussée pour le fief
de Gigny à dame Marguerite de Roue, veuve de Louis de Pontal-
lier, dame de Dienville (14 avril 1370), — Acquisition par le même
de ChrisLuphe Adenet, écuyer, i^ en partie du Petit- .Mesnil et de
Marguerite de Pilmiers, sa femme, de 3 j. de terres au finage de
la Rolhière, moyennant 60 1. et 3 1. pour les vingts (23 juillet
lo73,i. — Acquisition, par le s' de la Chaussée, de Georges Baizier,
d'un gagnage consistant en 47 j. de terres au finage de la
Rothière et environs, en 67 pièces y énoncées^, franches de toutes
servitudes el redevances, à fe-xcepLlun de 4 j. situés en Lanlé qui
1 . Le lief de Gigu}' apparletianl à Jehan de Vassau el à Lorelle, sa
lemrae, comprenait 9i arpeuU environ.
334 NOIICE SUll LA SEIGNEURIE
sont redevables d'un boisseau de grain quand ils porlenl. Celle
veille inuyoïuiaiil 1,200 1. (10 seplcrnbre lo74).
9. Jehan el /?rn^ de la Cliausséc. Adjudicalion par décret au
bailliage de Cbaumoiil, au profil de Rcni' de la Chaussée, du iief
de Ciiguy, saisi à la requête de Claude Corj'ard sur ledit René,
béritier bénéticiaire de défunt Jebaii de la Chaussée, son frère,
vivant; ccuyer, s"" de Lévigny. Celui-ci devait 1,400 1. par contrat
passé à François Bliri, marchand bourgeois de Troyes, qui en
avait fait transport à Claude Corrard, aussi bourgeois de Troyes.
L'adjudicalion porte : 1° sur un gagnage appelé le Baiziei' (47 j.;;
2" sur le fief de Cigny avec la haute, nioyennc et basse justice ;
■J" sur la moitié de la justice haute, moyenne et basse du IJaut-
Chcntin ; i° sur 110 j. de terres en un gagnage aux environs de la
HoUiière ; 5" sur le bois Ramonel (14 arp. taillis) ; 6" sur le Iief
Jean Dupont à Unienville ; 7" sur un gagnage, tinage de Jouvanzé
(76 j.) : le tout moyennant la somn^e de 3,000 I. (27 août Jo92).
A celle adjudicalion comparaissent Jî/s/c de Ponlallier, baron de
Pleurs, S'' de Dienville ; Nicolas de Sainl-Biiu, s" àe\-àuàvemonl ;
dame Marie de la Chaussée, abbesse de Notre- Danie-des-Prés de
Troyes, et sœur Catherine de la Cliaussi'v', religieuse en ladite
abbaye, et le baron de Pousseij, niari de dame Anne de Niccy
(Iief du Pelit-Mesnil) — Sentence du bailli do Chauniont portant
main-levée de la saisie féodale, faite à la requêle du procureur du
Roi, du fief de Giguy. comme étant dans la mouvance de Dien-
ville (12 juillet 1603). — Assignation à messire Juste de Ponlallier,
pour fournir ses causes d'opposition au décret du Iief de Giguy
(o janvier 1608). — Opposition de Jusle de Ponlallier, baron de
Dienville, à la saisie réelle de la terre de la Rolhière, pour raison
des droits féodaux (M juillet ICOS).
10. Laurent de la Chaussée. Procuration donnée par Laurent
de la Chaussée pour porter foi cl hommage, aveu et dénombre-
ment au seigneur de Dienville pour le fief Je Gigny (9 décembre
16;j3\ — Aveu fourni par Laurent de la Chaussée à messire
l-'rançois de l'Hôpital, s' de Dienville, pour le Iief de Gigny,
comme liérilier bénéficiaire de la succession de Hené de la Chaus-
sée (23 février 1G34).
il. Louis de Maujon. Acqi.isilion du licf de Gigny par Louis
de Maujon, de Laurent de la Chaussée (2 avril 164"-). — Foy et
liommage à d"'' Charlotte des Essarts, épouse el fondée de proeu-
ralion de M. Duhallier, par Louis de Maujon, à cause du fief de
Gigny (3 avril 1642). — Don et remise par messire de l'Ilôpilal,
cl Louis de Rîaujon, des droits de quints et requints qui lui étaient
dus à cause de l'acquisition du fief de Gigny, du s' d'Arrest (Lau-
rent de la Chaussée),, en reconnaissance des services qu'il lui a
rendus (8 mars 1646). — Acquisition, [>ar Louis de Maujon, de 2
petites maisons et de 20 boisseaux environ de terres à chene-
vière pour composer les enclos du fief de Gignij (def644à I6i9).
— Actjuisilion de H (|uartiers de jirés (1043).
DE LA ROTHIÈUE 33o
\2. Jean Comparai. Koy cl honimage par Jean Comparol, du
fief de Gigiiy, à M. le {triuce de Comriiercy, Charles de Lor-
raine, conr.le de Rosnay, liaron de Cliavange, s' de Lesmonl el
baron de Dieu ville (2G février 1G8C).
13. Louis et Joseph de Maujon. Acte par lequel Claude-Nico-
las Comparot (iils du précédent), s' de la Rolliière et de Giguy, et
dame Catherine Corrard, sou épouse, ont vendu à luessire
Joseph (le Maiijon. chevalier, s'' d'Uuienville, et cy-devaut de la
Rothière, et à Louis de Maujon. sou fils, la terre et seigneurie du
fief de Giguy, plus le fief de Lanlo, du bois Ramouel, du Pont, de
la forêt de Der, linage d'KcIanco, consistant en 120 arpents de
bois '.aillis eutièrcuieut coupés, justice haute^ moyenne et basse,
mouvant de la baronnie de Jaucourl, membre du duché appelé
anciennement Ucauforl et à présent Moiilmorency ; {dus la moi-
tié de la seigneurie de la justice haute, moyenne et basse du
Haut-Chemin ; plus le lief de la Rolliière, au finago do Jou-
vanzé. appelé anciennement le gagnage de, Jouvanzé ou de l'a
Rothière, affranchi par acte du 26 juillet f6oo, mouvant du sei-
gneur de Jouvanzé, consistant en 70 j. tant terres que prés. Ladite
vente moyennant la sonmie de lt,iOO 1. (l'J décembre 1704). —
Ratilication de celle vente par Louis de Maujon (22 décen)bre
I70i).
14. Louis III de Maujon, fils de Josepli Vente faite par .Jac-
ques Leblanc, écuyer, s'' de Maison et consorts, à messirc Louis de
Maujon, d'une maison située à Vilry, moyennant 11,000 1. (22
avril 1728). — Constiluliou passée par Louis de Maujon, s"" de
la Rothière, en son nom et comme fondé de procuration de dame
Marie-Thérèse d'Auglebermer, son épouse, au profit de Me -Denis
Aubert, procureur à Troyes, de 300 1. de rente au principal de
6,000 (6 décembre 1731). — Obligation passée à Troyes par la
dame d'Auglebermer, veuve du sr de Maujon. de 2,000 1. (ju'elle
s'est obligée d'employer aux arrérages et intéièls de 1 1,000 I. par
elle dijs à Jacques Leblanc et consorts, suivant contrat du 22 avril
1726, avec obligation d'en faire déclaration par la quittance du
paiement. Au bas de celle obligation est la quittance que le s"" Jac-
ques Leblanc et consorts ont donnée à ladite dau'.e de Maujon,
pour les arrérages et inlérêls des 11,000 I. avec déclaration et
subrogation au profil du s'' Aubert (8 février 173;)). — Comman-
dement du i )nars IlSii, ù la lequêle du s'' Aubert, à ladite
dame de Maujon, de payer les 2,000 1. portées en la déclaration
du 8 février précédent, et pour le refus, assignation par-devant
.M. le bailli de Vitry pour être condamnée à payer l'intérêt de ces
2,000 1. — Sentence du bailliage de Vitry qui adjuge à Me .\ubert
ses conclusions (20 mars 173b. A'oir fief de Lanlé, Mcolas Dufour).
1o. Nicolas Dufour. Acquisition du fief de Gigny... par Nico-
las Dufour (voir fief de Lanté). — Aveu et dénombrement à mes-
sire Pierre Grassin par Nicolas Dufour, pour le fief de Gigny
oH6 NOTICE SUR La seiqneurik
(7 aoùl 1737 . — Acquisition, par Nicolas Dufour, de prés el ter-
res pour agrandir le Oef de (iigny (de 1736 à 17d2j
10. Pierre Grassin. Bail fait par Pierre Grassin à François
Suzanne, de la l'erine de Gigny, moyennant 400 1. en argent,
70 boisseaux de messail et 300 boisseaux orge et avoine (14 octo-
bre !7o'i).
17. Simon-Claude Grassin. Acte par lequel Nicolas Uufour et
Madeleine Gouaut, son épouse, vendent à Simon-Claude Grassin,
chevalier, s"" de la vicomte de Sens, Malay-lc-Hoi, Tréinont, Mai-
soncelle, ilievalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis, maréchal
des camps et armées du Roi. . ., le fief de la Rothière, vulgaire-
ment appelé /t /iV/'t/c O'/V//!»/, maison seigneuriale, cour, jardin,
colombier (IS à 20 j.), plus 34 j. de terres, plus la moitié de la
justice haute, moyenne et basse du Haut-Chemin^ partageable avec
My le duc de Luxcmbourr/, \Aus 13 j. dans l'enclave du lief de
Laulé ; 70 j. de terres labourables, finage de la Rothiére et autres
limitrophes; plus 10 f. I/"2 de prés, 15 à 16 boisseaux de terre en
cheneviére ; plus le fief du bois Ratnonet avec justice haute,
moyenne et basse, el environ 14 arp. de bois taillis ; plus la por-
tion acquise, par le s' Dufour, du sf d'Allonville dans les seigneu-
l'ies du Pctit-Mesnil et Cbaumesnil '. La vente faite moyennant
23,000 1. de principal et oOO pour la coiffe de ladite dame (20
décembre 1736). — Foy el hommage par Simon-Claude Grassin à
messire Pierre Grassin, si" de Dienville, pour le fief de Gigny
(13 mars 1737). — Arrêt du Parlement qui décharge Simon-
Claude Grassin el tous les pariiculiers qu'il avait fait chasser dans
les bois du Petit-Mesnil (dont il était le propriétaire avec d'autres
par indivis), des condamnations prononcées contre eux par sen-
tence de la Table de marbre de Paris du iî septembre t~60 (28
avril 1768). — Sentence et arrêt qui condamne Madame la com-
tesse de la Selle à remettre à M. Simon-Claude Grassin les titres
du fief de Gigny (20 mai 17G3;, du bois Ramonel et d'une portion
dans les seigneuries du Petil-Mesnil et Clliaumesnil.
18. Fizeaux de Clémon. Acte par lequel Simon-Claude Gras-
sin el dame Marguerite-Fi'ançoise-Geneviève Devion de Tessan-
court, sa femme, vendent à messire Etienne-Claude Fizeaux de
Clémon, écuyer, conseiller du Koi, les fiefs de Gigny, de la
Rothière, du bois Ramonel, el la portion des seigneuriesdu Petit-
Mesnil et Cliaumesnil, tels qu'ils sont expliqués dans le contrat
d'acquisition de M. Grassin du '20 décembre 173G (26 février 1770).
La dite vente u)oyennanl 23,000 1. — Quittance de cette somme
(10 mars 1772). — Quittance des droits seigneuriaux payés pour
l'acquisition du lief de Gigny par M. de Clémon (30 mars 1770).
— Grosse en parchemin du décret volontaire des terres et sei-
gneuries de Dienville, Unienville, fief d'Arsenay, de Lanté et des
seigneuries du Petit-Mesnil, Cbaumesnil el la Giberie. Le décret
1. Celle veule esl du 25 féviier I7i0.
DK LA ROTHIÈRE 337
coinf^irend aussi le fief de (-iigny et la seigneurie de la Rolliière
acquis de Simon-Claude Grassin le 26 février 1170.
VI
Fief du bois Ramoaet.
Le fief du bois Kamonet, à Jouvauzé, est de la mouvance du
comte de Brienne. Les seigneurs de ce tief sont :
i. Jean Carorijuy. Foi et hommage à Madame la comtesse
de Brienne par Jean Carorguy, Jean Nocicr, lieutenant général
du bailliage de Bar-sur-Seine, à cause de Guillemette Carorguy,
sa femme, Antoine Carorguy, Guillaume et Blanche-Isabeau, sa
femme, et Jean Guillemet, à cause de sa femme, tous héritiers de
feue noble femme Loretle Mérille, en son vivant leur mère, pour
le fief appelé Lanlé, et encore pour 6 arp. I/-2 de haute futaie fai-
sant moitié de 13 arp , au finage de Jouvanzé (10 juillet lo37).
2. Charles de la Chaussée. Acquisilion faite par niessire Char-
les de la Chaussée, de Claude Taupin, marchand demeurant à
Brienne, de 5 arp. de bois taillis à prendre dans 13 arp. en une
pièce au finage de Jouvanzé, fossoyé tout à Tentour, appelé le
bois Ramoncl, mouvant en plein fief de M. le comte de Brienne,
moyennant la somme de 100 I. (30 août liJoO). — Acquisition faite
parle s' de la Chaussée, de Mcolas Guillemet, de 5 arp. de bois
taillis, appelé le bois Ramonet, moyennant 60 1. (16 juillet lb62).
— Acquisilion par le même, d'honorable homme Jean Comparot
et Jeanne Morille^ sa femme, Jean Galleret et Nicole, sa femme, et
Jean de Vassan^. de tous leurs droits, parts et portions dans le
fond d'un bois contenant 13 arp., appelé le bois Bamonct^
moyennant 40 1. (26 janvier 1563).
3. Humberle de Vrancière. Aveu et dénombrement à Charles
de Lu.xembonrg, par dame Humberle de Francière, veuve de
Charles de la Chaussée : r pour 60 j. de terres, finage d'Uiiien-
ville, 1 arp. de vignes. 1 1 f. de prés et ."J carreaux attenant de la
dite vigne, appelée le iief du Pont, la maison et les censives ;
2" pour le /tf/di^ bois Ramonet (12 arp); pour le fief de Lanté
(oO arp.) (9 avril io86).
4. Laurent de la Chaussée. Aveu et dénombrement au comte
de Brienne, par messire Laurent de la Chaussée, hérilier béné-
ficiaire de défunt messire René de la Chaussée : 1" pour le fief
Dupont ; 2° pour le fief du bois Ramonet ; 3° pour le fief de Lanté
(t8 février I63i).
5. Louis de Maujon. Acte de foi et hommage à Henry-
Auguste de Loménie par Louis de Maujon, s'' de Chefdeville :
1° pour le fief de Lanlé ; 2° pour le Iief du Pont ; 3° pour le fief du
bois Ramonet, consistant en 200 arp. de bois taillis, auquel bois
22
338 NOTICE SUR LA. SEIGNEURIE
il est permis de niellre des lapins cl le posséder à l'avoini" en droit
de garenne {'19 aoùl 10 iS).
0. Jean Comparol. Adjudicalion par décret faite aux rciiuêtes
du Palais, le ifl or/o6/'3 /6(S.j, à niessire Jean Comparot, du fief
de Gigny et du fief du bois Ramonct. — Aveu et dénotnbrement
fourni par Jean Comparo!, s"" de Longsols, de La Jesse (Lagesse)
el de la Rolhière, à M. le comte de IJrienne : 1° pour le fief de
Lanté ; 2" pour le tief Dupont; 3° pour le tief du bois Rnmofiel
(•24 septembre 1687).
7. Louis et Joseph de Maujo '. Acquisition par Joseph et
Louis de Maujon, de Claude-Nicolas Comparot, entre autres cho-
ses, de la terre de Gigiiy et du lief du bois Ramonet (19 décembre
1701). — Foy et hommage à M. le comte de Brienne par Louis de
Maujon, sr de la Rothière et du fief de Gigny, pour les liefs
Dupont, Lanté et le bois Ramon'H, par lui acquis de messire
Nicolas Comparot. comme donataire du s'' Jean Comparot (18 jan-
vier 1717).
8. Nicolas Dufour. Acquisition par M. Dufour, de M. de Mau-
jon, entre autres choses, du lief de Gigny et du bois Ramonel ;16
mai 1736). — Foy el hommage à M. le comte de Brienne, par
messire Pierre-Nicolas Dufour, pour le fief du bois Ramonet,
acquis de dame Marie-Thérèse d'Anglebermer do Lagny, veuve de
Messire Louis de Maujon, brigadier des armées du Roi (8 mai
1737). — Dénombrement du fief du bois Ramonet par M. Dufour
à Nicolas-Louis de Loménie (6 août 1736). — Acte par lequel le s"^
Dufour a vendu au s"" Etienne, marchand de bois à Brienne, la
coupe et superficie du taillis du fief du bois liamonet (14 arpents),
moyennant 1,400 1, plus 304 modernes à couper dans ledit bois,
moyennant 300 I. (1^' décembre 1732).
9. Simon-Claude Grassin. Acquisition faite par messire Simon-
Claude Grassin, maréchal des camps, de .M. Dufour, du lief de
Gigny et du fief du bois Ramonet (26 décembre 1736).
10. Fizeavx de Clémon. Acquisition du fief de Gigny et du
bois liamonel par messire Fizeaux de Clémon, de messire Grassin
126 février 1770). — Foy et hommage à M. le comte de Brienne
par messire Etienne Fizeaux de Clémon, écuyer, pour le fief du
bois Ramonel 1 10 avril 1770).
VII
Fief du Haut-Chemin.
Les seigneurs du Haut-Chemin, mouvant de la seigneurie de
Dienville, sont les miMiies que ceux de Gigny ; par conséquent, il
ne nous reste plus qu'à parler d'un procès entre M. Grassin,
directeur général des monnaies de France, M. le duc de Luxem-
bourg el M. Dufour, avocat au Parlement.
Ce procès commence par une demande formulée par M. Dufour
DE LA ROTHIÈRE 339
au bailliage de Cliaumont, tendant à ce qu'il soit fait défense a
M. Grassin de pratiquer à l'avenir aucune avenue et plantation
sur le territoire de la Rothière ; que des bornes soient plantées sur
les confins des tinages de Uienville et de la Hothière ; que les
anciens chemins de traverse et autres adjacents à la nouvelle ave-
nue de M. Grassin qui conduisent de Uienville à la Rothière,
demeurent en l'état oh ils étaient avant l'ouverture des fossés
faits par son ordre ; que défense lui soit faite d'en interdire
l'usage tant à pied qu'à cheval ; qu'après le bornage desdits
linages de Dienvilie et de la Rothière, les arbres qui se trouveront
jilantés sur le territoire de la Rothière, par l'ordre du s' Grassin,
soient arrachés ; que le s' Grassin soit leuu de remettre à 30 pieds
lils n'étaient qu'à 20 et 24), les noyers plantés par lui sur des
pièces de terres appartenant au s' Dufour, le long du chemin
royal qui conduit de Bar-sur-Aube à Rosnay, sinon qu'il soit per-
mis à ce dernier de les faire planter aux frais de M. Grassin, à
moins qu'il ne préfère lui abandonner la propriété desdils
noyers, à la charge d'en rembourser le prix audit s-- Grassin il4
décembre 1748).
M, Grassin répond qu'il ne reconnaît pas le s"' Dufour pour sei-
gneur de la Rulhière, et il veut qu'on mette en cause M. le duc de
Luxembourg ou d'autres seigneurs, s'il y en a (21 .janvier ITiO).
Le S' Dufour apporte deux titres pour prouver sa qualité de sei-
gneur de la Rothière : 1" le contrat de vente du 16 mai 173i'), par
lequel il appert qu'on lui a cédé, entre autres choses, la j(/i'^(ce
du Haut- Chemin ; 2° l'aveu et dénombrement qu'il a rendu à
M. Grassin, h 7 août 1737, dans lequel le s' Dufour lui a rap-
porté la justice haute, moyenne et basse au Haut-Chemin, parta-
geable avec M. le duc de Luxembourg (tj mars 1749).
Sentence conforme aux conclusions de M. Dufour, qui ordonne
la mise en cause de M. de Luxembourg, à la requête de la partie
la plus diligente (30 avril 1749).
Copie d'une sentence des requêtes du Palais qui évoque la con-
testation d'entre M. Dufour, M. Grassin et M. de Luxen)bou'rg, et
fait défense au juge de Chaumont d'en plus connaître (7 juin
1749).
Copie d'une consultation donnée par M. Boucher d'Argis, avocat
au Parlement, par laquelle il estime que M. Dufour est bien fondé
à prétendre la moitié de la justice du Haul-Cliemin (10 juin
1740).
Requête de Jl. le duc de Luxembourg tendant à ce qu'il soit
reçu partie intervenante dans la cause d'entre M. Grassin et
M. Dufour, que défense soit faite à l'avenir au s' Dufour de se qua-
lifier seigneur en partie de la Rothière, et qu'il soit condamné,
pour l'avoir fait, à des dommages-intérêts envers lui et aux
dépens (30 décembre 1749).
M. le duc de Luxembourg continue en prouvant à M. Dulour
340 NOTICE SÛR LA SEIGNEURIE
qu'il prend k torl le litre de seigneur de la Ilolliière, puisque ce
fief est du nombre de ceux qui dépendent de la baronnie de
Jaucourt, membre du duché de Monlniorency, ci-devanl Beaufort ;
que ce fief est énoncé dans l'élat de ladite terre et baronnie de
Jaucourt, annexé au contrat de vente qui fut fait par Madame la
duchesse de Guise à la dame Marguerite dEslrée, le 6 juillet
1597 ; et que dans cet état l'on y a précisément dit >< qu'à ce fief
appartenait haute, moyenne et basse justice sans division avec
aucun autre ; que ces terres, depuis érigées en duciié-pairie dont
dépend le fief de la Rolhière, ont été acquises par les auteurs de
M. de Luxembourg, qui ont toujours joui, ainsi que lui, sans
trouble, de ladite seigneurie de la Rothière (7 avril 1730).
M, Dufour réplique que le contrat du 6 juillet li)97 ne signifie
rien, et que, d'ailleurs, il parait avoir été altéré (i:i juin 1750). Il
demande connaissance de ce contrat et d'un autre du 18 7nars
teSS (30 juin 1730;.
Sur ces entrefaites, M. de Luxembourg dépose une transaction
passée devant M<= Bapteste, notaire au Châtelet de Paris, par
laquelle Mg'' Charles-François Frédéric, seul seigneur haut justi-
cier de la Rothière, a cédé à M" Pierre Gaupillat, curé de ce lieu,
et à ses successeurs en ladite cure, la portion de dinies dont ledit
seigneur avait toujours joui, et qu'il avait toujours perçue con-
jointement avec l'abbaye de Clairvaux, et ce pour être dispensé
de payer audit s' curé sa part dans la portion congrue qu'il
avait droit d'exiger, au moyen de quoi ledit s' curé a promis et
s'est obligé de faire et continuer les prières nominales comme il
était accoutumé, ne connaissant d'autre seigneur de ladite
paroisse de la Rolhière que ledit seigneur duc de Luxembourg
(20 mars \'ih).
M. Dufour répond que la déclaration du bf Gaupillat n'a aucune
valeur, car encore qu'il paraisse par ladite déclaration qu'il recon-
naît Mgr le duc de Luxembourg pour seul et unique seigneur haut
justicier de la Rothière, la vérité est, comme il le dit lui-même,
« qu'il n'en a point de certitude, qu'il a même répugné à faire
cette déclaration, et qu'il ne s'y est déterminé que par respect
pour M. le duc de Luxembourg, et croyant que cela ne pouvait
préjudicier à personne'.
A partir de ce moment, le procès prend des proportions consi-
dérables. Il y a une foule d'écritures de part et d'autre ; on fouille
les vieux pardieniius; on remonte à l'origine de la seigneurie, et
1. Il est dil dans cet acte que le vicariat de la Rolhière, dépeudaulde
Dienville, fut érigé en cure le 2i juillet 1706 et 12 jum 17. 7. M« Gaupillat
en fut le premier curé et percevait la grosse dîme. Ce droit, avant d'être
réuni à la cure de la Hotliière, était partagé par moitié entre M" de
Luxembourg et les religieux de l'abbaye de Clairvaux. C'est au moyen de
ces grosses dîmes qu'ils payaient au curé sa portion congrue (Acte du 16
avril 1750.
PE LA UOTHI^RE 341
l'on tinit par découvrir, à l'aide des fois et hommages, de>- aveux
et dénombrements que tous les seigneurs du flaul-Chemin,
antérieurs à M. Dufour, relevaient de la seigneurie de Dienville.
Alors le duc de Luxembourg est débouté de ses prétentions et con-
damné aux frais et di^pens, et le s' Dufour, conformément à la
consultation donnée par M'= Boucher d'Argis (19 juin i749), et
surtout la sentence des requêtes du Palais qui permet à M. Jean
Comparot de prendre possession de la justice et seigneurie du
Haut-Chemin (31 octobre lG8o), est maintenu dans son droit de
justice haute, moyenne et basse sur le fief du Haul-Chemin,
appelé encore Clmnin de Césnv ou des Romains (ITiiB),
VIII
Derniers seigneurs de la Rothière.
On a vu, par ce travail, que Fizeaux de Clémon a réuni dans ses
mains toutes les parties de la seigneurie de la Rotbière. Après lui,
viennent : 1" LouisMarie-Athanase de Loménie, époux de Marie-
Anne-Étiennette, tille unique d'Etienne-Claude Fizeaux de Clémon
(1771) ; 2° Alexandre-François-Antoine, lils adoptif du précédent,
époux d'Elisabeth Louise-Sophie de Vergés (I78S) ; 3" Martial-Jac-
ques-Louis, époux d'Antoinette-Jeanne-lsidorc de Damas, sœur du
baron de Damas, minisire sous la Restauration (1805); 4° Char-
lotte-Louise de Loménie, épouse d"Hugues-Héraclius, comte de
Monlboissier-Beaufort-Caniliac (1819); 5° Gabrielie-Augustine de
Loménie, sa sœur, épouse de Guillaume-Marie-Paul-Louis Hurault,
marquis de Vibraye (I8i2); 6' Alexaiidrine-Marie-Tliérèse Hurault
de Vibraye, épouse de Louis-Marie-Arthur, comte de Chevigné ;
7' Anne-Marie-Françoise-Aldegonde de Chevigné, épouse de
François-Marie-Jean de Reviers, capitaine d'artillerie de l'état-
major.
P. Chauvet.
LKS
SEIGNEURS DE VILLE-SUR-ARCE'
ADDITIONS ET CORHECTIONS
I
Daus la uolicc cousacrée ;i Jean I*"'' de Ville-sur-Arco, nous
avons, d'après M. l'abbé Lalore, relaté une transaction passée
au mois de février 1332 entre ledit seigneur et ses sujets,
transaction établissant que huit écuelles combles faisaient le
boisseau ras, mesure de Cbaceuay,
Cette transaction nous avait paru pour le moins singulière.
La mesure de Cbaceuay, étant en usage sur toutes les ter-
res de la baronnie, s'imposait à Ville-sur-Arce comme ailleurs,
et nous nous demandions à quel titre le seigneur et les habi-
tants de ce village avaient pu intervenir î)Our la modifier ou
pour la coulirmer.
Dans l'impossibilité où nous i.ous trouvions de recourir à la
source indiquée par le savant historien des Sires et des barons
de Chacenay, nous nous sommes incliné de confiance devant
son autorité, lui laissant d'ailleurs le mérite aussi bien que la
responsabilité de son assertion.
Depuis, grâce à l'obligeance de M. le docteur Finol, qui en
est l'heureux propriétaire, nous avons pu étudier à loisir un
vidimus de la transaction de 1332.
Ce vidimus, rédigé le 23 décembre 1485 par deux notaires
de Ricey, Guillaume Chalons, écuyer, et Ilumberl Calabre,
clerc, est un magnifique parchemin mesurant Tfi centimètres
sur 52.
La transaction vidimée est certainement celle visée par
M. l'abbé Lalore, car elle porte la date du samedi après le?
Hrandons de l'an 1331 (v. st.).
' Voir page H(l4, tome IX de la Hevue de Champagne,
LES SEiaNEURS DE VriJ,K-SUR-ARCE 3''t?.
Elle a pour objel non pas la mesure de ('liacona}^ dont il est
fait une simple menlion, mais l'usage du moulin banal de la
seigneurie d'en bas, les redevances à payer pour la moulure,
el l'abandon, de la pari du seigneur, du droit d'ajust des pin-
tes et des chopiues, lorsque les habilauts ouvraient de nouvel-
les taveri es.
En voici d'ailleurs le texte :
A tous cculx qui ces présentes ladres verront, Jehan Lograin,
prebtre, garde du seel de la prévoslé de Rieey, en tant qu'il s'ex-
tend ou bailliage de Sens, de par noble el puissant seigneur nies-
sire Guillaume Roulin, chevalier, conseiller et chambellan du roy,
nostre sire, el seigneur du dit Ricey et de Bcauchainp, salut.
Savoir faisons que l'an de grâce mil quatre cens quatre vingts
et cinq, le vingtiesme jour du mois de décembre, Guillaume Chas-
ions, escuyor, el Huinbert Calabre, clerc, notaires jurez eleslabliz
à ce faire, au dit Ricey^ de par le dit seigneur, virent, tinrent,
communiquèrent, coUationnèrenl et diligemment leurent, de mol,
unes lectres en forme de Chartres, escriptes en parchemin, saines
et entières en escripture, scellées en double queue de cire verd,
du seel de la prévoslé de Har-sur-Seine, comme la teneur d'icelles
le tesmoignoit, lequel seel, par viellesse, esloit derompu, el la cire
fort caduque et descoluurée, mais ancor y avoil grant apparance
d'icellui seel, et si y avoil apparance au bout de la dicte queue,
que, autreifois, y avoient esté pendans aucuns petis seaulx ou
signetz. Desquelles lectres la teneur s'ensuit :
A tous ceux qui ces présentes lectres verront et orront. Jaques
diz li Boucbars, garde dou seel de la prévoslé de Bar-seur-Sein-
gne, salut.
Sachent luit, que par devant Jehan dit le Lombard, clerc, et
Regnaudin de Chaslelvillain, demeurant au dit Bar-seur-Seingne,
tabellions jurez et eslabliz à ce faire, de par nostre seingueur le
Roy, au dit Bar et en la chaslellerie, vindrenl et furent présens en
leurs propres personnes, pour ceste chose espéciaulment^ Jehans,
sires de Ville-seur-Arce en plus grant partie, escuyers, filz de feu
mon seingneur Pierre Barrai, jadis chevalier, d'une partj Jehans
Gobillel, Haubers Bouisson, Lambers, frère dou dit Aubert,
Jehans filz Girarl li potier, Roubers Perrote, Jehans Cornoille,
Perroz li Buisons, Jehans li treuvez, Jehans Herbeiin, Thiébaux.
Beige, Girars li potiers, Jehans Jaquerel, lilz Jehan le grant, Xaa-
los Malnorris li petiz, Melinnolte fenune Jehans le Chaatré, pour
essoingne de son mary qui est aveugles, Jehans li grans, Jehans
l'aingné, Thiébaulx Cuignel, Jehans Grillut, Bertaux Vaalais, Miloz.
Cbevry, Serourges Malmené, Thomas Beige, Viars Koumelart,
Cojas Cariosl, Estiennes Pree^che, Jehans l'escuiellal. Michaux li
Recouvevres, Durans li escuielaz, Lorens filz au clerc, Jehans Fil-
laule, Jaques li mugniers, Jehans li Budins, Jehans li fourniers,
344 LES SEIGNEURS DE VILLE-SUR-ARCB
Tliiebaux Ciqiiart, Guillaumes Bouquin, Huoz, lllz Herbelot H
mugnier, Miloz li quarlaz, I.anibers Moucbet, Guillemins Cbarge-
besle, Roubers iilz au Buison, Jebatis Escbailloo, Viars Vaala}',
Colins Viars l'aingné, Jebans tilz feu Micbelot le Pervelal, Perroz,
filz Bruclienel, Drouoz Heguine, Erars Moucbot, Jebans Godars^
Guillaumes Tavau, Miloz Tavau, son frère, Jebans li Raz, Jebans
filz feu Milol Rtgnart, Tbiébaux Boullée, Jebans Judas, Jebans
Haillart, Tbonias Noorccl, Jebans Reguebers, Tbévenins Dovelay,
Jebans Maunoir, Jebans Dovelay li borgnes, Miloz Bovin, Perroz
Malmené, Jebannins filz feu Vyarl Noiroy, Miloz Marcel, Humbe-
loz Mollure, Perrinoz Cocbelin, Perrinoz filz Clcmenl Luillier,
Colins Turnel, Jebans filz feu Perrinol Moron, Jebans Aptins, Per-
rinoz Tavau, Giraulx genres à la Veille, Colinoz, filz feu Houdoier,
Perrinoz Escbaillon, Jebans Vaalay, Tévenins Boullée, NaalozMal-
norriz li grans, Jebans la Doulceur, Perroz li turreis, Perroz Tril-
lot, JebannoUe femme feu Jcban Berlot, Huoz filz feu Milol Drouot,
Vourrions, iilz Lambin de la Cbappelle, Jebans filz Tempore, Ber-
tins Beige, Vyardoz iilz Pisol^, Lorens filz feu Huguenin Flory,
Colas Berlot, Pisoz filz à la Vacbière, Jebans li Bidaux, Durans
Bise, Miloz Poolel, Perroz li Cbaatré, Symonnoz Buignot, Huoz li
Vacbiers, Agnès femme feu le Gaslinois, Lorens li Bergaulx, Thié-
baut Dovelay, Jaquoz Cuignay, Jebans Reslore, Jebans li Couiifaz,
Miloz Guillol, Jebans li Camus, Wiars Tbèbe, Colas iilz Durans
Bise, Symonnins Maquere, Huelins li boiteux, Hersonnelte femme
feu Corbion, Miloz Willaume, Jebans Goumarl, Jebans Cbaucant,
Micbeline Houdoyer, Perroz Wyars l'aingné, Jebans Pilaut, Colinet
filz Tbierriel, Melinotte femme feu Simon Pourmanl, Roubers de
Cbievrevey, Huguenins, genres à la Brucbinelle, Jebans filz feu
Roubers li potier, JebannoUe femme Perrot li bergier, ïbiébaux
diz Giraus, Creslien Garnocbe et Miloz Roubert, tuil de la ville de
Ville-seur-Arce, d'autre part.
Et recongnurenl li uns envers les autres, pour eux, pour leurs
boirs, pour leurs successeurs et pour ceux qui deux ou de leurs
boirs, ont et auront cause, de leur plain gré, senz contraincte
nulle, et senz aucune déception, que il ont fait, octroyé et accordé
entre aux, senz jamais rappeller à nul temps à venir, le fait, l'or-
donnance et les convenances qui s'enssuient.
C'est asavoir que li dit bomme et femmes, pour aux et pour
leurs hoirs, et pour ceux qui d'aux ont et auront cause, yront
moire toutes manières de blefz aux molins dou dit escuyer à Ville-
seur-Arce, et molront et doivent moire aux diz molins trois mines
de blefz, à la mesure de Cbascenay, pour ung bouissel, el trois
boissiaux de blefz pour une escuelle, de quoy les buit escuelles
combles font ung bouissel reis, à la dicte mesure.
Et est à savoir que, ou cas que li dit bomme et femmes, ou
aucun d'iceulx yroient aux diz molins pour faire moire leurs
biefs, et li molin fussent empescbié que il ne pouissent moire, ou
délivrer les apporteurs ou ameneurs des diz biefs, incontinant la
LES SEIGNEURS DE VILLE-SUR-ARCE 345
journée passée qui seroieut venu moire leurs diz biefs aux diz
molins, il yroient moire là où il leur plaroit, senz préiudice.
Ilem est acnordé el oolroyé, cuire les dictes parties, que 11 blof
des diz hommes el femmes rjui seroieut af)porlé ou amené aux diz
molins à Ville-seur-Arce, seroient mesuré par le mugnier ou
mngnièrc, qui garderoil ou garderont les diz molins, se il plailau
dit mugnier ou mugnière.
Et est ancor à savoir que la dicte mesure sera ajulée au dit
Chasceiiay, tant le bouissel comme récuelle, et sera et doit eslre
signée, la dicte mesure, à certain seing dou dit Chascenay,
Hem esl ancor accordé er,lre les dictes parties, que se aucun
des diz hommes et femmes, ou plusieurs d'iceux, apportoient ou
amenoient leurs blefz aux dits molins, et il ne povoient moire
pour la journée, comme dit est, et il rapportoit ou rapportoient
par leur sarement, ensemble une personne avecques aux digne de
foy, qu'il heust ou heussent soumé ou requis le dit mugnier ou
mugnière pour moire leurs diz blefz aux diz molins, il yroient ou
porroient moire là on il leur plairoil, la journée de la dicte sou-
macion passée.
El se il avenoit, par aucune avanture, que aucuns des diz hom-
mes et femmes alassent moire hors des diz molins, puis que li diz
molins fussent aaisis de délivrer leurs biefs pour la journée que il
pourroient eslre délivré de moire si comme dit est, ou que il ne
puissent monlrer la soumacion en la manière dessus dite, li dit
sires de YilIe-seur-Arce, ou si hoir, auroient, lèveroient el empor-
teroient autant des blefz comme li dit honnne et femmes pai-
roient, comme ce se y moloient aux diz molins, de ce que li diz
escuyers ou si hoir pourroient monstrer que li dit homme el fem-
mes auroient molu hors. Douquel port li diz porteures, ensemble
une bonne personne de j-on hoslel, seroient creu par leur
sarement.
Hem esl accordé entre les dictes parties, que, ou cas que li dit
homme el femmes auroient assé à moire aux diz molins pour la
journée que il auroient apportez leurs blefz, nul eslrainge ne
seroient délivré de moire, jusques à tant que li dit homme et
femmes heussent premier molu, sauf tant que se par fraude, par
barat, ou par malice, li dit homme et femmes venoient moire aux
dits molins en occupant le droit de la mollure des diz molins ou
préiudice el dommage dou dit escuyer et de ses hoirs.
11 recongneurent et confessèrent que par telle manière en fai-
sant ce dit malice, il ne pourroient occuper le droit de la mollure
des gens eslainges, qui premiers y seroient venus moire, ou cas
que li sires de Ville-seur-Arce ou si hoir y auroient dommage par
la culpe des dessus diz homme et femmes.
Item avecques toute les choses dessus dites recongneut li diz
sires de Ville-seur-Arce, pour lui et pour ses hoirs, que pour ce
que il povoit avoir aucun mouvemant de poursuivre les habitans
34lJ I.bS SEIGNEURS DE VII.I.K-SUR-ARCE
de Ville-seiir-Arco, c'est assavoir dos domourans an sajiislice^ do
ajuter leurs pintes et chopines toutes fois que il fasoient taverniis
nouvelles, pour ce que il disoit et maintenoit que il ea devoit
avoir pleinne la mesure qu'il ajutoit à son quenne (?), pour bien
de pais et pour eschever grans dommaiges, coustemens et des-
pens, qui pourroient estre en ceste poursuite entre le dit sein-
gneur de Ville-seur-Arce et les diz habitans, en ceste partie, il
l'énonce dou lout en tout, comme cilz qui oncques most (?) droit,
si comme il s'en est plus pleinnement informez par bonnes gens
dignes de foy, si comme il disoit. Sauf et réservé au dit escuier,
et à ses hoirs, la prinse des dites mesures, toutes les fois que li diz
escuier, si hoir, ou leur certain commandement, y auroient aucu-
nes souppeçons.
Et promistrcnt Ji diz sires de Ville-seur-Arce, d'une part, pour
lui et pour ses hoirs, et li dit homme et femmes, pour aux, pour
leurs hoirs, et pour ceux qui d'aux auroient cause, d'autre part, les
uns envers les autres, et pour tant comme à ung chascnn d'aux
puent tuichier et appartenir, parleurs fois de leurs corps données
corporelemant en la main des diz jurez, seur poingne de leurs
corps penre, mcctre et tenir en prison ferme, et seur l'obligacion
et l'abandonnemenl de touz leurs biens, et des biens de leurs
hoirs, meubles et non muebles, prôsens et à venir, on qu'il soient
et puissent estre trouvé, les quiex quant à ce il ont souzmis et
obligiez à la jnridicion et contraincte dou roy nostre seingneur,
et de sa gent, par les quiex à ce il vuellent estre conlraincl, que il
encontre cest dit oclroy, accord et convenances ne venront, ne par
autres venir feront, à nul temps, en appert ne en recoy, par
aucune raison ou cause, quelle qu'elle soit ou puisse estre enten-
due, ainçois les auront tanront et garderont fermemant, et tout en
la forme et en la manière que il est dessus dit, escript et devisé,
seur poingne et restitution de tous coux, dépens et dommages, si
aucuns en y avoit. Dos quiex li porteurs de ces lectrcs seroit
creuz, par son simple saremant, scnz faire autre preuve.
Et l'énoncèrent les dites parties, pour tant comme à une chas-
cune partie puet tuichier et appartenir, par leurs dites fois en
tout cest fait, à tout droit escript et non escript, à toute excepcion
de décepcion, à tout us et coustume de pays, à tout remède d'ap-
pel, à toutes signories, franchises, bourgesies, au bénéfice de res-
tilucion, et à ce qu'il puissent dire les uns envers les autres aux
avoir esté déceuz, circonvenuz, surprins, ou barétez, en fasant et
en oclroiant les choses dessus dites, ou aucunes d'icelles, à toutes
grâces, indulgences empêtrées et à empêtrer, soit de nostre père
le pappe, le roy de France, ou d'autres princes, à toutes alexca-
cions, cavillations, barres, dclfenscs, exceptions, décepcions, rai-
sons de droit et de fait, que l'on pourroit dire ou obicier contre
ces présentes lectres ou la teneur d'icelles, espéciaulment au droit
disant généraul renonciaoion non valoir.
En te^moing de laquele chose, je, Jaques Bouchars dessus diz,
LES SEIGNEURS DE VII,LE-SUR-ARCK 347
par le rapport el lesmoiiigiiage .les dizjure/, eusoniblo l'appoMciui»
de leurs sciiignez, ay scellé ces présentes leelres don seel de la
dite prévosté don dit Har-seur-Seingiie, et de mon propre seel en
conlreseel.
(Je fn l'ait Tan de grâce aiil trois cens trente et ung, le samedv
après les Hrandons.
En tesmoing de laquele vision d'icelles lectres cy dessus trans-
criptes, nous, garde dessus nommé, avons scellé ces présentes lec-
tres du seel et contre seel de la dicte prévosté, par le rapport des
di.« notaires, avec leurs seings manuclz cy mis.
Ce fut fait les an et jour dessus premiers dictz.
CiiALONs. Calaiîui-; '.
En résumé, d après celte Irausiclion, les cent vingl-trois
sujets de la seigneurie d'eu bas devront moudre leurs grains
de toute espèce au raouliu banal, en pa.yanl, comme droit do
moulure, un boisseau pour trois mines el une éouelle pour
trois boisseaux.
S'il arrive que le moulin ne soit pas libre dans la journée où
ils amèneront leur graiu, ils pourront aller moudre où bon leur
semblera, après sommation faite au meunier.
Le grain sera mesuré par le meunier ou par la meunière, el
la mesure, écuelie ou boisseau, sera ajustée à Ghacenay.
Tant que le moulin sera occupé par un sujet de la seigneu-
rie, aucun étranger ne pourra y moudre.
Si cependant il était démontré que les babitanls, agissant
par fraude el par malice, s'entendent pour porter préjudice au
seigneur, en éloignant les élrangers de sou moulin, cette der-
nière clause serait nulle et nou avenue.
Enfin, Jean I^"^ de Ville-sur-Ârce, qui avait eu la volonté
d'intenter un procès à ses sujets, pour les obliger à ajuster
leurs piwles et chopines, chaque fois qu'ils ouvraient une
nouvelle taverne, el à lui donner pleine la mesure ainsi ajus-
tée, déclare renoncer à ses prétentions.
II
De nouvelles recherches, provoquées par une gracieuse
communication de noire distingué collègue et confrère,
M. l'abbé Millard, nous ont permis de compléter el de rectifier,
pour notre tirage k part, la généalogie des Eongeville.
Nous résumerons en quelques lignes, pour les lecteurs de
1, Cabintt de M. le docteur Fiuot^
348 LES SEIGNEURS DE VILLE-SUR-ARCE
la Revue de Champagne et de Brie, ces additions et ces reclifi-
calions.
PlERUE II DE LoNGliVILLE
I6ili-I690.
Fils de Richard II el de Louise Gervaise, Pierre II épousa, le
10 février iG77, àDrosnaj^ Françoise de Lorin, fille de Robert,
seigneur d'Aulnay, et d'Hélène de Monspoix, dame de Drosnay,
Trois enfants naquirent de ce mariage ; Pierre (1677),
Léonard (1G79) el Michel (IGSO).
Pierre II se fixa à Aulnay.
\'euf peu après la naissance de son troisième enfani, il se
remaria eu lG8o à Elisabeth de Manger, fille de Jacques, sei-
gneur de la Poterie, el de Renée de Feligny.
Il mourut vers 1689. Sa veuve, Elisabeth, épousa, le 9 avril
1692, Charles de Vaveray, fils de Léon el d'Anne de Monspoix.
É isabeth de Manger mourut à Drosnay le 3 avril 1 724.
Elle avait donné à Pierre de Longeville au moins deux
enfants : Hugues et Aune-Antoinette.
Lieutenant au régiment de Turenne, Hugues épousa, en
1 731, sa cousine, Claudine do Longeville, fille de Léonard I,
et veuve de Claude Le Lieur.
Élevée à 6aint-Cyr, Anne-Antoinette donna Fa main, en
1740, à François de Bruiiv', seigneur de Lagesse.
Pierre ill de Lo.noeville
1602-1722.
Fils d'Edme-.Iean et de Louise de Cocqueborne, Pierre III
de Longeville épousa, à une date que nous n'avons pu préci-
ser, Marguerite de Maugrr de la Poterie, probablement sœur
dÉlisabeth dont nous venons de parler.
Il en eut neuf enfants : Edme (1688), Louis (1689), Antoi-
nette (1693), Charlotte (1694), Françoise (1696), Marguerite
(1699), Claudine (1702), Pierre (1704) el Marguerite (1707).
Pierre III de Longeville mourut à Ville-sur-Arce le 22 sep-
tembre 1722. el Marguerite de Manger le 17 juillet 1731.
A. PÉTEL.
Itépertoire Historique de la liante- narnc'
COMKNAM I.A \()Mi:.\( ILATIIIK
DES OUVRAGES, ARTICLES, DISSERTATIONS & DOCUMENTS IMPRIMES
Cunccrnant l'/us/oirc de ce Déparleinent
DL^UXIKMK PAHTII',
CATALOGUE DES ACTES
1.097. — I2}5. 31 octobre
(veille de la Toussaint). — Accord
entre Gautier, seigneur de Rey-
nel, et Jean, orieur de Saint-Bé-
nigne, relatif aux hommes de
€ Mennois «. L'affaire du moulin
de « Brisecol » a été remise au
jugement de rotficial de Langres.
Pérard. Recueil. 137 ; e.v carlul. S-Beui-
?ni Divion.
Bréquigny. 'lab. clir , V, 484.
1.098. — 1235, 14 déc. Vi-
terbe (19 kal. janv. an IX;. —
Letire du pape Grégoire IX à
l'abbé de Morimond, par laquelle,
sur la demande de Ferdinand, roi
de Castille^ il lui ordonne de
trancher un différend entre labbé
de St-Pierre de Gomiel et les frè-
res de la Milice de Calatrava.
« Sua nobis charissimus. . . »
-A. Miuirique. -■Vnn. ei^terc. IV, h\'.\.
Bréquigny, Tah. clir., V, 4S7. — Pot-
thast, no 10061.
1.099. — ^-35- — Robert
de Tourotte. évéque de Langres.
donne une charte concernant le
droit d'us3ge que l'abbaye de
Saint-Bénigne de Dijon possède
dans les bois de i Villa comitis »
pour sa maison de « Casnedum *.
Gall. cliri«t. nova, IV, inslr. col. 2CG.
Bréquigny, Tab. clir., V. 490.
1 . 100.
1235
Robert,
évéque de Langres, atteste et
confirme le don d'une maison sise
à Creil, fait par la comtesse de
Boulogne à Guiard de Palesel,
son chambellan.
Aimlvse, Tcidut. Uveltes. II, iJU.i, n"
2423 ; e.N on-. Arcli. nat J. 200, a" 10.
i.ioi. — 1235. — Simon,
fils de Simon, seigneur de Clef-
mont, irait savoir que lui et ses
frères Kude et Je.in ont renoncé
à leurs prétentions contre l'abbaye
de Mores (.A.ube), concernant l'u-
sage d'une pièce de terre sise de-
vant la g.angi du Chêne, et une
autre qui avait appartenuà Wiard,
prêtre,
Lalore, Gliarte* de Moie<, p. 90. n" 98,
d'ap. copie du xvti" 5. Bil>. nat., françai?
5995, fol. 159, r".
1.102. — [Vers 1235]. —
Lettre d'Eustachie, dame de Pacy,
à Robert, évéque de Langres, par
laquelle elle confirme le don que
son mari, <( W. de Brena », a fait
à l'abbaye de Pontigny de cinq
muids d'avoine, rente annuelle à
prendre à « Prair ».
D. Marténe. Thesaur. anecd., 111, col.
1249, ad an. 1235 ; ex caitul. Pontiniac.
Bréquigny, Tab. clir., V, 497.
1.103. — 123J (V. St.), 16
janvier (mercredi après S. Hi-
lairej, à Chàte.iu - Thierry. —
* Voir page 28, tome X, 2' série, de la Revue de Champagne.
350
BEPERTOIKE HISTORIQUE DK LA HAUTE-MARNE
Pjiene , duc de Bretagne, comte
de Richemoiid, Fait savoir que
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, donnant sa fille Blanche en
mariage a Jean de Bretagne, fils
dudit Pierre, a r.ssuré à ladite
Blanche la succession au trône de
Navarre, même dans le cas où
Thibaiid aurait un fils. Ilendonne
pour garants des prélats et ba-
rons, parmi lesquels Tévéque de
Langres.
I>. Moricc. Hist. tle Btetaene. Pr. 1. K'.»5.
— Tcxh-'t. Lavplle?, II, :U'l, n" 24:i2. —
Cal. itclri lie? (Jl''* de Champ., n." 2o77.
1.104. — 1235 (v. st.), jan-
vier. . — Lettre ue G., abbé de
Citeaux, aux abbcs de larrivour,
Boulancourt et Mores, par la
quelle il leur mande de se rendre
au monastère de Notre-Dame-des-
Prés, près Troyc;, pour y établir
des religieuses de l'ordre de Ci-
teaux, avec une abbesse.
CamiKa:. Piouiptuariuni anliq. Tn(a>^
diœc. fol. 380, r". — A. Manvique, Annal.
risterc, IV, 431. — Vèrilalile souverneiiif ni
de l'ordre de Cileau.\. 218.
Dréquigny, Tal.. ilir.. V. 4yO.
1.105. — 1255; (v. St.), 28 fé-
vrier. — Menri, comte deBar-^le-
Duc], est tenu de rendre à Thi-
baud IV, comte de Champagne.
dans la quinzaine de la réquisi-
tion, le maire de Saint-Thiébaud,
qui a été longtemps prisonnier
dans le château de Montéclair.
Chantorcau, Traité des fief.s II, 219.
Cal. actes des C* de Champ.. 11" 2381.
1.106. — 1235 (v. st.j, fé-
vrier. — Béatrix, dame de Join-
villc; et Hugue de Fronville,
chevalier, exécuteurs du testa-
ment de Simon, sire de Joinville.
déclarent que les chanoines de la
chapelle de Saint-Laurent de
Joinville étaient mal fondés à
prétendre au droit dusige pour
leur four de Guindrecourt d.ms le
bois de la grange neuve de Bou-
lancourt. (Vidimus de Je. n de
Joinville. du 6 déc. 1306.)
A. Ho?enit. .Seize chaite-i orif/inali's inc-
tliles de .Ic.in de Joinville, p. 13. n" XIII.
1.T07. — 1236, 31 mars. —
i^Pierre , duc de Bretagne, comte
de Richemont. tiendra indemne
de tout dommage Simon de Cha-
teauvillain, caution de l'exécution
p.ir ledit Pierre des conventions
relatives au mariage de Jean de
Bretagne avec Blanche, fille de
Thibaud IV, comte de Champa-
gne,
Mofive. Preuves do llli^l. de Hretaqne.
1. stiy.
Cst. iieU'? de? C'^' de Cliamp., n" 2I0:!.
1 . 108. — 12]6^. 18 juin, Terni
(14 juillet, an X). — Grégoire IX
invite [Guillaume], évèque d;
Paris, I^Kobert], évèque de Lan-
gres, et [Evrardj, abbé de Clair-
vaux, à détourner Louis IX d'at-
taquer Thibaud IV^ comte de
Champagne, qui est croisé. « Si
velut cypressus. . . »
.]J(iiiriqi(e, Ann. eisterc, IV, 520.
Cal actes do> C^" de Champ., n» 2411I. —
/'ollhaat. a° 10193.
1.109. — 1236, au chapitre
général de Citeaux. — Gui^ abbé
de Citeaux, et les abbés de La
Ferté. Pontigny et Clairvaux,
ordre de Citeaux, exposent com-
ment l'abbé de Morimond et son
subordonné l'abbé de St-Fierre de
Gomiel ont terminé leur diflérend
concernant j'atl'aire de Calatrava.
A. Manvique, Ann. ci^terc, IV", 528.
Uréquigny, Tali. chr., V, 513.
i.iio. — 1236. — Robert,
évèque de Langres, aiirai.chit le
monastère du Val-des-Ecoliers de
sa juridiction.
Gall. christ, nova, IV, instr. col. 207.
IJréqtiigni/. Tab. chr., V. 515.
I . II I . — 1236 (v. st )^. 3 jan-
vier (samedi après h Circonti-
sion). — Guillaume de Vergy,
sénéchal de Bourgogne et seigneur
de Fouvent, se conformant à un
jugement rendu par le roi, dé-
clare qu'il n'a aucun droit de
garde sur l'abbaye de Beze ou
ses hommes, sans l'assentime.it
de l'èvèque de Langres,
A. Du Clicsiie. Hi?t. de la maison do
VerL'V, Pr. p. 185; e,\tr. du liv. des liefr
de l'cvéché de Langreî.
Jlrrquigiiy, Tab. chr , V, 508.
I.II2. — 1236 (v. st.), jan-
REPERTOIRE HISTORIQUE DE I.V HAUTE-NURN'K
:]ii
vier. — R., abbé, et les religieux
de Montier-eii-Der, déclarent que
du consentement de G., sire de
Vigiiory, et de si Femme B^ertlieJ,
ils ont fait à Champcourt, qui est
un de leurs prieurés, une ville
neu\'e dont ils ont déterminé en-
semble les limites, etc.
•/. (l'Arbatimunt. (Jartul, Je Vlsnoiy, 2;!;i :
(la[i. Arch. HauU'-Marno, 2' rarlul. th- .Mmi-
tier-on-tJpi-, fol. 7!», v.
1 . 1 1 3 . — 1236 yv. st.), fé-
vrier. — Lettre du roi Louis L\
au duc de Bourgogne, pnr la-
quelle il lui ordonne de défendre
l'évèque de Langre.s contre (îuil-
laume de Vergy au sujet de la
justice et de la juridiction tempo-
relle sur l'abbaye et les hommes
de Bèze.
J. Petit, 'l'UfOiiovi ivenitenlmle, 11. lOi :
ex carlul. eocl. Lins. — A. Du. Che.itw,
Hist. de la uiai=on do Veriiv. Pr. p. Is").
Bréqi'igny, T.ib. élu-.. V. jii'.i.
1.114. — 1236 (v. St.), fé-
vrier. — Hugue, duc de Bour-
gogne, se conformant à un juge-
ment du roi Louis JX, déclare que
Guillaume de Vergy, son oncle,
ne peut avoii aucun droit de girde
sur l'abbaye et Us hommes de
Bèze, sans l'assentiment de l'évè-
que de Langres.
.4. Dn Cliesne, Hi^t. de la maison de N'erg)',
Pi-, p. 181 ; e.\ti-. du livre des tiefs de l'évèché
de Lansies. — J Petit, Tlieodori p.i-niten-
tiale. II. 701; ex cartul. Linson.
ûirquigny, Tab. clir., \ , :A0.
1.115. — 1236 (v. St.), 9 mars
(lundi après le dimanche où ion
chante : Invocavit me). — Guil-
laume de Vergy, sénéchal de
Bourgogne et seigneur de Fou-
vent, de l'assenti.ment de sa fem-
me Clémence, reconnaît avoir re-
pris en fief de Robert, évéque dé
Langres, et de ses succe.sseurs, sa
maison de Fontaines, jurable et
rendable à grande et à petite
torce à l'évèque, avec le village
dudit Fontaines et ses dépendan-
ces.
A. Du Ch('S)ii', Hist. de la maison Uo Vcr-
L'V. Pr. p.. Ifs5 : extr. du livre de? Iicf< de
l'évriUé de Lanures.
Diéquigni/. Tal.. clir.. V. 510.
1.116. — 1236 (v. St.), 19
mars (jeudi après Reministere).
— Guillaume de Vergy, sénéchal
de Bourgogne et seigneur de Fou-
vent, reco unit qu'il a fait pendre
un homme dan.s la grange des
moines de Toul, à o Faia )>, et
qu'il n'en avait pas le droit, car
cette grange est de \i garde de
l'évèque de Langres.
A. Du Cliesii''. Ili«l. (le la maison de Verjry,
l'r. p. lS!i ; fxtr. du livre d(;s iiol- de l'èvO-
'lié de Langres.
//léiinii/in/. T.ili. i-hr.. V, b\\ .
1.117. — 1236 (v. st ), mars
— Guillaume de Vergy, sénéchal
de Bourgogne et seigneur dj Fou-
vent, reconnaît qu'il doit ai 1er de
toutes manières Robert, évéque
de Langres, en ce qui concerne
l'abbaye de Béze.
A. Du CluJ.tiii', Hist. de la maison de Verey,
Pr. p. 180 : extr. du livre des liefs de lëvi;-
clié de Lansres.
Bri'i/uirjni/. Tal'. rlir., V, 51".'.
1.118. — 1236 (v. st.\ mars.
— Lambert de Châtillon et Guil-
laume de <r Cuseic », chtValiers,
et Ponce de Saint-Seine, clerc,
déclare que du consentement de
Girard de Montigny et de Guil-
laume de Vergy, sénéchal de
Bourgogne, ils ont été choisis
pour arbitres d'un dillérend entre
l'évèque de Langres et ledit Gi-
rard de Montigny, concernant
Montigny, Villeneuve et « Tlio-
reart ».
A. Du Chesue. Hist. de la maison de CliA-
lillou-sur-Marne, Pr. [1. î.
IJn'-riuigny. Tab. i-lir.. V. 'A'i .
1.119. — 1237, mai. — Fli-
sabeth, dame de Chàteauvillain,
déclare qu'en sa présence Eude
Lie Broyés et sa femme Agnès ont
vendu aux religieux du Reclus onze
sous de cens que ceux-ci leur de-
vaient chaque année à cause de
deux essarts dans le bois de « Cha-
petons )'.
.1. Du Chesne. Hist. île la maison de.
Broyos et de Cliileanvillain, Pr. p. 28. —
Joiif/eliu, Nolitia aliliat. oni. Ci-terc, pari. 1.
1.120. — 1237, juin. — Re-
nard, seigneur de Choiseul, et
Alix^ sa temme^ déclarent que le
comte de Bourgogne, Etienne, et
3b2
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
Jean, comte de Chalon, de l'as-
semimeiic de sa femme Agnès, de
son fils Hugue et d'Etienne, fils
dudit comte Etienne, lui ont
donné en fiet le château deTrave
et seigneuries de Scey-sur-Saône
et de Frotey, mais que le comte
Etienne a retenu la garde de l'ab-
baye de la Charité.
Guillitiiiw:, IIi«t. !.'énealo'^. des fiii's de
Salin-. I. Pr. f.. KK! '
I .121. — 1257. 26 juillet (di-
manche après la Madeleine). —
Guillaume de Vergy, sénéchal de
Bourgogne, seigneur de Fouvent,
promet de sceller de son sceau et
de Celui de sa femme, au plus
tard à la fête de la Nativité S.
Jean-Baptiste, Taccord fait entre
lui et son fidèle Gérard de Monti-
gny . d"une part, et Robert, évé-
que de Langres, d'autre p'rr,
concernant Montigny et autres
afTaires.
A. Du Chesne, Hist. de la maison do
Vergv, Pr. p. 186 ; extr. du livre des liel's de
l'évèché de Laneres.
Bvi-quigny. Tab. chr., V. 'i'.?',*.
1.122. — 1237, septembre. —
Gautier, sire de Vignory, et sa
femme Berthe, s"engag^ent à ap-
porter aux religieux de Clairvaux,
d'ici à la fête S. Mathieu, des let-
'tres de l'évèque de Langres attes-
tant que Gérard, chanoine de
Langres, frère dudit Gautier, a
approuvé la vente faite aux reli-
gieux de Clairvaux par ledit Gau-
tier, des terrages et des fours de
La (îenevroie et de Mirbel.
J. d'Arbauniont, Carlul. de Vi^norv, 2M.
d"ap.- Arch. Aube, lartul. de Clairvaux. Il ;
y^gnory. n" XLIII.
1.123. — 1237, octobre. —
Béatrix, dame de Joinville, fait
un traité avec l'abbaye de St-Ur-
bain. pour l'échange de deux fem-
mes de leurs domaines.
J. Sinwniiet, Essai sur les sires de Join-
ville, 196 ; d"ap. Arcb. Haute-Marne, fonds
S'-Urbain, 10' liasse, l'' partie.
1.124. — 1237^ 26 décembre,
Moléme (lendemain de la Nativité
de N.-S.i. — Robert, prieur de
Moléme, demande à l'évèque de
Langres, pour lui et pour les reli-
gieux dudit .Moléme, l'autoris.ition
d'élire un abbé en remplace-
ment de l'abbé Isemberr, décédé.
J. Petit. 'rheoi\ori pa-nitenliale. H, 641;
ex cartul. Lins.
lirrqiiiguy, Tab. clir.. V, 52.5.
1.125. — 1237, décembre. —
-Anselme, évéque de Laon, Ro-
bert, évèque de Langres, et Ni-
colas, évéque de Noyon, pairs de
France, rapportent la sentence
qu'ils ont prononcée, à Compiegne
contre Thomas, comte de Flan-
dre, et sa femme Jeanne, concer-
nant le serment qu'ils devaient
prêter au roi.
Lancelot, Recueil de pièces concernant les
pairs de France, l'r. p. -11. — I'. Anselme.
Hist. de la maison de France. U, 803. —
finluzc Miscettaneii. Vil, 2U(i. — Teidet.
Lavettes. 11. 355, n" 2:!Sr..
1.126. — 1238, mai. — Con-
vention entre le chapitre de Lan-
gues et l'évèque Robert de Tou-
rotc, qui voulait changer la mon-
naie de Langres.
Bulletin de la Société bistorique et arcbéo-
lo^ique de Lans:res, I. 269, d'après le msnus-
crit latin n» 59S«I!, foi. 211. Bibl nat.
1.127. — 1238, mai. — Gau-
tier, seigneur de Vignory, donne
à titre d'échange, à Jean, prieur
de Vignory, Frier d'.Ambonville,
son homme, contre Lucain d'Am-
bonville.
J. d'Arhaumont, Cartul. de Vicuory, 57 ;
d'.ip. orij. Arcli. Haute-Marne.
1.128. — 1238, juin. — Béa-
trix, dame de Joinville, fait une
transaction avec l'abbaye de St-
L'rbain au sujet du bois de Com-
munailles.
J. Siinonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 197 ; d'ap. Arcb. Haute-Marne, fond:"
Sainl-Urbain, 22' liasse, 1" partie.
1.129. — 1238, juillet, Vassy.
— Hugue, seigneur de La Fau-
che, fait savoir qu'il s'est fait re-
mettre en possession, par son su-
zerain le comte de Champagne,
de la moitié de Morteau qu'il
avait donnée ea gage à Gilbert de
Chaumonf. Il a constitué Eude
de Broyés comme garant de ce
KKPERTOIRb; HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNK
35'
qu'il ferait approuver cetie libéra-
tion par ledit Gilbert.
Teulet. LavHll.,- du Trésor des Cliartc-, II.
p. 385. n" 27:«.
1.130. — 1238. juillet. — Ni-
colas^ évèque de Troyes, expose
les termes d'uu accord intervenu
entre les religieux de Moatier-
en-Der et le curé de Beaufort
i_auj. Montmorency, Aube), con-
cernant les dîmes et autres rede-
vances.
I.iilore, Princip. carlul.. W , 228 ; d'ap.
'l' cartul. Montler-en-Uer, fol. 20. V.
1.151. — 1238. 17 août (fête
de s. Mammès). — Robert, évè-
que de Langres. vidime et coii-
Hrme des lettres de l'évéque de
Troyes, d'août 1238, par lesqiiel-
les Gille, parente dudit évèque, a
approuvé la vente par Guillaume
de Thors, à l'abbaye de Moléme,
de la dime qu'ils avaient à Ba-
gneux (Aube) et à Courteron {id.).
E. Socard, Chartes inéd. extr. des carlul.
de Moléme, 188, d'ap. -•' carlul.. fol. S, \" .
1.132. — 1238, 18 novembre
(tète de S. Luc évangéliste), à Ra-
donviiliers. — Robert, évèque de
Langres, énumere les livres et les
ornements du prieuré de Radon-
viliiers (Aube).
/;' Sncai-d. Chartes inéd. extr. des carlul.
de Moléme, 189, d'ap. 2« cartal., fol. 1)6, r".
ï.i-i,T,. — 1238, novembre. —
Hugue, duc de Bourgogne, fait
savoir que Guillaume de Vergy,
sénéchal de bourgogne et sei-
gneur de Fouvent, a reconnu en
sa présence tenir de Robert, évè-
que de Langres, et de ses succes-
seurs, sa maison de Fontaines, en
f-oi et hommage, jurable et renda-
ble à grande et à petite force.
A . Du Chesne, Hist. de la maison de Vei-
^'v, Pr. p. 187 ; extr. du carlul. des fiefs de
l'èvéché de Langres. — L'rrr/uir/inj, Tah.
chr., V, 539.
1.134. — 1238. -- Simon,
seigneur de Sextontaine et de Jon-
velle, avec lassentiment de sa
te m me Elisabeth, donne au prieuré
de Sextontaine le droit de pâture
du gland et de la fève dans ses
bois ; il reconnaît n'avoir pas le
droit d'empêcher .ses hommes de
moudre au moulin du prieuré.
/•rnin/, IlecuiMl, :)7;',
/lir<jiiiQiii/. Tnl). clir., \'. .jll'..
1.135. — '238 (v. st.)^. jan-
vier. — Robert, évèque de Lan-
gres, déclare que Jean de Ricey,
chapelain, neveu d'Etienne, an-
cien curé do Ricey, a cédé aux re-
ligieux de Réomé (Moutier-St-
Jean) ses maisons de Ricey.
Itnui/er. Hi>t, mon. Ileoin., 201.
iiri'iiu'Kjinj, Tali. clir., V, 512.
1.136. — 1238 (v. St.), 20 fé-
vrier, à Bourg (le dimanche Re-
miniscerej. — Guillaume de Ver-
gy, sénéchal de Bourgogne, dé-
clare avoir reçu 700 livres que
Robert, évèque de Langres, lui
devait pour sa maison de Fontai-
nes.
.-1. Du Chesne, llist. de la maison île Ver-
L'v, Pr. p. 188 ; exlr. du cartul. des fiefs de
l'evcché de Langres.
ISréquifjiiij, Tab. chr.. ^", 512.
1.137. — 1238 (v. St.;, fé-
vrier. — Guillaume de Vergy, sé-
néchal de Bourgogne, fait savoir
que Guillaume Sans-Manches, da-
moiseau de Champlitte, a vendu
à Robert, évèque de Langres. tout
ce qu'il avait à St-Michel pour 40
livres d'estévenins.
A. I)u CliPsne,ll[it. df la maison df: Ver-
Çy, Pr. p. 186 ; extr. du livre des licf:- de l'c-
véché de I. ancres.
Iir(''(iiii(/iiy, Tuli. chr.. V, 5l:i.
1.138. — 1-39? I" >nai- —
Jean, sire de Jomville, sénéchal
de Champagne, consent à ce que
Béatrix^, dame de Vaucouleurs,
sa mère [et sa tutricej, jouisse
pendant quatre ans du licf qu'il
tient de Thibaud IV, comte de
Champag'ie. Ces quatre ans com-
menceront le 2^ décembre pro-
chain. Jean prie Thibaud de faire
observer ce traité. (En français.)
Chantereau, Traité des fief.-. II, 225.
Cat. actes des C" de Champ., n" 2505.
1.139. — 1239, 1"" mai. —
Béatrix, dame de "Vaucouleurs,
fait savoir que Jean, sire de Join-
ville, son fils, a fait le serment
23
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
dont il est question dans la charte
précédente. (En français.)
rhanterenu, Trail.' des lieff. H. 225-2'-'i;.
— Itidot, Mém. do Joinville, p. CXVII.
Cal. arte? des C'"' Af Cliamp.. r." TM\.
1.140. — 1239, I" mai. —
Jean, sire de Joinville, sénéchal
de Champagne, jure de ne pas
s'allier par mariage à | Henri],
comte de Bar -le-Duc], et no-
tamment de ne pas épouser [Mar-
guerite], iille dudit comte, sans la
permission de Thibaud IV^ comte
de Champagne. (En français.)
|{pc. de? llist. do France, \X. 305. —
— Di'ht. Mém. de Joinville, p. C.WI. — A'.
//(' W/iitli/. Heoueil de charte- oriL'. de Join-
ville. en langue vulaaire (Bil>. Ecole de*
Charles. O' série, 111, 55S ; dap. Arcli. nat,
J. 103.1, n» 23.)
Cat. actes des C'"* de Champ., n" 2503.
1.141. — 1239, avril (ou du
1" au 14 avril 1240). — Pierre de
Flavigny, officiai de l angres, fait
savoir que Martin, Pierre et
Erard, enfants de Gilles de Vitry.
ont donné à l'abbaye d"Auberive
ce qu'ils avaient au Breuil. le
long de l'eau, sous Bay.
Cil. Jloi/er, Charles concernant l'aliliaye
d'Auberive (Bulletin de la Soc. hist. et ar-
i-héol. de Lanières, 11, I2;t. — Cf. i/iiil., pp.
190-107 et 27,S).
1.142. — 1239, mai. — Pierre,
abbé, et le couvent de Bèze, re-
connaissent que l'évéque de Lan-
gres a la garde et juridiction de
l'abbé, de l'église du village et des
bourgeois de Bèze, et qu'ils ne
peuvent appeler à une autre cour
qu'à celle de l'évéque.
J. PfUt, Theodori p'i-nilonliale, II. TÔS ;
e.x earlul. Lins.
Brrqiiif/ni/.TaU. chr.. V. r)r>(l.
1.143. — 1239, mai, iMelun.
— Le roi Louis IX vidime une
charte de Pierre, abbé, et des re-
ligieux de Bèze.^ relative à la ju-
ridiction de l'évéque de Langres.
/. l'rtit. Theoilori pœnitentiale, II, TO'J ;
ex cartul. Ling.
/ii-'-ijuir/ny, Tab. clir., V, 519.
1.144. — 1239, juin. — .Alix.
dame de Choiseul, veuve de Re-
nard, seigneur de Choiseul, ap-
prouve comme suzeraine, à cause
de son château de Trave, une do-
nation faite à l'abbaye de Char-
lieu par Guillaume de Gevigney.
.Approbation de son tils Jean de
Choiseul,
(iiiillniimi', lli-l. sinéal. des siies de Sa-
lin-, !. Pr. p. 103.
1.145. — '239, juin. — Ro-
bert, évéque de Langres, fait sa-
voir que Milon de Lanne, cheva-
lier, et sa femme Jeanne ont re-
pris en fief, de Guillaume, abbé
de Réomé (.Vloutier-St-Jean),tout
ce qu'ils avaient à « Estive », et
qu'ils ont vendu la mouvancedes-
dites choses à l'abbaye moyen-
nant 40 livres de Dijon.
1'. Bou)/rr. Hisl. mon. Rooin.. 21)1.
Bréi/niijni/, Ta!., chr., V, 552.
1.146. — 1239, juin. — Ro-
bert, évé ]ue de Langres, rapporte
un échange fait en sa présence
entre A., abbe.sse de N.-D.[-aux-
Nonnains] de Troyes, et « nobilis
vir » hier de la Broce. Ce dernier
a cédé six seciers de blé, mesure
de Bar-sur-Seine, à prendre dans
sa dîme de Ricey^.dite la dîme du
Mont, et l'abbesse a cédé six se-
tiers de blé et un « ciborium » à
prendre à Montfey (.Aube).
Lalore. Documents sur i'ahliaye de X.-D.-
aux-Nonnains de Troyos : dap. ms. liili. nal.
la lin 11921;, fol. 2'.)T, r».
1.147. — '239, juin. — Jean
(de Chalon), comte de Bourgogne
et seigneur de Salins, tait hom-
mage au roi du fief de Colombé-
les-deux-Egli;es, que tenait de lui
Gautier de Vignory, chevalier.
Ti'iilft, Lavollcs du Trcsnr .los Ch.-irtes, II,
|. -113. n» 2820.
1.J48. — 1239, juin. — Gau-
tier I, seigneur de Vignory, dé-
clare à Louis IX que c'est à tort
que Jean, autrefois comte de Cha-
lon, a fait hommage audit Louis
pour Colombé-les-deux- Eglises.
Gautier tient ce fief de Thibaud
IV, comte de Champagne, et ne
l'a jamais tenu de Jean.
Tenlet, Layettes, n' 2801).
Cal. actes des Comtes de Charn]».. ii" 2.511.
1.149. — 1239, juin, — Hu-
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE I,.\ HAUTE-MARNE
355
gue, duc de Bourgogne, déclare
qu'il a promis au roi de parhiirc,
jusqu'à concurrence de 300 livres
de Provins, le fief de Coiombé-
les-deux-Eglises tenu en lîef de
J., comte de Bourgogne^ seigneur
de Salins, par Gui de Vignory^
chevalier,
Teulet. La^•clte^ .iu Trésor de; Charte?. II.
p. 414, n» 2«>2.
1.150. — 12^9, 24 juillet (di-
manche après la Madeleine)^ t va-
cante decanatu ». — Robert, évé-
que de Langres, et le ch.Tpitre de
cette ville, reccnmissent que Co-
hons, reçu par eux de Thibaud,
roi de Navarre et comte deCham-
pagne, en échange de Montigny-
en-Bassigny et de Bonnecourt,
est mouvant du roi de France.
Analyse, Tt'ulet. LaycUes du Tré.-or dea
CbartPS, II. p. 4M, a" 2824. — Cal. acte?
des C" de Champ. . n" 25lil.
1.151. — 1239, juillet. — Thi-
baud IV, comte de Champr.gne,
reconnaît tenir de Robert, évéque
de Langres, Bar-sur-Aube, Bar-
sur-Seine, La Ferté-sur-Aube,
Cbaumontf-en-Bassigny], Nogent-
en-Bassigny, Montigny-en-Bassi-
gny, la garde de Moléme,
Gallia christ, prima, I, 3?2. Seconda. 6G4,
i". — Idem editio nova, IV, 605.
Cat. actes des C'** de Champ., n" 2533.
1.152. — 1239, août. — Ro-
bert^ évéque de Langres, rapporte
un accord relatit aux sépultures,
intervenu entre les Frères Prê-
cheurs de Dijon et les religieux
de Saint-Etienne de la même ville.
[Fyot]. Hlst. de S'-Eticnne de Dijon, Pr. p.
207 ; ex autogr. Steph.
Bréquigny. Tab. ohr.. V. .556,
1.153. — 1239, août. — Ro-
bert, évéque de Langres, approuve
le don de i"h6pital Saint-Nicolas
de Bar-sur-Aube fait aux religieu-
ses de Saint-Victor pnr Thibaud
IV, comte de Champagne.
Chevalier, Hist. de Bar-sur-Aube, p. 3U4.
1.154. — 1239. novembre. —
Gui de Vignory, sire de La Ferté-
sur-.Amance, engage à Hervée,
prieur de Varennes, la garde et
l'avouerie qu'il a à Champigny-
[sous-Varennes]. (En français.)
/. il'Arhoumont, Cartul. de Vignory, 246;
d'ap. Areh. d'ile-d'Or, ori-. fonds iMolémp,
II. 2 IS, Ht 2'- rarlul. de .Moh"'mc, fol. 74.
1.155. — 1239. — Robert,
évéque de Langres, déclare qu'en
sa présence P., seigneur de Jau-
court (Aube), a approuvé la vente
faite par Geotl'rci de Villeneuve,
chevalier, aux religieux de .Mores,
de sa part des dîmes de Bourgui-
gnons (Aube), mouvant en fiet
dudit seigneur de Jaucourt.
Latore, Chartes de .Mores, p. 92, n" 102 ;
d'ap. copie du xvii» s. Bib. nal. frani.vais .099,^.
fol. 163, T».
1.156. — 1240, avril (du 15
au 30). — Eude, seigneur de
Grancey, fait savoir comment a
été réglée sa contestation avec R ,
évéque de Langres, concernant la
garde de l'abbaye d'Auberive.
Bnissel, Usage des fiefs. II, 814, note a ;
l'X cartul. Linc,
Uréquigny. Tul'. ■ lir,, VI, 2.
1.157. — 1240, juin. — Gau-
tier, sire de Viguory, atteste la
vente par Frédéric, clerc, Asce-
line, Luquette et Simonnette, sur-
nommée Floret, de Vignory, aux
religieux de N.-D. de Chatillon-
[sur-Seinej, d'une mine de fro-
ment et une mine de mouture,
que le couvent leur devait chaque
année.
J, d'Arbaionont. Cartul, de Vignory, 247 ;
d'ap, Arch. Cote-d'Or, orisr. fonds .N.-D. de
Chàtillon, H. 642. et Bibl.'de Chàtilion, car-
tul. moderne 'par Hocmellei de N,-D,, fol.
188, V».
1.158. — 1240, 8 juin (ven-
dredi avant l'octave de la Pente-
côte). ■■ — Robert^, évéque de Lan-
gres, approuve ce qui a été fait
par le doyen de Réomé (Moutier-
Saint-Jean) concernant le village
• de u Suentiacum « concédé par
Jean des Vignes aux re.i^ieux de
Réonîé.
Boiiyer, Ilist. monast. Keom., 207 ; ei
tabul. Reom.
Jii-rquiijiii/. Tab. chr.. VI, 4.
1.159. 1240, 27 juillet
(vendredi après la Madeleine). --
Robert, cvcque de Langres, arbi-
3oG
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAtJTK-lMAKNfS
tre choisi pjr Raoul, évéque de
Ver.iun, et Ihibaiid, comte de
Bar, déclare que lesfiet'sd'Anibly,
Donipcévinot RctVoitourt (Meuse,
te deriiier lieu détruit), doivent
appartenir au comte. (En tran-
Vais.)
.V. (/-' Wailh/. Nolioo -ur les actes en
lantup vulgaire du xiii' s. omilenus ilans la
i-oli. Lorrain â la Bib. ual. iNulice' el <xtr.
(le? m-. WVIIL 20i; d'ap. loiiie 3oG, 11° :î.
1.160. — 1-4°; 9 septembre
(lendemain de la Kativité N.-D.).
— Robert, évéque de Langres,
déclare qu'il n'a aucun droit de
procuration dans les miisons de
Tabbaye de Saint-Bénigne de Di-
jon, à Longvic.
Gall. clirisl. nova. IV. iiiMr. col. 207.
Jtrri/uii/K!/, T:t\> clir.. \ 1. 7.
1.161. — 1240, 23 septembre
(dimanche après St Mathieu, apô-
tre). — Gautier, seigneurde Com-
mercy, rend hommage à Jean^
comte de Bourgogne, pour ses
châteaux de Montrevei et de Chà-
teauvillain.
(iudlainne, Hisl. ^cnéalo-. des sires de
Salins I.Pr. p. l'^L
1.162. — 1240, septembre. —
L'abbé et le couvent de La Crète
associent Thibaud IV, comte de
Champagne, au village nouveau
qu'ils ont fondé entre Forcey et
La Crète, et qu'on appelle Saint-
Julien-sur-Rognon.
Teitlet, Layettes, a- 2iS7(;.
Cal. actes des C'«" de Champ., n" Jôol'.
1.163. — 1240, 24 novembre
(lendemain de la S. Clérnent). —
Félicité, dame de lieaufort (auj.
Montmorency, Aube), comtesse
de Rethcl. ^-éclare que les reli-
gieux de Boulancourt lui ont amo-
dié pour 20 setieis de froment et
40 d'avoine, mesure de son grè-
netier de B.-aufort, p.irtiedcs ter-
rages « dou Lantel » qu'ils avaient
acquis de GeotlVoi de Deuilly.
A. Ducliesne. Hist. de la Maison de Broyés
et de Cliàteauvillain, Pr. p. 22. — Jongdin,
Notilia al)bat. ord. cisterc, part, l, p. 66.
///•'■quigiiy, Tab. clir., VI, 9.
1.164. — 1240, décembre. —
N,, évéque de Troyes, tranche
des difficultés qu'avaient les ab-
bayes de Beaulieu (.Aube) et de
1 a Chapelle-aux-Planches avec
Jacques, curé de Joncreuil, Biilly-
le-Franc et Outines, concernant
les dîmes de cette paroisse.
Oriq. Aroli. Ilaute-Mame.
Lolore. IViiicip. carlul , IV. 48 ; d'ap.rar-
lul. La Cliapc-Uo. fol. ITj et 26, v".
1.165. — 1240 (v. St.), 20 jan-
vier, Montier-en-Der. — Thibaud
IV, comte de Champagne, en con-
testation avec l'abbaye de Mon-
tier-en-Der sur l'exécution du
traité de pariage qu'il avait con-
clu avec elle (en juin 1230) pour
les villages de cette abb.iye, qui
lui devaient le service de guerre
et 300 livres de taille annuelle,
convient de s'en rapporter à l'ar-
bitrage d'Etienne, archidiacre de
Paris, et d'Anselme de Crémonne.
l'eiiJet, Lavettes, n° 2389 ; analv^e d'après
Arc 11. nat. J.'SOl, n° 20.
Cat. actes des C" de Champ., n" 25J5.
1.166. — 1241, 14 avril. —
Nicolas, évéque de Troyes, rap-
porte une transaction intervenue
entre les religieux de Montier-en-
Der et Jacques, curé de Joncreuil
(Aube), sur les dîmes des novales
de Joncreuil, bailly - le - Franc
(Aube) et Outines (Marne).
f.alori', Princip. cartul., IV, 229 ; d'np. 2«
cartul. Montier-çii-Der. IVd. 2;i, r".
1.167. — 1241, avril lou 1241
(v. st.) avant le 20 avril). — L'é-
véque de Troyes rapporte un ac-
cord intervenu entre les religieu-
ses de >« .-D.-aux-Nonnains de cette
ville et Guillaume, chevalier de
Briaucourt, concernant le cin-
quième de la di'me de Scellières
(Aube) qui était de la mouvance
dudit chevalier.
Oriijinnl. scellé. Arcli Aube, 22 H, 40.—
Laluri', Documents sur l'aliliaye de N -D.-
aux-Nonnains de Troyes, n" 103; d'à]', ms.
Bib. nat. latin, 11926," loi. .'îliS, rV
1.168. — 1241, avril (ou 1241
(v. sr.) avant le 20 avril). -- G.
de Bonrmonf, archidiicre du Bar-
rois, diocèse de langres, fait sa-
voir qu'Agnès, femme de Guil-
laume, chevalier de Briaucourt,
HKPERTOIRE HISTOIUQUE DE LA HAUTE-MARNE
3:; 7
a ratifié laccord intervenu entre
son mari et les religieuses de N.-
D.-aux-Nonnains de Troyes, con-
cernant le 5'' de ladime de Scelliè-
res (Aubej.
Original, scelle, Arcli. Aube, 22 H, 40. —
Ltilore, Documents sur l'abbaye de N. D.-
aux-Nonnains de Troyes, n" 104, ex l'oil.
oriein.
1.169. — X241, juin. — Béa-
trix, dame de Joinville, aban-
donne, au profit de 1 abbaye de
MureaUj toute prétention sur une
f-imille de serfs et leur tenure,
qui avait été donnée à cette ab-
baye par Aubert de Valine. ft.n
français.)
/. SimonniU. Essai sur les sires de Joiii-
vil.e. 19s : d'ap. Aroh. .Meuse, abbaye de
Mureau.
1.170. — 1241, août. — Alix,
dame de Choiseul et de Trave.
fait une don;ition à l'abbaye de
Cherlieu.
Guillaume, Hist. généalog. des sires de
Salins, I, Pr. p. 104.
1.171. — i24i_, 28 sept., jour
des octaves de saint Mathieu,
apôtre. — Gaucher, sire de Com-
mercy . déclare avoir engagé Cha-
teauvillain pour douze ans à Jean,
comte de Bourgogne. (En fran-
çais.)
GuilLauini;, Illst. ^'éiiealog. des 5ire< de
Salins, L Pr. p. 13,5.
1.172. — 1241. — Thibaud,
seigneur de Neufchateau et de
Jonvelle, et G., chevalier, dit
« Machecrouste », font savoir
qu'Etienne, abbé de St-Bénigne
de Dijon^. s'est plaint à eux des
violences que Colin, sénéchal de
La Marche, faisait à ses religieux
du prieure d'Enfonvelle. Ils dé-
clarent que si ledit Colin éprouve
quelque dommage à ce sujet, il
n aura le droit de rien réclamer à
l'abbé ni au prieuré.
Pérard, Recueil, 4-19 ; ex cartul. S'-Beni-
gni.
Briquigmj, Tab. ehr.. VI. 27.
1.173. — 1241. — Etienne,
abbé, et le couvent de Vaux-la-
Douce. mettent leur abbaye sous
la garde des comtes de Champa-
gne.
Gall. ciirist. nova, IV, instr. col. 207.
Cal. actes des C'"* do Champ., n° 259S.
1.174. — 1241 (v. St.), mars.
— Pierre, abbé, et le couvent de
.Montier-en-Der, font savoir que
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, a renoncé au droit de panage
que l'abbaye avait constitué à son
profit (en juin 1230J. L'abbaye
lui paiera 5,000 livres de provi-
nois forts. Thibaud conservera la
garde de l'abbaye, ses droits de
gite, d'ost et de chevauchée ; il
percevra intégralement, comme
autrefois, les 300 livres de taille
que lui payaient les vassaux de
l'abbaye.
Tmdet. Lavette^, n» 29G1 ; analyse d'après
ArcL. nal., J. 191, n" 0. ^ Cat. actes des
C-'- de Cliamp., n" 2595.
1.175. — 1242, mai. — Gau-
cher, sire de Commercy, fait hom-
mage à Jean, comte de Bourgo-
gne^ pour ses terres de Chàteau-
villain. Montrevel. Charbonnel
et Nanc.
Guillaume, Hist. généalog. des sires de
Salins. I. Pr. p. 136.
1.176. — 1242, 10 août (jour
de Saint-Laurent). — Jean, sire
de Chàteauvillain et de Luzy,
promet à son cher seigneur et
cousin Robert, duc de Bourgogne,
de lui rendre des letues scellées
de son sceau, données en 1287
(lisez 1237) et contenant les con-
ventions Ju mariage de s^n fils
Simon avec Marie, fille du comte
de Flandre. (En français.)
Pérard, Recueil, 451.
Bréquigiiy. Tah. chr , VI. :U.
1.177. — 1242, août. — Guil-
laume, archidiacre du Barrois,
atteste que Gautier, sire de Vi-
gnory, en sa présence, a donné
aux religieux de Clairvaux, pour
Tanniversaire de son père et celui
de sa femme Berche. récemment
décédée, et aussi pour le sien, dix
livrées de terre qu'il leur assignera
en lieu convenable.
J. d'Arliaumont. Cartul. d>' Visnory. 250;
d'ap. orig. scellé. Arcli. .Aube, 3 H, 1(14.
358
RÉPERTOIRE IIISTOKIQUE DE L.4l HAUTK-MAUNE
1.178. — 1242 (v. St.), mars.
— Félicité, comtesse de Rethel,
dame de Beautort (au;. Montmo-
rency, Aube), permet au portier
de Boulancourt d'acquérir, pour
être employé au soulagement des
pauvres, le moulin Lurard, situé
sur la « Senela 1.
Jonf/elin, Nolilia alibat. onliii. oUlerr.,
part, i, p. 60. — A. Du CUesne, Hisl. de lu
maison de Broves et de Cliàleauvillaiu, \'r.
p. 22.
Bréquigvy. Tal.. clir., VI. ;!9.
1.179. — 1243, mai. — Jejn,
sire de Joiiiville, constate un
accord intervenu entre l'abbaye de
.Montier-en-Der et les habitants
de Ville-en-Blaisois et de Vaux-
sur-Blaise pour roxploitation et la
jouissance du bois des Minières.
Approbation de sa mère et de
Gui [de Joinville], son oncle, sire
de Sailly. (En français.)
J. Simonnel, Essai sur les sires de Join-
ville, 213 ; d'ap. Arcli. Haute-Marne, 2« car-
tul. Montier-cn-Der. fol. 74, r°.
1.180. — 1243, J^'"- ~" ?'"
mon, seigneur de Châteauv'illain,
avec l'assentiment de sa temme
Alix, doiuie à Th., prieure, et aux
religieuses d'Andecy, 27 setiers
de blé à prendre chaque année
dans le terrage de Baye.
Â. Du Chesni', Hisl. de la maison de
Broyés et de Cliàteauvillain, Pr. p. :f2,
Brt'quigny, Tab. chr., VI, 15.
1.181. — 1243, juillet. — Fé-
licité, dame de Beaufort (auj.
Montmorency, Aube), comtesse
de Rethel, renonce^ en faveur des
religieux deLa Chapelle-aux-Plan-
clies, à ses prétentions sur la
« haia » de « Cretiel ».
A. Du Cliesno, Hisl. de la maison de
Broyés et de CliàleauTillain, Pr. p. 22. —
Lalore, Princip. cart., IV, p. 49, n» 49; ex
cartul. Capello». — Bréquir/i)y. Tah chr..
VI, 58.
1.182. — 1244, septembre. —
Thibaud, abbé, et les religieux de
Luxeuil, vendent aux religieux
d'Auberive leur maison de Bay,
appelée la Chapel!e-iiessus-Bay.
Cit. Rayr-r, Charles concernanl l'aliLaye
d'Auberive. (Bulletin de la Sor. liin. «d ar
.liéol. de Laneres, H, 127-r>« j
1.183. — 1244, décembre. —
Jean, sire de Joinville, constate
que les travaux faits au moulin
situé entre Doulevant et Suzé-
mont sont au profit de l'abbé de
Montier-cn Der, et que Lambert
de Courcelles n'y a aucun droit.
(En français.)
J. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville. 215; d'ap. Arch. Haute-Marne, 2«
carlul. MoiUicr en-Dcr, fol. TH, r".
1.184. — 1244. — Elisabeth,
dame de Grancey, rapporte qu'un
différend s'étant élevé entre elle
et Eude, seigneur de Grancey, son
mari, au sujet de ce que l'abbaye
de Clairvaux possédait à Feins et
au finage, deux arbitres avaient
été nommés ; mais Eude étant
mort sur ces entretaites, elle dé-
clare renoncer à ses prétentions et
reçoit cent livres de provenisiens
versées par les religieux de Clair-
vaux.
Lalore, Les Siri's de. Chacenay, p. 75-70,
d'ap. Bill, de Troyes, cartul. Clairvaux, p.
lOCi, idtrd abbatiaiii. CLXIX.
1.1S5. — 1244 (^'- St.). février.
— Olivier, sirede Dronay (.Marne),
donne un droit d'usage à l'abbaye
de LaChapelle-aux-Planches^pour
sa grange de La Loye, située près
d'Outines (Marne).
Ori^. scellé, Areh. Haute-Marne.
Lnlore, Princip. cart., IV, 50 ; d'ap. car-
tul. La Cliapelle, fol. 11, r".
1.186. — 1245, mai. — Simon
de Clefmont fait hommage-lige è
Thibaud IV^. comte de Champa-
gne, après le comte de Bourgo-
gne, pour 200 livres de rente assi-
ses sur Perrusses, Arcémont (com-
mune de Buxières-lès-Clefmont),
Pont-Minard (commune de For-
cey), Consigny, Thol-[lès-Milliè-
res, etc. Le château de Clefmont
sera jurable et rendable à Thi-
baud.
Teulet. Layettes, n" 3354. — Cal. actes
des C" de Champ., n» 2697.
1.187. — 1245, septembre, à
Aisey-le-Duc. — Hugue, duc de
Bourgogne, autorise Simon, sei-
gneur de ChàteauviUain, à re-
prendre et teiir en fief de i'évé-
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HaUTE-MARNB
359
que de Langres sa maison de
Courcelles.et à l'entourer de tbssés
ou autre enceinte jusqu'à 40 pieds
de distance de ladite maison.
A. Du Chesw. W\>1. dp la inai>ou >le Brovcs
et deCliàleauvillain, Pr. p. l>3 ; extr, du ren.
des liefs de l'àTéché de Lanières.
Bi'équigny, Tab. clir., VI, 8f>.
1.188. — 1245, novembre. —
Simon, sire de Clefmont, autorisé
par Thibaud IV, comte de Cham-
pagne, à terminer la maison-forte
de Pont Minard, s'engage à ne
modifier en rien le système des
fortificatior.s commencées. Cette
maison-torte sera jurablc et ren-
dable à Thibaud. (En français.)
Chantereau, Traité des lier^, II. 237.
Cal. .ncles de> C" de Cliami.., n" 27V:>.
1.189. — 1246, 8 avril. —
Gautier, seigneur de Reynel, ayant
vendu à Thibaud IV, comte de
Champagne^ moyennant 400 li-
vres et la garde de Saint-Blin, la
seigneurie de Montéclair et d'An-
delot, les limites des propriétés
vendues ont été déterminées par
Gui de Milly et Gautiei de Tou-
rotte, entre Montéciair apparte-
nant à Thibaud IV, et Rimau-
court, à Gautier, (hn français. )
('ha)ttereoii. Traité des liefs, II. 237-2oS,
Cat. acte? des C'"' deClianip.. n" 27i)G.
1.190. — 1246, 27 avril (ven-
dredi avant S. Philippe et S. Jac-
ques). — G., sire de Vignory. prie
l'official de Langres de se désister,
pour la remettre entre ses mains,
de la cause d'Hadvin, chevalier
de Buxières, contre le curé dudit
Buxieres, qui favait portée devant
l'official. Il s'agit de la dime de
Buxières.
J. d'ArbaumoKt, Cariai. i\e Vi!;nor\, 251;
d'ap. Bib. nat., cartul. orit;. de Langres, la-
tin ÔI88. fol. 08.
1.191. — 1246, 29 juin (fête
S. Pierre et S. Paul), Mussy. —
Gautier, sire de Vignory, re-
prend, en augment de hé£, de
Hugue, éveque de Langres, le
village et !a forteresse de Meiay,
près de Bourhonne.
/. d'Arba amont , C^irlul. de Vignorv, 252 ;
d'ap. Arcli. de la Haute-Marne, orig. évèché
de Lansres. layette 10, liasse 1, n» 1, et Bih.
nul., c;irtul. ori^'. de Langres, latin jl8S, fol.
tis.
1.192. — 1246, 9;uillet (lundi
après la quinzaine de la Nativité
S. Jean-Baptiste). — Jean, officiai
de Troyes, rapporte que Martin^
clerc, dit Le Pelletier, a renonce
à certaines réclamations contre
les religieux de La Cliapelle-aux-
Planches.
Liilori', Prinuip. carlul., W . 51 ; d'ap.
oriiT. Arcli. Haute-Marne.
1.193. — 1246, 21 juillet, Di-
jon (veille de S'^-. Madeleine). —
Lettre de Raoul, prieur, et des re-
ligieux de St-Etienne de Dijon, à
Hugue, évéque de Langres, par
laquelle ils lui demandent l'auto-
risation d'élire un abbé.
Orig. Arnli. Ilaute-Marne, G. I2û.
J. Petit. Tlieodori pcenitentiale. H, C14.
— Uall. christ, nova. IV, tJOS. — [J-'iJOt],
Ilist. de S'-Elienne de Uijon, Pr. p. 133.
Bréquigiiy, Tab. elir , V'i. 1Û8.
1.194. — 1246, août. —
Henri de Vergy, sénéchal de
Bourgogne et seigneur de Mire-
beau, déclare que l'évéque de
Langres lui a prêté 300 livres,
monnaie de Langres, et qu'il lui
a donné en garantie sa maison de
Fontaines et ses dépendances.
A. Du Chesne, Hist. de la maison de Ver-
gy, Pi", p. l'Jo ; extr. du livre des liefs de
l'evéehé de Langres
Bn-ijuif/iii/. Tab. cbr., VI. IlU.
1.195. — 1246, août. — Gau-
tier, sue de Vignory, reçait eu
fief de H., évéque de Langres, le
village de xMelay.
J . il'Arbaumont. Carlul. de Vignory, 253 •
d ap. Arch. Haute-Marne, orig. éveclié de
Langres, layette 10, liasse l,"n° 2, et'Bdjl.
nat , cartul. orig. de Langres. laiin 5188. fol.
1.196. — 1246, août. — Hu-
gue. evéque de Langres, établit
16 clercs dans l'église de Langres
pour en faire le service. Chacun
d'eux recevra 2 deniers à matines,
un à la messe et un aux vêpres.
Pour fournir à ces distributions,
il affecte 48 livres de Langres ù
prendre sur les reve.ius de Tévè-
ché.
(iall. cbrisl. nova. IV, inslr. col. CU».
liréquiyny. Tab. ohr., VI, llU.
360
RÉPERTOIUE HISTORIQUE DK LA HAUTE-MARNE
j_ioy_ — 1246. septemljre.
dernière semaine. — Hugue,
évéque de l.angres. donne des let-
tres relatives à la promesse de ra-
chat de la terre d'Athées., faite au
duc de Bourgogne par Guillaume
de Saint-Seine. (En français.)
l'érard. Recueil, HiT.
linquigny, Tali. clii-.. VI, 111.
1.198. — 1246, décembre. —
Alix, dame de Choiseul, déclare
tenir en fief de Hugue, évéque
de Langres, le château de Choi-
seul et ses dépendances, qu'elle
détient à titre de douaire.
A. 1)11 Chcsw, llin. (Il- la reai>on ili'
Dreux, Vt. p. ~'()2 ; exlr. du reL'islre cUs lief-;
,1e l'évéolié de Lanire?.
lirùquigny . Ta!., clir.. VI, 11,.
1.199. — 1246. décembre. —
Par devant Jean, prieur du Val-
de.s-Ecoliers, et Hue. prieur de
Coudes. Etienne prévôt de Chau-
mont, précédemment bailli de
Langres, reconnaît tenir en fiet de
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, des moulins situés sur la
Marne, entre Chaumont, Reclan-
court et Choignes, et précédem-
ment appartenant au Yal-des-
Choux.
Ti'u'.rl, l.avelles, u» :!::T:! : analy-c, d'ap.
Arch. nat.. J." VJ'i. n" :!-'. — Cal. acte? do-
C" de Cliainp , n" ?77:'..
1.200. — [1246J. — G,, sire
de Vignory, mande à l'official de
Langres de se dessaisir de la cause
du curé de Soncourt. contre R.,
chevalier, et Pierre, homme dar-
mes de Viéville, concernant une
dîme, tenue e:i fiefdudit seigneur
de Vignory.
J. ilArbaumont, Carlul. de Vignory. 251 .
d'ap. Bibl nat., cartul. oriï. de I.ansre.s, la-
lin 5188, fol 68. T".
1.201. — 1246 (v. st.), jan-
vier. — Thomas, doyen de Ven-
deuvre (Aube), t'ait si voir qu'en
sa présence t.ude de Clefmont.
chevalier^ a confirmé le don fait
autrefois' aux religieux de Mores
(Aube; par Ermengarde, dame de
Clefmont, sa mère, de deux se-
tiers de blé, à la mesure de Ven-
deuvre. Il ordonne que cette ;ente
sera payée sur ses terrages de Vil-
leneuve, près du Chêne.
Lalore, Cliarte5 de Mores, p. 94, n° 10" ;
d'ap. copie du XVII' s. Bib. nat. français 5995,
foi. 108, r".
1.202. — 1246 (v. St.), 6 mars
(le 4"-' jour avant Laetare Jérusa-
lem). — Simon, seigneur de Chà-
teauvillain, déclare avoir repris
en fief d'Hugue, évéque de Lan-
gres. sa maison forte de Courcel-
les et un circuit de 40 pieds qu'il
tient de lui en augment de fief.
A. Du Clii'sne. Ilist, de la maison de
Broyés el de CliiteauTillain, Pr. p. 33; extr.
du livre des fief» i\e l'évéclié de Langres.
/Irr'/uigiti/. Tali. clir., VI, 12(i.
1.203. — 1247, mai. — Nico-
las, évéque de Troyes, tait savoir
que Jean de Beaufort, chevalier,
dit " Blanche Coile » a donné à
La Chapelle-aux-Planches tout ce
qu'il avait dans les grosses dîmes
de Tanières (lieu détruit, com-
mune de Chavanges, Aube) et de
La Brau (même commune), etc.
Orip;, Arcli, Haute-Marne.
Lalore. Priucip. cartul., IV, ôl : d'ap.
cartul. La Cliapelle, fol, 14, r".
1.204. — 1247, juin. — Jean,
sire de Joinville, constate l'é-
change du four de Gondrecourt-
la-Vilîe consenti par le chapitre
de Joinville au profit de son beau-
frère, le sire de Til-Châtel, et de
sa femme Simonnette, contre une
rente de dix setiers de blé. (En
français.)
/. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 135 et 2"20 ; d'ap. Arch. Haute-Marne,
cartul. de S'-Laurent de Joinville, n° IV,
1.205. — 1247, 22 juillet. —
Guillaume [de Dampierre], comte
de Flandre, sire de Dampierre
(.Aube)^ rapporte et confirme les
donations faites par Jean de Beau-
fort, dit Blanchecoil, à l'abbaye
de La Chapelle - aux - Planches.
(Voir mai 1247.) (En français.)
Oris. Arch. Haute-Marne.
Lalore, Princip. carlul., IV, 53 ; d'ap. car-
tul. La Chapelle, fol. 13, v.
1.206. — 1247, décembre. —
Jean, seigneur de Choiseul, dé-
clare avoir fait hommage-lige à
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HAUTE-MARNE
361
H., évéviue de Lapgres, pour son
château de Choiseul.
À. Biichesni', Hi>t. de\n ma'uou de Dreux,
l'i-. p. 2G2 ; extr. du livri' des fiefs de l'évù-
clii' de Lanïre?.
Dn-quigny. Tali. clir., VI, K'.T.
1.207. — 1247. — Jean, sei-
gneur de Choiseul, déclare avoir
exempté les religieux de Moléme
des tailles de Coifîy nou^'ellement
abonnées.
.1. Du i'hi'snr, Hi-t. de la iiiai-on de
Dieux, Pr. fi. 2(1- ; extr. ilu cailul. do Mo-
léme.
Hrrqitifinij, Tab. ilir.. \\, 1 12.
1.20B. — 1247 (v. St. )^ février.
— H., abbé, et les religieux de
Boulancourt, donnent paréchange,
à ceux de La Chapelle-aux-Plan-
ches. ce qu'ils ont dans les terra-
ges de Joacreuii (Aube), etc.
Yidimu* de ?e]iteiiihre 1?4T; Arcli. Haute-
Marne.
Lalore, Princip. cart.. IV. So ; d'ap. oar-
tul. La Chapelle, fol. 11"., r".
1.209. — 1247 (v. St.), mars.
— Pierre, abbé, et le couvent de
.Montier-en-Der, déclarent que le
piriage qui exist.iit entre eux et
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, étant supprimé, chacun a re-
pris ses droits antérieurs ; que
notamment Thibaud touchera
chaque année les 300 livres de
taille qu'il percevait autrefois.
(En français.)
Urussel. L'hase de* lief<. 50i ; extrait.
Cat. acte- des C.'-'"- de Champ., n" "2S?4.
1.210. — 1248, avril. — Les
archevêques de Bourges, Sens.
Rouen, Tours et Tolède, les évé-
ques de Laon, Soissons, Amiens,
Senlis, Langres, Chartres, Orléans,
Meaux. Bayeux, Evreuxet » Apren-
censis >;, accordent un an d'indul-
gences aux fidèles qui visiteront
la Sainte-Chapelle de Paris, à la
dédicace de laquelle ils ont assisté.
Teidet, Layette^, etc., III, p. 20, n" ".652 ;
d'ap. copie ancienne, .\rch. nat . J. 155,
n" i.
1.211. — 1248, 27 mai(6kal.
juin), Paris. — • Eude. é\ éque de
Tusculum (Frascati), légat du S.
Siège, accorde une indulgence
d'un an et 40 jours aux fidèles qui
visiteront, le jour de la dédicace
et dans l'octave, la Sainte-Cha-
pelle, qu'il a dédiée aux octaves
de Pâques en présence des arche-
vêques de Bourges, etc., et des
évéques de Laon, Langres, etc.
Teulet. Layettes, etc.. III, 30, n" 3GfJC,
d'ap. copie ancienne, -Vrch. nal., J. 155, n° L
1.212. — 1248, juin. — Frère
Hugue, évéque de Langres, con-
firme les religieux de Moléme
dans le droit de présentation du
curé de Trichey (Yonne) et Vil-
liers-le-Bois (Aube).
E. Socarrl. Chartes inéd. extr. de» cartul.
de Molênie. 201. d'ap. 2'' cartul.. fol. :i2, v",
1.213. — 1248, juin. — Hu-
gue, évéque de Langres, confirme
les concessions faites par ses pré-
décesseurs aux religieux de .Mo-
léme.
Gall. clin-t. nova, 1\'. instr. cûl. 2ÛS.
Brrqidf/ni/, Tah. clir., VI. U9.
1.214. — 1248, 10 juillet
; vendredi avant la division des
apôtres). — Hugue, sire de La
Fauche, déclare avoir mis sdu fils
Jean hors de tutelle et lui avoir
rendu la terre de sa mère, pour
laquelle il est devenu homme-lige
du duc de Lorraine. (En français.)
D. Caliirft^ llist. de la maison du Chàle-
let, Pr. p. 11.
flrrquigiiy, Tah. clic.. VI, l.")0.
1.215. — 1248, juillet. —
Jean, sire de Joinville, donne à
l'église de Siint-Laurent de Join-
ville, pour son anniversaire et ce-
lui de sa femme, un muid d'a-
voine à Hlécourt et trois livres de
cire. Le ch;ipitre offrira pour le
sire de Joinville un cierge de trois
livres à N.-D. de Blécourt à la
fête de l'.Assomption.
Crrpii), Notice sur Bécourt, 83 ; d'ap.
Arch. Haute-Marne, carlul. S'-Laurent de
Joinville. n" XIX.
1.216. — 1248, juillet. —
Jean, sire de Joinville, approuve
le don de quatre setiers de blé de
rente tait à l'abbaye de St-Urbain
par Gautier de Curel pour la fon-
dation de son anniversaire. (En
français, y
362
RÉPERTOIKIC msroRlQUK DE LA HAUTE-MARNE
J. Siiiionnet, E>?ai #ur U'< 'irus di- Join-
vUle. 19» ; d'ap. Arcli. Haule-Mnrne, fond>
Saint- L'rliaiu. ii' liasse. 3' partie. — JdeiK,
Treize diHites inédiles dt? Jean. ?irfi de Join-
ville ,Mém. Acadéinii» ne Dijon, 1M74, f).
•2iH . N" l.
1.217. — 1248, 10 août (fête
Saiiu-I aurent). — Simoii^. sei-
gneur de Clefmont, et sa femme
Jeanne, atlraiichisseiit leurs hom-
mes de Clefmont.
In-l», sans titre ni date (xviu' ?.), pp. 'ô à
lô de la plai|uutte, texte latin et traduction.
( Re.!ueil Joliboif, XIV. \>. .) — Reproduit
dans : La //aH^c-.l/rtOïC, revue champenoise,
p. tC^^ •. (vidimus douai, sire de Clefmont.
lie Dov. 1331, vidiniè lui-même le 13 février
1313 ( V. ft. Wt ce dernier en mars 1372) et
enfin le 7 ieptcnil'rc Ibh't. Si-né ■ P. Bris-
1.218. — 1248, septembre. —
Thibaud, comte de Bar, affran-
chit ses hommes de Bounnont.
(En français.^
D. Calinet. Notice sur la Lorraine. 2'
édition, I. p. Ho. — Grosliii. Notice histo-
rique sur la ville de Bounnont, p. -10.
1.219. — 1248, 4 décembre
(octave des SS. Innocents). —
Juhel, archevêque de Rei.ms,a^ec
l'autorisation du pape, permet
aux religieux du Val-des-Ecoliers
d'acquérir la maison de St-Paul
de Reims, qui avait appartenu
précédemment aux Frères Prê-
cheurs, mais sans préjudice de
son droit de ccnsive.
Gall. christ, nova. IV, animadvers. in tom.
IV, p. 50.
Driquigny, Tah. lOir., VI. Iii2.
I .220. — 1248. — Hugue,
évéque de Langres, permet aux
religieux de Saint-Etienne de Di-
jon d'employer à leur uti.ité l'é-
glise de Neuiliy-(lè^-Dij'jn), prcs
Fauverney, dès qu'elle sera va-
cante.
[Fyol], Hisl. de S'-Étiennc de Dijon, Pr.
p. 133; ex cartul. S. Steph. — Gall. christ,
nova, IV. col. 603.
Bri^quiguy. Tah. chr., \'I. 107.
I.22I. — 1248. — Guillaume,
comte de Flandre, sire de D.im-
pierre f.Aube, et de Saint-Dizier,
donne aux religieux de Cheminon
(Marne) uiie rei)te de 20 setiersde
grain à Bettancourt (Haute-.Mar-
liC). (En français. >
Ji. de Biirllirleiii}/, Charles de Cheminon.
p. US.
1.222. — 1248 (v. st.], mais.
— Simon, sire de Châteauvillain .
rapporte la promesse qu'il a faite
au seigneur de Tnchàtei, repré-
sentant de l'évéque de Langres,
concernant les augmentations de
sa forteresse de Courcelles après
l'avoir reprise des mains de l'évé-
que.
A. Du CItesiic, Hisl. de la maison de
Broyés et de Ghâteauvillain. Pr. p. 33 ; e\-
tr. du livre des fiefs de léveclié rie Lanirres.
Bri'quigny. Tali. chr.. VI. Uiti.
1.223. — 1249, ^,0 avril (veille
des SS. apôtres Philippe et Jac-
ques). — Etienne Chaudron de
Briaucourt reconnaît que les reli-
gieux de Flabémont, ordre de
Prémontré, ont payé 100 sous
pour les réparations du moulin de
« Sauville ».
Hmjo. Annai. Prœmonstr,, Pr. I, col. TiôS.
Jln-ijiiit/iiy, Tab. chr., VI. 170.
1.224. — 1249, août. — Jean,
sire de Choiseul, déclare que s'il
met hors de sa main la maison du
« Melleir ■> (Melay ou Millières;;
il doit la remettre au comte de
Bar qui pourra la taire démolir si
bon lui semble. (En français.)
-V. il'' Wiiilly, Notice sur les actes enlan-
irue vulgaire du xni"' s. contenus dans la col-
lect. Lorraine à la Bib. nat. (Notices et extr.
des ms. (XVlIi. 38); d'ap. tome 85. n° 187.
1.225. — 1249, décembre. —
Gautier, seigneur de Vignory,
donne au prieuré de ce lieu un
bois qui va du chemin de Bar-.sur-
.Aube à la maison dudic prieuré,
dite des Ermites.
J. d' Arbaitmorit, Cartul. de N'isnory. û7.
1.226. — 1249 (v. St.', 19
mars, Troyes (samedi avant les
Rameaux). — Gautier, chevalier,
seigneur de Reynei, est mis à ti-
tre de bail par Thibaud IV, comte
de Ciiampagne , en possession
d'Onjon (Aube), de Luyères (id.)
et de Ville-sur-Terre (id.) saisis
faute d'homme par ledit Thibaud,
auquel il portera garantie contre
Gautier, comte de Brienne, et
RÉPERTOIRE HISTOlilQUE DK LA HAL'TK-MAKNE
Wi
contre les héritiers du même Gau-
tier.
Cliautereati, Traité >\e> fiefs, l'r. p. 'i'.'.'.i.
Teuit, Lavette*, n" :!Sr>8.
Cat. actes des C" de Gliauip.. n" 2909.
1.227. — 12)0, mai. — Gau-
tier, seigneur de Vignory, tait s.t-
voir que Gui de Louvières, che-
valier, a échangé au prieuré de
Vignory, Marie, sa femme de
corps, contre W'iber, femme du
prieuré. (En irançais.)
J . d'Arbaiimont, Caitul. de Vignory, 58.
1.228. — 1250. juillet. —
Christophe, abbé, et le couvent de
Moléme, associent Thibaud IV,
comte de Champagne, à leurs
droits sur Coiffy et sur Vicq
llriffaut. Hi?t. de VIcq (La Haute-.Marne,
Revue oliatppenoUe. 207) ; ri'ap. Arch. Haute-
Marne, prieuré de Varenne?, 2" liasse. —
E. de Barthélemij, Notice sur Coill'v. 66. —
A. Boitvallet, Docum. hist. sur Coillv, IIG.
— Le même, la Prèvôtii royale rft- Coiffy,
dans Revue de Cliampas^Qe et Brie, lS9t,
p. 804. — Cat. actes des Cotnjes de Champ.,
n" 29:{4.
1.229. — 1250, novembre. —
Nicolas, évéque de Troyes, con-
firme la donation de l'hôpital de
Brienne faite autrefois à l'abbaye
de Montier-en-Der par Gautier,
comte de Brienne.
Lalore, Princip. cartul.. IV, 231 -, d'ap.
'i' cartul. Montier-en-Di.r, fol. 10, v».
1.230. — 1250. — Gauiier,
sire de Vignory, déclare avoir été
homme-lige d'Othon, duc de Mé-
ranie et comte de Bourgogne, pour
son château de Vignory et autres
choses. Il l'est en.suite devenu
d'Hugue, comte de Bourgogne^
et de sa femme Alix, fille dudit
Othon. (En français.;
/. d'Arljaumont.C!iTt\i\. dn Vignory, L'.>i ;
d'après diverses sources.
1.231. — 1250 (v. st.), jan-
vier. — Simon, seigneur de Châ-
teauvillain, reconnaît tenir de
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, ChâteauviUain, Marmes^e et
tout ce qu'il possède à Autreville,
Bricon, Orges, Dinteville, Villiers-
le - Sec (Haute - .Marne), Broyés
( .Marne), etc.
Tfiilet, Lavettes, n" Ml'J. — Cat. ai-tes
des G*" de Champ., n» 2950.
I.2",2. — 1250 (v. St.), 8
mars, Orges. — Guichard de Pas-
savant en Vosge], chevalier, tait
d Thibaud IV, comte de Champa-
gne, deux hommages-liges : 1°
pour 30 livres de rente assignées
sur les foires de Bar-sur-.Aube, et
moyennant les.]uelles, en avril
1221, le père dudit (îuichard a
cédé à Thib.iud ses droits sur
Montigny-en-Bassigny ; 2" 30 li-
vres de rente également sur les
foires de Bar-sur-Aube, lesquelles
30 livres avaient été données par
'1 hibaud a Dreux d'.Apremont, et
étaient échues ;i Guichard par le
décès de Dreux.
Chaiilereau. Traité des fiefs. II. 211. —
Teuiet, Lavettes, n" 3921, analyse d'après
J. 202. ii»":U. — Cat. actes ries C" d.;
Cliamp . n" 29G5.
1.233. — I2JO ,'V. St.), 9
mars, Chaumont-en-Bassigny. —
Guichard di Passavant (en Vosge),
chevalier, donne à Thibaud IV,
comte de- Ch:impag;ie, la moitié
de ce qu'il possède à Serqueux.
En échange, Thibaud s'engage ù
ne pas retenir les hommes qui ha-
bitent le fi^-t tenu de lui par Gui-
chard •, il ne pourra, sans le con-
sentement de Guichard, prendre
sous sa garde l'hôpital de Beau-
chemin, ni le prieuré de Martin-
velle (Vosges).
Chantereaii, Traité dos (iefs. Il, 240-241.
Cat. actes dos C" de Champ., n» 2960.
1.234. — I2J0 (v. st.),9 mars.
— GeotiVoi [de Joinville], sei-
gneur de Vaucouieurs, est caution
de 303 livres de Provins dues à
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, par Catherine, duchesse de
Lorraine et marchise, et par
Ferri^ fils de Catherine.
Teuiet, Layettes, n" 3922.
Cat. ai'tes des C" de Champ., a" 2970.
1.235. — 1251, octobre. —
Gautier II, seigneur de Vignory,
reconnaît tenir de Thibaud IV,
comte de Champagne, le château
de Vignory à cause de l'inexécu-
tion des conventions conclues en-
0(14
BEPERTOIRK HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
tre ledit Tliibaud et le comte de
Bourgogne pour le mnriage de
leurs enfants. (En français.)
Ttfulet, Layette?, n" lUtûl.
J. d'Arbaiimont. Cartul. de Visnorv, '2ïyi.
Cal. actes des C" de Cliiimp., n" 2981).
1.236. — 1251 (le mercredi) à
Réo.Tîé (Moutier-St-Jeanj. — Les
religieux de Réomé (.Moutier-St-
Jean) demandent à Tévéque de
Langre-s l'autorisation d'élire un
abbé.
J. Petit, Tlieodori po-nilenlialp, U, CM.
Bri^quigny, Tab. chr., VL 21G.
1.237. — [1251". — Jean,
seigneur de Choiseui. déclare à
Jean de Thourotte et a Lionnet
!de Sézinne" qu'il tient en fief de
rhibaud IV, comte de Champa-
gne, tout ce qu'il possède à Bal-
not[-sur-La!gnesJ et à Buxeuil
(Aube), (tn français.)
Chantereau, Traité des fiefs H, 244. —
Teuiet, Layette?, n" 2U95 ; d'ap. J. 196, u"
•Jt*- — Cat. acte* de< C" de Cliainn., n"
2995.
1 .238. — 1252, avril. — Henri
de Vergy, seigneur de Mirebeau,
sénéchal de Bourgogne, déclare
que sa mère Clémence, dame de
Fouvent, ayant reconnu tenir le-
dit Fouve.it e.i fief de revécue
de Langres, il fait la même re-
connaissance.
A. Du Chesne. llist. de la maison de Ver-
gy. Pr. p. 194; e.\tr. du livre des liel's de l'é-
Vfclié de Lanïres.
Un^quignij. Tal,. Hir.. VI, 21s.
1.239. — 1252, avril. — Gau-
tier, sire de Vignory, et sa femme
Marie, renoncent à leurs préten-
tions contre les religieux de Clair-
vaux, concernant des acquisitions
faites par ceux-ci dans leur terre.
J. d'Arbauniont, Cariai, de Viçnory. 20');
d'ap. Arcli. Aube, orij;. )( H 1C4, et Carlul.
de Clairvaux, II, Vignory. n" .X.X.XI.V.
1.240. — '252^ mai, — Si-
mon, sire de ChateauviUain^ dé-
clare que du consentement ue sa
temme Alix et de son fils Jean, il
a échangé avec les religieux du
Reclus un bois appelé le Cham-
bellain co.'ure deux moulins des-
dits religieux situés sur la fon-
taine de Troisfontainc,
A. Du Chesne, Hist. de la maison de
Broyés et de Cliàteauvillain, Pr. p. 33 ; exlr.
du cart. du Ueelus. — Jongelin, Xotilia
abbat. ord. cisterc.. part. I, p. 00.
Bréquigny, Tab. clir., VI, 219.
1.241. — 1252, mai. — Par
devant Thibaud, officiai de Lan-
gres, Fonçard de Marnay^ écuyer,
et Elisabeth, sa femme, vendent
il Thibaud IV, comte de Champa-
gne, ce qu'ils ont à Biesle (Haute-
Marne).
Teuiet, Lavettes l" 1005. — Cat. actes
des C'«» de ciiamp.. n" SOll.
1.242. — 1252, mai. — Par-
devant Thibaud, officiai de Lan-
gres, Hugue .Abiganz. écuyer,
Marguerite, sa temme, Fonçard
de Marnay, écuyer, et nlisabeth,
sa temme, vendent à Thibaud IV,
comte de Champagne, ce qu'ils
ont à Biesle (Haute-.Vlarne), etc.
Teii/el. Layettes, n" 4000. — Cat. actes
des C" de Champ., n" 3U13.
1.243. — 1-52, juin. — Gau-
tier, seigneur de Vignory, déclare
qu'il a donné, à titre d'échange,
ù Nicolas, prieur de Vignory, la
fille de Durand le Ménager, de
Vignory. (En français.)
J. d'Arhamnoiit, Cartul. du prieuré de
Viçnory, 00.
1.244. — 1252, juillet. —
'J'hibaud IV, comte de Champa-
gne, confirme les acquisitions fai-
tes en Champagne et en Brie par
l'abbaye de Notre-Dame de Samt-
Dizier, ordre de Citeaux Jusqu'au
jour de son départ pour la Terre-
bainte qui eut lieu environ la Na-
tivité S. Jean-Baptiste, 1239. (En
français.)
Teidet, Lavettes, n" 4018 ; d'ap. Anli,
liai., J. 201, li» 39.
1.245. — 1252, juillet. —
Thibaud IV, comte de Champa-
gne, amodie à Etienne de Lan-
gres, pour 70 bichets de mouture,
la moitié du moulin de Reclan-
court (commune de Chaumont-en-
Bassigny).
Teuiet.- Layettes. n° 4010 ; analyse, d'après
Arcb. nat.. ï. 201, n" 'M.
Cal. acies des C" <le Champ., n" 3038.
1.246. — '•252, juillet. —
RÉPERTOiRE HISTORIQUE DE L.\ HAUTE-MARNE
!l)0
Gautier, seigneur de Vigiiory.
déclare que Bertrand, dit Tiepes,
de Marbéville, sa femme et ses
enfants, sont hommes decorpsdu
prieuré de Vignory.
J. li'Arbaunioul . Carlul. de Vignory, 5'.i.
1.247. — 1253. 17 août (le 2°
jour après l'Assomption). — Mar-
guerite, t-omtesse de Flandre,
fait savoir à Nicolas, évéque de
Cambrai, qu'elle a donné aux re-
ligieux du Val-des-Ecoliers treiue-
et-uue « îiiodiotas /- de terro la-
bourable près de « Villa Monten-
sis ):, et le prie d'approuver ce
don.
Mirœiis. Opéra diplomat., III, ll'i.
Bri'-quiyny. Tali. clir., VI. ,'2-'.
1.24S. — 1252, 18 août (y-
jour après r,Assomptioii). — Ni-
colas, évéque de Cambrai^ ap-
prouve le don ci-dessus tait par
Marguerite, comtesse de Flandre,
aux religieux du Val-des-Eco!iers.
Gall. christ, nova. III. in-lr. col. lo. —
lUirœus, Opéra diplomat.. III. ll.'>.
Bréquigny, Tab. chr , \1. ■'"2;!.
1.249. — 1252 (v. St.), jan-
vier. — Pardevaiit Thibaud, offi-
ciai de Langres, Forcaud de Pailly
et Hersande, sa femme, vendent
à Thibaud IV, comte de Chimp.i-
gne, ce quils ont it Biesle (Hauie-
Marne).
Analyse, Teulet, Layettes. n° 4035. —
Cat. actes des Comtes de Champ., n" ^052.
1.250. — i252(v. St.), février.
— Clémence, dame de Fouvent,
donne aux religieux de Beauiieu,
pour son anniversaire, une maison
à Champlite et ses dépendances.
(En français.)
A. Du Chesne, Hist. de la maison de Ver-
,çy, Pr. p. 188, ex oriijin. Arch. de l'abbaye
de Beauiieu.
liri'quirjuy. Tab. clir., VI, 228.
1.251. — 1252 (v. St.), mars.
— Gautier, seigneur de Vignory,
rapporte un accord relatif aux
tierces d'Oudincourt entre Huon
de Richebourg, chevalier, et le
prieur de Vignory.
J. d'ArbauiiWiit, Carlul. de Vijnory, 61.
1.252. — 1252 (v. St.), avril;
au camp devant JalL. — Le roi
S. Louis, en reconnaissance des
services que Jean, sire de Join-
ville, .sénéchal de Champagne, lui
a rendus en Terre-Sainte, lui
donne et à ses descendants sei-
gneurs de Joinville, une rente
annuelle et héréditjire de 200 li-
vres tournois à tenir de lui en fief
et hommage, saut la téaué aux
comtes de Champagne et de Bir.
/)om .Vdrtini'. .\inpli-sima collectio, I.
col. IIUI; ex ms. Colbertino. -- Dirlol,
CXVII. — (Jinnipollioii-Fififac, Docum.
inéd. extr de la Bib. Hoyale. 1, »>20.
1.25-5. — [Vers 1253-1255]. —
Jean, sire de Valéry, déclare à
Clémence, dame de Fouvent, sa
femme, avoir entendu dire au
duc de Bourgogne que le seigneur
de Vergy est lige de l'évéquc de
Langres pour le château de Fou-
vent ; il lui mande d"agir en con-
séquence. (En français.)
A. Du Chesne. Hist. de la maison di-
Versy, Pr ].. 189-1110; exir. du livre de:,
fiefs de l'évéché de Langre-.
1.254. — 1253, avril. — Guil-
laume et Jean de Vergy, fils
d'Henri de Vergy, sénéchal de
Bourgogne et sire de Mirebeau,
confirment à l'abbaye de Beauiieu
en Bassigny le don d'une grange
eu maison sise à Champlite fait
auxdits religieux par Clémence,
dame de P'ouvent. (En français.)
.1. Du Cliesni'. llisl. d^' la maison de
Vpî;;v, l'r. p. l'.is ; ex oriiilnali.
Jh-rquif/iiy. Tab. chr., VI, 232.
1.255. — 1253. mai. — Gau-
tier, s;re de Vignory, atteste la
vente faite par Frédéric, sénéchal
de Vignory, aux templiers [de
Mormnntj, de sa grange de Ki-
chebourg.
/. d'ArbaumoHt, Cartul. de Viçnory, 2.ô(j;
d'ap. Arch. Côte-d'Or. orii'. Commanderie de
Mormani, titre- sur Uif liphourc. H IISI.
1.256. — 1253, mai. — Gui,
évéque de Langres, déclare qu'a-
vec Hugue, cardinal-prétre du
litre de Sainte-Sabine, il a visité
le monastère de Juliy[-sous Ra-
vières] dépendant de l'abb.iye de
Moléme ; ils ont constaté, par le
témoignage de la prieure et des
360
RÉPERTOIRE HISTORIQUE Oli LA HAUTE-MARNE
religieuses, dont l'une habitait le
monastère depuis 50 ans, une au-
tre 40. une autre 30, que jusqu'à
cette époque la clôture n'avait pas
cessé d'être observée.
Johin. IIi.*t. lia piimiit' de Juil\ -lc>-Non-
nains, 282; fragment il'ap. Anli. dUc-il'iJr.
Chron. MolêmcTn» 152, p. 17'.l.
1.257. — 1253. juin. — Si-
mon, sire de Chuteauvillain, con-
firme aux religieux du Reclus le
don dua vivier qui leur a été hait
par une charte de Hugue, sire de
Broyés, son père. Il y ajoute un
sentier le long dudit vivier. Ap-
probation de sa femme Alix et de
son fils Jean. (En français )
.4. Duchi'siii\ Hisl. de la maison d« Broves
ri de C.luUeauvillnin, l'r. p. '.VA : cartul. du
Reclus. — Jongelin, Nolitla aliliat. urdin.
Ci?terc.. 60.
Bréquiriny, Tab. ilir.. VI. 234.
1.258. — 1253 (v. st.}, mars.
— Jean de Vergy, chevalier, sire
de Fouvent, déclare avoir donné
aux religieux de Beaulieu une
maison à Champlite qu il avait
achetée de Jcanniu de Champlite
et de sa femme Bianchote. (En
français.)
.-1. Du. Chesiif,
Verçv, Pr. p. 2<)U ;
Arcli
. de la maison di
. de l'abb. de Beau
lieuT"
bréquigny, Tali
, .hr.^
, YI, 242.
1.259. — ^254, 29 juin (tète
S. Pierre et S. Paulj. — N., évè-
que de Troyes, déclare que Re-
naud, fils de la feue dame Odette
de Beaufort. a vendu à Montier-
en-Der tout ce qu'il avait en ter-
res, coutumes et cens à Hame-
telle (commune de Puellemontier)
et à Puellemontier.
Lulore, l'rinfiip. larlul., 1\', 2li2 ; d'ap. 2«
.arlul. Mi>ntier-<>n-IJ<.'r. fol 2:!, 1".
1.260. — 1254, septembre. —
Simon, sire de Châteauvillain,
déclare octroyer à son cher \ r-
iioul, son clerc^ la ch.ipellenie de
sa chapelle de Chuteauvillain,
avec les rentes qui en dépcn-
diient et qu'il énumère. (En fran-
çais.)
A. Du Clwxne, Ili.»t. de lu ulai^on do
Broyés el de Clii'iteauTillaiii, Pr. p. 'M : Andi.
de la r.ollùeiale de Cli&tcuuvitlain.
Jiri'qiiiiiiiy, Tab. ehr.. VI. 251.
1.261. — 1254 (v. St.), jan-
vier. — Jean, comte de Bourgo-
gne, sire de Salins, donne aux re-
ligieux de Morimond, pour son
anniversaire et celui de sa femme,
Isabelle |de Courtenayj, dix char-
ges de gros sel sur ses salines de
Salins. (En français.)
Arckices hint(irii/iic.<! l'I li//r'riiires. U
(1891 1. p. 18:.
1.262. — 1254 (v. st.), jan-
vier. — Jean, comte de Bourgo-
gne, sire de Salins, donne aux re-
ligieux de Morimond, pour son
anniversaire et celui de sa femme
Isabelle, dix charges de grand sel
à prendre chaque année en son
puits de Salins. (En français.)
Duboh. Hisl. de Morimond, l'''' édit . 420;
2« édit.. 470. — A. Jldxeml , dan> les Ar-
chive^ Idsturiques <■!, iiltorain^s, 1891, p. 181.
1.263. — ^255, 5 mai, Châ-
teau-Thierry. — Gui, évèque de
Langres. délivre des lettres de
non-piéjudice à Marguerite de
Bourbon, comtesse deChampagne,
qui lui a fait hommage à Châ-
teau-Thierry, s'y trouvant alors
malade. C'est sur la demande de
Louis IX que Gui a consenti à re-
cevoir cet hommage, qui devait
é're fait dans un lieu déterminé
de l'Evéché de Langres.
Teulet. LayoUes, n" 416(i : d'après Arrh.
nat.. J. lus. n' 99. — Cat. a<-les des comtes
de Champ., n" oOTI.
1.264. — 1255^. 4 juin, Ca-
poue (2 non. juin, an I). — Le
pape .Alexandre IV annonce à l'é-
véque d'Autun qu'il lui envoie le
pallium et qu'il a chargé l'évéque
de Langres de ie lui remettre.
« Cum palleum, insigne... »
A. <!•'. ('hnriiiassi'. (lartul. cvéché d'.VuUin,
2rî8.
J .265 . — 1 255, juillet. —
Gui, évéque de Langres, constate
ce qui suit. Marguerite de Bour-
bon et Thibaud V, comte et com-
tesse de Champagne, étaient en
contestation avec Jean, seigneur
de Choiseul, qui avait tait oppo-
sition au pariage de Coifîy conclu
entre Thihaud LV et l'abbaye de
Moléaie. Ils se sont soumis à far-
UEl'ERTOtRE HISTORIQUE DE LA. HA.U TE -MA RNK
;itj7
bitrage de l'évèque de Langrcset
de Jean, comte de Bourgogne,
seigneur de Salins. Eu vertu de
cette sentence, il a été décidé que
le comte de Chnmpigne tcriit
hommage à l'évèque pour Vicq et
Coilly. Il pourra y établir des For-
teresses. (En français.)
Teulet, Uyêtle-s n" 1190.
Cat. actes de-s C^"* de Champ., n" llOSl.
1.266. — i^JJi juillet. —
Charte de Jean, chevalier, seigneur
de Choiseul, concernant le même
objet. (En français.)
Chantrri'nii, Traité des licf-, l'i-. -'li>. —
Tenlot. Layettes, n" 4189.
Cat. ailes do> C'- de Champ., n" i'.OSô.
firvquifpuj [Tah. chr., VI, 20.î) ia|iporle
fel acte au moi> de juin, sans doute d'après
Chanlei'Pau, fi écrit : <• ou mois de juiunet. ■
1.267. — 1255, juillet. —
Ot!;on, doyen, et le chapitre de
Langres, reconnaissent qu'ils ne
peuvent retenir les hommes de
Marguerite de Bourbon et de
Thibaud V, comte et comtesse de
Champagne, Inbitant à Vicq et à
CoifTy. [En français.)
Trulet, Lavette*, n" U91.
Cat. actes de- C'' de Champ., n" llilsn.
1.268. — i2'i5,août. — Henri
de Vergy, sénéchal de Bourgo-
gne et sire de Mirebeau, recon-
naît avoir bâti une torteresse sur
la montagne de Montcierge, au-
dessus de Percey-le-Grand. Com-
me Gui, évéque de Langres, pré-
tendait que cette forteresse étnii.
faite au préjudice de son église,
Henri s'oblige par serment en-
vers lui, et sous le sceau de Hu-
gue, duc de Bourgogne^ à ne
pouvoir construire audit lieu de
Montcierge. ni au finage, aucune
ville ou forteresse sans le consen-
tement de l'église de Langres.
(En français.)
A. Bu Ciii\siii'. Hi-t. de la maison de
Vergy, Pr. p. 196 ; Cartul. des liefs de l'évé-
ché de LaQ5re.-<.
Drt-quiijny. Tab. cbr., VI, 2<39.
1.269. — 1255, août. — Gui,
évéque de Langres, déclare que
sur la préieritation de Eude,
abbé de Samt-Jean de Réomé
(Moutier-Sai/it-Jean), il a nommé
Milet de Langres, clerc, à la cure
de Bjian, dont le patronage ap-
adite abbaye.
t. mon. llcoiii., 271 :
partient a
Itninj.T, il
-X lal.ul.
,270.
Tal.. rlir , VI. iTlI.
1255, août. — Jean,
sire de Joinville, donneune charte
à l'abbaye de Mureau.
Jlnlinmcl. dau^ : Document- pour l'Iiistoire
des Vosges, l (I8(i.S'l, p. 170, d'après le car-
tulaire de Mureau. aux Archive* des Vosires.
— L'original est aux Archives de la Haute-
Marne.
1.271. — 1255, 5 septembre
(dimanche avant N.-U. en septem-
bre). — Jean, sire de Til-Chà-
tel, déclare à Simon de Hiange.s
que Béatrix, dame de Marnay, en
sa présence, a donné à M. jJean
de Faucogney, et à [Helvide de
Joinville], dame de Faucogney, sa
fille, le fief et l'éminage que ledit
Simon de Biange lui devait.
J. ^iiiioiii.i':, E-sai sur les sires de .Join-
ville. [-.iC: d'ap. Aroh. Cote-d'Or. B. ln|7:;.
1.272. — 1 255^, septe.Tibre. —
rjilles, évéque de Toul, déclare
que Thibaud, comte de Bar, a re-
connu en sa présence avoir donné
aux religieux ds Saint-Bénigne de
Dijon, pour leur prieuré de Saint-
Blin-lès-Reynel, 35 livres de re-
venu annuel.
Para, -il, Recueil. I.s2.
J!rr,iui(iini, T.d.. rlir., VI. •,'7-.'.
1.273. — ^2)5î octobre. —
Thibaud. comte de Bar, .Arnoul,
comte de Looz et de Chiny,
Gaucher, comte de Rethel, Lié-
baud. sire de BaufFremont, Jean,
sire de Joinville, sénéchal de
Champagne. Jean, sire de Choi-
seul et autres seigneurs, promul-
guent les coutumes et ordonnan-
ces du comté de Bar.
C'-' lit' P(inf/e, Le patriotisme français en
Lorraine, aiitcnenrement à Jeanne ri'.\rc,
18S'J, [1. O.'j.
1.274. — ^255, novembre. —
Gui; évéque de Langres, approuve
l'acquisition de la dîme de Rou-
geux, faite par l'abbaye de Beau-
lieu.
JJri/fnul. HhI. du Fayl-Bdlot. 'Mo, note 'J .
368
RÉPEKTOIHE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
1.275. "■ '-^55' décembre. —
Guillaume, archevêque de Besan-
çon, et Jean, seigneur de Choi-
seul, attestent la vente f.iite par
Renier do Blondefontaine, cheva-
lier, aux templiers de la Roma-
giie. du sixième des dîmes de
« Keaintort. » (En français.)
K. Petit, llist. (les ducs 'le llourij.. I\ .
Vi- : tl'ap. original. Aicli. Coto-d'tJr. 11.
I?|ii. foml- (11- i.a Uoniaïuc
1.276. — 1255, décembre. —
Je m, comte de Bourgogne et sire
de Salin.s, déclare que sa sœur
Beatrix {d'.Auxonne], dame de
.Marnav, avec son assentiment et
celui de ! imon de Joinville, fils
de ladite Béatrix, sire de Gex, a
donné à l'abbaye de la Charité,
pour son anniversaire, 14 bichets
de froment sur le moulin de Mar-
nay.
Gidllauiiii', Ui<l tri-nualoç. des -Ire.* île
Salin;, I, Pr. 16j.
1.277. — 1255, décembre. —
Liébaud. Maincemiotte et Isabelle
de Gendreville, enfants de feu
sire Aubry de Gendreville, ven-
dent, du consentement de Béatrix
leur mère, à Thib.iud, comte de
Bar, moyennant 15 livres, ce
qu'ils avaient aux bois situés entre
Gendreville et Outremécourt,
Doi-umenlf raves ou inédits 5ur l'IiisloirL'
des Vos^'cs, VIII 'I8SI1, [.. 11.
1.278. — 1255, décenibre. —
Simon de Joii ville, sire de Gex,
avec l'assentiment de Béatrix.
dame de Marnay, sa mère, de
Jean, .sire de Joinville, et de
Geoii'roi de Joinville, sire deVau-
couieurs, ses frères, reprend en
fief de Jean, comtede Hourgogne,
sire de Salins, son oncle, la terre
de Marnay-le-Chatel, qui avait
été donnée l'i Simor.^ sire de Join-
ville. père dudit .^imoii, par
ttienne, comte de Bourgogne,
père dudit comte Jean. (En fran-
çais j
Chei-aher. Ili.'l. de l'olignv, II, 596. —
J. Himoiinet, £^?ai sur les sires de Join-
ville, 131. noie -1 ; d'ap. Chevalier.
Jjrt-ijiiiyiiy. Tab. clir,, VI. '.'77.
1.279,
1255,
Béatrix de
Joinville donne à l'abbaye de La
Charité 14 bichets de blé sur ses
moulins de Marnay.
/'. .\ . Cliartes extraites du i-artulaire de
.NeulVliàlel, dans : Mémoires et doiumenls
inédits pour servir a l'hisloire de la Franclie-
Conilé, publiés par l'Aïadéinie de Besancon, I
(18:58).
Peut-èlrr 1(1 ))t(h)ir (/ic In pf(''C''deiit('.
1.280. — 1255 (v. St.), février.
— Henri de N'ergy, sénéchal de
Bourgogne, déclare avoir mis eu
la main de Marguerite de Bour-
bon, comtesse de Champagne, ce
qu'il tenait d'elle en fief à Mont-
saugeon. Elle en disposera sui-
vant sa volonté au cas où Gau-
cher d'.Agarr, chevalier, ne se re-
mettrait pas en prison au plus
tard le 30 avril prochain. (En
tranç.Tis.)
/Jii l'Itcsne, Ilist. de la maison de X'erïv,
l'r. p. 196.
Cal. actes des Couiles de Cliamp., w" 3091?.
1.281. — 1255 (v. St.), mars.
— Jean, sire de Joinville, ap-
prouve une reprise de lief faite Je
l'abbaye de Saint-Urbam par Au-
bert de Sainte-I.ivière, Roger de
Chatonrupt et .Aubert de Kage-
court. (En français.)
y. de Wdillij, Recueil de cliaites origina-
les de Joinville eu langue vulgaire. (Bib. Ec.
des Chartes, G' série, III, 5b8, pièce Bl ;
il'ap. Arch. Haute-Marne, Saint-l rbain, 7'
liasse, if partie. iFronville.)
1.382. — 1256, avril. — Jean,
sire de Choiseul, déclare qu'il a
associé son cousin Thibaud, comte
de Bar, à Andilly et Poiseul.
Quand iJs auront fermé de murs
Montmort, au-dessus d'Andilly,
ils en auront clucun la moitié. Il
reprend en fief dudit comf; La
Ferté - sur - .Amance, Chezeaux,
Saulxurre, Lavernois, Damrémont,
Beaucharmois, Parnot, moitié de
Dammartin et de Malroy. (E'i
tranç.iis.)
,V. de Waiili/. .Notice? sur les actes eu lan-
i;ue vulgaire du .xiii' s contenues dans la col-
lect. Lorraine, à la Bib. nat.( Notices extr. ries
nis. XXVin. 52); d'ap. tome 982, n° 5.
1.283. — 1256, avril. — Alix,
dame de Choiseul et de] Trave,
avec l'assentiment de ses liis Jean,
seigneur de Choiseul, chevalier,
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
o69
et Robert, dan;oisc;aLi, cède, \ ti-
tre d'échange, à l'abbayedeChrir-
lieu, tout le fief qu'elle avait à
Gorjon, contre 4 tjuchées de prés
que les religieux avaient à Scey-
sLir-Saône et 45 livres d'estéve-
iiants à elle payés.
Guillaume, Hisl. ïénéalou'. (le> :-ires de
Salins, 1, Pr. 105.
1.284. — 1 256, septembre. —
Jean, sire de Joinville, vend à
Thibaud, comte de Bar|-le-Duc^ .
le fiet que le sire de Gondrecourt
tenait de lui à Gérauvilliers ec à
Badonvilliers (Meuse). (Ku tVati-
çiis.)
/. ^imonnut, Es^m >ur le? siiTs de Ji'lii-
ville. 227-228 ; J'ap. Aicb. Meurtlie. — Fac-
similé dan> Xehchrift fiir romani-sche Phi-
lolnyie. 1S94, liv. 1-2.
1.285. — 1256, septembre (au
commencement). — Hugue, comte
palaiiti de Bourgogne, et sa temme
-Alix, déclarent ccnceder à Henri
de Vergy, sénéchal de Bourgogne
et sire de Mirebeau, et h ses hé-
ritiers, tout le droit et toute la
raison qu'ils possèdent en la mon-
tagne de Montcierge (au-dessus
de Percey-le-Grand, Haute-Saô-
ne). (En français )
A. Du Cliesiiu. Hist. de la maison de
Veriîy, Pr. p. 190 ; extr. du larlul. de- liefs
de Tèvéehe de Langres. — .4. Rosviot. dan-
les Archives liisloriques et littéraires. l^UI,
p. 182.
Bri-ijingiii/. Talp. clir.. VI, 29.'!.
1.286. — 1256 (V. St.), !'-■''
janvier. — Jean, sire de Choi-
seul, donne quittance à son cou-
sin Thibaud, comte de Bar, de
984 liv. reçues en paiement de la
terre qu'il a reprise de lui en liet.
(Ln français )
JV. (le Wailli/, Notices sur les acte- en
lantrue vulgaire du .^ni« s. contenues dans la
coll. Lorraine, a. la Bib. nat. (Notices et extr.
.WVilL 55) ; d'ap. tome 85, n° 188.
1.287. — 1256 (v. st.)^ jan-
vier. — Thibaud V, comte de
Champagne, déclare qu'eix sa pré-
sence Jean, seigneur de Choiseui,
a reconnu devoir 1,200 livres,
moniiiiie de Langres ou estéve-
noise, à Guillaume Béquin, de
Nogent. (En français.)
Chaiilereau, Traite des liels, II. l'I.^.
Cat. actes des C" de Cliamp.. ii» :no2.
1.288. — 12)6 (v. St.), jan-
vier. — Jean, sire de Joinville,
donne au prieuré de Rcmonvaux,
pour son anniversaire, un demi-
muid de vin à prendre dans le
cellier de Join.ville. (En français.)
I Vidimiis. Voir ; oi.-t. 1291,
1.289. — 1256 (v. st.), mars.
— Jean, sire de Joinville, séné-
chal de Champagne, cjiifirme un
accord passé en sa présence entre
Robert |de Joinville], sire de
Sailly, et ses hommes d'.\ugé-
viUe, au sujet du gite qu'il avait
audit .Augéville. (En français.)
Pijrard. Recueil, 4S4 : ex carlul. S'-Beni-
C'Ill.
Hrrquifinij. Tab. clir.. \T, ;i05.
1.390. — 1357, 15 avril (jour
de Pâques closes), Damery. —
Thibaud V, roi de Navarre,
comie de Champagne et de Brie,
approuve le don du quart des
grosses dîmes de Chavanges( Aube)
fait à l'abbaye de La Chapelle-
aux-Planches par Jean de Beau-
fort, écuyer, dit '( Blanchecoille ».
(hn français.)
Lalorc, Princip. cartul.. 1\ , '>'■) ; d'ap.
orig. Arcli. Haute-Marne.
1.291. — i257„avril. — Guil-
laume de Champlitte, vicomte de
Dijon, accorde u le charte de
commune aux habitants de Pon-
tailler, ce qui est approuvé par
son fais Guillaume^ Hugue IV,
duc de Bourgogne, Guillaume.ar-
chevèque de Besançon, Gui. evé-
que de L;ingres, Hugue et Alix^
comte et comtesse de Bourgogne,
et Henri de Vergy, sénéchal de
Bourgogne. (En français.)
Vidimus de 154b, Arcli. Cùte-dOr. li.
1279.
Pérnrd, Recueil, p. 480.
Garnie^', Cliartes de commune et d'alfrau-
cliissement en Bourgogne, II, 209.
Bréquif/iiy, Tab. chr., N'I, 308.
1.292. — 1257, août. — Gau-
tier, sire de Vignory, renonce à
ses prétentions contre le prieur de
Vignory.
PérariL Recueil, 480 ; ex cartul. S-Be-
24
3711
RKPEUTOIRK HISTORIQUE DE LA HAUTE-AIARNE
iii;;ni Uiviou. — J d'.irOaionont. Curtulaire
(lu pripuri- de S'-Etienni' df Viïuoiv, p. (;2 ;
ex iiriirin. — /Irri/iiifiiii/, 'l'.ili. .Iii-.. VI, :514.
1.293. — 1257, septembre. —
Eude, comte de Nevers, seigneur
de Bourbon, rappelle qu'il a fait
hommage à G., évéque de Lan-
gres, étnn: ;\ Be.-iune, mais il dé-
clare que ni lui ni ses successeurs
ne pourront en tirer argument
pour se dispenser de Faire hom-
mage à l'évéque au lieii accou-
tumé.
/}. l'iancher. llist. do Hoursocrne, 11. Pr.
p. L'I! ; exir. du rartul. de révéclié de L:in-
gres.
Ilr^quidity. Tali. clir.. VI. i'.lô.
1.294. — ^257. — Statut du
chapitre de Langres. — Quatre
chanoines ayant fait, hors de la
présence de tous les chanoines,
un compromis en vertu duquel
le-! chanoines ne seraient pas te-
nus à recevoir les ordres majeurs,
il a été décidé qu'aucun chanoine
ne pourrait être fcrcé de recevoir
malgré lui un ordre sacerdotal s'il
n'a pas une prébende sacerdotale.
Gall. obrin. nova, IV, iii?tr. col. -'O'J.
BrcquUjny, Tab. clir., Vi, Sîl.
1.295. — 1257. — Jean, sire
de Joinville, reçoit du roi de Cas-
tillc mille marcs d'argent, en ré-
compense des services qu'il avait
rendus à la Foi en Palestine.
ChntitpoUion, Documents inediU relaliN à
Jean, site de Joinville. , Uocuin. inéd. oxlr.
de la Bib. Royale. 1.)
1.296. — 1257. — Enquête
faite au Parlement de Paris au
sujet de deux serfs appartenant au
sire de Joinville et qui avaient
quitté ses domaines p^ur s'avouer
bourgeois du Roi.
Ilnvfjnot, I-er^ O'.iin. I, Iti.
1.297. — I2j7 (v. st.), jan-
vier. — Jean, sire de Choiseul,
prie son seigneur Thibaud "V, roi
de Navarre et comte de Champa-
gne, de constater par sjs lettres
qu'il doit 1,100 livres à Guillaume
Bégin, bourgeois de Nogent, et
de fixer les termes du rembourse-
ment.
Clnintereau, Tiailé des lief-, Pr. p. ?18.
Uréquigny, Tab. chr., VI, ItiU.
1.297 '"S. — 1258, 25 février,
Viterbe (5 Kal. mars, an IV). —
Lettres du pape Alexandre IV à
révèque de Langres, relatives aux
clercs mariés et à ceux oui font
acte de commerce auxquels on
devra letuser le privilège d'immu-
nité ecclésiastique.
Ti'ulet, LavoUes, 111. 393, n» 439.' . d ap.
orig. scelle, Àreb. Nat.. J. 198, n» UV.
1.298. — 1258, avril. — Jean,
châtelain de Noyon et de Tou-
rote. atteste qu'en mourant son
frère Je.in de Tourjte, sire de
Beaufort (auj. Montmorency , Au-
be), a donné à l'abbaye de La
Chapellc-aux- Planches cinquante
sous de provenisiens forts à pren-
dre pour la pitance, aujourdeson
annivers.iire, sur le péage de
€ Val Bainfroi ». Il confirme ce
don. (En français.)
Lalorc. Princip. cartul.. IV, 50 ; d'ap.
or'v^. Aicli. Haute-Marne.
1.299. — 1258, juillet. —
Thibaud II, comte de Bar, donne
une charte d'aiïranchissement à
ses hommes de Saint- H liai remont.
(En trançais.)
J . Simonnet, KdatuiH ile-t stiuje>i fl iln
Idocus de La .Mot lu', p. 7.
1.300. — 1258, juillet. —
Jean, sire de Joinville, reconnaît
qu'il ne peut taire chanter la
messe dans l'oratoire que le cha-
pitre de Joinville l'a autorisé à
établir dans la tourelle de son
château pour y dire ses heures ;
etc. (En français.)
ClianijioUion, Docum. inéd. :'\it- Jean de
Joinville. (Docum. inéd. extr. de la Bibl.
Royale, I, 025); d'après cartul. deS'-Laurent
de Joinville, n" LX.X.\I.\.
1.301. — 1258, mardi 20
août. — Jean, sire de Choiseul,
promet à Hugue, duc de Bourgo-
gne, et à sa femme .Alix, de les
aider dans leur guerre contre le
roi de Navarre, comte de Cham-
pagne, qui avait envahi Luxeuil.
(En français.)
1;. X'uia, Uist. des ducs de Boiir;/., V.
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-AIABNK
371
160; H'ap. Bib. nul., roll. Bour^., touie
XCVUl, fol. 63; copie de Doni Aubrée.
1.302. — 1258. 9 septembre
(lendemain de la Nativité Notre-
Dame;. — Jean, sire deJoinville,
approuve un règlen^ent arrête par
l'abbaye de Molè;ne pour la ré-
forme et l'adminiscration du prieu-
ré du Val-d'Osne. (En français.)
./. Himonnet, Essai sur les sires de Join-
villp, 21": d'ap. Vidimns de 1414 h-. st.\
Art-li. Cùle-d"Or, H. 251.
1.303. — 1258, septembre. —
Jean, sire de Joinville, const:.te
un prêt de soixante livres de pro-
venisiens torts fait par l'abb.iye
de J-aiut-Urbain à Mahou de
Tremblecourt, chevalier, qui re-
met en nantissement sa part du
moulin de Saint-Amant, etc. (En
Français.)
X. lie WdiUy, Recueil de ciiarles origina-
les de .loinville, en langue vulçaire 1 BibI .
Ecole des Chartes. 6' série, III. 559, pièce
Ci; d'ap. Arch. Haute-Marne, Saint-Urbain.
Il' lia^-.•.
1.304. — 1258, novembre. —
Clémence, dame de Fouvent,
donne à l'abbaye de Belmont 37
émines de blé à prendre dans les
dîmes de Frettes.
Bn/jTaut. Hist. du Favl-Billot, 21S, nutel.
1.305. — 1258, décembre. —
Sous les sceaux d'Adam, abbé de
Saint-Urbain, de Robert |^de Join-
ville , sire de Sailly, et avec la
garantie de Jean, sire de Join-
ville. sénéchal de Champagne,
Isabelle, prieure, et les religieu-
ses du Val-d'Osne, s'engagent
envers les religieux de Molème à
affecter au prieur qui gouvernera
leur monastère du Val, le minage
de Joinville en totalité, les quatre
muids de vin qu'elles prenaient
au pressoir du seigneur de Join-
ville, etc.
Jobin, Hist. du prieuré de Jully-les-Nou-
nains. 283 ; d'ap. copie du xv« s. Arch.Cote-
d'Or, prieuré du Val-d'Osne, H, 251.
1.306. — 1258 [décembre.''.
— Jean, sire de Joinville, déclare
que Jean, sire de Gondrecourc, a
reconnu en sa présence ne pou-
voir rien mettre hors de sa main,
de son fiet de Gondrecourt, sans
la permission du comte de Bar.
(En français.)
J. Simonnet, Essai sur les sires de Join-
ville, 22« ; d'ap. Arch. Meurthe. (Serait dn
mois (le décembre, d'après analyse rie cette
iliarte, ihirl.. p. 325.)
1.307, — 1258. au temps du
chapitre général. — Fonce, abbé,
et les religieux d'Auberive, décla-
rent que les abbés et religieux
d'Ourscamp ont une chambre spé-
ciale dans l'abbaye d'.Aubeiive,
située prés de l'infirmerie des re-
ligieux, et une écurie aux chevaux
située près de la porte d'Aubenve.
Pei(/ni^-Oelncourt, Cartul. d'Oursamp, p.
7 ; extrait.
,308.
I2S-8.
Jean, sire
de Joinville, don:,e une charte
d'affranchissement aux habitant.s
de Joinville.
Collin, Tablettes liistoriiiuc- do Juinvilli/,
h'i ; d'après les Archives de la ville de Join-
ville. !?rand carfulaire de Jean de Juinville,
fol. 72, V".
1.309. — 1258. — Henri de
Vergy, sénéchal de Bourgogne et
sire de A'iirebe.iu, constate et ap-
prouve, comme suzerain, la dona-
tion de la dime d'Orbigny-au-
Mont hnte à l'abbaye de Beaulieu
par Guillaume de « Genevrères ».
(En français.)
A. Du Chesni'. Ilisl. de U maison de
Verçy, Pr. p. 1!)7 ; ex orii,'in. in aicliiv.
abbat. Belli Loci.
fsrrr/uigin,. Tab. rlir . VI. :;;;;i.
1.3T0. — 1258 (v. st.), 13
janvier (lundi de l'octave de l'E-
piphanie)^ Troyes. — Thibaud V,
comte de Champagne, constate
que Jean, seigneur de Château-
villain, autorise Jean, châtelain
de Noyon, à donner à l'église du
Jardin (près Pleurs, Marne), une
grange et ses dépendances que
Jean de Loisy tenait dudit sei-
gneur de Chateauvillain dans la
chàteilenie de Pleurs.
Original. Bib. nat., collect. Ciiamp. T.
I.tI, p. 1.5. — Lex, Martyrologe et chartes
de N.-D.-du-Jardin-lès-Pleurs, n» 7. —
Calalnuue acte- des comtes de Champ , n"
31 H'.
1.311. — 1259, mai. — Noci-
372
RÉPERTOfHE HISTORIOUE DE LA HAUTE- Al aRNE
las, évè]ue de Troyes, rapporte
une transaction intervenue entre
Louis, curé de Brienne-la-Vieille,
et Jacques, prieur de Brienne,
concernant les dîmes et oblations
de cette paroisse.
Lalore, Princip. carlul., IV. 23:i ; d'apic?
2' cartul. Montier-en-Der, fol. 13, r».
1.312. — 1259, 18 juin (mer-
credi avant la Nativité de S.Jiîan-
Baptiste). — Nicolas, évèque de
Troyes, déclare que Louis, curé
de Brienne-la-Vieille, a reconnu
avoir reçu du prieur de Brienne
[-leChâteauj tout ce que ledit
prieur avait dans les dîmes de
Bricnne-la-Vieille, avec la grange
aux dîmes, pour en jouir sa vie
durant moyennant 40 livres de
provenisiens par an.
Lalore, Princip. cart., IV. 'SXi : li'ap. '2'
cartul. Monlier-en-Der, fol. 12. v.
1.313. — 1259, 29 novembre
(veille de S. André, apôtre). —
Jean, sire de Choiseul et d^Aigre-
mont, approuve le traité hait par
.■\ubeit Boilée, son homme, avec
Thibaud, comte de Bar, de tour
ce qu'il avait ù Serocourt (Vos-
ges). (En français.)
.V. rie Wnilly. Actes en langue vulgaire
du xm* s. de la oollect. Lorraine (Notices et
exlr. de? ms. ,\XVI1I. 63) ; dap. tome 85,
n» 190.
1.314. — 1259, décembre. —
N.^ évéque de rroyes, rend une
sentence entre l'abbaye de La
Chapelle-[au\-Planches"] et Raoul,
cuié de Joncreuil, concernant les
réparations des granges a. :x dîmes
de Joncreuil, Biilly-le-Franc et
Outines.
/,a/o)'e, l'rincip. cartul , I\', ô7 ; dap.
oris. Arcli. Haute-Marne, et cartul. La Cha-
pelle, fol. 21. r" et V" addit. '.
1.315. — 1260, mai. — .Ma-
nassés de Rethel, chevalier, sire
de Bourcq (Ardenncs) et de Beau-
tort (auj. Montmorency, Aube),
approuve un don de dîmes à I on-
geville tait à l'abbaye de La Cha-
pelle aux-Flanches par Oger de
Norrois (.Marne) et Jean de Nor-
rois, son tVère. (En français.)
I.ninrc. Princip. carlul., IV. ."-.O ; d'ap.
cartul. La Chapelle, fol. 23, r".
1.316. — 1259, mai. — G,
évèque de Langres, fait savoir
qu'il a donné à cens, moyennant
deux sous, monnaie de Dijon, à
Lambert, fils de feu Jean de
Chàtillon, chevalier, une maison
que tenait autretois Lambert,
chevalier^ aïeul dudit Lambert,
sisf près des murs dudit Chàtillon.
A. Du Chosnc. lli>t. de la maison de
Cbàtillon-?ur-Marne, Pr. p. 2 ; extr. du
liv. àe% fiefs de l'église de Langres.
, JSri-quigiuj, Tal.. chr.. VI. .343.
1.317. - 1259, juillet. —
Jean, sire de JoinviUe, approuve
le don que Marguerite de Beau-
mont, sœur de Robert de Join-
viUe, sire de Sailly, a fait aux re-
ligieuses de Benoitevaux, de ter-
res sises à Bétoncourt.
J. Shnonnet, Treize chartes inédites de
.Jean, sire de .loinviUe I Mémoires de l'Acadé-
mie de Dijon, 1.S74, p. 265, n" 2).
1.318. — 1259. 15 décembre,
Nogent. — Thibaud V, comte de
Champagne, confirme la charte
accordée aux habitants de Chau-
mont-en-Bassigny^ en mars 1228
(V. st.), par son père Thibaud IV.
Lu Thaumassiisrc. Coutume de Berrv,
429.
Cat. actes des C" de Champ., n" 317".
1.319. — 1259, décembre,
Meaux. — Thibaud V^, comte de
Champagne, confirme la charte
accordée par Tliibaud IV (en juin
1235) aux habitants de Nogent-
en-Bassigny.
OrdonnaIlCc^, VU. 4(J0. — J'islollct de i''-
L'erjeiix, dans : Mém. de la Soc. hist. et
archéol. de Langres, I 21.
Cat ar-les ries Cointi's di' Champ. , n"3179.
1.320. — 1259. — .Aubert,
sire de Darney, fonde son anni-
versaire à -Vlorimoiid, et donne à
cet etict, aux religieux de cette
abbaye, la paisson pour 200 porcs
dans ses bois, la vaine pâture
pour leurs brebis, e'c. (En fran-
ç.iis.)
Dubois, Hist. de Morimond. 1" édition,
420 ; 2" édition. 470 ; fragm.
1.321. — 1257. — Geoffroi,
REPEBTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MAKNE
■3
sénéchal de Bourmont, fonde son
anniversaire à Morimondetdonne
moitié du tiers des grosses dîmes
de Bourmont et de Gonaincourt.
(En français.)
Dubois, lIUl. Je Morliiioiul, 1"" rdilion,
420 ; 2' éililinn, 470.
1.322. — 1259, samedi 27
septembre. — Pierre de Jaucourt,
sire de Dinteville, cède aux reli-
gieux de Longuay pairie de la
dîme d'Ormoy. (En français.)
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., V.
178, d'ap. Anli, Hautf-Marue. <;iilul. I.ou-
iruav, fol. 50.
1.323. — 1259, octobre. —
Thibaud, comte cJe Bir, tonde le
chapitre de Bourmont.
(Pièces et Mùmoiies contre l'uuion du cha-
pitre de Bourmont au oliapitre noble de Pous-
?ay (1761), p. 48.)
1.324. — 1259. octobre. —
Jean, sire de Châteauvilbin,
asseoit sur sa vente de Chàteau-
villain quarante sous donnés par
son père Simon aux religieux de
Longuay, pour son anniversaire.
(En français.)
E. Petit, Hist. des ducs de liowf).. V.
179, d'ap. Arcli. Haute-Marne, cartul. Lon-
!;uay, fol. 72.
Î.325. — 1259 (v. St.). jan-
vier. — Jean, sire de Chateauvil-
lain, Lonlîrme le legs tait par son
père Simon, sire de Chdceauvil-
Jain, aux frères du Reclus, de
toute la partie qui lui appartenait
dans le bois de Chambellam. (En
français.)
A. Du Cltesne, Hi~t. de la maison de
Broyés et de Chàteauvillain, Pr. p. M :
extr. du cartul. du Reclus.
Bi'éqtdgny, Tab. clir., VI, 35G.
1.326. — 1259 (v. st.), 9 mars.
— Pardevant 1 otticial de Toul,
Geoffroi de Varennes, écuyer, fils
de feu Jean de Varennes, cheva-
lier, reconnaît être devenu l'hom-
me de Thibaud V, comte de
Champagne, pour 10 livres de
rente que ledit GeofFroi possède à
Maxey-sur-Vaise, et pour 10 au-
tres livres de rente que tiennent
dudit Geoffroi, au même lieu,Ga-
rin de Domremy, chevalier, et
Etienne de Brion, écuyer. Geof-
froi fera chaque année la garde au
château de Coifl'y.
Teulel, Layettes, n° 4585.
Cat. actes des comtes de Champ., n" 3182.
1.327. — 1260, juin. — Jean,
sire de Chàteauvillain, fonde,
dans la chapelle de son château de
Chàteauvillain, dix prébendes qui
seront à la collation du seigneur.
(Gallia : juillet.)
A. Du Clies)(e, Ilist. de la maison de
Broyés et de Chàteauvillain, Pr. p. H4 ; ex
archive ecclesie colle;;-. Gastrivil. — Gall.
christ, nova, IV, instr. col. 210; ad inen-uni
julium ; ex arohivo epiicop. Lins;.
liréquigny, Tah. dir., VL 361.
1.328. — 1260, septembre.
Ramerupt. — Je.in, comte de
Briennè, rend à Tabbaye de Mon-
tier-en-Der l'hôpital de Brienne,
qu'il avait fait saisir.
Lalore, Princip. cartul. IV. 233; d'a|i. 2'
cartul. Montiei-en-Der, fol. 12, r».
1.329. — 1260, septembre. —
.Thibaud, comte de Champagne,
et Guillaume, abbé de Moléme,
donnent une charte d'alTranchis-
sement aux habitants de Coifîy.
A. Bonvallet, La Précôté royale de
Coiffy-le-Chàtel, dans Revue de Champ, el
Brie, 1894, p. 867.
1.330. — 1260^. septembre. —
Gui^ évéque de Langres, promul-
gue, en la ratifiant, une charte
d'atiVanchissement accordée aux
habitants de Moléme par Gui,
abbé dudit Moléme.
Original, Aich. Cotc-d'Or, fonds Molëme.
Gcrnner, Chartes de commune et d'affran-
chissement eu Bourgogne. Il, .lOS.
1.331. — 1260 (v. St.), jan-
vier. — Jein, comte de Bourgo-
gne, sire de Salins, déclare que
Gaucher de Commercy, sire de
Chàteauvillain, et Henri de Com-
mercy, son trère. sire de Montre-
vel, ont fait hommige à Laure,
femme dudit comte de Bourg :>-
gne.
(jnilldUine. ilist. ^énéaloi; . des sires de
Salin-, I. Pr. p. 177.
1.332. — 1261^ mai. — Gau-
tier, sire de Vignory, avec l'as-
sentiment de sa temme Isabel.eet
RERERIOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
de sa fille Jeanne, donne au
prieuré de Sainc-Etiennc de Vi-
gnory l'usage entier dans tous ses
bois.
Péi'nrti. Rpoueil, p. -Iii9 : ex oaitul. S-
Beniiini Divioii. — J. d'Arbaiduont, Cailu-
I. lire du prieuré de S'-Etienn.! de Viarnorv,]i.
63.
Bréquigny, Tal.. clir., VI. 'JNl.
1.333. ~ 1261, juillet. —
Jean, sire de Joinville, déclare
que les religieux de Boulancourt
l'ont associé au partage des amen-
des et des forfaits de leur bois
des Conver^ (En français.)
A. Hospvol. Seize chartes urtyinalesiné-
ililes ,te Je.in '/-• .lunirilie. p. 1, n° 1.
1.334.. — 1261. octobre. —
Jean, sire de Joinville, approuve
la cession par Guillaume de Join-
vi'le, son frère, doyen de Besan-
çon, au chapitre de Joinville, pour
son anniversaire, de tout ce qu'il
avait acquis à Charme-en-r .An-
gle. (En français,)
J . Simoniicl, E^s:li sur les ^ire^ de Join-
ville, 221 ; d'ap. Arch. Haute-Marne, liirlul.
de S'-Laurent de .loinville, n" V.
1.33). — 1261, octobre. —
Jean, sire de Chàteauvillain, che-
valier, et sa femme Jeanne, don-
nent à l'abbaye de Saint-Denis
tout l'usage qu'ils avaient dans
les bois de ladite abbaye, au ter-
ritoire de « .Mahanc >;.
A. Du Chesne, lli*l. de la maison de
Vergy, Pr. p. 35 ; excartul. abli. S. Dyonisii.
Brrquigny, Tal). ctir.. Vl, ;{8.t.
1.336. — 1261, II décembre
(dimanche après S. Nicolas). —
Jean, sire de Joinville, atteste la
donation par Gautier, sire de Rey-
nel, à l'abbaye de Vaux-en-Or-
nois, du moulin de Liméville.
(tn français.)
.V. lie Wiiilly, Recueil de chartes orisçina-
les de Joinville, en lanirue vuliiaire (Bibl.
Keole des Chartes, (!' série. 111, r)(iO. pièce D);
d'ap. Arch. de la Meuse, alihave des Vaux. K,
Ut.
1.337. — 1 261, décembre. —
Jean^. sire de Join"ille, tait un
accord avec lestempiier.sdeRuetz,
concernant le moulin de Hetour-
nesac, à Chevillon, etc. (Kn la-
tin.)
A. Hûserol, Seize chartes <irif/iii(ile,i iiié-
ilites (le Jean de Joinville, |i. 1, n° 11.
1.338. — 1262, mai, — Jac-
ques, abbé de N.-D. de Châtillon-
sur-Seine, déclare que Jean, hom-
me d'armes, fils de feu Jean de
Châtillon, chevalier, a reconnu
tenir en lief de l'évèque de Lan-
gres une maison sise à Châtillon
en la rue du Bourg, près de la
maison de Bladet.
A. ]tu Chesne. llist. de la maisun do
(!;liiUillon-sur-Marne, Pr. p. 2.
/Iré(iiiir/ny, Ta|p. chr.. VI. H9K.
1.339. — 1262, juin. — Jean^
sire de Joinville, approuve une
transaction intervenue entre l'é-
glise de Saint-Mansui de Toul et
GuilLiume de Hauteville, écuyer,
concernant trente setiers de blé
donnés par Henri, père dudit
Guillaume, à prendre sur les dî-
mes de LyséviUe et de la Neu-
ville. (En français.)
X. de Vi'ailly, Recueil de chartes oriiii-
nales de Joinville, en langue vulcaire (Bibl.
Ecole des Chartes, 6'^ série, III, 560, piéceE);
d'ap. Bib. nat., coUect. Lorraine, t. 397,
pièce 9.
1.340. — 1262, novembre. —
Transaction entre les religieux de
Beaulieu et ceux de Bèze, concer-
nant les dîmes de Rougeux.
Jiri/f'aut. Hist. du Fayl-Billot. 304. note 1
1.341. — 1262, décembre. —
Etienne, fils de Jean], comte de
Chalon-sur-Saône, ayant épousé
Jeanne, fille de feu Gautier II,
seigneur de Vignory, h'.it hom-
mage-lige à Thibaud V, comte de
Champagne, du chàteiiu de Vi-
gnory, et reconnaît que ce châ-
teau est jurable et rendable à Thi-
baud. (En français.)
CUantereau, Traité des hefs. II, 250.
Cat. actes des C'- de Champ., n» 32»5.
1.342. — 1262 (v. .st.j, fé-
vrier. — Lettre de 'J'hibaud. su-
périeur de Tordre du Val-des-
Choux, à l'évèque de Langres,
par laquelle il lui demande de
confirmer l'élection d'Henri com-
me prieur de cette maison.
./. i-'e/i/. TheodorI po'i)itenll;ilc. Il, til'.t.
Bréquigny. T.1I'. chv . VI, 4lir).
REPERTOIRE HISTORIQUE DK LA HAUTE-MARNE
1.343. — 1262 (v. st.j, jan-
vier. — Jean, sire de Joinville,
et Alix de Keynel. sa femme,
donnent à l'abbaye de La Crète
tout ce qu'ils avaient à Cirey-lès-
Mareilles, en échange de ce que
l'abbaye avait à Bcconcourt. (En
français.)
:V. dv Vii'aillji, Heouftil àc cliaite? oriiri-
uale? lie Joinville, pu langue vulgaire (Bibl.
K<'ole des Cliarle?, G'' série. 111, ôGl, pièce E
Itis) ; d'ap. Bib. nal., coltecl. Chanipaïno.
vol. 152, pièce 47.
1.344. — 1262 l'v. St.), j.Ul-
vier. — Jean, sire de Joinville.
et Alix de Reynel, sa femme,
donnent en échange à l'abbaye de
La Crète ce qu'ils avaient à Ci-
reylès-Mareilles contre ce qu'elle
avait ù Bétoncourt. ;^En français.)
A. Roserot. .SVi'je chnrteg originales inr-
dites de Jean de. Joinville, p. 3, n" III.
Texte sensiLlenifUt ilillérent de celui de la
cliarte précédente.
1.34). — 1262 (v. St.), jan-
vier, ù Montier-sur-Saulx. — Jac-
ques, abbé de La Crète, et Jean,
sire de Joinville. font un échange.
Jean cède à l'abbiye tout ce qu'il
possède iV Cirey - lès - Mareilles,
moyennant 200 livres de provi-
ji.ois forts, sauf l'estimation de
deux arbitres, et l'abbaye lui cède
tout ce qu'elle a à Bétoncourt,
sauf l'estimation des mêmes arbi-
tres. (En français.)
Original Arcli. Haute-Marne, La Crète,
2' liasse. 15' dossier. Cire;/.
-V. de \Vailly, Recueil de chartes nriiiina-
les de Joinville, en lan£;ue vulgaire (Bib.
Ecole des Cliartes, 6* «érie, III, OÔT, pièce K
ler) ; d'ap. Bib nal., cnllect. Cliauipapne.
vol. 152, pièce n" Is.
1.346. — 1262 (v. St.), mars.
— Jean, sire de Joinville, et Alix
de Reynel, sa temme, font avec
l'abbaye de La Crète une conven-
tion relative au même échange.
(En français.)
iV'. de Waitly. Recueil de chartes origina-
les de Joinville, en langue vulgaire (Bib.
Ecole des Chartes, ô' série. 111. 502. pièce E
qu(iter); d'ap. Bib n.it.. coUect. Champ.,
vol. 152. pièce 511.
1.347. — 1262 (v. St.j, mars.
— Jean, sire de Joinville, ap-
prouve l'engagenieiit pris par Au-
bert de Ragecourt et son fils Jean,
de servir à l'abbaye de .Monticr-
cn-Der une rente d'un demi-muid
de blé dans la grange de cette
abbaye, à Ragecourt[-sur-Blaise^.
(En français )
.V. '/(' WaiUy, Recueil de chartes origina-
les do Joinville, en langue vulgaire (Bib.
Ecolo des Charles, G" série. 111, 5C:!, pièce Kj;
d'ap. orig. Arch. Haute-Marne, fonds .Montier-
en-Der, liasse '.•l, 2° partie. — J. Simonnet.
E-:sai sur les sires de Joinville, 215 ; d'a|i.
2'^ larlul. Montier-en-Der, fol. 71, v».
1.348. — 1262 (v. st ), mars.
— Jean, comte de Bourgogne et
sire de Salins, tait savoir qu'E-
tienne, fils du comte de Chalon-
(sur-Saône), et sa femme, fille du
seigneur de Vignory^ ont déclaré
tenir la terre de Vignory de Thi-
baud V, roi de Navarre et comte
de Champagne. (En français.)
Chantcrflait. Traité des liefs, 11. 250.
Ilvéquifinij. Tab. chr.. VI, Klfi.
T. 349. — 1262 (v. St.), mars.
— Jean [de Chalon], comte de
Bourgogne, père d'Etienne, sei-
gneur de Yignory, approu\e la
charte de son fils, de décembre
1262. (En français.)
CItantereau, Traité des liefs, II, 250.
Cat. actes des C'* de Champ., n" 329:î.
1.350. — 1262 (v. St.), mars.
— Gui, évéque de Langres, rap-
porte la charte d'Etienne, fils de
I JeinJ, comte de Chalon, de dé-
cembre 1262 (ci- dessus). Gui dé-
clare qu'il excommuniera Etienne
de Chalon et Jeanne de "Vignory
si dans les quarante jours de la
sommation ils ne rendent pas à
Thibaud V, comte de Champagne,
leur château de Vignory. (En
français.)
J. il'Arljaiimo)tl, Carlul. île Vi^-norv, 260 ;
d'ap. Arch. nat.. orig. J. 193, n» '.i'J. — Cat.
des actes des C" de' Champ.. 11" :î2'J5.
1.351. — 1263, 2 mai (lende-
main de mai entrant). — Robert
jde Joinville], sire de Sailly. se
reconnaît homme-lige de Thi-
baud, comte de Bar, avant tous
autres, après le sire de Joinville,
et reprend en fiel de lui cinquante
livrées de tirre à Maxey et à Ro-
zières.
/,. Le Merciir de Morièrr-s. Chartes et
37Ô
RÉPERTOIRE HlbTOHlQUE DE LA HAUTE-MAUNE
«ceaux de Jenn, ?ire Je Joinville, et de Ro-
bert, sire de Saillv (Bulletin du Comité des
Travaux hisloriq. et scienliliq. Section d'ar-
chéolosio, lf<8-l. p. I8O1 ; d'ap. orig. <ci'lle,
Arch. Meurtlie. B. 722. n» '.'U.
I . j 52. — 1 26^,, dimanclie après
rinveiuion de la Sainte Croix (6
mai). — Etienne, fils de Jean,
comte de Bourgogne et sire de
Salins, et Jeanne, femme diidit
Etienne, fille de feu Gautier, sire
de Vignory, reconnaissent avoir
reçu dudit Jean, leur père, 12.000
livres tournois qu'ils ont payées à
Thib.iud, comte de Champagne,
pour délivrer leur terre de Vi-
gnory, etc.
Giiillonme. Ilisl. çriu-alos
Salin^. I. l'r. n. \'.K\.
■s de
t. 3^3. — 1263, mai. — Jean,
sire de Joinville, atteste une tran-
saction passée entre Simon, cheva-
lier, de Flammerécolirt, et Geof-
froi, abbé de Saint-Urbain, con-
cernant les dîmes du Breuil. (En
français.)
J. Simoimet, Essai sur le? sires de Join-
ville, 199; d'ap. Arch. Haute-Marne, carlul.
de S<-Url.ain, II, fol. 115.
1.354. — 1263, juillet. —
Jean, sire de Joinville, et sa
femme Alix, fille de feu Gautier,
sire de Reynel, vendent à Thi-
baud, comte de B.Tr[-le-Ducl, plu-
sieurs livrées de terre que ledit
comte était tenu d'asseoir au sire
de Reynel. (En français.)
J. Simoniiel, Essai sur les sires de Juin-
ville, 229; d'ap, Arch. Meurtlie. — /.f iiii'-ine.
'Ireize chartes inédites, etc., n" :!.
1.355. — 1263, 10 aoiit /jour
de S. Laurent), — Jean, sire de
Joinville, fait hommage à Thi-
baud, comte de Bir, pour Mon-
tier-sur-Saux et dépendances, la
garde de l'abbaye d'Ecurey, ce
qu'il a à Boncourt, Ribeaucourt,
Juvigny et Bure, et la garde de ce
que l'église de Saint-Mihiel pos-
sède dans ces localités, (En f-r.Tn-
çais,)
J . Simonnet, Treize chartes inédites de
Jean, sire de Joinville (Mém, Acad. de Dijon,
1874, p. 267, n» 4). — Jdeni. Essai sur les
sires de Joinville. 227 ; d'ap. .\rohiv. Meur-
tbe.
1.356. — 1263, septembre, —
Simon, seigneur de Clefmont, a
repris de Thibaud V, comte de
Champagne, les tierces d'Esnou-
veaux, Forcey, Menouveaux et
Cuves, En échange, il a cédé à
Thibaud la mouvance des fiefs te-
nus de lui : 1° à Dammartin et
Malroy, par Renier, seigneur de
Bourbonne 5 2" à Récourt, par
Guillaume de Récourt ; 3" à Lou-
vières, par Gautier et Odot ; 4" la
mouvance du fief de Changey.
Enfin, Simon a fait hommage à
Thibaud de ce qu'il tenait à Dail-
lecourt. (En français.)
Chantereaii, Traité des liefs, II, 25"J.
Cat. actes des C^''* de Champ., n" ol'.l'.i.
1.357. — 1263, 22 octobre
(lundi après S, Luc). — Jean, sire
de Joinville. atteste qu'en sa pré-
sence Robert [de Joinville. sire]
de Sailly, s'est reconnu homme-
lige du comte de Baf après le sire
de Joinville, et a repris en fief,
dudit comte, cinquante livrées de
terre à Maxey et a Rozières. (En
français,)
Le Mercier df Morière, Chartes et
sceaux de Jean, sire de Joinville, et de Ro-
bert, sire de Sailly (Bulletin du Comité des
Travaux historiques et scientiliques, section
d'archéologie, année 1S84 (18S5), p. 4SI i ;
d'ap. oriL'. scellé. .\rcU. Mcurlho-el-Moselle,
B. :-2-2. a" 24.
1.358. — 1263, novembre. —
Testament de Bernard, curé de
Vicq.
Bri/piiit, Hist. de Vicq (La llaute-iMarne,
Revue champenoise, 209); d'ap. Arch.
Haute-Marne, prieuré de Varennes, i' lia^^se.
1.359. — 126), décembre; à
Joinville. — Jean, sire de Join-
ville, déclare avoir obtenu de
Geoiiroi, abbé de Saint-Urbain,
l'autorisation d'établir une cha-
pelle dans la Maison-Dieu de Join-
ville, sous la réserve des droits de
Saint-Urbain et de l'église parois-
siale de Joinville. (En français.)
-Y t/c M'ailiy, Recueil de chartes orii^lna-
les de Joinville, en langue vulgaire (Bih.
Ecole des Chartes, G« série, III, 5til, pièce
G I ; d'ap. orig. (scellé) Arcii. Haute-Marne,
chapitre de Joinville (auj, fonds S'-Urbain,
16» liasse.)
Chezjean, Notice historique sur Jean,
sire de Joinville (1853, p. — Fériel,
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE-MARNE
377
iXoti's et ilncumeiils pour xi'rvir à l'hisloire
de Juinrille (1800, p. '■>. et La Haute-
Marne, Heriie chaiiipeiioise (^18501, p. 2S:!.
1.360. — 1263 (V. St.). jan-
vier, à Dommartin-le-Franc. —
Jean, sire de Joinville, Viard de
Nogeiic, bailli de Chaumont, et
Girard, prévôc de Ligny, attestent
que Raoulin. dit NaindeTrivière,
a vendu à l'abbaye de iMontier-
en-Der ses possessions d'Epothé-
mont (Aube). (En français.)
./. Shnonnet, E>*;ii sur le? sires de Juiti-
ville, 21t) : d'ap. Aicli. Haute-Marne, "J' car-
tul. Montier-en-Der. fol. 77. t°.
1.361. — 1264, avril. — Ma-
nassès, c jmte de Rechel, confirme
le don fait par Garin, écuyer, fils
de Renier de Villeret (Aube), à
l'abbiye de La Chapelle-aux-
Planches, de la partie du cours de
la Voire qu'il avait entre l'eau de
Boulancourt et La Chapelle-aux-
Planches. (En français.)
Oris. Arcli. Haute-Marne.
Lalore. Princip. cartul.. IV, 60; d'aji.
cartul. La Chapelle, fol. 25, V.
1.362. — 1264, i""" mai. —
Jean, doyen de la chrétienté de
Margerie iMarnei. déclare que
Garin de Villeret (Aube) a vendu
à l'abbaye de La Chapelle-aux-
Planches ce qu'il avait dans le
cours d'eau de la Voire, entre
l'eau de Boulancourt et La Cha-
pelle-aux-Planches.
Oriï. Arcb. Haute-Marne.
Lalore, Princip. cartul., IV. fiO ; d'ap.
cartul. La Chapelle, fol. 25. r".
1.363. — 1-64, juillet. —
Jean, sire de Joinville, atteste
une transaction intervenue entre
Jean de Narcy, chevalier, et les
Templiers de Ruetz, pour la déli-
mitation de leurs propriétés.
/. Shnonnet, Treize chartes inédites de
Jean, sire de Joinville 'Mém. Académie de
Dijon, 1S74, p. 269. n" ô.
I 364. — 1264, juillet. —
Jean, sue de Joinville, et sa
femme .Alix, d'une part, et l'abbé
de Sain:-Urbain, d'autre part,
font une transaction, sous l'arbi-
trage de Guerri, curé de Saint-
Dizier, et de Thierri d'Amele,
chevalier, portant notamment re-
connaissance des droits d'usage
de l'abbaye dans la forêt de .Via-
thons, et certaines restrictions des
droits prétendus par les sires de
Joinville sur les hommes de St-
Urbain. (En français.)
-V. de Wail/i/, Recueil de chacles ori^'ina-
les de Joinville, en langue vulgaire (Bib.
Ecole des Chartes. 6' série, III, 505, pièce
11); d ap. Arcli. Haute-Marne, Saint- L'rbain,
lO'' liasse.
1.36). — 1264, novembre; à
Saint-Urbain. — Jean, sire de
Joinville, et sa femme .Alix, cè-
dent à l'abbaye de Montier-en-
Der, avec le consentement de
leurs fils Jean ec GeofTroi, tous
les biens ayant appartenu à .An-
dré de Dommartin et à ses en-
fants, dans le Blaisois. (En fran-
çais.)
-Y. de WaiUij, Recueil de chartes origina-
les de Joinville, en laniïue vuli;aire (Bib.
Ecole des Chartes, G' série, III, 5G9, pièce I);
d'ap. Arch. Haute -Marne, Saint-Urbain {li-
sez : Montier-en-Der), 37* liasse. 3» partie :
orig. (scellé 1.
1.366. — 1264 (v. St.), fé-
vrier. — Helvide [de Joinville],
dime de Kaucogney, vicomtesse
de Vesoul, acquiert le meix Bon-
vallet, à Mo.'itigiiy (Haute-Saône),
sur Mathieu, liis de Clément de
Saint-Loup.
Bibl. de l'Ecole des Chartes, 1876, p. 533.
— Bulletin de la Société d'Agriculture,
Sciences et Arts de la Haute-SaOne, 3* série,
n° 7, p. 171 ; d'ap. Arch. Haute-Saône. H.
S94.
1.367. — 1264 (v. St.), mars.
— Jean, sire de Joinville, accorde
aux hommes de l'abbaye de Saint-
Urbain, habitant à Charmes, etc.,
sous certaines conditions, des
droits d'usage et de pâturage dans
la iorct de Mathons, moyennant
une redevance de 20 setiers d'a-
voine et d'une poule par chef de
maison. (En irrançiis.)
-V. de M'ailly, Recueil de chartes orisina-
les de Joinville, en langue vulgaire (Bib.
Ecole des Chartes, 6' série, lll, 573, pièce
J) ; d'ap. Arch. Haute-Marne, S'-Urbain,
liasse Iti.
1.368. — 1264 (V. St.), mars.
— Uthon, doyen, et le chapitre
de Langres, reconnaissent qu'ils
n'ont aucun droit de patronage
378
REPEKTOIRK HISTORIQUE DE LA HAUTE MARNE
sur i'église de « Furviacuin »,
diocèse de Langres, et déclarent
que ce droit appartient au chapi-
tre d'Auxerre.
Lebeuf. Hist. il'Auxeno. II. l'r. [>. '.'sO :
ex tabulis eocl. Auliss.
Bréquiguy, Tali. t-lir., VI. lITi.
1.369. — 1264 (v. St.), I*"""
avril (mardi après Mi Carême). —
Jean, sire de Choiseul, déclare
qu'Isabelle, dame de Jouvelle
(Haute-Saône), ayant donné à
Thibaud, comte de Bar, la mou-
vance des deux fiefs de Thons
(Vosges) et de celui d'.Ainvelle
(id.), lesquels il tenait d'elle, il
les a repris en fief dudit comte.
(En français.)
iV. de Wailly, Chartes on langue vulsairo
du .Mil' s. de la collect. Lorraine (Notice? et
exlr. des mis. X.WIIl, 7(i| ; dai. louie 982
n» 10.
1.370. — 1265. 13 juillet, —
Guillaume, seigneur de Deuilly,
ayant donné à son fils GeofiVoi le
fief qu'il tenait de Thibaud V,
comte de Champagne^ en argent
sur les foires de Troyes et de
Bar-sur-Aube. et en terre à La
Ferté-sur- Aube, prie Thibaud de
recevoir l'hommage de Geofîroi.
(En français.)
Bibliotli. Ecole des Charles, 1" série, IV,
170.
Cat. actes des C"^ de Champ., n" 336").
r.371. — 1266, avril. — Ac-
cord entre Jean, seigneur de Se-
mur-en-Hrionnais et de Château-
villain et les religieux de Marce-
nay.
A. JJu Chesiie, Ilist. de la maison de
Broyés et de CliàteauTillain. Pr. p. 35 ; ex
lartul. Cluniac.
Bféquigny, Tali. rlii . VI. 180.
1.372. — 1266,21 mai, '< Fes-
sez ». — Thibaud V, comte de
Champjgne, prie saint Louis de
se déclarer incompétent pour ju-
ger une contestation pendante
entre Jean de Joinvilie et l'ab-
baye de Saint-Urbain, touchant la
garde de cette abbaye. (En fran-
çais.)
Ucc des Misl. de Kr., XX, 291. note. —
Didot, Mém. de Joinvilie. 214.
Cal. arte« df< C" de Champ,, n" 33SS.
1.373. — 1266, juin. — Jean,
sire de Joinvilie, sénéchal de
Champagne, déclare tenir de l'é-
glise de Toul, Sailly et la chatel-
lenie. (Eu français.)
Benoit Picard. Ilist. de Toul, 113 ; IVa°m.
Bréquif/iiy, T.iIj. ilir.. \'l. 18j.
1.374. — 1266, 22 août (oc-
tave de l'Assomption). — Com-
promis entre les religieuses de
Jully[-sous-Ravières] et Othon,
doyen, et le chapitre de [ angres,
pour le droit de gîte ù JuUy.
Jobiii. Ilist. du prieuré de Jully-les-Non-
nains, 293 ; dap. oriç. Arcli. Yonne, prifcuré
de Jully, H.
1.375- — 1266^ 27 août (ven-
dredi avant la décollation de S.
Jean-Baptiste). — Jean, sire de
Joinvilie, et l'abbé de Saint-Ur-
bain, choisissent, pour viderleurs
différends. Henri, abbé de Bou-
lancourt, et André, doyen de la
chrétienté de Bar-sur-Aube. Si
leur sentence n'est pas rendue
avant la Saint-Remi. l'arbitrage
appartiendra à Guerri, curé de
Saint- Dizier, à ch,;rge de 500 li-
vres contre la partie contreve-
nante, et sous les cautionnements
des sires de Vaucouleurs et de
Sailly, etc. (En 'français.)
iV. de M'ailty, Recueil de chartes origina-
les de Joinvilie, en lanj^ue vulgaire (Bih.
Ecole des Chartes, 6* série, III, 573, pièce
Kl ; d'ap. Arcli. Haute-Marne, fonds Saint-
UrlJain, liasse 15.
1.376. — 1266, 19 octobre
(lendemain de S. Luc, cvangé-
liste). — Jean, sire de Joinvilie,
cède à l'abbaye d'Ecurey la grange
de Bailly et dépendances ; lui ac-
corde des droits sur les eaux de
Montier-sur-Saux, etc. (En fran-
çais.)
iV. de Wniliy, Recueil de chartes origina-
les de Joinvilie, en langue vulgaire (Bib.
Ecole des Charles, ti* série, III, 575. pièce
L) ; d'ap. Arch. Meuse, abbaye d'Ecurey,
ï-377- — 1266, octobre. —
Jean, sire de Joinvilie, approuve
une vente faite aux religieux des
Vaux - en - Ornois (aujourd hui
Evaux), par son cousin Geoffroi,
sire de Bourlémont. (En fran-
çais.)
REPERTOIRK HISTOKIOUE Db; LA HAUTK-MAHNK
379
A. Roseiot, dans les ArcUines liislorkjties
et lilU-raires, I (lK90i, p. 191, d'ap. oriçl-
nal, sri'llé, Arcli. Meu^p, l'omU Kvaux.
1.378. — 1266, 10 novembre,
à Jomville '^veille de Saint-.Mariin
d'hiver). — Jean, sire de Join-
ville, recomuit que l'autorisation
qu'il a reçue du chapitre de Join-
ville de faire dire la messe dans
son château pendant qu'il est re-
tenu par la tievre qu.uce, ne peut
porter préjudice au privilège de
cette église.
Chninpollion, Uocuinenls iiiedlU sur Jeun
(If Joinvdie ^Doc■u^l. incd. extr. de la Bili.
Kovale, 1 0:'5j ; d'ap. cartul. de S'-Laurent
.l»>'.l«iuviile. n» XI.
1.379. --- 1266^ novembre^
Joinville. — Jean, sire de Join-
ville, donne au chapitre dudit
Joinville 42 sous de rente à pren-
dre sur les .Arpents de Joi'ivillo,
pour l'anniversaire de son trère
(jeotTroi de Joinville, sire de
Vaucou leurs, avec service « et à
sa mort et à .«a vie ». (En fran-
çais, j
J. Sitnonnet, Essai sur les sires de Join-
ville. 222 ; d'ap. Arch. Haute-Marne, carlul,
Saint-Laurent dp JoinriUe. a" XIII,
1.380. — 1266, Bourg. — No-
tice que Jean de Vergy, damoi-
seau, tient en fiel: de l'evéque de
Langres, avant tous autres, le
château et le village de Fouvent,
dont il a fait hommage à Bourg.
A. Du Cltesni', Ili-t. de la maison de
Versy, Pr. p. 201 ; extr. du livre des li.-ls
de 1 éTèclié de Lanu'res.
Bréquigiiy, Tub. clir., VI. "lOï.
1.381. — 1266 (v. St.), lojan-
vier. — Jean, sire de Joinville, et
Alix de Reynel, sa femme, con-
tirment le don tait à l'abbaye de
La Crète par feu Gautier, sire de
Reyael, du tiers du moulin qu'iL
avait avec l'abbé de Flavigny,
situé à Himaucourt. (En français.)
A. Roserot. Si'ize chartes originales inr-
dites de Jean de Juinville, p. 4. n" IV.
1.382. — 1267, mai. — Jean,
sire de Joinville, renouvelle « en
roman « la charte de fondation
de Ferrières, dans la forêt de Ma-
rho;,s, charte coiitorme à celle de
Blancheville et mo.ielée sut celle
de Beaumont.
J. Ca''nandet. Note sur Kerriéres el La
Folio (La Haute-Marne, Revue cliuoipenoise.
p. J-12; ; d'ap. copiede 1[)47, aux Andi. comni.
lie Kerrii'res.
1.383. — 1267, 16 septembre
(vendredi après l'exaltation de la
Sainte-Croix'!, entre l.usy et Chaii-
mont. près du Val-des-Ecoliers.
— Thibaud V, comte de Cham-
pagne, fait hommage à l'evéque
de Lringres des châteaux, chàtel-
lenies et dépendances de Bar-sur-
.Aube, Bar-sur-Seine, La Ferté-sur-
.Aube,Chaumoiit-en-Bassigny, No-
ge.it-le iioi, Moi.:i;,ny-le-Roi et
CoilFy ; en présence de Jean de
Joinville, sénéchal de Champa-
gne, Renaud de Bar-le-Duc, etc.
A. Du Chesne, Hist. de la maison de Bar-
le-Duc, Pr. p. ;!0 ; d'ap. Resistre des fiefs de
l'évéclié de Langres. — La Aavalliùre, Vie
du sire de Joinvdle (Mém. Acad. Inscripl.,
\X, :U0). — Cat. ai-tes des C" de Champ.,
n" :u:î2.
1.384. — 1267, 2-^ octobre,
Reims. — Jean, seigneur de Choi-
seul. rapporte et atteste les déci-
sions d'un jugement arbitral que
saint Louis doit rendre entre
Henri . comte de Luxembourg, et
Thibaud, comte de Bar-le-Duc.
(Eu français.)
ChaïUereaii, Traité des fiefs, II, 259.
Cat. actes des C'"« de Champ., n" 3-141.
1.385. — 1267. — Jean, sire
de Joinville, fait hommage au
comte de Bar des terres de .\Ion-
cier-sur-Saux et de la garJe de
l'abbaye d'Ecurey.
La Ravailiére, Vie du sire de Joinville
'.Mem. .Acad. des Inscriptions, .\.\, 340).
Peut-i'tre la même cliarti- que celle du lu
août 12GIÎ. ci-dessus.
1.386. — 1267. — Arrêt du
Parlement de Paris qui refuse au
comte de Champagne la connais-
sance du ditïérend entre Jean,
sire de Joinville, sénéchal de
Champagne, et l'abbaye de Saint-
Urbain.
/ieugnot, Les Oiim, I. KTT.
1.387. — 1267 (v. st.), fé-
vrier. — Guillaume de Vergy et
Lore de Dampierre, sa fe.^)me,
380
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA HAUTE -MA.RNE
préviennent Thibaud V, comte de
Champagne, qu'en conséquence
dun traité conclu entre eux et
[Marguerite;, comtesse de Flan-
dre, le château et la viile deSaiiit-
Dizier doivent appartenir à cette
dernière. Ils prient Thibaud de
mettre .Marguerite en possession.
(En français.)
Du Chesue, Hist. de la maison ilc Vergy.
Pr. p. 199; exlr. du eartul. do Champ. —
l'i^nÙT, Origine de« maison* d'Alsace, etc.,
148; ex eodem eartul. — Diimonf. Corps di-
piomatiq., I, part. 1, p. 2'^(i. — Bn-quigrii/,
fab. ohr., VI. .ô?4.
1.388. — 1267 (v. st.), t"é-
vrier. — Gui, évéquede Langres,
fait savoir qu".André de la Broce.
chevalier, s'est soumis au juge-
ment prononcé par rotiicia' sur
ses contestations avec les religieux
de Réomé (.Moutier-Saint- Jean)
et a renoncé à ce qu'il prétendait
au finage de Ricey.
Houyer. lli>t. moiiait. Ueom.. 2T.S : ex ta-
liular. Keoui.
Bréquif/ny, Tab. clir.. VI, 52-1.
1.389. — 1268, 17 avril,
Beaune. — Thibaud V, comte de
Champagne, donne des lettres de
non-préjudice à Jean de Joinville,
sénéchal de Champagne, qui l'a
servi aux noces et à ia chevalerie
de Philippe, hls de saint Louis,
qui prétend avoir droit de s'em-
parer de la vaisselle, et à qui Ihi-
baud ne peut abandonner cette
vaisselle, puisqu'elle appartient au
roi de France. (En français.)
Rec. des Hisl, de Fr., X.\, p. X.X.WUI,
note. — Mém. Académ. des Iascription<. XX.
:«9. — Didot, Mém. de Joinvilh-, p.'
CXVIII ; ad an. 1242. — Cat. actes de. C"
de Cliamp., n" 3269.
Bréquigny, Tab. chr., VI, 395.
Cet acte a toujours été publié sous la date
de 1262. Voir les raisons de son attribution à
l'année 1268 dans : Deiaborde, Jean de Join-
ville et le» seigneurs de Joinville. catalo-
gue, n° 461.
I 390. — 1268, 17 novembre
(samedi après baint-. Martin dhi-
ver;. — Jean, sire de Joinville,
tait un accord avec l'abbé de St-
L'rbain, à cause du préjudice que
la tondation de Ferrieres avait pu
causer à cette abbaye pour l'usnge
du bois de Mathons. (hn fran-
çais. >
A. Roserot, Si'ize chartes originales in/--
diies (le Jean de Joinville, p. b, n» V.
1.391. — 1269, 9 octobre,
Chatulon-sur-Seine. — Gui, évé-
que de Langres, fait connaîtreun
accord passé entre Hugue, duc de
Bourgogne, et Jean de Montréal,
chevalier, concernant Montréal,
Châtel-Gérard et autres chàtelle-
nies du duc. (En français.)
D. Plancher. Uisl. de Bourg., 11. Pr. p.
32 ; exlr. de la Chambre des Comptes de IJi-
jùii.
Bn'quif/ny, Tab. clir., VI. 552.
1.392. — 1269, octobre. —
Morel, doyen de la chrétienté de
Chaumonr, et Simon, prévôt de
Lusy. attestent une vente faite
par Richard, fils de Marecet de
Verbiesles, et sa temme Jour-
daine, aux religieux du Val-des-
Ecoliers.
Godard. Hisl. et tableau de l'église Sainl-
Jean-Baptistp de Chaumont. 187 ; frasm.
'•393- — 1269, octobre. —
Orri, prieur de Flurey, et autres,
attestent que Simon de Joinville,
sire de Gex. et Fromont de Mont-
terraiif, sire de « Coaindrey »,
arbitres, ont adjugé à Helvide
[de Joinville], vicomtesse de Ve-
soul, après examen des preuves
par elle fournies, les fiefs de Po-
laincourt, Saint - Loup, « Boli-
gney », Hurecourt et « .Anglus »,
prétendus par Otheain de Bour-
gogne.
■/. Simoiniet, Essai sur les sire- de Joiu-
ville, 139; d'ap. Areli. Cnte-d'Or, Recueil
Peincedé, II, p. 670.
1.394. — 1269. — Accord
conclu entre Jean et Milon, sei-
gneur de Saint-.Amand, par la mé-
diation de Marguerite, comtesse
de 1 uxembourg, qui impose au
sire de Joinville une amende de
200 livres tournois.
La Bavnllière, Vie du sire de Joinville
iMém.Acad., Inscript. XX, 338].
I-39)- — 1269 (v. st ), 1 1 jan-
vier. — Valeraii, hls d'Henri,
comte de Luxembourg, fait hom-
mage-hge à Thibaud V, comte de
Champ.Tgne, pour Ligny, Tréve-
ray, Saint-Joire, Demange[-aux-
RÉPERTOIRE HISTORIQUE t)E LA HAUTE-MARNE
381
Eaux], Houdelaiiicourt. Mandres
(Meuse), Abainville, Cirtoiitaines
|-en-Ornois), Fouchères, le îîou-
chon et Savonnières. (Eu t^ran-
çais.)
Chaiiffmaii, Tniilé de- fiof^. H. -'()«.
r.at. actes dos C' de Cliaiii[i., n» ojTô.
Î.396. — 1269 (v. St.), jan-
vier. — Hugue de Rethel, sire de
Beautort, atteste que Jean de
Norrois (Marne) a approuvé le
don de partie des grosses dîmes
de Longeviile fait à i'abb.iyc delà
Chapelle - aux - Planches, par »a
mère Marguerite, dame de Nor-
rois. (En trançnis.)
On;;. Arcli. Haute-Marne.
Laloi't'. Prini'ip. cartul., IV. 0- ; d np. car-
tul. La Chapelle, fol. n, r".
1.397. — 1269 (v. st.), 3 fé-
vrier. — Henry, comte de Ros-
nay, vend à l'abbaye de Montier-
en-Der la rue de la Chapelle, à
Droyes. Prix, 500 livres deprove-
nisiens forts.
Lalore. Primip. cari., IV, p. 2;{5 ; extrait.
Cat. acte? des C'* de Cliatnp.. n" 3584.
1.398. — 1269 (v. St.), % fé-
vrier (lundi, veille de la Purifica-
tion). — Thibaud V, comte de
Champagne, approuve la charte
qui précède.
Lalore, Princip. cart., IV, p. 236 ; extrait.
Cat. actes des C" de Champ., n" !5585.
1.399. — 1269 (v. St.), mars.
— -Alix, dame de Joinville, avec
le coiise;itement de son mari, s'o-
blige envers roirficial de Langres
à respecter, sous peine d'excom-
munication, l'échange de sa terre
de Cirey-lès-.Mareilles, précédem-
ment conclu avec l'abbaye de la
Crète. (Eu français.)
N. de W'ailhj. Recueil île charlesori;;liia-
les de Joinville, en langue vulgaire iBib.
Ecole de? Chartes, C"" série, III. 557, pièce
L bis); d'ap. Bih. nat , collect. Champ., vol.
152, pièce 51.
1.400. — 1269 (v. St.), 20
mars (jeudi avant la .Mi-Caréme).
— Jean, sire de Joinville, atteste
un échange intervenu entre Aubert
de Poissons et sa femme, et les
religieux de Benoitevaux. (En
trançais.)
A. Hoserot, Seize chartes originales iité-
i/il-s de Jean de Joinvill", p 7, n" VI.
1.401. — 1269 (v. st.). ')
avril (samedi avant les Rameaux),
d Troye.s. — Thibaud IV, comte
de Champagne, donne à l'abbaye
de .Montier-en-Der tout ce qu'il
avait à Hametel, près de Puelle-
montier.
Analyse. Lalore, Princip. i^àrtul.. tV. [1.
23(;, n« \X\.
Cat. actes des C-^ de Champ., n" 362(1.
1.402. — 1270, avril. — Jean,
sire de Chàteauvillain et de Lusy,
fait savoir que du consentement
de sa femme Jeanne, il a cédé à
son féal Filon, chevalier, seigneur
de Vauclair, et à ses héritiers, 20
livres tourntus de le ite. (En tran-
çais.)
A. Bu Cliesne. Hist. de la maison de
Broyés et de Chàteauvillain, Pr. p. 36.
Bréquiijny. Tab. chr.. VI, 5ii7.
1.403. — 1270, avril. — Jean,
sire de Chàteauvillain et de Lusy,
donne au couvent de Mormerit ce
qu'il avait sur le four de Let-
fonds. (En français.)
E. Petit, Hist. des ducs de Bourg., X,
307, d'ap. oriçinal. Arch. Gôte-d'Or, H. 1180.
1.404. — 1270, mai. — Gui,
évéque de Langres, déclare que
s'il a donné aux Frères Prêcheurs
et aux Frères Mineurs le pouvoir
de confes er et de donner l'abso-
lution dans son diocèse, il n'a pas
entenJu leur donner cette per-
mission pour Ls églises dépendant
de l'abbé de Saint-Etienne de
Dijon.
' J'yot], llisl. de l'abbave de S'-Etienne do
Oijon, Pr. p. I3S ; ex autour. Steph.
Hrrqui,,ini. Tab. chr., VI. 571.
1.405. — '270, juin. — Jean,
sire de Joinville, approuve un
échange conclu entre l'abbaye de
Saint-Urbain et Guillaume de
Hauteville. (En français.)
A', de Wailly, Recueil de chartes origina-
les de Joinville, en langue vulgaire (Bib.
Ecole des Chartes, &■ série, III, 578, pièce
M) ; d'ap. Arch. Haute-Marne, abbave de
S'-Urbain. liasse 13.
1.406. — 1270, octobre. —
Andrus de Roche, femme de feu
RÉPERTOIRE HISTORIQUE DE LA IIAUTE-MARNK
Jean Maubert, renonce à to'.ite
prétention sur une rente de qua-
tre bichets de froment, à prendre
aux moulins de Doulaincourt et
de Cloyes (M.irne). qui avait- été
donnée à l'abbaye de Benoitevaux
par Voisbourg, temmcde Simonin
le Doven. (En trançnis )
liouillfvaux. Notice hisloriiiue sjr Benoi-
levaux. p. 51, noie H.
1.407. — 1271. juiii, Paris. —
Jean, sue de Joinville, se porte
caution, avec d'autres seigneurs,
du paiement de la somme de
50,000 livres tournois que le
comte de Champagne, Henri III,
promet de payer au Roi pour
droits de reliet.
La Hacallirre, \ ie du *ire de Joinville
(Méra. Acad.. Inscript. XX, :V12). — Cal.
.irte> des C" de Cbanip., n" 3^76: dn]..
Arch. nat., J. lt»i>, n" .'■•■!.
1.408. — 1271, 14 septembre
(jour de Sainte-Croix) — Jean,
sire de Joinville, reconnaît que
l'autorisation que lui a donnée ie
chapitre de Joinville de faire
chanter la messedans son château
pendant sa maladie, ne peut por-
ter préjudice aux privilèges dudit
chapitre.
Chaoïpollion. Docum. inéd. relatifs âJean.
>ire de Joinville (Docum. inéd. e.ttr. de la
Bibl. Royale. I, 626) : d'après cartul. de S'-
Laurent de Joinville. n" L.XX.XIIl.
1.409. — 1271 (v. St.), mars.
~ Thibaud II, comte de Bar(-ie-
Duc), reconnaît que Jean, cheva-
lier, sire de Choi.seul, lui doit foi
et hommage pour la ville de La-
vernoy (Haute-Marne); il lui tait
remise de tous les droits quil a
sur ce territoire et lui permet d"a-
liéner. à sa volonté, la dite ville
et ses dépendances, (tn français.)
A. Du Chcsne, llist. de la mai.-on de Bar-
le-Duc, Pr. p. 37 ; extr. des Archives do
résrlise de Lancres.
'ûi-équir/uy,Tah. chr., VII, 26.
1.410. — 1372, 30 juin. Is-
soudun (mardi après S. Pierre et
S. Paul). — Lettres de Philippe-
le-Hardi, roi de France, à Gui,
évéque de Langres, par lesquel-
les, en considération des services
que ledit évéque lui a rendus, il
déclare qu'aucune atteinte iie de-
vra être portée à cet évèché,
(iall. christ, nova. IV, instr. col.. 211 ;
ex antocrapho archivi Lingon.
Ilréii'uigmj, Tal.. chr., VU. 30.
1.41 1. — 1272 (v. st.). fé-
vrier. Troyes. — Thibaud, comte
de Bar-le-Duc, reprend d'Henri
III, comte de Champ.Tgne, en ac-
croi.ssement de fief, le château de
La Mothe et i,ooolivres de rente,
moitié en domaines et moitié en
fieis, lesquelles doivent être assi-
ses dans la chàtellenie de La Mo-
the. et, en cas d'insuffisance, soit
en Bassigny, soit dans la chàtelle-
nie de Bar-ie-Duc. (En français.)
bu (iallauiL Du Franc Alleu, 15. — .S'i-
iiioiiiicl. Relation des sièges et du blocu* de
La Mothe, I.
Cat. actes des C'"' de Champ., n" iiTlîS.
1.412. — 1272 (v. st.)_, fé-
vrier. — Renard de Choiseul, da-
moise.iu,et sa femme Marguerite,
damoiselle, fille de feu Henri, sire
de Brancion, reconnaissent, en
présence de Robert II, duc de
Bourgogne, et de son frère Hu-
gue, damoise.iu^. héritiers du duc
Hugue l'y, qu'Henri, autrefois
seigneur de Brancion^. dont ladite
Marguerite e.st héritière, a vendu
audit feu duc Hugue lY le châ-
teau d'Aignay et ses dépendances.
Prrard. Recueil, 522. — U. Plancher.
Wx-y. de Bourir., II, Pr. p. i>3 ; cxlr. de la
("lianilm- des Comptes de Dijou.
liréiiviiiiiij, Tab. chr.. VII, 12.
1.413. — 1272 (v. st.), fé-
vrier. — Robert II, duc de Liour-
gogne, reconnaît être homme-lige
de i'évéque de I angres, après le
roi de France, et tenir en fief-
lige dudit évéque tout ce qu'il a
à Chatillon(-sur-Seine), le château
de Montbard, les fiefs de Griselle:;
et de Larrey, et la garde de Po •
tliières.
1). l'ianchcr, Hist. de Bours., II, Pr. p.
33 ; extr. du cartul. du chap. de Lani;res.
hii'quUjtiij, Tab. chr., VII, 43.
1.414. — 1273. mai. — Jean,
sire de Châteauvillain et de Lusy,
et .sa femme Jeanne, donnent à
r.jbbaye du Reclus la garde et la
justiv.e d'une maison sise à Pleurre.
REPERTOIRE HISTORIQUE DE LA. HAUTE-MARNE
38:v
.1. Dit ('ht'siii'. Hi^l. (le la maison de
Broyés cl de Chàtuauvillaiu. Pr. p. :t() ; ex
eartul. abli. Heolusi.
Itivqiiigny. Tal>. .hr.. VII. M.
1.4T5. — 1273, mai. — Jean,
sire de Joinville. approuve la
vente consentie à l'abbaye de St-
Urbain p.ir .Aubert d'Osue, cheva-
lier, et sa temme Alix, de tout ce
qu'ils avaient à Poissons. (En
français.)
iV. de Vi'aillij. Recueil de cliatles orisin.T-
les de Joinville, en lau!;ae vulgaire (Bili.
Kcole des Charte*. 6' série, III, 579, piére
N); d'ap. Arch. Haute-Marne, Saint-Urbain
liasse 11. Poissons.
1.416. — 1273. mai. — Jean,
sire de Joinville, reconnaît qu'il
ne peut faire chanter la messe
dans son oratoire privé sans l'au-
torisation du chapitré do Join-
ville.
l'Iiaiii/totlioii, Document* liist. sur .lean.
siro de Joinville (Docum inéd. extr. de la
Bibl. Royale, I, 626) ; d'après cartul. de S'-
l.uurent di- Joinville, n» L.VXXll.
1.417. — 1273, juillet. —
Lambert, abbé de Boulancourt,
Jean, doyen de la chrétienté de
Margerie (.Vlarne). et Thierry,
curé d'Epothémont (Aube), font
savoir qu'Alix d'Epothémont, da-
moiselle, a confirmé le don fait
par Gautier Bocher, chevalier, son
père, à l'abbaye de La Chapelle-
aux-Flanches, d'une mine de blé
à prendre à Valentigny (.4ube).
Lalorr. Princip. rarlu
oi-i'-'. Arc-li. Hauti'-Marne
I.. IV. <;:
(,1 suivre.]
A. irioSEROT.
Glossaire du Mouzonnais
Requerre, requ(e)ri(r), requê(,rre). — Ou dit le plusordi-
iiaifriiieril l'cii et un emploie le verbe à l'infinitif seulement. —
V. Requérir, rccbercher, reprendre avec l'idée d'apporter, d'ame-
ner ; redemander. — Tous les dimanches,, faut qu'on va le r\;ri
('/ iauberije.
Ceries. dist frères Gai-ins_. Vuus roquerez outrage et cliose
qui pstre ne puel.
(Chrun. de R lins)
Le craintif ouvrier de la terre
Dévolieux, te vient requerre.
(Bdïl')
Réqueurre. resqueurre, v., rattraper, récupérer, recouvrer,
aller à la rescousse (vx rescounr). — Voy. Récœurrc. — P. p.,
resqucu et rescous.
Marole s'en va !
Eh ! que ne l'allez vous reskeurre.
{Robin et Aîarion)
De lui rcscoure sont en grant fricon.
(Raoul de Cambraij
A l'entrer, rescoul Jehan, que li Turc emmenoient pris.
;Joinvilli')
l-'en escri le in ki sa jireie rcsconl.
(l'rov. dtl vilain)
La combali si vaillamment
Qu'il nscoiit véritablement
Le roy.
(Prince noir)
Il n'est ileuc qui la resqeue (La louve IJersentJ,
{Rom. de Iknari)
Requ)l-lie(rj, requi-iie(r), v., comme recaler; redresser,
remettre en bon état (sur sa quille, ou droit comme une quille).
— H ai tl'ia chance; c'esL cl affaire là qui rai heoui-iie conina.
— Il est bin bequi-iie de sa maladie.
Resaquer, resachie(r); v., étirer. — Voy. Saquer.
' Voir page ii\, lome X de la lievue de Champagne.
GLOSSAIRE DU MOUZOMNAIS 38o
Resauver (se), v., s'en aller précipilammeuL rapidement,
r.oinnic en séchaftpant ou se sauvant d'un danger ou d'un...
ennui. — Quand j'ai vu qu'il èloi neuf heures^ fmai vile
n'sAuvK chus nous.
Toutes voyos tant est aie (le cerf)
Qu'un petit marchés a trouvé
Où il s'est allé rcsseaufcr.
(Gace (It la l)Ui(jne)
Rescous, l'. p., de resqueurre. — Rattrapé, sauvé, délivré. —
Voy. resqueurre.
Il a rescous cheli kl m'or^ille a coupée.
(Gaufrei/)
Résida, s. m., réséda.
Résine, s. L, résille.
Resongie(i), v., repenser, se .-ouvenir. — Ehbinl je resonge,
j'nai mi fait ma coinmission.
Resougnie(r), resongnie(r), v., redouter, craindre, appré-
hender. — Faut pourlant, quïi fva m^aire arracliie{r) in gros
dent; mais je resougne moul.
Car Diex est si sofrans que nus ne le resoigne,
(RutebeuO
Ne fu lions nus qui tant fesist à resongnicr.
{fJcrte ans grans pies)
Sire, mjlt iloil rcsongniir
Sages houi a mesprisier
Ce que avcs aloé.
(G nul hier de Dargies)
Si rou vient que li lions rejoigne son vis et son regart (de
l'homme).
(Bestiaire d'amour)
Hons qui atent lele besongne
El qui nul péril ne resongne
(.lean de Condé)
Si serez vous cremus et resoignies.
(H non de Bordeaux)
Mais dittes moi, je qui repose
Et qui ressongne travillier
(Froissart)
(Que) mes sires estoit en la mer ressougnie.
(Godef. de Bouillon)
25
"386 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Rol)oare, resoigner.
(Vocab. lat. fr., Xlll'^ s.)
Point ne ressongnc le mal eur.
{Dialogue, G. Chastellain)
Résouner, v., résonner. — A tends-tu Y comme ça rksoune, lit
ranon.
Ces valees rcsounenl et li val et li plain.
{Rom. d'Alexandre)
Et si lui donne
Sour l'escu tel coup qu'il rc'soune.
(Meraugi^)
R'souner, v., sonner de nouveau. — Pouir) qu'est-ce qu'on
r'sounk co. don(c)? (des laisses).
Résous, résoute, adj. — Résolu^ décidé, hardi, résigné. —
Çïile pauv' femme là est bin RiisouiE, elle supporte courageuse-
inent toutes ses traverses.
Resouveiii(r) (se), v., se ressouvenir, se souvenir, se rappeler,
— Uli 1 j'mù r'souvins bin dû et affaire là.
Mais dou fruit vert me resovient.
(Chansons de Thibaut)
Respé(ct) (sous voV), expr., formule obséquieuse, sauf votre
respect. — Sous vot' respe(ct), /iî<crans noL' cochon anuit.
Resqueurre, v., récupérer, recouvrer, rattraper. — Voy.
Réqucurrc. — P. p., rcsqueu.
Atanl salent les Brabschons avant por resqueurre leur
duc.
(Jean d'Oulremeuse)
Et de ce, la veut- il reskeurre
Encontre vous se vous volez.
(Cleomadè>)
Vechi les fix Garin qui ont resqucus ma gent.
(Gau/rey)
Di le roi, si cevauce a coite d'esporoa
lîescoe ses amis de mort et de prison.
(Roman d'Alixandre)
R'ssaisi(r), v., ressaisir.
Ressanler, ressaner, v , ressembler. — S'emploie toujours
activement. — Qui se r'sanle s'assanle — ou qui se r'sane s'as*
sane. — Ct afant la r'sanle sii père.
Bien resanic fil demperere.
iRlancandin
GLOSSAIRE DtJ AjOUZONNAIS 3^87
Pdf mu loi vous la resanléa.
(Floirc el Ulancujlor)
Car de nature rcsanloit Renart.
(Henart le Nouvel)
Cil resamblc la taupe qui ot et ne voit gouto.
{Clianlcpkurc)
Moult la resembloil bien Tymage
Qui faicte lui à sa semblance.
{Rom. de la /îost)
Celé nuit reseinbla le jour.
( Tournoieincnl Antechrisi)
Et vit le lit ;ï la jjucele
Qui rcscmtlot rose novele.
I Marie de France)
Les oiseaux estoienl grans, rcsscmblans les hommes de
ma patrie.
(Rabelais)
Ressenti(r), r'senti, v., ressentir. — P. p., r'seiilu.
Resservi(r), r'servi, v., resservir.
Ressortir, r'sorti, v., ressortir. — P. p.. r'tortu.
Réssu-iie(r), v., essuyer, séclicr, oter l'Iiutnidite, l'eau. P. p.,
réssu-iie. — Aco trois juu(r)s cl la Itrre serai biii RKssc-Ht;.
Quant il vit le costel moillie
De son bon fruit qu'il ot tailiie
A la cuisse le ressua.
[M. de N.-D. S'' Marie,
Ressu-iie(r), r'su-iie(r), v., suer de nouveau ; rendre l'eau
par la peau. — A c'I heure., faut r'sg-ier tout c qu'ons ai bu.
Ressùr, v., pour ressu-iie\r), ressuir, sécher, enlever i eai: —
Si i' soleil continue, V foin porrot bin ressùr.
Si pures vostre boullon en un vessel de bois, el le less.é?
ressuir.
( Viandier de Tailleccnt)
Resui(v)re, v., resuivre, suivre, suivre eu retour. P. p., resui.
Voy. sut?" := sui(v)re. — J'iai resui {à dislance) jusqu'au bos ion
Roi.
Retarzer, v., relarder. — Voyez larzer. — LViorlour. hec^rze
dit dix rrtinules.
H88 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Reté, r'té, rété P. passé du verbe raller ; être allé de nou-
veau : retourné. — J'di u'tk u' fois à Roucon(r)t dud'puis la fête
Reteiad(r)e, v., reteindre, teindre de nouveau. — P. p.,
relchidu. — Si c raube là étot reteindue, elle sero(l) aussi belle
qui( nùce.
Reteius, adj., retenu, — C'est mi qui rai retei.ns l'premie(r).
Sinon que soys par vous tim en commande.
(Pierre Fui feu)
S'il n'est ainsi, je suvs tins pour recreu.
(Id).
Souvent lu lui a tins ce langage.
(Farce d'un mary jaloux)
Retélée, s. f., une période de temps pendant laquelle on a
« retélé ».
Retéler, v., ramasser (le foin) avec le râteau.
RetéleuS; retéleuse, s., qui retèie. — J'aiis besoin d'si(x)
RETKLEUs })Ou{r) d'maiii.
Retélures^. s. f. pi. Ce qu'on ramasse avec le râteau sur un
champ où l'on a déjà fait les las (ou buriaiis).
Rétend(r)e, v., étendre, allonger, distendre. — X'iu retends
mi comna ! le cuir nii serai mi chier c't année ci.
Reténii,r), v., retenir. — Se conjugue sur tenir. — Le p. p. est
reténu, reléni et parfois reteins, surtout avec la signification de
réservé, acheté à terme ou à livrer plus tard.
Et qui pecie vos liETENnÉs soient retenus.
(Seryn. de Maurice de Sulbj)
Ja sor toi rions ne relenrrai.
(CastoiemenI)
Les fiez du chaslel qu'il reienroit a son huez.
[Règl' Thibaut IV, 1224)
Car je relenrai les autres.
(Comtesic de Ponthieu)
Retiaus, retê(l), s. m., râteau, ratel.
Raslrum, rasliaus.
iVoc. lat. fr., XIII' s.)
Retirer, retraire, v., conserver des traits, ressembler. —
( 'est curieux comme i retire sus s'n onc(le).
Ge reirais plus, si.re, à mon père.
(Fabliau de la dame escoillêc)
GLOSSAIRE DU MOU'/.ONNAIS 3^"J
Retirer (se faire), v. — Pliotog-raphier (se fairei.
Retraire, v., retirer, ùter, enlever. — Rare aiijourd'luii. —
Hetra-iez d'à cotr lima porte.
R'ét(r)e, r'ièt r)e, v., re-f'tre, être de nouveau. — Se conju-
gue sur être : Jii r'sos, i r'est, ju i^'sans. — J'r'étos — Jii r's'rans.
— N'i avol lonçjlas qu'il avol quille ; mais i r'est à s'n ancienne
place, il a réoccupé son poste. — Toul d'mcinme, si 4'ri':t.\in> co
'n fois comme i n'i ai cinq ans !
Ne sai pis s'endormie r'est (si elle est rendormie).
(Cléoynadi-s)
Atant se rest mis au repaire
A sa fiime se rest clamé.
(Fabliau de l'Evesque)
Rétroici(r), v., rétrécir. — P. p , rélroici.
R'troussie(r), v., retrousser,
Rétu, adj., solide, bien venu, bien vivani. — S'dcmisQ') afant
est bin RÉTP.
Retumer, v., retomber. — Qu'on prend l'chemin qu'on veut,
on RETL'ME loujou(rs) à la meinme place.
Reuchi-iie(r), v. — Vov. rauchi-iie(v).
Réuni(r), v., réunir.
Reun-me, s. f., rhume, toux. —.lule{s} ai 'a mauvaise mius^dE.
— Rheum est encore dans le vocabulaire anglais.
Dist Renart : j'aila rume chue
Porquoi j'ai troublée la vehue.
{Rom. de Renarl)
La sacellation laite de la pouldre de mente restreint ia
reume froide de la teste.
(Jardin de santé)
Ils coupent chemin a toute délluxion de Rheume.
(Montaigne)
Reup^ s. m., rot, vent qui sort avec bruit de l'estomac. C'est ce
qu"Oudin appelle un souspir d'Allemand.
Reuper, v., roter, faire un reup (Ce mol est employé par saint
Bernard, dans un de ses sermons et sous la forme de reupemenz :
— termes signalés par La Curne {Serm. S. Bernard, f. p. 23j.
Réussi(r), v., réussir.
390 GLOSSAIRE DU MOUZONNATS
Reutelet, s., roitelet, oiseau. — J'sais in hiav nie (lit reute-
LKTS.
Revange, s. f., revanche.
Que s'il no soit en lin mauvais
Qui ne se revange, s'il puet.
(Floire et Blanceflor)
Pour le regard de la revanije du Sienois.
(Claude Kaucliet)
Revang'ie(r), revengie(r), v., revancher, venger.
11 s'en scûst bien rcvcngier,
(Lai de l' ombre)
Et l'ame dolente ne mot
Point de peine à lui revcngicr.
(Watriquet <lf; Couvin)
Petits i>t foihlos enfans n'a voient autre manière do se
revangier.
((iiTSOn)
Knconli'o vous voldrai, monseigneur, rcvengier.
[Du Guescim)
Il s'en seust bien revengier.
(Chevalier qui dotma l'anel)
R'valoi'r), v., revaloir. — J'tu r'vaurai ça.
Réve-iieir), reveillier, v., réveiller, éveiller.
Los dames solies resveillier.
(Dance macabre)
Revendeus, s. m., vendeur de vieux, regrattier. — Le fémi-
nin est ordinairement revendeuse, mais parfois revenderesse. —
Les e Assises de Jiiérusalem » emploient regraliers en français et
revendilori en italien.
Ij'uno fut d'ognons revenderesse.
(Eloy d'Amerval, G'^e Diablerie)
Kevéni(r), rûv'ni(r), v., revenir. — Se conjugue sur venir.
— R'viNs y in peu! — Aussi le sens de Faire effet, impression
Cgarcon là n'mii «'vint mi bin, sa tournure, sa façon de faire
m'est désagréable.
Atent moy clii
Dessi que revenrray à li.
(liichars li Bin us)
Nous revanriens là noslre dimago,
(Car lui. d'Orvol, 1292)
()i- rcceiiroiis a imstro niatore.
(C,hTO}i. de ftams)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 391
Mais je revenraij
Tout le plus tost i|uo jo pourray.
(Miracle de Clouis)
Reviquer, reviv(r)e, v., revivre, revenir i la vie.
Li roisignos a jà chantei
Les chans rt'araors si enflamei
Que 11 morts en raviquent.
(Chanson, Ane. textes, 1886)
Revo-iure (à la), exp. au revoir, à la prochaine rencontre.
R(ev)oir, v., revoir. — Se 7''oir, penser et voir ce qu'on était
à un moment donné : Quand lit vin{s) en uniforme, j'mû r'ois
ou ri'cjiment.
Revou-iie, adj., reparti, parti. — Quant il, anl venu (v)oir
après nous, j'élains d'jà r'vou-ie. — C'est ravoyê, remis dans la
voie.
Rewaitie(r), v., regarder attentivement, parfois insolemment.
— De ivaitie{rj qui est le même que guailier, veiller, surveiller,
guetter. — Signiiie souvent prendre en considération : Personne
nil la REWAiTE.
La nuit la guaitent entresqu''a l'ajurnée.
(Chanson de Roland)
I rwetle en Champagne si l'Picardie brûle (il louche).
(Dicton Ronchi, Prou, de Lincij)
Revsrairder, rewârder, v. (à la l'rontière), regarder. — <Ja
ne vous rewairde ni, oh! dijez.
Si est ilh que nous rcivardans le grant niesaise de no j)eu-
pie. . .
(Chartes de NtvcUcs, 1372)
Rewidier, v., revider, virier.
Si reicidierent chelui estage, ne onques n'i osèrent demorer.
(Rob. de Clari, Estoircs de C ouatant inob le)
Rez (au), exp. au ras. — I faut couper les aubes au hez don
mur. Participe du verbe rèj'e, tondre, raser; conservé dans rez-
de-chaussée.
Rezin, s. m,, raisin. — On dit: rfo/iR'ziN a'caisse pour: du raisin
sec ou de Corinthe.
Rhabillie(r>, v., rhabiller, remettre ses habits : ou acheter des
habits nouveaux.
R'haussie(r) (h très aspirée), v., rehausser, exhausser, suré-
lever. — P. p., rliaussie.
3ÏI2 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
R'hawer, v., re-houer, donner une seconde, une troisième cul-
ture avec la houe, aux pommes de terre. — I va binlôt ièl(r)e
temjn dïi r'hawer Isa canadas.
Riban, s. ni . ruban. L'anglais dit ribbon.
Un bienfaitis patin
A ribans d'or a ta jambe lié.
Que ni les cotes violetes
Les ribans^ ni les ceinluretes.
(Bâïf)
(Ronsard)
Riblette, s. f., petit morceau, languette, lanière. Anglais, rib,
cote, côtelette. — Littré donne griblelle. — J'vauros bin ine
RiiiLETTE du viande.
C'est a toujours, j'ay beau cifUer
Griller fera mes ribelettes.
(Débat de charité et d'orgueil)
Mêlés la riblèle de lart entre deux.
(Viandier de Taillevenl)
Ribote (en), ivre, pris de boisson. — Un homme qui est en
train de boire, de faire la fête est dit en noce ; si l'on dit qu'il est
en ribote, c'est qu'il est déjà ivre.
Rie (Tout), exp. adv., tout juste, très exactement. — Oh! i
niai d'nc mes douze francs tout ric.
Rie à rac, exp. adv., exactement, précisément, rien de plus,
rez-à-rez. — J'I'ai livré ric. a rac ; j'fais vfdevoir ric a rac.
Ricasser, v., ricaner, rire en dessous ou à part, et en se
moquant.
Riche, adj., excellent, superbe, copieux. — V'ià in RicaE blé :
— c'est in RICHE temps. — J'arans 'n riche année.
Richemat, adv., richement.
Ridiau, s. m., lideau.
Ri(e)n, ren, pron. indéf., adv.;, parfois subst., rien. — / s' fau-
che pou(r) in ri.n.
Riez, rièses, s. f., terres incultes, friches. — On parle souvent
des rièses de liocroi.
Les terres demoroient en ries.
(Froissart)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 393
Sont lie présent en rieses et savaris.
(Compte de Mouzon, lolo)
Rifler, v., ràtler, éiùfler, passer en rasant, frôler, effleurer . —
Knlever en riflant. — J'ai rifli' toutes les nuerzelles qui n'i avot
sus la viall(rc) branche.
Et aloit en planant pluslosl c'uns arundiaus
De si pri'S qu'il ri/loit gloif;res et houriaus,
(Roi de Séz.ik, Rutebeuf)
Il auront mangé et rif/té tout ce que nous avons en ce
pais.
(Froissart)
Commence la hue a nestre
Laquelle fait tenlir les roches
Car quarriaus issent jà décoches
Si con pierre les en erri/lent
Chaillos braient, sajetes siflent.
(G. Guiart, Branche des roy. lifjn.)
Riflure, s. f., érâflure.
Rigolade, rigoloue(r), s. f., glissade, glissoire (préparée
sur la glace), voie le long de laquelle on glisse.
Rigoler, rigouler, v., couler (rivulare) ; — et aussi : glisser
sur la glace. — .4 l'hiver, les garçons et les filles vaut kigoler sus
l'giié.
Rigolisse, s. m., réglisse, — Ce terme est en usage à Jersey :
.-1 force de chuchi du rigolisse (Bram-bilo). — il semble que l'An-
glais ait simplement transposé \'r et 17, car il dit : licorice (Voy.
la .3^ citation). Le Livre des Métiers emploie réguUsse et recolice.
Por citoal et por espice
Por qneneie et por ricolice.
(Fabliau Prestre et Alison)
Dame Avinée aporta
Et gyngembres et rirolisse.
(Fabliau de Milon d'Amiens)
Liquiricia, ricolisse.
(Gloss. Rom. lat., XV" s.)
Cest chasteau est en pais de montaignes et y croist le
regalice.
{Voy. d'oullreiinr en Jhérusaleiii)
Et poivre i ot et citoual
Et recuelisses en mains sens.
(Blancandin)
394 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Denianilt'z, dist-il^ recolicc
Ou clos (le girolle ou caneie.
{Fabliau^ Bourse pleine de sens)
De la rtyolice pour des ospingues.
(Friquassée crotestyllonnée)
Ri-ieus, ri-ieuse, adj. et s , rieur, rieuse ; gaie, gaie ; bon
enfant.
Parlons d'une franche lippée
De fous, de droslcs et de rieux.
(Ane. th. franc., LV, lo2)
Rin, ren. adj., adv., s. ; rien (de rem, chose).
Ilhe fut cargiet que raynez que on fâche tant que ilhe syet
en cheval ne valent rinSy car on ne le puet de rins atendre
par mal raynier.
(Li Paweilhars)
Et ne doibt ly mambour estre de rin saisis par les péris
qui en puelent advenir.
(Patron délie TemporalileïL)
Ne s'en vont l'arcevesques de ren humilier.
(Thomas le Martyr)
Mes nul n'en sut ren de son i)ère.
{Merlin)
Riucinette, rinçounette, s. f., le petit verre d'eau-de-vie qui
termine une suite de précédents petits verres, et destiné à rin-
cer, nettoyer le gosier.
Riotte, s. f., querelle, dispute. — C'est loujou(rs) à s'7i occa-
sioii qui n'i ai des riottes das iviUage. — Le Bois de la Riotte a
été le sujet de bien des querelles, dès le .xv siècle, entre Mouzon
et la Ferlé.
Or sus ! laissons toutes rihotes et débas ester.
(Evangiles des Quenouilles)
Ensi par celé dame sote
Comenra covine et rihote.
[Chron. de Ph. Mouskès)
Et quant la Dame sent et note
Cest torment et cesle riole.
(Rom. de la Rose)
Je veux que vous cessiez vos riottes et que vous soyez
comme les deux doigts de la main.
(Ane. th. franc., IX, 33)
Ces petites noise(ttes), ces riottes, qui j)ar certains temps
sourdent entre les amans, sont nouveaux rafraîchissements
et aiguillons d'amour.
(Rabelais)
GLOSSAIRE DU MOU/ONNAIS 395
Riotter, v., se quereller, se disputer, se battre.
No vous riliolds plus ensamble de ma prise.
(Kroissart)
Ripopette, s. 1'., ripopée, ribanbelle.
Rire, v. — Ou prononce : j'ri-ios, a ri-iant.
Ris, s. m., rire, risette. — l'aiscz vot' hiaiis nis, mon gueux.
Cil entent la parole, d'orguel .a fait •!• ris.
{Rom. d' Alexandre)
Risib,l)e, adj., risibie. — S'applique aux personnes : gai,
joyeux, qui fait rire. — C'est iif homme moul fjrnti(l)^ allez ! el
RisiBt en société, don[c) !
R'iu, P. p., de fa{v)oi{r).
Rivî{è)re, ruvi(e)re, s. f., rivière (sur la Obiers).
Quant frus de terre sont destrus enlirement par trop
grandez eawez, soit de rivir ou de lavas des riwauz qui li
wangniez ne puet défendre.
{Li Paweilhars)
Robin, s. m., robinet, — Aussi : taureau. — Il esl temps
d'meinner la vache au robin.
Que nuls bouchiers ne lavent trippes crues dedans les
bacqs des fontaines ou robins de Mézières.
[Ordomi. du XVI^ s.)
Rochie(r), v., enduire de boue, de mortier; salir. — P. p.,
rochie. — Il ai pouîHanl KocnxE s''pantalon f qu'aux genoux! —
Tans fait RoceiE(R) les quat" murs dïi la chavib(re) di'i drie(r).
Roci-ion (de pomme), s. m. Ce qui reste quand on a roci-iie
ou rauci-iie fv. ce motj une pomme. — On dit aussi : tord-ion.
Rognon, rougnon, s. m., coup, coup de genou. — iV'RKOivE
pas, j'tu fous in rougnon das les fesses !
Rogôme, s. m., boisson. — Il ai d'jà pi^ins in verre du
ROGÔME à toutes les chapelles, il a déjà bu dans tous les cabarets.
Roguin, adj. el s., rogue, revêcbe. — Le mot est devenu nom
propre.
Rô-ie, s. f. , raie, roie, sillon fait par la cbarrue. — Sorte de
fossé peu larj^e. — C'est quii fit fouiros in cnp d'pie{d) das ta
39G GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
RoïE don fi/(/), là, mi! — L'expression « cinquante arpents en
roie » signifie qu'on a aO arpents pour chacune des 3 roies de
l'assolement, savoir : le ira-ien (blé); le mar{s) (avoines) ; larer-
sain-ne (non culture).
Roige (à), expr. adv., à rouir. — On jnet dj chanvre à roige.,
c'est-à-dire sur le pré, ou dans le ruisseau, pour le rouir (rubes-
ceie). L'eau, la roîée rougit le fil, le brin ligneux du chanvre. On
dit aussi Roise, et c'est le vieux mol. Notons que le vieux français
avait roiije. roigir, rouge, rougir. Un grand nombre de villages
possèdent un lieudit les lioises ou les lioigcs. qui maïque que la
coulure servait d'ordinaire à recevoir le chanvre ou le lin en vue
de le rouii .
Ro-iie^ adj., rové, jouxte, situé roie à roie. — Not' lerrr est
Ro-iiE la tous d\Maljean.
Jehans devoit refaire le mur par fjuoi damage n'en venist
à ses rotjés.
{Arch. adm. lieims. 1302)
Une pièce à Epiémonl qui est de son héritage roies maistre
Jacques de Bourc.
(Cart. de Relkel, 1325)
Ro-ion, rou-ion, s. m., heurt, talus, rampe très raide ou
abrupte entre deux champs de niveaux dillerents. — Ce mot, très
ancien, signifiait jadis roie, sillon, terre relevée ; puis a servi à
désigner des limites, et c'est peut-être avec cette dernière accep-
tion qu'on le voit, dans les auteurs romans, flamands ou wallon?,
servir à remplacer le mot royaume, ou grand pays soumis à une
domination quelconque.
Puis ont le corps iiorlé en un autre roion (sillon) ;
Une fosse i ont faite, si enfoent Guion.
[Chanson d'Antioche)
Rois dépouillies [jouer aux) ; se dit d'un jeu de caries, où
l'un des joueurs doit rester sans habits et dépouillé. Expr. prover-
biale (Oudin).
Roise. — Vo.v. Jioige.
Rôler, V., rouler, baguenauder, se promener en cherchant et
furetant. — N'i ai in heure qu'i rôle das la maijon.
Rorapure, rompeur, s. f.j rupture et exclusivement hernie.
On dit de (juelqu'un qu'// est rompu, pour « il a une hernie i.
Ronchi-iie(r|, v., ronchonner, marmotter, repasser, ruminer
GLOSSAIRE DU MOUZONNAÎS 397
ses pensées ; — rogner, l'ogiioiiiier, maugréer. — Quoi 'c' fiuii
rnoM.HiE.s das Les dents Y — C'est le vieux français lîaiigier.
Cil moine, cil abbo croulant
Doivent touz jours lez un pilier
Siaumes (psaumes) raugier ot niorineler.
(Gautier de Coincy)
Vos me ronc liiez lez l'oïe
Gant je dor leis vos costeiz,
(Pastourelle, XI II' s.)
Ronci-iie(r), voy. rauci-ie{r) , v., ronger, manger, ronger.
— Voy. aussi Ron(jie{r).
Rond, adj., plein de nourriture, en parlant des animaux, et
spécialement des moutons et bêtes à cornes, dont la panse prend
l'apparence d'une sphère. — Nos vaches sant bin rondks ! fai
'pea(r) qu'elles nu soi-io.nl gon/Ues. — S'emploie aussi en mau-
vaise part pour les personnes ; ivre, saoul : Ah bin ! tu sais,
Erness, il est rond!... — Enfin se dit de la femme enceinte :
Eh! la petite mère Pingard, elle coumacc à ièl(r)e jcliment
RONDK.
Rondi-iot, s. m., gâteau de forme ronde qui reçoit aussi es
appellations de rou-iol, lourni-iot, micliot.
Rongie(r); v.. ronger.
Illec cuide rungier l'eschine.
(liom. de Renarl)
Roquer, v., frapper une bille avec une autre; croquer, don-
ner un croc ou choc. — Ruiner au jeu : J'sos rooué : i' n' mil
res{te) pus rin. — On emploie aussi roque, au lieu de roqué : je
SOS ROQUE, je suis ruiné, dépouillé, je ne possède plus rien.
Rô.sie(r), s. m., rosier. — On connaît le « Père Hosie{r) », qui
est un ancien jardinier, aimant et cultivant les roses avec une
certaine prédilection.
Rossette, s. f. , poisson de couleur rousse ou rou-sàtre.
Roter^. V., ranger, mettre en place, en rang (rote, rangée,
bande, troupe}. — I faut uoter les bel(les) assiettes sus l'mein-
naoie(r).
Apres, les chars vienent sans dute
Plus de quatorze en une r:te.
(Rom. de Renarl)
Rouage, s. m., trace du passage d'une roue. — Tu n'oseros
dire quû t' n'ais mi passé là! on (vioil co les rou.ages dii t' cher.
Rouchai^ roussiaus, s. m., missel, ruisseau.
398 GLOSSAiRJi: du MOU'/ONNAIS
l'oiir jiasser ung [wCû ruisscl qui est appelés Codroii.
(S' Voyage de Jhérusalem)
D'illoc ;iu uiousiior Suint Marciau.
Qui siet près d'ung petit ruissiau.
(Églises de Paris en 1 32o)
Les sept pélicions sont comme sept 1res bêles pucheles,
(jiii ne cessent de puisier de ces sept ruissiaus les yaues
vives, pour arrouser les sept arbres qui portent le fruit de la
vie perdurabio.
{Mircour ilu monde)
Roûcou(r)t, s. m., Haucourt.
Roûcoûtie(r), s. m., luibitaiil de Haucourt.
RoufFe, s. r., gittle, lape, revers de main j — làclee. — H ai
)'rH 'n belle uouiKK, va !
Rougecudj, ^. m., rouge queue, oiseau. — Il existe aussi le
Blanc cu(l\
Rouges bêtes, s. f. pi., les animaux à cornes, vaches et
bo'ufs, par opposition aux moutons, dits bêles blanches.
Rougettes (les), s. f. pi., marques de la rougeole ; la rougeole.
— J'ai iu les rougettes quand fêlas co toni pclit.
Rougi(r), V., rougir.
Rougne, s. f., rogne.
Rougnie^r), v., rogner. — P. p., lovgnic.
Ains te menasceiit la l(?sti,' à rooingnier.
(R;ioul (il- Caulhrui,
Ausi comme un l'rurc meneurs
Se viest et se lait rooingnier.
(Rcnart le Nouvel)
El il lor fera somjjres les lestes réavgnicr.
(Thibaut de Marly)
Rougnon, s. m., rognon.
Rougnure, s. f., rognure.
Rou-iie(r), v.^ rouler, retourner. — Il étol si en colère qu'i
s'ni Rou-iiK par lerre pendant in quart d'heure.
Rou-iiot, roulot, s. m., gâteau en forme de roue ou de cou-
ronne. Vov. Toarni-iot et rondi-iol.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 399
Roule, s. m., rouleau, cylindre lourd, de bois, de pierre ou do
fer, servant, en agriculture, à briser les mottes de terre ou bluu-
ches.
Roule (à), expr. adv., à foison, en quantité, très serré, se dit
plutôt à propos des herbes. — On a déjà trouvé l'expression à.
hocc pour les fruits. ~- JSl'l aval des blés \ roule.
Roulée, s. f., raclée, rossée, volée de coups.
Rouler^ V., passer avec le roule sur la terre pour briser les
mottes.
Rouleus, euse, s., vagabond, pauvre hère. — Le féminin
comporte l'idée de mauvaise vie. — ('ntc fiUc là y c n'est qn'inc
UOL'LEISE.
Roupi-ieus, adj. et s., sale, qui a le visage malpropre, la rou-
{lie au nez.
Et vous, rebelles ronppieux,
Qui a eulx vous estes adhers.
(Christine de Pisan)
Rousée. s. f. , rosée.
Il ne me chaut d'esté ne de rousée . .
(Perrin d'Angecourl)
La rousée enrousanl de may.
(Gautier de Coincy}
Ains ne vivent se durouscc non.
(^Bestiaire d'amour)
La l'ueile pert, el la rousée
Monte sur l'erbe ki verdoie.
{Dolopatlws)
Rousse, adj., roux. — Subst., un homme roux; — un lièvre.
Tous les gens dit c pays-la sant kousses. — C'est in laid housse.
— AUans (v)oir in peu, allons! sij'luerans in rousse. — On dit
parfois Roussiau, qui est devenu nom propre.
Je resvois que je voyois un grand petit homme rousseau
qui avoit la barbe noire.
[Ane. th. français^ IX, a")
Rousselet, s. f. , nom dune sorte de poire rougeâtre ou rousse.
Roussiaus, s. m., voyez rouchai; ruisseau.
Desoz est le ruissiaus de Cédron.
(Guill. de Tyr;
Roussi(r); V*, roussir.
400 GLOSSAIRE DU MOUZONNAlS
Roustiir}, V., rôlir, roussir, brûler, luer, ruiner. — Il ai binlôl
'lé RorsTi.
Vucil je que roustissiez son corjjs
Tant qu'a'nsi iine.
{Miracle 6' Lorens)
Route, s. 1'., suite dobjets raugés eu ligne. — C'est le vieux
mot rote, bande, troupe, file. — J'nns planté douze routls dii
canadas das nol- matitire.
\\'q\\ 0 !uy une granl roulle
De disciples qui le suivoyent.
(Moralité de chanté)
Et tant y furent
(^^•iie par là passa une route
De chevaliers.
{Méraugis de Porlle&ijuez)
Rouverre, rouverd(r)e, v., rouvrir.
Rouvi-ion, s. m., liseron traînant à terre, convolvulus des
champïi.
Roynette, s. f. , reinette, petite reine. — Aujourd'hui exclusi-
vement nom propre.
N'a sûus le ciel plus haute mescine
Fille de roi, ne de ro'ine.
(Amadas et Ydoine)
Envie y estoit et haine
Et avarisce la ro'ine.
(Voie de Paradis)
Ru s. m., ruisseau.
Li rus de la fonleinne couroit parmi le courlii.
(Join ville)
La ])onne que on disl au Charii'.e, ([ui est sour le rui (jui
vient de Valaines.
{Car t. de Rcthel, 12b8)
Ruchie(r), s. tu., rucher.
Rudement, rudemat. adv. N'a pas d'autre signification que
durement^, fortement, abondamment. — C'est rcdeme.nt malaijie.
— C'est nuDiiMENT biau.
Rue, rti-ie, s. 1"., rue. — Aussi, roue. — On devine ce quest
la rue des pets : un jeu consiste à faire passer le joueur entre les
jambes d'un autre, et il dit alors être passé par ladite rue.
La marrast.-'e des trois rois
Qui a l'entre-pèle roule
Pour une culaine goûte.
(Li fatras de Haimondin , Watriquel)
GLOSSAIRE DU MOU/ONNAlS 401
Ruer, ru-ier, ru-iie(r), v., jeter, lancer. — P. p., ru-ite. —
Faile(s) attention, là! /j'rc-iez pont de pierres das lea fernctes.
Uns homs sor ses bras apiiics
Qui vers occident a ruiés
Ses piedz et ses cuisses and 'US.
(liom. de la lîose)
Tul le hernois ont l'u un niunt, ra-ié.
(Coronciiient Loois)
L'en leur ruoil lioe.
((inill. de Tyr)
iMns lonc ou on ne poruit une pierre ruer.
(liom. d'Alidcandre)
S\ y appercevrez ruynes de citez, deslrnccions de villes
et chasteaulz, lorteresses ruées par terre.
(dlirist. de Pisan)
Et quant il n'oL mais que jeter
Ne que lanchier ne que rutr
{Rom. de Brut)
l>"eve sor la teste li rue.
(Rom. de Renart)
Je vous rurai/ tout au visage.
(Farce du cuvicr)
Ru-ielle, ?. 1'., ruelle.
Payé pour réparation de l'huis de la ru[jtUe qui maine de
le rue des Foulons au mes
(Comptes utile de Douai, 1427. Ds Rociuelori)
Rupin, s. m , malin, rusé, riche, forl, bien placé. — Nicolas !
c'est l'pus Ri'PiN don villaue.
Rututu, s. m., copeau en ruban cunirne le donne le rabol.
Sablonneux, adj., .--ablonneux.
Sabotiefr), s., sabotier.
Sac à malice, s. tn. chemise de femme.
Saccagie(r), v., saccager, mettre à sac, détruire.
Sachie, sacquée, sacquetée, s. T., sachée, le contenu d'un
sac. — J'ans tout d'riteinnic iu trente sacqle'iki^s de canadas sus
not' terre d'au Gros Fane.
26
i02 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Sachie(rK sacquer, v., tirer, retirer, obtenir, ôter. — I.e
leiiiie ]laclnc{y) remplace sacliier, dos qu'à l'idée de tirer on
ajoute celle de secouer, l'aire ellorl. — 7'u n'dis mi sacquk graiit
iauqitc dit m!
Car après eus honteusement
Les truïii''nt, sachent et bercent.
(l{oman de la Ifoic)
Sàcler, pluUM saucier. — Voy. ce mol.
Sacquetée, s. f.. sachée. — J'ai dénichic sus l'uvmoivc in'
sAc.(ji:t:ri;K d' pièces dtl cent sous.
Sacreus^ s. m,, qui jure, eu sacrant.
Sacrifi-iie(r), v,, sacritier.
Sacristie, s. m., sacristie.
Sage, adj., savant, instruit^ expérimenté. — Il est' nioul >.\qe
ru gamin là : il est toujou(r)s l' premier à l'icole.
Un preuilons estoit en Arrabe
Il estoit du siècle (monde) moût saijje.
(Castoieincnt)
(Kcnari) Son cousin qui moult saije estoit (dans l'art de guérir).
(Hom. de Renart)
Sagnie^r), v., signer, faire le signe de la croix ; bénir en fai-
sant le signe de la croix. — P. p., sar/nie.
Parcevax si? saigne et commande à Dieu.
(Graal)
Le Ber le volt, si saigne son visage.
[Guill. au tort nez)
Quant evesque et abe revenront de saignier
l>e lit au roi Pépin.
(Berte as grans pics)
Mainte bonne personne s'en saigna.
{Cygne)
Trois foiz ce saigne jior la grant cruauté.
(Raoul de Caml)rai)
Lors la dame se saigne et lait grant admiration.
{XV joyes de mariage)
Adont leva les mains et ses cuers s'a saignie.
(Du Guesclin)
Une coulunie ardennaise consiste, pour le mal d'yeux, appelé la
Heur, [trovcnant d'une rupture des vaisseaux sanguins sur le globe
GLOSSAIRE Ur; MOUZONNAIS 4l>3
de l'œil, à faire sagnicr l'organe par une personne de prol'cssion,
qui a la répiitaliou d'avoir le « pouvoir » d'éloigner le mal. VA
cette persoiine est dite elle-même : sagnieuse. — Le vieux mot
sanie\\ sanir, sanev voulant dire guérir, pourrait être ici le véri-
table terme, malgré la cérémonie inévitable du signe de la croix.
Sagnieuse, s. f., femme qui « sagne ». Voy. Sagnicr. Remar-
quons que la s((iiu;resse était une femme s'occupant de médecine
et Je saigner et soigner on guérir les malades.
Sa-isn, s. m., sain-doux. Le vieux mot s'écrivait sain, sahin,
et est resté dans sain qui se prononce aujourd'hui en une syl-
labe : du reste, le terme avait la signillcalion plus générale de
graisse, suif, etc., et même pus {sain, sainU; voy. chinier). Le
Livre des métiers a écrit saain.
Do sqin (du cochon) vos lairai ester.
{Dit des bochiers)
Mais ja ne croira ja glouton deles bon vin
Ni! galine avec coq, ne chat avec su'in.
(Ilutubuuf)
Flamens font emplir deux naceles
De poiz, de sa'in et de busche.
(G. Guiart. Roy. liguayes)
Le cent de sayn doit IIII d.
{Ton lieu à Mézières, XIV" s.)
Et la charete ne bret pas
Que de sain l'avoit bien ointe,
Saille, seille, s. f., seau^ cuvette.
N'i remest seille ne chaudière.
Que !i bouvier n'aient remut.
{Fablvl d\iluui)
En cel puits si avoit deus seilles
Qant l'un vient et l'autre vet.
{Hnin. Renart)
Saingnie^ s. f., saignée.
Ja en i aura maint sanglant
D'autres saingnies que de jarses.
(lir. Roy. lignages)
Saingnie(r), v.. saigner, perdre du sang. — P. p., sain-gnie.
Ains fu fait, et furent saingnié tuit ensemble.
(^Ménestrel de Reims)
Et les trouvèrent saingnant de leur plaies que il avoient.
{Reg. S' Martin des Cliamps)
{Rom. R nart)
404 GLOSSAIRE nu MOUZONNAIS
Si l'a l'ail il lire m en*, saingtiier.
{Hoiii. de lienarli
Or verroiz. . . Et la terre suer et les nues sai(jnier.
(Thibauil de Marly)
Saiu-Di(r), v., saigner. — Je saiii-iie, — j'saiii-nos — J'ai
sain-Jlli — J'sain-nerai — .rsaiu-neros. — A sain-uant. — On dit :
i .-AIN-NE au nez [lour il saigne du nez.
la bers se list sainier, ce fusl moult granl folie
Car si eum Dieus le voit, mors fu de la sainie.
{Chanson d\[nliuclir)
(Que) Parmi son solor ot en son pié un tro
Si sainnoil corn ce t'ust percelire de clo.
(Berte ans loitb pieu)
A vos andeus voi les cosiés nainier.
(Raoul de Cambrai)
Si li lialeiiaus li saine.
(Rom. de Iknart)
Sainni(r) 'n Icri'c, s. f., tirer, faire écouler !"eau d'une terre
marécageuse ; drainer.
Saintibire, adj., bien porlant, en bonne saiilé.
L'air de nostre dicle ville en sera plus sain, le peuple
d'icelle en vivra plus longtemps et plus saintible.
(Règlem' de Voirie de Mouzon, 137 2)
Sairiette, s. f., sarriette, herbe polagère aromatique employée
comme assaisonnement. — Olivier de Serres nous apprend qu'elle
se nommait aussi Sadirc (comparez avec cendrée).
Saisi(r), v., saisir.
Saladie(r), s., saladier, vase où on met la salade.
Saligot. s., fréquentatif de sale, .saligaiid.
Saligoter, v,. opérer, faire .salement, .sans soin ; hàbler.
Saloi(r), s, m. — Voy. Saloiic.
Salop. salope, adj., malpropre, inconvenanl, indécent, — ou
seulement sale : Marie salope.
(Ju'ain'^nic bin prope
A in- me bin salope.
(Dicton qui exprime qu'une ménagère ordinairement propre, mais
qui s'est sili" MU trav-nii, tip redoute pas que son mori ne la regarde
plus.'i
glossaiue du MOU/ONNAIS 4();i
Saloperie, s. f., saleté, ordure, poussière; — clio?e sans
valeur ; — paroles ou faits inconvenants.
Saloper, v., l'aire mal, malproprement et sans soin un
ouvrage. — Il nvoi quat(rc} cu ciiu/ voies dii pois à rhrrhrr, il ai
SALOPK toute su' ne ouvraqc.
Salopette, s. 1'., pantalon, dit parfois cotte, en toile, que les
ouvriers mettent par dessus leur pantalon ordinaire, et (jui ne
craint pas la salet" les taches, etc.
Saloue, de saloue(ry ou saloi(r), s. m., vase, cuve où Ion
sale la viande à conserver, spécialement le porc.
Je scay faire sans nulle demeurR
Tounr>aux, sallois, barils, bacquets.
(Varlet ii luiwr)
Salsufis, s. f.. salsitis.
Sanglie(ri, s. m., sanglier. On dit : in cochon snngli('{r) (sin-
gularis) ; on sait qu'on le nomme parfois solitaire.
Sanler, v., sembler. ~- Faire sa.nlant comme faire cranck.
Que sanle à son muisel
Qu'il doive traire à se fin.
(Ada))i le Hossu)
Gtie me sanle
Que plus riches nei puist laidir.
(Ordène de checalerie]
Li aulres ne désire fors bien tel u ce ki bien li sanle et ce
que je vocl dire ce que bon li sanle.
(Jehan le Bel)
Et il lor dit que li sanlot
Qu'uncques ne vist plus bêle gent.
(Marie de France)
Ne onques au senlant ne li n'a se reson.
[Le roi de Sézilc)
St sanla bien (jue le mers formiast toute.
Li estoires de Coustanlinohle)
Sanner, v., sembler. — / W7'sa.n.not bm qu' v'élie{z) dii, Tloune.
Sans (j), V., nous sommes. Voyez fHre. — Quelquefois sons.
Compains, disl-il. nos sons trahi.
{Blamandin
Sansouuet. s. m., sansonnet, appelé aussi Elourniaus.
400 aLO!=^SAIRK DI- MOUZONNAIS
Li 9t'Cons ol. non Sa/jtounès.
{Jienart le Nouvel)
Sapougniaurd, habilanl de Sapougiie (Sapogue).
Sa(v)oi(r), sa-oi< v., savoir. — J'sais, j'savans — J'savos, j'sa-
vaiiis, v"savie(z) — J'ai su — J'sarai, — J'saros. — A savant. —
S'emploie normalement avec le sens de pouvoir : jii ?i'sAi> pvs
marrfiic(r), j'sos trop hodé.
Mais or en savons mains que ne savions devant.
[Berte as grans pies)
.le vous y saray bien mener à bon garant.
{Godef. de Bouillon)
Ainçois mi! trairai de celé part où je sarai miois que mes
avantage iert.
(Bestiaire cVamour)
Si vous ert bien guerredoné
Tant que vous m'en sarez bon gré.
(Castoiement)
Quant vous mronl sain et hailié
Et estrange talent aront
[Amadas et Ydoine)
Je ne saroye telle cose demander.
(Cygne)
Le roy ne se saroit aidier
D'aler fouir ne labourer.
' (Dit des en fans Adam)
Kn ne scavanl chose plus cappable à mettre devant l'œil
de la face
(Friquassée crotestyllonnec)
Sarpe, sarpette, s. f., serpe, serpette.
J'rennent bordons, prennent escharpes
Ou piz, ou faucilles ou sarpcs.
(liom. de la Bose)
Et port comme senez
Par derrier son crépon
Ou sarpe ou faucillon
A ses hars détrenchier.
(Estillemcnt au vilain)
Q'M veut donc sa vie amender -et son cœur appareillier,
primes li convient les ronches, chest Ioj péchiés, retrenchier
à la sarpe de la langue de confession.
{Mireour du monde)
Sart, s m., voyez sarter et saurt.
Sarter_, v., essarter. éool)uer. — F)'où sari, saurt, terre essartée.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 407
Sa-vous? savez-vous ? — Pronoiioiulioii ancienne que nous
avons dt'jù signalée dans ; a-voiix pour avez-vous.
Saucie(r), v., Irenipci- son pain dans la sauce. — Mouiller par
la pluie. — // ai chu n'riide ravrrsc, cl fans lé saucies !
Saucier, v., sarcler, travailler avec la binette ou sauclelto. —
Voyez Sdclcr.
Item, illouc, une'>20urvée ù sacler deuz foiz l'an.
{Donation de Philippe VI, 1340)
J'ay souffert mon jarJin sdcler.
(Débat de charité et d'orgueil)
Sauclette, s. f., serfouette, binette, petite houe.
Sauder, v., fiancer publiquement (souder?). C'était une vieille
et antique coutume, le jour des buires (brandons) de fiancer
publiquement des couples dans un village. Le soir, le buire lan-
çant ses flammes, deux groupes de jeunes gens placés chacu-n à
l'étage de deux maisons se faisant face, et situées sur deux côtés
opposés de la place, souvent à une distance de plus de deux
cents mètres, criaient, l'un : Margiicrilc Oudarl aveu(c) Nicolas
Matliy scnit-i bin saudés? l'autre répondant: Oui, i sanl bin
SA.UDÉS. On répétait la question pour chaque couple dont on pré-
voyait l'union, sérieuse on feinte. Après quoi, on allait danser des
rondes autour du buire. Nous avons encore assisté à des saudivies
en l849-oO-r>l. — En ville, à Sedan, les saudeurs couraient la
ville en troupe de huit ou dix, soufflant dans des cornets à bou-
quins, et livrant à la curiosité maligne des habitants les noms des
liancés, en s'arrêtant devant leurs -domiciles respectifs. — Cet
usage est absolument local.
Il faut remarquer que souder et soudure se disaient sauder et
saiidure comme on le lit au Livre des mestiers d'Etienne Boileau
(1260).
El fu de cuir loïe (la lance) eqtour et environ
Par IIIl. lois saudées a glu et a savon,
{Roman d" Ahxandre)
La pais entr'aus sauda et mist.
{Miracles S. Eloij)
Sau, sauë, prononciation de saoul, et de soii^ sol, monnaie.
- Ais-tu vu, comme Louis étot saue ? — N'i a'n ai mi seulemal
pour cinq saus.
Bevons assez, bien sera sans (payé)...
Se nous deviens chaiens .XX. saus,
(J. Bodel, Jus. S. Nich.)
Li pains, li vins et li paslé
Ont bien cousié plus de X.saus.
(Fabliau des 3 avuglcs)
408 GLOSSAIRE DU M0U70NNAIS
Kl de son argent me douna
Tant que mes labeurs est bien sans (payé)
(,iu'e!le me douna XV saus.
{Chit. de Coucy)
Saumiuette, s. f., sorte de siège formé par les bras de deux
personnes, les deux mains enlacées servant de dossier, placées
plus haut que les deux autres. — Jeu d'enfants qu'on porle à sal-
MINETTL.
Saumoire, s. f., saumure. — On md les quai' jambons dus la
SAUMOIRE.
Saur, adj., se dit de la viande séchée à la fumée et devenue un
peu dorée. Le vieux mot français sor signifiait jaune, blond
ardent.
De cheii que j'ai a feme ore
Qui ore me sanle pale et sorc.
{Adam le Bossu)
Richèce o! sus ses Ireces sores
Ung cercle d'or.
(Rom. de (a Rose)
Les chevûx ot plus sors c'or Iroiez ne leton.
(Maugis d'Aigremont)
Si cheveil resembloient d'or
Tant estoient luisant et sor.
(FabL de Milan d'Amiena)
Saurer, v., rendre saur.
Sauret, plutôt soret, s. m., hareng saur.
Ceux qui ont le plumage à couleur de haran soret.
(Rabelais)
Saurot, s. m , sarrau, blouse.
Saurt, s. m.; sart, terrain défriché, terres primitivement in-
cultes, puis essartées. — Etendue de terrain assignée à litre de
revenu pour le tenancier d'un service^ ainsi qu'en témoignent les
noms de lieux-dits : le Saput don herdie{r), — Le Salrt aux cos
(coqs) — Grand Saurt, Le SAURxay. — Et l'on a les composés :
Apsonmrl., Marlinsai-t, Grimansarl, etc.
Saute aux bloces, s. m., individu évaltoné, qui ne sait à
quoi s'occuper, et saule ici ou là, cherchant à attraper. . . des
prunes. — Analogue à dépendeur d'andouilles. — Est-i bête, eu
i/rand s.\ute-aux-bloces là !
Sauter, v., saillir, couvrir. Terme vétérinaire qui s'applique
aux chevaux, bêtes à cornes, etc. — S'est-i pas bintôt temps
d' faire sauter nnt' varhe, don'C)?
GLOSSAIRE DU jMOUZONNA'S 409
Sauteriau, s. m., gringalet, l)onhûmiue de rien, sans corps,
ui cervelle. — Oli ! l' pavv' afunl ! in petit sal'teriau ! ça uest mi
pus gros qu rin !
Mais il parait si soleriaus
Qu'il en feroit devant tous chiaiis
De nos vile autretant comme ore.
** (Jeu de [iobin et Marion)
Sauteus, i^. m., qui saule, sauteur.
Sauve, adj., sauf, sauve. — Sauvé, parti. — J'nVnnbêtOS aveu-
z-piis ; i'n'ai po>i(t) lu d' cesse quûjii n'sois sauve.
En haptesme, bien le sachiez,
Est home sauve de pechie/.
{Be-tiaire divin)
Sauver (se), v,, aller, partir, fuir. — On dit : v'ia riait qui
s'sACVE, il bout et passe parde.isus la marmite.
Saux, s. f. , saule. — Saulx a donné les noms propres des vil-
lages Saiilces-aux-bois, SausseuiL
Désespérez s'est, si s'est panduz
De sa sainuirp à •!• sauz.
(Wace)
Selonc ce que demoslre ii jons et la saus sauvage, et tous
arbres qui de miislor naissent.
fLi livres dou Trésor)
Sali.x, saucli.
{Glossaire roman latin, XV^ s.)
... Se li usaire d'un champ a sauz ou autres arbres.
(Digeste)
Et là, gisani à l'ombre d'un grant saulx.
(Complainte de France)
Delez une saus acosta
Li prestre.
(Fabliau d'Estourmi)
Sauzaie. s. f.. saussaie, saulaie.
Sauzelle, ?. f., espèce d'osier, brindille de saule, — La Sav-
zelle est un lioudit à Raucourt.
Qui voelt la saucelle
Ployer aise, il le prent vregelle.
(Froissarr, Espinette)
La Déesse... O (avec) ses nimphes et ses pucelles
S'ombrioient dessous saucelles,
(Froissart, Buisson de Jone^ce^
Savant, s. et adj., sachant, qui sait. — Ils savent.
410 GLOSSAIRE DU MOUZONNATS
Savart, s. m., sart, terre inculte. — Voyez riezcs.
. . . Doul lessa morl Maiiiiuit en un sauvart.
(Foulques de Candie)
Savarder, v., cultiver, défricher les savarts, essarter.
Savater, saveter, v., faire un ouvrage mal, sans soin, sale-
ment.
iMessleurs les Savatiors sacalans lie la ville cl fauxbourgs
de Paris.
(Procès de \(Wj)
Savatiefr"!, individu mal chaussé, traînant la savate.
Savelon. s. m., savon. — A été emplo3é jadis pour sahie,
sahlon.
XX barrolz do savelon.
{Constr. cathcd. de Noijon)
Savetie(r), s., savetier; ouvrier malhabile. — Va t'a, tu n'es
(juin sayftie(r), tit ii'sais rin faire!
Sa(v)oi(r). — Voy. snol.
Savouner, savounage, savounette, savonner, savonnage,
savonnette.
Schloff (aller), v., aller dormir. — Ail., schlafen.
Schnick, s. m., eau-de-vie.
Schickeus, s. m., qui boit volontiers de l'eau-de-vie, ivrogne
buveur de goutte.
Schnouffer, v., priser du tabac. — A Jersey, le tabac se dit
sno et celui qui en use est un snofexix.
Bin malin qui va m'atirapé
Si reste alnchin (ainsi) à le snofé.
(Poésie patoise jersiaiic)
L'anglais smiff et l'allemand schnupfen signifient aspirer,
humer : notre vocable est visiblement emprunté aux Allemands.
Schnouffeux, s. m., qui prise; le terme est plutôt méprisant
ou du moins ironique.
Scorsionnaire, s. f. , scorzonère, esp. de salsilis.
Scourg-eon. — Voy. lîscourgeçn.
GLOSSAIRR DU MOUZONNAIS 411
Se, s'. Reste de l'ancien se = si, employé romnie affinnalif.
— Prends l'sac et s' lii porte an moulin. — Tais tii^ el s' Ut lais,
S' v'avez faim
Magni eune de Vos mains
El s'wardez l'aute pou d'main.
(Dicton liégeois et ardennais)
Kt s'en ferai mainte chanson jolie.
(Perrin d'Angecourt)
El quant il l'a conquis, se V done boinement.
{Rom. d' Alexandre)
Siro, et je le vous ameinne, si en ferez vostre volenté et le
veez-ci.
(Joinville)
Se, sii, pr. poss., son. — Voy. mon. — // ai hérité dû s'
père. — Su chevaiis s'ai afj'olé la patte du drie(r).
« Or tost, Borghet, le baing cov.'"és »
Dist la dame, qui moût s'aïre
, Quant ele entent ke c'est se sire.
(Fabliau de la Longue nuit)
Se homs tenant lief muert sans avoir hoir de se propre cors.
(Rec. Taillar)
Hauet clamât le terre toute qui estoit entre se preit et
l'eawe.
(Li Paictilhars)
Sei-ion, s. m., sillon, roie. — Oui! mais im' vole in sei-ion
(/' soile.
Que trop me fêtes demorer
A arer nu seillon de terre.
{Rom. de lienai t)
Séjou(r), s. m., loisir, inoccupalion. arrêt de travail. — V'ià
co les lisseu(rs) qui sant d'sK;jou(R).
Les chenus, les barl)és
Qui le séjour aiment et repouser.
(Garin le Loherain)
Buveurs très illustres pi'ndant qu'estes de séjour.
(Rabelais)
Séjourner, v., être inoccupé, sans travail. — Les mécaniciens
SKJOURNA.NT pendant 'n seinain-ne tous les mois.
Sèke. adj , sèche. — On dit ; ine peur sèke pour une tleur
arliticielle. — Aot' vache est sèke, elle ne donne plus de lait.
Plaunté dessus des fueilles secz de paste.
{Manusc. Old Roy, Ane, text.)
412 GI.OSSAIKK DU WOUZONXAIS
L.'i tiere est toute seccc.
{Roman d'Alexandre)
Li moiitaigno Abel est tousjours venle, et li moiitaigne
Caïn est tousjours scLe.
[Chronique d'Ernoul
Sèkeresse, s. f., sécheresse.
Prunes grenates valent a lo sekereche de la gorge.
(Alebrant, dans La Curne)
Puisque Mors lot à sa devise
Fait sor loz ]iluie et sckerece.
(Tliiljaud de .Marly)
Sékeron, s. m., se dit d'un fruit qui a séclié ou d'une personne
escessivenienl maigre. — Sa femme n'rsi pas mal. ; mais lout,
c'est in laid petit skkron.
Les prez appeliez séchirons sont deffensables et n'est
permis y mettre, ne mener iiesles, etc.
{Coût, général)
Séki(r), V., sécher. Se conjugue sur /ini(r). — Les dia(ps)
vaat bin «kki, pa{r) r' i^i^al Là.
Del très dolereus courous
Dont cors art et seke tous.
(Perrin d'.Angecouri)
Sèflj, s. m., seL On prononce srir.
Selle, s. f., nom resté à un tabouret de bois, à une escabelleou
une chaise. — L\:ii par terre ateur doux selles.
[Le pied pose dessus une sellette.
{Messaigier d'ainour.s)
La ducliesse de Luxeml)ûurg qui desja esloit si goûteuse
qu'il la l'aloit jiorter en une selle.
(Oliv. de la Marche)
Chambre garnie d'ung bulTect
De jilacet, de selle et scabelle.
(Blasons domestiques)
S'elle, si elle : élision analogue à s'il. — Qu'elle // ca. s'ellk
veut.
S'clc rit, c'est compaignie;
S'ele pleure, c'est dévotion ;
S'ele dort, elle est ravie ;
S'ele songe, c'est vision ;
S'eie ment, non créiez mie.
(RutebeuO ,
11 lui dist qu'il la p'renderoil volontiers a feme s'ele voloit.
(Chrnn. de Pidins)
OI.OSSAIRK DU MOUZON.NAIS 413
Fa Dieu scel s'elle parli^rn.
(doquillart)
Sais-tu s'elle est belle et gentille?
(Baïl)
Semain-ne, s. T., semaine.
Si me couvient esire cliascune sciinin-ite à plait.
yMencslrd de Reims)
Semer, smer, sumer, v., semer. — ^"/ n' plnvol pi(s, /su-
MKnAiNs /*/// rih' nos itniiii-iirs. — Tu /rsECMv.s //(/ biii. lu fais des
pltiqurs. — On conjugue : j'seume ou «unie, j'ai s'tné ou sumé,
j'seumerai ou sunienii (avec ru bref).
Semoue, s'moue, sumoue, s. tu., semoii. — (iiand laltlier
(Hi le laboureur place le craiu qu'il doit jeter coinnie semaille.
Sen, |>r. pos., pour sou. — Voyez Si', sii.
S'eu, pour si au. — Voy. S'(ui.
Senée, s. f., berbe oléagineuse à llcurs jaunes ou blanches, qui
pousse en quantité dans les terres cultivées : nuisible. — C'est la
moutarde des champs (srurcs Jnwms)^ ou le sinapis arvensis ou
alba si'urrs bliiurlirs). — Sanve. — On trouve écrit scncf.
Sinapis, senevel. ■
{Gloss. roman lai., AT" s.)
Senlant j'aiie), v., feindre, prendre les apparences. — Voy.
suulrr.
Mais no vui'l que nus sanlatit lâche — De lui.
I.Iean de CondH)
Senler, v., sembler. — Voy. Suuh-i-.
Sente, .-«. 1'., sentier, petit chemin. — Kinployé dans les noms
de lieux-dits : Jm sk.ntk ilii Brou<'uui\ à lîeaumonl.
Un garçon vi ijui sans nii'sprendiv
Mn une seule m'adresea
Ml cele scnle m'amena
Kn riiostel.
(lùihl. VcDiiiir mi de Portiijal''
Senti(r), v., sentir. Je sens, j'sentos, j'ai xr///'/. j'.sentrai, .j sen-
tros. — Signifie souvent làter : ./'rlos jjrrdu. Jr semos<A' lous Irs
entés (ii)oir si Jii r'couuoiros idiu/uc. — L'ijraud'pùvv. c'csftj in
rius (hin : o'u't'Z qu'à l'wailicfr) au moiurul d' pai-iii'.(v}, i sent
a' parle miuiuaii' dus sa poilii'. mais i uu l'sorlc uii.
A tant a senluc la tuile
De la ^ranl courtine esLeiidue.
'Fabliau Preslrc cl .l//so»)
414 tiLOSSAlUK DU MOUZÛMNAIS
Quiiiil i'arlcujpcx l'a sentuc
Et. sont (]a'el est IresLoute nue,
(Partonopcx de Blois)
Quant furent eschaufcs et les coups ont sentu
I/un l'autre no prisoienl la monte d'un feslu.
(B. du Guesclin)
Je m'en sens et m'en sui^ sentu.
((Charles d'Orléans)
Sentu avez des aiguillons pointus.
(J/"^ du Pallays)
Se sont pris au j)ast qui esloit dedi'iis. qu'ilz ont sentu au
llayrer.
{XV joyes de umriaye)
Sept C'rsl ipiis biaits des), expression ironique.
Séque, séqueresse, séqueron, séqui(r). — Voy, Sclw.
etc. . .
Et le tenés tant au soleil les pies loiies que eles soiient
Ijjen seqiies.
(7V. de fauconnerie, Ane. le.xles)
Seraius ij ), nous serions. -- Voy. l-^tre>
Seran, serais, s. m., peigne à longues et nombreuses dents
d'acier, servant au travail du chanvre.
Mesliers appartenans à c'est assavoir des painctres,
selliers, goherliers. . . . . pigniers faisans pignes à pignier
laines, ouvriers faisans serantz
(lièij^ des 1 corps de niéliers, Reims, 14U0)
Povres devint et pain qu'^rant
Et ge n'oi vaillant un seran.
(Rom. liosej vers 1538)
Ur a lillé, or a serans
Uesvidoir et petiz et grans.
(Eust. Ueschamps)
Seraus (j'), nous serons. — Voy. A'/yc.
Serimonie, sarimouie, s. f., cérénnonie.
Et encore fait-elle telle convenance et telles serimonies
que elle ne mangera.
(XV joyes de mariage)
Sermenté, adj., assernrïenté.
Serrer, v., battre, flageller, corriger. — Xiï rccuumacc pa:^,
In sais, ou f serais skukk.
GLOSSAIKE U(J MOUZONNAIS 4|5
Serriette, s. f.. sarrielle, plante aromalique.
Servi(r), v., servir. — Je serve, j'servaiis — j'servos, j'servaitis
— J'ai scrcu ou servi — J'servrai — J'servros.
A KX'" homiiies je le scrveray ii mes (lesi)ens.
(Jean d'Outroniouse)
Père el mère lu honoreras
Et scrceras reveremniont.
(Jean de Stavelot)
Setie;r), s. m., selier, ancienne mesure, vase pour buveurs. —
A Raucourt : Paies-tii in f/<?>»/-sETiE(R) ?
Seu(l), adj. masc. — Pluriel suas, ancien cas sujet singulier. —
An'it ti>ù'sl-i:(' (juii l'es? .fsus tout seu.
Car si com il s'asist unes fois a une ajournée ou cloislre
lie rabeï}3 tous seus.
{Serin, de Maurice de îàully)
Kl li rois tous seus demorra.
{Rom. de (a liose)
Signeur, aies mengier
C'o li n'en ira c'uns tous seus.
{Roman de Ham)
Il est entré tous seas ou rouge paveillon.
{Bastars de Bâillon)
Seurette, s. f., petite sœur. -^ Nom d'amitié, surnom. — .J'ai
racontrc la tante Seurette. — Cotgrave cite : Sœurete, petite
sœur.
Siau, s. ni., seau. Parfois .s/fl/, .s'^/i/'', saille. seiUau. saillau.
En mon siau l'a laissie entrer,
{Miracles N.-Ùanlc)
Il m'en est entré dans la bouche plus de dix huict seillaux.
(Rabelais)
Sie^d), 3« pars. pr. indic. de seoir, sied, va. — Sa robe li sie
tnoul bin. — Ça II sie bin I elle a bonne tenue ou démarche ;
mais ça sierot co miiis à Marie.
Molt li sist bien H cercles d'or
Sor les cheveus.
{Floirc et Blancrflor)
Dix ! com li sist li escus au col et li hiaumes u cief.
(Aucassin et Nicolette)
Si avoit en droit la poitrine
Une boce qui mal li sisl.
(Gaucain)
416 GLOSSAIHE DU MOUZONNAIS
Molt II yicul liien les armes.
(Foiilijucs de C'(i«dù,)
El Dex ! coin Ih'I li .sieiil si doré esporcn.
Roman d'Alexandre)
Siégie(r), v., siéger, èlre d'aplomb. — (,'ute lab(le) là n'siÈGi-:
//;/ /)//), se? pieds ne louchenl pas siinullanémenl le sol, elle boite.
Si est. p'iur s-i ! cela est. — Voy. Ami rsl. mini.
.lo ne CLiic pas que ce suit il
— S/ est — Counois le tu ? — Uïl.
{Gauvaiii)
l'islrir ei conlens si est quant l'un dist à l'autre : « Si eut,
UGH est. »
(Mireour du moiub )
Dame je croi bien qu'il n'est mie tilz de voslre seingneiir.
— Sire, si est, dist la roïne — Non est, dame ; et. se vos ne
me dites autre chose, je m'en irai.
(liom. des sept sages)
Siez-v', iinpér. Asseyez-vous.
Si fet, aflirmalif de si ; si, parfailemeut. — Voy. Nuii /'ail.
N'en l'et mie à parler
— Si fet — A'ori fet, i»as n'iroie.
(Meravfjis)
Signie(r), v., signer.
Nul ne la péusl engignier
Ne de sKjnier (Taire des signes^ ne de guignier.
{Rom. de la Hase)
Sîmer, v. — Voy. Chlincr.
Sinau, sinon, sinâ, s. m., yrenicr a loin, grenier.
A un sijnau dessus les brebis ou icellc -Jehanne estoil
montée.
(Cil. de Larurne)
l,e suppliant ymugina qu'il l'iMissenL ou sinal dessus la
dite bergerie.
ilJ.)
Si n'n pour s'il m : Si n'.n /// en, i/ii'i m'a dumir.
Si n oui I niant de celé un vallel ki l'ud apelé Genébalh.
(IJv. des Rois)
Va si 'n nai-je esté requise.
iRo:'}. M' S' Mi-hcl;
El si n nareil ses livraisons.
(Id.,
GLOSSAIRE DU MOUZONNAlS 417
Car s' Hz /l'usoioni, ce seroit b;ur moyen
l)e n'havuir plus rentemiement si rude.
{Pronosticalion d'Uabenragel)
Ne fusl mov, qui n'hay lousjours affaire.
(Id.)
Sîr, V., seoir, asseoir. — Sicz-v' ; si)'i Us) tu là.
Sie-le une pièce seur ce chien.
(Marie de France, d'une Cornaille ipii
s'assit seur uuc Bcrbix)
l)'un si grant serment esehevir
Je le vueii liien, va toy seir.
(Eust. Deschamps)
Sî-si (faire), v., terme enfantin, s'asseoir.
Si vous plaît, s'il vous plail.
Voeillicz le moy pardouner, si cous plaisl.
(Guillaume de Michaul)
Six vingts, cent vingt. — J'ai encore entendu des vieillards
dire : fl avot six vingts ans quand il est mort. — In sac <lû sept
VINGTS litres (c'est le sac au sept), c'est-à-dire contenant sept
mesures ; le sac au six contenait six mesures, mais la mesure
était un quartel d'environ vingt-cinq litres, ce qui fait loO = sept
vingt et dix litres).
Soceneau, adj., rêveur, à la frontière.
Soche, s. m., soc de charrue).
Socques, s. f. pi., sabols, galoches, chaussures.
So-"ie, s. f., scie. — Et aussi, avec Vn long, sô-'ie, soie (de
cochon I.
Prendre le lisl el le cierviel,
D'une soie qui fust d'acier
I^e fiît trencieir oulre parmi.
(Ph. xMouskes)
So-ieus, s. m., scieur. — (n soikvs d' Long .
Premier, ij'^ soieur.
(Mir. Notre-Dame)
El là vindrent deieis eais karliers (charrons) et merchiers
el soieurs.
Qar li vilains m'a olroié
A ses soieors a lor prise.
(Jean de Stavelot)
{Rom. de Renart)
27
418 • GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Soi(f), S. f., soif. — On trouve écrit soit (silis).
Taiil II faites avoir conroi
Que ele n'ait ne fain ne soi.
{Casloicinent)
Dii'X qu\ cria aux Juys (}u"il moroit (ie .-«oi.
(Rulelieuf)
Sa jument n'avoit gueres ne soi ne fain.
{Fabl. du Prouvoire, Guérin)
Or })U(;l Jjien boivre, s'il a soi.
{Fahl. de l'Aiie)
Et «lue ]i!us l)ui et plus oi soit.
(Walriquet, Font, d'iuiiours)
Et tant avons sosfert de pluies et d'orés.
De grans fains et de sots et de chailivetés.
(Gui de Bourgogne)
Signifiant l'angoisse et la faim et la soif
Au chastel Josselin esloient li François.
{Du Guescliii)
Mes tu vendras encor ça jus
A toi le mains qant auras soi.
{Rom. de Renart)
Nous avons souffert les grans peines et les grans Iravaus,
les fains et les sois, et les frois et les caus.
(R. de Clari, Est. de Coustantinoble)
Soignie(r), v., soigner. A très souvent l'acception de corriger,
battre, fouetter et même conrer (v. ce mot). — Attention
yupfies-tn, tu va(s) être soignie.
So-iie(r), v., scier. — Tu ?/r.soiEs là dos, tu m'ennuies.
(L'an 121 !■) Ou mois que l'on soie l'aveine.
(Chron. de S. Ma gloire)
Au moys d'aoust qu'on soye les froments.
(Eust. Ueschamps)
Qui entrepenra sur son voisin à so-ier. il rendera pour
une gerbe deus.
(Ordonn. Reims, 1378)
Allons coupeir ou soiier une des arches de pont.
(J. Staveloi)
Seigneur ne soies jù doutant
Que jou n'en ochie autrelant
Con Berengiers soieru d'orge.
(J. Bodel, Jus. S. Nicholas)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 419
Vez là ces chans ù la gent soient
Qui ces jarhes cueillent et loient.
(Marie de France)
On avoit jà les pois soies.
(Hoin. de lien.irt)
Soile, s. m., seigle. — J'ai s'mr (Ion •^oilk das nul' Irrrc du la
Bcrrjierrc.
Sept IVanchars de soile qui movienl de mi perpeluemenL.
(Carlul. d'Orval, 1254)
L'hommage de sa sœur JolFi'ne, qui vaut dis wiit sestiers
(jue so»7/t' ([ue avainnc.
{Carlul. de litthel, 1322)
Ce sont les charges que le vicomte doit en argent,
en fourmentj eu blé de soile et en avoinne.
Dlh^ de la Vicontr de Reitw, \'.i''ù)
Siligo, soille.
(Gloss. rom. lut. XV"^ s.)
Je n'achale soiles ne lins
Aultres grains, ne fours ne moulins.
(Froissart, DU dou Florin]
Soileus, soilant, adj., allérani, qui donne soif. — Alléré. —
On dit : i fait soilant, le temps est tel qu'on a soif. — Voy. Ues-
soili(r). Remy Belleau a onriployé dessoicer.
El ils furent soileus (c'est ilz avoienl soifj et famiUeux
(alTames)
\P:>aulier)
Tuit me despisent mandiant, ne ne saolenl de lor miales
lou famillant, Nuns n'espant ses goles de réfrigère en lu
boche de soillant ; nuns ne denet a moi nés une petite rosée
d'aiguë ; kar je sui fays a toz hahynoz.
(Dialogue à la suite des Charles de Lorraine^ Bonnardot)
Soin, s. f.. soin, souci, peine. — // ai moitl d'ia suiit de sa
pauv^ vieill' m^re. — Voy. Soiigiie.
De demeurer cy n'ay plus soiny.
(Chron. Ducs A'orm.)
Blancandins n'ot soing de lor feste.
{Biancandin)
So-iure, s, f., sciure.
Par forche de famyne convenoit ilh mangier herbes cl
soioir de bois.
(Jean d'Oulremeuse)
42U GLOSSAIRE DU MOUZONNAlS
Soir (au pour du soir. — / nr /fint ifun neuf heures au
SOIR.
Il (Louis Xlj (l-'C(3(ia le samedy. à huicl heures au soir.
(Commyncs)
Soleï^r), s. m., soulier (solea).
Voslre sokir n'ont niestier «roint.
(Rulebeuf)
Si^s soleis roui (usés) ne ses laçons (semelles)
N'ait jias en vain nostre piétaille.
[Guerre de Metz)
Et se merveilieiit nioul que dedans G(i ans n'esloit envieil-
lis ne sa vesiure usée ne li soler perchié.
(Serin, de Maurice de Sully)
Que sans sohrs ne porroit hom
Durer ne faire grant beson.
(Dit des cordo ini' r.^)
Calceus, cei, saulers.
[Vor. la. fr , XII r s.)
iSolular, soler.
{Gloss. roih. lat.,XV^s.)
. . . Les viez housiaus. . . Les solers viez,
(Cris de Paris]
Sollers et eslivaus
Et chances et housiaus.
{Eslillement au villain)
Nuls cordoaniers ne puet vendre sollers de cordouan avec
sollers de vache, ne de veel.
(Od. de Reims, IMS)
Faisiers de bouclètes à saulers.
{Livre des méliers)
Et li lisl caucicr un sollers que li clerc apielent cendales.
(Cliron. de Rains)
Mais ontjues, ce ne l'et douter
Cordoaniers n'ol bons solers.
(Prov. du XI II" s.)
Cd l'ait saullers et cil les paint
Cil lad boles et cil housiaus.
\Messire Gauvain)
N'i uioillerés ne cauce ne soUer.
iUuoH de Bordeaux)
Chaucies relu par grant meslrise
D'uns solers decoj)es à las.
(flnni. de la Hosej
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 421
Si i laissi^nt un sollers a 1;) mesure ilel singo.
{Besliaire d'arn mv)
Sans deschaucier solers ne botes.
{Br. des roij. lignage)
Solive, s. f., mesure pour le bois de charpente : valait à peu
prés le décistère. — Pièce de bois de charpente appelée plus ordi-
nairement sommie(r) ou souinii'{r).
Sommei-iie(r), v., sommeiller, dormir.
Kt me suives sans soiniiieilii^r.
{Dance macabre)
Sommie(r), soumie(r), s. m., poutre, solive qui supporte
une charge ou somme. Anciennement béte de somme.
Et il avient quo acun de ses voisins mete
Soumicr ou chevron dedans son mur a covort.
{Assises de Jérusalem)
Son, adj. poss., ord. remplacé par sou, sii, ,s' et quelquefois,
comme jadis, par sen. — /'»' gangue mi s' pain. — Il ai perdu
s'.N année. — // ai perdu toute su'x année. — On voit que s'n
= s(e)n.
... Qui mainte paine et maint ahan
Eut pour se pays a detîendre.
(Jean de Gondé)
Sour sen lit a pris sen pelicon.
(Id.)
Selonc che qu'an sen lieu retenus les avuit.
{liai de Se z lie)
Il ert bien anne par nature
Qui ne peut lire ce n'ecriplure.
(Friquassée crGte»tgUunnée)
Son, s. f. , sommet. — A la son, au sommet, tout en liaut. —
J'ai grimpé a la son d'in pouplie{r). — A la son des Batailles.,
iieudit, petite éminence à Bulson.
Et cil qui Fortune a mis et son de sa roe
Puet estre toz seurs qu'il charra en la boe.
{Regrès de !n mort S. Loys)
Et porloieni enson les lanches gians torkes de candeilles.
(Li estoires de (Joitstintinoble)
Jusques à la borne mise au mars, u son la couivée de"
Gombervaul.
{Abornem^ à Vaucouleurs, 1345)
Le bec qui est en son de celle gallie.
(Jûinville)
ATI GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
En son le monlaigne, a -I- liu c'on apele Bolel.
{Chron. d'Ernoul)
Au cief a une creste en son
A la manière d'un paon.
(Image du monde)
Seur chascunt; lour en son.
(Cléomadès)
Son, s. m., écorce du blé. Ne s'emploie guère qu'au pluriel. —
On nirlangc loiijoit(i's) aveu(c) îles sons les carottes^ Ips létfumes
qu'on donne ava- lapins, pou'r) que ça ne soil nii si frais,
si cru.
Son (taches du), s. f., taclies de rousseur, éphélides. — Voy.
Bran, hre.n de Judas.
S'on pour si on, si Von. — Eh bin .' s'on veni, on pousserai
jnsqu'ù SUlnn.
S'on ne li fet tel plet.
(Foulques de Candie)
S'on [iront jiar droit d'un larron la justice.
(Quesnes de Béihune)
Ce truant — Ne cessa huy de cliqueter
Scavoir s'on luy vouldroit donner.
(Mauvais Riche et bon ladre)
Pour savoir s'on porroit ceste chose apaisier.
(Du Guesclin)
Dites moi. Bêle, je vos jiroie
S'on vos a balue por moi.
(Audifroi li bastars)
Et ne reviens jamais s'on ne te mande.
{Triuniplie de D. V.)
Songie(r) et r'songie(r), v., songer, mais surtout penser,
rétlécliir. — F. p , sa/iffie. — Qu'a dijez-v' ? ./'songe qu'i vaurol
mius aller à pic{d). — J'nans guère biyi so:iGiE : farains dvu
coumacie(r) par là. — Eh bin ! qu jù r'songk, c'est demain qu'
Nicolas arrive. =- So.ngie(r) de, penser à. — Songe dû revenir à
l'heure.
Pour ragencer un vers que cent fuis je resonge.
(Baif)
Mais l'on puet tiex songe songier
Qui ne sont mie mencongicr.
(Rom. de la Rose)
Nul contre n'osera songier.
(Ballade duc de Bourgogne)
Sauve ton cors, pensse di; t'ame.
(Fabliau de Bourse pleine de S'-hs)
GLOSSAIRK DU MOU/ONNAIS 423
Sonrée, sonre. s. f., troupe de pourceaux. — On trouve
soure (sus). — Ironiquement et par mépris, compagnie, famille.
Sur ce et ad cause que les Bourgeois, manans et habitans
de la ville de Douzy auroienl fait une assemblée et sonrc de
pourceauk, chassez et menez au Boys de L'Estrye,
(Sentence du prévôt de Mouzon^ 14ïi6)
Sons, sans, v., U" pers, pi. ind. prés, du verbe être.
Nous sons d'un eage et d'un grant
D'une manière et d'un aler
D'une Tois et tout d'ung parler.
(Froissart, Buisson de Jonesce)
Soquette, s. f., souche, racine d'arbre.
Sorcié(r), s. m., sorcier.
Soret, s. m., hareng saur, fumé, jauni [\o\. saurel). — On dit
d'un homme : c'est in vrai soret, pour : il est sec, maigre et
jaune comme un hareng saur.
Si crin sont auques cler et sor
A poi que il ne sanlent d'or.
(Blancandin)
Ceux qui ont li; plumage à couleur de haran soret.
(Rabelais)
Il est bouiry de vengeance comme un haran soret.
(Ane. th. français, IX, 69)
Sorti(rj, v., sortir. — Je sorte — Je sortos — J'ai sorin — Je
sortrai — Je sortros.
Soubriquet, soubricot, s. m., sobriquet.
Souci-iie(r) (se), v., se soucier, se préoccuper, s'inquiéter. —
Ne se soiiciier, n'avoir pas envie, ne pas tenir, n'être pas disposé.
Souci-ieus, adj., inquiet, préoccupé ; — soigneux.
Soufferre, soufiFri(r), v.. soulïrir, supporter. — J'soufTers,
j'souilrans — j'souffros, — J'ai soutl'ert — J'soufferrai — J'soufTer-
ros. — A soutïrant. — J' n'ai jamais su socfferre qui m' répond.
S'il vous demande la terre
Où pour vous vout la mort soufferre.
(Rutebeuf)
Je souf-rrai mon damage
Tant que l'an verrai passer.
(Chans. de ThiiKiut)
4 "24 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Mais ji^ ne le soferrai jias.
(Gauvain)
Adon soferrai le jugement de ma cort.
{Rom. des sept sages)
Li rois no soferroit mie.
(Rutebeuf)
Ciertes, biaus frères, disl il rois, si vous me croies vous
souferries encore.
(Chron. de Rains)
Jugement en sa kurt et dreit i sufferrez.
(Thomas le martyr)
Meis Diex fet le pardon por restorer sa perte a cels qui
souferront por lui la grant poverte.
{Chantcpleure)
Souglot, s. m., hoquet, mouvement qui se fait sous la glotle(?).
— Voici une recette locale pour guérir le souglot : J'ai ^souglot
— Pa(r) Jésus — Diu m'iai donné — Ju n'I'ai pus. — A la
rigueur, ce mot représente aussi le sanglot, pleurs nerveux, où a
vieille langue disait souglous, seglous.
Seglous eûmes a foison
Angoisses, et lermes beumes.
(Voie de Paradii)
S'eumes seglous et soupirs
Apres ot-on pileux gemirs.
(fd.)
Par destreceux sougloutement
Entrerompoient son parlement.
(Cit. de Godefroy)
Les fueilies de cest rain sont li cri, li pavement, li sous-
pir, li sougloutement.
(Livie dou paulmier, Aîic, textes)
Souglotter, v., avoir le hoquet — pleurer en sanglots, ner-
veusement et par secousses. — Via pus d'ine heure quà j'sov-
GLOTTE. — Il ai in rude chagrin, c'pauv afant là ; écoute lu,
comme i socglotte.
Par la mort qui le destraint commence à sousgloutir.
(Rom. d'Alexandre)
.Jus de mente raellés à vin de pûmes grenates, restraint le
vomir et oste le sougloulir.
(Al€bra7}t, dans Lacurne)
Sougne, s. f., soin, souci. — C'est moût d'ia sougne quû
d'élever in gamin comna !
. . . Mais n'ot pas soigne
Cleomadès d'aller par là
[Cléomadès)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 425
N'en dout rien, jà ne trouveront
Cose escrite, n'en ai pas soigne.
(Adeiiés li rois]
S'ai à faire aucune besougne
Dont je sui de cuer en grant sougne.
(J. de Condé)
Sougneux, adj , soigneux.
Et doibt esire chacun loyal subject autant ou plus sougneux.
(Gerson)
Sediilus, sougneus.
{Voc. lat. fr., XIII' s.)
Soyez sougneuses de les prendre (vos droits).
(Coquillart)
Il vous fauldra esire sougneux
De vous lever pour le bercer.
(Farce du Cuvier)
Sougneusemat, adv., soigneusement.
Mais on le garde sougneti^emcnt.
(Chron. de Rains)
Sougnie(r), v., soigner. — P. p., sougnie. — Oh la pauv
vieille ! elle ai té moût mau sougnie 1
Que ma dame ait pleinement
La ialousie à sougnier.
(Perrin d'Angecourt)
Souhaitie(r), v., souhaiter. — Allans li souhaitie(r) la bonne
année.
On ne porroit nulle fleur souhaitier
Qu'amant deust tant amer ne prisier.
{Guillaume de Machaut)
Souillart (Marie) et J/arie Torchox, s. f., femme sale, souil-
lon, qui gâche et salit tout ce qu'elle touche.
Souinée, s. f. — Voy. Sonrée. — Angl. swin., cochon.
Soulagie(r), v., soulager. — P. p., soulagie.
Se Dieu nous, veult assoulagier
En ceste présente saison.
(Balade duc de Bourgogne)
Soûle, s. f., balle, boule. — Voy. Soidle.
Houdeberz le fiert de sa boule,
De lui joue con d'une soûle.
(Rom. de Renart)
Soûlée, s. f., pochardise, résultat d'une longue beuverie. —
// est toujou(rs) à l'auberge ! et i(l) fait des soulées, faut v(oir).
4 20 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Souleûre, s. f., frayeur, saisissement, crainte. — 7'o?// d'it)
coup, r'iti in rai iftii nt'ptissc sus les pie{ds), j'ai iii 'n soulkurk
ti-iribftle.
t Souleur », une peur subite. Vulg.
(Ouciin, Curiosités)
Soulever, v., enlever, voler. — Pendant que félo(s) allé
marander, on m'ai soulevé m' bu-iot. — On conjugue : j'sou-
leuve, j'souleuvrai {eu bref).
Soûlle, choule, s. f., ancien jeu qui consiste à faire rouler
une boule, une balle avec un bâton (en crosse), suivant certaines
règles. — La boule porte le nom de soûlle ou soùllon.
Aient aussi droit -le livrer, par leur mayre, la soûlle que
l'on a accoustumé de bailler le jour de la Toussaint pour
soûler et jouer à !a soûlle.
{Droits de VéînarSy 1245)
Car chassie fut comme un soullon,
(Villon)
Diex ! que je ai le panche lassée
De le (houle de l'autre lois.
(Robin et Marion)
Soûlot, soûlard, s. m., qui est saoul, ivre; — ou qui a l'ha-
bitude de se saouler, de s'enivrer ; — ivrogne.
Il (le clercl se fait vil et est sjulart.
(Passctemps d'oysioelé)
Soumie(r), s. m. — Voy. Sommie(r).
Souner, v., sonner. — Pouir) qu'est-ce qu'on soune des lais-
ses !
Le roi. .. Coumande a souner l'olilant.
(Renart le Nouvel)
Que li saint par la cité sounenl.
(Amadas et Ydoine]
Va li rois faii souner ses cors et ses tabors.
(Ror an d'A lixandre)
Sounerie, s. f., sonnerie.
Sounette, s. f., sonnette.
Quiconques veut estre ovriers d'estain, c'est a savoir
fesieres de miroirs d'eslain, de souneiles, et. . .
(Livre des Me^tier»)
Souneus, s. m., sonneur.
Soupe à l'ivrogne, s f. , soupe aux oignons, que l'on fait
pour reuT qui ont (mp bu la veille.
GLOSSAIRE DU MOL'/ONNAIS 427
Souper, V. On dit : J\ius sount: des pois, des canculas, d'ia
salade pour : nous avons soupe et notre menu se composait de
pois, âe pommes de terre, de salade. — Le verbe d'mer s'emploie
de même.
S'ou plaît, s'il vous plait.
Voles le vos? — Oïl, s'ou plcst.
(Messirc Gauvain)
Se j'uy trop luonsoigiieur, s'ou jdn'it
Demouré, pardonnez le moy.
(Miracle de la Fille d'un roy)
Souplo-iie(r), v., fléchir, plier, ployer.
Sourber, chourber (voy. ce mot), v., sourdre, sortir à foi-
son, jaillir. — Roquefort donne le substantif sourbée avec le sens
de gerbe, ou tas des fruits de la moisson : ce dernier sens expli-
que bien l'emploi que nous faisons de sourber dans cette phrase :
V7a libelle plante dï( canadas ! ivaite don{c) comme ça sourue
(pullule). — Le vieux verbe sorber. sorbir signifiait au contraire
absorber, engloutir, enlever, avaler ; il ne parait pas pouvoir
donner le sens que nous attachons à sourber.
Chascun qui ara autres bestes a charrue porra mettre ses
chevaus a la charrue un tor au gayn (Waien) pour coitier ses
sourhécs.
{Cit. de Lacurne)
Et la mer la sorbisl et Ijeit.
(Bestiaire divin)
Souris-volante, s. f. , la chauve-souris.
Sourisette, s. f., petite souris. — Ternie enfantin : le m. viril.
Si ferai
Je serai la sorisete
La ù genlerrai
Ja n'i reparrai.
(Trouo. cambrésiens, Dinaux)
Jà ne sauras si lung aler
Que tu puisses famé truver
Qui miex soit a tun 0€s eslite
Que la sorisete petite.
(Ma.ne de France)
Sourizière, s. f.. souricière.
Souronde, sourougue, s. f. Avant-toit, extrémité entre mur
et toit : c'est là que sort, tombe l'eau de pluie. — L'ancien verbe
suronder signifiait sourdre, bonder l'eau.
42>^ GLOSSAIlîE DU MOUZONNAIS
Cil alûient la nuil joucliier.,.
Es taz de bléz et muions
Et es sourondes des maisons.
(Rum. de Brut)
Le suppliant se mist pour la pluye dessoubz la seuronde
ou esgout de la maison Jehan Willot.
{Cit. de Lacurne)
J'aime mieux fontaine qui soronde.
(Rutebeuf)
... En ce mauvais monde
Qui do mauvaistiet tout sourottde.
(Jean de Condé)
S'ous, si vous. — Enlevez, s'ox^s pouvez.
S'uus me volez rien commander.
(Rommi de la Rose)
S'ou m'enviez bien loin.
{Friquassée crotcstt/llonnée)
Sous -germain, adj , issu de germains.
Sous plaît. — Voy. S'ou plaît.
Sous-pie(d), s. m., sous-pied.
Sous-tasse, s. f., soucoupe.
Souvat, adv., souvent.
Souveni(r), v. et s., souvenir. — Si t'va(sj à Paris, rappurt'
mil in sol:veni(r\
De 11 me souvenra.
{Cygne)
Sitôt qu'avec lui ert il ne l'en souvenra.
(Brun de la Montagne)
Je ly promey, se ilh avoit mesiier de moy, ilh m'en
sovenroit.
(Jean d'Ouii'emeuse)
Stici, stichi, pron. — Voy. C'tici.
Maisire, stichi a vecy.
(Friquasse'e crotestyllonnée)
Stila, stel'la. — Voy. C'ti-lù.
Stoffé, s. m. — Voy. Estoffi^. Le mot et la chose sont perdus.
Su, adj. poss., son (voy. ce mot).
Après la mort cestu rei Jehan, régna su fiz Henri.
(Chardry, H''^ d'Angle ttrrc)
GLOSSAIRE DU MOU'ZONNAIS 4^9
Subjonctif n'existe pas, saut" pour le verbe Klre ; ou plutôt le
subjonctif, comme au inoyen-àge, a la même forme (jue l'indicatif.
Voy. Introduction.
llcouviiTil que lii mon suivez.
(l)ance macabre)
Kl priez Dii.'U pour le vignel
AHin que nous crocq'ions la pye.
(Testament de Tas le- vin)
Je croy bien rjue y venront, niés que vous leur acordés.
(Kroissart)
Subtil, adj., agile, adroit, vif. — Il esl pus suutil qiïin chat.
Subvéni(r). v., subvenir ; ie conjugue sur venir.
Suc(re), s. m , sucre.
Sucandi, s. m., sucre candi. — N'oubliez pas que c'est cette
espèce de sucre que l'on suspend à un fil et que chacun vient
sucer à son tour, lorsque l'on prend le café (noir) en société.
L'histoire, pour être ancienne, n'en est pas plus vraie ; mais il esl
peut-être intéressant de la rappeler.
Sucie(r), v., sucer. — J'suce, .J'ai sucic. jsucerai.
Troi home u IIIj
Voloient abattre
Arras
lit tout sucier l'urgent.
(Trrnivcre^ nrtcsicn*)
Sucrer, v. — J'suqueiare (eu bref) — .J'suqueurrai, j'suqueur-
ros.
Sucueurrie, s. f., sucrerie.
Sûgnon, seugnon, sûzon, sûzeau, s. m. Sureau. — (hi
fait don vin ^/'sugnon (ou de ,sr/K.\r). — Le vieux français a dit
schuz, SfC, seiiz, uizeau. Le Bourguignon dit stojol .
Le siizeau croist jiius canore et phis apte au jeu des
llustes.
* ' (Hahelais)
Il l'aisoit lin grand son comme quand les petits garçons
tirent d'ung canon de suh a\ec belles rabes.
(fd.)
Su-iée, s. f,, suée, transpiration. — Fatigue exceptionnelle.—
J ai pousse 'n iiirle sc-iée, a char(jie(r) c'niachinr là sus l'cher.
Su-ier, v., suer.
430 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Su-ieur, s. T., sueur. — // rsl IqhI frais de suieuh.
Suir, sui(v)re, v., suivre. — J'suis, j suivans — J'suivos, j'sui-
vaiiis — J'ai suiri ou siiicu ou sui — J'suirai — J'suiros. — A sui-
vant. — Suir est le dérivé primitif de setjui, transformé en suirc,
puis en suivre.
Et les fols entenl-il os bêles femes suire et mener les
caroles et les bacelers deiiuire.
(Maurice de Sully)
Dancoz et persez de suir ;
Vos ne povez avoir secours
Il nesl (]ui mort puisse fuir.
{Dance macabre)
Ainsi, seigneur, ne doublés rien
A moy suire^ se je n'i voi.
Bien suirai celli devant moi.
(Bat. de Crécy, Gille le Muisis).
On verra, ce dist, qui le suira
Et qui od lui en ost ira.
(Rom. de Brut)
Jà le nuirons après sans [ilus de demorer.
(Gui de lioitrgogne)
Il me suirat ad Ais, a mon estage.
(Chans. de Roland)
Zelare, suir.
(Toc. lat. fr., XIII<^ s)
Du loul délibéré à sutjr son amour.
(Troïlus)
Mais les cleres et les chevaliers en ma jeunesse ay vou-
lenliers suis.
(Du Guesclin)
Adonc list commander.....
Qu'on ne laissasl enfant
Qui suisl le sien fiiz, et cel qui le suieroit
Li pères une amande de G solz j)aieroit.
(U. Giusclin)
Cil qui est svy (poursuivi) du dfiault peut gaiger la loi
contre le sergent
(Couliime de Norm.)
Sulo, s'io, sulau, soleus, s. m., soleil (à la front.).
Li solaus luit, si lu et bel et cler.
(Ron isoals)
A le matin movrons, quant solaus iert levés.
(Quatre fils Aymon)
Quant vint au malin, que ly solaus leva.
(Godcf. de Bouillon)
QLOSSAIRB DU MOUZONNAIS 431
Li solaus Itnir leroit emi le vis.
(Citron, de liains)
Li soleus besso, si prist à amtitier.
{Bataille rCAltschans)
Li souleux par malin se liève.
(Rotn de liiiiarl)
Au quart jor commamJa que li so/aus et la lune et les
estoiles et tuit luminaire fussent fait.
{Li livres dou trésor)
Sumer, v., semer.
Si ne perds pas la giainc que je sume.
(Villon)
Supporté, adj., de seconde main, d'occasion. — J\ii acliclr inc
armoire scpi-orték.
Sûr (bin), adv., probablement, sans doule ; — assurément. —
J'vcrraiis bin sur ion 2}''i'e dumain ?
Sur, surs, sus, prép., sur. — Ou prononce comme dans les
phrases : J'm'a décharge sur lou, sur ietle, surs eux. — Jû
m' mets sus Vbord. — J'grimpe su(s) //*' aube. — f porte in sac
sus s'dos.
Sus l'herbe la souvinai.
(Cerrin d'Angecourt)
En crois sus Terbe drue doucement se couchoit.
{iierle as grans pies)
Robastre a tant féru sus les M. sarrasins.
(Gaufrcy]
Et douné su cel acat a
Le denier FJieu sans délayer.
(J. de Condé)
El sus ma roche
Le granl coup marqué je verrai.
(Baïf)
Par les postes le faisoient jusques sus les lieux porter.
(Rabelais)
Surbatt(r)e, v., battre légèrement les gerbes de blé^ d'avoine,
etc., sans les délier. On achèvera l'opération plus tard : pour le
moment, il s'agit d'avoir rapidement quelques mesures de grain.
Sûre, sûrains, l"s personnes de Timparf. du subj. du v. être
— et du V. sa(v)oi(r). — / faurot ^u» /surains arrivés les prc-
mie(rs). — N'y arot pont d'maii qu'on Tsure in peu d'avance.
Surgeon, s. m., rejet d'une plante.
432 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Sûri(r), v., devenir sur, aigre, acide. — P. p., suri.
lÀ pié (de cochon) ulé sont boen suri.
(Dit des bochiers)
Suruagie(r), v., surnager.
Surpren(d)re, v., surprendre. — P. p., surprins.
Plusieurs des Sabins furent circonvenu el scurprins par
l''s g'^ns de cheval.
(iJercheurej
Et K's l,uceinbourgeois. surprins et espnuventez.
(Olivier de la Marche)
Surusien, s. m., cliirurgien, médecin. — Ah! mais Louis élol
moiil malndr ! il ai fallu qu'on va nu suriisien. — Froissart
emploie le mol stp'urffieu, surgien, el l'anglais à'il surgeo)7.
Li abes fist marciet as surigiicns pour IIII''^ besans.
(Empereur Constant)
Et dist qu'il ert lisiciens
Et si estoit bon surgiens.
Je sai une fisicienne
Que a Lion ne a Vienne
N'a si bonne f<;rurgicnne.
(Cléomadès)
(Rulcbeufj
Sdinl Corne el saint Damien :
Cy duy furent sirurgien.
{Eglises de Paris, t32."l)
Mestre Henri Tristan, sururgicn.
(Reg. crim. S. Martin des champs, 1332)
Maisires mirez, vous surgiens
Bon maistre suy de lisi'|uc.
(Mireour du monde)
[A suivre.) N. Goffart.
NÉCROLOGIE
M. Jules-Ernest Dupuis, uriginaire de La Chaussée (Marnej,chef
de balaillou retraité à .Nancy, est mort subitement dans cette ville.
Le commat)dant Dupuis était oflicier de la Légion d'honneur et
décoré de la médaille militaire. Il était parti simple soldat et était
arrivé au gr.ide de chef de bataillon.
Pendant la campagne du Mexique, Dupuis, alors sous-oflicier,
servait au ol'' de ligne, ?ous 'es ordres du colonel Garnier, son
compatriote. Au combat de San-Lorenzo, il s'empara d'un éten-
dard me.xicain, ce qui valut au SI" de ligne d'avoir son drapeau
décoré de la Légion d'honneur.
Ses obsèques ont eu lieu le l"" avril 1808, à La Chaussée.
Le D'' Giraux, président de la Société Académique de la .Marne,
de la Commission météorologique, etc., est décédé à Chàlons, le
2 avril 1898, à l'âge de o7 ans.
Médecin du Bureau de bienfaisance, inspecteur des enfants du
premier âge, membre du Conseil départemental d'hygiène, méde-
cin de létat-civil, il utilisait ses loisirs en cherchant encore à se
rendre utile à ses concitoyens. Il avait fondé à Chàlons un contre
fort actif d'observations météorologiques, et participait aux tra-
vaux de la Société Académique dont il était devenu président.
Les obsèques ont eu lieu le 4 avril, en l'église cathédrale de
Chàlons, au milieu d'une nombreuse assistance.
.M. René Giraux, (ils du défunt, conduisait le deuil, accompagné
de M. le Dr Vast, de Vitry, du colonel Lacombe et du capitaine de
vaisseau Lefèvre.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. les D'" Langlet, de
lîeims, Evrain et Kicbard^ de Chàlons; M.M. Doutté, vice-président
de la Société d'Agriculture, Blondiot, directeur des Postes et Télé-
graphes, Cognel, principal du Collège.
On remarquait dans le cortège, avec les diverses délégations, le
préfet de la Marne, le général Lafouge, le maire de Chàlons, etc.
A l'issue du service religieux, des discours ont été prononcés sur
le parvis de la cathédrale par M.M. Langlet, au nom de l'Associa-
tion médicale de la .Marne ; Doutté, au nom de la Société d'Agri-
culture et de la Commission météorologique ; et Cognel, au nom
28
434 NECROLOGIE
des rouclioniiaircs cl élèves du collège, doiil il élail également le
médecin.
Le corps a été ensuite transporté à Loisy-siir-Marne. village
natal du défunt, on linliumalion a eu lieu.
M. le D'' Giraux était oflicier d'Académie et chevalier du Méi'ite
agricole.
*
M. Eugène l.amairesse, ancien ingénieur en chef des ponts et
chaussées, chevalier de la Légion d'honneur, est décédé à
Marengo, près Orléaiisville (Algérie), le 7 avril l8'J8.
Chàlonnais de naissance, il était entré dans le corps des ponts
et chaussées en 184*2. 11 fut employé d'abord dans le département
de l'Ain, puis il passa dans l'Inde française et parcourut les
immenses régions de l'Indoustau.
Il fut ensuite nomnié ingénieur en chef en Algérie, où il prit sa
retraite.
Polyglotte et érudit, connaissant la plupart des langues de l'Eu-
rope, Eugène Lamairesse possédait en outre l'arabe et le tamoul.
On lui doit la publication de divers do£uments littéraires hindous,
des études sur le Bouddhisme, sans parler de ses travaux techni-
ques d'ingénieur sur les étangs des Bombes, sur l'hydrologie du
mont Jura, sur les irrigations de l'Inde.
C'était un homme d'une grande intelligence et un patriote
ardent.
C'est à la libéralité du savant ingénieur que la ville de Chàions
doit le Musée hindou qui a été placé dans la cour du Petit-Hôtel-
de-Ville.
*•
» *
Le samedi 30 avril est décédé à Rethel, dans sa cinquante-neu-
vième année, M. Adolphe-Désiré Linard, agriculteur et industriel,
sénateur des Ardennes, vice-président du Conseil général, maire
de Sainl-Cierniainmont, membre du Conseil supérieur de l'Agri-
culture, président du (Cercle agricole de Rethel, chevalier du
.Mérite agricole.
M. Linard était né à Fronielenncs (Ardennes), le 29 octo-
bre 1836.
Les obsèques ont eu lieu le 4 mai, à Saint-Germainmont
(Ardennes). Un premier service avait été célébré le 3 à Rethel,
dans l'église Saint-Nicolas.
La famille de M. Linard a remis au maire de Rethel une somme
de deux mille francs pour être répartie comme suit :
1,200 francs au Bureau de bienfaisance ;
400 francs à la Compagnie de sapeurs-pompiers ;
200 francs à l'Harmonie municipale;
200 francs à la Société v Les Amis-Réunis ).
NéCROLOGIK 435
Nous apprenons avec regret la mort de !\I. l'abbé Louis-Charles
Cerf, chanoine titulaire de l'église métropolitaine de Reims,
ancien président et membre titulaire de l'Académio de cette ville,
membre correspondant honoraire du Comité des Travaux histo-
riques, décédé à Keims, le 8 mai 1898, dans sa soixante-quator-
zième année.
Fiémois de race et de naissance autant que dt; cœur, il aimait à
raconter que, pendant la Révolution, ses grands-parents avaient
sauvé et caché, au risque de leur liberté et môme au péi'il de leur
vie, plusieurs prêtres persécutés.
Élevé dans ce pieux respect du sacerdoce, le jeune Charles Cerf
ne tarda guère à se sentir la vocation religieuse. F.e cardinal
Gousset l'attacha bientôt à sa cathédrale en qualité de prêtre
sacristain, et il y demeura toute sa vie.
Son ordination remonte au mois de novembre 1847; il avait
alors 23 ans. Il y avait donc plus de cinquante ans que l'abbé
Cerf était au service de la grande métropole rémoise. Au mois de
novembre dernier, contraint par sa famille, par ses confrères, par
ses amis, il avait célébré ses noces d'or, d'abord dans sa chère
cathédrale, puis à la chapelle des religieuses du Bou-Pasleur, dont
il était l'aumônier.
Le cardinal Gousset l'avait nommé, dès \ii.y2, quoique bien jeune
encore, chanoine honoraire ; en 1878, le cardinal Langénieux lui
donna une stalle au chapitre en le créant chanoine titulaire.
Membre titulaire actif, depuis J86i-, de l'Académie de Reims,
dont il fut président en 1888, rédacteur assidu du Ihillelin rcli-
(ficux du diocèse, collaborateur historique et archéologique du
Courrier de lu Champarine, il s'intéressait vivement aux (|ues-
tions d'histoire locale, et, s'il manquait peut-être un peu de style
et de critique, mettait du moins une rare bonne volonté et une
mémoire excellente au service de recherches la plupart du temps
fructueuses.
Sachant fort bien remonter aux sources et puiser aux docu-
ments originaux, l'abbé Cerf a ainsi contribué puissamment au
développement des travaux archéologiques et historiques dans le
pays rémois. Il a publié nombre de plaquettes et de brochures ;
ses deux principaux ouvrages sont une excellente Histoire et des-
cription de Notre-Dame de Reims., en collaboration avec l'abbé
Charles Hannesse : Reims, Brissart-Binet, I8Gi, '2 vol. in-S», avec
planches, et une Vie des Saints du diocèse de lieims, où le défaut
de critique historique fait tort, malheureusement, aux connais-
sances liturgiques, et qui a paru il y a quelijues mois.
Avec le chanoine Cerf disparait l'un des prêtres les plus estimés
du clergé de Reims. Ses obsèques solennelles ont eu lieu le 1 i mai
en l'église Notre-Dame, devant une foule nombreuse et recueillie.
536 NÉCROLOGIE
La levée du corps a élé faite par M*"^ Juillel, doyen du chapitre,
qui a célébré la mc-se et accompagné le corps jusqu'au cimetière
du JNord.
Les cordons du poiMe étaient tenus par MM. Henri Jadart, secré-
taire perpétuel de l'Académie ; Noél, quêteur tiahitué de Notre-
Dame ; et par les chanoines Périn et Decheverry.
M. Sabatier, prêtre sulpicien, directeur du Grand-Séminaire et
vicaiie général honoraire, conduisait Je deuil.
A l'issue du service, M?"' CauJy, prolonotairc apostolique, vicaire
général et président de l'Académie, a donné l'absoute. Au cime-
tière, il a pris la parole au nom de l'Académie, et prononcé l'éloge
funèbre du défunt.
Un des rares survivants de l'Assemblée nationale de 1848 vient
de mourir à Paris.
Chàlounais, M. Edouard Aubertin, directeur honoraire du ser-
vice commercial au chemin de fer du Nord, chevalier de la
Légion d'honneur^, chevalier de Tordre de Léopold de Belgique,
est décédé le 19 mai courant, dans sa quatre-vingtcinquièmd année.
Le 2i^ avril 1848, M. E. Aubertin avait été élu représentant du
peuple à l'Assemblée nationale, au scrutin de liste, par 03,929 suf-
frages.
Il iigurait le sixième sur la liste des députés de la Marne, qui
comprenait M.M. Léon Faucher, Pérignon, Jean Bertrand, Bailiy,
Dérodé, E. Aubertin, Ferrand, Leblond, Soulié.
On annonce également la mort :
De M. Lenoble-Gillet, négociant, décédé à Sedan, le vendredi
l^' avril 1898, à l'âge de '60 ans ;
— De" M. Narcisse Franquet, ancien négociant, décédé à Reims,
le 2 avril 1898, dans sa soixante-dix-septième année ;
— De M. (icorges Sellier, receveur particulier des finances à
Wassy (Haute-Marne), décédé à Suresnes, près l'ai-is, le 10 avril
1898, à l'âge de 'i3 ans.
M. Georges Sellier, qui appai tenait à une ancienne et honorable
famille de Chàlons, était beau-frère de M. Léon Bourgeois, député
de la Marne. Chef de cabinet du ministre de l'Instruction publique
et des Beau.x-Arts, il était devenu sous-préfet d'Arcis-sur-Aube,
puis de Quimperlé, et avait été eo dernier lieu noirinié à la
recette des iinances de Wassy.
Les obsèques ont ou lieu le 13 avril, en l'église cathédrale de
Châlons. où le corps avait été ramené.
Le deuil était conduit par MM. Sellier, père du défunt, et Léon
Bourgeois, son beau-frère.
NKGROLOaiE A'M
Les cordons du poi'le élaicoL leiuis par MM. Pafnienlier, ancien
sous-préfet, percepteur à Chùions ; bauiiy, directeur de l'Rnregis-
trement ; Adrien Goi-rg et Granlhille.
Plusieurs discours ont été prononcés sur la tombe ;
— De M'"" veuve Marie d'Arrentières, décédée à Reims, le
12 avril 1898. dans sa soixante-etunième année;
— De M. de Mauraige, inspecteur des postes honoraire, décédé
à Ghâlons, à l'âge de 65 ans ;
— De M. Haussaire, de Reims, professeur d'anglais au lycée
Carnot à Paris^ décédé à Rome ;
— De M. Blandin, ancien directeur du théâtre de Reims,
décédé à Paris, le 1b avril 1898, à l'âge de 73 ans.
M. Blandin avait donné à la scène de Reims, qu'il dirigea pen-
dant vingt ans, alors qu'il disposait seulement de la petite et
incommode salle de la rue de Talleyrand, une réputation justifiée.
Nulle part, dans les villes de même importance, on ne jouait
mieux ou aussi bien la comédie, et l'opérette y était « montée »
de façon remarquable. Les artistes, dans les années qui ont pré-
cédé la guerre, s'appelaient Hamilton, Toudouze, Amédée Vuu-
thier, Milher, Tessandier, Mallard. Montcavrei, etc. Tous se sont
taillé, depuis, de vrais succès à Paris.
En 1873, M. Blandin inaugurait le nouveau théâtre. .Salle, artis-
tes, orchestre, répertoire, tout était nouveau pour le publie de
Reims et de la région. Ce fut, durant trois ou quatre années, un
défilé incessant de spectateurs charmés. Puis, l'attrait de la nou-
veauté s'atl'aiblit, une lassitude relative survint, les vides se pro-
duisirent de plus en plus nombreux
M. Blandin, en homme avisé et expérimenté, jugea le moment
venu de « céder la main ».
Depuis son départ de Reims, M. Blandin avait fondé à Paris le
Pôle Nord, établissement important dans lequel on se livre au
patinage, sur vraie glace, durant toute l'année. Malgré la concur-
rence du Palais de Glace, créé depuis, l'entreprise de M. Blandin
est encore en pleine prospérité.
.\rtiste consommé, M. Blandin était aussi le plus all'able des
hommes. Ceux qui l'ont connu regretteront celte bonne et fran-
che nature, dont la cordialité n'avait d'égale que l'obligeance ;
— De M. Cornât, professeur de seconde au collège de Chàlons,
décédé à Beugnot (Yonne), son village natal ;
— De M. Jules Lemaire, contrôleur principal des contributions
directes, en retraite, décédé à Chàlons.
Les obsèques ont eu lieu le 21 avril, en l'église Saint-Loup.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Horguelin, direc-
teur honoraire des contributions directes ; Auguste Nicaise, juge
de paix ; le commandant Masson : Briquaire, contrôleur principal
des contributions directes.
438 NÉCROLOGIE
Lfi deuil était conduit par MM. Eugène Lemaire. Adolphe
I.eniaire, Sarazin, président du Conseil général de la Marne, beau-
frère du défunt, Kniile Lemaire, Clerc. Deleuze, sous-intendant
militaire, etc.
Dans l'assistance, très nombreuse, on remarquait MM. le Préfet,
Poirrier, sénateur, le maire de Chàlons, Clary, directeur des con-
tributions directes^ le général Lafouge, le commandant Simon, de
Fismes, etc.
Sur la tombe, M. Horgueiin, empoché par l'émotion, a prié
M. Auguste Mcaise de vouloir bien lire les paroles d'adieu qu'il
adressait au regretté défunt;
— De M. Lucien Jacquemart, notaire à Rethel ;
— De M. .lean-Baptiste Corneille, ancien négociaDt, décédé à
lieims le 28 avril 1898, dans sa soixante-seizième année.
Les obsèques ont eu lieu le 30, en l'église Notre-Dame ;
— De M. Paul-Alexandre Sevrette, professeur d'anglais aux
lycées Chanzy et Sévigné, à Charleville, décédé en cette ville à
l'âge de 37 ans.
Les obsèques ont été célébrées le 30 avril, en l'église de Charle-
ville. Après l'office religieux, le corps a été conduit à la gare pour
L'Ire transporté à Clermont (Oise), où a eu lieu l'inhumation ;
— De M. Félix Deronce, de Charleville, peintre de talent,
décédé à Paris, dans sa trente-troisième année ;
— De M"^'^ la comtesse Sosthènes de Clermonl-Tunnerre, née
Marie-Laure Bégé. décédée à Paris, le 3 mai 18'J8, à l'âge de 71
ans ;
— De M. l'abbé Lange, curé de Vireux-Wallerand (Ardennes),
décédé le 3 mai 1898 ;
— De M. l'abbe Gilles, aumônier de l'hospice de Château-Por-
cien et curé de Condé-les-Herpy (Ardennes), décédé le a mai
1898, à lage de 90 ans.
Les obsèques ont eu lieu à ChàleauPorcien, le 7 mai ;
— De M. Auguste Alloénd-Bessand, négociant, décédé à Reims,
le 6 mai 1898, dans sa soixante-et-onzième année.
Les obsèques ont eu lieu le 9, en l'église Notre-Dame ;
— De i\L Montjean, notaire honoraire, président du Conseil de
fabrique et ancien maire de Mézières, décédé à Mézières, à l'âge
de 74 ans ;
— De M»« la baronne Boissonnet, femme du général de divi-
sion, so.'ur du général vicomte de La Hilte, belle-sœur du général
Alfred Boissonnet, décédée à Paris, à l'âge de 71 ans.
Les oKsèques ont été célébrées le 9 mai, en l'église Sainl-
Honoré-d'Eylau.
Le ministre de la Guerre s'était fait représenter par un de ses
ufficicrs li'ordonnanop. L'iiiliiirnatioii a en lieu à Sézanne ;
NÉCROLOGIE 439
— De M""' Jules Kemv. née Dillmi, veuve du rogrellé voyageur
et écrivain, décidée à Louven^y (Marne).
Les obsèques onl eu lieu à Louvercy, le 10 mai 1898 ;
— De M™° la baronne de Ladoucelle, née La Chambre, femme
du baron de Ladoucelle, ancien dépuli'' des Ardennes, décédée à
Paris.
Les obsèques onl eu lieu le 13 mai, en l'église de la Madeleine.
A l'issue de la cérémonie religieuse, le corps a élé transporlé à
Vieils-Maisons (Aisne), où un second service a élé célébré le M ;
— De M. l'abbé Augustin Ricber, curé de Monlpolier (Aube),
décédé ù l'âge de 78 ans.
M. l'abbé Ricber, né à Dampierre en 1820, avail été placé en
1844, aux débuis de son ministère, à la tête de la paroisse de
Mesnil-Sainl-Loup. Il passa en 1849 à Lassicourt et l'ut enfin
nommé curé de Montpotier en 1801. Il y avail donc trenle-sepl ans
qu'il administrait cette paroisse, où sa perte sera universellement
regrettée ;
— De .M. Olanier, commissaire de police en retraile, décédé à
Ramerupt (Aube), à l'âge de 78 ans.
Honnête et loyal, il s'était particulièrement distingué, en 1870.
dans l'héroïque défense de Chàleaudun ;
— De M. Jules Bobillot, rédacteur à VEclaireur de l'Est, de
Reims, décédé à l'âge de 2'6 ans ;
— De M. le général de La Jarrige, décédé à Paris ;
— De M. Parigot, président du Tribunal civil de Troyes, ancien
président du Tribunal de commerce d'Epernay, ancien membre de
la Commission municipale de cette ville pendant la guerre de
1870-71, décédé à Troyes, le 24 mai 1898, dans sa soixanle-lroi-
sième année.
Il était le fils du maire de Troyes dont on se rappelle la noble
altitude devant l'ennemi, en 1870.
BIBLIOGRAPHIE
Château- Ri'gnauU-Bogiuj, pur M. l'abbé Pélhknart, docteur en théologie
et en droit canonique, membre correspondant de l'Académie de Reims,
curé de Mauberl- Fontaine (Ardennes). — Charlevilh, Imp. du Cour-
rier des Ardennes, 189". Gr. in-S" de xn-346 pages, avec nombreuses
planches de portraits, plans, vues diverses, cl un index alphabétique,
Coiiioiiné par lAcadémie de Reims en IS96, publié après une
retouche et précédé dune préface par Jules Mazé, cel ouvrage
répond à un grand zèle de l'auteur et au vif désir de ses compa-
triotes de posséder l'histoire de son villag-e natal écrite de sa main
et illustrée par ses soins.
Puissante seigneurie au moyen âge et même terre souveraine,
apanage successif des (iuise et des Gonzague, Château-Regnault
est .-simplement, de nos jours, une importante et riche localité
industrielle. Son site est des plus pittoresques de la vallée de la
Meuse, Rien de plus opportun que d'y relier ainsi le passé au pré-
sent. H. .1.
Marc Husson. — l'ie de Nicolas Philbtrl, curé de Sedan, évéquo cons-
tilultonnel du déparlement des Ardennes, 1724-1797. — Sedan, J. Laro-
che, iu-S" de GO pages avec portrait. (Tiré à part de la Hevue d'Arden e
et d'Argonne.)
[\ devient possible, nécessaire même, un siècle après les événe-
ments, de raconter et de juger impartialement les actes des prin-
cipaux membres du clergé constitutionnel. Celui dont i) est ici
question, Nicolas Philbert, appartenait à la congrégation de la
Mission et desservait avec dignité et sollicitude la cure de Sedan
avant la Révolution. Il se trompa alors sur son devoir et ses
droits, mais sa vie resta pure. Son attitude fut souvent coura-
geuse en face des plus critiques situations.
H. J.
Essai sur la police des compagnons imprimeurs sous l'ancien régime, par
Louis MoBiN, typographe. — Paris, Claudin, 1898, gr. in-8° de 41)
pages.
Les apprentis imprimeurs au temps passé, par le même. — Lyon,
Sézanne, 1898, in-S» de 28 pages.
Extraits de Vlnlermèdiaire des Imprimeurs, ces deux It'avaux
d'un érudit et très compétent typograplie troyen doivent être les
bienvenus dans la bibliographie champenoise. M. [>ouis Morin a
largement payé déjà sa dette professionnelle aux études sur l'im-
primerie et les corps divers de métiers de l'ancienne capitale de
BIBI.IOGRAl'HIE 441
la (^liampagiie. Poète sur d'autres cordes, il est sur celles-ci cher-.
clieur irréprochable et très sagace appréciateur des mœurs du
temps passé, sans dénigrer toutefois ni amoindrir le notre. Ses
productions sont des ouivres historiques et morales, appréciées des
maîtres, et dignes de toute notre attention. H. J.
Davout, maréchal d'Empire, par sou arrière-petit-Ols, le comte Vkjikr,
précédé d'une iniroduction de M. Frédéric Masson ; 2 vol. in-8", chez
Paul Ollendorll', éiliteur.
m
C'est un véritable monument que M. Vigier vient d'élever à la
émoire glorieuse de son arriére-grand-père. Déjà, nous possé-
dions plusieurs histoires fort complètes de Davout et, de plus,
dans ces derniers temps, la correspondance même du maréchal,
ainsi que son Rapport sur le 3'-' corps durant les campagnes de
1806-1807. avaient été édités ; on pouvait craindre d'abord que la
publication nouvelle, entreprise par aifeclion filiale, ne fût pour
l'histoire que d'un médiocre profit. La crainte eût été vaine.
M. Vigier possédait de par lui un nombre suffisant de documents
inédits et de valeur historique de premier ordre, et, d'autre part,
il a fait dans les archives publiques des recherches si habiles et si
fructueuses qu'on peut dire, avec M. Frédéric Masson -. « Ce livre
apporte une contribution singulièrement utile, non seulement à la
biographie de Davout. mais à l'histoire militaire et même à l'his-
toire générale. » Au reste, Davout, duquel Napoléon a écrit qu'il
possédait « une bravoure distinguée et de la fermeté de carac-
tère, première qualité d'un homme de guerre )>, mérite qu'on
fouille sans relâche autour de ses actions. Voici ce qu'écrivait, le
3 décembre 18o8, au vicomte Joseph Vigier, le duc d'Aumale :
i< Auersta-dt. Je viens de visiter le théâtre de cet exploit, le plus
mémorable peut-être de nos longues guerres. J'ai tout vu sur ce
terrain découvert où, avec 26,000 soldats, bien dignes de lui d'ail-
leurs, il arrêta et battit 70,000 Prussiens. Je reviens fort exalté, et
après avoir fait partager mon exaltation à mon fils. » L"ouvrage
de iM. Vigier peut être aussi utile pour nous qu'une visite aux
bords de la Saaie ; il est toujours bon de rappeler à un peuple les
actions glorieuses qu"il accomplit jadis. (i. R.
Sommaire de la Reime historique ardennaise (mai-juin 1898) :
I. Le cimetière gaulois d'Aunelles, par A. Launois.
II. Mélanges. — Quelques inscriplious ardennaises conservées à Liège,
par N. Albol.
Les fils du général Dampierre, par Ahthcr Choqukt.
Une lettre de Louis de XJâle, comte de Rethel, par L.-H. Moranv.llé.
Un traité relatif aux fortifications d'Attigny, par Louis Demaison.
Lettre d'un volontaire de Tagnon, en 17^3, par Maurice Uénault,
442 BIBLIOGRAPHIE
III. Vahiktics riÉvoLUTiONNAiRES. — l.cs papiers des communes de lan-
cien liistricl de Sedan, de rinlendaiice de Champagne el de la ci -devant
province du Hainaut. — Un ])ressanl appel de la ville de ï*hilippeville ;
lettre de Ûubois-Craucé à ce sujet.
IV. Bibliographie. — Joseph Halkin, Invenlaire des Archives de l'ab-
boye de Slavelot-Miilmi'dy (Doji Albert Noël). — S. Bormans et E.
Schoolmeesters, Cartulah'e de l'église Saint- Lambert de Liège (C.-G.
Roland).
V. Planche iiobs texte. — Objets antiques trouvés à Annelles.
Sommaire de la Revue cCArdcnnc cl il'Arijonnc (mai-juin
1898) :
Stephen Leroy, Les sièges d'Omout, de 1569 à 1591.
Mabc Husson, Vie de Nicolas Philbert, curé de Sedan, évêquc conslitulino-
nel du département des Ardeunes ; 1724-1797 [suite et (in).
JuLr.s Mazé, L'Ardenne artiste : Aux Salons.
Vahiétks. — I. P. L.. Les vieux arbres de Sévigny-la-Forêt.
II. Paul Collinet, La défense conlre la peste champenoise dans les
Ardennes en IBSi").
Bibliographie. — Chàteau-licgtiauU-Bogtiy, par l'abLé Péchenarl (J.
Bourguignon).
Les Ardoisières des Ardennes, par N. \\atrin (A. Thiriet).
Géographie abrégée des Ardennes, par un instituteur.
Tablettes généalogiques rethéloises : La famille Landragiv, par A. Bau-
doD.
Les Ecoles de Helhel cl des tillages voisins en 1774, par H. Jadarl.
Sommaires de la Revue hisluriqiie (lome LXVI, mars-avril
1898) :
A. DE BoisLisLE. Les avculures du inaïquis de Langalerie {lGol-1717),
suite et fin, p. 257 à 300. — Baron Dn Casje. Le 'â" corps d'armée de
l'armée d'Italie en 1859. 1" partie, p. 301 à 323. — G. Monod.
M. Thiers el sa situation parlementaire en 1839, p. 324 à 331.
(Tome LXVII, mai-juin 1898):
P. hiBART DE LA Touiv Les i/uroisses rurales dans l'ancienne France, 3"
partie, p. 1 à 35. — Baron Du Casse. Le 5= corps de l'armée d'Italie en
i85g, suite et fin, p. 36 à 58. — H. Pirenne. Villes, marchés et mar-
chands au moyen ûge, p. 59 à 70. — Ch.-V. Langlois. Notices et docu-
ments relatifs à l'histoire de France à la fin du XIII' el au commence-
ment du XIV» siècle, 3' arlicle, p. 70 à 83.
ClIPiONÏQUE
Société des Scik.ncks et Arts de Vitry-le-François . — Scance
du il février 1S9S. — Présidence de M. Jovy.
Le docteur Mouiriii lit une note sur la découverte, aux Marvis,
de six tombes gallu romaines, probablement du lu^ siècle. Mal-
lieureusement elles 0!;t été violées et ne renfermaient que de
nombreux fragments de poteries el deux petits vases absolument
semblables, comme forme et comme terre, à d'autres qui ont été
trouvés dans une sépulture à crémation entre Cbangy et Bassuet.
Puis le docteur Mougin signale un véritable cimetière mérovingien
à la Haute-Fauvarge. Toutefois ce cimetière est impossible à fouil-
ler, parce qu'il est dans de petits jardins plantés d'arbres fruitiers.
M. Jovy fait une communication intitulée : ConlribuUonà l'his-
toire de la formation du déparlement de la Marne. Il rappelle
que la division de la France, par l'Assemblée constituante, en
quatre-vingt-trois départements, a été ou fort vantée, ou très
décriée. D'après les uns, .M. Léonce de Lavergne, par exemple,
dans son livre sur les Assemblées jn-ovinciales sons Louis AT/,
elle n'aurait pas eu le caractère révolutionnaire qu'on lui prête.
Elle n'aurait été que la réalisation d'un ancien projet de la Cou-
ronne. D'après les autres, — et M. Jovy cite ici l'appréciation d'un
contemporain, l'abbé Georgel, — elle aurait rendu la France
(' méconnaissable ; le morcellement du pays en départements, en
faisant disparaître les noms révérés de nos anciennes provinces,
ne présenta plus aux yeux qu'une image confuse de pays démem-
brés. ))
Quelle que soit l'opinion qu'on puisse avoir sur l'opportunité de
cette mesure, ({u'elle apparaisse aux uns com.me le résultat, en
quelque sorte fatal, d'une tradition administrative de l'ancien
régime, aux autres comme une mesure révolutionnaire, — il
demeure bien certain que, lorsqu'on apprit que l'Assemblée cons-
tituante se proposait de remanier les anciennes provinces et
d'opérer une nouvelle division du territoire, il y eut dans toute la
France une agitation générale. Les provinces et les villes étaient
animées soit par la crainte de perdre la prépondérance acquise,
soit par l'espoir d'un accroissement d'inlluence et de position.
M. Jovy a retrouvé aux Archives municipales (division D, carton
1", liasse 4) les lettres adressées à la municipalité de Vitry-le-Fran-
çois par M. Pierre-François Barbie, lieutenant-général au bailliage
et préîidial de Vitry-le-François et député du bailliage aux États
généraux. Ces lettres, inédites et non utilisées jusqu'ici, témoi-
gnent des généreux etforts de cp député pour défendre les inté-
444 CHRONIQUE
rtHs de Vilry, en même temps quelles motilrent les luttes entre
les différentes parties et les diverses villes de la Cliampagne pour
conquérir le plus d'avantages possibles dans la nouvelle organi-
sation.
M. Jovy renvoie à la prociiaine séance la suite de celte commu-
nication.
SOCIKTK ACADEMIQUE DE l'AL'BF.. — SéaUCC dit I ,'j QV) H 1898.
— Présidence de M. le comte de Launay. président.
Comniunicalions du Président.
Le président annonce le décès de M. Edmond Martin, membre
correspondant, et se fait l'interprète des regrets de la Société.
Il fait connaître que, par un codicille olographe du C mars
iS97, déposé en Tétude de M" Fournier, notaire à Troyes, le
28 février 18'.t8, M. Dufour-Bouquot. ancien président de la
Société, a légué à celle-ci une somme de 1,U0U francs, qui lui sera
versée trois mois après le décès de M"»* Dufour-Houquot, sa
veuve, instituée par lui «a légataire universelle. M. le président
exprime les sentiments de vive reconnaissance que lui inspire
cette libéralité et en adresse l'expression à M™« Dufour-Bouquot,
au nom de la Société. — L'acceptation, volée parla Société, sera
réalisée dans les formes ordinaires.
Conrspondancc.
Le maire de Troyes informe la Société qu'un arrêt ministé-
riel vient d'attribuer, à titre de dépôt, au Musée de Troyes, une
.Marine., de Jo-eph Vernet ; — Devant les Reliques, tableau de
Buland, provenant du musée du Luxembourg, — et les Vierges
folles, groupe en plâtre de M. Icard. Les frais d'emballage et de
transport sont à la charge de la Ville.
.M"" Fournier, notaire à Troyes, envoie la copie du codicille de
.M. Dufour-Bouquot. M. le Préfet demande que la Société réunisse
et lui envoie les pièces nécessaires pour obtenir la régularisation
de cette libéralité.
Le baron de Baye, dont le concours avait été réclamé pour la
dernière séance publique, mais qui n'avait pu répondre à cette
invitation parce qu'il se trouvait en Bussie,se met à la disposition
de la Société pour une conférence, à Troyes, sur ses missions
en Sibérie ou en Géorgie, avec projections à l'appui. M. le prési-
dent est chargé de le remercier et de lui demander de vouloir
bien attendre que la Société organise une séance exceptionnelle,
dont sa présence viendra rehausser l'éclat.
Le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, sur
le rapport favorable de la Commission du Ministère, qui a haute-
ment apprécié la valeur du travail de M. Le Clerl et en a voté
l'impression, accorde à la Société une subvention exceptionnelle
CHRONIQUE 4i8
de :<,0U0 francs, payable en trois années, et exclusivement appli-
cable à la publication du Catalogue descriptif cl raisonne des
bronzes du Musée de Troycs^ texte et planches, — M. le prési Jent
exprime la reconnaissance de la Société et dit que le Comité de
publication s'entendra avei- l'imprimeur [)Our les conditions de
l'impression.
Travaux des Sociélés correspondantes.
Bulletin (le la Société d'études d'Avallon .' Lettre de Prosper
Mérimée, datée de I8:{+, et relative à la restauration de l'église de
Vézelay ; elle donne dintéressants détails sur ce qu'était la pro-
vince k cette époque.
Bulletin o.rcliéologique du Ministère de l'Instruction pubU-
(juc : Note relative à certaines monnaies que le prince de Condé
fit frapper, à l'effigie du roi Charles IX, avec l'argenterie enlevée
aux églises par les Huguenots. On voit, au revers de ces pièces, un
monogramme composé des lettres E et B, qui serait la marque
d'Etienne Bergeron. successivement maître de la Monnaie de
Troyes et de celle des Étuves, à Paris. Après s'être ruiné, il serait
entré, vers io02, au service de la reine de Navarre et aurait été,
en récompense des services lendus par lui aux Réformés, maître
des mines du Béarn et de la Monnaie de Pau.
Séance du W mai ISOS. — Présidence de M. Emmanuel
Bu.xtorf, vice-président. — M. le président annonce le décès de
M. Elzéar Angenoust, membre correspondant, et de M. Vicior
Bar; M. Petit de Vausse, membre correspondant, a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur à l'occasion du Congrès des
Sociétés savantes.
Correspondance.
M. Labourasse, membre correspondant, envoie un manuscrit
qui a pour titre : Savigation dr la Haute Seine, de Nogenl à
Chdtillon.
Lectures et communications des membres.
M. de la Boullaye rend compte d'un travail de M. Louis Moriii
sur les Dominoticrs Iroyens. L'auteur s'est beaucoup occupé des
industries troyeniics qui ont attiré l'attention de Grosley. L'indus-
trie des dominoliers se confond peut-être avec celle des cartiers,
sur laquelle M. Louis Morin se propose de publier aussi ses
recherches.
Elections,
M. Georges Chanoine, directeur de la succur.:iale de la Banque
de France, à Vesoul, est nommé membre correspondant.
M. le président déclare la vacance du fauteuil de M. Dufour-
Bouquot, dans la section des lettres; l'élection aura lieu à la pro-
chaine séance.
M. Pron informe la Société que M""' Audilfrod vient de don-
ner trois tableaux de valeur au Musée : l"' Portrait de la dona-
trice ; -" portrait de M. Auditl'red ; 3" motif peint par Lepoitevin.
446 , CHRONIQUE
SoClKTK HISTOKIQllK KT AliCUKOLOGIUHK ItK Cu ATKAU-ThIKUUV. —
Séance du 5 ncvil tS9S. — M. Th. Lhuillier, président de la
Société historique de Meluti, adresse obligeamment une note fort
inl('res«anle qui sera publiée i)i crlciuo dans les Annales. Dans
son mémoire sur La fortune immobilière de Racine, M. .Maurice
Henriet rei^rettait de n'avoir pu ideiitilier le Saint-Leu où Cathe-
rine de Homanet, femnie de l'illustre poète, avait eu quelques
biens en mariage. Voici la réponse que nous extrayons du travail
de notre bienveillant correspondant :
« 11 s'agit de Saint-Leu, hameau de Cesson, petite commune
près de Melun. La seigneurie de Saint-Leu appartenait, avec un
prieuré, aux bénédictins de Saint-Père de Melun, et Jean-André
de Homanet, trésorier de France en la généralité de Picardie,
possédait là le tief du Petit-SaintLcu.
« Le 20 mars 1607, Jean-André de Homanet et Madeleine de
Hournel, sa femme, cèdent en partie leurs droits à Anne Foy,
veuve de François de Santeul. Madeleine de Dournel, devenue
veuve, est mentionnée comme censitaire des susdits bénédictins
de Saint-Leu (ltJ99).
« En 1691, elle déclare que ce tief vaut 3,000 livres de revenu.
« Entre lt)99 et 1719. on trouve, comme censitaire des bénédic-
tins de Saint-Leu et des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem,
à Savigny-le-Temple (village limitrophe), Charlotte Witart,
dame de Passy-en-Valois, veuve de Claude de Homanet. Il est pro-
bable que Racine, n'ayant pas conservé les biens de Saint-Leu que
lui avait apportés Catherine de Homanet, les avait cédés à son
beau- frère Witart. »
— Note de M. l'abbé Jovenay, curé de Verdilly, membre corres-
pondant :
« Vers la lin d'octobre dernier, M. Olivier, débitant à Verdilly,
tirant du sable dans l'une de ses propriétés, lieudit les Pater-
nostres, mettait à jour deux squelettes humains. Ce lieudit est
situé sur le penchant de la colline sur laquelle est bâti le village,
à l'exposition du midi, en face du hameau des Roches, séparé de
ce dernier par la route de Château-Thierry à Fère-en-Tardenois.
et Les squelettes étaient peu profondément enterrés et se trou-
vaient néanmoins dans un état de conservation parfaite ; l'un
avait la position accroupie et la figure tournée vers l'Est; l'antre,
placé à environ un mètre en avant, était couché horizontalement
dans la même orientation et entouré d'une rangée de petits blocs
de grès all'ectant des formes bizarres. C'est à la base d'un r-norme
grès — qui était peut-être un dolmen — que cette trouvaille a
été faite. »
M. Olivier croit avoir trouvé, également au même endroit, des
silex taillés qu'il a négligé de recueillir; malgré ses recherches,
CHRONIQUK 447
M. Moulin n'en a pu rencoiilrer aucun. Il b'esl Loulefois approprié
l'un des crânes ; les mâchoires sont garnies de toutes leurs
dents, et, à la manière dont ces dents sont usées^ il \- aurait lieu
de conclure que ces squelettes remontent à làge préhistorique.
Mais celte supposition a besoin d'être confirmée.
— Inventaire des Monnaies gauloises recueillies dans l'arron-
dissement de Chdleau-Thierry. — Ce mémoire est destiné au
prochain Congrès de la Sorhonne, section d'archéologie. M. Minou-
tlel, de Komeny, qui en est l'auteur, a visité plusieurs collections
particulières et recueilli ce qui a été publié par Al. Fr. Moreau
dans VAlhuin Caranda., unique dans nos Annales. On se sou-
vient que le regretté M. de Vertus avait décrit quelques mon-
naies gauloises trouvées dans la circonscription, et les avait inter-
prétées. . . à sa guise.
iM. Minoutlet, suivant le conseil des représentants les plus auto-
rises de la numismatique, MM. A. de Barthélémy et E. Babelon, a
enregistré et mené à boime lin l'inventaire de ces monnaies. 11
s'en faut, néanmoins, au dire de M. Josse, que ce travail soit com-
plet. Beaucoup de particuliers possèdent des échantillons asse^
remarquables et ne songent point à les faire connaître ; un com-
plément s'impo<e, on nous le promet pour l'an prochain. L'inven-
taire de M. Minoutlet comprend 49 pièces, 3 en or, les autres en
potin ou en bronze ; la plupart olfrent des types connus ; quel-
ques-unes sont fort curieuses, telle celle qui a été découverte à
>'anteuil-Notre-Dame, est perforée et a du servir de pendeloque;
telle celle qui a été découverte aux Caquetnis, dépendance de la
Chapelle-sur-Chézy, et appartenant à M. Duterne, de Viels-Mai-
sons. M. Adrien de Longpérier avait interprété la légende ArHA
Afiendicum Une autre, en or, avec la légende CricirUyesl l'objet
d'un intéressant commentaire. La Collection Caranda a fourni
10 spécimens; les :.{3 autres, trouvées isolément, appartiennent ù
divers amateurs : MM. Doyen, Minoutlet, Dutesne.
— Dans les Annales de 1896, p. 4.^, M. Corlieu, en faisant don du
volume Coup d'œll sur le Valois., par M. de Fleury, « rappelle ce
que ce volume a d'intéressant pour nous, puisqu'une partie du
Valois a été incorporée dans l'ariondissement. Or, le volume du
(Comité de Senlis (1896) renferme une suite aux Anti(juités du
Valois avec des notes dues à un savant archéologue, M. Guizot,
qui parait être le petil-lils du célèbre ministre de Louis-Philippe.
La chàtellenie de La Ferté-Milon, « qui était un bailliage avuc
seigneurie particulière », y figure (pages 51 à 70) avec tout ce qui
constitue son histoire, sa juridictioa, ses liefs, revenus, offices.
Cette histoire des Antiquités du Valois avait pour auteur Antoine
Bataille, procureur du roi au bailliage et duché de Valois, décédé
le M novembre 1608 et inhumé dans l'église Saint-Denis de
Crépy. Le président .Minet, en 1743, a fait paraître, principale-
ment pour Crépy, sa résidence, la plus grande partie de l'histoire
d'A. Bataille.
448 CHRONIQUE
M. Guizol se propose de publier les AnlUjUités du Valois, en y
rompreiiaiit la Ferlé-Miloii el en relevant les nombreuses inexac-
liludes commises par Cartier dans son Histoire du. Valois. Un
autre archéologue de grande valeur, M. le vicomte A. de Caix de
Saint- Aymour a joint, à propos de Carlier, une critique très vive
H celle que présente M. tiuizot.
MM. (iuérin, juge de paix à Château-Thierry, el Racine, avoué,
sont élus membres titulaires.
Srcncc du o mai ISOS. — Pendant les loisirs forcés d'une
courte et légère maladie, M. Maurice Henriet s'est plu à analyser
le livre récent de M. G. Larroumet sur Racine^ compte-rendu que
l'on trouvera dans les Annales.
M. Larroumet établit que Uacine a profondément subi Tin-
tluence de son éducation, de ses passions, de ses amitiés, de sa vie
privée et sociale. Sa poétique doit beaucoup à sa foi. Si, comme
poète, Racine est toujours au premier rang parmi les plus
illustres, il laisse deviner, comme homme privé, un caractère
dune entière bonne loi, mais d'une perpétuelle inconstance. Les
prei}ves viennent à l'appui de ce portrait. Après avoir rendu la
justice qu'il mérite à lauleur de Plii'dte, à'Atfialie^ etc., M. Lar-
roumet ajoute : « S'il a peu mis d'archéologie dans ses pièces,
c'est que, outre la médiocre importance de la mise en scène dans
la tragédie, spectacle plus intellectuel que matériel, il se rendait
compte que le théâtre est chose vivante, tandis que l'archéolo-
gie est chose morte. Au lieu de connaissances archéologiques,
Racine nous offre le sentiment de l'histoire, ce qui est plus dilfi-
cile et de plus grand prix. «
H résulte des nombreuses pièces (jue M. Hioniet, insliluteiir à
Villeneuve-sur-Fère, associé libre, a eu l'obligeance de communi-
quer au secrétaire, que suite n'a pu être donnée aux intentions
charitables de l'abbé Le Leu et de sa sœur. Ces deux personnes
faisaient donation, le 19 avril ll'l, de leurs biens, et notamment
d'une maison qu'elles possédaient à Fère, à l'efTet de fonder un
Hôtel-Dieu. M. l'abbé Le Leu survécut à sa sœur; à sa mort, un
procès s'éleva entre ses héritiers et les corps et communauté de la
ville ; puis survinrent les événements de \~H9 à 1793 ; la maison,
qui devait servir d'Hôlel-Dieu, fut vendue rèvoliiliomiairement,
comme bien national. Les débats se sont prolongés entre les com-
munes de Fère et de Villeneuve (qui revendiquait sa part) jus-
qu'en 1848. Par décision du Préfet (août 1846), le partage des
revenus alïectés aux pauvres des deux localités avait été établi
coniine suit : deux tiers au Bureau de bienfaisance de Fère ]
l'autre tiers à celui de Villeneuve. Le 17 janvier 1848, M. Layla-
voix, sous-préfet de Château-Thierry, donuail connaissance de
cette décision à M. le maire de Villeneuve.
M. Cuérin, juge de paix à Château-Thierry, est élu membre titu-
laire.
CHRONIQUE 44'J
Société littéraiuk kt historkjci-: ue la Biuii. — Séance du jeudi
10 mars I89S. — rrésidence de M. Millier, vice- président.
Le président dépose sur le bureau, comme don fait à la Société,
par M. Lemarié : La Petite Gazelle de Dammartin.
Il communique ensuite à la Société un lemarquable ti'avail his-
torique dû à M"« Diifaux de la Jonclière, membre correspondant,
("est une suite de pages consacrées à la mort des Guises.
M"»^ DuJau.x de la .loncbcre y retrace d'une façon magistrale les
principales scènes du son^brc drame qui eut pour tliéatre le ciià-
leau do Hlois.
Séance du jeudi 20 avril IS!)<S. — Présidence de M. Miiller,
vice-président.
Sont déposés sur le bureau de la bibliothèque :
I" La Pt'tile Gazelle de Dammartin, adressée par M. Lemarié.
2" La Hecue de Champagne il de Brie^ dans laquelle M. Millier
signale un important article de M. (laslon Paris sur Guillaume
CoquiUarl.
A noter également une élude sur La Fontaine cl ses rapporls
avec les artistes de son temps, de M. Larroumet.
L'admission de M. Paris, pharmacien à Crécy-en-Biie, délégué
cantonal, présenté par MM. Millier et lîigault. est prononcée à
l'unanimité.
M. (iuérin continue sa lecture sur les ducs et le duché de Valois,
il la pousse jusqu'au règne de François 1'"'' et renvoie la suite à la
prochaine îéanre de la Société.
Co.NGUÉS ANiNLEL llKi Soi.ll-.II.S SAVA.NTLS UK PAHIS ET DES DÉl'AU-
TEME.NTS. — Le Congrès annuel des Sociétés savantes s'est tenu à
Paris, du 12 au 16 avril 1898, dans la nouvelle Sorbonne et dans
l'hémicycle de l'École des Beaux-Arts.
Inauguré sous la présidence de M. Alexandre Bertrand, mem-
bre de l'Institut^ président de la section d'archéologie du Comité
des Iravau.x historiques et scicntitiques, conservateur du Musée
des antiquités nationales de Saint-(jermain-cn-Laye, il s'est clos
sous la présidence de M. Alfred Rambaud, ministre de l'Instruc-
tion publique et des Beau.\-Arls.
Aux séances des diverses sections assistaient nombre de notabi-
lités émineutes parmi lesquelles il convient de citer MM. Léopold
Delisle, Anatole de Barthélémy, Ernest Babelon, le D'' Hamy,
l'abbé Thédenat, Hiinh', Baguenault de Puchcsse, Antoine Héron
de Villefosse, le comte Robert de Lasteyrie, Chabouillet, Eugènc-
Lefèvre-Pontalis, de Fourcaud, Servois, Henri Omont, Henri Cor-
2'J
450 CHRONIQUE
dier, ie comte de Marsy, ,lean-Krani;ois Bladé, Léon Maxe-Werl\ ,
Kugéiie Tlioison, Jules (ùiulhier, le chanoine Ulysse Olievalier,
E. Couard, Léon Morel, Joseph Roman, etc.
Plusieurs communications intéressant particulièremenl notre
région méritent d'être relevées.
— Dans la section d'histoire et de philologie, séance du 12 avril,
M. R. Aslicr, professeur au lycée de Toulouse, communique un
mémoire relatif à ce qu'il appelle une erreur historique ; la lettre
180 de Gerbcrt (Sylvestre 11) et le quatrième concile de Carthage.
La profession de toi que lit Gerhert, élu Hrchevê(}ue de Reims,
a soulevé un grand nombre de controverses.
Pour les éditeurs français, MM. OUeiis et Julien Havet, cette
profession de foi est dirigée contre les néomanichéens du nord de
la France.
Pour les critiques allcmamls, elle constitue un document médio-
crement favorable à la papauté et une tentative coupable de Ger-
hert, qui voulait séduire le peuple de Reims en lui permettant
l'usage de la viai\de, et gagner les voix du clergé en lui permet-
tant le mariage.
Or, la profession de foi de Gerhert n'est ni ceci ni cela.
Elle date en réalité de 393 après Jésus- Ghrist et appartient au
quatrième concile de Carthage.
L'attribuer à Gerbert, c'est faire une erreur de six cents ans.
M. Astier a opposé les deux formules et monln'' qu'elles sont
absolument concordantes.
.M. Léopold Delisle confirme la parfaite exactilude du renseigne-
ment donné par M. Astier, dont le mémoire sera inséré au Bulle-
tin du Comité.
M. Auguste Pawlowski, de la Société de Géographie, donne lec-
ture d'un inventaire des archives du canton de Hourmont (liaule-
Marne), archives jusqu'ici non collationnées. Cet inventaire com-
prend les communes de Saint-Thiébault, rjrainville^ Concourt,
Graffigny, Vaudrecourt (archives de la Molhe) et (Concourt. Les
communes de Bourg-Saintc-.Marie, (Lhaumont-la- Ville, Doncourt,
Gonaincourt, Huilliécourt, Ilacourl, lUoud, Malaincourt et Nijon
ne contiennent que des registres de l'état civil, dont les plus
anciens, remontant à I6il, otfrent un intérêt particulier. Quel-
ques documents sont utiles pour l'histoire de la région ; ainsi, il
faut citer une ordonnance de Ricuin, évoque de Toul (1122);
conlirméc en \\'o~ par son successeur Henri (archives de Rourg-
Saintc-Marie), les pièces d'un procès entre Sommerécourt et Vau-
drecourt (archives de Vaudrecourt), un rôle d'impositions pour les
moines de l'abbaye de Morimond. les dames de Poussay, et
Hubert de Crèvecœur, seigneur de Vroncourt (archives de Vron-
courl), des papiers concernant la famille de Choiseul. 11 convient
de signaler une tradition qui place à Ilarrévillc le tombeau de
CHHONiguiî 451
Calixte 11 (Ijuy de Bourgogne), Iraditioii très ucort-ditée d.ms le
caillou de Bourmont.
Les docunienls prinoipuiix. au point do vue hisloriipie, sont reti-
l'erniés dans les archives coinnuiiiales de Saint-Thiébault. Ce
village, aujourd'hui déchu, l'emporlait jadis sur Bourmont (carte
du xv-' siècle) La charte de Sainl-Thiéhauit est d'ui;e extrême
imporlanco Juridique. Elle prouve aussi que Thibaut l*"' prit le
litre de comte de Luxembourg en 1203 (confirmation d'une charte
d'échange de 120:5 conclue avec Blanche de Navarre, comtesse de
Champagne). Il demeure évident que le Barrois de par-de(;à la
Meuse fut soumis, dés le début du xiii'' siècle, à la suzeraineté du
roi oe France.
Cette carie est complétée par une série de parchemins, un
diplôme de 1219 et un ordinaire de !:J6C, des confirmations de
Henri de Bar (1300), Kdouard de Bar (1319 et 1329) et enfin
Yolande d'Avignon (1482). Les chartes des ducs de Lorraine sont
souvent précieuses.
Les sceaux sont parfois bien conservés et seraient consultés uti-
lement pour la sigillographie de l'est de la France.
A la séance du !3 avril, M. Hugues, archiviste du département
de Seinc-et Marne, donne lecture d'un mémoire sur le régime des
routes, avant 1700, dans l'Ile-de-France. Il expose que les péages,
jusqu'à l'avènement de Sully, sont destinés presque exclusivement
à fournir les ressources nécessaires à l'entretien de la viabilité ;
elles sont malheureusement détournées de leur but, malgré de
nombreuses ordonnances royales et les plaintes des Etals-géné-
raux.
Au xvii« siècle, est constitué un budget public des roules ; mais
les receltes ne sont pas encore rigoureusement appliquées à leur
objet; de là l'état lamentable des chaussées jusqu'au milieu du
xviii* siècle, époque où le recours à la corvée et la création d'un
personnel technique impriment un immense essor à la création
du réseau de nos routes.
A la séance du 14avril, en réponse à la huitième question du pro-
gramme, M. Eugène Thoison, de la Société historique du Câli-
nais, montre à l'aide de nombreuses cilations les services que
peuvent rendre les registres paroissiaux aux diverses branches
des études historiques. La météorologie elle-même peut leur
demander des renseignements intéressants. Après avoir énuméré
les ouvrages publiés en Seine-et-Marne et qui ont utilisé ces don-
nées, l'auteur expose les mesures qu'il y aurait lieu de prendre, à
son avis, pour assurer la conservation de ces précieux documents.
— Dans la section d'archéologie, séance du 12 avril, M. Léon
.Morel, correspondant du ministère, indique aux membres du Con-
grès le résultat de ses fouilles dans les cimetières gaulois de la
Marne en I89tj et 18U7.
A Loisy-en-Brie, on a trouve un bracelet en bronze de 180
452 CHRONIQUE
gramme?, formé de parties pleines et de vides. Ce biaceieL, qui
hcmblc .irémiiié. est orné de ciselures représentant des perles et
des petits cercles. L'auteur n'a jamais rencontré de bracelet de
nn'me type en Champagne et croit devoir le ranimer parmi les
u'uvres de l'art oriental.
Il décrit ensuite six épées trouvées récemment dans les cime-
tières de la Marne et munies de leurs rivets. Les boulerolles, les
lers de lance et le nouveau torques, décoré d'une rouelle et de
deux oiseaux, que l'auteur présente au Congrès, lui permettent de
compléter sa communication sur le mobilier funéraire des nécro-
poles de la Champagne. »
A la séance du 14, M. Schmidt, archiviste de l'Vonno, donne
lecture, au nom de M. Drot, d'une Notice iur la conslmcUon de
dicers Odliincnls au clidleaii royal de Monligny-le-Jloi i HauLe-
Manie). en liioO. Un marché passé à Tonnerre par le lieutenant
général de Champagne et de Hrie, moyennant la somme de 4,000
livres, avec Séljastien Piot, maître maçon, est daté du 21 janvier
l'ôbO. Cet entrepreneur s'engageait à construire une halle pour
loger les munitions et l'artillerie, une citerne, un magasin.
M. Demaison, archiviste de la ville de Reims, lit un mémoire
.sur les chevets des éyliscs de Notre-Dame de Chdlons et de
Sainl-]{(mi de lîcims. L'abside de cette dernière église a fait
école et fut limitée plus lard à Saint-Symphorien de Reims, dans
Je croisillon sud de la cathédrale de Soissons, à l'abbaye d'Orbais_,
et enfin à la cathédrale de Reims. Le chevet de Notre-Dame de
Chàlons est plus ancien que celui de Saint-Remi et a pu être cons-
truit par le même architecte. 11 est évident que cette abside est
le prototype de celle de Saint-Remi. contrairement à l'opinion de
beaucoup d'archéologues. Le plan et les détails d'architecture
olfrent la plus frappante analogie. Le chœur de Notre-Dame de
Chàlons, qui se raccorde à des constructions romanes, comme
Viollet-le-Duc et AL Dion l'ont déjà fait remarquer, fut rebâti
entre lIoT et 1IS3. La ruine du chœur primitif, qui s'était
lézardé, avait été prévue, et on avait eu le temps de déménager le
mobilier. La reconsti'uction du chœur de Notre-Dame fut favorisée
par les pèlerins qui apportaient les matériaux à pied d'œuvre,
suivant le témoignage de Guy de Bazoches, D'autres lettres du
même auteur permettent de reporter l'époque de grande activité
des chantiers de l'abside à l'année 110:1 environ. Les travaux
étaient terminés en HS'J.
.\ Saint-Remi de Reims, l'abbé Pierie de La Celle mentionne
les travaux de reconstruction du chevet en 1179 dans une de ses
lettres. Ce fut le même abbé qui enlieprit de voûter la nef. D'au-
tres lettres, qui peuvent ren)ontcr à l'année 1180, font mention de
H'avancement des travaux du chœ.ur, ce qui permet de reporter
la date initiale à l'année 1170. Pierre de La Celle fut ensuite
ijommé évêque de Chartres, et l'abside fut terminée vers ll'.>0. Il
CHRONIQTIE 453
faut en connhiro qu'elle est poslécieure à relie de Notre-Danu' d.;
Cbàlons.
M. Deinaisoii ajoute à son intéressant mémoire quelques nou-
veaux détails sur les arohilectes de la cathédrale de Reims. Il sup-
pose qu'un architecte nommé Adam, dont un chroniqueur du
.wii"" siècle avait transcrit l'épitaphe, doit être identifié avec Jean
d'Orbais par suite d'une lecture défectueuse. En outre, Bernard
de Soissons vivait bien à la fin du .\iii« siècle, comme l'indique
son nom inscrit dans un cahier de l'assise de la taille levée en
1287. Enfin, Golard de Givry est cité avec sa qualité de maître de
l'œuvre dans un compte de deniers daté de 1448.
M. Minoutlet, instituteur, lit une étudt; sur les monnaies gau-
loises trouvées dans l'arrondissement de Clidtcau-T h ierry et sur-
tout dans la vallée de rOurCj. Ces monnaies doivent être attri-
buées aux Senons, aux Suessions, aux Atrebates, aux Bellova-
ques, aux Leuques, aux Remes, aux Veromanduens, et surtout aux
Catalaunes et aux Silvanectes. Les types au loup et au sanglier sont
assez nombreux, et la légende CRICIRV, qui se rencontre sur la
monnaie des Suessions, est représentée par quatre exemplaires.
— Dans la section des lieaux-arts, séance du 12 avril, on entend
une lecture de M. Fernand Mazerolle, correspondant du Comité, à
Dijon, sur les Dessins de médailles et de jetons attribués à Bou-
chardon. M. .Mazerolle, dans ce travail, établit la pari qui revient
à Bouchardon, à Duvivier et à Roëttiers dans les dessins conser-
vés à l'Hùtel des monnaies, et qu'on était enclin à langer en tota-
lité parmi les dessins de M. Bouchardon. Les preuves apportées
par M. Mazerolle à l'appui de sa discussion sont décisives.
On se souvient du ditl'érend. M. Henri Bouchot et .M. Alphonse
Roserot avaient pensé que les dessins de jetons conservés à la
.Monnaie et se rattachant au règne de Louis XV étaient l'œuvre de
Bouchardon. .M. Mazerolle reconnaît plusieurs mains dans cette
suite de projets. J. Duvivier et J.-C. Roëttiers ont évidemment
exécuté plusieurs des dessins visés. Ce qui le prouv»\ c'est l'abbé
Gougenot, biographe de Duvivier, qui nous raconte la brouille du
graveur avec le sculpteur à l'occasion d'un profil du roi que Duvi-
vier refusa d'exécuter. Ce qui le prouve encore, c'est la présence
à la .Monnaie de compositions similaires pour un même sujet,
l'une à peine esquissée, ^'aut^e très arrêtée. En résumé, tout le
monde est d'accord. Bouchardon est l'auteur du croquis initial et
Roëttiers ou Duvivier ont précisé le trait avant de graver leur
coin. Mais Victor Hugo, s'adressant à un statuaire de son temps,
n'a-t-il pas dit :
La forme, ô grand sculpteur, c'est tout et ce n'est rif-n :
C'est tout avec l'esprit, ce n'est rien sans l'idée.
Bouchardon peut se réclamer de ces vers, conclut spirituelle-
ment M Henri Jouin dans son rapport. A lui l'idée rapidement
écrite ; à Roëttiers, à Duvivier la forme impeccable, la compo-^i-
454 CHRONIQUE
lion derniÎTe, de proportions voulues, d'aspect séduisant.
M. Mazeroile a raison au nom de Térudition ; mais tenons pour
véniel le tort de ses devanciers. Ils n'avaient pas bluté, estimant
peul-rtre que la farine, tout aussi bien que le son. pouvaient Ptre
comptés à Bouchardon.
M. G. Leroy, correspondant honoraire du ministère de l'instruc-
tion publique à Melun, donne lecture de son mémoire : la Céra-
mique à Boisscllcs i Scine-et-.Marnc), /7.'yi-/7.S7. Dans ce travail,
l'auteur établit que les bistoriens de la céramique, sur la foi d'un
monogramme, ont souvent attribué à un fabricant Orléanais des
pièces provenant de Boissetles. La révélation de M. Leroy est de
nature à mettre en éveil la sagacité des amateurs.
Boissettes est une humble commune de Seine-et-Marne. Elle vit
s'ouvrir sur son territoire, en 17;!2, une faïencerie, et en 1776
une fabrique de porcelaine. Les braves artisans qui dirigèrent ces
manufactures y mirent trop d'abnégation. Ils marquaient leurs
produits de la lettre B. D'où l'erreur! Les historiens de la cérami-
que française en ce siècle reportent à la manufacture d'an certain
Bourdon-Sauzay, d'Orléans, l'honneur d'avoir fabriqué toutes les
pièces marquées à l'initiale fatidique. M. Leroy nous met en
• garde. Oii des esprits trop prompts avaient prononcé le nom de
Bourdon-Sauzay, nous estimerons équitable de prononcer parfois
celui de Boissettes.
A la séance du 13 avril, M. Léon Maxe-Weriy, membre non
résidant du Comité à Bar-le-Duc, donne lecture d'un travail inti-
tulé l'Ai't et les arlisies dans le Bai-rois. C'est une nomenclature
précieuse d'artistes oubliés ou de monuments disparus qui
s'ajoute aux précédentes communications du même auteur et les
complète. Les futurs historiens de l'ancien duché de Bar trouve-
ront d'utiles indications dans ces récoiements dressés par un érudit
à qui rien n'échappe du passé de sa province.
Cette fois, l'auteur a voulu traiter des imagiers, des maîtres
d'œuvres, des verriers et des hommes de théâtre. M. Maxe-Werly
n'a pas restreint le cadre par lassitude ou par oubli. Statues, reta-
illes, objets mobiliers, effigies gravées ou peintes, tout l'intéresse et
l'attire. Sépultures, mausolées de princes, de donateurs éminents,
de personnages illustres, sont poursuivis, dans les caves, les gre-
niers, les pièces de débarras où personne ne songe à s'aventurer.
Est-il moins heureux dans le domaine de l'art dramatique ou
lorsqu'il s'occupe de verrières ? Nullement. Sa moisson est de
toute richesse, de toute variété. Les glaneurs perdront leur temps
après lui. Lt à l'appui de son te.xté, M. Maxe-Werly a multiplié
l'image, si bien que son mémoire a l'attrait d'un musée. 11 serait
à souhaiter qu'un tel exemple fût suivi dans toutes nos provinces
et donnât lieu à des répertoires concis, lumineux, dans le carac-
tère de celui que M. .Maxe-Werly a consacré à sa première patrie.
A la séance du 14 avril, notre distingué compatriote, M. Léonce
CHRONIQUE 433
Lex, correspondant du Comité, à Màcon, lit sa notice sur
Gabriel-François Morcau, évêqur de Mdcon (176.^-1790), pro-
tecteur de Greuze et de Prud'hon. C'est surtout Prud'hon qui
est redevable à l'évèque de MAcon do ce généreux patronage. En
etlet, ce prélat recommanda Prudhon, adolescent, aux Etats du
Maçonnais, le 17 niai l~7i-, et obtint qu'on l'envoyât étudier à
l'école de dessin de Dijon. Une aussi heureuse initiative méritait
d'être connue. Mais, dit .M. Jouin dans son rapport, l'évèque de
Màcon eut encore l'honneur de fonder dans sa ville épiscopale
une école d'art qu'il inaugura en personne. Greuze fut chargé de
peindre son portrait que désiraient lui offrir les États. 11 com-
manda lui-même à Creuze le portrait de Ms'' de Valras, son prédé-
cesseur. Enfin, par surcroH, son palais était un véritable musée.
Plus de cinquante tableaux, des sculptures, des tapisserie.s, des
gemmes remplissaient les salles de cette demeure d'artiste. M. Ee.v
a été bien inspiré en replaçant dans son jour cette figure effacée
dun évêque amateur, au sens le plus élevé de l'expression. Il a
aimé l'art en homme de goût, en homme de coiur, en citoyen
d'une intelligeuce supérieure. Ce fut quelqu'un.
A la séance du l.'j avril, M. Henri Jadart, membre non résidant
du Comité, à Reims, prend la parole à l'occasion à' un For Ira il de
Louis XIII. Il s'agit d'une peinture oubliée qui, vers l63U, décora
le dessus d'une cheminée dans l'ancien Hôtel de Ville de Reims.
M. Jadart, qui a découvert cette peinture dans le grenier munici-
pal où elle était reléguée depuis plus d'un siècle, la décrit avec
soin.
La peinture est médiocre, mais elle constitue un document his-
torique d'une valeur réelle. Des emblèmes, des scènes multiples,
des devises entourent la figure royale placée au centre d'un
panneau « aplani au rabot » et mesurant dans tous les sens plus
d'un mètre. .M. Jadart, en homme qui sait tout, ou peu s'en faut,
sur la ville de Reims, étudie cette effigie de circonstance dont il
serait superflu de rechercher l'auteur. Rapprochant ensuite cette
image des statues de Nicolas Jacques et de Miihomme, ainsi que
d'une peinture et d'un dessin conservés au Musée de Reims,
M. Jadart a écrit sur l'iconographie de Louis Xlll d'excellentes
pages, que l'on ne consultera pas sans profit.
0-
Le monument de I'ossuet, a Meaux. — Bossuet, le plus grand
orateur de la chaire, l'homme dont s'honore la France entière
sans distinction de parti, de religion ou de secte, ne possède pas
encore un monument digne de lui.
Sa dépouille mortelle repose sous une simple dalle dans cette
cathédrale de Meaux, où pendant vingt-trois ans il fit entendre sa
voix puissante, son éloquence vibrante qui atteignit souvent aux
plus hauts sommet^ de la pensée.
•iriG CHRONIQUE
Une réiiiiion j)iépai;iLoiro vient d'être [>rovoquée par Ms"" de
Briey, évêqne de Meaiix ; un Comité a été constitué sous la pré-
sidence du cardinal Perraud, et un premier appel va être l'ait au
public pour honorer comme il convient la mémoire de Bossuet.
Le futur monument, pour lequel aucun statuaire n'a encore été
désigné, s'élèvera dans la cathédrale de Meaux, en face de la
chaire aux vieilles boiseries du xvii"^ siècle d'où Rossuet prononça
ses plus belles oraisons.
Exposition des Collections iju baron ue Baye au Mi.sée C,v\-
MET. — Du 30 avril au 30 mai 1808 ont été exposées, au Musée
Guimet, les importantes collections archéologiques et ethnogra-
phiques rapportées par le baron de Ba.ye de sa dernière mission
dans la Russie orientale, la Sibérie et le Caucase.
Abondante extraordinairement et particulièrement intéressante
est la nouvelle récolte que le persévérant voyageur met aujour-
d'hui sous les yeux des archéologues et des ethnographistes. Nous
ne pouvons que donner ici une énuméralion rapide des princi-
paux objets qui ont surtout attiré notre attention, dans une visite
trop hâtive.
Ce sont des pointes de tlèches en silex recueillies dans les dunes
de sable, des grattoirs, des hachettes, et d'autres nombreux et
variés spécimens de silex taillés ou polis provenant du bassin de
rOka; des ossements humains, des débris de poteries trouvés en
1897 dans les tourbières du lac Tchighir, dans l'Oural ; des objets
divers en fer et en bronze, armes, colliers, instruments et bijoux
de toute sorte, découverts dans le gouvernement de l'Iénisséi, aux
environs de Krasno'iarsk, dans les kourganes (iumuli) de Toïa-
nofT Gorodok, près Tomsk (Sibérie), dans les nécropoles de Kour-
man (gouvernement de Riazan) et de Piichtitz (Esthonie).
Voici des poignards, des couteaux, des haches, des pointes de
lance ; une magnifique épée de bronze, trouvée à Signakh en Kha-
khélie ; des bracelets, fibules, bagues et rondelles ; de menus
idoles et fétiches; de curieux bijoux et amulettes rencontrés dans
la nécropole de FaléietF, au gouvernement de Pensa.
A côté d'anciennes haches kirghises, en bronze^ s'amoncellent
les échantillons de l'orfèvrerie populaire, or, argent et cuivre,
encore en usage chez les Tarares de Russie et de Sibérie. Des col-
iers de monnaies et de perles multicolores forment la parure des
femmes tchouvaches et tchérémisses ; les bonnets, les ceintures
d'étotïe s'ornent également d'élégantes broderies bigarrées; les
robes, les vêtements oITrent les mêmes caractéristiques de nuan-
ces chatoyantes et d'élégantes broderies.
Mentionnons encore les instruments de musique, en bois et
écorce de bouleau; les poteries, outres, chaussures en écorce ives-
sée (laplis) : les objets vieux-russes^ bijouterie émaillée : croix,
CHRONIQUE 457
f'halnes, oclliers, bagues, |>endaiils d'oreilles, broches, agrates,
etc., des villages tatares de Sibérie ; les idoles bouddhiques des
populations houriales ; les vases géorgiens aux influences grec-
ques archaïques.
Ce sont de jeunes paysans du vilLige de Borisotka, au gouverne-
ment de Koursk, qui ont peint aiiisleinenl, sur métal ou sur bois,
ces naïves icùncs ; dans la petite localité, ces imagiers, ces enlumi-
neurs pieux se transmettent de père en fils, depuis des siècles, la
jolie industrie qui les fait vivre. Tel Iryptique, figurant des scènes
de FEcriture, a été exécuté vers la fin du xvi" siècle ; une grande
composition, représentant le Juçjemcnt dernier^ est du xvii".
Les minéralogistes trouveront un peu plus loin une vitrine con-
sacrée aux cristaux et minerais de Kasbek, dans le Caucase.
Enfin, une série très considérable de photographies prises au
cours de cette exploration si fructueuse reproduisent de nombreux
types tatares, mordvines, metchériaks, des vues pittoresques de la
Céorgie (Tiflis, Signakh, Hhion, etc.), et des étapes du chemin de
fer transsibérien. A. T.-R.
Exposition ues Pastellistes. — Le 7 avril 1898 s"est ouverte,
à la galerie Georges Petit, rue de Sèze, à Paris, l'exposition
annuelle de la Société des pastellistes français. Nous y avons
remarqué, entre autres envois, ceux de M™'' Madeleine Lemaire,
un beau Portrait de M""' Hêglon, la cantatrice bien connue, et
une expressive 7'^ ^e rfe /e?7?r)je; ceux de M. Adrien Moreau, Con-
ternplalion. An jardin des Tuileries, et les quatorze paysages ou
scènes rustiques de M. Léon Lhermitte, où l'on retrouve son admi-
rable maîtrise et son sentiment profond de la nature. Citons notam-
ment La coupe des blés, La Samaritaine, Un coin de vieux jardin,
des enfants jouant dans les herbes folles, Les derniers rayons, les
Laveuses, Effet d'anlomne, près du village briard que cache un
rideau de peupliers, Le vieux charron et sa femme, La méri-
dienne des moissonneurs, les Lieuses de gerbes, la Moissonneuse
allaitant son enfant, La charrette de blé. A. T.-R.
La Vierge i.e Simart. — Une des gloires de la ville de Troyes
est de compter, parmi ses enfants, le célèbre sculpteur Pierre-
Charles Simart (f806-f 8.ï7), dont l'un des chefs-d'œuvre est le
tombeau de Napoléon, aux Invalides.
Troyes possède de lui des souvenirs ; entr'autres, à l'église Saint-
Pantaléon, les bas-reliefs de la chaire à prêcher, représentant la
Foi, l'Espérance et la Charité. A la Cathédrale, dans la chapelle
de la Sainte Vierge, le groupe placé au-dessus de l'autel représen-
tant la Vierge et le divin Enfant, œuvre à laquelle, dit son biogra-
phe, Simart travailla avec amour. C/était en 1838. 1-e célèbre sta-
458 CHRONIQUE
luaire se IrouvaiL en Italie où il étudiait depuis cinq ans, après
avoir obtenu au concours le premier grand prix de Rome, les
merveilles artistiques réunies par les Souverains-Pontifes dans la
Ville Klernelle. Les fahriciens de la cathédrale, impressionnés par
la renommée de leur compalriole, lui demandèrent une statue de
la Vierii^e. Simarl, qui aimait beaucoup son pays et sa belle cathé-
drale, fut iieureux de cette communilc. Il en commença les pre-
miers travaux dans la villa Médicis, à l'Académie de France, à
Rome, où sont installés les grands prix, et la termina à Paris. La
statue, exposée au Salon en 1845, eut un grand succès. Les criti-
ques les moins suspects, Arsène Houssaye, Th. Gautier, Henri de
Rjancey, couvrirent d'éloges cette œuvre d'une inspiration vrai-
ment élevée et chrétienne.
M. Farnocchia, statuaire, décédé l'an dernier, a eu la bonne
pensée d'exécuter une réduction de la Vierge de Simart. H y a
réussi pleinement. La statuette a 34 centimètres de hauteur. La
modestie extrême de l'auteur fait que son travail n'a pas ou presque
pas été connu. Son fils, M. Gabriel Farnocchia, continuant la noble
profession de son père, est à même de contenter ceux qui désire-
raient posséder un fac-similé de la Vierge de Simart, le grand
artiste troyen, mort pieusement à Paris le mercredi 27 mai 18o7,
à VCise de :il ans. ' G. L.
POSK DE LA l'REMlÈRii l'IEIlRE Dli L'iifiLlSE ÏNoTRE-DaME d'EI'ERNAY.
— Le jeudi 19 mai a eu lieu la bénédiction solennelle de la pre-
mière pierre de l'église Notre-Dame d'Epernay, pour laquelle plus
de 700,000 francs de souscriptions ont été recueillis. M. l'abbé
Quittât, archiprêtre, délégué par Mh' l'évêque de Gbâlons, a pro-
cédé à la cérémonie, en présence de iM. Gillet, sous-préfet, de
M. Fleuricourt, maire d'Epernay, du général de Salignac-Fénelon^.
du colonel Hurlault de Lammerville, etc., et d'une très nombreuse
assistance.
Le parchemin, déposé dans la cavité de la pierre bénite, conte-
nait le procès verbal suivant :
« L'an de grâce 1898, le 19 mai, fête de l'Ascension, sous le
pontificat de Sa Sainteté Léon XIII, pape ;
M. Félix Faure étant Président de la République française ;
Sa Grandeur .Monseigneur Latly étant évêque de Châlons ;
La première pierre de cette église, élevée par souscription
publique à la gloire de Dieu, sous le vocable de Notre-Dame, a été
solennellement bénite et posée par M. le chanoine Quittai, curé-
archiprètre délégué à cet effet.
En présence de :
.M. (iillet, sous-préfet d'Epernay;
M. Fleuricourt, chevalier de la Légion d'iiormeur, maire d'E-
pernay ;
CHRONIQUE 459
^]. Edouard Truchon, rentier;
M. Henri Gallice, négociant en vins de Champacjne ;
M. Dorsaine Buache, ancien chef d'institution ;
M. le comte Raoul Chandon de Rriailles. président du Tribunal
de commerce ;
M. Gabriel Leplatre, notaire ;
M. Paul Meignan, avoué ;
M. Charles Jeandré, rentier ;
M. Paul Deullin. négociant en vins de Champagne ;
M. Albert Mérendet, propriétaire-agriculteur ;
Ces derniers composaient, avec M. le curé Quittât, le Conseil
de Fabrique de la paroisse 'Notre-Dame, érigé en Comité de cons-
truction ;
M. Jacob Bur, comptable du Comité ;
M. Selmersheim. inspecteur général des monuments histori-
ques, chevalier de la Légion d'honneur, architecte en chef;
M. Piquart, architecte, inspecteur des travaux ;
M. Thomas, entrepreneur ;
Au milieu d'un grand concours de clergé et de fidèles. »
L'église est placée en bordure et parallèlement au rempart
Perrier.
Pour le moment, on se borne à faire l'abside et le transept
avec le clocher, d'environ G;j mètres de hauteur (maçonnerie et
flèche) qui se trouvera au centre de l'édifice^, au-dessus de la croi-
sée de la nef et du transept. Cette nef aura 10 mètres de largeur,
d'a.xe en axe des colonnes.
L'église sera d'un style de transition entre le roman et le gothi-
que, fin du xii^ siècle, avec entrée principale sur la place Thiers,
où se trouve l'entrée du théâtre.
L'œuvre ne pourra donc se terminer qu'après la construction de
la salle de spectacle projetée et la démolition du théâtre actuel.
Ce monument aura beaucoup de caractère ; le talent de l'émi-
nent architecte, M. Selmersheim, de Paris, inspecteur des monu-
ments historiques, nous en est un sur garant.
Les travaux, commencés en décembre dernier, ne seront ache-
vés qu'à une date problématique, .aussitôt l'abside et le transept
terminés, ils ne pourront être poussés activement qu'au fur et à
mesure de sommes recueillies ou de dons particuliers.
Les fondations ont exigé un travail spécial à cause de la nature
défectueuse du sol qui couvre d'anciens fossés ou cours d'eau.
L'emplacement du presbytère n'est pas encore choisi ; il sera
probablement près de l'Hôtel de la Caisse d'épargne, rue du Doc-
teur-Rousseau.
Comme nous l'avons dit, les plans sont de M. Selmersheim;
460 CHRONIQUE
larchilecte qui dirige les travaux est M. Piquart, d'Epernay ;
enfin, l'entrepreneur rliar,i:;é de rexéciilion est M. Paul Thomas, de
Reims.
BAiNuUKT ANMÎEL UKS A.NCIENS ÉLKVKS DT COLLKGE ItE JuiLLY. —
Le dimanche l.'imai 1808 a eu lieu à Juilly (Seine-et-Marne) le
soixante-neuvième banquet de l'Association des anciens élèves
du célèbre collège, sous la présidence du général Descharme?,
commandeur de la Légion d'honneur.
Au dessert^, le R. P. Olivier, supérieur du collège, et le général
Descharmes ont prononcé des allocutions vivement applaudies ;
MM. Victor Mohler et .\dolphe Mon}- ont évoqué en rimes alertes,
en strophes chaleureuses, leurs Souvenirs demi-séculaires, et les
glorieux faste? militaires du vieéix Jnilly. .\. T.-R.
Une tète au Collège de Juilly, — S. Em. le cardinal Per-
raud, supérieur général de l'Oratoire, membre de l'Académie
française, présidait le mardi 24 mai 1898, au collège de Juilly, une
fêle donnée en l'honneur du R. P. Tliédenat, ancien supérieur de
la maison, élu récemment membre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres.
Toutes les Académies étaient représentées à cette belle cérémo-
nie : l'Académie française, par le cardinal Perraud et M. E.-M. de
Vogiié ; l'Académie des inscriptions, par MM. de Barthélémy.
Cagnat, de Villcfosse, Schlumberger, Saglio ; l'Académie des
beaux-arts, par M. Guillaume, l'éminent directeur de l'Ecole de
Rome; l'Académie des sciences morales et politiques, par MM. .Nour-
risson et APtonin Lefèvre-Pontalis. D'autres notabilités du clergé,
de l'armée, du monde savant liguraient en grand nombre dans
cette assistance d'élite.
Un bataillon de jeunes élèves, revêtus de brillants uniformes,
rendait les honneurs aux invités à leur arrivée à la gare et les a
escortés militairement jusqu'à l'entrée du collège.
A onze heures et demie, un banquet amical réunit cette magni-
lique assemblée dans la grande salle des fêtes, décorée brillam-
ment de drapeaux tricolores et d'écussons. Le souvenir des grands
ancêtres dont les bustes, œuvres d'éminents sculpteurs, encadrent
la table du banquet, achève de donner à cette solennité son parti-
culier caractère.
Ici est l'éloquence, avec Bossuet, (Jratry et Berryer ; là la philo-
sophie et la littérature avec Malebranche, de Bonald, Montes-
quieu ; plus loin la vertu guerrière, avec les maréchaux de Vil-
lars, de Montesquieu, Berwick, Dupelit-Thouars, amiral Duperré,
général de Sonis, Brière de l'isle, etc., tous anciens élèves du col-
lège de Juillv.
CHRONIQUE 461
C'est suus le regard paternel, quoique un peu Irouhlanl He ces
augustes aïeux, que les toasts ont été portés.
Le supérieur du collège, 15. P. Olivier, a pris le preiiiicr la
parole en ces termes :
« Je suis fier de saluer, c];iiis le P. Tliédenat, le prêtre de l'Ura-
loire qui continue si bien, en marcliantsur vos traces, Eininence,
les nobles traditions de cette congrégation si française qui, en
deux siècles, a donné huit de ses meaibres à l'Académie des scien-
ces, onze à l'Académie des inscriptions et belles-lettres et dix-
huit à l'Acidémie française.
« Je suis fier de saluer l'éminent et cher supérieur de ce vieux
collège qui, lui aussi, a donné plus de trente de ses élèves à l'Ins-
titut de France. «
M. Héron de Villefosse, au nom de l'Académie des inscriptions.
M. de Marsy, au nom de la Société d"arcliéologie, M. Mony, au
nom des anciens élèves, M. le curé de Saint-Paul Saint-Loui'^, au
nom du clergé, ont félicité le nouvel académicien.
Le cardinal Perraud a clos la réunion par un discours des plus
émouvants où il a fait l'éloge discret de son nouveau confrère, a
remercié tous les représentants des Académies, tous les amis. . .
et, dans un mouvement plein d'éloquence, a rappelé le souvenir
de M. Ollé-Laprune, enlevé si rapidement, quelques semaines
après son élection à TAcadémie des sciences morales.
Nous ne voulons pas clore ce compte-rendu sans rappeler de
quels principes s'inspire l'enseignement au collège de Juilly, et
cela nous ramène encore à une autre éloquente allocution pro-
noncée dans celle école par le cardinal Perraud.
« Malebranche, écrivant un traité de morale pour la société de
son temps, a dit : « Il faut être un homme, chrétien. Français. »
«t Une éducation virile, chrétienne, nationale ! Us l'ont donnée
à leurs élèves, ces maîtres modestes et laborieux qui. élrangei's
par goût et par état aux querelles des partis, uniquement appli-
qués à leur lâche prolessioniielle, n'ont cherché, au temps de
Louis .\1II et de Louis XIV, comme au lendemain de la Kévolution
et à travers les vicissitudes du présent siècle, qu'à taire de leurs
disciples, suivant le beau mot de .Malebranche : « Des hommes,
des chrétiens et des Français. »
t Fidèles à celle tradition, mes amis, vos maîtres d'aujourd'hui
s'inspirent des mêmes principes et n'entendent pas autrement la
mission dont les a investis, à votre égard, la triple confiance de
vus famille.-, de l'Fglise et de la France. »
La fête, réussie de tous points, comptera parmi les plus belles
qu'aient à enregistrer les annales de ce grand établissement,
dont le supérieur, l'éminent P. Oivier, maintient avec autant
d'intelligence que de iièle les gloiienses traditions.
{Gauloise Paul KocHii.
4ti2 CHRONIQUE
RÉfMO.N A.N.NUKLLK DE l'AsSOCIATIÛ.N AMUALK DKS ANmE.NS ÉLÈ\ KS
i)L" Lyckk ok Ri:ims. — L'Association amicale des anciens élèves
du Lycée de Reims a tenu son assemblée générale le samedi
16 avril, au Lycée, en la salle des Actes, sous la présidence de
M. le sénalcui- Diancourl, assisté do MM. F. Benoist et J. Lucotte.
M. Diancourt a présenté les excuses de deux membres du
Comité, MM. Tliuilier, actuellement en Algérie, et Charbonneaux,
partant ce jour même pour Venise.
Il a ensuite donné la nomenclature des membres de l'Associa-
tion décédés dans l'année, avec quelques mots d'éloges et de
regrets pour cbacun d'eux. Ce sont MM. E. Drumel, sénateur des
Ardennes ; D'' J. Bienfait, l'un des fondateurs de l'Association ;
J. Bailly, professeur de physi(}ue, décédé à Pau ; Teslut, mort en
Algérie, et Alex. Bègue.
M. F. Benoist fait connaître la situation linancicre de l'Associa-
tion, qui, défalcation faite des frais et dépenses, constitue actuel-
lement un actif de 60,oi3 fr. 60, c'est-à-dire une majoration de
plus de 2,000 francs sur le capital de l'année précédente.
Les cinq membres sortants du Comité sont réélus à l'unanicnité.
A sept heures du soir, un banquet réunissait à la salle Besnard
une soixantaine de convives.
M, Diancourt présidait, ayant à sa droite le censeur du Lycée.
Citons MM. J. Henrol, H. Richardot, P. Douce, 1-holelain, (ial-
lois, F. et J. Benoist, Mennesson-Champagne, Guerlet, Roze, etc.
Un deuil de famille a privé le proviseur d'assister au banquet. Les
deux élèves choisis pour y représenter le Lycée étaient les fils de
MM. Lhoteiain et Douce.
L'élève Douce a lu une charmante et spirituelle pièce de vers.
M. Gallois boit à la prospérité du Lycée. M. Richardot déclame
en poêle une pièce de vers de Victor Hugo. M. Douce, en termes
émus, rappelle le souvenir de Lantiome, jadis le charme et la joie
de ces sortes de létes. Il en garde pieusement la souvenir, avec
l'espoir que l'Association partai:era ses sentiments à son égard.
D'unanimes applaudissements lui prouvent qu'il ne s'est pas
trompé.
Après le banquet, une séance littéraire et artistique vient com-
pléter aftréablernent la fête, où l'on applaudit tour à tour l'excel-
lent pianiste, M. Fernand Lemaire, un chansonnier de la Butle-
Monlmarlre, M. Lemercier. .^L Richardot dit une poésie de
Rameau, d'une spirituelle fantaisie, intitulée : Le JieflKje du Dia-
ble, ainsi qu'une pièce patriotique de sa composition, sur la statue
de Kléber, qui s'élève sur l'une des places principales de Stras*
bourg, etc.
CHKOMQUK 463
Recnio.n annuelle HE l'Assuciatio.n ajiii:ale des a.m.ien.s élèves
DU Pensionnat de:s Kri'.hes, a Reims. — Le jeudi 19 mai 1898 a
eu lieu, dans le Pensionnat des frères de la rue de Venise, à
Reims, la réunion annuelle de l'Associalion amicale des anciens
élèves. La fête i'Uil présidée par M^'- Cauly, vicaire général,
représentant S. E. le cardinal Langénieux. Au banquet, .M. Heni'i
Mennesson, président do IWssociation, a ouvert la série des toasts
traditionnels, suivi dans cette voie par M. Louis Mennesson, le
T. C. Frère Arèse, directeur du Pensionnat, et M?'^ Cauly.
Pose de la puemièue piehue uc GiiAND-SÉMiNAiiiE UE Chalons.
— Le mardi 3 mai, à 2 heures de l'après-midi, a eu lieu la béné-
diction des fondations du nouveau Oand Séminaire de Cliàlon».
L'annonce de cette cérémonie avait attiré une foule considéra-
ble de fidèles. Sur l'emplacement de la future construction, une
vaste tribune avait été élevée où prirent place, auprès de Ms- l'évêque
de Chàlons, les dignitaires du diocèse et de nombreu.x ecclésias-
tiques.
Dans l'assistance on remarquait les élèves du Grand et du Petit
Séminaire, de l'instilution Sainl-EliennC; etc.
Démolition de la chapelle du Collège de Chalons. — Le 27
avril, au malin, ont été commencés les travaux de démolition du
portail de la chapelle du Collège, ancienne chapelle des Jésuites,
que les réclamations des archéologues n'ont pu sauver de la des-
truction. Donnons du moins un regret à ce vestige historique de
l'ancienne cité qui, sans présenter un grand intérêt artistique,
méritait du moins d'être entretenu et conservé.
Le Monument commémoratik des a Dehmkres cartouches », a
Bazeilles. — Le sculpteur Thomsen vient de terminer le monu-
ment qui sera érigé, le 1" septembre prochain, à Bazeilles, à la
mémoire des soldats de l'infanterie de marine' dont la défense
dans ce village, en 1870, fut si héroïque et restera légendaire.
Ce monument sera placé en face de la maison même où se pro-
duisit l'épisode fameu.\ des « Dernières cartouches », la maison
Bourgerie.
Inauguration du Momument commémoratik de Faux-Fresnav. —
Le lundi de Pâques, Il avril 1898, a été inauguré à FauxFresnay
464 CHRONIQUE
(Maniej le nioiiuitieuL élevé è la méiuoire de» entants du pays
niorls pour la pairie, loin de leurs foyers.
I.e monument, fort simple, exécuté par M. Davian, marbrier h
Troyes, a été érigé au cimetière. Trois noms sont inscrits déjà sur
la pierre, ceux d'Alexis Depoivre, tué à Forbach en 1870, de Léon
Joly. mort au Tonkin en 1886, et d'Achille Courjan, décédé à
Nancy en ls9o, ces deux derniers victimes de cruelles épidémies.
M. le doyen de Fère-Champenoise a béni le monument, et des
discours ont été prononcés par MM. Kdouarl .Morant, le D''Mas£on.
conseiller d'arrondissement, et par M. l'abbé Colson, curé de
Crancoy (Aube), commandeur de l'ordre du Saint-Sépulchre.
La statli; d'Urbai.n H a CLEHMO.NT-FiiUHA.Mj. — Le 27 mai a
étc amenée sur la place Royale, à (^.lermont-Ferrand, la statue du
pape Urbain II, qui doit surmonter le monument élevé en souve-
nir des Croisades. Cette statue, qui mesure 4 mètres de hauteur,
pèse 2,200 kilos. Elle a été fondue à Paris. Elle va être élevée sur
son socle très prochainement.
L inauguration du monument des Croisades aura lieu le '20 juin
prochain.
*
Lt MoNCME.NT DE 1814 A Craun.ne. — Le Comité pour l'érec-
tion d'un monument sur le plateau de Craonne (Aisne) à la
mémoire des combattants tombés dans la journée historique du
7 mars 1814, vient d'être constitué sous la présidence d'honneur
de .M. Gabriel Hanolaux, ministre des ali'aires étrangères, mem-
bre de l'Académie française.
M. le Préfet de l'Aisne ; M .Malézieux, sénateur ; .M. Henry
Houssaye, l'éminent historien de 181 i, membre de l'Académie
française \ M. Ermant, député, présidents ; MM. Karl Hanotaux,
conseiller d'arrondissement, vice-présidents ; M. Tordeux, notaire
à Corbeny, secrétaire-trésorier, font partie de ce Comité.
.Méea.m.es sru Jean.ne n'Aiu;. — 1. La file de Jeanne crAre. —
Peut-être finirons-nous par avoir notre fêlo de Jeanne d'Arc. La
Vierge de Domreray n'a parmi nous que des dévots, tout comme la
patrie française qu'elle incarne après avoir si puissamment contri-
bué à la fonder, (^e ne sont donc point des objections de principe
qu'on a faites à la célébration de sa mémoiie. Si l'on parvenait à
lever les diflicultés d'exécution et à éviter tout conllit avec la fête
nationale du 14 Juillet, il est à prévoir que l'opposition qu'ont
laite de bons esprits s'évanouirait.
Nous avions, dans ce sens, pio;'osé une solution (jui semble
CHRONIQUE 46b
avoir iail suii clieiiiii). Ello nous revient dans la bouche et avec le
patronage d'un prélat éniineiit. Msr l-e Nordez l'a exposée récem-
ment dans une interview qui a fait le tour de la presse. Tout le
monde en a loué la simplicité pratiqua et le caractère éminem-
ment provincial. C'est de la bonne et rivante décentralisation. On
ne peut plus parler de concurrence Tiitc au 14 Juillet. I! ne s'agit
plus, au sens propre du mot, d'une fêle nationale célébrée par-
tout à la fois dans toute la France. Le Parlement se contenterait
de voter un hommage annuel à rendre à la mémoire de Jeanne
d'Arc, au nom de la nation, tantôt par une ville, tantôt par une
autre, à laquelle serait allouée par l'Etal une subvention convena-
ble. La ville ainsi élue deviendrait pour la circonstance l'organe et
le représentant de la patrie tout entière. La fête de Jeanne d'Arc
serait ainsi tout à la fois locale et officielle. On éviterait la mono-
tonie et la lassitude.
Les villes successivement choisies pour rendre ce culte au nom
de la pairie à celle qui en fut l'héroïne et la martyre, rivalise-
raient de zèle et d'invention pour mieux s'acquitter chaque fois de
la mission nationale qui leur serait momentanément conférée.
Elles y mettraient plus que de l'amour-propre, un certain orgueil
et un particulier dévouement. Il faudrait leur laisser la plus
grande liberté cl la plus large initiative dans la composition de
leur programme. La solennité varierait sans doute avec les villes
et les provinces. Elle serait autre d'aspect, de couleur et d'accent
dans l'Est et le Midi, dans l'Ouest et dans le Nord. Mais combien
dans cette diversité de voix et de discours éclaterait puissante et
réconfortante rharmonie finale du chœur et combien en ressorti-
rait plus lumineuse el forte I unité morale de la patrie!
A un tel projet, il n'y a vraiment plus aucune objection à faire ?
Comment les députés ne .s'y iiiléresseraienl-ils pas, dès qu'ils ver-
ront le parti et le profil iiue leur région particulière peut en
espérer. 11 n'e.-t donc pas impossible que la nouvelle Chambre se
montre plus einpressée on moins craintive que la dernière à con-
sacrer celle heureuse innovation. Il faudrait l'en féliciter.
(Temps.)
II. Les jetés de Jeanne d'Arc à Orléans. — Les fêles de
Jeanne d'Arc à Orléans ont commencé le 1.5 mai par le dépôt, au
pied de la statue de l'héroïne (jui se trouve dans la cour de l'Hô-
tel de Ville d'Orléans, d'une gerbe de Heurs envoyée de Londres
par la société anglaise : « A la gloire de Jeanne d'Arc. » Celte
gerbe de Heurs était accompagnée d'une banderole portant l'ins-
cription suivante : « De la part des Anglais à la sainte Pucelle. »
Quoi de plus touchant que cet hommage rendu à notre Jeanne
d'Arc ?
Le soir, l'imposante cérémonie de la remise de l'étendard a eu
heu aver la solennité accoutumée. Msr Touchet, en recevant des
30
566 CHROMQUK
mains de M. Ueluceuay, premier adjoint, Telendard de Jeanne, a
su trouver des paroles qui ont été au conir de tous, en parlant de
i-el étendard, le plus Orléanais. le plus français de tous ceux qui
flottèrent sur les champs de bataille, et en faisant les vœux les
phn vifs pour la patrie française et la cité orléanaise.
» »
La table iif PETrr-MANTiiAL-BLEL'. — Le Musée du Louvre vient
de recevoir un cadeau qui, s'il est accepté, sera tout à la fois une
curiosité d'art et de souvenir : c'est une table de style Directoire
portée par des sphinx. Le meuble est intéressant comme objet
d'une époque de transition entre Louis XVI et l'Empire ; mais il a
surtout l'honneur d'avoir appartenu au Petit-manteau-bleu, c'est-
à-dire à Edme Champion. Cet excellent homme fut le saint Vin-
cent de Paul de la Restauration. Arrivé de l'Yonne dans le panier
de la diligence, il s'enrichit, devint joaillier du roi, et se mit à faire
la charité sur la voie publique, comme d'autres la demandent, avec
ostentation.
A lui seul, il distribua plus de soupes que toutes les Sociétés
charitables réunies ; mais il recueillit la noire ingratitude : candi-
dat à l'Assemblée nationale, il échoua lourdement. Paris a la
digestion inijrate.
Lk ce.xte.naike de m. l"'nEDiiRic MiiHEAL'. — Le Pclil JoiO'ual
consacre les lignes suivantes à notre vénérable compatriote,
M. Frédéric Moreau :
« Dans quelques jours, la France compteia un rpiitenairo de
plus. C'est à Paris qu'il habite.
« Ce vénérable vieillard. M. Frédéric Moreau, est né le 1^'' juil-
let 1798. Pris en 1873, à l'âge de 75 ans, d'une belle passion pour
l'archéologie, il entreprit des fouilles à Caranda, petit hameau
dépendant de la commune de Cierges, près Fère-en-Tardenois,
dans l'Aisne.
« Il mit à jour, dans un ancien cimetière datant des temps pré-
historiques, plus de deux mille six cents lonibes dans lesquelles il
a trouvé une immense quantité de silex, d'armes en pierres
polies, bronze ou fer, de médailles, de poteries et d'objets de
toutes sortes, qui lui ont permis de constituer une des plus belles
collections qui existent.
« .M. Frédéric Moreau a publié, année par année, jusqu'à ces
derniers temps, le résultat de ses fouilles dans un album de plan-
ches qu'il a appelé ALbum Caranda et qu'il n'a fait tirer qu'à un
petit nombre d'exemplaires pour lui et ses amis.
« Le prochain centenaire possède encore une santé parfaite et
une merveilleuse vivacité d'esprit. Il vil très retiré avec sa belle-
CHRONliJUE 4f)7
lillc et ses jjeliLs-eiii'aiiLs dans sa niaisuii de la iiie de la Vicloirc
et ne reçoit guère que des archéologues.
« Atteint cet hiver d'une légère bronchite, il refuse obstinément
depuis de quitter la chambre, bien qu'il soit aujourd'hui complè-
tement rétabli. »
.M. AiiiiiiiN Lannks dk Mo.mehello. — .M. .\drien Latines de
Monlebello, député sortant, candidat du Comité républicain dans
la l"' circonscription de Reims, et réélu aux élections législatives
du 8 mai 1808. est le petit-fils du maréchal Lannes, le glorieux
volontaire de 1792 qui gagna sur les champs de bataille le bâton
de maréchal de France et le litre de duc de Montebello.
Le père du dé[)uté actuel, après avoir représenté le déparle-
ment de la Marne à l'Assemblée constituante de 1848, accepta
plus lard l'ambassade de France à Sainl-PéteisLourg, poste que
son lils aîné (juslave occupe aujourd'hui avec un succès dont les
résultats ont fait naguère tressaillir la France d'une patriotique
allégresse,
M, Adrien Lannes de Montebello lit ses éludes au lycée l^ondoi'-
cel, puis à la Faculté de Droit de Paris ; mais la plus grande par-
lie de son enfance et de sa jeunesse s écoula à Mareuil-sur-A.v, où
il s'échappait dès qu'il pouvait trouver quelques heures de liberté.
Au sortir de l'Ecole de Droit, il fut choisi comme chef de cabi-
net par M. Léon Say, ministre des Finances, qui se l'attacha par
les liens d'une amitié qui ne devait jamais se démentir. C'est là
qu'Adrien de Monlebello apprit les choses de la politique ; c'est
auprès des Thiers, des Dufaure, de^ Jules Simon, des Grévy, des
Casimir-Perier qu'il s'initia à celle science si capricieuse et si
complexe.
Etat du coM-Mekce des vins mousseux de CuiHi'AG.VE e.n I8'J8.
La Chambre de commerce de Reims vient de publier le tableau
annuel donninl, d'avril à avril, le mouvement des vins mousseux
de Champagne expédiés à l'étranger, à l'intérieur et dans le
déparlement.
Ce relevé donne occasion de constater que les existences en
charge (101,641,636 bouteilles) ont diminué, depuis l'an dernier,
de 89;,700 hectolitres (soit, en chifï'res ronds, 9,bOO,000 bouteilles
et 13,400 hectolitres en fûts). La mauvaise récolte de 1897 expli-
que le fait.
Les expéditions se sont à peu piès maintenues au chilire de l'an
dernier. Il y a lieu, néanmoins, de noter une diminution d'un
million de bouteilles ; soit 500,000 bouteilles pour l'étrangler et
oOO,000 bouteilles également pour la France. Le nombre des bou-
teilles expédiées a été en elt'et de 27,387,787 pour 1897-98, alors
qu'il s'était élevé, Tannée précédente, à 28,339,913 bouteilles;
468 CHRONigtJK
Le niouvemeiil de» vins de spéciilalioii, de iieguciauls à négo-
ciants, a été très animé : onze millions de bonteilles, contre
ijuutre millions 290,000 en 1890-97. Il l'aiil remonter à 1891 ponr
retrouver un cliiliVe aussi important.
En résumé, la prospérité de notre commerce de vins mousseux
de Champagne, en tant qu'importance des expéditions, se main-
tient honorablement. Reste à savoir dans quelles conditions,
comme prix, sont traitées les atl'aires, et aussi comment s'opèrent
les rentrées.
.NoMiNAïioNH ET DISTINCTIONS. — Par arrêtés du ministre de
l'Instruction publique et des Beaux-Arts, en date du 15 avril t89S,
ont été nommés, à l'occasion du Congrès annuel des Sociétés
savantes,
lo ofticiers de rinslrucliou [)ul)rHiue :
M. Louis Demaison, secrétaire-archiviste de l'Académie natio-
nale de Reims, correspondant du ministère de l'Instruction
jiublique ;
M. l'abbé Trihidez, correspondant du ministère de l'instruçtmn
publique, à Reims.
'2° ofliciers d'académie :
.M. Adolphe-Nicolas Belle voye, membre de la Société enlomolo-
gique de France et de la Société d'étude des sciences naturelles de
Reiins ;
et M. 1-^douard Fourdrignier, co'respondant du ministère de
l'Iiislruclion publique à Sèvres (Seine).
L'Académie des Insciiptions et Belles-Lettres, dans sa séance du
20 mai 1898, a décerné, sur le rapport de M. Salomon Reinach à
la Commission des Antiquités nationales, une mention à notre
collaborateur, M. Léonce Lex, archiviste de Saùne-et- Loire, pour
.sa récente étude sur les Fiefs du Maçonnais.
L'Académie française, dans sa séance du 24 mai 189s, a attribue
à M. Tabbé Landrieux, secrétaire particulier de S. E. le cardinal
Langénieux, sur le prix Juleau-Duvigneau (3,000 francs), une
récompense de 1^000 francs f>our son livre : Aux pays du Chrisl,
souvenir d'un vovaîce en Palestine.
l'ue récompense de cinq cents francs, sur le prix MonLyon, a
été attiibuée à notre distingué cnmpalriole M. Pol Neveux, de
CHRONIQUE 469
Keiins, pour sdii l)c;iu roiii;iii, (inln. d'une ('oiiliiro à l;i l'ois si
sobre, si délicate ol si personnelle, rpii place son aiitenr en un
rang des plus enviables, entre Flaubert et Frotnentiii, ces deux
admiral>les modt'les.
Par arrêté préfectoral on date du 21 mai, M. Jules Vernier, de
Nogent (Haute-Marne), archiviste de la Savoie, a été nommé archi-
viste de l'Aube en remplacement de M. Francisque André, démis-
sionnaire.
Par décret du 2;i mai, notre éminent compatriote, M. Gaston
Paris, membre de l'Académie française, a été nommé administra-
teur du Collège de France pour une nouvelle période de trois ans.
Pai décret du Président de la République, en date du 10 avril
1898, rendu sur la proposition du Ministre de la guerre :
M. le général de brigade Le Bègue de (ierminy, chef d'etal-
major du d^ corps d'armée, a été nommé commandant supérieur
de la défense des places du groupe de Verdun, gouverneur de
Verdun, en remplacement de M. le général de division d'Hugon-
neau de Boyat, appelé à d'autres fonctions.
,M. le général de brigade Soyer, commandant la '0"= brigade
d'inftinlerie (4Ô« division, 6" corps d'armée) et la subdivision de
légion de Châlons-sur-Marne, à Chàlons sur-Marne, a été nommé
au commandement de la .SS*-' brigade d'infanterie (42'= division, Ù*-
corps d'armée), à Châlons-sur-Marne, et maintenu dans le com-
mandement de la subdivision de région de Châlons-sur-Marne.
M. le général de brigade Frater, nouvellement promu, a été
nommé chef d'étal-major du 6' corps d'armée à Chàlons-sur-
iMarne, en remplacement de M. le général Le Bègue de Germiny,
appelé à d'autres fonctions.
*
L.\ SŒUR A.NToi.NETTE. DK INogent-sur-Seine . — Une niédai'le
d'or de t''^ classe vient d'être accordée à M'"^ Moulis, en religion
.«œur Antoinette, supérieure de l'hospice de .Nogenl-sur-Seine
(1858-1898), pour quarante ans de services dévoués. Elle a exposé
sa vie, disent les considérants de l'arrêté, dans plusieurs circons-
tances, notamment en prodiguant ses soins à des malades atteints
de la variole.
On nous permettra, dit V Echo Nogentais, de nous étendre un
peu plus longuement sur les services rendus par so^ur Antoinette,
si populaire à Nogent.
M"'* Marie-Antoinette Moulis, en religion sœur Antoinette, de
470 CHRONIQUE
l'ordre des Filles de C.harilti de SaiiU-Vincenl-de-Paui, est uée à
Castres (Tarn), le 1"' septembre 1827. Elle est entrée k l'Hôtel-
Dieu de Kogent, le 1°' juillet 1858, et a été nommée supérieure
de cet étalilissement le 18 juin 187."i.
En 1S70, la supérieure de l'Hôtei-Dieu de Nogeiit, M""' Mar-
quant, ne pouvait guère s'occuper de la direction de cet étahlisse-
inenl, à cause de son grand âge : 77 ans. Ce fut sœur Antoinette
qui prit toute la charge de la maison pendant la guerre. Son
caractère résolu, méthodique, son esprit de dévouement et de
sacrifice l'aidèrent beaucoup en cette triste période. Elle sut pour-
voir à tout. En même temps qu'elle soignait les varioleux, elle
avait 78 militaires français ou allemands, blessés, tant à l'Hùlel-
Dieu que dans deux ambulances établies après le combat de
Nogent, du 2.') octobre 1870. A ce sujet, rappelons un épisode qui
démontre combien sœur Antoinette possède de sang-froid et de
courage.
En novembre 1870, cinq francs-tireurs de l'Aube étaient en trai-
tement à l 'Hôtel-Dieu, au nombre desquels un officier, M. Des-
planches. Dans une autre salle se trouvaient quatre Allemands
dont un sieur Lœfer, parent du préfet allemand installé à Troyes.
Les franco-tireurs apprirent la présence des Prussiens dans l'éta-
blissement. Exaltés par des combats récents, oubliant qu'une
ambulance est sacrée pour tous, ils résolurent de mettre à mort
leurs ennemis, pendant la nuit. Leurs armes, suivant le règle-
ment, avaient été déposées à la mairie. Mais la veille, très tard,
on avait amené un Prussien malade, et on n'avait pas eu le temps
de porter à l'Hûlel de Ville son sabre qu'on avait caché dans le
grenier, entre deux matelas. Les francs-tireurs découvrent l'arme,
descendent et s'apprêtent à entrer dans le dortoir des Allemands
qu'ils vont exterminer pendant leur sommeil.
Mais sœur Antoinette veillait. Elle avait surpris les allées et
venues des Français, ils la trouvent debout^, défendant la porte,
— Vous me tuerez avant d'entrer dans cette salle ! dit-elle réso-
lument.
Les francs-tireurs ont un moment d'hésitation. Sujur .\nloinetle
en profite pour les exhorter, leur montrer tout ce que leur acte
avait d'inhumain. Elle rappelle à M. Desplanchcs qu'elle lui a
sauvé la vie ; elle le supplie de l'aider à ramener ses compagnons
à des sentiments moins cruels. Elle prie, supplie et, finalement,
les francs-tireurs s'inclinent devant celte femme héro'ique et
renoncent à leur projet homicide.
Cependant, les Allemands avaient entendu les menaces de mort
et l'un d'eux, qui le lendemain sortit guéri, s'empressa d'aller
dénoncer l'alfaire à ses chefs. Bientôt un détachement d'Allemands
arriva dans l'intention d'incendier l'Hôtcl-Dieu qui avait donné
asile à des francs- tireurs, ces soldats irréguliers ayant massacré
beaucoup des leurs dans un précédent combat à Contlans.
CHRONIQUE 471
Sœur AiiloiiioUe, loujours vaillante, liiil U'-Le aux l'iussiens ;
elle fut sublime ; elle toucha le cœur des Teutons. M. Lœfer, dont
nous avons déjà parlé, apprit aux officiers du détachement la
belle conduite de la sœur, les soins qu'elle prodigua aux autres
Allemiinds blesses. Durant plusieurs heures, on parlementa. On
sait combien les envaliisseurs avaient de haine contre les francs-
tireurs. Ce fut long, mais sœur Antoinette eut gain de cause. Les
soldats allemands se retirèrent sans mettre à exécution leur projet
de vengeance, et pleins d'admiration pour celle courageuse et
sainte femme.
Nous pourrions citer une foule d'exemples mettant en valeur le
caractère de sœur Antoinette. Mais est-ce que tout le monde, ici,
n'a pas une profonde admiration pour ses vertus, pour sa cliarité
inépuisable ?
Le gouvernement de la Mépublique s'iionorc en décernant une
médaille d'or à S(fur Antoinette.
Une nouvelle médaille d'honneur, en ur, vient d'être décernée
à M. Armand Bourgeois, de Pierry, par décision du Conseil supé-
rieur de la Société nationale d'encouragement au bien, pour l'en-
semble de ses publications historiques, artistiques et littéraires.
Le ministre du Commerce vient d'accorder des médailles d'hon-
neur à MAL Antoine Arnaud, mécanicien-ajusteur dans la maison
Decés, à Epernay. depuis plus de trente ans, et Charles Buurelle,
employé depuis le même temps dans la maison Etienne, de
Givrv-en-Argonne (Marne).
M. Adrien de Monlebello, député, a remis récemment un
diplôme et une médaille d'honneur à AL H. Carnier, menuisier à
Hautvillers (Marne), pour avoir, au péril de sa vie, sauvé des
enfants sur le point d'être écrasés par un attelage.
Le sauveteur avait été grièvement blessé.
Mariag'es. — Le 1 1 avril 1898 a été célébré à Reims, en
l'église iNotre-Dame, le mariage de M. Georges Périn, fils de
M. et Mme périn-Lorquet, de Paris, avec M'"' Cécile Martin, fille de
M. et Mra'* Jules Martin-Raudesson.
Le 20 avril 1898 a été célébré à Reims, en l'église Notre-Dame,
le mariage de M. Jean Duroy de Bruignac, ingénieur des arts et
MianufacLures, fils du baron et de la baronne Durov de Rruienac,
472 CHRONIQUE
(ie Versailles, avec M'"' Cliarlotte Hogelel, lille de M. Edinoiui
Rogelel, rommandeur de l'ordre de Saint-firégoire-le-firand. et
de M"*" Edmond Rogelet, née Gérard.
M. Edmond Rogelet, lui-même ingénieur des arts et manufac-
tures, est le propriétaire des célèbres manufactures de Biilil
(Alsace), et son gendre va devenir son colIa])orateur industriel.
La messe a été célébrée par M. l'abbé Duroy de Bruignac,
secrétaire particulier de l'évèque de Versailles, frère du marié.
Les témoins du marié étaient M. le baron Fernand-Marie-Joseph
Duroy de Bruignac. capitaine au 69"^ d'infanterie à Toul, son frère,
et M. le marquis Marie-Louis de Caillebot de la Salle, camérier
secret de cape et d'épée de Sa Sainteté Léon Xlll, son beau-frère.
Ceux de la mariée, M. Henri Rogelet, sors oncle, et M. Louis
Hubert, le grand industriel de La Val-Dieu (Ardennes), son oncle
par alliance.
*
Le 2;! avril Is98 a été célébré en l'église Saint-Pierre de Chail-
lot, à Paris, le maiiage de M. Maurice Demaisou, docteur endroit,
avocat à la Cour d'appel, avec M"^ Lucie Picbenot.
M. Maurice Deniaison, qui appartient à Tune des plus honora-
bles familles de Reims, a publié dans le Journal des Débats et
dans plusieurs revues d'art des éludes fort remarquées.
Le '.\ mai t89S a été célébré, en l'église Saint-Louis de Fontaine-
bleau, le mariage de noire collaborateur M. Abel Rigault, archi-
viste-paléographe, attaché aux Archives du Ministère des Affaires
étrangères, avec M'i*" Marie Meyenr.
Le .» mai 1898 a été célébré, en l'église de Cliarleville, le
mariaee de M"*' Cabrielle Devillez avec M. Grillon.
MELANGES
L'iMi'UiMEiun; v CHALONS-sun-MARNE, \'\2 Amiîdée Lhoti:. —
Jiapport, lu à la Socirté d'AgriciiUiire, Commerce, Sciences d
Aris de la Marnc^. — Parmi les gloires de l'antique cité chù-
lounaise, il en est une que l'on ne peut lui disputer : elle ne s'est
jamais laissé devancer dans l'application des grandes inventions.
Et cela est vrai du Chàlons de nos jours aussi bien que du Chà-
lons du xv* siècle. Notre ville tut une des premières à posséder
une imprimerie, précédant d'un demi-siècle Reims, sa voisine. Le
Dilirnale de Bocquillon date de 1493, alors que les annales rémoi-
ses ne font mention de l'imprimerie de Bacquenois que vers loi.'i.
A Tcxceplion du mémoire dû à la plume alerte de M. Henri
Menu, et que conserve notre Société, M. Amédée Lbole, en abor-
dant le travail auquel il a consacré tant d'années de sa vie, avait
devant lui un terrain encore inexploré. Il lui fallut, avec une
patience de hénédiclin, dépouiller les registres des comptes et
dépenses de la communauté des imprimeurs, de 1692 à 1791, le
registre des délibérations du conseil de ville, les registres de
l'état civil, les arcliives de la Marne, la bibliothèque municipale et
surtout les fonds d'études de notaires, ce trésor si riche en docu-
ments intéressants pour l'histoire locale, oii M. firignon puisa il y
a quelques années les principaux éléments de sa Toporjraphle his-
torique de Clinlom. Dans l'avant-propos dont il a fait précéder le
livre de M. Lhote, notre collègue M. Armand Bourgeois dit avec
raison :
-< L'authenticité a été la règle absolue de l'auteur, et, en la
demandant, par exemple, aux minutes des notaires remontant à
]o20. il a prouvé quelles ressources précieuses elles otfrent pour
reconstituer l'histoire du passé. >i
VHisloirc de l'Imprimerie ne contient pas moins de ION notices
d'imprimeurs et de lithographes. Nous y trouvons signalé un libraire
châlonnais, Pierre Bouron. qui alla s'établir à Venise en lo86.
Chaque notice est suivie de la liste aussi complète que possible
des ouvrages édités par l'imprimeur auquel elle se rapporte. Avec
une trop grande modestie. .M. Lhote dit dans sa préface : « Qu'on
ne s'attende pas k trouver ici une bibliographie chàlonnaise com-
plète. 1)
.Nous prenons la liberté de le contredire, et d'afiirmer que nulle
part n'existe une énumération aussi abondante des ouvrages sor-
tis des presses de notre ville. A ce titre seul, VHistoire de L'Im-
primerie mérite d'arrêter l'attention des bibliophiles. L'esprit de
1 . Imprimerie Martin frères, Châlous.
4>4 MKI.ANGES
cha<}iie siècle se rellèle pmir ainsi dire dans ocî iioineiiclaliires qu i
n'ont que l'apparence de la sécheresse, mais d'oii l'on peut faire
jailiii' les éii-nienls d'une histoire littéraire.
Le premier livre en date, avec le Diurmdc^ est intituh; : » Les
dicts des oyseaux par hystores. » ("e titre ne reflète t-il pas la
grâce naïve du moyen âge, d'oii l'on sortait à peine à l'heure de
son apparition ?
l'endant les siècles qui suivirent, l'imprimerie chàlonnaise se
signala surtout par la heauté de ses livres liturgiques, missels,
heures, traités de théologie, de controverse, etc., auprès desquels
se plaçaient des éditions de classiques grecs et latins, des livres
de gi'ammaire et de rhétorique ; ces travaux si intéressants de
l'industrie typographique n'étaient pas, comme de nos jours, con-
centrés à Paris. Ce fut pendant cette période que rivalisèrent deux
familles, les Seneuze et les Bouchard, dont les puhlications sont
encore aujourd'hui, pour leur perfection et leur correction,
recherchées des collectionneurs.
Les Houchard, imprimeurs du Collège, éditèrent les pièces de
théâtre jouées par les élèves des Jésuites, ainsi qu'on peut le voir
dans l'étude si curieuse de notre regretté collègue, M. l'ahhé Pui-
seux, sur le théâtre du Collège de Chàlons.
Les grands événements de l'histoire ont leur écho dans le cata-
logue des livres châlonnais. C'est, par exemple, en 1S89, chez
Pierre du Boys, « les Particularitez notables concernantes l'assas-
sinat et massacre de Monseigneur le duc de Guise et Monseigneur
le Cardinal son frère » : en l.'iOO, c'est « Le conseil salutaire d'un
bon François aux Parisiens », conseil que les « François » auraient
pu adresser plus d'une fois dans le cours de leur histoire au bon
peuple de Paris; c'est, en lo02, le Panégyrique du roi Henri IV.
A la date de IfîOl, nous trouvons chez Claude Guyot le Guide du
voyageur à Jérusalem ; en 16H, chez Julien GrilTard, une Histoire
de la vie et des miracles de Monsieur saincl Menge, premier évé-
que et patron de la ville de Chàlons, par F. Boulangier.
En lG8(i paraît, chez Seneuze, la Gazelle aux nouvelles univer-
selles, journal hebdomadaire où l'on trouve la relation d'événe-
ments arrivés à Chàlons.
Les procès, si nombreux sous l'ancien régime^ donnent lieu à de
nombreux mémoires ; de mênjc les polémiques entie médecins:
à défaut de la presse médicale, qui n'existait pas encore, c'est par
des brochures qu'ils vidaient leurs différends, dont leurs patients
faisaient les frais.
Dans le cours du xviii* siècle, on voit apparaître les écrits rela-
tifs à l'économie politique, aux manufactures, au commerce, à
l'agriculture. Pour employer un mot de notre langue d'à présent,
la littérature devient « utilitaire ».
.\ l'époque où nous sommes arrivés, l'imprimerie chàlonnaise
avait pris une grande prééminence. On peut en citer deux faits
MKI.ANOES 475
ronuiie exoiiiple. PoiidaiiL plusieurs anriéos, les aliiMimclis de
Reims s'impriment (liez Seneuze ; eest également chez noire con-
citoyen que l'historien Anquelil fait parailre'son histoire de la
ville de Heims, en trois volumes.
La Kévolulion ne pouvait manquer de donner essor, à Chàions,
à une multitude de publications inspirées par les événements.
M. Lhote en dresse un catalogue des plus curieux. C'est encore
des catéchismes qu'impriment les maisons châlonnaises, mais ce
sont des catéchismes civiques ; il y a même des alphabets républi-
cains. Nous voyons bientôt paraître le Manuel du Tkéopkilun-
tltrope. Ne croyez pas, cependant, que le souvenir de la religion
catholique soit etl'acé. En 1799, c'est-à-dire avant le Consulat et le
rétablissement officiel du culte, Briquet édite un livre d'offices en
plusieurs parties.
Comme s'il eût prévu les grandes guerres qui allaient ensan-
glanter l'Europe pendant près d'un quart de siècle, un auteur,
M, Carré, publie au début de la Révolution un ouvrage considéra-
ble avec atlas, qu'il intitule Panoplie. C'est la description de tou-
tes les armes de guerre connues ; à le parcoiirir, il semble qu'on
entende un cliquetis de sabres et d'épées.
Tout le monde sait que pendant le cours du xi.x*' siècle, les
imprimeurs châlonnais n'ont pas démérité de leurs aînés.
Bientôt, à côté d'eux, venait prendre place un art nouveau. La
lithographie fut introduite en notre ville par M. Coruet-Paulus,
mort il y a une vingtaine d'années. M. Barbât donna à cette bran-
che des arts graphiques un grand développement. Il avait droit à
une notice spéciale, qui est due à la plume de Louis Grignon.
Nous sommes loin encore d'avoir dit tout ce qui ajoute du prix
au li^re de M. Amédéc Lliote.
Nous y trouvons les devises de quelques imprimeurs, à cette
époque, où, à l'exemple des chevaliers, tout ouvrier d'art adoptait
une sorte de marque, de blason distinctif. En voici quelques-
unes : Claude Guyol (1589-1G-23), avait arboré celle-ci : Id tenta
quod pôles; — Gérard de P^oigny (1626-1694);, cette autre:
Sequitur fortuna laborem. L'imprimeur Bouchard joue ingénieu-
sement sur son nom, en disant en bon vieux français : Mon cœur
bien plus que ma bouche ard.
L'auteur a semé à pro'fusion dans son livre les vieux bois qu'ont
su conserver les imprimeurs châlonnais, et dont quelques-uns ont
tant d'originalité et de saveur. Les armoiries des évéques depuis
ie xvii^ siècle ; une vue de Chàl'ins. gravée par Varin, la Bannière
de la Corporation des Imprimeurs, complètent cette publication.
Ajouterai-je que VlUsloirc de l'Imprimerie Siéié honorée d'une
souscription du ministère de l'Instruction publique. Notre ville n'a
plus rien à envier à celles de Dijon, de Troj^es, de Limoges. Un
nouveau monument lui a éié élevé par notre excellent collègue,
M. Amédée Lhote. K. Mvrtin.
47C ilKI.ANOKf!
U.N voi. A Saim-Etie.n.nk ok Thoyes e.n 1o82. — A propos de lu
récente ouverture du caveau de la cathédrale pour linliumation
de la dépouille mortelle de M-'" Corlel, notre évêque regretté, l'at-
tention de ceux qui ont encore au cœur la religion du souvenir a
été, une fois de plus, attirée sui' les deux comtes de Champagne
qui attendent, eux aussi, dans ce tombeau, le grand jour de la
résurrection promise : Henri l"", surnommé le Libéral, et Thi-
bault III, son fils.
Aucun signe extérieur n'indique au passant l'endroit où dor-
ment aujourd'hui ceux qui furent au xu'' siècle les insignes bien-
faiteurs de la ville de Troyes et les pieux fondateurs de l'église
de Saint-Ktienne, cette collégiale fameuse dont l'histoire serait si
intéressante, et dont l'inlluence et la puissance marchèrent de pair
et dépassèrent même quelquefois, au moyen âge, l'influence et la
puissance pourtant si considérables du chapitre de la cathédrale.
.Moins ingrats que nous à l'égard de ces deux grands princes, les
contemporains des comtes Henri et Thibault avaient élevé à leur
mémoire, dans le chœur de l'église Saint-Etienne, deux riches
mausolées dont nous pouvons lire la description enthousiaste dans
le Voyage archéoloqiqve d'Arnaud. Les émaux et les pierreries y
étaient enchâssés dans l'or et dans l'argent ; c'était un éblouisse-
ment pour l'œil du visiteur qui ne savait qu'admirer le plus, des
matières précieuses employées pour leur construction ou de
l'art qui avait présidé à leur agencement. Charles V, Charles 'VIU,
François i'% Henri IV, Louis. Mil et Louis XIV vinrent successive-
ment s'agenouiller et prier devant ces sépultures magnifiques dont
aujourd'hui il ne nous reste plus guère que le souvenir.
I-es agents de la Révolution, qui trouvaient malsaine et de mau-
vais goût l'ancienne chapelle des comtes, ne manquèrent pas d'en
décider la démolition, et quand, le 6 décembre 1791, le doyen et
les chanoines de la collégiale Saint-Ktienne vinrent, la mort dans
l'âme, écouter debout à la porte du clucur la lecture du décret qui
ordonnait la suppression de leur chapitre, le temps n'était pas loin
où la vieille église devait tomber sous la pioche des démolisseurs,
et les richesses inestimables des sépultures qu'elle renfermait aller
grossir le trésor toujours à sec de la Révolution pourtant triom-
phante.
Avant de subir ce supiéme et dernier outrage, les riches tom-
beaux des comtes avaient plus d'une fois déjà tenté lacupidité des
rôdeurs de grand chemin, des soldats indisciplinés et vagabonds,
des malfaiteurs de toutes sortes qui fréquentaient de jour et de
nuit nos églises, soit pour y chercher asile et protection, soit pour
s'y livrer à des désordres. En 15H2 en particulier (M. Arnaud doit
^e tromper en indiquant l'année lo8;3, car après i.')82 il va, dans
les registres capil,ulaires de Saint-Etienne, une lacune de plusieurs
années), en lo«2, dis-je, le toîiibeau du comte Henri tut victime
-M Ef, ANGES I I I
d un vol iiiipoi'laiil que je vai> lacuiiler au>si brieveiiieiil que possi-
ble, en nie basant, connue toujours, sur des documents d'archives.
Le mardi 13 mars |;jS2, Laurent La Katle, cuslus de l'égliso
Saint-Etienne, s'était présenté devant le chapitre pour lui exposer
que les jours précédents on avait dérobé sur le maitre-autel le
texte des Epitres, et supplier les chanoines de vouloir bien penser
qu'il n'y avait eu, dans cette n^alheureuse circonstance, aucune
négligence de sa part : « Je suis trop vieux, avait-il dit, pour
continuer à exercer cette lourde charge et assumer une si grande
responsabilité ; choisissez un autre ciislos pour le mettre en ma
place et j'oti're volontairement, malgré ma pauvreté, vmgt-cinq
sols tournois pour aider à refaire un autre texte. » Mais le chapi-
tre, voulant conserver tous ses droits et ménager tous ses recours,
refusa, pour l'inslant, d'accepter la démission qui lui était otferte.
Le samedi ^il mars suivant, les chanoines étaient de nouveau
convoqués ostialim par leur cloitrier et se réunissaient en cha-
pitre extraordinaire pour apprendre cette fois un vol beaucou[i
plus important que le premier, commis la nuit précédente, et
pour aviser aux mo3'ens de recouvrer » l'argenterie robbée ceste
nuict à la sépulture de feu de bonne mémoyre illustrissime
prince Henri, comte palatin de Champaigne et Brye ». Après
s'être mutuellement exhortés à recourir (( aux pryèreset supplica-
tions envers la bonté de Dieu qui est le premier et souverain
remède », les chanoines déléguèrent au prévost de Troyes leur
doyen, Yves Le Tartier, celui-là même qui, quelques années plus
tard, devait tomber sous les coups des huguenots, pour le sup-
plier de « faire !a cherche par tous les lieux soubçonnez. » Sans
perdre une minute, le chanoine Denis montait à cheval et parlait
« en toute dilligence à Bar-surAulbe, Brienne et aultres lieux pro-
ches de ceste ville, pour fayre fayre pareille cherche par les juges
desdicts lieux. » Il reçut du trésor de l'église, pour faire ce
voyage, « trois écus avecques lettres ardressantes (sic) » aux juges
qu'il allait trouver pour solliciter leur appui de la pari du chapi-
tje Saint-Etienne. Le chanoine Denis était de retour le 5 avril, ayant
économisé cent sols tournois sur la somme qui lui avait été remise.
Les chanoines de la cathédrale ne tardèrent pas à apprendre
" le larrecin faict à l'église monsieur Saint-Estienne ». Ils se
réunirent aussitôt à leur tour et décidèrent de faire mettre inces-
samment I la châsse de monsieur Saint-Savinien au tlirésaur d'em-
bas affin d'éviter à ung pareil inconvénient » ; ils ordonnèrent en
outre au fabricien de faire mettre une corde en « fil d'aichal » à
la cloche de la cusloderie et de faire coucher un homme « en la
chambrette près le petit horloge ». Ils revinrent le lendemain sur
leur première décision et se contentèrent de « faire bardei l'estuy
d'icelle châsse de bandes de fer. »
Les démarches du chapitre de Saiut-Etienue et les recherches
de Injustice turent-elles couronnées de succès? Il est permis d'en
478 MELANGKS
doiilei. Sans vouloir me faite accusaleur posUiumc, si je rappro-
rlie de cet évétiemenl le fait suivant, consigné tout au long dans
les registres des déliliérulions capiliilaires de Saint- Etienne, je
crains fort qu'on ail été chercher hien loin des voleurs qui étaient
hien prcs, lesquels n'étaient autres, à mon avis, que les soldats du
parti du roi qui désolaient le pays pendant les guerres de la Ligue.
Nous avons vu que c'est le samedi 31 mars lii82 que le chapitre
apprit le vol sacrilège commis au tombeau du comte Henri.
Or, quelques jours auparavant, Pierre Fenouillet et Denis
Michault, tous deux gardiens du trésor, étaient venus supplier les
chanoines de les dispenser de l'obligation de coucher et « pernoc-
ler » dans l'église, otlranl de mettre à leur place un homme
d'église dont ils se rendraient responsables. Ils étaient probable-
ment épouvantés déjà par les menaces des soldats que je trouve
désignés sous le nom de « barquel)usiez » et qui, certain jour,
pt-ndant les vêpres, avaient tenté de forcer la porte par laquelle
entraient les chanoines du trésor et les gardiens quand ils
allaient se coucher. Un autre jour, entre 9 et 10 heures du soir,
les mêmes soldats, conduits par un nomuié Hennequin, s'étaient
promenés par le cloître Saint-Ktienne, au son des tambourins et
des fifres, « tenans plusieurs propos scandaleux et injurieux, avec
blasphèmes, insolences et menaces. »
il n'est donc pas téméraire de mettre à l'actif de ces soldats,
indisciplinés et pillards, le vol commis au mois de mars lo82 sur
les tombeaux des comtes de Champagne, leiiuel, comme tant
d'autres, est toujours demeuré impuni.
E.-F. Rossi.
SûLVE.NiHs D'ul^iullŒ i.oc.ALK. — Suu- le liU'e : Glorieux souve-
nir, M. le chanoine Cerf, l'infatigable chercheur que l'on sait,
vient de publier une courte notice sur Vincent Abraham, né à
Charleville, curé de Sept-Saulx (Marne), massacré aux (^arn)es le
■2 septembre I7y2. C'est une page d'Histoire locale intéressante.
La voici :
« Vincent Abraham naciuit à (harleville le lo juin 1740, et fut
baptisé le lendemain, comme l'atteste l'acte suivant :
i< i/an de grâce mil sept cent quarante, le l(i juin, je Claude
(jéraull, prêtre vicaire de Charleville, soussigné, ay baptisé le fils
de Pierre Abraham, marchand, et de Anne-Marie Lamolte, ses
père et mère, mariez ensemble, habitans de celle paroisse,
auquel, né le 111 du présent, on a imposé le nom de Vincent; le
parrain a été Vincent Lamolte, garçon, et la marcinne Catherine
Lamolte, épouse de Thomas Honet, foulon, de la paroisse de
Sedan, qui ont signé avec nioy an et jour qui dessus :
« AuKAiiAM, Lamottk. Catherine Lamotti;. »
Abraham lit sans doute ses éludes au collège des Pères Jésuites
mélangKvS 479
de Chdi'leville, qui ue passa aux mains des pièlres libres qu'en
1"62 ; le jeune étudiant était déjà entré au séminaire de Keims.
Le 7 décembre 1761, M. l'abbé Aublin, ouré de Charleville,
publie au prône de la messe paroissiale les bans de Vincent Abra-
ham, appelé au sous-diaconat. {Archics de Ik'ims, fonds de
rArchevèclié, G. i\'\, Titres patrimoniaux.)
A cette date, le père du t'utiir sous-diacrc était mort, comme le
prouve l'acte suivant, cou'^tituaiit en sa faveur 1(10 livres de pen-
sion viagère :
« Coiislilulioii faite par Alexandre-François /J/i7Y»u/, marchand
façonnier de bas en métier, demeurant à (Charleville, et Anne-
Marie Lamolle^ sa femme, en faveur de Vincent Abraham, tils de
feu Pierre Abrabam, en son vivant demeurant à Charleville, et de
ladite Lamotte, de son premier Ut, de 100 livres de pension via-
gère pour lui servir de titre sacerdotal, le '.\ novembre I7ti|. »
(Archives de Reims, citées plus haut.)
'< Vincent Abraham fut ordonné prêtre le itj juin 176*, le
samedi des Quatre-Temps, dans l'octave de la Pentecôte, en la
chapelle du palais archiépiscopal, par Jean de Gairol, évêque de
Sareple. » (Archives de licims, fonds de l'Archevêché, G. 2i0,
Registre des Ordinations, de 1703 à 178-2, folio 10-11.)
[/abbé Abraham a été vicaire d'Attigny du 20 novembre 177.')
au 2d octobre 1780. (Histoire d'Allignif, par l'abbé Hulot, ouré
de cette paroisse.)
Il desservit la cure de Sept-Sanlx (doyenné do Verzy, appelé
dans les anciens pouillés doyenné de Vesie).
Les Archives de Reims possèdent quelques pièces rédigées par
l'abbé Abraham, comme curé de Sept-Saulx. (le sont de véritables
reliques que nous pouvons signaler, grâce à l'obligeance de M. L.
Demaison, archiviste de la ville de Reims, qui nous écrit :
« Dans le dossier de Sepl-Saulx, il y a quelques pièces écrites
de la main de l'abbé Abraham, alors curé de ce village, entre
autres des renseignements sur l'état de la cure et le revenu des
fabriques de Sept-Saulx et des Petites-Loges, et un mémoire sur
la paroisse des Petites-Loges. » (Archives dr Reims, fonds de
l'Archevêché, G. 285 ; Visites du doyenné de Vesle.)
Abraham Vincent, étant encore curé de Sept-Saulx en 1790,
reçut l'ordre d'adhérer à la Consiilulion civile du Clergé; sa
conscience éclairée lui fit un devoir d'opposer un refus formel à
cette injonction. L'autorité civile de son canton lui intima l'ordre
de quitter aussitôt sa cure. Il vint à Reims; mais ne s'y trouvant
pas en sûreté, il partit pour Paris, espérant s'y cacher et pouvoir
y suivre l'impulsion de son zèle.
La journée du 10 août 1792 facilita aux ennemis du clergé d'as-
souvir leur haine. Dès le lendemain, ordre est donné d'arrêter
tous les prêtres non assermentés, de les jeter en prison en atten^
danl les massacres.
48'l MÉLANGES
Lablié Abialiam est arrèlé el cuDduit au Coinilé civil de la
section de I-uxenihourg. On lui demande de prêter le serment
civique: il refuse. Il est alors emmené à la maison des Carme.-, où
il l'ut massacré le *i septembre 1792, avec celle noble i)halange de
deux cents prêtres qui moururent avec un courage el une dignité
qui étonnèrent leurs propres bourreaux.
.Nous n'avons pas à raconter ici les épisodes uonibreu.\, tou-
chanls el béroïiiues qui marquèrent le séjour des f)i'èli'es enfermés
aux Larme.s. Les liislorieiis l'onl fait à l'ciivi,
Abraham Vinceiil a-t-il été réellement massacré aux Carmes le
2 septembre 1792 ? Un pourrait eu douter en lisant dans la Liste
nénérale des cniiijrés, des déporlés, reclus ci condamnés du
di'fiarlcmcnl de ta Marne, imprimée à Cliàlons, cliez Mercier, an II
de la République : « Ahuah.vm (Vincent), ex-curé de Sepl-Saulx,
dernier domicile connu : Jieinis, ci)ii(ji'é. »
.Nous possédons une autre liste, certitiée conforme, « tenue en
« la commune de Reims le 7 mai 1793, l'an II de la République
t française, signée en la minute, Tauxier, secrétaire greffier de la
t municipalité ».
Ur, celle lisle ne fait nullement mention, comme émigrc-,
d'Abraham Vincent.
D'ailleurs, tous les historiens le mettent au nombre des prêtres
massacrés aux Carmes de Paris. S'il (touvail y avoir encore quel-
ques doutes à ce sujet, il nous suffirait d'appeler en témoignage ■;
l'abbé Hulot. ancien curé d'Altigny (ouvrage cité, p. 293), disant :
« Vincent Abraham a péri dans les massacres des 2 et 3 septem-
bre 1*92 »; VAlmaiiûcli historique de la ville de Reims, année
1789 (appartenant à M. Jadarl), sur la marge duquel, en regard
des noms des prêtres, relativement à leur conduite au moment de
la Révolution, on lit, au mol Sept-Saulx : « Fidèle, Abraham,
1780, massacré aux Carmes. » A ces autorités, ajoutons celles de
M. l'abbé Guillon, Martyrs de la Fui, tome \", p. 4j, el celle de
l'abbé liarruel, Histoire du clergé français pendant la Révolu-
tion, lisle des victimes du 2 et 3 septembre 1792, p. '249 :
« Abraham, curé au diocèse de Reims », et en marge, à la main :
« Curé de Sepl-Saulx. »
-Mais un témoignage que l'on ne peut mettre en doute, c est la
présence, dans l'ossuaire des Carmes, du crâne de l'abbé Abra-
ham, perforé sur le haut d'un coup de pique ou de baïonnetle,
avec celle note : Abraham, cure de Sept-Saulx. Il est facile de le
voir, car il est le premier des ossements conservés. Il a été vu par
M. le secrétaire de l'Archevêché de Reims, dont le grand-père a
été marié par le vi-nérable martyr. Ch. Cehk.
L'Imprimeur- (jéraut,
l.i:u.\ l'RÉMO.NT.
LES DROITS SEIGNEURIAUX
ET LES ANCIENS SEIGNEURS
DE VILLEHS-SOUS-CIIATILLON' ET DE TINCOURT'
Les Guyot de Chenizot.
I
La famille Guillol, alias Guyol, d'oiigme soissonuaise. était
représeulée au commencement du xvn'' siècle par Autoiue
Guillot, chirurgien à Vailly ^, décédé le 2o juin 1()'J2. Il avait
épousé Antoiut.4le Lcspicier, usuv de François J^espicier,
conseiller du Roi, élu en rÉlection de Soissons. receveur au
greuier à sel de Vailly, dont il eut Hyacinthe qui suit :
Hyacinthe Guillot, né vers I60I, marchand, mort le 15
décembre 1693, à l'âge de 44 ans, épousa, le 21 janvier 1670,
Jeanne Chétiveau, née elle-même vers I600, fille de Jacques
Chéliveau '', marchand hoslelain en 1677, sieur de Courcel-
les'', et de dame Antoinette de Villers".
1. Villers-sous-Chàlillon (Marne;, cautou de Chàtilloa-sur- Marne.
2. Tiucourt, hameau dépendant de Venteuil, canloa d'Epernay (Marne).
3. Vailly, chef-lieu de canloa, arrond. de Soissons (AisneJ.
4. Jacques Chéliveau était fils de Roland Chétiveau, laboureur, demeu-
rant à Chimy, paroisse de Celles, et d'Antoinette Dulour, décéJée le
22 mai 1670 et enterrée dans l'église de Celles devant l'autel de Saint-
Sébastien. Ceux-ci laissaient plusieurs enfants et entre autres :
1° Henry Chéliveau, receveur de la Court-aux- iîois, paroisse de Celles.
1° l'rançois Chéliveau, nolairc royal à Celles, où il est décédé le
15 juin 1676.
3" Pierre Chéliveau, lieutenant de la jaslice d'0=tel en 1697, décédé et
inhumé dans l'église dudit lieu le 19 septembre 1712, étant âgé de 86 an?.
De son union avec Anne Chapelet, proche parente de Nicolas Chapelet,
prêlre curé de Saint-Michel de Brécy, il laissa : Auloinelte Chéliveau,
mariée le 23 novembre 1G83 à Nicolas Dupuis, conseiller du Roi, receveur
du greuier à sel de Fère-en-Tardenois, fils de François Dupuis, receveur de
la terre et seigneurie de Berneuil.
A celte famille, qui est encore représentée aujourd'hui à Bucy-le-Loug,
près Soisson?, li y a lieu de rattacher Claude Ciiéliveau, conseiller du Roi,
girdc des sceaux des juridictions royales de Soissons.
5. Courcelles, hameau de Sancy, canton de Vailly (Aisne).
6. René de Villers, fourrier de la Reine régente, sou frère, eut pour fils
31
482 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
Sout liés de celle alliance :
]" Anloiuelle Guillot, le 12 décembre 1676 ;
2° François, qui suil ;
S° Jeanne- Françoise, le !'='■ avril 1079;
4° Jacques, le 13 avril lOSii ;
5*' Jeanue-Anloinelle. le 24 juillel 1690 ;
6" Hyacinthe, décédé jeune ;
7° Louise Guillol. mariée à M*^ François Carrier, conseiller
du Roi, élu en rKleclion de Soissons el bailli de Vailly, y
demeurant ;
8° Barbe Guillol, femme de M'^ Antoine Minot, marchand à
Beau vais ;
9° Anne -Jeanne Guillot, née le lu janvier 1687. Elle
épousa à Vailly, le 7 aoùL 1714, M° Claude-François de la
Felounière, chevalier, seigneur de [-.a Herbenuerie ' et du tief
de Grandcourt -, ancien officier au régiment de Normandie,
veuf de Charlotte-Claude le Gaslelier, et dont elle eut huit
enfants, tous nés à Cuchery. savoir :
1" Marie-Anne de la Felonuière, le 19 mai 1715 ;
2° Claude-Philippe, le 4 mai 1716 ;
3" Claude-François, le 18 mars 1718 ;
4° Jeanne-Angélique, le 13 mars 1720, qui fui mariée
dans l'église de Fossoy 3, le 27 avril 17o6, à Pierre-François
Lesueur de Parpeville \ chevalier de Saint-Louis, brigadier
des gardes du corps du Roi, brigade de Monlmorl, compagnie
de Villeroy, décédé à Sainte-Gemme \ le 7 novembre 1777, à
l'âge de 77 ans, deux mois et dix-sept jours, fils de Charles-
Antoine Lesueur, écuyer, sieur de Givry, l'un des deux cents
chevau-légers de la garde du Roi, et de Louise d'Escanuevelle ;
5° Julie- Aune Salaberge, le 18 octobre 1721 ;
6'^ Jeanne-Charlotte de la Felonnière de Grandcourt, le
Il décembre 1423, mariée à Cuchery, le 15 décembre 1740,
Norbert de Villers, prêtre doyen de la paroisse et chapitre de N.-D. des
Vignes de Soissons. Ce dernier, d'après V Armoriai général, portait : de
gueules, à une fasce d'argent accompagnée de 3 annelels de même, 2 en
chef, el 1 en pointe.
1. La Herbennerie, hameau de la commune de Fossoy (Aisne).
2. Grandcourt, ancien fief situé sur le territoire de Cuchery, canton de
Cliâtillon-sur- Marne.
3. Fossoy, canton de Cbàleau-Thierry fAisne).
4. Cfr. Paul Pellot : Notice sur les Petit de liichebourg, impr. L. Fré-
mont, Arci£-sur-Aube, 1891.
5. Sainte-Gemme, canton de Chûlillon-sur-M«rne.
DE VILLERS-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 483
avec Nicolas de Liuage, seigneur de Villers ', âgé de 47 ans,
veuf de Calherine-Louise-Charlolle de Brie, demeuraul à La
Ville-sous-Orbais - ;
7^ Claude-Nicolas, le 21 janvier 1725 ;
8"^ Anne-Claude-Frauooise de la Felonnière. le a février
1728, qui épousa à Cuchory, le 11 novembre 1750, Charles-
Guillaunce du Gucy, chevalier, âgé de 50 ans, seigneur de
Fresueville el de la Fresnay, chevalier de l'ordre de Sainl-
Louis, nis de Jeau-Baplisle du Gucy, chevalier, el de Marie-
Aune Marliu, originaire de Gondé-Fur-Noireau, diocèse de Bas-
lieux en Normandie, major du château de Sedan, y demeuranl.
Anne- Jeanne Guillol, décédée à Sainle-Gemme, le 6 mars
1771, à l'âge de 84 ans el un mois, fui eulerrée le lendi/main
dans le chœur de l'église. Claude -François de la Felonnière,
son mari, élail décédé à Guchery ^, le 15 juillet 1750, alors
âgé de 78 ans, el fut inhumé le lendemain dans l'église de ce
village.
II
François Guyot, né à Vailly le 28 novembre 1G77, bourgeois
de ladile ville en 1714, écuyer. seigneur de ChenizoL conseil-
ler, secrétaire du Roi, maison el couronne de France eu 1710,
demeurant à Paris, rue des Prêtres, paroisse Saint-Paul,
épousa Jeanne-Julie Berger, de laquelle il eut deux enfants :
l'^ Jean Guyol de Villers, écuyer, receveur général des
finances en la généralité de Rouen avant le 21 mars 17 13, date
à laquelle il comparaît avec sa mère dans une (juiltauce
donnée à leur profil devant Bellatger, notaire à Paris, par
Robert Driol, bourgeois, comme procureur de la veuve de Gilles
Lespagnol ci-après nommée, et de Adam Lespagnol, conseiller
du Roi en l'Éleclion de Reims, son fils el unique héritier,
2" Léonard- François Guyot de Cheuizot. qui suit.
Le 18 décembre 1710, el suivant contrat dressé par Lesueur,
notaire à Chàtillon-sur-Marue, il acquit, en présence de
M^ Henry Bourgeois, seigneur de Gueux ', y demeuranl,
moyennant le prix de 70,000 livres, les terres et seigneuries de
1. Villers. Il y a plusieurs localités de ce nom clans le déparlement de
la Slarue. Il s'agil ici de Villers-sur-Marne, écart de la commune de Cou-
vrot, canton de Vitry-Ie-François, dont la famille Lioage possédait la sei-
gneurie depuis le xv' siècle.
2. La Ville-sous-Orbais, canton de Montmort, arrond. d'Epernaj (Marne;*
3. Cuchery, canton de Chàtillon-sur-Marne.
4. Gueux (Marne), canton de Vitle-en-Tardenois.
484 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
Villers et Camp ' qui apparleuaieul à Francois-Roberl Ledieu,
chevalier, sei^zueur desdils lieux, lieuleuaut des Maréchaux de
Frauce aux bailliages de Chùleau-Thierry et Châlillon,
demeurant au chàleau de Villers.
Voici la désigûaliou des droits cédés par le propriétaire au
profil de l'acquéreur absent, qui stipulait par M*^ Philippe de la
Felonuière, chevalier, seigneur de Fossoy, de la Herbenuerie
et autres lieux, chevalier de Tordre royal et militaire de
Saint- Louis, commandant pour le Hoi deTil-Chàlel, demeurant
à Paris, rue Saint-Jacques.
La terre et seigneurie de Villers et de Camp avec leurs circons-
tances et dépendances, maisons seigneurialles, hautes, moyennes
et basses justices, pressoirs bannaux, s'ils le sont, droits seigneu-
riaux, lesdits cens portant iods et ventes, saisines, amendes, le cas
y échéant, renies foncières et voilantes, terres, prez, marais,
pâtures, bois, hayos et buissons, vignes dépendantes desdites ter-
res et seigneuries, tant en fiefs que ceux qui sont on roture, et qui
sont sur autres terroirs circotivoisins, avec toutes leurs circons-
tances et dépendances, en quoy ils puisse (sic) consister, sans
aucunes réserves, telles que ce puisse être, sinon que ce qui sera
cv après dit, et généralement quelconque ainsy qu'en a jouy ou
du jouir, et jouy encore actuellemenl ledit sieur de Villers.
Lesdites terres et seigneuries de Viller et de Camp relevant en
plain fief, foy et hommage, et mouvant de la Tour du Louvre à
Paris, et de Son Altesse M?"" le duc de Bouillon, à cause de son
contrat d'échange, fait avec Sa Majesté, du duché de Château-
Thierry et de Châlillon, et pour les rolures des seigneurs circon-
voisins ; lesdites terres et seigneuries de Viller et de Camp et des
rotures consistant, savoir :
En deux maisons seigneurialles, joingnante l'une et l'autre cha-
cune, en un gros corps de logis, granges, écuries, tant pour che-
vaux que bœufs, bergeries, pavillon, grand sellier voûté, vendan-
geoirs, cave, pressoir à cage, le loul couvert en tuile, deux jar-
dins potagers, un parterre dans lequel il y a un colombier garnj
de pigeons, lesdits jardins fermés de murailles, clos à arbres frui-
tiers, un canal entourant toutes lesdites maisons, bâtiments,
accins, et ce qui vient d'être exprimé, estimé ensemble à la somme
de G,22a livres.
Item un autre pressoir à cage, séparé desdits bâtiments, avec
sa halle couverte de tuile, estimé 1,000 livres.
Item, 180 arpents de terres labourables dans les fonds et aux
côtes, tant en roture qu'en fief, estimé 100 livres chacun arpent,
revenant au total à la somme de 18,000 livres.
Item, la ferme nommée les Foureaux, avec ses bâtiments en
1. Camp, aucien fief situé sur le lerriloire de Villero-sous-Cbatillou.
DE VILLEl^S-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 485
très mauvais étal, ses circonstaiicos cl dépendances, et 120
arpents de terre, sur le terroir de Viller, Reuil, et autres terroirs,
estimé le tout ensemble à la sonime de 8,500 livres.
Item, 200 arpents de bois, partie en fief et l'autre en roture, sur
le terroir de Villers, que autre sur les circonvoisins, estimé l'ar-
pent 100 livres, revenant le tout à 20,000 livres.
Item, 10 arpents tant marais que aulnis, silué sur le terroir de
Villers, estimé 100 livres l'arpent, revenant à 1,000 livres.
Item, 4 arpents 3 quartiers de vignes, en plusieurs pièces, sise
sur le terroir de Reuil, estimé 900 livres l'arpent, revenant au
total à la somme de 4,275 livres.
Item, un arpent 50 verges de vigne en plusieurs pièces, sise sur
le terroir de Viller, estimé 000 livres l'arpent, faisant 900 livres.
Item, tant les principaux des rentes foncières et volantes, que
ledit vendeur a dit se monter lesdits principaux à la somme de
3,000 livres.
Item, onze arpent de pré, en plusieurs pièces, sis sur le terroir
de Reuil, estimé -iUO livres l'arpent, revenant à la somme de
4,400 livres.
Item, 3 arpents de pré, en plusieurs pièces, sis sur le terroir
d'Orquigny, en tief, estimé l'arpent 400 livres, faisant 1^200 livres.
Item, un arpent do pré, sis sur le terroir de Viller, estimé 400
livres.
Item tous les droits seigneuriaux, et consistant en cens, surcens,
lesdits cens portant lods et vente, vestures, saisines et amende, le
cas y eschéant, estimé en principal à iiOO livres.
François Guyol se rendit aussi acquéreur, en vertu d'un
acte dressé par le même notaire, le 11 septembre 1720,
moyennant 33,500 livres, des paris et portions revenant à
Jacques de Moru, chevalier, seigneur de Tincourt, demeurant
à Saint-Marlin-d'Ablois dans ladite seigneurie de Tincouit,
relevant en plein fief, foi et hommage de M. de Barillon, à
cause de son château de Ghàtillon.
Par autre acte passé également devant Lesueur, le 22 jan-
vier 1721. ^1'^ Gilles Lespagnol, seigneur de la Haye-Gourton,
y demeurant, paroisse de Nanteuil-la-Fosse ', conseiller du
Roi, élu eu rÉleclion de Reiras, et dame Jeanne Flegnault, ton
épouse, vendirent à François Guyot, stipulant par Claude-
François de la Felonnière, son beau- fi ère, la terre et seigneu-
rie de la Haye-Gourion, moyennant la somme de 50,000 livres.
L'acte de vente donne en ces termes la désigualiou du
domaine vendu :
1. Nanleuil-la- Fosse, canlon Je Châtillon-sur-Marne.
i8G DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
La terre ei seigneurie de la Haye-Courlon sciluêe en la paroisse
de Nanleuil, coiilume de Vilry, baillage de Chàtillon, consistant
en haute, moyenne et basse justice, grande maison et tous les
bàlinients en dépendant avec leurs boiseries, tableaux y apropriés,
plaques de cheminées, pierre à eaux, fontaines, baiîques, ratel-
liers, auges, et tous autres choses apropriés à la maison à perpé-
tuelle demeure, deux jardins fruitiers et potagers, une halle, le
vivier, el la chapelle attenant de ladite maison, à la réservation
des vassaux, livres^, linges et ornements de la chapelle ; le pour-
pris ci-dessus de la contenance de deux arpents quatre vingt cinq
verges.
Tous les bois de ladite terre de la Haye-Courton en plusieurs
pièces, contenant cent cinq arpents quarante six verges et demi.
Deux étangs, l'un grand, l'autre petit, y compris les marais
contenant douze arpents soixante treize verges trois quarts.
Une pièce de pâture contenant dix arpents vingt-huit verges.
Plusieurs pièces de terre labourables contenant cent huit
arpents quatre vingt cinq verges.
Cinq pièces de pré contenant vingt huit arpents quatre vingts six
verges et demi.
Lesdites terres et héritages, maison et dépendances, étant en
fief mouvant et relevant de mon seigneur le comte de Roucy, à
cause de sa terre et seigneurie de Pourcy.
III
Léonard-François Giiyot de Chenizot, écuyer, seigneur de
Cheuizol, la Ilaje-GouTton, Villers et Tincourl, conseiller
secrétaire du Roi el secrétaire ordinaire de ses finances,
conseiller au Parlement de Paris, mourut en celte ville le
■2o août 1743, à l'âge de u4 ans.
Son cœur fut inhumé dans l'éylise de Villers-sous-Chàtillon,
ainsi que le constate l'acte suivant :
Le dix septembre 1743, est inhumé dans l'église, et dans un cer-
cueille, le cœur enbaumé dans un cœur de plom de haut puissant
seigneur messire Léonard-François Guiot de Chenizot, de son
vivant veuf de damme Beausergenl, son espouse, led' s?"' décédé à
Paris le 2L» aousl la même année, seigneur de Villers, Tincour, et
autres lieux, secrétaire du conseil du Roy, âgé de 3o ans, lequel
d' cœur inhumé avec toutes les cérémonies ordinaires, par nous
sousignez, assisté de nos confrères. M'" Pierot, curé de Reuille,
M'" Thomé, curé de Cuchery, M"" Dabancourt, curé de Vanteuille,
M"" Pierot, vicaire de Chàtillons, le jour et ans que dessus.
Signé : Goflîet.
Françoise-Glaire de Beausergent, sa femme, était décédée à
Villers le 9 novembre 1737, à l'âge de 23 ans, ne laissant
DE VILI,ERS-SOUS-CriATILLON ET DE TINCOURT 487
qu'uu fils qui lui a fait graver celle épiliphe daus l'église de
Villers :
IcT Repose avec le Cielr ue son Epoux déposk en l'H
LK Corps dc Dame FnANi;oisF. Claibï de Beausfrgent,
Epouse de Haut kt Puissant Seigneur Léonard Guyot
iie ClIENIZOT, Chevalier, Secrétaire des Conseils d'Etat,
ci-devant Conseiller au Parlement, Seigneur dk Villers
ET autres Lieux, Décêdée en son Ciiateah de Villers
LE y. NOVEMBRE IT^J" A LAGE DE 23 ANS.
Messire François Vincent Guvot de CHEXIZOT leur Fils,
Unique Conseiller du Roi ex tous ses Conseils, Maître
des Requêtes ordinaires de son Hôtel, ci-devant Conseiller
au Parlement, Conseiller d'honneur db la ville db Paris, Lieu-
tenant du Roy a Ciiateau-Thierry, Seigneur de Villers et en
partie de Tincouut, et Haute et Puissante Dame -Mkrie Madelei-
ne Engelbcrt son Epouse, ont consacré ce marbre a sa mémoire
EN 170s. Priez Dieu pour le repos de leurs âmes.
IV
François-Vincenl Guyot de Ghenizot, né en 1735, chevalier,
conseiller du Roi en ses conseils, mailre des requèles ordinai-
res de son hôlel, gouverneur-lieuleuanl pour le Roi de la ville
de Château-Thierry, conseiller d'honneur de l'Hôlel de Ville
de Paris, seigneur de Villers, Tincourt et autres lieux, épousa
Marie-Magdeleine Engelbert, née à Négatapan, décédée à
Paris, le 9 septembre 1803, à l'âge de CÛ ans et demi, et
enterrée au cimetière de l'éghse Saint-Laurent, comme l'alteste
l'inscription que nous allons relater :
A L ETERNELLE MEMOIRE
DE Dame Marie Madeleine Engelbert,
Hollandaise Indienne née a Négatapan,
Epouse de M^^ 1<'rançoi5 Vincent Guyot de
Ghenizot, ancien Conseiller d'Etat. Son
ame pore et bienfaisante la fit générale-
MENT CHÉRIR ET RESPECTER. ElLE FUT LA PLUS
TENDRE, LA PLUS VERTUEUSE DES ÉPOUSES.
PÉNÉTRÉ d"ÉTERNEL3 REGRETS, SON ÉPOUX
LUI A FAIT ÉRIGER UN TOMBEAU DA LE CIME-
TIÈRE DE l'Église s'' Laurent a Paris, ainsi
QUE CE monument POUR PERPÉTUER LE
SOUVENIR DE SA DOULEUR. ElLE DÉCÉDA
LE 9 T^i'e 1803, 22 FRUCTIDOR AN ONZE, A-
gée de 60 ans et demi.
Prions Dieu pour elle.
Le 31 décembre 1784, M. Hurlaull, avocat à Reims, fournit
à François- Vincent Guyot de Ghenizot, le dénombrement de la
488 DKOITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
lerre de Tiiicourl doul il clail seigneur pour moilié. Celle
curieuse pièce, dont j'ai eu la salii^iaclion de découvrir l'oriiii-
nal daus les Archives nolariées de Chàlillou-sur-Marue, esl
très inléressaule au poiul de vue des droits seigneuriaux qui
pesaient alors sur celle contrée essentiellement vilicole. Je me
fais donc un devoir de la reproJuire lilléralenieul :
31 décembre l7Si. — Aveu cl dénombrement rendu par M'
Hurteau^ seigneur de Tincourt^à Mf" François-Vincent Guyot
de Chenizot, inailrc des requêtes, seigneur de Viilers et
autres lieux.
Aiijourdhui esl comparu devant les notaires royaux du balllage
de Cliâlillon-sur-Marne, _y résidents, et soussignés, M^ Nicolas Guil-
laume, Suzanne-Ursule Hurtault, avocat en parlement, seigneur
pour moitié des terre et seigneurie de Tincour, demeurant à
Reims. Lequel reconnoit, par ces présentes, et avoue tenir en
plein fief, t'oy et hommage, de haut et puissant seigneur Messire
François-Vincent Guyot de Chenizot, chevallier, conseiller du Roy
en tous ses conseils, maître des Requêtes ordinaires de son hôtel,
conseiller d'honneur en l'Hôtel de Ville de Paris, lieutenant de
Roy de la ville de Château-Thiery, seigneur de Châtillon-sur-
Marne, vicomte de Biuson, seigneur dudit lieu, Orquigny et Mitry,
Viilers, Tincourt, Sarebruge. La Maison-Rouge_, La Boulaye,
Ville-Marie en Brie et autres lieux, demeurant à Paris, en son
hôtel, rue de Richelieu, paroisse S'^-Hoch. La moitié des terre et
seigneurie dudilTincour, ses appartenances et dépendances, comme
l'ayant acquise de M'' Joseph Sédillot, membre du Collège de Chi-
rurgie, et de damoiselle Jeanne-Antoinette Bernard, son épouse,
et autres héritiers de dell'unt M"" Jean Bernard, greffier en chef des
présentations du Criminel du Parlement, par acte passé devant
(en blanc) conseillers du roy, notaires au Chàlelet de Paris, le huit
novembre mil sept cent quatre vingt trois. L'autre moitié apparle-
nanle à mondit seigneur de Chenizot, icelle terre et seigneurie,
ses appartenances et dépetidances, mouvant en plein fief, foy et
hommage dudit seigneur de Chenizot à cause de son château,
tour, terre, et seigneurie dudit Chalillon, consistant la ditte moitié
de terre, ses appartenances et dépendances aux droits ci après
déclarés, aux protestations d'ajouter ou diminuer au présent aveu
et dénondjrement, s'il y echeoit.
Premièrement, eu haute, moyenne et basse justice, appellée
mairie, pour l'exercice de laquelle il y a maire, procureur d'office,
greffier, sergent, et autres officiers. Laquelle mairie ne produit
aucunes choses, les provisions s'y donnent gratis.
Item, une maison seigneurialle audit terroir, consistant en
pavillon, coi-ps de logis, colondjier, i^range, étables, cour haute et
basse, jardin, clos à arbres, terrasse, le tout en un pourpris,
DE VILLERS-SOUS-CIIATILLON ET DR TINCOURT 489
conimo il se cuiuporlo, apparlciiaiit pour le loiil audil M'^ lliir-
lault, qui le fait valloir pour son compte et ne rapporte rien.
Item, deux arpents six verges de viynes, sçavoir : nn arpcnl
tenant au jardin de laditte maison, appelle Clos, actuellement en
sainfoin, desquels deux ar[)entssix verges il a été veniiù aneienne-
ment par M= Délavai ' quarente quatre verges, lieudit les fortes
terres, et trente quatre verges, aux terres soudées, ledit M" Ilur-
lault ne possède que le surplus.
Item, vingt cinq verges, ;\ la Charité, soixante verges, aux trois
Pois, trois quartiers de terre, à la Cbarité.
ILcm, quatre arpens de terre, audit Tincour, desquels il a élé
vendu six quartiers^ en lieudit au Mouvant, par ledit sieur Déla-
vai ; ledit M'' Uurtault ne possédant que le surplus de même qu'à
l'article préceddent.
Item, six quartiers en lieudit Cliosedin.
Item, un élang, avec un petit p''ez, qui fait la queiie dudit
étang, sur le terroir de Tincour, au dessous de Notre Dame de la
Fosse, lieudit Saint Guifort, néansmoin qu'il soit dit dans les
anciens aveux que cet élang soit sur le terroir de Tincour, cela
dépend du bornage qui sera fait entre les seigneurs de Tincourt et
le seigneur de Reuil.
Item, un pressoir qui ne paroil pas bannal, et dit bannal dans
les anciens aveux, ledit pressoir prèz de la chapelle de Tincourt,
auquel tous les habitants ayant vignes audit lieu, sont tenus de
pressoirer leurs raisins, ou s'il ne leurs plait y pressoirer, sont
tenus payer audit M' Hurlault, ou à ses officiers, en argent, pour
chacun arpent, suivant la coutume, ledit pressoir appartenani eu
entier audit M'' Hurtault.
Item, trente quatre livres de surcens et rentes dues par quatre
particuliers.
Il y avoit autrefois un four qui n'est plus subsistant.
Item, le droit de cens payable chacun an, jour de S' Remy,
chel d'octobre, ou Saint Martin d'hyver, portant lods et vente,
saisines et amendes de sept sols six deniers tournois, quand le cas
y echeoit, qui peuvent valloir dix livres par an, lesquels se reçoi-
vent allernalivement avec ledit seigneur de Chenizot, ou ses repré-
sentants co-seigneurs avec ledit Me Hurtault.
Ilem, le droit de vesture qui est que si quelques habitants dudit
Tincour achètent quelques héritages, ils doivent trois deniers, et
s'ils ne payent dans la huitaine, ils sont à l'amende de soixante dix
sols, lequel droit appartient en entier audit sieur avouant.
Item, le droit de vinage audit Tincour.
Item, le droit de jiirié audil Tincour, c'est ascavoir que tous les
1 . Aifruan de la Val, chevalier, seifriieur de la Chapelle-Moalhodou dont
il sera parlé ci-après.
490 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
haliitaiils diidil lieu doivent venir jurer le jour de Saint Martin
d'li\ ver devant ledit M^ Ihirtault, ou ses officiers, de leur vaillant,
et payer pour la livre de leurs meubles, cinq deniers, et pour la
livre de leurs héritages, trois deniers, et sept sols six deniers
d'amende pour les délinquants.
Item, le formariage des hommes et femmes de corps.
îteni, par chacun hospice des demeurans auditTincourt, excepté
les nobles et le clergé, un muid d'avoine, à la mesure de fro-
ment, di'i au jour de Noël, chacun an.
Item, il y avoit anciennement un droit à Venteuil sur chaque
maison size sur la terre de la reine de France et de Navarre, qui
est un cartel de froment, payable par chacun an à Noël.
Item, le droit de prendre sur chacune maison et ménage audit
Tincourt, une poulie et un fil par cheminée, payable au jour de
Saint Martin d'hiver, et ledit M'' Hurtault en jouit alternativement
avec ledit seigneur de Chcnizot ou ses représentants.
Item, sous louoit autrefois trois cents arpens de bois, séants
dessus Tincour, tenant à la haute Charmoise, ensemble le tréfond,
foulure, et tous les revenus d'iceux bois, dont jusqu'à cent arpens
en grurie du Roy, duquel le sieur Noblet^, l'un des prédécesseurs
de M^ IJurtault, a acquis les droits de grurie, pour lesdits cent
arpens, moitié desquels ledit &■' Délavai, prédécesseur de M' Anto-
niazzy -, a acquis par son contrat d'acquisition, et l'autre moitié
appartenant audit seigneur de Chenizot, les deux cent arpens
hors de gruerie, desquels ledit M" Hurtault ne jouit pas, ledit
M'' Hurtault jouissant seulement de soixante arpens, ou environ,
de bois taillis en deux pièces, sur le terroir dudit Tincour, vendus
audit sieur Antoniazzi par ledit Délavai, comme faisant partie de
laditte moitié de la terre et seigneurie de Tincourt.
Item, le droit de garenne sur le terroir dudit Tincour.
Item, le droit de rouaige sur laditte terre, qui est que si aucuns
des habitants ou autres chargent du vin vendu au dedans dudit
Tincourt, donnent par chacune charelte deux deniers, et pour
chariots quatre deniers parisis, et s'ils passent hors sans avoir
payé les droits, ils encourent l'amende de soixante sols parisis.
Item, le droit d'alloiage, qui est que nul habitant ne peut ven-
dre vin au dedans dudit Tincour sans avoir payé, par chacune
pièce percée, une pinte de vin et un pain.
Item, le droit de saulnie, qui est que tout potier de terre ne
peut transporter pot hors de laditte terre pour vendre sans payer
i. Hobcrl Nobk't, écuyer, seij^ncur de Tincourt eu 1621, marié à damoi-
selle V'aleucc Moreau.
2. l'icrre-Henri Aulouiazzi, écuyer, chevalier peusioiinaire de l'ordre de
Saint-Louis, commissaire provincial d'ailillerie, capitaine commandant
d'une compagnie de mineurs, demeurant à Léchelie, paroisse de Heuil.
DE VILLERS-SOUS-GHATir.LOX ET DE TINCOUKÏ 491
le droit qui est de cinq sols par chaque charg(3, ce qui ne vaut
aucune chose, quant à présent.
Protestant, comme dit est, ledit M'' Huitault, de pouvoir aug-
menter ou diminuer au présent aveu, le dénombrement suivant
que le cas y echeoit, de quoi a été fait et dressé le présent acte à
la réquisition dudit M" llurlault. Promettant, oljjigeant, renoii-
ceanl. Fait et passé au château de Viilcrs, l'an mil sept cent qua-
tre vingt quatre, le trente et un décembre, avant midi, et après
lecture faite, les parties ont signé.
Signé : Dr: Chk.nizot. Vicuiuini et Licmaitiu:, notaires.
IIURTAULT DE TlNCOL'aT.
Controllé à Châtillon le 14 janvier 1785.
Reçu : neuf livres. Signé : Vauselle.
François- Vincent Guyot de Chenizot mourut à Paris, le 22
juillet 1829, à l'âge de 94 ans, comblé de fortune et d'honneurs.
Ses principaux litres à la reconnaissance de ses compatrio-
tes et l'éloge de sa longue carrière si noblement remplie, sont
résumés dans celte autre inscription que l'église de Villers
conserve à la mémoire de sou bienfaiteur :
M' LE Vicomte et Baron François Vincent Gl-yot de Chenizot,
Chevalier de la Légion d'Honneur, vice-Chancelier honoraire de
l'ordre illustre et ciiapitral de l'ancienne noblesse, grand
croix et commandeur de l'ordre de Holstf.in, ancien Conseil-
ler d'Etat, voulant laisser aux habitants de la commune de
ViLLERS-fOus Châtillon un témoignage de la vive affection qu'il
LEUR portait RT PERPÉTUER PARMI EUX SA MEMOIRE d'aOK EN AGE.
A ORDONNÉ PAR SES DERNIÉPES DISPOSITIONS QUE TROIS MAISONS
SERAIENT CONSTRUITES A SES FRAIS DANS LA COMMUNE POUR SER-
VIR, LA PREMIÈRE A l'haUITAT ION DU CURÉ, LA DEUXIÈME A l'ÉCOLE
DES FILLES AU LOGEMENT DES SŒURS DE s' ViNCENT DE PaUL ET DE DE-
UX VIEILLARDS, LA TROISIÈME A l'ÉCOLE DES GARÇONS ET AU LOGE-
MENT DU MAITRE d'e'cOLE. A FONDÉ A VlLLERS UN ÉTABLISSEMENT
DE SŒLRS DE s' VlNCEN'T DE PaUL CHARGÉES A LA FOIS DE TENIR
LES FILLES ET DE SOIGNER TANT EN SANTÉ QUEN MALADIE DEUX
VIEILLARDS DE l'uN OU DE l'aUTRE SEXE NÉS DANS LES COMMU-
NES DE VlLLERS OU DE BiNSON. A LÉGUÉ PLBSIEURS RENTES PER-
PÉTUELLES EN FAVEUR DE LA FABRIQUE DU CURÉ, DU MAITRE
d'école et pour FOURNIR LES DEUX ÉCOLES DE LIVRES ÉLÉMEN-
TAIRES. Les PAUVRES ET LES MALADES ONT AUSSI UNE LARGE PART
A SES BIENFAITS. EnFI» IL A VOULi; QUE TOUS LES DEUX ANS FUT DO-
TÉE UNE JEUNE FILLE DE VlLLERS CHOISIE PARMI LES PLUS PAU-
VRES ET LES PLUS VERTUEK^ES ET QIi'aINSI LA VERTU REÇUT DÈS CE
MONDE UNE RÉCOMPENSE. Il MOURUT A PaRIS LE 22 JUILLET 1829
A l'âge DE 94 ANS.
UE PRGKUNDIS
Les anciens seigneurs de Villers-sous-Châtillon
et Tiucourt.
I. — Robert Ledieu, chevalier, seigneur de 'Villers et lieuil
1. Reuil, cautou de Chàtilloii-sur-Maroe.
492 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
lieulenaul-colonel du réyimeul de Sainl-Élienne, décédé avant
1C83, se maria avec Claude de la Ruelle, décédée à Heuil le
10 janvier 1G83, et inhumée dans la nef de l'église de Villers-
sous-Cbàlillon. Il laissait de ce mariage :
1 , François-Robert, qui suit ;
2. Et Marie Louise Ledieu, femme de Charles le Gaslelier,
chevalier, seigneur de Tincourl, dont elle eut :
1. Marie-Aune Le Gaslelier, veuve en 1727 de Claude du
Noël, chevalier, seigneur du Plessier ;
2. Marie-Charlotte le Gaslelier, ([ui suit ;
3. Claude-Charlotte le Gaslelier, décédée à Cuchery, le
11 décembre 1712, à l'âge de 38 ans, et inhumée le même
jour dans la chapelle de la Vierge. Elle avait épousé Claude-
François de la Felounière, écuyer, seigneur de la Herbenuerie
et du iief de GranJcourt dont il a été parlé plus haut.
Voici les eui'auls nés à Cuchery de celte union :
1 . Philippe-François de la Felonnière, chevalier, seigneur
de Grandcourl et de Fossoy, âgé de 22 ans et demi, qualifié
lieutenant d'infanterie le 21 juin 1720, jour où il fut procédé
par Lesueur, notaire à Châtilloi. -sur-Marne, à l'inventaire de
la succession de sa feue mère Claude-Charlotte le Gaslelier;
2. Antoine-François, éouyer, né le 22 février IG'.'O ;
3. Marie-Magdeleine, le 11 avril 1700;
4. Claude-Charlolle, le 10 juin 1701, décédée le 16 avril
1750, âgée de 48 ans, à Champlal', inhumée dans la petite
nef (le l'église ;
5. Marie-Louise, le 10 février 1703;
6. Marie-Pierre, le 10 février 170G ;
7. El François de la Felonnière, le 8 mars 1708, chevalier,
seigneur de la Herbenuerie, lieulenant d'infanterie, décédé le
12 juin 1734, à l'âge de 2G ans, trois mois et quatre jours,
inhumé le lendemain dans l'église de Cuchery.
II. — François-Robert Ledieu, chevalier, seigneur de
Villeis-sous-Châtillon, lieutenant des Maréchaux de France
aux bailliages de Château Thierry et Châtillon, décédé à
Villers, le 9 févj'ier 172G, épousa en premières noces Anne
Floriot, et en deuxièmes noces, à Cui?les, le 23 mai 1G90,
Françoise de Belloy, dame de Cui^les - et de Bricol^, veuve en
1. Cliaaiplat, caiitoa de Clià'illoti-sur-Marne.
2. Cuis es, même caaton.
3. Bricot, fief silué à Cuisles.
DE VILLERS-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 493
premier mariage de Joseph Remy de Livrou, chevalier, sei-
gneur de Ciiisles, mailre de camp de cavalerie ; ladite dame
décédée à Guisles le 10 juillet 169'i.
Sont nés du premier mariage :
1 . Catherine Michel, à Villers, le 8 novemhre 1602;
2. Madeleine, au même lieu, le 18 novembre 1(577 ;
3. Joseph-François Lcdieu, à Oli/.y ', le 24 mars 1078, che-
valier, corneUe au régiment de Xarbonne en IGOl.
Du second luariage, à Villers-sous-Chàtillon :
4. Marie-Françoise Bénigne, le 4 mars IG'Jl, qui épousa le
25 septembre 1714, audit lieu, Aignan de la Val, chevalier,
seigneur eu partie de la Chapelle-Monthodon -, y demeurant,
et de Tincourt, ent^eigue des vaisseaux du Roi au département
de Rochet'orl, fils de Jacques de la Val, seigneur de Velay en
Poitou, et de feue Suzanne de Baudier ;
5. Françoise-Anne-Victoire Ledieu, le 25 avril 1()02,
mariée le 3 janvier 1713 à Jean-Charles du Guérin, chevalier,
seigneur de Bruslart ^, ci-devant colonel d'int'anteiie, demeu-
rant à Sunt-Martin-d'Ablois '.
III. — Marie-Charlotte le Gastelier épousa, par contrat du
27 mai lb94, passé devant Augier, notaire <'i Veuteuii, Antoine
du Houx, écuyer, sieur de la Barre, du fief de denlis, sis à
Reuil, et du lief de Nige, sis à Trotte s, fils de Jonas-Charles
Du Houx '"', écuyer, sieur de la Barre, du moulin Lecomte, du
iief de Nige, de Cierges et autres lieux, et de Marie de Vignol-
les, sa première femme.
To'js deux ont été inhumés dans l'église de Reuil où ils sont
décèdes : le mari, le 25 février 1708, et la femme, le 1 1 août
1745, à l'âge de 79 ans.
Sept enfants soni issus de ce mariage :
1 . Claude-Charles Du Houx, né à Passy-Grigny ^ le 4 août
1695;
1. Olizy, canl. de Cl.âlillon-sur-Marne.
2. La Chapelle-Monlhodou (Aisne), cant. Je Condé-en-Brie,
3. Bruslart, ancien fief sur Champvoisy, cant. de Dormans (Marne).
4. Saiul-Marlin-d'Ablois (Marne), canton d'Epernay.
5. Troiie, hameau dépendant de Ven Hères, cant. de Cliàiillon-sur-
Maine.
6. Jonas-CIiarles Du Houx contracta une seconde alliance avec Claude-
Françoisp de Moru, ûlle de Charles de Moru, chevalier, seigneur de Saint-
Martin d'Ablois et de Tincourt.
7. Passy-Grigny, canton de Châlillon-sur-MarLe.
494 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
2. Marie-Jeaiiue-Charlolle, née au même lieu le 27 aoùl
1099;
3. AuloineUe-Chailolle, décédée à Reuil, le 14 novembre
17i0, âgée de 5 ans ;
4. Alarie-Anne du Houx, née en 1090, mariée à Reuil, le
22 avril 1716, à Thomas Vassière, âgé de 21 ans, officier de
Sou Allesse Madame la duchesse d'Orléans, fils de feu Tho-
mas Vastière. ancien procureur de la Cour du Parlement de
Pari-, el de défunte damoiselle Catherine Argenvillers ;
b. Jean du Houx, chevalier, seigneur de Nige, demeurant
à Bouffiguereux * ;
6. Claude-Charlotte du Houx, décédée à Reuil le oU janvier
J729, à lâge de 31 ans, après avoir épousé en ce village, le
29 mai 1727, Philippe Ledieu. seigneur du Chesue^, fils de
défuiil Jean-Baptiste Ledieu, chevalier, stigneur du Chesne,
el de Jeanne Thiibé, de la paroisse de Vculelay ;
7. Jeanne-Françoise du Houx, morte à Reuil, le 31 janvier
174G, âgée de 40 ans. inhumée le lendemain dans l'église.
lUthel, le 19 mars 1S97.
Paul Pellot.
ARMORIAL
François Lespicier : d'azur, à un chevron d'or, surmonté d'unr
étoile dargent, et accompnrjné de (rois tries de limiers de
même, les deux du chef affrontées.
Nicolas Chapelet : d'azur, à un chapelet d'argent^ posé en
orle, la croix en bas, et une croix recroiseltée d'or en cœur.
Nicolas Diipuis : d'azur, au chevron d'or , accompagné en chef
de 2 étoiles d'argent, en pointe d'une rose d'or.
Claude Cliûtivcau : d'azur, à un cygne d'argent^ emhrassanl
avec son col une croix haussée d'or, accompagné de trois raisins
de même, deux en chef d un en pointe, au chef de gueules,
chargé d'une gerfje d'or, accostée de deux étoiles d'argent et
soutenue d'or.
Félon iiière, .Mciirs de Bulan el du Fossoy : éeartelé, aux I et i
d'or, au lion de sable, aux 2 et i d'azur, à i coquilles d'or, f.a
preuve de cette ianiiilc remonte à Pierre de la Félonnière, homme
1. Bouffi^iiiereux (Ai^rif), cant. de Ncufcliàlel, arr. de Laon.
2. Le Chesne, aclucllemeul Terme sur le terriloirc de Venlelay,(auton de
Fismes (Marne).
DE VILLERS-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 493
d'armes des ordonnances du roi sous la charge de M. de Janielz,
vivant le 3 février 11)3'.». Maintenu par arrêt de la Cour des Aides
du 15 septembre 1G3;{, et jugement de Dorieu en 1668.
Le Gastelier : d'or^ à 3 besaiis ilr guenlrs, à la bordure de
sinople.
Lesueur : d'azur, à un chevron d'or, surmonté d'un croissant
d'aryent. posé à la pointe du chevron, acconipaijné en chef de
deux étoiles d'argent, et en pointe d'une hure de sanglier de
même.
Escannevelle : d'argent, à () roguillrs de gueules, :i, 2 et I .
Linage : de gueules, au sautoir engn'lé d'or, accompagné de
A fleurs de lys de même.
De Brie : d'azur, à 2 haches adossées dargent.
Guyot de Chenizot : de gueules, à la mer d'argent en pointe,
surmontée de 3 poissons nageant de uwme, l'un sur l'autre.
Ledieu : d'azur, au chevron d'argent, accompagné de 3 glands
d'or.
Lespagnol : d'azur, ii la fasce d'or, accompagné de 3 tètes
d'épagneuls, deux en chef, une en pointe.
Noël : d'azur, au chevron d'or, accompagné de deux molettes,
et un lion d'or.
Betloy : d'argent, ci 3 fasces de gueules.
Livron : d'argent, à 3 fasces de gueules, brisé d'un roc d'échi-
quier de même.
Baudier : d'argent, à 3 têtes de maure de sable, tortillées de
champ.
Guérin : d'or, à 3 lionceaux de sable, couronnés, lampassés et
armés de gueules.
Du Houx : de gueules, éi 3 bandes d'argent, chargées de î aune-
lets d or en barre.
VignoUes : d'azur, à la bande d'argent, chargée de 3 coquilles
d'or.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Actes de l'État civil de Vailly.
1676. 21 janvier. — Mariage de Hyacinthe Guillot, 2o ans, fils
d'honorable homme Antoine Guillot, chirurgien à Vailly, et d'An-
toinette Lespicier, avec damoiselle Jeanne Chétiveau, 21 ans, fille
d'honorable homme Jacques Chétiveau, et d'Antoinette de Vil-
1ers; témoins : Pierre Chétiveau, René de Villers, François Lespi-
cier, et les pères des époux.
496 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
I6S8. — Le dixième dud. mois (décembre) esl décédé M* Jac-
ques Chélivcau, sieiir de Courcelle, âgé de (en blanc) ans, ou
environ, el fui inhumé en l'église dud. lieu en présence des
témoins qui ont signé.
jGSi). — Le 18 dud. mois (janvier), esl décédéc AnUioinelle de
Villers, femme de Me Jacques Chélivau, âgée de 70 ans, el fui
inhumée le lendemain en Téglise dud. lieu, en présence des les-
moins quy onl signés.
Signé : Godkfroy.
1677. 28 novembre. — Naissance el baptême de François, fils
d'honorable honinic Hyacinthe Guillol, marchand, el de damoi-
selle Anne Cliéliveau, sa l'cmme ; parrain : bon. homme François
Lespici(.'r, marcliand \ marraine : Françoise Boudin.
1687. 10 janvier. — Haptême de Anne-Jeanne, lille des
mémos; [)arrain : Antoine Carrier; marraine : Anne Patarl.
1714. 7 août. — .Maridge de .M''' (Claude-François de la Felon-
niére, ciievalier, seigneur de la Herhennerie el du fief de Grand-
courl, veuf de dame Charlolle-Claude Le Gaslelier, demcuranl
audil fief de Grandcourl, paroisse de Cuchery, assisté de .M*" Louis
VJnin, conseiller du roi, maire en la justice de Ville-eu-Tardenois,
et de M''« Charles-Joseph d'Anglas, chevalier, seigneur de la For-
lelle, avec dam'<= Anne Guillol, fille de dél' Hyacinthe Guillol, et
de dame Jeanne Chétiveau, de la paroisse de Vailly, assistée de
lad. Chétiveau, sa mère, de M<' François Guillol, son frère, et de
M« François Carrière, conseiller du roi, élu eu Téleclion de Sois-
sons, et bailli de celte ville.
Actes de l'État civil du canton de Châtillonsur-Marne.
ClCHCitY.
L'an mi! sept cent quinze, le dix neuf mai, est venue au monde
damoiselle .Marie-Anne, fille de Messirc Claude-François de la
Felonniére, chevalier, seign"" de Grandcourl, et de dame Anne
Guillol, son épouse, de cette paroisse, laquelle a été baptisée dans
l'église de ladilte paroisse le vingt et unième mai par moy curé
soubsigné. Le parain messire Phille de la Felonniére, chevalier,
seig"" de Fossoy, chevalier de l'ordre militaire de Saint Louis, ci
devant gouverneur de Thy Chastel, la maraine dame Anne-Marie-
Madelaigne Cheveri, espouse de .Messire Louis de Guérin, cheva-
lier, seig"" de Courdie, lieutenant colonel du régiment de l'Isle de
France.
Signé : Ue la FiiLo.NMKnp:. Ue la Felon.nièrk
CnKVIlIK l»K COURDIK. UE LA HeRBE.NNERIK.
L'an mil sept cent seize, le quatrième jour du mois de mai, est
venu au monde Claude-Philippe de la Felonniére, fils de messire
Claude-François de la Felonniére, chevalier, seigneur de la Her-
DB VILLÉRS-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 497
bennerie et du fief de Graiidcoiirt, sis à Cuclicri, y deinouraiit, et
de dame Anne Guillot ses père et mère, et a esté baptisé ledit
jour quatre par moi prestre oiiré de Cucheri soubsigiiez. Le paraia
M* Philippe de la Feloniiière, son frère, la marai/me damoiselle
Mari-Madeiaigne de la Feionnière sa sœur. Le père a signé au bas
des présentes avec le parain et la maraiu/tc.
Signé : De la FELONMÈne de Grandcour,
JOBART, De la FELONNfÈRE DE LA
Herbennerie, Marie-Madelaine
DE LA FeLONNIÈRE.
L'an mil sept cent dix huit, le dix huictièms jour du mois de
mar?, je souligné Nicolas Thibault, curé, ai baptisé dans l'église
de ma paroi>se de Cucheri un fils de messire Claude-François de
la Felonier, écuier^. seig"" de Grandcour et de la Herbenerie, et de
madame Anne Guiot son épouse, auquel on a imposé le nom de
Claude-François. Le parrin François de la Felonière, répondant
par Monsieur Philippe -François de Grandcour son frère, la
màveinne Claude-Charlotte de la Felonière qui ont signés avec
nous à Texception du parrin qui n'a pu signer.
Signé : Chariot de la Felonier, Philippe-François
DE LA FeLONMÈRE, ThIBAULT.
Le treizième jour de mars mil sept cent vint, moy Nicolas Thi-
beaut, curé de Cucheri, ai baptisé une iille de messire Claude-
François de la Feionnière, chevalier, seig"" de la Herbennerie et
du fief de Grandcourt, sis à Cucheri, y demeurant, et de dame
Anne Guillot son épouse, tous deux de celte paroisse et mariés
ensemble, né le jour d'hier, à laquelle on a imposée le nom de
Jeanne Angélique. Le parain messire Marq de Guérin, chevalier,
seig"" de Sauville, la maraine dame Jeanne-Angélique Duduit,
espouse de Messire Philippe de la Feionnière, chevalier de Tordre
militaire de S' Louis, ci devant commandant pour le roy à Blis-
chastel, seig"" de Fossoy, représente par damoiselle Claude-Char-
lotte de la Feionnière, sa nièpce, et iille dudit c' de la Feionnière
père qui ont signé avec nous.
Signé : Marq Gcéri.x. Chariot de la Felonnier,
Thibault.
Lan mil sept cent vingt un, le dix huitième jour du mois d'oc-
tobre, a été présenté pardevant nous Nicolas Thibaut, curé soussi-
gné, pour être nommé et recevoir les cérémonies du baptême, une
fille de Messire Claude-François de la Feionnière de la Herbenne-
rie, écuier, seigneur du fief de Grandcour à Cuchery, et de
Madame Anne Guillot, mariés ensemble, laquelle fille cy dessus est
née le vingt unième mars de la présente année, et le même jour
32
408 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
a élé baptisée dans l'église de cette paroisse par nioy curé cy
dessus, avec la permission de Monsieur Gosset, vicaire généial de
Monseigneur l'évèque de Soissons, en datte du vingt deuxième
mars dernier, signé Gosset, et plus bas Saunier, secrétaire de
l'évrchc, laquelle fille cy dessus a reçu aujourd'hui les cérémonies
du baptême et a été nommée Julie-Anne Salaberge, le parain
Messire Philippe de la Felonnière, chevalier, seigr de Faussoy,
commandant pour le roy en Bricastel. La mareine dame Julie
Bergère, épouse de messire François Guyot, écuier, seig"" de Che-
nizot, secrétaire du roy, comparaissant par dame Anne Carrier,
épouse de Monsieur Doury, avocat en Parlement, qui ont signé
avec nous.
Signé : De la Felo.nmere ue la Herbennerie,
De la FelonjNière,
Anne Carrier.
Le i2« décembre 1723. — Baptême de Jeanne-Charlotte, fille
de .Messire Claude-François de Lafelonnière, chevalier, seigneur de
la Herbennerie et de Grandcour, et de dame Anne Guyot. Parein
Messire Philippe-François de la Fellonnière, chevalier, seigneur
de Grandcour: mareinne Mademoiselle Charlotte-Claude de la
Fellonnière.
(Naissance du 11 décembre.)
Le 23'' janvier 172;j. — Baptême de Claude-Nicolas, fils de
(comme ci-dessus). Parein, Mons'" Na^ Le Queux, ancien lieutenant
de Roy au gouvernement de la ville de Reims et colonelle des har-
quebuziers de lad. ville ; mareinne, Mademoiselle Thérèse-Claude
Le Queux.
(Naissance du 21 janvier.)
Le b« février 1728. — Baptême de Anne-Claude- Françoise, fille
de (père et mère désignés comme ci-dessus), l'arein. Mous'^ Adam-
Remy d'Houry, docteur es loix, advocat demeurant à Reims ;
mareinne, dame Anne Carlier, son épouse, tous deux absents,
représentés par .Messire Philippe Le Dieu^ chevalier^ seigneur de
Ventlay, et dame Claude-Charlotte du Houx, son épouse.
(.Jour de la naissance non indiqué.)
L'an de grâce mil sept cent quarante, le quinzième jour du
mois de décembre, après avoir publié au prône de la messe
parroissiale le premier ban de mariage entre .Messire JNicolas de
Liiiage, seigneur de Villeray, âgé de quarante sept ans, vœuf en
secondes noces de dame Chalerine-Lunise-Charlotte de Brie,
demeurant à la parroisse de la Ville-sous-Oibais, diocèse de Sois-
sons ; et entre demoiselle Jeanne-Charlotte de la Félonnièie de
Grand-cour, âgée de dix-sept ans, lille de Messire Claude-Frauçois
DE VILLKRS-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 409
de la Félonnicre, seign"' de la Herbennerie et du fief de Grand-
cour, et de dame Jeanne-Anne Guillot ses père et mère, demeu-
rant en celle paroisse, après avoir oblciui do l'ordinaire la dis-
pense des deux autres bans, dallée du dixiesmc décembre mil sept
cent quarante, signée Uestars, vicaire général, et plus bas Déla-
teur, insinuée, controllée et enregistrée au grctl'e des insinua-
tions ecclésiastiques du diocèse de Soissons, les jour el an susdits^
signé Moutonnet ; et aussi après avoir obtenu de l'ordinaire la per-
mission de célébrer ledit mariage dans le Temps de Lavent ; le
tout sans aucune opposilion ny empeschemenl. Je François Dau-
vei'gne soussigné, preslre curé de la parroisse de la Ville-sous-
Orbais, en présence el du consentement de moi, curé de Cuchery
soussigné, ay receu deux la promesse et consentement de mariage,
et fait les cérémonies accoutumées, et célébré le mariage dans
l'église parroissialle dudit Cucbery, en présence et du consente-
ment des parens susdits de l'épouse; de Messire Philippe-François
de la Félonnière, seigneur de Fossoy, y demeurant, frère de
l'épouse ; de Messire Louis-Claude le Dieu, seigneur de Fleury,
demeurant à Rada\, parroisse dudit Fleury; du sieur Cbarles-Fir-
min de Lalre Daubigny, garçon demeurant à Espernay, tous deux
cousins de l'épouse; de Messire Marc de Guérin, et du sieur Jean
Demichel, tous deux de la parroisse de Cuchery, lesquels ont
signé avec nous les jour et an susdits.
Signé ; Linage de Villeuay, La Felonmère,
DE LiNAGE, Anne Guillot de la
FKLO.N,\n-:RE, DE GUÉRIX, DE LA
FEL0N>ilt;RE DE LA HeRRE.N.NERIE,
La Felonnière de Fossoy, Le
Dieu Deville, Delatre Daubig.ny,
D'Auvergne^ Demichel, P. Thomé,
curé.
L'an de grâce mil sept cent cinquante, le quinziesme jour du
mois de juillet est décédé en cette parroisse^ après avoir reçeu les
sacrements de la sainte Église, Messire Claude-François de la
Félonnière, écuyer, chevalier, seigneur de la Herbennerie, et du
fief de Grand-court, ancien officier au régiment de Normandie,
âgé de soixante-dix-huit ans presque accomplies ; marié en
secondes nùces à dame Aune Guillot. Son corps a esté inhumé le
lendemain par moi preslre curé soussigné, dans l'église de celle
parroisse, ou nous l'avons conduit avec les cérémonies accoutu-
mées en présence de M"'" Charles-Antoine Geolfroy, curé de Mel-
roy, Louis-François Jarost, curé de Vandière ; Claude Le Brun,
curé de Champla ; Simon Le Blond, vicaire de Fère ; Jean -Robert
Jarost, vicaire de Belval ; Messire Philippe-François de la Félon-
nière, seigneur de Fossoi, écuyer, chevalier, tous témoins, qui ont
signé avec nous.
Signé : Philippe-François de la Félon-
500 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
NIÈRK DE FOSSOI, GEOFFROY, CUl'é
de Melleroy à Baslieux, Jauot,
vie. de Belval, C. Lebrun, pres-
tre curé de Charnpla, Jarot, curé
de Vandière, Le Blond^ vie. de
Fèro, Anne Guillot de la F"elon-
NIÈRE, DE LA FeLONNIÈRE l'aîllé,
Anne de la Felonnière de Gra.nd-
couRT, P. Thomé, curé de Ca-
che ry.
L'an de grâce mil sept cent cinquante, le douziesme jour du
mois de novenibie, après avoir publié après les fiançailles, aux
prônes des messes parroissialles dans les deux parroisses respecti-
ves, sçavoir : dans la parroisse de Sedan, le premier ban de
mariage, et avoir obtenu de l'ordinaire de Reims la lettre de non
diocèse ; et la dispense des deux autres bans, laditte dispense
dattée du 22" septembre 1750, signée de Mailly, vicaire général,
et plus bas, Favereau, secrétaire ; insinuée et controUée à lieims
le 22<' septembre tTiiO, Reg'= 18. et signé Delacroix, avec paraphe ;
et aussi dans la parroisse de Cuchery le premier ban de mariage,
et avoir obtenu de lordinaire de Soissons la dispense des deux
autres, laditte dispense dattée du 24* septembre 17o0, signé Dela-
croix, vicaire général, et plus bas, Delalour, secrétaire, insinuée,
controllée et registrée au greffe des insinuations ecclésiastiques du
diocèse de Soissons le 24* septembre 1750, signé Moulonnet, avec
paraphe : Entre Messire Charles-Guillaume Du Gucy, chevalier,
âgé de cinquante ans ou environ, seigneur de Fresneville et de la
Fresné, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, fils
de deffunts Messire Jean-Baptiste Du Gucy, chevalier, et de dame
Marie-Anne Martin, demoiselle; originaire de la parroisse de
Saint-Martin de Condé sur Noireau, diocèse de Bayeuxen Norman-
die, et à présent major domicilié du château de Sedan, de la par-
roisse de laditte ville de Sedan ; et entre damoiselle Anne-Claude-
Françoise de la Felonnière, âgée de vingt trois ans ou environ,
fille de delfunt Messire Claude-François de la Felonnière, cheva-
lier, seigneur de la Herbennerie et du fief de Grandcourt, et de
dame Anne Guyot, de laditte parroisse de Cuchery; sans qu'il y
ait eu aucune opposition ny empeschement, jay preslre curé de
Cuchery soussigné reçeu d'eux la promesse et consentement de
mariage, et fait les cérémonies accoutumées, et célébré le mariage
dans l'église parroi-^siale dudit Cuchery, premièrement avec la
permission et l'agrément de la Cour, en datte du H<^ octobre 1750,
à Fontainebleau, signé M. Dargenson ; secondement en présence
et du consentement de laditte dame Guyot, mère de la mariée, de
Messire Philippe-François de la Felonnière, seigneur de Fossoy, y
demeurant, frère de la mariée ; de Messire Louis-Claude Le Dieu,
seigneur de Ville et de Fleury la Rivière, demeurant à Raday,
DK VILLERS-SOUS-CHA.TILLON ET DE TINCOURT 501
parroisse duiJil Fleiirv, curateur de la mariée ; de Messire Cierre-
Philippe Andrieu, ancien avocat au Parlement de Paris, seigneur
de Maucreux, cousin germain de la mariée ; du sieur Jean Demi-
chel, ancien officier au régiment de l'Isle de France ; lesquels
tous comme témoins, ont signez avec les parties contractantes, et
avec nous.
Signé : Du GucY, dk la Felonnière, Guillot
DE LA FELONNlÈnE, La FeLON-
MÈnE DK FossoY, Andrieu, Le
DiEL' de Ville, Demichel, Le
Dieu de Landce de la GARENNii,
DE LA Felonnière l'aîné, Evrard
DiîMicHEL, Jarot, vie. de Belval,
P. Thomé, curé de Cuchery.
1712. W décembre. — Décès de dame Claude-Charlotte le
Gastelier, femme de M""^ Claude-François de la Felonnière, écuyer,
seigneur de la Herbennerie et du lief de Grandcourt, âgée de 58
ans, inhumée dans la chapelle de la Vierge le même jour.
1699. 22 février. — Baptême d'Anloine-François de la Felon-
nière, écuyer, lils de M""^ C,laude- François de la Felonnière,
écuyer, sieur de la Herbennerie, et de Charkilte-Claude le Gaste-
lier. Parrain : Antoine du Houx, écuyer, sieur de la Barre, de la
paroisse de Passy ; marraine : dam'" Françoise de Guérin, demeu-
rant à Orcourt.
1700. Il avril. — Baptême de Marie-Madeleine, fille des
mêmes. Parrain : M""^ Jacques de Condé, chevalier, seigneur de
Coëmy, vicomte de Villers-Agron, y demeurant ; marraine :
Madeleine Ledieu, demeurant à Villers-sous-Châtillon.
1701. 10 juin. — Bapt. de Claude-Charlotle^de la Felonnière,
fille de M'' de la Felonnière, écuyer, seigneur de la Herbennerie
et de Grandcourt, et de dam'* Charlotte-Claude le Gastelier. Par-
rain : Claude de Noël, écuyer, seigneur du Plessier, de la paroisse
de Vertus ; marraine : dam'*' Charlotte le Gastelier, épouse de
M. de Cabaret, de la paroisse de Passy.
1703. 10 février. — Bapt. de Marie-Louise, fille de M"^" Fran-
çois de la Felonnière, écuyer, etc., et de dam'" Claude-Charlotte
le Gastelier. Parrain : M'''^ Louis Ledieu, écuyer, seigneur de Ville-
en-Tardenois, y demeurant ; marraine : dame Claude-Françoise
de Moru, veuve de feu M'' Ledieu, demeurant à Tincourt.
1706. 10 février. — Bapt. de Marie-Pierre, fille de M. Claude-
François de la Felonnière, etc., et de dam'^ Claude-Charlotte le
Gastelier. Parrain : M' Pierre Andrieux, avocat en parlement à
Paris; marraine : dam'l Marie-Anne du Houx, fille deMonsieurde
la Barre^ de la paroisse de Passy.
1"08. 8 mars. — Bapt. de Messire François de la Felonnière,
fils des mêmes. Parrain : le maïquis de Lhéry ; marraine : dam''^
ÎJÛ2 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
Françoise-Victoire Lcdieu de Villers, fille de M''^ François-Robert
Ledieu, chevalier, seigneur de Vilicrs-soiis ChAtilloti, liciileiiaiit
des Maréchaux de France.
1734. 12 juin. — Décrs de François de la Félonnière, cheva-
lier, seigneur de la llerbennerie, lieutenant d'infanterie, âgé de
26 ans, 3 mois et 4 jours, fils de M'" Claude-François de la Félon-
nière, et de défunte dame Claude-Charlotte le Gastelier, inhumé
le lendemain dans l'église.
S.umk-Gkmme.
Le vingt sept avril de la présente année (1*06), M^^ Pierre-
François le Sueur de Parpeville, écuier, ancien brigadier des gar-
des du corps, chevalier de S' Louis, de cette parroisse^, a épousé
danioiselle Jeanne-Angélique de la Félonnière, de la parroisse de
Cucheri, mais alors demeurante à Lpernai. Ce mariage a été par
nous célébré dans l'église de S^ Georges de Fossoi, où on trouvera
l'acte de ce mariage.
Signé : Soirellk, curé de Sainte-Gemme.
L'an mil sept cent soixante dix sept, le vendredi septième jour
du mois de novembre, est décédé vers cinq heures et demie du
matin, âgé de soixante dix sept ans deux mois et dix sept jours,
honnorable personne Messire Pierre-François Le Sueur de Parpe-
ville, chevalier de l'ordre royal et militaire de S' Louis, ancien
brigadier des gardes du corps du roy, brigade de Montmort, com-
pagnie de Villeroy ; et le lendemain a été inhumé dans le cime-
tière, ne pouvant plus lui accorder les honneurs de la sépulture
dans l'église en vertu d'une déclaration du Roy donnée à Versail-
les le dix mars 1776. Ladite inhumation faite par moy curé de
cette paroisse .soussigné, en présence de Messire Charles Antoine
Le Sueur de Givry, chevalier de l'ordre royal et militaire de
S* Louis, capitaine de cavalerie et l'un des chevauj; légers de la
garde ordinaire du roy, son neveu, Messire Antoine-Maximilien
Guérin de Brulard, chevalier, seigneur de Chêne Arnoult, ancien
mousquetaire de la garde ordinaire du roy; de Messire Louis-
Juvénal Guérin, chevalier de Brulard, officier au régiment Lyon-
nois infanterie, ses petits neveux; de M"= Jean-Baptiste Guérin,
curé de Cohan, son cousin ; de M"" Jean-Michel Z^eslouches, ami ;
de M'" Jacques-Alexandre Bruno Delacroix, écuyer, conseiller du
Roy, son procureur au baillage de (Ihâlillon-sur-Marne, son cousin
à cause de Madame de Par[>evillc, et d'autres Messieurs curés amis
soussignés.
Signé : Lk Steur de Giviiy, Gl'éri.n de
Bruslauu, le chevalier de Brus-
lard, Le Blond, curé de Beu-
varde. Couvent, curé d"Anthe-
nay, Delacrolx, Guérlv, curé.
DE VILLERS-SOUS-CHATILLON ET DE TINCOURT 503
CouLON, Ukstocciiiîs, ViCniJKAT,
curé de Chanipvoicy, (iiiAni),
curé de Vézilly, Rir,.\(-LT, curé
de Saillie-Gemme.
L'an mil sept cent soixante onze, le sept de mars, le corps de
1res respectable dame Jeanne-Anne Guillot, veuve de défunt mes-
sire Claude-François de la Félonière, écuier, seigneur de la Her-
bennerie et Grandcour, décédée d'hier, âgée de quatre vingt qua-
tre ans et un mois, après avoir ret'u plusieurs fois les sacrements
pendant le cours de sa maladie, a été inhumé dans le c«'ur de
cette égli?e, en présence de Messire Pierre-François Lesueur,
écuier, sieur de Parpeville, ancien brigadier des gardes du corps
du roj/, son gendre ; de dame Jeanne-Angélique de la Félonière,
sa fille, épouse de Messire de Parpeville, et de Messire François-
Alexandre D'Arnoult, clieva/lier, seigneur de Passy-Grigny, qui
ont signé avec moy.
Signé : Le Sueur de Parpeville, dk la
Félonnière de Parpeville, D'Ar-
noult DE Grigny, Piot.
Villers-sous-Ghatillon.
L'an 1737, le 9 novembre, est décédé au château de Viilers de
cette paroisse. Dame Françoise-Clajr de Beausergeant, vivante
feue et espouse de Messire Lionard-François Guiot de Chenizot,
conseiller secrétaire du Roy et secrétaire ordinaire des finances de
Sa Majesté, cy debvant conseiller au Parlement de Paris, la dicte
dame âgé de vingt ans ou environ, laquelle dame a esté le lende-
main du présent mois inhumé dans l'église de cette paroisse,
aiant reçu tous les sacrements de la S''' église, par moy père Bar-
thelmi Moreau, religieux pénitent de la maison de Vailly, à cause
de l'absence de M'^ Goftlot, preslre et curé dudit Viilers, aiant
observé les cérémonies accoustumées, en présence de Messire
Claude-François de la Félonnière, chevalier, seig"" de laHerbenne-
rie et du fief de Grand Cour, sis à Cucheri, y demeurant; de
Monsieur Pierre Itan de Trugny, officier du roy, demeurant à
Rheims; de Monsieur Charles Hacquard,juge dudit Viilers, demeu-
rant à Chastillon.
Signé : Hacquart, Ytam de Trug.nv, De la
Félonnière de la Heruennerie,
Levaillant, seigneur de Dame-
rie, Martras, vicaire de Chastil-
lon, F, Barthelemy-Moreau.
Le neuf""» du mois de février 1726, est décédé Messire François-
Robert Ledieu, chevalier, seigneur de Villers-sur-(]hai'tillons,
âgée de quatre vingt six ans ou environs, qui dans le cours de sa
maladie a reçeu les sacrements de la S'- église avec beaucoup de
504 DROITS SEIGNEURIAUX ET ANCIENS SEIGNEURS
piété. Son corps a esté iiihiiiné le dix diid' mois dans l'église de
S' Jacque, sa paroisse aiid' Villers,en présence de Mons»" Brulart de
S' Martin et de M"' Delavalle de Tincour, ses gendres, par moy
soussigné, prêtre curé dud' Villers. assisté de Messieurs le curé de
Vanleùille^ ReïiUle, Balicii, Binson et de Cuchery, qui ont signé
avec moi.
Signé : Gofflot.
1662. 8 novembre. — Rapt, de Catherine-Michelle, iille de
M""* François-Robert Ledieu, écuyer, seigneur de Villers, et de
dame Anne Floriot. l^arrain : M'''^ Michel Larcher, cbevalier, sei-
gneur marquis dOlizy, conseiller du roi en ses Conseils, et grand
sénéchal de Vermandois ; marraine : dam'<' Catherine Floriot,
femme de René Pinlerelle, avocat en parlement de la paroisse
Saint-Médéric à Paris.
•1677. 18 novembre. — Naissance de Madeleine, fille de noble
seigneur M"""^ Robert-François Ledieu, écuyer, seigneur de Villers,
et de dam'« Anne Floriot. Parrain : Jacques Floriot, écuyer.
1691. 3 mars. — Rapt, de Marie-Françoise, tille de M'"'^ Fran-
çois-Robert Ledieu, chevalier, seigneur de Villers, et de dame
Françoise-Bénigne de Relloy. Parrain : noble chevalier Joseph-
François Ledieu, cornette dans le régiment de Narbonne, fils du
susdit seigneur de Miiers ; marraine : dam'"^ Marie-Charlotte le
Gastelier, iille de défunt M''' Charles le Gastolier, écuyer, seigneur
de Tincourt.
1714. 2ij septembre. — Mariage de M'« Aignan de la Val, che-
valier, seigneur en partie de la Chapelle-Monlhodon, enseigne des
vaisseaux du roi, fils de M'"'' Jacques de la Val, chevalier, seigneur,
comte de Velay en Poitou, et de défunte dame Suzanne de Beau-
dier, de la paroisse de la Chapelle-Monthodon. avec Marie-Fran-
çoise-Bénigne Ledieu, Iille de M" François-Robert Ledieu, cheva-
lier, seigneur de Villers, lieutenant de M'^ les Maréchaux de
France, et de feue dame Françoise-Rénigne de Relloy,
1692. 2o avril. — Rapt. d'Anne-Victoire-Françoise, fille de
M"-' François-Robert Ledieu, chevalier, seigneur de Villers, et de
dame Françoise-Bénigne de Belloy. Parrain : M''* Jacques de Nar-
bonne, chevalier, maître de camp d'un régiment de cavalerie pour
le service du Roi; marraine : Anne de Thouars, femme de Messire
Jacques de Rerzieux, chevalier, seigneur, baron de Molins, colonel
d'un régiment d'infanterie.
1713. 3 janvier. — Mariage entre noble et discrète personne
Mre Jean-Charles de Guérin, chevalier, seigneur de Brusiart, colo-
nel ci-devant d'un régiment d'infanterie, veuf de dame Cristine de
Longin, de la paroisse de Saint-Martin, avec dam'* Françoise-
Aimée-Vicloire Ledieu, fille de noble et discrète personne Messire
François-Robert Ledieu, chevalier, seigneur de Villers, lieutenant
des maréchaux de France aux bailliages de Château-Thierry et
DE VILLKRS-SOUS-GHATILLON ET DE TINCOURT 505
Cliâlilloi), et de ciéfiuile dame Françoise-Rétiigiie de Belloy.
Témoins : François-Robert Ledieii, Amie-Jean Érard de Livron,
seigneiu- de Villenauxe el Cuisles, M""" François-Joseph de Giiérin^
chevalier, seigrieur de Brusiart, el Jean-Bapliste de Guérin, cheva-
lier, seigneur du même Heu.
Reuil.
I.e dixziesme jour du mois de janvier, en lannée mil six cent
quatre vingt trois environ les deux heures après minuict, est décé-
dée en bonne et véritalile chrestienne Madatiie Claude de la
Ruelle, vefve de detlunct Mesire Robert le Dieu, c.hovniUic)\ sei-
gneur de Villers, lieutenant colonel du régiment de Sainct
Estienne, à Reiiil, et a esté transportée dudit Reiiil au lieu de Vil-
lers ou elle est inhumée, en foy de quoy iay signé en présence de
Mesire François-Robert le Dieu, clievaï7//f7', seigneur dudit Villers,
et Médire Charles le Gastellier, chavaillier, seigneur de Tincour,
son gendre, qui ont pareillement signf^r avec moi, et comme fes-
inots Gérard Bouillart, nv« d'ecôle, et Pierre Thierry, greffier eu
la justice dudit Reiiil.
Signé : C. Le Gastellieu Tincourt, R.
LocARD (avec paraphe;, F.-R. Le
Dieu Devillers, P. Tuiéry (avec
paraphe).
1718. 2.J février. — Décès de M"""^ Antoine du Houx, écuyer,
seigneur du fief de Genlis, sis à Reuil, et du lief de Nige, sis à
Trotte, paroisse de Passy-Grigny, enterré le lendemain dans
Téglise de Reuil, en présence de M'"^ Robert Ledien, écuyer, sei-
gneur de Villers, el Mr° François de la Felonnière, écuyer, sei-
gneur de la Herbennerie.
174b. 11 août. — Décès de Marie-Charlotte le .Gastelier,
femme de M''* Antoine du Houx, vivant chevalier, seigneur de
Trotte el du tief de Nige (79 ans), inhumée le lendemain dans
l'église, en présence de Jean du Houx, demeurant à Bouffignereux,
son fils, M'e Pliilippe Ledieu de Ville, écuyer, seigneur d'Anizeux,
demeuraiit au Ménil-la-Core, son gendre ; M''* Jean-Bapliste
Drouart, écuyer, demeurant à Anlhenay, son neveu ; François de
la Féloiiière, écuyer, seigneur de Grandcourl, son beau frère,
demeurant à Cuchery.
1710. 12 novembre. — Décès dAnloinelle-Charlolte du Houx,
fille de M"' Antoine du Houx, seigneur du fief de Mge el de Gen-
lis, et de dame Marie-Charlotle le Gastelier, inhumée dans l'église.
1716. 22 avril. — Mariage de Thomas Vassière, 21 ans, fils de
feu Thomas Vassière, ancien procureur de la Cour du Parlement
de Paris, et de feue dam''> Catherine Hargenvilliers, avec Marie-
Anne du Houx de la Barre, '20 ans, fille de défunt M" Antoine du
Houx de la Barre, seigneur des fiefs de Nige et de (ienlis, et de
dame Marie-Charlotte le Gastelier.
506 DROITS SEIQNKUUIAUX ET ANCIKNS SEIGNEURS
1729. 30 janvier. — Décès do d;iino Chiude-Chailolle du Hou.x,
femme de Philippe Lcdieii, seigneur du Cliesne, âgée de 31 ans.
1727. 27 mai. — Mariage de M"= Pliiiipne Ledieu, seigneur du
Clicsne, liis de défunt M" Jean- Baptiste Ledieu, ohcvalier, sei-
gneur du Cliesne, et de Jeanne Tluibé, de la paroisse de Vente-
lay, avec dam'* Claude-Charlotte du Houx, fille de défunt M'«
Antoine du Houx, chevalier, seigneur du fief de Nige, et de dame
Marie- Charlotte le Gastclier. Témoins : M'*^ Jean du Houx, cheva-
lier, seigneur de Nige, frère ; Henri de la Garenne, chevalier, sei-
gneur de Saint-Vincent en partie, de Coincy et de Landres ;
Mf^ Thomas de la Personne, chevalier de Tordre de Sa-nt-Louis,
seigneur du Buisson, Xeufchdtel et de Ventelay en partie ; M''^
Claude-François de la Félonnière, chevalier, seigneur de la Her-
bennerie et du fief de Grandcourt ; M. Jean-Baptiste Drouard, che-
valier, seigneur de Vaux; M'^'' Augustin-Bernard le Picard, cheva-
lier, seigneur d'Ablancourt en partie ; dame Marie-Anne le Ga£,te-
lier, veuve de Mr*- Claude de .Noèl, chevalier, seigneur du Plessier,
et dame Anne Guillol, femme de M^"^ de la Félonnière.
174G. 31 janvier. — Décès de demoiselle Jeanne-Françoise du
Houx, 40 ans, fille de défunt M^'^ Antoine du Houx, seigneur de
Trotte et du fief de Nige, situé à Trotte, et de feue dame Marie-
Charlotte le Gastelier, inhumée le lendemain dans l'église.
CUISLES.
1690. 23 mai. — Mariage de noble personne M'^ François-
Robert Ledieu, chevalier, seigneur de Villers et autres lieux, de la
paroisse de Villers-sous-Chàlillon, 45 ans, avec noble personne
madame Françoise-Bénigne de Belloy, dame de Cuisles, Bricot et
autres lieux. 3"2 ans.
1694. 19 juillet. — Décès de dame Françoiie-Bénigne de Bel-
loy, épouse en deuxièmes noces de M""* François- Robert Ledieu,
écuycr, seigneur de Villers sous-Cbàtillon, enterrée dans l'église.
Olizy.
1678. 29 mars. — Bapt. de Joseph-François, fils de M''"' Fran-
çois-Robert Ledieu. chevalier, seigneur de Villers, et de dame
Anne Floriot. Parrain : M'^ Joseph-Remy de Livron, marquis de
Livron, chevalier^ seigneur de Cuisles, maistre de camp du régi-
ment de cavalerie pour le service du Roi.
Passy-Giuonv.
1605. i août. — Naissance de Claude-Charles, fils de M'^e Antoine
du Houx, sieur de la Barre, et de Marie-Charlotte le Gastelier.
1699. 27 août. — Naissance de Marie-Jeanne-Charlotte, fille
des mômes.
LES PORTRAITS DE FAMILLE
DES
JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT
KT DE LEUUS DIVERSES BRANCHES
Portraits de la branche de SOULANGES
et de PRINGY-GONGOURT.
GALERIE DE M""" LOUIS JACOBE DE PRINGY DE GONCOURT
Au Château de Concourt (Marne)
Jean II Jacobé dil le Jeune, fils de Jean F'', marié vers
149o à Guillemelte de Roussel.
Portrait peint sur bois, dont le cadre, de l'époque, porte cette
suscription : « .Etalis XX.XIII. »
Cheveux châtains, barbe plus claire, pointue avec moustache,
yeux noirs, petits anneaux d'or aux oreilles. Tunique noire ornée
de passementerie : col étroit et ra])attu en guipure blanche.
Noël P^ Jacobé (fils de Jeau et de Guillemelte de Roussel),
écuyer, avocat au bailliage de Vitry-cu-Perlhois, épousa en
508 LES PORTRAITS DE FAMILLE
lo30 Claude le Petit de la Chaussée, fille de Gilles, grand
prévôt des maréchaux de France au Gouvernement de
Champ;igne el de Brie, receveur général du domaine pour
S. M. à Vilry-en-Perlhois, et de îsicole Marguyu.
Ils eurent quinze enfants.
Beau portrait sur bois, attribué à Mirevelt.
Cheveux blonds, barbe de même, pointue avec moustache.
Tunique tioire avec manteau noir à collet de velours. Fraise
plissée el manchettes assorties. Bague au doigt.
Les armes au coin : « d'azur au fer de moulin d'argent. »
Gilles I"" Jacobé (fils de Noël el de Claude le Petit de la
Chaussée), né en 1531, écuyer, avocat au Parlement, licencié
ès-lois, garde des sceaux au bailliage et siège présidial de
Vitry, marié eu 1555 à Magdeleine Millet.
Cheveux bruns, moustache blonde, justaucorps de velours noir
avec manches en soie brochée violet foncé. Collerette blanche
tuyautée avec manchettes pareilles. Toque noire. Bague au doigt ;
il tient des gants à la main.
A droite les armes : d'azur au fer de moulin d'argent., avec
casque d'or et lambrequins. A gauche celte inscription : Au"
io66 — œta* 3b. — Peinture sur bois.
Noël II Jacobé de Soulanges (fils de Gilles el de Magde-
leine Millet), écuyer, né le tj juillet 1557, s»'' de Soulanges el
Pringy, procureur du P»oi en rÉIecliou de Vilry, marié à
Vitry, le 30 janvier 1580, à Loyse de Joyberl, mort en 1655.
Grand portrait presque en pied.
Cheveux noirs, barbe taillée en pointe et moustaches noires.
Culotte Ijoulfante et pourpoint en soie noire pointillée. Ceinturon
noir avec agrafe de diamant. Collerette à la Henri IV.
Il s'appuie d'une main sur une table et de l'autre lient un ganl.
Bagues au médium et au petit doigt de la main droite.
A droite l'écusson des Jacobé : d'azur au fer de moulin d'ar-
gent, accolé à celui des Joybert qui est d'argent au chevron
d'azur surmonté d'un croissant de gueules et accompagne de 3
roses de gueules, feuillces et tiges de même. Casque et lambre-
quins.
A gauche cette inscription : « A° 1397 — /Etatis 40. Noël
« Jacobé, ss' de Soulanges el de Pringy. procureur du roy en
« l'élection de Viliy. »
Ko pendant du précédent :
Loyse de Joybert, fille de François de Joybert, écuyer, et
DES JACOBÉ DE PRINGT DE GONCOURT 509
de Marguerite des Forges, mariée le 30 janvier 1 580 à Noël II
Jacobé de Soulauges.
Robe de soie noire à paniers, ouverte sur une jupe de damas
rouge cl vert.
Manches avec crevés de satin blanc.
Grande collerette raide et ouverte, à la Marie de Médicis, garnie
de guipure et fermée par un œillet rouge.
Manchettes pareilles. Chaîne en perles et grenats passant sous la
collerette, croix de diamants avec pendants.
Bracelets perles et diamants. Autour de la taille une chaîne d'or
soutenant une grosse montre attachée au côté gauche, et une
bourse au côté droit. Epingles de diamants dans les cheveux noirs
qui forment de larges bandeaux.
Elle tient d'une main un éventail et de l'autre un petit bouquet.
Un caniche blanc se dresse contre elle, à sa gauche.
Jean III Jacohé de Soulanges (ûls de Noël II et de Loyse
de Joyberl), écuyer. seigneur de Soulauges, Pringy, Couvrol,
etc., né vers 1583, conseiller du Roi, élu en l'Élection et
grenier à sel de Vitry-le-François, marié : l*' à Louise de Cor-
visiers ; 2° en 161 o à Françoise Boyot de la Cour ; Z" à Anne
de Papillon.
Très longue chevelure brune, légère moustache. Habit de
velours noir avec ample manteau de même couleur. Rabat en
belle guipure de Venise. Echarpe vert clair.
Petit portrait ovale,
Sa femme :
Françoise Boyot de la Cour, fille de Jean Boyot de la Cour
et de Suzanne Jacobé.
Robe de soie noire décolletée avec dépassant blanc et volants de
gaze blanche aux manches demi-longues. Sur la tête, niante de
gaze noire avec volant plissé.
Petit portrait ovale.
Noël III Jacobé de Soulanges, seigneur de Pringy. Soulan-
ges, Couvrot (Gis de Jean et de Marie- Suzanne Boyot de la
Cour), écuyer, né vers 1618, marié le IG septembre 1643 à
Magdeleiiie de Malhé de Dommarlin.
Grande chevelure non poudrée, habit grenat doublé de vert clair
avec boutons d'or, ouvrant sur un gilet de brocart d'or. Cravate
flottante en mousseline blanche et manchettes de dentelle. Drapé
dans un manteau gris-bleu.
510 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Sa femme :
Magdeleine de Mathé de Dommart'm, fille de Nicol.s de
Malhé, seigneur de Dommartin, Faux, Ghambly, etc., élu
en rEloclioi) de Sainle-Menehould, el de Claude de Balllel.
Elle est morte en 1G92.
Figure très allongée avec bandeaux châtains sur le front, haute
coiffure en mousseline et guipure formant godets sur la tête et
longue barbe.
Robe nuance Carmélite avec revers de soie bleu clair, ouverte
en carré sur une chemisette de mousseline et guipure blanche.
Petite ceinture avec boucle dorée. Manches demi-longues à pare-
ments bleu-ciel el sous-manchcs assorties à la chemisette.
Nicolas /// Jacohé de Soulanges et Vienne- la Ville,
écuyer (fils de Xoël et de Magdeleine de Malhé de Dommar-
tin), né en 1642, connu tous le nom de « Monsieur de
Vienne », fut conseiller du Roi, élu en l'Election de Vitry et
époux de Maiie Jos^eteau.
Beau portrait au pastel où il est représenté vers l'âge de 3o ans.
Vu presque de face ; très belle tôle, air martial, très longue che-
velure noire, légère moustache noire. Robe de magistrat avec
rabat bleu-ciel.
Derrière la toile on lit : « Nicolas Jacohé, s«'' de Soulanges et
« Vienne-la- Ville, conseiller du Roy en l'Election de Vitrv-le-
« François, décédé le 30 juillet 171.3 âgé de 71 ans. »
Louis II Jacohé de Soulanges (fils de Nicolas et de Marie
Josselcau), écuyer, seigneur de Soulanges, Vienne-la-Ville,
etc., né à Vilry le 17 juin li'iOO, épousa, en 1716, Jeanne-
Catherine ;le Maisoniievjve, el on 172o Françoi'ie du Rujjù de
Baleitie.
Perruque noire bouclée, de moyenne grandeur. Robe noire de
magistrat, rabat blanc, mancheiles de mousseline : il lient un
livre à la main.
t\ gauche un écusson ovale, d'iizur au fcv de moulin d'argcnl.
A droite celte inscription : « Louis Jacobé de Soulanges, con-
• seillcr du Roy, esleu en rKleclion de Vilry : /Etatis 34. »
Louis III Jacobé de Soulanges (fils de Louis II et de P'ran-
çoise du Hupl de Baleine), écuyer, seigneur de Soulanges. . .,
né le 23 octobre 1729, conseiller du Roi, élu en l'Éleclion de
Vitry, marié à Marie- Magdeleine- Louise de B rang es. H est
mort le 6 mars 1816.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE QONCOURT 511
Pastel de forme ovale : Perruque poudrée, liabil de salin vio-
let, jabot de dentelle.
En pendant, sa femme :
Marie-Magdeleine- Louise de Branges, née eu 1741, fille de
Armaud-Jean de Brauges, directeur des Aides à Guise, et de
Marie-Glaire Fournier. Elle épousa, le 2U avril i7til, Louis III
Jacobé de Soulange?.
Très joli pastel. Robe de satin rose ouverte eu carré et g-arnie
de fourrure de martre; fanchon de dentelle noire nouée sous le
menton.
François de Paul Jacobé de Soulanges (tils de Louis III et
de ]N!arie-Magdeltiue-Louise de Branges), écuyer, né le
31 mars 17(j9, oftîcier, mort d'un coup dd feu à l'armée en
1793, saus alliance.
Perruque courte poudrée avec bourse noire derrière. Habit gris
à boutons d'or ouvrant sur un gilet de brocart d'or et jabot de
mousseline festonné.
Sous le bras un tricorne noir bordé d'or.
Louis I" Jacobé de Pringij (fils de Jean III Jacobé de Sou-
langes et de Françoise Bo^^ol de la Gour), écuyer, seigneur de
Priugy, Blasmes, Soulanges, la Nouë-de-Chandière, Vanault-
les-Dames, etc., né le 6 mai 1628, conseiller du Roi, élu en
l'Élection de Vitry, marié le I'^'' juillet 'iGo2 à Amie de Malhé
de Dommarlin, fille de Nicolas de Matbé, seigneur de Dommar-
tiu, Faux. Gbambly, etc., élu en l'Éleclion de Sainte-Mene-
bould, et de Glaude de Biillet.
Très longue perruque poudrée, babit nuance feuille- morte avec
broderies d'argent ouvert sur une cbemise unie. Manteau drapé de
même couleur, avec large bordure de velours noir.
Noël Jacobé de Pringi/, écuyer. seigneur de Soulanges et
Pringy (fils de Louis et d'Anne de Mathé de Dommarlin), né
le 23 juillet 16o3, capitaine dans le régiment de Piémont, puis
dans celui de Grandpré. ilorl sans alliance, à Pringy, le
5 juillet 1699.
Perruque Louis XIV poudrée : babit lainpas noir et or, d'où
s'échappe une ample et longue cravate blanche garnie de fine gui-
pure de Venise, qui descend jusqu'à la taille. Il est drapé dans un
large manteau rose à dessins d'or et frangé d'or, et lient à la
main une lance ornée d'un ":land rouse.
512 LES PORTRAITS DK FAMILLE
Louis II Jacohé de Pringy, écuyer (fils de Louis I^'' et de
Aune de Malhé de Dommartin), seigneur de la Noue, Pringy,
Soulangep, la Fo'ie, elc , né le 24 janvier 1G61, époux de
F/unroise Auhry de Nuisevient, fille de Jean Aubry de Nuise-
meul cl de Louise de Gervaisol.
Poitrail fail à l'âge de 25 à 30 ans : très longue perruque
blonde bouclée ; hal)it rouge vif garni de broderie? d'or sur les
devauls et sur les larges parements des manches.
Joiejih Jacobé de Pringy. écuyer, seigneur de Pringy, Sou-
langes, etc. (fils de Louis I" el de Anne de Mallié de Dom-
niarlin), né à Pringy le b octobre 1059, couseillt^r du Roi,
grtffii r en clitt" de l'Election de Viliy, marié le 20 février 1G9I
à Marie Tisserand de LxLXémoiU.
Très longue chevelure poudrée, manteau de velours violet à
retlets superbes, doublé de brocart d'or ; cravate à tlots de guipure
formant jabot,
Joseph-Louis Jacobé de Pringy, écuyer, seigneur de bou-
langes et Pringy (fils de Joseph et de Marie Tisserand de
Luxémont), conseiller du l^oi, lieutenant de maire, greffier en
chef de l'Él-clion de Vilry, né le 2G décembre 1G98.
Perruque longue poudrée : se drape dans un ample manteau
rouge qui laisse apercevoir un riche habit brodé d'or et une cra-
vate de guipure.
En pendant, sa femme ;
Marie- Suzanne Domynè des Landres, née le 26 octobre
17U0, fille de Jean bomyné, seigneur des Hautes el Basses
Landres, et de Jacquelle deGellée ; mariée à Vilry, le 13 jan-
vier 1722, à Joseph-Louis Jacobé de Piingy.
Robe de brocart rose et vert lamé d'or, corsage très ajusté,
décolleté, avec guipure intérieure el volant de guipure aux man-
ches qui sont larges, courtes el doublées de soie changeante.
Manteau bleu jeté sur les épaules. Clieveu.x poudrés, coiffure
basse.
Nicolas Jacobé de Piingy. écuyer (fils de Joseph-Louis el
de Suzanne Domyné des Landres), seigneur de Soulauges,
Pringy, elc, né le l 'i aviil 1727, conseiller au bailliage el siège
pré.sidial de Vilry el lieutenant de maire, marié le 8 janvier
17o9 à Éliàubelh Jucobé de Pringy, fille de Louis Jacobé de
Pringy el de Suzanne Varnier de Tournizel.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT 1)13
Perruque Louis XV poudiée avec iio^ud rouge deriière; habit
fond grenat clair avec ramages lamés or et argent et doublure
verte. Très larges manches à revers avec sous-manches garnies de
dentelle. L'habit est très ouvert sur une chemise garnie de den-
telle avec col rabattu ; petite cravate noire dénouée.
11 est assis sur une chaise et tient devant lui un livre ouvert
posé sur une table : des rideaux vert-foncé sont drapés dans le
fond.
Loîds III Jacohé de Priiigy de Goucourt, écuyer (fils de
Nicolas et d'Elisabeth de Pringy), ué le 12 octobre 1761, con-
trôleur et vériticaleur des vingtièmes, marié à Châlons. le
4 avril 170 i, à Magdeleine- Memmie Turpin, fille de Jean-Bap-
tiste Turpin, président trésorier général de France au bureau
des finances de Champagne, et de Louise Gargam de Moncelz.
Il est mort à Goncourt le '• octobre 1808.
Coiffure basse poudrée, avec noiud noir derrière. Habit rouge-
brique à boutons d'or, jabot et manchettes de dentelle, gilet bleu
à broderies d'or.
Ambroise Jacohé de Priugy de Goncourt (fils de Louis III et
de Magdeleine-Memmie Turpin), né
Un portrait de lui fait après sa mort.
Sa femme :
Marie- Anne- F lo7'ence du Ckesne de Courcy, fille de Nico-
las-François-Joseph du r.hesne de Gouroy, officier d'artillerie,
chevalier de la Légion d'honneur, et de Marie-Josèphe- Sophie
de Brévosl de Malassise.
Un portrait au crayon noir fait en robe montante avec bonnet
à coques de rubans.
Emile Jacobé de Pringy de Goncourt (fils d'Anibroise et de
Marie-Anne-Florence du Ghesne de Gourcy), ué à Concourt le
24 février 1828, capitaine du génie, tue au siège de Sébaslo-
pol le 10 juillet 1855.
Petit portrait au crayon en uniforme de capitaine du génie.
Louis Jacohé de Pringy de Goncourt (fils d'Ambroise et de
Marie-Anne-Floreuce du Che.-ne de Courcy), né à Goncourt le
18 juillet 1830, marié à Marie- Cécile Becquey.
33
514 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Portrait de forme ovale, de trois quarts, peint en 1864, signé de
M""' Bnine-Pagès. Redingote noire et cravate de même couleur.
Autre portrait de profil fait par Ludovic Mouchot. Redingote
noire et manteau de fourrure jeté sur Fépaule, fond de vieille
lapi:=serie.
Sa femme :
Marie-Cécile Becfjiie//, tille de Jules Becquey et de Marie-
Fêlicilé-Magdeleiue- Collette de Baudicour.
Mariée le G octobre 1859.
i° Vn portrait peint en 186i par .M"'e Brune-Pagès. Robe blan-
che décolletée, drapée dans une vaporeuse écharpe de tulle
blanc ; devant le corsage, nœud Fompadour bleu-ciel avec rose ;
roses dans les cheveux blonds foncés relevés sur les tempes. La
tête, penchée, est appuyée sur une main ; de l'autre, elle soutient
un long collier de perles passé dans son cou.
2" Autre portrait peint en 1884 par Ludovic .Mouchot.
Robe de gaze noire ouverte en carré avec bouquet d'azalées
blanches sur le côté ; mantille noire posée sur la tête et envelop-
pant les épaules ; diamants au cou et dans les cheveux qui sont
ondulés sur le front.
3» Autre portrait fait à Rome en 1888 par Zapponi : de profil,
corsage blanc décolleté, s'enveloppe dans une mantille de blonde
blanche placée sur le derrière de la tête et retombant sur le cor-
sage. Bouquet de violettes de Parmes par devant.
4" Portrait d'enfant au pastel, par Fantin-Latour, fait en 1845.
Yeux bleus et cheveux blonds bouclés retombant sur les épau-
les. Chemise blanche très basse laissant voir le cou. Entre ses bras
croisés, elle lient une gerbe de fleurs des champs.
Marie-J ean- Baptiste-Émile Jacobê de Prinqij de Goncourt
(fils de Louis et de Marie-Cécile Becquey), né à Maroaval le
14 septembre 18GU, niorl à Goncourt le 12 juin 1866.
Portrait fait à l'âge de 4 ans, en 1864, par M""= Brune-Pagès.
Très longue chevelure bouclée, chùlain clair, retombant ?ur les
épaules nues ; chemise très basse.
Louis- Marie-Joseph Jacobé de Pringi/ de Goncourt (fils de
Louis et de Marie- Cécile Becquey), né à Marnaval le 6 août
1863, élève de lÉcole polytechnique, capitaine d'artillerie.
\o Portrait peint à l'âge de 3 ans, en 1SG6, par M'"'^ Brune-Pagès.
Tête blonde toute frisée, petite chemise blanche.
2° Pastel fait en 1872. Cheveux blond doré, très bouclés, c;he-
mise blanche.
DES .TACOBÉ DE PRINQY DE CONCOURT 515
3" Paslel fait en 1872 par Fanlin-Latour père. Cheveux blonds
bouclés, blouse blanche garnie de rubans bleu-ciel, ouverte en
carré^ laissant le cou et les bras nus.
4" Portrait à l'Age de 14 ans, en 1877, par Ludovic Mouchot.
Costume de page : justaucorps de velours noir avec crevés de
satin blanc; cbaine d"or supportant une médaille. l'etite toque de
velours noir avec plume blanche.
Marie-Jean-Malhieu-Louis-Maunce Jacobé de Fringy de
Goncourt (fils de Louis et de Marie- Cécile Becquey), aé le
18 septembre 18G7, élève de l'École mililairo de 8ainl-Cyr,
lieulenaut d'iufauterie.
1" Sou portrait, à l'âge de 3 ans, en 1S70, par Ludovic Mouchot.
Cheveux bouclés brun foncé, yeux noirs, petite chemise
blanche.
2=» Autre portrait à l'âge de 19 ans, peint en 1(S86 par A.
Perelli en costume de mousquetaire : tunique rouge avec grand
col garni de guipure, chapeau de feutre gris à plume rouge.
Sa femme :
Zouise-Jeanne-Genedièce-Marie de Nervo, née le 28 février
1870, fille de Robert-Ernest-Frédéric-Marie, baron de Nervo,
et de Lucie- Agathe Talabot. Mariée à Paris le 24 octobre
1892, morte à Conamercy le 1" mars 1894.
Miniature, Yeux bleus, cheveux blonds foncés^ corsage ouvert
bleu-clair avec plissés de mousseline blanche.
Louis Gilles-Marie-Rohert Jacohé de Pringy de Goncourt,
Dé le 18 février 1894, iils de Marie- Jeau-Mathieu-Louig-Mau-
rice et de Louise- Jeanne- Geneviève-Marie de Nervo.
Miniature faite à l'âge de 3 ans. Cheveux bouclés blond foncé,
yeux noirs, petite chemise blanche avec nœuds roses.
Marie-Louise-Marthe Jacolé de Pringy de Goncovrt (fille
de Louis et de Marie- Cécile Becquey), née à Goncourt le
2o juillet 1870.
Portrait à l'Age de 6 ans, en 1876, peint par Ludovic Moucbot.
Cheveux blond-foncé, longs et ondulés tombant dans le dos,
relevés devant avec petit nœud bleu-ciel. Chemise blanche.
François- Antoine Jacolé de la Noue (dit M. de la Noue),
fils de Louis II Jacobé de Pringy et de Françoise Aubry de
Nuisement, écuyer, seigneur de Pringy, Soulanges, la Folie,
blG LES PORTRAITS DE FAMILLE
la Noue-de-Chandière, ué à Priugy le 6 juiu 1711, receveur
géuéral des Aides à Langres, mort sans alliauce le 9 décem-
bre 1734.
Perruque courte poudrée avec bourse noire ; babil bleu de roi,
bordé de passementerie d'or ; boulons d'or ; gilet brocart or et
argent ouvert sur une cravate de guipure.
(M. Ambroise Jacobé de (Concourt ressemblait beaucoup à ce
portrait de son grand-oncle.)
La femme de Claude- François Jacohé de Soulanges de
Priugy (fils de Jeau et de Marie-Jeanue le Blanc), officier
dans les régiments provinciaux à la suite du légiment de la
Ferre et dans le régiment des grenadiers royaux de la province
de Champagne.
Née Charlotte-Blanche- Adélaïde de Gauville de Coolus,
fille de Louis, marquis de Gauville, seigneur de Coolus, et de
Marie-Angélique de Mathé ; elle s'était mariée au château de
Coolus le2 avril 1786. Elle mourut sans enfants \à 21 avril 1787.
Grand portrait à mi-jambe : cbeveux poudrés assez plats, robe
rouge, corsage très décolleté rouge et vert avec broderies or;
manches courtes avec bouifants de dentelle. Bracelets formés
d'une rangée de perles. Diamants dans les cheveux et aux oreil-
les ; elle tient un collier de perles qu'elle va attacher à son cou.
A côté d'elle, sur une table, est posée une montre avec chaîne et
breloques.
François Jacobé de Farémont, seigneur de Couvrot, écuyer
(fils de Jacquee et de Marie Chaperon), ué en 162) , conseiller
du Roi et son procureur aux Traites foraines, président en la
Cour souveraine des Grands jours de Commercy pour M^"" le
cardinal de Retz, marié à Françoise Jourdain de Cha?iiereine.
Mort le 17 janvier 1705.
Longue chevelure poudrée, gilet de brocart d'or, longue cra-
vate de guipure : il se drape dans un manteau rouge vif orné de
broderies d'or tout autour.
Sa femme : ,
Françoise Jourdain de Ckantereine, décédée le 2 juin 1680.
Peinte en Magdeleine : le buste enveloppé de sa longue cheve-
lure blonde ; la tête appuyée sur son bras nu. Elle est drapée
dans un ample manteau bleu, et sa main gauche est posée sur un
vase d'or en forme de brûle-parfums.
(Ces deux portraits étaient au château d'Ecury (Marne).
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT 517
Antoine-Marie- Augustin Jacobé de Farmon/ (fil? de Claude-
François et de Nicolle le Genlil de Livry), chevalier, seigneur
de Champagne et Farémonl, receveur des Tailles à Chàlous.
né le 7 novembre 1746, marié le 21 septembre 1789 à yl/"*
Roulleaxc de la Roussière, mort à Château-Lavallière le 26 mai
1821.
Petit portrait gravé : perruque poudrée à marteaux et bourse,
habit à larges revers et jabot.
Sa femme :
Julie- Julienne- Joséphine Roulleau de la Roussière, née le
5 août 1769, fille de Marie-Cœsar Roulleau de la Roussière,
président au Parlem.ent de Paris, commissaire général des
Saisies de France, et de Louise-Julie d'Ansermont, morte en
1810.
Portrait gravé en pendant de celui de son mari : ravissante
tête, cheveux frisés et traversés par un large ruban pendant der-
rière ; grands anneaux aux oreilles; robe ouverte en carré avec
ticbu Marie-Antoinette sur le cou, croisé devant.
(Ces deux portraits étaient au cbàteau d'Ecury.)
Louis liock Jacobé de Frémont (fils de Louis-François et de
Marie-Anne de Salligny), né le 8 septembre 178^, capitaine
des grenadiers de la garde du roi d'Espagne, marié le 27 sep-
tembre 1812 à Elisabeth Jacobé de Pringy de Goncourt.
Il est mort le 27 avril 1850.
Grandes miniatures sur ivoire. Gilet jaune, habit bleu à bou-
tons d'or ; à la boutonnière, le double ruban de chevalier de la
Légion d'honneur et d'officier des Deux-Siciles.
Sa femme :
Elisabeth Jacobé de Pringy de Goncourt (fille de Louis et de
Magdeleine-Memmie Turpin), née le 12 décembre 1795,
morte sans enfants le 8 décembre 1863.
Robe de velours noir décolletée avec ceinture à boucle ; les
manches courtes bouffantes, ainsi que la berthe, sont en blonde
blanche. Collier et boucles d'oreilles en grenats.
Autre portrait de Louis Roc h de Frémont. au crayon noir, fait
en 1834.
Tunique à boutons et épauletles ; croix de Tordre royal des
Deux-Siciles sur la poitrine.
Le Général de Trigny à 13 ans. Augustin-Jeau-Baptiste
518 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Jacobé de Trigny (fils de Gilles-Joseph II Jacobé de Vienne),
écuyer, grand bailli du duché de Moulmoreucy. seigneur de
Vieone-la-Ville, de Hault. ïriguy, les Clozets, Chassericourt,
Rambécourt, Arembécourt, Montmorency, BrandouviUiers,
etc., et de Catherine Adam du Châlellier.
Il prit part, eu 1789, à l'Assemblée de la noblesse de la pro-
vince de Champagne.
Portrait au crayon noir : tunique à boutons, de l'Ecole militaire.
Jean Becquey (ascendant de M"^ Louis de Concourt, née
Marie-Cécile Becquey), né le 16 mars 1629, procureur du Roi
ès-juridiction de Vitry, marié le 21 juin 1G57 à Marie Navelet.
Cheveux brun-foncé, assez longs mais non l)ouclés, moustache
de même couleur. Robe de magistrat, noire, avec rabat blanc et
petits glands.
A gauche cette inscription : e .4]t. 32, 16 martis, anno 1661. »
A droite les armes : de gueules a deux épées d'argent garnies
d'or. Us pointes en liaul, surmonlces d'une éloiic d'or, accom-
pagnées d'un croissant d'argent en pointe et de deux trèfles de
même placés un à chaque flanc.
En pendant, sa femme :
Marie Navelet.
Robe de soie noire à manches courtes avec sous-manches en
mousseline blanche, petite pèlerine noire bordée de deux volants
de mousseline blanche et fermée sur les devants par plusieurs
petits nœuds de velours noir. Mante de soie noire sur la tête. Elle
tient de la main droite une rose qu'elle appuie sur sa poitrine.
Pierre Becquey (fils de Jean et de Marie-Mavelet), né le
30 juin 167U, écuyer, couseiller du Roi, lieutenant crimine
au bailliage et siège présidial de Vitry, échevin de Vitry en
1715, marié le 24 août 1706 à Marguerite de Grimant. Il est
mort le 25 janvier 1734.
Très longue perruque Louis XIV, brune, sans poudre, à boucler,
flottantes. Ample habit rouge et grande cravate de mousseline
blanche descendant jusqu'à la taille eu plis vaporeux et nouée
deux fois.
Très beau portrait ovale.
Sa femme :
Marguerite de Grimont., fille de (Jharles, conseiller du Roi et
élu en l'Élection de Vitry, et de Marie de Gervaisot.
DES JACOBK DE PRINGY DE GONCOURT 510
Cheveux bruns relevés, formant accror.lic-cœurs sur les tempes
et ornés de petits bouquets de tleurs. Robe rouge vif; corsage
décolleté orné de broderies d'or, ouvert sur un plastron de satin
blanc et retenu par des barrettes de pierreries.
Deux clames de Becquey.
Portraits do forme ovale.
Marie-Marthe de Béllieille, fille de Messire de Bétheille et
de Marie Balleulon, mariée à Bordeaux, le 29 septembre 1699,
à François de Becguey, écuyer, fils de Jeau et de Marie Nave-
lel, couseiller du Roi et secrétaire général de l'intendance de
Bordeaux. Lui est mort en 1742, elle en 1771 , cà 88 ans.
Elle est peinte très âgée. Robe noire avec galons d'or posés en
chevrons sur le devant du corsage ouvert en carré et garni à l'in-
térieur de guipure froncée. Petite croix d'or au cou. Coiffure
haute, à la Maintenon, en mousseline et guipure, avec longues
barbes retombant par devant.
En pendant, sa belle fille : ,
Louise-Félicie d^Escars, fille du marquis d'Escars et de
iS'. de Crussol d'Uzès, mariée le 17 décembre 1743 à François-
Joseph de Becquey (connu sous le nom de chevalier de Bec-
quey de Toulouse), trésorier de France au bureau des finan-
ces de Bordeaux, mort à Toulouse le 14 novembre 1773, sans
enfants, instituant son neveu, le baron de Bastard de Samt-
Denis, lils de sa sœur Marie- Catherine de Becquey, son léga-
taire universel.
Elle est peinte entre 2.") et 30 ans. Robe bleu-clair avec galons
d'argent ; les manches courtes ont de hauts volants de dentelle.
Le devant du corsage, ouvert en carré, est garni de coques de
ruban rouçre formant six gros nœuds rattachés ensemble par une
barrette et diminuant de largeur jusqu'au bas de la taille, fort
longue. Autour du cou un rang de perles. Cheveux blonds, coif-
fure très haute, à la iMaintenon, en mousseline et dentelle avec
barbes tombantes et coques de ruban rouge sur la tête.
Ces deux portraits sont de forme ovale.
Dominipie B""^ de Bastard- Saini- Denis , seigneur de Saint-
Denis, rile-Chrétienue, etc., grand-maitre des Eaux el Forêts
de Guyenne et Béarn, demeurant à Agen, marié le 5 décembre
1721 à Marie- Catherine de Becquey^ fille de Frauçois de Bec-
quey, conseiller et secrétaire du Roi au Parlement de Guyenne,
secrétaire général de l'inlendauce de Bordeaux, el de Marie -
Marthe de Bétheille.
520 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Perruque de moyenne taille poudrée ; habit de brocart d'or
douille de soie blanehc ouvert sur une cravate de dentelle avec
manchettes en même dentelle.
Manteau de velours cerise avec riche broderie d'or tout autour.
Magnifique costume.
François- Dominique B'-^^ de Bastard- Saint- Denis (fils de
Dominique et de Marie-Calheriae de Becquey), seigueur de
t'ainl-Denis, de l'Ile-Gbrétienne-sur-Garoune, du Bosc, de la
Baslide et de Réaup, né le lli may 1724, grand- maître des
Eaux et Forêts de Guyenne, marié en premières noces, le
4 juillet 1752, à Jeanne-Françoise de la Mazellières, dame de
Réaup, et en secondes noces, le 19 août 1708, à Anne de
Redon.
Peint à l'âge de 34 ans. Perruque de moyenne grandeur, pou-
drée. Habit de velours noir, enveloppé dans un large manteau
gris foncé. Longue cravate et manchettes de guipure. Il s'appuie
d'une main sur un livre posé sur des parchemins plies, avec sceau.
Inscription derrière :
« Roussel pinxit, l"o8. »
Louis Becquey (fils d'Augustin- Alexis et de Marie de
ïorr,y), né à Vitry le 24 septembre 1760 (grand-oncle de
M'"= Louis de Goucourl), député de la Haute-Marne eu 1791,
conseiller d'État, directeur général des Ponls-et-Chaussées et
des Mines, ministre d'Etat sous Gharles X. puis de nouveau
député de la Haute-Marne de 1814 à 1830. Marié à Sophie le
Blanc de Closrnusseï/.
Il mourut à Paris, en 1849, sans enfants.
Petit portrait gravé fait en 1792. Vu de profil, cheveux demi-
longs retenus derrière par un nœud. Redingote à très grands
revers, longue cravate de mousseline bouffante formant jabot.
Autre portrait du même au crayon noir, de profil et de gros-
.seur nature.
Trois pastels de Fantin-Latour père faits en 1845 :
Madame Jules Becquey, née Marie- Félicité- Magdeleine-
Collette de Baudicour, née le 28 janvier 1818, fiUe de André-
Prosper-CoUelte de Baudicour et de Françoise- Victorine le
Blanc de Closmussey, mariée le 29 avril 1835.
Cheveux châtain-clair formant boucles de chaque côté du
visage. Robe de soie noire à domi-décollelée avec broche d'or
ciselé.
DKS JACOBÉ DE PRINGY DE CONCOURT 521
Ses deux jeunes enfants :
F lançois- Anatole Becqiiey, à l'âge de 7 aus.
Cheveux brun-foncé tombanl en longues boucles sur ses épaules
nues, blouse de cacliemire bleu-ciel à manches courtes.
Marie-Cécile Becqney (devenue plus tarl^M""" Louis de
Goncourt).
Portrait fait à l'âge de a ans. Robe blanche découvrant les
épaules et les bras, qui sont croisés sur la poitrine et soutiennent
des tleurs des champs. Cheveux blonds bouclés, yeux bleus.
André-Prosper-Collette de Baudicour, né le 28 mai 1788,
marié le 6 décembre 1813 à Frauçoise-Viclorine le Blanc de
Closmussey (graud-père de M"'" Louis de Goncourt). Il est
mort à Paris le 27 juillet 1872.
Redingote, gilet montant et haute cravate blanche. Il est assis
el regarde le portrait de sa femme qu'il tient à la main. (Litho-
graphie par Léon Noël, en 1832.)
Sa femme :
Françoise- Vïctorine Je Blanc de Closmussey (fille de Nico-
las le Blanc de Closmussey et de Philippine Clément), née à
Saiul-Dizier le 18 octobre 1794, mariée le 6 décembre 1813 à
André- Prosper-Colletle de Baudicour. Elle est morte le 19
juillet 1832.
Cheveux bouclés sur les tempes et chignon natté. Robe à man-
ches boutlantes el corsage à ceinture avec boucle. Grosse ruche
autour du cou. (Lithographie.)
Gahrielle- P hilippiiie le Blanc de Closmussey (fille de Nico-
las et de Philippine Clément), née en 1798, mariée le 22
décembie 1818 à Charles-Joseph- A lexniidre Le Febtre de
Goxiy-Ternas^ marquis de Milly, maréchal de camp comman-
dant la division de Nancy (grand'lonte maternelle de M'""
Louis de Goncourt).
Portrait au pastel fait au moment de son mariage (très bonne
copia de M"*^ B. de Gouy d'après l'original de .M"^ Blanchard).
Robe de mousseline blanche décolletée, cheveux blonds for-
mant des boucles courtes sur les tempes. Veux bleus. Turban à
rayures bleues et jaunes. Un manteau de satin vert, garni de
martre, est jeté sur les épaules et retenu d'une main par devant.
Le coude appuyé sur une table et !a tête penchée en avant, repo-
sant sur la main. Un livre ouvert sur cette table.
511 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Jean-Baptiste Lahhé de Morambert, écuyer, conseiller du
roy, lieutenant assesseur au bailliage et siège présidial de
Vitry, né eu 1665, marié en 1694 à Marie de Sainl-Genis.
Portrait ovale, très longue perruque poudrée, robe de magis-
trat avec rabat blanc et manchettes de mousseline ; la main
appuyée sur un livre.
A gauche les^rmes : d'argent à une iHc de sanglier au natu-
rel surmontée d'une branche de chêne de sinople engtantce d'or.
11 est écrit autour du portrait : « M'" Jean-Bt« Labé, ss'' de
Morambert, cons'''" du roy, né en 1665. »
En pendant, sa femme :
Marie-Françoise de Saint-Genis (Fille de Nicolas et de
Magdeleine Jacobé de Farémont), née le 2i janvier 1071.
Cheveux noirs, coifl'ure haute par devant et retombant en bou-
cles d'un cùlé ; ruban jaune passé dans les cheveux. Manteau de
satin violet retenu sur l'épaule par une broche de rubis et perles,
orné d'un long pendentif avec rayons en mêmes pierreries ; bou-
cles d'oreilles assorties. Robe de drap d'or avec broderies d'or,
corsage ouvert en carré avec guipures au bord.
Inscription autour du portrait : a Dani"e Marie de S'-Genis,
mariée en 1604 à M''^<= Jean-Baptiste Labé. »
(Elle était grand'tante de M™'' Ambroise de Concourt.)
Pierre du Chesne du Montoy, escuyer (tils de Nicolas du
Chesne de Couvrot et de Louise Anthoine), capitaine du
génie, chevalier de Saiut-Louis, né le 7 août 1728, mort en
177!2, marié à Marie-Hyacinthe V Aiisnionier de GUtonville.
(Grand-oncle de M"'° Ambroise de Goncourt.)
Cheveux poudrés et roulés, tunique bleu-foncé à boutons d'or,
gilet rouge. Tient à la main un papier.
(Miniature sur une tabatière.)
Marie- Josèpkc- Sophie Brévost de Malassise (mère de
\lme Ambroise Jacobé de Goncourt), tille de Jeau-Bapliste
Brévost de Malassise, écuyer, et de Marie-Bazile du Clos, née
le 2 février 1787, mariée le G février 1804 à Nicolas- François-
Joseph du Chesne de Courcy, officier d'artillerie, chevalier de
la Légion d'honneur, lils de Pierre-Jeau-Baptisle du Chesne de
Belleseaux et de Flore Bouquin de Courcy.
Petit portrait d'enfant en robe bliincho décolletée. (Miniature
sur une bague.)
Joseph Bouquin de Conrcy (bisaïeul de M'"» Ambroise de
DES JA':OBÉ DE PI^INGT DE CONCOURT 523
Goncourl), écuyer, cousieillei du Hdï v.l hOu procureur au siège
de Saint-Dizier (iils Je Joseph Bouquin de Gourcy, échevin
royal de la ville de Saiiil-Dizier, eL de D.une Auloinelte Cer-
taia). ué le 8 uovcmbi'e ITUG, snarié au cliàleau de Sampigny
(Meuse), le 7 oclobre 1/32, à Anne- H lis ah elh de Thïballicr.
Cheveux courts poudrés avec iiouid noir ; habit de velours bleu
foncé ouvert sur un gilet bleu plus clair. Manchettes et jabot en
gaze blanche.
Très beau paste! signé <i I.. Vigéc », peint fiar Louis Vigée, père
de M™"-' Vigée-Lebrun.
Sa femme :
Anne-Élisahelh de T/iiballier, lille de Messire de Thibal-
lier, seigneur de la Motle-lès-Triconville, et de Dame Anne-
Marguerite Rousseau.
Cheveux poudrés avec roses et ruban bleu. Robe de satin blanc
très décolletée avec écharpe bleu-ciel drapée. Main ravissante qui
semble soutenir une toutl'e de Heurs posée au milieu du corsage,
Jean-Bapliite Vâris de Monlmartei, Jv'" de Brunoy, C^" de
Sanipigny, marquis de Torcy, barou de Dagouville, seigneur
de Monlmarlel, Château-Neuf, Combloville, Château-Melliau,
Vau-la-Reiue, Varenne, Égrenet, Mandres, Périguy, la Tour
de Tigerie, Villers-sur-Mer, Fontaine, la Motte, Granville,
Bourgeanville, Dubrec, les Humiers, le Donjon, Saligny,
Laforèt, les Dureaux, li Miraude. le Bureau, la Chàtardie et
autres lieux, né le tj oclobre 1C90, tils de Jean Paris de la
Masse et de Anne Tréuonay de la Montagne.
Garde du trésor royal, conseiller d'Élat sous la Régence et
sous Louis XV, lieutenant des chasses du Fîoi, etc.
Marié le 17 février 1740 à Marie-Armande de Bélhune.
Jouissant de cinq à six millions de rente, il s'en faisait le
plus grand honneur avec un désintéressement très profitable
à l'État, auquel il vint souvent en aide.
Il est mort eu 1706; il n'eut qu'un fils : Armand-Louis-
Josepb Paris, marquis de Brunoy, mort sans laisser de posté-
rité de Françoise-Emilie de Pérusse des Cars, son épouse.
Magnitique portrait peint par La Tour. (Il a été gravé par
Cathelin.)
Perruque poudrée assez longue, formant boucles; habit gris-
perle avec dépassant de fourrure blanche et boutons d'or. Tri-
corne noir galonné d'or sous le bras. Un manchon de zibeline
apparaissant au bord du cadre.
f>J-J LES POUTRAITS DE FAMILLE
Pierre-François Gargam de Moncetz (fils de Pierre et de
Marie le Moyne de Villarcy), écujer, seigneur de Moncelz,
Soudron, etc., avocat au Parleinenl, receveur des Gabelles à
Ghàlons, né le 3 décembre 1682, marié le 20 février 1716 à
Marie- Anne- Louise Baugier de Bignipont.
Mort le 25 janvier 1736.
Longue perruque Louis XIV poudrée ; hal)it de brocart d'or
avec cravate flottante en guipure de Venise et manchetles pareil-
les, enveloppé dans un manteau de velours rouge. S'appuie sur
un volume des Mémoires historiques S2(r la Chavipagne, de
Baugier.
Sa femme :
Marie- Anne-Louise Baugier de Bignipont, née le 30 avril
1699, tille de Pierre Baugier de Bignipont et de Marie-Aune de
Givry. El'e est morte en 1761 ; ont eu douze enfauts, dont
Louise, mariée à Jeau-Bapliste Turpiu, beau-père de Louis
Jacobé de Pringy de Goucourl.
Robe de soie rose à ramages d'argent, à très longue taille,
décolletée en carré ; guipures de Venise sortant du corsage et de
la manche pagode ; manteau bleu jeté en arrière. Elle lient d'une
main une bonbonnière d'or avec portrait de femme. Cheveux
poudrés et frisés à la Louis XV.
Aux coins les écussons doubles des Gargam : d'argent au che-
vron d'azur accompagné en chef de deux roses de gueules^ ei en
pointe d'une merlctle de sable.
Et des Baugier de Bignipont : d'azur il un chevron brisé d'or
surnionlè d'une croix de Lorraine et accompagné de 3 étoiles, le
tout d'or.
Purre Gargam de Chevigny (fils de Pierre Gargam de
Mcucelz et de Alarie le Moyue de Villarcy), né le 24 février
1679, loDSuré le 31 mai's 1692, curé de Saitil-Alpin à Chàlons,
chauoine de la cathédrale de Ghàlons le 21 mars 1706.
Cheveux blancs assez longs, petite calotte noire ; soutane noire
avec large col rabattu.
Edme Baugier, i^ de Breuvery, doyen du présidial de Cbâ-
loQs-sur-Marne.
Historien, auteur des Mémoires historiques bur la Champa-
gne, ué à Ghàlons en 1614, mort eu 1728.
Portrait gravé. Très longue perruque frisée, sans poudre ; cra-
vate de guipure. An)ple manteau dans lequel il est drapé ; au
DES JACOUK DE PUINGY DE GONCOUKT o2l)
coin, les armes des Haugier : lambrequins^, casque avec lion
insanl, lions pour supports.
(Le musée de Chàlons possède son portrait original peint à
l'huile, de forme ovale. Grande perruque non poudrée, manteau
gros bleu à ramages d'or et doublé de rouge.;
Jean-Bapti<le Hidlon, oflicier ue cavalerie, marié à Elisa-
beth Warnier de l'ournizet, sœur du père de SuzauueWarnier
de Tournizet, mariée ea 17'22 à Louis Jacobé de Pringy.
Longue perruque poudrée, cuirasse recouverte d'un habit rouge
qui la laisse voir par devant. Manteau bleu drapé.
Au coin, double écusson -. Ilullon : d'azur à 3 trèfles d'or. —
Warnier de Tournizet : d'azur au chevron d'argent accompagné
en chef de. 2 étoiles d'argent et en pointe d'un lion d'or.
Sa femme :
Elisabeth Warnier de Touniizet, fille de Louis, seigneur de
Tournizet et Goncourt, et d'Eslher Colliveaux.
Cheveux poudrés pas très élevés avec plaque de diamants au
milieu. Robe de soie blanche avec broderies d'or; le corsage,
décolleté en carré, forme par devant plastron avec ba'Tettes d'or.
Claude Aubelin de Villers, né en 16i:i9.
Inscription par derrière :
<< Claude de Villers, âgé de 50 ans, retiré en 1709, peint par
Dumigeon. »
Très longue perruque blonde s'étalant sur les épaules, cravate
de guipure. Manteau rouge vif bordé tout autour de fines brode-
ries d'or, très amplement drapé.
Charles de Godet, grand prieur d'Aquitaine de l'ordre de
Malle, frère de Catherine de Godet, épousé de Gilles Jacobé de
Farémont.
Longue et large chevelure brune bouclée, moustache et mou-
che de même couleur.
Cuirasse d'acier cloutée d'or ; collerette carrée fiar devant, en
épais point de Venise. Croix de Malte avec ruban bleu-ciel. La
main gauche, portant un gantelet de fer, s'appuie sur une épée ;
l'autre main est nue et sort d'une manchette bouillonnée de
mousseline blanche.
Germain de Godet, écuyer, seigneur de Renneville, Sivry,
Elize, baron de Boncourl, époux de Marie de Mauparty, fille
526 LES PORTRAITS DE FAMILLE
de Jean de Mauparly, seigneur de Saint-Lumier, el de Sébas-
tienne Jacobè.
11 était geulilhomine ordinaire de la chambre du roi
Henri III, capitaine de cinquante hommes des ordonnances et,
eu I iJUO, gouverneur de Saintc-Meuehould, où il joua un rôle
coutiidérablo. Il est connu soos le nom de M. de Renneville. Il
mourut en septembre 1615 el fut inhumé dans \-\ chapelle des
Godet, à Sainle-Menehould.
Cheveux blonds frisés, courts ; moustache blonde el barlie
pointue «le même couleur. Cuirasse d'acier, festonnée et cloutée
d'or, sur laquelle une écharpe de soie blanche esc posée en han-
douillèrc. Grande el très belle collerette de guipure.
Maximilien de Beautau, seigneur de Biguipônt, marie en
1 600 à Pkilôerte de Godet, iille de Marie de Mauparty et de
Geimaiu de Godet, seigneur de Renneville, et petite-tiUe de
Jean de Mauparly et de Sébaslienue Jacobé. (Branche de
iSaurois.)
Portrait allribué à Jordaens.
Longue chevelure brune très épaisse el lombanl toute droite, à
la Yélasquez ; très jeune homme. Habit de velours noir avec
manches ouvertes sur bouffants de satin blanc. Collerette de
forme carrée en très beau point de Venise. On aperçoit le pom-
meau d'une épée que doit tenir la main gauche.
Portraits sans désignation de noms.
Grand portrait de femme à mi-jambe, époque Louis XIV,
debout.
Cheveux noirs relevés haut sur la lête et retombant en mèches
sur les épaules. Hobe de velours bleu foncé avec ' broderies d'or ;
très larges manches fendues et sous-manches de gaze blanche.
Echarpe de satin blanc tlotlanle. Elle caresse un amour debout
près d'elle tenant une torche.
Autre portrait de l'cmme en pendant, a?sise.
Chevelure haute brun foncé, robe de satin l)lanc avec broderies
or sur le corsage, larges manches frangées d'or retenues par des
agrafes de pierreries.
Sur la rolje est posée une tunique de velous gros bleu, brodée
d'or et garnie de fourrure; elle est passée dans un seul bras,
l'autre côté est llottant et jelé sur ré|)aule.
Sur ses genoux un caniche.
DES JACOnÉ DE PRINGY DE GONCOURT 527
Deux portraits de femme, de forme ronde (époque Louis XV),
doul le nom est iucounu.
1° Cheveux gris frisés. Robe de soie blanche, défollelée, garnie
de guipure. Echarpe rouge doublée de bleu qui drape tout le
devant. Collier et boucles d'oreilles en grosses perles.
2° Cheveux bruns frisés avec mèches retombantes sur le cou.
Robe de satin blanc décolletée avec hautes guipures de Venise au
bord du corsage et aux manches courtes, retenues par un bou-
quet de fleurs jaunes. Large bouquet de narcisses blancs au cor-
sage, qui est orné de galons d'or.
Grosses perles au.x oreilles.
Portr.iit de très jeune homme, costuin»; Louis XIV.
Chevelure brune non poudrée à grandes boucles. Habit rouge
très richement brodé dor. Sur l'épaule, longues coques de ruban
bleu-ciel brodé et garni de dentelle d'or (pii retombent par
devant et sur les bras.
Large ruban bleu-ciel en sautoir descendant jusqu'à la taille.
Cravate blanche en guipure formant jabot.
Petit portrait de très jeune iille.
Robe de salin blanc avec broderies d'or et liserés rouges. Man-
teau de fourrure blanche. Chatons de rubis entourés de perles, au
corsage, aux manches et dans les cheveux relevés hauts et pou-
drés. Boucles d'oreilles semblables.
Deux superbes pastels de forme ovale, de Natlier (portraits
de jeunes femmes).
L'un : cheveux poudrés relevés sur les tempes avec ruban et
nœud bleu-clair; les épaules nues drapées dans un manteau vieux
rose avec nœud bleu par devant ; la tête est vue de trois quarts.
L'autre, vu de face : yeux noirs très perçants, cheveux légère-
ment poudrés formant une boucle sur la tête et de côté avec un
petit bouquet bleu et rose. Corsage très décolleté en mousseline
blanche avec draperie bleue jetée sur l'épaule gauche et venant
se rattacher sur le devant; un cordon jaune soutient la draperie
de l'épaule à la poitrine.
Deux portraits époque Louis XVI.
Personnage à cheveux poudrés, relevés droit par devant et for-
mant longues boucles derrière : il est vu de dos et la tête de trois
quarts.
Veste de soie rose vif avec larges manches drapées, et jockeis
ornés de grosses perles. Chaîne d'or sur l'épaule droite. Col très
528 LKS PORTRAITS DE FAMILLE
haut rabattu, eu mousseline garnie de dentelle ; il soutient d'une
main un manteau bleu jeté sur l'épaule gauche.
Sa femme :
Cheveux blonds frisés en boucles épaisses et nombreuses ;
grand chapeau rond en feutre gris orné de velours noir. Robe de
soie rose, corsage décolleté croisé devant dvec berlhe de dentelle.
Même dentelle aux manches demi-longues. Echarpe de soie bleue
drapée. Bracelet de perles.
La I)rj)ii aux œ'Ulels.
Les yeux très noirs, les joues fardées, les cheveux légèrement
poudrés partagés sur le front et formant boucles.
Sur le milieu de la tète, boulfant de salin blanc partant dune
barrette de perles et rubis ; aigrette rouge avec monture or.
Très riche plastron en broderies or sur fond noir avec bordure
de très grosses perles ; dentelles autour du corsage ouvert en carré.
Corsage llottant grenat, avec broderies or et plaques de gros
diamants distancés sur les épaules.
.\u côté gauche, gros bouquet d'uMllets blancs et rouges.
La Danioiselle aux mèclies peuda^itea.
Cheveux bruns relevés tout plats par devant et laissant tomber
de chaque côté deux petites mèches droites terminées par un
nœud de velours noir. Rubans rouges passés dans les cheveux.
Uobe rose décolletée avec broderies d'argent sur le devant et
sur les manches ; berlhe ronde en mousseline blanche garnie de
guipure, s'allachanl sous un chou de velours noir. Au cou. deux
rangs de perles avec pendentifs également en perles.
Ecusson en losange.
Personnage époque Louis XIV.
Drapé dans un manteau noir, large col uni blanc rabattu et
n)ancheltes de même.
La main est pendante sur le rebord d'une balustrade en pierre.
Lame de C époque de Louis XIV. Grand portrait ovale.
Cheveux gris élevés sur le front avec longue mèche pendante à
droite. Corsage salin jaune avec broderies d'argent, la manche
serrée au-dessus du coude par un bracelet d'argent, sous-mao-
cbes de guipure. Corselet en drap d'argent brodé. Manteau lilas
drapé et attaché sur l'épaule gauche par une broche en diamants
et grosse perle.
DBS JACOBÉ DE PRINGT DE GONCOURT b29
Portraits de la branche des JACOBÉ
DE VIENNE.
GALERIE DE M"^ JACOBE D'AREMBECOURT
Au Château de Montmorency, par Chavanges (Aube).
Noël II Jacobé, seigneur de Soulanges et Pringy , écuyer,
ué le »j juillet ]oo7. procureur du Roi eu l'Élection de Vilry,
marié à Loyse de Joybert, mort eu lôîio.
Grand portrait original, presque en pied. Clieveu.x noir.-, barbe
taillée en pointe et moustacbes noires. Culotte boutt'ante et pour-
point en soie noire pointillée. Ceinturon noir avec agrafe de dia-
mants. Collerette à la Henri IV. — H s'appuie d'une main sur une
table et de l'autre tient un gant, lîagues au médium et au petit
doigt de la main droite. Dans un coin du tableau, les armes des
Jacobé accolées avec celles des Joybert ; en face cette inscription :
« A» lo97 — J£tatis 40 — Noël Jacobé, ss'" de Soulanges et de
« Pringy, procureur du roy en l'Election de Vitry. »
En pendant, sa femme :
Loyse de Joybert, tille de François de Joybert, écuyer, et
de Marguerite des Forges, mariée à Vitry, le 30 janvier 1580,
à Noël II Jacobé, seigneur de Soulanges et Pringy.
Robe de soie noire à paniers, ouverte sur une jupe de damas
rouge et vert. Mancbes avec crevés de satin blanc. Grande colle-
rette raide et ouverte, à la .Varie de Médicis, garnie de guipure et
fermée par un œillet rouge. Manchettes pareilles. Chaîne en perles
et grenats passant sous la collerette, croix de diamants avec pen-
dants. Bracelets perles et diamants. Autour de la taille une chaîne
d'or soutenant une grosse montre attachée au côté gauche et une
bourse au côté droit. Epingles de diamant dans les cheveu.^ noirs
qui forment de larges bandeaux. D'une main elle tient un éven-
tail et de l'autre un petit bouquet. A sa gauche se dresse un cani-
che blanc.
Gilles III Jacobé des Mazalins (fils de Noël II et de Loyse
de Joybert), écuyer, conseiller du Hoi, élu eu l'Élection de
Vitry, échevin de cette ville eu 1627, marié eu {)reraières
34
530 LES PORTRAITS DE FAMILLE
uoces, le 2S novembre 161 G, à Geneviève Fusg/iier, et en
secondes noces, le 13 juin 1G27, à Loyse de Braux.
Il est morl à Vilry le 18 avril 1653.
Grand ovale, cadre laurier. Perruque non poudrée. Costume de
conseiller du Hoi, noir avec rabat blanc ; il est appuyé sur un
livre.
Gilles IV Jacobè des Mazalins, seigneur de Vienne-la-Ville,
Maisous-eu-Champagce, etc., écayer (Gis de Gilles III et de
Loyse de Braux), né à Vitry le 4 novembre 1629, conseiller du
Roi, marié le 1" juillet 1652 a Marie-Thérèse de MaUié de
Dominartia^ morl le 12 juin 1077.
Très beau portrait, tête superbe : grande chevelure Louis XIV
sans poudre^, cravate blanche garnie de guipure. Manteau violet
avec dessins damassés or, doublé de brocart d'or. Il lient à la
main un tlacon d'ivoire monté eu or.
Sa femme :
Marie-Thérèse de Malhé de Dommarlin, fille de Nicolas de
Mathé, é(uyer, seigneur de Malmy, Dommartin, Faux, Cham-
bly, etc., et de Claude de Baillet. Elle est morte le 2!) juillet
167(1.
Portrait de forme ovale : chevelure grise à petites boucles sur
le front. Corsage de mousseline blanche brodée. Manteau de
damas bleu-ciel et or.
Gilles V Jaeobé de Vienne, écuyer, seigneur de Vienne-la-
Ville (fils de Gilles IV et de Marie-Thérèse de Malhé de
Dommarliu), né à Vitry le 14 mai 1669, conseiller, secrétaire
du Roi, maison et couronne de France près le Parlement du
Daupbiné, garde des sceaux au bailliage et présidial de Vitry,
marié à Magdeleine Anhry d' Arancey et mort le 12 juin 1753.
Longue perruque Louis XIV, costume de conseiller du roi, noir
avec rabat de mousseline blanche.
Sa femme :
Magdeleine Aubry d'Arancey, tille de ISimou d'Arancey,
écuyer, l'un des 400 gardes du corps du Roi, et de Antoinette
Maï^lol, mariée le 22 octobre 1693 à Gilles V Jaeobé de
Vienne. Elle est morte le 10 avril 17a6.
(irand portrait à mi-jambe : cheveux poudrés flottant par der-
rière, robe bleue décoUelée avec broderies d'or ; le bas est relevé
DES JACOBÉ DE PRINGT DE GONCOURT 531
et doublé de Lrocail dor. Manteau de salin blanc dans lequel elle
se drape. A gaucbe, une plante de pavois rouges.
Gilles-Joseph I'^'' Jacobé de Vienne, écuyer, seigneur de
Vienue-la- Ville, de Haut, Hauzy, Lauenoue, Saiul-Martiu,
elc.ué eu 17Q2, conseiller du Roi, subdélégué de Monsieur le
prévôt des marchands de Paris au déparlement de Champa-
gne, époux de Marguerite-Thérèse de Saiul-Geni?.
Perruque Louis XV assez longue, habit noir, gilet noir, cravate
blanche, petit jabot cl manchettes en point de Venise.
Un pendant, sa femme :
Mur guérite- Thérèse de Saint-Genis, fille de Denis de Saint-
Genis, seigneur de Belleseaux, conseiller du Roi, lieutenant
de la prévôté de Vitry, et de Magdeleine Hocquet, mariée le
12 may 1"'21 à Gilles-Joseph I" Jacobé de Vienne.
Robe n)arron, manteau noir^. fichu de dentelle noire sur le cou,
petit bonnet de dentelle blanche avec nœud rose.
Autre portrait du môme Gilles-Joseph I'^'' Jacobé de Vienne,
époux de Marguerite-Thérèse de 6aini-Genis.
Perruque Louis XV : habit gris à boulons d'or, grands pare-
ments en brocart d'or avec dessins de couleur ; gilet en même
brocart, la main enfoncée dans le gilet. Tricorne noir galonné
d'or.
Derrière est écrit :
« M. Jacobé de Viaine, âgé de 2o ans, 1727. »
Gilles-Joseph II Jacobé de Vienne, écuyer, seigneur de
Vienne-la- Ville, de Hault, Trigny, les Clozets, Chasseiicourt,
Rambécourt, etc. (fils de Gilles-Joseph l" Jacobé de Vienne
et de Marguerite -Thérèse de Sainl-Genis), avocat au Parle-
ment et subdélégué après son père, grand bailli du duché de
Montmorency après son beau-père. Né en 1723, il épousa
Catherine Adam du Chàtellier.
Perruque courte Louis XV avec nœud noir derrière, babil rouge
violacé, grand gilet brocart d'or avec tleurs d'argent, jabot et
manchettes de dentelle.
En pendant, sa femme :
Catherine Adam du Châteilier, fille de Messire François
Adam du Chàtellier, grand bailli et lieutenant général du
duché de Montmorency, et de Elisabeth Navelet, mariée à
o32 LES PORTRAITS DE FAMILLE
AJoDlmoreucy. le 27 mai 1743, à Gilles-Joseph II Jacobé de
Vienne.
Robe bleu-foncé décolletée, manteau bleu ; au cou, velours noir
avec dentelle blanche, se rattachant au corsage par un œillet
rouge. Cheveux relevés, poudrés. Petit bonnet de dentelle blanche
avec ruban bleu.
Autres portraits des précédents, plus jeunes.
Gilles-Joseph II Jacobé de Vienne, écuyer, seigneur de
Vienne- la- Ville, de Hault, etc.
Perruque Louis XV avec nœud noir derrière, habit noir bordé
de rouge, manteau bleu, gilet rouge brodé d'or, jabot de dentelle.
On lit derrière : « Glatis 25. — Bourcier-Barodo pinxit 1748. »
En pendant, sa femme :
Catherine Adam du ChâlelUer.
Cheveux poudrés avec petit pompon noir devant. Robe rose
décolletée garnie de broderies d'or. Manteau jaune-brun. Au cou,
une ruche rose avec dentelle.
Derrière est écrit : « /Elalis 23 : H** Bourcier-Barodo pinxit 1748.»
François Adam du Châtellier, écuyer, seigneur du Ghà-
tellier. Ormont, Chassericourt, Rambécourt.etc. (beau-père de
Gilles-Joseph II Jacobé de Vienne), conseiller, secrétaire du
Roi, grand bailli et lieutenant général du duché de Montmo-
rency, époux de Elisabeth Navelel. Est écrit derrière : • âgé
de 61 ans, décembre 1755. •
Perruque poudrée demi-longue; costume de secrétaire du Roi,
robe noire, rabat noir bordé de blanc, manchettes de dentelle.
Magdeleine Jacobé de Vienne (fille de Gilles- Joseph Jacobé
de Vienne et de Marguerite-Thérèse de .Saint-Genisj, née le
6 juillet 1734, mariée le 29 avril 1756 à Edme-Fran cois-Mar-
cel, baron de Baussancourt, seigneur de la Maison-des-Champs,
du Chauet, Vauchouvillicrs, le Valsuzenay, la Ville-aux-Bois,
le Magny-Foucharl, Baussancourt, Dollancourt, Trannes, Jes-
saint, etc. Mousquetaire du Roi.
Portrait déjeune femme, manteau de fourrure drapé comme fond.
Cheveux poudrés genre Louis XV. petit tricorne noir galonné
d'or posé de côté, bouquet dans les cheveux ; au cou, ruche de
mousseline blanche et grosses perles aux oreilles. Robe noire
décolletée avec broderies d'or et grosses perles autour du corsage
DES JACOBÉ DE PRINQY DE GONCOURT 533
et en haut des manches. Broclie de diamants, croix également en
diamants pendant sur le corsage. Manteau rose doublé de brocart
d'or avec ramages de couleur ; petit bouquet de corsage.
Louis-Marcel, baron de Baussancourt, seigneur du Petit-
Mesûil, Ghauraesail, Ferrières, etc. (beau-père Je Magdeleine
Jacobé de Vienne), époux de Jeanne de Perry, dame du
Magny-Foucharl.
Longue perruque Louis XIV non poudrée ; habit gris foncé;
gilet gris plus clair, jabot de dentelle.
Jean-BaptisLe cCArancey, abbé de Moncetz. i -Glatis tiC —
atino 1739 — Duchàteau pinxil « (écrit derrière). Il fut
nommé abbé eu 1734 et mourut en 17o2.
Surplis blanc, large ruban bleu-clair en sautoir soutenant une
croix d'or. Pèlerine à capuchon en laine blanche doublée de soie
bleue. Au doigt, une bague avec pierre taillée en losange. Il tient
un livre.
Au coin, les armes des Aubry d'Arancey avec crosses passées en
sautoir derrière l'écusson.
Marie- Marguerite-Félicité Jourdain, épouse, le 23 avril
1776, de François- Gilles Jacobé de Vienne, écuyer, seigneur
de Piambécourt, Trigny, etc. Elle était fille de Pierre-Jacques
Jourdain et de Louise-Barbe de Chanlaire.
Coilfure élevée, boucles pendantes ; petit bouquet de roses dans
les cheveux. Robe décolletée bleu-ciel avec broderies d'or,
ouverte sur une chemise flottante en mousseline ; les jockeis,
frangés or et perles, tombent des manches bouffantes en mousse-
line blanche, serrées au-dessus du coude par un bracelet de per-
les. Bras nus, guirlande de fleurs variées au corsage. Manteau de
satin rose. Elle tient une levrette.
Petits portraits-miniatures des quatre enfants du baron de
Valsuze7iay. préfet de l'Aube, et de Marie-Mélanie de Baus-
sancourt :
1" Mélina, devenue comtesse de Truchis de Lay ;
2" Elysée, marié à M"<= Jacobé de la Neuville (d'où les Val-
suzenay actuels) ;
3" Mathilde, devenue baronne de Planta-Wildenberg, mère
de M'"'' Edouard Jacobé d'Arembécourt;
A" Nathalie, mariée à Henry de Gonflaus (grand' mère de la
marquise de Damas i.
534 LES PORTRAITS DK FAMILLE
Portraits de la branche des JAGOBÉ
DE VIENNE.
CHEZ M. JACOBÉ DE LA FRANGHECOURT
A Vitry-le-François.
(jilles-Joseph II Jacohé de Vienne, écuyer, seigneur de
Vieiine-la-Ville, de Haull, Trigny, Ghassericourt. Rambécourl,
elo, (tils de Gilles-Joseph et de Marguerite de Sainl-Genis, né
le G janvier 1723, grand bailli du duché de Montmorency,
subdélégué des prévôts et échevins de la ville de Paris au
déparlement de Vitry. Marié le 27 mai 1743 à Catherine Adam
du ChâtilUer.
Cheveux poudrés époque Louis XV, habit de velours grenat
ouvert sur un gilet de brocart argent et or ; manchettes et jabot
de dentelle.
François-Gilles Jacohé de Vienne, écuyer, seigneur de
Rambécourt, Trigny (lils de Gilles-Joseph et de Catherine
Adam du Châtellier). né le 8 novembre 1748, marié le 23 avril
1770 à Marie -Marguerite- Félicité Jourdain.
Cheveux poudrés et roulés ; habit vert bordé de rouge, jabot de
dentelle.
(Miniature.)
Louis-Thomas Jacohé de la Franchecourt (fils da Gilles-
Joseph et de Catherine Adam du ChùtcUier), né le 10 décem-
bre 1752, capitaine commandant au régiment de Beauvoisy
infanterie, chevalier de Saint-Louis, marié le 8 mars 1791 à
Victoire- Adélaïde-Geneviève Bourlon d'Arrigny.
Cheveux poudrés et roulés, habit blanc avec liserés bleus et
boutons d'or, épaniette'i d'or; gilet blanc avec jabot. Croix de
Saint-Louis.
(Miniature.)
Sa femme :
Victoire- Adélaïde-Geneviève Bourlon d'Arrigny. fille de
Nicolas-Henry Bourlon d'Arrigny et de Françoise-Geneviève
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT 53îi
Jacquiuol de Cliavauges, mariée à Louis-Thomas Jacobé Je la
Frauchecourt, morte le 12 août 1817.
Robe rose avec fichu transparent noir; coiiFare de dentelle
blanche à rubans bleus.
(Miniature.)
Comle de Chiéza. époux de 2*1""= Boarloa d'Arriguy, sœur
de M""" de la Frauchecourt.
Habit rouge.
(Miniature.)
Théodore Jacobé de Vienne (tille de Gilles-Joseph et de
Catherine Adam du Chàtellier), uée le 9 Dovembre 17[iô,
morte sans mariage le 3! janvier 1833.
Robe violette avec fichu transparent et velours noir au cou.
Volumineux bonnet de dentelle blanche avec barbes,
(Miniature.)
Adolphe-Pierre Jacobé de la Franchecourt (fils de Louis-
Thomas et de Victoire Bourlon d'Arriguy), né le G mars 1794,
chevalier de la Légion d'honneur, époux de Élisabelh-Sophie
Guichard.
Habit Itleu à boutons d'or, gilet blanc.
(Miniature).
Le même, enfant, habit bleu, gilet blanc et grand col blanc.
(Miniature).
Sa femme :
Elisabeth- Sophie Guichard, née le 18 juin i79a, fille de
Edme-Joseph Guichard, président du Tribunal civil de Vilry,
chevalier de la Légion d'honneur, et de Antoinelte-Éléonore
de Braux, mariée le 8 octobre 1817 à M. de la Frauchecourt.
Robe Empire bleue, avec écharpe blanche.
Edme-Joseph Guichard, père de M"»*^ de la Franchecourt et
époux à" Antoinelte-Éléonore de Braux ; président du Tribunal
civil de Vilry-le- François et chevalier de la Légion d'hon-
neur.
Cheveux poudrés et roulés : costume de magistrat avec rabat et
haute ceinture bleu-foncé. Croix de la Légion d'honneur.
Antoine de Salligny, seigneur de Matiguirourt, avocat au
536 LES POKTRAITS DE FAMILLE
Parlement, fils de Louis de Salliguy et de Marguerite Hébert,
marié à Vilry. le 13 novembre 1714, à Françoise de Saint-
Genis, fille de Antoine de Saint-Genis, commissaire des
revues des troupes de Sa Majesté à Viiry. et de Charlotte
Rouillou.
Une de leurs filles épouse M. de Braux de Dronay, doù
vient la parenté avec M"'"= de la Franchecourt.
Beau portrait peint par LargiUiere.
Grande chevelure Louis XIV : habit gros-bleu brodé d'or ouvert
sur la chemise de batiste ; cravate noire.
Branche des JAGOBÉ DE VIENNE.
Rameau des JAGOBÉ DE HAUT.
GALERIE DE M. MARC JACQBE DE HAUT
Au Château de Sigy, par Donnemarie (Seine-et-Marne).
Jeanne- IHisabeth le Clerc de Freydeau. née en 1736, mariée
le 14 février 177 5 à Pierre-Noël Jacobé de Haut, écuyer.
seigneur de Vienne la- Ville, de Haut, etc.. officier. Elle était
fille de Antoine-Didier le Clerc, chevalier de Freydeau, capi-
taine au légiment de Touraine et chevalier de Saint-Louis, et
de Marie-Edmée-Magdeleine de Montaugon.
Veuve de Pierre-Noël Jacobé de Haut, elle se remaria au
marquis de Cély, dont elle n'eut pas d'enfanls, et qui lui
laissa des propriétés à la Martinique.
Portrait en pied peint par sa fille. Costume de deuil : robe et
ample écharpe de crêpe noii-, manches ajustées au coude laissant
l'avant-bras nu^col blanc formant revers et laissant voir sur le cou
le portrait de son mari dans un médaillon suspendu par une petite
chaîne ; sur la tête, un bonnet de veuve.
Elle est debout près d'un bas-relief en pierre sculpté, de style
grec, représentant un homme qui tient d'une main une couronne
et de l'autre élève sur sa tête une torche renversée.
Claude-Louis-François de Régnier, comte de Gnerchy,
DES JACOBÉ DK PRINGY DE GONCOURT 537
marquas de Nangis (gi'aad-père de M"" Auloiae-Uidier Jacobé
de Haut), chevalier des ordres du Roy, lieutenant général de
ses armées, colonel-lieutenant de sou régiment d'infanterie,
gouverneur des ville et château tle Huniugue et sou ambassa-
deur auprès de Sa Majesté britannique en 1760.
Marié en 1740 à Gabrielle- Lydie d'Harcourt.
Son portrait peint par Van-Loo.
Cheveux poudrés et roulés avec, nœud noir derrière. Habit rouge
à boutons d'or; gilet de brocart dor, jabot de dentelle. Gi'and
ruban de moire bleue en sautoir.
Sa femme :
Gabrielle-Lydie d'fJarcourt (graud'mère de M'"^ Didier
Jacobé de Haut), fille de François, maréchal-duc d'Harcoiirt,
et de Marie-Magdeleiue le Tellier de Barbézieux. née le 21
décembre 1722, mariée le 3 mai 1740 à Claude-Louis- Fran-
çois de Régrder, marquis de Cucrcliy- Nangis, colonel du régi-
ment du lloi infanterie, lieutenant général des armées du Roi,
chevalier de ses ordres.
l'ortrait au pastel en cosUime de pèlerine, le bourdon à la
main. Hobe de satin bleu-clair avec ruches de gaze blanche au
bout des manches et au cou ; pèlerine de velours bleu-foncé gar-
nie de coquilles de pèlerin jaunes, bordée de soie jaune et fermée
par des nœuds de satin bleu-clair, petit chapeau de paille posé sur
la tête, très retroussé devant et derrière avec nœuds de satin
bleu.
Gilonne d' Harcourt. mariée en premières uoces à Louis de
Brouilly de Pienne, en secondes noces au comte de Fiesgue.
Amie de M"'' de SéviguJ.
Coiffure à la Sévigné avec perles, petites boucles sur le front,
d'autres tombant sur une épaule; porirait à mi-jambe ; elle est
assise, sa main di'oite appuyée sur sa joue, l'autre étendue sur ses
genoux et soutenant le bout d'une écharpe blanche.
Robe en soie bleu-clair, flottante, simplement ajustée par une
ceinture de perles, ce qui forme la taille courte du premier
Empire ; la moitié de ce corsage, très décolleté, est en gaze blan-
che ; manches demi-longues en satin blanc et soie bleue très bouf-
fantes.
Portrait ovale avec cadre laurier.
Faisant pendant à Gilonne d'Harcourt :
Marie de Brouilly de Pienne, fille de Louis de Brouilly de
Pienne et de Gilonne d'Harcourt.
538 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Elle épousa, en liiiiij, Henry de Régnier, marquis de
Guercky.
Cheveux formant des coques entremêlées de perles. Robe en
velours cramoisi dont le corsage décolleté est garni de guipure ;
mêmes dentelles aux manches flottantes et s'arrêtant aux coudes.
Manteau bleu drapé sur les épaules ; dans les deux mains croisées
pur devant, petites Heurs de jasmin.
Françoise-Louise du Roux de Sigy, née eu 1760, mariée en
1778 à Anne-Louis de Régnier, marquis de Guerchy-Nangis,
fils du marquis de Guerchy-Nangis, lieutenant général des
armées du Ivoi, chevalier de ses ordres, et de Gabrielle-Lydie
d'IIarcourl (père et mère de M"^* Didier Jacobé de Haut),
Peinte avec un costume d'homme : elle l'avait adopté au
moment de la Révolution et pendant l'émigration, et le conserva
jusqu'à sa mort. Cheveux courts légèrement frisés sur le front,
redingote à revers, chemise avec col et jabot plissé.
Frédéric- Augusle-René du Roux, marquis de Sigy, né en
1758. Mort sans eofauts en I8i7, il a légué la terre et le mar-
quisat de Sigy à son neveu Marc Jacobé de Haut.
Cheveux blancs, moustache noire. Col droit, cravate noire,
redingote noire boutonnée.
Antoine- Didier Jacobé de Haut (fils de Pierre-Noël Jacobé
de Haut, écuyer, seigneur de Vienne-la-Ville, et de Jeanne-
Élisabelh-Marie le Clerc de Freydeau), né le 20 octobre 1777,
marié en 1809 k Anne- Claude Avoye de Régnier de Guerchy-
Nangis.
Il est mort en 1834.
Dans la bibliothèque de son père, à Dijon, M. de Haut est assis
tenant d'une main une esquisse, de l'autre un crayon ; il est vêtu
d'un pantalon de drap bleu, d'un gilet de nankin et d'une redin-
dingote bleu-foncé à boutons noirs ; haute cravate blanche. A côté
de lui. une table avec une statuette grecque, écritoire, livres, etc.
Portrait peint par sa sœur.
Edme de Régnier, seigneur de Guerchy, enseigne .'ie la com-
pagnie de gens d'armes de François de Bourbon, prince d'En-
ghien. Marié, par contrat du IX) ma}- 1534, à Françoise d'Es-
tampes de la Ferté-Linbault.
Tué à la Sainl-Barlhélemy en 11)72.
Grand portrait en pied signé Loys Bobrun.
DES JACOBâ DE PIUNGY DE GONCOURT 539
Casaque damas gris à rainagos rougis 1res ajustée ;\ la taille et
formant pointe ; crevés et jockeis découpés aux manches. Culotte
très large et très courte en velouis noir frappé formant rayures ;
cliausses noires et souliers à gros rlioux noir et or. Crand col
raide garni de dentollo de Venise ; heaume ou hausse-coi en lames
d'acier et d'or. Chevou.x noirs assez longs, moustache et harbe
pointue. Epéc au côté. 11 s'appuie d'une main contre une table sur
laquelle sont posés ses gants en peau de chamois avec poignets
brodés d'or et son haut chapeau de feutre gris avec plume d'au-
truche fauve et garniture or et argent avec perles.
Dans le coin de gauche, ses armes avec leurs licornes pour sup-
ports.
Jacques de Régnier de Gtierchii. né en 1627.
Tué à la bataille de Laens en 1 648.
Portrait de très jeune guerrier. Grande chevelure noa poudrée
tombant sur une cuirasse cloutée d'or. Echarpe blanche frangée
d'or passée en bandoulière et nouée sur l'épaule droite. Col
rabattu fixé par un nœud de ruban noir à coques tombantes sur
un bouffant de mousseline blanche.
Cette inscription dans le coin : « .Etatis iO — Anno 1646. »
J/"^ de Guerchy, fille d'honneur de la reine mère de
Louis XIV, née vers 16'2"2.
Morte en 1660.
Coitfure à la Sévigné ; petites boucles sur le front et grosses
touffes de boucles de chaque côté. Perles dans les cheveux, aux
oreilles, et un rang de très grosses perles au cou. Robe de satin
blanc, le corsage décolleté est très richement brodé d'or, perles et
pierres précieuses et fermé par une magnifique broche de pierre-
ries.
Long manteau de brocart rouge et or posé sur les épaules et
tombant jusqu'aux genoux ; elle le soutient d'une main, et de l'au-
tre caresse un grand lévrier.
La famille Jacohé de Haht, a la Martinique.
Antoine- Didier Jacobe de Haut est assis sur un canapé ayant
près de lui sa fille aînée Marie : il a une redingote de drap noir
et un pantalon de nankin. — Amhroisine, qui doit avoir trois
ans, est habillée de blanc comme sa sœur. — La jolie Madame de
Ht, née Anne de Guercliy -Sang i.s , est assise sur une chaise en
avant de son mari; elle a une robe de forme Empire en mousse-
ine blanche avec volant brodé, les bras et le cou nus, de petites
boucles tombant sur le front. Son plus jeune enfant, le petit J/a/'^;,
est sur ses genoux.
540 I,ES PORTRAITS DE FAMILLE
Un peu en arrière sa belle-sœur. M"'' Marie de Haut, l'élève de
David, s'est représentée en train de peindre.
Par une large baie ouverte sur la campagne, on voit une esclave
négresse vêtue d'une jupe de toile bleue violacée, a'une chemise
blanche, coiffée d'un madras bleu et jaune, collier et bracelets.
Elle porte des fruits.
Marc-Marie Jacohé de Haut^ ne à la Martinique le 3 juillet
1814. membre du Conseil général de Seine-et-Marne, chevalier
de la Légion d'honneur, marié en avril 1861 à Anne- Bertille-
Clé)nentine de Chahenot de Bonneuil. 11 était 111s de Ânioine-
Didier Jacobé de Haut et de Anne-Claude Avoye de Régnier
de Guerchy-Nangis.
Portrait fait à la Martinique, à l'âge de 6 ans, par sa tante,
M"' .Marie de Haut. Chemise ouverte, en batiste, avec bandes bro-
dées. Pantalon de nankin ; d'une main il s'appuie sur la base d'un
grand vase de pierre, de l'autre il montre dans son chapeau un
petit nid d'oiseau.
M"** Marie et Ambroisine Jacobé de Haut, filles de Antoine
Didier Jacobé de Haut et de Anne-Claude Avoye de Régnier
de Guerchy-Nangis. Nées à la Martinique en 1810 et 1812.
Mortes sans alliance eu 1887 et 1889.
Les deux enfants, une brune et une blonde, sont vêtues de robes
de mousseline blanche brodées ; Tune est debout, l'autre assise sur
un lut de colonne à l'ombre d'un palmier : elles jouent avec des
papillons aux riches couleurs, attachés par des tils qu'elles tien-
nent dans leurs mains. Comme fond, un paysage de la Marti-
nique.
Peint par M"« .Marie de Haut en 1819.
Marie Jacolé de Haut, fille de Pierre-Noël Jacobé de Haut
et de Juanue-Elisabelh-Marie le Clerc de Freydeau. Née en
1779, elle fut une brillante élève du peintre David. Elle ne se
maria pas et mourut à la Martinique en 1821 .
Grands yeux noirs, cheveux frisés courts sur le front et tombant
en boucles par derrière. Corsage rouge pourpre décolleté avec
large draperie blanche.
Son portrait est peint par elle-même.
i/i'e Ambroisine Jacobé de llavt^ liUe de Antoine-Didier
Jacobé de Haut et de Anne-Claude Avoye de Régnier de Guer-
chy-Nangis. Née à la Martinique le 7 avril 1812, raorle sans
mariage au château de Sigy en 1889.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT 541
Portrait de femme âgée, figure très distinguée encadrée do
bandeaux de cheveux blancs; coiffure en blonde noire, robe de
soie noire avec ruche blanche au cou.
Peint en 1874 par sa nièce, M'"' Marguerite de Haut.
Branche de FARÉMONT.
GALERIE DE M. JULES JACOBÉ DE FAREMONT
A Âlençon
Actuellement chez ses deux filles, M"'" DE iMALLEV'OUE, au château
du Valiatier, par Fervacques (Calvados), et la COMTESSE DE LA
BOULLAYE D'EMANVILLE, château de la Barre, par Ingrandes
(Maine-et-Loire).
Claude- François Jacobé de FarémoiU, seigueur de Cham-
pagne et Farémoul. écuyer (fils de Jean et de Louise-Gathe-
riue Cachapt de Champagne), né le 16 mai 1713, capitaine de
grenadiers au régiment Dauphin infanterie, chevalier de
Saint- Louis, marie le 3 décembre 1745 à CLaude-Marie-
Nicolle le Gentil. Il a été tué au siège de Berg-op-Zoom le
22 mai 1747.
Cheveux courts frisés, habit de satin violetàbrandebourgs, jabot
de dentelle. Croix de Saint-Louis.
(Miniature. Château de la Barre.)
Sa femme :
Claude- Marie- ^icolle le Gentil (fille de François le Gentil,
receveur des tailles à Épernay, et de Marie-Jeanne Fagnier de
Livry), née à Epernay en 1721. Elle épousa en secondes
noces, en septembre 1751, Philippe- Alexis Bureau de Séran-
dey, receveur général de la généralité de Bourgog;,e. Elle est
morte en 1780.
Cheveux courts relevés et poudrés, robe de velours bleu garnie
de fourrure foncée, nœud bleu au cou et au bas du corsage très
ouvert en carré et garni de fourrure. Elle est coiiTée d'une sorte
de chaperon Marie-Stuarl en dentelle avec nœud bleu au milieu.
Portrait fait en 1769 (Château de la Barre).
542 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Antoine-Marie- Axigustin Jacobé de Farémont \lils de
Claudt_'-l''ran(jois et de Claude-Marie Nicolle le Gentil), écuyer,
seigneur de Farémout. etc., ué le 7 novembre 1766, receveur
des tailles à Chàlous, marié le "21 septembre 1789 à Julie-
Julienne-Joséphine Roulleaude la Roussière.
Coillure roulée et poinirée, habit de salin grenat, jabot de den-
telle, gilet de brocart d"or brodé, cravate de mousseline et den-
telle. Signé Allin, 1780 (Château du Valratier).
Une miiiialure du même au cliàleau de la Barre.
Sa femme :
Julie- Julienne-Joséphine Ruulleau de la Roussière, née en
1701), fille de Marie-Cœsar- Louis KouUeau de la Roussière,
trésorier de Frduce ix'j. bureau des fmauces de la généralité de
Tours, et de Loui^i-Julie d'Anscrmoud Elle mourut à Séez
le l"'jauvier I8;JiJ, à bO au<.
Coitfure haute et frisée avec ruban bleu-pâle passé dans les che-
veux^, dont les boucles tombent sur les épaules nues. Corsage de
salin blanc garni de gaze blanche, luull'os de roses de côlé.
(Pastel. Cbàleau de la lîarre.)
Marie-Anloine-Jules Jacobé de Farémont (fils de Auioiue-
Marie-Augusliu et Julie-Julienue-Joséphine Koulleau de la
Roussière), ué au châleau de la Vallière (près Tours) le 29 jan-
vier 1792. Officier dans la Légion dTndre-el-Loire, capitaine
dans la deuxième garde royale, chevalier de la Légion dlion-
neur à 23 ans, avait fait les campagnes de l'Empire. Marié le
2o avril 1822 à yictoire-Flisabclh-Henrictle de Chabot. Il est
mort à Alcnçon le 5 mars 1879.
l^orlrail fait à réjjoquc de son mariage. Cheveux châtains, yeu.x
])lcus, unifurmc de capilainc de la garde royale gros-bleu à bran-
debourgs argent, épauleltes argent, croix de la Légion d'honneur.
(Château de la FJarre.) '
Sa femme :
Vicloire-Flisabelh-IIenrielle de Chabol, fille du vicomte
Gérard de l'.hahol, bai'on de Relz, aide de camp du général de
Frotté, son cousin, pendant les guerres de Vendée, et de
Renée-Françoise de Guéroust de Boisgcrvais, uée en 18U2,
mariée le 2y avril 1822, morte eu 1849.
Yeux noirs, cheveux noirs frisés sur le front, eoilFure, robe el
fichu époque du piemier Empire (dessin au crayon noir).
(Château do la Barre.)
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOUUT 543
Marie-Jeanne Fagnier de Livry, née en 1681, mariée en
17UU à François le Gentil, receveur des tailles à Ëpernay,
mère de Claude-Marie-Nicole le Gentil, mariée eu premières
noces à Claude- François Jacohé de Farémonl, le ;» décembre
1745, et eu secondes noces, eu septembre 17;J1, à Philippe-
Alexis Bureau de Sérandé. Elle est morte en 171)1 .
Celait un phéiioiuène de beauté. Son portrait, au pastel, fait à
78 ans, la représente encore fort belle. Les cheveux, relevés et
poudrés, sont surmontés d'une sorte de cuitfure blaiicbe avec
nœud bleu. Klle est vêtue d'un déshabillé de mousseline blanche
très transparente, décolletée avec un velours bleu au cou.
^Château du Valratier.)
Philippe- Alexis Bureau de Sérandey, né en 1718, receveur
général de la généralité de Bourgogne, marié eu teptembre
1751 à Claude-Maric-Nicolle le Gentil de Livry, veuve en
1747 de Claude- François Jacobé de Farémont.
Il mourut eu 1780.
Portrait au pastel ; cheveux poudrés et roulés avec catogan (ou
bourse) noir, habit de velours noir, gilet bleu, cravate de mousse-
line blanche avec jabot de dentelle.
(Château de la Barre.)
Antoinette-Maurice Bureau de Séiandé (tille de Philippe-
Alexis Bureau de Sérandé et de Claude- Alarie-Nicolle le Gen-
til de Livry (veuve eu premières noces de Claude-François
Jacobé de Farémont), et sœur utérine de Anloine-Marie-
Auguslin Jacobé de Farémont). Née en 17o4, elle épousa, en
1771, Jean-Louis Millon d'Aiiival. Elle est morte au château
d'Héricy en 1830.
Trt-s beau portrait à l'huile peint par M™'' Vigée-Lebrun.
(Château du Valratier.)
Coiffure Marie-Antoinette, boucles de cheveux tombant sur ses
épaules nues. Corsage décolleté en satin blanc garni de grands
nœuds blancs. Manches tombantes laissant l'épaule découverte et
retenues par une bretelle. Elle est assise sur un canapé rouge, et
sa main ravissante se délache sur un coussin de même couleur.
En pendant, son mari (aussi de M"'^ Vigée-Lebrun) :
Jean- Louis Millon d^Ainval, né en 1749, receveur général
de la généralité de Lyon, mort en 1812 (château du Valratier).
Très belle tête : cheveux roulés et poudrés avec bourse noire ;
habit de satin grenat clair brodé or et argent, avec parements ;
544 LES I-OHTRAITS DE FAMILLE
gilet bleu-clair brodé or ; jabot et manchettes de dentelle. 11 est
assis sur un fauteuil en bois doré.
Marie- Cœsar-Louis Roulleau de la ^o/wsière (père de M""" de
Farémont), ué eu 1727, président au Parlement de Paris,
commissaire général des saisies de France et trésorier général
de France au bureau des finances de Tours, marié en 1757 à
Louise- Julie d' Ansermond. Il est mort en son château de la
Vallière (Touraine) en 17'J'J.
Cheveux roulés et poudrés ; hahit de drap gris bordé de four-
rure ; jabot de dentelle.
(Château de la Barre.)
En pendant, sa femme :
Louise-Julie d' Ansermo^id^ née à Paris en 1736, fille de
Pierre d Ansermond, président au Parlement de Paris, et de
Marie-Aune Bourkart d'Amenon, mariée le 7 juin 1758 à
.Marie-Loui--Cœsdr Roulleau de la Uou.ssière. Elle est morte
au château de la Vallière eu 1810.
Ils eurent trois enfants : 1° le chevalier Roulleau de la
Roussière ; '2° Marie- Julie, mariée à M. de Biélrix ; H" Julie-
Juiieune-Joséphine, mariée à Augustin Jacobé de Farémont.
Magniiique pastel, cheveu.x poudrés à petites frisures roulées,
un nœud bleu au milieu. Corsage très décolleté en satin blanc
avec un grand ruban de moire bleu-pâle passé en écharpe ; rose
au corsage et manches de satin blanc découvrant toute Tépaule et
retenues à l'avant-bras par un ncud bleu. Au cou, ruche de satin
blanc avec nœud.
(Château du Valratier.)
Note de M. Jules de Farémont sur Louise-Julie d'Ansertnond :
« Fenuiie charmanle du plus grand mérite possédant une très
grande fortune ; c'est elle qui fit bâtir, en 1779, le château de la
Roussière à Château-Lavallière. Lllc fut la providence du pays ;
aussi n'a-t-elle pas eu besoin d'émigrcr. Son mari et ses proches
perdirent, à la Révolution, leurs places et leur fortune dont ils ne
purent sauver (jue 1)0,000 livres de renie. Elle était amie intime de
la duchesse de Châlillon. »
Marie- Julie -Claude Roulleau de la Roussière, née le
5 avril 175y, fille de Marie- Cœsar-Louis Roulleau de la P>ous-
sière et de Louise-Julie d'Ansermond, mariée en 1780 à
M. de Biétrix ; elle était amie de la princesse de Lamballe.
Elle est morte en 17'J0.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT o45
Pastel. Coiffure élevée à la Lambaile ornée de gaze blanche et
de roses ; robe décolletée en carré bleu-clair.
(Chiîleau de la Barre.)
Son mari : !\1 . de Biétrix.
Habil de salin rose, jabot de dentelle. Cheveux poudrés et rou-
lés avec catogan.
(Miniature. Château de la Barre.)
Marie- Anne Dourkart d'Amenon [trisaïeule de M'"" de Mal-
levoue et de lu Boullaye, uée^ Jacobé de Farémont), Qlle de
N. Bourkarl, officiel- des gardes du corps sous Louis XIV,
uée eu 1713 au château d'Ameuou, mariée en 1734 à Pierre
d' Amerinond, président au Parlement de Paris, et eu secon-
des noces à Claude Tupigny, seigneur du Piguy, secrétaire
général de la Grande Fauconnerie de France. Elle est morte en
1788.
Portrait au pastel fait à l'âge de iS ans, en buste. Corsage décol-
leté, noir, garni de volants de mousseline blanche ; cheveux pou-
drés et relevés sur le front; i'anchon de soie noire nouée sous le
menton.
(Château du Valralier.)
M. Thibaut de Monlgeron, père de Marie-Rosalie Thibout
de Montgeron, mariée à Louis-Michel-Armaud-Lucien, comte
de la Boullaye d"Émauvillc, chef d'escadron, chevalier de
Saint- Louis, et grand-père du comte Charles-Armand de la
Boullaye d'Éraauville, époux de Mélina-Tony Jacobé de Faré-
mont.
Perruque poudrée, habit violet, cravate blanche et manteau de
velours rouge.
CuHiille-René, comte de la Boullaye d'Fmanville, né le "21
août 1832 (fils de Charles-Armand, comte de la Boullaye
d'Éman ville et de Mélina-Tony Jacobé de Farémont), officier
instructeur à l'école de cavalerie de Saumur, marié le 20
novembre 1877 à Françoise-Elisabeth le Bault de la Morinière.
.Moustache et cheveux blonds, yeux bleus, uniforme d'instruc-
teur de Saumur, tunique noire, col bleu avec grenades argent,
aiguillettes et boutons d'argent, épaulettes d'or.
Sa femme :
35
546 LES PORTRAITS DE FaMILLE
Françoise-Marie-Elisabeth h Bault de la Marinière, fille
de Charles- Frauçoi'^-EramaDuel, comte le Bault de la ÀJori-
uière, et de Camille-Marie-Mélanie de la Forest d'Armaillé.
Cheveux noirs, robe en satin jaune, corsage décolleté, manteau
de zibeline jeté sur l'épaule. Beau portrait à l'huile par Jean Hil-
debrand.
Portraits de Mallevoue au château du Valratier.
Sapience Boirel{^^ aïeule de M. Frauçois-Edmoud de Mal-
levoue, ligne nialercelle), née en 1618, mariée en 1G40 à
Charles Eudes d'IJouay, écheviu d'Argentan, lequel était
frère : 1° de François Eudes de Mézerav, historiographe de
France et secrétaire perpétuel de l'Académie française, et 2"
du Bienheureux Père Jean Eudes, prêtre, fondateur de l'ordre
des Eudistes.
Elle est morte le IH mai 16o0.
Portrait en buste, de Irois-quarts, Coiffure à la Sévigné. Cor-
sage décolleté en velours brun à draperies blanches ; collier de
grosses perles, broche de diamants au corsage.
Dans un coin cette inscription : a Obiit 16 mai, anno Domini
ifibO, aplatis suip 32. »
Philippe-Joseph Berthelot, écuyer, seigneur de la Mothe
(arrière-grand- oncle de M. F'rançois-Edmond de Mallevoue),
garde du corps du roi, compagnie du maréchal de Villeroy,
chevalier de Saint-Louis, fils de Etienne Berthelot, écuyer,
seigneur des Thuilleries, et de Françoise de Billard.
Mort sans alliance.
Portrait à mi-corps, de trois-quarts, tête nue, cheveux pou-
drés ; habit de satin gris-bleu avec broderies et boutons d'or ;
gilet de satin blanc brodé, la main droite dans le gilet; cravate,
jabot et manchettes de dentelle ; sous le bras gauche^ tricorne
bordé de petites plumes blanches. Croix de Saint-Louis.
Les armoiries : d'azur au casque de front d'arr/cnt surmonté
de deux cuirasses de même.
Pierre-Gaspard Berthelot, écuyer, seigneur du Feugneray
(arrière-grand-oucle de M. François-Edmond de Mallevoue),
lils de Etienne Berthelot, seigneur des Thuilleries, et de
Françoise de Billard, garde du corps du roi, compagnie du
maréchal de Villeroy, chevalier de Saint-Louis.
Mort sans alliance.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT o47
Portrait à mi-corps, de trois quarts, cheveux poudrés, habit de
satin gris-bleu avec broderies et boutons d'or, gilet de salin blanc
broché, cravale, jabot et manchettes de dentelle. Croix de Saint-
I.ouis : porte sous le bras gauche un tricorne bordé de plunie
blanche. Costume identique à celui de son frère Pliilippe-Joseph,
la seule dill'érence est qu'il tient de la main droite une tabatière
émail et or.
Grégoire Berlhelot, écuyer, seigneur de la Fautelaye,
frère du précédent, capitaine au régiment d'Âilly, chevalier
de Saint-Louis.
Mort santi alliance.
Portrait en buste, de trois-quarls ; uniforme bleu à collet rouge,
épauletles d'argent, cravate blanche et jabot de dentelle. Croix de
Saint-Louis.
Mathieu Quillel, écuyer, seigneur du Valratier (4^ aïeul d,e
M. Frauçois-Edmoud de Mallevoue. Les Quillel possédaient
déjà, au xiv« siècle (aveu du 26 avril 1403), la terre du Valra-
tier qui est encore aux maiu.s des Mallevoue. leurs descen-
dants directs en ligue féminine), conseiller du Roi au bailliage
et siège présidial d'Ëvreux, fils de Laurent Quillel, écuyer,
seigneur du Valratier, et de Blanche de Guéruut de Lenlis.
Marié le '23 avril 1690 à Calherine Patry, d'une très
ancienne famille descendant de Pierre du Lys, frère de la
Pucelle d'Orléans.
Il est mort en l 'i"!!.
Portrait en buste de trois-quarts. Perruque Louis MV, habit de
velours rouge à broderies d'or, cravate ou rabat de dentelle.
Mathieu II Quillel, écuyer, seigneur du Vallralier (arrière-
grand-oncle de M. François -Edmond de Mallevoue), né le
7 octobre 1730 (iils de Mathieu-Yves Quillel. écuyer, seigneur
du Valratier, garde du corps, et de Catherine Motte, et pelit-
fils du précédent), officier des Gardes-Françaises et garde du
corps du roi, chevalier de Saint-Louis. Mort sans alliance le
21 août I78o.
Portrait à mi-corps, debout, de trois-quarts, cheveux poudrés.
Uniforme de drap blanc, hausse coi doré, épaulettes d'argent.
Sous le bras gauche une épée dont la garde, seule apparente, est
ornée d'une torsade d'argent ; dans la main gauche^ un tricorne à
cocarde blanche. Croix de Saint-Louis.
(Tous les portraits des Mallevoue étaient conservés au
548 LES PORTRAITS DE FAMILLE
mauoir d'Auluay, et comme la grande salle qui les renfermait
était ornée de solives apparentes portant les armoiries de tou-
tes les maisons alliées aux Mallevoue, elle fut saccagée en
1793 el tous les portraits disparurent.)
Portraits de la branche de FARÉMONT.
CHEZ M. DE SAINT-GENIS
A Vitry-le-François.
François de Saint-Genis, seigneur de Belleseaux. Il
épouse Huguelte Guyot et est père de Nicolas, marié à Magde-
leine Jacobé de Farémont.
Cheveux chûtain-foiicé, assez longs, niouslaclie de même cou-
leur. Justaucorps noir avec larges manches blanches, grand col
gris-clair.
Sa femme :
Hugnetle Guyot.
Robe noire avec pèlerine de gaze blanche à larges ourlets, fer-
mée par deux petits nœuds de velours noir. Larges revers blancs
aux manches.
Grande fanchon de soie noire et petite pointe de gaze avançant
sur le front.
Nicolas de Saint-Genis, seigneur de Belleseaux (fils de
François et de Huguelle Guyot), conseiller du Boi. élu en
l'Élection de Vilry, marié à Vitry, le 30 avril 1647, à Magde-
leine Jacobé de Farémont.
Cheveux bruns assez longs et bouclés, avec mèches tombant sur
le front ; légère moustache, yeux noirs. Costume de magistrat,
grand rabat blanc avec petits glands.
Au coin ses armes : d'azur au chevron d'or accompagné en
chef de deux étoiles d'argent, et en pointe d'un chêne déraciné de
même.
Sa femme i
DES JACOBÉ DE PRINQY DE GONCOURT 549
Magdeleine Jacobé de Farémonl (fille de Jacques Jacobé de
FarémoQl et de Marie Chaperon), née à Vitf}^ le 28 octo-
bre 1027.
Cheveux bruns frisés et formant de longues boucles tombant sur
les épaules nues. Corsage décolleté en velours bleu-foncé avec
broderies d'or, très ouvert sur un devant de dentelle blanche ;
sous-manches blanches bouffantes. Un manteau de brocart d'or
est jeté sur les épaules et rattaché sur le devant du corsage par
une agrafe de pierreries.
François de Saint-Genis, seigneur de Belleseaux (fils de
Nicolas de Saint-Genis et de Magdeleine Jacobé de Faréraont),
ué à Vitry le 19 février 1G48, conseiller du Roi, élu en l'Élec-
tion de Vitry, marié le 19 juin 167 6 à EUonorele Gras.
Longue perruque Louis XIV non poudrée ; il se drape dans un
manteau de velours noir doublé de rouge qui laisse voir le large
parement d'un habit rouge brodé d'or. Cravate et manchettes de
dentelle.
Sa femme :
Eléonore le Gras, fille de Jacques le Gras, seigneur de
Morambert, et de Louise Bauldoi.
Cheveux bruns foncés, frisés à la Sévigné, avec larges boucles
tombant sur les épaules ; coiffure plate en velours noir formant
petite pointe sur le front.
Robe de satin noir, corsage plat décolleté en rond avec draperie
de gaze blanche relevée devant et sur les épaules par de gros
cabochons de pierrerie entourés de perles avec petits glands de
perles fines. Les manches, longues et bouffantes, sont ouvertes
dans toute leur longueur sur une sous-manche de gaze blanche et
rattachées à la saignée du bras par un gros nœud de velours noir.
Nicolas de Saitit-Genis (fils de François et d'Éléouore le
Gros, petit-fils de Nicolas et de Magdeleine Jacobé de Faré-
monl), conseiller du lloi et son procureur en la maréchaussée
de Joinville, marié à Antoinette Poirelle.
Très longue perruque Louis XIV, brun-foncé. Robe noire avec
riche cravate de guipure formant rabat, accompagnée de deux
grosses touffes formées par des coques de ruban rouge.
Sa femme :
Antoinette Poirelle,
Robe de velours noir brodée d'or, ouverte sur un devant de
brocart d'or.
550 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Manteau rouge donhlô de bruCLirt d'or, dentelles aux manches
et au corsage. Elle tient des roses à la main.
François de Saint-Genis (fils de Nicolas et de Autoiuetle
Poirelle), ué eu 17li'J, avocat au Parlemeut, présideut-prévôt
eu la prévôté royale de Vilry, marié à Marie- Henriette
Jacobé de Frémont de Couvrot. Il est mort le 18 juiu 1781».
Habit de ville noir, jabot et mancbettes de dentelle, cheveux
poudrés demi-longs ; le cordon d'une canne à pomme d'or est
passé autour de son poignet.
Sa femme :
Marie-Henriette Jncoié de Frémont de Couvrot, fille de
François-Jacques Jacobé de Frémont, écuyer, seigueur de
Couvrot, AbJancourt, Luxémont, etc., conseiller du Roi, pré-
sident-prévôt royal eu la prévôté de Vitry, sul)délégué de
riulendaut de Champagne, et de Marguerite Jacobé de Nau-
rois. Née le 3 juillet 1715, elle épousa, le 7 janvier 17o8,
François de Saint- Geuis, et mourut le '^U août 1788.
Kobe noire à capuchon garni de dentelle, petit bonnet en den-
telle blanche avec fanchon noire. Manches courtes à volants de
dentelle. Manchon de martre.
Louis-Clair de Saint-Genis (fils de François de Saint-Genis
et de Marie-Henriette Jacobé de Frémont), ué le 7 mars 1740,
conseiller du Roi et président au grenier à sel de Vitry, marié
à Saiut-Dizier à Jeanne de Mougeot.
Cheveux poudrés, roulés avec na-ud derrière. Habit noir, cra-
vate blanche et jabot de dentelle.
Sa femme :
Jeanne de Mougeot. llUe de Jeau-Jérémie de Mougeot,
maître particulier des eaux et forêts à Saiut-Dizier, et de
NicoUe de MoUerat. Née le 4 juin 1757, elle épousa Louis-
Clair de Saint-Genis le 3 mars 1777, et mourut le 8 mars 1798.
CoilTure très haute, poudrée, relevée sur le front avec longues
boucles tombant par derrière. Kobe de soie rose très pâle, avec
broché blanc. Fichu Marie-Antoinette en blonde blanche, croisé et
dégageant le cou.
François Fagotin d'Oultremont, époux de A7me de Gyé de
la /'erckcrie, grand-pere de Nicolle de MoUerat, femme de
Jean-Jérémie de Mougeot.
DES JACOBÉ DE PRINQY DE GONCOURT SÎJt
(irande perruque Louis XIV. Manteau rouge doubli' de brocart
d'or et jabot de dentelle.
Portraits de la branche des JACOBÉ DE
FARÉMONT et du Rameau des JACOBÉ
DE FRÉMONT.
GALERIE DE M""' MICHELET
A Vitry-le-François.
(Sa belle-mère était la dernière des Jacobc de Frémont.)
Jean Jacobé de Frémont d' A blancourt, chevalier, seigneur
de Farémout et d Ablancourt, aide de camp du maréchal de
Tureune, ministre plénipotentiaire en Portugal et à Stras-
bourg-, né à Vilry le o septembre 1G21, mort à la Haye le
8 octobre IG'Jf) ; neveu et héritier, avec son frère Jérémie, de
son oncle, le célèbre Perrot d' Ablancourt.
Perruque Louis XIV non poudrée. Manteau brocart d'or et bleu
doublé de rouge (splendide portrait ovale).
On lit derrière : « Jean Jacobé de Frémont d'Ablancourt, fils de
« Jean Jacobé, maître particulier des Eaux et l'orêls de Vili;v, et
i< de Marie Perrot, sd'ur de ISicolas Perrot d'Ablancourt, le fameux
« traducteur. — Mort garçon à la Haye en tG96, connu par plu-
« sieurs beaux ouvrages dans la république des lettres, «
Jacques I^'' Jacobé de Farémont, seigneur de Couvrot et
Farémout (llls de Gilles II Jacobé de Farémont et de Catherine
de Godet), échevin en lG26, président en la Cour souveraine
de Commercy pour le cardinal de Ketz, époux de Marie Cha-
pero7i. Il est mort à Vilry le 17 avril IGGci.
Perruque longue sans poudre. Robe noire de magistrat et rabat
blanc.
François F'' Jacobé de Farémont, seigneur de Couvrot,
Villotte. Luxémont, écuyer, né en 1621 (fils de Jacques elde
Marie Chaperon), conseiller du Roi et son procureur aux trai-
tes foraines, président en la Cour souveraine des Grands Jours
de Commercy pour W^ le cardinal de Retz, épousa Françoise
Jourdain de Chantereine. Il est mort le 17 janvier nOii.
552 LES PORTRAITS DE FAMILLE
Perruque Louis \1V non poudrée. Robe de magistrat et rabat.
Peint à 90 ans.
Sa femme :
Françoise Jourdain de Chantereine, fille de Jean Jourdain,
seigneur de Chaulereine, demeurant à Chàlons. morte à Vitry
le 2 juin 1080.
Robe de damas bleu-foncé et marron, le devaiit du corsage en
brocart d'or surmonté de dentelles. Ceinture à boucle. CoilTure à
la Maintenon en dentelle blanche avec barbes retombantes. Peinte
à 80 ans.
(Les portraits de François Jacobé de Farémont et de Françoise
Jourdain, sa femme, sont à Concourt en plus jeunes.)
Louis P^ Jacobé de Frémont, seigneur de Couvrol (fils de
François \" Jacobé de Farémont et de Françoise Jourdain de
Chantereine), écuyer, né le 18 mars 1659, conseiller du Roi au
bailliage et siège présidial de Vitr3% marié en premières noces,
le o mars 1688, à Marie- Charlotte Châlons, et eu secondes, le
6 juillet 1699, à Anne Domyné des Landres. Il est mort le
11 décembre 1728.
Perruque demi-longue sans poudre. Robe noire et rabat.
Sa femme :
Marie- Charlotte Chàlons, lille de Charles Chàlons, conseil-
ler au présidial de Ghaumoul, etdeD"^ Charlotte de Héuusson,
née le 3 janvier 1064, morte le 2 juillet 1693.
Cheveux bruns tombant en boucles sur les épaules. Robe vieil
or décolletée garnie de dentelles. Crand manteau bleu.
François- Jacques Jacohé de FrémonL^ seigneur de Couvrot,
Ablaucourl, Luxémont, né le 3 avril 1689 ^fils de Louis I^'*
J. de Frémont et de Marie-Charlotle Chàlons), écuyer, prési-
dent-prévôt roval en la prévôté de Vilry, subdélégué de
M""" l'intendant de Champagne au déparlement de Vitry, marié
le 28 septembre 1711 à Marguerite Jacobé de Naurois. Il
est mort le 30 décembre 1757.
Perruque Louis .\1V. Habit de velours rouge, jabot garni de
dentelles.
Sa femme :
Marguerite Jacobé de Naurois, fille de Louis Jacobé de
Naurois, conseilb-r du Roi, président-lré.'^orier de France de la
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT 553
généralité de Champagne, el de Jeanne de Mauclerc. Née le 30
octobre 1685 à Araslerdam.
Robe de brocart d'or et d'argent, manteau de velours grenat
doublé de drap d'or. Agrafes el barrettes en pierreries de couleur
au corsage décolleté et aux manches. Coques de velours bleu dans
les cheveu.^.
(Très beau portrait.)
Louis II Jacohè. de Frémonl, chevalier, seigneur d'Ablan-
court, FrémoDl et Couvrot (fils de François-Jacques de Fré-
mout et de Marguerite Jacobé de Nauroisj, né le 19 mars 1714,
capitaine de grenadiers au régiment de Noailles, puis à ceux
de Cusiincs et de Sainl-Chamond, chevalier de .Saint-Louis,
marié le 7 janvier 17 4 4 à Marie- Anne de Salligny /'■^
Uniforme de capitaine dos grenadiers, habit blanc, revers et
parements rouges, jabot de dentelle, épaulette à gauche. Croix de
Saint-!. ouis. Tient un plan de Strasbourg.
Derrière la toile on lit : « Louis Jacobé de Frémont, chevalier
« de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, capitaine au régi-
« ment de Saint-Chainond. infanterie, aujourd'hui Dauphiné,
<< peint en \''i\ Agé de "21 ans, lils de François Jacobé de Couvrot
« et de Marguerite de Norois. »
Sa femme :
Marie- Anne de Sallignij P^, fille de Louis de Salligny,
conseiller et avocat du Roi au bailliage de Vitry, et de Marie-
Anne Dombasle.
Corsage de velours grenat, plastron brun, manteau de soie
rouge,
Louis-François Jacobé de Frémont, seigneur de Couvrot,
Frémoat et Ablancourt, né à Viir}' le 7 septembre 1756,tilsde
Louis II Jacobé de Frémont et de Marie- Anne de Salligny P'',
capitaine au régiment de Beauvoisy-infauterie, conseiller du
Roi en ses Cours de Parlement, Chambre des Comptes et
Cours des Aides réunis à Metz. Marié à Vitry le lû septem-
bre 1781 à Marie-Amie de Salligny II'', sa cousine germaine,
fille de Louis-Antoine de Salligny, seigneur de Montilleu,
président trésorier de France au bureau des finances de
Champagne, el de Jeanne de Saint-Genis.
Il est mort à Vitry le 16 mai 1825.
Uniforme de lieutenant. Habit blanc avec bandes bleu-foncé,
revers et parements du même bleu; trèfle d'argent sur l'épaule
554 LES PORTRAITS DE FAMILLE
droite, épaulelle d'argent sur la gauche. Tient un livre intitulé :
Tactique de Guibcrt.
Derrière la loile on lit : « Louis-t'rançois Jucobé de Frémont.
« lieutenant au rrgimont de Heauvoisy, infanterie, peint en 1778.
« âgé de il) ans. Conseiller au Parlement de Metz en 1781 ; fils de
e Louis Jacobé de Fréniont et do Marie-Anne de Salligny, a
« épousé Marie-.\nne de Salligny, sa cousine germaine. »
Du même une miniature. Habit noir et jabot do dentelle.
Lonis-Roch Jacobé de Fréniont (fils de Louis-Frauçois et de
Marie-Anue de Salliguy 11^), né le 8 septembre 1784, capi-
laiue des grenadiers de la garde du roi d'Espagne, chevalier de
la Légion d'honneur et des Deus-Siciles, marié le 27 septem-
bre 1812 à Elisabeth Jacobé de Pringy de Goncoîirt.
Deux portraits au château de (joncourt : l'un au crayon noir, eu
uniforme de grenadier de la garde avec croi.x des Deux-Siciles, et
un autre, miniature, en habit bleu à boutons d'or, et sa femme,
corsage décolleté velours noir garni de blonde blanche avec man-
ch'is de blonde et collier de grenat.
Louis Roch est le dernier Frémont, il est mort sans enfants
le "27 avril 18L»0 ; sa sœur Anne-Julie, mariée le l^"" juillet 181tJ
à Paraclet Mic/ielet, colonel d'artillerie, chevalier de Saint-
Louis, officier de la Légion d'honneur, fils de Jacques-Fran-
çois Michelel et de Calherine-Élisabeth-Auguste Uorayné du
Fays, a seule eu postérité ; les portraits de famille de la bran-
che des Fiémont .«ont donc en possession de la veuve de son
fils Louis-Léon Michelet, né le 1 2 Janvier 1 820, mort à Vilrj le
7 décembre 1892,
Marie-Caroline Jacobé de Frémont, lille de Louis-François
Jacobé de Frémont et de Marie-Anne de Salligny IP (et sœur
de Louis lioch et de Aune-Julie Michelel), née le 11' septem-
bre 1707, mariée le 28 novembre 1817 à Louis de Normandie,
chef d'escadron au If^"" carabiniers, chevalier de Saint-Louis,
officier de la Légion d'honneur. Morte sans enfants le 22 juin
1«78.
Miniature. Robe de mousseline blanche décolletée, avec écharpe
l)leu-ciel.
Louis- François de ViUiers, seigneur de Villiers- en- Lieux et
de la Robiche, lieutenant- colonel au régiment de Louvigny,
époux de Suzanne Jacobé de Naurois de Goncourt, née en
1()8'J, lille de Louis II Jacobé de Maurois, écuyer, seigneur de
DES JACOBK DE PRINGY DE CiONCOUKT 05 0
Naurois, Luxémonl el (lOiicourl. président trésorier de
B'rance de la généralité de Chainpague, et de Jeauiie de Mau-
clerc, et sœur de la l'emme de François-Jacques Jacobé de
Frémonl de Couvrot.
Grand portrait ovale, superbe, avec oadre d'une grande
richesse. Cheveux Idonds houclés. Lar^i^'e cravate noire, cuirasse en
acier garnie d'or et de velour,s rouge. Un giaiid manteau rouge
jeté sur l'épaule.
Derrière la toile on lit : « Louis de Villiers, seigneur de Villiers-
« en-Lieux et lieutenant-colonel au régiment de Louvigny, infante-
« rie, époux de Suzanne Jacohé de Naurois. »
Marie-Magdflei7ie Jacobé de Naurois (tille de Louis II Jacobé
de Naurois et de Jeanne de Mauclerc), née le 8 février 1705,
mariée le 2(S janvier 1722 à Claude-François-de Paul du Bois,
président et lieuleuaut général au bailliage de Saiut-Dizier,
subdélégué de Msr l'intendant de Champagne. Elle est morte à
Chancenay le 16 juin 172G ; lui est mort à Saiut-Dizier le 18
septembre 1773, sans enlauts.
Magnifique portrait ovale. Coill'ure haute poudrée ; corsage
décolleté en carré, en soie gros-vert, avec broderies or sur le
devant et aux manches fendues, retenues par des barettes et des
agrafes en or et pierreries, et laissant voir des sous-manches blan-
ches garnies de guipure. Plastron de drap d'or avec laçures de
galon d'or retenant le corsage vert. Manteau rouge jeté sur
l'épaule.
Portrait d'un Jacohé de F lémont avec les armes au coin :
d'azur au fer de moulin d'argent, lambei et épis d'or.
Costume noir, grand col plat rabattu ; cheveux courts.
Paul Michelet, avocat au Parlement de Vitry, procureur du
Roi aux traites foraines, lils de Paul Michelet et d'Elisabeth
Tisserand, marié eu premières noces à Louise Deu, en secon-
des noces à Elisabeth dt>, Marolles.
Grande perruque Louis XIV non poudrée, robe de magistrat,
rabat blanc.
Sa femme :
Elisabeth de Marolles, fille de Pierre de MaroUes, avocat du
Roi à Sainte-Menehould, marié le It) may 1019 à Jeanne
Jacobé.
Corsage décolleté en brocart marron à Heurs rouges ; agrafes
556 LES PORTRAITS DE FAMILLE
de pierreries ; manches blanclies avec dentelle; un rang de gros-
ses perles au cou. Cheveux noirs formant longues boucles de cha-
que côté. Petite coiffure de dentelle blanche.
Jacques-François Michelel (beau-père de Aune-Julie Jacobé
de Frémont), juge au Tribunal civil de Vitry-le-François,
marié (vers 17.'''J) à Catherine-Élisabeth-Auguste Domyné du
Fays.
Perruque poudrée, habit marron à broderies blanches ; gilet
bleu-clair avec broderies blanches; chapeau à claque sous le bras.
jy"'« de Pé(j07i, née Domyné du Fays, sœur de la femme de
Jacques- François Michelel, et tante de Anne-Julie de Fré-
mont.
Coiffure poudrée à la Marie-Antoinette, ornée de perles avec
aigrette ; robe de satin blanc à rayures, garnie de fourrure, rose
au corsage ; ruban rayé bleu et blanc autour du cou et en nœud
sur le devant du corsage.
Joli portrait dans un cadre ovale Louis XVI à nœud.
Une demoiselle Domyné du Fays, sœur de M""' Jacques-
François Michelet et de M'"^ de Pégon, faisant pendant à
celle-ci. Elle n'a pas été mariée.
Rol)e bleu-ciel garnie de galons d'or formant brandel^ourgs sur
le devant du corsage décolleté en carré ; guipure blanche ; che-
veux plats poudrés avec petite tleur bleue.
Même cadre Louis XVF que le précédent.
N. Domyné du Fays, père de M"'* Jac(]ues-Frauçois Michè-
le!, de M"'^ de Pégou et de leur sœur.
Chevelure longue non poudrée, habit bleu brodé d'or avec bou-
tons d'or. Gilet brocart d'or ouvert sur une longue cravate
blanche.
Trois dames Domyné du Fays en magnifiques costumes
mythologiques, ce qui était de mode à la cour de Louis XV,
où ces dames élaieul admises.
1° La Dame à la l'erle.
Grand portrait presque en pied. Costume de Cléopiitre, robe
décolletée rayée rouge, bleu, vert et Idanc, corsage-cuirasse en
argent, le bas découpé en festons qui sont bordés de perles.
Bandoulière en pierreries de couleur ; les cheveux en petites frisu-
DES JACOBÉ DK PRINGY DE QONCOUUT o57
res à la Sévigné sur le devant, formant derrière de longues
mèches enroulées de perles. Couronne de perles posées en arrière.
(Grosses perles au cou et aux oreilles. Long manteau bleu doublé
de jaune qu'elle retient d'une main, tandis que de l'autre, qui est
tendue, elle tient une grosse perle en forme de poire. Elle est
debout sur une terrasse avec balustres en pierre ; dans le lointain
on aperçoit le iNil, dans les eaux duquel se joue une bande de cro-
codiles. Splendide costume avec profusion de perles et pierreries.
Époque Louis .\IV.
2" La Dame au Costume de Flore.
Robe blanche en mousseline, tunique rouge, doublée de jaune,
à la Romaine, retenue sur les épaules par des pierreries. La tête
est oriiée de tleurs ; elle s'appuie d'un bras sur un coussin de
velours bleu, de l'autre elle élève en l'air une couronne de Heurs.
3" La Dame à la Toque.
Robe de damas d'argent brodé d'or, la robe a de très larges
manches garnies de galon d'or: barrettes de pierreries. Manteau
rouge bordé d"or. Cheveux poudrés, très longue boucle descendant
jusqu'à la taille. Toque noire avec bord rouge et gros nœud
blanc. Elle cueille une branche de fleur d'oranger sur un arbuste
placé à côté d'elle et s'apprête à la placer dans son corsage.
Peint par Lefranc,
Portraits de la branche des JACOBÉ
DE NAUROIS.
GALERIE DE M. JACOBE DE NAUROIS
Au Château du Bousquet, par Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne).
Louis Jacobé de Naurois^ seigueur de Goncourt, écuyer (fils
de Heury et de Jeanne de Mauclerc), né le 16 février 1ti56,
conseiller du Roi, président trésorier de France de la généra-
lité de Champagne, mort le 23 mai 1723.
Chevelure Louis XIV non poudrée, manteau de brocart d'or
doublé de rouge et jabot de dentelle.
Jeanne de Mauclerc^ femme du précédent, née le 9 octobre
558 LES PORTRAITS DE FAMILLE
1663, fille de Daniel de Mauclerc el de Jeanne Éal. Mariée le
14 janvier 168o à Louis Jacobé de Naurois.
Robe de damas blanc, manteau de velours rouge retenu sur
l'épaule par des agrafes de perles.
Louis Jacobé de Naurois, autre porlrail.
«•rande clievelure non poudrée. Tunique noire avec crevé.s vieil
or sur l'épaule ; broderies d'or, (à'avate de guipure avec nœud
rouge.
Jehanne Jacobé de Naurois, vicomlospe de Morel-Vmdé
(fille de Louis et de Jeanne de MaucltMc), née le 30 oclobre
1685.
Cheveux poudrés avec roses. Corsage décolleté en satin blanc
avec revers roses et écharpe de même couleur. Manteau bleu jeté
sur les épaule.-^.
Portrait ovale.
Vicomte dt M or e l- Viudé [Pierre-Benolsi Morel), seigneur de
Vindé, la Boucherelle. le Mci.\, Bricon, Boistiroux, Saint-
Esprit, elc. Prés^ideul eu la Cour des Ailes de Paris, ué à
Charleville en 1075, lils de Mariu-Bazile de Boisliroux,
vicomle de Morel- Vindé, directeur des domaiues de France, et
de D'"« Anthoinelte CoUart.
Marié le 2'J septembre 1703 à Jeaune Jacobé de Naurois, et
décédé à Paris le 17 avril 1735.
Grande chevelure non poudrée, habit de brocart d'or, jabot de
dentelle et ample manteau rouge.
Une miniature de Jeanne Jacobé de Naurois, vicomtesse de
Morel- Vindé, peinte en 1703, très jeune, les épaules nues.
Nicolas Perrot d'Aùlancourt, le célèbre traducteur, ué en
1606, mort eu 1664. Fils de Paul Perrot de la Salle d'Ablau-
court et de Auiie des Forges.
« ÀSicolas était frère de Marie Perrot, d' Ahlancourt, mariée
le 4 juin \'()\'6 -a Jean V Jacobé, seigneur de Lnxémout, Fré-
inont el Ablancourl; leurs deux fils Jean de Frémoui, miuis-
Ire plénipotentiaire de Louis XIV, el Jérémie d'Ablancourl,
officier au régiment de Duras, furent les hériliors de Nicolas
Perrot d'Ablancourl ».
l'ortrait ovale. Barbe rousse. (>hevcux noirs coupes courte. CjVt^-
lume noir, col uni rabattu. Il tient à la main le volume des Belles
Infidèles.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT 559
(Il existe aussi un beau porlrait original au Musée de Chà-
lons-sur-Marne.)
Pierre- Claude Colin de Morambert, seigneur de Riberpré,
prévosl d'Éclaron. époux de Marie-Catherine Placine, beau-
père de Louis III Jacohé de Naurois d'Ablaucourt, écuyer,
seigneur desdits lieux, Concourt et BlumereJ, capitaine au
régiment de Meuse, oi'ficier de la maison de M;-'' le duc d'Or-
lé'ius, qui avait épousé à Saint-Dizier, le 'JO février 1726,
Louise- Dorothée Colin de Morambert.
Perraque Louis XIV non poudrée. Bobo noire, rabat blanc.
Sa femme :
Marie- Catherine Racine ^ lille aînée de Jean Racine, le
fameux poète, et de Catherine de Koraanet. Née en 1670,
mariée le 7 janvier 1G99 à M. Colin de Morambert, et morte 'e
fi décembre 1751.
Cheveux hauts non poudrés tombant en longues boucles sur les
épaules. Robe de satin blanc avec broderies d'or sur le devant.
Manteau rose jeté sur les épaules et rattaché à une manche par des
dentelles d'or et une agrafe de diamants. Barrettes de diamants en
haut du corsage dont Tintérieur est garni de guipures.
Jean Racine, l'auteur <ïAthalie, né à la Ferlé-Milon le
21 décembre 1(339, fils de Jehan Racine et de Jehanne Sconin.
Marié le l"^' juin 1677 à Catherine de Romand, fille d'un tré-
sorier de France. Bisaïeul de Claude-Louis Jacobé de Naurois.
Chevelure Louis XIV non poudrée, habit bleu-ciel brodé d'or
doublé de satin bleu, gilet bleu, jabot de guipure.
Magnifique portrait ovale peint par J.-B. Santerre, qui vivait de
16d0 à 1717. 11 a été gravé.
Claude- Louis Jacohé de Naurois (fils de Louis III et de
Louise-Dorothée Colin de Morambert), écuyer, seigneur de
Naurois, les Marquets et Villers-Saint-Paul, né à Langres le
6 juin 1741, député de Paris au Corps législatif en 1808,
administrateur de Saint- tjobaiu, marié le 21 février 1772 à
Catherine-Rosalie Guérin de la Marre.
Uniforme de député de Paris eu 1808, culotte blanche, habit
noir avec broderies or sur le devant et sur les manches. Cravate
et gilet blancs, croix de la Légion d'honneur. Buste de Racine
dans le fond.
Miniature du même Claude-Louis Jacobé de Naurois, faite à
560 LES PORTRAITS DE l'A MILLE
l'époque de son mariage (1772). Cheveux roulés, habit marron,
cravate blanche (signé Olivier l-aïubeit, 4 mai 1"~2}.
Gérard-Marie Jacohé de Naurcis (fils de Claude-Louis et
de Calheriue-RosalieGuériu de la Marrej, écuyer, iié à Paris le
lu uiai 1773, ol'ticier d'artillerie puis ingéuieur des mines ;
s'est fixe eu Lauguedoc vers 1797 et a épousé, le 2G février
1797, Marie-Gabrielle-Rose de Solages. Il est mort à Paris le
le'juiu 1824.
Habit bleu à boulons d'or, gilet blanc, cravate blanche, croix de
la Légion d'honneur. Il est appuyé sur une table et tient un
volume de Racine. On aperçoit dans le fond le château de Saint-
.Mauris qu'il avait bàli prè's de Carmaux dont il possédait une
partie.
Du même une miniature faite en 1798. Habit bleu, gilet jaune,
cravate blanche avec épingle d'or.
Auguste-Louis Jacohé de Naurois (fils de Gérard-Marie t't
de Marie-Gabrielle-Hose de Solages), ué le 2 m;:rs 18Uo.
Costume civil de l'époque de la Restauration. Rodingole et
large cravate noire. 11 tient ouvert un volume dos Œuvres de
Racine en grand format, avec couverture aux armes des Naurois.
Fond de rideaux rouges. Le portrait est peint en 1838 par Rouil-
lard.
En pendant, sa femme :
Marie-Gabrielle de Solages, lille de Gabriel- François,
vieomle de Solages, et de sa seconde lemuie Marie-Frauçoise-
Joséphiue Gorrégée du Tertre, mariée à Toulouse, le 15 juin
1830, a Auguste- Louis Jacobé de Naurois.
Grand portrait presque en pied. Cheveux blonds formant bou-
cles de chaque côté du visage. Robe de mousseline blanche décol-
letée, ceinture bleu-ciel Klle tient un bouquet de tleurs et s'ap-
puie sur une table.
Uu même Auguste-Louis Jacobé de Naurois, une miniature.
Habit noir avec transparent blanc. (Cravate noire.
Albert- Gabriel- Gérard Jacobé de Naurois (tils de Auguste-
Louis et de Marie-Gabrielle de Solages;. ué à Toulou.se le
29 jaûvier 1833, marié le 17 juiu i8tJ7 à Louise- Paule-Maric-
Octavie de Sevvi-Lislc.
Cheveux blonds, barbe de même nuance. Redingote noire. Cra-
vate bleu-foncé.
DES JACOBÉ DE PRINGY DE GONCOURT b61
François ■ Gabriel, vicomte de Solages, marquis de Car-
meaux (beau-père de GéianlMarie Jacobé de Naurois).
Habit bleu, gilel blanc avec revers rougi^s, jabot de dentelle.
(Miniature.)
C. DE G.
36
Glossaire du Mouzonnais
Survé-iier), v., surveiller. — P. p., survé-iie.
Surveille, s. f., avant-veille. Est courant dans notre patois.
A feste toz seins la soroeille
Avint en l'ost une merveille.
(Eslcirc de la guerre sainte)
Survéni(r), v., survenir. — Se conjugue sur veni{r).
Li englieze li sorcenroit solonc che que il auroit fait.
[Chron. de Stavelot)
Surviv(r)e, v., survivre. — Il ai survivu — J'survi(v)rai.
Sur(v)oir, v., apercevoir, voir faiblement, comme à travers
les paupières closes. — Est-ce qu'à l'paav' Louis n'est mi aoùle,
do>i(c) ? — Xon, mais quasi : i suroît co n' miette.
Chastiau de fust (bois) dont l'en povoit surveoir toute la ville.
(Guillaume de Tyr)
Lors montèrent par les anguardes
Pur surveir se il trovassent
Nul Ture à qui il se mellassent.
[Estoire de la (jucrrc sainte)
Sus, pr. — Voy. Sur.
Sus bout, adv., debout, levé, occupé. — Voj. Bout. — Lacurne
signale surboul et cite ;
Apres que icellui Drouet ot mengié ung mors de pain et
beut une lois surbout a la table où souppoil le suppliant
(L. de rem., 1459)
Noslre grant roy Henry s'estoit remis sus bout avec une
très bonne armée.
(BrantùniB)
Et les tonneau.\ lirent meclre sur bout.
(Chron. de Du Guesclin)
JSÛzon, suzeau. — Voy. Sûgnon. — Sureau.
• Voir page 416, lome X de la Revue de Champagne.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 563
Taba(c) [faire], expr. s'arrêter, cesser de travailler, se repo-
ser : et pendant ce temps on allume du tabac.
Tàbellier, s. m., tablier, dit aussi d'oaiUicfr), et aussi idblic(r).
Tab(l)e, s. f., table.
Tachemauder. v., remuer, mélanger des li(|uides plus ou
moins singuliers ; barbotter dans Feau de vaisselle ; verser d'une
écuelle dans un autre vase, sans soin, salement, des corps liqui-
des ou simplement coulants.
Tachie(rj, v., tacher, faire des taches. — P. p., Lachie.
S'elle est... D'aucun vilain péchié lachie.
(Watriquet, la Suis)
Car oies noires, qui sont tacliies d'autre color, sont...
(Li Trésors)
Tachu, adj. et s. Marqué de Lâches de vin, spécialement à la
figure. — D'où le surnom de Tachu donné à celui qui a des taches
rouges au visage.
Tahon, s. m. — Voy. Ta-on.
Tai, part, passé du v. Taire. — Mais jïi n'm'ai tai quil quand
j'ii ai in dit tout c'quiï j'avos à ii dcrc.
Taile, têie, s. t., vaisseau hémisphérique creu.x, ordinaire-
ment en bois, vase appelé quelquefois vachai^ prononciation
patoise de vaissel, vaisseau. — Ce mot est probablement d'impor-
tation allemande, car Tellcr désigne une assiette. Et de là
résulte qu'il conviendrait probablement d'écrire Telle.
Taillant, s. m., marteau en forme de double hache, avec
lequel les carriers aplanissent les blocs d'une pierre qui, déjà, est
« éblauchie ».
Item, les hestaux des serruriers, vendans taillans.
(Estalage de Mons, 1614)
Taillette_, s. f., petit bois, petit taillis, buissons — N'est plus
guère employé que comme nom de lieudit.
Taillie(r), v., tailler. — P. p., laillie. — {A, bref.)
564 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Un jor voit li maislres taillier.
(Castviemenl)
Taillier, estoquer et rabatre.
(G. Guiart, Roy. liyn.)
Gobert, le souverain escripvain (jiii composa l'art d'escri-
pre et de taillier jilumes.
(Guilleberl de Metz)
La porte fu d'ivoire taillie noblement.
{Rastars de Buillon)
Et si esloit (une fenestre) mult bien taillie.
(Messire Gauvain)
Taire, v. Ju m'tais, Jii mlaisos, j ni'ai tai, — Tais-C , Tais-tu,
taiss'tu, tais-toi. — Taigez, laisez-vous (à la frontière) ; / n'viri-
rai puis) aslciir, taigez. — Taire .sa langue, cesser de parler
(mal).
Tes tcij., maveys, fet le roy.
(Foulq. Fitz Warin)
Si taisiés vo langue la maie.
(Roman de Ham)
Tesiez, d'ame, n'est mie voirs.
(Fabliau de Jean le Galois)
La première vertu et plus grant
C'est qui scet bien sa langue taire.
(Le Rcsveur)
Taler, v., meurtrir (un fruil), frapper, cogner. — De là vient
taloche, coup, gitle ; et aussi Talemouffe, même signification.
Talurc., meurtrissure,
(Cotgrave)
Talemoufife. s. f. — Voyez Taie?'. ~ C'eot probablement talc-
mousc.
Donner une talemouse, un coup de poing.
(Oudin, Curiosités)
Taleur, t't-à-l'heure, adv., tout à l'heure, dans un instant^
il y a un instant. — Les marchands d'bues ? il étainl là taleur.
— Eh bin ! à t't a l'heure.
Taller, v., pousser des racines, des rejets, à côté du tronc
principal, multiplier. — Lblé talle fort à ce momeni-ci. — La
pousse peut se dire une talle (talea, bouture). — Est au diction-
naire. Voy. Trochic(r).
Talouner, v., talonner, taper du talon.
Tamaint, adj., augmentatif de maint, beaucoup. — jV'y an ai
maint cl xAMAiNt.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 565
Et en avons fndiirt'; mainte painne et tamainte mésaise.
(Froissart)
Un cornet y avoit d'une euvre manovrée
Qui tureiure a non en tant mainte contrée.
{Du Guesclin)
Tambouchie(r), v., frapper à grands coups (de bâton, sur-
tout). — Quand l'bve es(l) assoumé, on le tambouche, pi(s) on
l'gonfelle aveu(c) in gros choiiffiot, pou(7') l'écorchie(r) après
pufsj aisiemat : Ça fait in rude train. — Cette opération est
prévue dans une ordonnance de la ville de Reims de i3B9 : « Que
les bouchiers ne puissent les grosses cbars enfler par soufler, par
broyer, par poindre de Ijroches, ou de cousteaulz, es ars devant,
ne par baUr de basions »
Donc oisiez en l'ost tel noise
Tel son ei tel tambusteiz^
Batoient hiaumes et chapels
(Estoire de la guerre sainte)
Tambourer, v., tambouriner, battre du tambour ; annoncer à
son de caisse. — Le maire ai fait tamboureu qu'la lierde n'ai pus
l' droit das la prairie.
Tamigie(r), v., tamiser, passer au tamis. — P. p., tamigie. —
Via d'ia farine moût mal tamigie !
Et j'ai moult souvent
Tamisie en une escafotte
La poudrette parmi ma cotte.
Tampone, tampoune, s. f., bordée, soûlée.
(Froissart)
Tamponer, tampouuer, v., faire la noce, la fête, tirer une
bordée.
Tandis, prép. adv., — pendant. — J'ai dit mes prières tandis
la messe. — On emploie souvent, avec le même sens : atandis.,
c'est-à-dire entendis. — Entin, on emploie l'expression : don tan-
dis que.
Et je Guilliumn vueil tandis
Questionner.
(Mir. N.-Dame)
Li Empereres leur promis! qu'il les sivroit sans demeure
atout grant est, et leur f^^roit porter, tandis., grant pienté de
viandes à vendre.
(Guillaume de Tyr)
Escûutons Dieu et faisons ses ditz
Requérons luy pardon : enlenditz
Retourner il pourra sa balance.
(Le resveur avec ses resveriesj
566 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Tané, adj., fatigué, harassé.
Tantimolle, s. 1'., pâle frite, sorte de crêpe. — Vo)-. Vante.
Tant quii (à ou pour). — Quant à.
Mais je vous dis tant que pour ma partie.
(Froisaart)
Tantôt, s. m., le soir.
Tant seulemat. exp. adv. — Seulement, à peine, pas même.
Vers orient a une gent
Qui lo soleil Idnt seulement
Deurent.
(Imaye du Monde)
Ta -on, s. m,, grosse mouehe qui se tient autour des bœufs et
les pique.
Escarbots, tahons, orvers, hannetons.
(Nouvelle fabrique)
Tosiors doit li fumier puir
Et talions poindre et maloz bruire.
(Chrestien de Troyes)
Taouner, v., parler en grondant (à la façon des ta-ons),
grommeler, se plaindre. — / faut poiirtant qu'elle taoune tou-
jou(rs) après qiiéquiin.
Tapageus, s. m., qui fait du tapage, du bruit, du désordre
bruyant.
Tapagie r), v., faire du tapage.
Taper, v., jeter, lancer, se débarrasser en projetant. — Tape
tmites les épluchâtes aux pou-'ies. — ÎAPE-m par terre, laid
niche !
Taque, s. f. , plaque de fonte plus ou moins historiée que l'on
met au fond de l'âtre d'une cheminée.
Immeuble est réputé ce qui est mis en certain lieu pour
usage particulier d'une maison comme tacques ancrées et
cram])onnées es cheminées.
(Xouv. coutumier général^ D' Lacurne)
Tarauder, v., rôder, chercher, fureter, renaît chie(r). — Se
dit aussi, par altération^ pour takoter (v. ce mot). — Enfin signifie
encore battre, donner une volée: — 77/ fli taral'dé l'cuir, j'ai
endommagé sa peau.
Tarère^ s. m. Tarière, à percer des trous.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 567
Therebruni, tarere.
(Voc. lut. fr., Mil' s.)
Plus parfont le j)oindra que plétruis de larere.
(Rom. d'Alixandre)
Kn iiii trou de larere 11 boute errauraent se deux pois (pouces).
(lier le as grans pies)
Siî li covient coingnie
Tarere pour percier.
(EsUllemenl au vilain)
Tarinée, s. f. , terrinée, plein un vase ; en général une quan-
tité exagérée. — Tous les Jou(rs) au malin, i s'fouî-re in boune
TARiNKE d'café !
Tariir), v., tarir.
Tarote, s. f., bavarde, qui tarole. — A vHa 'n Marie t.\rote.
Taroter, v., parier, babiller, bavarder... suituut seul et
comme à soi-même.
Tartouffe, s. f., ponmie de terre (allemand Karlolfel).
Tarzer, v., tarder. — Jezeuf nii r'vint mi donfcj? — 0,'i i n'
TABZF.RAi mi a c^lheure.
Je vous manrai en paradis
Ja ne tarsera mie.
(Poètn. relig. Ane. Texl'-s)
Quant t'avera oïe
Ne te tarsier mie.
( Chanson j Ane. Textes)
Pour Diu, te prie, ne large pas.
(I.i biaus Desconeusj
El li sire ne tarja mie.
(Fabliau. Dame qui se venjaj
Près est li lens, n'est pas iointeins,
Ne tarzera, ja est sor mains
(Dr. d'Adam)
Moult estoit de la nuit alée
Ne tarsait gaires l'ajornée.
{Dolopalhos)
Tarzif, adj., tardif. — A Chevèges fai vu des cerises moût
TARzivEs : 071 ne les mangeât qu'à la fin de septembre.
Tas, s. m., prouonc. de temps. — J'n'ai mi /'tas d't'écouler.
— Jii n'saros rester pus /o/î^tas.
508 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Tassiau, s. ni. Lieu où l'on entasse, empile les gerbes ou le
foin, dans une écurie ou un grenier. — Le tas lui-même.
Tatine, tatouille, s. f., raclée, coups.
Tost ont donné un tatin
A Giuitirtr ou a Martin.
(Eust. Doscliamps. Lay de Vaillance)
Tatou-iie(r), v. Battre, donner une tatouille. — JH'al ïatou-
\\R (Vin belle façon. — Aussi lâler, secouer, chatouiller : Ne
TATOUILLE lui ct afiiiil là comuQ. — Et enfin, salir, souiller.
Tâtouner, v. Tâtonner.
Tauche, s. f., tâche.
Tauchie(r), v., tâcher, essayer, viser. — P. p., Imtchie. — Jii
li ai du qii'i tauche d'a(r)oi(r) fini.
Tduguie, s. f., raclée, volée de coups. — Ali! il ai reçu 'n
belle TAUGNiE. sais-tu ?
Taug'nie(r)^ v., battre, rosser, rouler dans la boue. - Je nous
ans TAUGMEi'Syi comme i faut, à la fêle à Douzy.
{A suivre.) N. Goffart.
NÉCROLOGIE
Nous avons annoncé la mort de M. i.oiiis Lallement, président
de seotion à la l""" Chambre du Tribunal civil de la Seine, décédé
à Fays-Billot (Haute-Marne), le 24 août 1807, à l'âge de 49 ans
ijieciie, 1897, p. 747).
M Lallement était né à Langres le 27 mars 1848.
Après de brillantes études au lycée Lonis-le-Grand, où il fut
deux fois lauréat du concours général, M. Lallement, docteur en
droit, fut attaché au ministère de la Justice en 1875 sous la direc-
tion de M. Dufaure. Il fut nommé secrétaire du Tribunal des
conflits en I87G.
Juge suppléant au Tribunal de la Seine en 1881, il obtint, en
1883, le service de l'instruction. Il devint, deux années plus tard,
secrétaire en chef du Parquet de la Cour de cassation. En 1892, il
quittait ce poste pour revenir au Tribunal comme juge titulaire, et
enfin, en 189G, il était chargé de la présidence d'une section.
Il était chevalier de la Légion d'honneur.
Dans tous les postes qu'il a occupés, M. Lallement, magistrat
d'une érudition sûre, et en même temps d'une affabilité bienveil-
lante, avait su faire apprécier les éminentes qualités de son esprit
et de son co.'ur, et sa mort a causé de profonds regrets.
E. V.
Le peintre Jules Ruinart de Brimont vient de mourir à Rilly-la-
.Montagne (Marne), où il habitait depuis de nombreuses années.
Jules Ruinart, issu d'une des plus anciennes et des meilleures
familles de la Champagne, était né à Coblenz pendant un séjour
qu'y faisaient ses parents, en 1838. Il était âgé, par conséquent,
de soixante ans.
Élève d'Achenbach à l'Académie de Diisseldorf, il a habité r.\l-
lemagne pendant dix-huit ans, pour revenir en France au moment
de la guerre de 1870. Depuis celte époque, il s'était fixé à Hilly.
Ruinart a peint à Reims et dans toute la Champagne de beaux
portraits ; il avait rapporté de ses voyages en Allemagne, en
Bohême, en Angleterre, en Autriche et en Italie de nombreux cro-
quis et études.
Il peignit aussi des tableaux représentant des sujets histori-
ques, religieu.'ç, ou des scènes de moeurs, supérieurement dessinés
et d'un chaud et puissant coloris. 11 a exposé très irrégulièrement
aux Salons de Paris, aussi peu soucieu.x des honneurs que de la
570 NÉCROLOGIE
fortune, Iravaillaiil cl vivant pour le simple amour de son art,
toujours préoccupé de mieux faire.
On a vu de lui, à certaines expositions de la Société des Amis
des Arts de Reims, de charmants tableaux de genre.
Aimable causeur, très instruit, modeste et simple, Jules Ruinart
laisse un souvenir bien vif parmi ceux, peu nombreux, qui ont pu
l'approcher et pénétrer dans son intimité.
Le gouverneur général de IWfrique occidentale française vient
d'annoncer au ministère des Colonies, qui en a fait informer la
famille, que M. Georges Bailly-Forfilière, de Roche-sur-Rognon
(Haute-Marne), officier de réserve, qui s'était rendu à la tête d'une
mission dans la république de Libéria, a été massacré le i6 mai
dernier, au village de Zolon, situé entre les rivières Koffa et
Saint-Paul.
Un des compagnons de voyage de notre compatriote, M. Pauly,
de Châtillon, a été massacré dans les mêmes circonstances.
M. Bailly, possesseur d'une grosse fortune, avait précédemment
organisé uno mission dans la Ciuinée trançaise, d'où il était
revenu il y a quelques mois. Il avait publié un livre intéressant
sur son voyage, et avait reçu du gouvernement les palmes acadé-
miques.
Le 23 juillet 1898 est décédé à Reims, chez son gendre, M. Léon
Mauroy, un architecte de grande valeur, Pierre-Joseph-Edouard
Deperthes, architecte diocésain, chevalier de la Légion d'honneur,
membre correspondant de l'Académie de Reims.
Son histoire se résume dans la nomenclature de ses œuvres :
on peut dire que pour lui les pierres même parleront.
Né à Houldicourt (Ardennes), le 31 juillet 183.3, de parents culti-
vateurs, il vint de bonne heure à Reims et fut un des meilleurs
élèves de M. Brunetle, l'architecte de la ville. Son premier début,
si nous avons bon souvenir, fut, en iS.'ii- ou ISo.'î, sa collaboration,
avec Leblan et Keimbeau, au grand projet de JNotre-Dame de la
Treille, de Lille, projet qui obtint le premier prix.
Successivement inspecteur des travaux d'architecture de la ville
de Reims, de la reconstruction de l'église d'Argenteuil et de
l'église Sainl-Ambroise, à Paris; architecte en chef de la ville de
Brest pendant six ans, il a exécuté les travaux suivants :
De 1857 à 1862, la construction de l'église catholique, à Berne
(Suisse), à la suite d'un concours ; de ISOil à 1876, la reconstruc-
tion de la basilique de Sainte-Anne-d'Auray, toujours à la suite
d'un concours ; de 1869 à 1873, la construction de la nouvelle
église Saint- Martin, à Brest ; de 1873 à 188(1, la reconstruction de
NÉCROI-OGTR 571
l'Hùtel de Ville df; Pari'?, en foilaboralion aver, M. Th. Ballu, à la
suite du concours ; (il! IST't à IST.'i, l'oxi-culion du monument de
l'abbé de la Salie, à Huuen, en collaboration avec M. Falf,'uière,
statuaire ; de IHT.'i à I88U, roxécution de la partie architecturale
du Chùteau-d'Kau do la ville de Rouen, également en collabora-
tion avec M. Falguière ; de 18TG à 1887. la reconstruction de
l'église paroissiale de Séné, prés Vannes; de 1876 à 1884, la res-
tauration de la charmante église de l'ancien prieuré de Saint-
Urbain, à Binson (Marne) ; à la même époque, l'érection d'un
monument élevé à Cliâlillon sur-Marne, à la mémoire du pape
Urbain II, né dans celte ville : la ligure est de M. Roubaud jeune,
statuaire; la reconstruction du nouveau prieuré de Saint Urbain,
à Binson; de 189U à 1892, la construction de la chapelle de l'hôpi-
tal Auban-Moët, à Kpernay; de 1890 i'i 1801, la construction de la
chapelle intérieure du Petit-Séminaire de Sainte-Annc-d'Auray ;
de 1891 à 1892, l'exécution de la partie architecturale du monu-
ment élevé à Sainte-Anne-d'Auray, à la mémoire du comte de
Chambord ; de 1891 à 1892, en collaboration avec son fils,
J. Deperthes, l'exécution de la partie architecturale du monument
commémoratif de la Fédération bretonne-angevine de 1790 à Pon-
tivy. Ua figure et le bas- relief sont de notre concitoyen, le sta-
tuaire Chavailliaud.
Il a obtenu, au cours de sa carrière : cinq premiers prix
(Berne, Vannes, Paris, Rouen, Oran) ; cinq seconds prix (Ram-
bouillet, Tours, Paris, Milan, Saint-Nazaire) ; une médaille au
Salon de 186o ; un prix à l'Exposition universelle de 1867 ; une
médaille d'orà l'Exposition universelle de Lyon en 1872 ; enfin, des
médailles et des mentions honorables à Reims, à Paris, au Havre,
à Lille, à Grenoble, à Montpellier, à Amsterdam, etc, etc.
Ayant perdu il y a quelques années deux de ses fils, sa santé
s'altéra. 11 poursuivait néanmoins l'exécution de travaux impoi-
tants à Nantes (construclion d'un palais épiscopal), à Chàlons
(Grand Séminaire), à Epernay (église Saint-Pierre et Saint-Paul),
etc., quand la mort est venue le frapper à Reims au milieu de sa
famille.
Cet habile architecte, qui ne comptait pas moins de dix-huit
églises bâties par lui, laisse deux lils ; Jules, qui a obtenu le prix
de Rome il y a quelques années; Eugène, sorti de l'Ecole poly-
technique et officier du génie ; — et deux filles, dont l'une a
épousé un peintre déjà hors concours, M. J.-J. Rousseau; l'autre
est M"^ Léon Mauroy.
Les obsèques de M. Deperthes ont eu lieu à Reims, le 2o juillet,,
en l'église Saint-André.
M. Brunelte, architecte de la ville de Reims, conduisait le deuil.
Ce dernier, en qualité de président de la Société des Architectes
de la Marne, a prononcé un discours d'adieu.
L'inhumation a eu lieu le 26 à Paris, à l'issue d'un service reli'
y72 NKCROLOGIE
gieux qui a él^ célébré à dix hf^ures du malin en la chapelle du
cimetière Montparnasse.
On annonce également la mort :
De M. Henri Sutaine, avec qui disparaît une des plus anciennes
et des plus honorables familles de Reims.
Toute une série de membres de cette famille comptèrent, à
diverses époques, parmi les notabilités rémoises.
L'un d'eux, Pierre Sutaine, né à Reims de modestes parents
fabricants de pain d'épice, parvint, malgré son humble origine, au
rang dabbé de la Congrégation des Chanoines réguliers de
Sainte-Geneviève de Paris. 11 fut élu le quatorzième général vers
i'36, et mourut le 18 décembre ITiiô, à l'âge de quatre-vingt-trois
ans, de sa profession l'année soixante-cinquième.
Son portrait a été gravé en 1738 par Daullé. On rencontre quel-
ques lettres de lui dans la Correspondance de Home, aux Archires
des Affaires étrangères.
M. Maxime Sutaine, père du défunt, a laissé une réputation
d'érudit et d'artiste de mérite.
— De M. Lacaille, manufacturier à Relhel.
Les obsèques ont eu lieu dans celte ville, le 12 juin, au milieu
d'une nombreuse assistance.
Des discours ont été prononcés au cimetière par MM. Bizénius,
vice-président du Conseil de prud'hommes, dont M. Lacaille était
président; Ply, (ileur chez M. Lacaille, et Valbaume, au nom de
l'Ecole centrale ;
— De M. Lartigue, conseiller général, maire de Civet, décédé le
16 juin 1898.
Le corps a été transporté le 19 à Paris pour y être incinéré ;
— De M. le conmiandant d'artillerie en retraite Camille Galtat,
de Larzicourt (Marne)_j décédé subitement, tandis qu'il faisait une
période de manœuvres comme officier supérieur de la territoriale.
Le commandant Camille Galtat sortait du rang, et n'avait dû son
avancement qu'à son mérite. Il était âgé de cinquante-huit ans.
Le corps du commandant Camille Gallat a été ramené à Larzi-
court, où l'inhumation a eu lieu le 23 juin ;
— De la Mère Sainte-Marie du Carmel, supérieure des religieu.
ses de Sainte-Chrétienne de la paroisse de Warnécourt (Arden-
nes), décédée le 23 juin 1S!)8, à l'âge de 79 ans. Elle était arrivée
dans cette localité en 1863, et n'avait pas cessé depuis de se
dévouer à l'instruction et à l'éducation des jeunes filles du pays ;
— De M. Louis-Charles- Brunetol, maire de Villers-Allerand
(Marne), instituteur honoraire, officier d'Académie, décédé le
28 juin 1898, à l'âge de 63 ans ;
NÉCROLOGIE 57.'^
— De M"^ veuve Ghiquet, déoédéi- à Athis (Marne), le 30 juin
1898, à l'âge de cenl-deux ans.
Jusqu'au dernier moment, elle a conservé l'usage de ses facul-
tés, et elle intéressait les siens en leur racontant les histoires du
temps passé ;
— De M. Paul Audiernc, ancien négociant, décédé à Epernay,
le !*■• juillet 1898^ à l'âge de IJ8 ans.
Les obsèques ont eu lieu le 4, en l'église Saint-Pierre et Saint-
Paul ;
— De M. Alexis-Théodule Messieux. professeur de dessin dans
les Ecoles communales de Reims, officier d'Académie, décédé à
Reims, le 27 juillet 1808, dans sa cinquante-quatrième année.
BIBLIOGRAPHIE
Les SurineU de Pimodan, par M. le marquis de Pimodau. Léon Vanier,
éditeur, 19, quai Saint-Michel ; Paris, 1898.
La iHiuilIe de Pimodan, originaire de Rarécourl-La-Vallùe-Pimo-
dan, canton de (Ilermonl-en-Argonne (Meuse), est une des plus
anciennes et des plus illustres de France. Elle remonte à Raussin
de Rarécourt, vassal du comte de Bar, en 1247. Sept chefs succes-
sifs de cette famille furent grands baillis d'épée de la ville de
Toul, avant la Révolution.
Cette famille fit ses preuves de noblesse le 17 mai 1766 et fut
admise aux honneurs de la cour. Elle perle pour armes :
D'argoil â cinq anncU-ls de gueules, posés en sauioiv, accompa-
gnés de quatre liermines de sable.
La maison de Pimodan est représentée aujourd'hui par le mar-
quis (îabriel de Pimodan, duc de Rarécourt, conseiller général
de la Haute-Marne, maire d'Echènay, membre de la Société des
Gens de Lettres, et par son frère, le comte de Pimodan, officier
de cavalerie, ancien attaché militaire de France au Japon (Tokio).
Tous deux sont fils du général de Pimodan, chef d'élat-major de
l'armée pontificale, qui fut tué à la bataille de Gastelfidardo, le
18 septembre 1860.
Le marquis de Pimodan, dont nous venons d'esquisser la généa-
logie, joint à la noblesse de la naissance, du sang et des armes,
celle de l'esprit et du cœur; ce qui n'est pas incompatible, au con-
traire, car on sait que Xoblesse oblige. Il fait partie de la Société
des Gens de Lettres depuis l'année 1880, et y tient très honorable-
ment sa place, par des travaux littéraires et historiques parmi
lesquels on remarque, en poésie : Lyres et Clairons : Le Coffret
de perles noires ; Les Soirs de défaites : Poésies. En histoire :
Histoire d'une vieille Maison; La réunion de Toul à la France
et les derniers Ecéques-Comles souverains ; La Mère des Guise;
La première étape de Jeanne d'Arc.
Aujourd'hui, le marquis de Pimodan vient d'ajouter un nou-
veau Ueuron à sa couronne poétique, en publiant ses Sonnkts, en
un coquet volume, artistement édité par Vanier, et orné de plu-
sieurs vues et dessins en couleur dans le texte. Ces sonnets, au
nombre de 118, forment douze groupes distincts, sous les titres
collectifs suivants : Les Mondes de rinfini.— Sonnets Toulois. —
Les Corolles. — Grecs et Turcs. — Pans. — La Gloire du
Mphon. — Le Roman du Caporal. — Palais polaire. — Histoire.
— Diversité. — A la Sainte Vierge.
BIBLIOGRAPHIE 575
Si, comme l'a dit Boileau :
Ud sonnet sans défaut vaut seul un long poème,
la plupart de ceux-ci sont des poèmes achevés, avec cet avantage
sur les longs, d'être courts, et aussi variés de tons que de sujets.
Nous ne pouvons entrer ici dans le détail analytique de tous ces
petits poèmes, en général délicatement ciselés et finement termi-
nés par la pensée maîtresse du sujet. Nous passerons seulement en
revue les principaux de chaque genre.
Ceux des Mondes de llnfini sont consacrés aux asties, en com-
mençant par Hêlios, le Soleil :
Dans l'espace sans borne, il nous marque la voie
Dont la Terre jamais un moment ne sortit.
... Tout vient de loi, foyer prodigieux, lançant
Tes flammes d'hydrogène à des milliers de lieues ;
Et lu n'es qu'un atome aux yeux du Tout-Puissant.
Parmi les Sonnets Toulois., celui sur la Calliédrale rappelle, en
même temps que la splendeur passée de ce beau monument,
reproduit en tète du sonnet, qu'elle renferme la sépulture des
Pimudan, seigneurs voués de la ville, avant la Révolution :
Nulle n'élait aussi noble, de lieims à Spire.
Elle avait des prélats, comtes, princes d"Empire,
Primats se couronnant par la grâce de Dieu.
Elle avait des soldats suivant ses archiprêtres ;
Des prévôts de bataille... Et, seul dans le saint lieu,
.Mon pied s'arrête au sol où dorment mes ancêtres.
Les sonnets des Corolles sont consacrés aux tleurs : Pivoines,
Cactus, Reines-Marguerites, Tubéreuses, Itoses, Dahlias. Lis, etc.
Les sonnets Grecs et Turcs, écrits l'année dernière, au moment
de la guerre turco-grecque, oll'rent de beaux retlcts des Ouie.nta-
LEs de Victor Hugo. Les vœux du poète sont pour les descendants
de Miltiade et de Léonidas, de Botzaris et de Mavrocordato ;
Mais la perte des Grecs est dans l'ordre des cicux.
Gomment lutteraient-ils contre le maléfice
Des canons musulmans?... Ils prient de nouveaux dieux
Quand Pallas--\lhéné demande un sacrifice.
Les sonnets sur Paris sont des petits tableaux réalistes pris sur
le fait, au courant de la promenade : L'Homme écrasé, Brouil-
lard, Grand Enierremenl, Lucifer, Le Christ à Montmartre,
L'Héroïne, à S. A. R. Madame la duchesse d'Alençon, victime de
la catastrophe du Bazar de la Charité :
Elle veut s'éloigner la dernière.
Ainsi qu'un capitaine on un vaisseau sombrant.
La série A la gloire de Niphon, célèbre le vaillant peuple du
Japon, à propos de la récente guerre sino-japonaise :
576 BIBLIOGRAPHIE
Allez! Mais le drapeau porlanl 0-Hi-Sama,
Le soleil japonais, l'ond comme de la neipe
Les a Célestes » devant les troupes d'O-sima,
Nihilisme, songe en Irain rapide, est une spirituelle et nior-
danlc ironie des utopies anarchiijues des révolutionnaires, qui
veulent tout détruire pour tout retaire cointne auparavant ; c'est
réternellc histoire du rocher de Sisyphe, du tonneau des Danaïdes
et de la toile de Pénélope.
Le lioman du caporal est une alerte épopée nulilaire en sept
tableaux, commençant par le Conseil de révision pour finir avec
le Renvoi de la Classe :
Trois ans il a porté le sac pesant qui lasse,
Appelant le départ de son suprême vœu.
Ce soir il sera libre, avec ceux de la classe.
Cinq sonnets en petits vers lieptasyllabes composent la collec-
tion du Palais polaire :
iSous verrions des colonnades.
Des palais démesurés
Encadrant des esplanades
Aux arbres à fruits dorés.
L'Hiiloirc renferme douze sonnets, rappelant divers faits histo-
riques concernant Clermonl-en-Argonne, Sainl-Dizier, Wassy,
Joinville, Montéclair, la Tour de Chanmonl: A Ménélick, A de
petits Français :
Que votre jeune canir au fier blason s'attache,
Car huit siècles vécus dans un passé ïans tache
Eclairent vos fronts purs et rieurs, cbers enfants !
Treize autres sonnets remplissent le cadre de la Dicersilé^
parmi les sujets variés desquels on remarque notamment : Un
Monde meilleur, Les Mages au pays d'Assur^ Vie intérieure, Le
Cloître, Village au bord d'un étang, Le Crépuscule des Mois et le
beau rêve de la Tour d'ivoire :
Pour retrouver mon cœur de vinj^t ans, et pour croire
Encore aux vieux drapeaux des temps ensevelis.
Je voudrais m'enfermer, seul, dans ma tour d'ivoire.
Enfin, les sept sonnets .1 la Sainte Vierge terminent magnifi-
quement ce poétique volume, par la mystérieuse odyssée de la
Mère du Dieu Sauveur, depuis la Fuite en Egypte jusqu'à V As-
somption glorieuse, en passant par le Golgotha et Ephèse :
Elle ferme les jeux... Alors, sur sa maison
Les anges, plus hardis, approchent, innombrables,
Cherchant à percevoir, en ses traits vénérables,
L'ordre de la ravir à l'humaine prison.
On sait que les écoles littéraires modernes se sont, plus ou
BlBt.lOGRAPItlE 577
moins, alfrancliies de la poétique de Boileau, qui, après deux «iè-
cles, paraissait un peu vieux jeu :
Que toujours dans vos vers le sens, coupaot les mois,
Suspeade rhémistichc, en marque le repos.
On fait, aujourd'hui, couramment des vers sans césure et sans
repos au milieu de I alexandrin. C'est ce que l'on appelle des vers
invertébrés. On prend même beaucoup d'autres licences poétiques
dont certains maîtres donnent l'exemple. Les Sonnets de M. de
Pimodan renferment (juelques-uus de ces vers, et c'est la seule
licence qu'il se soit permise, en {)renaiit soin d'en avertir le lec-
teur. Or, comme c'est aussi la seule <:ritique vénielle que nous
puissions adresser à son livre, nous avons scrupuleusement noté
ces vers, qui sont au nombre de 10. sur les 1,632 qui composent
le volume. Arsène Thkvenot.
Renaud de Chatillon, prince d'Antioche, seigneur de la Terre d'Oulre-
Jourdain, par Gustave Sclilumbergei\ de llnslilut. Ouvrage orné de gra-
vures, l'aris, libiairie Pion, 1H98, in- S", 410 p.
Voilà un livre que tout Champenois voudra placer sur les rayons
de sa bibliothèque, car Renaud de Chatillon est bien connu dans
celle province. Si son nom n'a pas atteint la célébrité des Gode-
froi de Bouillon et des Raudoin, il figure parmi ceux des plus
rudes batailleurs du xii'' siècle dont l'histoire nous a conservé le
souvenir, et peut-être aurait-il déjà, lui aussi, sa statue non loin
de celle du grand pape Urbain II, si certains actes de sa vie. même
jugés d'après les idées de son temps, n'avaient jeté sur sa mémoire
une ombre difficile à dissiper.
Cette vie est un véritable roman d'aventures, et nous compre-
nons quelle ait séduit M. (ùistave Schiumberger et qu'il ait été
tenté, entre deux de ses grandes études sur l'histoire byzantine,
de retracer t la hardie et tragique figure d'un des plus extraordi-
naires héros de cette longue épopée ». Dans une courte introduc-
tion, il expose que s'il a longtemps hésité, c'est que les documents
lui manquaient ; aujourd'hui, il n'est guère plus riche, mais il a
cru qu'il ne devait pas résister à son désir de faire connaître de
plus près « cette personnalité dont l'histoire le fascinait ».
Ouvrez la plupart des historiens et des biographes, et vous y
verrez que Renaud de Chatillon appartient à la maison de Chàtil-
lon-sur-Marne, entre Dormans et Ëpernay, et c'est à ce titre que
celui qui fut prince d'Antioche, et mourut seigneur de la Terre
<l'Outre-Jourdain, tient à la Champagne. Telle est l'opinion d'An-
dré Duchesne, de Moréri, du P. Anselme, telle est aujourd'hui
encore celle du docteur R. Rœricht. Cependant, au risque de se
faire honnir par les amis qu'il compte en Champagne, et ils sont
nombreux, M. G. Schiumberger préfère marcher à la suite de Du
37
578 mBLlOGRAPHlK
Gange el dos ùiiileiirs du Jiecueil des Historiens des CroixadcSy
ses confrères, el, s'appuyanl sur des passages d'Aubri de Trois-
Fontaines, dErnoul el de Bernard le Trésorier, il donne pour ber-
ceau, à Renaud, la ville de GhAlillon-sur-Loing en Orléanais, celle
qui plus tard devait donner naissance à Gaspard de Goligny.
La question mériterait d'être étudiée plus à fond, el c'est dans
une liOte seulement que M. G. Schlumberger l'eftleure, sans dissi-
muler la valeur des autorités qui sont opposées à la sienne '.
Aushi, continuerons- nous jusqu'à plus ample informé à laisser
Henaud de Gbàlillon à la Gbampagne, el notre bibliothèque ne
pourra que gagner à s'enrichir de l'ouvrage dont nous voudrions
donner une idée rapide.
La vie de Renaud de GhiUilIon, comme celle de la plupart des
personnages de son temps, n'est qu'une longue suite de batailles,
de meurtres, de scènes de violences, qui se termine par la mort
tragique de notre héros, personnage au fond peu sympathique,
malgré sa bravoure. Mais M. G. Schlumberger, qui a appuyé
d'une note chacun des faits qu'il l'apporte, afin de bien affirmer,
comme il le dit au début, qu'il n'a rien inventé, et que si son n-cit
présente des lacunes, c'est que les sources lui ont manqué, soit
dans les historiens latins ou grecs, soit dans les chroniqueurs
orientaux, a su donner aux tableaux, daiis lesquels ces récits sont
encadrés^ un charme tout particulier. Ge que nous avions remar-
qué dans les descriptions des Iles des Princes, il y a quelques
années, se retrouve ici. L'auteur, nqn seulement a su reconstituer
l'aspect des pays, la physionomie des villes, mais il sait animer
son cadre, et, quoique la citation soit un peu longue, nous lui
emprunterons la description d'Anlioche en 1149, au moment où
Renaud, petit gentilhomme, à peine connu, vient de gagner la
main de Gonslancç, princesse d'Antioche, la jeune veuve de Ray-
mond de Poitiers.
Après avoir retracé le panorama de la ville, l'historien nous
montre dans ses murs les représentants des dillerenls [leuples qui
s'y trouvaient confondus :
« Ici, c'est une troupe martiale qui s'assemble pour voler au
1. 11 est cerlain (ju'il règae uue cerlaiue iacerlitude sur l'origine de
l{euaud. Le texte le plus ancien qui parle de sa famille est celui de la chro-
nique d'Ernoul, rédigée vers 1230, c'est- à-dire plus de quarante aus après
sa mort el oii il est qualifié : « Un chevalier frère au signeur dau Gien
sour Loire, qui ot non Hainaus (p. 'i'I). »
Du Cange, qui lui consacre un article, le dit « Renaud, de Chaslillon-
sur- Loire, seigneur de Giea-sur-Loire, qui avoit pour sœur la mère de
Henaud, seigneur de Monlfaucon eu Brie et d'Aveline, femme d'Ursion, sei*
gnear de Nemours et de Tracy {^Familles dOuhe-Mcr, p. lUl). A la page
io4 du îuême volume, Henaud devient Renaud de Chastillou sm-Loing,
Du reste, il ne laut pas oublier que les Familles d'Outre-Mer ne sont qu'un
ensemble de notes que Du Cange ne se proposait pas de publier avant de les
sounietlro à uue sérieuse révision.
BIBLIOGRAPHIE 579
combat. Les signaux de guerre, les feux de bois énormes allumés
de proche en proche au sommet des tours et des monts par des
gardiens toujours attentifs ont annoncé, sur la mouvante frontière
des terres chrétiennes, une incursion des cavaliers aux rapides
juments de Nour-ed-Din, le Sultan d'Alep. le mortel ennenii du
Christ. Il faut sitôt leur courir sus, empêcher qu'ils ne pillent les
villages, qu'ils ne brûlent les moissons, qu'ils n'emportent à l'ar-
çon de leurs selles les épouses chrétiennes aux marchés d'esclaves
des cités de l'Euphrate. Il faut partir en hàtc. Quelques chevaliers,
de nombreux hommes d'armes ont déjà enfourché leurs montures
en cet accoutrement pittoresque où le vêtement, fait de mailles
de métal, des gens d'Occident, se mêle aux molles étoffes d'Orient;
où, pour éviter les mortelles atteintes d'un soleil de feu, le
heaume de fer, de forme conique, se recouvre du vaste turban
aux replis sinueux. Les chevaux de guerre, comme les mules de
somme, sont harnachés à l'orientale
« Que d'autres scènes étranges dans ces rues étroites sans cesse
sillonnées par la foule multicolore! Ici encore c'est le cortège
funèbre d'un moine revenu moribond de quelque course lointaine
pour le rachat d'humbles captifs. 11 a expiré dans sa froide cellule,
et la lente théorie de ses frères encapuchonnés te porte en terre.
Leur longue lilc, sombre et monoclirome, se déroule parmi les
troncs grêles des palmiers éclatants, toute semblable à celle qui
parcourt les bruineuses cités du .^ord, et les chants pieux, les lugu-
bres litanies, qu'on est accoutume d'entendre sous les voûtes gla-
ciales et noires des cathédrales d'Occident, font un effet bizarre
sous ce ciel enflammé, entre ces haies de cactus et d'aloès en
fleur.
« Voici qu'à la porte massive qui défend les abords du pont sur
rOronte, se presse un groupe martial et poudreux. Ce sont de
nouveaux croisés qui arrivent en Terre Sainte Ils viennent de
débarquer, ils ont quitté depuis peu les rives paisibles du Langue-
doc ou de la Provence ; ils se hAtent d'offrir l'aide de leur bras au
vaillant prince Renaud, dont la guerrière renommée commence à
se faire jour en Orient Un émir rallié dont Nour-ed-Din a
mis la tête à prix, réfugié chez le prince d'Antioche, passe au
galop de son fin cheval arabe, le faucon encapuchonné sar le
poing, suivi de quelques serviteurs au burnous blanc flottant. Ils
vont chasser, dans la plaine brûlante, la gazelle plaintive.
€ Des cris, des exclamations, des vivats retentissent soudain.
Des serviteurs aux vêtements éclatants, armés de bâtons ferrés,
font ranger la foule. C'est la toute gracieuse princesse Constance
d'Antioche, très jeune encore, bien que mariée pour la seconde
fois, qui revient de la cathédrale, montée sur une haquenée blan-
che. Un long et gai cortège la suit. A ses côtés le patriarche latin,
vieillard vénérable à la grande barbe blanche, chemine sur une
mule pacifique. Tous les passants se retournent pour saluer et
admirer la haute dame bellement accouti'ée. Peut-être a-t-elle un
580 biblioctRaphie
jour comme celui-ci, comme aujourd'hui au retour de la messe,
disliugué pour la première fois dans la rue le jeune chevalier des
bords de la Loire, l'élégant soldat de fortune dont elle vient de
faire son second époux.
e Le soleil est haut déjà à l'horizon, ses rayons brûlent, et
cependant la foule encombre toujours Jes rues, étonnant mélange
de tant de races. Le lin marchand d'Amalli ou de Gênes, de
Venise surtout, au riche costume, à la physionomie intelligente
autant qu'éveillée, coudoie le blond guerrier Scandinave, quelque
ûls de viking, quelque descendant des rois de la mer venu avec
ses compagnons gigantesques combattre le bon combat pour la
foi. Voici des nègres du Soudan, brutes à la face bestiale. Voici
des sectaires farouches du mont Liban, des Haschischin, émissaires
mystérieu.x du Vieux de la Montagne, à la physionomie inquié-
tante. Voici de libres Bédouins du désert de Tadmor. sveltes guer-
riers au blanc vêtement, habitants des grandes tentes, des merce-
naires arméniens descendus de leur lointain kastron des crêtes du
Taurus, des archontes byzantins vêtus du riche scaramangion,
mielleux et discrets envoyés du basilcus de Roum. A côté deux
circulent des chevaliers anglais hauts de six pieds, des cadets de
Béarn, des aventuriers catalans ou napolitains, de rudes barons
allemands, de pauvres pèlerins de Paris, des Juifs, des lépreux ».
On nous pardonnera celte longue citation, mais mieux que
toute autre, elle nous donne une idée du style coloré de l'auteur.
En le lisant, on voit revivre et s'animer toute celte population
d'une ville du royaume latin ; et. il faut le reconnaître, n'étaient
la princesse qui manque et les guerriers francs, on se croirait
encore de nos jours dans une des rues de Damas, tant en Orient
tout reste immuable.
Mais il nous faut revenir à Renaud. Investi par son mariage de
la principauté d'Antioche, la plus importante du royaume latin, il
eut à lutter contre de nombreuses difficultés d'administration inté-
rieure, et en même temps à repousser les tentatives de Thoros,
roi de la Petite-Arménie, contre lequel il entreprit une campagne,
afin de donner une preuve de son zèle à son suzerain le basileus
Manuel, n'hésitant pas à se faire l'exécuteur des volontés du sou-
verain schismalique contre un prince chrétien : mais, hélas, nous
aurons trop souvent l'occasion de le constater, la bravoure surhu-
maine de Renaud était trop souvent mêlée chez lui à une bassesse
de caractère et à une cruauté qui semblaient extraordinaires
même à ses contemporains. Nous le voyons s'allier avec Thoros
pour obtenir de Manuel la récompense de ses services et, sur le
refus de celui-ci, aller piller l'ile de Chypre, une des plus belles
provinces de l'Empire grec. Il est aussi difficile de démêler la
vérilé sur les succès de ces campagnes dans les récils des histo-
riens francs, byzantins et arabes, qu'il l'était, il y a peu de jours,
de se renseigner, d'après les journaux américains et espagnols,
sur la situation des deux camps dans l'île de Cuba ; aussi, au
BIBLIOGRAPHIE 581
milieu de ces villes brûlées, de ces soldats et de ces prêtres tués ou
mutilés, de ces femmes razziées et de ces trésors pillé*, ne nous
arrêterons-nous pas, rentrant en ii"i'6 dans Antioclie avec Renaud,
maudit, dit (juillaumc de Tyr, des Grecs comme des Latins. Les
années suivantes, c'est contre i\our-ed-Din que nous le voyons
guerroyer, mais le hasilcus Manuel vient à son tour reprendre la
lutte ; il fait la paix avec Tlioros, mais jure de se venger de
Renand. Le patriarche d'Anlioche, qui n'a pas oublié que quel-
ques années auparavant Renaud l'a fait exposer nu au soleil, la
tête couverte de miel, oflVe de livrer le prince d'Anlioche ; mais le
moment n'était pas venu, et le souverain byzantin se contenta de
lui intliger la plus sanglante humiliation en le forçant à venir
devant lui, aux portes de Mamistra, implorer son pardon. « Nu-
pieds, les manches de son pourpoint relevées au coude, la hart au
col, tenant de la main gauche, par la pointe, son épée nue dont il
devait présenter la poignée à l'empereur, le chef, humilié^, tra-
versa en ce triste appareil toute la cité, buvant une grande honte,
s'écrie l'archevêque de Tyr. »
Une plus grande infortune ne devait pas tarder à lYapper le
prince d'Antioche ; en ellet, en 1160, dans une expédition malheu-
reuse dans l'ancien comté d'Edesse où il comptait sur un large
butin, Renaud tomba entre les mains de Nour-ed-Din, prince
d'Alep. Celui-ci, comptant en tirer un jour rançon, le garda pen-
dant seize ans prisonnier.
En 1 I7G enfin, ses amis purent le racheter moyennant cent vingt
mille dinars sarrasms, plus encore qu'on n'en exigea du prince
Bohémond et des comtes de Tripoli et d'Edesse. Pendant la capti-
vité de Renaud, la princesse Constance était morte, et les deux
filles qu'elle avait eues de son second mariage vivaient à Constan-
tinople, tandis que le fils du premier lit régnait à Antioche sous
le nom de Bohémond 111.
.N'ayant plus rien à faire à Antioche, Renaud alla mettre sou
épée au service du roi de Jérusalem, Baudouin, alors menacé par
Saladin. Les conseillers du roi lépreux s'empressèrent de lui don-
ner c la dame de Crac et de Montréal à famé avec la princée ».
Cette principauté, située « au-delà de la mer Morte, en ces
régions presque fabuleuses alors, constituée uniquement par quel-
ques places fortes colossales dressées dans ces étendues sans limi-
tes, semblait, à cette époque, quelque haut navire perdu dans
l'immensité de l'Océan sarrasin ». C'était une sorte d'État dans
l'Etat, allant de la mer Rouge aux possessions des Sarrasins, le
boulevard du royaume, commandant les routes militaires et com-
merciales qui conduisaient d'Egypte en Syrie et en Arabie et qui
étaient fréquentées par les pèlerins se rendant à la Mecque et aux
autres villes saintes des .Musulmans.
Ne pouvant forcer la route, les caravanes devaient payer au sei-
gneur de Karak d'importantes redevances qui venaient s'ajouter
582 BIBLIOGRAPHIE
aux revenus considc-rables des produits nalurels de celle vaste
contrée : l'indigo, le baume, les vins d'Engaddi, le sucre de canne
et les riches moissons du plateau de Moab.
La dame de Montréal était Etiennelte de Milly ', fille du sei-
gneur de Naplouse - ; déjà deux fois veuve, elle avait épousé en
premières noces llumfroy III de Toron, et en secondes un cheva-
lier d'origine clmtnpcnoise. Miles de Plancy, sénéchal du royaume,
qui avait été récemment assassiné dans les rues de Saint-Jean
d'Acre, à la suite des compétitions auxquelles avait donné lieu sa
charge de régent durant la minorité du roi Baudouin \\'^.
« Un héros tel que Renaud de Cliâtillon, véritable chevalier de
la fable, écrit son biographe, était admirablement taillé pour une
telle seigneurie. Tout en cet homme de fer, son tempérament
essentiellement aventureux, batailleur et pillard, sa soif des com-
bats, de butin surtout, la haine implacable qu'il nourrissait contre
les Sarrasins si longtemps ses geôliers, l'âpre désir de venger ces
seize années d'humiliations et de tortures, tout le poussait à pren-
dre dès le début, dans ses nouveaux états, une altitude violente à
l'égard des musulmans. Il n'y faillit point. La crainte dos périls
qu'il allait accumuler sur sa tête ne l'arrêta pas une seconde. Il se
considéra de suite comme à peu près indépendant, n'en agissant
qu'à sa guise, ne s'estimant soumis à aucune loi, engagé par aucun
traité, ce qui, finalement, causa sa perte. »
Cette dernière période de la vie de Renaud est la moins con-
nue ; on sait que la défende générale du royaume contre Saladih
lui fut confiée, qu'il nliésita pas, malgré les trêves, à dépouiller
les caravanes de Damas ; que Saladin fit ravager ses états après
avoir en vain demandé une réparation de ce crime. Par représail-
les, Renaud organisa, en H82, une expédition dans la mer Rouge
afin d'aller piller La iMecque et Médine ; mais, malgré d'impor-
tants succès, il ne put atteindre son but.
Il nous faut marcher à grands pas pour arriver au dénouement.
C'est dans les historiens arabes surtout que nous trouvons le récit
des événements militaires de ces dernières années jusqu'à la
1 . Celle EtieuDelle ou Stéphanie ne doit pas être confondue avec une
autre dame de la même famille et du même prénom, qui épousa à la fin du
xn« siècle Guillaume Dore!, seigneur de Boutron, et Hugues de Giblet.
{Chronique d'Ernoul et de Bernard Le Trésorier, éd. Mas-Latrie, p. 305,
et Du Canpe, Familles, p. 408.)
2. Philippe de Milly, seigneur de Naplouse, est généralement considéré
comme appartenant à la famille des seigneurs de Milly en Gâtinais, En un
endroit, l^u Gange en fait le fils d'un chevalier champenois, Guy de Milly
(p. 400;.
3. Dans son ouvrage Le marquisal de l^lancxj et ses seigneurs, publié
dans cette lievue, M. le baron de Plancy n'a consacré que quelques lignes
à Miles de Plancy. Il y aurait une notice intéressante, dont on trouve les
sources résumées dans les Familles d'Outre-Mer de Du Cange (éd. Rey,
p. 403), à écrire sur ce personnage.
BinLlOGRAl'HIE b83
bataille d'Hitlin, dans laquelle Saladiii défit eutièreineiit l'armée
des Francs, el fit prisonniers le roi Lhxy de Lusignan et les prin-
ces, parmi lesquels se trouvait Renaud. Tous les Templiers et les
Hospitaliers furent d'abord massacrés ; Saladin fil ensuite amener
les princes devant sa tente et les fit défiler devant lui, leur faisant,
à l'exception de Renaud, un accueil plein de douceur et témoi-
gaant, en particulier pour le roi, d'un véritable intérêt en le fai-
sant asseoir à ses côtés.
Saladin oll'rit à celui-ci un sorbet d'eau de rose rafraicbi dans
de la neige, mais le roi Guy en ayant donné une partie à Renaud,
le sultan le lui reprocha en ces termes : « Tu ne m'as pas demandé
la permission de donner à boire à ce maudit, ù ce plus insigne des
impies. Je ne suis donc pas tenu de protéger sa vie. Ne lui passe
plus à boire, car je ne veux rien de commun avec ce traître. En
lui donnant à boire une première fois, tu n'as point obtenu mon
pardon pour lui, et ma sauvegarde ne s'étend pas jusqu'à lui. »
Après avoir reçu et fait placer autour de sa tente ses étendards,
le sultan fit revenir devant lui tous les princes chrétiens, pendant
que Renaud était toujours lié dans le vestibule. « Puis, il se le fit
amènera nouveau, n'ayant alors auprèsdeluique quelques domes-
tiques. D'une voix tonnante, il lui reprocha vivement ses crimes,
énumérant ses perfidies, disant : J'avais fait vo^u à deux reprises
de te tuer si je m'emparais de ta personne ; la première fois, ce
fut quand tu voulus marcher contre la Mecque et Médine ; la
seconde fois, quand lu pris par trahison la caravane de la Mec-
que. » Enfin, suivant l'invariable coutume, il commanda d'abord
à son prisonnier d'abjurer, puis, sur le refus énergique de Châtil-
lon, il lui cria : « C'est moi, maintenant, qui défends Mahomet ! »
II courut à lui, la dague à la main, et l'égorgea.
e Le corps du héros franc roula à terre, puis les serviteurs le
portèrent hors de la tente royale. Sur l'ordre du sultan, la tête fut
séparée du tronc et le cadavre traîné par les pieds devant le roi
Guy, puis jeté dehors au grand effroi de celui-ci. Saladin, voyant
le malheureux souverain cloué par l'émotion, saisi de peur devant
ce spectacle tragique, lui fit signe d'approcher, calma sa terreur,
lui garantit la vie sauve et, lui donnant place à ses côtés, lui dit :
« Cet homme meurt victime de sa méchanceté, pire que tout ce
qu'on peut imaginer. Comme tu le vois, sa perfidie, telle qu'on
n'en peut voir de pareille, l'a perdu ; son égarement et son inso-
lence éhontée sont cause de sa mort, car il avait vraiment dépassé
toutes bornes. Quant à toi, ne tremble pas, un roi ne tue pas un
roi. »
Malgré l'étendue de cette analyse, nous avons dû passer rapide-
ment sur un grand nombre d'incidents de la vie de Renaud de
Châtillon, qui mourut ainsi, âgé d'environ soi.xante ans, et dont la
tête fut portée dans toutes les villes d'Kgyple el de Syrie.
En même temps finissait le royaume de Jérusalem, par la cap-
384 BIBLIOGRAPHIE .
tivité du roi, et de nouveau le lonibeau du Christ lombait aux
mains des Musulmans qui le possèdent encore.
Le livre de M. G. Srhhimberger est, nous l'avons dit, d'une lec-
ture très attachante, et nous le croyons appelé à un grand succès.
.Nous serions heureux de le voir tomber entre les mains d'un de
nos grands peintres habitués à reproduire les paysages et les scè-
nes de l'Orient, il y trouverait le sujet d'une illustration complète
que mérite la vie de Renaud de Châtillon.
Comte DK Marsy.
*
* »
AiniANU HouBOKOis. Lellres inédiles de Jean Devillers, d'Epernay, chi-
rurgien-major de l'armée française au siège de Philipshourg fi^S^J-
lîeims, N. Monce, ISy^', ia-S» de vi-30 pp. (Extrait du tome CI des 7'ra-
vaux de l'Académie nationale de Reims ; tiré à lOU exemplaires).
Jean Devillers. chirurgien-major de l'armée française au siège
de Philipshourg, pendant la guerre pour la succession de Pologne
{17:33-l73ri), dont notre compatriote et collaborateur, M. Armand
Bourgeois, a retrouvé et publie aujourd'hui les mtéressantes let-
tres, appartenait à une ancienne et honorable famille d'Epernay
dont le nom se rencontre assez fréquemment dans nos archives
locales ; son père exerçait la profession d'apothicaire, nous
dirions aujourd'hui pharmacien. 11 eût été peut-être opportun de
donner, dans la brève introduction qui précède ces lettres, quel-
ques détails sommaires sur la famille du personnage et sur l'en-
semble de sa carrière, détails que les registres paroissiaux, les
archives notariales de la région eussent vraisemblablement four-
nis. On rencontre notamment vers cette époque (1744) un Jean
Devillers, procureur, notaire et conseiller de ville qui devait être
l'oncle paternel du jeune chirurgien. Il n'eût pas été moms utile
de rapprocher, au cours des pages, en quelques notes succinctes,
les divers réiàts qui ont pu être faits de ce siège fameux, où périt
le maréchal de BerwicU (12 juin 1734), des phases de l'attaque et
de la défense mentionnées dans cette correspondance, adressée
par l'auteur à son père et à Bertin du Rocheret.
Quoi qu'il en soit, ces neuf lettres, détachées des volumes de
M'Hanges du fonds Bertin du Rocheret, aujourd'hui conservé à la
Bibliothèque d'Epernay, nous fournissent des documents authenti-
ques sur les principaux épisodes d'une campagne assez rude et sur
les vicissitudes d'un siège qui dura six longues semaines et coûta
la vie à notre commandant en chef, que ren)plaça aussitôt le
maréchal Claude-François Bidal d'Asl'eld.
Nous y voyons que Jean Devillers était un fort bon lils, et que
ses parents devaient vivre dans une situation plus que modeste,
puisque notre jeune aide-major trouve moyen d'économiser sur sa
paye pour envoyer à son père quelques louis. Il dirige de là-bas
le traitement de sa mère malade, et s'ell'orce d'encourager les
bonnes dispositions de son chef à son égard, pour l'avancement,
BIBLIOGRAPHIE 585
par une hunil»le subveiilioii prélevée sur ses propres appointe-
ments. 0 tempora ! o more'i !
Un autre Sparnacien y est nommé, auquel amputation de la
cuisse est faite à i'Iiôpitai du siège, et qui méritait également une
ligne de note ; cest le tils Pierrot, dont la famille comptait égale-
ment parmi les plus nolahles de l'endroit. Plus lard, en 1808, un
Jean Pierrot, président du Trihunal civil dt^pernay, légua par
testament vingt mille francs à l'Iiùpital, etia ville, reconnaissante,
a donné son nom à l'une des rues d'Epernay.
D'autres personnages figurent em^ore dans ces lettres, qu'on
pouvait peut-être identilioi' avec certitude; tel ce M. de .louy
auquel Devillers envoie ses remerciements pour avoir contribué à
sa nomination d'aide-major. Il s'agit de Louis (Irossetête de Jouy,
seigneur de Cuis, Cramant et autres lieux, maréchal de camp des
armées du roi, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-
Louis, décédé en son château de Cuis (Marne), le 9 avril 4741, à
l'âge de soixante-dix-neuf ans, et inhumé le lendemain dans
l'église de Vinay (Marne).
Les lettres de Jean Devillers sont suivies de deux tableaux
envoyés au président du Hocheret et qui contiennent Tordre de
bataille et IV'tat détaillé des troupes qui furent engagées, de part
et d'autre, dans ce siège mémorable. On sait que Pliilippe-Valentin
Berlin du Rocheret, président de l'élection d'Epernay, avait l'es-
prit vif. ouvert ù toutes choses, et se plaisait à collectionner les
documents relatifs aux événements passés ou contemporains.
iM. Auguste .\icaise a publié, il y a une trentaine d'années, un
choix, en deux volumes in-S", fait parmi les nombreux manuscrits
autographes possédés aujourd'hui par les Bibliothèques de Châlons
et d'Epernay. L'utile publication de M. Armand Bourgeois appor-
tera, dans cet ordre d'idées, une contribution nouvelle à l'histoire
de notre pays. \. T,-R.
Racan, i3Sg-i6~o. Flistoirc anecdolique et criti(jue de sa ine et de ses
œuvres. Un fort volume in-S" raisin, avec planches hois texte et plan»,
par M. Louis Arnoold, agrégé des lettres, chargé du cours de littéra-
ture française à l'Université de l'oitier;?. Pari.s, 1896. Arin. CoUe),
éditeur.
C'est un véritable monument que M. Arnould a consacré à la
mémoire de Racan, un gros volume de 820 pages, plein de faits,
de documents, d'idées, amassés patiemment depuis la clas-e de
seconde, comme il le dit dans sa préface. Le volume est magniti-
quement édité par la maison A. Colin et illustré de nombreuses
planches très finement gravées.
C'est à une sœur ainée. qui guida ses premiers pas dans le che-
min de l'érudition, que M. Arnould a dédié son livre. Il a rompu,
en le composant, avec une méthode ancienne qui consistait, quand
on étudiait un auteur, à consacrer quelques pages à la biographie,
58»» BIBLIOGRAPHIE
puis à faire une partie littéraire beaucoup plus développée, où les
u'uvres étaient niéthodiqnement examinées et jugées. Comme il le
dit lui-même, il était depuis longtemps trop frappé des inconvé-
nients de cette méthode pour s'y assujettir. « D'abord ainsi
conçue, la Vie d'un homme se rt'duit le plus souvent à un sec
catalogue de dates et de faits : rien ne semble moins vivant, rien
ne répond moins à ce que ce mot si ])ref de Vie enferme d'admi-
rable variété et de mouvement. On n'aboutit guère ainsi qu'à une
image mutilée et informe de la réalité. » M. Arnould a jugé avec
raison que l'élude de la vie était indispensable à l'étude du poète.
Il s'est livré à de consciencieuses recherches pendant cinq années,
dans le .Maine, l'Anjou et la Touraine, visitant les curés, les mai-
res, les notaires^ compulsant des centaines de milliers de registres,
vivant même quelque temps au château de la Roche-Racan.
Nos lecteurs n'attendent pas que je leur donne en quelques
lignes un résumé de ce prodigieux travail. Donnons seulement de
Racan un bref portrait. C'était un indolent, un éternel distrait, à
la manière du bon La Fontaine. Sans être bon — car, en somme,
il y a très peu de bonnes gens, et Ton n'a point de preuves de sa
bonté — Racan n'était pas méchant... .Sa volonté était faible,
mais son esprit et son cœur étaient droits ; sans être un homme de
caractère, il fut néanmoins une nature sympathique, de la race
des Vauvenargues, des Vigny et des Paul Déroulède.
Comme poète, Hacan a été tenu en grande estime par ses con-
temporains. La Fontaine, pour n'en citer qu'un, l'a placé au même
rang que Malherbe dans ces jolis vers :
Mallierbe avec Hacan, parmi les chœurs des anges,
Ld-Haut de l'Elernel célébrant les louanges,
Ont empcrlé leur lyre, el j'espère qu'un jour
J'entendrai leur concert au céleste séjour.
Aujourd'hui, citons la délicate appréciation de iM. Lanson :
« C'est un vrai poète (il en avait l'àme et l'oreille), un amant de la
campagne, un doux mélancolique qui a pleuré la fuite des choses
et le néant de l'homme en strophes lamartiniennes, du milieu
desquelles parfois s'enlèvent puissamment de magnifiques images,
des périodes nerveuses et fières. » Pour M. Arnould, Racan est à
la fois un attardé naïf de la pléiade et un devancier discret du
romantisme.
II fait des pastorales, car il aime la campagne, il l'aime en gen-
tilhomme. Quand à la religion de Racan, on doit avouer qu'il
n'avait pas un sens moral très délicat.
.M. Arnould a comparé Racan à La Fontaine, et cette comparai-
son s'imposait; car on peut dire que ce sont les deux seuls poètes
du xvne siècle qui aient goiUé le charme de la plaine verdoyante,
la solitude des bois, les joies de la vie agreste. .M. R.
BIBLIOGKAPHIB 587
*
« 4-
Docteur Langlet, aucieu directeur du lUireau d'Hygiène de Reiras. —
in Bureau de santé au XVI h siècle. — La Feste de i635. — Reims,
F. Michaud, 1898. Gr. in-8" de 128 pages. (Extrait delà fiei'ue médicale
du Nord- Est). Planche avec vue de la Burie, et bois, sceau de la Santé
de Reims, autres lif^ures et •graphique.
CeLte inléressanle coiilributioii à l'iiisloire de l'iiygiène et des
épidémies à Heims vient bien ;ï son heure, aiorr; que des recher-
ches analogues se poursuivent dans toutes nos grandes villes.
Comment se comportait-on autreiois dans les temps de peste, et
quelle lutte eireclive opposait-on au tléau ? M. le docteur Langlet
a interrogé surtout les archives de Heims. les conclusions du
Conseil de ville, les liasses de correspondance, etc.^ etc. 11 en est
résulté beaucoup de découvertes.
Les titres des chapitres seuls vont nous les faire connaître : La
Police sanitaire, — Relation des villes entre elles, — Le Bureau
de santé, — Médecins et chirurgiens, — Les Loges et la Burie,—
Les aérieurs et la désinfection, — Les quartiers atteints. —
Nature de la maladie, — Receltes et dépenses, — La participa-
tion du clergé, — La garde des portes. On voit ce que le texte
renferme de détails locaux, précis et souvent inédits.
Ce n'est pas une raison pour renoncer à consulter les travaux
antérieurs dûs aux docteurs Phillippeet Maldan. Tout se succède et
se continue dans l'érudition ; ri"n n'est {)erdu, mais tout se com-
plète. H. J.
A TRAVERS LES Risvt'Es. — Lcs demières livraisons de la Revue
des Tradilions populaires contiennent plusieurs études dues à
quelques-uns de nos collaborateurs et compatriotes, qu'il nous a
paru intéressant de citer :
Dans la livraison de janvier-février 1808, M. Louis Morin publie
un Essai de catalogue du culte des fontaines dans le département
(le l'Aube.
Dans celle d'avril-mai, M. Louis Morin a donné encore un
curieux travail sur Le régne végétal dans les divertissements
enfantins de la région Irogenne ; le baron de Baye de précieuses
Notes de folk-lore votiak, recueillies au cours de sa dernière mis-
sion parmi les populations primitives de la Sibérie orientale.
Enfin, dans celle de juin, M. d'Arbois de Jubainville a fait
paraître une remarquable étude sur Les nombres trois et neuf,
sept et cinqxuinte, dans la litlcratvre homérUiae et chez les
Celtes.
La Revue hebdomadaire du 20 mars 1808 cuntient un article
très documenté de M. Ernest Beauguitte sur Les Gentilshommes
verriers de l'A rgonne.
o88 BIBLIOGRAPHIE
Notre éminenl. compalriole. M. (iaslon Paris, a donné dans la
iievue de Paris du l^ aoùl 1898, sous ce litre ; Un procès crimi-
nel, sous PhilipjiC le Bel. une remarquable étude sur le livre
récemment paru de notre collaborateur .M. Abel Rigault, le Procès
de Gitichard, èvêifue. de Troyes, dont nous avons antérieurement
rendu compte.
Sommaire de la Revue historique (irdennnise (imWel-àoùl 1898) :
I. Les trois généraux Lion, par Arthur Choqokt.
II. Mélanges. — Les chartes des Mares et de Lamelz, par le D"' H. Vin-
cent.
Une trouvaille siui^ulière dans une ardoisière de Fuma\', par N. Albot.
Découverte d'une pierre tombale du xiv" siècle, au prieuré d'Evergnicourt,
dépendant de l'abba^'e de Sainl-ilubert en Ardenne, par Henri Jadart.
Un inventaire des pièces et muuition-i d'arlillerie trouvées au château de
Rethel en 1653, par Al. Baudon.
m. Vahiétks révolutionnaires. — Les villages rapatis de Passemange,
Bohan, Membre et Bagimout.
IV. Bibliographie. — Gustave Saige, Mona(0, ses origines et son his-
toire (Henri Jadart). — Dom Jean Migeotle, Clij-Jiwlogie des Abbés de
Florennes (Dom Albkrt Noël). — C.-G. Roland, Orchimonl et ses
fii'l's, Slpplé:«ent (Dom Albert Noël). — Tillière, Histoire de t'obbaye
d'Orval {C.-G. Rolanu). — H. Jadart, (Quelques souvenirs des Russes dans
le département des Ardennes : — h'orte en fer du moulin de Sévigny-
VVateppe ; — Les écoles de Rethel et des villages voisins en i~~^ ; —
Les Bénédictines de la Paix- Noire-Dame à Liège.
\. Chronique. — Classement d'objets mobiliers des églises de Mairij, de
Biancheloàse et de .Murtm, parmi les monuments historiques.
*
* *
Sommaire de la Hevue d\Ardenne et d'Argoune (juiUet-aoîît
i898) :
Georges DeleaU : Pays wallons ; Herbeaunionl et la vallée de la Semoj'.
Stephen Leroy : Les sièges d'Omonl de 1589 à 1591 (suite).
André Donnay : Le folk-lore wallon (suite et lin); II. Littérature orale.
Sommaire de la Iievue historique (tome LXVII, juillet-août
1898) :
A. Matuiei;. Étude critique sur les journées des 5 et 6" octobre i~8g,
p. •iil-'.;81. — Cu. KoHLER. La vie de sainte (leneviève est elle apocry-
phe y p. 283-320. — Alk. Stehn. Chartes Engelbtrt OiUsuès ; Solice
biographique accompagnée, de fragments de ses mémoires relatifs à la
Révolulioii française, p. :i21-33iJ.
BIBLIOGRAPHIE 589
Sommaire du BnllcUn du Bibliophile cl du Hibiiolhccairc (lo
juin 1!
Natalis Rondot, Les relieurs de livres à Troyes, du AVI'* au .Vl'/« siècle.
Ce travail est une importante ronlribution à Thistoire de l'industrie du
livre, à Troyes, puisée aux œuvres originales, c'est-à-dire dans les magni-
fiques archives du département de l'Aube et de la ville de Troyes.
M. Natalis Rondot a relevé les noms de quatre relieurs troyens, pour le
xiV siècle ; vingt-neuf pour le x^» siècle ; Irenle-et-un pour le xvi', et
quinze seulement pour le xvir. Il signale plusieurs dynasties de relieurs :
les Thierry, dits de Brienne, les de Bargues, les Lointier, etc. Plusieurs de
ces ouvriers exerçaient à la fois les uiétiers d'écrivains, enlumineurs,
régleurs, relieurs de livres et libraires ; quelques-uns appartenaient au
clergé et travaillaient pour le compte de leurs églises.
Eugène Asse, Les Petits romantiques : Jules do fiességuier (suite).
Joseph Dumoulin, A propos des u Grecs du Roi », d'après un acte inédit.
Correspondance.
Lettre de M. Eugène Asse, relative à Bossuet, poète.
Chronique.
Elle mentionne une nouvelle édition, soigneusement revue et largement
complétée, du livre de l'abbé Bousseaud, Histoire et description des manus-
crits et des éditions originales des ouvrages de Bossuet (Paris, Picard et
fils. 1898, gr. iu-S").
Revue de publications nouvelles, par M. Gkokges Vicaire.
Litres nouveaux.
Sommaire du Hullclin du Bibliophile el du liibliolhécaire (15
juillet 1898) :
Marquis de Gkanges de Subgèhes. A propos de Chateaubriand. Notes
bibliographiques sur son pamphlet « De la Monarchie selon la Charte ».
Gustave Maçon, Note sur le « Mijstère de la Résurrection » attribué à
Jean .M)chel.
Eugène Asse, Les Petits Homanliques : Jules de Rességuier (suite).
Georges Vicaihe, A propos du « Roland furieux » illustré par Gustave
Doré.
Bibliothèques municipales.
Chronique.
Revtie de publications > ouvelles, par M. Georges Vicaire.
Livres nouveaux.
CHRONIQUE
SoCtKTK ACADKMIQL'E DE l'ACBE. — SéoUCe dU 11 juill 1898.
— Présidence de M. le curnte de Lautiay, président.
CoDimuniccHions du Président.
M. le président annonce le décès de M. Adolpiie Parigoi. prési-
dent du Tribunal civil do Troyes, et de M. Emile Forment, de Bar-
siir-Aube, tous deux membres correspondants.
M. le président a re^^u de M^e veuve F'ormont, par l'entremise
de M. Rousselct, son gendre, une somme de 100 francs, qui devra
être donnée en prix, en souvenir de M. Formont et conformément
à ses désirs, k l'autear d'une brochure ou plaquette inédite inté-
ressant la ville de Bar-sur-Aube. Le bureau s'occupera des moyens
de I enliser les intentions de la donalrice.
Cummunlcations des mevibies.
M Le (^Icrt fait connaître qu'il a reçu de M. Truelle-Sauit-
Evron, à litre de don à la Société pour le Musée des Arts décora-
tifs, une noix de coco très finement sculptée, sur laquelle l'artiste,
un forçat du bagne de Toulon, a représenté les batailles d'Essling
et de Marengo. M. le président adresse à M. Tiueile-Saint-Evron
les remerciements de la Socité pour ce don qui vient s'ajouter à
ceux dont ii l'a généreusement comblée.
M. Charles Ballet présente : 1" Une série de roses miniatures de
la race Polyanthea, originaire du Japon ; elles sont remontantes et
conviennent comme bordures ; 2" des lilas du Japon à iloraison
tardive ; 3" du seringat double à Meurs d'oranger ; 4" des tleurs de
Muscari pUnneux, de la ramillc des liliacées, plante qui peut être
enqiloyce en bordures,
l-Uccliuii.
Il est procédé à l'élccliou d'un membre résidant pcujr rempla-
cer M. Dufour-Bouquot dans la section des Lettres. M. Hémond,
inspecteur d'Académie et agrégé de philosophie, est élu au scrutin
secret.
Séance du l'.i juillet ISUS. — Présidence de M. le comte
de Launay, président.
Leclures et coininunicalions d'S membres.
M Kélix Fontaine lit un rapport sur un travail manuscrit de
M. Labourasse, membre correspondant, intitulé : .' La Navigation
de la Haute-Seine entre Nogenl et Cliàlillon avant 1830. » Ce tra-
vail consiste principalement dans une étude sommaire de l'état de
la navigation, depuis le commencement du xiv« siècle jusqu'à
CHRONIQUE 591
l'époque susdite. M. Félix Fontaine critique certains passages du
manuscrit de M. Labourasse, mais reconnaît que celle étude
contient des détails fort intéressants et a dû imposer à son auteur
un labeur dont il proclame le mérite. Il conclut que la Commis-
sion de publication, à laquelle il propose le renvoi de ce travail,
devra, avant de lui donner place dans les -' Mémoires », deman-
der à M. Labourasse de b; revoir et d'y apporter les rectilicalions
nécessaires.
Après avoir terminé ht)n rapport, .M. Kfiix Foulaine lit un tra-
vail original du plus haut intérêt, qui complote celui de M. Labou-
rasse et a pour litre : « Navigation de la Haute-Seine depuis
1830. » Il raconte en détail, avec chitlres à l'appui, tout ce qui a
été fait pour la navigation de la Haute-Seine, sous le premier
Empire et surtout depuis 1830. Ce travail, très documenté, échappe
à l'analyse ; tout le monde voudra le lire dans les « Mémoires ».
t^ontentons-nous de citer ce passage, qui nous semble devoir inté-
resser le public. « Après avoir achevé la construction des ouvrages
d'art entre ïroyes et les Maisons-Blanches, c'est-à-diie en 1876, ou
essaya la mise en eau de cette section ; mais on reconnut que
l'opération était impossible, sans recourir à des travau.v assez coû-
teux d'étanchement, à cause de la perméabilité des terrains qui
absorbaient l'eau au fur cL à mesure de sou introduction dans le
canal. On recula devant la dépense, et aucun travail séi'ieux de ce
genre ne fut entrepris. "
M. Le Clert lit la liste des dons faits au Musée pendant le der-
nier trimestre ; des remerciements sont votés aux donateurs.
M. Le Clert parle ensuite de l'emploi du don de 500 francs fait
par M. Ïruelle-Saint-Lvrou, pour le Musée des Arts décoratifs.
Cette somme a été employée à l'achat d'une magnifique torchère,
qui sera l'un des plus beaux ornements de ce Musée déjà si riche
en objets d'art intéressants. Le j)rix en était fixé à l,oOO francs,
mais M. Gagneau a bien voulu le diminuer de IJbO francs ;
M. Truelle-Sai[it-Evron a ajouté généreusement 200 francs à sou
premier don, et la Société a complété la somme nécessaire à l'ac-
quisitioii. M. Albert Babeau a prêté h celte affaire importante son
précieux concours; la Société l'eu remercie, ainsi que les dona-
teurs.
M. Le Clert donne lecture d'une note de M. l'abbé Prévost, curé
de Rouilly-Sacey, membre associé, sur une découverte de souter-
rains à Rouilly-Sacey. il s'agit de la découverte de galeries souter-
raines reliées entre elles à une grande profondeur dans le sol.
M. l'abbé Prévost donne sur ces souterrains de très intéressants
détails. 11 exprime l'espoir que, dans des fouilles subséquentes, ou
trouvera quelque objet aidant à assigner une date au moins
approximative aux galeries qu'on vient de découvrir.
M. l'abbé d'Antessanty annonce la découverte, dans la forêt de
Runiilly-les-Vaudes, d'un coléoptère fort rare, de la famille des
592 CHRONIQUB
Bracliélylres, le Vellelus dilalaius^ qui habile dans les nids des
frelons. Deux exemplaires de ce l»el insecte ont été trouvés der-
niéremenl par M. Louis Gillier, élève du lycée, sous une écorce de
chêne, au-dessous du sol. Cette espèce n'est pas indiquée dans le
Catalogue de M. Le (irand.
M. Gustave Huot fait ressortir la valeur des deux publications de
M. (luichard, n)entionnécs plus haut parmi les ouvrages otferts.
M. Jourdheuille signale un champignon microscopique, Fusicla-
dium cerasi, très nuisible aux cerises. W tait partie du genre qui
renfernïc les champignons produisant la tavelure des poires et la
gale des pommes. M. Briard ne le mentionne pas dans sa " FIo-
rule cryplogamique de l'Aube ». Il se manifeste par des taches
veloutées, noirâtres, sur les cerises ; ijuand il les envahit^ alors
quelles sont encore jeunes, il les em[)èche complètement de se
développer et les dessèche, de telle sorte qu'il ne reste que le
noyau. Cette année, à Lusigny, certaines espèces de cerisiers (la
cerise ang.aise tardive, la cerise de iMontmorency) ont été complè-
tement envahis et la récolte a été détruite. M. Jourdheuiile nion-
tre à la Société des cerises attaquées par ce champignon.
Les travaux de .M. Labourasse et de M. Félix Fontaine sont ren-
voyés à la Commission de publication.
M. Pron annonce le don au Musée d'un tableau de .M. Toudouze.
Les procédés d'exécution sont dilfcrents de ceux qu'on emploie
ordinairement ; il invite ses collègues à le visiter.
SOCIKTK DKS Sl.lKiN'CKS ET ArtS DE VlTIlY-LE-Fn.VNrOIS . — ScilIlCe
du 1 1 juin IS9S. — Présidence de M. Jovy.
hitaient présents : MM. Jovy. président ; U' Mougin, Collet,
Denis, Dutertre, Julien de Felcourt, Le Sente, Lumereaux, L)'' Vast,
abbé Dansain, membres titulaires ;
Cuvillier, Tavernier, membres associés ;
.\. Lhote et Auguste Nicaise, de Chàlons-sur-Marne.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
CojTespoiidance.
M. le président, en (juclques paroles pleines d'émotion, rappelle
la perle que vient de faire la Société des Sciences et Arts dans la
personne de l'un de ses membres correspondants, M. le D'' Giraux.
président de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts
de Chàlons-sur-Marne.
Sur l'invitation de M. le président, M. A. .Nicaise donne d'inté-
ressants détails concernant les cérémonies du prochain centenaire
de celte Société.
Pour le 9 juillet prochain, on organise une exposition d'horti-
culture qui promet d'être des plus brillantes, et une exposition
CHRONIQUE o93
d'arcliéulogie dont la prccieiise cullecUon de .M. BosLeaiix, maire
de Ceriiay, sci'a l'une des principales allracLions. Le 10, dans la
nialinée, me^se en inusiiiue sous la direction du maestro Huel.
Dans l'après-tiiidi, séance solennelle à IHùlel de Ville ; discours du
délégué du gouvernemenl ; discours du président qui mettra en
relief les œuvres de la Société. Une partie musicale importante
donnera à cette séance un attrait particulier, un vérilable cachet
d'art. Le soir, un banquet réunira tous les membres et délégués
des Sociétés.
Pour ces l'êtes, il faut des ressources. A celles dont dispose la
Société sont venues s'ajouter des subventions du '.Jonseil municipal
et du Conseil général ; d'autres viendront encore. Plus elles seront
considérables, plus le Comité pourra faire grand. Rappelant le
tôle de M. François et lo succès de ses recherches relatives à la
maladie des vins de Cham(iagne, M. Nicaise dit que si les ressour-
ces étaient suffisantes, le Comité ferait exécuter par un artiste
marnais le buste de ce grand bienfaiteur de la (lliampagne, buste
(jui serait placé en face de celui de doin Péiignon.
L'archéologie, — c'est un desideratum de .M. Nicaise, — aurait
mérité d'avoir son représentant spécial : ou .M. Héron de Ville-
fosse, ou M. Anatole de Barthélémy. Cette science a, en effet, au
livre d'or de la Société, de fort belles pages. Llle a en Champagne
un savant hors de pair : M. J. de Baye, qui a fait les plus magni-
liques découvertes. Son musée de l'époque gauloise renferme les
pièces les plus rares. La période « marnienne » est là constituée
par les objets précieux trouvés dans des milliers de tombes gau--
loises. C'est grâce à rarcliéologie qu'en 1876, sur 271 Sociétés, la
Société de Chàlons a obtenu une grande médaille d'or de 1,000 fr.
En terminant cet exposé, M. Nicaise demande à la Société de
Vitry son bienveillant concours.
A[)rès une très courte discussion, la Société vote à l'unanimité
une médaille de vermeil grand module.
Mémoires et communica lions.
La parole est à M. Nicaise sur la découverte faite à Cernon-sur-
Coole d'une sépulture gauloise à incinération. M. Nicaise raconte
la découverte faite par un cultivateur qui labourait son champ, et
décrit les objets trouvés ; il en montre l'importance relativement
à la civilisation gauloise. Deux superbes photogravures, faites
d'après les clichés de M. Emile Schmitt. donnent les dessins très
précis des pièces.
(' Au commencement d'avril 1897, dit iM. Nicaise. M. Brisson,
cultivateur à Cernon, qui labourait une pièce de terre, située sur
le lieudit le Muulin Bridé, sur les hauteurs qui dominent la
rivière de la Coole, à un kilomètre environ au nord du village,
remarqua qu'un des pieds de son cheval s'enfonçait à un ceilain
endroit de ce terrain.
38
594 CHRONIQUE
Il creusii le sul ;ivec le contre de sa charrue, cl découvrit une
excavation circulaire, profonde de (iO centimètres, renfermant un
vase en terre cuite de grande dimension, car il mesure 42 centi-
mètres de hauteur cl |ml3 à l'orifice ; sa plus grande largeur à la
panse est de l'"40.
Dans ce vase étaient placés des ossements humains incinérés. Ce
vase avait été recouvert par un hirgo plat creux retrouvé en nom-
breux débris.
De chaque côté du vase, et appuyées extérieurement contre les
parois, étaient une é[)ée mesurant avec son fourreau 73 centimè-
tres, et une grande lance longue de -iO centimètres. Deux chaînes
d'inégale grandeur semblent avoir con.stilué les bélières de Tépée.
La plus grande mesure 43 centimètres ; la plus petite n'a que Ho
millimètres. Elles étaient placées au pied du vase.
Cette découverte offre un triple intérêt :
i'i Par le mode de sépulture ; l'incinération, rare dans la civili-
sation gauloise, et dont les nombreux cimetières de la Marne
n'ont encore offert que de rares exemples ;
2" Par la présence des armes et leur arrangement autour des
parois extérieures du vase ;
3" Par la conservation exceptionnelle du fer de l'épée, de la
lance et des bélières. Cette conservation permet de croire que les
objets ont été déposés sur le bûcher au moment de l'incinération
de leur possesseur. Ils ont acquis une teinte (jui les fait prendre
pour du bronze à première vue.
4° Par les ornemenls que i^résenle le fourreau en bronze de
l'épée.
On a, en effet, rencontré jusqu'à pré;ent très peu d'incinéra-
tions gauloises dans le département de la Marne.
Ensuite, les incinérations découvertes n'ont point donné d'ar-
mes', mais seulement quelques parures, bracelets et fibules placés
dans le vase sur les ossements.
Cette découverte apporte aussi un nouvel élément de l'art gau-
lois par les ornements gravés sur le fourreau de l'épée.
D'après son aspect poli, verdàlre, aux reflets mordorés, ce four-
reau avait d'abord paru être en bronze. Mais, un morceau s'étant
détaché, l'analyse chimique qui en fut faite par MM. Schmilt et
Henra, montra qu'il est en fer. C'est la première fois, croyons-
nous, que la gravure sur le fer est signalée dans la civilisation
gauloise; elle révèle une technique très avancée et l'emploi de
burins d'une trempe supérieure. C'est sans doute à son contact
avec le feu que ce lourteau d'épée a revêtu l'aspect du bronze.
E'épée de Cernon est bien l'épée gauloise marnienne avec sa
boulcrolle caractéristique. L'ornementation du fourreau apparaît
d'abord sur le passant ou anneau aplati placé à l'extrémité supé-
rieure cl qui sert à rattacher l'arme au ceinturon par une sus-
pension.
CHRONIQUE 595
Les deux caboclioiis aplatis, qui raltaclienl le passaul au four-
reau, luonlreiil quatre S entrelacés, ootiibinaisoii l'aiiiilière à l'art
gaulois.
Les autres oriieiiieiits du fourreau sont eu l'urine d'eiunuleineuts
foliacés qui rappellent aussi un S très allongé.
Ils se rapprochent de certains ornements reproduits sur des
vases et sur (juelques torques ; mais, combinés et évoluant sur
une large surface, comme celle que présente un fourreau d'épée,
ils otl'renl un aspect plus élégant. »
M. l'abbé Dansain, délégué de la Société au Congrès des
Sociétés savantes, donne lecture de son travail sur les mémoires
lus dans les diverses séances.
Ces mémoires ont été nombreux et des plus intéressants. Venus
de tous les points de la France, les membres du Congrès ont pro-
duit les résultats des fouilles, des explorations o[>érées par eux
dans les archives locales et dans les entrailles du sol. On peut dire
que toutes les parties de l'archéologie ont apporté leur contribu-
tion à l'histoire. L'archilectuie, la sculpture ont eu leurs histo-
riens. Des chercheurs sagaces ont agrandi le champ de la cérami-
que et de la numismatique, alors que de curieuses trouvailles
dans la glyptique et dans la toreutique ont vivement intéressé les
membres du Congrès.
Le rapporteur signale surtout à l'atleiition de la Société les
mémoires relatifs à l'architecture religieuse, à l'art religieux. Les
uns étudient un ensemble de monuments en les comparant ; les
autres, une seule église ou un seul objet d'art. Des églises qui
présentent quelque disposition originale dans leurs liefs, leurs
absides, leurs voûtes, leurs porches, leurs clochers, sont décrites,
analysées, discutées avec un sérieux savoir. Certains problèmes,
relatifs aux intluences des diverses écoles, sont étudiés avec saga-
cité. Grâce à la photographie^, les congressistes ont sous les yeux
les monuments décrits et peuvent plus aisément suivre la discus-
sion. Entre tous ces mémoires, celui présenté par M. Uernaison,
archiviste de la ville de Reims^ a pour nous un intérêt plus vif. Il
s'agit de deux des plus beaux monuments de notre département :
les églises de Notre-Dame de Chàlons et de Saint- Hemy do Reim.5.
M. Demaison, contrairement à l'avis de nombreux archéologues,
pense que la conslruction de l'abside de Notre-Dame a précédé
quelque peu celle de Saint-Remi. Il appuie son opinion sur des
détails d'architecture et sur des lettres de Guy de Bazoches et de
l'abbé Pierre de la Celle. Pour lui, d'ailleurs, les deux égli-es ont
fjrt bien pu être construites par le même architecte.
M. le D'' Vast comnmnique à la Société trois inscriptions retrou-
vées dans le maitre-autel de Notre-Dame de Vitry-le-François
pendant les travaux de démolition.
Ces inscriptions gravées : deux sur plaques de plomb, une sur
plaque d'étain, relatent en quelque sorte l'histoire de l'autel. Trop
59t) CHRONIQUE
longues pour Hre données ici, elles seronl Irantr.riles cl conser-
vées au registre de la Société.
M. Jovy communique une nouvelle série de lettres inédites,
rencontrées aux Archives municipales de Vitry-le-François, des
représentants de Vilry dans les diverses assemblées législatives de
la période révolutionnaire. Ces lettres semblent témoigner de
quelques eiïorts tentés par eux pour redonner à Vitry un peu de
l'importance administrative cl judiciaire que la division de la
France par départements lui avait enlevée. ?sicolas-Louis de Salli-
gny et Detorcy, tous deux membres du Conseil des Anciens, plai-
dent en faveur des intérêts vitryals auprès du Directoire; une
lettre de Salligny raconte une visite malheureuse auprès du
« citoyen Carnot. »
M. Jovy communique encore une lettre inédite de Dubois de
Crancé, en date du 23 mai 1791, à la Société populaire de Vitry-
sur-Marne. Dans cette lettre, Dubois de Crancé engage les Socié-
tés populaires à ne pas accorder chez elles une place trop largo à
l'élément militaire, " qui pourrait méconnaître ou exagérer avec
un es[)rit de corps les droits des citoyens ».
SÉA.NCt: ANMELLt; DE L'AcADlhllE NATIONALE DE ReIMS. — l>e
' juillet, à deux heures et demie, l'Académie nationale de Reims
a tenu sa séance publique annuelle dans la grande salle du Palais
archiépiscopal.
Au bureau siégeaient S. Em. le cardinal Langénieux, président
d'honneur ; Ms'' Cauly, président annuel ; M. Jadart, secrétaire
général ; iM. Demaison, secrétaire-archiviste ; MM. Morel et Duchâ-
taux. Derrière eux, sur Pestradc, un certain nombre de membies
titulaires et correspondants.
Sur les parois de la salle, à droite, une exposition, intéressante
au point de vue archéologique et artistique, comprenait :
l" Quelques échantillons des trouvailles faites dans les fonilles
de Montéqueux, par M. Ch. Coyon, à Heine (1897-1898) ;
2" Des reproductions photographiques des portraits dus à Cra-
nach, Holbein, Nanteuil, etc., qui sont conservés au musée — ainsi
que des manuscrits à ligures de la Bibliothèque — habilement
obtenues par l'infaligable M. Victor Charlier, de qui déjà nous
avons admiré l'an dernier la reproduction de l'Évangéliairo slave,
destinée au Isar ;
3" Les remarquables dessins du pavage archéologique de M. Cou-
tin, représentant vingt scènes de la vie de Joseph, en plomb coulé
dans la gravure de la dalle.
Me'' Cauly prononce le discours d'ouverture, une savante élude
sur l'Université de Reims et l'enseignement Ihéologiquc qui lui a
donné quelque célébrité.
- CHRONIQUE tj97
Vient ensiiito le compte rendu des travaux de l'année 1897-
1898, une revue où M. H. Jadart est passé maître et où l'urbanité
du style fait si bien valoir la finesse et la rectitude des appré-
ciations.
[.e remarquable rapport de M. le D"^ (juelliot sur les concours
d'histoire, d'archéologie, etc., est suivi d'une intéressante lecture
de M. J. Laurent sur les Champignom de l'Aujonne. L'auteur a
semé sur ce sujet passablement ingrat les Heurs d'un esprit
cultivé.
Après lo rapport sur le concours de poésie, de M. Alf. Leforl,
M. Louis Denuiison, secrétaire-archiviste, proclame les prix et.
médailles décernés par l'Académie,
POIÎSTE.
\JnQ médaille de vermeil est décernée à M"»" la baronne de
Baye, à Paris.
Une médaille d'argent à M. Achille Millien, membre correspon-
dant et lauréat de précédents concours, à Beaumont-la-Ferriére
(Nièvre).
Une médaille de bronze à M Ch. [.expert, à Rethel.
Une mention honorable à M. Jacques d'Estelle, à Toulouse.
HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE.
Une médaille d'or est décernée à M. Henri Lacaille, archiviste
paléographe, membre correspondant à Paris, pour son Histoire
du Collège de Reims en l'Académie de Paris (sujet du concours).
Une médaille d'or à M. Paulin Lebas, propriétaire à Sévigny-la-
Forêt (Ardennes), pour sa Monographie de cette commune.
Une médaille d'argent â M. l'abbé Antoine, membre correspon-
dant à Vireux-Molhain, pour sa iV/onoz/rop/i/^c/e C/ioo:r (Ardennes).
Une médaille d'argent à M. l'abbé Haizeaux, curé de Guincourt,
pour sa MonoLp-aphie de Lamelz (Ardennes).
Une médaille d'or à M. l'abbé Frézet, vicaire à Charleville, pour
son recueil des Inscriptions Moutonnai se s.
botanujl;e.
Une médaille d'or est décernée à M. Pierre Collet, géologue,
membre correspoiidanl à Sainte-Vleneliould, pour son étude
accompagnée d'un atlas sur lee Cfiarnpignons d'Argonnc.
AUT ET l.NnnsTRIR,
Une médaille d'or est décernée à M. Augu-^te Coutin, sculpteur,
pour son dallage ciselé, imité du moyen àgc, dans la cathédrale
de Reim-".
Académie nationale de Reims. — Compte rendu des travaux
pendant l'année 1897-1898, lu dans la séance publique du jeudi
7 juillet 1898, par M. Henri Jadart, secrétaire général ;
508 CHRONIQUE
Messieurs,
En vous présentant pour la seizième fois \o rapport annuel sur l'ensemble
(le vos travaux, je crains d'encourir le reproche d'une monotonie engendrée
par la perpétuelle sàtisl'action du résultat de nos efforts. Je ne puis cepen-
dant pour exorde vous adresser, comme autrefois les gens du roi au Parle-
ment, une mercuriale su"- quelque sérieux manquement à vos traditions, car
je cherche en vain ce grave sujet de remontrance. Vous me pardonnerez
toutefois, Messieurs, de vous signaler une tendance qui serait fâcheuse si
elle devenait plus accentuée, c'est la diminution à notre ordre du jour des
études d'histoire locale. J'admire le zèle qui nous transporte sur des rives
lointaines suivant un besoin général et irrésistible à notre époque, mais il
faut bien qu'il reste encore parmi nous quelques retardataires sur d'ancien-
nes traces, et surtout que nous fassions éclore de jeunes recrues vers les
points inexplorés de nos annales rémoises et vers les lacunes de notre bio-
graphie, sujets qui ont tant contribué à enllammer l'ardeur de nos devan-
ciers. C'est un vœu pour l'avenir plutôt qu'un regret du passé que
j'exprime.
Cela dit, Messieurs, pour satisfaire ce besoin de critique et d'indépen-
dance dont fait montre tout rapporteur consciencieux, nous allons passer en
revue, comme d'habitude, les utiles et nombreuses communications qui ont
tour à tour rempli nos séances.
SCIKNCES.
La plus importante communication dans l'ordre des sciences a été le
compte rendu que nous a préccuté M. le docteur Colleville des travaux du
Congrès tenu l'an dernier à Bruxelles contre Talcoolisme. Notre confrère,
ému si justement des dangers universels de cette plaie sociale, a entamé
chez nous la vigoureuse campagne qu'il désire mener à bien dans la région.
Il nous a lu la plus frappante et la plus pratique étude que l'on puisse ten-
ter sur un (léau de ce genre, et vous avez secondé ses desseins. Messieurs,
en faisant de suite publier à vos frais et répandre cette lecture qui groupera
des forces vives autour de notre courageux et clairvoyant confrère. Une
Commission s'est réunie dans votre sein, et, après cette initiative, la cam-
pagne a continué par une conférence publique et par des entretiens donnés
à la jeunesse de nos écoles qu'il s'agit surtout de préserver d'un tel mal.
Une lecture de M. l'abbé Haudecœup est venue attirer notre attention sur
un sujet non moins actuel et de grave conséquence, celui de la colonisation
au point de vue social, moral et économique. Notre confrère a composé une
étude complète sur les différentes questions relatives à l'avenir de notre
expansion colonisatrice et à celui de nos colonies. Il ne nous en a lu qu'un
chapitre, mais ce chapitre trouvera mieux son importance et son efficacité
dans la publication comjjlète qu'en fera l'auteur. L'opinion lui sera favora-
ble à Reims, où l'on vient d'entendre parler du même sujet par l'intrépide
explorateur Gabriel Bonvalot.
C'est également un grave problème qu'a soulevé M. Alphonse Go?set, en
vous proposant l'étude de l'inll encc de l'impôt sur le développement de la
famille. Vous avez renvoyé cette proposition à votre prochain concours.
Sur un autre terrain, notre confrère nous a offert un travail publié dans
les Annales de l<i Construction, en vue d'assurer partout la sécurité dans
les théâtres par les escaliers. C'est une question dont ses précédentes étu-
des d'architecture l'avaient rendu en quelque sorte maître et spécialiste.
M. le docteur Bourgeois vous a soumi>, de son côté, une étude profession-
n'ellc traitant de la conslilullon flu corps vitré comme point de départ du
traitement du décollement de la rétine
CHRONIQUE 599
Vous avez en «le M. Jules Laurent la communication de l'une de ses étu-
des qu'il poursuit le plus activement au sein de la Société des Sciences natu-
relles, les Etudes clmatologiques sur le département de là Marne, et son
mémoire, fruit d'observations bien fixes et de remarques tout à fait nouvel-
les, preudra place, avec une carte pluviomélrique, dans noire volume
annuel.
Il nous a fait hommafie de ses autres publications sur l'absorption des
matières organiques par les racines, et sur les ravages des parasites dans
nos plantations de pia«, qu'il a étudiés de concert avec M. Ad. lîellevoye.
IlisioiRU ET Gi'ioc;u.\pini:.
Poursuivant une élude analogue à celle qu'il nous avait présentée sur les
sectes persanes, M. Bnlteau vous a entretenus des sectes musulmanes
d'Afrique, de leur situation respective vis-à-vis du Coran, des saints de
rislani, de leurs extases et des dissidents si nombreux parmi les Arabes de
l'Algérie.
Cette élude a pour notre grande colonie africaine un iutéiêl considérable,
qui a provoqué au sein de l'Académie un aperçu du rô'.e des Pères Blancs
du cardinal Lavigtrie, devenus à Binson en quelque sorte nos compatriotes.
Notre confrère a poursuivi une étude analogue sur u;i terrain bien dilTé-
rent, mais où l'on retrouve les traces de la même exaltation et les mêmes
périls, en vous eniretenant des sectes religieuses de la Russie. Le vaste
empire, vers lequel nos regards sont tournés avec tant d'attrait à cette
heure, n'a point l'unité religieuse absolue que son régime semblerait indi-
quer. Il y a des dissidences d'un caractère indomptable et sauvage, allant
jusqu'à ces sacrifices en commun des emmurés, qui défient l'imagination et
déroutent la surveillance de l'autorité. M. Balleau a lait à cette occasion un
tableau complet de l'état religieux de la Russie.
Il nous était réservé encore cette année d'avoir une conférence de notre
infatigable et excellent confrère, M. le baron de Baje, qui est venu nous
parler de son voyage en Géorgie et dérouler sous no.- yeux les site.«, les
mœurs, les costumes et les monuments de cette région. Sa fidèle descrip-
tion et les vues qui l'accompagnaient ont été publiées par la Société de
Géographie de l'aris, ce qui prouve la haute estime où le monde savant et
les explorateurs tiennent les commuricalions et les dons du baron de Baye.
Le Musée Guimel, comme le Musée de Reims, s'est enrichi par ses soins
et son active libéralité. Remercions-le donc à tous ces titres.
Mais la conférence qu'il nous donna ne fut point le seul événement heu-
reux de celte journée du 12 février 1898. Elle marquera aussi davs nos
annales par la réception que vous fîtes au prince JSicolas ScherbatolT, notre
correspondant en Russie, administrateur du Musée impénal de Moscou, cl
à M, Bocker, architecte de Saint-Pétersbourg. Le bureau de l'Académie,
aidé par notre confrère M. le comte Werlé, put donner à celte réception et
à la visite des monuments de la ville toute son ampleur et sa haute conve-
nance. Un banquet, auquel assistait une élite dos membres de la compagnie,
fut offert le soir au prince ScherbatolT. Après notre président, MNL Dian-
court, Henrot et LéonMorel, interprétèrent uos sentiments unanimes envers
un hôte si distingué et si favorable à la cause de la France.
Un don fort précieux de volumes nous arrivait du même pays par l'agence
Tjllis et de la part d'un autre personnage nou moins bienveillant, Son
Eicellence le comte Serge Cliéréméteir, Ces livres n'ont pas été sans
emploi dans nos séances, et plusieurs de nos confrères, MM. Go.sset al ("om-
pant, doivent les utiliser et nous entretenir de leur examen.
t»00 CHRONIQUE
Avec un bon vouloir qui ne se ilémenl pns, M. Louis Léger, professeur
de langue slave au Collège de France, continue à nous signaler les points
liistoriques qui je raltacheiil h l'étude de notre évangéliaire. Il nous a
adressé une conimuni.'ation sur l'intérêt que prit l'impéralrice Catherine II
à s'enquérir de ce texte en l'82, et sur lu note qui lui fut transmise par le
gouvernement françiis. Souhaitons que le savant professeur puisse grouper
toutes SOS autres investigations et aboutir à une reproduction du manuscrit,
qu'il va de notre honneur de lavoriser, sinon d'entreprendre avec nos seu -
"les ressouices.
Revenant d'un voyage d'cxploraiion à Iravc s le Dancuiaik, la Siu^de e
la Norwôge, M. le docteur Guclliol n'a pu que vous esquisser le tableau de
la civilisation de ces pays du Nord, qui oH'rirent à ses yeux tant de sujets
d'émulation poar notre activité. Mais il a insisté avec un vif sentiment de
satisfaction sur l'état présent des mœurs et de la méthode suédoise, en vous
expliquant ce qu'étaient les musées ^candinaves au point de vue du réveil
naiional. On y trouve une multitude de documents et de sonvonirs en quel-
que sorte vivants, sur les habitudes et les traditions de chaque ville et de
chaque province. Un classement parlait dans tous les détails assure aux
visiteurs la vue bien nelte de ces leçons instructives d'un passé toujours uni
au présent. Avec notre confrère, vous vous 6les associé.-f. Me; sieurs, au vœu
qu"il formulait en terminant, celui de la création d'un musée ethnographi-
que de la Champagne dans noire ville de Keims. C'est elle qui d mna essor
à tant d'industries diverses et qui bénéficia la première des piogrès que nos
pères lui ont légués par leurs elForts incessants. Ne soyons pas des descen-
dants trop oublieux.
Du Nord à l'Orient, vous connaissez la distance, mais les espaces ne sont
rien pour nos conifères, et c'est M. Alphonse Gos^et qui nous ramène vers
Athènes, en nous raco itanl les fê'.es si patriotiques dont il fui témoin au
mois d'avril .iernier, en assistant au cinquantenaire de l'Ecole franc use de
celle ville.
L'Académie avait formé, pour la prospérité ùe cet établissement, les vœux
les plus sincères dont VI. Gosset fut porteur, et .«^on directeur, le savant
M. Hoir'oUe, voulut bien nous en remercitr de la manière la plus courtoise.
En Grèce, terie féconde des arts, dans r-A-'ie mineure non moins fertile eu
réminiscences classiques, notre confière a rencontré des monuments et pris
part à des épiso les. qui nous ont valu de sa part un compte rendu brillant
et animé. Le terrain de la science nous a paru plein de promesses pour le
maintien de l'intluence française en Orient.
Les Français à r.uTei bourg, tel fut le sujet de trois nouvelles communi-
caiione de \!, Alfred Lefort, dans lesquelles il poursuivit ses précék'iitea
recherches eut le passé du Grand-Duché et nous retraça son histoire con-
leinporaiDe et ses destinées ni idefues. Sujet d'aclualiié, s'il en est, gros
aussi de pfob'étnea d'avenir d'une solution diversement prédite, nous
l'uVons vu se dérouler avec ueitcié sous la plume de notre confrère ; vous
relirez avec un vif iutéiOi, Messieurs, ses coi.clu.-ions sur les grave:! p-^ripé»
lies dont ce petit pays fut pour noua l'occBsioii en 1867. — Un outre jour
et sur un auire ihéillre, .M. Lelorl a rendu compte de l'exéculioii de la
messe en rù de IJeelhovon à un des concerts du Conservatoire, dont il est le
fidèle auditeur,
i'our revenir à Reims, nous avons encore passé à Rom", en y ass-islant
R0U6 la conduite de M. .Albert Lamy. élève de l'Ecole des Hautes Eludes,
aux grandes scènes du pontificat de Sylvestre IL .Mais Gerbertnous rappe-
lait trop notre patrie pour ne pas avoir voulu le contempler aussi à l'œuvrg
CHRONIQUE 601
romme disciple et successeur d'Adalbéron sur le siège de noire inétro|)ole
Notre jeune conférencier s'y est prfilé avec autant de simplicité que d'éru-
dilioi), en nous olfrant un tableau imagé, mais aussi vrai que les documents
le permottaieut. de l'existence de ce grand phi'osopho et de cet illustre pon-
tife d'après l'iiistoire et d'après la l-'gende '.
II. utile d'insisler, car vous avez sous les yeux l'étude Je M. Lamy, qui
nous consacre ainsi les prémices de sa plume et de sa parole.
Notre prési lent d'honneur, Son Emioence le cardinal l.aogéuieux, nous a
olVert un exemplaire de La France chrétienne à Reims en iSt^O, superbe
volume édité sous son patronage par la maison Didot ( t qui forma la suite
et le complément d'un premier ouvrage svir les destinées chrétiennes de la
Fiance à travers l'histoire.
Le doyen de notre Compagnie, M. Paris, a répondu à nos vœux si sin-
cères, émis l'an derr'ier à son cinquantenaire, par une comm inication qui est
pour lii une œuvre de famille et de propriétaire. Il a résumé pour nous la
contenu des litres de son domaine d'Avtnay, le fief du Moncel, qui appar-
tient depuis le Moyen ûge à des familles connues de la région, dont plu-
sieurs furent activement mêlées à l'histoire rémoise. C'est vous dire tout
l'altrait de celte monographie aue nous a, ions publier, et. au cours de
laquelle notre confrère épanchait ses joies et ses douleurs intimes, sentant
bien qu'il était tout à fait parmi nous en famille. Sa confiance et sou com-
merce, d'un charme si pénétrant, nous feront toujours dé-irer sa présence
plus fréquente à nos réunions.
C'est aussi de celte allrayaule histoire locale que traitaient deux de nos
correspoudaiii.-, l'un, M. le comte de Mar.sy, avec sa relation des Droits de
iabbai/e de Saint Thierry à l\'leghen, en FlO'idre, ei l'autre, .\1. l'abbé
Bigot, avec sa notice sur (liiyncuurl (Aisne), village voisin de Cormicy,
cù il nous a révélé l'exisleuco d'au pèlerin de Saint Jacques de Corapos-
lelle en 1551). l/épilaphe de ce | èlerin se lit encore dans cette localité -.
En outre, M le comte de Marsy vint assister à l'une de nos séances, en
vue d intéresser l'Aradémie à un projet qui éclioua malheureusement, Cflui
de la tenue en 1898 d'un congiè-î archéologique dans les départements delà
Meuse et des Ardennes. Notie confrère nous a offert plusieurs ds ses tra-
vaux à cette occasion, et il nous a même entretenus des notes de voyage si
curieuses de l''rançois \'iochant ■*, iclatives eu partie à Reims tt à
Chàlons.
Anc.iii'ioLOiUE.
Dans le domaine rie l'archéologie, notre action redevient totalement locale
et d'autant plus persévérante qu'elle s'exerce dans des fouillea entreprises
sur un eol connu et à travers des monuments que nous parcourons sans
1i Bibliothèque de l'Kcole dea Hautes Etudes, publiées sous les auepi.es
du ministère Je l'Instruction publique. Sciences religieuses, neuvième
volume, Gerbert, Un pape philosophe, d'après l'hiitoire et d'apiÎM la
légende, par F. Pio.wiîr, m&îire des conférenccâ ù l'Ecole des Hauieâ Etu-
des. Pans, Ëmesl Leroux, 1897. Gr. in-S" de .\ 11-227 pp. Prix : 6 francs.
2. Texte publié avec un commentaire dans le HulUlin monumcnlai, 1897,
t LXII, p. îiS.
3. ['uynge en France et en Italie fait en iGio. par Fiançois V'inchant,
ecclésiastique de Mous, oublié par l''. Hachez dans le Ru'letin de la Société
beige de Géographie, 1896 ; le manuscrit a fait partie de la bibliothèque de
Philips, et (ut acquis par le gouvernement belge.
602 CHRONIQUE
cesse ou que nous roconsliUioiis paliemmenl. 'J'el est le cas du beau volume
sur Cèglisc et l'abbaye de Saint- Mcaise, oll'erl par M. Ch. Givelel, qui eu
a imprimé le texte dans nos Travaux, et l'a illustré d'une riche série de
plans et de dessins dus la plupart au Uilent de notre confrère M. Auger.
C'est comme une résurrection à la gloire de l'œuvre immortelle de
Libergier.
Vous avfz pris connsissancc de la rédaction, par votre commission d'ar-
chéologie, du Répertoire du canlori de Heine, qui va remplir le but atteint
en 1892 pour le canton d'Ay. A quoi bon en détailler ici de nouveau le
contenu, puisqu'il va former le tome CH de vos Travaux, et que vous
n'avez plus qu'un vœu à formuler à sou sujet, celui d'une subvenlinn du
Comité des Travaux historiques ? Elle servirait aux frais d'une illustration
indispensable de son texte descriptif, qui resterait sans cela bien aride et
certainement lettre morte pour les lecteurs superficiels.
Ce même canton de Beine reste un champ toujours ouvert aux investiga-
tions des archéologues de la contiée : M. Bosteaux ne cesse d'en extraire
de riches dépouilles, et M. Coyon, de son côté, découvre au lieudit Monté-
queux toute l'étendue d'un cimetière gaulois préseulaol les plus beau
types de l'époque marnienne. La relation de ses fouilles, accompagnée de
la reproduction des principales trouvailles, vous a été présentée par
M. Léon Morel, notre vice- président, qui ne veut rien laisser perdre des
etiorts patients et fructueux de ses émules. L'auteur de la Champagne sou-
terraine se montre ainsi tel qu'il est, antiquaire plein d'obligeance et de
sollicitude autour de lui.
\l. Deniaison a pris part comme nctre délégué au Congrès (tes Sociétés
savantes, où il a fait deux communications. Il y a reçu la décoration d'olfi-
cier de l'Instruction publique comme juste récompense de ses travaux de
divers ordres et notamment de ceux qu'il poursuit sur les architectes de la
cathédrale de Reims. Un autre de nos confrères, M. Ad. Bellevoye, mem-
bre correspondant, a rcç'i à la même session le titre d'ofûcier d'Académie.
Nous avons adressé à tous les deux nos cordiales félicitations.
Dans sa première lecture à la Soibonne, l\1. Demaison a fait connaître
ses conclusions, qu'il nous avait déjà communiquées sur les dates respecti-
ves des absides de N-tre-Dame de Chàlons et de Saint-Rtmi de Reims. Il
a lu ensuite une nouvelle dissertation sur la liste des maîtres de l'œuvre de
Notre-Dame de Reims du xiu' siè.le, et il en a exclu un maître Adam,
qu'il avait précédemment admis sur la foi de Pierre Cocquault ; d'autres
maîtres ont, au contraire, vu leur existence confirmée par des pièces de nos
archives. Ainsi s'exerce, par le contrô'e de la plus correcte érudition, la
mission rénovatiice de nctre confrère en ce qui touche nos plus illustres
monuments. Il s'agirait de (aire pénétrer ces données dans l'esprit des visi-
teurs qui adluenl au seuil de ces édifices encore tro,3 peu connus dans leur
histoire.
Pour donner fatisfaclion à ce besoin d'apprendre d'abord l'histoire de
notre cathédrale, et répondre au vœu exprimé avec autorité, ici même, par
M. Alphonse Go-set, notre ancien président, de voir glorifier l'archevêque
qui prit l'initiative et l'architecte qui donna le plan, l'Académie vient d'adop-
ter le projet d'un r.onumeut commémoratif. Voici le texte de l'inscription
votée unanimement sur le rapport d'une ("oinmission spéciale et transmise
à l'autorité compétente :
CHRONIQUE 603
i/aN du SEICXEIH 121 1
CKTrK KC.I.ISI.; MKTKOl'Ol.n.VIXK l'dT COMMENCKF.
l'Ait ALliÉUH: DE IIUMBERT
AUClIKVKCiUK I>K IIRIMS
QUI EN l'(»!5A LA I'JU:MII:UF. l'IKIlKK LU 6 MAI.
LE l'nEMIKR MAÏTHE DE L'ŒUVRE
lUT JEAN D ORCAIS,
QUI EUT roua continuateurs :
JEAN LE LOUP,
C.AUCIIER DE HEIMS,
lURNAIl» DE SOISSONS,
ET UOUF.UT DE COUCY, MOllT EN l3ll.
en un siècle
l'Édifice avait presc^ue atteint
SA Sl'LKNDEril ACTUELLE.
Ce sont les termes les plus rapprochés des inscriptions de l'aacien Laby-
rinthe. Quiconque les au'a lus avec la réflexiou nécessaire, saura les dates
et les noms du prélat qui posa la première pierre, Albéric de Humbert, de
l'archilecte qui donna le plan, Jean d'Orbais, et de ses continuateurs, dont
le dernier indiqué ici, Robert de Coucy, a certainement travaillé au j^rand
portail. Il se rendra compte que Libergier, le célèbre architecte de Sainl-
Nicaise, est étranger à l'œuvre de Noire-Dame, où sa pierre tombale a reçu
cependant riiospilalité il y aura bientôt un siècle. Les visiteurs seront donc
fixés sur ta signification à donnpr aux vocables des rues voisines comme sur
la date et le style de tout l'intérieur du monument, et de l'extérieur jus-
qu'aux combles.
11 n'y a pas que l'archéologie à cultiver à propos de Notre-Dame ! nous
voudrions instruire aussi les amateurs rémois sur la vie intime de celte
grande église à l'époque de sa construction, c'est-à-dire sur sa liturgie et
Fos usages propres. Nous possédons à Reims trois précieux manuscrits qui,
sous le titre d'Ordinaii'es de ï ÈijVme de lieirn^, fixent tout l'ordre des olfi-
ces, des cérémonies et des prières vers l'an 1270, et un quatrième manus-
crit, d'un texte tout dilTéreni, quoique du mémo siècle, vient d'être transcrit
à Londres par les soins de M. le chanoine Ulysse Chevalier, correspondant
de l'Institut, el notre correspondant no.i moins Zi'lé et désintéressé. Il est en
voie de piblier ce dernier texte avec les autres, copiés, nous l'avons déjà
dit, par M. l'abbé Bouxin, notre correspondant à Laon. Nous aurons donc,
l'an prochain probablement, tout un volume savamment édité, qui ranimera
parmi nous le goût des éludes liturgiques du moyen âge, dont les érudits,
pas plus que le clergé acUiel, ne peuvent méconnaître le charme et l'utilité
historique <,
En lerraiuanl ce qui a trait à l'histoire locale el à l'archéidogie rémoise,
nous annoncerons, avec un vif ])laisir et un sentimi-nt bien sincère de grati-
tude, l'apparition en librairie et le don à l'Académie de l'Histoire du Col-
lège anglais de Reims, par notre cfcnlrère, M, l'abbé Haudecœur, lauréat de
nos concours pour ce mémoire liés remarqué et bien digne de franchir le
détroit en volume ■■^. Qu'un bon accueil lui soit donc réservé dans le monde
1. Bévue historique, janvier 1898, compte rendu par A. Molinier, de la
Btl/liothèque liiurgique pahViée par M. l'abbé U. Chevalier, p. 105, sur les
ordinaires de la cathédrale de Laon.
2. La conservation providentielle du caiholicisme en Angleterre, ou His-
toire du Collège anglais (Douai, l5''i8-78, et Reims, 1578-1593). — Reims,
COi CHRONIQUR
savant de l'Ar.g'elerre et de l'Amérique, cù l'on fc jouvieiU loiijourf du
oardinul Allen el de la Dible de Reims !
Envois des C^ohresponuants.
Nous avons déjà signalé les envois manuscrits de plusieurs do nos corres-
pondants, MM. le comte de Marsy et l'abbé Bigot,
Les envois d'imnrim'^s ne peuvent être détaillés dans le même cadre, mais
nous devons une nienlion de gratitude à ceux de nos confrères honoraires
ou correspondants qui ne nous oublient pas et que nous n'oublions paF,
M. de Lapparenl nous a adressé plusieurs études scienlifiques ; M" Péche-
nard, ses discours olficiels ù l'Iusiilut cntholique de Paris et dans les Con-
grès ; M. l'abbé U. Chevalier, M. Frédéric Henriet, M. Léon Germain ont
envoyé des études d'art cl d'archéologie ; M. l'abbo Péchenart, M. Pelicier,
M. H. Loriquet, M. Louiê Léger, M. H. Libois et M, Armand Bourgeois,
des œuvres historiques et littéraires; M, Pol Mi>rguel, un tableau de l'agri-
culture dans la Marne, et enfin N', Félix Plateau un nouvel opuscule sur
les (leurs et les insectes.
Citons à part l'envoi de l'ouvrage, terminé si heureusement, de
M. Eugène Lcfèvre-Pontalis, sur VArchileclure religiewe dans l'ancien
diocèse de Soissona, dont la beauté lomme édition et l'utilité pour notre
légiou vous ont élé déjà i-ignalées par vos secrétaires. Félicitons cet auteur,
notre fidèle correspondant, du couronnement de son œuvre.
Citons aussi à part le guide archéologique : La vallée de VArdi'es, que
M. l'abbé A. Chevallier a composé avec tout le soin d'un artiste et d'un
(bercbeur infatigable. Il a formé un recueil plein de charme, dont nous le
remercions sincèrement.
Un même i-entiment de gratitude doit êire exprimé pour les Sociétés si
nombreuses, françaises et étrangères, qui nous comblent de leurs publica-
tions ordinairts et extraordinaires. Notre seul regret est de ne pas en pro-
fiter assez el de négliger ci s rapports en séance cpii seraient si fructueux.
Décès et ]!i.r.r:TtoNs.
En vous pariant, .Mtssieurs, au début de mon compte rendu, de la néces-
sité de garder parmi nous des hommes voués au culte de l'histoire locale,
ma pensée se rt portait d'i-lle-mêrae vers le vét.éré confrère qui ouvre notre
uécrologe celle année. .M. le chaiioine Cerf n'a pas connu d'aulre horizon
à ses recherches el à ses observations que notre ville et son église, qui
l'abriièrent du berceau à la tombe. C'est bien lui qui, au soir de la vie, pou-
vait dire en (ace de ces deux témoins de tes travaux : '/.dus doniûs lucB
comedit mr II pouvait en due autant de r,\cadéraie, dont il fut d'abord un
laborieux lauréat, puis un tlfeclueux collègue, un Oiembre plein de zèle et
un préfideni plein de tncl, N'oub ions pis qu'il prit l'ahbé Godinot pour
Bujfl de eon discours en s-éance publique, c'eit-i-dire un Rémois, un cha-
iioino et un bienfaiteur de son pays el des pauvres,
Qu'djouteraije, Messieurs, aux legrels el à l'éloge si dignement exprimés
par notre président sur la lotnbe de \L le chanoine (^erf, si ce n'est que nos
regrets ont été partagés par loua les éru lits do lu région el par les mem-
bres du Corailé des Travaux historiques dont notre confrère était le corres«
pondant honoraire, La ville de Reims doit garder, la première, la mémoire
Dubois l'Uilmo»! : 1 end' es, liunis and Oatex, 1898. Volume in-8° de
xxvni-40tt pages, av.c pothuil de W. Allen d'après la toile du Musée de
Reims.
CHRONIQUE 605
d'uu de seri enfanls dévoïK-s, l'auteur du Vieua' lieims, l'auleur de Xotre-
Dame de lieims, i'auleup du Livre d'or des viclimes de la guerre df iS~o-
~ I . Son souvenir vivra à la Bibliothèque et au Musée qu'il aimait à enri-
chir, à l'Académie qu'il Iréqncnla assidûment; disons mieux, dans nos
cœurs à tous.
L'an dernier, Messie'irs, je n'avais pu meulioniier le décès de .\J. l'abbé
Ciz-'l, du clerj^é de Besançon, lauréat brillanl de plusieurs de nos concours
de poésie'. Je n'avais i)as davantage exprimé, au sujet du regretté
M. Emile Payard, tout le bien qu'on en pensait dans les plus hautes sphè-
res de l'érudiliou -. Je tenais à réparer ces lacunes avant de vous enlrelc-
nir des perles que nous avons encore faites cette année dons les ran^rs de
DOS correspondants. Cinq d'entre eux ont succombé depuis notre dernière
séance publique : M. Ainédée Jubert, avocat et surtout homme de lettres,
homme de cœur aussi, écrivain, poète pénétrant et convaincu, qui n'avait
tdit, hélas ! que passer parmi nous ; — M. l'abbé Poquet, curé-doyen de
Berry-au- Bac jusqu'à 1 âge de 92 ans, l'un des vétérans de la science his-
torique dans le département de l'Aisne, élu par vous en 1849, et depuis lors
auditeur habituel de nos séaLces publiques tant que ses lorces le lui per-
mirent ; — M. Clovis Tisserand, ancien {zreftier du Tribunal de commerce
de Charleville et IdUiéal de nos concours de poésie, collaborateur de nos
travaux ; — M. Adol[die 'Varin, graveur eu laille-douce de vieille souche
champenoise, un artiste désintéressé s'il eu fut, toujours caillant et
empressé comme illustrateur de nos volumes, un ami enfin pour beaucoup
d'entre nous ^, — et hier un autre artiste, peintre de mérite, portant l'un
des grands noms de Reiras ''.
Vous avez, Messieurs, appelé dans vos rangs comme membre titulaire
M. l'abbé Ltrincouit, licencié ès-leltres, supérieur du Petit Séminaire, en
remplacement de M°' Péchenard, éiu membre honoraire. Eu lui souhaitant
la bienvenue p.irmi nous, notre président lui rappelait que les services ren-
dus ici par tes prédécesseurs étaient le gage des services qu'd nous appor-
terait lui-même par ses talents et par son zèle.
Vous avez choisi en même temps huit nouveaux correspondants parmi
nos anciens lauréats, parmi les notabilités rémoises rt les roprésenlants des
Sociétés savantes : Mi\I. Au^-ier, juge au Tribunal civil de Reims, l'un des
auteurs de la réédition de VHislu.re de la vi le el du diocèse de Paris, par
l'abbé Lcbeuf; — P. CoUinet, professeur agrégé a la Faculté de l)roil de
Lille, l'un des fondateurs de la Revue d'Ardeiuie el d'Argonne, très compé-
tent dans toutes les questions d'éruditiou ardeunaise ; — le Dr Guill«ume,
médecin des hôpitaux de Reims ; ^^ H. Lacaille, archiviste paléographe à
l'aris, lauréat du concours de cette année pour l'histoire du collège de
Reims ; ^ Louis L'^'g' r, professeur au Collège de Fiance, dont les titres
1 . Son elcgf, par P. MitussET, dans les Mémoires de l'Académie de
Besaiçon, 1896, p. 32.
2. Voir son article dans le Bulletin de la Société nationale des Antiquai-
res de France, et son é'oge par le xicomto de Kotgb, dans la séance de
celte Société, du 6 janvier 1897, p. 79.
3. Hommage à sa mémoire, par M. Frédéric Henkiet, dans le Journal
de Château-Thiernj , du 10 octobre 1897.
4. Article nécrologique sur le peintre Jules Ruioart de Brimont. sous la
rubrique liilhj-la-}Jontflgne, dani !e Courrier de la Champagne, du samedi
4 juin 1898.
606 CHRONIQUE
£oul hors de pair ; — H. I-ibois, anhivisle du Jura, à Lous-le-Sauuier,
uolie compatriote, auteur de publications qu'i nous olFre fidèlement ; —
Mo'iliu, seciélaire de la Société historique de Château-Thierry, notre colla -
boialcur dans tous les congrès; — I'. liozej', avocat à lieims, porté vers
l'étude des arts et des ({uestions écoDomiques.
Voila, Messieurs, des ouvriers pour 1 œuvre iuiuterrompue que nous con-
tinuùos de notre mieux eu nous remplaçant tour à tour, ce qui l'ait dire hux
vanilciix et aux mauvais plaisants que les académiciens sont iinmorlels.
Ai.ADKMiK riK RiiiMs. — Duiis jii sùance du 22 juillet, l'Acadéiiiie
de Reitus a procédé au iciiouvciicnieiil de son bureau pour l'an-
née 1898-1899. Oui élé élus ;
PrcsidoU : M. !.. Moiel.
Vic-prèaldeul : M. H. Henrol.
Sccrclaiic gênerai : M. 11. Jadari,
Sicrclairc aî'chivislc : M. K. Dnnaison.
Tre!>o)icr: M. Ed. I-aiii}-.
Membres du Conseil d'adininislraliuii : .M.\l. Alpli. Gossel,
Douce el Cauly.
S0Cn;TK lllïTuHHjL i; KÏ AIlCHKOl-tXJlMI K IIK ClIATKAI.-TlIlKKlW. —
Séance du 1 juin ISi>8. — M. Coilieu a eu la bonne l'oilune de
inellre la main, aux Archives nationales, sur le manuscrit inti-
tulé : Expertise pour l'abbaijf de Chézy en I7SI. Cette expertise,
faite sous les ordres de l'abbé conimcndataire Pierre Guillot de
.Moiidésir, commencée en juin, l'ut terminée en octobre ; elle com-
[irenait la description détaillée de l'abbaye et de ses dépendan-
ces : fermes, moulins, etc. Le devis des réparations à exécuter
s'élevail à la somme de 93,906' 17^^ 9''. En dehors des biens situés
dans la circonscription, l'abbaye possédait la ferme de Villeroy,
canton de Claye (Seine-ct-i\larne); c'était la plus importante de ses
fci'mes ; l'expertise fixait à 19,490 livres la réparation des bâti-
ments ruraux. Une autre ferme éUiit sise à Cliaricviile, [U'és de
Sé/.anne (Marne). Cette nouvelle contribution à l'histoire de Chézy
viendra grossir les chapitres que nous possédons déjà, grâce à
•MM. Corlieu et l'abbé Poquet, et (jui sont consignés dans les
Annales de la Société.
Séance du o jaillel 1898. — Sous ce titre : La Fonktine et
liacine d'après un poêle champenois du XIX" siècle, M. Moulin
rend compte des œuvres si diverses, si multiples de M"<' Sophie
>!anéglier, " la .Muse champenoise •■. au dire de héranger (œuvres
éditées à Reims de 18i4 à IKHO). Les Poésies chiélienncs ont été
appréciées et jugées favorablement par des poètes et des critiques
d'un réel mérite. C'est ce qui a déterminé le secrétaire de la
CHRONIQUE 607
Société à lui consacrer une notice assez étendue en s'appliquaiit
surtout à mettre en relief le sentiment de l'auteur sur nos deux
immortels compatriotes : l>a Fontaine et Hacioe. Les Fables de
M""^ Manéglier, bien évidemment, ne peuvent être mises en paral-
lèle avec colles du Bonhomme : la tragédie de Virrjinic présente
bien quelques réminiscences de Phélrc et à'iphigcnie : les comé-
dies ou proverbes, les pensées morales témoignent de sentiments
élevés.
La Sociélé raclnicnnc — dont nous parlerons prochainement —
a accordé une médaille d'argent à l'auteur, pour son étude sur
Racine, dans sa séance publique du 2t) juin 18i3. La famille de
M"" Manéglier habitait le domaine d'Igny, commune d'Arcv-le-
Ponsart (Marne), continant au canton de Férc-en-Tardenois. Ce
domaine était une ancienne abbaye fondée en 1126, reconstruite
en 1780, et qui a été rétablie de nos jours et confiée aux mains
des PP. Trappistes. C'est à Igny que Tauteur a composé la plus
grande partie de ses œuvres.
A l'occasion du centenaire de M, Fr. Morcau, président d'hon-
neur de la Société, M. Moulin donne lecture de la note suivante :
(( Mes chers collègues, en 1896, fidèle à ses habitudes de bienveil-
lant souvenir, notre vénérable président d'honneur adressait à ses
amis le Catalogue des objets d'anliquilcs de la coUeclion Caranda,
avec une description sommaire ; l'année suivante, nous recevions
le Pelil Album faisant suite à ce Catalogue et reproduisant les
dessins des vues et olijets les plus intéressants de la collection ;
aujourd'hui, complétant sa centième année, il vient de faire
paraître un dernier ouvrage intitulé Diblioihèr/ue et archives de la
collection Caranda.
Le glorieux centenaire, à la suite de la gravure représentant le
clocher de la ville de Fère, ajoute : « Nous arrêtons ici nos repro-
ductions en faisant nos adieux à la ville de Fère qui a été pendant
vingt ans le centre et le siège de nos travaux archéologiques dans
le département de l'xXisiie. Paris, le lo mars 1897. »
Il n'est point inutile de rappeler que M. Fr. Moreau a com-
mencé ses travaux à Caranda dans le courant de l'été 189,3 ; après
avoir fouillé avec succès le dolmen, signalé par M. Barbey etquel-
(jues autres, notamment par M. Moulin, les explorations se sont
coiitinuées dans les localités avjisinantes. 2,000 tombes gauloises,
romaines et franques ont été mises à jour ; le nombre des objets
recueillis dans les sépultures des nécropoles de Sablonnière,
d'Arcy, de Trugny, de Firény, etc., s'élève à 15,000. Plus de 4,000
ont été donnés à divers musées. Les armes et instruments en silex
attribués, en grande partie^, aux collections de plusieurs villes et à
des mu.-ées scolaires, dépassaieiit le chilfre de 32,000.
M. Fr. Moreau poursuivait, dans la distribution de ses richesses
archéologiques, la tradition de générosité de sa famille et la
sienne propre. Honneur à lui ! »
608 GHKOMQUE
M. Dcquiu, ancien [irésidonl du Tiilniiial civil de Cljùleaii-
Tliieny, mcnibrc correspondant de la Société depuis le mois de
mai IST'i, est décédé ù An\iens, le M mai dernier, à l'âge de
GO ans. Le regretté dét'tint, promu conseiller d'appel à sa sortie de
Cliàleau-Tliierry, remplissait depuis plusieurs années les fonctions
de président de chambre et venait d'élre nommé président hono-
raire. La Société s'esl associée au deuil de la famille en présen-
tant ses .«incères condoléances à .M. Ddiuin lils, conseiller général
de l'Aisne, avocat à la (Jour d'appel d'Amiens, ainsi qu'à
M""-" veuve Dequin.
M. Plarr, maire de iîarzy-sui-Marne, ollicier de l'Instruction
publique, décoré de [tlusiours ordres étrangers, membre de la
Société de Géographie et de la Société Académiqi:e indo-chinoise,
est élu membre titulaire.
Société l tikuaiuk . kt histuriuii; uk la IhwE. — Séance du
12 mai 1898. — l'résidcnce de M. Gassies, vice-|irésident.
La parole est donnée, à M. Guérin, pour la suite de sa lecluic sur
les Ducs et Duché de Valois, mais il la cède gracieusement à
M. Kavaisse, membre cori'espondanl, venu de Paris pour lire la
suite de son inléi'essanle étude sur l'Ait inusical chez les Arabrs.
.M. Ravaisse déplore la rareté de documents nous permettant de
savoir ce que fut cet art. Seules, les chansons nous restent, mais
dépouillées de leur parure piimilive, paroles sans musique, sem-
blables à cjuelque maudore dont les cordes seraient brisées. Mais
qu'il lût grec ou persan d'imJlalion, ou simplement original, le
certain est que l'art contemporain d'Imroul-Keis, ce barde, lils de
roi, qui n'allait jamais qu'escorté dune théorie d'esclaves musi-
ciennes, sut faire vibrer l'âme de tout un peuple, miracle que
toutes les nouba (concerts, fanfares) du monde musulman seraient
dans l'inipossibilité de susciter à présent.
M. Kavaisse trace un tableau du monde aiabe au vi>-" siècle avant
J.-C., pour faire com|)rcndre combien la prospérité y était plus
grande qu'aujourd'hui, combien le rôle des femmes y était plus
noble, et comment rimer et chanter étaient à cette époque un
besoin, une raison d'être, une chose simple et commune. On voit,
dit M. Ravaisse, dans tous les cas, une preuve de la passion des
Arabes anciens pour la musique dans l'espèce d'engouement qu'ils
professaient à l'égard des chanteuses musiciennes qui, pour la
plupart étrangères, il est vrai, se firent les éducalrices de l'Arabie
en fait d'art et laissèrent des élèves dont les noms sont restés
fameux. En eilet, un poète qui se respectait était tenu d'avoir à
son service une ou plusieurs chanteuses capables de mettre eu
musique et, par là, de publier les poèmes qu'il inventait. Ces fem-
mes, par contre, étaient tenues d'être belles, instruites et spiri-
tuelles; au>si, jouissant d'une considération toute méritée, étaient-
elles le luxe des grands et des riches ; elles constituaient l'aristo-
CKUONIQUB 6U9
cralie de l'c^clava^re. On les aciielail des prix fous, ruais elles
élaieiil ràiiic de loiiles les fêles.
La mode dos esclaves chaiileuses, iiislrimieiilisles cl composi-
leurs, esl abolie aujourd'hui, comme l'esclavage lui-même, et, ce
qui est plus grave, la femme arabe est tenue plus que jamais
depuis dans une ignorance profonde de toutes les choses de l'es-
prit.
Ce sont là les deux causes principales de la décadence de l'art
musical en Orient, décadence qui a marché de concert avec celle
de la poésie, pour le plus grand malheur des uliiaoïirs, qui seuls
aujourd'hui se plaisent à évoquer le souvenir des belles « cigales »
païennes et des chantres bédouins de l'Arabie anléislamique.
M. Gassies rend compte ensuite des découvertes archéologiques
faites à Meaux dans le quartier du Marché (cercueils en pierre,
poteries rouges dites de Samos, monnaies des Leuci, de Constan-
lia |[, etc.).
*
» *
FÈIES du CENTKNAIRK DE LA SocnÔïÉ ACADÉMIQUE DE ChALONS. —
Les fêles du centenaire de la Société d'agriculture, commerce,
sciences et arts de la Marne ont commencé, le samedi matin
y juillet, par une visite du jury à l'exposition florale de l'Hôtel de
Ville. Tous les liorlicuUeurs chàlonnais avaient envoyé des collec-
tions variées à cette exposition. Épernay était représenté par un
magnifique parterre de caladiitms, que M. Gaston Chandon de
Briailles avait bien voulu mettre à la disposition des organisa-
teurs de l'exposition. Rien ne peut donner une idée de la splen-
deur de ces feuilles largement étalées, aux teintes riches et
variées, allaiit de la blancheur ivoirine au rouge pourpre.
A deux heures, un vin d'honneur réunissait dans le grand salon
les autorités locales, les membres de la Commission de la Société
et quelques invités.
Le soir, M. Doulté fils a donné au théâtre une conférence sur
les populations musulmanes de l'Algérie, qui a été très goûtée.
Le dimanche malin 10, une messe était ditc^ en l'église Noire-
Dame^, à l'intention des membres défunts, par M. l'abbé Thibault,
membre de la Société académique de la Marne.
La séance solennelle a eu lieu après midi.
Elle était présidée par M. de Saint-Arroman, chef du bureau des
travaux historiques au ministère de l'Iuîtruction publique, délé-
gué du ministre, M. Léon Bourgeois, qui avait à ses côtés M. le
préfet de la Marne, M. le président Doutté, .M. Cornet, inspecteur
d'académie, M. Bourdon, maire de Cl^âlons, etc.
Une exposition archéologique fort remarquable avait été
organisée.
L'objet d'art offert par .M. Léon Bourgeois, un joli groupe en
o'J
OIÙ CHRONIQUE
biscuit de Sèvre», a été décerné à M. Bosleaux, de Cernay-les-
Reims. pour ses belles collections archéologiques, fruit de fouilles
persévérantes et de laborieuses recherches.
Dillerents discours et comptes rendus ont été lusparM.M. Duulté,
président, Duckett, secrétaire, Pélicier, Thibault et Uedouin ;
puis la distribution des prix a eu lieu.
Le soir, un banquet a eu lieu à l'hôtel de la Haute-More-Dieu.
C.NE visri'K DE LA Société d'Histoîue et D'AncHÉOLooiE de Pro-
vins A LA Société Archéologique de Sens. — Le 9 juin dernier,
une nombreuse députation de la Société d'histoire et d'archéologie
de Provins est venue rendre à la Société archéologique de Sens la
visite que celle ci lui avait faite l'année dernière à pareille épo-
que. La Compagnie provinoise était conduite par Thonorablo
M. Buisson, son président, accompagné de M. Bonno, son infati-
gable et zélé secrétaire, et des autres membres du bureau. Les
archéologues sénonais s'étaient empressés de se porter au-devant
de leurs invités, qu'ils ont salués dans l'une des salles d'attente de
la gare, où le savant président de la Société de Sens, M. JuUiol,
professeur honoraire, a prononcé une courte et aimable allocution,
en remettant à chacun des arrivants un programme de la journée,
orné d'une vue en photolypie et un signe de ralliement qui lui a
fourni l'occasion d'heureux rapprochements. C'était une fine
reproduction lithographique du rare et curieux jeton, frappé par
la ville de Sens au temps de la Ligue : d'un côté les armes de la
cité avec sa fière devise latine : Urbs anliqua Senon. niilla
cxpiignabilis arle ; de l'autre, deux mains entrelacées, mouvant
de deux nuages, et tenant à la fois un faisceau de flèches d'or et
deux branches de laurier, symboles des luttes de la vérité et des
victoires académiques ; en exergue, on lit :
Sic noslra viret fiducia concors. 1579.
« Espérons, dit-il en terminant, que jamais ne se rompra cette
alliance commencée à Provins et confirmée dans notre bonne ville
de Sens ! »
Le cortège s'ébranle alors au milieu des applaudissements et
monte dans les voilures, qui l'attendaient au dehors. Les deux
présidents, ayant à leurs côtés MM. les secrétaires, prennent la
b*-le et l'on traverse, au grand trot, les ponts et la Grande- Rue
pour gagner l'exlrémilé de la ville. Court arrêt, au passage, à la
vieille église de Saint-Maurice, dont M. Cuillet décrit gracieuse-
ment les curiosités, et devant le grand portail de la cathédrale,
dont les excursionnistes désirent prendre un avant goût.
Après avoir longé la sous-préfecture et le (los de Bellenave
(l'ancienne naumachie), l'on arrive aux arènes, où l'on met pied
ù terre. (!e fut un curieux spectacle que de voir le vaste amphi-
CHliûNigUK 611
tluàlre dessiner de nouveau, après taul de siècles, l'ellipse de sun
pourtour, grâce à la ligue des visiteurs, (pii se profdait sur l'eia-
placemenl inênic du podium antique.
Il y manquait certes beaucoup de ciioses : les i^radins, les vonii-
toria, les enceintes, les horribles réduits où les satellites romains
jetèrent, par l'ordre d'un prince persécuteur, rtiéroii]ue vierge
Colombe en Tan 274; il y manquait la rumeur orageuse de la mul-
titude surexcitée par l'odeur du sang, le défilé funèbre des gladia-
teurs, qui saluent de la main la loge impériale : k Ave, Cxsar,
moriluri le salulaiii ! » Plus d'échos pour renvoyer, aux profon-
deurs des voûtes, l'appel rauque du helluaire, le rugissenjent des
fauves, ou le cri désespéré des victimes, Mais les spectateurs,
aidant à l'illusion par leurs connaissances historiques, purent du
moins évoquer, dans une rapide vision, les immenses proportions
du Cotisée sénonais, que surmontent aujourd'hui près de cinq
mètres de décombres.
Des arènes, les visiteurs se rendent, par Saint-Pierre-le- Vif, à
lu basilique de Saint-Savinien, dont ils étudient avec beaucoup de
soins les inscriptions et l'architecture. M. Julliot les accornpagnc
dans la crypte, dont il leur apprend l'histoire. On leur montre
ensuite la chapelle de l'Hùtel-Dieu, les promenades, la poterne et
le Musée gallo-romain, la statue et la maison de Jean Cousin,
enfin le Musée qui forme comme le point central de l'excursion.
M. le conservateur Dullot fait aux artistes les honneurs de la
galerie où il a su accumuler tant de richesses artisti(iues ; puis les
archéologues étudient avec nue attention particulière les sculptu-
res, les stèles et les inscriptions, si nombreuses, de notre riche
Musée lapidaire ; il est évident qu'initiés de longue main à tous les
problèmes soulevés par l'identiUcation successive d'Aijeiulicum
avec Sens et Provins, ils ne perdent aucune des ingénieuses et
rigoureuses déductions que M. le président Julliot leur expose
dans une conférence aussi agréable en la forn)e que solide au
fond.
Rarement on avait vu le savant sénonais apporter, dans le récit
de ses découvertes, plus d'agrément et de verve contenue. Le
courant de chaude sympathie, dont l'entouraient les savants
hôtes de la Société archéologique, l'ont dédommagé an>plement
des fatigues de cette longue séance, où sa jeunesse semblait s.j
renouveler.
L'après-midi s'achève dans la visite de la cathédrale, où les
excursionnistes aiment à retrouver un air de parenté avec leur
magnifique collégiale de SaintrQuiriace. M- Mémain veut bien les
diriger dans cette étude trop rapide, tandis que M, Chartraire
montre aux dilférenls groupes le$ vitrines du trésor. Puis l'on
parcourt les bâtiments de l'officialité et les salles du palais syno-
dal. Mais le temps manque ; il faut regagner vivement le Musée
lapidaii'e, où de zélés commissaires, MM. Léon Lamy ot Uestom-
612 CHRONIQUE
Les, oui pi'cparé une légère collation oonipusée de quelques
rafi'aichissements et des gâteaux du pays.
Le cadre était sévère, mais M. le président Buisson, debout à la
place d'honneur, prit alors la parole dans un langage plein de
bienveillance. Après avoir résumé, avec beaucoup de courtoisie,
les impressions de la journée, il fit ressortir les avantages scienti-
fiques de telles entrevues, ajoutant aimablement que l'excursion
de Sens ne serait pas inféconde, parce qu'elle avait fixé dans son
esprit et celui de sa Compagnie les grandes lignes de la création
d'un musée provinois, auquel ses collègues et lui sont décidés à
consacrer désormais toute leur activité.
L'allocution de M. Buisson, que nous regrettons de ne pouvoir
reproduire textuellement, est couverte d'applaudissements.
M. Joseph Perrin, avocat, vice-président de la Société archéolo-
gique de Sens, répond, au nom de ses collègues, au toast de la
Société de Provins. 11 se fait l'interprète de tous en rappelant
avec quelle impatience celte visite était attendue, avec quelle joie
la nouvelle en a été accueillie, avec quelle gratitude ses compa-
gnons de roule de l'an dernier se souviennent encore de la récep-
tion si cordiale qu'ils ont reçue sur les bords de la Vouizie. Ils
n'avaient emporté qu'un regret et formulé qu'un vœu au soir de
leur protï)enade dans la charmante capitale de la Brie.
« Merci à vous^. Messieurs, dit-il, d'avoir comljlé ce vœu d'une
journée plus complète, où nous aurions la satisfaction de nous
retrouver plus nombreux, sous la direction de nos deux prési-
denls. Aujourd'hui, plus de paroles de regret, mais une acclama-
tion joyeuse qui doit sortir de ces monuments mêmes qui nous
environnent. Ces pierres, elles sont la gloire de notre président,
elles constituent aussi les titres de noblesse de notre Société : j'y
vois les effigies de nos pères qui semblent nous faire cortège et
prendre part à cette fête amicale. Puisqu'elles assistent, en
témoins, à cette réunion plénière de nos deux Compagnies, per-
mettez-moi, Messieurs, de vous saluer dans la langue qui leur
était familière et de leur emprunter, en terminant, la vieille for-
mule romaine, que je crois voir briller d'ici, toujours concise,
mais plus expressive que jamais, au fronton de ces stèles quinze
fois séculaires :
Soc lis, FcUcikr.
« Vive la Société de Provins ! Je bois à son présideut, au bureau
qui l'entoure. J'ajoute la santé des dames qui nous ont fait l'hon-
neur de se joindre à l'excursion, »
Les tleurs de la table sont aussitôt distribuées aux dames par
MM. les commissaires de la Société archéologique de Sens, et les
invités sont ensuite accompagnés, dans le même ordre que le
matin, à la gare, où s'échangent les adieux ou plutôt la promesse
de travailler désormais en commun.
Puisse celte trop courte journée avoir iiis|)iré aux savants visi-
CHRONIQUE 613
leurs le désir de revenir à Sens et de nous apporter do ruuiveaii
l'encouragemeiU de leurs siillVages ali'ectueux.
Gallus.
Un monument a Bossuet. — Commetil! Bossuel n'a pas de
monument? — Aon. Depuis liienlôt, deux siècles, le plus grand
des écrivains et des orateurs français n'a qu'une dalle modeste sur
son cercueil ; et encore, celte pauvre pierre ayant été déplacée
jadis à l'occasion de travaux exécutés dans la cathédrale, on en
était venu à ne plus même connaître l'endroit exact où était ense-
veli l'évêque de Meaux. Il y a cinquante ans, tout le monde
l'ignorait.
C'est Ms"" Allou qui, en IS^ii, voulant mettre un terme à une
pareille situation, prescrivit des recherches et découvrit le tom-
beau du grand homme sous le dallage du sanctuaire, du côté de
l'épitre. Le cercueil de plomb fut dessoudé au moyen d'un fer
chaud ; la couche de tan et de plâtre pulvérisé qui remplissait la
bière fut enlevi'e, et après que Ms"^ Allou eut soulevé lui-même,
d'une main respectueuse, une dernière enveloppe de toile qui
recouvrait la tête, tous les assistants reconnurent limage vénérée
de Bossuet ; les traits, parfaitement distincts, avaient à peine été
altérés par la mort, quoique la peau fût desséchée et comme par-
cheminée ; seulement les cheveux blancs avaient pris une teinte
châtain foncé sous l'action des matières préservatrices posées dans
la bière. On comprend l'émotion poignante qui saisit les assistants
à l'aspect de ces restes sacrés, à la vue de ce que la mort avait
fait de cette tête puissante, de celte bouche à l'éloquence souve-
raine !
Après une cérémonie pieuse, le cercueil lut refermé, puis
replacé dans le caveau, sous la mémo dalle dont l'avait autrefois
recouvert l'abbé Bossuet, neveu et héritier de l'immortel évêque.
Mais il faut autre chose que cette pierre banale pour honorer
une telle mémoire, et l'évêque actuel de Meaux, M?'' de Briey, a
conçu le noble dessein de réparer un oubli, ou une négligence,
qui finirait, en se prolongeant davantage, par devenir une honte
pour notre pays. — « Cette pensée nous occupe depuis bien des
années déjà, écrit-il dans une Lettre publique à tous ceux qu'in-
téresse la gloire de Bossuet. Gardien des cendres de notre illustre
prédécesseur, nous nous reprocherions de les tenir plus longtemps
sans honneur, et cela dans le temps même où l'on rivalise de zèle
pour mettre en lumière tout ce qui se rapporte à lui, où prêtres,
hommes du monde, chrétiens, incroyants même se passionnent
pour sa mémoire, où ses œuvres sont le sujet de travaux histori-
ques et littéraires, d'articles dans les revues, de cours dans ren-
seignement ofiiciel, de conférences spéciales où se pressent les
auditeurs. »
Et M?'' de Briey aurait pu ajouter que, dans ce même temps où
Gî4 CHRONIQUE
l'on prodigiio le bronze ol lo marbre fi lant de répulalions conles-
labb's, Il laiil d'inconnus et dindiglics, il sérail vraiment étrange
que la France n'eût pas pour une de ses gloires le? plus hautes
l'hommage qu'elle rend si facilement à des médiocrités d'un jour.
C'est à Meaux que Hossuel a passé la période la plus laborieuse
et la plus brillante de sa vie. Nommé à ce siège par Louis XIV en
1081, il y a vécu vingt-trois ans, et le palais épiscopal reste tout
plein de ses souvenirs. Sa grande ombre semble passer encore
dans les salons imposants où rayonne son portrait par Rigaud,
dans h}s majestueux jardins dessinés par Le Nôtre, à l'extrémité
desquels il avait fait construire un petit bâtiment pour lui servir
de retraite, et où il a écrit ses plus remarquables ouvrages.
Ce modeste bâtiment tombait en ruine au commencement de ce
siècle. Napoléon voulut qu'il fût restauré et scrupuleusement con-
servé, tel qu'il était au temps où l'habitait l'illustre évêque et où il
reçut la visite du grand Condé.
C'est donc à IMeaux, dans la cathédrale dont les voûtes ont
gardé l'écho de sa parole, que devra s'élever le monument pro-
jeté, en face de la chaire aux vieux panneaux Louis XIU (toujours
la môme) où il n'a cessé de se faire entendre jusqu'à sa mort.
Atteint de la pierre â soixante-quinze ans, et saisi d'une crise
violente à Versailles, il y succomba au printemps de 1704. Son
corps, immédiatement embaumé, fut ramené en grande pompe à
Meaux pour y être inhumé à gauche de l'autel^, suivant sa volonté
dernière. Le carrosse de deuil qui le transportait était accompagné
d'un écuver du Dauphin et d'un imposant cortège. Les chevaux du
carrosse étaient caparaçonnés, avec six valets de chambre en
manteau long et douze laquais de deuil portant des flambeaux.
Cnmprend-on qu'après de si hauts et si légitimes honneurs,
personne, durant une période de cent quatre-vingt-quatorze ans,
n'ait songé à couvrir la tombe de Bossuet d'un monument digtie
de sa renommée et de son génie .'
Heureusement, grâce â l'initiative de M-i^ de Briey, cette longue
omission va être enfin réparée.
Un'G réunion préparatoire a été tenue dans ce but, et un
Comité tt clé constitué sous la présidence du cardinal Perraud.
L'Eglise et l'.\cadémie, l'Université et la l*resse, la Tribune et le
Barreau y sont également représentés, et un premier ;ippcl ne tar-
dera pas sans doute à être adressé au public. Il est sûr d'être
entendu. La gloire do Bossuet est désormais au-dessus de toutes
les contestations. Les ombrages d'une autre époque sont dissipés
depuis longtemps ; la France intellectuelle et pensante est una-
nime dans .son admiration pour cette impérissable mémoire.
Tout le monde aujourd'hui partage l'appréciation de Sainte-
Beuve écrivant en IS'li : « La gloire de Bossuet est devenue l'une
des religions de la France ; on la reconnaît, on la proclame, on
s'honore soi-même en y apportant chaque jour un nouveau tribut,
OttnONIQUR Hl^
en lui Iroiivanl de nnuvpllos raisons d'ôlrc et de s'accroître : on
ne la discute plus. »
Et avant Sainte Beiive, presque dans les mêmes termes, Joseph
de Maistre avait aussi appelé Hossuel << une des religions de la
France ».
Le succès du projet que nous annonçons n'est donc pas douteux,
et comme le monument ne devra être inauguré qu'en 190i, date
du deu.'çième centenaire de Bossuet, le Comité présidé par le car-
dinal Perraud aura tout le temps de provoquer et de réunir les
ressources nécessaires à l'ouivre vraiment nationale qu'il entre-
prend.
Le sculpteur chargé de tailler dans le marhre celte majestueuse
figure de Bossuet n'a pas été choisi encore. C'est le Comité qui le
désignera, et il ne contiera certainement qu'à des mains silres la
mission de doter la cathédrale de Meanx d'une œuvre destinée à
traverser les siècles, et digne à la fois de l'Eglise et de la France.
U.\ Français.
Liste des dons faits au Ml'séf. de Troyes pendant le del'xikme
TRIMESTRE DE l'aNNÉE iS98 :
Peinluj'e.
M"« Joseph AudifTred, par l'intermédiaire do M. le maire de
Troyes : — Trois tableaux peints à l'iiuile ; M""^ Joseph Audi /frrd,
portrait, de grandeur naturelle, par Gie^'rc ; — J/. Joseph Audlf-
l'red, portrait en buste, médaillon ovale, par Vitto d'Ancona ; —
la plage d'Elretat, par Le Poittevin.
M. S. Toudouze, à Paris : — Monlayncs en Savoie, près d'Ai.r-
les-Bains, peinture à l'huile, sur bois, 1891.
Avchéoiogic.
La Fabrique de l'église Sainl-Martin-ès-Vignes : — Neuf sculp-
tures en ronde bosse, toutes mutilées et ne pouvant trouver place
dans l'église, savoir : Trois statues en pierre : Saint Roch^ Sainte
.yarie et Sainte Barbe; un Buste d'écrgue, également en pierre,
et cinq statues en bois : Christ de grande dimension^ Vierge-
mère, Èvêque et Angrs adorateurs : — une pierre sculptée prove-
nant du presbytère de Saint-Martin ; elle représente un écu
armorié portant un chevron accompagné, en chef, d'un poisson
mis en bande entre deux étoiles, et, en pointe, d'une coquille.
M. Adolphe Parigot, président du Tribunal civil de Troyes,
décédé, membre correspondant : — Deux carreaux vernissés et
incrustés provenant des ruines du château de Frédégonde, situé
dans la forêt voisine d'Avenav, canton d'Ay (Marne).
M. l'abbé Prévost, membre associé : — Une clé ancienne,
en fer.
M"'' Pilliard. rue Champeanx, à Troyes : — Huit petites plaiiues
610 CHRONIQUE
de verre éginmisé et de forme ronde, dont cinq avec peintures à
la détrempe, sur ivoire. Toutes ces plaques étaient destinées à
roruemenialioii de petits méJaillons de serre-cou ; — deux pla-
quettes de nacre décorées de ciselures ; — un boulon à l'usage de
la Garde nationale de 1830.
Mme veuve Formont, à Har-sur-Aube^ au nom de M. Formont,
son mari, décé(lé, membre correspouiianl : — Deux pelits médail-
lons, reliquaires en corne, dont un avec peinture sur vélin.
Aiimi&maliijue ri Sigillographie.
M. Grosdemenge, à Troyes : — Une mormaie gauloise des
Sénons, sans indication de provenance. Elle ollVe une variante du
n" iTG du Catalogue des .Monnaies gauloises du Musée de Troyes
et présente le type du cheval marchant à gauche accompagné, en
haut, d'un gros globule entre trois petits, et d'un autre globule en
avant, devant le poitrail.
M. Thierry, membre résidant : — Deux monnaies françaises en
argent, datant du xii« siècle ; l'une d'elles, frappée à Provins, a
été émise par Henri il, comte de Champagne (1180-1197); —
deux monnaies en bronze, très frustes, datant du Moyen âge ; —
un double-tournoi de Louis XIV. Le tout a été trouvé dans la pro-
priété du donateur, rue de la Mission.
M. Jotte, à Prunay-Relleville : — .Six monnaies françaises,
deniers et doubles-deniers de Louis XIII et de Louis Xl\'; — deux
sous de Louis XVI et un jeton de Nuremberg.
M. Albert Delalour, membre correspondant, à Paris : — Une
pièce de oO centimes, émission de 1897, gravure de Roty. Celle
pièce n'a pas subi de polissage.
.M. de la Boullaye, mem])re résidant : — Un décime, émission
de 1S98, nouveau modèle, gravure de Daniel Dupuis,
.M. le préfet de l'Aube, président d'honneur de la Société Acadé-
mique : — Un exemplaire, en bronze argenté, de la médaille gra-
vée par Henri Naudé et frappée à l'occasion des concours de gref-
fage de la vigne, en 189T-1898.
M. Pougial. menuisier à Troues : — Une médaille en bronze,
gravée par Gayard et frappée en commémoration du rétablisse-
ment de la statue d'Henri IV, à Paris, sous Louis XVJJI.
M. Clioullier, membre correspondant : — .Neuf empreintes sur
cire de cachets armoriés ayant appartenu à des familles de la
région, parmi lesquelles ligurent les Marbual, seigneurs de Bois-
Gérard ; les Guyard des Forges, seigneurs de Chamblin ; les de
Walles, seigneurs de Courtaoult; les Rousseau, seigneurs de Cha-
moy, elc ..
Minéralogie.
M. de Mauroy, conservateur de la minéralogie : — Un échantil-
lon de la météorite tombée le 20 juin 1897, à Lançon CRouches-
du Rhône). Poids : 10 grammes.
CHRONIQUE 017
Palôù)ilologie.
,M. Gustave Mifliel, à PrécySaint-Marlin : — Une dent fo?sili> de
fheval, Iroint'c à Précy-Saiiit-Martin, sur remplacement de la voie
romaine.
Musée d'art décoratif.
M. Frédério-Kugène Piat, conservateur lionoraire : — Un Duo,
groupe en terre cuite colorée avec des terres de nuances diverses^
œuvre de Ladreyt. Il représente deux musiciens, un alto et une
basse, s'escrimant à tour de bras sur leurs instruments.
M. Truelle Sainl-Evroji, membre correspondant : — Une noix
de coco, très finement et très habilement .sculptée, représentant
les batailles de Marengo et d'Essliiig ; — une remarquable tor-
chère de style Louis XV, avec pied à trois consoles contournées à
crevé et orné de lambrequins et de dauphins, le tout en bronze
doré, supportant un plateau profilé à culot, en marbre fleur de
pc'cher. (.Nota : La Commission du Musée a participé pour trois
dixièmes à la dépense occasionnée par l'acquisition de cet objet.)
Cette torchère a été exécutée d'après un modèle créé par M. Piat
pour la maison Gagneau, de Paris.
Bibliothènue du Musée.
M. de la Hamayde, membre résidant : — Plusieurs anciens et
très intéressants croquis à 'a plume, représentant des vues à vol
d'oiseau des villages et hameaux de i^lérey, Chappes, Courbelon,
la Bretonnière, etc..
M. Frédéric Moreau, à Paris : — Le SiippU'rnent au Calaloffue
des objets d'antiquité aux époques prchisiori'/U(% qauloisc,
romaine et franquc de la collection Caranda, Saint-Quontin,
1896; M. .Moreau a fait imprimer cet ouvrage (qu'il annonce
comme devant être le dernier de ses travaux) à l'occasion du cen-
tenaire de sa naissance.
Emile .Martin, clerc de notaire' à Chavanges : — Une notice sur
Brienne-le-Château, par le donateur.
Lkon Lher.\iitte. — Lliermitte, lesté d'une petite pension de
l'Etat, vint tout droit de son village natal, .Mont-Saint-Père, en
Aisne, pour entrer dans l'atelier de L. de Boisbaudran. où il se lia
avec Cazin, Bellanger, Boty, et d'où étaient déjà sortis Alph tnse
Legros, Fantin-Lalour^. G Régamey et tant d'autres. Mais, pour
justifier une fois de plus une des nombreuses maximes de la
Sagesse des nations, il fut d'abord prophète en Angleterre, où ses
dessins obtinrent, lors d'une première exposition, un fort grand
succès. Son originalité, la sincérité de ses personnages, la solidité
de son des>in s'affirmèrent dès le premier jour dans une vision
d'humanité saine el puissante.
A Mont-Saint-Pére, où il passe une partie de l'année, tous les
G 18 CHRONIQUE
gens du village lui servent de modèle, soil qu'il les prenne sur le
vif dans les diverses occupations des champs, soit que d'eux-mêmes
ils viennent poser dans son jardin. En cela, il suit l'heureuse tra-
dition de Jules l'.rclon et du pauvre Bastien Lepage.
D'ailleurs, la vie du travail l'allire, les agglomérations humaines
aux usines, comme aux Halles de Paris, qu'il a si merveilleuse-
ment peintes en leur agitation de ruche, le retiennent.
Le premier, ou l'un des premiers, il a appliqué le pastel aux
paysages et aux scènes d'ateliers. Aussi est-il un des principaux
fondateurs de la Société des pastellistes.
Son œuvre est grande et nonihreuse. En dehors des deux
importants tableaux décoratifs de la Sorbonne : Claude Bernard
et Sainte-Claire-Dccille, rappelons la Paye des Moissonneurs, qui
est maintenant au Musée du Luxembourg, le Cabarel, si vivant, le
Vin, la Fenaison^ le Repos, VAmi des huinl)les et, enfin, cette
belle scène empruntée au fabuliste : la Mort el le Bûcheron.
I*uis, ce sont des eaux-fortes devenues rares, et des dessins
reproduits par la gravure sur bois pour la Vie rustique, avec la
collaboration littéraire de notre maître André Theuriet.
Sous ses cheveux blancs coupés courts et frisés, un beau front
d'énergie et de rétlexion qu'éclairent deux yeux scrutateurs poin-
tant droit sur le modèle. Avec son nez d'un contour si tin, sa
barbe en pointe argentée, Lhermitte a dans la physionomie quel-
que rapport avec Jules Verne et aussi avec le regretté Charles
Yriarle, lesquels cependant, piis isolément tous deux, n'ont
aucun point de ressemblance. Un air de grande distinction, d'ai-
sance et de confiance en soi se dégage de son individu.
Et quand on pense que, sans un protecteur inlluent et avisé,
lixé là-bas à Monl-Saint-Père, que les essais du futur maître avaient
vivement intéressé, Lhermitle n'aurait jamais fait de peinture!
Une anecdote pour finir.
A Mont-Saint-Père, tout le monde est habitué à sa tenue de tra-
vail, assez dépourvue delégance.
Deux savetiers ambulants, le voyant — il y a quelque temps —
peindre au bord du chemin, s'approchent de lui :
— Tiens, c'est touché ! dit l'un d'eux.
— V'ous devriez porter ça au cliTiteau de <i.... on est riche
là-dedans : ils vous donneraient, — dit l'autre, — 2j ou 30 francs
de voire petit tableau.
iJiormilte les remercia de leur aimable conseil.
— C'est-il pas malheureux, dit en s'en allant le plus âgé des
savetiers, d'être obligé, à son âge, de travailler le long des
routes 1
Loris CoirtA.ioi) ET SON icNSEUiNEMKiNT A l'Ecolk fh; Louvuk. —
I a librairie AI[ibonse Picard et lils, 82, rue Bonaparte, â Paris, va
CHRONIQUE Ol'J
procliainetnenl faire parailm eu «oiiscriplioii, du regrelti'; Louis
Courajod, renscmble de ses leçons professées à l'Ecole du Louvre
de 1887 à 189G. L"ouvrago sera publié sous la direcUoti do
iM.\L Henry Lenionoicr cL André Michel, en :] volumes in-8" carré,
de bèiO pRges environ chacun. Le prix des 'S volumes est de 20 fr.,
et sera porlé à 30 francs aussilôl la ini-e en vente.
Quand éclata la nouvelle de la mort de Louis (Courajod, enlevé
en pleine force à son œuvre, le vir-u unanime de ses élèves, audi-
teurs et lecteurs, à l'étranger comme en France, demanda que ses
leçons de l'Ecole du Louvre, où, pendant neuf années, il avait
cotnballu, agité et semé tant d'idées, fussent recueillies dans la
niciure du possible et sauvées de l'oubli . Bien souvent ses amis
l'avaient pressé de pourvoir lui-même à la rédaction définitive et
à la publication de tant de notes qu'il avait accumulées ; mais il
ne sut jamais, dans l'ardeur inquiète de ses recherches, trouver le
temps et le calme nécessaires à un pareil travail. « C'est vous qui
vous chargerez de cela après ma mort ». dil-il un jour à l'un des
amis qui donnent aujourd'hui leurs soins à celle publication ;
« vous me permettrez de prendre à ce sujet des dispositions testa-
mentaires. » La mort l'a surpris avant qu'il ait écrit ses volontés
dernières; mais ces mêmes amis n'ont pas voulu laisser tomber le
mandai que sou amitié avait projeté de leur confier.
Le dépouillement de ses papiers, mis k leur disposition par «a
famille, a prouvé qu'il n'était pas impossible de faire revivre
presque en entier cet enseignement si fécond. Un très grand nom-
bre de leçons étaient complèlement écrites; les dossiers de toutes
les autres avaient été soigneusement gardés et cla-^sés, si bien qu'il
a suffi d'élaguer des répétitions inévitables pour rendre au public,
souvent dans leur forme personnelle et vivante, loitjours dans
leur substance, sa parole et sa pensée.
Les Leçons de Louis Courajod comprendront trois volumes cor-
respondant aux trois grandes périodes de l'art qui en firent
l'objet.
I. — Origines de l'art roman et golliiquc.
Etat des arls à la fin du m' siècle. — Civilisation barbare. —
Apparition d'un art nouveau. — Analyse des éléments qui entrè-
rent dans sa composition : élément gaulois, gallo-romain, latin,
byzantin, barbare, arabe. — Epoque Mérovingienne. — Epoque
Carlovingienne. — Aurore des temps romans.
II. — Origines de la Renaissance.
Histoire de l'art au xiv« siècle. — Etude comparée de cet art en
Fiance, en Italie. — Intervention et rôle des artistes seplenlrio-
naux. — L'Ecole de Bourgogne. — L'art au xv" siècle. — La péné-
tration italienne. — La forinalion de l'Ecole de ïouraine.
III. — Origines de l\irt moderne.
Origines de l'arl académique. — L'inllueiice italienne. — L'art
020 CHRONIQUE
Jésiiile. — Le Baroque et le Rococo. ~ Le monopole académique
dans l'Art et dans l'Enseignement. — L'antiquité et le classicisme,
de la Renaissance à Le Rrun, à David, à Quatremère de Quincy.
— Elude des résistances de l'art national français depuis le xvi''
siècle. — Quelques sculpteurs des xvii*^ et xviu'' siècles.
OuvROin DE Saintk-Croix de Jouy-sur-Mûuin (Seine-et-Marne).
— Discours prononcé à la distribution des prix du 1" août 1897
par M. Ed. Ribas, directeur de la Société anonyme des papeteries
du Marais et de Sainte-Marie.
Mesdames, Messieurs,
Mt's clières Sœurs, Mes Eolaiils,
C'es-t ossurémem renoplir un facile et agréable tlevoir que de souLailer la
bienvenue à l'assistance nombreuse el sympathique qui se presse sous celle
tente, et à toutes les personnes qui ont bien voulu rehausser de leur pré-
sence l'éclat de noire distribution de prix, et pourtant, en le faisant,
j'éprouve, je l'avoue, une certaine confusion à occuper ce fauteuil de la
présidence, qui de droit appartenait à l'un de nos invités, t. es exemples de
ceux qui, sans en être les plus digces, ont usurpé la première place,
abondent dans l'histoire. Je le sais ci vous ne l'ignorfz pas non plus. Mais
je n'aurai garde d'invoquer d'aussi lâfheux précédents el je vous exposerai
simplement les motifs qui m'out dicté n.a détermination.
Me trouvant appelé pour la première fois à organiser notre fête Iradiiion-
nelle, à y convier tous ceux qui s'intéressent à notre œuvre, appelé aussi
jjour la première fois à personnifier le bienfaiteur anonyme qui, sans s'appe-
ler autrement que la m Société du Mardis <, s'impose les sacrifices néces-
saires pour subvenir à l'eulretien de cette école, c'était pour moi un besoin
el un devoir de vous adresser quelques paroles. Mais il est d'usage, vous
le tavtz, qu'une allocution soil proi oncre par le président, el pas plus à
rimjjatience des petits enfants qu'à la longanimité des grandes personnes je
ne me sciais cru permis d'imposer un deuxième discours. J'ai donc, des
deux discours, sacrifié, non sans regret, le meilleur, pour sauver le mien,
el j'ai pris, un peu autorilairemenl, le tilie qui me conférait le droit à la
parole.
Comme piési lent j'en demande pardon à nos invités, comme orateur j'en
demande pardon à tout mon auditoire.
Dès voire rntiée dans cetle salle, mes chers entants, une chose vous a
Irappés, comme elle a frappé vos parents et nous tous. 11 semble que cetle
estrade soit garnie, que les sièges soient remplis, el pourtant une place
reste vide, el c'eit celle place qui attire tous les regards. Le fondateur de
notre onvroir et de notre école, l'homme cminenl que nous voyions ici,
chaque année, laisjiit en vrai père de famille, avec une grâce parfaite, les
honneurs de cette réunion dont il était l'âme, y manque pour la première
fois.
Six mois déjà se sont éioulés que, rompant lui-même un à un, non sans
un Lruel déchiremenl, tant lîe liens qui l'allacbaient à ce pays, à ces usi-
nes, à elle population au milieu de laquelle il a vécu el travaillé plus de
trente annéef^, \L Dumont s'est éloigné de nous Et depuis, la crainte
d'aviver des pUies encore saignantes d'abord, une douloureuse indisposition
CHaONlQUE 621
ensuite, enliii el pardessus loul un senliineut de réserve et <lc délicatesse
poussé jusqu'à rextièiue et auqut'l on ne saui^ait trop rendre himtnage, l'ont
empêché d'y reparaître.
Or, il me semblait que la .-olennité de ce jour devait êlic loccasion même
d'un retour. Tous, nous eu aurions été réconfortés et réjouis. J'aurais voulu
que M. Dumont reprît encore une fois cette place d'où, il me semble que
c'était hier, sa parole vibrait ftirme et encourageante, avec ce grand sens
pratique dont il a le secret. Je le lui ai dit. Mais, dès les premiers mots de
ma requête, j'ai été arrêté par celte lésoluliou dont vous connaissez !a
netteté et qui ne lais.-e pas la porte ouverte à une deuxième tenlalive. Je
vous apporte l'aveu de ma défaite. C'est notre défaite h tous. Vaincus avec
moi, vous prolcsleicz avec moi, nous protesterons contre le temps et contre
l'absence, en nommant M. Dumont présidejt d'honneur de notre réunion.
Vos applaudiasements à tous, Mesdames, Messieur.-;, mes chères Sœurs,
mes Enfants, témoignent de votre sentiment unanime ; je proclame donc
M. Dumont prétident d'honneur, et j'associe à son nom celui de
M°" Dumont, qui l'a toujours el si bien secondé, avec la grâce et le
dévouement que les femmes seules savent apporter à de pareilles lâches,
dans l'œuvre qu'il avait commencée, el qu'il a amenée à un si beau déve-
loppement.
Mais cette œ ivre, qu'a-t-elle donc été? Ce ne sont pas seuh ment des
élèves de la petite cl.sse qui me posent celle que.^tion. Il y a, j'en vois d'ici,
de grandes tilles presque au terme de leurs études, qui se disent :
« L'école des Sœurs à Jouy ? .Mais cela a toujours existé ! » Aussi loin
que remontent leurs souvenirs, elles se voient évoluant sur les gradins de
l'école maternelle, les yeux fixés sur la cornette blanche. Aucunes peut-
être pensent que l'école des Sœurs, à Jouy, ça a poussé tout seul, comme
l'herbe dans les champs. El cell-slà ont- elles vraiment si grand tort?
Est-ce que l'école ne pousse pas d'clle-mêtne là où il y a une Sœur de
Saint- Vincent de Paul, comme l'herbe pousse là où le Bon Dieu a donné
sa rosée? El, de fait, c'est à l'ombre de l'ouvroir que l'école est née el a
grandi, meis non sans h aucojp d'clForts et de persévérance de celui qui eu
fut l'infatigable artisan.
Kemontons donc à cette fondaiion première de l'ouvroir, qui nous reporte
à vingt-six ans en arrière. Vingt-tix ans, plus d'un quart de siècle ! Pour
les parents des plus jeunes élèves, ce sera presque de l'histoire.
L'idée première de la fondation de l'ouvroir remonte à 18'0, ou du moins
c'est à cette époque que les premières démarches furent laites aupièj de
l'ordre de Saint-Vincent de Pau! pour obtenir les Sœurs qui devaient le
diriger. Déjà la demande de M. Doumerc, alors encore directeur de notre
Société, avait été favorablement accueillie, déji toutes les premières dispo-
sitions étaient prises, quand l'ouragan de l'invasion étrangère vint disperser
les hommes et emporter les projets. Il fallut ajourner toute réalifalion à
des temps meilleurs.
Ce ne fut qu'un an plus tard, en juillet 1871, après la tourmente apaisie,
qu'on put revenir à l'œuvre interrompue. Mais était ce bien le moment de
songer à une nouvelle fondation ? Il y a' ait d'abord à relever tant de rui-
nes ! Les usines et leur personnel à réorganiser, les approvisionnements à
reconstituer, les besoins du public à satisfaire, et surtout ceux des grandes
administrations dont, par suite des circonstances mêmes, les exigences
étaient énormes. Devant ce travail écrasant, tout autre que M. Dumont eût
reculé el eût dit : «. Plus tard 1 » Mais son activité savait suffire à tout.
022 CHHONIiJUK
faire face à tout. Ne perJanl pas im instant, il reprit et poursuivit sans
relâche l'œuvre conçue dans des lumps plus calmes, il bàlit, il ort,'anisa,
et, dès la liu de 1871, louvroir était créé et foucliouuait avec quatre Sœurs
et une trentaine de pensionnaircf.
Qu'il me soit permis de rappeler ici et de vénérer le souvenir de la pre-
mière supérieure de louvroir.
Dans les liaules fonctions auxquelles VovA appelée; ses mérites et ses
vertus, elle n"a pas oublié, j'en suis sur, Thumble maison du faubourg de
Jûuy, ouvdte par elle aux orphelines de nos désastres, et sa tendresse
maternelle «est réjouie en apprenant que, depuis, les petits enfants y
avaient ausi-i leur place.
Dès ISIT, l'Ordre, jugeant que réminenlc organisatrice avait achevé sa
lâche et pouvait la remettre en d'autres mains, la rappela. J'étais alors
momuilan^meut retenu h Paris, et je recevais du Marais une lettre dépei-
gnant l'émoi causé par cette nouvelle imprévue. Vous ne m'en voudrez pas
de vous en liter un passage :
« Sœur d'Heurlaumont est partie hier définitivement sans avoir mis per-
c sonce autre dans sa confidence que la Sœur assistante, — ordre de ses
« supérieurs; — les enfants sont dans la désolation, presque en révolte, la
« communauté sanglote. »
Ces quelques lignes en disent plus (jue tous les éb'ge?.
Qu'on se rassure, d'ailleurs : la révolte ne dura pas, et l'Ordre, en enle-
vant une mère, avait as^ez de trésors de charité pour en donner une autre,
qui ne se lit pas attendre.
Mais, si l'ouvroir projpéiait, M. Diimonl n'euteudail pas b'arrèter à ee
premier résullat, et presque en même temps il chcrchaiL à confier aux Sœurs
les petits eulants de l'école qui existait alors au Marais. Longtemps des dif-
ficultéi matérielles, dans le détail desquelles je ne saurais entrer ici, vin-
rent le contrarier dans ce dessein. Ce n'est qu'en 18:J3 qu'une occasion
favorable lui permit d'annexer à l'ouvroir ut.e ccole. Aussitôt le leriain fui
préparé, les conslruclions s'élevè.'-ent, et l'école des Sœurs de Jouy, enfin
fondée, s'ouvrait le 1b septembre 1S84.
Son histoire dopuis, je n'ai [as à vous la relire ; elle âe lésume dans le
bien qu'elle a fait, bien qui s'étend fort au delà do celte enceinte, car en
prenant l'et lance, l'œuvre embrasse la vie entière.
L'école maternelle, qui reçoit les tout petits, permet aux mères d'aug-
menter par leur travail les ressources de la famille, en même temps qu'elle
éveilla ces jeunes intelligences et forme ces jeunes cœurs. Puis, après les
avoir vues grandir et arriver de clagsc en classe au terme de leurs étudeg,
les bonnes Sœirs n'abandonnent ni n'oublient leurs chères enfants. Alors
plus que jamais elles font anxieuses '?e les voir mettre en pratique la plus
haute partie de leur enseignemeni, celle qui apprend à bien vivre. Elles les
convient aux réunions du |:atronage pour les soutenir dans la bonne voie,
pour les arracher aux mauva''.ses compagnie;-, aux divertissements déabou-
nête.', pour eu faire enfin, quelques années après, de b^n es épouses, de
bonLes mères, le charme et la sauvegarde du foyer.
Alors encore, comme elles le f.ireul déj-i pour une géuéraiiou de parents,
elles Eeront pour leurs anciennes élèves les amies sûres et de ban conseil
des temps heureux, les confidentes fiilclcs, discrètes et tecourables de l'ad-
versité.
Cette œuvre queje viens d'e;(|uicser a giauds traits, ^L Dumuul no l'a
réalisée que par uu < llurt cuustanl et boutcnu de sa volonté et de son amour
CHRONIQUE 623
(lu bicu. Mais aii^si comme il y élait altuuhé, el quels regrels pour lui de
la quiller !
Venir passer quelques iustaiils au milieu des jeunes filles de l'oiivroir,
causer avec elles, inlerroger les enfants de Técole, c'élail son délassement
favori. Heievait-il des amis, il n'avait pas de plus grand plaisir que de les
mener voir son école et ses enfants. An.'si, des plus grands aux plus
petits, tous le connaissaient cl lui rendaient celte affecliou. Ah ! j'aurais
fort à faire pour gagner la popularité qu'il c'était acquise parmi cette jeu-
nesse.
Celle jeunesse nou plus mc l'oubl era p;)?.
En vous comme en nous tous, mes chers enfants, il laisse une forte el
salutaire empreinte. Celles d'entre vous, et c'est encore le plus grand nom-
bre, qui le connaissent, lui conserveront un sentiment de profonde grati-
tude. Elles apprendront aux plus jeunes à répéter el à vénérer son nom, en
attendant le j<iur, prccliaiu je l'espère, où il voudra bien revenir au milieu
de nous recevoir le témoicnai^e de notre inaltérable attachement.
Pklkiii.nage de Notre-Dame des Languel'.^^, a (Hùii.lv. —
Lorsqu'on descend la val'ée de la Marne, à main gauche, après
avoir dépassé le cliàleau de BoursaulL, on aperçoit le petit village
d"Œuillj, pittoresquemctit situé à lui côte, au milieu des vignes,
vers la lisière de la forêt. De là, s'étend au loin la vue sur la
rivière, le prieuré de Binson et la colline de Cliàlillon, doiriinée
par son pan de mur féodal el la colossale statue du pape
Urbain II.
Depuis des siècles, les populations de la région venaient rendre
son culte à une antique image de la Vierge, une Pielù désignée
sous le vocable touchant de Notre-Dame des Langueurs. Chaque
année, le mardi de la Trinité, les fidèles accouraient en foule,
gravissant les pentes agrestes du coteau, pour aller invoquer dans
l'humble sanctuaire, la Mère de douleurs, afin d'obtenir force et
santé pour leurs petits enfants languissants et chétifs. On buvait
avec confiance l'eau pure de la source champêtre, el une archi-
cunfrérie était établie dans l'église paroissiale.
Depuis la Révolution, un abreuvoir public avait remplacé la fon-
taine miraculeuse ; toutefois, le pèlerinage s'était constamment
maintenu. M. l'abbé Tourneux, curé de Boursault, desservant de
Vaucienncs et d'f^uilly, a rétabli de nos jours le culte dans son
ancienne splendeur. Par son entremise, une reconnaissance cano-
nique et des indulgences spéciales ont été accordées de Rome à
l'archiconfrérie. Grâce à de généreuses olfrandes, la fontaine,
ramenée à sa destinalion primitive, vient d'être captée dans un
gracieux édicule comprenant, en bas, une vasque où sépandent
les eaux bienfaisantes ; au milieu, une chaire d ou partira la voix
consolante du prêtre, aux jours de pèlerinages; enfin, au sommet,
une arcature élégante destinée à recevoir un groupe artistique de
la Pic là.
02^ CHRONIQUE
Le 7 juin 1898, trois mille pèlerins oui visité la Vierge compa-
tissante de l'église et de la fontaine d'OKuilly. Celte ccrénionie
d'inauguration cuincidait avec celle de la conlirnialion, donnée à
huit paroisses du voisinage réunies dans le niodeslc village.
Mï'' Lalty, évêque de Cliâlons, présidait, entouré des soixante-dix
l'ères l)lancs venus du prieuré de liinson, en robes et burnous de
laine immaculée. Le P. Blanchet, lazariste, apportait à cette fêle
le concours de sa parole entraînante et de son talent musical. Aux
offices, M"'^'* la duchesse d'Uzès, châtelaine de Bourtault, et Marcel
fiallicc, dKpernay, liront des quêles fructueuses dont le résultat
servira à donner au groupe ancien de ^'olre-Dame des Langueurs,
dans l'église paroi.'^siaie, un autel el un piédestal dignes du culte
dont il est l'oltjel.
LnALGU RATION UE LA NOUVELLR ÉGLl.-jE DE MaLBERT-FoM Al.NE . —
Dans les derniers jours de mai a eu lieu l'inauguratiim de la nou-
velle égli^e de Maubert-Fontaine (Ardennes), dont le gros univre
seul n'a pas coûté moins de 70,000 francs.
Heconstruitc par les soins du curé, M. l'abbé L. Pécbenarl, —
dont les travaux hisloiiiiues sur sa paroisse et les œuvres sacerdo-
tales ont été récemment couronnés par la Société nationale d'en-
coui-iigement au bien, qui lui a décerne une médaille d'or et un
diplôme d'honneur, — sur les anciennes fondations, l'église nou-
velle est conçue dans le plus \>uv style roman ; le clocher s'élève
sur le côté gauche de l'édifice.
La cérémonie de l'inauguration coïncidait avec la confirmation
des enfants de la pai'oisse et des communes environnantes. Elle a
été présidée par le cardinal Langénieu.x, archevêque de Keims,
assisté du chanoine Compant, vicaire général, de l'abbé Broyé,
direcleur de l'Institut Saint Rerni, des archiprêlres de Mézières et
de Rocroi, etc., etc.
Le P'olk-Lore des Bateliers a Keims, — On aime à étudier
aujourd'hui les moeurs populaires, et à en recueillir les traces
dans des éludes d'un genre particulier, qui emprunlent leur titre
à un mot anglais dont nous n'avons point l'équivalent dans notre
langue. Sacrifions donc au goût du juur dans ce qu'il a de légi-
time, et recherclions ici même quelques traits de folk-lore.
En se promenant fréquemment sur les bords du canal, on s in-
téresse bien vile aux liabitudes, aux travaux et. aux familles des
bateliers. Leur vie nomade et en plein air, la tenue si propre,
parfois coquette, de leurs cabines, leurs cris, leurs chants, leur;
manœuvres donnent matière à bien des remarques et à des obser-
vations curieuses. Il y a [)eu de propriétaires de bateaux à Reims
et dans la Marne ; la plupart viennent des déparlemenls de l'Oise
et du Nord, beaucoup aus^i de la Belgique.
CHRONIQUE 625
Ce seront donc surtout des traits de riionirs Uainaiide.s qui vont
être recueillis dans ce relevé des bateaux qui stationnent, à cette
heure de chôniage, aux environs du port de Reims.
Pour dresser un tableau vraiment pitloresque et instructif des
noms de bateaux, en général, il faudrait en avoir copié des cen-
taines. Bien des fois, j'ai regretti'; de n'avoir pas saisi au passage
des types de vocables po[)ulaires, comparables à ceux de nos vieil-
les enseignes ou de nos anciennes rues.
En voici, du moins, une vingtaine transcrits, au hasard, du ponl
Neuf au pont d'Huou.
11 y a des noms inspirés par l'instinct religieux, tels que le Dun
de Dieu, VEcce Homo; — d'autres {lar l'amour de la famille, les
relations des parents et des enfants, comme Seul Fils,l'eLil Père,
le l'élit Henri, le Jeune Maurice, Berthe, Albert^ AïKjelc ; —
d'autres par des souvenirs d'histoire ou de voyage, qui grandis-
sent le rôle des mariniers, par exemple la BéresinOy Jeanne d'Arc,
le Freijcinct, Marceau., le Tage, Belgica, Zenon, Baiboa, Riija et
Miribel (ce dernier à Gustave Willay, à Nivelles (Nord).
Il y a des noms qui expriment le rùle et les qualités du
bateau : le liénulier, le Triton, le Touriste, YLbiquisk, le
Uoclier ; il eu est enfin ({ui sont siii»plement humoristiques et de
fantaisie : Gorille, la Renaissance, et enfin Luci/icus, qui doit
marquer un esprit avide de progrès et de pleine lumière.
Que résulte-t-il de cette petite revue amusante et qui pourrait
s'agrandir, sinon ({ue l'imagination populaire suffit à classer et à
perpétuer beaucoup de choses louchantes et de souvenirs histori-
ques dans ses usages quotidiens ? L'homme du peuple sait carac-
tériser et marquer de son empreinte sa propre création, beaucoup
mieux que ne le ferait la méthode administralive par un ordre
venu d'en haut. Laissons donc faire sur ce point le caprice ou le
goût de chacun, nous contentant de l'observer,
{Courrier de la Chanipagnc) H. J.
iMÉL.4.NGEs suft Jea.n.nk d'Arc. — Uii horlogcr poète. —
M. Albert Léger, horloger à Issoudun et poète à ses heures, vient
de faire paraître à Orléans, cliez Herluison, un volume intitulé :
Jeanne d'Arc, épisode de l'histoire de France, précédé d'une jolie
préface de Georges d'Esparbès, et curieusement illustré dans le
genre néo-romantique par 1" « imagier » Andhré des Gâchons. Le
livre, qui renferme des vers élégamment tournés, n'a été tiré
qu'à mille exemplaires tous numérotés.
Inaijgluation du monument commémoratif des Croisades a Cler-
MONT. — De grandes fêtes ont été données à Glermout à l'occa-
40
b2tî CHRONIQUE
sioii de l'inaugiiralioii du monument commémoratif des Croisades,
qui a eu lieu le dimanche 26 juin.
De nombreux prélats, parmi lesquels on cite rarclievèque de
Bourges, les évoques de Grenoble, de Saint-Flour, de Saint-Dié,
du Puy, de Cahors, assistaient à ces belles cérémonies qui ont
attiré à Clermonl des milliers d'étrangers et plusieurs représen-
tants des familles descendant des chevaliers croisés.
On sait que le monument se compose d'une fontaine formant
piédestal et d'une statue en bronze du pape champenois Urbain II.
Grâce à une idée très heureuse du Comité, des emplacements,
destinés à recevoir les armoiries des familles dont les membres
ont pris part aux Croisades, ont été réservés sur le pourtour exté-
rieur de la fontaine.
Découverte d'un souterrain a Rouilly-Sacey. — En faisant
des fouilles pour un caveau de quatre mètres de profondeur,
devant l'église de Rouilly-Sacey (Aube), un terrassier donnait les
derniers coups de pioche, lorsque la craie du fond céda sous ses
pieds et l'entraina dans un trou. Une ouverture de deux mètres
était béante. On y descendit, et grand fut l'élonnement quand on
vit de cette cavité à peu près circulaire, dont la base est à plus de
six mètres du sol, quatre galeries partant comme d'un rond-point
et se dirigeant dans plusieurs sens. L'une passe sous l'église, l'au-
tre sous le presbytère, et deux vont de l'est à l'ouest. Leur largeur
est d'un mètre ; leur hauteur sous voûte en plein-cintre est d'un
mètre cinquante. Le souterrain le plus long a environ quatorze
mètres. Ces galeries sont taillées dans la craie ; à en juger par le
poli des parties saillantes, on suppose qu'elles ont servi de pas-
sage. En les parcourant, on n'a rien trouvé sinon quelques osse-
ments ; il est regrettable qu'on ne se soit donné ni le temps, ni la
peine de déblayer les décombres, on eût peut-être trouvé des
objets fournissant quelques indications sur l'usage de ces mysté-
rieux souterrains. On a remarqué aussi que les issues ont été fer-
mées par des amas de craie formés du dehors, et que l'une des
galeries avait des ramilications obstruées par des éboulements.
Quant à l'origine de ces cavités, rien n'est de nature à nous la
l'aire connaître : ni l'histoire du pays, ni la tradition ne nous four-
nissent de renseignement sur ce point, c'est un secret que de nou-
velles découvertes pourront seules nous faire connaître.
La tombe de Phançois Velly, a Chugîsy. — Dans le cimetière
de Crugny (Marne), on lit sur la tombe de la famille Velly cette
inscription, qui [trouve que l'on cumulait les fonctions dans le
vieux temps :
« Ici repose en paix le corps de François Velly, maire de la jus-
CHRONIQUE 627
lice de CrugDy et autres lieux, notaire royal, chirurgien et père
de l'historien de ce nom, décédé le iï mars Htil, Agé de 80
ans. »
Sache de Ms"" oii Pllacot, KVKyuE uic Tuoyks. — Le 29 juin a
eu lieu, daus l'église cathédrale du Puy, le sacre de Ms-" de Pélacot,
vicaire général du Puy, uoinnié récemment évê |ue de Troyes.
Le prélat consécrateur était M^r (juillois, évoque du Puy, assisté
de N.N. SS. Lamoriroux, évêque de Saint-Flour, Durieu^ évoque
de New-Westminster, et de l'abbé tnitré de Notre-Dame-des-
Neiges.
Le préfet et les autorités assistaient à la cérémonie.
M. Gustave Delove et le monument d:^, (JAruBALDi. — La ville
de Dijon va élever un monunient à (Jaribaldi. iM. Gustave Deloye,
le statuaire sedanais, qui l'exécutera, a recherché ce qu'étaient
devenues les souscriptions recueillies il y a une vingtaine d'années,
lorsqu'il était question d'ériger une statue à Garibaldi à Paris.
M. Marinoni, directeur du PcUi Journal, trésorier du Comité qui
fonctionnait alors, et dépositaire de 13,236 fr. 2'ij, résultat de la
souscription, a déclaré qu'il lient cette somme à la disposition du
nouveau Comité, à la condition que celui-ci invite, par la voie de
la presse, les anciens membres à se faire connaître, et les informe
de l'affectation à donner aux sommes recueillies.
Après cette formalité, M. Marinoni, régulièrement dt-chargé de
son dépôt, le remettra au nouveau Comité pour le monument de
Dijon.
Encore une inaui'uration à l'horizon.
Lnaugubatio.n dun monument patriotique a VVitry-lès-Reims. —
Le dimanche 12 juin a eu lieu l'inauguration d'un monument
élevé, sur l'une de ses places publiques, à la mémoire des enfants
de Witry-lès-Reims, morts pour la patrie depuis un siècle.
C'est une colonne pyramidale quadrangulaire, tlanquée de deux
lions et entourée d'une grille ; elle est due à la générosité de plu-
sieurs habitants : M. Jean-François Page, décédé, représenté par
son neveu et héritier ; M. Potaufeu, maire de Cormontreuil, qui
offre le monument proprement dit ; ^P"^ Donalis Leclère-Bany,
décédée, qui a lait créer la place ; M. Désiré Leclère, qui donne
les lions ; M'"^ veuve Louis Détraigne, qui assure la conservation
du monument par une grille.
Le sujet a été exécuté par M. Marcel Sébalt, de Caurel.
628 CHRONIQUE
La r.RVPTK i>K l'abbatiale hk MoiRKMONT. — En arrivant à
Moiremont (Marne), le nouveau curé, Tabbé Lallemenl, savait que
l'église était bâtie sur les ruines d'une ancienne abbaye construite
en 707 par ^Janterus, comte de Relliel.
Très amateur d'antiquités, le jeune curé se dit avec juste raison
que sous les pierres sur lesquelles il marcbait chaque jour, devaient
se trouver cerlainetnent quelques vieux souvenirs des temps
passés. Il consulta les documents qu'il trouva dans les archives,
mais n'y puisa que des renseignements vagues et sans importance.
Ce peu de succès ne le rebuta point; de sa propre ins|iiration et
guidé seulement par son instinct d'archéologue, il se mit à fouiller
la terre et trouva enfoui à quelques pieds sous l'aulel de l'église le
sommet d'un superbe baldaquin en pierre, relevé par deux anges,
qu'on sut depuis dater de l'année 1646.
Le cœur rempli d'une joie facile à comprendie, l'infatigable
chercheur se fit aider. Des fouilles sérieuses furent faites et quel-
ques jours après on mettait à découvert la crypte entière, c'est-à-
dire la chapelle souterraine qui fait aujourd'hui l'admiration des
nombreu.\ curieux (jui se pressent chaque jour dans l'église de
Moiremont.
OSSEMKNTS HUMAINS UKCOCVEHTS A SaIKTE - .MeNEHOL'LD. — Des
ouvriers occupés à pratiquer des fouilles profondes dans la prome-
nade du Petit-Jard, où doit être prochainement construit le nou-
vel hôlel de la Caisse d'Epargne, ont mis récemment à découvert
de nombreux ossements humains.
Parmi ces débris se trouvaient sej)t crânes parfaitement
conservés.
On se perd en conjectures sur !a présence en cet endroit de ces
restes humains ; car on ne trouve aucun indice, dans l'histoire de
Sainte-Menehould, qu'un cimetière ait jamais existé à celte place.
Don AL" Musée di Reims. — M. Noirot, maire de Heims, a reçu
communication du testament par lequel M. Henri Sutaine, récem-
ment décédé^ a légué au Musée un certain nombre de tableaux.
Œuvres nolvelles du STâiuAiRE Chavailliaud. — On peut
voir et admirer actuellement aux vitrines de M. H. Bailly, orfèvre,
î», rue Colbert, à Reims, un beau buste en bronze de M. Robert,
l'ancien maître de chapelle de l'Eglise Métropolitaine (-'est une
œuvre remarquable de notre distingué s(;ulj)leur rémois, .\L (Jha-
CHRONIQUE 029
vailliaud^ qui a déjà reproduit en bronze ou en marbre nombre de
personnages de la région.
M. H. Bailiy s'est parliculièremenl cons'ilué l'éditeur de celles
de ces œuvres qui ont un caractère plus général et se rattacbent
le plus à l'histoire du pays. C'est ainsi que nous avons vu successi-
vement figurer dans ses vitrines Dom Pérignon, du même L. Cha-
vailliaud, Colbert, de M. E. Guillaume, de l'Institut, directeur de
rKcole française de Rome, et plus récemment Ciovis à Tolbiac et
Napoléon Bonaparte, de M. Portails; toutes œuvres dont la valeur
artistique emprunte un nouveau relief au mérite liistorique du
personnage.
A signaler encore, de M. Cbavailliaud, un portrait de femme en
vieil argent, médaillon sortant des fonderies où a été coulée la
Jeanne d'Arc de M. P. Dubois.
On nous annonce enfin, en préparation, la Croqueuse de Pom-
me', aussi de M. Cbavailliaud.
Don a l'École sopérikure de Vertus. — M. Tbéogène Lefèvre,
collectionneur et antiquaire, a fait don à l'École supérieure de
Vertus (Marne), dirigée par M. Davesne :
l<* De loO roches et minéraux de provenances diverses;
2° D'échantillons de poteries de l'époque gallo-romaine ;
S*» De haches en pierres taillées et polies ;
4" D'une collection de modèles à dessin;
5° De tableaux, pour l'enseignement de l'histoire.
On dit que M. Lefèvre ne bornera pas là ses libéralités.
Le peuplier de Saint-Julien. — .M. Fulbert-Dumonteil donne,
dans VÈvéncment, une excellente description du fameux peuplier
de Saint-Julien près Troyes, dont l'âge est évalué à six cents ans.
Cet arbre gigantesque est bien connu des habitants de Troyes
dont la plupart lui ont rendu visite, et nous en avons déjà parlé
ici même.
Le peuplier de Saint-Julien est situé dans le parc de la belle
propriété de M""' Chadenet, fillo de M. Huot, président du Comice
agricole de l'Aube. De la ligne de Belfort, on en aperçoit fort bien
le sommet.
Par ses dimensions colossales, sa tige sans pareille^ son bran-
chage fabuleux, sa troublante vieillesse et son étonnante vigueur,
le géant champenois est peut-être la plus grande curiosité botani-
que de France.
La hauteur totale de ce colosse est de quarante-quatre mètres
— plus de cent trente pieds.
G30 CHRONIQUE
Au ras de terre, la circonférence de la tige est de treize mètres.
La circonférence de la lêle, un monde de verdure, atteint le chif-
fre prodigieux de quatre-vingts mètres. A neuf mètres du sol,
trois branches gigantesques commencent le couronnement féeri-
que de ce monument végétal. L'une d'elles a près de cinq mètres
de circonférence. Ce rameau lui-même est un géant qui a poussé
sur l'épaule dun géant. Colosse sur colosse.
Les botanistes qui viennent d'étudier le patriarche champenois
estiment qu'il pourrait bien être âgé de si.\ cents ans. La place
qu'il occupe dans la propriété de M. Huof, agriculteur à Saint-
Julien, près de Troyes, est immense. Malgré la violence des orages
qu'il a bravés dans sa longue carrière et la rigueur des grands
liivers, cet incomparable végétal a gardé toute sa force et sa
beauté. Il grandit toujours, élevant son dôme de verdure, élargis-
sant encore sa vivante coupole à chaque printemps.
Son aspect est stupédanl, P'igurez-vous la hauteur vertigineuse
de deux maisons de cinq étages superposées l'une sur l'autre. De
loin, on dirait un édince. C'est un arbre. Quand le vent se joue
dans la chevelure énorme de cet ancêtre végétal, on dirait qu'un
trcnilijcment léger agite sa tête vénérable, six fois séculaire.
Rosier MONSTRE. — Un rosier de douze centimètres de circonfé-
rence a produit l'an dernier plus de deux mille roses, et cette
année il y en a deux mille cent douze. On peut l'admirer chez
M. Dumez-Gé, marchand de vin à Cuis (Marne).
Lk Docteur Doyex. — Le docteur Eugène Doyen, de Reims,
vient de revenir de Londi'es, où il avait été demandé pour prati-
quer plusieurs opérations des plus graves.
L'illustre chirurgien a été présenté à la princesse de Galles ; il a
démontré avec le plus grand succès ses procédés opératoires
devant de nombreux chirurgiens anglais et devant les étudiants de
l'hôpital Sainte-Marie. Les opérés sont en pleine convalescence.
Le docteur Doyen doit repartir dans une quinzaine pour se ren-
dre, sur l'invitation de ses collègues anglais, à la réunion de la
lirilish médical Association, qui s'ouvrira le 2u juillet à Edimbourg.
Nos Vins a l'Etranger. — Les vins mousseux de Champagne
ont pordu 18,364 gallons en mai, tandis que les provenances de
Saumur ont été en plus value de 1 ,249 gallons, ce qui, avec les
146 gallons de vins mousseux de la Bourgogne dédouanés le mois
dernier, ramène la perle des vins mousseux à 16,409 gallons pour
CHRONIQUE '631
le mois, tout eu laissant un gain de 3,222 gallons pour la période
échue depuis le commencement de l'année. Ce mouvement du
Champagne, dit la Revue des Vins et Liqueurs, doit tenir à peu
près exclusivement à ce fait que la majeure partie des vins des
récoltes de 1892 et 1894 a maintenant été expédiée, et que, par
suite, l'on doit se contenter le plus souvent des vins de consom-
mation, les vins de récolte se faisant rares.
C'est sans doute pour la même raison que les provenances sau-
muroises sont en plus-value à la fois pour le mois et les cinq mois
de 1,249 gallons et 8,787 gallons respectivement.
Cependant la consommation des vins de Champagne reste
encore supérieure de 70.730 gallons à ce qu'elle avait été pour la
période correspondante en 1890, époque à laquelle le grand succès
des vins des récoltes de 1892 et 1893 ne s'était pas encore tout à
fait déclaré.
Ue Melbourne on écrit que les fêtes de Pâques ont un peu activé
la demande des vins mousseux de Champagne de presque toutes
les marques et au prix des agents.
De Sydney on informe que les demandes ont été plus actives et
que cet état se soutiendra durant un certain temps.
De New- York, on annonce que les importations de vins de
Champagne ont été de G6,1G1 caisses pour les quatre premiers
mois de l'année. Il faut remonter à 1893 pour trouver une impor-
tation supérieure, car elle a été de 72,242 caisses. La guerre favo-
rise le mouvement de reprise.
( Vifj lier on clunnpeno is )
*
EXPOSITIO.N RÉTROSPECTIVE DE VITICULTURE. — i\0US reCCVOUS de
la Commission chargée de préparer, pour l'Exposition universelle
de 1900, une Exposition rétrospective de Viticulture, les commu-
nications suivantes :
H(ipj)ort de M. H. Saini-Re)ié Taillandier.
Messieurs,
Dans votre séance du 8 mars 1H98, vous avez nommé une Commission
chargée de préparer les bases d'une exposilion rétrospective de la viticul-
ture. Cette Commission, composée de MM. le docteur Chanut, le duc Féry
d'Esclands, H. de Lapparent, H. Saint-liené Taillandier et M. le baron
Tbénart, s'est réunie plusieurs fois et, d'accord avec le bureau de notre
classe 36, elle a procéJé aux premieis travaux d'organisation de l'Exposi-
tion rétrospective, avec le concours de M. François Carnot.
La lâcbe qui incombe à k "ommi.-sioa de l'Expositioa rétrospective olfre
un caractère particulier et bien différent de celle que nous avons à remplir
dans le Comité d'admission. 11 ne s'agit pas de faire un choix et d'opérer un
triage parmi des concurrents stimulés par l'attrait des récompenses et dési-
reux d'obtenir une consécration officielle du mérite de leurs œuvres. 11 s'agi-
de rechercher dans les collections publiques ou privées, ch». z les propriétair
les viticulteurs et jusque ch^z les petits vignerons, les documents et les
632 CHUONIQUE
objets relatifs à l'hisloire de la vilicullure. Il faut ensuite amener les délen-
teurs de ces objets et de ces documents à s'en dessaisir dans un but abso-
lument désintéressé. On ne pourra venir à bout d'une œuvre de ce genre
qu'à force de longues et patientes recherches, et l'étendue de la correspon-
dance déjà entamée témoigne assez de la somme de labeur qui incombera à
votre Commission,, Elle s'est mise à l'œuvre sans se dissimuler les diflicul-
tés de la tâche qu'elle avait aFSumée. l^ès sa première réunion, elle a élu
comme président M. le duc Féry d'Esciands et m'a chargé des fondions de
secrétaire-rapporiour. C est à ce lilr( i|uo je viens vous rendre compte de
ses travaux.
Nous nous son. mes mis en rapport avec nos collègues du Comité d'ad-
mission de la classe GO. M. R. Chaudon de liriailles et M. F. Couvert ont
bien voulu se joindre à nous pour travailler à l'organisation d'une exposi-
tion rétrospective qui serait commuiie aux deux classes de la \iliculture et
des vins et eaux-de-vie de vin.
Considérant que les mœurs et coutumes des diverses régious vilicoles de
la France, ainsi quc. les procédés de culture et de vinification étaient encore
plus variés autrefois qu'ils ne le sont aujouru'hui, nous avons cru devoir
diriger nos recherches suivant des circonscriptions qui se rapprochent de
celles de nos anciennes provinces. Dans chacune de ces circonscriptions,
nous nous sommes assurés le concours d'hommes compétents, curieux des
choses du pas--é el versés dans la co:!naissance des traditions locales.
Entre toutes les branches de l'agricuUur", la viticulture est dutieurée
provinciale et ce n'est pas ressusciter en vain de vieilles appellations tom-
bées d'ailleurs en désuétude, mais constater une réalité que de diviser les
viticulteurs en Bourguignons, Bordelais, Champenois, Touranpeaus, Langue-
dociens, Gascons et Provençaux, pour ne citer que les groupements les p'us
importants. Chaque province ayant ses vieux usages, ses cépages prélérés,
ses vieux procédés de culture et de vinificalion dont la trace est encore
facile à reconnaître parmi les modiûcaiions amenées par le temps, une expo,
silion rétrospective doit à notre avis tenir compte des anciens groupements
sous peine de tomber dans le chaos.
Une correspondance trè; active a été établie entre votre Commission et
ses représentants dans les diverses régions vilicoles. Noiis avons pensé
qu'il fallait venir en aide à nos correspondants en leur procurant des colla-
borateurs parmi les viticulteurs, archéologues, coll ciionoeurs, qui peuvent
avoir des documents sur la viticulture des siècles passés Nous avons donc
rédigé une ciri;ulaire qui a éié a Iressée, au nombre de sept mille exemplai-
res, à un grand nombre de personnes dont le concours peut nous être
précieux.
A Paris même nous avons déjà pratiqué des recherches tant à la Biblio-
thèque i-alionale qu'au Conservatoire des Arts et Métiers, dont les archives
• oiitiennent Ues documents intéressants ;i plus d'un litre pour l'histoire de ia
viticulture.
Notre ambition est d'organiser une Exposition rétro.-pcctive qui ne soit
pas s-eu'em^nt un imusement pour les yeux, mais qui constiuie un ensei-
gnement utile. Malgré la profonde lévolution causée par l'invasion du ph}'!-
Joiéra, par l'emploi des portegrelles américains et p;ir la lutte contre les
nouvelles maladies cryptogamiqiies de la vigne, il y a encore beaucoup
d'analogies entre les procédés modernes et les procédés aLciens de la viti-
culture. Il n'est fas sans intéiêt de rechercher le pourquoi de la survi-
vante des vieilles traditions agricoles, proJuit dune expéri' nce séculaire
CHRONIQUE 633
dont la science contemporaine légitime souvent les enseignements en décou-
vrant leur raison d'être.
Le Secrétaire de la Commission de l'Ex-
position rétro'ipective de la viticulture,
H. Saint-Hené-Taillandier.
l'aris, le 10 juillet 1898.
Monsieur Uaonl ('hnndon dr Briailles, à Épernay.
La Commission chargée parle Comité de la classe 3tj et par le Comité de
la classe 60 d'organiser l'Exposition rétrospective de la V^ilieulture, a été
hf^ureuse d'apprendre qu'elle pouvait compter sur votre concours.
Elle vous prie de vouloir bien prendre dans votre circonscriptio:i territo-
riale la direction des recherches dont U; programme est indiqué dans notre
circnbire du 1«' juin dernier. Il sera bon que vous fassiez reproduite le
texte de celte circulaire dans les jou-naux de votre réj^ion et que vous la
fassiez suivre d'une note pour faire savoir que la Commission de l'Exposi-
lion rétrospective vous a désigné pour diriger et centraliser dans cette
région les travaux de ceux qui voudront bien collaborer à rceuvre que nous
avons entreprise.
Vous vou'lrez bien nous tenir au courant des résultats que vous oiitien-
drez. De notre côté, nous nous empresserons de vous communiquer les
documents qui nous parviendront concernant votre région. Nous arriverons
ainsi, en unissant nos eHorts et en les coordonnant, à organiser une Expo-
sili .n rétrospective de la viliculti re où les diverses régions de la l'rance
seront représentées avec leurs ca actères originaux et où la variété des
di tai s ne nuira pas à l'barraoïiie de l'ensemble.
\'euillcz ag.'éer, .Monsieur, etc.
Les membifs Je la Commission de l'Ex-
position rétrospective de la viticulture.
Nomination-? kt Distinctions. — Noire éiniiient cûllahorateiir,
M. Gaston Pari?, membre rie l'Académie française, vient d'être
nommé, par décret, administralenr du Collège de France pour
une nouvelle période de trois ans.
Le général de brigade Le Joindre, comma-idant la brigade d'in-
fanterie de Tunisie, vient d'être nommé commandant d'armes du
camp de Châlons, en remplacement de M. le général de brigade
de Lestapis, nommé commandant de la brigade d'infanterie à
Tunis.
Le général de division Donop, inspecteur générai du 2* arron-
dissement d'inspection permanente de la cavalerie, a été nommé
au commandement de la a* division de cavalerie à Reims, en
remplacement de M. le général comte Duhesme.
Le général Donop est maintenu au Comité lecbiiique de cava-
lerie.
634 CHRONIQUE
Le docteur Pierre-Emile Launois, ancien élève du lycée de
Reims, ancien interne des hôpitaux et aide-préparateur d'histolo-
gie à la Faculté de Médecine de Paris, vient d'être, après un bril-
lant concours, reçu professeur agrégé de la Faculté de Paris.
Le D"" Launois est le fils aîné de M. Launois, percepteur en
retraite^, administrateur du Fiureau de bienfaisance et de la Caisse
dEpargne du XV|1« arrondissement de Paris.
Pal'mi les récentes promotions faites dans l'ordre de la Légion
d'honneur^ nous relevons les noms : De M. Eugène Courmeaux,
conservateur honoraire de la bibliothèque de Reims, ancien
conseiller général, ancien député, nommé officier;
De MM. Jalenques, président du Tribunal civil de Iteims ; Vêtu,
président du Tribunal civil de Chaumont ; Bassuet, capitaine à
l'état- major du génie à Alger, originaire de Châlons ; D' Eugène-
Louis-Augustin-Marie Evrard, médecin-major de première classe
de l'armée territoriale, à Epernay ; Léon-Edouard Lhuillier, capi-
taine en premier au 20" régiment d'artillerie, originaire de Char-
leville ; Bouet, directeur des contributions indirectes à Charleville,
etc., nommés chevaliers.
*
• *
Au nombre des dernières nominations émanant du ministère de
l'Instruction publique et des Beaux-Arts, nous citerons parmi les
officiers de l'Instruction publique :
MM. Isidore-Aristide Gentil, sous-chef à la Compagnie des che-
mins de fer de l'Est à Mohon (Ardennes) ; Achille-Louis-Gustave
Jacotin, employé à la Compagnie de l'Est, à Chàlons-sur-Marne,
président de l'Association fraternelle des employés et ouvriers des
chemins de fer français ;
Et parmi les officiers d'Académie :
MM. Gustave-Marcel Bauche, fabricant de coffres-forts, à Reims;
Jean-Baptiste Vernachel, artiste peintre décorateur, à Reims ;
Antoine-Félicien-Frumence Miller, secrétaire de la Fédération des
Sociétés de gymnastique de l'Est, à Bétheniville (Marne) ; Ûné-
zime Laurent-Colas, fabricant d'articles de quincaillerie pour car-
rosserie, à Bugny-sur-.Meuse (Ardennes) ; Charles-François Marly,
instituteur à Reims ; iNicolas-Camille Démange, instituteur à
Pierry (.Marne), etc.
Dans les nominations faites à l'occasion de la Fête nationale par
le ministre de l'Agriculture, dans l'ordre dai Mérite agricole, figu-
rent, comme officiers : MM. Benoiit fils, propriétaire-viticulteur à
CHRONIQUE 635
Reims ; Potier, éleveur k \ic.ovâa\ (Ardeiines) ; Cossenet, agricul-
teur à Somme-Vesie (Manie) ; l.ourdeau, agriculteur à Try.
Conime chevaliers : MM. Bouti"oy. ancien cultivateur à Villers-
Cotterets (Aisne) ; (>oii[)é, cuHivaleur à F'aars (Aisne); Cury, agri-
culteur à Brognon (Ardenne^) ; Deliègc, instituteur à Bélheny
(Marne) ; Polerlol, vilicnlteur à Xogcnt-l'Abbesse (Marne), etc.
L'Académie française vient d'accorder un prix de cinq cents
francs à une publication relative à la colonisation de la Tunisie,
due à M. Paul Lapie, professeur de philosophie à Pau, et fils de
M. Lapie, ancien instituteur à Ay (Marne).
Le journal l'Orphéon ouvrait, il y a quelques mois, un concours
de compositions musicales.
Nombreux ont été les concurrents, car il n'est arrivé pas moins
de 2G7 manuscrits.
C'est l'excellent directeur de la Société Philharmonique et de la
Musique municipale de Reims, M. Ernest Lefèvre, qui a obtenu le
l^"" prix — un bronze d'art, offert par la Société des auteurs et
compositeurs de musi:iue, — avec un chœur à quatre voix d'hom-
mes, Aimez-vous, paroles de M. Grandmougin.
Le président du jury était M. Henri Maréchal, inspecteur de
l'enseignement musical, grand prix de Rome, et les assesseurs
MM. Xavier Leroux et de la Combelle.
Ce chœur doit être imposé aux Sociétés dans les concours.
Nous enregistrons avec plaisir ce nouveau succès de l'auteur du
Prieur de Sainl-Basle, à'Ycoune, de la Veillée de Jeanne d\4rc
et de tant d'autres productions musicales d'un véritable mérite.
Aux derniers concours du Conservatoire, c'est un jeune rémois
d'avenir, déjà couronné précédemment, M. Léon Rothier, qui a
remporté, à l'unanimité, la première médaille de solfège.
Les professeurs du Muséum d'histoire nalurelle de Paris, réunis
en assemblée le 14 juin 1898, ont nommé à l'unanimité, corres-
pondant de cet établissement, le marquis de Mauroy, de Wassy,
afin de reconnaître les services qu'il a rendus au Muséum.
Le marquis do Montmort, propriétaire du château de .Mont-
mort (.Marne), a obtenu plusieurs prix, au dernier concours agri-
cole de Mézières, pour ses animaux reproducteurs de race durham.
6:^6 CHRONIQUE
Pbix De viciiTL', — M"« Lulalie-Eugénie Bergaul, âgée de
79 ans, vient d'obtenir un prix Moiithyon de 500 francs pour
dévouement à son maître, M. (uiiltaume, ancien notaire à Beurey
(Aube) cbez qui elle est resiée domestique pendant quarante ans et
qu'elle a soigné gratuitement pendant douze ans lorsqu'il fut
devenu sans ressources après des malheurs de famille.
M"* Eulalie a été très surprise de cette récompense ; elle ignore
complètement qui a pu la dénoncer (c'est son mol) à l'Académie
française.
Klle est encore depuis douze ans au service de M"'' Houzelot,
inslilulrice, rue de l'Hûtel-de-Ville, à Châlons, où la police l'a enfin
découverte après trois jours de recherches. Heureuse trouvaille
que les agents ont faite, car il ne doit pas leur arriver tous les
jours de rechercher des prix de vertu.
* *
M. Joseph Mal val, adjoint à l'intendance (réserve), vient d'être
nommé au grade de sous-intendant militaire de 3« classe (rang de
commandant).
M. Joseph Malval, qui a appartenu au corps du commissariat de
la marine, et compte plusieurs campagnes à la mer en qualité
d'aide-commissaire, est le fils d'un chàlonnais, M. Eugène Malval,
ancien conseiller à la Cour d'appel.
Le jeune officier supérieur est âgé de 31 ans.
M. Eouis Arnould, né à Trigny (Marne), chargé de cours à la
Faculté des lettres de l'Université de Poitiers, vient de soutenir sa
thèse de doctorat devant la Faculté des lettres de l'Université de
Paris.
M. Arnould a été reçu avec éloges.
Il avait pris pour sujet d'étude : Racan ( io89-t670) ; hisloire
anecdolique cl critique de sa vie et de ses œuvres.
Par décret en date du 3 juin 1898, rendu sur la proposition du
mini--lre du Commerce, de l'industrie, des Postes et des Télégra-
phes, M Joseph-François Chevron, inspecteur des postes et télé-
graphes d Châlons-sur-Varne, a été nommé directeur des postes
et télégraphes a Mézières, en remplacement de M. Charles-Tous-
saint-Camille Chevalier-Lomire, nommé à Lille.
Mouvernenl judiciaire. — M. Delaunay, juge suppléant à
Dreux, vient d'être nommé juge à Sainte-Menehould, en rempla-
cement de M. Tronche-Macaire, nommé à Nogent-le-Rolrou.
CHKONIQUE 637
M. de Griuran, jiiyc siipfiléaiil à Elampes, vient dT-trc iiutiuué
juge à Vitry-Ic-Kraiiçois, eu retn[ilaccinent de M. Kaly, iiuninic à
Rambouillet.
M. Hue, substitut à Baveux, vient d'èlre nommé à Châlons-sur-
Marne, en remplacement de M. Rollel, nommé procureur de la
République à Arcis-sur-Aube.
Mouvement admiiiislralif. — M. Bœguer, préfet du Loiret,
vient d'être nommé préfet de Seine-et-Marne en remplacement de
M. Bret, nommé dans le Cher;
M. Goulley, préfet du Uoubs, vient d'être nommé préfet de
l'Aisne en remplacement de M. Roger, nomme dans le Uoubs;
M. Mazelet, prétel de la Haute-Savoie, vient d'être nommé pré-
fet de lYonne en remplacemet)t de M. de Marcèie, nommé préfet
de l'Aube ; M. Roslaing, préfet de l'Aube, est nommé dans la
Nièvre ;
M. Halary, sous-préfel d'Aubusson, est nommé sous-préfet de
Langres, en remplacement de M. Regnault, nommé préfet de
l'Aude ;
M. Weil, secrétaire général de Seine-et-Marne, est nommé
sous-préfet de Meaux, en remplacement de M. Francières, nommé
préfet des Hautes-Pyrénées ;
M. Gilbert, .--ous-préfct de Toulon, est nommé préfet de la
Marne, en remplacement de M. Salmon, mis en disponibilité ;
M. Genebrier, attaché au cabinet du garde des sceaux, est
nommé sous-préfet de Rocroi. en remplacement de M. Morain,
nommé à Provins ;
M. Bernardin, sous-préfet de Montiuçon, est nommé à Reims,
en remplacement de M. Collignon, nommé à Saint-.Malo ;
M. Lebourdan, sous-préfet de Dinan, est nommé secrétaire
général de Seine-et-.Marne, en remplacement de M. Weil, sous-
préfet de Meaux ;
M. Laumondais, sous-préfet de Guingamp, est nommé à Eper-
nay, en remplacement de M. (îillet, nommé à Uinan ;
M. Surruque, secrétaire général de la Haute-Savoie, est nommé
dans l'Aisne, en remplacement de M. Trépont, nommé sous-préfet
de Chàîons-sur-Saùne ;
M. Hennequin, rédacteur à la préfecture de la Seine, est nommé
secrétaire général de la Marne, en remplacenient de M. Droz,
nommé sous-préfet de Baume-les-Dames ;
M. Lemoine, conseiller de préfecture de l'Oise, est nommé
sous-préfet de Vilry-le-Fraoçois, en remplacemenf de M. Hergott,
nommé à Nogenl-sur' Seine ;
M. Letainturier, sous-préfel de Nogent-sur-Seine, est nommé à
Châteaudun.
638 CHRONIQUE
Mariages. — Le (3 juin a été célébré à lleinis, en l'église
Sainl-Aiulré, le mariage de M. Gaston-Lucien Laine, fils du sym-
palliique conseiller municipal, M. Albert Laine, avec M"'^ Nelly-
iM;irgucrilc Bourgeois, nièce de M. le D»" Ilenrol.
Les témoins étaient, pour M. Laine, M. P'rançois Leboulanger,
son oncle, et VL Auguste Viiiciennc, son cousin. Ceux de la jeune
femme éluient M. Elienne i5ourgeois, son aïeul, et M. le docteur
Henri Hcnrot, son oncle.
Ou annonce de Kcims le mariage de M"" Thérèse Larive avec
M. Jacques Bertrand, administrateur des colonies, fils de M. Alexan-
dre Bertrand, membre de l'Institut, et neveu de M. Joseph Ber-
trand, membre de l'Académie française et de l'Académie des
sciences.
M"^ Thérèse Larive est lillc du commandant Larive, chef d'esca-
drons au 18'= chasseurs, et petite-nièce de feu le docteur Salle, de
Châlons.
Le L"^ juillet a été célébré, en l'église de Vitry-le-François, le
mariage de iM. Raymond Bi'unet Vivien de tioubert, souslieute-
nanl au l.e cuirassiers, petit-fils de M. Vivien, ancien ministre^
avec M""" Madeleine Wagner.
Les témoins étaient pour le marié : le colonel de c^havigné,
commandant le 12'= cuirassiers, et M. de Villers Bertlieu, son
oncle; pour la mariée : le lieutenant-colonel Cliassepol, du 18°
d'infanterie, et M. Auguste Vincent, son oncle.
Une assistance nombreuse entourait les jeunes époux^ auxquels
le Saint- Pèi-e avait envoyé sa bénédiction.
*
Le 18 juillet a été célébré à Marcq-Sainl-Juvin (Ardennes), au
milieu d'une brillante assistance, le mariage de M. Paul Sassot
avec M"'= Geneviève Uérué, petite-fille du général Niol et fille du
colonel Uérué, officier de la Légion d'honneur.
Les témoins étaient : pour le marié, M. Léon Sassot, son fière,
et M. le docteur Patenostre, son cousin ; pour la mariée, M. lirnest
Dérué, conservateur des forêts, et M. Waas, ses oncles.
Le 30 juillet, en l'église paroissiale de Haucourt (Ardennes),
après une touchante allocution, M. l'abbé Coquisart bénissait
l'union de M. le U"" Alexandre llennecart, officier d'Académie,
CHRONIQUE 639
aucieii iiilerue des hnpilaiix de Paris, lils du IJ' Hciiiiecati, et de
M"» Jeanne Rouy, de Haucourl.
La mariée avait ponr lômoins M. Louis Uuiiy, négociant en
draps à Sedan, et M. Thiriet, conseiller généi'ai et maire de
Hauconrt.
Ceux du marié élaienl : .M. Charles Pliilippoleaux, de Sedan,
ancien président du Tribunal de commerce, chevalier delà Légion
d'honneur, et M. Charles Hennecart, secrétaire général de la
Compagnie de Sainl-Gohain, également chevalier de la Légion
d'honneur.
Noces d'argent. — Les noces d'argent de M. et de M™" Ludovic,
de Givry ont été célébrées, le 20 septembre 1897, en leur château
de Mont-Bauchet, par Amillis (Seine-et-Màrne), au milieu d'an
concours empressé d'amis. A l'occasion de celte fête très réussie,
notre compatriote M. le vicomte Georges de Maricourl, poète de
talent, a dit, aux applaudissements de tous, le prologue suivant
dont il est l'auteur :
Mesdames cl Messieurs, ce n'utt pas sans frayeur,
Soyez en bien ccriains, que j'accepte l'iionneur
D'être ici le premier à prendre la parole,
En ce jour solenue!. Mais ce qui me console
El me rassure au point de me rendre vaillant,
C'est l'espoir de trouver un public bienveillant.
Et bravement j'arrive, armé d'un monologue,
Qui voudrait mériter son titre de prologue.
Mais je tiens, toul d'abord, à vous entretenir,
Si vous le permettez, d'un tièi doux souvenir :
Souvenir qui me vient, apportant sur ses ailes,
Fou." les répandre ici, des Heurs toutes nouvelles.
Dont le lointain sourire a pénétré nos cœurs,
Et dont la voix nous parle, et tout bas nous répète
Deux noms qui nous sont chers, souvenir de bonheurs,
El qui met aujourd'hui ce salon tout eu fête !
Par un beau jour d'été — j"in ai vu quelquefois —
Nous étions tous assis sous l'épaisse charmille,
Cachant notre vieux nid, si joyeux autrefois.
Et nous causions gaîment, lorsqu'une jeuue fille,
I.e front tout rayonnant et nous tendant les mains,
Accourt, disant : « Je vois ma prière exaucée :
« J'ai donné ma parole, et je suis fiancée 1 »
A ces mots, les oiseaux, transformés eu devins,
Unissent leurs concerts aux tendres témoignages
De notre sympathie, et chantent les présages
Des beaux jours esfiérés.
Et l'un de nous, poète à ses heures, sans doute.
Disait : « Voyez, là bas, serpentant dans les prés,
(t Ces deux ruisseaux pareils. Chacun d'eux suit sa route,
641) CHRONIQUE
i( Mais apiiroclie du point qui doil les réunir;
« El, s'étanl conlondus, i's vont où Dieu les mène.
« N'^- voil-on pas sans peine
« De votre prochain avenir,
« Mademoiselle, une image vieillie,
0 Mais qui toujours s vous se montrera lleutic »
Vingt-cinq ans, m'a l on dit, depuis lors ont passé.
Je n'en crois pas un mol 1 Un cadran trop prsssé
A dû causer l'erreur. Mais aujourd hui qu'y faire?
Je viens donc saluer ce dcjx anniversaire,
Le beau jour où le Ciel unissait à l'Honneur
Le Charme cl la Bonté, la Fo ce à la Douceur.
Oui, snluons ici ce bon, ce cher ménage,
En saluant la Foi jointe a la ( liarité !
Saluons l'Union qui semble son partage.
Et pour lui souhaitons longue prospérité.
Certes, s'il a souvent murmuré sous des roses,
Le ruisseau, dont parlait le poèie incompris,
A dû subir aussi des jours fioids et moroses
En passant liiilemcnl par de sombres pays.
.\!ais que lont, aprèi toiil, quelques jours de soulliance,
Lorsqu'on chemine à deux,
En regardant les Cieux
Où l'on retrouve TEspcrance ?
Non, les oiseaux n'ont pas menli.
Lorsque aulrdois leurs chants ont retenti,
Là-bas sous le leuillago.
Annonçant le bonheur du prochain mariage !
Ah ! que les Noces d'or suivent celles d'argent
Et puissions-nous fêter celles de diamant I !
L. Impi iineur ' «érant,
Lkun KUÉ.MOiNT.
LA CâMPANOMANIE
Poème allribué à Dom Fournier, Religieux bénédiclin el Bibliolhécaire
de l'abbavc de Sainl-Nicaise de Reims
Et emprunté au Recueil de vers du Docteur Louis-Jérdme Raussin
à la Bihiiotbèque de Iteinis
AVANT-PROPOS
A mon ami, M. Joseph Di'rthelt', archiviste
fie l'Hérault, campanomane et campanogrnphe,
l'édition de ce poème est dédiée comme un écho
des vieilles cloches.
De l'usage et de l'abus des cloches.
En ce moment, où, en plein Paris, l'on rend à son harmo-
nieuse mission le carillon de la tour voisine de l'église Saint-
Germain-l'Auxerrois.en face de la colonnade du Louvre, il est
iuléressanl de constater combien le son des cloches est rede-
venu partout populaire depuis un siècle *. Sans doute la violente
expulsion qu'elles subirent, il y a plus de cent ans déjà, n'est
pas une preuve qu'elles aient alors lassé le goût du public. Au
contraire, leur enlèvement fut une mesure toute révolution-
naire. Mais, il faut l'avouer, on les trouvait, au xviii'^ siècle,
en bien des lieux trop nombreuses, trop criardes el trop agi-
tées. On préférait, et quelques-uns préfèrent encore, la sono-
rité d'une belle cloche aux accords parfois discordants d'une
multiple sonnerie ou d'un carillon trop bruyant. Quoi qu'il en
soit des sentiments de chacun, nos clochers furent vidés en
1792 de leur riche réserve de vieux bronze, sous prétexte de
le transformer en canons ou en gros sous, et leurs cloches
partirent toutes, à l'exception de la plus grosse, restée comme
signal d'alarme ou de réjouissance.
Plus lard, la Révolution passée, le, goût des cloches reprit
1. Cloches et Carillons : le Carillon de Saint- Germain-V Auxerrois, ■pa.t
J. Mascart, dans la Revue encyclopédique Larousse (n» 277, du 24 décem-
bre 1898).
41
642 LA CAMPANOMANIÉ
de lui-même, d'abord dans les campagnes, puis dans les villes,
et élendil son empire séculaire. Si l'on n'avait point de res-
sources suffisantes pour se procurer plusieurs de ces cloches
regrettées dans leur rustique beffroi, on fondait celle qui res-
tait pour eu créer deux ou trois rappelant les gais carillons
d'autrefois. Après les paysans, les citadins repeuplèrent les
lours de leurs églises ; de grands sacrifices furent consentis
pour rendre aux cathédrales leurs bourdons avec loute la
gamme d'harmonie qui se mariait naguère aux grandes solen-
nités dans un ensemble vraiment incomparable.
Choîe singulière, tandis qu'à Besancon ', à Pieims et bien
ailleurs, on refondait les bourdons et les cloches avec entrain,
Notre-Dame de Paris ne rendit pas à son magnifique bourdon
du temps de Louis XIV l'accompagnement d'un petit bourdon,
et attendit jusqu'à la prise de Sébastopol l'arrivée d'une
seconde grosse cloche enlevée de celle ville et hors d'état, par
sa disposition, de compléter la sonnerie de l'illustre métro-
pole *.
Si nous voulions pioduire l'état comparatif des cloches d'une
ville avant et depuis la Révolution, il faudrait nous borner à
dresser cette statistique pour la ville dont nous avons déjà
recensé les cloches actuelles^. D'après le calcul approximatif
établi par M. Louis Fanart, il y aurait eu à Reims environ
138 cloches à la fin de l'ancien régime dans les églises cathé-
drale, collégiales et paroissiales, les abbayes et les principaux
couvents, sans compter les nombreuses clochettes des chapel-
les et petites communautés. Ce nombre nous parait élevé,
mais il n'a rien d'invraisemblable, étant donnée l'existence
des douze paroisses de la cité, des quatre chapitres et des trois
grandes abbayes d'hommes qui avaient rivalisé depuis des
siècles pour l'éclat de leurs sonneries.
Or, à ce chiffre, qui dépasse la centaine au minimum certai-
nement, pour une ville comptant alors trente à quarante mille
habitants, nous ne pouvons pas opposer plus du quart pour
1. Voir la complainte composée sur la fonte et la bénédiction d'un bour-
don pour l'église mélropolilaine de Besançon en 1829 par l'archevêque <le
Hohan, en présence du maréchal Moncey, au cours de la notice de Cb.
baille sur Le cardinal duc de Hohan- Chabot, dans les Mémoires de l'Aca-
démie de Besançon, 1896, p. 100.
2. Les cloches de Russie sont frappées : elles n'ont pas de battant et ne
sont pas mises en volée comme les nôtres.
3. Le bourdon de Xolre-Dame de Reims et les cloches de celle ville,
dans les Travaux de l'Académie de lieims, tomes 73 et 82, et dans le Dul-
lelinmottumenlal, t. L, 1884.
Là càmpànomanib 643
noire époque el pour la ville dont la population est trois fois
plus forle. il uy a doue pas acluellemenl à Reiuis plus de 25
cloches véritables, auxquelles ou peut joindre uue trentaine de
petites cloches, dont le tableau suivant établira, autant que
possible, la provenance, la date el Ja destination respectives.
Tableau des cloches de Reims en 1898.
1. Monumenls civils.
Hôtel de ville. — Une moyenne cloche et deux timbres de I7G4
(Fr. Lecoiiite, fondeur à Reims).
Hôtel-Dieu. — Trois petites cloches de lo76, 1633 et 1743.
Hôpital général. — Quatre petites cloches de 1629, 1674, \~'ok
et 1858.
Hôpital Saint-Marcoul. — Trois petites cloches récentes.
Maison de convalescence. — Une peliie cloche de 1897 (Paintan-
dre, fondeur).
II. Monumenls religieux.
Cathédrale. — Deux bourdons, l'uu de 1570 (P. Deschamps, fon-
deur), et l'autre de 1849 (Bollée, fondeur), huit cloches de 1825 dans
les tours (Cauchois, fondeur), une cloche de 1647 au clocher à
l'Ange, et un carillon formé de quatorze petites cloches et d'une
grosse de 1754.
Eglise Saint-Remi. — Une grosse cloche de 1875 (Perrin, fon-
deur), trois moyennes et onze petites du commencement du siècle.
Eglise Saint-Jacques. — Cinq cloches de 1805 (Gavillier, fondeur).
Eglise Saint-Maurice. — Trois grosses cloches de 18G9 (Perrin,
fondeur), et quatre petites de 1803 (Cavillier, fondeur).
Eglise Saint-André. — Trois grosses cloches de 1864 et de 1875
(Perrin, fondeur), et une petite de 1817 (Antoine et Loiseau, fon-
deurs).
Eglise Saint-Thomas. — Une cloche et deux timbres de 1863
(Bollée, fondeur).
Eglise Sainte Geneviève. — Une cloche de 1877 (Farnier-Bul-
teaux, fondeur).
Chapelle Sai[it-Jean-Bapliste. — Une moyenne cloche de 1888
(Perrin, fondeur).
Chapelle Saint-Benoît. — Une petite cloche de 1894,
Chapelle de la Mission. — Une petite cloche de 1823.
Chapelle des Capucins. — Une petite cloche de l'ancien couvent.
Chapelle des Frères, à Courlancy. — Une petite cloche de 1781,
refondue en 1823.
Grand Séminaire. — Une petite cloche dans un clocher
moderne.
644 LA CAMPANOMA.NIB
Petit Séminaire. — Une petite cloche remplaçant celle de 1803,
provenant de l'église Saint-Maurice.
Chapelle de la Congrégation. — Une petite cloche dans un
campanile du temps de la Restauration.
D'autres commuuaulés possèdent encore de petites cloches,
dans le délail desquelles il serait superflu d'entrer. — Reve-
nons aux cloches en général.
Il nous est facile de juger du mouvement universel de
curiosité et d'intérêt qui se manifeste dans le monde de l'éru-
dition à l'égard des aiiciennes cloches, d'après tant de publica-
tions contemporaines et de recherches entreprises par les
Sociétés d'histoire et d'archéologie. Nous n'essayerons pas de
les énumérer ici, ayant eu l'occasion de le faire d'ailleurs
sommairement eu tête des relevés et des répertoires de cloches
que nous avons mis au jour pour les départements de la Marne
et des Ardeunes. Bientôt, sans doute, on établira la Bibliogra-
phie campanaire du xix*" siècle, en poursuivant ces éludes telle-
ment minutieuses et approfondies qu'elles produisent mainte-
nani chaque année la nécrologie des cloches de tout âge remi-
ses au creuset des fondeurs '.
Tandis que MM. Berthelé, Léon Germain, Louis R.égnier et
le baron de Rivières poursuivent le cours de ces investigations
méthodiques, précises et rigoureuses sur les anciennes cloches
et leurs fondeurs, d'autres amis de ces corps sonores en recher-
chent l'harmouie, les traditioas et les légendes populaires 2,
selon la voie tracée parBlavignac dans son livre si attachant,
et encore trop peu connu ^. Il nous tombait récemment sous
les yeux cette légende de la cloche de l'abbaye de Moyenmou-
tier, transférée àToul par un caprice épiscopal au \° siècle, son-
nant mal dans cette ville en signe de deuil et retrouvant seule-
ment la douceur de ses sons après son retour au monastère ^
1 . Jos. Berthelé. — Notes e», études campanaires. N° 3à. Nécrologie cam-
panaire, Poitou el Anjou, 1895. — Loudun, 1896, in-S" de 8 pp.
2. La chanson de la cloche , dessin de Chrisloph Nilson, texte par J. Le
FuBlec, dans le Magasin pittoresque, 1896, p. 248.
3. La cloche, éludes sur son histoire et sur ses rapports avec la société
aux différents ûges, Paris, Didot, 1877, in-S".
4. Gérard (évêque de Toul, ayant reçu la propriété bénéficiaire de l'ab-
baye de Moyenmoutier), enleva dans celle circonstance au monastère une
cloche, la plus grosse et la plus harmonieuse de toutes, dont l'abbé Adal-
bert venait de doter l'abbaye. Celle cloche, d'ailleurs, ne resta pas long-
temps à Toul. Après la mort de Gérard, on la rendit à Moyenmoutier, et
l'on racontait que son enlèvement et son retour avaient été accompagnés de
LA CAMPANOMANIE 645
Ailleurs, ce sont des cloches avec légende en patois', ou pré--
servaut du tonnerre-. Que d'autres cloches d'abbayes, de
cathédrales ou d'églises rurales ont ainsi leur histoire liée à
l'histoire du pays, à celle de leurs donateurs et des édifices où
elles avaient élu leur premier domicile !
Nous voilà bien loin du xviii" siècle et de notre poëme
rémois, La Campanomanie, qui va sembler aujourd'hui offrir
un contraste frappant avec la sollicitude que nous témoignons
pour les cloches grosses ou petites et pour les carillons plus ou
moins justes. C'est précisément ce contraste qui nous rend
cette production du terroir particulièrement curieuse à mettre
au jour. Des abus que l'on fit jadis des cloches, nous ne vou-
lons rien contredire, mais de la façon piquante dont on les ridi-
culisa, nous pouvons tirer d'utiles leçons et d'instructifs
exemples pour n'y point retomber.
Il faut, en effet, respecter et faire respecter nos cloches,
anciennes et modernes, en les sonnant avec gravité, en rendant
pleine leur harmonie et en préservant leur bronze de ces chocs
trop saccadés et trop bruyants que leur infligent les marteaux
des carillonneurs rustiques. Que de bonnes et belles cloches
ont été fêlées et refondues, c'est-à-dire perdues, par la faute de
ces ignorants et maladroits carillonneurs ! C'est seulement par
le moyen d'un mécanisme que le carillon peut être rendu sup-
portable pour les oreilles et tolérable pour les cloches. Et
encore, vaudrait-il mieux ne jamais créer de carillon que sur
prodiges : tandis que douze paires de bœufs avaient à peine suffi à l'emme-
ner, quatre l'avaient aisément ramenée. On ajoutait même que pendant tout
le temps de son exil dans la cité épiscopale, elle avait perdu la douceur de
ses sons. Elle ne l'avait retrouvée qu'après sa rentrée à Moyenmoulier.
L'abbaye de Moyenmoulier, par l'abbé Léon Jérôme, dans le Bulletin de la
Société philomatique vosgienne, 23» année, Saint-Dié, 1898, p. 301.
1 . La cloche d'Arrènes (Creuse), que l'on doit attribuer à un fondeur
ambulant, probablement un maître allemand du nom de Haus, offre, au
point de vue de l'aspect, une grande ressemblance avec celle de Saint-Léger-
Bridereix, qui porte la date de 1510... L'inscription de la cloche d'Arrènes
contient une invocation à Dieu et à ses saints écrite en patois en caractères
gothiques... Bulletin de la Société archéologique du Limousin, 1898,
t. XLVI, p. 444.
2. On lit dans le Buliletin de la Société archéologique du Limousin,
t. XLVI, 1898, celte relation : a II y avoit dans le clocher de Nexon
(Haute- Vienne), une cloche du xv siècle qui portait cette inscription : 0
Deus, tonitrua tua repelle à terra de Nexonio. Malgré celte pieuse invoca-
tion, et malgré le petit reliquaire daté de 1652 placé sur la pointe du clo-
cher, la foudre tomba sur le clocher dans la nuit du 18 au 19 juillet 1784,
mais elle n'y fit en somme que de bien minces dégâts. » Nexon, l'église, le
château, l'histoire, p. 106.
646 LA CAMPANOMANIE
(les limbres assemblés et harmonisés dans ce but, comme ou
en trouve daus le nord de la France, en Flandre et en Belgi-
que, à la cathédrale de Reims et mainlenanl au cœur de Paris.
Si tels eussent été les anciens usages, les contempteurs des
cloches au dernier siècle seraient restés muets, mais ne
regrettons point que leur verve ait eu à s'exercer, car les abus
eux-mêmes qu'ils ont signalés forment un curieux chapitre de
1 histoire populaire des cloches.
Il resterait, avant de finir, à déterminer exactement quel est
l'auteur de ce poème daté de 1769. Son nom nous est indiqué,
sans autre preuve à l'appui, par le docteur Louis-Jérôme
Raussin dans le recueil manuscrit qu'il nous en laisse et qui
se trouve à la Bibliothèque de Reims, comme étant Dom Four-
uier, bibliothécaire de l'abbaye de Saint-Nicaise daus la
seconde moitié du xyiii*^ siècle ^ Cet érudit médecin rémois
savait, à n'en pas douter, à quoi s'en tenir sur cette attribu-
tion, que pourrait démentir le caractère un peu burlesque et
facétieux de l'œuvre. Toutefois, à cette époque, les bénédic-
tins se trouvaient en coulacl avec la société polie et élégante
de la ville, et rivalisaient dans l'érudition proprement dite,
aussi bien que dans la littérature profane et mondaine, avec
les Lévesque de Pouilly, Félix de La Salle, l'abbé Hillet et
Bidet. Il est donc possible, sinon authenliquement certain et
reconnu, que La Campanomarne ait été écrite par i). Fournier,
qui habitait tout près de l'église Saint-Jean, contiguë au por-
tail de l'abbaye de Saint-Nicaise. Il se trouvait donc parfaite-
ment au courant des mœurs et des usages de ce quartier haut
de la ville, dont il est question dans ce poème.
Si, contrairement à l'attestation et à la copie du docteur
Louis-Jérôme Raussin, l'attribution avait été faite par un trait
de malice à un bénédictin après sou décès et était fausse, le
poème aurait été composé quand même à Reims par un autre
lettré rémois du même temps. Ajoutons que son intérêt n'en
serait pas moindre au point de vue littéraire, ni ses renseigne-
ments moins divertissants pour l'histoire campauaire.
Il, Jadaut.
Villers-devaûl-le-Thour, 10 septembre 1898.
1 . Nous savons d'ailleurs que D. Fournier travailla a la rédaction des
Almaaachs historiques de Reims de 1768 à 1773, et qu'il eut pour succes-
seur daus cette lâche D. Viacent, bibliothécaire de Sainl-Remi. P. Varin,
Archives admin. de [ieims, t. I, notice sur les Ahnauachs de lieims.
LA OAMPANOMANIE 647
LA CAMPANOMANIE
ou
REQUÊTE D'UN PAROISSIEN DE SAINT-JEAN
A M. litnOEAT, LlKUTKNANT DIÎ POLICK
SUR L'ABUS DES CLOCHES
Par Dom Fournier, bénédictin à S'-Nicaise de Reims
... Cava vesanis ictibus .rrn sonant .
A Reims, 1769. N. n.
AUX. CLOCHES
SIXAIN.
Cloches, si les loix de VÉg-lise
Ont ordonné quon cous baptise,
Le mjystère en est délicat,
Cest de peur que le Diable, à qui chacun cous donne.
Lorsque trop longtemps on vous sonne.
Ne vous prît et cous emportât.
Je suis avec autant de crainte que de respect,
Mesdames,
Votre serviteur,
G D. J. B. A. Fournier,
Paroissien de Sainl-Jean,
(De la Monn'oye, p. 172 de l'édit. de Sallengre, 1716, à La Haye.)
REQUÊTE A M. LE LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE
SUR L'ABUS DES CLOCHES
... Quules sub nubibus atris Strymoyiix
liant signa grues, atqtie xthera tranant
Cum sonitu
(VlllOIL. AiNEID. LiB. 10. V. 204.)
Reims, 1769.
O vous, Monsieur, qu'un soi^t propice
Appelle au soin de la Police,
Et dont le cœur toujours humain
Veille au bonheur du citojyen * ;
1, Çlaude-François Bergeat, bailli de l'arcbevêclié et en cette qualité
648 LA CAMPANOMANIB
5. Daignez sévir avec courage,
Et sans aucun ménagement.
Contre un abus qu'un sot usage
A consacré depuis longtems.
Il est dans cette antique Ville
lo. Un quartier cher aux Immortels *,
Oii, parfois, dlionnêtes mortels
Vont se choisir un domicile.
Là, loin du faste et des grandeurs.
Encore plus loin de Vopulence
i5. Certains bourgeois par leurs labeurs
Fabriquent, en toute décence,
Étoffe, Enfants, et cœtera ;
C'est à qui mieux travaillera,
Le tout, au profit de la France.
20. Comme eux, f ai choisi mon azile
Dans ce canton si ?'évéré.
Espérant j' vivre tranquile.
Et dans un repos assuré.
Mais que je suis bien loin de compte!
25. Une race que le destin,
Pour le malheur du genre humain
Forma, Je crois, n'a pas de honte
De s'en venir à tout propos,
SHmaginant faire merveille,
3o. Troubler ma paix et mon repos,
Et faire insulte à mes oreilles.
Je parle. Monsieur, des sonneurs.
Autrement dit carillonneurs ;
Dont Vengeance à jamais maudite
35. Mériterait d'être proscrite
De tout état bien policé.
Je ne dis rien, en vérité,
lieutenant général de police de la ville de Reims, professeur royal en droit
français, receveur des décimes, etc. Mort en 1775. Il est le père de Nicolas
Bergeat, vidame du Chapitre, premier conservateur du Musée de Reims,
mort en 1815.
1. On bapcise peu, on n'enterre presque jamais (dans l'église Saint-Jean).
Le très grand nombre de cette paroisse meurent à l'Hôtel-Dieu. [Note du
D' L.-J. Raussin.) — Ajoutons que l'église Saint-Jean était située sur la
place Sainl-Nicaise, sur la droite du portail de cette célèbre église ; c'était
un petit édifice du xii" siècle, dont une portion du chœur reste enclavée dans
la maison (n" 15 actuel) reconstruite sur son emplacement. La paroisse était
fort peu étendue et comptait seulement 230 communiants en 1774, Réper-
toire archéologique des paroisses de Reims, 1889, p. 195-96.
LA CAMPANOMANIE 649
Dans V humble et présente supUque,
Qui ne soit de notoriété
4o. Et très certaine et très publique.
Je ne suis qu'un pauvre cardeur.
Mais, ma foi, sans philosophie
Je vois fort bien que dans la vie
Tout ne tend pas toujours au mieux.
45. Car enfin que sert ce tapage
Et ce maudit carillonnage ?
Dieu, sans ce beau charivari,
' En serait-il plus mal servi ?
Non, non, V Auteur de la Nature
5o. N exige point assurément
Qu'un carillonneur impudent
Fasse enrager sa créature
Pour Vhonnorer plus dignement.
En parlant de cette manière
55. Peut-être suis-je téméraire
Mais, en tout cas, c'est mon avis ;
Sauf à des Docteurs mieux instruits,
A me démontrer le contraire
Par de plus solides écrits.
60. Mais, pour en revenir à mes cloches,
Je dis, sans craindre d'anicroches,
Qu'en fait de clocher, vieux ou neuf.
L'œil seul en compte Jusqu'à neuf
Dans le petit coin de la ville,
65. Où J'établis mon domicile ^
Tous sont bien et dûment garnis
De cloches plus ou moins criardes.
Mais très communément nazardes
Dont les voisins sont étourdis ^.
70. Souvent toutes, sans unisson.
Pour mieux assurer mon supplice,
1 . Le quartier haut de la ville, le 3» canton actuel, où se trouvaient les
abbayes de Saint-Remi et de Saint-Nicaise, les collégiales de Saint-Tiœo-
thée et de Sainle-Balsamie, le couvent des Minimes, et les églises parois-
siales de Saint-Julien, Saint-Jean, Saint-Martin et Saint-Maurice,
2. Une note de M. Louis Fanart nous apprend qu'il y avait à Reims,
en 1790, cent trente-huit cloches dans les églises, abbayes, paroisses, etc.,
de la ville, sans compter les clochettes des couvents et des chapelles. Cette
note était basée sur les renseignements fournis par M, Goulet-Collet,
ancien fabricien de la cathédrale. Cfr. L'église et l'abbaye de Saint-Nicaise
de Reims, par Ch, Givelet, p. 57, note.
C50 LA CAMPANOMANIE
Chantent sans rime ni raison,
Di din don, Di don, Di din don.
^5. Le Jour, la nuit, tout leur est bon;
Partout ce n'est que carillon,
A Saint-Julien, à Saint- Maurice,
Saint- Th inioth ée, Sainte-Nourice.
Bientôt à Monsieur Saint-Julien
80. Succède Monsieur Saint-Martin
Puis Saint-Remj', pour surcroît d'aise.
Les Minimes et Saint-Nicaise \
Souvent même les ci-devant'-
Font encore enrager les gens,
85. Que seroit-ce donc si Saint-Sixte
Pour compléter ce faux bourdon
Venoit Joindre à ce carillon
Quelque ton faux en accord mixte ?
Mais grâce à Monsieur Le Tellier
90. Je suis sauvé de ce danger ^.
S'agit-il de quelque baptême ?
Pour honorer l'Être suprême
Et faire naître un seul chrétien,
On fait mourir mille gens de bien,
gô. Est-il question de sépulture?
Le sonneur, dans cette avanture,
Juché nuit et Jour au beffroi.
Sans cesse augmente mon ejfroi.
Et fait raisonner sa mitraille
100. Pour attraper quelque maille.
Si l'un enterre à Saint-Julien,
L'autre baptise à Saint-Martin *.
1. Sur les cloches de l'abbaye de Sainl-Nicaise, voir les documents elles
notes publiées dans l'ouvrage de M, Ch. Givelet, L'église el l'ahhaxje de
Saint-Nicaise de Reims, in^", 1897, pages 42 à 47 et 56, 57.
2. Les ci-devant n'existent plus en 17C8. {Xote de L.-J. Raussin.) — Il
s'agit ici des Jésuites supprimés en 1762 ; leur collège fut occupé en 1766
par l'Hôpital général de la Charité et le clocher de cette maison possède
encore deux petites cloches provenant des Jésuites, avec les dates de 1629
el de 1674.
3. La paroisse Saiot-Sixle fui supprimée par l'archevêque Ch.-M. Le
Tellier en 16(86], (iVo<e de l'éditeur.) L'église ne fut entièrement démolie
qu'en 1726.
4. Le baptOme fut partout jadis accompagné de sonneries. On nomme
volée chrétienne la sonnerie de toutes les cloches qui suit immédiatement la
cérémonie. On carillonne ensuite joyeusement.
LA CAMPANOMANIE 6S1
Si de quelque Haint d'importance
On doit annoncer la naissance,
io5. Dans un deshabillé crasseux
Mais plus insolent qaun Talapoin ',
Le carillonneur orgueilleux
Grimpe et s'établit au clocher.
iio. Là, comme dans son patrimoine.
On le voit ordonner, trancher.
Faisant l'homme de conséquence.
Et pour mieux me faire enrager
Le boureau double la cadence.
Je prendrais tout en patience,
ii5. Si du moins par des airs Jolis,
Le chien recréait mes esprits :
Mais non, quelque mince cantique.
Ou quelque vieux Pont neuf usé.
Voilà le fond de sa musique ;
I20. Jugez si je suis amusé.
Quant à nous autres de Saint-Jean,
N^ous ne craignons pas ce reproche
Car chez nous on n entend la cloche
Que vingt fois tout au plus par an ;
laS. Et ce par des raisons palpables
Que chacun trouve assez valables.
Primo, c'est qu'on n'j' meurt pas.
Partant point de lesses au trépas.
J'expliquerais au long la chose,
i3o. Si l'on nen devinait aisément la cause-.
Secundo, quant au.x nouveaux nés.
Dont nos Vénus nous enrichissent.
Nous sommes par trop avisés
Pour souffrir qu'ils nous étourdissent.
i35. Nos sages aj'eux ont fondé
Une maison de Société
Où nos Helènes vont par bande
Déposer les fruits que le tems
A formé dans leurs chastes flancs :
1 . Les Talapoins sont en très grande vénération au Pégu et dans le
royaume de Siam. Le lundy matin, ils vont avec les bassins de fer éveiller
le monde pour venir au sermon. Patane est une ville du royaume de Siam.
(Note de l'auteur.)
2. La cause, c'est le petit nombre des paroissiens et qu'ils allaient la plu-
part mourir à l'Hôtel-Dieu ou dans les asiles de vieillards. Voir plus haut
vers 10.
652 LA CAMPANOMANIK
140. G est un Bénéfice en commende
Dont nous jouissons depuis longtemps^.
Ainsi dans cette occasion,
Nous avons le rare avantage
De mettre au inonde des enfans
145. A petit bruit, sans carillon ;
Et ce par un prudent usage.
Enfin pour tout dire en un mot.
Ici, chez nous, dans le ménage.
L'enfant arrive incognito ;
i5o. Point de sonneurs, point de tapage.
De cet exemple je conclus
Que les cloches sont un abus.
Mais, Monsieur, direz-vous peut-être
Avec un docte et sage maître :
i55. Tantuni valent quantum sonant *.
Et moi, sans être latiniste.
Luthérien, ni calviniste, f.
Je vous répondrai : Taceant.
Non que dans mon humeur caustique
160. J'en veuille à Messieurs les curés,
Ni même aux plats de leur Fabrique,
Ils sont par moi trop révérés.
J'en veux encore moins à leur bourse.
Je sçais que fort souvent le son
i65. Pour eux est de grande ressource.
Dans mainte et mainte occasion.
Mais je dis sans choquer les us,
Qu'il est un modus in rébus.
C'est ce modus qu'avec instance
1. L'auteur veut sans doute désigner l'Hôlel-Dieu, situé encore dans le
bas de la ville, près de la cathédrale, et transféré seulement en 1827 dans
l'ancienne abbaye de Saint-Remi. Sinon, il voudrait parler d'une maison
d'enfants trouvés, fondée par des particuliers et entretenue par eux, mais
nous ne connaissons pas d'établissement de ce genre à Reims avant la
Révolution.
2. Un sçavant pourroit prouver que les Hébreux, les Grecs et les
Romains se sont plaints de tous temps des cloches. Ce seroit ample
matière à une sçavante dissertation. Mais comme l'érudition n'est pas de la
compétence d'un Paroissien de Saint-Jean, je me contenterai de prouver
mon texte par un fait plus moderne. M. le cardinal de Hetz étant allé voir
M' Mazin (?), curé de S'-Paul à Paris, les cloches vinrent à sonner pour un
mort de considération. Tandis qu'ils étoient en conversation, on ne s'enten-
doit pas. M' le cardinal demanda au curé si le sou des cloches ne l'impor-
tunoit point ? Il répondit fort à propos ; Tantum valent quantum sonant.
{Note de l'auteur.)
LA CAMPANÔMANIE 6b3
170. Monsieur, je vous demande ici.
Daignez donc, par un bout d'écrit,
Réprimer Vaffreuse licence ^--^ ...
Des cloches, des carillonneurs,
Et de toute cette séquelle
1^5. Qui met le comble à nos malheurs.
En nous rompant tête et cervelle.
Notez qu'il est bon d'observer,
Que tous nos sçavans du quartier
Ne peuvent plus, en conscience,
180. Avec un tel charivari
Faire aller enpai.x le métier.
Ni venir au point de science
Où le repos seul nous conduit.
Prenez votre course par autrui
l85. Vous qui faites cas de l'étude ;
Et qui la cultivez en paix,
N'est-ce pas à la solitude
Que vous devez tous ces succès.
Qui marquent au coin du génie
190. Tous les momens de votre vie ?
Pour moi que le démon des vers
Poursuit parfois, vaille que vaille.
Et qui par caprice rimaille.
Souvent à tort et à travers ;
195. Comment voulez-cous qu'Apollon
Et me favorise et m'inspire
Au milieu de ce carillon ?
Souvent Je souffre le martyre
Pour attraper un vers ou deux :
aoo. Dans le plus fort démon délire,
J'ai beau m' arracher les cheveux,
Mordre mes doigts, frotter mon front.
Je reste court et la mesure
M'échappe par l'affreux murmure
2o5. Qui règne dans tout le canton.
J'ai beau courir après la rime,
Je la perds, et suis la victime
D'un carillonneur insolent.
Qui du plus haut de sa gueritte
2ÎO. A me faire enrager s'excite.
Et rit peut-être méchamment
De ma peine et de mon tourment.
654 LA OAMPANOMANIE
Ah! par une Ordonnance utile,
Rendez donc la paix à la Ville.
2i5. Trois points très fameux, se dit-on,
(Et c'est sans doute avec raison)
La distinguent par excellence,
L'odeur, le son, la médisance '.
Quant au premier, Vairj- pourvoit :
220. I^our le dernier, les Gens de loi
Nous disent, avec assurance,
Quilj' a sur ce prescription ;
Qu'on irait contre la Raison,
Et contre le droit de nature,
225. En touchant ce point délicat.
IVe risquons donc point l'avanture.
Et n entrons point dans ce débat -.
Mais pour le son. Monsieur, de grâce,
Pourvoj'ez-j" ; si mieux n'aimez
23o. Que nous abandonnions la place.
Nous y serons bientôt forcés
Si. par Ordonnance efficace.
Les choses ne changent de face.
Il s'agit de notre repos,
235. Et du salut de nos oreilles ;
Un Règlement fait à propos
Fera sur ce point des merveilles.
Le récit d'un si Iriste état
Doit, Juste et sage Magistrat,
240. Toucher votre âme bienfaisante ;
Rendez la ville moins sonnante :
Pour vos oreilles et pour nous
1. L'auteur attribue à Reims un dicton encore courant sur Toul. Voir
Léon Gkbmain, Anciennes cloches lorraines ; Nancy, I880, p. 46, note :
(I II parait qu'à Toul, également, les cloches se faisaient souvent entendre ;
on lui appliquait, dit-on, les qualifications de ville puissante, sonnante,
puante, médisante, bien différentes de la célèbre légende : Urbs pia,
prtsca, (idelis. « — Sur le folklore des cloches a Toul, voir : Foukikh de
bACOUKT, Le sonneur de Toul (à propos d'une chanson], dans le Journal
de la Société d'archéutogic de Lorraine, août 1897, p. 171.
2. On sait que les pamphlets les plus mordants étaient de mise à cette
époque. Notre poète fait peut-être, ici, allusion à la pièce satirique, L'Avis
aux curieux ou Bibliothèque choisie, qui était dirigée contre les membres
du Chapitre métropolitain et fut condamnée par sentence en 1758. Ou l'at-
tribuait à Nicolas I3ergeat, viiame du chapitre et lils du lieutenant général
de police.
LA CAMPÀNOMANIE 658
Que i>otre bonté s'intéresse ;
Notre sort en sera plus doux,
245. Chacun vous bénira sans cesse ;
Et saint Biaise priera pour vous '.
Auguror en ; Vincei : votivaque carmiiia r/'Adam :
Et magno nobis ore sonandus pris.
(OviD. UB. 1. DE ÂRTE AM&MDI, V. 205.)
D. A. J. B. F \
Paroissien de Sainl-Jean.
(Bibliothèque de Reims. — Vers de }P (sans nom). — Recueil
de pièces en vers et en prose. Manuscrit iii-4o autogra[»hc du D'
L.J. Raussin, n» 1077, f"' 203 à 210.)
1. Saint Biaise est le palioa des iileurs et des cardeurs, profession que se
donnait l'auteur du poème, vers 41.
.2. Dom Antoine Jean-Baptiste Fournier.
ACTES RELIGIEUX DE JUVANZÉ
L'idée nous est venue de compulser les actes religieux
de Jtivanzé qui dépendait autrefois du bailliage de Chaumont.
Ces actes remontent à i6 ^3. Grâce à eux, nous avons pu
dresser la liste des curés, des seigneurs, des procureurs
fiscaux et de quelques abbés et prieurs de Beaulieu (près
Trannes) jusqu'à la Révolution. Voici le résultat de nos
recherches.
Curés de Juvanzé.
i. F. Baulmonl, 1673.
2. P. JoUy (vicaire), 28 janvier 1689). il est décédé le 17 avril
1701 et a été inhumé dans l'église par M. Barat, curé de Dienviile.
3. J.-B. de Va55an, décédé le 17 janvier 1707. Il avait été aupa-
ravant curé du Petit-Mesnil, et il a été inhumé dans le chœur de
l'église. Sur sa tombe, on lit cette inscription : « Je suis ici pour
orner cette église et couvrir les cendres de Jean-Baptiste de Vas-
san, p. -curé de cette... posée le... 16... Priez Dieu pour lui. »
Cette épilaphe indique que la tombe a été posée avant le décès de
J.-B. de Vassan.
4. François Bourgogne, décédé le 2 juin 1707.
^. Jacques Bourgeois. Confirmation donnée à Juvanzé, le 12
juin 1717, par Ms"" l'évêque de Waterford, en Irlande, de passage
ce jour-là à l'abbaye de Beaulieu.
6. Poincelier (4 juillet 1723). Il est décédé le 9 novembre 1762
et a été inhumé dans le cimetière selon sa demande.
7. Jeannet (31 janvier 1763). Il disparaît le 2 juillet 1792^ et
Ton ne sait pas ce qu'il est devenu. Depuis cette époque, Juvanzé
n'a plus été qu'une annexe d'Unienville, et ce sont les curés de
celte paroisse qui le desservent.
II
Abbés et prieurs de Beaulieu.
Les abbés et prieurs de Beaulieu, de l'ordre des Prémontrés,
qui figurent sur les registres ecclésiastiques de Juvanzé, sont :
• Juvanzé (Aube), arrondiss. de Bar-sur-Aube, canton de Vendeuvre.
ACTES RELIGIEUX DE JUVANZÉ 657
1. F. -Alexandre Macadrez^v chanoine régulier de S. -Augustin
en l'église Notre-Dame de Beaulieu, ordre de Presniontré » (14
avril 168G).
2. ... Rousseau, frère de Gabrielle Rousseau, épouse de
Calixte Largentier, sieur du Cauroy (I69u). — Voir Mémoires de la
Société académique de l'Aube, tome XXII^ p. 281.
3. F. Delasalle, bachelier de théologie^ prieur de Beaulieu
(25 avril 1700).
4. F. Déliions (Dethaas), prieur de Beaulieu (9 novembre 1762).
5. F.-Claude Corbel, chanoine régulier de l'abbaye de Beaulieu
(H novembre 1782).
6. F.-Claude Coulbaul, sous-prieur de Tabbaye de Beaulieu
(9 novembre 1789). En 1815, il remplace M. Fringant., curé
d'Unienville, devenu curé du Pelil-Mesnil, jusqu'à l'arrivée de
M. Charles (18 octobre 1820 i).
III
Les seigneurs de Juvanzé et leurs enfants.
1. Marr/uerite de Beaufort^ femme de noble homme Edme
Grillât de la Tour ((3 février 1G78-).
2. Nicolas-François de Ma?iissic., noble homme, seigneur de la
terre de Jouvandé, décédé le 24 septembre 1678, « mort par un
assassinat. »
3. Jacques., fils de noble homme Edme Grillât de la Tour et de
Marguerite de Beauforl.
4. Melchior Guérin, seigneur de Jouvandé, décédé le 4 décem-
bre 1683. Sa veuve se nommait Louise Ducord.
5. Gaspar Grillât de la Tour, fils d'Edme et de Marguerite de
Beaufort (29 septembre 1684).
6. Jacques de Beaufort, écuyer, capitaine au régiment de
Molins (20 février 1690).
7. Pierre de Beaufort, fils de Jacques et de d'^^''^ Jeanne Cotte-
net. Il fut baptisé le 12 novembre 1692 et eut pour marraine Mar-
guerite de Beaufort. Il mourut à deux mois. Marguerite de Beau-
fort, fenmie de feu Edme Grillât de la Tour, « escuyer, major du
fort Trifon de Besanson », décéda peu de temps après. A son
deuil assistaient M'''' Cottenet, prévôt de CynavoUe et autres lieux,
et d^"*' Jeanne Cottenet, femme de Jacques de Beaufort (17
avril 1693).
8. Claude, fils de Jacques de la Tour. Il fut baptisé le 13 sep-
1. Voir Revue de Champagne d de Brie, tome II, 15° année, p. 572.
2. Inhumé le 3 février I68*< (liasse de 1773 à 1792).
42
658 ACTES RELIGIEUX DE JUVANZE
tembre 1694, et eul pour parrain Claude-Marliu de Choisey, et
pour marraine d'^"'= Jeanne Juliot de CvnavoUe.
9. Joanne de la Tour, fille de Jacques. Elle fut baptisée le
23 août 1693, et eut pour parrain M'"e Jacques Rousselot, lieutenant
général de la baronnie de Jaucourt, et pour marraine M"** Gabrielle
du Cauroy, sœur de M. l'abbé de Beaulieu.
10. AnloincUe, fille de Jacques, baptisée le 21 novembre 1096.
H. Suzanne, fille de Jacques, baptisée le 13 février 1098.
12. Marie, fille de Jacques, baptisée le 2 février 1699.
13. Marguerite, fille de Jacques, baptisée le 1"' mai 1700. Elle
eut pour marraine Marguerite Ix Gousl.
14. Jacques Gaspar, fils posthume de feu Jacques. Il fut baptisé
le 15 avril 1703. 11 eut pour parrain Claude de Grillât, écuyer, et
pour marraine d°"^ Jeanne de Grillât, ses frère et so-ur.
15. Claude de Beauforl^ lieutenant au régiment d'infanterie de
Béry.
16. Jean-Françon Nonnier, seigneur do Montmartin etVelotte,
veuf de défunta d<""« Barbe Poirel, de la paroisse de S*-Pierre de
Besançon, époux de dame Jeanne Grillât de la Tour de Beaufort,
v^ de M'''= Charles de Serre, écuyer, capitaine au régiment d'En-
guien. A son mariage, qui eut lieu le 7 mai 17.33, furent présents
M'*^ Claude de Beaufort, écuyer, Antoinette de Beaufort et Nicolas
Garnier, gruier au duché de Montmorency, demeurant à Éclance.
IV
Procureurs fiscaux de Juvanzé.
1. Etienne Gossement, procureur fiscal (12 décembre 1673).
2. Jean Vérin, lieutenant en la justice, époux de Marie Ilurpoil
(29 mars 1682 *).
3. Adrien Durusly syndic de Jouvanzé (11 décembre 1705).
4. Adrien de Vaucrlle, procureur fiscal (id.).
5. Ëdme Forestier., procureur du Roi « de la merrie royale
d'Eurville, d'^ à Jouvanzé » (11 février 1714).
G. Jean Jo/frin, procureur fiscal (29 janvier 1720).
7. Louis Bergeral {H mai 1740).
8. Edmc lieifjerat (!"■ noven)bre 17.)9) : c'est l'un des ancêtres
de M. l'abbé Bcrgerat, décodé curé de Chaullour-les-Baillis, et
inhumé par moi, dans le cimetière de Juvanzé, le 2 juin 1892, à
l'âge de 89 ans.
1. Parenl des Vérin d'Uuieuville {Kevue de Champagne, ibid., p. 570).
▲CÎBS BELiaiBUX DE JUVAMZÉ 659
Mobilier de léglise de Juvanzé.
Parmi les objets de l'église de Juvanzé qui offrent quelque
iuléiêl, il faut ciler :
i° Dans l'abside^ 3 fenêtres, plein cintre, de même grandeur
(2"" surO'"80 de large à peu près), séparées l'une de l'autre par
toute l'épaisseur du mur qui va en rétrécissant à l'intérieur. Elles
sont ornées de vitraux peints qui représentent « le cruci/ienient
de Nolrc-Scigneur ». Au milieu, J.-C. en croix^ et deux anges qui
recueillent, dans des coupes d'or, le sang qui s'échappe de ses
mains et de son coté. A droite, la Maler dolorosa ; à gauche,
.S' Jean, le disciple bieu-ainié. Au bas du Christ, les armes d'un
Lefcbvrc : d'azur à S pals d'or, celui du milieu charge de .v
roses de gueules.
2' A gauche de l'autel, il y a un autre vitrail qui ligure « la
Descente de croix >'. La T. S. Vierge lient dans ses bras son cher
Fils ; S' Jean est à sa droite et Marie-Aladeleine à sa gauche. A
côté, le donateur, un ecclésiastique avec le surplis à larges man-
ches, à genoux, les mains jointes, lixe Notre-Seigneur, et laisse
échapper de son cœur ces paroles du Slubal Maler, qu'on lit sur
une banderole (jui lui entoure la tête : « Ei,a^ Mater, fons amoris.,
me aenlire vira doloris, fac ut lecum luyeam. » (Lettres gothi-
ques.)
3° Le maitre-autel, aujourd'hui, n'est plus appuyé contre l'ab-
side, mais il coupe le sanctuaire de façon à laisser un espace suffi-
sant pour servir de sacristie. Il n'a rien de remarquable par lui-
même, mais le tableau peint qui le domine et les retables qui
l'accompagnent ne manquent pas de valeur.
Le tableau, qui mesure i'" de haut sur lni20 de large, repré-
sente S' Gengoul, patron de la paroisse, à genoux, les bras éten-
dus et les yeux fixés vers la T. S Vierge., qui tient l'enfant Jésus
dans ses bras. Il porte un grand manteau rouge retenu par une
agrafe, par dessous un vêtement blanc avec brandebourg d'or
et de longs cheveux bouclés tlottent sur ses épaules. En bordure,
de chaque côté, un ange de profil, le dos appuyé ^contre le
tableau, une chute de roses variées et une petite coi'beille de
fleurs. Dans un coin du tableau, on lit celte inscription ; ^ G, Col-
lard, pinxit, 1710. »
Les retables qui accompagnent l'autel, et qui ne s'élèvent que
jusqu'à la base du tab'eau, se distinguent aussi par leurs chutes de
tleurs et leurs jolis chanitoaux. Leur fronton est surmonté d'un
vase portant un cœur enllammé. Dans celui de droite, on voit
l'écusson d'un abbé (de Beaulieu sans doute) : d'azur à 3 losan-
ges de gueules., avec mitre, crosse, cordon et palme à l'entour.
660 ACTES RKLIGIEUTC DE JUVANZE
Dans celui de gauche, ce sont les armes de l'Oratoire, ûgure en
lettres d'or le chiffre : (lESVS MARIA) entouré d'une couronne
d'épines.
4» Signalons un beau fauteuil en chêne. Il est de forme carrée
et mesure à peu près 2"' de haut sur 1m de large. Tout le siège a
été remplacé et n'a, par conséquent, rien de saillant ; mais le dos-
sier est finement travaillé : quatre élégantes colonnettes le déco-
rent du haut en bas, et trois panneaux creusés dans le bois, entre
les colonnettes, et enrichis d'arabesques, donnent à ce fauteuil un
cachet artistique. Le fronton qui le termine ressemble à une
espèce de cartouche surmonté d'une croix.
5« Les rétables de la S'<= Vierge et de S' Nicolas sont de la même
facture et probablement de la même époque que le maitre-autel.
Les figures qu'ils encadrent sont plutôt l'œuvre d'un barbouilleur
que d'un peintre ; mais il y a près d'elles, appuyée contre la
muraille, une statue en bois (0"'50), la Vierge à la chaise^ por-
tant l'enfant Jésus dans ses bras, qui paraît recommandable au
moins par son antiquité.
6° Nous avons trouvé dans le grenier du presbytère d'Unienville
une plaque de marbre que nous avons fait encastrer dans le mur
de l'église de Juvanzé, et qui porte cette inscription : « M"'» Ber-
nard Plumey, pbre natif du lieu d'Unyeiiville, vivant chanoine à
S' Maur des fossez les Paris, a fondé deux obits en l'église de
Jouvanzé chascun d'une messe haulle et vigiles chatées à pareil
jour que François Plumey son père qui decedda le Xl'°« novbre et
l'autre le jour du deceds de Barbe de la Motte sa mère, laquelle
decedda le 2I« du mois et an 1627. Pour lad. fondation a donné
des héritages (qui va)lent XXXI livres en fond. Prié Dieu pour son
âme. »
7" L'église de Juvanzé ne possède qu'une petite cloche, et
encore elle est félée. Celte cloche « a été fondue en 1809 et a eu
pour parain W Edme Dergeral de Jouvanzé, et pour maraine
Anne- Angélique £'My?'arcî. M»" Marey adjoint ; Jacquot et Bollée,
fondeurs à Brevonne. » (Inscription sur la cloche.)
8° Les archives paroissiales de Juvanzé renfermaient, il y a
quelques années, une Bulle en parchemin du pape Paul V (9 août
1613), accordant des indulgences aux confrères de la confrérie de
S. Nicolas de Juvanzé. Elle a été remise à Ms"" Cortet, en tournée
de confirmation ; mais la copie du texte latin et une traduction
française restent entre nos mains.
Abbé Chauvet.
Le Pont de la Plelle à Troyes
ÉTUDE SUR L'ANCIExN CHAPITRE DE LA CATHÉDRALE
tv/iJWtfW- ■■
Chercheur heureux et perspicace, travailleur habile et
infatigable, M. Albert Babeau, notre distingué compatriote,
dont les nombreux travaux historiques, marqués au coin de la
plus haute érudition, goûtés et appréciés à leur juste valeur,
sont aujourd'hui dans toutes les mains, M. Albert Babeau,
dis-je, nous a, par deux fois déjà, si je ne me trompe, entre-
tenu du Vouldy, de sa demeure seigneuriale et de ses proprié-
taires titrés.
Dans une première notice ayant pour titre le Vouldy^, il nous
a décrit par le menu l'habitation luxueuse, les jardins immenses
plantés d'arbres et d'arbustes rares 2, les pièces d'eau dans
lesquelles prenaient leurs ébats des poissons de toutes sortes,
les parterres parfumés de celte propriété princière, jugée
digne à trois reprises de la visite d'un roi. Nous avons fait
connaissance avec ses propriétaires successifs ; constatant sa
prospérité avec Guichard et son fils, messire François, baron
du Vouldy ; voyant le commencement de sa décadence avec
l'original Simon Michel, seigneur de la Pépinière, et sa ruine
complète avec Jean-François du Vouldy ; assistant enfin au
morcellement définitif de cet immense domaine qui s'émietta,
comme tant d'autres, hélas ! aux caprices des enchères, à la
Révolution ^
1. Annuaire de l'Aube pour l'année 18 85.
2. Un cèdre du Liban, dernier survivant des arbres séculaires qui
ombragèrent autrefois la propriété du seigneur du Vouldy, étend encore
aujourd'hui ses robustes rameaux au-dessus de l'avenue Weber.
3. D'après un mémoire dressé en 1690 par Angenoust et retrouvé aux
Archives de l'Aube (liasse G 3178), la propriété du Vouldy se composait
encore à celte époque, répartis en bâtiments, cours, jardins, allées, viviers,
canaux, vignes, prés, bois, etc., de trente-cinq arpents dix cordes ; le Voyer,
qui appartenait aussi à Guichard, se composait en outre de dix arpents cin-
quante-sept cordes : soit un total de quarante-cmq arpents soixante- sept
cordes. Ce domaine avait été considérablement augmenté, car en 1622
M. du Vouldy avaii acheté de son beau-père, Claude Angenoust, moyen-
nant deux mille sept cents livres, m un accin sur leqnel il v a maison,
granges, estables, contenant cinq arpents u.
fi62 LE PONT DE LA PIELLE A TROTES
Et) lisant ; Un maU^e de chapelle sous Louis XIII \ nous
avous entendu dans les jardins du seigneur du Vouldy, par
une belle journée d'automne, sous les frais ombrnges d'une
treille chargée de grappes jaunissantes, un concert original
donné en présence el en l'honneur du roi et de sa cour, par les
petits enfants de chœur de la collégiale Saiul-Étienne, les uns
chantant, les autres jouant de la viole, sous la direction de leur
niaîlre Etienne Bergerat, de joyeuse mémoire.
Que peut- il nous rester à glaner derrière un tel moisson-
neur, et ne sera-ce pas, de notre part, une insigne témérité de
revenir sur un chapitre traité deux fois déjà par un tel
écrivain?
Tout n'a pas été dit sur ce sujet cependant, puisque
il. Albert Babeau lui-même, dans sa première notice, a posé
une question dont la solution peut paraître sans importance,
mais à laquelle nous avons cru utile de répondre, persuadé
que dans l'histoire glorieuse de notre vieille cité, il ne peut y
avoir si petit point qui ne mérite que nous nous y arrêtions.
Vers le milieu du mois de février 1G30, un messager royal
remettait, de la part de Louis XIII, sur le bureau de l'échevi-
nage de Troyes, la lettre suivante :
« De par le Roy,
« Chers et bien amez. Ayant résoUu de partir de cesle ville
« pour Nous en aller à Troyes, en intention d'y faire quelque
a séjour avec nostre cour et suitte, Nous vous avons bien
« voullu faire ceste lettre pour vous en donner advis, el vous
« dire que vous ayez la plus grande diligence qu'il vous sera
« possible, à faire repu-er les chemins sur les advenues de
« cesle ville à celle de Troyes, comme aussy le chemin de
« nostre ville de Troyes en la maison du sieur du Vouldy, l'un
« de nos maislres d'hostel, mesme de faire faire un pont de
« bois, avec garde folz, devant le moulin nommé La Pielle,
« suffisant pour passer eu carosse, quand nous y vouldrons
a aller; ce que vous aurez à faire par corvées ou aultres voyes
« que vous verrez plus commodes. Sy uy faictes faulte, car
« tel est nostre plaisir.
• Donné à Paris, le XIII« jour de febvrier 1030.
• Signé : Louis ^. »
1. Annuaire de lAube pour l'année iSgo.
2. Archives municipales, A 32.
LE PONT DE LA. PIELLE A TROYES 663
Le 18 février, c'esl-à-dire dès le lundi (jui suivit la réception
de cette lettre, le Conseil de l'échevinage, fidèle observateur
de la volonté de son roi, députa à cet effet le maire assisté d'un
écheviu et d'un conseiller, avec mission de se transporter sur
les lieux désignés « pour congnoistre l'endroit et place » où
l'on pourrait construire le pont commandé par Louis XIII,
« et le moien de le faire exécuter '. i
Sur la foi de cette lettre royale, et sans poursuivre plus loin
ses investigations, T. Boiitiol a affirmé, dans son Histoire
de TroyeSy(\\XQ l'échevinage avait fait exécuter les ordres reçus
et édifier le pont de la Pielle ^
Beaucoup moins affirmalif, voici ce que dit à ce sujet
M. Albert Babeaa dans sa notice sur Le Vouldy (page 5
du tirage à part) : a Louis XIII aurait même manifesté l'inten-
tion de loger dans la maison de son ancien médecin. Il donna
l'ordre de construire un pont eu bois, avec garde-fous, en face
du moulin de la Pielle, suffisant pour passer en carrosse. Le
pont fut-il "terminé en temps utile? Nous l'ignorons, »
La lettre du roi à l'échevinage, la nomination d'une commis-
sion composée de trois membres qui en fut la conséquence
immédiate^, voilà tout ce que nous avons trouvé concernant
le fait particulier qui nous intéresse dans les Archives munici-
pales, mais les registres des délibérations capitulaires de
l'Église de Troyes vont nous fournir des documents détaillés
et certains qui nous permettront de déterminer l'époque pré-
cise de la construction de ce pont, et de répondre ainsi à la
question posée incidemment par M. Albert Babeau K
Nous croyons utile, pour étendre un peu notre sujet et donner
aussi plus de clarté à notre récit, de dire d'abord quelques mots
des démêlés qui, antérieurement à 1630, avaient éclaté entre le
Chapitre de la cathédrale et Guichard, seigneur du Vouldy.
*
Le Chapitre de l'Église de Troyes qui tenait de Thibaud le
1. Archives municipales, A 32.
2. T. Bouliol : Histoire de Troyes, t. IV, page 350.
3. Dans sa séance du lundi 18 février 1630, le Conseil de l'échevinage
désigna Nicolas Le Jeune, maire, Jehan Le Jeune, échevin, et Edmond
Denise, conseiller, pour faire partie de cette commission d'enquête.
4. Nous sommes heureux de remercier ici puhliquement, de leur bienveil-
lance à notre égard, M. André, a;chivisle départemental, et M. Gaston lialtet,
archiviste municipal, dont nous avons mis souvent déjà à contribution les
bons conseils et la grande érudition.
664 LE PONT DE LA PIELLE A TROTES
Grand ses droits de propriété et de justice sur le bourg Saint-
Denis et le Pré-l'Évèquei, dont dépendait le moulin de la
Pielle, vivait en assez bonne intelligence avec son riche et
puissant voisin Guichard du Vouldy, lorsqu'un incident de peu
d'importance d'abord, mais qui faillit dégénérer eu un conflit
sérieux, vint tout à coup rompre la bonne harmonie et allumer
pour longtemps la guerre.
Sans être complètement exempt de reproche, le xvii^ siècle
savait encore, suivant en cela les saines traditions du passé,
pratiquer ouvertement la religion de ses pères, honorer les
ministres de Dieu et respecter leur autorité. Comme aux épo-
ques d'une foi plus vive, il ne se construisait pas alors de
châteaux ou de maisons importantes, qu'à l'intérieur ou à
l'extérieur un endroit y fut expressément réservé et consacré
à la célébration des saints mystères. Tantôt, c'était une cha-
pelle plus ou moins luxueuse, dont la flèche élancée ou l'hum-
ble clocher se dressait dans le voisinage et à l'ombre protec-
trice des tours crénelées du vieux château féodal ; tantôt,
c'était un humble oratoire dans lequel, sans sortir de leur
demeure, pouvaient venir prier à toute heure du jour et de la
nuit, les habitants de ces maisons seigneuriales. Guichard du
Vouldy n'avait pas voulu faire exception à celte règle générale,
et avait eu le soin de ménager, dans la maison qu'il venait de
faire construire, une petite salle servant d'oratoire, dans
laquelle il faisait dire la messe et quelquefois même prêcher.
Mais il n'avait oublié qu'une chose pourtant essentielle, c'était
d'en demander l'autorisation au Chapitre de la cathédrale ; en
négligeant de se mettre eu règle vis-à-vis de l'autorité capitu-
laire, il avait été, sans le savoir probablement, contre la bulle
du pape Innocent IV qui défendait expressément, sous peine
d'excommunication, de bâtir le plus petit autel sur la paroisse
du patronage de l'Église cathédrale-.
Le mercredi 26 août 1626, les chanoines étant réunis en
séance capitulaire sous la présidence de leur vénérable doyen
1. Le moulin du Pré-l'Évéque, du Frieurée, de la Priolée, et enfin de
la Pielle, existait dès 1191. Moulin à papier en 1504, moulin à blé et à
écoices en 1545, le moulin de la Pielle qui était la propriété du Chapitre,
servait aussi, en 1577, à la labricalion de la poudre à canon pour le service
du roi. Il fut vendu aux enchères comme bien national le 11 juin 1791, et
adjugé à Edme JoUy, meunier de Pétai. L'ancien moulin de la Pielle est
aujourd'hui une filature de coton qui appartient à M. Charles Huot, lequel
est aussi propriétaire des vieux moulins historiques de Jaillard.
2. Archives de l'Aube, G 129G, f" 318 r«.
LE PONT DE LA PIELLE A TROYES 665
Claude Veslier, un membre du Chapitre, le chanoine Louis
Vestier ^ vint apprendre au Conseil que M. du Vouldy faisait
1 . Claude Vestier, chanoine et doyen de l'église de Troyes, était le
fils aîné de Jacques Vestier le jeune, marchand et bourgeois de Troyes, et
de Claudine Mole ; son frère, Odard Veslier, épousa Catherine Corrard, et
Catherine Vestier, sa sœur, se maria à Nicolas Dorigny. Jacques Vestier
mourut dans les premières années du xvii» siècle. Ses obsèques solennelles,
auxquelles assista en corps le chapitre S"-Pierre, furent célébrées en l'église
de S'-Jean-au-Marché, le dimanche 16 septembre 1608.
L'une des plus belles lumières Je l'église de Troyes au xvi» siècle, le
chanoine Odard Mole que M'^' Claude de Beauirremont avait eu un instant
l'intention d'appeler a la direction du collège, après avoir été curé de S'-
Nizier, eut le très grand honneur d'êlre choisi par M'' le duc de Guise,
gouverneur de Champagne, pour devenir le précepteur de ses deux fils :
M^' de Chevreuse et le prince de Joinville. Il partit avec ce dernier pour
l'Italie en 1584 et se rendit à Rome, où, quelques années plus tard, au
grand regret de ses compatriotes, il prenait l'habit de jésuite et résignait sa
prébende entre les mains du Souverain Pontife Sixte-Quint, en faveur de
Claude Vestier son neveu, lequel lui succéda le 24 février 1588,
Après de solides élud(s au collège des Jésuites, à Paris, le jeune homme
qui, dès son jeune âge, s'était senti attiré vers l'éiat ecclésiastique, se pré-
senta à l'évêque de Langres, aux Quatre Temps de Noël 15^0, pour en
recevoir le sous-diaconat ; aux Quatre Temps de la S" Croi^ 1394, Claude
Vestier reçut le diaconat des mains de Révérend Père en Dieu messire Ves-
pasien de Gribaldi, ancien évêque de Vienne ; il fut enfin promu au sacer-
doce aux Quatre Temps des Brandons, le samedi 18 février 1595, par M*' le
cardinal de Gondi, évêque de Paris.
Au chapitre du mercredi 8 mars 1595, au moment même où Claude Ves-
tier se préparait à exhiber, suivant la coutume, devant ses collègues, ses
lettres de prêtrise, il s'aperçut avec stupeur que celles-ci lui avaient été
dérobées ou qu'il les avait perdues en chemin. Le sous-chantre fut chargé,
malgré ce contre -temps, de l'inscrire au tableau : « ad missam pro
jucundo adventû », et la semaine suivante seulement put être remplie la
formalité des certificats.
Le jeune chanoine faillit être enlevé, au début d'une carrière qui devait
être cependant si longue et si fructueuse (septembre 1596), par une fièvre
maligne qui le mit à deux doigts de la mort. Le Chapitre tout entier, sur
la proposition de son doyen Guillaume de Taix, décida d'ajouter aux orai-
sons de la grand'messe, pour la guérison du nouvel élu, la collecte pro
infirma et ordonna au malade d'user de viande et d'aliments gras aux jours
défendus par l'Eglise. Les prières des chanoines furent exaucées, et Claude
Vestier recouvra la santé.
Guillaume de Taix, doyen du Chapitre depuis le mardi 2 décembre
1572, après la mort du chanoine Jehan Guillemel survenue à Paris le 20
novembre précédent, mourut saintement le mardi 7 septembre 1599, vers les
six heures du matin, et sa dépouille mortelle fut enterrée dans la nef de la
cathédrale, « proche la chaire où se fait la prédication ». Dès le 15 septem-
bre suivant, Claude Vestier se présenta devant le Chapitre pour lui faire
part que du vivant même du vénérable doyen décédé, il avait été désigné
par lui pour le remplacer dans sa charge et dans sa dignité. Mais le chanoine
Odard Henuequin se levant, protesta énergiquement contre cette prétention
et opposa son élection à celle de Claude Vestier.
666 LE PONT DE LA PIELLE A TROYES
« de jour à aullre célébrer la messe en une maison et jardin
sien, prosche le moulin de la Pielle ». qu'il y avait même fait
Par uu acte signé de sa main, en date du 22 avril 1599, Guillaume de
Taix, senlant sa tin prochaine, avait en elFel désigné Claude Veslier comme
son successeur ; le 29, cette procuration avait été envoyée à Rome où elle
n'était arrivée que le 31 mai. Lacceplalion du pape n'était pas encore reve-
nue le 17 septembre, jour choisi pour léleciion. Avant de prendre une
décision, les chanoines voulurent assister à une messe du S'-Espril, à l'issue
de laquelle et après mûre réllexion, ils désignèrent le chanoine Odard Henue-
quin comme devant prendre la place de Guillaume de Taix. Le procès-ver-
bal de cette élection fut dressé par Pierre Dadié, chantre en dignité, lequel
fut aussi désigné pour aller à Sens en demander la confirmation. Mais, le
22 septembre, arrivèrent enfin les bulles do Clément VllI qui firent annuler
la première élection, et Claude Veslier fut immédiatement élevé à la dignité
de doyen du chapitre de la cathédrale.
Celle rivalité donna lieu à un très long procès. Actif, remuant et ambi-
tieux, le chanoine Odard Heunequin qui, pendant les guerres de la ligue,
avait une première fois exercé par intérim la charge de doyen, alors que
chassé de Troyes par le cardinal de Lorraine, Guillaume de Taix s'était
relire à Châlons, ne craignit pas d'accuser ouvertement son concurrent
d'avoir soudoyé contre lui cinquante hommes d'armes. Ceux-ci, affirmait-il,
avaient reçu la mission de pénétrer dans le chœur de la cathédrale pendant
les offices et d'enlever par la force, de la place qu'il y occupait, celui sur
lequel s'était porté tout d'abord le chois du Chapitre, Claude 'Veslier ne
s'émut pas outre mesure de cette terrible accusation et répondit simplement
que, non pas cinquante hommes d'armes, mais dix seulement étaient venus
spontanément n.elire leur épée à son service. Et voici quelle a été ma
réponse, ajouta-l-il nobl-inenl : « J'aimerais mieux mourir que de donner
mon consentement à uu pareil scandale. »
Par la noblesse et l'ancienneté de sa famille, par son âge (Odard Hea-
uequin avait été ordonne prêtre à l'aris en 1381 et devait être d'une quin-
zaine d'années plus âgé que son concurrent), par les dignités dont il avait été
successivement revêtu : syndic du Chapitre en 1586, grand chambrier en
1587, vicaire capitulaire en 1593 à la mort de \i^" Claude de Beaulfremonl,
échevin de Troyes en 1.094, archidiacre de Margerie la même année, enfin
doyen du Chapitre du l'J décembre 1589, jour où il prêta serment entre les
mains de Jehan Dehaull, grand archidiacre, jusqu'au 7 décembre 159-i, date
à laquelle Pierre Damours, conteiiler du roi et superintendant de la justice
et police de la ville et bailliage de Troyes, vint eu personne et en vertu
d'un arrêt obtenu par Guillaume de Taix, réinlégri-r ce dciiiier dans sa
dignité de doyen du Chapitre el le réinstaller au chœur de la cathédrale,
pour tous ces motifs, Odard Ifenuequin avait une certaine iniluence sur ses
collègues. Aussi s'en servit-il adroitement pour intriguer contre Claude
'Veslier.
Au chapitre du mercredi P' novembre 1599, on fit en séance capitulaire
lecture d'une requête que les chanoines se proposaient d'envoyer au roi en
faveur d'Odaid Heunequin el dans laquelle, entre autres choses, il était dit
ceci : « advenant que la trop grande jeunesse et peu d'expérience aux all'aires
[de Claude Veslier] n'y apportassent quelque détriment el préjudice au
bien commun de l'église tant au spirituel qu'au temporel. » On ajoutait
qu'Odard Hennequin avait été primilivemeut installé selon les solennilés
LE PONT DE LA PIELLB A TROYES 667
prêcher le dimauche précédent. M. Dafay, chanoine de la
cathédrale et curé de Saial-Deais, fut aussitôt prié, dans l'in-
térêt du Chapitre et pour la conservition de son droit curial,
de faire à part lui une enquête et d'eu soumettre au plus tôt les
résultats au Conseil.
requises et accouluanées en tel cas, « en la présence de la plus grande partie
des habitants de ladite ville [de Troyes] qui témoignèrent en avoir beaucoup
de contcnlemenl ». On terminait en priant le roi de confirmer l'élection qui
avait élé faite dOdard Heunequin, à Texclusiou de Claude Veslier.
Nicolas Gamusal, alors greffier du Chapitre, fut chargé de dresser une copie
de celte requête et de la remettre entre les mains d'Odard Hennequiu
'< pour luy servir ce que de raison ».
Mais le chanoine Charles Mérille, in ligné, se leva en protestant a qu'il
n'est d'advis que ladicte requeste soyt présentée au roy en la forme qu'elle
est, d'aultant qu'il y a des clauses qui sont contre l'bonneur, suffisances et
capacités de M. Veslier y dénommé ».
L'histoire ne nous dit pas ce qu'il advint de celle requête Fut-elle réelle-
ment présenlée au Conseil du roi? Et si le roi en eut connaissance, jugea-
til à propos de n'y pas répondre et de ne lui donner aucune suite ? Autant
de questions qu'il nous a été impossible d'élucider. Mais une délibération
capitulaire du mercredi 22 mars 1000 va nous faire assister au dénouement
de ce pelii conflit.
Ayant décidé de terminer leur querelle à l'amiable, les deux rivaux, d'un
commun accord, choisirent coir.me arbitres : Pierre Damours, conseiller du
roi en ses Conseils d'Elat et privé, Nicolas Prévost, conseiller du roi et
maître ordinaire de sa Chambra des Comptes à Paris, et Simon Legras,
conseiller du roi, trésorier de France au bureau des finances de Paris. Ces
trois arbitres s'abouchèrent sans relard, et après discussion déclarèrent
comme valide et définitive l'éleclioii de Claude Veslier au doyenné du Cha-
pitre de la cathédrale du "il septembre 1.'k9. Odard lleonequin eut le bon
esprit, cette fois, de s'en remettre à leur décision, et le jour même, « les
mains mises sur les sainclz évangiles " Claude Veslier prêta le serment
accoutumé. Il lui avait fallu plus de six mois pour se faire rendre justice.
Nous n'avons pas l'intention, le cadre de ce petit travail ne le comporte
pas, de suivre pas à pas le chanoine Claude Veslier dans sa longue carrière,
et quand nous aurons dit que le vendredi H avril 1397, la cure de S'-Léger-
sous-Margerie, valante par la mort de Jehan Mallot, lui fut conférée, nous
arriverons de suite à la fin de sa vie.
Vieux et infirme, Claude Veslier avait résigné ses fonctions en faveur de
Nicolas Veslier, son neveu, depuis le 19 février 163^, lorsqu'il mourut le
lundi suivant, 24 février.
11 avait été pendant soixantâ-cinq ans chanjine de l'église de Troyes, et
pendant cinquante-trois ans doyen du Chapitre de la Cathédrale.
Son corps fut inhumé dans la cathédrale, devant la chspelle de la Con-
ception.
Voici un extrait de son testament :
« J'esHs ma sépulture en l'église de Troyes, devant la chapelle de la
(( Conception, et qu'il soit mis sur ma sépulture une tombe de marbre ou
« de pierre semblable à celle du gros aubenistier, sur laquelle seront gravés
(( ces mots :
668 LE PONT DE LA PIELLE A TROYES
Respectueux des droits d'autrui ^ le Chapitre ne permettait
jamais, et sous aucun prétexte, qu'on méconnût les siens dont
il se montrait au contraire très jaloux, et quelle que fût, dans
Credo et expecto carnis resiirrectioneni, peccatoriim remissionem
et i'iiam vinturi nœciili.
Amen.
Ilic jacet Vestier, decanus hiijiis ecclesiœ obiit.
Requiescat in pace.
Arch. de l'Aube (G 1302, f" 73 r»).
Les dernières volontés du vénérable détunt ne me paraissent pas avoir été
sur ce point religieusement observées, car notre Musée possède, répertoriée
sous le n" 180, une pierre tombale de marbre noir sur laquelle est gravée
une épitaphe qui rappelle et célèbre longuement les vertus et les bienfaits
de cet homme de Dieu.
— Louis Vestier, clerc du diocèse de Troyes, docteur en théologie de
l'Université de Paris, avait remplacé, le 2 décembre 1611, le chanoine Guiot
décédé subitement. Il était curé de Saint-Jean-au-Marché lorsqu'il mourut
le lundi 14 juillet 1631. Son corps fut inhumé le mercredi suivant, à huit
heures du matin, dans un caveau de l'église Saint-Jean. Odard Vestier, son
neveu, clerc du diocèse de Troyes, dans la séance capitulaire du 14 juillet
1631, jour même du décès de Louis Vestier, fut accepté par le Chapitre
pour succéder à son oncle dans sa prébende de chanoine.
1. Claude Dufay. Dans ses obituaires (pages 54 et 75), M, l'abbé
Lalore désigne le chanoine Claude Dufay sous le nom de Claude Fay. Nous
ne savons sur quel document M, l'abbé Lalore s'est appuyé pour le nom-
mer ainsi. Quoi qu'il en soit, tout au long des délibérations capitulaires, les
greffiers successifs du Chapitre ont écrit le plus souvent Claude du Fay
en deux mots, comme c'était alors l'usage, toutes les fois que les noms s'y
prêtaient tant soit peu. Tels les chanoines Jehan le Coq, Pierre le Clert,
Louis le Courtois, Pierre le Faure et tant d'autres dont les noms étaient
tout simplement Jehan Lecoq, Pierre Leclert, Louis Lecourtois, Pierre
Lefaure. Il nous est encore arrivé de rencontrer quelquefois Dufay en un
seul mot, mais jamais Foy. Nous pouvons donc nous considérer comme
autorisé à conserver à notre chanoine le nom de Claude Dufay.
Claude Dufay, prêtre du diocèse de Troyes, fit ses études à l'Université
de Cahors où, le 4 octobre 1603, il obtenait le grade de do'cteur en droit
canon. Le 13 juin 1607, Nicolas de Dung, curé de Saint-Denis, ayant remis
sa démission entre les mains du Chapitre, celui-ci le remplaça séance
tenante par Jehan Daultruy, clerc natif de Troyes et bachelier en théologie.
Quelques jours après ce dernier démissionnait à son tour, et c'est alors que
Claude Dufay, bien qu'absent de Troyes, fut désigné par le Chapitre pour
lui succéder. Il prêta serment, en qualité de curé de Saint-Denis, le ven-
dredi 23 novembre 1607.
Le bourg Saint-Denis, dont dépendait le prieuré de Notre-Dame -en-
risle et le Pré-l'Evôque, formait, depuis le xu' siècle, une petite paroisse à
la collation du chapitre de l'église de Troyes, avec droit de juridiction, de
visite et de pension. Au milieu du xviii» siècle, la paroisse Saint-Denis ne
comptait encore que huit (>u neuf cents communiants et était la moins
importante de la ville.
Le mercredi 7 février 1624, Claude Dufay obtint du Chapitre d'être me
LE PONT DE Là PIELLE A TROTES 66Ô
le monde ou dans le cloître, la situation de celui qui voulait
s'en affranchir, riche ou pauvre, gentilhomme ou manant,
ecclésiastique ou laïque, régulier ou séculier, il ne manquait
jamais d'en exiger, même par les voies de justice, la stricte
reconnaissance.
Dans cette circonstance comme dans toutes les autres, la
haute personnalité de Guichard n'intimida pas le Chapitre.
L'enquête entreprise et menée à bonne un par Dufay fit
découvrir la vérité. La permission d'établir chez lui un oratoire
avait été demandée par le propriétaire du Vouldy à l'archi-
diacre de Morayme', neveu et grand vicaire de M?"" René de
Breslay -, lequel, de sa propre autorité, la lui avait accordée,
en possession de la prébende laissée vacante par la mort de Nicolas de Mes-
grigny, évêque nommé de Troyes. Dans un collatéral de la cathédrale, au
côté droit du chœur, on peut encore voir, très bien conservée, sa pierre tom-
bale de marbre noir. On y lit cette simple épitaphe :
Hic Jacet Nicolaus
DE Mesgrigny
Resurrectionem
EXPECTANS. ObIIT
XXIV Ianva. Axno
M.DC.XXIV.
Le chanoine Claude Dufay mourut le 1" décembre 1636 et fut inhumé,
sur sa demande, en l'église Saint-Nicolas. Il fonda à deux fois, moyennant
une somme totale de 1,200 livres, les sonneries du matin et du soir qu'on
appelait à cette époque les « Ave Maria » ou « le bonjour et le bonsoir ».
A la page 51 de ses obit^aires, M. l'abbé Lalore indique le 10 septembre
1631 elle 16 décembre 1637 comme étant les deux dates de cette fondation; à la
page 75, probablement par erreur, il dit le 16 août au lieu du 16 décembre.
Les registres capitulaires nous ont appris d'une façon certaine que le cha-
noine Claude Dufay était mort le jeudi 1" décembre 1636 au matin, et que la
seconde partie de sa fondation avait été définitivement acceptée par le Chapitre
le vendredi 13 janvier 1637. Par autorisation du Chapitre, en date du 7 décem-
bre 1640, une plaque de cuivre dt&tinée à perpétuer le souvenir de cette
pieuse fondation, fut attachée au pilier de la tour, en entrant, du côté gau-
che. Le temps avec ses vicissitudes, les révolutions avec leurs ruines ont
fait disparaître depuis longtemps ce précieux souvenir avec tant d'autres,
hélas 1 que nous serions heureux aujourd'hui de contempler avec respect et
de conserver avec un soin jaloux.
La maison canoniale du chanoine Claude Dufay était située rue de la
Cité, « proche le beau portail ».
1 . M. de Morayme, clerc du diocèse d'Angers et neveu de M^' René de
Breslay, avait été reçu chanoine et archidiacre d'Arcis le 28 juin 1619, à la
mort de Jehan Quinot ; il deviut archidiacre de Sézanne le 27 janvier 1623,
par sa permutation avec le chanoine Courtois. Il fut administré sur sa
demande, en présence des membres du Chapitre, le mardi 31 août 1632
après vêpres, et mourut pieusement le mardi 1 i septembre suivant. Son
corps fut inhumé en la chapelle du Sauveur, à la cathédrale.
2. René de Breslay, originaire de Langres, grand archidiacre d'An-
670 LE PONT DE LA PIELLE A TROYES
oulrepassaul ainsi ses droits au mépris de ceux du Cha-
pitre.
Les chanoines se réunirent k nouveau le vendredi 4 septem-
bre suivant pour statuer sur celle affaire. M"" de Morayme ne
pouvant èlre à la fois juge et partie, fut prié de sortir, ainsi
que le chanoine Douine, syndic du Chapitre et promoteur de
•tertf, abbé de Saint- Serj-'e et de Sainl-Bacchu?, aumônier du roi Ileuri IV,
83' évoque de Troyes, désigné par le roi pour occuper ce poste d'iionncur
cl de conliance dès le mois de mai 16U4, lut revêtu de la dignité épiscopale
d'une façon elfective, par une bulle du pajje l'aul V en date du 18 juillet
lOOo. Le nouvel évêque prêta serment au roi à Foulaineblea;, le \'i septem-
bre suivant, entre les mains d'Euslache de Lys, chanoine et trésorier de
l'é-'iiie de Nevers, couseiller ordinaire et aumônier du roi. Ce fut Pierre
Dadié, chanoine de Saint-l'ierre et grand chaulre en dignité qui, le mardi
ï!0 septembre, par procuration cl au nom de M" René de Breslay, prit
possession du siè^e épiscopal vacant et prononça en présence du Chapitre,
les mains sur IfS Saints Evangiles, le serment suivant : « Ego, I etrus
Dadijé, Heverendi l'atris fienait de Bnslay, Dci cl sanclœ sedis apostu-
licœ graliû Treceiisis episcopi procuralor. juro ad hœc sancta Dei evanylia
me scrvatiiruin jura, pnvdcgia, cousueludnies approbalas et liberlalcs
ecclesiœ Trecensis cl capiluU, Stc me Deus adjuvel el hœc sancla evan-
gelia. »
René de Breslay fut sacré à Paris, en l'église des Bernardins, le 25 sep-
tembre, par Cliarles Morien, évêque d'Angers, assisté des évêques de
Meaux el d'Auxerre Le samedi 22 octobre suivant, les chanoines à cheval
el vêtus « de sutaues et longs manteaux » se portèrent au-devant de leur
nouvel évêque n jusques au bout du faubourg de Saint-Anlhoine ». Après
l'avoir mené « jusques à l'église de la Commanderie pour y faire ses
prières i, le Chapitre le conduisit, suivant la coutume, à l'abbaye de Notre-
Dame-aux-Nonuains où il passa la nuit. Le lendemain, porté sur les épau-
les des qualie barons de la crosse et avec le pittoresque et brillant cérémo-
nial usité en pareil cas, René de Breslay lit sou eutrée solennelle daus son
é"liîe cathédrale. (Lire aux Archi\es de l'Aube, daus le registre G 1298,
page 2o7 et suivantes, écrites de la main de l'historien Nicolas Camusat,
chanoine et greifier du Chapitre, sous ce titre : « C'esl la manière qu'on a
accou'tumé de tenir quaud Monseigneur l'Évesque de Troyes faicl nouvel
temcnl son ctdrée, exlrailte du viel Carlulaire de ievesque de Troyes >., les
curieuses cérémonies observées lors de l'entrée d'un évêque de Troyes dans
sa ville épiscopale (t daus son église cathédrale). Il y avait onze ans, onze
mois el vingt jours que le siège épiscopal de Troyes avail été laissé vacant
par 'a mort de M'' de Beauiiremont, René Benoit, désigné par le roi pour lui
succéder, n'ayant jamais été institué par le pape.
M" René de Breslay rendit son âme à Dieu le 2 novembre 1614, vers les
dix heures du soir. Son oraison funèbre fut prononcée à la cathédrale le
lundi 4 novembre par le (hanoine Nicolas Denise. Le lendemain, tout le
clergé de la ville se rendit à l'évôché pour procéder à la levée du corps de
l'évêquc défunt, lequel fut conduit processioiinellcmeut à la cathédrale et
déposé daus le chœur où il passa la nuit, veillé par des vicaires el des reli-
gieux qui pialmodièreut jusqu'au jour. Le mercredi 0 novembre, après
matines, eut lieu le service funèbre auquel assistèrent toutes les paroisses
Le pont de la pielle a troyes 6ll
l'évêque. Après leur départ, le Conseil délibéra et décida qu'on
demanderait au grand vicaire le retrait de l'autorisation qu'il
avait octroyée sans droit, et qu'on ordonnerait au syndic de
poursuivre devant lajuslice ecclésiastique, le prêtre qui avaitosé
célébrer la messe dans l'oraloire non autorisé du Vouldy ; on
lui recommanderait en outre de signifier à M-' René de Bres-
lay et à ses grands vicaires la bulle d'Innocent IV, afin de
conserver en son intégrité le privilège attribué par elle au Cha-
pitre de l'Eglise de Troyes '.
MM. de Moi'ayme et Douiue furent alors rappelés, mais à
l'étonuement général, sans égard pour les sages ré-olutions
prises en leur absence par leurs collègues, ils refusèrent caté-
goriijuement d'exécuter les ordres du Chapitre. On se sépara
en commentant ce refus inattendu, après avoir décidé de se
réunir ostialim le mercredi suivant, pour aviser aux moyens
de terminer au plus lot cette grave affaire, tout en sauvegar-
dant la dignité du Conseil capilulaire -.
Venant de l'un des premiers dignitaires du diocèse et d'un
officier du Chapitre qui, selon l'usage, avait prêté serment en
acceptant sa charge, un refus d'obéissance était en effet chose
très grave''. Qui pouvait prévoir alors quelles seraient les
de la ville et des faubourgs et les religieux des nombreux couvents avec
leurs croix. La dépouille mortelle du véuérable évêque fut ensuite portée,
par la grande porte du chœur, dans la chapelle Siiule-Mathie (aujourd'hui
chapelle du Sacré-Cœur), po:ir laquelle il avait eu pendant sa vie une
dévotion toute parlicu'ière, et fut inhumée sous raulel « en élernel
repos », nous disent les délibérations capituiaires. Sa tombe en marbre noir
et son épilaphe furent enlevées en 1778 et ne furent malheureu-.ement jamais
remises en place.
1. Cb. Lalore, Carlulaire de Saint-Pierre, page 195 (Bulle n" 208,
1" octobre 1249). Celte bulle du pape Innocent IV avait été déjà invoquée
en (619 par Denis Latrecey, chanoine de la cathédrale et curé de Sainte-
Madeleine et les marguilliers de celte paroisse, contre les Pères de l'Ora-
toire qui voulaient faire construire une chapelle en leur maison (Arch. de
l'Aube, G 1295, f" 13G r°). — Une bulle du pape Innocent IV, datée du
l'' septembre 1249, accordait les mêmes piérogativcs aux religieuses de
l'abbaye de Noire- Dame-aux-Nonnains [Documents sur l'abbaye de ?\olre-
Dame- aux-Nonnains de Troyes, par l'abbé Ch Lalore, page 108).
2. Archives de l'Aube (G 1296, 1° 321 r^).
3. Chaque année, au premier Chapitre général qui suivait la fête des
apôtres Saint Pierre et Saint Paul, les chanoines procédaient à l'électioa
des officiers du Chapitre, lesquels s'engageaient par serment à remplir fidè-
lement les charges qui leur étaient confiées. Ces officiers étaient : un fairi-
cien, un anniversarier, un grand chamhrier, un censier, un officier des
deniers distraits, un officier des gros, un compteur, un greffier, nn syn-
dic, deux juges aux causes ecclésiastiques et cinq auditeurs des comptes.
672 LE PONT DE LA. PIELLE A TROYES
couséquencas de ce conllil ? Grâce à la sagesse des uus el à la
modéraliou des autres, les difficullés s'aplauirenl el les choses
s'arraugèreut beaucoup plus facilement qu'où ne l'avait tout
d'abord pensé. Conseillé probablement par M. de Morayme qui,
tout en désirant conserver vis-à-vis de ses collègues un semblant
d'indépendance, devait avoir à cœur d'atténuer les conséquen-
ces de sa désobéissance et se la faire pardonner ; ou bien
encore, encouragé par quelques-uns des membres du Chapitre
qui, justement épouvantés de» résultats possibles, aimèrent
mieux avoir recours à la conciliation, Guichard du Vouldy se
présenta en personne au Conseil du 9 septembre et vint faire
au Chapitre réuni ses humbles excuses. Il avait commencé,
dit-il, <i de faire célébrer messe en un oratoire capable de tenir
une douzaine de personnes, par permission de M. l'archidiacre
de Morayme, grand vicaire, ne sachant poinct que l'autorité et
consentement du Chapitre deubt intervenir en ce cas ». Et il
ajouta qu'ayant appris le privilège à lui attribué par la bulle
d'Innocent IV, bulle qu'il ignoiait complètement, il le priait
de croire « qu'il ne voudroit rien entreprendre en ce cas, ny
jamais aultremenl, au mespiis de la compagnie, ny qui dero-
gas [sic] à ses droictz ».
Touchés de celte démarche, émus de cette soumission, les
bons chanoines voulurent bien se contenter de cette demi-satis-
faction, oublier l'injure qui leur avait élé faite et ratifier Tauto-
risalion donnée par M. de Morayme, à charge cependant de venir
chaque année en solliciter du Conseil le renouvellement. Au
surplus, et comme condition expresoe, cet oratoire ne devait
servir qu'à M. du Vouldy el aux gens de sa maison K
Nous verrons en effet l'ancien maître d'hôtel du roi, qua-
lifié celte fois par le chanoine Thomas Le Maistre -, greffier
du Chapitre, de commissaire des vivres en Champagne et de
1. Archives de l'Aube, G 1296, f" 324 i". — Dans les actes de l'épi.sco-
pat de François Bouthiilier, évêque de Troyes (1686-1690), ou retrouve
encore la permission de célébrer une messe basse quotidienne dans la cha-
pelle du château du Vouldy.
2. Thomas Le Maistre qui était en même temps membre du Chapitre de
l'église de Troyes et chanoine de la collégiale Saint-Etienne, exerça pen-
dant vingl-et-un ans les fonctions de greffier du Chapitre de la cathédrale,
du 30 juillet 1023 au 28 juin 1644. Il a rempli entièrement de sa main les
registres io-lolios des délibérations capitulaires de Téglise de Troyes, réper-
toriés aux Archives de l'Aube dans la série G sous le.s n°' 1296, 1297,
1298 et 1299. Son écriture élégante et correcte, ses procès-verbaux clairs et
substantiels facilitent extrêmement la lâche de l'historien. Thomas Le Mais-
tre, prêtre du diocèse de Troyes, avait succédé au mois d'août 1615 au
chanoine Edme Le Maistre son parent. Il mourut le 22 février 1646, après
LE PONT DE LA PlELLE A TROYES 673
conseiller en l'élection de Troyes, venir l'année suivante renou-
veler sa demande aux chanoines. Ceux-ci « aiant esgard à la
soubzmission de la requesle et à la recognoissance qu'il faict
de l'autorité capitullaire, déclarent qu'ils ne veuUent empes-
cher ladicte chapelle, bien qu'ils eu ayent pouvoir par bulle
expresse de Sa Sainteté ' ».
Ainsi se termina celte première querelle, prélude d'un
conflit plus sérieux et plus grave qui, quelques années plus
tard, devait surgir à nouveau, à propos de la prétention émise
par le châtelain du Vouldy, encouragé et soutenu, comme
nous le verrons, par le roi lui-même, de construire un pont
pour traverser la Seine, sur un terrain appartenant au Chapi-
tre de la cathédrale.
Vers la fin du xvi'' siècle, le Troyen qui voulait, pour quel-
ques heures, fuir les embarras inextricables et légendaires de
notre vieille cité et promener sa rêverie sur les bords gracieu-
sement ombragés de la Seine, après être sorti de la ville par la
porte de la Tannerie, rencontrait d'abord sur sa route, reliant
les deux rives du ru Oirdé, le pont de Juliy qu'il traversait,
puis s'engageant sur la chaussée du Vouldy, il trouvait bien-
tôt sur sa gauche le moulin de la Pielle, appartenant au Cha-
pitre de la cathédrale, et devant lequel les chanoines avaient eu
la sage précaution de faire construire depuis longtemps une
petite passerelle en bois ^ C'était à celte époque, le seul pas-
sage qui permit au piéton de franchir la Seine, très profonde en
cet endroit, et dont les eaux claires s'engouffraient en mugis-
sant sous la roue du moulin ; c'était l'unique moyen mis à sa
disposition de poursuivre plus loin sa promenade, vers la
Vacherie alors couverte de vignes^, ou vers le riant village de
plus de trente ans de canoaicat, et fut remplacé daus ses fonctions de gref-
fier du Chapitre par le chanoine Michel Goizaud, et dans sa prébende par
Jacques de Lauuay, Son corps fut inhumé dans la cathédrale. La maison
canoniale de Thomas Le Maistre était « sise sous les allours de la place
Saint-Pierre, joignant d'un costé la maison canoniale de M" Huot, chanoine
de ladicte esglise, d'aultre costé celle de M' Perchappe aussy chanoine,
d'un bout à la place Saint-Pierre et de l'autre bout à la rue qui va de Saint-
Etieune à Sainl-Deuis ». (Archives de l'Aube, G 13U0.)
1. Archives de l'Aube, G 1297, f" 60 v.
2. Au mois d'octobre 1635, cette passerelle existait encore ; elle avait
quinze pieds de long sur huit de large. (Archives de l'Aube, G 1297,
fo 179 V.)
3. Ces vignes étaient, eu très grande partie, affectées à des prébendes
canoniales.
43
674 LE PONT DE Lk PIELLE A TROTES
Sancey (aujourd'hui 8aiut-Julien), celle fraîche oasis de la
bauUeuô troyeune.
Eu même lemps qu'il arroudissail son domaine, Guichard
du Vouldy devenait aussi plus exigeant, et celle étroite passe-
relle dont il s'était jus(jue-là contenté comme tout le monde,
ne devait bientôt plus suffire à ses besoins. Ou menait erand
train chez l'ancien maître d'hôtel du roi, toute la belle société
d'alors se donnait rendez-vous dans ses brillants saloua, et lui-
même était fort répandu dans le monde. Aussi, élait-ce avec
peine qu'il voyaiî, les équipages de ses visiteurs et les siens
obligés de faire un long détour pour arriver chez lui, quand la
chaussée du Vouldy lui paraissait si commode pour cela.
Les registres des délibérations capilulaires nous apprennent
que dès l'année 1625, Guichard avait adressé une requête au
Chapitre, en vue d'obtenir de lui l'autorisalion de faire cons-
truire ce ponl tant désiré ; nous n'avons pas vu que les cha-
noines aient donné suite à celte première demande '.
Mais trois ans plus lard, au mois de novembre 1 628, deux
mois à peine avant la première visite du roi et juslemenl en
prévision de l'insigne honneur qui lui était annoncé, le sei-
gneur du Vouldy venait de nouveau solliciter par écrit, du Cha-
pitre de la cathédrale, l'autorisation de faire construire à ses
frais un pont sur la Seine, devant le moulin de la Pielle, « pour
le passage de sou carosseetharnois etpour se renare ainsyplus
commodément en sa maison ei jardin du Pré-l'Évesque ». Il
s'engageait, par contre, à ne pas détériorer, au cours des tra-
vaux, la passerelle existante, à pourvoir à l'entretien du nou-
veau pont, à y faire mettre une barrière fermant à clé pour
s'en réserver l'usage à lui, à ses gens et • à ceulx de Mes-
sieurs qui auroient des héritages et accins adjacens -^ ».
De l'étude attentive, si féconde en enseignements de toutes
sortes, des décisions capilulaires de l'Éghse de 'J royes, il
ressort avec évidence que l'une des plus belles quahlés du
Chapitre, la plus belle peut-être, était une admirable sagesse
basée sur un jugement sain et sur une patriarcale bonté. Les
plus petites choses comme les plus importantes, soumises à
son exanTiCn, sont énoncées clairement, discutées avec soin et
sans parti pris ; ses déci^-ions, tendues sans hâte et empreintes
de la plus stricte justice, sont presque toujours des petits
chefs-d'œuvre de bon sens et de fine diplomatie, assaisonnés
1 . Archives de l'Aube, G 1296, i° 233 v°.
2. Archives de l'Aube, G 1297, f" 172 v.
LE PONT DE LA. PIBLLE A TROTBS 675
parfois d'uu grain de malice champeuoise qui leur douue uue
saveur toute particulière ".
Daus le cas particulier ([ui uous occupe, le Chapitre voulul,
comme toujours du reste, avant de répondre au seigneur du
Vouldy, prendre les renseignements nécessaires, s'entourer
des précautions indispensables qui lui permissent de prendre
une décision en connaissance de cause ; avant loule discus-
sion, il nomme donc une Commission, composée de quatre de
ses membres, avec la mission de voir, pour les consulter, ceux
qui pouvaient avoir, de loin ou de près, un intérêt quelconque
à la construction de ce pont, et particulièrement les meuniers
de la Pielle et de Jaillard, et les fermiers des autres moulins
dont les chanoines étaient propriétaires.
Le 12 janvier 1029 le temps presse, la visiie du roi appro-
che et le Chapitre n'a pas encore répondu à la demande formu-
lée par M. du Vouldy. L'élu Angenoust se présente alors en
personne devant le Conseil capitulaire et réitère la question
posée par son gendre au mois de novembre précédent. 11 offre,
cette fois, de faire construire simplement un pont provisoire
pour la durée du séjour qu« fera Louis XIII dans sa bonne
ville de Troyes et de le faire démolir après son départ, moyen-
nant telle indemnité qu'il plaira au Chapitre de lui demander.
Cette proposition rallia tous les suffrages ; elle n'engageait
en rien le Chapitre et lui laissait ses droits intacts, tout en lui
procurant l'occasion de manifester uue fois de plus sa bonne
volonté envers la personne du roi. Il fut alors décidé que pen-
dant le séjour de Sa Majesté seulement, le seigneur du Vouldy
pourrait, à ses risques et périls, établir sur la Seine « un pont
de balieaux affermi àd quelques planches, aux conditions cy
dessus et non aultrement ^ ».
C'est donc sur un simple pont de bateaux, jeté au travers de
1. Un exemple eulre mille : Le mercredi 12 novembre 1625, Noôl
Feaaudat, maître de chapelle et directeur de la maîtrise (lequel donna dans
la suite pas mal de fil à retordre au Chapitre), se préaentait devant le
Conseil capitulaire, se plaignant qu'un chantre nommé Mathieu Gimart le
querellait et l'injuriait à tout propos « mesmes pendant les chantzde musi-
que ». On fait appeler le chantre en question et ou lui enjoint de « pro-
cedder modestement à peine de congé et rendre audict maistre son
debvoir ». Mais d'autre part, el pour mettre tout le monde d'accord, les cha-
noines exhortent aussi Noël Fenaudat « à vivre dorénavant avec les clian-
tres, afin qu'il y ait bonne simpatie et siniphonie ». L'alFaire s'arrangea
probablement, car Mathieu Gimart était encore chantre lorsqu'il mourut de
la peste, en 1632.
2. Archives de l'Aube, G 12«7, fo 188 V.
676 LE PONT DE L\ flELLE A TROTES
la Seine, à la hauteur des moulius de la Pielle, que défilèrent
le 24 janvier 1629, fièrement escortés par les compagnies de la
milice bourgeoise, les riches équipages armoriés qui condui-
saient à là belle et vaste propriété du Vouldy, pour s'y livrer
aux plaisirs de la pèche, le roi Louis XIII et les brillants sei-
gneurs de sa cour.
» *
Ou sait que Tannée suivante la ville de Troyes eut encore, à
deux reprises, le bonheur de posséder son roi : une première
fois du 23 mars au 23 avril ', et une seconde fois du 25 au 27
1 . Les historiens sont loin d'être d'accord sur les dates d'arrivée et de
départ, mais sur la date d'arrivée surtout, de Louis XIII à Troyes, à sa pre-
mière visite de 1630. T. Boutiot, dans son Histoire de Troyes (t. IV, pages
350-351), dit que Louis XIII fit son entrée solennelle à Troyes le 23 février.
M. Albert Babeau, dans sa notice sur le Vouldy (note n" 1 de la page 5 du
tirage à part), probablement sur la foi de Boutiot, dit aussi 23 février.
CourtaloD, dans ses Annales de Troyes (T. I, page 184), dit 20 mars. Dans
sa Saincteié Chrestienne, Desguerroisdit : «depuis le mois de mars jusqu'au
25 avril. » Duhalle (page 338 du manuscrit de Finot), dit 20 mars. Dans
le t. III (aujourd'hui t. II) de ses manuscrits, f" 266-269, Semilliard dit 13
mars. D'autre part, dans la Revue des Sociétés savantes, année 1865, 4* série,
t. Il, page 34o, nous lisons : « C'est à Troyes que devoil avoir lieu l'entre-
vue des deux frères. Voici en quels termes Bouthillier la raconte à M. de
Césy : « Monsieur (Gaston d'Orléans, frère du roi) est arrivé le 18 mars et
est allé demeurer chez la reine mère ou estait le roy avec la reine et les prin-
ces. »
Nous voici eu présence de bien des dates ; nous craignons fort qu'aucune
d'elles ne soit exacte. Prenons d'abord les registres capitulaires et cher-
chons-y un peu de lumière pour nous guider à travers ce dédale.
Voici d'abord ce que nous trouvons à la date du mercredi 20 mars 1630 :
« Sur ce qui est asseuré que la reyne mère arrive cejourd'huy et la reyne
de France demain et le roy vendredi qui est un jour l'un après l'aultre. »
Or, ce veodredi se trouvait être le 22 mars. Nous voyons encore dans le pro-
cès-verbal du Chapitre tenu le vendredi 22 mars : « M' le chantre est prié
régler le service en sorte que après Pasques la cour qui se lève tard puisse
trouver des messes ordinaires jusques à onze heures, tant que le roy et les
reynes continueront le séjour qu'ils /"ont à Troyes. » Tournons encore quel-
ques feuillets et arrivons à la séance capitulaire du mercredi 27 mars, nous
y lisons : <^ Sur ce que pour ne point troubler le repos des reynes, les mati-
nes n'ont poii;t sonné depuis leur arrivée la sepmaine passée. » C'est bien
clair ; si nous arrêtions là nos recherches, nous déclarerions, sans même l'ar-
rière-pensée d'avoir pu nous tromper, que Louis XIII fit son entrée à Troyes
le vendredi 22 mars 163U.
Mais consultons, pour plus de sûreté, le registre 32 de la série A des
délibérations de l'échevinage {Archives municipales, f° 123 et suivants) et
lisons : « Du conseil tenu en la Chambre de l'eschevinage de ladicte ville
de Troyes le vendredi 27'""» mars 1630, ou estoyent nobles personnes Nico-
las Le Jeune, maire, etc Ledict jour (mercredi 20 mars 1630)
vers les cinq heures du soir seroit la reyne, mère du Roy, arrivée en la
LE PONT DE LA PIELLE A TROYES 677
septembre. Il est permis de penser que c'est mécontent de
n'a\oir trouvé sur la Seine qu'un pont provisoire pour se ren-
dre chez son ancien médecin, et cédant surtout aux pressantes
sollicitations du seigneur du Vouldy, que Louis XIII écrivit à
l'échevinage la lettre dont nous avons pris connaissance au
commencement de ce récit. Mais les droits du Chapitre ne
s'étaient point amoindris depuis l'année précédente; les raisons
ville et reçue à la porte de Belfroy Et le jeudi, 21 desdicls mois
et an, vers les cinq heures, la reyne femme du roy fit son entrée par le
faubourg Saint- Anthoine Et le samedi, 23 desdicts mois et an, sur
l'advis receu que le Roy debvoit cejourd'huy arriver en ceste ville, se
seroient lesdicts sieurs maire et esehevins, conseillers et officiers de ville,
assemblez en l'hostel d'icelle. Hz auroient tost après' esté advertis que Sa
Majesté estoit dans le fauxbourg prosche ladicte ville, se seroient aussytost,
iceux maire, esehevins, conseillers et officiers, acheminez à la porte de
Belfroy où, peu de temps après, ils auroient receu Sa Majesté, selon l'ordre
qu'il luy auroit pieu leur commander estre tenu, »
Ainsi donc, en ce qui concerne les dates d'arrivée à Troyes des reines,
mère et femme de Louis XIII, les registres capitulaires et le procès-verbal
de l'échevinage sont absolument d'accord. C'est bien le mercredi 20 mars
1630 qu'arriva chez nous Marie de Médicis, mère du roi, et c'est bien aussi
le lendemain jeudi 21 mars qu'eut lieu la réception d'Anne d'Autriche, sa
femme. Il n'en est malheureusement pas de même pour l'arrivée du roi lui-
même.
D'une part, la délibération de la séance capitulaire tenue le mercredi
20 mars, annonce comme certaine l'arrivée du roi pour le vendredi 22 ; celle
du vendredi 23 semble dire, avec son indicatif présent : « tant que le roy
et les reynes continueront le séjour qu'ilz font à Troyes », qu'à l'heure
même où le greffier du Chapitre rédige son procès-verbal, les trois personnes
royales sont déjà réunies ; et, d'autre part, le registre du Conseil de l'échevi-
nage rend compte de la réception faite à Louis XIII le samedi 23. Nous ne pou-
vons donc faire autrement, quoiqu'il nous semble cependant bien étrange
que trois jours avant l'entrée solennelle d'un roi dans sa bonne ville de Troyes,
le Chapitre de la cathédrale qui devait avoir été, pensons-nous, officiellement
convoqué pour assister avec les maires, échevins, conseillers et officiers de
ville à sa réception, ait été si mal renseigné, nous ne pouvons faire autre-
ment, disons-nous, sur la foi du procès-verbal mentionné ci-dessuSj que de
déclarer que c'est bien le samedi 23 mars 1630 que Louis XIII vint à
Troyes retrouver son épouse et sa mère,
Courtalon, Desguerrois, Duhalle et Semilliard affirment que le roi, en
compagnie de Marie de Médicis et d'Anne d'Autriche, est resté à Troyes
jusqu'au 25 avril. M. Albert Babeau dit jusqu'au 23. M. T. Boutiot raconte
que ce départ était effectué le 25 à 9 heures du matin. Recourons aux mêmes
lumières.
Voici ce que nous lisons dans le procès-verbal de la séance capitulaire
tenue à 7 heures du matin, le mercredi 24 avril 1630 : « Sur ce que M' le
doyen a faict entendre qu'on a présenté quantité de vin au roy, aux reynes,
à Monsieur son frère et aux seigneurs principaux ministres de l'Estat pen-
dant cinq semaines que la cour a séjourné en ceste ville. » Et quelques
lignes plus bas : « M' Gallant a faict entendre que 1^ porte de l'entrée de
678 LE PONT DE LA PIELLÉ A TROYES
qu'il avait eues déjà, eu 1625 el enlG29, de ne pas répoudre
favorablemeul aux demaudes de Guichar.l, étaient toujours les
mêmes.
Ou ne saurait cependant accuserles chanoines de la cathédrale
de froideur ou d'indifférence envers la personne auguste du roi ;
nous allons les trouver au contraire, à cette seconde visite
comme en 1G29, remplis de délicates prévenances envers Louis
XIII, Anne d'Autriche son épouse et Marie de Médicis sa mère.
Dès le 20 février 1630, aussitôt que parvient au Chapitre la
nouvelle delà prochaine visite du roi, les chanoines f'exhor-
lent mutuellement à rendre à Sa Majesté tous les honneurs qui
lui sont dûs; ils chargent le grand vicaire de lui présenter,
comme c'était alors l'usage, le vin à son arrivée '.
La reine-mère est descendue à l'ancienne abbaye de Saint-
Martin-ès-Aires, le roi et la reine sont logés à l'évèché ; mais
comme la cloche de la cathédrale, qui de grand matin appelle
les chanoines aux matines, pourrait troubler le sommeil des
royaux voyageurs, le Chapitre décide que pendant leur séjour
à Troyes, le sonneur s'abstiendra, même eu la grande solen-
nité du jour de Pâques, d'annoncer cet office au son de la clo-
che". Il venait ainsi en aide au Conseil de l'échevinage qui,
« pour empescher le bruit et passage des haruois », avait fait
tendre les chaînes au travers des rues avoisinantes.
Les chanoines veulent au:5si que tout en se levant lard,
comme elle en a l'habitude, la cour puisse trouver à la cathé-
drale des messes jusqu'à onze heures, et prient le chantre de
régler le service on conséquence ^.
la grande chambre sur la rue a été despeadue, mise en pièces el bruslée
par les gardes irançnises qui y e^tuienl logées pendant le séjour du roy à
l'évescliô. » On le voit, le mercredi 2i avril au malin, à l'hcure ordinaire
des séances capilulaires, le départ du roi élail chose faite ; I^ouis Xill, sa
n:ère el eb femme avaient quille la ville de Troyes. Mais voici enfin un
document plus précis et qui va complètement douter raison à M. Albert
Babeau. C'est une .lélibération du Chapitre de l'église Saint-Etienne datée
du mardi 23 avril 1630. Je la transcris textuellement : « Sur les proposi-
tions faittes Meesieurs voulant délibérer, ont eu advid que Sa Majesté esloit
iur son dépari, ont remis au premier Chappitre leurs propositions et sont
allez saluer Sa Majesté. >; Plus de doute, d'apiès ce qui a été dit plus haut,
c'est bien dans la journée du mardi 2J avril 1630 vraisemblablement dans
l'après-midi ou vers le soir que nos hôtes royaux nous quittèrent.
Nous pouvons, ce semble, maintenant, considérer cette question comme
déCnilivement tranchée.
1 . Archives de l'Aube, G 1297, f» 279 v».
2. Archives de l'Aube, G 1297, f" 287 T".
3. Archives de l'Aube, G 1297, f° 286 v».
LE PONT DE LA PIELLE A TROYES 679
Les reines mauifestent-elles le pieux désir de visiter et de
prier devant les reliques de sainte Mathie et de sainte Hélène;
qu'aussitôt le Chapitre se met en devoir de faire ouvrir les
châsses, et que pour donner encore plus d'éclat ta ce solennel
hommage rendu à la mémoire de saintes dont le culte était
alors si populaire chez nous ', les chanoines, revêtus de leurs
habits de chœur, viennent se joindre à leur évêque et forment
ainsi un imposant cortège, digue des reines et des saintes reli-
ques qu'elles veulent vénérer -.
Les soldats de la garde française qui forment l'escorte de
Louis XIII et sout logés à l'évèché, oui enlevé, mis en pièces et
brûlé la porte de la Grand'Chauiijre qui leur servait de corps-
de-garde ; le Chapitre ne veut pas mécontenter le roi et, sans
se plaindre, il fait refaire et replacer une porte neuve''.
Toutes ces délicatesses, toutes ces prévenances, non seule-
ment ne furent pas récompensées, mais elles ne devaient pas,
comme nous allons le voir, arrêter le roi dans ses projets et
l'empêcher de violer les droits imprescriptibles du Chapitre en
faisant exécuter tôt ou tard les ordres qu'il avait donnés.
La lettre adressée par Louis XIII à l'échevinage était, on
s'en souvient, datée du 13 février 1630; dès le vendredi,
8 mars suivant, le Chapitre apprend que « M'' du Vouldy, en
vertu de lettres patentes obtenues par surprise, veult baslir
un pont proche sa maison et jardin du Pré-l'Évesque, sur les
branchis du moulin de la Pielle, en prenant quatre pieds du
cours de Teaue et six pieds sur les héritages voisins de la
ruelle adjacente'' audict moulin ^ ». Mais eu présence de la
ferme attitude du Chapitre, bien décidé à ne pas permettre
davantage au roi ce qu'il avait, par deux fois déjà, refusé à son
courli?an, il est probable que la Commission d'enquête fit au
Conseil de l'échevinage une déclaration telle que, de concert
avec ce dernier, le roi jugea prudent d'ajourner ses projets.
1. Aux fêtes de Sainle-Mathie et de Saiule-Hélèue qui attiraient à
Troyes un 1res graml concours de peuple, des marchands venus quelquefois
de bien loin dressaient des tables dans la nef de notre cathédrale et ven-
daient des cierges aux lidèles. Cette coutume, qui ne pouvait manquer de
donner lieu quelquefois à des scandales fort regrettables, fut interdite par
l'aulorité capitulaire au mois de mai 1614 (Archives de l'Aubo, G 1294, fo
186 v).
2. Archives de l'Aube, G lif97, f» 293 v".
3. Archives de l'Aube, G 1297, f 294 t".
4. Cette ruelle, qui existe encore, porte aujourd'hui le nom dUmpasse
de la Pielle.
5. Archives de l'Aube, G 1297, f» 283 v».
680 LE PONT DE LA PIELLE A TROTES
Il nous faut aller maintenant jusqu'au 4 septembre 1630,
quelques jours seulement avant le dernier séjour de Louis XIII
à Tro^^es, pour retrouver une délibération capitulaire concer-
nant ce pont qu'un instant on avait pu croire oublié pour tou-
jours, mais pour lequel la lutte allait bientôt renaître plus vio-
lente que jamais.
Sa première tentative avec l'aide de l'échevinage de Troyes
n'ayant pas réussi, Louis XIII va s'adresser à une hiérarchie plus
puissante et faire agir la généralité des finances de Ghàlons. Celle-
ci fait en effet parvenir à Pierre Nevelet \ trésorier de France,
l'ordre de mettre immédiatement aux enchères les travaux de
construction du nouveau pont que le roi désire voir se terminer
rapidement. Pour conserver cependant des apparences de jus-
tice et d'équité, on lui donne le conseil d'appeler chez lui les
principaux intéressés et de prendre note de leurs réclamations-.
Les chanoines de la cathédrale devaient être les premiers à
se présenter chez Pierre Nevelet, et le samedi 22 septembre,
sur les neuf heures du matin, quatre délégués du Chapitre se
rencontraient au Pré-lÉvêque avec l'élu Angenoust, Guichard
du Vouldy son gendre, et le trésorier de France. Après un
examen attentif de l'endroit où l'on se proposait d'établir le
pont projeté, les chanoines délégués rédigèrent et déposèrent
le jour même, sur le bureau du Chapitre, un procès-verbal
dans lequel étaient brièvement indiqués les principaux incon-
vénients qui devaient en résulter pour lui et l'empêcher, par
conséquent, de donner son adhésion aux projets du roi :
f Attendu, disait ce procès-verbal, que par ce bastiment
deviendroit commun le chemin qui va du pont de JuUy '
1. Pierre Guac de Nevelet, seigneur de Dosches, conseiller du roi, tré-
sorier de France et général des finances pour la Champagne, mourut à
Troyes en 1640 et fut inhumé à Saiut-Nizier, au pied de l'autel de la
Sainte- Vierge. Voici l'épitaphe que nous lisons gravée sur sa pierre tom-
bale : « Soubz ceste tumbe sont inhumez les corps de M" Pierre de Neve-
let, con" du Roy en ses Conseilz, tréso"' de Frace (sic) Gén" de ses finan.,
Grand voyer et juge ord" de son domain" en Champ'», esc" seig-'de Dosehe
et du Kusseau, lequel décéda le XIII aoust 1640, et de dame Françoise de
la Grange, son espouse, decédée le cinquiesmo avril 1639. Priez Dieu pour
eulx. » Pierre Nevelet était le parent du chanoine Louis Nevelet, docteur
en théologie et archidiacre de Margerie, lequel, étant jeune chanoine et
encore étudiant à Paris, avait respectueusement dédié au Chapitre de
Troyes sa thèse soutenue en Sorbonne le 13 août 1610. Pour lui prouver sa
satisfaction et sa reconnaissance, le Conseil capilulaire ordonna au grand
chambrier de faire parvenir sans retard soixante livres au jeune étudiant.
2. Archives de l'Aube, G 1297, f» 329 v.
3. Le pont de JuUy était lui-même la propriété du Chapitre, car nous
LK PONT DE LA PIELLE A TROTES 681
audit moulin de la Pielle, lequel néanmoins appartient priva-
tivement à tous autres ; que d'ailleurs il faudroit restrécir la
grande grange à escorces', lesquelles seroient exposées au
pillage des passans ; qu'il faudroit aliéner partie du verger du
molin pour servir d'aisances et que les arches qu'on y dressera
arresteront le cour de l'eaue au préjudice dudit moulin et de
icelluy de Jaillart'*. i Autant de raisons suffisantes, on le voit,
pour tout propriétaire soucieux de ses intérêts, de s'opposer
énergiquement aux empiétements d'un voisin sans gêne, ce
voisin fût-il un grand de la terre, soutenu par la toute-puis-
sance d'un roi.
Mais sans tenir aucun compte des justes observations du
Chapitre, Pierre Nevelet mit au mois d'octobre suivant les tra-
vaux en adjudication, déclarant ouvertement qu'il serait passé
outre à l'opposition formée par les chanoines de la cathédrale.
Ceux-ci, avant d'entamer un procès, veulent encore « veoir
sur les lieux s'il y auroit moien, sauf les intérêts du Chapitre,
bastir ledit pont au dessus, devant ou dessoubz ledit moulin
de la Pielle ' » ; ils réfléchissent longuement pour savoir enfin
s'ils donneront leur adhésion ou s'ils persisteront dans leur
refus et font preuve, en un mot, de la plus grande bonne
volonté en conseillant d'établir ce nouveau pont au-dessous
du moulin, « sur un guey qu'on prétend estre public * ».
Pour s'opposer efficacement à la construction du pont pro-
jeté, écrit-on de Paris au Conseil capitulaire, en réponse à une
demande de renseignements, il faut pouvoir justifier que le
Chapitre Saint-Pierre est seigneur foncier et haut justicier du
lieu et de l'emplacement sur lequel on a l'intention de l'édi-
fier ; il faut détailler et estimer d'une façon précise « les diffi-
cultés et incommodités qui empescheront le moulin d'agir si
bien qu'au passé ». Pour obvier à un inventaire et éviter une
expertise que la Cour ne manquera pas d'ordonner, on lui
donne en outre le conseil de procéder sur les lieux à une seconde
lisons dans les délibérations capitulaires, à la date du vendredi 31 août
1612 : « A esté donné pouvoir à Messieurs le doien et archidiacre d'Arcys
de composer et marchander à quelques ouvriers pour restablir le pont de
Jully. » (Archives de l'Aube, G 1294, f- 107 v.)
1 . Cette grange avait été construite par Enoch Michelin, ancien meu-
nier de la Pielle. Au mois de décembre 1602, le Chapitre la louait, moyen-
nant une redevance annuelle de 4 livres, à un nommé Guillaume Soucin,
maître tanneur.
2. Archives de l'Aube, G .1297, f» 333 v.
3. Archives de l'Aube, G 1297, f» 337 r».
4. Archives de l'Aube, G 1297, f» 338 v°.
6S2 LE PONT DE LA PIELLE A TROYBS
visite, « parties appellées, présentes et défaillantes, en pré-
sence de l'autorité du juge voial ordinaire de Troyes, et à sou
defiPault, en présence des juges de la justice du Chapitre ' •.
Ce ne sera qu'après toutes ces précautions prises, qu'après tou-
tes ces formalités remplies, que le Chapitre pourra faire par-
venir ses plaintes directement au roi en lui demandant d'ap-
pliquer la justice et de faire respecter ses droits.
Nous devons croire que ces nouvelles récriminations demeu-
rèrent, comme les précédentes, sans résultat, car le 14
mars 1031, nous voyons le Conseil capitulaire donner enfin
l'ordre au syndic du Chapitre de mettre « au roolle la cause du
pont qu'on veult construire sans sou consentement et contre
sa volonté " ».
Si le Chapitre de la cathédrale veillait à ses intérêts et récla-
mait impérieusement, mais sans succès, l'application à son
égard du simple droit commun, Guichard, de son côté, ne
restait pas iuactif. 11 était arrivé, nous disent les décisions
capitulaires, à intéresser à sa cause les habitants de la Vache-
rie et du Pré-l'Évêque, les meuniers de Sancey, de la Rave et
de la Moline, et à leur persuader d'introduire au Parlement une
requête demandant la construction d'un pont sur la Seine, au
Vouldy ; ce pont leur était devenu d'une utilité incontestable
pour se rendre en voilure à la ville, avec laquelle ils étaient en
communication journalière el forcée. Comm'i il fallait s'y
attendre, présentée au Conseil du roi, cette requête fut prise
immédiatement en considération, et l'arrêt rendu en faveur
des signataires fut signifié au Chapitre le mercredi 2 mai 1631.
Le vendredi suivant, sans plus larder, le chanoine Chàtel,
syndic du clergé, Bonaventure Bailly ', grand maire du Cha-
pitre, et Louis Bareiou, procureur fiscal, se rendirent dans la
matinée à la Vacherie, où ils rencontrèrent les habitants préci-
sément assemblés pour s'entretenir de leurs propres affaires.
Lecture leur fut faite immédiatement de la requête introduite
en leurs noms au Conseil du roi, de l'arrêt qui en avait été la
1. Archives de l'Aube, G 1297, (" 341 r-,
'l. Archives de l'Aube, G 1297, f" 365 v°.
3. lionavenlure Bailly, uvocal à Troye?, avait été institué grand maire
et bailli du Chapitre d.j Troyes, le. mercredi 13 février 1601, en remplace-
ment de Uallb«zar Bailly, son père, démissiounaire en sa faveur, « à charge
de garder, conserver et maintenir envers et contre tous, les droits du Cha-
pitre. » (Archives de l'Aube, G 1293, f" 18 v*]. — Ballhazar Bailly avait
lui-même succédé, le 2 juic 1M87, à son père Thomas liailly, lequel avait
été, lui aussi, pendant plus de quarante ans, grand maire et avocat du Cha-
pitre (Archives de l'Aube, G 1290, f" 178).
LE PONT DE LA. PIELLE A TROYES 683
conséquence, lequel avait été signifié au Chapitre le mercredi
précédent. Puis interrogés séparément, à Texceptionde quatre
qui signèrent « un papier à eulx [)résenlé par le serviteur du
sieur du Vouldy sans sçavoir bonnement qui estoit », tous
déclarèrent qu'ils n'avaient chargé personne de présenter une
requête au roi, ni à plus forte raison de provoquer du Pnrle-
ment de Paris un arrêt en leur faveur '.
Après la lecture du procès-verbal de cette vi>ile aux habi-
tants de la Vacherie, les chanoines chargèrent M. Forest,
avocat du Chapitre, d'obtenir du Parlement la non exécution
de l'arrêt prononcé contre eux, « comme estant rendu sur un
faux exposé et surprenant la religion du Conseil - ».
Fort de la protection du roi, agissant peut-être d'après des
conseils venus de Paris et de la cour, Guichard du Vouldy
avait- il réellement présenté au Parlement une requête appuyée
de fausses signatures, ou les habitants de la Vacherie (qui
auront toujours contre leur sincérité l'immense commodité,
qui devait résulter pour eux, de la construction d'un pont
devant le moulin de la Pielle) s'élaient-ils concertés pour ne
pas avouer la vérité au Chapitre, seigneur du lieu 2, dont ils
pensaient avoir à redouter les représailles? Nous ne saurions
le dire. Quoi qu'il en soit, il est visible maintenant, même pour
les moins clairvoyants, que le Chapitre était le jouet et la vic-
time d'une machination à laquelle, nous le savons, n'était pas
étranger Louis XIII, contre l'autorité toute-puissante duquel
devaient aller infailliblement se briser toutes les démarches,
toutes les récriminations, toutes les suppliques des chanoines
de la cathédrale.
Nous allons en effet pouvoir constater ensemble, dans la
suite de ce récit, que sans égard pour sa propre dignité, contre
toute justice et au mépris des droits du Chapitre, le roi ne
craignit pas d'avoir recours au mensonge pour voir aboutir ses
1. Archives de l'Aube, G 1297, f" 375 r".
2. Archives de l'Aube, G lz97, f» 375 v".
3. Une délibération capitulaire du 19 décembre J601 nous apprend que
le Chapitre se servait, pour chacune de ses terres et de ses seigneuries, d'un
sceau dont il nous donne lui-même la di?positiou : « Messieurs ont ordonné
que pour chascune des terres et seigneuries appartenant à ce Chapitiesera
faict fabriqué ung scel aux armes d'icelny, pour sceller les sentences, com-
missions et aultres actes et expéditions de justice es dictes seigneuryes, et
ledict scel mis en la garde des oi'liciers d'icelles, autour duquel scel, avec
nom de la seigneurye, seront gravez ces mois : scel du Chapitre de Troyeg
pour N , . . »
684 LK PONT DK LA PIELLE A TROYES
projets, faire exécuter ses ordres et donner ainsi satisfaction
à son ancien maître d'hôtel, son protégé.
Le vendredi 23 mai 1631, on venait en toute hâte avertir les
chanoines assemblés, que malgré leurs oppositions successives,
sans même attendre l'arrêt du procès pendant au Parlement,
des ouvriers étaient occupés à enfoncer des pieux dans le Ht de
la Seine, pour y asseoir les premiers fondements du pont contre
la construction duquel il avait protesté jusque-là avec tant
' énergie.
[A suivre.) Edmond Fugez.
Glossaire du Mouzonnais*
Taule, s. f., table (à la frontière).
Dame Morgue et se compaignie
Fust ore assise a ceste taule.
(Rutebeuf)
Esgardes, li taule est ja mise.
(Jus de la Feuillie)
On nous embleroit nos calices
Devant nous à la taule Dé.
(Ordène de chevalerie)
Une grant gâte (jatte) demanda
Sur une taule l'adenla.
(Marie de France)
L'honneur n'a ren que la paraule
Que vau mays qu'argent dessus taule.
{Seigne Peyre)
Se assis estes a grande taule u petite.
{Li ars d'amour)
Tavelé^ adj., marqué de taches (de rousseur), tacheté.
Li cuirs de noz jambes devenoit tavelés de noir et de terre.
(Joinville)
Tavelures, s. f., taches (de rousseur), éphélides ; taches de son
ou bran de Judas.
Taviage, s. m., cloison légère, provisoire, que l'on édifie pour
séparer une chambre en deux.
Té, P. p. du V. être, été : J'ai té à Paris. — Quand les blés
ant TÉ cilés, on les ai lo-iiest pis ons ai ramo-iie les gerbes. —
A la frontière, on dit slu : Ja-Batisse! il ai stu moût malade,
taijez ! — C'est l'ancien participe estu de eslre, qui étant de la
conjugaison en re devait avoir son participe en u; au contraire,
été vient de ester qui, pour être très voisin de estre, ne se con-
fond pourtant pas avec lui.
Il corirent devant le fortereche de Bosenove et sturent
longuement là.
(Jean de Stavelot)
* Voir page 562, (ottie X de la Revue de Champagne.
é86 OLOSSÀIRB DU MÔÙZONNAtS
Teillette, s. f., instrument servant à leiller le chanvre, et que
nous nommons plus ordinairement récoussette. — Le tiiia
latin désigne la partie souple de l'écorce des arbres, du chanvre,
avec laquelle on fait la corde, les nattes, — Est-ce de là que vient
le nom propre Thilloy, à Thelonne et environs, et celui du village
de Thilay?
Teind(r)e, v., teindre. — J'ieins, j'teindans ; — j'taindos —
Jai Icindu — A leindant. — C'est pendant qiiil /teindans les
uiés.
Teindrie, s. f., teinturerie, teinture.
Teindu, adj., teint, teinte. — C'est d'ia lain-7ie tkindue.
Télier, tellie(r), toilie(r), s. m., loiiier, tisserand, qui
fabrique de la toile. L'ancienne prononciation lcUiei\Ta.ve aujour-
d'hui, s'est conservée dans le nom propre TeUier, LetcUier, très
fréquent.
Des ])ouquerans et des telles do colon, on doit prendre
dou C, VIll besans.
(Assises de Jérusalem)
IL convient que leliers face toille à nappes.
(Ordonn. de Reims, 1378)
Et se tcliers tissoit tiretaine ki ne fust boine. ....
{Recueil Taillar, 1245)
Telle, s. f. — Voyez Taile.
Témougnage, s. m,, témoignage.
Témougnie(r), v., témoigner.
Ten, pour Ion. — Confer. nien ou mon, sen ou son. — On
dit : Cn^est mi t'n affaire.
Tenab(l)e, tenaule, adj., lenable.
Tenderie, s. f., série de pièges pour prendre les oiseaux, le
gibier. — Upere Chapellier ai '/t belle tendeuie de grives.
TendeuB, s. m. Celui qui tend des pièges pour les oiseaux,
oiseleur.
Cacheux, pèqueux, tendeux,
Trois métiers do gueux.
(Vieux prov. picard)
Tend^rje, tade, v., tendre. — A cinq heures, j'avains tadu
pus d' cent- cinquante lacs.
GLOSSAIRK DU MOUZONNAIS 687
Teiii(r), t'ni, v. — J'tins, j'tenans — j'iénos, j'tenains ; —
j'iiiirai ou leiirai — J'iinros ou leuros. — A t'nant ou tenant.
Tous les composés, conlenir, détenir, maintenir, obtenir, rete-
nir, soutenir, appartenir se conjuguent sur tenir. — Kt il
eu est de niènie de venir et ses composés.
Cous qui Icnront Stonne et Chymineri.
(Charte de Maisoncelles, 1262)
En doaire tenrront la moitié do Pertes et de Tannion.
(Cariulaire de Helhel^ 1246)
De vos tinra sa lorre et toi son chasement.
{Quatre (ils Ayinun)
El les Dames qui chaslée tenront.
(Châtelain de Coucy)
Si fus surpris de sa biauté
Que loiaulé li créantai :
Si li tenrai.
(Perrin d'Angecourt)
... Ou se ce non, on le lenroit pour toujours adjourné.
(Chron. de Valenciennes)
Il leur jura sur sains qu'il a bonne foi tênroif les conve-
nances.
(Villehardouin)
Je doy prendre le serment du Roy que il tenra les usages,
Iranchises
(Aveu de Mutry, Mouzon^ i369)
Tenre, adj., tendre. — . 4 /j. / i n'est mi tenre poii(r) ses
afants, cti-ià 1
Si me deuscies chérir et norrir en voslre amour, quoiq'ele
lust tenre et novele.
(Bestiaire d'amour)
Je cuidai tenir un froumage
Si senti-je tenre et mole.
(Robin et Marion)
La pucele — Qui estoit grasse, lenre et biele.
(Fabliau, Meunier d'Arleux)
Primaut a de la huche trait
Le pain, le vin et la char tenre.
(Rom. de Renart)
Tenremat^ adv., tendrement.
Tenrement en plora.
(Cygne)
Qu'el ne souspirt plus tenrement.
[Amadas et Ydoine)
688 GLOSSAIRE bu MOUZONNAIS
Elle ploroit moult tenremant.
(Dolopathos)
El plusieurs hommes et femmes se jetlièrenl a ses pies
tenrement plorant.
(Froissart)
Tenrement pleure li guiton.
(Blancandin)
Si en ot moult grant pitié et plora moult tenrement des iaus.
(Saint Graal)
Tenreur, s. f., tendreté, tendresse.
Quant nosire gent virent ce saint leu, moût en furent lié,
et granz tendreurs on orent à leur cuers.
(Guill. de Tyr)
Veuillez par vostre douçour — Et tenrrour —
Moy remettre en vostre tour.
(Eust. Deschamps)
Termine, s. m., trimestre. — Période déterminée de temps.
On lit dans le cahier de Jean Tobie, maître d'école à Chaumont
en l'740 : « Pour garder des brebis, par chaque termine on donne
deux sols, neuf liards, et deux sols six deniers suivant la quantité
de brebis, plus ou moins. »
Et cist XXXVI lib. sont a paier a trois ans, a ceste pre-
mière feste tos sains VI lib. et al candeler après VI lib. et
autretant à ces termines cascun an duska trois ans.
{Rec. Taillar, 1226)
Baudoins vesqui son termine.
Tant qu'il fust mandé à vermine.
(Estoire de la guerre sainte)
Terris, s. m., sorte d'aire faite de béton ou débris de pierres
(écofiesj, chaux, mortier ; — employée surtout dans la maison
(cuisine), ou à la grange.
Tertous, tretous, tourtous, pr. ind., tous, tout le monde.
— J'nous a r'n irans tourtous asanie.
On souloit venir tournoiier
En France de trestous païs.
(Roman de Hum)
Terziau, treziau (Voy. ce mot). S. m. — Tas de treize
gerbes ainsi posées horizontalement sur le sol : deux de même
sens, et une entre deux en sens contraire ; puis sur cette sole^ et
en travers, une pile de 4, 3, 2, 1, avec les épis tombant du même
côté. — On a vu que lialerzeler signifie former les terziaus.
Fardeiez (petits liens) a lier trosiax.
{Dit des cordiers)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 689
Tête-épaules (porter à), expr. à califourchon sur le cou et les
épaules du porteur. — Dans le nord des Ardennes on dit : à
Armincllc. On sait que l'hermine, fourrure, s'enroule autour du
cou ; et l'on peut aussi remarquer que de ce côté est le pays des
Arminiaux (Voj. Erminiaus).
Tête et pointe, s. f. Jeu d'enfant qui consiste à lancer un
couteau, d'une position plus ou moins singulière, de manière qu'il
s'étiche, c'est-à-dire pénètre par la pointe dans un obstacle où il
peut entrer.
Têteron, s, m., têtière, pièce de l'habillement d'un cheval.
Teu (le, la) ; Teus (les), pronoms dém.^ celui, celle ; ceux. Au
féminin, on dit quelquefois la celle, les celles. — A la frontière et
sur la Chiers, on dit plutôt lu steu (de celui).
Cette expression est probablement l'emploi de l'ancien tel, tex,
TECS, cas sujet singulier ou régime pluriel. — On doit peut-être y
voir aussi un reste de l'ancien usage qui accolait l'article au pro-
nom : LE uiEM frère, la vostre merci, et a pu faire dire les iceux. —
Vinrant les teux qui vaurant, viendront ceux qui voudront. —
Dans un dicton du pays, on parle ainsi : Les cloches du Nou-ïe
(Noyeî'sJ saîitd'bos ; les TEvxd'Wad'hincou(ri) sant de cuir. —
Et encore : Au Buire ! au Su ire ! les teux qui n' vinrant mi
arant la fuire.
Neporquant il i a assez de teus qui sont convoiteus de la
viande (nourriture) corporel.
(Serm. de Maurice de Sully)
Nejà ne seroit teus que il l'osast encontrer ne attendre.
(Chron. de Rains)
Quant li rois entendit teus parole.
(Id.)
Et les peuples de teus manières
Qui n'en unt lei.
[Chron. Ducs Norm.)
Teus quide avoir amie
Qui point n'en a.
(Pieres àe CorbieJ
Tu, hom ki es teus
Ke tu as grant terre à baillier.
(Renart le Nouvel)
. . . Teus au main sue
Qui a viespre a froit.
(Couron^ de Renart)
Sui-je donc teus qui doie guarder si saintisme chose et tel
veissel ?
(Perceval de Robert de Bovron)
44
éÔO GLOSSAIRE DU MOUZONNAtS
Teumer, v., tomber. — Voy. Tutner.
Teuriau, teurai, torai (eu bref], s. m., taureau. — Vieux
français toriaus et lorel en déclinaison. — Il y a, à Raucourt,
l'Pré don Teurai.
Et si n'oubliez pas les oes
Ne vaches, ne toriaus, ne beus.
[Chron. de S' Magloire)
Nuls bouchiers nu porra tuer depuis Pasques jusques à la
St-Remi aucunes brebis, ne aucuns moutons couillus, ne
tcriaus, sur X. s.
(Ordonn. de Reims, 1378)
Taurus, torel.
{Gloss. rom. lai.., XV^ s.)
Theloune, tloune, cloune, clôugne, s. pr, Tbelonne, nom
d'uu village (< leloniuni », comptoir, bureau de recette).
Thelounie(r), tlounie(r), clounie(r), s., habitant de Tbe-
lonne.
Ti, pron. pars., régime; toi, te. — A Raucourt, on prononce ic.
Ke tu cousencenols soyes de reconcilier a ti la grâce do Dieu,
{Sermon S^ Bernard)
Mai comment serai sans ti.
(Adams li Boçus)
Oncques d'Arras bon clers n'issi
Et tu le veus faire de ti.
(Id.)
Fa tant ala de vii à ti.
Qu'il vint dusqu'à Bleopalri.
(Cléomadès)
Amis, Dieu benéie ti !
(Blancandin)
Frans roys, dist la royne, par Dieu^ je viens à li.
{Baslars de Buillon)
Che fu por nos, ce ne fu pas por li.
(tluoîi de Bordeaux)
Plus ne me plaindrai de ti
En tout le temps de ma âge.
(Bcrgerete chantée, Ane. Textes)
Sathan trop avons fait i)0ur ty.
(Moral. Mauv. Riche et Bon Ladre)
Veiz Baligant qui après tei chevauche.
(Chans. de Roland)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
691
Chascun jor préun Dieu pur tei.
(Thomas le martyr)
Tien, pr. poss. masc. et fém. — T'ai ma bourse, donne mû la
TIEN. — T'ai(s) iu les affaires dû la mère, j'arai les tie.ns.
Tigne, s. f., teigne, — Cuscute, qui pèle les trèfles et luzernes
(oonvolvulacée).
Je guaris la mauvaise Ligne.
(Varlet à louer)
Poux, puces, lantes et vermines,
Bosses, clos, roignes, tranchoisons,
Sausse flamme, la toux, la ligne.
(Eust. Deschamps)
Tant plus croist ligne et plus est grefve.
(Sccrels et Loix de mariage)
Je vorroie qu'il heul la ligne.
Quant les vigueurs ainsi apresse.
(Guerre de Metz)
Tinnia, teigne.
{Gloss. rom. lat.^ XV^ s.)
Tigneux, adj., qui a la teigne. — Le village ardennais Vil-
lers-le-Tilleul s'est appelé jadis Villers-le-TiG^^vs.
^ière pileuse fait sa fille ligneuse.
(Lepeintre de Reims)
Rongneux^ ligneux^ coquin et papelart
Vous me direz qui a mangé le lart.
(Eust. Deschamps)
Mes un ligneux vouidroit que tous fu&sent comme luy
(Voy. d'oultremer en Jhérusalem)
Que ligneux ert, bien l'a véu.
(Castoiement)
Tinnosus, tingnenx.
[Gloss. roman latin, XV^ s.)
On ne peut guérir un ligneux.
(Secrets et loix de mariage)
Ti-iu, tu-iu, s. m., tilleul.
Tirepie(d), s. m., tirepied.
Tirer à la brochette, c'est tirer au fétu, à la courte paille.
On fait usage de deux brindilles inégales de bois, à'desbrochelles.
Tireus, s. m., tireur. — Edouard Tu-iot élol in bon tireus.
692 GLOSSAIRE DU MOUTONNAIS
Tiroi(r), s. f., tiroir. On dit aussi la tiroire.
Tirpoint, s. m., tiers-point.
Tisain-ne. s. f., tisane.
Tisse, tisserie, s. f., le métier de tisseur; — le corps des tis-
seurs, — La TISSERIE balle dûpuis in bon moumenl ; — On arot
bin niélie(r) qu'la tisse reprend.
Tisseus, s. m,, tisseur, celui qui tisse le drap.
Je dis que li lissier
Ont lo plus bel mestier
Que hom faire lo porroit.
(Dit des Tisseranz)
Tissie(r), v., tisser.
Tiule, tule, s. f., tuile. — In toit couvert en tules. — Frois-
sart emploie le mot tuillol^ que nous avons comme nom propre.
Item la rente des lieules qui vaut environ siis milliers de
tieulte.
{Cartul. de Rethel, 1322)
Tegula, tieule.
(Gloss. rom. lut., XV» s.)
Et j'ai souvent fait en un val
Sus deus tieuletles un moulin.
(Froissart)
Togeard, Togeâ(rd), s., habitant de Toges.
Tô-ïe, s. f., laie (d'oreiller), sac à plumes pour le lit. — C'est
l'ancienne forme. — Le vieux mot toaille, toiiaille signifiait ser-
viette, nappe, gaîne ; et l'on a employé souille avec le même
sens.
Item, sept toyes de cendal pour carreaus à fleur de lis.
{Inv. Clém. de Hongrie)
Pour la façon de 6 toyes à orilliers.
{Comptes de l'Argenterie du roy, 1387)
Toutes les plaies lui essuie
D'une toaille assoz plus blanche
Que noif neigée sur la brauche.
(Gautier de Coincy)
Ains a en la sale trovée
La table mise et la touaille.
(Messire Gauvain)
Toilie(r), s. m., loilier, ouvrier qui tisse la toile. S'est pro-
noncé longtemps Tellier, mot resté nom propre.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 693
Le reste dudit village (Cliaumont) sont manouvrier, tis-
seur en draps, toillij, sieur de Long, filleur de laine et cha-
ron.
(Cahier de Jean Tobie)
Toilette, s. f., le diaphragme. — // ai fai(t) in si gro(s)
effort qui s'ai déchiré la toilette.
Tôlie(r), s. m., tôlier, ouvrier qui travaille la tôle.
Tolli(r), V., enlever, prendre, ravir, voler. — Ne s'emploie
qu'à l'infinitif et au participe passé tollu : — EU'l ai droit à 'n
place das les bureaux : ça, on n'sarot li tolli(r).
Les seigneurz d'icelles vouloient tollir franchise à leurs
subjectz.
(X V joyes de mariage)
Les héritages a renduz
Que si dui gendre orent toluz.
(Roi Lear)
Tant avoit tolu et hapé
Qu'au derrenier est attrapé.
(Godefroy de Paris)
Uns siens frères li avoit tolu l'empire.
(Li estoires de Coustantinoble)
• I- rois li veut tolir sa terre.
(Blancandin et l'orgilleuse d'amour)
Topin, s. m., vase à boire. — De topette, ûole^ flacon ou tupin^
tirelire.
Ton, adj. poss., ordinairement remplacé part', tu, t'n,el quel-
quefois, comme jadis, par ten. — Voy. Mon et son.
Le signe gracieux de ten estracion (dii t'n estraccion).
(God. de Bouillon)
Thomas met ten doi ou liu de mes clofichures.
(Serin, de Maurice de Sully)
Tonde, s. f., tonte. — Jii n'sarans v'pai-iie(r) qu'à la tonde
des berbîs.
Tond(r)e, v., tondre.
Toquer, v., frapper, heurter. — N'tu laisse mi faire, là! toqde
dûssus. — On toqde à l'huche.
Toquet ou tuquet, s. m., se dit d'un enfant gros, ou plutôt
ayant une grosse tête, et de taille courte, — Lourdaud,
694 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Torai. — Voy. teuriau, s. m., taureau, anc. torel.
Et ce que ge di de morel
Di-je de vache et de torel.
(Rom. de la Rose)
Taurus, ri, torel.
(Voc. lai. fr.j Xlll^ s.)
Thorai, Taureau.
(Roquefort, Glossaire)
Que nous avon ci un torel
Et une vache et un veel.
(Rom. de Renart)
Torcau^. torcou, s. m., espèce d'oiseau, de l'ordre des grim-
peurs, dont un geste consiste à tordre fortement le cou (tord,
tors, tordu ; col, eau, cou).
Quand le comte Henri de Lancastre au Tors-col eut parlé...
(Froissarl)
Torchacu, s. m., papier, chiffon sans valeur autre que celle
qui provient de l'usage qu'il indique.
rorchie(r), v., torcher, essuyer. — P. p., t07'chie.
Coument du sang Jhesu ala ses ious torchier.
(Bastars de Buillon)
Bien II ont les genbes torchies.
(Rom. de Renart)
Torcion (de pomme), s. m. Ce qui reste, queue, pépins^ etc.,
la pomme mangée. — Les habitants de Torcy, faubourg de Sedan,
ont reçu le sobriquet de Tordons.
Tordoue, s. m., tordoir (tordouer).
Tord(r)e, v., tordre.
Torti-iie(r)_, v., tortiller.
Tortu-iau, s. m., objet tortu, comme une tige de plante,
d'arbre.
Torti-ion, s. m., tortillon, l'objet tortillé: paquet de cheveux
tortillé (non tressé) pour le chignon.
Toubaque, s. m., tabac (à la frontière).
Touchatout, s. m., indiscret, qui touche à tout, qui s'occupe
de tout (surtout de ce qui ne le regarde pas).
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 695
Touchie(r), t., toucher. — P. p., touchie.
Ce qui cy dessouliz sera touchie.
(Privil. Lombards Mouzon, 1379)
Contre chacun il'eulx en tant que touchier luy peuU.
{Coust. de Vermandois, 1448)
Mais Honneurs n'i lessoit touchier
Ne Loiautez ame qui vive.
(Watriquet de Couvin)
Et meismement je croi bien touchier sor les livres que
maistres Gauthiers Maup fist.
(Tristan)
Toudis, adv., toujours (di, dies, jour; tous). — A la frontière.
Tu veus toudis estre batu.
(Robin et Marion)
Languir aim mieux tondis.
(Perrin d'Angecourt)
Adecertes les sacrifices sont tous dis devant moy.
(Psautier)
Mais heures et fortunes le portèrent toudis.
{Du Guesclin)
Et son sac estoit tousdiz plains
De rudes parolles
(Alain Charlier)
Comme faisoit tondis saint Martin.
(Gerson)
Touillie(r), toû-iie(r), v., tourner et retourner, culbuter,
mélanger, troubler. — On touilie la farine, les u-ïes., le lait
asanle, pov(r) faire ine pâle. — P. p., touillie.
En l'ardille (argile) s'est tooilliez
Tant que il estoit toz soilliez.
(Rom. de RenartJ
Car s'il trouvoit un puiriel
Comme un pourciaus s'i tooilloit.
(Renart le Nouvel)
En son ordure Tort se toulle.
(Passetemps d^oysiveté)
S'aucuns waite aucun, et il foule ou touille en la boe.
(Ch. de Tournay, 1187)
Vars et vendoises rosties
En verjus de grain tooillies.
(Roman de Fauvel)
pe duc de Gloucester rendoit grant paine à tout touiller.
(Froissart)
696 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
En sausse dois petit moullier
Por toi garder de tooler (touiller).
(Clef d'amour)
Touillon, s. f., femme malpropre, désordonnée; — et par
est. de mauvaise conduite.
Touner, v., tonner. — / tocne, Rempart dû Diu !
Tonare, touner.
(Voc. lat. fr., XIII' s.)
D'une grant Hue n'oïst on Dieu tonnant.
(Raoul de Cambrai)
Tounerre, s. m.^ tonnerre. — Tonnerre du Diu ! juron.
Touniaus, tounai, s. m., tonneau, tonnel. — Ce sont les
deux anciens cas, sujet touniaus et régime touniel, lounel.
Li touniaus fu en l'aige a ■!• batiel portes,
(Rom. d'Alixandre)
Comment Alixandres fu mis en mer en -I- touniel de voirre.
(Id.)
Kil ne soit nus si hardis ki laist touniel en le rue
Et se cils a qui li touniaus seroit ne le fesoit, il kieroit en
forfait de G. s. et si perderoit le touniel.
{Recueil Taillar, 1263)
Tounel esprent, li sercle sont trenchie.
(Raoul de Cambrai)
Et si i fist mètre un touniel tout nuef.
(Comtesse de Ponthieu)
(L'an 1239) Furent en vente tonel neuf.
(Chron. S* Magloire)
Ains Diex ne veut avoir tonel sor son chantier.
(Rutebeuf)
En la vile de Limeçon. . . N'avoit. . .
Tunel ne tone, escu ne targe.
(Estoire de la Guerre sainte)
Si le muchierent deriere les touniaus.
(Rob. de Claris, Estoires de Coustant.)
Tourbe, s. t., meule de grain, de foin, de paille, etc.
Tourbi-iie(r), tourbillie(r), v., tourner autour, tourbillon-
ner, papillonner, chercher à approcher. — P. p., Tourbi-iie. — l
n'ai CD qu'seize a7is, et i coumace d'ùjà à TouRBi-nE(n) autour des
filles!
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 697
Tourcau, s. m. — Voyez Torcau (torcol).
Touret, s. m., rouet à liler le chanvre,
Touron, tourin^ s. m. — Le cœur, le milieu avec le pied d'un
chou, les feuilles enlevées. — On dit un tronc de chou; Rabelais
disait ung trou de chou.
Ge ne pris' pas un trox de pome
Ne toi ne quanques fu as.
(Fabl. des deux bordeors)
Du sanglier les crocs inutilles
Ne servent pas d'un trou de chou.
{Ovide Bouffon)
Tourne- à-fuie, qualificatif ajouté à Neuville, village des
Ardennes, et exprimant qu'un combattant prend la fuite.
Si tes peuples turne a fuie devant ses ennemis.
(Liv. des Rois)
Renart est en fuie tornez.
(Rom. de Renart)
Paien tornent en fuie que ne targent néant.
{Maugis d'Aigremont)
T6urneu(r), s. m., tourneur.
Tourni-iie(r);, tournillie(r), v., tournailler, tournoyer, tour-
ner autour ; faire des tours, des cercles.
Et voient les fosses où li yauwe tournie.
(Godef. de Bouillon)
En tourniant par no cloistre huy matin.
(Puy de Vécole de rhét.)
Et Cresonelle aussi, qui bien va tourniant.
(Du Guesclin)
Et adoncques quant ilz ont cheus en icelles fosses ils sont
fort esbahis, et tournient pour cuider trouver manière ilz en
pourront issir.
(XV joj/es de mariage)
Corne uns home quant il est yvre, il li semble que la tête
li tourne ou que la maison tournie par dessus li.
(Maisnie Hellequin)
Ne par deçà vers Rome, si com li mons tornie.
(Gui de Bourgogne)
Si tourniièrent ces deux batailles tout le jour environ
Monmartre.
(Froissart)
698 OLOSSAIRK DU MOUZONNAIS
Tourniole, s. f., mal blanc, sorte de panaris.
Tourni-ot, s. m., gâteau tourné en forme de roue. — Voy.
michol et rou-iol.
Tournisse, s. f. On dit une lournisse (dû pain) comme un
chanleau de pain, un gros morceau de pain. — I faiil qiCi mange
co quéques bonnes touiinisses dûvanl quû cT venir grand coume
S'il père.
Tournure, s. f., détour, faux fuyant. — / n'répond jamais
droite faut toujoii(rs) qu'i charche des tournures.
Touron. — Voy. Tourin.
Tourtélot, s. m., espèce de pâte en rubans, cuite à l'eau, —
Froissart a employé tourtel et tourte, notre galette d'aujourd'hui.
— TouRTKLOTs, cuits das t'potj cv'i.
Fai a mun ces tut jinemierement turtellet de celé farine,
si Tme porte e puis fras a tun oes et al oes lun filz (oes,
opus, besoin).
(Liv. des Rois)
Li cuers de grant paour flaiele
Et frit com tourtiaus en la paiele.
(Jean de Condé)
Tourtière, s. f., vase plat en lAle dans lequel on fait cuire les
tourtes ou galettes.
Tourtous, tertous, tretous, pron. ind., tous, tout le monde.
— C'est un réduplicalif : tout-tous ou Irès-tous, complètement
tous. — Il y a le féminin lourloutes.
Tant i luttai
Que j'achevai
Trestout mon désir.
(Perrin d'Angecourt)
Ils ont laissié ces misères
Esquelles nous sommes trestous.
(Le Pas de la Mort)
Dieu sa paix et sa grâce adresse
Sur V0U3 trestouz!
{Mir. Notre-Dame)
Chassez les sur ces entrefaites
Et les boutez dehors tresioutes.
(Voultré d'amour)
El trestout, et grant et petit, plorèrent de pes et de le
grant goie qu'i eurent.
(Li estoires de Coustantir\oblej
OLOSSAIRB DU MOUZONNAIS 699
Tousé, et plus souvent atousé, adj., fourni, dru. — D'un pré
où il y a beaucoup d'herbe, on dil qu'il est ben' atousé. — Dans
l'ancien français, louscr voulait dire londro, raser, et il nous en
reste ratousè, dépouillé, dévalisé, démuni. Notons entin que
Roquefort enregistre louse avec le sens de troupe, multitude.
Toussô, s. f., toux, rliume. — // ni biii fort la tousse, il est
bien enrhumé.
Il est viex et rassotés
Ensi a la tous.
(Capelain de Loon)
Tousseus, adj. et s., qui tousse. — C'est in pativ' laid roos-
SEDS.
Toussie(r), v., tousser. — Quoi 'ce quù fais co fait poufrj
toussie(r) comna?
Mais si elle est un peu rusade
Commencera fort à toussir.
(Sermoji des foulx)
Tout chêlé, expr. adv. signifiant en abondance, en quantité,
à chire. — N'i ai des pommes tout chêlé.
Tout ci, tout là, adv., ici, là même. — Vous r'vinrez roux
CF. — Lou, i resterai tout la.
Tout la où il estoit venuz
Si estoit son priz conneuz.
^ ,, (? )
Tout la où li sains hom aloit
De povres gent grant aie avoit
{Miracles S' Éloi)
Touter, atouter, v., jouer atout (aux cartes).
Tout mois (fraise), fraise des quatre saisons, poussant et
mûrissant en tout mois ou en tout temps.
Tout partout, adv., partout.
Et s'est si grans mortalités
En bours, en villes et en cités
Et tout partout le plat païs.
(Machaut, Voir dit)
Tout plein, adv., beaucoup, en grand nombre, en grande
quantité. — N'y avot tout plkin des gens à la noce. — J'arans
TOUT PLEIN des canadas.
En France a tout plein d'avoquas.
(Godef, de Paris)
700 GLOSSAIRB DU MOUZONNAIS
Et y furent mortz. . , et tut playn des aultres countes et
barons.
(Lettre du roi Edouard après Crécy^ à la suite
du Prince noir)
Si gisent les corps morts en tut pleyn de lieux sur la cos-
tère de Flandres.
(Autre après l'Ecluse)
Enéas et Aschamius avec tout plain de gent s'en alèrent à
sauveté.
(Li Livres dou Trésor)
Tout seus. — Adj., tout seul. On ne dit jamais : « moi seul,
ou j'irai seul », — mais : moi tout seus, ou j'irai tout seus.
James nuls la devisast
Fors moi tôt seul qui la devis.
(Méraugis)
Trafiquons, s., qui trafique, fait volontiers des échanges. —
Aussi : travailleur ingénieux, actif, mais pour de petits ouvrages.
— Oh ! rCi ai pa(s) à dère^ c^es(t) in trafiqueus ; t s'occupe, il
cherche dû l'ouvrage.
Trahi(r), v., trahir.
Tra-iante^ adj., qui donne du lait. — J'ans douze vaches tra-
untks. — Participe du verbe traire, tirer (le lait).
(Il) Vif les traians (seins) à la meschine
Qui gisoient sor sa poitrine.
(Floire et Blanceflor)
Train, s. m., bruit, tapage. — Reproches, altercation, etc. —
/ m'samb(l)e quû les chevaus faisant don train. — Oh ! c'est co
Jacques gui fait le train à sa femme. — On dit aussi d'un homme
légèrement pris de boisson et qui bavarde : il est das Ttrain ; il
est in peu en train.
Train-nard, s. m., vaurien, fainéant, propre à rien, malfai-
sant, presque voleur.
Train-nasse^ s. f., herbe longue et traînante ou traçante.
Train-ner, v., traîner, — rôder, divaguer, être inoccupé ou
faire le Iraîn-nard. — // ai pourtant 'té train-ner ses guettes à
la foire à S'dan.
Train-ner la gaïne, v. Voy. gaine. En outre de ce sens,
signifie aussi et seulement flâner, rouler, passer son temps à rien,
faire ce qu'on appelait traîner ses chausses et que nous disons
encore traîner ses guel(r)es. — En Franche-Comté, gaine signifie
QLOSSàÎRE du MOUZONNAIS 701
encore guenille, vieille robe dénotant la misère. Roquefort enre-
gistre traine-gainier, raurien, brelteur, qui parle toujours de
dégainer, traînant sa gaine.
Il va toujours traine gainant
Sur son cheval emmy les rues
Tout en songeant le bec au vent
Sçavoir s'il verroit nulles grues.
(Goquillart, Monologue)
Train-neus, s. m., qui traîne, flâne, perd son temps, —
rôdeur. — La Train-neuse est une fille débauchée.
Train-noue, s. m., traîneau.
Tra-ion, tra-iette, s., tette dans le pis de la vache. On peut
voir au mot Traiante, que le tra-iant désignait la mamelle. Voici
une citation où il signifie le tétin.
N'avait encore en sain ne trian ne mamele.
(Rom. de Rou)
Tra-iou8, s. m., seau dans lequel on reçoit le lait que l'on
trait.
Traitie, s. f.^ traite, le lait qu'on a trait en une fois.
Tranche, s. f., espèce de marteau bipointu, avec lequel les
carrieus éblauchant la pierre.
Tranchie, s. f., tranchée.
A par issir d'une tranchie
D'un cerf plus blanc ke nois negie.
(Dolopathos)
Et le fist (le castel) cengler de II grandes trenchies.
(Joan d'Outremeuse)
Tranchie(r), v., trancher. — P. p., tranchie.
Ainsi pourons aler as bois
Abres tranchier et prendre a chois.
(Rom. de Rou)
Et en ce que li vallel commancèrent à tranchier.
(Roman des sept sages)
Par lui Maint haubert dérompu, mainte tête tranchie.
(Berte as grans pies)
Qui n'en crera en Dieu, le teste ara trenchie.
(Êastars de Buillon)
702 GLOSSAIRE DU MOUZÔNNAIS
Ci seroit ma raison trenchie,
Trenchie voire laidement.
(Messire Gauvain)
Trenchie (arbre) deit eslre et el feu mis.
(Bestiaire divin)
Renart, tu m'as mal atorné
Que tu n'as la qeue trenchie.
Si en al solTert grant hachie.
(Rom. de Renart)
Tranle, s. m., tremble, sorte de peuplier.
De grant corous les iols rooUe
Fronce dou nés et d'air tranle
Plus que ne fait fuelle de tranle.
(Renart le nouvel)
Tranler, v., trembler.
Tout tranle de paour et d'ire.
(Jean de Condé)
Ni ot •!• si hardi, ne convenist tranler.
(Roman d'Alixandre)
... Si k'il fait la terre tranler.
{Roman de Ham)
Cix maux me fait tranler sans froit,
(Blancandin)
La char me tranle sous le cuir.
(id.)
Transwidie(r), v., transvaser. — P. p., Transwidie.
Trau, pron, trau'é, Irowe, s. m., trou.
Et ele saut tantost hors del trau.
(Bestiaire d'amour)
Et puis fora
Dis traus ains c'en s'en donnast garde.
{Renart le nouvel)
As murs de la cité ont fait IIIJ. traus.
(Godef. de Bouillon)
Et i avoit -I- Irau par quoi il reprandoit s'alaine.
(Chron. de Rains)
Tra-Uée, trawée, s. f., trouée.
Tra-Uer, trawer^ v., trouer. — P. p., irawé. — Quelquefois
troc?'.
Si li dist que. . .
En mer se plonko, et voist traiter
Le nave au roi pour alfondrer.
(Renart le Nouvel)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 703
Car ces ymaiges estoient par derrière elles toutes creuses,
wydes et trawées, et dedens les traus esioient besles et
vers de boys.
(Chron. de Valenciennes)
Une bombarde fu trait qui trawai le mure de caste!.
(Jehan de Stavelot)
Si soie assènent sor les escus, trawés les ont par mi.
(Jean d'Outremeuse)
Tant que froissiés sont et ly escut troé.
(Godef. de Bouillon)
En un vies sac Iraué, viande rapporte.
(Villon)
Avec l'escafotte trauée
Juoie avec ceuls de no rue.
(Froissarl)
Traulée, triolée, s. f., ribanbelle, bande, troupe, grand nonti-
bre. Roquefort dit que Coquillart (un Rémois) se sert de Triolaine
pour désigner une suite de personnes, une cohue.
Travailleus, s. m. et adj., travailleur; — laborieux.
Travaillie(r), trava-iie(r), v., travailler. — P- P-, travaillie.
Cil que on voit plus travaillier
De Dieu servir et de bien faire.
(Watriquet de Couvin)
Car U oz estoit moût travailliez dou flun qui estoit par-
fouz et roide.
(Ménestrel de Reims)
Nus reconvenoit travaillier
Et par peor et par veillier.
{Estoire de la Guerre sainte)
Travers (Passer le) pour passer au travers. — Mefîes-tu, t'vas
PASSER l'travers (dU la cage d'esca-iier).
Traversie(r), v., traverser.
Travure, s. f,, portion d'un mur de refend ; partie d'un pla-
fond prise entre deux poutres.
Trécouper, v., traverser, rencontrer. — Au jeu de cartes,
surcouper, couper sur un joueur précédent.
On va a le porte Monte Syon et trescope on le rue Davi.
{Chroniq. d'Ernoul)
Trefte, traffe, s. f., trèfle, foin artificiel.
704 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Trémois, s. m., mélange d'orge et avoine semées ensemble.
La durée de la pousse est d'environ trois niois.
Jehans d'Escordal tient en terrages d'Escordal. . . Un muy
de froment et un muy de trétnoys à la mesure d'Atligny.
(Carlul. de Relhel, 1324)
Qui afore bief, ne autre Ir émois, il ne le porra enchérir le
jour, ou il paiera XX s.
{Ordonn. de Reims, 1378)
Failli nous est li vinz, li blez et li tramois.
{Du Guesclin)
Trémouire^ trémoire^ s, f,, trémie.
Outre s'en vet
Si come la tremuie fet
Qui le blé reçoit et rent.
{Fabliau, Home qui avoit demi ami)
Là, par une grande trémue
Qui peu à peu me remue
Au lict on me fait descendre,
Et la mœule me fait cendre. . .
{Légende de Jean le Blanc)
Trempe, s. f., volée de coups, raclée.
Trempinette (faire la), manger le pain en le trempant (patois
crochanl) dans le vin ou la bière.
Très, plus souvent drès, dès.
Ch'estoit le plus bêle cose a eswarder qui fust très le com-
menchement du monde.
{Li estoires de Coustantinoble)
Très que il le virent
S'en tornerent, si s'en luirent.
(Estoire de la guerre sainte)
Tressie(r), v., tresser, faire des tresses.
Firent une ymage de cuevre
Qui d'une part estoit tressie
Et de l'autre part destressie.
(Machaut, Voir dit)
Et estoit treciez a une trece grosse et longue.
(Ménestrel de Reims)
Desor une coûte vermeille
Avoit errant esté trécie.
Elle s'est en estant drécie.
{Chevalier qui donna lanel)
Glossaire dû mouzonnais 705
Tressu-iie(r), v., suer avec excès, suer de peur, d'angoisse.
Maigrement les salue ; tous li cors li Iressue.
(Garinj
Thiebaul Vil Iressuer le col de son destrier.
(Foulques de Candie)
Hé ! Mort Tu me fez d'angoisse et d'ire tressuer.
(Regrès de la mort S^ Loys)
De grant paour ma char tresiie.
(Mireour du monde)
Treubin. — Voy. Trop bin... {eu bref).
Treu-ïe, s. t., truie. — Voy. Trou-ïe.
Treziau, s. m., groupe de trois batteurs de blé au iléau. — Se
dit aussi pour Terziau. Voy. ce mot.
Tribou-ieus, tribouilleus, adj. et s., qui tribouille, brouille,
trouble ; querelleur.
Certes, fet il, biaus dous amis,
Si \ous fussiez uns (rî'&ouieres
Uns usuriers, uns amassieres.
(Gautier de Coincy)
Tribou-iie(r), tribouillie(r), v., mélanger, brouiller, trou-
bler, confondre. — C'est c'gamin-là qu'ai tribou-iie toute l'iaue.
— Ça me tribouille lu cœur. — Du vieux mot Tribous, Iriboul,
iribulation^ querelle.
Car nous veons le pais triboulei, et le descort qui est
entre vous et voz enfanz.
(Méneitrel de Reims)
Mon ame pourquoy estre triste et pourquoy me triboules-
tu?
(Psautier)
La mer estoit si haulte que les ondes entroient dedens la
nef, et se tribouilloit tant, que
{Voyage d'oullremer en Jhérusalem)
Gel an fu grant triboul à Rome.
(Godefroy de Paris)
. . . Car aidier — Se sevent de tes tribous
Les dames trop mieus que nous.
(Perrin d'Angecourt)
Tribouillemat, s. m., mélange, mouvement de liquides, gar-
gouillement, trouble. — J'ai des tribouilleuats das l'vale.
45
706 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Tricoise^ étricoise, s. f., tenaille à mâchoires larges et cou-
pantes.
Trîmart, s. m., bruit, tapage, vacarme, allées et venues. —
Cest loul d'rnein-ine embêtant des (i'')oisins comna: il, anl co fait
in TRiMAUT, çute nuit-ci!
Trimauzet; trimauzâ (vers Stenay), s. m., cérémonie reli-
gieuse du coniinencenient de mai : les jeunes filles visitent les
maisons et chantent une ronde pieuse qui commence : Jésus s'en
va parmi les champs. — L'une des jeunes filles, qui est habillée
de blanc, quête ; c'est elle qui porte le nom de Trimauzet. —
On a souvent adjoint aux rondes des couplets plus ou moins
bachiques et insolents pour les personnes trop peu généreuses à la
quête du Trimauzet :
JVavans chanté, jù v'déchantans.
Jii v'souhaitans autant d'afants
Qu'i n'i ai d'pierrettes avau les champs ;
Plein in fou(r), plein in van
Da(njs vot' chemise, des gros pous blancs.
Roqu3fort, au mot Danses de Maye de son Glossaire, décrit les
danses qu'on appelle TrimasoLs, à Metz, et cite le refrain de la
chanson que chantaient les jeunes villageoises :
C'est maye, la mi-maye
C'est le joly moys de maye
Aux trimasots.
Ces danses n'ont-elles pas aussi reçu le nom de « Maierolles ? »
Les puc'iles dont i ot tant
Vienent chantant et font quaroles
Si grans qu'onques as maierolles,
Ne vtïstes greignour.
(Méraugis de Portlesguez)
Trimballer, v., se transporter, aller et venir, d'ici et de là.
Triot, tru-iot, trieus, s. m., terre en friches, non cultivée.
Item chine cens de terre qui est à triot.
{Cart. de Rethel., Raucourt, 1322)
Tri-ôlée. — Voy. Trauùée.
Tripie(r), s. m., sorte de table, en claie, sur laquelle on élale
les tripes (d'un animal, porc surtout, tué) pour les nettoyer, et où
on découpe, débite la bête qu'on vient de tuer et dépouiller.
Trochie(r), truchie(r), v., taller, doubler, multiplier, pous-
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 707
ser des rejetons. — J'irouvc quû les blés anl bin tuochie dwd'pta's
in mois.
Trompeus, s. m., trompeur.
Entre deux trompeux (voit-on) qui a tort.
(Passetemps d'Oysiveté)
Trop bin, tres-bin, treubin, e et eu brefs, adv. Beaucoup,
en grand nombre, en grande quantité. On rencontre souvent,
dans l'ancienne langue, trop accolé à plus, mieux., bien comme
péjoratif ou augmentatif, de manière à fournir la signification de
beaucoup, parfailcment.
On fait trop bien le bel aimé,
(Eustache Deschamps, XII estais)
Et qui nous le devisera ? .Tou, trop bien
Et qui fera le jeu ? Moi, très bien.
{Adans H boçus)
Etant le plaisir de la course trop plus que le combat à l'épée.
(Flore de Grèce)
S'il m'a esté dur et cruel
Trop plus que cy ne le racompte.
(Villon)
Ma craintive àme gardera trop mieux que nul amy vostre
honneur.
(Anon.)
I! y en a qui l'ont trop mieux mérité que moi.
('^"•« de Baijart)
Trôquat(r)e, expr. indéf. signifiant quelques-uns, et primiti-
vement trois ou quatre. — On a, avec le même sens : doulrois,
deux ou trois. — N'i ai ti co des poires, sus l'aube ? Oh ! n'i a'n
ai 00 TRÔQUATE.
Trougnon, s. m., trognon.
Ma faict entendre
D'un trougnon de chou, d'un naveau
(Villon, Gd T')
Trou-ïe, treu-ïe, s. f., truie. — C'est le féminin de cochon,
employé injurieusement. — Femme grosse, grasse, sale. —
Débauchée.
Capel de Berné, marchant de trouyes.
(Friquassée crolestyllonnée)
Troumai (à cul), expr. adv., en se retournant et faisant une
pirouette sur la tête. — Sorte de jeu.
Troupiau, troupai, s. m., troupeau^ troupel. — On dit plus
souvent la troupe que le troupeau de moutons.
708 GLOSSAIRE DU MOUZONNAÎS
El voit outre un fossei, un grant troupel de paisanz armez
à la guise dou pais.
(Ménestrel de Reims)
Car il a là lez une haie
Un t7"opé d'oison encrassiez.
(Rom. de Jlenarl)
Troussequin, s. m., trusquin, instrument de menuisier.
Troussie(r), v., trousser. — P. p-, Iroussie.
Trouve, s. f., trouvaille, découverte, — Ah! l'ais fait 'n belle
TROUVE /à .'Le vieux français disait plus volontiers troiwure ;
mais on a rencontré Ircuve.
Trou(v)er, v., trouver. — Plus rare que trouver. — Je troue ;
j'irouerai ; j'ai troué; a trouant. Le vieux français conjuguait : je
trcu, tniis. — N'Lû dci'cinge mi! jil /'troueuai bin.
Tousjours vous iruîs engrant de moi nuisir.
(Perrin d'Angecourl)
Je n'v truu ffueres d'amendement.
(Villon)
Truchie(r). — Voy. Trocliie(r).
Tru-ielle, s. f., truelle.
Tru-iot. — Voy. Triot.
Tu, te, f, pron. pers , toi, à toi. — Tais-ru ! — / n'oserot
v'ni(i'), TAIS ('. — 7'tû l'dounes.
Met-fe a genoulz.
(Mir. N.-Dame)
Ne te hâte, tiens-<e coi.
ild.)
Biaus crestiens ! Tais-ie, ne pleure.
(Bodel, Jus. S' Nicolai)
Tais-fe, vielle, fait ele, n'en ferai rien pour il.
(Berte as grans pies)
Tu-ier, quelquefois tu-iie(r), v., tuer. — P. p., lu-iéi et
lu-iic. — J'tu-ic; j'tu-ian.5, j'tu-ios, j'ai lu-iei, j'tûrai, a tu-iant.
Ilorou! liarou, l'on m'a tuyc mon baron.
(Beaumanoir, Cou(umes)
Tûle, s. f., tuile. — Voy. Tilde.
Tumbereau, s. m., tombereau.
Biga, carette as qucvaulx c'on dist tumberele.
(Gloss. Rom. lat., XV" s.)
aLOSSAIRR DU MOUZONNAIS 709
Tumer, v., tomber. — Quelquefois iM7)i6e7' ; jamais tomber.
Et fa assis sur liége en tel manière qu'il no pouoit tumcir
ne alundreir.
(Ménestrel de Reims)
Vecy tous nos grans dieux lûmes
Et renversés les piez deusus !
(Mistère de la Passion)
Qui lume y tume.
(Coutume de Namur)
Et li dus qui coroit
Parmi caste fressure tout en souvien tumoit.
(Jean d'Outremeuse)
Tex cuide haut monter qui tumbe.
(Dit de Ixigolet)
Et les tumbe entour de sa roe.
(Roman de la Rose)
Tuquet. — Voy. Toquel.
Turlutain-ne, s. f., orgue de Barbarie.
Turquau, tourcau, s. m. Narcisse des claamps, pseudo-narcis-
sus.
Tute, s, f., petit objet que l'enfant met dans sa bouche et telte
(Iule). — Quelquefois Tulule.
Tuter, V., sucer, letter. — Oh! c'grand garçon.^ qui tute su
pouce. — P. ext., boire volontiers, avec gourmandise.
Et sans rongnonner ung seul mot
S'il veult choppine et moy d'ung pot
Pour à son gré le bien traicter
Afin aussi de mieux tuler
Pour bien m"eschauffer la poitrine.
(Quaquet des femmes)
Tu saurois mieuls d'un busiel
Tuter et ester une espine
De ton dûi et oindre un agniel
Que...
(Proissart)
U, s. m., œil ; pluriel us. — In'v, des os. — On dit plus ordi-
nairement ins lu (in ziu), un œil ; m'zWy f'ziu, s'ziu, mon œil, ton
œil, son oeil. — Enfin les lUs, sonne les ziDs.
710 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Bese li la bouche et la face
Les euz, le front, sans dire mot.
( Vie de S* A lexis)
Uclie, us, uis, s. f., huis (ostium), porte. — Cloez Tucue.
— Voyez Ilitche.
Ue (pr. u-ie), s. m., œuf. — J'ai mangie deux u-ies. — Le
tCHS qui prend m'n u-ie prend in bc-ie (prov.).
Li abbes doit faire une pitance. . . de vin et de fromage, u
de ues, u de pessuns.
(Cartul. d'Orval, 1251)
Tantost aront plein leurs crues...
D'autre avoir que de vies ues.
(Chans. de 1375, Aff. de Bretagne)
Uide, adj. et s., vide. — Voy. V{uide).
Uillet, u-iiet, s. m., œillet.
Un, une; iun, iunc ; in, inc, art. ind., un. — Voyez in,
ine. — Le c se fait surtout sentir lorsque ce mot n'est pas suivi
d'un autre : A v'ia co me, en voilà encore un. — Le ^ de la
forme ancienne ung apparaît donc ici : c'est surtout dans le can-
ton de Carignan que cette prononciation est usitée, et spéciale-
ment lorsque, comme par une sorte d'attraction, le mot qui suit
ung commence par un c ou un g. — Il avot ing capai sur la
tête. — C'est ing gaiide. — Dans cette même région, ung final
sonne plutôt ungne. — Enfin on entend parfois uns : Vs se lie à
la voyelle suivante : J'ai vu uns oisiaus, reste du cas sujet singu-
lier.
Les dis cherois fussent tous aroteis Vunc après l'autre.
(Jean de Stavelot)
Celuy qui porte ung colUer d'or.
{Jehan de Paris)
Ains cuidoit que ce fust uns oiseaus.
(S. Maurice de Sully)
Et uns abes i fu, ke dune vint d'outremer.
(Thomas le martyr)
C'est uns oiseaus blans, qui de feu se norrist.
{Bestiaire d'amour)
Uti(l), s. m., outil, ustensile. — Enlevez vos uti(ls) et /"...-
moi voV camp.
Le ceingt soustient les menus ustensilles
Et les utilz dont dames sont garnies.
{Parement des Dames)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 711
Les ustilz as ovriers qui firent les degrez.
(Thomas le marlyr)
Ont en sa arée dégerpiz
Uns gaaingneres ses ustilz.
(Chron. des ducs de Normandie)
V pour vous : Valiez^ \'vénez : c'est vot(re) affaire ! — Quoi
(e)st-ce quù y'ez dit? (qu'avez-vous dit?).
Vachai, s. m., baquet, vase, vaisseau. — Prononciation
patoise de vaisseL, d'où nous est venu vaisselle, ensemble de
vases.
Tu les gouverneras en verge de fer, et les défroisseras
comme vaissel de terre.
(Pseautier)
Tonnel, queue, poinçon, ou autre pièce ou vaissel de vin,
verjus, vinaigre
(Droit d'afforage, Mézières, XIV' s.)
Vessel mauveys fait vin puneys.
(Prov. de France^ Lincyj
Quar l'en pert le bon vin par le mauves vessel.
(Chantepleure)
Et serra mis en un vessel covert nettement.
{Manus. Old Roy^ Ane. Textes)
Et vous pourès dressier vostre broche ou vessel où sera
vostre doreure.
(Viandier de Taillovent)
Vache, subj. du v. aller, à la frontière. C'est la prononciation
du vieux v. voise, voist, qu'on trouve écrit voige. Comparez
Veray. — N' faut i mi quïi j'vache guerre l'artisse ? — Qu'lû
steu quH veu(t) aller, y vache.
Et sera demain le hirechare, qui y veult aler y vcist.
i'f )
Sans ce que l'un voise avant et l'autre arrière pour mal
complaire.
(Gerson)
Hardres commande et les autres aussi
Demain en voissent Mancel et Angevin.
{Garin le Loherain)
Mais avant que tu voyges là
{Farce de Guillerme)
712 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Lors fist en haut
Sonner un cor, c'est c'a l'assaut
Voiscnt tout.
{Renart le Nouvel)
Est ordonné que nuls ne facent dommaige ne voisent four-
rager en courtilz.
(Ord. de Mézières, X/F« s.)
Et convient que l'on lui voise signifTior là où il demeure.
(Notables points de Vusage de France)
Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que l'on a aussi
employé l'infinitif voiser.
Défendu à tous ladres de voiser par la ville et les faulx-
bourgs durant le mois de may,
(Archives de Rethel, io20)
Vachette, vaquette, s. f., colchique ou lue-chien (iridée).
"Vachiefr), vachierre (er bref), s., vacher, vachère.
Li vachiers dist qu'il le menroit.
(Gativain)
Chascun pastoureau, herdier, porchier ou vachier de
Mézières est tenu
(Statuts de Mézières, XIV' s.)
Vad(r)e, v., vendre. — Not' viaii est vadu d'hier.
Vai, vailot, s. m., veau. — Voy. Viau. — Il y a le Pré des
Vais, k Raucourt, comme le Gué des Bues^ à Mouzon. — Le mot
vailot est plutôt un terme de câlinerie : Oh! Vyrand Vailot, qui
s fait bimxie(r).
Et vostre filz Aura. . .
A son mengier cel véelet.
(Rom. de Renart)
leroboam, qui sacrifioit les vecls à Dieu.
(Li Livres dou Trésor)
Vaien, s. m., pelle à feu. — Roquefort, dans son Glossaire de
la langue romane, dit : « Vain, sorte do pelle ; ce mot est encore
en usage à Sedan. » — L'ustensile signalé dans le vers suivant, s'il
n'est une pelle à feu, est du moins un objet relatif au foyer, à la
cheminée, à l'endroit oVi l'on fait le feu.
S-i puis ma serour pandre, anz en -I- feu l'ardrai
Et Hichier et Urbain au vain ancroerai.
{Floovant, 602)
■Vaillandise, s. f. Courage, labeur, ardeur au travail. —
C'es(tJ 171 bon garçon, et qui nai quïi d'ia vaillandise.
OLOSSAIRB DU MOUZONNAIS 713
Vaillant, adj., laborieux, courageux et actif, — Tl est moût
VAILLANT, allez, c't afant là ! savez-v' bin qui rjangne dûja t)-ois
francs parjou{r).
Vain, adj., vide, sans force, ce que l'argot énonce vanné, vidé.
— Resté dans vain-ne pâture.
Si monta dessus (son cheval) tout ou mieui.\ comme il
peult comme celuy qui estoit moult las et vain, car il estoit
navré en plusieurs lieux et si sei^noit : c'estoit ce qui mont
raffaiblissoit.
(? )
Las de voler et maz de fain,
Et si avoit le cuer vain.
ÇRom. de Renart)
Vait, vet, v., 36 pers. ind. (il) va.
Molt savez poi com de bataille vait
Teu est dessors, qui au dessous ravait.
(Foulq. de Candie)
Et Méraugis s'en vet après,
(Meraugis de Portlesguez)
Sulunc ceo ke tu voies
Ke la chose vet.
{Distiques de Caton)
Vallet, s, m., jeune garçon, fils. — Rarement : domestique.
Anciennement vaslet = vasselet, diminutif de vassal. — Couni-
chez v' bin nof petit valet? connaissez-vous notre fils ? — Faire
lu bon VALET, prendre les façons du bon enfant, du bon garçon,
flatter, lober.
Thiebaut, dist la pucele, mal nous est avenu,
Au vallet de bonne aire qu'ainsi avons perdu !
{Foulq. de Candie)
■ Et dont ele hante si sovent
Des jolis valez le covent.
{Rom. de la Rose)
Le roy d'Angleterre, pour faire le bon varlet
{Jehan de Paris)
Bonne prudence requiert, que accusations secrettes falotes
par flateurs, ou pour nuyre a aultruy, ou pour faire le bon
varlet, ou le bon amy du seigneur,
(Gerson)
Et, s'il ne se combatoit à aus, qu'il iroient pour le jone
vaslet que li Franchois avoient amené.
(R, de Glari, Estoires de Couatantinoble)
714 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Valli, p. p. de valoir. — Voyez Porro bin valu.
Ne escusance que il fesissent ne leur valli riens.
(Froissart)
Une rien moût li valli
Q'armé estoit e bien garni.
{Roman d'Hercules)
Valoi(r), v., valoir. — J'vaux, j'valans, — j'valos, j'valains. —
J'ai valu (quelquefois vali). — J'vaurai — J'vauros.
Les rentes et les yssues d'icel tiers chastel seront prisiées
et ce qu'elles vauront chascuns
(Règ^ Thibaut IV, 1224;
Il me sanle qu'il vorroit mius li alers que li demourers.
(Chron. de Rains)
Car por I- val plein d'or rase
Ne vauroit-'û que le seiist
Hom qui de lui tant privés fust.
(Amadas et Ydoine)
Et ce grandement me valli.
(Froissart, Espinette)
Van, s. m. — Voy. Grand van par opposition à Petit van^ le
van en osier qui se manie à la main.
Et a (l'oliphant) le poil noirrastre, les oreilles larges
comme ung fclit van.
(iS' Voy. à Jhérusalem)
Vandernie(r) , adj. m., avant-dernier. — Il est das Tvander-
nie(r) wagon.
Vannie(r), s. m., vannier.
Vanteus, s. m., vantard, qui se vante.
Vanvole (à la), expr. adv. A la légère, sans réflexion, sans
raison {vana vola, futilité). — C'es{t) in' individu comna ! I fait
tout à la VANVOLE. — C'est nHête à la vanvole.
Le roy Charles estoit sorti du royaume à la vanvole.
(Pasquier, Rech.)
Primant voit que il n'i a plus,
Et que il tient tout a vanvole
Certes son dit et sa parole,
Il s'est desoz l'arbre couchiez.
(Renart)
Or n'est-elle pas perecheuse
Dore ne aspre ne tencheuse,
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 715
Ains est plus dolce que canelle
Et plus tornans et plus isnele
Ke ne soit rutc ne venvole (girouette).
(Fabl. de la Veuve)
Vari-iie(r), v., varier. — Faurai mett(re) des couleurs
VAUi-iiES, diverses.
Varlope ou Warlope, s. f., grand rabot, outil de menuisier.
Vat(r)e, s. m., ventre. — J'ai bin mau Tvate, dûpuis deux
heures.
Vatrée, s. f., ventrée.
Vaure, v., valoir. — C'est bin Ion d'vALo\(K) ou vaure cent
sous.
Vaurin, s. m., vaurien.
Vaura, vaurai, vauros, vaurot. — Voy. Valoir et Vouloir.
Vaute, s. f., crêpe, pâtisserie de farine, lait, œufs et beurre,
cuite et frite dans la poêle. — On disait jadis vaide pour voûte :
notre crêpe a-t-elle pris ce nom de ce qu'en effet, pendant la cuis-
son, elle se soulève, sur la poêle, en forme de voûte ou dôme.
Vaûtie(r), s. m., habitant de Vaux.
Ve, v', pron. p., vous. — Voy. ce mot.
Vé, prép., auprès. — Voy. vé{rs).
Vecy, v'ci ; vêla, v'ia; voici, voilà. — Jadis : vez-ci, vez-là;
veez-ci, veez-là ; voyez ici ou là.
Je croy que vêla Rahouart.
[Mauv. riche et bon ladre)
Car vecy venir le comte.
{Jehan de Paris)
En velà jà ung despéchié.
(P. Gringore)
(Cloez) L'ardeur de : Vêla un bon pas.
Le vouloir de : On ne peut mieux dire.
La façon de : Vêla mon cas.
(Coquillart)
Mais vecy une, aullre raison.
ad.)
716 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Vêla le sergent
A l'hoslel qui nous e.\"equute.
{Farce de Colin)
Vcz cy, ce que je Berniers de Berrion (Bairon ?) tiens et
entens tenir en fief.
{Carlul. de Rethel, 1322)
Et vez-la son j)remier exploit.
(Martial de Paris)
Veille, s. f., veillée. — C'est das les seïlles qu'on raconte des
biaus contes. — La veille, c'est la sérée de Paris, l'escreigne de
Dijon.
Le concistoire, que l'on disl en France la série, en Artois
la siete et en Haynau l'escriene.
(Evang. des Quenouilles)
Veillie(r), vé-îie(r), v., veiller, passer la nuit éveillé. P. p.,
Ve-iie.
A aultre dance fault veillier.
(Dance macabre)
Pour X livres de chandelle de buef à veillier de nuict.
{Glossaire de Laborde)
Et deussions nous nuit et jour veillier.
— Il faut nos harnois habillier.
{Mislère de la Passion)
Vêler, v. On dit volontiers : noV vache ai fait l'viau.
Velimeux, adj., venimeux, vénéneux. — Voy. Avelinier.
En folle amour n'a que velin.
{Fontaine d'amour)
V6nd(r)e, v., vendre. — Quelquefois et autrefois vade.
Vendeus, s. m.^. vendeur.
Vengie(r), v., venger. — Rare : on dit plutôt r'vangie(r).
. . . Qui ont pris le sine de la croiz por Jesu Crist vengier.
(Villehardouin)
Pour lui morrai, si en iert si vengie
Qu'à tous fins cuers devra estre anémie.
(Perria d'Angecourt)
Et nii homme nous volons vengier d'ans, se nos poons.
{Li estoires de Coustantinoble)
Jà pour cou n'en iere vengie
Ains seroie plus avillie.
(Blancandin)
GLOSSAtRE DU MOUZONNAIS ^l7
Veni(r). v., venir. Se conjugue comme teni(r) : J'vins, j've-
nans ; — j'vénos, j'vénains ; — j'ai venu (ou veni) — J'vinrai ou
venrai — Jvinros ou vetiros. — A venant. — Il en est de même
de tous les composés : Advém(r), B\nveni(r), conveni(i')^ deve-
7ii{r), pavvéniÇr), r'véni(r), souveni(r)f survéni{r), etc —
Outre sa signification ordinaire, veni{r) s'emploie souvent avec
celle de devenir, croître, pousser : C'viu-làwyT bon, est \e^u boti^
en bouteilles.
Une chievre y venot bien iij ans aiaitier.
(Cygne)
Disl la pucello : « Dont venez-vous, amis ?
— Dame », dist-il, * je vains de Saint-Quonlin. »
{Raoul de Cambrai)
J'en venrai bien a chief.
(Bodel, Jus. S. Nicholai)
Vous volés que la royne vengne à vous et ele y venra
mainlcnanL
{Tristan)
Attendez tant que nous venrons.
(Castoiement)
Huart et Peronelle qui vcnront.
(Adans li bocus)
Quant se venrait au parfonir
Conduit auroit parmi les freires
Pour Muzelle dedent venir.
{Guerre de Metz)
Si eurent conseil li seigneur que il se parliroient de là et
venroient devant aucuns castiaus.
(Froissart)
Avant que nous venissiens-Xh. {venichains, à la front.).
(Joinville)
Il est fou s'il n'en vient plus sage.
(Baïf)
Childeric, roy de France s'estant réfugié vers le roy de
Thuringe, vint amoureux de sa femme.
[Recherche des Recherches)
Et mesme, s'ils mangent de feuille mouillée ils viennent
malades et meurent.
(Laffemas, Vers à soye)
Venredi, s. m., vendredi. — Quelquefois Vendcrdi.
Lesquelles lettres furent faites en Tan de grâce mil CG
cinquante et Wiit, le venredi devant pasques closes.
(Carlul. de Rethel, 1238)
Et apriès -XXX- ans -ij- ans et -j- demi
Souffrîtes mort en crois, au boin venredi.
(Bref, Ane. textes, i886)
718 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Cest jour fu fieste sainte Catherine en yver, et un venredi.
(Chron. d'Ernoul)
Ce pourpos garda et réserva jusques au jour dou saint venredi.
(Froissart)
Ventri-ie(r), s. m. (à la frontière), devaalier, tablier, qui se
place sur le ventre.
Ventrillie(r). vatri-iie(r) (se). — V. pron., se coucher à plat
ventre, en se roulant. — Les poulains ant moût don piai(ji(r) à
s' VENTRILLIEH (los 1(1 paille. — Vautrer ?
Or oez conment les desvoie :
En ung gazon s'est ventrilliez
Et comme mort apareilliez.
{Rom. de Renart)
Quant crier et braire l'ooie
Et jel veoie vutrillier
Degiter et destandillier.
(Dolopathos)
Vérai, véros, futur et cond. du v. aller. — J'vérai, tu verais,
i verai(t), j'véraus, v'vérez, i vérant. — J'véros, j'vérains. — Ces
formes, employées autour d'Angecourt, à Raucourt, à Haraucourt,
à Thelonne, sont évidemment sorties de vadere, qui nous a donné
voise^ voist, que nous disons vache au subjonctif (voy. ce mol) ;
ainsi que je vais, il vet, fvans.
Si se avisa et dist qu'il les voirait conforter et le roy
d'Englelerre combattre.
(Froissart)
Ge gaiterai sempres le roi,
Quant au mostier ira par soi,
Et il verra devant trestoz.
(Fabl. de la Male-Uonte)
Et ait promins que jamaix encontre ne viret ne kret venir,
ne réclameir.
(Charte de Verdun, 1317)
Verd, verde, adj., vert, verte (viridem).
Si prist des flores et de Terbe fresces et des fuelles verdes.
(Aucassin et Nicolette)
Bêle Idoine se siet desous la verde olive.
(Audefroy le Bastard)
Ce fu el mois de mai ens el commencement
Que l'erbe verde est née et la flors ensement.
{Quatre fils Aymon)
Et aussi verde comme chive.
(Homan de la Rose)
GLOSSAIBK DU MOUZONNAIS 719
Le rossignol des bois
En la verde saison
Tronque sa douce voix.
Frappez dessus comme sus seigle verde.
(BaiO
(Rabelais)
Du temps heureux que ma jeune ignorance
Cueillit les fleurs de sa verde espérance.
(Melin de S* Gelais)
Verdi-iiefr), v., verdoyer, prendre la couleur verde.
N'i avoit c'un missel et ■!• pré qui verdie,
(Du Guesclin)
Verdrière, s. f., verdier, oiseau au plumage verdâtre.
Ainques n'y prist quaille
N'aloe cantant à un rois (rets)
Ains prisl bel verdière.
(Cit. de Lacurne)
Verge, s. f., mesure de longueur, variable d'un village à l'au-
tre : à Mouzon, à Bulson 19 pieds = 6™172. — Est aussi une
mesure de surface : 19- ^ 361 pieds carrés ou (6,1 72)^ = 38>nq09.
L'arpent vaut donc 38 ares 09 centiares ; il y a environ 262 1/2
verges dans un hectare. — Les morceaui de terre sont d'ordi-
naire des parcelles d'in arpent, in demi-cent, in quarteron^ in
demi quarteron, c'est-à-dire de 100, liO, 25, 12 1/2 verges.
Vergougne, s. f., haine, rancune. — Oh ! f(v)ois bin qu'il ai
'n VERGOUGNE conV mi.
Vérin, s. m., robinet, broche, qui se visse sur le tonneau. —
Voy. Robin.
Vermi-iie(r), v., remuer, grouiller, à la façon des vers. —
Que niche froumage I waite don(c) coume ça veruie là-d'das. —
Signifie aussi onduler, serpenter : Jû n'sarai jamais rafachie(r)
et afant là : il ai tout l'temps à vermi-iie(r).
Verrat, s. m., cochon, porc mâle (vieux français ver, verres).
Employé surtout comme juron, et souvent sous la forme Verraut:
de même que l'on dit « oh! l'animal! » on s'écrie oh! l'verrat !
par surprise, peur, et sans attacher à l'exclamation une idée
offensante ou insolente. Les habitants de Bulson, qui usent trop
couramment de ce juron, sont quelquefois surnommés les Verrats
de Bulson. Enfin les gens d'Escombres sont désignés par le terme
de Verrats, dans les dictons.
Verri-iie(r), v., attaquer parles vers. — P. p., Verri-iie, sil-
lonné de trous de vers, vermoulu*
7^0 ÔLOSSAÎRE DU MOUZONNAIS
Vé(rs), pi'ép., auprès; comme delez, devez. '— Allez vé(rs)
papa, mon petit queux !
Versain-ne, s. 1"., terre en repos, non cultivée, dans l'assole-
ment triennal.
Verser, v.^ donner un laboura une terre dépouillée de ses
récoltes.
Ralocier ne peut verser son ivuaïn faute de bestiaux.
{Procès- verbal de 1641, Sedan)
Vers-pécheu^r) ou verd-pécheu(r), s. m., le martin
pécheur, oiseau de couleur verte ; se nourrit de vers et de petits
poissons quil pêche dans les rivières et ruisseaux.
Vesse dû leu, s. f.,vesse de loup, champignon vénéneux.
Vessette, s. f., venette, frousse, peur. — Le vieux mot vene
signifiait vesse : nous avons pris le diminutif du mot en usage,
alors que le français a conservé celui du mot ancien. Rabelais a
employé le verbe véner : « Tant fort vénoit Quenot ». Qu'on
se rappelle le sieur de Humevesne !
Veude, vu de, adj., vide. — Voy. Vuide.
Veule, adj., meuble, sablonneuse, légère (en parlant de la
terre.)
Veupe (eu bref), s. m., vêpres (à Thelonne et environs). — /
ni saule qu'ans est moût lonyta{s) à veupe.
Veuve, adj. maso, et fém. — EWl ai prins in' homme yedve
avcu{c) trois afants.
Ilh çstoit uns proidons veves qui avoit enfans.
{Li Paweilhars)
Demoura le roy Charles veuve, n'oncquea puis ne se
maria.
(Froissart)
Viau, vai, s. m. ^ veau. — Deux aniùennes formes vians, vel^
vcel. — Voy. Vai.
Vitulus, li, veel.
(Voc. lat. fr.,XIII* s.)
Vitulus, vel.
{Gloss. Rom. lat. du XV* s.)
Se porchast qu'il ait
Viaus, une vache a lait.
(Estillement au vilain)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 721
Adonias fist un grant sacrifice de multuns et de gras veels.
{Livre des Rois)
Aussi ai-je et tamaint agniel
Maint boef, mainte vache et maint vel.
(Froissarl)
Il n'est oison, beste ne viau
Qu'il faille mener pasturer.
(Débat de la Demoiselle cl de la Bourgeoise)
Je voi Un tor et une vache ensemble
Qui a avec lui son véel.
(Rom. de Renart)
Vicaille, s. f. , nourriture, victuailles. —Pou(r) c'pefiiepaWier
M, c'csl mi qui fournirais la vicaille.
Ils se logierent dehors en moût beaus leus, vitailles orent
assez a bon marché.
' (Guillaume de Tyr)
Que cil dedens orent, sans faille
Petit de blé et de vitaille.
(Dolopathos)
Là porta chescun sa vitaille.
[Estoire de la guerre sainte)
Il fist carker toulz ses vassealx
Tûutz de vitailles et de joiaulx.
(Prince noir)
Vie, viez, adj. et substantif, vieux, vieil, vieille. — în vie
homme, in' vie femme. — Don v\Es-oing, du vieux-oing, graisse.
— On dit plus ordinairement: viu, in viu ihomme ; viez, ine viez
serrure.
Delez les tentes, assez près de la mer, avoit une viez for-
teresse deschoite.
(Guill. de Tyr)
Et si commande Dieu en la vies loy.
(Mireour du monde)
Et par cou ont il les vies mueles con en oste et les vies
fers c'on ne puet melre en œuvre.
{Recueil Taillar, 1249)
Et n'y avoit vies ne jouene
Qui ne convoitasse Bosenove.
(Chron. de Stavelot)
Troys mil siis vins et cinc livrées de terre au Tornois, au
pris vies et anciien.
{Cartul. de Relhel, 1323)
Fist Thibaut abatre la viez monoie de Provins.
(Chron. S. Ma gloire)
40
722 ÛLOSSAIRB DU MOUZONNAIS
Ainsi ressambloie a celi qu'on com])ei'e a une vies souche.
(Machaut, Voir dit)
El encore l'appelle l'en la viez porte aux pourceaux.
(Guillebert de Metz)
De chacun hestal de revendeur de viezes pelleteries.
(Estalage de Mons, 1G24)
As-tu tes péchiez regehis?
Oïl, fet-il, à un vies lièvre.
(Rom. de Renart)
Item 10 draps petits^ et 4 viez nappes. . . 4 vicz ta]ns de
lainne. . . 3 viez pas de ceuvre. . . 5 vtez paeles.
(Inv. Clém. de Hongrie)
Vie (faire la) à quelqu'un, le gronder, lui faire des reproches,
du tapage, malmener, chercher noise. — On dit: Oh! l'iaid
ihoumc 1 i raleurre sou(l) tous les jou{rs) ! Et c'est des vies ! i
faut (vloir sa pauv" femme ! et ses afants !
Vieille jeun-ne fille, s. f., demoiselle, célibataire déjà âgée.
Vieuserie, s. f., vieillerie, antiquité, chose vieille. — Quelque-
fois antiquité, vieillesse.
Et aullres draps seront vendus en my le plache de
le vieserie.
{Bans ordonnés pour la feste à Cambrai)
Et furent les lices préparées sur le marché de la Vieseryc,
en la ville de Gand, et fut la maison du juge devant les
maisons où se vendent les vielz habitz.
(Olivier de la Marche)
Vife, fém. de vif. — ELl'l est trop vife, elle répond trop
promptement.
Vigon, s. m. et adj.^ dur, cruel — qui détruit les petits des
animaux, des oiseaux, les œufs couvis.
Viiette, s. f., vrille^ vrilletle.
Il a deus espointe qui sont mis sus la branche à une
veillelte.
(Modus, dans Lacurne)
Vingt rats, vingt sorts, jurons.
Vint (l'année, la semain-ne qiti)^ l'année, la semaine pro-
chaine. — On disait : à Pâques prochain} venant.
Violette dûbos, dïichin, dû leu^ s. f., violette des bois, de
chien, de loup. . ., inodore, peu colorée. — Sortes de viola.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 723
Vioulouneux, s. m., qui joue du violon.
Viquer, v., vivre. — C'est le vieux verbe vesquir, veskir^ où
l'on a fait interversion des sons.
Onques hom ne vesqui si saintement.
(Joinville)
Il dit : tant a vesqui que viex est et ferrans.
(Foulques de Candie)
Ainsi vesqui li conestables
Li bons Gauchiers de Chastillon (cuens de Porchions).
(Watriquel)
Jehans de Mais li faisoit croire que jamais ne lui falroit
tant qu'il visqueroit.
(Jean d'Outremeuso)
Dedens XIII ans que saint Dominich visquat.
(Jean d'Outremeuse)
Li femme viskal bien X ans après.
{Pawcilhars)
Vitemat, adv., vile, vitemenl.
Plusieurs mirent vilement leurs bacinets en leurs testes.
(Froissart)
Vius, adj. m., vieux. — Voyez Vie.
Et veoit qu'il estoit pesant et vius.
(Chron. de Rains)
Car li mors prent tout à son kius (choix)
Sitost les jouenes com les vius.
(Renart le nouvel)
Ne viveras mes gueres, vius est et radotes.
(liom. d'Alixandre)
Je suis molt debrisié et vius.
[Fabliau Houce partie)
Par la rice resne la tint
-I- vius chevaliers, qui la guie.
[Amadas et Ydoine)
Vivie(r), s. ra., vivier, étang. — Inusité aujourd'hui, mais
resté nom de lieu.
Ilanozeaul vuet pessier les vicirs.
[Paweilhars)
Viv(r)e, v. — J'vis, j'vivans, — j'vivos — 11 ai vivu — Je
vi(v)rai — J'vî(v)ros. — Tout l'temps quû l'père ai vivu, i s'ant
ben arrangie.
Vizoin, vies-oing, s. m., vieux oing. — Voy. Vie.
724 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Un ongnement ot fait de dokes (patience, herbe)
De vif argent et de vicz oint.
(Fabliau, Vielle truandé)
Espicier suis, ie veus vieit oingt.
(Varlet à louer)
Le cent de viel oinc doit IIII d.
(Tonlieu de MézièreSy XIV* s.)
Via, voilà.
V'latie(r). — Voy. Volontiers.
Vlez-v'? voulez-vous? — Voy. Vouloifr).
Vli-vli-vli ! onomatopée. Cri d'appel pour le poulain et
même le cheval. — I,e cri du poulain : Atends-iu la pouliche
qui fait des vlivli au d^boid d'Venclos ?
Vlo-iette, s. f., violette. — Prononciation souvent entendue.
Vlo-ion, s. m., violon. — Même observation.
Vlu, voulu. — Voy. Vouloi(r).
Vo, pour votre. — Rare. — Mettez ça das vo devantie(r).
D'un coutel en vo cuisse vous convenra ferir.
(Berte aus grans pies)
Miex vos vient de lor (laurier) et de mirre
Encenser vo lit et vo cambre.
{Roi Guillaume)
Ne pert pas à vo façon
Qu'en vo cuer ait cruauté.
(Perrin d'Angecourt)
Voe (à maie), adv,, à perte, à perdition. — Voy. Vof.
Voi se prononce généralement oi, en omettant le v : (v)oir,
(v)oiture, iv)oisin. — On dit : V'(v)oirez, vous verrez. — Nous
avons noté cette chute du v en écrivant cette lettre entre paren-
thèse. Nous ferons remarquer que cette simple chute dans les ver-
bes aperce{v)oi)\ conce{v]oii\ déce(v)oir, perce{v)oiv , recc(v)oi)\
conduit à ojoe/ro/r, conroir, déçoir, perçoir,reeoir, sans qu'il soit
nécessaire de passer par les formes anciennes aperçoivre, etc. . . .
La même chute est fort bien mise en évidence dans les rimes
suivantes :
Si ot moult grant talent de boire
Cil qui bien sot la gent decoivre.
[Rom. de Renart, Méon, 6597)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 725
Gros jambons y ot, au chaut poiure,
S'en voulurent plus souvent boire.
(Gace de la Buigne)
Vo-iage, vo-iagie(r), voyage, voyager.
Vô-ie, s. f., voie, chemin, direcUon ; — coulure ; — espaces,
passages entre les planches qui divisent un jardin. — J ans 'n
terre à la vô-ie d'Angcou(r)t, c'est-à-dire parmi celles qui sont
aux environs du chemin qui conduit à A.
Si que Fkimens cote trouvèrent
Jusques au roy trestoute vuyde.
(God. de Paris)
Vô-iette, s. f.^ petite voie, sillon, surtout dans les jardins.
Il entra en une voiète
Qui le mena à le vilète.
(Fabl. de Milon d'Amiens)
J'apperçoy en la voyette
Le médecin.
{Farce d'un amoureux)
(V)oir, V., voir, — J'(v)ois, tu (v)ois, i (v)oit, j' vo-ians, v'
vo-iez, i vo-iant. — J'vo-ios. — J'ai vu. — J'verrai ou j'(v)oirai —
J'verros ou j'(v)oiros. — A vo-iant. — A Douzy, on prononce vu-ie
pour vu. — Aller (v)oir, expression signifiant courtiser, faire la
cour.
Dieu ! fait-ele, comment le «oirrai-je !
Car je le veuil voir.
{Lancelot)
Aduisez bien son estât et sa composition et vous voirez
que
(Gerson)
Offrez à Dieu requestes pertinentes
Dont on voirra les exploitz mirifiques.
(Chanson sur Anne de Bretagne)
Plustôt la mer on voirra dessalée.
(Marot)
Et couraanda que on luy apportast son filz, si le voyrroit
ains qu'il fust mis en terre.
(Rom. d'CEdipus)
Pour ung liard, voyra toute personne.
[Pierre Faifeu)
(V)oiture, (V)oiturer, (V)oiturie(r), s., voiture, voiturer,
voiturier.
Volet, s. m., instrument, ordinairement appelé oiseau, dans
lequel le goujat porte le mortier.
726 aLOSsAiRE du MûUZONNAIS
Volette, s. f., claie sur laquelle on fait égouttcr les fromages,
sécher les prunes, les pommes, etc. . .
Volie, s. f. , volige.
Volontiev'rs), v'lentie(rs), v'iatie, adv. Volontiers. Les der-
nières formes rappellent l'ancien mot voleniiers et volenté.
La maist.ress3 dist : « Volentiers ».
(Blancandin)
Et puis après les Cordeliers
De bon vin boivent voleniiers.
{Églises de Paris en 1325)
La mort ai souhaité souvent
Mais volentiers ie la fuisse.
{Dance macabre)
Vormat I Interjection marquant le souvenir, la surprise au
rappel d'un nom ou d'un fait, et signifiant : à propos eh ! mais.
— Eh bin, Vormat ! est-ce quû t'songes à me rapporter m'fusi?
— C'est l'anc. adv. Voireuent, vraiment, assurément ; jnais voire-
ment^ mais à propos, mais j'y pense !
Voiremcnt^ qui en femme met son cuer, bien le doit-on
blasmer.
(Mir. N.-D., Théodore)
Ha !.. . Voirement est Diex bon doublère.
(FabliaUf de Brunain)
Et s'il ne s'en daigne escondire,
Ains die por li mettre en ire,
Qu'il a voirement autre amie,
Gart que ne s'en corroce mie.
{Rom. de la Rose)
Vos l'ci, vos'l'là, voul'là, le voici, le voilà (vois-le là).
Car mesire Gauvains s'en vait. . .
Véés le là. . .
{Messire Gaùvain)
Ou est ? — Par mon chief, vez le là
Voslre bel umbre qui l'atend.
{Fabliau, Chevalier qui donna Vanel)
Vot (à maie), à perte, à perdition ; maie voe, désastre (mala
vola). — Voyez Voe.
De chresliens voelt faire maie vode.
(Roland)
Or voit il tôt a maie voe.
[{Fabliau des Tresces)
Vot', votre. — Voy. Not'.
GLOSSAIRE DU MOUZONNA.IS 727
Vou, S. m,, vœu. — J'ai fait in vou ! c'est quû
Voû-ie, adj., parti (parti par vô-ie, par chemin). — C'est l'an-
cien avo-yé^ comme r'voide est ravo-yé, remis en voie. — // est
vou-iE â S'dan. — J'serai bin content quand j'serans vou-ik!
Voul'là. — Yoy. Vos Ici. — Dous'qu'est Jezeuf? voul'la qui
vint.
Vouloi(r), V , vouloir. ~ J'veux, j'voulans ou jû v'ians. —
J'voulos ou jû v'ios. — J'ai voulu ou v'iu — J'vourai ou vaurai —
J'vouros ou vauros — A voulant ou v'iant = V'lez v' véni(rj aveu
nous ?
Je octroie a tous mes bourgois (le Rethest et veuil qu'il se
marient fors de Rethest et dedens Rethest partout la ou chas-
cuns voura et a quel famé il voura.
(Charte de Relhel, 1253)
Sitost con li peuple vorrj.
{Rom. de la Rose)
Car, aveuc vous, certes vaurai aler.
{Huon de Rordeaux)
Quant je vaurai savoir ke li mars de billons à cinq
deniers valra.
(Comput XIII^ s.)
Et se je muir ci, vos ferès
Del cheval ço que vos vaurés.
(Gauvain)
El ce est nus sens que je vorroie moût que tu eusses.
(Gerson)
Qu'il emmenast avoec lui de ses homes desquels qu'il
vorroit.
(Chron. de Rains)
Mieulx vorroie estre mors que vis.
{Castoiement)
Quy plus haut mont qui ne doit
De plus haut quiet quy ne voroit.
(Proverbes, Lincy)
Je ne vorroie avoir un tel péchié.
(Joinville)
Si respondi qu'il leur lairoit savoir qu'il en vaurroit faire.
(Li estoires de Coustantinoble)
Vous se prononce souvent v'. — Virez ; savez-\' bin ? — Voy.
les expr. A'vous? Sa vous, avez-vous, savez-vous.
Pourquoi av'ous espousé l'estrangère,
(Miroir de l'âme pécheresse)
,V'a vous point vu la péronnelle.
(Ane. théât. françois, IX, 129)
728 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Vousiller, vousi-iie(r), v., s'adresser à quelqu'un en se ser-
vant de vous et non de iu. — Est donc opposé à tutoyer, qui se
dit alors dévouser. — Littré enregistre voussoyer et cite un
exemple du xvi^ s.
Touchant à l'inventeur du vousier, je ne l'ai treuvé.
(Bonivard, Noblesse, p. 242)
(V)uide, ouîde, quelquefois voude, veude, vûde, adj.,
vide. — L'tounai n'est m' co vude.
(Que) Je n'ose entrer en ma porte
A vuide main.
(Colin Muzet)
Cil qui ira a borse vuide
Est bien fols.
(Rutebeuf)
Li tiere de Jherusalem estoit vuide de chevaliers.
{Chron. d'Ernoul)
Et arrasa le chaste! telement qu'il ne demoura que la
place vuide.
(Guillebert de Metz)
Li veriteiz portans la semblance de pitiet tote veude de
verluit.
(Serm. S^ Bernard)
(V)uidie(r), ouîdie(r), quelquefois vûdie(r)^ voûdie(r), v.,
vider.
Votre chambre ferai de toute part vuidier.
(Berte aus grans pies)
Quant li Tur de la ville virent l'ost si vuidie.
(Guill. de Tyr)
C'est la grande compaigne, qui de France est vuidie.
(Du Guesclin)
Se Sarrazin encontrent qui nel' fiere
De maint vassal vuideront l'estrivière.
(Foulq. de Candie)
Entrant ont fait les ijours veudier,
[Guerre de Metz)
w
"W se prononce ou. — Dans les anciens dialectes, w s'est sou-
vent substitué a g ou gu ; c'est ainsi qu'on a dit wage pour gage,
warandir pour garantir (il y a warant), wé pour gué, waiti pour
gain, etc. . . Un certain nombre de ces mots nous sont restés avec
la forme en w.
GLOSSAIRB DU MOUZONNÀIS 729
Et celle amende ou les ivages pour celle amende, mes
prevost porra penre et lever.
(Charte de Rethel, 1253)
Je promets H warandir envers tous qui à loi
(Car lui. de Rethel, 1287)
■Wachie(r), v. , clapoter, faire le bruit de l'eau qui est chassée et
remuée dans un petit espace : J'ai boulé ; écoute comme ça
WACHE das m' solei(r). — En patois normand, vachier signifie
mouiller, salir de liquide. L'anglais wash est eau, et l'origine de
notre mol est évidemment le ternie weich^ mou. — Voy. le v.
Avachi{r).
Wadlincou(r)tie(r), s. m., habitant de 'Wadelincou(rt).
Wa-iin, "wa-îen, s. m., saison des semailles d'automne,
c'est-à-dire du la septembre au 20 ou 25 octobre. — Désigne
aussi la culture, les semailles elles-mêmes, la récolte sur pied.
On dit : Ju n'sarai v'pai-iie(r) cuvant wa-ien, c'est-à-dire avant
octobre; faire lu wa-ien, c'est cultiver les terres qui doivent rece-
voir les blés, seigles, épeaulres, etc. ; semer le wa-ien, c'est
semer le blé, seigle, etc. ; couper, récolter Twa-ien, c'est mois-
sonner les céréales semées à l'arrière-saison. — On a déjà vu que
gain, gaing..., désignaient les produits de la terre : le mot
gaingneur désignait un laboureur, et gaingnei ie,des champs cul-
tivés, 11 nous reste regain. Le ica-in est une forme de gain, et l'on
a rencontré revahin pour regain.
Quatre franchars de ivayn a paier chascun an.
(Cartul. d'Orval, 1251)
C'est assavoir un weiin et deux mars de quelle semence
qu'il vauront.
(Cartul. de Rethel, 1301)
Item, je tieng en la chastellenie de Raucourt, troys muis
de grain que je pren chascun an sour les moulins de Rau-
court, moitié ivain, moitié grosse mouture.
(Id., 1322)
— 21 arpents de vuain et les prés sont complètement rui-
nés — Balocier ne peut verser son wua/in, faute de bestiaux.
(Procès-verb. des dégâts faits à la suite de la
bat. de la Marfée, 1641)
En cel ain, en temps de wayen, se apparut le estoile
comète enparties de Occident.
(Jean d'Outremeuse)
La saison dou tourni revint
En wain.
(Jean de Condé)
730 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Mes les fourrages do qaain (regain, de l'automne)
Furent are, et saus et sain.
(Cliroii. de S^ Magloirc)
Si com de printens et d'esté
Et de gayn qui après vient
Et puis d'yver.
(Adenès li Rois)
Et li Franchois avoient jà leur waaing (gain) envoie à l'os.
(Rob. de Clari, Est. de Coustantinoble)
Waingnier, v., gagner (à la frontière).
Il i ont puis tous jours atendu, ne n'i loaaingnicrcnt rien.
{Li estoires de Coustantinoble)
■Waitie(r''^ v. , regarder, surveiller, guetter, prendre garde. —
Waite in peu les alondes qui s'a rvant d\jà ! — Waite à revé-
ni{r] devant la tiuit, pense à revenir. . . — Waite à ti I gare !
prends garde. — J'cas \vaitie(ii) après 'n belle carotte, je vais
chercher. . . — On n waiterot mi l'soleil longtas. — Ce mot,
dans ces divers usages, provient évidemment de guaitier, guetter,
et de wairdier, icaidier. garder. — En anglais, le guetteur, la
sentinelle, le domestique qui surveille se dit waite, tcaiter
(transporté du normand guaite) ; il y a le verbe to îvait, qui reste
du dialecte normand vaiter, observer. Enfin on emploie encore
gaitie pour : regardez ! dans le Bugey.
Et que li counestable commangent et faient waiticr ensi
coume il doivent.
{Recueil Taillar)
Et si aveir trespassent per iloc u il deivent waiter.
{Lois de Guillaume)
D'un vilain eu nie qui vaita
Dedens sons wis (huis) si esjiia.
(Marie de France)
S'aucuns tvailc aucun, et il foule ou toulle en la boe.
{Chron. de Tournay)
Si les waila Morchoilcs au repairier.
(Robers de Clari)
L'arcevesque ivaila.
(Ph. Mouskès)
Vous wailerés chaiens le coc
Ou vous me lairez cha che froc.
{Jus de la feuillée)
Pincedé, warde, que t'empruntes.
(Bodcl, Jus. S. Nicholai)
Quant il furent descendu, si wardent avant.
(R. de Clari, Est. de Coustantinoble)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 731
Walâ, nom propre du pays. — Est-ce le vieux mol allemand
iralah, signifiant gaulois^ étranger ?
Wanlée, s. f., rincée, ondée. — Lavage d'une certaine
quantité de linge. — J'ans reçu 'n bonne wanlke en routai J'sans
tout frais!
Wanler, v., laver, rincer (du linge). — On irai wanler les
torchons dus l'gué.
Wape, s. f., guêpe. — Wasp est encore le nom anglais de la
guêpe.
Ne grosse raouske, ne wibet
Ne lunge loespe, ne cornet.
(Marie de France)
Vespa, tcespe.
{Gloss. Rom. lat., XV' s.)
Warde. wairde, s. t'., garde (à la frontière).
Ne pren mie warde, ô tu hom, à luy, ouquel chose il en
sentet.
(Serm. S' Bernard)
Dou fief dessus dit je do! et sui tenue à palier la ivarde à
Omont an et jour.
(Cartul. de Rethel, 1322)
Et fist H dux les pons si bien warnir que cil qui i
montassent pour assalir n'eussent loarde ne de quarriaus
d'arbalestes, ne de saietes.
(R. de Glari, Estoires de Coustantinoble)
Warder, wairdie(r), v. , garder. — IL es^t) allé wairdie(ii)
nos vaches.
Et je al juré icelle ville (Ballay) à loarder et à sauver à
mon pooir envers tous.
{Cart. de Rethel, 1249)
Li deriains eschevins feroent ce jugement tenir et warder.
(Charte de Relhel, 1253)
Et plus ne leur pourroit demander s'il se ivardent de raef-
faire.
(Charte de Nouvion, 1290)
Qui loardera bestes par soy.
(Ord. de Reims, 1378)
Fait meilleur warder le wage.
(Adam de la Haie)
"Wardeus, "Wairdeus, s. m., garde, gardien. — C'est in
wAiBDEUs de vaches.
732 GLOSSAIRE DU MOUZONNaIS
Wari(r), v., guérir. — Rare aujourd'hui.
Si y fu si povres qu'il ne pooit warir.
(Robers de Clari, Est, de Coust.)
Waurde (je n'ai), expr. je n'ai garde, il n'y a pas de danger.
— J'ii'ai WAURDE dû montrer rn'paiipie{r), i mû L'prenrot.
Wé, s. m., gué, passage de rivière. — L'expression gué est
resiée allachée à la ?nfl/'e ; et wé, qui n'en est qu'une traduction
dialectale ou paloise, n'est conservé que dans les noms de lieu :
Wé, section de Carignan ; LongwÈ, autre commune des Arden-
nes ; à Raucourt, on trouve le Wé N^olet (près de l'ancien châ-
teau) ; en 1752, il est question du jardin de J. Wilmet « sis au Wé
Nolet, près duquel aboutoil la terre du roy. »
Vadum, Wès.
{Gloss. Rom. lat., XV* s.)
Castiel en tieu de Sarrazins, en ■!• lia c'en apieie le
c Wès Jacob. »
(jChron. d'Ernoul)
"Wères, adv., guères. — Des canadas ! oh ! n'i a 'n ai wères.
Il ne tenoit woires bien les trêves qu'il avoit données ne
sen sairement.
(Chron. d'Ernoul)
Et ne demora ivaires après que li empereres et si traiteur
pourparlereni une grant traïson.
(R. de Clari, Est. de Coustantinoble)
"Wez pour voyez : Wez don(c) in peu(ie). — La vlà qui vint,
WEZ.
Wichetraque^ s. m., oiseau; c'est le traquet pâtre, dont le cri
ressemble au tic-tac d'un moulin.
Wîdange, s. f., vidange, action de vider, le moment où l'on
vide. — On paierai à la wîdange des coupes.
Cuers ne doit servir de widenges.
(Congiés de Baude Fastoul)
"Wide, (v)uide, ouide (v. ces mots),adj. et s. m., vide.
Et se les terres demeurent wides plus d'un an et un jour. . .
(Charte de Rethel, 1253)
Adès ont-ils wides les mains.
(Watriquet)
Mais lors perchiu que cil qui cuide
Qu'il a de sens la teste wuide.
(Tûurn} Antéchrist)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 733
Or remanra la terre loide de seigneur.
(Comtesse de Ponthieu)
■Widie(r), v., vider. — P. p., ividie.
Faistes ceste cambre tuidier
De tous, fors de cest chevalier.
{Amadas et Ydoine)
Vostre chambre ferai de toutes parts widier.
(Berte as grans pies)
Les arçons en a fait widier et délivrer.
(Quatre fils Aymoh)
Por poi que Nicolas a la sele widie.
(Rom. d' Alixandre)
Enmanire, ividier.
{Voc. lat. fr., A7//« s.)
S'ont veu Helvas de son batiel widier.
(Cygne)
Chascun, pour la poureté d'icelluy (pais de Retheloys) se
loyde et vuelt wydier et absenter pour demeurer es pays
voisins.
(Lett. pat. de 1405)
Et el demain wident l'ostel.
(Blancandin)
Winquer, ie(r), v., crier, pleurer en criant (onomat.). —
P. p., -winqué, winquie. — On atend les souris qui winquant.
— J'crois hin quïi Vcochon winquot ! il avot la queue prinse das
la porte ! — T m" samblot hin, là! qu' les lapins uvaint winqdie !
Wiquer, v., pousser un cri perçant, aigu, une sorte de siffle-
ment sec. — On atend. des petits pierrots qui wiqdant das leu(r)
nie.
Y, Z
Yaue, Yawe, s. f., eau. — Voyez aiwe, eve, iaue et ajoutez
iwe, qui a peut-être donné Yvoy (Carignan, sur la Chiers, tout
près de Wé, qui parait bien être sur le trajet de l'ancienne voie
romaine de Reims à Trêves).
Aveu de t damoiselle de la Morte Yauwe >.
[La Marteau, près Vendresse sur la Bar)
Item toutes yauwes qui sont ou terroir de la Morte
Yamve, excepté le cours de la rivière de Bar.
(Cartul. de Rethel, 1322)
Que l'ordonnance sur les poissons de mer et d'yaue
douce soit tenue et gardée.
(Ordonnance de 1307)
734 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Yauques. — Voy. lauques.
Yus, s. m. pi., yeux. — Vus d'chat, pensée sauvage. — On dit
plus souvent zius : in zius, J'ai mau m'zius.
Zeux, pron. pers., eux. — C'es(t) à zedx, c'est pour ze\:x^ c'est
r/'zELx. — On n'altend pus qu'zEVx. — Quand zeux sant là, on
n'alcnd (entend) pus qu'iEUx. — S'emploie aussi pour le pronom
leur, et même l'adj. possessif : A zeux disant doucemat^ i com-
prenrant p'tèt{re), — I faisant zeux pus grand repas à midi.
Zous, prép., sous, dessous. — .Fl'ai racontré aveu{c) in' afant
zoL's chaque ttras.
Zozo, Zo désigne un petit être chétif, malingre, surtout petit.
— On dit ironiquement Que gros zo ! quel petit bonhomme!
Serait-ce un abrégé de gros homme? — Zozo devient un surnom
et Xom des zos un juron.
{A suivre) N. Goffart.
NÉCROLOGIE
Nous apprenons avec rej^rel la rnorl de M. Gustave-Ernest Bugç,
imprimeur, directeur-propriétaire et rédacteur en chef du Cour-
rier de la Cliampagnp, décédé à Reims, le 9 août 1898, dans sa
cinquante-cinquième année.
Fils d'un modeste instituteur de campagne, et Taîné d'une nom-
breuse famille, il s'était créé par ses propres forces une situation
distinguée dans la presse de province, grâce à son intelligence très
vive et à son labeur assidu.
.M. Hugg avait succédé à M. (Miarles Martin dans la direction du
journal rémois où il défendait avec résolution et fermeté la politi-
que libérale et conservatrice, sans toutefois se départir jamais,
dans les polémiques, de la modération et de la courtoisie. Aussi ce
doyen de la presse rémoise emporte-t-il dans la tombe l'estime de
ses amis politiques comme de ses adversaires. Esprit doux et
conciliant, il était pris volontiers pour arbitre par les différents
partis, et cette considération lui venait à la fois de Fancienneté de
sa carrière et de l'autorité de son caractère.
Les obsèques ont eu lieu à Reims, le 12 août, en l'église Notre-
Dame, au milieu d'une aftluence de notabilités appartenant à tous
les partis.
Au cimetière du Nord, des discours émus ont été prononcés
tour à tour par MM. Real, rédacteur en clief de V Indépendant
rémois, Ogée, rédacteur du Courrier, Ledru, prote de l'imprime-
rie, et Lemoine, gérant du Champenois d'Épernay.
M. Alfred Poirrier, sénateur de la Marne, conseiller général du
canton d'Esternay, est décédé à Reims le 15 septembre 1898.
M. Poirrier était né le 30 novembre 1826 à Esternay. Maire de
cette comnmne et vice-président du Conseil général de la Marne,
il fut élu sénateur le 7 janvier 1894, en remplacement de M. Mar-
gaine, décédé. M. Poirrier siégeait dans les rangs de la gaucbe
républicaine. Il était cbevalier de la Légion d'honneur.
Les obsèques ont eu lieu à Esternay, le 19 août, en présence de
MM. Diancowrt, sénateur, Bertrand, député, du préfet et de plu-
sieurs conseillers généraux. Selon la volonté formelle du défunt
la cérémonie a été des plus simples, et aucun discours n'a été pro-
noncé.
On annonce également la mort :
736 NÉCROLOGIE
De M. Tabbé Louis-Auguste Férat, ancien aumôniei de la prison
cellulaire de Mazas, professeur de sciences, retiré depuis quelques
années à Colombes, près Paris, où il est décédé le samedi 13 août
1898, dans sa quatre-vingtième année.
Originaire de Broyés, oîi résident presque tous les membres de
sa famille, M. l'abbé Férat y a été inbumé, selon ses dernières
volontés ;
— De M"« Françoise Langénieux, sœur du cardinal-archevêque
de Reims, décédée en celte ville, au palais archiépiscopal, le
dimanche 14 août 1898, dans sa soixante-et-onzième année.
Les obsèques ont eu lieu le 17, en l'église Notre-Dame, au
milieu d'un grand concours de fidèles.
Le cardinal conduisait le deuil, assisté de son frère, M. Auguste
Langénieux, et de M. Léon Chevallier, conseiller référendaire à la
Cour des Comptes. La messe a été chantée par M. l'abbé Collignon,
archiprrtre de la cathédrale, et l'absoute donnée par Msr Jourdan
de la Passardière, évêque de Roséa, qui présidait la cérémonie ;
— De M. Louis-Antoine-Charles-Marie de Valon, comte d'Am-
brugeac, décédé, muni des sacrements de l'Eglise, en son château
de Nogentel, près Neuvy (Marne), le 15 août 1898, dans sa quatre-
vingt-deuxième année.
Les obsèques ont eu lieu en l'église paroissiale de Neuvy le 18.
En M. d'Ambrugeac s'éteint un beau nom qui avait reçu une
illustration nouvelle sous Napoléon l^^ ;
— De M. Ernest-Louis-Victor Walbaum, lieutenant-colonel au
2* régiment d'artillerie de marine, officier de la Légion d'honneur,
décédé à Avranches, le samedi 20 août, dans sa quarante-cin-
quième année.
Les obsèques ont été célébrées à Reims le 23.
Les honneurs militaires étaient rendus par deux compagnies du
132* de ligne.
Après la cérémonie religieuse qui a été célébrée au temple pro-
testant, le cortège s'est rendu au cimetière du Nord^ où l'inhuma-
tion a eu lieu dans un caveau de famille ;
— De M'n'^ de Royer, décédée au château des Deux-Tourelles
(Seine-et-Oise, à l'âge de 78 ans.
Née de Rrière de Mondétour, M"'^ de Royer était veuve de M. de
Royer, ancien ministre de la Justice, ancien premier président de
la Cour des Comptes, président, de 1858 à 1870, du Conseil géné-
ral de la Marne, assemblée à laquelle il appartenait comme repré-
sentant du canton de Châtillon-sur-Marne.
M"^ de Royer était la mère de MM. Clément, Paul et Louis de
Royer, avocats à la Cour d'appel de Paris ;
— De M"'' veuve Simon Weil, née Adèle Lévy, décédée à Vitry-
le-François, le 12 septembre, dans sa cent-unième année, après
deux jours de maladie. Elle jouissait encore de toutes ses facultés,
NÉCROLOGIE 737
et c'était plaisir de voir cette aimable centenaire, allant et venant
dans sa maison, s'occupant des soins du ménage, cousant même
sans lunettes et ayant conservé une lucidité d'esprit vraiment
étonnante ;
— De M. l'abbé Coliignon, curé de Tours-sur-Marne depuis )8o3,
décédé à l'âge de 75 ans.
Les obsèques ont été célébrées le \'6 septembre, sous la prési-
dence du curé-doyen d'Ay ;
— Du R. P. Joseph Jenner, de la Compagnie de Jésus, décédé
à Reims, le 23 septembre.
- Ses obsèques ont eu lieu le 20 en l'église de Notre-Dame ;
— De M. Victor Defert, décédé à l'âge de 82 ans à Moivre
(Marne), où depuis soixante-quinze ans il chantait au lutrin de la
paroisse. 11 était sans doute le doyen des chantres des églises de
France.
47
BIBLIOGRAPHIE
Les aventures merveilledses de IIuon de Bordeaux, pair de France,
mises eu nouveau laujiage par Gaston I'auip, de l'Académie française.
— Librairie de Paris. — Firmiu- Didol el C", éditeurs, 56, rue Jacob.
1 vol. iu-4°, broché, 15 francs. — Cari, fers spéciaux, 20 franc?. — R^^L
amateur, 23 francs.
M. Gaston Paris a entrepris de mellrc à la portée des lecteurs
modernes, el spécialement des jeunes lecteurs, la merveilleuse
histoire de Huon de Bordeaux, de ses aventuies en Orient, de sa
rencontre avec Auberon, le petit roi de Féerie, devenu Obéron
depuis Spenser et Shakespeare, — et de sa rentrée en grâce
auprès de l'empereur Charlemagne.
On reproche à nos érudits de ne pas assez faire pour la divulga-
tion des héros de notre antique poésie ; le savant professeur au
Collège de France a voulu montrer que, pour sa part, il n'avait
rien d'un dragon gardant le jardin des Hespérides, et qu'il était
trop heureux de facilitera tous l'accès du merveilleux verger.
Grands et petits l'en remercieront, car il ne se peut rien de
plus charmant et de plus amusant que ce vieux récit, sorti de
l'imagination d'un vieux « trouveur » artésien du xii' siècle.
Dégagé de quelques longueurs et de quelques redites, débar-
rassé du remplissage que la trop facile allure des longues tirades
monorimes suggérait au poète, Huon de Bordeaux a conservé
sous la plume adroite du u renouveieur » toute sa fraîcheur et
tout son entrain. 11 va retrouver le succès qu"il a eu dès son appa-
rition, succès qui s'est poursuivi pendant des siècles dans la ver-
sion de la B'ibiiolhèquc fc/cnc, malgré la gaucherie el la lourdeur de
mise en prose, et qu'il a obtenu auprès de Wieland et de Weber.
Si cette Odyssée du Moyen-âge est faite, par lo charme du récit
el la gaieté du ton, pour plaiie à tous les lecteurs, elle doit plaire
surtout aux lecteurs français, car il n'est pas d'oeuvre plus fran-
çaise, ni dont le héros montre plus complètement et plus ingénu-
ment les qualités maîtresses de notre race et aussi quelques-uns
de ses défauts, — de ceux qu'on lui a toujours pardonnes.
N'oublions pas d'ajouter que le volume de Huon de Bordeaux a
élé édité avec tout le luxe, le soin et le goût qui président d'ordi-
naire aux publications sorties des presses de la maison IJidot : Les
caractères typographiques dessinés par Kugène Grasset, les aqua-
relles du Manuel Orazi, reproduites en fac-similé, les encadrements
de pages et enfin la couverture en couleurs (iu même artiste, sont
autant d'éléments qui contribueront au succès d'une œuvre si
charmante et cependant si ignorée de notre temps.
BIBLIOaBAPHIE ^89
Guide illuslré de la vallée de la Meuse, texte et dessins de M. Fhédébic
Uenbiet, inenibre de la Société des Artistes français. — Reims, Matol-
Braine, 1898, in-S" avec une carte coloriée et 47 f^ravures dans le texte.
— Prix : 2 fr. 25, et fran-o, 2 fr. 50.
Cbaniiaiit petit volume comme apparence et illustralioii, cet
ouvrage est non moins attrayant pour le fond, le style descriptif
et la valeur des renseignements. Il y a longtemps que l'auteur des
Campagnes d'un Paijsagisle avait décrit la partie pittoresque des
Ardennes qui s'étend de Gharleville à Givet, mais il n'en avait pas
depuis vulgarisé l'utile relation. Ce service, inapjiréciable pour les
touristes, vient d'être rendu à tous par l'intelligente et fructueuse
initiative de M. Henri Malol, l'éditeur si empressé et si bien ins[)irè
qui nous fournit un nouveau petit cbef-d'œuvre.
Remercions donc M. Frédéric Henriet, et remercions de même
M. Henri Malot^ car l'un et l'autre ont bien mérité des amateurs et
des artistes. H. J.
Sommaire de la Revue hUtorique ardennaise (septembre-
octobre 1898) :
I. Le cahier de doléances de Saint-Quentin-le-Petit, en 1789, par Henri
Jadart.
II. Le Sacrariutn Remensis Ecclesiœ de Dom Ganneron, chartreux da
Mont-Dieu, par A. Frézet.
III. Le général Maucorable, de Gharleville (1776-1850), par Arthur
CeUQOET.
IV. I^iblxOgraphie. — Henri Judarl, Essai d'une bibliographie historique
et aixhéologique du département des Ardennes (Dom Albert Noël). —
Arthur Chuquet, La jeur.esse de \'apuléon : La liévolulion {II. Javart).
— Olivier d'Escannevelle (L -H. Moranvllé).
V. Chronique. — Recompenses décernées à des Ardennais par l'Acadé-
mie de Ueims, eu 1898.
Sommaire de la Revue d'Ardcîine et d'Argonne (septembre-
octobre 1898) :
Georges Deleau, Pays wallons : Herbeumonl et la vallée de la Semoy
{suite cl fin).
Stéphen Leroy, Les sièges d'Umont de 1589 à 1591 {suite cl fin).
H. MiCHAELis, Observations sur l'état du temps et des récoltes dans l'Ar-
denne, de 1680 à 1G87, par Dom Romain Paschal, receveur de l'abbaye
de Sainlr-Hubert.
Chf.onique. — 1. A propos de l'exploilaliou des rochers des Quatre- Fils-
Aymon.
II. Découverte numismatique à Evigny.
III, Notes sur Paul V'erlaine.
740 BIBLIOGRAPHIE
IV. Vues ardennaises en albums el en caries postales (Henri Bourgui-
gnat).
V. La maison de campagne de Turenne à Paris
Bibliographie. — Histoire des communes du canton de Flize el d'' Vah-
baye d'Élan, avec une notice iur Jean Meslier, curé d'Etrépigny, par
E. Thellier (P. Collinet).
Guide illustré de la vallée de la Meuse, par Frédéric Henriet (P. Col-
linet) .
Livre?. — Périodiques.
Table des matières.
*
Sommaire de la Reçue historique (tome LXVIII, septembre-
octobre 1!
P. Imbart de la Tour : Les paroisses rurales dans l'ancienne France
(6n), p. 1 à 54. — EuG. Velwert : Les derniers conventionnels, p. 55
à 60. — P. BoiANOvsKi : Quelques lettres inédites de J.-J. Monnier,
p. 61 à 69. — Ch. E. ŒLSNi.R : Notice biographique, accompagnée de
fragments de tes mémoires relatifs à l'histoire de la Révolution fran-
çaise, publiée par Alf. Stem (suite), p. 70 à 80.
Dans les Fragments des mémoires de Œlsner, nous signalons quelques
pages intéressantes sur la fuite de Louis XVI et son arrestation à
Varennes.
Sommaire du BuUetlfi du Bibiiopkile el du Bibliothécaire {\^
août 1898) :
Philippe Tamisey de Larroque, par M. Maurice Tourneuï.
Notes autographes de la reine Christine sur un volume de la bibliothèque
de Naples, par M. L.-G. Pélissier.
Note sur le Mystère de la Résurrection attribué à Jean Michel, par
M. Gustave Maçon {fin).
Les Petits Rovianliques : Jules de I ességuier, par Vl. Eugène Asse
(suite).
Chronique.
Revue de publications nouvelies, par M Geoi'GES Vicaire-
Livres nouveaux.
Sommaire du Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire (Ib
septembre) :
Sonnets d'Angleterre et de Flandre, par Jacques Grévin, publiés par
M, Léon Dorez.
Les Thouvenin. relieurs français au commencement du XIX' siècle, par
M. Léon Gruel.
Philippe Jamizey de Larroque, par M. Maurice Tourneux {fin).
Les Petits Romantiques : Jules de Rességuier, par M. Eugène Asse
{suite).
BIBLIOGRAPHIE 741
Revue de publications nouvelles, par M. Georges Vicaire.
Chronique.
Livres nouveaux.
A TRAVERS LES REvuKs. — Daris la Revue des Traditions popu-
laires (livraison d'aoûL-septembre 1898), noire compatriote et
collaborateur M. Louis Morin publie un intéressant Essai de bla-
son populaire de VAube.
CHRONIQUE
SociKTK ACADÉMIQUE DR l'Aube. — Sèaûce du 19 aoùl fS9S. —
Présidence de M. le cornle de Launay, président.
Ouvrages o/ferls.
Par M. Herluison, membre correspondant : l^" la plaque en cui-
vre d'un portrait de Philippe de Champagne, peint par lui-même
et gravé par Ph. Le Febvre ;
2» Souvenirs Orléanais à Bologne, Réginald de Sainl-Aignan
el Jeanne d'Arc ;
3° Les Souvenirs de Jeanne d'Arc à la Cathédrale d'Orléans,
verrières, inscription commémorative, bannières et cloches.
M. Herluison a joint à ces notices, dont il est Fauteur, un travail
de M. Bimbenet, édité par lui et relatif aux écoliers de Picardie et
de Champagne à TUniversité d'Orléans. L'auteur y mentionne les
noms de plusieurs étudiants de Troyes et d'Ervy, qui sont devenus
les chefs de l'Association des étudiants.
Par M. Fliche, membre correspondant, le tirage à part d'une
Noie sur les lu/s du Brabanl (Vosges) el les varialions du noise-
tier commwi.
M. Louis Hariot, membre associé, envoie la première partie d'un
travail intitulé : Le XVII^ siècle. Les parcs, les vergers, le^ jardins
dans l'Hisloire de France.
Lectures et communications des Membres.
M. le président de la section d'agriculture fait connaître les pro-
positions de la section pour l'emploi de la subvention de 300 fr.
accordée par M. le minisire de l'Agriculture :
I" Médaille d'or de 100 francs à M. Renaud, fermier à Ricey-
Haute-Rive, pour l'ensemble de son exploitation agricole ;
2" Médaille d'or de 100 francs à M fîuichard-Dozier, construc-
teur-mécanicien à Troyes, rue Saint-Gilles, inventeur d'appareils
de préservation pour les machines à battre et les scieries ;
3" Médaille de vermeil de 2o francs à ISL Alfred Carré, horticul-
teur à Saint- Julien, pour une collection de glaïeuls obtenus par ses
semis ;
4» Médaille de vermeil de 2o Irancs à M. Vacherot fils, à Auxon,
pour ses plantations de vignes américaines et sa collaboration aux
travaux de viticulture de M. le professeur départemental d'agri-
culture ;
b" Médaille de vermeil de 2u francs à iM. Philippe Dupont, à
Saint-André, pour sa propagande apicole dans l'arrondissement 4q
Troyes ;
CHRONIQUB 743
6° Médaille de vermeil do 23 francs à M. Potrat, jardinier, pour
la durée de ses bons services dans la même maison.
Ces diverses propositions sont adoptées.
M. l'abbé Nioré a la parole pour une communication relative à
Hugues de Payan, fondateur en t) 18 de l'ordre des Templiers. Les
journaux de rArd<"'clic ont annoncé qu'un Père Jésuite de La Lou-
vesc venait de découvrir que Hugues de Payan serait né, le
9 février 1070, au château de Mahun (.\rdècbe). La plupart des
historiens le faisaient naître en Champagne. M. Nioré s'est adressé
directement à M. le supérieur des Pères Jésuites de La Louvesc et
il lui a été répondu par le P. Cohanier que la nouvelle publiée par
les journaux est inexacte. Il n'a rien été découvert au sujet du lieu
de naissance de Hugues de Payan. La Champagne, forte dulémoi-
gnai,'e de la plupart des historiens, peut continuer à le revendi-
quer pour un de ses eiifants.
Société historique rt archéologique de Château-Thierry. —
Séance du 2 août IS9S. — Parmi les ouvrages reçus, le secré-
taire signale les notes de M. A. Boanây (Revue d' A J^denne eld'Ar-
gonne) sur le folk-lore wallon. Bien des locutions se retrouvent
dans les villages des marches de la Champagne et du Relhélois.
M. Hiomet est un infatigable correspondant qui dépouille, au
profit de la Société, les archives de la commune de Villeneuve-
sur-Fère, archives souvent intéressantes, ainsi qu'on a déjà pu le
voir. Il s'agit aujourd'hui de pièces relatives aux libéralités : 1° de
M. de Baslard à l'occasion de la refonte des cloches de Villeneuve
en 1804; 2» de Simon Cirardin et de Henriette Coutelier, sa
femme, en faveur des pauvres de ce village. Un testament du
15 messidor an XIII (4 juillet 1805), passé en l'étude de M"" Lacan,
notaire à Fère, confirme une donation de 300 livres. Il n'est point
inutile de rappeler ce nom de Lacan qui est celui d'une vieille et
honorable famille de la contrée.
Parmi les pièces remises par .M. Riomet, deux semblent mériter
une mention spéciale. La première porte pour titre : « Rentes sur
les revenus du Roy reconstituées en exécution de la déclaration du
23 février 1786. * Ce document porte la date du 22 septembre
1792. La formule — le protocole pour mieux dire — est intéres-
sante à constater : W Gromet, fille majeure, une bienfaitrice de
Villeneuve^ a été autorisée, en échange d'un contrat de rentes de
200 livres perpétuelles exemptes de toute retenue sur la ville de
Paris, à reprendre, au denier 20, une somme de 4,000 livres
qu'elle reverse ensuite à messire Louis-Marie-Joseph-Julien de
Lisle, administrateur de la Trésorerie nationale, à l'etfet de jouir
d'un nouveau titre. « Par proclamation du 11 novembre 1789,
S. M. a subrogé les maires, lieutenants de maires et membres de
la municipalité de la ville de Paris aux pouvoirs ci-devant donnés
aux prévôts des marchands, échevins et à MM. les commissaires dtj
744 CHRONIQUE
Conseil ». C'était une réforme nécessaire ; que n'ont-elles été tou-
tes aussi sages !
La seconde pièce est « le compte des revenus de l'église parois-
siale de Villeneuve présenté par le procureur-fabricien-receveur,
le 29 septembre 1T65, et par lui affirmé véritable ». Le fabricien
— si bien titré — était le sieur Antoine Brismontier, garde de
M. le marquis d'Harmantière (sic). Je dois dire qu'à l'époque
actuelle on peut douter que le compte de la fabrique de Ville-
neuve et de bien d'autres paroisses, sans doute, soit dressé avec
autant de soin que celui que nous signalons. iNous reviendrons
plus tard sur les biens et rentes de ces fabriques.
Nous avons emprunté à l'un des membres honoraires les plus
érudits, M. le comte de Marsy, président de la Société française
d'arcbéologie, quelques passages de son compte-rendu d'une
excursion faite à Villers-Cotterets et à La Ferté-Milon. La statue
d'Alexandre Dumas, due au ciseau de Carrier-Belleuse, rappelle
bien la figure énergique du fécond romancier. L'église est un édi-
fice de peu d'importance, trop exiguë pour la population de la
cité et appartenant à tous les styles, du roman au xviii^ siècle. Au
cimetière, des dalles ou des colonnes avec les noms des Dumas,
de Demoustier, l'auteur des LeUrcs à Emilie^ etc. I.e château est
une des premières œuvres de la Renaissance ; commencé en 1528
pour servir de rendez-vous de chasse à François I" et à sa cour, il
fut terminé en 1 535. Au-dessus de la porte principale est l'ancienne
chapelle, superbe pièce remise à neuf il y a quelques années, et
dans laquelle fut signée la célèbre ordonnance de 1339 qui réor-
ganisait la justice en France, prescrivait l'emploi de la langue
française dans les actes de procédure et établissait les registres de
l'état civil.
La Ferté-Milon, avec ses deux églises ornées de curieux vitraux,
les ruines du château, rétabli par Louis d'Orléans, le haut-relief
qui surmonte la porte ogivale représentant o le couronnement de
la Vierge », la statue de Racine par David d'Angers, devait atti-
rer l'attention des visiteurs. Nous avons eu déjà, pour notre part,
à la suite d'une excursion faite par la Société, à mentionner tout
ce que cette bourgade renferme de remarquable, sans oublier les
maisons, que l'on assure avoir été habitées par la famille de
Racine et par celle de M'"^ de La Fontaine, née Héricart.
Le Musée de Château-Thierry, réorganisé par les soins intelli-
gents de M. Fr. Henriet, occupe actuellement, dans la maison de La
Fontaine, les salles du premier étage, en face de celles qu'occupe
la Société; ce .Musée commence à provoquer la visite des amateurs.
Hier, nous avons eu la bonne fortune d'y rencontrer M. le baron
Diipin (de la famille des trois Dupin de Varzy). La suscription de
« Baron de Nervo », mise au bas d'un buste en terre cuite repré-
sentant un officier du premier Empire ou de la Restauration, intri-
guait le visiteur qui est entré, par son alliance, dans la famille de
CHRONIQUE 745
Nervo. Ce buste avait tout d'abord été attribué à M. de Juniac, dont
la famille a longtemps habité Château-Thierry. M. Fr. Henriet a
établi que cette attribution n'était point fondée ; celle de M. de
Nervo est-elle certaine? c'est ce que va démontrer l'enquête à
laquelle va se livrer M. le baron Du[)in en consultant les portraits
de la famille de Nervo, autrefois propriétaire du château d'Etam-
pes ; la rue principale du village porte encore le nom « de
Nervo ».
L'assemblée, appelée à se prononcer sur le choix d'une excur-
sion archéologique, décide que cette excursion aura lieu le samedi
13 août et comprendra la visite de Senlis et de Chantilly. M. Mau-
rice Henriet veut bien se charger d'être le cicérone des excursion-
nistes.
Ms"" Deramecourt, évêque de Soissons et Laon, a pris depuis peu
de temps possession de son siège, et invite chaleureusement les
prêtres de son diocèse à prendre part aux travaux des Sociétés
savantes de leur région. Nous augurons bien de cette sage recom-
mandation qui nous vaudra prochainement, espérons-le, le con-
cours d'auxiliaires précieux. Comme vicaire général d'Arras,
Ms'' avait donné l'exemple ; depuis quelques années, il présidait la
Société académique de cette ville. Nous avons à mentionner les
travaux historiques dûs à la plume du nouvel évêque qui, sur la
proposition du secrétaire, est acclamé membre d'honneur. M. le
vice-président Henriet se charge de transmettre au prélat l'an-
nonce de sa nomination.
Séance du 6 septembre 1898. — De divers côtés on a relevé
l'article de M. F. Sarcey : e Grains de bon sens », sur la maison
natale de P. Corneille à Rouen. Le critique fait allusion à la let-
tre qu'il a reçue de M. le docteur Corlieu : e Pourquoi Rouen ne
ferait-il pas pour Corneille ce que Château-Thierry a fait pour La
Fontaine? » C'est la Société historique qui, à l'aide d'une sous-
cription, a acquis la maison natale du fabuliste et en a fait don à
la ville.
Mg'' Deramecourt, évêque de Soissons, élu membre d'honneur,
remercie en ces termes : « Je suis très flatté de l'honneur que me
fait la Société ; je l'en remercie cordialement. Reste à me rendre
digne de cet honneur. C'est difficile quand on connaît les gloires
de votre Société. S'il suffisait d'aimer La Fontaine, j'aurais déjà
payé ma dette dès mon enfance; vous m'aiderez à l'acquitter dans
l'âge mûr. .. »
Parmi les ouvrages reçus ce mois-ci, le secrétaire signale le sui-
vant : Croquis archéologiques et fittoresques, par M. C.-F. Tru-
chy. C'est à notre collègue, M. Vilcoq_, que nous devons ce
recueil ; ce don a une véritable valeur, et nous remercions le géné-
reux donateur. Dans les cent planches in-folio représentant les
monuments dessinés par M. Truchy, dix-sept appartiennent à
notre arrondissement : Fère, la Ferté-Milon, Arnientières, Chézy-
746 CHRONIQUE
en-Ûrnois, Mézy, Val-Clirétien, etc.; beaucoup d'autres se rappro-
chent de nous : Longpont, Oulcby-la-Ville, Arcy-Sainte-Restilue,
Brauges, Lhuys, Braine^ Mont-Notre-Dame, etc. La plupart de ces
dessins sont bons, tous peuvent nous être utiles.
Vi. do Champeaux, ami de M. Maciet, a communiqué à M. Cor-
iieu un volumineux manuscrit duquel celui-ci a extrait des notes
relatives aux réparations faites au cliàteau de Château-Thierry en
1639. Voici, sans contredit, la plus intéressante : « Payé à Jessè,
sculpteur, la somme de 600 livres pour la figure du défunct Roy
en marbre blanc, qui avait été commencée par le sieur Tremblay,
son beau-père, et a été achevée par ledict Jessé. » Ce buste de
Henri IV est au Musée du Louvre, sculpture Renaissance, salle
Michel Colombe, et porte le nom de Tremblay.
Les pages que M. Fr. Henriet vient de consacrer au Musée de
Château -Thierry sont la préface obligée — préface fort intéres-
sante — du catalogue qui est en préparation. Notre Musée était
ignoré ; quelques visiteurs étrangers, peu de nos conciloyens le
connaissaient. L'admiuisiration municipale a eu l'intelligente
bonne fortune d'en conlier la réorganisation à notre distingué
compatriote — nous l'en félicitons sincèrement. Les salles du pre-
mier étage ont été mises à la disposition du nouveau conservateur
qui s'est empressé de recommander son œuvre à diflerents arlisles,
ses amis; ceux-ci n'ont pas tardé à lui donner satisfaction.
Le véritable fondateur de notre Musée est notre distingué et
généreux collègue M. Jules Maciet; aussi .M. Henriet demande-t-il,
et avec raison, que la salle principale porle le nom de « Salle
Jules Maciet ». Vers 1665, M. Edouard Moreau fait don à la ville
de l'Esquisse allégorique de la guerre de Crimée, par Hillema-
cher. .il. Maciet entre en scène en 1876 par un premier envoi ; il
renouvelle ses libèralilés en 1817 et 1879 : série de portraits de La
Fontaine; portraits gravés des ducs de Bouillon, de Turenne, etc.,
par Edelinck, Drevet, Morin ; tableaux, dont quelques-uns font
l'ornement de la salle des fêtes à l'HùLel de Ville. Tout récem-
ment,- et du même, nouvel envoi doublement précieux : Les
accords matrimoniaux, de Henri Pille^. et Avant le bal, de notre
compatriote Gabriel Revel. Nous relevons également [ilusieurs
bons portraits ; l'un, auteur et personnage inconnus ; Chéron,
chanteur à l'Opéra; l'acteur Brizard ; Belfroy de Reigny, elc.
MM. Moreau-Nélaton, Cesson (de Coincy), Armand Cassagne, Jean
Desbrosses, Alex. Boucliè, Léon Loire se sont fait un plaisir de
répondre à l'iuvitatiun de leur arni et confrère. On ne sera point
étonné d'apprendre que .\l. Eugène Varin a donné un choix de
gravures en épreuves d'amateur de premier état, où sont bril-
lanmient représentés tous les membres de cette famille, aussi
sympathique par le caractère que distinguée par le talent : Amé-
dée Varin, Adolphe Varin (dont nous possédons l'œuvre presque
complète), Alfred Delaunay, aquafortiste de premier ordre, et
CHRONIQUE 747
Raoul Varin, qui n'est éans doute pas le dernier de la série ».
Avec de tels élëmenls do pi'ospérilé, grâce au zèle et à la compé-
tence du nouveau conservateur, le Musée de Cbitcau-Tliierry ne
tardera point à ftlre apprécié des amateurs. Nos concitoyens aussi
viendront plus nombreux visiter les collections de la maison de La
Fontaine.
E.xcursion à Senlis et à Chantilly. — Il y avait plusieurs années
que, malgré son ardent désir, la Société n'avait pu faire d'excur-
sion : les deuils qui se sont succédé presque sans interruption, le
départ de membres zélés, bien des causes étaient venues à la tra-
verse de plans déjà concertés. Cette année, à la voix d'un jeune et
charinanl collègue, un programme a été arrêté, programnr.e qui
ne comprenait rien moins que Senlis et Chantilly, bien éloignés
de Château-Thierry et qui. malgré la chaleur^ a été ponctuelle-
ment exécuté.
Donc, le 13 août, à 4 h. 1;'2 du matin, vingt personnes, dont
sept dames, prenaient le train à la gare des Ghemeaux. Après les
étapes obligatoires de la Ferlé-Milon, Villers-Cotterets, Crépy-en-
Valois, la caravane arrivait à Senlis à 7 h. 1/2. Sous la direction
de deux aimables Senlisiens — Sylvanectes, si vous aimez mieux —
M.M. Valin et Faulrat, ainsi que sous celle de l'organisateur de
l'excursion, M. Maurice Henriet, procureur de la République à
Senlis, nous avons parcouru la cité. Bien curieuse, celte petite ville
avec Ses trois enceintes, son château royal — que nous avons pu
•visiter grâce à la bienveillance du propriétaire, M. Turquel de
Boisserie, — ses arènes, sa cathédrale, dont les parties les plus
belles, comme la tour de droite et le portail méridional, remontent
à saint Louis, ses anciennes chapelles de couvents, appropriées à
des usages bien profanes : Saint-Aignan transformé en théâtre ;
Saint-Frambourg, propriété particulière ; Saint-Pierre, manège.
Seul, Saint-Vincent avec sa superbe chapelle, sou cloître un peu
lourd, est occupé par une institution. L'évêché, en partie, est
devenu la Chambre des notaires ; la chapelle du .vu^ siècle le siège
du Comité historique ; la Charité, ancien hôpital, est maintenant la
sous-préfecture, le tribunal, le musée municipal, la prison et...
une école. Tout a été curieusement examiné et a laissé à chacun
l'impression la plus agréable, un souvenir durable.
A midi, le train emportait les excursionnistes vers la merveil-
leuse résidence de Chantilly. Le château, les pelouses, le parc, les
pièces d'eau, tout excite l'admiration ; mais cette admiration
redouble quand l'on visite ces splendides collections qui dépassent
tout ce que Ion peut imaginer : tableaux, tapisseries, gravures,
livres rarissimes, meubles richement ornementés, ohjelsd'art et...
souvenirs de famille, qu'on ne peut contempler sans faire de gra-
ves réflexions. Chantilly appelle la visite des amateurs auxquels
nous recommandons l'excellent Uinéraire dressé par M. Maçon,
conservateur. Honneur au grand citoyen qui, non seulement a su
mettre en ordre tant de richesses en tous genres, mais surtout qui,
748 CHRONIQUE
oubliant les injustices des hommes, laisse à la France un trésor
artistique inestimable !
Nous avons à enregistrer trois deuils qui nous sont bien sensi-
bles. M. Morsaline, ancien architecte de la ville et de Tarrondisse-
nienl, membre fondateur de la Société, depuis plusieurs années
atteint de paralysie, ne pouvait plus prendre part à nos travaux.
Le regretlé délunt avait essayé, vers 1883, une restitution de l'an-
cien château, de son enceinte, de la cité castrothéodoricienne au
XV* siècle et de son enceinte. Au Congrès des Sociétés savantes à
la Sorbonne, en cette même année 1885, les plans que M. Morsa-
line a présentés, les explications qu'il a données, lui ont valu un
grand succès. L'auditoire l'a acclamé et a demandé que les par-
ties restant encore debout fussent classées parmi les monuments
historiques. Il n'en fut rien ; notre collègue ressentit vivement cet
échec ; nous l'avons déploré nous-mêmes et réclamé en vain le
classement de ces ruines intéressantes.
M. Blanc, officier de l'Instruction publique, inspecteur honoraire-,
était entré dans la Société au moment même où il prit possession
de son poste en janvier 1876. Il fut pour nous un membre utile,
stimulant le zèle des instituteurs, assistant à nos réunions autant
que ses fonctions pouvaient le lui permettre, nous recrutant des
adhérents avec un bon vouloir qui ne s'est point lassé. Frappé, il
y a peu de temps, par une congestion, il a été enlevé à l'âge de 66
ans à l'affection d'une nombreuse famille qu'il avait admirable-
ment élevée et dirigée; il emporte avec lui l'estime et la sympa-
thie de toutes les personnes qui l'ont connu. M. Blanc était entré
au Conseil municipal de Château-Thierry lors des dernières élec-
tions, et déployait dans les nouvelles fonctions qui lui étaient dévo-
lues le zèle qui l'avait animé comme instituteur et comme inspec-
teur.
En janvier 1880, sur la recommandation de M. Bigault d'Arscot,
ancien correcteur à l'imprimerie nationale, était admis comme
associé libre M. Eugène Pihan qui avait à ladite imprimerie les
plus beaux états de service; sous-chef des travaux typographiques
(section orientale)^, puis nommé officier d'Académie, M. Pihan pre-
nait un grand intérêt aux travaux de la Société et nous transmet-
tait obligeamment les renseignements qu'il savait devoir nous être
utiles ; on était sûr de le revoir, chaque année, aux séances de la
Sorbonne (section d'histoire et d'archéologie), prenant des notes
qu'il communiquait au secrétaire. Notre bibliothèque s'est enrichie
de plusieurs volumes importants dont l'exécution typographique
faisait honneur à l'habile sous-chef. M. Pihan est décédé à Paris
dans sa soixante-huitième année.
L'assemblée a procédé aux élections dillerées depuis plusieurs
mois. M. Jules Henriet, vice-président, est nommé président;
M. Fr. Henriet élu vice-président; M. Marchand, libraire, est élu
membre correspondant.
CHRONIQUE 749
Société littéraire et uistoriqde de la. Brie. — Séance du
jeudi 9 juin IS98. — Présidence de M. Muller, vice-président.
M. Muller dépose sur le bureau, comme dons faits à la Société ;
1" Par M. Héron de Villefosse, conservateur au Musée du Louvre,
membre de l'Institut :
Une brochure ayant pour litre : Deux inscriptions relatives à
des généraux Pompéiens.
Une autre brochure : Musée du Louvre, département des anti-
quités grecques et romaines. Acquisitions de l'année 1897.
2» Par M, Maurice Lecomte, licencié en droit, membre de la
Société d histoire de Provins.
Le Testament de sainte Fare, fondatrice et première abbesse
de Faremoutiers (3 avril 637).
30 Par M. Lemarié, la Petite Gazette de Dammartin.
4° Par M. Barigny, quatre pièces de monnaie.
M. Guérin continue sa lecture sur le Duché et les Ducs de Valois.
Le règne de François pr (iolo-lo47) fut, malgré les misères du
temps, l'époque de la splendeur du duché de Valois, par suite des
nombreux séjours que, passionné pour la chasse, le roi fit à Vil-
lers-Cotterels, dont il rebâtit le château encore existant aujour-
d'hui et servant de maison de retraite aux vieillards de Paris. Les
forteresses de Crépy, Pierrefonds et La Ferté-Milon reçurent d'im-
portantes réparations, le bourg de Verberie fut reconstruit avec
les débris du vieux château de Charlemagne ; de nombreuses égli-
ses furent restaurées.
A Pierrefonds existait le siège de la maîtrise des eaux et forêts
du Valois, dont le chef prenait en outre le titre de capitaine du
château-fort de Pierrefonds et de May-en-Multien.
Une ordonnance sur la chasse d'une sévérité excessive, allant
jusqu'à la peine de mort, vint attrister et troubler les habitants du
Valois.
La longue lutte entre François I" et Charles-Quint, marquée par
la bataille de Pavie, le honteux traité de Madrid (lo26) et la cap-
tivité du roi n'empêcha pas ce dernier d'achever le château de
Villers-Cotterets, d'en construire de nouveaux dans la région pour
ses plus gracieuses voisines et même de bâtir Chambord.
Mais des troupes indisciplinées circulaient dans nos villages et
battaient à Acy ( 1321) des bourgeois de Meaux, qui voulaient les
repousser, tandis que la réforme religieuse était prêchée dans l'Ile
de France et la Brie, et particulièrement à Meaux, malgré de rigou-
reuses persécutions.
Le roi, resté jusqu'alors propriétaire du duché de Valois fut, à la
suite de la paix des Dames, obligé de le céder avec faculté de
rachat à la duchesse de Vendôme, qui fit achever le terrier du
750 CHRONIQUE
Valois devenu nécessaire à la suite des guerres et des nouvelles
divisions des territoires (1529). La peste et la famine, par suite de
sécheresse et d'absence d'hiver, désolèrent alors le Valois.
François 1'"' pratiquait les lettres et les arts et établit le Collège
de France, dont l'un des premiers maîtres fut François Watable,
curé de Brumetz. Il perdit successivement sa femme, Claude de
France, fille de Louis XII, la bonne reine ; sa mère, Louise de
Savoie et le dauphin François, son fils aîné, empoisonné, a-t-on dit^
à l'instigation de Catliei-itie de Médicis, femme de son second fils
Henri d'Orléans, qui par cetle mort était appelée à devenir reine
de France.
Après l'entrevue d'Aiguës Mortes, au cours de laquelle Fran-
çois le' et Charles-Quint s'embrassèrent plusieurs fois publique-
ment, le roi de France profila de la paix pour introduire dans la
justice des améliorations devenues indispensables, et l'ordonnance
de Villers-Cotterets (1539), notamment, enjoignit aux curés de
tenir des registres réguliers de naissances et de décès, ce qui ne
fut pas toujours fidèlement observé.
Les coutumes du Valois furent révisées avec le concours des sei-
gneurs, évèques et officiers de justice du duché et du voisinage.
Les seigneurs profitèrent de ce travail pour faire reconnaître leurs
droits, et on cite parmi ceux qui n'oublièrent pas leurs avantages
et privilèges, le seigneur de iNanteuil-le-Haudouin, Henri de
Lenoncourt, ami du roi, qu'il recevait souvent lors de ses voyages
de Paris à Villers-Cotterets.
Liste des dons faits au Musée de Troyes pendant le troisième
TRIMESTRE DE l'aNNÉE 1898 :
Pemliire.
L'Etat : — Devant tes reliques, toile par Buland ; — Marine,
toile par Joseph Vernet.
Sculpture.
M. Auguste-Ernest Legrand, né à Lesmont, première troi-
sième médaille au Salon de 1895 : — L'Ange déchu j statue en
plâtre, œuvre du donateur.
Arche'olofjie.
M. Alexandre t'oulain^ à Molins, par l'intermédiaire de M. Fré-
quois, instituteur audit lieu : — Une petite boucle en bronze^ sans
son ardillon, trouvée à Molins, dans le lieu dit Le IUossic)\\)rès de
la rivière d'Anlic ; — Un accessoire de ceinturon, sorte de cro-
chet en fer pourvu de trois bras d'attache. Cet objet a été trouvé
à Molins, derrière la maison du donateur, dans le lieu dit La
JtucUe-dii.-Couvenl^ w^ 92, 95, section F du plan cadastral.
M. Sosthène Menneret, négociant à Troyes : — Uue pierre
sculptée, très mutilée, ayant fait partie d'un retable datant du
XVI* siècle. Cetle sculpture provient de la maison du donateur,
CHRONIQUE 751
située place AiidifTred ; — Un couteau à manche articulé en
bronze et os, représentant un personnage nu, en profil. Ce cou-
teau paraît dater du xvme siècle.
M. Tiiéophile Michel, pharmacien à Troyes : — Cinq clefs
datant du Moyen-ùge et de la Renaissance ; — Un éperon et un
petit oliandeiier, le tout en fer. (les divers objets ont été trouvés
dans l'ancien lit du Ru-('<ordé, lors de la construction de la mai-
son portant le ii" 1, rue de la Cité.
M, Gérard, maire de Thors, par l'entremise de M. de la Boul-
laye : — Une lucarne, ou chatière de toiture, en terre cuite, pro-
venant de Thors. Elle porte le millésime i68,'{ et le nom Jehan
Courtois, qui est sans doute celui du tuilier.
M, Herluison, membre correspondant à Orléans : — Une plaque
de cuivre gravée au burin par Ph. Le Febvre, et reproduisant le
portrait de Philippe de Champagne peint par lui-même.
M'"^' Pillard, rue Cliampeaux, à Troyes : — Cinq modèles en
cuivre de croix de chapelet ou de serre-cou, appartenant au même
type, mais ayant des dimensions ditierentes ; — Quatre petits cru-
cifix-appliques, également en cuivre, de grandeurs dill'ércntes,
et trois petites Vierges du même genre, en argent, en cuivre et
en .laiton, n'ayant pas les mêmes dimensions, mais exécutées
d'après le même modèle. Toutes ces pièces sont des spécimens des
produits de l'ancienne orfèvrerie Iroyenne.
Xuniismalique.
M. Gatouillat, à Marigny-le-Châtel, par l'intermédiaire de
M. Seurat, percepteur à Saint-Parres-les-Vaudes : — Une mon-
naie d'argent à l'effigie de Louis XIV et un jeton en cuivre. Ces
deux pièces ont été trouvées sur le finage de Marigny, dans le lieu
dit Les Bivouacs. D'après le donateur, les Alliés, en 1813 et 1814,
auraient séjourné en cet endroit pendant deux ou trois mois.
M. Paul Benoît, surnuméraire des Contributions indirectes, à
Troyes : — Une médaille d'Eliogabale, empereur romain, trouvée
à Avant-les-Marcilly. Le revers de cette médaille représente Rome
casquée, assise^'tenanl une victoire et un sceptre ; derrière elle est
un bouclier.
iM"" Stéphanie Flobert. 34, rue du Temple : — Un double tour-
nois de F. de Bourbon, prince de Conli.
iM. Arsène Poacelet, propriétaire à Champigny-sur-Aube, par
l'intermédiaire de M. A. Thévenot, membre associé : — Une mon-
naie chinoise en bronze (dixième de léam), trouvée sur l'emplace-
ment d'une ancienne chaumière à Champigny ; — Neuf monnaies
françaises et étrangères, en bronze, telles que sous, doubles deniers
et deniers : — Un jeton de Nuremberg, portant le nom de Hanns
Krawinkel; — Un boulon d'habit militaire datant de la première
République, ayant sur le pourtour la légende : DISTRICT D'A1{-
CIS-SUR-AUBE, et au centre, au milieu d'une couronne de feuil-
les de chêne, les mots : LA LOI ET LE ROI.
752 CHRONIQUE
Musée d'an décoratif.
M. le maire de Troyes : — Deux très beaux meubles (médailliers
de la collection Jourdain, acbelée jadis par la Ville). L'un est en
bois d'ébène couvert d'incrustations d'écaillé et de cuivre; l'autre
en marqueterie de bois précieux.
M. le maire, le Conseil municipal de Troyes et la Commission du
Musée : — Un remarquable dessin au lavis, de très grande dimen-
si(m, représentant la façade occidentale de l'admirable campanile
de l'église Sanla Maria délie Fiore.àe Florence, construit eu 1334
par Giotlo, et orné de statues par Donatello ; — Quatre autres
dessins, à l'encre de Chine et au crayon, reproduisant des coupes
et des détails de cette merveilleuse église commencée en 1296, et
qui eut pour architectes Arnoifo di Lapo et Brunelleschi. Toutes
ces précieuses études architecturales ont été exécutées par
M. Bailly, décédé architecte de la ville de Troyes.
M"« Pillard, à Troyes : — Le bâton de l'ancienne Confrérie des
tailleurs de Troyes. Edicule en bois sculpté et doré renfermant
une statuette de saint Jean-Décollasse, style du xviii* siècle.
AcADÉMiK NATIONALE DE Reims. — Programme des concours
ouverts pour les années tS99 et d900.
Prix à décerner en 1899 :
Histoire (Prix V. Duquénelle).
Histoire des Ecoles de mathématiques et de dessin, fondées par
la Ville de Reims au xviiie siècle.
Les documents se trouvent aux Archives et à la Bibliothèque de
Reims.
Le prix consiste en une médaille d'or de 200 francs.
Histoire de la Maîtrise de Reims, depuis ses origines jusqu'à nos
jours : recherches sur ses maîtres et ses élèves. L'enseignement de
la musique et du chant à Reims.
Les documents se trouvent à la Bibliothèque et aux Archives de
Reiras, ainsi qu'aux Archives de la Fabrique de Notre-Dame.
Le prix consiste en une médaille d'or de 100 francs.
Économie 'politique.
De l'intluence de l'impôt sur le développement de la famille.
Le prix consiste en une médaille d'or de 100 francs.
Sciences.
Etude de physique, de chimie ou d'histoire naturelle intéressant
particulièrement l'industrie, le commerce ou la région de Reims.
Le prix consiste en une médaille d'or de 100 francs.
CHRONIQUE l^t
Poésie (Prix L.-F. Clicquot).
i" Une médaille d'or de 200 francs sera décernée à l'auteur do
la meilleure pièce de bO à 150 vers.
Le genre et le sujet sont laissés au choix des concurrents.
2° Une médaille d'or de 100 francs à l'auteur de la meilleure
fable ou du meilleur conte d'environ 30 à 80 vers.
L'Académie pourra récompenser, en outre, les auteurs de pièces
ne rentrant pas dans les catégories ci-dessus.
Reaux-Arts.
Etude d'une collection d'art à Reims, soit d'une galerie d'ama-
teur, soit de tout ou partie du Musée de la ville.
Le prix consiste en une médaille d'or de 100 francs.
Prix à décerner en 1900 :
Bibliographie.
Antoine Fournier, primicier de Metz, bienfaiteur de l'Université
de Reims en 1610.
Le pris consiste en une médaille d'or de 100 francs.
Prix à décerner chaque année :
1° Monographie d'une commune importante du diocèse de
Reims, soit ancien, soit nouveau (Ardennes et Marne).
A l'histoire des principaux événements dont la commune fut le
théâtre depuis son origine jusqu'à nos jours, les auteurs joindront
l'étude des institutions qui y furent en vigueur, la seigneurie, la
justice, l'impôt, le régime municipal, l'instruction, l'assistance
publique, etc., sans négliger les principales industries du pays, les
moyens de transport, les usages, les traditions, les changements
survenus dans les mœurs, etc.
Ils éviteront, sur ces divers points, de s'engager dans des consi-
dérations générales.
Ils compléteront l'élude du pays par un aperçu géologique du
sol, par l'indication des produits qu'on en tire et des diverses cul-
tures qui y sont distribuées, par celle des chemins et des cours
d'eau qui le traversent, des lieux- dits et des points dignes de
remarque, par la description des monuments existants ou détruits.
Les Archives de la ville de Reims (section ecclésiastique), celles
du déparlement à Châlons, et celles des Ardennes à Mézières,
offrent des documents sur la plupart des communes du diocèse.
2° Notice historique et descriptive des monuments civils et reli-
gieux de l'un des cantons de l'arrondissement de Reims ou du
département des Ardennes.
Les auteurs feront connaître les églises, maisons religieuses)
châteaux, camps ou enceintes fortifiés, tumulus, ruines, inscrip-
tions, meubles précieux qui existent dans chaque commune du
48
I^i CHRONIQUE
caillou ; les villages, églises, châteaux, aujourd'hui détruits, qui se
trouvaient sur son territoire ; les noms qu'ont portés ces localités
aux diiFérenles époques de leur histoire ; le tracé des anciennes
voies qui les mettaient en communication ; enfin, les découvertes
d'antiquités qui y ont été faites.
ils devront se borner, pour les détails historiques, légendaires
ou autres, à un exposé substantiel et sommaire, et, en ce qui con-
cerne les monuments, aux détails rigoureusement nécessaires
pour en faire connaître l'époque, le plan et les points véritable-
ment curieux. Ils joindront à leurs notices des dessins ou des pho-
tographies des plus remarquables édifices.
Ils indiqueront e:i note les sources consultées pour la partie his-
torique du travail, de façon que le lecteur puisse s'y reporter.
Le prix, pour chacune de ces questions, consiste en une médaille
d'or de 200 francs.
L'Académie distribuera aussi chaque année des médailles d'en-
couragement aux auteurs des travaux qui lui seront soumis en
dehors des questions indiquées, et aux auteurs d'œuvres d'art ou
d'industrie.
Les prix et médailles seront décernés en séance publique.
Les mémoires devront être inédits et n'avoir été envoyés à
aucun concours antérieur. Us seront adressés (franco) à M. le
secrétaire général, avant le 31 mars 1899, terme de rigueur.
Les auteurs ne devront passe faire connaître ; ils inscriront leur
nom et leur adresse dans un pli cacheté, sur lequel sera répétée
l'épigraphe de leur manuscrit.
Les manuscrits envoyés ne sont pas rendus.
Les ouvrages couronnés appartiennent à l'Académie ; les auteurs
ne doivent pas en disposer sans autorisation.
Les Stèles kgyptie.nnes du Muske de Reims. — M. Théodore
Petiljean vient d'otl'rir à la ville deux précieuses stèles.
Elles appartiennent au moyen empire égyptien, et, d'après le
style et les noms, elles proviennent de la nécropole d'Abydos.
N" i . — Calcaire blanc : stèle rectangulaire qui débute par
cinq lignes d'inscription horizontale. — c Proscynème à Osiris
e maître de Mendès, au dieu grand-maître d'Abydos, pour qu'il
« donne un revenu de pains, liqueurs, bu'ufs, oies, toutes les cho-
« ses bonnes et pures dont vit le dieu que le Nil apporte et que la
€ terre produit, au double de l'habitant de celte ville Souboii, à la
« voix juste, né de la dame Moiii, à la voix juste — de la part de
€ .son nis qui fait vivre son nom, l'attaché à l'hôtel des approvi-
t sionnemcnls Ilitidou, à la voix juste, né de la dame AousnisOîl-
« bou, à la voix juste : son fils habitant (de cette ville), le fermier
« de la table (du Dieu) Didi ».
CHRONIQUE 755
Au registre suivant, à droite, le dédicataire Sonbou est assis sur
un fauteuil et respire une tleur de lotus épanoui ; une table char-
gée d'ollVandes est devant lui. A gauche, son fils, « l'altaché à
"iiùtel des approvisionnements, Ililidou à la voix juste », est assis
sur un autre lauteuil et respire également un lotus; une table
chargée d'oll'raades est devant lui. Entre les deux tables, une
femme respirant un lotus est accroupie, le genou gauche levé, la
face à Sonbou^ le dos à Ililidou. Cest la femme de Sonbou,
Aousnisonbou.
Au dernier registre, la femme de Ililidou, la dame lldpi, est
accroupie à gauche, sous le siège de son mari, le genou gauche
levé, la tleur de lotus à la main, et, devant elle, les enfants de
Hilidou et les siens défilent dans l'ordre suivant : son iils Khon-
sou, sa tille SonOi, sa fille Mosou, sa lille Moni. La généalogie de
la famille s'établit donc comme il suit par quatre générations ;
X — X — La dame Moni
Sonbou — La dame Aousnisonbou
Hitiâou, la dame Hâpi
Khonsou, Sunbi, Mosou, Moni.
.N° 2. — Calcaire blanc : stèle rectangulaire qui débute par
trois lignes d'inscriptions horizontales divisées en trois colonnes
renfermant chacune un proscynème différent. Le proscj'nème du
milieu, écrit de gauche à droite, est ainsi conçu :
« Proscynème à Osiris pour qu'il donne un revenu de pains et
(( liqueurs au double d'Ali à la voix juste. »
Le proscynème de droite, écrit également de gauche à droite,
est consacré à la femme à'Ali : « Proscynème à Ouapouaïlou,
« pour qu'il donne un revenu de pains, liqueurs, bœufs, oies,
« gâteaux au double de sa femme, la dame .Stri à la voix juste. »
La troisième colonne, plus large que les deux autres, renferme
un proscynème écrit de droite à gauche :
« Proscynème à Osiris^ maître d'Abydos, pour qu'il donne un
« revenu, pains, liqueurs, bo3ufs, oies, gâteaux, étoffes, encens,
« essences parfumées, au double du Amo7ii,k la voix juste ».
Les personnages sont représentés, au second registre, assis autour
d'une table d'offrandes, à droite Ali et lUri sur le même siège et
la femme passant le bras au cou de son mari, à gauche Amoni.
Le registre suivant contient trois lignes d'inscriptions horizonta-
les partagées en trois coionnes, de grandeur égale.
La colonne du milieu contient un proscynème à Usiris, « au
c< double de son frère qui l'aime ...dit, à la voix juste, le féal ».
Il est écrit de gauche à droite, de mrmc que le proscynème de
droite : « A Osiris, au dieu grand, pour qu'il donne le revenu en
.' pains, liqueurs, bœufs et oieS;, au double du gardien de l'entre-
<( pôt des gâteaux, Sonousonbou, à la voix juste, né de Tomit. »
Le proscynème de gauche est écrit de droite à gauche : « Près-
756 CHRONIQUE
« cynème (à Osiris) pour qu'il donne le revenu en pains,
« liqueurs, bœufs, oies, au double de son frère qui l'aime, Son-
« boulifi à la voix juste. »
« Paraissant présenter moins d'intérêt lorsqu'on les examine
isolément, ces stèles deviennent des plus instructives, dit M. Mas-
péro (auteur de ces traductions, membre du Comité des Travaux
historiques et scientifiques du ministère de l'Instruction publique),
quand on en a un grand nombre sous la main. Les généalogies
nous montrent quelles alliances s'établissaient entre les familles,
quelles fonctions et quels métiers les différents membres exer-
çaient; c'est la vie bourgeoise d'une grande vilie égyptienne
qu'elles nous permettent de reconstituer peu à peu. Parfois même
des dates ou des allusions à des faits historiques se mêlent au
reste, et alors l'intérêt redouble; il y aurait donc grande utilité à
rassembler tous les monuments égyptiens épars dans les collec-
tions privées de la province et à les publier. »
(Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et
scientifiques^ année 1889, n" t, p. 142). Rapport de M. Maspéro
sur une communication de M. l'abbé Trihidez.
*
Nouvelles archéologiques. — Trouvaille de monnaies romai-
nes, à Bohain. — On vient de trouver à Bohain (Aisne), dans un
jardin, reste des anciennes fortifications, une monnaie en bronze
romaine de moyenne grandeur et d'une parfaite conservation. On
lit sur leffigie :Vl.VAL. CONSTANTINVS N.C ; au revers : GEMO
POPLl ROMAiM ; dans le champ isolé la lettre N. et en exergue :
PLO, qui signifierait prima Lugdiwi officina.
Cette pièce est de Constantin le Grand, fils de Constance Chlore,
gouverneur de la Gaule avant son avènement au trône.
Trois monnaies romaines en or, ont été précédemment trouvées
à Bohain et sont conservées dans une collection particulière.
Sépultures anciennes à Reims. — Au cours des travaux de
démolition du mur du Grand-Séminaire doimant sur la rue
Libergier, à Reims, on a découvert des sépultures remontant au
xvic siècle.
Elles proviennent sans doute de l'ancien cimetière Saint-Denis.
Découverte d'une dalle lumulaire à Chdlons. — Les travaux
effectués sur le terrain de l'ancienne chapelle du Collège, à Châ-
lons, ont fait découvrir une dalle tumulaire de grandes dimensions,
qu'on s'est empressé de transporter dans la cour du petit Hôtel de
Ville,
CHRONIQUE 757
Sur cette pierre est gravée l'effigie d'un ecclésiastique, probable-
ment l'un des Pères jésuites directeurs du Collège. Le dessin est
d'une exécution remarquable. Une date, en partie effacée, laisse
lire les trois chiffres : 108.. L'inscription a presque entièrement
disparu ; ce n'est probablement qu'après une étude patiente qu'on
parviendra à la reconstituer partiellement.
Au moment oîi on déchargeait celte dalle dans la cour du
musée, le cheval attelé à la voilure a fait un brusque mouvement,
et la pierre a été malheureusement brisée en deux morceaux.
Monnaie espagnole Irouvée à Hautvillers. — Des ouvriers ont
trouvé récemment à Hautvillers (Marne), au milieu de décombres,
une pièce d'or, à l'effigie de Philippe II, roi d'Espagne, au millé-
sime de 1582. Cette pièce, admirablement conservée, a été offerte
par eux à M. Gaston Chandon, maire d'Haulvillers, qui leur a
remis une généreuse récompense.
Exposition de la Société des Amis des Arts, a Reims. — L'ex-
position de la Société des Amis des Arts s'est ouverte à Reims, le
samedi 17 septembre 1898, dans le foyer du théâtre.
Les paysages y sont les plus nombreux, et parmi eux se remar-
quent d'excellentes toiles de maîtres comme Harpignies, Jules Bre-
ton, Montenard, Zuber, Barillot, Nozal. Parmi les peintres de
genre, nous citerons les jolies études d'Albert Aublet, aquarelles
intitulées : Avaîit le bain, Automne; les pastels de Léandre et de
Lunois, les illustrations satiriques d'Albert Guillaume, elc. A citer
encore, une aquarelle de M. Emile Auger, de Reims, représentant
M. Diancourl, le sympathique sénateur de la Marne et le biblio-
phile bien connu, dans son cabinet de travail, assis et lisant ; des
types mauresques, de Louis-Auguste Girardot ; de beaux portraits
de femmes, de Jules Machard, Alphonse Lamare, F. Wenz, A. Axi-
lette, etc.; des Fleurs et Fruits de Raffaëlli, des chiens de
MM. E. Brisset, R.-G. Valette, etc.
La peinture militaire est représentée par des aquarelles et des-
sins d'Edouard Détaille, E. Boutigny ; les marines par des compo-
sitions de MM. Henry Bouvet, Charles Fromuth, Louis Gillot,
Albert Gœpp, Eugène Jettel, Lhermitte, Paillard, E. Wéry, etc.
Deux œuvres nouvelles de M""^ Manuela. — Le 21 aoiit a été
inauguré, à Fontenoy-le-Château (Vosges), le monument élevé à la
mémoire du poète Gilbert^ lequel est dû au ciseau de M"' Manuela,
pseudonyme artistique, comme l'on sait, de la duchesse d'Uzès,
758 CHRONIQUE
Le 8 septembre, à Poiit-de-l'Arclie (Eure), on a inaug-iiré égale-
ment un important groupe en marbre représentant Notre-Dame-
des-Arls, sculpté et otFert par la môme généreuse artiste.
La statl'e de Jeanne d'Arc, de Pacl Dcbois. — Il est question
de placer à Paris, devant l'église Saint-Augustin, sur le terre-plein
qui fait place à la caserne de la Pépinière, la statue de Jeanne
d'Arc, de Paul Dubois, copie légèrement modifiée de l'œuvre du
même auteur qui a été élevée sur le parvis de la cathédrale de
Reims.
Erection d'un monument patriotique a Laon. — C'est à Laon
que sera érigé le monument consacré aux trois instituteurs de
l'Aisne, Jules Debordeau, Louis Paulette et Jules Leroy que les
Allemands fusillèrent en 1871.
Ce monument est dû à une souscription entre tous les institu-
teurs de France, qui a produit plus de oO,000 francs.
Le travail du sculpteur Carlus est presque terminé.
Louis Paulette et Jules Debordeau sont représentés ligottés,
attendant la mort. Lerov, libre de ses mouvements, lève un bras
et proteste contre la sentence inique.
Trois bas-reliefs orneront le piédestal. Leroy arrêté par les Alle-
mands au milieu de sa classe ; l'arrestation de Paulette et les
défenseurs de l'Aisne.
Le monument sera complété par un groupe de petits écoliers
qui se font la courte échelle et cherchent à se hisser sur le socle
pour déposer des guirlandes de fleurs aux pieds des trois insti-
tuteurs.
Anniversaire de la défense de Bazeilles. — Le dimanche 4
septembre a eu lieu, à Bazeilles, la manifestation annuelle à la
mémoire des soldats morts au champ d'honneur.
De nombreuses Sociétés de nmsique, de gymnastique, d'anciens
militaires y ont pris part. Reims était représentée par des déléga-
tions des anciens combattants de IS'/O-Tl, ayant à leur tête
M. Blancou, vice-président de l'Union amicale des anciens sous-
officiers et soldats des troupes de la marine, et M. Ilappweiller,
vice-secrétaire.
La cérémonie a été favorisée par un temps splendide et s'est
accomplie au milieu d'une foule énorme. Plusieurs discours patrio-
tiques ont été prononcés.
Le monument commémoratif de Bazeilles. — M. Tcxtor de
Ravisi, ancien officier supérieur d'état-major de rinfanterie dç
CHRONIQUE 759
marine, commandeur de la Légion d'honneur, président du Comité
national constitué^ sous le patronage du ministre de la Guerre,
pour l'érection d'un monument commémoratif de la défense de
liazeilles, s'est rendu récemment dans cette localité.
Après avoir visité lossuaire, la maison des Dernières Cartou-
ches et les points intéressants du champ de bataille, il a exprimé
l'espoir à M, Vauthier, maire de Bazeilles et l'un des présidents
d'honneur du Comité, que la première pierre du monument serait
posée l'an prochain, le jour de la célébration du vingt-neuvième
anniversaire, et que l'inauguration aurait lieu en 1900, au tren-
tième anniversaire.
M. de Ravisi a également annoncé que la souscription publique
en faveur du monument était en excellente voie : plusieurs Con-
seils généraux. Chambres de commerce, Conseils municipaux,
etc.. venant de voler des subventions.
Il se propose, vers la mi-novembre, de donner à Reims, dans la
salle du Cirque, une conférence en faveur de l'œuvre nationale du
monument de Bazeilles. 11 a étudié à cet effet !e champ de bataille
de Sedan, et cette conférence, documentée par des études person-
nelles, ne peut manquer d'être couronnée du plus vif succès.
Anniversaire de la victoire de Valmy. — Le dimanche 25 sep-
tembre a été célébré à Valmy (Marne), l'anniversaire de la bataille
du 20 septembre 1792.
Le cortège, composé de la municipalité, ayant à sa tête M. le D''
Jesson, maire, escorté des sapeurs-pompiers et d'une foule énorme
venue de tous les points du déparlement, est parti de la mairie, à
quatre heures de l'après-midi, pour se rendre au monument de
Kellermann^. sur le plateau de Valmy.
On accède à cette pyramide, située à environ un kilomètre de la
gare de Valmy, par un chemin assez mal entretenu.
Le monument est composé d'un fût de colonne, au sommet
duquel se dresse en bronze la statue de Kellermann, brandissant
d'une main son sabre et de l'autre son chapeau à plumes de
général en chef de la première République.
On y lit les inscriptions suivantes :
République française. Liberté. Egalité. Fraternité,
De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l'histoire du
monde {Goethe).
L. Gillet, archilecle ; G. Arfoise, entrepreneur; Th. Barau, statuaire;
G. Moriamé, sculpteur.
Carnot, Président de la République. Monument élevé en présence de
Léon Bourgeois, ministre, délégué du Gouvernement.
Valmy, 20 septembre 1792. A Kellermann et aux défenseurs de la patrie.
20 septembre 1892. Camille Jesson. maire de Valmy, président du Coiaité
du Centenaire,
760 CHRONIQUE
Douze canons de bronze, reposant sur affûts de pierre, gardent
le monument.
A côté de la pyramide officielle s'élève un monument particu-
lier, plus modeste, sur lequel on lit les inscriptions suivantes :
Monument particulier consacré le 3 septembre 1821. par Fraoçois-Eugène
Kellermann fils ; comtesse Kellermann fille et général Lory, gendre du
maréchal : sous l'administration de M. Barthélémy, sous-préfet à Sainte-
Menehould; M. Dorville étant maire à Valmy, et M. Champion, curé.
Les Français reconnaissants à celui qui les a préservés de l'invasion.
Champ de bataille du 20 septembre 1792.
Ici sont morts les braves du 20 septembre 1792 ; un soldat qui les com-
mandait en ce jour, le général Kellermann, maréchal duc et pair de France,
a voulu en mourant que son cœur lût placé au milieu d'eux.
De nombreux patriotes sont venus, avec les habitants de Valmy,
accomplir ce pieux pèlerinage et témoigner ainsi, par cet acte de
reconnaissance envers celui qui sauva la patrie, de la foi vive que
la France conserve en sa vaillante armée !
«
U.\E TOMBE HISTORIQUE A Brienne . — Dans l'ancieu cimetière de
Brienne, au milieu d'un fouillis de ronces et d'épines, s'élève un
tombeau de forme quadrangulaire abandonné depuis longtemps
et sur lequel on lit celle inscription :
ICI
EST MORT POUR LA DÉFENSE DE LA PATRIE
LE 27 JANVIER 1814
AU PREMIER COMBAT DE BriENNE
LE COMTE Pierre BASTE
CONTRE-AMIRAL ET GÉNÉRAL COMMANDANT
UNE BRIGADE DE LA JEUNE GARDE IMPÉRIALE
Depuis quelque temps, les rares personnes qui visitent l'ancien
cimetière ont pu remarquer que celle tombe, sous laquelle repose
un héros de la grande époque de notre histoire, était enfin sortie
de l'oubli. Le monument, légèrement restauré, est entouré de
Heurs et un sentier permet aux promeneurs de s'en approcher.
Benseignemenls pris, nous savons que celte restauration est due
à l'initiative du commandant d'armes de la place; aussi adressons-
nous toutes nos félicitations à M. le lieutenant Arnaud.
Anniversaire du massacre de Passavant. — Un service anni-
versaire a été célébré, le 25 août, à Passavant (Marne) à la mémoire
des quarante-neuf soldats français prisonniers de guerre qui ont
été massacrés par les Allemands le 25 août 1870.
Avant la cérémonie religieuse, le Comité local du « Souvenir
CHRONIQUE 761
français » de Vitry-le-François s'est rendu en cortège devant le
monument élevé à la mémoire des malheureux gardes mobiles et
situé à l'extrémité du village.
Après la bénédiction des couronnes par le clergé, le secrétaire
du Comité a prononcé un discours patriotique ; une messe solen-
nelle de Requiem a été ensuite célébrée à l'église de Passavant par
l'abbé Levasseur, curé-doyen de Saint-Mard-sur-le-Mont, qui a
prononcé à cette occasion une allocution émue.
L'assemblée s'est ensuite rendue en procession au cimetière où
les prières des morts ont été chantées sur la tombe des mobiles.
M. l'abbé Henry, archiprêtre de Sainte-Menehould, après avoir
rappelé le souvenir de nos malheureux soldats, a procédé à la
bénédiction du nouveau terrain approprié pour l'agrandissement
du cimetière.
Une foule considérable, venue de tous les points des départe-
ments de la Marne et de la Meuse, a pris part à cette patriotique
cérémonie.
Le cardinal Langénieux et les intérêts frança.i? e.n Orient. —
Le prochain voyage de Guillaume il en Palestine avait provoqué,
dans nos sphères politiques et religieuses, de graves préoccupa-
tions, dont un récent article anonyme de la Revue des Deux Mon-
des était l'expression. On pouvait redouter que l'Empereur d'Alle-
magne ne profitât de son voyage pour réclamer ou affirmer un
droit de protectorat de l'Empire allemand sur les missionnaires et
établissements catholiques de nationalité allemande en Orient.
Préoccupé de ce péril, le cardinal Langénieux , archevêque
de Rei.ms, a soumis directement à l'approbation personnelle du
pape l'idée de fonder un « Comité national pour la conservation
et la défense du protectorat français ».
« La ruine de ce protectorat, écrivait-il au pape, à la date du
20 juillet 1898, serait assurément pour notre pays un malheur et
une humiliation; mais il est bien certain qu'elle entraînerait aussi
pour l'Eglise de graves détriments. Où est^. en etfet, à défaut de la
France, la nation en état de remplir cette mission essentiellement
catholique ? Et si les puissances qui le convoitent arrivaient à se
partager ce rôle délicat, n'est-il pas évident qu'une semblable
tutelle, basée sur l'intérêt politique, n'offrirait aucune garantie de
durée et que le manque d'unité des vues souvent opposées dans
l'action en paralyserait fatalement les effets ? »
Le pape, à la date du 20 août, a répondu au cardinal Langé-
nieux par une lettre destinée à être rendue publique à l'heure que
choisira le cardinal.
« La France, écrit Léon XIII, a en Orient une mission à part
que la Providence lui a confiée : noble mission qui a été consacrée
non seulement par une pratique séculaire, mais aussi par des trai-
762 CHRONIQUE
tés internalionaux, ainsi que l'a reconnu de nos jours noire Con-
grégntion de la Propagande par sa déclaration du 22 mai 1888.
« Le Saint-Siège, en ell'et, ne veut en rien loucher au glorieux
patrimoine que la France a reçu de ses ancêtres et qu'elle entend,
sans nul doute, mériter de conserver en se montrant toujours à la
hauteur de sa lAche. »
Et Léon XIII confirme soleunellenienl la circulaire par laquelle
la F^ropagande, en date du 22 mai 1888, à la demande de M. le
comte Lefebvre de Bchaine, avait déclaré que « la protection de
la nation française, partout où elle est en vigueur, doit êlre reli-
gieusement maintenue », et avait enjoint aux missionnaires de
« recourir, s'ils ont besoin daide, aux consuls et autres agents de
la nation française ». (^'est pour la première fois que le pape
reconnaît personnellement, et dans un acte public, le droit exclu-
sif qu'a la France de protéger les missionnaires et établissements
du catholicisme latin en Orient.
SouvE.MHS DE Mazas. — S. Km. le cardinal Richard ayant mani-
festé le désir de conserver de Mazas, à litre de reliques, quelques
vestiges des cellules dans lesquelles furent enfermés eu 1871,
avant leur transfert à la Roquette, les otages qui furent massacrés
dans cette jernière prison, M. l'abbé Odelin a adressé à l'entre-
preneur chargé des démolilion.«, une lettre par laquelle il deman-
dait à acquérir les portes de la cellule n" 21, où fut détenu
Ms"" Uarboy, archevêque de Paris, et de la cellule n° 4, qui fut celle
de M. l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine.
Cette dernière seule a pu lui être livrée, l'école Gerson, de
Passy, ayant déjà fait l'acquisition de celle de la cellule de
Mï"^ Darboy.
Consécration du nolveau maître-autel de Notre-Dame de
Vitry-le-François. — Le mardi 2 août, Ms'' Latty, évêque de Chû-
lons, procédait à la consécration de l'église Notre-Dame de Vilry,
récemment restaurée et agrandie, et à celle du maître-autel.
Une centaine d'ecclésiastiques assistaient à cette cérémonie qai
n'a pas duré moins de quatre heures et demie. Aussitôt la consé-
cration intérieure, l'église a été livrée aux fidèles qui n'ont pas
tardé i envahir l'église au nombre de plusieurs milliers.
M-:'' Latty a procédé dans toutes les règles du rite à la consécra-
tion du maître-autel qui est très remarquable et qui a, lui aussi,
son histoire, car il fut érigé en 1716 à Reims, puis transféré à
Châlons en 1792 et vendu enfin à l'église Notre-Dame de Vitry
en 1875.
La messe a été ensuite dite par M. le curé de Sompuis.
Après la cérémonie, Ms' Latty, dans une très belle et chaleu-
CHRONIQUE 763
reuse allocution, remercie les habitants de la ville, riches et pau-
vres, pour la part que chacun d'eux prit dans la réédification de
l'église ; il a remercié la municipalit*' et l'archiprêtre dont le zt''Ie
ne s'est pas démenti un seul instant. Puis Monseigneur a donné
la bénédiction papale.
Vne procession a terminé la première partie de cette belle céré-
monie qui a pris fin par un salut. La fête a pris les proportions
d'une manifestation publique, car les ruesavoisinant l'église étaient
enguirlandées, les maisons pavoisées, et, le soir, des illuminations
témoignaient de la joie générale.
Noces d'or ecclésiastiques. — Le mardi 5 août, les habitants
d'Haudrecy (Ardennes) célébraient une double fête : la cinquan-
tième année d'ordination de l'abbé Lévèque et aussi la cinquan-
tième année de son arrivée dans cette paroisse.
Il est impossible de donner une idée de l'empressement, de la
joie, de la filiale sympathie de celte religieuse population qui tout
entière entourait son vénérable pasteur. Arcs de triomphe, allées
de feuillage, chemin jonché de verdure et de fleurs, discours tou-
chants de la jeunesse, du maire, du président du Conseil de
fabrique, musique, décharges répétées de mousqueterie, rien ne
manquait pour rehausser l'éclat de celte belle cérémonie.
L'archiprêtre de Charleville, le doyen de Renwez, vingt-deux
prêtres du canton et des paroisses voisines environnaient l'autel
oii depuis tant d'années le vénéré vieillard célèbre le saint sacri-
fice.
Pèleri.n'age de Sainte-Hélène, a Hautvillers. — De temps
immémorial, de plus de quinze lieues à la ronde, de nombreux
pèlerins venaient vénérer à Hautvillers, cet hospitalier berceau du
Champagne, les reliques de sainte Hélène ; ils l'invoquaient pour
la santé de leurs enfants maladifs ; ils allaient boire avec confiance
à la fontaine de Saint-Nivard ; une confrérie était érigée aussi
dans l'église paroissiale.
Depuis phisieurs années, cette antique coutume était tombée en
désuétude ; M. l'abbé Santanbien, curé d'Hautvillers, a entrepris
de restituer au pèlerinage son ancienne splendeur. Dans ce but,
ce digne prêtre, plein de zèle, s'est efforcé de lui donner, le jeudi
18 août dernier, un éclat extraordinaire.
La fêle a réussi au delà de toute espérance et le programme
a été de beaucoup dépassé dans ses brillantes prévisions.
La présence de M. l'abbé Périn, chanoine titulaire de l'église
métropolitaine, qui présidait le pèlerinage, favorisait l'entreprise
et M. l'abbé Neveux, curé-doyen de Chàtillou, apportait le concours
4e son éloquence.
764 CHRONIQUE
Dès le matin, malgré la chaleur torride, une foule nombreuse
de pèlerins, accourus des communes voisines, se pressaient dans
l'église d'Hautvillers où l'abbé Santanbien avait fait appel à son
génie des cérémonies chrétiennes et des manifestations populaires
de la foi.
La châsse, contenant les reliques de sainte Hélène, occupait le
milieu du chœur ; le clergé leur rendit les honneurs liturgiques et
elles recevaient les hommages des pèlerins.
Le matin, précédant la messe de dix heures, eut lieu la pro-
cession ; le soir, à trois heures, aux vêpres solennelles, l'assistance
était plus que doublée.
Cette pieuse et touchante tradition du pèlerinage annuel en
l'honneur de sainte Hélène, du iH août, laissera certainement une
empreinte durable sur les jeunes âmes, dans les familles, et à
Hautvillers, commune appelée à en bénéficier, et sa résurrection
sera pour le digne pasteur de cette laborieuse population une
douce satisfaction.
Bénédiction du nouveau maître-autel de Sept-Saulx. — M. le
curé de Mourmelon-le-Petit, qui est en même temps celui de Sept-
Saulx (Marne), vient de faire don à l'église d'un magnifique maî-
tre-autel. On le bénissait le dimanche 28 août, aux vêpres, en pré-
sence d'une multitude accourue venue de tous les pays voisins, en
particulier les chantres de Mourmelon venus pour rehausser l'éclat
de la cérémonie.
*
Bénédiction d'une cloche a Charny. — Le dimanche 10 sep-
tembre, après les vêpres, a eu lieu la bénédiction d'une cloche,
dans l'église de Charny-le-Bachot (Aube). Celle qu'il s'agissait de
remplacer n'était pas très âgée : 119 ans; mais, depuis plusieurs
années, elle ne donnait qu'un so:i très faible et ne pouvait plus
remplir, comme il convient, sa mission divine.
Adrienne était son nom. Elle avait été bénite en 1779 par
M, Pierre Nieps, prêtre bachelier en théologie, de la Faculté de
Paris, curé de ce lieu. Le parrain était messire Charles-François-
Jean-Frédéric d'Aucour de Plancy, écuyer, seigneur de Plancy,
Charny et autres lieux. La marraine : dame Adrienne Choart de
Plancy, son épouse.
Cette inscription est fidèlement reproduite sur un côté de la
nouvelle cloche, qui a reçu le nom de Adrienne- Amélie.
Due, pour la plus forte partie, à une allocation de la commune,
et, pour l'autre, aux deniers de la fabrique, ainsi qu'à la généro-
sité de quelques personnes, cette cloche est d'un beau travail,
pèse l)G7 kilos et sort des ateliers de MM. Paintendre, de Vitry-le-
Frauçois.
Elle a eu pour parrain M. Georges Godard d'Aucour, baron de
CdRONÏQUK l^ti
Plancy, époux de Marie-Thérèse, baronne Oppenheim, et pour
marraine demoiselle Amélie de Plancy, leur fille aînée.
M. l'abbé Chaumonnot, archiprètre d'Arcis, délégué par Mon-
seigneur l'évêque, a présidé les vêpres, assisté du doyen de Plancy
et du curé de Soulages,
L'office terminé, un cortège s'est organisé pour accompagner le
parrain et la marraine pendant la distribution des dragées. La
fanfare de Charny en a profité pour faire apprécier quelques (nor-
ceaux des plus remarquables de son répertoire.
Vers 5 heures, un banquet de 33 couverts réunissait les invités
sous une lente ornée de guirlandes de feuillage et de fleurs au
milieu desquelles se détachaient, sur un cartouche, les armes de la
maison de Plancy, avec les dates commémoratives 1779-1898.
Inauguration du buste du D'' Jolicœuk^ a Reims. — Le diman-
che 23 septembre, à trois heures de l'après-midi, a eu lieu en
grande pompe l'inauguration du buste du regretté docteur Joli-
cœur. Presque toutes les Sociétés de musique et de gymnastique,
drapeaux et bannières en tête, figuraient au cortège. Sur une
estrade siégeaient, avec la belle-sœur et la nièce du héros de la
fête, M. Noirot, maire, président de la cérémonie, ainsi que les
adjoints et le Conseil municipal ; M. Diancourt, les conseillers
généraux Sarrazin, Wiet, Ch. Arnould ; les conseillers d'arrondis-
sement V. Lambert et Vernouillet, le D"" H. Henrot, directeur de
l'École de Médecine, et quelques-uns des professeurs, les membres
du Comité pour l'érection de la statue, le sculpteur Chavailliaud
et l'architecte Bœsch. les auteurs du monument, enfin les princi-
pales notabilités du 4* canton.
Une foule énorme se pressait autour de la place Saint-Thomas
et refluait sur l'avenue de Laon.
MM. Velpry et Henrot ont redit les titres du docteur Jolicœur
qui, comme philanthrope, se voua à soulager les soulfrances des
indigents, et, comme savant, se consacra surtout à la défense du
vignoble contre le phylloxéra.
Pèlerinage du Chêne-a-la-Vierge, a Saint-Imoges. — Le lundi
H septembre, le gai carillon de Saint-Imoges (Marne) annonçait
le traditionnel pèlerinage à Notre-Dame-du-Chêne.
Malgré le mauvais temps, dès le malin, de nombreux pèlerins se
pressaient dans la trop modeste église de la paroisse pour assister
pieusement aux offices présidés par le doyen d'Ay.
A la grand'messe, la chorale de Cormoyeux, prêtant à la fête un
gracieux concours, fil entendre plusieurs excellents morceaux.
Le soir, plus nombreux encore, les pèlerins accompagnaient la
766 CHRONIQUE
Sainte-Image, porlée en procession au Cbêne-à-la-Vierge. Là, au
milieu de celle belle forêt de la Montagne de Reims, sous un ciel
clément, le curé d'ilautvillers, dans un langage aussi clair que
précis et élégant, transporte leur pensée vers ces lieux privilégiés,
où la Sainte Vierge s'est montrée si miséricordieuse et si bienfai-
sante sur la terre de France. L'orateur nous la montre multipliant
ses faveurs depuis l'origine de notre nation bénie jusqu'à nos
jours, et cela aussi bien dans les grands sanctuaires des villes que
dans les forêts les plus retirées de nos campagnes.
Le commerce des vins de Champagne. — La campagne de 1897-
1898, dit la Liberté, a été mauvaise pour le commerce des vins de
Champagne.
Pour la première fois depuis bien des années, les expéditions
ont reculé, s'abaissant de 28,3d9,913 bouteilles à 24,487,987,
déduction faite des remises de négociant à négociant, qui ont
porté sur 11,039,367 bouteilles.
Le stock restant en cave est estimé à 111,181,681 bouteilles,
représentant un capital déboursé de 2o0 millions environ.
En l844-4o, les expéditions s'élevaient à 6,63o,5d2 bouteilles, et
le stock à. 23,2Su,ol8. Le progrès ne s'était jamais ralenti et il
avait été considérable dans la dernière décade, car en 1884-1883
on n'était encore qu'à 21 millions, avec un stock de 62.
L'accroissement des existences prouve que la production a cru
plus vite que la consommation. Cela tient évidemment au bon
marché des capitaux qui permet d'emmagasiner des quantités
plus considérables.
Quoi qu'il en soit, c'est un produit qui a besoin de s'ouvrir de
nouveaux débouchés, et notre diplomatie doit s'en occuper active-
ment, car c'est un article élégant auquel les cocos épileptiques que
l'on fabrique en contrefaçon ne sauraient faire une concurrence
sérieuse, et dont la dégustation n'est entravée que par le prix de
revient.
L'impôt sur les vins en gros, a llAR-sua-AuBE, en 1384. —
Notre collaborateur, M. Louis .Morin, typographe à Troyes, nous
adresse l'intéressant document suivant, que nous reproduisons
avec plaisir :
Les impôts sur le vin ne datent pas d'hier, et depuis longtemps
les gouvernements en mal de budget ont compris quelles impor-
tantes ressources ils en pourraient tirer.
Ces impôts portèrent plusieurs noms, selon les époques, selon
aussi leur mode de perception et les catégories de personnes qui
y étaient soumises.
Et compae les conlribuablea sont gens à ménager, au moins en
CHRONIQUE 767
paroles, le Pouvoir s'arrangeait toujours de façon à sembler faire
des concessions : on payait en disant encore merci. Il lui suffisait
de demander plus qu'il ne désirait obtenir, après quoi il accordait,
non sans se faire un peu prier, des remises aux pauvres diables
effrayés par les sommes exorbitantes qu'on exigeait d'eux tout
d'abord.
Le montant des impositions n'entrait d'ailleurs pas directement
ni tout entier, à beaucoup près, dans les caisses de l'État; il était
afFermé à des particuliers chargés de le percevoir pour leur pro-
pre compte et qui eux-mfîmes déléguaient leurs pouvoirs à des
sous-fermiers résidant dans chaque province ou dans chaque ville.
Il en résultait un amoindrissement excessif du chiffre initial, qui a
donné lieu à la cruelle parabole de la motte de beurre. . .
C'est ainsi que, par la pièce ci-après, la terme du droit de per-
mission de vendre le vin en gros, à Bar-sur-Aube et dans les villages
voisins, est rétrocédée au sieur Maclou des Eaues, marchand à
Bar, et que la fin du document laisse entrevoir la possibilité de la
suppression dudit droit ou du moins l'atTectation d'une partie de
son produit à l'avantage particulier des contrées atteintes par sa
levée.
Voici cet acte intéressant pour le Barsuraubois. Nous le repro-
duisons avec son orthographe originale, éclairée seulement par
une ponctuation et. une accentuation un peu plus précises.
Quelques mots mal écrits se sont dérobés à notre lecture atten-
tive ; ils ne laissent d'ailleurs pas de lacune dans le sens des phra-
ses qui les renfeiment.
Achapl du droit de vendre vin en gros pour ccuix de Bar-sur-
Auhe. — lo septembre ioSi. (Minutes de Tartel, notaire à
Troyes.)
u Fui présent François de Colmoat,grenelier pour le Roy anlien et aller-
natif au grenier et magazin à scel de la ville d'Amyens, y demeurant, com-
missaire subdélégué en la province de Champaigne par \Jessieurs les Com-
missaires généraulx députtfz par le Roy pour l'exéculion et accélération de
son édict de permission de vendre vin en gros..,, lequel, soubz le bon plai-
sir du Roy et desdicts sieurs commissaires, a accordé par ces présen-
tes à honorable homme Maclou des Eaues, marchant, demeurant à Bar-sur-
Aulbe, à ce présent, acceptant tant pour luy que pour la communaulté de
la ville dudict Bar et fauhbourgs d'icelle, ledict droict de permission de
vendre vin en gros tant en lad. ville, (aulxbourgs d'icelle que es villages de
Monstier-en-risie, Jaulcourt, Colombé-la-Fosse, Colombe- le-Secq, Bryeune,
Rentières, Colombé-aux-deux-Eglises, Rouvres, Lignol, Longchamp,
Champignolte, Urville, Couvignon et Barroville, pour en joyr par led. des
Eaues et communaulté selon, suyvant et conlbrmément aux édiclz et déc'a-
ralions (aicts par Sa Majesté pour ce regard et arresls de son Conseil privé
et court des Aydes. Et ce moyennant la somme de cinq cents escus sols
que ledict des Eaues a promis et sera tenu paitr et rendre au lieu de Paris,
es main» de M» Jehan Jaquelin, commis à la recepte généralie desdicts
deniers, demeurant à +'aris, près l'eschelle du Temple, vys à vys de la
768 CHRONIQUE
Boucherie, et ce trois mois après que l'arrest de ralifficalion du présent con-
tract sera délivré par led. sieur de Colemont aud, des Eaues, portant led.
arrest pouvoir au prévost dud. Bar et esleu particullier en l'eslection dud.
lieu de procedder aux cottes de ceulx qui se trouveront de la quallilé de
l'édicl, en présence du procureur du Roy et eschevins dud. Bar, aux com-
missaires et à les taxez de paier, nonobstant oppositions ou appella-
tions quelconques, et interdiction à tous juges d'eu cognoistre et de ren-
voyer tous les qui en pourront advenir au procureur royal. El à la
charge aussi que par led. arrest, si faire se peult, sera obtenu extinction et
suppression, au proffict desd. habitans dud. Bar, dud. droict et permission,
sj'non semblable arrest que celluy obtenu par ceulx des villes de Reims ^ et
Challons pour mesme faict
« M. des Eaulx, DecoUemont ; Lherment. Tartel. »
Un explorateur briard au Brksil. — Sous ce titre, Un Briard
explorateur dans les montagnes du Brésil, le Progrès de Seine-
et-Marne publie la note suivante, qui est consacrée au fils de
M. 0. Frot, bien connu dans notre région, et dont la famille
habite Gionges (Marne) depuis un certain nombre d'années :
« I! y a deux mois, un journal, la Gazette des Nouvelles de Rio-
de-Janeiro, publiait l'information suivante :
« L'ingénieur explorateur Frot. qui suivait en septembre une
« exploration vers les rivières Jequitinhonha et vers celles du sud
(( de l'État de Baliia, et qu'on supposait mort ou dans une position
« critique, a envoyé chercher des subsistances au bourg de Prado,
« en communiquant qu'il était en bonne santé,
« Cette nouvelle a été de suite reproduite par les journaux bré-
siliens, l'ingénieur Apollinaire Frot étant très connu au Brésil, où
il jouit d'une grande notoriété près des Sociétés savantes.
(( Depuis onze ans qu'il a quitté la France, ce vaillant explore
les régions de la chaîne des A.ymarès, au sud de l'État de Bahia. »
Ouverture du Comice agricole a Epernay, — Le dimanche H
septembre a eu lieu l'ouverture du concours agricole à Epernay.
M. Vallé, sous-secrétaire d'Etat, y assistait.
Avant la lecture du palmarès faite par M. Lagarde, secrétaire,
M. le sous-secrétaire d'Etat, au nom du Gouvernement, a distribué
les croix de chevalier du Mérite agricole à MM. Pertois, de Cra-
mant ; Jolly, de Sézanne ; Carlier, de Boursault ; Lucien Vasseur,
1, Sans doute les f Lettres patentes du Roy Henry lil, données à Saint
Maur lez Fossés, portant prorogation pour 10 ans des Exemptions des tail-
les, Octroy du 4* deuier sur les vins, et permission d'employer l'excédent
des 2 000 1. à charge d'en rendre compte à la chambre des comptes >, datées
du 2 juin 1o84. — Cette pièce existe aux .\rchives municipales de Reims ;
elle autorisait l'emploi de l'excédent prévu « aux nécessités de la ville ».
CHRONIQUE 769
d'Epernay ; Truberl-Hroiine, de Plivot, et Adolphe Mêlai, de
Cramant.
Nominations et Distinctions. — Parmi les récentes promotions
au grade de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur, nous
relevons les noms de M.M. Joly, préfet des Ardennes ; docteur Bon-
net, conseiller général de la .Mar.ie ; Puisard, maire de Cramant
(Marne), président du Conseil d'arrondissement d'Epernay ; doc-
teur Bernard, conseiller général de la Haute-Marne ; Paul Uegouy^
directeur politique de VÉclaireur de l'Est, à Reims.
Sur la proposition du ministre de l'Instruction publique ont été
nommés :
Officiers de l'Instruction publique :
MM. Alexis Guillemot, ancien instituteur, vérificateur des poids
et mesures à Châlons-sur-Marne ; Charles-Ernest Lalouelte, pro-
fesseur au collège d'Epernay ; Henri-Auguste Rotté, professeur au
collège de Châlons-sur-Marne ;
Officiers d'Académie :
M. Alphonse-Armand Chrétien, professeur au collège de Châ-
lons-sur-Marne ;
M"8 Jeanne-Cécile Chabonat, professeur au cours secondaire des
jeunes filles de Châlons ;
MM. Marie-Cléopbas Desbrosses, instituteur public à Épernay ;
Antoine Druot, professeur au collège de Chàlons ;
Henri-Charles Gérard, professeur au collège de Châlons ;
M"'' Eulalie-Anatolie Guillemot, professeur au cours secondaire
de jeunes filles à Châlons ;
Anatole-Adolphe Henry, professeur au collège de Châlons ;
Emmanuel Kégel, professeur au collège de Châlons ;
Robert, avoué à Epernay, délégué cantonal ;
François-Louis Thorel, substitut à Epernay, délégué cantonal.
Le Journal officiel du 24 juillet a publié un mouvement admi-
nistratif et judiciaire où nous relevons les mentions suivantes inté-
ressant notre région :
M. Huard, sous-préfet de Saint-Nazaire, est nommé sous-préfet
de Reims, en remplacement de M. Bernardin, précédemment
nommé sous-préfet de Reims et non installé, qui est nommé sous-
préfet de Saint-Nazaire ;
M. Riom, précédemment nommé sous-préfet de Vervins et non
installé, est nommé secrétaire général de la Marne en remplace-
ment de M. Hennequin, précédemment nommé secrétaire général
de la Marne et non installé, qui est nommé sous-préfet de Vervins ;
49
110 CMRGKIQÙË
M. Cheveau, licencié en droit, est nommé conseiller de préfec-
ture de l'Yonne en remplacement de M. de Maubeuge, mis en dis-
ponibilité sur sa demande ;
M. Schlumpf, licencié en droit, est nommé conseiller de préfec-
ture de l'Aveyron ;
iM. Flamarion, juge d'instruction à CharoUes, est nommé procu-
reur de la République à Wassy, en remplacement de M. Driot,
nommé procureur à Mâcon.
Us' Simon a été sacré, le merredi 21 septembre 1898, dans la
cathédrale de Troyes, comme évoque de Thaumacos, vicaire apos-
tolique du tleuve Orange.
* »
Nous apprenons que M. l'abbé Trihidez, chevalier de la Légion
d'honneur, aumônier en chef du ti" corps d'armée et du lycée
national de Reims, vient d'être chargé, par le minisire de l'Ins-
truction publique, d'une nouvelle mission scientifique à l'étranger.
On annonce que M. Payot, ancien professeur de philosophie au
lycée de Dijon, vient d'être nommé inspecteur d'Académie à Châ-
lons, en remplacement de M. Cornet, mis à la retraite sur sa
demande.
Le nouvel inspecteur d'Académie est le fils de M. Payot, ancien
instituteur à Juvigny, et a fait ses études au collège de Châlons 5
il est âgé de 38 ans.
Notre compatriote M. Thuillier, conseiller municipal de Reims,
vient d'être élu, au scrutin de ballottage, conseiller général de
Marengo (Algérie), comme candidat agricole, par 390 voix contre
2ol à M. Gay, candidat radical.
Le général de brigade Decharme, commandant l'artillerie du G^
cor[is d'armée à Châlons, vient d'être promu au grade de général
do division.
11 est remplacé par le général de brigade Ploix, disponible.
Le colonel Maillac, du génie, commandant supérieur de la
défense des places du groupe de Reims, vient d''être promu au
grade de général de brigade et maintenu dans ses fonctions.
CHBONIQUI 771
*
¥ *
Mariages. — Le 2 juillet 1898 a été célébré à Châlons le
niaiia^'e de W^<^ Marguerite Le Joindre, fille du général de brigade
coMunandanl d'armes du camp de Cbâlon?, et de M™" Le Joindre,
avec M. André Uobler, secrétaire d'ambassade, attaché à la direc-
tion politique du ministère des Allaires étrangère?.
Le 27 août 1898 a été célébré en l'église Saint-Pierre de Neuilly
le mariage de M"« Julie Aviat, lille de notre distingué compatriote
le peintre Jules Aviat, et de Mn»c Jules Aviat, avec M. (îustave
Huber, docteur en droit, magistrat en Algérie.
On annonce le mariage de M"'' Marthe Devillez. fille de Mm^ Au-
guste Devillez, de Bel-Air (.\rdennes), avec M. Albert Loizillon,
sous-lieutenant, élève d'artillerie à l'Ecole d'application de Fontai-
nebleau, petit-fils de M'"'' la générale Delatte et fils de M"'» Gabriel
Loizillon.
La bénédiction nuptiale a élé donnée aux époux le mardi 6 sep-
tembre 1898, à onze heures du matin, par M. l'abbé Gillel, en
l'église paroissiale de Charleville.
Le lundi 12 septembre, à onze heures, a eu lieu, à Paris, le
mariage de M. Pierre Lelarge, industriel à Reims, avec M"« Marie-
Thérèse Stouls.
C'est un tout jeune prêtre — ordonné depuis une quinzaine en
Angleterre, nous dit-on, et parent de la jeune épousée — qui a
consacré l'union et célébré la messe.
Les témoins de M. Lelarge étaient ses deux beaux-frères,
.MM. Roussel, industriel à Roubaix, et Budin, négociant à Reims;
ceux de l'épouse : M. Rousseau, lieutenant d'artillerie au 14" régi-
ment à Rayonne, son beau-frère, et M. Paul Leseur, son oncle
maternel, professeur à la Faculté de droit de Paris.
Le 27 septembre a été célébré dans l'église de Faymoreau
(Vendée), le mariage de M. Maurice de Concourt avec Mi'e Fran-
çoise de la Boutetière- Saint-Mars.
Les témoins étaient : pour le marié, le capitaine de Concourt,
son frère, et M. de Baudicour, conseiller à la Cour d'appel de
Paris, son grand-oncle ; pour la mariée, le comte Louis de la Bou-
tetière, son frère, et le comte de Sapinaud, son oncle à la mode
de Bretagne.
772 CHRONIQUE
La liénédiclion nuptiale a été donnée par le vénérable curé de
Faymoreau, qui, dans une touchante allocution, a rappelé l'al-
liance des (Concourt avec la famille de Jeanne d'Arc ainsi qu'avec
celle du Bienheureux de La Salle, et la parenté des La Boutetière
avec Guillaume Prévost, évêque de Poitiers au xiii« siècle, Duples-
sis-Mornay, saint François de Sales, le cardinal de la Fare et le
général vendéen Sapinaud.
Après la messe, environ cent cinquante personnes ont pris part
à un lunch servi sur petites tables dans une tente dressée à une
extrén)ilé du château. Ensuite on s'est répandu dans les salons et
la bibliothèque pour admirer les cadeaux.
Le 28 septembre a été célébré à Fléville (Ardennes), le mariage
de M'ie Berthe de Coudenhove avec M. Charles de Morière. au
milieu dune nombreuse assistance d'amis des deux familles. Les
jeunes gens et les jeunes filles de Fléville avaient tenu à apporter
leurs vœux et leurs félicitations, en termes excellents, au jeune
ménage.
Le 29 septembre a été célébré en l'église Saint-Loup, à Chalons,
au milieu d'une nombreuse et brillante assistance, le mariage de
M. Louis Joly, fils de M"^ la générale Hartschmitl, avec M"« Renée
Echemann, fille de M™« veuve André Echemann.
Les témoins du marié étaient M. Alexis Francart, ancien indus-
triel à Sedan, son grand-père maternel, et M. le général Harts-
chniitt, commandant la 18'= division d'infanterie, à Angers, son
beau-père.
Les témoins de la mariée étaient M. Appert, sous-intendant
militaire à Toulon, son oncle maternel, et M. Charles Echemann,
enseigne de vaisseau à Toulon, son frère.
La bénédiction nuptiale a été donnée aux jeunes époux par
M. l'abbé Appert, curé d'Aigny, parent de M"" Echemann ; la
messe dite par un prêtre ami de la famille Hartschmitt, professeur
au séminaire de Reims.
MÉLANGES
Jeanne d'Arc Française et non Lorraine ^. — Notre honorable con-
frère M. Henri Arsac nous adresse une étude consciencieuse sur la vérita-
ble nationalité de Jeanne d'Arc. Même après les beaux travaux de M. l'abbé
Misset sur ce même sujet, l'étude toute patriotique de M. Henri Arsac sera
lue avec un vif intérêt.
Bien entendu, eu disputant victorieusement Jeanne d'Arc à la Lorraine,
notre confrère .«e défend de toute pensée hostile à l'égard de cette province
qu'il a habitée pendant treize ans et qu'il affectionne beaucoup. Mais,
comme il le dit lui-même : Arnica Lolharingia, magis arnica veritas.
Les Rémois ont enfin élevé une statue à la Pucelle, qui les déli-
vra jadis de la domination anglaise, et qui fit sacrer à Reims le
roi légitime. C'est une première réparation. Une seconde répara-
tion lui est encore due : c'est de lui restituer sa véritable natio-
nalité.
On a déjà fait des volumes avec les erreurs historiques généra-
lement admises comme des vérités par le peuple qui se croit le
plus spirituel de la terre. La plus insupportable de toutes ces
erreurs, la plus blessante pour la mémoire de Jeanne d'Arc, la
plus humiliante pour notre amour-propre national, est celle qui
consiste à faire passer cette admirable Française. Française de la
tête aux pieds, pour une Lorraine. Deux vers de Villon, le chan-
sonnier ivrogne, sur « Jehanne, la bonne Lorraine, qu'Anglais
bruslèrent à Rouen », ont suffi pour cristalliser cette erreur dans
la plupart des cervelles, d'où la critique historique a bien du mal
à la déloger aujourd'hui.
Jeanne la Lorraine ! Metz, Tout, Verdun en Lorraine ! Voilà
deux clichés en vogue surtout depuis vingt-sept ans. Les Lorrains
abusent de la sympathie spéciale qui s'est attachée à eux, après le
déchirement de 1871, pour accréditer ces erreurs. iNi la Pucelle
d'Orléans, ni Metz la Pucelle, ni Toul, ni Verdun n'ont jamais
appartenu à la Lorraine, province réunie à la France en 176G seu-
lement : 335 ans après le martyre de Jeanne, 214 ans après l'an-
nexion du Pays Messin, du Toulois et du Verdunois, c'est-à-dire
des Trois-Evêchés.
Jeanne d'Arc était une vraie fille de France, de vieille souche
française. Au contraire, la Lorraine du temps de Jeanne d'Arc
1 . Reproduction autorisée et recommandée aux journaux français. Cette
étude a déjà été publiée par le Réveil Français, de Paris, par l'Avenir, de
Reims, par le Journal de la Marne, de Cbàlons, par le Courrier du Nord-
Est, d'Eperuay, par la Paix Sociale, de Reims, et par le Pa{riolç
Orléanais.
774 MÉLANGES
(141Î-U31) ne faisait pas partie de la France; bien plus, elle s'était
unie aux Anglais contre la France. Dieu, dans sa miséricorde
envers nos pères, n'a pas suscité la vierge destinée à être le saiul,
la joie et l'honneur du peuple français, du sein d'un peuple alors
ennemi.
La question de nationalité de Jea:)n€ d'.\rc est très simple. C'est
une f(uestion d'étal civil aussi facile à résoudre pour elle que pour
chacun de nous. Nous avons, à défaut de son acte de naissance,
une foule de témoignages, d'actes et de documents de toute espèce
ayant à leur date fait foi en justice, et précieusement recueillis
par l'histoire. Nous avons des preuves matérielles. Nous avons les
déclarations de Jeanne elle-même, celles de sa famille, et les con-
clu.sions des maîtres de l'érudition française. Passons tout cela en
revue ; la lumière jaillira jusqu'à devenir éblouissante.
I
Les parents et le berceau de Jeanne.
Les d'Arc étaient Français, originaires, comme leur nom l'indi-
que, d'Arc-en-Barrois, petite ville à six lieues de Chaumont, en
Chanipagne. On suit leurs déplacements dans cette province fran-
çaise. Jean, le grand-père de la Pucelle, habitait Celfonds, près de
Monlierender. On y montre encore sa maison. Jacques, le père de
la Pucelle, naquit à Ceffonds, se maria à Vouthon et s'établit à
DoMiremy. Il y eut cinq enfants : trois garçons, Jacqueniin, Jean,
Pierre ; deux filles, Catherine et Jeanne.
La mère de la Pucelle, Isabeau Romée, de Vouthon, en Cham-
pagne, près de Domremy, était Française au même titre que son
mari. On peut suivre également les déplacements de sa famille
dans la proviuce. Sou frère Henri devient curé de Sermaize. Son
aulre frère Jean, couvreur de profession, va s'y établir avec ses
enfants. Marié à Marguerite Colnel, il eut trois garçons : Poires-
son et Périnet, tous deu.x charpentiers ; Nicolas, profès à l'abbaye
de Chcminon, diocèse de Chillons, lequel fut aumônier de Jeanne,
et uue fille, Mengotte, qui épousa Collot-Turlot, de Sermaize.
Ainsi, les parents de Jeanne d'Arc, dans la ligne paternelle
comme dans la ligne maternelle, étaient Champenois de père en
fils, c'est-à-dire sujets du royaume de France, C'était du sang
bien français qui coulait dans les veines de la Pucelle. Bon sang
ne pouvait mentir. Du côté des de Vouthon comme du côté des
d'Arc, tous loyaux Français (nous le verrons), oniui apprit à sucer
avec le lait maternel l'amour de la France et du Roi.
Le père et la mère de Jeanne d'Arc étaient Français. Mais Dom-
remy, le lieu de leur établissement, était-il français? En tout cas,
ce n'était pas un village lorrain, même en partie. Le duché de
Lorraine, le duché de Bar et le royaume de France (par sa pro-
vince de Champagne) se coudoyaient sur les bords de la Meuse, à
l'époque de Jeanne d'Arc. Nous possédons des dénombrement?
MI^LANftBS 775
ofliciels de la Lorraine, ordonnés par ses ducs; Donireaiy n'}'
figure pas. Ceci coupe court aux prétentions des Lorrains sur
Domreniy.
Ce que l'on sait parfaitement, c'est que Domremj', village sur la
rive gauche de la Meuse, était tni- partie. Au sud un Domremy
seigneurial^ au nord un Domremy royal.
La seigneurie de Domremy relevait du Barrois mouvant, qui
relevait de la France ; c'était un domaine direct du seigneur de
Domremy, un fief du duc de Bar, un arrière-lief du roi de France.
Elle consistait, d'après un dénombrement de 1398, en une maison
forte dans l'île de la Meuse, un four banal, 3o ménages de serfs
mainmortables, 40 jours de terre et 600 arpents de bois. C'était le
petit Domremy, séparé de l'autre par le ruisseau desTrois-Fontai-
nes, qui coule toujours dans son lit naturel.
La partie nord, la plus considérable, appartenait au royaume de
France ; ses habitants étaient Français, gens du Roi. Cette com-
mune de Domremy royal ne faisait qu'un avec la commune voi-
sine de Greux (que les Lorrains n'ont jamais contestée à la
France). Au?si, le groupe est-il dénommé, dans tous les actes
authentiques, Greux-et-Domremy. Il formait une seule paroisse ;
l'église principale était à Greux. Greux-Domremy était un double
village de la prévùlé (circonscription analogue à notre arrondisse-
ment actuel) de Montéclair-et-A.ndelot, dans le bailliage (circons-
cription analogue à notre département actuel) de Chaumont-en-
Bassigny, comté de Champagne, France. Le comté de Champagne
était français depuis le 6 octobre 1283.
II
Les acUs authentiques.
Les parents de Jeanne d'Arc avaient-ils élu domicile dans le
Domremy seigneurial et barrois, ou bien dans le Domremy royal
et français? Etaient-ils devenus serfs mainmortables du seigneur
de Domremy, vassal du duc de Bar, ou bien étaient-ils restés
sujets français ? Les actes authentiques vont répondre.
Un de ces actes nous montre Jacques d'Arc, père de Jeanne,
louant au sire de Domremy, pour neuf ans à partir du 2 avril
1420 (Jeanne avait 8 ans), la forteresse de l'île et ses appartenan-
ces, en donnant pour sûreté au bailleur une hypothèque sur ses
propriétés de Domremy-et-Greux, où le sire n'exerçait aucun
droit seigneurial. Donc, Jacques d'Arc était établi au Domremy
français.
Un autre acte de 1426 (Jeanne avait 14 ans) nous montre le
père de Jeanne et, son parrain Jean Morel cités comme défendeurs
contre le sire de Domremy, au nom de tous les habitants de
Greux-Domremy, par-devant Baudricourt, bailli du roi, capitaine
de Vaucouleurs. Donc, Jacques d'Arc et consorts n'étaient pas jus-
ticiables du sire do Domremy seigneurial.
776 MÉLANGES
Pourquoi allaient-ils plaider à Vaucouleurs, au lieu d'aller au
siège de leur prévôté, Monléclair-et-Andelot? Parce que Monté-
clair-et-Andelot était au pouvoir des Anglais, de même que Chau-
mont, chef-lieu du bailliage, et que Baudricourt, le bailli fran-
çais, iivait dû se réfugier dans la seule place forte de son bailliage
non occupée par l'ennemi. Vaucouleurs, sa dernière prévôté, et y
transporter le siège de la justice royale.
Dans cet acte de 1426 relatif au procès entre les gens de
Domremy-Greux et le sire de Domremy, Dommanget, maire de
Domremy, Jean Rainnessons, maire de Greux. les échevins et
doyens (dont l'un est Jacques d'Arc) déclarent qu'ils représentent
les gens de Greux et de Domremy, « laquelle Tune despend de
l'autre ». Par là même ils s'affirment gens du Roi. Et, de fait, ils
sont cités devant la justice du Roi.
III
La maison de Jeanne.
Les parents de Jeanne n'étaient pas de pauvres gens ; c'étaient
des paysans à l'aise, possédant 12 hectares de terre, 4 hectares de
prés, 4 hectares de bois, leur maison, leur mobilier et des écono-
mies, le tout représentant 3,000 à 4.000 francs de revenus, mesu-
res et valeur actuelles. Ils ne dépendaient en rien du seigneur de
Domremy ; ils allaient et venaient librement en Champagne,
mariant leur fils Jacquemin à Vouthon, leur fille Catherine à
Greux, envoyant plus tard leurs fils Jean et Pierre rejoindre la
Pucelle à l'armée du Roi, sans souci ni cure du duc de Bar, qui
n'était point leur suzerain. Le père d'Arc était doyen de son vil-
lage et délégué des habitants dans les affaires contentieuses.
Le système des Lorrains qui revendiquent Jeanne pour la Lor-
raine est basé sur une supercherie indigne de gens sérieux. Mal-
gré les actes et malgré les preuves matérielles, en jouant du ruis-
seau séparatif des deux Domremy comme du chapeau de Tabarin,
ils veulent à tout prix mettre la maison de Jeanne d'Arc dans le
Domremy seigneurial, en Barrois. Et, comme (mais bien après
Jeanne d'Arc) le duché de Lorraine et le duché de Bar ont été
réunis, sans jamais se confondre^ sur la tête du duc de Lorraine^
ils s'efforcent d'attribuer à la Lorraine ce qui eût appartenu à leur
duc, mais en sa qualité de duc de Bar, et non pas en sa qualité de
duc de Lorraine.
La maison de Jeanne d'Arc elle-même proteste contre le rôle
de traître qu'on veut lui faire jouer. C'est bien ici le cas de dire :
Lapides clamabunl. La porte de la maison de Jeanne d'Arc à
Domremy est ornée d'un tympan où sont sculptées les armes de
France, l'inscription Vive le roi Lois, et la date de l'ouvrage
(1481). C'est le propre neveu de la Pucelle, Claude du Lys, fils du
frère de Jeanne, Jean du Lys, ancien prévôt de Charles VIII à
Vaucouleurs, qui a fait placer ce tympan démonstratif. Il était
MÉLANGES 777
procureur fiscal à CJreux-et-Domremy. Voyez-vous cet officier du
roi Louis XI élisant domicile en Barrois, tenant sa perception hors
du royaume, faisant graver sur sa maison un cri, qui, pour le duc
de Bar et de Lorraine, eût été aussi séditieux chez lui, à cette épo-
que, que le cri de Vive la France ! le serait aujourd'hui à Metz ou
à Strasbourg, pour l'empereur allemand !
Il y a plus. On montre avec respect, dans la maison de Jeanne,
le four particulier où la famille d'Arc faisait cuire son pain. Si
cette maison avait été située sur le Domremy seigneurial, les d'Arc
auraient été obligés de faire cuire leur pain au four banal du sei-
gneur ; ils n'auraient pu avoir un four à eux. Ce fameux four est
un four de premier ordre. .. pour les Lorrains.
Tant que le ruisseau des Trois-Fontaines n'aura pas submergé
la maison de Jeanne, la maison protestera et dira elle-même aux
visiteurs qu'elle était située au Domremy français.
Nous avons une dernière preuve. Le 15 février 1586, cette mai-
son fut achetée à beaux deniers comptants par Louise de Stain-
ville, dame du Domremy seigneurial. Donc, elle ne faisait point
partie de sa seigneurie.
De ce qui précède, le lecteur a déjà conclu que Jeanne d'Arc,
née de père et de mère français établis au village français de
Domremy-et-Greux, est absolument française.
IV
Le témoignage de Jeanne.
Consultons maintenant les pièces du procès de Rouen, publiées
par le savant Quicherat. Ici, c'est Jeanne elle-même qui parle. La
lumière éclate. Qui oserait s'inscrire en faux contre le propre
Témoignage de la Pucelle ?
Interrogée par Cauchon sur son lieu de naissance : « Je suis,
« dit-elle, dit Domremy qui ne fait qu'un avec Greux. » Ce
Domremy, c'est le Domremy français. Par cette réponse formelle,
nette, claire, précise, Jeanne elle-même s'affirme française et con-
fond à jamais ceux qui font d'elle une Barroise ou une Lorraine.
On lit au Procès (tome I, pp. 93-96) que Jeanne, étant prison-
nière de Jean, comte de Luxembourg, au château de Beauregard-
en-Vermandois, y trouva deux nobles amies : 1" Jeanne de
Béthune, vicomtesse de Meaux, veuve de Robert de Bar en 1415,
remariée au comte de Luxembourg en 1418 ; et 2° Jeanne de
Luxembourg, demoiselle, tante du comte. Toutes deux s'effor-
çaient de faire prendre à la Pucelle des habits de femme. Jeanne,
questionnée à ce sujet, déclare à ses juges que « si elle avait dû
€ prendre habit de femme, elle l'eût plutôt fait à la requête de
c ces deux dames que de toutes les autres dames de France,
< excepté SA Reine ».
Dans l'interrogatoire du 10 mars 1431, interpellée au sujet de
778 MÉLANGES
ses armes, Jeanne répond que t d'écus et d'armes elle n'en eut
€ jamais, mais que SON Iloy donna des armoiries à ses frères. »
Dans le septième interrogatoire secret (15 mars 1431), les juges
pressent Jeanne de quitter ses habits d'homme. Voici sa réponse :
c Que direz-vous, si je vous déclare ici que j'ai juré à NOTRE Roy
t de ne pas quitter cet tiabit? »
Est-ce que Jeanne ne connaissait pas sa nationalité? Est-ce que,
pour aller faire son pèlerinage à Saint-Nicolas-du-Port, en Lor-
raine^ et voir le duc de Lorraine à Nancy, elle n'avait pas dft se
faire délivrer un sait f- conduit, la Lorraine étant pour elle un pays
ennemi '
D'ailleurs, Cauchon savait bien qu'elle était Française. Le tribu-
nal de Rouen avait fait faire une enquête à Domremy ; cette
enquête porte que la Pucelle était t née à Domremy-de-Greux,
situé dans le bailliage de Chaumont, prévôté d'Andelot. »
V
La juridiction royale.
Lorsque la mère de Jeanne sollicita, non pas du duc de Rar,
mais du roi de France, son seigneur et celui de sa fille, qui seul
pouvait la demander au Pape, la révision du jugement de Rouen,
Jean Rrélial, grand inquisiteur de France, commis par Galixte III
pour faire l'enquête nécessaire à la réhabilitation, déclara que
Jeanne était née au village nommé Domremy, « lequel fait par-
tie du royaume ».
.N'avons-nous pas la lettre de l'erceval de Roulainvilliers, con-
seiller chambellan de Charles VII, sénéchal du Berry ? Il écrivait
au duc de Milan, le 21 juin 1429 (un mois avant le sacre de Reims)
que Jeanne d'Arc était née c dans le bailliage du Bassigny, en
deçà des frontières du royaume de France ».
Aux jours de son triomphe à Reims, Jeanne eut la joie de
revoir son père, son frère Pierre, son oncle Duraut Laxart, son
parrain Jean Morel, son < compère » Girardin et quelques autres
compatriotes. Ces braves gens, horriblement éprouvés du fait des
guerres dans la vallée de la Meuse, pensèrent à user du crédit de
la Pucelle sur le Roi pour obtenir des allégements d'impôts.
C'était le cas ou jamais, car le Roi n'avait rien à refuser à celle
qui lui avait rendu sa couronne. Jeanne transmit donc leur
demande au Roi, et, quatorze jours après le sacre, le 3t juillet,
Charles VII, étant à Cbàteau-Thierry, faisait donner les lettres-
patentes (encore un acte officiel) par lesquelles « en faveur et à la
€ requête de la Pucelle, pour récompenser ses services », il accor-
dait aux gens de Creux-et-Domremy, baillage de Chaumont-en-
Bassigny, t dont ladite Jeanne est native », une exemption géné-
rale, perpétuelle, d'impôts présents et futurs, et mandait à son
bailli de Chaumont de tenir la main à lexécution de ses ordres.
MÉLANaKS 779
Si Charles Vil avait pu ignorer ses droits sur Domremy, ils
n'étaient ignorés ni de Jeanne, ni de son père, puisque Jacques
d'Arc, doyen du village, était justement le collecteur des impôts,
le percepteur rural. On est nécessairement le sujet du souverain
auquel on paie l'impôt. Cette preuve est sans réplique.
Le n.sc, au moyen âge, était aussi tracassier qu'aujourd'hui.
C'est dans les veines de l'administration. Nonobstant les lettres
royales, il essaya bientôt d'empiéter sur le privilège des contri-
buables de Greux-Domremy. Ce fut à l'occasion du laillon^ impôt
de guerre établi pour nourrir et solder la gendarmerie récemment
créée par Charles Vil. Cette gendarmerie fut notre première armée
régulière permanente, dont le? lances jetèrent les Anglais hors du
pays. Les Elus (commissaires fiscaux] de Langres voulurent astrein-
dre à cet impôt nouveau les gens du Domremy royal et même
ceu.x du Domremy seigneurial. 11 y eut procès, naturellement.
Nous avons la sentence des Elus de Langres. Le Domremy
seigneuiial, non français, fut reconnu non imposable ; le Domremy
royal, français, lut déclaré imposable. Mais, sur la réclamation
des habitants, Charles VII lit délivrer, à Chinon, le 0 février 1459,
de nouvelles lettres-patentes contirmant celles de Château-
Thierry. On y lit encore que la l'ucelle était c native de dreux-et-
Domremy », et que « ses parents y habitaient ». Le Roi obligea
les Elus à respecter le privilège perpétuel octroyé aux habitants.
Ce privilège fut encore conlirnié, en IGlû, par Louis Xlll et main-
tenu par la Monarchie jusqu'à la Révolution.
Le 2o janvier lo71, Charles IX ayant concédé au Barrois une
portion du Domremy-de Creux, celte portion fut assujettie aux
impôts en cours dans le Harrois ; elle ne gagna rien à devenir Bar-
roise. Mais, lorsqu'elle lit retour à la France, en 4 766, époque de
la réunion de la Lorraine et du Barrois à notre pays, cette
portion revendiqua et obtint son ancien privilège. 11 fut rappelé à
cette occasion que Greux-Domremy formaient au temps de Char-
les VII une seule paroisse, et c dépendaient tous deux dudit bail-
liage de Chauniout ».
S'il y avait un droit, après celui de percevoir les impôts, dont
les seigneurs féodaux fussent jaloux, c'était celui de conférer la
noblesse. Ce droit appartenait au seul seigneur direct, et non au
suzerain. Qui donc a anobli Jeanne d'Arc, si ce n'est le roi de
France, son seigneur direct? Les lettres adressées de Mehun-sur-
Yèvre, en déceml)re 1429, par Charles Vit, à ses divers officiers du
bailliage de Chaumont, anoblissent « la Pucelle, notre chère et
« bienaimée Jeanne d'Arc, de Domremy, au bailliage de Chau-
« mont ou dans son ressort », et sa famille.
VI
Le témoignage de la famille.
Passons aux témoignages fournis par les descendant? de cette
780 MÉLANGES
{aniille illustre, qui continua à se distinguer au service de la
France.
Charles du Lys, descendant de Pierre, le plus jeune frère de
Jeanne, fut un savant magistrat, avocat général à la Cour des
Aides. Il mourut en 1632. En tCiO, Tannée de la mort d'Henri IV,
le Roi et la ville d'Orléans entreprirent de faire restaurer à frais
communs le monument érigé en cette ville à la Libératrice depuis
1458, et mutilé pendant les guerres de religion. Charles du Lys,
pieusement passionné pour la mémoire et les souvenirs de sa
grand'tante, invita les lettrés et les artistes du temps à contribuer
à sa glorification. Son initiative provoqua un enthousiasme géné-
ral. On trouvait de l'analogie entre la Pucelle et le Béarnais
reconquérant la couronne de France à la pointe de l'épée. Les
beaur esprits rivalisèrent de talent pour composer des inscriptions
commémoratives, des poésies, des illustrations, dont Charles du
Lys fit un recueil sommaire en 1613, et un plus ample en 1628.
Lui-même s'occupa spécialement, dans son Traité sommaire,
de la question de nationalité de la Pucelle^ qui était de sa compé-
tence, assurément. On y lit : « Jeanne naquit au village ou
c hameau de Domremy, paroisse de Greux, en France... On ne
€ peut révoquer en doute que ladite Pucelle ne soit entièrement
€ et véritablement Française de naissance, et nullement Lor-
« raine... Aucuns ont écrit qu'elle était Lorraine, dont ils se
€ trompent. »
C'est catégorique.
Charles du Lys était lié d'une étroite amitié avec un Rémois
illustre, son contemporain, Nicolas Bergier, né en 1557. mort en
1623^ avocat au présidial de Reims, syndic de la ville, historiogra-
phe breveté et pensionné, érudit de son temps. Bergier répondit
mieux que personne à l'appel de son ami du Lvs. Poète, il rima
en vers français sur lenlrée de Jeanne à Reims, et pour acquitter
la dette des Rémois, un Poème héroïque, réédité en 1890 par
M. Henri Jadart, bibliothécaire de la ville de Reims. Épigraphiste,
il rédigea une inscription latine pour le monument d'Orléans.
Cette inscription place Domremy e dans la partie française du
pays des Leuquois ». Le pays Leuquois était, à l'époque gallo-
romaine, une circonscription ayant Toul pour capitale. Bergier
avait dû conférer maintes fois avec du Lys sur le berceau de la
Pucelle.
Lorsque plus tard, en 1022, notre Rémois composa son superbe
ouvrage des Grands chemins de l'empire romain, Charles du Lys
s'empressa de lui envoyer ses félicitations, non pas d'une façon
banale, mais en vers latins tournés dans le goût du temps. Ces
vers figurent en tête des éditions des Grands chemins. Ils sont
caractéristiques. Charles du Lys les adresse a au Champenois Ber-
gier, son ami », et y faitallusion à la « Pucelle champenoise d'Or-
léans, sa parente consanguine ». II? débutent par un jeu de mots
MBLÀNOBS 781
sur le nom de Bergier, traduit en latin par Pastor : « La Cham-
« pagne envoya au secours du roi des Français, à Orléans, une
« Bergère du nom de Jeanne ; la Champagne envoie aux Français
« un Bergier qui, etc. »
Un membre actuellement vivant de la famille de Jeanne d'Arc,
M. de Braux, a publié, en collaboration avec M. Bouteiller, de
Nouvelles recherches sur la famille et élucidé quelques points res-
tés obscurs de l'histoire de la Pucelle. iM. de Braux est établi en
Lorraine ; ami de sa province, il aime encore mieux la vérité.
Aucun érudit de Lorraine ou d'ailleurs ne possède mieux la ques-
tion Jeanne d'Arc, dont il fait son étude continuelle. Pour M. de
Braux, Jeanne d'Arc était Française, sans l'ombre d'un doute,
puisque née, suivant ses propres paroles, au « Domremy qui ne
fait qu'un avec Greux ».
VII
Les faits historiques.
Examinons maintenant les rapports de la Lorraine et du Bar-
rois avec la France au temps de Jeanne d'Arc. C'est le point sur
lequel pèchent, par ignorance, les neuf dixièmes des Français.
Aux batailles de Crécy (1346) et d'Azincourt (1415), les Lorrains
avaient combattu avec nous contre les Anglais, Le duc Raoul et
Henri de Vaudémont versèrent leur sang pour la France à Crécy.
A Azincourt (Jeanne avait alors trois ans et demi). Ferry de Vau-
démont, frère unique du duc Charles H, et Thiébault de Blamont
firent de même. Le môme jour et pour la même cause périrent le
duc de Bar, Edouard, son frère Jean, leur neveu Robert de Marie.
Mais, après Azincourt, la France, déjà déchirée par la guerre
civile des Armagnacs et des Bourguignons, désormais envahie par
les Anglais victorieux, fut victime des plus odieuses trahisons. La
Bourgogne s'allie aux Anglais. La reine Lsabeau (une Allemande)
signe l'infâme traité de Troyes (1420) qui déshérite le Dauphin et
transporte la couronne de France au roi d'Angleterre. La France
était humainement perdue. Alors la Lorraine et le Barrois pas-
sent du côté du plus fort, et se joignent aux Anglo-Bourguignons
pour achever de réduire la Champagne restée obstinément fran-
çaise.
A dire vrai, la Lorraine était déjà contre nous avant Azin-
court. Son triste duc Charles II haïssait la France ; il avait horri-
blement saccagé, en 1410, la ville champenoise de iNeufchâteau,
qu'il tenait en fief du roi de France. Ayant marié (1420) sa fille
Isabelle à René d'Anjou, devenu duc de Bar par l'adoption de son
oncle le cardinal de Bar, Charles II, en qualité de tuteur de son
gendre encore mineur, fait adhérer le Barrois (6 mai 1422) à
l'abominable traité de Troyes (Jeanne avait alors dix ans). Le
duc de Lorraine ne respectait même pas les liens de famille qui
unissaient René d'Anjou à Charles VII, marié à sa sœur Marie
d'Anjou. René d'Anjou, devenu majeur, persévère (jusqu'au
t82 MÉLANGES
sacre) dans la voie fratricide où le pousse son beau-père, en com-
pagnie de son oncle le fameux Jean de Luxembourg, le Judas qui
devait vendre plus tard Jeanne d'Arc aux Anglais pour 10,000
francs de notre monnaie!
De 1422 à 1428, Lorrains et Barrois assiègent et font tomber
l'une après l'autre, sauf Vauoouleurs, les places françaises de la
Champagne, au profit de la cause anglo-bourguignonne. Ils font
couler ce a sang de France » que Jeanne d'Arc ne pouvait voir
sans pleurer. Est-ce que l'eil'usion du sang français pouvait faire
pleurer une Lorraine d'alors? — Au contraire.
Pendant que Lorrains et Barrois s'acharnaient sur la malheu-
reuse Champagne, que faisait la famille de Jeanne d'Arc? —
Son devoir dans les l'angs français.
Au siège de Sermaize, où résidaient ses oncles maternels, en
avril 1423, la Pucelle (elle avait alors quatorze ans) perdait son
cousin germain par alliance, CoUot-Turlot (cousin depuis trois
ans), tué d'un coup de feu par les Barrois.
Chez elle, la Pucelle voyait son brave père, son beau-frère Jean
Colin, son parrain Jean Morel, participer au contrat passé le
7 octobre 1423 entre le damoiseau de Commercy, le plus farou-
che partisan français de la région, et les maires, échevins, doyens,
jurés de Greux-Domremy, pour mettre leurs villages sous la garde
dudit damoiseau. Moyennant une redevance de onze vingt écus
d'or (environ 3,b00 francs), ce qui dénote une paroisse rurale
riche, le damoiseau s'engageait à défendre les co-contractants
contre les incursions des ennemis delà France: Anglais, Bourgui-
gnons, Lorrains et Barrois.
Chez elle, la Pucelle voyait ses frères prendre part aux batailles
entre les enfants de Domremy, où l'on était armagnac, c'est-à-
dire Français, et ceux du village lorrain de l'autre côté de la
Meuse, .Maxey, où l'on était bourguignon, c'est-à-dire anti-Fran-
çais. Jeanne a déposé à Rouen que ses frères revenaient souvent
blessés et ensanglantés. File a déposé aussi : « 11 n'y avait à Dom-
« remy qu'un seul bourguignon (un Lorrain, d'Épinal, juste-
« mt'.nt 1) et j'aurais bien voulu lui ôter la tête. » Pouvait-ce être
le langage d'une Lorraine d'alors? — Hélas ! non.
Ne démentons ni les faits, ni Jeanne. On était bien Français à
Domreniy comme à Sermaize, et c'était précisément dans ce lieu
portant le nom de l'Apùtre des Francs, saint Bemy, que germait
la vierge choisie de Dieu pour faire triompher la cause nationale
des elforls combinés de tous ses ennemis.
VIII
L'histoire et la critique.
Jeanne d'Arc a toujours été déclarée Française par nos histoires
générales avant la Révolution : voyez Velly et le Père Daniel. De
môme par les histoires générales et particulières des maîtres de
MÉLÀNQES 783
noire temps : voyez Michelet, Henri Martin et Wallon. De même
par nos plus célèbres érudits : voyez Quicherat, Siméon Luce et
le Père Ayrolles.
Il y a plus : le savant et consciencieux historien de la Lorraine,
A. Digot lui-même, ne réclame point Jeanne d'Arc pour sa pro-
vince. D'autres érudits lorrains, et pas des moindres, soucieux de
la vérité historique avant tout, MM. Léon Mougenot, le colonel
Boureulle et de Braux, soutiennent la nationalité française.
De tous les travaux publiés récemment sur cette question, ceux
de M. l'abbé Misset sont les plus complets, les mieux ordonnés, les
plus fournis de documents, ils sont d'une lecture d'autant plus
attrayante que l'érudition lucide et forte de l'auteur y est enve-
loppée d'un texte pétillant d'esprit et de malice.
Les ouvrages de M. l'abbé Misset ont soulevé des colères chez
les Lorrains impénitents ; ils ont reçu par contre l'approbation
chaleureuse des savants et des écoles de la capitale adonnés aux
études sur le moyen âge, tels que M. Léopold Delisle, l'Ecole des
Chartes, le Collège de France, l'Inslilut.
.M. l'abbé Misset a résolu la question de manière à contenter les
critiques les plus difficiles. Désormais, ses études font autorité en
la matière. Leur lecture est un vrai régal pour les lettrés. Les
Lorrains ne lui pardonneront jamais d'avoir détruit la légende
dans le monde savant.
I.X
Conclusion.
La réhabilitation de Jeanne d'Arc comme Française (et non Lor-
raine) s'impose à tout esprit éclairé et de bonne foi qui veut se
donner la peine de vérifier les textes, les preuves et les pièces
citées.
Tout le monde, écrivains, poètes, orateurs, est d'accord pour
reconnaître eu Jeanne d'Arc l'incarnation du génie français,
l'ange de la Patrie, la vierge du patriotisme, la Française par
excellence. Comment cette fleur nationale aurait-elle pu fleurir à
l'étranger, dans la Lorraine du duc Charles 11, alliée à nos mor-
tels ennemis, où Thostililé des hommes d'armes contre le
malheureux Charles VII passait jusque dans l'âme des enfants de
Maxey-sur-Meuse"?
Pour mériter ou pour produire (ce qui est identique) une vierge
qui soit l'expression du génie d'un peuple, qui germe du sol
national comme une Heur indigène, il faut une réunion de multi-
ples circonstances : la race, l'atavisme^ l'enseignement familial et
public, l'éducation spéciale de l'esprit et du cœur, l'influence du
milieu et des traditions, sans compter encore le miracle particu-
lier à Jeanne d'Arc.
Si la Pucelle n'était pas Française de vieille race, comment
expliquer son amour jusqu'au martyre pour son « gentil Dau-
784 MÉLANaSS
phin », pour la France^ pour les soldais français, pour tous les
bons et loyaux Français ; — son intuition profonde du caractère
originaire de la monarchie française, déléguée du Roi Jésus dans
le monde ; — son intelligence du sacre de Reims, conférant seul
le caractère royal, aux yeux de nos pères; — sa possession du
génie de notre langue, la saveur si française de ses saillies jovia-
les, spirituelles ou sublimes^ dont on ne retrouve l'équivalent que
chez Joinville? Son cœur et son esprit de Française brillent dans
toutes ces saillies, restées un des ornements de notre histoire.
Que notre amour-propre national soit satisfait : Jeanne d'Arc
était Française de race, d'éducation, de naissance. Les Rémois,
les Champenois ont sujet d'êtie fiers que leur province ait eu le
privilège, grâce sans doute aux prières de saint Remy, de donner
le jour à la plus grande gloire de la France, de la patrie commune
dont la Lorraine a fait partie trois siècles et demi plus tard.
Et maintenant, étant tous de la même famille, soyons tous unis
désormais dans notre culte patriotique pour
La bonne Française.
Henri Arsac.
Un aMi de Verlaine. — Œuvres de Jean- Arthur Rimbaud {Poésies :
les Illuminalions ; Autres illuminatior s ; Une saison en enfer; Portrait
de liimbaud, par Fanlin-Lalour), 1 vol. in-12. Paris, Société du Mercure
de France. — La Fie de Jean-Arthur Rimbaud, par Paterne Berrichon,
1 vol., id., ibid.
Ce jour-là, 10 novembre 1891, le secrétaire de l'hôpital de la
Conception, à Marseille, prit, dans son casier, le registre où il
avait coutume d'inscrire les décès et enregistra, sur une page
rayée de bleu, en lettres successivement rondes, bâtardes et cur-
sives, la mention que voici :
Rimbaud (Jean-Nicolas), trente-sept ans, négociant, né à Charleville, de
passage à Marseille, décédé le 10 novembre 18'J1, à dix heures du malin.
Diagnostic : Carimose généralisée.
Le scribe, indifférent, jeta de la poudre sur sa calligraphie
encore humide, referma son cahier, retira ses manchettes de lus-
Irine et alla se promener du côté de la Canebière, sans même son-
ger qu'il venait d'ôter arbitrairement à ce pauvre Rimbaud l'es-
sentiel prénom d'Arthur.
La mort d'Arthur Rimbaud, inaperçue des Marseillais, suscita
quelques doléances parmi les compagnons du poète Verlaine,
autour des bocks du café Françoi.s-1'^% boulevard Saint-Michel, à
Paris. La plupart des jeunes symbolistes se souvinrent d'avoir vu^
aux enviruns de l'année 1872, un garçon imberbe, pâle, dont la
face était ronde comme la lune, dont les cheveux s'embrouillaient
comme un buisson révolté, dont les yeux étaient voilés de rêverie
bizarre, et dont le nez se dressait en l'air comme pour aspirer
MÉLANGES 785
l'eau des pluies célestes. Un joli tableau du peintre Fantin-Lalour
a perpétué cette figure de Pierrot niélaiieolique pour les cadets
qui n'ont pas connu Rimbaud. C4eux-ci du niuins récitent encore
le fameux sonnet des Voyelles, longtemps célèbre dans les
céudcles :
A noir, E blanc, I rouge, U vert, 0 bleu, voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes,
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui boinbillent autour des puanteurs cruelles,
Golfe d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelle ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivre-^^ses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâlis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême clairon plein de strideurs étranges.
Silences traversés des mondes et des anges ;
— 0 l'oméga, rayon violet de ses yeux !
Tandis que les apprentis de Talelier symboliste déclamaient, sur
un ton de mélopée moyen-âgeuse, ces quatrains et ces tercets, un
homme, situé presque aux antipodes des brasseries littéraires,
s'écriait, en apprenant la mort d'Arthur Rimbaud : « Dieu rap-
pelle à lui ceux que la terre n'est pas digne de porter. « Celui qui
prononçait ainsi, sur Arthur Rimbaud, une brève et solennelle
oraison funèbre, était un personnage considérable en Abyssinie,
et s'appelait le ras Makonnen.
Rimbaud avait des amis et des admirateurs un peu partout. Cet
artiste poussa l'instinct bohème jusqu'à se taire trafirjuanl, com-
missionnaire, caravanier et vaguement explorateur,
Arthur Rimbaud naquit à Charleville, le 20 octobre 1854, dans
une rue qui s'ap[(elait alors la rue Napoléon, et qui s'appelle
maintenant la rue Thiers. Son père, comme celui de Verlaine,
était officier. Mais le capitaine Rimbaud, du 47= de ligne, quitta le
foyer familial pour des raisons sur lesquelles M. Paterne Berri-
chon, biographe délicat, n'insiste pas.
Le jeune Arthur fut confié aux soins d'une mère honnête et
bourgeoise, qui voulait, avant tout, que l'enfant fût bien peigné.
C'est pour cela que le futur auteur du sonnet des Voyelles et du
Bateau ivre prit en horreur, dès son bas âge, l'obligation de se
faire une raie. Il se débarrassa de cette sujétion dès qu'il put
s'échapper des jupons maternels. Cet acte fut son premier pas
dans la voie de l'anarchie intellectuelle.
Élevé sévèrement dans l'intérieur d'une maison qui était impé-
nétrable aux regards indiscrets et même aux curiosités provincia-
les, Rimbaud grandit entre un frère aîné, Frédéric, et une sœur,
50
/86 MÉLANGES
M''' Vitalie, très belle, très pieuse, très obéissaute. H mangea sou-
vent son pain sec, étant coutuniier de délits quotidiens. Parfois il
fut privé de gâteau, pour fautes contre la discipline universitaire.
« Il subit, dit M. Paterne Berrichon, le désagrément de ne pas
manger, pour avoir, par exemple, omis un mot dans la récitation
des centaines de vers latins infligés en pensum, à propos de rien,
par la mère qui avait subordonné le repas du garçon à cet
effrayant et ennuyeux exercice. »
Aussi les études classiques furent tout de suite aussi odieuses au
petit cancre Rimbaud qu'elles le sont devenues au brillant lauréat
Jules Lemaîlre. M. Paterne Berrichon a retrouvé, dans les papiers
de son héros, cette diatribe contre les Grecs et contre les Latins :
... Mon père me mit en classe dès que j'eus dix ans.
Pourquoi — me disais-je — apprendre du grec, du latin ? Je ne le sais.
Enfin, on n'a pas besoin de cela ! Que m'importe à moi que je sois reçu!
A quoi cela sert-il d'être reçu? A rien, n'est-ce pas ? Si, pourtant ; on dit
qu'on n'a une place que lorsqu'on est reçu. Moi, je ne veux pas de place ;
je serai rentier. Quand même on en voudrait une, pourquoi apprendre le
latin ? Personne ne parle cette langue. Quelquefois, j'en vois, du latin, sur
les journaux ; mais, Dieu merci, je ne serai pas journaliste.
Pourquoi apprendre de l'histoire? Apprendre la vie de Chiualdon, de
Nabopolassar, de Darius, de Cyrus et d'Alexandre et de leurs autres com-
pères remarquables par leurs noms diaboliques, est un supplice. Que m'im-
porte à moi qu'Alexandre ait été célèbre? Que m'importe ?. . . Que sait-oa
si les Latins ont existé? C'est peut-être, leur latin, quelque langue forgée ;
et quand même ils auraient existé, qu'ils me laissent rentier et conservent
leur langue pour eux ! Quel mal leur ai-je fait, pour qu'ils me flanquent au
supplice ?
Passons au grec. Celle sale langue n'est parlée par personne, personne
au monde !. . . Ah t saperlipote de saperlipopette! sapristi! moi je serai
rentier ; il ne fait pas si bon de s'user les culottes sur les bancs, saperlipa-
pettouille 1
Pour être décrotteur, gagner une place de décrotteur, il faut passer un
examen. . . Dieu merci, je n'en veux pas, moi, saperlipouille ! Avec ça des
soufflets vous sont accordés pour récompense ; on vous appelle animal, ce
qui n'est pas vrai. . .
Ah ! saperpouillotte I
Ce modèle d'invective^ griffonné sur un cahier de classe par
relève Rimbaud, résume, à peu près, tous les griefs par lesquels
nos plus illustres réformateurs accablent les humanités et le bacca-
lauréat. Les docteurs de Sorbonne s'expriment peut-être autre-
ment, du moins en public. Au fond, ils ne disent guère mieux.
Plus lard, Rimbaud reprit ce thème et chanta, en alexandrins
disloqués, son âme « livrée aux répugnances » :
Tout le jour, il suait d'obéissaoce ; très
Intelligent ; pourtant, des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'ûcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies.
En passant il tirait la langue. . .
MÉLANGES îg")
Il craignait les blafards dimanches de décembre
Où, pommadé, sur uu guéridon d'ac;ijou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou.
Toutefois, Arthur Himbaud devint un excellent écolier. Son
condisciple, M. Jules Mary, le romancier et le dramaturge bien
connu, peut témoigner de ses succès. Tous deux, alternativement,
ils tenaient la tête de leur classe. Le principal du collège de Char-
leville, M. Desdouets, écrivit un jour, sur le bulletin d'Arthur, ce
pronostic : « Rien de banal ne germe en cette tète ; ce sera le
génie du mal ou celui du bien. »
Seulement, les délations- des mouchards le rendaient féroce. Un
séminariste layant désigné à son pion comme l'auteur probable
d'une boulette de papier projetée au tableau noir, il lança un dic-
tionnaire à la tête de ce cagot. Dès lors, il fut l'ennemi juré de la
police.
Les polissons de Charleville ont aimé, de tout temps, ii faire
l'école buissonnière sur la frontière belge. On y trouve d'excellent
tabac et des contrebandiers cordiaux. Rimbaud s'échappait souvent
vers ce pays de Cocagne. C'est là qu'il fit l'apprentissage de la vie
nomade et illicite, en compagnie de son camarade Ernest Millot,
qui depuis mourut juge de paix.
Il y avait alors, au collège de Charleville, un professeur de rhé-
torique, qui s'appelait M. Izambard. Cet universitaire modeste et
subtil tlaira sans doute la vocation de son élève. Car il lui fit trai-
ter un jour, en manière d'exercice de style, le sujet suivant :
Charles d'Orléans écrit aie roi Louis XI, pour le prier de ne
point pendre François Villo7i au gibet de Montfaucon.
Rimbaud rédigea cette requête avec autant d'élan et d'enthou-
siasme que s'il se fût agi de sa propre cause. La gaieté philosophi-
que des joyeux et tristes bacheliers qui jadis jouaient de la lyre et
du couteau sur le parvis de la Sorbonne, éveilla la verve de ce
rhétoricien des Ardeunes. Tout de suite, il se retrouva d'un bond
parmi ses ancêtres, les « mauvais enfants » des collèges disparus.
Il envia leurs grègues percées, les pièces de leurs pourpoints et
l'orgueil des plumes râpées qui se dressaient^ hardies, sur leurs
chapeaux. Instinctivement, il préféra la serge et le bureau de
l'ancienne Université aux cheviottes, quasiment administratives,
du nouveau quartier latin. Il rêva tout haut. Il vit la montagne
Sainte-Geneviève, non pas encombrée par une multitude, toujours
croissante, d'aspirants fonctionnaires, mais peuplée d' " escho-
liers » sans souci ou sans aveu. Une vision pittoresque hanta son
esprit et amusa ses yeux. C'étaient des maisons vieillottes, bran-
lantes, aussi pointues et aussi fragiles que des syllogismes de
pédants. Sur le pavé incommode des rues et des ruelles, les
bedeaux de l'Université, obséquieux comme des suppôts de sacris-
tie, glabres et tondus comme des moines profès, se rangeaient
évotement le long des murailles, quand passait la robe d'un rec-
788 MÉLANGES
teur, d'un docteur ou d'un procureur. En ce temps-là, les profes-
seurs des quatre Facultés n'étaient pas fringants ni désinvoltes ni
courl-vêtus. Us s'jifTublaient de vêlements longs. Leurs paroles
étaient lentes. Leur démarche était grave. Leurs gestes étaient
solennels. Des bonnets en tronc de cône haussaient leur taille et
donnaient à leur allure cet air de majesté qui est indispensable au
corps enseignant. Engoncés dans des camails, ils portaient une
escarcelle au ceinturon, afin d'emporter toujours avec eux leurs
plumes, leurs canifs, leurs crayons, leurs tablettes, tous les outils
scolaires dont un bon maître ne doit jamais se séparer. Volon-
tiers, ils s'arrêtaient au beau milieu de la rue du Fouarre ou du
cul-de-sac Saint-Marcel pour élucider quelques points touchant la
querelle des nominaux et des nnivcrsavx. Lors, une jeunesse
turbulente, Anglais narquois, Allemands buveurs, bas Normands
ou francs Picards, accourait autour de la docte assemblée. Les nez
s'allongeaient pour mieux aspirer !a bonne odeur de sapience.Des
lippes faisaient la moue lorsqu'un syllogisme en baroco paraissait
décidément trop biscornu. Mais parfois une poussée imprévue
dérangeait tout. Un coup de coude malencontreux bousculait l'as-
sistance. Quelque garnement, par malice ou par folie, jetait sa
barrette parmi les doctes propositions d'Aristote. Une gourmade
s'ensuivait, coups de pieds, coups de trique. Les écritoires se
mettaient de la partie et les savates mêmement. Les amples
simarres gesticulaient en protestations effarées. Et, dans la
bagarre, c'était plaisir d'envoyer, comme par mégarde, une talo-
che sur un dos magistral.
Pauvre Himbaud ! Collégien à la crinière hirsute, au front
bombi'. aux ongles noirs, aux appétits déréglés ! C'est là-bas,
dans celte pétaudière idéale, qu'il aurait voulu vivre, étudier et
mourir. Car cet écolier rétif aimait les écoles à cause des chahuts
qu'on y fait. Il n'aurait pas dit, comme notre bon La Fontaine :
. . . Ne sais bête au monde pire
Que l'écolier, si ce n'est le pédant.
Le meilleur de ces deux pour voisin, à vrai dire,
Ne me plairait aucunement.
La discipline, en somme, lui plaisait, parce que, si elle n'exis-
tait pas, on n'aurait pas la joie de la narguer. . .
Donc il prêta sa plume au gentil poète Charles d'Orléans. Et
celui-ci^, se promenant par aventure dans les courtils où les morts
respirent des Heurs pâles, s'est réjoui si quelque sénéchal de
bonne volonté lui a transcrit, sur un vélin précieux, le discours
(jue voici :
Me voilà bien esbaudi. Sire, et vous allez l'être comme moi : maître
François Villon, le bon folâtre, le gentil raillard, engrillouné, nourri d'une
miche et d'eau, pleure et se lamente maintenant au fond du Châtelet. Pendu
serez ! lui a-t-on dit devant notaire, et le pauvre follet tout transi a fait son
épitaphe pour lui et ses compagnons ; et les gracieux galanls dont vous
MÉLANGES 789
aimez tant les rimes s'attendent à dauser à Monlfaucon plus becquetés d'oi-
seaux que dés à coudre, dans la bruine et le soleil !
— Continuez, sénéchal, dirait le bon duc Charles.
Nécessité fait gens méprenlre et faim sortir le loup du bois : peut-être
l'Ecolier, un jour de famine, a-l-il pris des tripes au baquet des bouchers
pour les friuasser à l'abreuvoir l'apiu ou à la taverne du Peslel ? Peul-êire
a-t-il pippé une douzaine de pains au boulanger ou changé à la Pomme-de-
Pin uu broc d'eau claire pour un broc de vin de Bagneax ? Feut-ôtre, un
soir de grand galle au Plal-d'Etain, a-l-il rossé le guet à son arrivée ; ou
les a-t-on surpris, autour de Moulfaucon, dans un souper conquis par noise
avec une dizaine de ribaudes ? — Ce sont méfaits de maître François. Puis,
parce qu'il nous montre un gras chanoine miguonnant avec sa dame en
chambre bien nattée, parce qu'il dit que le chapelain n'a cure de confesser
sinon chambrières et dames et qu'il conseille aux dévotes, par bonne moc-
que, parler de contemplation sous les courtines, l'Ecolier fol si bien riant,
si bien chantant, gent comme émerillon, tremble sous les grilles des grands
juges, ces terribles oiseaux noirs que suivent corbeaux et pies ! Lui et ses
compagnons, pauvres piteux, accrocheront un nouveau chapelet de pendus
aux bras de la forêt. . . Et vous, Sire, comme tous ceux qui aiment le poète,
ne pourrez rire qu'en pleurs en lisant ses joyeuses ballades et songerez
qu'on a laissé mourir le gentil clerc qui chantait si follement, et ne pourrez
chasser Mérencolie.
Je ne sais pas au juste ce que M. Gaston Paris penserait de ce
vieux français. Je crains que ce « languaigo » ne soit plus près du
Chat-Noir et du gentilhomme Salis, que de Villon et de la Belle
Heaumière. Mais, pour un candidat au baccalauréat, ce n'est pas
mal. M. Izambard, professeur de rhétorique au collège de Charle-
ville, entreprit, après cette jolie réussite, de diriger Arthur Rim-
baud vers le concours de l'École normale Arthur ne voulut
même pas solliciter la première partie du baccalauréat scindé. 11
s'échappa, un soir, de la férule maternelle, et monta machinale-
ment dans un train qui partait pour Paris.
Ayant négligé de prendre un billet aux guichets de Charleville,
il fut accueilli, à bras ouverts, sur le quai de la gare du Nord, par
un commissaire de police. Le pèlerinage qu'il se proposait défaire
aux principaux monuments de Paris, commença par une halte au
Dépôt de la préfecture de police. Après douze jours de station
dans cette geôle, il fut transféré, en qualité de vagabond, dans la
prison de Mazas, où les porte-clefs l'eussent tenu longtemps en
chartre privée, si le miséricordieux M. Izambard, professeur servia-
ble, n'eût versé le prix du billet impayé.
Cependant, ce maître excellent et cet intéressant élève ne tar-
dèrent pas à se brouiller. Leur mésintelligence vint d'une confes-
sion de Rimbaud, déclarant à M. Izambard que toute la littéra-
ture, depuis Homère jusqu'à Victor Hugo, était « écœurante ». Il
ajouta qu'il voulait « s'enrichir le système sensoriel par tous les
moyens, pa?' le vin, par les poisons., par l'aventure ».
C'en était trop. Le professeur Izambard recula d'horreur. Et
790 MÉLANGES
comme Baudelaire était mort, c'est Verlaine qui fut dorénavant le
maître de Rimbaud.
Un matin, Verlaine reçut une lettre, signée « Rimbaud », qui,
aprt''s lui avoir exprimé une admiration ingénue, lui dédiait un
poème intitulé le Baleaii ivre, et lui recommandait la cantilène,
depuis fameuse, des Chercheuses de poux.
L'amitié des deux poètes fut d"abord une lune de miel. Rim-
baud, poète besogneux, adolescent imberbe, fut, en quelque sorte,
le petit frère adoptif de Verlaine. « D'octobre l87l à juillet 1872,
dit M. Paterne Berrichon, il logea chez Théodore de Banville, puis
rue Racine à l'hôtel ; enfin, grâce aux munificences de Verlaine,
dans ses meubles, rue Campagne-Première.
« De juillet 1872 à août 1873, ce furent, en compagnie de son
ami, d'extravagants séjours en Belgique, en Angleterre. »
Au cours de cette odyssée, ils allaient, d'estaminet en estami-
net, de taverne en taverne, de bar en bar. Ils s'enivraient de
liberté, de poésie et d'alcool. Ils étaient, dit M. Paterne Berrichon,
« heureux et honorés de rouler en ce que l'on nomme la honte ».
Quand ils avaient beaucoup bu, ils maudissaient en vers et en
prose, la Famille, la Propriété, la Morale et toutes les autres insti-
tutions d'une société caduque. Ces pérégrinations, que M. Berri-
chon qualifie d' e héroïques », les menèrent en des retraites où
végétait la colonie éparse des. communards fugitifs. Ils connurent
notamment Eugène Vermesch, que les blanquistes venaient de
mettre en quarantaine. Ils compatirent à son isolement. Il leur
déclama les plus haineuses tirades de ses Incendiaires.
Cette existence de chemineaux littéraires fut interrompue par
un accident presque tragique. Dans une auberge, à Bruxelles,
Verlaine, qui était sujet à des < gestes spontanés », tira sur Rim-
baud un coup de pistolet.
Cette aventure obligea les deux amis à se séparer. L'un dut
entrer à l'hôpital Saint-Jean pour soigner sa blessure, tandis que
l'autre comparaissait devant la justice belge, qui osa lui demander
les raisons de sa violence. Leur sort fut différent. Le gouverne-
ment du roi Léopold enferma Verlaine sous les triples verrous
d'un huis de chêne et mit impoliment Rimbaud à la porte des
États brabançons.
L'auteur du Bateau ivre écrivit alors Une saison en Enfer,
sorte de conte macabre où se réveille parfois le ressentiment cui-
sant de sa blessure. En ce livret apparaît aussi un nostalgique
désir de pays lointains. « Ma journée est faite, disait Rimbaud ; je
quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons, les climats
perdus me tanneront. . . »
En février 1875, il partit pour Stuttgart, où Verlaine, repenti et
libéré, vint lui oflrir le baiser de paix. Ce fut à peu près le der-
nier épisode d'une amitié désormais historique. Rimbaud avait
hâte de quitter l'Europe. 11 partit pour l'Archipel, où un de ses
MELANGES 791
amis, M. Mercier, fabriquait du savon, Mais il s'arr^-ta au bas du
Saint-Golhard, n'ayant plus d'argent. Il gravit la montagne à pied
et redescendit jusqu'à Milan, où une dame charitable lui offrit un
bon souper et un bon gîte. Cela lui permit d'apprendre l'italien.
Reposé, réconforté, il se remit en route. Mais une insolation le
força d'échouer à l'hospice de Livourne. Un aimable consul le
rapatria, tandis que son ami, le marchand de savon, l'attendait
toujours dans les Cyclades.
En 1876, il prit le chemin de fer pour Vienne. Un cocher le
vola. Il mendia. Il fut expulsé d'Autriche^ puis d'Allemagne.
L'Orient, qu'il avait rêvé d'atteindre par Varna, le rejetait encore
une fois dans ses Ardennes natales.
Il repartit, à pied, pour la Hollande, s'engagea dans les troupes
néerlandaises, fut embarque pour la Malaisie, déserta dans l'île
de Java, se glissa, on ne sait comment, sur un navire anglais,
faillit se noyer devant Sainte-Hélène, ayant voulu, sans la permis-
sion du capitaine, voir le tombeau de l'Empereur, et entin atterrit
sur la plage de Dieppe.
Condamné A mort en Hollande, pour désertion devant l'ennemi,
il retourne néanmoins dans ce pays et y gagne quelque argent en
faisant le métier de racoleur. Puis il i^ntre dans un cirque forain
et parcourt, dans une roulotte, les principales cités de la Scandi-
navie.
Ensuite, il visite l'Egypte et l'ile de Chypre où il est contre-
maître de la maison T. . . et C'' (marbres et pierres en tous gen-
res). Quelques mois plus tard, il débarque au port d'Aden et
pousse jusqu'à Zanzibar et Zeïla. 11 installe, au Harrar, la succur-
sale d'une maison de commerce. H intéresse Ménélik, mais il ne
réussit pas à satisfaire ses patrons. On le trouve trop littéraire.
Il récite toujours du Mallarmé :
La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas, fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux.
Verlaine et Rimbaud se sont trompés de siècle. Ils auraient dû
naître au temps lointain où des troupes d'écoliers errants, Ixti et
evrahunii cheminaient sur les routes en chantant des chansons et
en faisant la nique aux préjugés. Ils n'ont pas trouvé place dans
notre civilisation rectiligne. Us auraient aimé à réciter leurs
poèmes baroques dans la compagnie des Goliards et peut-être des
Coquillards. . . Ils auraient retrouvé, parmi ces inquiétants com-
pères, leur maître, François Villon.
(Le Temps) Gaston Deschamps.
*
Un collège d'autrefois. — Nous reproduisons ici avec plaisir
le charmant discours que M. Poncey, professeur de sixième, a pro-
noncé le 28 juillet 1898, à la distribution des prix du Petit Lycée
de Reims, sous ce titre : « Un collège d'autrefois. »
792 MÉLANGES
Chers Élèves,
Nombre de lycées ou collèges de France portent à leur fronton le nom de
quelque illustre personnage, enfant de la ville ou de la région. C'est ainsi
que Lamarlioe, Victor Hugo, Hoche, Ampère, Cuvier, Pasteur, entre bien
d'autres, sont devenus les patrons de la jeunesse scolaire. Votre lycée n'a
eu besoin d'emprunter à personna ses titres de noblesse : il lui a suffi de
garder le nom que lui laissait le Collège des Bons- Enfants de l'Université
de Reims.
Vous pleîtil de recbercber ce qu'a été ce Collège des Bons-Enfants?
Voulez-vous savoir comment y vivaient les écoliers, vos camarades d'autre-
fois? Leur histoire, écrite par M''^ Cauly, votre ancien aumônier, nous four-
nira d'abondants et précieux documents.
Je soupçonne que plusieurs d'entre vous n'hésiteraient pas à me fausser
compagnie pour entier en vacances quelques instants plus tôt, ou tout au
moins imiteraient volontiers le grand Cocdé qui, harangué un peu longue-
ment à son entrée dans la ville, sauta, en manière de passe-temps, par des-
sus la tête du discoureur stupéfait. Mais, puisque vous n'avez ni l'une ni
l'autre de ces ressources, faites contre fortune bon cœur, et dites-vous qu'un
mauvais quarl-d'heure est vite passé.
Le nom de Bons-Enfatits fut donné, entre le ix« et xi^ siècle, car on ne
saurait préciser, à quelques pauvres écoliers que l'église de Reims recueil-
lait pour en faire des moines ou des prêtres. Il désignait plus particulière-
ment des élèves sages et studieux, par opposition aux mauvais garçons,
jeunes gens paresseux ou indisciplinés. De l'existence des Bons- Enfants de
Reims en ces temps reculés, il ne reste aucun document authentique. Tout
ce que l'on peut affirmer, c'est qu'ils habitaient en commun, près d'un sanc-
tuaire dédié à saint Patrice, une humble maison voisine de la porte Bazée
ou Collatice, et qui fut comme le berceau du Lycée actuel. Ils y menaient
une vie de prière et d'étude, ainsi qu'il convenait à de futurs ecclésias-
tiques.
En 1245, l'archevêque Juhel, « considérant les services que cette sorte de
communauté pouvait rendre à l'Eglise t, rédigea pour les Bons-Enfants un
règlement dont les vingt-six articles ne firent que consacrer des usages
déjà établis. A dater de ce jour, dix ans avant l'apparition du plus ancien
Collège de l'Université de Paris, on peut dire que le Collège des Bons-
Enfants est loûdé.
Mais combien peu il répond à l'idée que ce mot éveille en votre esprit !
Ce collège compte à peine 12 élèves, et n'a point de classes. Pour y entrer,
la première condition est de ne posséder aucune ressource ; il faut avoir au
moins 9 ans et 16 ans au plus, et, en outre, subir un stage d'un mois.
L'écolier, une fois admis, doit se soumettre à l'austère régime de la maison :
prier et travailler, ne jamais sortir en ville, sinon pour se rendre rue des
Tapissiers, aux écoles du Chapitre, le seul endroit alors où se donne l'en-
seignement à Reims ; — il devra mendier, si le maître le juge nécessaire ;
— chaque nuit, il reçoit la discipHne. Le costume consiste en un vêtement
de drap sombre et grossier, complété par une cape grise. La communauté
obéit à deux chefs, le Procureur, qui gère la maison, — le Maître, qui
surveille le travail.
Je ne suivrai pas le Collège des Bons-Enfants à travers les différentes
fortunes de son existence au Moyen-iige. Sans doute, les écoles de Reims
n'ont pas manqué alors d'activité ; à plusieurs reprises même, elles virent
passer quelques hommes célèbres : Robert de Sorbon, fondateur de la Sor-
MÉLANGES 793
bonne, et l'illustre Gcrson, étudièrent à Reims avant d'aller poursuivre à
Paris leur brillante carrière. Mais pendant toute cette lonj^ue période, le
Collège des Bous-Enfants reste à peu de chose près ce qu'il a été dès l'ori-
gine, une modeste pension de boursiers.
C'est seulement au milieu du xvi* siècle, et sous la généreuse impulsion
du cardinal Charles de Lorraine que, matériellement agrandi, doté de res-
sources nouvelles, pourvu de maîtres qui lui soi.t propre?, donnant sur
place, à des élèves désormais nombreux, tout l'enseignement que comporte
l'époque, il devient un véritable Collège, digne ancêtre du Lycée actuel.
Nous sommes alors en pleine Renaissance. De toutes parts, les Français
se sont pris d'un enthousiaste amour pour les lettres anciennes enfin retrou-
vées. Le Collège de France vient de s'ouvrir, et des milliers d'auditeurs s'y
pressent pour entendre l'ardente parole de Ramus ; cependant qu'au Collège
Coqaeret, sous la direction du savant Daurat, Ronsard et ses amis ne ces-
sent ni le jour ni la nuit de chercher dans les livres latins et grecs « les
serves dépouilles de l'antiquité ».
Reims n'est pas encore la belle, et large, et populeuse ville que nous
connaissons. Pressée dans une ceinture d'épaisses murailles, elle renferme
à peine 20 ou 25,000 habitants. Des champs s'étendent sur tout l'espace
tu-delà de la Vesle, des champs aussi sur l'emplacement qu'occupent de
nos jours le faubourg de Laon et le faubourg Cérès. Les maisons ne fran-
chissent guère les limites marquées par la ligne actuelle des grands boule-
vards. Dans la ville même, les rues sont étroites et tortueuses ; pour en
avoir la nette vision, vous n'avez qu'à parcourir la rue du Clou-dans-le-
Fer, la rue des Élus, la rue des Écrevisses et autres rues voisines. Pas de
pavés, pas de trottoirs ; à peine, de loin en loin, quelques bornes massives
et saillantes, précieux rempart contre les lourdes voitures qui barrent toute
la largeur de la voie. La nuit, l'obscurité est complète, et plus d'un siècle
s'écoulera avant qu'on ne songe à allumer aux carrefours quelques rares
lanternes. — Reims n'en est pas moins, et depuis longtemps, l'une des
métropoles de la France : son antiquité (certains panégyristes ne craignent
pas de lui donner Remus pour fondateur), son importance dès les premiers
temps de noire histoire, le grand renom de plusieurs de ses archevêques, sa
merveilleuse cathédrale où, depuis Philippe-Auguste, vingt rois sont venus
se faire sacrer, tout contribue à faire d'elle une glorieuse cité.
Et pourtant, dans cette marche à la science qui iut la Renaissance, elle
s'est laissé devancer. Les Écoles du Chapitre tombent en ruines ; ni le
Collège des Écrevés, près de disparaître, ni les Écoles du Temple, ni le
Collège des bons-Enfants ne donnent un enseignement complet ; il faut que
l'étudiant rémois se rende à Paris pour conquérir ses grades.
Mais voici qu'en I5i6 vient s'asseoir sur le siège de saint Rémi un prélat
éminent, ami des lettres et puissant en cour, l'archevêque et bientôt cardi-
nal Charles de Lorraine. Aussitôt installé, il prend a cœur de restaurer les
études dans l'antique capitale de la Gaule-Belgique. Onze villes de province
ont déjà leur Université, Reims aura la sienne ; Charles de Lorraine en
obtient la fondation en 1547, du roi Henri II et du pape Haul III. Les
locaux des Bons-Enfants sont à peine suffisants pour loger 12 boursiers,
un principal et 4 régents ; le cardinal achète les maisons voisines, agrandit
les anciens bâtiments, élève enfin une digne demeure à la jeune Faculté
des Arts. Il y dépense si bien son activité et ses revenus que, sept ans
après son entrée à Reims, la vieille résidence des Bons-Enfants est deve-
nue le Collège que vos pères ont encore trouvé debout, et qui a suffi pen-
794 MÉLANGES
dant plus de trois siècles aux générations successives des écoliers rémois.
Efforçons-nous d'en faire revivre les principaux traits.
Imaginez deux groupes distincts de bâtiments. L'un, en forme de quadri-
latère allongé, touchail par devant à la rue de l'Université (ancienne rue
Sainl-Anlhoiue), ei par un de ses côtés à la rue Vaulbier-le-Noir. Il com-
prenait quatre corps de logis, avec une cour centrale; autant que j"ai pu
juger, il occupait à peu près la place des locaux qui entourent aujourd'hui
la cour des petits. C'était là le Collège proprement dit, avec les classes au
rez-de-chaussée, et au premier étage, où courait une galerie à jour, les
chambres des écoliers et des maîtres. Ou y pénétrait par une porte de style
Renaissance, percée au milieu de la façade sur la rue de l'Université. Le
logement du principal, flanqué d'une élégante tourelle, se trouvait à l'en-
droit même où sont les appartements de M. le Proviseur. De tout ce pre-
mier groupe il ne reste aucun vestige, sinon la porte, que vous pouvez voir
à l'entrée du Petit Lycée, où elle a été transportée et reconstituée pierre
par pierre.
Le second groupe, moins important et moins beau, touchait à la porte
Bazée, et se dressait à l'endroit où son maintenant vos cuisines et vos réfec-
toires. Il était disposé en équerre. L'un des bras de Téquerre faisait pen-
dant à la façade du premier groupe, et était occupé par une vaste salle,
dite de saint Patrice, destinée aux réunions et séances solennelles ; l'autre
bras se poursuivait parallèlement à la rue de Contrai, c'est-à-dire parallè-
lement aux anciens remparts, dont il n'était séparé que par un étroit jardin ;
il comprenait au rez-de-chaussée la chapelle, et à l'étage des chambres
d'écoliers. Vous pouvez juger de ce qu'ét^iit cette partie en considérant le
bâtiment aux pignons pointus, aux fenêtres étroites et irrégulières, conservé
en bordure de la rue de l'Université.
Les deux groupes, séparés par une cour spacieuse, étaient reliés en avant
par un mur où s'ouvrait une porte monumentale, entrée principale de l'éta-
blissement, et en arrière par une autre muraille sans ouverture, qui isolait
le Collège des constructions voisines.
Tout cela formait, pour le temps, un imposant édi6ce. Et cependant l'en-
semble n'égalait pas la moitié de votre beau Lycée : la salle de gymnasti-
que où nous sommes, la chapelle et les classes voisines, toute la cour des
grands, et toute celle des moyens, toute l'aile neuve sur la rue de Contrai,
tout le petit Lycée sont en dehors de l'enceinte que nous venons de
marquer.
C'est que le Collège des Bons- Enfants ne comportait ni le même nombre
d'élèves qu'aujourd'hui le Lycée de Reims, ni le même personnel. Un
Grand-Mailre, chef suprême et directeur de la maison, un Principal o^i
Gymnasiarque, chargé de le suppléer en cas d'absence et de choisir les pro-
fesseurs, un Provisor ou Économe, neuf régents, dont trois pour les diffé-
rentes branches de la philosophie (Dialectique, Logique, Physique), et les
six autres pour chacune des classes de la Rhétorique à la sixième, tel est,
en y joignant les chapeldins de Saint- Patrice, le tableau com|jlet du per-
sonnel. Tous sont ecclésiastiques. J'allais oublier le portier qui, lui aussi,
est fonctionnaire, et non des moindres, si l'on en juge par les minutieuses
recommandations portées à son endroit au règlement.
Quant aux élèves, il serait difficile d'en fixer le nombre avec précision :
certaines indications nous permettent seulement de l'évaluer à environ 300.
La très grande partie sont des externes, désignés sous le nom de martinets,
nom emprunté à une sorte d-hirondelle, qui, dit le dictionnaire, « vole tou-
jours sans s'arrêter, et ne se perche que sur son nid ï.
MELANGES 795
Les externes, hors du Collège, vivent à peu près à leur guise ; cl il est
probable qu'ici comme ailleurs plusieurs abusent de leur liberté. Si les
mêmes causes produisent les mêmes effets en divers points de la Champa-
pue, les grandes chaleurs d'été durent maintes fois obliger la Principal des
Bons-Enfants à envoyer des explorateurs le long de la Vesle, comme lai-
sail le principal de Troyes sur les bords de la Seine : il s'agissait de rame-
ner au bercail certains externes en rupture de classe, et que l'attiait d'un
bain de rivière attirait en ces lieux.
La petite phalange des internes est soumise à une discipline plus rigou-
reuse. Elle comprend, outre une douzaine de boursiers, les quelques pen-
sionnaires que l'on peut loger dans les chambres disponibles : car chacun a
sa chambre, et il n'y a pas de dortoir commun. Ces pensionnaires s'appel-
lent camérisles ; ils portent, ainsi que les boursiers, l'habit long, la cein-
ture et un bonnet rond, le bonnet carré restant le signe distinctif des pro-
fesseurs et docteurs. Boursiers et caméristes prennent leurs repas en com-
mun avec le principal elles régents, pendant que dans le réfectoire silen-
cieux, l'un d'eux, tour à tour, fait une lecture de morale ou de piété.
Leur journée commence à cinq heures. Il n'en est point ici comme au
Collège Montaigu à Paris, où un élève de philosophie est chargé d'arra-
cher au sommeil la gent écolière, et d'allumer les chandelles : c'est la clo-
che qui sonne le réveil. Mieux eût valu, sans doute, un réveil en musique,
tel que le, goûta Montaigne enfant dans le château de son père, ou encore
un réveil au son des flûtes et des haut- bois, tel que plus tard le demandera
pour les élèves de son temps l'excellent et peu pratique abbé de Saint-
Pierre. A tout prendre, le tintement argentin de la cloche valait bien la
surprise du tambour résonnant aujourd'hui par les corridors sombres.
Après le lever, une courte étude ; puis l'on se rend à la chapelle de Saint-
Patrice. Chaque matin, les écoliers entendent la messe ; les dimanches et
jours de (êtes, ils assistent aux Vêpres et à Compiles ; huit fois dans l'an-
née, ils doivent se confesser et communier; chaque classe et chaque repas
commen''ent et se terminent par une prière. Rien d'étonnant à cette fré-
quence des exercices religieux dans un Collège fondé par un archevêque»
administré par des prêtres, et où bon nombre d'élèves se destinent aux
ordres. J'ajoute que partout en France, à celte époque, il en est ainsi.
Les classes se font tous les jours, sauf les dimanches et jours de fêtes, de
sept heures à dix heures, et de deux heures à cinq heures et demie. En
carême ei en temps déjeune, la classe de matin est réduite à deux heures
et demie. Pas de tables ni de bancs dans la salle : le régent, vêtu de la
toge et bonnet carré en têie. prend place sur une chaise ; les élèves s'accrou-
pissent de leur mieux sur une jonchée de paille qu'on renouvelle le samedi
et les veilles de grandes fêtes. En été, on pousse le raffinement jusqu'à
remplacer la paille par de l'herbe fraîche. Gardez- vous de voir là une sim-
ple mesure d'économie : ce que l'on veut, c'est enlever aux écoliers tout
sentiment d'orgueil. Mais quelle mauvaise installation pour ceux qui, tour-
mentés du précoce désir de laisser leur nom à la postérité, n'en savent d'au-
tre moyen que de le graver un peu au hasard sur le mobilier scolaire !
Combien plus déplorable encore pour ces nonchalants, trop disposés à
prendre en classe la posture du Romain à table, ou à étayer une tête que
le poids de la science n'a pu encore alourdir t
Quelles sont les matières enseignées ? 'Vous pouvez le deviner par la
rapide énumération que tout à l'heure j'ai faite des professeurs. Le grec
n'apparaît guère ; il ne revendiquera sa place qu'un peu plus tard, à la fin
du siècle, quand les travaux savants des Budé, des Henri Estienne, des
796 MÉLANGES
Turnèbe auront produit leur plein etFet. D'histoire et de géographie, de
sciences nalurelles, de langues vivantes, de langue française même, malgré
l'éloquent plaidoyer de Du Bellay, il n'est pas question. Les mathématiques
ou ne figurent pas au programme, ou bien, comme dans l'Université de
Paris, sont expliquées à six heures du matin aux seuls élèves de philoso-
phie. Elles sont si peu avancées que presque personne ue sait calculer la
plume à la main ; pour les opérations, si simples soient-elles, on se sert de
jetons ; et, un siècle plus tard, M"" de Sévigné ne connaîtra encore pas
d'autre moyen pour calculer sa fortune.
Le latin et la philosophie, voilà le fond des études. Pour l'une comme
pour l'autre, l'enseignement est surtout oral, et la méthode la plus
employée est la dispute ou argumenlation. Le maître dispute avec les élè-
ves, et les élèves disputent entre eux, sous son contrôle et sa direction : le
but est d'aiguiser l'esprit et de délier la langue. Tantôt un point de dialec-
tique ou de morale, tantôt un détail d'érudition, ou une explication de texte
fournira, selon les classes et l'âge des écoliers, l'occasion d'argumenter. On
ne recule pas devant des questions qui nous semblent puériles : M. Quiche-
rat, dans son Histoire de Sainte-Barbe, cite une sorte diuspeclion où les
élèves eurent à décider « comment s'appelait le frère de Remus et com-
ment il portail la barbe ». Pour varier, on traduit un auteur, on construit
des vers latins ; parfois, mais seulement dans les classes supérieures, le
régent dicte quelques recueils d'expressions, quelques séries de mots latins
que l'on prend avec le plus grand soin ; car, pensez-y bien, le premier dic-
tionnaire latin, le Thésaurus, de Robert Estienne, vient à peine de
paraître.
Le latin est, en somme, l'étude essentielle. De la sixième à la philoso-
phie, on ne s'occupe guère d'autre chose, et dans l'enceinte du Collège, il
est interdit d'employer une autre langue. Vous avez bien entendu : il faut
parler latin. Les grammaires sont écrites en laiin ; la classe se fait en latin :
c'est la règle absolue dans toutes les Universités d'alors. Si bien qu'on verra
en 1612 un professeur de philosophie du Collège Tréguier suspendu de ses
fonctions pour avoir professé en français. On enseigne en latin la pronon-
ciation de la langue maternelle. Si nous en avions le temps, je pourrais vous
citer tel passage d'un traité de l'époque où l'auteur s'ingénie à expliquer
dans la langue de Cicéron l'emploi et la prononciation des mots : bel, beau,
vieil.
11 n'est pas jusqu'aux récréations sur lesquelles ne pèse la tyrannie du
latin. Non seulement en sont bannis tous les jeux bruyants, tous les exer-
cices qui manqueraient de gravité, et auxquels, d'ailleurs, se prêterait mal
la longue robe de l'écolier ; mais défense formelle est faite à tous d'y lais-
ser entendre un mot de français. Le Principal en personne, ou un régent
par lui désigné, est chargé d'assurer sur ce point l'obéissance à la règle.
Pour plus de garantie encore, des explorateurs, sortes d'espions choisis
parmi les bons élèves, parcourent discrètement les groupes, avec missions
de signaler les infractions échappées à l'oreille vigilante du maître. Malheur
à qui se laisse prendre en défaut, malheur môme a qui se rend coupable
d'un solécisme ou d'un barbarisme volontaire : la verge ou le fouet sera
capable d'expier un pareil forlait.
Est-ce à dire qu'à ce régime du latin forcé, tous les écoliers deviennent
des émules de Cicéron ou de Virgile? Il est permis d'en douter. S'il ne
manque pas alors d'érudits pour écrire purement le latin ; si même plusieurs
femmes, comme Marie Stuarl, Marguerite de Valois, parlèrent couramment
cette langue ; si, enfin, d'Aubigaé, à en croire ses mémoires, savait, à six
MIÊL ANGES 797
ans, le latin, le grec et l'hébreu, combien de bacheliers en étaient réduits au
jargon de l'écolier limousin de Rabelais, ou à celui des docteurs du Malade
imaginaire. En tout cas, je ne vous conseille pas de remettre jamais à vos
professeurs des théines où figurent des phrases comme celles-ci, emprun-
tées au langage d'écoliers de ce temps : « Ego me l7-ansibo de le. — Noli
crachare super me. »
J'ai parlé tout à l'heure de verges et de fouet : vous n'auriez qu'une
image bien infidèle d'un Collège du xvi^ siècle, si je ne vous disais quel
rôle important y jouaient ces auxiliaires de l'antique discipline. Dès le x» siè-
cle, l'évêque Ralhier composant une sorte de rudiment pour faciliter aux
écoliers l'étude de la grammaire, lui donne ce titre expressif ; Serva dor-
sum. — Moyen de sauver son échine. — Cinq cents ans plus tard, le mal
n'a fait qu'empirer : les peintures qu'en font Rabelais, Montaigne, Erasme
et d'autres encore ne laissent sur ce point aucun doute. Pour les peccadilles,
la férule du maître suffit, et il en use libéralement ; dès que la faute prend
quelque gravité, Vœ iialibus, comme disait Erasme, le fouet entre en jeu.
Le nombre des coups, la partie du corps voué au châtiment, le lieu de l'exé-
cution, tout est minutieusement prévu. Et c'est le principal lui-même qui
applique le règlement. Quand, à l'imitation des Jésuites, il trouvera indigne
de fouetter de sa propre main, on chargera de ce soin le portier, ou un
domestique, parfois même quelque camarade du patient, pauvre diable bien
musclé à qui, pour récompense, on fera remise d'une partie de sa pension.
Nul n'échappe au correcteur, pas plus le garçon de seize ou dix-sept ans, que
le bambin de dix, pas plus les grands seigneurs que le dernier des écoliers.
Même dans les maisons royales, les princes du sang tremblent devant la
verge, et la garde qui veille à leur porte ne les en défend pas : Louis XIII,
sacré à Reims le 17 octobre 16t0, est cependant fouetté l'année suivante, le
10 marsien.
Est- il besoin de vous dire que le triste usage des châtiments corporels
b'esl conservé presque jusqu'à nous? Sans avoir atteint l'âge d'un Nestor,
plusieurs d'entre nous ont peut-être connu quelque vieux magister, dernier
représentant de la rudesse du Moyen-âge : à la moindre incartade, au moin-
dre mot chuchoté dans la classe, il lançait au coupable une gaule de quatre
à six pieds de long ; le malheureux devait la rapporter, et recevoir, en
récompense, sur le bout des doigts réunis, ou sur la paume de la main,
quelques coups doctement appliqués : je puis affirmer qu'il n'y mettait pas
toujours, comme le Dupont de Musset, toute la dignité d'un sénateur
romain.
Tout cela est enfin passé : j'ose croire que vous n'en avez point regret.
Si je vous connais bien, vous n'avez pas les goûts du légendaire écolier
anglais qui, mis à la porte de son collège, à la veille des vacances, pour
avoir refusé de se laisser fouetter, fut bientôt pris de remords ; il partit
alors, un beau fouet neuf dans sa malle, à travers la France et la Suisse, à
la recherche du maître frustré, et ne revint, la conscience tranquille,
qu'après avoir obtenu complet règlement de compte.
La rude discipline du Collège n'exclut pas, pour les Bons-Enfants, les
distractions qu'autorise le souci de leurs études. Je ne dirai pas qu'on s'in-
génie à leur organiser des fêtes semblables à celles qui ont, depuis quel-
ques années, charmé vos oreilles, vos yeux et votre esprit ; je ne sache pas
non plus qu'on les ait jamais conduits faire d'instructives promenades et de
délicieux goûters dans les plus jolis sites des environs de Reims. Mais enfin,
chaque année leur apporte à époques fixes certains divertissements. A l in-
térieur, ils ont les soutenances solennelles de thèses dans la grande salle de
798 MÉLANGES
Saint-Palrice, et bientôt, à l'exemple des Jésuites, les représentations théâ-
trales. Les unes et les autres se donnent à Pâques, et surtout à la fin de
l'année scolaire, c'est-à-dire au mois d'août ; car les vacances, appelées
vendanges, ne recommencent qu'eu septembre et durent seulement un mois.
Ces solennités tiennent lieu des distributions de prix, instituées un siècle
plus tard : tous les personnages marquants de la ville, spécialement invités
et placés par ordre de préséance, rehaussent de leur présence l'éclat de la
cérémonie.
Au dehors, les étudiants assistent aux représentations des mystères, et
prennent leur part des réjouissances qui accompagnent les granaes fêtes de
1 Eglise. Le mercredi saint, ils suivent la curieuse procession du Hareng :
"Vous savez de quoi il s'agit : le cortège part de la cathédrale pour aboutir
à Saint-Remi ; et, durant tout le parcours, chacun des vénérables chanoines
semble uniquement préoccupé de marcher sur le hareng que traîne, au bout
d'une ficelle, le chanoine qui le précède, tout en défendant de son mieux
son propre hareng contre les tentatives du confrère qui le suit. — Le jour
de Pàq'.es, c'est la promenade du G7'and- Bailla, immense dragon d'osier
dont la gueule s'ouvre pour recevoir les charités de la foule. — Deux fois
par an, ils figurent en outre à la procession de l'Université : !e Recteur a
fixé un dimanche ou jour de fête, et indiqué le sanctuaire, but de la proces-
sion ; toutes les messes devront être terminées avant huit heures dans les
églises paroissiales. A l'heure dite, les ordres religieux, les étudiants, les
régents, le Principal, le Grand-Maître, le Recteur, tous en costume d'appa-
rat, et suivis des suppôts de l'Université, partent en bel ordre de la cha-
pelle de Saint-Patrice ; et, au milieu d'un immense coicours de peuple, la
pompe du cortège se déroule par les rues de la cité.
Mais la fête la plus joyeuse est celle de Saint-Nicolas. C'est la fête pro-
pre des écoliers, en attendant la canonisation de Charlemagne. En ce jour
les étudiants sont maîtres de la ville. Un archevêque des Écoles, élu par
eux, prend possession du chœur de la Cathédrale, où il penlifie mître en
tête et crosse en main : « Après l'office, il parcourt à cheval les rues de
Reims, escorté de tous les étudiants, dont les clameurs assourdissent les
habitants. » La fête se termine par un festin aux frais d'un chanoine choisi
parmi les membres les mieux reniés du Chapitre.
J'ai essayé d'évoquer devant vous la physionomie du Collège des Bons-
Enfants au moment où venait de l'organiser son illustre protecteur, le car-
dinal de Lorraine. Je n'entreprendrai pas de vous dire quelles furent ses
destinées, comment, malgré la concurrence des Jésuites qui vinrent bientôt
s'établir à Rejms, malgré quelques périodes d'agitations et de temporaire
décadence, il réalisa les espérances que son ioudateur avait conçues : vous
ne me pardonneriez pas de vous retenir plus longtemps. Contentons-nous
d'affirmer qu'en celte dernière phase de son existence, les éludes y fleuri-
rent, et que nombre d'hommes célèbres y donnèrent ou y reçurent de savan-
tes leçons ; qu'enfin, jusqu'au moment de disparaître, l'antique Collège de
l'archevêque Juhel resta fidèle à son glorieux passé.
C'est maintenant à vous, chers élèves, à soutenir une réputation près de
dix l'ois séculaire. Vous avez de qui tenir ; mais noblesse oblige. De môme
que, pour être gentilhomme, il ne suffisait pas que Dirante fût sorti de
Uéronle ; tout de même, pour être les dignes conlinuateurs des Bons-
Enfants, ce n'est pas assez d'avoir hérité leur nom. Redoublez donc, quand
vous nous reviendrez, d'efforts et de courage. Nous ne voulons plus de
férules pour vous contraindre au travail ; mais la sévère statue du Devoir
est assise au vestibule de votre Lycée : faites qu'elle ne soit pas un vain
MÉLANGES 799
symbole ; soyez tous des Bons-Enfants, au vieux seus du mot, pour deve-
nir enduite de bous et utiles citoyens.
On lil dans la Revue numismatir/nCy 1898, p. 704-706 :
Un i'rocès de kaux monnayage en 1306. — Le document trans-
crit plus loin présente quelque intérêt, tant à cause des inculpés
qui y sont nommés que par suite de l'énumération des monnaies
contrefuites.
La poursuite ordonnée par le prévôt était nettement et sérieu-
sement formulée, et François le Coq^ trente-troisième abbé de
Jandures (aujourd'hui Jeand'heurs, commune de l'Isle-en-Rigault,
Meuse), doit avoir expié le crime qu'on lui reprochait, car sa mort
suivit d'assez près la date de notre document. Voici, en effet, son
épitaphe ' :
Cy gist noble et scientifique personne révérend père, frère François le
Coq, natif de Paris, docteur ez droits, jadis abbé de céans par l'espace de
17 ans, lequel mourut le XIX de juillet M.DLXVIL Priez Dieu pour lui.
François le Coq était un moine de l'ordre de saint Benoit ; mais
il avait adopté la règle des Prémontrés, en IdoO, lorsqu'il devint
abbé de Jandures.
Les autres personnages impliqués dans l'aifaire de faux mon-
nayage ne paraissent pas avoir laissé de traces dans l'histoire.
Quant aux monnaies énumérées dans le document, on voit
.qu'elles ne sont pas toutes françaises. Les faussaires avaient imité
non seulement les écus d'or au soleil, les pièces de six blancs ^,
les testons, les Carolus et demi-Cai-olus, mais encore les « écus
pistolets^ », qui étaient des pièces d'or espagnoles, et les « jocon-
dalles ' », c'est-à-dire des thalers ou écus de différents pays (Alle-
magne, Pays-Bas, Suisse, Hongrie, etc.).
L'imitation de ces espèces étrangères était aussi répréhensible
que celle des monnaies de France, puisque diverses ordonnances
avaient autorisé le cours de ces monnaies dans le royaume.
Adrien BLA^•CHET.
1. Gallia Christ., t. XIII, col. 1142.
2. C'est la pièce appelée aujourd'hui double solparisis (Hoffmann, Char-
les IX, n» 31). Voy. l'ordonnance du 23 mai 1572.
3. « Escuz d'Espaigne dilz pistolietz » dans VOrdonnance du Roy pour
le reiglement général de ses monnoics, l'aris, 23 mai 1573. — Dans l'or-
donnance du 15 juin 1566, les « escuz pistollelz » valent 48 sols tournois
la pièce, taudis que l'écu au soleil, de France, vaut 50 sols.
4. Sur le Jocondale (de Joachimslhaler), voy. A. de Lougpérier, Comp-
tes rendus de la Soc. franc, de Numism., t. V, 1874, p. 432, et Œuvres,
t. VI, p. 64 et 195.
800 MÉLANGES
Ordre de pourstiivre des faux nionnayeurs en i6G6.
€ Claude Loste, Licencié es Loix, seigneur de Recy et Braux,
prévosl général de nos seigneurs les conneslabies et marescbauix
de France au gouvernement de Champagne et Brj^e, au premier
de noz archers ou aullre sergent royal sur ce requis, salut. Veu
les charges et informacions et advis de conseil sur icelles aux sai-
ges faictes à l'encontre de M« François le Coq, abbé de Jendeuvre,
messire Henry de Touruebulle, curé de Bassincourt, Christofle de
la Cressonnière, prieur de Sermaizes, ung nommé M* Simon,
armurier, Gilles Lestoc, ung nommé M° Jehan Clerc, serviteur
d'ung nommé M* Jehan du Puys, demeurant à Bar-le-Duc, et
Jehan Camus, marchant, demeurant à Ligny en Barrois ; par les-
quelles ils se trouvent véhémentement chargez d'avoir faict et
fabricqué faulce monoye, de falcisfier les coings du Roy; signau-
ment a fere des escus sol, escuz pistoietz, jocondalles, pièces de
six blancz, testons de Roy, Karolus et demiz carolus, en ce faisant
commectant crime de leze majesté contre l'auctorité dudit sei-
gneur, bien, repos et tranquilité public. Nous, à ces causes, vous
mandons et commectons par ces présentes que, à requesle du pro-
cureur du Roy, nostre sire, vous prenez et appréhendez au corps
partout où faire se pourra iceulx Le Coq, TournebuUe, La Cres-
sonnière, M' Simon armurier, Lesloc, Clerc et Camus, et iceulx
amener soubz bonne et seure garde es prisons de la ville de Chaa-
lous en Champagne, ou aultres prisons royalles plus prochaines.
La part où se feront lesdites captures, si prins et appréhendez
peuvent eslre, pour illec leur estre par nous, ou notre lieutenant,
faict leur procès; et où prendre et appréhender ne les pourrez,
adjournez les à estre et comparoir par devant nous ou notredit
lieutenant à trois briefs jours, à peine de bannissement et confis-
cation de corps et de biens, en la manière accoustumée, à certains
jours, lieu et heure compettantz pour estre oyz et respondu par
leurs bouches et sans conseil, sur lesdites charges et informacions
contre eulx faictes ester a droit et procedder en oultre comme de
raison audites saisye et annotacion de leurs biens jusques à ce
qu'ils aient obéy. Au régime et gouvernement desquels commec-
trez hommes capables, ydoines et suflisantz, qui en puissent ren-
dre bon compte et relicqua, quant et à qui il apartiendra. De ce
faire vous donnons pouvoir, mandons à vous ce faisant estre obey
en re.scripvanl de ce que faict aurez. Donné soubs notre seing
manuel, avec celluy de Pierre Drouet notre greffier, le premier jour
du mois de juillet M.Vc soixante six.
P. DnouET.
(Papier. CoHeclion Adrien Blanchel.)
L'Imprimeur- Gérant,
LÉON FRÉMOiVr.
NOTICE HISTORiaUE
SUR LA MAISON
DE POImPERY de LOZEiiAY
Celle maison fort ancienne, la seule de ce nom, est d'ex-
Iracliou noble. Elle est originaire de la Brie-Charapagne.
La maison de Pompery a sa filiation non interrompue à partir
de Charles de Pompery, seigneur de Lozeray, près Dhuisy
(Seine-et-Marne), qui vivait vers la fin du xv<^ siècle ; mais il
existe, à la Bibliothèque nationale, une charte de mai 1240,
relative à Thibault de Pompery, qui prit part k la croisade de
1238 avec Thibault IV, comte de Champagne '.
I
Philippe I de Pompery,
Philippe de Pompery, écuyer, gentilhomme ordinaire de
la chambre du roi Louis Xil (1507), capitaine de Vernon,
acheta, en 1512, k Antoine Dumoulin, la seigneurie d'Acy-
en-Multien avec les liefs qui en- dépendaient.
La seigneurie d'Acy-en-Mullien était divisée en Ilaut-Acy
(fiefs de Galonné, de la Bergerie et de la Mothe), lequel rele-
vait du bailliage de Meaux, et en Bas-Acy, relevant du bail-
liage de Valois et de la châlellenie de Crépy.
Philippe de Pompery obtint du roi des lellres patentes pour
ne faire de tous ces fiefs qu'un seul fief-lige relevant du
château de Meaux. (Cette partie sortit ainsi pour toujours de
la mouvance du Valois.)
En loLi, Philippe de Pompery achèt? encore à Antoine du
Moulin le fief de Vincy, avec union des droits de justice.
[Cat. des actes de François /'"'', l. Vil, Acles non dalés, 508,
n» 26410.)
1 . Voir l'Appendire.
51
802 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Sous Philippe de Porapery, le 11 avril 1521, il y eut un
combat près d'Acy-eu-Mullien, entre uu délachemeut des
conipaguies bourgeoises de Meaux et une troupe de soldats
vagabonds qui s'étaient retranchés dans le bourg d'Acy. La
troupe des soldats eut l'avantage ; les bourgeois de Meaux
perdirent dix-neuf des leurs qui demeurèrent sur place : on
les enterra dans la même fosse, Philippe de Pompery, en
lb22, prit des mesures pour régler les limites des juridictions
entre lesquelles la terre d'Acy était partagée. 11 obtint à ce
sujet des lettres patentes du roi. [Histoire du duché ds Valois,
par Carlier, pages 446 et 547.)
Les seigneurs du Haut-Acy ont pris et conservé, jusqu'en
1668. la qualité de comte d'Acy, comme accesseurs de Phi-
lippe de Pompery, premier huissier de la chambre du roi, qui
l'avait prise lui-même parce qu'un jour François 1°"^, en lui
adressant la parole, l'avait appelé comte d'Acy. (De la Mor-
liôre, Généalorjies des Maisons illustres.)
Philippe de Pompery contracta deux alliances : 1° avec Mar-
guerite de Mauterne, fille de Gilles de Mauterue, bailli de
Nogent-le-Roi, et de Roberte Métayer de Guichainville ;
2" avec Antoinette de Radinghan, fille de Jean de Radinghan,
écuyer, seigneur d'Anglure et d'Ocquerre (près Vendrest en
Brie).
Antoinette de Radinghan, dame d'Acy, mourut le 21 jan-
vier 1524. Quant à Philippe de Pompery d'Acy, il est mort le
14 novembre 1530. Leurs restes reposent devant l'autel de
Saint-Nicolas, dans l'église d'Acy-en-Multien. [Carrés d'Ho-
zier.)
De sou premier mariage avec Marguerite de Mauterne,
Philippe de Pompery eut deux filles : Françoise de Pompery,
qui épousa messire Louis de Poutbriant des Bordes le 16 jan-
vier 1519, et Jeanne de Pompery, mariée à Louis de Mau-
terne, seigneur de Ruffin.
Du second mariage avec Antoinette de Radinghan naquit un
lils : Guy de Pompery de Lozeray.
Françoise de Pompery épousa, le IG janvier 1519, son cou-
sin germain Louis de Pontbriant, écuyer, seigneur des Bor-
des, de Bideaux, de Bréchamp, du Mesnil, de Vaubrun, de
Maussaises, de la Coudraye, de la Bretèche, etc., lequel était
fils de Jean de Pontbriant, l'un des cent gentilshommes de la
maison du roi, capitaine du vieux palais de Rouen, et de
Jeanne de Mauterne, dame des Bordes et de Ruffin. Françoise
eut de son mariage :
DE POMPKRY DE L07.ERAY 803
1" Antoine de Pontbriant, seigneur des Bordes, marié le
13 février 1548 avec Roberte de Morais de la Garencière.
2" François de Pontbriant, seigneur de Vaubruu, auteur de
la deuxième branche de Beauce, marié en I56G à Claude de
Giffrye.
3" Guillaume.
4° Louis.
B" Jeanne de Pontbriant, mariée le 19 juin 1554 à Robert
de Graffart, écuyer, seigneur de Marcey, l'un des cent gen-
tilshommes de l'hôtel du roi.
6" Marguerite de Pontbriant, mariée avec Jacques de Hou-
detot.
Françoise de Porapery, dame de Pontbriant, veuve en 1548,
résida jusqu'à sa mort dans le château des Bordes, près
Limours.
Ce château, dont il ne reste plus qu'un beau porche ancien
flanqué de tourelles, a pour propriétaire actuel M. Flurj^.
La terre des Bordes, à l'extinction de la branche aînée des
Pontbriant (de Beauce), fut vendue au xviii^ siècle aux BuUion,
seigneurs de Fervaques, dont une tille la porta aux ducs
d'Uzès qui la possèdent encore aux environs de leur château
de Bonnelles.
Les armes des Poulbriant des Bordes sont : d'azur au pont
à trois arches d'argent, maçonné de sable. (Salles des Croisa-
des, à Versailles.)
Jeanne de Pompery épousa Louis de Mauterue (Armes :
d'azur à une croix d'or engrelée de salle et cantonnée de quatre
papegais {perroquets) d'argent, le pied droit levé), fils de Gilles
de Mauterne, seigneur de Ruffin, bailli de Nogent-le-Roi, et
do Nicole de Harville (des marquis de Palaiseau).
Ils résidèrent au château de Ruffin, détruit récemment.
Jeanne de Porapery devint veuve en 1525. Le 5 octobre de
la même année, elle fait une demande comme ayant la garde
noble de Liénard, Louis et Charles de Maulerue, ses enfants
mineurs, pour le fief de Ruffin et de Bréchamp relevant de
Nogent-le-Roi.
Jeanne de Pompery vivait encore en 1530.
(Bibliothèque nationale. Pièces originales, 1901, dossier
Mauterne.)
804 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
II
Guy de Pompery.
Guy de Pompery de Lozeray, seigneur de Vendrest et
autres lieux, premier huissier de Frauçois ?'", prit part, eu
1530, à la défense de Péronne. Il épousa, eu lb46, Françoise
de Biecques, héritière de la terre de VenJresl-yn-Brie. Ils mou-
rurent à Rademout-en-Brie, laissant deux fils : Claude et
Antoine de Pompery.
III
Claude de Pompery.
Claude de Pompery, seigneur de Vendrcst, de Lozeray
el autres lieux, épousa, le 18 mars 1578, Louise Le Cheva-
lier. Il était apsi>té, pour son maiiage, de son frère Antoine K
IV
François de Pompery.
François de Pompery, seigneur de Vendrest, des Hurlus, de
Lozeray et autres lieux, épousa à Chàlous, le 13 septembre
1. 9 avril 1569. — Anllioine de Pompery, archer aux ^ages de aO livres
pour le quartier d'octobre, novembre et décembre mil cinq cens soixaute-
huict, est inscrit sur le « roolle de la monstre et reveue faicte en armes à la
« Ferlé Myloa, le neuficsme jour d'avril mil eiuq cens soixante neuf, de
>(. vingt sept bommes d'armes et quarante uug archers,. ... du nombre de
« cinquante lances fournyes des ordonnai.ces du Hoy soubz la charge et
« conduicte de Monsieur de la CbappcUe des Urs us, chevalier de l'ordre,
« leur cappitaine. »
(Bibliothèque nationale. Culleclion ClairamhauU, reg. 135, page 22'2G. Par-
chemin original.)
27 aoQl 1581. — Anlh-jine de Pompery, demeurant à l'u/if/ra;.';, bailliage
de Meaiilx,eit inscrit comme homme d'ara.eà aux gages de 33 écus au tiers
pour le quarlier d'avril, mai et juin 1581, sur le « roo'.le de la monstre et
« reveue l'jicte en armes au villaige de Neauroy près Sainct-Queniiii, le
« vingt septiesme jour d'aoutl mil cinq cens quatre vingtz cinq, de !a com-
« paigiiye de soixante hommes d'armes des ordonnances du lîoy du tiltre de
« cent, d nt a la charge et con lui. le messire Chiislulle des Ursins, sei-
« gneur de la Chappelle, chevallier de.s ordres dudict seigneur, conseiller en
« ton C-ouseil privé et d'eslal et cafipilaine de la iicte compaignye. »
(IJiblioihèque nationale, (lolledion Clairambaull. reg. \V6, p. 2238. l'ar-
cbemin original.)
DE POMPERY DR LOZERAY 805
1G19, damoiselle Magdeleiue de Hérisson de la Poulmerie, de
Vigneux, de Courtemont, etc.
De ce mariage sout nés :
l'' Olivier I de Pompery, qui épou?a, le 24 juillet 1651,
damoiselle de Tassin.
2° Pierre I de Pompery, seigneur de Biercy et Grandcour
eu partie, naquit eu 1636. Porte-étemlard des gendarmes de
la garde du roi, il épousa, le 24 octobre 1679, en la chàlellenie
de Montmirail-en-Brie, damoiselle Jeanne de Soissy, fille de
Jacques de Soissy, écuyer, seigneur des Marais, des Granges,
de Villefoulaine, des Bordes, Bergère, Sogny et Monlflobert,
el de Jeanne le Turcq.
Pierre I de Pompery est mort le 25 février 1721, laissant
deux enfants : Henry-Pierre de Pompery, mestre de camp en
1736, et une fille mariée à M. de Fontenelle.
V
Olivier I de Pompery.
Olivier I de Pompery, écuyer, seigneur de Lozeray, de la
Gourte-lès-Biercy, de Landricourt et des Déserts, épousa
le 24 juillet 16oI, au comté de Vertus, damoiselle Appo-
line de Tassin, des seigneurs de la Noue, de la Moricerie, de
Monceau et des Déserts.
Du mariage d'Olivier 1 de Pompery et de damoiselle de
Tassin est issu : Gharles I de Pompery.
VI
Charles I de Pompery.
Charles I de Pompery, écuyer, demeurant à Corriberl, sei-
gneur de Biercy, de Veudresl, épousa damoiselle Claude
de Testard, eu la prévoté de Chàlillon-sur-Marne, le 23 octo-
bre 1681. Ils résidèrent à Jouy, paroisse de Boursault.
De ce mariage : Olivier-Henry, Charles, Louise et Marie.
Olivier-Henry de Pompery, écuyer, épousa, en 1711,
damoiselle Edmée du Puys, des seigneurs du Mesnil-la-Caure,
d'Aulnizeux, de la Chapelle, etc.
Sont issus de ce mariage : Claude II, qui épousa Aune du
Maugin, et Charles, qui épousa Françoise de la Buée.
806 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
VII
Louis-Charles I de Pompery.
Louis- Charles I de Pompery de Lozeray naquit le 22
juin 1087. en la paroisse de Saint-Pierre de Boursault. Sei-
gneur eu partie de Salsogue et de Ciry-Sermoise, il épousa,
le 18 mars 17 10, Marie-Aune Le Roy d'Acquest, veuve de G.
Firmin de Berdemet, lieutenant des grenadiers au régiment de
Grimaldi, et fille de Théodore Le Roy d'Acquest de Noue,
chevalier de Saint-Louis, maréchal de la garde du roi, écuyer,
seigneur d'Aboval, de Genvilliers, etc.
Louis-Charles I de Pompery était assisté, à son mariage, de
son frère Olivier-Henry de Pompery, seigneur du Mesnil-la-
Caure.
De cette union sont nés :
1° Jacques-François, né le 31 janvier 1723.
2° Nicolas-Charles, né le 26 mai 1720.
3° Christophe, né le 30 janvier 1731.
4"^ Marie- Catherine.
Louis-Charles I de Pompery mourut à Ciry-Salsogne le 1 1
mars 1759, et Aune-Marie Le Roy d'Acquest le 31 mars
1768, âgée de 82 ans.
Des enfants de Louis-Charles I de Pompery, Jacques-Fran-
çois est le seul qui continua la descendance.
Nicolas-Charles, né le 26 mai 1726, eut pour parrain Nico-
las de Bcrlhemet, et pour marraine Anne-Catherine de Ville-
neuve. Il ne se maria pas, servit quatre ans dans le Royal-
Artillerie (bataillon de Gaudechard), devint officier des chevau-
légers d'Oiléans le 9 novembre 1746, et fut admis à l'Hôtel
des Invalides, comme Ueutenaut, le 19 juillet 1702.
H avait fait les campagnes de 1747-1748 en Flandre, et celles
de 1757 à 1702 eu Allemagne.
Christophe de Pompery, né à Ciry le 30 janvier 1731, entra
comme lieutenant au bataillon de Milice le 10 février 1747.
Lieutenant des gardes du corps du roi le 15 juillet 1749,
capitaine à la compagnie des canonniers garde-côtes de Béziers
le 1^^ mars 17.')9, il devint mousquetaire de la deuxième com-
pagnie de la garde du roi, et épousa à Couvrelles, le 2 octobre
1770, Geneviève-Françoise Regnaull de Salsogne, fille de feu
Jean-Baptiste Regnault, écuyer, seigneur de Salsogne, et de
Marie Quinquet.
DE POMPERY DE LOZERAY 807
Christophe de Pompery élaii assisté, à son mariage, de son
beau-frère Charles- Jeau du Itoux de Verdon, vicomte de Cou-
vrelles, de Théodore Le iioy d'Acquest, de Christophe Quin-
quel, chanoine de Soissons, etc., etc.
Christophe de Pompery fit fait chevaher de Sainl-Louis
le 9 juin 1772,
Il est mort à Ciry-Salsogne le 5 juillet 1811, et son épouse
(née en 1730) le 25 février 1824, sans laisser de postérité.
Tous deux reposent dans le cimetière du parc du château de
Salsogne.
VIII
Jacques-François de Pompery.
Jacques-François de Pompery, chevalier, seigneur de Sal-
sogne et eu partie de Ciry-Sermoise, vicomte en partie de
Couvrelles, est né à Ciry le 31 janvier 1723.
Il épousa le 25 juin 1743, à Ciry-Salsogne, Marie Quinquet
qui avait, en premières noces, épousé, le 9 février 1728, Jean-
Baptiste Regnaull, écuyer, seigneur de Salsogne et en partie
de Ciry, lieutenant au régiment de Condé-Dragons, lequel
était fils de Jean-Baptisle Regnaull, conseiller du roi, com-
missaire des guerres, et de Anne-Marie de Vinciel, dame de
Salsogne.
Marie Quiuquet était la fille de Nicolas Quinquet, procureur
du roi au bureau des finances de Soissons.
Jacques-François de Pompery fut successivement gendarme
de la garde du roi en 1744, capitaine de cavalerie en 1759,
fourrier général. Il fil les campagnes de 1744 à 1748 en Flan-
dre, et celle de 17H1 en Allemagne.
Il fut nommé chevalier de Sainl-Louis le 22 mai 1770.
Jacques-François de Pompery a eu deux enfants : Marie-
Anne-Françoise, née à Ciry-Salsogne le 19 mars 174 h, et
François-Hyacinthe, qui naquit à Braisne le 28 février 1749,
fut baptisé le l®"" mars 1749 à Ciry-Salsogne, et eut pour par-
rain Charles-Hyacinthe de Noue, gentilhomme de la maison
du roi.
Marie Quinquet, dame de Pompery, est morle en sou châ-
teau de Salsogne le 19 mars 1777. De son premier mariage
avec J.-B. Regnaull de Salsogne, elle avait eu deux filles :
Marie Regnaull, mariée le 18 juin 17(35 avec Charles-Jean du
Roux de Chevrier de Verdon, vicomte de Couvreuiles et
808 NOTICE HISTORIQUE. SUR L\ MAISON
d'Augy, veuf de Mtirgucrile-Jeanne Lèvent de Louâtre, demeu-
rant eu son château de Couvrelles,
M. du Roux de Verdon mourut le 30 ventôse an VI de la
République, Agé de 75 ans. Sou épouse en secondes noces,
Marie Reguault, mourut le 3 nivôse an XII.
La seconde fille de Marie Quinquet était Geneviève
Reguault. uée en 1730, et mariée à Couvrelles, le 2 octobre
1770, avec Christophe de Pompery.
n
François-Hyacinthe de Pompery.
François-Hyacinthe de Pompery, seigneur de Salsogne,
vicomte de Couvrelles, propriétaire des châteaux de Cou-
vrelles et de Salsogne, naquit à Braisne le 28 février 1749.
Garde du corps du roi le 4 mai 1766, lieutenant de la maré-
chaussée générale de Bretagne le 8 septembre 1778, capitaine
de cavalerie le 28 septembre 1778, François-Hyacinthe de Pom-
pery, cbevalier de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-
Lazare, épousa à Quimper, en premières noces, Marie- Coren-
line du Marc'hallac'h, grand'taute de l'abbé de ce nom qui fut
député de l'Assemblée de 1871, et grand vicaire à Quimper.
Devenu veuf, François-Hyacinlbe de Pompery épousa en
secondes noces, le 29 avril 1786, Anne-Marie Audouyn,
fille de Guillaume-François Audou^'u, avocat. Anne-Marie
Audouyn était de la maison des seigneurs de Kériner, du
Cosquet, de Kergus ; elle était cousine du célèbre médecin
Laëunec.
Anne-Marie Audouyn, dame de Pompery, fut arrêtée le
14 novembre 1793 et enfermée au cbâleau de Pont-l'Abbé
avec Mademoiselle de Lestriaga, dame Rioult de Courtonne,
plus tard Madame de Chabrol, femme du ministre de la Res-
tauration ; elles furent toutes deux mises en liberté le 28 fri-
maire.
Du mariage de François-Hyacinthe de Pompery avec Anne-
Marie Audouyn sont nés à Quimper :
1° Louis-Charles Hyacinthe, le 18 avril 1787, qui eut pour
marraine demoiselle Marie-Barbe du Marc'hallac'h deTréouron.
2° Antoine, en 179o.
3» Marie, en 1799, laquelle éi«ousa, en 1818, le comte du
Parc de Locmaria, gouverneur du comte de Chambord et père
du général comte Alfred du Parc de Locmaria,
DE POMPERT DE I.OZERAY 809
François-Hyacinthe de Pompery fut fait chevalier de Saint-
Louis le 23 février 1791 ; le 12 juin de la même année, il fut
nommé lieutenant-colonel de la gendarmerie nationale du
Finistère et retraité le l""" août 1792.
A partir de ce moment, il résida soit dans ses propriétés de
Bretagne (à Penhars, à Séquer ou à Pont-l'Abbé), soit dans
ses châteaux de Gouvrelles ou de Salsogne.
En 1814, les deux époux se fixèrent à Soissons, où Anne-
Marie Audouyn, dame de Pompery, mourut le 21 avril 1820,
et François-Hyacinthe de Pompery le 8 mars 1824.
Ou a d'Àune-Marie Audouyn de Pomper}^ une intéressante
Correspondance avec Bernardin de Saint-Pierre.
X
Louis-Charles II de Pompery.
(Branche bretonne.)
Le comte Louis-Charles II de Pompery, fils aîné de Fran-
çois-Hyacinthe de Pompery, naquit, le 18 avril 1787, à
Quimper.
Gendarme le 10 décembre 1806, chasseur de la Garde impé-
riale le 24 novembre 1807, Louis-Charles II de Pompery
épousa, en 181t), Mademoiselle Aléno de Saint-Alouarn, dont
le père avait été exécuté comme ardent royaUsle, en 1793,
à l'âge de 28 ans.
En 1 8 1 4 , il de vint lieutenant des gardes du corps du roi , puis
en 1816, lieutenant à la compagnie de gendarmerie des Côtes-
du-Nord.
Devenu veuf, il épousa, par autorisation ministérielle,
Marthe de Saisy, le 19 novembre 182o.
Capitaine en 1828, il prit sa retraite en 1830 et acheta, à
cette époque, le manoir et les terres du Parc, près Rosnoën
(Finistère).
Il est décédé à Brest le 2 mai 18o4, après avoir tait, en 1807,
les campagnes de la Grande Armée.
Louis-Charles II de Pompery, de son premier mariage avec
Mademoiselle de Saint-Alouarn, avait eu quatre enfants :
1° Aimée, née au château de Gouvrelles (Aisne) en 1810,
mariée au marquis d'Engente.
2" Edouard de Pompery, né le 7 avril 1812 au château de
Gouvrelles (Aisne), auteur de plusieurs ouvrages philosophi-
810 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
ques, membre de la Société des Geus de lettres, mort sans
postérité, le 23 noveaibre 189o, à Paris.
^° Théophile de Pompery, iié au château de Gouvrelles
(Aisne) en 1814, eut pour parrain le célèbre Laënnec.
Chevalier de la Légion d'honneur le 13 août 1864, président
du Comice agricole du Faou (Finistère), il fut député du
Finistère de 1871 jusqu'à sa mort, arrivée sans postérité au
manoir du Parc en août 1880.
4° Henry de Pompery, né à Soissons en 1816. Conseiller
général du canton du Faou (Finistère), grand agriculteur,
fondateur du haras du Faou, est mort sans postérité en 1881,
au manoir du Parc.
Les corps de Théophile et d'Henry de Pompery reposent
dans une SvSpulture de famille à Rosmeur (Finistère).
' Du deuxième mariage de Louis-Charles H de Pompery avec
Marthe de Saisy, naquirent encore quatre enfants :
1° Emmanuel.
2" Ludovic I (sans postérité).
3° Noémie, qui épousa le comte de Parcevàux, inspecteur
général honoraire des haras, mort en IS'.M ; elle est décédée
le 28 mars 1832 en son château de Kéruscar (Finistère), lais-
sant trois enfants :
1° Le comte Charles de Parcevàux, marié à Marie de Bigore
de la Londe, fille d'un conseiller référendaire à la Gourdes
Comptes.
2" Madame de Castellan.
3° Madame de Tréverret.
Le quatrième enfant du second mariage de Louis-Charles II
de Pompery était le comte Victor I de Pompery qui épousa,
en 1855, Mademoiselle de Madec, et devint sous-préfet de Lan-
nion, propriétaire du château de Trémarec. Il est mort eu
1879, après avoir eu dix enfants dont trois fils survécu-
rent : Ludovic II, Charles et Viclor-Pierre-Marie.
Le comte Ludovic II épousa, en I8b7, M"'^ Henriette d'Oul-
lenbourg, fille du baron Emile d'Oulleubourg, chef d'escadron,
et de Marguerite Forgau, dont il eut trois enfants : Stanislas,
Geneviève et Xavier.
Le vicomte Charles de Pompery s'est marié, en 1891, à
Mademoiselle de Kermel, dont il a eu un enfant : Hugues.
Victor- Pierre-Mane de Pompery est mort célibataire le
20 mai 1896, à l'âge de 21 ans.
DE POMPERY DE LOZERAY 811
XI
Antoine de Pompery.
Le vicomte AiUoiue de Pompery, second fils de Franoois-
Hyaciulhe de Pompery, vicomte de Gouvrelles, chevalier de
Saiut-Louis, de Saiut-Lazare et du Moat-Carmel, e-l né à
Pont-l'Abbé, le 16 novembre 1795.
Propriétaire des châteaux de Gouvrelles, de Salsogue et de
Vilblin, il épousa, en premières noces, Marguerite- Florence
Jodon de Villerocbé, dont il eut :
{'^ Fortuné, qui a eu lui-même (rois filles : Marie, Emma
et Aline, et résida à Vic-sur-Aisne (Aisne).
■2° Ernest, né au château de Maupas le 10 novembre 1818,
mort à Soissons le 2 décembre 1852, sans laisser de postérité.
3" Flore, devenue baronne de Ghanlaire, et dont la fille
unique, Hermine, a épousé M. du Bos d'Hornicourt.
i° Éléouore, plus tard baronne de Ligeacel dame d'honneur
de la duchesse de Parme.
5° Clémentine, devenue marquise de Ghizeray, demeurant
au château de Fougeray ou à Richelieu (Indre-et-Loire), morte
en 1895.
Le vicomte Antoine de Pompery épousa, en secondes noces,
Suzanne Gambier de Buat, veuve du capitaine de frégate
Bérenger, oncle du sértaleur de ce nom.
De ce second mariage sont issus deux enfants :
t° Antoinette, née au château de Salsogne, mariée au
général comte Gustave de Gurteu ; de ce mariage, deux
enfants : Gharles de Gurten, villa Joyeuse, par Gréon
(Gironde), et Marie-Thérèse de Gurten, mariée au baron
Alfred de Montreuil, maire de Sarron et propriétaire des châ-
teaux de Villctte (Oise) et d'Yvoy-le-Pré (Gher).
Le deuxième enfant du second mariage du vicomte Antoine
de Pompery est : Gharles de Pompery, né au château de Sal-
sogne, et qui épousa, en 1864, demoiselle Jeanne-Marie-
Garohne de Maniquet, de la maison d'Hector de Maniquet,
seigneur du Fayet, graud-mailre enquêteur et réformateur
pour les eaux et forêts, des parlements de Toulouse et de
Bordeaux, ambassadeur extraordinaire auprès des électeurs
Palatin, de Saxe et le landgrave de Hesse (1572), maître
d'hôtel de la reine Marguerite de Valois.
C'est au château du Fayet, propriété d'Hector de Maniquet,
812 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
que la favorite de Charles IX, Marie Touchet, fille d'un lieu-
teuanl particulier au présidial d'Orléans, accoucha, le 28 avril
1Ô73, de Charle?, bâtard de Valois, appelé plus tard comte
d'Auvergne et duc d'Augoulème, lequel eut pour sœur utérine
Henriette de Balzac d'Entragues.
Hector de Maniquet laissa plusieurs enfants. Son fils, Phi-
libert-Emmanuel, sieur des Bergeries-en-Brie, paroisse des
Chartreltes, homme d'armes de la compagnie de Lesdiguières,
avait été tenu sur les fonts baptismaux par Catherine de
Médicis et le duc Philibert-Emmanuel de Savoie.
La fille d'Hector de Maniquet, Marie, épousa François de
Vonnes, seigneur du Breuil-en-Brie.
Le vicomte Charles de Porapery devint propriétaire à
Indiane-Lorelle (Canada), puis directeur-commandant des
pénitenciers de Yahoué, de l'ile Nou et de Bourail (Nouvelle-
Calédonie).
De son mariage avec Jeanne de Maniquet sont issus :
1° Olivier, né à Nancy le 19 août 186o, membre honoraire
du Conseil héraldique de France.
2" Alexandre de Pompery, né à Rennes en 18G6, officier
d'Académie, membre de la Société académique de Brest.
Le vicomte Antoine de Pompery est mort à Nevers le 1"
mars 1873, chez son gendre, le général de Curten.
xn
Branches collatérales.
D'après les documents du ministère de la Guerre, nous
pouvons citer quelques-uns des membres collatéraux de cette
ancienne famille, qui se sont pariiculièremenl distingués au
service des rois et dans les guerres :
1° Pierre Il-Henry de Pompery, seigneur du Marais, de
Villefontaine, de Donzival, de Corbovin, de Graudcourt, Breu-
very, etc., né à Montrnirail-en-Brie, et iils de Pierre I de
Pompery et de Jeanne de Soissy.
Gendarme de la garde du roi en 1702, brigadier le 5 novem-
Ijre 1732, meslre de camp de cavalerie le 27 juin 1736,
Pierre H-Hcnr}- de Pompery épousa Catherine Bocquet,
damoiselle de Villiers, sœur du lieutenant-colonel des dragons
du régiment d'Harcourl (Contrat du 19 mai 1710, àMeaux).
De ce mariage sont sortis trois enfants : Pierre HI-Michel
DE POMPERY DE LOZERA.Y 813
de Pompery, qui suil ; Marguerite- Louise-Élisabelh, uée le
11 octobre 1714, à Montmirail, qui eut pour parrain Pierre
Koblin, écuyer, aucieu garde du roi, cl pour marraine Mar-
guerite de Héuault, épouse de Claude de Soizy, lieutenaul-
général an bailliage de Sézanne ; et Marie-Anue de Pom-
pery, mariée à Claude-Pierre Heurlelou, écuyer, commissaire
de gendarmerie, inspecteur des chasses de Montereau, demeu-
rant à Meaux (Contrat du 11 décembre 1735).
Pierre II de Pompery est mort le 21 décembre 1746, à Mont-
mirail, et a été inhumé, le 23 décembre 1746, dans l'église
de Marchais, lieu de sépulture de ses pères.
Il avait fait les campagnes de 1743, sur le Rhin, et de 1744,
en Flandre.
2'^ Pierre III-Michcl de Pompery du Marais est né le 1 1
octobre 1717 à Meaux-en-Brie ; il eut pour parrain le sieur
iSobliu, gentilhomme de la vénerie du roi d'Angleterre.
Pierre Ill-Michel de Pom[)ery fut gendarme ordinaire du roi
le 1" janvier 1730, chevalier de Saint-Louis le 23 mai 1751,
porle-étendard le 24 août 1757, mestre de camp de cavalerie
le 14 janvier 1770, guidon le l''"' juillet 1785, maréchal de
camp le 9 mars 1788.
Il épousa, eu premières noces, à Passy-Griguy, le 17 juil-
let 1747, Catherine d'Arnoult, uée en 1730, fille de Françgis-
Alesandre d'Arnoult, écuyer, seigneur de Passy-Grigny
(Marne).
Il se remaria, le 7 décembre 1751, à Montfélix, avecdamoi-
selle Claude ou Guedetto Quatresous de la Motte, fille de
Nicolas Quatresous, seigneur de la Moite, et de dame Mesey,
dame de Frolle et de Nège, ex-novice chanoinesse régulière
de l'hôpital de Reiujs.
De ce deuxième maiiage, Pierre III- Michel de Pompery eul :
1° Guillaume-Pierre, né le 7 décembre 1752 à Montmirail-
en-Brie, et qui eut pour parrain Guillaume Quatresous de
Parlehine, conseiller du roi ; pour marraine, Catherine Boc-
quet, sa grandmère.
2° Pierre-Siuion, né à Moulmirail-eu-Brie.
3° Charles-François, né le 24 février 17t4 à Moulmirail-en-
Brie ; sou parrain fut Louis-Cliarle.-.-François Bocquet, conseil-
ler procureur du roi honoraire au bailliage et siège présidial
de Meaux, demeuranl au chéileau royal de Monceaux, et pour
marraine, il eut Aune Mercy de la Molle, mère de Claude
Quatresous de la Moite.
814 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Pierre III-Michel de Pompery, chevalier de Saint-Louis,
maréchal des camps et armées du roi, bailli d'épée, gouver-
neur du chàleau de Montmirail, commandant de la milice
bourgeoise, est mort, âgé de soixante-douze ans, le 23 sep-
tembre 1789.
Il a été inhumé en l'église de Marchais (Aisne).
Il avait fait les campagnes du Rhin, de la Flandre et de
i'Allemagnc.
Deux de ses Ills furent militaires : Pierre-Guillaume, gen-
darme de la garde du roi le i^"" janvier 1768, réformé avec son
corps le 30 septembre 1787, et chevalier de Saint-Louis le
30 septembre 1791. Il habita Sézanne, mais partit en émi-
gration le G jaillet 1793. Son certificat d'amnistie fut déUvré
à Bruxelles le 30 fructidor an X.
Pierre-Simon de Pompery fut gendarme de la garde ordi-
naire du roi le 21 mars 1768, réformé avec le corps le 30 sep-
tembre 1787, gentilhomme de la chambre du premier frère
du roi Louis XVI, et partit eu émigration le 6 juillet 1793.
Aux obsèques de Pierre III-Michel de Pompery assistaient :
Armand-Jean, comte d'Allonville, maréchal des camps et
armées du roi, syndic pour les ordres du clergé et de la noblesse
de l'Assemblée provinciale du Soissonnais, le baron dOizon-
ville, le comte de Verlût, MM, de la Roche-Laumoiremand,
Replongés, Vallery, Tiercelieux, chevalier de Saint-Louis ;
Jean-Baplisle-Paul-Charles de la Croix de Ghevrières, vicomte
de Saint-Vallier, meslre de camp de cavalerie, chevalier de
Saint-Louis, seigneur marquis de Vauchamps et seigneur des
terres dy Corrobert et de la Ville-au-Bois, propriétaire des
fiefs de Fontaine- Aubrou, de Lanoue, Mauchand, de Tigeon,
etc. ; Charles-Claude Vignon de Vignolles, comte de Servasia,
au pays de Piémont, chevalier de Saint-Louis, enseigne hono-
raire de la compagnie des Suisses de la garde ordinaire du
corps de Monsieur, lieutenant-colonel, etc., et Pierre-Simon
de Pompery, sou fils.
Dans le clergé, la famille de Pompery a fourni un chanoine
de Meaux : Jérôme-François, né à Baslieux, près Fismes, le
10 octobre 173b, fils de François de Pompery de Germigny,
chevalier, seigneur du franc-fief de Frelleuse, près Corribert.
Le chaLoine de Pompery ne prêta point le serment consli-
luliounel comme ses confrères. Il est mort à Soissons le 6 jan-
vier 1827.
DE POMPERY DE LOZERÀT 815
ÂEMES
Les armes de la maison de Pompery soat : de gueules à trois
coguilles d'argenl [deux et une] ornées d'un casque en fasce.
Pierre I de Pompery, écuyer, seigneur de Biercy et autres
lieux, les lit enrcgislrer le 21 du mois de janvier de l'an 1701 .
Elles ont été reçues à \ Armoriai général dans le registre coté
Soissons.
La maison de Pompery a été maintenue dans ses droits et
privilèges nobiliaires par Larcher, intendant en la province
et frontière de Champagne, le 10 décembre 1698, eu vertu
d'un jugement souverain rendu à Châlons.
MEMBRES DE LA FAMILLE EXISTANT EN 1897
Comtesse douairière de Pompery, née de Madec, au château
de Trémarec (Finistère).
Comte Ludovic de Pompery et comtesse (née d'Oullen-
bourg), château de Kerlosser (Finistère). Trois enfants : Sta-
nislas, Geneviève, Xavier.
Vicomte Charles de Pompery et vicomtesse, née de Ker-
mel, au château de Trémarec (Finistère). Un enfant : Hugues.
Vicomtesse Fortuné de Pompery et Mesdemoiselles Marie,
Emma, Aline de Pompery, à Paris et à Vic-sur-Aisue (Aisne).
Vicomte Charles de Pompery et vicomtesse, née de Mani-
quet, et MM. Olivier et Alexandre de Pompery, demeurant à
Paris.
Baronne de Chanlaire, née Flore de Pompery, au château de
Longpré-les-Corps-Sainls (Somme) .
Baronne de Ligeac, née Éléonore de Pompery, à Tours
(Indre-et-Loire).
Générale comtesse de Gurteu. née Antoinette de Pompery,
au château de Salsogne, à Ciry-Sermoise (Aisne), et au château
de Villette, par Pont-Saiute-Maxeuce (Oise).
Général comte du Parc, marquis de Locmaria, à Passy-
Paris.
Mademoiselle Delphine du Parc de Locmaria, à Quimper.
81 fi NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
NOTICE SUR LES FAMILLES ALLIEES A LA MAISON DE POMPERY
Armoiries, maintenues de noblesse ou anoblissement.
1
De Mauterne.
Hihliollièque nationale. — Pièces originales de la maison de
Mauterne: Cabinet des Titres. Volume 1901.
Cabinet de d'Hozier. Volume 232. — Mauterne.
Armes : d'azur à une croix d'or engrêlée de sable et canton-
née de quatre perroquets d'argent, le pied droit levé. — (Cabi-
net de d'Hozier, vol. 232)., et dans un vitrail de l'église de
Nogent-le-Roi.
Grands officiers de la couronne — Mauterne — V. 331, B. —
Chanceliers de France, page 3ol.
Il
Le Métayer de Guichai.nville.
Le Métayer ou Mestayer de la Haye en Normandie, lamille qui
a été maintenue dans sa noblesse le 5 novembre 16G8. — Anne-
Marie le Mestayer de la Haye, baptisée le 2G mars 1674, fut reçue
à Saint-Cyr en 1686, après avoir prouvé qu'elle était descendue de
Palamède le Mestayer, seigneur de Guichainville, et de Marie de
Lieurray, son épouse, qui vivait en 1555.
Armes : d'azur à 3 aigles d'argent rangées en fasce. becquées et
membrées de sable.
in
De PONTDRIAM DES BORDES.
Bibliothèque nationale. — Pièces originales. — Nouveaux
cartons de d'Hozier.
Armes : d'azur au pont à trois arches d'argent, maçonné de
sable. Salles dos Croisades à Versailles.)
Alain de Pontbrianl se trouve à Acre en ilDl (Noblesse de
France aux Croisades, par Roger, page 21 i). — Raoul et Jean,
abbé de Redon, 1396-1422. — Hector de Pontbriant, chambellan
du duc Charles d'Orléans, naquit au château de Pontbriant en
1300 (diocèse de Saint-Malo) ; il était parent de Du Guesclin.
DE POMPERY DE LOZERAY 817
IV
De Hauville.
Harville porte : de gueules à la croix d'argent chargée de 3
coquilles de sable,
(Ancienne noblesse de Beauce, Terre de Harville, située près
Janvllle.)
Pierre, seigneur de Harville en l32o.
V
Hallot.
Bibliotlièque nationale. — Cabinet des Titres, volume 183.
(Hallot, terre de Normandie, située dans la paroisse de Villiers.)
Armes : d'argent à 2 fasccs de sable accompagnée de o anne-
lets du même rangés en chef.
VI
De Radingan ou de Radinghan.
1487. — Jean de Radinglian, écuyer, seigneur d\\nglure ;
Guillaume de Radinghaa, demeurant à Vendrest.
1491 . — Traité passé envers les religieuses de Jouarre et Jean de
Radinglian, écuyer, seigneur d'Ocquerre, pour limite de Vendrest
et Rademont.
(Inventaire des Archives de Seine-et-Marne, page 144.)
Bibliothèque nationale. — Pièces originales. Volume 2422,
Radingan.
Armoiries inconnues.
VII
De BiECQUES (en Brie).
Bibliothèque nationale. — Cabinet de d'Hozier, volume ai,
de Biecques, 1098, extrait des titres de Hallot. — Contrat de
mariage de noble homme Guillaume de Biecques, écuyer, archer
de la garde du corps du roi, demeurant à Vendrest en Brie, le
23 février 1516 (1317), avec Antoinette de Hallot, fille de noble
Denis de Hallot, écuyer, et de Anne de Harville, etc.
VIII
Le Chevallier.
Peut-être de la famille du directeur général des poudres de la
frontière de Champagne.
52
818 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Armes : <for à un sautoir de gueules.
Inventaire des Archives de Seine-et-Marne, page 134. — Loca-
tion du fief de la Cour-lès-Biercy, consenlie par messire Antoine
le Chevalier, sieur du Marais^ et ensuite par Avoye de Sericourt,
sa veuve, et Louise le Chevalier.
IX
De Hérisson.
Famille maintenue par Caumarlin en 1669. Originaire de Brie.
Armes : d'azur à trois roses d'argent.
(Voir Recherches de la Noblesse de Champagne, de Caumar-
lin, page \\.)
Supports : deux hérissons. Devise : Qui s'y frotte s'y pique.
Celte famille a possédé, en Champagne, les seigneuries de
Vigneux, Marfault, Mesgnil, Fauchard, Courlemont, de la Paul-
merie.
Pierre de Hérisson, chevalier, maître d'hôtel du roi, 1424 ;
2,000 livres de gages. Commission du 9 juillet 1499.
(Le fief de Hérisson était situé sur les contins des paroisses de
Puységur, de Cadours et de Cox (Languedoc.)
Jean de Hérisson ou d'Irisson, chevalier, vivait en 1380 (Saint-
Allais, XIV, page 418).
Cette famille a formé trois branches : branche de Gascogne,
branche de Champagne, branche de Saintonge.
La branche de Champagne a pour auteur Nicolas (fils de Pierre
et de d"' de Caissac).
X
JORIEN.
Bibliothèque nationale. — Pièces originales, volume 1587.
Deux pièces originales sur parchemin, l'une signée Jorien
(Daniel), de 1640; l'autre signée Antoinette de Pompery, sa veuve,
le 24 novembre 1641.
Armes de Marguerite Jorien, veuve de Pierre de Beyne, conseil-
ler du roi au bailliage et siège présidial de Soissons : d'or chargé
de deux voyes d'argent à un massacre de cerf de gueules, et en
chef du même. — (Armoriai général colté Soissons, 437-460.)
XI
Dk Tassin,
Famille maintenue par Caumarlin, en 1667.
Armes : de gueules au soleil d'or en chef, quatre grains de
DK POMPERY DE LOZERAY 81Ô
froment rangés iVargent en face, et un croissant en pointe de
même.
La maison de Tassin a possédé, en Brie-Champagne, les sei-
gneuries de la Noue, des Déserts, de Monceau, de la Moricerie et
de la Godine.
(Transaction du 18 février 1510 (ioU), faite par devant les
notaires royaux J, et Etienne Allard, à Sézanne.)
XII
De Soissy.
Famille maintenue par Caumartin en juin 1667.
Armes : de gueules à La croix de sable, à o coquilles d'or^
deux et trois.
La famille de Soissy a possédé en Bric-Champagne les seigneu-
ries des Granges, de Villefonlaine, des Marets, des Bordes, de Ber-
gère, Sogny, Monlflobert. (Pièces du 26 septembre 1487 et
du 2 novembre 1533.)
La terre des Marets rendait hommage au seigneur comte de
Rochefort.
XIII
Testard.
Armes : d'argent à deux léopards de gueules passant Vun sur
Vautre.
(Armoriai de Champagne^ 97-795. J
Famille demeurant à Jouy, près Boursault.
Contrat de mariage de Charles de Pompery, fils d'Olivier, avec
Claude Testard, passé pardevant notaire en la prévôté de Châtil-
lon-sur-Marne, le 3 octobre i68!.
XIV
Du Puis.
Famille du Puis, d'Aulnizeux, du Mesnil-la-Caure.
Originaire de Champagne.
(Famille maintenue par Caumartin (tome II, p. 211).
Armes de la maison du Puis d'Aulnizeux : de gueules au lion d'or.
(Actes de foi et hommage en bonne forme de Gérard du Puis,
écuyer, au seigneur comte de Vertus^ les 2 juin 1322 et 16 décem-
bre 1326.)
XV
BOCQUET DE TlLLlÈRE.
Archives de Seine-et-Marne. — Bocquet de Tillière, maire de
820 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Meaux en 1765. François Bocquet, conseiller procureur du roi au
bailliage de Meaux. Denis-François Bocquet de Foalenelles, con-
seiller du roi, élu de Meaux. Tous oncles de Marie-Anne de Pom-
pery, dame de Hertelou.
XVI
Le Roy d'Acquest de Noue.
(Élection de Ponthieu.) Preuves de noblesse le 7 octobre 1348,
maintenue le 18 mai 16G8.
(Xobiliaire de Picardie d'Haudicqué do Blancourt.)
{Arinorial fjrnêi'al^ vol. bôG, page 411, Soissonnais.)
Armes : d'azur à 3 cciissons d'argent, chargés chacun d'une
croix pattée de gueules posées deux en chef et une en pointe.
Supports : deux lions; cimier : / lion naissant.
La famille Le Roy d'Acquest a été maintenue dans sa noblesse
par Bignon, intendant delà généi-alité d'Amiens, le 26 février 1607.
xvn
De la Buée.
XVIII
Du Maugin.
Bibliothèque nationale ( Armoriai général, 212-612 : Armoriai
de Lorraine). Paris, \, Vl'.V.i \ Paris, III, 403 ; Poitou, oiil ; Tours.
XIX
Hertelou ou Heurtelou.
Bibliothèque nationale. — Pièces originales, vol. 1522. Trois
pièces sur parchemin de 1532.
Heurtelou, écuyer, chevauchée de Bourbourg(6 septembre 1383).
— (Clair. 230, 4659) avait pour armes : un loup passant devant
un arbre (sceau de 20 mill.).
Archives de Seine-et-Marne, G. G., Inv. somm , pages 147 et
164. — Chérin, volume i06., Her'.elou.
Contrat de mariage passé i Meaux, le il décembre 173 >, devant
Chalemot et Desposlz, notaires de la ville de Meaux-en-Brie.
Messire Claude-Pierre Hertelou, écuyer, ancien comm. de la gen-
darmerie, fils de Claude Hertelou, avocat au l'arlement, conseil-
ler secrétaire du roi, maison et couronne de France, et de .Marie-
Jacqueline Mvet des Fossez, épousa, le 11 décembre 1735, .Marie-
Anne de Pompery. fille de Messire Henry-Pierre de Pompery, che-
valier, seigneur des Marels, Biercy, etc.. etc., chevalier de Saint-
Louis, et de dame Anne Bocquet.
DE POMPKRY DE LOZERAT 821
Témoins : Louis-François Bocquet, conseiller procureur du roi
aux bailliage et présidial de la ville de Meaux ; Denis-François
Bocquet de Fonlenelies, con.seiller du roi, élu en l'élection de la
ville ; Claude Bocquet, sieur de Tillière, capitaine aide-major au
régiment de Pons-cavalerie, ses oncles. Ses parents lui donnent,
entre autres biens, le lief et seigneurie de la Cour-lès-Biercy et
autres fiefs situés en la paroisse de Vendrest.
XX
Ql'inquet.
Archives de l'Aisne.
Armes : cVazur à deux bars adossés d'or accompagnés d'une
étoile de même, d'une rose d'argent en cœur et d'un croissant de
même.
(Armoriai du Soissonnais.)
Bibliothèque nationale. — Pièces originales, «" 2417.
Benjamin Quinquet, officier tué au siège de Maëslricht en 1632.
XXI
Regnallt ou Renault de Salsogne.
Famille jugée noble par Dorieux (1661-1672).
Armes : écartelé au premier et au quatrième d'azur à deux
épées mises en sautoir, la pointe en haut d'argent, les gardes et
poignées d'or surmontées d'une paire de balances aux bassins
d'argent; aux deuxième et troisième contre-écartelé au premier
et quatrième d'or à trois massacres de gueules, au deuxième
et troisième de gueules à un croissant soutenant un arbre d'or
au chef chargé de trois barres d'azur.
(Éd. de Barthélémy, Armoriai général de l'Élection de Sois-
sons, notes de l'intendant Dorieux.)
XXII
D'Arnodlt.
Armes : d'argent au chevron de gueules accompagné de 3
cœurs de même. Supports : deux lions ; cimier : un lion passant.
(Voiv la. Revue de Champagne et de Brie, année 189t, avril,
pages 244-46.)
La famille d'Arnoult a été maintenue le 26 février 1697.
(Généralité d'Amiens. Jugement de Caumartin^ 7 septembre
1667.) — J. d'Arnoult, écuyer en 1485.
822 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
XXIII
QUATRESOUS DE LA MoTTE.
(Originaire de Compiègne.)
Antoine Crespins Qualresous de la Molle, porte-manteau du
roi, anobli au mois d'août 1769.
Armes : un écu d'argent à un lion de gueules^ surmonté
d'une étoile d'azur et soutenu d'une palme de sitiople couchée en
fasce. Ledit écu timbré d'un casque de profil, orné de ses lam-
brequins d'azur^ d'argent, de gueules et de sinople. (Fait à Paris
le quatrième du mois d'octobre de l'an 1769.)
Bibliothèque nationale. — Pièces originales, volume n» 6362.
Nouveaux cartons d'Hozier.
XXIV
Du Marc'dallac'h.
(Bretagne.)
Armes : d'or à trois poteaux ou arceaux de gueules, posés 2 et 1.
Devise : Usque ad aras (Salles des Croisades, à Versailles).
Jean du Marc'hallac'h, dont le nom figure à côté de celui de
Geoffroy de Beaupoil sur un acte souscrit par la chevalerie bre-
tonne en 124y entre les mains d'Hervé de Nantes.
Ancienne extraction noble, réforme de 1670.
Huit générations, montres de 1481 à 1562.
A donné Alain du Marc'hallac'h, défenseur du château de Pont-
Labbé assiégé par les ligueurs en 1388.
Nobiliaire de Bretagne, par Potier de Courcy, et Annuaire de
la Noblesse de 1892.
XXV
AUDOUYN.
Seigneur de Kernas, de Restinois (évêché de Quimper).
Armes : d'azur au dextrochère d'argent, tenant un greslier de
même accompagné en chef de deux molettes d'or.
(Armoriai de 1696.)
Celle famille a produit un procureur du roi au présidial de
Quimper en 1696^ et Anne-Marie Audouyn, dame de Pompery,
née en 1762, morte à Soissons le 21 avril 1820.
XXVI
Aléno de Saint- Alouaun.
(Bretagne.)
De Saint-Alouarn, seigneur de Kervéguen, paroisse de Guengat.
Réformes et montres de 1426-1536.
DE POMPERY DE LOZKRAY 823
Armes : d'azur au f/ri/fon d'argent.
(Armoriai de l'Arsenal.)
Daniel_, abbé de Quimperlé, 1521-1523.
Fondu dans Aléiio, seigneur de Kersalie : d'argent à trois hures
de sanglier de sable arrachées de gueules.
Devise : Mad è Quelen è peb amzer (Un conseil est bon en tout
temps).
Ancienne extraction noble, réforme de 1669, montres de 1426-
1362.
XXVII
Du Parc de Locmaria.
Maison des plus anciennes de Bretagne, issue de la maison de
Bretagne.
Armes : d'argent à 3 jumelles de gueules.
Support : un lion.
Devise : Toid est beau et Vaincre et mourir.
Cri : Honneur.
(Marquis en 1637.)
(Locmaria, sceau de 1371.)
Tombeau érigé à Saint- Eutrope, près Morlaix, par François du
Parc de Locmaria, à la mémoire de son père Yves du l'arc, iS' de
Kergadou, maire de Morlaix en iGlo.
Ce digne rejeton d'un combattant de Trente
Frolégea, comme lui, la veuve et l'orphelin,
Et ses derniers neveux, sous la toge ou la lente,
Voudront, à son exemple, illustrer leur destin.
(Le Hérault d'armes, page 422, année 1861.)
XXVllI
JoDON DE ViLLEROCHÉ (chevalier d'Hézenoy).
(Maine-Soissonnais.)
Armes : tiercé en barre : au /" d'azur à une ancre d'argent
posée en barre sommée d'une colombe contournée d'or tenant
en son bec un rameau d'olivier du même; au 2* de gueules
au signe des chevaliers ; au 3" d,' argent à une branche d'oli-
vier et une branche de chêne de sinople croisées par la tige.
(Armoriai du premier Empire, par le vicomte Révérend.)
L'État de la noblesse française, publié en 1868, donne à
M. Jodon de Villerocbé. château de Maupas, près Soissons, les
armes suivantes : d'argent au chevron de gueules accompagné
de trois coquilles d'azur^ deux en chef et une en pointe.
824 NOTICE HISTORIQUE .sUR LA MAISON
XXIX
De Saisy de Kérampuil.
(Bretagne.)
Armes : de gueules à trois pigeons d'argent, deux et un
(Kérampuil).
r« devise : Qui est Saesy est fort.
(Alain de Saisy prêta serment au duc de Bretagne en 1372.)
2* devise : Mitis id columba.
Armes des Saisy : aux 2 et 3 de gueules, à Vépée en barre
d'argent, la pointe en bas piquant une guêpe falias : et accom-
pa^née d'une hache d'armes de même en pal).
XXX
Cambieii de Buuat.
Comtes Cambier de BuLat.
(Hainaat.)
Armes : de sable au chevron d'or accompagné de trois crois-
sants de même.
Supports : deux lions au naturel.
Louis-Pierre-Armand Gbislain Cambier de Buhat, né à Valen-
ciennes le 7 juillet 1768, père de M""» de Pompery, est décédé au
château de Salsogne le 19 mars 1840. Il est enterré dans le parc
de ce château, ainsi que sa fille Augustine-Aglaé-Suzanne, née à
Paris le 17 janvier 1802, morte le 6 septembre 1871.
XXXI
De Madec.
(Bretagne.)
Anoblissement, 1780.
Armes : d'azur à une cpée fiamballant d'argent garnie d'or,
posée en fasce, accompagnée en chef d'une étoile d'argent et
d'un croissant d'or.
Madec, seigneur de Pratanraz, paroisse de Pentraz, évêché de
Cornouailles.
Devise : Nullis perterrita monstris.
René, né à Locronan, élève de la Compagnie des Indes en 1748,
puis nabab gouverneur du Mogol, enlin colonel et chevalier de
Saint-Louis, anobli pour services rendus à la France.
XXXII
De Châmlaihe.
(Famille de Champagne.)
Écuyer, avocat au Parlement, seigneur du fief d'Averny à
DE POMPERY DE LOZERAY 825
Yèvres, a pris part ou envoyé sa procuration aux assemblées de la
Noblesse aux Étals généraux de 1789.
Armes : (Vor à une foi de carnation parée d'azur et sup-
portant un cœur enflammé de gueules, le tout accompagné,
au canton dextre, du chef d'une épée de sable posée en pal,
et au canton senestre d'une étoile de même.
(Armoriai général de Champagne. )
{Catalogue des Gentilshommes de Champagne^ par MM. de la
Roque et Ed. de Barthélémy.)
(Bailliage de Chanmont-en-Bassigny, page 22.)
Bibliothèque nationale. ~ Pièces originales, volume 069, actes
du 28 septembre 1656 et de 16o8.
Chanlaire, demeurant à Vitry en 1644.
Gilles Chanlaire, avocat, capitaine-gouverneur du bailliage, pré-
vôté et comté de Vertus, 1676.
Pierre-Gilles Chanlaire, bailli de Vertus, 1730.
Chanlaire, procureur du roi à Châlons, 1759.
(Dossiers bleus, Chanlaire.)
De Chanlaire, maire de Vassy (Haute-Marne). — (État présent
de la noblesse, Bachelin-Defloreune, 1873-74).
XXXIII
Belvezer-Jonchère-Tremoulet, barons de Ligeac.
Armes : d'azur au lion d'or. Couronne de comte entourée d'un
manteau d'hermine.
(Communication de la baronne de Ligeac, née Eléonore de
Pompery, demeurant à Tours.)
XXXIV
MOTTET DE GhIZERAY.
(Famille de Champagne.)
Bibliothèque nationale. — Pièces originales, n» 2067.
Armes : d'azur au chevron d'or à trois roses ou étoiles.
XXXV
De Parcevaux,
La maison de Parcevaux, très ancienne en Bretagne, fut main-
tenue en cette province aux reformations de. 1426, de 1534 et de
1669.
Armes : d'azur à trois chevrons d'argent.
Devise : S'il plaist à Dieu.
826 NOTfCE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Ancienne extraction noble, sept générations en 1669 (évêché de
Léon).
Etienne, écuyer, dans une montre de Du Guesclin en 1371.
Hervé, pour le recouvrement du duc dans une montre de 1437,
etc.
Un volontaire pontifical, tué à Casteltidardo en 1860.
XXXVl
Bigot d'Engente.
(Originaire de Normandie.)
Maintenue en 1670.
Bigot, seigneur des Parquettes, de Courcelles et d'Engente.
Armes : d'argent au chevron de sable, accompagné de trois
roses de gueules.
XXXVII
De Cdrten ou de Courten.
(Suisse.)
Armes : de gueules à im monde d'or cintré du même,
sommé d'une croix de perles d'argent, trois casques couronnés.
Cimier 1 et au 3 le monde, 2" une aigle de sable becquée,
membrée et couronnée d'or, portant une croix de Lorraine
d'or suspendue à son col au moyen d'un collier de perles.
Lambrequins : de gueules et d'or.
Supports : deux aigles regardant, pareilles à celle du cimier,
le vol levé.
(Courten, ancienne famille helvétique illustrée au service de
la France et de Naples.)
xxxvm
De Mamquet du Fayet de Pelafort.
(Dauphiné et Forez.)
Armes : d'azur à trois demi-vols d'argent.
{Armoriai général^ Dauphiné, page 90-303.)
Bibliothèque nationale. — Pièces originales, n» 1828.
(Indicateur nobiliaire de D'Hozier.)
(Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes du Dau-
phiné. Mémoire sur le Concile d'Embrun.)
Les Maniquet vinrent d'Italie en 1480. Ndble homme Pierre
Maniquet fait acte d'acquisition en 1465.
Archives nationales, documents généalogiques, III, M. 462.
Maniquet, sentence sur parchemin de 1598, en faveur de messire
DE POMPERY DK LOZBRAY 827
Charles de Maniquet du Fayet de Pelafort contre Catherine de
Gonzague et de Clèves.
Arrêt du Conseil d'Etat pour le fief de Poste et de Morsan, près
Corbeil, 1623. '
Bibliothèque nationale, Cabinet des Titres. Nouveau D'Hozier,
Maniquet.
Volinne 222. — Carrés de D'Hozier. — Dossiers bleus. —
Cabinet de D'Hozier.
Nobiliaire de Picardie, par Haudicqué de Blancourt.
Marie de Maniquet, mariée en 1014 avec Jacques de Gomer, sei-
gneur de Luzancy.
Archives nationales. Letlre du roi Louis XII « pro Claudio
Maniquet » (année 1499-1500). Registre coté 232. Volume 381,
V. 2.
XXXIX
Du Bos d'Hounicourt.
Famille anoblie en 1594 {Nobiliaire de Picardie, recherches
de M. Bignon, intendant de la généralité d'Amiens, jugement en
1696 (originaire d'Amiens). Lettres de noblesse accordées par le
roi Henri IV, en septembre 1594, à N. du Bos, trésorier général
de France.
Armes : d'argent à un lion de sable armé et lampassé d'azur.
Supports : deux lions; même cimier : un pareil lion naissant.
XL
CoRDiER DE Launay, barons de Montreuil-l'Argillé (Eure).
(Créé baron de Montreuil en 1743.)
Armes : d'azur au chevron d'or accompagné de trois crois-
sants de même.
Jacques-René Cordier, trésorier de l'extraordinaire des guerres,
a acquis, vers 1740, du marquis de Pont-Saint-Pierre, les terres et
baronnies d'Echauffour et de .Montreuil-l'Argillé.
Demoiselle de Montreuil, mariée à Pierre-Charles de Villette,
seigneur de Plessis-Longueau, trésorier à l'extraordinaire des
guerres. De ce mariage sont nés : la comtesse de Prie et le mar-
quis de Villette, ami de Voltaire, marié à Belle et Bonne, M"<= de
Varicourt.
Anne-Prospère, mariée le 13 octobre 1736 à Joseph de Toulon-
geon, comte de Champlitte.
Claude-René de Montreuil, marié le 22 août 1740 à M"" Moffon
de Pliffey.
^.es Cordier, seigneurs de Launay, barons de Montreuil-l'Ar-
828 NOTICB HISTORIQUE SUR LA MAISON
gillé, dans TEure, apparaissent au commencement du xvi^ siècle
dans l'Ile-de-France.
Claude-René Cordier, écuyer, seigneur de Launay, fut créé
baron de Moulreuil et nommé en même temps président à la Cour
des aides en 1743.
XLI
D'OULLENBOURG.
Armoriai du premie)\E7npire, par le vicomte Révérend, 1896.
Titre concédé par Napoléon V\
Armes : écartelé : au 1^' et au i' d'or, à la corne de cerf de
sabte, aie 2' des baro7is militaires, au 3' de sinople au sanglier
d'or posé en bande ; sur le tout d'argent un buste d'homme au
naturel, vêtu et coiffé de sinople tenant de la main dextre un
trèfle du même.
Ignace-Laurent-Stanislas, baron d'Oullenbourg, général de divi-
sion, I8t3. Grand'croix, chevalier de Saint-Louis.
Joseph-Stanislas, baron d'Oullenbourg, mestre de camp de hus-
sards, chevalier de Saint-Louis.
Louis, baron d'Oullenbourg, lieutenant-colonel, mort à Versail-
les le 10 décembre 1862.
Emile, baron d'Oullenbourg, chef d'escadron.
Bertrand d'Oullenbourg, général de brigade, grand'croix, né à
Versailles le 23 janvier 1801, etc.
XLII
De Kermel.
(Bretagne.)
(Armoriai de France.)
Armes : de gueules à la face d^argent accompagnée de deux
léopards d'or, posés un en chef et un à la pointe de Vécu.
Devise : Audacibus audax.
Ancienne extraction noble, réforme de 1669. Neuf générations.
Godefroi, chevalier, fondateur de la chapelle de Sainte-Marguerite
de Brelevenez, a donné un capitaine-général garde-côtes de la
capitainerie de Lannion au combat de Saint-Cast en 1758.
Montres de U8l à 1336.
Pringent de Kermel, vivant en 1463.
Un chevalier de Saint-Lazare, 1721.
Deux pages du roi, 1734-1775,
Un volontaire pontifical à Castelfidardo en 1860.
DE POMPEKY DE LOZERAY 829
XLIII
Léon de Tréverret.
(Bretagne.)
Montres de 1426. Réforme de 1668.
Armes : d'or à la fasce vivrée de gueules.
XLIV
De Castellan.
(Baron de l'Empire, France.)
La famille de Castellan, en Bretagne, porle : coupi; au /" d'or
à un casque grillé de sable, tourné de front, panaché de
gueules., au 2« d'azur à 2 tours carrées réunies par un mur
crénelé, le tout d'argent ouvert et maçonné de sable, soutenu
d'une terrasse d'argent.
Le Nobiliaire et Armoriai de Bretagne (Catelan ou de Castel-
lan, évêché de Vannes) donne à celle famille pour armes : d'ar-
gent à trois sa)igliers de sable. Sceau de iil8.
Ancienne extraction noble de 106S. Huit générations. Réformes
et montres de 1426 à 1536.
Perrot de Castelan, écuyer, dans des montres d'Olivier de Clis-
son, en 1373 : deux chevaliers de Saint-Lazare, 1612-1639 ; — sept
chevaliers de Malte, dont deux commandeurs depuis 1712; —
deux pages du roi en 1*10-1770 ; — un évèque de Valence en
1723 ; — un évèque de Rieux en 1747 ; — un abbé de Boulancourt
en 1727.
La branche aînée s'est fondue en loOO dans la famille de Carné.
XLV
De Poolpiquet.
Cher 'in, vol. /6/.
Joseph d'Engenle a épousé une demoiselle de Poulpiquet.
Armes : d'azur à trois pallcrons (^lias : pies de mer) d'argent
becquées et membrées de gueules.
Devise : de peu, assez.
Guyomarc'h de Poulpiquet, vivant en l39o, épouse Marie du
Halgoët.
Extraction noble. 1668 Neuf générations. Montres de 1427"-lo34.
XLVI
De Dieuleveult.
(Originaire de Normandie.)
Armes : d'azur à six croissants contournés d'argent posés 3, 2
et 1,
830 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Devise : Diex le volt.
Famille anoblie en 1816.
Marin Dieuleveult, 1620.
M"« d'Engente (sœur de Joseph et d'Adalbert d'Engente), fille de
demoiselle Esmée de Pompery, a épousé M. de Dieuleveult.
XLVII
Du Roux DE Verdon.
Maintenue le 8 novembre 1697 par Dorieux.
Armes : d'azur à trois têtes de léopards, arrachés d'or, lam-
passés de gueules, deux en chef et une en pointe, accolé d'argent
à une bande de gueules chargée des trois coquilles d'or.
M"s Marie Renault de Salsogne, belle-lille de messire Jacques-
François de Pompery, épousa, le 18 juin 1763, Charles-Jean du
Roux de Chevrier de Verdon. vicomte de Couvrelles et d'Augy,
veuf de Marie Leveut de Louâtre.
]\lme (jg Verdon, dont la sœur, (leiieviève, avait épousé, le
2 février 1770, le chevalier Christophe de Pompery, mourut en
1804, laissant à la famille de Pompery son beau château de Cou-
vrelles, près Braisne (Aisne). 11 fut vendu plus tard au maréchal
Lobau et est actuellement la propriété de la comtesse du Manoir.
DE POMPERT DE LOZBRAT 831
PIÈCES JUSTIFICATIVES
SOURCES MANUSCRITES
Archives nationales, Trésor des chartes. Registre coté 226,
2* année, l491-149o.
— P. P. HO, 118, 119, coté Z. Dossier Pompry. Coté F. 7,
6057. 1° certificat d'amnistie; 2» déclaration et serment. N" 656
— 24125.
— Les maréchaux de France, Z. i, c, 133, page 261.
Bibliothèque nationale, Cabinet des Titres {Chartes d'Acre
et d'Ascalon (mai 1240), L t 2, f 24 vo).
— Pièces originales, n" 52430.
— Dossiers bleus, vol. 533.
— Procès-verbal des preuves de la noblesse de François-Hya-
cinthe de Pompery (preuves 4), cinquième volume, commençant
le M décembre 1739, finissant le 28 mars 1760.
— Cabinet des Titres. Nouveaux cartons D'Hozier.
Carrés de d'Hozier, vol. 502.
Archives départementales de la Marne, dossier Pompry.
Archives de la ville de Montmirail-en-Brie.
Archives du ministère de la Guerre : États de service de la
maison de Pompery.
Documents sur le chanoine de Pompery^ chez M. Orville,
propriétaire du château de Mareuil-en-Brie.
Documents conservés chez M. Longnon, membre de l'Institut.
Archives de famille chez le comte Ludovic de Pompery, au
château de Kerlosser (Finistère); chez la comtesse douairière de
Pompery, au château de Trémarec ; chez la générale comtesse de
Curten, au château de Salsogne (Aisne), et chez la vicomtesse
Charles de Pompery, née de Maniquet, à Paris.
Armoriai général officiel de France (Soissonnais, 63-668).
Armoriai général officiel de France (Champagne, 794-797).
Armoriai des familles de la généralité de Soissons mainte-
nues dans leur noblesse, par MM. Desraaretz, Dorieu et de
Machaut, fonds 32265, fol. 314.
Archives du château de Montmirail-en-Brie, C, n" 24. Aven et
dénombrement du 17 mars 1762 de M. de Pompery.
832 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
SOURCES IMPRIMÉES
Recherches de la Noblesse de Champagne faites par Larcher,
volume 5, p. 117. — Généalogie de la maison de Pompery de
l'an 1500 au 10 décembre 1698.
Histoire du duché de Valois, par Carlicr, pages 446 et 347.
Notice statistique du canton de Betz, par Graves.
Antiquités de la ville d'Amiens, par de la Marlière (1642).
Revue de Champagne cl de Brie, année 1891, avril, page 246.
Nobiliaire de Picardie^ d"Haudiquer, année 1695, page 123.
Catalogue des Gentilshommes de Champagne qui ont pris
part aux assemblées de la noblesse pour l'élection des députés
aux Etais généraux de 1789, pages 13, 14, 16, 44.
Inventaire sommaire des Archives de Seine-et-Marne, page
147, GG. 14, page 144, etc.
État présent de la noblesse française (1873-'l87i), par Bache-
lin-Detlorenne.
Annuaire de la noblesse, année 1874, page 406.
Annuaire du Conseil héraldique de France, année 1898. —
Les Croisés de France, page 267. — Les Héros de Péronne,
page 71.
Inventaire sommaire des Archives de V Aisne, rédigé par M. J.
Souclion, archiviste.
Archives parlementaires de 1787 à 1860, page 667. Bail-
liage de Château-Thierry.
Chronique de Louis XII, par Jean d'Auton, tome IV% page
367.
Armoriai français (1892), n» 56, page 177.
Dictionnaire des parlementaires, tome V, page 14.
Inventaire sommaire des Archives de l'Aisne, publié par
Matton, G 393, 79 ; G 411 ; B 2793.
Calendrier de la Cour, imprimé pour la famille royale et
maison de Sa Majesté (1787), imprimé chez veuve Hérissant, du
Gabinet du roi.
Revue historique, de M. L. Sandret, année 1874, n's 1 et 2,
page 77. Enquête de 1066.
Annuaire militaire, 1738, par Léman de la Jaisse (maison du
roi, page 13).
Etat militaire de la France pour Vannée 177 A, par MM. de
Roussel et de Montandre, pages 155-156. — Année 1780, page 135
(maison du roi) et page 444,
Panthéon de la Légion d'honneur, par L. Lamathière, p. 428,
tome IX.
DE POMPERY DE LOZEHAY 833
SOURCES MANUSCRITES
POUR LES FAMILLES ALLIEES A LA MAISON DE POMPEllV
Généalogie de la maison de Pontbriant, dressée par d'Hozier
et signée de lui (28 août 1783) chez le comte A. de Pontbriant, à
Bollène (Vaucluse).
Bibliothèque nationale, Cabinet des Titres, Cabinet de D'Ho-
zier, vol. 4i, de Biecques ; vol. 232, Mauterne ; vol. 224, Mani-
quet ; vol. 189, Hérisson. — Pièces originales, vol. loBl, Jorien.
— Carrés de D'Hozier, vol. 408, Maniquet. — Pièces originales,
vol. 1828, Maniquet. — Cabinet des Titres, vol. 183, Hallot. —
Pièces originales, vol. 1522, Heurlelou; vol. 669, Chanlaire ;
vol. 2421, liadingan; vol. 2609, Suisy ; vol. 2067, Mottet ; vol.
2417, Qiiinquet. — Chérin, vol. 106, Heurtelou. — Dossiers
bleus, Chanlaire de Vertus. — Nouveaux cartons de D'Hozier,
Pontbriant. — Pièces originales, vol. 1901, Mauterne. — .Vou-
veaux cartons de D'Hozier, vol. 222, .Maniquet.
Archives nationales, M. 462 ; documents généalogiques et char-
tes concernant la famille Maniquet
Archives de famille, chez M. Quinquet de Monjour, magistrat à
Reiras.
Archives de M. Le Dieu de Ville, au châleau de Raday et à
Sézanne (Marne).
SOURCES IMPRIMÉES
Dictionnaire de la noblesse (La Chesnaye-Desbois). Familles de
Courten, du Bos, d'Arnoult, du Parc de Locmaria, Le .Mestayer, de
Guichainville, Kerrael.
Nobiliaire universel de France (Saint-Allais). F^amilles de Bel-
vezer de Ligeac, du Parc de Locmaria, de Hérisson, de Poulpi-
quetj AU '00 de Saint-Alouarn.
L'impôt du sang ; La noblesse de France sur les champs de
bataille, par Louis Paris, 1881, tiré des manuscrits de J.-F.
d'Hozier.
Nobiliaire et Armoriai de Bretagne, par Potier de Courcy,
Nantes, 1862. 3 volumes.
Archives généalogiques, par Laîné, tome I", page 6. Généalo-
gie de Pontbriant et mariage de Françoise de Pompery, en 1519.
Deux Bretons à la Cour de France, par Ch. d'Ebbo. Vannes,
1893.
Indicateur nobiliaire de feu d'Hozier. A Paris, imprimerie
Doblet, rue Git-le-Cœur, 1818.
53
831 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Procès-verbal de la noblesse de Champagne, année 1673,
Cliâlon?, par M de Caumartin. Familles ri'ArnouU, de Hérisson,
du Puis d'Auiiizeux, de Soissy, de Tassin.
Recherches de la noblesse de Picardie, par Bignon (Artois).
Généralité d'Amiens. Familles du Bos d'Hornicourt, Le Roy d'Ac-
quest.
Livre de famille. Quartiers généalogiques de la famille Poi-
debard, par Paul Mougin. (Notice sur plusieurs maisons du
Forez Les Maniquet de la Buissière et du Fayet et les Maniquet de
Saint-Paul-en-Jarret et du Lyonnais.)
Armoriai de Picardie. Généralité de Soissons et de Château-
Thierry. Recueil ofticiel dressé par les ordres de Louis XIV (1696-
1711), par Borel d'Hauterive. (Familles de Pompery de Lozeray et
du Marais, Quinquet, Jorien, Le Dieu de Ville, Le Roy d'Acquest
de Noue, du Roux de Chevrier, de Soissy, Le Roy d'Acquest
d'Irancy, Noblin, etc.)
Bulletin d'Archéologie de la Drame, première année, 1866.
Notice sur Hector de Maniquet, seigneur du Fayet en Dauphiné,
maître d'hôtel ordinaire de .Marguerite de Valois, chargé de négo-
ciations auprès des électeurs Palatins, de Saxe et du Landgrave de
Hesse (1582) ; puis grand-maître enquêteur et réformateur pour
les eaux et forêts dans le ressort des Parlements de Toulouse et de
Bordeaux.
Gale7'ies historiques du Palais de Versailles. Salles des Croi-
sades, pour les armes des Du Marc'hallac'h, de Pontbriant, etc.
Annuaire de la Noblesse, année 1874. Familles de Soissy, de
Pompery, de Courlen. Année 1870 : de Poulpiquet. Année 1871-
1872 : de Marc'hallac'h. Année 1870 : de Hérisson.
Profils bretons : M>»^ de Pompery, par J.-H. d'Avenel. Rennes,
imprimerie de Ch. Catel, 1889.
Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes du Dau-
phiné, par Maignien. Lettre à M. l'abbé de Maniquet de Pelafort,
6 mai 1696, n° 1899. N" 1388, Mémoire sur le concile d'Embrun,
jugement rendu par le R. P. Maniquet^ supérieur provincial des
Minimes. Il assista au concile d'Embrun comme l'un des docteurs
de l'archevêque, M. de Tencin.
AVEUX, FOIS ET HOMMAGES, ETC.
Procès-verbal de 1632, pour les années 1504 et ISSO, signé
Mully, huissier à Meaux.
Donation par Guy de Pompery, en faveur de Tabbesse de Jouarre,
passée par devant notaire Lecomte, à Colombe, le 14 mars 1345.
Sentence rendue au grelfe de Vendrest, en faveur de Claude de
Pompery, le 12 septembre 1608.
DE POMPBRT DB LOZERAT 835
Contrat de vente passé par le tabellion Jacques Hugues, à
Jouarre, près Meaux, pour Claude de l'ompery, le 27 janvier \ï>9'6.
Foi et hommage rendus par Madeleine de Hérisson, douairière
du seigneur François de Pompery, à Ms"^ le duc de Tresme, à Ven-
drest, le 9 novembre 1657.
Procès-verbal d'enquête, au grefle de la justice de Vendrest^
par messire François de Pompery, contre Louis de Raisier, pour
les honneurs de l'éj^lise dudil lieu, le 23 septembre 1622.
Sentence rendue pour l'élection d'Épernay, en faveur de mes-
sire Charles de Pompery, seigneur de Corribert, de Biercy et
autres lieux, le 26 septembre 1682.
Acte de foi et hommage rendu à messire Michel le Tellier, che-
valier, marquis de Louvois, châtelain de Montmirail, par Pierre de
Pompery, à cause des fiefs des Marais et de Donzeval, comme les
ayant acquis de Jacques de Soissy^ le 23 mars 1683.
Acte du bailli de Vertus, en faveur de Louis-Charles de Pom-
pery, héritier d'Olivier-Henry de Pompery, seigneur du Ménil-la-
Caure, à ChâlonS; le 16 août 1747.
Donation, par messire Charles du Roux de Chevrier de Verdon,
vicomte de Couvrelles, de la seigneurie de Salsogne^ droits de jus-
tice et droits honorifiques, à son beau-frère raessire Christophe de
Pompery, chevalier, ancien mousquetaire du roi, seigneur en
partie de Salsogne, de Ciry et de Sermoise. Soissons, le 27 sep-
tembre 1777.
Vicomte Olivier de Pompery.
836 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
APPENDICE
Charte de mai i?40 relative à Thibault de Pompery.
Universis présentes liUeras inspccturis noUim sil. ([uoil nos Adam de
Bracieux, Gai hi'rus de Mouz"rone, milites, Gaufridus de Orto, Juhan-
nes Cherl)onei et Th'^oI)al(ius île Pumperiaco, annigeri, uuiiuo rece-
pimus in soiidum a Lazaro Dovinello (M (\jns sociis, janu"nsihus
mercatoribus, cenlum et octoginla libras luronensium pro soliiiione
qiiarum ad instans pa^cha i)er nos taci''nda iihislfis vie et karissinius
dominus noster Theobaldus, Dei gratia rex Navarre^ (]aiiipii)i3 et Brie,
cornes pala!:nus, se garanlizorom conslituere bene vohiil et exinde
débet lilleras suas diciis mercatoribus tradere, nus vero eidem domino
nostro concessimus quod si, occasione hujns garrandie, damjinum
aliquod incurreret, ijise in le se lencret ad ea omnia (]nc liabemus et
habere debemus. In cujus rei tesliaionium presenti.'in cartam fn^ri
fecimus et ego Adam de Bracieux, sigillavi. Aetum apu 1 Accan, anno
Doniini M" CC» XL°, mense mayo.
(Bibliothèque nationale. Nouvelles acquisiiions lalini'S IGGb, f" '24
V. Copie de la main de M. Lacabane.)
Le sceau manque.
TRADUCTION
Mai 1240.
Sachent tous ceux qui ces jjresentes lettres verront que nous Adam
de B.-'acieux, Gaucher de Mouzeron (Monseron, Ariège, ou plutôt
Montzeron, Côte-d'Or), chevaliers, Geoffroy du Jardin, Jean Cherbonel
cl Thibaut de Pompery, écuyers, avons reçu mutuellement et intégra-
lement de Lazare Devinello et de ses compagnons, marchands génois,
180 livres tournois remboursables par nous à Pâques prochaine. Notre
illustre et très cher seigneur Thibault, par la grâce de Dieu roi de
Navarre, de Champagne et de Brie, comte palatin, a bien voulu se
porter garant de ce prêt et doit dans la suite (ou en conséquence) en
donner une reconnaissance auxdi'.s marchands, sous celte réserve
que, si, à l'occasion de cette garantie, il survenait qui'lque dommage
à notredit seigneur, il pourrait avoir recours sur tous vos biens
présents et à venir. En foi de quoi, nous avons fait faire la présente
charte qui a été scellée par moi Adam de Biacieux.
Fait à Saint-Jean d'Acre, Tan du Seigneur 1240, au moif de mai.
(Bibliothèque nalionale. Nouvelles ac(iuisiliiins ialines IGGll, f" 24
v". Copie.)
DE POMPf.RY DE LOZEUAY 837
Lettre de rémission en faveur de Charles de Pompery.
Juin 1493.
« Remissio pro Garolo de Pompry.., »
Charles,
Par la grâce de Dieu roy de France, à tous presens et avenir salut.
Savoir faisons nous avoir receu l'umble supplicacion de Charles de
Pompry, dit L'svisse, l'un des arbalestiers de la garde de noslre corps
soubz la charge de nostre amé et féal cousin le comte de Ligney,
contenant que, douze ans, il se trouva à Vennes le conté, en une
taverne dont il n'est recors, en la comjiaignie d'un nommé Bonnelet et
feu Jehanin Sandrin, Perotin Boncry, Bras de fer et autres; et après
qu'ilz eurent beu et fait bonne chière, lesdits Bonnelet, Bras de fer et
autres se prindrent à jouer aux dez, et ledit Sandrin se mist sur ung
[lict] pour dormir et, au regard dudit suppliant, il buvoit et faisolt
bonne chière au bout de la table avec aucuns amis. Et pour ce que les
aucuns desdits joueurs se débatoient et faisoient grant bruit pour ce
qu'ilz perdoient leur argent, ledit Sandrin, comme homme yvre et
insensé, descendit dudit lict et, atout une espée traicfe, chargea sur
ledit Perotin Boncry tellement qu'il luy couppala teste, dont il mourut
sur le champ, et si en bleça trois ou quatre autres de ladite compai-
gnie^ dont il fut prins et condempné à estre pendu et estranglé.
Avecques ce, deux ans a eu le jour de l'Ascencion dernier passé, ledit
suppliant, Mathieu HavelIe,Guyo Gloton et autres allèrent pendre ung
esteuf pour jouer à la paulme au lieu de Libourt où. la fesle estoit
ledit jour^ et pour ce que aucuns ne voulurent jouer ne despendre
ledit esteuf, ils le despendirent, et s'en alerent au village de Werchin ^
en l'ostel de Jehan Corbron, tavernier, où ilz souppèrent et firent
bonne chière et, après qu'ilz eurent souppé, ledit suppliant, Mathieu
Havelle et Estienne Brusset se partirent pour eulx en retorner au lieu
d'Anvain-^ et, quant ilz furent auprès d'une espine, actendant lesdits
compaignons, oyrent grant bruit et entre autres choses ung nommé
Bardin Hamon, qui estoit de leur compaignie, disoit telz mots :
« Tuez-les-, les villains. » A ceste cause retournèrent en ladite taverne
au devant de laquelle trouvèrent ung homme de villaige cheu par terre
et disoit-on que ung nommé Freminot luy avoit baillé ung cop de
hallebarde sur la teste dont il estoit ainsi cheu. Ce voyant, ledit
suppliant print ledit homme par les bras et luy dist : e Mon amy,
levez-vous, » et il respondit qu'il ne povoit et qu'il estoit fort blecé.
1 . Balle pour jouer à la paume.
2. Verchin, com. du Pas-de-Calais, cant. de Fruges, arr. de Monlreuil-
sur-Mer.
3. Probablement Auvin, com. du Pas-de-Calais, cant. d'Heuchin, arr. de
Saial-Pol-sur-Teruoise.
838 NOTICE HISTORIQUE SUR LA MAISON
Adonl ledit suppliant luy bailla son chapeau qui estoit par terre, et au
moyen dudit cop ledit Frc-min le Caron trois sepmaines après ala de
vie à irespas. Dont ledit supliant s'est absenté, requérant, etc. Pour-
quoy, etc. au bailiy d'Amiens, etc.'.
Donné à .\myens, au moys de juing, l'an de grâce mil CCCG UlU^
et XIII, etc. Ainsi signé par le Roy, les sires de Gyé, de Piennes, de
Grimault et autres présens. Robertet. — Visa contentor.
(Archives nationales. Trésor des Chartes. Registre JJ. 226 b,
n» 717, f« 136 v°.)
1. La fin de cet acte est ainsi abrégée dans le texte. En résumé, Charles
de Pompery, craignant d'être inquiété à cause de ces deux meurtres auxquels
il s'est trouvé mêlé, s'est absenté du royaume. Le roi lui accorda ces lettres
de rémission qui le rétablissent « dans sa bonne famé et renommée tt dans
ses biens n pour le cas où ils auraient été saisis pendant son absence du
royaume.
MONS ET LE MONTOIS
(SEINE-ET-MARNE)
L'étude de la constitution de l'écorce du globe terrestre,
disent MM. Dufresnoy et Elle de Beaumont *, réduite à la
considération des masses principales, nous la présente comme
composée de pièces d'une a.ssez grande étendue, dont chacune
offre un certain degré d homogénéité. Le mol pays est très
significatif. Il présente à l'esprit une tout autre idée que celle
qu'on y attache dans le langage ordinaire. Il désigne un ordre
tout particulier de terrain dins une certaine étendue.
Chaque région a formé un pays primitif [pagus) que la
nature seule a circonscrit, et dont le nom, presque toujours
emprunté à sa capitale, s'explique, le plus souvent, par les
éléments constitutifs du sol et les reliefs du terrain.
C'est ainsi que le Montais^ région naturelle formée d'un
lambeau de terrain tertiaire du bassin parisien, tire à la fois
son nom de Mons, sa capitale, et des monts qui se rencontrent
dans ce canton de la Brie champenoise.
Le savant M. Guéiard a placé le Montois dans les pagi de
-la France ^, et, dans sa Géographie ancienne appliquée au
département de l'Aube, M. Boutiot a classé cette contrée parmi
les régions naturelles de la Champagne ^.
Dès le xiii° siècle, nous trouvons ce nom de Montois men-
tionné dans le Livre des Vassaux du conilé de Champagne *,
et dans \e Registre de Renier Accorre, receveur, puis gou-
verneur du même comté s.
Claude Haton, dans ses Mémoires, cite les paroisses de
Mo fis -en- Montais, Donnemarie- en- Montois, Sognolles-en-
1 . liitrod. à la Cane géologique de la France, t. 1, p. o.
2. Provinces et Pays de la France. Anuuaire hislorique pour 1837.
3. Étude sur la geogr. ancienne du département de l'Aube (Mém. de la
Soc. Académique de l'Aube, 1861, p. 34-3(5;.
4. LoDgQon. — Livre des Vassaux du comté de Champagne : — « Ce
sunt 11 fié de la chdslelerie de lirai », u" 430.
5. Reg. de Renier Accorre. — Bibl. nationale, fonds des Carlulaires,a° 173,
jo 59- vo, col. 2. — Ou lit sur le dos du volume : « Carlulaire français de
Gouvois (Gouaix) et de Provins. »
840 MONS ET LE MONTOIS
Montais, Savins-lès-Théimy-e7i-Montou », et, quand il veut
parler de l'ensemble du pays, de la contrée, il se sert de ces
expressions : « le Montais, dans tout le Montais^ le pays du
Montais ^. •
Depuis, la plupart des géographes ont répété ces mêmes
dénominations de lieux.
D'après Michelin 3, le Monlois formait un petit canton qui
avait pour chef-lieu Mons et renfermait quinze communes, y
compris Donuemarie.
M. Delettre, qui en a écrit l'histoire en deux gros volumes
iti-8o, a qualifié le Monlois depi évince. Selon lui, on désignait
sous le nom de Montois un petit pays qui, avant la Révolu-
tion, dépendait de la Brie champenoise, du bailliage de Melun
et du diocèse de Sens ; sa circonscription pouvait embrasser,
outre les communes du canton actuel de Donnemarie, plu-
sieurs communes des cantons voisins de Nangis, Bray et Vil-
lenauxe *.
Nous pensons qu'il faut excepter de cette désignation les
communes du canton de Donnemarie situées dans la vallée de
la Seine et qui, topographiquement, n'ont pu faire partie du
Montois.
A l'époque carlovingienne, la quatrième province lyonnaise,
qui avait Sens pour chef-lieu, était divisée en cinq grands
pagi, dont le troisième était le pagus Milidur.ensis qui com-
prenait Mans ^.
Les hmites du Montois, primitivement compris dans la grande
contrée ou région de Melun, ne sont pas bien déterminées :
Mons, à l'est, séparait le pagus Melediinensis du pagus Pruvi-
nensis qui, de ce côté, se terminait à Saint-Loup- de-Naud^.
1 . Mons, Donnemarie, SognoUes, Thénisy, Savins, communes du canton
de Donnemarie, arrondissement de Provins (Seine-et-Marne).
2. Méra. de Claude Haton, curé du Mériot, près Nogent-sur-Seine
(lo53-lo82), publiés par M. Bourquelot. Impr. impériale, 1857,2 vol. in-4",
p. 807, 877, 976, 100:i, 1073.
3. Es<!ais hist. slalisl , etc., sur le département de Seine-et-Marne. —
Melun, 1829-1843, v° Mons.
4. Hist. de la province du Montois. — Nogent-sur-Seine, i850-18S8,
2 vol. in-8°.
5. Longnon. — Allas historique de la France. — Provincia Lugduuen-
sis qiiirlo metropolis civilas Senonum, p. 190.
6. t /a pago Pruvinense, in villa quœ dicilur Naudus. > — Privilège
de Sevin de l'an 980, publié par Qaanlin dans le Carlulaire de l'Yonne,
t. I, p. 149. — Saint-Loup-de-Naud, canton de Provins (Seine-et-Marne),
MONS ET LE MONTOIS 841
Au ix" sircle, Mons, d'origine très ancienne, était déjà la
possession de la riche abbaye de Saint-Martin de Tours.
D'où l'abbaye leuait-elle celte terre? A défaut de textes, on
ne peut se livrer qu'à des conjectures. Les libéralités de Char-
lemagne envers son ancien maître el ami, le savant Alcuin,
devenu, par la faveur du puissant empereur, abbé de Saint-
Martin de Tours, ne seraient peut-être pas étrangères à celte
possession.
Quoi qu'il eu soit, en 86'2, un précepte de Charles le Chauve
restitue à l'abbaye de Saint-Martin plusieurs villas, entre
autres : » villam quœ vocaïur Mons, sitam inpago Miliduno,
quam genitor nosler genitrici dedcrai nostrœ\ » biens que,
suivant l'usage trop commun alors, les rois, ses prédécesseurs,
s'étaient attribués plus ou moins légitimement.
En décembre 878, Garib-ilde et sa femme Ragantrude reçoi-
vent en précaire, de la même abbaye, la villa de Mons, dans le
pays Melunais, avec sept églises et leurs dépendances ^
Dans les années 886, 903, 909 et 919, des diplômes de
Louis le Gros et de Charles le Simple coafirment à l'abbaye
de Tours la possession de tous ses biens, au nombre desquels
Mons : * Mons insuper villa, cum ecclesiis et omnibus sibi
pertinentibus rébus ^ », que tenaient en précaire Gerbaud^,
puis le vicomte Rainard ^.
En 930, Mons est encore cité dans un diplôme du roi Raoul
confirmant, lui aussi, les chanoines dans leurs possessions^,
et dans une charte de Bernier, doyen, et de Firmain, trésorier
de Saint-Martin de Tours, « Villam... Montem nomine
sitam, inpago Melidunense cum ecclesiis VIP ».
1. Dom Martène, — Amplissima Collectio, t. I, col. 163. — Dom Bou-
quet, Recueil des historiens de France, t. VIII, p. 574.
2. Mabille. — Extraits de la Pancarte noire de Saint-Martin de Tours,
restitués d'après les textes manuscrits, p. 74, n» XXV, t. 1, f» 3l.
3. Dom Martène, op. cit., 1. 1, col. 274,
4. Dom Bouquet, op. cit. « Villa quoque Monte, qiiam Gerbaldus preca-
rio more ad censum retinet, » t. IX, p. 350. — a. Villa Mons, quam Ger-
baldus precario more tenere videtur, » t. IX, p. 511.
.'5. Dom Uouquet, op. cit. — « Mons insuper villa, cum omnibus rébus
sibi pertinentibus quam Rainardus vicecomes precario more tenere videtur »,
t. IX, p. 497.
6. Dom Martène, Thésaurus novus anecdolorum, t. I, col. 65. — Dom
Bouquet, op. cit., t. IX, p. 574.
7. Dom Martène, Thésaurus novus anecdotorum, t. I, col. 67. Cf. Paul
Quesvers, Gastins en Gdtinais.
842 MONS ET LE MONTOIS
C'est encore à litre précaire, « more precario », qu'en 937
Mous est cédé par les chanoines à leur abbé, Hugues le
Grand, duc de France, père de Hugues Gapel, qui leur avait
fait don de deux de ses alleux, « dms juris mei alodos »,
Lachy et Sézanue, dans le comté de Meaux, au pays de
Queudes '.
Enfin, vers 987, Mous figure encore dans un diplôme de
Hugues Capet, en faveur de l'abbaye de Saint-Martin de
Tours \
Avant de succéder à sou oncle, Étienne-Hugues, au comté
de Champagne, et alors qu'il n'était encore que comte de Blois,
Thibaut H possédait divers biens eu Champagne et en Brie,
au nombre desquels il faut citer Mons, et, eu 1118, lorsqu'a-
vec le concours de sa mère, Adèle d'Angleterre, il fonda l'ab-
baye de Preuilly, la charte nous apprend qu'une rente de
douze setiers d'avoine fut mise à la charge de Froimond, leur
prévôt de Mons, Froirnu/idus preposiius Montis, lequel figure
lui-même, avec son fils Herbert, prévôt de Provins, parmi les
témoins de la donation ^.
On sait qu'en droit commun, les populations roturières
étaient administrées et jugées par des fonctionnaires nommés
par nos comtes, et qui portaient le nom de prévôt dans les
localités les plus importantes, de maire dans les autres.
Mons avait donc, à ce moment, une importance réelle ;
comme Provins, il avait son prévôt ; il était le siège d'une pré-
vôté dont ressortissaient les villages environnants.
Vers 1152, Mons ne figure plus parmi les vingt- huit pré-
vôtés de Champagne citées dans les chartes de Thibaut H *. Il
est rationnel de penser que, réuni à la seigneurie de Donne-
marie, il fit, comme celle-ci, partie de la prévôté de Bray-sur-
Seine. En effet, de 1234 à 1243, le Feoda Campanie indique
que le comte de Champagne avait droit de gîte, dans la pré-
vôté de Bray, in, prepositura de Braio, sur les hommes du tré-
sorier de Saint-Martin de Tours à Dounemarie, « Babel cornes
1. Dom Bouquet, op. cit., t. IX, p. 720. Cl. Hevue des questions histori-
ques, 25' livr., p. 131. — Bull, de la Soc. hist. de Compicgne, "i' vol.,
1882, p. 152.
2. Dom Marlëne, Amplissima CoHectio, l. I, col. 342. — Dom Bouquet,
op. cit., t. X, p. 551.
3. Gailia Christiana, XII, lustr. 21 B, 21 C. — l'reuiily, commutie
d'Egligny >Seine-el-Marne).
4. D'Arbois de Jubainville, Hist. des Ducs et des Gomles de Cham-
pagne, t. II, p. 423, note.
MONS ET LE MONTOIS 843
çuoddam gistium apud Doiinam Mariant super komines ihe-
saurarii Turonensis * • .
Le Chapitre avait alors érigé en bailliage ses possessions du
Moutois, et, en juin 1272, Pierre Blondiou est qualifié de
€ haillif de la baiîlie de Sainct-Martin dà Tors à Donnemarie
et à Montais - • .
Vers 1221, une partie du Montois paraît avoir été l'apauage
de la puissante maison de Paroy : Henri de la Parai ou de
Paroy, vassal du comte Thibaut IV, était tenu à quarante
jours de garde au château de Bray. dont relevaient les ûefs
qu'il possédait à Donuemarie et au Monceau, i apud Dominam
Mariam et apud Montioz in domanio », ainsi que les fiefs que
tenaient de lui le seigneur Joie des Monls [Joia de Montibus)
et Girard Jullard, à Donnemarie et dans le Moutois, « apud
Dominam Mariam et apud Montois ^ •.
Henri de Paroy, l'un des preux chevaliers qui accompagnè-
rent le roi Thibaut en Terre-Sainte, paraît s'être acquis une
certaine célébrité au xiii« siècle : « De cujus ahsentia dolet
patria, » portait son épitapho à l'abbaye de Preuilly où il fut
inhumé''.
Devenu comte de Champagne par la retraite d'Éiienne-
Hugues, Thibaut H, dit le Grand, avait annexé à ce comté
ceux de Meaux et de Provins qui formèrent la Brie. Son fils,
Henri 1", que l'histoire a surnommé le Large ou le Libéral,
par suite des nombreux biens dont il disposa en faveur du
clergé, dut, en les confirmant, étendre les possessions de
l'abbaye de Saint-Martin de Tours, en y ajoutant divers droits
sur Donnemarie et autres terres voisines.
Vers le milieu du xiif siècle, le roi de France et le comte de
1 . Feoda Campanie. 6« reg., 2' partie. Coll. da Champagne, n» 438. — Cf.
d'Arbois de Jubainville, op. cU. Documeuls pour servir à l'hisl, de la géogr.
du Comté de Champagne, t. II, p. XXXVII.
2. Reg. de Renier Accorre, op. cit., f" 59 v, col. 2. — En mars 1271,
ce bailli est appelé Perron Blondel, f" 167 v°,col. 1.— Bibl. nat., fonds des
Cartulaires, n° 173.
3. LongnoD, Livre des Vassaux du comté de Champagne : « Ce sunt
li fié de la chastelerie de Brai *, n» 430. — Un hameau de la commune de
Chalantre-la-Reposte, à proximité de Donnemarie, porte encore le nom de
La Haie-Jutard.
4. Eug. Grésy. — Notice sur Cabbaye de Preuilly. — Mém. de la Soc.
des Antiquaires de France, t. XXIII, 1837.
( Hic jacet Hearicus nobilis miles, dojoinus de Pareto, bouce memoriae de
cujus absentia dolet patria, anima ejus requiescal in pace. » (Ylhier, Hist,
ecclés. de Provins, IV, p. 116.)
844 MONS ET LE MONTOIS
Champague convinrent de procéder à la délimitation de leurs
possessions respectives. Une enquête eut lieu, faite contradic-
toiremenl par les officiers des deux princes. Le Montois forma
limite extrême à l'ouest de la Champague, partant, d'après les
gens du comte : i de la Villeneuve-le-Comte * et du Puis de
Crouselle droit à Reginviller, et de Reginviller- au lieu de
BereP qui est au chemin entre Tampeillon'' et la Haye de
Nangeis^. » Le dire des gens du roi, se rapportant à celte
déclaration, indique cette limite : « dou Perthuis dou Pontho-
mois droit au rù de Berel et de chel rû droit à la Broloye®,
parmy Regenviller, et de Reginviller parmi la Crottée à la
Valejean et de ValjeaQ ' au lieu appelé le Puis de la Crotée ^. »
En 1273, Philippe le Hardi confirma aux chanoines de Tours
la possession de leurs biens de Mons et de Donnemarie, biens
qu'augmentèrent encore les Hbéralités de Philippe le Bel, leur
royal prieur. Ce domaine formait déjà la baronuie de Doune-
marie, dont, jusqu'en 1789, le titre et les prérogatives revin-
rent de droit au trésorier de Saint-Martin de Tours ^.
Jusqu'au xv° siècle, nous ne savons plus rien de l'histoire
du Mon lois,
La guerre des Anglais fut désastreuse pour notre pays. Au
1 . Aujourd'liui Villeneuve-les-Bordes, canton de Donnemarie (Seine-et-
Marne).
2. Roginvilliers, entre Valjouan et Rampillon, canton de Nangis (Seine-
et-Marne).
3. Les Bordes, château dépendant de Villeneuve-les-Bordes.
4. Rampillon, canton de Nangis.
5. Nangis, chef-lieu de canton, arrondissement de Provins (Seine-et-
Marne).
6. La Boulaye, entre Rampillon et RogeuviUiers.
7. Valjouan, ancienne paroisse et commune réunie à Villeceuve-les-Bor-
des en 1841.
8. Feoda Campante. — Enquête sur les limites du Comté de Champa-
gne. — Coll. de Champagne, n" 438. — Cf. d'Arhois de Jubainville, His-
toire des Ducs et des Comles de Champagne, t. II. Documents, Annexe A,
p. LVII.
9. Vers 1228, Jean de Brion était bailli ou grand-maire de Donne-
marie ; il eut deux fils : Gilles et Simon. Gilles succéla à son père dans
cette charge et fui, dans la suite, gouverneur de Champagne pour le comte
Thibaud V ; — Simon de Brion, d'abord chanoine- trésorier de Saint-Martin
de Tours, et, en celle qualité, seigneur de Donnemarie, devint cardinal du
titre de Sainte-Cécile et enfin pape sous le nom de Niarlin IV. — Ernest
Choullier, Recherches sur la vie du pape Alarltn IV (Simoti de Brion]-
lievue de Champagne et de Brie, janvier 1878. Tirage à part, in-8<» raisin
de 20 pages.
MONS ET I,E MONTOIS 845
mois de juin 1423, après la prise de Pont-sur-Seiae, les forces
du duc de Bedl'orl et de son allié, le duc de Bourgogne, se
répaudiient dans le Montois, où elles s'emparèrent du château
de Paroy, lieu bien fortifié, près de l'ancien chemin Perré, et
qui devint la principale place forte de l'ennemi sur la rive
droite de la Seine '.
Pendant de longues années, les terres restant incultes, la
peste, la misère, la famine désolèrent la contrée. A la fin
d'avril 1432, les Inbitanls de Provins et le bailli de Meaux,
Denis de Chailly, sieur de la Motte de Nangis, ne pouvant
suffire à réduire Tennemi, demandèrent assistance aux
Troyens, afin de les aider à mettre le siège devant « Paroilz et
Dannemarie i ; mnis le Co iseil de ville répondit qu'ayant t'ait
de grandes dépenses pour remettre sous l'obéissance du roi un
grand nombre de places, il ne pouvait contribuer aux opéra-
tions de guerre auxquelles Troyes n'avait nul inlérêl ^.
Denis de Chailly ne se tint pas pour battu; avec Faide d'An-
toine du Roux, échansou de Charles VII, il emporta de force
Paroy, Sigy et autres châleaUx des environs et réussit à chas-
ser les Anglais du reste de la Brie, par la prise des villes de
Provins, Montereau, Nugent et autres places.
Du Roux acheta de Denis de Chailly la terre de Sigy, en
1444. Il épousa Denise de Tigecourt, fille unique de Pierre de
Tigecourt et de Jeannette de Saiut-Phalle. De ce mariage est
sorti Jean du Roux, qui se qualifiait de seigneur de Sigy,
Ablois, Tachy, Gratteloup, la Tour-Carrée et autres lieux. En
1498, il fit alliance avec Catherine de Brichanteau-Nangis';
leurs descendants possédèrent Sigy jusqu'en 1846, date du
décès du dernier du Roux de Sigy.
Pendant l'occupation anglaise, les habitants de Mons nous
ont laissé le souvenir d'une défense héroïque. En 1430, deux
cent trente quatre d'entre eux, après avoir résisté courageuse-
ment aux troupes du duc de Bourgogne, s'étaient réfugiés
dans la tour de l'église, mais ils y furent malheureusement
1 . Arch. municip. de Troyes. — Boutiot, Hist. de Troyes et de la Cham-
pagne Dtèridiotiale, t. Il, p. 460. — Le Perré, peul-êlre une section de la
Chauasee d'Agrippa, ancienne voie romaine d'Auserre à Beauvais, passant
par Sens, Janlnes-les- Bray [liiube), les bois de Paroy, Lizines, Châleau-
i)leau, Chailly en-Bne (Calagum], Meaux et Senlis?
2. Arch. municip. de Troyrs. — Bouliof, op. cit., t. II, p. 555.
3. Almanach du diocèse de Meaux, 1878, v Chalmaison, p. 96, article
de M. Théophile Lhuillier. — Gougenol des Mousseaux, Essai généalogi-
que iur la naison de Saint l'halle, p. 62 et 63.
846 MONS ET LE MONTOIS
forcés et massacrés par l'enDemi qui mil le feu à la tour.
Ji]S(ju'eu 1760, leurs ossements calciués ont été religieuse-
ment conservés dans celle tour reconstruite. Avant 1789, on
célébrait annufllement, dans l'église de Mons, un service funè-
bre en leur mémoire, qui portail le litre d'obit des « onze-
tingt-qvatoîze. i, rappelant ainsi le nombre des victimes. La
IradilioD rapporte que les habilants de Mons, étant les seuls de
la contrée qui se fussent déterminés à agir contre les Bourgui-
gnons, eu reçurent le nom glorieux de mutins, qu'ils conser-
vent encore'.
La plus grande partie de la population adulte aiusi disparue,
]\Ious perdit son importance ; néanmoins, on continua à dési-
gner, sous le nom de « Doyenné du Montais », une portion du
domaine des moines de Tours, qui comprenait, outre la
paroisse de Mons, les lerriloires deCessoy *, partie de Soguolles
et de Meigneus, ses annexes. La cure fut réunie à celle de
Donnemarie, qui y entretenait un vicaire.
En 15f)0, les manants et habitants de la « ville de Mons-en-
Moutois I comparurent à la rédaction de la Coîitume de
Melun, par Nicolas Savuiuot, leur procureur et marguillier de
l'église dudit lieu, assisté de M« Antoine Mules, procureur au
Cbàtelel et siège présidial de Melun ^. Les chanoines de Saint-
Martin de Tours, comme seigneurs de Mons, prétendaient,
dans leurs déclarations au roi, dont ils dépendaient, que ce
lieu avait un droit de coutume qu'ils nommaient « Coutume de
Mons », mais il ne faut entendre là qu'une coutume d'argent
due aux soigneurs ^
En 1 566, Mons eut une réminiscence de sa grandeur passée
et devint, pour un instant, résidence royale.
Au mois d'avril, dit Claude Haton, la première semaine
devant l'octave de Pâques, le roi Charles IX ayant couché à
Bray-sur-Seine, « au lendemain, sur les neuf heures, s'en
partit après avoir ouy la messe, et, sans manger, monta en son
coche et s'en alla disner au bourg de Mons en Montois, lez
1. Michelin, op. cit., v» Mons.
2. Cessoy était un hameau de Mons et n'a dû être érigé en paroisse qu'a-
près 1582. — Aux archives de l'hospice de Provins (B 19), il existe des
litres de propriété de biens sis à Cessoy, paroisse de Mons. — Dans les
Mémoires de Claude Haton (t. II, p. 1089), on voit qu'en 1582 une conta-
gion sévit au village de Cessoy, paroisse de Mons-lez-Donnemarie.
3. Couslumcs du bailliage de Melun. Paris, 1640, p. 277.
4. Michelin, op. cit., v° Mons.
MONS ET LE MONTOIS 847
Donnemaiie, où il séjourna jusques au lendemain malin sur
les dix heures «. Avec lui étaient la reine Catherine de Médi-
cis, sa mère, le duc d'Anjou, son frère, le connétable de Mont-
morency, le cardinal de Châlillou, l'amiral de Goligny, le sieur
ù'Ai delot, frère de l'amiral, et d'autres seigneurs de la Cour.
Ils prirent logis chez lo « canonnier de Mom, canonnier de Sa
Majesté ï. Là, ayant trouvé un catéchisme huguenot et des
psaumes de Marot et de Bèze, le roi, sous prétexte de narguer
l'amiral et d'Audelot, qui étaient de la religion réformée, se
livra, avec sou frère, à une scène burlesque peu compatible
avec la dignité royale ; il alla même jusqu'à dire à celui-ci, qui
contrefaisait le huguenot : « Vous ne joignez pas bien les
aureilles et ne tournez pas bien voslre teste, car, pour eslre
bon prédicant, il fault mieux joindre les aureilles que les
mains, tout ainsi que faict ung asne qu'on veux charger de
quelque gros faiz. » Et cela, ajoute lo bon curé du Mériol, au
mécontentement de l'amiral, de d'Andelot et autres huguenots
qui les écoulaient'.
Un autre écrivain contemporain, Abel Jouan, rapporte eu
ces termes le passage du roi de France à Mous :
« Le mardi 23 avril (1566), le roi passa la Seine sur le pont
de Bray pour sortir du pays de Champagne et entra en Brie :
disua à Monlmontois, grand village enclos de larges fos-
sés 2. I
Ni Claude Haton, ni Abel Jouan, ne nous ont conservé le
nom de famille de ce canonnier royal qui eut l'insigne honneur
d'avoir le roi pour hôte en son logis de Mons. Il ne faudrait
peut-être pas attacher trop d'importance à cette qualification.
Au XVI' siècle, certaines localités avaient des compagnies de
canonniers identiques à celles d'arquebusiers, qui tenaient
leurs privilèges du roi, servaient comme la milice bourgeoise,
tout en ayant le pas sur celle-ci et qui, plus tard, se bornèrent
à figurer dans les fêles et cérémonies publiques où les canon-
niers liraient des bombes et boîtes. Quelques compagnies d'ar-
quebusiers comptaient elles-mêmes un ou plusieurs coulevri-
niers ou canonniers.
\. Mémoires de Claude Haton, curé du Mériot, publiés par M. Bourque-
lot. Imprimerie impériale, 1857, t. 1", p, 401-402-403.
2. Récil du voyage de Charles IX en France, écrit à Paris en 1566 par
Abel Jouan, et reproduit, en 1759, par le marquis d'Aubais, dans ses
« Pièces fugitives pour servir à l'histoire de France, avec des notes histo-
riques et géographiques ». Extrait. Revue de Champagne et de Brie, 1880,
juillet, p. 78.
848 MONS ET LE MONTOIS
Le canouuier de Mons pourrait bien n'être autre qu'un offi-
cier d'une de ces compagnies qui s'étaient employées, à
diverses reprises, à la défense commune. Claude Halon cite
M. de Vendières, comme lieutenant d'une compagnie du régi-
ment de M. de Nangis qui défendit, en 1576, les pas?ages de
la Seine aux environs de Provins. Ce M. de Vendières, dont il
ne donne pas le nom, ne serait-il pas un La l'.ama? Nous
verrons plus loiu, qu'en 1020, la dame Catherine d'Argilliers,
étant malade eu la maison de Charles de La Rama, écuyer,
sieur de Vendières, demeurant à Mons-en-Aloutois*, dicta son
testament à M*' Charpentier, notaire à Donnemarie,
Les La Rama élaient depuis longtemps seigneurs du Plessis-
Hénault (Sainl-Jusi). Le lo septembre lo41, Élienne de La
Rama rendait aveu et dénombrement, pour cette terre, au
Chapitre de la Sainte-Chapelle du Vivier-en-Brie^.
Ne serait-ce pas un La Rama, du Plessis-Hainault, qui
possédait déjà, à Mons, le logis où Charles IX prit gîte en
1 5t)6, et ce logis n'étail-il pas la maison que, cinquante-quatre
ans plus tard, en 1620, habitait Charles de La Rama, sieur de
Vei.dièrcs, peut-être encore celui cité par Ilaton ou l'un de ses
descendants?
n esta remarquer que les deux historiens contemporains,
qui ont rapporté le passage de Charles IX à Mons, sont d'ac-
cord pour préciser que le roi prit logis « chez le canonnier de
Mons, à Mons-en-Monlois, enclos de larges fossés », et non
dans un lieu situé en dehors el à distance de ce village.
Cependant la tradition locale, qui a conservé le souvenir de
cet événement, veut que ce logis ou château, disparu depuis
longtemps, ait existé au-delà de l'enceinte des fossés, à l'est et
à environ quinze cents mètres du bourg, dans un lieu appelé
Les Guyns, contrée boisée, à proximité du chemin conduisant
de Mons à Thénizy, et où l'on rencontre épars de nombreux
vestiges de construction. Près de là, se trouve une ancienne
pièce d'eau, en partie desséchée; les gens du pays l'appellent
encore aujourd'hui « La Mare au Canonnier^ ».
1. Archives de Seine-et-Marne, B. 436. — L'Inventaire sommaire des
Archives donne le nom de Charles de la lîeine, mais c'est évidemment une
mauvaise lecture ; il faut lire Charles de la Kama. — Noie de M, 'J'h.
Lhuillier qui a bien voulu vérifier, aux Archives, la copie du testament de
Catherine d'Argilliers.
2. M, l'abbé Denis. — Essai hist. sur Pecy, p. 36-37,
3. Michelin, dans ses Estais historiques, v» Mons, dit qu'en 1470, s'éle-
vail, en cet endroit, la maison seigneuriale d'un fief, qui partageait le lerri-
MONS ET LE MONTOIS 849
Tout cela, nous en cjnvenons, n'éclaire pas suffisamment le
point obscur qui nous intéresse ; nous donnons ces inlications
pour ce qu'elles valent, espérant qu'elles pourront aider à
d'auires recherches plus exactes.
Situé au sommet de la côte où commencent les plateaux de
la Brie, dominant la vallée de l'Auxence, où est bâti Dounema-
rie, dont il n'est éloigné que de seize cents mètres, le village
de Mons-en-Montois, autrefois entouré de murailles et de fos-
sés profonds, paraît avoir eu quelque importance, et ne devoir
sa déchéance qu'aux malheurs des temps. En 1668, les bois et
herbes de ces fossés étaient encore amodiés aux habitants, à
la charge par eux d'eu employer le loyer annuel à réparer t les
portes, tours et murailles des fortifications ' •.
La cure, réunie après les guerres de religion à celle de Don-
nemarie, était administrée par un vicaire qui jouissait des
biens curiaux.
L'égliîe, dédiée à Saint-Martin de Towrs, est vaste et
conserve encore la simplicité architecturale des monuments
des xii° et xiii* siècles ^ elle est accompagnée d'une tour
carrée, d'une époque postérieure, que sa pcsition fait aperce-
voir de loin.
L'abside, le chœur et les transepts datent du xii^ siècle,
mais ils ont été en grande partie remaniés vers la fin du xvi° ;
on voit encore des restes des xin* et xiv= siècles dans la cha-
pelle de la Vierge.
Dans le chœur, à gauche de l'autel, une tombe en pierre
représente un personnage revêtu d'ornements sacerdotaux et
porte, en bordure, l'inscription suivante ;
« Cy gisl vénérable et discretle persorie Mess''^ Jehan Meusnier,
« en son viuant pbre derh. a Monlz-en-Montlwis, lequel deceda
« le F« jo'' doclobre mil Vc treize. »
La tour renferme une ancienne cloche, qui mesure I^IÛ de
diamètre, et porte cette inscription :
loire, et relevait des chanoines de Tours, nommée la Guains ; que détruite
à celle époque, el depuis reconstruite au sud et sur les fossés du village,
celte maison est devenue le petit château de Mons,
1. Acle de Léautey, notaire à Dotmemarie, du 18 janvier 16C8.
54
850 MONS ET LE MONTOIS
IHS Maria-= haulte el puissante dame Lucrèce Bouhie femme
de liaull et puissant 5'" m^e Nicolas de Ihospital marquis de vitri
chl«'' des ordres du roi co7ie^ en ses // consel^ destat et privé
lieu' gen^ en Brie marschal de France et Anlhoinede Brichanteau
s^ et abbé commandataire montnommee lucresse 1622 // estaient
marguillers marihe delorme dénis renard iean détours.
Nous relevons, sur l'un des registres de la paroisse, l'acte
de bénédiction de celte cloche :
« Le Dimanche dix« jour de juillet mil six cens vingt-deux, a
esté benytes, sanctifiés, consacrés, la grosse cloche de leglise
parochialle S' Martin de Mons-en-Monthyoys, laquelle fui fondue
le samedy dernier jour dapuril aud. an que dessus et fut fon-
due par M* Jehan Rousseau et Pierre Arnault, son garson,
demourans led. Rousseau à Villier-S'-Georges et led. Arnault en
la ville de Sens. La maraine qui la nommée, hanlte et puis-
sante dame Lucresse Bouhier, femme de très-hault et très-puis-
sant seigneur messire Nicolas de Lhospital, marquis de Vitry,
Lieutenant gneâl en Brie, cons" du roy nfe sire en ses conseilz
destat et privé, chevallier des ordres, mareschal de France. Le
parrain messire Anthoine de Brichanteau, seigneur abbé de Bar-
beau. Faict les an et jour que dessus par moy pbre dud. lieu
soubzsigné et laditte cloche montée en la tour dud. Mons le
vendredy vingt-deux' jour de juillet, jour et feste S'« Marie
Magdaleine mil six cens vingt-deux.
« (Signé) : i. Belin, vie. »
Lucrèce Bouhier était fille de Vincent Bouhier, baron du
Plessis-aux-Tournelles, seigneur de Beaumarchais, trésorier
de l'Épargne, intendant de l'ordre du S*-Esprit, et de Marie
Hotman ; veuve de Louis de la Trémoille, marquis de Noir-
mouliers, elle avait épousé, en 1617, Nicolas de l'Hôpital,
marquis de Vitry'.
Nicolas de l'Hôpital, qui avait succédé à son père comme
capitaine des gardes du corps du Roi, s'était chargé d'arrêter
Concini, maréchal d'Ancre, qui était devenu odieux à
Louis Xin, et le tua dans la cour du Louvre de trois coups de
pistolet ; il reçut, en récompense de ce honteux exploit, le
bâton de maréchal de France, avec la charge de conseiller de
robe-courte au Parlement qui le mettait à l'abri des poursui-
1 . Anselme. — Hist. généal. de la maison de France H des grands offi-
ciers de la couronne, t. IV, p. 177 B.
MONS ET LE MONTOIS 851
tes; il devint, dans la suite, membre des Conseils d'État et
privé du Roi, lieutenant-général en Brie, gouverneur de Pro-
vence, et fut enfin créé duc et pair en 1644, Il mourut l'année
suivante \
Antoine de Brichanteau, fils d'Antoine, marquis de Nangis,
amiral de France, devint abbé de Barbeaux et d'Escurey, et
mourut en 1638. Il laissa un fils naturel, nommé La Cou-
draye, lequel vivait au cbâleau de Nangis 2,
En 1842, Teste d'Ouel, originaire de Donnemarie, signalait
au Comité des Travaux historiques divers objets existant dans
l'église de Mons : un reliquaire en filigrane ; — une tête de
Vcita, sculptée eu médaillon, qu'on a encastrée dans le socle
d'une croix. Cette tête, d'un beau travail, trouvée dans des
fouilles au bord d'une ancienne voie romaine, est devenue
ainsi celle d'une Vierge Marie 2.
Dans une autre communication au même Comité, M. de
Rosuy mentionnait, à Mons, une fontaine dont l'eau ne gèle pas
et qui guérissait, dit-on, de la lèpre. Cette source coule encore
sur la place du village ; près de là, s'élevait, avant la Révolu-
tion, une chapelle sous lïn vocation de saint Fiacre.
Nous avons peu de renseignements sur le petit château de
Mons, aujourd'hui en ruines, construit à proximité de cette
fontaine, au sud et dans les fossés du bourg. Il relevait en fief
des chanoines de Saint-Marlin de Tours.
Plusieurs familles nobles habitèrent Mons aux ivn^ et
xviii* siècles.
En 1618, Martin Pynot, chanoine et trésorier de la cathé-
drale de Meaux, demeurant à Mons-en-Montois, laissait ses
biens à Antoine Pynot, son neveu, qui se qualifiait d'écuyer,
sieur de Saint-Praize *.
Nous avons dit plus haut qu'en 1620 (le 11 octobre),
M^ Chaipentier, notaire à Donnemarie, recevait le testament de
Catherine d'Argilliers *, malade en la maison de Charles de la
1. Anselme, op. cit., t. VII, p. 431.
2. Anselme, op. cit., t. VII, p. 895.
3. Communication de M. Th. Lhuiliier, président de la Société d'archéo-
logie de Seine-et-Marne.
4. Arch. de Seine-et-Marne, B 623. — Saint-Praize ou la Sainte- Praize
(alias Sainte Praisle), fief de la paroisse de Chalautre-la-Re^oste, près
Donnemarie- en-Montois. — La famille f'yaot, sieur de Saint-Praize, a
fourni des grands-maires à Donnemarie : Jean, en 1550; Robert, en 1595.
5. Arch. de Seine-et-Marne, B 436. — La famille d'Argillières (et non
852 MONS ET LE MONTOIS
Rama, écuyer, sieur de Vendières ', demeurant à Mons-en-
Moulois. Elle léguait ses bieus à i\Iarguerite de la Molhe,
demeurant également à Mor.s, veuve de Jeaude Canary, sieur
de la Saint- Praize, ainsi qu'à Gaspard et à Marie d'Argilliers,
ses frère et sœur. Elle disposait, aussi de divers legs en faveur
de Madeleine de la Rama et de Louis de Bissemou, fils de sa
sœur l^îaric; et, le 20 du même mois, ce testament était porté
au greffe du bailli.igc de Molun, pour transcription, par Jean
de Bisseraon, écuyer, sieur de (Trois-Pisquerêts?), ayant
charge de ladite Marguerite de la Mothe, exécutrice testamen-
taire.
Le 30 juillet 1644, Charles Pelletier, écuyer, si<.ur tic la
Croix, demeurant à Monî-en-Montois, fils d'Éiienne Pelletier,
écuyer, capitaine du château de MontC^), prenant l'habit d'er-
mite, sans faire aucun vœu, donne ses biens à Philippe de la
Perrière, écuyer, son cousin germain, sous la ré-sirve de mille
livres dues par Charles de Bricquet, écuyer, sieur de Malas-
sise, près Coubert -.
D'après M. Dekllie, qui ne cite pas de date, le fief Je Mous
aurait été, au xv^ siècle, cédé à trois vies à Claude Hurpin,
puis vendu à Jean de Millant, dont la fille aurait épousé, en
premières noces, Coquart de Sainte-Foy, sieur de Chalaulre-
la-Reposte, et, eu deuxièmes noces, Louis Dupuis-.
Nous doutons de l'exactitude de ce renseignement. Ce
Coquart de Sainle-Foy ne vint-il pas à Mons dans la première
moitié du xvii' siècle ?eulemeiit? Sou fils parait être venu
ensuite, puis Denise de la Perrière, veuve do celui-ci. Par acte
de Charpillou, notaire à Donnemarie, du 25 février 1718,
Madeleine Milland, femme de Louis Dupuis, loue à Gadou la
ferme du château de Mons, comprenant soixante-trois arpents
de terres. Nous retrouvons encore « M. et M""* Dupuis,
d'Argilli-Ts), oiiginaire du comté de Clermont-en-BeauvaisiF, tirait son
nom du fief d'Argillières, près Sentis. — Le 21 novembre 1G17, Jean d'Ar-
gillières, sieur d'Argillières et de Fay, chanoine et prévôt de la Vareune
de Saint-Martin de Tours, reconnaît avoir reçu de Marguerite <le la Mothe,
veuve de Jean de Canary, en son vivant seigneur de Saint-Praize, la somme
de 15,750 livres pour prix de moitié du fief du Haut et lias-Enfel, dit Enfer,
assis paroisse de Clos-Fontaine, près la Croix-en-liric. (Roserot, Fm
famille d'Argillières en Picardie et en Champagne. — Revue de Champa-
gne el de lirie, mars I8iii )
1 . l.a l^ama. — Voir suprd, noies.
2. Arch. de Seine-et-Marne, b OIV.
3. Deletlre. - Hisl. de la Provmce du ilonloia, t. II, p. 138.
MONS ET LE MONTOIS 853
nobles », exempts de la taille dans le rôle dressé par Nicolas
Cruel, prêtre, vicaire de la paroisse de Mons, en 1723 '.
En ltj65, le château de Mods, en ruines, était vendu par
Denise de la Perrière, veuve Coquart de Sainta-Foy, à Pierre
Bourdault, grand-maire de Donuemarie2.
En 1772, Ciaude-Nicolas Boudier, lieutenant de la maîtrise
de Provins, et Pierre-Louis-Florimond de Chevry, époux
d'Elisabeth Boudier, le cédaient à Nicolas-Adrien-Roussel
d'Inval de Monlbeaufraud, ancien capitaine qui, immédiate-
ment, en faisait la revente à Claude-Gervais-Jean, marquis de
Ghasot, sieur patron d'Escorches, Vany, etc., et mestre de
camp de cavalerie 3.
Enfin, en 1785, il était la possession d'Antoine-Gharles-
Pierre du Tillel, dit le chevalier de Lunay, capitaine au régi-
ment Royal-Infanterie, connu depuis sous le litre de comte
du Tillet, qui y décéda le 10 janvier 1815.
En 1692, Jean Morot de Grésigny, mariant son fils à une
demoiselle Legoux, fille du seigneur de la Grand' Vente S lui
donne en dot ses fermes du Monceau et de la Pierre de
JNeuilly, paroisse de Mons. Jean Morot de Grésigny était
marié à Barbe Filzjean, de Donnemarie ^
Dans un acte de vente en détail de la ferme de Monceau,
Morot de Grésigny fait réserve « d'un orme de Sully, appelé
rOrme de César, sous lequel, autrefois, se tenait le marché du
jeudi'' ».
En 1785, Jacques de Morot, écuyer, ancien capitaine au
régiment d'Artois-Cavalerie, seigneur de Lautrevilleet Vélars-
le-Comte, donne à Anloine-Charles-Pierre du Tillet de Lunay,
demeurant en son château de Mons-en-Montois, un terrain de
1 . Ce rôle, que nous possédons, écrit sur sis l'euillets de papier, comprend :
63 ménages, 109 hommes dont 5 domestiques — 83 femmes dont 7 servan-
tes — 55 garçons — 41 filles — 31 chevaux — 115 vaches — 58 bourriques
— 1 mulet — 3 pourceaux — 17 bêtes blanches et "Ofi bêtes à laine appar-
tenant à 11 propriétaires.
2. Acte de Leauley, notaire à Donnemarie, du 5 avril 1665.
3. Acte de Mercier, jwtaire à Donnemarie, du 5 octobre 1772.
4. La Grand'Vente, paroisse de Courcelles (Seiue-et-Marue).
5. Acte de Charpentier, notaire à Donnemarie, du 27 février 1692. —
Barbe Filzjean était fille d'Étieune Filzjean, écuyer, seigneur de Chaulmes,
grand-maire de Donnemarie, et de Cécile l'ynol, et petite-fille de Robert
Pynot, ancien grand-maire de la même ville.
6. Aclo de Charpillon, notaire à Donnemarie, du 13 juin 1777.
854 MONS ET LE MONTOIS
quatre perches « sur lequel est accru l'orme dit de César,
près le grand chemin de Donnemarie au Monceau ' ».
Eu 1789, l'Assemblée constituante décréta une nouvelle
organisation administrative de la France. La loi du 15 jan-
vier 1790 comprit la municipaUté de Mons dans le canton de
Donnemarie, le district de Provins et le département de
Seine-et-Marne ".
Sous la Terreur, Mons eut, comme Donnemarie, son club
révolutionnaire, établi dans l'église, et où les femmes se firent
remarquer par leurs violences. Sur la dénonciation de deux
dames patriotes de Mons, un garçon boucher de Nangis,
nommé Lambert, natif de Guignes, est arrêté, condamné et
exécuté, « convaincu d'avoir tenté au rétablissement de la
royauté » (27 avril 1794)3.
En 1794, une des cloches de Mons avait été promise à la
municipalité de Théuisy, en échange de deux plus petites
données à l'État pour en faire des canons, mais les habitants
de Mons, toujours « mutins », s'opposèrent à cet enlèvement
et aimèrent mieux briser leur cloche, sur place, que de la
livrer à ceux de Thénisy qui furent alors autorisés, par le
district, à prendre une cloche à Savins.
Aujourd'hui, Mons semble avoir oublié et sa vieille origine
et sa grandeur passée. Depuis 1789, la première partie de son
1. Arcb. de l'Yonne, B 287.
2. De celte municipalité dépendirent les hameaux ou écarts suivants :
Le hameau du Ville, au sud de Mons ; devenu conligu à ce dernier au
mojen de nouvelles constructions, il eu forme aujourd'hui comme le
faubourg.
Le Monceau, placé à l'ouest, ancien village qui avait une certaine impor-
tance; sa dîme était distincte de celle de Mons; c'était là que se tenait
autrefois le marché, sous un orme gigantesque appelé TOrme de César, qui
aurait été abattu au commencement du siècle.
Le Clos-Bouard, ancienne ferme située plus proche Donnemarie.
La Pierre-de-Neuilly, autre ferme, bâtie sur une énorme roche qui lui
donne son nom.
Le moulin de Menot, construit, en 1657, sur les terres du fief de Séguier-
Forbois, de Dontilly, à la limite des territoires de Sigy et de Thénisy. 11
avait été établi, avec l'autorisation du Chapitre de Saint-Martin de Tours,
sur une dérivation de la rivière d'Auxence, appelée rû de Menol. Ce mou-
lin a été démoli vers 1865, et le cours d'eau supprimé depuis.
Enfin, la Mal-Logée, maison isolée, dans un vallon, au sud-ouest du
village.
3. Note communiquée par M. Th. Lhuillier.
MONS ET LE MONTOIS 855
nom a seule subsisté dans les actes publics ; quant aux victi-
mes des Anglo-Bourguignons, martyrs de leur dévouement à
la patrie locale, c'est à peine si la traditiou en a conservé le
souvenir.
Espérons qu'un jour la commune de Mous, mieux inspirée,
reprenant son antique nom de Mons-en-Montois, sous lequel
elle a été désignée pendant des siècles, voudra aussi perpétuer
la mémoire de ses vaillants défenseurs, et qu'une grande et
patriotique pensée, à laquelle s'associera bien certainement la
population du village et des pays environnants, rétablira,
d'une manière durable, la fêle et Vohii àos onze-vingt-çuatorze.
C'est grandir la patrie qu'bonorer ceux qui l'ont glorieuse-
ment servie I
Ernest Choullikr.
Le Pont de la Pielle à Troyes
ÉTUDE SUR L'ANCIEN CHAPITRE DE LA CATHÉDRALE
Le temps presse, le momeul est grave, il faut agir saus
relard et prendre une suprême résoluLiou. C'est ce que pense
aussi le Chapitre qui, séance leuautc, prie le chanoine Nicolas
Thiéuot ' de partir immédiatement pour Paris où il reucon-
* Voir page 661, tome X de la Revue de Champagne.
1. Nous n'avons pu jusqu'ici recueillir que 1res peu de renseignements
sur la famille et sur les origines du chanoine Nicolas Thiénot. Voici tout
ce que nous en savons.
Le mardi 8 avril 1572, à l'issue des matines, les chanoines sont convo-
qués par leur cloîtrier et réunis à la sacristie pour apprendre la mort, sur-
venue le malin même, du chanoine Jehan Thiénot et prendra connaissance
de son testament. Il demandait à être inhumé dans la cathédrale, et le Cha-
pitre accorda bien volontiers cette suprême requête à celui qui pendant sa vie,
nous disent les délibérations capitulaires, s'était toujours montré « homme
de bien, bon serviteur de Dieu, gracieux et paisible ».
Avec François Perraud, chanoine et chantre de la collégiale Saint-Etienne,
et François Jaspard, un nommé Claude Thiénot, curé de Thennelières, est
désigné comme exécuteur testamentaire de Jehan Thiénot.
Au mois de mars 1578, Pantaléon Passerai se présente devant le Chapi-
tre de la cathédrale pour lui apprendre le décès de Nicole Thiénot, sa
femme, et lui annoncer que la dernière volonté de la défunte était d'être
inhumée à Saint-Pierre, dans le caveau où reposait déjà feu Jehan Thiénot
son frère.
D'autre part, encore au mois de mars 1578, nous trouvons un Jehan Thié-
not greffier des eaux et forêts du bailliage de Troyes.
Il est fort probable que Jehan Thiénot, chanoine de la cathédrale, Claude
Thiénot, curé de Thennelières, et Nicole Thiénot, femme de Pantaléon Pas-
serai, étaient les oncles et la tante de notre jeune chanoine.
Nous gavons en outre qu'en 1599, Nicolas Thiénot, le père du chanoine,
était fermier de la terre et seigneurie de Joux appartenant au Chapitre.
Nous le voyons cette année-là, obtenir une diminution de quatre écus sur
son loyer annuel qui était auparavant de douze écus soleil. En 1601, il
exerce les fondions de représentant jjour le roi à Villemaur. Il meurt en
16('6 et est inhumé à Saiute-Madeleine le mardi 27 juin ; les chanoines de
la cathédrale, en corps, assistèrent à ses obsèques.
Nicolas Thiénot était très jeune encore, lorsqu'il se présenta nu mois de
mai 1594, en concurrence avec Pierre Xiichon, clerc du diocèse de Paris et
neveu de Jacques Le Faure, chanoine de la cathédrale et doyen de Saint-
LE PONT DE LA PIELLE A TROYES 857
Irera M. de Morayme qui s'y trouve depuis quelque temps
déjà. Ils iront ensemble, au nom du Chapitre de Troyes, solli-
citer une audience du roi, soit à Paris, soit à Fontainebleau,
Urbain, pour être pourvu de la prébende vacante par la morl du chanoine
Nicolas' Henuequin. CeUe dignité n'échut ni à l'un ni à l'autre.
L'année suivante, en 1595, Nicolas Thiénot étudie, moyennant une pen-
sion annuelle de quarante écus, chez messire Edme Jeannet, curé de Sainte-
Savine et chanoine de SaiiU-Pierre, dont il devait quelques années plus
tird, hériter de la prébende. La veille de Pâques de l'année 1597, il est
promu au diaconat en la chapelle de l'évêché, par i\P' l'évêque de Digne.
Par lettres du roi Henri IV datées du 9 février 159S. Nicolas Thiénot est
mis en possession, le mercredi 4 mars suivant, de la prébende dont jouis-
sait avant lui son ancien précepteur, le chî noine Edme Jeannet, démission-
naire en sa faveur.
Au mois de janvier lo99, nous retrouvons Nicolas Thiénot étudiant à
Paris au collège du Plessis. Guillaume de Taix, doyen du Chapitre, donne
à ses collègues communication d'un certificat ainsi libellé :
a Je certiffie que le XIP octobre dernier. Nicolas Thiénot est venu jour-
nellement en ma classe qui est la troiz"' du collège du Plessis, pour esludier.
De quoy, à sa prière et requeste, luy ay baillé attestation, pour s'en servir
envers tous qu'il appartiendra.
« Faict en ma chambre du collège dudict Plessis. le V' jour de décem-
bre 1598. « Signé : Fleuret. »
Enfin, le 18 septembre 1601, Nicolas Thiénot reçoit la prêtrise à Sens,
dans l'église métropolitaine, des mains de l'évêque de Digne, suffragant de
l'archevêque de Sens. La nature avait, paraît-il, gratifié d'une belle vmx
de baryton le chanoine Nicolas Thiénot; c'est ce qui lui valut, en 160/.
son acceptation dans la musique du roi, et en 1616 un brevet de chantre en
la chapelle de musique de Sa Majesté Louis XllI, ami des musiciens et
musicien lui-même.
Le chanoine Nicolas Thiénot devra sa célébrité dans l'histoire de l'ancien
Chapitre de notre église cathédrale à tout autre chose qu'aux charges et
dignités dans lesquelles s'illustrèrent plusieurs de ses vénérés collègues.
Nous l'avons trouvé une seule fois exerçant la charge d'officier du cellier en
l'année 1600-1601, et celle d'auditeur des comptes pendant quelques années
sur la fin de sa carrière. Mais ce qui le distinguera surtout et le tirera de
son obscurité, ce sont ses nombreux démêlés avec la justice du Chapitre,
démêlés dont nous allons brièvement rappeler quelques-uns.
Dans les premières années du xvii» siècle, les chanoines Nicolas Thiénot
et Claude Hennequin furent les enfants terribles et indisciplinés du Chapi-
tre de la cathédrale. Pour ne parler que du premier, dont nous trouvons le
nom assez intimement mêlé à l'histoire du pont de la Pielle, sa conduite
donna lieu, à différentes reprises, à des plaintes justifiées, a des jugements
sévères de la part de ses pairs.
En 1598, des juges sont désignés parmi les membres du Chapitre, pour
connaître d'un procès intenté, nous n'avons pu savoir pour quelle raison, a
Nicolas Thiénot, à peine reçu chanoine, et examiner les charges et infor-
mations accumulées contre lui.
Au mois de mars 1599, tandis que les chanoines le croient tranquillement
à ces études au collège du Plessis, à Paris, Nicolas Thiénot est depuis
858 LK PONT DE LA PIELLE A TROYES
lui exposerout clairemeul leur cas, la légitimité des droits
méconnus du Chapitre, et feront le possible et l'impossible
pour obtenir de son autorité royale la défense de poursuivre
quiMe jours en villégiature à Aix-en-Othe, où il vagabonde sans souci
dans la campagne et sons les pommiers en fleurs. On lui supprime sa
pension.
Au mois de mars de la même année, le jeune indiscipliné est enfermé
dans la tour du Chapitre, en attendant que le procès qui lui est intenlé pour
avoir proféré des blasphèmes « soit faict et parfaict ». En outre d'une
amende de quatre écus, Nicolas Thiénot fut condamné « à tenir prison huict
jours durant, sans intermission aulcune, et pendant lesdictz huict jours,
jeusner au pain et à l'eaue s. Il devait de plus, à l'expiration de sa peine,
se présenter à son confesseur pour solliciter l'absolution de sa faute.
Nicolas Thiénot demanda au Chapitre l'autorisation, au mois de janvier
i600, d'aller à Kome en compagnie de deux de ses amis, jeunes chanoines
comme lui, Claude Paillot et Jacques Poussin, pour gagner les indulgences
attachées au jubilé que le pape Clément VIII venait d'y publier. Mais pleins
de défiance à son égard, les membres du Chapitre ue lui accorderont cette
permission qu'autant qu'il aura prêté serment et qu'il aura juré que c'est bien
dans celte pieuse intention qu'il veut se rendre à Home. Encore dut-il s'enga-
ger avant de partir, à justifier â son retour la véracité de son voyage « par
certifficat ou certificats bons et valables », Les pèlerins étaient de retour
le dimanche 7 mai, et dès le vendredi suivant Nicolas s'empressait, suivant
l'obligation qui lui en avait été faite, de venir apporter au Chapitre un cer-
tificat du prêtre qui l'avait entendu en confession dans l'église Saint- Pierre
de Rome.
Au mois de février 1601, nous voyons de nouveau le chanoine Nicolas
Thiénot condamné pour injures envers le doyen du Chapitre, Claude Ves-
tier, à une amende de vingt sols applicable à la Fabrique.
C'est ici que vient prendre place, dans l'ordre chronologique, la plus
grave de toutes les accusations, vraies ou fausses, qui pesèrent sur notre
jeune chanoine.
Le jeudi 23 février 1601, le vénérable doyen du Chapitre Claude Ves-
tier, revenait vers les dix heures du soir après avoir dîné chez l'un de ses
parents et se préparait à rentrer dans sa maison située rue du Grand-Cloî-
tre-Saint-Pierre, lorsqu'il se trouva tout à coup environné de plusieurs
individus armés de bâtons et d'épées nues. L'heure était tardive, la nuit
sombre, le quartier désert, seuls quelques soldats du guet, probablement
endormis comme d'habitude, étaient censés veiller non loin de là sur le rem-
part, près du pont de Joli-Saut. Impossible d'appeler et de se faire entendre.
Claude Vestier chercha instinctivement bon salut dans la fuite et put arriver,
dans un ellort désespéré, à ouvrir la porte de sa maison et échapper ainsi à
ses agresseurs, l'as complètement cependant, car il fut frappé, « excédé »,
nous disent les délibérations capitulaires, de plusieurs coups d'épée, blessé
et « navré à la main gauche de telle façon que le doigt indice (index) »
fut presque détaché. Narrant le lendemain, à ses collègues du Chapitre, la
lâche agression dont il avait été la victime, il les assurai! que c'eût été pour
lui une mort certaine, une mon affreuse, s'il n'eût arrivé à gagner sa maison
et en refermer la lourde porte derrière lui. Une enquête fut commencée, de
BombreuEcs personnes furent appelées et entendues. Par quel concours de
circonstances les soupçons se portèrent-ils sur le chanoine Nicolas Thiénot?
LE PONT DE LA PIELLB A TROTES 859
}es travaux corameucés ; ils ne manqueront pas surtout de
faire valoir un argument auquel les chanoines attachent une
très grande importance, et qui doit èlre à leurs yeux sans
Nous ne saurions !e dire. Quoi qu'il en soit il l'ut arrêté et enfermé dans la
prison royale d'abord, dans la prison de l'officialité ensuite, sous la garde de
Pierre Bigot, le sonneur de la cathédrale, converti en geôlier pour la cir-
constance. On ne put prob<iblement pas établir d'une façon certaine la
preuve de sa culpabilité, car Nicolas Thiénol fut remis en liberté après plus
de deux mois de prévention.
Dans un cahier de revendications présenté par le clergé aux Etals géné-
raux de 1560, ou pouvait lire ce vœu ainsi formulé : « qu'il soit défendu
à tous gens d'église de porter des robes de soie et des habillements décou-
pés. » A différentes époques, notamment en 1580 et 1581, les chanoines, en
présence « de la dissolution et superfluité qui se commet par aulcuns de
Messieurs en leurs habitz », t'étaient exhorté mutuellement à ne plus por-
ter jamais « chemises goderonuées nj dentelles ». Plusieurs observations
en ce sens avaient été faites au chanoine Nicolas Thiénot qui ne paraissait
nullement décidé à en tenir compte. En 16i'3, il est menacé de trois livres
d'amende s'il continue à porter un manteau trop court et des cheveux trop
longs. En 1607, le doyen se plaint que « M* Nicolas Thiénot estoit ordinai-
rement revestu, tant en icelle église que dehors, dhabilî non convenables à
sa profession, portant souvent des veslementz de draps de soye déchique-
tez, ung bas de chausse de couleur violet et ung rabat ou coiet de chemise
trop relevé ». H lui fut enjoint de quitter ces vêlements sous peine d'être
privé des fruits de sa prébende. Au mois de juillet 1611, le chantre Pierre
Dadié, le même qui en 1618 armé d'une seringue aux armes du Chapitre,
n'hésita pas à monter seul dans le clocher pour combattre le feu qui venait
de s'y déclarer, fit un rapport comme chantre, « ad regendum chorum »,
disant que le chanoine Thiénot avait porté chappe pendant le chant des vêpres,
C ayant cheveux fort longs et sans couronne, ce qui n'estoit décent ».
Dans la séance capitulaire du mercredi 18 septembre 1613, le syndic du
Chapitre vint se plaindre à son tour, disant que plusieurs chanoines étaient
tresse andalisés de ce que deux des jeunes membres du Chapitre persistaient
à porter « leurs cheveux trop longs, habitz indécentz à la profession ecclé-
siastique, comme pourpoinctz découpez et colletz soustenus de picadilles
(porte-rabat, revers de manches) ». Le chanoine Thiénol était naturellement
l'un des deux accusés, et il lui fut une seconde fois enjoint, comme à son col-
lègue le chanoine Le Faure, de faire couper sans relard ses cheveux et de
faire dispaïaître au plus tôt les ornements trop tapageurs de son pourpoint.
Mais blessé dans son amour-propre, il s'emporte jusqu'à dire au vénérable
doyen Claude Vestier, qui le priait de sortir de la salle pour laisser délibérer
ses collègues, a qu'il ne se soucioit non plus que de chansons de ce qui seroit
ordonné par le Chapitre ». Il fut condamné à être privé des fruits de sa pré-
bende, lesquels seraient distribués aux pauvres, aussi longtemps que dure-
rail sa désobéissance, à « oster ses colletz et picadilles et porter habitz decentz
non découpez ny déchiquetez, et ce incessamment et dedans vingt-quatre heu-
res. Et au surplus, pour lesdictes irrévérences, pétulance, paroles et depor-
temenlz insoleutz faictz et commis par ledict sieur Thiénot, avons ledict
sieur Thiénot condamné et condamnons en cinquante livres d'amende appli-
cable à l'aumosne généralle des pauvres de ceste ville de Troj'es, aux pri-
sonniers des prisons royaulx et aux couvents des Gordeliers et ^Jacobins de
860 LB PONT DE LA PIELLE A TROYES
réplique : c'est que par ces temps de troubles et de guerres
continuels, ce pout, coustruit sur la Seine et metlanl eu com-
municalioQ directe la ville avec la campagne, pourra, le cas
ladicle ville, chascun pour ung quart, et à tenir prisoa jusques à plein et
enlier paiement d'icelle somme ; et outre, s'abstiendra ledict sieur Tbiénot,
troys moys, d'entrer audict Chapitre, de l'entrée duquel l'avons privé et
privons pour ledict temps, lui faisant deiïenses de récidiver en tel cas, à
peine de plus jjrande inimadversion et de punition capitulaire. »
L'assistance régulière aux heures canoniales, malgré la stricte obligation
que lui en faisaient les statuts capitulaires, n'entrait pas non plus dans les
habitudes de Nicolas Thiénot.
Sans jamais t nir compte des avertissements souvent réitérés du doj'en,
notre chanoine, non seulement ne se lait pas faute de manquer fréquemment
à ce pieux devoir aux jours que la règle ne châtie pas, mais il cherche
encore des excuses à sou impardonnable négligence aux fêles solennelles
de l'année, où l'absence d'un chanoine est sévèrement réprimandée et punie,
soit d'une amende plus ou moins considérable, soit de la privation partielle
et momentanée des revenus attachés à sa prébende.
Où était-il encore ce matin d" Pâques 1620, qu'il ne vint pas en ce jour
de grande solennité, chanter les matines avec ses collègues comme il en
était tenu?
Le mercredi 29 avril 1G20, le Chapitre est en séance et Nicolas Thiénot y
assiste. Sentant une fois de plus l'orage gronder sur sa tête, il s'excuse
humblement et raconte, sans embarras du reste, qu'au moment de « s'ache-
miner en caste église pour acister {sic) aux matines, il lui [estoit] survenu
un rhume et devoiement excessif d'estomac » qui, à son grand regret, l'avaient
retenu à la maison.
Dieu me garde de faire, à l'égard du chanoine Nicolas Thiénot, un juge-
ment téméraire, mais je le connais assez maintenant comme un joyeux
comédien pour ne pas suspecter un peu une indisposition aussi subite. Les
chanoines furent aussi de mon avis et condamnèrent celte fois le délinquant
à l'amende réglementaire.
Le chanoine Nicolas Thiénot fut donc, dans sa jeunesse du moins, l'en-
fant terrible du Chapitre, avec les statuts duquel il était toujours en désac-
cord, quand ce n'était pas en révolte ouverte.
Bien qu'il soit reçu prêtre depuis près de six ans, ses collègues sont obli-
gés de se fâcher, de le menacer de peines disciplinaires, pour le décider à
célébrer sa première messe. Il loue des maisons canoniales, n'en paie pas le
loj'er, déménage et emménage tous les sis mois. Lorsqu'il mourut, Nicolas
Thiénot habitait une maison canoniale située rue du Petit-Cloitre-Saint-
Pierre. Il l'avait louée à la mort du sous-chantre Noël Jacquinot, moyen-
nant un loyer annuel d'un écu soleil.
Le chanoine Nicolas Thiénot, comme le bon vin de nos pelits coteaux
champenois, s'amenda en vieillissant et devint l'un des plus fermes appuis
du Chapitre qui le jugea digne, malgré ses nombreux péchés de jeunesse,
de remplir auprès de Louis XIII la mission de confiance dont nous venons
de le voir investi.
Par un oubli malheureux et inexplicable, le greffier du chapitre n'a pas
mentionné sur les registres capitulaires, comme c'était alors la coutume, le
jour et l'heure de la mort du chanoine Thiénot. Nous voyons pour la der-
LE PONT DE LA PIELLB A TROYES 861
échéant, servir de passage à rennemi pour surprendre la vigi-
lance du guet et monter à l'assaut des fortifications '.
Pauvres chanoines ! Ou le voit, les illusions sont de tous les
âges, de toutes les époques et de toutes les conditions.
Le voyage de Troyes à Paris élait alors long, dispendieux,
fatigant et quelquefois même dangereux, mais sans s'arrêter
à toutes ces considérations le chanoine désigné par le Chapi-
tre partit sans perdre une minute, trouva à Paris son confrère
qui l'attendait, et le samedi 31 mai ils étaient ensemble à
Fontainebleau, sollicilant une audience du roi qui n'osa la
leur refuser. Louis XIII élait sur le point de monter en voi-
lure pour se rendre à Sainl-Gerraain, mais il permit cependant
aux chanoines de Troyes d'exposer brièvement leur requête,
qu'il écoula de l'air di-trait d'un homme pressé. Quand lectia-
noine Nicolas Thiénot eut dit respectueusement l'objet de sa
mission, le roi répondit siinplemeiitque n'ayant jamais entendu
parler du pont dont on venait de l'entreleuir, il n'avait pu en
ordonner la conslruclion. Puis prétextant son départ précipité
pour Saint- Germain où il élait atlendu, il congédia les messa-
gers du Chapitre, auxquels il se garda bien de donner par écrit
la déclaration qu'il venait de leur faire de vive voix=.
Ainsi donc, le 31 mai 1631, Louis XIII ne craint pas de
déclarer qu'il n"a jamais entendu parler d'un pont dont il avait
lui-même demandé la construction par lettre authentique du
î3 février 1630. Etait- il sincère, et comme cela arrive trop
souvent à ceux qui sont revêtus d'un grand pouvoir et dont
l'attention ne peut s'exercer également sur toutes choses,
avait-il apposé sa signature au bas de cette lettre sans la lire?
C'est possible, et nous voudrions le croire. Cependant, puis-
qu'après comme avant la visite des députés du Chapitre, rien
ne vint modifier la situation dont celui-ci se plaignait à juste
litre, nous sommes en droit de conclure, jusqu'à preuve du
contraire, que c'était tout simplement, de la part du roi, le
mensonge venant s'ajouter à l'abus de pouvoir. Le vénérable
nière fois son nom iuscril eu lêle de la séance du 8 juin 1639, et à la dale du
30 du même mois, après plus de quaroute-et-un aus de canonicat, nous trou-
vons son remplacement par le chanoine Pierre Maure. Avec le jour de sa
mort, nous sommes donc aussi privés de connaître le lieu de sa sépulture,
Peul-êlre attenJ-il encore, en compagnie de son oncle et de sa tante, dans les
caveaux de la cathédrale, le grand jjur de la résurrection.
(Archives de l'Aube, G 1291, li92 et I29^.)
1. Archives de l'Aube, G 1297, f» 379 r".
2. Archives de l'Aube, G 1297, i' 380 r*.
862 LE PONT DE LA PIELLË A TROYES
Chapitre de l'Église de Troyes devait être la dupe du premier,
comme il avait été déjà la victime du second.
Tout joyeux de la parole royale, tout fier du résultat qu'il
croyait avoir obteau, le chanoine Thiénot revint en toute hâte
rendre compte de sa mission aux chanoiues qui le remerciè-
rent clialeureusement de son dévouement.
Cependant l'ordre attendu de Paris ne venait pas, et les tra-
vaux pour lesquels on avait réquisitionné un grand nombre
d'ouvriers faisaient de rapides progrès ; malgré ses vives et
journalières protestations, le Chapitre voyait même abattre des
arbres plantés sur des terrains lui appartenant. D'autre part,
M"" de Morayme resté à Paris, écrivait à ses collègues que les
recommandations des parties adverses étaient puissantes au
Conseil du roi et qu'il fallait, plus que jamais, se hâter
d'agir*.
On fait alors dresse? par un peintre t la figure du pont, des
moulins et leurs adjacents"^ » ; on interpelle les ouvriers qui,
devenus railleurs, se moquent ouvertement des défenses que
leur font les membres du Chapitre ; les procès-verbaux succè-
dent aux procès-verbaux, toujours sans résultat ; enfin,
suprême et dernier effort, le Chapitre aux abois décide l'envoi
à Paris d'une seconde députatiou,"pour solliciter cette fois du
roi une déclaration par écrit. Le grand chambritr est chargé
d'emprunter trois cents livres pour pourvoir aux dépenses de
ce second voyage ^.
Mais le seigneur du Vouldy voulut-il éviter à Louis XIII les
réclamations pressantes d'une seconde députation, à la voix de
laquelle il n'aurait pu, sans scandale, rester sourd plus long-
temps; ou le roi, reculant devant le peu de noblesse d'une
seconde dissimulation, cliargea-t-il sou ancien médecin d'en-
trer en arrangement avec le Chapitre? Les deux hypothèses
sont soutenables.
Quoi qu'il en soit, le vendredi 13 juin 1631, au moment
même où se préparaient à partir les députés du Chapitre, nous
voyons Guichard se présenter de nouveau devant le Conseil et
lui proposer de s'employer de tout son pouvoir auprès de Sa
Majesté, pour obtenir d'elle une indemnité eu rapport avec la
It^gitimité des droits de l'Église de Troyes et la grandeur de ses
sacrifices. Les députés sont aussitôt priés de surseoir à leur
1. Archives de l'Aube, G U97, f 38'2 t\
2. Saint, peintre, reçut 24 livres pour ce travail.
'3. Archive» de l'Aube, G 1297, f 381 v°.
LE PONT DB LA PIBLLE A TBOTES 863
voyage et d'aller s'entendre au plus tôt avec le protégé du roi,
sur le montant de l'indemnité proposée '.
Voici, toujours d'après les délibérations capilulaires, quel
fut le résultat de cette conférence : « le sieur du VonMy offre,
au sujet du pont prêt à achever vers lu Pielle, faire bâiller par
un tiers mille livres au Chapitre pour l'indemnité des trois
poinclz qui ensuivent : le premier pour rendre, par Mes-
sieurs, public le chemin qui leurs appartient, depuis le pont
de Jully jusques au prétendu nouveau pont de la Pielle, qui
aura deux toises de largeur, les trois autres toises ou environ
restantes de la largeur dudit chemin demeureront comme ilz
sont en la propriété du Chapitre. — Le second poinct, pour
retrancher un pied ou environ de largeur, tout le long de la
grande grange à escorces, selon ledit chemin. — Le troisième,
pour quelques petites portions de l'isle du Chapitre, pour l'ac-
comodement du nouveau pont et de passage sur iceluy 2. »
Le pont, les chemins et les chaussées, sur le terrain concédé
par le Chapitre, seraient en outre entretenus aux frais du roi
qui dédommagerait encore, de leurs chômages forcés, les
meuniers de la Pielle et de Jaillard ^
Fatigué d'une lutte par trop inégale et dans laquelle il pré-
voyait devoir infailliblement succomber (nous avons pu
remarquer que le pont était alors presque terminé), le Chapitre
s'empressa d'accueillir, malgré ces offres trop tardives, des
propositions qui lui évitaient un procès onéreux, tout en lui
accordant un semblant de satisfaction ; il retira son instance,
et le pont de la Pielle fut achevé sans autre opposition de sa
part.
Par un acte du 3 janvier 1632, Claude Maillet et Nicolas
Denise le jeune, experts nommés et acceptés par les deux par-
lies, estimèrent définitivement à treize cent trente-cinq Uvres
l'indemnité à accorder au Chapitre de la cathédrale *. M^ Neve-
let, trésorier de France, dut verser cette somme entre les
mains du chanoine Odard Hennequin, auniversarier du Cha-
pitre*.
1. Archives de l'Aube, G 1297, (' 382 v*.
2. Archives de l'Aube, G 1297, f
3. A l'époque de ces événements, la veuve Pierre Ja«quin était loca-
taire du moulin de la Pielle, et Edme Nijot locataire du moulin de Jaillard.
4. Archives de l'Aube, G 1297, f° 424 r».
5. Vendredi, douziesme jour de mars 1632. — « Sera faict transport à
Antoine Lardier, M« aulneur et corralier de draps, demeurant à Troyes, de
la eomme de 1,333 livres, à laquelle somme a esté estimé et arresté le prix
864 LE PONT DE LA PIELLE A TROYES
Mais il était écrit que ce pont de la Pielle devait être, pour
le Chapitre de la cathédrale et le riche propriétaire du Vouldy,
une source inépuisable de difficultés sans cesse renaissantes,
et l'acte du 3 janvier 1632 ne devait pas clore définitivement
l'ère des querelles ouverte au mois d'octobre 1625, date de la
première demande de Guichard. La demi-salisfaclion accordée
au Chapitre paraissait cependant avoir ramené la paix entre
les deux voisins, quand le meunier de la Moline, Nicolas
Dtnise le jeune, vint un jour se plaindre au Conseil que le sei-
gneur du Vouldy avait fait construire sur le nouveau pont une
barrière en bois qui empêchait la circulation de ses voilures et
de ses chevaux.
Les chanoines, élonnés et mécontents, décident d'envoyer
aussitôt quelques-uns d'entre eux qui « verront cette barrière
pour, d'autorité seigneurialle, la faire coupper si besoin est, à
ce appelles et presens le juge et officiers du Chapitre à la
Vacherie et Pré-l'Évesqr.e dont Messieurs sont seignîurs * ».
Dans huit séances capitulaires on s'occupa de cette malen-
contreuse barrière qui devait d'ailleurs, comme le pont sur
lequel elle était dressée, subsister malgré la démarche et les
réclamations du Chapitre, et le vendredi 18 septembre 1632, les
chanoines Hennequin et Baudot vinrent déclarer à leurs collè-
gues que celle barrière avait été mise là « de l'ordonnance du
grand voyeur, sans que le sieur du Vouldy y soit comprin? uy
dénommé'^ ». C'était clair, c'était concluant, et les chanoines
de la cathédrale purent une fois de plus méditer lout à leur aise
le fameux vers de Virgile :
Sic volo, sic jubeo, sit pro ralione voluntas.
*
Si nous nous en rapportons à ce qui a été écrit jusqu'ici à
de l'indamnilé du Chapitre, pour raison de la conslruclion du nouveau pool
près la Pielle, ainsy qu'il est déclaré au procès verbal de M' le Ihrésauricr
Nevelet, eu date du 27 décembre dernier et aux prolettalions y contenues,
à charge de payer pour ledict Lardier les fraiz et sallaires dudict sieur
Nevelet pour ses vacations audict procès verbal et aultres officiers et en
acquiUer le Chapitre, et oultre ce faire enaployer aux fraiz dudict Lardier
laiicte partie sur Testât des ponts et chaussées de France. Le présent
transport faict moyennant la somme de mil livres qu'est prêt de payer ledict
Lardier, laquelle il est ordonné à l'anniversarier de recevoir ». (Archives de
l'Aube, G 1297, f 435 v'.J
1 . Archives de l'Aube, G 1297, f-" 452-453.
2. Archives de l'Aube, G 1298, f» 18 v».
LE PONT DE LA. PIELLE A TROYES 86j
ce sujet, dans l'espace des deux auûées 1020 et 1630, Louis XIII
aurait par trois fois fait visite à son ancien médecin, devenu
notre compatriote par son mariage avec la fille do l'élu Ange-
noust : La première au mois de janvier 1629, c'es-t là un fait
certain et consacré par notre histoire locale. La seconde au
mois de mars 1630, s'il faut en croire le vif désir qu'en mani-
festait la lettre royale du 13 février de la même année. La troi-
sième enfin, aurait eu lieu au mois de septembre suivant.
Cette troisième et dernière visiie nous est pour ainsi dire
confirmée par un curieux tableau du Musée de Troyec, sur
letjuel nous voyons Etienne Bergeral, maître de musique de
la collégiale Sainl-Étienne depuis le 1'''' juillet, ba'lre majes-
tueusement la mesure d'un molct qu'exécutent les enfants de
choeur, ses élèves.
Or, nous l'avons appris dans le cours de ce récit, pour se
rendre au Vouldy, au mois de janvier l'j2i), Lous XIII passa
la Seine, eu face du moulin de la Pielle, sur un pont de
bateaux établi provisoirement à cet endroit, du consentement
des chanoines de la caihéJrale.
Mais nous n'avons pu savoir quel chemin suivirent, aux
mois de mars et de septembre 1630, le roi et son escorte, pour
gagner cette même propriété du Vouldy. Nous avons vu que
le pont commandé à l'échevinyge de Troyes au mois de
février 1630, ne fut terminé que vers la fin de 1631, et nous
n'avons trouvé nulle part, dans les délibérations capitulaires
qui n'auraient certes pas manqué de le signaler, si la chose
avait eu lieu, l'établiss 'mont, comme l'année précédente, d'un
pont provisoire sur la Seine. Nous pouvons donc nous consi-
dérer comme autorisé à en conclure que, à l'instar d'un simple
mortel, Louis XIII, dans ses deux visites do 1630 au châte-
lain Guichard, dut prendre les chemins détournés qui y con-
duisaient habituellement, et que les équipages royaux ne vin-
rent pas une seconde fois franchir la Seine devant le moulin de
la Pielle.
Telle est l'histoire de ce pont de la Pielle, l'un des plus fré-
quentés peut-être de tous ceux qui, par leur très grand nom-
bre, donnent à notre antique cité un aspect si pittoresque. Les
lourds tombereaux chargés de sable, qui servent à l'exploita-
tion des graviers de la Seine et de la Vacherie, s'y donnent
journellement rendez-vous. Des camions et des voitures de
toutes sortes circulent en quantité au Vouldy, pour les
00
866 LE PONT DE LA. PIELLE A TROTES
besoins des industriels qui l'habilent et des jardiniers qui cul-
tivent sou fertile terrain. Le riche carrosse et l'humble omni-
bus passent de préférence sur ce pont de la Pielle, quand ils
vont à certains jours promener la joie bruyante des jeunes
époux et de leurs invités sous les fraîches saulaies de Villepart
et de Saint-Julien, sur les bords délicieusement ombragés de
ce miroir richement encadré qui s'appelle la Seine, et dans
lequel se reflète la mélancolique image des grands peuphers
qui bordent partout noire vieux fleuve.
Tout ce mouvement, tout ce bruit, toute celte activité ne
sauraient cependant distraire le pécheur à la ligne qui, d'un
air grave et d'un œil tranquille, surveille la surface des eaux
claires dans la profondeur desquelles prennent leurs ébats les
barbeaux légendaires autant qu'invisibles, objets de sa convoi-
tise. Il n'a pas l'air de se douter que ce pont, qui lui sert
aujourd'hui d'observatoire préféré, fut construit, il y a plus
de deux siècles et demi, par ordre de Louis XIII, contre les
droits du Chapitre de la cathédrale de Troyes, au prix d'un
mensonge et d'un abus de pouvoir *.
Edmond Fugez.
1. Ce premier pont dura jusqu'en 1727, époque à laquelle nous le
voyons c de caducité » tomber dans la Seine. La municipalité en décida la
reconstruction. Comme la première fois, les travaux furent mis en adjudi-
cation. François Prieur, charpentier, s'engagea à le reconstruire tout entier
en bois de chêne, moyennant la somme de cinq cont cinquante livres.
(Arch. municip., série 2 A, 22« carton, 3« liasse.)
LISTE DES MEMBRES
DU
CHAPITRE DE LA CATHEDRALE DE TROYES
EN L'ANNÉE i630
Claude Veslier, doyen.
Jehan Darelon, grand archidiacre.
Pierre Dadyé, chantre.
Christophe de Morayme, archidiacre de Sézanne.
Louis Nevelet, archidiacre de Margerie.
Louis Le Courtois, archidiacre d'Arcis.
X. . ., archidiacre de Brienne.
Nicolas Camusat.
Nicolas Thiénot.
Balthazar Galland.
Pierre Collet.
Claude Huot.
Louis Vestier.
Claude Prenostat.
François Chastel.
François de Vyenne.
Denis Latrecey.
Louis Douynet.
Claude Hennequia.
Chérubin Poussin,
Nicolas Boulart.
Jehan Sifflet.
Nicolas Millet.
Charles de Vanlay.
Edme Mégart,
Guillaume Danrée.
Claude Dufay.
Robert Cornu,
Pierre Baudot.
Thomas Le Maistre.
Glossaire du Mouzonnais
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
Depuis que l'impression de ce travail csl commencée, nous
avons continué nos recliorcbes et multiplié nos leclures : outre
les citations tirées des ouvrages anciens qu il nous a paru
nécessaire de faire, les reclificalions ou redressements divers
que l'on ne peut éviter, il nous faut bien signaler un grand
nombre de termes qui avaient écbappé, non à notre mémoire,
mais à l'investigation qui a donné naissance à nolie première
liste : le hasard des conversations faites sur place a remis dans
notre oreille des sons qui ont suffi à rappelei- le souvenir de
mots que nous n'avions pas rencontrés dans une recherche
faite sur le dictionnaire. Nous aurions regret di n'avoir pas
enregistré des vocables comme : ajeiter^ aloiisé, banre^ bil-
lie[r), blsoler^ hoquet^ brigouce, caberler, chêlé, conil^ cuîage,
dégla'iaé^ eslaller, fersiner, j-dice, 7ioder, et bien d'autres.
Aussi n'hésitons- nous pas à présenter ce a supplément » qui,
nous le savons bien, ne fera point encore un glossaire com-
plet.
Abandonner.
L'avocal (Joii) soi abandonner
A défendre et à soustenir
Celz dont profict te puet vtjnir.
(Clef d'amour}
Ablaver, v., emblaver. — Souveul employé pour : embarras-
ser, occuper, salir. — La vaisselle csl toute abl.wk!;, — Les chai-
ses sant .■\nL.\vEEs tourtoiites.
Ablouquer.
Il faut nos harnois liabiilier
Et abonder bien nos cuirasse
{Mistèrc de la Passion)
* Voir page 685, tome X de la Revue de Champagne.
GLOSSAIRK nu MOUZONNAIS 869
Adies chaignoit riches chaintures
Ablouque d'or menu ferrées.
(Miracles S' Éloi)
Abochon.
Il le Hiit choir à bouchon contre le sablon.
(Olivier de la Marche)
Abrou-illie(r), abrou-iie(r), v , embrouiller, j^âler. — C'est
t07i frère qu'ai abrouillie loulcs les affaires.
Acciouner, v., actionner^ attaquer, exciter. — C'n'est mi
/' petit qu'ai tort, l' grand l'ai AcciouNt: l' pre7nie(r).
Aconduire.
Son vallet se combat de bon cuer et entier
Au vallet qui avoit acondui le sommier.
{Du Guesclin)
Acouver (s'), v, — Voyez s'acouvissie(r).
Acueud(r)e.
Qui n'obeisl peine Vucœult.
(Passetemps d'Oysiveté)
Adamer.
Si chevaliers me vient por agrever
Comment le porai jou mieus ndamer.
{Aiol)
Sont-ilz à mourir destinés
Par tes abus ? — Adevinez.
[Mistère de la Passion)
Mors seule scet et adevine
Con chascuns est a droit proisies.
(Thibaut de Marly)
Et chu petit poucherot
Adevignez sus quoy y dort.
(Friquassée crotestyllonnée)
Adlib(r)e, exp. adv., librement, en liberté. — / lauchant
leii{rs) bêles comna, ad libe, au mitant de la rue.
Admius, adj. et p., admis, — Jamais fn'ai admins ça.
Afilée, s. f., eniilée, traite, fois. — Il ai pourtant avalé six
chopes d'in' afilée.
Afiler.
Affoler.
Va t'en que tu n'ayes des coups
S'il te tient, il l'affolera.
[farce de Guiilerme)
Adeviner.
870 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Afutiaus, s. m. pi., objets, outils, engins quelconques sans
usage bien déterminé. — Ais-lu prias tous les affutiaus ? — Oui
— Eh bin ! fout mû f camp.
Agraissie(r), à replacer avant agrandi(r), ou bien après agré-
ment, si on l'écrit agressie{r).
Agraper.
Si aucune gent viennent à ois por ois à soscorre, si plon-
gent ensemble ois, ceols k'ils puyent agrapper.
(Serm. S^ Bernard)
A eschieles de cordes qu'ils firent agraper
Monsloient nostre gent.
(Du Guesclin)
Agugie(r).
Une coignie
Qui soit trenchant el aguisie.
(Rom. de Renart)
Agu-ïe.
"Vous qui ries ie vend aguilles.
(Maistre Hambrelin)
Agu-illon, agu-iion.
Cil point l'asne del aguillon.
(Rom. de Renart)
Ai se prononce souvent a ; à quelques pas de Mouzon on dit
Mouzd, Stend, pour Mouzay, Stenay ; c'est bin fdt.
Nous avons fat saeler ces lettres.
(Chartes des Vosges, 1269)
A-ie (i n'peut pus)j exp., il n'en peut plus; il n'est plus même
capable de dire : a-ïe, c'est-à-dire de se plaindre.
Algie. — Voy. Aisie.
Afin que les voisins ne peussent pas si aisiement oïr
aucune noise.
(Reg. du Chatelet, 1389)
' Ains, aint, terminaisons verbales des r* et 3'^ personnes du
pluriel des imparfaits et conditionnels, mises pour ions, aient
(Voy. Intr.).
Ce que nos ne porriEss faire par force d'armes ne d'en-
(Li livres dou Trésor)
Ainz li déimes bien et loi que nos VocirriEns, se nos
poiENS, ou il hobéiroit à nos.
(Saint Graal)
Ge vi contraiz qui ne />ovibnt aler.
(Idem)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 871
Jonchier devsi'ST dedenz le cor
Et la cherche, l'eriere cuer
Le chapitre et le rcfector
Et le cloistro tôt entor.
(Rom. du J/t S' Michel)
Requenurent que il eataiitt tenu de faire le sairement, et
que il le feraint volentiers.
{Charte de Levroux [Indre], 1295)
Aire à grange, s. f., sorte de terris plan, fait de terre pres-
sée, de ciment ou d'écofies broyées et pilées, formant l'aire sur
laquelle on bat les céréales à l'aide du tléau.
Airi-iette, s, f., arielte, petit air, joli et pimpant.
Ajambée, s. f., enjambée. — Voy. Agambée.
Chascuns i vint et qui ainz ainz
Grans pas et longues ajambées.
(Court de Paradis)
Ajerter, v., embarrasser les jambes pour entraver la marche.
— Le part. Ajerté signifie plus ordinairement que les jambes sont
raides, non souples, qu'on ne peut courir. — Voyez Ojerler et
Jerret. — Les anciens glossaires, Lacombe et Roquefort, enregis-
trent esjarreter, couper le jarret, estropier du jarret.
Alane, s. f., alêne. — Çute pointe-là pique coiime irC alane.
Allant, adj., qui va, vivant, vif^ alerte. — Jeseuph ai té bin
malade, et i n'est mi co pu{s) alla.nt que ça! — El la pauv'
vieille Sœurette, ietle, elle est toujou(rs] ben allante.
Aller. — On n'ii ai mi dit la chose comme elle allot.
. . . Mais s'il sceust la chose ainsi comme elle aloit...
(Gillion de Trasignyea]
Allumé, adj., gris, ivre (rouge par suite de boisson).
Alonde.
Li sains Espirs venist volant coume alondre,
(Ane. textes, 1886)
Alourdi(r)^ v., alourdir. — /' m' semb{l)e quû l'temps
5'aLOURDIT.
Amancheus, s. m., emmancbeur.
Cocus de ChastelierauU
Amancheurs de cousteaux
Il nous vient des cornes a pleins basteaux.
(Ane. Ih. franc. y t. IX)
872 GLOSSAIRE DU MOUZONNaIS
Amanchure,, s. f., emmanchure.
Ambitiouner, v., ambitionner, désirer, rechercher avec
ardeur.
Amicablement, adv., amicalement.
Amidouner, v., passer à l'amidon.
Amoindri(r), v., amoindrir,
Amourachie(r), v., amouracher.
Ans, ant, terminaisons verbales des 1'^" et 3* personnes des
présents et futurs, mises pour ons, ont (Voy. Intr.).
Et tuit cil qui cels paroles /JorRANx aprandre ne savoir...
(S' Graal)
Apierrer, v,, empierrer ; couvrir ou garnir de pieries.
Apo-iie(r).
Apoics toy a ceste croix, car en la tenant tu ne cherras
point.
(Gerson)
Aprenre (quelqu'un).
Si les apren si à chanter.
(Thibaud de Marly)
Aprisouner, aprijouner, v., emprisonner.
Aqueud(r)e, v. — Voyez Accœud{r}e ; accueillir.
Si bel i'aqueut et te (et ioie.
(Fabliau Bourse pleine de sens, Jean le Galois)
Aqueuteler, v., comme accouer, attacher par la queue une file
de chevaux.
Aragne.
Une besache de toile à'araigne.
[Nouvelle fabrique)
Descendent en l'eaue bien parfont
Vers en terre, aragne en sa telle (toile).
(Passetemps d'Oysivelé)
Areter, arter.
Vous soupesonnez moyseraent (mauvalsement).
A cela ne vous fault arter.
(Farce d'un Amoureux)
Argot, s. m., ergot. -- Uco(q) s'ai drécie sus ses argots.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 873
Argotie(r). — Voy. Haricadic(r), HaricoLier, anc. Haligolicr.
Arie(r), arrière.
Tout droit a lor agait, arier s'en vont.
{Aiol)
Arouillie(r), arou-iie(r) en proiioncialion, avec la significa-
tion de rouiller, prendre de la rouille.
Arracliie(r), v.
Or verrois l>es bois et les fon^z et l'erbe arrachier.
(Thibaud de Marly)
Asacqueter, v., ensacher, mettre en sac.
Asanglantéi(r), v., ensanglanter.
AssagnieCr)^ v., assigner, désigner, indiquer^, fixer. — S'em-
ploie surtout dans les jeux, aux quilles par exemple, où un joueur
assigne aux autres un point, une position servant de but ou de
départ, une forme ou figure de jeu : chiquet^ pie{d) au nenf^pus-
seroute.
Assembe, assenle, assane, asseune, insone, dans le Nord.
A s' mémoire i faut boire
In trinquent tertous insone.
{Chanson patoise de Roubaix)
Assoumer.
Quant li sains ot bien assouinée (achevée) l'uevre.
(Miracles S' Éloi)
Atasse, s. f., partie de la grange réservée pour y faire le tas-
siau de gerbes, pour y entasser les récoltes.
Atend(r)e, atad(r)e, v., prononc. d'entendre. — J'ai ren-
contré :
Qant Perceveaux atandi sa seror et que sa mère fust morte.
{Percevais de Rob. de Borron)
Atortillie(r), atorti-iie(r), v., entortiller, envelopper.
Neis puces et orillies (perce-oreilles, fauchette)
S'eles s'ièrent entorlillies
En dormant dedens lor oreilles,
Les greveroient à merveilles.
(Rom. de la Rose)
Je pris ceste ymage jolie
Qui trop bien fu entortillie.
(Voir dit, Machaut)
Atourage^. s. m., entourage.
874 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Atousé, adj., fouroi, dru. — Voy. Tousé.
Atouchie(r).
Il savoit certainement que oncques Gillion n'avoit atouchie
à la pucelle.
(Gillion de Trasignyes)
Tu deis que des fruyz nrenjassent
De tous, fortz qu'à •!• n'atouchassent.
(Advocacie N.-D.)
Argus a tous ses G. yeux ne fait que regarder et espier
que nuls ny atouche.
(Voir dit, Machaut)
Pense tu que il me ayt aliouchie.
(Farce de Jenin)
Atouter, touter, v,, jouer alout. — Voy. Touter.
Atrain-ner, v., entraîner.
Atroupeler, et plutôt ratroupeler. — V., mettre en troupe.
A •!• grelle sa gent tôt bellement apelle
Tôt environ le char l'aiine et atropelle.
(Maugis d'Aigremont)
... Mes de la gent paiene entor lui s^atropelle.
(Id.)
Attigie(r), attisie(r).
Et celé i est pour alisier
Le mal...
(Méraugis de Porlesguez)
Au matin, an soir, pour du matin, du soir. — 1 s'ai levé à
cinq heures ad matin. — On froume les auberges à neuf heures
AU SOIR.
Aub(r)e, ab(r)e.
Au premier coup ne chiet pas Vabre.
(Clef d'amour)
Avaleus, s. m., gourmand ; qui mange, boit beaucoup.
Avaloue(r), s. m., avaloir, partie du harnais du cheval.
Avau.
Faites noveles roses prendre
Et aval les rues estendre.
(Blancandin)
Aler vueil aval la meison ;
Quar savoir vueil s'il i a ame.
(Fabliau des 3 larrons)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 875
Avo-iie(r). — Corrigez : « qui bien connissoit la mesnie. »
G'i envoierai do matin
Quatre mil chevaus armes.
{Renart le Nouvel)
Avoler.
Et li volior point ne se tarde
Sor un chesne est avolez.
{Rom de Rmari)
A'-vous ? quelquefois O'vous.
Pourquoy y a-vous tant tardé?
(Débat du jeune et du vieux amoureux)
Ne l'a vous oncques jamais sceu.
(Farce de la pipée)
A' vous dit vrai?
{Farce du fol.)
Avule.
Commandûit c'on lui atiaast
Et amenast en sa présence
Mendis, avules et fievreus.
{Miracles de S' Eloi)
Babilleu(r), babi-ieus, s., bavard, qui aime à parler.
Babillie(r), babi-iie(r), v., babiller, bavarder.
Babines.
Ils maschèrent et jouèrent si bien des babines qu'en trois
jours et trois nuicts, ils mirent l'estant à sec.
(Nouvelle fabrique)
Bacule.
A la haculte 1 qui n'y viendra
Un beau coup de poing era.
(Friquassée crotestyllonnée)
Baffer.
Nostre Seigneur souffrist moult de mal et fu illec buffé en
disant : « prophetiza qui le percuit. »
(Saint Voyaige en Jhérusalem)
Bagnie(r).
Nymphe qui en les baguant de vos larmes.
(Melin de S» Gelais)
Baillie(r). — Voy. bau-iie(r).
Baije-cul.
Tu ne scay ? Baisecul ne ce marie pas.
{La friquassée crotestyllonnée)
Balancie(r), v., balancer. — 5e balancie{r), c'est jouer à la
balançoire ou à l'escarpolette.
876 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Bâli-iie(r).
Il faudra faire noslru mesnage
Et balkr noslre maison.
{Farce du Badin)
Je dis que ballies la maison.
Banieres et pennons conlre vent balier.
{Du Guesclin)
Baloquer, v., ballotter, branler, remuer.
Barou, barue.
Es celiers as a pris
De lor fort vin plain -II- bareus.
(Fabliau de la Longue nuit)
Barre, s. f., partie de plaisir, rigolade, — N'y avol Jules, qui
nous ùi chanté in tas de chansons! fans moût ri! que barue !
Bassiner, v., taper sur des ustensiles de cuisines, pour
ennuyer les mariés qui n'ont pas donné aux jeunes gens les satis-
factions que ceux-ci attendent d'ordinaire. — Ils prennent le nom
de Bassincux et portent parfois leur charivari, dans les villages
voisins, ainsi qu'il est arrivé à Chaumont en 1763, où la jeunesse
et les bassineurs ont mené leur train pendant huit jours, jusqu'à
ce que les mariés s'exécutent — après intervention de l'autorité —
en donnant à boire et faisant danser.
Bau-ieries, s. f. pi., cris, acclamations.
Baure, s. f., trou, cavité pratiquée dans un tronc d'arbre, où
les € bèche-bos » et les « bout'boutes « font leurs nids.
Baurette. Sorte de boîte que Ton accroche le long des murs,
dans laquelle les moineaux font leurs nids.
Bawi-ieus^ adj., aboyeur, qui aboie trop souvent.
Bégui-iie(r), v. On dit aussi : i bègue au lieu de i béguie.
Bégui-ieus, s. m., bègue.
Bel (A(v)oi(r)), expr., avoir une bonne occasion, un bon
moyeu, avoir le temps : il avot bel dû revéni{r) pou{r) huit
hcureSf bin su?- !
Belle-mère, s. f., sage-femme, par extension nourrice.
Ma bêle mère par ma loi
Je l'ai d'un vallet achatee.
{Fabliau de la Grue]
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 877
Bénheureux, adj.
Et se endormi bencurcement en Noslre Seigneur.
{Chr. de Primat)
Béquilleus, s. m., dégoûté, qui béquille.
Bergie(r),
n erg ter à bergièrc
Promptement se ingère.
{Bdfi relief du Bourglheroulde, à Rouen)
Berlandeus, s. m Flâneur, lâtillon, — qui berlande.
Berloquer, v. Branler, remuer : Toul d'in cop, jXD)ois in
pendu qui berloquot à la cliché du la porle. — Travailler inéga-
lement, mal ; faire un ouvrage insigniliant : J'alends Jezeuph qui
BEULOQCE à la chamb' j)n(r) drie(r).
Besoug'nie(rj, v., besogner, li'availler.
Le roy envoia solenijinelle-ainliassade avoc povoir soudisant
pour beioug'iier au fait de ladiclo paix.
{Monstrclel)
Beveu(r).
Je souhaittc, moy bon beveur,
Toujours irois fois l'année vendanges.
(Souhaiz des hommes)
Et li dira : car vous levas
Et si mengiés et si bevés.
[Voir dit^ Machaul)
Et en biers li juene enfancon
Entendoient à sa chanson.
{Voir dit, Machaut)
As tu enfans?
— Oïl, dit-il, un sol petit
Mais em hers est.
{Roman .U' S^ Miche',)
Billie^r), bi iie(r), v., passer, dépasser, sortir. — On vo-ïot
Vos qui Bi-ioT. — Le vieux mot biller signifiait pousser. C'est
ainsi que le Bourguignon appelle bille-cul l'oiseau dit plongeon
qui, voulant saisir un objet au fond de l'eau, ne laisse passer que
son derrière au-dessus du niveau.
Bille (jouer à la). — La bille est un polit morceau de bois
cylindrique effilé aux deux bouts, d'un décimètre de longueur, sur
lequel un joueur frappe à l'aide d'un bâton, de manière qu'attei-
gnant l'une des pointes, et la bille faisant levier, celle-ci s'enlève
en l'air, où elle reçoit à la volée un nouveau coup de bâton du
même joueur qui l'envoie du côté de l'adversaire. — Les Nor-
Bevez.
Biers.
878 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
mands donnent le nom de pirli à notre bille. — Il est remarqua-
ble que les enfants jouent à ce jeu, tous à la même époque, en
février.
Bisbise, s. f., bisbille, contrariété.
Biser. — On trouve bider pour courir.
Quelqu'un
Les en fil toutes enfuir ;
Et de bider et de courir.
(Goquillarl)
Bisette (l'année) : l'année qui ne vient jamais. Corruption pro-
bable de l'année bissexle. — Tu l'arais l'année bi&ette, quand les
pouïes irant à crossettes.
Bisoler, v., fréquentatif de biser. Se dit, par exemple, d'un
plomb, d'une balle qui passe rapidement en sifflant. — Devant la
maison Boiirgérie. on atendot les halles qui bisolaint d'tous les
côtés.
Bistoquer, v., faire l'acte charnel.
Nostre mignon luy respondit
Que deux fois l'avoit bistoque'e.
[Sermon joyeux d'un fiancé)
Blanches bêtes, s. f., béliers, moutons, brebis et agneaux.
Blo(c). Avec la deuxième acception, il faut prononcer bloque.
Blouque.
Deux courroies de cuir de vache, garnies de grosses blou-
ques de fer...
(Compte de l'argenterie du roy^ 1387)
Pluscula, blouquette.
(Gloss. rom. lat. du XV^s.)
Blouquie(r).
Pluscularius, blouchier.
(Gloss. Rom. lat. duXV'^s.)
Bon assez (c'est). — Expression dédaigneuse, indiquant que
ce qu'on a fait est suffisant.
Une sourquanie
. . . Fourrée d'une blanche hermine
Bonne assez pour une royne.
(Voir dit)
Boquet, s. m., tique, insecte appelé aussi Pou de bos.
Boquet, adj., bot. — In pie(d) boquet.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 879
Bouchette.
Ça de par Dieu, la bouchette.
{Farce de J objet)
Bouchie.
Aporto mei un poi, se vels, un buchie de pain.
(Li ticrz livres des Reis)
A chascun (dame Hersent) donoit sa bouchie,
{Rom. de Renart)
Bouchon, V., buchon, buisson.
L'autre jour moi chivachai
Deleiz -j- bouxon trovai
Pastorelle an grant esmai.
{Pastourelle^ Meyer)
Bouchouner, v., bouchonner.
Boudiné. C'est aussi le morceau de lard coupé autour du
nombril que l'on emploie à graisser les outils, scies, ciseaux. . . du
menuisier.
Boudriaux^ s. m. pi., perches de bois découpées servant à
étançonner les galeries de mines.
Bouffe la balle, s. m., nom qu'on donne à un gros garçon
réputé gourmand, mangeur et qui a grasse mine,
Bouli(r), boulant, boulu.
Ferai le ardoir u noier
En poi boulir u graeillier.
{Blancandin)
Boutes en eaue boullant.
{Viandier de Taillevent)
Lors fu plus noirs que pois boulie.
{Blancandin)
Et en leurs bains boullans baigner.
[Complainte de l'âme dampnée)
Bounette, s. f., bonnet, coiffure ridicule. — / m'ai prins ma
BOUNETTE pou{r) la cachie(r).
Bout 'boute, s. m. : onomatopée. Nom de l'oiseau qui a ce cri ;
plumage jaune et blanc ; vit de chair pourrie, d'insectes ; son
corps dégage une odeur nauséabonde. — Nous ne connaissons pas
le nom scientifique de cet animal.
Bouteille, s. f., bulle, qn peu grosse, qui se forme sur l'eau
quand il pleut.
Brachie(r). — On brache in chair, a dirigeaîit s' timon don
côté qu'on veut qu'i tourne. — Les Comtois disent Brater.
880 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Bracie.
De feurre prent une bracie.
(Rom. de Renart)
Et abatoit à chascun coup que ele getoil une grant bracie
dou mur.
(Ménestrel de Reims)
Braije et Brajie(r), s., braise et brasier.
Braire.
Hé! bons rois liOeys, assez avons a brère.
(Regrès de la mort S. Loetjs)
Brairie et Braits.
Portons là arrière entre nous
Que nous n'oyons plus tel brarie.
{Misièrc de la Passioii)
Ouyr des chiens les abboys et brayrics.
(Ma rot)
Ne nus ne vous porroit conter les cris, ne les brais ne les
ullemens qui la esloient.
(Purgatoire S' Patrice)
Branlée, s. f., brassée de bois en branches jetée sur le feu. —
J'fcrans '/i bonne branlée poii{r) nous rcchatiffcr,
Brigouce, s. f., lavasse; cuisine très médiocre, mal et sale-
ment faite.
Brigoucie(r), v., faire de la brigouce. — Travailler, patauger
dans la boue, les choses mouillées et sales. — Quoi 'c quil Virais
CD brigoucif,(r) à c' saie fêle à Roucout là, dis !
Briquet (baU(r)e lil), expr. frotter, en marchant, un pied con-
tre l'autre ; heurter et se blesser les chevilles.
Brochette. — Voy. Tirer à la baochette.
Brodure, s. f., pour broderie.
Bronse (chevaux d'), se dit, à la frontière, pour clicvaux de
bois.
Broquillou, broqui-ion, s. m., petite broquille ou broche —
brochette.
Brosquin, brossequin.
Vestu erl de son brossequin.
(Rom. de Fauvel)
Brouillasse (i), il tombe une pluie fine comme le brouillard.
Buquer.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 881
Brouilleus, adj , brumcax.
Brûle dû chaud (je), j'ai tellement cliaud que ma cliair est
brûlante.
Buhot.
Le buhot voit plain de tel goutc
Si hèle corne d'itel coulour.
(Mir. S. Jean Chrysostome)
Que bucquez-vous ? Qu'esse là ?
Bucquez bas.
(Farce d'un amoureux)
Buriau. Diminutif de bure, tas de fagots.
Renarz gote ses it^us vers le buriau d'esteule.
(Ménestrel de Beims)
Et 11 chien s'en vont et se mucent ou buriau d'esteule.
(W.)
Burlement, s. m. Cri du taureau.
Bûrre. Corrigez :
Dou burre, vieil ou frosc, on d^e prendre le disme.
Buse, s. f. , le chapeau noir à haute forme.
Busiau prend parfois la signification de bêta, niais, nigaud. —
Dans l'ancien français, buzier a eu la signification de soupirer, se
plaindre, réfléchir.
Caberter, v. Faire des chevreaux. Se dit de la chèvre qui met
au monde ses petits »< cabrais ». — Nol' cab(r)c ai caberté anout
au malin.
Cab8rtie(r), s. m., chevrier, celui qui conduit les chèvres,
cab(r)es ou galles aux champs (frontière belge).
Cab(r)e.
Ou s'il se couche ou s'il se C2bre
Ainsi com cils qui fait la eabre.
(Voir dit)
Câcâ, s, m., œuf; on dit aussi Cocd. — A Douzy, ce terme
désigne encore la gorge, la pomme d'Adam. On vous citera une
femme, de forte taille, qui se charge de serrer le cdcd à bien des
hommes.
56
882 OLOSSAIRB DU MOUZONNÂIS
Camb(r)e, s. ni. — Voyez Kambe. Le vieux mot voulait dire
courbe. Et de fait, quand nous disons d'un individu : c'est in laid
Cambe, nous entendons qu'il s'agit d'un monsieur laid^ mai fait, tor^u.
Camoussé.
Desos helme fu lains et camoissies.
{Foulques de Candie)
De fer et de suor furent tout camoisé.
(Aiol)
Camoussure.
Tost sera ta fâche fronchie
Et ta fresche colleur fadie
Et ta blonde cheveleure
Enleidie par canisture.
(Clef d'amour)
Canie. — Je rencontre canlant, chantant avec le sens de vau-
rien, larron, dévergondé.
On a cis canlans sejorne
Que j'ai ichi trové pendant.
{Fabliau de Longue nuit)
Câquetter.
Finette ! n'en caquetiez plus !
(Obstinalion des femmes)
Car en coin (de), expr. adv. de travers, diagonalement, de
coin en coin. — L'ancien terme car signifiait coin^ angle.
Caramelle, s. f., petit morceau de sucre carré, entortillé dans
un papier avec une devise en deux vers, et que l'on donne, reçoit
ou achète à la frontière.
Carculer, v., calculer (r = l).
S'il plaignoit en nombre aussi hault
Qu'arismétique le carculle.
(Mistère de la Passion)
Carreau, s. m., planche ou espace de terre, dans un jardin,
séparé en rectangle ou en carré : iii caruead d'ougnons.
Catherinette. C'est la cétoine.
Catouillette, catou-iette, s. f., chatouillement. — Waite à
ti ! si t'clis co iauques, j'vas C faire des catouillettes. — La
Catou-iette est un surnom donné à un individu qui était appa-
remment très sensible au chatouillement.
Catouillie(r), catou-iie(r).
L'une fauldra qu'on la cafouille.
(Pourpoint de Dame V.)
QLOeSAIKJfi DU MOUZONNAIS 883
Cementière.
Et fît la fosse qui est el cimentière par devers orreal clore
de murs.
(Purgatoire S* Patrice)
Ceiid(r)e_, s. f., marne schisteuse exploitée aux environs de
Reniilly, Thelonne, Noyers, et servant d'engrais pour les foins
artificiels.
Cérimonie, s. f., cérémonie.
Je regardoie le surplus de la noble cérimonie.
(Olivier de la Marche)
Aultres vouloient sa prinse sans cerymonie.
(Ph. de Gommynes)
Chair, char.
L'on y trouve trois viandes de chart, cy une est semblable
à chart de bœuf, l'autre à chart de lièvre, et l'autre à chart
de perdrix.
(Yiandier de Tailleoent)
Chairi-iie(r). Signifie encore : retarder par des raisonne-
ments, remettre, repousser une décision : /' m'ai chairi-ue cojnna
pendant in mois, à m'disant qu'sa femme étol malade, quii
s'garçon avot té ohiigie d'parli(r) au régiment, et pi(s) co et pi{s)
co et finalemenl i n'ai rin v'iu m'douner. — De là dérive
l'expression de
Chairi-ieus, s. m., individu indécis, qui remet toujours au len-
demain à conclure.
Et celle de Chairi-iie(r) droit, déjà donnée.
Il convient trop droit carier
Qui vers amours se veut lier.
(Clef d'amour)
Chairnure, s. f., charnure ; musculature ; coloris de la chair;
santé de la chair. — Ses plaies s'garirant aisiemat : il ai 'n
boune chair.ndre.
Il est beau de sa chairnure.
(Friquasse'e crolestyllonnée)
Chambarder, v., culbuter, renverser, enlever, voler; — met-
tre au milieu des champs. — C'est lou qui m'ai chambardé toutes
mes gerbes.
Bertoult qui fu en sa méson
Saut por veoir que ce estoit
Qui ses gelines champartoit,
(Rom. de Renart)
Changie.
884 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Sa robe Fu en couleur changie
Qui nouvelleté signefie.
{Voir dit)
Chansouner, v., chansonner.
Chansounette. p. f., chansonnette.
Chanter l'coiq), v. -- Se dit d'une poule qui répète le chant
du coq. signe qu'elle ne pond plus et qu'il faut la tuer.
Chapiau, chapiâ.
En la rue o Qiiains de Pontis
Fis un chapia de violetes.
(Guillot, Dit des rues de Paria)
Uns chapiaus de fleurs à corone
La d.ime
{Chevalier qui donti l'anel)
Chaquer. v., faire cliac : se dit d'une arme dont la ca[>sule
seule part.
Charchie(r), cherchie(rj.
En tel ennuy, j)Our me cuyder retraire
Charchr chemin.
(Piorro, Fa i feu)
Ce sont bestes qui charchent leur paiture.
(Obslination des Suysses)
Qui lors auroil tôt l'or que l'en porroit ccrchier.
(Thibaud de Marly)
Charge, charg-eou.'er), s. Lieu où l'on charge les chariots
avec de la pierre, des moellons, etc.
Chaufou(r), s. m., four à chaux. N'est plus guère usité que
comme nom de lieu. — J'ans 'n terre au Chaufou(r), endroit où
jadis était un four à chaux.
Chaugniard, analogue à chournois, sournois. — Chaunia
s'emploie dans le patois lorrain.
Chautreus (de puces), un mauvais couteau.
Chéoun.
Chpscun tient arc-balesle ou arc turquois peignai.
[Foulques de Candie)
Chescun m'i het et sus me courl
Chescun m'i despit et menace
Chescun mi courl à la harace.
(Àdvocacie ^\•D.)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 885
Chêlé (toul)^ expr. adv,, en abondance, en quantité, tout
chargé, surchargé. — Synonyme de à chire. — Waile in peu c't
aube la ! n't ai des cerises tout chêlé.
Chénée.
Si fist le flun (Ueuve) issir fors de son chaneit.
[Ménestrel de Reims)
De son charnel la mer istera.
[Adam, drame)
Cheoir.
Je n'aroie jamais bien, se vous cheiez en paroles ou en
blasme pour moy.
{Voir dit)
Chessie(r).
El cil que chescent li sont venu davant.
(Poème de Girbert)
Cheus, chus.
Nous irons cheiix les espiciers.
(Mystère de la Résurrection)
Chevée. Le vieux verbe chever signifiait creuser.
Renart s'en fui teste levée
Par une viez voie cheuée.
(Rom. de Renart)
Si li mostra une pierre que il cheva.
(Roman M^ S« Michel)
Cher, chérette, chérue, etc
N" 678 une bonne therète, 2 viez cherètes ferrées, 2
tumbereaus sans roez, 2 chérus a fers et a roueles, et 4 her-
ches.
(Inventaire Clémence de Hongrie)
No 73o en la granche devant, 60 chertées de fain,pré-
sié 60', non vendu.
(Id.)
Chéruiage.
Un cheruarje que Jehan de Waure avoit.
(Coutume de Namur)
Chiard, s. ra., poseur, maniéré, affecté. — Voy. Chileus.
Chicaille, s. f., victuailles, de quoi « chiquer ». — Vulgaire.
Chicon, s. m., sorte de salade en boule, chicorée.
Chie-à-boite, s. m., terme injurieux, insolent.
Chie-à-brau-ies, comme chie-à-culottes, s. m., quaUflca-
tion qu'on applique au jeune bambin qui n'a pas encore de panta-
886 (ÎLÔSSAIRE DO MOUZONNAIS
Ion fermé, mais des culottes fendues, par où passe la brau=-ie ou
pan de chemise dans laquelle il laisse parfois échapper ce qu'il
n'a pu retenir.
Chier, adj., cher.
Il les racheptoit bien chier quant il en avoit besoihg.
(Commynes)
Chieries. Dans le Glossaire du centre de la France, Jaubert
signale gyries avec ce sens : c'est le vrai mot. Gyrer, virer, tour-
ner, contourner, nous donne des gyries, contorsions, grimaces,
simagrées. Néamoins, ne pas oublier que c'est le chiard qui fait
des chieries, et que dans le monde un tout petit peu moins incon-
venant, on le taxe de merdeux, ou bien on dit qu'il joue du fion :
nous sommes alors en plein argot.
Chiquet,, s. m. Jouer le chiquet^ aux quilles, c'est se placer à
l'un des quatre coins pour lancer la boule dans les conditions les
plus favorables à l'abatage d'un grand nombre de quilles.
Chitrai, s, m., comme ôhitroU.
Choir.
Del ciel cherra pluie sanglante.
[Adam, drame)
Tout en cheyant, j'en ai pu faire choix
De mon point d'arrivée.
(Rostand, Cyrano de Bergerac)
Choper, v., boire des chopes, se griser, chopiner.
Chournois, adj., sournois. — Voy. Chaugniard.
Chu, p. p. de choir. Tombé. — Fém. chule.
Op m'est-il donc très grandement meschu '
Qui me vy si hault et me sens si bas chu.
{Lunettes des princes)
En teunlant, elle s'est baissée
Puis la pougnie est eschappée
Et à l'envers est cheute là.
{Farce du Cuviéf)
Jusques à ce que elle fust toute hors de sa guame et
cheute sur le sablon.
(Oliv. de la Marche)
Elle chute elle est chute, elle est chute.
(Marguerite de Navarre, La Nativité)
Ci-delez.
Cies.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 887
Ci-delez est l'ostel Primaul
Mon conpère qui ne nout faut.
(Rom. de Renart)
A pris Blancandin de sa main ;
Cies le provost se sont rendu.
(Blancandin)
Clairer. — Voy. Flambe)' et lumer.
Cliché.
La clique sache, l'uis ouvri.
(Fabliau du Bouchier d''Abbeville)
Cliffure, s. f., quelquefois cliffade : éclaboussure.
Clignette.
Item et si ne jouerez
A Siron ne à clignettes,
(Fabliau de l'Amant rendu cordelier)
Clignie(r) et aussi Cliner : i cline des ius.
Si li clina si sagement
De l'yeul, qui par son clinement
Peut bien la douce Virge entendre
La response qu'el devait rendre.
(Advocacie N.-D.)
Côcâs.
J'ay mangé du coçuari pour tuer carême.
(Friquassée crotestyllonnée)
Cochie(r).
Car je l'amois (mon coc) durement
Pour ce que menu et souvent
Les me chauchoit (les gelines) l'une après l'autre.
(Rom. de Renart)
Car il (le coq) chantoit bien, il cauquoit bien les gelines.
(Nouuelle fabrique)
Collée.
Chevalier, laisse moi en pais
Ujou te donrai tel colée.
Jamais ne le verras sanée.
(Blancandin)
Compren(d)re et non compre7id(r)e.
Conil, plus souvent Gonil, s. m., le lapin. Encore usité à Ange-
court.
Counaît(r)e.
Certes qui bien mort cognoiseroit
Hors de raison jamais n'istroit.
[Dance macabre)
888 QLOSSAIBE DU MOUZONNAIS
Continu-iie(r), v. , continuer.
Contreveni(r), v., coni revenir.
Copi-iie(r), v., copier.
Coqueluze, s. f., coqueluche.
Corbillon.
De façon qu'à les voir ainsi pendus (des nids de canes)
vous diriez voilà des petits corbillons.
{Nouvelle fabrique)
Corder^ v., mesurer du bois de chaulfage, le mettre en cordes,
c'est-à-dire en tas d'environ quatre stères.
Cordéler, v., tordre, tourner, faire prendre la forme d'une
corde. — J/' cravate est tout cohdélk.
Corre. On a imprimé manuscrit pour namurois.
Cotcorôcô, onom., chant du coq ; le coq.
Coûchie(r), s., le coucher. — Et coucher.
Toz teus sera o lui au main et au couchier.
(Thibaud de Marly)
... Qui encor n'estoit endormie
Quar maintenant s'estoit couchie.
(Fabliau de la Bourse pleine de sens)
Cou-ion, s. m., poltron, peureux, lâche.
Cou-ionner, v. n. Se montrer poltron. — El v. actif. Plaisan-
ter, railler, blaguer. — Tu cou-ionnes! f n'irai pourtant mi t'ai-
die(r)y bin sûr !
Coumacie, adj., commencé.
Devant ce que Roume fust fondée ne coumencie.
(Anciens textes, 1885)
Ves la bataille commencie,
Se délivre estoit m'amie
Mult averies riche soldée.
(Blancandin)
Coumat.
Et vos avez oi coument fut enfraint l'obédiance.
(Saint Graal)
Coume.
Si coume il vint tôt eslessiez.
(Rom. de Renart)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 889
Coupette, — Corrigez : bois au lieu de hors.
Derrière notre habitation, au coupeau d'une petite mon-
tagne.
(Cyrano, Voy. dans la Lune)
Couraillie(r), coura-iie(r), v., courir, aller d'ici, de là ; —
galvauder.
Coureu(r), s. — Le coureas était aucienuement un éclaireur.
Pour 00 envoyèrent coureux qui en la forest entreront.
(Ctiron. Duguesclin)
Coutangeux, adj., qui coiile cher, qui occasionne de la
dépense. — Le verbe coutanger a eu cours.
Lequel clerq couslengera pour quarante livres blans l'an.
{Coût, de Hainaut, 1323)
Coutiau, coûtai.
Qui va en Flandre sans coutcl (pronono. coutets)
Et a fromage pour tout mets
Il le doit tailler bien épais.
(Moyen de parvenir)
Couveresse, au lieu de couvresse.
Ou dit vrayement qu'elle pondoit deux fois le jour et si
estoit fort bonne couveresse.
(Nouvelle fabrique)
Couvisse.
Car en esté sont toutes gelines coveices (couveisses).
(Li livres dou Trésor)
Cracheus, s. m., qui crache, qui a la manie ou l'habitude de
cracher.
Crâleus, s. m., celui qui respire bruyamment, avec le râle de
la toux ; poitrinaire,
Crance. — Voy. Qu'rance.
Cranté. Une de mes vieilles tantes disait à ceux qui étaient
fatigués et s'en plaignaient : Diid'piiis eodk jusqu'à cranté 7i'y ai
co cent Hues.
Cravate, s. m. On dit souvent col.
Gréab(l)e.
Bien ont doné tesmoing cre'able.
(Thibaud de Marly)
Or escri donc choses créables
Douces entrans et vrais semblables.
(Clef d'amour)
890 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Crevassie(r), v., crevasser, gercer, fendre.
Crever, v. On conjugue : jcreuve, lu creuves, i creuve —
j'creuverai.
L'ame est encore dedans ses trippes
Qui de son ordure s'abreuve
Et si la pance ne lui creuve
Nous perdons cy nostre maison.
(Mystère de la Passion)
Croisée des chemins (à la); s. f., à l'endroit où deux che-
mins se croisent ou bifurquent.
Crompire. L'allemand grundbiime désigne la j)oire de terre
ou topinambour.
Crosses, s. f., béquilles. — Se dit plus ord. crosselles.
Croûton. S'emploie aussi à propos du tirage au sort ; le jeune
homme de 19 ans accompagne ceux qui vont tirer : il va chercher
le CROUTON, c'est-à-dire qu'il reconnaît que son tour viendra l'an-
née suivante.
Cruchetée, s. f., le contenu d'une cruche.
C'ti là. — Celui-là.
Et cesiuî/-/à, son loyal compagnon a bien parler c'est le
bien vertueux.
(Assumption N.-D.)
C'est cestuy-là, c'est mon amy certain.
(td.)
Cu(l) détournai, comme cu(l) troumai. Le Bourguignon Gui
Barôzai s'exprime ainsi :
J'airein su l'harbe varde
Fai le cutimblô.
Culage. Redevance exigée des nouveaux mariés étrangers par
les jeunes gens compatriotes de la mariée. Bien souvent, encore
aujourd'hui, lés jeunes gens s'opposent^ par des farces diverses et
plus ou moins singulières et amusantes, à ce que le jeune marié
passe tranquillement la première nuit avec son épousée : souvent
aussi, il achète ce repos, qu'on lui dispute, par un cadeau qu'on
appelle le culage.
Défense à tous jeunes hommes, estrangers ou autres, qui
prendront filles en ce lieu de Bouillon en mariage de donner
à ladite Jeunesse aucune bienvenue, culage ou tel autre droit
que l'on puisse noinmet'.
{Ord. de Bouillon, maud^ de 1669)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 891
Cunet, cunette. — Dans l'expression : Boire à cunkt ou
CUNETTE, il faut comprendre que le buveur, qui est un gourmand^
boit tout le contenu de son verre, de sorte qu'après l'opération,
le vase a le cul net.
Daingnie(r), v., daigner.
Mes onques tant ne vos prisa
Qu'il vos daingnast contremander.
(Rom. de Renart)
Danses, s. f. pi. On dit plus volontiers : aller aux danses, j'vas
{v)oir les danses, et moins souvent aller au bal, je vais voir la
danse.
Aussi proprement et bien aiïublé qu'une fillette qui va aux
danses.
(Nouvelle fabrique)
Darni-ion. — A Douzy, darnié.
Apres mult doucement li prie
Que il ne facent esdarnie
Mais par mesure voisent tuit.
(Blancandin)
De, prép., employée dans certaines expressions qui fixent des
dates : J'tû palrai ça d' limdi en huit.
Eslargi à Guodeffroy Lalerîiant, en la matière, et à la cau-
tion autrefois donnée, jusques à de ditnenche en VIII jours.
(1332, Reg. crimin. S^ Martin des champs)
Déboursie(r), v., débourser.
Débrêler, v., contraire de brêler, desserrer la corde à brêle.
— Devant quil d' déërêler le cher, on retirerai 'n gerbe ou deux.
Decont(r)ei C'est peut-être l'ancien terme deeoste, A côté; tout
près.
Sèëz^vdiis fcl declosiè rti.
(Baptême de C lavis)
Décrami-iie(r), t.j démêler, dêsenchevêtrer, contraire d'acra-
mi-iie(r). — I n'sant mi foutus d' DÉcRAMi-iiE(a) leu{r)s affaires.
Défeilli(r), v., dépourvoir de feuilles. — Via d'jà iBS lit-tus
tout DÉFEILLIS.
Defeiid(r)e. v., fendre : Lundi j'dkfendrans nos bûches.
Déferloqué, adj., déguenillé, en guenilles, en ferloques. —
Ta rappelles-tu c'tella qui chantot au casino, qu'élût toute
DÉFERLOQUÉE.
892 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Défon:;ie(r), v., défoncer.
Défré-iie(r), v., défrayer. On a dit autrefois défrelier.
Li rois d'Engleterre defretia le roy de Chypre de tout ce
que il et ses gens despendirent.
(Froissart)
Défri-iie(r), réchaulFer, ôler le froid. — A peu près inusité à
présent. — Quoi 'c quù t'fais comna d'vant le fu ? — / faut bin
qu'on s' DÉFRiE in peu ! ons est tou(t) ajalé.
Du véoir trop me défrioie.
(Le Voir iil)
Dégainde, s. f , dégaine, allure.
Dégau-iie(r), v., rejeter, non pas vomir, un aliment, une
chose mauvaise qu'on a déjà mâché ; recracher. — Voyez
r'dégau-iie(r).
Déglaïné, adj., éparpillé, jeté pêle-mêle, tête bêche. — Se dit
des chalumeaux d'une gerbe que l'on a secouée et répandue de
tous côtés.
Dégrapper, v., dégrafer.
Dégratter.
Un vilain
Se dégratoit delez son feu.
(Fabliau de la m.)
Dégriôloue(r), s. m., glissoire.
Déliach.ie(r), v., tirer, arracher.
Tant l'ont tiré et desachie
Que tôt l'ont mort et esquachiez.
{Rom. de Renart)
Déhachie(r), v., fréquentatif de hacher, couper à la hache.
Cuisiés de char, de veel, et la dehachies bien menu.
(Viandier de Taillevent)
Déhanchie(r), v., déhancher. — P. p.,déhanchie.
Déhuchie(r), v., partir, sortir d'un lieu où on se cachait. —
Déloger, s'en aller.
Déjoind(r)e.
Nos deux cuers qui jamais ne porront desjoindre.
(Le Voir dit)
Le dit seigneur de Bourgogne s'en povoit desjoindre et
faire paix avec le Roy.
{Monstrelet)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 893
Déjugie(r), v., déjuger.
Déla-iie(r) et délais sie(r).
Je vois morir sans délaier.
(Mireour du monde)
Déina-iie(r), déinaillie(r), v., rompre les mailles. — Bon!
via m'caclienez qu'est tout dûma-iie.
Et Tauberc de son dos desrant et desmailla.
(A toi)
Démanchie(r}, v., démancher.
Démein-nagie(r), v., déménager.
Démett(rie, v., se dit d'un membre dont les parties se dépla-
cent ; luxer. — P. p , démins, démettu. — J'nVai demins rpou-
gncl.
Démetture, s f., luxation (d'un membre).
Démoli(r\ v., démolir.
Dent, s. m. On prononce souvent dat : J'ai mau les das.
Dépairer, v., détruire la paire, déparier.
Départagie(r), v., départager.
Dépiécie(r).
Et si la dé pièce
Et en fait mainte beie pièce.
(Dit des hochicrs)
El ce que l'un faict l'autre despièce.
{Dance macabre)
Quant il sera cuit, dcspiécès par morssiaux.
(Viandier de Taillevent)
Dépiquer, v., fréquentatif de piquer.
Il m'ont tût dépiqué le dos.
(Rom. de Renart)
Dépouillie(r).
Quant aucun despoulli se sent.
(Ad>'ocacie N.-D.)
Derre, v., dire.
Aussi fout, est, cen seut l'en derre (ce a-t-on coutume de dire)
A bien garder et aquerre.
(Clef d'Amour)
Descende.
894 GLOSSAIEB DU MOUZONNAIS
De la descendue des Sarrazins de Grenade sceust tosi nou-
velles,
[H^* du Gueselin)
Dessaisi(r), v. , dessaisir.
Dessoili(r).
La mer boit les vents qu'elle enserre,
La mer le soleil qui tout voit :
De lui la lune se dessoive.
(Remy Belleau)
Désui)i(r), v., désunir, séparer.
Détend(r)e, v., distendre, relâcher, étendre.
Détournai (cul). — Voy. Cul Troumai.
Détrawer, v. fréq. de trawer, trouer, percer de nombreux
trous. — // ai reçu 'n charge dû plombs^ s'saurot étot tout
DÉTRAWÉ.
Détrenchie(r), v., découper en petits morceaux ou tranches,
larder de coups de couteaux : i li avot détrenchie toute la joue.
Il ne nos dira mie, vos fustes hostoier
Et en estranges terres, Sarrazins destrenchier.
(Thibaud de MarlyJ
Détressie(r), v., dénouer les tresses.
La dame estoit eschevelée,
Fors tant qu'une tresse tressie
Avoit, et l'autre destressie.
(Machaut, Voir dit)
Devantie(r). — Signifie aussi le contenu du tablier.
Et lor dona si grans dons riches.
Hanas d'argent, copes dorées
K'en aportoit à devantees
As chevaliers.
(Estoire de la guerre sainte)
Item, pour Caresrae : deux devantiers vies, de drap
encendrés.
(Inventaire Clémence de Hongrie)
Devéni(r).
De mort passerons les destrois
Et devenrrons comme ces trois.
(Trois morts et trois vifs)
Dêver (tu me fais), tu m'ennuies^ tu te moques, tu m'en fais
accroire. — Vieux verbe desver, s'égarer, devenir fou, perdre le
seus.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 895
Et li prestres ert revenuz
De paumoison et relevez
Vers eus en vint trestoz desi)ez (ahuri).
(Rom. de Renart)
Dire. Ici, dit-il se traduit par qu'i dit. A la frontière, ou pro-
nonce disti.
Dieu te benéie, dist-il
les tu ce Renart le Gorpil ?
(Rom. de Renart)
Dires, diries, s. pi., bavardages, racontars. — Tout ça c'est
des DIRES, n' faut mi zy croire.
Dite, dit. — Ledite faucheron ai don té à
Dize, prononciation de dix. — Il étaint pus d'à bize. — Aux
cartes, c'est le dizk qu'on appelle la manille et l'as lii manillon.
Dodiner.
S'elle trouve qui la dodine
Elle chaume du jour la plus part.
(Passetemps d^oysiveté)
Doie^ doigt.
Deus dois et plaine paume fist Testrier alongier.
(Aiol)
Don(c), conj. donc. Employé souvent interrogativement :
quoi' ce quii j' feros bin, don(c] ? — Quoi' ce quû j' devinrans,
don(c) ?
Va dont, fait li rois.
(Rom. de Renart)
Dormeus, s. m., dormeur, qui aime à dormir.
Doubles (deux, trois, quatre...).
Si le coulés parmi une nappe en // ou en trois doubles.
(Viandier de Tailleoenl)
Doubler, v. J'doubelle, fdoubellerai.
Doublée. — Ou dit d'une famille qui a deux enfants jumeaui,
qu'elle a une doublée : Çute Jeanne-là e(sl) étonnante^ elle ai iu
trois DOUBLÉES.
Doucemat, adv., doucement.
Doudouille, s. f., raclée, roulée, trempe, tatouille.
Doumage, s. m., dommage. — Voy. damage.
Doûtrois, c'est-à-dire deux ou trois, un petit nombre. —
896 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
C'ii'ctot vin quû c' foire-là : tVi avot. doutrois marchands, pis
rin !
Dragon, s. m., cerf-volant en papier servant de jouet.
Droit (au).
Au droit des murs du chaste!, fil l'abbé sa mine. . .
(Chroniq, du Guesclin)
Les lices furent préparées sur le grant marchié au droit
dii l'hostellerie de la Clef.
(Olivier de la Marche)
Droitie(r), s. m., qui se sert surtout de sa main droite. —
Opposé à Gauchieir).
Droit nœud.
Car c'est 11 droit neus del vilain
Qu'il soit tosjors de bonneinain (souple)
Vers celui de qui à peor,
(Partonopeus)
Diid' pour la prép. de : Duo' Qv'est ce qitii Iv le plains ^f —
Dud' quoi 'ce quii lu te plains ?
Chaïm, bel frère, entent à moi !
— Volenliers, ore de dequoi,
(Adam, drame)
Veu qu'on l'appelloit tousiours du depuis
Lutèce des Parrisiens.
(André Thevet. Cosmographie)
Et du depuis toujours dans les autres se luit.
(Foresteries de Vauquelin)
Dttmain, adv., demain.
Dur (alcnd(re). — Être sourd ou entendre difficilement.
Durci(r), v., durcir.
Duremat, adv., durement.
Duvet, s. m., couvre-pied fait avec le duvet et les petites plu-
mes de loie.
E final sonne éie, eille. — Voyez introduction.
Quant el fu faite et achevcif
A seint Michiel l'a présentete.
(Rom. iW' S» Michel)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 897
Des chartes lorraines du xiii« siècle, publiées par M. Bonnardot,
nous présentent les mots : citei, communauté/, faucelet, véritei,
trinitei, grei, volentet, kmei, priei, trouvée donei, etc Dans
les mêmes chartes, on relève les finales eir pour cr des verbes de
la première conjugaison : rédameir, demandée';', doweir, parletr,
doutc'iV, etc. Pareillement dans les ciiartes de Nivelles du xiv» siè-
cle on relève : manière ordeneie, assignée, empetrei, jureii, etc. ;
fiableteii, libertec's, vollenteii, veritei^, etc. ; empêtre/'r, jureir,
wardei'r, demorei/', doubte»', etc. . .
Ecaillet. — Voy. Ca-iel^ noix. — Terme employé à Douzy.
Echaper, v., esquiver. — J'ai co échappi':; la maladie pou(r)
c'fois là.
Echaurer, v., signitie aussi échauder, passer à l'eau chaude,
— On ferot, p'I H' bin c^'écuaurer in peu les assiettes.
Echesse, s. f. , échasse.
Li tiers ke Tieris oi non
Saut sus ces e'chesses.
(Pastourelle, Meyer)
Echielle; à Douzy, échîle.
Je pourrois monter aus nues sans eschiele.
(Machaut, Voir dit)
Les Françoys qui tousjours assailloient par eschielles et
par mines.
(Chron, du Guesclin)
Echiélette.
Celé echiélette par delà,
El Diex, com très bien son ele a.
[Rom. de Renart)
Ecofle. — On trouve écouvies dans les Coutumes de Hai-
naiit : ordures, balayures, etc.
Ecorchie(r).
Bien li ont les gueules torchies
Et les anguilles escorchies.
(Rom. de Renart)
Ecouter, v., avec le sens d'obéir : C't afant là n' sait c' quû
c'est que d'ÉcourER : jamais i n' dirai oui à c' qu'on li coumande.
Ecumures, s. f., écume, ce qui vient au-dessus du pot qui
bout.
Egrouins, s. m. pi., grains qui tombent des gerbes qu'on
déplace dans la grange ou sur le charriot.
57
898 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Embarras (n'i ai ponl d')y exp. il n'y a pas de danger, cela ne
peut être. — N' crois-tu pas que la sœur ai oubli-iie ? — N'i ai
pont d'EUBARRAS I
Emi-iie(r).
Et devant chiaus qui ne pooient
Maskier le pain, dimenuisoit
Et esmtoit et débrisoit.
{Miracles de S. Eloij)
Enclumiau, s. m., petite enclume portative dont use le fau-
cheur pour battre et aiguiser sa faux.
Endroit soi. Présente aussi le sens d'égalité, de parité.
Sa maistresse
Qui mult sovent li dist et prie
Que ele doint sa druerie
U a chevalier u à roi
Qui fu de parage endroit soi.
(Blancandin)
Englouti(r), v., engloutir.
Eiigourdi(r), v., engourdir.
Enjôleus, s. m., enjôleur.
Enju-e, s. m., enjeu. — L'e final est mouillé.
Enrichi(r), v., enrichir.
Enseveli(r), v., ensevelir.
Entier, s. m., cheval étalon, non hongre. — Ce son ier sonne
iille.
Entende, s. f., entente.
Entonner, v,, entonner.
Entreteni(r), v. — Voy. Aleurtènifr).
Entrouverre, v., entr'ouvrir.
Envi-iie(r), v., envier.
Epardre.
Et ne s'oseront mie espardre ne mètre en le chité.
(Rob. de Clari, £"5^. de Coustantinoblé)
Eperonner, v., éperonner.
aLOSSAlRE DU MOUZONNAIS 899
Eperounie(r), s. m., ouvrier qui fabrique les éperons.
Epine blanche, s. f., aubépine.
Epinée, s. f., échine de porc, morceau de viande.
Eplumures, s. nn., écorces, ce qu'on ôte en grattant l'écorce
de l'osier, etc.
Epouillie(r), épou-iie(r), v., épouiller, ôter les poux.
Epucie(r), v., ôter les puces.
Equarreus, s. m., ouvrier charpentier qui équarrit, taille les
poutres, arbres, etc.
Erres.
Après dist li dux que il voloit XXV m. mars d'ères à
comraenchier le navie.
{Estoire de Coustantinoble)
Esclopé.
Et puis Vesclopée cohorte
De Testât d'Amour donne foy.
{Triumphe de Dame V.)
Escuser.
Et se faute y a ou redites maladie m'escusera.
{Voir dit)
Espédi-iie(r), v., expédier.
Esquélette, s. m., squelette.
Essai-iie(r), v., essayer.
Estaller, v., étaler, — et aussi installer, établir. — Est-ce quH
n'ai mi iu V toupet d' s'estaller à la table dou'ce quu j'man-
geains !
Je les laisse à ces pauvres coquins
Pour estaller et tenir leur boutique.
(Testament de Ragot)
Etend(r)e, v., étendre.
Etout; et-tout. — Voy. Etou.
Et autre chose et tout, que je n'ose dire.
(Chanson, dans Larivey)
Il en partit si content, et elle et tout.
(Brantôme)
Etrangie(r), étrangière.
900 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Qufi servy soyes en ma maison
De vous mieulx que d'une estraiigiere.
(Farce des Femmes qui font refondre leurs maris)
Etrillie(r), étri-iie(r), v., étriller.
Eveillie(r), év-éiie(r).
Mes lors corra uns vont jjor le mont anoier
Et après une voiz por les mors esveiliicr.
(Thibaut de Marly)
Exigie(r), v., exiger.
Façouner. v., façonner.
Faîne. — Corrigez :
Et vivent comme sauvechin.e (bê;e sauvage)
De la glant et de la faîne.
(Chreslien de Troyes. Rom. de Guillaume)
Faire.
Bons escoliers leur eclypse suyvront
Qui fairj, bref les collieges descheoir,
(Pronostication générale d' Habenragcl)
NouveauI.K regens desquelz chascun suppose
Qu'iiz ne fuiront jamais un seul delTault.
(Idem)
De cola je vous faire taire.
(Farce de Jenin)
Fait (à).
En après, yceulx François cherchoient les Anglois, et
à fait que ils se trouvoient, les mettoient à l'espée.
(Monslrellel)
Fanchette, s. f. , ficliu, foulard que les femmes mettent à leur
tête en guise de coiffure avec une certaine coquetterie.
Faraud.
Et moût i gaaingnèrent grant avoir, et moût en vint à
Rains, dont tels i ot qui moût firent bien leur ferraut
(variante : feret, lleretj.
(Mcneslrel de Reims)
Fau, faux, prononcez faue, hêtre.
Une grant machuo de fau
Que trova pendant à -I- clau.
(Fabliau de Longue nuit)
Faucer, v., elfacer. — Voyez Fouler.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 901
Faule, était primitivement Fanle.
Il y ait VIIII f amies : li dui cloisirier, H refroiluriers, li
charpantiers, lis mastres keus et dui keu desoz lui, et dui
formier. . . Tiiit li famle doient eslre à la cène.
(iionnardot, Arch. de Metz^ 1210)
Faut, Faurai, Faurot, employés sans le pronom sujet :
Jean^ faurai aller à Itoucoût au soir — Faurot bin monder les
vaches anoul — Fallot ralrer pus toi.
Mais faut revenir à dire
(Commynes)
Et bien souvent falloit qu'ils revinssent sur queue (en arrière).
(W.)
Fédric, n. pr. Frédéric.
Et de rechief, que Fedcric d'Espaigne et Federic Lauce
et tous les autres anemis
{Chron. de Primat)
Femie(r).
P'iit femie(r), p'tit guernie(r).
(Proverbe)
Fenau.
Dame Claire et Cunins li bestancierent (contestèrent) ou
cours de fenal (prononcez fenau).
(Cartul. S^ Vincent de Metz)
Fende.
Cette fendure est tout près dudit pertuis.
(5' Voyage en Jhérusalem)
Fersinner, v, n., grouiller, remuer à la façon des mouches.
— Il y a aussi le substantif fersln, qui emporte l'idée de bruisse-
ment, de bourdonnement. — On dira d'une chambre où les mou-
ches volent et bourdonnent : Écoule donc, que fersin ! — Ok !
comme ça ferslnme! — Fersin^ bacin, tocsin ne seraient-ils pas
trois mots exprimant sensiblement la même idée de férir, battre,
toquer (c'est-à-dire frapper) le sin ou la cloche ?
Fêteux, s. m., invité d'une maison dans un village où il y a la
fête,
Feub(l)e, Faib(l)e, adj., faible. — Choir faire : il ai chu
FAIRE tout d'in coup, comna^ il s'est pâmé, il est tombé en syn-
cope subitement.
De fain estoit et (loibe et vaine.
(Rom. de Renart)
Fiancie(r),
902 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Mais au vallet pour descouvrir
Li fait fiancier et plévir
Qui> il jamais n'en parlera.
(Blancandin)
Fiert, adj., Acre, acide.
Tes celliers doit estre, contre septentrion, froit et oscur, et
loing de baing et d'estable, et de four et de cisterne viez, et de
toutes choses qui ont fieres odors.
(Li livres dou Trésor)
Filé.
Or a fille f or a serans
Desvidoir et petiz et grans.
(Eust. Deschamps)
Fla-ïau.
Comme blé de jarbe s'escout
Au flayau et sault hors de paille.
(Passetemps d'oysivelé)
Fleurer, v., flairer, renifler, sentir.
Mais. . . en retrayant vont chaçant
Et les ruisseaux s'en vont fleurant.
(Gace de la Buigne)
Florette.
Et les autres cuillent la rousée par dessus les floretes.
(Li Trésors)
Fo-ïon. Fouant est le nom de la taupe dans le Roman de
Renart.
El Noirons le Fouans fouoit.
(Rom. de Renarl)
Folle avain-ne, s. f., sorte de graminées ressemblant à
l'avoine.
Fond(r)e, v., fondre, dissoudre.
Fontinette, s. f., petite fontaine. — Nom de lieu.
Une claire gouttelette
Qui vient d'une fontinette.
(Tabourot, Bigarrures)
Forcie(r), v., forcer.
Formacerie, Farmacerie, s. f. Pharmacie.
Fouein-ner, v., travailler avec la fouenne, fouiller. — Tu
FOUEN-NERAis les cduadas, f Ics ramasserai.
Fougnier. Au figuré : flairer, renifler, sentir comme pour
chercher.
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 903
Fouillie(r), foû-iie(r), v., fouiller, fouir.
Fouler, v., effacer, comme faucer. — Au jus d' cartes, on
yocLE des points quand on ai fait in nomb(r)e convenab{l)e dû
plies.
Fourchie(r), v., se séparer, faire la fourche. — Tourner brus-
quement. — A la place dou' c' quiX l'chemin fourche.
Car il seoit ou coing dou flun qui fourche.
{Ménestrel de Reims)
Frad. On emploie l'expression : ajaler d' frad, pour dire qu'on
a très grand froid et qu'on en est incommodé et malade.
Fraichi(r), v., fraîchir, devenir frais.
Fraisie(r), fraigie(r), s. m., fraisier.
Franche, s. f., frange. — Remarquons, à ce propos, que le
Roman de Renart écrit ordinairement granche pour grange. Du
reste, cette prononciation germaine est courante sur les rives de
la Chiers et à Mouzon même.
Fraudeus, s. m., fraudeur, contrebandier.
Fraze.
... Où ils sont regresillees en frase de veau blanc.
(Pourpoint de Dame V.)
Fremer.
Fremez les huis que les aions.
(Blancandin)
Fromentaye (cerise de). — Fruit de taille intermédiaire entre
la merise et la cerise ordinaire, sucré et doux, néanmoins- sau-
vage.
Froncie(r), v., froncer.
Quant l'ot Alimodes li rois
De mautalent froncist le nés.
(Blancandin)
Front, s. m., toupet, hardiesse : Çute fille là ai in front, on
nii l' croirot pas !.. . est effrontée, hardie
Froumage.
Toujours put fourmage merdeux.
(Secrets et loix de mariage)
Froumi. Signifie aussi fourmillement : J'ai des froumis das les
pie(ds).
904 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Il me disait
. . . Qu'il n'a si gros qu'un fremy
Le cueur ne les boyaulx.
(Farce du munyer)
Los fromis sentant, la pluie à venir, portent le bief en
leurs tavernes.
(Songe du vergier)
Fu, prononc. fu-ie. — Employé souvent pour incendie.
Li waite sur les clochie ou autre personne ne doit furir ou
bestor (frapper au battant de la cloche) pour cry, pour
rumour ou pour fue, jusque li fue soit fur dou toit.
(Arch. de Fribourg, cité par Godefroy)
Et qu'il n'aporte fu ne flarae
Qui la cité brûle et enflame.
(Machaut, Voir dit)
Fumelle.
S'il y avoit quelque fumelle — Qui
(Farce de Jenin)
Fumeus, s. m., fumeur.
Fumière.
Si sentoie en moy une ardure
Enlremellée de froidure
Et pleine de tele matière
Qu'elle art sans feu et sans fumière.
(Machaut, Voir dit)
Il ne vous peut, pour faire fumière, deshériter.
(Chr. de Jehan le Bel)
Fusillie(r), fusi-iie(r), v., fusiller.
Fuye^ s. f., fuite — Resté dans le nom de village La Neuville
en Tourne-à-FUYE.
Par une viese porte en fuie sont torné.
{Chanson d'Antioche)
Gâchie(r)^ v., gâcher.
Gaffe. — Voy. Gavi-ion.
Jus li eust
Caupée le tieste, ne fust
L'aubiers dont ot le gave plaine
K'il ot mangié.
(Renart le Nouvel)
Gaïne (Train-ner la). Signifie aussi : traîner ses chausses^ ses
gitHres, flâner, rouler, passer son temps à ne rien faire. Voyez ;
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 905
Train-ner la gaïne. Le terme de gaine a été conservé dans la
Comté où il signifie guenille, vieux vêtement, sale ou déchiré,
dénotant la misère ; et traîner la gaïne c'est être misérable.
Galette (c'est de la) pareille au pain, expression par laquelle
on énonce qu'une chose est de même nature qu'une autre dont on
prétendait la différencier, et en particulier que tel individu est
une canaille comme tel autre dont on vient de parler.
Galop, s. m., réprimande sévère, vive, brutale. — Elle méri-
tot bin l' GALOP qu' son père II ai foulu.
Gangne.
Il ne fault doubler que nul jour sans perte et gaigne ne se
passât.
(Commynes)
Gangnîe.
Garce.
Garnlment.
Notre Dame ! ville gaignie.
(Olivier de la Marche)
Las ! sire, j'ay vu madame
Bailler au bourrel en ses mains
Et il n'en fait ne plus ne mains
Qu'il feroit d'une povre garce,
(Marquise de Gaudine)
Que les rues soient pavées
Et de pailes encortioées
El de tires et de cendaus
Et de garnimens principaus.
(Blancandin)
Garrou-iie(r). — D'où l'on a pu tirer Garrouaqe (vadrouille)
que l'on voit employé dans une pièce de VAnc. théâtre françois.
Hélas ! si vous povez garder
Ma femme d'aller en garrouage,
Vous ferez le plus grant ouvraige
Qu'oncques feistes, en ma conscience.
(Farce d'ung mary jaloux)
Gauchi(r), v., gauchir, guinchir, se gondoler.
Gaumouner. — Le normand dit Cômotii, le bourguignon
Caumé.
Gavi-ion.
Quar une areste de poisson
Li aresta ou gaoion.
(Fabliau du Vilain mire)
906 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Prenez vostre poulaille et leur coupes le gavion.
(Viandier de Taillevent)
Gémi(r), v.,, gémir.
Genre.
Et fu baus tant comme il vesqui, pour la jonesce de son
genre, qui juenes estoit et enfantis.
(Ménestrel de Reims)
Gens.
Et il lor dit que li sanlot
Qu'uncques ne vist plus bêle gent.
(Marie de France)
En cest mireour, ma belle gent
Mirez-vous.
(Mireour du monde)
Ce est en son raileu que les gens apelent abisme.
(Li livres dou Trésor)
Genti(l), gentille, adj., aimable, bon, bien disposé, bien
élevé. — Il est moût genti(l) poii(r) sa mère, allez! &t afant là.
Germin, germain-ne.
La fille du Roy d'Escoce seur germainne de madame la
daulphine.
(Olivier de la Marche)
Gérô pour Gérau(rd), gérâ(rd), s. m., nom que Ton donne
souvent au geai ou Jacques.
Geron.
Se il chet poudre en son geron
Escorre la deis.
(Clef d'amour)
Gigi(er), s. m., gésier. — Le « Ménagier » écrit jugiers. —
S'étend à l'estomac d'un gourmand, d'un ivrogne : s'a'n ai-l-i
fourré das V gigi.
Godron, s. m., goudron. — C'est le nom que la vieille langue
donnait à l'amidon.
Goulette, s. f., tuyau d'écoulement pour l'eau d'une source,
d'un évier.
Gouttes, s. f., maladie; s'emploie encore au pluriel comme
jadis.
Pour ces jours était le comte de Hainaut gisant au lit delà
maladie des gouttes.
(Froissart)
GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS 907
Grossier, adj., gros. — C'es(l) in homme grand, fort, p(l)U'
tôt GROSSIER !
Guerdin.
Par autant que je suis (très) gay
Le guilledin chacun m'appelle.
(L'Escuyrie des Dames)
Guernie(r). — P'iit femie(r), p'iit guernie(h) (Proverbe).
Comment Faifeu fist monter son cheval au guernier à
l'avoyne.
(Pierre Faifeu)
Gueule dû lion ou de loup ou de leu, s. f., plante, le muflier.
Habillie(r),
Il est temps de faire deppart
Et de nous aller habillier
Car ennuyt nous convient veillier
Sur le troppeau, chacun pour soy.
(Mistère de la Passion)
Haricotie(r).
Lors 11 demande que c'estoit
Qu'il ert ainsi Haligotez.
(Fabliau de la Bourse plaine de sens)
Si vesti une povre cote
Où il ot mainte haligote.
(Idem, par Jean le Galois)
Haria, s. m., tracas, bouleversement. — Voyez Hari-iie(r).
Hari-iie(r).
Parbieu, j'en suis bien plus harié.
(Farce du Cuvier)
Haussie(r).
Et li vilain avoit haucie
Por moi ocirre la coingnie.
[Rom. de Renart)
Haut la côte. Dans le Roman de Renart^ le vers 436 :
Hersent a la cuisse haucie
parait être une expression équivalente de haut-la-côle.
Havet, s. m., sorte de fouenne retournée en croc, ou de boyau
à deux dents. — On trouve havel et havol dans l'ancienne
langue.
Herde. '
908 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Et tantost, comme il l'a trouvé
Emmy la herde s'est boulé.
(Gace de la Buigne)
Hougneries
Quer bien pensa que sa besoigne
Seroit toute tenue à hoigne.
(Advocacie N.-D.)
Hougnie(r).
Ceci est pour nous, qui qu'en hongne.
(G. Chastellain, Dialogues)
Nuyct et jour n'y faict que hongner.
(Obstination des femmes)
Moût s'esmervelle
Dont il ne les (les chiens) ot resquinnier,
Usler ne braire ne vuingnier.
(Fabliau de la Longue nuit)
Houme.
Il loist bien à Vhoume à soy deffendre contre son seigneur.
(Beaumanoir)
Huchie(r).
Il vint à l'uis, si l'a (sa mie) huchie
Celé se lieve^ son huis euvre.
(Fabliau de la Bourse plaine de sens)
lauque, pr. ind., quelque chose, chose : On dit ; Cn'est mi
gran(d) iauque quû d'ioue, ce n'est pas grand'chose, c'est un
mince ou triste personnage. — J'ai té puni pou(r) pas gran(d)
IAUQUE, j'ai été puni pour bien peu.
Iche, terminaison verbale fréquemment employée à la fron-
tière belge vers Carignan et Orval. — Faurot ÇWM j' mettiche ùi
clau là.
Volons que les dessus dites Chartres demeurechent tenues.
{Chartes de Nivelles, 1372)
Et mandons. . . que aidèchent à tenir.
(Id.)
Nous ottrions que li dessusdis consiaus mettechent leurs
journées.
(/d.)
Icoler.
lyeskès, des tables et des dés
De tout çou fu bien escales.
(Blancandin)
le, lie, terminaison des participes passés des verbes de première
conjugaison dont la finale ancienne était ordinairement iev.
GLOSSAIRE DU MOUZONNÀIS
Ainsi serez glori/'ùe
Dame, après cesle mortel vie.
La Déesse est paci/î//e
Apaisantée et adoucie.
909
(Voir dit)
(là.)
Ingivane, s. m. Ne s'emploie que dans Paposlrophe -.Ohî
TiNGiVANE ! c'est-à-dire quel singulier et compliqué personnage !
quel drôle d'être ! est-il bizarre ?
I(r). — Corrigez :
Li Loherains nel' mist pas en ohli
En T.oheraine vosl II dus TQvem(r).
(Garni)
Ismérie — Je trouve :
Anna et Esmeria furent II. screurs charnels. — De oeie
Esmerie nasqui Elizabeth et Eleiuist^, de Eleiuist qui l'u frère
Elisabeth nasqui Eminan, de Eminan nasqui saint Servais.
(Li livres dou Trésor)
Hismeria porta sainct Servais.
(Ane. poés. Vlll, la Marguerite des Vertus)
Jalée. — Rétablissez la citation qui précède ce mot.
En yver en lai jallée.
(Abexllaire des pastorelles, Meyer)
Jalice, adj., gelive. — La pierre dû BuUon n'est mi jalice.
Jaubi-iie(r). — En quelques pays, Jau est le nom du coq ou
du mâle de l'oie (jars) que nous appelons gaude.
Jauser, v., parler. S'emploie couramment à Francheval :
I sant (v)oisins, i(ls) n'sû jadsant pourtanl mi!
Jezeuph, prononciation de Joseph.
Joind(r)e.
Et puis se joindirent les chevaux.
(Olivier de la Marche)
Jouette, s. f., muscle du haut de la cuisse, à l'intérieur. — Se
dit aussi pour la rotule.
Jouquer.
Y sont iouquez, mère, nos gehnes.
{Friquassée crotestyllonnéc)
Jusqu'à là. — Jusque-là, jusqu'ici.
910 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Et ferirent coursiers des espérons et vinrent jusques à là
et demandèrent : Qu'est-çou ?
(Froissart)
Keud(e), v., cueillir. — Voy. Cueûdre.
Mais n'i keudrai nul jor
Fruit ne foille ne llor.
(Quesnes de Bethune)
Là-delez, ci-delez, prép. adv. — Ici, là, tout près.
L'aumaille de celé champestre
Vile qui est ici delez.
(Rom. de Renart)
La-iie(r),
Si trouvèrent ces ij. galies que on leur avoit laiies.
(Rob. de Clari, Estoires de Coustantinoble)
Liaissie(r].
Famé n'est de rien tant courouchie
Corne quant por autre est lessie.
(Clef d'Amour)
Laissez l'en paix, il se confortera.
(Ch. d'Orléans)
Lapine^ s. f. Boisson préparée pour les animaux malades, les
jeunes animaux, et faite d'eau adoucie par du son. — De lapper?
Lès, lez.
Par après ce tu dois veer (voir)
Qui leiz vous se voudra seer (seoir).
{Clef d'Amour)
Lie, pron. régime féminin — elle.
Qui a lie (la Vierge) de cuer se marie
Ne peut avoir nulle deffaute.
(Advocacie N.-D.)
Nul ne peut un soûl mot souner
Fors lie (ceste dame).
{Idem)
Ne n'aveit
Environ lie d'aiguë une goûte
{Rom. A/« S« Michel)
Mais a lie unques n'aloucha.
[Idem)
De penser a lie nuit et jour
Sans prendre repos ne seiour.
(Clef d'amour)^
glossaire: du mouzonnais 911
Lors ta dame salueras
Et bien près de lie te treras.
(Idem)
Ligière, légère.
Car assès plus ligière est la vie, où on puet avoir sans
grant travail ce que mestiers est en cors et en ame.
(Purgatoire S' Patrice)
Ligièremat.
Il sauta de plain sault hors de la salle, aussi ligièrement
que s'il n'eust heu que le pourpoint.
(Olivier de la Marche)
Li, part, de Lire.
Quant i fu leiz (l'évangile) et fu alée
Tote l'offrande et fu chantée.
(Roman M' S' Michel)
Puis a tôt leit le brief avant.
fldem)
Li, pour lui.
Et tout ce que je ly ay dit, je /y ay dit en confession
Se je iî/ ay de riens menty de ce que je ly ay dit.
(Voir dit, Lettre de Peronne)
Lipe, s. f., lèvre.
Et lors manda li cuens de Tripe (Tripoli)
A qui toz jors pendeit la lipè.
(Ambroise, Estoire Guerre sainte)
Liter.
Veu tu liter a may.
(Friquassée crotestyllonnée)
Lizarde.
Salemandre est resemblable à petite lisarde
(Li Trésors)
Et les laïsardes qui les feroient parmi les prés.
(Purgatoire 5' Patrice)
Lober. — On trouve loben en allemand, lob en anglais.
Je ne le die mies, ce sachiés, chiers sires pour vous lober.
(Froissant)
Londemain, s. m., pour lendemain.
Et londemain au matin s'en revient tuit le clergie à l'uis
de la fosse.
(Purgatoire S' Patrice)
Lon, loin.
Li diable le menèrent Ions vers avant.
(Purgatoire S' Patrice)
Il convient partir, ma suer et raoy pour aler à 'IIII- lieues
long.
(Voir dit)
912 GLOSSAIRE DU MOUZONNAIS
Longain-ne, s. f., planche longue et étroite.
Loriou, Louriou. — Voy. Lorieu.
Ce fut en mai, que la rose est florie
Uoriouz chante et li mauviz s'escrie.
(Gérars de Viane)
L'orieus chante en la saule ramée.
(Ogier le Danois)
Lou.
Vos lou feistes gaitier là où nos lou meismes.
(Saint Graal)
Louiberquin.
Wibrequin qui en françois est appelé un foret à percer vin.
(Olivier de la Marche)
Lumer.
Car quant li solaus et desor nos, et il alume ci où nos
somes, il ne puet pas alumer de l'autre part ; et quant il
alume de là, il ne puet pas alumer de ça.
(Li livres dou Trésor)
Lumière, instrunnent propre à éclairer. — Allume in'
LUMIÈRE.
Louvette ou louvière.
... En sa loviere (ceinture)
Portoit ades or et argent.
■ . (Miracles S» Éloi)
{A suivre) N. Goffart.
NÉCROLOGIE
Nous apprenons avec un vif regret la mort du coltinel Lesieur,
qui avait pris, il y a une vingtaine d'années, sa rclrailc à Cliâlons.
M. Lesieur appartenait à l'ancien corps d'état-nnajor, et y avait
fait toute sa carrière. Chef d'escadron après la campagne de 1859
en Italie, il avait été allaclié en cette qualité à la l" division mili-
taire, à Clullons, jusqu'au moment où éclata la guerre de 1870.
Devenu alors lieutenant-i;oloneI, il prit part, sous le général
Ulrich, à la glorieuse défense de Strasbourg, et mérita la croix
d'officier de la Légion d'honneur.
Pendant les années qui suivirent, il fut quelque temps employé
à Paris, puis, devenu colonel, il fut nommé chef d'élat-major de
la 12« division d'infanterie, nouvellement créée, à Reims. Après sa
retraite, il vint se fixer à Cliûlons, où il s'était allié à une honora-
ble famille et où il a vécu ses dernières années entouré de l'estime
publique.
Les obsèques du colonel Lesieur ont eu lieu à Châlons, le 6 octo-
bre, en l'église cathédrale. Les honneurs militaires ont été rendus,
devant la maison mortuaire^ par deux compagnies du I06« de
ligne, sous les ordres d'un chef de bataillon.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. le général Lafouge,
le colonel Joppé, le commandant Matheu et M. Cornet, inspecteur
honoraire d'Académie.
Dans l'assistance, très nombreuse, on remarquait le colonel
Joannès, du lb= chasseurs, accompagné d'un officier supérieur du
même régiment, M. le colonel Loyer, commandant la G'' légion de
gendarmerie, plusieurs officiers de la garnison.
Au cimetière, M. le général Lafouge a, d'une voix entrecoupée
par l'émotion, retracé la vie de celui qui fut pendant quarante ans
son camarade et son ami, et auprès duquel il avait, pendant plu-
sieurs années, servi à l'état-major de l'ancionne 4<= division mili-
taire de Châlons-sur-Marne.
Pendant que parlait le général Lafouge, le canon du camp de
Châlons, retentkSLant au loin, semblait ponctuer les paroles de
l'orateur, et ajoutait à l'impression causée par ce solennel adieu
au vaillant soldat de Traktir, de Magenta et de Strasbourg.
M. Thomas Frédéric-Moreau, qui vient de mourir à Paris le 21
octobre, dans sa cent- unième année, était assurément l'un de nos
58
914 NÉCROLOGIE
archéologues les plus juslemeiil réputés; ce qui lui conslilue une
sifualion unique parmi les archéologues, c'est l'âge auquel il
débuta dans la carrière : il avait soixante-quinze ans.
Il s'occupa exclusivement des époques gauloise, gallo-romaine
et mérovingienne, et en vingt-cinq ans il découvrit et fouilla, dans
l'Aisne et dans la Marne, plus de seize mille tombeaux dont les
richesses lui composèrent une collection très importante. Cette
collection, il l'a décrite dans une publication de grand luxe, super-
bement illustrée, intitulée Album Caranda^ du nom du moulin
au pied duquel il fit ses premières fouilles. Cet ouvrage a été
réservé exclusivement par son auteur aux musées et bibliothèques
et à ses amis et confrères en archéologie.
Chaque vendredi, les salons de son musée de la rue de la Vic-
toire s'ouvraient gracieusement aux visiteurs, pourvu qu'ils fus-
sent initiés de près ou de loin à la science archéologique dont l'ai-
mable vieillard s'était si généreusement épris. Ceux qui ont eu la
bonne fortune d'admirer ces trésors, recueillis avec tant de zèle
fructueux et de noble persévérance, garderont certainement le très
vif souvenir de ce petit homme alerte et pimpant, malgré le siècle
qui pesait sur sa tête chenue, et qui faisait avec une bonne grâce
un peu brusque les lionneurs de ses magnifiques collections.
Les trésors archéologiques réunis par M. Moreau ne seront pas
dispersés ; ce zélé archéologue a voulu qu'après lui ses collections
fussent réunies à celles du Musée national de Saint- Germaiu-en-
Laye.
*
Le 26 octobre a été célébré dans l'église de Roche-sur-Rognon
(Haute-Marne), un service solennel pour le repos de l'âme de
Georges Bailly-Foriillières, le jeune et malheureux explorateur
dont on a annoncé le massacre à Zolou (Côte occidentale d'Afri-
que), en mai dernier. On avait étroitement associé à cette pieuse
cérémonie le souvenir de tous ceux qui sont tombés avec lui, bien
qu'on conserve encore quelque lueur d'espoir au sujet de son com-
pagnon, M. Adrien Pauly.
Le R. P. Didon, dont Bailly fut l'élève à l'École Albert-le-Grand
et qui avait su reconnaître et apprécier la fière et généreuse
nature du jeune homme, avait tenu à apporter aux parents et aux
amis de Georges Bailly le témoignage et l'appui de sa grande
voix.
C'est au milieu d'un concours énorme d'assistants, débordant
les murs de l'église du village, que le célèbre orateur dominicain
a pris la parole. Il a, en quelques mois brefs mais émouvants,
rendu un hommage mérité à ces jeunes gens de vingt-cinq ans
qui, « ayant conçu un grand et utile dessein, sont tombés héroï-
quement en le réalisant ».
Dans l'assistance, un grand nombre de prêtres du diocèse, les
NÉCROLOGIE 915
délégations de divers régiments auxquels Georges Baiily avait
appartenu, et toutes les notabilités du pays étaient venus rendre
au vaillant explorateur un dernier témoignage d'alFection que ren-
dait plus louchant encore l'empressement unanime de toute la
population ouvrière et agricole de la région.
Le général du génie Charles-Remy Cadart, grand-ollicier de la
Légion d'honneur, qui vient de s'éteindre le 21 novembre, âgé de
quatre-vingt-cinq ans, en son château de Quinçay, près de Meus-
hes (Loir-et-Cher), était une belle ligure militaire.
Issu d'une moile«le famille rémoise, il avait de qui tenir comme
vaillance ; car son père, vieux soldat de l'Empire, avait reçu trois
blessures à la bataille de Wagram.
Né à Reims en 1813, il s'était distingué lors des débuts si péni-
bles de la conquête de la province de Constantine et avait été
décoré de la Légion d'honneur à l'âge de vingt-six ans.
En 1837, il fut associé pendant sept ans aux grands travaux de
construction de l'enceinte de Paris ; en 1849, de retour en Algérie,
il fut promu chef de bataillon.
Pendant la campagne de Crimée, il se signala dans la conduite
des attaques de Bomarsund et dans les tranchées devant Sébas-
topol.
En 1870, promu général de brigade, il fut nommé commandant
du génie du 12" corps d'armée.
Placé dans le cadre de retraite le 10 octobre 1878, il a écrit ses
Mémoires sur la campagne d'Algérie, aiu?i que plusieurs ouvrages
littéraires très estimés.
Sur la tombe du général Cadart, le général de division Delam-
bre, inspecteur de la défense du littoral, qui a eu un commande-
ment à Reims il y a quelques années, et qui fut aide de camp de
Cadart, a mis en relief, dans un chaleureux discours, les qualités
morales et les vertus militaires de notre concitoyen, dont le por-
trait figure au Musée de Reims, dans la galerie des rémois
illustres.
On annonce la mort du commandant Royer, ancien député de
l'arrondissement de Montmédy et ancien questeur de la Chambre
des députés, décédé presque subitement à Spincourt (Meuse), à
l'âge de soixante-treize ans.
M. Royer était né à Sey-Chazelles, près de Metz, le 25 octobre
1825. Elu député en 1879, il fut réélu quatre fois, mais ne s'était
pas représenté aux dernières élections.
Il eut une carrière politique et militaire des plus honorables. Il
était à la bataille de Sedan et s'illustra en défendant héroïque*
91 G NÉCIIOLOGIE
ment, avec une poignée de soldats, le pont de Bazeilles^ mais il
avait abandonné rarniéc quelques années après la guerre.
C'était un bonime d'une droiture et dune modestie qui lui
avaient valu l'estime générale et rafTection de tous ceux qui le
connaissaient et l'approchaient.
Ses obsèques ont eu lieu à Spincourt, commune dont il était
maire, l.e commandant Rover, qui était il y a quelque? jours
encore en parfaite santé, avait accepté de présider, le 3 décembre
prochain, à Paris, le banquet amical de l'Association des meuniers.
Le comte Ernest Armand, ancien ministre plénipotentiaire,
conseiller général et ancien député de l'Aube, commandeur de la
Légion d'honneur, est décédé le 28 novembre 1898, en son hôtel
de la rue Franklin^, à Paris, dans sa soixante-dixième année.
Il était fils d"un ancien député de l'Aube, et petit-fils du célèbre
membre de l'Institut et ministre d'état Monge.
INé à Paris le 6 mars 1829, après avoir terminé ses éludes de
droit, il entra dans la diplomatie comme aitaché d"aml)assade à
La Haye, le 1" mai ISoO. Successivement attaché d'amitassade à
Londres, le 3 mars 1854; au Cabinet du ministre, le 2i- février
lSo.'3 ; rédacteur au Cabinet, le 6 novembre 1859 ; chargé d'aifai-
res à Hanovre, de novembre Ib02 à avril 1863; prcmier^secrétaire
à Rome, le l(i mars 1864; chargé d'affaires dans cette ville du
13 juillet au 16 octobre 1865, du 26 octobre au lo décembre 1866,
et du 4 août aii lo novembre 1867 ; chef du Cabinet du ministre
des Affaires étrangères, le 20 juillet 1869 ; minisire plénipoten-
tiaire de deuxième classe, le 27 décembre I8C9; envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire à Lisbonne, le 12 avril 1870,
il fut nommé ministre plénipotentiaire de première classe, sans
poste, le 13 décembre 1877, mis en inactivité de service avec trai-
tement le 7 mars 1878, et enfin admis à la retraite sans traite-
ment en 1880.
Dès lors, relire dans ses propriétés de l'Aube et conseiller géné-
ral do ce département pour le canton d'Arcis-sur-Aube, il se porta,
comme candidat monarchiste, aux élections générales du 22 sep-
tembre 1889, dans l'arrondissement d'Arcis-sur-Aube, et fut élu
par 4, .305 voix contre 4,211 dormées au candidat républicain. Che-
valier de la Légion d'honneur le 2 avril 18'j6, il fut promu officier
le 14 août 1866 et commandeur le 10 février I87;j.
Doué des plus rares qualités du diplom te et de l'homme politi-
que, qualités dont il donna maintes preuves dans les situations
délicates où le placèrent les événements, le comte Armand savait
faire également apprécier, dans la vie privée, soc oaraclère ser-
viablo, sa courtoisie parfaite et la sûreté de son expérience et de
son commerce. 11 laisse, de son premier mariage avec Mlle Hain-
NÉCROLOGIE 917
beaux, un fils, le vicomte Abel Armand, ancien officier de cava-
lerie, et une fille, mariée au comte Krançois de la Rochefoucauld-
Bayers.
Les obsèques du comte Armand ont eu lieu le 1"' décembre
1898, en l'église Notre-Dame de Grâce de Passy, sa paroisse, et
l'inbumation a eu lieu dan? le caveau de la famille, au cimetière
de Passy.
On annonce également la mort :
De M. Louis-Dorcène Buaclie, ancien chef d'institution, décédé
à Epernay (Marne), à l'âge de 75 ans.
M. Buache, qui était d'une famille distinguée^, originaire de l'ar-
rondissement de Sainte-.Mencliould, laisse plusieurs enfants, parmi
lesquels M, l'abbé Buache, curé de Saint-Martin d'Ablois ;
— De M. l'abbé Jean-Philippe Marthe, curé de Viilers-Marmery
(Marne), décédé le 1^'' octobre 1S9S, ù l'âge de 74 ans ;
— De M. Achille Coleile, ancien banquier à Vouziers (Arden-
nes), décédé le 7 octobre 1898, à Paris- l'assy, dans sa soixante-
seizième année.
Les obsèques ont eu lieu le 10, on l'église paroissiale de Vouziers ;
— De M. Edouard Penaud, avocat à la Cour d'appel^, décédé à
Chàteau-Viliain (Haute-.Marne), à luge de 53 ans ;
— De M. Carteron, juge d'instruction à Troyes, décédé à l'âge
de 38 ans.
Il avait été, il y a quelques années, substitut du procureur de la
République à Châlons;
— De M. Jules-Auguste Henry, médecin-vétérinaire, maire
d'Esternay (Marne), conseiller d'arrondissement, délégué cantonal
et ciievalier du Mérite agricole, décédé le 17 octobre, dans sa cin-
quante-huitième année.
Les obsèques ont eu lieu à Esternay, le 20, au milieu d'une nom-
breuse assistance. Au cimetière, trois discours ont été prononcés
par le sous-préfet d'Epernay ; par le D-" Masson, vice-président du
Conseil d'arrondissement, et par le D'' Dunand, ami du défunt;
— De M. Fignier, ancien notaire, conseiller général et juge de
paix, décédé à Signy-l'Abbaye (Ardennes), le 18 octobre 1898, à
l'âge de 73 ans ;
— De M. Bidoyen, ancien directeur des contributions directes à
Mézières, décédé dans cette ville après avoir pris sa retraite à
Laon, au mois de janvier dernier ;
— De M. l'abbé Nicolas- François Muzy, curé de Champagne, au
diocèse de Versailles.
M. l'abbé -Muzy était originaire de Sévigny-la-Forèt (Ardennes) ;
après avoir fait ses études au Petit Séminaire de Reims, il suivit
son supérieur, M. Lambert, à Versailles, où il fut ordonné prêtre.
918 NÉCROLOGIE
11 élail curé de Champagne, près de Ponloise, depuis une tren-
taine d'années ;
— De M. Jean-GiiY-VicLor de Geffrier, lils du général de Gef-
frier, décédé à Soudron (Marne), à l'âge de 19 ans.
Les obsèques ont été célébrées à Soudron^ le 25 octobre 1898;
— De M""= Eugénie Rovel, en religion Mère Joséphine, supé-
rieure de la Congrégation de Noire-Dame, à Reims, décédée le
23 octobre 1898, à l'âge de 82 ans. Elle était née à Pourcy (Marne),
en 1813, et comptait plus de soixante années de vie religieuse :
elle était supérieure de la Congrégation depuis 1870;
— De M. l'abbé Baron, curé de Caurel (Marne), décédé le
26 octobre 1898, à l'âge de 62 ans.
Les obsèques ont été célébrées à Caurel le 29, et Tinhumalion a
eu lieu à Reims, le même jour, au cimetière de l'Ouest ;
— De M. Jacques Deullia, décédé à Hanoï (Tonkin), le 9 novem-
bre 1898, à l'âge de 41 ans ;
— De iM. Paul-Didier Jacquemot, chef d'escadron de gendar-
merie en retraite, officier de la Légion d'honneur, décédé à
Avioth (Meuse), dans sa soixante-quatorzième année.
M. Jacquemot avait commandé, en qualité de capitaine, l'ar-
rondissement d'Epcrnay ;
— De M. Paul Senart, avocat, décédé en son domaine de Com-
bes-la-Ville (Seine-et-Marne), à l'âge de 38 ans.
Il était fils de M. Alexandre Senart, ancien président à la Cour
d'appel de Paris, ancien membre du Conseil général de la Marne.
Après de fortes études de droit, M. Senart, formé à bonne école,
s'était consacré entièrement à la politique militante et à l'étude
des questions agricoles. Doué d'une grande activité et d'un rare
talent d'organisation, il avait occupé avec honneur le poste de
secrétaire du Comité des Droites, dont le président était M. le
baron de Mackau. Il était devenu ensuite secrétaire de la Société
centrale des Agriculteurs de France, et prit part, à ce titre, à de
nombreux Congrès régionaux.
Les obsèques de M. Senart ont eu lieu le mercredi 16 novembre
1898, en l'église Saint-Thomas d'Aquin, et l'inhumation a eu lieu
à Reims, le lendemain 17, au cimetière du INord, dans le caveau
de la famille ;
— De M. François-André Goulet-Gravet, ancien négociant en
vins de Champagne, chevalier du Saint-Sépulcre, décédé à Reims,
le i6 novembre 1898, dans sa quatre-vingt-dixième année.
Les obsèques ont eu lieu le 19, en l'église Saint-Jacques ;
— De M. Truchon, directeur de la Caisse d'épargne, président
du Conseil de fabrique de l'église Notre-Dame d'Eperuay, décédé
en celte ville le 17 novembre 1898.
Les obsèques ont été célébrées le 20, au milieu d'une nom-
breuse assistance ;
NéCROLOGIE 919
— De M. l'abbé Lundy, ancien curé de Florent (Marne), décédé
le 19 novembre 1898, à Sainte-Marie à Py (Marne) où il s'était
retiré ;
— De M"»'- veuve Boucher, née Sophie-Mario liiliy, décédée à
Paris le 20 novembre 1898, dans sa quatre-vingt-sixième année.
Nous adressons à son fils, l'éminent statuaire nogentais Alfred
Boucher, l'expression de nos plus sympathiques condoléances ;
— De M. Leloup, doyen des chantres de France, décédé à
Grandpré (Ardennes), à l'âge de 93 ans.
M. Leloup est entré au service de l'église de Grandpré, comme
enfant de chœur, à l'âge de 7 ans; à 15 ans, il était chantre
attitré.
Depuis ce jour jusqu'au 13 octobre deroiei-, il y fut d'une
remarquable exactitude;
— De M. Alfred Baré, lieutenant-colonel d'infanterie de marine
en retraite, officier de la Légion d'honneur, ancien commissaire
du gouvernement près le !•' Conseil de guerre maritime, décédé
à Brest, à l'âge de 63 ans ;
— De M. Hache de la Contamine, percepteur en retraite,
ancien caissier central de la Société d'assurances La Marine,
décédé à Châlons, le 22 novembre 1898, à l'âge de 73 ans.
Les obsèques ont eu lieu le 25, en l'église Saint-Loup.
BIBLIOGRAPHIE
Recherches slatisliques et hiiitoriques sur le village de Chdlons-sur-Vesle,
par Emile Maussenet, instituteur en retraite... Reims, Bron-Bour-
quin, 189"^. Gp. in-S» de 128 pages, avec 10 planches en photolypie.
Prix : 'S francs.
Fruit de longues recherches de géologie, d'histoire et de statis-
tique, cette monographie a été couronnée en 1897 par la Société
d'Agriculture du département de la Marne. Son auteur a voulu en
faire bénéficier les habitants et les amis de cette intéressante
petite commune, voisine de la station de Muizon, sur la ligne de
Reims à Paris. Il n'a reculé devant aucun sacrifice pour la complé-
ter, l'illustrer et y comprendre tout ce qui peut captiver le savant
et l'historien. Une lettre de M. André, inspecteur de l'Enseigne-
ment primaire à Reims, hii sert de préface. Souhaitons à cette
œuvre de nombreux lecteurs et imitateurs.
H. J.
Le livre de raison de Jacques-Quentin Durand, avocat et bourgeois de
Relhel au XVI II' siècle, suivi d'une chronique des faits notables surve-
nus en la ville de Rethel depuis l'année 1627 jusque 1778, document
publié d'après le manuscrit original, avec une introduction, des notes et
un tableau généalogique, par Albert Baudon, membre du Conseil Héral-
dique de France. — Relhel, G. Beauvcrlet, impr., 1898. Gr. iu-8" de
xiv-103 pages, avec table des noms.
L'introduction donne l'aperçu et la raison d'être de cette publi-
cation, inspirée par un sentiment très intelligent de la valeur des
documents historiques de ce genre. Les livres de raison sont rares
dans le nord de la France, et d'autant plus recherchés sont-ils
pour les mille détails qu'ils donnent sur la vie domestique, les
généalogies des familles bourgeoises et les événements locaux.
Félicitons donc l'auteur et l'éditeur de cette mise au jour de
mémoires intimes et personnels.
Grâce à la conservation du manuscrit original dans les mains
des descendants de l'écrivain, il a été possible de l'étudier dans
toutes ses parties et de le copier avec une scrupuleuse exactitude.
De copieuses annotations, des additions et la table des noms faci-
litent les recherches et en doublent l'intérêt.
La ville de Relhel possédait en Jacques-Quentin Durand un
excellent citoyen, allié aux meilleures familles de la contrée et pro-
fondément imbu des fortes traditions de l'ancienne bourgeoisie.
Avocat, juge en garde des terres du prieuré de Novy, procureur-
syndic de Rethel, il parcourut dans l'exercice de ses charges tou-
BIBLIOGRAPHIE ' 921
tes les années de l'ancien régime sous lequel il vivait. Puis, lors-
que la révolution vint confisquer ses charges, il passa dans une
retraite assez pénible les dernières années de sa vie el mourut
dans sa ville natale en 1799, âgé de 81 ans. Son journal fera
connaître avec profit tous les détails de son existence.
H. J.
L'abbé Ch. Uiibain, docteur ès-letlre=. L'abbé Lcdieu, hisioiùe/i de Bossuet.
Notes critiques sur le texte de ses Mémoires et de so» Journal. (Extrait
de la Picvue d'histoire littéraire de la France, n°' des 15 octobre 1897
et 15 juillet 1898.) Paris, Armaud Colin et C", in 8" de 78 pag'-s, tiré à
petit nombre.
On sait que les Mémoires et le Journal de l'abbé Ledieu, secré-
taire et biographe du grand Bossuet, publiés pour la première fois
en 1837 par l'abbé Guettée, n'ont pas été réimprimés depuis.
L'édition étant assez médiocre, notre distingué compatriote,
M. l'abbé Urbain^ auteur d'une thèse remarquée sur Coejfeleau, a
eu l'heureuse pensée de colialionner les textes publiés par l'abbé
Guettée avec les manuscrits originaux et autographes, et d'en
signaler les fautes assez nombreuses. De ces manuscrits, celui des
Mémoires est conservé à la Bibliothèque nationale, dans le
n" 12,983 du fonds français; celui du Journal fait partie de la
riche collection de documents réunis par M. Gazier. Il y a d'impor-
tantes lacunes dans ce Journal, qui, dans son état actuel, s'étend
seulement de novembre 1699 au 24 juin 1713. Or, l'abbé Ledieu
était entré dans l'intimité de l'évêque de Meaux dès l'année 1684,.
et plusieurs allusions se rencontrent dans le texte que nous possé-
dons qui se réfèrent à des événements antérieurs, que le secrétaire
avait dû noter. Quoi qu'il en soit, le travail critique de l'érudit
abbé Urbain sera désormais d'un précieux secours à tous ceux qui
voudront s'éclairer sur ces intéressantes questions d'histoire reli-
gieuse et littéraire.
A. T.-R.
Marie Valyère. — Nuances morales, nouvelles pensées. Avec Préface
de Gustave GeiTroy. — Paris, Lemerre, 1899. Inl8 br. do vii-194
pages.
L'auteur des Heures grises nous donne, en ce livre élégant, une
Suite aux premières séries de Pensées publiées en 1887.
La préface révèle clairement son nom, et il n'est point indiscret
de le répéter ; c'est Mm« Jules iNeveux, qui consacre ainsi sa vie
sédentaire à Tobscrvation recueillie et à l'étude pénétrante des
sentiments humains.
Lisez d'abord la préface, écrite d'une plume sincère, et vous
comprendrez l'œuvre. Vous comprendrez aussi l'écrivain, qui « a
trouvé, par expérience et réflexion personnelle, des motifs pour
922 BIBLIOGRAPHIE
faire tourner à son profit les lois imposées par la vie i. Cet exem-
ple « de douceur presque inaltérable » ne doit pas être perdu.
Lisez ensuite ou parcourez les huit chapitres de ces Pensées.
Profitez-en dans le commerce de la vie, et surtout dans Texercice
de votre mission sociale vis-à-vis de ceux qui souffrent. Il y a dans
le chapitre intitulé : Le Bonheur et le Malheur^ des maximes bien
profondes sur la sincérité qu'il faut apporter dans l'assistance des
malheureux, comme dans l'échange des condoléances et des
consolations. — Empruntons le mot de la fin au chapitre Conseils
et Vérités : « Puisque nous n'avons pas la justice, ayons du moins
la bonté. » H. J.
*
* ♦
Sommaire de la Revue d'Ardenne et d'Argonne (novembre
1898) :
D' J. Jailliot, Le livre de raison de Jean -Baptiste Faveaux, maîlre d'école
au Chesne, au xviii» siècle,
Henri Bourguignat, Un Musée ethnographique ardennais.
Paul Collinkt, Le droit de servage dans les bois des Ardennes.
Chronique. — l. Ernest Henry, Un livre de Jean Jannon.
H. Un portrait de Paul Verlaine.
Gravures. — 1. Lampe de foyer ou couperon.
2. Chambrière.
3. Serrure en bois provenant de Villers-le-Thour.
4. Bâton de berger et quenouille.
Sommaire du Bitlleli7i du Bibliophile et du Bibliothécaire
(15 octobre li
A. Claudin, Les origines de l'imprimerie à Paris, La première presse de la
Sorbonne.
Abbé TouGARD, Un juxtalinéaire de i5S9.
Eugène Asse, Les Petits Romantiques, Jules de Rességuier {suite).
Léon Grubl, Les Tbouv(niD, relieurs français au commencement du xix»
siècle (fin).
Chronique.
Livres nouveaux.
Sommaire du Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire
(13 novembre 1898) :
Gustave Macon, Histoire d'un livre.
Gaston Doval, Nouvelles recherches sur Antoine Vérard et sa famille.
Eugène Asse, Les Petits Romantiques, Jules de Rességuier (fin).
BIBLIOGRAPHIE 923
A. Claudin, Les origines de l'imprimerie à Paris, La première presse de la
Sorbonne {suite).
Nécrologie.
Chronique.
Revue de publications nouvelles, par M. Gkohgiis Vicaire.
Livres nouveaux.
A TRAVERS LES Revues. — La Revue de Paris du 15 novembre
a publié une fort intéressante élude de M. Gaston Paris sur la dra-
matique légende des Sepl infants de Lara.
CHRONIQUE
Société académique de l'Aube. — Séance du 21 octobre 189S.
— Présidence de M. le comte de Launay.. président.
Correspondance.
M. le baron J. de Baye envoie, de la capitale de la province du
Daghestan, son meilleur souvenir à la Société.
M. de Mauroy annonce qu'il vient d'être nommé, à l'unanimité,
correspondant du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. M. le
président fait savoir aussi à la Sociclé que M. Charles Baltet a été
nommé officier du Mérite agricole.
-M. Papillon, membre correspondant, adresse une élude sur Les
Feuilles., accompagnée de plusieurs dessins, et une note pour éta-
blir Vélymologie celtique des noms de pays.
M. Morin offre à la Société un manuscrit contenant le résultat
de ses Recherches sur la fabrication des cartes à jouer à Troyes.
Société historique et archéologique de Chateau-Thikrry. —
Séance du 4 octobre tS9S. — Le D'' Corlieu a relevé plusieurs
notes intéressant l'histoire de Charly et qui, pour la plupart, pro-
viennent des Archives de l'Aisne : l6o3, 19 février, information
contre des individus qui, au mépris des ordres du lieutenant de
justice de Charly, se sont permis d'enlever nuitamment avec vio-
lence le moulinet de la porte de Chnlons et de rompre la barri-
cade et la serrure ; — 1727 : Droits permis à Charly par l'abbesse
de N.-D. de Soissons : droits de vin, d'afforage, de rouage par
pièce de vin, de place à la halle, de péage par livre de marchan-
dise, d'aulnage, d'esgard (dû par chaque corps de marchands), de
langueyage de porc, etc.; — 1738-1741 : Libéralités par M""^ De
La Haye, veuve de l'ambassadeur, et Grenier, originaire de Charly,
pour l'acquisition et la réparation du grand autel ; - 1747 :
Réparations considérables faites à l'église aux frais de l'abbé de
Saint-Jean-des-Vignes, de l'abbesse de N.-D. de Soissons et du
prieur-curé de Charly.
La Société a de nouveaux deuils à enregistrer : M. l'abbé Emile
Henriet, doyen honoraire, vient de s'éteindre à l'âge de G3 ans,
laissant la réputation d'un prêtre instruit, zélé, spirituel. Après
avoir résigné ses fonctions de doyen d'Oulcliy, il avait accepté la
place d'aumônier du pensionnat de Saint-Eugène, qu'il dut aban-
donner par raisons de santé. M. l'abbé Henriet était membre cor-
respondant depuis l'année J892.
CHRONIQUE 925
M. l'abbé Pécheur, chanoine honoraire de Soissons, lauréat de
rinslitul, officier de llnîtruclion publique, ancien secrétaire, vice-
présidenl de la. Société archéolOjjiquc de Soissons, est décédé à
Oulcli,\-le-Châleau, son pays natal, où il avait pris sa retraite, le
l^"" octobre, à l'âge de 85 ans. Entre antres travau.x ifnporlants
pour Thistoire du diocèse, M. l'abbé Pécheur a publié, en dix gros
volumes in-S", les Annales du diocèse de Soissons, véritable
œuvre de bénédictin ; il était, depuis 1874, membre honoraire do
notre Société.
MM. Gustave llenriet, propriétaire à Chàtcau-Tliierry ; le Frère
Auxenco, directeur du pensionnat de Saint-Eugène; Lhonime,
professeur de rhétorique au lycée Janson de Sailly, sont élus
membres correspondants.
Séance du S novembre IS98. — .U. Frédéric Moreau. —
Le doyen des archéologues français, le vénéré président d'honneur
de la Société, M. Fr. .Morcan, s'est éteint à Paris le 21 octobre der-
nier ; depuis le l*-"" juillet, il était entré dans sa cent-unième
année.
M. Fr. Moreau avait olé longtemps à la tête d'une importante
maison pour le commerce des bois, et, après avoir acquis une for-
tune considérable, dont il fit le meilleur usage, il donna son temps
aux fonctions publiques ou consulaires : conseiller municipal de
Paris, membre du Conseil général de la Seine, puis de celui de
l'Aisne ; membre du Tribunal de commerce de la Seine, censeur
de la Banque de France. Nous ajouterons que, pendant tout le
temps qu'il résida à Fère-en-Tardenois, il se montra aussi zélé
pour les intérêts de la ville que généreux à l'égard des pauvres.
C'est en iSTi, lors de la première visite à Caranda (près de
Fère), en compagnie de la Société archéologique de Château-
Thierry, que M. Fr. Moreau commença à s'occuper d'archéologie.
Pendant plus de vingt ans, ses fouilles^, habilement dirigées dans
les anciennes nécropoles : Caranda, Arcy, Trugny, Armenlières,
Brucy, lui ont permis de publier de magnifiques albums qui font
honneur au maître, ainsi qu'à ceux qu'il intéressa à ses travaux ;
parmi ceux ci, nous donnons la première place à M. Pilloy, notre
conipalriole et notre collègue. Nous renouvelons le vœu que la
collection Caranda, devenue l'héritage de M. Fr. Moreau, petit-fils
du vénérable centenaire, reste ouverte an public d'élite qui trou-
vait un si bienveillant accueil à l'hôtel de la rue de la Victoire.
M. Baudoin. — Un autre deuil vient s'ajouter à celui-ci.
M. Baudoin, qui s'est fait une grande situation à Paris comme édi-
teur militaire, est décédé au commencement du mois de novem-
bre, M. Baudoin avait eu de modestes débuts qu'il se plaisait à
rappeler : né â Oolchy-le-Chàteau (Aisne] en 1838, il avait débuté
comme employé de librairie classique chez M. Ceret-Orière; il
entra ensuite chez M. Aubry, le savant libraire-expert, puis, en
92() CHRONIQUE
1860, chez M. Dumaine. Il avait trouvé sa voie ; après plusieurs
années d'un travail assidu, intelligent, il devint l'associé, puis
le successeur de M. Dumaine et augmenta encore l'importance de
cette vieille et célèbre maison.
M. Baudoin avait été admis dans notre Société sur la présenta-
tion de son compatriote, M. Mayeux, au mois de janvier 1881. A
diverses reprises il nous donna des preuves de sa bienveillante
sj'mpalhie. Parmi les nombreux ouvrages que notre bibliothèque
a reçus de lui, nous citerons en première ligne : Les Ajiliquités
nationales de M illin; la Campagne de France en 1SH, parle
commandant Weill ; les Commentaires de César, édition de
l'empereur Napoléon III ; Polybe, avec les Commeniaircs du che-
valier de Folard.
La Fontaine aux Archives de Chanlilly. — Ce mémoire de
M. Maurice Henriet est l'épilogue de la visite de la Société à Chan-
tilly le 13 août dernier. L'auteur annonce modestement que ce ne
sont point des documents qu'il a recueillis, mais de simples noies
extraites des papiers des Condé, notes relatives à La Fontaine et
à ses ouvrages.
M. le Prince tenait essentiellement à la nomination de La Fon-
taine à l'Académie. Le « faiseur de fables », comme le lui manda
son médecin Bourdelot, fut élu à la place de Colbert, au grand
déplaisir du Roi qui, ayant désiré voir nommer son historiographe
Boileau, voulut surseoir à la ratification de l'élection jusqu'à ce
que son protégé pût prendre place à l'Académie, M. de Bezons
étant mort le 12 mars 1684, Boileau fut élu le 20 avril. Il fut alors
possible à La Fontaine de prendre séance en même temps que son
ami, le législateur du Parnasse, A ce sujet il adressa à Louis XIV
une ballade qui est la glorification des grandes actions du monar-
que. La Fontaine avait-il brigué dix ans plus tôt un siège à l'Aca-
démie ? C'est bien possible, mais il dut s'effacer devant Quinault
qui, cette même année (1674;, l'avait emporté sur son concurrent
dans la composition de l'opéra Daphîlé, dont Lulli avait fait la
musique.
Notre « faiseur de fables » était-il chasseur ? Sa lettre à M. le
Prince pour obtenir l'autorisation de chasser à Montluel (sans
doute iMonthurel près de Condé) le donnerait à penser. Des cita-
tions rappelées par M. Henriet appuient cette supposition. La Fon-
taine tenait essentiellement à l'opinion, comme à la bienveillance
de Condé ; aussi demandait-il « comment il avait trouvé les vers
qu'il lui envoyait ». M. le Prince encourageait ces communications
et manifestait son plaisir de les recevoir. — La suite de cette
étude intéressante est renvoyée à la séance de décembre.
Procès, condamnation et mort de l'abbé Thirial^ curé de Sainl-
Crépin de Château-Thierry, — Les Archives nationales ont
fourni à M. Corlieu les documents sur lesquels il s'est appuyé pour
retracer cet émouvant tableau de la mort d'un digne prêtre en
CHRONIQUE 927
1794. Par là il rectifie la version — un peu légendaire — donnée
par l'abbé Hébert el reproduite par l'abbé Poquet.
L'abbé Jean-Kraiiçois Tliirial, né à Compiègne en 1755, docteur
en Sorbonne, avait professé la théologie à Paris, puis à Lyon. En
1785, après avoir passé par la cure de Vauchamps, près de Mont-
mirail, il avait été nommé curé de Château-Thierry, succédant à
l'abbé Nivert. Très estimé de ses collègues, l'abbé Thirial fut élu
délégué du clergé aux Etats généraux de 1789. En décembre 1790,
il prêta le serment à la Constitution, mais quelques jours après il
fit des restrictions qui ne furent point agréées. On lui avait donné
ui> successeur à Château-Thierry, aussi se retira-t-i! d'abord à
Paris, puis à Versailles, où il exerça la médecine.
Le 25 octobre 1793, reconnu à Paris par trois membres exaltés
du Comité du district de Château-Thierry, il fut dénoncé, arrêté
el livré au Comité de Sûreté générale de la Convention. Après
avoir subi un premier interrogatoire le 21 brumaire an II (11
novembre 1793), il resta incarcéré jusqu'au 15 prairial an II
(3 juin 1794) ; ce jour-là il passa en jugement, et sur le rt-quisi-
toire du trop fameux Antoine-Quentin Fouquier, accusateur
public, fut condamné à mort et exécuté le lendemain. Deux de
ses dénonciateurs ont dû faire amende honorable : Lemaîlre et
Gaudard. Le premier a été greffier du Tribunal de notre ville de
1801 à 1808 ; le second, juge de paix à Viels-.Maisons, alors chef-
lieu de canton. On cherche en vain, dit M. Corlieu, les motifs
sérieux d'une condamnation, et l'on ne peut voir dans l'abbé Thi-
rial qu'une des victimes innocentes fournies par le clergé de
l'Aisne.
La Société ayant manifesté son intention d'admettre des dames
comme membres correspondants, M""*" Hachette, veuve du pre-
mier président ; Lhomme-Vérelte, fille de M. Vérette, le vénéré
président décédé l'an dernier, et Bourgeois, directrice de l'école
municipale de la rue de la Jussienne, à Paris, native de Château-
Thierry, ont sollicité leur admission qui a été agréée. Sont égale-
ment élus, comme correspondants, MM. l'abbé Guyot, docteur en
théologie, curé d'Essômes ; Martin, inspecteur des finances, et
Dumont-Nicot, négociant à Paris.
Société littéraire et historique de la Brie. — Séance dit
tO novembre 1898. — Présidence de M. Gassies, vice-président.
M. le président donne communication d'une lettre adressée à
M. Guérin par M. le comte de Mony-Colchen, qui accueillera avec
plaisir une visite des membres de la Société, curieux d'examiner
les objets découverts récemment dans les fondations de l'église
d'Ocquerre.
ûons faits à la Société :
928 CHRONIQUE •
Par M. Paris, pharmacien à Crécy-en-Brie, deux photographies
qui représenlent la tour de Larchant, aux environs de Nemours
(Seine-cl-Marne,^ ;
Par M. Lemarié, La Petite Gazette de Dammartin ;
Par M. Barigny, quatre pièces de monnaie anciennes.
Sont proposés comme membres titulaires :
M, Gaston Menier, député de l'arrondissement de Meaux,
demeurant à Paris, 61, rue de Monceau ;
M. Sarazin, instituteur honoraire, demeurant à Meaux ;
M. Lalot, imprimeur, directeur du Journal de Sdnc-et-Marne^
demeurant à Meaux.
Comme membre correspondant, M. Camille Jullian, professeur
d'histoire à l'Université de Bordeaux.
M. Le Blondel fournit à la Société quelques indications relatives
aux découvertes archéologiques faites à Ocqucrre (canton de Lizy-
sur-Ourcq), au cours des travaux de reconstruction de l'église. On
a mis à jour plusieurs sarcophages ou cercueils en pierre tendre,
creusés en forme d'auges. Au cours de ces travaux^ Tenlrcpre-
neur, M. Féret, a recueilli diverses pièces de monnaie, des agra-
fes, des boucles, des fibules et des verroteries de couleur serties
dans des montures en argent métalliques. M. Le Blondel assigne
à ces objets l'époque gallo-romaine et franque.
D'ailleurs, M. le comte de Mony-Colchen, maire dOcquerre,
grâce à l'intelligenle initiative duquel les objets ont pu être con-
servés à la mairie dOcquerre, fait espérer à la Société une com-
munication concernant ces intéressantes découvertes.
Lnstitut de France. — Séance i'UBLiqur annuelle des cinq
Académies. — Discours de M. Longnon. — Le mercredi 26 octo-
bre, à deux heures, a eu lieu la séance publique annuelle des cinq
Académies.
M. Auguste Longnon, président de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres^ présidait, assisté de MM. Gaston Boissier, Wolf,
Frémiet, Arthur Desjardins, délégués des Académies française,
des Sciences, des Beaux-Arts et des Sciences morales et politiques,
et de M. Henri Wallon, secrétaire perpétuel de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, secrétaire actuel du bureau de l'Ins-
titut.
M. Longnon a ouvert la séance par un discours dans lequel il a
tout d'abord rappelé les origines de la coutume selon laquelle les
Académies tiennent une réunion annuelle, alternativement prési-
dée par chacune d'elles, montrant ainsi qu'elles ne forment
« qu'un seul faisceau ». Cette coutume a été instituée par
Louis XVIII ; l'ordonnance du 21 mars 1816, « qui marque en
IRONIQUE 929
« quelque sorte, à l'égard des classes de l'Inslilut, la réconcilia-
« lion du présent avec le passé », la consacra.
L'éminent président de l'Académie des Inscriptions, constatant
ensuite que celte séance solennelle a lieu précisément le 2l> octo-
bre, jour anniversaire de la donation à ritjslitut du domaine de
Chantilly et des richesses qu'il renferme, a entretenu ses collègues
de l'empressement avec lequel le public s'est porté au Musée
Condé. En six mois, près de cent mille visiteurs se sont rendus à
Chantilly : le public a eu une attitude excellente, nousditM. Lon-
gnon^ à la fois « respectueuse et charmée ». Aucun incident ne
s'est produit, on n'a eu à déplorer aucun accident.
Et, après une rapide allusion aux trésors que les archives doma-
niales de Chantilly tiennent en réserve et qui permettront d'éluci-
der nombre de problèmes relatifs à l'ancienne France, M. Lon-
gnon aborde la partie « douloureuse » de sa tûi;he, celle de ren-
dre hommage aux douze membres de l'Inslilut que la mort a tou-
chés depuis la séance annuelle du 2o octobre 181)7.
Ces membres sont : M. de Ruble^ dont les études historiques
sur la France au xvi'' siècle sont si remarquées ; M. Schefer, père
de notre collaborateur, qui, dit M. Longnon, « jouissait parmi les
t orientalistes de tous pays de la légitime autorité que lui assu-
t raient sa profonde connaissance des trois principales langues
« musulmanes et de nombreuses publications dans lesquelles il
« déployait une vaste érudition. Placé durant les trente dernières
« années de sa vie à la tête de l'École des Langues orientales
c vivantes, il fut comme le second fondateur de ce bel établisse-
« ment où son nom mérite de vivre éternellement ».
Tous deux faisaient partie de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres.
M. Longnon rappelle ensuite les noms de M. Aimé (iirard, de
l'Académie des Sciences; de MM. Léon Ginain, Gustave Moreau,
Auguste Blanchard, Charles Garnier et Jules-Eugène Lenepveu,de
l'Académie des Beaux-Arts; de MM. Bardoux et Ollé-Laprune, de
l'Académie des Sciences morales et politiques ; de M. BuU'et, mem-
bre libre, et de M. Gladstone, le doyen des associés étrangers de
cette Compaguie.
Aussitôt après son discours, le président a fait connaître en ces
termes le résultai du concour.s pour le prix de linguistique fondé
par M. de Volney :
(' La Commission avait annoncé, pour le concours de 1898,
qu'elle accorderait un prix consistant en une médaille d'or de la
valeur de i,oOO francs à l'ouvrage de philologie comparée qui lui
en paraîtrait le plus digne parmi ceux qui lui seraient adressés.
« Quatre concurrents ont adressé des ouvrages pour ce concours.
« La Commission décerne le prix à M. A. Meillet, directeur
69
930 CHRONIQUE
d'éludés à l'Ecole des Hautes-Etudes, pour son ouvrage intitulé :
Recherches sid- l'emploi du génitif accusatif en vieux slave.
€ Elle accorde, en outre, sur les reliquats des années précéden-
tes, un prix de 1,000 francs à M. Chrislian Garnier, pour =on tra-
vail intitulé : Méthode de transcription rationnelle générale des
noms géographiques ».
Une lecture de ,M. Edouard Corroyer, de l'Académie des Beaux-
Arts, sur les Origines de l'archileciure française au Moyen-âge,
une autre de M. Luchaire, de l'Académie des Sciences morales et
politiques, sur VUniversilé de Paris au temps de Philippe-
Auguste, et de charmantes Impressions de montagne de M. André
Theuriet, de l'Académie française, ont terminé la séance.
La mission du baron de Baye kn Géorgie. — Le journal ruôse
le Caucase, de Tiflis, à la date du 14/26 octobre, mentionne en
ces termes le séjour du baron de Baye et les derniers résultats de
sa mission dans la Géorgie :
« Les voyageurs français baron de Baye et Krafft sont de retour
de leur excursion à Gory, où ils ont été enchantés de la réception
du prince Amilakbvary. Ils ont visité en détail Gory, Oupliss-Tsi-
khe, Ourbnissy, Siony, etc., et ils y ont fait les trouvailles les plus
intéressantes au point de vue historique et archéologique. Us par-
tent aujourd'hui pour le village de Tchala, domaine du prince
Amilakhvary.
« Le baron de Baye a apporté au vieil et alerte général cauca-
sien les compliments du Président de la République française, et
cela a donné aux fêtes qui ont marqué la réception des deux
voyageurs un caractère d'intimité plus grande en célébrant l'al-
liance franco-russe sur le sol géorgien. Un télégramme de félici-
tations a été immédiatement adressé à M. Félix Faure. »
Le séjour de Guillaume I" et de Bismark a Reims en 1870. —
Le journal Le Mali7i, qui publie en ce moment les Mémoires sur
le prince de Bismark rédigés par Max Busch, son secrétaire par-
ticulier, donne les détails suivants sur le séjour du chancelier à
Reims :
« Dimanche 11 septembre. — Dans le courant de la journée,
un certain M. Werlé est venu voir le chancelier. C'est un homme
grand, pâle, avec un ruban rouge à la boutonnière, comme d'ail-
leurs tous les Français bien mis. Il fait partie de la Chambre des
députés et est associé à la maison de la veuve Clicquot. il voulait
entretenir M. de Bismark de la détresse qui règne en ville, dans
les centres ouvriers, et des mesures à prendre pour y remédier,
afin d'éviter les troubles. On redoute, en effet, que les classes
CHRONIQUE 031
ouvrières ne se déclarent ea faveur d'une Hépubliquo radicale.
Encore une chose que nous n'avions pas rêvée il y a un mois : des
soldats allemands proi.égeanl des Français contre les excès de la
Commune ! »
D'autre part, la revue le Corrcspondivit coule, d'après les sou-
venirs d'un témoin, M. l'abbé Lacroix, le séjour du roi de Prusse
à Reims en IS'O. Nous en extrayons la curieuse histoire que voici :
« fiuiilaume l"^'' dei\ieura onze joui's à Heims, logé au palais de
l'archevêché. Les rapports qu'il eut avec l'archevêque, Mr"" Lau-
driol, furent souvent pénibles pour ce dernier. Ce lui fut en parti-
culier une douleur très vive d'apprendre un jour que son hùte
avait la i'autaisie de vouloir se faire expliquer en détail les céré-
monies du sacre des rois de France.
« Dès qu'il fut informé de ce caprice, Me'" Landriot en fut très
peiné ; mais il crut qu'en cette circonstance il fallait céder au
vainqueur. Seulement, il voulut que les explications demandées
fussent faites par le prêtre-sacristain, et par ce ciioix il prouva
clairement combien il jugeait la démarche indiscrète et peu déli-
cate. Tout se passa, en effet, comme il l'avait prescrit. Le roi vint
à la cathédrale accompagné de son lils, de plusieurs princes alle-
mands, de Bismark, de Moltke et d'une centaine d'officiers de
tous grades. A son arrivée, aucun honneur officiel ne lui fut
rendu. Le prêtre désigné se contenta de le saluer et commença
aussitôt l'explication de la cérémonie,
« Guillaume suivit avec une altentitm très vive le commentaire
de la liturgie du sacre. Il fit plus : comme s'il eût voulu prendre
part à une sorte de répétition en vue du futur couronnement de
Versailles, il allait et venait dans le chœur et le sanctuaire, faisait
tous les mouvements prescrits par le rituel et se plaçait partout où
devait se mettre le roi le jour du sacre. Il était manifeste que
tous ces détails l'intéressaient très vivement.
« Au bout d'une heure, il se relira; mais, pour préciser davan-
tage dans son esprit les rites qui s'étaient déroulés devant lui, et
dont quelques-uns lui avaient sans doute échappé, il revint une
seconde fois à la cathédrale et se fit redonner tous les renseigne-
ments que réclamait sa curiosité. »
Noces d'or EccLÉ.siAsxiyL'Es. — La population de Vieux-lès-
Asfeld (Ardennes) fêlait, dans les derniers jours de septembre, les
noces d'or du vénérable abbé Richard, curé de la paroisse depuis
quarante ans, et qui, âgé de 7S ans, compte cinquante années de
prêtrise.
Neuvalne de Sai.-nt-Remi. — Le samedi 1'='' octobre a été
ouverte à Reims, avec la solennité accoutumée, la ueuvaine de
932 CHRONIQUE
Saint-Remi, qui a été prêchée celle année par le R. P. Mazéras,
dominicain.
11 y a 800 ans environ qu'on célèbre la fête de la translation du
corps de saint Rémi, et 800 ans qu'existe la foire qui se tient aux
alentours de l'église Saint-Remi. Un abbé de Saint-Remi, Le Tel-
lier, voulut jadis la transporter sur la place de la Couture, mais,
devant un toile général des haltitants du quartier, il dut respecter
les vieilles traditions.
Mais si la foire de Sainl-Renii existe toujours, il faut convenir
qu'elle a beaucoup perdu de son éclat d'antan. Cette année-ci sur-
tout elle nous a semblé de piètre mine. A part quelques mar-
chands de pain d'épine, quelques marchands de nougat plus ou
moins exotiques, quelques tirs, tourniquets, chevaux de bois, mar-
chands de frites^ nous ne voyons plus grand'chose qui mérite
d'attirer laltention des promeneurs. Nous devons faire une excep-
tion toutefois pour les marchands de porcelaine, toujours aussi
nombreux.
Léon Xlll et M. Théodore Dubois. — Sous ce titre plutôt sen-
sationnel : Le Pape libreUisle., le Guide musical annonce l'appa-
rition prochaine d'un ouvrage dû à la haute collaboration de
M. Théodore Dubois et de S. S. le pape Léon XIIL
Rien entendu, il ne s'agit pas d'une omvre théâtrale, mais bien
d'une œuvre sacrée.
A l'occasion des fêtes commémoratives du baptême de Clovls,
Léon XIII avait en effet adressé au cardinal Langénieux, archevê-
que de Reims, une ode latine dont il était l'auteur : Vivat Cliris-
tiis qui diligil Francos. Le cardinal eut alors l'idée de demander
à M. Théodore Dubois, directeur de notre Conservatoire, originaire
lui-même de son diocèse, de mettre en musique le poème pontifi-
cal. Celui-ci accepta, comme bien l'on pens», et composa, sur ces
paroles latines, tout un oratorio avec soli et chœurs, qui est
aujourd'hui presque entièrement achevé et qui sera exécuté, dans
le courant de cet hiver, dans la cathédrale de Reims, avec toutes
les ressources orchestrales et chorales que les Sociétés artistiques
de cette ville pourront mettre à sa disposition.
Bénédiction d'l'ne cloche a Chenay. — Le village de Chenay
(Marne) était eu fête le 2 octobre : on bénissait une nouvelle clo-
che due à la générosité de M. Recker, agent de change honoraire
à Reims, et cette cérémonie avait attiré dans la paroisse un
concours de monde tel qu'on n'en avait jamais vu de pareil.
Toute la commune était là : le maire et le Conseil municipal,
le Conseil de Fabrique, la Compagnie des sapeurs-pompiers.
C'était une grande et noble manifestation de reconnaissance à
CHRONIQUE 933
l'égard du généreux donateur et de ses enfants, iM. et M"'^ Paul
Caniuset, qui avaient inauguré la fôte par une abondante distri-
bution de secours aux familles nécessiteuses du village.
La cérémonie était présidée par M. l'alibé CoUignon, archiprè-
li'e de Notre-Dame de Reims,
Autour du vénérable oftioiant on remarquait M. le doyen de
Fismes et MM. les curés de Merfy^ Trigny, Saint-Thierry et Pouil-
lon. Ces Messieurs avaient tenu à apporter leur concours à leur
digne collègue de Chenay, M. l'abbé Seaux, dont le visage rayon-
nait de bonheur et de joie.
Pendant les prières de la bénédiction, des artistes faisaient
entendre du haut de la tribune d'harmonieux et doux accords :
le violon et le violoncelle parlaient à l'ùme en même temps que
l'harmonium, dont M. Lefèvre, l'habile oi'ganiste rémois, faisait
valoir les ressources avec le talent qu'on lui connaît.
Après le salut solennel chanté d'une façon magistrale par une
chorale d'amateurs, M. et M"'« Paul Camuset, ouvrant leurs portes
à leurs invités et à tous sans exception, firent d'une manière par-
ticulièrement gracieuse et aimable les honneurs d'une magnilique
collation, où l'on fêta la petite Yvonne Camuset, charmant bébé
de quatre mois, la reine de la fête, qui a légué son nom à la
superbe cloche sortie des ateliers de MM. Paintendre frères, de
Vitry-Ie-Francois.
*
Le nouvel orgue de l'église o'Ay. — On a inauguré solennel-
lement, le dimanche 25 septembre, dans l'église d'Ay (Marne), un
nouvel orgue destiné à remplacer l'ancien qui datait de 1749.
La cérémonie était présidée par Msr Cauly, vicaire général de
Reims, entouré de plusieurs membres du Chapitre métropolitain,
qui n'oublient pas que M. le doyen d'Ay a été leur collègue :
c'étaient MM. Decheverry, Périn, Bussenot et Biaise. M. l'abbé
Robert, archiprêtre de Rethel, ancien doyen d'Ay, le restaurateur
de l'église de cette ville, était également présent et se montrait
heureux de voir son œuvre recevoir comme son dernier cachet de
perfection. M. l'abbé Bonnaire, M. le doyen de Châtillon, M.M. les
curés de Dizy, Magenta et Mareuil étaient aussi venus entourer
M. le doyen d'Ay en cette solennité.
L'orgue béni sort des ateliers de M. Schyven, de Bruxelles,
comme celui de Saint-Jacques et ceux de Charlcville, Mézières,
Givet, etc.
On a profité de sa construction pour relever au-dessus des ogi-
ves la tribune qui soutenait l'ancien orgue, ce qui dégage la pre-
mière travée de l'église et donne, comme nous le disions tout à
l'heure, un cachet de perfection et de véritable achèvement à la
restauration de l'église.
L'orgue se compose de deux claviers à mains de cinquante-si:^
934 CHRONIQUE
noies chacui), d'un clavier à pédales de Irenle notes, d'une série
de pédales d'accou|)lemenls et de combinaisons, — dix-huit jeux.
L'expertise qui a eu lieu en présence de gens fort entendus en la
matière â fait ressortir la pureté, le moelleux des sons, la puis-
sance que l'on obtient on combinant les jeux, la variété de ces
combinaisons et la parfaite exécution du mécanisme avec les plus
récents perfectionnements.
11 a été tenu à l'inauguration par M. 1 abbé Uuval, organiste de
la Métropole, ancien vicaire d'Ay, et par M. Dedeker, organiste de
Notre-Dame des Sablons, à Bruxelles.
Don de VEriniÈUES au Lycée de Reims. — M. Payol, le nouvel
inspecteur d'Académie de la Marne, est venu récemment visiter
pour la première fois le Lycée de Reims. Il a reçu dans la salle des
Actes le personnel qui a pu admirer les deux verrières récemment
offertes par M. Paul Simon au lycée dont il est ancien élève.
Ces compositions originales, reproduisant les attributs des Let-
tres, des Sciences et des Arts, sont surmontées des armes de l'Aca-
démie de Paris et du Collège des Bons- Enfants, accompagnées de
maximes morales. L'une signale les rapports de la science et de
l'action -. Nasse, Fosse ; l'autre : Prorsùm, Sursam, peut se tra-
duire : En avant ! Haut les cœurs !
Ces vitraux, en grisailles et de couleurs discrètes, s'harmonisent
heureusement avec la décoration artistique de la salle d'honneur
du lycée, qui s'augmente ainsi chaque jour par les dons généreux
des amis du vieux Collèfire des Bons-Enfants.
Le caudinal Langénieux a Luxembourg. — Répondant à l'invi-
tation que lui avait adressée, il y a quelque temps, le très aimable
évêque de Luxembourg, le cardinal Langénieux a présidé, mer-
credi dernier 12 octobre, dans la cathédrale de Luxembourg, en
qualité de légat du Saint-Siège, la cérémonie solennelle de l'érec-
tion du Grand Séminaire luxembourgeois en Faculté — même
Université — de théologie et de philosophie, de plein exercice.
Le grand-duché de Luxembourg' — ce petit Etat privilégié, de
l'étendue d'un département français de moyenne grandeur —
jouit de son autonomie complète depuis 1890.
Il était, cependant, tributaire encore des Universités étrangères
pour la collation des hauts grades académiques à ceux des élèves
de son (irand Séminaire qui se destinent au professorat. L'Univer-
sité catholique de Pans, celle de Louvain, étaient principalement
choisies par ses étudiants ecclésiastiques désireux de compléter
leur instruction.
Il n'en sera plus ainsi à l'avenir.
CHRONIQUE 935
Après des pourparlers — qui oui duré plus de vingt années —
entre le Saint-Siège et le Gouvernement grand-ducal, la Sacrée
Congrégation des Eludes, par un décret donné à Rome le 1 i sep-
tembre dernier, portant la signature de l'Eminentissime Parocchi,
vient (' d'instituer canoniquement les Facultés de Théologie et de
« Philosophie au Grand Séminaire de Luxembourg, comme dans
€ une Université, avec le privilège apostolique de conférer tous
< les grades aux clercs qui auront suivi d'une manière convena-
« ble les cours des FacuUés, conformément aux statuts approu-
« vés ».
Le cardinal-archevêque de Reims a été admirablement reçu i
Luxembourg.
A peine descendu au modeste palais épiscopal, il est salué par
la sérénade d'une musique presque française : celle des ouvriers
de la fabrique de vins de Champagne que la maison Mercier,
d'Epernay, a créée il y a quelques années à Luxembourg. (Elle n'y
emploie, dit-elle, que des raisins ou des vins venant de Champa-
gne, sans mélange d'aucune grappe des produits aigrelets du bas-
sin de la Sarre ou de celui de la Moselle, Croyons-la sur parole !)
Les journaux de Luxembourg nous disent combien les bons et
pacifiques Luxembourgeois ont été séduits par l'alfcibilité du car-
dinal, par sa grande distinction, surtout par celte bonne grâce
continuelle et ce sourire bienveillant, qu'il tempère par la réserve
que lui commande le haut rang où l'Eglise l'a placé.
Aussi, de véritables acclamations l'accueillirent lorsque, sortant
de la cathédrale de Luxembourg, après la cérémonie d'investiture
à laquelle il venait de présider aux pieds de la statue miraculeuse
de Notre-Dame de Luxembourg, consolatrix afjliclorurn (c'est
sous ce vocable qu'elle est vénérée dans le grand-duché), on le vit
traverser lentement les rangs de la foule empressée autour de lui,
bénissant toutes ces têtes respectueusement inclinées, et faisant le
signe de la croix sur le front des petits enfants que les heureuses
mères tendaient vers lui.
A la fin de la réunion qui eut lieu ensuite au Grand Séminaire,
Ms"" Koppes, évèque de Luxembourg, prit le premier la parole. En
un français très correct, après avoir exprimé toute la gratitude de
l'évêque et du clergé luxembourgeois envers le Souverain Ponlife
Léon XIII pour la faveur insigne qu'il venait d'accorder à leur
Grand Séminaire, après avoir proclamé hautement sa gratitude et
celle de son clergé envers l'administration communale de Luxem-
bourg et envers le (iouvernement grand-ducal, pour le généreux
concours qu'ils ont donné à l'installation convenable des services
de la nouvelle Faculté, il remercie, dans les termes les plus cha-
leureux, le cardinal-archevêque de Reims d'être venu rehausser de
l'éclat de la pourpre romaine l'importante cérémonie qui rendra
mémorable pour le clergé du grand-duché cette journée du
12 octobre. Il termine en s'écriant : « Vive Léon XIII, notre grand
936 CHRONIQUE
« Pape ! et son légat. Son Eminence le cardinal de Reims ! Qu'ils
« vivent ! »
Le cardinal Langénieux, en quelques phrases heureuses, comme
son cœur est accoutume de les rencontrer en semblable occur-
rence, remercie Ms"" Koppes, lui rappelle les diverses circonstances
où il a eu le plaisir de le voir dans son diocèse, aux fêtes du Véné-
rable Jean-Baptiste de la Salle, à celles du Bienheureux Urbain II,
à Binson, et il parle, en termes émus, des relations fraternelles
qui ont toujours existé entre le diocèse de Reims et celui de
Luxembourg.
M. Emile Mousel, le très sympathique bourgmestre et député de
la ville de Luxembourg^ aux sentiments si français, était assis à la
gauche de Son Eminence. En même temps que la ville de Luxem-
bourg, il représentait à cette réunion cordiale le ministre d'Etat,
président du Gouvernement, M. Paul Eyschen, appelé par dépêche
à Hohenbourg, auprès de S. A. le grand-duc Adolphe. M. Mousel
se lève après l'allocution du cardinal Langénieux et dit, aussi en
bon français, quelques mots vraiment touchants sur les avantages
de la concorde entre le pouvoir civil et Tautorité ecclésiastique et
sur le bonheur des peuples où la religion est respectée. On sentait
bien une allusion, mais si discrète et si délicatement voilée, à
pareille bonne fortune qu'il souhaitait à la nation dont le cardinal
de Reiras était un des plus éminents représentants.
Le même jour, à quatre heures de l'après-midi, le cardinal
Langénieux quittait Luxembourg par le rapide de Bâle à Ostende,
et se rendait à Malines pour rendre à son vénérable cardinal-arche-
vêque la visite qu'il en avait reçue à Reims, il y a deux ans.
F. Rédo.
Inauguration du monument patuiotique de Chaumont. — Le
dimanche 16 octobre a eu lieu à Chaumont l'inauguration du
monument élevé, par souscription publique, à la mémoire des
Haut-Marnais décédés pendant la guerre de 1870-71 et les expédi-
tions coloniales qui ont suivi.
Ce monument allégorique, de cinq mètres de hauteur, est érigé
sur la place de la Gare, faisant face à celle-ci, et à une centaine
de mètres de la statue de Philippe Lebon. Il est l'œuvre de
M. Tony Noël, sculpteur. Il représente un capitaine soutenant
dans ses bras un mobile blessé ; derrière eux une pièce de canon
brisée sur son affût. Le groupe est surmonté d'un génie ailé
tenant à la main une couronne de lauriers^ personnifiant les vic-
toires futures.
Le piédestal de forme quadrangulaire, haut de six mètres, est
en pierre de Comblanchien (Côte-d'Or), avec consoles sculptées et
guirlandes de lauriers. Il porte, sur la face principale, une appli-
que en bronze où sont représentés un trophée d'armes, composé
CHRONrQUE 937
d'une cuirasse, d'un casque sur le cimier duquel, dominant le
motif, est perché le coq gaulois ; de chaque côté de ce trophée
des branches de laurier et de chône, derrière lesquelles sont des
drapeaux entrelacés et différentes armes.
Sur le socle, d'autres appliques en bronze représentant une
lionne le regard tourné vers l'Est, semblant protéger ses lionceaux.
|. Le soubassement est en granit des Vosges; sur les côtés de ce
soubassement et du piédestal sont inscrits les noms des officiers et
soldats morts pour la patrie.
Une grille entoure le monument ; l'espace libre entre la grille
et le monument est couvert par une mosaïque romaine.
La cérémonie de l'inauguration était présidée par le général
Chanoine, ministre de la Guerre, dont la femme, fille du général
Frossardj de la garde impériale, est originaire de Châteauvillain
(Haute-Marne), et par M. Mougeot, député de Langres, sous-secré-
taire d'Etat aux postes et télégraphes.
Le général Chanoine et M. Mougeot sont arrivés à 1 heure,
accompagnés par le préfet de la Hautc-.Marue. Sur le quai de la
gare se trouvaient les généraux Garcin et Paquié, M.NL Fourcaut,
maire de Chaumont, et ses adjoints ; Bressand, président de la
Chambre de Commerce ; Bizot de Fonteny et Darbot, sénateurs ;
Rozet et Dutailly, députés. Le 109= de ligne formait la haie sur
tout le parcours.
Le cortège s'est rendu à la Préfecture au milieu des cris de :
€ Vive l'armée I Vive la République! » A la réception qui a eu
lieu à la Préfecture, Ms"" l'évêque de Langres a affirmé le dévoue-
ment du clergé aux institutions républicaines. Le ministre de la
Guerre a répondu en termes aimables et a adressé un souvenir affec-
tueux à MM. Cambon, neveux de l'évêque. Les maires du départe-
ment, venus en très grand nombre, ont été présentés par le préfet.
A la cérémonie d'inauguration, des discours ont été prononcés
par MM. Bizot de Fonteny, président du Comité ; Fourcaut, maire
de Chaumont; Darbot, sénateur; Rozet et Dutailly, députés^ et
Mougeot, sous-secrétaire d'Etat. Ce dernier, comme les orateurs
précédents, a fait l'éloge de l'armée et terminé en s'écriant :
« Sursum corda ! Haut les cœurs, Français ! »
Le général Chanoine prononce quelques mots de remerciement
et distribue les récompenses suivantes :
Officier de la Légion d'honneur^ le lieutenant-colonel Viguier,
du 02"^ territorial.
Chevalier, M. Petit, docteur en médecine.
Médaille militaire, le sergent Carattier, du 109^ de ligne.
M. Mougeot distribue ensuite des palmes académiques et des
croix du Mérite agricole.
La cérémonie terminée, les troupes et les Sociétés défilent^ ces
dernières aux cris de : « Vive l'armée ! »
938 CHRONIQUE
Le général Chanoine se rend ensuite, avec les généraux, à la
caserne Danrémonl.
A six heures,, a lieu un ])anquet de 400 couverts au marché
couvert.
Le nodvkl orgue de lkglise Saint-André, a Heims. — On a
installé depuis peu, dans l'église Saint-André de Reims, de nou-
velles orgues sortant de la maison J. Merklin et C''=, de Reims.
L'instrument est placé dans la vaste tribune construite au por-
tail intérieur de l'église, tribune ayant précisément pour fond la
superbe rosace due à la munificence d'un paroissien de Saint-
André. Mais, comme cette verrière ne devait à aucun prix être
dissimulée, M. Merklin dut adopter pour son instrument une dis-
position toute spéciale. Le buffet, au lieu de faire face à l'autel,
fut fractionné en deux masses latérales, encadrant le vitrail au
lieu de le cacher.
L'orgue se compose de 3 claviers à mains de 56 notes chacun,
d'un clavier de pédales de 30 notes et d'une série de 17 pédales
d'accouplements et de combinaisons, et de .'ÎG jeux. Il réunit dans
sa construction tous les perfectionnements modernes. Pour le pre-
mier clavier, mécanisme usuel avec machine pneumatique ; pour
les 3 autres claviers, application du système mécanique tubulaire
pour lequel la maison Merklin €st brevetée.
M. le curé Champ?aur a l'intention de faire une inauguration
solennelle et espère qu'elle sera présidée par S. E. Ms'' le cardinal-
archevêque de Reims et que les grands artistes rémois, M. Th.
Dubois, directeur du Conservatoire de musique de Paris ; M. Dal-
lier, le distingué organiste de Saint-Eustache, comme aussi deux
excellents artistes de Reims, voudront bien prêter leur concours
à cette belle fête religieuse et artistique.
Le lieutenant Jacijuin. — L'honneur du haut fait qui vient
d'être accompli au Soudan revient en grande partie au lieutenant
Jacquin, qui est un enfant de Was.sy. C'est lui, en effet, qui, à la
course, s'est emparé de Samory.
M. Jacquin est le lils d'un huissier de cette ville.
Il n'a que 27 ans et n'est lieutenant que depuis le mois d'avril
dernier. Il a deux frères qui, comme lui, servent dans l'artillerie
de marine : Paul, capitaine, âgé de 37 ans, actuellement au Ton-
kin ; Léon, âgé de 32 ans, également lieutenant à Hrest, en
attendant son prochain départ pour les colonies.
Tous trois sont sortis des rangs et ont passé par l'école de Ver-
sailles. Paul Jacquin, après une action d'éclat an Dahomey^ en
1892, fut fait capitaine au choix à son retour.
CHRONIQUE 9:^0
A Wassy, un punch d'honneiii- lui fut otl'erl par ses amis.
Cette ville et le département ont lieu d'ôtre liers des trois frères
Jacquin.
*
Le noYEN DE l'armke fra\ç\ise. — Le général Moucheton de
Gerbois est entré, le 17 octobre dernier^, dans sa quatre-vingt-trei-
zième année.
Il est né le jour même où arriva en France la double nouvelle
des victoires d'Iéna et d'Auersltedt.
M. Paul Llt.e. — On annonce larrivée à Rethel d'un enfant
du pays, M. Paul Luce, chevalier de la Légion d'iionneur, acluel-
lemenl commandant supérieur du Haut-Laos.
Quoique jeune encore, M. Luce est déjà un vétéran de la colo-
nisation du Tonkin, où ses services si dévoués et si appréciés lui
ont valu la situation aussi brillante que délicate. qu'il occupe.
Dons au Musée de Reims. — Le Musée de Reims vient de s'en-
richir, grâce aux largesses de quelques particuliers, de plusieurs
œuvres d'art importantes. M. Jonathan Holden, le riche manufac-
turier anglais établi depuis plus d'un demi-siècle dans notre ville,
lui a fait don du buste de M. le sénateur Diancoiirt, œuvre du
sculpteur rémois Léon Ghavailliaud. M'^'^ veuve Messieux a offert
le portrait de son mari, le regretté professeur de dessin des éco-
les de la ville, et de M. Lamare, un beau portrait au pastel de
Mme Eugène Ro;derer.
Une galerie spéciale du Musée vient d'être affectée aux peintres
rémois et aux œuvres ayant un caractère local, en attendant que
les ressources de la ville permettent de construire le Musée depuis
si longtemps désiré.
* *
Legs important a la ville de Reims. — Le maire de Reims,
dans la séance du Conseil municipal du 9 novembre, a fait part
des dispositions généreuses prises dans son testament par M. Fran-
çois Brunesseaux, récemment décédé, à l'égard des élablisscmenls
de bienfaisance de la ville.
Il lègue 20,000 francs pour la fondation d'un lit à l'Hùtel-Dieu ;
ii),000 francs pour la fondation d'un lit à THôpilal-Général ;
13,000 francs pour la fondation d'un lit à l'Hôpital Saint-Marcoul,
et 10,000 francs à la fabrique de Sainl-Remi. pour être consacrés
au soulagement des malades.
940 CHRONIQUE
Lk tombeau du duc d'Aumale, tar Paul Dubois. — Le duc de
Chartres qui, au nom de la famille d'Orléans, avait demandé à
notre émineul compatriote, M. Paul Dubois, une pierre tombale
pour le sarcophage du duc d'Aumale à Dreux^ désirait que l'œuvre
fût terminée pour le mois de mai.
Peut-être Taurions-nous admirée au Salon prochain, si M. Paul
Dubois, avec sa conscience d'artiste, ne s'était pieusement attardé
à la maquette, à côté de laquelle ses praticiens viennent à peine
de dégrossir le marbre.
Il y a encore sept à huit mois de travail pour mettre au point
cette œuvre, qui d'ailleurs restera une des plus magistrales de
l'éminent artiste.
En tenue de campagne, botté, le général duc d'Aumale est cou-
ché sur la pierre, la main droite étendue et tenant l'épée le long
du corps, la gauche serrant contre la poitrine le drapeau français
dont la hampe est surmontée du coq gaulois.
M. Paul Dubois a repris le moulage de la tête fait en Italie au
lendemain de la mort.
L'image est saisissante ; l'œuvre est d'un grand caractère.
Le DociïUR Lemoine et les Collections du Muséum. — Le der-
nier numéro de la Revue des Deux-Mondes contient un article sur
le nouveau Musée de paléontologie, ouvert au Muséum du Jardin
des Plantes, à Paris. Un des savants qui ont le plus contribué à
enrichir ce Musée est le regretté docteur Lemoine, de Reims.
L'auteur de l'article, M. Gaudry, de l'Académie des Sciences, lui
consacre les lignes suivantes :
(( Nous possédons, grâce au D"" Lemoine, les plus anciens mammi-
fères découverts en France. Ils ont été recueillis dans la coUine de
Cernay, près Reims. Lemoine, comprenant leur importance pour
l'histoire de l'évolution, s'est voué à leur étude. Il n'en a d'abord
trouvé que peu de débris. Mais, pendant vingt ans, il a chaque
semaine été fouiller Cernay ; il rapportait un jour des dents, une
autre fois des os, des membres, une autre fois une portion de
tête, si bien qu'il finit par avoir des squelettes presque entiers.
Professeur très apprécié à l'Ecole de Médecine de Reims, il pou-
vait acquérir dans cette ville une importante clientèle ; un jour, il
sacrifia sa position, vint s'installer i Paris dans le quartier Latin,
pour mieux étudier ses chers fossiles. Il est mort récemment,
léguant au Muséum les collections qui lui ont coûté tant de pei-
nes. Sa veuve a complété ce legs en donnant au Muséum le terrain
de Cernay pour compléter les fouilles. »
CHRONIQUE 941
Saint-Marceaux et le monument d'Alphonse Daddet. — On
peut voir, dans l'atelier du statuaire Saint-Marceaux, la maquette
du monument d'Alphonse Daudet, dont l'exérution lui a été
récemment confiée.
L'écrivain est représenté assis sur un tertre, dans une attitude
rêveuse et mélancolique, à l'ombre d'un vieil olivier de Provence
au tronc noueux, au grêle feuillage, dont le poétique symbole
caractérise heureusement le talent si délicat de l'artiste regretté.
Le monument doit être érigé à Paris, et, suivant le voeu de la
famille, sur un point de la rive gauche, où Daudet a écrit la plus
grande partie de son œuvre, et où il est mort.
L'emplacement exact n'est pas encore fixé. Ce sera le square de
Sainte-Glotilde, ou le jardin du Luxembourg, ou encore l'un des
petits squares qui encadrent Saint-Germain-des-Prés.
Un portrait de Verlaine et de Rimbadd, par Fantin-Latour. —
Un tableau célèbre de Fantin-Latour, intitulé : Un Coin de table,
n'était plus en France depuis de longues années, à la grande déso-
lation des poètes du Parnasse.
Autour d'une table sont rangés Paul Verlaine, Arthur Rimbaud,
Léon Valade, Ernest d'Hervilly, Camille Pelletan, Pierre EIzéar,
Emile Blémont et Jean Aicard. Un géranium blanc marqueta
place que devait occuper dans cette toile Albert Mérat qui, à la
suite d'une discussion avec Verlaine, ne voulut pas poser à côté du
poète de Sagesse.
Le Coin de labié était à Manchester. Ce tableau, ces jours-ci,
fut mis en vente, et M. Emile Blémoat fit le voyage pour l'acheter
au prix de 22,000 francs.
M. Emile Blémont a l'intention d'offrir cette œuvre de Fantin-
Latour à la Ville de Paris.
Le monlment de M. Lixard, a Rethel. — La réunion du Comité
pour l'érection du buste de M. Linard a eu lieu hier à Rethel:
une Commission a été formée, ayant pour président M. Paul
Chappe, avoué, juge suppléant. Elle doit décider notamment
l'emplacement sur lequel sera élevé, non plus un buste, mais un
monument en bronze, que les souscriptions déjà versées et celles
à recueillir permettront d'ériger.
Le monument du général du Merbion, a Montmeillant. — La
pose du tnouumcnt du général du Merbion a été effectuée la
942 CHRONIQUE
semaine dernière. Il ne resle plus qu'à s'occuper de quelques
détails de pratique et des inscriptions commémoratives.
L'exécution de ce monument avait été confiée à MM. Colle et
Racine fils, par une délibération de la Commission d'architecture
en date du 25 avril dernier.
Rappelons qu'au mois de novembre 1896, les restes mortels du
général du Merbion étaient encore relégués dans le grenier du
presbytère de Monlmeiliant (Ardennes).
La translation de ses ossements dans le cimetière (3 décembre
1896), la célébration du centenaire de la mort du général
(25 février iSOIj, la formation d'un Comité d'initiative et d'un
Comité de patronage, l'organisation d'une souscription publique,
et enfin l'exécution du monument, tout a pu être réalisé en moires
de deux ans.
Lli MONUMENT COMMÉMORATIF DE LA BATAILLE DE CuAONNE. — Le
Comité pour l'érection d'un monument à élever sur le plateau de
Craonne à la mémoire des soldats français et russes qui se sont
rencontrés dans la mémorable journée du 7 mars 1814, dans la
grande plaine d'Hurtebise, vient de se réunir à Craonne (Aisne),
sous la présidence de M. Ermant, député.
M. Malézieux, président du Conseil général de l'Aisne, M. G.
Hanotaux, ancien ministre des Affaires étrangères, M. Roger,
ancien préfet de l'Aisne, et M. Henri Houssaye, de l'Académie
française, auxquels la présidence d'honneur avait été otîerte, ont
répondu par des lettres d'acceptation et de remerciements ; le
Comité a décidé d'ajouter à cette liste M. Goulley, le nouveau pré-
fet de l'Aisne, et le ministre des Affaires étrangères en exercice.
M. Ermarit se propose de pressentir l'ambassadeur de Russie,
dans la pensée que la grande nation amie et aihée de la France
voudra bien s'unir aux Français pour honorer la mémoire des sol-
dats qui, sur le plateau de Craonne, sont également tombés en
défendant leur drapeau.
Le choix de l'emplacement et du monument sera décidé dès
que les souscriptions auront atteint le chiffre de 10,000 francs.
A cet effet, une réunion des maires du canton et du Comité
aura lieu sur le plateau même où dorment, confondus dans
l'apaisement de la mcrl, les combattants glorieux des deux
nations, le 7 mars prochain, date anniversaire de la bataille.
Fouilles de nécropoles gaulolses, a Aussonce. — Le silence
qui s'est produit autour de nos travaux n'implique pas que nos
recherches soient restées infructueuses, et, pour s'en convaincre,
il suffit de visiter le Musée archéologique de la ville de Reims,
confié à nos soins.
CFIBONIQUE 043
Les personnes qui nous font l'honneur de passer quelques
instants près de nous nous prouvent, par leurs visites répétées cl
leurs observations, tout l'intérêt qu'elles attachent à nos décou-
vertes. En ell'et, nous comptons aujourd'hui près de ,3,000 objets
provenant de nos fouilles, objets parmi lesquels il sVn trouve
une quantité respectable encore inconnus ju-;qu'à ce jour.
Mais là ne se borne pas seulement l'intérêt de nos collections
archéologiques. Nous avons à y ajouter, dans la section gauloise,
de nouveaux dons de notre généreux et bienveillant collabora-
teur, M. Gustave Logeart.
C'est toujours d'Aussunce (Ardennes), où M. Logeart a décou-
vert cinq ou six nécropoles de ces anciennes époques, que nous
viennent les produits de ses fouilles.
Nous avons aujourd'hui à relater do nouveaux dons faits au
Musée archéologique par M. Gustave Logeart, et, sans entrer dans
de minutieux détails, nous allons les rapporter ici :
Trois torques ou colliers en bronze arlistement ciselés en traits
creux et fins, couverts d'une patine verte.
Un torque en bronze formé d'une torsade profonde. Patine
verte.
Un torque en bronze en torsade ordinaire. Patine verte.
Provenant d'une même sépulture, les objets suivants :
Un torque ouvert, à tampons finement ciselés ; deux fibules
arquées et deux bracelets ornés de traits circulaires ; le tout en
bon état et avec une belle patine verte.
Une seconde sépulture contenant : une jolie petite fibule circu-
laire et cinq anneaux en bronze, couverts d'une patine verte. Une
épée et deux pointes de lance en fer.
Notons encore une très jolie épée en fer, dans son fourreau de
même métal portant une bouterolle ajourée.
Enfin plusieurs couteaux, poignards, fers de lance et objets en
poterie fort intéressants.
Nous avons remercié M. Gustave Logeart et nous lui renouve-
lons, ici, nos remerciements pour ses nouveaux et importants dons
au iMusée archéologique de la ville, et nous espérons que notre
reconnaissance et nos remerciements dépasseront le seuil de notre
salle.
Grâce à M. Logeart, nos collections gauloises augmentent leur
importance chaque année.
Théophile Habkrt.
(Courrier de la Champagne)
Découveutes ARCHÉoLOGiQuiîs. — Dolle luniulaire reLrouvée à
Barbuisc. — On vient de découvrir, cachée sous plusieurs cou-
ches de vieille mousse, une pierre tumulaire servant de piédestal
944 CHRONIQUE
à quatre volutes de la croix du cimetière et portant une inscrip-
tion qu'il nous parait intéressant de signaler.
La pierre, qui a été coupée ou diminuée à sa partie inférieure,
mesure encore 97 centimètres sur 1°'49. A la partie supérieure de
cette pierre, se trouve un écusson que surmonte une couronne
détériorée par le temps. L'écu est de forme ovale, de gueules, au
chef d'argent ; sur les côtés, à gauche de l'écussou, le mot :
arme; — à droite, le mot : support; — au-dessous de Técusson
est gravée l'inscription dont nous respectons l'orthographe et la
disposition :
CY GIST
MESSIRE CLAUDE PIERRE GASTON M....
CHEVALIER SEIGNEUR DE VIMDÉ
COURTAVANT ET AUTRES LIEUX
CONSEILLER DU ROY EN TOUS SES
CONSEILS MAITRE DES REQUESTES
ORDINAIRE DE LHOTEL DE SA MAJESTE
QUI MOURUT UNIVERSELLEMENT
REGRETTE LE 2 NOVEMBRE 17...
ÂGÉ DE TRENTE DEUX ANS... 7 MOIS
Requiescat in pace.
D'après ce que nous savons de l'histoire du pays, nous sommes
en présence de l'épitaphe d'un ancien seigneur de Courtavant, les
Planches, Barbuise, le Plessis-Barbuise, etc., Claude-Pierre-Gaston
Morel de Vindé, fils aîné de Pierre-Benoît Morel (conseiller du
roi, président en la Cour des aides, chevalier seigneur de Vindé,
du Meix-Sainl-Epoing, des Planches), et d'Angéligue de Lossen-
dière, fille de Louis-Gaston de Lossendière, conseiller à la Cour
des aides de Paris.
Claude-Pierre-Gaston Morel rendit foi et hommage pour Courta-
vant et les fiefs de Launay et du Plessis-Barbuise, en 1742.
Le nom de Claude-Pierre-Gaston Morel évoque ceux des héri-
tiers ; qu'il nous soit permis de les donner.
En <7o9, Charles-François Morel, président en la Cour des
aides, était seigneur du Mey, de Bricot, Courtavant, le Plessis,
etc., comme héritier de son frère Claude-Pierre-Gaston Morel. Il
eut, à son tour, comme héritier, son fils Charles-Gilbert Morel de
Vindé qui, en 1785, rendait foi et hommage pour Courtavant,
Launoy et le Plessis. Charles-Gilbert Morel de Vindé fut nommé
pair de France le 7 août 1815, par lettres patentes du i" mars
1819, sa pairie fut déclarée transmissibic à son petit-fils Charles-
Louis Terray. Claire-Marie Morel de Viudé, fille de Charles-Gilbert
Morel, avait épousé, en 1800, Claude-Ilippolyte Terray^. dont elle
avait eu Charles-Louis Terray.
Emmanuel Terray, fils de ce dernier, était propriétaire de
Courtavant, Crèvecœur, Les Vignaux, etc. Il vendit les Planches à
M. Gavotte, marchand de biens à Troyes, qui vendit la ferme au
CHRONIQUE 945
fermier qui l'exploitait alors (peu après 1862), à M. Louis Léger.
A la mort de ce dernier, 9 juin 1887, les héritiers louèrent la
ferme au sieur Trugal-Marmet, de Coiirtavant, mais il fut obligé
de cesser la culture au bout de trois ans. Aucun nouveau fermier
ne se présentant, les héritiers Léger vendirent en détail, et per-
sonne ne s'étant rendu acquéreur des bâtiments, la ferme des
Planches fut démolie en 4 892.
Nous voici loin de la pierre tuniulaire du cinielièrc ; tels sont
pourtant les souvenirs qu'elle évoque.
Dans nos cimetières ou dans nos églises, que de pierres nous
diraient encore quelque chose du pays! Mais, au lieu de se croire
autorisé à les délaisser ou à les mutiler aH'reusenient, comme il
n'est arrivé que trop souvent, il eût fallu penser (c qu'un jour
peut-être, on serait très heureux d'avoir tous ces souvenirs. »
Jubilé kpiscopal de M?"" Langénieux. — Le 28 octobre 1898, à
9 heures du malin, le cardinal Langénieux, archevêque de Reims,
a célébré l'anniversaire de sa vingt-cinquième année d'épiscopat.
Le vénérable prélat, si cruellement éprouvé il y a peu de mois
par la mort de sa sœur, ressentait une grande consolation à se
voir entouré des vœux et des félicitations de son clergé, de ses
ouailles.
L'office se composait d'une simple messe basse, dite par Son
Eminence^ et pendant laquelle la maîtrise a fait entendre plu-
sieurs morceaux de musique religieuse de circonstance, entre
autres :
Ecce sacerdos magtius (Vittoria) ;
Sanctus (messe des Anges gardiens de Gounod) ;
Ave Maria (Thibaut).
L'église tout entière était remplie d'une foule recueillie.
Après ïlte missa est, le clergé et les invités se rendirent, par
l'escalier de communication, dans la grande salle du palais archi-
épiscopal. Là, Ms"" Cauly, vicaire général, donne lecture à Son
Eminence d'une adresse de son clergé, rappelant en termes élo-
quents les hautes qualités pastorales de Me'"" Langénieux et les
grandes œuvres accomplies sous son épiscopal et par son initia-
tive. Une souscription était organisée dans le but de lui otfrir, en
souvenir de cette mémorable date de sa vie, une crosse, une croix,
une mitre et un anneau, c'est-à-dire les attributs symboliques de
la dignité épiscopale ; mai:», après mûre réflexion^ on a cru mieux
répondre aux désirs de Son Eminence en affectant le montant de
la souscription à Tautel de Sainte-Ciolilde, en consti'uclion au
faubourg Fléchambault.
Le cardinal_, visiblement ému, répond et remercie en termes
60
946 CHRONIQUE
profondénienf pénétrés ; il donne ensuite sa bénédiclion pontifi-
cale, et toute rassistance défile devant lui et baise son anneau
pastoral. Se rendant de là sur le perron du palais, il bénit égale-
ment la foule pieusement accumulée dans la cour intérieure de
l'Archevêché, et l'on se sépare en murmurant la formule consa-
crée : Ad mullos annos... fcUcUer !
Au cours de la cérémonie, connaissance a été donnée d'un télé-
gramme de Rome, renfermant les vœux et félicitations de Sa
Sainteté au cardinal l^angénieux, à propos de son jubilé épisco-
pal, télégramme dont voici le texte :
« Rome, 27 octobre 1898.
« A Son Ëniinencc Le cardinal Langénieux^ archevêque
de Reims.
« Que Votre Eminence daigne agréer mes plus sincères félicita-
« lions à l'occasion de son jubilé épiscopal. J'ai aussi le plaisir de
« lui annoncer une Lettre de Sa Sainteté. »
« Cardinal Rampolla. »
Verlaine au Luxembourg. — Le portrait de Paul Verlaine, qui
prendra prochainement place dans le Musée du Luxembourg, a
été oifert à l'Etat par un groupe de gens de lettres composé de
MM. Sully Prudhomme, Edmond Lepelletier, Léon Dierx, Frédéric
Mistral, Paul et Victor Margueritte, Henry Bauër, Jean Richepin,
Maurice Barrés, etc.
L'un de ces écrivains nous contait récemment à ce sujet une
amusante histoire :
11 paraîtrait que le peintre Edouard Chanlalat ne termina pas
sans peine ce portrait. La patience n'était pas précisément la qua-
lité dominante de Verlaine. Il posait aussi mal que possible. A
peine assis, il s'énervait, gesticulait, racontait une petite histoire
et s'esquivait vivement. Pour le décider à revenir, le peintre était
obligé de recourir à mille stratagèmes. Que ne promit-il pas au
pauvre Lélian ? Un jour, il lui annonça de la musique ; un autre
jour. . . du feu.
Cette fois, Verlaine fut ravi. Du feu ! On était en mai : nul besoin
de bûches dans la cheminée; mais Verlaine exigea le feu promis,
et, durant la séance, un poêle énorme flamboya dans l'atelier. Et,
joyeux, Verlaine, pour une fois, posa comme... un vrai modèle.
M. Louis Léger et l'Evangéliaire slave de Reims. — L'Acadé-
mie de Reims avait convié le vendredi 25 novembre, dans la
grande salle de l'archevêché, les personnes qui s'intéressent à
l'étude du célèbre Evangéliaire slave que possède la Bibliothèque
de Reims, à venir entendre une lecture de M. Louis Léger rela-
tive à cet antique manuscrit.
CHRONIQUE 947
M. Louis Léger, professeur de langue et de littérature slaves au
Collège de France, est certainement l'un des savants occidentaux
les plus versés dans la lecture des anciens idiomes slaves ; il était
donc bien qualifié pour étudier notre vieil Evangéliaire.
Après avoir établi que ce précieux manuscrit provient d'un
monastère de Bénédictins qui existe encore à Prague, M. Léger
fait table rase des nombreuses légendes qui ont eu cotirs à son
sujet. Les dates probables de son apparition — xi'- ou .\ii« siècle
pour l'une des parties, 1395 pour l'autre — suftisent d'ailleurs à
établir l'inanité de la plupart d'entre elles.
Comment le célèbre Evangéliaire est-il allé de Prague à Con.s-
tantiuople, et comment de Con>tantinople est-il venu à Reims ?
Nul ne saurait le dire d'une façon certaine. Toujours est-il qu'il se
trouve dans notre ville depuis 300 ans. Si Ton en croit la tradi-
tion, c'est sur cet Evangile que les rois de France prêtaient ser-
ment lors de leur sacre ; mais il n'existe k- l'appui de cette tradi-
tion aucun document précis. Au cours de la Révolution, comme
tant d'autres objets précieux ou sacrés, il a eu à subir les outrages
d'une populace avide et impie, il a été dépouillé de ses orne-
ments, de ses pierreries et de ses reliques ; c'est même miracle
qu'il n'ait pomt été complètement détruit. Il serait fort regretta-
ble qu'un document de cet intérêt vint à disparaître.
L'abbé Pluche, dont la mémoire est demeurée chère aux Rémois
qui ont donné son nom à une rue de leur ville, a mentionné ce
manuscrit dans une page du Spectacle de la Nature. Le paléogra-
phe Silvestre publia, en 1843, le fac-similé des 95 pages du texte,
dii au talent d'un artiste rémois, M. Jules Lundy. — En 1852, le
titre de l'édition fut renouvelé, et une préface eu français, de
M. Louis Paris, remplaça l'introduction latine de Kopitar.
Telle est la publication, remontant à un demi-siècle, qu'il s'agit
aujourd'hui de refaire à nouveau, à l'aide d'une reproduction
toujours plus fidèle en héliogravure et d'une étude plus approfon-
die, mise au courant de la science.
M. Henri Marteau. — Le jeune violoniste rémois, Henri Mar-
teau, vient de se faire entendre à Saint-Pétersbourg, oir il a rem-
porté le plus vif succès.
Sou talent est apprécié en ce; termes par le Journal de Saini-
Pélersbourg :
K M. Marteau possède la plus merveilleuse technique qui se
puisse imagmer, la plus parfaite et la plus complète aussi sous
tous les rapports. Il est doué d'un son extraordinaire et très
chaud, de beaucoup de délicatesse et d'un volume considérable.
Le coup d'archet a beaucoup d'ampleur et de vigueur et toute la
netteté de celui d'un maître.
948 CHRONIQUE
Mais l'artiste est encore plus à admirer chez M. Marteau que le
virtuose : il n'a pu être, en effet, ni grisé, ni blasé par la superbe
série des concerts qu'il a donnés et par le succès inouï qu'il a
obtenu partout à l'étranger, et c'est justement ce que nous appré-
cions le plus chez M. .Marteau, le noble enthousiasme qu'il a pour
son art et la hanle idée qu'il se l'ait des devoirs de la vocation
artistique.
En elïet, M. Marteau, étant Français, fait servir son succès à la
cause de la jeune école musicale française, dont il a à cœur de
faire connaître les œuvres les plus remarquables. La musique
française devra beaucoup à M. Marteau, et le jeune violoniste peut
être fier de son œuvre.
Nous ne pouvons passer en revue l'exécution de tout le pro-
gramme. Disons seulement qu'il a interprété la Sonate de Bach
pour violon seul comme Joachim seul aurait pu le faire : il y avait
là une netteté, une précision et une simplicité qui mettent M. Mar-
teau au premier rang des violonistes de notre époque. Jamais
encore nous n'avions entendu la fugue et le presto de cette Sonate
exécutés ainsi. La fugue surtout était d'une admirable clarté et
extraordinairement détaillée.
Le concert était honoré de la présence de Leurs Altesses Impé-
riales le grand-duc et la grande-duchesse Constantin, qui ont
donné constamment le signal des applaudissements et se sont fait
présenter M. Henri Marteau à l'issue du concert en l'accueillant de
la façon la })lus gracieuse. »
*
La Société d'étude des sciences naturelles de Reims et les
GROTTES DE Trépail. — La réunion mensuelle de la Société
d'étude des sciences naturelles s'est tenue le samedi 5 novembre,
à l'Hôtel de Ville de Reims, sous la présidence de M. I.,aurent.
Deux membres titulaires et un membre assistant sont présentés
et admis.
M. L. Demaison a déterminé une teigne qui, dans les pharma-
cies, attaque l'ergot du seigle ; c'est une linéide : la Tinea gra-
nella.
M. Collet a adressé un catalogue des champignons de la Marne.
Il résulte de ce travail que trente espèces sont à ajouter au catalo-
gue de Richon.
M. de Lamarlière a trouvé une orchidée nouvelle pour la
région ; c'est la Gordyera repens. Il est probable que cette plante
est d'introduction récente.
M. Nocton donne lecture d'une intéressante analyse sur la phy-
siologie des Protozoaires. La méthode graphique a permis de
reconnaître chez ces êtres microscopiques des mouvements auto-
matiques et des mouvements psycho-rétlexes.
M. Laurent rend compte d'une excursion faite par quelques
CHRONIQUE 949
membres de la Société aux grottes de Trépail. Le village de Tré-
pail est traversé par un ruisseau qui sort de la craie après avoir
parcouru un long trajet souterrain connu depuis longtemps des
habitants du pays et visité à plusieurs reprises depuis le commen-
cement du siècle. Une partie des eaux sert à l'alimentation de
Trépail et d'Ambonnay; l'excédent actionne un moulin situé au
pied même de la montagne, à une centaine de mètres de la sortie
du cours d'eau.
On n'accédait autrefois au souterrain que par un puits établi
dans la craie, mais depuis quelques années une galerie a été creu-
sée pour faciliter la sortie des eaux. Cette galerie est rapidement
franchie par les excursionnistes qui pénètrenl alors dans une
étroite fissure dont la hauteur moyenne atteint trois à quatre
mètres et s'élève par endroits jusqu'à dix ou douze mètres. Les
parois sont couvertes de stalactites formant une véritable draperie
cristalline avec des franges à reflets jaunâtres.
Le lit du ruisseau est occupé par une série de marmites de
géants d'une régularité parfaite ; au fond de chacune d'elles est
un caillou qui bien souvent n'atteint pas la grosseur du poing;
entraîné par Teau dans un mouvement rapide de rotation, il a
creusé peu après la craie sur laquelle il reposait, et il reprend son
travail à chaque crue du cours d'eau.
Une cascade de deux mètres de hauteur est située à quatre
cents mètres environ de l'entrée du souterrain ; elle ne peut être
franchie qu'à l'aide d'une échelle ; au-delà la crevasse s'élargit,
formant la chambre du Dôme dont la voûte est garnie de stalac-
tites atteignant un mètre de hauteur.
Au dire des habitants du pays, il existerait dans la forêt, au
sommet de la montagne, un goufl're analogue à celui de Germaine,
c'est le Trou-des-Fosses par lequel les eaux pénètrent continuelle-
ment, atteignant ainsi la grande fissure produite dans la craie par
les mouvements du sol qui ont déterminé une partie du relief
actuel de la montagne.
L'existence des gouffres et des rivières souterraines se trouve-
rait ainsi en relation avec les dislocations de la craie dans la
région ; sa faible élasticité ne lui aurait pas permis de se plisser
sans cassures ; ainsi auraient pris naissance les divers accidents
qui interviennent aujourd'hui dans la circulation des eaux sur le
versant sud de la montagne de Reims.
(Courrier de la Champagne)
Conférence dd D"^ Doyen a Paris. — Le D"" Doyen faisait à
Paris, le vendredi soir 21 octobre 1898, en l'hôtel des Sociétés
savantes, rue Serpente, une conférence sur « l'Enseignement de
la chirurgie », avec projections cinématographiques. La grande
salle des conférences avait été envahie dès cinq heures, et pour
95U CHRONIQUE
entendre l'éniinenl praticien, il n'y avait pas que des profession-
nels et des étudiants, mais aussi tout un groupe de mondains et
d'élégantes attirés par cette mise en scène nouvelle du drame
d'amphithéâtre.
Au milieu de la salle est installé le projecteur du cinématogra-
phe ; quand le professeur Doyen prend la parole, toutes les lumiè-
res s'éteignent ; seules les deux lampes électriques du projecteur
hiûlent devant le conférencier, mais le professeur reste dans la
pénombre et sa voix semble ainsi plus nette, plus incisive, dans le
silence respectueux de l'auditoire attentif.
Après un rapide exposé de quelques découvertes chirurgicales
récentes, le professeur Doyen parle d'opérations délicates, excep-
tionnelles, qu'il a dû faire, et tandis qu'il parle, soudain, sur un
écran, des images apparaissent. Agrandies, devenues énormes sur
l'écran, les mains habiles du chirurgien taillent, pincent, cousent,
écrasent des chairs. Ce ne sont encore que des reproductions par-
tielles, fixes.
Voici qu'il est question d'une opération grave, réputée, il y a
peu de temps, impraticable, et tandis que la voix décrit le siège et
la gravité du mal, explique les diflicultés à vaincre, sur l'écran se
fixe la scène de l'opération : le docteur Doyen examine la
patiente, ses aides sont là et dans le fond deux religieuses immo-
biles. Et le cinématographe mis en mouvement, subitement toute
l'opération se déroule; les profanes sont haletants, saisis d'admi-
ration aussi pour la sîireté, la rapidité d'exécution.
Le spectacle est d'autant plus troublant que, par instants, la
parole du conférencier suit le geste reproduit, le commente, et
donne une vie complète à l'image photographique.
A un moment donné, l'opérateur ne trouve pas sous sa main
uae aiguille à suture dont il a besoin et qu'on a négligé de lui
préparer.
Le cinématographe reproduit un mouvement d'impatience ; on
devine l'exclamation qui doit sortir de la bouche du professeur :
le conférencier ne la reproduit pas ; il déclare ne pas vouloir s'en
souvenir, mais l'image est si vivante que, sur les lèvres, les assis-
tants ont su le juron échappé au praticien.
Toute cette conférence a produit uùe profonde impression, et
cette api^lication nouvelle du cinématographe va aider puissam-
ment à la propagation du haut enseignement scientifique.
L'KLECiniciTK A MoNTMMiAiL. — La viUc de Montmirail (Marne)
va être jirochainement éclairée à la lumière électrique. L'usine
motrice est un moulin sis sut' le territoire de la commune de
Niécringes, sur le Petit-Morin, à 2,500 mètres de Montmirail. Ce
moulin a été donné par M. Labbé, maire de la ville.
CHRONIQUE 951
A la place de la roue à aubes, ou a installé une turbine Iler-
cule-ProgréSj de la maison Singruo, d'Epinal, capable d'une force
motrice de 16 chevaux. Cette turbine actionnera un dynamo
Brown Boveri qui pourra alimenter de ^2tj à 130 lampes à incan-
descence de 16 bougies. L'éclairage de la ville sera assuré par 80
lampes environ.
Selon toute probabilité, la mise en route aura lieu dans la
seconde quinzaine de novembre. Nous croyons que sous peu, les
édifices municipaux seront éclairés à l'électricité.
Nominations et Distinctions. — Le contre-amiral Lefèvre. —
Le capitaine de vaisseau Jules Lefèvre, ancien sous-chef d'état-
major du ministère de la Marine, vient d'être nommé contre-
amiral.
Cet avancement justifié est un honneur qui rejaillit sur la ville
de Chilions, dont le nouvel officier général est originaire.
M. Lefèvre est, en efiet, fils d'un très honorable professeur
d'humanités au Collège de Châlons, qui a laissé chez ses anciens
élèves les meilleurs souvenirs. Jules Lefèvre quitta le Collège en
18H6 pour entrer à l'Ecole navale. Sa première campagne lut à la
station navale du Pacifique, et il explora les côtes du Chili et du
Pérou. Plus tard il prit part à la conquête de la Cochinchine, et il
fut Tun des premiers officiers français qui visitèrent, dans le Cam-
bodge, les célèbres ruines d'Angkor. Il en rapporta des vues très
remarquables qui accompagnèrent, dans le Tour du Monde^ le
récit de voyage des lieutenants de vaisseau Francis Garnier et
Delaporte sur le Mékong.
A vingt-six ans, Lefèvre était lieutenant de vaisseau et chevalier
de la Légion d'honneur. Pendant la guerre de 1870, il fit partie
des détachements de marins qui contribuèrent si puissamment à
la défense de Paris. C'est au fort de Romainville et à la défense
du plateau d'Avron, qu'il mérita et obtint, bien jeune encore, la
croix d'officier de la Légion d'honneur. Il a aujourd'hui le grade
de commandeur.
Capitaine de frégate en 1877, capitaine de vaisseau en 1887^
Jules Lefèvre a été chargé depuis de missions diverses, tantôt
détaché à la Commission d'expériences d'artillerie de Grave, tan-
tôt chargé d'études d'hydrographie. Il a commandé, il y a quel-
ques années, le vaisseau Ylpiiujénie^ qui sert d'école d'application
aux jeunes aspirants sortis de l'Ecole navale ; il a parcouru avec ce
navire la Méditerranée et l'Océan Atlantique. Il a rempli à deux
reprises les fonctions de sous-chef d'état-major général du minis-
tère de la Marine.
On voit qu'il est peu de carrières plus brillantes et mieux
remplies.
9j2 chronique
M. Palenôtre. — Originaire de Baye (Marne), où son père exer-
çait la profession de notaire, M. Patenôtre est ambassadeur à
Madrid depuis quelques mois seulement. Il y fut envoyé, de Was-
hington, lorsqu'il fallut faire une place dans la « carrière » à
M. Jules Cainbon qui quittait le gouvernement général de l'Algé-
rie, et dont il va aujourd'hui râfnplacer le frère aîné à Constanti-
nople. La famille Cambon ne lui porte pas précisément malheur.
Son ambassade à Washington, oîi il fut le premier de son grade
— il fut promu lorsque l'on transforma la légation en ambassade
— fut plus longue. Il eut môme le temps d'y prendre femme, et
d'y faire faire fort bien les affaires de la France qu'il avait précé-
demment gérées, avec distinction, dans les divers postes auxquels
il avait été appelé, notamment en Chine.
M. Patenôtre fait partie de la nombreuse pléiade des hommes
distingués auxquels M. Jules Ferry ouvrit la porte des grandes
fonctions publiques. Il l'accompagna en Grèce, en qualité de
secrétaire, en 1871, lorsqu'il y représenta la France.
La succession qu'il va recueillir est lourde ; mais ses amis assu-
rent qu'elle n'est pas au-dessus de sa valeur.
Par décret en date du 26 novembre 1898, M. Paul Leseur a été
nommé, comme professeur titulaire, à la chaire de législation
coloniale de la Faculté de droit de l'Université de Paris.
Celte nomination est des plus heureuses : M. Paul Leseur avait
fait comme agrégé, à cette même Faculté, un cours de droit colo-
nial qui avait été des plus remarqués. Il est, en quelque sorte, un
des créateurs de cet enseignement en France.
M. Paul Leseur est né à Reimsj où son père, qui exerçait la pro-
fession d'avoué et d'avocat, fut l'un des membres les plus distin-
gués de l'Académie rémoise. Nous adressons au jeune et sympa-
thique professeur nos bien sincères félicitations.
Un jeune et brillant officier, châlonnais de naissance, le capi-
taine Mourin, dont nous avons eu plus d'une fois à signaler la
belle conduite au Tonkin et à Madagascar, vient d'être nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
Voici la notice que lui consacre le Journal officiel :
« Mourin (Charles-Henri), capitaine d'infanterie de la marine ;
quatorze ans de service, neuf campagnes, dont six de guerre, une
blessure de guerre : faits de guerre à Madagascar. Le 28 septem-
bre 1897, après avoir été blessé d'un coup de feu à la tête, est resté
à sa place de combat, a continué à commander le feu de son
CHRONIQUE ^53
groupe et a tenu à marcher toute la journée à la tête de ses hom-
mes, refusant de se laisser transporter. »
Le dernier mouvement administratif et judiciaire comprend,
entre autres nominations, les mutations suivantes :
— M. Thibon, sous-préfet de Saint-Sever, est nommé sous préfet
de Vouziers en remplacement de M. Raux, nommé sous-préfet de
Montargis ;
M. Balliez, conseiller de préfecture de la Lozère, est nommé
conseiller de préfecture de la Marne en remplacement de M. Mail-
lefer, nommé conseiller de préfecture du Pas-de-Calais ;
M. Grosclaude, sous-préfet de Gourdon, est nommé sous-préfet
de Rethel, en remplacement de M. Grody, nommé chef de Cabi-
net de M. Camille Kranlz, ministre des Travaux publics.
— M. Bouvet, juge suppléant à Langres, est nommé substitut à
Wassy en remplacement de M. Jorrot, nommé à Limoges ;
M Lalubie, procureur à Calvi, est nommé procureur à Rocroi,
en remplacement de M. Bonfils-Lapouzade, nommé procureur à
Charleville ;
M. Déglise, juge suppléant à Rambouillet, est nommé juge à
Epernay, en remplacement de M. Dusanterre, nommé juge d'ins-
truction à Troyes, en remplacement de M. Carteron, décédé ;
M. Lénard, substitut à Paris, est nommé procureur de la Répu-
blique à Reims en remplacement de M. Herbaux, nommé substi-
tut du procureur général à Paris ;
M. Lévylier, substitut à Rambouillet, est nommé substitut à
Troyes, en remplacement de M. Leroy, nommé à Reims ;
M. Le Moite, juge nommé à Troyes, est nommé à Chûlons-sur-
Marne en remplacement de M. Le Roy, nommé président à Ram-
bouillet ;
M Lhuillier, juge à Arcis-sur-Aube, est chargé de l'instruction
en remplacement de M. Ecoutin, qui reprend les fonctions de
juge; .
M. Hugot, substitut à Reims, est nommé à Pans, etc.
M. Pol Neveux, de Reims, sous-bibliothécaire à la Bibliothèque
de l'Ecole des Beaux-Arts, vient d'être nommé chef adjoint du
cabinet de M. Leygues, ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts.
M. Cornet, inspecteur d'Académie à Châloas-sur-Marne, admis
à faire valoir ses droits à la retraite, vient d'être nommé inspec-
teur d'Académie honoraire.
954 CHRONIQUE
M. Chanzy, chef de bataillon au 150^ de ligne, fils du regretlé
général de cenoni et gendre de M. Gailly, sénateur des Ardennes,
vient d'être nommé commandant au 4" chasseurs à pied.
Mariage. — Le 28 novembre 1898 a été célébré, au temple
protestant de Reims, le mariage de M"« Henrietle-Annetle Krug
avec M. Nesky-Georges-Heori-Emile Dœschuer, secrétaire à l'am-
bassade de France à Londres.
Un des témoins de M. Dœschner était M. Hanotaux, ancien
ministre des Affaires étrangères.
Il n'est pas besoin de rappeler la grande et honorable place que
tient à Reims la famille Krug. M. Paul Krug, chef d'une impor-
tante maison de vins de Champagne, est non seulement un négo-
ciant distingué, mais encore on le trouve toujours disposé à prê-
ter son concours dévoué aux œuvres de haute philanthropie.
MÉLANGES
Un poète de province : M. Cuarles Desguerrois. — M. Charles
Desguerrois est un vieux poète qui vit en province, dans la bonne
ville de Troyes en Champagne.
La province abrite encore plus que vous ne croyez de ces hom-
mes de lettres, paisibles et obscurs, qui cultivent la poésie
comme une fleur précieuse. Ils ne sont ni bruyants, ni ambitieux.
Dans leur petite maison entourée d'arbres, ils se contentent des
pures joies que leur donnent l'amour des lettres et le culte désin-
téressé des douces muses. Ils ont des livres, des fleurs, des
bibelots et quelques amis ; le meilleur de leur temps appartient à
la musique et à la poésie. Ils sont membres de la Société Acadé-
mique, et cette Académie locale leur suffit : le pont des Arts
est trop loin et trop encombré. . .
Tout bonheur que la main u'alleiul pas n'esl qu'un rêve.
Ils vivent là, de longues années, en têteà-lête avec leurs poètes
préférés, avec leur propre rêverie, dans le charme d'une solitude
délicieuse. Les saisons et les préfets changent autour d'eux; ils ne
s'inquiètent pas beaucoup de ces changements. Ce sont des heu-
reux et des sages, dont le bonheur est fait de modestie et la
sagesse de résignation. A mesure qu'ils écrivent davantage et qu'ils
vieillissent, ils deviennent célèbres dans leur endroit ou au moins
dans leur quartier ; le parfum du miel de leurs vers se répand peu
à peu dans le voisinage ; le bruit de leur nom et de leurs uiuvres
s'étend autour d'eux, comme un bourdonnement d'abeille.T : il y
a des destinées plus éclatantes ; il n'y en a peut-être pas de plus
enviable.
M. Charles Desguerrois a dépassé quatre-vingts ans. Il a déjà
publié une vingtaine de volumes de vers, qui ne se ressemblent
pas, et où il y a de très jolies choses. Sa facture n'est peut-être pas
irréprochable. M. Charles Desguerrois n'est pas un virtuose de la
rime, un ciseleur, un orfèvre, un parnassien attentif et méticu-
leux ; c'est plutôt un poète d'instinct et d'inspiration. L'art, chez
lui, ou le métier, est inférieur i la nature ; ses petits poèmes
valent moins par des qualités de forme pure, par le fini de l'exé-
cution et du détail, que par le sentiment et par l'idée. Ami des
anciens, de Virgile notamment, pour lequel il a une tendresse par-
ticulière, il aime aussi la poésie anglaise contemporaine, que nous
connaissons trop peu, en général, et il la connaît. 11 a traduit le
Timon d'ALhènes de Shakespeare et les Sonnets d'Elisabeth
Browning, en vers français. Il a écrit un poème eu l'honneur de la
cathédrale de Troyes. Car vous savez, — ou vous ne savez pas, —
956 MÉLANGES
que la ville de Troyes n'est pas seulement une ville de bonnetiers;
elle abonde en belles églises : Saint-Pierre, la cathédrale, qui est
presque aussi belle que Notre-Dame ; Sainte-Madeleine, avec son
jubé; Saint-Jean, Saint-Urbain, Saint-Remy, etc. Allez-y voir;
vous ne regretterez pas votre voyage. . .
La dernière œuvre de M. Charles Desguerrois, Depuis^ est le
plus touchant de ses livres. L'an dernier, un grand chagrin est
venu affliger le vieux poète. Il a perdu la compagne de sa vie,
l'amie très chère et très douce, dont la tendresse, la bonne grâce
et le sourire égayaient ses dernières années. Cruellement frappé
dans son affection, il a demandé à la poésie une consolation et un
refuge ; il s'est rappelé le conseil de Gœthe :
Écrire son chagrin pour être consolé.
11 a écrit le sien, comme il le sentait, moins pour faire œuvre
de poète que pour exprimer, à son tour, une plainte humaine,
avec le sang de son cœur et les larmes de ses yeux. Ce poème de
tristesse est très ingénu et très émouvant. Le vieux poète, dans sa
solitude douloureuse, s'est laissé aller à dire sa peine avec une
expansion si vraie, une détresse si profonde et si désolée qu'il est
impossible de ne pas comprendre et de ne pas partager son émo-
tion. 11 n"a pas cherché à plaire aux beaux esprits ; il s'est borné
naïvement à ouvrir son âme et à en montrer la blessure ; il a fait
une gerbe noire de ses souvenirs et de ses regrets pour la porter,
de ses mains pieuses, sur un tombeau. 11 faudrait être bien insen-
sible ou bien exigeant pour vouloir trouver dans ces poèmes
mélancoliques, dans ces adieux d'un vieillard à une morte, autre
chose que la plainte d'une vie brisée. . .
M. Charles Desguerrois est justement apprécié dans la Tille où il
demeure. Voici des années que ses amis ont demandé pour lui le
ruban rouge qu'on donne quelquefois, pas assez souvent, à des
littérateurs de province. Ils l'ont demandé à des ministres diffé-
rents ; tous ces Messieurs l'ont promis. M. Charles Desguerrois et
ses amis attendent toujours, avec une patience qui n'a pas été
encore récompensée. Ce ruban ne serait pas une faveur. Ce ne
peut pas être parce que M. Charles Desguerrois l'a mérité qu'il ne
l'obtient pas. Si le nouveau ministre des Beaux-Arts, M. Georges
Leygues, qui a été, lui aussi, un poète, voulait bien s'en souvenir
pour honorer son vieux confrère, les Troyens lui en seraient
reconnaissants. M. Charles Desguerrois n'est pas félibre ; il est
Champenois^ comme Colin Muset, Thibaut de Champagne, Eusta-
ché Deschamps, Jean de La Fontaine, et quelques autres. Pour-
quoi le président des Cadets de Gascogne ne serait-il pas bienveil-
lant au doyen des violoneux de Champagne ? Ce n'est pas une
consolation que j'ose lui demander pour M. Charles Desguerrois ;
c'est une réparation. Sans doute M. Georges Leygues n'a plus le
temps de faire des vers, ni même d'en lire ; mais il a dû garder
MÉLANGES 957
un senlimcnl pour la poésie ; il s'intéressera, j'en suis siir, à un
vieux poète, longtemps oublié.
(Débats) S.
Une page d'histoiiie locale. — La Société populaire de Reims,
1790-!),'). — Sous ce titre, M. le docteur Pol Gosset va publier, à
un petit nombre d'exemplaires, une histoire de la Société des
Jacobins de Reims. Nous sommes heureux de pouvoir en détacher
l'extrait suivant :
i< Les Jacobins devaient faire un séjour prolongé dans l'egf/we
des Auguslins^ ; ils y entrèrent le (6 septembre 1792, mais
n'arrangèrent que peu à peu le local à leur convenance. Un
drapeau surmonté du bonnet de la liberté et un tableau avec ces
mots : Société populaire^ furent accrochés au-dessus de la porte,
A l'intérieur on réédifia pour le bureau l'estrade qui avait été
construite à Notre-Dame lors de l'assemblée des électeurs pour la
nomination" des députés à la Convention nationale ; le public
s'asseyait sur des gradins dont l'un s'écroula en février pendant
une séance. Le buste de Mirabeau et les drapeaux des nations
anglaise, française, américaine et polonaise furent réinstallés ;
mais l'Angleterre ayant renvoyé notre ministre, le pavillon anglais
fut descendu et caché dans un endroit jusqu'à nouvel ordre
(2 février) ; on vota l'achat d'un tableau devant servir à inscrire
les noms des défenseurs de la Patrie qui, comme Goffard * de
Bazancourt, se distingueraient par quelque action d'éclat, et
Lefrançois offrit « un tableau enluminé contenant l'évangile de
toutes les nations, les Droits de l'homme » ('22 vend.).
Jusqu'ici rien de banal dans la décoration, voici qui est mieux :
Palloy, le patriote Palloy qui débitait les pierres et les métaux de
la Bastille en petits souvenirs, offrit ses bibelots à la Société popu-
laire (8 août) qui accepta avec enthousiasme. Elle délégua à Paris
des commissaires que Palloy réunit dans un repas fraternel avec
des membres de la Société populaire de Montpellier et il leur oll'rit
1. L'église était aux pieds du rempart, sur l'emplacement d'une partie
de l'actuelle rue des A.ugustins qui n'était alors qu'un cul de sac. En 1790,
il y avait 10 religieux auguslins ; la maison pouvait en contenir 20. Ils
enseignaient non seulement le latin, le français, l'histoire et la géographie,
mais encore (ce en quoi ils diliéraieut de l'Université) la tenue des livres, le
change et les langues allemande et anglaise. Le Conseil général leur en sut
gré dans sa séance du 19 octobre 1790.
2. Le 23 juillet, Goifard, chasseur au 0" régiment ci-devant Languedoc,
rencontra sur la froniièrc, près de V'alenciennes, huit chasseurs autrichiens
à pied ; après quelques coups de fusil échangés, il désarmacinq chasseurs,
puis fut hlessé. Les Jacobins de Valenciennes lui lirent remettre une
médaille d'or, ceux de Reims lui accordèrent les honneurs de la séance le
27 septembre 1792, ainsi qu'à son père.
0L)8 MéLANQES
trois socles avec inscriptions', en pierre de la Bastille, pour
supporlor les bustes de Rrutus, Lepelletier et Marat qui furent
achetés à Paris. On lisait sur les dés de pierre :
Bbutus
Modèle des vrais républicains
H fut l'ennemi juré des lois.
Lepelletier
Pour avoir voté la mort
Il fut assassiné par un brigand.
MAHAT
Le véritable ami du peuple
Fut poignardé par les ennemis du peuple.
A ces dons, s'ajoutèrent ceux d'une pierre sur laquelle étaient
gravés les seize commandements républicains, d'une médaille en
plomb pour le président provenant « du scellement d'anneaux des
chaînes qui garottaient les victimes du despotisme » et de six
médailles en fer de chaînes pour les « frères les plus tyrannici-
des ». Mention civique"'' du don de Palloy fut faite au procès-ver-
bal du 30 septembre. « Des commissaires ayant été nommés pour
aller chercher les bustes de Lepelletier, Marat et Brutus, ils arri-
vent chargés de ce dépôt précieux ; la Société les reçoit avec res-
pect et reconnaissance. Ensuite on ouvre une discussion sur la
demande que fait le citoyen Palloy que les six médailles qu'il
envoie soient données à nos frères les plus tyrannicides. Tous les
amis de la Constitution qui composent celte Société y avaient
droit. » On ne saurait être moins modeste ; pourtant, le lende-
main, le président fut chargé de les remettre aux deux secrétai-
res, au trésorier, à l'ai'chivisle, au concierge et au facteur qui
seraient tenus de les porter toutes les fois qu'ils seraient en fonc-
tion. Quelques jours après cette mémorable séance, le représen-
tant Riihl étant de passage à Reims, les trois bustes furent ornés
d'un ruban tricolore.
On peut deviner ce que devenait l'église pendant ce temps : le
12 mai, la séance fut suspendue pour jouir de l'anéantissement par
le feu des images antirépublicaines qui étaient dans l'église des
ci-devant Auguslins, et en juillet la démolition du jubé qui était
gênant fut demandée au district. Une statue de la Vierge avait été
descendue de sa niche et dénommée déesse Liberté.
Ces simples notes sur la décoration du local de la Société popu-
laire font prévoir bien des changements dans l'état d'esprit des
membres. Le 7 avril 1793, les sociélaii'es se lièrent par un nouveau
serment : « Au nom de la nation et de la loi, nous jurons de
1. Deux lettres du citoyen Palloy (Le Cabinet historique, mars iHGi).
-, A la Société populaire de Reims, mentiou civique remplaçait l'expres-
sion mention honorable depuis le 29 août.
MÉLANGES 959
mourir plutôt que de soulïrir qui se présenterait ou serait présenté
pour Roi et tous ceux qui voudraient, au mépris de la sainte éga-
lité, usurper des pouvoirs attentatoires à la volonté du peuple. »
Le \\ avril, on décida que le >ionnet rouge' serait obligatoire
pour le président et facultatif pour les membres. Un autre jour, en
lin de séance, le président fit une distribution de cocardes aux
citoyennes qui de plus en plus nombreuses assistaient aux séances
et chantaient à l'orgue des chansons républicaines, la Marseillaise,
qui parait avoir été importée ;\ Heinjs par un membre de la
Société de Metz^ un Hommage à l'acte constitutionnel et l'Hymne
des sans-culottes. L'hiver, elles venaient avec leurs chaufferettes'^,
et pendant la guerre elles faisaient de la charpie qu'elles dépo-
saient sur le bureau à la fin de la séance.
Le registre des procès-verbaux a conservé les noms de quelques-
unes d'entre elles : la citoyenne Biondeau offrit pour le buste de
Mirabeau une écharpe tricolore, la première ayant été perdue
dans un déménagement ; la citoyenne Rougeole, après un petit
discours, donna à la Société l'oriflamme qu'elle portait à la fête
anniversaire du 10 août : « Républicains, notre sexe est faible,
mais notre âme est forte et tous les jours elle acquiert dans votre
Société cette énergie qui convient à des républicaines... » L'élo-
quence des citoyens était plus imagée ; Forzy, reçu membre de la
Société populaire, se crut obligé de remercier à la tribune ses
nouveaux collègues : «... ce faisceau de lumière que vous
répandez sur toute la France me servira de fanal dans la carrière
que je parcours... » Les patriotes, en rentrant chez eux ce
jour-là, ne devaient pas se croire de minces personnages, et
quand l'église des Auguslins fut à vendre, il n'y avait plus à Reims
qu'un seul édifice qui pût leur convenir, la Cathédrale, fermée
depuis la suspension de l'exercice du culte.
La cathédrale vit l'apogée et la chute des Jacobins.
Les membres venaient aux séances avec leur carte de sociétaire
à la boutonnière ; ils occupaient la salle. Le peuple montait dans
les tribunes, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre ; dans
les grandes circonstances, on le priait de descendre. Ce public
1 . Aux Jacobins de Paris, le boanel rouge fut salué par des applaudisse-
ments universels le 11 mars 1792 ; huit jours après, on lut en séance uue
lettre du maire Pelion qui condamnait ce bonnet qui « elfaroucbe les esprits,
les éloigne de vous » et trouvait que la coqarde suffisait comme signe do
ralliement. Tous les bonnets rouges disparurent aussitôt ; ils reparurent un
an après.
2. Elles ne s'en séparaient guère : « ... des citoyennes entrent conti-
nuellement au spectacle avec des chaufferettes ; ce meuble est infiniment
susceptible de renverser, alors le feu... » {Lettre du receveur des domai-
nes nationaux aux officiers municipaux de lieivis, 6 nivôse an II.)
960 MÉLANGES
était bruyant, surtout dans les tribunes des citoyennes', et on dut
nommer quatre censeurs dont l'insigne était un brassard trico-
lore, puis huit, puis douze, pour faire la police et expulser celles
qui faisaient le plus de tapage ou qui n'avaient pas de cocarde.
Les femmes des aristocrates assistaient, en effet, quelquefois aux
séances. « C'est demain un ci devant dimanche, dit Fressencourt ;
ce jour-là, il vient ordinairement des dévotes et des muscadins... »
et il proposait de leur lire les mesures à prendre contre la
superstition.
Un jour, comme on discutait en séance le programme de la fête
à célébrer en réjouissance de la conspiration d'Hébert, quelqu'un
proposa de ne pas s'embarrasser des femmes ; il y eut de vives
* protestations en faveur de « ce sexe intéressant qui vient embellir
nos fêtes et prêter de nouveaux charmes aux lois de la douce fra-
ternité *. Néanmoins, les citoyennes furent piquées de la proposi-
tion qui avait été faite, et le jour de la fêle pas une n'était dans
les tribunes, c Chaque membre a vivement senti cet isolement
absolu d'un sexe cher à tous les Jacobins. »
I. Même chose à Paris. « Messieurs, dit ud jour Louvet, comme le
tumulte vient de la condescendance trop facile avec laquelle vous avez
admis les dames dans votre sein, ce qui pourrait devenir fatal à Tordre qui
doit régner dans notre Société et à la sagesse de vos délibérations, je
demande que la Société n'admette plus de dames, sous quelque prétexle
que ce soit. » (10 février 1792.)
L'Imprimeur- Gérant,
Lkun l'HÉMONT.
TABLE
DU
Tome X, 2"'" Série, de la ReYoe de Champagne et Brie
ABRAHAM (Vincent), curé de Sept-Saulx, massacré aux
Carmes en 1792 478
ACADÉMIE NATIONALE de Reims 596, 606, 752
ACTES RELIGIEUX du Petit-Mesnil de 1733 à ^^ dévo-
lution, par P. Chauvet 239
ACTES RELIGIEUX de Juvanzé (Aube), par P. Chau-
vet 656
ANTOINETTE (sœur), supérieure de l'hospice de
Nogent-sur-Seine, médaille d'or 469
APOLLIN (Camille) (le frère), médaille du ministère de
la Guerre 317
ARDENNES (bibliographie des) 216
ARTISTES CHAMPENOIS à l'exposition du Cercle artis-
tique et littéraire Volney 301
ATELIER DE FAUSSE MONNAIE au XW siècle à
Jeand'heurs 799
A TRAVERS LES REVUES; articles de MM. L. Morin,
le baron de Baye, d'Arbois de Jubainville, Ernest
Beauguitté, G. Paris 5^87, 741, 923
AUSSONNE, antiquités gauloises 942
AY, nouvel orgue 933
BABELON (Ernest), élu membre de l'Institut. . . . 139
BAILLOT (Louis- Victor), centenaire 285
BARBUISE, dalle funéraire de Claude-Pierre-Gaston
Morel de Vindé 944
BAR-SUR-AUBE, impôt sur le vin 766
BAYE (baron de), sa troisième mission 132
— Conférences à la Société de Géographie .... 307, 310
— Exposition de ses collections au iMusée Guimet . 456
— Mission en Géorgie 930
BAYE (château de)^ herbier de J.-J. Rousseau . . . 135
BAZEILLES, monument commémoratif. 4^3) 758
BIARD (Eugène), chevalier de la Légion d'honneur . . 140
BOHAI\, monnaies romaines 756
BONVALOT (Gabriel), conférence à Reims .... 307
BOSSUET (le monument de) à Meaux 455, 613
II Table
BOURGEOIS (Armand), médaille d'or 471
BRIENNE, combat de 760
CHALONS-SUR-MARNE, pose de la première pierre du
Grand-Séminaire .... 463
— Démolition de la chapelle du
Collège 463
— L'imprimerie à 473
— Dalle tumulaire du XVII® siè-
cle 756
CHAMPION (Edme), l'homme au petit manteau bleu . 461
CHARINY-LE-BACHOT, bénédiction de cloche ... 764
CHAUMONT, hôpital des vieillards 285
— Monument patriotique 936
CHAVAILLIAUD, statuaire 628
CHENAY, bénédiction de cloche 932
CHIQUET (M™e Julia Cousinat^ veuve)^ centenaire. . 3x2
CONGRES ANNUEL des Sociétés savantes de Paris et
des départements, 1898 44
COSNE (Mlle Marie) . .^ . 136
COURAJOD (Louis) à l'École du Louvre 618
CRAONNE, monument commémoratif 464, 942
CRUGNY, tombe de Fr. Veily 627
CUIS, rosier monstre 630
CUNFIN, chêne de huit siècles 137
DAMPIERRE-LE-CHATEAU, famille de 27 enfants . 138
DARBOY (Mg--);, son bréviaire 311
DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES à Bassuet (ob-
jets celtiques), à la Neuville-au-Pont (fossiles) ... 311
DELOYE (Gustave), sculpteur sedanais 312, 627
DENAIFFE (Clément), chevalier de la Légion d'hon-
neur 140
DESGUERROIS (Charles), poète 955
DEULIN, vente de sa bibliothèque 310
DEVIOLAINE (Emile), chevalier de la Légion d'hon-
neur 140
DOUCET (Eugène)^ prix de la Société littéraire de
Nîmes 317
DOYEN (le D""), conférencier à Paris .949
DUBOIS (Théodore) 317, 932
— (Paul) 940
EPERNAY, pose de la première pierre de l'église Notre-
Dame 459
— Comice agricole 768
ESSAI d'une bibliographie historique du département
des Ardennes, par H. Jadart 216
EXPOSITION des pastellistes 4J7
FAUX-FRESNAY, mo.iument commémoratif . . . . 463
FRANÇOIS VINCHANT, par le comte DE Marsy . . 5
TABLB m
FROT (Apollinaire), de Gionges, au Brésil 768
GAIGE (Jean), centenaire 284
GIVRY (noces d'argent de M. et M"^^ L. de) .... 639
GLOSSAIRE du iMouzonnais, par N. GOFFART . . 60, 241, 384
J62, 683, 868
GODART (le général) . .' 315
GROS JEAN (le D''), médaille de vermeil 139
GUICHARD, évêque de Troyes 14a
HACHE (le D*"), chevalier de la Légion d'honneur . . 140
HAUTVILLERS, monnaie espagnole en or j^j
— Pèlerinage de Sainte-Hélène. . . . 763
HENNECHART, juge à Chàlons-sur-Marne .... 140
JACOBÉ, portraits de famille 507
JACQUIN (le lieutenant), de Wassy 938
JEANDHEURS, fausse monnaie 799
JEANIVE D'ARC, son histoire par le général Dragomi-
rolT 137
— Sa statue par M. Paul Dubois. . . 309, 758
— (Fêtes en l'honneur de) 464
— (Mélanges sur) 625', 773
JOUY-SUR-MORIN (ouvroir de) 620
JUILLY, banquet et fête 460
JUVANZÉ (Aube) 656
LA CAxMPANOMANIE, par H. Jadart 641
LACHY, destruction des ruines du château .... 311
LAHÉMADE (Gustave)^ chevalier de la Légion d'hon-
neur 140
LANDRIEUX (l'abbé), prix de 1,000 francs à l'Institut". 468
LANGÉNIEUX (le cardinal) 761
— à Luxembourg 934
— Son jubilé épiscopal 945
LANNES DE MONTEBELLO (Adrien) 467
LAON, monument patriotique 758
LA ROTHIÈRE (Aube) (seigneurie de) 321
L'ART GOTHIQUE CHAxMPENOIS dans l'île de Chy-
pre, par E. Enlart la
LATTY (Ms^)^ son voyage à Rome 311
LAUNOIS (le D^ Pierre-Emile) 634
LEFÈVRE (Jules), contre-amiral 951
LÉGION D'HONNEUR, nominations 634, 768
LEGRAIN (le D' Emile), prix Bréant 317
LEMOINE (le D''), dons au Muséum 940
LE PONT DE LA PIELLE à Troyes, par E. FUGEZ . 661, 856
LES DROITS SEIGNEURIAUX et les anciens sei-
gneurs de Villeis-sous-Chàtiilon et deTincourt^ par P.
Pellot 481
LESEUR (Paul), professeur à la Faculté de droit de Paris. 9J2
LES HENNEQUIN, par Alb. DE Mauroy 161
IV TABLE
LES PORTRAITS DE FAMILLE des Jacobé de Pringy
de Goncourt^ par C. DE G 507
LES SEIGNEURS DE VILLE-SUR-ARCE, par A.
PÉTEL 342
LEX (Léonce), mention honorable à l'Institut. . . . 468
L'HERBIER DE J.-J. ROUSSEAU au château de Baye 135
LHERMITE (Lcoa) 617
LHUITRE, inscriptions et graffiti dans l'église. ... 131
LINARD, son buste à Rethel 941
LONGNON (Auguste), président: de l'Académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres . 139
— Séance publique des cinq Acadé-
mies 928
LUCE (Paul), commandant supérieur du Haut-Laos. . 939
MAILLY, don de M»"' Douillat 138
MANUELA (duchesse d'Uzès), sculptures è Fontenoy-le-
Château et à Pont-de-l'Arche 757
MARGAINE (Félix-Lucien), chevalier de la Légion
d'honneur 140
MARIOTTE, fondateur de l'Hôpital des vieillards à
Chaumont 288
MARTEAU (Henri), violoniste 947
MAUBERT-FONTAINE, nouvelle église 624
MEAUX, monument de Bossuet 455'
MEDAILLES D'HONNEUR décernées à IVIM. H. Gar-
nier, Ant. Arnaud, Ch. Bourelle 471
MOIREMONT, crypte de l'abbaye 628
MONS ET LE MONTOIS, par E. ChouLLIER. ... 839
MONTARDOISE (commune de Montsuzain), orpheli-
nat agricole 304
MONTEREAU (Pierre de), architecte de la S'^-Chapelle 130
MONTMEILLANT, monument du général du Merbion 941
MOREAU (Frédéric), son centenaire 466
MOUCHETON DE GERBOIS (le général) 939
MOURIN (le capitaine), chevalier de la Légion d'hon-
neur •— . . 9$ 2
MOURLAN (le général) 316
NAPOLÉON A BRIENNE 149
NEVEUX (Pol), 500 francs, prix Montyon ..... 5:68
NOBLESSE MATERNELLE 289
NOTICE HISTORIQUE sur la maison de Pompery, par
Olivier DE Pompery 801
NOTICE sur la seigneurie de la Rothière, par P. Chau-
vet 321
(EUILLY, pèlerinage de N.-D des Langueurs. . . . 623
OFFICIERS d'Instruction publique 318,468,768
OFFICIERS d'Académie 318, 468, 768
PARIS (Gaston), administrateur du Collège de France . 469, 633
TABLE V
PASSAVANT, anniversaire y6o
PÉLACOT (Me--), évéqiie de Troyes 31J
PETITFILS (Edmond)^ prix de la Société littéraire de
Nîmes -^ij
PILLIÈRE (le colonel) 316
POMPERY (famille de) 801
PONSARD (Edmond), son cinquantenaire 130
POULLOT (Jules), chevalier de la Légion d'honneur . 140
PUISEUX (l'abbé), par M. PÉLiciER ijy
REIMS, dons à la Bibliothèque 127
— Dons à la Bibliothèque de l'Archevêché ... 134
— Nouvelles acquisitions du Musée ..... 136
— Travaux à la chapelle S'-Joseph de la Cathé-
drale ,
Réception du prince Nicolas ScherbatofF à l'Aca-
302
demie 309
— Réunion de l'Association amicale des anciens
élèves du Lycée 462
— Réunion des anciens élèves du Pensionnat des
Frères 463
— Le Folk-lore des bateliers 624
— Dons au Musée 628, 939
— Stèles égyptiennes du Musée j^^
— Sépultures anciennes yj6
— Exposition de la Société des Arts yçy
— Inauguration du buste du D' Jolicœur . . . 76^
— Le Collège des Bons-Enfants 791
— Guillaume P' et Bismarck en 1870 .... 930
— Neuvaine de S*-Remi 931
— Don de verrières au Lycée 934
— Nouvel orgue de S'-André 938
— Legs Brunesseaux 939
— L'Evangéliaire slave 947
— La Société populaire de 1790-1795" 957
RÉPERTOIRE HISTORIQUE de la Haute-Marne, par
A. ROSEROT 28, 348
RIMBAUD (Jean- Arthur) 784
ROUILLY-SACEY, souterrain 626
SAINTE-MENEHOULD^ sépultures au Petit-Jard . . 628
SAINT-IMOGES, pèlerinage du chêne à la Vierge . . 765
SAINT- JULIEN (le peuplier de) 629
SAINT-MARCEAUX^ monument d'Alph. Daudet. . . 941
SARAZIN, chevalier de la Légion d'honneur .... 140
SEIN|l-ET-MARNE^ monument des morts de 1870. . 138
SEPT-SAULX, église 764
SIMART, statue de la Vierge 457
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE de l'Aube . . . 117, 295, 444, J90
742, 924
VI TABLE
SOCléTÉ ACADÉMIQUE de Châlons-sur-Marne . . 609
SOCIÉTÉ DES SCIENCES ET ARTS de Vitry-le-
Fraiiçois 443, 592
SOCIÉTÉ D'ÉTUDE des Sciences naturelles de Reims . 948
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE de
Provins 610
SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE de
Château-Thierry 120^ 297, 446
, , , 606, 743, 925
SOCIETE LITTERAIRE ET HISTORIQUE de la Brie. 122, 300
449, 927, 608, 749
THEDENAT (le P. Henri)_, élu membre de ITnstituC . 314
TINCOURT 481
TRÉPAIL (grottes de) 949
TRIHIDEZ (l'abbé), chargé de mission 770
TROYES, dons au Musée 125, 300, 615, 750
— Sacre de Ms"" Pélacot 627
— Sacre de Mg"' Simon, évèque de Thaumacos . 770
— Vol en 1582 à S*-Etienne 476
URBAIN II, statue à Clermont-Ferrand 464
VALMY, anniversaire 759
VERLAINE (Paul) 941,946
VERNIER (Jules)^ archiviste de l'Aube 469
VERTUS, dons à l'École supérieure 629
VILLERS-SOUS-CHATILLON . 481
VILLE-SUR-ARCE, seigneurie 342
VIXCHANT (François), voyageur au XVII= siècle. . . 5
VINS .MOUSSEUX DE CHAMPAGNE .... 467, 630, 766
VITRY-LE-FRANÇOIS, église Notre-Dame .... 762
VOYAGE EN CHAMPAGNE au xviie siècle .... 5
WITRY-LES-REIMS, monument patriotique. . . 627
BIBLIOGRAPHIE
Lajlore des grandes cathédrales de France^ par Emile LAM-
BIN 115
Sommaires du Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire. 589, 740
922
— de la Revue d'Ardenne et d'Argonne . . 115, 293, 442
588, 739, 922
— de la Revue historique ardennaise . . . 116, 293, 441
588, 739
— de la Revue historique 116, 442, 589
740
U architecture religieuse dans l'ancien diocèse de Sois sons,
par Eug. Lefèvre-Pontalis 288
TABLE
TII
291
292
293
De la. noblesse maternelle en France et particulièrement en
Champagne, par Marcel Grau 389
Pierre Séguin^ ligueur, reclus et écrivain (1588-1636), par
Am. Margry et l'abbé E. iMuLLER
Usages locaux et règlements ayant force de loi dans les
Ardennes, par E. BOURGUEIL
Carte routière de la Marne^ par I. LambeRT
Château-Regnault-Bogny,^;xr\''2Lbhà?±CUEiikKT . . . 440
Vu de Nicolas P/uîbert^ curé de Sedan^ par Marc HussON. 440
Essais sur la police des compagnons imprimeurs ; Les
apprentis imprimeurs au temps passé, par Louis MORIN. 440
Davout, maréchal de France, par le comte ViGIER. . . 441
Les sonnets de Pimodan, par le marquis DE PiMODAN. . J74
Renaud deChâtillon^^SiT G. SCïlLVMh^KG^K jyy
Lettres inédites de Jean Devillers, publ. par Armand
Bourgeois
Racan, par Louis ARNOULD ^g^
Histoire de V hygiène et des épidémies à Reims, par le D--
Langlet
Les aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux, par Gas-
ton Paris
Guide illustré de la Vallée de la Meuse, par Frédéric
Henriet
Recherches historiques sur Châlons-sur-Vesle, par Emile
Maussenet
Le livre de raison de Jacques-Quentin Durand, de Rethel,
par Albert Baudon . 020
L'abbé Ledieu, Tpa.T Vnbhé Ch. URBAIN 921
Nuances morales, nouvelles pensées, par Marie ValyÈRE . 921
MARIAGES
Bertrand (Jacques) et Mlle Thérèse Larive 638
Brunet Vivien de Goubert (Raymond) et MUo Madeleine
Wagner 638
Demaison (Maurice) et M'ie Lucie Pichenot 472
Dobler (André) et M'ie Marguerite Le Joindre .... 771
Dœschner (Nesky-Georges-Henri-Emile) et M"° Hen-
riette-Annette Krug 0^4
Ducancel et M^e Hébert ^ao
Duroy de Bruignac (J.) et Mlle Charlotte Rogelet. . . 471
Figard (Albert) et MUe Julie Mennesson 141
Goncourt (Maurice de) et Mlle Fr. de la Boutetière-
Saint-Mars yyi
Grillon (M.) et MUe Gabrielle Devillez 472
Hennecart (Alexandre) et MUe Jeanne Rouy 638
Huber (Gustave) et MUe Julie Aviat 771
584
587
738
739
920
VIII TABLE
Hulot de Collart (comte Paul) et M'i? Madeleine de Fré-
mont 320
Joiibois (A.) et M'ie Jeanne Gargam 141
Joly (Louis) et M"" Renée Echemann 772
Laine (Gaston-Lucien) et M^e Nelly-Marguerite Bour-
geois " 638
Lelarge (Pierre) et Ml'« Marie-Thérèse Stouls .... 771
Loizillon (Albert) et M"e Marthe Devillez 771
Mahuet (le comte Antoine de) et M"e de Fontenoy . . 319
Mercier (Emile) et M"" Félicie Hennequin 319
Morière (Charles de) et M"' Berthe de Coudenhove . . 772
Périn (Georges) et M"e Cécile Martin 471
Petitjean (André) et M"e Edmée George 140
Rigault (Abel) et M'ie Marie Meyeur 472
Sassot (Paul) et M"e Geneviève Dérue 63 j
Vix (Georges) et M'^e Suzanne Mottant 141
NECROLOGIE
Alloënd-Bessand (Auguste) 438
Ambrugeac (le comte de Valofi d') 736
Armand (le comte Ernest) 916
Arrentières (M"»» Marie d') 437
Aubertin (Edouard) 436
Audierne (Paul) J73
Bailly-Forfillières (Georges) 570, 914
Baré (Alfred) 919
Baron (l'abbé) 918
Besset (l'abbé) 287
Bidoyen 917
Bienfait (Jules-Nicolas), docteur m
Biliek (M'ne)^ centenaire 113
Billard (Pierre-Auguste) 286
Blandin (Eugène) 285
Blandin (M.) 437
Blion (César) 286
Bobillot (Jules) . . . ." 439
BoislaviUe (Gustave de) 285
Boissonnet (la baronne) 438
Boucher (M™« veuve) 919
Bourgeois (Louise-Eléonore-Florine, née Breul) ... 113
Brunetot (Louis-Charles) 572
Buache (Louis-Dorsèae) 917
Bugg (Gustave-Ernest) 73 j
Cadart (le général Ch.-Remy) 91 j
Calisti (Attilius-Félix-Constant) m
Carnazard (sœur Rosalie) . 114
TABLE a
Carteron 917
Casalta 28 j
Cerf (le chanoine Louis-Charles) 4^5^
Chiquet (M"«), centenaire 573
Clermonc-Tonnerre (comtesse Sosthène de) 438
Clinchon (Jules), prêtre de la Mission 115
Coliignon (l'abbé) 737
Collot (l'abbé) 28J
Cornât (M.) 437
Corneille (J.-B.) 438
Cortec (.VIS''), évèque de Troyes 279
Cotelle (Achille) 917
Cuvillier (M"°) 113
David (Louis) 286
Defert (Victor) 737
Deperthes (Pierre- Joseph-Edouard) 570
Deronce (Félix) 438
Desoize (l'abbé E.) 287
Deullin (Jacques) 918
Drubigny (l'abbé) 287
Dufour-Bouquot (N.-Fr.-Alf.) 281
Dupuis (Jules-Ernest) 433
Felcourt (M^e de) 113
Férat (l'abbé Louis-Auguste) 736
Férussac (Bertrand-Amédée d'Audebard, comte de) . . 112
Fignier 917
Flamain (le docteur) 287
Francière (Aimable-Charlemagne) 285
Franquet (Narcisse) 436
Galtat (Camille) 572
GefFrier (Jean-Guy- Victor de) 918
Géruzez (Paul) 281
Gilles (l'abbé) 438
Giraux (le docteur) 432
Goulet-Gravet (François-André) 918
Gravel (Sophie- Victoire Pastour, veuve) 287
Grévin (Auguste) 285
Hache delà Contamine 919
Haussaire (M.) 437
Henry (Jules-Auguste) 917
Herding, pasteur 114
Imécourt (comtesse Edmond, née des Moustiers-Mérin-
ville) 113
Jacquemart (Lucien) 438
Jacquemot (Paul-Didier) 918
Jenner (le R. P. Joseph) 737
Lacaille 572
Ladoucette (la baronne de) 439
X TABLE
La Jarrige (le général de) ^-yg
Lallement (Louis) 560
Lamairesse (Eugène) 4^4
Lange (l'abbé) 4^8
Langénieux (M"' Françoise) y^ô
Lartigue ^^2
Launay (le baron Alph. de) 286
Leloup 919
Lemaire (Jules) 437
Lenfumé (l'abbé) 286
Lenoble-Gillet 436
Lesieur (le colonel) 515
Lévèque 286
Lhuillier (Charles) iia
Linard (Adolpbe-Désiré) 434
Lochet (Auguste) 285
Lorin 113
Lundy (l'abbé) 919
Mangin (Charles) 287
Marthe (l'abbé Jean-Philippe) 917
Martin . 1 14
Masson (Auguste) 112
Matra (Louis-Victor) a86
Mauraige (M. de) 437
Messieux (Alexis-Théodule) 573
Montjean (M.) 438
Morand (le baron) 114
Moreau (Thomas- Frédéric), centenaire 913
Mun (marquis de) 281
xMuzy (Fabbé Nicolas- François) 917
Olanier (M.) 439
Page 287
Parigot (M.) 439
Penaud (Edouard) 917
Pierrard (M™e veuve Paul) 286
Poirrier (Alfred) 735
Ragot-David (M"'e veuve) 287
Remy (M™e Jules) 439
Richer (l'abbé Augustin) 439
Rinable (Lambert-Auguste) 287
Rogissart (Adèle), sœur St« Théodosie 112
Rovel (Eugénie), de la Congrégation N.-D. à Reims. . 918
Royer (M'n« de) 736
Royer (le commandant) 91J
Ruble (Joseph-Alphonse, baron de) 112
Ruinart de Brimont (Jean) 569
Si« Marie du Carmel (la Mère) 572
Sellier (Georges) 43^
TABLE XI
Senart (Paul) 918
Sevrette (Paul- Alexandre) 438
Sutaine (Henri) 572
Thierry-Delanoue (M"') 113
Thirioa-Claudon (les époux) 286
Tony Réviilon 280
Truchon 918
Vasseur 113
Venoge (Louis-Henri-Gaëtan de) 287
Vérette 113
Vétault (Alphonse) 283
Walbaum (Ernest- Louis- Victor) 736
Weil (M™e Simon), centenaire 736
Wiet 113
DG Revue de Champagne et de Brie
611
CUR5
ser.2
1. 10
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
t-i.