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Full text of "Revue de Champagne et de Brie"

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"^  REVUE 


DE 


CHAMPAGNE 


ET 


DE    BRTE 


HISTOIRE  —  BIOGRAPHIE  )\ 

ARCHÉOLOGIE  —  DOCUMENTS  INÉDITS  —  BIBLIOGRAPHIE         I 

BEAUX-ARTS 


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VINGT-TROISIÈME    ANNÉE    -    DEUXIÈME    SÉRIE 

TOME    DIXIÈME 


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A  R  C  I  s  »  s  U  R  -  A  U  B  E 

LÉON    FRÉMONT,    IMPRIMEUR-ÉDITEUR 

PLAGE    DE    LA    HALLE  Y 


1898 


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REVUE 


DE 


CHAMPAGNE  &  DE  BRIE 


Ai'cis- sur- Aube.  —  Imprimerie  Léon  Frémont. 


REVUE 


DE  CHAMPAGNE 


ET 


DE    BRIE 


HISTOIRE  —  BIOGRAPHIE 

ARCHÉOLOGIE    —    DOCUMENTS  INÉDITS   —    BIBLIOGRAPHIE 

BEAUX-ARTS 


•H* 


VINGT-DEUXIEME   ANNEE    —   DEUXIÈME    SERIE 

TOME    DIXIÈME 


ARGIS-SUR-AUBE 
LKOxN  FRÉMONT,  IMPRIMEUR-ÉDITEUR,  PLACE  DE  LA  HALLE 

1898 


Me  de  Cliampaène  et  de  Brie 


FRANÇOIS  VINCHANT 


SON    PASSAGE    EX    CHAMPAGNE    EN    1609 


Au  commencement  de  septembre  1609,  uu  jeune  ecclésias- 
tique du  Hainaut,  François  Vinchant,  né  à  Mous  eu  loS2, 
appartenant  à  une  famille  riche  et  considérée  du  pays,  après 
avoir  terminé  ses  études  à  rUuiversité  de  Louvaiu,  résolut  de 
compléter  son  éducation  en  allant  faire  un  pèlerinage  à  Rome. 
Ce  voyage  fut  rapide,  car,  commencé  le  IG  septembre  1609,  il 
était  terminé  le  IS  février  1610,  et  notre  prêtre  montois  avait 
traversé  le  Hainaut,  la  Champagne,  la  Bourgogne  et  la  Fran- 
che-Comté, la  Suisse,  le  Milanais  et  les  différents  Elats  du 
nord  et  du  centre  de  l'Italie.  Il  avait  séjourné  à  Rome  et  élait 
revenu,  après  avoir  visité  les  sanctuaires  d'Assise  et  de 
Lorette,  longé  les  rives  de  l'Adrialique,  vu  Venise  el  Milan, 
par  les  Alpes,  le  Lyonnais  et  la  Bourgogne,  Orléans  el  Paris. 

Son  récit  est  intéressant,  car,  aux  descriptions  habituelles  de 
monuments,  empruntées  trop  souvent  par  lui,  comme  par 
d'autres,  aux  récits  de  voyages  et  aux  guides  qui  commen- 
çaient à  se  répandre,  il  a  joint  de  nombreuses  observations 
personnelles  sur  les  mœurs  et  les  habitudes  des  provinces 
qu'il  a  visitées. 

Vinchant  revint  se  fixer  dans  sa  ville  natale  où  il  mourut  en 
1G35,  revêtu  du  litre  de  protonotaire  apostolique,  ayant  mené 
la  vie  d'un  saint  prêtre  doublée  de  celle  d'un  érudit.  Il  s'élait 
livré  à  de  nombreuses  recherches  historiques  sur  le  Hainaut, 
qui  furent  récompensées  par  le  don  d'une  écuelle  d'argent  que 
lui  firent  les  Etats  de  celte  province,  mais  qui  n'ont  été 
publiées  qu'une  douzaine  d'années  après  sa  mort. 

Le  journal  de  son  voyage,  resté  manuscrit,  élait  sorti  des 
mains  de  sa  famille  et  faisait  parlie,  en  dernier  lieu,  de  la 


b  FBANÇOIS   viNCHANT 

célèbre  bibliothèque  de  Sir  Thomas  Philipps,  à  Ghellenham. 
Il  a  été  compris  dans  les  acquisitions  faites,  en  1887,  par 
la  Bibliothèque  royale  de  Belgique. 

M.  Félix  Hachez,  comprenant  l'intérêt  de  ce  récit  d'un  de 
ses  concitoyens,  vient  de  le  publier  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  Royule  Belge  de  Géographie,  en  supprimant  un  certain 
nombre  de  dissertations  et  hors-d'œuvre  qui  lui  ont  paru  sans 
grand  intérêt  *.  Nous  en  extrayons  ce  qui  concerne  la  Cham- 
pagne. 

* 
«    « 

La  première  ville  que  décrit  notre  voyageur  est  Reims, 
dont  il  commence  par  nous  rappeler  l'ancienneté,  l'étendue  et 
la  renommée.  Il  cite  les  deux  opinions  émises  sur  son  origine 
à  cette  époque  et  qui  attribuaient  sa  fondation,  l'une  au  23« 
roi  des  Celtes,  nommé  Rème,  contemporain  de  Priam,  et  l'au- 
tre h  des  fauteurs  Je  Remus,  frère  de  Romulus,  mais  sans  se 
prononcer  ;  il  montre  cependant  sa  préférence  pour  celte  der- 
nière opinion  et  ajoute  qu'il  y  a  encore  une  porte  qui  s'appelle 
la  poi  te  de  Bacchus,  et  sur  laquelle  se  voit  une  effigie  de  ce 
Dieu. 

Il  retrace  ensuite  en  quelques  lignes  l'histoire  de  Clovis  et 
de  Monsieur  Sainl-Remi,  et  donne  un  long  récit  du  baptême 
de  ce  prince,  ainsi  qu'une  histoire  des  cérémonies  du  sacre 
des  roi?,  morceaux  que  l'éditeur  a  supprimés  dans  sa  publi- 
cation. 

La  description  de  la  cathédrale  est  assez  curieuse  pour  le 
temps  où  elle  a  été  écrite,  aussi  la  reproduisons-nous  presque 
en  entier  : 

«  Cette  église  est  haut  élevée,  soutenue  de  plusieurs  beaux 
piliers  de  matière  d'albâtre.  Les  chanoines  d'icelle  ont  bonnes 
prébendes.  Eu  leurs  demeures  resenle  encore  quelque  retrait 
des  religieux  de  la  primitive  église,  car  ils  ont  tous  leurs  mai- 
sons conjointes  l'une  à  l'autre  eu  une  rue  contigue  à  l'église, 
laquelle,  la  nuit  avenant,  on  la  reserre  à  heure  compétente. 
Aussi  lesdits  chanoines  estant  à  l'église,  ils  observent  en  leurs 
offices  et  cérémonies  une  magnificence  sans  pareille. 

«  f^n  ladite  église,  le  maître  autel  est  couvert  d'une  lame  de 
fin  or,  par  don  de  Ilermarus,  XXXI*  évêque  de  Reims,  à  l'en- 

1.  Voyage  de  François  Vinchant,  en  France  et  en  Italie,  du  16  sep- 
tembre 1609  au  18  février  1610,  texte  accompagné  d'une  introduclioa  par 
Félix  Hachez.  Bruxelles,  Sodélé  générale  d'imprimerie,  1897,  io-S", 
236  papes. 


FRANÇOIS    VINCIIANT  7 

tour  du  quel  sont  placés  à  terre  XII  à  XV  grands  chandeliers 
d'argent  portant  flambeaux.  Au  dessus  dudit  autel  est  une 
croix  de  pur  or.  Au  derrière  sont  renserrées  les  reliques  et 
trésor. 

•  De  surplus,  l'on  voit  le  tombeau  du  cardinal  de  Guise 
qui  fut  assassiné  à  Blois  par  la  charge  du  roi  Henri  3,  en 
Tan  1388.  Sur  ledit  tombeau  est  un  crucifix  de  pur  or  d'admi- 
rable artifice. 

«  Mais  surtout  le  portail  attire  toute  personne  en  admira- 
tion, car  outre  qu'il  est  d'une  structure  haute  et  large,  l'on  y 
voit  sur  icelui  l'histoire  du  vieux  et  nouveau  testament,  avec 
les  4  fins  de  l'homme,  en  imaiges  relevées  en  bosse  de  matière 
de  pierre,  tellement  qu'il  ne  se  faut  étonner  lorsque  l'on  dit 
que,  pour  avoir  une  église  parfaite  en  tout  endroit,  qu'il  fau- 
droit  joindre  la  nef  d'Amiens  et  le  chœur  de  Beauvais  au 
portail  de  Rheims.  » 

On  voit  que  Vinchaut  n'avait  pas  encore  vu  l'Italie,  qu'il 
n'appréciait  pas  par  suite  les  monuments  de  la  Renaissance 
et,  chose  rare  pour  son  temps,  estimait  encore  l'architecture 
gothique. 

Nous  passerons  sur  la  description  très  sommaire  de  Saiut- 
Remi,  qui  se  borne  presque  à  une  énuméralion  des  statues 
des  pairs  de  France  qui  décorent  le  tombeau  du  saint,  et  à 
l'indication,  dans  la  sacristie,  d'uii  livre  de  parchemin  qui 
contient  un  grand  nombre  d'épitaphes. 

Grâce  à  «  l'iutermise  de  Monsieur  Vitus,  natif  de  Douay, 
docteur  es  droits,  qui  enseignait  lors  à  Rheims,  notre  voya- 
geur put  vénérer  la  Sainte  Ampoule,  et  même  le  religieux  qui 
le  conduisait,  voyant  qu'il  était  prêtre  et  étranger,  lui  remit  en 
main  le  reliquaire,  aussi  put-il  bien  voir  i  cette  ampulle,  de 
matière  de  verre,  et  qui  n'est  pas  plus  grande  que  le  mitant  du 
petit  doict.  » 

L'Université  est  mentionnée  en  quatre  lignes,  elle  cas  d'une 
servante,  accusée  d'avoir  étouffé  l'enfant  de  la  fille  de  sa  maî- 
tresse, pendue  en  1389,  retrouvée  vivante  trois  jours  après, 
tient  une  demi-page,  mais  le  fait  doit  être  bien  connu  des 
Rémois,  aussi  finirons-nous  par  cette  appréciation  du  caractère 
des  habitants  : 

f  Le  peuple  est  bon,  doux  et  beuin.  Les  marchands  de  vin 
ont  un  trafic  heureux  ;  aussi  ont-ils  pour  cet  effet  une  belle 
place  en  forme  de  croix,  où  ils  exposent  leurs  marchandises  et 
se  tiennent  tous  à  l'environ  d'icelles.  L'air  est  bon  et  agréa- 
ble. » 


8  FRANÇOIS   VINCHANT 

Malgré  ses  atlrails,  Reims  n'élait  qu'une  des  premières 
étapes  du  voyage  de  uolre  moutois,  voyage  qui  devait  durer 
cinq  mois  seulement  et  lui  faire  parcourir  la  France,  la  Suisse 
et  l'Italie,  aussi  Vinchaut  fit-il,  au  départ  de  Reims,  marché 
avec  un  voilurier  qui  le  conduisit  à  Ghâlons,  distant  de  six 
lieues  ;  il  nous  éuumère  les  villages  traversés  par  lui  et  vante 
la  fertilité  do  leur  territoire  et  sa  belle  o  planure  »,  Ce  sont  : 
Sillery,  Beaumont  (sur  Vcsle),  Petites-Logettes,  Grandes- 
Logettes,  La  Vesve  (La  Veuve). 

Après  nous  avoir  parlé  de  la  défaite  d'Attila,  il  nous  donne 
ses  impressions  sur  Ghâlons,  impressions  qui  portent  surtout 
sur  les  mœurs  des  habitants  et  les  usages  qu'il  a  pu  y  obser- 
ver et  qui,  à  ce  titre,  offrent  plus  d'intérêt  que  les  énuméra- 
tions  de  reliques  ou  les  traditions  historiques  plus  ou  moins 
légendaires  que,  comme  les  voyageurs  de  ce  temps,  il  ne  nous 
méuage  pas. 

«  Cette  ville  (Ghâlons)  n'est  pas  agréable  à  cause  des  rues 
étroites  et  maisons  mal  bâties.  Toutefois,  il  y  a  une  rivière 
appellée  Marne,  qui  l'embellit  grandement,  et  l'ail  une  petite 
isle  en  laquelle  les  bourgeois,  en  temps  d'été,  prennent  leurs 
ébats  et  récréalious,  car  ce  lieu  est  plaisant  à  cause  des  hauts 
arbres  qui  y  croissent. 

«  Il  y  a  en  cette  ville  une  belle  tour  joignant  l'église  Saint- 
Etienne.  En  icelle  il  y  a  une  côte  dudit  saint. 

re  Les  églises  n'ont  guère  de  lustre.  » 

On  nous  permettra  de  ne  pas  partager  cet  avis. 

«  Les  bourgeois,  reprend  Vinchaut,  sont  béguins  aux 
eplrangiers  pour  leur  argent  et  cauteleux  pour  l'attraper. 

«  Ils  s'appliquent  à  cultiver  diligemment  leurs  jardins  pour 
avoir  des  melons,  qui  y  croissent  assez  en  abondance  et  sont 
très  bons.  C'est  pourquoi  Henri  4,  roi  de  France,  à  cause  de 
la  bonté  des  melons  de  ce  lieu,  disoit,  selon  la  relation  que 
m'en  firent  des  bourgeois  : 

«  Je  inaintlendrny  Châlons, 
Mon  jardin  à  jnelons.  » 

Ce  qui  a  surtout  frappé  Vinchaut,  ce  sont  les  mariages 
auxquels  il  a  assisté,  et  je  crois  que  si  l'on  s'était  marié  à 
Mons  comme  à  Ghâlons,  il  aurait  peut-être  renoncé  aux  digni- 
tés qui  attendaient  le  futur  prolouotaire  apostolique  pour  y 
prendre  femme  : 

«  Je  vis  en  cette  ville  que  les  façons  de  s'allier  par  contrat  de 
mariage  sont  différentes  à  celles  de  nos  pays,  car  il  faut  enten- 


FRANÇOIS    VINCHA.NT  9 

dre  que,  en  plusieurs  lieux  de  France,  le  concile  de  Trente  n'a 
pas  été  promulgué  par  les  évoques,  cause  pourquoi  il  n'est  pas 
observé  en  tous  points. 

«  En  ce  fait,  avenant  le  mariage  des  conjoints,  l'on  ne  fait 
aucune  publication  des  bans,  mais  tout  le  contrat  se  pratique 
entre  les  parens  des  deux  côtés.  Or,  avenant  le  jour  des 
espousailles,  je  vis  que  l'époux  et  la  fiancée,  selon  la  cou- 
tume, se  représentoient  de  côto  et  d'autre  parmi  la  ville  avant 
ledit  jour.  Le  pasteur  ou  curé,  avec  les  plus  proches  parens 
mariés,  marche  devant  ;  s'ensuit  l'époux  qui  a  après  soi  la 
jeunesse  pareutisée";  en  après  marchent  les  femmes  mariées  ; 
et  après  icelles,  l'épouse  suivie  des  jeunes  pucelles.  Celte 
cérémonie  tient  lieu  des  annonccmens  des  bans. 

«  Le  lendemain,  toute  cette  compagnie  se  retrouve  à 
l'église.  Au  devant  de  l'autel,  l'on  fait  une  petite  case  de 
feuillage  dedans  laquelle  le  marié  et  la  mariée  future  se  met- 
tent à  genoux,  et  se  baisent  plusieurs  fois  avec  toute  honnê- 
teté. Et  à  certaines  cérémonies,  pratiquées  par  le  prêtre, 
l'époux  redouble  lesdits  baisers.  Et  en  ce  fait,  il  n'y  a  point  de 
scandale,  ni  aucune  mauvaise  édification  vers  le  peuple  ;  ains 
qui  plus  est  que  si  l'époux  omeltoit  ce  devoir,  il  donne  un 
mauvais  présaige  et  opinion  à  ce  peuple,  et  même  à  sa  fiancée 
et  parens. 

a  Etant  épousemeul  fait,  tous  les  hommes  du  côté  du 
marié  vont  donner  un  baiser  à  l'épousée,  et  le  marié  va  baiser 
toutes  les  femmes  et  filles  du  côté  de  son  épouse.  La  compai- 
gnie  étant  hors  l'église,  il  est  permis  à  tous  honnêtes  bour- 
geois d'approcher  la  mariée  et  la  baiser  avec  toute  honnêteté. 
Voilà  une  coutume  bien  différente  aux  nôtres.  Je  crois  bien 
que  le  temps  rompra  petit  à  petit  ces  façons  de  faire.   » 

Mais,  comme  dit  l'abbé,  allons  plus  oultre,  et  nous  voici  sur 
la  route  de  Brienne,  en  compagnie,  depuis  Kosnay,  «  d"uu 
honnête  personnage,  appelle  Grégoire  Monlgerart,  natif  d'Eper- 
nay,  homme  de  lettre  et  prêire,  qui  s'aclieminait  par  dévotion 
au  monastère  de  Glervaux.  » 

Nous  passerons  rapidement  à  Brienne  et  à  Bar-sur-Âube, 
mais  avant  de  nous  engager  dans  la  forêt  de  Bilie  *  pour 
gagner  le  monastère  fondé  par  saint  Bernard,  écoutons  les 
remarques  que  cette  région  inspire  à  notre  voyageur  : 

«  A  l'environ  d'icelle  (ville  de  Bar-sur-Aube),  fou  voit  des 
montaignes  et  petites  collines  portant  du  vin  1res  délicieux  et 

1.  Bayel. 


10  FRANÇOIS   VmCHANT 

graudemeEit  renommé  aux  Pa^'s-Bas.  D'où  vient  que  les  habi- 
tans,  qui  soûl  presque  tous  marchands,  en  lirent  grand  proffit. 

«  Ce  fut  ici  que,  outre  ce  que  l'air  est  bon  par  toute  la 
Champagne,  que  j'expérimentai  qu'il  était  très  agréable,  doux 
et  tempéré. 

«  Les  rivières  sont  assez  grandes. 

a  Le  peuple  est  soigneux,  vigilant  et  bon  ménagier,  jusque 
à  là  que  j'ai  vu  (femmes  el  filles),  mener  et  conduire  la  charrue 
pour  cultiver  la  terre. 

«  La  noblesse  est  gaillarde,  courtoise  et  vaillante,  et  en  très 
grand  nombre  ;  mais  que  l'on  se  garde  de  leur  tenir  tête,  car 
ils  sont  un  peu  opiniâtres. 

«  Notez  ici  que  ceux  de  Bar-sur-Aube  et  Bar-sur-Seine, 
même  Bar-en-Barrois,  se  vantent  d'avoir  encore  pour  leurs 
domiciles  les  pancartes  des  Bardes  gaulois,  qui  estoient  les 
poètes  et  causidignes  entre  les  Druides  ^  « 

Pour  aller  de  Bar-sur-Aube  à  Clairvaux,  Viuchant  prit  par 
la  forêt  de  Bilie  (Bayel),  qui  est  considérée  comme  dangereuse 
à  cause  des  brigands  ;  il  y  rencontra  un  compagnon  «  qui  se 
doléoil  de  ce  qu'on  lui  avoit  ôté  le  manteau  ».  Plus  tard, 
Vinchant  sut  qu'il  avait  eu  tort  de  suivre  ce  chemin  et  qu'il 
aurait  dû  passer  par  Troyes. 

Vient  ensuite  une  description  de  Clairvaux,  avec  le  récit  de 
la  fondation  de  l'abbaye  par  saint  Bernard  : 

«  L'église  de  ce  monastère  est  un  bâtiment  antique  et  assez 
obscur,  mais  ceci  est  provenu  de  l'industrie  et  prudence  de 
ceux  qui  l'ont  fait  bâtir,  jugeant  que  les  lieux  ténébreux  sont 
plus  commodes  et  propres  à  recueillir  et  arrêter  les  esprits  à 
méditer  et  louer  notre  Créateur.  Aussi,  pour  cette  raison,  la 
plupart  des  églises  bâties  par  l'antiquité  chrétienne  sont  de 
peu  lumineuses. 

0  En  celte  église  donc  il  y  a  deux  places,  l'une  suivant 
l'autre  du  long,  où  sont  en  chacune  beaux  sièges  pour  accom- 
moder les  religieux  tenant  chœur  eu  leurs  oftices,  en  nombre 
de  300  environ. 

«  A  droit  costé  d'icelle,  l'on  voit  encore  les  murailles 
anciennes  de  l'église  que  fit  autrefois  bâtir  Monsieur  S.  Ber- 
nard. 

a  Ce  monastère  a  esté  ragrandi  pour  loger  les  pèlerins. 

«  Hôtellerie.  —  Aujourd'hui,  ce  lieu  sert  de  retraite  pour 

1 .   Je  ne  comprends  pas  liien  ce  passage. 


FRANÇOIS    VINGHANT  11 

les  charretiers  et  voilurins  amenant  vin  de  Bourgoigne  au  Païs» 
Bas,  car  il  y  a  bonne  hôstellerie. 

«  Et  lorsque  j'y  estois,  je  fus  émerveillé  de  voir  toute  sorte 
de  gens,  tant  de  cheval  que  de  pied,  tant  nobles  que  roturiers, 
d'être  bien  accommodés.  Il  faut  toutefois  arriver  de  bonne 
heure,  car  difficilement  sur  le  tard  on  y  entre  :  ce  que  j'ai 
expérimenté. 

«  Le  gros  tonneau  de  Vabbaye.  —  Avant  partir  de  ce  lieu, 
je  fus  d'avis  de  voir  ce  tonneau  duquel  l'on  parle  tant.  Le 
prieur  me  fit  cette  courtoisie  de  me  le  montrer.  Il  est  à  costé 
gauche  de  l'entrée  de  l'église,  enserré  dedans  une  grande 
place.  Ses  cercles  sont  faits  de  sommiers  de  chêne.  11  contient 
plus  ou  environ,  selon  la  relation  dudit  prieur,  1,500  tonneaux 
de  vin,  tels  que  Ton  apporte  de  par  deçà  venant  de  France.  On 
emplissoit  jadis  ce  tonneau  plein  de  vin,  du  temps  de  Monsieur 
S^  Bernard,  pour  faire  la  charité  aux  pauvres,  et  depuis  la 
mort  de  ce  saint,  aux  pèlerins.  Maintenant,  comme  la  charité 
est  refroidie,  la  cherté  augmentée,  la  dévotion  des  pèlerins 
diminuée,  les  donations  retranchées,  il  ne  sert  que  de  parade 
ou  pour  condamner  la  paresse  de  ce  siècle. 

«  Parlant  de  Clervaux,  je  vins  à  côtoyer  la  rivière  d'Aube, 
entre  deux  bois  montaigneux  et  passer  les  sousdits  villaiges,  à 
sçavoir  :  Ville.  Ferté,  Chevrolle,  Dinteville,  Ormoys,  La  Tré- 
cey,  Opiare  où  proche  de  là  il  y  a  un  monastère  de  religieux, 
Vonne,  Bay,  Ovrid,  Chienisson,  Villemary,  Gussilée,  Mared, 
Jed  situé  sur  la  rivière  de  Rille.  » 

De  là  à  Callent,  notre  voyageur  entre  en  la  duché  de  Bour- 
gogne où  nous  l'abandonnerons,  le  laissant  poursuivre  son 
voyage  ^ 

Comte  DE  Marsy. 

1 .  L'orthographe  de  Vinchant  élanl  lorl  irrégulière,  uous  avous  cru  inu- 
tile de  la  conserver,  tout  en  nous  abstenant  scrupuleusement  de  corriger  sa 
rédaction. 


L'ART    GOTHIQUE    CHAMPENOIS 

dans    l'île   de    Chypre 


L'école  gothique  de  la  Champagne  est  une  de  celles  qui  ont 
produit  le  plus  de  beaux  monuments  et  atteint  le  plus  souvent 
à  la  perfection.  Pden  n'égale  la  splendeur  de  la  cathédrale  de 
Reims  ;  la  beauté  de  sa  statuaire  est  au-dessus  de  tout  éloge, 
et  les  chefs-d'œuvre  de  la  science  et  de  l'élégance  en  architec- 
ture sont  peut-être  Saint-Urbain  de  Troyes  et  Saint-Nicaise 
de  Reims,  cet  édifice  à  jamais  regrettable.  Cependant,  avec 
tout  sou  mérite,  l'école  de  Champagne  a  été  tout  le  contraire 
d'une  école  originale  :  elle  a  pris  et  amalgamé  tout  ce  qu'elle 
a  trouvé  de  bon  dans  le  style  gothique  de  l'Ile  de  France  et 
dans  celui  de  la  Bourgogne  ;  elle  y  a  ajouté  quelques  inspira- 
tions puisées  dans  les  traditions  de  l'école  germanique,  et  de 
tout  cela  elle  a  su  faire,  avec  beaucoup  de  goût  et  de  science, 
un  tout  harmonieux  K 

Si  sou  originalité  n'est  pas  égale  à  sou  mérite,  l'étendue  du 
domaine  de  l'école  de  Champagne  est  certainement  égale  ou 
supérieure  au  territoire  des  plus  vastes  écoles  d'art.  Du  côté 
de  la  Bourgogne,  la  limite  est  difficile  à  établir  à  cause  de  la 
similitude  des  caractères  ;  du  côté  du  sud,  l'école  gothique  de 
Champagne  s'étend  jusqu'à  Bourges,  où  elle  a  marqué  de  son 
empreinte  l'églir-e  Saint-Pierre,  avec  les  arcades  suraiguës  de 
son  abside,  le  passage  qui  traverse  les  embrasures  de  ses 
fenêtres,  le  cordon  de  moulures  qui  passe  au-dessous  ;  du  côté 
de  l'Ile  de  France,  l'école  de  Champagne  pousse  une  pointe 
hardie  :  la  plupart  des  monuments  gothiques  non  seulement 
de  TAisue,  mais  de  Seine-et-Marne,  sont  de  son  domaine  ;  du 
côté  de  l'est  et  du  nord,  la  Lorraine  lui  appartient,  et  l'Alle- 
magne, à  qui  elle  a  emprunté  quelques  formes,  lui  doit  en 
revanche  sa  première  et  sa  meilleure  architecture  gothique  : 
la  cathédrale  de  Limbourg  calque  celle  de  Laon  ;  le  plan  de 
Notre-Dame  de  Trêves  et  celui  même  de  Saint-Martin  de  Kas- 
chau  eu  Hongrie,  reproduisent  le  plan  de  l'église  de  Braisne. 

1 .  On  trouvera  une  bihliof:rafjl)ie  des  ouvrages  qui  traitent  des  monu- 
ments gothiques  de  Champagne  à  la  page  24  de  l'ouvrage  actuellement  soas 
presse,  Monuments  gotlàques  de  Chypi'e.  l'aris,  Leroux,  18'.)8,  gr.  in-S". 


DANS    l'île    de    CHYPRE  13 

L'école  clianipenoise  u'a  pasbculumeulùlcudu  ïdOU  iullucnce 
aux  régions  voisiuos  :  ses  artistes  ont  été  appelés  au  loin,  et 
on  reconnaît  leur  style  dans  les  édifices  golhiq;ies  de  régions 
parfois  éloignées. 

Le  chœur  de  la  cathédrale  de  Bayouue,  avec  ses  passages  à 
travers  les  embrasures  de  fenêtres,  et  ses  arcs  suraigus  ;  la 
cathédrale  de  Léon,  eu  Espagne,  avec  les  mêmes  détails  et  des 
chapiteaux  à  deux  étages  analogues  à  ceux  des  églises  de 
Chartres,  Reims,  tSaiut-Queutiu,  rappellent  les  édifices  de 
Champagne,  mais  les  comtes  de  Champagne  ayant  acquis,  eu 
1234,  le  royaume  de  Navarre,  il  n'y  a  rien  ijuede  naturel  à  ce 
que  des  artistes  champenois  aient  été  amenés,  peu  d'années 
après,  dans  des  régions  toutes  voisines  d'uu  domaine  do  leur 
seigneur.  Ou  sait  combien  les  seigneurs  du  Moyen-àge  étaient 
souvent  eu  voyage  et  combien  ils  promenaient  de  gens  avec 
eux. 

Mais  le  voyage  par  excellence,  c'était  le  passage  d'outre- 
mer. Or,  dans  les  croisades,  on  sait  quelle  place  prépondé* 
rante  la  Champagne  a  tenu  :  ce  que  nous  pouvons  Ure  de  plus 
intéressant  sur  ces  expéditions  glorieuses,  nous  le  devons  à  la 
plume  d'un  Yillehardouin  ou  d'un  Joinville  ;  je  n'os;)  mettre 
en  leur  compagnie  le  Ménestrel  de  Reims,  mais  il  est  pourtant 
à  noter. 

Henri,  comte  de  Champagne,  devient  roi  de  Jérusalem,  et 
sa  fille  Alix  reine  de  Chypre  ;  le  clergé  qui  accompagne  leurs 
expéditions  et  bâtit  des  églises  eu  Orient  appartient  en  grande 
partie  à  l'ordre  de  Citeaux  qui  a  ses  maisons-mères  en  Cham- 
pagne et  eu  Bourgogne.  En  Grèce,  les  sires  de  la  Roche  leur 
ont  donné  Dafni,  où  ils  ont  imité  le  porche  de  Pontigny,  tau- 
dis qu'àMistra,  un  clocher  calqué  sur  ceux  de  Reims  s'élève 
près  des  ruines  du  château  des  Villehardouin. 

A  Ghalcis  en  Eubée  et  à  Athènes  même,  des  églises  gothi- 
ques à  chevet  carré  rappellent  les  petites  églises  rurales  de  la 
Champagne.  Cette  similitude  est  trop  complète,  car  en  Grèce, 
certains  chapiteaux  mal  galbés  et  sculptés  avec  une  rudesse 
extraordinaire  pour  des  œuvres  du  xm^  siècle,  rappellent  par 
exemple  ceux  de  l'égUse  de  Corribert  près  Orbais. 

Mais  ce  n'est  pas  sur  ces  œuvres  très  secondaires  que  je 
veux  m'étendre  ici  :  la  Champagne  a  fait  plus  et  mieux  en 
Orient,  et  spécialement  dans  le  royaume  de  Chypre.  L'ile  de 
Chypre,  conquise  sur  les  Grecs  par  Richard  Cœur  de  Lion  en 
11 91,  devint,  en  1192,  la  propriété  de  Guy  de  Lusignan,  et 
ses  descendants  y  régnèrent  jusqu'à  la  fin  du  xv°  siècle  ;  de 


14 


L  ART    GOTHIQUE    CHAMPENOIS 


1489  à  1570,  Chypre  fui  colonie  véuilieune  ;  de  1571  à  nos 
jours,  elle  a  été  asservie  à  la  domiualiou  oLlomane. 

Parmi  les  nombreuses  familles  françaises  qui,  dans  les  der- 
nières années  du  xir  et  au  début  du  xiii"  siècle,  vinrent  colo- 


Kij,  1.  —  Effigie  funéraire  de  Henri  H  de  I.usifrnan  f-i-  13?J)  trouvée  à  Nicosie 
(Mission  de  l'auteur  ;  18%). 


niser  l'ile  de  Chypre,  on  trouve  beaucoup  de  noms  appartenant 
à  la  Champagne  :  les  maisons  de  Brienne  et  de  Montbéliard 
étaient  apparentées  à  la  famille  royale  ;  les  familles  de  Brie, 
de  Soissons,  de  Dampierre  étaient  des  plus  puissantes  deCby- 


DANS    l'iLB    DB   CHYPRE  15 

pre,  et  mes  coufrères  et  amis,  MM.  Em.  Berlaux  et  0.  Joia- 
Lambert  ont  montré  que  le  grand  ingénieur  militaire  Philippe 
Cbinard,  que  Frédéric  II  trouva  en  Chypre  et  attacha  à  son 
service  eu  1250,  et  qui  lui  bâtit  ses  chùleaux  de  Fouille,  était 
originaire  de  Ghennegy  près  Troyes  '. 

Dès  que  le  royaume  de  Chypre  s'organise  et  que  les  Latins 
trouvent  assez  de  loisir  et  de  ressources  pour  élever  des  monu- 
ments, une  reine  jeune,  iulelligente  et  entreprenante,  préside  à 
ses  destinées  ;  c'est  Alix  de  Champagne,  femme  de  Hugues  I 
de  Lusignan(120!j-1218),  et  fille  de  Henri,  comte  de  Champa- 
gne et  roi  de  Jérusalem.  Après  son  veuvage,  elle  redoublera 
d'activité  ;  l'histoire  de  ses  aventures  romanesques  et  de  ses 
ambitions  politiques  en  fait  foi,  et  saint  Louis  eut  besoin  de 
toute  sa  S8gesse  pour  apaiser  ce  tempérament  fémiuij.  Jamais 
Alix  ne  perdra  de  vue  le  domaine  de  ses  ancêtres  ;  à  la  mort  de 
son  oncle  Thibaut  III  (1201),  elle  s'en  prétendit  même  héri- 
tière-, et,  de  1210  à  1235,  soutint  guerre  et  procès  contre  sou 
cousin  Thibaut  IV.  Elle  vint  de  Chypre  en  France,  où  elle 
garda  toute  sa  vie  des  terres  et  ^es  serviteurs^;  Jean  de 
Brienne  hérita  de  ces  domaines  en  1237  '*. 

Il  est  à  remarquer  que,  hors  de  ses  possessions  proprement 
champenoises,  Alix  avait  des  terres  à  Mantes^  dont  l'église 
gothique  primitive,  avec  sou  déambulatoire  sans  chapelles,  se 
rapproche  absolument  de  la  cathédrale  dont  Alix  posa  la  pre- 
mière pierre  en  1209  à  Nicosie,  capitale  de  son  royaume,  et 
que  les  libérables  de  saint  Louis  et  de  sa  cour  aidèrent  à 
mener  à  bonne  fin,  lorsqu'en  124S  la  cour  de  France  séjourna 
en  Chypre''.  Alix  avait  d'autres  possessions  :  Sancerre ',  où 

1.  Em.  Bertaux,  Caslel  del  Monte  et  les  archilecies  frariçais.  Commu- 
nicalioQs  faites  à  l'Académie  des  Iiiscriplioos  et  Belles-Lettres.  1897. 

2.  Voir  Joinville;  édition  N.  de  Wailly,  p.  4i,  4G,  48  ;  \Jas-Latrie,  Ilisli 
de  Chypre,  t.  II,  p.  40-42,  et  d'Arbois  de  Jubainville,  Calalogtic  des  actes 
des  comtes  de  Champagne. 

3.  Ibid.,  p.  49,  59,00.  Les  domaines  qui  restèrent  à  Alix  étaient  à  Wassy, 
à  Mantes,  et  dans  divers  autres  lieux  des  comtés  de  Champagne  et  de  Brie. 

4.  Ârch.  Nat.,  I.  433,  n"  3.  iS'i?.  Nicosie.  Henri  I  renonce,  en  faveur  de 
Jean  de  Brienne,  à  ses  droits  sur  la  Champagne  et  la  Brie.  Mas-Latrie, 
Hist.  de  Chypre,  p.  69.  1257.  Jean  de  Brienne  hérite  des  possessions 
d'Alix  de  Champagne. 

5.  Mas-Latrie,  ouvr.  cité,  p.  69. 

6.  Joinville,  le  comte  de  Joigny  et  beaucoup  d'autres  champenois  fai- 
saient partie  de  la  suite  que  le  roi  eut  sept  mois  avec  lui  dans  l'île  de  Chy- 
pre en  1248-1249. 

7.  Arch.  Nat.,   J.   433,    n"   4.   Saint  Louis  acquiert  les  Gefs  litigieux  de 


16  l'art  gothique  champenois 

l'église  abbatiale  de  Saiul-Satur  est  un  des  mouumculs  de 
France  qui  rappelleul  le  plus  le  style  gothique  adopté  eu 
Chypre  et  spécialement  à  l'intérieur  de  la  cathédrale  de  Fama- 
gouste  \ 

L'influence  champenoise  apjjarail  en  Chypre  dès  la  construc- 
tion du  chœur  de  la  cathédrale  de  Nicosie  ;  elle  s'y  manifeste 
du  début  du  xiii"  jusqu'en  plein  xiv"  siècle  ;  commencée  sous 
la  protection  de  la  reine  Alix,  cette  église  fut,  du  reste,  plus 
tard  coulinuée  sous  un  archevêque  champenois,  Gérard  de 
Laugres  (1200-1312),  ancien  doyen  du  chapitre  de  Langres  ^ 

On  sait  que  le  modèle  si  particulier  de  corniche,  que  la 
Bourgogne  avait  sans  doute  créé  et  à  coup  sûr  adopté  d'une 
fa(;on  générale,  s"élend  également  à  la  Champagne;  ou  sait 
que  ce  type  de  corniche  se  compose  d'une  tablette  portée  sur 
des  modilloDs  dont  les  faces  latérales  courbes  se  réunissent  de 
façon  à  former  une  série  de  demi-cercles^.  On  peut  en  citer 
comme  exemples,  en  Champagne,  les  églises  de  Thenuelières, 
Saint-Lyé,  Auzon,  Gérosdot,  Villacerf  et  Courtaoult  dans 
l'Aube,  Chaumont  et  Bourbonne-les-Bains  dans  la  Haute- 
Marne,  Ecrouves  près  Toul. 

On  sait  que  les  modiilons  des  corniches  de  ce  genre  peuvent 
être  à  profil  concave  ou  convexe  ;  ce  dernier  est  considéré  par 
Yiollel-le-Duc  comme  plus  ancien  ;  il  persiste  cependant  au 
moins  jusquau  xi\°  siècle. 

Hors  de  Bourgogne  et  de  Champagne,  on  ne  trouve  guère 
ce  type  de  coruiche  que  dans  des  monuments  ayant  manifes- 
tement subi  une  iullueuce  de  la  Bourgogne  et  de  la  Champa- 
gne, et  tout  d'abord  dans  ceux  qui  ont  été  élevés  par  les  archi- 
tectes de  l'ordre  de  Citeaux. 

Ce  genre  de  corniche  n'apparait  en  Cbypre  que  sur  le 
déambulatoire  et  le  transept  de  la  cathédrale  de  Nicosie,  c'est- 

Blois,  Sancerre  el  Cliâleauduu,  auxquels  renonce  Alix  de  Champague,  eu 
même  lempb  que  Thibaut  les  cède  au  roi. 

1 .  Edouard  I,  comle  de  Bar,  mourut  à  Famagousle  eu  1336  (Voir  Maxe- 
Verly,  De  l'arl  et  des  arlislcs  dans  le  Uanois.  Réunion  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts  des  départemeuls.  1896,  p.  2S2). 

2.  Voir  i Histoire  des  archevêques  de  Chypre,  du  regretté  comle  de  Mas- 
Latrie.  Gênes,  1888,  iu-i",  p.  46  (Extrait  des  Archives  de  TOrient  latin). 

3.  Celle  corniche  a  élé  parfois  imitée  dans  le  midi  de  la  France  comme 
d'autres  formes  de  l'archilecture  chanipcuoise.  Ou  la  trouve  notamment  à 
Balbièges  près  Meudc,  Séverac-le-CliïlLeau  près  Bodez  (clocher),  Chirac 
(église  paroissiale  déiall'eclée),  Clcrmont-l'Hérault,  Monlpazier.  Dans  ce 
dernier  exemple,  les  corbeaux  sont  espacés.  Dès  le  xii«  siècle,  le  cloître 
romau  de  la  cathédrale  de  Vaisou  a  une  corniche  à  peu  près  bourguignonne. 


i 
i 


DANS    L ILE    DE    CHYPRE 


\1 


à-dire  dans  la  parlie  la  plus  ancienue  de  celle  conslruclioii.  Le 
profil  des  corbeaux  y  est  en  quarl  de  rond. 

Les  églises  bourguignonnes  des  xiii"  el  xiv''  siècles,  el  celles 
de  l'école  cliimpenoise,  ont  en  général  une  galerie  de  circula- 
liou  ménagée  sur  l'appui  des  fenêtres  et  traversant  les  piliers. 
En  Bourgogne,  ce  passage  est  le  plus  souvent  couvert  d'un 
dallage,  et  en  Champagne,  d'une  série  de  très  larges  t'ormeretb 
ou  sorte  de  courtes  voûtes  en  berceau.  On  peut  citer,  conitue 
exemple  de  cette  disposition,  la  cathédrale  d'Auxene,  Saint- 
Jean  de  Sens,  Saiul-Julien-du-Sau(.  Pont-sur- Yonne,  la 
cathédrale  de  Reims,  Saint-Père-sous-Vézelay.  la  cathédrale 
et  Sainl-Gengoulf .  de  Toul,  la  cathédrale  de  Saiut-Dié.  le 
chœur  de  la  collégiale  d'Épinal,  Sainl-Salur  près  Sancerre. 

Celle  même  disposition  existe  dans  les  collatéraux  de  la 
cathédrale  de  Nicosie,  avec  cette  particularité  que  dans  chaque 
travée  les  passages  montent  et  descendent  une  série  de  mar- 
ches posées  sur  les  reins  d'une  grande  arcalure  surbaissée,  la 
parlie  de  la  galerie  qui  correspond  aux  appuis  des  fenêtres 
étant  placée  beaucoup  plus  haut  que  les  portes  à  corbeaux  qui 
traversent  les  piliers.  Cela  conslilue  une  promenade  fatigante, 
mais  une  disposition  piltoresque.  Des  escaliers  de  ce  genre 
existent  dans  le  chœur  de  Saint-Père-sous-Vézelay  et  dans  le 
transept  de  la  collégiale  d'Epinal.  mais  ils  n'y  sont  ni  systé- 
matiques ni  répétés  ;  il  n'existe  qu'une  rampe  de  degrés  dans 
la  première  tiavée  du  chœur  ou  du  transept  conligu  à  une 
parlie  du  monument  où  la  galerie  est  placée  plus  bas.  Cela  est 
beaucoup  plus  rationnel  qu'à  Nicosie. 

Quand  les  églises  champenoises  pourvues  de  collatéraux 
n'ont  qu'un  chevel  simple,  ce  qui  arrive  souvent,  une  galerie 
de  circulation  passe  fréquemment  à  mi  hauteur  du  chevet, 
entre  deux  étages  de  fenêtres  qui  répondent  à  celles  de  la  nef 
et  des  collatéraux  ;  grâce  à  ce  passage,  l'on  peut  faire  le  tour 
complet  de  l'église  au-dessus  des  voûtes  des  bas-côlés.  Celte 
disposition  a  reçu  des  formes  assez  variées  à  Braiue,  Chani- 
peaux.  la  Chapelle-sur-Crécy,  Cuis,  la  cathédrale  de  Saint-Dié, 
la  collégiale  d'Epinal.  Essômes,  Mézy,  Moret,  Mussy- sur- 
Seine,  Saint-Urbain  de  ïroyes. 

Ce  parti  a  été  suivi  dans  la  calhédrale  de  Famagouste  (fi g.  2). 
Comme  cette  église  sans  toitures  n'a  pas  de  Iriforium  et  n'a 
que  peu  d'espace  entre  l'appui  de  ses  fenêtres  supéiieures  et 
le  haut  des  fenêtres  inférieures,  la  galerie  est  un  bimple  bal- 
con. C'est  à  l'extérieur  qu'on  l'a  ménagé  pour  relier  entre 

2 


18 


L  ART    GOTHIQUE    CHAMPENOIS 


elles  les  terrasses  des  bas-côtés.  Des  consoles  d'un  grand 
caractère,  analogues  à  celles  des  mâchicoulis,  portaient  les 
dalles  et  le  parapet  qui  formaient  cette  galerie. 

Ce  chevet  de  la  cathédrale  de  Famagouste  a  une  grande 
analogie  avec  celui  de  Saint-Urbain  de  Troyes  ;  même  plan, 
même  forme  de  piscine  assez  particulière  (fig.  3),  formant  une 


ïiMWimî 


Fi:.',  o.  —  Cathéilralf  df  Fiima;:oU5U'.   Piscinu  du  cl^-ur. 

niche  rectangulaire  dont  la  partie  antérieure  est  ornée  d'un 
remplage  trèfle  porté  sur  deux  arcs  et  un  meneau  central. 
Mêmes  g.ibles  encadrant  les  fenêtres  supérieures,  même  emploi 
de  médaillons  circulaires  élrésillonnant  ces  gables,  même  dessin 
de  balustrade  à  la  crête  des  murs,  mêmes  clochetons  sur  les 
contreforts,  mêmes  portails  à  tympans  vitrés  d'un  des- 
sin à  peu  près  identique.  Ces  portails,  par  leurs  tympans  et 
par  les  pignons  qui  les  encadrent,  appellent  aussi  la  compa- 
raison avec  la  cathédrale  de  Reims. 

Une  particularité  bien   champenoise  de    la   cathédrale   de 
Famagouste  consiste  dans  ses  clochers   à  quatre  pignons  1er- 


PANS    L  ILE    DE   CHYPRE 


19 


miuaux.  Si  la  Champagne  a  exporté  en  Allemagne  son  style 
gothique,  c'est  d'Allemagne,  eu  retour,  que  la  Champagne  a 
reçu  au  xiii"  siècle  cette  forme  architecturale  qui  y  était  très 
répandue  dès  l'époque  romane,  témoins  les  clochers  de  Samt- 
Géréou  et  des  Sainls-Apôlres  à  Cologne,  des  cathédrales  de 
Bonn  et  de  Paderhorn,  de  Saint-Paul  de  Worms,  de  la  cathé- 
drale de  Spire,  de  l'abbatiale  de  Laach.  de  Notre-Dame  d'Hal- 
bersladt,  de  l'é- 
glise d'Ander-  >^ 
uach,  etc. 

On  peut  citer, 
comme  esem- 
pleschampenois 
de  clochers  à 
quatre  pignons, 
la  cathédrale  et 
Saint-Nicaise  de 
Reims,  Dor- 
mans,  Voultou 
(Seine-et-Mar- 
ne), La  Cha- 
pelle-sur-Crécy, 
Vassemy  (Ais- 
ne), et  l'ancien 
clocher  de  No- 
tre-Dame de 
Soissons.  Auxv» 
siècle  encore,  ou 
tout  au  moins 
à  la  fin  du  xiv*', 
ce  type  se  voit 
à  Presles  près 
Gretz  (Seine-et- 
Marne).  L'église 
Saint-Gilles  d'E- 
lampes  a  aussi 
un  clocher  de 
ce  genre. 

Quant  a  u  x 
voussures  feuil- 
lues nui    ornent     t'--^-  —  Vou??uic  Ja  portai!  sail  rfela  calliédiale  de  Famagoustc. 

les  arcades  du  portail  sud  et  les  fenêtres  de  la  cathédrale  de 
Faraagoustc  (tig.  4),  c'est  absolument  la  reproduction  de  celles 


20 


l'aiit  gothique  champenois 


du  portail  sud  de  Saiul-Jeau-BajDlisle  de  Chaumoal.  L'animal 
conlourué,  qui  amortit  Tarchivolte  du  portail  sud  (ûg.  i),  est 
semblable  en  tout  point  à  celui  qui  remplit  le  même  office  sur 
uue  maison  de  la  rue  de  Tambour,  à  Reims. 

L'ensemble  delà  façade  (fig.  o)  avec  ses  trois  portails  à  frou- 


Fii'.   T).  —  F.-H-.àde  (!o  la  catliL-drale  df  Fiininiroii-l' 


Ion?,  le  dessin  des  deux  étages  de  ses  lours,  sa  grande  fenêtre 
encadrant  une  rose  rayonnante,  la  beauté  de  ses  proportions  et 
de  son  exécution  appellent  impérieusement  la  comparaison  avec 
les  façades  de  la  catbédrale  et  de  Saiut-Nicaise  de  Reims. 


DANS   L  ILE    DE    CHYPRE 


21 


A  quel  arlisLe  champeaois  est  dû  ce  chef-d'œuvre  ?  Malheu- 
reuseraeul  nous  rignorous  :  loul  ce  que  l'on  sait  est  que  celle 
église,  commencée  en  130U,  n'avait,  onze  ans  après,  que  son 
chevet  et  les  trois  travées  les  plu 5  orientales  de  ses  bas-côlés, 
et  qu'en  1311,  l'évèque  Baudoin  Lambert  entreprit  de  l'ache- 
ver à  ses  frais,  et  que  l'œuvre  fut  dès  lors  menée  à  bonne  fin. 
Une  belle  inscription  française  (fig.  G)  témoigne,  encore  aujour- 
d'hui, de  la  générosité  du  prélat  ;  elle  est  ainsi  conçue  : 


Insdiptinn 


itliiiliale  lie  FamaKouste. 


Lan  .  de  .  M  .  0  .  troi  .  cens  .  et  .  XI 

d  '  Crist  .  a  .  IllI  .  jors  .  daoust  .  fu  . 

despendue  .  lamonee  .  ordene 

e  .  por  .  lelabour  .  d  .  liglise  .  d  .  Fam 

ag  "  .  e  .  c.omêsa  .  lelabour  .  levesq  '  . 

Bauduin  .  le  .  dit  .  an  .  le  pre 

mier  .  jor  .  d  '  .  septembre  .  do 

u  .  quel  .  labour  .  VI  .  votes  .  d'  . 

deus  .  bêles  .  estoient,  .  faites  .  e  . 

.  X  .  votes  .  des  .  heles  .  ave  .  VIII  .  voles  .  d 

la  .  nave  .  d ' 

liglise  .  e 

stoit  .  a  .  fa 

ire  .  '. 


1.   Cf.  le  texte  moins  exact  publié  par   le   comte  L.    le  Mas-Latrie    L'He 
4e  Chypre.  Paris,  1S79,  in-8%  p.  385.  (Note.) 


99 


L  ART   GOTHinUK   CHAMPENOIS 


Votes  (voûtes)  peut,  par  extension,  signifier  travées.  On 
peut  comparer  la  rédaction  de  celte  inscription  avec  celle  de 
l'inscription  du  labyrinthe  de  la  cathédrale  de  Reims  qui  don- 
nait pareillement  l'histoire  de  l'éditice  *. 

La  seule  voûte  de  la  nave  (vaisseau  central)  de  Famagousle 
qui  oxist;U  en  1^1 1  était  le  chevet  ;  les  huit  autres  travées  res- 
taient à  couvrir  ;  les  ?ieles  (ailes)  sont  les  bas- côtés.  On  avait 
commencé  par  le  sanctuaire.  L'inscription  occupe  la  place  où 
s'étaient  arrêtés  les  travaux. 

Une  autre  église  gothique  un  peu  antérieure  existe  à  Fama- 
gouste  et  rappelle,  sous  un  autre  rapport,  Saint-Urbain  de 
Troj'es  :  c'est  la  petite  église  Saint-Georges  des  Latins,  avec 
sa  nef  unique  ruinée,  de  proportions  délicieuses,  et  qui  fait 
penser  à  la  Sainte-Chapelle.  Ses  gargouilles  en  forme  de  figu- 
res nues  (fig,  7),  accompagnées  ou  non  de  draperies,  et  ses 


Fig.  T.  —  Garsrouille^  Je  Saint-Gporues  i\e<  Latins  à  Faiiia!;ou>;te. 

chapiteaux  octogones  touffus  sont  tout  à  fait  analogues  aux 
sculptures  de  l'église  troyenne.  Un  chapiteau,  garni  de  pampres 


1 .  Voir  L.  Demaison  :  Les  architectes  de  la  cathédrale  de  Reims  (Bulle- 
tin archéologique.  1894;. 


DANS    I.  ir.K    DE   CHYPRE 


23 


(fig.  8),  fail  penseï-  ù  ceux  de  la  cathédrale  de  Reims,  de  Ville- 
ueuve-l'Archevêque  et  d'autres  églises  champenoises. 

Les  redents  des  remplages  des  baies  de  la  fin  du  xiii^  siècle 
et   du  xiv«    siècle  i   . 

eu  Champagne,  no- 
tamment à  Saint- 
Urbain,  sont  par- 
fois terminés  eu 
fleurs  de  lys  d'une 
forme  assez  parti- 
culière. Nous  re- 
trouvons ce  détail 
identique  dans  l'Ile 
de  Chj-pre,  à  S""- 
Catherine  de  Nico- 
sie, à  Saint-Domi- 
nique de  Fama- 
gouste  et  au  cloître 
de  Lapais. 

Un  grand  nom- 
bre d'églises  du 
xiii'-'  siècle,  en  Bourgogne  et  en  Champagne,  ont  des  fenêtres 
géminées  surmontées  d'un  oculus  ou  d'un  quatre-feuilles.  Il 
est  d'autres  églises  champenoises  qui  ont  des  fenêtres  simple- 
ment géminées  ;  telles  Notre-Dame  de  Châlons,  Saint-Chris- 
tophe de  Neufchàteau,  la  Madeleine  de  Troyes,  les  chapelles 
absidiales  de  Montier-en-Der*  ;  au  Breuil,près  Orbais,  la  pre- 
mière travée  du  chœur  possède  seule  une  fenêtre  de  ce  type, 
11  en  est  de  même  à  Sainte-Sophie  de  Nicosie. 

Quelques  analogies  existent  aussi  entre  l'église  de  Monlier- 
en-Der  et  celle  de  Sainte-Sophie  de  Nicosie.  Quand,  au  début 
du  xiii"  siècle,  on  voulut  donner  un  comble  au  déambulatoire 
de  Sainte-Sophie,  on  établit,  pour  porter  la  poutre  faîtière  de 
ce  comble,  une  tablette  moulurée  portée  sur  de  grosses  conso- 
les ayant  pour  profil  deux  quarts  de  rond  superposés.  Même 
disposition  se  voit  sous  les  combles  des  tribunes  du  déambu- 
latoire de  Montier-en-Der.  De  pareilles  consoles  portent  aussi 
les  chéueaux  de  l'égUse  de  Mussy-sur-Seine.  Beaucoup  d'égh- 
ses,  et  surtout  d'églises  secondaires  du  xiii"  siècle,  dans  la 


s.  —  Cliapitpaux  de  Saint-Georges  de-;  Lalins 
de  Famasoustp. 


1 .  Dans  la  plupart  des  cas,  ces  fenêtres  répondent  à  des  voûtes  sexpar- 
lites.  Elles  peuvent  être  aussi  une  réminiscenre  d'une  ordonnance  romane 
germanique  (églises  de  Saint-Dié,  etc.). 


24  l'art  gothique  champenois 

région  champenoise,  ont  un  chevel  rectangulaire  percé  de  trois 
fenêtres,  par  exemple  :  Lorris,  Puiseaux. 

C'est  aussi  la  disposition  adoptée  dans  le  chœur  de  l'abba- 
tiale de  Lapais. 

Dans  ie  déambulatoire  de  Montier-en-Der.  le  portail  de  l'es- 
calier de  la  tribune  a  un  tympan  orné  d'un  tracé  d'arc  sur- 
baissé trilobé,  analogue  à  celui  du  tympan  d'un  portail  du 
Trésor  qui  occupe  la  même  place  dans  le.  déambulatoire  de 
Nicosie. 

A  Montier-en-Der,  la  salle  du  Trésor  est  du  xiv^  siècle  ; 
Sainte-Sophie  de  Nicosie  a  un  porche  de  la  même  époque  ; 
Ions  deux  ont  des  arcs  ogives  d'un  profil  extrêmement  rai-c  à 
cette  époque,  avec  deux  tores  séparés  par  un  canal. 

Le  déambulatoire  de  l'église  de  Montier-en-Der  présente  de 
singulières  arcatures  eu  forme  de  linteaux  portés  sur  des  cor- 
beaux profilés  en  cavet  '.  Pareille  anomalie  se  voit  dans 
l'église  Saint- Martin  d'Ypres,  qui  porte  des  traces  évidentes 
d'influence  champenoise.  Ce  tracé  rappelle,  du  reste,  absolu- 
ment celui  des  bizarres  arcades  du  cloître  du  Val-des-Choux 
(Haute-Marne),  lesquelles  rappellent  certaine  fenêtre  du  don- 
jon gothique  de  Castrogiovauui  en  Sicile,  élevé  par  Frédéric  H, 
qui  avait  pour  architecte  militaire,  en  Sicile  et  en  Pouille, 
Philippe  Chinard,  originaire  des  environs  de  Troyes,  et  qui 
avait  passé  sa  jeunesse  en  Chypre. 

Les  arcatures  de  c'eux  des  portails  occidentaux  de  Sainte- 
Sophie  et  celles  du  grand  portail  de  Saint-Nicolas  de  Nico.-ie 
préseuleiU  absolument  le  même  tracé  que  celles  du  déambula- 
toire de  Montier-en-Der. 

Jl  y  a,  au  xv"^  siècle,  une  curieuse  analogie  entre  les  porches 
de  bois  qu'on  appuyait  à  toute  la  façade  latérale  des  églises  ou 
dont  on  les  entourait  même  sur  plusieurs  côtés-,  tant  eu 
Champagne  qu'en  Chypre.  En  Champagne,  on  peut  (ùter  celui 
de  Sdinl-Nicolas  de  Chàtillonsur-Seine.  En  Chypre,  Sainte- 
Catherine  de  Pyrga,  Glykiotissa  près  Cérines,  Sainte-Anne  de 
P'amagouste. 

Les  architectes  de  l'école  de  Champagne,  ajx  xiii''  et  xiv'' 

1.  Ce  dessin  est  d'origine  germanique.  Voir  notamir.ent  les  arcatures 
extérieures  des  clochers  romans  d'Audercacli  (Prusse  rhénane). 

2.  Ces  porches  existent  aussi  assez  fréquemment  en  Sologne  (Loiiel, 
Cher  et  Loire).  On  en  trouve  dans  le  Cher  à  Saiute-Montaine  et  à  brinon 
(Voir  B.  de  Ker.-ers,  Stalislifjue  monumenlale  du  Cher,  fasp.  II,  p.  lOG). 
Ces  porches  ont  servi  de  balles. 


DANS    l'île    de    CHYPRE  25 

siècles,  out  fait  uu  usage  assez  coaslaul  d'arcs  plus  aigus  que 
le  tiers-point.  Les  exemples  en  sont  innombrables  :  on  peut 
citer  Corribert,  Dormaus,  Remiremout,  Saint-Dié,  etc. 

L'arc  suraigu  se  reucoutre  aus^i  en  Chypre  ;  on  le  remarque 
surtout  dans  une  fenêtre  de  la  façade  de  Saint-Pierre-el-Saint- 
Faul  de  Famagousle. 

L'emploi  des  grosses  colonnes  isolées,  qui  a  été  fréquent 
dans  les  églises  du  xii^  et  du  début  du  xiii°  siècle,  a  persisté 
plus  longtemps  eu  Champagne,  témoin  l'église  de  Saint-Eugène 
(Aisne)  et  la  cathédrale  de  Chàlons-sur-Marne.  C'est  la  règle 
générale  eu  Chypre.  Les  hautes  colonnes  de  la  cathédrale  de 
Chàlons,  avec  leurs  clMpiteaux  octogones  garnis  de  feuillages 
assez  peu  décoratifs,  dépourvus  d'effet,  d'ampleur  et  de  finesse, 
ressemblent  d'une  façon  fra[)panle  aux  colonnes  et  aux  chapi- 
teaux de  l'abbatiale  chypriote  de  Morphou. 

Les  chapiteaux  ronds  abondent  en  Champagne  comme  en 
Chypre.  Une  variété  particulière  est  celle  des  chapiteaux  fans 
sculpture.  Us  ne  sont  pas  rares  en  Champagne  et  sont  surtout 
usuels  en  Lorraine,  et  dans  le  style  gothique  qui,  de  Champa- 
gne et  de  Lorraine,  a  pénétré  la  région  germanique  '  ;  on  en 
voit  aux  Istres  près  Epernay,  au  clocher  de  la  Chapelle-sous- 
Orbais,  à  Luxeuil,  cà  6aint-Ghristophe  et  à  Saint-Nicolas  de 
Neufchâleau,  à  Montier-en-Der  dans  la  chapelle  du  nord-est, 
à  Metz  au  portail  de  Sainte-Ségolène,  dans  l'église  abbatiale  de 
Saint-Salur  près  de  Sancerrc.  les  chœurs  de  la  cilhédrale  de 
Saint-Dié  et  de  la  collégidle  d'Epinal,  dans  celle  de  Kemire- 
moQl  ;  de  même  dans  certaines  églises  d'Allemagne  :  Sainte- 
Elisabeth  de  Marbourg,  saiut-Jacques  de  Stralsund,  Sainte- 
Marie  de  Stargard,  Saint-Jean  de  Stetiin,  Neubraudebourg. 

Le  même  parti  est  adopté  dans  la  nef  de  la  cathédrale  de 
Nicosie,  dan>  une  église  de  Paphos.  dans  les  églises  Saint-" 
Nicolas,  Saiuts-Pierre-et-Paul,  Saint-Georges  des  Grecs  et 
Saint-Antoine  à  Famagousle,  Saiut-Sozomène  près  Polamia. 

L'église  Saint-Paul  de  Besançon  a  de  fort  curieux  chapi- 
teaux du  xiv''  siècle,  La  plupart  sont  divisés  en  deux  zones  - 
ornées  d'étranges  feuillages  découpés  en  faible  relief.  L'un 
d'eux  est  décoré  de  grandes  feuilles  de  trèfle  posées  en  alter- 

1 .  Ce  lype  de  chapiteaux  a  quelquefois  été  exporté  de  Champagne  par  les 
moines  de  Citeaux,  ainsi  au  réiecloire  et  aux  celliers  de  l'abbaye  de  Noir- 
lac  (Cher]. 

2.  C'est  une  lourde  reproduction  du  type  Lieu  connu  du  chapiteau  à  deux 
étages  des  cathédrales  de  Reims,  de  Chartres  et  de  Léon  (Espagne)  et  de  la 
collégiale  de  Saint-Quentin. 


26  l'art  gothiqur  champenois 

ijauce.  La  même  division  on  deux  registres  cl  le  molif  si  parti- 
culier des  trèlles  posés  en  alternance  pc  retrouve  ù  Fiuna- 
gouste,  daus  les  épais  tailloirs  des  consoles  qui  portaieut  les 
voûtes  d'une  église  ruinée  voisine  de  celle  des  Sainis-Pierre-el- 
Paul. 

L'église  d'Ecrouves  près  Toul  a,  aux  retombées  des  voûtes 
de  sa  nef,  de  petits  culots  du  xiii''  siècle  d'une  forme  assez 
particulière.  Ce  sont  des  pyramides  renversées  de  plan  rectan- 
gulaire et  à  boulon  terminal  sur  les  angles  desquels  s'appli- 
quent des  feuilles  polylobées  traitées  presque  en  méplat,  légè- 
rement creusées  au  centre  de  chaque  lobe  et  ne  formant  ni 
coude  ni  crochet. 

Des  culots,  en  tous  points  semblables,  reçoivent  les  retom- 
bées des  voûtes  du  porche  de  Lapais. 

Le  chœur  de  l'église  de  Dorraaus  a  de  très  singuliers  fais- 
ceaux de  colonnes  adossées  qui  décrivent  un  coude  au-dessus 
du  chapiteau.  Ce  genre  curieux  d'encorbellement  s'adapte  bien 
au  tracé  de  la  courbe  de  pression  des  voûtes. 

Un  exemple  beaucoup  plus  grossier  de  la  même  singularité 
architecturale  se  voit  à  Famagouste,  dans  une  petite  église 
située  entre  celle  des  Carmes  et  celle  des  JNestoriens. 

Ces  exemples  peuvent  être  rapprochés  des  fûts  de  colonnes 
à  ressauts,  plus  larges  dans  la  partie  supérieure,  que  l'on 
trouve  parfois  en  Bourgogne  (Saint-Seine,  salle  capitulaire  de 
Fonlenay). 

La  Bourgogne  a  probablement  créé,  à  coup  sûr  adopté,  plus 
qu'une  autre  province,  un  type  de  corbeaux  très  particulier 
que  la  Champagne  a  adopté  avec  le  reste  des  habitudes  bour- 
guignoni^es,  et  qui  a  eu  quelques  imitations  aussi  en  Pro- 
vence. 

Ces  corbeaux  forment,  sur  leur  tranche,  uu  triangle  ren- 
versé dont  le  sommet  se  raccorde  avec  une  arête  qui  vient 
mourir  à  la  partie  inférieure  du  corbeau'. 

On  trouve  de  ces  corbeaux  en  Chypre  au  xiv''  et  au  xv®  siè- 
cles, à  Lapais  (porte  du  sous-sol  du  dortoir),  à  Sainl-Mammas 
de  Dali  et  dans  les  restes  du  couvent  des  Augustins  de 
Nicosie. 

Par  une  corruption  assez  déplaisante,  les  moulures  qui 
devraient  former  un  triangle  renversé  sont  parfois,  au  xv^  siè- 

1.  Voir  Eularl  :  Origines  de  l'architecture  gothique  en  Italie  (Biblio- 
thèque des  écoles  de  Hume  et  d'Athènes),  4894,  p.  273. 


DANS    l/lI.K    DE    CHYPUR  27 

cle,  dirigées  la  poinle  en  haut ,  celle  déforinalion  s'observe  à 
Sainl-Mainraas  de  Dali  el  dans  une  pelile  église  de  Fama- 
gousle  (entre  Sainle-Anne  el  les  Carmes). 

Certains  eucorbellemenls  bourguignons,  fornaés  de  groupes 
de  culots,  ont  été  aussi  assez  usités  en  Champagne,  et  se 
retrouvent  en  Chypre,  ù  l'abbaye  cistercienne  de  Beaulieu. 
non  loin  de  Larnaca,  à  celle  d'Acheropiilou  près  Cérines,  à  la 
cathédrale  de  Paphos  el  dans  une  chapelle  des  lïospilaliers  de 
Famagousle. 

Les  monuments  du  royaume  de  Chypre,  sur  lesquels  je 
comple  faire  paraître,  dans  peu  de  mois,  une  élude  complète  ', 
montrent  d'une  façon  saisissante  quelle  a  été  la  puissance 
colonisatrice  de  la  France  du  Moyen-âge,  combien  grands,  et 
quelquefois  durables,  ont  été  les  résultats  matériels  et  moraux 
des  croisades,  et  quelle  patt  glorieuse  la  Champagne  y  a  prise, 
non  seulement  par  les  armes,  ce  qui  était  connu,  mais  par  ses 
artistes  dont  les  œuvres  coloniales  méritaient,  je  crois,  d'être 
tirées  de  l'oubli. 

(1.  Enlarï. 

1.   Ouvrage  cité  dans  la  première  note  de  cet  article. 


itépertoire  Historique  de  la  Haute-Marne' 


CONTKNAM'      LA      NO.MENCLATLHK 


DES  OUVRAGES,  ARTICLES,  DISSERTATIONS  &  DOCUMENTS  IMPRIMÉS 

Concer/iauf  r/iistoire  de  ce  Déjxu'tement 


DEUXIF.ME     PARTIE 
CATALOGUE     DES     ACTES 


805.  —  121 1.  —  Guillaume, 
évéque  de  Langres,  atteste  le  don 
par  Emeliiie,  dame  de  Seiinevoy, 
et  par  son  frère  Geotlroi,  aux  re- 
ligieuses de  Jully,  la  première, 
du  8*"  des  pâtures  de  Seniievoy, 
et  le  second,  d'une  certaine  rente 
à  La  Chapelle. 

E.  l'etit,  «arlul.  Jully-les-Nonnains,  :!5  ; 
d'ap.   Ardi.  Ciile-d'Or,  fonds  Molèine,  n"250. 

—  Jobin,  Hist.  du  prieuré  de  Jully-les- 
Nonnains.  ■,'55  ;  d'ap.  orig.  Arcli.  Cule-d'Or, 
prieuré   de   Jullv,    H  l'ôU. 

806.  —  121 I.  —  tuJe,  duc 
de  Bourgogne,  permet  aux  reli- 
gieux de  Longuay  d'acquérir  sur 
les  bords  de  1  Ouice,  soit  sur  ses 
hommes,  soit  en  ses  fiefj,  autant 
de  prés  qu'ils  voudront,  jusqu'à 
concurrence  de  quarante  charret- 
tes de  foi.i. 

E.  l'ctil,  Hist.  (les  ducs  de  Bouri/.,  111, 
IHi),  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  earlul.  I.on- 
•jua.v,  loi.  lu;!. 

807.  —   121 1    (v.  st  ),  février. 

—  Hervé,  évéque  de  Troyes, 
atteste  que  Geoffroi  de  Vassy, 
chevalier,  a  donné  à  Moncier-en- 
Der  tout  ce  qu'il  avait  dans  la 
dîme  de  Jusanvigny  (Aube).  Si- 
mon, chevalier  de  Lassicourt^. 
a  fait  un  don  semblable  pour  la 
dîme  de  Lassicourt  (Aube). 


Laliire,  Princip.  cartul.,  IV.  T21  ;  d'ap. 
'i'  nartul.  Montier-en-Der,  fol.  26,  v'. 

808.  —  I2I2.  —  Guillaume, 
évéque  de  Langres,  affecte  à  la 
dotation  du  prieuré  du  Yal-des- 
Ecoliers,  des  terres,  usages,  ren- 
tes et  autres  biens. 

Gall.  christ,  nova,  IV.  instr.  col.  lO'.l,  — 
Bri'-(juii/nij,  Tab.  cAiv.,  W,  .")5.'). 

809.  —  I2I2,  23  février,  La- 
tran  (7  kal.  mars,  an  XV).  — 
Lettre  du  pape  Innocent  lll  au 
chapitre  de  Langres,  par  laquelle 
il  confirme  l'annulation  des  élec- 
tions de  H.,  chantre  d'Autun,  et 
de  H.,  archidiacre  de  Bar-sur- 
.Aube^.  qui  avaient  été  nommés 
doyens  de  ce  chapitre.  <(  Cum 
causam  que...  » 

Itdhize.  Epist.  Innoopulii  III,  loiiio  II,  p. 
.")!17.  —  Mii/iii-,  Innoe.  op.,  III,  540.  — 
Jlréqiiif/iii/,  Tali.  clir.,  IV,  Sl'J.  —  Pottlinst, 
n"  i.'.si. 

810.  —  121 2,  23  février,  La- 
tran  (7  kal.  mars,  an  XV).  — 
Lettre  du  pape  Innocent  III  au 
chapitre  de  Langres,  par  laquelle 
il  lui  permet  de  rentrer  en  posses- 
sion de  biens  qui  avaient  été 
aliénés  sans  son  consentement 
par  les  évoques  de  Langres.  k  Ad 
hoc  sumus...  » 


'   \'oir  page  8i3,  tome  IX,  2'  série,  de  ly  lievue  de  Champagne, 


BÉPERÎOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNË 


29 


Orig.  Arcli.  llaulc-Mainp,  G.  S.  n"  2. 

Baluze,  Epist.  Innocentii  111,  lome  11.  p. 
597.  —  ^iilJne,  Innoc.  op.,  III,  539.  —  Hrr- 
quiQUlj.  Tali.  clir.,  IV,  51',l.  —  l'otthasl.  n" 
i:!8ii. 

8ii.  —  I2I2,  2  1  mars,  Latr.in 
(i3  kal.  avril,  an  XV).  —  Lettre 
du  pape  Innocent  III  aux  abbés  de 
Morimond  et  de  Saint-Etienne  de 
Dijon,  et  au  grand  archidiacre 
de  Langres,  qu'il  charge  d'exami- 
ner l'authenticité  ou  tausseté  des 
lettres  produites  en  la  cause  du 
comte  Êtieniie,  et  de  les  lui  trans- 
mettre. Ils  maintiendront  la  sen- 
tence d'excommunication  et  l'in- 
terdit prononcés  par  l'archevêque 
de  Besançon,  jusqu'à  ce  qu'il  ait 
réparé  les  torts  causés  par  lui  à 
l'archevêque.  «  Venerabili  fratri 
nostro...   ï 

Jialuze.  Epist.  Innocenlii  111,  touie  II.  y. 
002.  —  Mir/ne,  Innoc.  op.,  III,  550.  — Brr- 
quigny,  ïab.  clir.,  IV.  b'i\.  —  Potthast,  n" 
440S. 

8i2,  —  I2I2,  31  mars,  Latran 
(2  kal.  avril^  an  XV).  —  Lettre 
du  pape  Innocent  III  à  l'évéque 
de  Langres,  à  l'abbé  de  Villierset 
à  N.,  chanoine  de  Verdun,  par  la- 
quelle il  leur  enjoint  d'assigner  à 
P.,  clerc,  neveu  d'Henri,  évéque 
d'.-\lbano,  l'une  des  huit  prében- 
des vacantes  de  l'église  de  Metz, 
quoique  le  chapitre  de  Metz  ait 
engagé  les  revenus  de  ces  prében- 
des pour  quatre  ans.  «  Cum  per 
alias...    » 

Unluza,  Epist.  Innocentii  111,  lomc  II.  p. 
605.  —  Mifjiu',  Innoc.  op.,  III.  ô'ij.  —  Ilrr- 
iliiir/iii/.  Tab.  rlir.,  IV,  521',.  —  l'otlliast,  n" 
■illl. 

813.  —  I2I2,  7  juin,  Latran 
(7  id.  juin,  an  XV).  —  Lettre  du 
pape  Innocent  III  à  l'évéque  de 
Langres,  lequel  lui  avait  demandé 
son  avis  concernant  un  juit  qui 
avait  frappé  un  prêtre  ;  un  pri- 
sonnier, qui  s'était  tait  passer 
pour  évéque  et  avait  consacré  des 
autels  et  des  novices  mineurs, 
qui,  ayant  repris  l'habit  séculier, 
et  sans  avoir  fait  profession  pen- 
dant un  an^.  avaient  été  promus 
aux  ordres  sacrés,  en  connaissance 
de  cause, par  leurs  évèques.  «  Pos- 
tulasti  per  sedem...  » 


Jlalu:e.  Episl  Innocenlii  111,  lome  11,  p. 
Ii4(i.  —  Miqne,  Innoc.  op..  III,  (ilJO,  et  au- 
tres (voir  i'otlliasti.  —  Jirrqnifjinj.  Tab. 
clii-.,  IV.  :>;!;!.  —  fntllmst.  n»  \hr.\. 

814.  —  1212,  juin.  —  Henri, 
fils  du  comte  de  Bar-le-Duc,  fait 
savoir  que  Renier,  chevalier  de 
«  Pares  »  (Paroyr),a  donné  à  l'é- 
glise de  Biurg-Sainte-Marie  vingt- 
cinq  arpents  de  terre. 

//Ufhcsiif,  llist.  lie  la  nMÎ-.n  de  B.n-le- 
l)uc,  l'r.,  p.  2:>  :  ex  cliartul.  Moli^in.  Iraiïiii. 
Iiieve.  —  /Jrrqtiif/ny,  Tali.  ilir.,  I\',  W.'^i'i. 

815.  —  1212,  juin.  —  Gillc, 
autrefois  dame  de  Vergy,  et  son 
fils  Guillaume,  déclarentque  Blan- 
che de  Navarre  ayant  consenti  à 
l'engagement  de  leur  ficf  à  la 
Fertéj-sur-.Aube], pour  une  somme 
de  90  livres,  ils  la  tiendront  in- 
demne de  tout  préjudice. 

Duchcsne,  Hisl.  de  la  maison  de  Veri^y, 
Pr.  p  178.  —  Analyse  :  Teulet,  Layettes, 
n°  101:!. 

Cat.  actes  des  comtes  de  Champ.,    n°   705. 

816.  —  1212^  juillet,  Saint- 
Germain-en-Laye.  —  Le  roi  Phi- 
lippe Auguste  écrit  au  pape  Inno- 
cent IK  que  du  temps  de  Manas- 
fès,  évéque  de  Langres,  il  a  été 
décidé  que  l'abbé,  l'église  et  les 
bourgeois  de  Bèze  étaient  sous  h 
juridiction  temporelle  de  l'évéque 
de  Langres.  L'abbé  de  Beze  s'é- 
tant  plaint  récemment  de  l'évéque 
Guillaume,  les  parties  furent  assi- 
gnées devant  la  cour  du  roi  à  Vil- 
leneuve, aux  octaves  de  Saint- 
Martin  avant  Noël  (18  nov.  121 1), 
et  l'abbé  renvoyé  devant  la  cour 
de  l'évéque. 

/'('<(7,  Tlieodori  po?niteutiale,  11,  70(i  ;  ex 
cartul.  eccles.  Ling. ,  ad  an.  122-.  — •  Bré- 
quiginj.  Tab.  clir.,  V,  lf<0,  ad  ann.  1222.  — 
L.  ' Diiiish;,  Cat.  des  actes   de    Pli.    Au?;.,    n» 

1:190. 

817.  —  1212.  —  Guillaume, 
évéque  de  L.mgres,  déclare  que 
Hugue,  chevalier,  fil.s  d'Hugue 
de  Vergy,  avec  l'assentiment  de 
sa  mère  Gile,  dame  d'.Autrey,  et 
de  son  frère  Guillaume  de  Vergy, 
chevalier,  a  donné  aux  religieux 
de  Mores  toutes  les  dîmes  lui  ap- 
partenant dans  leurs  terresde  Val- 
bonnet. 


3U 


UÉPERTOIKE    HISTORIQUE    DK    LA    HAUTE-MARNE 


Lalore,  Chartes   de    Mote-s  p.    SO,  n»  70, 
d'ap.  copie  du   xvii'    ?.     Bili.    n;it.,    liani;ais 

r)995,  fol.  m;  I". 

8i8.    —    1212  (v.  St.),  janvier. 

—  Pierre,  abbé  de  Saint-Remi  de 
Reims,  convient  avec  Blanche  de 
Navarre,  comtesse  de  Champa- 
gne, de  partager  avec  elle  la  main- 
morte et  les  formariages  de  La 
Villeneuve-au-Frcna. 

Teulet,  Layotles,   u"   ll>;!l  •.   allili,v^.•,  J'ap. 
Arcli.  nal..  j'.  l'.»7,  n°  'J. 

Cal.  ai-tos  des  couilcs  de  Cliaiiip.,   u"    SOô. 

819.  —   I2I2  (v.  St.),   février. 

—  Guillaume,  évèque  de  Langres, 
déclare  qu'il  était  en  contestation 
avec  Blanche  de  Navarre,  com- 
tesse de  Champagne,  p.irce  qu'il 
voulait  exercer  le  retrait  seigneu- 
rial de  ce  qu'il  avait  acquis  de 
dame  Chamunde,  et  parce  que 
Blanche  voulait  exercer  le  retrait 
seigneurial  de  ce  qu'il  avait  ac- 
quis d'Aubri  de  La  Fauche  à Choi- 
gnes  ;  mais  les  deux  p.irties  s"en 
sont  remises  à  ["arbitrage  du  duc 
de  Bourgogne,  qui  jugera  sur  le 
rapport  de  Lambert  Bouclm  et 
de  Pierre  de  Frolois,  et  qui  ne 
pourra  rien  donner  à  l'evéque 
dans  le  château  de  Chaumont. 

Analyse,  Teulcl,  Layettes,  n"  1030. 

Cal.    actes  des  coailes  cleCluimp.,  u"  cSUT. 

820.  —   121 2  (v.  St.),   février. 

—  Charte  d'Eude,  duc  de  Bour- 
gogne, constatant  les  mêmes  taits 
que  la  charte  précédente  ;  mais  le 
premier  expert  désigné  est  le  ma- 
réchal de  Champagne  (Geoffroi 
de  ViUehardouin).  au  lieu  de 
Lambert  Bouchu. 

Analyse,  Tev.let,  Layettes,  n"  lOSG. 
Cat.des  actes  des  C'"-  de  Champ.,  a"  SdS. 

821.  —   I2I2  (v.  St.),   février. 

—  Eude,  duc  de  Bourgogne,  dé- 
clare que  dans  le  cas  oia  il  recon- 
naîtrait que  les  acquisitions  taitcs 
par  Blanche  de  Navarre,  comtesse 
de  Champagne,  dans  la  chàtelle- 
nie  de  Chaumont,  sont  de  la 
mouvance  de  l'évcché  de  Langres, 
il  décidera  que  la  comtesse  les 
tiendra  de  lévéque  en  accroisse- 
ment de  fief. 

Analyse,     Teulet,    Laveltc,    n"   1037.  — 
Cat.   actes  de.*  C'*  de  Chainpâirnc,  u"  i<0'J. 


822.  —  1213,  29  mai,  Latran 
(4  kal.  juin,  an  XVI).  —  Lettre 
du  pape  Innocent  III  à  l'évèque 
de  Langres  et  à  l'abbé  de  Mori- 
mond,  par  laquelle  il  les  charge 
de  retirer  à  l'archevêque  de  Lyon 
l'administration  de  son  diocèse, 
s'il  n'accomplit  pas  la  punition 
qui  lui  a  été  inflip.ée.  «  Auditis 
(Manrique  :   Lectis)  epistolis...   » 

Jjali(Zi\  Epist.  Inuoccntii  III.  tome  II,  p. 
77'J.  —  Manrique,  Ann.  cislerc,  IV,  SI  -. 
alisque  not.  chvon.  —  Migne.  Innoc.  op.,  III, 
S(i6.  —  liréiiuuinxj,  Tab.  clir. ,  IV,  5(10.  — 
l'iitthast,  u»  t730. 

823.  ■ —  1213,  mai.  —  Gau- 
tier, seigneur  de  Vignory,  con- 
firme au  prieuré  de  ce  lieu  la  pos- 
session d'une  vigne. 

./.    (V Arbauiiwnt,  i:artul.    de    Vignory,   11. 

824.  —  1213.  —  Guillaume, 
évèque  de  Langres,  déclare  que 
Gautier,  sire  de  Vignory,  a  donné 
aux  religieux  du  Val-des-Ecoliers 
un  demi-muid  de  froment,  me- 
sure de  Vignory.  sur  son  moulin. 
Au  cas  où  elle  ferait  défaut,  cette 
rente  sera  prise  sur  le  moulin  de 
Soncourt. 

J.  d  Arbaumont,  Carlul.  de  Vignory,  208; 
d'ap.  oris'.  Arch.  Haute-Marne,  Val-des-Eco- 
liers,  12"  liasse,  .S'^  partie. 

825.  —  121 3.  —  Girard, évè- 
que de  Châlons-sur-Marne,  fait 
savoir  que  Simon,  sire  de  Join- 
ville,  a  renoncé  à  toutes  les  tailles 
et  exactions  indues  dans  les  do- 
maines de  l'abbaye  de  St-Urbain. 

J.  Simonnet.  Ksi-ai  sur  les  sires  de  Join- 
villi-,  llii  ;  d'ap.  Arch.  Ilautc-Marne.  cartul. 
(le  S>-Urbain,  I,  loi.  30li. 

l'Original,  scellé  de  l'évèque,  mOme  fonds, 
l.">"  liasse,  '.i'  partie). 

826.  —  1214,  2  janvier,  La- 
tran (4  non.  janv.,  an  XVI).  — 
Lettre  du  pape  Innocent  III  à 
l'évèque  de  Langres  et  à  l'abbé 
de  Morimond,  indiquant  la  for- 
mule du  serment  que  devra  pro- 
noncer l'archevêque  de  Lyon  pour 
l'expiation  de  sa  faute.  *  Recepi- 
mus  (Decr  :  .Accepimus)  litteras 
vestras...  » 

Btiluze,  Epi>l.  liinoccntii  III,  tome  II,  p. 
S22.  —  bosquet,  Innoc.  op..  660.  —  Mifine, 
Innoc.  op.,  111.  'Jl5.  —  Decr.  Grcg.  I.X,  apud 
Bfclimor,    Corp.    II,    S29  ;    ud   an.     1213.— 


RÉPERTOIRE    HISTOHIQUE    DE   L\    HAUTE-MARNE 


31 


Bn-quif/ny,  Tali.  tlir..  IV,  571.  —  l'olih.ist. 

827.  —   1214,    août,    Troye-i. 

—  Simon  de  Joiiiville,  sénéchal 
de  Champagne,  fait  hommage- 
lige  à  Blanche  de  Navarre,  com- 
tesse de  Champagne,  pour  la  sé- 
néchaussée de  Champagne,  saut 
réserve  de  la  question  d'hérédité; 
il  aidera  le  comte  Thibau  i  IV 
contre  les  filles  du  comte  Henri  ; 
il  lui  fait  hommage-lige  de  Join- 
ville. 

Cliiinti'.rftiH,   II,  Traité  des  fiefs,  l'J,  M. 

—  Bnissel,  U^agc  des  fiefs,  638.  —  Ûidot, 
Joinville,  p.  CXI,  lettre  A, —  Catal.  des  acier, 
des  C'"'  de  Champ.,  867. 

828.  —  1214,  août.  —  Guil- 
laume, évéque  de  Langres^.  atteste 
un  échange  tait  entre  les  religieu- 
ses de  Jully  et  Manassès  de  Sen- 
ne voy. 

E.  Petit,  Cartul.  de  .JuUy-les-Noiiuaiii-, 
o(î  ;  d'ap.  orig.  Avch.  Cote-d'Ôr,  fonds  Mo- 
léme,  n"  250.  —  Jobiii.  Hist.  du  prieuré  de 
Jully-les-NoDiiain',  Ï.").t  ;  d'ap.  ori^.  Arcli. 
Cc')te-d'Or,  piiemé  de  Jully,  H.  25U. 

839.  —  1214.  —  Guillaume, 
évéque  de  Langres,  atteste  la 
vente  de  deux  parts  des  dîmes  de 
Jouancy,  par  Pétronille,  fille  du 
seigneur  Philippe  des  Prés  (.^),aux 
religieuses  de  Jully. 

E.  Petit.  Carlul.  du  prieuré  de  .Jullv-lr-- 
Xoiinains,  35  ;  d'ap.  orig.  Arch.  Cuted'Ûr, 
fonds  Moléme,  n"  250.  —  Jobin,  Hist.  du 
prieuré  de  Jully-les-Nonnains,  256  ;  d'ap.  ori- 
ginal, Arch.  Cote-d'Or,  prieuré  de  Jully,  11. 
250. 

830.  —  1214.  —  Simon,  sire 
de  Joinville^  reconnaît  les  droits 
de  l'abbaye  de  Montier-enDer 
sur  la  rivière  de  Biaise  ;  il  aban- 
donne le  moulin  qu'il  avait  fait 
construire  à  Vaux,  et  renonce  au 
droit  qu'il  prétendait  de  contrain- 
dre les  hommes  de  l'abbaye  à 
contribuer  aux  travaux  du  château 
de  Joinville. 

.y.  6'j/«ou«ef,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 120  ;  d'ap.  2"  rartul.  Montifr-en-Drr. 
fol.  70,  v. 

831.  —  1214.  —  Simon,  sire 
de  Joinville,  renonce,  au  profit 
des  religieux  de  Montier-en-Der, 
à  toutes  ses  prétentions  sur  la  ri- 
vière de  Biaise. 


./.  Sitiwiini't,  Kssai  sur  ]•■:.  -lies  de  Join- 
ville, 120;  d'ap.  2''rartul.dL' Monlior-cn-Der, 
fol.  7(1,  r. 

832.  —  1214.  —  Guill.iume, 
seigneur  de  Vergy,  se  reconnaît 
homme-lige  de  l'évéque  de  Lan- 
gres après  le  duc  de  Bourgogne, 
car  il  tient  dudit  évè,"iuc  la  mai- 
son-forte de  Milon  d'EUe,  sise  à 
"   Henevetce  ». 

A.  Iluchesiii',  Ilisl.  do  la  maison  di-Vergy, 
Pr.  p.  17!)  ;  exLr.  <lu  carlul.  des  liel's  de  l'E- 
véehé  de  Lanières. 

Urriiiùiiinj,  Tali.  i-lir. ,  V,  2ii. 

83?.  —  1215,  juin.  —  Gui 
[de  Joinville],  seigneur  de  Sailly, 
fait  hommage- lige  de  Donjeux  à 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne. 

Chanlerrau.    Traité   de>  liefs,    11,  VJ 
J.    Hiiiioiiiti't,    Kiiiù   sur  les 


de  Cliai 


de  Join- 
n"  OIS. 


854.  —  1215,  juin.  — Simon, 
seigneur  de  Joinville,  sénéchal  de 
Champagne,  consent  à  ce  que 
Gui,  seigneur  de  Sailly,  son  frère, 
tienne  ligement  Donjeux  de  Thi- 
baud IV,  comte    de   Champagne. 

CliCUitcreaUs  Traité  des  fiefs,  II,  57. 
Cal,  actes  des  C"  de  Clianip.,  n"  Dl'J. 

835.  —  1215^.  septembre.  — 
Guillaume,  évéque  de  Langres. 
fait  connaître  et  approuve  la  règle 
adoptée  par  W.,  prieur,  et  les  au- 
tres religieux  du  Val-des-tcoliers. 

A.  />'Ac/(f?'//,Spicil.,  III.  581),  e\  niembranis 
domini  d'Ilérouval.  —  Gall.  christ,  nova,  IV, 
in-lr.  .•.;.!.  l'.l'.l 

836.  —  1215.  .septembre,  — 
Adeline,  abbesse,  et  tout  le  cou- 
vent de  Poulangy^  font  connaître 
une  convention  relative  à  l'entre- 
cours  de  leurs  hommes  et  de  ceux 
de  l'évéque  de  Langres.  Ceux  de 
l'abbesse  conserveront  les  hérita- 
ges qu'ils  auront  dans  la  terre  de 
l'évéque,  en  quelque  lieu  qu'ils 
demeurent  ;  il  en  sera  de  même, 
à  l'inverse,  pour  les  hommes  de 
l'évéque. 

Brcssel,  Usage  des   fiefs,  II,  102;î,  note  a. 

837.  —  1215,  septembre.  — 
L'abbesse  et  les  religieuses  de 
Belmont  vendent  ;;ux  religieux  du 


32 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE   DE   LA   aAtlTE^MÀRNE 


Val-Jcs-KLoliers  une  rente  de  20 
sous  provinois  qui  leur  avait  été 
donnéj  par  Chaumondc,  sur  les 
revenus  de  Chaumonr. 

B>i//'inil.  lli-t.  (lu  Favl-Billdl.  -'17. note  ï. 

838.  —  1215.  —  L'nbbé  de 
Cluny  faic  savoir  qu'ayant  été  élu 
abbe  de  Cluny,  il  a  résigné  son 
abbaye  de  Moienie  entre  les  mains 
de  Guillaume  évéque  de  Langres, 
et  a  demandé  à  cet  évéque,  pour 
les  religieux  de  Molémc,  l'autori- 
sation d'élire  un  nouvel  abbé. 

./. /V/!f,  Tlieodori  pœnilenliale.  11.  lil",'. 
linhjuigiiy,  Tuli.  clir.,  V,  4(3. 

839.  —  1216,  mai.  — Gautier, 
seigneur  de  Vignory,  reconnaît 
que  les  forteresses  de  Biaise (sous- 
Arzillières)  et  d'Isle(-sur-Marne) 
sont  rendables  à  Blanche  de  Na- 
varre, comtesse  de  Champagne, 
et  à  son  fils  Thibaud,  à  grande  et 
à  petite  torce. 

ChaïUereau,  Traité  des  fiefs,  II,  OL'.  — 
Teulet,  Lavettes  du  trésor  des  charte.-,  u" 
1181. 

Bréqiiigny,  Tab.  chr.,  V.  51. 

Cal.  actes  des  C"  de  Cbaiii|..,  n"  908. 

840.  —  1216,  mai.  —  Guil- 
laume de  Vergy  taie  savoir  que 
Gui  de  Beaumont  est  homme-lige 
de  lévéque  de  Langres  après  le 
seigneur  de  Beaumont,  son  Irrère, 
et  qu'il  a  repris  dudii  evéque  tout 
ce  qu"il  a  à   «  Coicheium  ». 

A.  Du  Cliesiii',  Hist.  de  la  maison  de 
Verirv,  Pr.  p.  397;  extr.  du  cartul.  des  fiefs 
de  levi'clié  île  Langres. 

/Jri'i/ioi/iii/,  'l'ail,  clir.,  V,  51. 

841.  —  1216,  juin.  —  Blanche 
de  INavarre,  comtesse  de  Cham- 
pagne, tcnae  le  prieuré  des  Ermi- 
tes de  Vas^y,  ordre  du  Val-des- 
hcoliers. 

/v.  '/'•  Itarllu'Icmi/,  Diocèse  ancien  de 
Chàlons-«ur-Marne,  1,  2l;>. 

Cat.  actes  des  C'«~  de  Cliaiiip.,  n'  'J7."i. 

842.  —  I2i6,  26  juillet,  Pé- 
rouse  (7  kal.  août,  an  I).  —  Let- 
tre du  pape  Honorius  III  aux  ab- 
bés de  Citeaux,  de  La  Ferté,  de 
Poniigny,  de  Clauvaux  et  de  .Vlo- 
rimond.  par  laquelle  il  les  exhorte 
ù  vivre  en  paix   les    uns   avec    les 


autres.      «     Sinceritatis      affectus 
quos...  » 

.1.  Manrique,  Annal,  cisterc.  IV',  H.t.  — 
Jirc'tjuif/inj,  Tah.  dir.,  V,  52.    —    Potthast. 

843.  —  1216,  octobre.  —  Thi- 
baud IV,  comte  de  Champagne, 
en  récompense  des  services  de 
Lambert  de  Chàtillon,  et  notam- 
ment de  ses  fatigues  outre-mer, 
lui  donne  ce  que  lui  Thibaud 
avait  à  Rizaucourt,  et  la  place  où 
l'on  vend  les  cuirsà  Bar[-sur-.Aube]. 

Chantpveau.  Traité  des  fiels,  II,  S7.  — 
lliicliesne,    Hist.   de  la  maison  de  CliàtiUon, 

Pr.  ,..  ■:. 

Cal.  actes  des  Comtes  de  Champ.,  no  10;'l. 

844.  —  1216.  —  Guillaume, 
évétiue  de  Langres.  fait  connaître 
des  conventions  intervenues  encre 
le  monastère  de  Vauxbons  et  le 
doyen  et  le  chapitre  de   Langres. 

Gall.  christ,  nova,  IV,  instr.  col.  '-'01  ;  e.\ 
autoprrapho. 

lln}(/uigny,  Tab.  chr.,  V,  (!(;. 


—    1216. 


Simon,    sire 


de  Joinville,   accorde    des    droits 
de  pèche  à  l'abbaye  de  Clairvaux. 

Chtimpotlion,  Documents  inédits  sur  Jean, 
sire  de  Joinville.  (Docum.  hist.  extr.  de  la 
Bib.  Royale,  I,  (ilH.) 

846.  —  1216.  —  Guillaume, 
évéque  de  Langres,  atteste  que 
Foulque,  chevauer  de  Bourbonne, 
et  sa  temme  .Agnès,  ont  donné  à 
Reine,  Gillette  et  Sarah,  religieu- 
ses de  JuUy,  six  setiers  de  grain 
sur  les  tierces  de  La  Chapelle, 
pour  en  jouir  jusqu'à   leur   mort. 

JC.  Petit,  Cartul.  du  ]iricuré  de  Jully-los- 
Nonnains,  37  ;  d'ap.  orig.  Arch.  Cote-d'Or, 
fonds  Molème,  n"  -50.  —  Jobin,  Hist.  du 
prieuré  de  Jully-les-.N'onnains.  l'Ol  ;  d'ap. 
ovvx.  Arch.  Cole-d'Or,  prieuré  de  Jully,  U. 
-'au. 


847.     1216 

de  Bourgogne, 
mon,  seigneur 
ses  hommes  d' 
nonce,  en  faveu 
Longuay,  au  d 
prétendaient  av 
d'  «  trces  ». 

E.  Petit,  Hist.  d, 
163,  d'ap.  Arch.  Uau 
L'uav.  lui.   172. 


—  tude,  duc 
déclare  que  Si- 
de  Rochefort,  et 
hssarois  ont  re- 
I  des  religieux  de 
roit  d'usage  qu'ils 
oir    dans    le    bois 


ducs  de  Bourg.,  111, 
tc-Marnej  cartul.    Loa- 


RÉPERTOIRE    HISTORIQtjE    DE    LA    HAUTE-MAHNK 


'n 


848.  —  1216.  —  GLiillaume, 
évéque  de  I^aii^res,  atteste  diver- 
ses donntioiis  faires  par  Gui,  che- 
valier d'Ancy[-le-Franc].  aux  reli- 
gieuses de  Jully. 

Jobin.  Hist.  du  prieun'  de  Julh-Io-Noii- 
nain?.  2(i2  ;  d'av  ori;;.  Airli.  Càlc-d'Or, 
fonds  de  Fulvy,  H.  -^ÎO. 

849.  —  [1216.1  —  Lettre  du 
pape  Innocent  III  à  Tévéque  de 
i.angres  et  à  Gui,  abbé  de  Mori- 
mond,  par  laquelle  il  leur  expose 
ce  qu'Us  devront  exiger  de  l'ar- 
chevêque de  Besançon  pour  l'ex- 
piation de  ses  crimes. 

Manrique,  Annal.  Cinon-  ,  IV,  S2  ;  ad 
an.  1216.  —  Bréqiùriny.  Tal).  chr.,  V,  67. 

(C'est  peut-être  la  même  chose  que  la  bulli' 
du  2  janv.  1214,  n"  836  ci-dessus.  —  Cf.  n» 
S22.)' 

8>o.  —  1216  (v.  st.),  janvier. 
—  Guillaume,  évéque  de  1  angres, 
tait  savoir  que  Hugue  d'Acey, 
sur  le  point  de  partir  pour  Jéru- 
s.ilem,  a  renoncé,  en  taveur  de 
Tabbé  de  Saint-Bénigne  de  Dijon, 
à  ses  prétentions  conceriunt  «  Or- 
gelz  ». 

Pérard,  Recueil,  305:  ex  cartul.  S.  Beni- 
gni. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  61. 

851.  —  1217,  14  mars,  Latran 
(2  ides  mars,  an  I).  —  Lettre  du 
pape  Honorius  III  aux  abbés  de 
Citeaux,  Pomigny,  Clairvaux  et 
Morimond,  par  laïuelle  il  les  in- 
vite à  observer  l'accord  établi  en- 
tre eux  par  Nicolas^  évéque  de 
Tusculum,  légat  du  Saint-Siège, 
concernant  l'élection  des  abbés  de 
Pontigny.  Clairvaux^  La  Ferté  et 
Morimond.  «  Cum  nuper  in...  » 

A.  Manrique,  Annal,  cisterc.  IV,  100. — 
Bréquigny, 'Va.h.  cW.,  V,  Q'i.  —  Potthast, 
n»  5497. 

852.  —  1217,  II  avril  (^  ides 
avril).  —  Albéric.  archevêque  de 
Reims,  et  Guillaume,  évéque  de 
Chàions[-sur- .Marne] ,  confirment 
la  tondatioi  du  pri.'uré  d'Epineu- 
seval  (commune  de  Villiers-au- 
Bois)  par  Gui  de  Da  npierre,  com- 
plétée par  son  fils  Guillaume. 

Gall.    christ,   nova,  X,    insir.  col.    177-17S. 

853.  —   1217,  juin.  —  Henri, 


comte  de  Bar-le-Duc,  fait  savoir 
que  Cécile,  fille  de  Renier  de 
«  Pares  »  (Paroy.'),  a  donné  à  l'é- 
glise de  Bourg-Sainte-Marie  tout 
son  alleu  de  «  Votum  »  avec  40 
livres  de  provinois  forts. 

.A.  Tlii  Clmsyu;.  Hist.  dr  l.i  maison  de  Bar- 
le-Duc    Pr.   2:'.;  d'ap.  .■artni.   Midriin'. 

854.  —  121"^,  -loijc.  —  Guil- 
laume, évéque  de  L^^i  grès,  asso- 
cie Blanche  de  Navarre,  comtesse 
de  Champigne,  aux  droits  que 
l'abbaye  de  Saint-Bénigne  de  Di- 
jon lui  a  cédés  sur  Moiitigny| -le- 
Roi].  Le  prévôt  sera  nommé  d'un 
commun  accord  par  les  deux  par- 
ties ;  une  forteresse  sera  bâtie  à 
frais  communs. 

Teu/et.  Lavette^,  n"    12:^8,  d'ap.  Arch.nat. 
J.    103,    n"    9.  —  Cal.     acte»     des    C"     de  ' 
Cliainp.,  n"  1082. 

855.  —  1217,  août.  —  Guil- 
laume, évéque  de  Langres,  cède  à 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  à  son  filsThibaud 
ce  qi'il  a  à  Choignes,  et  reçoit  en 
échange  ce  qu'ils  avaient  a  Aube- 
pierre. 

Analyse,  Teulet,  Lavettes,  n"  1239. 
Cat.  actes  des   C"  de  Champ.,  n"  lOSL 

856.  —  1217,  décembre.  — 
Simon,  sire  de  Joinville,  donne 
des  lettres  de  non-préjudice  à 
l'abbaye  de  Saint-Urbain  qui  avait 
envoyé,  de  son  bon  gré,  des 
hommes  faire  le  guet  au  château 
de  Joinville. 

Diicanr/e,  Glossarium,  au  mot  ■<  Hordamen 
tum.  » 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville. 117  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  Saint- 
Urbain,  15«  liasse,  2'  partie. 

857.  —  1218,  27  janvier,  La- 
tran (6  kal.  fév.,  an  II).  —  Hono- 
rius III  écrit  à  [ConradJ,  abbé  de 
Valsecret,  à  [RaouP,  abbé  de  St- 
Jean  des-Vignes,  et  à  [Gui],  doyen 
de  Soi-sons,  que  [Garin],  évéque 
de  Senlis,  [Jean],  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  de  P.) ris,  et  [Jean], 
prieur  de  St-.VIartin-des-Champs, 
ont  enjoint  à  [Guillaume],  évé- 
que de  Langres,  d  inviter,  sous 
peine  d'excommunication  et  d'in- 
terdit, Erard  de   Brienne,  Philip- 


34 


REPERTOIRE   HISTORIQUE   DE   LA   HAUTE-MARNÈ 


piiie,  Milon  de  Noyers,  Miloii  de 
Saint-Florentin,  Simon  de  Clef- 
mont.  Simon  de  Sexfontaine. Rai- 
nard  de  Choiseul^  à  faire  avec 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  une  trêve  conforme 
aux  prescriptions  du  concile  géné- 
ral ;  que  révèque  de  Langres  a 
tait  cette  invitation  mais  n'a  dé- 
noncé ni  l'excommunication,  ni 
l'interdit.  Honorius  charge  les  deux 
abbés  et  le  doyen  de  ly  contrain- 
dre, soi's  peine  de  suspension. 
«  Ltrum  Christi  membrum...  » 

Ti'i(lrt,D"  1275.  a'ap.  J.  20'.i,  n»  17.  — 
Polthast,  n"  56711.  —  Cat.  iiclcs  dos  Comtes 
de  Cliaiiip,,  n"  1U'.)7. 

8)8.  —  I2i8,  II  février,  La- 
tran  (3  ides  tév.,  an  II).  —  Lettre 
du  pape  Honorius  III  aux  abbés 
de  Clairvaux,xVlorimond  et  Bourg- 
moyen  de  Blois,  par  laquelle  il 
leur  ordonne  d'aller  trouver  le 
Roi  et  de  lui  enjoindre  de  rendre 
à  l'évéque  d'Orléans  le  château  de 
c  Soliacum  »  et  de  taire  réparer 
les  dommages  causés  à  cet  évé- 
que.  (I  Oblata  nobis  venerabilis.. .  » 

A.  Manrlque,  Annal,  cisterc,  IV,  124.  — 
Rec.  Hisl.  Fr..  .\1.\',  (352.  —  Bri^i/uigny, 
Tab.  cbr.,  V,  82.  —  Potthast,  n"  5G1I8. 

859.  —  1218,  le-^juin,  Araance. 
Thibaud,  duc  de  Lorraine,  mar- 
chis,  comte  de  Metz  et  de  Dabo, 
revient  à  l'hommage  de  Blanche 
de  Navarre,  comtesse  de  Champa- 
gne, et  de  son  fils  Thibaud  ;  il 
s'engage  à  leur  venir  en  aide  con- 
tre Erard  de  Brienne.  En  cas 
d"inexécutio!i  de  ses  engagements, 
il  fera  la  réparation  que  détermi- 
neront Hugue,  duc  de  Bourgo- 
gne, et  Jean  d'.Arcis.  Il  donne  en 
gage  :  1°  à  Blanche,  les  fiefs  que 
tiennent  de  lui  le  comte  de  Bar- 
le-Duc  et  le  seigneur  de  La  Fau- 
che ;  2"  au  duc  de  Bourgogne,  le 
château  de  Châtenois. 

Godefroy,  Généal.  des  ducs  de  Lorraine, 
33.  —  Teulet,  Layettes,  n»  12'J3. 

Cat.  actes  des  C'*  de  Cbarop.,  n"  1117. 

860.  —  1218,  i*^^""  juin  [Aman- 
ce].  —  Hugue  de  La  Fauche  se 
porte  caution  de  l'exécution  des 
engagements  contractés  par  Thi- 
baud,  duc    de    Lorraine^    envers 


Blanche  de  Navarre^  comtesse  de 
Champagne. 

(.'hantcrimii.  Traité  des  liefs,  II,  97. 
Cal.  actes  des  Comtes  do  Champ.,  n°  1122. 

861.  —  1218,7  juin.  — Simon 
de  Joinville  déclare  que  son  droit 
héréditaire  à  la  sénéchaussée  de 
Champagne  ayant  été  reconnu  par 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  son  fils  Thibaud 
IV,  il  est  revenu  à  leur  hommage 
et  les  aidera  contre  Erard  de 
Brienne.  Pour  gage  de  sa  fidélité, 
il  leur  reconnaît  le  droit  de  con- 
iisquer  la  mouvance  de  La  Fau- 
che, leur  donne  en  otage  son  fils 
Geotiroi,  et  livre  son  château  de 
Joinville  à   l'évéque  de  Langres. 

Chanti'reau,  Traité  des  fiefs,  II,  32.  — 
Martcne,  Anecd.,  I,  8R5.  —  Cat.  actes  des 
C'-"'^  do  Cbanip.,  n"  1124. 

862.  —  1218^  juin  (7). — Blan- 
che de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  Thibaud  IV,  son 
fils,  constatent  l'existence  des  con- 
ventions ci-dessus, 

.^/énarrf,  Joinville,  285'.  — />!/ca7(g'e,  Join- 
ville, 367  ;  d'ap.  Ménard.  —  Chantereau, 
Traité  des  fiefs,  II,  94,  95.  —  Didot,  Mém. 
de  Joinville,  p.  CXI.  —  Cat.  actes  des  C" 
de  Champ.,  n»  1125. 

863.  —  1218  [7]  juin.  — Guil- 
laume, évèquede Langres,  déclare 
avoir  reçu  en  gage  le  château  de 
Joinville.  Il  le  livrera  à  Blanche 
de  Navarre^  comtesse  de  Cham- 
pagne, dans  le  cas  où  Simon  de 
Joinville  ne  remplirait  pas  ses 
engagements. 

(lianlenmu.    Traité    des  fiefs,    II,  90.  — 
D.  Marténc,   Veter.  monum.,  I,  1134. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n»  1126. 

864.  —  1218,  15^  juin.  — 
H[aimardJ,  évéque  de  Soissons, 
R[aoul]^  abbé  de  Saint- Jean-des- 
Vignes,  G[ui],  doyen  de  Soisson.s, 
qui  avaient  donné  à  Guillaume, 
evéque  de  Langres,  Tordre  d'ex- 
communier Simon  de  Châteauvil- 
lain  et  de  mettre  sa  terre  en  in- 
terdit, chargent  cet  évéque  de  le- 
ver l'excommunication  et  l'in- 
terdit. 

Chantereau,  Traité  des  fiofs,  II,  80. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n»  1131. 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE   LA    HAUTE-MARNE 


35 


865.  —  1218,  juin.  —  Hugue 
de  La  Fauche  reçoit  en  fiet,  de 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  20  hvres  de  rente  sur 
les  Foires  de  Bar  ;  il  promet  de 
l'aider  de  son  château  de  La  Fau- 
che contre  toute  personne,  et  de 
ne  pas  revenir  ;i  l'hommage  de 
Simon  de  Joinville  sans  Ihom- 
mage  de  ladite  Blanche. 

CUantereau,  Traili;  des  liefs.  Il,  '.•?. 
Cat.  actes  des  G'"'  de  Champ.,  n"  H2;i. 

866.  —  1218,  16  juillet.  — 
Jean,  seigneur  de  NuUy,  fait  sa- 
voir que  Vilain  de  NuUy,  son 
père,  a  donné  à  l'abbaye  de  Bou- 
lancourt  un  muid  de  blé  à  rece- 
voir chaque  année  à  Mesnil-sur- 
Saulx.  Il  approuve  ce  don  et  dé- 
fend à  Guillaume  de  Vergy,  mari 
de  sa  sœur,  de  tourmenter  à  ce 
sujet  les  religieux  de  Boulancourt. 

A.  Du  Chesiie,  Hist.  de  la  maison  de  Ver- 
gy, Pr.  p.,  308  ;  extr.  du  cartul.  de  Boulan- 
oouit. 

Iiréquiguy,  Tab.  ciir. .  V,  Vo. 

867.  —  1218,  23  juillet.  — 
Hugue  de  La  Fauche  fait  hom- 
mage à  Blanche  de  Navarre,  com- 
tesse de  Chanipagne,  et  à  son  fils 
Thibaud  IV,  pour  La  Fauche  et 
tout  ce  qu'il  tenait  ^de  Simon  de 
Joinville. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  II,  33. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1142. 

868.  —  1218,  juillet,  —  Her- 
mengarde,  dame  de  Montclair, 
renonce  à  son  douaire  pour  le  cas 
où  elle  se  remarierait  après  le  dé- 
cès de  Simon  de  Joinville,  son 
mari.  Jusqu'à  ce  que  son  fils 
GeotlVoi  (depuis  seigneur  de  Vau- 
couleurs)  ait  quinze  ans^  elle 
jouira  de  tout  l'héritage  ;  puis 
elle  se  contentera  de  son  douaire, 
si  son  fils  l'exige. 

Bidot,  Joinville,  p.  CXIII,  lettre  C. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1140. 

869.  —  1218,  juillet.  —  Simon, 
sire  de  Joinville,  renonce,  en  fa- 
veur de  l'abbaye  de  Saint-Urbain, 
au  gite  de  Watrignéville,  sous  la 
réserve  de  ses  droits  d'avouene  ; 
il  donne   des  droits   de  pâturage 


aux    habitants    de    Blécourt  ;    un 
homme  de  Vaux  à    l'abbaye,  etc. 

/.  Siinonnut,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, Ils  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  Saint- 
Urhain,  H>'  liasse,  1"""  partie. 

870.  —  1218,  juillet.  —  Erard, 
seigneur  de  Chacenay,  donne  à 
l'abbaye  de  Longuay  tout  ce  qu'il 
avait  au  terrage  de  Cour-l'Evéque. 

Lalore,  Les  Sires  de  Chiicenui/,  p.  46-47, 
d'ap  Arch.  Haute-Marne,  larlul.  Lon^uav, 
fol.  82. 

871.  —  1218,  20  décembre, 
Latran  (13  kal.  janv.,  an  III).  — 
Honorius  III  confirme  la  décision 
d'[Haimard],  évéque  de  Soissons, 
de  Rfaoul],  abbé  de  Saint-Jean- 
des-Vignes,  et  de  [GuiJ,  doyen  de 
SoissonSj  qui  ont  relevé  Simon  de 
Joinville  et  Simon  de  Chateauvil- 
lai:i  des  censures  portées  contre 
eux,  avec  cette  réserve  que  ces 
censures  reprendront  leur  eflet 
si  les  deux  absous,  recommen- 
cent la  guerre  contre  Blmche  de 
Navarre,  comtesse  de  Champa- 
gne. <i  Significarunt  nobis  nobi- 
iis...   » 

Kec.  Hist.  de  France,  XIX,  674.  —  Pot- 
thast,  n»  5047.  —  Cat.  actes  des  C"  de 
Ctfamp.,  n"  1172. 

872.  —  1218.  —  Guillaume, 
évéque  de  Langres,  approuve  le 
don  des  dîmes  de  Malain  (Ma- 
clein)  fait  à  l'abbjye  de  Buxièrcs 
par  Hervé,  fils  de  Gautier  de 
Sombernon,  avec  l'assentiment 
de  son  trère  Gautier  et  de  sa 
mère  Jacquette. 

Chif/let,    S.    Bernard!  genus,  408  ;  ex  ta- 
bul.  Buxer.,  part.  XIII,  cart.  I. 
Bréquirjny,  Tab.  chr..  V,  KXs. 

873.  —  1218.  —  Jacques, 
doyen,  et  le  chapitre  de  Langres, 
approuvent  et  confirment  la  foii- 
dation  de  l'abbaye  du  Val-des- 
Choux. 

Gall.  christ,  nova",  IV,  instr.  col.  202^ 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  108. 

874.  —  1218.  —  Ponce  de 
Grancey  donne  à  l'abbaye  d'Au- 
berive  une  anée  de  blé  sur  le 
moulin  de  Santenoge.  Approba- 
tion de  sa  femme  .Alix  et  de  ses 
fils  Eude  et  Simon. 


S6 


RÉPERTOIRE    iriSTORIQtJE    DE   LA    HAtJTE- MARNE 


K.  Pelii,  Hist.  des  dues  di'  liourf/.AU. 
471,  (i'ap.  Arch.  Haute-Marne,  oarlul.  Au- 
lierive,  1.  626. 

875.  —  1218.  —  R.,  comte 
de  Montbéliard,  se  déclare  piège 
ciiver.s  Th.,  duc  do  Lorraine,  de 
cenc  marcs  qui  devront  être  payés 
par  Simon  de  Joinville,  dans  le 
mois  qui  suivra  Pâques,  si  à  la 
réquisition  du  duc  ledit  Simon  ne 
tient  pas  la  fidélité  qu'il  lui  a  pro- 
mise. 

,/.  SiJiwnnet,  E.-sai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 111-112  ;  il'ap.  Arch.  Meuse.  carlulairL'. 
B.  256,  fol.  eOS.  V". 

876.  —  1218.  —  Simon,  sire 
de  Jcinville.  donne  à  fabbaye 
\.-D.  d'Ecurey  un  cens  de  21 
sous  qu'elle  lui  devait  sur  ses  vi- 
gnes de  Joinville.  Il  l'autorise  ;'i 
vendre  à  Joinville  ses  vins  de 
Colombe,  à  l'époque  où  les  habi- 
tants de  Joinville  ont  la  faculté 
de  vendre  leurs  vins  de  prove- 
nance étrangère. 

J.  Simonnet.  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
\ille,  113  :  dap.  Archives  de  la  Meuse,  fonds 
d'Ecurey. 

8'7'7.  —  12 19,  avril.  —  Simon 
de  Clefmont  revient  à  l'hommage- 
lige  de  B'anche  de  Navarre,  com- 
tesse de  Champagne,  et  de  son 
lilsThibaud;  il  leur  abandonne  ce 
qu'il  avait  à  MontignyL-le-Roi]  et 
;i  Ageville,  et  reconnaît  tenir 
d'eux  Is[-en-Bassigiiyj,  ce  qu'il  a  à 
la  Ferté|-sur-Aube  ,  sa  rente  sur 
les  foires  de  Champagne  et  ce 
qu'il  possède  à  Vendeuvre  (.Aube). 

Teulet.  Layettes  du  Trésor  des  chartes,  n" 
i:?t3.  —  Chaiitereau,  Traité  des  fiefs,  II,  37, 
l()r)-lll6.  11'.?.  —  Cat.  actes  C'"'  de  Champ., 

n"  ll'.M. 

878.  —  1219.  mai-  —  ^"-'.'i- 
laume,  évcque  de  Langres,  notifie 
que  Urric  de  Marac  a  approuvé  la 
donation  faite  par  son  frère  Re- 
nier aux  religieux  de  Longuay  de 
partie  de  la  dîme  de  Marac. 

E.  Petit,  y/i«/-  drs  ilucs  <lc  linurp..  IV, 
171,  d'a(>.  Arcli.  llauli'-Marne.  ciirlul.  I.on- 
ïçuay,  fol.  170. 

879.  —  1219,  27  juillet  (sa- 
medi après  la  Madeleine).  — 
louis  (sic),  évéque  de  langres, 
donne  à  Jean,  seigneur  d'.Arentiè- 


res  (Aube),  la  permission  d'éta- 
blir une  chapelle  dans  sa  maison 
d'.Arentières,  et  d'y  fonder  deux 
chapellenies,  pour  chacune  des- 
quelles il  assignera  et  fera  amor- 
tir une  rente  de  15  livres. 

J  Petit,  Theodori  P.i-nitentiale,  11,  109  : 
ex  cartul.  ercl.  Linqon. 

lirrqnirimj,  Tah.  chr.,  V.  119. 

880.  —  1219,  octobre.  —  Re- 
nier de  Nogent[-le-RoiJ  cède  à 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  à  son  fils  Thibaud 
la  colline  dite  Chastelier  d'Ande- 
lot,  ce  qu'il  avait  à  .Morteau  et  ses 
prétentions  sur  la  garde  de  Tab- 
baye  de  Septfontaines.  11  reçoit  en 
échange  ce  que  Blanche  et  Thi- 
baud avaient  à  Ageville  et  à 
Coudes. 

Teulet.  Layettes,  n"  1366  ;  analyse  d'a- 
près Arch.  nat..  J.  -01,  n"  8. 

Cal.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1232. 

881.  —  1219,  novembre.  — 
.Arnoul  de  Cirey  abandonne  à 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  à  son  fils  Thibaud, 
ce  que  lui  et  ses  hommes  avaient 
sur  la  montagne  d'Ar.delot,  no- 
tamment sur  le  plateau  où  i'on 
doit  créer, un  hurgiim. 

Analyse,  Teulet,  Layettes,  n"  1309.  — 
Cat.  actes  des  C^"  de  Champ.,  n"  123S. 

882.  —  J219.  —  Alix,  du- 
chesse de  Bourgogne,  concède aux 
religieux  de  Longuay  tout  ce  qu'ils 
ont  acquis  de  Sim')n,  seigneur  de_ 
Châteauvillain,  mouvant  du  fief 
de  la  duchesse,  dans  les  deux  vil- 
lages de  Dancevoir.  Elle  a  reçu 
cent  libres deprovenisiens,  qu'elle 
a  employées  en  l'acquit  de  son 
mari  le  duc  Eude. 

E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  IV. 
17.Ô,  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  cartul.  Lon- 
iruay.  fol.  191. 

883.  —  1219,  décembre.  — 
Hervée,  évéque  de  Troyes,  dé- 
clare que  Simon  de  0  Tegnium  » 
a  donné  à  Montier-ea-Der  le  quart 
de  la  grosse  dîme  de  Villeret 
(Aube),  et  Renaud,  prêtre,  le  hui- 
tième de  la  dîme  de  Chavanges 
(Aube),  etc. 

I.alore.  Priucip.  carlul.,  IV,  222  ;  d'ap.  2' 
cartul.  MoMtier-cn-Dcr,  fol.  2(.i.  v». 


I 


REPERTOIRE    HlSTOllIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


37 


884.  —  1219.  —  Olivier,  sire 
de  Dronny  (Marne),  avait  traduit 
les  religieux  de  La  Chapelle[-aux- 
Planches],  pour  diverses  réclama- 
tions^ devant  un  tribunal  com- 
posé de  Guillaume,  prieur  de 
Margerie  et  ancien  abbédeCluny, 
Albéric,  prieur  de  Rosnay  (Aube)^ 
et  Nicolas,  doyen  de  Margerie 
(Marne),  juges  désignés  par  le 
pape.  Il  fait  abandon  de  ses  pré- 
tentions, sauf  de  celle  qui  était 
relative  à  un  demi-muid  de  blé, 
lequel  n'avait  pas  été  payé  pen- 
dant le  temps  que  la  grange  de 
Laval-le-Comte  avait  été  détenue 
par  Gui  de  Dampierre. 

Oric;.  Arcli.  Haute-Marne.  • 

Lalore,  Princip.  cart.,  IV,  41  ;  d'ap.  car- 
tul.  La  Chapelle,  fol.  11,  v«. 

885.  —  1219.  —  Les  juges 
délégués  par  le  pape  pour  tran- 
cher un  différend  entre  l'abbaye 
de  La  Ch3pelle[-aux-Planches]  et 
Olivier,  sire  de  Dronay,  font  con- 
naître la  conclusion  de  cette  af- 
faire. 

Oriç.  Arch.  Ilaute-Marne. 
Extrait  Za/ore,  ï'rineip.    cartul.,    IV,    45; 
d'ap.  cartul.  La  CLapelle,  fol.  12,  r". 

886.  —  1219.  —  Emeline 
[de  Broyés],  dame  de  Chacenay, 
approuve  la  vente  des  deux  Dan- 
cevoir.,  que  Simon,  seigneur  de 
Châteauvillain,  son  trère,  a  faite 
aux  frères  de  Longuay. 

Lalore,  Les  sires  et  les  barons  de  Chiice- 
iiay,  p.  49. 

É.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  IV, 
177,  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  oartul.  Lon- 
1,'uay,  fol.  IGU. 

887.  —  1219. — -Eude,  seigneur 
de  Giancey,  donne  aux  frères  d'Au- 
berive  deux  setiers  de  blé  sur  ses 
revenus  de  Chalancey,  à  perce- 
voir avec  les  cinq  seciers  dûs  cha- 
que année  en  vertu  d'une  dona- 
tion de  son  frère  Ponce. 

_E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  IV, 
17s,  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  cailùl.  Au- 
berive,  II,  559. 

888.  —  1219.  —  Elisabeth, 
dame  de  Châteauvillain,  et  son 
fils  bimon,  tont  savoir  que  Haton, 
autrefois  prévôt  de  Broyés,  a 
donné,  en  leur  présence,  aux  reli- 


gieux du  Reclus,  tous  les  reve- 
nus et  coutumes  qu'il  avait  au 
Talus  et  à  Montfoubert  jusqu'à  la 
rivière  de  «  Ballein  ». 

Notilia  ordin.  cisterc,  part.  I,  p.  58.  — 
J)uchesue,  Hist.  de  la  maison  de  Broyés  et 
CluUeauviliain,  Pr.  p.  19. 

/Iréquignij,  Tab.  clir.,  V,  131. 

889.  —  1219.  —  Simon,  sei- 
gneur de  Châteauvillain,  approuve 
les  dons  faits  par  son  père  Hu- 
gue,  autrefois  seigneur  de  Broyés, 
à    l'abbaye  de  N.-D.  d'Andecy. 

A.  Du  Chesnr,  Hist.  de  la  maison  de  Broyés 
et  Cliàteauvillain,  Pr.  p.  32  ;  ex  cartul. 
abbat.  Andeciaruni. 

Bréquigng,  Tab.  Mir.,  V,  131. 

890.  —  12 19.  —  Hugue,  sei- 
gneur de  Beaumont,  tait  savoir 
que  Othon  de  Ruffey,  avec  l'as- 
sentiment de  sa  femme  Ameline, 
a  donné  à  l'église  Saint-Mammès 
et  à  Hugue,  évéque  de  Langres, 
tout  ce  qu'il  avait  dans  la  chàtel- 
lenie  de  Moiitsaugeon.  «  .Actum 
anno  domini  MCCXXIX.    > 

{lÂseï  :  MCCXLX,  comme  dans 
la  marge.) 

A.  Ducliesne,  Hist.  de  la  maison  de  Vergy, 
Pr.  p.  398  ;  extr.  du  livre  des  fiefs  de  l'évèché 
de  Langres, 

Bréquigny,  Tab.  «br..  V,  131. 

891.  —  1219.  —  Guillaume, 
évéque  de  Langres,  déclare  que 
Simon  de  Bricon  a  donné  aux  frè- 
res d'Auberive,  pour  le  cas  où  il 
ne  reviendrait  pas  d'Outre-mer, 
la  moitié  des  prés  de  Biix,  que 
son  père  Etienne,  chevalier^  avait 
donnée  en  gage  auxdits  religieux. 
.Approbation  de  ses  frères  Guil- 
laume, Renier  et  Milon. 

E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  d'ap. 
Arcb.  Haute-Marne,  cartul.  Auberive,  II, 
107. 

892.  —  1219.  —  Alix,  du- 
chesse de  Baurgogne^  reconnaît 
avoir  reçu  des  religieux  de  Lon- 
guay cent  livres  de  proveiusiens 
pour  la  confirmation  de  la  vente 
des  deux  Dancevoir  à  eux  faite 
par  Simon,  seigneur  de  Château- 
villain. 

?..  Pftit,  Hist.  lies  duc.'i  de  Bourg.,  IV, 
179,  da[i.  Arcb.  Haute-Marne,  cartul.  Imh- 
guay,  fol.  191, 


3<^ 


RÉPERTOIRE   HISTORIQUE   DE   LA   HAUTE-MARNE 


893.  —  121 9.  —  Alix,  du- 
chesse de  Bourgogne,  rappelle  que 
sou  mari  Kude,  duc  de  Bourgo- 
gne, a  donné  au  chapitre  de  Lan- 
gres  dix  livres  de  Dijon  sur  le 
péage  de  Chàtillon(-sur-Seine)  à 
toucher  le  jour  des  Rameaux  de 
chaque  année.  Elle  y  ajoute  cent 
sous,;\  prendre  sur  le  même  péage 
et  à  la  même  époque,  pour  l'anni- 
versaire de  .sondit  mari. 

D.  Plancher.  Hist.   ào   Bourg.,  Il,  Pr.  i>. 
7  ;  ex  cartul.  capit.  I-ing. 
Bréquigmj.  Tah    ihr.,  V,  133. 

894.  —  2219.  —  Hugue, 
abbé  de  Béze,  et  tout  le  couvent, 
vendent  au  chapitre  de  Langres 
leur  clos  de  vigne  de  Gevrey, 
moyennant  600  livres  d'esteve- 
nants. 

D.    Plancher.  Hisl.  de  Bourg.,  I,   Pr.   p. 
101  ;  ex  carlul.  capit.  Liniî. 
Brégiiir/in/,  Tah   ilir..  V.  Kiiî. 

89Ç.  —  121 9.—  Guilenc  (sic)^ 
évéque  de  Langres,  fait  savoir 
que  Simon  de  Bricon  a  donné  à 
l'abbaye  d'Auberive,  pour  le  cas 
où  il  reviendrait  de  Jérusalem, 
moitié  des  prés  que  son  père 
ttienne,  chevalier,  avait  engagés 
aux  religieux. 

Ch.  Boi/er,  Cliarte?  roncprnant  l'abliaye 
il'AubLTive.  (Bullelin  de  la  Société  liiH.  et 
arcliéol.  de  Langres,  II,  120.) 

896.  —  1219.  —  Jacques, 
doyen  de  Langres,  représentant 
du  diocèse,  déclare  que  Josbert 
de  Chacenay,  chevalier,  a  donné 
aux  religieux  de  I  onguay,  de- 
meurant à  Rouvre,  tout  l'usage 
au  finage  de  Coulmier   et   de   Li- 

g'iy- 

Lalore,  Sires  de  Chacenay,  p.  4'J-5U, 
il'ap.  Arili.  Haute-Marne,  cartul.  Longuay, 
loi.  4'-'. 

897.  —  1220,  juillet.  —  Her- 
vée,  évéque  de  Troyes,  déclare 
que  Geotîroi  de  Vassy,  chevalier, 
et  Fromond,  clerc,  son  fils,  lui 
ont  remis  le  tiers  de  ce  qu'ils 
avaient  dans  la  grosse  dîme  de 
Crespy  (Aube),  et  qu'il  l'a  trans- 
mise a  Bavon,  prieur  de  Montier- 
en-Dtr. 

I.alore,  Priiicip.  cartul.,  IV,  222  ;  d'à]).  2* 
cartul.  Montier-en-Der,  loi.  18,  r". 


898.  —  1220,  août.  —  Simon, 
seigneur  de  Sextontaine,  recon- 
naît que  sa  forteresse  de  Sexton- 
taine  est  jurable  et  rendable  à 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  à  son  fils  Thibaud 
IV. 

Chaiiterean.  Traité  ao>  fief?,  II,  121.  — 
ïeulet,  Layettes,  n°  1401,  <rap.  Aroli.  nat., 
J.  19:î,  n°  12. 

Cat.  actes  des  C^*»  de  Champ.,  n"  12S7. 

899.  —  1220,  septembre.  — 
Simon,  sire  de  Joinville.  et  le 
chapitre  de  Saint-Laurent  dudit 
Joinville,  choisissent  Guillaume, 
archevêque  de  Reims,  pour  arbi- 
tre de  leurs  diflérends  au  sujet  de 

la  collation  des  prébendes. 
• 

/.  Sitnonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 124  ;  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  cartul. 
de  Saint-Laurent  de  Joinville,  n"  .\XV1II, 

900.  —  1220,  17  décembre. 
—  Transaction  passée  en  présence 
du  seigneur  de  Jonvelle,  entre  les 
abbés  et  couvent  de  Saint-Béni- 
gne de  Dijon,  et  Gérard,  cheva- 
lier, dit  Machecroûte,  concernant 
l'avouerie  d'Entonveile^.  et  des 
préjudices  causés  auxdits  reli- 
gieux par  Gérard,  audit  lieu  d'En- 
fonvelle.  Les  deux  tiers  des 
amendes  appartiendront  au  prieur, 
et  l'autre  tiers  à  l'avoué. 

Pérard,  Recueil,  323  ;  ex  cartul.  S.  Beni- 
gni. 

Bréquigmj,  Tal..  clir.,  V,  147. 

901.  —  1220,  décembre.  — 
Henri, comte  de  Bar-le-Duc, prend 
envers  Agnès,  mère  de  Gilbert 
de  Chaumont,  sergent  de  Blanche 
de  Navarre,  comtesse  de  Cham- 
pagne, et  envers  Pierre,  filsd'.Ag- 
nès,  l'engagement  de  ne  rien  exi- 
ger d'eux  au-delà  de  ce  que  per- 
mettent les  coutumes  de  Saint- 
Thiébaut.  Blanche  de  Navarre  en 
est  caution. 

riiantereau,  Traité  des  (iefs,  II,  122. 
Cat.  actes  des  C*"  de  Champ.,  n"  1304. 

902.  —  1220,  mars.  —  Hu- 
gue, évéque  de  Langres,  tait  sa- 
voir que  son  frère  Jean  de  Mont- 
réal, seigneur  de  Tart,  a  donné 
aux  religieuses  de  Tart  une  terre 
que  ses  hommes  tenaient  près   de 


RÉPERTOIRE   HISTORIQUE   DE    LA.    HAUTE-MA.RNE 


39 


la  grange  de  Bauveoir  ^commune 
de  Saligny-en-Terre-Plaine,  Yon- 
ne), et  d'autres  choses. 

D.  Plancher,  Hist.  de  Bourg.,  II,  Pr.  p. 
101  ;  ex  archiv.  abl.at.  de  Tart.  —  C"  di: 
Chastellux,  Hist.  sénéal.  de  la  maison  do 
Chastellux,  300,  d'ap.  Archive.s  de-;  Béaédic- 
tines  de  Tart.  —  Bréquigny,  TaL.  ihr.,  V, 
135. 

90^.  —  1220.  —  Eude,  sei- 
gneur de  Grancey,  déclare  qu'E- 
tienne de  Magny,  chevalier,  sa 
femme  Guillaume,  et  leurs  hom- 
mes lie  Vaillant,  ayant  été  ex- 
communiés pour  avoir  violem- 
ment envahi  le  bois  des  frères 
d'Auberive^  appelé  Malmont,  fi- 
nage  d'.Arcfraict,  où  ils  se  préten- 
daient un  droit  d'usage,  ont  fait 
amende  honorable. 

E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  IV, 
187,  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  carlul.  Aubf- 
rive,  I,  500. 

904.  —  1220.  —  Hugue, 
évéque  de  Langres,  confirme  une 
décision  de  Gautier  (sic),  l'un  de 
ses  prédécesseurs,  de  l'an  1182, 
qu'il  rapporte,  relative  au  droit 
exclusif  de  l'abbaye  de  Saint-.Vli- 
chel  de  Tonnerre  de  posséder  un 
cimetière. 

C»  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  diastellux,  p.  301,  d'ap.  coUect. 
Bourg.  T.  LXXIV,  p.  219. 

* 

90^.  —  1220.  —  Hugue, 
évéque  de  Langres,  confirme  le 
don  fait  par  Gui,  fils  de  Bernard 
d'Epoisse,  chanoine  de  Langres  et 
d'Auxerre,  aux  religieux  de  Fon- 
tenay,  de  tout  ce  qu'il  avait  à 
Marmagne  (Côte-d'Or). 

Chifflet,  S.  Bemardi  genus,  555  ;  ex  ta- 
bul.  Fonten.  —  C"  de  Chastellux,  Hist. 
généal.  de  la  maison  de  Chastellux,  300, 
d'ap.  cartul.  de  Fontenay,  n"  LV.  —  Bré- 
quigny,  Tab.  chr.,  V,  15Ï. 

906.  —  1220.  —  Hugue, 
évéque  de  Langres, fait  savoir  que 
Manassès,  seigneur  de  Pougy 
(Aube),  a  donné  aux  religieuses 
de  Juily  le  sixième  des  dîmes  de 
Polisot  (Aube). 

E.  Petit,  Cartulaire  du  prieuré  de  Jullv- 
les-Nonnains,  38;  d'ap.  orig.  Arch.  Côle-d'Or, 
fonds  Molème,  n"  250.  —  Jobin,  Hist.  du 
prieuré  de  Jully-les-Nonnains,  260  ;  d'ap. 
origin.  Arch.  Côte-d'Or,  H.  250. 


907.  —  1221,  25  janvier,  La- 
tran  (8  Ical.  fév.,  an  V).  —  Bulle 
du  pape  Honorius  III  adressée 
aux  évèques  de  Langres  et  de  Va- 
lence, et  à  l'abbé  de  Cluny,  par 
laquelle  il  leur  prescrit  de  s'en- 
quérir de  la  vie  et  des  miracles 
de  Robert^  abbé  de  Molème, 
dont  on  demandait  la  canonisa- 
tion. «  Gloriosus  Deus  in...  » 

Gall.  clirist.  nova,  IV,  instr.  col.  203.  — 
Duche.ine,  Bibliolh.  ciuniac,  col.  125  ;  ad  an. 
1221.  — •  Manrique,  Ann.  cisterc,  IV,  213  ; 
ad  an.  1222,  sans  notes  chronologiques.  — 
Uréqulgmj,  Tab.  chr.,  V,  148;  ad  an.  1220. 
Ibidem,  V,  196,  ad  an.  1222,  d'ap.  Manri- 
([ue.  —  Pottliast,  n°  d527. 

908.  —   1220  (v.  st.),  février. 

—  Hugue,  évéque  de  Langres, 
atteste  et  confirme  comme  suze- 
rain le  don  que  Lamb.Tt  de  Châ- 
tillo.i  a  fiii,  aux  religieuses  de 
Jully,  de  20  sous  de  rente  à  pren- 
dre sur  les  dix  livics  qu'il  avait 
dans  h  venti  de  Ciiàtillon[-sur- 
SeineJ. 

E.  Petit,  Cartui.  du  prieuré  de  .lully-les- 
Nonnains,  39  ;  d'ap.  Arch.  Cote-d'Or,  orig. 
fonds  Molénip,  n°  250.  —  Joliin,  Hist.  du 
prieuré  de  Jully-les-Nonnains,  266  ;  d'ap.  orig. 
Arch.  CiHe-d'Or,  prieuré  de  .fully,  H.  250. 

909.  —  1220  (v.  St.),  février. 

—  Hugue,  évéque  de  Langres, 
fait  un  traité  avec  Gautier,  évé- 
que d'Autun.  au  sujet  des  excom- 
muniés. 

A.  de  Charmasse,  Carlul.  de  l'évèché 
d'Autun.  260. 

910.  —  I22T,  29  mai,  Latran 
(4  kal.  juin,  an  V).  —  Lettre  du 
pape  Honorius  III  à  l'abbé  et  au 
couvent  de  Septfontaines,  par  la- 
quelle il  leur  permet  de  nommer 
des  religieux  de  leur  abbaye  au 
gouvernement  des  paroisses  qui 
sont  à  leur  présentation,  lorsqu'il 
se  produira  des  vacances,  en  sorte 
qu'ils  dépendront  de  l'abbé  pour 
le  temporel,  et  de  l'évéque  pour 
le  spirituel.   «  Id  nec  petitur...   » 

Hugo,  Annal.  Prœmonstr.,  Pr,  II,  col. 
493. 

Brrquignrj,  Tab.  chr.,  V,  160.  —  Pot- 
tliast, n°  6670. 

911.  —  122  1,  juin.  —  Ar- 
noulf,  maître  de  xVlorme.it,  et 
tout  le  couvent,  déclarent   qu'au- 


40 


RÉPERTOIRE   HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


cune  de  leurs  niaisons  ne  peut 
sortir  de  leurs  mains  sans  l'assen- 
timent de  rés'èque  de  Langres, 
et  que  leur  maison  de  Pelo  igeroc, 
tenue  contre  leur  volonté  par 
maicre  Frédéric,  chanoine  de  l.an- 
gres,  devra  être  saisie  par  l'é- 
véque. 

/.  Petit,  Theoilori  l'oMiiu-ntiale,  II.  G41  ; 
l'X  ciiitul.  eccles.  Lini;. 

Urt-quiijiuj,  Tali.  tlir.,  V,  1(31. 

912.  —  1221,  août.  —  Gui 
[de  Joinville|,  seigneur  de  Sailly, 
tait  à  Blanche  de  Navarre,  com- 
tesse de  Champagne,  et  n  son  fils 
Thibaud,  hommage-lige  du  fiet 
de  Jully[-sur-Sarcc]  qui  lui  est 
échu  du  chef  de  sa  femme,  fille 
de  feu  Gui  de  Cliappjs.  l.e  châ- 
teau et  le  bourg  de  Jully  sont  ju- 
rables  et  rendables  a  Blanche  et 
à  Thibaud. 

Chantereau,    Traité  dos  liefs,   II,  128.  — 
Teulet,  Layettes,  u°  1467  ;  analyse. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1330. 

913.  —  I22I,  août.  —  Hu- 
gue,  évèque  de  Langres,  agissant 
au  nom  des  religieux  de  Béze, 
vend  le  droit  de  mainmorte  aux 
habitants  du  lieu. 

C'«  de  Chastellux,  Hist.  géUBal.  de  la  niiii- 
son  de  Cliasteliux,  306,  d'ap.  arcliiv.  cuiiim. 
de  Bèze. 

914.  —  I22I,  décembre.  — 
Gautier,  sire  de  Vignory,  donne 
au  prieuré  de  Champcourt  tout 
ce  qu'il  avait  au  moulin  des  con- 
vers  de  Champcourt,  situé  sur  la 
Biaise. 

J.  d'Arbaumonl,  Cartul.  de  Vignory,  213  ■. 
d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  2"  cartul.  de  Mon- 
tier-en-Uer,  fol.  7'J,  V. 

015.  —  I22I,  décembre.  — 
Simon,  sire  de  Joinvihe,  se  re- 
connaît homme-lige  du  comte  de 
Bar  pour  les  fiets  qu'il  en  a  reçus, 
savoir  :  Biencourt,  Ribeaucourr, 
Bures, Germay,  Juvigny  (.Meuse). 

J.  Simoniict,  E---^ii  sur  les  sire*  de  Joiu- 
ville,  111  ;  d\ip.  Arcli.  de  U   .M(;urtlie. 

916.  —  I22I.  —  Hugue,  évé- 
que  de  Langres,  promet  aux  ha- 
bitants de  Beze  de  faire  approu- 
ver par  le  pape  leur  charte  de 
franchise. 


t''«  Je  Chastellux,  llist.  eéiiéal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  307,  d'ap.  archiv. 
comui.  di'  Uûzci. 

917.  —  I22I.  —  Hugue,  évè- 
que de  Langres,  coniirme  l'abbé 
de  Saint- Ltienne  de  Dijon  dans 
ie  droit  de  nommer  et  de  desti- 
tuer les  chanoines  de  cette  abbaye 
mis  à  la  tète  des  églises  qui  en 
dépendaient,  réservé  le  droit  de 
l'église  de  Langres. 

C"  de  Cliasteliux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  307,  d'après  le  cartul. 
de  S'-Etienne  de  Dijon,  11,  n"  IV. 

918.  —  I22I.  —  Renard, sei- 
gneur de  Choiseul,  déclare  avoir 
assigné  à  titre  de  douaire,  à  sa 
tem.iie  .Alix  [de  Dreux]^  dame  de 
Salins,  le  château  de  Choiscul  et 
moitié  de  la  terre. 

A.  Bu  Cliesne,  Hist.  de  la  maison  de 
Dreux,  Pr.  p.  26i  ;  ex  regest.  feod.  episc. 
Ling.  —  Guillaume,  Hist.  généal.  des  sires 
de  Salins,  I,  Pr.   p    101. 

Bréquiyny,  Tab.  chr.,  V,  173. 

919.  —  I22I.  —  Hugue,  évè- 
que de  Langres,  fait  savoir  que 
Gui  de  «  Corz  »  (con:imune  de 
Noyers,  Yonne),  damoiseau,  a 
donné  aux  ^rères  de  N.-D.  de 
Bissy  tout  ce  qu'il  avait  dans  la 
dime  dudic  Bissy. 

C»  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  305^  d'ap.  cartul.  du 
Val-des-Choux,  p.  498. 

920.  —  I22I.  —  Hugue,  évè- 
que de  Langres,  à  la  demande 
d'Alix,  duchesse  de  Bourgogne, 
déclare  que  si  la  duchesse  revient 
sur  ses  conventions  avec  la  com- 
mune de  Dijon,  contenues  dans 
sa  charte  de  1220,  avant  que  son 
iils  Hugue  ait  lage  de  21  ans,  il 
mettra  toute  la  terre  de  la  du- 
chesse en  interdit,  sauf  la  ville  de 
Dijon,  jusqu'à  pleine  satisfuction 

Pérard.  Recueil,  351.  —  t''"  de  Chastel- 
lux, Hist.  généal.  de  la  maison  île  Chastellux, 
303.  d'a[i.  Arch.  C6te-d  Or,  B.  I.  —  Bréqui- 
yny, Tah.  chr.,  V,  175. 

921.  —  I22I.  —  Gautier,  sei- 
gneur de  Vignory^  donne  au 
prieuré  de  -ce  lieu  une  charrette 
de  toin  à  preiure  chaque  année 
dans  son  breuii  de  Vignoiy. 

J.  d'Arbaumont,  Cartul.  du  prieuré  de 
ViL'nory,  45  ;  d'ap    oriL'.  Arch.   Haute-Marn». 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


41 


922.  —  I22I.  — Gautier,  sire 
de  Vignory,  assure  à  Hugue,  évê- 
que  de  Langres,  et  à  ses  succes- 
seurs, la  possession  paisible  du 
village  de  Saint-Germain,  mou- 
vani  de  son  fief,  que  Guillaume, 
autrefois  évéquc  de  Langres,  et 
maintenant  archevêque  de  Reims, 
avait  acheté  de  Simon  de  Join- 
ville,  son  frère. 

/.  d'Arbaiiniont,  C»rtul.  de  Vignory,  212  ; 
d'ap.  cartul.  de  Langres  du  prés.  Bouhier, 
fol.  55. 

923.  —  I2ai.  —  Gautier, sei- 
gneur de  Vignory,  rapporte  et 
confirme  le  don  que  Haia,  autre- 
fois femme  de  Amard,  chevalier, 
a  fait  au  prieuré  de  Vignory,  de 
six  setiers  de  blé  à  prendre  sur  les 
dîmes  d'Ambonviiie. 

J.  d'Arbaumont,  Cartul.    de  Vignory,  45. 

924.  —  I22I.  —  Hpgue,  ar- 
chidiacre du  Barrois,  fait  savoir 
que  dame  Haia,  de  Vignory,  a 
reconnu  la  donation  faite  par 
Evrard,  son  mari,  pour  son  anni- 
versaire, aux  moines  de  Vignory, 
d'un  muid  de  vin  à  Vouécourt 
et  un  setier  de  froment  sur  la 
dime  d'Ambonviiie. 

J.  d'Arbaumont,  Cartul.  de  Vignory,  46  ; 
d'ap.  orig.  Arch.  Haute-Marne. 

925.  —  1222,  5  janvier,  La- 
tran  (6  ides  janv.^  an  VI).  —  Bulle 
du  pape  Hononus  III  adressée  à 
l'abbé  et  aux  religieux  de  Moléme, 
par  laquelle  il  les  informe  qu'il  a 
délégué  les  évéques  de  Langres  et 
de  Valence  pour  s'enquérir  de  la 
vie  et  des  miracles  de  Robert, 
abbe  de  Moléme,  donc  lesdits  re- 
ligieux demandaient  la  canonisa- 
tion. Il  leur  permet  de  le  vénérer 
comme  saint,  des  à  présent,  dans 
leur  église.  »<  Cum  olim  per...  » 

Robert,  Gall.  christ.,  1"  part.,  624.  — 
A.  Du  Cliesne,  BibliotU  cluniac.  instr.,  2' 
partie,  col.  125.  —  Gall.  clirisl.  nova,  IV, 
instr.  col.  20IJ.  —  Mnnrique,  Ann.  cist.,  IV, 
215.  —  BuUar.  Roman,  éd.  Taur.  III,  3So, 
n"  59.  —  B'équiyny,  Tab.  chr.,  V,  167.  — 
PottlMSt,  n°  0758. 

926.  —  !22i  (v.  st.),  12  mars. 
—  Simon,  seigneur  de  Clefmont, 
qui  devait  300  livres  à  Bovenec, 
bourgeois  de  Chacenay,  lui  a  cédé 


jusqu'ù  remboursement  la  jouis- 
sance des  biens  que  ledit  Simon 
possède  dans  la  chàtellenie  de 
Vendeuvre  (.Aube),  sauf  quelques 
réserves,  et  il  a  obtenu  l'approba- 
tion de  Blanche  de  Navarre,  com- 
tesse de  Champagne  ;  mais  il  con- 
tinue à  devoir  le  service  téodal 
pour  le  bien  engagé. 

Teulet,  Layettes,  n°  1514;  analyse,  d'après 
Arch.  nat.,  J.  19:i,  n»  15.  —  Cat.  actes  des 
C"  de  Champ.,  n"  1390. 

927.  —  I22I  (v.  st.),  28  mars, 
Isle-Aumont.  —  tude  de  Gran- 
cey,  h.rard  de  Villy  et  Lambert 
Bouchu  rendent  un  jugement  ar- 
bitral entre  Erard  de  Chacenay  et 
Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne,  et  son  fils  Thibaud. 
Erard  s'engagera  à  soutenir  Blan- 
che et  Thibaud  contre  toutes  per- 
sonnes, notamment  contre  la 
reine  de  Chypre  \  il  reconnaîtra 
cette  convention  devant  le  roi,  la 
fera  attester  par  lettres  de  la  du- 
chesse de  Bourgogne  et  de  l'évê- 
que  de  Langres;  donnera  des  cau- 
tions, etc. 

Teulet,  Layettes,  n»  1515.  —  Cat.  actes 
des  C*"  de  Clïamp.,  n°  1391. 


920.   —  1222  [mai 


Hu- 


gue, évéque  de  Langres,  déclare 
qu'Érard  de  Chacenay  a  fait  hom- 
mage-lige à  Blanche  de  Navarre 
et  à  son  fils  Thibaud^  et  qu'il  a 
juré  de  les  soutenir  contre  routes 
personnes,  notamment  contre  la 
reine  de  Chypre.  Si  Erard  man- 
que à  son  serment,  Hugue  l'ex- 
communiera et  frappera  sa  terre 
d'interdit. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  II,  131  ;  ex 
cartul.  Bibl.  Thuan. 

Cat.  actes  des  C'»'  de  Champ.,  n°  1411. 

929.  —  1222,  2  juin,  Alatfi  (4 
non.  juin,  an  VI).  —  Le  pape  Ho- 
norius  III  délègue  le  doyen,  le 
sacriste  et  Ph.  de  Saint-Sauveur, 
chanoines  d'.Auxetre,  pour  s'oppo- 
ser aux  prétentions  de  P.,  sire  de 
Jaucourt  et  autres  ci-après.  G., 
sire  de  Vignory,  avait  donné  aux 
religieux  de  Clairvaux  certaines 
possessions  qu'il  leur  reprit  quel- 
que temps  après,  et  comme  il 
voulait   les   vendre^   les   religieux 


42 


REPERTOIRE   HISTORIQUE   DE  LA   HAUTE-MARNE 


les  lui  rachetèrent.  Aujourd'hui, 
P[ierre],  clievalier,  sire  de  Jau- 
court  (Aube),  sa  femme  A.  et 
d'autres  héritiers  dudit  sire  de 
Vignory^.  des  diocèses  de  Toul  et 
de  Laiigres,  eu  vertu  duue  cou- 
tume de  leur  pays,  prétendent 
avoir  droit  de  reprendre  ces  pos- 
sessions en  remboursant  le  prix 
d'achat. 

Rapporté  en  enli(>r  dans  la  sentence  dos 
juives  délégué?  par  le  pape,  le  30  fév.  1222 
(T.  st.)  :  /.  iVArliaumont,  Cart.  de  Visnorv, 
214;  d'apr.  Arcli.  Aube,  oris.  3  H  137,  "et 
Cart.  Clairvanx,  II,   Yignory,  WVW. 

930.  —  1222,  i*""  août.  —  Si- 
mon de  Joinville,  qui  devait  500 
livres  à  Guillaume,  évéque  de 
Chàlons,  donne  pour  caution  Thi- 
baud  IV,  comte  de  Champagne, 
et  lui  promet  de  le  tenir  indemne 
de  tout  dommage. 

Cluinterenu.  Traité  des  fiefs,  II.  111. 
Cit.  actes  des  C'«'  de  Champ.,  n»  1441. 

931.  —  1222,  septembre.  — 
Simon  de  Joinville,  sénéchal  de 
Champagne,  déclare  qu'il  a  en- 
gagé pour  400  livres,  aux  moines 
de  Clairvaux,  ses  revenus  de  Co- 
lombe et  de  Charmes.  Thibaud 
IV,  comte  de  Champagne,  pourra 
le  contraindre  à  exécuter  cet  en- 
gagement. 

Chantercau,  Traité  des  (iefs.  H,  141-H2. 
Cal   des  actes  des  C»  de  Champ.,  n»  1445. 

932.  —  1222,  septembre.  — 
Hugue,  évéque  de  Langres.  fait 
savoir  que  Jean  Lerouge,  cheva- 
lier de  Maligny,  a  vendu  à  Gui, 
abbé  de  Réomé  (Moutier-Saint- 
Jean),  tout  ce  qu'il  avait  dans  le 
sauvement  d'Etivey  (Yonne). 

P.  Rouyer,  Hist.  mon.  Reom.,  2."^1  ;  ex 
cartul.  Reom.  —  C"  de  Chastfllux.  Hisl. 
généal.  de  la  maison  de  Chastellux,  309  ;  ex 
Reom.  —  Bréguigny,  Tab.  chr.,  V,  1.S4. 

933.  —  1222,  décembre.  — 
Simon,  sire  de  Joinville,  accorde 
à  labbaye  de  Monrier-en-Der  les 
droits  sur  Sommevoireet  Mertrud 
que  le  couvent  avait  mis  en  la 
main  de  son  frère  Guillaume], 
l'archevêque  de  Reims. 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 122  ;  d'ap.  2"  cartul.  de  Montier-tn- 
Uer,  fol.  72,  r«. 


934.  —  1222.  —  Hug^ue,  évé- 
que de  Langres,  rapporte  un  ac- 
cord fait  en  sa  présence  entre 
Hugue,  duc  de  Bourgogne,  et 
l'abbaye  de  Saint-Etienne  de  Di- 
jon, concernant  une  chapelle  que 
le  duc  voulait  fonder. 

C^'  de  Chasti'tlux.  Hist.  tjénéal.  de  la 
maison  île  Chastellux,  308,  d'après  cartul.  de 
S'-Etienne  de  Dijon,  II,  n°  XXII. 

93).  —  1222.  —  Hugue,  évé- 
que de  Langres,  rapporte  le  désis- 
tement de  Guillaume,  sire  d'A- 
premont,  au  profit  de  l'abbaye  de 
Saint-Bénigne  de  Dijon,  des  pré- 
tentions qu'il  avait  sur  les  terres 
de  Cessey  (Côte-d'Or). 

O'  de.  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  308,  d'ap.  fonds  de  St- 
Bénigne,  Arch.  Côte-d'Or. 

936.  —  1222.  —  Hugue,  évé- 
que de  Langres,  déclare  que  l'abbé 
de  Saint-Seine  a  le  droit  de  pa- 
tronage sur  l'église  de  Saint-Mar- 
tin de  Langres, 

C°  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  309,  d'après  cartul.  de 
S'-Seine,  n"  XL. 

957.  —  [1222].  —  Lettres 
d'Hugue,  évéque  de  Langres,  ec 
de  G.,  évéque  de  Valence,  au 
pape  Honorius  III,  sur  la  vie  et 
les  miracles  de  Robert,  abbé  de 
Moléme,  qu'ils  estiment  digne 
d'être  inscrit  au  catalogue  des 
saints. 

A.  Manri(jue,  Ann.  cisterc,  IV,  213  ;  ad 
an.  1222. 

Bréquiyny,  Tab.  chr.,  V,  190. 

938.  —  1222  (v.  St.),  février. 
—  Le  chapitre  de  Tonnerre  re- 
connaît qu  il  est  sous  l'autorité 
d'Hugue,  évéque  de  Langres^  et 
de  ses  successeurs,  et  qu'il  ne 
peut  ob:enir  aucun  privilège  pour 
se    soustraire  à  cette  dépendance. 

J.  PelU,'i'Ueni\m\  l'œnitentiale,  il,  085; 
ex  cartul.  I.inc. 

lii(<jHi<iny,'Ta.\>.  chr,  V,  190. 

939.  —  1222.  — Hugue,  évé- 
que de  Langres,  fait  .savoir  que 
Guillaume,  seigneur  d'Apremo;it, 
a  lait  la  p.iix  avec  Gelebert,  abbé, 
et  les  religieux  de  Saint-Hénigne 
de     Dijon,     sur     les     usurpations 


REPERTOIRE  HISTORIQUE   DE    LA    HAUTE-MARNE 


43 


qu'il  avait  commises  ;  il  leur  a 
donné  un  cens  de  lo  sous  d'este- 
venants  à  percevoir  aux  foires 
d'Apremont,  et  à  joindre  à  lo 
sous  que  l'abbaye  avait  déjà. 

Pérard,  Recueil,   327  ;   ex    cartul.    S'-Be- 
niïiii. 
liri^quigny ,  Tab.  chr.,  V,  195. 

940.  —  1222  (v.  St.),  20  fé- 
vrier (lundi  après  le  dimanche  où 
l'on  chante  :  Circumdederunt  me), 
—  B.,  doyen,  t.,  sacriste,  et  Vh.. 
de  Saint-Sauveur,  délégués  par  le 
pape  Honorius  III  (voir  ci-dessus, 
10  juin  1222),  prononcent  une 
sentence  contre  Pierre,  sire  de 
Jaucourt  (Aube),  et  sa  femme, 
qui  prétendaient  avoir  droit  de 
reprendre  sur  les  religieux  de 
Clairvaux,  moyennant  rembour- 
sement du  prix  de  vente,  Cham- 
pignolle  (.Aube),  et  Mondeville 
(lieu  détruit,  même  commune),  à 
eux  vendus  par  G.,  sire  de  Vi- 
gnory. 

/.  d'Arbaumont,  Cartul.  de  Vignory,  214; 
d'ap.  Arch.  Aube,  orig.  3  H  137,  et  cartul. 
de  Clairvaux,  II,   Vignory,  XXVII. 

941.  —  1222  (v.  st.)^  mars.  — 
Gautier,  seigneur  de  Vignory,  dé- 
clare qu'il  y  a  déjà  plus  de  douze 
ans  qu'il  a  donné  aux  religieux 
de  Clairvaux  tout  ce  qu'il  avait  à 
Champignolle  (Aube)  et  à  Mon- 
deville (lieu  détruit,  même  com- 
mune), mais  qu'il  le  leur  prit  en- 
suite. Enfin,  touché  de  repentir, 
il  leur  en  fait  la  restitution,  par 
la  main  de  Hugue^  évèque  de 
Langres. 

/.  d'Arbaumont,  Cartul.  de  Vignory,  217; 
d'ap.  Arch.  Aube,  orig.  scellé,  3  H  137,  et 
cartul.  de  Clairvaux,  II,  Vignory,  XXIV  et 
XXV. 

942.  —  1223,  avril.  —  Simon 
de  Passavant  fait  hommage  à 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, de  30  livres  de  rente  sur  la 
foire  de  Bar[-sur-Aube],  et  lui 
cède  tout  ce  qu'il  avait  à  Monti- 
gny-en-Bassigny. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  II,  148.  — 
Teulet,  Lavettes,  n"  1613,  d'après  Arch.  nat., 
J.  193,  n"  18. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n°  1532. 


943' 


1223^  ;uin. 


Renier, 


seigneur  de  Nogentf-le-Roi],  don- 
ne Ageville  à  son  fils  Guillaume, 
qui  en  fait  hommage  à  Thibaud 
IV,  comte  de  Champagne. 

Teulet,  Layettes  du  Trésor  des  chartes,  n" 
1585.  —Cat."  actes  des  C"  de  Champ.,  n" 
1544. 

944.  —  1223,  17  décembre. — 
Renier  de  Nogent[-le-Roi]  recon- 
naît avoir  reçu  de  Thibaud  IV, 
comte  de  Champagne,  cent  livres 
pour  la  construction,  à  .Ageville, 
d'une  forteresse  jurable  et  renda- 
ble  audit  Thibaud. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  II,  150.  — 
Analyse,  Teuiet,  Layettes,  n"  1618.  —  Cat. 
autes  des  C'»*  de  Champ.,  n"  1572. 

945.  —  ^223,  Vienne.  —  Let- 
tre de  Rufin,  évèque  de  Porto, 
légat  du  Saint-Siège,  par  laquelle 
il  ordonne  aux  religieux  de  Béze 
de  quitter  leur  abbaye^  à  cause 
des  tautes  qu'ils  ont  commises  ; 
il  donne  l'administration  de  l'ab- 
baye à  l'évéque  de  Langres  et 
décide  que  ce  dernier  se  paiera, 
sur  les  revenus  du  monastère^  de 
toutes  les  dépenses  qu'il  a  faites 
et  qu'il  fera  à  cette  occasion. 

/.  Petit,  Theodori  Pœnitentiale,    II,    703  ; 
ex  cartul.  Ling. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  214. 

946.  —  1223.  —  Anséric, 
doyen,  et  le  chapitre  de  Langres, 
font  connaître  un  accord  inter- 
venu entre  eux  et  les  religieux 
d'Auberive  qui  avaient  acquis  des 
dîmes  et  des  fiefs  appartenant  à 
leur  église  :  les  religieux  les  con- 
serveront^ sauf  la  maison  de 
Langres  et  le  1/4  de  la  dîme  de 
Chassigny,  mais  ne  pourront  rien 
acquérir  de  plus  par  la  suite. 

Galaiid,  Frane  aleu,  228. 
bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  215. 

947.  —  1223.  —  Eude  de 
Frolois,  dit  Ragot,  connétable  de 
Bourgogne,  donne  aux  frères 
d'Auberive  tout  ce  qu'il  avait 
dans  les  pâtures  de  Santenoge,  et 
deux  ânées  de  blé  sur  le  moulin 
dudit  lieu. 

E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  IV, 
208,  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  eartol.  Aabe- 
rive,  I,  627. 


44 


BÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


948.  —  1223.  —  Hugue,  évè- 
que  de  Langres,  fait  savoir  que 
Hugue,  prêtre  de  Mussy,  a  donné 
à  l'abbaye  de  Moléme,  pour  en 
jouir  à  partir  de  son  décès,  tour 
ce  qu'il  a  acquis  et  tout  ce  qu'il 
pourra  acquérir  à  Essoyes, 

E.  Socnrd.  Chartes  inéd.  extr.  des  cartul. 
de  Moléme,  151,  d'ap.   2"  cartul.,  fol.  27,  r". 

949.  —  1223  (v.  st.)^.  janvier, 
—  Hugue,  évéque  de  Langres, 
conniissanc  l'afiection  du  seigneur 
de  TilChàtel  pour  les  habitants 
de  Bèze,  l'institue  comme  gar- 
dien de  leur  commune,  au  nom 
de  l'évéque  de  Langres. 

C'  de  Chasti.'llux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  CbasloUux,  309,  d'ap.  Arch.  coinm. 
de  Bèze. 

950.  —  1223  (v.  St.),  mars.  — 
R  ,  évéque  de  Troycs.  déclare  que 
Renaud,  curé  de  Beaufort  (auj. 
Montmorency,  Aube),  a  remis  à 
Montier-en-Der  son  moulin  de 
Morcey  (commune  de  Lentilles, 
Aube)  et  la  dime  de  Villeret, 
sauf  ce  qui  appartenait   à  la  cure, 

Lalore,  Princip.  cartul.,  IV,  223  ;  d'ap.  2" 
cartul.  Montier-en-Der,  fol    20,  r". 

951.  —  1224,  9  juin.  —  Guil- 
laume, archevêque  de  Reims,  lé- 
gat du  pape,  décl.ire  qu'en  sa  pré- 
sence, Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne,  a  donné  à  Simon  de 
Joinville,  à  charge  d'hommage- 
lige,  la  sénéchaussée  de  Champa- 
gne. Après  la  mort  de  Simon,  on 
jugera  la  question  de  savoir  si  la 
sénéchaussée  de  Champagne  est 
héréditaire. 

U russe/,  Usage  des  fiels,  6'M. 

Cat.  actes  do>C'»' de  Champ.,  11"  1630. 

952.  —  i224_,  3  septembre 
(mardi  avant  la  Nativité  de  la  S. 
Vierge).  —  Hugue,  cvéque  de 
Langres,  fait  savoir  que  le  prieur 
et  les  religieux  de  Sniiit-Bénigne 
de  Dijon  lui  ayant  délégué  leur 
droit  de  vote  en  matière  d'élec- 
tion et  d'autres  choses,  il  a  pro- 
mis de  ne  pis  en  user  pour  causer 
aucun  préjudice  à  l'abbaye. 

l'i-rard,  Herueil,  -lUtJ  ;  ex  cartul.  S'-Beni- 
e.n\.  —  Gall.  christ,  nova,  IV,  col.  600.  — 
C'*  de  Chastelliix,  Hist.  généal.  de  la  maison 


de  Chastellux,  314  ;  ex  Gallia  christ. 
quigny,  Tab.  chr.,  V,  228. 


Bré- 


95^3.  —  1224,  septembre,  Mar- 
gerie.  —  R.,  évéque  de  Troyes, 
atteste  que  Guillaume  de  Brienne 
a  reconnu  aux  moines  de  Montier- 
en-Der,  demeurant  au  prieuré  de 
Brienne.  situé  près  de  l'église  St- 
Pierre,  le  libre  passige  vers  sa 
maison,  pour  aller  à  l'église. 

Lalore,  Princip.  cartul.,  IV,  223  ;  d'ap. 
2«  cartul.  Moutier-en-Der,  fol.  '.I,  v°. 

954.  —  1224,  octobre,  —  Si- 
mon, sire  de  Joinville.  approuve 
plusieurs  dons  faits  aux  chevaliers 
de  l'ordre  Teutonique,  de  la  mai- 
son de  Beauvoir  (commune  de 
Chaumesnil,  Aube),  par  Hugue, 
sire  de  La  Fauche.  (Rapporté  en 
entier  dans  une  charte  de  Jean  de 
Joinville,   son    fils,   d'avril  1292.) 

A',  de  Wdilly,  Recueil  de  chartes  origina- 
les de  Joinville  en  lanuue  vuUaire.  (Bib.  Ec. 
des  chartes,  6"  série,  III,   5itd,  lettre  T.) 

955.  —  1224,  23  novembre 
(jour  de  Saint-Clément).  —  Sen- 
tence d'Hugue,  évéque  de  Lm- 
gres,  portant  que  l'abbé  de  Saint- 
Michel  de  Tonnerre  a  voix  au 
chapitre  de  N.-D.  de  cette  ville 
et  stalle  au  chœur  de  l'église, 
comme  un  des  chanoines. 

C'  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux.  312,  d'après  Colleet. 
Bourg.,  t.  LXXIV,  p.  221,  a.  la  Bibl.  nat. 

956.  —  1224,  décembre.  — 
Conventions  encre  Gautier,  sei- 
gneur de  Reyiiel,  et  les  bourgeois 
de  Neufchateau.  Il  s'engage  à  ne 
pas  exiger  plu.s  d'un  marc  d'argent 
par  an  des  bourgeois  de  Neufcha- 
teau, qui  viennent  demeurer  sous 
lui.  il  donne  pour  garant  Thibaud 
I\',  comte  de  Champagne. 

r/i«;i/,'n'fu(.  Traité  des  liefs,  Pr.  p.  102. 
—  J'cU'Ct,  Lavettes  du  'J'résor  des  chartes, 
II,  p.  41,  n"  1079. 

Catalogue  actes  des  couitcs  de  Champ.,  n" 
lliû.'). 

957.  —  1224.  —  Hugue,  évé- 
que de  Langres.  atteste  une  dona- 
tion de  biens  à  Marmagne  et  à 
Senevoy,  faite  à  l'abbaye  de  Fon- 
tenay  par  les  héritiers  de  Jean  de 
Senevoy. 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA.    HAUTE-MARNE 


45 


C*  de  Chastelbix,  Hist.  çéncal.  de  Ih 
maison  de  Chastellux,  313,  d'après  (^artul.  dn 
Fontenay,  n"  I.VI. 

958.  —  1224.  —  Hugue,  évé 
que  de  Langres, supprime  les  cha- 
noines qu'il  avait  établis  dans  l'é- 
glise de  la  Maison-Dieu  de  Ton- 
nerre, attendu  que  le  droit  de 
présentation  en  appartenait  à  l'ab- 
baye de  Mole  ne. 

r'«  de.  Chaslelliix,  Hist.  séiiéal.  de  la 
inai>on  de  Cbastellux,  d'ap.  rartul.  de  Mo- 
léme,  II,  fol.  1)2. 

959.  —  1224.  —  Erard,  abbé 
de  Longuay,  fait  savoir  qu'Erard 
J  e  Borgne,  chevalier,  a  approuvé 
le  don  qu'Agnès,  sa  temme,  a  fait 
aux  religieux  d'Auberive,  de  ce 
qu'elle  avait  dans  les  prés  sis  au- 
dessous  de  La  Roche,  au  fi;iage 
de  Rouelle. 

Cit.  Roijt-r.  Charles  concernant  l'abliaye 
d'Auberive.  (Bulletin  de  la  Soc.  hist.  et  ar- 
ohéol.  de  Lanf^res,  II,  124-125.) 

960.  —  1324,  à  Marmagne, — 
.A.,  dame  de  \'illaines,  reçoit  en 
fief  de  Hugue,  évéqiie  de  lan- 
gres,  la  moitié  de  Santenoge. 

E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  IV. 
216,  d'ap.  cartul.  de  l'évèché  de  Lan^^res, 
Bih.  nat.  lat.n  17000.  p.  111. 

961.  —  1224.  —  Hélissende, 
comtesse  de  Bar-sur-Seine,  donne 
au  portier  de  1  abbaye  de  Clair- 
vaux  (.Aube)  la  Jime  de  Villiers- 
le-Sec,  à  charge  d'en  employer  le 
produit  ù  vêtir  vingt  pauvres 
chaque  année. 

H.  d'Arbois  de  Jnbainville,  Etudes  sur 
l'état  intérieur  des  abbayes  cisterciennes, 
369  ;  d'ap.  Arch.  Aube,  cartul.  Clairvaux 
(tome  11),  reg.  3  H  9,  Porta,  XX.W. 

962.  —  1224.  —  Simon,  sei- 
gneur de  Cletmont,  et  sa  femme 
Ermeiigarde,  avec  l'assentiment 
de  leurs  fils  "-imon  et  Eude,  don- 
nent aux  religieux  de  .Mores  (  Aube), 
deux  seiiers  de  blé  à  preiîdre  cha- 
que année  sur  leurs  terrages  de 
Vendeuvre  (Aube). 

Lalore.  Chartes  de  Mores,  p.  85,  n°  81  ; 
d'ap.  copie  du  xvn»  5.  Bib.  nat.,  fonds  français 
n»  5995.  fol.  144,  v>. 

963.  —  1224.  —  Simon,  sire 
de  Jomville,  et  sa  femme  Béatrix, 


donnent  à  l'abbaye  de  Moléme  un 
terrain  à  Vaucouleurs  pour  y 
construire  la  chapelle  St-Laurent. 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join 
ville.  127  ;  d'ap.  Arch.  Côte-d'Or,   H.  249. 

964.  —   1224  (v.  St.),  janvier. 

—  Hugue,  évéque  de  Langres^ 
fait  savoir  que.  de  son  assenti- 
ment^ les  religieux  de  Béze  ont 
renoncé,  moyennant  indemnité, 
t  leurs  prétentions  sur  I.1  main- 
morte des  habitants  de  Béze. 

C'  fie  ChilStelliiX,  Hist.  :,-i;néal.  de  la 
maison  de  Gliastellux,  314,  d'après  .Vrchiv. 
coiiun.  de  Béze. 

965.  —   1224  (v.  st.).  janvier. 

—  R.,  évéque  de  Troyes,  rap- 
porte que  les  moines  du  prieuré 
de  Brienne  lui  ont  déclaré  avoir 
droit  au  libre  passage  pour  aller 
de  leur  prieuré  à  l'église. 

Extrait,  Lalore,  Princip.  cartul.,  IV,  224; 
d'ap.  2"  cartul.  Montier-en-Der,    fol.  8,  v». 

966.  ■ —  1224  (v.  St.),    février. 

—  Thibaud  IV.  com'e  de  Cham- 
pagne, en  exécution  d'un  traité 
tait  avec  Jacques  de  Durnay,  lui 
assigne  des  biens  représentant  un 
revenu  annuel  de  450  livres  8 
sols,  à  Loches,  B)ro ville.  Laines- 
au-Bois,  Machy,  Torvilliers,  Mon- 
tier-la-Celle.  Sainte-Savi  .e,  Bu- 
cey-eii-Othe,  Messon,  \\  Rivière- 
de-Corps,  Pont-Sainte- Marie,  La- 
vau^  Assencières,  Vailly^  Creney 
(Aube);  Gillancourt,  MaranviUe, 
Rennepont.Vaud remont,  Villier.-;- 
le-Sec  (Haute-Marne),  etc. 

Bnissel,  Us.ige  des  fiefs,  ITO  ;  extrait. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n'  1664. 

967.  —   1224  (v.  st. )^   février. 

—  Henri,  seigneur  deSombernon, 
se  rend  caution  pour  le  duc  de 
Bourgogne  envers  Alix,  dame  de 
Choiseul  et  de  Salins,  d'une  rente 
annuelle  de  50  livres. 

Guillnume.  Hist.  ïénéalo;:.  des  sires  de 
Salins.  1,  Pr.  p.   1(12. 

968.  —   T224  (v.  St.),  février. 

—  Elisabeth,  dame  de  Chateau- 
villain,  et  son  fils  Simon,  recon- 
naissent à  l'abbaye  du  Reclus  la 
possession  du  bois  de  «  Cort- 
îiart  ». 


46 


REPERTOIRE   HISTORIQUE    DE    LA   HAUTE-MARNB 


Joiigelin,  Notitia  abbat.  ord.  Cisterc.  part. 

I,  p.  58.  —  A.  Vu  ChesnCy  Hi>t.  de  la  mai- 
son de  Broyés  et  de  Chàtpauvillain,  Pr.  p. 
ISt  :  ex  earlul.  abbat.  du  Reclus. 

JUréquiguy,  Tab.  cbr.,  V,  23". 

969.  —  1224  (v.  St.;,  février. 
—  Henri  de  Sombernon  se  déclare 
principal    débiteur,   pour     Hugue 

II,  duc  de  Bourgogne,  envers  A., 
dame  de  Choiseui,  à  laquelle  le 
duc  devait  1,400  livres  d'este- 
venants,  comme  règlement  de 
douaire. 

Pcrard,   Reiueil,  -lOà. 
ûréqitigny,  Tab.  chr.,  V,  23S. 

970.  —  1224  (v.  st.)^  mars.  — 
Gautier,  sire  de  Vignory,  vend 
aux  religieux  de  Clairvaux  son 
moulin  de  Longchamp  (Aube)  et 
remplacement,  avec  ses  dépen- 
dances, etc. 

J.  d'Arbaumont,  Cartul.  de  Vignory,  219  ; 
d'ap.  Arch.  Aube,  cartui.  Clairvaux,  II, 
Vignory,  XXX. 

971.  —  1225,  8  avril,  Latran 
(6  ides  avril,  an  IX).  —  Le  pape 
Honorius  III  envoie  le  pallium  à 
l'évéque  d'Autun,  et  lui  annonce 
qu'il  l'a  envoyé  à  l'évéque  de 
Langres,  lequel  le  lui  remettra  ou 
lui  fera  remettre  par  l'évéque  de 
Chalon[-sur-Saône].  «  Cum  pal- 
leum,  quod  est...  » 

Gallia  thrisliana  nova,  IV,  col.  400.  — 
A.  de  Charmasse,  Cartul.  évéehe  d'Autun, 
261.  —  Potthast,  a"  7393  (qui  dicit  :  Initium 
deest.) 

972.  —  1225^  mai.  —  Gervins, 
prieur  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  reconnaît  avoir  reçu 
une  donation  faite  à  la  maison  de 
Morment  par  Hugue,  évêque  de 
Langres,  à  la  condition  que  ledit 
évéque  conserverait  toujours  la 
même  juridiction  que  précédem- 
ment sur  Morment  et  sur  ses 
membres,  et  que  cette  maison  ne 
l)ourrait  obtenir  de  privilèges 
d'exceptions. 

^.  P«<!7.  Theodori  Pœnituntiale,  II,  688; 
ex  cartul.  Lingon. 

Briquigny,  Tab.  chr.,  V,  253. 

973.  —  122J,  juillet.  —  .Si- 
mon, seigneur  de  joinville,  séné- 
chal de  Champagne,  tait  connaî- 
tre les  conventions  par  lesquelles 


il  a  terminé  avec  Jean,  comte  de 
Chalon[-sur-Saône],  son  beau- 
frère,  leur  désaccord  relatit  au 
château  de  Marnay  et  à  ses  dé- 
pendances. 

Chif/let,  Béatrix,  comtesse  de  Chalon, 
114;  exorig.  in  archiv.  Cathol.  régis  apud 
Dolam. 

Drâquigny,  Tab.  chr.,  V,  255. 

974.  —  1225,  4  septembre 
(Meaux).  —  Simon  de  Joinville, 
sériéchal  de  Champagne,  déclare 
que  Kobert  (III),  comte  de  Braine 
et  de  Dreux,  est  devenu  homme- 
lige  de  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne,  pour  tout  ce  que  son 
père  Robert  (II)  tenait  dudit  Thi- 
baud et  de  la  comtesse  Blanche 
de  Navarre. 

Chantereau,  Traité  des  liefs,  II,  lt)4,  167. 
Cat.  actes  des  C'"^  de  Champ.,  n»  1681. 

975.  —  1225,  octobre.  —  Si- 
mon de  Châteauvillainetsa femme 
Alix  approuvent  un  accord  établi 
entre  eux  et  les  religieux  du  Re- 
clus. 

Jongelin,  Notit.  abbat.  ordm.  Cisterc, 
part.  I,  p.  (iO.  —  A.  Du  Cliesiu-,  Hist.  de  la 
maison  de  Broyés  et  de  ChàtcauviUain,  Pr. 
p.  32  ;  ox  cartul.  abbat.  du  Reclus. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  260. 

976.  —  1225. —  Gautier,  sei- 
gneur de  Vignory,  donne  aux  re- 
ligieux de  Saint-Bénigne  de  Di- 
jon, Ermangarde,  fille  de  Joiat^ 
de  Viéville. 

l'érard,    Recueil,     407.   —   J.    d'Arbau- 
mont, Cartul.  de  Vignory,  p.  220,  n»  100. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  271. 

977.  —  I22J.  —  Hugue,  évé- 
que de  Langres,  vidime  et  con- 
firme une  charte  de  la  même 
année,  par  laquelle  le  chapitre  de 
Langres  a  agréé^  moyennant  paie- 
ment et  sous  certaines  conditions 
pour  l'avenir,  les  acquisitions  fai- 
tes dans  ses  domaines  par  l'hôpi- 
tal de  Brochon. 

C*  de  Chastellux,  Hist.  géneal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  316. 

978.  —  1225  (v.  St.),  19  jan- 
vier (lundi  après  l'octave  de  l'E- 
piphanie), —  Gautier^,  sire  de  Vi- 
gnory, promet  que  si  Eude  de 
Méranie  et  sa  femme  Béatrix  ne 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA.    HAUTB-MÀRNE 


47 


remplissent  pas  les  engagements 
qu'ils  ont  pris  pour  le  mariage 
projeté  entre  leur  fils  Othon  et 
Blanche,  lille  de  Thibaud  IV^ 
comte  de  Champagne,  il  tcra  à 
Thibaud  IV  liommage  des  fiefs 
qu'il  tient  deux. 

/.  d'Ai'baunwnt,  Carlul.  de  Viguory,  221; 
(i'ap.  Liber  priiicipum,  II,  fol.  531.  —  Cal. 
des  acte?  des  C'"»  de  Champ.,  n"  lOSS. 

979.  —  1226,  23  avril.  — 
Gautier  de  Reynei  déclare  qu'il  a 
transmis  à  Liébaud  de  Bauffre- 
mont  le  droit  héréditaire  qu'il 
avait  à  Dainville,  village  dépen- 
dant du  prieuré  de  Saint-Bénigne 
de  it  Bertiniaca  curtis  »  (auj.  St- 
Blin). 

Pérard,  Recueil,  407  ;  ex  cartul.  S"-Beni- 
gni. 
lin-quigny,  Tab.  chr.,V,  2/3. 

980.  —  1226,  mai.  —  Pierre, 
abbé,  et  le  couvent  de  Saint- De- 
nis, ont  prêté  à  Thibaud  IV, 
comte  de  Champagne,  deux  mille 
livres  parisis.  Lors  du  rembour- 
sement, ils  rendront  à  Thibaud 
ses  reconnaissances,  les  lettres  de 
ses  cautions,  celles  qu'ils  ont 
reçues  de  Guillaume,  archevêque 
de  Reims,  de  Hugue,  évéque  de 
Langres,  de  Robert^  évéque  de 
Troyes,  enfin  les  gages^  savoir  : 
la  table  et  la  croix  d'or  de  Saint- 
Etienne  de  Troyes. 

Gali.  christ,  nova,  VIT,  instr.  col.  '.^^. 
Gat.  actes  des  C^"  de  Champ.,  n"  I7I2. 

981.  —  1226,  mai.  —  Lettre 
d'Henri  de  Fouvent  à  l'évéque 
de  Langres,  par  laquelle  il  le  prie 
de  mettre  en  interdit  ses  terres 
s'il  venait  à  enfreindre  les  con- 
ventions qu'il  a  faifes  avec  les  re- 
ligieux de  Saint-Bénigne  de  Di- 
jon, concernant  les  revenus  du 
prieuré  de  Saint-.Marcel. 

Pérard,  Recueil,  408  ;  ex  cartul.  S'-Beni- 
gni. 

Brêquigny,  Tab.  chr.,  V,  278. 

982.  —  [1226,  juin].  —  Un 
grand  nombre  de  prélats,  parmi 
lesquels  l'évéque  de  Langres,  et 
plusieurs  barons^  écrivent  à  l'em- 
pereur Frédéric  II  pour  lui  signa- 
ler la  trahison  des  habitants  d'.A- 


vignon  (dont  les  croisés  faisaient 
le  siège). 

Tridet.  Lavette^  du  Trl;■^or  des  Chai  le.-;,  II, 
p.  S7,  n-  1780. 

983.  —  1226^  28  juillet  (mardi 
après  S.  Jacques  apôtre).  —  Thi- 
baud IV^  comte  do  Champagne^ 
accorde  à  Simon  de  Joinville  la 
sénéchaussée  de  Champagne,  à 
titre  héréditaire. 

('hai)ipollioii.-J''ir/Hac,  Ltoc.  inéd.  exlr.  de 
la  Bib.  Koy.,  I,  61«.  —  E.  de  Barthélémy, 
Dioc.  anc.  de  Ghàlons,  I,  307.  —  J.  Simon- 
net,  Essai  sur  les  sires  de  Joinville,  114; 
d'ap.  Champollion.  —  Cat.  actes  des  C'"*  de 
Champ.,  n"  1720. 

984.  —  1226,  août.  —  Renard, 
sire  de  Choiseul,  donne  auprieuré 
de  Varennes  six  mines  de  blé  i 
prendre  à  Saulxurres. 

Bri/faiit,  Hisl.  de  Vicq  (La  Haute-Marne, 
Revue  champenoise,  457)  ;  d'ap.  Arch.  Haute- 
Marne,  prieuré  de  Varennes. 

98).  —  1226,  22  septembre, 
Langres  (lendemain  de  S.  Ma- 
thieu). —  Hugue,  évéque  de 
Langres,  reconnaît  que  les  moines 
de  Saint-Bénigne  de  Dijon  lui  ont 
rendu  loo  marcs  d'argent  et  d'au- 
tres choses  pour  lesquels  il  avait 
donné  sa  caution  entre  les  mains 
de  Zacharicj  bourgeois  de  Véze- 
lay,  et  de  Pierre  Durand  de  Chap- 
ponnay,  citoyens  de  Lyon. 

Pérard,  Recueil,  400  ;  ex  cartul.  S'-Beni- 
gni.  —  C^"  de  Chastellux,  Hisl.  généal.  de 
la  maison  de  Chastellux,  317,  ex  Perardo.  — 
Brêquigny,  Tab.  chr.,  V,  283. 

986.  —  1227,  avril  (après  le 
I  i).  —  Hugue  de  Montréal,  évé- 
que de  Langres,  approuve  un  état 
des  biens  et  droits  respectifs  du 
prévôt  de  Chablis  et  du  chapitre 
de  Saint-Martin  de  Tours  audit 
Chablis. 

C-'  de  Chastellux,  Hisl.  généul.  de  la  mai- 
son de  Chastellux,  31S,  d'après  Archives 
Yonne,  prévolé  de  Chablis,  liasse  4. 

987.  —  1227,  juin.  — Simon, 
sire  de  Join''ille,  avec  l'assenti- 
ment de  sa  femme  et  de  ses  en- 
fants, donne  au  chapitre  de  Join- 
ville la  maison  peinte  située  dans 
le  château,  entre  le  puits  et  la 
grande  cour. 

/.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires   de  Join- 


48 


REPERTOIRE   HISTORIQUE    DE   LA.    HAUTE-MARNE 


Tille,  12c);   d'ap.    Arch.  Haute-Marne,  cartul. 
S'-Laurent  de  Joinville,  n"  XXVI. 

988.  —  1227^  juillet.  —  Guil- 
laume, seigneur  de  Dampierre,  et 
sa  femme  Marguerite,  fondent  le 
couvent  de  N.-D.  de  Saint-Dizier, 
ordre  de  S.  Benoit,  filiation  de 
Cîteaux. 

aall.  christ.,  X,  instr.  col.  17S. 

989.  —  1227,  août.  —  Thi- 
baud  IV,  comte  de  Champagne, 
assigne  à  Erard  de  Bnenne  et  à 
sa  femme  Philippine,  1,200  livres 
de  rente  qu'il  leur  doit^  savoir  : 
ce  qu'il  avait  à  Ormoy  (châtelle- 
nie  de  La  Ferté-sur-Aube),  à  Gii- 
Jancourt,  etc. 

Chanterenii,  Traité  dc>  fiefs,  II.  l'.'i. 
Cat.  actes  des  C'«'  de  Champ.,  n"  1770. 

990.  —  1227,  juillet.  —  Guil- 
laume, seigneur  de  Dampierre 
(Aube),  et  sa  femme  Marguerite 
déclarent  avoir  fondé,  sur  un  ter- 
rain leur  appartenant,  une  abbaye 
de  femmes  de  l'ordre  de  Citeaux, 
appelée  l'abbaye  de  Saint-Didier 
(Saint-Dizier),  et  lui  avoir  donné 
les  terres  environnantes  et  divers 
revenus  y  dénommés. 

Gall.  christ,  nova,  X,  instr.     col.    178  ;  ex 
tabuli?  ejusd.  parthenonis. 
Briquigny,  Tab.  chr.,  V,  303. 

991  —  1227,  décembre.  — 
Gautier,  sire  de  Vignory,  donne 
à  l'abbaye  de  .Vlonticr-en-Der  tous 
les  droits  qu'il  avait  dans  la  mai- 
son de  Champcourt  et  ses  dépen- 
dances, pour  y  établir  un  prieuré^. 
savoir  :  une  forêt  entre  Champ- 
court  et  Culmont,  le  four  de 
Biaise,  la  grange  de  Blaisy,  la 
Maison-Dieu  de  Vignory,  des 
hommes  et  femmes  de  Guindre- 
court-sur-Blaise,  etc. 

/.  (T Arbauniont,  Cartul,  de  Vignory,  221'  -, 
d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  2"  cartul.  de  Mon- 
tier-en-Der,  fol.  7!i.  r". 

992.  —  1227.  —  Rainard, 
seigneur  de  Choiseul,  approuve  le 
don  d'hommes  et  d'autres  biens  à 
Bourbonne,  que  Foulque,  .'veigneur 
de  Bourbonne,  son  parent,  a  fait 
aux  religieux  de  Cherlieu  avec 
l'assentiment  de  sa   femme  Elisa- 


beth et  de  ses  frères  Raiiiaud  et 
Gui. 

./.  Berfier  dcXivrey.  Lettre  à  M.  Hase,  etc., 
*ur  Bourbonne.  213 -.  d'ap.  copie  de  1762, 
Bill.  Hoyale,  Cab  des  Titre-.  —  fiougard, 
Blbliotbeca  Borvoniensis,  II,  et  Géoiiraphie 
illustrée  du  canton  de  Bourbonne,  p.  113.  — 
Extrait,  A.  Bonvatler ,  Les  liefs  de  la  mou- 
vance royale  de  CoifTv  (Hev.  Cham|ia!rne  et 
Brie,  XV'lI  (1884,  4I,"note  1). 

993.  —  1227  (v.  St.),  5  février. 

—  Blanche  de  Navarre,  comtesse 
de  Champagne,  et  son  fus  Thi- 
baud  IV,  jurent  fidélité  à  Henri, 
archevêque  de  Reims.  Ils  réser- 
vent la  fidélité  qu'ils  doivent  au 
roi.  Thibjud  réserve  spécialement 
la  fidélité  qu'il  doit  à  Alix,  du- 
chesse de  Bourgogne,  au  duc^Hu- 
gue]  son  fils,  et  à  l'évèque  de 
Langres 

Marlot,  1"  édit.,  II,  512.  —  2«  édit 

—  Gall.  christ,  nova,  IX,  108.  —  Varin, 
Arch.  admin.  de  Reims,  I.  511. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1810. 

994.  —  1228,  6  mai.  —  Guil- 
laume, seigneur  de  Dampierre,  et 
sa  temme  Marguerite,  accordent 
une  charte  d'atiranchissement  et 
de  commune  à  leurs  hommes  de 
Saint-Dizier. 

Carlier,  Ypres  et  Saint-Dizier,  étude  his- 
torique sur  deux  communes  du  Moyen-âge, 
p.  46  ;  d'après  copie  collât,  du  22   mai  1470. 

—  Mém.  de  la  Soc  det  lettres  de  Sairit- 
Dizier.  1880-81,  pp.  9-23. 

995.  —  1228,  5  juillet,  Pé- 
rouse.  —  Lettre  du  pape  Grégoire 
IX  à  l'abbé  et  au  prieur  de  Mon- 
tier-en-Der,  pour  la  confirmation 
du  droit  de  patronage  apparte- 
nant aux  religieux  de  Cluny  sur 
plusieurs  églises  de  la  province  de 
Keims. 

Bullarium  ord,  cluniac,  107  (Analyse,  sui- 
vant Potthast).  —  Briquigny,  Tab.  chr.,  V, 
;i25.  —  Potthast.  n"  8230. 

996.  —  1228^  juillet.  —  An- 
seau  de  Dampierre,  seigneur  de 
Cirey[-le-Château],  déclare  que 
les  hommes  du  Châte  1er  (Hiure- 
Marne)  doivent  à  Thibaud  IV, 
comte  de  Champagne,  un  droit 
de  sauvement  de  six  deniers  par 
homme  ou  par  femme  veuve. 

Analyse,  Teulet.  Layettes,  n"  1975. 
Cat.  actes  des  C"  d'e  Champ.,  n»  1844. 


RKPKRTOIUE    HISTOUIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNK 


49 


997.  —  1228,  juillet.  — Lettre 
de  Durand,  évéque  de  Chalon 
[-sur-Saôiie^,  sur  le  compromis 
qui  a  terminé  un  désaccord  sur- 
venu entre  Hugue^  évéque  de 
I.angres,  et  G.,  comte  de  Nevers 
et  de  Forez. 

L.  D'Achery,  Spicileç.,  III,  600. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  327. 

998.  —  1228,  10  septembre, 
Montbard  (mercredi  après  S.  De- 
nis). —  Guillaume  de  Vergy,  sei- 
gneur de  Fouvent.  reconnaît  que 
ledit  jour  il  a  reçu  d'Hugue, 
évéque  de  Langres,  le  fietde  Fou- 
vent. 

A.  Du  Chesne.  HIst.  de  la  uiai'on  de 
Versty,  Pr.  p.  483  ;  extr.  du  carlul.  des  liefs 
de  l'èvéché  de  Langres. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  329. 

999.  —  1228,  septembre.  — 
Fonce  de  Mont-Saint-Jean,  sei- 
gneur de  Charny,  tait  savoir  que 
Hugue,  évéque  de  Langres,  lui  a 
donné  Rschanlard,  pécheur,  et 
ses  héritiers,  à  la  condition  qu'a- 
près le  décès  dudit  évéque,  la 
propriété  dudit  Eschaniard  et  de 
ses  descend.incs  reviendra  au  do- 
maine de  l'èvéché. 

À.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  uiaLson  de 
Veriry,  Pr.  p  174  ;  extr.  du  cartul.  des  fiefs 
de  l'èvéché  de  Langres. 

Bréquigny,  Tab.  chr..  V,  328 

i.ooo.  —  1228,  septembre.  — 
Simon,  sire  de  Joinville,  approuve 
une  transaction  passée  entre  l'ab- 
baye de  Montier-en-Der  etArnoul 
de  Saint-Louvent  (auj.  Doule- 
vant). 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Jom- 
Tille,  123  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  2" 
cartul.  de  Montier-en  Der,  fol.  73.  r". 

i.ooi.  —  1228,  23  novembre. 
—  Gautier,  sire  de  Vignory,  pro- 
jet-int  de  faire  épouser  à  son  fils 
Gautier  la  nièce  d'  uiseau  de  Pos- 
sesse,  promet  à  Anseau  que  la  tu- 
ture  épouse  aura  le  château  de 
Vignory  en  douaire  et  donne 
Thibaud  IV,  cointe  de  Champa- 
gne, pour  caution.  Si  Gautier 
n'exécute  pss  cet  engagement. 
Thibaud  pourra  saisir  le  fief  que 
Gautier  tient  de  lui. 

J.  rf'Arèaumon^,  Cartul.  de  Vignory,  223; 


d'ap.  Liber  prini;i|)Uiii.  H,  loi.  oAÎ.  —  Cat. 
actes    de.s    O"     de    Oliauip..  a"  1860. 

1.002.  —    £228  (v.  St.), février. 

—  Hugue,  évéque  de  Langres, 
reconniUt,  comme  l'a  fiit  précé- 
demment le  duc  de  Bourgogne, 
que  ledit  duc  est  lige  de  l'évéque 
de  Langres.  aprèsle  roi  de  France, 
et  tient  de  lui  en  fiet  tout  ce  qu'il 
a  à  Chàtillon(-sur-Seine)  et  dé- 
pendances, tant  en  lief  que  do- 
maine, et  le  castrum  de  Mont- 
bard, saufsa  maison  sise  au  même 
câstrum,  laquelle  est  tenue  en  fief 
de  l'abbé  de  Kéomé.  Il  tient  éga- 
lement en  fief  dudit  évéque  le 
fiei:  de  Griselles  et  celui  de  Lar- 
rey. 

Original,  ^cellé,  .\rch.  Cnte-d'Or,  B. 
1047  L  —  D.  Plancher.  Hist.  de  Bourg., 
11,  Pr.  p.  10.  —A.  Duchesne,  Hisl.  de  "la 
niaisoQ  rie  Châtillon.  Pr.  p.  3.  —  Pérard, 
Rei-uRil.  411.  —  Brassel,  Usage  des  liefs.  I, 
p.  5.  note  6.  —  L.  Mall-ird  et  Xadault  de 
Buffon,  Mémoires  pour  servir  a  l'histoire  de 
la  ville  Ai\  Montbard,  d'après  le  manuscrit  de 
Jean  Nadault,  18S2,  Pièces  justifie.,  p.  I^V. 

1.003.  —  1228  (v.  S'.),  24 
mars  (samedi  avant  Laetare).  — 
0[don],  évéque  de  Toul,  s'aJres- 
sant  au  curé  du  Masnil,  menace 
Simon  de  Joinville  de  l'excommu- 
nication si  dans  les  dix  jours  de 
l'avertissement  qu'il  aura  reçu,  il 
ne  répare  pis  ses  torts  envers  les 
religieux  de  Saint-Urbain. 

Orig.  Arch.  Haute-Marne,  Saint-Urbain, 
15"  liasse,  2'  partie. 

/.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 119  ;  d'ap.  cartul.  de  S'-Urbain,  I,  fol. 
308. 

1.004.  —  1228  (v.  st.),  mars, 
Troyes.  —  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne,  confirme  la  charte 
donnée  en  1190,  par  le  comte 
Henri  II,  aux  habitants  de  Chau- 
mont-en-Bassigny. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  II,  182.  — 
La   Thaumassière,  Coutume  de  Berry,  429. 

—  Ordonnances,  XII,  48. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1894. 

1.005.  —  1228  (v.  st  ),  mars. 
—  P.,  abbé,  et  le  couvent  de  St- 
Etienne  de  Dijon,  promettent  au 
chapitre  de  Langres  de  ne  plus 
acquérir  d'églises  dans  le  diocèse 
de  Langres  sans  son  assentiment. 


50 


RÉPERTOIRE   HISTORIQUE    DE   LA   HAUTE-MARNE 


[Fyot],  Ilist.  Jb  S'-Klicnnc  de  Dijon.  Pr.  p. 
127  ;  ex  carlul.  eccl.  Ling. 

Dréquigny,  Tab.  cbr.,  V,  338. 

1.006.  —  1228  (v.  St.),  mars. 
—  Nicolas,  doyen,  et  le  chapitre 
de  Laiigres,  approuvent  les  dona- 
tions d'églises  faites  jusque-là  par 
les  évéques  de  Langres  aux  abbés 
et  religieux  de  Saint-Etienne  de 
Dijon  ;  mais  ils  ne  pourront  plus 
en  acquérir  sans  le  consentement 
du  chapitre. 

[Fyot],  Hist.  de  S'-Étlenne  de  Dijon,  Pr. 
p.  127  ;  ex  cartul.  2  S.  StepL.,  part.  I,  cap. 
25. 

Bréquigny.  Tab.   clir.,    V,  338. 

1.007.  —  1229,  avril  (Du  15^ 
au  31  avril  1229,  ou  du  i'^''  au  6 
avril  1230).  —  Hugue,  évéque 
de  I  angres,  approuve  le  don  que 
noble  homme  Erard  de  Villehar- 
douin  et  sa  femme  Mabile,  avec 
l'assentiment  de  leur  fils  Guil- 
laume^  ont  fait  à  l'abbaye  de  Mo- 
léme,  de  tout  ce  qu'ils  avaient 
dans  la  dîme  de  Chesley  (Aube), 
ainsi  qu'il  est  contenu  dans  leurs 
lettres. 

Original,  Arcb.  Cote-dOr,  fond?  Moléme, 
H.  7,  u°  202. 

E.  Socard.  Chartes  inéd.  exlr.  des  cartul. 
de  Molcme,  159,  d'ap.  2«  cartul.,  fol.  21,  v°. 
(Sans  indication  de  mois.) 

1.008.  —  1229,  septembre, — 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, donne  à  Simon  de  Beaujeu 
20  livres  de  rente  sur  la  foire  de 
Bar-sur-Aube  ;  il  reçoit  l'hom- 
mage de  Simon,  sauf  la  ligéité  de 
Renard  de  Choiseul,  de  Guillaume 
de  Vergy  et  de  Jocerand-le-Gros. 
Simon  viendra  en  aide  à  Thibaud 
dans  la  guerre  dudit  Thibaud 
contre  [Hugue],  duc  de  Bourgo- 
gne, quand  même  il  serait  appelé 
dans  le  camp  du  duc  par  Renard, 
Guillaume  et  Jocerand. 

Chantereau,  Traité  de?  fiefs,  II,  203. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  1938. 

1.009.  —  1229;  octobre.  — 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, donne  ses  hommes  de  Tranne 
(.Aube),  en  augment  de  fiet,  à 
Gautier  de  Reynel, 

Chuntereau,  Traite  des  fief.-î,  II,  204. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  356. 


i.oio.  —  1229,  octobre.  — 
Alix,  dame  de  Choiseul,  se  cons- 
titue principal  débiteur  envers 
Hugue,  évéque  de  Langres,  pour 
100  livres  de  Provins  que  son 
mari  Renard,  seigneur  de  Choi- 
seul, devait  audit  évéque,  et  ce, 
pour  le  cas  où  son  mari  viendrait 
à  mourir  sans  les  avoir  payées. 

A.  Dufhesne,  Hist.  de  la  maison  de  Dreux, 
Pr.  p.  2(51. 
Bréquigny,  Tab.  cbr.,  V,  356. 

i.oii.  —  1229.  —  Simon^ 
seigneur  de  Châteauvillain,  fait 
connaître  l'accord  sur  la  séné- 
chaussée de  Langres  intervenu 
entre  Hugue^  évéque  de  Lan- 
gres, Renier,  chevalier  de  Bricon, 
seigneur  de  Marac.  Ce  dernier 
prétendait  que  la  sénéchaussée 
lui  appartenait  par  droit  hérédi- 
taire. Il  y  a  renoncé,  mais  l'évê- 
que  et  ses  successeurs  devront 
payer  7  livres,  monnaie  de  Lan- 
gres, audit  Renier  et  à  ses  des- 
cendants, chaque  année,  le  jour 
de  la  fête  Saint-Mammès. 

Brussel,  Usage  des  fiefs,  I,  641,  note  a. 
Bréquigny,  Tab.  cbr.,  V,  367. 

1.012.  —  1229.  —  Renard, 
seigneur  de  Choiseul,  donne  à 
labbaye  de  Morimond  une  terre 
située  à  Meuvy. 

A.    Du  Chesne,    Hist.    de    la  maison    de 
Dreux,  Pr.  p.  261. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  368. 

1.013.  —  1229.  —  Hugue, 
évéque  de  Langres,  déclare  qu'en 
sa  présence  Gaucher,  chevalier, 
de  Cades, a  reconnu  tenir  de  l'ab- 
b.Tye  de  Moléme  le  moulin  de 
Jouancy,  sous  Fresnes  (Vonne), 
pour  sa  vie  et  moyennant  une 
certaine  redevance. 

C*  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  321,  dt'ap.  Archives 
Yonne,  fonds  de  Moléme. 

1.014.  —  1229.  —  Hugue, 
évéque  de  Langres,  rapporte  que 
Mathieu^  seigneur  de  Gigny,  a 
donné  aux  religieuses  de  Jully  et 
du  Puits-d'Orbe  moitié  de  la 
djme  de  Sainte-Colombe. 

E.  Petit,  Cartul.  du  prieuré  de  Jully-les- 
Nonnains,  12  ;  d'ap.   orig.  ArcL.   Côte-d'Or, 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE   LA    HAUTE-MARNE 


11 


fomls  Moléme,  n"  250.  —  Jobin.  IJist.  du 
prieuré  de  Jully-les-Nonnains,  268  ;  d'ap. 
i:opie  du  ïvii"  s.  Arcli.  Cote-d'Or,  prieuré  de 
Jully,  H.  -'50. 

1.015.  —  1229  (v.  st.)^  27 
janvier.  —  Félicicé^  comtesse  de 
Rethel,  donne  à  l'abbaye  de  Bou- 
lancourc  3  muids  de  blé  à  prendre 
chaque  année  sur  ses  terrages 
d'Outines  (Marne). 

Jonqelin,  Notitia  abbat.  ord.  ci?terc.,  part. 
I,  p.  65.  —  A.  Du  Chesne,  Hist.  des  mai- 
sous  de  Dreux,  etc.  Cliàteauvillain,  Pr.  p.  22  ; 
ex  cartul.  abbal.  BuUencur. 

lii-équigny,  Tab.  ciir.,  V,  362. 

1.016.  —  1229  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Hugue,  duc  de  Bourg:o- 
gne,  confirme  la  convention  faite 
par  son  père  Eude,  duc  de  Bour- 
gogne, et  r-évè]ue  de  Langres, 
concern.Tnt  leurs  droits  respectifs 
à  Chàtillon-sur-Seine. 

(D.  Planclier  :  sans  date  de  mois.) 
Prrard,    Recueil,    299.  —  D.    Plancher, 

Jîist.    de   Bours.,  Pr.  p.  102.  —  Bréquigny, 

Tab.  chr.,  V,  363  et  371. 

1.017.  —  1229  fv.  St.),  jan- 
vier. —  Gautier,  seigneur  de  Vi- 
gnory,  déclare  que  Gui,  chevalier 
de  Vignory,  a  donné  au  prieuré 
de  ce  lieu  une  oublie  pain  ou- 
bliau)  et  trois  sous  de  cens. 

/.  d' Arbauiiiont ,    Cartul.   de    Vignorv,  47. 

1.018.  —  1229  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne,  promet  à  Henri, 
comte  de  Grandpré,  de  l'aider 
contre  le  comte  de  Bar-le-Duc  et 
contre  les  alliés  de  ce  comte.  Hu- 
gue. comte  de  Rethel,  et  Simon 
de  Joinville,  ont  juré,  sur  1  ame 
de  Thibaud,  que  ledit  Thibaud 
observera  les  conditions  de  cette 
alliance. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  II,  196. 
Cat.  actes  des  G'"  do  Champ.,  n"  1978. 

1.019.  —  1229  (v.  St.),  fé- 
vrier. —  Hugue,  duc  de  Bour- 
gogne, fait  s.ivoir  que  Lambert 
de  Chàtillon,  chevalier,  a  engagé 
à  Hugue,  évêque  de  Langres,  en 
sa  présence,  pour  500  livres  de 
Provins,  tout  le  fief  qu'il  tenait  de 
lui. 


A.  lluchesne,  Hist.  de  la  maison  de  Châ- 
tillon-sur-Marne,  Pr.  p.  2. 

Uréi]uif/(iij,  Tab.  cbr.,  V,  364. 

1.020.  —  1230,  avril  (après  le 
7).  —  Hugue,  évcque  de  Lan- 
gres, assigne  aux  religieux  de  Mo- 
léme une  rente  d'un  muiJ  d'a- 
voine ù  prendre  en  sa  grange  de 
Mussy,  et  cent  sous  de  dijonnais, 
à  Mussy,  en  échange  des  hom- 
mes qui  habitaient  à  «  Luxe- 
ium   ». 

E.  Socard,  Chartes  inéd.  extr.  des  cartul. 
de  Moléme,  161,  d'ap.    2'   cartul.,  fol.  7,  v. 

1.021.  —  1-230,  août,  Reynel. 
—  E.,  dame  de  Reynel,  certifie 
qu'il  n'arrivera  aucun  désagré- 
ment au  prieur  de  Saint-Bénigne 
de  Dijon  si  Thierry,  gendre  de 
Pierre,  doyen  de  «  Riniartis  cu- 
ria  »,  homme  du  prieur  de  Saint- 
Bénigne  et  de  flt  Mannetis  villa  », 
va  demeurera  «  Riniartis  curia  ». 

Pcrard,  Recueil,  415  ;  ex  cartul.    S'-Beni- 
gni. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  381. 

1.022.  —  1230,  24  septembre, 
Compiègne  (Sept.,  le  mardi  avant 
Saint-.Michel).  —  Simon,  seigneur 
de  Joinville,  sénéchal  de  Cham- 
pagne, déclare  que  du  consente- 
ment de  sa  femme  Béatrix,  il  a 
repris  en  fief,  du  duc  de  Bourgo- 
gne^ le  château  de  Mornay,  et 
s'est  engagé  à  l'en  aider  contre 
toute  personne,  sauf  contre  le 
comte  de  Champagne. 

Pérard,  Recueil,  4LG.  —  J.  Simonnet, 
Essai  sur  les  sires  de  Joinville,  112,  d'ap. 
Arch.  Cote-d'Or,  B.  10471.  —  Bréquigny^ 
Tab.  chr.,  V,  383. 

1.023.  —  1230,  septembre.  — 
Béatrix,  dame  de  Joinville,  dé- 
clare avoir  ordonné  à  son  mari, 
Simon,  seigneur  de  Joinville,  de 
reprendre  en  fiet  du  duc  de  Bour- 
gogne le  château  de  Mornay  dont 
elle  était  propriétaire  de  son  chef. 

Pérard,  Recueil,  416.  —  /.  Simonnet, 
Essai  sur  les  sires  de  Joinville,  112  ;  d'après 
Arch.  Cote-d'Or,  B.  10471. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  384. 

1.024.  —  1230.  —  Félicité, 
dame  de  Beaufort  (auj.  Montmo- 
rency, Aube),  comtesse  de  Re- 
thel, confirme  les  donations  faites 


52 


REPERTOIRE   HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


à  l'abbaye  de  Boulancourt  par  son 
aïeul  Simon  de  Broyas  et  par  son 
père  Simon  de  Beaufort. 

Jongelin,  Nolilia  abljat.  ordin.  cisterc, 
pari.  I,  }>.  65.  —  A.  I>u  Cliesni'.  Hist.  de  la 
maison  de  Broves  et  de  Cbàteauvillain,  Pr. 
p.  22. 

Bréqiiigiiy,  Tab.  clir..  V,  391. 

1.02).  —  1230.  —  Hugue, 
évèque  de  Langres,  fait  savoir 
que  Léger,  prêtre  de  Gevrey, 
juré  de  Noiron(-lès-Cîteaux),  a 
donné  au  chapitre  de  Langres 
deux  journaux  de  vigne  au  terri- 
toire de  Dijon,  une  maison  à  Di- 
jon, un  journal  de  vigne  à  Ge- 
vrey, etc. 

C'  de  Chastellux,  Hist  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  32?. 

1.026.  —  '230,  II  aoiît.  — 
Simon,  seigneur  de  Joinville,  sé- 
néchal de  Champagne,  déclare 
que  Thibaud  IV,  comte  de  Cham- 
pagne, a  constaté  par  lettres  pa- 
tentes les  conventions  du  mariage 
projeté  entre  Jean,  fils  dudit  Si- 
mon et  de  Béatrix,  fille d'htienne, 
comte  d'Auxonne,  et  Alix,  fiile  de 
iVlarie^  comtesse  de  Grandpré.  Si- 
mon promet  à  Thibaud  que  si 
Henri,  comte  de  Grandpré^.  retuse 
son  consentement  aux  conven- 
tions dont  il  s'agit,  Jean,  fils  de 
Simon,  n'élèvera  aucune  réclama- 
tion contre  Henri.  Dans  le  cas 
contraire,  si  le  comte  rhibaud 
éprouvait  quelque  préjudice,  il 
pourrait  se  taire  donner  par  Si- 
mon des  dommages  et  intérêts. 

Chantereau,  Traité  des  fiefs,  H,  213. 
Cal.  actes  des   C»    de  Cliauip.,    n»    213.S, 
sous  l'anaée  L231. 

1.027.  —  123...,   9   mai    (En 

la  Translation  de  Saint  Nicolas). 
—  Hugue,  évêque  de  Langres^. 
écrit  à  G.,  doyen,  et  au  chapitre 
de  L.-ngres,  pour  s'excuser  de 
n'avoir  pu  se  rendre  au  chapitre 
le  vendredi  avant  l'Ascension,  à 
cause  de  la  guerre  que  se  taisaient 
alors  le  duc  de  Bourgogne  et  le 
comte  de  Champagne.  (Date  in- 
complète.) 

Gai),   clinst.  nova,    IV,  inslr.   col.  204;  ex 
ctiartar.  BolicriaU')  I^inironensi. 
Dréquigny,  Tab.  cbr.,  V,  373. 


1.028.  —  1231,  avril.  —  Thi- 
baud IV,  comte  de  Champagne, 
approuve  la  donation  de  la  grange 
de  Morins  (commune  de  Mon- 
therie),  faite  par  sa  mère  à  l'ab- 
baye de  Clairvaux,  et  toutes  les 
autres  acquisitions  de  cette  ab- 
baye eu  Champagne  et  en  Brie. 
Il  prend  sous  sa  protection  l'ab- 
baye et  ses  dépendances. 

Ordonnances,  III,  542. 

Iircqnif/)iy,  V,  395. 

Cat.  actes  des  C""  de  Champ.,  n"  2116. 

1.029.  —  i23i,août.  — Gau- 
tier, seigneur  de  Vignory,  engage 
au  prieuré  de  ce  lieu  sa  dime  de 
La  Mancine  pour  28  livres  et  10 
sous  de  provinois. 

/.  d'Arbaumont,  Carlul.  de  Visrnory,  48  ; 
d'ap.  le  cartul.  de  la  Bib.  nat.,  fol.  24. 

1.030.  —  1231,  octobre.  — 
Simon,  .sire  de  Joinville,  approuve 
la  renonciation  consentie  par 
Isambart  de  Suzémont  à  tous  ses 
droits  sur  le  cours  de  la  Biaise  et 
sur  un  moulin  qu'il  voulait  cons- 
truire devant  Su/.émont. 

./.  Simonriet^  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 124  ;  d'ap.  Areb.  Haute-Marne,  2«  car- 
lulaire  de  Montier-en-Der.    fol.    73,  V. 

1.031.  —  1231,  15  novembre 
(samedi  après  S.  Martin  d'hiver), 
Bourbonne.  —  Nicolas,  doyen  de 
Faverney  (Haute-Saône),  déclare 
avoir  été  présent  à  la  donation 
que  feu  Renier,  sire  de  Bour- 
bonne, fit  à  Gérard  de  Bourbonne, 
de  tout  ce  que  le  père  dudit  Gé- 
rard avait  à  Senaide  (Vosges). 

A.  Lacordaire,  Les  seigneurie  et Féaultez 
de  Bourbonne  (Revue  Champ,  et  Brie.  VIII 
(l8S0y,  p.  173;;  d'ap.  orii.'.  Arch.  Doubs, 
abbaye  S'-Vincent  de  Besancon,  9,  n"  2. 

1.032.  —  1231,  21  novembre 
(6'  jour  avant  S.  Clément).  Be- 
sançon. —  Le  prieur  de  Saint- 
l'aul  et  Humbert,  chantre  de  St- 
Jean  de  Besançon^,  déclarent  que 
Gérard  de  Bourbonne,  clerc,  a 
donné  à  l'église  Saint-Vincent  de 
Besançon  tout  ce  qu  il  avait  à  Se- 
naide (Vosges). 

A.  Lncordaire,  Les  seiijncurie  et  Féaultez 
de  Bourbonne  (Ilev.  Champ,  et  Brie,  VIII 
(18H0).  p.  173-174)  ;  d'ap.  oriç.  Arch.  Doubs, 
fonds  S'-Vincent  de  Besançon,  carton  S.n"  2. 


I 


REPERTOIRE    HISTORIQUE   DE    LA    HAUTE-MARNE 


Î3 


1.033.  —  123  1 ,  29  novembre, 
au  prieuré  de  Vignory  (Veille  de 
S.  André,  apôtre).  —  Accord  entre 
Barthéiemi,  prieur  de  Vignory,  et 
maître  Lambert  de  Pontaillier 
maître  des  écoles  de  Vignory, 
concernant  l'éclairage  desdites 
écoles. 

J.  d'Arbawnont,  Carlul.  de  Viirnory,  49. 

1.034.  —  1231,  novembre.  — 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, à  la  demande  d'Hugue,  évè- 
que  de  Langres,  donne  en  fief  et 
hommage-lige  à  Guiard  Pérmol, 
bailli  de  l'évéclié  de  Langres, 
vingt  livres  de  rente  sur  les  foiies 
de  Troyes. 

C"  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  323,  d'ap.  Tré>or  des 
Chartes,  J.  196,  n°  26.  —  Analyse,  Teulet, 
Layettes,  n"  2167.  —  Cat.  des  actes  des  C" 
de  Champ.,  n»  2162. 

1.035.  —  1231.  —  Hugue^ 
évèque  de  Langres,  déclare  qu'en 
sa  présence  Gui  de  ((  Luserico  », 
chevalier,  a  reconnu  aux  hommes 
de  l'abbaye  de  Molème,  habitant 
à  Gigny  (Yonne),  un  droit  de  pâ- 
turage au  bois  de  Larrey.  Il  a 
consenti  à  reprendre  en  fief  de 
l'abbaye  tout  ce  qu'il  avait  à  Gi- 
gny, etc. 

C'«  de  Chastellux,  Hist.  généal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  322,  d'après  cartul. 
Molême,  aux  archives  de  l'Yonne. 

1.036.  —  1231  [juillet].  — 
Hugues,  évèque  de  Langres,  con- 
firme aux  religieux  de  Clairvaux 
la  possession  de  partie  des  dîmes 
de  Doulaincourt,  Saint-Hrice,  St- 
Evre  et  Roche,  qu'ils  ont  achetée 
de  Ihibaud  IV,  comte  de  Cham- 
pagne. Le  droit  du  chapitre  de 
Langres  est  réservé. 

Cliifflet,  Hist.  de  l'abbavc  de  Tournus,  Pr* 
p.  213. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  112. 

1.037.  —  1231.  —  Hugue, 
évèque  de  Langres,  fut  savoir 
qu'en  sa  présence  Jodert,  Gui  et 
Jérémie  de  VerpiUieres,  frères, 
chevaliers,  ont  reconnu  tenir  en 
fief,  de  l'abbaye  de  .Molème,  tout 
ce  qu  ils  ont  eu  bois  et  plaine  à 
VerpiUieres,   et   notamment  leurs 


maisons  de  VerpiUieres  et  le  bois 
d'Oisellemont.  Gui  et  Jérémie 
ont  en  outre  engagé  aux  religieux 
toutes  les  tailles,  abonnements  et 
revenus  de  leurs  hommes  de  Ver- 
piUieres, réservés  la  justice  et  les 
cens,  moyennant  60  livres  de  pro- 
vinois. 

E.  Socard,  Chartes  inéd.  extr.  des  cartul. 
de  Molème,  165,  d'ap.  2«  cartul,,  fol.  26,  r". 

1.038.  —  1231.  —  Gautier, 
sire  de  Vignory,  engage  aux  reli- 
gieux de  Molème  sa  garde  de 
Champigny-sous-Varennes.  Il  ne 
se  dessaisira  pas,  jusqu'à  rembour- 
sement, du  château  de  La  Ferté- 
sur-.Amance  dont  cette  garde  est 
mouvante. 

J .  d' Arbaumont ,  Cartul.  de  Vignory,  220  ; 
d'ap.  Arch.  Côte-d'Or,  2«  cartul.  de  Molême, 
fol.  23,  v°. 

1.039.  —  1231.     —    Gui    de 

«  Cangiense  »,  sire  de  La  Ferté- 
sur-Amance,  se  porte  caution  de 
l'engagement  pris  par  son  frère 
Gautier,  sire  de  Vignory,  envers 
les  religieux  de  Molême,  concer- 
nant Champigny  -  sous-  "Varenne. 

/,  d' Arbaumont.  Cartul.  de  Vignory,  227; 
d'ap.  Arch,  Cote-d'Or,  2"  cartul.  de  Molème, 
fol,  74. 

1.040.  —    12}  I      (v.      st.),       I" 

janvier  (octave  de  Noël),  —  Si- 
mon, sire  de  Joinville,  déclare 
qu'ayant  obtenu  du  chapitre  de 
Joinville  l'.mtorisation  de  faire 
célébrer  la  messe  dans  sa  chapelle 
du  château,  parce  qu'il  ne  pou- 
vait aller  à  Saint-Laurent,  ù  cause 
d'une  fracture  de  la  jambe,  cela 
ne  préjudiciera  pas  aux  droits  du 
chapitre. 

/.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 120  ;  d'ap.  Arch,  Haute-Marne,  cartul. 
de  S'-Laurent  de  Joinville,  n"  XII. 

1.041.  —  1231  (v.  St.),  13 
janvier,  Chassigny  (Samedi  après 
Heminiscere).  —  Hugue,  évèque 
de  Langres,  reconnaît  que  l'église 
de  b'aint-Bénignu  de  Dijon  a  le 
droit  de  patronage  de  l'église  de 
Saint-Jean  de  Losne. 

Gall.  christ,    nova,  IV,  iustr.   col.   204. 
Bri-quigny,  Tab.  chr.,  V,  410. 

1.042.  —   123 1    (v.    St.),   jan- 


54 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE   LA   HAUTE-MaRNE 


vier.  —  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne.  allVanchit  de  la  main- 
morte SCS  hommes  de  La  Ferté- 
sur-Aube. 

lien.  Choppiti,  OporrK  Hi:!l  ),  IV,  (ÎOO.  — 
l'h.  liuifjnard,  dan:i  :  Annuaire  do  l'Aulu-, 
1850,  !?'  partie,  p.  70  ;  d'ap.  oris;.  Arrli. 
comm.  P.  3  (en  français).  —  Carnandcl  l'a- 
vait réimprimée  dans  le  3«  volume  de  fon 
Trésor  des  pièces  curieuses  de  la  Cliampaj^ne, 
dont  il  n'a  paru  que  deux  feuilles,  non  mises 
dans  le  i-oinmerci'. 

Mention  Bréquiyny,  Tali.  clir.,  V,  10',*,  ad 
an.  \'2'2\ . 

1.043.  —  ï-3'.  (^'-  ^'^•)i  i''^"- 

vier.  —  Gautier,  sire  de  Vignory, 
abandonne  aux  religieux  de  Mon- 
tier-en-Der  tous  les  droits  qu'il 
peut  avoir  dans  les  choses  ven- 
dues à  cette  abbaye  par  Ferri  de 
Daiilaiicourt,  jadis  sénéchal  de 
Vignory,  savoir  :  le  quart  des 
fouages  de  Guindrecourt [-sur- 
Biaise],  la  moitié  des  terrages, 
etc. 

/.  fV A rbaumont ,  Cartul.  de  Vii^nory,  22S  ; 
d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  orig.  fonds  Mon- 
tier-en-Der,  17''  liasse,  0«  partie,  et  2"  cartu- 
laire,  fol.  S:t.  r". 

1.044.  —  1 23 1  (v.  St.),  27  fé- 
vrier (Vendredi  après  les  Bran- 
dons), à  1  a  Chasseigne.  —  Hu- 
gue,  évéque  de  Langres,  termine 
un.  contestation  qui  existait  déjà 
entre  ses  prédécesseurs  et  le  cha- 
pitre d'.Avallon,  sur  le  droit  de 
patronage  de  la  cure  de  Vieux- 
Chateau  (Côte-d'Or).  Il  reconnaît 
ce  droit  au  chapitre. 

6''"  de  Chastellux,  Ilist.  .çénéal.  de  la 
maison  de  Chastellux,  323.  d'ap. Arch. Yonne, 
fonds  do  l'église  de  S'-Lazare  d'Avallon, 
liasse  4. 

1.045.  —  123  I  (v.  st.),  mars. 
—  Gautier,  seigneur  de  Vignory, 
rapporte  un  échange  fait  entre 
Barthélémy^  prieur  de  Vignory, 
et  Jean,  prieur  de  Saint-Bénigne 
de  Dijon.  Le  prieuré  de  Vignory 
aura  tout  ce  que  le  prieuré  de 
K  Bertiniaca  curtis  »  (auj.  Saint- 
Blin)  possédait  à  Vraincourt,  et 
celui-ci  aura  les  hommes  de  Ma- 
nois  appartenant  au  prieuré  de 
Vignory. 

J.  d' ArhnumoHt ,  Carlul.    de   Vignory,  50. 


546. 


123 1,   avril    (ou  du 


i''""  au  10  avril  1232).  —  Gautier, 
sire  de  Vignory,  et  sa  femme  Ber- 
the,  donnent  ;iux  religieux  de 
Clairvaux  tous  leurs  ferrages  de 
Colombé-les-deux-Eglises,  etc. 

J.  d' A  rbaumont ,  Cartul.  de  Vignory,  2.'!0; 
d'ap.  Arch.  .\ul)e.  cartul.  de  Clairvaux,  H, 
Viipior;/,  n»  WXUl  bis. 

1 .047.  —  1232,  27  avril  (mardi 
avant  la  fête  S.  Philippe  et  S.  Jac- 
ques).—  Gautier,  sire  de  Vignory, 
vend  au  chapitre  de  Langres  et 
au  prieuré  de  Condes  tout  ce  que 
Guillaume,  Mathieu  et  Sereta, 
entants  de  Thibaud  Le  Lorgne, 
avaient  dans  la  dime  et  le  péage 
de  Darmanne,  Treix  et  Bonmar- 
chais.  Lui  et  ses  héritiers  seront 
garants. 

Orig.  Arch.  Haute-Marne,  prieuré  de  Con- 
des. —  J.  (i'Arbau»wnt,Cdrtul.  de  Vignory, 
231  ;  d'ap.  cariai,  de  Lanières,  du  présiU. 
Bouhior,  fol.  OU. 

1.048.  —  1232,  28  avril  (mer- 
credi avant  S.  Philippe  et  S.  Jac- 
ques) —  B.,  prieur  de  Vignory, 
et  G.,  prieur  de  La  Genevroie, 
attestent  la  vente  ci-dessus. 

/.  d'Arbaumont,  Cartul.  de  Vignory,  231  ; 
d'ap.  cartul.  de  Langres,  du  présid.  Bouhier, 
fol.  66. 

1.049.  —  1232,  juin.  —  Thi- 
baud IV,  comte  de  Champagne, 
fait  connaître  les  conditions  du 
mariage  projeté  entre  Jean  de 
Joinville  et  Alix  de  Grandpré. 

Diilot,  Mém.  de  .loinville,  CXV  ;  ad  an. 
1231.  — /.  Simonne/,  Essai  sur  les  sires  de 
Joinville,  143,  note  1  (traduction).  —  Cat. 
actes  des  C"  de  Champ.,  n"  2195. 

Serait  do  1231,  suivant  M.  Delaborde  (^ean 
de  Joinville  et  les  seigneui-s  de  Joinville, 
Catal.  n»  273.) 

1.050.  —  1232,  août.  —  R., 
abbé  de  Montier-en-Der,  aban- 
donne au  curé  d'tpothémont  trois 
quarts  de  la  grosse  dîme  de  ce 
village. 

Lalore,  Princip.  cartul.,  IV,  227  ;  d'ap. 
vidimus  de  juillet  1231,  2"  cartul.  Montler- 
eu-I>er,  fol.  20,  r". 

1.051.  —  1232,  26  octobre  (3* 
jour  avant  S.  Simon  et  S.  Jude). 
—  Gautier,  sire  de  Vignory,  et  sa 
temme  B[ertlicJ  remettent  entre 
les  mains  des  religieux  de  Mon- 


REPERTOIRE   HISTORIQUE   DE   LA    HAUTE-MARNE 


tier-eii-Der  tout  ce  qu'ils  ont  ù 
Champcourt  et  à  Guindrecourt 
[-sur-Biaise]  jusqu'à  ce  qu'Us 
aient  fait  approuver  par  Simon  de 
Grand,  fils  d'Arnoul  de  Cirey,  les 
conventions  qu'ils  ont  faites  avec 
lesdits  religieux  concernant  ces 
possessions. 

J.  d'Arhaumont,  Crirtul.  de  Viçnory,  233; 
d'ap.  Areh.  Haute-Marne,  2'  carlulaire  de 
Montier-en-Der,  fol.  84,  r°. 

1.052.  —  1232,  octobre.  — 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, doiuae  en  augment  de  fief  à 
Pierre  de  Jaucourt,  savoir  :  tme 
partie  de  la  dime  de  Condes,  Bre- 
thenay,  Jonchery,  La  Harmand, 
plus  le  fief  de  feu  Barnage  sur  la 
dime  de  Ch3umont(-en-Bassi- 
gny)  ;  enfin  les  fossés  de  Bar-sur- 
Aube  depuis  1.)  porte  Saint-Nico- 
las, près  la  maison  de  Richer, 
clerc,  jusqu'au  fossé  de  Pierre  de 
Mathaux. 

Teulet,  Layettes,  n°  2207. 

Cat.  des  actes  des  C"  de  Champ. .n"  2211. 

1.053.  —  1232,  novembre.  — 
Gautier^  sire  de  Vignory,  avec 
l'assentiment  de  sa  femme  Ber- 
the,  donne  au  prieuré  de  Saint- 
Etienne  de  Vignory  un  moulin^ 
un  jardin  et  une  place  pour  bâtir 
un  four. 

Pérard,  Recneil,  424  ;  ex  cartul.  S'-Beni- 
gni.  —  /.  à'Arhaumont,  Cartulaire  du 
prieuré  de  S'-Etienne  de  Vienorv,  p.  53.  — ■ 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  431. 

1.054.  —  1232,  novembre.  — 
Robert,  évéque  de  Langres,  fonde 
l'anniversaire  d'Hugue,  son  pré- 
décesseur, à  l'abbaye  de  Clair- 
vaux. 

Gall.    christ,    nova,     IV,    instr.    col.    204. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  423. 

1.055.  —  1232,  décembre.  — 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, donne  en  augment  de  fief  à 
Pierre,  seigneur  de  Jaucourt,  tout 
ce  qu'il  avait  à  Maiac,  notam- 
ment les  biens  de  Gilebert  de 
Chaumont,  confisqués  à  cause  du 
forfait  dudit  Gilebert. 

Teulet.  Lavettes,  n»  2212  ;  analyse,  d'ap. 
Arch.  nat.,  J.'  193,  n»  27. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n»  2220. 


1.056.  —  1232.  —  Mathieu, 
duc  et  marquis  de  Lorraine,  fait 
savoir  que  Wichard,  seigneur  de 
Montreuil-le-Sec,  a  confirmé  les 
donations  faites  aux  religieuses  de 
Bontays  par  ses  prédécesseurs  Si- 
mon de  Clefmont  et  son  frère 
Wichard.  Il  y  ajoute  le  droit  d'u- 
sage dans  ses  bois,  pour  leur 
grange  de  «  Gresiliis  ». 

IJupo,  Annal.  Praemonstr.,  T'r.  I,  col.  314. 
JSréquifjny,  Tah.  chr.,  V,  429. 

1.057.  —  1232.  —  Gautier, 
sire  de  Vignory,  rapporte  et  con- 
firme le  don  par  Raoul,  chevalier 
de  Vainoise,  au  prieuré  de  Vi- 
gnory, de  ce  qu'il  avait  à  Ceri- 
sières, 

/.  d'Arbnumont.  Cartul.  du  [jrieuré  de 
Vi:;nory,  51  ;  d'ap.  crie;.  Arch.  Haute-Marne. 

1.058.  —  1232. —  "luillaume, 
archidiacre^  et  Nicolas,  archipré- 
tre  de  Langres,  tout  savoir  que 
Eude  de  Gié[-sur-Aujon],  lils  de 
Thibaud,  chevalier^,  surnommé  La 
Pie,  a  donné  aux  religieux  d'Au- 
berive  ses  prés  de  Saint-Loup[-sur- 
-Aujon]. 

Mém.  Soc.  hi>t.  et  archeol.  de  Lanirres,  I, 
2S4,  et  fac-similé. 

1.059.  —  1232  (v.  St.),  lé- 
vrier. —  Simon,  sire  de  Joinville, 
donne  20  sous  de  Provins  nu  cha- 
pitre dudit  Joinville  pour  son 
anniversaire. 

/.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 126  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  cartul. 
S'-Laurent  de  Joinville,  n°  XV. 

1.060.  —  1232  (v.  St.).  mars. 
—  Robert,  évéque  de  Langres, 
fait  connaître  les  conventions  du 
mariage  de  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne,  avec  Marguerite,  fille 
d'Arcliambaud,  sire  de  Bourbon. 

/.  Berger  de  Xivrey,  Lettre  à  M.  Hase, 
etc.,  sur  Bourbonne,  215  ;  d'ap.  orig.  Arch. 
nat.,  Trésor  des  Chartes,  J.  197.  —  Analyse, 
l'eulet,  Lavettes,  etc.,  11,  247,  n»  2232,  ex 
orig.,  J.  198  B. 

i.o6r.  —  1233,  mai  (avant  le 
8).  —  Larchevéque  de  Lyon  dé- 
clare que  R  ,  évéque  de  Langres,  et 
le  duc  de  Bourgogne,  ont  promis 
de  s'en  rapporter  à  son  jugement 
sur  :  1°  le  serment  que  le  duc  de- 


56 


RERERTOIRE   HISTORIQUE    DE   I-A   HAUTE-MARNE 


vait  prêter  à  l'évèque  ;  2°  des 
biens  enlevés  à  l'église  St-Ltienne 
de  Dijon  ;  3°  la  coiumiinc  de  Châ- 
tillon,  que  le  duc  avaic  ctnblic  au 
préjudice  des  droits  de  l'évèque 
de  Langres. 

Brussel,  Ufaïo  des  fiefs,  I,  IS'.t,  noie  a. 
Bréquigny,  Tab.  ehr.,  V,  435. 

1.062.  —  Ï233,  8  mai  (Di- 
manche avant  l'Ascension).  — 
R.,  archevêque  de  Lyon,  pris  pour 
arbitre,  détermine  les  conditions 
d'un  accord  e  itre  R.,  évéque  de 
Langres,  et  H.,  duc  de  Bourgo- 
gne, son  neveu,  concernant  des 
biens  de  l'abbaye  de  St-Etienne 
de  Dijon  détenus  par  le  duc  dans 
la  commune  de  Chàtillon,  et  di- 
verses autres  choses. 

Brussel,  U?a^;e  des  fiefs,  I,  188,  note  a.  — 
D.  Plancher,  Hist.  de  Bourgoîrne,  II,  Pr. 
p.  11.  —  [J'^yot],  Hist.  de  S'-Etienne  de  Di- 
jon, Pr.  p.  128  ;  extr.  du  livre  des  fiefs  de 
l'évèché  de  Langres.  —  Du  Chesne,  Hist. 
généal.  des  ducs  de  Bourg.,  III,  part.  I,  Pr. 
p.  61  ;  extr.  du  livre  des  fiefs  de  l'èvèclié  de 
Lyon  —  Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  -iSi.  — 
J.  Garnier,  chartes  de  communes  en  Bonr- 
gocne,  1,  340. 

1.06-Ç.  —  I2J",  13  mai  (Lende- 
main de  r.Ascension)  —  Hugue, 
duc  de  Bourgogne,  pour  conserver  la 
paix  avec  Robert,  évéque  de  Lan- 
gres, supprime  la  commune  qu'il 
avait  établie  à  Châtillon(-sur- 
Seine)  sans  la  participation  de  l'é- 
vèque. 

D.  Plancher,  Hist.  de  Bourg.,  II,  Pr.  p. 
11.  —  A.  Duchesne,  Hist.  des  rois,  ducs  de 
Bourg.,  II,  part.  I,  Pr.  p.  60.  —  Brussel, 
Usage  des  fiefs,  I,  196,  note  a. 

Bréquigny,  Tah.  chr.,  V,  435. 

1.064.  -  1233,  mai.  —  Geof- 
froi,  sire  de  Deuilly  (commune 
de  Serécourt,  Vosges),  avec  l'as- 
sentiment de  sa  femme  .Aliénor, 
et  de  son  iils  Guillaume,  cheva- 
lier, renonce  à  des  prétentions 
qu  il  élevait  contre  l'abbaye  de 
La  Chapellv  [-aux-Planches|. 

Orig.  Arch.  Haute-Marne. 
Lalort-,    l'nunp.    cnrtul.,    IV,     Ki  ;    d'ap. 
carlul.  I-a  Chapelle,  fol.  (i,  v". 

1.065.  —     1233,    "'■'^-     ~     ^^^~ 

bert,  a.chevéque  de  Lyon^.  tait 
savoir  qu'en  sa  présence  Pierre  de 
Paluel,  maréchal  de  Bjurgogne, 
et  Guill.Tume   «  Frites  a    ont  tait 


hommage  à  R.,  évéque  de  Lan- 
gres, savoir  :  Pierre,  après  l'hom- 
mage de  Guillaume  de  Vergy,  et 
Guillaume,  après  l'hommage  de 
ces  seigneurs. 

A.  Duchesne,  Hist.  géni'^al.  des  ducs  de 
Bour;;.,  11,  part.  I,  Pr.  p.  Cl  ;  extr.  du  livre 
dos  (iefs  de  l'évèché  de  Lyon. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  435. 

1.066.  —  1233,  mai.  —  Ro- 
bert, évéque  de  Langres,  et  G., 
doyen  de  Langres,  font  savoir 
qu  André,  seigneur  d'Epoisses,  a 
légué  aux  religieuses  de  Jully  un 
muids  de  blé  sur  les  tierces  d'E- 
poisNCS. 

Jobm,  Hist.  du  prieuré  de  JuUy-les-Non- 
nains,  270  ;  d'ap  orieinal,  Arch.  Côte-d'Or, 
prieuré  de  Jully,  H.  250. 

1.067.  —  ï233.<  ^4  ji^i'i  (3* 
jour  après  St  Barnabe).  —  Ro- 
bert, évè  lue  de  Langres,  déclare 
que  par  l'arbitrage  de  Guillaume 
de  Bourmont,  archidiacre,  de  Fré- 
déiic,  chanoine  de  1  angres,  et  du 
doyen  de  Beaune,  il  a  compromis 
avec  l'abbaye  de  Tart.  Celle-ci 
prétendait  que  l'abbaye  de  Pou- 
iangy  était  dans  sa  dépendance, 
et  l'évèque  disait  au  contraire 
avoir  sur  elle  pleine  autorité. 

D.  Plancher,  Hist.  de  Bourg.,  I,  Pr.  p. 
103. 

Bréquigny,    Tab.  chr.,  V,  43G. 

1.068.  —  1233,  15:  juin  (4^ 
jour  après  St-Barnabé).  —  Sen- 
tence arbitrale  rendue  par  les -ju- 
ges ci-dessus,  entre  1  évéque  de 
Langres  et  l'abbaye  de  Tart.  Ils 
déclarent  que  la  règle  de  St-Be- 
noit  doit  continuer  à  être  obser- 
vée à  Poulangy,  et  que  l'abbesse 
de  Tart  y  aura  le  droit  de  visite, 
mais  révé-]ue  de  Langres  conser- 
vera la  juridiction. 

J.  Petit,  Theodori  Pœnitentiale,  II,  689  ; 
ex  cartul.  eccl.  Ling.  —  D.  Plancher,  Hist. 
do  Bourcr.,  I,  Pr.  p.  103.  —  Gall.  christ, 
nova,  IV,  instr.   col.   205. 

Bri^qutgny,  Tab.    chr.,    V,  436. 

1.069.  —  1233,  juin.  —  Hu- 
gue, seigneur  do  La  Fauche,  avec 
l'assentiment  de  sa  temme  Béa- 
trix,  de  ses  fils  Hugue  déjà  che- 
valier (et  sa  femme  Elisabeth), 
•Alain  et  Gautier,    encore   damoi- 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE   DE    LA    HAUTE-MARNE 


57 


seaux,  vend  à  l'église  Saint-Béni- 
gne de  Dijon,  pour  120  livres  et 
16  deniers  forts  de  Champagne^ 
tout  ce  qu'il  pouvait  avoir  ou  ré- 
clamer à  Saint  Bénigne,  réservé  le 
fiet  d'Ecot  et  d'autres  choses, 

Pérard,  Recueil,  425  -,  ex  cartul.  S'-Beni- 
gni. 

Bréquigny,  Tab.  rhr.,  V,  437. 

1.070.  —  1233,  8  juillet,  Leu- 
gley  (6"  jour  après  octaves  de  la 
Nativité  S.  J. -Baptiste).  —  Guil- 
laume de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne,  décbre  avoir  promis 
à  Robert,  évèque  de  langres,  que 
pendant  tout  le  temps  que  ledit 
Robert  sera  évéque  de  Langres, 
ni  lui  ni  ses  héritiers  ne  pourront 
fortifier  «  Monttierge  »  (com- 
mune de  Percey  le-Graud,  Haute- 
Saône). 

A.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  de 
Versy,  Pr.  p.  184  ;  extr.  du  cartul.  des  fiefs 
de  l'êvéché  de  Laugres. 

Bréquigny ,  Tab.  chr.,  V,  438. 

1.071.  —  1233,  septembre.  — 
Le  prieur  de  Bourbonne,  le  doyen 
de  Faverney  et  le  curé  de  Fres- 
nes  rendent  une  sentence  arbitrale 
réglant  les  droits  respectifs  du 
prieur  de  Varennes  et  du  curé  de 
CoifTy  sur  le  casuel  des  églises  de 
Coiiiy  et  de  la  Neuvelle,  et  sur 
divers  immeubles. 

A.  Bonvallet,  La  Prévôté  royale  de 
Coiffy,  dans  Revue  de  Champ,  et  Brie,  1894, 
p.  862. 

1.072.  —  '233,  St-Germain- 
en-Laye.  —  Le  roi  Louis  IX  or- 
donne aux  chevaliers  et  autres 
hommes  de  l'évèque  de  Langres, 
qui  avaient  formé  entre  eux  une 
coiitéderatiou  en  préjudice  des 
droits  dé  l'évèque,  de  se  dissou- 
dre immédiatement. 

Brussel,  Usage  des  fiefs,  I,  277.—  5.  Mi- 
gneret.  Histoire  de  Langres,  341  ;  ex  libre 
ïendorum  episcopatus  LLnçonensis.  —  E.  Pe- 
tit. Uist.  des  ducs  de  Bourg.,  V,  501, 
d'ap.  original,  Arch.  Langres.  —  Bréquiont/, 
Tab.  ch.",  V,  452. 

1.073  —  1233.  —  Lettre  par 
laquelle  les  religieux  de  Molôme 
demandeiit  à  l'évèque  de  Langres 
l'autorisation  d'élire  un  abbé. 


J.  PenV,  Theodori  Pœnitentiale,    II,  643» 
ex  cartul    eccl.  Ling.  Fragm.  breviss. 
Bréquigny,  Tab.    chr.,  V,  455. 

1.074.  —  1233.  —  Béatrix, 
dame  de  Joinville,  juge  un  difie- 
rend  entre  l'abbaye  d'Evaux  et  un 
clerc  tonsuré  de  Neuville,  qui 
prétendait  être  exempt  du  four  ec 
du  moulin  banaux,  etc.  (En  fran- 
çais). Charte  fausse. 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 194  ;  d'ap.  Arch.  Meuse,  abbaye  d'E- 
vaux, Q.  n°  26. 

1.075.  ~  1233  (v,  st.),  jan- 
vier. —  Simon,  sire  de  Clefmont, 
aflfranchit  de  la  mainmorte  ses 
hommes  de  La  Ferté-sur-Aube. 

Ph.  Guignard,  dans  :  Annuaire  de  l'Aube, 
1850,  2=  partie,  p.  71  ;  d'ap.  orig.  Arch. 
comm.  P.  4  (en  français). 

1.076.  —  1234,  6  février,  La- 
tran  (8  ides  fév.,  an  Vil).  —  Let- 
tre du  pape  Grégoire  IX  à  l'abbé 
et  aux  religieux  de  Boulancourt, 
leur  ordonnant  d'observer  rigou- 
reusement leurs  statuts.  Cette  let- 
tre est  motivée  par  le  fait  que 
plusieurs  sœurs  converses  avaient 
été  indûment  inhumées  dans  une 
grange  voisine  de  l'abbaye,  «  Ex- 
hibita  nobis  vestra...  » 

A.  Manrique,  Annal,  cisterc,  IV,  473. — 
Bréquigny,  Tab.  chr.,  V,  447.  —  Potthast, 
n"  9389. 

1.077.  —    1233      (^'*     ^^•)>     '^^- 

vrier.  —  Nicolas,  évéque  de 
Troyes,  déclare  qu'Oger  de  Saint- 
Chéron,  chanoine  de  Saint-Etien- 
ne de  Troyes,  a  donné  à  Mon- 
tier  -  en  -  Der  sa  dfme  d'Yèvre 
(.Aube),  pour  le  prieuré  de  Beau- 
fort    (auj.   Montmorency,  .Aube). 

Lalore,  Princip.  cartul.,  IV,  226  ;  d'ap. 
2«  cartul.  Montier-en-Der,  fol.  24,  v°. 

1.078.  —  1234,  mai.  —  Ro- 
bert, évéque  de  Langres,  fait  un 
règlement  pour  la  ville  de  Langres 
sur  les  dépenses,  l'administration 
de  la  justice^  les  peines,  etc. 

S.  Migneret,  Précis  de  l'histoire  de  Lan- 
gres, 341  ;  ex  autographo. 

I  079.  —  1234,  octobre.  — 
Robert,  évéque  de  Langres,  faic 
savoir  que  les  religieux  de   Puroy 


58 


REPERTOIRE   HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNî: 


(lieu  détruit,  commur.e  deBligiiy, 
Aube),  ayant  transféré  leur  prieuré 
à  Helroy,  ont  abandonné  au  curé 
de  Bligny  les  dîmes,  oblations  et 
autres  revenus  de  l'église  de  Pu- 
roy,  attendu  qu'ils  n'en  faisaient 
plus  le  service. 

Lalore,  Nolioe  sur  le  prieuré  do  Belroy 
(.Aubi'l,  charte  n*  8.  (Mém.  île  1b  Soc.  acad. 
lie  l'Aubo.  tome  XL,  1S87.J 

1.080.  —  1234,  octobre.  — 
Robert,  évèque  de  Langres,  ap- 
prouve les  conventions  interve- 
nues entre  l'abbaye  de  Saint-Béni- 
gne de  Dijon  et  Alix,  mère  d'Eu- 
de.  duc  de  Bourgogne,  concer- 
nant «  Prunetum  ». 

D.  Plancher,  Hin.  de  Bourg.,  II,    Pr.  p. 
11. 
Biciiuiyny,  Tab.  clir.,  V,  460. 

1.081.  —  1234^  novembre.  — 
Robert,  évéque  de  Langres,  dé- 
clare que  Jean,  chanoine  de  Lan- 
gres, fils  de  teu  Gui,  seigneur  de 
Saulx,  a  cédé  à  l'abbaye  de  Saint- 
Bénigne  de  Dijon  les  droits  sur  le 
village  de  c  Ville  »  qui  iaisaient 
l'objet  de  difficultés  entre  lui  et 
les  religieux. 

Gall.  christ,  nova,  IV,  in.str.  col.  "i05.  — 
Pérard,  Recueil,  478.  —  D.  Plancher,  liif t. 
de  Bourit.,  I,  Pr.  p.  104.  —  Uréquigmj, 
Tab.  chr.,  V.  46K. 

1.082.  —  1234,  décembre.  — 
Robert,  évèque  de  Langres^  ap- 
prouve la  cession  faite  aux  reli- 
gieux de  Réomé  (Moutier-Saint- 
Jean)  par  Hugiie,  seigneur  de 
i<  Bjiche  »,  che/alier,  sa  femme 
Pétronille  et  leurs  fils,  de  leurs 
droits  sur  le  four  de  a  Marme- 
aus  »  et  un  moulin  situé  au-des- 
sous de  «  Vineas  ». 

Rouyfr,  Ili-l.  uionast.  llcoiii..  p.  257. 
liréquigiiy,  Tab.  chr.,  V,  4U9. 

1.083.  —  1234.  —  Béatrix, 
dame  de  Joinville,  adjuge  à  l'ab- 
baye de  Mureau  le  sixième  des 
drmes  de  Cirfontaine-en-Ornois, 
qui  lui  était  conresté  par  le  frère 
de  Thomas  de  Braz,  premier  do- 
nateur. 

Recueil  de  documents  =ur  Ikistoire  des 
Vosces,  1,  17U.  —  J.  Simomiet,  Essai  sur  les 
«ires  de  Joinville,  l'JU  ;  d'ap.  Arcli.  Vosges, 
cartul.  de  Muraau,  fol.  7J8.  —  L'origioal 
eit  aux  Archives  de  la  Haute- Mtrne. 


1.084.  —  1234.  —  Renard, 
seigneur  de  Choiseul,  accorde  à 
Foulque,  seigneur  de  Beaujeu,  et 
à  ses  descendants,  une  mine  de 
froment,  mesure  de  Langres,  à 
prendre  chaque  année  dans  les  dî- 
mes de  Lavernoy. 

A.   Du  Chpsne,    Hist.    de    la    maison    de 
Dreux,  Pr.  p.  2C1  ;  ex  cartul.  Molism. 
Bréquigny,  Tab.  chr.,    V,  474. 

1.085.  —  1234  (v.  St.),  28  jan- 
vier. —  Hugue,  duc  de  Bourgo- 
gne, jure  d'aider  Thibaud  IV, 
comte  deChampagne, contre  toute 
personne,  sauf  le  roi  de  P'rance, 
la  reine  et  l'évéque  de  Langres. 
Il  fait  aussi  alliance  avec  Archam- 
baud  de  Bourbon. 

Chanter-eau,  Traité  des  liefs,  II,  217.  — 
Teulet.  Layettes.  n°  2330,  d'après  Arch.  nat., 
J.  198  B,  n°  09. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  2138. 

1.086.  —  1234  (v.  St.),  10 
mars  (samedi    après    Reminiscere). 

—  Robert,  évèque  de  Langres, 
autorise  la  fondation,  à  Chau- 
mont,  d'un  hôpital  dont  le  maître 
.sera  à  la  nomination  du  comte  de 
Champagne  ;  mais  l'évéque  aura 
le  droit  de  visite  et   de   réforme. 

Analyse,  Teulet,  Layettes  du  Trésor  des 
Chartes.  Il,  284,  n"  2355,  d'ap.  orig.  Arch. 
nat.,  J.  201,  n°H. 

Cat.  actes  i|es  C"  de  Champ.,  n»  2328. 

1.087.  —   1234  (v.   St.),  mars. 

—  Robert,  évéque  de  Langres^, 
fait  savoir  que  Guillaume  de  Ri- 
cey,  écuycr,  et  sa  femme  Margue- 
rite, ont  reconnu  n'avoir  aucun 
droit  sur  les  homrnes  et  ferrjtries 
de  l'abbaye  de  MoléiTie,  ni  sur 
leur  parcours. 

E.  Socard,  Chartes  inéd.  exlr.  des  cartul. 
de  Molenie.  171,  d'ap.   2«  cartul.,   fol.  8,  r". 

1.088.  —   1234  (v.  st.),  mars. 

—  Robert,  évéque  de  Langres, 
fait  savoir  que  Milon  et  Guil- 
laume, frères,  enfants  d'Olivier, 
chevalier,  de  Ricey,  ont  approuvé 
le  don  que  leur  père^  avec  leur 
assentiment,  a  fait  aux  religieux 
de  Moléme,  de  trois  setiers  de  blé 
de  rente,  à  prendre,  deux  sur  les 
coutumes  de  Lannes,  et  sur  les 
tierces  de  Ricey. 


REPERTOIRE   HISTORIQUE   DE  LA    HAUTE-MARNE 


59 


E.  Socard,  Chartes  inéd.  extr.  de»  carlul. 
de  MoléiDO,  175,  d'ap:  2"  carlul.,  loi.  S,  r». 

1.089.  —  1234  (v.  St.;,  I*'' 
avril   (Dimanche    des    Rameaux). 

—  N.,  évèque  de  Troyes,  en  con- 
sidération de  la  pauvreté  des  ab- 
bayes de  Beaulieu  (Aube)  et  de 
La  Chapelle  aux- Planches,  leur 
abandonne  les  dîmes  des  novales 
de  Joncreuil  (Aube),  Outines 
(Marne)  ec  Bailly-ie-Franc  (Aube) 
qu'elles  avaient  perçues  sans  son 
consentement  et  qu'il  avait  fait 
saisir. 

Orig.  Arcli.  Haute-Marne. 
Lalore,  Princip.  cartul..  IV,  47  ;  d'ap.  car- 
tul.  La  Chapelle,  fol.  26,  r». 

1 .090.  —  1235,  avril.  —  Thi- 
baud  IV,  comte  de  Champagne, 
et  Alix,  reine  de  Chypre,  adres- 
sent à  G[autier],  archevêque  de 
Sens,  à  [RobertJ,  évèque  de  Lan- 
gres,  et  à  [Bernard],  évèque  d'Au- 
xerre,  copie  du  traité  par  lequel 
ladite  Alix  a  renoncé  à  ses  pré- 
tentions sur  le  comté  de  Champa- 
gne et  de  Brie,  et  les  prient  de  le 
vidimer. 

Teulet,  Lavettes,  n»  2374  ;  analyse,  d'a- 
près Arch.  nat  ,  J.  209,  n°  33. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n°  2348. 

1.091.  —  1235^  mai.  —  Gau- 
tier, sire  deVignory,  déclare  qu'a- 
vec l'assentiment  de  sa  femme 
Berthe,  jadis  comtesse  de  Kibourg, 
il  a  vendu,  aux  religieux  de  Clair- 
vaux,  l'usage  à  deux  voitures, 
dans  sa  foré:  de  Blaisy  et  dans  ses 
bois  du  fîiiage  de  Colombé-les- 
deux- Eglises,  sauf  le  bois  de  la 
Wèvre,  situé  près  de  Pratz. 

/.  d'Arbaumont.  Cartul.  de  Vignory,  235; 
d'ap.  Arch.  Cote-d'Or,  orig.  fonds  de  Clair- 
vaux,  H.  546,  et  Arch.  Aube,  cartul.  de 
Clairvaux,  II,  Vignory,  W  X.XXlV. 

1.092.  —  1235,  6  juin  (4« jour 
après  les  octaves  de  la  Pentecôte). 

—  Robert,  évèque  de  Langres^ 
déclare  que  par  une    pure   libéra- 


lité, Pierre,  abbé  de  St-Etienne 
de  Dijon,  l'a  reçu  dans  la  maison 
d'Asnières  et  d'.Ahuy,  appartenant 
à  cette  abbaye,  et  qu'il  n'y  a  au- 
cun droit  de  procuration. 

[l'yot],  Ilist.  de  S'-Etienne  de  Dijon,  Pr, 
p.  260  ;  ex  autogr.  Steph. 

Urùquigny^  Tab.  chr.,  V,  479. 

1.093.  —  1235,  juin.  —  Thi- 
baud  IV,  comte  de  Champagne, 
affranchit  ses  hommes  de  Nogent 
(-le-Roi). 

Ordonnance?,  VII,  466.  —  PisloUet  deS^- 
Ferjcux,  dans  :  Méni.  Soc.  hist,  et  archéol. 
de  Langres,  I,  21  ;  d'ap.  vidimus  de  1259.  — 
G.  Couvreux,  Documents  sur  Nogent-le-Roi, 
21.  o  . 

Cat.  actes   des  C"  de  Champ.,  n*  3359. 

1.094.  —  1235,  juin.  —  Ro- 
bert, évèque  de  Langres.  termine 
les  difficultés  élevées  entre  les  re- 
ligieux de  Réomé  (.Vloutier-Saint- 
Jean)  et  Itier  de  la  Broce,  concer- 
nant Ricey  ;  ils  partageront  par 
moitié  les  échoites,  tailles,  cheva- 
ges,  corvées  et  droits   de  justice. 

Bouyer,  Ilist.  mon.  Reom.,  258. 
Bréquiyny,   Tab.  chr.,  V,  481. 

1.095.  —  1235,  juillet.  —  Gau- 
tier, seigneur  de  Vignory,  et  sa 
femme  Berthe,  retiennent  la  moi- 
tié d'un  moulin  situé  près  de  l'é- 
tang de  Vignory,  mais  il  appar- 
tiendra en  totalité  au  prieur  après 
leur  mort. 

Pi'rard,  Recueil,  437;  ex  cartul.  S'-Beni- 
gni  Divion.  —  J.  d'Arbaumont,  Cartul.  du 
prieuré  de  S'-Etienne  de  Vignory,  p.  55. 

Bréquigny,  Tab.    chr.,   V,  482. 

1.096.  —  1235,  septembre. — 
Nicolas,  évèque  de  Troyes,  ter- 
mine des  contestations  élevées  en- 
tre lui,  les  religieux  de  Saint-Loup 
de  Troyes  et  ceux  de  Montier-en- 
Der,  concernant  la  dépendance  de 
l'hôpital  de  Brienne[-le-CbàteaL']. 

Lalore,  Princip.  carlul.,  IV,  227  ;  d'ap. 
2"   cartul.  Montier-en-Der,  fol.  2,  r". 


{A  suivre.) 


A  .     R  OSEROT , 


Glossaire   du   Mouzonnais* 


N 

Nouviau,  Nouvai^  adj.,  nouveau,  nouvel.  —  Tout  nouviau, 
tout  biau.  —  Eh  bin,  voisin,  n'i  ai  ti  don  nouvai,  anoiit? 

Nous  renderons  tous  les  prisons  vies  et  nouviaus. 

(Chron.  de  Rains) 

Vesci  véez  •!■   enfant  qui  est  tous  nouviawi  nés. 

[Brun  de  la  Montagne) 

Et  aussi  le  nouviau  seigneur  sur  ses  droits. 

(Coût,  de  Vermandois,  1448) 

En  cel  ain  but-ons  de  noveais  vins  à  S*  Lorent  al  com- 
menchement  d'awost. 

(Jean  d"Outremeuse) 

Nue,  adj^  neuf  —  féminin  :  Nûve,  neuve.  Employé  souvent 
pour  nouveau,  et  se  place  devant  le  substantif.  —  /  v^el  ses  nuves 
bottes  anout  pou{r)  l'premie{r)  cô{p). 

Tu  fes  nues  nez  et  nueves  bouches. 

(Gautier  de  Coincy) 
11  y  a  gens  trop  bien  d'accord 
Car  bon  leur  est  vies  et  nues. 

[Chans.  sur  les  Évén^^  de  Bretagne^  1375) 

Mais  sitùt  que  la  mer  bonasse 
Se  calme  en  la  neuve  saison. 

(Baïf) 

Nu-iau,  s,  m.,  œuf  vidé  placé  dans  les  nids  pour  exciter  les 
poules  à  pondre.  En  Vendée,  on  dit  Gniau,  en  Normandie  Giiieu 
et  Niot. 

Nu-iée,  s.  f.,  nuée,  l'orage  électrique^  tonitruant  ;  nuage 
noir.  —  /.a  NU-iÉE  est  juste  au  dessus  d'nous. 

Nuisance,  s.  f.,  action  de  nuire;  résultat  de  cette  action. 

Son  umbre,  qui  me  porte  nuisance. 

(Villon) 

•  Voir  page  867,  tome  IX  ûe  la  Hevue  de  Champagne. 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  61 

Nunepart,  neum'part,  adv.,  nulle  part.  —  Jû  iC  vo-iage 
neum'part,  çute  semainne-ci.  C'est  là  une  prononciation  vicieuse  de 
nulie,  évidemment.  Mais  c'est  aussi  un  vestige  de  l'ancienne 
forme  nun,  nuns,  nul. 

El  nuns  ne  s'i  doit  fier. 

{Fioire  et  Blancheftor) 

N'estoil  nuns  jors  qu'elle  n'eust 

Del  pain  assez. 

(DoloïKithos) 

Nûve,  adj.  fém.,  neuve.  —  Voy.  iiue. 


Obligie(r),  v.,   obliger.  —  P.    p.  obligie.  —  Xsos  oBuotE   d' 
ma'n  aller. 

Ladite  maisons  estoit  tenuo  et  obliç}ie  chascun  an  à. . . 

{Arch   A  dm.  Reims,  1295) 

Lesquels  pleiges  obleyies  par  deviers  mi,  je  quit   de  leur 
covenant. 

(Car t.  de  Rethel,  1323) 

Et  je  ne  vnurrai  men  cuer  vraiement  obligier. 

(Bastars  de  Buillon) 

Cil  Poitevin  qui  ubligies  s'estoient  envers  les  François. 

(Froissart) 

Oder,  v.  —  Voyez  Hoder. 

Oeuf!  (ô  quel)  pour:  o  quelle  œuvre,  quelle  belle  œuvre,  le 
joli  résultat,  le  joli  produit  !  Ironique. 

Offerre,  v.,  ofTrir.  —  J'otiers,  j'offrans  —  J'olTros,  j'offrains  — 
J'ai  offert  —  J'offerrai,  j'offerros.  —  Je  vas   li  offerre  cent  sous. 

Puisqu'il  se  veut  à  nous  offerre 

Viengne  en  cel  val 
Sans  compaignie  et  sanz  cheval. 

(Rutebeuf,  Théophile) 
Mais  au  froit  celier 
Lai  me  puel  on  querre; 
La  voil  mon  argent  offerre. 

(Fabl.  Dupuy) 
le  ii  oferray  volentiers. 

(Fabliau  de  Martin  Hapart) 

Mult  oferra  pour  acoler. 

{Flaire  et  Blanceflor) 


è2  GLOSSAIRE   DU   M0U20NNAIS 

Od  mil  lances  d'acier  burnies 
Et  0(1  mil  espées  forbies 
Li  offerrai  jà  mun  convei. 

{Chron.  des  ducs  de  Norm.) 

Oi,  diphlhongue  qui  remplace  ordinairement  la  syllabe  voi.  Oa 

dit  :  oir,  oiturey  oisin,  aoi{r),   saoi{7') pour  voir,  voilure, 

voisin,  avoir,  savoir... 

0-ie  (prou,  auille),  oue,  s.  f.,  oie. 

Quant  prendre  doit  l'ortie 
Que  nouvelement  point,  on  le  voit  à  Voye. 

(Du  Guesclin) 
Pour  ferrer  oes  et  canettes. 

(Villon) 
Se  il  avoit  une  aue,  j'arois  ii.  paons. 

(Rom.  d'Alixandre) 

0-ie-son^  oï'sson,  s.  m.,  oison,  petit  de  Toie.  Rabelais    dit 
oyon. 

L'oyçon  paie  XII  tournois. 

(Chronique  de  Stavelot) 

Le  musnier  ne  doibt  avoir  oyes  ni  oyons,  poulies  ny  poul- 
lon,  pourceaux  ny  porcellons. 

(Loy  de  Beaumonl) 

Oir^  terminaison    qui  se  prononce    ordinairement   oi,   par    la 
cbute  de  Yr  :  faUoi(r),  saoi(r),  pouoi(r),  miroi{r),  mouchoi{r), 

ti7'0i(r),  rasoi{r),  saloi(r) Et  se  change  parfois  en  oue  dans 

les  substantifs  :  traînoue,  tra-ioue,  dewidoue,  pour  traînoir,  tra- 
hoir,  dévidoir.  Cette  dernière  forme  rappelle  l'ancienne  terminai- 
son ouei\ 

Oir,  V.,  (v)oir.  —  Voyez  voir. 

Oï(r),  V.,  ouir,  entendre.  —  J'os,   il  ot,  j'oians  — j'oïos  — j'ai 
Oïu.  —  J'orrai  ou  j'oïerai. 

Oez,  seigneur  quel  pecchiez  nous  encumbret. 

(Chanson  de  Roland) 

Os-tu,  chevaliers  boins  eiirous. 

(Saint  Graal) 

Et  se  tu  os  nul  mesdisant,  qui  aille  famé  desprisant. 

{Roman  de  la  Rose) 

Devant  Fremia  qui  m'o<,  s'il  ne  dort. 

(Villon) 
Les  canons  ne  s'oioient,  ny  le  bruit  lies  alarmes. 

(Baïf) 

QuaQt  Ricars  l'a  oit  —  Lors  ly  dist 

(Godefroi  de  Bouillon) 


ëLOSSAlRE   DU   MOtZONNAiS  63 

Cil  dist  à  Clarion,  si  que  tout  font  oii. 

(Bueves  de  Commarchis) 

Tout  chu  qu'ilh  avoit  veut  et  oiut  les  racomptat. 

(Jean  d'Hutremeuse) 

La  plus  bêle  riens  que  je  onques  eusse  ouu  en  mon  jovent. 

(Beatiairc  d'amour) 

Rollans  escrie  si  que  bien  fu  oùz. 

{Roman  de  Roncevaux) 

Li  dus  ne  Voï  mie  ;  d'autre  part  est  torné. 

[Quatre  fils  Ayinon) 

Jamais  n'erres  si  bonne  (estoire)  en  treslout  vostre  aé. 

(Idem.) 
Quant  vous  orrez  huchier. 

(Villon) 
Si  que  mais  jour  de  vostre  vie 
N'orre's  parler  de  druerie. 

(Amadas  et  Ydoine) 

Quant  il  oient  parler  de  De 
Pur  richeces  sunt  asorde. 

(Bestiaire  divin) 

Oire  pour  oi(v)re. 

Si  ot  moult  grant  talent  de  boire 
Cil  qui  bien  sot  la  gent  décoiore. 

{Rom.  Renart) 

Ôis,  oit,  finale  ancienne  des  verbes  à  l'imparfait  ou  condition- 
nel, écrite  et  prononcée  aujourd'hui  ais,  ail,  et  qui  dans  le  patois 
se  dit  os,  ot.  — Je  parlos,  tu  devos,  I  ri-io(,  — J'resteros,  tu 
partros,  I  reviuroî. 

Oisiau,  oigeai^  ugiau,  s.  m.  Oiseau.  —  La  2«  forme  dérive 
d'oisiel,  oisel.  —  Enfin  ou  prononce  les  hoisiaus,  in  hoigeai 
comme  s'il  y  avait  une  h  aspirée. 

Come  li  oisiaus  sur  la  branche. 

(Rutebeuf) 

Monseignor  Yvain. . .  Qui  tant  aima  chiens  et  oisiaus. 

{Court  Mantel) 

Li  fox  oisiaus  de  li  s'aprime. 

{Rom.  de  la  Rose) 

S'il  abat  oue  ou  autre  oisiel. 

(L'escouffle) 
Au  lems  nouvel 
Que  cil  oisel 
Sont  haitié  et  gai, 

(Perrin  d'Angecourt) 


64  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

llh'  avoit  là  -I-  aigle  qui  la  estoit,  et  batoit   les  oyseaii  si 
qu'ilh  esloient  espoenteis. 

(Jean  d'Oulremeuse) 

Ojerter,  Ajerter,  v.,  empêtrer,  rendre  les  jarrets,  les  jambes 
raides.  —  Voy.  Jerrel. 

Oliette,  s.  f.,  œillette,  plante  oléagineuse. 

Il  ait  nagueres pris  et  emblé  environ  sept  sextiers 

de  navette  et  trois  meneaux  d'oliettc. 

(Cit.  de  Lacurne) 

La  prouvenance  em  poes  counoistre 
Par  •!•  petit  gra>n  d'vlietle. 

(Jean  de  Condé) 

Olivettes  (danse  des).  —  Sorte  de  farandole  qui  circule  entre 
une  suite  de  sièges,  tabourets  ou  chaises,  reposant  en  équilibre 
peu  stable  à  l'aide  de  morceaux  de  bois,  d'allumettes  placés  sous 
les  pieds,  et  qu'il  faut  prendre  garde  de  faire  tomber.  Pendant  la 
danse,  on  chante  la  ronde  des  Lorrains  :  Lnn  Ion  la,  laissez-les 
passer,  les  Français  dans  la  Lorraine C'est  un  des  divertis- 
sements obligatoires  du  lendemain  de  la  noce. 

Ombri-iie;r)^.  v.,  ombrager,  donner  de  l'ombre.  —  Metlans 
nous  d'zous  l'poirie(r),  ça  va  tovjou{r)s  nous  ômbrl-iie(r)inpeu. 

Desous  uns  chastinier  où  li  solaus  onbrie. 

(Brun  de  la  Montagne) 

Li  lance  et  li  crois  et  la  vierge  Marie 
Estoit  en  l'estandart,  qui  au  soleil  ombrie. 

(Bastars  de  Buillon) 
Il  y  a  ja  des  ans  foison 
Que  je  ne  m'i  poc  ombryer. 

(Froissart,  Buisson  de  Jonece) 

Omnette,  s.  f.,  omelette.  —  Quelquefois  Amnetle. 

On,  pronom  indéfini.  —  Se  lie  le  plus  souvent  à  la  voyelle  du 
mot  suivant  par  l'intermédiaire  de  la  lettre  z.  Il  faut  voir  dans 
cette  sorte  de  liaison,  soi-disant  euphonique,  un  vestige  de  l'an- 
cienne forme  sujet  homs,  lions,  homme.  —  Quand  ons  ai  vu  qu'i 

n'vénot  mi —  0ns  ncsl  mi  pus  loi  partie  qu'oNs  est  arrivé. 

—  Ons  y  est  moût  bin.   —  /  m'semb'l)e  quû  l'oss   est   moût 
longtas. 

Les  Liégeois  en  quels  ons  avoit  de  temps  passeit   eut   très 

grans  flanches. 

[Chron.  de  Staoeloi) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  65 

Chesl  oniinanche  nu  fiist  mie  tenue,  car  o/is  aidaî  inonsan- 
gneur  valhaminerit. 

(Id.) 
El  ont  pris  l'or  et  l'argent  ([ue  ons  y  avoit  g'Tteil. 

(Ji.'an  (rOiilrcniiHisc) 
Puis  c'ons  est  en  religion 
Et  il  a  chainte  la  corroie. 
(Complainte  dea  Jacobins  et  des  Cordelière'') 

Homs  n'enlomloit  mie  quant  ii  estoit  en  liunneur. 

(l'sauticr) 

Uns  /ionv  convenence  a  ung  autre  honin  rju'il  tuera... 

(Heaumanoir) 

Et  se  aucuns  homs  ocist  un  auLri'  ;'i  lietln'si .  .  . 

(Charte  de  Relhcl,  I2.53) 

On,  est  parfois  la  traduction  de  un  latin,  et  se  prononce  cun  : 
lumbe,  lumber;  —  de  la  poisun. 

Son  umbre  qui  me  porte  nuisance. 

(Villon) 

Ongue,  s.  f.,  ongle.  —  Comme  v  avez  des  grandes,  ongues,  ma 
rjranl  maman!?  C'est  pou(r)  iniiis  f  griffer  vi'n  nfanl.  (Chaperon 
rouge>) 

Elle  avoit  évité  la  pertide  machine 

Lorsque,  se  rencontrant  sous  la  main  de  l'oiseau. 

Elle  sent  son  ongle  maline. 

(La  Fontaine) 

Onque,  s.  m.,  oncle. 

Oragan.  s.  m.,  ouragan. 

Orage,  s.  f.  //  ai  fait  'n  grosse  orage  à  Mouzon. 

Orbée,  s.  f.,  petit  espace  de  temps.  —  S'emploie  aussi  pour 
forte  pluie. 

Orée,  s.  f. ,  bord,  lisière.  —  A  /'orée  don  bos.  —  Emplis  la 
mesure  jusqu'à  /'orée.  —  Désigne  aussi  une  pluie  (de  une  heure, 
hora?|  ;  c'est  l'analogue  d'ondée. 

Me  soubvient  avoir   leu  que  Vorée  de   la   montaigne   en 
laquelle  Moses  receut  la  loy  des  Juifs. . . 

(Rabelais) 

Ne  me  partirai  don  siège  pour  vent  et  pour  oré. 

(Rcnart  te  \ouvcl) 

Mult  les  a  malbaillis  li  vens  et  H  ores. 

(Quatre  fils  Aijtnon) 


6é  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNA.IS 

Une  tempùste  commence  et  uns  ores. 

{Huon  de  Bordeaux) 

. . .  Les  lunaire,  et  les  venz  et  les  gielz 
Et  les  orcz. 

(Chanson  de  Roland) 

Et  tant  avons  sosfert  do  pluies  et  d'ores. 
De  grans  fains  et  de  sois  el  de  chailivetés. 

(Gui  de  Bourgogne) 

Oreries,  orries,  s.  f.  pL,  pièces,  bijoux  d'or  ;  —  dorures  (l'ô 
est  long,  comme  s'il  y  avait  aurerics). 

Orfévrie,  s.  f.,   orfèvrerie.    Le  vieux  et  vrai  mot  français  est 
orfaverie  (ai  =:  a). 

Esmailleurs  d'orfaverie. 

{Mesliers  de  la  ville  de  Paris.,  1313) 

Li  reis  Solomun  preiad  Yram  que  un  ménestrel  bon  li 
enveiast  ki  en  seust  e  maist  en  fust  de  orfaverie,  e  de  pur- 
traiture  et  de  engravare,  e  de  altres  engins. 

(Tierz  livre  des  Beis) 

Il  i  a  marcheans  de  pion 
D'orfaverie  et  de  cristal. 

(Fabliau,  Dit  des  Marcheans) 

Gorgeron  sans  orfaverie. 

(Villon) 

Orge  (grain  d').  —  Orgelet,  pelile  tumeur  à  la  paupière,  com- 
père loriot. 

Ori-iie(r)  ou  Auriiie(r),    v.,   garnir    d'or,   dorer.  —  P.    p., 
Ori-iie. 

En  Voriet  punt  asez  i  ad  reliques. 

(67t.  de  Roland) 
Orillie(r),  s.  m.,  oreiller. 

Nompourquant  à  mon  orillier 
M'alai  erranment  conseiilier. 

(Poésies,  Froissarl) 

Blans  dras  et  orilliers  cornus. 

[Gauvain) 
Do  couvertouers,  de  coûtes  pointes 
Et  û'orillicrs  mignoz  et  cointes. 

(Gautier  de  Coincy) 
D'une  pierre  a  fait  orillier 
Si  conmença  à  sommeillier. 

(Roman  de  Renart) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  67 

le  sçait  endormir  Vorillier. 

{Varlct  à  louer) 

Orillette,  s.  f.,  oreillette,  doucette,  mâche  :  salude  dont  la 
feuille  a  la  l'orme  d'une  oreille  (?). 

Grillon^  s.  m.,  oreillon.  —  Les  orillons,  maladie.  —  Et  aussi  : 
enveloppes  de  toile  qu'on  met  aux  oreilles  des  chevaux  pour  les 
protéger  contre  les  mouches. 

Ormoire,  aurmoire,  aulmoire,    s.   i'.,   armoire,   Voy.  aiir- 

moire. 

Lorsque  je  senty  dame  mémoire 
Rescoudre  et  mcctre  en  son  aulmoire. 

(Villon) 

Orvers_,  s.  m.,  orvet,  petit  serpent,  presque  aveugle  (orbe). 

Escarbots,  talions,  orvers,  hannetons. 

(Nouvelle  fabrique) 

Oseille  dti  crapaud  :  —  s.  f.  Patience,  grande  oseille  (Poly- 
gonées). 

Oseille  dii  boquillon,  —  s.  f.  pain  de  coucou,  oxalyde. 

Osière,  s.  f.,  osier. 

Issi  sui  com  Vosière  franche. 

(Rutebeuf) 
Vimen,  osidre  —  Siler,  osière. 

(Gloss.  Rom.  latin.,  XV"  s.) 

Ele  preist  un  bouchiel  d'osicres,  si  lénoint  de  bithumin   et 
de  poi  et  raist  l'enfant  dedans. 

(Bibl.  histor.,  Godefroy) 

Ossie(r)_,  ocie(r),  v.,  voy.  liossie{r),  hocie{r). 

Ossu,  adj.,  qui  a  de  gros  os. 

Mais  gros  fu  et  ossu;;  et  fourmez  grossement. 

(Du  Guesclin] 
Ostant,  adv.  —  Voy.  .iustanl. 

Osto  (à  1'),  espr.  à  la  prison  ;  à  la  maison,  à  l'hôtel  (ostei). 

Sarrazin  s'estormissent,  venu  sont  as  ostaiis. 

(Élie  de  S.  Gille) 
lou  ay  comme  vous  sabes  ben 
(Dyou  marcy)  cauque  pau  de  ben 
Bouan  houstau,  tout  enbert  de  paille. 

[Seigne  Peyre) 


68  QLOSSAlRK    DU   MOUZONNAlS 

Osuré.  —  Voyez  Auzuré. 

Os,  ot  =  ais,  ait,  finales  dos  verbes  à  Timparfait  et  au  con- 
ditionnel. —  J'pan.os,  il  CTOT,  js^ros,  i  umRoi. 

En  la  curt  le  reis  conversof 
Assez  sovent  i  sujufWo<. 

(Marie  de  France,  Lai  des  2  Amants) 

La  reine  Cleopalras, 

Qui  tant  doutot  de  mort  le  pas. 

(Bestiaire  divin) 
Ne  nus  ni  osot  aproclier. 

(Mir.  de  Sardenay) 

Quant  l'ost  errot  lote  sa  voie. 

(Ambroise,  Estoire  de  la  guerre  sainte) 

L'ùsl,  qui  mult  désirât  le  jour, 
(/d.) 

...  Cops...  Que  IL  reis  Richarz  i  mot 
Et  les  ocïet  et  tuot. 

(Id.) 

...  Fauvel...  Ki  le  portât  de  tel  randon. 

ild.) 

Ou,  employé  pour  rarlicle  au,  surtout  à  la  frontière. 

Frères  Yves  'rouva  un  livre  ou  chevet  dou  lit  au  vieil. 

(Joinville) 
En  leurs  noms  et  ou  non  de  toute  la  communauté. 

{Livre  des  métiers) 

Un  quarlel  de  sel  ou  quel  le  |)revost  prent  le  tiers, 

{Aveu  de  Mulry,  à  Mouzon,  1369) 

J'ai  ou  trésor  de  ma  pensée  —  Un  mirouer. 

(Charles  d'Orléans) 

On  se  boutast  ou  cors  d'un  coutel  dusqu'au  manche. 

(Regrès  de  la  mort  S.  Loys) 

Oublie,  s.  i'.,  sorte  de  pâtisserie  sèche,  appelée  à  Paris  plaisir, 
analogue  à  l'hostie  (oblala,  offerte).  —  Est  encore  au  diction- 
naire, quoique  rarement  employé  à  présent  :  chez  nous  c'est 
un  ternie  courant. 

Il  ne  peut  entendre  ne  voir  comment   un  homme  entier 
puet  estre  en  celé  oubléc  que  le  i)restre  tient  à  l'autel. 

(Mircour  du  monde) 

Oubli-iie^r),  v.,  oublier.  —  P.  p.,  oubli-iie. 

Et  requeslc  d'ami  ne  doit  estre  oubli-ie. 

(Brun  de  la  Montagne) 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  69 

La  parole  David  est  bien  onlr^oubliie. 

Qui  dist  :  «  Rendes  vos  veus,  ne  les  trespassez  mie.  » 

(Rulebeuf) 

Ougnon,  s.  m.,  oignon.  —  On  dit  :  N'i  ai  dTouoNON,  il  y  a  de 
la  discorde,  du  grabuge. 

llennuyers,  coupeurs  de  ramée, 
Vous  ne  valiez  pas  deulx  ougiions. 

[Chanson  sur  le  siège  de  Mézières,  1521) 

Ouline,  houline,  s.  f.,  chenille.  —  N'i  ai  des  boulines  plein  la 
haute  (h  aspirée).  —  Voyez  houline. 

Oume,  s.  m.,  homme,  voy.  houme. 

Se  aucune  descendues  d'hiretage  vient  à  X'oume  où  tans 
que  il  a  famé. 

(Beaumanoir) 

Cy  vous  weil  deviser  des  .iiij  complections  de  Voume. 

(Pierre  de  Maubeuge) 

Ouner,  terminaison  verbale  provenant  de  noms  à  finale  on  : 
touner,  douner. 

A  Tourne  qui  ele  est,  a  bon  louier  donne. 

(Rom.  d'Alixandre) 

Oût(r)e,  adv.,  outre,  au  delà,  passé.  —  Ah!  le  bon  temps  est 
oût(r)e. 

Ce  dit  mercredi  partismes  de  celle  fonleine  et  oullre  au  giste. 

(S'  Voy.  en  Jhérusalem) 

Ouverre^  ouverd(r)e,  v.,  ouvrir.  —  J'ouvers,  j'ouvrans  ou 
j'ouverdans  — J'ouvros  ou  j'ouverdos  —  J'ouverrai  ou  j'ouverdrai. 
—  P.  passé  féminin,  oitverde.  —  On  dit  quelquefois  douverre, 
douvie  (frontière). 

Sire,  tu  enverras  les  lèvres. 

(Psautier) 
Le  capitaine  dist  :  c  Et  la  j)orto  ouverray.   « 

(Du  Gucsclin) 
On  li  ouverra  la  fenestre. 

(Fabliau  de  Gautier  le  Loup) 

Et  il  leur  ouverroit  la  première  porte  des  bailles  (première 
fortification). 

(Froissart) 
Ouvrage,  s.  fém.  —  T'ais  fait  d'ia  belle  ouvrage. 

Car  Dieu  et  le  bon  droit  et  bonne  volonlé 
Laboure  en  bonne  ouvrage  sans  penser  fauceié. 

(Rom.  de  Siperes,  Lincy) 

Ouvrie(r),  s.  m.,  ouvrier.  —  Jou(v)  ouvrie(r),  jour  ouvrable, 
non  férié,  où  l'on  travaille. 


70  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Et  tandis  qu'il  est  jour  ouvrier 

Le  temps  pers,  quant  à  vous  devise. 

(Charles  d'Orléans) 
Tant  aux  jours  ouvriers  qu'à  la  feste 
A  Paris,  ung  tas  de  bejaunes 
Lavent  trois  fois  le  jour  leur  teste 
AfQn  qu'ils  aient  leurs  cheveulx  jaunes. 

(Coquillart,  Perruques) 

Oviette,  s.  f.,  petite  brebis  (ovis,   ovilis).  —   Le  vieux  français 
avait  AtdVf^  brebis. 

Et  prendre  pors,  vake,  moutons,  auwes,  capons. 

{Chronique  de  Rains) 
Ovette  pure  et  entérine 
De  toute  bonté  la  racine. 

(Chr.  de  Pisan,  Prière  à  N.-D.) 


Pai,  s.  f.,  peau.  —  Voy.  Piau. 

Dessoubz  ma  pel  n'a  fors  ordure. 

{Mireour  du  moiide) 

Pa-iie(r)  et  pé-iie(r).  —  P.  p  ,  pa-iie,  à  la  frontière  pa-ïèt. 

Lu  donnateur  seroit  tenu  de  païer  les  quinctz  deniers. 

(Coustume  de  Vermandois) 

Et  le  surplus  se  paiera  aux  frais  des  hoirs. 

(Id.) 
...  Il  amenusast  les  lettres  de  tant  coni  il  aura  paiet. 

{Arch.  Adm.  Reims,  1256) 

Car  contrains  suy  d'aler  paier  une  debto. 

(Mireour  du  momie) 

la  ne  seront  paies  jiar  moi,  quar  je  nés  porroie  paier. 

(Fabliau,  Bourse  plaine  de  sens) 

Paîle,  paêle,  s.  f.,  poêle  à  frire. 

Et  si  doient  prester  les  couches  et  les  coucins  et  les  pots 

et  les  peales. 

(Charte  de  Chauvenct/^  i240) 

Qui  tient  la  pael  par  la  coue,  si  la  tourne  ou  il  voet. 

(Proverbes^  Ijincy) 

"Vin  d'espicerie,  canelle,  pesshoun  espandiee  et  plaunté 
dedenz  la  pacle. 

(Man.  Old  Roy,  Ane.  textes) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  71 

Quatre  grans  paelles  a  ance. 

(Ménagier) 
La  paelle  fu  toute  plainne 
Si  com  je  la  portai  à  painne. 

{Dolopathos) 
Patella,  patelle. 

[Gloss.  Rom.  lat.,  XV'  s.) 

So  li  covient  trépior 
Et  paiele  et  andier. 

(Estillement  au  vilain) 

Le  cuers  de  grant  paour  flaiele 
Et  frit  con  tourtiaus  en  la  paiele. 

(Jean  de  Gondé) 

Et  puis  le  fist  mètre  en  une  grande  paede  de  fer  toute  ardente. 

(Parement  des  Daines) 
Paîlée,  s.  f.,  le  contenu  de  la  paile. 

Paille,  s.  f.,  saoulée,  cuite.  —  .1  v'ia  iuii  qui  s'a  fout  des 
rudes  pailles  (!). 

«  Mettre  de  la  paille  «lans  ses  souliers  »,  s'enyvrer. 

(Ouilin) 

Paillot,  pa-ïot,  s.  m.,  sorte  de  petite  paillasse,  servant  sur- 
tout dans  le  lit  des  enfants.  Le  mot,  normand,  est  devenu  paiUet 
en  anglais. 

Pailon,  s.  m.,  poêlon. 

Le  grant  géant  avoit  toutes  les  paelles,  pacllons.  chaul- 
erons, coquasses,  lèchefrites  et  marmites  du  pays  avallé. 

(Rabelais 
Pain  d'coucou,  s.  m.,  plante,  oxalyde,  oseille  des  bois. 

t^àîil  d'oisiau,  s,  m.,  plante,  cardamine  des  prés. 

Pain  d'alouette,  s.  m.,  le  pain  qui  reste,  que  Ton  rapporte 
des  champs,  et  que  l'on  donne  aux  enfants  comme  un  gâteau. 

Pairë^  s.  f.,  employé  souvent  pour  dire  deux  sans  l'idée  de 
couple.  —  J'mangerai  bin  'n  paire  d'ues  ;  veux  lu  casse?'  'n  paire 
dû  nougelles  ? 

Païs,  s.  m.,  pays.  —  Prononciation  de  la  frontière.  —  Quand 
ju  reverrans  (nous  retournerons)  ou  païs 

Se  nous  n'estiens  pas  pèlerins  mis  en  pais  estranges. 

fGerson) 
Li  ospitaus  et  li  baron  dou  païs. 

(Joinville) 
Li  païsant  qui  furent  do  pais. 

(Mort  de  Garin) 


72  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

. . .  Une  dame  envoisie 

Qui  en  un  pais  suit  manans. 

(Lai  du  Conseil) 

Salehaiiins  s'en  ala  en  son  pa'i's. 

(Altuatrel  de  Reims) 

Paisson,  paîchon,  s.  f.,  temps  où  les  porcs  vont  pâturer  soit 
aux  bois,  soil  aux  champs. 

Los  bourgeois,  manans  et  habitans  de  Douzy  avoient  leurs 

aisances  tant  de  tailler  et  copper ,  comme  aussi  de  pais- 

sonner  toutes  et  quantes  fois  que  paisson  adreçoit. 

(Sentence  du  prévôt  de  Mouzon^  1456) 

Palâs,  s.  m.,  palais.  —  Prononciation  de  la  Meuse,  qui  fait 
dire  Stend  pour  Stenay.  —  Le  mot  palais  n'est  évidemment  pas  du 
langage  courant.  Mais  à  Douzy,  un  lieudit  le  Palds  rappelle 
l'existence  du  palais  de  Charlemagne. 

Pale,  s.  f. ,  vanne.  On  levé  la  pale  pou(r)  widit(r)  l'étang.  — 
Existait  sous  cette  forme  en  vieux  français  ;  est  du  reste  encore  au 
dictionnaire. 

Pale,  palon,  s.,  sorte  de  pelle  en  bois.  —  On  prenrai  la  pale 
poufr)  afourner  les  pains. 

Et  avecques  une  pale 

On  me  jette  en  Tair  bien  haut. 

(Léy.  de  Jean  le  blanc) 
Palée,  s.  f.,  le  contenu  d'une  pelle. 

Paler,  v.,  travailler  à  la  pelle,  nettoyer,  enlever  des  ordures, 

du  fumier, avec  une  pelle.  —  /  faitrot  bin   paler  devant  la 

porte.,  c'est  moût  niche. 

Paletée,  s.  f.,  pelletée,  contenu  de  la  pelle.  —  Prends  n'  pale- 
TÉE  de  terre  et  s' la  mets  sus  l'trou. 

Li  segneur leur  toloient,  à  force,  paletées  de  farine. 

(Échii^.  de  Normandie) 

Panâder  (se),  v,,  se  pavaner,  se  promener,  faire  le  beau,  le 
paon  (paonnades). 

Panai,  voy.  panniaus. 

Pançau,  s.  m.,  pour  pançard,  pansu  ;  goulu,  gourmand.  — 
Que  gros  PA^çAU  !  //  al  pourtant  '.oui  mangie  ! 

Saint  l'ançau,  qui  n'ai  mi  soiipé 

Voulez-vous  bin  li  a  douner  ? 

(Ronde  ',,opuluire) 

Et  de  cellf  racf  naquit  saint  Hausard  et  Mardy^ras. 

(Rabelais) 


TABLE 


DU 


Tome  IX,  2""  Série,  de  la  Revue  de  Champagne  et  Brie 


ACADEMIE  de  Reims 305,  592,  459,  765 

ACTES  RELIGIEUX    dil    Petit-Mesnil    (Aube),    1670- 

1700,  par  P.  Chauvet 87,  329,  665 

AGAR  (Mrae)^  née  à  Sedsn 312 

APPERT,  promu  lieutenant-colonel 783 

ARCIS-SUK- AUBE,  création  d'un  camp  de  cavalerie     .  929 

AUBA\ -MOET,  son  monument 22<f 

BAYE  (le  baron  de),  don  à  la  Bibliothèque  nationale     .  144 

—  Conférence   à    Reims   sur  le    couronnement    du 

Tsar 223 

—  Conférence  à  la  Société  de  Géographie.      .      .      .  307 

—  Exposition  des  co  lections  ethnographiques  de  sa 

mission 625 

—  Dons  au  Musée  de  Chàlons. 461 

BAVE  (l'abbé),  prélat  de  la  maison  de  S.  S 149 

B  AVE  (les  cèdres  du  château  de) 464 

—  (Église  de)   .      . 775 

BAZAR  DE   LA  CHARITÉ;   victimes  champenoises  de 

l'incendie 635 

BAZ^ILLES  (souvenir  de) 234,  764,  928 

BEAUMONT-EM-ARGONNE,     monummt    des    Alle- 
mands     775 

BELLAY  (l'ancien  village  de) 151 

BERLAND  (Just),  de  l'École  des  Chartes 70 

BIET  (Ms>-),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  .     ...  313 

BIGNIPONT,  sépulture  et  monnaies  du  xviie  siècle.      .  921 
BONNEAU  (Auguste),    médaille   du    Ministère     de     la 

Guerre 7^S 

BOSSUET,  lettres  et  œuvres  inédites 60,   301 

BOUILLON  (documents  sur) 47 

BOURGUIGNON  (Jules),    doyen     des    cantonniers    de 

France 9?"^ 

BOURQUELOT  (Emile),     membre    de    l'Académie    de 

Médecine 9^3 

BRIMONT  (le  vicomte  de)^  prix  Montyon  à  l'Institut    .  637 

BUSSY-AUX-BOIS 24,  199,  241,  481 


II  TAËLB 

BUSSV-SAINT-MARTIN  (Seine-et-Marne) 914 

CADRE  EN  ÉbÈNE  du  XVI»  siècle 768 

CAMP  DE  CHALONS,  souvenir  du  séjour  du  Tsar.     .  63 

—  Souvenirs  de  1867  et  1870  .     .  76 

—  (La  vie  au) 942 

CARANDA  (collection) 463 

CARRA   DE  VAUX  (le  baron),  mission  en  Orient     .     .  781 

CARRE  (Henri),  1"  prix  de  clarinette 638 

CENTENAIRES  :  à  Brie-Comte-Robert 145 

—  à  Cheminon 146 

—  à  Tours-sur-Marne 228 

—  à  Vitry-le-François 312 

—  M.  Frédéric  Moreau 635,  778 

—  à  Carisey  (Yonne) 463 

—  à   Prunay 777 

CERF  (le  chanoine),  son  jubilé  sacerdotal 934 

CERNON-SUR-COOLE,  sépulture  gallo-romaine     .     ,  462 

CHALONS,  Bussy-Rahutin  et  le  baron  de  Soudé.     .     .  80 

—  Chapelle  des  Jésuites 140 

—  Monument  Can;ot 628 

—  Nécropole  gauloise 776 

CHANDON  DE  BRLAILLES  (Gaston),    grand'croix    de 

Saiiit-Grégoire-le-Grand 69 

CHATEAU-THIERRY,   discours    de   M.    Massoul  à   la 

distribution  des  prix  du  Collège 614 

CHAUMONT  (le  général) 228 

CHAVAILLAUD  (Léon),  sculpteur 630 

CHEMINON  (les  armoiries  de) 227 

COLLIGNON,  nommé  sous-préfet  de  Reims  en  rempla- 
cement de  M.  Gilbert 466 

—  curé    d'Herpont,    médaille   au    concours 

musical  de  Toulouse 787 

CONDÉ-SUR-MARNE,  pont  du  chemin  de  fer     ...  631 
CONGRES  des  Sociétés  savantes  :  communications    de 
MM.  Parfouru,  Moulé,  Pilloy,  Morel^  Vauvillé,  Cour- 
nault,  Guyot,  L.  Maxe-Werly,  abbé  Bonno,  Lhuillier, 

Jadart.  Roserot,  abbé  Trihidez,  Denancy 45'! 

—  Discours  de  M.  Babelon  sur  lutilicé  scientifique  des 

monnaies  anciennes 468 

COQUILLARD  (Guillaume),    chanoine     et     officiai    de 

Reims 3^^ 

CORMICY,  tableau  de  S'  Remy 922 

COURAJOD  (lœuvre  de)  appréciée  par  les  Allemands.  158 
COURS  D  HISTOIRE  de  la  sculpture  à  l'Ecole  du  Lou- 
vre, par  M.  André  MICHEL 57 

DEBRAY    (L.-Alb.),    receveur    particulier    à    Château- 
Thierry 149 

DELMAS  (René  de  Pont-Jest),  prix  Lambert  à  l'Institut.  638 


TABLE  in 

DEMOGUE,  i'«  médaille  d'or  à  la  Faculté  de  Droit  de 

Paris 638 

DEVAUX  (Eugène)  (le   lieutenant) 69 

DOMMANGET  DE  LA   BARRE  (la    baronne),    legs    à 

l'armée yyS 

DICTONS  CHAMPENOIS 238 

DOREZ  (Léon),  conférencier 68 

DOUIN  (P.)>  rsçu  docteur  en  médecine yXj 

DRIANT  (le  commandant)^    président   de    l'Institut   de 

Carthage 70 

DUBOIS  (le  colonel),  commandant  militaire  au  Sénat   .  70 

DUBOIS  (Théodore),  une  œuvre  nouvelle 777,  930 

EPERNAY,  le  monument  de  M.  Auban-Moët.     .      .     .  225 

—  Eglise  SS. -Pierre  et  Paul 227 

—  Bénédiction  des  cloches 623 

ESSAI  sur  la  vie  et  le  rôle  politique  de   Guiilaume-aux- 

Blanches-Mains,  tlièse  de  M.  J.  Mathorez.      .     .     .  439 

EVRARD  (le  D""),  médaille  d'honneur 953 

FÈRE-CHAMPENOISE,  Hôtel  de  Ville 779 

FORAIV  (conférence  sur  l'œuvre  de),  par  M.  MONTEiL  224 
FREDERIC  .MOREL,    imjirimeur   du  xvie    siècle,    par 

M.  Joseph  Dumoulin 443 

GACE-BRULE,  trouvère  champenois 921 

GASTON  PARIS,  réception  à  l'Académie  française    .      ,  135 

—  Banquet  offert  par  les  Marnais.     .     .  227,  230 

—  Société  des  Parlers  de  France    .     .     .  462 
GERBROIS  (le  général  de),  doyen   des  généraux   fran- 
çais, né  en  1806 463 

GIGNY-AUX-BOIS  (histoire  de) 24 

GLOSSAIRE  du  Mouzonnais,  par  N.  Goffart.     .     2q,  118,   181, 

273,  422,  551,  688,  867 

GRASSET  (Paul),  décoré  de  Saint-Stanislas 70 

GUISE  (portrait  de  Mi"=  de) 134 

HAXOTAUX  (G.),  membre  de  l'Académie  française.      .  465 
HARMEL  (M'ie  Blanche),  profession  religieuse     .     .     .  147 
HAUTE-MARNE,  Répertoire  historique.      .      .      .     402,  670,  843 
HENNEQUIN,  professeur  à  l'Université  de  Lyon  j  men- 
tion très  honorable  à  l'Institut 70 

HENRY,  dOmey,  nommé  lieutenant-colonel  ....  933 

HIRSEVILLE  (Haute-Marne),  villa  gjUo-romaine    .      .  776 

HISTOIRE  DE  BUSSY-AUX-BOIS,  par  A.  Millard   .  24,  199 

241,  481 

HUYSMANS,  préface  inédite 15,- 

JADART,  l'ancienne  baronnie  du  Thour  en  Champagne  35^  93 
—         Membre    de  la   Commission   des   expositions 

•    rétrospectives 466 

JANNOT  (le  colonel  Eug.),  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur    782 


iV  TAbLE 

JEAN  DE  LA  FONTAINE,  discours    de     M.    Georges 

Lafeiiestre 95° 

JEANNE  D'ARC,  aquarelles  par  M.  BOUTET  DE  MON- 

VEl 62 

—  Fêtes  à  Orléans 309 

—  Drame  de  Joseph  Fabre     ....  619 

—  Le  blason  et  le  cri  de 620 

—  Poème  de  Clovis  Hugues  ....  769 

—  —       de  l'abbé  Maestrate    .     .     .  770 

—  Sa  béatification 922 

LA   FERTÉ-MILON,  maison    supposée    de    la    famille 

Racine 774 

LACAILLE,   de  Charleville,    conseiller    à    la    Cour    de 

Nancy 933 

LA  CHAPE  de  saint  Martin  à  Bussy 914 

LA  CRYPTE  de  S'  Génebaud  à  Laon 918 

LALAIN   (Ernest  de),  officier  du  Dragon  de  l'Annani     .  934 
LA    MISSION   A   REIMS  en  1821,  par  L.  M  ONCE  W.     ,  383 
L'ANCIENNE   BARONNIE  DU  THOUR    en    Champa- 
gne, par  H.  Jadart 35»  9^ 

LANGRES^  mercuriale  du  xv«  au  xix«  siècle  .      .     .     ,  641 

LAON,   Porte  Saint-Martin 142 

—      Crypte  à  S* -Génebaud 918 

LARIVIERE    (J.-L.-Ch.    de),     receveur    particulier     à 

Sedan 149 

LE  CENTENAIRE  DE  LXEILLET  et  la  mort  du  che- 
valier de  Rougeville 792 

LE  CHAMPENOIS  DE  PARIS^,  journal 632 

LEFORT,  général  de  brigade 466,  782 

LÉGION    D'HONNEUR^.   MM.    Croissant,   Anatole   Le- 

roy-Be  ulieu,  G.-Fr.  Chanzy,  L.  Jeanniot,  Hébert.      .      147,   228 
LEON  GAUTIER,  discours  de  M.    HÉRON    DE    Ville- 

FOSSE 946 

LE  PHYLLOXERA  au  xv«  siècle 794 

LE  POÈTE  GUILLAUME  COQUILLART,  par  M.  Gas- 
ton Paris 321 

LES  ASSOCIATIONS  champenoises  à  Paris     ...     .  632 
LES  MERCURIALES  DE  LANGRES  du  xv>^    au    xix« 

siècle,  par  J.-C.  HvMBLOT 641 

LES  SEIGNEURS  DE  VILLE-SUR-ARCE,  par  A.  PÉ- 

TEL 5)    161,    2JI 

334,  492,  668,  804 
LES  VOYAGES  du  miirquis  de  Nointel  et  les  peintures 

de  Jacques  Carrey 788 

LHUILLIER  (Th.),  membre  non  résidant  du  Comité 
des  Sociétés  savantes  et  correspondant  de  la  Commis- 
sion des  monuments  historiques 465 

L  HUITRE  (vitraux  de  légiise  de) 312 


TABLE  V 

LOISV-SUR-MARNC,  sépultures  gallo-romaines  .     .     .  311 
LONGNON  (Auguste),  nommé  membre  du  Conseil  de 

perfectionnement  de  l'Ecole  des  Chartes 657 

LUTON  (le  D'),  son  buste 630 

MAIGRET  (le  contre-amiral  de),  nommé  vice-amiral     .  313 
MARGOTIN  (L.),  inspecteur  des  trasaux  diocésains.     .  639 
MARS-LA-TOUR  à  Bazeilles  (Musée  militaire  de)    .     .  626 
MARTIN  (Louis-Barnabe),  officier   de  la   [.égion  d'hon- 
neur    70 

MATIGNICOURT  (monument  de) 629,  772,  916 

MAUBERT-FONTAINE,  église 772 

MAUROY  (A.  de),  vol  de  médailles  au  château  du  Thi- 

vet 780 

—         (le  marquis   Adr.-Ch.  de),  commandeur  de 

l'ordre  de  Pie  IX 783 

MAXE-WERLY  (Léon),  chevalier  de  la  Légion   d'hon- 
neur    464 

MEAUX,  comptes  du  temporel  de  l'évéché  (1422-1426).  451 

—         Legs  du  duc  de  Tarente 780 

MELUN,  monument  de  Pasteur 69 

MERBIOX  (le  général  du) 61 

MÉRITE  AGRICOLE 148 

MESTRUDE£(Ferdinand),  commandeur  du  Nicham  Ifti- 

kar 228 

MISSA  (Edmond) 777 

MOREAU  (le  capitaine  Maxime-Frédéric) 929 

MORTEAU  (Haute-Marne),  la  plus  petite  commune  de 

France 931 

MOUVEMENT  judiciaire  et  administratif  .....  785 

MOUZON,  pierre  tombale 81 

—         Eglise  Notre-Dame 618, 

MOUZONNAIS  (Glossaire  du) 29,   118,    181 

273,  422,  551,  688,  807 

MUN  (A.  de),   membre  de  l'Académie  française  .     .     .  465 
NEVEUX  (Pol),  secrétaire  de  la  Commission  supérieure 
des  Expositions  rétrospectives  des  Beaux-Arts  et  Arts 

décoratifs 466 

NOCES  D'OR,   M.  et  M^-^  Simon-Taton 228 

—             M.  et  Mii'e  Briet 778 

NOIROT  (Maurice),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  .  784 
NOTE  sur  le  fief  de  Toulongeon.  à  Chaumesnii,  par  P. 

Chauvet 801 

OFFICIERS  d'Académie 147,  464,  784 

OFFICIERS  de  l'Iistruction  publique 147,  464 

OFFICIERS  du  Mérite   agricole 785 

PASTEUR,  son  monument  à  Melun 69 

PATENOTRE^  ambassadeur  à  Madrid 781 

PECHENARD  (^Ms-^)^  recteur  de  l'Institut  catholique     .        67,   927 


VI  TABLE 

PETIT-MESNIL.  actes  d "état  civil 87,  329.  665 

PILLE  (Henri) '317 

—             Sa  bibliothèque 634 

PIQUET  (Jean),  maire  de  Troyes  au  XVIl*  siècle  .     .     .  928 
PONSINET  (Albert),  directeur  de  l'intérieur  à  la  Réu- 
nion    782 

POUILLON,  pèlerinage 773 

PRILLY  (M?--  de)  à  la  bataille  d'EyIau 315- 

PROVINS,  ancienne  tuilerie 63 

QUATRE-VINGT-DIX-NEUF  (banquet  des)    ....  14? 

RACINE,  ss   maison  à  la  Ferté-Milon 775 

RAILLET  (Alcide),  membre  de  l'Académie  de  Médecine  149 

RAMKRUPT,  chemin  de  croix 779 

REGNIER  (Henri  de),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  460 

REIMS,  exposition  d'atfiches  illustrées 59 

—  (Centenaire  de)  ;  ode  de  Léon  XIII     ....  61 

—  Dons  au  Lycée 64 

—  Faune  rémoise  et  les  rayons  X 66 

—  Musée  :  dons  du  baron  de  Baye 68 

—  Victor  Hugo  à 79 

—  Musée  archéologique 132 

—  Bibliothèque  de 138 

—  Musée  de  peinture 139^  226 

—  Relique  de  S^  Rémi 142 

—  Médaille  du  centenaire 143 

—  Travaux  à  la  cathédrale 144 

—  Vente  Barbier 144 

—  Maison  de  convalescence 226 

—  Mystère  de  la  Passion 306 

—  Chemin  de  fer  de  Reims  à  Cormicy  ....  309 

—  Discours  de  R.   P.  Rollin   à  la   distribution  des 

prix  de  l'école  S^-Joseph 6iJ 

—  La  tapisserie  de  S' -Rémi 622 

—  Cinquantenaire  du  Comice  agricole     ....  627 

—  Don  à  la  cathédrale 630 

—  Orgue  de  S'-André 631 

—  Associacion  des  anciens  élèves  du  Lycée.     .     .  636 

—  La  mission  en  1821 382 

—  Vente  de  la  collection  Petitjean 457 

—  Cimetière  de  Reims,  combat  de  mars  1814.     .  45'9 

—  Exposition  d'art  local 763 

—  Chapelle  St-Remi  à  la  cathédrale 770 

—  Maître-autel  à  S'-Maurice 771 

—  S'  Leu,  patron  des  bouchers 774 

—  Découvertes  archéologiques 92 r 

—  Musique  russe 923 

—  Une  œuvre  de  James  Tissot  à  la  cathédrale.     .  924 
RENART  DE  FUCHSAMBERG  (tamille) 81 


TABLE  ^n 
RÉPERTOIRE  HISTORIQUE  de  la   Haute-Marne,  par 

A.   ROSEROT 402,   670,   843 

RETHEL,  banquet  des  anciens  élèves  du  Collège  No- 
tre-Dame      227 

RIGAULT  (Abel),  documents  sur  Bouillon 47 

RIGAULT,  mention  honorable  à  l'Institut 637 

RIMBAUD  (Arthur),  sa  sépulture 637 

ROTHIER  (Léon),  médaille  au  Conservatoire.     .     .     .  638 

ROUCY_,  baptême  de  la  cloche  de  l'hospice     ....  930 

SAINT-GORGON,  pèlerinage 773 

SAINT-LAMBERT  (Cécile  de),  abbesse  de  S'-Pierre  à 

Reims,  sa  tombe , 66 

SAINT-l.UMIERLA-POPULEUSE,  épée  gauloise  .  .  462 
SAINT-MARCEAUX   (René  de),  le   monument   d'Alex. 

Dumas  fils 225 

SAINT  MARTIN  (chape  de) 914 

SALMON,  préfet  de  la  Marne 69 

SEDAN  (^monument  de) 629,  762 

—       Cérémonie  patriotique 765 

SI.MON  (Albert),    i«'    prix    au  concours    du   projet    de 

reconstruction  du  Collège  de  Châlons 638 

SOCIETE  ACADÉMIQUE  de  l'Aube  .     .     58,  131,  449,  754,  908 

—                         Récompenses  décernées.     .  931 
SOCIÉTÉ  D'AGRICULTURE,  Commerce,   Sciences   et 

Arts  de  la  Marne 751 

SOCIÉTÉ  HISTORIQUE  de  Château -Thierry     .     .     .  '131,  220 

.     ,              ,                                                    446,  590»  756,  912 

SOCIETE  LITTÉRAIRE  et   historique  de  la  Brie     .     .  304,  447 

609,  909 

SOURRIEU  (le  cardinal),  son  jubilé  sacerdotal  .  .  .  934 
STEIN  (Henri)^  membre  du   Comité   des  Sociétés   des 

Beaux-Arts.     .     , ,     .     .     .  46) 

SURUGUES,  décoré  de  S'«-Anne,  3«  classe       ....  314 

TAINE  (les  curiosités  de) 72 

THOUR  EN  CHAMPAGNE  (baronnie  du).     ....  35,  92 

TOULONJON  (Chaumesnil,  Aube) .  801 

TRIHIDEZ  (l'abbé),  chevalier  de  S'-Stanislas  ....  466 

—           Mission  en  Egypte  et  Syrie 781 

TROYES,  dons  au  Musée 307,  607 

UNE  PIERRE  TOMBALE  de  l'église   de  Mouzon,  par 

A.  FrÉZET 81 

VARENNES,  adresse  des  Rémois  à  la  municipalité  .     .  919 

VARIN  (Adolphe),  notice  par  M.  Frédéric  HenRiET.     .  937 

VASSEMY  (Aisne),  archéologie  préhistorique  ....  311 

VERZY,  monument  commémoratif 636 

VILLE-SUR-ARCE  (les  seigneurs  de) 5,161,251 

334,  492,  668,  804 

VIN  DE  CHAMPAGNE 460 


VIII  TABLE 

VIOLLE  (Jules),  membre  de  l'Académie  des  Sciences    .  313 

VITRY -LE-FRANÇOIS,  Musée 64 

—  Première  pierre  du  pont     .     .  312 

—  Monument  de  la  revue.     .     .      629,  758 
WtRLE-CLICQUOT-PONSARDIN,  notes  sur  cette  mai- 
son de  commerce 796 


BIBLIOGRAPHIE 

Mémoires  de  3f">^  de  Chastenay 55 

Sommaire  de  la  Revue  historique 55,  219,  438, 

589,  750,"  907 

Sommaire  de  la  Revue  historique  ardennaise.    .      .      .     55,  218,  437, 

589,  749>  906 

Sommaire  de  la  Revue  d'Ardenne  et  d'Argonne.      .      .     55,  218,  438, 

589.  749j  907 

Jeanne  d'Arc,  pur  BOVTET  ^D^E.MOii\^L 129 

Carnets  de  voyage  de  H.  Taine 130 

Histoire  de  Fabbaye  de  Bricot,  par  Ed.  AUDRÈ 217 

Histoire  de  Berru,  par  Ch.   BOSTEAUX-Paris     ....  217 

Œuvre  inédite  de  Bossuer^  publiée  par  l'abbé  LÉVESQUE  .  301 
L'architecture  religieuse  dans  l'ancien    diocèse  de   Soissons 

aux  XP  et  XII^  siècles,  par  E.  LefÈVRE-PontaLIS,  .  583 
Le  procès  de  Guichard,  évêque  de    Troyes,   par   A  bel   Rl- 

GAULT $S$ 

jWk""  Landriot,  archevêque  de  Reims 586 

Le  vin  de  Champagne  sous  Louis  XIV  et   Louis  XV,  par 

Armand  BOURGEOIS 587 

Manuel  de  théologie  mystique,  par  l'abbé  I.EJEUNE.     .     .  587 

Manuel  des  cérémonies  de  V ordination,  pd^r  l'abbé  BERNARD  588 

Méliador,  par  Jean  Froissart,  édité  par  M.  LONGNON  .  436 
Revue  des  traditions  populaires  ;  table  des  dix   premiers 

volumes 437 

Atlas  du  département  ;  feuille  de  la  Marne 437 

Les  ayeuls  maternels  du  B.  J.-B.  de  La  Salle,  par  le   V»* 

E.  DU  Pin  de  la  Guérivière 748 

La  véritable  première  édition  des  Contes  rémois,  par  G.  GLI- 

NEL 748 

Médicaments  chimiques  organiques  inscrits  au  supplément 

du  Codex,  par  H.  I  AJOUX  et  Alex.  Grandval   .     .      .  748 

Cuba  libre,  par  Séverin  Caillot 749 

Vie  des  saints  du  diocèse  de  Reims,  par  le  chan.  Cerf.  .  905 
L'église  et  l'abbaye    de  Saint- Mcaise  de  Reims,   par   Ch. 

GivELET 906 

La  vallée  de  l'A rdres,  par  ^' abbé  ChevalUEK 906 


TABLE  II 


MARIAGES 

Audebert  de  Lapinsonie  et  M"«  Decharme 787 

Auger  (Adolphe)  et  M"'  Marthe  Winsbach 149 

Bocquillon  (Jules)  et  M"»  Marie-Louise  Duchâtaux  .  .  936 
Bruneel  (comte  Albert)  et  M"°  Anne  de   Clermont-Ton- 

nerre 639 

Bur  (Paul)  et   M"°  Amélie  Bénard 150 

Bur  (Louis)  et  M"'  Cécile  Bénard 150 

Chandon  de  Briailles  (le  comte)  et  M"''  Laure   de   Saii- 

gnac-Fénelon 935 

Contamine  (Henri)  et  Mlle  Jeanne  Fontaine 467 

Corda   (Augustin)  et  M'ie  Blanche  JuUy 639 

Dargent  (Raymond)  et  Mlle  Valentine  Rome    ....  314 

Démangeât  (Adolphe)  et  M"'  Hélène  Bourgoin.     ...  71 

Dérodé   (Marcel)  et  MU""  Jeanne  Strohl 787 

Dufour  {Vierre-Eugène-Pucer/ie  Bernchon)  et  MUe  Fréd.- 

Marie-Isabelle  Rimbaud 639 

Dupont  (Rugèue)  et  M"'  Marthe  Nouvion 639 

Faupin   (Edmond)  et  MUf  Juliette  Benoist 229 

Forgemol  de  Bostquénard  et  M""=  Wildes,  née  Gladstrme  71 
Gayot  (J.-P.-Amédée)et  Ml'^  Marie- Blanche-Alice  Cout- 

tolenc 229 

Guignard  (Jean)  et  M''''  Jacqueline  de  Pierrebourg  .      .  640 

Lemesle  (Charles)  et  M"'  Marguerite  Foucart.  ...  71 
Lyautey  de  Colombe  (André)  et  MU*"  Thérèse   Ogier  de 

Baulny 935 

Mun  (comte  Bertrand  de)  et  M"'  Marcelle  Werlé     .     .  640 

Peltereau-Villeneuve  (Armand)  et  M'ii"  Jeanne  Lefort     .  228 

Petit  (Paul)  et  MH*^  Germiine  Lagèze 466 

Régnier  (André)  et  M"'  Marie-Andrée  Duriez     .     .     .  639 

Sérurier  et  M'i''  Luzzani 788 

Stremler  et  M'i''  Jeanne  Croisy 787 

Thureau  (Edouard)  et  MU'' Jeanne  Guieysse     ....  314 

Vergés  et  Mlle  Madeleine  Lesage 467 


NÉCROLOGIE 

Arlet  (Oscar) 434 

Aubert-Gadiot  (Francis) 127 

Aubert-Loche  (Fr. -Apollinaire) 137 

Au  vert 2x6 

Barau  (M^e) ^3 

Barnabaud  (Edmond) 582 

Barrois  (Maurice-Onésime) 901 


3e  TABLE 

Bnrthel  (le  capitaine) 216 

Baudin  (Aug.-Alph.) 434 

BauffremontCourtenay  (le  prince  de) 744 

BetTroy  de  la  Grève  (M.  de) ^yg 

Béthune-SuUy  [\n  comtesse  de) 578 

Boiteux  (Gaston) 747 

Bouché  (l'abbé) 434 

BouUaire  (M^e) ^y 

Bourgoing  (le  docteur) 215 

Bouthillier-Chavigny  (la  marquise  de) 746 

Bouvet  (le  baron  de) 902 

Bouzon  (l'abbé) 299 

Boyron  (le  docteur) 300 

Briffaut  (i'abbé) 432 

Brisson  (T. -P.) 898 

Buirette-Lefèvre  (P.) 216 

Cagnion  (M'»*') 903 

Carrette 902 

Cazet  (Alphonse) 53 

Cazotte  (Henri  de) 900 

Chanal  (Louis) 433 

Chapuzot  (l'abbé) 433 

Charlier  (Honoré) 746 

Chaubry  de  Troncenord   (la  baronne) 583,  743 

Chifflard  (A.) 901 

Clermont-Tonnerre  (la  marquise  de) 54 

Clivot  (l'abbé)     .     .     ' 53 

Colin 299 

Collet  (Alexandre),  le  D"- 53 

Couillaud   (le  docteur) 299 

Couturier  (l'abbé  Simon) 902 

Croisy  (M'»»''  veuve) 747 

Damien 434 

Davenet  (le  général) $1 

Deheurle  (Victor) 399 

Delacroix  (J.) 5^3 

Délaissement 433 

Delbeck-Barrachin  (M^e) 51 

Demaison  (Paul-François) 582 

Denizot  (l'abbé) 898 

Derousseaux,  comte  de  Médrano 53 

DeuUin  (Eugène) 127 

Devédeix  (Eugène) 434 

Dortu-DeuUin 5'3 

Drumel   (Ernest) 900 

Du  Hamel  de  Breuil  (le  comte) 577 

Durand  de  Mareuil  (le  comte) 577 

Elambert  (Paulj 582 


TABLK  Xt 

Fauvet  (Jean-Marie) 433 

Fort  (le  capitaine) 300 

Gariiiet  (Mn") 899 

Garot  (Monseigneur) 745 

Galichet  (l'abbé) 299 

Gentilhomme  (trnest),  le  docteur 433 

Girardin 43  î 

Godbert 9^2 

Goulet  (Mme  Henry) 902 

Grandjeaii 747 

Griffon  (René) $0 

Guay  (Edmond) $^2 

Hannesse  (l'abbé  P,-Marie-Ch.) 300 

Hannion  (l'abbé) 128 

Henriot 582 

Herblin  (frère  Jules-Marie) 54 

Herment  (Arnould-Maximilien) 127 

Holden  (Isaac) 743 

Hourblin  (Jean-Baptiste) 582 

Hubert 901 

Igier  (Gaston) 216 

Irroy  (M^e) 582 

Isle  (la  marquise  d') 434 

Isle  (Henriette  d') 434 

Jacquemart  (J.-B.) 434 

Jourdain  de  Muizon  (J.-B.-Ern.) 432 

Jossin 128 

Lafaist 74^ 

Lallement 747 

Lemoine  (Victor) 297 

Lequeux  (M™e) 903 

Maillot  (Mine) 128 

Martin  (Nicolas-Alexandre) 216 

Mathrez  (Lucien-Désiré) 127 

Maucourant  (Xavier) 4H 

Michel  (Marcelin) 747 

Michel  (Mm«),  Mère  sainte  Marie 52 

Monet  (la  comtesse  de) 3°° 

Morel 53 

Morlaincourt  (Charles  de) 745 

Morlet  (l'abbé  Ferdinand) 216 

Mougeot  (le  D"-) 747 

Muizon  (Maie  Aug.  de) 433 

Muller 50 

Nettancourt-Vaubecourt  (la  marquise  de) 126 

Olivier  (le  chanoine) 433 

Pasquier  (l'abbé) 582 

Patizel  (Irénée) 746 


XII  TABLE 

Percebois  (iM-"') 578 

Perrier  (Pierre-Louis-.Alfred) 128 

Pétro  (l'abbé) 433 

Pille  (Henri) 297 

Plonquet  (le  docteur) 578 

Poirier  (M^e) 127 

Poisson  (le  capitaine) 903 

Prévoteau  (l'abbé) 299 

Regnault 582 

Remy  (Pauline),  sceur  Valbertine 434 

Rigollet 216 

Rigollot  (Mme  de) 216 

Rivart  (Charles) 127 

Robinet  (Emile) 746 

Rœderer  (Mme    veuve) 214 

Rousseau-Taton 901 

Saguet  (l'abbé) 53 

Seine  (Louis) 434 

Senart  (Mme   Alex.) 432 

Simon  (Gaétan) 901 

Socquard  (l'abbé) 299 

Sommyèvre  (M.  de) 747 

Thélin  (François  de) 746 

Thézard  (Clémence- Aline),  baronne  de  Plancy     .     .     .  582 

Thiémé-Deperthes 901 

Tondeur 216 

Vacherot  (Etienne) 581 

Varin  (Ariolphe) 746 

Verrier  (Achille) 433 

Villemant  (Félix) 215 

Villermont  (le  comte  de) 54 

Villiers  (le  vicomte  de) 899 

Vix-Bara 432 

Walbaum   (Auguste) 127 

Wignacourt  (le  marquis  Alof-Marie-Florent  de)   ...  126 

Wollaston  (le  docteur) 300 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  73 

Panchie(r)  l'iaue,  v.,  pisser,  uriner.' —  Faut  pourtant  quû 
fvas  pancuie(r)  l'iaue.  —  C'est  :  épancher. 

Pandour,  s.  m.,  sorte  de  jeu  de  cartes.  —  Comparez  avec  le 
jeu  de  lansquenet.  —  Se  dit  aussi  d'un  homme  d'allures  liberti- 
nes, bon  vivant,  trop  vivant  ;  ou  bien  lourd  et  grossier. 

Panerée,  panetée,  s.  f.,  contenu  du  panier. 

S'il  crachoit,  c'estoient  panerées  de  chardonnette, 

(Rabelais) 
Pame(r),  s.  m.,  panier. 

Panniaus,  panai,  s.  m,,  petit  pan  (panneau).  —  Se  dit  à  peu 
près  uniquement  des  pans  de  la  chemise.  —  /  s'promeinne  à 
PANNIAUS  volants,  nu  et  en  chemise. —  Ta  culotte  est  trawée  pa{r) 
drie{r),  on  (v)oit  Tpanai. 

Les  chars  crues  il  mettent  entre  leurs  selles  et  leurs  paniaus. 

(Joinville) 
Et  il  a  son  panel  trossé. 

(Rom.  de  Renart) 

Pâpâ,  s.  m.,  image,  portrait.  Terme  enfantin. 

Papeloter,  t.,  papoter,  bavarder,  jacasser. 

Pâpie(r)  et  paupie(r),  s.  m.,  papier.  —  J'ai  co'n  belle  feille 
dû  paopie(r)  à  letl{r)es. 

Papîrie,  s.  f.,  usine  à  papier,  fabrique  de  papier,  papeterie.— 
Das  l'ieinps  n'i  avot  'n  papîrie  à  Tloune,  pi  ieune  à  Rouffie.  A 
ftheure,  La  teu  dil  Tloune  c'est  'n  filature. 

Ladite  Machere  cy  devant  estoit   une  papillerie  et  avoit 
déjà  esté  un  moulin. 

(Manusc.  de  Jean  Tobie) 

Papinette,  s.  f.,  cuiller  en  bois,  mouvette  pour  la  cuisine. 

Papillie(r),  papi-ue(r),  v.,  papillonner,  tourner  autour,  vol- 
tiger. —  Oh  !  il  est  précoce!  I  va  d'jà  papillie(r)  iiutour  des  filles 
(demoiselles). 

Puis  retournât  à  Liège  li  evesque  menbrus 

Où  si  genspapillent  por  estre  recolhus  (recueillis). 

(Geste  de  Liège) 

Pâquage,  s.  m.,  présent  qui  se  fait  à  l'occasion  de  la  fête  de 
Pâques  et  consistant  surtout  en  œufs  (œufs  de  Pâques).  —  firai 
(tjoir  ma  tante  ■■  p'lêt(r]e  qu'elle  inii  donrai  mes  paquages. 

Pâquette,  s.  f.,  buis  (bénit  aux  Rameaux,  Pâques  flories). 


74  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

PaquiSj  s.  m,,  pâturage  sur  le  bord  des  chemins  et  autour  des 
maisons.  —  Nom  de  lieu,  rappelant  l'usage  commun  à  tous  les 
habitants  d'un  lieu,  d'une  pâture  boisée  ou  non.  —  A  Blilson, 
comme  das  bin  des  aut{r]es  villages,  ni  ai  in  bos  communal 
qu'on  appelle  lu  Paquis. 

Pa(r),  prép.  par.  Se  contracte  avec  le,  les,  en  :  voy.  Pau, 
Paux,  P'en.  —  On  dit  :  je  imis  par  In,  mais  pa  la  route. 

Aussi  faint  bien  famé  pa  boulle 
Eslre  enfermée  pour  gessir  soûle. 

(Clef  d'amour) 

Parc,  s.  m.,  lieu  enclos  de  claies  mobiles  où  l'on  enferme  les 
moutons  qui  paissent  les  champs. 

4*ar  ci,  exp.  adv.,  par  ici,  de  ce  côté-ci.  —  Resté  en  français 
dans   l'expression  par-ci,   par-là.  —  On  il'  'vfoit)  poûl  de  leilS 

PAR   Cl. 

Biax  niés  Girbers^  revenez  en  par  ci 

[Mort  de  Garin) 

Par  oîi  s'en  va.  —  Par  ci  tout  droit. 

(Rom.  Renart) 
James  ne  revenrai  par  ci. 

(Pastourelle  de  Wenceslas) 

Hui  matin  quant  je  ving  par  ci. 

(GUérin,  du  PrOboM) 

Voulentiero,  m'amie,  sans  faille 
Venez  par  cy. 

(Miracle  N.-D.) 

Pa(r)  d'iez,  Pas  devez,  exp.  adv.,  du  côté  de,  âui  etiviroùs 
de.  —  J'ai  vu  ton  père  pa(r)  d"lez  l'pnifs  Pantoise. 

Par  delez  lui  mussant  aloie. 

{Dolopathos) 

fcràUfrey  a  regardé  par  delès  un  buisson. 

{Gaufrey) 

Pa(r)ce  quû  (pascu),  prononciation  de  parce  que.  —  Pou(r) 
quoi  ?  —  pa(r)c'  qitil. 

Pardouner,  v.,  pardonner.  —  Je  pardonnerai  ou  je  pardon  rai. 
—  On  dit  :  «  pardonner  quelqu'un  »  .•  Jaynais  fnii  h'pardou^ 
nerai. 

. . .  Ainsi  qu'il  pardonna  ceulx  qui  le  mirent  en  croix. 

(Voyaiqe  en  Jherusalem) 

Si  pria  tant  mesire  Robiers  son  aegneur 
Ke  il  li  pardonna  son  mesfait. 

{Flore  et  Jehanne) 


GLOSSAIRE   DU  MOUZONNAIS  75 

Le  visconte  doit  sovent  pardonner  ses  vij.  sos  et  Jemy  par 

pitié. 

{Assises  de  Jérusalem) 

Et  li  pardonna  tous  méfiais. 

{Renart  le  Nouvel) 

Se  vous  me  le  rendez,  je  vous  pardonrai  mon  raautalant. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Pa(r)  drie(r),  expr.  adv, ,  par  derrière,  —  en  cacliette,  en 
secret,  hors  de  la  présence.  —  I  dit  tout  m  pa(r)  drie(r),  jamai(s) 
en  face. 

Pariure,  s.  f.,  pari,  gageure.  —  J'tu  fais  'n  pariure. 

Parler    et  paurler    (à    Douzy),    t.,    parler.    Anciennement 

paroler. 

Parmi,  prép.,  au  milieu,  à  travers.  —  S'emploie  absoiument. 

—  Jésus  est  là,  par  my  les  champs  (Ronde  de  Trimâuzét). 

Si  veissiez  muiez,  asnes  et  bues,  vaches  et  chevàus  aler 
sans  garde  parmi  les  chans. 

(Guillaume  de  Tyr) 
Et  parmy  les  rues  crier 
Petit  mercier,  petit  panier. 

(Charles  d'Orléans) 

Partageus,  adj.,  qui  veut  partager,  socialiste. 

Partier  pour  partie.  —  On  dit  :  J^ans  fait  'n  bonne  partier 
(de  piquet). 

Parti(r),  v.^  partir.  —  Je  parte,  tu  partes,  i  parte,  j  partans, 

—  J'ai  parti  ou  parla.  —  J'partrai  —  J'partros.  —  Signifie  sou- 
vent mourir,  quitter  la  terre.  —  H  ai  parti  d'ia  poitrine. 

Ly  conte  de  saint  Pol  entendit  chu,  a  pou  qu'il  ne  part  de  duelle. 

(Jean  d'Outremeuse) 

Pas,  nég.,  ne  se  lie  pas  à  la  voyelle  qui  suit.  —  On  n'waitt  H 
à  ça  ! 

Pas  moins,  expr.  signifiant  pourtant,  cependant,  néanmoihs. 

—  J'v'ai  vu  rprenre,  pas  moins  ! 

Passagie(r),  passagière  (ère  bref),  adj.  ou  subst.  — Passant, 
qui  passe. 

Toute  gaie  pensée  en  mon  cœur  passagière. 

(Baïf) 

Passé  !  pour  pensez  !  eiclamation  qui  exprime  l'espoir,  le 
dé<sir.  —  /  n'oserait  v'ni(r),  passé  1  —  Passé  qui  vinrant  ! 


76  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Passée,  s.  f.,  trace,  marque  de  passage  ;  sentier  du  gibier.  — 
Temps  de  passage.  —  J'ai  vu  des  passées  de  r'nard.  —  A  la  pas- 
sée des  couaiUes. 

Pataî,  s.  m.,  pâtée,  bouillie  épaisse.  —  N'i  ai  trop  d'pain  das 
la  soupe  :  c'es(i)  in  vrai  pataî. 

Patard,  adj.,  payant.  —  Au  bal  patard  07i  paie  in  &ou  pou(r) 
chaque  danse.  —  De  palard^  menue  monnaie. 

Patatrac,  int.  patatras;  —  onomatopée  qui  exprime  le  fracas. 

Pataud,  patiaud,  adj.  et  s.,  lourdaud,  grossier.  —  Que  gros 
PATiAUD  qu'ça  fait. 

Patiner,  v.,  toucher,  retourner  sans  délicatesse  comme  avec  la 
patte. 

Patou-iie(r),  v.,  patauger,  tripoter,  manier  grossièrement.  — 
Il  est  toi(jou(r)s  à  pato0-iie(r)  das  les  glô-ies.  —  L'cfiin  ai 
PATouiiE  toute  ma  raube. 

Si  laidement  le  rebouloit  ' 

Et  patoïoit  a  lui  ses  pâtes 
Qu'avoit  plus  noires  que  cavales. 

(Gautier  de  Coincy) 
Li  mau  chaucie  se  je  di  voir 
Qant  il  vont  patoiant  la  boe. . . 

(Dit  des  cordoaniers) 

On  lui  apporte  de  la  viande  froide,  qui  n'est  pas  seule- 
ment demeurée  des  commères,  mes  est  le  demeurant  des 
matrones  que  elles  ent  patrouillé  à  journée. 

(X  V  joyes  de  mariage) 
Patrimoin-ne,  s.  m.,  patrimoine. 

Est  à  scavoir  que  ung  possesseur  de  fiefs les  peuU 

avoir  à  cause  de  son  acqueste  ou  de  patrimoinne. 

{Couit.  de  Vermandois) 

Pat'tavau,  adv.,  partout  avau,  de  tpus  côtés  à  l'entour,  en 
chaque  endroit.  —  N'i  ai  des  liev(r)es  pat'tavau   Vban  d'Dul&on. 

Patte  d"ô-ie,  s.  f. ,  plante  dont  la  feuille  copie  la  patte  de 
l'oie.  C'est  la  renoncule  rampante,  ou  bouton  d'or. 

Pattenée,  s.  f.,  ombellifère,  graine  lenticulaire,  fleurs  jaunes. 

Pattu,  adj.,  qui  a  de  grosses  pattes.  —  /?i'  pou-ïe  pattue. 

Pâturai,,  s.  m.,  pâtre.  —  Individu  grossier,  mal  élevé.  C'est 
laucien  pastourel,  pasloreau  (ce  dernier  resté  nom  propre  avec 
Paturaux). 


GLOSSAIRK   DU    MOUZONNAIS  77 

Chascun  pastoureau,  herdior,  portier  ou  vachier. 

{Statuts  de  Mézières,  XIV'  s.) 


Après  ung  pau  de  temps. 

(Cheval,  au  Cygne) 


Pau,  pauc,  pou,  —  peu  (paucum) 
Après  ung  pau  de 

Il  est  ;  au  plus  de  mienuit. 

(Jean  de  Gondé) 
De  ces  enfants 
Qui  sus  un  po  d'herbe  gisoienl. 

(Roi  Thierry) 
Nostre  gent  fut  ung  poe  navrée. 

[Guerre  de  Metz) 

Et  ceste  virtus  est  apelée  virius  morans,  pour  ce  k'ele  est 

pau  sovent  ens  es  gens. 

(Li  ars  d'amour) 

Lors  Bertran  du  Guesclin  -I-  po  se  retourna. 

(Du  Guesclin) 

Le  tière  dont  il  i  a  vint  et  wit  rosières, pau  plus  pau  moins. 

{Cartul.  de  Flines,  1250) 

De  l'une  a  Tautre  tour  avoit 
Trois  milles  pou  plus  pou  moins. 

(Adenès  li  Rois) 
Pour  bien  geter  et  desgiler 
Fault  bien  entendre  et  po  parler. 

{Devise  d'u7i  jeton  de  Bretaigne,  AT»  s.) 

Pau,  paux,  contractions  de  par  le,  par  les.  —  //  ai  parti  pau 
chemin  d'Chemery.  —  J'I'al  apougnie  paux  cheveux. 

Paumaison^  adj.,  saison,  époque  où  se  façonne  la  paume, 
c'est-à-dire  l'épi.  —  A  la  paumaison  des  orges. 

Paume,  s.  f.,  épi.  —  On  rCtrouve  mi  seulement  'n  paume  dii 
blé  à  glaner.  ~  Il  ai  ramassie  sa  fortune  paume  à  paume 
(comme  le  glaneur,  et  comme  on  dit  sou  à  sou). 

Paumer  et  paumi-iie(r),  v.,  se  mettre  en  paumes.  —  P.  p., 
paumé,  l'épi  bien  formé  —  ou  paumi-iie,  bien  grené.  —  Les  blés 
vaut  bintôt  paumer;  —  Ça  paumie  comme  i  faut.  —  Fautarra- 
chie(r)  les  noelles  duvant  qu'les  blés  n'  paumi-iant. 

Paumi,  adj.,  pâmé.  —  Le  verbe  est  Paumi(r). 

Jehan,  mon  bon  prestre,  se  pausma. 

(Joinville) 

Paumi-ion,  s.  m.,  petite  «  paume  ». 
Paumi(r)^  v,,  pâmer.  —  Voy.  Paumi. 


78  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Paumisson,  s.  f.,  pâmoison. 

El  la  franke  royne  revint  de  paumisson. 

(Chev.  au  Cygne) 
Arière  chéit,  si  se  pauma. 
Et  quant  del'  paumeison  leva 
Pur  Sun  seignur  lost  envéia. 

(Marie  de  France,  Lai  du  Frêne) 

Ainsi  com  cil  qui  a  songié 
Revienent  cil  de  garnison. 

(Roman  de  Ham) 

Et  la  roïne  se  repasma  ;  et  fu  grant  pièce  en  paumison. 

(Ménestrel  de  Reims) 
Paumon,  s.  m.,  poumon. 

Le  fie  et  le  pomon  li  trencha  sans  avis. 

(Bastars  de  Buillon) 

As  lévriers  a  doné  lor  droit 
Et  le  pomon  et  la  coraille. 

[Rom.  de  Renart) 

Si  qu'il  li  mist  jusqu'al  pomon 
Le  destre  pied  dedans  le  cors. 

(Gauvain) 

Prez  qu'il  ne  li  perça  le  foie  et  le  pomon. 

{Guesclin) 
Les  piez  en  oste  et  lo  musel  (au  bœuf) 
La  teste  atot  la  haterel 
Pance,  boel,  foie  et  poimonl. 

{Dit  des  bochiers) 

Paupi-iie(r),  v.,  fermer  et  ouvrir  alternativement  les  paupiè- 
res, par  suite  de  l'envie  de  dormir.  —  Va  t'a  t'couchie(r)j  va  ! 
v'ia  tes  ijus  qui  taupi-iant. 

Pauvresse,  s.  f.,  femme  pauvre,  mendiante  —  signifie  aussi 
Pauvrelé.  —  Mon  Diu!  c'est  n'rude  pauvresse  là  d'das. 

L'ostel  de  l'homme  necligent  vient  en  chelivece  et  pauvresse. 

(Voyaiye  en  Jhérusalem) 

Pavement,  s.  m.,  pavé.  Employé  normalement  avec  ce  seul 
sens  de  pavé. 

Tantost  qu'elle  entendit  la  nouvelle  de  son  fils  qui  estoit 
mort,  elle  cheut  sur  le  pavement. 

(Roman  d'Edipus) 

El  pavement  se  dreça  :  molt  fu  gente. 

(Foulques  de  Candie) 

Une  petite  chapelle  ronde  faicte  au  milieu  du  pavement  d'icelle. 

(S^  Voy.  de  Jhérusalem) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  1^ 

Pavine,  s.  f.,  chiendent,  herbe  pavante. 

Pavot,  s.  m.,  appellation  de  diverses  espèces  de  pavots,  parmi 
lesquelles  le  Coquelicot,  dit  aussi  pacôt  rouge,  —  A  la  frontière  : 
Paverai. 

Pê,  s.  f.,  pel,  peau,  —  Voy.  piaus. 

Pellis,  pel. 

{Gloss.  liuman  latin,  XV«  s.) 

Péchette,  péchenette,  s.  f.,  cenelle,  fruit  de  l'aubépine 
(petite  pêche).  —  A  Bulson  on  dit  seulement  pêche.  —  N'mançie 
ponL  (i'pÉcHETTKs,  là,  ça  fait  veni(r)  des  poux. 

Pécheus^  s.  m.,  pêcheur.  —  /  reste  à  la  rue  des  Pécheus,  à 
Douzy. 

Péchie(r),  v.,  pécher  et  pêcher. 

Itfes  bon  fussent  eles  pe&chies 
Les  anguilles  <it  escorchies. 

(Rom.  de  Henart) 

Ne  li  anges  qui  n'ont  nul  talent  de  péchier. 

(Thibaud  de  Marly) 
Péchon,  s.  m.,  poisson. 

Ly  loup  lerra  boys  et  montz 
En  ewe  meindra  ou  peschons. 

(Fitz  Warin) 

Serrée  :  Vyn,  eawe,  anguilles  fresches  et  autre  manere  de 
pesshonn, 

(Man.  Old.  lioij,  Ane.  Textes) 

Si  fait  que  sage  U  peisson 
Qui  fuit  le  verni  por  l'amecon. 

(Fie  de  S.  Alexis) 
Li  pesson  qui  denz  sont  enclos 
Dunt  nus  fesuns  sovent  grant  los. 

(Adam,  drame) 

La  mer,  les  eves  as  peissoas. 

{Chron.  ducs  de  Norm.) 
Qui  fol  enveit  en  mer 
N'avéra  peissoun  ne  el. 

(Prov.  del  vilain^  Lincy) 

Et  des  bestea  e  des  oisels  et  des  peissuns  disputa. 

(Lu',  des  Reis) 

Icest  peisson  (la  cete  ou  baleine),  quant  fain  le  prent 
Bee  la  gole  durement. 

(Bestiaire  dioin) 


80  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Peingne,  s.  m.  Peigne. 

Je  sers  (vends)  de  pingnes  a  resoier  (à  faire  des  réseaulx). 

{Cris  de  Paris) 
Pour  ij  pingneSy  ij  miroirs,  ij  broquettes. 

(G/oss.  de  Laborde) 

Peingne  dû  loup^  dû  Iteu,  s.  tn.  —  Chardon  des  champs, 
dont  la  fleur  à  maturité  fournit  les  cardes  employées  au  travail  de 
la  laine.  —  Dipsacée. 

Peingnie,  s.  f.,  peignée^  raclée,  rossée,  coups. 

Peingnie(r),  v.,  peigner.  —  P.  p  ,  peingnie.  —  Signifie  aussi 
battre,  donner  une  raclée. 

Comere,  pingmer. 

{Voc.  Ut.  fr.  du  XIII'  s.) 

Moult  grant  les  cornes  ont  mestier  : 
En  en  fait  peignes  por  peignier. 

(Dit  des  bockiers) 

Pein-ne,  à  la  frontière  pon-ne,'^s.  f.,  peine. 

Moult  est  grant  torment  et  grant  peinne. 

(Dolopathos) 
Qui  paie  la  painne  commise. 

{Rose,  J.  de  Meung) 

Se  de  merci  ne  devoit  jà  goir 

Se  tient  il  bien  painne  a  emploi-ie. 

(Froissart) 

Nus  vaissiaus  n'i  pouoit  pa.sseir  se  à  painne  non. 

{Ménestrel  de  Reims) 

Peinturer,  v.,  enduire  de  peinture,  colorier. 

Li  rois  fu  en  la  sale  d'or  painturée  à  liste. 

{Berte  aus  grans  pies) 

Sor  les  escus  qui  furent  painturé. 

{Huon  de  Bordeaux) 
Il  n'y  avoit  branche  ne  rains 
Tous  ne  sembloient  azurés 
A  fleurs  de  lis  d'or  painturez. 

(Watriquet,  Arbre  royal] 

Sor  un  faudestuel  (fauteuil)  d'or  à  boutons  noelé 
Se  sist  li  emperères  el  palais  painturé. 

{Chanson  d'Antioche) 

Et  est  voilé  et  moult  richement  ouvré,  painturé  et  imaginé. 

(S'  Voy.  de  Jhérusalem) 
Pèle,  s.  f.,  poêle.  —  Voy.  paîle. 


GLOSSAIRE    DU    MOUTONNAIS  8l 

Pelle,  pesle,  s.  f.  (e  bref).  —  Chambre  appuyée  à  la  chemi- 
née de  la  cuisine  ou  maison  ;  chambre  principale,  comme  le  salon 
à  la  campagne  ;  c'est  proprement  la  chambre,  par  opposition  à  la 
maison,  nom  que  porte  la  cuisine,  servant  de  salle  à  manger,  où 
se  trouve  la  porte  d'entrée  du  logis.    —   Allans  nous  assir  en 

PELLE. 

Et  pourmené  de  l'uys  (maison)  au  peslc. 

i  Vil  ion) 
Si  dormoit  lors  dedans  ung  jiesle  chauil. 

{Triumplie  de  D.  V.) 

Pelote  (jeu  de  la),  s.  f.,  balle  ou  ballon.  —  Ni  ni  la  pelote  à 
courifr),  la  pelote  à  chevaux  (balle  au  chasseur),  etc. 

Un  jor  i  ot  une  grant  flote 
De  garçonnets  à  la  pelole 
Devant  les  portaus  de  l'Église. 

(Gautier  de  (Joincy) 
De  vos  niarys  jouez  à  la  pellote 
Qu'est  chose  sotte,  dont  deussiez  avoir  honte. 

(Reformation  des  dames  de  Paris) 

Un   galant   lance  deux  ou  trois  grosses  pelotes   de   neige 
contre  les  fenestres. 

(Evangile  des  Quenouilles) 

Peloter,  ploder,  pelauder^  v.  —  (Radie,  peau,  pel),  battre, 
empoigner  la  peau,  tlanquer  des  coups,  donner  une  raclée.  —  Il 
anl  'lé  s'pLOTEii  sus  l'femie(r). 

A  grands  coups  de  fourche  ils  te  pelauderont. 

(Rabelais) 
Jusques  à  ce  que  je  sois 
Tant  pelaudé,  tant  bourré 
A  grans  coups  de  pied  ferré. 

(Lég.  de  Jean  le  blanc) 

Peltris,  peltreau,  s.,  perdrix,  perdreau. 

Aussi  com  il  avient  de  la  pertrù'c,  que 

(Bestiaire  d'amour) 

P'en,  contraction  de  Par  en.  —  Pa(rJ  d'où  (est)  ce  qu'i  faut 
aller?  Passe  p'e.n  haut,  passe  p'en  bas,  farriverais  tout  de 
meinmc. 

Pendant,  s.  m.,  versant  (d'une  montagne).  —  Sus  Vaul(re) 
PENDANT  d'ia  côte,  n'i  ai  que  des  carrières. 

Ambedui  poingnent  (descendent.)  le  pandant  d'un  vaucel  (val). 

{Roman  de  Roncevaux) 

Pend'oreilles,  s.  T.,  pendant  d'oreilles.  —  Pou(r)  la  noce  dû 
Madeleinne,  j'meUrai  mes  pus  belles  pend'oreilles. 

6 


82  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNA.IS 

Pendoue.  s.  m.,  peiidoir  (peiidouer)  ;  ustensile  servant  à  sus- 
pendre certains  objets,  quartiers  de  lard,  saucisson,  linge. 

Penser  vse),  v.,  rétléchir,  imaginer,  penser  en  soi.  —  Ju 
m'pense  qu'Emile  porrol  bin  v'nifr)  jeudi!  C'est  le  vieux  verbe 
s'apenser. 

Mesires  Gauvains  s'apensa. 

(Gauvain) 
Mais  le  ruy  se  pensa  bien  qu'il  y  viendroil. 

{Jean  de  Paris) 

Le  rov  se  pensa  en  luv  mesmes  que. 

(Id.) 

Mes  je  nw  pens,  si  je  11  di 

(Méraugis) 

Je  me  pensay  que  ceste  noble  euvre  multiplieroit. 

(Christine  de  Pisan) 

Pentecotes,  s.  f. ,  fleurs  Tiolettes  qui  fleurissent  vers  la  Pente- 
cùle,  et  dont  on  se  sert  pour  teindre  les  œufs. 

Pépettes,  s.  f.  pi.,  argent,  fortune,  comme  on  dit  ailleurs 
picaillons.  Probablement  piécette,  esp.  peseta,  ou  plutôt  pe'pife. — 

A  via  iun  qu'est  riche!  il  a  'n  ai  des  pépettes! 

Pèque,  s.  f.,  femme  méchante,  à  la  langue  acérée.  Un  peu 
comme  pécore.  —  Que  mauvaise  pèque  !  Ais-tu  atendu  comme 
elle  m'ai  akonchie  ? 

Péquet,  s.  m.,  mauvaise  eau-de-vie,  de  grain  ou  de  pomme  de 
terre,  qui  se  consomme  en  quantité  à  la  frontière  et  en  Belgique. 

Percé,  adj.,  trempé,  traversé  par  la  pluie.  —  Ah!  mon  Diu! 
que  temps!  fsos  tout  percé. 

Percette  ou  persette,  perselle,  s.  f. ,  le  bleuet  (composées). 
—  Vient  de  Pers^  couleur  entre  bleu  et  vert. 

La  llour  de  lys  est  belle  et  la  perselle. 

(Froissant) 

Perche  à  ligne,  s.  f.,  grande  baguette  de  bois  à  l'extrémité 
de  laquelle  on  attache  une  ligne  pour  la  pêche.  C'est  ^ancienne 
verge  à  pescheur. 

Perchette,  s.  f.,  petite  perche.  —  Poisson,  la  perche. 

Perchie(r),  v.,  percher.  —  I>.  p.,  perchie. 

Quant  l'esjirevier  commence  à  soy  perckier  sur  icelluy  bloc. 

(Ménagier) 

Perchin,  s.  m.,  espèce  de  grand  persil  (qui  se  dit  persi7i,  en 
bourguignon  et  picardj. 


GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS  83 

Verdure  coinnie  porée,  choux,  uavets,  persin. 

(Journal  de  Paris,  cité  par  Lacurne) 

Percie(r),  v.,  percer,  faire  un  trou.  —  P.  p.,  Perde.  — 
Quand  on  li  ai  peucie  ks  oreilles. 

Ainsi  erl  mainte  bezoigne  perde  et  derronipu. 

(Buenes  de  Comarchis) 

El  mes  cors  estroes  et  perdes  et  mal  mis, 

{Rom.  d' Alixandre) 
Perde,  s.  f. ,  perte. 

Mais  a  Otesien  est  grant  perde  venue. 

(Romant  d'A  Icxandre) 

La  perde  en  torna  al  Bretuns. 

{Roi  Lear) 
Mais  11  hermites  s'en  issi 
Par  nuit,  sans  perde  et  sans  ahan. 

(Phil.  Mouskes) 
Et  de  la  perde  que  cil  ait. 
Qui  puis  en  a  et  honte  et  lait. 

(Rutebeuf) 
Or  vont  Flamant  lor  perde  demandant. 

[Chans.  du  siège  de  Namur,  1238) 

Et  qui  atant  s'en  partirait 
A  pou  de  perde  s'en  irait. 

{Fabliau,  Hermite  et  Sarazin) 

La  greingnors  perde  en  est  tornée  as  nos. 

(Roman  de  Roncevaux) 

Tel  perde  n'est  pas  trop  grevainne. 

(Dolopathos) 

Perd(r)e,  v.,  perdre.  —  Je  perde,  tu  perdes,  i  perde. 

Père,  s.  m.,  mâle.  —  J'ans  deux  lapins  :  jus.'le),  n'iai  in 
pÈaE  et  ine  mère.  —  Ce  mot  est  aussi  employé  adjectivement 
pour  grand,  fort,  considérable,  maître.  -■  Ç'ai  le  in  père  cou'p 
qiiU  d'vend(r)c  ça  comna. 

Péri,  adj.,  mort.  —  A  vHà  tout  d'mainme  dize  dû  pékis  dt 
hiver  ci. 

Mais  bien  veuil  estre  péri 
Pues  ke  j'ai  a  vos  failli. 

(Perrin  d'Angecourt) 
Péri(r),  v.,  périr,  mourir. 

Perlinage,  s.  m.,  pèlerinage.  —  On  n'sarot  aller  à  perlinage 
quù  dousquïi  les  saints  poussant  (dicton  ardennais). 

Pernelle,  s.  f.,  prunelle,  petite  prune.  —  La  per.nelle  des  ijus. 


84  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNÀIS 

Pernelli6(r),  s,  m.,  épine  noire,  qui  donne  la  pernelle. 

Pernez  (v'),  pernant,  voy.  prenre. 

Se  les  gellnes  perniez 
Et  se  vos  les  sesisiez. 

(Rom.  de  Renart) 
Perniaus,  s.  m.,  pruneau. 

Pérouette,  s.  f.,  pirouette.  —  Faille  la  pérouette,  culbuter. 

Persoune,  s.  f.,  personne.  —  ^''i  ai  ti  persoune  à  la  mai- 
son ?  A  la  frontière  on  prononce  :  péchoûne. 

Ensi  furent  ensanle  ces  -II-  boines  personnes. 

{Flore  et  Jehanne) 

Pour  ce  que  chascune  persoune  est  certaine   que  tous   les 
biens  viennent  de  Dieu  le  tout-puissant. 

{Assises  de  Jérusalem) 
Pertris^  s.  f. ,  voy.  pcUris. 

J'arai  deus  de  ses  periris 
Qui  seront  fîl  de  nonnain. 

(Watriquet,  Fatras) 

Perzure.  s.  f.,  présure,  substance  tirée  de  l'estomac  du  veau, 
et  dont  on  se  sert  pour  faire  cailler  le  lait. 

Pet  (il  est  sec  comme  in),  exp.  prov.  pour  dire  :  il  est  cassant, 
raide. 

Péter,  v.,  éclater,  casser,  fendre,  défoncer.  —  M' chaudron  ai 
PÉTÉ  la  première  fois  quù  j'I'ai  mins  au  fu.  —  Signifie  aussi 
céder,  être  obsédé  :  1  s'a  met  des  charges  à  péter  dzous. 

PéteroUe,  s.  f.,  herbe,  la  mercuriale.  —  Plante  médicinale 
qui  communique  un  besoin  qui  lui  a  fait  donner  son  nom  (par 
onomatopée)  —  et  aussi  un  autre  besoin  qui  l'a  fait  baptiser  Foi- 
rolle  par  ceux  de  l'Ile  de  France,  et  Chiterolle  par  nos  compa- 
triotes ardennais  (Voy.  ce  mot). 

Péteux,  adj,  et  s.  —  Poltron,  peureux.  —  /  s^ai  sauvé  comme 
in  PÉTEcs. 

Péton,  péteron,  s.  m.,  élincelle,  jet  de  feu  qui,  au  départ, 
fait  le  bruit  dont  il  rappelle  le  nom.  —  Au  fu  (incendie)  don 
Terme,  les  pétons  volaint  inc  Une  Long.  —  N'i  ai  in  péteron 
qu'ai  chu  sus  ni  (tevanUe(r),  il  ai  fait  in  trou. 

Peu(r),  s.  f.,  peur.  On  prononce  peu-ïe.  —  Via  in  chin  qui 
débouche  au  coin  a  bawi-idnl,  j'ai  lu  'n  belle  peu-ie. 

Péullent  (ils),    ils   peuvent.   —   On   dit  f  pla?iSy  v  p'iez,  i 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  85 

p'iant,  pour  :  nous   pouvons,   vous   pouvez,   ils  peuvent.    —  l' 
p'iant  bin  faire  c't  effort  Là,  si  v'iant. 

Vingt  livres  de  rouiige  qui  peullent  croistre  et  décroistre. 

(Aveu  R.  de  la  Marck,  Mouzon,  1477) 

Et  pue  tient  valoir  les  dits  souliers 

(Id.) 

Ly  enfans  de  premier  mariaige  puelent  aler  à  tout  l'iretaige. 

{Paweilhars) 
Cest  tout  Toir 
De  là  ne  puelent  mouvoir. 

(Eust.  Deschamps,  Lay  de  Vaillance) 

Phormacie,  phormacien,  s.,  pharmacie,  pharmacien. 

Pi,  adv.,  puis.  —  J'  t'ai  abracie,  pi  fli   ai  fait  des  caresses. 

Piâlard,  piaulard,  piauleus,  adj.  et  s.,  qui  piaule,  pleurni- 
che, geint,  se  plaint  facilement. 

Piâler,  piauJer,  v.,  piaillier,  pleurer,  pleurnicher,  crier. 

Piau  et  pê,  s.  t.,  peau,  pel. 

Frères,  fait-il,  mult  estes  biaus 
Et  mult  est  luisanz  vostre  piauz. 

(Marie  de  Fr.,  Chien  et  Leu) 

Unes  piaus  acatées  out 

Velues  et  ent  le  manière 

{Amadas  et  Ydoine) 

L'argent  en  prenoit  de  leurs  piaus  (des  agneaux). 

(Chron.  de  S.  Magloire) 

Sur  ces  cercles  gectent  piaus  de  moutons  que  on   appelé 

piaus  de  Damas. 

(Joinville) 

De  chariot  le  Juif  qui  chia  en  la  pel  dou  lièvre. 

(Rutebeuf) 
Ypocrites  est  par  de  fors  bel  : 

De  l'aignel  a  vestu  la  pel. 

(Castoicment. . .) 

Après  to«t  y  laissa  la  pel. 

[Prophécie  de  Ch.  VIII j 

Et  s'ot  en  son  chief  un  chapel 

Qui  fu  d'une  mult  riche  pel. 

[Dolopathos) 

Pichate,  puchate,  s.  f.,  urine. 


8R  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Faut  rocueillier  de  la  pissate  du  chien  et  lui  en  faire  boire 
en  cervoise. 

[Evangile  des  Quenouilles) 

Urina,  pissate. 

(Gloss.  rom.  Int.,  AT'  s.) 

Li  autre  qui  iioiro  vouloient 
Si  con  nécessité  g>'nt  chace 
Transglûutissoient  leur  pissace. 

(^Branche  des  royaux  lignages) 

Pichet,  s.  m.,  vase,  pot  à  liquide,  vin,  bière  ou  cidre. 

Pichie(r),  puchie(r),  v.,  pisser.  —  P.  p.,  pichie,  puehie.  — 
Mes  colles  i'Ucuant  l'iaue  (sont  tellement  mouillées  que  l'eau  en 
découle).  —  Çute  Irc/fe  là  puchk  la  rousée.  —  A  Roàcoùt,  n'i 
ai    n  coûluî'e  qui  s'appelle  PucuE-Moi'ai  (Pissemoreau). 

Lors  se  liève  sire  Gombers  ; 
S'ala  à  l'uis  pissier  toz  nuz. 

(Fabliau,  de  Gombert) 
Min  gère,  pissier. 

(Voc.  lat.  fr.,  Xllhs.) 
Lor  s  a  sour  se  keue  pibsié 
Renars,  et  puis  les  esproa  (aspergea) 

Es  iols 

(Renart  li  Nouvel) 

Picot,  s.  ni.,  piquant,  pointe.  —  T  m'ais  d'nè  'n  branche  du 

guerzeltirfr)  qu'est  toute  pleinde  dû  picots. 

Pie(d),  s.  m.,  pied  ;  au  pluriel  :  pie(ds).  —  J'ai  frad  les  piks  ; 
—  il  ai  les  pies  comme  des  nez  d'chins. 

Cil  a  pie  et  cil  a  cheval. 

{Bec.  Taillar,  1252) 
N'avoit  sorlés  en  pies. 

[Chev.  au  Cygne) 

Unicornes  ha  cors  de  ceval  et  pics  d'olifant  et  teste  de  cerf. 

[Bestiaire  divin) 
Et  celle  les  pies  ly  grala 
Des  pies  ses  mains  es  a  genous  mist. 

[Fabliau  de  VArmile) 
Ne  soiez  ja  trop  deletable 
De  marchier  le  pie  souz  la  table. 

{Clef  d'amour) 

Et  tenoit  le  thour  plus  que  XIIII  pies  de  espesse. 

(Chronique  de  Stavelot) 

Mais  chis  es|)ies  les  adevanolia  et  trota   tant  a  pie  que  il 
devint  a  Mortaigne. 

(Froissa  rt) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  87 

Je  SIS  venu 
Ung  pie  chauché  et  l'autre  nu. 

(Friquassée'^ 

Pie(d)  d'Alouette,  s.  ni.,  plante,  dauphinelle,  consoude. 

Pie(d)  d'Pigeon,  s.  m.,  plante,  cardamine  des  prés.  —  Mar- 
chier  à  pie(d)  d'pigcon,  à  cloche  pied. 

Pierre  (er  très  bref),  Pîrre,  s.  f.,  pierre. 

I  grant  montaigne  chaiit et  si  covrit  toute  la  terre 

de  pires. 

(Jean  d'Outremeuse) 

Or  dist  qu'il  le  fera  ocirre 

S'il  puet  prendre  sa  tor  de  pire. 

(Blancandin) 

Pierrette,  pîrrette,  s.  f,,  petite  pierre.  —  Un  souvenir  du 
songe  de  Jacob  se  traduit  ainsi  :  Ju  v'&ouh^ilans  ostant  d'afants 
—  Qu'i  ni  ai  d'piERREiTEs  das  les  champs  (Ronde  de  Trimauzet). 

Et  celé  qui  guete,  prent  petites  pt>re<es  de  soz  ses  piez. 

{Bebtiairc  d'amour) 
Neient  ne  fust 
En  l'autel  mise  la  pierete 
Qui  estait  vile  et  petitete. 

(llom.  du  .W  St  Michel) 

Li  marcis  manda  ariere  que  le  plus  petite  pierete   de  Sur 
ne  li  donroit  il  mie. 

((^hron.  d'Ernoul) 

Pile,  s.  f.,  raclée,  volée,  leçon.  —  //  ai  voulu  m'aleurprenre 
aux  caries,  mais  fli  ai  Joutu  'n  belle  pile  ! 

Piler,  V.,  battre  à  coups  de  pilon,  sorte  de  gros  maillet  de 
bois.  On  pile  le  chanvre  pour  briser  les  restes  de  chenevottes 
avant  de  le  peigner,  —  Marcher,  mettre  le  pied  sur  :  J'ai  pilé 
das  'n  glôïe. 

Pileu(r),  s.  m.,  ouvrier  qui  pile  (le  chanvre). 

Piloue,  s.  m.,  piloir  (pilouer),  bloc  sur  lequel  on  pile. 

Pimpernelle,  s.  f,,  pimprenelle. 

Des  petites  feuilles  comme  celles  de  la  pimpernelle. 

(Olivier  de  Serres) 

Pincettes  (Abracier  à).  —  Embrasser  en  pinçant  les  joues, 
pour  marquer  plus  grande  amitié.  —  Pincette  équivaut  à  pinçon, 
marque  qui  reste  sur  la  peau  que  l'on  a  pincée. 


88  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Je  te  |irye,  baise  nioy  à  la  pincetle. 

(Ane.  th.  français,  IX,  72) 

Pincier,  v.,  pincer.  —  P.  p.,  piiicie. 

Pinçons,  plutôt  épinçons,  s.  m,  pi.,  froid  piquant  aux 
mains,  et  qui  engourdit  les  mains. 

Ping'nie(r).  —  Voy.  peingnie(r). 

Piou,  s.  m.,  petit  poulet  (onom.,  cri  du  poulet).  —  Piou, 
piou,  piou  !  cri  d'appel  lancé  par  la  ménagère,  imitant  le  piaule- 
ment des  poussins,  pour  les  faire  venir.  —  Adressé  aux  poules,  cet 
appel  se  transforme  en  :  péLÎîîte,  pétiiite! 

Piper,  V.,  fumer  (plus  spécialement  avec  la  pipe).  —  /'  n'ai 
mi  co  PIPÉ  anoue.  —  Se  dit  aussi  pour  parler,  répondre  :  /  s'ai 
a'n  allé  scnis  piper  mol. 

Piquette,  s.  f.  A  la  piquette  don  jou(r),  au  jour  naissant, 
tout  au  matin. 

Pis,  adv.  coDJ.  Puis.  —  Posez  ça,  pi(s)  allez  v'  z'a. 

Pisquû,  puisque. 

Pîter,  quelquefois  pîtie^r),  v,,  mesurer  (aveu  in  pie).  —  Par 
extension,  à  divers  jeux,  comme  aux  chiques,  on  dit  :  pzie, 
mesure  avec  la  main  étendue.  —  Qu'esl-ce  qu'est  l'pus  prés 
d'noiis  deux  ?  —  J'na  sais  riii  ;  j'vans  pIter,  —  Signifie  aussi 
marcher  à  grands  pas,  ou  vite,  c'est-à-dire  mesurer  du  chemin.  — 
Ça  'n  es(t)  iun  qui  pîte  bin,  c'ii  là!  il  a  [ail  don  chemin  a 
(en)  ine  heure!  —  On  dit  en  proverbe  d'une  personne  qui  se  lève 
tard  :  elle  nû  pIterai  mi  sus  les  crapauds  !  (elle  ne  marchera 
pas  sur ) 

Pîton,  piéton,  s.  m.,  piéton^  homme  qui  marche  à  pied.  — 
Le  facteur  de  la  poste  :  /'pîton  n'ai  mi  co  passé. 

Et  avoit  aveque  luy  XXV  milh  pilons  el  XIII  milh  chevals. 

(Jean  d'Outremeuse) 

Pîtouner,  v.,  piétiner,  marcher  sur  place,  à  petits  pas. 

Plafonner,  v.,  plafonner. 

Plafouneus,  s.,  plafonneur,  ouvrier  qui  fait  les  plafonds. 

Plaiderie,  s.  f.,  plaidoirie,  procès.  —  Ta  via  iun  qu'ain-mt 
bin  les  plaideiues. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  89 

En  quoy  sainte  église  recorde. . . . 
Le  pouer  et  la  plederie. 

(Advocacie  N.-D.) 

Plaideus,  s.  m.,  qui  plaide,  qui  aime  les  procès. 

Plaidie(r),  v.,  plaider.  —  P.  p.,plaidie.  —  J'ans  plaidiepus 
d'dix  ans  aveu  loue. 

Cilz  dui  chevalier  diroit  qu'il  les  convenroit  plaidier  ou 
deffendre. 

(Cartul.  Rethel,  1258) 

Et  si  pensez  de  boivre  et  de  mengier 
Car  d'autre  chose  ne  devez  mais  plaidier. 

(Raoul  de  Cambrai) 

Nulz  advocatz  pour  quelconque  réplique 
Ne  scet  plaidier  sans  passer  ce  passage. 

(Eustache  ûeschamps) 

Advocat,  sans  long  procès  faire, 
Venez  vostre  cause  plaidier. 

(Dance  macabre) 

Plaigi(r),  s.  m.,  plaisir.  —  J'an(s)  iu  pue  dû  plaigi  dud'puis 
quû  j'sans  au  monde  quu  fn'a  'n  ara7is  das  le  res(te)  dû 
nol'  vie. 

Plaindant,  s.  m.  et  part,  prés.,  plaignant. 

Les  plaindans  se  devront  présenter. 

{Coût,  gén.) 
Plainde,  s.  f.,  plainte,  accusation. 

Plaind(r)e,  v.,  plaindre.  —  Je  plains,  j'plaindans  —  J'plain- 
dos,  j'plaindains.  —  J'ai  plaindu  —  J'plaindrai  ou  plainrai  — 
J'plaindros  ou  plainros.  —  A  plaindant.  —  /m'  plaint  le  pain, 
il  me  reproche  le  pain  qu'il  me  donne  et  trouve  que  j'en  mange 
trop  ;  il  le  donne  à  regret. 

Gontesse,  a  tors  dou  conte  vous  plaindés. 

[Chans.  Siège  de  Namur,  1258) 

Puisque  oiis  soy  plaindoit  de  coul  de  cuteal, 

{Li  paweilhars,  1285) 
Car  por  leur  inobédience 
Plaindent  et  plorent  incessamment. 

{Mystère  de  la  Création) 

Car  Dieu  sciet  bien  que  sans  bon  droit 
Se  pleindent  de  moy  orendroit. 

(Prince  noir) 
Tost  vous  plaindés^e  tanison. 

(Froiss.,  Rose  et  Violette) 


SO  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Plaint,  s.  m.,  plainte,    gémissement.    —   C'pauv'  malade  là 
fait  des  plaints  !  ça  u'  férot  braire  rin  quû  d'  l'atend{r)e. 

Un  plaint  geta  e  un  haut  cri. 

{Chron.  de  Norm.) 

Geté  i  ot  platnz  et  sospirs. 

(Rom.  de  Troie) 

Si  a  les  dous  plains  entre  ois. 

(Romancero  français) 

Car  proufiler  ne  me  peuvent  mes  plains. 

(Ch.  d'Orléans) 

Quelz  gemissemens  et  quelz  plains 
Feray-je  ? 

(Complaincie  de  Vame  damnée) 

Or  est  vrai  qu'après  plainglz  et  pleurs. 

(Villon) 
Et  pour  les  plaints  qui  du  cœur  viennent. 

(Baïf) 

Plaire,  v.  — J'ai  plait.  —  J'm'ai  bin  i'Lait  à  la  noce. 

Plaisi(r),  plaigi(r),  s.  m.,  plaisir. 

Si  parleront  a  ior  devis 

Et  nos  ferons  toz  nos  plaisirs. 

(Romancero  français) 
Plait,  p.  p.  de  Plaire,  plu. 

Planchie(r),  plainchie(r),  s.  m.,  plancher. 

XIIII  .s.  pour  le  planchier  afailier. 

{Arch.  Adm.de  Reims,  1289) 

Pâmée  chiet  par  desor  le  plainchier. 

(Raoul  de  Cambrai) 

Uns  planchiers  que  aseurs  fust  li  alers   et   li   venirs,  que 
l'um  poust  entur  très  Ijien  aler  e  apuier  a  aheise  e  ester. 

{Liv.  des  Rois) 
Dont  s'en  vont  maintenant  andui 
Et  passent  l'uis  et  le  planchier. 

(Fabliau  Milon  d'Amiens) 

Por  les  degrez  de  raabre  montèrent  ou  plainchié. 

(Floovant) 
Plane,  s.  m.,  érable  plane  (acer  platanoïde). 

Plantoue,  s.  m.,  plantoir  (plantouer).  Outil  de  jardinage,  ser- 
vant au  repiquage. 

Platené*,  s.  f.,  contenu  d'un  plat. 


GLOSSAIRE   DU  MOUZONNAIS  91 

Et  a  veû  tout  en  apert 
De  son  sel  une  platelée. 

{FabliaUy  de  Foie  Largèce) 

Platiau,  s.  m.,  plat,  plateau,  —  On  va  monte)'  sus  ^platiau. 

Pos,  hanas  et  plaliaua  d'argent 
Donna  li  rois  à  pluseur  gent. 

{Cléomadès) 

Plein  (tout),  expr.  adv.,  beaucoup,  en  quantité.  Figure  au  dic- 
tionnaire. —  //  nnt  ramassie  tout  plein  des  sous  a  faisant  c' 
méiieir)  là. 

Pleinde,  adj.    fém.,    pleine.    —  A  In  sainte  Madeleine,  les 

nougetles  saut  pleindes  (prov.)- 

Pieu,  part.  p.  de  pleuvoir.  Voyez  plûre.  —  Le  vieux  français 
disait  plehi. 

En  la  terre  du  roy  Ligurge  ou  ilz  trouvèrent   grant  faulte 
d'eaue,  car  bien  avoit  trois  moys  qu'il  n'y  avoit  pieu. 

(Rom.  d'Edipus) 

Pleumer,  v.,  plumer,  enlever  la  plume,  l'écorce. 

Plie,  s.  f.,  levée  au  jeu  de  cartes.  —  J'n^ai  pas  co  fait  'n  pue 
=  Faire  sa  plie,  faire  son  affaire,  un  bénéfice,  réussir, 

Plo-iie(r),  v.,  plier,  ployer.  —  J'plo-ïe,j'plo-ios  —  J'ai  plo-iie 
—  J'plo-ierai,  j'plo-ieros.  —  A  plo-iant.  —  On  va  plo-iie(r)  les 
draps  (plier).  —  Tu  ne  saros  faire  plo-iie(r)  c'  bauton  là 
(ployer,  fléchir,  courber). 

Voiez  !  corn  ois  fait  le  tornoi  plo'ier. 

(Gilles  de  Chin) 
Ne  cuit  qu'il  ait  céans  si  fort 
Ne  si  durs  ki  ne  fust  ploiez. 

(Dolopalhos) 

Il  prist  la  grant  ensaigne,  si  la  ploia  en  trois. 

(Quatre  fils  Aymon) 
Plongeron,  s.  m.,  plongeon. 

Plongie(r),  v.,  plonger.  —  P.  p.,  plongie. 

Il  le  faira  sous  l'espée  plungier. 

(Mort  de  Garin) 

Or  verroiz  en  la  mer  les  estodes  plongier. 

(Thibaud  de  Marly) 

Ploque,  ploquer,  ploqueu(r),  ploqueuse.  Mots  qui  se  rap- 
portent au  travail  des  laines,  rattachement  des  fils  cassés. 


92  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Plu-ie,  prononc.  plue  en  mouillant  e  ;  et  quelquefois  plûve, 
s.  f.,  pluie  (pluviam).  —  Plu-ie  d'avri(l),  c'est  don  femie[r)  (V 
bfrbh  (prov.). 

La  plue  revint  et  pluit  -II-  jours  en  rotte. 

(Journal  d'Aubrion) 

Kt  commencièrent  à  traire  saietes  aussi  menuement  comme 
plueue  chiet  dou  ciel. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Plumer,  v.,  enlever  l'écorce  :  on  plume  l'osie(r)  ;  voy.  pieu- 
mer. 

Plumon,  s.  m.,  sorte  de  couverture  de  lit,  faite  de  plumes, 
analogue  à  ce  qui  se  dit  un  duvet,  un  édredon. 

Plûre,  quelquefois  pleure,  v.,  pleuvoir.  —  I  plue  —  I  pluvut 
—  Il  ai  plue  ou  pleue  —  I  plûrai  —  I  plurot  —  A  pluvant. 

Là  oîi  Deu  voet  il  pluil. 

(Prov.  de  Lincy) 
Plusée,  s.  f.,  raclée,  coups. 

Pluser,  Y.,  nettoyer  la  laine,  la  tirer  presque  fil  à  lîl  pour  en 
expulser  les  corps  étrangers.  —  C'est  peut-être  pelucher  ou 
éplucher.  —  Signifier  aussi  donner  des  coups,  une  plusée  :  les 
deux  lurom  s'ant  plusé  dur. 

Plûve,  plue,  s.  f.,  pluie  (pluviam). 

Car  ly  sans  va  courant  de  caucie  en  caucie 
Oussy  bien  que  des  cieux  fu  ly  plueve  glacée. 

(God.  de  Bouillon) 

Et  avenoit  aucune  foye  que,  par  grant  abundance 
De  pliievSy  ladite  femme  ne  pooit  aleir  en  sa  grange. 

(Arch.  adm.  de  ReimSy  1278) 

Et  nus  essewemens  (écoulement)   ne  d'ewe  ne  de  ploeive, 

ne  puet 

(Rcc.  Taillar,  1247) 

Quant  les  anettes  sentent  la  tempeste, . . .  bien  scèventque 
pleuve  aront. 

[Évang.  des  Quenouilles) 

Puis  si  vient  Egypte  la  grans 
U  nue  ne  plueve  ne  vient. 

(Image  du  Monde) 

Pochetée,  s.  f.,  le  contenu  d'une  poche.  —  J'ai  cueitdu  'n 
pocHKTÉE  d'nougettes. 

Pochie  (tout),  exp.  adj.,  ressemblant.  —  C'est  s'pére  tout 
pocHiE.  On  dit  quelquefois  :  tout  crachie. 


GLOSSAIRE  DU   MOUZONNAIS  93 

Que  menton  forché  ! 
Vrayement  c'estes  vous  tout  poché  ! 

(Maître  Pathelin) 

Pochon,  s.  m.,  poche,  vase  à  boire^  sorte  de  louche. 

Poçon   —  Voy.  posson. 

Poinçouner,  v.,  marquer  au  poinçon. 

Poirette,  s.  f.,  petite  poire,  poire  sauva°:e  ;  voy.  Cariset.  — 
L'arbre  qui  porte  les  poirettes  se  dit  Poirettie(r). 

Pomelettes 
Et  poirettes 
Sont  les  fruictz. 

(Mystère  de  la  Passion) 

Poirie(r;,  s.  m.,  poirier.  —  On  disait  jadis  Périer,  comme 
dans  la  charte  de  Maisoucelles  (1204)  :  le  perler  de  Corbenoc. 

Des  poumes  et  des  pères  dont  l'om  prenl   le  cart  de  droi- 
ture. 

(Assises  de  Jérusalem) 

Poirie(r)  fourchu.  Désigne  une  position  qui  consiste  à  se 
planter  verticalement  sur  la  tête,  les  jambes  en  l'air  et  séparées 
ou  étendues. 

Et  les  pieds  ce  sont  les  rameaux,  contremont  comme  si  un 
homme  faisoit  le  ckesne  fourchu. 

(Rabelais) 

Pois  de  senteur,  s.  m.,  gesse  odorante,  papilionacée. 

Poison,  s.  f.,  comme  dans  l'ancien  français  (potion).  —  On  dit 
d'une  méchante  femme  qu'elle  est  une  poison. 

...  Je  vos  ai  la  poison  quise 
Qui  bone  est  contre  vostre  mal. 

(Hom.  de  Renart) 

Antipater  te  précédera  en  gloire  par  sa  poison. 

(Complainte  d'Hector) 
Puisset-eile  en  mes  ennemis 
Dégorger  sa  poison  amère. 

(Baif) 

Le  vin  pur  est  un  certain  remède  contre  la  poison  de  la  ciguë. 

(Amyot) 
Ayons  de  l'eaue  de  ces  lycornes 
Qui  sert  fort  contre  la  poyson. 

(Chicheface) 
Polie,  s.  f. ,  poulie. 

El  la  polie  aval  le  moine  (le  mène  en  bas). 

(Renard  contrefait) 


94  GLOSSAIRE   DO  MOUZONNAIS 

Et  quant  on  y  mengoit,  on  montoit  et  avaloitvins  et  vian- 
des à  une  polie,  pour  ce  que  trop  hault  eust  esté  à  porter. 

(Guillebert  de  Metz) 
Biecquebaque  ou  pollie. 

{La  FonSj  Gloss.  man.,  Godefroy) 

Et  sachiez  bien  que  si  lelon  (foulon) 

Viaut  à  polie  son  drap  prendre 

{Dit  des  cordiers) 
Poli(r),  V.,  polir. 

Polirie,  s.  f.,  usine  où  l'on  polit  les  objets   en  métal,  fer  ou 
acier. 

Pome,  poumô,  peume  (eu  bref),  s.  f.  Pomme. 

Encore  ai-je 
Du  fromage  ci  en  mon  sain 
Et  une  grant  pièche  de  pain 
Et  des  paumes  que  m'aportas. 

(Robin  et  Marion) 

Li  rois  méismes  jura  par  sa  couronne 
Que  ja  par  home  n'i  perdra  une  poume. 

(Raoul  de  Cambrai) 

De  pûmes  se  juaient  qu'ils  avoient  là  près. 

(Chev.  au  Cygne) 
Que  la  punie  du  douz  pumier 
Jà  ne  saura  tant  roveller. 

(Marie  de  France) 

Des  poumes  et  des  pères  dont  l'om  prent  le  cart  de  droi- 
ture. 

(Assises  Jérusalem) 

Pomette,  s.  f.,  le  jaune  d'œuf. 

Pomie(r),  poumie(r),  peumie(r),  s.  m.  Pommier. 

Ardent  cez  hansles  de  Iraisn  et  de  pumier. 

(Chans.  de  Roland) 

Pour  ceul  itant  que  m'en  voux  aïrier 
Me  feri  il  d'un  baston  de  poumier. 

(Raoul  de  Cambrai) 

Belias  haucha  son  baston  de  pumier. 

(Cygne) 

Ponçai,  s.  m.,  ponceau,  poncel.  —  ISom  de  lieu,  à  Mouzon. 

Par  dessus  le  poncel  estroit  —  Mist 

(Gauvain) 


OLOSSAIRB   DtJ   MOUZONNAÎS  98 

Pon-ne.  —  Voy.  pein-ue. 

0ns  y  acquiert  pone  et  grevanche, 
Oussi  toist  qu'ons  est  tresjiasseis. 

(Jean  de  Stavelot) 

Ponre,  pouni(r),  v.,  pondre.  De  ponere,  vieux  français 
ponant,  poser,  —  Elle  poune,  i  pouiiant  —  elle  pounot  —  elle 
pounerai  ou  ponrai  —  elle  pounerot  ou  ponrot  —  elle  ai  pounti. 
—  Nos  poules  ri'ant  mi  co  pocnu  ;  via  sculrmeiil  qu'i  vant 
coumacieir)  à  ponri;. 

Et  si  verrez  une  geline  se  tenir   jjIus  grasse  en  ponnant 
chaque  jour,  que  ne  fait  un  coq. 

{XV  joyes  de  mariage) 

Les  coques  des  deux  œufs  jadis  ponnus  et  esclos  par  Leda. 

(Rabelais) 

Pont,  adv.,  point  ou  pas.  —  C  n'est  mi  la  pein-ne  du  wai- 
tie{r)  après  les  clous,  n'i  a  'n  ai  pont  das  c'  boîte  là.  —  J'  n'a 
veux  pont  (De  pimctum^  point). 

Pont  ne  suy  teis  ;  veneis  avant. 

(J.  de  Stavelot) 

Pontique  ou  boutique,  s.  f.,  boite  ou  caisse  où  l'on  enferme 
le  poisson  pris  à  la  pêche  et  qu'on  veut  conserver  dans  l'eau. 

Ponton,  s.  m.,  bac  pour  passer  une  rivière. 

Le  bourt  de  la  Rue  où  soulloil  ai^order  le  ponthon  ou  bac 
de  ladite  ville  de  Lestanne. 

(Compte  de  Mouzon,  1515) 

Popa,  p'pa,  s.  m.,  papa. 

Poqueleuse,  s.  f.,  jusquiame,  solaoée. 

Poquer,  v.,  choquer,  heurter.  —  Les  ues  ant  té  poqués,  c'est- 
à-dire  choqués  entre  eux,  et  par  suite  enfoncés  par  endroits.  — 
Onomatopée.  —  Signifie  aussi  :  former  ampoule  (poque).  — 
J'm'ai  brûlé  le  bras  ;  toaitc  !  o'ià  qu'ça  poque. 

Poque,  ampoule  de  la  petite  vérole.  On  dit  :  A(c)oi;r)  les 
poques,  avoir  la  petite  vérole.  —  Vient  de  poche,  poche  pleine 
d'humeur,  qui  crève  et  laisse  un  trou.  —  Chus  nous,  quand  qué- 
qu'un  ai  iu  les  poqdes,  on  dit  qii'il  ai  té  vacciné  à  coups  de 
pioche. 

Poqueus,  s.  m.,  qui  a  eu  les  poques. 

Pôrai,  poriau,  s.  m.,  poireau,  verrue.  —  On  trouve  porion* 


96  «LOSSAIEB  DU   MOUZONNAIS 

Veruca,  vérue  ou  poreil,  en  la  main. 

[Glo&s.  rom.  lat.,  XV^  s.) 
Porcession,  s.  f.,  procession. 

Si  issent  à  porcession 
Contre  Blancandin  le  baron. 

(Blancandin) 
Et  de  vostre  part  li  dira 
Que  après  la  porcession 
Li  face  salisfacion. 

(Rom.  de  Renart) 
PDrchie(r),  s.,  porcher. 

Je  ni  lesse  mi  atouchier 

Chascun  vilain,  chascun  porchier. 

(Rom.  de  la  Rose) 
Chascun  pastoureau,  herdier,  porchier  ou  vachier  est  tenu. . . 

iStal.  de  Mezières,  X[V'  s.) 

Pôrée,  porette,  s,  f.,  poireau.  —  Aussi  porai. 

J'ai  pore'es  et  s'ai  naviaus 

J'ai  pois  en  coses  tout  nouviaus. 

(Cris  de  Paris) 
Puis  après  porete  menue 
Letues  fresches  demanois. 

(Id.) 
L  iver  fait  mourir  les  porées. 

(Ménagier) 

Depuis  avril  jusques  a  la  Magdeleine  fait  bon  semer  porees. 

(Ménagier) 

C'est  autretel  pechié^  comme  qui  melroit  porréc  et  pois  par 
despit  et  benoît  calice. 

(Mireour  du  monde) 

Quar  quant  11  preudom  veut  avoir 
Porée  se  li  fesoit  pois. 

(Fabl.  Dame  anieuse) 

Autant  en  ferois  de  ces  belles  andouilles  avec  de  la  porée. 

(Noël  du  Fail) 
Porrum,  porel  —  Poretum,  porée 
Piretum,  herbes  poirei. 

[Gloss.  roman  latin,  Xi^'  s.) 

Porge,  s.  m.,  porche,  vestibule  d'une  maison  de  paysan,  sorte 
de  cabinet  avant  la  porte  d'entrée  de  la  cuisine.  —  Ces  gamins- 
là,  ça  reste  pourtant  toute  La  messe  das  /'porge  du  l'église. 

Et  ])ar  dedens  ledit  chastel,  à  l'entrée  du  tinel  (vestibule) 

a  un  beau  porge,  en  lequel 

(Foy.  d'oultremer  en  Jhérusalem) 

Qui  n'a  palais,  passer  se  faut  d'un  porge. 

(G,  Chastellain) 


glOssaiue  du  mou'Zonnais  27 

Porichinel,  s.  m.,  polichinelle. 

Porrai  (je),  —  Porros  (je),  —  je  pourrai,  je  pourrais.  Voyez 
Pou(v)ui(rj. 

Porrot  bin  vali.  expression  e.xclamalivc,  signilianL  ;  F'Iùt  à 
Dieu  que  cela  soit,  Cela  devrait  bien  être.  —  On  dit,  que  Nicolas 
Tuiol  ai  hérite  :  pourot  bin  vali  poiu'  loue  (cela  .seiait  bien 
heureux  pour  lui). 

Porteu(r),  s.  m.,  porteur.  —  In  porteu(r'  (f  mortie[r)  — 
Les  ponTEU(R)s  (d'un  cercueil)  ant  droit  a  chncu/i  '/i  paire  dii 
ganis  et  in  crêpe. 

Porteu(r)  d'  soupe,  s.  m.,  celui  qui  porte  à  manger  aux  tra- 
vailleurs des  champs,  domesti(|ue.  —  Nom  donné  au  valet,  au  jeu 
de  caries. 

■  Poser,    V..    déposer,    quitter,    laisser.    —    Pose  tes  sahols,  t' 
coDRRAis  pus  vile. 

Possenée,  s.  f.,  contenu  d'un  posson.  —  J'ai  bu  'n  possk.née 
d'  lait  prins.  —  Voy.  Posson. 

Posson,  s,  m.,  pot  en  grès  destiné  surtout  à  contenir  du  lait, 
qui  y  crème  et  devient  lait  prins,  c'est-à-dire  caillé. 

Li  poçons  li  port  plain  de  let. 

(Marie  de  France) 

Et  en  pelis  passons  estait  la  v/ive  chaux. 

[Du  Guesclin) 
Deux  saussières,  ou  un  poçon 
Ou  un  platel,  ou  escuelie. 

[Le  dit.  de  la  Maille,  Laborde) 

A  donc  la  dicte  Marotte  prisl  un   poçonnet   et  vint   a  ce 
ruissel  et  volt  puisier  de  l'iaue. 

(Mir.  de  S.   Louis,  Laborde) 

Chescun  des  parties  deivent  eslre  boillez   en    un   net  pos- 
senet. 

{Manus.  Old  Roy.,  Ane.   Textes) 

Potiau,  s.  m.  Poteau.  —  J'ai  n'terre  au  Potiau,  à  Bulson 
(Poliau,  lieudil). 

Potkan,  potequau  (peut-être  Pot  d'camp),  s.  m.,  petit  pot  à 
anse,  d'ordinaire  en  fer-blanc,  qui  sert  à  transporter  la  nourriture, 
la  soupe,  le  café,  le  lait,   etc.,   aux  champs.    Laborde,   dans   son 

7 


98  GLOSSAIRB  DU   MOUZONNAtS 

«  Glossaire  »,  donne  Polkin,  avec  kin   diminutif,  comme   dans 
manliin. 

Un  petit  potkin  d'or  avec  une  hance. 

{Gloss.  Laborde) 

Ung  potlequin  de  terre  à  boire  cervoise. 

Od.) 
Pou,  pau,  pauc,  peu.  —  Voy.  pau. 

Ung  pou  séjourna  Bertrand  illec. 

(Du  Guesclin) 

Pouchai,  pourçai  (à  l;i  frontière),  s.  m. —  Cochon,  pourceau 

(de  pourcel).  —  lu  gardciis  d'  i'OUchaîs. 

Maint  homme  sont,  se  il  ont  a  mangier  et  à   boivre  et  lor 
ventre  plain  comme  porcel  ne  leur  en  caut  de  plus. 

(Maurice  de  Sully) 
Le  pourcel  doit  une  obole. 

(Tonlieu  de  Mézières^  XIV'  s.) 

Vive  li  hom  com  porchiaus. 

(Thib.  de  Marly) 

Pou(r)  d'bon,  exp.  adv.,  pour  de  bon,  sérieusemeut. 

Pou  d'bos,  s.  m.,  tique. 

Pou  d'cochon,  s.  m.,  cloporte. 

Pouez,  Poez  (v'),  vous  pouvez.  —  Voy.  pou(v)oi(r). 

Pougn,  Puign,  s.  m.,  poing.  —  1  s'ant  baUus  à  caiips  d' 
pouGN.  —  Quelquefois  pongn. 

Par  le  puign  tint  le  cunte  Guenelon. 

(Chans.  de  Roland) 

El  chaiil  des  pires  eussi  grosse  que  I  pougne  d'homme. 

(Jean  d'Outremeuse) 
Pougnie,  s.  f.,  poignée. 

Prengne  chascuns  une.  pugnie 
De  ches  besans  :  ja  n'i  parroit. 

(J.  Bodel,  S'  Nicolas) 

Cil  qui  se  mellent  de  draper 

Eu  prendent  la  plus  grans  puignies. 

(Froissart) 

Garroites  (carottes)  sont  racines  rouges  que  l'on  vent  es 
halles  par  pougnies. 

(Ménagier) 

Pougnie(r),  v.,  battre  à  coups  de  poing;    combattre   (pun« 
gère).  —  On  trouve  le  vieui  nom  pougnei. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  99 

Se  nus  est  pris  de  vosire  gent 
En  poigneis,  ne  en  liataille. 

•Ordène  de  chevalerie) 

Pou-ïe,  pou-iette  (ou  bref),  s.  f.,  poule,  poulette.  —  Ti! 
pai-iieir)  !  Tu  pai-ierais  l'année  bizetle,  quand  les  pou-ies  iranl 
à  crossetles! 

Poulain,  s.  m.,  bille  de  bois,  sorte  de  chevrette  ou  de  chevalet, 
servant  à  manœuvrer  des  fardeaux,  roues,  tonneaux,  etc. 

Poulaque,  s.  —  Individu  sale,  dégoûtant,  polisson.  Terme 
injurieux  :  àePolak,  polonaise?).  — On  trouve  plus  anciennement 

poacres. 

Les  autres  devindrent  poacres, 
Pugnais,  impotens,  contrefais. 

(Martial  de  Paris) 

Poulière^  s.  f.,  cage  à  poulets. 

Poulot,  s.  m.,  petit  enfant,  terme  caressant,  devenu  parfois 
surnom.  —  Bonjour,  Pierre  Poulot.  —  (de  Pullus). 

Poulou,  Poulou!  cri  d'appel  de  la  ménagère  à  ses  poules  et 
Foulions  (Loy  de  Beaumont,  voy.  oysons). 

Poume,  s.  f,,  pomme.  —  Voy.  Pome,  peume. 

Poumonique.  adj.  et  s.,  pulmonique,  poitrinaire,  phtisique. 

Pounasse,  s.  f.,  lit^  paillasse;  terme  de  mépris.  Dérive  appa- 
remment de  pouni(r),  pondre. 

Pounie(r),  s.  m.,  se  dit  d'an  homme,  d'un  enfant  qui  se  tient 
trop  volontiers  à  la  maison,  autour  de  la  ménagère,  ce  qu'en  lan- 
gage familier  et  argotique  on  appelle  un  chauffe- la-couche.  — 
C'est  donc  quelque  chose  comme  le  pondeur  de  La  Fontaine. 

Pouni(r),  v.,  pondre,  voy.  Ponre.  —  P-  p-,  Pounu,  pondu.  — 
La  première  jjou-ie  qui  cdquie  c'est  la  leus  qu'ai  pounu  (prov,). 

Neyr  geline  poune  blank  oef, 

(Prov.  de  Fr.,  Lincy) 

Tant  s'entramèrent  ambedui  (ostour  el  Huans) 
Qu'an  un  ni  ensanble  pouneient. 

(Marie  de  France) 

Pinte  parla  qui  plus  savoit, 
Gelé  qui  les  gros  ces  ponnoit. 

(Rom.  de  Iknart) 


ibO  (SLOSSAiRE    DU    AlbUZONNAlS 

Car  je  n'estime  jias  qu'un  homme  de  courage 
Puisse  estre  possédé  de  plus  poignante  rage 
Qu'alors  que  dans  son  nid  il  sait  qu'on  a  pounu 
El  qu'il  voit  du  public  son  diffame  connu. 

(Ane.  théàt.  français,  VIII,  145) 

Et  s'ils  eussent  pounu  ung  œuf. 

(Vie  de  rOyson) 

Bombardes  —  Chargées  d'œufz 

Qui  avoient  pounu  grosses  poules  Lombardes. 

(Con/lict  de  Caresmc  et  Charmaire) 

Pouplie(r),  s.  m.,  peuplier  (populus),  des  salicinées. 

Populus,  pouplier. 

(Gloss.  rom.  lut.,  XV^  s.) 

Sos  un  poplicr  en  l'erbe  cstoient. 

(Rom.  de  la  Rose) 

11  se  mue  et  tourne  plus  que  fueille  Ae  pouplier. 

(Gerson,   1405) 

Pou(r),  prép.  pour.  Voyez  l'emploi  de  cette  préposition  pour 
éviter  le  subjonctif,  dans  l'Introduction.  —  Eu  général  on  pro- 
nonce pou:  i!  n'y  a  guère  d'exception  que  si  le  mot  qui  suit  est  un 
pronom  régime  :  c'est  l'ou  boire  —  donne  m'a  pou  deux  sous  ;  — 
POU  faire  ia  soupe:  —  rou  ii  n'aoi;  —  pou  aller  à  l'icole;  ^=  Pour 
mi.,  pour  ii,  pour  lou,  pour  telle,  pour  nous,  pour  vous,  pour 
zeux.  =  C'n'est  mi  pou  za  raoi. 

Sur  ce  commencèrent  toutes  à  i^llus  lever pour   elles 

retourner  cliascune  à  sa  chascune. 

(Evang.  des  Quenouilles) 

Je  souhaitti,', .  .  Ung  bon  lil  mol  pour  moi/  coucher. 

{Souhaiz  des  hommes) 

Ne  ia  n'iert  s'amuur  pou  <:i'.n  moindre. 

(Clef  d'amour) 
L'acteur  pou  les  femmes. 

(La  procès  des  deux  amants) 

L'éditeur  dit  :  c  Rien  ne  serait  si  facile  que  d'ajouter  l"r  »  ;  mais  il 
nous  semble  que  devant  une  consonne,  il  faut  laisser  celte  orthogra- 
phe, qui  figure  la  vraie  jirononciation  ancienne  :  pou  les  femmes. 

Pourçai,  s.  m.,  porc,  pourceau,  pourcel.  —  Voy.  pouchai. 

i>es  aucuns  sont  en  gloutonnie  et  luxure  et  sotte  oiseuse 
qui  détiennent  le  pèlerin  comme  en  tioe  et  en  ordure,  sans 
penser  où  il  est,  oii  il  doit  aller,  plus  que  un  pourcel. 

(Gerson) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  101 

Chascune  beste  comme  buef,   vache,  chièvre,  pourcel,  et 

autre  que 

(Statuts  de  Mézières,  XIV*  s.) 

Quant  il  te  fist.  s'il  vousist,   il   t'eust  fait  un  boterel  (cra- 
paud) ou  un  porcel. 

(Mireour  du  monde) 

Pourchessie(r),     v.,    pourchasser,    poursuivre,     donner     la 
chasse.  On  dit  aussi  :  Pouchessie(r). 

Sachent  tuit  que  nous  n'entendons  à  faire   ou    pourches- 
sier,  ni  ne  ferons  ou  pourchesserons. 

(Lettre  des  eschevins  de  neims,  i353j 

Mais  elle  s'en  est  alée 
Tant  a  pourchassie  ennuy. 

(Charles  d'Orléans) 

Pourcliie(r),  porchie(r),  s.  m.,  porcher. 

Tels  gens  dussent  être  porchiers. 

(Alain  Charlier) 
Poure,  s.  f.,  poudre. 

Et  de  la  poxirre  de  l'estrille. 

(Rutebeuf,  Dit  de  l'Erberie) 

Li  jors  fu  biaus,  la  pourre  lieve 
A  cens  de  l'ost  forment  lieve. 

(Blancandin) 
Encore  a  il  dessous  l'eskine 
IIII  doie  de  crasse  poure. 

(Fabliau,  Prestre  et  Chevalier) 

Cieus  qui  portoit  l'escu Ne  portasl  a  lierre  en  la  pourre. 

(Jean  de  Condé) 

Pourre  d'une  herbe  que  li  phisicien  apelent  bislorte. 

(Alebrand) 

Pourrifr),    pôri(r),    v.,   pourrir.    —    Les  feim-nes  pôrirant 

biniôt. 

N'atendez  mie  tant  qu'il  (le  vin)  porisse  el  tonel. 

(Chantepleurej 

Cil  se  lessent  porir  comme  la  mauvaise  pomme. 

[là.) 
Pou(r)  rire,  adv.,  pour  rire,  non  sérieusement. 

Poursuir.   poursui(v)re,  v.,   poursuivre.   —  J'poursuivos  — 
J'ai  poursui  ou  poursuivu  —  Jpoursuirai. 

Amors  fait  bon  porsuir. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Largesse  avoir  et  tout  temps  poursuir. 

(Eust.  Deschamps) 


102  GLOSSAIHE   DU   MOUZONNAIS 

Cil    qui    cause  averoieni  d'eous  (eux)  poiirsuircient    et 
messoueroient  après  les  ditles  vint  cinc  années  leurs  ahans... 

{Cartul.  deRethel,  1301) 

Dit  a  esté  par  parlement  que  ce  sont  iij  appeaulz  non  poursuiz. 
(Notables  points  de  l'usage  de  France^ 

Sire,  aide  moi  ;  car  les  félons  m'ont  poursuy. 

(Psautier) 

Que   messire    Pierre    de   Haraucourl  et    ses  aidans 

fussent  tant  chaciez  et  pmirsniz  qu'il  peussent  estre  prins. 

(Lettre  de  Gaucher  de  Châiillon  ;  H^'  Haraucourl) 

J'ay  empris  ceste  histcire  à  poursuir. 

(Froissart) 
Lors  messire  Bertrand  conseilla  au   roy  que   poursuy  fut 
Piètre. 

(Chron.  de  du  Guesclin) 

Pour  esmouvoir  et  enflamber  à  poursuir  ce  que  vous  sçavez. 

(Gerson,  1405) 
Poussie,  s.  f.,  effort,  pesée,  poussée. 

Poussie(r),  v.,  pousser.  —  Ez-v'  poussie  à  la  roue? 

Poussière  (faire  de  la).  —  Expression  signifiant  faire  des 
embarras,  de  la  pose,  prendre  de  grands  airs. 

Ppussiéreux,  adj.,  poudreux,  couvert  de  poussière. 

Pou(v)oi(r),  pooi(r),  v.^  pouvoir.  —  Je  peux,  j'pouans  ou 
pouvans  —  Je  pouos  ou  pouvos,  j'pouains  ou  pouvains,  v'pouvie(z) 
—  J'ai  pouvii  —  J"pourrai  ou  pùrrai  —  J'pourros  ou  pôrros.  —  A 
pouant  ou  pouvant.  —  C\'Sl  tout  d'meinme  bin  malhcvrevx  du 
n'  POU- CI  marchie(r).  —  J'ai  fait  cquu  j'ai  pocyd.  —  On  con- 
jugue aussi  parfois  :  J'p'lans  ou  poulans,  v'poulez  ou  p'iez,  i  pou- 
iant  OU  p'ianl.  —  f(ls)  p'lant  6m  faire  toute  l'ouvrage! 

Il  furent  si  sourpris  qu'il  n'orent  pouoir  d'eus  deffendre. 

(xUcnestrel  de  Reims) 

Mors  est  Tristans  ii  voslre  amis,  vous  le  poez  bien  veoir. 

(Tristan) 

Ne  se  poet  regarder 

Car  enfin  savoir  le  poés 

Vos  qui  poez  grant  fais  embracier.  ' 

(Rutebeuf) 

Et  s'il  ne  le  pooit  pas  faire  en  terre  plene 

(Règ^  Thibaut  VI,  1224^ 

Si  corn  je  porrai  deviser. 

(Castoiement  d'un  père) 
liant  H  porén  vous  bien  dire. 

(Amadas  et  Ydoine) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  103 

Con  faitement  d'ore  en  avant 
Le  porons  faire. 

(Id.) 
La  citiez  ert  de  genz  si  plaine 
Qu'il  i  poeint  à  grant  peine. 

(Ambroise,  Est.  guerre  sainte) 

Conment  parviens  nous  estre  si  lonc  tans  départi  ? 

(Berte  aus  grans  pies) 

Nous  porriens  bien  de  vrai  en  nous  consid»^,rer... 

(B.  du  Guesclin) 

Ce  que  nos  ne  porriens  faire  par  force  d'armes  ne  d'en- 

ging. 

(Les  livres  dou  Trésor) 

Chasteaux  et  ville  porront  estre  gardés. 

(Échange  de  Mouzon,  1379J 

Si  mènerons  le  moins  de  compaignons  avecques  nous  quo 
nous  porrons. 

(Lancelot) 
La  menue  gent  menger  veulent 
Si  tost  qu'ochoisonner  les  peulf.nt. 

(Jean  de  Gondé) 

Les  habitants  de  Maisières  ont  et  puellent  peschier  par 
aysances  aux  franches  eaues  environ  Remilly,  d'emprés 
Mouson. 

(Aisances  de  Mézières^  XIV'  s.) 

...  Lesquelles  rentes  peullent  croistre  et  decroistru. 

fyli'CM  de  la  Marck,  Moitzon,  iill) 

Pou(v)oi(rJ  mais  (n'a).  —  Locution  :  n'en  pouvoir  mais, 
c'est-à-dire  n'en  pouvoir  plus  ou  davantage  ;  être  exténué,  à  bout 
de  ressources  ;  n'être  pas  cause.  —  J'  n'a  peux  mais,  wiî,  si  tu 
t'  fais  don  mau,  ce  n'est  pas  ma  faute,  si  tu 

P'pa,  popa,  prononc.  de  papa. 

Pra-ïè(l),  s.  m.,  pré,  prairie  —  préau.  —  Rare  aujourd'hui,  et 
resté  nom  de  couture  (à  Douzy,  par  ei.). 

Pratellum,  prayel. 

(Gloss.  rom.  lat.,  XV*  s.) 

Grande  fu  la  bataille  par  dessus  le  praiel. 

(Baudouin  de  Sebourc) 

Blancheflour  fu  assize  souz  l'ente  en  un  prael. 

(Berte  aus  grans  pies) 
Par  gfant  revel 
Ens  el  prael. 
Dire  li  alai. 

(Perrin  d'Angecourt) 


104  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Hors  de  sa  hoche  (de  l'oliphanl)  ist  un  boel 
0  quel  il  pest  par  le  pracl. 

(Bestiaire  divin) 
Précepteur  pour  percepteur. 

Prêchie(r),  v.,  prêcher. 

Et  envola, pour  jnéchicr  des  crois. 

(Chron.  de  Rains) 

Li  apostole  alèrent  et  préchierent  par  tôt  le  monde. 

(Serm.  de  Maurice  de  Sully) 

Après  cordelier 
Sovent  aves  preschie  de  mort. 

(Dance  macabre) 

Sur  le  mont  Olivote  ira  por  preeschier. 

(Thibaud  de  Mariy) 

Prêchou(er),  s.  m.,  prêchoir,  chaire  à  prêcher. 

Premie(r)^  promie(r),  prumie(r),  adj.^  premier. 

Le  prumier  jour,  le  second  et  le  tiers... 

(Arch.  Ad.  de  Reims,  1294; 

Jadis  au  tens  nus  prumiers  pères 
Et  de  nos  prumeraines  mères. 

(Rom.  de  la  Rose) 

Li  prumir  est  partant  que  li   conseilh  del  citeit  est    trop 

large. 

(Patron  délie  Tempor alite it) 

Premie(r)  (en),  exp.  adv.  pour  commencer,  à  l'origine,  dans 
les  commencemeuls.  —  Par  opposition,  on  emploie  en  Dernie(r), 
à  la  fin,  dans  les  derniers  temps.  —  En  premie(r)  d'leu(r) 
mariage,  ça  allol  ce  bin.  —  Voy.  Preum. 

De  ce  ne  fu  pas  li  roys  tendres 
Au  primier  ;  mais  au  derrenier. 
En  fu  il  lasches  et  lanier. 

(Gûdefroy  de  Paris) 

Prenre,  pren(d)re,  v.,  prendre.  —  J'prens,  j'prenans  ou  per- 
nans,  v'prenez  ou  pernez  —  J'preuo?  ou  prenos.  —  J'ai  pris  ou 
prins  iprinse)  —  J'prenrai  —  J'prenros.  —  A  prenant  ou  pernant. 
—  Le  vieux  français  employait  souvent  petire. 

Cunssel,  en  <list,  lor  estuei  prenre. 

(Marie  de  France) 

Veuillent  ou  non,  se  laissent  pranre. 

[Floire  et  Blance(lor) 
Cil  de  Metz  font  lor  baronie 
Apertemeni  prenre  leurs  armes. 

(Guerre  de  Metz) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  105 

Fromons  le  posteis 
Qui  la  venjance  veut  prenre  de  ses  fils. 

(Mort  de  Garin) 

Conseil  pernez^  Des  sages  et  des  senez. 

(Dist.  de  Catoriy  LincyJ 

Dame  !  por  vos  est  fornie 
Ma  chançon.  Pernez  l'en  gré. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Li  Rus  Rei  ne  lessout  as  Yglises  neient  ; 
Les  rentes  en  perneit,  l'aveir,  l'or  et  l'argent. 

(Thomas  le  martyr) 

Cilz  vit  qu'à  ce  panroit  la  mort 
S'il  n'en  pernoit  aucun  confort. 
X  (FabliaUj  Morel^ 

Et  ensi  doit  torner  por  la  ville  pernant  ce  garde  des  des- 
suz  dites  chozes. 

(Assises  de  Jérusalem) 

S«nt  greffiz  etprins  cinq  ou  six. 

(Villon) 

Cinq  gerbes  de  blé  par  lui  prinaes  à  diverses  fois. 

(? ) 

Presser,  v.,  se  dit  épresser,  avec  le  sens  d'exprimer.  On 
épresse  le  beurre  ;  —  le  fromage  ;  —  des  groseilles. 

Presse  (nH  ai  pont  d').  —  Cela  n'est  pas  pressé,  ne  vous 
hâtez  pas,  ne  vous  précipitez  pas,  il  n'y  a  pas  avantage.  —  Aller 
das  ces  affaires-là,  pou(r)  ramasser  don  mau  !  n'i  ai  pont 
d'presse. 

Préten(d)re,  v,,  prétendre.  —  Quoi  'c'  qu'il  ai  à  prétenre 
après  s'père  ?  Rin  I 

Sens  kue  nus  i  puet  riens  reclamers  ne  prétenre. 

(Charte  de  Renaud  de  Bar,  1118) 

Préteu(r),  s.  m.,  prêteur,  qui  prête. 

Preum,  adj.,  premier.  —  C'est  mi  Tpreum. 

Preum  (au),  exp.  adv.  —  A  l'instant,  seulement.  —  Via  Jean  1 
il  arrive  au  preum. 

Et  ne  puet  il  monsigneor...  riens  reclamers  ne  o  prum  ne 

en  lutur  en  ultre  ce 

(Charte  de  Renaud  de  Bar,  Hi8J 

Pri-iie(r),  v.,  prier.  —  P.  pas.,  pri-iie.  —  J'aiïs  bin  pri-iik 
l'bon  Diu,  lourtous. 


106  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Au  duc  son  signour,  pour  priier 
Que  il  le  face  chevalier. 

(Amadas  et  Ydoine) 
Prijon,  s.  f.,  prison. 

Prijounie(r),  s.  m.,  prisonnier. 

Et  que  devenra  li  tïenprisotmiers. 

(Comtesse  de  Ponthieu) 

Prins,  prinse,  adj.,  pris,  prise.  —  Lait  pri.vs,  lait  caillé.  — 
In  PRiNzE  dû  bec,  une  prise  de  bec.  —  Priuze,  adj.,  enceinte, 
grosse  d'enfant. 

Je  ne  peullz  bien  avoir  en  moy  puissance 
Parfaicte  ad  ce  que  j'ay  ci  entreprins 
Car  je  ne  puys  trouver  sens  ne  sentence 
Pour  que  ne  suys  pas  ad  ce  faire  aprins 
Pour  produire  ce  que  seul  ay  comprins. 

(Grand  Triumphe  des  Dames) 

Ung  malfaiteur  n'i  porroit  estre  prins. 

(Hommage  de  Mutry,  Mouzon^  i369) 

IV  arbitres  prms  d'entre  les  dites  parties. 

(Coutumes  de  Namur) 

La  volupté  mal  prinse  ramolit  et  relasche  la  vigueur  de 
l'eaprit  et  du  corps. 

(Charron) 

Après  que  le  jeune  homs  et  sa  femme,  qui   est  jeune,  ont 
bien  ppins  de  plaisance  et  déclarations. 

(X  V  joyes  de  mariage) 

Une  truie  qui  preins  estoii. 

(Marie  de  Fr.,  Leu  et   Truie) 

La  femelft  (de  l'oliphant),  ce  m'est  avis, 
Porte  deus  anz,  quant  ele  est  preins. 

(Bestiaire  divin) 

Priseus,  s.  m.,  celui  qui  prise,  prend  du  tabac  en  poudre. 

Prisounier.  —  Voy.  priJQunU(r). 

Et  qu-i  devenra  li  tiers  prisouniers . 

(Comtesse  de  Ponthieu) 

Probab(l)e,  adj.,  probable.  D'où  l'adverbe  probab'ment  et 
môme  simplement  probabe.  —  J'irans  à  S'dan  dimanche,  probabe  ! 

Prolongie(r),  v.,  prolonger.  —  P.  p.,  prolongie. 
Je  porrois  prolongier  ce  termine  à  ma  volenté. 

(Cartutaire  de  liethel^  1258) 

Abrégeons  3%n«  plus  prolongier. 

(Ballade  dw  de  Bourgogne) 


GLOSSAIRE  pu  MOUZONNAIS  107 

Promener,  promein-ner,  proumein-ner,  v.,  promener.  Ce 
verbe  n'est  pas  pronominal  :  J'irans  i'Romein-ner  à  S'dan.  On  dit 
cependant  :  Jù  m'promein-ne. 

Nous  allons  pourmener  nou3  deux 
Alentour  de  ces  près  herbeux. 

(Baïf) 

Promeneu(r),  s.  m.,  promeneur.  —  On  dit  en  proverbe  :  Les 
pROMENEUx  (l'A  tligny  (les  lUineurs). 

Promett(r)e,  v.,  promettre.  —  V.  froumellCrje. 

Promie(r),  adj.,  premier. 

La  prigt  le  jor  li  entes  sa  promière  bonteit. 

(Légende  S*  Alexis) 

Prononcie(r),  v.,  prononcer.  —  P.  p.,  prononcie. 

Chescun...  A  pronuncier  telle  sentence. 

(Advocacie  N.-D.) 

Prop(r)e,  prop(r)emat,  propre,  proprement. 

Et  moy,  mignonne,  je  souhaitte 
Estre  toujours  prope  et  honneste. 

(Souhaiz  des  femmes) 

•  Apres  cen,  les  devez  trechier 
Et  galonner  si  propement 
Que  nul  ni  vee  amendement. 

(Clef  d'amour) 

Proumett(r)e,  v.,  promettre.  —  P.  p.,  Proumins,inse.  S'em- 
ploie souvent  pour  assurer,  jurer.  —  Quelquefois  promettu. 

Mais  je  veus  et  proumet..... 

Que  par  moy  ert  céans  vos  enfes  raportes. 

(Brun  de  la  Montaigne) 

Prumie(r),  adj.,  premier,  voy.  premie(r)f  pro'mie(rJ. 

Et  quant  cil  le  virent  qui  prumier  issirent  dou  moustier. 

(Merlin) 
En  sa  venue  la  prumière 

Greva  il  en  mainte  manière  —  L'yglise 

(Godef.  de  Paris) 

L'an  de  grâce  mil  IIIc  LXVIII  fu  nés  Charles,  fils  du  roy 
de  France,  le  prumier  dimenche  des  advens. 

(Chr.  de  Jean  de  Noyai) 
P'tèt(r)e,  adv.,  peut-être. 

Puant^  pu-iant,  s.  m.,  arbrisseau,  le  nerprun.  —  C'est  aussi 
le  participe  du  verbe  puer,  pu-ier.  —  Enfin  s'applique  à  l'individu 
poseur,  orgueilleux,  glorieux. 


108  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Pue,  p(l)us,  adv.,  plus,  davantage.  —  Pue  s'adresse  plutôt  à 
la  quantité,  au  nombre  ;  —  pus  est  opposé  à  encore.  —  N'i  ai 
trop  bin  des  caiels  sus  et  aube  là  !  mais  n'i  a'n  ai  eo  d'puc 
sus  c'ti  là.  —  J'ii'irai  pus  à  la  foive,  on  n'y  fait  rinf 

Pûch,  s.  m.,  puits  (à  la  frontière),  —  Le  vieux  verbe  espû- 
chiefr)  veut  donc  dire  tirer  du  puits. 

Quant  velt  de  l'eve,  du  puch  le  va  sachier. 

(Ogier  d'Ardenois) 

Andrier  de  Lairdieu  qui  demorat  devant  le  puche  délais 
saint  Folhin. 

(Jean  de  Stavelot) 

Et  corne  il  feist  ses  camels  accoucher  hors  la  citée,  jouste 
le  puis  del  eawe  a  vespre,  a  cel  temps  que  femes  soleient 
aler  espuehier  eawe. 

(Bible  Guiot) 
Puchalit,  s.  m,,  pissenlit. 

Puchate,  s.  f,,  urine.  —  Voy.  piehate. 

Puchie(r),  picliie(r),  v.,  pisser,  —  Voy.  piehie(rj.  A  Rau- 
court,  il  existe  une  censé  ou  ferme  du  nom  de  Pissemoreau,  qu'on 
prononce  Pdche  Moral  (source  à  tleur  de  sol). 

Le  roi  les  a  si  essauciez 

Qu'as  tueax  d'or  les  l'ait  pissier. 

(Flaire  et  Blanceflor) 

Puer,  pu-iér,  pur,  v.,  puer.  —  Ça  pciot,  ça  pu-ie,  ça 
PUROT,  c'est  pu-iANT,  Ça  va  PD-iER  ou  ca  va  pdr.  —  Pur  est  le 
représentant  de  l'anc.  puir. 

Tosiors  doit  ii  fumier  puir. 

[Chreslien  de  Troyes) 

Pûgie(r),  V.,  puiser.  —  P.  p.,  pûgie.  —  Nous  avons  déjà  cité 
l'ancien  terme  espûchicr.  —  On  prononce  aussi  souvent  pouisie(r). 
—  Das  quoi  'e'  quû  l'ai  pugie  t'n  iaue2 

. . .  Sept  très  bêles  pucheles  qui  ne  cessent  de  puisier  de 

ces  sept  ruissiaus 

(Mireour  du  monde) 
Ewe  en  viver  u  en  estanc 
Est  plus  legier  a  espucher  (facile  à  épuiser). 
Que  n'ort  son  beivre  et  son  manger. 

(Chron.  de  Geoffroy  Gaimar) 

Dedenz  a  le  bacin  puîsie 
Au  plus  bêlement  que  il  pot, 

(Rom.  de  Renart) 
Puiant,  v.  Puant. 


GLOSSAtRB    DU    WOUZONNAIS  109 

turemat,  adv.,  Purement. — J'ii  dirai  tout  pûremat  c'quïi 
y  pense. 

Purette  (à),  expr.  adv.,  en  manches  de  chemise,  sans  blouse, 
ni  paletot.  —  On  dit  ailleurs  :  en  pure  tête,  c'est-à-dire  tête  nue 
ou  non  coilfée  ;  et  jadis,  on  avait  l'expression  :  en  pure  sa  che- 
mise. —  Jii  remets  m'sauroi  ;  i  fait  trop  frad  pov(r)  trava- 
iie(r)  à  purette. 

Car  elle  se  despouilla  en  pure  chemise. 

(Ménestrel  de  Reirns) 

Li  clerc  s'en  ala  en  pure  sa  chemise. 

(Joinville) 
Il  estoit  toz  nus  en  pure  sa  chemise. 

(Comtesse  de  Ponthieu) 

Car  elle  se  despulhat  toute  nue  en  pure  sa  chemise. 

(Jiîan  d'Oulremeuse) 

Ces  puceles Cevaucent  en  pur  les  chiés  (têtes). 

(Roman  de  Ham) 

Purge,  s.  f.,  purgation  médicinale.  C'est  le  vieux  mot  français. 
—  On  prend  'n  purge  quan(d)  on  ai  l'corps  dérangie. 

Purgie(r),  v.,  purger.  —  P.  p  ,  purgie. 

Cil  se  porra  purjier  par  son  seul  eermeni  qu'il  n'ara  point 
sceu  la  semonce. 

(Charte  de  Mézières,  i233j 

Telles  médecines  qu'ils  prennent Pour  purgte?'  les  corps 

(Eust.  Deschamps) 

P(l)us  pas,  exp.  adv.,  même  pas,  pas  un  seul.  — /'n'ai  pus 
PAS  in  sou. 

Putain,  s.  f.,  employé  comme  garce,  dans  les  jurons  et  apos- 
trophes, sans  emporter  l'idée  insolente  et  injurieuse  que  le  mot 
comporte  d'ordinaire.  —  Oh!  la  laide  putain,  tu  niais  fai(t) 
a(o)oi(r)  peulr)  !  —  Le  vieux  mot  pute  (voyez  emputer)  désigne 
en  général  quelque  chose  de  mauvais,  méchant,  sale. 

De  pute  racine,  pute  herbe. 

(Cléomadès^  proverbe) 

Putôt,  adv.,  plutôt.  —  Aussi  plus  tôt,  opposé  à  P(l)us  tard. 


Qua  ou  ca.  Exclamation  de  regret  ou  d'inquiétude  :  Mon  Diil, 
QUA.  !  —  Parait  être  le  commencement  d'une  explication  qu'on  ne 


110  éLOSSAIRK  DU    MOOZONNAIS 

donne   pas  :  car  ou  quare  :  J'  n'ans  jamais  su  li  faire  com- 
prenrc  :  c'est  in  rude  malheur,  oua  ! 

Quaille,  s.  f.  —  Voy.  couaiUe. 

Li  François  les  enchancent  com  espervier  la  quaille. 

(Foulques  de  Candie) 
Coturnix,  quaille. 

(Gloss.  rom.  lat.,  XV^  s.) 

Cil  ne  vaut  pas  qui  ne  la  loe 
Un  uef  de  quaille  ou  d'aloe. 

(Gautier  de  Coincy) 

Qua-iie(r),  voy.  couaillier.  —  Quand  les  pou-ies  su  quaillant, 
c'est  signe  dû  plu-ie. 

Quance  et  plutôt  Qurance  (voy.  Cramé).  —  Semblant  : 
Faire  crancc,  faire  semblant.  Nos  voisins  de  la  Lorraine  disent 
quance. 

Quarantaine,  s.  f.,  espèce  de  pomme  de  terre  dite  aussi  six 
semaines  et  coquettes,  —  Ce  nom  s'applique  également  à  une 
espèce  de  giroflée. 

Quartel  au  mars,  s.  m.,  ancienne  mesure  qui  valait  non  loin 
de  25  litres. 

La  mesure  au  wede  (pastel)  contient   nuef  quartelz   au 
mars  à  rez. 

(Statuts  de  Mézières  ?) 

Quarteron,  s.  m.,  le  quart  de  cent  :  in  quarteron  d'ûies,  26 
œufs  avec  les  quatre  au  cent  ;  —  in  quarteron  de  terre,  23  ver- 
ges ;  —  in  quarteron  d'suc,  un  quart  de  livre  de  sucre. 

Quasi,  quasimat,  adv.,  presque^  quasiment.  —  J'ai  quasi  ou 
OOAsncAT  tout  béchie.  —  Quelquefois  quausi. 

En  diligence  et  quasi  tout  hors  d'haleine. 

(La  Fontaine,  Contes) 

Quatqua-iot,  s.  m.,  caille  (onomatopée). 

Quat^r)e,  n.  de  nombre.  —  Veux-tu  quat'  sous  ?  —  Voy.  trô- 
fuat(r)€. 

Quat'sous,  s.  m.  pi.,  les  seins. 

[A  suivre.)  N.  Goffakt. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  la  mort  de  M.  Atlilius-Félix-riOnstaul  Calisli, 
ancien  sous-préfel  de  Vouziers,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
officier  d'Académie,  décédé  à  Paris,  le  1"  décembre  4  897,  à  l'âge 
de  63  ans. 

M.  Calisti  était  sous-préfet  à  Vouziers  lors  de  la  funeste  guerre 
de  1870;  tous  ceux  qui  l'ont  vu  à  l'œuvre,  en  ces  tristes  circons- 
tances, n'ont  pas  oublié  le  courage  dont  il  a  fait  preuve  vis-à-vis 
des  envahisseurs. 

Sa  vaillante  conduite  lui  valut,  de  la  part  de  ces  derniers,  une 
condamnation  à  mort  ;  elle  fut  commuée  par  le  chef  allemand,  eu 
égard  à  la  crâuerie  avec  laquelle  il  se  défendit. 

M.  Galisti,  pour  sa  belle  conduite,  fut  réintégré  à  son  poste 
après  le  départ  des  Allemands  et,  plus  tard,  nomaié  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 

Son  père,  inspecteur  honoraire  d'Académie,  fut  tué  lors  du 
bombardement  de  Charleville,  au  collège  de  cette  ville,  où  il 
s'était  réfugié  chez  M.  Desdouet,  alors  principal  de  l'établissement, 
et  dont  il  était  l'ami.  M.  Calisti  lui-même  fut  blessé  aux  côtés  de 
SOQ  vénérable  père. 

Le  docteur  Jules-Nicolas  Bienfait,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, ancien  adjoint  au  maire  de  Reims,  ancien  vice-président  du 
Conseil  général  de  la  iMarne,  est  décédé  à  Reims  le  30  décembre 
I897jà  l'âge  de  18  ans. 

D'une  droiture  et  d'une  sincérité  à  toute  épreuve,  le  docteur 
Bienfait  se  signala,  dans  l'exercice  de  sa  profession  médicale,  par 
une  vie  toute  de  dévouement  et  de  charité.  Excellent  praticien,  il 
se  faisait  également  apprécier  de  tous  ceux  auxquels  il  apportait 
spontanément  les  secours  de  son  art  et  de  sa  profonde  expérience. 
A  ce  titre,  il  laisse  d'universels  regrets,  et  ceux-là  même  qui 
purent  se  trouver  en  désaccord  avec  ses  idées  n'en  seront  pas 
moins  unanimes  à  rendre  hommage  à  ses  rares  qualités  d'intelli- 
gence et  de  cœur. 

Les  obsèques  du  docteur  Bienfait  ont  eu  lieu  à  Reims,  le  2  jan- 
vier 1898. 

Le  deuil  était  conduit  par  M.  V.  Diancourt.  Les  cordons  du  drap 
mortuaire  étaient  tenus  par  MM.  Farre,  docteur  Langlet,  docteur 
Lévêque,  Sarazin^  docteur  Guelliot  et  Arthur  Morizet. 

Au  cimetière,  des  discours  ont  été  prononcés  par  M.  Diancourt 
et  MM.  les  docteurs  Langlet,  au  nom  de  l'Association  médicale  de 


1 1 2  NÉCROLOGIE 

la  Marne,  et  Guelliol,  au  nom  de  la  Société  protectrice  de  l'En- 
fance, dont  le  défunt  avait  été  également  président. 


Le  baron  Joseph-Étienne-Alphonse  de  Ruble,  membre  de  l'Ins- 
tilutj  est  décédé  à  Paris,  le  15  janvier  1898,  à  l'âge  de  58  ans. 

Il  se  rattachait  à  notre  province  par  son  mariage  avec  M"«  de 
Connantre. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  19  janvier,  eu  l'église  de  la  Madeleine. 

Le  baron  de  Ruble  était,  avec  MM.  Ludovic  Lalanne^  Hector  de 
La  Perrière,  Tamizey  de  Larroque,  Baguenault  de  Puchesse,  Fran- 
cis de  Crue  et  quelques  autres,  un  des  hommes  les  plus  au  cou- 
rant de  l'histoire  de  notre  xvi«  siècle,  si  vivant  et  si  passionnant 
par  sa  complexité  même.  Avec  la  conscience  droite  d'un  érudit 
scrupuleux,  il  aura  contribué,  par  ses  ouvrage?,  à  éclairer  la  phy- 
sionomie de  cette  époque.  Il  serait  trop  long  d'énumérer  ici  ses 
divers  travaux  ;  nous  nous  bornerons  à  citer  les  excellentes  édi- 
tions des  Commfntaires  et  des  Lellres  de  Biaise  de  Montluc,  des 
Poésies  et  des  Mémoires  de  Jeanne  d'Albret,  et  les  importants 
volumes  consacrés  au  Traité  de  Cateau-Cambrésis,  au  Mariage  de 
Jeanne  d'Albret,  à  Antoine  de  Bourbon,  etc.,  etc.  Au  moment  de 
sa  mort,  le  baron  de  Ruble  venait  de  mettre  au  jour  une  curieuse 
étude  sur  VAssassinat  du  duc  de  Guise  par  Poltrot  de  Mère,  qui 
nous  restitue,  par  sa  documentation  savante  et  exacte,  la  figure 
du  grand  homme  de  guerre,  l'un  des  plus  illustres  de  ce  temps  si 

fécond  en  capitaines. 

* 

On  annonce  également  la  mort  : 

De  M.  Bertrand-Amédée  d'Audebard,  comte  de  Férussac,  décédé 
à  Pleurs  le  29  novembre  1897,  dans  sa  quatre-vingt-unième  année. 

Il  avait  épousé  M"^  de  Pleurre,  morte  il  y  a  quelques  années. 

F,es  obsèques  ont  eu  lieu  à  Pleurs  le  !<"■  décembre.  Les  cordons 
du  poêle  étaient  tenus  par  MM.  Joly,  conseiller  général  ;  comte  du 
Four,  commandant  de  Mareuil  et  Henri  Barbier.  Au  cimetière, 
M.  Barbier,  adjoint  faisant  les  fonctions  de  maire,  a  pris  la  parole 
au  nom  de  ses  collègues  et  rappelé  la  carrière  généreuse  et  toute 
de  bienfaisance  du  regretté  défunt  ; 

—  De  M.  Auguste  Masson,  ancien  négociant,  ancien  maire  de 
Saint-Memmie  (Marne). 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  l^'  décembre  ; 

—  De  M.  Ch.  Lhuillier,  ancien  administrateur  de  la  Société 
générale,  beau-père  de  M.  de  la  Chauvinière,  beau-frère  du  mar- 
quis de  Monlmort  et  oncle  du  vicomte  de  Guerne,  décédé  à 
Vanault-les-Dames  (Marne)  ; 

—  De  M"»'=  Adèle  Rogissart,  en  religion  sœur  Sainte-Théodosie^ 


NÉCROLOGIE  II!) 

originaire  de  Gespunsart  (Ardenncs),  et  supérieure  de  l'Orplielinal 
de  la  Congrégation  des  Sœurs  de  Sainte-Chrétienne,  à  Epernay, 
décédée  en  cette  ville,  le  4  décembre,  à  l'âge  de  soixanle-el-un 
ans.  Elle  résidait  depuis  trente-huit  ans  dans  la  communauté 
d'Épernay,  où  sa  perte  sera  vivement  ressentie  ; 

—  De  iM"«  Cuvillier.  directrice  de  l'école  communale  dos  l'illes 
de  Fismes  (Marne),  décédée  à  Magenta^  prés  Éperiiav,  le  9  décem- 
bre 1897; 

—  De  M.  VViet,  ancien  conseiller  municipal,  ancien  membre  du 
Conseil  d'arrondissement  et  du  Conseil  général  de  la  Mai'nc, 
décédé  à  Reims  le  16  décembre,  A  l'âge  de  70  ans  ; 

—  De  M"''  Thierry-Delanoue,  lille  du   député  de  Bar-sur-A.iibe. 
Les   obsèques  ont  été  célébrées   à    Paris,   en    l'église  Saint-Phi- 

lippe-dn-Roule  ; 

—  De  M"'"  Louise-Éléonore-Florine  Breul,  veuve  de  M.  Nicolas- 
Armand  Bourgeois,  et  mère  de  notre  collaborateur  .M.  Armand 
Bourgeois,  décédée  à  Saint-Martin-d'Ablois  (Marne),  le  20  décem- 
bre, dans  sa  soixante-dix-neuvième  année; 

—  De  M"'«  Biliek.  décédée  à  Cuperly  (Marne),  dans  sa  cent-sep- 
tième année. 

Les  obsèques  ont  eu  iieu  le  19  décembre  ; 

—  De  M.  Vasseur,  notaire  à  Buzancy  (Ardennes),  décédé  le  21 
décembre,  à  l'âge  de  40  ans  ; 

—  De  M.  Lorin,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  direc- 
teur des  postes  et  télégraphes  du  département  de  la  Marne, 
ancien  conseiller  municipal  de  Châlons,  décédé  à  Paris,  à  l'âge  de 
66  ans  ; 

—  De  la  comtesse  Edmond  d'Imécourt,  née  des  Moustiers- 
Mérinville,  décédée  au  château  de  Louppy  (Meuse),  à  l'âge  de  77 
ans  ; 

—  De  M.  Vérette,  ancien  principal  du  collège  de  Château- 
Thierry,  membre  de  la  Société  archéologique  de  cette  ville,  offi- 
cier de  l'instruction  publique,  décédé  à  Château-Thierry,  à  l'âge 
de  87  ans  ; 

—  De  M.  Jules  Clinchon,  prêtre  de  la  Mission,  décédé  le 
31  décembre  1897,  â  l'âge  de  81  ans.  dont  37  de  vocation  reli- 
gieuse. 

Il  était  né  au  Baizil  (Marne).  Après  quelques  années  de  profes- 
sorat au  Grand-Séminaire  de  Carcassonne,  il  fut  appelé  à  la  Mai- 
son-Mère de  la  rue  de  Sèvres,  comme  maitre  des  novices.  Il  fut 
l'ami  intime  et  le  bras  droit  du  P.  Etienne.  A  son  avènement  au 
généralat,  M.  Fiat  le  nomma  à,  sa  place  assistant,  c'est-à-dire 
supérieur  de  la  Maison-Mère; 

—  De  M""  de  Felcourt,  mère  du  directeur  de  VEcko  de  la 
Marne^  décédée  à  Vitry-le-François  ; 

8 


114  NÉCROLOGIE 

—  De  sœur  Rosalie,  née  Carnazaid,  fille  de  la  charité,  décédée 
à'  l'Hôtel- Dieu  de  Chàlons,  à  l'âge  de  75  ans  ; 

—  De  M.  Martin,  ingénieur  principal  du  chemin  de  fer  de  \m~ 
cennes,  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

M.  Martin,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Arts  et  métiers  de  Chàlons, 
avait  su  se  créer  une  situation  brillante.  On  se  rappelle  que  la 
croix  d'officier  lui  avait  été  remise  par  le  Ministre  des  Travaux 
publics  dans  un  banquet  de  l'Association  des  anciens  élèves  des 
Arts  et  métiers. 

11  était  gendre  du  regretté  M.  Changy,  notaire  à  Chàlons  ; 

—  Du  baron  Morand,  dernier  lils  du  général  comte  Morand, 
pair  de  France,  un  des  trois  grands  divisionnaires  du  premier 
Empire.  Il  était  le  frère  du  vicomte  Morand,  général,  aide  de  camp 
de  l'empereur,  tué  à  Sedan. 

11  laisse  deux  fils  officiers  et  trois  filles,  dont  l'une  a  épousé 
M.  Pierre  Barraciiin,  pelit-fîis  du  maréchal  Magnan,  conseiller 
général  du  canton  de  Signy-le-Pctit  (Ardennes). 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  13  janvier,  en  l'église  Sainte-Clo- 
tilde,  à  Paris  ; 

—  De  M.  Herding,  pasteur  de  Téglise  réformée  de  Reims, 
décédé  en  cette  ville  le  23  janvier,  à  l'âge  de  45  ans. 

M.  Goulden,  président  du  Consistoire  de  Sedan,  et  MM.  les  pas- 
teurs Nyezard,  de  Nancy,  et  Loux,  de  Sedan,  ont  pris  la  parole  au 
temple.  L'éloge  du  défunt  a  en  outre  été  prononcé,  au  cimetière, 
par  M.  Krug,  au  nom  du  Conseil  presbytéral,  et  par  un  pasteur, 
ancien  condisciple  de  M.  Herding. 


BIBLIOGRAPHIE 


La  Flore  des  grandes  cathfdrales  de    France,  par  Emile  Lambin,  profes- 
seur d'histoire  et  d'archéologie  ualionale Paris,    1897.    Gr.  in-8"  de 

68  pages,  avec  12  dessins  dans  le  texte. 

Auteur  de  la  Flore  yotiiU/ue.,  M.  Emile  Lambin  nous  oliie,  dans 
celle  nouvelle  élude,  ses  recherches  spéciales  sur  sept  cathédrales 
géantes,  savoir  :  Paris,  Reims,  Amiens,  Rouen,  Beauvais,  Chartres 
et  Bourges. 

L'étude  sur  la  tlure  de  l'église  métropolitaine  de  Reims  occupe 
les  pages  24  à  30,  avec  le  dessin  d'un  chapiteau  (chêne  et  lierre). 
L'auteur  discute  et  rectifie  les  identifications  de  plantes  précé- 
demment données  par  MM.  Saubinet,  Lèvent  et  le  chanoine  Cerf. 
Il  donne  une  liste  des  décorations  florales  aux  piliers  de  la  nef,  du 
transept,  du  clueur  et  du  pourtour  du  chonir  (soit  tO  piliers  en 
tout). 

Etude  minutieuse  et  fouillée,  fruit  d'un  travail  de  contrôle  sur 
place,  cette  contribution  à  la  description  de  la  cathédrale  de  Heims 
gardera  une  place  dans  sa  bibliographie.  Nous  y  relevons  celle 
conclusion  toute  locale  :  «  La  vigne  règne  en  souveraine  dans  le 
chœur  de  Notre-Dame  de  Reims.  » 

H.  J. 


Sommaire    de  la  Revue   d'Ardeimc    el   d'Argonne   ("décembre 
1897)  : 

D'  J.  Jailliot,  Recherches  sur  l'abbaye  de  Chéhéry  :  Pièces  justificatives. 
Bibliographie  :  Épigraphie  campanaire  ardennaise  :  Les  cloches  du  can- 
ton de  Rethel,  par  H.  Jadart,  P.  Laurent  et  Al.  Baudon    (P.  Colunet). 

(Janvier-février  1<S98)  : 

Marc  Husson,  Vie  de  Nicolas  Philbert,  curé  de  Sedan,  évûque   constilu- 

tionnel  du  département  des  Ardenncs  (1724-1797). 
Ch.  Mathieu,  Épigraphie  campanaire  ardennaise  :  Les  anciennes  cloches 
,    de  Rumigny. 
Variétés.  —  I.    Henri    Bourguignat,    Découverte    a    Cbeveuges     d"un 

haut-relief  du  xv»  siècle. 

II.  H.  Bourguignat  et  P.  Collinet,  Supplément  a  la  liste  des  personna- 
ges enterrés  dans  l'église  Saint-Charles  de  Sedan. 

III.  Une  édition  unique  d'un  ouvrage  de  Gerson. 

IV.  Manuscrits  et  livres  intéressant  les  Ardennes   et   récemment  veudus  à 
Épernay. 


116  BIBLIOGRAPHIE 

BiBLiOGKAPHiE .  —  Usages  locaux  et  règlements  ayant  force  de  loi  dans 
le  département  des  Ardeiiues. .,,  rédigés  par  E.  Bourgueil  (P.  Collinet), 

Le  val  de  l'Amblèvc,  histoires  et  scènes  ardennaises,  par  Marcellin  La 
Garde  (A.  Donnât). 

Gravure  hors  texte  :  Nicolas  l'hilberl,  curé  de  Sedan  et  évêque  cooslitu- 
tionuel  des  Ardcunes. 


Sommaire   de    la    Reoue    historique   nrdeniiaise ;    b"    année; 
livraison  de  janvier-février  1898  : 

I.  Nionl-Olran,  Montiort,  Aima  et  Vinty  :  recherches  sur  quelques  lieux  de 
la  vallée  de  la  Meuse  aux  envjrous  de  Stenay  et  de  Mouzon,  occupés  à 
l'époque  gallo-romaine  (avec  une  carte  et  une  planche  double),  par 
KoGER  Graffin. 

II.  Mélanges.  —  Le  général  La  Bruyère,  de  Donchery,  d'après  des  docu- 
ments inédits,  par  Arthur  Chuquet. 

L'origine  ardennaise  de  la  famille  de  l'éditeur  Hachetie,  par  Paul  F'ellot. 

Un  jeu  de  cavagniole,  provenant  de  l'ancien  château  d'Asfeld,  par  Henri 
Jadart. 

La  vérité  historique  sur  le  squelette  de  la  grotte  de  Nichet,  par  Paul  Lau- 
rent. 

III.  Bibliographie.  —  Arthur  Chuquet,  La  jeunesse  de  Napoléon  : 
Brienne  {H.  Jadabt). 

IV.  Chronique.  —  L'inscription  commémoralive  de  la  porte  du  Grand- 
Pont,  à  Relhel  (1778),  par  Al.  Baudon. 


Sommaire  de  la  Reçue  liislofigue^  janvier-février  1898  : 

BoiSLiBLE  (A.  de).  Les  aventures  du  marquis  de  Langalerie,  1661-1717, 
premier  article,  p.  1  à  i'2.  —  M.  Marion  :  Les  débuts  de  l'alTaire  de  Bre- 
tagne, I7t)3-1764,  p.  43  à  89.  —  A. -F.  Lièvre  :  Le  lieu  de  la  rencontre 
des  Francs  «tdes  Wisigoths  sur  les  bords  du  Clain  en  507,  p.  90  à  10-4. 
—  Nous  signalons  dans  les  comptes-rendus  critiques,  p.  182  à  191,  un 
article  très  important  de  M.  l'abbé  Duchesne  sur  le  tome  I"'  de  l'Histoire 
do  liretagne  publiée  par  M.  de  la  Borderie.  Le  savant  académicien  expose 
avec  autorité  le  parti  que  l'on  peut  tirer,  pour  l'nistoire,  des  légendes  des 
saints,  et  met  en  garde  contre  les  écueils  sur  lesquels  ou  pourrait  som- 
brer, faute  de  prudence. 


CHRONIQUE 


Société  académique  de  l'Aube.  —  Séance  du  19  novembre 
IS97.  —  Présidence  de  M.  Dufour-Bouquot,  président. 

Ouvrages  offerts. 

Par  iM.  Labourasse,  membre  correspondant  :  Le  luxe  au  pres- 
bytère avant  1789.  Carnet  de  dépenses  de  l'abbé  Barrois,  curé  de 
Vouthon-Haul.  Ces  dépenses  s'élèvent  à  une  moyenne  annuelle  de 
773  francs. 

Par  M.  Daguin,  membre  correspondant  :  Les  Pnissie7is  à 
Nogeni-en-Bassignij,  en  IS70,  d'après  les  journaux  étrangers  de 
l'époque.  Récit  des  bombardements,  pillages  et  incendies  intligés 
à  la  petite  ville  de  Nogent-en-Bassigny,  les  C,  7,  12  décembre 
1370;  —  Armoriai  des  viUes,  communautés  et  corporations  du 
département  de  la  Haute-Marne. 

Par  M.  Louis  Morin  :  Notes  et  documents  sur  les  Jardiniers 
troyens,  suite  ù  l'étude  publiée  sur  les  Confréries  de  Jardiniers 
de  Troyes  et  de  la  banlieue. 

Par  iM.  Henri  Corot  :  Le  tumulus  de  Millot  ;  la  Molosse  et  les 
Vendues. 

Par  M.  l'abbé  Etienne  Georges,  au  nom  de  l'auteur,  M.Alphonse 
Gosset,  architecte  à  Reims,  un  atlas  orné  de  très  belles  planches  : 
Evolution  historique  de  la  construction  des  églises  chrétiennes. 
Cet  ouvrage  fait  l'historique  de  l'évolution  des  deux  types  commu- 
nément adoptés  pour  les  églises,  basilique  et  coupole.  L'auteur 
termine  par  l'exposé  d'un  projet  d'église  à  coupole,  qui  réalise  la 
prédominance  de  la  coupole  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur,  et  le 
groupement  des  fidèles  autour  de  l'autel,  à  la  portée  de  la  parole 
du  prêtre  officiant. 

Travaux  des  Sociétés  savantes. 

Travaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims  :  Pièce  de  vers  de  la 
baronne  de  Baye  :  Vieil  éventail,  qui  a  obtenu  une  médaille  d'ar- 
gent grand  module.  M.  le  président  en  donne  lecture  à  la  Société. 
—  Récit,  par  M.  le  baron  de  Baye,  de  la  réception  enthousiaste 
qu'il  a  reçue  à  Orenbourg  (Russie).  —  Les  vieilles  enseignes  de 
Heims,  dessinées  et  expliquées  par  M.  Henri  Jadart,  secrétaire 
général.  —  Les  noms  des  rues  de  Reims  en  1895-1896,  avec  le 
résumé  et  la  statistique  des  vocables,  par  le  même. 

Bulletin  de  la  Société  historique  de  Langres  :  Le  tumulus  de 
Charmoilles.  On  y  a  trouvé  des  fragments  de  poterie,  deux  mor- 
ceaux d'un  polissoir  en  pierre  dure  brisé  à  dessein  comme  les 
poteries,  et  sans  doute  déposé  comme  elles  près   du   mort,  à  titre 


1 1  8  CHRONIQUE 

d'offrande  votive  ;  enlin,  une  épée   de   bronze  enlièremenl  intacte 
et  sans  la  moindre  ératlure. 

Lectures  et  communications  des  membres. 

M.  Tenting  rend  compte  d'une  comédie  de  M.  Louis  Morin,  inti- 
tulée :  Affaire  d'honneur,  et  donne  l'analyse  de  cette  pièce. 

M.  le  comte  de  Launay  rend  compte  d'un  travail  important  de 
M.  Dumont,  lauréat  de  l'Ecole  d'Agriculture  du  Grand-Juan,  pro- 
fesseur d'agriculture  dans  les  Ardennes,  sur  V Agriculture  de  la 
Champagne.  L'auteur  a  étudié  successivement  le  sol,  les  cultures, 
les  améliorations  culturales,  les  vignes,  les  arbres  à  cidre,  les 
pineraies,  le  bétail  et  la  situation  économique.  M.  le  rapporteur 
constate  qu'on  trouve  dans  le  livre  de  M.  Dumont  une  étude  très 
sérieuse  de  la  culture  dans  les  régions  qui  composent  la  Champa- 
gne ;  quelques  légères  critiques  de  détail  ne  peuvent  enlever  à  cet 
ouvrage  une  réelle  valeur. 

M.  l'abbé  d'Antessanty  analyse  une  brochure  intitulée  Vie  et 
culte  de  saint  FInvit,  par  M.  l'abbé  Simon,  doyen  de  Marcilly-le- 
Hayer.  Ce  petit  livre,  sans  prétentions  scientifiques,  est  clair,  bien 
écrit  et  renferme  des  considérations  morales  très  pratiques  ;  il 
mérite  de  devenir  populaire. 

W.  Charles  Baltet  donne  de  très  intéressants  détails  sur  les  Chry- 
santhèmes et  leur  culture.  Le  Chrysanthème,  introduit  de  l'Ex- 
trême-Orient en  France  par  Pierre  Blancart,  armateur  à  Marseille, 
est  la  tleur  populaiie  du  Japon.  Depuis,  des  voyageurs  anglais 
étudièrent  les  procédés  de  culture  mis  en  pratique  par  les  Japo- 
nais. Les  Français  les  ont  imités,  et  aujourd'hui  nous  obtenons  des 
plantes  se  couvrant  de  fleurs  aux  dimensions  extraordinaires,  aux 
coloris  les  plus  variés. 

Elections  et  présentations. 

Sont  élus  membres  associés  :  MM.  l'abbé  Jossier,  curé  de  Cié- 
rey  ;  Anatole  Maury,  notaire  honoraire,  maire  de  Lesmont  ;  Marc 
de  Bouvier,  propriétaire  à  lÉtang-Mercier  ;  Léopold  Bourguignat, 
propriétaire-sylviculteur  à  Bar-sur-Aube. 

Sont  élus  meml)res  correspondants  :  MM.  Alphonse-Auguste 
Ruelle,  négociant  à  Paris  ;  le  vicomte  François  de  Reviers  de 
.Mauny,  chef  d'escadron  d'artillerie  à  Paris. 

M.  Raymond  Ko'chlin,  rédacteur  au  Journal  des  Débats^  à 
Paris,  est  présenté  comme  membre  correspondant. 

Pendant  le  scrutin  pour  ces  élections.  M.  de  la  Boullaye  signale 
l'indication,  dans  un  catalogue  de  librairie,  d'autographes  de 
Grosley  et  d'un  incunable  de  Pierre  Comestor,  datant  de  148."'. 

Séance  du  11  décembre  1897.  —  Le  procès-verbal  de  la 
séance  du  19  novembre  est  lu  et  adopté,  avec  cette  addition  qu'un 
travail  de  M.  Louis  Morel  :  Les  délégués  de  la  municipalité  de 


CHRONIQUE  119 

Troyes  au  sacre  de  Louis  ATi,  od'ert  par  lui,  a  été  renvoyé  à  la 
Commission  de  VAnnuaire. 

Correspondance. 

MM.  Jossier,  Maury,  de  Bouvier_,  Bourguigiiat,  Ruelle  et  le 
vicomte  de  Reviers  de  Mauiiy,  élus  à  la  dernière  séance,  sont  pro- 
clamés, les  quatre  premiers  membres  associés,  et  les  deux  autres 
membres  correspondants. 

M.  le  baron  de  Baye  exprime  ses  regrets  de  n'avoir  pu  se  rendre 
à  l'invitation  qui  lui  avait  été  adressée  de  venir  prendre  la  parole 
à  la  dernière  séance  publique.  Il  rentre  de  Russie,  après  avoir 
parcouru,  depuis  le  mois  de  juillet,  18,000  kilomètres,  tant  en 
Sibérie  qu'au  Caucase  ;  il  sera  charmé,  quand  il  sera  reposé  de  ses 
fatigues,  de  communiquer  à  ses  collègues  de  l'Aube  les  résultats 
obtenus  et  les  impressions  recueillies  au  cours  de  sa  mission. 

Ouvrages  o/lerts. 

Par  M.  le  vicomte  de  Reviers  de  Mauny,  membre  correspon- 
dant :  Un  travail  inséré  dans  le  Carnet  de  la  S'ibretache  (^numéro 
de  mars  1897)  :  Napoleone  de  Buonaparle,  officier  d'artillerie 
(n8o-n9S).  Ce  sont  des  notes  intéressantes  sur  les  premières 
années  de  la  vie  de  Napoléon.  L'auteur  rappelle  qu'il  fut  admis  à 
l'école  royale  militaire  de  Brienne-le-Chùleau,  le  28  mars  1779,  et 
qu'il  y  est  resté  quatre  ans  et  demi.  Il  conclut  en  disant  que  si 
Napoléon  est  né  avec  toutes  les  qualités  «  sublimes  »  du  comman- 
dement, celles  que  l'on  peut  perfectionner,  mais  non  acquérir, 
cependant  son  passage  dans  l'artillerie  a  grandement  contribué  à 
développer  chez  lui  l'esprit  de  prévoyance. 

Par  M.  Louis  Morin  :  Essai  sur  les  dominolicrs  Lroijens. 

Travaux  des  Sociétés  savantes. 

Revue  de  Champagne  et  de  Brie  :  Les  actes  religieux  du  Petil- 
Mesnil,  par  M.  l'abbé  Chauvet  ;  —  Les  seigneurs  de  Ville-sur- 
Arce,  par  M.  l'abbé  Pétel  ;  —  Réperloire  historique  de  la  Haule- 
Marne^  par  M.  Alphonse  Roserot. 

Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  commerce,  sciences  et  arts 
de  la  Marne  :  Chdlons  souterrain,  par  M.  Moignon.  L'auteur 
recherche  quelle  pouvait  être  la  destination  de  ces  cryptes  si  nom- 
breuses à  Ghâlons;  réfutant  les  diverses  hypothèses  émises  à  leur 
sujet,  il  pense  quelles  servaient  de  magasins  pour  mettre  en 
sûreté,  dans  l'intervalle  des  foires,  les  marchandises  données  en 
gage  ou  invendues.  Elles  auraient  été  les  docks  de  ce  temps-là. 

Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Jura  :  Les  chevaliers  du 
noble  et  hardy  jeu  de  l'arquebuse  de  la  ville  de  Dôle^  par 
M.  Julien  Feuvrier.  C'est  un  exposé  complet  de  l'organisation  et 
du  fonctionnement  des  anciennes  compagnies  de  l'arquebuse,  et, 
à  ce  titre,  il  a  pour  nous  un  intérêt  particulier,  une  Société  de  ce 
genre  ayant  eu   à  Troyes  une  existence   des  plus  brillantes,  dont 


120  CHRONIQUE 

témoignent  les  niagnitiqiies  vitraux  que  Linard-Gonthier  avait  faits 
pour  l'hôtel  de  l'Arquebuse,  et  qui  ornent  acluellenient  la  grande 
salle  de  la  Bibliothèque  municipale. 

Séance  du  21  janvier  IS9S.  —  Parmi  les  ouvrages  offerts, 
signalons  un  album  de  35  planches  dessinées  par  M.  Pial  comme 
modèles  d'art  décoratif,  pour  donner  une  nouvelle  impulsion  à 
l'art  français  en  vue  de  l'Exposition  de  1900. 

M.  Plat,  présent  à  la  séance,  ajoute  (ju'il  donnera  les  originaux 
eux-mêmes  au  Musée. 

M.  le  président  rappelle  avec  quel  dévouement  M.  Piat  s'est 
toujours  occupé  des  questions  artistiques,  il  le  félicite  et  le  remer- 
cie de  ce  don  généreux  qui  va  reliausser  l'éclat  du  Musée  fondé 
par  lui,  Musée  appelé  à  faire  naître  et  à  développer  le  goût  des 
œuvres  d'art  en  même  temps  qu'à  susciter  des  vocations  artis- 
tiques. 

Le  président  fait  connaître  que,  dans  le  dernier  numéro  du 
Monileur  scolaire  de  l'Aube,  l'inspecteur  d'Académie,  répondant 
au  désir  exprimé  par  le  conservateur  du  Musée  d'archéologie, 
vient  d'inviter  les  instituteurs  de  son  ressort  à  prêter  leur  concours 
à  la  Société  académique,  en  lui  signalant  les  découvertes  etTec- 
tuées  et  en  provoquant  les  dons  au  Musée. 

M.  Le  Clert  énumère  les  dons  otferts  au  Musée  pendant  le  tri- 
mestre et,  sur  sa  demande,  des  remerciements  sont  adressés  aux 
donateurs. 

II  dépose  le  manuscrit  d'un  important  travail  sur  Romilly, 
accompagné  d'une  vue  du  château  de  Romilly  en  1729  Les 
extraits,  dont  il  donne  lecture,  mettent  la  Société  à  même  d'ap- 
précier l'intérêt  de  cette  étude. 

Il  est  procédé  à  l'élection  du  Comité  de  publication  pour  l'an- 
née 1898.  MM.  Pron,  Forest,  Dupont  et  iNioré,  membres  sortants, 
sont  réélus. 

M.  Verpy,  présenté  à  la  séance  mensuelle  de  décembre,  est  élu 
membre  correspondant. 

Société  uisTORiguK  et  ahcukologiuuho  de  Cuateau-Thierrv.  — 
Séance  du  A  janvier  1898. 

De  nombreuses  lettres  de  condoléances  ont  été  adressées  à  la 
suite  du  décès  de  M.  Vérette  ;  le  secrétaire  donne  lecture  de  quel- 
ques-unes, émanant  soit  de  collègues  qui  n'ont  pu  assister  aux 
obsèques,  soit  de  présidents  de  Sociétés  correspondantes  : 
MM.  Chanoine  Pignon,  de  Saint-Quentin  ;  Légiiillette,  de  Paris; 
Ferton,  capitaine  d'artilleiie  à  Bonifacio  ;  Clinel,  président  de  la 
Société  académique  de  Laon  ;  comte  de  Dion,  président  de  la 
Société  de  Rambouillet,  etc. 

Le  secrétaire  annonce  la  mort  de  M.  Henaud,  membre  fonda- 


CHRONIQUE  121 

leur  de  la  Société  ;  il  rappelle  les  signalés  services  qu'a  renclus  ce 
regretté  collègue  comme  imprimeur  des  Annales,  comme  vice- 
secrétaire  et  trésorier.  M.  Renaud,  dont  la  bonté  et  l'obligeance 
étaient  très  grandes,  laisse  d'universels  regrets  ;  décédé  le  29 
décembre,  il  a  été  inhumé  le  vendredi  31  décembre.  M.  Renaud 
était  âgé  de  67  ans. 

L'auteur  de  VHistoire  de  Chdteau-Tliierry  et  d'un  grand  nom- 
bre de  monographies  relatives  au  diocèse  et  au  département  de 
l'Aisne,  M.  l'abbé  Poquet,  historiographe  du  diocèse  de  Soissons, 
membre  honoraire  de  la  Société  à  laquelle  il  appartenait  depuis 
1868,  est  décédé  à  Berry-au-Bac  (Aisne)  le  29  décembre.  Il  était 
doyen  de  Berry  depuis  1857  et  entrait  dans  sa  quatre-vingt-dixième 
année.  Les  obsèques  ont  eu  lieu  dans  sa  paroisse  le  lundi  3  janvier. 

A  ces  noms,  il  nous  faut  ajouter  celui  de  M.  l'abbé  Guilliot, 
ancien  curé  d'Essômes,  ancien  doyen  d'Oulchy-le-Château,  doyen 
de  Flavy-le-Martel  depuis  1887.  M.  l'abbé  Guilliot,  qui  vient  d'être 
enlevé  subitement,  pour  ainsi  dire,  par  une  congestion,  était 
membre  correspondant  depuis  l'année  1868. 

Lecture  est  donnée  du  rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  en 
1897. 

A  cause  de  l'extension  donnée  aux  analyses  des  procès-verbaux 
mensuels,  le  compte-rendu  de  fin  d'année  ne  peut  être  que  fort 
concis.  On  ne  peut  passer  sous  silence,  néanmoins,  les  diverses 
notices  dues  à  la  plume  de  M.  Fr.  Henriet  :  le  château  de  Mont- 
mort  ;  le  peintre  Henri  Pille  ;  le  graveur  Adolphe  Varin  ;  la  collec- 
tion d'un  amateur,  pas  plus  que  le  charmant  rapport,  présenté 
par  M.  Maurice  Henriet,  sur  les  fêtes  du  centenaire  de  la  Société 
d'Emulation  d'Abbeville.  Quelques  autres  mémoires  ne  sont  point 
indignes  de  l'attention  des  amis  de  notre  histoire  locale  :  le  tom- 
beau de  la  Peyronie,  le  chirurgien  philanthrope  qui  a  possédé  le 
château  de  Marigny  ;  la  vie  d'Anne  de  Caumont,  duchesse  de 
Saint-Pol,  duchesse  de  Château-Thierry  ;  une  nouvelle  thèse  sur 
notre  La  Fontaine,  puis  des  documents  ayant  un  grand  intérêt 
sur  les  anciens  usages  de  Fère-en-Tardenois. . .  C'en  est  assez,  ce 
semble,  pour  démontrer  que  cette  année-ci,  funeste  par  les  deuils 
qu'elle  a  causés,  n'est  point  inférieure  aux  précédentes  en  ce  qui 
concerne  les  mémoires  destinés  aux  Annales  de  1897. 

Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Berthelé  la  communication  sui- 
vante qu'il  tient  lui-même  de  M.  Riomet,  intiluteur  à  Villeneuve- 
sur-Fère  : 

Inscriplions  de  cloches. 

\°  «  Cloche  de  la  ferme  de  Wallée  :  M.  Pierre  Chambellain, 
damoiselle  Jehanne  de  Darius,  fille  de  M.  le  baron  de  Givray,  1607. 

'i"  i<  Bénédiction  de  cloches  à  Villeneuve-sur-Fère  :  le  diman- 
che sixième  jour  de  novembre  de  cette  année  1718,  ont  été  bénites 
par  moy  curé  soussigné  les  trois  cloches  de  cette  église  ;  la  pre- 
nnière  a  été  nommée  Anne-Jeanne-.Marie-Nicole  par  messire  Jean- 


122  CHRONIQUE 

Baptiste  Pinterel,  chevalier,  seigneur  de  Villeneuve  et  autres 
lieux,  conseiller  dn  roy,  prévaut  des  trésoriers  généraux  de  France 
en  la  généralité  de  Soissons,  parrain,  et  dame  Marie-Nicolle  Petit 
son  épouse,  marraine,  représentée  par  damoiselle  Anne^Nicolle  de 
Morienne. 

'«  La  seconde  a  été  nommée  Elisabeth-Catherine  par  messire 
Mathieu  Payen,  chevalier,  seigneur  de  Montmort,  conseiller  du 
roy  en  tous  ses  conseils,  maître  d'hùtel  ordinaire  de  Sa  Majesté, 
son  parcin,  représenté  par  messire  Memmie  de  Bar  de  Bussy, 
écuyer,  seigneur  de  Bussy  et  autres  lieux,  et  dame  Marie-Cathe- 
rine Pinterel  de  Montoury  sa  mareine,  représentée  par  damoiselle 
Elisabeth  de  Morienne. 

"  La  troisième  a  été  nommée  Memmie-Georgette  par  messire 
Memmie  de  Bar  de  Bussy,  écuyer,  seigneur  de  Bussy  et  autres 
lieux,  son  parcin,  et  damoiselle  Marie-Catherine  de  Maupas,  sa 
mareine,  représentée  par  damoiselle  Elisabeth  de  Morienne,  et  le 
■pavein  et  mareine  représentant  ont  signez  cy  : 

Siguf'  :  Aune-Nicolle  de  Moriene. 

Elisabeth  de  Morienne. 

Pinterel  de  Villeneuve. 

De  Bar  de  Bussy. 

Dupuis,  curé.  )> 

L'état  civil  de  Villeneuve  remonte  à  1372,  les  cloches  actuelles 
dé  l'église  portent  les  dates  de  1804  —  1827  —  1877. 

Les  cloches  de  Bruyèros-sur-Fère  portent  les  dates  de  1816  — 
1821  —  1825. 

En  1825,  le  parrain  était  Thomas-Frédéric  Moreau,  la  marraine 
Eugénie  Véron,  demoiselle. 

♦     » 

Société;  littéraire  et  historique  de  la  Brie.  —  Séance  du 
9  décembre  1897.  —  M.  le  président  dépose  sur  lé  bureau 
comme  dons  laits  à  la  Société  : 

1"  Par  M.  l'abbé  Bobard,  curé-doyen  de  Lagny  : 

Études  sur  les  Églises  de  La  Ferlé -sous- Joiiar  re  : 

L'Invasion  de  181i  et  1815  à  La  Ferté  ; 

Notice  sur  le  baron  de  Lagny  ; 

Inauguration  et  bénédiclion  d'un  bas-relief  de  Henri  Chapu 
dans  l'église  du  Mèe  (Seine-et-Marne),  12  septembre  1897  ; 

Consécration  de  l'église  du  Mée,  le  24  juillet  1893. 

2*  Par  M.  Paul  Ravaisse,  profèsseU^  à  l'école  des  langues  orien- 
tales : 

Îsmaïl-Pacha,  khédive  d'Egypte,  iS30-189o  [Extrait  de  la 
Revue  d'Egypte).  Notes  historiques. 

è°  Par  M.  Albert  Melaye  :  Une  Notice  généalogique  sur  les  sei- 
gneurs di  Nànlouillet. 


CHRONIQUE  123 

Par  le  môme  :  Un  portrait  de  Lefèvre,  né  à  Meaux  en  1764. 

4°  Par  M.  Muller  :  La  Bévue  de  Champagne  et  de  Brie;  Les 
anciennes  résidences  de  la  noblesse  française. 

o"  Par  M.  Lemarié  :  La  Petite  Gazette  de  Dammarlin. 

0°  Par  M.  Barigny  :  deux  médailles. 

M.  le  président  donne  connaissance  d'une  spirituelle  lettre  de 
M.  Paul  Ravaisse,  en  réponse  à  une  lettre  de  M.  Andrieux  lui  fai- 
sant part  de  son  admission  au  nombre  des  membres  correspon- 
dants de  la  Société  littéraire  et  historique  de  la  Brie. 

M.  Muller  explique  qu'il  a  été  cédé  tout  récemment  à  Paris,  à 
M.  le  baron  Schickler,  par  un  libraire  doublé  d'un  bibliophile, 
M.  A.  Claudin,  un  exemplaire  des  Commentarii  initiatorii  in  qua- 
tuor evangelia,  etc.,  in-folio  de  près  de  400  pages,  extrêmement 
rare.  Au  bas  de  la  page  du  dernier  feuillet,  on  trouve  la  suscrip- 
tion  suivante  : 

Meldis,  impensis  Simonis  Colinxi  anno  salutis  humanx 
MDXXIl,  mense  junio. 

M.  Le  Blondel  observe  que  malgré  tout  l'honneur  qu'en  retire- 
rait la  ville  de  Meaux^  il  n'a  été  encore  trouvé  aucun  document 
confirmant  cette  attribution  qui  a  intrigué  bien  des  bibliographes. 
Il  ne  croit  pas  au  fonctionnement,  même  passager,  d'une  impri- 
merie à  Meaux  au  xvi«  siècle,  et  il  fait  remarquer  que  la  beauté  de 
l'exécution  du  volume  indique  de  la  manière  la  plus  probante  qu'il 
a  été  imprimé  à  Paris. 

On  sait  que  Lefèvre  d'Etaples  s'était  retiré  à  Meaux  auprès  de 
Guillaume  Briçonnet,  son  ami  ;  c'est  en  effet  en  cette  ville  qu'il 
composa  ses  commentaires  sur  les  Evangiles.  Déjà,  en  1520,  Simon 
de  Colines  avait  imprimé  pour  G.  Briçonnet,  grâce  à  la  protection 
de  Lefèvre  d'Etaples,  un  volume  de  Sermons.  Simon  de  Colines 
fut  chargé  naturellement  de  l'impression  des  Commentaires,  et 
on  peut  dire  qu'il  s'en  tira  à  son  honneur.  De  l'aveu  des  plus  fins 
amateurs,  ce  volume  est  peut-être  le  plus  beau  de  ceux  sortis  des 
presses  du  célèbre  imprimeur. 

Dans  tous  les  cas,  c'est  le  seul  volume  que  l'on  connaisse  de 
cette  époque  portant  le  nom  de  la  ville  de  Meaux.  On  cite  aussi 
un  autre  petit  volume  imprimé  au  xvii«  siècle,  qui  porte  la  sus- 
cription  de  Meaux.  Cette  indication  est  également  fausse. 

Elle  s'explique  par  la  faveur  accordée  par  l'éditeur  de  remplacer 
son  nom  sur  la  couverture  et  même  sur  le  titre  des  ouvrage?  qu'il 
publie,  par  celui  d'un  confrère,  à  charge  par  ce  dernier  de  sous- 
crire à  un  certain  nombre  d'exemplaires. 

11  résulte  des  recherches  faites  par  plusieurs  bibliographes,  que 
ce  n'est  qu'au  commencement  du  xviii<'  siècle,  sous  l'épiscopat  du 
cardinal  de  Bissy,  successeur  immédiat  de  Bossuet,  qu'une 
modeste  imprimerie  fut  créée  à  Meaux  par  Frédéric  Allard. 

U  n'en  est  pas  moins  regrettable  que  la  bibliothèque  de  Meaux 


124  CHRONIQUE 

n'ait  pu  acquérir  ce  curieux  volume  qui  ferait  bonne  ligure  à  cùlé 
des  raretés  bibliographiques  qu'elle  possède. 

M.  Le  Biondel  donne  ensuite  quelques  indications  relatives  au 
meldois  Lefèvre,  représenté  dans  une  lithographie  offerte  par 
M.  Melaye. 

Sous  l'anagrame  de  Verfèle,  Lefèvre  a  publié  plusieurs  ouvrages 
en  prose  et  en  vers  ;  nous  citerons  les  suivants  :  Voyage  â  Saint- 
Fiacï'e,  Voyage  à  Ermenonville  (prose  et  vers),  et  la  Siiprèmaiie 
du  fromage  de  Brie  (en  vers). 

Denis  Lefèvre  fut  secrétaire  général  de  la  trésorerie  publique, 
de  1792  à  1823.  C'était  une  fonction  importante.  Il  est  décédé  à 
Paris  en  1837.  Une  nouvelle  édition  de  La  suprématie  du  fromage 
de  Brie,  précédée  de  la  biographie  de  cet  illustre  oublié,  natif  de 
Meaux,  est  en  préparation. 

La  parole  est  ensuite  donnée  à  M.  Gassies,  qui  dirigeait,  en 
qualité  de  vice-président,  la  promenade  à  Dammartin  etNantouil- 
let,  en  l'absence  de  MiM.  Droz  et  Millier.  11  retrace  les  principales 
étapes  de  cette  intéressante  journée,  et  fait  circuler  des  épreuves 
photographiques  prises  à  Dammartin  et  Nantouillet  au  cours  de 
l'excursion.  Il  rappelle  le  bienveillant  accueil  dont  les  membres  de 
la  Société  ont  été  l'objet  de  la  part  de  MM.  Lemarié  et  Mélaye,  et 
de  Mme  Tartier,  grâce  à  l'obligeance  de  laquelle  le  château  du  car- 
dinal Duprat  a  pu  êti'e  visité. 

Séancé  du  13  janvier  1898.  —  M.  le  président  procède  au 
dépouillement  de  la  correspondance. 

M.  Delacour,  obligé  de  quitter  Farrondissement,  envoie  sa 
démission  et  adresse  en  même  temps  une  note  qui  lui  avait  été 
demandée  sur  la  lecture  qu'il  a  faite  relativement  à  une  représen- 
tation dramatique  au  collège  de  Meaux  en  septembre  1657,  sous 
l'épiscopat  de  l'évêque  Séguier. 

Sont  élus  membres  titulaires  :  MM.  Courcier  et  Defoix,  et  mem- 
bre correspondant  :  M"<^  Dufaux  de  la  Jonchère,  présentés  à  la 
dernière  séance. 

M.  le  présidentdépose  sur  le  bureau,  comme  dons  faits  àla  Société  : 
Par  M.  Héron  de  Villefosse,  les  trois  numéros  de  mars,  juillet  et 

août  1897  de  la  Revue  de  Champagne  el  de  Brie. 

M.  Barigny  expose  l'état  des  comptes   linanciers   de   la  Société 

pour  1897. 

Ils  se  décomposent  comme  suit  : 

Les  recettes  s'élèvent  à 792  8o 

Les  dépenses  à 633  44 

(Dans  ce  dernier  chiffre,  les  dépenses   relatives  à  la 

séance  solennelle  du  mois   de  juin  1897,  figurent  pour 

264  fr.  65  c.) 

Excédent  de  recettes 159  41 


CHRONIQUE  1 25 

tl  reste  à  recevoir,  pour  les  années  1895,  1896  et  1897  320     » 
Ajctutant  le  montant  d'un  livret  de  Caisse  d'épargne 

en  capital  et  intérêts  à  fin  de  1897,  soit 1.198  36 

On  a  un  actif  total  de  .  .  .  1  .677  77 


M.  Gassies  donne  lecture  d'une  étude  adressée  par  M.  Ravaisse, 
membre  correspondant,  sur  \'Art  musical  chez  les  Arabes.  Après 
avoir  défini  la  musique  d'après  les  Grecs,  M.  Ravaisse  nous  parle 
d'abord  des  chair,  nomades  de  l'Arabie,  des  chanteurs  primitifs 
du  temps  de  ïlgnorniice,  qui  ont  légué  leurs  traditions  aux  Ara- 
bes musulmans.  La  musique  et  la  poésie  arabes  ont  le  désert  pour 
berceau,  et  la  première  chanson  née  tout  naturellement  dans  le 
désert,  c'est  la  mélopée  monotone  et  grave,  vraiment  originale, 
que  scandait  l'amble  régulier  du  chameau.  Al.  Ravaisse  étudie 
ensuite  les  divers  rythmes  lyriques  des  Bédouins  ;  il  note  comme 
un  fait  important  l'apparition  du  Ulracorde  ou  mizdr.  Il  y  eut 
alors  en  Arabie  une  véritable  levée  de  Ihéorbes,  et  l'on  cite  jus- 
qu'à deux  cents  noms  de  poètes  musiciens  entre  Mohabill  et 
Mahomel. 

La  lyrique  nouvelle  est  contemporaine,  ou  à  peu  près,  de  la 
grande  réforme  politique  qui  fit  des  Arabes  une  nation. 

Mais  tous  ces  trésors  poétiques  sont  aujourd'hui  perdus,  et  il 
faudrait  reconstituer  ces  archaïques  chefs-d'œuvre  d'après  les 
notations  existantes,  mais  restées  lettres  mortes. 

M.  Ravaisse  termine  ce  premier  chapitre  d'une  étude  pleine  de 
promesses  par  une  anecdote,  qui  est  le  trait  d'union  entre  la 
période  anté-islamique  qu'il  vient  d'étudier,  et  la  période  inaugu- 
rée par  l'ère  de  l'Hégire  au  vu"  siècle.  D'après  le  poète  mekkois 
Haçan,  fils  de  Thabit,  qui  fut  secrétaire  de  Mahomet,  il  y  eut  en 
Arabie  de  véritables  cours  poétiques,  où  des  Arabes,  chrétiens  il 
est  vrai,  récompensaient  généreusement  les  poètes. 


Liste  des  dons  faits  au  Musée  de  Troyes  pendant  le  quatrième 

TRIMESTRE    DE   l' ANNÉE    1897   : 

Archéologie. 

jyjme  Vaudé,  née  Martin,  à  Brienne-le-Château  :  —  Une  pointe 
de  lance,  en  bronze,  trouvée  à  Brienne-la- Vieille.  Époque  gauloise. 

De  Villemereuil,  membre  associé,  au  château  de  Villemereuil  : 
—  Quatre  fragments  de  tuiles  provenant  des  graviers  de  la  com- 
mune d'Isle-Aumont,  situés  sur  la  déclivité  qui  s'étend  vers  la 
Mogne,  entre  Roche  et  Virloup,  au  lieudit  Ponl-Lavau  et  La 
Charmolte.  En  cet  endroit,  la  grève  est  recouverte  de  60  à  80cea- 
timètres  de  terre  végétale.  Deux  de  ces  tuileaux  ont  été  trouvés  à 
la  base  de  la  couche  d'humus,  tout  près  de  la  grève  pure  ;  les  deux 
autres  étaient  seulement  à  io  ou  20  centimètres   du   sol.   L'argile 


126  CHRONIQUE 

qui  a  servi  à  les  pétrir  iresl  pas  la  monie  pour   trois   d'entre  eux. 

—  Si  le  terrain  dont  ils  proviennent  peut  être  considéré  conime 
un  dernier  dépôt  du  diluviuiu,  et  non  comme  une  alluvion  de  la 
Mogne.  ces  morceaux  de  terre  cuite  présenteraient  un  grand  inté- 
rêt archéologique,  car  ils  auraient  été  fabriqués  avant  ou  pendant 
la  formation  de  ce  dépôt. 

La  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  l'Est  et  M.  Ivaufniant, 
ingénieur  principal  :  —  Trois  crânes  humains  dont  l'un,  de 
grande  dimension,  semble  être  celui  d'un  homme;  —  Une  ampoule  ; 
un  goulot  de  flacon  orné  d'une  collerette  sur  laquelle  reposent 
deux  anses  adhérentes  au  goulot  et  placées  en  regard  l'une  de 
l'autre  ;  plusieurs  fragments  d'un  petit  gobelet,  le  tout   en  verre  ; 

—  Deux  vases  en  terre  noircie,  dont  l'un  est  incomplet,  et  plu- 
sieurs fragments  de  v.ises  semblables  ;  —  Un  petit  gobelet  en  terre 
rouge  ;  deux  écuelles  en  terre  de  même  couleur,  endommagées, 
et  deux  vases  en  terre  séchée  au  soleil  ;  —  Une  pointe  de  javeline 
en  fer  ;  —  Un  très  curieux  bracelet,  sorte  de  disque  large  et  mince 
en  grès  vert  ou  jadéite,  renfermant  encore  les  os  de  l'avant -bras  ; 

—  Une  petite  bague  en  bronze,  tige  plate  taillée  à  facettes  à  l'ex- 
térieur. —  Tous  ces  objets  ont  été  découverts  à  Romilly-sur-Seine 
en  1888,  lors  de  l'agrandissement  de  la  gare,  dans  des  sépultures 
antiques  placées  à  60  mètres  environ  à  droite  de  la  culée  ouest  du 
pont  sur  lequel  passe  le  chemin  conduisant  au  cimetière  et  à  la 
ferme  neuve  du  château  (kilom.  128- loO  de  la  ligne  de  Paris  à 
Belfort).  Il  existe  en  cet  endroit  un  cimetière,  encore  inexploré, 
datant  des  premiers  temps  de  Toccupation  franque.  —  Une  dent 
d'ours  provenant  de  la  balastière  de  Beaulieu,  près  de  Nogent- 
sur-Seine  ;  —  Une  épingle  en  bronze  trouvée  non  loin  de  Malay 
(Yonne),  à  2™80  de  profondeur,  dans  les  fouilles  de  l'aqueduc  des 
eaux  de  la  ville  de  Paris  (ligne  de  Sens-Châlons,  kilom.    1 00-650). 

Numismatique  et  sigillographie. 

Marcel  Collet,  propriétaire  à  Villechétif  :  —  Six  monnaies 
anciennes,  parmi  lesquelles  ligureut  :  un  petit  billon  de  Fran- 
çois I*""  ;  un  gros  ou  double  sol  d'Henri  III;  un  double  sol  de 
Louis  XV  ;  une  pièce  suisse,  une  monnaie  lorraine,  etc.. 

Kaufmant,  ingénieur  principal  de  la  Compagnie  de  l'Est,  à 
Troyes  :  —  Un  mereau  ou  jeton  en  laiton  portant  sur  sa  face  un 
écu  semé  de  France  et  sur  son  revers  une  rosace  fleurdelisée.  La 
légende  +  AVE.MARIA.GRACIA.PLEN.  figure  sur  les  deux  côtés. 
nv*  siècle.  Trouvée  à  Troyes. 

M"**  Hérault,  à  Tonnerre  :  —  Une  médaille  en  argent  décernée, 
en  1873,  par  la  Société  générale  de  Secours  mutuels  de  Troyes  à 
M.  Louis-Pierre  Mortinet,  ancien  trésorier. 

Abit,  contrôleur  des  télégraphes  en  retraite,  à  Troyes  :  —  Deux 
très  belles  reproductions  de  médailles,  l'une  de  iNapoléon  111, 
empereur,  par  Caqué  ;  l'autre  de  la  République  Française,  par 
Gayrard.  Ces  galvanoplasties  sont  destinées  à  compléter  la  série 


CMR©OTQtJB  i^l 

de  médailles  de  souverains  françai.s,  dite  collection  Caqué,  donnée 
au  Musée  par  M""  Mitanlier. 

Georges  Kaperski,  à  Troyes  :  -  La  reproduction  galvanique 
argentée  d'une  n)édaille  représentant  Robespierre  (17o9-t794). 
Buste  en  profil  à  droite. 

M.  et  M""*  Salvy,  boulevard  du  Quatorze-Juillet,  à  Troyes,  au 
nom  de  leur  fille  défunte,  M"^  Louise  Salvy  :  —  Quatre  assignats 
(de  10  sous,  20  sous,  iiO  sous  et  ."i  livres)  émis  par  la  première 
République  Franraise  ;  —  Six  monnaies  romaines,  françaises  et 
étrangères,  plus  un  bouton  d'habit  datant  de  la  première  Répu- 
blique. 

Malatras,  adjoint  au  maire  de  Ruvigny  :  —  Un  cachet  breloque, 
en  cuivre  jaune,  trouvé  dans  un  champ  près  de  Ruvigny.  Il  porte, 
gravées  en  creux,  trois  liges  fleuries  et  juxtaposées  sur  une  ter- 
rasse. Légende  :  DIE  GEMEINE  ZVR  TREHNAH.  —  Appendice  en 
fer  de  lance,  xviii"  siècle. 

Daguin,  juge  de  paix  à  Lille,  membre  correspondant  :  —  Une 
empreinte  sur  cire  rouge  du  sceau  de  la  trésorerie  du  Chapitre  de 
Langres  ;  '—  Trois  cartons  portant  86  empreintes  de  sceaux,  parmi 
lesquelles  figurent  celles  de  trois  cachets  différents  aux  armes  de 
Msr  Ravinet,  évêque  de  Troyes. 


Bienfaiteurs  de  la  Bibliothèque  de  Reims  pendant  l'année 
1897.  —  Comme  les  années  précédentes,  la  Bibliothèque  de  Reims 
a  reçu  de  nombreux  bienfaiteurs  des  séries  d'ouvrages  en  tous 
genres,  qui  sont  pour  beaucoup  d'entre  eux  leurs  propres  publica- 
tions ou  les  produits  de  leurs  presses.  Ne  pouvant  donner  ici  les 
titres  de  tant  de  volumes  et  de  biochures  diverses,  nous  tenons  à 
produire  du  moins  les  noms  des  auteurs  et  des  donateurs,  comme 
un  légitime  témoignage  de  gratitude  de  la  part  de  la  Ville. 

Voici  donc  la  liste,  dans  l'ordre  chronologique,  des  Villes,  des 
Sociétés  publiques  ou  particulières  et  des  personnes  généreuses,  la 
plupart  nos  compatriotes  : 

I.  —  Donateurs  de  livres. 
L'État  (Ministère  de  l'Instruction  publique  et  du  Commerce),  109 
ouvrages  ou  sujets  d'ouvrages,  revues,  etc. 
L'Institut  de  France. 

Le  Gouvernement  belge  et  l'Acadéiuie  royale  de  Belgique. 
Les  Villes  de  Paris,  de  Marseille  et  de  Reims. 
Le  Conseil  général  de  la  Marne. 
La  Société  de  Charité  maternelle. 
L'Union  des  Femmes  de  France. 
L'Académie  de  Reims. 
Le  Comice  agricole  de  Reims. 
La  Ligue  de  l'Enseignement. 


128  CHRONIQUE 

Les  Établissements  économiques  rémois. 
Le  Syndicat  du  commerce  des  vins  de  Champagne. 
La  Fourmi. 
L'Espérance. 

La  Société  détude  des  sciences  naturelles. 
La  Société  de  médecine. 
La  Société  d'horticulture  et  de  viticulture. 
Le  Photo-Club. 

Les  Associations  amicales  du  Lycée,  du  Pensionnat  des  Frères  et 
des  autres  établissements  d'enseiguement. 

Les  Directeurs  des  journauï  et  revues  diverses  de  Reims. 
MM.  Anatole   de    Barthélémy,    de    Flnstitut    (plusieurs     envois 
importants). 

le  baron  J.  de  Baye. 

Caillot,  avocat. 

l'abbé  Misset,  directeur  de  l'École  Lhomond. 

Thierry,  imprimeur. 

D''  Pol  Gosset,  à  Reims. 

A.  Baudon,  à  Reims. 

H.  Jadart,  bibliothécaire. 

H.  Menu,  employé. 

V.  Charlier,  employé. 

H.  Loriquet,  archiviste. 

Hugueny,  professeur  à  l'Ecole  des  Arts  industriels. 

Charles  Arnould,  négociant  en  vins  de  Champagne. 

Bugg,  imprimeur. 

Keidel. 

A.  Jacquier^  à  Reims. 
Houdart. 

Blondel,  agrégé  de  l'Université. 

E.  Dubois,  négociant. 

Louis  Morin  et  Baltet,  à  Troyes. 

Bellevoye,  graveur  à  Reims. 

Henri  Paris,  avocat. 

Alph.  Gosset,  architecte. 

Lucien  Monce,  imprimeur. 

Lassalle,  conseiller  municipal. 

D''  Langlet,  professeur  à  l'Ecole  de  Médecine. 

B.  Prost,  inspecteur  des  bibliothèques. 
Bazin  de  Bezons,  proviseur  du  Lycée. 
Lavalley,  bibliothécaire  de  Caen. 
Ostermann,  professeur, 

D'  E.  Doyen,  à  Reims. 

l'abbé  Chevallier,  curé  de  Montbré. 

l'abbé  Etienne  Georges,  de  Troyes. 

Janssen,  de  l'Institut. 

l'abbé  Ch.  Cerf,  chanoine. 

Paul  Pellot,  de  Rethel. 


CHRONIQUE  129 

MM.  Demogiie,  docteur  en  (iroit. 

J.  Boullaire,  ancien  procureur  de  la  République. 

Pol  Marguet,  secrétaire  du  Comice  agricole. 

Glinel,  de  Laoïi. 

J.  Laurent,  professeur  d'iiistoire  naturelle. 

N.  Legrand,  à  Reims. 

le  comte  de  Marsy,  à  Compiègne  (nombreux  envois) 

Eugène  Courmeaux,  bibliothécaire  honoraire. 

le  vicomte  Du  Pin  de  la  (juérivière. 

Nouvion-Jacquet  et  Cordier,  à  Reims. 

Emile  Lefèvre. 

le  comte  de  Vallerand. 

Pélicier,  archiviste  de  la  Marne. 

D""  Bourgeois,  à  Reims. 

Ch.  Richard,  adjoint  au  maire. 

Dubuisson. 

D""  Duguet.  à  Paris. 

Ch.  Givelet,  archéologue. 

H.  Matot,  imprimeur. 

Deligny,  à  Reims. 

Pellier,  à  Reims. 

Duny.  imprimeur. 

le  lieutenant  Fourlinie. 

l'abbé  Laiiilrieux,  vicaire  général. 

G.  de  Beauvallun. 

l'abbé  Bernard,  curé  de  IJidilre  (.\ube). 

F.  Langlet,  directeui-  de  la  voirie. 

J  -B.  André. 
M-^s  Godio,  à  Guise  (\isne). 

H.  —  Donakurs  de  Manuscrits  et  d'Aulograplies. 
MM.  le  D"-  Guelliot. 
H.  .Menu. 

Collinet,  artiste  peintre. 
D'  Pol  Gosset. 
le  chanoine  Cerf. 
André  Maurel,  de  Paris. 
F.  Michaud,  libraire. 

m.  —  Donateurs  d'Estampes,  Photographies, 
ChromoidliOijraphics,  etc. 
MM.  le  baron  de  Baye. 
V.  Charlier. 
A.  Lhote,  de  Chàlons. 
Gillen^  menuisier  de  la  ville. 
Vasnier,  pour  la  maison  Pommery. 
le  Bureau  d'hygiène. 
Abel  .lamas. 

9 


130  CHRONIQUE 

MM.  Paul  Martin. 
Ville  de  Paris. 
Malot-Braine. 
l'abbé  Chevallier. 
J.  Juslinart,  imprimeur. 


PiERRii  i)E  MoNTEUEAU.  —  Le  Pctîl  Jouviial  publie,  à  la  suite  de 
divers  articles  consacrés  à  la  l»iographie  du  grand  architecte  de  la 
Sainte-Chapelle  de  Paris,  l'intéressante  lettre  ci-jointe,  due  à  la 
plume  autorisée  de  M.,  Paul  Quesvers  : 

Wonlereau-fauU-Youne,  26  septembre. 
«  Monsieur  le  Rédacteur, 

«  Je  vieus  de  lire  les  articles  que  le  Pelil  Journal  a  publiés 
dans  ses  numéros  des  23  et  24  septembre  sur  Pierre  de  Monlereau. 

«  Le  débat  est-il  clos  ou  me  permettez-vous  d'ajouter  quelques 
lignes  ? 

«  Puis-je,  en  attendant  que  les  finances  de  la  ville  de  Monte- 
reau-fault-Yonne  lui  permettent  d'élever  une  statue  au  plus  illus- 
tre de  ses  enfants,  venir  à  mon  tour  revendiquer  pour  elle  un 
honneur  qui  ne  lui  est  contesté  que  depuis  cent  ans  à  peine  ? 

«  Et  tout  d'abord,  il  n'y  a  pas  de  confusion  possible  entre 
Eudes  de  Monlreuil  et  Pierre  de  Montereau  :  le  premier  était  un 
architecte  militaire  qui  accompagna  saint  Louis  en  Terre  sainte,  oîi 
il  éleva  les  fortifications  de  JalTa,  et  fut  inhumé  à  Paris,  en  1289, 
dans  l'église  des  Cordeliers,  entre  ses  deux  femmes  ;  le  second 
était  un  architecte  civil  et  religieux  qui  n'eut  qu'une  femme  nom- 
mée Agnès,  mourut  en  1266  et  fut  inhumé  dans  l'église  de  l'ab- 
baye de  Saint-Germain-des-Prés. 

«  Sept  villes  de  la  Grèce  se  disputaient,  dit-on,  la  gloire  d'avoir 
donné  le  jour  à  Homère  ;  notre  architecte  n'en  est  pas  là,  car  jus- 
qu'à présent,  il  n'est  revendiqué  que  par  un  chef-lieu  de  canton, 
une  commune  et  un  hameau  aujourd'hui  disparus.  Mais  de  quel 
pays  est  réellement  l'architecte  de  la  Sainte-Chapelle?  De  Mon- 
Ireuil-sous-Bois,  de  iMontereau  près  de  Montreuil,  ou  de  Montereau 
(Seine-et-Marne)  ? 

«  De  Montreuil-sous-Bois,  avance  le  pays  intéressé  et,  à  l'appui 
de  sa  thèse,  il  invoque  le  témoignage  de  l'abbé  Lebeuf  et  de  tous 
ceux  qui  lont  copié,  y  compris  Euiile  de  La  Bédollière,  le  dernier 
venu,  qui  affirme  avec  un  sérieux  imperturbable  que  le  nom  de 
Montereau  (Seine-et-Marne),  «  est  toujours  suivi  de  Sancti  Mar- 
tini ».  Où  diable  ce  bon  La  Bédollière  a-t-il  vu  cela? 

e  De  Montereau,  près  de  Monlreuil,  insinue  l'abbé  Lebeuf. 

«  De  Montereau  (Seine-et-Marne',  affirment  Félibien,  Lobineau, 
Moréri,  Emeric  David,  etc.,  et  une  tradition  plusieurs  fois  sécu- 
laire qui  a  bien,  ce  me  semble,  quelque  valeur. 


CHRONIQUE  131 

€  Car  il  ne  faut  pas  le  perdre  de  vue,  c'est  l'ablié  Lebeuf  qui, 
près  de  cinq  siècles  après  la  mort  de  Pierre  de  Monlereau,  a  le 
premier  émis  des  doutes  sur  le  lieu  de  sa  naissance.  Certes,  l'au- 
torité du  savant  auxerrois  est  considérable,  mais  est-il  infaillible? 
L'abbé  Lebeuf,  comme  beaucoup  d'historiens  qui  s'occupent  spé- 
cialement d'une  province  ou  d'une  ville,  avait  une  tendance  à 
englober  le  plus  d'illustrations  possible  dans  son  Histoire  du  dio- 
cèse de  Paris  ;  mais,  à  l'appui  de  son  affirmation,  il  n'apporte 
aucun  docunienl,  aucune  [treuve,  aucun  argument,  si  ce  n'est 
celui  qu'il  lire  de  l'épitaphe  de  la  femme  de  Pierre,  épilaplio  ainsi 
conçue  : 

t;i    GiST    ANNKS, 
FEMME    JADIS    FEU    MESlTtE    l'IEIUlE    DE    MONTEREIU.. 

«  L'argument  est  faible,  car  je  pourrais  fournir  vingt  textes  du 
Moyen-âge  dans  lesquels  Monlereau-fault- Yonne  est  appelé  Moiiic- 
reul  et  même  Monlreuil.  Aussi  Emeric  David,  dans  le  tome  XIX 
de  VHisloire  lUlèrnire  de  la  France^  dit-il  avec  beaucoup  de  bon 
sens  que  «  tous  les  rapprochements  de  l'abbé  Lebeuf,  fussent-ils 
*  justes,  n'offriraient  pas  une  raison  suftisanle  pour  faire  rejeter  la 
c  tradition  suivie  jusqu'aujourd'hui  »,  c'est-à-dire  cette  tradition 
six  fois  séculaire  qui  fait  naître  à  Monlereau- fault-Yonne  rillustre 
architecle  de  la  Sainte-Chapelle. 

«  Veuillez  agréer,  Monsieur  le  rédacteur,  mes  civilités  les  plus 
empressées. 

«    Paul   QURSVERS.    » 


Les  inscriptions  lapidaires  et  les  graffiti  de  l'église  df. 
Lhuître.  —  Jamais  les  recherches  et  les  travaux  d'histoire  locale 
n'ont  été  poussés  avec  plus  d'ardeur  que  de  nos  jours  ;  tous  les 
fonds  d'archives  publiques  ou  privées,  toutes  les  sources  auxquelles 
on  peut  puiser  un  document,  un  renseignement,  m\  fait  ou  une 
tradition  sont  minutieusement  fouillés^,  compulsés,  interrogés 
pour  leur  arracher  leur  secret. 

Mais  il  est  cependant  une  source  de  renseignements,  féconde  en 
résultats  imprévus,  qui  est  à  la  portée  de  tout  le  mondé,  et  parait 
avoir  échappé  à  la  sagacité  des  chercheurs,  ou,  du  moins,  avoir 
été  peu  consultée  jusquici.  Nous  voulons  parler  des  inscriptions 
lapidaires  spontanées,  souvent  anonymes,  que  l'on  trouve  écrites 
au  crayon  ou  gravées  à  la  pointe  du  couteau  sur  les  monuments 
publics,  et  particulièrement  sur  les  murs  des  églises. 

Sans  doute,  la  plupart  de  ces  noms  et  de  ces  notes,  laissés  par 
les  visiteurs,  en  souvenir  de  leur  passage,  comme  on  signe  sur  un 
album  ou  sur  un  registre  de  grande  maison,  n'offrent  pas  beaucoup 
d'intérêt,  et  sont  plutôt  fastidieux  et  ridicules;  mais  on  y  découvre 
aussi,  parfois,  des  noms,  des  faits  et  des  réflexions  qui  mérite'nt 
d'être  recueillis  et  conservés  pour  l'histoire  locale.  Nous  pensons 
même  qu'il  y  aurait  un  travail  d'ensemble  très  curieux  à  faire,  en 


1 32  CHRONIQUE 

condensant  les  meilleures  de  ces  inscriptions  dans  un  recueil 
départemental  que  les  chroniqueurs  auraient  intérêt  à  consulter. 
C'est  pourquoi  nous  avons  cru  devoir  appeler  l'attention  de  la 
Société  académique  de  lAube  sur  cette  question. 

Voici,  du  reste,  à  titre  de  spécimen,  quelques  notes  que  nous 
avons  relevées  sur  les  murs  de  l'église  de  Lhuilre,  principalement 
à  l'intérieur  de  la  tourelle  de  l'escalier  du  clocher  : 

1600.  —  Denis  Collet,  preslre-prieur  de  Luistre. 

160'.  —  Edme  Remy,  recteur  d'escolle. 

1617.  —  Hilaire  Remy,  recteur  descolle. 

1645.  —  «  Le  jour  de   la  Saint-Martin   (11    novembre  1645),   au 

«  malin,    il   y  a  eu  quatre    personnes   qui   ont    esté 

«  noyez   (sic),    auprès  du   moulin   de  Ramerupt,  en 

«  allant  à  la  foire  de  Pougy.   » 
1691.  —  e  Fait  par  Pierre   Lefébure.   bon  garçon,  demeurant  à 

t   Lbuistre,    proche    de    l'église,    conlrollcur    de    ce 

«   lieu.  » 
1709.  —  «   Le  jour  de  l'Assomption  1709,  il  y  a  eu  quatre  baptes- 

«  mes  et  quatre  enterrements  à  Lhuistre.   » 
1711.  —  Nicolas  Collet,  recteur  d'école. 
1728.  —  «   Ce   jourd'huy    huit    de   may   1728,  j'ay  esté   voir  les 

»  vignes,  et  j'ay  trouvé  qu'elles  alloient  fort  bien.  On 

f  y    voit  des    raisins   deux    à    trois  par  branche,  et 

«  encore  qu'il  en  pousse  sur  les  chouches  (sic).  Jean- 

V  Baplise  Lciidot.  » 
1732.   —  «  Le  lundy  des  Rogations,  M.   Godet,   de   Saint-Hilaire- 

e   mont   (prieur-curé)   a   décampé   de   Lhuistre.    Bon 

€  voyage  !  » 

1732.  —  Jean  l'asquot,  recteur  d'école. 

Arsène  Thévenot. 


La  troisième  Mission  du  baron  de  Baye.  —  Après  un  séjour  de 
cinq  mois  en  Sibérie  et  au  Caucase,  M.  le  baron  de  Baye  vient  de 
rentrer  en  France  et  a  été  reçu  le  16  décembre^,  à  l'Elysée,  par  le 
Président  de  la  République.  C'est  plus  spécialement  au  point  de 
vue  archéologique  et  ethnographique  que  M.  de  Baye  a  rempli  la 
mission  que  lui  avait  confiée  M  Rambaud,  minisire  de  llnstruc- 
tion  publique  ;  mais  les  observations  qu'il  a  enregistrées  au  cours 
de  son  exploration  sont  de  nature  à  être  particulièrement  profita- 
bles à  l'exportation  française. 

Au  cours  d'une  conférence  qui  sera  incessamment  organisée  au 
siège  de  la  Société  de  géographie,  M.  de  Baye  présentera  sur  ce 
dernier  point  des  remarques  convaincantes.  Nous  espérons  que 
notre  distingué  compatriote  se  fera  entendre  devant  l'Académie 
de  Reims,  comme  déjà  il  l'a  fait.  Voici,  en  attendant^  le  récit 
succinct  de  M.  de  Baye  à  l'un  de  nos  confrères  parisiens  : 


CHRONIQUE  133 

€  Mon  troisième  voyage  en  Sibérie,  dit  M.  de  Baye,  n'aura  été 
ni  moins  instructif  au  point  de  vue  de  l'histoire  des  divers  pays 
que  j'ai  traversés,  ni  moins  fécond  en  renseignements  sur  les  dif- 
férentes populations  qui  les  habitent,  que  celui  que  j'avais  déjà 
entrepris  en  1890. 

a  Pendant  un  court  séjour  dans  le  gouvernement  de  Penza,  j'ai 
pu  recueillir  une  collection  très  remarquable  de  costumes  et  d'ob- 
jets d'usage  journalier.  Mon  hôte  le  prince  Mirsky,  gouverneur  de 
Penza,  qui  est  un  très  fervent  ami  de  la  France,  m'a  initié  aux 
coutumes  des  Mordvines  et  des  Méchériaks  qui  peuplent  cette 
région. 

«  Cette  partie  de  la  Russie  est,  du  reste,  en  voie  constante  de 
progrès,  et  j'ai  eu  la  joie  d'assister  à  linauguration  d'une  école 
des  arts  industriels  analogue  à  celle  qu'avait  créée  Bogorouzoiï. 

c  Après  avoir  traversé  l'Oural,  où  j'ai  également  complété  mes 
collections  et  étudié  les  exploitations  aurifères  des  tourbières  du 
lac  Tchighir,  j'ai  suivi  la  ligne  du  chemin  de  fer  transsibérien  jus- 
qu'à Krasnoïarsk.  Je  dois  tout  d'abord  faire  part  des  nombreux 
progrès  accomplis  sur  cette  ligne  depuis  mon  dernier  voyage.  La 
vitesse  des  trains  s'est  accrue  ;  des  ponts  ont  été  construits  ;  par- 
tout où  l'on  a  établi  des  stations,  de  petits  villages  se  forment,  car 
il  ne  faut  pas  oublier  qu'à  300  kilomètres  et  au  delà  de  la  voie  du 
Transsibérien,  le  pays  est  très  habitable. 

«  Les  paysans  russes  ne  l'ignorent  pas  ;  il  y  a  une  émigration 
continue  de  tous  les  peuples  de  Russie  vers  cette  région  de  la  Sibé- 
rie, et  leur  foi  est  si  grande  dans  l'avenir  de  ce  pays  neuf,  qu'ils 
abandonnent  chez  eux  leurs  terres  et  leurs  maisons  pour  se  ren- 
dre dans  les  contrées  que  le  gouvernement  leur  désigne.  Mais  cet 
établissement  de  colons  ne  va  pas  sans  de  lourdes  dépenses,  car 
il  faut  fournir  des  guides  aux  émigrants,  et  le  gouvernement  se 
voit  dès  lors  contraint  de  modérer  cette  curieuse  tendance  que  l'on 
constate  depuis  quelque  temps  chez  les  paysans  russes. 

€  11  est  cependant  certaines  régions,  le  long  du  Transsibérien, 
qui  sont  plutôt  défavorables  au  voyageur  :  ainsi  dans  les  steppes 
Kirghizes,  malgré  tous  les  efforts  faits  au  moyen  de  puits  arté- 
siens d'immense  profondeur  pour  aller  chercher  des  nappes  d'eau 
potable,  on  n'a  encore  découvert  qu'une  eau  salée,  très  purgative 
et  absolument  désagréable  pour  les  Européens. 

«  L'aspect  du  pays  change,  du  reste,  complètement  lorsque  l'on 
arrive  à  Krasnoïarsk  ;  aux  régions  tristes  que  l'on  vient  de  traver- 
ser succèdent  des  panoramas  riants  formés  par  une  ramification 
des  monts  Saïan.  Krasnoïarsk  est  construite  sur  la  rive  de  l  Ienis- 
seï ;  le  Transsibéiien  y  traversera  le  ileuve  sur  un  pont  commencé 
en  1896  lors  de  mon  précédent  voyage  ;  il  est  maintenant  en 
bonne  voie  de  construction,  et,  malgré  les  inconvénients  que  font 
subir  aux  ingénieurs  les  fortes  crues  de  l'été  qui  transforment  le 
fleuve  en  vrai  torrent,  il  sera  terminé  en  1899, 


134  CHRONIQUE 

«  On  devine  quels  avantages  la  Russie  trouvera  dans  son  achè- 
vement, le  chemin  de  fer  Transsibérien  devant  alors  aller  sans 
discontinuité  juscju'au  Baïkal,  presque  à  la  frontière  de  Chine. 

«  Je  crois  que  krasnoiarsk  est  destinée  à  prendre  une  impor- 
tance considérable,  peut-être  au  détriment  de  Tomsk,  qui  n'est 
reliée  au  Transsibérien  que  par  un  tronçon  de  voie  ferrée,  tandis 
que  Krasnoïar?k  sera  directement  desservie  par  la  grande  ligne  et 
est  de  plus  sur  les  rives  de  l'Ienisseï,  qui  est  très  aisément  naviga- 
ble. J'in-isterai  comme  il  convient  sur  une  observation  que  j'ai  pu 
l'aire  pendant  mon  séjour  à  Krasnoiarsk  :  c'est  que,  tandis  que 
nos  exportateurs  paraissent  montrer  la  plus  grande  indifférence 
pour  importer  dans  ces  contrées  tous  les  produits  dont  manque  la 
Russie^  les  Allemands  et  les  Anglais  font  remonter  par  l'Iénisséï 
des  stocks  considérables  de  marchandises. 

«  Je  signalerai,  dit-il,  les  curieuses  tentatives  qui  se  poursuivent 
actuellement  en  vue  de  l'acclimatation  du  thé  dans  le  (iaucase  ; 
j"ai  visité,  lors  de  mon  retour,  quelques-unes  de  ces  plantations, 
et  si,  comme  tout  le  laisse  espérer,  les  expériences  réussissent,  ce 
sera  une  nouvelle  source  de  richesses  pour  cette  contrée  déjà  si 
favorisée  par  ses  merveilleux  vignobles.  » 


Do.XS     A     LA      BlItLlOTlIKOUE     DE     l'ArCHEVÊCUÉ      DE      ReIMS.    —    SoU 

Em.  le  cardinal  Langénieux  vient  de  déposer  à  la  Bibliothèque  de 
l'Archevêché  de  Reims  les  piè.^es  suivantes  : 

1°  Acte  de  vente  (mai  1312). 

Vente,  par  les  chanoines  de  l'église  de  Reims,  d'une  maison  sise 
devant  les  fossés  dans  la  ruelle  qui  mène  du  marché  aux  laines  à 
'église  Saint-Hilaire,  à  Grégoire  de  Cath,  bailli  du  chapitre  de 
Reims,  et  à  Belle,  son  épouse,  moyennant  une  rente  annuelle  de 
iO  sols  parisis. 

2°  Acte  de  1436,  par  lequel  Jean  de  Witry,  chanoine  de  Reims 
et  receveur  des  subsides  du  clergé,  exempte  de  tous  droits  et  rede- 
vances imposés  par  le  roi  de  France  ou  le  connétable,  les  religieux 
de  l'ordre  de  i'Hùpilal  de  la  ville  de  Reims. 

3"  Vidimus  de  14!)1  (1492),  d'une  charte  de  l'empereur  Conrad  II, 
par  laquelle  il  accorde  différents  privilèges  à  Eudes,  abbé  de 
Saint-Remi,  lorsqu'il  visitera,  en  Allemagne,  les  terres  dépendan- 
tes de  son  ordre. 

4°  Lettre  du  23  janvier  1698,  des  RR.  PP.  Jacques  Picard, 
Pierre  Pommereau,  Louis  Legrand  et  Isaac  .Marlineau,  S.  J.,  pré- 
sentant leurs  excuses  à  l'archevêque  de  Reims,  Ch. -Maurice  Le 
Tellier.  Us  avaient  laissé  paraître  une  remontrance  anonyme  con- 
tre l'ordonnance  de  l'archevêque  eu  date  du  20  juillet  1697. 

a"  Lettre  du  cardinal  de  Bouillon  (1707),  demandant  le  siège  de 
Reims  pour  labbé  d'Auvergne,  son  neveu. 


CHRONIQUE  135 

6°  Le  cachet  de  Biaise  Pascal,  légué  par  Ms'  Tourneur,  avec  la 
note  suivante,  écrite  par  M.  le  chanoine  Jolinet  : 

Reims,  14  septembre  IS^i. 

e  Ce  cachet  de  Biaise  Pascal  a  été  longtemps  en  la  possession 
«  de  M.  Jean-Baptiste  Savoye,  ancien  négociant,  fort  connu  à 
c  Reims  par  son  attachement  au  parti  janséniste.  A  sa  mort,  il  est 
«  passé  comme  objet  de  curiosité  entre  les  mains  de  M.  Malherbe, 
«  curé  de  Notre-Dame  de  Reims,  et  à  la  mort  de  celui-ci,  son 
€  petit-neveu,  l'abbé  Jolinet,  chanoine,  en  a  hérité. 

«  Aujourd'hui,  il  en  fait  don  à  M.  l'abbé  Tourneur,  aumônier 
«  du  Lycée  impérial,  académicien,  archéologue,  etc.  » 


L'herbier  de  J.-J.  Rous?eau  au  château  de  Baye.  —  M.  Jan- 
sen,  bibliotiiécaire  de  la  ville  de  Berlin,  a  fait  paraître  en  1885  un 
livre  intitulé  :  Rousseau  considéré  comme  botaniste.  «  Depuis 
longtemps,  dit-il,  la  plus  grande  partie  de  Therbier  de  Ijuusseau, 
ainsi  que  tous  les  écrits  du  philosophe  sur  la  botanique,  se  .trou- 
vent en  la  possession  du  Mu.'.ée  botanique  de  Berlin,  sans  que  la 
direction  de  cet  établissement  ait  pu  établir  à  quelle  époque, 
comment  et  pourquoi  ces  précieuses  reliques  étaient  arrivées  jus- 
qu'ici. » 

Rousseau  avait  composé  plusieurs  herbiers. 

L'un  d'eux  a  été  vendu  en  1823  au  Musée  Européen  à  Paris  :  il 
avait  été  donné,  par  Thérèse  Levasseur,  à  Le  Bègue  do  i'resle, 
médecin  et  ami  de  Rousseau. 

Un  autre  herbier,  composé  de  douze  volumes,  est  conservé  au 
château  de  Baye  ;  un  troisième  appartient  au  marquis  actuel  de 
Girardin. 

Un  herbier  que  Rousseau  composa  pour  IM'"^  Delessert,  née  Boy 
de  Latour,  se  trouve  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 
Mme  Delessert  était  nièce  de  M°"=  Arnal. 

A  la  mort  du  marquis  de  Girardin,  les  nombreux  volumes  de 
plantes  recueillies  et  séchées  par  Rousseau  furent  divisés  entre  les 
enfants  du  propriétaire  d'Ermenonville.  La  part  échue  à  Sophie  de 
Girardin  fut  olTerte  par  elle,  après  son  mariage  avec  le  comte  de 
Bohm,  au  roi  Frédéric-Guillaume  de  Prusse,  dont  son  mari  était 
chambellan. 

Voici  la  lettre  par  laquelle  le  souverain  en  accuse  réception; 
l'original  est  conservé  dans  les  archives  de  la  famille  de  Baye  : 

«  A  Madame  la  marquise  de  Bohm,  née  marquise  de  Girardin. 

«  Madame  la  Comtesse, 

€  J'accepte  avec  reconnaissance  l'herbier  de  Jean-Jacques  Rous- 

«  seau  que  vous  avez  bien  voulu  me  faire  olfrir   par  le  directeur 

(  Henry.  Je  sais  apprécier  ce  souvenir  d'un  homme  célèbre,  et  la 


136  CHRONIQUE 

«  main  qui  le  donne  en  relève  encore  le  prix  à  mes  yeux.  Je  me 
«  félicite  de  trouver  l'occasion  de  prouver  mon  estime  à  une 
e  femme  aussi  distinguée  par  ses  qiiaiités  personnelles  et  par  ses 
«  vertus,  et  je  vous  prie  de  croire  que  je  serai  toujours  charmé 
a  d'être  appelé  à  vous  en  donner  des  preuves. 

a  Je  suis  votre  bien  affectionné. 

«  Frkdéric-Guillaumk.  » 
«  Berlin,  ce  27  mai  182ÎJ.  s 

Cette  lettre  est  écrite  entièrement  de  la  main    du  roi  Frédéric- 
Guillaume  111,  roi  de  Prusse,  né  en  1770,  mort  en  1840. 

L'herbier  se  trouve  actuellement  dans  le  nouveau  Musée  du  jar- 
din botanique  impérial  de    Berlin  ;  il  est  rangé   dans  une   petite 
armoire  sur  le  fronton  de  laquelle  se   trouve  l'inscription  :  Vitam 
impendere  vero.  Les  plantes  sont  attachées  par  un  lit  d'or. 
(Gaulois.)  Baronne  de  Baye. 


Nouvelles  acquisitions  du  Musée  de  Reims.  —  Le  Comité  du 
Musée  de  Reims  vient  d'acquérir  un  portrait  au  pastel,  signé  Nan- 
teiiil,  1662,  et  encore  encadré  dans  sa  bordure  de  l'époque.  Il 
vient  d'être  installé  dans  la  grande  salle  du  Musée,  non  loin  du 
dessin  de  la  Vierge,  que  nous  possédons  de  longue  date,  et  signé 
R.  Nanlûeil  F.  Parisiis,  An.  1654. 

La  Bibliothèque  possède  l'œuvre  entière  des  portraits  gravés 
par  l'illustre  artiste  rémois. 

Le  Musée  vient  de  recevoir  en  même  temps  une  nouvelle  collec- 
tion d'objets  franco-russes,   due  à  la  libéralité   de  M.   Philippe- 

Deschamps,  de  Paris. 

* 

Une  patriote.  —  M"^  Marie  Cosne,  receveuse  des  postes  et  des 
télégraphes  à  Dommartin-sur-Yèvre  (Marne),  vient  d'obtenir  du 
ministre  des  Finances,  à  titre  exceptionnel,  une  pension  entière  de 
retraite,  après  vingt-huit  années  de  loyaux  services. 

M"«  Cosne  a  débuté,  pendant  l'Année  terrible,  à  l'âge  de  vingt 
ans,  à  Sampigny  (Meuse). 

A  cette  époque  inoubliable,  les  courriers  et  les  facteurs  des  pos- 
tes ne  pouvaient  plus  circuler,  surveillés  qu'ils  étaient  par  les  sol- 
dais de  l'armée  allemande,  qui  s'emparaient  des  dépêches,  et  les 
retenaient  prisonniers. 

Soullrant  dans  son  patriotisme  d'un  tel  état  de  choses  et  n'é- 
coulant que  son  courage,  qui  était  au-dessus  de  son  âge  et  de  son 
sexe.  M""  Cosne  s'entendit  avec  M.  Uesfourneaux,  alors  receveur 
des  postes  à  Commercy,  afin  de  faire  parvenir  à  destination  les 
nombreuses  correspondances  qu'elle  recevait  chaque  jour  dans  son 
bureau,  apportées  par  des  agents  secrets  connus  d'elle  seule. 

A  partir  du  jour  de  celte  entente,  on  vil  quotidiennement  cette 


CHRONIQUE  137 

jeune  fille,  —  cette  enfant  plutôt,  —  quitter  Sarnpigny  tous  les 
soirs  vers  cinq  heures,  par  tous  les  temps  possibles  et  par  des  voies 
différentes,  pour  se  rendre  à  Commercy,  ville  distante  de  dix  kilo- 
mètres, et  traverser  les  postes  allemands,  un  panier  à  la  main,  la 
tête  haute,  pour  aller  remettre  à  M.  Desfourneaux  les  correspon- 
dances journalières  qui  lui  étaient  parvenues. 

Ses  fréquents  déplacements  furent  bientôt  remarqués  par 
l'ennemi. 

On  l'arrêta  un  jour  et  on  la  conduisit  au  feld-maréchal  de 
Moltke,  major  général  des  armées  allemandes,  qui  lui  demanda 
l'explication  de  ses  voyages  si  répétés. 

Fixant  sur  le  général  des  yeux  pleins  d'une  noble  assurance, 
sans  qu'elle  laissât  percer  la  moindre  émotion,  elle  lui  répondit  ; 

((  Général,  je  remplis  chaque  jour  mes  devoirs  de  famille. 
Ouvrez  mon  panier,  et  vous  constaterez  par  vous-même  qu'il  est 
vide.  J'ai  des  poches  ;  si  vous  le  désirez,  je  vais  les  retourner 
devant  vous  ;  ou,  si  vous  le  préférez,  faites-moi  fouiller,  afin  de 
vous  assurer  que  je  n'ai  rien  sur  moi  de  suspect  qui  puisse  vous 
porter  ombrage.  » 

Voyant  l'assurance  de  cette  noble  enfant,  de  Moltke  la  fit  relâ- 
cher et  ordonna  qu'on  la  mit  en  liberté. 

Elle  en  profita  pour  aller  remettre  au  receveur  principal, 
M.  Desfourneaux,  les  nombreuses  correspondances  qu'elle  cachait 
dans  son  corsage. 

La  guerre  terminée,  le  directeur  départemental  des  postes  et 
des  télégraphes  à  Bar-le-Duc,  M.  Duportal.  instruit  de  cette  noble 
et  belle  conduite,  adressa  à  M"'  Cosne  une  lettre  de  félicitations, 
et  l'administration  supérieure,  pour  la  récompenser  de  son 
dévouement,  lui  envoya,  à  titre  d'indemnité,  une  somme  de 
300  francs. 

Dix  ans  plus  tard,  en  1880,  M"*  Cosne  quittait  Sampigny, 
emportant  l'estime  et  les  regrets  de  la  population  tout  entière, 
pour  occuper  le  poste  de  receveuse  au  Coudray-Saint-Germer 
(Oise),  emploi  qu'elle  abandonna  en  1894  pour  se  rendre  à  Dom- 
martin-sur-Yèvre,  arrondissement  de  Sainte-Menehould,  sa  rési- 
dence actuelle. 


Un  HisTORiEiN  RUSSE  DE  Jeanne  d'Arc  —  Le  général  Dragomi- 
rolï,  qui  se  trouve  actuellement  à  Kliarkow,  vient  d'achever  un 
important  travail  sur  Jeanne  d'.Arc,  qui  paraîtra  bientôt. 


Un  chêne  de  huit  cents  ans,  a  Cunfin  (Aube).  —  Tout  près  de 
nous,  à  Cunfin,  dit  M.  Henri  de  l'arville,  dans  sa  revue  des  scien- 
ces du  Journal  des  Débais,  il  y  a  un  chêne  qui,   parait-il,  a  été 


Î38  CHRONIQUE 

planté  en  1070.  Cet  arbre,  qui  a  par  conséquent  huit  cent  vingt- 
sept  ans,  n'offre  ni  l'étendue,  ni  l'élévation  que  ferait  supposer  son 
ancienneté.  11  n'a,  en  effet,  que  sept  nif-tres  de  circonférence,  et 
son  tronc  n'a  que  dix  mètres  de  haut  jusqu'aux  premières 
branches. 

Ce  chêne,  huit  fois  séculaire,  se  dresse  encore  fièrement  sur  un 
coteau  voisin  de  la  chapelle  Sainte-Anne,  petit  édifice  qui  est  à  la 
sortie  même  de  Cunfin,  sur  la  route  de  ce  village  à  Laferlé- 
sur-Auhe, 


Monument  comuémoratik  des  morts  de  1870  en  Seine-et-Marne. 
—  La  Société  des  anciens  combattants  de  Seine-et-Marne  avait 
ouvert  un  concours  entre  tous  les  artistes  français_,  pour  élever  un 
monument  à  la  mémoire  des  enfants  de  ce  département  morts 
pour  la  patrie  en  1870-1871. 

Environ  cinquante  maquettes  ont  été  exposées  pendant  quinze 
jours  à  Melun.  Par  soixante-deux  suffrages  sur  quatre-vingts 
votants,  la  maquette  du  sculpteur  Charles  Desvergnes  a  été  choi- 
sie pour  être  mise  à  exécution. 


Don  a  la  municipalité  de  Mailly.  —  M™«  veuve  Douillat,  pro- 
priétaire, en  souvenir  de  son  mari,  qui  a  été  pendant  de  longues 
années  conseiller  municipal  et  maire  de  Mailly  (Marne),  vient  de 
faire  don  à  cette  commune  d'une  somme  de  2,000  francs  destinée 
à  des  améliorations  scolaires. 


Fécondité.  —  On  dit  tous  les  jours  que  la  population  décroît  et 
qu'il  n'y  a  plus  de  familles  nombreuses  dans  nos  campagnes.  Cel- 
les-ci se  font  de  plus  en  plus  rares,  il  est  vrai,  mais  il  y  a  encore 
bien  des  exceptions. 

Ainsi,  dans  la  commune  de  Dampierrele-Château  (Marne),  on 
peut  citer  comme  exemple  les  époux  Déforges-Kraack  qui  ont  eu 
vingt-sept  enfants  du  même  lit,  dont  seize  sont  vivants  et  bien 
portants. 

Le  premier  est  âgé  de  trente-deux  ans  et  le  dernier  de  quatorze 
mois. 

Le  mari  compte  cinquante-six  printemps  et  la  femme  quarante- 
neuf. 

Ce  sont  de  braves  gens,  peu  fortunés,  mais  qui,  à  force  de  tra- 
vail et  d'économie,  ont  pu  élever  cette  nombreuse  famille,  acqué- 
rir une  maison  et  faire  valoir  un  {)elil  bien  qui  les  aide  à  subvenir 
à  leurs  besoins. 


GHRONIQUB  1 39 


Nomination?  et  Distinctions.  —  M.  Auguste  Longaon,  vice-pré- 
sident de  l'Académie  des  Inscriptions  pour  l'aimée  1897,  vient 
d'être  désigné  pour  la  présidence  de  cette  Compagnie  pendant 
l'exercice  de  1898. 


Le  29  décembre,  à  Châlons-sur-Marne,  à  l'occasion  du  cinquan- 
tenaire de  M.  Edouard  Ponsard  —  ancien  député,  conseiller  géné- 
ral de  la  Marne  —  en  qualité  de  président  du  Comice  central  de 
la  Marne  et  de  président  d'honneur  du  Comice  de  Chàlons-sur- 
iMarne,  un  banquet  par  souscription  avait  été  organisé  par  les 
membres  des  bureaux  des  six  Comices  agricoles  du  département. 

M.  Duchâtaux,  ancien  conseiller  général  de  la  Marne,  ancien 
président  du  Comice  de  Reims,  présidait  la  réunion,  assisté  de 
M.  AUred  Lequeux,  ancien  conseiller  général  de  la  Marne,  prési- 
dent du  Comice  de  Châlons-sur-Marne  ;  de  M.  Charles  Lhùlelain, 
conseiller  général  de  la  Marne,  président  du  Comice  de  Reims  et 
membre  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  ;  de  M.  Julien  de 
Felcourt,  ancien  conseiller  général  de  la  Marne,  président  du 
Comice  de  Vilry-le-François  et  délégué  de  la  Société  nationale  des 
agriculteurs  de  Fi-ance  ;  de  M.  Altred  Chémery,  vice-président  du 
Comice  de  Sainte-Menehould  ;  de  M.  le  comte  de  Riocourt  d'Omey  ; 
de  M.  Jules  Bourgeois,  conseiller  général  de  la  Marne,  etc.^  etc. 

Au  dessert,  M.  Duchâtaux,  après  avoir  remercié  M.  Ponsard  de 
ses  longs  services  à  l'agriculture,  lui  a  offert,  au  nom  d'un  grand 
nombre  de  souscripteurs,  un  superbe  bronze  de  Mathurin  Moreau  : 
Le  Retour  de  la  moisson. 

M.  Edouard  Ponsard,  vivement  ému,  a  chaleureusement  remer- 
cié les  assistants. 

M.  Alfred  Lequeux  a  félicité  M.  Ponsard,  ancien  président  du 
Comice  de  Châlons-sur-Marne,  au  nom  des  membres  de  cette  asso- 
ciation. 

Enfin,  M.  Julien  de  Felcourt  a  apporté  au  héros  de  la  fête  le  tri- 
but d'élogres  de  la  Société  nationale  des  agriculteurs  de  France. 


Notre  érudit  compatriote,  M.  Ernest  Babelon,  conservateur  du 
Cabinet  des  Médailles  à  la  Bibliothèque  nationale,  vient  d'être  élu 
membre  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  dans  la 
séance  du  10  décembre  1897,  en  remplacement  de  M.  Léon  Gau- 
tier, décédé. 


Sur  la  proposition  de  la  Commission   d'hygiène   de  l'enfance,  à 
l'Académie    de    Médecine   de  Paris,  le  Ministre  de   l'Intérieur  a 


1 40  CHRONIQUE 

accordé  une  médaille  de  vermeil  à  M.  Grosjean,  de  Fismes,  méde- 
cin à  Montmirail,  pour  son  travail  de  statistique  infantile. 


Parmi  les  récentes  promotions  faites  dans  l'ordre  de  la  Légion 
d'honneur,  à  l'occasion  de  la  nouvelle  année,  nous  relevons  les 
nominations  suivantes  : 

M.  Sarazin,  ancien  notaire  k  Fismes,  président  du  Conseil  géné- 
ral de  la  Marne,  est  nommé  ofticier  de  la  Légion  d'iionneur  ; 

M.  Hippolyle-Octave  Noiret,  ancien  maire  de  Rethel  de  1872  à 
4b78,  ancien  conseiller  général  des  Ardennes,  membre  de  la 
Chambre  de  commerce  de  Sedan,  président  de  la  Chambre  con- 
sultative des  arts  et  manufactures,  membre  du  bureau  de  l'assis- 
tance judiciaire,  fondateur  d'une  crèche  et  d'un  hospice  de  vieil- 
lards ;  —  M.  Hache,  médecin  de  l""*  classe  de  réserve  de  lamarine, 
professeur  à  l'Ecole  de  Médecine  de  Reims  ;  —  M.  Gustave  Lahé- 
made,  originaii^e  de  Dormans  (Marne),  capitaine-trésorier  au  98"= 
régiment  d'infanterie  5  — M.  Félix-Lucien  Margaine,  de  Sainte- 
Menehould,  lieutenant  au  28*  régiment  de  dragons,  qui  compte 
quatoize  ans  de  services  et  huit  campagnes  au  Soudan,  sont  nom- 
més chevaliers  de  la  Légion  d'honneur. 

Nous  relevons  encore  les  nominations  suivantes  dans  la  liste 
des  décorations  accordées  à  l'occasion  de  l'E-xposition  internatio- 
nale de  Bruxelles  : 

M.  Emile  Deviolaine,  directeur  des  verreries  de  Vauxrot  (Aisne)  ; 

M.  Clément  Denaiffe,  marchand  grainier  à Carignan  (Ardennes); 

M.  Eugène  Biard,  ingénieur  principal  du  matériel  à  la  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  de  l'Est  ; 

Et  M.  Jules  PouUot,  fabricant  de  tissus,  président  de  la  Cham- 
bre de  commerce  de  Reims. 


M.  Hennechart,  juge  à  Châteaudun,  vient  d'être  nommé  à  Châ- 
lons-bur-Marne,  en  remplacement  de  M.  Crébaul,  nommé  président 
à  No^ent-leRotrou. 


Mariag-es.  —  Le  mercredi  5  janvier,  a  été  célébré  en  l'église 
d'Ay  (Marne),  le  mariage  de  M.  André  Petitjean,  enseigne  de 
vaisseau,  attaché  au  service  de  la  défense  mobile  de  Toulon,  avec 
M"«  Edmée  George. 

M.  le  doyen  d'Ay  a  prononcé  l'allocution  d'usage  et  donné  la 
bénédiction  nuptiale. 

M.  André  Petitjean,  sorti  de  l'Ecole  polytechnique,  promet  à 
notre  marine  un  officier  des  plus  distingués.  Il  est  fils  de  M.  Théo- 
dore Petitjean,  commandeux-  de  Charles  111  d'Espagne  et  du  Christ 
de  Portugal,  niaire  de  la  Neuvillette-les-Keims,  et  de  Madame  née 
Menne^sou. 


CHRONIQUE  1  4 1 

* 
*     * 

Le  même  jour  a  été  béni^  dans  léglise  de  SainlQuentin,  le 
mariage  de  M.  A.  Jolibois,  lieutenant  au  1  i-*  dragons,  avec 
M"«  Jeanne  Gargam. 

Les  témoins  étaient,  pour  le  marié  :  MM.  Jolibois,  propriétaire 
à  Bar-Ie-Duc,  son  trère^.  et  de  Beilaiiig,  ('olonol  du  14-  diagoiis,  à 
Reims  ;  pour  la  mariée  :  MM.  le  docteur  (Jargam,  de  Rouen,  et 
Benonville,  ingénieur,  ses  oncles. 


Le  samedi  8  janvier  a  été  célébré,  en  l'église  cathédrale  de 
Reims,  le  mariage  de  M"«  Julie  Mennesson,  fille  de  M.  Emile  Men- 
nesson,  éditeur  de  musique  à  Reims,  avec  M.  Albert  Figard,  de 
Toulon. 

Sainte  Cécile,  sous  les  auspices  de  laquelle  a  été  fondée  la  mai- 
son Mennesson,  ne  pouvait  manquer  de  donner  à  cette  solennité, 
avec  son  patronage,  un  certain  éclat  musical. 

En  efi'et,  c'est  par  un  morceau  célèbre  de  notre  distingué  conci- 
toyen Th.  Dubois  —  la  Marche  héroïque  de  Jeanne  d'Arc  —  qu'a 
commencé  la  cérémonie,  et  c'est  un  autre  rémois,  M.  Henri  Dal- 
lier,  —  l'organiste  renommé  de  Saint-Eustache  —  qui  en  faisait 
résonner  la  magnificence  sur  le  grand  orgue  de  la  Cathédrale. 

La  Maitrise,  sous  l'habile  direction  de  M.  Dazv,  a  magistrale- 
ment chanté  un  Veni  Creator  ei  un  Deus  Abraham  de  M.  Th. 
Dubois,  avec  des  soli  où  a  été  particulièrement  goûtée  la  belle 
voix  du  ténor  M.  Boudin,  l'un  des  principaux  employés  de  la  mai- 
son Em.  Mennesson. 

L'évêque  de  Dijon,  Ms^  Oury,  a  donné  la  bénédiction  nuptiale 
aux  époux,  après  leur  avoir  adressé  une  touchante  allocution  dans 
laquelle,  avec  un  singulier  bonheur  d'expression,  il  avait  emprunté 
la  plupart  de  ses  métaphores  à  l'art  musical. 


Le  mercredi  12  janvier  a  été  célébré  à  Avize  (Marne)  le  mariage 
de  M.  Georges  Vix  avec  M'"'  Suzanne  Mottant. 


MÉLANGES 


Un  EvêoDE  sATANiQUE  AU  xiv  SIÈCLE  ' .  —  Il  v  a,  dans  la  Divine 
comédie,  quelques  tercets  bien  singuliers  où  Danle,  qui  haïssait 
mortellement  Roniface  VIII,  évoque  la  vision  de  «  la  Ueur  de  lys  » 
entrant  dans  Anagni  et  du  «  Christ,  captif  pour  la  seconde  fois, 
en  la  personne  de  son  vicaire  ».  Ici,  c'est  réellement  le  vieux  pon- 
tif,  outragé  sur  les  marches  de  l'autel  par  les  émissaires  de  Philippe 
le  I3el,  dont  le  poète  a  pris  la  défense  en  face  de  la  conscience 
chrétienne.  Et,  en  même  temps,  il  montre  le  roi  avare  envahis- 
sant le  Temple  pour  s'enrichir  de  ses  dépouilles.  Il  entrevoit  le  lien 
qui  rattache  l'un  à  l'autre  ces  deux  grands  attentats,  il  comprend 
que  Boniface  violenté,  les  Templiers  dépossédés  et  supprimés, 
c'est  l'Eglise  elle-même  qui  est  atteinte,  la  communauté  chré- 
tienne qui  est  détruite  au  profit  d'une  monarchie  particulière.  Un 
procès,  depuis  longtemps  connu,  celui  de  Bernard  Saisset,  évêque 
de  Pamiers,  manifestait,  en  un  moins  grave  incident,  l'application 
de  la  même  politique,  qui,  au  procès  des  Templiers,  aux  premiè- 
res procédures  du  procès  de  Boniface  VIII,  apparut  en  toute  sa 
ruse  savante  et  son  impitoyable  dureté  :  la  politique  du  scandale 
employée  pour  ruiner  les  hommes  que  le  scandale  blesse  le  plus 
cruellement.  Voici,  pour  achever  la  démonstration,  une  nouvelle 
affaire  criminelle  dont  l'extraordinaire  dossier  contient  toutes  les 
misères  morales,  toutes  les  terreurs  superstitieuses  du  moyen  âge, 
le  procès  de  Guichard,  évêque  de  Troyes,  publié  par  l'Ecole  des 
Charles.  L'auteur,  IM.  Abei  Kigault^  nous  donne,  avec  des  faits  et 
des  documents,  discrètement  commentés,  mais  d'un  ensemble 
tragique^  la  sensation  d'un  roman,  je  dirais  volontiers  d'un  cau- 
chemar historique.  Ce  Procès,  venant  à  peu  près  à  la  même  heure 
que  les  thèses  de  MM.  Funck-Brentano  et  Paul  Lehujeur,  confir- 
mera les  personnes  paisibles  dans  cette  opinion  qu'il  ne  faisait  pas 
bon  de  vivre  en  France  au  xiV  siècle,  même  avec  une  mitre  bro- 
dée d'or  sur  le  front. 

Guichard  naquit,  non  loin  de  Troyes,  vers  le  milieu  du  xni«  siè- 
cle. Son  père  —  ou  plutôt  l'homme  qui  parut  être  son  père  — 
s'appelait  Jean.  Sa  maison  paternelle  passa  pou»"  être  hantée  du 
démon,  et  l'évêque  Nicolas  dut  y  venir  afin  de  l'asperger.  C'était 
un  début  fâcheux  dans  la  vie  chrétienne.  De  sa  jeunesse  nous  ne 
savons  rien.  Il  fut  élevé  en  vue  de  l'état  monacal.  Dès  1273,11 
était  prieur  de  Saint-Ayoul  de  Provins.  Le  bruit  courut  qu'il   avait 

1.  Le /'roces  de  Guichard,  évêque  de  Troyes,  1308-1313,  par  Abt* 
Rigault,  archiviste  paléographe,  attaché  au  Ministère  des  Aifaires  étiangè- 
res.  Paris,  Picard,  1896. 


MÉLANGES  HZ 

empoisonné  son  prédécesseur,  afin  d'en  recueillir  la  dignité.  Dix 
ans  plus  tard  il  était  abbé  de  Monlier-la-Celle,  l'un  des  plus  riches 
monastères  de  la  Champagne.  11  entrait  dans  les  bonnes  grâces  de 
la  jeune  héritière  de  la  Champagne  et  de  la  Navarre,  Jeanne,  qui, 
en  1285,  épouse  de  Philippe  le  Bel,  devenait  reine  de  France.  En 
1296,  il  était  membre  du  conseil  du  roi.  Enfin,  en  1298,  les  cha- 
noines de  Troyes  le  choisissaient  pour  évêque.  Le  voilà  donc,  à 
cinquante  ans,  prince  de  l'Eglise,  pourvu  d'une  mense  plantu- 
reuse, grand  personnage  du  royaume  et  ami  de  la  reine.  La  situa- 
tion était  belle  pour  un  homme  de  naissance  douteuse.  H  ne  tarda 
pas  à  la  gâter. 

En  évêque  méthodique,  c'est  d'abord  avec  son  clergé  qu'il  se 
brouille.  Il  prend,  à  l'égard  de  ses  clercs,  des  allures  de  pirate, 
entre  de  force  chez  un  curé  e.xempt  de  sa  juridiction,  couche  au 
presbytère  malgré  l'bnte,  le  fait  battre  par  ses  gens  et  confisque 
ses  biens  ;  il  démolit  un  presbytère  par  pur  caprice  ;  il  s'empare  à 
tort  et  à  travers,  tantôt  des  moulins  de  ses  chanoines,  tantôt  d'une 
coupe  de  forêt  utile  à  la  réfection  desdils  moulins  ;  il  perçoit  les 
revenus  des  églises  vacantes,  il  vend  à  des  indignes  les  charges  de 
marguilliers,  dépouille  peu  à  peu  son  chapitre  de  ses  droits,  pri- 
vilèges, juridictions  et  petits  revenus  canoniques  en  espèces  bien 
trébuchantes  ;  son  clergé  se  plaint  tout  bas  ;  on  l'accuse  de  toutes 
les  simonies  ;  ses  mauvaises  mœurs  s'étalent  au  grand  jour  ;  mais 
c'est  un  trop  haut  seigneur,  qui  semble  inviolable  et  supérieur  à  la 
justice  du  roi,  puisqu'il  est  du  parlement  royal.  Il  faut,  pour 
abaisser  son  insolence  et,  ébranler  sa  fortune,  un  scandale  plus 
éclatant  que  tous  ces  menus  faits  d'ordre  ecclésiastique.  La  déplo- 
rable affaire  de  Jean  ae  Calais  va  permettre  aux  chanoines 
troyens  d'espérer  la  chute  prochaine  de  leur  évêque. 

Ce  Jean  de  Calais,  chanoine  lui-même,  était  receveur  des  reve- 
nus de  Blanche,  reine  douairière  de  Navarre,  en  Champagne.  Il 
mettait  impudemment  les  revenus  dans  sa  propre  tirelire.  11  fut 
arrêté,  confié  à  la  garde  de  son  évêque.  Il  s'évada  et  s'enfuit  à 
Rome  où  il  vécut  bien  à  son  aise.  Mais  Guichard  fut  accusé  à  la 
fois  par  l'archidiacre  de  Vendôme,  Sitnon  Festu,  et  un  Florentin, 
Nolfo  Dei,  agent  d'une  compagnie  de  banquiers  et  de  marchands 
lombards,  d'avoir  ouvert  pour  de  l'argent,  au  chanoine  indélicat, 
la  porte  de  sa  prison.  Jean  de  Calais  avoua,  de  loin,  qu'il  avait 
donné  à  son  évêque  400  florins  d'or  et  des  joyaux,  pour  sa  déli- 
vrance. Les  deux  reines,  la  mère  et  sa  fille.  Blanche  et  Jeanne, 
déclarèrent  Guichard  responsable  des  escroqueries  du  clerc  fugitif 
et  le  firent  chasser  du  conseil  du  roi. 

L'archevêque  de  Sens  dut  ouvrir  une  enquête  contre  son  sufTra- 
gant.  Au  cours  de  la  procédure,  la  reine  de  Navarre  mourut  sou- 
dainement. En  même  temps,  un  curé  du  diocèse  de  Troyes  était 
assassiné,  deux  hommes  mouraient  mystérieusement  dans  les 
cachots  de  Monlier-la-Celle.  On  pensa  que  c'étaient  les  œuvres  de 
Guichard.  La  reine,  disait-on,  avait  été  empoisonnée.   On   surprit 


1 4  4  MÉLANGES 

un  billet  —  M.  Rigault  le  croit  fabriqué  par  les  ennemis  de  Gui- 
chard  —  dans  lequel  l'évêque  de  Troj'cs  invitait  un  apothicaire 
florentin,  Cassiano,  à  une  «  besoigne  secrète  »,  contre  la  femme 
qui  le  «  détruisait  ».  Cette  première  aflaire  traîna  en  une  lon- 
gue intrigue  ténébreuse  ;  Jean  de  Calais,  mourant  à  Viterbe,  et 
ÏSoli'o  Dei  rétractèrent  leurs  accusations  ;  les  poursuites  languirent 
et  furent  abandonnées.  Guichard  s'enferma  en  son  diocèse,  sus- 
pect, dilfamé,  brûlé  d'une  haine  atroce  contre  ses  ennemis,  contre 
la  cour,  le  clergé,  le  monde  entier.  11  se  liait  avec  des  usuriers, 
des  Italiens  louches,  s'occupait  d'alchimie,  se  laissait  tenter  par  la 
sorcellerie.  La  protection  de  Clément  V  lui  permit  de  durer  qua- 
tre ans  encore  (1304-1308),  objet  de  mépris  et  de  terreur,  sur  le 
siège  de  Troyes.  Mais  la  reine  de  France  mourait  tout  d'un  coup, 
à  trente-deux  ans.  La  rumeur  de  l'empoisonnement  courut  de 
nouveau,  puis  on  soupçonna  l'envoûtement. 

On  découvrit  alors,  tapi  dans  l'ombre  de  sa  cathédrale,  l'évêque 
impur,  parmi  ses  spadassins,  ses  juifs,  ses  mignons  et  ses  sorciè- 
res. Au  mois  d'août  1308,  il  tut  arrêté  par  ordre  de  l'archevêque 
de  Sens,  transféré  à  Paris  et  mis  à  la  tour  du  Louvre.  Le  même 
coup  de  filet  avait  pris  une  sorcière,  une  accoucheuse  et  son  lils, 
le  clerc  servant  d'un  ermite  et  le  chambellan  de  l'évêque.  On 
était,  à  cette  heure,  en  plein  scandale  du  procès  des  Templiers,  et 
Philippe  le  Bel  exigeait  du  faible  Clément  V  que  la  procédure  cri- 
minelle s'ouvrit  contre  la  mémoire  de  Boniface  VIIL  Le  pape 
français,  etfaré,  ne  comptant  plus  que  sur  les  lenteurs  ou  le  cou- 
rage d'un  concile  général  pour  sauver  l'honneur  de  l'Eglise, 
accorda,  sans  compter,  au  roi,  tout  ce  qu'il  exigea  contre  l'évê- 
que. Et  l'effroyable  procès  de  Guichard  fut  instruit,  comme  une 
répétition  générale  de  la  tragédie  réservée  à  Boniface.  Le  dossier 
du  pape  simoniaque  parut  servir  contre  Tévêque  sorcier.  Et,  par- 
dessus les  crimes  et  les  impiétés  de  Guichard,  ce  siècle  de  vision- 
naires et  de  démoniaques  accumula  les  sacrilèges  et  les  infamies 
de  la  religion  de  Satan.  Cette  cause  inouïe  méritait  véritablement 
d'être  remise  à  la  lumière  de  l'histoire. 

A  l'origine  de  Tatfaire,  nous  trouvons  la  dénonciation  d'un 
ermite  qui  avait  prêté  sa  cellule  aux  opérations  diaboliques  de 
Guichard.  Celui-ci  avait  reçu,  de  nuit,  l'évêque,  déguisé  en 
paysan,  accompagné  d'une  sorcière.  Guichard  avait  voulu  le  for- 
cer à  verser  du  poison  au  comte  d'Anjou,  frère  du  roi,  au  roi  de 
Navarre,  à  tous  les  lils  de  Philippe  le  Bel.  Le  roi  informa  le  pape, 
«jui  adressa  une  bulle  à  l'archevêque  de  Sens,  aux  évêques 
d'Auxerre  et  d'Orléans,  leur  enjoignant  de  commencer  une 
enquête,  «  sans  bruit  ni  ligure  de  jugement  ».  La  bulle  insistait 
sur  la  mort  de  la  reine  Jeanne  et  les  tentatives  d'empoisonnement 
contre  les  personnes  royales  ;  elle  n  indiquait  que  vaguement  les 
autres  attentats  «  contre  la  majesté  divine  ».  Mais,  dès  le  début 
de  l'instruction,  par  l'incarcération  mênie  de  l'évêque  au  Louvre^ 
le  procès  échappa  à  l'Eglise  et  devint   une  cause  toute  séculière, 


MÉLANGES  145 

menée  par  les  légistes  de  Pliilippe.  Uerrière  ces  légistes  on  aper- 
çoit toujours  riioinme  sans  scrupule,  le  ministre  de  KuUurkcunpf, 
dont  rien  n'inquiète  la  conscience  dès  qu'il  s'agit  des  intérêts  de 
la  couronne,  le  tranquille  et  dur  (uiillaume  de  Nogarel. 

C'est  le  bailli  de  Sens,  (juillaume  de  Hangest,  qui  est  le  prorno- 
leur,  le  ministère  public  du  procès.  Il  propose  aux  commissaires 
ecclésiastiques  vingt-buit  articles  fondés  sur  les  révélations  de  l'er- 
mite, où  l'envoûtement  de  la  reine  occupe  la  place  d'bonneur.  Le 
légiste  raconte  le  maléfice  en  ses  plus  petits  détails  :  consultation 
près  d'un  moine  qui  a  l'art  d'évoquer  les  démons ,  l'évêque  fait 
hommage  au  diable  :  celui-ci  propose  limage  de  cire,  baptisée  au 
nom  de  la  reine  ;  baptême  de  la  poupée,  en  présence  du  moine  et 
deux  sorcières,  dans  la  chapelle  du  bon  ermite  (le  nombre  des 
sorcières  s'était  accru  avec  le  temps)  ;  piqûres  répétées  sur  le 
corps  de  la  reine  de  cire.  «  Finalement,  vo3'ant  que  la  reine  tar- 
dait longuement  à  nnjurir,  il  était  revenu  à  l'ermitage  et,  comme 
il  tenait  la  ligure  près  du  feu,  il  avait  dit,  en  lui  la'isant  les  mem- 
bres :  «  Que  diable  !  elle  vivra  donc  toujours,  cette  femme  !  » 
puis  l'avait  foulée  sous  ses  pieds,  jetée  dans  la  llamme  et  brûlée  ; 
et  la  l'eine  était  morte.   » 

Puis,  venaient  les  faits  relatifs  à  plusieurs  tentatives  d'empoi- 
sonnement contre  les  frères  et  les  fils  du  roi,  la  boile  aux  poisons 
allant  sans  cesse  des  mains  de  l'ermite  à  celles  de  l'évêque  ;  un 
chien  tué  par  le  e  venin  »  épiscopal  ;  un  chevalier  mort  pour 
avoir  mangé  des  prunes  préparées  par  le  prélat.  Les  évoques  com- 
missaires chargés  par  ie  pape  de  poursuivre  Talfaire,  rédigèrent 
un  acte  d'accusation,  développant,  en  les  poussant  au  noir,  les 
allégations  du  bailli. 

«  11  fit  évoquer  le  démon  ;  et  quand  le  démon  parut  devant  lui, 
l'évêque  lui  demanda  comment  il  pourrait  avoir  sa  grâce  de  la 
reine,  ou  sinon  faire  qu'elle  mourût  en  peu  de  temps.  Le  démon, 
après  que  l'évêque  lui  eût  fait  hommage  et  engagé  un  de  ses 
membres,  lui  enjoignit  de  faire  une  image  de  cire,  etc.   » 

Guichard  protesta  et  nia.  11  n'était  allé,  dit-il,  à  l'ermitage 
qu'une  seule  fois,  en  1307,  de  jour,  en  habits  d'évêque,  avec  sa 
suite.  Les  témoins,  interrogés  hors  de  sa  présence,  l'ermite,  la 
sorcière,  l'accoucheuse,  acteurs  principaux  dans  la  scène  d'envoû- 
tement, déposèrent  longuement,  avec  une  abondance  naïve  de 
petits  détails  réalistes  ;  la  sorcière  elle-même  ne  fut  pas  soumise  à 
la  torture  préalable  ;  seul,  Lorin,  le  chambellan,  fut  un  instant 
suspendu  par  les  quatre  membres,  de  façon  à  être  désai  ticulé 
quelque  peu  s'il  ne  parlait  point  :  il  parla.  Le  témoignage  de  l'er- 
mite était  formidable,  car  il  montrait  le  diable  en  personne, 
obéissant  aux  ordres  du  moine  jacobin  Jean  de  Fay. 

Un  jour,  à  l'ermitage,  le  moine  et  Guichard  avaient  ordonné  à 
la  sorcière  de  s'éloigner.  Margueroune  (ainsi   s'appelait   la   dame) 

10 


146  MÉLANGES 

n'alla  pas  si  loin  qu'elle  ne  pût  voir  et  entendre.  Le  jacobin  dit  : 
c  II  faut  que  je  lise  le  gramairc{\(i  grimoire.)  »  Et  il  se  mit  à  lire 
dans  un  livre  qu'il  tenait  à  la  maiu...  Margueronne  vit  tout  d'un 
coup,  d'une  fenêtre  haute  de  la  chambre,  une  forme  comme  un 
moine  noir  qui  descendait,  sans  échelle,  en  volant^  près  de  l'évê- 
que  et  du  jacobin  ;  elle  avait  des  cornes  sur  le  front,  et  la  sorcière 
pensa  que  c'était  le  diable.  Il  dit  au  jacobin  :  «  Que  me  veux-tu, 
toi  (jui  me  fatigues  ainsi  ?  »  Le  jacobin  répondit  :  «  Voici  l'évêque 
qui  te  demande.  »  Le  diable  exige,  pour  le  service  qu'on  attend 
de  lui,  un  des  membres  de  l'évêque,  et  se  retire,  en  battant  des 
ailes,  par  la  même  fenêtre. 

Le  baptême  de  la  poupée  de  cire  est  aussi  une  scène  curieuse, 
que  je  recommande  à  l'attention  de  Jean-Paul  Laurens.  Ils  sont 
tous  assis  par  terre,  dans  la  cuisine  de  l'ermite  :  l'évêque  en 
rochet  de  grosse  toile  blanche,  un  capucbon  de  poils  de  chèvre 
sur  la  tête  ;  frère  Jean  en  tunique  noirâtre  et  rocbet  de  toile; 
e  avec  ces  rochets,  on  les  aurait  pris  pour  des  vachers  ou  des 
cbari'etiers  »  ;  la  sorcière  a  préparé  la  cire  ;  le  jacobin  la  pétrit  en 
forme  de  femme.  Puis  il  lit  dans  son  grimoire,  bénit  de  l'eau 
dans  un  poëlle  d'airain.  Sur  ces  entrefaites,  arrive  l'accoucheuse 
que  Guiot.  le  valet  de  l'ermite,  est  allé  quérir.  Cette  femme  a 
décrit  dans  sa  déposition  les  deux  sacrilèges  :  «  L'un,  grand,  mai- 
gre, avec  un  visage  long  et  roux,  paraissant  quarante  ans,  qui 
tenait  d'une  main  la  figure  de  cire  et  de  l'autre  un  livre  —  c'était 
le  moine  ;  l'autre,  moins  grand  et  plus  gros,  avec  une  figure 
rouge,  grosse  et  grasse,  paraissant  environ  soixante  ans  »  — 
c'était  l'évêque.  Elle  consent  avec  peine  à  être  la  marraine.  Alors, 
le  moine  se  passe  une  étole  au  cou  ;  l'ermite,  Guichard,  l'accou- 
cheuse, la  sorcière  imposent  leurs  mains  sur  la  poupée  diabolique 
et  l'abominable  baptême  est  conféré  au  nom  du  Père,  du  P^ils  et 
du  Saint-Esprit. 

Ici,  le  procès  prend  tout  à  coup  une  tournure  nouvelle.  Ce  n'est 
plus  assez  du  crime  d'envoûtement,  dont  les  preuves  semblent 
palpables.  !1  est  vrai  que  l'on  n'avait  point  sous  la  main  le  moine 
mystérieux  à  Tappel  duquel  Satan  se  révélait.  C'était,  dans  l'ac- 
cusation, une  fêlure  assez  grave.  Trois  pièces  sont  versées  à  l'ins- 
lruction_,  qui  ont  passé  certainement  d'abord  sous  les  yeux  de 
Nogaret,  et  devaient  être  {trêles  depuis  quelque  temps.  Elles 
dénoncent  une  longue  série  de  crimes  auxquels  les  premiers 
enquêteurs  faisaient  déjà  vaguement  allusion  :  Muila  alla  enor- 
mia  et  nefanda,  disaient-ils.  Enormia,  en  efl'et.  Je  les  résume  en 
leur  scélérate  simplicité. 

L'empoisonnement  de  la  reine  de  Navarre  ;  joie  scandaleuse  de 
Guichard  en  recevant  la  nouvelle.  Il  donne  cent  sols  et  une  robe 
au  messager.  Assassinai  d'un  prêtre  qui  refusait  de  baptiser  l'en- 
fant que  l'évêque  avait  eu  d'une  nonne.  Usure  manifeste.  Paga- 
nisme excessif  des  mœurs.  Faux  en  écritures  de  tabellion.  Parju- 
res fréquents.  Incendie  du  prieuré  de  Saint-Ayoul.  Excommunica- 


MÉLANGES  1 47 

tion  des  geôliers  de  Troyes  qui  se  refusaient  à  livrer  la  clef  des 
champs  à  un  tlorcntin  débiteur  du  roi.  I.a  suprême  impiété  : 
"  Quand  il  ohantoit  la  messe,  il  tcnoit  le  cors  de  Nostre  Seigneur 
en  sa  bouche  sans  user  (sans  communier)  et  giloit  jus  »  (il  cra- 
chait l'hostie  à  terre).  Sous  cette  nouvelle  dénonciation  se  trouve 
le  nom  de  l'implacable  ennemi  de  Guichard  :  NoHo  Doi. 

Cependant  l'accusé  avait  constitue  .sa  déft-nse.  Ses  procureurs 
opposèrent  à  l'ensemble  de  la  procédure  des  arguments  juridi- 
ques qui  n'eurent  aucun  eifet.  Le  tribunal  épiscopal,  réduit  aux 
seuls  évoques  d'Orléans  et  d'Auxerrc,  passa  outre  et  déroula  une 
série  d'accusations  bien  étranges.  Le  satanisme  absolu  entrait  en 
scène. 

Depuis  plus  de  soi.xante  ans,  l'évêqne  de  Troyes  se  croyait  le  fils 
de  Jean  Guichard.  Il  se  trompait.  Sa  mère,  qui  s'appelait  Agnès, 
avait  eu  des  faiblesses  pour  un  démon,  un  incube,  un  neton,  de 
son  nom  français.  Ce  mot  de  nelon  vient,  selon  M.  Gaston  Paris, 
du  latin  netumiS^  corruption  de  Neptumis.  On  sait  que  les  diables 
avaient  l'esprit  classique  et  qu'ils  se  couvraient  volontiers  la  face 
du  masque  des  dieux  païens.  Or,  ce  nelon  rôdait  jour  et  nuit, 
surtout  la  nuit,  autour  de  la  timide  Agnès,  c  au  point  que  per- 
sonne ne  pouvait  ni  ne  voulait  rester  dans  la  maison  (rappelez- 
vous  que  cette  maison  passa  en  etïet  pour  hantée  du  démon)  et 
qu'aucune  servante  ne  voulait  la  servir  ».  L'accusation  mentionne 
l'exorcisme  de  l'évêque  Nicolas.  Elle  afiirme  que  Jean,  convaincu 
de  son  malheur,  pardonna  à  sa  femme  qui  était  «  bonne,  pure  (?), 
et  de  sainte  conversation  »,  mais  ne  voulut,  de  sa  vie,  voir  l'en- 
fant, qu'il  eut  toujours  en  horreur.  A  l'école  et  au  couvent,  les 
camarades  appelaient  couramment  Guichard  «  fils  de  neton  ». 

Il  était  donc,  sinon  le  fils,  tout  au  moins  le  neveu  de  Satan.  La 
profanation  de  l'hostie,  au  mystère  même  de  l'autel,  s'expliquait 
naturellement.  Le  Diable  ne  peut  communier.  D'ailleurs,  l'arti- 
cle m  de  ce  dernier  acte  d'accusation  était  une  preuve  irréfraga- 
ble de  satanisme  : 

«  Au  temps  où  il  était  prieur  de  Saint-Ayoul,  se  trouvant  seul 
avec  un  petit  moine,  comme  il  enlevait  son  capuchon  et  le  lui 
remettait,  des  démons  en  foule  sortirent  de  la  capuce  et  de  ses 
cheveux,  sous  forme  de  cendres  :  ce  voyant,  le  petit  moine, 
effrayé  et  comme  hébété,  se  prit  à  pousser  les  hauts  cris  ;  le 
prieur  s'efforça  de  le  réconforter,  en  lui  disant  :  «  Voyons,  tais- 
«  loi,  tais-toi,  n'aie  pas  peur  !  et  ne  va  jamais  dire  à  personne  ce 
«  que  tu  as  vu  !  >  Mais  le  moine  l'alia  dire  tôt  après  à  un  de  ses 
camarades,  maintenant  trésorier  du  prieur  de  Saint-Ayoul.  » 

Voici,  sur  ce  chef,  quelques  lignes  de  la  déposition  résumée  du 
témoin  : 

«  Comme  il  montait  les  degrés  de  sa  chambre  avec  Jacques  de 
Villemaur,  son  clerc,  il  enleva  son  froc,  et  Pierre,  le  petit  moine, 
allait  le  lui  prendre  des   mains,    mais,  en  regardant  la  tête  du 


)48  MÉLANGES 

prieur,  il  vil  tout  aulour  un  cercle  :  c'était  comme  du  feu  de  cen- 
dre tout  ardent  et  cela  ressemblait  à  des  cendres  louges  qui  brû- 
leraient sans  flamme.  »  Guichard  éprouve  alors  le  besoin  de  se 
confesser  ;  il  fait  quérir  son  chapelain  par  le  clerc  Jacques  ;  le 
petit  moine,  tout  bouleversé,  court  au  chapelain  et  lui  raconte 
l'aventure.  L'autre  de  répondre,  sans  étonnement  :  «  Il  y  a  du 
diable  là-dedans,  son  diable  est  en  colère  après  lui  !  » 

Tous  les  autres  crimes  reprochés  à  l'évêque.  qui  semblent  gros- 
sir au  cours  de  la  procédure  par  l'acharnement  et  la  précision 
grandissante  des  témoignages,  les  assassinats,  les  simonies,  les 
faux  en  écritures  notariées,  les  subornations  de  témoins,  les  accu- 
sations mensongères  et  intéressées  pour  hérésie  ou  sorcellerie, 
l'alchimie  criminelle,  la  fausse  monnaie,  l'usure  éhontée  sur  les 
cliampa  de  foire  de  la  Champagne,  les  dettes,  les  relations  avec 
des  juifs,  un  prêtre  bigame  ordonné  par  Guichard,  un  clerc  mort 
en  prison  pour  n'avoir  pu  pa3'er  cent  sous  d'amende  ;  cet  énorme 
dossier,  compilé  savamment  par  les  légistes  de  Nogaret  sur  les 
dépositions  de  plus  de  deux  cents  témoins,  ne  devait  paraître  aux 
hommes  de  cet  âge  violent  qu'un  chapelet  de  peccadilles,  en  com- 
paraison de  la  tache  originelle  et  de  la  perpétuelle  infamie  de  l'ac- 
cusé :  le  satanisme.  Guichard  nia  ou  atténua,  ou  essaya  d'ex- 
pliquer favorablement  tous  les  autres  chefs  d'accusation;  mais, 
troublé  dans  sa  foi,  quand  on  lui  opposa  sa  naissance  démonia- 
que, il  courba  la  tête. 

Le  procès  traîna  cinq  années.  Clément  V,  juge  souverain  en 
cette  cause,  avait  fait  transférer  Guichard  à  Avignon^  dans  les  pri- 
sons de  l'Eglise.  Le  concile  de  Vienne,  qui  donnait  au  pape  une 
singulière  autorité,  était  ouvert  depuis  l'automne  de  1311.0a 
était  en  avril  1313.  Le  Florentin  Noffo  Dei  avait  été  pendu  à  Paris 
et  avait  proclamé,  au  pied  de  la  potence,  que  l'évêque  était 
innocent  dans  l'alfaire  de  Jean  de  Calais.  Brusquement,  rarchevè- 
que  de  Sens  convoqua  Guichard,  prisonnier  du  pape,  à  un  concile 
provincial  et  l'excommunia  pour  ne  s'y  être  point  rendu.  Clé- 
ment V  jugea  le  procédé  un  peu  vif  et  répondit  au  métropolitain 
par  Tordre  de  révoquer  la  sentence,  d'abolir  toute  procédure  et 
renoncer  au  piocès.  L'encre  des  légistes  royaux  avait  coulé  en 
vain.  L'évêque  de  Troyes  était  absous  et  libre,  sous  les  clefs  pon- 
tificales, administrant  de  loin  son  diocèse.  Le  20  avril  1314,  il 
assistait  à  son  lit  de  mort  le  premier  pape  d'Avignon. 

Clément  V,  dans  les  dernières  semaines  de  sa  vie,  avait  transféré 
Guichard  à  l'évèché  de  Uiakovar,  en  Bosnie,  aux  contins  de  la 
chrétienté,  eu  pleine  barbarie.  Il  est  peu  probable  qu'il  y  ait  fait 
acte  de  présence.  Il  mourut  au  commencefnent  de  1317.  On  croit 
qu'il  fut  enterré  dans  son  ancienne  cathédrale  de  Saint-Pierre  de 
Troyes,  côte  à  côte  avec  son  successeur,  qui  n'avait  pas  eu  le 
temps  de  prendre  possession  du  siège  épiscopal. 

La  conclusion  de  ce  grand  procès,  l'acquittement  de  l'accusé  par 


MÊLA  NGES  1  49 

sentence  papale,  est  as?ez  extraordinaire.  Que  (luithard  ait  été  la 
victime  d'une  machination  impitoyable  de  la  part  de  l'Albigeois 
Nogaret,  que  les  accusations  forgées  contre  lui  ressemblent  singu- 
lièrement —  les  plus  graves,  tout  an  moins  —  à  celles  qui  furent 
lancées  contre  Boniface  VIII  et  les  Templiers,  cela  est  évident.  Il 
est  certain  aussi  que  l'évèque  de  ïroyes  eut  pour  lui  l'opinion 
populaire  et  bourgeoise,  même  un  trouvère  clérical  qui,  trente 
ans  plus  tard,  glissa  la  défense  du  malheureux  prélat  dans  une 
version  de  Jienard  le  conlrefail.  Je  laisse,  bien  entendu,  la  filia- 
tion diabolique  et  les  effets  de  la  sorcellerie  et  de  l'envoûtement 
au  compte  des  superstitions  médiévales.  Mais  je  ne  puis  néanmoins 
les  retirer  du  dossier,  au  nom  de  la  raison  moderne.  A  mesure 
qu'il  avançait  dans  cette  histoire,  M.  Rigault  inclinait  de  plus  en 
plus  à  l'innocence  relative  de  Guichard.  Et  cependant  il  a  montré 
que  celui-ci  fut  trop  souvent,  dans  sa  bergerie  troyenne,  un  loup 
dévorant  plutôt  qu'un  bon  jjasteur.  Le  savant  élève  de  l'Ecole  des 
Chartes,  lié  par  la  méthode  rigoureuse  de  l'érudition,  ne  semble 
pas  tenté  de  rechercher  en  dehors  de  ses  documents  positifs  l'ex- 
plication du  mystère.  Qu'il  me  permette  d'user  du  privilège  des 
simples  lettrés,  à  qui  il  est  licite  d'éclairer,  par  l'imagination,  les 
côtés  obscurs  de  l'histoire. 

Je  crois  bien  que  cet  étrange  résultat,  l'absolution  pontificale,  la 
résignation  de  l'Eglise  et  du  roi  s'expliquent  par  l'absence  du  per- 
sonnage qui  eiit  été  à  la  fois  le  ténmin  principal,  le  complice  dia- 
bolique et  le  coaccusé  de  Guichard,  le  jacobin  Jean  de  Fay.  Ce 
moine  était  certes,  plus  que  l'évèque  lui-même,  le  familier  de 
Satan.  C'est  lui  qui  mit  Guichard  en  relation  directe  avec  le  Mau- 
dit, qui  présida  au  sacrilège  baptême  de  la  figure  de  cire 
employée  pour  l'envoûtement  de  la  reine.  Les  témoins  ont  signalé 
sa  perpétuelle  présence  aux  côtés  de  l'évèque.  C'était  son  âme 
damnée,  avec  sa  boite  à  diableries,  où  cohabitaient  une  couleuvre, 
deux  crapauds,  deux  scorpions  et  deux  araignées.  Il  disparait.  Il  a, 
dit-on,  quitté  la  France.  Il  est,  pour  le  moins,  introuvable.  Et, 
cependant,  c'est  lui  la  clef  de  voûte  de  tout  le  procès.  S'il  a  pu 
s'enfuir,  c'est  qu'on  a  bien  voulu  le  laisser  partir.  Mais  il  est  peut- 
être  au  fond  d'un  in-pace  de  son  ordre,  ou  même  dans  l'autre 
monde.  Jacobin,  c'est  le  nom  qu'on  donnait  volontiers  en  France 
aux  prêcheurs,  aux  dominicains.  Or,  l'office  de  l'Inquisition  appar- 
tenait à  la  famille  de  saint  Dominique.  Un  dominicain  démonia- 
que, non,  l'Inquisition  ne  pouvait  souffrir  une  telle  horreur,  un  si 
cruel  outrage.  Et  le  moine,  évanoui  tel  qu'une  fumée  légère, 
sauva  l'évèque.  Emile  Gebhart. 


Napoléon  a  Briknne'.  —  La    littérature    napoléonienne,    déjà 

1 .   La  Jeunesse  de  Xapolèon  ;    Brtenne,    l'École  MilUaire,  garnison  et 
congés,  par  Arthur  Chucjuet,  1   vol.  in-8"    Paris,  Armand  Colin,  189". 


1 50  MÉLANGES 

fort  abondante,  s'est  enrichie,  cette  semaine,  d'un  impoi'lant 
ouvrage,  qu'il  convient  de  placer  dans  nos  hibliotlirques,  au  bon 
coin  et  à  part.  La  Jeunesse  de  Napoléon,  par  M.  Arthur  Chuquet, 
n'est  pas  une  («uvre  de  polémique,  ni  un  monument  d'admiration 
béate,  ni  enfin  un  de  ces  manuels  d'arrivisme.,  que  l'étonnante 
l'urlune  de  l'empereur  a  fait  éclore,  ces  temps-ci,  dans  des  céna- 
cles cyniques  et  naïfs.  L'auteur  de  la  Vie  du  général  Chanzy,  de 
Hoche  et  la  lullc  pour  l'Alsace,  de  la  Trahison  de  Dumouriez 
excelle  dans  la  biographie,  si  l'on  entend  f)ar  ce  mot  (souvent 
réservé  à  de  plates  notices)  la  description  d'une  existence  indivi- 
duelle, e.xactement  située  au  milieu  des  personnes  et  des  choses 
qui  en  ont  déterminé  l'évolution,  modifié  l'allure,  favorisé  ou  gêné 
l'élan.  Vu  de  celte  façon,  le  passé  s'anime  comme  un  drame. 
Ainsi  comprise,  I  histoire  devient  un  roman  réel.  i>es  institutions, 
les  codes,  les  coutumes,  les  traités,  toutes  les  choses  abstraites, 
collectives,  anonymes,  qui  sont  maintenant  (à  tort)  la  partie 
essentielle  de  l'enseignement  historique,  nous  apparaissent  en 
acte,  ei,  pour  ainsi  dire,  en  fonclion  des  individus.  Nous  pouvons 
peser  ce  que  vaut  cet  appareil  en  face  des  volontés  fortes,  et 
mesurer  tout  le  champ  qui  s'ouvre  aux  génies  audacieux,  dès  que 
la  loi  faiblit,  que  la  règle  s'use,  et  que  les  barrières  vermoulues 
chancellent.  La  biographie  détaillée,  la  biographie  minutieuse,  la 
biographie  complète,  qui  dispose  des  arrière-plans  et  ménage  des 
perspectives  autour  d'un  héros,  me  semble  être  encore  la  meil- 
leure méthode  pour  atteindre,  dans  le  domaine  des  sciences  histo- 
riques, quelques  vérités  générales. 

En  évoquant,  une  fois  de  plus,  le  cas  de  Napoléon  Bonaparte, 
M.  Arthur  Chuquet  limite  son  étude  à  vingt  années  d'une  vie  si 
féconde  en  merveilles.  Il  nous  fait  voir  successivement  le  petit  sau- 
vageon de  Corse  dans  son  île  (15  août  1769-15  décembre  1778)  ; 
—  le  boursier  du  collège  militaire  de  Brienne  (mai  1779-14  octo- 
bre 1784)  ;  —  le  «  cadet-gentilhomme  »  de  l'Ecole-Militaire  (22 
octobre  1784-30  octobre  1785)  ;  le  lieutenant  en  second  de  la  com- 
pagnie des  bombardiers  de  la  Gohière,  au  régiment  de  la  Fère- 
artillerie,  stationné  à  Valence  (1783-1788)  ;  le  lieutenant  en  second 
des  bombardiers  de  Coquebert,  au  même  régiment,  stationné  à 
Auxonne  (1788-1789). 

Cette  série  de  tableaux  est,  pour  le  lecteur,  l'occasion  d'aperce- 
voir, en  une  vive  antithèse  dont  l'historien  ne  force  point  les 
traits  et  n'exagère  pas  les  contrastes,  deux  sociétés,  l'une  confinée 
dans  les  bioussaiiles  d'une  île  à  demi-barbare,  l'autre  installée 
sur  le  territoire  d'un  royaume  glorieux  qui  semble  être  l'asile  de 
la  politesse,  du  bon  goût,  des  mœurs  élégantes,  de  la  vie  aisée. 
La  Corse,  pour  les  beaux  esprits  de  Versailles,  est  une  colonie 
aussi  lointaine  que  le  pays  des  Hurons  et  des  Topinambous.  On 
y  vit  pauvrement,  durement.  On  y  baragouine  un  affreux  patois. 
Mais  on  y  garde  une  âpre  fidélité  aux  anciennes  mœurs.  On  y  est 
croyant,  violent,  combatif.  C'est  un  pays   d'énergies  neuves,  qui, 


MÉLANGES  151 

jusqu'à  nouvel  ordre,  ne  trouvent  pas  leur  emploi.  La  France,  an 
contraire,  est  habitée  par  une  aristocratie  riche,  sceptique,  rail- 
leuse. On  y  parle  un  langage  exquis,  très  propre  à  tout  bafouer 
en  badinant  et  à  tout  détruire  sans  avoir  l'air  de  toucher  à  rien. 
On  s'y  moque  très  spirituellement  des  vieilleries,  et  le  €  retour  à  la 
nature  »  n'y  est  qu'un  jeu  d'académie  ou  de  salon.  Bref,  on  y 
savoure,  dans  une  fausse  sécurité,  cette  «  douceur  de  vivre  »,  qui 
est  souvent  le  signe  avant-coureur  des  révolutions.  Survienne  une 
lézarde  dans  la  vieille  bâtisse  continentale  :  le  jeune  gretfon, 
transplanté  de  l'île  sauvage,  poussera  des  branches  dans  tontes  les 
fissures,  enfoncera  dea  racines  entre  les  moellons  disjoints,  et  fleu- 
rira, fructifiera  triomphalement  sur  la  ruine.  La  France  ne  savait 
pas  e.xactement  ce  qu'elle  faisait  lorsqu'elle  s'empara  de  la  Corse. 
Ceci  a  conquis  cela. 

En  1708,  la  Sérénissime  République  de  GAnes,  (jui  devait  quel- 
ques millions  à  la  France  et  qui  ne  pouvait  pas  les  payer,  crut 
s'acquitter  en  nous  cédant  l'île  de  Corse.  Du  même  coup  elle  nous 
a  donné  Napoléon,  qui  naquit  précisérncr;t  l'année  suivanLe. 

Il  restait  beaucoup  à  dire  sur  la  jeunesse  de  Napoléon,  après  la 
compilation  bàtive  et  partiale  de  l'inexact  général  Iiing.  Il  res- 
tait de  l'inédit  à  découvrir,  même  après  les  enquêtes  dévotes  et  les 
trouvailles  précieuses  de  M.  Frédéric  Masson.  Le  nouveau  biogra- 
phe de  Napoléon  a  recherché,  dans  les  archives  de  la  guerre,  tout 
ce  qui  pouvait  se  rapporter  aux  premières  années  de  son  héros. 
Plusieurs  papiers  importants  ou  curieux  lui  ont  été  communiqués 
par  des  personnes  obligeantes.  Muni  d'un  nouvel  instrument  de 
précision,  M.  Arthur  Chuquet  a  pu  analyser  d'une  façon  presque 
infinitésimale  l'enfance  rêveuse  de  Bonaparte  et  les  dures  sai- 
sons pendant  lesquelles  le  futur  empereur  fit  son  noviciat  mili- 
taire. J'aurais  voulu  qu'en  racontant  les  dix  années  de  Corse,  il 
eût  mis,  dans  son  récit,  un  peu  de  réalité  locale,  de  couleur  insu- 
laire. L'empereur  aimait  à  rappeler  dans  ses  entretiens  de  Sainte- 
Hélène,  que  l'odeur  des  cistes  lui  annonçait,  en  mer,  l'approche 
du  maquis  natal.  Il  disait  aussi  que  sa  vigne  héréditaire  de  la 
Sposata  donnait  un  vin  dont  le  bouquet  rafraîchissait  la  bouche. 
Les  couchers  de  soleil  sur  le  golfe  d'Ajaccio  le  ravissaient.  Pour- 
quoi M.  Chuquet  n'a-t-il  pas  imprégné  de  ce  parfum,  de  cette 
saveur  et  de  cette  lumière  les  pages  de  son  livre?  Son  livre,  si 
informé,  si  exact,  si  «  documenté  »,  manque  de  lentisques,  d'ar- 
bousiers, de  myrtes,  de  bruyères  et  de  lauriers-thyms.  Pourquoi, 
eh  indiquant  la  lière  silhouette  de  Paoli,  en  dessinant  le  geste 
noble  de  Charles  Bonaparte,  en  célébrant  la  beauté  de  Letizia 
Ramolino,  a-t-il  résisté  au  désir  d'appuyer  le  crayon  davantage  et 
de  serrer  les  contours  en  affinant  les  nuances?  Je  regrette  qu'il 
ait  négligé  l'occasion  de  fondre  tous  les  renseignements  dont  foi- 
sonne sa  mémoire,  en  une  peinture  plus  vivante,  plus  intime, 
où  apparaîtraient  ces  petits  nobles  d'Ajaccio,  réduits  à  la  simpli- 
cité  par  les   conditions   médiocres  de    leur   fortune,   mais   très 


152  MÉLANGES 

orgueilleux  de  leurs  origines,  jaloux  de  leurs  prérogatives,  hantés 
par  je  ne  sais  quel  rêve  impérieux . . . 

Cette  maison  d'Ajaccio,  dont  la  façade  bourgeoise  se  rehaussait 
d'un  blason  seigneurial,  j'avoue  que  je  la  vois  mal  dans  ce  récit 
dont  la  lucidité  limpide  décolore  un  peu  les  objets.  Ici,  je  suis 
obrigé  d'appeler  à  mon  secours  Mérimée,  Gregovius,  Pan!  Bourde, 
Maupassant,  tous  ceux  qui  ont  respiré  l'arôme  des  cistes,  et  qui 
aident  l'histoire  (quelquefois  sans  y  faire  attention)  en  notant  cer- 
taines «  actualités  »  très  anciennes.  Et  j'associe  volontiers  au 
témoignage  de  ces  voyageurs  mes  propres  souvenirs,  rapportés  de 
plusieurs  séjours  aux  îles  gréco-latines  du  Levant.  La  Corse,  divi- 
sée en  circonscriptions  électorales,  a  nécessairement  changé.  Je 
suis  persuadé  qu'au  temps  où  le  maréchal  de  Vaux  débarqua  sur 
la  grève  de  Porto-Vecchio  au  nom  du  roi  Louis  XV,  la  Corse  res- 
semblait à  Naxos,  à  Santorin,  à  Corfou.  Même  vie  pastorale  fru- 
gale, libre  dans  la  montagne  ;  le  bonnet  des  bergers  du  Monte 
d'Oro,  et  leur  pelone^  manteau  en  poil  de  chèvre,  n'auraient  pas 
été  trop  dépaysés,  là-bas,  sur  les  pentes  du  mont  Koroni,  parmi 
les  vignes  de  Saint-Elie  ou  dans  les  lauriers  roses  du  Pantokrator. 
Même  vie  patriarcale,  économe,  fière  dans  le  logis  familial  dont 
la  porte  s'ouvre  libéralement  à  l'étranger  de  marque,  à  l'hôte 
recommandé,  mais  se  clôt  à  toutes  les  curiosités  indiscrètes. 

Lorsque  j'ai  vu  passer,  à  travers  les  récits  de  M.  Chuquet,  le 
père  de  l'empereur,  ce  Charles  Bonaparte,  gentilhomme  citadin  et 
petit  propriétaire  rural,  iUuslrissimo  signor  e  nobile  del  regno, 
beau  cavalier,  instruit,  éloquent,  poète  à  ses  heures,  rimant  en 
italien  des  gentillesses  voltairiennes,  parlant  le  français  très  cor- 
rectement, plein  d'ambition  et  chargé  de  famille,  magnilique  et 
besogneux,  je  me  suis  dit  :  «  Mais  j'ai  rencontré  quelque  part  cet 
insulaire  !  > 

On  pourrait  le  retrouver,  en  montant  au  premier  étage,  au 
piano  nobile  des  palais  vénitiens  de  Corfou,  en  explorant  l'ancien 
duché  de  Naxos,  en  visitant  les  familles  latines  de  Santorin,  même 
en  poussant  une  pointe  jus(ju'à  Malte.  La  lignée  des  Metaxa, 
des  Capo  d'istria,  des  Notara,  des  Negri  ne  ditîère  pas  beaucoup 
de  la  sienne.  Il  vil  encore,  ou  plutôt  il  végète,  ici  ou  là,  dans 
auelque  coin  de  la  Méditerranée.  Il  s'est  marié  jeune,  selon  la 
coutume  de  son  pays.  Sa  femme  est  d'une  fécondité  accablante. 
Le  mariage  de  ses  filles  et  l'établissement  de  ses  garçons  occupent 
presque  toutes  ses  pensées. 

Charles  Bonaparte  avait  vingt-trois  ans,  lorsque  les  Français 
vinrent  en  Corse,  il  se  prononça  d'abord  pour  l'indépendance 
et  la  neulralilé  de  l'ile.  Quand  il  vit  que  la  lutte  était  inutile, 
Paoli  étant  vaincu  et  banni,  son  bon  sens  naturel  lui  fit  compren- 
dre que  la  Corse  ne  perdait  qu'à  demi  la  partie,  puisqu'elle  était 
délivrée  des  Génois.  Il  se  rallia  sans  arrière-pensée  au  nouveau 
régime.  «  J'ai  été,  disait-il,  bon  patriote  et  paoliste  tant  qu'a  duré 


MÉLANaSS  153 

le  gouvernement  national  ;  mais  ce  gouvernement  n'est  plus,  nous 
sommes  devenus  Français,  evoiva  il  Be  e  suo  governo  !  » 

Notons  d'ailleurs  que  les  Corses  avaient  sollicité,  en  1130,  le 
protectorat  de  la  France.  M.  Chuquet  a  eu  tort  de  ne  point  rappe- 
ler ce  fait.  La  domination  de  la  République  de  (îênes  tut  abomina- 
ble partout.  En  11360,  les  Grecs  de  Chio  préférèrent  les  Turcs  aux 
Génois.  C'est  tout  dire. 

Charles  Bonaparte,  dès  qu'il  eut  fait  sa  soumission,  sut  en  tirer 
beaucoup  d'avantages  et  de  bénéfices.  Docteur  en  droit  de  l'Uni- 
versité de  Pise,  il  n'eut  qu'à  montrer  son  diplôme  pour  être  aussi- 
tôt nommé  assesseur  de  la  juridiction  royale  d'Ajaccio.  Lié  avec 
les  officiers  de  la  garnison  d'Ajaccio,  protégé  par  M.  de  Marbeuf, 
qui  était  lieutenant-général  et  gouverneur  de  la  Corse,  il  s'em- 
pressa de  faire  prouver  ses  quatre  quartiers  de  noblesse  devant 
M.  d'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  afin  d'obtenir  que  son  fils 
iNapoléon  fût  nommé  »  élève  du  roi  »  à  l'Ecole  militaire  de 
Brienne. 

On  a  souvent  conté  le  séjour  du  petit  Bonaparte  dans  cette 
école,  qui  était  un  des  douze  collèges  institués  par  le  ministre 
Saint-Germain  pour  élever  les  fils  des  gentilshommes  pauvres. 
L'humeur  taciturne  du  petit  Corse,  son  isolement  volontaire  dans 
un  coin  de  la  cour  pendant  les  récréations,  ses  longues  retraites 
dans  la  bibliothèque,  tout  cela  rapporté,  commenté,  grossi,  a  servi 
de  thème  à  plusieurs  dissertations  et  de  sujet  à  quelques  tableaux 
de  genre.  On  a  voulu  voir,  dans  cette  attitude  gênée,  inquiète, 
parfois  bourrue,  une  infinité  de  choses.  On  s'est  livré,  sur  ce  sujet, 
à  une  véritable  débauche  d'ethnographie.  Voilà  bien  l'Italien,  le 
voilà  bien  !  L'italien  de  la  Renaissance  !  Le  condottiere  !  Castruc- 
cio-Castracani  !  Braccio  de  Mantoue  !  Malalestade  Rimiai  !  Sforza  ! 
Piccinino  !  Et  toute  la  séquelle  de  tyranneaux  que  Stendhal  a 
exhumés  de  leurs  tombes  et  déchaînés  dans  la  littérature  !  C'est 
beaucoup  de  bruit  pour  rien.  N'est-il  pas  naturel  qu'un  enfant  de 
dix  ans,  subitement  transporté  de  Corse  en  Champagne,  et  pas- 
sant de  la  maison  paternelle  dans  une  geôle  de  jeunesse  captive, 
soit  un  peu  abasourdi  par  cet  exil  et  par  cet  internat?  Quitter  les 
béguines  et  les  jésuites  d'Ajaccio  pour  les  Minimes  de  Brienne  ; 
sentir  autour  de  soi  le  dédain  goguenard  d'une  centaine  de  gamins 
sans  pitié  pour  qui  le  désarroi  du  petit  hobereau  corse  était  une 
occasion  de  taquineries  sans  fin  :  voilà  de  quoi  décider  n'importe 
quel  écolier  à  prendre  le  parti  du  silence  et  à  tomber  dans  la  nos- 
talgie. Et  il  n'y  a  pas  là,  vraiment,  de  quoi  découvrir  l'Italien  de 
la  Renaissance,  le  condottiere,  etc.  Au  reste^  traiter  Bonaparte 
d'  «  étranger  »  parce  qu'il  venait  de  la  Corse  (annexée  en  1769), 
c'est  comme  si  l'on  refusait  la  qualité  de  Français  au  maréchal 
Ney,  parce  qu'il  venait  de  la  Lorraine  (annexée  en  1766). 

Taine,  au  tome  !«'■  de  son  Régime,  moderne,  cite  ce  mot  que 
Napoléon  Bonaparte,  âgé  de  dix  ans,  aurait  dit  à   son  condisciple 


1 14  MÉLANGES 

Bourrieniie  :  »  Je  ferai  à  les  Français  tout  le  mal  que  je  pourrai*  i 
M.  Cluiqiiet  démotilre  que  les  fameux  Mémoires  attribués  à  Bour- 
rieiine  (lequel  d'ailleurs  était  un  triste  sire)  sont  l'œuvre  menson- 
gère d'un  compilateur  inepte  et  qu'il  les  faut  regarder  comme  des 
commérages  de  domestique  renvoyé. 

M.  Chuquet  a  eu  la  patience  de  reconstituer,  avec  des  morceaux 
de  papier  raccordés  ingénieusement,  la  liste  nominative  des  jeu- 
nes nobles  qui  furent  les  camarades  du  futur  empereur  à  l'école 
de  Brienne.  Si  Napoléon  avait  été  le  mauvais  camarade  que  l'on 
nous  dépeint,  il  eût  gardé  rancune  à  ces  jeunes  gens.  Or,  je 
relève,  dans  cette  liste,  les  noms  suivants  : 

Nansouty.  —  Général  de  division  en  1803  ;  colonel  général  des 
dragons  en  4813,  commandant  de  la  cavalerie  de  la  garde  impé- 
riale, premier  écuyer  de  l'empereur,  etc. 

Giidin.  —  Général  de  brigade  (1799).  général  de  division 
(1800),  comte  de  l'Empire  (1808).  Tilê  en  Russie. 

De  Jessainl.  —  Préfet  de  l'Aube,  baron  de  TEmpire.  Son  fils, 
auditeur  au  Conseil  d'État^,  fut  sous-préfet  de  Genève  en  1812. 

lirunetcnu  de  Sainle-Sucanne.  —  Préfet  de  l'Ardècbe  (1806), 
de  la  Sarre  (1810),  baron  de  l'Empire,  avec  une  dotation  sur  l'oc- 
tfoi  du  hhitl. 

Laplanche-Moriières.  —  Adjudant  supérieur  du  palais  des 
Consuls  (1802).  «  Élevé  à  Brienne  avec  Bonaparte,  dit  le  général 
Bigarré  dans  ses  Mémoires,  il  dut  à  ce  souvenir  d'être  appelé  par 
celui-ci  à  Paris,  fit  presque  toutes  les  campagnes  et  mourut  offi- 
cier général.   » 

La  Colombière.  —  Emigré  en  1793,  passe  au  service  de  l'Espa- 
gne. Réintégré  par  Napoléon  dans  les  cadres  de  l'élat-major  fran- 
çais avec  le  titre  d'inspecteur  principal  des  vivres  de  la  Grande 
Armée. 

Le  Lieur  de  Ville-sur-Arce.  —  Démissionnaire.  Réintégré 
comme  officier  d'ordonnance  du  général  Marmonl  (1800).  Envoyé 
à  Cronstadt  comme  sous-commissaire  des  relations  extérieures 
(1802).  Sous-inspecteur  aux  revues  (1809). 

Ckamprnilon.  —  Emigré.  Réintégré  comme  capitaine  (1810)  et 
chef  de  bataillon  (1812). 

Balaihier  de  Bragelonne.  —  Emigré.  Réintégré  comme  capi- 
tâltie  à  l'armée  d'Italie  (l"97j.  Adjoint  aux  adjudants  généraui 
(1798).  .Major  (1798).  Chef  de  bataillon  (1799).  Chef  de  division  au 
ministère  de  la  guerre  (180o;.  Sous-gouverneur  des  pages  (1806). 
Général  de  brigade  (1811). 

Bonnayj.  —  Sous-directeur  de.s  fortifications  à  Thionville  et  à 
Strasbourg,  directeur  à  Metz  et  à  Besançon.  Retraité  en  1810. 

Calvet  de  Madailian.  —  Baron  de  l'Empire  (1813). 

Castres  de  Vaux.  —  Emigré.  Réintégré  en  1802.  Sous-lieute- 
nant ingénieur  géographe  (1803).  Capitaine  (1805).  Chef  dé  batail- 
lon (1809).  Colonel  (1813). 


MÉLANGES  155 

En  résumé,  tous  ceux  qui,  dans  le  désarroi  où  les  avait  jetés  la 
Révolution,  s'adressèrent  à  leur  ancien  camarade  de  Uriennc, 
éprouvèrent  les  bienfaits  d'un  empereur  qui,  apparemment,  avait 
oublié  les  déboires  do  Técolier.  Il  y  eut  de  singulières  destinées, 
parmi  ces  jeunes  nobles,  soudain  dispersés  par  les  ouragans  de  la 
politique.  Tel  cadet  de  bonne  race,  après  avoir  guerroyé  dans  l'ar- 
mée de  Condé,  se  contenta,  sous  la  Restauration,  d'un  costume 
d'officier  de  la  garde  nationale.  Tel  autre  s'éteignit  en  des  hon- 
neurs municipaux.  I>e  brillant  Cominges  iinit  dans  les  contribu- 
tions indirectes.  Le  tranquille  Labretesclie  devint  capitaine  dans 
un  régiment  autrichien.  D'Argeavel  créa,  au  Caire,  le  Tivoli 
égyptien,  avec  balançoires,  musique,  illuminations,  danses  du 
ventre.  On  cite  un  t  Brieunois  »  qui,  lassé  des  agitations  publi- 
ques, devint  administrateur  des  pépinières  impériales  et  se  fil 
connaître  par  un  Mémoire  sur  le  dahlia. . .  Toute  cette  partie  du 
livre  de  M.  Chuquet  est  très  curieuse  et  très  neuve. 

Les  moines  de  Brienne  n'eurent  pas  à  se  repentir  d'avoir  fait 
apprendre  les  Commentaires  de  César  à  Napoléon  Bonaparte.  Le 
père  Patrauld,  professeur  de  mathématiques,  ayant  mal  tourné,  le 
premier  consul  paya  ses  dettes.  Le  père  Berton,  supérieur  de 
Brienne,  devint  économe  à  Saint-Cyr  et  proviseur  du  lycée  de 
Reims.  Un  autre  Beitou,  frère  du  précédent  et  sous-principal 
de  Brienne,  fut,  dans  la  suite,  économe  du  Val-de-Gràce.  Arrêté 
pour  malversation,  il  ne  dut  son  salut  qu'à  l'intervention  de  son 
ancien  élève. . .  Je  n'insiste  pas  sur  ces  faits.  M.  Arthur  Lévy  les  a 
indiqués  dans  son  livre  intitulé  Napoléon  intime  (p.  13). 

Taine  a  reproché  au  boursier  de  Brienne,  devenu  cadet-gen- 
tilhomme à  l'Ecole  militaire,  de  n'avoir  point  servi,  pendant  les 
désordres  de  la  Révolution,  la  cause  du  roi,  de  n'avoir  point 
regardé  celui-ci  «  comme  son  général-né  »,  de  n'avoir  point  «  tiré 
l'épée  pour  lui  ».  Ici  encore,  l'enquête  de  M.  Chuquet  aboutit  à 
des  évidences  qui  contredisent  l'illustre  auteur  des  Origines  de  la 
France  contemporaine.  La  promotion  de  Napoléon  Bonaparte, 
reconstituée  d'après  les  archives  de  la  guerre,  atteste  que  le  petit 
cadet  d'Ajaccio,  lorsqu'il  se  détacha  d'une  royauté  qu'  s'abandon- 
nait elle-même,  ne  lit  que  se  conformer  à  un  mouvement  qui 
emporta  bien  d'autres  fidélités.  «  N'émigrez  pas,  lui  disait,  à 
Valence,  M™^  du  Colombier.  N'émigrez  pas.  On  sait  comment  on 
sort,  on  ne  sait  pas  comment  on  rentre.  —  Oui,  répondait  le  petit 
lieutenant.  Mieux  vaut  devoir  le  bâton  de  maréchal  k  la  Nation 
qu'aux  étrangers.  »  S'il  fut  monstre  en  ceci,  l'histoire  impartiale 
doit  dénoncer  d'autres  monstres,  ses  camarades  : 

Hoisgérard.  —  Chef  de  bataillon  en  1793,  employé  contrôles 
Vendéens,  général  de  brigade  en  1796,  tué  dans  l'expédition  de 
Naples. 

Chrysogone  de  Chabannes.  —  Lieutenant  au  régiment  de 
Navarre  (1788),  simple  soldat  au  72e  d'infanterie  (1792),  brigadier 
au  24«  chasseurs  à  cheval  (1794). 


156  MÉLANGES 

Pierre  de  Champeaux,  —  Capitaine  des  guides  à  l'armée  du 
Rhin  (1792),  chargé  d'apporter  à  la  Convention  les  drapeaux 
conquis  à  Spire,  demandé  par  Bonaparte  \)Oiir  servir  à  l'armée 
d'Italie  (1707),  général  de  brigade  (1800).  Tué  k  Mareugo.  Napo- 
léon se  chargea  de  l'éducation  de  ses  deux  fils  et  nomma  son  oncle 
recteur  de  l'Académie  d'Orléans. 

Rayniond  de  Dalmas.  —  Capitaine-commandant  au  2*  régi- 
ment d'artillerie.  Servit  sous  Dumouriez  en  Hollande  (1792-1793). 

Frévol  de  Lacoste.  —  Capitaine  O~02).  Employé  à  l'armée  des 
Pyrénées-Occidentales.  Mort  de  ses  blessures  à  l'hôpital  d'Hernani 
(1795). 

La  Bruyère.  —  Nommé  adjudant  général  par  Carrier  et  Merlin 
de  Thionville  (1793).  Chef  de  brigade  (1796).  Commandant  du 
département  de  la  Mayenne  (1802).  Tué  au  siège  de  Madrid  (1808), 
après  avoir  reçu,  à  la  guerre,  vingt-cinq  blessures. 

Richard  de  Caslelnau.  —  Capitaine-commandant  au  7»  régi- 
ment d'artillerie  (1792-1793). 

Parmi  les  anciens  e  cadets-gentilshommes  »  des  autres  promo- 
tions, on  retrouve  le  maréchal  Davout,  les  généraux  Desaix,  de 
Tugny,  d'Hautpoul,  etc.  M.  de  Quintin,  M.  de  Lauiiston,  M.  Jul- 
lien  de  Bidon,  M.  Roche  de  Cavillac,  M.  de  Labarrière,  M.  de  Gas- 
sendi, M.  de  Vaugrigneuse,  M.  d'Andigné,  M.  de  Lariboisiére, 
M.  Sorbier,  plusieurs  autres  officiers  nobles  qui  avaient  servi  avec 
Bonaparte  dans  le  corps  royal  de  l'artillerie,  rencontrèrent  leur 
ancien  camarade  dans  les  rangs  des  armées  républicaines. 

Et  ainsi  de  suite.  Tous  ces  exemples  prouvent  qu'un  officier 
français  pouvait,  en  1792,  continuer  de  combattre  dans  l'armée 
française,  sans  être,  pour  cela,  un  condottiere  de  la  Renaissance. 

L'empereur  Napoléon  n'est  pas  encore  tout  à  fait  sorti  des  nua- 
ges de  la  légende.  Nous  l'avons  vu,  jusqu'ici,  sous  deux  formes 
également  illusoires  :  \°  Le  vieux  Napoléon  des  gens  du  peuple, 
«  bon  zigue  »  ou  tyran  abominable,  petit  caporal  ou  €  ogre  de 
Corse  »,  selon  les  besoins  de  la  politique  courante  et  au  gré  des 
bourrasques  de  l'opinion;  2°.  le  récent  Napoléon  des  gens  de  let- 
tres, froidement  ambitieux,  tranquillement  féroce,  un  Julien  Sorel 
botté,  éperonné,  couronné.  A  la  fin  de  ce  siècle,  qu'il  a  rempli  de 
sa  gloire,  qu'il  continue  de  régir  par  ses  institutions,  mais  que  ses 
pâles  imitateurs  ne  peuvent  plus  effrayer,  nous  verrons  peut-être 
le  Napoléon  des  historiens. 

Grâce  à  la  science  lucide  et  au  talent  probe  de  M.  Chuquet,  le 
colosse  déjà  s'humanise,  le  bloc  se  colore,  l'énigme  s'éclaire.  A 
travers  les  brouillards  accumulés  par  l'esprit  d'adulation  et  par  la 
manie  du  dénigrement,  nous  apercevons  enfin  la  réalité,  trop 
flexible  et  multiforme  pour  entrer  dans  l'armature  des  systèmes 
préconçus.  Nous  assistons  aux  momenls  successifs  qui  sont  la  con- 
dition même  de  la  vie.  Nous  apercevons,  au  lieu  du  fantoche  de 
mélodrame  qu'inventa  la  crédulité  populaire,  à  la  place  du  man- 


MÉLANGES  157 

liequin  de  comédie  qu'imagina  le  dilettantisme  des  lettrés,  une 
créature  humaine,  sujette  aux  lois  de  l'existence,  soumise  à  l'action 
du  temps,  accessible  aux  changements  qui  nuancent  la  série  de 
nos  actes.  Dans  ce  récit,  où  s'inscrit  presque  jour  par  jour  la  Jeih- 
nesse  de  Napoléon^  il  est  aisé  de  distinguer  trois  états  d'une 
même  personne. 

C'est  d'abord  le  petit  collégien  de  Brienne,  dépaysé,  eli'arouché, 
taquiné  et  taqinn,  bon  camarade  et  peu  expansif,  bon  élève  sans 
rien  de  brillant,  grand  li-eur  des  Vies  de  Pkitarque,  songeant  à 
ses  parents  qu'il  ne  voit  plus,  pleurant  à  chaudes  larmes  en  réci- 
tant les  vers  de  Delille  sur  VExilé  de  Tahiti.,  parce  que  l'image 
de  ce  Tahitien  lui  fait  faire  un  retour  sur  lui-mcme^  exilé  loin  de 
sa  Corse  natale. . . 

C'est  ensuite  le  t  cadet-gentilhomme  j>  de  l'Ecole  militaire, 
engoncé  dans  son  habit,  gêné  aux  entournures,  jauni  comme  un 
polytechnicien  par  l'abus  des  mathématiques^  attristé,  raidi  par  le 
caporalisme  claustral  de  la  maison,  talonné  par  les  examens, 
privé  de  vacances,  songeant  à  son  père  mort,  à  sa  mère  veuve,  à 
ses  frères  sans  avenir,  honorablement  noté  mais  sans  éclat,  estimé 
de  ses  maîtres,  amicalement  raillé  par  ses  camarades,  à  cause 
de  ses  prétentions  à  la  vertu  et  de  ses  tirades  sentimentales  sur  la 
Corse. 

C'est  enfin  le  lieutenant  Bonaparte,  déniaisé,  déridé,  détendu, 
libre  d'examens,  ivre  de  liberté,  tout  fier  de  porter  l'uniforme  du 
corps  royal  de  l'artillerie,  joyeux  et  sobre,  laborieux  et  mondain, 
canonnier  plein  de  zèle  et  danseur  enclin  aux  innocentes  amou- 
rettes, savourant,  avec  deux  ou  trois  camarades,  ce  qu'il  appelle  la 
divine  amilié,  banquetant  bruyamment  en  l'honneur  de  sainte 
Barbe,  patronne  des  artilleurs  ;  très  ferré  sur  la  théqrie,  sollici- 
tant des  congés  pour  aller  en  Corse,  mais  piochant  dur  dans  sa 
chambre  de  Valence  ou  d'Auxonne,  très  soucieux  d'obéir  à  l'or- 
donnance de  1720,  qui  prescrivait  aux  officiers  «  d'avoir  de  l'am- 
bition, d'étudier  chez  eux,  d'aller^  par  leurs  méditations  et  leur 
applicationy  au  delà  des  instruclions  données,  d'acquérir,  par 
des  progrès  quotidiens,   le  premier  mérite  de  leur  profession.  • 

Jeunesse  pensive,  sérieuse,  exemplaire,  en  somme;  aurore  indé- 
cise et  touchante  d'une  journée  d'orage. 

En  1789,  le  lieutenant  Bonaparte  a  vingt  ans.  Encore  quel- 
ques années,  et  son  historien  sera  obligé  de  nous  montrer  com- 
ment, après  cette  enfance  généreuse,  son  héros  fut  gâté  par  l'exer- 
cice précoce  de  la  toute-puissance,  ég.iré  par  l'ivresse  du  triomphe, 
porté  au  mépris  du  genre  humain  par  les  trahisons  des  politiciens 
et  par  l'expérience  quotidienne  de  leur  servilité. 

Gaston  Deschamps. 


M.  l'abbé  PuisEux.  —  M.    Pélicier,    ancien     président    de    la 
Société  d'agriculture  de  la  Marne,  vient  de  faire  tirer  à  part  le  dis- 


158  MÉLANGE* 

cours  qu'il  a  prononcé  l'année  dernière,  en  séance  publique  de 
cette  Société,  et  qui  doit  paraître  dans  le  prochain  volume  des 
Mémoires. 

Ce  discours  était  consacré  à  M.  l'abbé  Puiseujc,  mort  le  20  mai 
1896,  au  cours  d'un  voyage  en  Terre-Sainte. 

L'éloge  du  saint  prêtre,  qui  était  aussi  un  historien  du  plus  haut 
mérite,  ne  pouvait  être  mieux  confié  qu'au  savant  archiviste  du 
département  de  la  Marne.  Les  amis  de  M.  Puiseux  liront  ou  reli- 
ront avec  intérêt  et  émotion  ces  pages  où  celui  qu'ils  ont  perdu 
est  apprécié  comme  il  aurait  souhaité  de  l'être.  En  quelques  mots, 
M.  Pélicier  caractérise  chacune  des  œuvres  de  son  regretté  collè- 
gue, celles  du  moins  qui  parurent  dans  les  mémoires  de  la  Société 
académique  :  U?i  soldat  de  la  guerre  de  Sept-Ans  ;  M.  de  Prilly  ; 
—  les  Eludes  sur  l'instruction  primaire  dans  le  diocèse  ancien 
de  Ckdlons  avant  I7S9  ;  —  le  Théâtre  au  collège  de  Clidlons  au 
XVII^  siècle,  etc. 

«  Vous  pardonnerez,  dit  M.  Pélicier,  à  un  vieux  classique 
comme  moi  de  vous  recommander  notamment  celte  dernière 
étude;  elle  est  pleine  d'agrément,  de  bon  sens  et  de  ces  réminis- 
cences littéraires  qui  sont  un  régal  pour  tout  esprit  cultivé  », 

Puis,  après  avoir  cité  les  recherches  sur  Notre-Dame  de  l'Épine, 
M.  Pélicier  termine  ainsi  : 

<  ...  De  même  que  l'on  ne  saurait  visiter  les  églises  de  noire 
ville  sans  tenir  un  Grignon  à  la  main,  de  même  ne  pourra-l-on 
faire  désormais  le  pèlerinage  de  l'Épine  saus  avoir  dans  la  pensée 
et  sur  les  lèvres  le  souvenir  de  l'abbé  Puiseux  ». 

M.  Pélicier  a  raison  de  croire  que  ce  souvenir  sera  pieusement 
conservé.  Cette  année  même,  à  la  date  du  funèbre  anniversaire, 
paraissaient  quelques  pages  dont  nous  nous  reprochons  de  n'avoir 
pas  encore  parlé  ;  elles  sont  intitulées  :  A  la  mémoire  de 
M.  fabbé  Puiseux.  Elles  portent  pour  épigraphe  :  c  La  Terre- 
Sainte  m'a  conquis;  je  ne  serai  pas  venu  en  vain,  —  J.  Puiseux 
{Extrait  de  sa  dernière  lettre],  * 

Cet  In  Alemoriam,  précédé  d'un  beau  portrait,  se  compose 
d'une  courte  et  substantielle  notice,  et  d'une  pièce  de  vers  signée 
de  M"«  Zélie  Villin  ;  c'est  un  nom  souvent  applaudi  aux  concours 
poétiques  de  la  Société  académique  de  la  Marne,..  Est-il  besoin 
de  rappeler  y^a/me  d'Arc,  la  Corbeille  de  chiffons  et  surtout  la 
Croix  Rouge  ? 

Poète,  M.  Puiseux  l'était  aussi,  et  il  aurait  apprécié  l'élévation 
de  sentiment,  la  sûreté  d'expression,  avec  lesquelles  l'auteur  s'est 
fait  l'interprète  de  la  pensée  qui  l'avait  conduit  au  tombeau  de 
Jésus-Christ  : 

Prêlre  du  Christ,  il  veut  du  sacerdoce  saint 
Retrouver  le  berceau. 

Après  avoir  décrit  à  grands  traits  ce  pays  «  saint  et  maudit  », 


Qui  reçut  le  Messie  et  lit  la  Passion, 

l'auleur  parle  au  nom  des  amis  que  le  voyageur  avait  laissés  der- 
rière lui  et  qui  suivaient  les  étapes  de  son  voyage  : 

Nous,  les  humbles  croyants,  qui  regardons  d'en  bas 
Ces  chercheurs  du  divin,  sur  ces  sublimes  plages 
Hessaisissaut  uu  trait  du  ciel  à  tous  les  pas, 
Nous  les  suivons  du  doigt  sur  de  pâles  images. 


Oh  !   lorsqu'il  reviendra,  portant  à  ses  souliers 
Les  restes  vénérés  de  ces  poussières  saintes  ; 
Et  sous  son  front  gardant,  pieusement  plies. 
Ses  souvenirs  avec  leurs  parhims  et  leurs  leiules, 
Que  de  récils  émus  sûrs  de  nous  émouvoir  1 

Hélas  !  il  ne  devait  pas  revenir  : 

Il  est  mort  I  11  est  mort  là-bas  ! 

Mais  si  cette  mort  fut  cruelle  par  sa  soudaineté,  quel  reconfort 
pour  le  croyant,  pour  le  prêtre  à  ses  derniers  moments,  dans 
cette  pensée  qu'il  mourait  à  quelques  pas  du  tombeau  du  Sau- 
veur !  Et,  pour  ceux  qu'il  avait  quittés,  quelle  grande  et  chré- 
tienne consolation  au  milieu  du  deuil  qui  les  frappait.  C'est  encore 
ce  qu'exprimait  si  bien  notre  poète  : 

Ne  le  cherchons  plus  dans  la  mort... 

De  son  entrée  eu  Terre-Sainte, 

Celte  lettre  tardive,  empreinte 

D'un  tel  bonheur  :  a  J'arrive  au  port  !. ..   » 

N'est-ce  pas,  franchissant  la  nue. 

Un  écho  de  la  bienvenue 

Rencontrée  au  céleste  bord? 

Aux  œuvres  précédentes  se  rattache,  par  le  souvenir  de  l'abbé 
Puiseux,  le  beau  livre  que  M.  l'abbé  Janel  vient  de  faire  paraître 
sous  ce  titre  :  Les  Saints- Lieux  —  ConslanlinopLe  —  Athènes  — 
Notes  d'un  peler' in. 

Au  moment  où  il  venait  d'uborder  à  la  côte  de  Galilée,  l'auteur 
écrivait  :  c  II  se  pourrait  que  nous  fassions  en  Terre-Sainte  œuvre 
de  Français  autant  que  de  pèlerins.  » 

En  effet,  si  l'émotion  du  chrétien  est  profonde,  de  pouvoir  se 
dire,  comme  l'abbé  Janel  :  «  Uuel  bonheur  !  nous  voici  donc  dans 
la  maison  du  Seigneur!  *,  l'étnction  du  Français  est  presque 
aussi  intense  de  retrouver  à  chaque  pas  les  traces  de  notre 
ancienne  puissance,  les  souvenirs  des  Croisades  et  ceux  de  Bona- 
parte, souvenirs  qui  prolongent  et  maintiennent,  malgré  bien  des 
fautes  commises  et  malgré  de  déplorables  abandons,  le  renom  et 
le  prestige  de  la  France. 

Le  livre  de  M.  Janel  sera  sans  doute  l'objet  de  l'étude  spéciale 
qu'il  mérite.  De  Jérusalem  à  Constantinople   et  Athènes,  l'itiné- 


\  60  MÉLANGES 

raire  qu'il  a  suivi  traverse  ces  régions  où  se  livre  le  séculaire  com- 
bat de  l'Islam  et  de  la  civilisation  chrétienne.  L'auteur  y  indique 
nettement  les  inlhiences  hostiles  à  notre  pays,  et  le  lecteur  fran- 
çais pourra  y  puiser  plus  d'un  enseignement,  et,  ce  qui  vaut 
mieux  encore,  y  perdre  quelques-unes  de  ces  dangereuses  illusions 
dont  l'ignorance  ou  le  parti-pris  aiment  trop  à  se  bercer. 

Mais,  nous  le  répétons,  le  présent  article  est  consacré  surtout  à 
la  mémoire  de  M.  l'abbé  Puiseux,  et  nous  avons  voulu  relire  des 
pages  touchantes,  celles  où  l'auteur  nous  redit  les  heures  cruelles 
de  la  séparation  et  l'adieu  suprême  à  son  compagnon  de  voyage  : 

«  Quand  je  me  vis  seul  derrière  cette  bière,  parmi  tous  ces 
«  étrangers,  la  douleur  fut  la  plus  forte.  Si  loin  de  tous  ceux  que 
«  iM.  Puiseux  avait  connus,  de  tous  ceux  qu'il  avait  aimés,  de  tous 
«  ceux  qui,  en  ce  moment  même,  attendaient  qu'on  les  rassurât 
«  sur  sa  santé,  c'était  à  moi  seul  de  porter  tous  ces  deuils,  ceux  de 
«  ses  frères  dans  le  sacerdoce,  ceux  du  diocèse  dont  il  était  l'hon- 
e  neur,  ceux  de  ses  enfants  aimés,  et  tous  les  deuils  secrets,  sou- 
«  vent  les  plus  cruels;  alors  je  mépris  à  sangloter.   » 

Les  amis  de  M.  Puiseux  sauront  gré  à  M.  l'abbé  Janel  d'avoir  su, 
loin  du  pays  natal,  si  dignement  représenter  et  exprimer  la  dou- 
leur de  ceux  dont  la  sollicitude  inquiète,  la  prièie  et  les  vœux 
accompagnaient  les  deux  pèlerins. 


L' Imprimeur- (Jéranl, 

LÉON    FRÉMONT. 


LES   HENNEQUIN 


La  Maison  des  Houueciuiii  esl.  aiubi  (]ue  l'iudiquc  ubaez  sua 
Dom.  originaire  des  Flandres.  La  signiticaliou  de  ce  nom  e^l 
Jean  ou  Pelitjean. 

Li'S  plus  anciennes  généalogies  fonl  burlir  de  Gand  Uudiiiol 
Hennequin.  l'anobli,  premier  du  nom,  et  le  disent  ills  d'un  des 
révollés  de  Gand,  lieutenant  d'Arlewelde,  chargé  d'aller  défier 
le  roi  le  11  novembre  pour  la  bataille  de  Rosebecque.  Une 
autre  généalogie,  qui  s'explique  plus  amplement,  annonce  que 
ledit  Oudinot  Hennequin  était  tils  de  Nicolas  Hennequin, 
Flamand  de  nation,  chef  en  l'armée  que  les  Flamands  rebel- 
les à  leur  comte,  levèrent  contre  le  roi  Philippe  de  "Valois  au 
mont  de  Cassel,  oia  fut  donnée  la  bataille  en  août  1328,  et  où 
ledit  Nicolas  Hennequin  fut  tué. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  origines,  le  nom  de  llenuequii;  est 
fort  ancien  en  Flandre  ;  le  Carpentier,  les  Sceaux  des  Flan- 
dres et  autres  ouvrages  y  citent  des  Hennequin  dès  la  plus 
haute  antiquité. 

On  trouve  un  Piei're  Hennequin.  bourgeois  de  Troyes,  qui 
donne  une  verrière  à  l'église  de  Troyes  en  1317,  etHenuequui 
le  Flamand,  peintre  à  Troyes  en  1381.  Tous  deux  doivent  èlre 
des  proches  d'Oudinot  Hennequin,  l'anobli,  premier  du  nom 
de  la  longue  généalogie  qui  suit. 

Les  armoiries  de  la  maison  Hennequin  sont  :  Vairé  d'or  eu 
(l'azur,  au  chef  de  gueules  chargé  d'un  lio7ipassant  d'argent. 

Les  devises  qui  accompagnaient  ces  armoii'ies  furent  nom- 
breuses et  variées.  Celle  de  la  branche  de  Villermout,  seule 
subsistante,  est  :  Spes  mea  Deus. 

Nota.  —  Les  Hennequin  étant  de  noblesse  indiscutable, 
on  a  cru  pouvoir  omettre  les  qualifications  d'écuyer  et  de  che- 
valier, qui  furent  portées  par  touo  les  membres  de  cette  famille. 


Tige  commune  et  branche  aînée. 

I .   Oudinot  Hennequin,  qualifié  seigneur  de  Màchy-lc^- 
Saint-Phal,  et  ayant  acquis  aussi  les  aeigneuries  de  Lantages 

11 


162  LES    HENiNEQUIN 

el  Malbaux,  bourgeois  de  Troues,  anobli  le 27  juillel  13;jy  pour 
services  rendus   au   roi,  notamment  en  Test  de  Breteuil  et 
ailleurs.  Il  mourut  vers  lot38,  et  fut  inhumé  en  roplise  Saint- 
Bernard  de  Troyes.  Il  fut  père  de  : 
1.   Ûudinol,  qui  suit. 

'J.   Pierre  Heiinequin.  qui  fui  prévôt  de  Troyes  de  loi)! 
à  1 408.  Marié  à  Jehanuette  de  Hetz  (alias  de  Haisy). 
il  en  eut  : 
o.    Oudard  ILunequiii,  bailli  de  Gié  en  1426,  père  de  : 
4.   Jean   Henuequin.    maître    des    eaux-el- forêts   à 
Bar-sur-Seine. 
3 .   (  Juillemette  Hennequiu,  mariée  à  Jean  Ancelol  (alias 
liouzelot;,  seigneur  de  Dosches  el  Moutgueux. 
D'autres  généalogistes  font  celle  Guillemei.le  liUe 
de  Oudinot  l'anobli. 

2.  Uudinol  Ilenuequiu,  seigneur  de  Màchy,  Lanlages  el 
Matbaux,  avocat  du  roi  à  Troyes.  Il  fut  père  de  : 

3.  Jean,  qui  suit. 

o.   Oudinol  Hennequiu,  mort  sans  enfauls. 

3.  Jean  Hennequiu,  seigneur  de  Lanlages  et  Màchy,  avo- 
cat du  roi  à  Troyes  eu  1380  et  1385.  C'est  sans  doute  lui  qui 
est  qualibé  licencié  ès-lois  et  conseiller  de  ville  à  Troyes  en 
1  i26.  Marié  à  Marie  de  Gastellux,  il  en  eut  : 

4,  Oudart,  qui  suit. 

i .  Oudinol  Hennequiu,  lige  dune  branche  qui  suivra  el 
qui  mit  eu  chef  de  ses  armoiries,  au  lieu  du  lion 
passayit,  trois  aiglettes  d'argent. 

4.  Oudard  Hennequiu,  conseiller  et  avocat  du  roi  à  Troyes, 
seigneur  de  Màchy  et  Lantages,  conseiller  de  ville  à  Troyes  en 
1420,  marié  à  Guilleraelle  de  Mergey  (^Z2«5  de  Mergery)  ;  il  eu 
eut  : 

'.}.   Simon,  qui  suit. 

0.  Jean  Hennequiu,  qui  a  forme  la  branche  de  Lanlages, 
laquelle  suivra. 

0.  Jeanne  [alias  Mahaui)  Hennequiu,  mariée  par  contrat 
du  4  .septembre  1428,  passé  jar  devant  Jean  Mergey 
el  Jean  de  Mesgiigny,  notaires  à  Troj'es,  à  Antoine 
Guerry,  dit  des  Essarts,  prévôt  de  Troyts. 

i>.  Perronnc  Hennequiu,  mariée  en  1418  à  Jacquinol  Phi- 
lippe, .'^eigneur  de  Landrevilie  [alias  Phelippe). 
D'après  d'autres  généalogistes,  cette  Perronnc  Hen- 


LES   EtENNEQUIN  168 

uequiu    u'exisleraiL   pas   el   aurait   été   coulbnduc 
avec  une  Perroune  de  la  Garmoise,  sœur  de  Gillette 
et  de  Guillemelle  de  la  Garmoise,  fille  de  Pierre  de 
la  Garmoise,  seigueur  de  Saiul-Mesmio.  et  épouse 
de  Jacquinol  Phelippe  ou  Philippe. 
5.   Simou  Hennequin,  seigneur  de  Màchy,  Savières,  Blives, 
conseiller  de  ville  à  Troyes  eu   1458.   Il  fut  confirmé  dans  sa 
noblesse  par  arrêt  de  la  Cour  des  Aides  du  17  janvier  148-i,  Il 
épousa  Gilelte  de  la  Garmoise,  liUe  de  Pierre  de  la  Garmoise, 
seigneur  de  Saint-Mesmin,   et  de  Jeanne  Jacques.    Lesdils 
époux  de  la  Garmoise  Cureut  inhumés  sous  une  grande  tombe 
lamée   de   cuivre   devant  le   maitr-i-autel  de  Saint-Jean    de 
Troyes.  De  ce  mariage  vinrent  : 
t».    Pierre,  qui  suit. 

G.  Oudart  Hennequin,  doyen  de  Samt-Urbaiu  de  Troyes. 
En  1497,  il  lègue  de  grands  biens  à  cette  église. 
Michelet  Henne(]uin,  son  frère  et  exécuteur  testa- 
mentaire, donna  ausj-i  beaucoup  à  cette  église, 
notamment  en  1L06.  En  1493,  ledit  Ûudart  est  qua- 
lifié curé  de  Bouilly  et  Piney,  doyen  de  Saint- 
Etienne. 
G,   Jean,  qui  suivra. 

G .   Simon  Hennequin,  chanoine  de  Saint-Germain-l'Auxer- 
rois,  conseiller-clerc  au  Parlement  de  Paris  en  1  483, 
testa  le  1 1  mars  1  i9o.  mourut  le  "28  septembre  1494, 
et  fut  inhumé  à  Saint-Germain-l'Auxerrois. 
G.   Guillaume  Hennequin,  seigneur  de  la  Chapelle,  con- 
seiller-clerc au  Parlement  en   1475,   couseiller-lay 
en   1482,  marié    à  Marguerite  Avyn,  fille  de  Jean 
Avyo,  conseiller  au  Parlement,  et  de  Guillemelle  de 
Vie  ;  il  fut  inhumé  à  l'église  Saint- Paul  de  Paris.  Il 
eut  pour  enfants  : 
7.   Jean  Hennequin,  seigneur  de  la  Chapelle,  du  Ples- 
sis-Bouillancy,    Villers-sur-Orge,   la   Bapée,   la 
Grange-aux-Merciers,   etc.,  conseiller  au  Parle- 
ment, mort  sans  hoirs  le   17  juillet  1548,  inhumé 
eu   la   chapelle   Sainl-Amable  qu'il    a    fondée    à 
l'église  Saint-Paul  de  Paris,   à  la  nomination  de 
l'aîné  de  sa  famille. 
7.    Martin    Hennequin,    trésorier    de    l'église    Saiut- 
Etienne  de  Troyes  en   1510,  abbé  de  la  Trappe, 
conseiller-clerc  au  Parlement  de  Rouen,  mort  le 
G  janvier  1547. 


it)4  LES    UENNÉQUlN 

7.  Gilolle  Heuuequiu,  mariée  à  Jeau  du  Buib,  lieulo- 

nanl-général  à  Noyou. 
7.  Jeanne  llennequiu,  religieuse  aux  Filles-Dieu  de 
Paris. 
0.  François,  qui  suivra. 
G.   Michel,  qui  suivra. 
6.   Pierre  Hennequiu,  seigneur  de  Màchy,  Malhaux,  Saviè- 
res,  Blives,  Brevonnelle,  Saint-Ulin,  laCour-Saint-Phal,  elc, 
avocal  au  Parlement,  conseiller  du  roi  en  la  Chambre  du  Tré- 
sor en  1482,  écheviu  de  Paris  en  1529,  mort  en  1332.  D'après 
Y  Histoire  de  la  Chancellerie ,  Pierre  Hennequin,  conseiller  du 
roi  eu  la  Chambre  du  Trésor,  fui  conseiller  el  secrétaire  du 
roi,    maison,  couronne  de  France  el  de  ses  finances  en   l;'>b6. 
el  résigna  en  lo57.    Il   y  a   une   erreur  de  dates  dans   cel 
ouvrage,  ou  bien  il  s'agit  alors  d'un  aulre  Pierre  Hennequin 
qui  aurait  été  aussi  conseiller  en  la  Chambre  du  Trésor.  Il 
épousa  Marguerite  de  Marie,  fille  d'Arnauld  de  Marie,  prési- 
dent à  mortior  au  Parlement,  petite-fille  d'Henri  de  Marie, 
chancelier  de  France,  puis  en  secondes  noces  Marguerite  Cor- 
delier.  H  eut  du  premier  lit  : 
7  .   Pierre,  qui  suit. 

7  .   Nicolas  Hennequiu,  doyen  de  Saint-Urbain  de  Troye», 
archidiacre  de   Troyes,  mort  en    loi 8  (1548  ?j  et 
inhumé  à  Saint-Urbain. 
7 .   Martine  Hennequin,  mariée  à  Dreux    Raguier,    sei- 
gneur de  Thionville,  Rumilly- sur-Seine,  baron  de 
Pou&sey,  grand-maître  des  Eaux-et-Forèls  de  Cham- 
pagne et  Brie,  prévôt  des  marchands  de  Paris  en 
1506. 
7.   Anne   Hennequin,   dame    de    Saint-Utin,    mariée    à 
Jacques  Pétremol,  seigneur  de  Viaspres  et  Sainl- 
Utin,  greffier  de  l'Echiquier  d'Aleuron. 
7.  Ijuiilcmeltc  Hennequin,  mariée  à  François  Damours, 
seigneur  de  Sainl-Serain  en  Anjou,  puis  à  Artus 
Gidoine,  seigneur  de  Portai. en  Beauce. 
El  du  deuxième  lit  : 

7.   Simon  Hennequin,  religieux  cordelier. 

7.   Pierre  Hennequin,  seigneur  de  Mathaux,  Brevonnelle, 

Savières  et  Blives  ;  procureur  du  roi  en  la  Cour  des  Monnaies, 

mort  ie  10  septembre  1553  et  inhumé  en  l'église  Saint-Paul  de 

Paris  dans  sa  chapelle  de  Sainl-Amable.  Il  épousa  Marguerite 


LES    FIENNK(,)r  IN  Hl'l 

Lolin,  fille  de  Uobert  Loliu,  seigiieur  de   Vaires  el  conseiller 
au  Parlemenl,  et  de  Marie  Aguenin  le  Duc.  Il  en  eut  : 
8.   Louis,  qui  suit. 

8.  Nicolas  Hennequin,  seigneur  de  Blives,  chanoine  de 
Saint-Pierre  de  Troyes,  grand-vicaire  de  l'évèque  de 
Troyes  en  1577  et  1581,  après  avoir  été  vicaire- 
général  du  chapitre  en  1562-1563,  doj'en  de  Saint- 
Urbain  de  Troyes  dès  15fi0;  était  né  en  1512,  il 
mourut  en  1590  et  fut  inhumé  à  Saint-Urbain  avec 
son  oncle  Xicolas. 
S.  Jean  Hennequin,  seigneur  de  Brevonnelle,  auditeur 
des  Comptes,  né  le  22  juin  1526,  mort  en  1597, 
inhumé  en  la  chapelle  Saint-Amable  de  l'église 
Saint-Paul.  Il  épousa  en  1555  Nicole  Coiffarl,  fille 
de  Nicolas  Coiffarl,  seigneur  de  Saint-Benoît  el  Ver- 
moiso,  el  de  Guillemelte  Pinette,  laquelle  mourut 
le  2  juin  1567  et  fut  iuhumée  en  la  chapelle  Sainl- 
Amable  de  Saint -Paul  ;  puis  en  secondes  noces 
Marie  AUigret,  fille dOlivierAlligret,  avocat-général 
au  Parlemenl,  seigneur  de  Charenlonneau  et  CHchy- 
la-Garenne,  et  de  (Uaire  Legendre.  Il  eut  du  premier 
lit  : 
9.  Jacques  Hennequin,  baptisé  le  28  décembre  i56o, 

mort  sans  enfants. 
9 .   Cabriel  Hennequin,  seigneur  de  Brevonnelle,  né  le 

10  oclobre  1565,  mort  en  1586. 
9.  Marie  Hennequin,  née  le  o  mars  1559,  mariée  le 
14  février  1575  à  Pierre  d'Argillières,  seigneur 
de  Moulceaux,  conseiller  du  roi,  général  eu  la 
Cour  des  Monnaies,  mort  le  lô  Janvier  1612.  Elle 
mourut  le  6  août  1616  et  fut  inhumée  au  Temple 
à  Paris. 
Du  deuxième  lit  : 

9.   Anne  Hennequin,  née  le  4  janvier  1571  ;  mariée  le 
22  juin  1587  à  Pioberl  le  Clerc,  seigneur  d'Arme- 
nonviUe,  elle  mourut  en  1636.  Son  mari  se  disait 
issu  du  chancelier  le  Clerc  et  en  portait  les  armes. 
8.   Marie  Hennequin,  mariée  le  5  septembre  1524  à  Ger- 
main  le  Sueur,    avocat   du  roi  aux  Requêtes  de 
l'hôtel,  puis  à  Almeric  Trouillard,  avocat  au  Parle- 
ment, seigneur  de  Gouldres  au  Maine. 
8.   Marguerite   Hennequin.  mariée  en  1  536  à  Jacques  le 


]ù{\  LKS    HENNEQt'IN 

Faure,  seigueur  de  Morsan,  vicomte  de  Seus,  avocat 
au  Parlement,  maître  des  requêtes  de  l'hôtel  de  la 
reine-mère;  elle  mourut  le  21  décembre  11)73. 

8,  Aune  Ilenuequin.  religieuse  à  l'abbaye  de  Lougcbamp. 

près  Paris. 

8.  Louis  Ilennequiu,  seigneur  de  Mathaux,  Clicby-la- 
Garenue.  etc..  conseiller  du  roi  et  procureur-général  en  la 
Cour  des  Monnaies,  né  en  H'09  ;  il  mourut  en  1371.  Marié  à 
Anne  Alligret,  sœur  de  Marie,  femme  de  ?on  frère  Jean, 
morte  eu  lo78,  il  eu  eut  ; 

\) .  Pierre,  qui  suit. 

0.    Louis  Henuequiii,  seigneur  de  Clichy-la-Garenne,  né 
le  12  juin  1558,  mort  sans  hoirs  en  lo85. 

9.  Marie  Hennequiu,  née  le  3  mai  louO,  morte  enfant. 

9.  Marguerite  Hennequin,  née  le   13  avril    1054,  morle 

enfant. 

9.  Pierre  Hennequin.  seigneur  de  Mathaux.  ué  le  7  juin 
1543,  conseiller  de  ville  à  Paris  en  1584.  11  est  dit  suivant 
les  armes  et  tué  en  1589  lors  de  l'attaque  des  faubourgs  de 
Troyes  par  M.  de  Mayenne  ;  son  corps  fui  porté  dans  une  mai- 
son qui  fut  incendiée,  on  ne  le  retrouva  pas.  Il  avait  épousé  en 
1579,  par  centrât  du  23  juin.  Aune  du  Breuil,  ilUe  d'Alexau- 
dre  du  Breuil,  seigneur  de  Montault  en  Bourgogne,  chevalier 
de  l'Ordre  du  Roi,  gouverneur  de  Rue  en  Picardie,  et  de 
Françoise  de  Fouquerolles.  R  en  eut  : 

10.  Alexandre,  qui  suit, 

10.  Judith  Hennequin,  née  en  1386,  mariée  à  Robert  de 

Joyeuse,  baron  de  Verpel. 
10.   Marie  Hennequin,    aînée  de  la  précédente,   née  en 

1585,  mais  morte  enfant. 

10.  Alexandre  Hennequin,  seigneur  de  Montault  près 
Noyers  en  Bourgogne,  Mathaux,  Clichy-la-Gareune,  etc.,  né 
le  12  juillet  1583.  marié  à  Marie  Richer.  fille  du  seigneur  do 
la  Lobinière,  au  Maine.  1\  en  eut  : 

1 1 .  Michel  Hennequiu,  seigneur  de  Montault,  marié  à 
Marie  le  Roy,  mort  avant  le  1(1  septembre  1676.  R  eut  d'elle  : 

12.  Dreux  Hennequin,  né  le  27  mai  IGil.  En  1660,  il 
est  lieutenant  des  toiles,  tentes  et  pavillon,  du  roi 
pour  la  chasse  au  sanglier,  sous  la  charge  du  mar- 
quis d'Ecquevilly,  son  cousin.  R  est  possible  qu'il 
ait  eu  postérité,  car  un  généalogiste  dit  qu'un 
Dreux    Hennequin    est   encore    pourvu    do   celle 


LES    HKNNEQUIN  167 

charge  de  lieulenauL  du  vautrail  eu  17'2(.i.  Mais 
c'est  peut-être  une  erreur  de  date,  et  c'est  proba- 
blement noire  Dreux,  uc  en  1641,  qu'a  visé  le 
généalogiste.  Il  est  plus  probable  qu'il  est  mort 
sans  poslérilé  masculine. 
12.   Gabrielle  Ilennequin,  religieuse. 

Branche  de  Croissy. 

6.  Jean  liennequiu,  brisa  ses  armoiries  d'u7ie  tête  de  cerf 
placée  au  premier  canton,  el  ses  descendants  les  portèrent  de 
même  ;  il  fut  seigneur  d'Epagne,  Saint- Liénard,  les  Granges. 
Elu  à  ïroyes  eu  1480.  En  1 199  et  1300,  un  Jean  Hennequin. 
laiué,  est  dit  receveur  du  grenier  à  sel  de  Troyes  ;  ce  doit  être 
notre  personnage.  Marié  à  Catherine  Léguisé,  il  en  eut  : 

T  .  Jean,  qui  suit. 

7.   Nicolas,  dont  la  branche  suivra. 

7.   Christophe,  dont  la  branche  suivra  celle  de  ses  l'rères 

aînés. 
7  .   Claude  Hennequin,  bourgeois  de  Paris,  marié  àGillelle 
Croquet,  dont  : 
8.   Catherine   Hennequin,  mariée  à  Germain   Parent, 
puis  en  1549  à  Léonard  Goulas,  avocat  au  Parle- 
ment. 
8.   Jeanne  Hennequin,  mariée  à  Laurent  Leschassier, 

bourgeois  de  Paris. 
8.   Madeleine  Hennequin,  mariée  à  Guillaume  Larcher, 
bourgeois  de  Paris.  Ces  deux  époux  ont  donné  à 
la  cathédrale  de  Troyes  une  verrière  où  ils  sont 
représentés  agenouillés  sur  des  prie-Dieu  à  leurs 
armes. 
7.   Jeanne  Hennequin,  mariée  à  Guillaume  Brinon,  sei- 
gneur de  Villaiiies  et  Guieucourt,  avocat  au  Parle- 
ment. Ils  furent  inhumés  tous  deux  à  Saint-Séve- 
riu,  à  Paris. 
7.   Barbe  Hennequin,  mariée  à  Claude  Mole,  seigneur  de 

Villy-le-Maréchal. 
7  .   Gilelte  Hennequin,  mariée  à  Jean  de  Malleville,  bour- 
geois de  Paris. 

7.  Jean  Hennequin,  seigneur  de  Croissy,  Saint- Liénard. 
Epagne,  les  Granges,  etc.,  conseiller  de  ville  à  Paris  en  1577, 
raorl  le  17  mars   1593.  comme  il  se  voyait  par  son  épitaphe 


\i'>^  LES    IIENNEQUIN 

dans  une  chapelle  derrière  le  chœur  à  Saiul-Jeaû-en-Grève, 
où  était  sa  statue  à  genoux,  sur  un  pilier,  avec  ses  aroies. 
Marié  à  Claude  de  Malleville,  il  eu  eut  : 

8.   Claude,  qui  suit. 

S.  Nicole  Hennequin,  mariée  le  12  juillet  1518  à  Jean 
Bourdel,  secrétaire  du  roi  de  la  graude  chancellerie. 

8.  Catherine  Hennequin,  mariée  par  contrat  du  8  juin 

1  o23  à  XicolrtS  le  Vallois.  seigneur  d'Ecoville,  vicomte 
de  Caen. 

8.  Claude  Hennequin,  seigneur  de  Croissy,  les  Granges, 
etc.,  conseiller  et  général  en  la  Cour  des  Monnaies,  mort  le 
It  janvier  1^''73,  avant  son  père,  et  inhumé  avec  lui  en  la  même 
chapelle  de  Saint-Jeau-de-Grève.  Il  épousa  Germaine  le  Sueur, 
fille  d'un  général  en  la  Cour  des  Monnaies,  et  en  eut  : 

9.  Nicolas,  qui  suit. 

9.  Jean   Hennequin,    seigneur    de    Ooiss}',    mort   sans 

alliance,  était  né  en  1534. 

9.  Nicolas  Hennequin,  né  en  1333  et  morl  eu  1574,  marié 
à  Simonne  Janvier.  Il  en  eut  : 

10.  (Claude  Hennequin,  mort  jeune. 

Branche  du  Perray. 

7  .  Nicolas  Hennequin.  seigneur  du  Péray  et  Bermainville; 
il  ajouta  un  crucifix  d'or  entre  les  bois  du  cerf  pris  par  son 
père.  Il  fut  échevin  de  Paris,  membre  du  Conseil  des  Vingt 
pendant  la  captivité  du  roi  en  Io2o.  Il  avait  été  émancipé  par 
son  père  en  1490.  Il  fit  bâlir  à  neuf  le  cloître  des  Jacobins  de 
la  rue  Saint-Jacques,  à  Pari?,  et  on  y  voyait  ses  armes.  Il 
mourut  en  1336  et  fut  inhumé  aux  Saints- Innocents,  à 
Paris.  Il  avait  épousé  Jeanne  le  Gras,  morte  eu  1332,  dont  il 
eut  : 

8.  Nicolas,  qui  suit. 

8.   Claude  Hennequin,  seigneur  de  Bermainville  et  Com- 
pans,  conseiller  du  roi  en  ses  conseils,  maître  des 
requêtes  de  son  hôtel  en  1553,  marié  à  Magdeleiue 
Séguier,  fille  de  Pierre  Séguier.  président  au  Parle- 
ment. Il  en  eut  : 
9.   Marie  Hennequin,  mariée  à  Gilles  le  Maître,  sei- 
gneur de  Ferrières,  petit-fils  du  premier  président 
de  ce  nom,  et  mort  en  1624. 
9.  Jeanne  Hennequin,  mariée  à   P'élix  Vialarl,    sei- 


LKS    HRNNEQUIM  1G9 

gneur  de  la  ForAl  de  Oivry,  conseiller  du  roi  en 
ses  Conseils,  maître  des  requêtes  de  son  hôtel  ; 
elle  mourut  le  21  octobre  1643. 
9     Anne    Henuequin.    dame    de   Compaus,   mariée  à 
Jacques  Dauès,  s-"  de  Marly-la-ViUe,  président  en 
la  Chambre    des    Comptes   en   lo88,   conseiller 
d'Etat,  prévôt  des  marchands  de  Paris  en  1598  ; 
elle  mourut  en  janvier  1645  et  lui  en  1618. 
8.   Anne   Heunequin,  mariée  à  Antoine  Bohier,  s'  de  la 
Chesnaye,  receveur-général  des  finances  à  Bourges. 
8     Jeanne  Heunequin,  mariée  à  François  de  Conan,  che- 
valier, seigneur  de  Coulon  et  P.abesti.n,  conseiller 
du  roi,  maître  des  requêtes  de  l'hôtel,  maître  des 
Comptes  en  1539,  lequel  a  composé  le  Droit  civil: 
il  mourut  en  1551  et  elle  avant  juin  1565. 
8     Nicolas  Hennequin,  seigneur  du  Peray  ou  du  Perray  et 
Savigny.  maît.e  des  requêtes  de  l'hôtel  du  roi  et  maître  des 
Comptes  en  1544;    secrétaire  du  roi,   maison,  couronne  de 
France  et  de  ses  finances  en  1548,  il  ré.igne  cet  office  en  1578. 
Marié  à  Jeanne  de  Sallard,  fillede  Jean  Sallard,  s''  de  Bouvron. 
Monti-ny  et  Marlotle,  capitaine  et  bailli  de  Chaumont  en  Bas- 
signy,^ maître  des  Comptes  en  1520  ;  elle  est  morte  le  3  octo- 
bre 1608  et  inhumée  à  Sainte-Opportune.  Il  eut  d'elle  : 
9.   Nicolas,  qui  suit. 

9.   Jeanne  Heunequin,  mariée  à  Antoine  Hennequin,  sei- 
gneur d'Assy,  son  cousin,  conseiller  au  Parlement 
et  président  es  Requêtes  du  Palais. 
9.   Marie  Hennequin,  mariée  à  Guillaume  Barthcieray, 

seigneur  de  Beauvergcr,  conseiller  au  Parlement. 
9.   Anne  Hennequin,  moite  jeune  et  prèle  à  être  mariée. 
9     Nicolas  Hennequin,  seigneur  du  Perray  et  de  Savigny, 
conseiller  du  roi  en  ses  Conseils  et  maître  des  requêtes  de 
son  hôtel  en  1588.  président  au  Grand  Conseil;  conseiller  et 
secrétaire  du  roi,  maison,  couronne  de  France  et  de  ses  finan- 
ces en  1578  sur  la  résignation  de  son  père  ;  il  résigna  lui-même 
la  même  année,  et  tous  deux  résignèrent  leurs  survivances  en 
1582.  n  est  compris  dans  la  Hste  des  ligueurs  proscrits  et 
chassés  de  Paris  pour  avoir  tenté  un  dernier  effort  en  faveur 
du  duc  de  Mayenne  le  30  mars  1 594,  huit  jours  après  la  reddi- 
tion de  Paris  à  Henri  IV.   Il  mourut  h  31  octobre  1634,  a  78 
ans,  comme  il  se  voyait  par  son  épitaphe  sur  son  caveau  de 
Sainl-Merry.  Il  épousa  Renée  Hennequin,  sa  cousine,  qui  mou- 
rut le  12  mai  1640.  Il  en  eut  : 


1"n  LRP    (TENNKQflN 

III.  .leaune.  Hennoquiu,  mariée  ;ï  Georges  Babou,  àei- 
gneur  de  la  Bourdaisièrc,  comle  de  Sagouue, 
capitaiue  des  cent  gentilshomrres  de  la  Maison 
du  roi,  lequel  fui  tué  eu  duel;  puis  eu  secondes 
Doces  à  Gilbert  Filhel,  seigneur  de  la  Gurée  et  la 
Roche-Turpin.  chevalier  des  Ordres  du  loi,  com- 
mandant une  compagnie  de  200  chevau-légers  de 
la  garde  ;  puis  en  troisièmes  noces,  en  1606,  à 
Gabriel  d'Aremberg,  s''  des  Guiches,  capitaine 
des  gardes  suisses  du  duc  d'Orléans  et  chambel- 
lan de  ce  prince.  A  propos  de  son  second  mari, 
on  rapporte  que  dans  le  combat  de  Fontaine- 
Française,  Gilbert  Filhel  de  la  Curée  combattait 
sans  armure  el  mal  monté.  Une  voix,  qu'il  recon- 
nut pour  celle  du  roi,  lui  cria  :  «  Garde  la  Curée  !  >' 
dans  le  temps  qu'un  des  ennemis  élait  prêt  à  le 
percer  de  sa  lance.  Aussilût ,  la  Cui ée  se  retourna 
et  tua  celui  qui  l'altaquail.  Après  l'adion,  il 
vint  trouver  le  roi  qui  était  encore  à  cheval,  el 
lui  accolant  la  cuisse,  lui  dit  :  «  Sire,  il  l'ait  bon 
d'avoir  un  maître  qui  vous  ressemble,  car  il  sauve 
la  vie  pour  le  moins  une  fois  le  jour  à  ses  servi- 
teurs :  j'ai  rc  çu  aujourd'hui  deux  fois  celle  grâce 
de  Voire  Majesté,  l'une  en  ce  que  j'ai  participé 
au  salut  général,  el  la  seconde  quand  il  vous  a 
plu  me  crier  :  «  Garde  la  Curée  !  »  «  Voilà,  lui 
répondit  le  roi,  comment  jaime  la  concervalion 
de  mes  bous  serviteurs.  « 

10.  Renée  Hennequiu,  abbesse  de  Malnoûe  le  24  no- 
vembre 1640. 

10.  Marie  Heunequin,  dame  du  Perrav,  mariée  par 
contrat  du  4  lévrier  1025  à  Henri  de  Goufûer, 
marquis  de  Boissy,  comle  de  Maulevrier.  Elle 
mourut  à  Vilry  le  2  avril  1676,  suivant  son  épi- 
laphe  en  l'église  des  Cordeliers.  Quant  à  lui,  il 
fut  tué  le  24  août  1 6:^9  au  combat  d'Everqueque. 
Elle  est  dite  avoir  épousé  en  secondes  noces 
M.  de  la  Rochepol. 

Branche  de  Dammartin. 

7  .  Christophe  Hennequiu,  seigneur  de  Darnmarliu.  reçu 
conseiller  au  Parlement  en'l'i91  ;  devint  doyen  du  Parlement, 
l'un  des  opposants  au  concordat  de   Léon  X.   pourquoi  il  fut 


I.F.S    HENNEQLIN  171 

iulcrJil  par  la  régeule  Louise  de  Savoie  eu  l'oio,  couliuuu 
copendaûl  d'aller  siéger  au  Parlemeul.  Le  roi,  de  relour,  allri- 
bua  au  Grand  Couseil  les  causes  ecclé^^iasliques.  Marié  eu 
loti  à  Bonne  Couraull,  dame  de  Dammarliu,  fille  de  Jean 
Courault,  s""  dudillieu,  et  de  Jeanne  Turquanl.  Il  en  eul  : 

8.  Jean,  qui  suit. 

8.  Christophe  Heunequin,  tué  en  U  ville  de  Poitiers  élani 
jeune  encore. 

8.  Jeanne  Hcnnequin,  mariée  eu  lo26  a  Nicolas  Mole, 
seigneur  de  Jusanvigny,  conseiller  au  Parlement. 

S.   Marie  Hennequin,  religieuse  à  Jouarre  [alias  à  Chelles). 

8  .   Madeleine  Hennequin,  religieuse  à  Montmartre. 

8.   Geneviève  Hennequin,  religieuse  à  Yerre? 

8.  Nicole  Hennequin,  mariée  en  lo30  à  Jean-Jacques  de 

Mesmes,  sr  de  Roissy,  lieutenant-civil  et  maiire  des 
Requêtes  de  l'hôtel,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils 
privé  et  d'Elat,  président  au  l'arlement  de  Norman- 
die, ambassadeur  en  Allemagne,  Suisse.  Espagne. 
ami  des  rois  François  L""  et  Henri  H.  Il  mourut  le 
17  janvier  1r)o4  et  elle  le  23  octobre  1369. 
s.    Aune  Hennequin,  mariée  à  Jacques  le  Sueur,  s'd'Aul- 
noy.  greffier  de  la  Cour  des  Aides. 
8.   Jean  Plenucquin,  seigneur  de  Damtnarliu,  conseiller  au 
Parlement,  commissaire  aux  Requêtes  du  Palais.  11  épousa,  le 
18  novembre  Ki37,  Aune  Mole,  fille  de  Nicolas  Mole,  seigneur 
de  Jusanvigny,    et    de    Jeanne    Charmolue  ;    il    mourut    le 
"29  novembre  1542,  ayant  eu  pour  enfants  : 

9.  Anne  Hennequin,  mariée  à  Jean  {alias  Germain)  le 

Masson,  s''  de  Bellassise,  conseiller  au  Parlement, 
puis  à  Jean  de  Refuge,  s""  de  Courcelles  et  Précy, 
conseiller  au  Parlement. 

9.  Nicole  Hennequin.  mariée  le  9  juin  136U  à  Claude 
Tudert.  s'-  de  la  Bournalière,  conseiller  au  Parle- 
ment, 

9.  Madeleine  Hennequin,  mariée  à  Denis  Brulart,  con- 
seiller du  roi  eu  ses  Conseils  privé  et  d'Etal,  premier 
président  au  Parlement  de  Dijon.  On  rappoite  qu'il 
était  d'une  grande  pusillanimité,  et  que  sa  femme 
avait  coutume  de  lui  dire  :  «  Si  Madeleine  Henne- 
quin était  premier  président,  les  choses  ne  se  pas- 
sieraieut  pas  ain^^i.  » 


172  LKS    IIENNEQUIN 

Branche  d'Auzon  et  de  la  Meyrie. 

6.  François  Heu iiequiD,  seigne\:r  d'Auzon,  marié  en  1470 
à  Jacquelte  Mole,  fille  de  Guillaume  Mole,  s'  de  Villy-le- 
Maréchal,  et  d'une  Léguisé,  celle-ci  sœur  du  célèbre  évêque 
de  Troyes  de  ce  nom.  Il  eu  eut  : 

7,   Simon,  qui  suit. 

7.  François    [alias    Antoine)   Hennequin,    seigneur    de 

Précy-Notre-Dame,  marié  à  Louise  Mole,  veuve  de 
Nicolas  de  Pleurs  (ou  de  Fleurie),  s''  de  Précy.  Il 
en  eut  : 

8.  Mahaul  [alias  Marie)  Hennequin,  mariée  à  Antoine 

Guerry.  s'  des  Essarls.  lieutenant-général  de  Chau- 
monl  eu  Bassigny.  puis  lieulecanl-civil  de  la  pré- 
voie de  Paris.  Leur  contrat  de  mariage  est  du 
4  aoûi  154t. 

7 .  Simon  Hennequin,  s''  d'Auzon,  marié  à  Aliéuor  Goujon, 
fille  de  Jean  Goujon,  s''  de  Coigny  et  Marqueuay.  et  de  Marie 
Moël,  dame  d'Alhis,  elc.  Il  en  eut  : 

8.  Claude  Hennequin,  marié  à  Jeanne  Bareton,  dont  : 

9.  Barbe  Hennequin,    mariée  à  Odard  Boucherai,    s' 

de. . .  .  près  Pont-sur-Seine, desquels  vint  Nicolas 
Boucherai,  général  de  Cileaux  en  IfiO'i. 

8.   François,  qui  suit. 

8.  Simon,  qui  suivra. 

8.  Anne  Hennequin,  mariée  k  Arlus  de  Jouane,  prévôl 
de  Soissons.  Elle  était  veuve  en  15GQ. 

8.  Aliénor  Hennequin,  mariée  à  Jacques  Fillette,  s'  de 

Ludes  près  Reims. 

8.  François  Hennequin.  seigneur  de  la  Mairie  ou  la  Mérye 
près  la  Ferlé-Milou,  épousa  Radegonde  [alias  Catherine)  le 
Riche,  dame  de  Rivière  et  Maréville  près  la  Ferlé- Milon.  lien 
eut  ; 

9.  François,  qui  suil. 

9.   Marguerite  Hennequin.   mariée   à  Jean s'   de 

Lambres,  demeurant  à  Rosna^-,  près  Reims,  lequel 
est  appelé  aussi  Jean  Lambert  par  une  généalogie. 

9.   Jean  Hennequin,  mort  sans  hoirs, 

9.   Micole  Hennequin,  mariée  à  Jean  de  Lambres. 

9.  Eléonore  Hennequin,  mariée  par  contrat  du  26  no- 
vembre 11)61  à  Robert  Fouquet,  seigneur  df»  Long- 
voisin  el  Richeoourl. 


LKS    HK-NNEyUiN  l73 

'.•.  Adrieiiue  Heunequiu,  mariée  à  Kobeil  Barbier,  sei- 
gneur de  la  Roche,  puis  à  Nicolas ,  seigneur 

de  Richecourl. 
ISula.   —  Ou    ne    peut    préciser    laquelle,  d'Eléonore   ou 
d'Adrieuue  Hennequin,  sa  sœur,  épousa  aussi   François  Bril- 
fault,  s''  des  Aigloulius. 

9 .  François  Hennequin.  seigneur  de  la  Meyrie  ou  la  Mérye. 
épousa  Marie  de  Caffres  [alias  de  Castres),  fille  du  seigneur  de 
Neufmaisou.  gouverneur  de  Natifal,  et  de  Marie  de  Meurtz.  Il 
en  eut  : 

10.   François,  qui  suit, 

10.  Robert   Hennequin,  seigneur  de  Reauval,    marié   à 

Suzanne  de  Sorbey,  de  la  maison  de  Gerondelle, 
dont  il  eut  : 
i  1  .    François  Heunequiu. 
,        II.   Philippe  Hennequin. 
11.  Jacques  Hennequin. 

1 1 .   Charles  Hennequin.  Ces  quatre  tils  sont  dits  morts 
au  service  du  roi  et  non  mariés, 
lu.  Marguerite  Hennequin.  non  mariée, 
lu.   Koberte  Hennequin,  mariée  à  François  Barthélémy, 
s'  de  Charondal. 

10.  François  Hennequin,  seigneur  de  la  Meyrie,  d'Ambly- 
sur-Bar.  de  Rivières-les-Amblières,  de  Charapchalelliers  en 
Rethélois.  etc.,  épousa,  le  10  juillet  1600.  Jeanne  de  Villelon- 
gue,  fille  de  Gilles  de  Villelongue  et  de  Jeanne  d'Ambly  ;  il 
vivait  en  1635  au  chàleau  de  Bosmonl.  près  Guise.  11  eut  pour 
enfants  : 

1 1 ,  François  Hennequin,  chanoine  régulier  prémontré. 

1 1 .   Philippe  Hennequin,  capitaine  d'infanterie,  qualihe 

gouverneur  de  Saint-Quentin,  mort  sans  alliance. 
1 1 .   Tristan   Hennequin,   prèlre,  chanoine  et   doyen   de 

Rosoy. 
1 1  .  Philibert  HennequiU;  guidon  de  gendarmerie,  mort 

sans  alliance. 
1 1 .   Roger  Hennequin.  qui  suit. 
11.   Isabeau    Hennequin.    mariée   en    1630    à    Germain 

Denis,  s"^  d'Origny,  exempt  des  gardes  du  corps. 

lieutenant  de  gens  de  pied  en  la  forteresse  d'Hirson. 
1 1 .  Jeanne  Hennequin,  morte  sans  alliance. 
1 1  .   Roger  Hennequin,  seigneur  de  la  Meyrie,  capiluiue  de 


174  LES   HENNEQUIN 

cavalerie,  marié  à  Anne  de  Rosières,  fille  de  Kraiirois  de 
Rosières,  capitaine,  gruyer  et  prévôt  de  Saiut-Mihiel  eu  Lor- 
raine, et  de  Suzanne  d'Allamonl.  Il  eu  eut  : 

!2.    Elisabelh  Heuuequin,  mai-iée  à  M.   de   la   bureune 

{nlias  de  la  Turetle). 
1».   Marguerite  Hennequiu,   mariée   eu    17UU   à   Louis- 
François  de  la  Housse,  baron  de  Valronville,  s''  de 
Fiquelmont,  Xonville,  etc. 

Branche  de  Souyndre. 

8.  Simon  Hennequiu,  seigueui-  de  Souyndre,  gioftier  des 
présentations  de  la  Cour  eu  looO,  receveur-général  des  deniers 
communs  de  Champagne  et  Brie  en  lotiS.  On  trouve,  en  1541, 
un  Simon  Hennequiu,  auditeur  des  Comptes,  qui  doit  être 
le  même.  Il  épousa  Henriette  Noël,  tille  de  Nicolas  iNoël, 
seigneur  des  Conardins,  Montbeson  et  Lude,  et  de  Catherine 
l-'illelle.  Il  en  eut  : 

'.L   Michel  Hennequiu,  mort  jeune,  né  eu  lo4'J. 

0  .   Louis,  qui  suit. 

'.),   Simon  Hennequm,  ué  eu  looG,  mort  jeuuc. 

'K  Jean  Hennequin,  ué  en  lî.oS,  mort  jeune. 

'.1.   Reguault  Heuuequin,  suivant  les  armes,  tué  en  la  mer 

d'Afrique. 
0.   rsicolas  Hennequiu,  curé  de  Nogent-sur-Seine. 
!L   François  Hennequiu.  mort  sans  alliauce. 
9.   Catherine  Heuuequin,  morte  jeune,  était  née  eu  loîitl. 
'.'.    Charlotte  Hennequiu.  mariée  à  Adrien  Pétremol,  s''  de 
Rosières   et    Laiues-Bourreuse,    contrôleur-général 
des  Gnauces.  Elle  mourut  eu  loOi  et  fut  inhumée 
aux  Blancs-Manteaux,  (Juaul  à   son   mari,  il  était 
mort  eu  1  j'J2. 
'.t.   Aune  Hennequiu,  maiiée  à  Louis  JJeftiers,  s'  de  la 
Flouce  eu  pays  chartrain.  Elle  était  née  eu  1551 . 
9.    Louis  Hennequiu,  s'   de  Souyndre,  commissaire  ordi- 
naire des  Guerres  en  1576.   trésoriei'-géuéral  des  finances  de 
Champagne  eu  1580;  il  épousa  Claude  de  Palluau,  fille  de 
M.   Palluau,    secrétaire   du  roi.    intendant  de  la  Maison   de 
Nevers.  Il  en  eut  : 

lU.  Henriette  Heuuequin,  dam  i  de  Souyndre,  uée  en 
158r».  mariée  en  1002  à  Pierre  Poucher,  auditeur 
des  Comptes  en   1.t88,  maître  des  Comptes  eu 


LES    HENNEQUIN  1  /O 

lo'.i".  puis  à  Louia  de  Kesuel,  b'  do  Baillebour, 
capilaiue  des  galères. 
lu,  Geneviève  Heanequiu,  mariée  eu  1007  à  Maxnui- 
lien  d'Abos.  seigneur  d'Herville  et  Briuauville, 
Arnouville,  etc.,  capilaiue  de  100  hommes  do 
pied.  Il  mourut  eu  IIjoI.  Elle  était  merle  en 
\ûil  el  fut  iuhuraée  eu  l'église  d' Arnouville. 

Branche  de  Cury,  Boiaville,  M'=  d'Ecquevilly. 

6,  Michel  Heunequin,  seigneur  de  Jury  et  Boiuville, 
épousa,  le  23  juillet  1477,  Catherine  Gobaille,  dite  de  Crccy, 
qui  mourut  eu  iIlO'3.  Il  mourut  eu  lillO  et  fui  inhumé  avec 
elle  aux  Jacobins  de  Troyes.  Sa  descendance,  comblée  d'hon- 
neurs el  de  biens  par  les  rois,  donna  cependant  dans  la  Ligue 
avec  un  acharnement  lel,  que  Henri  111  l'appelait  la  race 
ingrate.  A  Paris,  on  appelait  les  Heunequin  la  grande  mes- 
gjiée,  el  on  disait  d'eux  communément  :  Henneq^clns,  plus  fols 
que  coquins^  ou  bien  ;  Plus  de  fols  que  de  coquins.  De  Michel 
Heunequin  et  de  Calherine  Gobaille  de  Crécy  vinrent  : 

7 .   Nicolas  Heunequin,  s'  de  Cury,  prieur  de  Saiut-Phal, 
chauoine  de  Notre-Dame  de  Paris  et  président  des 
Enquêtes   au   Parlemeul   «le    Paris.    Il   mourut    le 
30  janvier  1369  et  fut  inhumé  à  Sainl-Méry. 
7.   Oudarl,  qui  suit. 
7.   Dreux,  qui  suivra. 

7.  Anne  Hennequiu,  mariée  en  lo20  à  Jean  Luillier,  s^ 

de  Boulancourt,  Champcenelz,  Sainl-Mesmin,  Anger- 
ville,  président  en  la  Chambre  des  Comptes  en  1531, 
prévôt  des  marchands  de  Paris,  conseiller  du  roi  en 
ses  Conseils. 
7  .   Oudart  Heunequin,  seigneur  de  Boinville  et  Cury,  maî- 
tre des   Comptes   en    lool,    contrôleur-général   des   finances 
d'entre  Seine  et  Yonne,    mort   eu    1357   et   inhumé  avec  sa 
femme  eu  l'église  Saint-Merry.  Elle  élait  morte  aussi  avant  le 
18  septembre  1539.  On  trouve  un  Oudart  Hennequiu,  conseil- 
ler au  Parlement,  conseiller  de  ville  à  Paris  en  1349.  Il  épousa 
Jeanne  Michou,  tille  de  Charles   Michou,   s='  de  Baguolet  et 
Villepinle,  par  contrat  du  "23  janvier  [i>2i.  Il  eu  eut  ; 

8.  Pierre,  qui  suit. 

8.  Jean  Heunequin,  s'  de  Cury  près  Beauvais,  Genicourt, 
etc.,  baron  de  Villepinle,  maître  des  Comptes  en 
1-^58  eu  survivance  de  son  père,  installé  en  1363, 


176  LES    HENNEQUIN 

graud  uudieucier  de  France  eu  IjTU,  iuleudauL  des 

fmances,  couseiller  et  secrétaire  du   roi,   maisou. 

couronne  de  France  et  de  ses  finances  enlri69,  il 

résigna  cet  office,  ainsi  que  ses  fonctions  de  grand 

audiencier,  en  1  576.  Il  épousa,  par  contrai  du  6  nc- 

venobre  1569,  Charlotte  le  Grand,  fille  de  Benoît  le 

Grand,  s'  du  Plessis,  maître  des  Comptes  en  loo6, 

et  de  Charlotte  de  Boudeville.  11  mourut  en  février 

1()04,  ayant  eu  pour  enfants  : 

0.  Jean   Hennequin,   seigneur    de   Cury,    Villepinie, 

écuyer  de  la  petite  écurie,  gentilhomme  ordinaire 

de  la  chambre  du  roi,  lesta  en  1613,  vivait  encore 

en  1610,  mourul  sans  enfants. 

'J.  Robert  Hennequin,  mort  le  12  janvier  11)79.  Il  fut 

gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi. 
9.   l'ené  Hennequin,  mort  le  19  juin  1577. 
9.    Pierre  Hennequin,  mort  en  bas-àge. 
9.   Charles  Hennequin,  mort  le  12  juin  1576. 
9.  Jean- Jacques    Hennequin,    dit  le  commandeur  de 
Cury,  &'■  de  Villepinte,  puis  de  Cury  près  Beau- 
vais  ;  il  donna  sa  terre  de  Cury  à  l'ordre  de  Malte 
en  J629,  à  condition  que  ce  serait  une  comman- 
derie  ;  il  prit  l'habit  de  chevalier  et  fut  fait  grand- 
croix  de  l'ordre  ;  il  jouit  de  sa  terre  sa  vie  durant, 
mourut  en  Sicile  allant  à  Malle. 
9.  Nicolas  Hennequin,  mort  jeune  le  4  juin  1584. 
9.  Henry  Hennequin,  chevalier  de  Malte,  tué  au  siège 

de  la  Rochelle  en  1622. 
9.  Françoise  Hennequin,  morte  jeune. 
9.    Louise  Hennequin,  née  eu  1599,  maiiée  le  'ô  octobre 
1612  à  François  de  Boufilers,  comte  de  Caigny, 
vicomte  de  Pouches,  bailli  de  Beauvais,  député  de 
la   noblesse   du    Boauvaisis  en    1614,    conseiller 
d'Etal;  elle  mourul  en  16o4. 
9.   Isabelle  Hennequin,  religieuse  à  Marcigny. 
9.  Charlolle  Hennequin,  morte  jeune. 
9.  Marie  Hennequin,  morte  jeune. 
9.   Marguerite  Hennequin,  morte  jeune. 
8.   Antoinette  Hennequin,  mariée  à  Jean  Brachet,  s'  de 

Pornoran,  secrétaire  du  roi. 
8.   Jeanne  Hennequin,  miriée  par  contrat  du  S  juin  1552 


LES   liËNNEQtJiN  17? 

à  Henry  de  Mesmes,  s''  de  Ro'.^y,  conseiller  du  roi 
en  ses  Conseils  privé  el  d'Etat,  maître  des  Requêtes 
de  son  hôlel,  chaui'elier  de  Navarre. 
b.   Nicole  Heunequiu,  morte  avant  llib9. 

8.  Pierre  Heunequia,  s'' deBoinville,  conseiller  au  Parle- 
ment en  1530,  président  eu  la  même  Cour  eu  15G8,  charge  qui 
fut  créée  en  sa  faveur,  conseiller  du  roi  eu  ses  Conseils  privé 
et  d'Etat.  En  1536,  il  est  conseiller  de  ville  à  Paris  ;  il  mourut 
le  '12  judlet  1577  et  fut  itjluimé,  avec  ses  père  el  mère,  à 
Saiut-ilédéric  de  Paris  (ou  Saint-Merry).  L'Estoile  le  désigne 
comme  créature  des  Guises  et  l'un  des  piliers  de  la  Ligue  à 
Paris.  On  rapporte  qu'il  avait  de  grands  biens  et  qu'il  prêta 
♦)0,00U  livres  à  Cdlherine  de  Médicis  ;  en  reconnaissance  de 
quoi  il  fut  créé  président  à  mortier,  et  installé  malgré  toutes 
les  oppositions  et  remontrances.  Il  n'y  avait,  en  effet,  que 
cinq  charges  de  président,  la  sixièmç  fut  érigée  eu  sa  faveur. 
On  fil  sur  lui  ce  pasquiu  : 

Puero  régnante 
Feminà  gubernaule 
Asiniis  quinlus  faclu^  est  sexlus  prœies  infulalus. 

On  disait  Hennequin  ou  Haunequin  [asmus  qidntus).  11  avait 
épousé,  en  1560,  Jeanne  Bruslart,  fille  de  Jacques  Bruslart, 
conseiller  au  Parlement,  et  d'Isabelle  le  Picart  ;  elle  était 
baronne  de  Hez  eu  Artois.  Elle  mourut  en  1578  et  fut  inhu- 
mée  à  Saiut-Merry.  Leurs  enfants  furent  : 
'J.   Oudart,  qui  suit. 

U.  Renée  Hennequiu,  mariée  à  Nicolas  Henuequin,  s'  du 
Perray,  raaitre  des  requêtes  et  président  au  Grand 
Conseil,  conseilL-r  du  roi  en  ses  Conseils  privé  et 
d'Etat. 
9.  Marie  Henuequin,  mariée  en  1591  à  Olivier  le  P'ebvre, 
s""  d'Eaubonne,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils, 
président  en  la  Chambre  des  Comptes  en  1 388  ;  puis 
en  secondes  noces,  en  1613,  à  Aune  de  la  Mark, 
comte  de  Braine,  chevalier  de  l'ordre  du  roi;  puis 
en  troisièmes  noces  à  Guy  du  Faur,  s'  de  Pibrac, 
maréchal  de  bataille,  gentilhomme  de  la  maison  du 
roi. 

9.  Oudart  Hennequin,  seigneur  de  Boinville  et  de  Fresne, 
conseiller  au  Parlement,  commissaire  aux  Requêtes  du  Palais, 
maître  des  requêtes  de  l'hôtel  du  roi,  conseiller  du  roi  en  ses 

n 


178  LES   HENNEQUIN 

Conseils,  conseiller  et  secrétaire  du  roi,   mai-on,  couronne  de 
France  et  de  ses  finances  en  1GU9,  résigna  cet  office  en   1612. 
On  rapporte  qu'il  fui  amoureux  de  la  reine-mère  Anne  d'Au- 
triche :  il  fut  trouvé  caché  sous  son  lit,  mais  la  reine  ne  voulut 
pas  qu'il  lui  fût  rien   fait.    Les   Môtnjires   de   Bassompierre 
disent  :  Je  devins  amoureux  de  la  Beaussire,  le  roi  le  devint 
de  Madame   de   Boinville.  »    Oudarl  Ilenncquin  de  Boinville 
avait  épousé  eu  effet,  en  1597,  la  jolie  Renée  Potier,  qui  cap- 
tiva un  instant  le  cœur  volage  d'Henri  IV  :  elle  était*  fille  de 
Nicolas  Potier,  s'"  de  Blancmesuil,  président  au  Parlement, 
chancelier  de  Marie    de  Médicis,   et   d'Isabelle  Baillet.    Ce 
mariage  fit  descendre  les  Hennequiu  qui  en  sortirent  du  roi 
Philippe  Auguste  et  d'Agnès  de  Méranie.  Ces  enfants  furent  : 
10,   Pierre  Hennequin,  s'  de  Boinville  et  de  Fresiie,  con- 
seiller au  Parlement,  commissaire  aux  Requêtes 
du  Palais,   mort  sans  hoirs  en   IGGO  et  inhumé  à 
Sain  t-Nicolas-des- Champs. 
10.   Nicolas,  qui  suit. 

10.   Je'\nne  liennequiu,  morte  sans  alliance. 
10.   Charlotte  Henneq'jin,  sans  alliance. 

10.  Renée  Hennequin,  morte  sans  alliance. 

10.  Nicolas  Hennequin.  seigneur  de  Boinville  et  Fresne, 
baron  d'Ecquevilly,  capitaine  des  toiles,  tentes  et  pavillons  du 
roi  pour  la  chasse  au  sanglier,  autrement  dit  capilaine  du  vau- 
trait. Il  mourut  le  3  février  1653.  Il  avait  épousé,  en  1630, 
Anne  Sarrus,  fille  de  Michel  Sarrus,  conseiller  au  Parlement  ; 
elle  mourut  le  7  mai  1681  et  fut  inhumée  avec  son  mari  en 
leur  chapelle  Saint-Amable  à  Saint-Merry.  Ils  eurent  : 

1 1 .  Pierre  Hennequiu,  marquis  de  Fresne,  s'"  de  Heez,  né 

en  1640,  mort  sans  hoirs  le  2  mai  1718,  et  inhumé 
à  Saint-Merry.  Il  eut  des  aventures  extraordi- 
naires ;  il  tua  son  frère  Nicolas,  qui  était  devenu 
amoureux  de  sa  femme  Elisabeth  Girard,  détermina 
celle-ci  à  un  voyage  eu  Italie,  et  traita  avec  des 
patrons  de  barques  barbaresques  pour  la  ven- 
dre et  la  ("aire  emmener  en  Barbarie.  D'api  es  quel- 
ques-uns elle  découvrit  le  traité,  se  sauva  à  Tunis, 
et  le  roi  de  France,  sur  la  prière  de  sa  famille, 
fil  enfermer  son  mari,  Pierre  Hennequin,  à  Pierre- 
Encise.  D'après  d'autres,  elle  fut  vendue  en  effet 
au  corsaire,  eut  des  aventures  romanesques,  à  la 
suite  desquelles  celui-ci,  touché  de  sa  vertu,  se 
berail  converti.  Elisabeth  Girard,  femme  de  Pierre 


LES  HENNEQUIN  179 

Henuequin.  marquis  de  Fresne,  élait fille  de  Charles 
Girard,  marquis  du  Tillel,  présideul  en  la  Chambre 
des  Comptes  eu  IGoO,  et  d'Elisabeth  de  BaiUeul, 
Ces  Girard  du  Tillel,  de  BaiUeul,  ainsi  que  les 
dames  Honnequin  de  Fresne  et  d'Ecquevillj , 
furent  quelquefois  maltraités  par  la  chronique  du 
temps.  (Voir  les  historiettes  de  Tallemaut  des 
Réaux.)  Catien  de  Courtil  a  écrit  les  Mémoires  de 
la  marquise  de  Fresnt  et  son  roman  diffère  peu  de 
la  réalité.  Le  scandale  de  Vhomme  qui  avait  vendu 
sa  ftmme  ne  fut  pas  étranger  au  changement  de 
nom  de  Fresne  en  celui  d'Ecquevilly.  Les  souve- 
nirs laissés  par  le  marquis  de  Fresne  dans  la 
mémoire  des  habitants  du  pays  sont  tels  que  con- 
fondant les  dates  et  les  faits,  ils  donnent  le  nom 
de  ce  seigneur  au  fantôme  légendaire  qui,  dans 
les  longues  nuits  d'hiver,  accompagné  d'un  nom- 
breux équipage  de  chasse,  poursuit  dans  la  forêt 
des  AUuets  un  cerf  fantastique  qu'il  n'atteint 
jamais.  Celte  chasse  légendaire  est  conduite  par  le 
grand  veneur  Hennequin.  (Voir  sur  la  vie  du  mar- 
quis de  Fresue,  ses  passions  violentes,  l'enlève- 
ment par  lui  de  Mlle  Girard  du  Tillel,  leur  mariage 
romanesque  et  ses  suites  plus  romanesques  encore, 
V Histoire  du  marquisat  d'Ecquevilly,  par  M.  Emile 
Réaux.) 
1 1 .  André,  qui  suit. 
11  .   Henri  Hennequin  ;  ou  dit  qu'il  fut  tué  à  8  ans  par 

son  frère  Pierre. 
1 1 .  Claude  Hennequin.  s'  de  Presles  et  de  Bressolles,  né 
le  2'J  décembre  1659,  lieutenant  aux  gardes,  épousa, 
par  contrat  du  9  novembre  1G79,  Marie-Charlotte 
Milon.  Il  testa  en  lo9o  ;  elle  mourut  le  "20  octo- 
bre 1G88.  Ils  eurent  : 
12.   Claire-Suzanne   Hennequin,   religieuse   à   Poissy, 

née  en  1G79. 
12.   Claude-Joseph  Hennequin,  né  eu  1679,  jumeau  de 

la  précédente,  mort  jeune. 
12 .  Alexis  Hennequin,  dit  le  marquis  de  Bressolles,  né 
le  6  avril  1684.  Eu  1699,  il  fai.sait  ses  preuves 
pour  être  reçu  page  de  la  petite  écurie.  Entra  au 
service,  fut  officier  d'artillerie;  devenu  trop  gros, 
il  quitta  les  armes  après  avoir  tué  eu  duel  le 


180  LES   HENNEQUIN 

marquis  de  Gassiou  ;   se  ruina  eu   débauches, 

lit  UD  mariage  inavouable,  fut  trouvé  mort  sur 

Fesplanade  des  fossés  de  la  porte  Saiut-Autoine. 

1 1 .   Nicolas  Henuequin,  dit  le  chevalier  dEcquevilly,  né 

le  22  mars  16o0,  lue  par  son  frère  Pierre  le  29 

octobre  1G70,   parce  qu"il  était  amoureux  de   sa 

belle-sœur,  femme  de  celui-ci. 

1 1 .    Aune-René  Heunequiu,  s''  d'Fguilly  et  des  (jouUons, 

né  eu  10  ici;  il  est  dit  colonel  de  cavalerie  en  lôG8. 

11.   Antoinette   llennequin,   religieuse   à  Poissy,   morte 

en  1694. 

1 1 .  Suzanne  llennequin,  née  en  1048,  religieuse  à  Poissy. 
I  i .   André  Henuequin,  dit  le  marquis  d'Ecquevilly,  seigneur 

de  Fresne,  Bouafle,  la  Muette,  Vérigny,  les  Goullons,  Presle, 
etc.,  baron  d"Hest  ou  Heez  en  Artois,  etc..  né  le  23  janvier 
1642,  page  de  la  chambre  du  roi  eu  16GU,  capitaine  du  vautrait, 
lieutenant  de  la  capitainerie  de  Saiut-Germain-en-Laye.  Il 
épousa,  le  17  septembre  1682,  Magdeleine-Théièse-Euphrasie 
de  Marillac,  fille  de  René  de  Marillac,  conseiller  d'Etat,  et  de 
Jeanne  Potier  d'Ocquerre.  Il  mourut  le  27  décembre  1723,  et 
elle  en  1727.  Ils  eurent  : 

12.  Michel-André    Henuequin    d'Ecquevilly,    abbé    de 

Mazières,  né  le  11  juillet  1683. 
12.  Augustin-Vinceut,  qui  suit. 

12.  Anne-Madeleine  Henuequin  d'Ecquevilly,  née  le  25 
décembre  1686,  mariée  le  18  février  17u6  à  Lotis 
Gigaull,  marquis  de  Bellefonds  et  la  BouUaye,  gou- 
verneur de  Vincennes,  mestre  de  camp  du  régiment 
de  cavalerie  de  Bellefonds  ;  elle  mourut  eu  couches 
le  l'^'^juiu  1708. 
12.   Thérèse  Henuequin  d'Ecquevilly,  née  le  8  mai  16'."0, 
mariée  le  28  janvier  1717  à  Louis  le  Peletier,  mar- 
quis de  Villeneuve,  président  à  mortier  au  Parle- 
ment. Elle  mourut  le  25  février  1748. 
12.  Geneviève  Henuequin  d'Ecquevilly,  morte  en  1688, 
enfant. 
12.   Augustin-Vincent  Henuequin,  marquis  d'Ecquevilly, 
s''  de  Fresne,  Bouafle,  la  Muette,  Vérigny,  Presle,  etc.,  né  le 
1"^'  mai  1084,  colonel  fl  premier  guidon  de  la  compagnie  des 
gendarmes  de  la  garde  ordinaire  du  roi,  brigadier  dos  armées 
du  roi  eu  1719,  chevalier  de  Saint-Louis,  capitaine  du  vautrait 
du  roi,  lieutenant  des  chasses  de  la  capitainerie  de  Saint- Ger- 


LES   HENNEQUIN  181 

main.  Il  se  trouva,  en  1708,  à  la  bataille  d'Oudenarde,  se  dis- 
tingua à  celle  de  Malplaquet  eu  1709,  et  servit  avec  valeur 
jusqu'à  la  paix  de  Kasladt.  Eu  juillet  1724  il  obtient  des  lettres 
patentes  qui  érigent  les  chàt.elleries  de  Fresne  et  Bouafle  et 
dépendances  en  marquisat  d'Ecquevilly.  Il  fut  admis  aux 
houneurg  de  la  cour  eu  1748.  Il  épousa,  le  2i  avril  1714,  Made- 
leine du  Monceau,  fille  de  Charles  du  Monceau,  s''  de  NoUant, 
intendant  des  armées  du  roi.  Il  mourut  le  8  décembre  1749,  et 
elle  le  8  mai  1730  ;  ils  furent  inhumés  eu  la  chapelle  des  Hen- 
nequiu  à  Saict-Merry.  Ils  eurent  : 

13.   Charles-Marie    Hennequio   d'Ecquevilly,    mort    au 
berceau  le  8  mai  1720. 

13.  Augusliu-Louis,  qui  suit. 

13.  Augustin-Louis  Hennequin,  marquis  d'Ecquevilly  et 
Chemery,  comte  de  Grandpré,  s''  de  Presle  et  Flamechon,  etc., 
né  eu  1717,  chevalier  des  ordres  du  roi,  capitaine  du  vautrait, 
mestre  de  camp  du  régiment  du  roi-cavalerie,  maréchal  de 
camp,  puis  lieutenant-général  des  armées  du  roi  en  1780, 
chevalier  de  Saint-Louis,  lieutenant-général  pour  le  roi  au 
gouvernement  de  Champagne.  Il  fut  admis  aux  honneurs  de 
la  cour  en  17G7,  et  sa  femme  en  1769;  il  était  à  une  portière 
du  carrosse  du  roi,  et  le  prince  de  Coudé  à  l'autre,  lors  du  sacre 
de  Louis  XVI  à  Reims.  Il  combattit  aux  sièges  de  Prague, 
Menin,  Ypres,  Furnes,  B'ribourg,  ïournay,  Termonde,  Oude- 
narde,  Aih  et  Maëstricht  ;  aux  batailles  de  Dettingen,  Fonte- 
noy,  Raucourt,  Lawfeldt,  <à  la  conquête  de  l'électorat  de 
Hanovre.  Il  épousa,  le  3  juillet  1741,  Honorée  de  Joyeuse, 
marquise  de  Chémery,  fille  de  Jean-Gédéon,  comte  de  Grand- 
pré,  lieuteuant-général  des  provinces  de  Champagne  et  Brie, 
et  d'Antoinette  de  Villiersde  Rousseville.  Il  mourut  à  Amiens 
le  14  mars  1794,  et  elle  vers  1809.  Ils  eurent  pour  enfants  : 

14 ,  Armand-François  Hennequin,  comte  d'Ecquevilly,  s" 

de  ViUe-sur-Tourbe,  né  le  30  septembre  1747, 
mousquetaire  du  roi,  mestre  de  camp  du  régiment 
du  roi-cavalerie,  maréchal  de  camp,  chevaher  des 
ordres  du  roi,  capitaine  du  vautrait,  émigré,  servit 
à  l'armée  de  Condé  comme  maréchal-général  des 
logis  de  la  cavalerie  ;  rentré  en  France,  accom- 
pagna le  roi  à  Gand  ;  fait  pair  de  France  le  17  août 
1815,  lieutenant-général  des  armées,  grand-croix 
de  Saint-Louis,  officier  de  la  Légion  d'honneur, 
directeur  du  dépôt  de  la  guerre,  etc.  Il  était  aussi 
commandeur  de  Tordre  de  Malte.  Il  publia  l'histoire 


182  LKS   TÎENNEQUIN 

des  campagnes  du  corps  de  Condé  en  1818.  Il 
épousa  Araable-Gécile  de  Durfort-Givrac,  fille  dt> 
François- A imery  de  Durforl-Civrac,  marquis  de 
Givrac,  maréchal  de  camp,  nieniu  du  dauphin  et  de 
^laric-Françoise  de  Pardaillan-Goudriu,  fille  du  duc 
d'Antiu  et  de  Gillonne  de  Montmorency-Luxem- 
bourg. La  comtesse  d'Eci|uevilly  fut  admise  aux 
honneurs  de  la  cour  en  178^.  Le  comte  d'Ecque- 
villy  mourut  en  1830,  n'ayant  eu  qu'un  fils  mort 
au  berceau. 
14.   Amable-Charles,  qui  suit. 

14.    Achille    Hennequiu    d'Ecquevilly,    prêtre,    vicaire- 
général  de  Reims  en  1789. 
14.   Adélaïde-Honorée  Hennequin  d'Ecqueviily,   mariée 
à  Antoine-Joseph-Philippe-fxégis,  comte  d'Esterno, 
mestre  de  camp  de  cavalerie,  enseigne  des  chevau- 
légers  de  la  garde  du  roi. 
1 4 .    Âglaé-Marie  Hennequin  d'Ecquevilly,  mariée  en  1 772 
à   François  de  Gappendu,  comte  de   Boursonne, 
capitaine  au  régiment  P»oyal-Picardie, 
14.   Amable-Charles  îlennequin,  vicomte  d'Ecquevilly,  dit 
le  chevalier  d'Ecquevilly,  chevalier  de  Malle  en  minorité,  che- 
valier de  Saint-Louis,  colonel  du  régiment  du  roi-cavalerie, 
mestre  de  camp  en  second  du  régiment  des  Deus-Pouts,  puis 
colonel  du  régiment  de  Jarnac,  capitaine  du  vautrait.   11  fut 
admis  aux  honneurs  de  la  cour  en  1770.   Emigré,  rentré  en 
France  d'assez  bonne  heure.  Marié  en  1782,  par  contrat  signé 
du  roi  et  de  la  famille  royale,  à  Marie-Anne  d'Eyck,  fille  de 
M.  VanderEykeu,  comte  d'Eyck,   ministre  de  l'électeur  de 
Bavière  près  le  roi  de  France,  et  de  la  comtesse  de  Kœnigs- 
feldt.  Il  mourut  en  180G  à  "Ville-sur-Tourbe  (Marne),   et   sa 
femme  y  mourut  en  1810.  Leurs  enfants  lurent  : 

1[).  Amable-Charles  Hennequin,  marquio  d'Ecquevilly. 
11  servit  sous  l'Empire  dans  le  1^'"  cuirassiers,  puis 
dans  le  21*  chasseurs  à  cheval,  où  il  devint  offi- 
cier. Il  fut  officier  aux  lanciers  de  la  garde  sous 
Louis  XVIII,  retraité  lieutenant-colonel  de  cava- 
lerie, avait  été  officier  d'ordonnance  du  maréchal 
de  Bourmout,  fut  aussi  chevalier  de  Saint-Louis, 
de  la  Légion  d'honneur  et  de  l'ordre  de  Saint-Fer- 
dinand d'Espagne  ;  pair  de  France  après  son  oncle, 
mais  il  ne  siégea  pas  :  son  oncle  étant  mort  sous 
LoUis-Philippe,  il  ne  voulut  pas  prêter  serment  à 


LES   HKNNEQUIN  183 

ce  roi.  Il  mourut  à  Paris  en   1853  (23  décembre), 
âgé  de  0  i  ans,  sans  enfants, 
lo.   Alfred- Armand- P'rédéric,  qui  suit. 
1;>.   Honorée  Hennequin  d'Ecijuevilly,  mariée  à  M.  de 

Bouraine,  sous-préfei  d'Elampes. 
l.T.   Augiistine-Autoinelle-Zéphiriue  Hennequin  d'Ecque- 
villy,  mariée  en  1811  à  M.  de  Chavigny  du  Balloy. 
15.   Alfred-Armand-Frédéric    Hennequin,    vicomte,    puis 
marquis  d'Ecquevilly,  né  en  1788,  sous-lieutenant  au  7®  cui- 
rassiers en  18U7,  quitta  le  service  et  fut  retraité  chef  d'esca- 
dron  d'état-major,    chevalier  de  Saint-Louis,   officier   de  la 
Légion  d  honneur,  chevalier  de  oaint-Ferdinand  d'Espagne.  Il 
fit   plusieurs  campagnes,   celles  de  1807,  1808,  1«09,  1810. 
1813  :  il  eut  deux  fois  sou  cheval  tué  sous  lui,  entre  autres  à 
Leipsick  ;  il  suivit  le  roi  à  Oand.  et  fit  encore  la  campagne 
d'Espagne  en  1823.  li  épousa,  le  7  novembre  1821,  Madeleine- 
Françoise  Porée  de  Valhébert,  fille  de  J.-B.  Porée  de  Valhé- 
bert  et  de  Marie  de  Roolz.  Il  mourut  à  Caen,  le  iG  avril   1870, 
à  82  ans  et  neuf  mois.  Il  eut  pour  enfants  : 

Ifi.   Marie-Blanche  Hennequin  d'Ecquevilly,  morte  sans 

alliance. 
10.   Claire-Elisabeth  Hennequin  d'Ecquevilly,  épousa  le 

vicomte  de  Trimond,  ancien  officier  d'artillerie. 
IG.   Marguerite  -  Clémentine     Hennequin    d'Ecquevilly, 

épousa  le  baron  d'Yzarn. 
IG.  Malhilde-Louise  Hennequin  d'Ecquevilly,  mariée  le 
3  mai  18.VJ  à  Louis-Henry,  vicomte  de  Beaurepaire- 
Louvagny,  chevalier  de  l'ordre  de  Pie  IX,  officier 
au  85^  de  ligne.  En  1861,  il  est  capitaine  aux 
zouaves  pontificaux  ;  eu  1870,  il  est  commandeur 
de  mobiles  :  il  meurt  à  Dreux  d'une  chute  dans 
l'escalier  d'un  clocher  où  il  montait  pour  observer 
l'ennemi. 

Rameau  d'Assy,  de  Chantereine,  de  Sermoises  et  du  Fay. 

7  .  Dreux  Hennequin,  seigneur  d'Assy  et  Queux,  conseiller 
du  roi  en  ses  Conseils  privé  et  d'Etat,  maître  des  Comptes  en 
Ia31,  premier  président  de  la  Chambre  des  Comptes  reçu  en 
lo37  en  survivance  de  son  beau-père,  mais  il  n'exerça  pas  : 
conseiller  et  secrétaire  du  roi,  maison,  couronne  de  France  et 
de  ses  finances  en  1537,  résigna  en  1538.  Il  mourut  en' 1550  et 
fut  inhumé  à  Saint-Merry  ;  il  y  avait  une  longue  épitaphe  com- 


184  LES   HENNEQUIN 

muue  à  lui  et  à  sa  femme,  avec  leurs  armoiries.  II  épousa,  en 
1536,  Renée  Nicolaï,  dame  de  Vincy,  Orville,  Louvres  en  Pari- 
sis,  Manœuvre,  etc.,  fille  d'Aymar  Nicolaï,  premier  président 
de  la  Chambre  des  Comptes,  s'  d'Orville,  Saint-Victor,  Gous- 
sainville,  Louvres  en  Parisis,  etc.,  et  d'Anne  Baillet,  dame  de 
Goussainville.  Il  en  eut  : 

8.  Antoine,  qui  suit. 

8.   Oudart,  qui  suivra. 

8,'  René,  qui  suivra  aussi. 

8.  Aymar  Hennequiu,  ué  le  M  juin  1543,  évêque  de  Ren- 
nes en  1575,  nommé  à  l'archevêché  de  Reims  et 
mort  sans  avoir  pris  possession,  mais  ayant  prêté  le 
serment  de  duc  et  pair  le  2  avril  11^94.  Abbé  de 
Bernay  en  1 558  ;  assista  aux  Etats  de  Blois  eu  1 5''7, 
fut  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  et  mort  en 
1600.  Il  est  dit  l'un  des  principaux  agents  des  Guises 
et  nommé,  par  leur  crédit,  évêque  de  Rennes. 
Depuis  la  mort  du  duc  et  du  cardinal,  il  se  livra  au 
duc  de  Mercœur,  échauffa  le  peuple  de  son  diocèse, 
parut  à  la  tête  des  barricades  en  1589,  et  fil  passer 
la  ville  de  Rennes  sous  l'autorité  du  duc  de  Mer- 
cœur.  Il  prêcha  la  sédition  et  la  révolte  dans  le 
panégyrique  qu'il  prononça  à  Notre-Dame  de  Paris 
des  deux  martyrs,  lors  des  obsèques  solennelles  que 
la  Ligue  leur  décerna  ;  nommé  par  Mayeune  prési- 
dent du  Conseil  de^  Quarante  :  il  est  cité  dans  toutes 
les  manifestations  de  la  Ligue,  à  la  fameuse  proces- 
sion de  la  Ligue,  etc.  Il  a  laissé  des  écrits  religieux 
et  de  science  liturgique. 

8.  Nicolas,  qui  suivra  après  ses  frères  aîoés. 

8.  Jérôme  Hennequin,  né  le  13  novembre  1547,  conseil- 
ler-clerc au  Parlement  de  Paris,  évêque  de  bois- 
sons, abbé  de  Bernay,  aumônier  du  duc  d'Alençon, 
mort  en  1610. 

8.  Jean  Hennequin,  seigneur  de  Manœuvre  et  Roque- 
mont,  trésorier  de  France  en  Picardie,  maître  des 
requêtes  et  secrétaire  des  finances  du  duc  d'Alen- 
çon en  1575,  ligueur,  fil  partie  du  Conseil  des  Seize. 
il  était  né  le  27  avril  1549. 

8.  Jeanne  Hennequin,  née  le  13  décembre  1544,  reli- 
gieuse à  Fontaine-les-Nonnains. 

8.  Anne  Hennequin,  née  le  5  septembre  1539,  mariée  à 


LES   HENNBQUIN  18^ 

André  de  Hacqueville,  s'  d'Osembray,  conseiller  du 
roi  en    ses   Conseils   d'Etat  et  privé,    maître   des 
reijuêtes  de   son   hôtel    et    premier    président   au 
Grand  Conseil. 
8.  Marie  Hennequin,   née  le  17  juillet  1550,  mariée  à 
Jean  Courtin,  s''  de  Bozoy,  mort  doyen  du  Parle- 
ment en  1653.  Elle  mourut  en  1633. 
8.  Antoine  Hennequin,  seigneur  d'Assy  et  Champcenetz. 
né  le  24  août  1538,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils  d'Etat  et 
privé,  conseiller  au  Parlement  en  1 575,  président  aux  Requêtes 
du  Palais,  maître  des  requêtes  et  conseiller  du  duc  d'Alenoon 
en  1575,  mort  eu  16'2Û.  i\Joins  aveuglément  livré  à  la  Ligue 
que  ses  frères,  il  sélail  attiré  une  verte  réprimande  et  remon- 
trance du  duc  de  Mayenne,  à  qui  il  avait  osé  dire  en  plein 
conseil  que  le  plus  court  pour  les  Parisiens  était  d'ouvrir  leurs 
portes  au  Béarnais,  puisque  ceux  qui  les  commandaient  ne 
se  trouvaient  pas  en  élal  de  les  tirer  d'oppression.  Il  épousa 
Jeanne  Hennequin,  fille  de  Nicolas,  seigneur  du  Perray,  maître 
des  Comptes,  et  de  Jeanne  Sallard.  Il  en  eut  deux  fils  et  trois 
filles,  mortes  en  bas-âge.  et  encore  deux  enfants  qui  suivent. 
Antoine  Hennequin  mit  tant  d'empressement  à  aller  saluer  le 
duc  de  Parme  après  qu'il  eut  fait  le  siège  de  Paris  eu  1590, 
que  les  deux  chevaux  de  son  carrosse  moururent  de  fatigue  ;  on 
en  fit  cette  épigramme  : 

«  Un  certain  président,  Triboulet  surnommé, 

Suivait  Monsieur  Roland,  échevin  renommé. 

Pour  saluer  le  duc  de  Parme  et  de  Plaisance; 

Il  avait  deux  chevaux  meilleurs  Français  que  lui 

Qui,  contraints  d'y  aller  en  eurent  tant  d'ennui, 

Que  tous  deux,  en  deux  jou^s,  sont  morts  de  déplaisance.  » 

Les  enfants  d'Antoine  Hennequin  furent  : 

9.  Antoine  Hennequin,  s''  d'Assy  et  Champcenets,  tué 

en  duel  au  siège  d'Amiens  en  1597. 
9.  Catherine  Hennequin,  née  le  14  octobre  1586,  mariée 
le  28  juin  1606  à  Charles   de  Balzac,   baron  de 
Dunes  ;  puis  en  1612  à  César  de  Balzac,  comte  de 
Gra ville,  s"^  de  Gié,  premier  colonel -général  des 
carabiniers  et  gouverneur  d'Orléans;  puis  en  troi- 
sièmes noces,  le   16  décembre  1640,  à  Nicolas  de 
Brichanteau,   marquis  de   Nangis,  chevalier  du 
Saint-Esprit  et  des  ordres  du  roi. 
8.  Oudart  Hennequin,  né  le  l^'"  octobre  1540,  seigneur  de 
Chantereine,  auditeur  des  Comptes  en  1363,  maître  des  Comph 


186  LKS    HENNEQUÎN 

les  eu  1507,  maître  des  requèles  et  conseiller  du  duc  d'Aleu- 
çou  en  1;i7a.  Il  donna  dans  la  Ligue.  Il  vivait  encore  en  1377 
et  était  mort  eu  1G09,  Selon  uu  auteur,  il  épousa  en  premières 
noces  Jeanne  de  Hacqueville,  sœur  du  premier  président  de 
ce  nom  ;  mais  il  épousa  certainement  Madeleine  Boucher 
d'Orsay-  dont  il  eut  : 

9.  Antoine  Heuuequin.   seigneur  d'Orville,  né  en  \l\C)^, 

suivant  les  armes,  mort  sans  hoirs. 
0.  Dreux  Hennequiu,  né  en  lo72,  seigneur  de  Chante- 
reine,  conseiller-clerc  au  Parlement,  prieur  de  Ville- 
nauxe  puis  abbé  de  Sainte-Marie  de  Beruay,  cha- 
noine de  Paris,  mort  le  7  mars  1651.  Au  dire  de 
Guy  Patiu,  il  avait  'iO,000  livres  de  rente,  ou  l'ap- 
pelait le  caharetier  de  la  Cour,  parce  qu'il  tenait 
table  ouverte  à  tous  les  courtisans,  et  les  grands 
joueurs  s'y  rendaient  et  étaient  bien  reçus.  Talle- 
mant  des  Réaux  dit  qu'on  l'appelait  le  cuisinier  de 
satin  ;  il  avait  la  prétention  d'avoir  la  meilleure 
table  et  le  premier  cuisinier  de  Paris.  l,e  roi 
Louis  XIII  l'avait  nommé  à  l'évêché  de  Soissons 
après  le  décès  de  son  oncle  Jérôme  Hennequin. 
9.  Edouard  Hennequin,  né  en  V6^'.\  et  mort  jeune. 
',».   André  Hennequin,  né  en  1588,    maitre  des  Comptes 

de  1619  à  163G,  mort  sans  alliance  en  1636. 
9.   Renée   [alias    Elisabeth)   Hennequin,   née   en    1575, 
mariée  en  1596  à  Raoul   le  Féron,  s'  d'Orville  et 
Louvres  en  Parisis,  maitre  des  Comptes. 
9.   Gabrielîe  [alias  Ysabeau)  Hennequin,  née  en  1585, 
mariée  le  8  février  1615  à  Deuys  Feydeau,  s'  de 
Brou,  conseiller  d'Etat.  Elle  meurt  le  9  octobre  1643 
et  est  inhumée  à  Saint-Merry. 
9.   Jeanne  Hennequin,  religieuse  à  Ghelles;  elle  était  née 
en  1578. 
8.  René  Hennequiu,  seigneur  de  Sermoises  et  Vîncy,  né  le 
31  décembre  1541,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils  en  1507, 
maître  des  requêtes  de  l'hôtel  en  1572,  maître  des  Requêtes 
et  conseiller  du  duc  d'Alençon  eu  1575;  membre  du  Conseil 
des  Quarante  pendant  la  Ligue,  mais  s'en  détacha  dès  avant  la 
reddition  de  Paris.  Il  épousa  Marie  de  Marillac,  fille  de  Guil- 
laume de   Marillac,  seigneur  de    Ferrières,  surintendant  des 
Finances,  et  de  Marie  [alias  Renée)  AUigret.  Il  en  eut  : 


I,RS    HENNEQUtN  187 

0,  Aune  Hennequiu,  nôo  on  l!i74,  religieuse  .lux  Filles- 
Dieu. 
[) .  Renée  Hennequiu,  née  en  11170.  religieuse  à   Fon- 

laiue-les-Nonuains. 
0.  Geneviève  Henuequin,  religieuse  à  Fonlair.e-les  Non- 
nains,  Lée  en  I  IJll . 
9,  Ysabelle  Heunequin,  née  en  Hi78,  religieuse  à  Notre- 
Dame  de  Soissons. 
9.   Louise  Hennequiu.   née   en    lliSO,  mariée    à   Pierre 
Boucher,  s'  d'Orsay,  conseiller  au  Parlement,  puis 
à  Sébastien  le  Hardi,  s'  de  la  Trousse,  grand  prévôt 
de  rHùlel,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils  privé  et 
d'Etal,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre  et  capi- 
taine des  gardes  de  la  Porte. 
9.   Marie  Hennequin,  née  en  1:i83,  mariée  à  Nicolas  de 
Gleyscnoux,  s'  de  Morainville,  secrétaire  des  com- 
mandements du  duc  de  Lorraine. 
8.  Nicolas    Hennequin,   né   en    lo4iî,  seigneur    du    Fay, 
secrétaire  des    Finances  et  maître  d'hôtel   ordinaire  du   roi, 
conseiller  du  roi  en  ses  Conseils  d'Etat  et  privé  en  1623.  En 
ISnTi,  il  est  conseiller  et  secrétaire  du  roi.  maison,   couronne 
de  France  et  de  ses  Finances.   En    1b75,   il    est  maître  des 
Requêtes  et  secrétaire  des  finances  du  duc  d'Aleucon.  H  est 
(lit  le  plus  riche  bourgeois  de  Paris.  On  croit  que  c'est  lui  qui 
lit  bâtir  le  cloître  des  Jacobins  de  Paris.  Il  épousa,   le    17  mai 
1577,  Marguerite  le  Féron,  tille  d'Antoine  le  Féron,  conseiller 
au  Trésor,  et  d'Anne  le  Picart.  Il  en  eut  : 

9.   Antoine  Hennequin.  s""  du  Fay  et  Vincy  eu  partie,  né 
en  1578,  suivit  d'abord  les  armes,  puis  se  tît  reli- 
gieux à  Saint-Lazare,  mourut  en  1645, 
!•.    Vsabelle  Hennequin,  non  mariée. 
9.   Renée  Hennequin,  née  en  100b,  mariée  à  Louis  Arba- 
leste,  vicomte  de  Melun. 

Brandie  de  Lantages,  à  Troyes,  et  son  rameau  aîné 
établi  en  Lorraine. 

5.  Jean  Hennequin,  s""  de  Mâchy  et  Lantages,  avocat  du 
roi  à  Troyes  ;  il  est  dit  avoir  donné,  avec  sa  femme,  la  table 
du  grand-autel  de  Saint-Jean  de  Troyes,  où  se  voyaient  leurs 
armes  ;  ils  furent  inhumés  devant  le  grand-autel  de  l'hôpital 
Saint-Bernard  ;  il  mourut  en  1468.  Marié  à  Guillemette  de  la 
Garraoise,  fille  de  Pierre  de  la  Garmoise,  s""  de  Saint-Mesmin, 


188  LES  HENNEQUIN 

et  de  JeaDue  Jacques,  lesquels  furent  inhumés  sous  une 
grande  tombe  de  cuivre  devant  l'autel  de  Saint-Jean  de 
Troyes  ;  cette  Guillemelte  était  sœur  de  Gilette  de  la  Gar- 
moise.  femme  de  Simon  Hennequiu.  frère  dudil  Jean.  De  ce 
mariage  vinrent  : 

6.   Jean,  qui  suit, 

6.  Oudart  Heanequin,  chanoine  et  grand  archidiacre  de 
Troyes  en  1470,  chanoine  et  doyen  de  Saint- Etienne, 
curé  de  Saint-Jean,  doyen  de  Saint-Urbain,  grand- 
vicaire  de  Louis  Kaguier,  évêque  de  Troyes  en 
1461.  Il  mourut  en  1483. 

6.  François,  qui  suivra. 

0.  D'après  certains  généalogistes,  il  faudrait  mettre  ici 
Gérard  Hennequin,  auteur  de  la  branche  de  Viller- 
mont.  Les  anciens  auteurs  ne  le  font  pas. 

6.  Nicole  Hennequin,  mariée  à  Guyot  le  Pelé,  s''  de 
Sainl-Parres. 

ô.  Catherine  Hennequin,  mariée  à  Guillaume  du  Bois,  s' 
de  LigueroUes. 

(j .  Henrietle  Hennequin,  mariée  à  Philippe  Luillier,  avo- 
cat-général au  Parlement.  l\  mourut  le  2  octobre 
1491,  et  elle  le  11  septembre  1484.  Ils  furent  inhu- 
més aux  Saints-Iunocents. 

t) .  Jeanne  Hennequin,  mariée  à  Nicolas  de  Mauroy,  sei- 
gneur de  Colaverdey,  Saint-Etienne.  Fontaines  et 
autres  lieux,  lieutenant-général  du  bailliage  de 
Troyes. 

G.  Gilette  Hennequin,  mariée  à  Jacques  Hacqueville  ou 
de  Hacqueville,  bourgeois  de  Paris,  quelquefois 
qualifié  conseiller  au  Parlement. 

6.  Guillemette  Hennequin,  mariée  à  Jacquinot  de  Mau- 
roy, voyeur  pour  le  roi  et  garde  »le  la  Monnaie  de 
Troyeh  '. 
6.   Jean  Hennequin,  seigneur  de  Lanlages,  avocat  du  roi  à 
Troyes.  Eu  1481,  un  Jean  Hennequin  est  député  de  Troyes 

1 .  De  ce  mariage  descend  toute  la  famille  de  Mauroy.  Les  Mauro}', 
venus  à  Troyes  avec  les  Hennequin,  y  sont  ciK^s  avai>t  l'an  1250  ;  ils  sont 
l'une  des  branches  cadettes  de  la  Maison  de  Wallincourt  en  Cambrésis  et 
Artois.  Ils  portaient  anciennement  eu  Artois  et  à  Troyes  :  d'azur  au  lion 
d'argent  à  la  bordure  d'ur.  Ils  portent  depuis  Tan  1447  les  armes  parlâmes  : 
d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  3  couronnes  royales  de  France. 
Cri  :  Waliincourl  !  Devise  :  Dampné  nez  pas  sy  ne  le  croys. 


Lhi,    HENiNEQUlN  189 

aux  ElaU  généraux.  En  1500,  uu  Jean  Hennequia  est  rece- 
veur du  grenier  à  sel  de  Troyes,  ce  pourrait  encore  è're 
celui-ci.  Il  épousa  Aune  Baillet,  iille  de  Jean  Baillet,  conseil- 
ler au  Parlement,  maître  des  requêtes  de  l'hùiel  et  seigneur 
de  Sceaux,  et  de  Nicole  de  Fresnes.  D'après  Moréri  et  Blan- 
chard, Jean  Heunequin  se  relira  à  Bar-le-Duc  et  y  épousa  eu 
secondes  noces  Louise  de  Longeville  ou  de  Longueville,  dont 
il  est  dit  avoir  eu  deux  enfants,  dont  François,  auteur  de  la 
branche  de  Lorraine.  On  a  toujours  discuté  à  cette  branche  sa 
jonction  avec  les  Hennequin,  mais  quoi  qu'il  en  soit,,  elle  fut 
reconnue  parente  par  le  reste  de  la  famille,  jouit  d'une  posses- 
sion d'état  incontestée,  trouva  place  avec  Moréri,  Blanchard  et 
autres,  dans  la  généalogie  Hennequin.  Les  auteurs  plus 
anciens,  les  anciennes  généalogies  n'en  parlent  pas.  Jeanne 
Hennequin  eut  de  son  premier  lit  : 

7.   Oudart   Hennequin.  né   à   Troyes   eu    I48i,  mort    à 
Troyes  en  1544,  Il  fut  abbé  de  Vertus  en  1522,  de 
Bassefontaine  en  1526,  de  Saint-Loup  en  1533,  de 
Saint-Marlin-ès-Aires   en    1534,    prieur   du   Saint- 
Sépulchre  et  de  la  Celle-sous-Chantemerle,  évêque 
de  Senlis  en  1526,  permuta  avec  Gaillaurae  Petit 
pour  l'évèché  de  Troyes,  où  il  ilt  son  entrée  solen- 
nelle le  28  mars  1 527  ;  fit  rebâtir  la  rose  méridionale 
de  la  cathédrale,  qui  était  tombée  en  1533,  restaura 
le  palais  épiscopal  et  le  château  de  Saint-Lyé,  fit 
construire  le  jubé  de  l'église  Saint-Médéric  ou  Sainl- 
Merry  de  Paris,  fit  faire  deux  grandes  verrières  au 
chœur  de  Saint-Merry  de  Paris,  où  il  est  représenté 
avec  ses  armes  écarlelées  de  celles  de  Baillet,  etc.  ; 
il   fut  inhumé  au  milieu  delà  nef  de  la  cathédrale 
de  Troyes.    Sa   pierre   tombale,    recouverte   d'une 
lame  de  cuivre  sur  laquelle  étaient   gravées  son 
épitaphe  et  ses  armes,  fut  déplacée  lors  du  dépave- 
ment général,  en  1780,  et  disparut  à  la  Révolution.' 
Il  fut  aumônier  de  François  1"-,  qu'il  suivit  en  Italie 
et  en  Espagne,  doyen  de  Saint-Urbain  et  chanoine 
de  Saint-Pierre  de  Troyes.  En  1517,  un  Odard  Hen- 
nequin, chanoine  et  échevin  de  Troyes,  doit  encore 
èlre  notre  personnage.  En   1533,  l'évèque   Henne- 
quin euirelient  les  chanoines  en  chapitre  de  la  néces- 
siié  de  combattre  les  erreurs  qui  sont  en  recrudes- 
cence dans  la  France  entière,  et  qu'a  ressuscitées 
uu  certain  Martin  Luther,  Saxon  allemand.  Le  20 


190  LES    HENNEQUIN 

décembre  1  o34,  lecture,  eu  chapitre,  de  lettres  du  roi 
à  l'évèque  Ileuuequiu,  qui  riuvitent  à  agir  eu  cou- 
séqueuce  de  celles  qu'il  a  reçues  précédemment,  et 
à  veiller  sur  sou  troupeau,  afin  de  le  proléger  contre 
l'hérésie  damnée  de  Martin  Luther.  Eu  llJo2,  les 
armes  de  l'évèque  lleuuequin  sont  mises  à  la  nef  de 
la  cathédrale  de  Troyes. 
7.  Guillaume  Henuequiû.  mort  jeune. 
7.  Jeau  Heuuequiu,  graud  archidiacre  de  '1  royes,  abbé 
de  Bassefoutaiue,  doyen  de  Saint-Urbain  ;  qualifié 
aussi  chanoine  de  Saint-  Pierre  et  archidiacre  de  Mar- 
gerie,  chevecier  et  chanoine  de  Saint-Élienne,  mort 
eu  1531,  inhumé  à  Saint-Pierre  sous  une  tombe  de, 
cuivre,  première  chapelle  sous  la  grosse  tour.  Ce 
Jeau  est  dit  le  jeune  ;  avant  lui,  un  Jeau  lleunequiu, 
dit  Fainé,  fut  7'^  doyen  de  Sc^int-Liibain,  archidiacre 
d'Arcis,  chanoine  de  Saint-Pierre  et  de  Saint- 
làienne. 
7.  Colette  lieuuequin,  mariée  à  Pierre  de  Giéou  de  Giey, 
bailli  de  Langres,  lieutenant-général  de  Chaumout, 
seigneur  de  Raucourt,  Briaucourt  et  Maruay.  C'est 
par  erreur  que  dom  Pelletier  fait  cette  Colette  enfant 
du  second  lit. 
7.   Claude  Hennequiu,  mariée  à  Jeau   FesUiot,  maire  de 

Troyes  eu  lb20. 
7.   Gilette  Hennequiu,  mariée  à  Jeau  Jamard,  avocat  du 
roi  à  Chàteau-Tliierry,  puis  à  Marc-des-Prés,  s'  de 
Viélaiues. 
7.   Une  ancienne  généalogie  ajoute,  aux  enfants  de  Jeau 
Hennequiu  el   d'Anne  Baillel,  une  Ysabeau  Henne- 
quiu, femme  de  Jean  Luillier,  bourgeois  de  Troyes, 
puis  de  Jacques   de    Villiers.    procureur  du    roi  à 
Sézaune  eu  Brie. 
Et  du  deuxième  lit  ; 

7.   François  Hennequiu,  qui  suit. 

7.  Jean  Henaequin,  marié  à  (ludelle  Maucervel,  est 
mort  sans  hoii'S. 
7  .  François  Hennequiu.  Les  lettres  d'érection  du  comté  de 
Curel,  en  1718,  le  disent  originaire  do  Troyes  el  de  la  Maison 
Hennequiu  de  cette  ville,  veuue  de  Flandres.  Malgré  cela,  uu 
doute  plane  sur  cette  jonction,  parce  que  les  anciennes  généa- 
logies mauuscriles  ne  citent  pas  le  second  mariage  de  Jean 


LES   HENNEQUIN  191 

Hennequia,  dont  François  est  dit  être  venu,  et  ne  nomment 
pas  François  parmi  ses  enfants  ;  mais  nous  avons  dit  (jue  la 
desceuJauce  de  ce  François  a  loujouis  joui  d'une  possession 
d'élat  et  d'une  reconnaissance  de  parenté  par  les  autres  Heu- 
nequin.  Les  au'eurs  (Moréri,  Blanchard,  dom  Pellelier)  ont 
donc  admis  celte  jonction.  François  Heunequin,  établi  en 
Lorraine,  épousa,  en  loo7,  Nicole  Hébert,  ilUe  de  Noël 
Hébert,  capitaine  des  portes  et  murailles  de  Bar-le-Duc,  puis 
Marguerite  de  Dramail.  Il  eut  du  premier  lit  : 

8.  Claude  Henueciuin,  lieuleuaut-colonel  du  régiment  de 
Poupart,  servit  longtemps  en  Hongrie,  pensionnaire 
du  duc  de  Lorraine,  mort  à  Nancy. 

8.   Nicole  Hennequiu,  mariée  à  Claude  Dupuy. 

8.  Jeanne  Henuequin,  religieuse  à  Bar-le-Duc. 
El  du  deuxième  lit  : 

8.  Nicolas,  qui  suit. 

8.  8.   <S.   8.   Quatre  tils  dont  les  noms  et  la  destinée  sont 

iuconnus. 

8.  Nicolas  Hennequiu,  est  dit  avoir  servi  en  Hongrie  sous 
le  duc  de  Mercœur,  mort  à  Nancy  en  1604.  Epousa  Adelinc 
de  Bar,  puis  Didière  Pinot.  H  eut  du  premier  lit  : 

9.  Jean  Hennequiu,  mort  en  France  dans  le  régiment 

des  gardes. 
Du  deuxième  lit  : 

9.  François,  qui  suit. 
9.  Judith  Hennequiu. 
9.   Anne  Hennequiu,  non  mariée. 

9.  François  Hennequiu,  seigneur  de  PuUenoy,  dit  le  baron 
Hennequiu,  secrétaire  de  la  grande-duchesse  de  Toscane  en 
1034,  secrétaire  des  commandements  de  François,  duc  de 
Lorraine,  lit  faire  enquête  sur  sa  noblesse  à  Bar-le-Duc  en 
1623  ;  reconnu  noble  par  le  duc  Charles  le  20  janvier  1639,  et 
par  le  roi  Louis  XIV  en  1653,  créé  libre  baron  de  l'Empire  et 
comte  palatin  par  lettres  de  l'empereur  Ferdinand  du  6  avril 
lôo2,  devint  président  de  la  Chambre  des  Comptes  de  Lor- 
raine et  surintendant  de  la  Maison  du  duc  de  Lorraine,  ministre 
et  ambassadeur  du  duc  de  Lorraine  en  plusieurs  cours.  Pen- 
dant plus  de  cinquante  ans,  il  fut  mêlé  aux  affaires  politiques 
de  la  Lorraine.  Tout  jeune  encore,  il  fut  attaché  comme  secré- 
taire à  la  grande-duchesse  de  Toscane,  Christine  de  Lorraine, 
femme  de  Ferdinand  de  Médicis.  A|)rès  avoir  passé  quelque 
temps  à  Florence,  il  revint  dans  son  pays,  où  il  entra  au  service 


1y2  LES    HENNEQUiN 

de  Nicolas- François  de  Vaudémont,  encore  étudiant  à  TUniver- 
silé  de  Pont-à-Mous&on.  Ce  n'était  pas  une  sinécure  que  d'être 
secrétaire  d'un  étudiant  de  19  ans,  évèque  depuis  cinq  ans  et 
cardinal  depuis  peu.  Pendant  son  séjour  à  Florence,  il  avait 
été  soupçonué.  par  Cosme  III  de  Médicis,  de  favoriser  l'amour 
passionné  que  la  grande-duchesse  de  ïoscaue,  Marguerite- 
Louise  d'Orléans,  avait  conçu  pour  le  prince  Charles  de  Lor- 
raine, fils  de  Nicolas-François.  C'est  à  ce  soupçon  qu'il  dut 
d'être  emprisonné  à  Metz,  et  son  séjour  de  trente-deux  mois 
à  la  Bastille  (1675)  u'est  pas  étranger  à  ces  mille  intrigues  dont 
la  Lorraine  a  tant  souffert  au  xvu«  siècle.  Le  baron  de  Henne- 
quin  s'est  acquitté  de  ses  fonctions  avec  un  dévouement  aveu- 
gle pendant  lout^^.  sa  vie.  Quand  ou  cherche  à  débrouiller  le 
réseau  des  iolrigues  dont  il  esi  parlé  plus  haut,  ou  rencontre  à 
chaque  pas  le  nom  de  Hennequin.  11  a  écrit  les  souvenirs  de  sa 
captivité  cà  la  Bastille,  cl  l'on  y  voit  qu'il  entretenait  les  meil- 
leures relations,  à  celte  époque,  avec  ses  parents  d'Ecquevilly, 
Charmont  et  autres.  On  a  aussi  de  lui  des  Mémoires  qui  sont 
demeurés  manuscrits  et  qui  étaient  à  l'abbaye  d'Eslival,  entre 
les  mains  du  P.  Hugo.  Dom  Calmet,  qui  leur  a  fail  de  nom- 
breux emprunts,  les  estimait  beaucoup.  Hennequiu  avait  en 
outre  publié  à  Nancy,  en  16?1,  une  traduction  française  du 
«  discours  funèbre  »  prononcé  par  le  jésuite  Lubérius,  l'an 
1 649,  à  l'anniversaire  de  la  mort  de  la  duchesse  Claude,  femme 
de  Nicolas- François.  Il  épousa  Louise  de  Fourny,  puis  Jeanne 
de  la  Grange  d  Arquien,  fille  de  Jean-Jacques  de  la  Grange 
d'Arquien  ;  elle  était  nièce  du  cardinal  d'Arquieu  et  cousine 
germaine  de  la  reine  de  Pologne.  Il  eut  du  premier  lit  : 
10.  Ferdinand,  qui  suit. 

10.  Marthe  Hennequin,  née  à  Vienne  en  Autriche  eu 

1G44. 
10.  Ferdinand  Hennequin,  libre  baron  de  l'Empire  et 
comte  palatin,  seigneur  de  Gellenoncourt,  Schwersheim,  Vel- 
lolte,  Boulancourt  et  Pullenoy,  né  à  Florence  en  163o,  inten- 
dant du  duc  François  de  Lorraine,  gentilhomme  de  la  cham- 
bre du  roi  de  France,  envoyé  du  duc  de  Lorraine  en  Pologne, 
fait  gouverneur  de  Gorze  en  1660,  commandant  d'une  compa- 
gnie de  chevau-légers  de  la  garde;  épousa,  par  contrat  du  16 
novembre  IGOO,  Catherine-Georgette  de  la  Haye  de  Salles, 
baronne  de  Curel,  lille  de  François  de  la  Haye  de  Salles  et  de 
Jeanne  de  la  Grange  d'Arquien,  remariée  à  son  père  François 
Hennequin.  Il  en  eut  : 

1 1 .  Pierre-Louis  Hennequin. 


LES    HENNEQtJIN  193 

11.   Charles  Heuuequiu. 

1 1 .  Nicolas-François,  qui  suil. 

11 .  Louise-Élisabelh  Heunequin,  née  en  1667,  le  5  jan- 

vier,   tenue  au  baptême   par  Isabelle  d'Orléans, 

duchesse  douairière  de  Guise. 
1 1 .  Nicolas-François  Henuequiu,  baron  de  Hennequiu  el  du 
Saint-Einpire,  comte  de  Gurel  et  de  Gellenoncourt  par  lettres 
d'éieciiou  du  10  décembre  HIS,  baron  de  Fresn^l,  seigneur  de 
Boulaucouri.  l^'orcelles,  Gugney,  Dompèvre,  Pelil-Mesnil, 
Bazoile.-,  Bouzev.-d,  Eslrennes,  Velolie,  Adometnil,  Hérimes- 
nil,  etc.,  né  à  Paris  en  16C2,  tenu  au  baplème  par  Nicolas- 
François  de  Lorraine  et  par  Marguerite-Madeleine  de  Loi  raine, 
duchesse  douairière  d'Orléans.  La  baronnie  deHeez  eu  Artois, 
celles  de  Fresiiel,  de  Gurel  el  de  Salles  furent  érigées  en 
comté  en  sa  faveur  par  lettres  paieutes  du  lU  décembre  1718. 
Il  fut  fcéuécbal  de  la  principauté  de  Joinville,  page  de  la 
grande  écurie  de  Louis  XIV  en  1680,  premier  chambellan  du 
duc  Léopold  en  luDS,  lieutenant  de  la  vénerie,  grand  louve- 
lier  de  Lorraine  en  1702,  conseiller  d'Éiat  du  duc  de  Lorraine 
en  1715,  mort  en  H^U.  Il  a  laissé  des  Mémoires  sur  1  histoire 
de  la  Lorraine.  Il  épousa,  le  20  avril  1693,  Elisabeth  le  Pru- 
dhomme,  fuie  de  Biaise-Ignace  le  Prudhomme,  s''  de  Vitri- 
monl,  el  de  Galherine  de  Ghastenay,  puis  Galheriue-Flisabelh 
de  lloucourl,  ûllc  de  Gharles-Frauçois,  s^  de  Pioncourt,  séné- 
chal de  la  Molhe  et  Bourmont,  par  contrat  de  mariage  du 
5  décembre  17.7.  Il  eut  du  premier  lit  : 

12.  Nicolas  Hennequin.  En  1708,  sous  le  titre  de  baron 

de  Hennequin  de  Gellenoncourt,  il  est  lieutenant 
commandant  d'une  compagnie  de  chevau- légers 
de  la  garde  du  duc  de  Lorraine,  api  es  avoir  été 
sous-lieutenant  dans  la  même  compagnie.  Il  épousa, 
le  28  août  1721,  Marthe-Louise  de  Oéder,  fille 
d'un  colonel  de  régiment  suisse.  Il  fut  tué  en  duel 
le  7  décembre  1736  à  40  ans,  et  mourut  sans 
enfants. 
Et  du  deuxième  lit  : 

12.  Nicolas-François,  qui  suit. 

12.  Charles-François  Hennequin,  comte   de  Gurel,   qui 
était,  en  1789,  premier  gentilhomme  de  la  cbam- 
bre  du  feu  roi  de  Pologne. 
12.  Élisabetb-Charlolte-Pauline    Hennequin,    née    et 
baptisée  le  18  juin  ]Tà'6. 

13 


194  LES   HENNEQUIN 

12.  Nicolas-François  Ilennequin,  comle  de  Fresnel,  reçu 
cadet  genlilhomtnc  dans  la  compagnie  du  duc  de  Lorraine  en 
1745,  marié  à  Maiie-CharloUe  Diicoiu.  Il  eu  eut  : 

13.  Calheriue-CharloUe  Ilenuequiu,  née  à  Chàlons-sur- 
Marne  en  1759. 
D'après  certains  indices,  celle  branche  se  serait  perpétuée, 
jusqu'à  nos  jours,   en  Autriche  et  eu  Lorraine.  On  dit  qu'elle 
a  produit,  en  notre  siècle,  un  général  au  service  autrichien. 

Branche  de  Lantages  (continuée  à  Troyes)  et  des 
seigneurs  marquis  de  Charment. 

6.  François  Hennequin,  seigneur  de  Lantages,  grenetier 
d'Arcis-sur-Aube,  épousa  Jac(iuelle  Léguisé,  dont  il  eut  : 

7.   Nicolas,  qui  suit. 

7.  Jeanne  Hennequin,   mariée  k  Guillaume  le  Comte, 
bourgeois  de  Paris. 

7.  Guillemelle  Hennequin,  mariée  à  Denys  Gochol,  puis 

à  Christophe  Ménisson. 

7.  Nicolas  Hennequin,  seigneur  de  Lantages,  échevin  de 
Troyes  en  1533  ;  était  si  riche  qu'on  dit  qu'il  eut  60  maisons 
brûlées  lors  de  l'incendie  de  Troyes  en  1024.  Épousa  Jeanne 
{alias  Catherine)  Ludot,  dont  il  eul  : 

8.  François,  qui  suit. 

8.   Nicolas  Hennequin.  prieur  de  Nolre-Dame-des-Vertus.  . 
8.   Oudart  Hennequin,  mort  sans  alliance. 
8.  Jean  Hennequin,  marié  à  Louise  de  Mercure,  dont  il 
eut  : 
y.  Pantaléon  Hennequin,  religieux  à  la  Kivour. 
9.  Nicolas   Hennequin,   prieur    de   Notre-Dame- des - 

'Vertus. 
9.   Louise   Hennequin,    mariée  à  Claude  {alias  Jean) 

Luiilier. 
9.   Hélène  Henr:equin,   mariée    à    Pierre    Boilletol,  s' 
d'Assenay,  consul  à  Troyes. 
8.   Jacquette  Hennequin,  morte  sans  alliance. 
8.  Jeanne  Hennequin,  mariée  à  Nicolas  Arnould. 
8.  Catherine  Hennequin,  mariée  à  Jean  du  May. 
8.  Denise  Hennequin,  mariée   à  Jean  de  la  Huproye, 
puis  à  Jean  Faulchon  [alias  Frochon). 
8.   François  Hennequin,  s''  de  Lantages,  vivait  encore  de 


LES   HENNEQUIN  195 

1576  à  1584,  échevin  de  Troyes  eu  1550.  Il  épousa  Calheriue 
Camusat,  puis  Barbe  Clérey,  ûlle  de  Denis  Clérey,  s""  de  Vau- 
bercey,  et  de  Jeanne  Mole.  Il  eut  du  premier  lit  : 
9.  François  Heunequin,  mort  jeune, 
y.  Nicolas,  qui  suit. 

9.  Claude  {alias  Charlotte)  Hennequin,  non  mariée. 
9.  Marie  Hennequin,  non  mariée. 
Et  du  deuxième  lit  : 

9.  Jean  Hennequin,  qui  suivra. 

9.  Odard  Heunequin,  licencié  eu  décrets,  chanoine  de 
Saint- Ëlienue  et  doyen  de  cette  collégiale,  archi- 
diacre de  Margerie  ;  en  1614.  il  est  encore  chanoine 
et  archidiacre  de  Saint-Pierre,  grand  vicaire  et  grand 
aumônier  de  l'évèque  de  Troyes  ;  il  meurt  le  18  jan- 
vier 1614  ;  il  fut  aussi  doyen  de  Saint-Pierre. 
Ardent  ligueur,  échevin  de  ïroyes  en  1594,  chef  de 
la  députalion  de  Troyes  aux  États  de  la  Ligue  en 
1590. 
9.   François  Hennequin,  marié  à  Anne  de  Saint-Aubin  et 

mort  sans  hoirs. 
9.  Louis,  qui  suivra. 
9.  Nicolas  Hennequin,  seigneur  de  Lantages,  échevin  de 
Troyes  en  1 584,  marié  à  Jeanne  Huez,  puis  à  Catherine  Paillot. 
Il  eut  du  premier  lit  ; 

10.   François    Hennequin,    né   en    1573,    mort    sans 

alliance. 
10.   Claude  Hennequin,  né  en   1574,  chanoine  et  cel- 
lerier  de  la  cathédrale  de  Troyes  en  1605  ;  il  fut 
inhumé  à  Sainte-Marguerite  de  Chàlons,  étant 
mort  en  cette  ville  pendant  un  voyage,  en  1646. 
10.   Marie  Hennequin,  née  en  1576,  mariée  à  Jacques 
de  Combles. 
Et  du  deuxième  lit  : 

10.  Vincent  Hennequin,  né  en  1584  et  mort  jeune. 
10.  Catherine  Heunequin,  née  en  1585,  mariée  à  Bal- 
thazar  Tarlel,  notaire  royal  à  Troyes.  Elle  est 
dite  aussi  épouse  de  Jean  Hennequin,  élu  eu 
l'élection  de  Chàlons,  receveur -général  des 
gabelles  de  Champagne. 
10,  Anne  Hennequin,  mariée  à  Laurent  Tarlel,  notaire 
royal  à  Troyes. 


106  LES    HENNEQUIN 

10.   Odarl  Hennequin,  né  eu  1j90,  niorl  jeune. 

10.   Nicolas  Hennequin,  né  en  lo'.)3,  morl  jeune. 

10.  Marie  Hennequin.  née  en  lb94,  mariée  à  François 
de  Combles. 

10.  Moïse  Hennequin,  né  eu  1597,  lequel  est  dit  avoir 
élé  père  de  deux  enfanl?. 

10.   Claude  Hennequin,  né  en  1508  et  mort  jejne. 

10.  Marguerite  Hennequin,  mariée  à  Jacqu^-s  Norias. 
9.  Jean  Hennequin,  éclieviu  de  Tioyes  eu  ]oS'2,  marié  à 
Marie  Angonoust,  dont  : 

10.  Jacques  Hennequin,  né  à  Troyes  le  7  novembre 
ll>To,  morl  à  Troycs  le  31  août  166).  Henne- 
quin, dit  François  Pithou,  est  pour  nous  toute 
la  Sorbouje.  En  1636,  il  revient  à  Troyes  après 
cinquante  ans  de  professorat  en  Sorbonne,  où 
il  était  docteur  et  professeur  de  théologie  ;  il  fut 
chanoine  de  Sainl-Pierre  de  Troyes,  et  légua  sa 
bibliothèque  à  cette  ville  avec  400  livres  pour 
le  traitement  du  bibliothécaire.  Il  fonda  aussi 
quatre  lits  permanents  à  l'Hôtel-Dieu  de  Troyes. 
Son  iulervenliou  auprès  do  Richelieu  fil  réduire 
de  200,000  Hvres  à  120,000  un  impôt  dont  fut 
frappé  la  ville  de  Tioyes.  H  fut  inhumé  aux  Cor- 
deliers  de  Troyes,  où  l'on  voyait,  avant  la 
Révolution,  sa  tombe  avec  son  epitapàe.  U  est 
dit  avoir  été  choisi  pour  enseigner  'a  religion 
catholique  à  Henri  IV. 

10.  Jean  Hennequin,  seigaeur  de  Ta}iie  ? 

10.  Odard  Hennequin,  chanoine  de  Saint- Pierre  et 
trésorier  de  Saint -Etienne,  doyen  de  Saint- 
Étienne  et  de  Saint-Urbain,  mort  en  10o4  en  sa 
maison  du  cloître  Saint- Éiienne. 

10.   Nicolas  Hennequin,  mort  sans  alliance. 

10.  François  Hennequin,  chanoine  régulier  de  Saint- 
Loup  de  Iroyes. 

10.  Euslache  Hennequin,  s'^  de  Saint-André,  adjoint 
aux  Enquêtes  du  bailliage  de  Troyes. 

10 .  Marie  Hennequin,  mariée  en  1  o80  à  Emmanuel  Mau- 
clerc,  bourgeois  de  Troyes  ;  il  est  dit  lieutenant- 
général  du  bailliage  de  Vitry.  Son  père  eut  cerlai- 
nement  cette  charge, c'est  moins  prouvé  pour  lui. 

10.  Anne  Hennequin,  mariée  à  François  de  Coussy. 


LES   HENNEQUIN  197 

9.  Louis  Ileimequin,  seigneur  de  Charmonl,  couseiller  et 
secrétaire  du  roi,  maison,  couronne  de  France  et  de  ses 
Finances  en  1009,  résigna  cet  office  en  1633.  secrétaire  du 
cardinal  de  Bourbon,  secrétaire  de  la  chambre  et  du  cabinet 
du  roi,  conseiller  d'Éiat  avec  entrée  au  Conseil  ;  avait  été 
intendant  du  prince  de  Conti.  11  accompagnait  le  roi  aux  com- 
bats d'Arqués  et  d'Ivry  ;  marié  le  13  avril  1608  à  Antoinette 
de  Mauroy,  dame  de  Colaverdey-Cbarmout,  fille  de  François 
de  Mauroy,  seigneur  de  Colaverdey-Charmont,  et  de  Margue- 
rite de  Marguenat  ;  il  mourut  en  1694  et  fut  inhumé  à  Saint- 
Ândré-des-Arls.  Il  eut  pour  enfants  : 

10,   François,  qui  suit. 

10.  Louis  Hennequin,  religieux  de  Saint-Denis  en  France. 

10.  Jean  Hennequin,  capitaine  au  régiment  d'Orléans, 
mort  jeune. 

10.  Antoine  Hennequin,  chanoine  de  Troyes,  doyen  de 
Morlain. 

10.  Bénigne  Hennequin,  seigneur  de  Charmont  et  Fon- 
taines, capitaine  au  régiment  de  Champagne,  capi- 
taine aux  gardes,  maréchal  de  camp  avec  pension 
de  2,000  livres  sur  le  trésor  royal,  tué  en  1653  au 
siège  de  Sainle-Menehould,  après  plusieurs  actions 
d'éclat.  Il  épousa  Madeleine  de  Brouilly-Piennes 
et  mourut  sans  enfants. 

10.   Pierre  Hennequin,  mort  jeune. 

10.  Antoinette  Hennequin,  religieuse  à  Foicy-les- 
Troyes. 

10,  Marguerite  Hennequin,  mariée  à  Charles  de  Car- 
donne,  baron  d'Anglure,  écuyer  ordinaire  du  roi. 

10.  Marie  Hennequin,  mariée  à  Michel  de  Noël,  sei- 
gneur de  Buchères,  trésorier  de  France  en  Bour- 
gogne. 

10.  Geneviève  Hennequin,  religieuse  à  Notre-Dame-aux- 
Nounaius  de  Troyes. 

10.  Louise  Hennequin,  religieuse  à  l'abbaye  de  Ghelles 
(alias  à  l'abbaye  de  Longpré). 

10.  Marie  Hennequin,  morte  jeune. 
'  10.  François  Hennequin,  seigneur  de  Charmont  et  Golaver- 
dey  (le  fief  principal  de  Colaverdey  tînit  par  prendre  le  nom  de 
Ch'irmont,  petit  lief  qui  en  dépendait)  ;  il  fut  aussi  seigneur  de 
la  Barre,  etc.,  conseiller  au  grand  Conseil.  Il  mourut  en  mars 
1659.  Il  épousa,  le  27  septembre  1037,  Anne  de  Pingre  de 


198  LES    HENNFIQUIN 

Farinvilliers,  sœur  de  Pierre  Piugré,  évéque  de  Toulon,  mort 
en  odeur  de  sainteté  ;  elle  mourut  le  14  octobre  1683.  Leurs 
enfants  furent  : 

M.  Louis-François,  qui  suit. 

11.  François  Hennequin,  conseiller-clerc  au  Parlement, 
chanoine  de  Paris,  mort  en  avril  1709. 

11.  Claude  Hennequin,  né  le  10  juin  lGo2,  prieur  de 
Saint- Gervais  et  Saint-Protais,  chanoine  honoraire 
de  l'église  de  Paris,  vicaire-général  des  cardinaux 
de  Furstemberg  et  de  Rohan,  supérieur  des  reclus 
du  Mont-Valérien,  mort  à  84  ans  en  1738,  inhumé 
à  Notre-Dame  de  Paris,  il  a  laissé  des  écrits  et 
donné  une  nouvelle  édition  de  la  Bible  Vulgate. 

1 1  .   Antoinette  Hennequin,  religieuse  à  Foicy-les-Troyes. 

11.  Marguerite  Hennequin,  mariée  à  Antoine  le  Féron, 
s""  de  Montgeroult,  conseiller  au  grand  Conseil,  lieu- 
tenant criminel.  Elle  mourut  en  mars  1712. 

1 1 .  Madeleine  Hennequin,  morte  jeune. 

11 .   Charles  Hennequin,  mort  jeune. 

11 ,  Louise  Hennequin,  morte  en  bas-âge. 

1 1 .  Antoine  Hennequin,  mort  jeune. 

1 1 .  Louis- François  Hennequin,  s""  de  Charmont,  etc.,  né  le 
12  juin  1639,  conseiller,  puis  procureur  général  au  grand  Con- 
seil, nommé  premier  président  du  Parlement  de  Normandie, 
charge  dont  il  remercia  le  roi;  mort  le  18  novembre  1708.  Il 
épousa  Aune  de  Poussemothe  de  l'Étoile,  fille  d'un  maître  des 
Comptes,  laquelle  fut  inhumée  à  Saint-André-des-Arls  le 
23  décembre  1662,  puis  Marguerite  Lhoste  de  Beaulieu, 
laquelle  mourut  le  26  janvier  1723  et  fut  inhumée,  avec  son 
mari,  en  leur  chapelle  des  prêtres  de  Saint- Lazare.  Il  eut  du 
deuxième  lit  : 

12.  Louis-Léonard  Hennequin,  né  en   1670,  docteur  en 

théologie,  abbé  du  Valsecret,  prieur  de  Sainl-Jean- 
l'Hermilaire  au  diocèse  de  Soissons,  mort  le  23  fé- 
vrier 173o. 

12.  Joseph-Antoine,  qui  suit. 

12.  Jean-Marie  Hennequin,  mort  jeune. 

12.  Nicolas-François,  dit  le  chevalier  Hennequin  de 
Charmont,  gouverneur  de  Bar-sur-Seine,  capitaine 
des  vaisseaux  du  roi,  inspecteur  des  troupes  de 
la  marine,  chevalier  de  Saint-Louis.  Il  fui  auss| 


LES   HBNNEQUIN  199 

commandaul  pour  le  roi  à  Calais,  Mardyck  et  Dun- 
kerque  ;  blessé  en  plusieurs  combats  contre  les 
Anglais  et  Hollandais,  mort  à  Paris  le  19  avril 
1727,  à  55  ans,  inhumé  à  Saint-Sulpice. 

1 2 ,  Charles-François  Hennequin ,  lieutenant  des  vaisseaux 
du  roi,  mort  à  Saint-Domingue  en  1G9G. 

12.  Michel  Antoine  Hennequin,  mort  en  1699,  tué  au  ser- 
vice du  roi. 

12.  Marie-Françoise  Hennequin,  morte  jeune. 

12.  Marie-Marguerite  Hennequin,  religieuse  aux  Corde- 
lières du  faubourg  Saint-Germain,  morte  en  17)3. 

12.  Gabrielle-Félicilé  Hennequin,  mariée  en  170G  à  Jac- 
(jues  d'Aubeterre,  comte  de  Juilly-le-Châlel.  s,''  de 
Vaux  et  Fouchères.  capitaine  de  cavalerie  au  régi- 
ment de  Montpeyroux. 

12.  Marie-Perpétue    Hennequin.    religieuse   à    Hautes- 

Bruyères. 
12.  Joseph-Antoine  Hennequin,  dit  le  marquis  de  Char- 
mont,  seigneur  de  Charmont,  Fontaines,  etc.,  baron  de  Chas- 
senay,  page  du  roi,  mousquetaire,  capitaine  au  régiment  du 
roi  ;  prit  ensuite  la  robe,  fut  conseiller  au  grand  Conseil,  rap- 
porteur en  chancellerie,  procureur-général  au  grand  Conseil, 
seciétaire  du  cabinet,  ambassadeur  à  Venise,  conseiller  d  État, 
gouverneur  de  Châlons  en  1722,  lieutenant  de  roi  à  Troyes  en 
1723,  secrétaire  des  commandements  du  duc  de  Bourgogne. 
Saint-Simon  le  cite  longuement  sous  le  nom  de  Charmont.  Il 
jouissait  de  la  plus  haute  considération  auprès  du  duc  de 
Bourgogne.  Il  épousa  Louise- Elisabeth  de  Marcillac,  fille  de 
Claude  de  Marcillac,  s""  d'Arc  et  de  Charasse  ;  elle  mourut  au 
château  de  Charmont  le  7  août  1731.  Leurs  enfants  furent  : 

13.  Marie-Louise-Élisabeth  Hennequin,  mariée  le  27  juil- 

let 1714  à  Joseph  Trudaine,  seigneur  d'Oissy  et 
Riencourt,  brigadier  des  armées  du  roi,  comman- 
deur de  Saint-Louis,  capitaine  des  gendarmes  de 
Bretagne;  puis  en  secondes  noces,  en  1735,  à 
Joseph-Joachim-Thomas  de  Cohorn,  marquis  de  la 
Pallun,  gouverneur  de  Bourbon  et  des  ville  et 
principauté  d'Orange,  capitaine  des  gardes  du 
comte  de  Charol^. 
13.  Françoise-Élisabetfi  Hennequin,  morte  jeune* 


200  LES    HENNEQUIN 

Branche  de  Villermont. 

Reconnue  par  la  branche  d'Ecquevilly  au  commencement 
de  ce  siècle,  non  citée  par  les  anciens  auteurs  ;  mais  leshétal- 
distes  contemporains,  d'accord  avec  les  traditions  de  famille, 
font  son  auteur  Gérard,  fils  de  Jean  Hennequiu  de  Lantages 
et  de  Guillemelle  de  la  Garmoise,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus 
haut. 

6.  Gérard  Hennequiu,  seigneur  d'Allonneaux,  épousa, 
avant  le  30  novembre  14iJ5,  Anne  de  Cheppe,  dame  duditlieu, 
dont  il  rendit  hommage  à  Robert  de  Baudricourt,  fc'  de  Bussy- 
le-Ghâtel  et  Cernon,  le  30  novembre  145o.  Ces  deux  époux 
vivaient  encore  eu  1490  ;  ils  eurent  pour  enfants  : 
7.  Jacques,  qui  suiL 

7.  André  Hennequiu,  s''  de  Drouilly,  dont  on  ignore  la 

destinée. 
7  .  Jacques  Hennequiu,  seigneur  d'Allonneaux,  épousa,  le 
30  septembre  1490,  Catherine  Chenu,  fille  de  Jean  Chenu, 
licencié  ès-lois,  et  de  Jeanne  de  Maucabriey.  Il  est  dit  êlredes 
Chenu,  s?''^  d'Yvelot.  De  ce  mariage  : 

8.  Gérard,  qui  suit. 

8.  Hélène    Heunequin,   mariée   le    14    février    1u37    à 

Charles  des  Forges,  s""  de  Vaux  et  Pringy. 

8.  Gérard  Hennequiu,  seigneur  d'Allonueaux,  marié,  par 
contrat  du  15  mai  lb35,  à  Anne  Bizet  [alias  Brissier),  veuve 
de  Nicolas  Cuissolte,  s""  de  Gizaucourl,  Bierges,  etc.  Il  meurt 
en  1560  ;  sa  veuve  vit  encore  en  1548.  Ils  eurent  : 

9.  Nicolas,  qui  suit. 

9.  Aune  Hennequiu,  mariée  à  Jean  Brissier,  bourgeois 

de  Châlons,  et  inhumée  à  Saint- Alpin  de  Ghâlons 
le  9  octobre  1599. 

9.  Nicolas  Heunequin,  seigneur  d'Allonneaux,  receveur 
di's  aide»  et  laillch  eu  l' élection  de  Châlons,  gouverneur  muni- 
cipal de  Châlons  en  1565,  marié  le  9  mars  1560  à  Marguerite 
Domraangiu,  lille  de  Pierre  Dommaugiu  et  d'Anne  (ou  Jeanne) 
Langault.  11  mourut  le  24  mars  1572,  et  elle  le  6  avril  1609  ; 
tous  deux  furent  inhumés  à  Saint-Alpin.  Ils  eurent  pour 
enfants  : 

10.  Nicolas,  qui  suit. 

10.  Antometle  Heunequin. 

10.  Nicolas  Hennequiu,  seigneur  d'Allonneaux  et  Cramant 
en  partie,  marié,  par  contrat  du  23  février  1585,  à  Claude 


LES   HENNEQUIN  201 

Horguelin,  fille  de  Pierre  Ho»'guelinet  de  Marie  de  GhasUllon, 
puis,  par  contrat  du  13  décembre  1597,  à  Perrette  Oulry,  tille 
de  Michel  Oulry  et  de  Perrette  Brissier.  Il  mourut  le  11  avril 
1630,  et  fut  inhumé  à  Saint-Alpin  avec  sa  première  femme.  Il 
eut  du  premier  lit  ; 

11  ,  Jean  Hennequin,  élu  en  l'élection  de  Châlons,  rece- 
veur général  des  gabelles  de  Champagne  en  1031, 
marié  à  Catherine  Hennequin,  fille  de  Nicolas  Hen- 
nequin, de  Troyes,  et  de  Catherine  Paillol.  Il  en 
eut  : 
12.  Nicolas  Hennequin,   qui  était,   eu   1642,  sous  la 
tutelle  de  Nicolas  le  Febvre,  s'^  des  Chevaliers, 
son  beau-frère. 
12.  Perrette  Hennequin,  mariée  à  Nicolas  le  Febvre,  s*" 
des  Chevaliers,  la  Planche  et  du  Plessis. 
11 .   Nicolas  Hennequin,  marié,  par  contrai  du  22  février 
1613,  à  Claude  Pillou  ;  il  vivait  encore  en  1633.  Ou 
le  du  mort  sans  hoirs.  Eu  1624,  il  avait  eu  un  fils, 
Nicolas  Hennequin. 
11 .  Michel  Hennequin,  conseiller  du  roi,  receveur-géné- 
ral des  gabelles  de  Champagne  en  1644,  marié  à 
Françoise  Passart.  petite- tille  de  Michel  Pâssart, 
dit  le  Gciueher,  si  estimé  d'Henri  IV  pour  s'être 
employé  vigoureusement  à  la  reddition  de  Paris 
en  son  obéissance.  Il  mourut  en   1671,  ayant  eu 
pour  enfants  : 
12.  Claude    Hennequin,    s"'    de    Matry,   Vouciennes, 
Vitry-la- Ville  en  partie,  né  le  23  décembre  1639, 
écuyer  de  la  grande  écurie  du  roi  en  1 669,  épousa 
à  Châlons,  le  2  juillet  1666,  Claude  Malhé,  dame 
de  Vitry-la- Ville  en  partie,  Vouciennes,  etc., 
grand  prévôt  de  Champagne,  et  de  Marguerite 
d'Aoust.  Il  mourut  avant  le  3U  septembre  1680, 
et  elle  le  18  mars  1713,  à  Paris.  Ils  eurent  : 
13.  Marie-Françoise,  née  le  17  mai  1668. 
<3.  Marie-Angélique,  née  en  1667. 
13.   Claude  Hennequin,  s'  de  Matry,   Vilry,  Voul- 
ciennes,   né  le  23   décembre  1669,  figure  à 
l'arrière-ban  de  1695,  mort  sans   alliauce  en 
1724. 
13.  Claude- Angélique  Hennequin  de  Matry,  dame 
dudit  lieu,  morte  en  1734. 


202  LES   HENNEQUIN 

r2.   Madeleine  Hennequin,  née  le  6  juillet  1631,  mariée, 
par  contrai  du  11  mai  1650.  à  Charles  Colberl,s' 
du  Terron  et  Longeville,  marquis  de  Bourbonae, 
intendant  de  la  marine  du  Pouant,  intendant 
de  Touraiue,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils 
privé  et  d'État,  lequel  mourut  en  1733. 
1 1 .   Pierre  Hennequin,  marié  à  Louise  Godet  de  Crouy, 
dame  de  Vienne,  lille  de  Jean  Godet,  s'  de  Crouj* 
et  de  Marie  de  Paris  de  Branscourt.  Il  mourut  avant 
le  28  août  1640,  ayant  eu  : 
12.  Claude  Hennequin,  mariée,  par  contrat  du  28  août 
1640,  à  Claude  Loisson,  écuyer,  s'  de  Guiuau- 
raoDt,  Breuvery,  etc.,  conseiller  d'État,  président 
et  lieutenant-général  du  bailliage  et  siège  prési- 
dial  de  Châlons. 
12,   Nicolas  Hennequin,  né  en  1621. 
Et  du  deuxième  lit  : 
1 1 .  Gilles,  qui  suivra. 

1 1 .  Catherine  Hennequin,  mariée  à  Jean  Clozier,  s""  de  la 

Veuve,  Juvigny,   etc.,  conseiller  du  roi,  gentil- 
homme ordinaire  de  sa  chambre,  ambassadeur  à 
Mayence  et  en  Wurtemberg  :  il  fut  aussi  commis- 
saire des  guerres,  commissaire  ordonnateur  et  con- 
ducleur-général  de  la  cavalerie  légère.  l\  est  mort 
à  Juvigny  le  2  avril  1662,  et  sa  femme  le  8  avril 
1684.  Ils  furent  ensevelis  en  l'église  Notre-Dame 
dudit  lieu. 
1 1 .   Gilles  Hennequin,  s""  de  la  Molhe  et  Cramant,  conseil- 
ler du  roi,  président  au  grenier  à  sel  de  Châlons  eu  1631  ;  il 
épousa,  par  contrat  du  25  novembre  1630,  Jeanne  le  Duc, 
lille  de  Pierre  le  Duc,  écuyer,  s''  de  Compertrix  et  de  Marie  de 
Bar.  Il  mourut  le  10  février  1661.  Ils  eurent  pour  enfants  : 

12.  Christophe,  qui  suit. 

12.  Gilles  Hennequin,  s''  de  Cramant  et  Saint-Martin- 
aux-Champs,  lieutenant  de  cavalerie,  gentilhomme 
ordinaire  delà  chambre  du  roi  en  1653, puis  prêtre 
et  prieur  de  Chépy  ;  il  était  né  en  1631,  mourut 
le  30  mai  1721  ;  fut  appelé  l'abbé  de  Cramant. 

12.  Nicolas  Hennequin,  s""  de  Cramant,  né  le  14  janvier 
1648,  lieutenant  d'infanterie,  capitaine  d'une  com- 
pagnie de  fusiliers  ea  1679  ;  aide  de  sergent-major 
4e  la  yille  de  Marsal  en  1684,  épousa,  par  contrat 


LÈS   HENNKQUIN  203 

du  l;i  février  1070,  Judith  de  Brivoy  {alias   de 
Sabrevois),   lille  de   Nicolas,  seigneur  de  Sabre- 
vois,  el  de  Fleurdelys  Mailly.  Il  ea  eut  : 
13.  François  Hennequiu  de  Cramant,  sous-lieutenant 
dans  le  régiment  d'infanterie  de  Tulle  eo  U193, 
lieutenant  dans  celui  de  cavalerie  de  du  Trong 
eu  1721. 
\?<.  Madeleine  Hennequin,  épouse  de  Jacques  de  Moli- 
nier,  lieutenant  de  cavalerie  au  régiment  de  Vil- 
lars,  chevalier  de  Saint-Louis.  Elle  mourut  en 
1762. 
13,  Marie-Jeanne  Hennequin,  née  le  1 '/ février  1675. 
13.  Nicolas  Hennequin  de  Cramant,  lieutenant  de  la 
compagnie  de  Compreignac  au  régiment  d'infan- 
terie de  Tulle  en  1693,  puis  cornette  en  la  com- 
pagnie  de  Pallière  au  régiment  de  Narbonne- 
cavalerie  en  16U4,  lieutenant  au  même  régiment 
la  même  année,  lieutenant  réformé  en  1698. 

13 Hennequin,  lieutenant,  mort  à  Lunéville. 

13.  Anne  Hennequin,  morte  sans  alliance. 
12.   Catherine  Hennequiu,  née  en  1634. 
12.  Pierre  Hennequin,  né  en  1636  (12  janvier). 
12.   Anne  Hennequin,  née  le  22  novembre  1637,  mariée 
avant  le  7  avril  1691  à  Léandre  de  Vaudelar,  s''  de 
Condé-sur-Marne. 
12.   Marie  Hennequin,  née  le  18  décembre  1640. 
12.   Guillemelte  Hennequin,  née  en  1641,  mariée  à  Nico- 
las Gargam,  s""  de  Mauberlfontaine. 

12.  Henri  Hennequin,  né  en  1652. 

12.  Christophe  Hennequiu,  s'  de  Vieuxdampierre,  Cra- 
mant, etc.,  né  le  3  mai  164i  ;  conseiller  du  roi,  président  du 
grenier  à  sel  de  Chàlous,  mort  le  5  juillet  1712,  inhumé  en 
l'église  de  la  Trinité  à  Châlons.  Il  fut  tué  d'un  coup  de  fusil 
lâché  par  un  soldat  ivre.  Le  10  septembre  1680,  il  fut  main- 
tenu noble  par  arrêt  de  la  Cour  des  Aides.  11  épousa,  par  contrat 
du  26  avril  1673,  Perrelte-Angélique  Fagnier  de  Vienne.  Elle 
mourut  à  Châlons  à  68  ans,  le  21  janvier  1715.  Ils  eurent 
pour  enfants  : 

13.  Pierre-Nicolas,  qui  suit. 

13.  Ghrislophe'Georges  Hennequin,  né  le  31  mai  1674, 


204  LES   HENNEQUIN 

lieuleuaut  au  régiment  d'Humières  en  1694,  mort 
sans  alliance  en  1704. 

13.  Félix-François  Ilennequiu,  né  le  25  juillet  1675,  lieu- 
tenant au  régimenl  de  Lorraine,  mort  en  1706. 

13.  Catherine-Angélique  Hennequin,  née  le  20  février 
1677,  mariée  le  1'^'' avril  17)5  à  François  Cornet, 
écuyer,  s""  de  Villermont,  capitaine  d'infanterie  au 
régiment  de  la  Marche,  gentilhomme  près  le  comte 
d'Harcourt-Lorraine.  N'ayant  pas  eu  d'enfants,  il 
légua  Villermont  à  son  neveu  Pierre- Gilles  Hen- 
nequin. Elle  mourut  le  14  août  1742. 

13.  Nicolas  Flennequin,  né  eu  1679. 

13.  Pierre-Nicolas  Hennequin,  s'' de  Vieuxdampierre,  Saint- 
Martin-aux-Champs,  etc..  né  le  31  mai  167d,  épousa,  par 
contrat  du  27  avril  1715,  A.nne-Pome  Gatgam,  liUe  de  Pierre 
Gargara,  lieutenant  de  roi  de  la  ville  de  Chàlous,  et  de  Marie 
le  Moyne.  Il  mourut  le  14  avril  1727,  et  elle  le  15  mars  1719 
à  28  ans  10  mois.  Hs  eurent  pour  enfants  : 

14.  Gilles- Emmanuel  Hennequin,  né  le  20  mars  1716, 

mort  à  neuf  jours. 

14.  Pierre-Gilles,  qui  suit. 

14.  Pierre- Gilles  Hennequin,  seigneur  de  Villermont,  S'- 
Martin-aux-Ghamps,  Villerin,  Cuys-la-Tour,  Fay,  Cramant, 
Ghouilly,  né  le  5  mai  1717,  marié,  par  contrat  du  11  décem- 
bre 1746,  à  Suzanne-Rose  de  Failly,  fille  de  Henry  de  Failly, 
s""  de  Doumely,  Vinay,  Guys,  Cramant,  major  au  légiment  de 
la  marine,  chevalier  de  Saint-Louis,  et  de  Françoise  de  Fra- 
rin.  Il  mourut  le  6  janvier  1795,  et  elle  le  30  décembre  1803. 
Ils  eurent  : 

15.  Perrette-Henrielte  Hennequin  de  Villermont,  née  le 

21  janvier  174S. 

15.  Marie-Suzanne  Hennequin,  née  le  12  octobre  1749, 
mariée  en  1773  à  Jacques  Perrier,  s"'  de  la  vicomte 
de  Savigny. 

15.  Perrette-Louise  Hennequin  de  Guys,  née  le  14  no- 
vembre 1750,  mariée  le  24  juin  17^1  à  Alexandre 
d'Aulnay,  s''  de  Frampas,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  capitaine  d'artillerie. 

15.  Barbe-Jeanne  Hermequin,  née  en  1751,  morte  eu 
1719. 

15.   Alexandre-Guy-Âldon,  qui  suit. 

15.  Hennequin,  né  en  1755,  mort  eu  1758. 


LES    HENNKQUIN  20b 

15.   Marie-Heiirielle  Hennequiii,  née  en  17oG,  morle   en 

183G. 
lo.  Aurore  Heuaequiu,  née  le  lii  janvier  I7b9,  tnorle  en 

17'JI. 
\[', .   Alhanase-Louis-Emmanuel,  qui  suivra. 

15.  Alexandre-Guy-Aldon  Ilennequin  de  Villermonl,  né  le 
6  mars  17;J0,  capilaine  des  grenadiers  au  régimenlde  Norman- 
die en  1787,  marié,  par  coniral  du  7  septembre  \1'J'6,  a  Elisa- 
beth-Chariotle  de  Kailly,  fille  de  Nicolais-Jo.-eph  de  Fadly, 
comle  de  Florent,  Beilevdle,  etc.,  et  de  J -anue-É  éouore  de 
P.ivant.  Il  mourut  le  '2'j  janvier  1830,  et  elle  le  27  janvier 
1838,  laissant  : 

16.  Alexandre-Nicolas- Joseph  Heuuequiu,  marquis  de 
Villermonl,  né  le  20  juin  179G,  officier  au  1*=''  hussards,  démis- 
sionnaire ;  officier  de  la  Maison  rouge  du  roi  Louis  XVIIf, 
marié  à  Sophie-Constance  de  Bruneteau  de  Sainte-Suzanne, 
fille  du  lieut.euanl-général  et  pair  de  France,  et  de  la  baronne 
Zorn  de  Bulach,  son  épouse.  Il  mourut  le  18  septembre  1850. 
Ils  eurent  pour  enfants  : 

17.   Léonide-Élisabeth  Hennequin  de  Villermonl,  née 

en  1b21,  non  mariée. 
17.   Marie-Ernestine  Hennequin  de  Villermonl,  née  en 

1824,  non  mariée,  morte  en  î8<Sl. 
17.   Alfred-Heury-IIubert,  qui  suit. 
17.   Alberline-Augustine  Hennequin   de   Villermonl, 

née  en  1829,  non  mariée. 

17.  Alfred-Henry-Huberl  Hennequin,  marquis  de  Viller- 
monl, né  le  7  mai  1826,  ancien  élève  de  l'École  polytechnique, 
fit  campagne  en  Crimée  comme  officier  d'étal-raajor,  aide  de 
camp  du  général  de  Failly ,  fut  grièvement  blessé,  à  la  tète,  d'un 
éclat  d'obus  le  31  août  1855  ;  fut,  en  Algérie,  aide  de  camp  du 
générai  Yusuf,  puis,  à  Rome,  aide  de  camp  du  général  de 
Monlebello  ;  fil  la  campagne  de  1870;  fait  prisonnier  de 
guerre  à  Metz  et  envoyé  en  Allemagne;  prit  part  à  la  répres- 
sion de  la  Commune  ;  lieutenant-colonel  d'étal- major  en 
1873,  retraité  en  187G  ;  nommé  conseiller  référendaire  à  la 
Cour  des  Comptes  le  31  décembre  1875;  conseiller  référen- 
daire honoraire  eu  1896;  officier  de  la  Légion  d'honneur, 
commandeur  de  l'ordre  de  Saint-Grégoire  le  Grand  (classe 
militaire),  chevalier  de  l'ordre  de  Pie  IX,  chevalier  de  l'ordre 
de  Wasa,  de  Saint-AIaurice  et  Saint-Lazare,  décoré  du  Medji- 
dié,  de  la  médaille  anglaise  de  Crimée,  de  la  médaille  poulill- 


206  LES    HBNKEQUIN 

cale  de  Mentana,  de  la  médaille  coloniale,  elc.  Marié  le  13  juiu 

1860  à  Marguerile-Georgine  Labbey  de  la  Roque,  petile-fiUe 

du  comle  d'Héricy,  grand  écuyer  de  l'Empereur,  il  en  eut  : 

18.   Henry-Léon-Baudoin  Hennequin,  comte  de  Viller- 

mont,  né  le  13  avril  1861   ;   élève  de  l'école  de 

Saint-Cyr,  capitaine  au  95^  d'infanterie.  Marié,  le 

27  juillet   1891,  à  Marie  Saulereau  du  Part,  iille 

de  Jules  Saulereau  du  Paît,  ancien  député,  et  de 

Marie  de  Nesle,  dont  : 

19 .   Georges-Huberl- Antoine  Hennequin  de  Villermonl, 

né  le  19  juin  1893. 
19.  Solange-Marguerite-Marie  Hennequin  de  Viller- 
mont,  née  le  24  août  1896. 
15.  Atbanase-Louis-Emmanuel  Hennequin,  dit  le  cheva- 
lier de  Villermont,  créé  comte  par  Louis  XVIII,  par  signature 
du  roi  en  son  contrat  de  mariage  avec  M"'=  de  Brettes  ;  né  le 
9  avril  1763.  capitaine  de  vaisseau,  contre -amiral  honoraire, 
chevalier  de  Saint-Louis  et  de  la  Légion  d'honneur.  Il  fit  ses 
premières  armes  sur  le  Scipion,  au  naufrage  duquel  il 
échappa  ;  il  était  sur  le  Triton  sous  le  comte  de  Guiche,  aux 
combats  des  17  avril,  15  et  19  mai  1780  ;  enseigne  de  vaisseau 
en  1781 ,  fit  les  campagnes  de  1 781  et  1782  sur  le  Réfléchi,  de 
l'escadre  du  comte  de  Grasse,  et  se  distingua  aux  combats  des 
Iles-sous-le-Vent  et  du  29  avril  1781,  à  celui  de  la  baie  de 
Chesapeake  le  S  septembre  suivant,  de  Saint- Christophe  le 
2o  janvier  1782,  et  à  ceux  du  lendemain  26.  Il  était  sur  le 
Téméraire  lors  du  combat  du  9  avril  1782,  et  à  celui  du  12  du 
même  mois.  Il  leva,  sous  le  comte  de  Puységur,  les  plans  de 
Saint-Domingue;  fait  lieutenant  de  vaisseau  en  1786,  servit 
en  celte  qualité  sur  le  Téméraire  et  le  Superbe,  et  comme 
commandant  de  V Active.  Il  était  à  Saint-Domingue  lors  de 
l'insurrection,  et  il  s'y  montra  brave  et  énergique.  Il  émigra  et 
servit  à  l'armée  des  princes  dans  le  corps  de  la  marine,  til  les 
campagnes  de  1791  et  1792,  fut  major  du  corps  de  la  marine  ; 
était  olficier  d'artillerie  sous  le  marquis  d'Aulichamp,  au  siège 
de  Maeslricht  ;  il  passa  en  Russie,  y  commanda  le  brick  la 
Victoire,  sur  lequel  il  Ut  les  camjjagnes  de  1796  et  1797  sur 
les  côtes  de  Perse,  où  il  se  distingua  eu  dispersant  seul  une 
ilottille  ;  remplit  deux  missions  sur  les  cùles  de  Turcomanie, 
quitta  le  service  russe  en  1798;  fut  fait  chevalier  de  Saint- 
Louis  par  Louis  XVIII  ;  invité  par  Napoléon  à  reprendre  du 
service  quand  il  rentra  en  France,  refusa  ;  capitaine  de  vais- 
seau à  la  rentrée  des  Bourbons,  attaché  au  port  de  Cherbourg 


LES    HENNEQUIN  20"? 

en  1814,  gouverneur  du  Collège  roj'al  de  la  Marine  à  Augou- 
lènie,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1821 ,  conlre-amiral 
honoraire  en  1827.  Il  épousa,  le  24  mai  1802,  Louise-Claudine 
de  Maussiou,  tille  de  Thomas-Urbain  de  Maussion,  conseiller 
au  Parlemeni,  et  de  (Jalherine  Thévenin  de  Tanlay,  puis  en 
deuxièmes  noces,  le  15  septembre  1814,  par  contrat  signé  du 
roi  Louis  XVIII,  Françoise-Louise-Joséphine-Charlotle,  com- 
tesse de  Bretles,  chauoinesse  de  Blesles,  fille  de  J.-B.,  comte 
de  Brettes,  marquis  du  Cros,  comte  de  Cumy,  baron  de  Mas- 
rocher,  colonel  de  cavalerie,  chevalier  de  Saint-Louis,  et  de 
Madeleine  de  Barentiu-Montchal.  Il  mourut  le  28  octobre  1840, 
et  elle  le  1"^'  novembre  1859.  Ils  eurent  pour  enfants  : 

16.   Charles-Antoine,  qui  suit. 

16.  Louis-Marie,  jumeau  du  précédent,  qui  suivra. 

16.  Une  fille,  née  le  12  juillet  1815,  jumelle  des  précé- 

dents, qui  ne  vécut  que  quelques  jours. 
10.   Louise-Charlotte  Hennequin   de   Villermont,  née  le 
21  mars  1817,  mariée  le  12  avril  1837  à  Joseph- 
Jacques  BoUinger,  fils  du  bailli  supérieur  du  cercle 
d'Ellwangen  (Bavière),  et  mort  le  25  décembre  1 884 . 
16.  Charles-Antoine  Hennequin,  comte  de  Villermont,  né 
le  12  juillet  1815,  tenu  au  baptême  par  le  duc  et  la  duchesse 
d'Angoulème  :  il  fut  membre  de  la  députation  permanente  du 
Conseil  provincial  de  Namur,  vice-président  des  conférences 
de  Saint- Vincent-de-Paul  de  Belgique,  président  du  Comité 
des  œuvres   pontificales,    grand-croix    de    Saint-Grégoire    le 
Grand   et   de   François-Joseph   d'Autriche,    commandeur  du 
Saint-Sépulcre  et  de  l'ordre  de  Pie  IX,   grand- officier   de 
Saint-Charles  de  Monaco,  etc.,  naturalisé  belge;  sou  titre  de 
comte  a  été  reconnu  par  le  roi  des  Belges,  avec  transmissibi- 
lilé  à  sa  descendance  masculine  et  féminine.  Il  a  publié  Tilly 
ou  la  guerre  de  trente  ans  ,  le  Comte  de  Mansfeldt  ;  la  Vie  de 
Marie- Thérèse,  et  autres  ouvrages  importants.  Il  épousa,  le 
13  octobre  1838,  Elisabeth  de  Fraye  de  Schiplaeken,  morte  le 
29  octobre  1841,   puis  en  secondes  noces,  le  19  avril  1847, 
Marie-Adélaïde  Licol  de  Nismes,  fille  de  Michel- Joseph  Licot 
de  îsismes  et  d'Elisabeth  Savary  de  Cérisy.   11  eut  du  pre- 
mier lit  : 

■17.   Adélaïde-Emma  Hennequin  de  Villermont,  née  en 
1839    (le   5  octobre),  religieuse  au   Sacré-Cœur, 
morte  en  1883. 
Et  du  deuxième  lit  : 

17.  Alphonse-Marie-Louis  Hennequin,  comte  de  Viller- 


208  LES    HENNÊQUIN 

mont,  ué  le  18  novembre   1851,  marié  le  31  juil- 
let 1886  à  Marie  deMoreau,  morlele  1 1  juillet  1887, 
puis  eu  secondes  noces   à   Adeline,   baronne   de 
T'serclaes.   Il  est  docteur  eu  droit,  chevalier  de 
Tordre  de  la  Couronne  de  Chêne  de  Hollande.  11  a 
de  son  premier  mariage  : 
18.   Henry-Oudart  Hennequin  de  Villeimont,  n6.   le 
3  juillet  1S87. 
17.   I.ouis-Marie-Michel  Uennejuiu,  comte  de  Villermonl, 
ué  le  17  octobre  1853,  lieutenant  de  lanciers,  mort 
enl8'J!. 
17.   Paul-Marie-Marlin-Léon  Hennequin,  comte  de  Vil- 
lermonl, officier  des  guides  puis  des  lanciers,  con- 
seiller  provincial,  décoré  de   la  croix   civique  de 
1"^  classe,  etc.,  né  le  26  janvier  18o8. 
17.   Honoré-Marie-Charles-Michel  Hennequin,  comte  de 
Villermonl,  ué  le  30  septembre  18o'.),  ancien  offi- 
cier de  cavalerie,  marié  à  Aline  le  Grand  de  Bo-i- 
neterre,  dont  : 
18.   Marie-Françoise  Hennequin  de  Villermonl,  née  en 

février  1896. 
18.   Béatrice-Marie  H.  de  Villermonl,  née  le  23  octo- 
bre 1897. 
il.   Chailes-Marie-Joseph  Hennequin,  comle  de  Viller- 
monl, né  le  17  mai  1664,  ancien  allaché  an  minis- 
tère des  Affaires  étrangères,  marié  le  8  janvier  1889 
à  Clémence  Van,den  Berghe,  fille  de  Léon   Vau 
den  Berghe,  allaché  de  légation,  et  de  Jeanne  de 
Craene.  Il  en  a  : 
18.  Charles -Léon-Marie-Clément-Jean  Hennequin  de 

Villermonl,  né  le  8  juin  1 89 1 . 
18.   Marie- Perrelte-Oswaldine- Clémence-  Caroline- 
Jeanne-Renée  Hennequin  de  Villermonl,  née  le 
18  juillet  189i. 
î 8 .   Marie-J eanue-Léonie- Josèphe-Clémence-Yolande- 
Cornélie  Hennequin  de  Villermonl,  née  le  1 5  sep- 
tembre 1892. 
18.  Caroline- Alphonsine-Anne- Marie    Hennequin   de 
Villermonl,  née  le  16  juin  1894. 
17.  Marie-Elisabeth-Françoise  Hennequin,  comtesse  de 
Villermonl,  née  le  16  août  1848,  non  mariée. 


LES    HENNEQUIN  2U9 

17.   Jeamie-Marie-Françoise    Hennequin,    comtesse    de 

Villernioul,  née  le  29  avril  18j0.  Nou  mariée. 
17,   Henrielle-Mat'ie-Joséphiue  Hennequin,  comtesse  de 

Villermoiit,  née  le  1)  mai  185o,  Non  m-u'iée. 
17.   Madeleiiie-Marie-Oclavie-FrédériquHlIeaueqniQ, com- 
tesse de  Villermont,   née  le  2  février   186G.    Nou 
mariée. 
16.   Louis-Marie  Hennequin,  vicomte  de  Villermont,  né  le 
12  juillet  1815,  tenu  au  baptême   par  le  duc   et  la  duche.~se 
d'Augoulème,  commandeur  des  ordres  de  Saint-Grégoire  le 
Grand  et  de  Saint-Sylveslre,  marié  le  8  octobre  l!S5û  à  Alarie- 
Ebba,  comtesse  de  Sparre,  ei  mort  eu  18y6.  Eu  eut  : 

17.   Pierre-Âchille-Louis-Marie  Hennequin,   vicomte  de 
Villermont,  ancien  sous  lieutenant  d'infanterie,  né 
en  1855. 
17.   Charles-Maric-Josepb  Hennequin,  baron  de   Viller- 
mont,   ancien    lieuteuant   de    chasseurs    à    pied, 
épousa  M""  Fischer,  fille  d'un  lieutenant-général 
de  cavalerie  belge,  dont  : 
18.   Simonne  Hennequin  de  Villermont,  née  le  o  août 
1887. 
17.  Élouard-Louis-Marie  Hennequin  de  Villermont,   né 
en  I8G4,  marié  à  M""  Lemaire-Dupouchel.  Il  eut  : 
18.   Charles-Edouard  Hennequin  de  Villermont,  né  en 
1891. 
17.   Marguerite-Clémentine  Charlotte-Marie   Hennequin 
de  Villermont,  née  en  1851,  mariée  le   16   février 
1876  à  Gaston  deOérault  de  Langalerie,  lieutenant- 
colonel,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  de 
ëaint-Grégoire -le- Grand. 
17.  Lucie-Marie-Eugénie  Hennequin  de  Villermont,  née 

le  27  avril  1854,  religieuse  au  Sacré-Cœur. 
17.   Félicie-Ebba-Marie   Hennequin  de  Villermont,   née 
en  1861,  n'a  vécu  que  peu  de  jours. 

Xoms  épavs,  trouvés  aux  Archioes  de  l'état  civil  de  ChcU 
Ions  et  ailleurs,  et  se  rapportant  à  la  branche  de  Vil- 
lermont, qui  est  donnée  incomplètement  dans  ses  pre- 
miers degrés. 

1 .  Claude  Hennequin  ou  Hannequin,  échevin  de  Chàlons 
(1565). 

14 


210  LES    HENNEQUIN 

2.  Nicolas  Vevenat,  docteur  en  médecine,  époux  de  Jeanne 
Hennequin,  sœur  de  Nicolas  Heiinequin,  receveur  des  aides 
et  lailles  en  Téiection  de  Chàlons,  et  tous  deux  enfauts  de 
Claude  Hennequin,  gouverneur  écheviu  de  Chàlons  en  !b44, 
et  de  Nicole  Linage  (1568). 

3.  Claude  Hennequin  est  marraine  en  1580.  Elle  épousa 
Michel  Chastillon,  gouverneur  écheviu  de  Chàlons  en  1589. 

4.  En  1581  naît  Françoise,  lille  de  Nicolas  Hennequin  et 
de  Louise  N, . , ,  sa  femme. 

0.  En  1583,  Charlotte  Hennequin  et  Marie  Hennequin  sont 
marraines. 

H.   En  1583,  Louis  Hennequin,  général  (des  finances?). 

7.  En  1590,  meurt  Gérard  Haimequin,  sr  de  Vaux.  Il  est 
inhumé  au  milieu  de  la  nef  de  t;aint-Ë'oi  à  Chàlons. 

8.  En  1591,  naît  Gilles,  lils  de  Lauient  Hanequin. 

9.  1610.  François  d'Aoust,  receveur  des  Tailles  à  Chàlons, 
épouse  Françoise  Hennequin,  liile  de  Nicolas  Hennequin,  s' 
du  RupI,  et  de  Louise  de  Péas. 

10.  Eu  IC'il,  naît  Anne,  fille  de  Nicolas  [alias  Claude) 
Gargam  et  de  Marie  Hennequin.  De  1622  à  1626,  il  nait  d'au- 
tres enfants  à  Claude  Gargam  et  à  Marie  Hennequin. 

11.  En  1627,  Marguerite  Hennequin  est  femme  de  François 
le  Moyne. 

12.  En  1028,  Marie  Hennequin  est  épouse  de  Pierre  Hor- 
guelin. 

13.  Michel  Chastillon  meurt  le  8  février  1631,  à  86  ans  ;  sa 
femme,  Claude  Hennequin,  morte  le  16  février  1618  ;  tous 
deux  sont  inhumés  à  Saint-Alpin  de  Chàlons. 

14.  Le  25  février  1641,  meurt  Françoise  Hennequin, 
veuve  de  Pierre  le  Gorlier,  mort  le  1''''  octobre  1638,  tous  deux 
inhumés  à  Notre-Dame  de  Chàlons. 

15.  En  1647,  naît  Louis  Hennequin,  fils  naturel  de  noble 
homme  Jean  Hennequin  et  de  Marie  Deya. 

16.  En  1657,  le  4  août,  meurt  Jeanue-Louisn  Hennequin, 
veuve  d'Isaïe  Béchefer,  conseiller  du  roi  en  l'élection  de  Chà- 
lons, mort  le  10  octobre  1606,  tous  deux  inhumés  à  Saint- 
Loup  de  Chàlons. 

17.  En  1659,  Antoinette  Hennequin  est  femme  de  Laurent 
Philon. 

18.  En  1661,  vit  Louise  Hennequin. 

19.  En  1678,  Antoinette  Hennequin  est  femme  de  M.  Phi* 


LES    HENNEQUIN  211 

lippe,  S'  de C'est  sans  doute  la  même  qui  est  écrite 

plus  haut  épouse  de  Laurent  Pliilou. 

Branche  de  Vaubercey,  à  Troyes. 

4-.  Oudinot  Heuuequiu,  qualifié  avocat  du  roi  à  Troyes,  fut 
père  de  : 

5.   Sansonnet,  qui  suit. 

'6.  Pierre   Heuuequin,   marié   à  Juliane  Antoine   {alias 
Antonis).  eu  eut  ; 
6  .  Jean  Heuuequin,  marié  à  Catherine  N,  . . ,  dont  : 
7.    Simon   Hennequin,    mort    le   18    octobre    1519, 
époux  de  Léonor  Gornot,  morte  le  2U  juin  loi 7, 
suivant  leur  belle   tombe    de   marbre  noir   à 
Saint-  Urbain  de  Troyes.  Il  fut  père  de  : 
8.   Gillet  Hennequin. 
8.   Micolas  Hennequin,  époux  de  Jeannette  Doui- 

net. 
8.   Gilelle  Hennequin,  mariée  à  Etienne  le  Mau- 

genet. 
8.   Simonelte  Henuc(iuin,  mariée  à  Jean  Chevry. 
8 .  Jeannette  Hennequin, mariée  à  Nicolas  Garnier. 
6.   Pierre  Hennequin,  bachelier  ès-lois. 
6.    Ktienne  Hennequin,  maître  ès-arts. 
b.  Jeanne  Hennequin,  mariée  à  Simon  Griveau,   s""  de 
Souleaux,  voyeur  du  roi  à  Troyes. 

5.  Sansonnet  Heunequiu,  s»'  de  Vaubercey.  marié  à  Mau- 
gine  de  Vanligny,  allas  Marguerite,  dame  du  Mesnil  et  de 
Valeutigny,  laquelle,  veuve  de  lui,  se  remaria  le  1 1  mai  14.-34 
à  Etienne  de  Louvemont.  H  eut  d'elle  ; 

6.  Pierre  Hennequin,  s'  de  Vaubercey,  prévôt  de  Troyes 
de  1429  à  1437,  lequel  fut  père  de  : 

7  .   jSicolas  Hennequin,  s'  de  Vaubercey,  lequel  est  dit,  en 
IbÛS,  propriétaire  de  lancien  hôtel  du  Vauluisant,  (jui  passa, 
après  lui,  à  sa  fille  Jeanne  ou  Jeannette.  Il  fut  receveur  de  la 
ville  de  Troyes  et  épousa  'i'sabeau  Beithier,  dont  il  eut  : 
8.   Guillaume,  qui  suil. 
8.   Nicolas  Hennequin,  établi  à  Paris. 
8.  Isabeau  Hennequiu,  mariée  à  Simon  de  Sens,  enquê- 
teur à  Troyes. 


212  LES   HENNEQUIN 

8.   Jeaunelte  Hennequiu,  mariée  à  Jean  Date,  puis  à  Jean 

Morise. 
8.   Hélène  Heuucquin,  mariée  à  François  (alias  Nicolas) 

le  Cornuat. 

8.  Jacqueline  Henurqniu,  mariée  à  Edme  le  Compasseur, 

par  conlral  du  7  janvier  1  l'JS. 

8.  Guillaume Heunequin,  écheviu  de Troyes eu  1523, prévôt 
de  la  Monnaie  ;  M"^'  de  Guise  loge  chez  lui  au  passage  d'Heuri  II 
à  Troyes.  Il  meurl  eu  lo82.  Marié  à  Perrelle  Ludut,  il  eu  eut  : 

9.  Guillemelle  Henuequin,  mariée  à  Robert  Angeuoust. 
9.  Anloine,  qui  suit. 

9.  Nicolas,  qui  suivra. 

9.  Perrelle  Henuequiu,  mariée  à  Claude  Clérc}',  s'  de  la 
Grande-Fouchère. 

9.  Humberle  Heunequin,  mariée  à  Nicolas  d'A  velus,  puis 
à  Jean  d'Estampes,  s""  de  Vaudes,  secrétaire  de 
François  de  Clèves,  duc  de  Nevers  ;  elle  en  était 
veuve  en  1o82.  Elle  est  dite  encore,  d'après  cer- 
tains généalogistes,  épouse  de  Nicolas  de  la  Feiley. 

9 .  Ysabeau  Hennequin,  mariée  à  Jacques  Vestier. 

9.  Antoine  Hennequin,  seigneur  de  Vaubereey  et  Lesche- 
relle,  receveur  des  Tailles  en  réleclion  de  Troyes  en  1559, 
écheviu  de  Troyes  en  loo3.  Il  acquit  l'hùlel  de  Vauluisant  et 
y  fil  construire,  vers  15oU,  le  pavillon  avec  ses  tourelles.  11 
épousa  Nicole  de  Me?grigny,  pm?,  par  conlral  de  lo42, 
Odette  Clére}^,  fille  de  Denis  Clérey,  s-  de  Vauberci'y  et  de 
Jeanne  Mole,  laquelle  Oilelle  Clérey  mourut  en  1576,  à  77 
ans.  Il  eul  du  premier  lil  : 

10.  Catherine  Hennequin. 
Et  du  deuxième  lil  : 

10.  Guillaume  Hennequin,  marié  à  Marguerite  Fichet.  Il 
est  cité  parmi  les  réformés  de  Troyes  en  1562,  et 
mort  sans  hoirs. 

10.  Louise  Hennequin,  mariée  à  Morise  le  Trulal,  con- 
trôleur des  guerres  en  1539. 

10.   Anne   Henneciuin,   mariée  à  Germain   Saigeol,  sei- 
gueur  d'Avon,  secrétaiie  du  roi,  commis  de  M.  de 
Laubespine,  secrétaire  d'État. 
9.   Nicolas  Hennequin,  s""  de  Vaubercey,  prévôl  de  la  Mon- 
naie de  Troyes,  écheviu  de  Troyes  en  J5ou,   marié   à  Simon- 


LES   HENNEQUIN  213 

netle  Maillet,  puis  à  Anne  Péricard,  fille  de  Jacques  Péricard 
et  de  Catherine  Mole.  Il  eut  du  premier  lit  : 

10.  Guillaume,  qui  suit. 
Et  du  deuxième  lit  : 

10.  Nicolas,  qui  suivra. 

10.  Catherine    Hennequio,    mariée  à  Nicolas   Pinelle, 

puis  Jean  Millet,  avocat  du  roi  à  Troyes. 
10.  Guillaume  Hennequin,  s""  de  Vaubercey,  capitaine  et 
major  de  la  ville  de  Troyes,  garde  de  la  Monnaie  de  Troyes, 
écheviu  de  Troyes  en  1006,  élait  administrateur  de  l'Hôtel- 
Dieule-Comte  en  1584.  Le  29  avril  1586,  il  loue  deux  jeux  de 
paume  tenant  l'un  à  l'autre,  et  deux  bâtiments  sur  le  derrière 
d  iceux,  rue  de  la  Corterie  à  Troyes.  Il  épousa,  en  1573,  Ysa- 
biau  Cauis,  puis  en  secondes  noces  Catherine  de  Mauroy.  Il 
eut  du  premier  lit  : 

11.  Anne    Hennequin,    mariée    le    27    octobre    1588   à 

Antoine  Rémond,  s*"  de  Bruyères,  homme  d'armes 
de  la  compagnie  de  M,  de  Praslin,  bailli  et  garde 
des  sceaux  à  Chaource  ;  elle  mourut  en  juillet 
4627,  et  lui  le  23  mai  1624. 
1  ! .  N...  Hennequin,  mariée  à  Jc-\ù  le  Secq,  de  Chaource. 
11.   Huberlhe  Hennequin. 

11.  Élisabe  h  Hennequin,    mariée  à  Louis  de  Vienne, 
bailli  d'Isles  et  .seigneur  de  Presles,  en  1609. 
Et  du  deuxième  lit  : 

11.  Guillaume  Hennequin,  avocat  au  Parlement,  demeu- 
rant à  Chaource  en  1040,  père  de  : 
12.  Nicolas   Hennequin,  bourgeois    de    Chaource  en 
1686,  dont  : 
13 Hennequin,  avocat  au  Parlement,  demeu- 
rant à  Bar-sur-Seine  en  1720. 
11 .  Marie  Hennequin,  mariée  à  M.  de  la  Rouere,  de  Bar- 
sur-Seine. 
\  1 .   Antoine  Hennequin,  mort  au  service  du  roi, 
1 1 ,  Georgette    Hennequin,   religieuse     à    Notre-Dame- 
aux-Nonnains  de  Troyes. 

1 1 ,  Nicolas  Hennequin,    marié  à Parent,  fille  du 

médecin  de  ce  nom  à  Troyes. 
10.   Nicolas  Hennequin,  sr  de   Vaubercey,   Souligny  et 
Richebourg,  capitaine  des  arquebusiers  de  Troyes  en  1596. 
En  1588  et  années  suivantes,  il  est  capitaine  ligueur  à  Troyes 


214  LES   HENNEQUIN 

avec  Sébastien  de  Mauro}-,  son  beau-frère,  échevin  de  Troyes 
en  1586,  trésorier  de  France  et  receveur-général  pour  la  Ligue 
à  Troyes  ;  marié  à  Colombe  de  Hault,  fille  de  Nicolas  de  Ilault, 
s''  de  Lignol,  receveur  des  décioies  à  Troyes  et  maire  de 
Troyes.  Il  en  eut  : 

11.  Nicolas  Hennequin,  s'  de  Souliguy,  marié  à  Phili- 
berte  de  Bridost. 

1  ] .  Pierre  Hennequin,  mort  sans  enfants. 

1 1 .  Michel  Hennequin,  mort  sans  enfants. 

11 .  Anne  Hennequin,  mariée  à  Jacques  de  Corbie,  s""  de 
Lisy. 

11 .  Colombe  Hennequin,  mariée  à  Michel  de  la  Frée,  s"" 

de  Moudemont. 
11.  Odette    Hennequin,   mariée   à  Jean    Martin,   s'  de 

Pvichebourg. 
1 1 .  Jeanne  Hennequin,  religieuse. 
11 .  Claude  Hennequin,  s' de  Lignol  et  Pdcbebourg,  marié 

à  Anne  de  Verneuil.  dont  : 
12.   Aune  Hennequin,   mariée  à  François   le  Sain,  s"" 
de  Rochefort,  Mondétour  et  Tugny. 
11.  Marie  Hennequin,  mariée  à  Mathieu  de  Ripault,  s'" 

de  Lignol. 

Noms  isolés  qui  rentrent  dans  la  généalogie  des  Henne- 
quin, et  dont  plusieurs  doivent  s'identifier  avec  ceux 
quij'  sont  cités. 

1 .  Guillaume  Hennequin,  drapier  à  Troyes,  époux  de 
Jeannette  (1399). 

2.  Jean  Hennequin,  servant' d'armes,  du  prieuré  de  Cham- 
pagne, au  siège  de  Rhodes  eu  1480. 

3.  Jeanne  Hennequin,  femme  de  Nicolas  Von,  s'  de  Haut- 
pré  ;  leur  fille,  Anne  Ynn,  mariée  à  Pierre  Poterat,  de  Troyes, 
en  1571. 

4.  Jean  Hennequin,  receveur  de  Troyes  (1480). 

5.  Jean  Hennequin,  maître  delà  Monnaie  de  Troyes  (1480). 

6.  Jean  Hennequin,  receveur  du  grenier  à  sel  de  Troyes 
(1500). 

7.  Jean  Hennequin,  le  jeune,  l'un  des  principaux  mar- 
chands de  Troyes,  député  par  cette  ville  auprès  du  roi  pour 
délibérer  avec  ceux  d'autres  villes  sur  certaines  cjuestiQps 
commerciales  ep  1481, 


LES   HENNEQUIN  215 

8.  Jean  Ilennequin  l'aiaé,  époux   de  Perrelte  du  Cliesue  ; 
leur  tombe,  du  xvr  siècle,  est  à  SaiDle-AIadeleiue  de  Troyes. 

10.   Jean  Hennequiii  l'alué,  marchand  à  Troyes,  député  aux 
Etals  généraux  de  1483. 

9,  En  1633,  ou  cite,  à  la  catliédrale  de  Troyes,  la  chapelle 
des  Hennequiu. 

Albert  de  Mauroy. 


ESSAI 

D'UNE    DIBLIOGRAPHIE    HISTORIQUE    EF    ARCHÉOLOGIQUE 
DU  DÉPARTEMENT  DES  ARDENNES 

RliolGhE 

A  l'occasion  du  Congrès  de  la  Socitit  française  d'Archéologie 

QUI    DEVAIT    ai':    TENIR    DANS    CE    DÉPARTEMENT    EN     I  898 


AVANT-PROPOS 

La  tenue  d'un  Congrès  archéologique  est  l'occasion  naturelle 
d'un  relevé  de  toutes  les  publications  historiques  relatives  aux 
monuments,  aux  arts  et  aux  anliquilés  du  département  visité. 

La  bibliographie  du  département  des  Ardennes  n'a  pas 
encore  été  dressée,  à  cet  égard,  d'une  manière  méthodique,  et 
nous  ne  prétendons  pas,  d'ailleurs,  réunir  absolument  ici 
toutes  les  sources  imprimées  sur  l'archéologie  locale.  Tel  livre, 
telle  brochure,  telle  plaquette  très  rare  nous  aura  échappé  ; 
tel  auteur  ne  sera  pas  cité,  malgré  nos  recherches  incessantes. 
Que  l'on  nous  pardonne  ces  lacunes  et  ces  omissions  inévita- 
bles dans  de  si  minutieuses  investigaiions.  L'essentiel  est  que 
notre  liste  soit  profitable  à  la  science,  aux  chercheurs  en 
général,  et  particulièrement  aux  érudils  si  bienveillants  qui 
doivent  tenir  leurs  assises  au  milieu  de  nous  en  1898  '. 

Il  est  bien  difficile  de  distinguer  l'archéologie  de  l'histoire, 
dont  elle  n'est  en  somme  qu'une  subdivision.  Aussi  avons- 
nous  indiqué  les  monographies  de  communes  et  de  cantons, 
qui  traitent  à  la  fois  du  passé  historique  et  des  monuments  de 
chaque  localité.  De  même,  nous  avons  compris  dans  notre 
classification  les  ouvrages  sur  les  noms  de  lieux,  sur  la  topo- 
graphie, sur  les  monnaies,  les  sceaux,  les  curiosités  et  les 
œuvres  d'art  en  général.  Nous  avons  groupé  de  la  sorte 
2U0  fiches  ou  titres  d'ouvrages  donnant  des  indications  som- 
maires, mais  précises,  sur  autant  de  publications  écloses  dans 

1.  Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites  (septembre  1897),  le  projet  d'un 
Congrès  archéologique  dans  les  Ardennes  a  dH  être  abandouné,  au  grand 
regret  des  amis  de  l'histoire,  des  arts  et  deâ  antiquités  de  ce  département 
(Avril  1898). 


DU  PKPAKTEMENT  DES   AHDENNES  21 7 

les  Ardennes  pour  la  plupart.  Les  ouvrages  généraux  sur  la 
Champagne  ou  le  pays  rémois,  tels  que  V Histoire  de  Reims 
par  D.  Marlol,  etc.,  ne  sont  pas  relevés  ici.  Ils  sont  tous  bien 
connus  des  chercheurs.  Notre  examen  ne  s'est  pas  étendu  au 
dépouillement  des  grands  recueils  ni  des  revues  auxquelles  on 
peut  toujours  recourir  à  l'aide  des  renseignements  que  nous 
reproduisons.  Sur  les  200  fiches,  nous  en  comptons  58  pour 
les  ouvrages  généraux  sur  le  déparlement,  revues,  recueils, 
etc.,  et  142  pour  les  ouvrages  particuliers  sur  les  communes 
ou  sur  leurs  dépendances. 

trous  quelle  forme  convenait-il  de  grouper  cet  ensemble 
d'ouvrages  bien  variés  et  susceptibles  de  classements  compli- 
qués et  divers  ?  Nous  nous  sommes  arrêtés  au  système  alpha- 
bétique selon  l'ordre  des  communes,  réservant  d'abord,  bien 
entendu,  aux  ouvrages  généraux  sur  le  département  une  place 
préalable.  Ces  ouvrages  généraux  son!  rangés  par  ordre  chro- 
nologique de  publication,  et  ceux  relatifs  aux  communes,  par 
ordre  alphabétique.  Eu  résumé,  nous  adoptons  le  plan  si  judi- 
cieux du  regretté  M.  Périn  dans  ses  Recherches  bibliographi- 
ques sur  le  département  de  V Aisne  (3  vol.  gr.  in-8°,  1866-67- 
83).  Nous  avons  préféré  mettre  en  vedette  le  nom  des  localités 
plutôt  que  celui  dtss  auteurs  (qu'une  table  finale  énumère  à  la 
suite),  étant  donnée  la  nature  des  recherches  nécessairement 
rapides  et  tenant  surtout  à  des  considérations  de  lieux.  Nous 
arrivons  ainsi  à  offrir  des  titres  sur  plus  de  soixante-quinze 
villes  ou  communes  actuelles  du  déparlement.  Nous  avons 
cherché,  par  des  notes  additionnelles,  à  y  joindre  des  rensei- 
gnements accessoires  tirés  des  sources  les  plus  sûres  et  les 
plus  faciles  à  vérifier.  Nous  avons  omis  le  dépouillement  des 
journaux  ardennais,  dans  lesquels,  cependant,  bien  des  arti- 
cles intéressants  ont  paru,  le  Courrier  des  Ardennes  par 
exemple,  où  écrivit  si  longtemps  M.  Jean  Hubert.  Ce  serait  une 
bibliographie  spéciale  à  rédiger. 

Si  l'on  s'élève  maintenant  au-dessus  de  l'arrangement  maté- 
riel de  celle  bibliographie  et  si  l'on  veut  juger  des  données 
acquises  et  des  résultats  produits,  il  sera  possible  de  s'en  ren- 
dre compte  d'après  l'effort  considérable  accompli  depuis  un 
demi-siècle. 

Avant  l'essor  donné  de  1840  à  1850  par  M.  Jean  Hubert, 
écrivain  distingué,  professeur  au  collège  de  Charleville,  pres- 
que aucune  tentative  n'avait  eu  heu  dans  les  Ardennes  pour 
connaître  et  sauvegarder  les  monuments  historiques,  les  égli- 
ses rurales,  les  ruines  et  les  objets  d'art.  Par  ses  tournées 


218  ESSAI    d'une   BIBLIOORAPHIB 

dinspeclion,  par  la  publication  de  ses  éditions  de  la  Géogra- 
phie départementale  el  par  sa  Statistique  monumentale,  ce 
zélé  correspondant  du  Comité  des  Travaux  historiques  était 
arrivé  à  attirer  l'attention  publique  sur  les  œuvres  et  les  docu- 
ments du  moyen  âge.  D'intelligentes  restaurations  d'édifices 
délabrés  eurent  lieu  sur  plusieurs  points  du  département,  des 
plans  furent  levés,  des  essais  analogues  se  propagèrent,  enfin 
des  monographies  virent  le  jour  et  le  terrain  actuel  fut  préparé 
pour  des  œuvres  nouvelles,  c'est-à-dire  pour  des  recherches 
plus  approfondies  et  plus  durables.  Les  Archives  des  Arden- 
nes,  les  Bibliothèques  des  villes  de  Charleville,  Sedan  et  Reims 
possèdent  des  fonds  d'histoire  locale  qui  ont  recueilli  toutes 
ces  publications. 

Le  passé  se  trouvait  donc  remis  en  honneur.  Rethel  eut  ses 
historiens  avec  MM.  Jolibois  et  Pauffin,  Sedan  avec  MM.  Pey- 
ran  et  Prégnon,  d'autres  localités  avec  leurs  curés  ou  leurs 
instituteurs.  L'agent-voyer  en  chef  du  département,  M.  Mia- 
laret,  actuellement  maire  de  Mézières,  réalisa  en  1865,  à  l'aide 
du  service  vicinal,  le  tracé  d'une  carte  archéologique  des  cinq 
arrondissements.  Une  revue  se  créait  alors  par  les  soins  de 
l'archiviste  de  la  Préfecture,  M.  Sénemaud,  et  après  une  trop 
longue  suspension,  elle  vient  de  reprendre  vie  sous  un  titre 
presque  semblable  et  sous  l'impulsion  du  nouvel  archiviste, 
M.  Paul  Laurent,  originaire  du  pays,  actif  et  compétent  orga- 
nisateur de  tous  les  moyens  d'action  dans  la  voie  historique 
et  archéologique. 

Un  grand  service  avait  été  rendu  simultanément  aux  tra- 
vailleurs ardennais  par  l'Académie  de  Reims,  fondée  en  1841, 
et  qui,  à  défaut  d'autre  Société  savante,  étendit  son  influence 
et  ses  largesses  à  toute  l'étendue  du  diocèse  de  Reims.  Ses 
concours  annuels  ont  fait  éclore  de»  monographies  dont  l'énu- 
mération  donnée  plus  loin  étonnera  ceux  qui  n'ont  pas  suivi  ce 
mouvement.  D'autre  part,  un  Musée  a  été  établi  à  Sedan,  et 
une  revue  s'y  est  aussi  créée. 

Il  est  résulté  de  ces  multiples  efforts,  à  l'heure  présente,  un 
groupe  de  travailleurs  qui  compte  dans  ses  rangs  D.  Noël, 
bénédictin  de  la  Congrégation  de  France,  MM.  le  D'"  Vincent, 
Marc  Husson,  H.  Rouy,  Henri  Lacaille,  Paul  Collinel,  le 
D^  0.  Guelliot,  Roger  Graffin,  P.  Laurent,  P.  Pellot,  A.  Bau- 
don,  etc.,  qui  s'attachent  à  décrire  les  édifices  et  à  fouiller  les 
archives  en  vue  de  maintenir  l'honneur  et  les  traditions  de 
cette  intéressante  région  qui  s'étend  de  la  frontière  belge  aux 
plaines  de  la  Cbampagi^e.  Des  villes  comme  IV^ouspu,  Sedan, 


DU   DÉPARTEMENT   DES   ARDKNNES  219 

Mézières,  Relhel,  Rocroi,  Grandpré,  Atligny,  Vouziers,  Ghar- 
leville  et  Givet  méritenl  l'altention  et  l'examen  des  érudits, 
aulaul  par  leurs  édifices  d'époque?  différentes  que  par  leurs 
souvenirs  en  tous  genres  et  par  les  traces  qu'elles  ont  mar- 
quées dans  l'Histoire  de  PVance. 

H.  Jadàrt, 

Membre  de  la  Sociùli-  françaiss  d'Arcliéologie. 
Villers-devant-le-Thour  (Ardennes),  le  15  septembre  Î897. 


220 


ESSAI  DUNE  BIBLIOGRAPHIE 


I 

Ouvrages  généraux  sur  le  Département,  Recueils 
et  Revues  diverses. 

(Selon  Vordre  chronologique  des  publications,) 


1.  —  Almanach  historique,  ci- 
vil, ecclésiastique,  militaire  et  to- 
pographique du  département  des 
Ardennes  pour  1791.  —  Charle- 
ville^  Raiicourty  in- 32. 

Noies  sur  divers  monuments  et  cliàtcaux 
détruits,  sur  l'église  d'AsfelJ,  etc. 

2.  —  Voyages  dans  les  dépar- 
tements de  la  France  par  une  So- 
ciété d'artistes  et  de  gens  de  let- 
tres,.. Département  des  Arden- 
nes.  —  Puns,  Brion.  1792,  in-8° 
de  32  pp.  avec  carte  ec  vues. 

3.  —  Département  des  Arden- 
nes.  Nomenclature  générale  des 
communes  par  ordre  alphabéti- 
que, contenant  des  renseignements 
de  statistique  administrative,  des 
Notes  historiques  et  des  Indica- 
tions sur  toutes  les  dépendances 
de  ces  communes.  —  Me^iéres^ 
Imprimerie  de  lu  Préfecture^  s.  d. 
In-4"  oblong. 

Recueil  fécond  en  renseignements  topogra- 
phiques et  de  statistique. 

4.  —  Guide  pittoresque  du 
voyageur  en  France.  Département 
des  Ardennes.  —  Paris,  Didot^  s. 
J.,  in-8"  de  22  pp.  avec  6  vues, 
châteaux  de  Grandpré,  Thugny, 
Buzancy,  etc. 

5»  —  Biographie  ardennaise^ 
par  l'abbé  Boulliot.  —  Paris^ 
1830,  2  vol.  in-8". 

Savantes  notices  sur  les  arti.'tes,  antiquai- 
res et  historiens  du  département,  les  incrip- 
tions,  poi traits  et  épitajjhes  qui  les  concer- 
nent. —  Pour  la  biouraphie  contemporaine, 
consulter  le  Dictionnaire  biographique  des 
Ardennes,  Paris,  Jouve,  1897,  in-S"  avec 
portraits.  —  Sur  l'Histoire  des  Ardennes 
de  l'abbé  Boulliot,  voir  /«-s  l  ariétés  his- 
toriques ardennaises,  par  P.  Laurent,  V. 

6.  —  Géographie  historique, 
physique^  statistique  .,  du  dé- 
partement des  Ardennes,  par  J.- 
B.  HuDert.  —  Charleville.  Lhuyer^ 
Z83Ô,  in-i2  de  128  pp. 


Professeur  au  collège  de  Cliarleville,  écri- 
vain très  érudit  sur  l'histoii  e  du  département 
auquel  il  a  consacré  ses  travaux  jusqu'à  sa 
mort  en  188G.  Voir  sa  biographie  dans  le 
Courrier  dos  Ardennes  du  31  décembre 
188G.  —  Cet  auteur  a  bien  mérité  des  Arden- 


7.  —  La  Chronique  de  Cham- 
pagne (par  louis  Pans  et  H. 
Fleury),  —  Reims,  Jacquet^  1837- 
38,  4  vol.  gr.  in-8^  avec  planches. 

Consulter  la  chronique  de  chacune  des  li- 
vrai-ions  sur  les  fouilles  et  trouvailles  lians  la 
région,  notamment  sur  la  découverte  d'une 
sépulture  antique  au  Thour,  t.  IV,  p.  63  ;  — 
et  =nr  les  antiquités  de  Rethel,  avec  vue, 
t.  III,  p.  301, 

8.  —  Annuaire  du  départe- 
ment des  Ardennes  pour  i84i,par 
Alfred  Lavome.  —  Mé^ières,  Tré- 
court,  1840,  in-8°  de  416  pp.,  et 
notamment  pp.  382  à  385,  statis- 
tique archéologique  du  départe- 
ment. 

9.  —  Géologie  des  Ardennes 
ou  statistique  minéralogique  et 
géologique  du  département  des 
Ardennes,  par  C.  Sauvage  et  A. 
Buvignier.  — Méiières^  1842,111-8° 
avec  cartes. 

A  signaler,  pour  la  suite  des  recherches  de 
ce  genre,  les  notices  et  les  cartes  géologiques 
des  arrondissement»  de  Vouziers  et  de  Re- 
thel, publiées  par  MM.  Meugy  et  Nivoit  de 
1875  à  78. 

10.  —  Statistique  du  dépnrte- 
ment  des  Ardennes,  par  E.  Du- 
bois, chef  du  secrétariat  de  la 
Préfecture.  —  C/iarleville,  1842, 
in-8"  de  208  pp. 

11.  —  Abrégé  de  la  Géogra- 
phie historique  du  dépaitement 
des  .Ardennes.  par  Jean  Hubert, 
2<=  édit.  —  C/iurlevdle.  1S46,  in-i8 
de  Vi-166  pp. 

Voir  sur  les  antiquités,  monuments  et  rui- 
nes, les  pp.  11  i  22. 

12.  —  Géographie  élémentaire 
du    département    des    Ardennes, 


DU  DÉPARTEMENT  DES  ARDENNES 


221 


par  Ducoiii-Girardin.  —  Mc^ières, 
LelMtraL-i,  t8)),  iii-T2  de  i66  pp. 
avec  vue  de  la  place  de  la  Préfec- 
ture à  Mézières. 

13.  —  Géographie  historique 
du  dcpartemeiu  de?  Ardeiines, 
cùmprenant,  ourre  la  géographie 
physique  et  politique^  de  non- 
breux  renseigne  nents  sur  l'Adnii- 
nistatioii,  I  Lidusirie,  le  Com- 
merce, i"Hi-tou-e,  la  Géologie, 
l'Archéologie,  etc.,  par  Jcui  Hu- 
bert, professeur  de  rhétorique. 
Nouvelle  éJition  entièrement  re- 
fila iue.  —  CkarlevilU,  E.  Jolly, 
1856,  ia-i2  de  vi-512  pp.  avec 
une  carte  du  département. 

La  première  édition  date  de  1836.  m-12  de 
128  pp.  —  Consulter  la  bibliographie  histori- 
que placée  en  tète  de  l'edilion  de  1856. 

14.  — Les  Marchesdel'Ardenne 
et  de  Woëpres. . .,  par  M.  Jeatitin. 
—  Nuncy,  1854,,  2  vol.  in-8''  avec 
cartes. 

Le  même  auteur,  président  du  Tribunal  de 
MontméJy,  a  publié  aussi  Les  Chroniquns  df 
l'Ardennc,  2  vol.  in-S". 

i^.  • —  Statistique  monumen- 
tale du  diocèse  de  Reims.  Dépar- 
tement des  .ArJennes,  par  Jean 
Hubert,  de  Charleville.  —  Monu- 
ments historiques  et  monuments 
présentant  de  l'intérct  sous  le  rap- 
port de  l'art  (129  notices  descrip- 
tives), publication  taite  en  1855, 
dans  les  tomes  XVII  et  XVIII  des 
Tra.v^ux  de  l'Académie  de  Reims j 
sans  tirage  à  part. 

16.  —  Sous  le  haut  patronage 
de  S.  A.  R.  le  duc  de  Brabant.  — 
Les  Ardenne.'î,  p:ir  Victor  Joly, 
illustré  de  trente  planches  à  l'eau- 
torte^  gravures  sur  bois,  lithogra- 
phies, etc.,  par  Martinus  A.  Kuy- 
te  ibrouwer.  —  Bruxelles,  J.  Van 
Bugge/ihofidCj  1854-1857,  2  vol. 
in-t"  (Bibliothèque  de  Reims). 

17.  —  Voyages  pittoresques  et 
romantiques  dans  l'ancienne  Fran- 
ce, par  le  baron  Taylor.  CHAMPA- 
GNE. —  Paris,  Didot,  1857,  2  vol. 
gr.  in-folio  illustrés.  (Idem.) 

Vues  des  églises  de  Mézières.  Relliel, 
plans  dirers,  etc..  dans  le  t.  Il,  avec  notices. 


18.  —  Biographies  et  chroni- 
ques populaires  du  département 
des  .Ardennes,  par  Hubert  Colin. 
—  VouT-ur^,  Lapic,  1859-64,  3 
vol.  in- 13. 

OEuvrc  rie  vuleari.^alion.  mai>  révélant 
bien  des  particularités  sur  la  lan!;ue,  les 
noms  et  les  coutumes  locales.  —  Voir  aussi 
les  Chroniqut's  nrdeiinaises.  par  Charles 
Boue,   Paris.  Chartccillf,  18o9,  in-8'. 

19.  —  Guide-itinéraire  histori- 
que et  descrii.tif  de  Reims  à  Laon, 
Reims  à  Charleville  —  Charleville 
à  Mouzon,  Charleville  à  Sedan, 
pir  Jean  Hubert  —  Charlevilley 
Poiiillard.^  1860,  in-i2  de  204  pp. 

20.  —  .Annales  ardennaises  ou 
histoire  des  lieux  qui  forment  ie 
département  des  Arden  les.  par 
F  -X.  .Vlas>on.  —  Mé-iercs,  Le- 
laurin,  186 1,  i  vol.  111-8"  (U  I,  le 
seul  paru). 

21.  —  Essii  historique  sur  Ro- 
zoy-sur-Serre  (Aisne)  et  les  envi- 
rons, comprenant  une  grande  par- 
tie de  la  Thiérache  et  du  Porcien, 
par  G. -.A.  Martin  —  Laon^  Fleu- 
ry,  1863,  2  vol.  in-8<'  avec  suppl. 
gr.  in-S". 

Cet  ouvraje  contient  d'abondants  rensei- 
gnements sur  beaucoup  de  localités  avdennai- 
se.s,  et  des  vues  anciennes  de  Chàteau-Por- 
cien,  Rumçnv,  Bonnelontaine  et  Sip^ny. 

22.  —  Revue  historique  des 
.Ardennes,  publiée  par  Ed.  Séne- 
maud.  —  Mézières.,  Devin,  1864- 
1868,  6  vol.  gr.  in-8"  avec  plan- 
ches. 

Recueil  contenant,  particulièrement  dan- 
le  t.  I,  p.  14.T,  les  liecUevclies  arcli''o!of/i- 
qw-s  sii.r  le  dépai't'iiteiit,  par  Ch.  Mialaret, 
avec  carte  en  couleur  ;  —  dans  le  t.  V,  p.  5, 
le  JJémoin'  sur  Us  antiqnitvx  dt:  Sedan, 
etc.,  par  Linnoy  ;  —  dans  le  t.  VL  p.  -11,  le 
Cartidaire  de  prieuré  de  .Vouy  :  —  et,  dans 
tous  les  volumes,  la  chroni(iue  mentionnant 
quelques  fouilles  et  découvertes  archéoloi;i- 
aues,  inscriptions,  etc.  On  y  trouvera  aussi 
quelques  traces  îles  immenses  recherches 
accomplies  par  le  comte  Olivier  de  Gourjault 
sur  l'histoire  départementale  dans  les  dépots 
d'archives  les  plus  divers.  Peu  de  publication? 
ont  été  faites  par  cet  crudit  de  haute  valeur 
décédé  en  ISOl,  elles  ont  été  énumérées  dans 
une  notice  bibliographique  due  a  Stéphen  Le- 
roy et  au  marquis  Henri  de  Gourjault  eu 
1896. 

23.  —  Bulletin  du  diocèse  de 
Reims,  revue  religieuse,   histori- 


222 


ESSAI   DUNE    BIBLIOGHAPHIE 


que  et  littéraire.    —   Keims^   imp. 
coop.j  1 867-1897,  gr.  in-8". 

Consulter  les  notl■;e^  .iK-lieoloîçiiiUBs  : 
Ealise  d'Ilerpv,  1.  \1.  Is78.  y.  ^U:?.  — 
EgHsc  d'Aire. 'l.  \I,  \>.  416.  —  Esiise  de 
Saint-Pierreniont,  t.  \l,  p.  b.i3.  —  Chapcll»' 
de  la  Vieilleville  a  Saulres-MomliD.  I.  M. 
p.  fi02.  ^  Ksli^^o  de  MoHiain.  I.  \1(.  IST'.). 
p.  205.  -  Eiçlir^n  do  Tliusny,  t.  VU,  p  4(5. 
—  Egli!=e  dp  Charluville.  colnple-rondu. 
I.  \XI.  1888.  p.  V.it  -  Reiueil  ronlenant 
un  outre  l>ieu  d'aulre<  iDdicaliou!-  >ur  no> 
monuments,  conr-iriiêe.-!  dan?^le>  Tahli'-  ilplm- 
l.'i'tiiiucs  annuell''-. 

24.  —  La  Fraiite  illustrée,  par 
V.-A.  Malte-Brun.  Livraisons  il- 
lustrées pet.  in-t°.  Editions  Burhj. 
{s.  d.)et  Rouff(iS8i).  .Ardennes, 
livr.  avec  carte  et  vues  de  quel- 
ques monumeuts,  châteaux»  etc. 

2j. —  Les  .Ardennes  illustrées, 
France  et  Belgique,  publiées  par 
Elisée  de  Moatagnac.  —  Paris. 
Hachette^  1868-1874^  2  vol.  in-f' 
avec  supplément. 

L'auteur,  originaire  de  Sedan.  6:1  mori  on 
1895.  • —  Cet  ouvrai!  e  de  çrand  luxe  contient 
deux  étude?  de  M.  l'abbé  Tourneur  sur  le- 
Ahbnyes  et  le?  Er/li.ti's  rie':  Ardfinii's,  ar- 
compa^nécs  de  planche-  ri  de  ligure?,  avec 
vue»  det  principaux  monuments.  On  v  Irouvn 
aussi,  du  luèmc  auteur,  une  notice  ^ur  Lin- 
cbaœps  avec  vues,  t.  TII.  Autres  notices  des- 
criptives sur  Rocroi,  Mcziere?,  Hetket,Givel, 
etc.,  etc.  —  Il  existe  un  autre  grand  ouvrage 
illustré  sur  Les  Ariiniuex,  publié  en  Bclgi- 
ijue  par  Victor  Joly.  in-f»,  voir  n"  1(5. 

26.  —  Guides- Joanae.  Vosges 
et  ."Vrdennes.  par  Adolphe  Joanuc. 
—  Paris^  Hachette.  1869,  in- 16  de 
320  pp. 

27.  —  Itinéraire  descriptit'  et 
historique  de  Mézières-Charleville 
à  Namur. — Givci ,  Cfioppin,  1869- 
71,  in-H"  de78pp. 

28.  —  Etude  sur  les  Pagi  du 
diocèse  de  Keims,  avec  quatre 
canes,  par  A.  Longnon.  —  Paris, 
France,  1872,  gr.  in-80  de  143  pp. 

Fait  partie  de  la  Coll/'ilioii  hislnriqnr, 
munil  tir  IrnvnKX  i-einlifs  tmx  Sri''iiiis 
historigiiPi,  H'  fascicule.  —  Savante  étude 
comprenant  la  description  de  la  plus  grande 
partie  du  département  des  Ardennes. 

29.  —  Table  générale  des  Bul- 
letins du  Comité  des  Travaux  histo- 
riques et  de  la  Revue  des  Sociétés 
suva/ties,  par   M.  Octave  Teissier. 


—  Pans,  impr.  nat.^    1873,    in- 8° 
de  329  pp. 

Voir  aux  mots  Ardi'inws,  At/iony,  Mr. 
ziérrs,  Mouzoïi .  RrthrI.  Vouzirrt,  etc., 
etc.  —  r.herclier  aussi  les  très  nombreuses 
communications  adres-ées  au  Comité  par 
■M.  .Nozot.  inspeiteur  primaire  à  Sedan,  cor- 
respondant du  Ministère,  >ur  les  église*, 
cloches,  teuvres  d'art  el  ruines  de-  localités 
.irilcnnaises.  —  Consulter  ésalement  les  Ta- 
lile-  alphabétiques  du  Jiiillrlin  inoiiiiinental, 
el  celle  recomment  parue  (1894)  àp~  linllediu 
rf  Mi^mnirrs  lie  lu  Sncirir  iint'iiDnlr  tirs 
.\,:l„p„n,;:  ,!,■  Fnn.rr. 

30.  —  Les  Abbayes  des  Ar- 
dennes, par  Ed.    de  Barthélémy. 

—  S.  l.  (Bruxelles  ,  5.  d.   11874), 
in-S"  de  15  pp. 

ICxlrait  du  Mrsfnyir  rirs  Sciences  hislo- 
I  irjms  dr  Di  If/ique,  1874. 

31.  —  Entrevues  dans  les  Ar- 
dennes (8^9-1654),  par  Ed.  Séne- 
maud.  —  Paris,  Champion,  1875, 
in-8*  de  36  pp. 

l'Iusieurs  de  ces  événements  ont  donné  lieu 
a  des  découvertes  ou  sont  appelés  â  provo- 
'[uer  de-  monnments  ccmmémoratif?. 

32.  —  Mélanges  d'histoire  ar- 
dennaise,  par  Jean  Hubert.  — 
CharlcviUe^  Colin,  1876,  gr.  iii-S" 
de  361  pp. 

Kenseignemenls  sur  ijuclques  anciennes 
abbayes  et  églises  du  dé|iartenienl. 

33.  —  Petite  Géographie  des 
Ardennes,  par  I.  Carré,  inspecteur 
d'Académie.  —  Charlcville^  Colin 
(1877),  in- 12  de  117  pp. 

34.  —  Les  Eglises  du  diocèse 
de  Reims  (Marne  et  .Ardennes). 
Aperçu  de  leur  intérêt  historique 
Lt  artistique,  parH.  Jadart.  Etude 
publiée  à  l'otcasion  de  l'Inventaire 
général  des  richesses  dart  de  la 
France.  —  Reims^  imp.  coop., 
1877,  S""-  i'i  8"  de  16  pp. 

Exilait  du  JJidlrtiit  du  diocèse  de  Reims. 
1S77. 

35.  —  Table  des  Travaux  de 
rA:adémie  de  Reims  (1841-1882), 
par  H.  Jadart.  —  Reims^  imprime- 
rie coopérative.,  1882,  in-8''  de 
VIII- 187  pp. 

Nombreuses  indications  sur  le?  sujets  d'ar- 
chéologie ardeunaise  jusqu'au  t.  LX.XII  ;  con- 
sulter la  suite  jusqu'au  t.  C,  pul>Lié  en  1898, 
qui  oll're  une  nouvelle  laide  alphabétique  gé- 
nérale de  la  collcclioà.    —    Les  Archiver  de 


DU   DEPARTEMENT    DES   ÂRDENNES 


223 


1  Académie  'te  Heiui^  contiennent  egaleuienl 
beaucoup  «le  document:<  »ur  l'histoite  arden- 
naise,  dont  linvenliure  se  trouve  au  t. 
LXXIX  de  la  coUeclion. 

7,6,  —  Géographie  des  Ardeii- 
nes,  par  Adolphe  Jeanne,  avec  ii 
gravures  et  une  carte.  —  Paru, 
Hachette^  1884,  in- 12  de  64  pp. 

37.  —  Guides  Jonnne.  Itiné- 
raire général  de  la  France.  Cham- 
pagne et  Ardennes.  Cartes  et 
plans.  —  Paris,  Hachette,  iSSj, 
in-i8  de  338  pp.  ;  et  notamment 
sur  les  Ardennes,  pp.  11  à  34,  56 
à  64^  et  91  à  1 16. 

38.  —  Le  touriste  delà  Meuse, 
guide-recueil  descriptif. historique 
et  littéraire,  dédié  aux  excursion- 
nistes dans  la  vallée  de  la  Meuse, 
publié  sous  les  auspices  de  Alph. 
Fricotteau  de  Pargny.  f"^  édition. 
—  Reims,  Druart,  1886,  in-8". 

39.  —  Inventaire-sommaire  des 
Archives  départementales  anté- 
rieures à  1790.  rédigé  par  M.  Sé- 
nemaud,  archiviste,  avec  intro- 
duction, supplément  et  table,  pat 
M.  Paul  Laurent,  archiviste,  Ar- 
dennes, t.  IV,  Archives  ecclésias- 
tiques :  séries  G,  H  et  I.  —  Char- 
leville,  Devin,  1888,  111-4"  ^^  -°° 
pp. 

Nombreux  renseignement?  «ur  le?  épli^ej 
et  monument?  de?  Ardenne?. 

40.  —  Artistes  ardennais  con- 
temporains. Notes  biographiques 
[par  E.  Henry]  —  Sedan^J,  Laro- 
che, 1888,  in-80  de  38  pp. 

41.  —  Les  Anciennes  Croix  de 
chemins,  de  carrefours  et  de  ci- 
metières dans  le  pays  rémois  et 
les  Ardennes,  par  H.  Jadart.  — 
Reims,  Michaud,  1888,  in-8°  de  62 
pp.  avec  figures. 

Extrait  de?  /'invuxj:  ilc  l'Aïadéiiii''  de 
Reims,  t.  XCl. 

42.  —  Bibliographie  des  tra- 
vaux historiques  et  archéologi- 
ques publiés  par  les  Sociétés  sa- 
vantes de  la  France^  par  R.  de 
Lasteyrie...  Paris,  impr.  nat. 
t.  II,  1891,  et  t.  III,  1896,  in-40^ 

Voir  les  notice?  sur  le?  monuments  ardea- 


nai?  publiées  dans  le?  Travni'x  df  l'.Xvtidr- 
tiiir  de  li finis,  et  dans  la  suite  des  Bidli'tiiis 
lin  Comitr  di'x  Trovni'X  historiqui's,  IHÎO- 
ISSn. 

43.  —  Table  des  vingt-cinq 
premiers  volumes  de  la  Revue  de 
Champagne  et  de  Brie  (1876-1888), 
par  Chr.  Daguin,  —  Arcis-sur- 
Auhe,  Fr/monc,  i89i,in-8"  de  ij6 
pp. 

Von  a  1.1  table  onoma?tique  le?  nom?  d'.l/"- 
'Irnncs,  Grnndpré.  Mi'zierns,  Vllroy,  r'r>''- 
Cjj,  Chctiicri/sur-Bar,  etc.,  et  consulter  la 
>uite  de  la  collection,  ?■=  série,  t.  I  à  X,  années 
1880  à  1898.  Collaborateur?  ardcunai?  :  MM. 
P.  Laurent,  Jadart,  V  Vinceut,  D'  Guelliot, 
P.  Pellot,  Numa  Albot,  etc. 

44.  —  Table  des  Almanachs- 
Anniiaires  de  la  Marne,  de  l' Aisne 
et  des  Ardennes,  publiés  à  Reims 
de  1858  à  1888  par  Matot-Braine. 
~  Reims,  Mutot,  1888,  in- 18  de 
56  pp, 

Consulter  la  suite  dp  cet  Annuaire  sur  lés 
fouLlles  et  ciécouverte?,  etc.  Ou  y  trouve, jus- 
qu'en 1808,  de?  élément?  fort  curieux  ?ur 
(histoire  ardennai?e.  avec  vue?  uombreuse- 
et  tort  ?oiçnée?  de?  localités,  ?ite3  et  m"nu- 
tiieiit-. 

45.  —  Traditions,  légendes  et 
contes  des  Ardennes,  par  .Albert 
Meyrac.  —  Charleville,  1890,  in- 
4'^  de  x-589  pp.,  avec  couverture 
illustrée  p.ir  A.  Colle,  et  pages  de 
musique  à  la  fin. 

D'autres  ouvrage?  du  même  écrivain  ont 
suivi  et  traitent  des  Forets,  des  anciennes 
Localités,  lieuxdits,  etc..  étudiés  au  point  de 
vue  pittoresque  et  lé^'enaaire. 

46.  —  Nouvelle  géographie 
illustrée  du  département  des  Ar- 
dennes..., par  Ch.  Guyon,  ins- 
pecteur d'Académie.  —  Charle- 
ville. 1890,  in-4°  de  16  pp.  avec 
cartes  et  vues. 

47.  —  Bulletin  historique  des 
Ardennes.  Revue  publiée  par  Ju- 
les Poirier.  .  .  i'*^  année,  1890-, 
in-8». 

Publication  qui  n'a  pas  eu  de  suite. 

48.  —  Les  Campagnes  d'un 
paysagiste,  par  Frédéric  Henriet. 
—  Paris.  1891,  gr.  in-8''avec  figu- 
res. 

Voir  cet  ouvra.içe  sur  les  monuments  et  les 
sites  de  la  vallée  de  la  Meuse,  de  Charleville 


!i4 


ESSAI  d'une  bibliographie 


à  Chàteau-Repnaulil,  Revin  et  Guet.  pp.  250 
à  273,  avec  jolis  croquis  dans  le  texte. 

49.  —  Revue  d'Ardeniie  e: 
d'Argonne,  scientifique,  histori- 
que, littéraire  et  artistique.  — 
Sedan,  J.  Lurocke,  1893  1898, 
livr.  gr.  in-8»  avec  planches. 

Détails  sur  le»  inscriptions  de  Sedan,  surles 
édifices  et  les  cioolies  de  la  contrée,  ainsi  que 
sur  l'abbaye  de  Cbébérv,  sur  les  cimeiiéres 
paulois  d'Aussonce  et  de  La  Neuville-en- 
Tournafuy.  sur  une  découverte  arcbéoloïiquc 
a  Vouziers,  et  sur  le  Cbesne  dit  les  Quiitrr 
fils  Aijmon  :t  III.  pp.  30  et  155)  —  Les 
prmcii)aux  collaborateurs  sont  :  MM.  Paul 
Collinct,  Cb  llouiu,  A  Donnay,  H.  Bourçui- 
jnat.  D'  Jailliot,  G.  Deleau,  Cli.  .Matbiou,  etc. 

50.  —  Variétés  historiques  ar- 
dennaises,  12  livr.  a\ec  onze  plan- 
ches, 1890-93.  —  Revue  histori- 
que ardennaise,  publiée  par  Paul 
Laurent.  —  Dole.  imp.  Bcrnin^  et 
Paris,  Alpli.  Puurd^  éditeur^  1894- 
1897^  livr.  in-8°  sur  vergé,  avec 
planches,  formant  des  volumes  an- 
nuels. 

Description  de  monuments,  sceaux,  jetons, 
trouvailles,  cloches,  édifices  divers.  —  Tables 
annuelles  alphabétiques  très  détaillées.  — ■ 
Avec  l'année  1898,  le  format  a  été  porté  au 
Çr.  in-S",  et  les  planches  y  sont  plus  nom- 
breuses. —  Les  principaux  collaborate  llr^ 
sont  :  MM.  P.  Laurent,  A.  Chuquet,  L.  De- 
maison,  GiaflJn,  l'abbé  Ilaudecœur,  Jadart. 
Lacaiile,  Dom  Noël,  Pelicier,  Pcllot.  C-G. 
Roland,  Souchon,  Nunia  Albot,  D'  Vincent, 
D'  O.  Guelliot.  Albert  Baudon,  etc. 

JT.  —  Mélanges  d'épigraphie 
ardennaise,  par  Henri  Menu.  — 
Caen,  H.  Deles^ues^  1893,  in-S" 
de  40  pp.  avec  ligures  et  tac-simi- 
lés. 

Extrait  du  Bulletin  monumental ,  LVII» 
Volume,  1893.  —  L'auteur,  bibliographe  ré- 
mois,   ancien    libraire   à    Paris,    est,    depuis 

1893,  attaché  à  la  Bibliothèque  de  Reims. 

y2.  —  Excursion  dans  l'Ar- 
gonne,  notes  d'un  touriste  et  d'un 
archéologue.    —  Keims^  Muhuiid, 

1894,  gr.  in-S"  de  43  pp. 

Notes  sur  Grandpré,  Apremont.  etc.  Ex- 
trait de  la  Bm'uc  deChomp'ignv  et  de  Bric, 
1891. 


53.  —  L'Ardenne.  Guide  du 
touriste  et  du  cycliste,  par  Jean 
d'.Ardenne.  —  Bruxelles,  1894, 
in-i2.  T.  II,  1895. 

Comptes  rendus  par  P.  CoUinet,  dans  la 
/levHfi  d'Ardenne  et  d'Argonne,  t.  II,  p.  96 
et  l'.ir. 

54.  —  I  a  trouée  des  .Ardennes. 
Histoire  militaire  dun  départe- 
ment français,  par  I  -.A.  Riyeur, 
protess.-ur  au  Lycée  Chanzy.  — 
tliarleville^  1894,  in- 8'  avec  carte. 

Ouvrage  récompensé  par  l'Académie  fran- 
çaise. —  Du  même,  Variétr^  ard'-nnaises, 
vol.  ia-80,  1895,  et  notices  illustrées  sur  di- 
vers sites  ou  localités  ardcnnaises  dans  /,<• 
Tour  /h,  .Voiidr.  t.  LWIII.  1894,  2»  sem. 

J).  —  .Annales  de  Dom  Gan- 
neron.  Centuries  du  pays  des 
Essuens  publiées  pir  Paul  Lau- 
rent^ archiviste.  —  Paris^  A.  Pl- 
cardy  1894,  vol.  gr,  in-8'. 

56.  — Topographie  ardennaise. 
Répertoire  des  fiefs,  offices,  etc., 
mis  en  vente  de  1772  à  1792.  — 
Arcis-sur-Aube,  Fremo.r,  1895,  gr. 
in-8''  de  62  pp. 

Détails  sur  divers  châteaux  et  monastères, 
leurs  mobiliers.  Extrait  de  la  Revue  de 
Chawpnf/ne  et  de  Drie,  1891-95. 

57.  —  Les  .Ardennes  à  l'Expo- 
sition rétrospective  de  Reims,  par 
H.  Jadart.  —  Paris,  Picard,  1895. 
in-8''  de  6  pp.  avec  planche  des 
armoiries  de  l'abbaye  de  Signy, 
par  le  baron  Frédéric  Seillière. 

Extrait  de  la  Revue  historique  arden- 
naise, 1895. 

58.  —  Les  ardoisières  des  .Ar- 
dennes. Description  et  exploita- 
tion du  schiste  ardoisier.  Fabrica- 
tion des  ardoises.  Lever  des  plans 
d'ardoisières,  par  N.  Watrin, con- 
trôleur principal  des  mines.  1  vol. 
in-S'^  de  332  pp.  avec  55  figures 
dans  le  texte,  une  photogravure 
hors  texte  et  une  carte.  —  Charte- 
ville,  Ed.  Jolly,  éditeur,  1897. 


DU    DEPARTEMENT   DES    ARDENNES 


22o 


Ouvrages  particuliers  sur  les  communes 
et  leurs  dépendances. 

(Selon  l'urilrr  aipliabrlii/uc  des  cominunes.) 


Aire. 

59.  —  La  tribune  peinte  de 
l'église  d'Aire_,  ]iar  H.  Jadart.  — 
Caen,  Delesques,  1894,  in-S^dc  13 
pp.  avec  trois  planches. 

Extiuil  du  Bullcliii   iiionuiiiciild',  ISOLI. 

Aunelles,  voir  Chaumont- 
Porcien^  a"  94,  note. 

Arnicourt. 

60.  —  Notes  sur  le  prieuré 
d'Arnicourt,  de  l'ordre  de  S'-  Be- 
noit et  de  la  dépendance  de 
Fleury-sur-Loire...,  par  l'abbéJ.- 
B.-E.  Carré.  —  Sci:aux^  1887, 
in- 8", 

Asfeld. 

61.  —  Notice  historique  et 
descriptive  de  l'église  d'ÂHsfeld, 
par  H.  Jadart,  avec  quatre  plan- 
ches par  J,  A  lard.  —  Cien,  Deles- 
qiies^  1889,  in  8"  de  26  pages  et 
4  plans  et  vues. 

Extrait  (lu  DuUt'fin  inoniimeiital,  1S89. — 
Sur  le  prieuré  de  La  Pre>le,  ((ui  était  situé 
près  d'A^feld,  voir  une  notice  par  l'alibù 
Carré  dans  la  Revue  île  Cliainpaqne  et  de 
lirie,  1S92-93. 

62.  —  Les  cloches  du  canton 
d'Asteld,  par  H.  Jadart  et  P.  Lau- 
rent. —  Sedan,  Laroche,  1896, 
gr.  in-S"  de  44  pp.  avec  vue  du 
clocher  d'Asteld. 

Attigny. 

65.  —  Attigiiy  avec  ses  dé- 
pendances, son  palais,  ses  conci- 
les..., par  H.-L.  Hulot.  —  Rheims, 
s.  d.  (1820),  in-8°  de  341  pp. 

Une  vie  de  l'auteur,  mort  vicaire  général 
ea  1829,  a  été  publiée  à  Reims  par  l'abbé  Bi- 
got en  1893. 

64.  —  Pèlerinage  deSaintMéen 
à  Attigny  (par  l'abbé  X.  Bal- 
teaux).  —  Charleville,  Fouillard, 
1859,  in-i8  de  162  pp. 


Cfr.  la  Ti'anslalioii  des  reliques  de  saint 

Mreii  à'Attii/iu/  eu  /7iî6',  dans  les  \(triélés 

liistoriqnes   ardrnnnises,  p.ir    P.  Laurent, 
VllI,  p.   10. 

Aussonce. 

6).  —  Aussonce^  La  Neuville- 
cn-Tourne-à-Fuy,  topographie  et 
histoire  de  ces  communes,  par 
l'abbé  Marcq.  —  Retins^  '873, 
in- 80. 

Extrait  des  Travaux  de  iAcadihiiii'  de 
Briais.  t.  XLVIIL  —  L'auteur  est  actuulle- 
iiicnt  curé-doyen  d'Asfeld. 

66.  —  Découverte  de  sépultu- 
res de  l'époque  hallstatien/ie  et 
tumulus  des  environs  de  Reims, 
mémoire  lu  par  Ch.  Bosteaiix  au 
Congrès  tenu  à  Caen  par  l'Asso- 
ciation française  pour  l'avance- 
inent  des  Sciences,  1894,  br.  in  H" 
de  7  pp.  avec  figures. 

Découvertes  aux  environs  d' Aussonce  et  du 
Ménil-L'Epinois  (Ardennes).  M.  Lo^'eart, 
originaire  d'Aussonce,  instituteur  a  Reims,  a 
découvert  depuis  deux  autres  cimetières  an- 
tiques sur  le  terroir  d'.\ussonce. 

67.  —  Résultats  des  fouilles 
faites  dans  les  cimetières  gaulois 
d'.Aussonce  et  de  La  Neuville -e;i- 
Tourne-à-Fuy,  de  1894  à  janvier 
1898^  par  Gustave  Logeart,  arti- 
cles avec  plans  publiés  d.ms  la 
Revue  d'Ardenne  et  d'Argonne^ 
t.  IV,  1896-97,  p.  34-35,  et  t.  V, 
1897-98,  p.  109  à  1 14. 

Balan. 

68.  —  Balan  pendant  la  guerre 
de  1870,  par  l'abbé  Fouqu^t.  — 
Broch.  ia-i6. 

Imprimé  par  l'auteur,  qui  a  donné  une  no- 
tice analogue  sur  Bazeilies  en  1890. 

Balham. 

69.  —  L'Eglise  et  le  vitrail 
Renaissance  de  Balham,  avec  deux 
planches.  —  ReimSj  impr,  coop., 
1879,  ''^-8°  de  8  pp.  non  paginées. 

15 


226 


ESSAI   D  UNE   BIBLIOGRAPHIE 


Barby. 

70.  —  L'épitaphe  de  la  mère 
du  chancelier  Gerscii  dans  l'église 
de  Barby,  par  H.  Jadart.  — 
Tours,  Bousrc-^^  1882,  in-8"  de  20 
pp.  avec  planche. 

Extrait  Ju  liidli'tiii  mnnvmcnlnl,  ISS2 

71.  —  Discours  prononcé  à  la 
bénédiction  de  l'église  de  Barby 
et  à  l'inauguration  du  monument 
de  Gerson,  le  3  octobre  1882,  par 
-M.  l'abbé  Prévoteaux.  —  Imp. 
cooy.  de  Reims,  1882,  in-8°  de  14 
pp. 

72.  —  Le  monument  du  chan- 
celier Gerson  dans  l'église  de 
Barby.  —  Reims,  i/np.  roop.,  1884, 
gr.  in-8°  avec  planches,  vue  de 
l'ancienne  église,  etc. 

Voir  la  notice  sur  le  chanrelier  Gerson  et 
!<on  villaïe  natal,  par  le  même  auteur,  dans 
les  Travaux  ilr  l'Académie  de  ReiniH. 
t.  LXVIII. 

Bazeilles. 

73.  —  Dii^cours  prononcé  dans 
la  cérémonie  de  l'inauguration 
d'une  église  provisoire  dans  l'an- 
cien presbytère  de  Bazeilles  le  1 1 
novembre  1872,  par  M.  l'abbé  V. 
Tourneur.  —  Reims,  imp.  caop., 
1872,  gr.  in-S»  de  8  pp. 

La  construction  procbaine  d'une  nouvelle 
église  à  Bazeilles  ét-iit  annoncée  dans  le  But- 
Ivliii  (lu  diocèse  de  Beims,  juillet  18i)7. 

74.  —  Tableau  des  derniers 
jours,  de  la  fin  désastreuse  et  du 
rétablissement  de  Bazeilles,  par 
l'abbé  Leflon .  —  Charleville,  Poi/il- 
lard,  '875,  in- 12  de  143  pp. 

Beaucoup  d'autres  publications  ont  vu  le 
jour  sur  la  ruine  de  Bazeilles  et  les  ossuaires 
militaires  <jui  y  fonl  conservés  reliçieusc- 
mcnt. 

Beaumont-en-Argonne. 

75.  —  La  Loy  de  Eeaumont, 
par  l'abbé  Defourny.  —  Reims,  P. 
Dubois,  1864,  I  vol.  avec  plan- 
ches de  monuments,  charte;,  etc. 

Extrait  des  Travaux  de  l'Académie  de 
Beims,  t.  XXXVII.  —  I.'auleur  a  publié  plus 
lard  une  notice  sur  l'église  de  Thin-le-Mouticr 
et  sur  le  culte  de  sainte  Belande,  dans  la 
Bévue  de  Chamj/af/ne  et  de  Brie,  1881. 

76.  —  KURTH  (G.).  —  La  Loi 
de  Beaumont  en  Belgique.    Etude 


sur  le  renouvellement  annuel  des 
justices  locales.  —  Bruxelles,  1881, 
in-8°  br. 

Li  Loi  de  Beaumont  a  fait  l'objet  du  nom- 
breuse'» études,  parmi  lesquelles  nous  citerons 
encore  celles  de  M.  Bonvalot  pour  la  Lor- 
raine. 

Belval-Bois-des-Dames,    voir 
Mouzon,  n"  131. 

Blanchefosse. 

77.  —  iVIonographie  de  l'ab- 
baye de  Boimetjiitaine,  par  l'abbé 
Chardron.  —  Lille,  Société  de 
S^inr-Augustin,  1885.  gr.  in-8"de 
47  pp.  avec  vues  de  ruines,  etc. 

L'abbaye  do  Bonncfontaine,  dont  il  reste 
quelques  ruines,  se  trouvait  sur  le  terroir  de 
Blanchefosse. 

78.  —  La  croix  de  Blanche- 
fosse (Ardennes),  par  Georges  Du- 
rand. —  Cuen,  DelesLJues,  i889,in- 
8°  de  lo  pp.  avec  2  planches. 

Croix  en  vermeil  du  xm°  siècle,  provenant 
de  l'abbaye  de  Bonnefontaine.  —  Extrait  du 
Bulletin  monumental,  t.  LV,  18S9.  —  Cette 
croix  est  également  reproduite,  avec  trois 
vues  des  ruines,  dans  la  revue  L'Jllustra- 
tion,  n''  du  2  septembre  1S7(3.  p.  l.'iT. 

Carignan. 

79.  —  Annales  civiles  et  reli- 
gieuses d'Yvois-Carignan  et  de 
Mouzon,  par  Ch.-J.  Delahaut,pu- 
bliées  par  L'Ecuy.  —  Paris,  1822, 
I  vol.  in-S"  de  491  pp. 

Voir  dans  les  Variétés  historiques  par  P. 
Laurent,  VI,  Le  livre  des  statuts  d  Ivois- 
(Jarif/nati,  in-S". 

Charbogne. 

80.  —  L'épitaphe  de  Gaucher 
de  Chirbogne,  par  le  Dr  H.  Vin- 
cent. —  Charleville,  impr.  nou- 
velle, 1890,  in-80  de  16  pp. 

Extrait  du  Courrier  des  Ardennes  des  2 
et  3  juillet  1890. 

Charleville. 

81.  —  Histoire  de  Charleville, 
par  Jean  Hubert^avec  deux  plans. 
—  Charleville,  A.  Pouillard,  1854, 
in-ia  de  IV-312  pp. 

82.  —  Recherches  sur  un  Mé- 
rcau  du  Mont-Olympe,  par  Léon 
Maxe-Werly.    —   Reims,  P.  Du- 


Dû   DEPARTEMENT   DES    ARDENXES 


227 


bois,  1864,  in-S"  de  8  pp.  avec  fi- 
gures. 

Le  Monl-Olynipo,  aniMOnni'  foiteresse,  ilo- 
niine  Cliarlovillo. 

83.  —  Baux  de  la  monnaie  de 
Charleville,  pnr  A.  Bretagne.  — 
Pjm,  A/nous  de  Rivière^  1879,  in- 
8"  de  36  pp.  avec  fig. 

84.  —  L'église  paroissiale  de 
Charleville,  par  Jules  Poirier.  — 
Sedan,  J.  Laroche^  1888,  gr.  in-8'' 
de  75  pp. 

85.  —  \otice  historique  sur  le 
canton  de  Charleville,  par  dom 
Albert  Noël.  —  Keinn\,  Matot- 
Bruine^  1890^  in-S"  de  292  pp. 

Extrait  de  X'Almnnach- Annuaire  (Je  In 
Marnr,  de  l'Aisiio  et  des  Ardcnnes,  oO»  et 
31'  uiint'o. 

86.  —  Les  Religieuses  chanoi- 
nesses  du  Saint-Sépulcre  de  Char- 
leville, par  Numa  Albot.  —  Arcis- 
siir-Aube^  Frémont^  '893,  in-8' 
avec  figures,  armoiries,  inscrip- 
tions, etc. 

Extrait  de  la  Revue  de  Clianipayne  et  de 
Brie,  18'J2-',t.3.  Non  mis  dans  \r  (  uininerce. 

87.  —  Inventaire  -  sommaire 
des  Archives  historiques  de  Ch^.r- 
leville  (ville  et  hospice),  par  P. 
Laurent,  1895.  In-4^. 

88.  —  Stein  (H.).  —  Une 
fausse  impression  de  Charleville, 
article  de  la  revue  Le  Bibliogra- 
phe moderne^  1897,  n»  4. 

L'auteur,  bibliographe  très  estimé,  est  ar- 
chiviste aux  Archives  nationales. 

Château-Porcien. 

89.  —  Histoire  de  Chùteau- 
Porcien,  par  J.-B.  Lépine.  —  Vou- 
^iers^  Duchêne  (1858),  in-12  de 
125  pp. 

90.  —  Nicolas  et  Jacques  Wil- 
hault,  peintres  français  du  XVIIF 
siècle,  par  H.  Jadart.  —  Pans, 
Pion,  1886,  gr.  in-8°  de  32  pp. 
avec  deux  portr.  gravés  par  Ad. 
Varin. 

Extrait  du  volume  Je  la  Ri'ninion  des  So- 
ciétés des  Beaux-Arts.  1S8G.  —  Ces  deux 
peintres  sont  originaires  et  sont  morts  a  Chà- 
teau-Porcicu. 


91.  —  Chronique  de  Jean 
Taté,  greffier  de  l'Hôtel  de  Ville 
de  Chiitcau-Porcien  (1677-1748), 
publiée  par  H.  Jadart.  —  Reims.^ 
F.  Mtcliaud,  189a,  gr.  in-S"  de 
196  pp.  avec  planches   et   figures. 

Description  de  l'église  de  Cliàtcau-Porcien, 
ses  inscriptions,  diverses  antiquités  romaines 
et  du  Moven  àse.  Extrait  de  la  Revue  de 
Champagne  et  de  Brie,  1889-90. 

Château-Regnault. 

93.  —  D'  L.  PÉCHENART.  — 
Chàteau-Kegnault,  Bogny. —  1897^ 
Charleville .  imprimerie  du  Courrier 
des  Ardeniies^  i  vol.  gr.  in-8" avec 
planches,  de  XII  et  34S  pages.  — 
Table  des  noms. 

Voir  sur  cet  ouvrage  un  compte-rendu  ^i\-ni'3 
par  l'abbé  G  -G.  Holand,  dans  la  Revue  Itis- 
torique  ardennaise,  lévrier-mars  189S,  p. 
9f)-97.  —  L'auteur  e-t  originaire  de  cette  lo- 
calité. 

Châtel-Cliéhéry. 

93.  —  Recherches  sur i'abbiye 
de  Chéhéry,  p:ir  J.-L.  Jailliot, 
docteur  en  médecine.  —  Sedan j 
librairie  Jourdan^  1898,  gr.  in-8" 
de  178  pp.  avec  2  planches,  vue 
et  plan  de  l'abbaye. 

Extrait  de  la  Revue  d.'Ardenne  et  d'Ar- 
ijnune,  1896-97,  —  L'auteur  habite  Sedan  et 
Apreuiont. 

Chaumont-Porcien. 

94.  —  Notice  sur  l'abbaye  de 
Chaumont-Porcien,  par  l'abbé  A. 
Lannois.  —  Rethel,  Beauvarlec 
(1881},  gr.  in-8"  de  ^6  pp. 

L'auteur,  ancien  curé  de  Thugnv,  collabore 
à  la  Revue  historique  ardennaise,  où  il  a 
publié  une  notice  sur  Le  cimetière  r/aulois 
d  Annelles,  avec  planche,  mai-juin  ISiiS. 

9).  —  Notice  sur  saint  Ber- 
thauld,  apôtre  et  patron  de  Chau- 
mont-Porcien^ par  le  P.Ch.  Clair, 
s.  j.  —  Paris,  Savahc,  I895,  in-j8 
de  96  pp. 

En  tète,  lettre  du  R.  P.  Fressencourt  aux 
habitants  de  Chaumont.  Vue  de  Cliaumont  eu 
Irontispiee  (fausse  attribution  d'une  ancienne 
estampe,  qui  donne  la  vue  de  Chaumonl-en- 
Bassiguyj,  autres  vues  de  la  chapelle  et  de  la 
nouvelle  châsse  de  saint  Bertliauld.  Sur  le  ti- 
tre, fac-similé  du  sceau  gothique  de  l'abbaye 
de  Chaumont,  transférée  à  la  Piscine,  près 
Kemaucourt,  au  début  du  xvii=  siècle. 

Donchery. 

96.   —    Annales  du  prieuré,  de 


228 


ESSAI  d'une  bibliographie 


la  ville  et  de  l'hospice  de  Don- 
chery,  par  l'abbé  Lagiieau.  — 
Sedjn,  imp.  de  J.  Laroche^  1874, 
in-S"  de  175  pp.,  et  notamment 
voir  sur  l'église  et  la  cure  les  pp. 
82  à  toi. 

Comple-remlu  dans  la  Revue  de  Cham/ia- 
gne  et  rie  Vnr,  juillet  1876. 

Doux. 

97.  —  La  cloche  de  l'église  de 
Doux  (Ardennes).  Notes  généalo- 
giques sur  la  famille  Renart  de 
Fuchsamberg,  par  A.  Baudon.  — 
Reims,  AUtotj  1895.  gr.  in-8"  de 
8  pp. 

Extrnil  (le  VAlniaiiacIt  anniifiire  de  la 
Marne,   de    l'Aisne  et  dei  Anlrnnes,  1895. 

L'auteur,    orisinaiie   de   Rethel,     habite 

Reims  où  il  poursuit  d'utiles  recherches  sur 
l'histoire  locale. 

Écordal. 

98.  —  Histoire  d'Ecordal,  par 
Désiré  Boizet.  —  Auigny^  Déro- 
che^ 1894,  iii-i2  de  1 14  pp. 

L'auteur  est  un  liabitanl  d'Ecordal. 

Gespunsart. 

99.  _  Histoire  de  Gespuns.ut, 
par  l'abbé  P.-L.  Péchenard.  — 
Ch^rlevllle,  Pouillard,  1877,  i 
vol.  in-8'J  de  IV- 3 48. 

L'auteur  est  oriçinnre  de  cette  localité. 
Il  était  alors  vicaire  sénéral  du  diocèse  de 
Reims  et  a  été  nommé,  en  1896,  recteur  de 
l'Institut  catholique  de  Paris. 

Givet. 

100.  —  Givet.  Recherches  his- 
toriques par  J.  î.artigue  et  A.  Le- 
catte,  —  Givet  ^  C/ioppin,  1868, 
in- 12  de  311  pp.  avec  ligures. 

^L  Lartiïue  est  décédé  en  juin  1898. 

Givry. 

loi.  —  L'ancien  village  de 
Montmarin,  notice  sur  son  ter- 
roir, sa  seigneurie  et  son  église, 
par  H.  Jadart  et  A.  Baudon.  ~ 
Dole,,  Bernin,  1897,  in-12  de  52 
pp.  avec  planche  du  portail  de 
l'église. 

Extrait  de  laiî^'i'i/e  historique  nrdennaisc, 
18'j7.  —  Ancienne  localité  de  ce  terroir. 

Grandpré. 

to2.   —  Chronique  de  la  ville 


et  des  comtes  de  Grandpré  selon 
l'ordre  chronologique  de  l'His- 
toire de  France,  par  Miro'v',  juge 
de  paix  du  canton.  —  Vou^iers^ 
Mary,  1839,  in-8°  de  212  pp. 

Vciir  la  yiiticr  historique  sur  la  Mnisnii 
lie  (iniiid/irr  par  A.  de  Barthélémy,  dans  la 
Jievue  de  Clnitiijiagnc  et  de  Brie,  t.  VllI  a 
XVIII,  1"  série. 

Haraucourt,    voir   Raucourt, 
n"  141. 

Hierges, 

10^.  —  Ancienne  baronnie  de 
Hierges.  Esquisses  historiques.  — 
Givet,  Clwppin^  1872,  in-8'^  de  16 
pp. 

Extrait  de  VÉcho  de  Givet,  1872.  Le  châ- 
teau de  Hierses  oit're  des  ruines  très  pittores- 
ques sur  la  vallée  de  la  Meuse. 

Imécourt,  voir  Sedan,  n"  173. 

La  Neuville-aux-Tourneurs. 

104.  —  Histoire  de  La  Neu- 
ville-aux-Tourneurs,  par  P.-L.  Pé- 
chenard. Nouvelle  édition.  — 
Reims,  F.  Mic/iaud,^  1887,  in-8°  de 
130  pp. 

La  première  édition  date  de  1872,  in-12  de 
es  pp.  —  L'auteur  a  été  curé  de  cette  localité. 

Le  Châtelet-sur-Retourne. 

105.  —  Etude  historique  sur 
le  Rethélois.  .  .  Le  Chàtelet-sur- 
Retourne,  Bergnicourt,  Alincourt, 
par  l'abbé  Th.  Portagnier.  — 
Reims,  imp.  coop..  1874,  in-8"  de 
471  pp.  avec  2  plans. 

Extrait  des  Travaux  de  l'Acndrmie  de 
Reims,  t.  Ll'V.  —  L'auteur  est  uiorl  curé  du 
Chàtelet-sur-Retoume  en  187t). 

Le  Mont-Dieu. 

106.  —  La  chartreuse  du  Mont- 
Dieu  au  diocèse  de  Reims,  avec 
pièces  justificatives  inédites,  par 
l'abbé  J.  Gillet.  —  Reims,  Lcpur- 
gneii/\  1889,  gr.  in-8°  de  XIII- 
659  pp.  avec  22  planches  ou  figu- 
res, plans,  vues,  écussons,  etc. 

L'auteur  est  actuellement  archiprétre  de 
Charlcville. 

107.  —  -Annales  de  Dom  Gan- 
neron.  Les  antiquités  de  la  char- 
treuse du  Mont-Dieu,  publiées 
par  Paul   Laurent.  —  Paris,  Alpli. 


DU   DEPARTEMENT   DES    ARDENNES 


>20 


Picard^  1893,  in-8*  de  330  pp. 
avec  XII  planches  d'armoiries, 
sceaux,  monnaies,  plans  et   vues. 

Ouvrage  imprimé  par  les  chartrrux  d'une 
maison  du  Pas-de-Calais. 

Le  Thour. 

108.  —  La  Baronnie  du  Thour 
en  Champagne,  son  étendue,  ses 
possessions  et  les  lieuxdits  de  son 
territoire  d'après  un  aveu  de  1390 
comparé  au  cadastre,  par  H.  Ja- 
dart  et  Léon  Le  Grand.  —  Arcis- 
sur-Aube,  Fremonr,  1897,  gr.  in-8" 
de  94  pp. 

Extrait  de  la  lifrnr  ih'  Chnui/Kii/iit.'  et  ili' 
Brie,  l«9G-'.t7. 

Les  Grandes  Armoises. 

109.  —  La  maison  des  Armoi- 
ses, originaire  de  Champagne, par 
H.Vincent.  — Pa.ns^Menu,  1877, 
in-8°  de  25  pp.  avec  dessin  de  la 
pierre  tombale  de  Nicolas  leGuel- 
lars  (1303),  conservée  au  prieuré 
des  Rosiers  (commune  de  Sé- 
chault). 

Extrait  des  Mi'inoirfis  rie  In  Société  d'Ar- 
cliéolof/ii-  lorraini',  1877. 

Les  Mazures. 

iio.  —  Histoire  du  village air- 
dennais,  Les  Mazures  et  de  l'ab- 
baye N.-D.  de  Consolation,  par 
l'abbé  V.  Genêt.  —  Reims^  1881, 
I  vol.  in-80. 

Extrait  du  t.  L\-\  des  Traviiu.i:  rli'  l'Aca- 
démie lie  Jieims.  —  L'auteur,  oriijinaire  de 
ce  lieu,  est  décédé  à  Cliarleville  eu  ISStî. 

Linchamps  (château    de),    voir 
Lûmes,  n»  112. 

Liry. 

m.  —  Marc  Husson.  —  L'os- 
suaire robenhausien  de  Liry.  — 
Sedun^  J.  Laroche,  1884,  in-8°  de 
24  pp. 

En  tète,  lettre  de  M.  le  D''  Ad.  Ilenrot,  de 
Reims,  auquel  est  due  la  découverte  de  cet 
ossuaire. 

Lûmes. 

112.  —  Le  siège  et  la  destruc- 
tion du  très  fort  château  de  Lin- 
champs  et  du  château  de  Lûmes 
(.Ardennes),  par  J.-L.  Micqueau, 
de  Reims,  précédé  d'une  intro- 
ductioii  par  l'abbé   V.  Tourneur. 


—  Reims,  P.  Régnier.  1  85  J,  in-80  de 
102  pp.  avec  vue   de   Linchamps. 

Extrait  du  t.  X.\l  des  Travaux  de  I'Aki- 
driiiie  de  Ueiiins,  et  suite  dans  le  t.  LIV  sur 
Linchamps,  forteresse  ruinée  du  terroir  de  la 
commune  de  Tliilay.  —  L'auteur,  ancien 
archiprùtre  do  Sedan,  e>t  décédé  vicaire  gé- 
néral à  Reims,  sa  ville  natale,  en  1889. 

Mairy. 

113.  —  Le  bras-reliquaire  de 
Mairy  (Ardennes),  par  A.  Breta- 
gne et  H.  N'incent.  —  Reim^. 
imp.  coop.,  1890,  gr.  in-8"  de  23 
pp.  avec  deux  planches^ 

Extrait  des  Travaux  de  l'Académie  de 
Jîeims,  t.  LXXXV,  1888-89.  —  L'un  des 
auteurs,  M.  Bretagne,  ancien  directeur  des 
Contributions  directes,  né  à  Rocroi,  est  dé- 
cédé à  Nancy,  en  1891,  dans  sa  Su'  année. 

Maure. 

114.  —  Les  sceaux  commu- 
naux de  Manre.  par  le  D''  Vin- 
cent. —  Reims,  Delii^ne^  1881,  in- 
80  de  13  pp.  avec  figures. 

Extrait  des  Travaux  de  l'Acadéiiiie  d(i 
Reims,  t.  LXVIII. 

Margut. 

115.  —  Margut,  Fromy  et  St- 
Walfroy.  par  l'abbé  Hamon.  — 
Reims ^  imp.  coop.,  1876,  in-8"  de 
167  pp. 

Extrait  des  Travaux  île  l'Académie  de 
Reims,  t.  LVIl. 

116.  —  Vie  de  .saint  Walfroy. 
Notice  historique  sur  la  restaura- 
tion du  pèlerinage,  par  l'abbé  V. 
Tourneur,  2"^  édition.  —  Sedan, 
J.  Laroche,  1874,  i'i-8''  de  57  pp. 
avec  vue  du  monastère  fondé  en 
l'honneur  du  styiite  ardelmais. 

La  chapelle  de  Salnt-^^'alfroy  est  située  sur 
le  terroir  de  Bièvres,  mais  plus  près  de  la  sta- 
tion de  Margut.  Les  missionnaires  lazaristes 
viennent  de  fonder  (1897)  une  revue  men- 
suelle. l'Echo  de  Saint-Walfroi/,  qui  doit 
donner  quelques  notes  d'histoire  et  d'archéo- 
logie locales. 

Maubert-Fontaine. 

117.  —  Le  domaine  des  Potées 
(Ardennes)  ou  la  donation  de 
saint  Remy,  par  l'abbé  L.  Péche- 
nart,  —  Reims,  Bugg,  1896,  gr. 
in-8°  de  144  pp. 

La  terre  des  Potées,  ancien  domaine  du 
Chapitre    de    Reims,   comprenait  un   certain 


230 


ESSAI    D  UNE    BIBLIOGRAPHIE 


noiulno  «11-  communes   ilc^ 
ilo  Maulicil- Fontaine. 


environs  du  Ijouri; 


Mézières. 

ii8.  —  Notice  historique  sur 
le  canton  de  Mcziéres,  par  Dom 
Albert  Noël,  bénédictin  de  la 
Congrégation  de  France.  —  Reims^ 
M^tot-Brji/ic,  1879,  in-8°  de  200 
pp.  avec  vue  de  l'église  de  Méziè- 
res. 

Extrait  de  VAlinnnacli-Anmtairi'  ilc  la 
Afat'iii',  (h-  l'Aisui'  l't  tle.1  Arifi'nnes  (21'^  ot 
22°  annt'é-s).  —  f-'auteur  c*l  oriirinairo  do 
Gliarlevillc  et  a  liabilé  Solesnu'?,  ]vui<ralil)ayo 
de  Sainl-Maur  de  Glanl'euil   (Maine-et-Loire). 

119.  —  Inventaire- sommaire 
des  Archives  communales  et  hos- 
pitalières de  ia  ville  de  .Mézicres, 
par  Ed.  Sénemaud  et  P.  Laurent. 
—  Mé-^ières,  1873,  C/urleville, 
1891,  2  fasc.  in-4". 

L'auleur,  né  à  Donimery  (Ardennes),  est 
arcllivi^te  des  ArJeunes  depuis  1HS7. 

I2J.  —  Notices  liiscoriquessur 
la  ville  de  Mézières  (.Anciennes 
rues,  Francs-archers,  Léproserie), 
par  P.  Laurent.  —  Alé'ières, 
1888-89,  3  br.  in-8". 

Du  même  auteur  :  Méziî'fcf!  jii'iiiliiiil  tu 
(léffuxc  'If  Unyin'd,  dans  ses  YariiHés  hh- 
turiques  (if<leniiiiisi:i,  XI.  —  Notice  sur  le 
Siétji!  de  Mézières  en  i:>2l ,  |iar  A.  Chuquet, 
lors  lie  l'inauKuralion  de  la  statue  de  Bayard 
dans  cette  ville.  l.s;i:i. 

12  1.  —  Statuts  et  coutumes  de 
l'Echevinage  de  Mézières  (xil"-'- 
XVlir  siècle),  publiés  par  P.  Lau- 
rent. —  Mézières,  Kcne\  1889,  gr. 
in-8"  de  XLIII-203  pp. 

122.  —  Mézières  illustré.  Re- 
cueil de  irac-simile  phototypiques, 
publié  par  P.  Laurent.  —  CharU- 
ville,  Devin,  1889.  Album  in-f». 

On  y  trouve  de  belles  vues  des  monuments 
de  la  ville  et  de  la  coupe  de  Bayard. 

Cette  coupe  en  vermeil,  si  précieuse  à  tant 
d'égards,  n'a  pas  encore  été  étudiée  au  point 
de  vue  de  .sua  oriL;ine  de  l'abrication.  Elle 
porte  deux  marques  ou  poinçon-,  l'un  avec 
les  lettres  NA,  et  l'autre  avec  la  lettre  O. 

123.  —  Les  inscriptions  de  l'é- 
glise de  .Mézières,  recueil  de  tex- 
tes historiques  du  XV"  siècle  jus- 
qu'à nos  jours,  par  H.  Jadart.  — 
Caen,  Delestjues,  1892,  in-S"  de 
36  pp.  avec  figures. 


l'-xtruit  du  liuUctin  iiioiiumentnl,  t.  LVII. 
—  Voir  un  rapport  de  M.  J.-B.  Couly,  arclii- 
tecle,  sur  l'état  de  l'église  de  Mézières  après 
le  siège  de  1871,  dans  le  Courrier  des  Ar- 
diuiics  du  3  mai  1871.  —  Nous  devons  rec- 
lilier,  en  ce  qui  concerne  les  inscri|ilions  de 
l'église  de  Mézières,  l'indication  donnée  a.  tort 
de  la  destruction  totale  des  anciennes  pierres 
tombales.  Cinq  d'entre  elles  ont  élé  reportées 
dans  le  pavé  de  la  nef  latérale  du  sud  vers 
1875. 

Montcornet. 

124.  —  Monographie  de  l'an- 
cien marquisat  de  Montcornet- 
en-Ardennes  et  des  communes  du 
canton  de  Renwez,  par  .I.-B.  Lé- 
pine.  —  CharleviUe^  Leiellier^iS62^ 
in-i8  de  XXXIII-36Î  pp.  avec  plan 
et  deux  vues  des  ruines  du  châ- 
teau. 

125.  —  Les  ruines  du  chùteau 
de  Montcornet-en- Ardennes,  par 
Achille  Rivet-Créquy.  —  Mépè- 
res,  inipr.  A.  Ronsin,  1892,  in- 18 
de  18  pp.  avec  plan  et  vue. 

Montgon. 

126.  —  Notice  sur  l'abbaye  de 
Longwé,  canton  du  Chesne  (Ar- 
deiines),  par  l'abbé  R.-C.  Hai- 
zeaux.  —  Impr.  par  Fauteur^  i8^6, 
in-S"  de  84  pp.  avec  pi.  photogr. 

Abbaye  détruite  sur  le  terroir  de  Montgon, 
canton  du  Cliesne.  —  L'auteur  est  curé  île 
Guincourt. 

Monthermé. 

127.  —  Notice  historique  sur 
le  canton  de  Monthermé,  par  D. 
.Albfert  Noël,  religieux  btinédictin. 

Publication  en  cours  dans  les  Alincaiachs- 
aniiuaircs  de  la  Aliirne,  de  l'Aisne  eî  des 
Anli'iines  pour  ISSti,  IS97  et  IHd/l.  —  Dans 
ce  dernier  annuaire,  notice  illustrée  sur  lie- 
cin  autrefois  et  aujourd'hui,  avec  vues,  par 
le  docteur  Séjournet,  p.  231-42. 

Mouzon. 

128.  —  Discours  en  faveur  de 
l'église  de  Mouzon,  prononcé  dans 
la  cathédrale  de  Reims  le  1 1  jan- 
vier 1863,  par  l'abbé  L.  Biye.  — 
Reimsy  1863,  in-8\ 

L'auteur,  originaire  de  Mouzon,  alors  vi- 
caire à  la  calbédrale  de  Reims,  est  dei>uis 
lS70  curé  de  la  basilique  Saint-llenii  de  cette 
ville. 

129.  —  Archives  des  monuments 
historiques^  reproduction  des  des- 
sins et  relevés  qui  ont  été  faits  de 


DU    DEPARTEMENT    DES    ARDENNES 


231 


l'église  de  xMouzon,  dessins  qui  se 
trouvent  aux  archives  de  la  Com- 
mission des  iMoiiuraents  histori- 
ques. 

LeUi-t!  <Iu  4  avril  189H.  do  M.  Paul  Bœs- 
wilwiild  a  M.  Jules  Alai'd,  arcliitecte  à 
lieims.  —  Il  existe  aussi  une  nolicn  des  tra- 
vaux exécuti's  a  l'éuliso  de  Monzon  par 
M.  Ba-swilwald  père,  areliilec^lo  diocésuin. 

130.  —  L'abbé  E.  Jussy.  — 
Notre-Dame  de  Mouzon.  —  Se- 
ddri^  J,  Luroche,  1880,  in-8"  de 
105  pp. 

Excellent  suitie  de  ce  monuuicnt.  L'auteur 
est  mort  vicaire  général  eu  1884.  —  Voir 
aus>i  sur  l'église  de  Mouzon  une  notice  insé- 
rée dans  le  volume  du  Cuiiyres  arcli''otofji- 
(/uf  (le  Kranea,  28°  session,  tenue  a  Reims 
eu  18GL  —  Consulter  éi,'alotnent,  pour  i'épi- 
tcrapliie  niouzounaise  en  général  et  pour  les 
inscriptions  de  l'église,  un  travail  !ort*oigué, 
encore  inédit  et  intitulé  par  l'auteur  :  Ins- 
criptions niuitzonnaisi-.s  tiiccMeii  de  70  ins- 
criptions relatives  à  la  ville  de  Mouzon,  du 
XI*  siècle  au  xviii'  siècle).  —  Mémoire  um- 
nuscrit  de  2ô8  11'.,  envové  au  concours  d'his- 
toire de  l'Académie  de  lieims,  en  IS'JS,  par 
l'abbé  Frézet,  vicaire  a  Cliarleville.  —  Du 
inèuie,  on  attend  la  publication  de  la  Clmjni- 
(/ite  du  P.  Fuhjencc,  capucin  de  Mouzon. 

131.  —  Inscriptions  (gallo-ro- 
maines) de  Reims^  de  Stenay  et 
de  Mouzon,  par  Antoine  Héron 
de  Villetûsse.  —  Vienne.^  1883, 
in-S"  16  p.  (Sur  Mouzon,  p.  14  et 

Extrait  du  liuUeAin  épiyrapliiquc  du  la 
Gaule,  mai-juin  188:5.  —  Las  monuments  ro- 
mains sont  fort  rares  dans  le  département  des 
Ardcnnes.  Citons,  outre  l'inscription  conser- 
vée dans  l'église  de  Mouzon,  une  autre  ins- 
cription trouvée  a.  Cbarlevilie  provenant  de 
Montcy  et  décrite  par  Numa  Albot,  ainsi 
((u'uno  stèle  avec  deux  figures,  provenant  du 
ilomainH  de  Valconlant  prés  Neuimaison,  con- 
servée niaintenanl  dans  la  propriété  du  mar- 
quis de  Gourjault  a  Balan  prés  Sedan.  Les 
débris  antiques  recueillis  par  M.  RogerGraf- 
lin  a  Belval-Bois-des-Dames.  ont  été  décrits 
par  lui  dans  la  Revue  iiisloriquu avOennaise , 
18ÎG-97  et  U8. 

132.  —  Discours  prononcé  le 
4  août  1889  ^  ''^  bénédiction  de 
l'église  de  Mouzon,  par  l'abbe 
Baye.  —  Reims^Dubois-Poflimonc, 
1889^  in-8"  de  26  pp. 

A  cette  date  étaient  achevés  les  grands  tra- 
vaux de  restauration  de  celte  église,  poursui- 
vis par  M.  Bo,'Swilwald  depuis  vingt  ans. 

133.  —  N.  GofFart.  —  Numis- 
matique ardennaise.  La  monnaie 
de  Mouzon.  —  Paris ^  1891,  gr. 
in-S"  de  17  pp. 


Extrait  de  \'An)iunir<'  df  la  Socu'lé  de 
A'uniiunKXtiijue,  Isyi.  L'auteur,  oriuiiiaiiedo 
Mouzon,  agrégé  do  l'Université,  habile  Pari» 
et  collabore  à  la  Hevw.  de  Cliai/iinit/ne  cl  df 
Brie. 

134.  —  Précis  d'une  histoire 
de  la  ville  et  du  pays  de  .Mouzon, 
par  N.  GotTarr.  —  Arcis- sur-Aube, 
L.  Frémont,  1894,  gr.  iii-8"de  396 
pp. 

Extrait  de  la  lievue  de  Chonipagiie  ci  de 
Brie,  18yi.  —  Compte  rendu  de  cet  ouvrage 
et  autres  travaux  sur  le  Cartulaire  municipal 
de  Mouzon  par  P.  Collinet.  dans  la  Itcune 
d'Ardenne  et  d'Argonne,  années  1894-1X95. 

135.  —  Marc  Husson. —  Sceau 
inédit  de  Pierre  d'Essone.  abbéde 
Mouzon.  —  Sedan,  E.  Laroche,, 
1897,  gr.  in-8"  de  7  pp.  avec  pi., 
fac-similé. 

Extrait  de  la  Jtevue  d'Ai'dvnm:  et  ilWr- 
f/onne,  1897. 

Murtin. 

136.  —  les  Reli  luiires  de  l'é- 
glise de  Murtin,  par  H.  Jadart  et 
L.  Demaison  —  Caen,  Delesqiies,^ 
1893,  in-8"  de  18  pp.  avec  plan- 
che photographique  de  H.  Duché- 
noy. 

fjXtrait  du  iJulli'tin  inoniimenlal.  1892. 
t.  LVII. 

Neuvizy. 

137.  —  Notre-Dame  de  Bon- 
Secours  de  Neuvizy.  Histoire  du 
pèlerinage,  par  l'abbé  Valentin. 
—   Mé^^ières,,   Lapie^   s.    .i,    m- 18 


de  44  pp 


L'auteur  est    mort   curé    de 
vers  1872. 


cette  localiti- 


Novion-Porcien. 

138.  —  Reconstitution  de  la 
voie  romaine  de  Reims  à  Colo- 
gne, par  Novion-Porcien,  Warcq 
et  Etion,  par  M.  l'abbé  Dessailly. 
—  Paris,  Ddagrave,)  ^891,  gr.  in- 
8°  de  19  pp.  avec  carte, 

A  consulter  avec  réserve,  élant  donnée  la 
difliculté  du  sujet.  L'auteur,  originaire  do 
JuniviUe,  se  trouve  actuelleuient  dans  le  dio- 
cèse de  VeisaiUes. 

Novy. 

139.  —  L'Eglise  du  prieuré  de 
Novy^  son  architecture,  sa  déco- 
ration, ses  pierres  tombales,  par 
H.  Jadart.  —  Reims^  imp.  coop., 
Ï879,  in-S"  de  8  pp. 


232 


ESSAI    D  UNE   BIBLIOGRAPHIE 


Exilait  (lu  linlletin  du  dioc^sr  ih-  lie'uns, 
187'.!.  —  Des  addition-:  fort  utile?  ii  celte  pre- 
iniore  notice  ont  été  donnée*  par  Albert  Bau- 
don  dans  la  Rcrui-  liistorii/ite  ardennaise. 
t.  II,  p.  199,  cl  t.  m,  ]•.  140.  —  Le  carlu- 
laire  du  prieuré  de  New  a  été  analysé  dans 
In  Hi'viw  lii^torigue  des  Ardenncs,  l.  Yl, 
p.  41. 

Raucourt. 

140.  —  Notice  historique  sur 
le  canton  de  Raucourt  (Arden- 
ries\  par  N.  et  E.  GofTiirr.  —  Se- 
d^n^  J.  I.aroche^iSSg,  iii-S"  de  224 
pp. 

141.  —  Histoire  de  mon  vil- 
lage. Etudes  historiques  sur  Rau- 
court et  Haraucourt  et  la  région 
avoisinante,  par  Sécheret-Cellier. 

—  Sedj.n^   J.    Laroche^    1896,    gr. 
in-8'  de  495  pp.  avec  planches. 

Compte-renilu  de  cet  ouvra!;e  dans  la  Bi- 
bUutlièqu,'  de  l'Ecole  des  Chartes,  t.  LVIII, 
mai-juin  1897.  p.  331-35.  —  L'auteur  est  di- 
recteur de  l'Ecole  communale  de  Mouzon, 
niemljre  correspondant  et  lauréat  de  l'Acadé- 
mie de  Reims. 

Renwez. 

142.  —  Notice  historique  sur 
le  canton  de  Renwez,  par  Dom 
Albert  Noël.  —  Reims,  Matot- 
Braine^  1884,  in-8°  de  i^i  pp. 

Extrait  de  VAlmnnach-Annitaire  de  la 
Marne,  de  l'Aisne  et  des  Ardenncs,  1884- 
87. 

Rethel. 

143.  —  Rethel  et  Gerson,  par 
Chéri  Pauffin.  —  Rethel^  Bduvar- 
let^  1845,  in-i2  de  280  pp.  avec 
pottraic  de  Gerson. 

L'auteur,  ancien  niaijistral  à  Retlicl.  où  il 
est  mort  en  I8lj3,  a  léirué  à  cette  ville  un 
immense  recueil  manuscrit  de*  plus  intéres- 
sants pour  l'étude  des  monuments  et  des  arts 
dans  le  département,  intitulé  :  Les  Ardennes 
illustrées.  11  esta  la  disposition  de  tous  les 
chercheur.s  â  l'Hôtel  de  Ville  de  Rethel. 

144.  —  La  Champagne  catho- 
lique, revue  scientifique,  archéo- 
logique et  littéraire,  3^  année.  — 
Reims,  Jacquet,    1846,    livr.   in-8°. 

Monosraphie.  Histoire  de  l'éslise  de  Rethel 
(par  Louis  l'aris),  dans  les  livraisons  de  mai, 
juin,  août,  octobre  et  novemhre  184G. 

14J.  —  Histoire  de  la  ville  de 
Rethel  depuis  son  origine  jusqu'à 
la  Révolution,    par    Lm.  Jolibois. 

—  Rei'iel,  Bcduvarlet,  1847,   in-8'' 
de  294  pp. 


Détails  et  documents  divers  sur  les  monu- 
ments et  l'église  de  celte  ville.  L'auteur  est 
mort  archiviste  du  Tarn  en  1896. 

146.  —  Histoire  politique  et 
numismatique  du  comté  de  Re- 
thel, p.ir  Victor  Gaillard. — Gand, 
1851,  gr.  in-8°  de  2  pp.  et  i  pi. 

Extrait  de  la  Revue  de  la  numismatique 
helf/e.  t.  1,  2"  série.  —  Sur  les  anciens  poids 
du  Rethélois,  recourir  à  l'ouvrage  rarissime  : 
Réduction  et  évaluation  des  mesures  et 
poids  anciens  du  duclié  de  Rethélois  à  me- 
sures et  poids  royaux...,  par  François 
(înrrault.  imprimé  à  Paris  chez  Sébastien 
Nivelle  en  1585.  un  volume  petit  in-4"  de 
91  pp.  I  Bibliothèque  du  D''  IL  Vinent,  a. 
Vouziers;. 

147.  —  Notice  sur  le  cartu- 
laire  du  comté  de  Rethel  avec  la 
table  des  lieux,  par  Léopold  De- 
lisle.  — Pj.rlsyRenouj.rd.i'èS-j,  in- 
8»  de  160  pp. 

Y.KlTiùl  AeV Annuaire-Bulletin  de  la  So- 
ciété de  l'Histoire  de  France.  1SG7. 

T48.  —  Guide  Rethélois,  1883- 
1894.  —  Rethel,  Beauvarlet,  10 
plaquettes  in-8°. 

Articles  sur  les  monuments  de  Rethel,  l'é- 
glise, etc..  notices  par  N.  Mercier,  A.  Bau- 
don,  H.  Jadart,  etc. 

149.  —  .Annuaire  Rethélois, 
1896-1897.  —  Rethel,  Beauvarlet, 
2  plaquettes  in-8°. 


Suite  du  précédent  recueil,   avec 
lilables  notices. 


de   sem- 


150.  —  Les  monuments  histo- 
riques de  l'arrondissement  de  Re- 
thel, notice  sommaire  de  leurs 
principales  curiosités,  publiée  à 
l'occasion  de  la  loi  du  30  mars 
1887  pour  la  conservation  des 
monuments  hisroriques,  par  H. 
Jadart.  —  Rethel,  G.  Beauvarlet, 
1887,  in-8'  de  16  pp. 

Extrait  du  Guide  Rethélois,  18.S8. 

151.  —  Sceaux  extraits  du  tré- 
sor des  Chartes  du  comté  de  Re- 
thel. Catalogue  des  moulages  ex- 
posés au  pavillon  de  Monaco  à 
l'Exposition  univensellc.  (Préface 
signée  G.  S(aijîe).  —  Monaco,  im- 
primerie du  Gouvernement,  1889, 
pet.  in-4''  '^^  40  PP- 

152.  —  La  cloche  de  l'Hôtel 
de  Ville    de   Rethel.    Documents 


DU   DÉPARTEMENT    DES    ARDENNES 


233 


extraits  des  comptes  de  cette  ville 
rel.:tifs  à  sa  iroiue  en  1513,  p^r 
Henri  Lacaille.  —  Arcis-siir-Auhe^ 
Léon  Frémont,  1891,  gr.  in-B»  de 
12  pp. 

Extrait  de  la  Ri'viir  de  Chimipiigne  i-t  'le 
IJrie.  juin-juillet  1891. 

15' 3.  —  Essni  sur  Rethel  (745 
à  1890),  par  J.-B.  Caruel.  —  Ke- 
tliel,  Beauvarkt^  1891.  gr.  in-H" 
de  IX-432  pp.  avec  phin  et  vues 
des  monuments,  sceaux,  armoi- 
ries, etc. 

L'auteur,  ancien  secrétaire  de  la  mairie  de 
Rclliel,  est  mort  en  cette  ville  en  1896, 

154.  —  Documents  sur  la  fon- 
dation de  l'Hôpital  général  de 
Rethel,  extraits  des  Archives  com- 
munales et  hospitalières  de  cette 
ville,  par  Henri  Lacaille.  —  Keims^ 
Al^tot,  Ï893,  S""-  ''1*8°  de  107  pp. 

i^^.  —  La  Crèche  Hippolyte 
Noiret,  par  le  D''  P.  Drapier.  — 
Paris,  Jouve,  1893,  ia-8°  de  20  pp. 

Crèche  fondée  par  M.  et  M°"  Noiret  en 
souvenir  de  leur  fds,  sur  remplacement  île 
l'ancien  hôtel  des  arquebusiers.  La  compagnie 
de  l'Arquebuse  de  Kelhel  a  donné  lieu  à  une 
notice  par  H.  Jadart  et  H.  Lacaille.  publiée 
dans  la  Rrvue  (le  Champagne  et  de  Brie. 
août  1895,  et  tirée  à  part  en  brochure  à  25 
exemplaires. 

156.  —  La  maison  natale  de 
Boucher  de  Perthes  à  Rethel,  son 
musée  et  sa  tombe  à  Abbeville, 
par  H.  Jadart.  —  Retliel^Beauvar- 
let,  i893_,  ''1-8"  de  24  pp. 

Extrait  du  Guide  lîclhrlois.  1801. 

1-^7.  —  Essai  d'une  bibliogra- 
phie rethéloise,  catalogue  raisonné 
d'ouvriges  manuscrits  et  impri- 
més concernant  l'histoire  et  la 
biographie  de  la  ville  de  Rethel, 
par  H.  Jadart.  —  Rethel,  Bcdic- 
varlet,  1894,  in  8"  de  86  pp. 

ij8.  —  Les  cloches  du  canton 
de  Rethel,  par  H.  Jadart,  P.  Lau- 
rent et  Al.  Baudon.  —  Rettiel, 
Beauvizrlet,  1897,  gr,  in-8°  de 
VIII-94  pp.  avec  la  vue  du  clocher 
de  Rethel. 

159.  —  Tablettes  généalogi- 
ques rethéloises.  La   famille  Lan- 


dragin,    par    Albert    Baudon.     — 
Pans,  Alpli.  Picard,  1897. 

Commentaire  d'une  épitaphe  de  l'é?;lisc  de 
Rethel.  Extrait  de  la /fciwic  liistoi-iijiw  ar- 
dennaisi,  1897. 

160.  —  L'église  de  Rethel^  sa 
description  monumentale,  ses  an- 
ciennes inscriptions  et  ses  œuvres 
d'art,  par  H.  Jadart  et  L.  Demai- 
son.  —  Li-8"  avec  vues  et  plan. 

il'.lude  (-n  [uililicalioa  d:ms  le  Jlullrtin  mo- 
iiHiiii'ntiit,  1S'.IS.  ; 

Revin. 

161.  —  Revin  et  leP.Billuart, 
par  l'abbé  S.  Dunaini".  —  Char- 
Icville,  MdUfait,    1858,    in-12    de 

93  PP- 

Description  de  la  tombe  du  P.  Billuart 
dans  l'église  do  Revin.  L'auteur  est  mort  ar- 

chiprctre  de  Sedan  en  ISS"). 

162.  —  Compte-rendu  de  l'i- 
nauguration de  la  statue  du  P. 
Billuart  (à  Revin).  —  Charleville, 
Mail/ait.  1858,   in-12  de  31  pp. 

Même  auteur  que  pour  le  précédent  opus- 
cule. 

163.  —  L'église  des  Domini- 
cains de  Revin,  sa  construction, 
ses  œuvres  d'art,  ses  souvenirs  de 
Billuart  et  des  frères  Labye,  par 
H.  Jadart.  —  Reims,  inip.  coop., 
1880,  gr.  iii-8'  de  18  pp. 

Extrait  du  liulletin  du  diocèse  de  Reims, 
1880.  —  Notice  sur  Revin  par  le  docteur  Se 
journet,  dans  VAlmanncli-anniinire  de  la 
Marne,  de  l'Aisne  et  rfev  Ardennes  pour 
IS9S.  p.  2:u. 

Rocquigny. 

164.  —  Notice  historique  sur 
le  prieuré  de  Gérigi^y,  de  l'ordre 
de  Prémontré,  au  diocèse  de 
Reims,  1 180-1789,  avec  plan  et 
pièces  justificatives  inédites,  par 
l'abbé  J.-B.-E.  Carré.  —  Reims, 
1885,  in-S"  br. 

Cet  ancien  prieuré  était  situé  sur  le  ter- 
rain de  Rocquigny.  —  Du  même  auteur,  no- 
tice et  analyse  du  cartulaire  du  prieuré  de  La 
Presle,  qui  était  situé  près  d'Asfeld,  et  dis- 
parut dès  le  XV"  siècle,  dans  la  Revue  de 
Champagne  et  de  Brie,  18112-93. 

Rocroi. 

165.  —  Histoire  de  la  ville  de 
Rocroi  depuis  sonorigine  jusqu'en 
1850..,,  par  J,-B.  Lépine.  —  Aie' 


234 


ESSAI   D  UNE    BIHLIOGRAPHIE 


^iêres^  cyp.  Leluarin^  1860,  111-8° 
(Je  464  pp.  avec  jiortraic  de  l'au- 
teur et  plan  de  la  bataille. 

La  bataille  d(^  Uocroi  a  donné  lieu  à  plu- 
sieurs publications  oonli^np  ..aines,  donl  la 
plus  célèbre  est  celle  do  M.  le  duc  d'Aumale, 
La  journée  dt'  Uocroi,  in-l'J.  —  Voir  aussi 
daus  les  Variâtes  liistori(jU'-s  arileiiiinises, 
par  P.  Laurent,  II,  Avant  et  «près  tti  b(i- 
tailli'  de  Uocroi,  in  8". 

Rumigny. 

166.  —  Histoire  généalogique 
de  la  maison  de  Ruaiigny-Fiorcn- 
nes,  par  i':)bbé  C.-G.  Roland.  — 
Numtir,  1891,  gr.  in-8°  de  248 
pages  avec  gravures  dans  le  texte, 
sceaux,  écussons,  etc. 

Kxlrait  des  Annales  de  la  Sociélé  arclié- 
otoijique  de  yatnnr,  t.  XI.K  et  X\.  —  Uu- 
vrace  a  consulter  pour  la  topoiçrapliie  et  la 
sigillo^'raphie.  —  Ajoutons  qu'a  Runiii;m' 
existe  encore  un  ancien  iliàleau.  dit  la  Cour 
des  Près,  appartenant  a  la  famille  Piette.  où 
M.  Edouard  Piette,  ancien  magistrat,  corres- 
]iondant  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  a  réuni  de  riclies  collections  d  ar- 
chéologie préhistorique,  etc. 

Saint-Loup-Terrier. 

167.  —  Histoire  de  Saint- 
Loup-Terrier  (Ardennesj,  compo- 
sée et  imprimée  par  l'abbé  L. 
-Alexandre,  1894,  in-8°  illustré  de 
vues  de  l'église  et  du  château, 
etc. 

L'auteur  est  curé  de  cette  localité,  dout  il 
a  parfaitement  approfondi  l'Iiistoire. 

Saint-Pierremont. 

168.  —  La  maison  natale  de 
Dom  Mabillon  et  son  monument 
dans  l'église  de  Saint-Pierremont, 
par  H.  Jadart.  —  Cj.en.  Le  Blanc, 
1885,  in-8°  de  19  pp.  avec  plan- 
che. 

Extrait  du  Bidletin  monumental,  1885.  — 
Voir  sur  û.  Maiullon  et  sou  lieu  natal  l'é- 
tude publiée  par  le  même  auteur  dans  les 
Travaux  de  V Académie  de  Reims,  t.  LXIV. 

Saint-Quentin-le  Petit. 

169.  —  Sceau  de  l'abbaye  de 
la  Valroi  en  Champagi.e,  par  L. 
Boilleau.  —  Furis^  1852,  gr.  in-80 
de  8  pp.  avec  figure  du  sceau. 

Extrait  du  Recueil  de  la  Société  de 
S/jUrar/islique.  février  1S52.  —  Cette  ab- 
baye, entièrement  détruite,  se  trouvait  sui  le 
terroir  de  Sainl-Ouentin-le-Petit.  Cf.  Revue 
de  Chatitjjuyne  et  de  iirie,  1"  «irie,  t.  1| 
p.  4117. 


170. —  Analyse  d'un  cartulaire 
de  l'abbaye  de  La  Valroy,  par  I. 
Desilve.  —  Laon^  Jucob^  1^77) 
111-8°  de  144  pp. 

Extrait  du  Jiulletin  de  la  Société  acadé- 
mique de  Laon,  1877. 

Savig-ny-sur  Aisne. 

171.  —  Les  portrait.s  de  Louis 
de  Gonzague  ec  de  Christopiie  de 
Savigny,  par  H.  Jadart.  —  />>o/<?, 
5e/-/2//2,  1897,  in -8"  de  12  pp.  avec 
pi.  et  {yg. 

Extrait  àeW Renie  historique  ardennaise, 
août  1897.  —  Christophe  de  Saviïny  était  le 
seigneur  de  Savignv-sur-Aisne. 

Séchault. 

172.  —  Xotre-Dame  des  Ro- 
siers (ordre  de  Citeaux),  près 
Monthois,  par  H.  Vincent.  —  Pu- 
ris,  Menu  (1880^,  gr.  in-S"  de  22 
pp. 

Extrait  de  la  Revue  de  Champagne  et  de 
Brie,  188(J.  —  Il  reste  encore  des  vestiuesde 
ce  prieuré,  écart  de  la  commune  de  Séchault. 
Voir  plus  haut  le  n»  1U9. 

Sedan. 

173.  —  Histoire  de  l'ancienne 
principauté  de  Sedan,  par  J.  Pey- 
ran.  —  Sedun,  Hennuy^  1826,  2 
vol.  in-S"  de  343  et  372  pp. 

Pasteur  protestant  très  érudit,  né  à  Genève 
en  1788,  lut  envoyé  à  Sedan  en   1812. 

174.  —  Sedan  pittoresque,  ou 
topographie  de  l'arrondissement, 
par  Ch.  Pranard.  —  Sedun,  1842, 
in-8"  de  184  pp.  avec  carte. 

L'auteur,  publiciste  et  écrivain,  est  décède 
a  Hcthel  eu  1871. 

175.  —  Histoire  du  pays  et  de 
la  ville  de  Sedan,  par  l'abbé  Pré- 
gnon. —  Sedan,  Ponciny  1856,  3 
vol.  in-S"  avec  portraits,  etc. 

Compto-readu  et  analyse  de  cet  ouvra'.; e, 
par  l'aljLé  Poussin,  dans  les  Travaux  de  l'A- 
cadémie de  Reims,  t.  XXIII,  p.  04. 

176.  —  Sedan.  Les  La  Marck 
et  les  deux  Turenne,  par  J.-C. 
Villet,  a*-"  édition.  —  Charleville^ 
1863, in-i2. 

L'auteur  était  avoué  à  Sedan,  et  amateur 
d'histoire  locale,  comme  un  grand  nombre  de 
ses  compatriote.s  dont  nous  no  pouvons  énon* 
i:er  ici  toutes  les  publicutione. 


DU    DEPARTEMENT    DES   ARDENNES 


TM 


177.  —  Henry  Rouy.  —  Les 
fortifications  et  le  thateau  de  Se- 
dan. ~  Sedariy  L^roche^  1876,  in- 
12  de  58  pp. 

Col  auteur  a  publié  éi;:ik'iiienlune//(S<o(;'i; 
po/iulairt;  de  Sediin  (1893),  et  une  suit»  de 
Souvenirs  Snlanais  qui  contiennent  d'utiles 
mentions  sur  les  nionutncnts  et  les  curio-il<-s 
de  l;i  ville. 

178.  —  Marc  Hiisson.  Médail- 
les relatives  à  l'histoire  locale.  — 
Sedari^  Laroche.  1887,  in-4»  de  31 
p.  sur  vergé. 

Tiié  à  40  exeinpliiire».  —  Cilon>  roiiiam 
eoinpléujent  ;iiix  reclieiclics  île  ce  genre,  par 
rapport  aux  protes^tanls,  une  étude  intitulée  : 
Le  Méreau  dans  les  l'-ijlises  rOforntées  de 
J<'rance,  par  H.  (jelin,  publiée  dans  les  Mé- 
moires de  ta  Société  de  stutistique,  scien- 
ces, lettres  et  arts  du  déjiai'tement  des 
Detcx-Sèvres, à'  iérie,  t.  VIII,  1891.  p.  142.  — 
Voir  sur  le  temple  et  le  mèreau  d'Imécourt 
(Ardennes),  en  1667,  le  passage  de  cette 
étude  qui  le  concerne. 

179.  —  Catalogue  du  Musée 
municipal.  Introduction.  Vingt 
plans  et  vues  de  la  ville  de  Sedan 
du  XV*  siècle  jusqu'à  nos  jours, 
par  Ed.  Dupaquit,  conservateur 
du  Musée,  et  Ëm.  Thellier,  cor- 
respondant du  -Musée.  —  Scdu/i, 
Laroche,  1886,  in-8°  suivi  de  19 
planches. 

Il  a  été  publié,  en  outre,  deux  abréj;és  ilu 
Catalogue  général,  section  des  sciences  natu- 
lelles,  par  A.  Thiriet,  en  18S6.  —  Enfin  il  a 
paru,  de  1887  à  1880,  un  Bulletin  trimes- 
triel du  Musée  juunicipal  de  la  ville  de  Se- 
dan, par  livraisons  grand  in^",  donnant  de 
nombreux  renseianeoients  sur  les  fouilles^  dé- 
couvertes arcbeologitjues,  objets  acquis  et 
donnés,  etc. 

i8o.  —  Siège  et  blocus  de  la 
ville  et  du  château  de  Sed.in  en 
1815,  par  Jules  Poirier.  —  Sedun^ 
Laroche^  in-8''  de  178  pp. 

Quelques  détails  sur  le  cbàteau  de  Sedan  a 
cette  époque. 

181.  —  Sedan  il  y  a  cent  ans, 
première  partie  (1790-1793),  avec 
une  planche,  par  Paul  Collinet, 
docteur  en  droit.  —  Sedan^  Lizro- 
che^  1893,  in-8°  de  vni-207  pp. 

Publication  de  la  Société  d'Etudes  Arden- 
nai-es  «  La  Bruyère  ■.  Lauti-ur,  originaire 
Je  Sedan,  est  actuellement  professeur  agrégé 
à  la  Faculté  de  droit  de  l'Université  de  Lille. 

182.—  Notice  armoriale  et  gé- 
néalogique sur  la  maison  de  Bouil- 


lon-I.a  Tour,  accompagnée  de  ta- 
bleaux généalogiques,  par  Sré- 
phen  Leroy.  —  Sedan^  Jourdan^ 
1896,  gr.  in-B"  de  196  pp. 

L'auteur  a  donné  d'autres  utiles  études  sur 
l'histoire  seJanaise.  Il  a  prolessé  l'Iiisloire  aux 
collèges  de  Griiy  et  do  Sedan. 

Senuc,   voir  Signy-l'Abbaye, 

no   186. 

Seuil. 

183.  —  Elias  Liebbe.  —  Ci- 
metière gallo-romain  de  Seuil 
(Ardennes).  — ■  Sedan^  J.  Laro- 
che, 1895,  gr.  in-B"  de  6  pp.  avec 
planche. 

Extrait  de  la  Revue  d'Ardenne  et  d'Ar- 
(joiine,  t.  H.  mai-juin  1895.  —  L'auteur  pos- 
sède le  cbàteau  de  Trugny,  voisin  de  Seuil. 

Sévigny-'Waleppe. 

184.  —  Porte  en  fer  (XV^  siè- 
cle) du  moulin  de  Sévigny-Wa- 
leppe,  par  H.  Jadart.  —  Pans, 
imp.  nac.^  1897,  gr.  in-8°  de  4  pp. 
avec  figure. 

Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Co- 
mité des  Travaux  historiques,  1896.  —  A. 
publier  procliaineuient  :  Les  reijistres parois- 
siaux de  Sévif/uy-Waleppr,  dans  la  Hevue 

Itisluriqiir  ardenniiisi', 

Signy-l'Abbaye. 

185.  —  Catalogue  de  mon- 
naies romaines  découvertes  à  Si- 
gny-l'.Abbaye,  par  V.  Duquénelle. 
—  Reims,  P.  Dubois,  1865,  gr. 
in-S"  d."  36  pp. 

Extrait  des  Travaux  de  l'Académie  de 
Reims,  t.  .\L1I1.  L'auteur,  antiquaire  ré- 
mois, mort  en  1883,  a  léuuè  ses  collections  au 
Mu^ee  de  Reims. 

186.  —  Cartulaires  de  Notre- 
Dame  de  Sigtiv  et  de  Saint-Oricle 
de  Senuc,  par  Ed.  de  Barthélémy. 
Reims,  Dubois,  1879,111-8»  de  68  pp. 

Extrait  des  Travaux  de  l'Académie  de 
Reims,  t.  LIX.  —  L'auteur  est  décédé  a 
Paris  en  1888. 

187.  —  Souvenirs  de  l'abbaye 
de  Signy,  par  Paul  Laurent,  archi- 
viste des  .Ardennes.  —  Pans, 
Alph.  Picard,  1890,  in-8°  de  21 
pp.  ave:  3  planches  d'inscriptions, 
taques  et  portraits. 

Extrait  des  Variétés  historiques  arden- 
".aises,  III. 


23G 


KSSAI   D  UNE    BIBLIOGRAPHIE 


188.  —  Manuscrits  légués  ù  la 
Bibliothèque  iiatioiinle  par  Ar- 
mand Durand  en  1894.  (Notice  par 
Léopold  Delisle.  suivie  de  iachio- 
nique  de  l'abbaye  de  Signy,  anno- 
tée.) In-8°  s.  l.  n.  d.  de  34  pp. 

Extrait  île  la  liihUothèqrœ  de  l'Éco/,'  dfs 
Chdfle.i,  ;innèe  IS'.ll,  t.  I.V.  —  'Vrvi  utile 
pulilicalion  du  savant  administrateur  de  la 
Bibliollièque  nationale. 

Signy-le-Petit. 

189.  —  Notice  historique  sur 
le  canton  de  Signy-le-Petit,  par 
D.-.A..  Noël,  bénédictin.  —  Reims. 
Matot^  1881,  in-S"  de  138  pp. 

Extrait  de  VAbiKinach-Amiuaira  histori- 
que fie  ta  Marne.  île  l'Aisne  et  des  Anlen- 
nes  ii-i'  année  . 

Sorbon. 

190.  —  Maître  Robert  de  Sor- 
bon et  le  village  de  Sorbon,  par 
H.  Jadart  et  P.  Pellor.  —  Ki'lms, 
imp .  coop..,  1888,  in-8''  de  82  pp. 
avec  figures,  vue  de  l'église^,  etc. 

Extrait  des  Travaux  ilii  l'AcaJéiiiie  île 
Jteims,  t.  LXXX.  —  Cfr.  Jhiilem.  t.  LX, 
notice  ?ur  Robert  de  Sorbon. 

191.  —  I.a  Scrbonne  et  son 
fondateur.  Discours  prononcé  le 
8  octobre  1888  à  l'inauguration 
du  nionumeiit  de  Robert  de  Sor- 
bon dans  l'église  de  Sorbon  (Ar- 
dejines),  par  Elie  iMéric,  prote.s- 
seur  à  la  Sorbonne.  —  Paris,  Le- 
coffre,  1888,  gr.  in-8''  de  40  pp. 
avec  planche. 

Extrait  du  l,  I.XWIII  des  Travaux  île 
l'Académie  de  Iteims.  —  Le  monument  avec 
buste  de  Robert  de  Sorbon  a  été  exécuté  par 
M.  Colle,  de  CliarleviUe,  â  la  suite  d'une 
souscription  ouverte  dans  la  contrée  et  ra(ii- 
denient  couverte. 

Thin-le-Moutier. 

192.  —  Thin-le-Moutieret  son 
église,  par  P.  Defourny,  dans  la 
Revue  de  Chumpugne  et  de  Brie^ 
1881,  t.  X,  p.  81  et  163. 

Celte  notice  a  été  tirée  à  part  et  publiée  en 
crand  format  avec  une  illustration  a-sez  soi- 
gnée. —  L'auteur,  ancien  curé  de  Beaumont- 
en-Arçonne,  puis  de  Thin-le-Moulier,  est  dé- 
cédé à  Paris  en  1891. 

Tourteron. 

193.  —  Histoire  de  Tourteron 
(.■\rdennes),  par  l'abbé  R.-C.  Hai- 


zeaux.  —  Impr.  par  l'ait  leur.,  1897, 
in-8''  de  95  pp.  avec  pi.  photogr. 

Du  iiièine,   nr.tice  ms.  sur  Lnmelz  en  1898. 

■Villers-devant-le-Thour. 

194.  —  Une  Eglise  rurale  du 
moyen  iige  jusqu'à  nos  jours.  Vil- 
lers-devant-le-Thour et  Juzan- 
courr,  par  H.  Jadart.  —  Arcis-sur- 
Aiihe^  Frémont.,  1896,  gr,  111-8"  de 
116  pp.  avec  planches  et  figures. 

Extrait  de  la  Jteviie  de  Cliainjinijne  et  de 
IJrie,  1895. 

Vireux-Molhain. 

195'.  —  L'Eglise  Saint-Frmel 
de  iMolhain,  par  H.  Jadart.  — 
Reims,  imp.  coop.,  1879,  i'i'^"  de 
5  pp. 

Tiré  à  quelques  exemplaires  du  Bulletin  du 
diocèse  de  Reims,  3  mai  1ST9. 

196.  —  Fragments  historiques 
sur  la  collégiale  de  Molhain  (.Ar- 
dennes).  —  Reims,  Matot-Braine, 
1893,  in-8°  de  18  pp.  avec  image. 

Tiré  il  35  exemplaires  de  \Wlmauach-An- 
nuaire  de  In  Mnrtie,  de  l'Aisne  et  des  Ar- 
ili'nne-s  pour  )8'J1.  —  Opuscule  cité  ici  uni- 
quement pour  mettre  en  carde  le  cberclieur, 
qui  en  reconnaîtra  le  caractère  mystificateur 
a  propos  d'une  fausse  inscription  romaine.  — 
Voir  une  note  de  la  Revue  liisluriijiiearilen- 
II aise,  mars-avril  1894,  p.  51. 

197.  —  Molhain,  le  hameau  et 
la  collégiale  dans  la  vallée  de  la 
Meuse.  Essais  historiques  et  mo- 
raux par  l'abbé  Antoine,  curé  de 
Vieux-Molhain,  plusieurs  fois  lau- 
réat de  l'Académie  nationale  de 
Reims.  —  Givet^imp.  Albert  Dury, 
1895,  111-8°  de  300  pp.  avec  2 
planches  à  la  fin. 

L'auteur  a  composé  de  semblables  recueils 
sur  Vireux-Wallerand,  Cliooz,  etc.,  encore 
inédits. 

Vouziers. 

198.  —  Notices  historiques  et 
statistiques  sur  la  ville  de  Vou- 
ziers. par  C.  Pâle.  —  Vou^ters, 
Mary,  1837,  in-8°  de  86  pp.  avec 
plan  et  vue  du  portail  de  l'église. 

11  a  été  exécuté,  de  ce  remarquable  portail 
Renaissance,  plusieurs  vues  de  arand  format, 
dont  une  avec  l'acbèvement  des  tours. 

199.  —  Chronologie  des  vi- 
comtes et  seigneurs  de  la  terre  de 
Vouziers  depuis  le  XIV'  siècle  jus- 


DU  DEPARTEMENT  DES  ARDENNES 


237 


qu'en  1792,  par  C.  Pale.  —  Fon- 
ciers, Mdry^  1843,  in-S"  de  172 
pp. 

Constant  Pâle,  secrétaire  de  la  mairie  de 
Vouziers.  est  né  en  cette  ville  le  21  décem- 
bre 1817. 

200.  —  Epigraphieardemiaise. 
Les  inscriptions  anciei.nes  de  l'ar- 
rondissement de  Vouziers  ou  re- 
latives à  la  région,  par  le  docteur 


H.  Vincent,  avec  une  préface  de 
M.  Anatole  de  Barthélémy,  mem- 
bre de  l'Institut.  —  Reims^  H. 
Mutot,  1892,  I  vol.  in-8"  de 
XXXIl-joô  pp.  avec  planches,  fac- 
similés,  etc. 

Ouvrage  important  et  très  soigné,  qui  a 
reru  l'une  des  médailles  du  concours  des  Anti- 
quités nationales  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres.  —  L'auteur  est  asso- 
lié-ronespondant  de  la  Société  des  Antiquai- 
res de  France. 


III 

Table  des  Auteurs. 

(Selon  l'ordre  alphabétique  des  noms.) 


Aldrd  (J.),  61,  129. 
Alexandre  (l'abbé),  167. 
Antoine  (l'abbé),  197. 
Ardenne  (Jean  d'),  53. 
Aumale  (duc  d'),  165^  note. 

Biiltemix  (l'abbél,  64. 
Barthélémy  (A.  de),  102,  200. 
Barthélémy  (Ed.  de),  30,  186. 
Baudon    (Albert),    97,    loi,    1 

148,   158,  159. 
Baye  (l'abbé),  128,   132. 
Bœswilwald,    129. 
Boilleau  (L.),  1Ô9. 
Boi^et  (D.),  98. 
Bonvalot^  76. 
Bosteaitx  (Ch.),  66. 
Boulliot  (l'abbé),  5. 
Bretagne  (A.),  83,  113. 

Carré  (J.),  33. 

Carré  (l'abbe),  60,  164. 

Caruel  (J.-B.),  153. 

Chardron  (l'abbé),  77. 

Chuquet  (A.),  50.  120. 

Clair  (Ch.),  95. 

Colin  (Hubert),  18. 

Collinet  (Paul),  49,  134,  181. 

Dugidn  (Chr.),  43. 
Defourny  (l'abbé),  75,  192. 
Delahaut  (Ch.),  79. 
DiUsle  (Léopold),  147.  188. 
Demaison  (L.),   50,  136,  160. 
Desilve  (I.),  170. 
Dessailly  (l'abbé),   138. 
Drapier  {D'  P.),  155. 


Dubois  (E.),  10. 
Ducoin  -  Girard  in ,    12. 
Dunaime  (l'abbé),  161,  162. 
Dupaquit  (Ed.),  179. 
Duquénelle  (V.),  185. 
Durand  (G.),  78. 

Fouquet  (Fabbé),  68. 
Fré'^et  (l'abbé),  130. 
39,        Fricûtieau  de  Pargny,   38. 

Gaillard  (V.),   146. 

Ganneron  (Dom),  5J. 

Garrault  (Fr.).  146,  note. 

Gelin   (H.l,  178,  note. 

Genêt  (l'abbé),   iio. 

Gillet  (l'abbé  J.),  106. 

Goffart  (N.  et  E.),  133,  134,140. 

Gourjault  (Olivier  de),    22,  note. 

Graffin  (Roger),  50,  131. 

Guelliot  (D'-  O.  ),  43,  50. 

Guy  on  (Ch.),  46. 

Hai^eaux  (l'abbé),  126,  193. 

Hamon  (l'abbé),  115. 

Henriet  (Frédéric),  48.  « 

Henry  (E.),  40. 

Héron  de  Ville  fosse  (.A.),  131. 

Hubert  (Jean),  6,  11,  13^  15,  19, 

32,  81. 
Hulot  (l'abbé),  63. 
Husson  (Marc),  m,  135,  178. 

Jadart  (Henri),  23,  34,  35,  41, 
44,  52,  56,  57,  59.  61,  62,  69, 
70,  72,  90,  91,  loi,  108,  123, 
136,    139,    148,   150,  155,  156, 


238 


ESSAI   d'une   BIBLIOGRAPaiE 


IÇ7,    158,    160,    161,  168,   171, 

184,   190,   194,  19J. 
Jallliot  (DO,  49'  93- 
Jeaniin^  14. 

Joannc  (Ad.),  26,  36,  37. 
Jolibois  (E.),   145. 
Jcj/^  (Victor),  16. 
Jtissy  (l'abbé),  130. 

Kurth  (G.).  76. 

LjcmUc  (Henri),    152,    1J4,    155. 

Lagneau  (l'abbe),  96. 

Lannois  (l'abbé),  94. 

Lurcigiie  (J.)  et  Lecatte  (A.),  100. 

Lasteyrie  (R.  de),  42. 

Laurent    (Paul),     archiviste,     39, 

43.    5°»  55'  64,  87,   107,   119, 

120,  121,  122,  187. 
Laurent  (Paul),  jui^e  de  paix,  62, 

158. 
Lavoine  (Altred),  8. 
L'Ecuy  (labbé),  79. 
Le  Grand  (Léon),  108. 
Lépine  (J.-B.),  89,  124,  165. 
Leroy  (Stéphen),  182. 
Liebbe  (Elias),  183. 
Logeart  (G.),  66.  67. 
Longnon   (A.),  28. 

Malte-Brun,  24. 
Marcq  (l'abbé),  65. 
Martin  (G. -A.),  21. 
Mjsson  (F.-X.),  20. 
Maxe-jy.rly  (L.),  82. 
Menu  (Henri),  51. 
Mercier  (N.),  148. 
Méric  (l'abbé),  191. 
Meyrac  (Albert),  45. 
Mtalaret  (Ch.),  22. 
Miroy,    103. 
Moniagnac  (Elizée  de),  25. 


iV<?^/(Dom),85,  118, 127, 142,  189. 
Numa  AI  bot,  43,  jo,  86,  131. 

Pdle  (C),  198,  199. 
Paris  (Louis),  7^  144. 
Pauffin   (Ch.),  143. 
Pèchenard  (P.-L,),  99,  104. 
Pichenart  (l'abbé),  92,  117. 
Pellot   (P.),  50,  190. 
Peyran  (J.),  173. 
Pictte  (Ed.),  166,  note. 
Poirier  (J.),  47,  84,  180. 
Portagnier  (l'abbé),  T05. 
Pranard  (Ch,),  174. 
Prégnon  (l"abbé),  175. 
Prévoteaux  (l'abbé),  71. 

Rayeur  (L-A,),  54. 

Rivet  (Achille),  125. 

Roland  (l'abbé  C.G.),  ^o^  166. 

Rouy  (H.),  177. 

Saige  (G.),  iÇi. 
Sauvage  et  Buvignier^   9. 
Secheret-Cellier^   141. 
Sèjournet  (le  D'),  127,  163. 
Sénemaud  (Ed.),  22,   31,   39,  119. 
Stem  (H.),  88. 

Taté  (Jean),  91. 

Taylor  (Baron),   17. 

Tetssier  (O.),  29. 

Thellicr  (Em.),  179. 

Tliiriet  (A.),    179,  note. 

Tourneur  {Vs.hbé),  22^.73, 1 12,  1 16. 

Valentin  (l'abbé),   137. 
Villet  (J.-C),  176. 
Vincent  (D''    H.),     50,     80,      109, 
113,  114,  170,  172,  200. 

Watrm  (N.),  58. 


ACTES  RELIGIEUX  DU  PETIT-WIESNIl 

DE    1755    A    LA    RÉVOLUTION 


Baptêmes. 

26  mars  IISI.  —  Pierre-Alexandre,  fils  de  M''"  Claiide-Benoisl 
de  Chaumont,  écuier,  s""  du  Petit-Mesnil,  Chaumesnil,  gendarme 
de  la  garde  du  Roy.  et  de  daine  Elisabeth-hlniilie  i.allier,  parrain 
Pierre  de  Chaumont,  écuier,  s""  desdils  lieux,  marraine  darne 
Anne-Marie  de  FraissineL  Lallier. 

/o  février  1742.  —  Mention  de  M'  de  Creney,  s""  en  partie  du 
Petit-Mesnil. 

23  novcmbn:  1742.  —  Cliarles-daljriel,  fils  de  M''^  Claudc- 
Benoist  de  Cliaumont,  et  de  dame  Elisaheth-Eniilie  Lallier,  parrain 
M'"e  Charles-Nicolas  de  Chaumont,  s""  desdits  lieux,  phr'*^  docteur 
de  Sorbonne,  d'  à  Paris,  marraine  d"''  Madeleine-Gabriel  de  Chau- 
mont, dame  desdits  lieux. 


i3  février  17 S3.  —  M"^  Jean-Baptisie  Lepage,  écuier,  s''  en 
partie  de  Freimont. ..,  officier  de  rHûLei  royal  des  Invalides,  fils 
de  défunt  M'<*  Claude  Lepage,  aussi  écuier  de  Luistres,  et  de  d"*^ 
Charlotte  de  la  Libaudière  ;  et  d"e  Marie-Madeleine  Boyot,  ve  de 
défunt  M^e  du  Mesnil,  écuier,  s'  du  Petit-Mesnil  en  partie... 

DÉCÈS. 

H  novembre  1739.  —  Louis-Marcel  de  Baussancourt,  écuier, 
s""  du  Petit-Mesnil  '. 

30  octobre  1710.  —  Claude-François  de  la  Mothe,  âgé  de 
3  ans,  fils  de  M"^"  Claude- François  de  la  Molhc,  écuier,  d''  au 
Magny-Fouchard,  et  de  défunte  Marie-Angélique  de  Beaufort. 

8  septembre    1743.  —  Pierre    Chaumont,    s''    en    partie     du 

•  Voir  page  60o,  tome  IX  (ie  la  licvue  de  Champagne. 

1.  «  Conduit  au  Magny-Fouchard,  dit  le  curé  du  Peùt-Mesnil,  où  il  a 
demaudé  sa  sépulture,  quoi  qu'elle  dût  être  en  l'église  de  ce  lieu,  sépulture 
de  ses  ancêtres.   » 

£0MiSiVrt?'Cci avait  épousé,  eu  '.707,  Jeannele  Perry  du  Magny-Fouchard. 
On  voit  sa  tombe  dans  l'église,  devant  la  chapelle  de  Saint^Antoine,  ainsi 
que  celles  de  son  père  et  de  sa  fdle. 

Sur  la   tombe    de   Jeanne   le    Perry,  on  lit  :  «  Cy   gist  dame   Jeanne-' 


240  ACTES   RELIGIEUX   DU    PETÎT-MESNlL 

Pelil-Mesnil  et  Cliaumesnil,  àgc  de  80  ans,  inhumé  en  la  chapelle 
de  l'église. 

6  octobrn  17  ii.  —  W'^  Benoit  de  Chaumont,  écuier,  s"'  du 
Pelit-Mesiiil,  Agé  de  3i)  an?,  inhumé  en  la  chapelle  de  l'église. 

ta  décembre  1746.  —  Pierre  Napaii,  curé  du  Petit-.Mesnil, 
âgé  de  78  ans. 

22  iiKti  1766.  —  Dame  Madideine  Boiaul  de  la  Cour,  âgée  de 
74  ans,  femme  en  doniièrcs  noces  de  feu  le  s''  Le  Page,  écuyer. 

29  décembre  I7S3.  —  M^-  Louis  de  Coussy,  curé  du  Pelil- 
Mesnil,  âgé  de  74  ans. 

Résumé  :  2  baptêmes,  1  mariage  et  7  décès.  C'est  fini  :  tous  les 
seigneurs  ont  disparu;  désormais,  M.  Grassin,d'Arcis-sur-Aube,  sera 
seul  possesseur  de  presque  toutes  les  terres  du  Pelil-Mesnil. 

P.  Chauvet. 

Françoise  le  Poiry,  veuve  de  feu  messirc  Lcuis-Marcel  de  Baussancourl, 
vivanl  chevalier  seigneur  en  partie  du  Magny-Foujhard,  du  Pelit-Mesnil, 
Chauraesnil,  seigneur  féodal  de  Fresnay,  décédée  le  19  décembre  1772  dans 
sa  80"  année.  Pries  Dieu  pour  le  repos  de  son  ame.  »  l'our  armoiries  :  2 
ecus  accolés,  l'un  à  une  bande,  et  L'autre  à  deux  lions  de  front,  courants. 

La  tombe  du  père  porte  celte  inscriplioa  :  «  Cy  gist  noble  seigneur  Léo- 
narl  le  Perry,  en  son  vivant  seigneur  de  la  Chaufie..,,  Maj^ny-Fouchard, 
le  Brouilleur  en  partie,  lequel  a  décédé  le  treisiesme  jour  de  juin  mil  sis" 
et  deux.  Prié  Dieu  pour  son  âme.  »  Double  écusson  comme  ci-dessus. 

Sur  la  tombe  de  la  fille  est  gravée  celte  épitaphe  :  «  Cy  gil  demoiselle 
Louise-Elisabeth  de  Baussancourl,  dame  en  partie  du  Maguj'-Fouchard, 
\'auchonvillières,  fille  de  messire  Louis-Marcel  de  Baussancourl  et  de 
Jeanne  Françoise  le  Pcrry,  décédée  le...  décembre  1774  dans  sa  tib' 
année.  Priés  Dieu  pou"-  le  repos  de  son  àme.  »  —  Eau  losange,  un  lion. 

On  remarque  encore  dans  la  chapelle  de  S'-Anloine,  au  Magny-Fou- 
cbard,  deux  lombes.  L'une  ne  porte  plus  que  le  nom  d'un  ancien  seigneur  du 
pays.  C'est  «  Anlhoine  de  Verloing  (seigneur  des  4/5  de  Verloing;,  dont 
les  descendants  se  sont  alliés  aux  Perry;  et  l'autre  appartient  à  Jehan  de 
Chavipignij,  seigneur  de  la  Villeneuve  et  du  cinquième  de  (Jhàlillon  (au 
Ma?iiy-Fouchard;.  Lépitaphe  est  déjà  bien  elfacée,  mais  on  peut  encore 
lire  :  a  Cy  gist  Jehan  de  Champigny,  en  son  vivant...  1581...  et  damoi- 
selle...  (Oarvinca)  ?. . .  novelle,  décé...  jour  daoust  1535...  pour 
leurs. . .   » 


Glossaire   du    Mouzonnais* 


Que,  qu',  pruii.  rel.,  souvent  employé  pour  qui.  —  Va-L'd 
r'(/u'ri(r)  ton  père  ijVj'esl  à  l'auberge.  —  C  ov'est  fail  nest  mi  à 
faire  (Proverbe  de  Renart). 

Rrandist  la  hante  de  l'espée  qu'est  brunie. 

(Mort  de  Garinj 

Raoul  dit. . .  de  son  sens  qu'est  petit. 

{Méraugis) 

Que,  employé  aussi  pour  à  qui  :  Ou  reporterai  ca  au  teu 
ou'  c'est  (à  celui  à  qui  cela  appartient). 

Que  pour  quel,  quelle,  quels,  quelles.  —  Et  aussi  queu.  — 
Devant  une  voyelle  on  conserve  le  son  el.  —  Que  monde  qui  n'y 
avot-,  mon  Diu  !  —  Oli  !  uué  grosse  pomme  ! 

Ami  !  ques  hom  es  tu  ? 

{Chanson  cVAntiocha) 

Que  nus  ne  puet  ncis  penser 

Quex  tens  que  ce  est  qui  est  [jresmir. 

(Rom  m  de  la  Rose) 

Li  quex  qu'aviegnent,  mult  se  crient. 

(Amadas  et  Yiloine] 

Puis  demandèrent  ques  terre  c'estoit. 

(Aucassin  et  Nicolclte) 

Laijuex  dame  de  Soiette  prisl  1"S  os  au  conte.  Gautier. 

(Joinville) 

Convient  savoir  ques  choses  sont  ces  deus  chose?  inouvans. 

(Li  ars  d'amour) 

Quant  elle  le  vit,  si  li  dist  :  Queis  nouveles? 

(Ménestrel  de  /t'(.'tw>) 

Et  quex  noveles?  li  cuens  PVomont  a  dit. 

{Garin  le  Lohcrain) 

*   Voir  pa'f^e  00,  tome  X  de  la  Revue  de  Champagne. 

If. 


242  GLOSSAIRE   DU    MOUïONNAÏS 

Entr'aus  lui  demandèrent  ;  Ques  noveles  dires? 

[Chanson  d'Antiodtc) 

Hion    se    jjrenoient    garde  (jueus   manière  d'estrumens  il 
lesoient  por  assaillir. 

[Guill.  de  Tyr) 

(Ji  c  novelles  nie  dites  dou  clialol  Avenant. 

(Floovant) 

Que,  quel,  quelle,  équivaut  à  combien  grand  ou  gros,  vaste. 

Quel,  quelle,  employés  pour  celui,  celle.  —  Faut-i  d'ner  ça 
à  Jeanne  ou  à  Louise  ?  —  Donne  lu  à  laquelle  quû  t'veux.  —  On 
dit  encore  plus  volontiers  :  a  la  teu. 

Clikès  :  A  ((uel  jeu  ? 
Pincedès  -.  A  quel  que  tu  veus. 

(J.  Bodel,  Jus.  S.  Michuliia) 

Qu(e)lougne,  clougne,  s.  f.,  quenouille. 

Colus,  quelcnijnc. 

(Voc.  lat.  fr.,  XIII'' s.) 

O  (avec)  ma  queloiyne  vois  fdant. 

(Fabliau  du  prestrc  teint) 

Les  femmes  d'Alemaigne  ont  ceste  coutume  que  de  laissier 

le  lin  à  la  queloingne  le  samedi. 

[Evang.  des  Quenouilles) 

Yère  l'avoit  louée  pour  liler  sa  quelongne. 

(Registre  S^-Martin-des-Cli.,   13:i6) 

Qu(e)lougnie,  clougnie,  s.  f.,  quenouillée. 

Item  le  portage  de  Reihesl  ;  c'est  assavoir de  rondes 

perches,    de   keloingnis(?),  de  keus  de  quoi  on  aiguise  cou- 
teaux. 

(Cartul.  de  liethel,  J332) 

Qu(e)nesseu(r),  s.  m.,  connaisseur. 

Qu(e)nessu,  quenu,  P.  p.,  connu  (à  la  frontière).  —  Ali! 
l'  vie  Lamberl  !  J'iai  bin  ol'nks.su. 

Quenoistre,  v.,  connaître.  A  donné  les  mots  précédents.  Il  est 
à  noter  que  lo  qucueu,  le  parent,  l'allié,  est  resté  nom  propre. 

Car  si  com  li  muls  avoit  honte 

De  quenoistre  la  vérité. 

(Castoiement) 
El  issi  fut  i.idis  scrvise 
Pallat  qui  ne  se  qucnul  mie 
El  l'cauc. 

{Clef  d'amuur) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  243 

Quéqu'zuns,  pron.  iridéf.,  quelqu  un.  —  N'i  ai-t-i  ouéqu'zun 
à  la  boutique  ? 

Qu(e)ri(r),  v.,  quérir.  —  Voy.  Querre. 

Querre,  qu'ri(r),  v.,  chercher  avec  le  sens  de  saisir,  prendre 
pour  apporter,  —  Ne  s'emploie  qu'à  l'itifiniLif.  —  On  pronotice 
souvent  quai  :  Va-l'a  ouaî  don  lait  chus  le  voisin. 

La  me  vint  querre  IMaistres  Robert  de  Sorbon. 

(Joinvillu) 
Et  tant  l'eray 
Que  jusques  là  l'envoieray 
Aussi  que  pour  querre  du  vin. 

(Mir.  Notre-Dame) 
Quant  les  navires  compassa 
Vûv  la  toison  d'or  aller  querre. 

[liom.  de  la  Rose) 

Et    se   on  ne   puet   le  droit  avoir  (à  Machaut)  on   va    le 
querre  à  Rethel. 

[Cartul.  de  Rethel,  132;j) 

S'ele  me  prent,  venès-moi  querre. 

(Gauvain) 

Il  vint  en  baste  des   montagnes  jior   querre   la   centisme 
berbix  ke  perie  estoit. 

(Scrm.  S'  Bernard) 

QuertOD,  s.  m.,  crelon,  petit  morceau  de  lard. 

Quéteus,  s.  m.,  qui  quête.  —  Se  dit  d'un  chien  de  chasse  qui 
cherche  bien. 

Quétout,  adv.  Beaucoup.  —  Exclamation  :  combien  !  que  de  ! 
On  waite  aux  nougelles  ;  ons  a  trouve  trop  bin  ;  ons  appelle  les 
autes  a  bauiant  :  '<  QuiiTour  !  quétout  !  »  --  Peut-on  voir  dans  ce 
mot  un  démembrement  du  vieux  terme  cnsuvquelout.^  surtout, 
insuper  ? 

Queude,  voy.  cœud(r)e,  cueud{r)e  et  cueùde. 

Car  on  en  ensoie  le  fil  (la  so'e  du  cochon) 
Don  en  queust  et  soler  et  cuir. 

{Dit  des  bockiers) 
Queûde,  s.  m.,  coude. 

Cubitus,  queusde. 

[Gloss,  Rom.  lat.,  .VF*  s.) 

Queud(r)e,  v.  coudre.  On  trouve  queust,  licust  au  Livre  des 
Métiers.  On  y  trouve  aussi  queut  pour  il  cueille^ 


244  GLOSSAiRE   DU   MOUZONNAtS 

Queu-ie  et  aussi  Quoue,  s.  f.,  queue. 

Mais  en  aval  (il  s'agit  du  phénix)  jusqu'à  la  coe  est  de 
color  de  porprc,  et  la  coe  rose,  selon  ce  que  11  arabien  tesmoi- 
gnent. 

(B.  Latini,  Le  livre  du  Trésor) 

Queue  de  rat,  s.  f.,  equiseluni,  sorte  de  prêle. 

Quillie(r),  s.  f.,  cuiller,  —  Voy,  Cui-iie. 

. . .   Entre  bouche  et  quillier 
Avlent  sovent  grant  encombrier, 

(Row.  de  lienart) 

Quiner,  v.,  avoir  des  rapports  charnels,  —  Remplace  le  verbe 
baiser  dans  d'autres  patois,  et  le  mol  rafailier  dans  cette  citation 
de  Lacurne  :  «  Lesquels  deux  hommes  aloient  rafailiei'  ou  bois 
Icsdites  femmes  ».  —  On  a  dit  aussi  rasellcr.  —  L'objet  que  prê- 
tent lesdiles  femmes  s'appelle  quin  et  non  c..^  comme  parlaient 
les  anciens  contes. 

Quinzain-ne,  s.  f..  quinzaine. 

Li  rois  lor  ot  couvent  quededenzlagui>}:;e»ine.  il  la  feroit 
widier. 

[Ménestrel  de  Reims) 

Quirée,  kîrée,  s.  f.,  cuillerée.  —  Voy.  Cui'iie{r). 

Quoi,  adj.  et  s.,  coi,  tranquille  (quietus).  —  Voyez  Coi.  Le 
vieux  français  a  eu  le  verbe  acoiteter,  couvrir,  mettre  au  coi. 

Et  ses  eles  tant  larges  sunt 

Qu'il  acouctent  tout  le  mont  (monde) 

(Bestiaire  divin) 
Quoi  iesse  quii?  qu'est-ce  que. 

De  quoy  esse  que  vous  démentez. 

(Farce  de  Jenin) 

Quoique  ça,  exp.  adv.,  malgré  cela,  pourtant,  enfin.  —  // 
n'  vouLol  mi  coimiacie(r)  ;  mais  il  s'est  décidé  à  midi,  ocoique  ça, 

Quois  quii  ?  pour  :  quoi  est-ce  que,  qu'est-ce  que?  —  (Juois' 
QLu  fais  co,  à  braire  comna  ? 

Quû,  prononciation  ordinaire  de  que,  —  Ecoulez,  qlù  fvOUS 
dis!  —  Pue  Quii  v'a  direz,  moins  quu/  vous  croirans,  ainsi! 


GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS  245 


R  finale  des  infinitifs  eu  ir,  ne  se  prononce  pas.  Voir  ce  qui  a 
été  dit  à  ce  sujet  dans  l'Introduction. 

Car  Beizebuth  et  ce  vilain  Mommon 
Ln  font  trotter  et  maintz  lieux  courtr. 
Comme  le  chat  ayant  prins  la  sourîs, 
Après  son  jeu,  il  l'estrangle  et  l'emporte. 

(Débat  de  charité  et  d'orgueil) 

Beaux  père,  ge  sui  pris. 
Ja  sui-je  vostre  :  si  ferai  vos  plaisîir. 

(Foiilqueft  de  Candie) 

Rabachie(r),  rabaîssie(r),  v.,  rabaisser,  rabattre.  —  P.  p., 
rabachie,  rabaissie.  —  Jli  ai  rabachie  f  caquet. 

S'en  voit  on  souvent  rabaissier 
L  onneur  et  le  bien  du  princier. 

{Chanson  du  XIV''  s.) 

Rabâchie(r),  v.,  répéter,  redire,  radoter,  rabâcher. 

Rabas,  s.  m.,  rabais,  diminution,  ce  qu'on  rabat. 

Rabêti(r),  v.,  rendre  bète,  confus,  honteux.  —  Jii  U  ai  rap- 
pelé iauques  qui  l'ai  bin  rabèti. 

Rabeûtlée,  s.  f. ,  grande  quantité  (de  choses  à  manger).  — 
J'crois  qiC  nof  vache  avot  bin  faim  :  j'ii  ai  mis  'n  bonne 
RABECTLÉE  d'  luzeme  das  s'  bac. 

Rabine,  s.  f.,  le  fait  de  rabiner,  de  dépouiller  un  arbre,  déjà 
cueilli,  de  ses  derniers  fruits.  —  A  l'automne  (au  waienj,  on 
(v)oit  tous  les  gamins  qui  vant  à  la  rabine  das  les  enclos  doii 
est-ce  qu'i  7i'i  aides 'pom7nie(rs).  Le  mot  originel  est  probable- 
ment rapine. 

Rabiner,  v.,  ramasser  les  quelques  fruits  qui  peuvent  rester 
sur  l'arbre  ou  l'arbrisseau  oîi  l'on  a  fait  la  cueillette.  —  Via  in 
nobcrtie{r)  qu'est  co  bon  à  rabiner  .•  7i'i  ai  co  trop  bin  iauques 
diissus. 

Rabistocler,  v.,  arranger,  raccommoder,  remonter.  —  J'  frai 
co  BABISTOCLER  'n  fois  wi'  pauv'  vins  chair. 

Rablouquie(r),  v.,  reboucler,  reboutonner,  renouer.  — 
Rablouque  les  cordons  d'  tes  soleirjs. 


24G  GLOSSAIRK   DU   MOUTONNAIS 

Rabobiner,  v.,  remettre  sur  la  bobine.  —  Fig.  remettre, 
raccommoder,  réconcilier  des  personnes  fâchées. 

Râbotte,  raubotte,  s.  f.,  chausson  aux  pommes  :  pâtisserie 
faite  d'une  pomme  entourée  de  pAte  et  cuite  au  four.  —  A  la 
forme  d'une  houle,  d'un  ballon,  qui  servait  dans  le  jeu  de  rabote. 

Rabourage,  s,  m.,  le  fait  et  le  résultat  de  rahourer.  —  fans 
fait  deux  rabourai;es  das  nol'  journée. 

Rabourer,  v.  Labourer.  La  suhstilulion  de  Yr  à  Vl  est  un  fait 
commun. 

Raboureu(r),  s.  m.,  laboureur,  cultivateur.  —  Petit  proprié- 
taire qui  fait  valoir  et  soigne  ses  terres,  ou  celles   de  ses  voisins. 

Rabout'ner,  raboutouner,  v.,  reboutonner,  remettre  les 
boutons  dans  les  boutonnières. 

Rabrouchie(r).  v.,  rebrousser,  retourner.  —  Fig.  reprendre 
sévèrement,  rabrouer.  —  /  coumaçot  à  m' dère  des  misons  ;  mais 
j'tu  l'ai  RABRoicuiE  in  peu  vite. 

Racachie(r),  v.,  recacher,  cacher  avec  soin,  —P.  p.,  racachie. 

Raca-ion,  s.  m.,  couvreur  en  ardoises  (qui  emploie  des 
écailles). 

Racalengie(r),  v.,  ramener,  retirer  et  «acher  quelqu'un  chez 
soi  pour  le  protéger.  —  Le  vieux  verbe  calengier  signifiait  proté- 
ger, défendre,  disputer,  louer,  faire  honnêteté,  etc.  —  C't  homme 
là  est  dewaitie  d'  tout  /'  monde,  i  s'  racalenge  d'où  'st  ce  qiiH 
peut.  —  Tous  les  dimanches  au  soir,  les  garçons  s'  racalengeant 
chus  ces  niches  gens  là  :  pis  i  finissant  pa(r)  s'  disputer  et  5' 

l>att\ 

Ou  vous  i  envolez  de  gant 

Sans  ospargnier  or  ne  argent 
Dont  li  droiz  Dieu  soit  lalengiez. 

(Rutebeuf) 
11  est  fol  qui  maine  dangier 

Vers  celluy  qu'il  doit  calengier. 

{Rom.  de  la  lioie) 

Race,  s.  f.,  dans  le  sens  d'espèce.  — J'  vous  donrai  d'  mes 

pois  :  c'est  d'  la  bonne  race. 

Racerceler,  v.,  remettre  un  cerceau  (à  un  tonneau).  —  Tour- 
ner en  cerceau  ou  cercle.  —  Friser. 


Gr.OSSAlUE    DU   MOUZONNAIS  247 

Blont  ot  le  poil,  menu  rcccrcelé. 

(Guill.  au  court  nez) 

Rachécie.r),  rachacie(r),  v.,  rechasser,  renvoyer,  repousser 
avec  l'idée  de  retour,  de  revenue). 

Se  ji'  voy  que  Gnrvaiso  soit  rac/mssic. 

(Jouvencel) 
Au  beau  bailleur  ferme  nacquet 
Qui  sache  rachasser  derrière  (la  balle). 

(Co(iuill.'irl) 

Rachiéri(r),  v.,  renchérir^  enchérir.  —  Lpaih  est  mout 
n.vcuiKRi  dud'puis  in  mois. 

Raclairci(r),  v.,  éclaircir.  —  Via  l'tempsqui  s'  uACL.MnciT.  — 
Clarifier  :  /  [aurai  aUcnd{r)e  qu'à  l'  vin  s'  kaclaircit. 

Racle,  raucle,  raclette,  rauclette,  s.  m.  et  f.  —  Racloire  ; 
instrument  pour  racler,  ratisser.  —  Voy.  Radouc. 

Racle,  raucle  (à),  exp.  adv.,  à  ras.  —  Contraire  de  «  à  com- 
ble »,  dans  la  mesure  des  grains.  On  obtient  le  racle  en  passant  la 
racloire  ou  un  simple  bâton  droit  sur  les  bords  de  la  mesure  et 
faisant  tomber  le  grain  qui  dépasse  le  niveau. 

Raclore,  v.,  enclore,  enfermer,  fermer.  —  P.  p.,  /Jac/os,  fémi- 
nin radote.  —  On  dit  :  /'  H  ai  raclos  l'  bec,  je  lui  ai  fermé  la 
bouche,  je  l'ai  réduit  à  ne  savoir  que  dire. 

Lesquels  pertuis  se  commencèrent  à  raclore. 

(Miracle  de  S.  LouU) 

La  plaie  l'ut  raclose,  la  douleur  s'en  ala. 

(G  au  fr  l'y) 

Racoisi(r)  (se),  v.,  s'apaiser,  redevenir  coi  ou  tranquille,  par- 
ler moins  vite. 

Racoin,  s.  m.,  recoin,  coin,  endroit  retiré. 

Raconduire,  v.,  ramener,  accompagifer,  reconduire. 

Et  tantost  que  cil  soissante  varlet  le  avoient   raconduit  à 
son  hostel. 

(Froissart) 

Les  attendroit  douze  jours  au  lieu  oîi  il  les  laisseroit  pour 
les  raconduire  au  retour  en  seurcé. 

(Du  Bellay) 

Racontrer,  v.,  rencontrer.  —  J'  raconteurre,  —  j'  raconteur- 
rai  —  J'  raconteurros,  —  Quand  f  nACONTEURRM  Louis.,  f  li  débi- 
terai s'n  affaire. 


248  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Bien  puet.  cil  estre  en  aventure 
Gui  il  premiers  enconterras, 

(Gilles  de  Chin) 

Racoqui-iie(r),  racroqui-iie(r),  v.,  recroqueviller,  replier 
comme  en  coquille,  friser,  boucler.  —  L'  fu  racro(jc;i-ie  là  cuir 
des  solei(rs). 

Les  cheveux  frisez  cl  rccoquillez. 

{Serées  de  Bouchet) 

Et  avient  souvent  que  le  ji^une  homme  qui  estrcqnoquillé, 
se  marie. . . 

(A'V  joycs  de  mariage) 

Racoquiner  (se),  v.,  se  retirer  dans  un  coin,  comme  dans  une 
coquille,  se  cacher.  —  Vivre  dans  une  seule  habitude  et  relire. 

Racoumaci6(r),  v.,  recommencer.  —  P.  p.,  Racoumacic. 

Ci  encoumance  la  complainte  de  Coustantinoble. 

(Ruteheuf) 

Lors  li  racommencic  à  dire  :  Ha  dame  ! 

(Chevalier  qui  donna  lanel) 

Racoupler,  v.,  mettre  en  couple,  rattacher  divers  objets 
ensemble.  —  Racouplez  les  cliins  d^vanl  quïi  d'nous  an  aller. 

Racourci(r),  v.,  raccourcir. 

Racouri(r),  v.,  revenir  rapidement,  en  courant.  —  Quand  il, 
ai  iu  vu  c'qud  c'élot,  i  s'ai  dépêchic  d'RAcouiu(R). 

La  roïae  racourt, 
De  duel  confont  et  d'ire. 

{Aude [roi  li  Bastars) 

La  bataille  a  choisie,  tantost  est  racorxis. 

(Bueves  de  Comniarchis) 

Aucuns  escoçois  couroyent  et  racouroijent . 

(Froissarl) 
Il  coui't  et  racourt  par  derrière. 

{Fontaine  d'Amour) 

Racquit  (Jouer  au)^  v.,  faire  une  nouvelle  partie,  dans  l'espoir 
que  le  perdant  rattrapera,  acquittera  une  partie  de  sa  dette. 

Mort  ne  joue  pas  à  racquit. 
Ce  qu'à  defîoit  ne  peut  deffaire. 

{Débat  de  Nature  et  Jeunesse) 

Racramiage,  s.  m.,  enchevêtrement  ;  au  fig.  affaires  enihrouil- 
lées,  acrami-iies  (Voy.  ce  mot). 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  249 

Racréchie(r),  v.^  mettre  de  la  nouriiture^  herbe,  fuiii  ou 
paille  dans  la  crèche,  —  Ai-l-on  RAcniicuiE  les  berbis  ? 

Racrochie(r),  v.,  raccrocher,  rattraper,  resaisir,  arrêter.  — 
!•.  p.,  racrochic. 

Raculer.  v.,  reculer.  —  Racule  ta  chnircUe  aco  in  peu. 

Raculorum,  s.  m.,  recoin,  endroit  retiré;  —  restes.  Oudin, 
dans  ses  Cu>-iosilcz,  dit:  <(  Demeurera  reculorum,  estre  reculéen 
une  affaire.  » 

Rade  (à),  exp.  adv.,  à  ras,  à  rez,  exactement,  au  niveau  (des 
bords  de  la  mesure),  comme  à  rdcle.  —  J'iiai  servi  'n  mesure 

du  blé  A  RADE. 

Râdé,  adj.  —  Panne,  vidé,  n'a  plus  le  sou. 

Râder,  rauder,  v.,  racler,  gratter  la  surface  d'un  objet 
[radere,  raser  ;  vieux  français  raire,  rère).  —  On  ral'de  la  boue 
d'ses  solei(rs).  —  On  rade  ine  pomme,  aveu  in  coutiau,  ipou^r) 
arrachie{r)  la  pulpe  en  forme  de  marmelade.  —  La  mère  Robert, 
qui  liai  pus  d  dénis,  raude  ses  noiseltes  pou(r)  les  mangie[r).  — 
On  trouve,  dans  les  vieux  auteurs,  ce  terme  sous  la  forme  abra- 
der,  du  lat.  abradere,  racler. 

Râdice,  s.  f.  Le  radis  noir  (radicem).  —  Tai  mangie  'n  bonne 
radice  anoul  à  midi. 

Radormi(r),  v.,  rendormir,  —  Jii  m'radors,  jii  m'radormerai. 

Radoteu(r),  s.  m.,  qui  radote,  bavarde. 

Radouci(r),  v.  radoucir. 

Râdoue,  raudoue,  s.  m.,  pour  radoir.,  instrument  avec 
lequel  on  rade,  décrottoir.  Oudin  (DicL.)  dit  que  RaJouere  est  ce 
quon  passe  sur  la  mesure  quand  elle  est  pleine  pour  la  rendre 
rase.  C'est  donc  notre  TÛcle  ou  raclelle. 

Radarera,  radoire  de  jjestrin. 

{Gloss.  Rom.  lat.  du  jr«  s.) 

Radurci(r),  v.,  rendurcir,  aguerrir.  —  C'est  in   vins  badurci, 

Râdure,  raudure,  s.  f.,  ce  qu'on  ôte  en  radant. 

Rafachie(r),  v.,  emmailloter  un  petit  enfant,  lui  faire  sa 
fâche. 


250  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Rafanti(r),  v.,  redevenir  enfant,  par  la  raison,  les  idées.  — 
C'iHC  homme  là  rafantit,  il  perd  peu  à  peu  le  sens. 

RafFermi(r),  v.,  rafTermir,  airerniir. 

Raffiler,  v.,  affiler,  aiguiser.  —  J\'as  raffileu  m'coutiau. 

Raffoler,  v.,  blessé  de  nouveau.  —  J'ai  raffolé  m'genou  qiCé- 
lol  quasi  gari. 

Raffourrée,  s.  f..  ce  qui  se  donne  d'herbe  ou  de  foin  pour  le 
repas  des  bêtes  à  cornes.  —  On  -porterai  In  raffourrke  aux  bêles 
dûvant  qu'dà  s"couchie{r)  ! 

Raflfourrer,  v.,  garnir  la  mangeoire  (des  bestiaux)  de  four- 
rage. —  V'arez  soui  (/"raffourrer  les  b}ies  corne  i  faut. 

Raffuter,  v.,  afi'ater,  aiguiser  de  nouveau. 

RafoDcie(r),  v.,  renfoncer.  —  P.  p.,  rafoncie.  —  Il  ai  lesyus 
trop  RAFo.NxiEs  das  la  figure. 

Rafraîchir),  v,,  rafraîchir,  mouiller. 

Rafrougnie(r),  v.,  froncer  la  mine,  prendre  un  masque 
méchant,  de  mauvaise  humeur,  renfrogné.  —  P.  p.,  rafrougnie, 
renfrogné. 

Cette  vieille  estoit  moult  laide  et  raffrognée. 

(Gerars  de  Ne  vers) 

Rafroumer,  v.,  renfermer,  enfermer.  —  //  ai  té  rafroumé 
(tenu  en  prison)  pendant  trois  mois. 

Ragace,  s.  f.,  fait  de  ragacie(r).  —  Jouer  à  la  ragace,  c'est 
jouer  à  rattraper  des  objets  lancés  par  des  joueurs  adverses.  —  Se 
dit  aussi  d'une  forte  pluie  :  il  ai  chu  'n  bonne  ragace. 

Ragache,  s.  m.,  valet,  goujat,  dans  la  vieille  langue.  Demeuré 
nom  propre  dans  nos  pays.  Un  Ragache  était  archer  à  Mouzon  au 

XVI'  sièele. 

Trois  ragaches  qui  suivoient  le  camp. 

{M  ont  lue) 

Ragacie(r),  v.,  attraper  au  vol,  rattraper,  ramasser,  empêcher 
de  tomber,  s'emparer  de.  —  il  semble  probable  que  Ragache  soit 
celui  qui  ragace,  recueille,  ramasse.  —  J'ai  kagacik  'npomme  qui 
che-iol.  —  Va-ia  ragacib  Viauc  d'ia  chênaie. 


OLOSSAIRE   DU   WOUZONNAIS  251 

Ragagie(r),  v.,  rengager,  reprendre  du  service.  —  P.  p., 
Jiagayie.  —  NoC  Colas  ai  ragaiue  pou{r)  deux  ans. 

Ragai-ii(r;,  v.,  égayer,  redonner  ou  reprendre  de  la  gaité,  de 
la  bonne  humeur,  et  môme  du  courage  ou  de  la  conliance.  — 
C'qiiù  lu  m'clis  là  7îî'ragai-iit  in  peu.  —  Jù  l'trouve  tout  ragai-ii. 

Râge^  rauge,  s,  m.,  crible  pour  les  grains,  en  forme  de  cylin- 
dre treillage.  —  Blutoir. 

Ragencie(r),  v.,  raccommoder,  rajuster.  —  V.   p.,  Ragencie. 

—  /  faurai  ragencie(r)  la  porte  ;  n'i  ai  in  gond  d'défail. 

Râgie(r),  raugie(r),  v.,  passer  le  grain  au  rage. 

Ragot,  s.  m.,  bavardage,  cancan,  racontar  malveillant.  —  .1 
v'ia  ieunne  quainme  bin  d'faire  des  ragots. 

Ragrandi(r),  v.,  agrandir,  augmenter  les  dimensions. 

Ragrangie(r),  v.,  engranger,  mettre  les  récoltes  en  grange. 

—  Les  blés  anl  té  bin  ragrangïes,  et  année  ci,  ils  ont  été  récoltés 
et  rentrés  bien  secs,  en  bon  état. 

Ragripper,  regrepper,  v.,  rattraper,  raccrocher,  resaisir 
(avec  les  ongles  ou  les  griffes).  —  Regagner,  reprendre.  —  J'étos 
à  la  son  d'in  ca-iétue  ;  tout  d'in  coup,  v'ia  qu  j'ai  chu  :  heurcu- 
semat,  fmai  ragrippé  aux  branches  d'en  bas.  —  Sus  c'marchie 
là,  j'ai  tout  d'meinme  ragrippé  cent  sous. 

Raguernette,  s.  f.  Le  résidu  d'un  plat,  spécialement  du  plat 
de  bouillie,  préparé  pour  les  petits  enfants.  Après  qu'on  a  enlevé 
le  principal,  ce  qui  reste  au  fond  du  plat.  —  Chus  nous,  c'étot 
toujou(rs)  mi  qui  mangeot  la  raguernette.  —  Roquefort  cite 
Ragurnon  avec  le  même  sens. 

Ragûge  I  pierre  à),  s.  f.,  pierre  à  aiguiser  les  couteaux,  faux, 
etc. 

Ragûgeus,  ?.  m.,  émouleur,  ouvrier  qui  aiguise  les  couteaux. 

Ragùgie(r),  v.,  aiguiser  avec  la  meule  ou  la  pierre   à  ragûge. 

—  S'applique  aussi  à  des  raisonnements,  rabâchages,  arguties  ; 
c"est  alors  le  mot  picard  Arguchicr.  —  Allons,  quoi  's  quù  ("ra- 
GUGEs  co?  tais-tù  !  tu  Ji'dis  qu'des  bêtises.  —  P.  p.,  Ragngie. 

Richier  —  Qui  portoit  en  son  col  -I-  grant  pol  agugie. 

(Floovant) 


2Ù2  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

Raguinchie(r),  v.,  rhabiller,  refaire  la  toilette.  —  C'est-à- 
dire  ùter  le  guiiichis,  ce  qui  est  de  travers.  —  P.  p.,  raquinchie. 

Rahière,  raïère,  s.  f.,  roie,  sillon.  —  Inusité  aujourd'hui, 
sauf  comme  nom  de  lieudit  (à  Artaise). 

Entre  deux  piex  en  la  raière 
Esloit  aie  on  la  poudrière. 

[Rom.  de  Renart) 

Raide,  adj.,  ivre,  parti,  pris  de  vin  (antinomie).  —  Tu  sais  ! 
quand  il  ni  parti  don  diner,  il  élol  d'jà  raide. 

Raide,  adv.,  et  adj..  rapidement,  vite.  —  L'courant  d'ia 
Chiers  est  pvs  raide  quû  rieus  d'in  Meuse.  —  L'coup  est  parti 
pus  RAIDE  quii  ju  7i'voulos. 

Acores  lost  bien  rades  (rapides) 

Portant  larmes  pour  plorer  mes  doulours. 

{Compl.  f  .l/'""^  Marguerite) 

Rain-ne  corace^.  s.  f.,  reinette,  grenouille.  —  De  rana.,  et 
corace,  onomatopée,  cri  de  l'animal.  La  grenouille  coasse 
(coaxare). 

Et  courant  les  rainnes  issirenl 
De  la  palu. 

(Dolopathos) 

Rain-nette,  s.  f.,  pomme  grise,  la  reinette. 

Raisons  (des)^.  difficultés,  discussions,  discordes,  chicanes, 
paroles  plus  ou  moins  probantes.  —  A  renl-i  des  raisons,  c'i 
ouvric{r)-ln  !  —  Ah!  i  n'est  guère  agréiab(le)  !  ons  ai  toujou(rsJ 
des  raisons  aveu(c)  loii. 

Dame  esgardes  -I-  raison. 

(Chresiien  de  Troyes) 

Raisouuer  quelqu'un,  lui  faire  des  remontrances,  lui  pro- 
duire des  raisons,  des  preuves,  lui  représenter  son  devoir.  —  J'ai 
ii(  biau  /'raisouner,  i  n'ai  jamais  voulu  r'véniir). 

Rajeun-ni(r)^  v.,  rajeunir. 

Ralarge,  s.  f.,  pièce  mise  pour  Ralargi(r),  un  vêtement  par 
exemple. 

Ralargi(r),  v.,  faire  plus  large,  plus  grand,  élargir.  — J'ai  té 
ohligie  d' faire  ralargi(r)  m' gilet. 

Râle,  râleté  pour  rare,  rareté. 

Râler,  v.,  marchander,  barguigner,  chicaner,  refuser  de  don- 


GLOSSAIRE   DU   MOLZONNAlS  253 

lier  le  prix  demandé.  —  Retenir  tant  et  plus  —  et  sembler  plutôt 
vouloir  mourir,  râler  au  propre,  que  de  céder. 

Râleus,  râleuse,  s.  et  adj.,  qui  raie.  —  Ça  n'est  mi  agrcia- 
b(lc)  dît  faire  des  affaires  aveu(c)  lune,  c'est  in  rude  ualkus. 

Raller,  v.,  re-aller,  aller  de  nouveau,  retourner,  repartir,  ren- 
trer. —  Signifie  aussi  :  avoir  meilleure  santé.  —  Je  rêvas,  jii 
revans,  v'rallez,  i  rêvant  —  Je  rallos  —  J'ai  r'té  ou  r'eté  —  J'rirai 
ou  jù  r'verrai  —  J'riros  ou  ju  r'verros.  —  J'ai  té  bin  malade  ; 
mais  jii  r'va  inius  ;  et  das  quai{rc)  jou'^rs)^  ça  rIuai  (ou  u'verrai) 
co  miiis.  —  R'allez  v'z'a.  —  Arn'allez  v'za. 

Ue  tûtes  parz  les  revunt  envaïr. 

(Roland) 
Talenl  ai  de  valer  à  ma  mesnic. 

{!d.) 
Ju  m'en  rirai  en  Englelerre. 

(Chron.  de  liains) 
Ralez-vous  ent. 

(Mir.  A'.-/'.,  Abbessc  grosse) 

En  mon  pais  m'estuet  râler. 

[Amadas  et   Ydoine) 

El  li  roys  Esclamars  a  fait  les  siens  rentrer 
En  le  chité  de  Miekes  et  as  osteus  râler. 

{Bastars  de  Buillon) 

Si  s'en  râla  à  la  posterne. 

(Chron.  d'Ernoul) 

Pour  Dieu,  râlons  a  Bourdele  le  cit. 

(Huon  de  Bordeaux) 

Un  pou  s'est  endormie,  pour  Dieu  râlez  vous  ent. 

(Berle) 
"Vers  leur  pays  s'en  sont  raie. 

{Cléomadès) 

Raller  (sa),  s'ar'n'aller,  v.,  s'en  re-aller.  — J'm'arva,  j'nous 
arallans,  arvans  ou  arnallans  —  J'm'arallos  ou  arnallos  —  J'm'a'n 
ai  rallé  ou  r'n'allé  —  J'm'arnirai  ou  arverrai.  —  A  m'arallant  ou 
m'arnallant. 

Puis. . .  s'enrallèreiit  en  lor  pais. 

(Chalel.  de  Coucy) 

El  après  leur  décès  tout  z'inreva  aux  amis. 

{Notables  points  de  l'usage  de  France; 

Rallongie(r),  v.,  rallonger,  rendre  plus  long,  augmenter, 
allonger.  —  F.  p.,  rallongie. 

Ezechias  list  reculer  le  soleil,  et  de  tant  que   il    recula,  fist 
ralongy  le  jour. 

{Toison  d'oy) 


*2&4  (iLOSSAlBK   iDU   MOUZONNAÏS 

Et  sur  cesle   récréance  nous   eussiens  ralongie  la   dicte 
récrcance  desdis  prisons. 

{Cartul.  de  Reîhel,  132o) 

Ramages,  s.  m.  pi.,  bavardages,  racontars,  médisances,  his- 
toires inventées.  —  Jù  n'U  imrdouiierai  jamais  les  «amages 
qu'elle  ai  faits  sus  nicomptc. 

Ramageus,  euse,  adj.  cl  s.,  qui  fait  des  ramages.  —  Bavard, 
radoteur. 

Ramagie(r),  v.,  raniager,  bavarder,  faire  des  ramages^  parler 
inconsidérément  ;  —  parler  vite,  radoter. 

Ramanchie(r),  v.,  renimancher,  remettre  le  manche,  —  rac- 
commoder (des  personnes  fâchées)  ;  remettre  en  train.  —  Cesl 
lou  qu'ai  uamanchie  l'afjairr. 

Ramaquer.  v.,  rabrouer,  réduire  au  silence,  accabler  par  un 
raisonnement  ou  une  semonce,  frapper  d'une  maque  qui  étourdit. 

Ramasse,  s.  f.,  ràtle,  action  de  rassembler,  de  réunir,  de  se 
munir.  —  Anout,  fans  fait  'n  bonne  ramasse,  aux  caïets.  — 
Signifie  aussi  raclée,  roulée  :  //  ai  voulu  attaquer  Ugeinne,  mais 
il  ai  reçu  'n  sacrée  ramasse. 

Ramasseus,  s.,  qui  ramasse.  —  Via  déjà  les  ramassel-s  d' faî- 
nes qui  parlant  au  bos.  —  liamasseus  de  crottes^  ouvrier  sans 
savoir,  impropre  à  tout  travail,  sauf  à  ramasser  des  crottes. 

Ramassie(r),  v..  ramasser,  mettre  en  tas  ;  accumuler  ;  — 
battre,  culbuter,  rouler. 

Rambour,  s.  m.,  nom  d'une  pomme  de  grosse  espèce,  rouge 
et  jaune  veinée  de  rouge.  —  Dans  le  vieux  français,  ce  mot  signi- 
fiait exacteur,  concussionnaire.  11  est  resté  nom  propre.  —  Le 
vieux  verbe  Ranibre^  raembre,  d'où  rambeor,  signifiait  racheter; 
quant  au  nom  de  la  pomme,  il  viendrait,  suivant  Littré,  du  village 
de  Rambure  (Somme). 

Or  gardez  mieux  vos  gélines 
Que  Rembourt  ne  fist  son  coq. 

(Watriqucl) 
Rameinner,  ramon-ner,  v.,  ramener. 

Or  nous  dit  qui  nous  le  ramainne, 

(Froissart) 

Rameute  voir,  v.,  se  souvenir,  se  rappeler.  Ce  mot,  que  nous 
avons  encore  entendu,  est  aujourd'hui  complètement  perdu.  Nos 
voisins  de  la  Thiérache  s'en  servent  encore.    11   est  fré(|uemmcnt 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  255 

emplciyé  dans  les  lettres   de  la   princesse   de  Sedan,   femme  de 
Henri  de  la  Tour,  à  sa  sœur  la  duchesse  de  la  Trémouiile. 

Jo  leur  ramcntoij  le  ji;u  d'asne. 

(Villon) 

Ramie(r),  s.  m.,  ramée,  las  de  bois  formé  de  baliveaux 
réceininent  coupés  par  le  boquillon  et  destinés  à  être  façonnés  en 
fagots.  —  Pigeon  ramie(u). 

Les  sujiplians  ostans  audit  boys  Lrouvèrent  un  rainijer  à 
faire  fagots. 

{Cil.  de  La  Curne) 

Ramignoter,  v. ,  remettre  en  bons  termes,  raccommoder  des 
gens  brouillés  ou  fâchés. 

Ramô-iie(r),  v.,  rassembler,  mettre  en  mùie  (tas),  amonceler. 
P.  p.,  ramo-iie.  —  Est-ce  qui/  toutes  les  gerbes  sant  uamù-iiks? 

Ramolasse,  s.  f.,  radis  (petit)  blanc. 

Ramoleus,  s.  m.,  rémouleur. 

Jehan  Karesme,  esmoleur  de  coustiaus. 

(Reg.  S'  Martin  des  champs,  i:J37) 

Ramon,  s.  m.,  balai.  De  ramus,  rameau,  branche. 

Ilem  le  partage  de  Rethest  :  c'est  assavoir de  fissie- 

les,  Je  ramons^  de  boussiaux. 

iCartul.  de  Relhel,  1322) 

Que  Griselidis lîst   le  ramon  et  balay    en  la   main 

comme  la  mendre  de  toutes  les  femmes. 

{Parement  des  Dames] 
Scoba,  ramon. 

{Gloss.  Rom.  lat.  du  XV'  s.) 

Bons  remèdes  y  sera  mis 
On  les  chassera  d'un  ramor^. 

(Eust.  Deschamps) 

Une  chambrière  qui  se  disoit  Picarde  (combien  qu'elle  fust 
Normande)  de  laquelle  il  avoit  pris  un  peu  auparavant  que 
ramon  estoit  un  balai  et  ramoner  balier. 

{Bon.   Despériers) 

Ramon-ner,  v.,  ramener.  Voy.  ramein-ner. 

Plusieurs  ]iroies  ont  rainonnées 
Et  maint  homme  laissiet  en  lainge. 

{Guerre  de  Metz) 
Ramôre,  v.,  émoudre.  —  Voy.  Ramoure. 

Ramôrie,  s.  f.,  émoudrerie.  —  Au  \\g.  racontars,  hi.îtoires, 
plaintes,  ronchonnements. 


2oG  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

Ramouner,  quelquel'ois  ramoner,  v.,  balayer  avec  le  ramon. 
—  Aussi  :  culbuter,  renverser  :  il  ai  binlôl  iu  fait  c^'iiamouner  ïn 
homme  (sou  adversaire). 

Il  n'i  a  cliambrette  ]ie(ite, 
Qui  ne  soit  si  bien  ramonée 
Que  jà  jiouiire  n'i  ert  trouvée. 

(Ruteb.,   Voie  de  Paradis) 

RaiXiounie(rj,  ramouneus,  ramouniat  (gna),  s.,  ramoneur. 
Le  premier  désigne  plus  spécialement  le  fabricant  de  ramons,  et 
le  dernier  le  ramoneur  qui  grimpe  dans  les  cheminées.  —  Oh  ! 

wailc  don(c)  Chose,  il  cal  noir  comme  in  ramouniat. 

Ramounures,  s.  f.,  balayures,  ordures. 

A  esté  donné  congié pour  prendre  les  esmondices  et 

ramonnurfs  estant  en  la  ville  de  Corbic. 

[Carlul.  de  Corbie,  dans  La  Curne) 

Ramoure,  ramôre,  v.,  émoudre.  —  J'ramous  ou  ramùs, 
j'ramolans  —  J'ai  ramolu  —  J'ramourai  ou  ramôrai  —  A  ramo- 
lant.  —  J'ai  uamolu  lous  nos  couliaus,  la  sarpe  el  l'fcndrci.  — 
Employé  au  figuré  pour  raconter,  raisonner,  ronchonner  (à  la  façon 
du  ronron  de  la  meule).  —  /  bamout  des  histoires  a  n'a  pus 
fmi{r)  ;  il  a'n  ai  pou(r)  des  heures. . .  —  Quil  l'diab(le)  tu  ramous  ! 
que  bavard  ! 

Rampe,  s.  t.,  clématite  des  haies,  viorne.  —  C'est  le  bois  de  la 
rampe  que  nos  gamins  fument  en  guise  de  cigare.  —  Son  nom  lui 
vient  de  ce  que  cet  arbrisseau  grimpe  ou  rampe  (en  vieux  fran- 
çais) :  €  Les  escheiles  dressèrent  aux  murs  et  rampére?it  contre- 
mont  sur  les  murs.  »  {Chron.  de  Saint-I)e7iis,  dans  Lacurne.) 

Rampot,  s.  m.,  expression  du  jeu  de  billes,  du  jeu  de  quilles. 
On  a  fait  rampot  quand  on  est  parvenu  à  obtenir  l'égalité  de 
points,  ou  bien  quand  on  a  mis  toutes  les  billes   dans  la  fosselte, 

Ramse,  s.  f.  Jeu  de  cartes.  —  Peut  avoir  été  employé  au  lieu 
de  ramasse,  car  lorsqu'un  joueur  gagne  et  impose  beaucoup  d'ad- 
versaires à  Tamende  (à  la  ramse)^  il  dit  qu'  «  il  ai  fait  'n  bonne 

UAMASSK.    » 

Ramser,  v.,  prendre  un  joueur,  lui  imposer  l'amende,  au  jeu 
de  '<  ramse  ». 

Rancart,  s,  m.,  rebut.  — Mell(r)e  au  nAsc\RT,  mettre  au  rebut, 
à  l'écart. 

Rancuneus,  adj.,  rancunier,  qui  a  de  la  rancune. 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  257 

Randounée,  randonée,  s.   f.,  poursuite,  chasse,  voy.  cam- 
pousse.  —  Du  vieux  mot  randon,  impétuosité,  couise  rapide. 

Si  s'en  ala  di;  randonée  (au  galop). 

(Ph.   Mouskos) 

Ils  lirochèrent  lus  destriers  toute  une  randonnée. 

{Gui  de  Nanleuil) 

Rang,  arang-,  érang  à  cochons.  —  Tecl  ou  toit  à  porcs. 

Rangeus,  euse,  adj.  et  s.,  qui  range^  soigneux,  ordonné.  — 
PouÇr)  ça,  Louise,  c'est  'n  bonne  rangeuse. 

Rangie,  s.  f.,  rangée, 

Rangie(r),  v.,  ranger.  —  P.  p.,  ranrjie. 

Vois  souvent  rengicr 

Gens  qui  ne  font  rions  fors  mengier. 

(Br.  des  royaux  lignages) 

Voit  l'ost  des  crcstiens,  qui  bien  estoit  rengie. 

(Bastars  de  Bail  Ion) 

(Lidus)  Fait  sa  gent  conréer,  et  si  l'a  bien  rangie. 

(Quatre  fîb  Aymon) 

Cinq  ou  six  fois  en  bataille  rengie. 

(Chron.  de  Chastellain) 

Et  voient  nostre  gent  rengie  et  ordenée. 

[Du  Gutsclin) 

Ra-oi.  ra(vjoi(r).  v.,  ravoir,  réobtenir,  ressaisir,  recouvrer, 
retirer,  ressortir.  —  J'rai,  j'ravans  —  j'ravos  —  j'ai  riu  — j'rarai. 
—  J'ai  lé  si  siayrins  qiijû  rCsacos  m'a  raoi.  —  J'ai  cru  qu'jit 
/i'RARos  jamais  les  sous  qu'jil  li  avos  prêtés.  —  C'rCesl  qu'au 
d'boul  d'ine  heure  quii  j'ai  nwm'siau  qu'étal  chu  das  l'puils.  — 
Remarquez  la  forme  normale  ra(ve)rai. 

Les  terres  estoient  si    molles   que  ceval   ne  s'en    pooient 
ravoir. 

(Froissa  rt) 
Il  prent  l'anel  et  l'en  mercie 
Et  dist  qu'encor  r'ara  s'amie. 

[F loir e  et  Blanreflor) 

Nous  ne  rarons  jà  mais  greignor  (plus  grand  seigneur). 

(Watriquel) 
Par  pleurer  ne  le  rarez  point. 

[Mir.  N.-D.,  Eoesque. . .) 

Jou  les  raverai  quant  je  porrai. 

{Chr.  d'Ernoul) 

17 


2b8  OLOSSAIRB  DU   JMOUZONNAlS 

Rapa-iie(r)  pour  rapaillie(r),  v..  rempailler. 

Rapairi(r),  v.,  apaiser,  reprendre  haleine,  cesser  de  haleter. — 
Kclaircir,  cesser  d'être  trouble.  —  fai  couru,  fsos  tou{t) 
èchou/Jlé  :  atlenids)  in  peu,  qu'jù  /«'rai-aiuîs!  —  Quand  l'cafc 
serai  uapaîri,  ju  t'boirans. 

El  la  roïnc  se  repasma,. . .  et  quant  elle  fu  repairie,  si  disl  : 

(Ménestrel  de  Heinis) 

Rapairi-iie(r),  v.,  apparier,  refaire  la  paire.  —  P.  p.,  rapai- 
ri-iie. 

Rapaisie(r),  rapaigie(r),  quelquefois  rapouaig'ie(r),  v., 
apaiser,  calmer.  —  A  huit  heures,  il  ai  tout  d'meinme  comacic  à 
.î'rapaigie(r). 

L'archevesque,  pour  les  rapaisier,  issi  hors  de  son  hostel. 

IChron.  de  Jean  le  Fèvre) 

Vostre  fille  et  ses  trois  puceles 
Qui  bien  sembloient  rapaisies. 

(Cléomadès) 

Rapapi-iie(r),  v.,  raccommoder,  remettre  d'accord  des  per- 
sonnes brouillées  ou  fâchées.  —  Probablement  de  papyer,  qui 
voulait  dire  babiller, commencer  à  parler  comme  pour  dire  papa  : 
on  fait  en  effet  reprendre  la  conversation  entre  gens  qui  ne  se 
parlent  plus.  On  dit  aussi  :  Rapaupi-iie(r).  Le  p.  p.  est  rapapi- 
iie.  —  J'an{s)  iu  des  mots  à  propos  d'in  enclos  ;  mais  j'noiis  ans 
rapapi-iies  dild'piiis. 

Rapasser,  v.,  repasser,  passer  de  nouveau,  passer  en  retour- 
nant, c'est  à-dire  en  sens  inverse  du  premier  passage.  —  Lpîton 
n'ai  mi  co  râpasse. 

Il  sera  connu qu'il  a  la  mer  rapassée. 

(Gilles  de  Chin) 

Et  fisent  tant  que   ils    repassèrent    la    rivière    en    grant 
malaise. 

(Froissart) 
Je  fusse  passé,  rapas)<é 
Mal  habillé  ou  bien  vostu 
Qu'on  ne  m'éust  pas  ilii,  d'où  viens-tu? 

(Martial  de  Pans) 

Rapiéceter,  v.,  rapiécer,  remettie  des  pièces,  de  petites  piè- 
cesj  des  piécettes.  —  J'ai  'n  culotte  qu'est  rudement  RAPiÉcEiiiE. 

Rapîter,  v.,  refaire  un  pied  (à  un  bas  ou  une  chaussette).  — 
On  RAriiE  in  bas  a  tricotant  in  nouviau  pie{d)  après  la  jambe 
d'in  vins  bas  qu'on  veuf  garder^  pa(r)ce  qu'elle  est  co  bounc. 


(tLOS^àIRS  2)U  mouzonnaIs  2ë9 

Raporte  à,  expr.  adv.  (rapport  à),  à  cause  de..  —  C'est  rapoute 
A  tes  cancans  qu'fai  lu  toutes  ces  histoires-là. 

Rapougnie(r),  v.,  rempoigner,  ressaisir,  rattraper.  —  l's'ant 
uAFOLi.ME  au  moin.s  quat(re)  fois. 

Raprenre,  rappren(d)re,  v.,  rapprendre,  apprendre  de  nou- 
veau. —  Se  conjugue  sur  appren(d)re  et  pren(d)re. 

Raprochie(r),  v..  rapprocher.  —  P.  p.,  Raprochie. 

Raprop(r)i-iie(r),  v.,  faire,  rendre  propre,  nettoyer,  vêtir  d1ia- 
bits  de  dimanche  ou  de  fête.  —  P.  p.,  rapropi-iie. 

Rapsaudis,  s.  m.  pi.,  restes,  guenilles,  choses  de  peu  de 
valeur.  —  Oh  !  on  dit  qui  m'ai  d'né  trop  bin  iauques  ;  i  lùn'ai 
laissie  qu'des  rapsaudis. 

Râqui-iiefr),  v.  Voy.  rauqui-iie(r).  v.,  cracher,  cracholter, 
etc. 

Rasibus  (au),  expr.  au  ras,  tout  près.  —  On  couperai  les 
branches  ad  rasibus  doti  mur.  —  On  a  ehaoté  jadis,  et  on  répète 
aujourd'hui  le  refrain  : 

Lui  coupa  la  crotte 
Au  rasibus  du  eu, 
i^ur  l'air  du  tra 

Comme  il  passoit  rabibus  du  chasleau. 

(Cil.  de  Lacurne) 

Domine  crepuit!  Il  est  rasibus  de  la  relie. 

(Friquassée  crolestijUunnée) 

Rassaner,  v.,  rassembler.  —  Eh  hin!  c'est  convenu^  on  s'kas- 
sANERAi  chu{s)  Hubert. 

Rassas,  s.  m.,  ustensile  de  pêche,  sorte  de  filet. 

Les  bourgeois  d'Olixie  ont  leurs  aisances  en  ladite  rivière, 
si  come  de  razas,  de  verge,  etc. 

{Charte  d'Olizijy  1284,  copie) 

Li  borjois  y  ont  et  avcront  lor  pescheries  a   piet  en  mes 

eaues  de  Rethest,  si  come  de  rassas,  de  iruel   et  de  ligne  à 

verge. 

(Charte  de  Hethcl,  1253) 

Rassasî-iie(r),  v.,  rassasier. 

Il  ne  se  puet  rassasiicr 
D'à  li  penser. 

(Rciiart  le  nuucel) 


26Ô  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Rassaveter,  v.,  raccommoder  grossièrement,  malproprement. 

Rassir,  v.,  rasseoir.  —  Jù  m'rassis,  j'nousrassians  —  Jii  mras 
si-os  —  J'm'ai  rassi  — Jù  m'rassîrai  —  A  m'rassiant.  —  Elle  s'ai 
RAssiE.  —  Don  pain  rassi. 

Rassorti(r),  v.,  rassortir. 

Rassoti(r),  v.,  devenir  sot,  être  rendu  sot,  stupide,  sans  esprit 
ni  volonté. 

Dieus  est  tout  rasotis 

Qu'ensi  avanche  ung  homme 

[Hugues  Capet) 

Rastaurer,  v.  restaurer;  —  donner  à  manger.  —  Fig.^  mal 
traiter  quelqu'un  en  paroles. 

Ratacheus,  euse,  s.,  qui  rattache  les  fils  dans  le  filage  de  la 
laine  au  mélier  mécanique. 

Ratachie(r),  v.,  rattacher.  —  P.  p.,  ratachie. 

Les  blans  haubers  ont  endosses 
Et  les  cauces  de  fer  lachies 
Et  les  enarmes  ratachies. 

(Perceval  le  Galois) 

Ratai,  s.  m.,  râteau,  ratel  (à  la  frontière). 

Ratassie(r),  v.,  rentasser,  déprimer.  —  P.  p.,  ratassie,  ren- 
iasse, ramassé  ou  appuie  sur  lui-même,  le  cou  dans  les  épaules. 
—  Le  counois-tu  ?  c'est  in  gros  ratassie. 

Ratiboiser,  v.,  prendre^  enlever,  dépouiller,  ruiner.  —  J  ans 
joué  au  pandowe,  fii  ai  bintôl  iu  ratiboisé  ses  quaCsous. 

Rât'lie(r),  s.  m.,  râtelier. 

Rat'ni(r),  v.,  retenir.  —  0ns  ai  fait  des  écluses  pou(r)  rat'ni(r) 
IHaiie. 

Ratenri(r),  v.,  ratlendrir,  attendrir,  devenir  tendre.  —  Quand 
c  pomme  là  serai  in  peu  ratenrik,  elle  serai  bonne. 

Raterzéler,  (pron.  teur,  bref);  v.,  raniasser  les  gerbes  éparpil- 
lées sur  un  champ  et  en  faire  des  tas,  des  lerziaus,  des  groupes 
de  treize. 

Ratorti-iie(r),  pour  Ratortillie(r)j  v.^  envelopper,  entourer 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  2G1 

(l'un  linge  enroulé  sur  lui-nitMiie.  —  L'pauo'  agneau!  il  avol  iiioiit 
frad!  j  lai  ratortiiie  das  ma  bannette. 

Ratouchie(r),  v.,  retoucher,  toucher  de  nouveau,  loucher.  — 
On  n'y  ai  pu  ratouchie  diid'pnis  lundi. 

Ratours,  s.  m.  pi.  Détours,  ruses,  malices.  ~  /  connaît  tous 
tes  TOURS  et  les  ratours. 

Ratournée,  s.  f. ,  volée  de  coups,  roulée,  raclée.  —  Il  ai  reçu 
'n  RATOUBNÉK  dc  coujis  de  haulons  qu'i  s'a  souvini^ai.  —  Signifie 
aussi  répartie,  riposte  ;  malice,  ratours.  —  //  ai  toutes  les  ratour- 
NÉES,  il  ne  demeure  jamais  à  quia. 

Ratourner,  v.,  revenir  sur  ses  pas.  —  J'avo(s)  oubli-iie  'n  pièce, 
il  ai  fallu  quii  /'ratourne.  —  quelquefois  aussi,  retourner  :  j'm'ai 

RATOURNÉ. 

Cil  des  nés  le  roi  se  ratournent. 

{Branche  des  royaux  lignages) 

Si  s'en  ratournent  devers  les  prés  ou  Galehans  avoit  dit. 

{Lancelol) 

Qu'il  me  doune sam  et  haytiez  ratourner  entre  vous. 

(Voyaiye  d' Oultremer  enJhérusalem) 

Il  m'ont  le  droit  chemin  montré 
Dont  sont  arrière  ratorné. 

(  Voie  de  Paradis) 

Ratouser,  v.,  renipper,  rhabiller,  donner  des  vêtements  à  un 
guenilleux.  —  L'adj.  Ratousé  s'emploie  aussi  avec  la  signification 
de  dépouillé,  dévalisé,  démuni,  i«  ratiboisé  ». 

Ratrain-uer,  v.,  ramener  en  traînant  ;  ramener  (avec  nuance 
de  mépris)  :  —  Tous  les  dimanches  i  ratrai.v-.ne  à  la  maison  des 
godailleus  comme  loue. 

Qui  dont  voist  les  mors  ratrainer  et  rassembler. 

(Froissart,  Lac) 

Ratrer,  v.,  rentrer.  —  Se  conjugue  sur  atrer,  entrer. 

%  Jamais  ne  renterrai  el  pas 

Devant  que  je  l'aurai  véu. 

(Gauijain) 
Et  je  croi  bien  que  tant  feront 
Por  les  frères,  qu'il  renterront 
En  leur  saisine  primeraine. 

(Requeste  des  frères  mineurs,  1318) 

Ratroupeler,  v.,  remettre  en  troupe,  refaire  une  troupe,  un 

troupeau.  —  Faurai  qu'on   ratroupele   les   berbis   devant   quïi 
('soleil  nii  se  couche. 


1Ù2  OLOSSAIRB   DU   MOUZONNAIS 

F"n  aucuns  liens  se  ratropelent. 

(Br.  des  roy.  lignages) 

Ratteude,  s.  f.,  attente.  —  JN'est  guère  ennployé  que  dans  des 
expressions  telles  que  :  atlei'  à  la  rattbndk,  êt(rje  à  la  battendk, 
pour  dire  qu'on  ira  guetter,  qu'on  guette,  qu'on  attend  le  passage 
on  l'arrivée  de  quelqu'un,  d'un  gibier,  etc. 

,    Rattend(r)e,  v.,  attendre,  guetter,  surveiller  le  passage. 

Chi  me  r'atendés,  Maroto, 
Chi  venr.ii  parler  à  vous, 

(Jeu  de  Robin  et  Mnrion) 
Raube,  s.  f.,  robe. 

La  mort  Anselet  le  tailleur  de  raubes. 

[Arch.  Adm.  de  Reims,  1303) 

You  daray  a  ma  Catarine 
Une  raube  de  boulengine. 

[De  Seigne  Peyre  et  Seignc  Jean) 

Raubotte,  s.  f.,  voyez  râbotle. 

Rauchi-iiô(rj,  rauci-iie(r),  v.,  ronger,  mordre,  mâcher, 
comme  en  arrachant  peu  à  peu.  —  On  rauchie  in'  os  ou  bin  in 
torcion.d'poinme. 

Rauge,  s.  m.,  blutoir.  —  Voy.  Rage  et  Râgie(r). 

Raugmenter,  v.,  augmenter.  —  Les  canadas  ant  bin  racg- 

MENTÉ  dûd'pnis  in  mois. 

RauUer,  v.,  rouler,  chercher,  fureter.  —  J'atends  Edouard 
qui  RAULLE  par  là,  à  la  chamb{r)e. 

Qui  lors  veist  haubers  rauller  glaives  enferrer 

[Ménestrel  de  Reims) 

Rauqui-iie(r),  râqui-iie(r),  v.  (ch  r=  k  =  qu)  ;  s'apprêter  à 
cracher  comme  un  fumeur  (allemand,  rauch),  en  jetant  un  son 
rauque  (raucus).  Lacurne  et  Roquefort  donnent  racler elrachicr, 
pour  cracher  avec  elfort.  En  vieux  français,  Rouchier,  roukicr 
signifie  ronfler  ;  il  s'agit  bien  du  m^me  genre  de  bruit  que  fait  le 
rauqvi-eus. 

Toute  jour  ronAe  con  •!•  pors. 

{Fabliau  de  la  Veuve) 

Emmi  le  vis  li  uni  escopi  et  rachié  (craché). 

(Thomas  le  martyr) 
Rauqui-ieus,  s.,  celui  qui  rauquie. 

Rauqui-ion.  s.,  crachat.  —  Rruit  produit  par  l'individu   qui 


fiLOSSATRE    DU    MOOiJONNAIS  263 

rauqui-iie.  —  On  emploie  aussi  rauqui-ion  df  pomme,  au  lieu  de 
torcion,  résidu  de  la  pomme  qu'on  a  ranci- lie,  et  qui  devrait  èlre 
un  roci-ion. 

Rauqui-iouuer,  v.,  faire  des  rauqui-ions  ;  fréquentatif  de  rau- 
qui-iie(r). 

Ravagiefr),  v. ,  ravager. 

Ravauder,  v.,  chercher,  fouiller,  presque  comme  renauchic{r). 
—  Aussi  ;  racommoder  (de  vieux  habits). 

Rave,  s.  f.,  le  petit  radis,  rose  ou  blanc  (raphanus  sativus). 

Raveind(r)e,  v.,  retirer,  ressaisir,  rattraper  un  objet  placé 
haut  ou  trop  profondément.  --  P.  p.,  raveindu.  —  Cest  aveu(c) 
l'crawic  quûj'ukXEisDxys  les  siaus  qu'ant  chu  das  fpuils. 

Raverdi(r),  v. ,  redevenir  vert.  —  V'Là  les  Ireff'es  gt«  raverdis- 
SANT.  —  Se  dit  aussi  d'une  personne  malade  qui  reprend  santé  et 
force.  —  Servals  ai  tant  souffert  d'aoi  lé  pris  comme  otage  à  la 
guerre!  I  n'ai  jamais  raverdi.  —  l'niai  planté  là  pou{r)  raver- 
di(r),  prov.  Il  ma  abandonné. 

Celé  herbe  et  celé  fueille  qui  muert  et  raverdist. 

{Chautepleure) 
Quant  voi  le  félon  tens  fine 

Qu'entré  sonmes  el  mois  de  mai 

Que  raverdissent  bois  et  pré, 

(Perrin  d'Angecouri) 

Raverse,  s.  f.,  averse.  —  //  ai  chu  'n  bonne  raverse,  hier  à 
cinq  heures  au  soir.  —  /  plu-ie  à  raverse,  il  pleut  à  verse,  très 
fort. 

Ravigoter,  v.,  reprendre  vigueur,  vie,  ressusciter.  Le  vieux 
français  disait  resvigorer,  ravlgorer,  dans  le  premier  sens. 

Ravi(r),  v.,  ravir;  prendre,  enlever. 

Ly  murdres,  ly  larrecins,  li  choses  ravi/es en  la  main 

le  seigneur. 

(Charte  de  Mouzon,  1220) 

RavO'iie(r),  v.,  renvoyer,  chasser.  —  Remettre  dans  la  voie 
(vû-ie). 

Phelipes,.  . .  vers  France  ses  oz  (son  armée)  ravoia. 

(Branches  des  roy.  lignages) 

Nous  escrirons 
Un  escrit  que  renvoicrons 
A  vo  signer  de  part  nous  trois. 

(Renart  le  Nouvel) 


264  GLOSSAIRE    DT'    MOUZONNATS 

Ravoler,  v.,  envoler,   repartir.  —  Mes  pigeons  saut  havolks 
don  côté  d'Douzy. 

Rawarder,  v.,  regarder  (à  la  frontière). 

Raze,  adj.,  ras,  tondu,  sans  barbe.  —  C'iindividu  là  est  tout 
RAZE,  i  n'ai  pont  de  barbe  don  tout. 

Re,  particule  prépositive    qui  s'ajoute   à  certains    mots    pour 

exprimer   la  réduplication  :  rinviter.^  rinstaller,  raller — 

Parfois  son  adjonction  ne  modifie  aucunement  la  signilicalion  du 
mot  :  raugmenter  =  augmenter;  rallende  =  attente,  etc. 

Reba-iie(r),  pour  rebaillie(r),  v.,  redonner,  vendre.  —  Voy. 
Rebau-iie(r). 

Et  pour  liant  le  te  rebail. 

(J.  Bodel,  Jus.  S.  Nicholai) 

Rebat,  s.  m.^.  reconnaissance,  action  de  constater.  —  Faire  le 
hkbat,  aller  sur  les  lieux  pour  faire  un  constat. 

Rebatt(r)e  un  outil,  lui  faire  une  opération  qui  le  rende  comme 
neuf,  raviver  l'acier. 

Rébecca,  s.  f. ,  bavarde,  répliqueuse,  qui  n'écoule  pas  les 
remontrances  sans  répondre. 

Rebéquer  (se),  v.,  se  défendre  (du  bec^,  répliquer,  répondre 
prestement,  se  révolter  en  paroles  ;  d'où  la  Hcbecca.  —  Employé 
par  Villon. 

Au  grant  jugement 
Tu  rendras  compte  et  reliqua  : 
Il  faut  garder  le  rebcca. 

{Songe  doré  de  la  Pucelle) 

Rebau-iie(r),  v.,  rendre,  rebailler.  —  .\  la  quête  que  fait  le 
marguillier  à  l'église,  il  répond  parfois  à  celui  qui  dépose  son 
obole  dans  la  bourse  :  Diu  ^j'/'eurbau-iie  !  Dieu  vous  le  rende  ! 

Rébouchie(r),  v.,  boucher,  remplir  un  trou,  combler  une 
lacune.  —  Ai-Von  rkbouchie  l'trou  qu'élût  das  la  hati-ie? 

ReboufFer,  v.,  répondre  mal  ;  repousser,  rebulfer.  —  Opposé 
à  Bouf]'er. 

Rebouler,  v.,  repousser,  replier  le  bout  ;  retourner,  rabattre. 

—  iV'i  ai  des  clans  qui  passant  das  m''solei{r).,fvas  les  reboulku. 

—  Les  dents  d.ma  fourchette  sant  tout  reboulks. 


GLOSSAIRE    DU    MOU/.ONNAIS  21'»^ 

Si  laidement  li'  rebouloit 
El  patoïoit  a  lui  ses  pâtes 
Qu'avoit  plus  noires  que  çavates. 

(Gautier  rie  Coincy) 

Et  Jehan  qui  tint  la  marue 
Feionessement  le  rebole. 

(Fabliau  d'Estormi) 

Peuvent  et  doivent  tous  sujets  l'abandonner,   et  rebouler 

la  sujétion  d'un  tel  homme. 

{Duclos,  cil.  par  Lacurné) 

Reboulette  (à  la),  expr.  adv.,  au  rebours,  à  l'envers.  —  Waite 
in  feu  à  li,  tu  fais  tout  ça  à  la  reboulette. 

Rebouli(r),  v.,  rebouillir,  bouillir  de  nouveau.  —  Se  conjugue 
comme  Bouli(r).  —  Lii  lait  al-t-flé  r'BouLO? 

Rebours  (à  la),  au  rebours. 

Rebouteuir),  s.  m.,  empirique  qui  remet  (boule,  en  vieux 
français)  les  membres  démis  ou  cassés.  I.e  vieux  verbe  bouter  est 
resté  dans  les  compo<^és,  boute-eii-lrain,  boute-sel'e. 

Rebuquer,  rebuter,  v.,  repousser,  renvoyer  par  élasticité.  — 
rai  infusi{l)  qui  n'BunrE  fort. 

Recachie(r),  v.,  cacher,  recouvrir.  —  Le  chat  est  prop(r)e  :  i 
RECACHE  ses  ordures.  —  P.  p.,  Recachie. 

Recaler,  v.,  répondre  sèchement  en  mettant  l'adversaire  en 
place  (comme  avec  une  cale  ?).  —  Se  dit  aussi  pour  battre,  vain- 
cre au  jeu.  —  /  s'ai  fait  heckleb.  au  billard. 

Recauser,  v.,  reparler,  s'entretenir.  —  C'est  'n  grosse  affaire, 
fa  r'c.auserans. 

Rechampi(r),  v.,  regarnir  de  mortier  ou  de  plâtre  des  murs 
dégradés,  redonner  un  champ  plus  lisse,  rajointoyer. 

Rechange  (à),  à  rechanger,  en  grande  quantité. 

Rechangie(r),  v.,  changer,  échanger,  rechanger.  —  Se 
r'changie{r),  mettre  d'autres  vêtements,  s'habiller  d'objets  pro- 
pres :  Au  village  on  n'sû  r'change  guère  quiï  C dimanche. 

Rechargie^r),  v.  recharger,  remettre  la  charge  ou  une  plus 
forte  charo^e. 


2G('i  nr.ossAiRK  du  mouzonnais 

Rechaussie(r),  v.^  rechausser,  refaire  une  pièce  ;  refaire  sur- 
tout des  parties  qui  demandent  à  être  soudées. 

Avoir  reliait  ni  rechaussie  le  fer  du  grant  moulin. 

{Compte  de  Mouzon,  1515) 

Réche,  adj.,  rude  au  toucher,  âpre  au  goût,  —  La  langue  don 
chat  est  rkchk,  —  Les  coings,  c'est  des  espèces  dit  poires  rîx.hes. 

Rechécie^r),  v.^  rechasser,  renvoyer.  —  P.  p.,  rechécie,  — 
Rachécier  ajoute  à  l'idée  précédente  celle  de  ramener.  —  J'ai 
RECHÉCIE  vos  berbis,  je  les  ai  poussées  vers  votre  étable,  hors  de 
chez  nous.  —  J'ai  raciiécie  iios  berbis^  je  les  ai  poussées  vers 
notre  étable,  chez  nous. 

R*chignie(r),  v.,  rechigner,  reculer,  repousser.  —  C'n'est 
qu'in  paresseux,  qui  r"chig.\e  à  Vouvrage.  —  Aussi,  grincer  les 
dents. 

Le  ouvert  renart  qui  tant  set  de  bole  (pusps) 
Les  euz  dût  et  les  denz  rechine. 

[Bestiaire  divin) 
Renart  qui  tôt  le  monde  engigne 
Les  euls  clôt  et  les  denz  rechigne. 

(Rom.  de  Heimrt) 

Rechiner,  v.,  rechigner,  refuser,  reculer,  être  dégoûté. 

Il  vous  convient,  n'en  rechinez 
Qu'aujourd'uy  tout  un  vous  baguiez, 

{Miracle  F.  d'un  roy) 

Rechoir,  v.,  retomber.  —  H  ai  co  r'chu  'n  fois  das  ses  noires 
idées. 

Mais  toutes  voies  me  gart  de  y  recheoir. 

{Troiluf) 

Reciuer,  v.,  remanger,  rediner,  (re,  cœnare)  ;  prendre  une 
collation,  un  petit  repas  entre  les  repas.  —  J'ai  toujou(r)s  faim 
à  dix  heures  ;  i  faut  qu'jil  r'cine. 

A  ma  belle  salade  d'esté 
Je  ne  la  veus  qu'après  disner 
Pour  queicun  qui  veut  ressincr 
Cela  le  faict  mettre  en  gayeté. 

(Cris  de  Paris) 

iceulx.  voisins  se  mirent  ensemble  pour  aller  reciner. 

(Cit.  de  Lacurne) 

Vous  dictes  qu'il  n'est  déjeuner  que  de  escholiers,  dipner 
que  d'advocatz,  resainer  que  de  vignerons,    soupper  que  de 

raarchans, 

(Rabelais,  Pantag.) 


nr.oPSATRF,  nu  mouzonnats  'HM 

Récipel,  s.,  érysipèie.  Transformation  qui  n'est  pas  plus  à 
mépriser  que  celle  d'apoplexie  en  popclesie,  que  s'est  permise 
Froissart.  Au  surplus,  ou  sait  que  peu  de  mots  scienlifiques  échap- 
pent à  Jeur  sort,  qui  est  d'être  défigurés  et  simplifiés. 

Recœud(r)e,  v.,  recoudre.  —  Voy.  ('œûd(r)r. 

Recœurre,  rescœurre,  rescourre,  le  chanvre,  v.  Teiller, 
ne  laisser  que  la  fibie,  par  conséquent  tirer  le  ccrur.  L'instrument 
employé  est  la  rrcousselte.  —  P.  p.,  Rescœu  :  J'ans  itEsca.c 
t'rpsie  du  la  chanv{re)  hier, 

Reçoir,  reçoi(v)re,  v.,  recevoir;  vieux  français,  reçoivre.  — 
Je  reçois,  je  recevans  —  je  reçevos  —  j'ai  reçu  —  Je  r'çoirai  —  Je 
r'çoiros  —  A  recevant. —  Genin,  dans  ses  Variations  du  lanrjagr 
français,  dit  que  lorsqu'on  ti'ouvait  écrit  rcccoir,,  on  ne  manquait 
pas  de  lire  receVoir.  Notre  prononciation  patoise  ne  vient-elle 
pas  infirmer  son  système  ? 

Les  palis  marchissans  les  doiient  deffendre  et  resçoire  si 
com  leurs  anemis. 

(Jean  de  Stavolol) 

Belléem  est  sans  faille  et  digne  de  rezoyvre  nostre  signor. 

(Serin,  de  S.  Bernard) 

Tant  ferai  que  il  sera  cerz 
De  m'amor,  se  reçoiore  l'ose. 

(C  liges) 
Envoie  ciii  tu  vins  por  reçoivre  colée. 

(lîom.  d'Alixandre} 

Quant  ceste  honor  reçoivre  ne  volez. 

{Charroi  de  Nimes) 

Recommandise,  s.  f.  Rappel  que  le  prêtre  fait  au  prône  de  la 
messe  paroissiale,  du  nom  de  personnes  défuntes  en  recomman- 
dant leurs  âmes  à  Dieu.  —  Le  mot  est  au  Coutumier  général,  et  le 
terme  commandisc  se  rencontre  souvent  pour  commandement  et 
recommandation,  ou  chose  recommandée  (dépôt). 

Cis  orés  la  raison  de  l'oste   a   qui    l'on  demande  la  recou- 
mandise  que  hom  li  douna. 

{Assises  de  Jérusalem) 

Sire,  vo  commandise  est  faite. 

(J.  Bodel,  S.  Nicholas) 

Sa  coinandiye  (dépi'it,  trésor)   demande   a    celui  qui   il   le 
liailla. 

{Castoiement) 

Reconnoit(rie,  recounoit(r)e.  —  V.,  reconnaître.  A  lafron- 


2G8  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

lière  on  conjugue  :  Jû  reoou niche,  jii  recounichos,  j'ai  recounii- 
cfii,  A  recounichant.  —  Voyez  Connaître. 

Et  tu  ne  me  recounissoies  ? 

{Jeu  de  Robin  et  Marion) 

Nel  recounissent  usque  il  s'en  sait  alet. 

{Vie  de  St  Alexis) 

Si  la  mult  bien  recouneu. 

{Amadas  et  Ydoine) 

Et  se  il  ne  recounoist  rien  entre  l'an  et  jour,  ci  rloit  estre 
mis  de  la  prison  hors. 

(/Issises  de  Jêrus.) 
Et  si  or  si  très  noble  fin 
En  reconissant  de  cœur  fyn 
Son  Dieu  et  son  vrai  Créateur. 

(Prince  noir) 
Cil  est  de  la  cité  m'  amie, 
Mais  il  ne  me  reconnoist  mie. 

(Blancandin) 

Recorder,  v.,  enseigner,  rappeler,  apprendre  (par  cœur,  cor- 
dem).  —  Remeltre  d'accord  ;  un  record,  dans  l'ancienne  jurispru- 
dence, désignait  un  acte  qui  consistait  à  unifier  des  chartes,  des 
lois,  des  arrêts,  à  les  comparer  et  les  mettre  d'accord.  — A  l'icole, 
c'est  mi  qui  becordos  tes  gamins  aux  tableaux  (je  leur  apprenais 
leur?  lettres,  ou  à  lire  sur  les  tableaux  de  lecture). 

Maintenant  te  vueil  recorder, 
A  mes  ditz  te  dois  accorder. 

(Rom.  Rose) 

Se  d'eus  sai  aucun  bien,  je  le  recorderai. 

(Froissarl) 

Recouchie(rj,  v.,  recoucher,  se  recoucher.  —  P.  p.,  reconchie. 

—  A  min-nuil,  fm'ai  levé;  j'ai  lé  (v)oir  à  rècurie,  pis  fm'ai 

RECOUCHIE. 

La  dame  le  fisl  recoucier. 

(Jean  de  Condé) 

Recoumacie(r),  racoumacie(r),  v.,  recommencer.  —  P.   p., 

rtcoiimacie. 

Or  est  tout  au  recoumancier. 

(Rutebeuf) 
Et  l'afaire  ont  recommencie 
Ainz  qu'il  eussent  partancie. 

[Rom.  Renart) 

Recoumandation,  recoumandise,    s.   f.,   recomniandalion. 

—  N'iu  vante  loujou{r)s  mi  d'ça,  pa(7-)c'quu  c  n'est  mi  'n  bonne 

RECOMMANDISE. 

Recoumander,  v.,  recommander. 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  269 

Reniles  moi  les  XXV  besans  que  je  vous  bailla   eL   recou- 
manda  (déposai)  quanl  je  alais  eu  Jérusalem. 

(Assises  de  Jerus.) 
Recounoiti^rje.    -  Voy.  llecoiinoiUr)r. 

Recounoissance,  recounichance,  s.  f  ,  reconnaissance. 

Et  alanl  en  doit  estre  quite,  ce  plus  n'i  a  de  recounoissance. 

{Assises  de  Jérus.) 

Mais  pour  doner  en  remembrance 
De  son  fait  et  reconissance. 

(Blancandin) 

Récoussette;,  s.  f.,  instrument  pour  rc'cœurre. 

Kecouverre,  v.,  recouvrir.  —  N'oublie:i  nù  dû  uecouverre  lu, 
pot.  —  Vous  REGouvERDREz  Us  poukls  à  cùiq  heures.  —  Signifie 
rarement  recouvrer.,  qui  est  à  peine  connu. 

Diex  !  je  ne  dis  hui  mes  eures  !  ^ 

Comment  recouverrai-']e  mes  ? 

(? ) 

Recréter,  regréter  (se),  v.^  se  rebilfer,  redresser  la  crèle, 
répondre  vivement  (à  des  reproches). 

Damoisiaus  estrais  de  bon  estre 
Ne  se  doit  en  orgueil  crestcr 
Ne  en  vilanie  arrester. 

(Watriquet,  DU  de  la  nois) 

Recru,  adj.,  harassé,  fatigué,  rendu. 

Ce  poise  moi  que  l'uns  n'est  recréas. 

{Raoul  de  Cambrai) 

Recueud(r)e  (eu  bref),  v.  Recueillir,  récoller  ;  vov.  cucudre. 
—  J'ans  REcuEUDu  douze  ues  anoul. 

En  ses  eles  requeul  le  vent. 

(Bestiaire  divin) 

Les  biens  rcqueuU  autompne. 

(Eusl.  Deschamps) 

Recugnie(r),  v.,  repousser,  refouler,  rabattre,  renfoncer  (dans 
le  coin),  —  Voy.  cugnie(r).  —  On  recug.ne  tu  clau.  —  J'iai  recu- 
GNiE  jusqu'au  debout  don  collidor. 

Je  ne  bougeay  de  mon  quignel  (petit  coin)  toujours. 

(Messaigier  d'amours) 

Récurer,  v.,  nettoyer,  faire    briller  (les   ustensiles  en  métal). 
Récuru,  s  ,  écureuil. 


270  GLOSSAlKB   DL    MOUZONNAIS 

Redégau-iie(r),  et  souvent  dégau-iie(r),  v. ,  rendre,  rejeter, 
recracher  un  aliment  ou  un  objet  introduit  dans  la  bouche  (et  la 
gave  ou  gavi-ion,  gorge),  que  l'on  trouve  mauvais  ou  répugnant 
au  goût.  —  J'cHlrapc  des  grains  d'brausier  cro-iant  iju'c'éloL  des 
aigrelles  ;  j'ics  avalc^  mais  fies  ai  ntGAC-iiEs  lout  d'suitc. 

Réaimer,  v.,  racheter,  compenjcr.  —  Eh  bin  '.  ai  n'i  ai  d'puc 

d'in   coté,  /RKDlMERANi;. 

Réditaire,  réditairemat,  adv.,  toujours,  habituellement,  sans 
cesser.  —  H  est  levé  réditairemat  à  quatre  heures. 

Rédiver,  v.,  répliquer,  répondre  pour  se  défendre  ou  s'expli- 
quer, étant  de  mauvaise  humeur.  —  A^'rédive  pas!  j'iû  f'ou(s) 
n'gifj'c. 

Redoir,  v  ,  redevuir.  —  Se  conjugue  sur  doir. 

Redrécie(r),  v.,  redresser.  —  I'.  p.,  redrécie. 

Or  mettra  sa  main  à  l'oreille 
Pour  ses  tresses  haut  redrecier. 

[Fabliau  du  XlV^  s.) 

Les  sorz  fera  oir,  et  les  torz  redrecier. 

(Thibaut  Je  Marly) 
En  faisant  refaire  l'huys 
El  redrecier  le  pignon. 

(Villon,  G.   Test.) 

Refairie  {des  garçons),  s.  t.,  réunion  où  l'on  nomme  les  maî- 
t(res)  garçons,  chefs  de  la  jeunesse  d'une  localité,  et  qui  s'occu- 
pent de  l'organisation  et  des  dépenses  des  divertissements,  bals, 
etc.,  donnés  à  la  fête  (feria  ?)  patronale. 

Refait,  s.  m.,  réparation,  redressement.  —  Ce  mot,  autrefois 
terme  de  droit,  n'est  plus  guère  usité  qu'au  jeu  de  caries  :  Si  les 
deux  berlans  adcerscs  anl  l'mcin-mc  nomb(rc)  dû  points,  on 
recoumace  la  partie  :  c'est  in  rf.iait.  —  Le  verbe  refaire  veut 
dire  alors  battre  à  nouveau  les  caries  pour  recommencer  la  même 
partie  avec  les  mêmes  positions  qu'à  la  précédente. 

Réfradi(r),  v.,  refroidir.  Ue  re-lVeider,  frigidarc.  —  J'in'al 
RÉFRADi,  a  sortant  hier  au  soir. 

. . .  Ung  an,  deux  ans,  iij  ans  ou  plus,  tant  qu'ilz  refrc- 

dissent  leur  jeunesse. 

(A  V  joyes  de  manaige) 

Refroumer,  refrumer,  refremer^.  v.,  refermer.  — Ancien" 
ncnieul,  par  exleiioion,  forlilier. 


(jLossaiee  du  mouzon:4A1S  271 

Li  rois  Phelippes  fisl  refreiner  ses  castiaus  et  ses  marces. 

(Chron.  de  Rains) 

Et  vinrent  acourant  à  la  porte  pour  le  refremer. 

(Froissart) 
Regairder,  v.,  regarder  (sur  la  Cbiefa). 

I)eus  !  (jui  porroit  à  loisir 
Rcgairder  sa  faice  tendre 
Mais  ne  li  poroit  venir. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Regaii-gnie(r),  v,,  regagner,  rattraper,  rejoindre.  —  Poiifr 
aller  à  An(iecon{r)l,  i  faut  regang.\ie(u)  l'chemin  de  R'milly.  — 
C'est  tovjou(r$)  ça  dû  u'gangme  sus  m'mauuais  marchie  ! 

Regiber,  v.,  regimber,  refuser.  —  Se  détendre  comme  un  res- 
sort, une  perche  ployée.  —  Envoyer  des  coups  de.  pattes. 

Et  li  foula  on  si  sa  vendenge,  qu'il  n'ot  pouoir    ne   talant 
de  regibeir. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Dessouz  le  chevalier  a  si  fort  regibé 
Que  li  chevaliers  est  à  la  terre  versez. 

(Chron.  du  Gnesclin) 

Quant  il  sentent  les  cos,  se  vont  si  regibant 
Que  cil  qui  sont  derière  s'en  fuient  par  devant. 

(God.  de  Bouillon) 
r.ui  je  pore  bien  asener 
N'aura  talent  de  regiber. 

(Rom.  de  Renart) 

Contre  son  vueil,  serviteur  ne  regibbe. 

(Lé g.  Pierre  Faifeu) 

Regigler,  v.,  regiber,  se  détendre  comme  un  arc.  —  Voy. 
gigler. 

Regiglette,  argiglette,  s.  f.,  petit  appareil  pour  lancer  des 
projectiles,  formé  d'une  tige  tlexible  sur  laquelle  on  pose  la  balle 
à  envoyer.  —  Sorte  de  piège  à  oiseaux. 

Quand  reginglcUes  et  réseaux 
Attraperont  petits  oiseaux. 

(La  Fontaine) 

Regréter  (se),  recréter  (se),  v.,  se  rebiffer,  se  révolter,  faire 
face  sur  le  pied  de  défense.  —  J'caressos  L'chat  sus  l'dos  ;  pis  tout 
d'in  coup,  i  s'ai  regbiîté.  —  Voy.  Recréter. 

Regrignie(r),  v.,  rabrouer,  mal  répondre  à  ijuelqu'un  j  -^ 
irronder. 


212  GLOSSAlRP;    DU    MOUZONNAIS 

Viz  gens  de  cour,  que  vous  dirai-ju  t 
Qui  s'aloienL  fort  regrignant. 

(Eust.  Deschamps) 

Regrougnie(rj,  v.,  relouruer,  renverser,  déplacer.  —  P.  p., 
regrougtiic.  —  J'm'ai  flEcnouGME  l' pouce.  —  S'emploie  quelque- 
fois pour  :  reprendre  quehju'un,  le  disputer  ;  mais  on  dirait  plutôt 
reyroucie{r). 

El  se  il  se  courouce 
Et  sa  famé  regrouce. 

(Estillemenl  au  vilain) 

Reguignier,  arguignier,  v.,  regarder  de  façon  instante,  el 
parfois  menaçante. 

R'hachie(r),  v.  (l'Ii  violemment  aspirée),  retirer,  ressaisir,  rat- 
traper. 

C'est  le  vieux  Resaquer, 

Qui  l'y  boula?  un  vieux  cheval 

Qui  le  resacqua?  une  brebis. 

{Friquassée  crotestyllonnée) 

Reingne,  s.  m.  Chose  qui  se  répand,  maladie  qui  atteint  tout 
le  monde,  endémie.  —  Les  canadas  sanl  gâtés  parloiil;  c'est 
comme  in  reingne,  c't  année-ci. 

Reingnie(r),  v.,  régner. 

Sire,  pour  Dieu  !  il  doit  régnier  après  vous. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Quand  il  aura  trenle  anz,  lors  prenra  à  reignier. 

(Thibaul  de  Marly) 

Rein-ne,  s.  f.,  reine.  —  Dormez  vile,  ma  belle  rein-ne  ! 

Rein-ne  glaude,  s.  f.,  reine-claude,  sorte  de  prune. 

Reins,  s.  f.  pluriel,  le  dos,  les  lombes,  dans  le  voisinage  des 
reins.  —  J'ai  nioul  niau  les  reins  I  j'ai  un  fort  lombago,  une 
sorte  de  rhumatisme  dans  la  région  dorso-lombaire. 

Rejaler,  v.,  regeler, 

Relaissie(r),  v.,  laisser,  quitter,  abandonner. 

Je  suis  tenus  après  a  faire  relaissier  ces  lors  dou  seigneur 
de  Halan  aus  bourgois  de  celle  ville. 

(Car lui  de  Relhel,  1249) 

Relauchie(r),  v.;  relâcher,  relaxer.  —  L'berr/iefr!  n'ai  mi  co 
r'lauchie,  neum  ?  —  Rin  là  non  !  i  n'est  qu  trois  heures  el  i 
n'sarol  lauchie(r)  devant  cinq. 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  273 

Cist  r'ont  en  lor  rais  atachies 
Dont  jamais  n'ierent  relâchies. 

(/to;;i.  de  la  Rose) 

Il  leur  offry  à  rclaschier  leur  trou  iiribut)  pour  dix  ans. 

(Guillebert  de  Metz) 

Relaver,  v.,  laver  (spécialement  la  vaisselle).  S'emploie  abso- 
lument :  Je  vans  coumacieir)  à  u'laver. 

Relavette,  s.  f.,  lavette;  chiffon,  torchon  avec  lequel  on  lave. 
on  relave  ^la  vaisselle).  —  On  applique  ce  nom  à  une  langue  trop 
bien  pendue. 

Relavures,  s.  i".  pi.,  eaux  qui  proviennent  du  lavage  de  la 
vaisselle,  et  consommées  par  les  cochons. 

Ils  ont  patiemment  enduré  des  injures  plus  que  des  iruyes 
ne  boyroient  de  lacailles. 

(Rabelais) 

Relichieir),  v.,  lécher,  relécher.  —  Fam.  s'embrasser  souvent. 
Quelquefois^  5e  relichie[r)  signifie  se  pourlécher,  se  réjouir^,  être 
en  joie,  en  liesse  (vieux.^eece,  lœtitia). 

Quant  sa  granl  biauté  rcmir 
Tout  mi  fet  rcslecier. 

(Perrin  d'Angocourt) 

Toujors  se  doit  fins  cuers  releechirr. 

(Chans.  du  XI II"  s.) 

ReliDcie(r),  v.,  rincer.  —  A  nous  denx  j'ar ans  biniôi  riELi.Nciii 
in  mille  du  boiilei-ics.  —  Relincie(r)  la  lissive^  c'est  passer  les 
linges  à  l'eau  claire  pour  le  nettoyage  tinal.  —  Signifie  également 
mouiller;  êt(r)e  relincie,  être  mouillé  par  la  pluie.  Le  vieux  mol 
Relin  désignait  bien  une  pluie  fine. 

Chi  près  jusqu'à  une  ruée 

Ai  espiet  une  buée 

Que  j'aiderai  à  rechinchier. 

(J.  Bodel,  Jus.  S.  Nicholai) 

Pour  ce  qu'il  faisoit  grand  Rclin,  les  terres  estoient  si  mol- 
les que  cevul  ne  s'en  povoient  ravoir. 

(Froissari) 

Relinçure,  s.  f. ,  rinçure  ;  eaux  qui  ont  servi  à  rincer;  restes 
dans  le  fond  des  vases  où  Ton  a  bu.  —  Par  e-xlension,  liqueur  for- 
tement arrosée  d'eau  :  /  n'sent  vin,  l'café^  ce  n'est  quii  d'ia  rklin- 

ÇURE. 

Reliques,  s.   f.  pi.,  employé  avec    la  signiticalion    de   choses 

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2T4  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

secrètes,  qu'on  doit  cacher;  sert  aussi  à  exprimer  le  relus,  à  écar- 
ter l'indiscrélion.  —  Quoi  'c  quù  t'porles  là  ?  —  Ali  ça,  mon  dus, 
c'est  des  iiELiQLEs.  —  Est-ce  quû  t'iifa  donrai,  dis  ?  —  Ak  bin  oui, 

des  RELIQUES  ! 

Le  Mary.  —  Il  luy  en  laut  pour  son  souj)er. 
Le  CciiÉ.  —  Il  en  aura. 
GriLLEHME.  —  Ouy  ÛGS  reliques. 

(Farce  de  Guiilerme 

Reliter,  v.,  remettre  de  la  litière,  Je  la  paille  aux  bestiaux.  — 
Ai-t'on  r'lité  les  berbis? 

Relo-iie{r),  v.,  relier,  rattacher.  —  P.  p.,  rclo-iie.  —  N'ou- 
bliez mi  dit  r'lo-iier  les  bêles  aussitôt  qu'elles  ra leurrant  !  de 
rattacher  à  leurs  anneaux... 

El  lor  seles  erent  brisies 

En  plus  de  cent  lieus  reloiies. 

(Lai  du  Trot' 

Relo-ïure,  s.  f. ,  reliure,  nouvelle  liure  ou  lo-ïurc. 

Remaitrise,  s.  f.,  assemblée  où  on  nomme  les  maîtres  gar- 
çons, organisateurs  des  fêtes  et  danses*  du  village.  Dit  aussi 
liefairie. 

Remein-ner,  remon-ner,  v.,  reconduire. 

El  disl  H  maire  :  Rcmone  le  a  Chiney  tantosl. 

(Jean  d'Outremeuse") 

Reinett(r)e  quéqu'un,  v.,  le  reconnaître  :  Ah  !  c'est  vous  qu'est 
Guillet  !  Bin,  jii  n'iious  reuettos  mi.  —  Rentrer,  s'approvision- 
ner :  Ju  r'mettraxs  not'blé  demain  au  matin.  —  /  sant  riches  I  i 
REMETTANT  doii  vin.  —  F/fl  don  biau  temps  poit(r)  remett(r)e, 
pour  rentrer  les  produits  des  champs,  les  moissons,  les  foins. 

Remettu,  p.  p.,  remis  (à  la  front.). 

Remins,  inse,  adj.,  remis,  remise.  —  Reconnu.  —  Cornât  'c 
qu'on  li  ai  remins  s'bras,  donc  ?  i  usait  s'a  servi{r).  —  N'i  ai 
moût  longlas  qiCjû  n't'ai  ru.  jii  n't'ai  mi  remins  d'au  premier 
coup,  là  ! 

Remontrer,  remouirer,  v.,  remontrer;  faire  des  remon- 
trances ;  enseigner.  —  Se  conjugue  sur  montrer.  —  Remouteurre 
mii  ça  co  'n  fois  I  —  /  n'ai  pu  méiieir)  d'aUé{r)  à  l'icole,  c't 
afant  là  :  il  a  remouteurre  à  s'maH{r)e. 

Remors,  s.  m.,  arrière-goiit,  souvenir  d'une  chose  mangée  ou 
j,ue.  —  Cute  poire  là  laisse  in  drôle  du  remors.  —  Peut-t'-tre  de 
remémorer? 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  275 

Rempou  iie(r),  Reiapouillie(r),  v.,  mettre  de  nouvelles 
empouilles.  —  Fig.  se  rempou- iie{r)  signifie  aussi  se  remplumer, 
se  refaire  une  bonne  tenue,  une  fortune  :  contraire  de  dppoii- 
ne(r). 

Reinucie(r),  v.^  se  cacher,  se  refourrer,  se  mncie(r)  de  nou- 
veau. —  Va  Va  le  uemucie(r)  vile  das  CliL  m'n  afant,  il  [ail  frad. 

Pour  ce  se  scel  tost  rcmucier 
Un  grant  cerf,  vie!,  malicieux. 

(Lacurne) 

Remu-iie(r)^  v.,  remuer,  déplacer,  secouer,  émouvoir.  — 
P.  p.,  remii-iie.  —  J'sos  si  hodé  qu'jil  7i'sais  pus  me  rejiu-iie(r). 

Je  ne  dis  mie  qu'il  i  fuissent  se  par  remuier  non. 

(Chron.  d'Ernoul) 
Bon  vin  à.  remuier. 

(Motet  anonijmej 

Renaquer,  v.,  vomir;  —  êlre  dégoûté,  renâcler.  —  En  vieux 
français  il  avait  ce  dernier  sens. 

Renard  (piquer  in),  v.,  vomir. 

Renarder,  Renauder,  v.,  piquer  un  renard,  vomir,  rendre 
nourriture  ou  boisson  prise  en  excès. 

Renardiaus,  renardai,  s.  m.,  petit  renard.  —  A  Douzy,  il 
existe  le  lieudit  le  Renardai. 

Se  deux  filz  ot  bien  assenez 
Renars,  qu'il  les  ot  ordenez 
Renardiaus  jacobins  estoit 
Li  ainsnez  et  noirs  draps  vestoii. 

(Jean  de  Condé) 

Renauchie(rj,  v.,  chercher,  fureter,  fourrager  dans  les  meu- 
bles et  ailleurs,  pour  y  trouver  surtout  à  manger.  —  De  Rcnaudy 
renard,  rusé,  malin,  fureteur. 

Renaud,  s.  m.,  souvent  pour  Kenaid  ;  uom  propre  attribue  au 
goupil  dans  les  anciens  romans. 

Renauder,  v.,  s'emploie  souvent  avec  le  sens  de  vomir,  et 
quelquefois  avec  celui  de  rcnauchieir). 

Rencougniei.r),  v.,  rencogner,  mettre,  pousser  dans  le  coin. 

Rendition,  s.  f.,  reddition,  action  de  rendre.  —  /  [aurai  bin 
quijj  i'soyans  n  la  renditio.n  des  comples. 


276  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

La  rendition  de  la  cité  du  Caire. 

{Hist.  d'Alexandre,  Lacurne) 

Rend(r)e,  v.,  rendre.  —  Je  rends,  jrendans  —  j'rendos,  j"ren- 
dains,  etc. . . 

S'il  avenoit jou  et  li  mions  el  mi  hoir  lor   renderiens 

onlirement  tous  lis  cous  et  damaiges  que 

(Cartul.  de  Flines,  année  1245) 

Renfiler  son  nœud,  v.,  partir,  se  sauver,  s'échapper. 

Renforci(r),  v.,  redevenir  fort. 

Rengain-ne,  s.  1'.,  mensonge,  tricherie^.  Uornperie,  feinlise  — 
mauvaise  raison.  — Allons  1  tout  ça  c'est  de  la  rengainne,  lu 
n'mïi  ferais  7 in  accrairc.  —  Le  vieux  mol  était  probablement 
enfjaine,  enging.  d'où  était  issu  le  verbe  engigner,  cngcigner 
(La  Fontaine),  enguainer. 

Rengorgie(r),  v,,  rengorger. 

Reni-iie(r),  reno-iie(r),  v  ,  renier.  —  P.  [>.,  roù-iie,  reno- 
ue, —  ,T[à  RENO-ïE  pou{r)  ma  fille. 

Puisque  chascuns  de  vous  a  se  loy  reno-ïe. 

{Bastars  de  Bâillon) 

En  Flandres  s'en  ala  partout 
Mais  il  l'ont  par  tout  renoiie. 

(Phil,  Mûuskos) 

En  deus  anz  et  demi  cuide  tant  esploitier 
Que  tôt  li  plus  del  siècle  fera  Deu  renoier. 

(Thibaud  de  Marly) 

Renoncie(r)^.  v.,  renoncer.  —  P.  p.,  renoncie. 

Et  ont  renonchie  li  devant  di  oir. 

{Cartul.  d'Orval,  12yi) 

Renou,  renon,  v.,  octave  de  la  fête  paroissiale,  où  l'on  renou- 
velle la  fête.  —  En  Normandie,  on  dit  le  rebond.  Dans  Renou,  il 
faut  peut-être  voir  renouveau,  reneuf,  renoef. 

RenseigDie(r),  v.,  renseigner.  —  P.  p..  reuseignie. 

Rentraise,  s.  f.,  rentrayure,  raccommodage  —  Hentrailure  (au 
dictionnaire). 

Renvers  (au)  el  Renverse  (à  la).  —  Exp.   adv.,  sur  le  dos. 

—  Il  ai  chu  A  LA  RENVERSE  OU   AU  RENVERS.   —  J'iul  nllrupé  AU  REN- 
VERS, par  derrière. 


GLOSSAIRE  dt;  mouzonnais  277 

Je  cuide  bien  qu'il  soit  vray  de  la  grandeur  des  dites   IX 
maladies,  mais  non  pas  de  celles  dont  on  chiet  à  la  renucrse. 

{Evangile  des  Quenouilles) 

Repairer,  v.,  se  retirer  en  un  repaire,  habiter,  demeurer.  — 
Peu  usité.  —  Lu  renard  est  repairk  là. 

Et  en  autres  manières  et  voies  licites  y  (à  Mouzon)  repairier. 
[Règlement  de  la  voirie  à  Mouzon,  1372) 

Répard(r)e,  v.,  répandre,   rendre   épars.  —  J'ans   co   cinqiie 
rliérérs  d'femic(r)  à  nKPARD(R)E  anout. 

Reparti(r),  v.,  partir  de  nouveau,  s'en  retourner. 

Repas  d'chevau,  de  berbis,  s.  m.  Repas  où  l'on  mange  sans 
boire. 

Manger  sans  beivre  est  à  berbis. 

(Prov.  LincyJ 

Repêchie(r),  v.,  repêcher,  rattraper,  ressaisir,  sauver. 
Repeindu,  p,  p.,  repeint,  peint. 


Repeinturer,  v.,  repeindre. 

On  voit  le  pré  de  fleurs  repeinturé. 


(Perceforest) 


Repenser  (se),  v.,  se  consulter,  s'aviser,  repasser  dans  sa 
mémoire,  repenser  en  soi.  —  Durant,  la  nuit,  /'mïi  repensos 
conina  tout  seus,  qu'à  j'ftros  bin  du 

Et  la  dame  se  repanssa 
Qu'ele  avoit  si  grant  tort  eu. 

(Chrestien  de  Troyes) 

Repenti(r)  (se),  v.,  n'existe  pas.  On  dit  n{v]oi{r)  don  regret. 

Répéter,  v.,  réclamer,  obtenir  pour  restitution,  retenir.  —  A 
vendant  noV  cochon,  j'ai  répété  La  tête  et  la  gru-ïelte. 

Bien  créait  l'en  que  leur  pénitences  li  eussent  la  vie  repe- 
tiée  (rendue  restituée). 

^'Guillaume  de  Tyr) 

Rplûre,  r'pleure,  v.,  repleuvoir. 

Replo-iie(r),  v.,  replier;  vaincre,  battre. 

Répond(r)e,  répon(d)re,  v.,  répondre.  —  J'réponrai,  j'répon- 
ros.  —  Dans  l'ancien  français,  rt-ponre  signifiait  cacher,  mettre  eu 
secret.  —  On  dit  :  réponre  quéqmin  :  S'i  m'demande  co  iauques, 
fnû  /'réponrai  mi. 


278  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

lit  cil  a  point  la  respondi 
Tant  com  a  lui  en  aferi. 

(Cléomadès) 

Repoussie(r),  v.,  repousser. 

Repren(d)re.  v.,  reprendre.  —  P.  p.,  reprins.  —  Signifie 
aussi  moquer,  singer,  imiter  quelqu'un.  —  Ça  n'est  mi  biaus,  tu 
sais,  dît  r'puenbi:  î??.  paiiv'  vins  cnmna.  qui  boite,  qui  ne  sait 
marchic{r). 

Simon  de  LomI)US  fait  savoir  qu'il  a  reprins   de  Thommas 

i'arcevesque  de  Rains 

{Aceu  à  Mouzon,  1253) 

Reprochie(r).  v.,  reprocher,  faire  des  reproches.  —  P.  p., 
reprocliie.  —  Quelquefois  Reprouchie{r). 

Cilz  portiers  tant  bel  se  déporte 
Comme  nul  n'i  lait  aprochier 
Dont  venir  li  puist  rcprochier. 

(Watriquet  de  Couvin) 

Un  confort  voi  en  vostre  désevrance 
Que  je  n'aurai  à  Dieu  que  rcprochier. 

(Châtelain  de  Coucy) 

Ce  que  por  nos  soITri  nos  vendra  reprochier. 

(Thibaud  de  Marly) 
Répugnie(r).  v.,  répugner. 

Requaillie(r),  recoua-iie(r),v.,  se  cacher  à  la  façon  des  cail- 
les, se  recoquiller.  —  Recouai-iies-îw  das  Vlit,  m'pauv'  petit 
gueux!  i  fait  moût  frad,  va  ! 

{A  sîdvre.)  N.  Goffart. 


NECROLOGIE 


Mi'  Gortet  (Pierre-Louis-Marie),  évoque  de  ïroyes,  est  mort  le 
do  février  à  Cannes,  emporté  par  la  maladie  de  cmur  dont  il  souf- 
frait depuis  de  longues  années.  Le  vénérable  prélat  a  reçu  les  der- 
niers sacrements  des  mains  de  M.  l'abbé  Deheurles,  supérieur  de 
son  petit  séminaire,  mandé  l'autre  jour  par  télégramme  auprès 
de  Sa  Grandeur.  L'abbé  Deheurles  était  Tancien  secrétaire  parti- 
culier et  rbonune  de  confiance  de  l'évèque  de  Troyes. 

M^r  Corlel  était  né  à  Châleau-Chinon  le  1  mars  1817.  De  bonne 
l'.eure,  il  témoigna  d'un  goîit  très  vif  pour  l'étude.  Aussi  son  père, 
humble  artisan,  s'imposa-t-il  de  lourds  sacrilices  pour  lui  faire 
donner  une  instruction  et  une  éducation  soignées. 

A  sa  sortie  du  petit  séminaire,  l'abbé  Cortet  entra  au  grand 
séminaire-de  A'evers,  mais  il  n'y  passa  que  deux  années,  son  évo- 
que ayant  jugé  à  propos  de  l'envoyer  achever  sa  théologie  à 
Saiul-Sulpice.  Le  grand  séminaire  de  Paris  recrute,  on  ne  l'ignore 
pas,  un  grand  nombre  de  ses  élèves  parmi  les  meilleurs  sujets  des 
diocèses  de  province. 

Ordonné  prêtre  en  i84U,  l'abbé  Cortet,  rappelé  dans  la  Nièvre, 
y  fut  nommé  curé  de  Collemerie.  Bientôt  sa  haute  intelligence, 
sa  prudence,  sa  réputation  naissante  de  prédicateur  attirèrent  sur 
lui  l'attention  de  l'administration  diocésaine.  Il  devint  tour  à  tour 
archiprêlre  de  la  Charilé-sur-Loire,  puis  supérieur  du  petit  sémi- 
naire de  Pignelin,  avec  le  titre  de  vicaire  général  honoraire. 

Il  était  vicaire  général  de  la  Rochelle,  où  l'avait  appelé  Ms'' Tho- 
mas, le  futur  cardinal  archevêque  de  Rouen,  lorsqu'éclata  la 
guerre  franco-allemande.  L'abbé  Cortet  fit  la  campagne  comme 
aumônier  des  mobiles  de  la  Charente.  11  aimait  à  raconter  qu'un 
jour  de  bataille  il  fut  presque  enseveli  sous  les  décombres  d'un 
mur  démoli  par  un  obus,  et  qu'un  de  ses  confrères,  le  tenant  pour 
mort,  après  lui  avoir  donné  à  tout  hasard  l'absolution,  récita  à 
son  intention  le  De  profundis. 

Après  la  guerre,  l'abbé  Cortet  reprit  son  poste  de  vicaire  géné- 
rai de  la  Rochelle.  Une  retraite  ecclésiastique,  qu'il  avait  été 
appelé  à  prêcher  à  Paris,  émerveilla  Mg-^  Guiberl  au  point  que  le 
vénérable  prélat  sollicita  la  nomination  de  son  prédicateur  à 
l'évêché  de  Troyes.  Le  décret  parut  à  l'Officiel  le  17  août  1875. 

M?""  Cortet  avait  tous  les  dons  extérieurs  de  l'orateur  :  la  taille 
majestueuse,  la  voi.x  puissante,  le  geste  large,  l'accent  convaincu, 
le  feu  d'un  regard  brillant  d'intelligence  et  d'énergie.  Il  possédait 
en  outre,  ce  qui  vaut  mieux  encore  pour  un  évêque  :  une  ardente 
et  inépuisable  charité.  Les  œuvres  qu'il  a  fondées   et  auxquelles  il 


280  NKCROLOfilE 

consacrait  toutes  ses  ressources,  orplielinats,  crèches,  écoles 
libres,  patronages,  etc.,  attestent  assez  que  ce  prélat  est  demeuré 
fidèle  jusqu'à  la  fin  à  la  devise  qui  figure  dans  ses  armes  :  Omnia 
vuicU  amor. 

Il  y  a  sept  ans  que  Ms'-  Cortet  était  malade,  et  c'est  à  Paris  qu'il 
avait  contracté  sa  maladie.  Au  mois  de  mai  1<*91,  il  devait  donner 
à  la  Madeleine  un  sermon  de  charité  pour  un  orphelinat  de  gar- 
çons. Trè5  souffrant  déjà,  mais  esclave  de  sa  parole,  il  monta  en 
chaire  malgré  la  défense  des  médecins.  Quelques  jours  après,  il 
était  à  toute  exlrémilé. 

Il  revint  cependant  à  la  vie,  mais  ne  recouvra  jamais  entière- 
ment ses  forces.  Son  intelligence  n'avait  l'ien  perdu  de  sa  lucidité 
et  il  continua  d'administrer  son  diocèse,  mais  il  dut  renoncer  à 
faire  des  tournées  pastorales  et  même  à  paraître  dans  sa  cathédrale. 

L'hospitalité  si  généreuse  et  si  dévouée  qu'il  recevait  chaque 
hiver,  à  Cannes,  dans  la  famille  de  M.  Jules  Desseiligny,  le  fils  de 
l'ancien  ministre,  a  certainement  beaucoup  contribué  à  prolonger 
ses  jours. 

Disons  enfin,  à  la  louange  de  Ms''  Cortet,  que  s'il  se  montra  tou- 
jours modéré  et  conciliant  dans  ses  rapports  avec  le  gouverne- 
ment, il  ne  consentit  jamais  à  aucune  abdication  des  droits  de 
l'Eglise. 

Les  obsèques  de  iMi'""  Cortet  ont  été  célébrées  à  Cannes,  le 
17  février,  à  neuf  heures  et  demie  dn  matin,  en  présence  de  JN.N. 
SS.  Valleau,  évêque  de  Quimper,  Lalty,  évêque  de  Châlons,  Clia- 
pon,  évêque  de  Nice,  et  du  grand-vicaire  de  Monaco,  Mb»"  Theuret, 
en  Péglise  Nolre-Dame-de-Bon-Voyage. 

Le  cortège  s'est  ensuite  rendu  à  la  gare  où  le  cercueil  a  été 
dirigé  sur  Troyes. 

Tony  Révillon,  récemment  décédé,  était  très  populaire  en 
Champagne  où  la  nouvelle  de  sa  mort  a  causé  de  vifs  regrets. 

Celle  popularité  datait  de  188i.  A  Epernay,  cette  année  là,  un 
grand  concours  poétique  fut  organisé  par  !\!.  Armand  Bourgeois  : 
concours  original  à  coup  sûr  et  où  la  célébration  du  vin  de  Cham- 
pagne était  le  sujet  proposé  à  l'inspiration  des  nombreux  poètes 
qui  y  prirent  part. 

De  très  belles  fêles  furent  données  à  cette  occasion  dans  la  cité 
sparnacienne,  et  c'est  ce  bon  Bourguignon  de  Révillon  qu'on  avait 
prié  de  présider  ces  réjouissances  champenoises.  11  y  mit  tant  de 
cordialité,  de  verve  et  de  bonne  grâce,  il  prononça  de  si  jolis 
toasts  et  de  si  fins  discours,  qu'il  fit  littéralement  la  conquête  de 
ses  hôtes. 

On  voit  que  ceux-ci  ne  l'avaient  pas  oublié  après  tant  d'années 
écoulées  :  c'est  à  l'honneur  de  Tony  et  c'est  à  l'honneur  aussi  des 
Champenois. 


NKCROLOOIE  281 


I.e  dimanche  27  février  189S,  M.  Nicolas-François-Alfred  Dufour- 
Bouqiiot,  ancien  imprimeur  à  Troyes,  ancien  membre  du  Conseil 
municipal  de  la  même  ville,  membre  résident  de  la  Sociélé  acadé- 
mique, est  murt  en  quelques  jours,  emporté  par  une  pneumonie 
infectieuse,  compliquée  d'une  maladie  de  cœur. 

M.  Dufour-Bouquot  était  né  en  1834,  à  Astaffort  (Lot-et- 
Garonne);  il  était  par  conséquent  âgé  de  64  ans.  Son  père  sappe- 
lait  Philippe  Dufour  et  sa  mère  Cornélie-Victoire  Laroche. 

11  était  tixé  depuis  si  longtemps  à  Troyes,  y  exerçant  l'honora- 
ble profession  d'imprimeur,  qu'on  peut  presque  le  considérer 
comme  un  Troyen.  Dans  les  loisirs  que  lui  laissaient  ses  multiples 
occupations,  M.  Dufour,  esprit  cultivé,  aimait  à  s'adonner  aux 
nobles  travaux  de  l'intelligence  :  lettres,  sciences,  arls.  rien  ne  lui 
était  étranger. 

De  longue  date,  il  était  membre  de  la  Sociélé  académique  de 
l'Aube,  aux  travaux  de  laquelle  il  prit  toujours  une  part  active,  et 
même,  ea  ces  dernières  années,  la  confiance  de  ses  collègues 
l'avait  appelé  à  les  présider. 

Depuis  quelques  années  seulement,  il  vivait  relire  des  affaires, 
au  Pont-Ilubert,  commune  de  PonlSainte-Marie  (Aube),  en  la 
charmante  résidence  qu'il  avait  aménagée  à  son  goût,  pour  y  vivre 
encore  de  longs  jours.  La  Providence  en  avait  disposé  autrement. 
C'est  là  qu'elle  vint  le  surprendre,  lui  laissant  toutefois  le  temps 
de  recevoir  un  suprême  pardon. 

Ses  funérailles  ont  eu  lieu  le  l"  mars,  à  onze  heures  du  matin, 
au  milieu  d'un  concours  choisi  de  parents  et  d'amis. 

Suivant  le  désir  du  défunt,  la  cérémonie  s'est  accomplie  avec 
simplicité,  et  aucun  discours  n'a  élé  prononcé  sur  la  tombe. 


La  mort  vient  de  frapper  d'un  coup  cruel  une  famille  originaire 
de  Reims,  dans  la  personne  de  M.  Paul  Géruzez,  fils  du  regretté 
Eugène  Géruzez,  ancien  professeur  d'éloquence  à  la  Sorbonne  et 
maître  de  conférenc^îs  à  l'Ecole  normale  supérieure,  dont  il  fut  le 
fervent  disciple. 

M.  Paul  Géruzez  fut,  comme  son  frère  Victor  (l'excellent  de.ssi- 
naleur  Crafty),  un  artiste  aimable  et  estimé  qui  avait  autant  d'ha- 
bileté que  de  goût,  et  de  courtoisie  que  de  talent. 

Il  était  âgé  de  66  ans. 


Le  marquis  de  M  un  est  mort  le  23  mars,  à  dix  heures  du  matin, 
en  son  appartement,  8,  avenue  de  l'Aima,  entouré  de  tous  ses 
enfants  et  pelits-enfants. 


•28'2  NÉCROLOGIR 

Avec  lui  disparaît  l'une  des  plus  belles  ligui'cs  de  i'ainslocratie 
parisienne.  Royaliste  convaincu  et  catholique  fervent,  il  fut  de 
tout  temps  l'exemple  de  toutes  les  vertus  cliréliennes.  Malgré  ses 
quatre-vingts  ans,  il  en  imposait  par  sa  superbe  prestance.  De  son 
premier  mariage  avec  M^^  Eugénie  de  La  Ferronnays,  sœur  du 
comte  Fernand  de  La  Ferronnays  et  de  M™*  Graven,  il  eut  deux 
fils,  le  comte  Uobert  de  Mun,  mort  en  1887,  qui  avait  épousé  la 
princesse  Jeanne  de  Beauvau-Craon,  et  le  comte  Albert  de  Mun,  de 
l'Académie  française,  député  du  Finistère,  et  l'apôtre  zélé  des  plus 
nobles  causes  et  des  revendications  des  classes  ouvrières  par  leur 
retour  à  l'église  catholique. 

De  son  second  mariage  avec  M"'^'  de  Ludre,  le  marquis  de  iMun 
laisse  quatre  enfants  :  la  duchesse  d'Ursel,  la  comtes'^e  Pierre 
d'Harcourt,  la  comtesse  de  Francqueville  et  M.  l'abbé  de  Mun. 

Se  tenant  à  l'écart  de  la  vie  politique,  le  marquis  de  Mun  vivait 
depuis  longtemps  retiré  dans  son  domaine  de  Lumigny,  en  Seine- 
et-Marne,  que  sa  famille  avait  hérité  d'Helvétius.  On  sait  que  le 
célèbre  philosophe,  auteur  du  fameux  traité  De  l'Esprit,  eut  deux 
filles,  dont  l'une  épousa  l'arrière-grand-père  du  marquis  de  Mun, 
l'autre  le  comte  d'Andlau. 

C'est  à  Lumigny  que  le  marquis  de  Mun  menait  une  existence 
patriarcale.  Il  y  réunissait  tous  les  ans,  du  mois  de  juillet  au  mois 
de  janvier,  tousses  enfants  et  petits-enfants.  Ses  chasses  à  tiret 
ses  chasses  à  courre,  servies  par  un  équipage  très  réputé,  étaient 
sa  passion  favorite. 

Sa  mort  est  un  grand  deuil  non  seulement  pour  la  commune 
qu'il  habitait,  mais  pour  tout  le  déparlement,  car  ce  grand  sei- 
gneur, dont  la  charité  était  inépuisable,  n'aimait  qu'à  répandre  le 
bien  autour  de  lui. 

La  famille  de  Mun,  originaire  de  Bigorre,  est  une  des  plus 
anciennes  de  France. 

Plusieurs  de  ses  membres  prirent  part  aux  premières  croisades. 
Leurs  armes  portent  la  boule  du  monde,  surmontée  de  la  croix 
avec  la  devise  :  NU  ultra  vires. 

C'est  le  comte  de  Mun,  fils  aîné  du  comte  Robert  de  Mun,  qui 
hérite  du  nom  et  des  armes  de  la  famille.  Il  est  marié  à  M"^  de 
Venoge,  dont  le  père  est  décédé  récemment  à  Epernay.  Le  nou- 
veau marquis  de  Mun  a  un  frère  et  deux  sœurs,  la  comtesse  Ber- 
trand de  Blacas  et  la  comtesse  Pomereu  d'Aligre. 

Le  comte  Albert  de  Mun,  marié  à  M"''  d'Andlau,  a  également 
quatre  enfants,  dont  l'aîné  est  le  comte  Bertrand  de  Mun,  marié 
l'été  dernier  à  M"''  Werlé,  de  Reims. 

Les  obsèques  du  marquis  de  Mun  ont  été  célébrées  le  samedi 
26  mars,  à  dix  heures,  en  l'église  Saint-Pierre  de  Chaillot.  Le 
corps  a  été  ensuite  transporté  à  Lumigny,  où  l'inhumation  a  eu 
lieu  le  lundi  28  dans  le  caveau  de  famille. 


NÉGROLOGIF.  283 


Nous  avons  !e  regret  d'apprendre  la  morl  de  M.  Alplionse 
Vélault,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  Rennes. 

M.  Vétault  s'était  fait  de  nombreux  amis  à  Châlons  où,  au  sortir 
de  l'Ecole  des  Chartes,  il  avait  résidé  pendant  dix  ans,  de  1868  à 
1878,  comme  archiviste  départemental. 

On  n'a  pas  oublié  avec  quelle  compéleace  et  quel  soin  il  admi- 
nistra le  vaste  et  précieux  dépôt  qui  lui  ét'iit  confié,  11  avait  su 
trouver,  au  milieu  de  ses  occupations,  des  loisirs  pour  se  livrer  à 
d'importants  travau.\  historiques.  C'est  pendant  son  séjour  à  Châ- 
lons qu'il  publia  les  Vies  de  Suger  et  de  Godefroy  de  Bouillon,  et 
surtout  cette  belle  Histoire  de  Charlemaçjîie,  une  des  merveilles 
sorties  de  l'imprimerie  Marne,  ot  qui  valut  à  son  auteur  le  grand 
prix  Gobert,  décerné  par  l'Académie  française  aux  meilleurs 
ouvrages  historiques. 

On  doit  encore  à  M.  Vétault  diverses  publications  relatives  à 
notre  histoire  locale,  et  notamment  son  étude  sur  l'Ancienne 
ma7iii facture  de  Chdlons,  qui  retrace  avec  tant  de  précision  les 
phases  diverses  de  l'industrie  à  Châlons  sous  l'ancien  régime. 

Voici  en  quels  termes  le  Journal  de  la  Marne,  par  la  plume 
d'un  de  nos  confrères  les  plus  autorisés,  apprécie  la  carrière  scien- 
tifique et  administrative  de  cet  érudit  distingué  : 

a  M.  Alphonse  Vétault,  ancien  archiviste  du  département  de  la 
Marne,  bibliothécaire  en  chef  de  la  ville  de  Rennes,  vient  de  mou- 
rir dans  cette  ville,  après  une  longue  maladie.  Les  services  qu'il  a 
rendus  ici  et  ailleurs  valent  bien  qu'on  les  rappelle  au  souvenir  de 
ceux  qui  furent  les  témoins  de  sa  première  activité. 

«  C'est  au  sortir  de  l'Ecole  des  Chartes,  en  136S,  que  Vétault 
fut  appelé  à  la  direction  du  dépôt  de  la  Marne.  Le  bâtiment  actuel 
des  Archives  était  à  peine  achevé.  Pour  son  début  dans  la  carrière, 
Vélault  dut  y  installer  et  y  classer  ce  vaste  ensemble  de  pièces 
historiques  et  administratives,  jusqu'alors  relégué  dans  les  com- 
bles de  la  Préfecture  où  les  nécessités  du  temps  l'avaient  comme 
enseveli,  ignoré  du  public,  inaccessible,  presque  inutile  à  l'admi- 
nistration même  qui  en  avait  la  garde.  A  la  suite  de  son  prédé- 
cesseur, il  commença  par  introduire  Tordre  et  la  lumière  là  où  il 
n'y  avait  encore  que  confusion  et  obscurité  :  ce  qu'il  eut  à  dépen- 
ser, dans  ce  pénible  labeur,  d'activité  et  d'intelligence  profession- 
nelles, ceux-là  seuls  le  savent  qui,  ayant  connu  la  situation  des 
Archives  de  la  Marne  à  cette  époque,  ont  mesuré  l'étendue  de  la 
tâche  à  remplir  et  les  résultats  auxquels  Vélault  élail  arrivé  après 
dix  années  employées  par  lui  à  organiser  son  service. 

«  Ces  mêmes  qualités  d'organisateur,  il  les  déploya  sur  un 
autre  théâtre,  lorsqu'en  1878  la  ville  de  Rennes  lui  confia  le  soin 
d'administrer  sa  bibliothèque  :  là  aussi  un  labeur  opiniâtre  lui 
permit   de  rétablir  l'ordre  dans  un  dépôt  quelque  peu   négligé 


284  NÉCROLOGIE 

avant  lui  et  de  dresser  un  catalogue  complet,  instrument  indis- 
pensable de  toute  bibliothèque,  plus  indispensable  encore  à  celle 
d'une  grande  ville  qui  est  aujourd'hui  le  siège  d'une  de  nos  Uni- 
versités régionales. 

«  Cependant^  les  devoirs  de  sa  fonction  n'empêchaient  pas 
Vétault  de  se  livrer  à  d'importants  travaux  personnels.  Il  consa- 
crait le  jour  à  ses  obligations  professionnelles  el  réservait  une 
partie  de  ses  nuits  à  la  composition  d'un  grand  ouvrage,  VHistoire 
de  Charlemagne,  qui  lui  valut  en  1877  le  grand  prix  Gobert,  la 
plus  haute  des  récompenses  que  l'Académie  Française  puisse 
décerner  aux  publications  de  ce  genre.  Celle  oeuvre  révéla  en  lui 
un  réel  talent  d'écrivain,  mérite  assez  rare  chez  les  érudits  de  pro- 
fession, auquel  le  secrétaire  perpétuel  rendit  hommage  dans  le 
rapport  qu'il  adressa  à  rAcadémie. 

•'  Dans  son  ensemble,  dit  M.  Camille  Douccl,  l'ouvrage  de 
M.  Vétault  se  dislingue  par  des  qualités  vraiment  supérieures. 
Combiné  avec  art,  le  tableau  général  est  tracé  largement,  et  la 
figure  du  grand  empereur  y  apparaît  dans  un  juste  relief.  »  De  ce 
livre,  le  rapporteur  a  pu  dire,  sans  dépasser  la  mesure  de  l'éloge, 
que  notre  littérature  hibtorique  y  a  gagné  un  monument  qui  lui 
manquait,  car  le  Chaiiemagne  de  Vétault  est  le  premier  ouvrage 
de  langue  française  où  la  biographie  du  roi  franc  soit  traitée  d'une 
manière  digne  du  sujet. 

V  Personne  ne  contredira  si  nous  ajoutons  qu'aux  mérites  de 
l'écrivain,  du  savant  et  du  fonctionnaire,  Vétault  joignait  de  pré- 
cieuses qualités  personnelles.  Ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  et 
l'avantage  de  l'approcher  n'ont  pas  oublié  la  sûreté  de  son  com- 
merce, l'aiïabilité  de  ses  manières  et  son  inépuisable  obligeance 
qui,  partout  où  il  a  passé,  lui  ont  concilié  de  nombreuses  sympa- 
thies ;  ces  amitiés,  justement  acquises  à  un  homme  de  sa  valeur, 
garderont  de  lui  un  long  et  pieux  souvenir. 

«  Châlons,  20  mars  1898.  »  P.  Pélicirr. 


Deux  centenaires  sont  morts  récemment  dans  le  département 
de  l'Yonne. 

Le  premier,  le  père  Jean  Caigé,  de  Villeneuve-sur-Yonne,  est 
décédé  à  lâge  de  cent  ans  et  neuf  mois. 

Ne  à  Villeneuve-sur-Yonne^  le  14  avril  1797,  le  vénérable  vieil- 
lard a  vécu  dans  cette  charmante  petite  ville  jusqu'à  l'âge  de  qua- 
tre-vingt-cinq ans,  partagé  entre  les  travaux  de  sa  profession  de 
tanneur  et  la  culture  de  ses  vignes. 

En  1882,  il  alla  se  fixer  à  Montlhéry,  où,  au  pied  de  la  tour  his- 
torique, fut  célébré,  en  1897,  le  centenaire  de  sa  naissance. 

A  part  une  fièvre  typhoïde  qui  l'affecta,  à  l'ûge  de  vingt  ans, 
d'une  légère  surdité,  ce  grand  vieillard  n'avait  jamais  éprouvé  le 
moindre  malaise  durant  sa  longue  existence. 


NÉCROLOGIE  28o 

Le  second  cenlenaire,  M.  Louis- Victor  Bailiot,  luu  des  rares 
survivants  de  Waterloo,  et,  croyons-nous,  le  dernier  médaillé  de 
Sainte-Hélène,  est  mort  le  3  février,  à  Carisey  (V'onne),  à  làge  de 
cent  cinq  ans  et  dix  mois. 

M.  Victor  Bailiot  avait  été  décoré  de  la  Légion  d'honneur,  il  y  a 
deux  ans,  par  M.  Félix  Faure,  en  gare  de  Laroche. 

Détail  curieux,  M.  Victor  Bailiot  avait  été  réformé,  à  l'Age  de 
vingt  ans,  comme  phtisique. 


En  octobre  1896,  M.  Mariotte  décédait  à  Paris,  laissant  à  Ciiau- 
mont^sa  ville  natale,  un  million  pour  la  construction  d'un  hôpital 
affecté  aux  vieillards.  Les  restes  de  cet  homme  de  bien  ont  été 
transportés  à  Chaumont,  où  l'inhumation  définitive  a  eu  liou  dans 
les  derniers  jours  de  janvier.  La  foule  était  considérable. 

Au  cimetière,  M.  Fourcaut,  maire,  a  prononcé  un  éloquent  dis- 
cours et  rendu  hommage  à  la  mémoire  du  défunt. 


On  annonce  également  la  mort  : 

De  M.  Auguste  Grévin,  manufacturier,  décédé  à  Heims,  le 
2  février  1898,  dans  sa  soixante-neuvième  année  ; 

—  De  M.  Gustave  de  Boislaville,  décédé  à  Coulommieis,  à  làge 
de  89  ans  ; 

—  De  M.  Aimable-Charlemagne  Francière,  conseiller  municipal 
de  Châlons,  décédé  à  l'âge  de  74  ans  ; 

—  De  M.  Casalta,  premier  adjoint  de  Saint -Dizier,  administra- 
teur de  l'hospice,  trésorier  perpétuel  et  président  d'honneur  de  la 
Société  de  secours  mutuels. 

La  ville  lui  a  fait,  le  9  février,  des  funérailles  émues,  et  l'abbé 
Meltrier.  curé-doyen  de  l'église  Notre-Dame,  avant  l'absoute, 
MM.  Georges,  second  adjoint,  et  de  la  Fournière,  au  nom  des  éco- 
les libres,  au  cimetière,  ont  prononcé  l'éloge  du  défunt  ; 

—  De  M.  Eugène  Blandin,  ancien  avoué,  ancien  maire  et 
député  d'Epernay,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur^,  décédé  à 
Neuilly  (Seine),  le  14  février  1898,  à  l'âge  de  67  ans. 

Il  avait  été  secrétaire  d'Etat  au  département  do  la  guerre  dans 
le  cabinet  Gambetta. 

Son  corps  a  été  ramené  à  Epernay,  où  les  obsèques  ont  eu  lieu 
le  9  mars  ; 

—  De  M.  l'abbé  Collot,  curé  de  Belleville-sur-Bar  (Ardennes), 
décédé  à  l'âge  de  SiJ  ans,  dont  soi.xante  années  de  sacerdoce  et 
cinquante  dans  la  paroisse  de  Belleville  et  celle  de  Toges,  qu'il 
avait  renoncé  à  desservir  depuis  deux  ans  seulement; 

—  De  M.  Auguste  Lochet,  qui  fut  huissier-audiencier,  pendant 
prés  de  quarante  ans,  au  Tribunal  civil  de  Châlons. 


286  NÉCROLOGIE 

M.  Lochel,  d'une  vieille  et  honorable  famille  ehâlonnaise,  avait 
succédé  à  son  père,  lequel  avait  remplacé  son  beau-père,  M.  Gos- 
sel,  nommé  huissier-audiencier  en  1800,  lors  de  l'organisation  du 
Tribunal  civil  ; 

—  De  M.  Louis-Victor  Malra,  rédacteur  du  Courrier  de  la 
Champagne,  décédé  à  Reims,  le  17  lévrier  1898,  dans  sa  cin- 
quante-cinquième année  ; 

—  De  M.  Lévêque,  ancien  receveur  principal  des  Contributions 
indirectes,  décédé  à  Chàlons. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  19  février; 

—  De  M""»  veuve  Paul  Pierrard,  décédée  à  Arcachon,  le 
21  février  1898. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  Reims,  le  21»,  en  l'église  Saint- 
André  : 

—  De  M.  Pierre-Auguste  Billard,  manufacturier,  décédé  à  Pont- 
faverger  (Marne),  le  24  février  1898,  dans  sa  soixante-douzième 
année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu,  le  26,  en  l'église  Saint-Médard  de 
Pontfaverger  ; 

—  Des  époux  Thirion-CIaudon  qui,  nés  le  même  jour  en  ISlo, 
et  mariés  en  1848,  se  sont  doucement  éteints  le  même  jour 
17  février  1898,  à  Violot  (Haute-Marne),  à  l'âge  de  83  ans  ; 

—  De  M.  Louis  David,  vice-président  de  la  Chambre  de  Com- 
merce de  Sedan. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  Sedan,  le  28  février,  en  réglisc 
Saint-Charles  ; 

—  De  M.  César  Blion,  décédé  à  Pocancy  (Marne),  à  l'âge  de 
87  ans  ; 

—  De  M.  labbé  Lenfumé,  curé  de  Dosnon  (Aube)  depuis 
soixante-deux  ans,  chanoine  honoraire,  décédé  à  l'âge  de  89  ans. 

11  était  né  à  Arcis-sur-Aube,  le  4  novembre  1808. 
Les    obsèques  ont  été  célébrées   à  Dosnon,  le  ?8   février,    au 
milieu  d'une  nombreuse  assistance; 

—  Du  baron  Alphonse  de  Launay,  ancien  sous-préfet,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  décédé  à  Paris,  le  20  février,  à  l'âge  de 
68  ans. 

Gendre  de  M.  Benjamin  Perrier,  de  Châlons,  il  était  devenu 
chef  de  cette  importante  maison  de  vins  de  Champagne,  et  avait 
continué  les  traditions  de  la  famille  en  coopérant  à  toutes  les 
œuvres  de  bienfaisance. 

M.  le  baron  de  Launay  était  le  frère  du  général  de  Launay, 
ancien  commandant  de  corps  d'armée.  Il  présidait,  en  188o,  le 
Comité  conservateur  libéral  de  la  Marne. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  24  février,  en  Téglise  Notre-Dame  de 
Châlons.  en  présence  d'une  foule  nombreuse. 


NÉCROLOGIE  287 

Au  cinietiéie,  M.  Redouiu  a  pris  la  parole  et  rappelé  le  souvenir 
des  qualités  qui  distinguaient  le  regretté  défunt  ; 

—  De  M.  l'abbé  E.  Desoize,  curé  de  iMontcornel  et  d'Arreux 
(Ardennes),  décédé  à  l'âge  de  GO  ans  ; 

—  De  M.  Charles  Mangin,  ancien  directeur  des  Conlrihulions 
indirecte?,  décédé  à  Saint-Martin  d'Ablois  (Marne),  le  l""  mars 
1808,  à  l'âge  de  72  ans  ; 

—  De  Mrac  veuve  Ragot-David,  décédée  à  Reims,  le  4  mars 
1898,  à  l'âge  de  87  ans  ; 

—  De  M.  l'abbé  Besset,  curé-doyen  de  Carignan  depuis  1886, 
décédé  le  14  mars,  à  l'âge  de  8G  ans. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  16  mars,  au  milieu  d'une  grande 
aftiuence  de  prêtres  et  de  fidèles. 

—  De  M.  Louis-Henri-Gaétan  de  V'enoge,  commandeur  de  l'or- 
dre de  Saint-(îrégoire-le-Grand,  négociant  en  vins  de  Champagne, 
décédé  à  iNice  le  17  mars,  dans  sa  cinquante-cinquième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  Epernay,  le  21  mars. 
Le  deuil  était  conduit  par  le  comte  Adrien   de  Mun,   gendre  du 
défunt  ; 

—  De  M.  l'abbé  Drubigny,  ancien  doyen  de  Fismes,  ancien 
archiprêtre  de  Sedan,  chanoine  honoraire  de  Reims,  décédé  le 
19  mars  à  la  Neuvilie-aux-Joutes  (Ardennes),  son  village  natal, 
dans  sa  soixante-quinzième  année  ; 

—  De  M.  le  docteur  Flamain,  décédé  le  20  mars,  à  Dampierre- 
le-Chàteau  (Marne),  dans  sa  cinquante-quatrième  année  ; 

—  De  M.  Page,  receveur  de  l'enregistrement  à  Vitry-le- Fran- 
çois, décédé  à  l'âge  de  47  ans  ; 

—  De  M"""  Sophie-Victoire  Pastour,  veuve  Gravel,  décédée  à 
Saint-Léger-sous-Margerie  (Marne),  dans  sa  centième  année. 

Née  le  14  nivôse  an  III  (3  janvier  1799),  M"""^  Gravel  était  de 
petite  taille  et  d'une  constitution  délicate.  Elle  a  conservé  jusqu'à 
la  mort  toute  sa  lucidité  d'esprit  et  la  validité  de  ses  membres; 
elle  ne  sortait  guère  fle  la  maison,  mais  vaquait  assez  facilement 
aux  travaux  de  son  intérieur; 

—  De  M.  Lambert-Auguste  Rinable,  ancien  adjoint  au  maire  de 
Charleville,  membre  de  la  Commission  administrative  de  l'hos- 
pice, président  de  la  Société  d'horticulture  des  Ardennes. 

Ses  obsèques  ont  eu  lieu  le  ;iO  mars  1S98,  en  l'église  de  Char- 
leville. 


BIBLIOGRAPHIE 


L'ArcInteclurc  leligievst  dans  l'ancien  diocèse  de  Soissotis  au  A7*  el  au 
XII'  siècle,  par  Eugène  I.iïfèvre-Fontalis,  aucien  élève  de  l'Ecole  des 
Charles.  Tome  secoud,  qualrième  livraison  suivie  d'additions  elde  coirec- 
lions,  et  des  tables  du  volume  eutier.  —  l'aris,  Pion,  1B97.  lu-folio. 

Jamais  nos  églises  rurales  n'ont  été  à  pareille  tète.  Voici  un 
auteur  qui  les  aime,  qui  les  visite  dans  leur  région  la  plus  féconde, 
et  qui  en  reproduit  et  en  décrit  la  partie  essentielle  pour  la  pre- 
mière, puis  pour  la  seconde  moitié  du  xn^  siècle.  Au  texte  des- 
criptif de  88  édifices,  dont  la  calliédrale  et  deux  anciennes  églises 
de  Soissons,  vient  rejoindre  une  admirable  suite  de  1)3  planches, 
où  s'accumulent  tous  les  détails  imaginables  de  Tarchitecture 
romane  et  de  rarchiteclure  gothique  du  xii«  siècle. 

Avant  d'entrer  dans  l'examen  des  monuments  décrits,  disons 
qu'un  simple  coup  d'oeil  sur  cette  splendide  illustration  oflfre  un 
enseignement  multiple  et  pour  ainsi  dire  infini.  La  lin  du  style 
roman,  l'origine  du  style  gothique,  quel  plus  beau  problème 
s'offre  à  nos  recherches?  M.  Lefèvre-Pontalis  a  voulu  faire  œuvre 
régionale,  mais  voici  que  ses  églises  du  Soissonnais,  dont  les  types 
sont  si  bien  choisis,  se  trouvent  être  les  sœurs  de  mille  autres 
églises  champenoises,  barroises,  picardes,  etc.  Je  reconnais  sur 
l'une  de  ces  planches  un  motif  de  décoration,  un  chapiteau,  une 
baie,  un  clocher  entier  d'une  église  de  n'importe  quel  autre  pays, 
et  je  réussis  ainsi  à  dater,  à  bien  connaître  et  à  restituer,  s'il  est 
nécessaire,  le  fragment  ou  l'édifice  qui  m'intéresse.  On  ne  tra- 
vaille jamais  pour  soi  seul,  lorsqu'on  est  érudit  consciencieux. 

Mais,  en  dehors  du  service  général  rendu  de  la  sorte  à  l'archéo- 
logie tout  entière  du  Nord  et  de  l'Est  de  la  France,  l'ouvrage  que 
nous  recommandons  offre  dans  son  second^olume  les  plus  utiles 
monographies  locales  pour  les  départements  de  l'Aisne,  de  l'Oise 
el  de  la  Marne.  Chacun  prêche  pour  son  saint,  et  nous  signalerons 
d'abord  aux  lecteurs  de  la  Revue  de  Champagne  des  environs  de 
Ghàteau-Tliierry,  les  notices  sur  les  églises  de  Brasies,  de  Bruyè- 
res-sur-Fère,  de  Crézancy,  de  Lalilly^  de  Sergy,  de  Vieils-Mai- 
sons,  de  Croultes,  de  Mareuil-en-D6le,  de  Saponay.  etc. . .  Puis,  en 
nous  rapprochant  des  environs  de  Fismes,  aux  contins  du  Rémois 
et  du  Soissonnais,  nous  indiquerons  les  études  sur  les  églises  de 
Bazoches,  de  Glennes,  de  Lhuys,  de  Merval  et  de  Vailly. 

Enlin,  dans  le  département  même  de  la  Marne,  nous  avons  à 
citer,  pour  le  texte  ou  pour  les  planches,  les  plus  utiles  renseigne- 
ments, tracés  et  descriptions  concernant  les  églises  de  Courthiézy, 
de    Marcuil-le-Port,    de    Vandières,    de    Verneuil-sur-Marnc,    de 


a 


lUBLlOaRAPHlE  '1^'J 

Daiuery  (bel  et  curieux  édifice  entre  tous)  et  de  Saint-Gilles  pour 
son  clocher  octogonal.  Voilà  une  solide  contribution  apportée  au 
futur  répertoire  archéologique  départemental,  comme  aux  réper- 
toires plus  faciles  à  dresser  des  cantons  et  des  arrondissements  de 
la  Marne.  Ce  qui  rend,  en  ell'et,  si  appréciable  l'œuvre  entreprise 
par  M.  Lefèvre-Ponlalis,  c'est  qu'elle  n'abonde  qu'en  types  origi- 
naux, eu  véritables  modèles  ou  spécimens  de  nos  plus  belles  égli- 
ses. AU  unâ  disce  omnes,  peut-on  dire  en  achevant  telle  de  ses 
monographies. 

Remercions  donc  le  savant  distingué,  qui  s'est  fait  touriste, 
dessinateur  et  architecte,  pour  appeler  dignement  nos  regards  cl 
noire  attention  persévérante  sur  nos  cathédrales  comme  sur  les 
moindres  de  nos  chapelles  rustiques.  Avec  lui,  rien  ne  se  perdra 
de  ces  richesses  d'art  de  nos  derniers  villages,  vieux  témoins  si 
touchants  de  la  foi  et  du  goût  éclairé  de  nos  ancêtres. 

H.  .1 


De  la  noblesse  maternelle  en  Fhance  et  particulièrement  en 
Champagne,  par  M.  Marcel  Grau,  docteur  en  droit;  Paris,  imprimerie 
des  Ecoles,  Henri  Jouve,  1898,  1  vo'.  in-S»  de  123  pages. 

Au  début  de  l'année  courante,  M.  Marcel  Grau  présentait  à  la 
Faculté  de  Droit  de  Paris  une  thèse  sur  Lanoblesse  maicrneUc  en 
France  et  yarticidicrement  en  Champagne^  qui  lui  a  valu  le  titre 
de  docteur  et  qui  est  de  nature  à  intéresser  tout  spécialement  les 
lecteurs  de  cette  Revue. —  A  en  juger  par  les  trois  grandes  pages 
de  bibliographie  que  l'auteur  a  placées  à  la  lin  de  son  travail 
(p.  118  etsuiv.),  il  semblerait  que  tout  ait  été  dit  sur  la  matière 
et  qu'il  soit  désormais  supertlu  de  revenir  sur  un  sujet  depuis 
longtemps  épuisé.  Il  n'en  est  rien  pourtant,  et  M.  Grau  s'est  chargé 
de  le  démontrer  victorieusement. 

Son  étude,  rédigée  avec  beaucoup  de  soin,  témoigne  d'une  éiu- 
dition  déjà  vaste  et  très  sûre  d'elle-même  ;  elle  se  compose,  avec 
une  Introduction,  une  Conclusion  et  trois  Appendices,  de  quatre 
chapitres. 

Le  but  que  s'est  proposé  l'auteur  a  été  d'examiner  une  célèbre 
règle  de  filiation  admise  dans  notre  ancien  droit,  notamment  en 
ce  qui  touche  la  transmission  de  la  noblesse,  et  l'exception  remar- 
quable et  fort  curieuse  qui  lui  fut  apportée. 

La  règle  se  composait  d'un  axiome  cité  couramment  par  nos 
anciens  auteurs  et  composé  de  ces  deux  phrases  :  «  La  verge  ano- 
blit ;  le  ventre  alfranchit.  »  Il  en  résultait,  d'une  part,  que  l'en* 
tant  né  du  mariage  d'un  homme  noble  et  d'une  franche  temme 
non  noble  était  noble,  tandis  qu'il  était  roturier  dans  le  cas  con- 
traire, et,  d'un  autre  côté,  que  l'enfant  né  d'un  serf  et  d'une 
femme  franche  suivait  la  condition  de  sa  mère  et  naissait  franc. 
Or,  à  la  première  partie  du  brocard  qu'Antoine  Loyscl  nous  indi- 


-90  BIBLIOGRAPHIE 

quecouinic  elaiiL  j^enéralemenl  accepté  et  suivi  pour  le  tout  en  pa)'s 
de  coutumes,  il  avait  cependant  été  apporté  quelques  déroga- 
tions. C'est  ainsi  que  les  coutumes  rédigées  de  Cliampagne,  de 
Barrois  et  d'Artois  nous  montrent  qu'il  suffisait  que  l'un  des  deux 
époux,  même  la  mère,  fût  noble,  pour  que  les  enfants  le  fussent 
pareillement,  de  telle  manière  que,  d'après  ces  coutumes,  il  était 
vrai  de  dire  que  le  ventre  anoblit. 

Cela  étant,  d'où  vient  la  règle,  d'où  vient  l'exception  ?  Pourquoi 
certaines  coutumes  admettaient-elles,  dans  tout  ce  qu'il  pouvait 
avoir  d'utile  à  l'enfant,  le  principe  :  Partus  xerjuitur  ventrein, 
alors  le  plus  grand  nombre  en  limitaient  l'application  et  la  portée 
à  l'affranchissement?  11  n'y  aurait  là,  d'après  M,  Grau,  que  le 
résultat  d'un  mélange  assez  notable  des  coutumes  germaniques  et 
du  droit  romain,  et  c'est  dans  ce  sens-là  qu'il  conviendrait, 
d'après  lui,  de  chercher  la  véritable  solution  de  la  question. 

De  la  sorte,  le  plan  qu'il  a  adopté,  et  qui  s'imposait  à  lui,  se 
dégage  logique  et  naturel.  Après  avoir  rappelé  les  principes  de  la 
filiation  en  droit  romain  et  en  droit  germanique,  il  nous  fait  assis- 
ter au  mélange  des  deux  principes  lors  de  la  conquête  franque, 
comme  à  leur  évolution  à  travers  le  Moyen-âge  et  l'époque 
féodale.  Il  nous  montre  comment  ainsi  on  abouHt  à  la  noblesse  de 
mère  et  comment  elle  se  développe  pour  disparaître  presque 
entièrement  au  xvn^  et  au  xviiie  siècles. 

Le  chapitre  l'^"',  consacré  à  l'ancien  droit,  nous  retrace  les  prin- 
cipes de  la  filiation  en  droit  romain  en  Gaule  et  en  Germanie. 
Réservé  à  l'époque  barbare  et  féodale,  le  second  contient  l'analyse 
du  principe  de  la  filiation  niaternelle  dans  les  lois  barbares,  et  des 
règles  de  la  filiation  et  de  la  noblesse  maternelle  d'après  les  pre- 
miers coulumiers.  —  Avec  le  chapitre  suivant,  nous  arrivons  aux 
coutumes  rédigées.  Une  première  section  se  charge  de  nous  faire 
connaître  les  règles  générales  de  la  filiation.  Parmi  les  coutumes 
qui  prennent  soin  de  régler  expressément  la  condition  des  person- 
nes, il  n'en  est  que  dix  qui  admettent  la  noblesse  maternelle.  On 
doit,  à  ce  sujet,  savoir  gré  à  l'auteur  de  ne  pas  s'être  borné  à  les 
énumérer,  mais  d'en  avoir  reproduit  la  teneur  même;  ce  sont  : 
les  coutumes  du  baillage  de  Troyes  (art.  1),  de  Meaux  (art.  IV),  de 
Sens  (art.  149),  de  Chaumont  (art.  2),  de  Chàlons  (art.  2),  de 
Vitry  (art  Ht),  de  liar-le  Duc  (art.  71),  de  Saint-.Mihiel  (titre  I, 
art.  2),  de  Clermont-en-Argonne  (chapitre  II,  art.  l*"""  et  2)  et 
d'Artois  (ancienne  coutume,  art.  1  i-1  ;  nouvelle  coutume,  art. 
lOS).  Une  seconde  section  précise  la  condition  des  nobles  de  mère 
d'après  les  coutumes  rédigées.  —  Quant  au  chapitre  IV  et  der- 
nier, il  a  trait  à  la  noblesse  maternelle  depuis  la  rédaction  des 
coutumes.  Tandis  qu'une  première  section  l'envisage  tour  à  tour 
dans  les  anciens  auteurs  et  d'après  la  jurisprudence,  une  seconde 
section  nous  retrace  l'origine  et  la  nature  de  la  noblesse  mater- 
nelle d'après  quelques  auteurs. 

La  conclusion  qui  couronne  l'ensemble  des  développements  qui 


filBLIOOBAPUIK  291 

précèdent  ueii  contient  que  le  résumé  et  nous  montre  très  nette- 
ment l'état  du  droit  et  de  la  législation  depuis  les  originesjusqu'à 
la  fin  de  l'ancien  régime. 

Des  trois  Appendices  qui  terminent  la  thèse  de  M.  Grau,  le  pre- 
mier est  rendu  de  beaucoup  le  plus  important  par  une  précieuse 
découverte  du  jeune  savant,  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  sou 
esprit  d'investigation.  Ce  premier  Appendice  est  relatif  à  l'indica- 
tion de  l'ancien  Coullimiei'  champenois,  dont  les  diiférents 
manuscrits  n'ont  jamais  fait  jusqu'ici  l'objet  d'une  édition  criti- 
que. Or,  on  ne  connaissait  que  cinq  textes  de  ce  CaïUiimier  possé- 
dés par  la  Bibliothèque  nationale,  alors  qu'il  en  existe  en  réalité 
six  :  c'est  ce  sixième  manuscrit  (il  est  du  xm^  siècle)  qui  figure 
sous  le  n»  o3i7  du  fonds  français  actuel,  que  M.  Grau  a  eu  la 
bonne  fortune  de  découvrir.  —  Le  second  Appendice  reproduit 
un  très  intéressant  jugement  de  la  première  moitié  du  w'-  siècle 
(il  est  du  14  mars  1430),  portant  reconnaissance  de  noblesse  uté- 
rine, et  le  troisième,  non  moins  utile  que  les  précédents,  contient 
un  tableau  des  coutumes  admettant  la  noblesse  maternelle  et  la 
servitude  personnelle. 

Au  total,  l'œuvre  de  début  du  jeune  docteur  est  de  celles  qui 
méritent  d'être  prises  en  considération  et  qui  sont  dignes  d'autre 
chose  et  de  mieux  que  d'un  simple  succès  d'estime.  En  en 
recommandant  très  chaudement  la  lecture  à  tous  ceux  qu'inté- 
resse le  délicat  problème  de  la  noblesse  maternelle,  nous  n'en- 
tendons pas  payer,  par  un  éloge  banal,  le  plaisir  personnel  qu'un 
examen  attentif  de  son  contenu  nous  a  procuré  ;  nous  tenons  à 
attirer  l'attention  sur  une  monographie  dont  tout  le  monde 
pourra  bien,  il  est  vrai,  ne  pas  partager  les  conclusions  ou  les 
idées,  mais  à  laquelle  nul  ne  refusera  de  reconnaître  les  qua'ités 
rnailresses  qui  font  un  bon  livre. 

P. -Louis  Lucas, 

Professeur  de  Droit  civil  k  la  Faculté 
de  Droit  de  l'Université  de  Dijon. 


Am.  àIargrv  et  Tabbé  E.  Mullek.  —  Pierre  Séguin,   ligueur,   reclus  et 
écrivain  (1588-1636).  Senlis.  imp.  Dufresne,  1897,  in-S"  de  204  p. 

L'abbé  Muller  et  M.  .Margry  viennent  de  publier,  dans  les 
.Mémoires  du  (Comité  archéologique  de  Senlis,  un  document  qui 
peut  intéresser  les  lecteurs  de  la  Revue.  C'est  la  vie  de  Pierre 
Séguin,  rédigée  par  Charles,  son  frère. 

Pierre  Séguin,  fils  de  Philippe,  procureur  du  roi  à  Senlis,  l'ut, 
dès  l'âge  de  18  ans,  attaché  à  M.  du  Val  de  Mondreville  qui  devint 
baron  de  Hans  et  comte  de  Dampierre-le-Château.  Celui-ci  le  fit 
entrer  dans  la  maison  du  duc  de  Guise.  Pierre  Séguin  embrassa 
avec  ardeur  le  parti  de  la  Ligue  et  y  prit  une  part  active  les  armes 
il  la  main,  puis  en   Io96,,  après  le  siège  de  Paris  et  l'efTondrcment 


29-  BIBLIOGRAPHIE 

des  affaires  de  la  Ligue,  il  se  convertit,  se  lit  ermite,  et,  vers  1599, 
s'enferma  dans  l'ermitage  de  Sainte-Marguerite  près  de  Nancy, 
puis  dans  celui  de  Sainte-Marie  des  Reclus.  Il  mourut  en  1636  après 
avoir  édifié  tous  ceux  qui  l'approchaient  par  ses  salutaires  conseils 
et  sa  vie  austère  et  pieuse. 

Dans  les  lettres  qui  accompagnent  la  biographie  due  à  Philip|)e 
Séguin,  il  est  fait  mention  de  Jacques  du  Val  qui,  par  son 
mariage,  fut  possessionné  en  Champagne,  de  son  fils  Henri,  mort 
glorieusement  au  siège  de  Presbourg.  de  l'abbaye  de  Moiremont, 
etc. 


Usages  locaux  et  i-cglemenls  ayant  force  de  loi  dans  le  déparleinent  Jes 
Ardennes,  constatés  et  recueillis  conformément  au  vœu  du  Conseil  géné- 
ral par  des  Commissions  cantonales,  vérifiés  par  une  Commission  cen- 
trale, et  rédigés  par  E.  Boubgueil,  procureur  de  la  République  près  la 
Cour  d'assises  des  Ardennes  et  près  le  Tribunal  de  première  instance  de 
Charleville.  officier  d'Académie,  chevalier  du  Mérite  agricole.  —  Un  vol. 
in- 8°  de  430  pages.  Charleville,  Edouard  Jolly,  libraire- éditeur.  Prix  : 
6  francs,  par  la  poste,  6  fr.  8o. 

Ce  travail  était  devenu  absolument  indispensable,  à  raison  de  la 
rareté  de  la  brochure  publiée  en  I8b8  par  les  soins  du  Conseil 
général  et  des  modifications  apportées  aux  usages  en  vigueur  par 
la  législation,  notamment  en  1883  sur  les  affouages  et  en  1889  et 
1890  sur  la  vaine  pâture. 

L'auteur  a  cru  devoir  faire  précéder  chaque  usage  —  et  nous 
joignons  volontiers  nos  éloges  à  ceux  que  lui  a  décernés  la  Com- 
mission centrale  —  d'un  exposé  juridique  ;  il  a,  en  même  temps, 
introduit  dans  son  œuvre  les  principaux  règlements  locaux  sur  les 
abeilles,  les  auberges,  la  pêche,  la  chasse,  les  grivières,  les  incen- 
dies, les  pigeons,  les  marchés,  la  voirie,  les  anciennes  mesures 
agraires,  etc. 

Ces  additions  sont  fort  utiles  :  elles  accroissent  l'intérêt  du 
volume  qui  rendra  de  grands  services,  non  seulement  aux  magis- 
trats, aux  avocats,  aux  avoués,  aux  maires,  mais  aussi  aux  pro- 
priétaires et  aux  fermiers,  aux  patrons  et  aux  employés. 

L'ordre  alphabétique,  adopté  par  l'auteur,  facilite  les  recher- 
ches. La  publication  est  élégante  et  fait  honneur  à  l'éditeur, 
M.  Jolly.  Malheureusement  ce  luxe  ne  peut  se  donner  et  le  prix 
est  un  peu  élevé  pour  les  petites  bourses. 

En  souhaitant  aux  Usages  locaux  le  succès  qu'ils  méritent,  U 
nous  sera  permis  de  rappeler  que  .M.  Bourgueil  a  commis  une 
erreur  en  disant  que  les  procès-verbaux  des  trente-et-une  Com- 
missions cantonales  constituées  par  le  préfet  des  Ardennes,  d'après 
l'invitation  que  le  Conseil  général  lui  avait  adressée,  sur  l'initia- 
tive de  M.  Haoot^.  ont  été  laissés  jusqu'en  1897  dans  les  cartons  de 
la  Préfecture. 

Voyant  que  le  Conseil  général,  tout  en  souhaitant  ardemment  a 


BIBIJOGRAPHIE  293 

puljlicalioii  de  ces  procès-verbaux,  ne  votait  pas  ou  ne  trouvait 
pas  les  ressources  nécessaires  pour  ce  travail^  le  Courrier  des 
Ardenncs  imprima,  au  mois  de  novembre  et  de  décembre  1881, 
les  réponses  des  Commissions.  Sans  doute,  les  lois  nouvelles  ont 
aboli  quelques-uns  de  ces  usages,  et  le  besoin  d'un  nouveau  tra- 
vail était  depuis  longtemps  reconnu.  II  n'en  reste  pas  moins  acquis 
que  le  Courrier  des  Ardennes  a  fait,  en  1881,  œuvre  utile  dont  il 
n'eût  été  que  ju'^te,  nous  semble-t-il,  d'évoquer  le  souvenir. 

Albert  Mack. 


Carie  routière  el  vêlocipédiquc  du  déparlement  de  la  Marne,  en  six  cou- 
leurs, au  1/250,000^,  dressée  par  M.  I.  Lambert,  ingénieur  des  ponts  et 
chaussées.  —  Reira?,  1898,  librairie  H.  Malol.  Pris  :  I  fr.  2?)  ;  par  la 
poste,  1  fr.  50. 

Cette  carte,  d'une  magnifique  exécution  tvpograpbique,  avec 
les  plans  des  villes  principales  de  la  Marne,  est  accompagnée 
d'une  instruction  donnant  tous  les  renseignements  de  route 
nécessaires.  Elle  est  donc  un  vade  mecum  obligatoire  pour  tous 
les  fervents  de  la  bécane,  professionnels  ou  amateurs. 


Sommaire  delà  Revue  historique ardennaise (ma.vs-a.vt\l iS9S)  : 

I.  Les  anciennes  propriétés  de  l'abbaye  de  Slavelot-Malmedy,  dans  les 
Ardeones  françaises,  par  C.-G.  Roland, 

II.  Vakiétés  bévoll'tionnaires.  —  FixatioQ  du  chef-liea  du  départe- 
menl  à  .Mézières.  —  L'enlrée  en  fondions  des  membres  de  l'Assemblée 
du  déparlement.  —  Le  siè^e  de  TAdminislralion  départementale.  —  L'df- 
faire  de  Villemonlry.  —  Un  conflit  entre  le  maire  de  Mé^ières  et  le  com  - 
mandant  de  place.  —  L'armement  des  gardes  nationales.  —  Fournitures 
de  poudre  et  de  boulets.  —  Projet  d'indemnité  à  accorder  aux  conseillers 
généraux.  —  La  vente  des  biens  nationaux.  —  Le  club  patriotique  de 
Givet.  —  Dubois-Crancé  proposé  comme  capitaine  de  gendarmerie  du 
département.  —  Un  S(;anda :e  dans  l'église  de  Rimogne.  —  Gaspard 
Monge,  émigré  du  département  des  Ardennes. 

III.  Bibliographie.  —  H.  Jadart,  P.  Laurent  et  Al.  Baudon,  Epigraphie 
campanaire  :  Les  cloches  du  canton  de  Rethel  (Joseph  Behthelé).  — 
H.  Jadart  et  P.  Laurent,  Lts  cloches  du  canton  d'As feld.  —  Pécheuart, 
l'IuUfau-Regnaull-Bogny  (C.-G.  Roland). 

IV.  Chronique.  —  Un  projet  de  canal  de  l'Aisne  à  la  .Meuse,  par  la 
Vaux,  le  Thin  et  la  Sormonue  (avec  carte),  par  Paul  Laurent. 


Sommaire    de   la  Revue    d'Ardenne  et  d'Argonne  (mars-avril 
1898)  : 

Marc  Husson,  Vie  de  Nicolas  PhilLert,  curé  de  Sedan,  évèque  constitulion- 
nel  dj  département  des  Ardennes  '1724-1797.  [suite). 


'29^  BIBLIOURAPHIR 

LoGKART,  Késultals  des  fouilles  faites  dans  les  cimetières  gaulois  d'Aos- 
sonce  et  de  la  Neuviile-eii-Tourue-a-Fuy,  de  1894  à  janvier  l>-98. 

Henri  Bourguignat,  Folk-lore  ardenuais  :  Jeux  :  1 .  La  Clignetle  ; 
2.  EnGler  les  aiguilles  ;  3.  A  la  salière  du  pain  d'épices  ;  4.  La  termi- 
gnole. 

Paul  Collinet,  La  Presse  daus  les  Ardennes  pendant  la  Révolution  (note 
complémentaire)  :  Le  Journal  de  Sedan. 

GeorGhs  Dei.eau,  Chansons  do  route  (De  Laforest  à  Orchimont). 

Vabiétks.  —  Paul  Coli.inet,  Quelques  notes  extraites  des  registres 
paroissiaux  de  \ieil-Saint-Remy. 

Bibliographie.  —  La  Baronnie  du  Thour  l'n  Champagne,  par  H.  Jadart 
et  L.  Le  Grand.  —  Quelques  souvenirs  des  Russes  dans  le  département 
des  Ardennes  {ar7'ondis^ement  de  Rethel],  par  H.  Jadart.  —  D'une 
espèce  de  chaiicose  dite  maladie  des  ardoisiers,  par  le  D''  A.  Ripert 
(H.  Bourguignat).  —  Revue  des  périodiques. 

Plan  hors  texte  :  —  Partie  du  territoire  d'Aussonce  contenant  des  cime- 
tières gaulois. 


CHRONIQUE 


SociKïK  ACADKuiQUG  DR  l'Aube.  —  Séauce  du  18  fèvripv  fSDS. 
—  Présidence  de  M.  le  comte  de  Launay,  pi'ésidenf. 

Correspondance. 

M.  Ver[>y  esl  proclamé  membre  correspondant. 

M.  Léopold  Bourguignal  annonce  que  M"'-^  Mougeot  ollre  à  l;i 
Société,  en  souvenir  de  son  mari,  M.  le  docteur  Mougeot,  un 
tableau  représentant  saint  Sébastien. 

C 0 7n mil nica lions  de  M.  le  Président. 

M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  Gérard,  notaire  à  Kstis- 
sac,  membre  associé,  et  exprime  les  regrets  de  la  Société. 

Il  signale  ensuite  les  distinctions  accordées  récemment  à  plu- 
sieurs membres.  M.  E.  Delatour,  membre  associé,  a  été  nommé 
oflicier  de  l'Instruction  publique,  et  MM.  de  la  Boullaye,  membre 
résidant,  Paul  Flicbe  et  Auguste  Marguillier,  membres  correspon- 
dants, officiers  d'Académie.  M.  Charles  Ballet  a  été  fait  chevalier 
de  l'Ordre  de  Sainte-Anne  de  Russie. 

Lectures  et  communications  des  memlires. 

M.  de  la  Boullaye  lit  un  rapport  sur  la  sixième  édition  de  VArt 
de  greffer,  par  M.  Charles  Ballet  ;  il  donne  d'intéressants  détails 
sur  différentes  expériences  faites  par  l'auteur.  Il  parle  aussi  de 
l'Horticulture  dans  les  cinq  parties  du  monde,  ouvrage  d'une 
grande  valeur,  honoré  de  la  plus  haute  récompense. 

M.  Tenting  rend  compte  d'une  note  de  M.  E.  Choullier,  juge  de 
paix  à  Ervy,  intitulée  :  Franklin  à  VAcadémie  des  Sciences. 
M.  Choullier  a  retrouvé,  dans  les  archives  d'Ervy,  une  pièce  où 
M.  Etienne  Baillot  rend  compte  à  son  fils  de  la  séance  à  laquelle 
il  est  fait  allusion,  et  à  laquelle  il  a  assisté. 

M.  Le  Clert  entrelient  la  Société  d'une  découverte  archéologi- 
que faite  à  Auxon.  On  a  trouvé  un  cercueil  de  pierre  renfermant, 
avec  des  ossements,  un  objet  de  fer  très  oxydé,  et  les  fragments 
d'un  autre  cercueil.  Ces  sarcophages  n'ont  d'autres  ornements  que 
des  stries  horizontales  ;  l'objet  en  fer  est  une  énorme  boucle  de 
ceinturon  ;  il  remonte  à  l'époque  carolingienne.  M.  Le  Clert 
pense  que  les  sépultures  découvertes  datent  du  vni«  siècle  ou  du 
commencement  du  ix"  ;  en  tout  cas,  elles  ne  pourraient  pas  être 
postérieures  au  ix'^  siècle.  L'emplacement  où  elles  ont  été  trouvées 
serait  celui  de  l'anciehne  église  d'.\uxon  ;  elles  sont  jusqu'ici  le 
plus  ancien  monument  signalant  l'existence  du  village.  M.  le 
maire  d'Auxon  a  généreusement  offert  au  .Musée  de  Troyes  le  cer- 
cueil et  l'objet  qu'il  contenait. 


•296  CHRONIQUE 

Elections. 

M.  Léon  Piol,  ancien  dépulo  de  l'Aube,  est  élu  membre  associé. 

Sont  élus  membres  correspondants  :  MM.  Jules  Vernier,  archi- 
viste déparlementa]  à  Clnmbéry  ;  Vilnet,  élève  de  l'Ecole  des 
Chartes  ;  Albert  Moreau,  directeur  du  Bureau  auxiliaire  de  la  Ban- 
que de  France,  à  Sens  ;  Delatour,  conseiller  d'Etat,  directeur 
général  des  coolribulions  indirectes;  Ferlet  de  Bourbonnci,  ancien 
sous-préfet  ;  l'abbé  Charles  Vaulliier,  curé  de  Rolampont  (Haute- 
Marne) 

Séaiice  du  IS  ma)'S  hSOS.  —  M.  le  président  fait,  en  termes 
émus,  l'éloge  de  M.  Dufour-Bouquot,  que  la  mort  vient  de  frapper 
presque  subitement.  La  volonté  formelle  du  défunt  Ta  empêché 
d'exprimer  sur  sa  tombe  les  regrets  de  la  Société. 

M.  le  Président  fait  connaître  que  M.  le  Préfet,  président  d'iion- 
neur  de  la  Société,  vient  d'être  nommé  commandeur  de  l'ordre 
du  Dragon  de  l'Annam  :  il  se  fait  l'interprète  de  la  Société  pour 
Ten  félici-ter. 

Ek'CÙons. 

MM.  Léon  Piot,  Vilnet,  Moreau,  Delatour,  Ferlet  de  Bourbonne, 
Vauthier  et  Vernier  sont  proclamés  :  M.  Piot,  membre  a-socié,  et 
les  autres,  membres  correspondants. 

Ouvrages  of/erls. 

Par  M.  Charles  Baltet  :  Complc-rendu  du  Cowjres  des  fruits  à 
cidre,  tenu  à  Xantes  en  IS97. 

Par  M.  Louis  Morin  :  La  pépinière  royale  de  Troyes  (1124- 
I19:ijy  tirage  à  part  d'une  élude  publiée  dans  les  Annales  de  la 
Société  horticole. 

Par  M.  Jules  Baudot  :  L'Klymolorjie  de  Bar-leDuc.  Ce  travail 
intéresse  notre  région,  car  il  traite  par  extension  de  l'étymologie 
des  noms  de  Bar-sur-Aube  et  de  Bai  -sur-Seine. 

Travaux  des  Sociétés  correspondantes. 

Comple-rendu  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres: 
M.  l'c  Bailhéleni}',  membre  correspondant,  otïre  le  Catalogue  des 
.l/o/i?ia/'cs  ^^u/o/st'S  du  Musée  de  ïroves,  dressé  par  M.  Le  Clerl, 
et  en  fait  le  plus  grand  éloge. 

Bulletin  de  la  Société  d'Horticulture  deSeine-cl-Uise:  Compte- 
rendu  du  Congrès  promologique  de  France,  tenu  à  Rennes  en 
IS'JT.  11  a  classé  et  adopté  la  poire  Directeur  Hardy,  obtenue  par 
M.  Charles  Ballet. 

Bulletin  de  la  Société  liisiorique  ci  archéoioyiquc  de  l'Orléa- 
nais :  Compte-rendu  d'un  ouvrage  de  M.  Léon  Dorez,  membre 
associé,  sur  le  sac  de  Rome  en  l.'i27,  d'après  la  relation  d'un  Orléa- 
nais, nommé  Jean  Cave,  qui  avait  ù  celte  époque  une  charge  à  la 
Chancellerie  pontificale.  Jean   Cave  raconte  les  faits   qui  se  sont 


CHRONIQUE  '297 

passés  à  Home,  el  dont  il  a  soullerl,  avec   une   siucérilé  ijii'ou  ne 
rencontre  pas  chez  les  autres  écrivains  contemporains. 

Société  i'Emulalion  et  des  Beaux-Arts  du  Bourbonnais  .•  Noie 
de  M.  Pérot  sur  rornementation  du  foyer.  Il  y  est  dit  que  les 
contre-cœurs  en  fonle,  appelés  «  laques  <>,  se  fabriquaient  presque 
tous  en  Cliampa'-Mie.  et  qu'un  maître  de  for^çc^  champenois, 
nommé  Suzennon,  eu  a  livré,  au  xvii''  siècle,  220  pour  orner  le 
château  de  Versailles. 

Journal  des  Savants  :  M.  Hcrthelot  rend  compte  de  l'ouverture 
des  cercueils  de  Voltaire  et  de  Rousseau,  à  laquelle  il  a  assisté.  11 
rappelle,  d'après  Grosley,  l'inhumation  de  Voltaire  à  Sellières  et 
le  procès-verbal  de  la  municipalité  de  Homilly,  reproduit  par 
M.  Babeau,  constatant  la  première  exhumation.  Les  détails  four- 
nis alors  sont  conformes  à  l'état  dans  l?<iuel  a  élé  retrouvé  le 
corps.  M.  Det  a  déjà  traité  cette  question  à  propos  du  talon  de 
Voltaire. 

Présentation. 

M.  Georges  Chanoine,  directeur  de  la  succursale  de  la  Banque 
de  France,  à  Vesoul,  est  présenté  comme  membre  correspondant. 

M.  le  Président,  avec  Tassentiment  de  la  Société,  lève  la  séance, 
en  signe  de  deuil,  à  cause  de  la  mort  de  M    Dnfour-Bouquot. 


Société  HisTORiQuri  rt  AiiCHÉOLOGiciCE  de  Chateac-Tuierrv.  — 
Séance  du  I"  février  1808. 

M.  BaiTière-Flovy,  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la 
France,  afin  de  compléter  son  «  important  travail  d'ensemble  sur 
l'industrie  des  peuples  barbares  du  v«  siècle  »,  demande  des  ren- 
seignements précis  sur  les  objets  de  lépoque  dite  mérovingienne, 
objets  conservés  au  Musée  de  la  Société  ou  dans  les  collections 
particulières.  La  réponse  élait  facile  :  le  secrétaire  a  indiqué  à 
l'honorable  corre.spondant  »  le  Catalogue  des  objets  d'antiquité  de 
la  collection  Caranda  »,  catalogue  édité  en  iS'J.'j  par  M.  Fr. 
Moreau. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  du  Midi.  M.  Barrière-Flovy, 
d'après  les  notes  de  M.  Lclauraiii,  un  fouilleur  heureux  de  notre 
département,  décrit  le  mobilier  funéraire  trouvé  dans  des  tombes 
récemment  découvertes  à  Courlies  (canton  do  la  Fère)  et  à 
Aulnois-sur-Laon. 

M.  le  baron  J.  de  Baye,  dui-anl  sa  dernière  mission  dans  la 
Russie  orientale,  a  été  autorisé  à  faire  des  fouilles  dans  des  sépul- 
tures à  Ananino  ;  il  a  trouvé  des  bijoux,  des  iibules,  des  boucles 
ayant  la  plus  grande  analogie  avec  les  bijoux  funéraires  exhumés 
de  nos  nécropoles  champenoises. 

La  notice  biographique  de  M.  Vérette  par  M.  Moulin,  et  celle  de 
M.  l'abbé  Poquet  par  son   ami   M.   le   chanoine   Palant,  sont  ren- 


298  GHRONTQUK 

voyées  à  la  Comiiiissiuii  des  Annales,  l'ersonne  n'étail  plus  auto- 
risé que  M.  l'abbé  Palaril  pour  parler,  comme  il  convenait,  du 
caractère  sacerdotal  et  de  l'œuvre  scientifique  de  M.  Poquet.  Jus- 
lice  a  été  rendue,  depuis  longtemps  déjà,  à  ce  pionnier  de  notre 
histoire  locale. 

Deux  membres  de  la  Société  viennent  d'être  enlevés  presque 
subitement  par  une  pneumonie  infectieuse,  à  deux  jours  de  dis- 
tance: M.M.  Vielle  et  le  docteur  Joussaume-Latour.  M.  Vielle,  juge  de 
paix  de  Château-Thierrv,  était  un  vaillant  adepte  de  l'archéologie 
préhistorique,  et  laisse  une  collection  des  plus  intéressantes.  11  a 
découvert,  aux  environs  de  Fère-en-Tardenois,  outre  un  tumulus, 
un  certain  nombre  d'ateliers  préhistoriques.  Depuis  quinze  ans 
surtout,  il  avait  recueilli  des  spécimens  nombreux  d'un  type  de 
flèches  en  silex^  d'une  forme  particulière  (Voir  Annales,  1890, 
page  173).  Sa  collection,  moins  importante  qu'elle  ne  l'est  deve- 
nue en  ces  derniers  temps,  avait  été  exposée  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1889  et  lui  avait  valu,  de  la  part  du  Ministère  de  l'his- 
Iruction  publique,  un  diplôme  et  une  médaille.  En  1895,  lors  de 
l'Exposition  rétrospective  de  Reims,  M.  Vielle  avait  exposé  quel- 
ques-unes de  ses  tlèchcs  barbelées  et  à  pédoncule.  L'aménité  de 
son  caractère,  sa  grande  bienveillance,  lui  avaientconcilié  l'estime 
et  la  sympathie  de  nos  compatriotes.  Né  à  Gournay  en  1837, 
M.  Vielle  est  décédé  le  11  janvier,  après  quelques  jours  de  mala- 
die ;  il  appartenait  à  la  Société  depuis  près  de  dix  ans. 

S'il  était  un  homme  universellement  aimé  et  estimé,  c'était 
bien  le  D""  Joussaume-Latour.  né  à  Cliâteau-Thierry  en  1S32  et 
décédé  le  13  janvier.  Depuis  plus  de  cent  ans,  la  famille  Jous- 
saume  exerce  la  médecine  dans  la  contrée,  à  Montreuil-aux-Bois 
et  Château-Thierry.  Le  regretté  docteur  laisse  la  réputation,  non 
seulement  d'un  savant  et  prudent  praticien,  mais  aussi  d'un 
homme  essentiellement  bon,  charitable,  modeste,  faisant  le  bien 
sans  réclame,  sans  ostentation  ;  il  étdit  la  providence  des  pauvres. 
Il  est  mort  victime  de  son  devoir,  et  n'a  été  alité  qu'une  seule 
Journée.  Ses  occupations  ne  lui  permettaient  guère  d'assister  aux 
réunions  de  la  Société  dont  il  faisait  partie  depuis  1868,  mais  il 
aimait  sa  ville  natale  et  s'intéressait  à  tout  ce  qui  pouvait  lui  don- 
ner du  relief. 

M.  Dupont,  secrétaire  de  la  Société  de  l'Arquebuse,  fait,  au  nom 
du  Bureau  de  cette  Société,  remise  des  documents  qui  la  concer- 
nent. Un  état  des  pièces  constituant  ce  dépôt  sera  dressé  en  dou- 
ble ;  un  exemplaire  restera  dans  les  archives,  annexé  à  la  liasse  de 
ces  papiers. 

M.  Dupont  doit,  à  la  prochaine  réunion,  retracer  Ibistorique  de 
la  fondation,  ainsi  que  les  principaux  événements  auxquels  a  été 
mêlée  cette  institution  qui  s'éteint  faute  d"arquebusiers.  Cet  histo- 
rique viendra  compléter  les  notes  que  M.  Rollct  a  présentées  sur 
l'Arquebuse  CVoir  Annales.  1881,  page  VJ). 


r.HRONIQUK  '290 

Séance  du  /«■"  mara  18D8.  —  M.  le  D'-  Marcel  Vcrelle,  récem- 
ment admis  dans  la  Société,  et  en  souvenir  de  son  regretté  père, 
fait  don,  pour  la  l)ibliothèque,  du  plus  ancien  classique  de  la  col- 
lection de  l'ancien  et  vénérable  président.  Ce  sont  deux  volumes 
in-folio  de  lo6'2  imprimés  à  Lyon  par  Claude  Senneton  à  la  Sald- 
mendre  iSic)  avec  un  e.^-lihris  macabre  portant  ces  mots  en  exer- 
gue :  «  durer,  mourir  et  non  périr.  »  Ils  ont  pour  titre  :  «  L'His- 
toire du  Monde  de  C.  Pline  second,  coHationnce,  corrigée  sur 
plusieurs  vieux  exemplaires. . .  v,  Le  libellé  fort  long  du  titre  se 
termine  par  ces  mots  :  «  Le  tout  fo.it  et  mis  en  français  par 
Antoine  du  Pincl,  seigneur  de  Noroy.  »  Puis  une  longue  épître 
dédicatoire  au  Toy  très  chrestien  (Charles  IX);  un  avertissement 
non  moins  étendu  «  au  lecteur  débonnaire  »,  enfin,  une  ode  de 
quatre-vingt-huit  vers,  à  la  louange  de  Du  Pinet,  par  un  ami  qui 
déguise  sa  personnalité  sous  les  initiales  X.  R.  T.  Les  dessins  qui 
forment  les  en-lèles  des  chapitres  semblent  provenir  de  l'illustra- 
tion d'une  Bible  éditée  sans  doute  par  Cl.  Senneton.  L'excellent 
commentaire  de  Littré  sur  Pline  le  naturaliste  ne  dit  absolument 
rien  de  Du  Pinet.  Nous  savons  seulement  qu'il  embrassa  la 
Réforme,  devint  un  des  plus  ardents  prosélytes  du  protestantisme 
et  publia,  entre  autres  nombreux  ouvrages  :  Taxe  de  la  péniten- 
cerie  et  cfiancellcrie  romaine  »  qui  devint  plus  tard  :  «  Taxe  des 
parties  casuelles  de  la  houllquo  du  pape.  »  Du  Pinet  était  né  à 
Besançon  ou  à  Baume-les-Dames  vers  tolo  et  mourut  à  Paris  en 
1584. 

La  plus  grande  partie  des  communes  de  l'arrondissement  de 
Château-Thierry  et  le  chef-lieu  lui-même  ont  leur  compagnie  d'ar- 
chers dont  l'origine  remonte  au  xiii"  siècle.  Ces  corporations 
fêtent  le  triomphe  du  bouquet  chaque  année  et  paraissent  pleines 
de  vitalité  et  d'entrain.  Il  n'en  est  plus  de  même  de  la  Société  de 
V Arquebuse  fondée  avant  le  ïv«  siècle  et  réglementée  par  des 
lettres-patentes  de  François  I'^"',  de  Henri  II,  de  Henri  IV,  de 
Louis  XllI  (alors  à  Château-Thierry)  et  de  Louis  XV.  Les  nouvelles 
Sociétés  de  tir,  dont  l'utilité  justifie  le  succès,  ont  remplacé  les 
confréries  des  arquebusiers.  Ces  corporations  ont  eu,  néanmoins, 
une  histoire  qu'il  était  bon  de  rappeler,  des  privilèges,  souvent 
excessifs,  qui  amenaient  de  violentes  contestations.  Les  archers 
ont  toujours  eu  un  rôle  modeste  ;  les  arquebusiers,  qui  se  recru- 
taient parmi  ies  notables,  étaient  fiers  de  leurs  droits,  de  leurs 
attributs.  ^ 

Les  derniers  beaux  jours  de  la  Compagnie,  comme  de  toutes 
celles  qui  existaient  dans  la  province,  ont  été  rappelés  par 
M.  RoUet  dans  son  étude  sur  La  fêle  des  arquebusiers  à  Chdlons 
en  1754.  La  notice  que  .M.  Dupont  a  consacrée  à  V Arquebuse  de 
Château-Thierry  est  une  page  toit  intéressante  et  très  bien  traitée 
de  notre  histoire  locale.  Une  plaquette,  publiée  par  M.  Delbarre 
en  185.3  et  «  dédiée  aux  confrères  de  V Arquebuse  »,  permettra  à 
M.  Dupont  de  compléter  les  renseignements  qu'il  a  recueilli';. 


300  CHRONIQUE 

M.   lo   dorteiir  Vilcoq,  tio  Clulteaii-Thierrv,   gonrlro   liii    i-pcroltù 
.M.  Delornip,  est  ('hi  iuen)l)i'e  lilulaire. 


SoCIÉTt:    LITTÉRAIRE    ET     IIISTORIOUK     DK     LA     BuiE.    —   SécUlCC    du 

jeudi   10  février   tS98.  —  Présidence    de   M.    Millier,    vice-pré- 
sident. 

M.  Millier  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance  ;  il 
donne  connaissance  aux  membres  présents  d'une  lettre  de  M.  Paul 
Ravaisse,  professeur  à  l'école  des  langues  orientales,  à  M.  Andrieux, 
lui  euvorant  une  note  sur  un  point  de  son  premier  chapitre  qu'il 
lui  a  semblé  intéressant  de  développer,  ayant  pour  titre  :  VArl 
musical  chez,  les  Arabes. 

M.  le  président  dépose  sur  le  bureau,  comme  dons  taits  à 
la  Société  : 

1°  Par  M.  Lemarié,  la  Petite  Gazelle  de  Dammarlin  : 

2°  Par  M.  Barigny,  une  pièce  de  monnaie  ancienne   en    argent. 

D'après  différents  historiens,  le  cardinal  Guillaume  Briçonnet, 
évêque  de  Saiat-.Malo,  puis  de  INînies,  et  ministre  de  Charles  VIII, 
aurait  été  également  évêque  de  Meaux  ;  ce  point  est  à  éclaircir,  à 
moins  toutefois  ijue  le  cardinal  et  son  lîls  n'aient  été  tous  les  deux 
évèques  de  Meaux. 

M.  le  président  donne  ensuite  lecture  d'un  manuscrit  envoyé  par 
M,  Paul  Ravaisse,  ayant  pour  titre  :  fArl  musical  c liez  les  Arabes., 
et  faisant  suite  à  Tarlicle  intéressant  lu  dans  la  précédente 
séance. 

M.  (iassies  communique  un  certain  nombre  de  documents 
manuscrits,  provenant  de  la  bibliothèque  de  M.  le  baron  Feuillet* 
de  Couches  (vers  sur  la  coufédératiou  de  .MM.  de  l'Académie  fran- 
çaise avec  les  comédiens  français  (1732)  ;  suppliques  en  vers,  con- 
tes, horoscope.  Texte  original  manuscrit  d'une  comédie  de 
Boissy,  intitulée  :  la  Ruse  favorable.  Observations  géologiques  sur 

la  Brie  et  la  Champagne). 

* 

LiSTK  DES  DO.NS  F.VITS  AU  MUSIÎF,  DE  TrOYES  PENDANT  LE  QUATRIÈME 
TRIMESTRE    DE    l'aN.MCE    1897  (SuiU'}  : 

M.  Forgeot-Guerrapain,  à  Monlier-la-Cellc  (Saint-André  :  —  La 
pierre  tombale  eu  marbre  tioir,  malheureusement  mutilée,  d'An- 
toine Girard,  dernier  abbé  élu  de  Montier-la-Celle  (1517-1534).  On 
voit  sur  cette  dalle  les  armoiries  de  l'abbé  Girard  :  un  chevron 
accompagné  de  (rois  truffes  d'eau  {tribulus  aquaticus,  macle, 
cornuelle  ou  châtaigne  d'eau). 

.M.Adolphe  Parigol,  président  du  Tribunal  civil  de  Troyes,  mem- 
bre correspondant  :  —  Sept  carreaux  eu  terre  cuite,  incrustés  et 
verfiissés.  trouvés  k  Provin>  :  l'un  d'eux  provient  du    convfnt  des 


CHRONIQUE  301 

liénédiclios.  Ils  sont  décorés  de  tleiu'oiis  et  de  rosaces,  saul'  un, 
qui  présente  des  reliefs  destinés  à  être  recouverts  d'émail  et  com- 
posés d'un  écu  en  pointe,  <iiirnionté  d'un  fleuron  et  fkuuiué,  à 
droite,  d"une  inscription  qu'on  peut  lire  :  IMS-KICH.  et  à  gauclie, 
d'une  croix  pattée,  xiv=  siècle  ;  —  Un  carreau  faïence,  avec  décor 
en  couleur,  portant  au  revers  la  marque  VRON. 

M.  Désiré  ThiébauU,  propriétaire  à  Moiins:  —  Deux  clés  ancien- 
nes en  fer  et  une  sorte  de  petit  couteau  dont  la  soie,  repliée  sur 
elle-même,  forme  le  manche. 

JM"'"  Allanic  de  Bellecherre,  à  Paris  :  La  décoration  portée  par 
l'officier  prussien  qui,  en  1815,  tua  traîtreusement  le  commandant 
Constant  Rambourgt.  Fait  prisonnier,  il  brûla  la  cervelle  de  son 
vainqueur  au  moment  même  où  il  venait  d'obtenir  de  ce  dernier 
l'autorisation  de  conserver  ses  armes. 

M.  Ilerluison,  membre  correspondant  à  Orléans  :  —  Un  moule  en 
bronze  ayant  servi  à  l'estampage  de  couvercles  de  tabatière  en 
cuir  bouilli.  Sujet  :  Héioïse,  personnage  à  mi-corps.  Commence- 
ment du  six«  siècle. 

^].  Grosdemenge,  àTroyes  :  —  Une  tabatière  en  forme  circulaire, 
en  bois  de  bouleau,  portant  sur  ses  deux  faces  et  en  côté  de? 
motifs  décoratifs  (attributs  guerriers  et  agricoles)  imprimés  au  fer 
sur  la  seconde  écorce  du  bouleau.  Fabrication  polonaise,  xviii'' 
sièiîlc. 


Expositions  artistiques.  —  Au  Cercle  artistique  et  littéraire  de 
la  rue  Volney  s'est  tenue,  du  20  janvier  au  18  février,  l'exposition 
annuelle  de  peinture  et  de  sculpture  ;  et.  du  28  février  au  \o  mars, 
celle  d'aquarelles,  dessins,  eaux-fortes,  etc. 

Nous  avons  remarqué,  dans  cette  dernière,  les  envois  de  notre 
compatriote,  M.  Charles  Monginot,  de  Brienne  (Aube),  dont  la 
verve  spirituelle  ne  se  dément  pas  un  seul  instant  ;  ses  natures 
mortes,  Pipe,  Cigarettes^  son  Braconnier  emportant  à  travers  le 
bois  le  faisan  qu'il  vient  d'abattre,  son  Coup  de  rabot,  amusants 
ébats  d'un  siYige  dans  un  atelier  de  statuaire,  sont  de  savoureux 
pastels  où  nous  retrouvons  avec  plaisir  l'habileté  coutumiére  du 
maître. 

Deux  intéressants  dessins  à  l'encre  de  Chine,  pris  l'un  de  face, 
l'autre  de  profil,  par  M.  Paul  Grolleron,  nous  olfrent  les  traits  véné- 
rables de  M,  Louis-Victor  Baillot,  le  dernier  survivant  de  Water- 
loo, né  le  9  avril  1793,  décédé  à  Carisey  (Vonnej,  le  3  février  1898, 
à  l'âge  de  cent  quatre  ans. 

Au  Cercle  de  l'Union  artistique,  rue  Boissyd'Anglas,  l'exposition 
annuelle  de  peinture  et  de  sculpture  a  eu  lieu  également  du 
7  février  au  10  mars.  Nous  citerons,  parmi  beaucoup  d'œuvres  très 
remarquables,  deux  beaux  portraits  de  femmes  dus  au  pinceau  de 
M.  Jules  Aviat,  de  Brienne  (Aube)  ;  le  portrait  de  M?'  Langénieux, 


o02  GHROISIQUK 

cardinal-Hifhcvèque  de  Reims,  par  Fcrnand  Cormoii,  et  celui  de 
M.  Gabriel  Hanutaux,  le  nouvel  académicien,  miuislre  des  atïaires 
étrangères,  par  Benjamin-Constant. 

Sur  un  fond  sévère,  aux  teintes  brunâtres  relevées  par  un  coin 
do  draperie  écarlale  brodée  d'or,  se  détacbe  très  nettement 
rimagc  du  jeune  homme  d'Élat,  dans  une  attitude  familière  et 
très  vivante,  debout,  les  mains  appuyées  nerveusement  au  dos 
d'un  fauteuil,  et  comme  prêt  à  prendre  la  parole  pour  une  discus- 
sion politique  ou  littéraire.  L'expression  des  traits,  maigres  et 
volontaires,  est  frappante  et  des  mieux  réussies. 


TUAVACX     EXÉCCTliS     DANS     LA     CHAPELLE      DE     SaINT-JoSEPU  ,     A     LA 

Cathédrale  de  Reims.  —  Les  travaux  d'embellissement  de  la  cha- 
pelle de  Saint-Joseph,  dans  la  cathédrale  de  Reims,  sont  enfin 
terminés  :  péinlures  murales,  couliées  à  M.  Lameire  ;  vilrall 
offert  par  .M.  le  comte  Werlé,  exécuté  par  M.  Vermonet;  autel  en 
pierre^,  dû  à  Tentrcpreneur  des  travaux  de  l'édifice  et  dont  les 
bas-reliefs,  la  Fuite  en  Egypte,  l'Atelier  de  Nazareth,  la  Mort  de 
saint  Joseph,  ont  été  sculptés  par  MM.  VVendlinget  (>orbel  ;  garni- 
tures en  bronze  doré,  de  la  maison  Chertier,  de  Paris  ;  statue  de 
saint  Joseph  offerte  par  le  généreux  cardinal  Gousset  et  remise  en 
honneur...  Restait  à  faire  le  pavage;  il  vient  d'être  posé  par 
M.  Auguste  Coulin,  avantageusement  connu  par  de  nombreux  Ira- 
vaux  artistiques. 

C'est  lui  qui  a  exécuté  les  chapiteaux  de  la  nouvelle  église  de 
Witry-les-Reims  ainsi  que  le  maitreautel,  d'après  ses  dessins 
approuves  par  M.  Thiérot,  architecte  et  inspecteur  diocésain.  Par 
son  intelligence  et  ses  travaux  finement  soignés,  M.  Coutin  avait 
attiré  l'attention  du  curé,  M.  l'abbé  Donnaire,  qui  lui  confia  un 
projet  de  dallage  pour  le  sanctuaire  de  sa  nouvelle  église.  Ce  dal- 
lage devait  être  une  imitation  du  célèbre  pavage  de  l'église  de 
Saint-Nicaise,  dont  on  peut  admirer  une  partie  heureusement 
conservée  et  placée  dans  une  des  chapelles  de  Saint-Remi.  L'or- 
nementation est  en  plomb  rcmplissanl  les  traits  gravés  dans  la 
dure  pierre  de  liais. 

Ce  que  l'artiste  n'avait  pas  pu  exécuter  pour  l'église  de  Witry, 
il  l'a  réalisé  dans  la  cathédrale  de  Reims  •  il  a  tenu  à  reproduire 
le  pavage  de  Sainl-Nicaise,  il  a  produit  une  œuvre  qui  fera  épo- 
que dans  sa  vie.  Seulement,  seul,  il  sait  ce  qu'il  a  rencontré  de 
difficultés  pour  graver  une  pierre  que  l'on  ne  peut  attaquer  qu'avec 
la  mèche  lortement  trempée  :  seul,  il  sait  ce  que  veut  ce  dallage, 
qui  a  demandé  deux  années  de  travail  continu  à  plusieurs 
ouvriers  de  talent.  Donnons,  pour  les  amateurs,  une  idée  du  tra- 
vail, et  pour  les  visiteurs,  la  nomenclature  des  scènes  bibliques 
consacrées  à  la  Vie  de  saint  Joseph,  (elles  que  la  Fabrique  les 
avait  désignées. 


CHRONIQUE  303 

Le  dallage  est  eu  pierre  de  liais  de  (iriinaull  (Voni)e).  Les  des- 
sins ont  élé  reportés  sur  les  pierres  polies  au  moyen  d'outils  spé- 
ciaux. A  raison  de  la  dureté  de  la  matière,  il  a  fallu  percer  des 
trous  de  1  à  2  millimètres  de  largeur,  suivant  le  trait  à  graver,  à 
une  profondeur  de  8  à  10  millimètres  et  espacés  d'un  1/2  millimè- 
tre et  suivant  toutes  les  courbures  du  dessin.  Ces  trous  achevés, 
les  petites  cloisons  de  pierre  furent  brisées,  et  l'on  coupa  la  pierre 
avec  un  soin  extrômc  pour  f.'viter  les  cassures.  Cette  gravure,  à 
angle  droit,  d'un  ]/2  centimètre  do  profondeur,  est  garnie,  dans 
le  fond,  de  trous  qui  permettent  d'accrocher  la  matière  eu  rem- 
plissage, le  plomb  maté  à  l'aide  de  forts  marteaux. 

Par  économie,  M.  Coutin,  tout  en  conservant  les  contours  et  les 
dessins  de  ce  pavage,  presque  unique  en  son  genre,  a  remplace 
le  plomb  par  un  ciment  très  dur. 

L'Académie  de  Reims,  ]c  19  juillet  lHl)4,  ea  séance  solennelle, 
a  décerné  une  médaille  d'argent  à  M.  Coutin  pour  ce  pavage, 
dont  le  dessin  des  personnages  et  les  divers  ornements,  de  style 
sm^  siècle,  lui  parurent  remarquables. 

Le  sol  de  la  chapelle  est  entièrement  couvert  par  le  dallage, 
formé  d'un  lapis  conduisant  à  l'autel,  de  dix  sujets  à  gauche  et 
de  dix  à  droite,  encadrés  d'ornements  entrelacés,  présentés  en 
diagonale,  et  figurant  V Histoire  de  Joseph.  L'ensemb'e  est  serti 
de  bordures  ornées,  d'un  bel  effet. 

Les  vingt  sujets  sont  dessinés  avec  une  telle  finesse,  que,  pho- 
tographiés, ils  représentent  de  véritabhs  miniatures.  La  composi- 
tion de  chaque  scène  est  la  reproduction  scrupuleuse  du  texte 
sacré  que  nous  aimerions  à  signaler  si  nous  ne  craignions  pas  de 
fatiguer  le  lecteur. 

En  commençant  à  gauche,  en  bas  du  pavage,  nous  trouvons  en 
remontant  les  sujets  suivants  : 

1°  Naissance  de  Joseph.  La  mère  de  l'enfant  était  belle,  dit  le 
texte  sacré;  l'aitiste  lui  a  donné  un  air  de  grandeur. 

1°  Premier  songe  de  Joseph.  Il  raconte  à  ses  frères  «  que  sa 
<■<■  gerbe  se  leva,  se  tint  debout,  et  que  les  leurs  se  prosternèrent 
X  devant  elle  ». 

3°  Dcuxicmc  songe.  Joseph  est  couché  dans  un  lit  :  «  Il  voit  le 
"  soleil,  la  lune  et  onze  étoiles  qui  se  prosternent  devant  lui  », 
ligures  de  son  père,  de  sa  mère  et  de  ses  frères. 

4'^  Joseph.,  dépouille,  est  descendu  dans  une  ciUrnc.  il  prie  ; 
plusieurs  de  ses  frères  examinent  sa  robe  aux  diverses  couleurs  ; 
d'autres,  assis,  mangent,  pendant  que  le  reste  regarde  la  caravane 
des  marchands  qui  doit  enlever  l'enfant. 

5°  Joseph,  vendu,  pleure.  Ses  frères  se  partagent  le  prix  do  la 
vente. 

6°  Joseph  ch(?:-  Putiphar.  Assis,  richenient  vê'ui,  il  administre 
la  maison. 


304  CHRONIQUE 

7°  La  femme  de  PuliplKV.  Elle  le  tente  ;  Joseph  fuit  ca  laissanl 
son  manteau. 

8°  Joseph,  en  priso7i,  explique  le  songe  du  grand  panelierelde 
l'échanson  qui  lient  une  coupe  ;  ces  derniers  sont  enchaînés. 

9"  Joseph  explique  à  Pharaon  le  songe  des  caches  grasses  cl 
maigres. 

10°  Joseph.,  portant  au  cou  le  collier  du  commaiidcnient,  fait, 
remiser  Us  blés  dans  les  greniers  du  roi,  contre  lesquels  sont 
adossées  des  échelles. 

Il"  Joseph  reconnaît  ses  frères,  les  fait  jeter  en  prison. 

12°  Jacob  laisse  partir  Benjamin  en  larmes. 

13°  FesUn  offert  par  Joseph  à  ses  frères  ;  connue  le  dit  leLcxLe 
sacré,  il  mange  à  une  table  séparée. 

14"  Les  frères  de  Joseph  sont  arrêtés  :  la  coupe  de  Joseph  est 
trouvée  dans  le  sac  de  Benjamin. 

lb°  Joseph  se  fait  reconnaître  etsejelleau  cou  de   Benjamin. 

16°  Un  grand  chariot  amène  en  Egypte  Jacob  et  sa  famille. 

17°  Jacob  est  présenté  au  roi  Pharaon  :  le  vieillard  porte  un 
vase  de  parfums,  selon  le  texte  sacré. 

18°  Mort  de  Jacob,  qui  bérvil  Manassé  et  Ephraim,  les  fils  de 
Joseph.  Le  vieillard  met  la  main  droite  sur  le  plus  jeune  ;  Joseph 
veut  la  retirer,  mais  en  vain. 

19"  Le  corps  de  Jacob,  entouré  de  bandelettes,  est  déposé  dans 
le  tombeau  de  ses  pères. 

20"  Mort  de  Joseph  également  enseveli  dans  le  tonibeau  de  ses 
pères. 

Sur  la  gauche  du  pavage  on  lit  : 

PAVIllENTUM    HOC 

SUMPTIBUS 

lABniC.E    ECOLES.    METROI'. 

DELl.MVrr    FECTTQUE    AUG.    COUTIN 

DIRIGENÏE    D.    DARCY   ARCHITECTONE 

AN  NO    D.NI    1898. 

Celait  justice  de  placer  ici  le  nom  de  M.  Uarcy,  l'architeclc  du 
gouvernement  qui  a  donné  des  plans  ou  approuvé  ceux  qu'on  lui 
a  présentés  pour  retnbellissement  de  la  chapelle. 

Ch.  Cerf. 


Le  comte  Armand  et  l'orphelin.^t  agricole  de  Mo.ntardoise.  — 
Le  comte  Armand,  leminent  conseiller  général  d'Arcis-sur-Aube, 
convaincu  des  services  que  rendrait  à  cette  région,  trop  dépeuplée, 
une  œuvre  hospitalière  rurale,  vient  de  s'entendre,  pour  relever 
lorphelinat  agricole  de  .Monlardoise,  commune  de  Montsuzaiu 
(Aube),  avec  la  Société  centrale  de  patronage  fondée  à  Paris  par 
M.  le  marquis  de  Couvello. 


CHRONIQUE  3<Jo 

Celle  Société,  si  comme  par  le  nombre  d'asiles  qu'elle  a  l'oiidés 
et  par  les  milliers  d'enfanls  qu'elle  a  sauvés,  est  représentée  par 
un  Conseil  dont  l'archevêque  de  Paris  est  le  président  d'honneur, 
et  la  duchesse  de  Vendôme  la  présidente  du  Comité  des  Dames 
patronnesses. 

Parmi  les  membres  du  Conseil,  nous  sommes  lieureux  de  remar- 
(juer  le  vicomte  de  Champreux-Verneui!  et  le  comte  Jean-Kemy 
Ciiandon  de  Briailles,  qui  ont  de  grands  intérêls  en  Champagne. 

Au  nombre  des  bienfaiteurs  de  la  Société,  nous  comptons  aussi 
plusieurs  champenois,  en  particulier  M.  Julien  de  Felcourl  et  le 
comle  NVerlé. 

Par  l'apport  du  domaine  de  Montardoise,  va  aujourd'hui  nguroi' 
au  premier  rang,  dans  le  livre  d'or  de  l'ClEuvre,  notre  compatriote 
le  comle  Armand. 

Grâce  à  lui,  une  centaine  de  pauvres  créatures  abandonnées 
pourront  bientôt  être  recueillies,  placées  à  l'abri  de  la  faim  et  du 
froid  ! 

Grâce  à  lui,  ces  petits  garçons,  qui  connaitront  les  caresses  de 
la  mère  dans  la  sœur  de  charité,  et  seraient  devenus  des  vaga- 
bonds perdus  dans  la  grande  ville,  vont  être  exercés  de  bonne 
heure  au  métier  de  ragricullure.  Ils  pourront  plus  tard  s'em- 
ployer utilement  dans  les  travaux  des  champ?. 

Le  magnilique  chalet,  les  bàlimenls  de  la  ferme,  le  logement 
de  l'aumônier,  la  chapelle,  les  classes,  de  nombreuses  dépendan- 
ces, tout  a  été  mis  par  le  comte  Armand  à  la  disposition  de  la 
Société  des  Orphelinats  agricoles  de  rrance. 

Autour  de  cet  ensemble  de  constructions,  iUU  lieclares  de  lerre 
et  bois  de  sapins  s'étendent  à  perte  de  vue. 

On  dira  sans  doute  que  ces  8U0  arpents  au  sous-sol  crayeux  ne 
valent  pas  les  bonnes  terres  de  Normandie. 

Erreur  profonde.  Des  terrains  comme  ceux  de  Moutaidoise  [uo- 
duisenl  d'excellentes  récoltes,  si  on  ne  leur  refuse  pas  les  soins  et 
|es  engrais  nécessaires;  d'eux  surtout  l'on  peut  dire  : 

"^  .lez,  prenez  de  la  peine  ; 

c.  <-^         fonds  qui  manque  le  moiti;. 

Et,  mon  Dieu,  quelle  peine  faut-il  prendre?  Leà  fonds  gras  et 
argileux  se  remuent  par  la  charrue  à  bo.-ufs.  Ici,  dans  nos  pays, 
un  cheval  suffit,  conduit  par  un  jeune  homme  de  seize  ans,  pour 
préparer  le  sol  aux  productions  rémunératrices. 

Les  statistiques  font  foi  que  nos  régions  étaient  beaucoup  plus 
peuplées  avant  la  grande  Révolution  que  de  nos  jours.  Combien 
de  villages  disparus  ou  dmiinués  depuis  cent  ans?  'Son,  ce  n'est 
pas  la  terre  qui,  chez  nous,  manque  à  l'homme  ;  mais  c'est  plutôt 
l'homme,  les  bras  de  l'homme,  qui  manquent  à  la  terre. 

Aussi  bien,    le   défrichement    s'impose    a    Montardoise.    Aviint 

■20 


o'J(^  CHRONIQUE 

longtemps,  les  sapins  rabougris  céderont  la  place  aux  nioissoii? 
de  seigles,  d'avoines  et  de  blés  noirs.  Les  prairies  artiticielles  et 
toutes  sortes  de  racines  y  viendront  bien. 

Une  vaste  bergerie  attend  aussi,  là-bas,  son  troupeau  de  mou- 
tons qui  contribuera  au  bien-èlrc  des  orphelin?  et  ■•■'.  la  fécondité 
du  sol. 

I.ii  Société  des  Orphelinats  agricoles  fait  les  choses  bien  cL  vite. 

Le  mardi  i  janvier  sont  arrivés  les  Sirurs  et  vingt  pupilles, 
accompagnés  par  M.  l'abbé  Santol,  inspecteur  général  des  Orphe- 
linats agricoles.  Ce  digne  prêtre,  qui  vient  de  donner  aux  Parères 
de  Saint-Jean  de  Dieu  ses  établissements  de  Cerbères  (Pyrénées- 
Orientales),  où  un  sanatorium  maritime  est  actuellement  fondé, 
est  chargé  par  la  Société  de  l'installation  première  de  ses  omvres. 

Il  s'est  déjà  acquitté  de  plusieurs  missions  ;  particulièrement,  il 
a  mis  sur  pied  Minière,  les  Troqucs-Maries  (Eure-et-Loir),  Notre- 
Dame  Auxiliatrice  du  Fleix  (Dordogne),  Sainte-Marie,  Muret 
(Haute-Garonne),  Gévigney  (Haute-Saùne). 

Les  religieuses  arrivées  à  Montardoise  appartiennent  ù  lu  vail- 
lante congrégation  de  Saint-Jacul  ^Morbihan). 

C'est  à  la  recommandation  du  distingué  président.  M.  le  mar- 
quis de  Gouvello,  que  l'on  doit  d'avoir  obtenu  cette  communauté 
de  Sœurs  bretonnes,  si  parfaites  pour  Téducatioa  des  pauvres 
orphelins. 

L  orphelinat  de  Montardoise  est  place  sous  le  vocable  de  sainte 
Marguerite,  en  souvenir  d'une  pieuse  intention  du  généreux  fon- 
dateur. 

L'intluence  de  cette  œuvre  liumanitairc  et  chrétienne  est  appe- 
lée à  rayonner  sur  cette  portion  rurale  de  notre  vieille  Cham- 
pagne. 

C'est  là  que  les  jeunes  déshérités  des  joies  de  la  famille  trouv:-- 
ront  le  pain,  le  gite  et  aussi  l'alfection. 

C'est  là,  aussi,  que  viendront  plus  tard  s'instruire  les  amis  de 
l'agriculture  et  du  sol  natal,  lorsque  les  orphelins  devenus  grands, 
ayant  employé  leurs  robustes  bras  au  défrichement  des  sapiniè- 
res, produiront  les  céréales,  qui  donnent  du  pain  et  du  bétai!  là 
où  le  P'nius  Sylvesiiis  mettait  des  années  à  s'élever  de  terre. 

Car  les  productions  agricoles  sont  et  seront,  malgré-  tout,  la 
principale  ressource  d'un  pays. 

La  pensée  du  poctc  latin  sera  loujuurs  vraie  : 

O  rus,  quando  le  aspiciam  ? 

Et  celle   de  notre  Gresset  est  plus  l)elle  encore,  car  elle  est  plus 

chrétienne  : 

Quand  ou  vil  près  de  la  Nature, 
On  est  plus  près  de  la  Vertu. 

Vn  Hutal. 


(^HRQ>ilQLiF.  o<»7 


CuNlLREN(.fc;5    DU     RAHON     DE     liAVIi     tfl'U     >A     ULUMÈRt;     MISSIUiN      L.N 

GtoKGiE  ET  EN  SiJjÉRiE.  —  Nolre  distingué  collaboi'ateur,  le  bavoii 
de  Baye,  a  lait,  le  ir»  février  1898,  à  la  Société  de  Géographie 
commerciale,  dans  la  grande  salle  de  la  Société  de  Géographie, 
obligeamment  prêtée  à  cette  occasion,  une  intéressante  confé- 
rence, accompagnée  de  projections  à  l'aide  des  nombreux  clichés 
photographiques  pris  par  l'auteur,  sur  sa  récente  mission  en 
Géorgie. 

Le  lis  mars  1898,  le  baron  de  Baye  a  exposé  dans  le  mémo 
local,  devant  la  Société  de  Géograpliie^  les  résultats  d'une  troi- 
sième mission  en  Sibérie  qu'il  a  accomplie  cp.  1897  sous  les  auspi- 
ces du  Ministère  de  IMnstruction  publique. 

Après  avoir  décrit  les  mœuis  des  Mordvine.-^,  peuplade  liniKj- 
ougrienne,  qui  se  rencontre  dans  le  gouvernement  de  Pcnza.  le 
conférencier,  en  suivant  l'itinéraire  du  transsibérien,  donne  de 
curieux  détails  sur  les  colons  et  sur  les  agglomérations  d'habita- 
tions qui  se  sont  formées  dans  ces  contrées  avec  une  rapidité  sur- 
prenante. 

Il  termine  en  conduisant  ses  auditeurs  sur  l'Jénisséi  jusqu'à 
Minoussink  et  en  peignant  les  mœurs  des  tribus  tartares  encore 
chamanistes  qui  habitent  dans  ce  district. 


GuNKERENce  UE  M.  Garriel  BoNVALui,  A  KEiys.  —  M.  Gabriel 
Bonvalot,  l'explorateur  bien  connu,  a  donné  une  conférence  le 
mercredi  30  mars  189S,  à  Reims,  dans  la  salle  du  Cirque,  .sous  les 
auspices  du  Comité  de  l'Alliance  française. 

Gabriel  Bonvalot,  hâtons-nous  de  le  dire,  est  champenois.  11  est 
né  en  18j3  à  Epagne  (Aube),  a  fait  ses  études  au  lycée  de  Troyes 
et  les  a  poursuivies  en  .Mlemagne  et  en  Angleterre. 

Il  fut,  en  1880,  chargé,  avec  M.  Guillaume  Capus,  professeur 
d'histoire  naturelle  au  Muséum,  d'une  première  mission  scientifi- 
que en  Asie  centrale.  En  1886,  ils  repartirent  tous  deux  pour  une 
nouvelle  mission  dans  laquelle  ils  devaient  compléter  les  études 
commencées  dans  la  précédente,  et  cette  fois  accompagnés  de 
.M.  Pépin,  artiste  peintre,  autre  enfant  du  département  de  l'Aube. 

11  s'agissait  de  parcourir  la  Bactriane  et  de  trouver  un  passage 
du  Turkestan  dans  l'Inde,  par  le  Katiristan  ou  le  Pamir. 

Les  voyageurs  s'embarquèrent  à  Marseille  le  22  février  I88G,  et 
par  Constantinople,  le  Caucase  et  la  mer  Caspienne,  arrivèrent  à 
Téhéran.  Ils  traversèrent  tout  le  Nord  de  la  Perse,  Merv,  le  désert 
de  Kara-Koum  et  Bokhara,  atteignirent  l'Oxus  par  les  montagnes 
du  Hissar  et  la  vallée  du  Kalirnahan  et  franchirent  le  Pamir  d'Och 
à  Gakhkoutch. 


31)8  CHRONIQUE 

Ce  fut  un  audacieux  voyage  que  les  li'ois  Français  surent  ineuer 
à  bien.  Ils  rar.conipiirenl  avec  un  courage  indomptable,  une  iné- 
branlable volonté,  triomphant  du  froid,  de  la  neige,  où  leurs  che- 
vaux enfonçaient  jusqu'au  poitrail  et  disparaissaient  dans  des 
trous,  en  sorte  qu'une  heure  entière  ne  suffisait  pas  a  parcourir 
ui:  kilomètre,  et  venant  aussi  à  bout  de  la  défiance  jalouse  et  bar- 
bare avec  laquelle  les  habitants  de  ces  régions  inexplorées  interdi- 
saient l'accès  de  leur  pays. 

Le  G  juillet  1889,  M.  Bonvalot  commençait  une  nouvelle  expédi- 
tion. C'est  celle  dont  on  a  le  plus  parlé,  non  sans  raison,  et  qu'il 
lit  avec  le  prince  Henri  d'Orléans  et  l'abbé  Dedeken,  missionnaire 
belge.  Elle  ouvre  une  porte  de  la  Russie  sur  le  Thibet  etduThibet 
sur  l'hido-Chinc  française.  Le  chemin  qu'ont  tracé  les  hardis 
voyageurs  n'est  encore  parcouru  par  aucune  ligne  de  fer  ;  rien  ne 
nous  dit  qu'elle  ne  le  sera  pas  un  jour,  car  on  ne  saurait  prévoir 
les  besoins  économiques  des  peuples.  On  se  souviendra  alors  que 
les  premiers  jalons  de  cette  route  ont  été  posés  par  nos  compa- 
triote-. 

Il  faut  lire,  dans  le  livre  où  M.  Bonvalot  a  fait  le  récit  simple  et 
vivant  de  ce  voyage,  les  souiîrances  physiques  et  morales  endu- 
rées par  lui  et  ses  compagnons,  l'énergie  qu'ils  déployèrent,  le 
chef  de  l'expédition  principalement,  lorsque,  arrivé  au  point 
extrême  des  explorations  précédentes,  aux  passes  des  monts 
Altyne-Tag  et  Colomba,  quittant  la  direction  de  l'Est  suivie  par 
ses  prédécesseurs  Prjevalski  et  Carey,  pour  prendre  celle  du  Sud, 
et  abordant  de  front  le  massif  colossal  qui  s'appelle  le  toit  de 
l'ancien  monde,  il  s'écrie  :  «  De  l'audace,  en  avant  et  à  la  grâce 
de  Dieu  !  » 

La  caravane,  réduite  à  quatorze  hommes,  n'a  d'autre  guide  que 
les  anciennes  traces  de  chameaux  mongols  ;  encore  même  tout  à 
coup  ces  traces  disparaissent  :  on  marche  à  l'aventure  entre  21)" 
et  iO"  de  froid,  à  une  altitude  de  .'ijOOO  mètres  ;  l'eau  bout  à  72°, 
un  ne  peut  ni  taire  cuire  la  viande,  ni  faire  infuser  le  thé.  On  vit 
de  farine  délayée  dans  de  la  graisse,  et  de  pain  cassé  au  marteau. 
On  souffre,  mais  on  ne  s'ennuie  jamais,  raconte  le  chef. 

Le  31  janvier  1890j  après  deux  mois  passés  sans  avoir  vu  un 
être  humain,  on  rencontre  les  premiers  bergers  thibétains  ;  le  lii 
février,  on  fort  de  l'inconnu,  la  caravane  avait  perdu  deux  hom- 
mes, tousses  chevaux  et  vingt-cinq  chameaux  sur  quarante.  Elle 
marche  maintenant  sur  Batang,  cette  fois  en  pays  habité,  et  de 
Batang  arrive  le  28  septembre  à  Hanoi,  la  capitale  du  Tonkin.  Les 
explorateurs  avaient,  en  huit  mois,  fait  2,500  kilomètres  de  route 
nouvelle  et  étaient  restés  300  jours  à  cheval. 

>L  Bonvalot,  dans  un  récit  semblable  à  celui  de  son  voyage 
avec  le  prince  d'Orléans,  expose  les  péiipéties,  différenles,  mais 
nou  moins  curieuses  assurément,  de  son  expédition  récente  en 
Abvssinie. 


CFIRONIQUK  ^00 


La  «  JEAN'Nt:  d'Arc  »  de  Paul  Dui!û:>,  a  Paris.  —  Craignant 
d'être  pris  au  dépourvu  si  la  fête  de  Jeanne  d'Arc  était  votée  et 
célébrée  en  mai  prochain,  le  Conseil  des  bâtiments  civils  s'est 
enfin  décidé  à  s'occuper  de  l'emplacement  de  la  Jeanne  d'Arc  de 
Paul  Dubois. 

11  vient  d'adresser  à  la  Ville  de  Paris  une  demande  tendant  à 
obtenir  la  place  Saint-Augustin  pour  y  élever  cette  statue  ;  mais 
il  paraît  que  certains  conseillers  se  montrent  peu  disposés  à  accep- 
ter ce  nouveau  monument,  sous  prétexte  que  deux  existent  déjà  : 
celui  de  Frémiet  et  celui  de  Chntrousse  sur  le  boulevard  Sainl- 
Marcel. 

Ces  conseillers  oublient  sans  doute  que  Voltaire  a  trois  statues  à 
Paris  :  l'une  au  square  Monge,  l'autre  à  la  mairie  de  la  rue 
Drouot  et  la  troisième  sur  le  quai  Malaquais.  Si  l'hommage  n'est 
pas  excessif  pour  l'auteur  de  la  PuccUey  comment  le  serait-il  pour 
la  grande  libératrice  de  la  patrie  ? 

Au  fond,  la  place  commence  à  manquer  à  Paris  pour  les  monu- 
ments, et  on  veut  sans  duute  se  réserver  le  peu  qui  reste  pour  los 

gloires  contemporaines. 

* 

KliCEPTION     DU     PRIN'GE     NlCOLAS     ScHERBATOFF     PAR     L'x^CADKMir:     DE 

Reius.  —  Le  samedi  12  février  1898,  l'Académie  de  Reims  avait 
l'honneur  de  recevoir  l'un  de  ses  membres  correspondants  nou- 
vellement élus  en  Russie,  Son  Excellence  le  prince  Nicolas  Scher- 
batoir,  administrateur  du  Musée  impérial  historique  de  Moscou, 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  qui  était  venu  passer  l'hiver  avec 
sa  famille  tant  à  Biarritz  qu'à  Paris.  Avec  lui  se  trouvaient  le  baron 
de  Raye  et  M.  Robert-E.  Boker,  architecte  à  Saint-Pétersbourg. 

Le  prince  Scherbatofï  visita  successivement  l'Arc  de  Triomphe, 
les  Musées  et  la  Bibliothèque  de  la  ville,  la  collection  Léon  Morel, 
la  cathédrale,  l'église  Saint-Remi,  et  enfin  le  Musée  lapidaire  de 
l'Hôlel-Dieu.  Il  se  rendit  aussi  au  Palais  de  l'Archevûché,  où  il 
rendit  visite  à  Son  Eminence  le  cardinal  Langénieux,  archevêque 
de  Reims. 

Un  déjeuner  intime  réunit,  à  midi,  le  prince  et  le  bureau  de 
l'Académie  à  la  table  hospitalière  de  M.  le  comte  Werlé,  consul 
de  Russie  à  Reims  et  membre  titulaire  de  TAcadémie. 

Le  soir,  un  banquet,  à  l'hôtel  du  Lion-d'Or,  groupa  autour  du 
prince  plusieurs  notabilités  rémoises  :  M.  le  sénateur  Diancourt, 
M.  H.  Paris  et  M.  le  D""  H.  Henrot,  anciens  maires  de  Reims, 
M.  V.  Duchâtaux.  etc.  Ms^  Cauly,  président  de  l'Académie,  porta 
la  santé  de  l'hôte  si  distingué  qui  avait  reçu  à  Moscou  les  repré- 
sentants de  la  science  française  au  Congrès  Médical  tenu  l'an  der- 
nier, f.a  plus  franche  cordialité  anima  cette  réunion. 


nid  CHRONIQUE 

l'ouf  lenniner  la  lûlc,  le  baron  de  Ba}e,  menibie  honoraiie  de 

l'AcadérDie  de  Reims,  raconla  son  récent  voyage  en  Géorgie  dans 

«ne  conférence  lr^s  applaudie  et  accompagnée  de  projections  fort 

bien  réussies. 

* 

Vente  de  la  Bibliothèque  Deulll\,  a  Épernay.  —  La  vente  de 
la  bibliothèque  de  M.  Eugène  Deullin  a  eu  lieu  à  Epernay  le  lundi 
.Il  janvier  et  jours  suivants.  M"  Cbevret,  commissaire-priseur, était 
assisté  de  M  Claudin,  libraire  à  Paris,  qui  a  dirigé  la  vente  devani 
un  public  de  chois,  l/assistance  n'était  pas  très  nombreuse.  Quel- 
ques libraires  ronnus  liaient  présents,  entre  autres  M.  !\lichaud, 
de  Reims. 

Le  catalogue,  qui  ne  comptait  pas  moins  de  i,9l9  numéros, 
renfermait  un  grand  nombre  de  livres  et  quelques  manuscrits 
intéressants  pour  l'histoire  de  la  Champagne,  la  littérature,  les 
beaux-arts,  la  bibliographie  et  les  biographies  provinciales. 

Le  prix  le  plus  élevé  —  81  francs  —  a  été  atteint  par  l'Histoire 
de  Chdlons-siir-Marne  et  de  ses  institutions,  par  Barbât  (n'^  73). 
L'ouvrage  de  l'historien  chàlonnais  est  toujours  très  recherché  à 
cause  de  ses  lithographies,  représentant  les  anciens  aspects  de  la 
ville  qui  s'est  transformée  depuis  IS.'ili,  date  de  ces  publications. 
Un  manuscrit  du  xviii*  siècle,  les  Antiquités  de  la  ville  de  Join- 
rille  (n°  i'ô),  a  été  adjugé  à  M.  Claudin. 
Il  contient  une  généalogie  des  seigneurs  de  Joinville. 
Un  manuscrit  latin,  Anliquilalum  Claravallensium  appendix 
follcctus  anno  1680  (n'  30),  a  eu  le  même  acquéreur. 

La  bibliothèque  de  la  ville  d'Epernay  a  fait  l'acquisition  de 
quelques  volumes  :  les  Apophtegmes  de  Perrot  d'Ablancourt 
(n»  39),  les  Commentaires  de  César,  traduits  par  le  même  ;  le 
Répertoire  archéologique  du  département  de  l'Aube,  par  d'Arbois 
de  .lubain ville  (a"  49)  ;  l'Histoire  des  Archers  et  des  Arquebusiers 
de  la  ville  de  [ieims,  par  Edouard  de  Barthélémy  (n"  85). 

La  curiosité  de  ceux  qui  suivaient  la  vente  a  été  assez  excitée  à 
lin  moment  par  une  publication  curieuse,  réimpression  d'un  pla- 
card illustré  publié  à  Paris  en  1749. 

Cette  réimlDressiou  avait  été  faite  pour  M.  Deullin  par  l'éditeur 
Bonnedame,  à  Epernay,  en  1872.  Le  placard  porte  ce  titre  ;  Avis 
important  au  sujet  qu'on  mcnr  des  chiens  dans  les  églises 
(n-  58). 

M.  Deullin  avait  conservé  de  cette  feuille  3i;  exemplaires  que  les 
amateurs  se  sont  partagés  à  bon  coinpte  moyennant  1  à  2  fr. 


Don  au  Musle  de  Cualons.  —  Le  Musée   de  la  ville    vient    de 
recevoir  de  l'Elat,  en  dépAt.  der.x  peintures  sur  toile  : 


r.uRONiouK  :;  Il 

1"  bacri/lce  au  hioi    l*a)u    [j.h     Philijifw    l.iuiri    (x\w  sii-ric, 
Kcole  romaine). 
2o  Place  de  la  Clauslre,  à  Périnucux^  par  (Jriveau. 
Ces  deux  tableaux  sont  exposés  dans  la  salle  de   peinture  du 

premier  étage. 

* 

Li.  BRi;\tAinE  dt.  M?""  DarbOv.  —  Le  rardinal  Richard  vient  de 
déposer  au  trésor  de  Noire-Dame  le  bréviaire  que  Mi-r  Darboy  avail 
emporté  ù  la  Roquette  et  qui  fut  remis  après  sa  mort  à  l'abbé 
Gallet,  alors  vicaire  de  Saint- \u?^ustin,  par  l'un  des  fédérés,  car- 
dieu  de  la  prison. 

Ou  sait  que  l'infortuni'-  prélat  était  originaire  de  Fayl-fîillnl 
I  Haule-MarneK 


M^'"  Lattv  a  Rume.  —  Le  jeudi  17  février,  à  midi,  Léon  Mil  a 
reçu  l'évûque  de  Cbàlons  en  audience  privée.  Le  Souverain-Pon- 
tife a  retenu  pendant  une  heure  M?'"  Lattv,  qui  s"est  retiré  [jrofoii- 
dément  ému  et  llatté  de  l'accueil  paternel  de  Léon  Xlll. 

Sur  le  désir  exprimé  par  Sa  Sainteté,  le  prélat  retournera  au 
Vatican,  pour  prendre  congé  du  Saint-Pére.  la  veille  de  ?nn 
dénart  de  la  Ville  éternelle. 


ÏUOLVAILLE  ArtcHKOLor.iQLE  A  Basslet.  —  Une  découverte 
archéologique  importante  a  été  faite  récemment  à  Bassuet 
(Marne),  par  M.  Villenet  fils.  Il  a  mis  au  jour  plusieurs  tombes 
gallo-romaines  contenant  des  torques,  bracelets,  poignards  cise- 
lés, fibules,  etc 

La  Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry  se  propose,  d'accord 
avec  les  propriétaires  voisins  et  sous  la  direction  de  M.  Ruche, 
instituteur,  de  continuer  les  fouilles. 


DlXOCVERTli    d'oSSEMKNTS     FOSSILES     A     LA     NëL'VILLE-AC-PoNT.      — 

M.  Jacquier-Radière,  de  la  Neuville-au-Pont  (Marne),  a  trouvé 
dernièrement,  dans  une  carrière  de  sable,  à  cinq  mètres  de  pro- 
fondeur, une  superbe  dent  de  mastodonte^,  mesurant  douze  centi- 
mètres de  longueur  et  cinq  de  largeur,  et  pesant  850   gramme-^. 


Destruction  des  ruines  du  cuateau  des  comtes  de  Champagne. 
A  Lachy,  —  Le  vandalisme  des  acquéreurs  des  ruines  du  vieux 
château  de  Lachy  a  jeté  bas  les  antiques  murailles  de  la  chapelle. 

\  ce  sujet,  le  Courrier  de  Sézanne  publie  un  historique  que  lui 
adresse  un  de  ses  correspondants  : 


312  CHRONIQUE 

a  .le  ne  puis  que  {ilourcr  sur  ces  vieux  témoins  dos  évr'ueinenls 
de  noire  histoire,  depuis  saint  Louis  jusqu'à  nos  jours. 

Le  château  de  la  reine  Blanche  de  Champagne  et  de  Navarre 
fut  démoli  probablement  au  cours  de  la  longue  et  cruelle  guerre 
de  Cent  ans.  Le  vieux  château  de  Lachy  avait  élé  témoin  de  la 
révolte  de  Jacques  Bonhomme  —  la  Jacquerie  —  contre  son  suze- 
rain. Il  vit  passer  plus  lard,  peiidant  les  guerres  religieuses,  les 
Huguenots,  qui  incendièrent  probablement  le  couvent  du  Val- 
Dieu,  son  voisin. 

Arrive  la  Uévolulion  ;  on  arrache  les  pierres  aux  tours  du  chA- 
tcau,  pour  faire  comme  les  Parisiens  qui  démolissaient  la  Bastille. 

Ce  qui  restait,  entouré  de  bois,  servit  encore  deux  l'ois  de 
refuge.  C'était  l'invasion  de  1814,  les  batailles  de  Champaubcrl, 
de  Vaiichamps,  de  Montmiraii,  de  Sézanne,  de  Fère-Champenoise. 
Les  Cosaques  couvraient  toutes  les  routes,  tous  les  chemins.  On  se 
cacha  dans  les  taillis  du  vieux  château,  et  les  Russes  passèrent  à  côté, 
mais  n'osèrent  point  pénétrer  dans  les  fourrés  de  ronces  et  d'épines. 

Enfin,  en  1870,  à  la  nouvelle  que  la  France  était  encore 
envahie,  on  cacha  le  linge  et  ce  qu'on  avait  de  plus  précieux  dans 
les  vieux  souterrains  de  l'antique  castcl,  cachette  vite  découverte, 
mais  qu'on  croyait  sûre. 

Quand  le  vieux  château  fut  construit,  c'était  un  signe  de  pro- 
grès, puisque  c'était,  en  même  temps  qu'une  forteresse,  un  lieu 
de  refuge  pour  les  serfs,  nos  ancêtres.  Aujourd'hui,  c'est  encore  un 
signe  des  temps.  Ses  piei-res,  vendues  à  l'encan,  sont  converties 
en  pièces  d'or. 

Rien  n'eu  restera  que  le  souvenir  de  ce  qui  fut  le  berceau  de 
nos  aii'ière-grands-pères. 

Ainsi  passe  la  gloire  du  monde.    » 


L'.NE  (KLVRK  nu  si.ULfTiiUU  L)i:loye.  —  Les  amis  de  l'humorisle 
Pothey  ont  inauguré  le  2  février  dernier,  au  cimetière  de  Saint- 
Oucn,  un  modeste  monument  sur  l.i  toniln'  de  l'auleui  tlo  la 
M'ji'lW. 

Ce  monument  comporte  un  médaillon  dû  au  ciseau  du  très  dis- 
tingué sculpteur  scdanais.  Gustave  Deloye,  qui  fut  l'ami  très 
dévoué  de  Pothev. 


Une  cE.NTENAinE.  —  M°"=  Julia  Cousinat,  veuve  Chiquet,  née  à 
Aulnay-sur-Marne  le  2o  février  1797,  a  atteint,  le  vendredi  2ri 
février  1898,  sa  cent-unième  année.  M™"^  veuve  Chiquet  a,  parait- 
il,  conservé  ses  facultés  et  raconte  volontiers  ses  souvenirs.  A  son 
âge,  ce  n'est  pas  ce  qui  manque  le  moins.  Elle  habite  tantôt  chez 
l'une  do  ses  filles,  à  Athis  (Marne,',' tantôt  chez  l'autre,  à  Tours-sur- 


CHRONIQUE  313 

.Marne,  *  sos    doux    i^-amines  »,    dil-nlli',  qui    smil  luiit^s  deux  ?op- 
t  11  aire  II  a  ires. 


Nominations  kt  Distinction^.  —  Itc'ception  di'  M.  le  comte 
Albo'i  de  Mun  à  l'Académie  française.  —  Le  11  mars  1898  a 
eu  lieu  la  réception,  à  l'Académie  française,  de  M.  le  comte  .\lbert 
de  Mun,  qui  succédait  à  M.  Jules  Simon,  décédé  en  1896. 

Dès  dis  heures  du  matin,  bien  que  les  portes  ne  dussent  s'ou- 
vrir qu'à  une  heure  de  l'après-midi,  une  foule  considérable  se 
pressait  aux  portes  de  l'Institut. 

Une  heure  avant  l'ouverture  de  la  séance,  la  salle  était  comble 
et  il  ne  restait  disponibles  que  les  places  réservées  aux  membres 
de  l'Institut,  au  corps  diplomatique  et  à  la  famille  du  défunt 
membre  de  l'Académie,  dont  on  prononce  l'éloge. 

Aux  places  réservées  et  au  centre  on  remarque  l'amiral  Bes- 
nard,  ministre  de  la  marin  ■  ;  M.  Barthou,  ministre  de  l'intérieur; 
M.  Hanotaux,  ministre  desatïaires  étrangères  ;  M"""  Clari,  nonce  du 
pape  ;  le  prince OuroussotT,  ambassadeur  de  Russie  ;  le  grand-duc 
Michel  ;  l'ambassadeur  d'Aulriche,  etc. 

Les  membres  de  la  famille  de  M.  Jules  Simon  occupent  une  tri- 
bune qui  leur  est  spécialement  réservée. 

A  deux  heures  exactement,  le  bureau  de  l'Académie  française, 
.MM.  le  comte  d'Haussonville,  directeur;  Jules  Lemaître,  chance- 
lier, et  Gaston  Boissier,  secrétaire  perpétuel,  suivi  du  récipien- 
daire, M.  le  comte  Albert  de  Mun,  accompagné  de  ses  parrains, 
MM.  Mézières  et  le  vicomte  de  Vogiié,  fait  son  entrée  dans  la  salle 
des  séances  solennelles  au  milieu  d'une  haie  de  soldats  du  102" 
régiment  d'infanterie  qui  piésenteiit  les  armes. 

C'est  avec  la  plus  grande  attention  que  les  assistants  ont  écouté 
le  discours  de  M.  le  comte  Albert  de  Mun,  faisant  l'éloge  de 
M.  Jules  Simon,  et  la  réponse  de  bienvenue  qui  lui  est  faite  parle 
directeur  de  rAcadémie.  .M.  le  curnte  d'Haussonville. 


Réception  de.  M.  Gabriel  Hanolau.c  à  l'Aradcmie  française. 
—  Le  25  mars  1898,  M.  Gabriel  Hanotaux  recueillait  à  son  tour, 
sous  la  coupole  de  rinstitul,  la  succession  de  M.  Ghallemel-Lacour. 

Depuis  longtemps,  on  n'avait  vu  une  telle  affluence  de  monde 
entre  le  pont  des  Arts  et  le  palais  Mazarin. 

Pendant  que  les  privilégiés  pénètrent  sous  la  coupole,  les  mem- 
bres de  l'Académie  française  arrivent  et  se  rendent  dans  la  grande 
.salle  de  la  Bibliothèque.  Seuls,  sont  en  habit  à  palmes  vertes  :  le 
récipiendaire,  M.  Gabriel  Hanotaux  ;  ses  deux  parrains,  M.M.  Albert 
Sorel  et  José-.Maria  de  Heredia  ;  l'ancien  directeur,  M.  le  vicomte 
de  Vogué,  et  le  secrétaire  perpétuel,  M.  Gaston  Boissier. 


■1  t  CHRONIOOK 

Aux  places  du  cunlro.  dans  les  Iribuiios  ot,  dans  les  aiupiiilhéii- 
Ires,  le  public  s'entasse  el  se  serre.  La  salle  des  séances  publi- 
ques, qui  contient  habituellement  900  personnes,  est  bondée  à  tel 
point  que  près  de  1,000  personnes  ont  pu  y  prendre  place. 

Devant  la  tribune  du  bureau  de  l'Académie  se  trouve  une  ban- 
quelle  réservée  où  doivent  s'asseoir  31.  Félix  Faure,  Président 
de  la  République  et  ses  invités  personnels.  On  a  jugé,  en  effet, 
que  la  loge  spéciale  qui  est  habituellement  réservée  an  chef  di^ 
l'Etat  est  trop  peu  spacieuse. 

Tout  ce  que  Paris  compte  de  nolabiiités  dans  le  monde  de  la 
liolitique  ou  de  la  diplomatie  se  trouve  présent. 

La  tribune  réservée  à  la  famille  dn  défunt  membre  de  l'Acadé- 
mie dont  on  prononce  l'éloge  est  occupée  par  des  parents  éloignés 
de  M.  Challemel-Lacour. 

Un  peu  avant  deux  heures  de  l'après-midi,  le  Président  de  la 
République,  qui  avait  tenu  à  rendre  un  témoignage  de  particu- 
lière estime  au  Minisire  des  Affaires  étrangères,  mais  qui  avait 
aussi  voulu  venir  au  simple  titre  d'invité,  arrive  à  l'Institut 
accompagné  de  M.  le  général  Hagrun,  secrétaire  général  de  la 
présidence,  et  de  M.  Le  Gall.  directeur  de  son  cabinet.  Le  Prési- 
dent est  vêtu  de  la  redingote  et  porte  à  la  boutonnière  la  rosetle 
de  la  Légion  d'honneur.  Il  est  rejoint  par  le  grand-duc  Nicolas 
Michaïlowich  et  le  prince  Ouroussolf,  ambassadeur  de  Russie,  ses 
invités  personnels.  Le  Président  pénètre  sous  la  coupole  et  prend 
place  au  centre  de  la  banquette  qui  lui  est  réservée.  Le  grand- 
duc  Nicolas  s'assied  à  sa  droite  et  l'ambassadeur  de  Russie  se  place 
à  sa  gauche. 

A  deux  heures  précises,  le  bureau  de  l'Académie,  précédant  le  réci- 
piendaire et  ses  parrains,  fait  sonentré'e  dans  la  salle  des  séances. 

Le  nouveau  membre  de  l'Académie  française  se  lève  et  d'une 
voix  forte,  claire  et  bien  timbrée,  lit  son  discours  de  réception, 
consacré  à  l'éloge  de  son  prédécesseur,  M.  Challemel-Lacour. 

Cette  lecture  est  écoulée  avec  le  plus  grand  plaisir  par  l'assis- 
tance qui  souligne  plusieurs  passages  de  murmures  approbateurs 
el  de  ses  applaudissements. 

La  réponse  au  discours  de  M.  Hanotaux,  par  M.  le  vicomte  de 
Vogiié,  est  entendue  avec  non  moins  d'intérêt  et  obtient  un  égal 
succès. 

Un  service  d'ordre  spécial  a  dû  être  organisé  dans  la  cour  du 
palais  Mazarin  et  sur  le  quai  Conti. 

Le  Président  de  la  République,  le  grand-duc  Nicolas  et  le 
prince  Ouroussotl  on  été  vivement  acclamés. 


L'Académie  des  Inscriptions  et  Relies-Lettres  a  procédé,  dans  sa 
séance  du  2'6  mars  1898,  à  l'élection  d'un  académicien  libre  en 
remplacement  du  baron  de  Rublc,  récemment  décédi'. 


CHRONIQUE  .M;' 

Aa  'o''  tour  de  sciuLii),  le  H.  P.  Thédenal  a  i;Lé  élu  par  'l'J  voix 
sur  ii  volants. 

Le  R.  P.  Henri  Tliédenal,  pnHre  de  l'Oratoire,  est  né  à  la 
Rochelle  en  i844.  Il  fut  naguère  directeur  du  collège  de  Juilly. 
Président  sortant  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  qui  est, 
on  le  sait,  pour  les  archéologues,  une  sorte  de  vestibule  de  l'Aca- 
démie, il  s'occupe,  avec  autant  de  science  que  d'ardeur,  des  anti- 
quités romaines,  sur  lesquelles  il  a  publié  de  nombreux  travaux, 
parmi  lesquels,  tout  récemment,  une  rcmanjuable  monographie 
du  Forum  romain*,  pour  la  préparation  duquel  il  a  fait  un  loncc 
^f'jour  dans  la  Ville  éternollo. 


Mu'dc  Pélacol,  nouvel  cvêguc  de  Troycs.  —  Le  successeur  de 
>!•?■■  Cortet  sur  le  siège  de  Troyes  est  un  gentilhomme  aussi  noble 
d'esprit  et  de  cœur  que  de  naissance.  La  distincUoii  de  ses  maniè- 
res n'a  d'égale  que  son  exquise  alTabilité. 

Né  le  14  juin  1840,  il  débuta  dans  le  ministère  sacerdotal 
comme  secrétaire  particulier  de  l'évêque  du  Puy. 

M"''  Lebreton  le  nomma  en  1874  vicaire  généial  et  il  conserva 
ces  fonctions  sous  Tépiscopat  de  M?""  Fulbert  Petit,  aujourd'hui 
archevêque  de  Besançon,  dont  le  successeur,  M^'"  Guillois,  lui 
donna  également  toute  sa  confiance. 

Vingt-deux  années  d'administration  diocésaine  ont  donné  à 
l'abbé  de  Pélacot  une  expérience  consommée  des  affaires  ecclé- 
siastiques. 

Le  générai  Godarl.  —  Le  général  Godart,  qui  vient  d'être 
nommé  commandant  de  la  IC^  division,  à  Bourges,  est  né  le  il 
août  1837  à  Mareuil-le-Port  (Marne).  Elève  à  Saint-Cyr  en  1857,  il 
fut  promu  sous-lieutenant  le  1"^^'  octobre  1839,  lieutenant  le  24 
juin  1865.  Pendant  la  guerre  franco-allemande,  il  fit  partie,  avec 
le  G9'  de  ligne,  où  il  servait,  de  la  division  Castagny  du  3"  corps 
d'armée,  et  assista  à  la  bataille  de  Borny  (14  août),  à  celles  de 
Gravelotte  et  de  Saint-Privat  (IC  et  18  août).  On  lui  donna  les 
épaulettes  de  capitaine  le  2  octobre  1S70  et,  quand  la  paix  fut 
signée,  la  croix  de  la  Légion  d'honneur. 

Chef  de  bataillon  le  15  mars  1880,  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur le  15  mai  1884,  lieutenant-colonel  le  30  octobre  suivant, 
M.  Godart  devint  colonel  le  1"  juillet  1887.  Il  commanda  le  lli'.e 
d'infanterie,  à  Mamers,  puis  à  Paris,  jusqu'au  20  décembre  1891, 
date  à  laquelle  il  obtint  les  étoile?  de  général  de  brigade.  II  com- 
manda alors  la  77^  brigade  d'infanterie  à  Commercy  et  fut  choisi 
comme  divisionnaire  le  9  octobre  1890. 

1  .    ParÎF.  HaoliPlte,  1S98  :  iii-  18  avec  caile-  et  pi. 


3  If)  CHRONIQUE 


l.c  gt'nènU  Mourlan.  —  Parmi  les  nouveaux  divisionnaires, 
nous  devons  également  srikier  le  général  Mourlan,  qui  est  appa- 
renté à  l'honorable  famille  Barbât,  do  Chàlons. 

Le  général  Mourlan  était  chef  d'escadron,  officier  d'ordonnance 
du  général  Clinchant,  lorsque  celui-ci  succéda,  en  1879,  au  géné- 
ral Douay,  comme  chef  du  C  corps  d'armée. 

A  la  suppression  de  l'ancien  corps  d'état-ntajor,  Mourlan  servit 
aux  tirailleur^  algériens,  fit  avec  distinction,  en  qualité  de  colonel, 
plusieurs  campagne.»  au  Tonkin,  et  mérita  ainsi  le  grade  de  géné- 
ral de  brigade,  il  a  commandé  en  cette  qualité  une  brigade  d'in- 
fanterie dans  l'ouest  et  est  devenu  président  du  Comité  de  gen- 
darmerie. 

Le  général  Mourlan  est  Agé  de  soixante-et-un  ans. 


Ln  colonel  Lecomlc.  —  M.  le  lieutenant-colonel  Lecomte, 
directeur  du  Génie  à  Cbâlons,  qui  préside  actuellement  le  Conseil 
de  guerre  de  la  6"  région  de  corps  d'armée,  est  le  fils  du  regretté 
général  Lecomte,  qui  fut  fusillé  pendant  la  Commune,  par  les 
fédérés,  avec  son  collègue,   l'infortuné  général  Clément  Thomas. 

A  l'époque  de  ce  lâche  assassinat.  M.  le  colonel  Lecomte  était 
lieutenant  du  uénie. 


M.  Pillière,  originaire  de  l'oix  (Marne),  lieutenant-colonel  au  G" 
de  ligne,  vient  d'être  promu  colonel  et  affecté  au  L'ïG'^. 


.M.  le  colonel  du  génie  Maillac,  directeur  du  génie  à  Alger,  est 
nommé  commandant  supérieur  de  la  défense  des  places  du 
groupe  de  Reims,  en  remplacement  du  général  Lefort. 


M""'  Madeleine  Lemalre.  —  M"*' Madeleine  Lemaire  vientd'ètrc 
nommée  professeur  de  Heurs  par  la  direction  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle. 

Il  n'y  a  que  deux  professeurs  d'art  au  Muséum  :  M.  rrémiel 
pour  les  animaux,  Mm«  Madeleine  Lemairc  pour  les  Heurs.  C'est 
dire  l'importance  du  choix  fait  par  les  membres  de  l'Institut. 

Ce  n'est  pas,  au  point  de  vue  du  féminisme,  un  mince  événe- 
ment que  la  nomination  de  M™"  Madeleine  Lemaire  comme  pro- 
fesseur au  Muséum  d'histoire  naturelle,  La  distinction  serait  déjà 
très  flatteuse  par  elle-même  :  mais  c'est,  en  outre,  la  première  fois 


CHRONKJUE  317 

iju  iiiiu  t'emine  Osl  appelée  à  remplir  des  roiiclious  si  iiuloireriienL 
ofljcielies,  et  à  occuper  un  poste  où  ne  manquaient  pus  les  candi- 
datures masculines.  M'n'=  Madeleine  Lemaire  succède  à  ces  artistes 
célèbres  qui  se  nommaient  Van  Spendonck  et  Redouté. 


M.  Théodore  Dubois.  —  On  sait  que  M.  Tliéodore  Dubois, 
notre  distingué  compatriote,  a  été,  pendant  longtemps,  organiste 
titulaire  de  l'église  de  ia  Madeleine,  à  Paris.  Nommé  directeur  du 
Conservatoire,  il  avait  dû  résilier  ses  fonctions.  Le  Conseil  de 
fabrique  vient  de  le  nommer  organiste  honoraire  de  la  paroisse, 
en  récompense  de  ses  bons  et  loyaux  services.  M.  Théodore  Dubois 
compte^,  en  eii'et.  vingt-six  ans  d'exercice  à  la  Madeleine,  en  qua- 
lité de  maître  de  chapelle  et  d"organiste.  Il  avait  succédé  à 
M.  Camille  Saint-Saëns. 

M.  l'abbé  Hertzog,  curé  de  la  Madeleine,  est  allé  faire  paît  de 
celte  décision,  ces  jours  derniers,  au  directeur   du    Conservatoire. 


L'Académie  des  Sciences  avait  à  décerner,  dans  sa  dernière 
séance  annuelle,  le  prix  Bréant,  de  IOU,0(tO  francs,  pour  la  guéri- 
son  du  choléra. 

Ce  prix  n'a  pas  été  attribué,  mais  M.  le  D"^  Kmile  Legrain, 
d'Avenay  (Marne),  figure  pour  une  somme  de  t,00(t  francs  dans 
les  récompenses  accordées  à  ce  sujet. 


Le  ministre  de  la  Guerre  vient  d'accorder  une  médaille  d'hon- 
neur au  frère  ApoUin  Camille,  directeur  de  l'école  libre  de  Sedan, 
pour  récompenser  le  dévouement  dont  ce  dernier  a  fait  preuve  à 
l'hùpital  militaire  de  cette  ville  pendant  les  épidémies  do  fièvre 
typhoïde  et  de  si'arlatine. 

Le  frère  Apollin  Camille,  qui  s'appelait  il  y  a  quelques  mois  le 
sergent  Duval,  a  quitté  l'armée  pour  se  consacrer  à  l'éducation 
chrétienne  des  pauvres. 

MM.  Eugène  Doucet  et  Edmond  PetiLfils,  étudiants,  anciens  élè- 
ves de  l'Institution  Saint-Hemi,  à  Chaileville,  viennent  d'obtenir 
chacun  une  médaille  de  bronze  (troisième  prix),  au  concours 
ouvert  par  la  Société  littéraire  et  artistique  de  Nîmes,  le  premier 
pour  une  nouvelle,  le  second  pour  une  comédie  en  prose. 


Dans  le  mouvement  administratif  [)ublié  le  26  février  au   Joui  - 
nal  o/ficicl.)  nous  relevons  les  nominations  suivantes  : 


31§  CHB©NlQUfc 

M.  Tréponl,  sous-pietet  de  Dole,  est  nomme  secrélaire-géiiéial 
de  l'Aisiie  ; 

M.  Fournier,  licencié  en  droit,  est  nommé  conseiller  de  préi'ec- 
liire  des  Ardennes,  en  remplacement  de  M.  Vauzy,  nommé  con- 
seiller de  préfecture  de  l'Allier.    • 


l'arnii  les  nombreuses  nominations  académiques  faites  à  l'oc- 
casion du  i'^r  janvier  et  promulguées  seulement  au  mois  de  février 
dernier,  il  faut  citer,  pour  notre  région,  comme  officiers  d'Ins- 
truction publique  : 

MM.  liarbry,  ancien  garde-mines,  inspecteur  du  travail  dans  le 
déparlement  de  la  Marne,  qui  compte  plus  de  quarante  années  de 
services  ; 

Ernest  Cury,  compositeur  et  professeur  de  musique  à  Paris. 
M.  Krnest  Cury,  ancien  élève  de  la  maîtrise  de  Reims,  a  tenu  le 
petit  orgue  de  la  cathédrale.  C'est  un  des  meilleurs  élèves  de  feu 
M.  Robert.  Il  fonda  à  Reims,  avec  Bazin,  la  première  Société  cho- 
rale la  Saillie  Cécile  : 

Henri-Edouard  Uallier,  compositeur  de  musique  à  Paris,  mem- 
bre des  jurys  d'examen  au  Conservatoire,  organiste  de  Saint-Eus- 
tache.  On  sait  les  origines  rémoises  de  ce  futur  professeur  au 
Conservatoire,  qui  fut  longtemps  organiste  de  la  cathédrale  ; 

Delatour,  vice-président  du  Conseil  général  de  l'Aube  j 

Delorme,  médecin  principal  de  l^^  classe,  médecin  en  chef  de 
l'hôpital  du  camp  de  Chàlons  ; 

Auguste-Alphonse-Marie-Joseph  Dru/.,  secrétaire-général  de  Ja 
|)réfeclure  de  Chàlons-sur-Marne  ; 

Le  docteur  Lebrun,  médecin  à  Bar-sur-Aubc  ; 

.Menneret,  inspecteuc  des  enfants  assistés  du  département  de 
l'Aube  ; 

Speckhahn,  président  de  délégation  cantonale  à  Renwe/. 
(Ardennes)  ; 

Tèlevuide,  conseiller  général  et  maire  à  Halnot  sur-Laignes 
(Aube). 

—  Comme  ofliciers  d'Académie  :  MM.  Auiiriot,  ancien  instituteur, 
secrétaire  de  la  sous-préfecture  de  Bar-sur-Seine  ; 

Le  docteur  Baratier,  à  Jeugny  (Aube)  ; 

Belianger,  ingénieur  à  Sainte-Menehuuld  ; 

Bertozzi  fils,  sculpteur  à  Reims  ; 

Eugène-Pierre  Bosc,  chef  du  cabinet  du  Préfet  de  la  Marne  ; 

De  la  Boullaye,  inspecteur  des  forêts  à  Troyes  ; 

Brunetot,  ancien  instituteur,  maire  de  Villers-AUerand  ; 

Couttolenc,  professeur  de  physique  ci  de  chimie  à  l'Ecole  pro- 
fessionnelle de  Reims  ; 


(JHKQNIQIIK  cl  19 

Delagardu,  prociireui'  de  la  République  à  VUry-le-lraiiçois  ; 

M'"''  Rose-Kélicie  Delaunay,  arlisle  lyrique  eL  professeur  de 
chant  à  Paris. 

Nous  retrouvons  eu  elle  une  aimable  rémoise,  M'^'  Rose  lîuu/.li, 
-^  belle-sii'iii  de  noire  excellent  violoniste  M.  Vaulhier.  Elle  a 
épousé  un  peintre  de  talent,  fils  de  l'éminent  sociétaire  de  la 
Comédie-Frant^aise.  M'^'^  Rose  Delaunay  a  été  engagée  durant 
quelque  temps  à  l'Opéra  Comique  ; 

Viclor-Prosper  Dussautoir,  vérilicateur  en  chef  des  poids  et 
mesures  à  ChAlons-sur-Marnc  ; 

(ilinel,  publiciste  à  Laon.  Notaire  à  Reims  avant  de  se  lixer 
définitivement  dans  l'Aisne,  M.  Glinel  a  consacré  d'intéressants 
travaux  littéraires  au  poète  Arvers  et  à  Alexandre  Dumas  père.  Il 
est  président  de  la  Société  académique  de  Laon  ; 

Le  docteur  Guelliot,  chirurgien  au  l^ycée  et  à  l'Hùlel-Dieu  de 
Reims.  On  lui  doit  de  bons  travaux  sur  l'ancienne  Faculté  de 
médecine  de  Heims  ; 

Hugnier,  vice-président  du  Bureau  de  bienfaisance  à  Troyes  ; 

J.  Huot,  membre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Reims. 
Ancien  négociant  à  Rethel,  il  a  laissé  d'excellents  souvenirs  dans 
toute  la  contrée  ; 

îsnard,  ancien  juge  de  paix  à  Verzy  et  à  Ay  ] 

Jacquinet,  maire  île  Suippes,  délégué  cantonal  à  Ay  ; 

Cbarles-Emile  Levylier,  maire  de  Courdemanges  (Marne),  avo- 
cat à  la  Cour  d'appel  de  Paris  ; 

Meim,  instituteur  à  Fismes  ; 

Niverd,  professeur  de  musique  à  Reims  ; 

Pigot,  suppléant  du  juge  de  paix  à  Villenauxe  (^Aube;  : 

Précardin,  percepteur  des  contributions  directes   à  Dampierre- 
le-Château  (Aube)  ; 
■    Prudon,  receveur  des  postes  à  Pont-sur-Vonne  (Aube]  ; 

Quantin,  instituteur  en  retraite  à  Ambonnay  (Marne)  ; 

Trulal,  maire  de  Clesles  (Marne),  délégué  cantonal  ; 

Vanier,  publiciste  à  Troyes  ; 

Et  Vermonet,  peintre-verrier  à  Reini;. 

Mariages.  —  Au  commencement  de  fevriei  a  elc  célèbre,  en 
Fégiise  Saiiit-Ferdinand-des-Terncs,  à  Paris,  le  mariage  de 
M.  Emile  Mercier,  négociant  en  vins  de  Champagne  à  Epernay, 
avec  M"^  Félicie  Hennequin,  de  Paris. 


Dans  les  premiers  jouro  du    mois   a  été   célébré  également  le 
mariage  de  M"''  de  Fonlonoy,  fille  du  comte  de  Fontenoy  et  de  la 


o20  CHKO.NIQL'E 

comtesse  née  de  l'eloouil,  propriétaires  de   1  aiiciemie  abbaye  de 
Trois-Fonlaines  (Marne),  avec  le  comte  Antoine  de  Mahuet. 


L'abl)é  Maurel,  supérieur  de  l'école  Belzunce  de  Villeneuve-sur- 
Lot,  a  béni  le  2  février,  en  l'église  Saint  Philippe  du  Roule,  à 
Paris,  le  mariage  du  baron  Paul  Hulot  de  Collart  avec  M'''=  Magde- 
leine  de  Frémont. 

Les  témoins  du  liaiicé  étaient  :  .M.  Louis  Tirman,  sénateur, 
ancien  gouverneur  général  de  l'Algérie,  et  M.  Gaston  de  Pellerin 
de  Latouche,  secrétaire-adjoint  de  la  Compagnie  P.-L.-M. 

Ceux  de  la  mariée,  ses  oncle/,  M.  Malpeyre,  inspecteur  des 
forêts,  et  le  comte  d'Aigrepont. 

La  mariée  est  fille  du  distingué  inspecteur  de  l'exploitation  delà 
Compagnie  d'Orléans,  d'une  vieille  famille  militaire  du  Bourbon- 
nais. Le  marié  est  l'aîné  des  petits-fils  d'un  héros  de  la  Grande 
Armée,  officier  supérieur  d'artillerie,  démissionnaire  en  1S30,  et 
le  petit-neveu  du  général  baron  Jacques-Louis  Hulot,  dont  la 
brillante  conduite  au  siège  de  Lille,  en  1815,  lui  valut,  en  gage  de 
reconnaissance  de  ses  habitants,  une  épée  d'honneur  qui  lui  fui 
remise  par  le  duc  de  Berry. 

Le  nom  ardennais  de  Hulot,  remontant  à  Jean  llulol,  de  Braux, 
près  Charleville^  anobli  avec  toute  sa  famille,  par  lettres  données 
à  Rome,  le  3  mai  152b,  en  raison  des  services  rendus  au  Saint- 
Siège,  reçut  un  nouveau  lustre  pendant  les  guerres  du  premier 
Empire  et  de  la  Restauration.  Il  fut  porté  par  trois  vaillants  géné- 
raux et  il  est  inscrit  sur  l'Arc  de  Triomphe  do  l'Etoile. 


Le  14  février  a  eu  lieu  à  Reims  le  mariage  de  M'"  Hébert,  fille 
du  directeur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  avec 
M.  Ducancel,  industriel. 

Les  témoins  de  la  mariée  étaient  :  M.  Gustave  Masson,  de 
Troyes,  sou  oncle,  et  M.  BrissarL,  avocat  à  Reims,  ami  de  la 
famille  ;  ceux  du  marié  :  M.  Francillon,  notaire  à  Villeneuve-sur- 
Nonne,  son  beau-frère,  et  M.  Stéphane  Uucancel.  propriétaire  à 
Reims,  son  oncle. 

M.  l'abbé  Froment,  curé  de  Saint-Jean-Baplislc,  a  célébré  la 
messe,  et  M?""  Mollien,  évêque  de  Chartres,  a  donné  la  bénédiction 
nuptiale,  après  avoir  adressé  aux  fiancés  et  à  leurs  familles  une 
paternelle  et  éloquente  allocution. 

L'lm|jrimeur-'Jéranl, 

Lku.n    FHÉMONT, 


NOTICE 


SEIGNEURIE  DE  LA  ROTHIÈRE' 


Il  D'y  aviil  aiicieuuemeul  (avaal  lo36),  à  la  Rolhière, 
d'aulre  justice  el  seigneurie  que  la  seigneurie  ^l  justice  uni- 
verselle de  la  Kothière.  Celle  seigneurie  el  justice  n'avait  point 
d'autre  nom  que  celui  du  lieu,  et  il  n'était  point  fait  mention 
alors  ni  du  lîef  et  justice  de  Lanté,  ni  du  liel  et  justice  de 
Gigny,  ni  de  la  justice  du  Haut-Chemin,  ni  enfin  de  celle  du 
buis  Rinnoiir-t.  Cctle  distinclion  n'est  venue  qu'à  la  suite  des 
temps,  à  cause  des  partages  de  la  seigneurie  de  la  Rothière. 

Tel  était  l'état  des  choses  jusqu'au  commencement  du  XIV^ 
siècle,  où  la  seigneurie  tout  entière  était  possédée  par  les  com- 
tes de  Brienne  et  aussi  par  les  comtes  de  Nevers  et  de  Rethel, 
seigneurs  de  Jaucourt.  Mais,  à  cette  époque  (1336),  la  terre  de 
la  Rothière  fut  partagée  entre  plusieurs  feigneuis,  et  l'on  dis- 
tingue :  1"  la  haute  seigneurie  ;  2"  la  seigneurie  de  la  Rothière 
proprement  dite,  relevant  en  tief  des  sires  de  Dienville,  et  en 
arrière- fief  des  comtes  de  Brienne  ;  3"  les  fiefs  de  Lanté,  de 
Gigny,  du  Haut-Chemiu  el  du  bois  Runonel. 

I 
Comtes  de  Brienne. 

D'après  les  documenls  du  château  de  Dienville,  les  seigneurs  de 
la  Rotliière  sont  : 

1.  Jchanne  de  ChdLiUon,  épouse  de  GauUiier  V,  comte  de 
Brienne  et  de  fiches,  et  duc  d'Athènes.  Elle  était  fille  de  Gau- 
cher V,  connétable  de  France,  el  d'Isabelle  de  Dreux  (Acte  sur  par* 
chemin,  0  février  133G). 

2.  Gauthier  VI,  son  iils  (même  acte). 

3.  Isabeaii.  Jchanne  de  Chàtillon  eut  deux  enfaiiLs  :  GaU' 
lliier  VI  qui  précède  et  Isabeau.  Gauthier  VI  périt  à  la  bataille  de 
Poitiers  -,    el   Isabeau,   sa   sœur,   lui    succéda   dans   le  comté  de 


1 .  Canlon  de  Soulaines  (Aube). 

2.  19  septembre  1356. 


21 


322  NOTICE    SUR    LA    SEIGNEURIE 

Brieiiue.  Elle  s'uuiL  à  Gauthier  IV  d'Enghlen^.  Dès  lors,  la 
Holhière  passa  à  celle  famille. 

■i.  Pierre  de  Luxembûurg.  (iauthier  IV  d'Eiighien,  iils  de  Gau- 
thier m  et  d'Yolande  de  Flandre,  ent  deux  Iils  :  Pierre,  conile  de 
l.iolie?,  d'Elainpes  el  de  Luxcmbour^^,  époux  de  Marguerite  de 
Luxembourg,  ei  Louis,  comte  de  Brienne,  qui  épousa  Jeanne  de 
Sainl-Séverin,  dont  il  eut  une  fille  unique,  nommée  Marguerite, 
épouse  de  Jolian  de  Luxembourg.  C'est  ainsi  que  la  Rolliiére 
devint  la  propriété  des  Luxembourg.  Il  est  fait  mention  de  Pierre 
de  Luxembourg  dans  un  parchemin  du  22  juillet  ISS6. 

'.i.  Jehan  de  Luxeuibourg,  époux  de  Marguerite  d'Enghien, 
était  iils  puiué  de  Guy,  comte  de  Ligny,  et  de  Mahaud  de  Chàlil- 
lon,  Marguerite  lui  apporta  le  coiiité  de  Brienne,  la  seiginnirie 
d'Enghien  et  ses  droits  sur  le  duché  d'Athènes  (Il  est  question  de 
lui  dans  un  acte  du  9  juin  1398). 

6.  Isabelle  d'Enghien.  Aveu  fourni  à  d""  Isabelle  d'Enghien, 
comme  ayant  la  garde-noble  el  administration  des  enfants 
mineurs  de  messire  Jehan  de  Luxembourg  et  de  feue  dame  Mar- 
guerite d'Enghien,  sa  femme  (parchemin,  *J  juin  1398). 

I.  Pierre  de  Luxembourg^  seigneur  de  Belrenom  et  d'Enghien, 
comte  de  Pouessan  et  de  Brienne,  fils  du  précédent"-.  Il  épousa 
Marguerite  de  Baux  d'Andrie  (parchemin,  Il  novembre   1404). 

8.  Marguerite  de  Baux  dWndric,  comtesse  de  Saiot-Pol,  de 
Brienne  el  de  Conversan  {I4iG,  parchemin), 

9.  Louis  de  Luxembourg,  fils  du  précédent^  ccnte  de  Saint- 
Pol,  de  Brienne  et  de  Conversan  {\i~'i). 

10.  Antoine  de  Luxcmboui'g,  fils  du  précédent,  comte  de 
Brienne,  de  Roussy  et  de  Ligny,  baron  de  Rameru  et  de  Piney, 
seigneur  de  Pougy,  etc.  (lofli). 

II.  Gitetle  de  Coi'tivy.  Antoine  de  Luxembourg  épousa  en 
troisièmes  noces  (îilette  de  CoiJtivy,  iille  d'Olivier,  seigneur  de 
Taillebouig,  sénéchal  de  Guienne.  Un  acte  du  o  janvier  lolo 
nous  apprend  qu'à  la  requête  de  dame  Gilette  de  Coétivy,  com- 
tesse de  Brienne,  barronnesse  (sic)  de  Saint-Andrey  en  la  Marche, 
dame  de  Faye,  de  la  Ramade,  d'Eiidrilly-sur-Cure,  le  Tremblay, 
Surmonl,  Plessy,  etc..  plusieurs  habitants  de  la  Rolhière  ont 
déclaré  que  les  officiers  de  Brienne-la-Vieille  venaient  tenir  la  jus- 
tice sur  un  lieu  nommé  le  fossé  blanc  s\laé  près  et  contre  le  finage 
de  la  Rolhière,  et  jugeaient  les  procès  entre  ceux  qui  se  disaient 
bourgeois  de  Madame  la  comtesse  de  Brienne. 

"12.  Charles  de  /.uxembourg,  comte  de  Brienne,  de  Ligny  et 
de  Roussy.  époux  de  (Charlotte  d'Estouteville,  comtes.se  douairière 
de  Brienne  (Io40). 

1.   Eu  1320. 

'1.  Jelian  de  Luxembourg, 


t)E    LA    KOTHIÈRB  323 

13.  Aiiloiiic  de  Luxembourg,  comle  de  IJiieiine  el  de  l.igiiy 
(1549). 

14.  Jehan  de  Luxembourg ^  chevalier  de  l"Ordrc  du  Roi, 
comle  de  Biieiiiie,  Liçny,  baron  de  Poiigy  el  Opsoiiviller?,  sei- 
gneur de  Siiitil-Marliii  d'Ablons,  elo.  (I;j"i). 

15.  Henri-Auguste  de  Loménic,  cotnle  de  Brieniic  et  de  Moiil- 
bron,  baro(i  de  Boupsac,  Pougy  et   Maiiteresse  (parcheiniQ,  1014). 

Après  lui  vieuiient  plusieurs  Loménic  :  1°  Louis-Henri  de  Lonié- 
nic  (1660)  ;  2"  Henri-Louis  de  Lonirnio  (1608)  ;  3"  Nicolas  Loui.-;  de 
Loménie  (1743). 

16.  lùicnnc  luzcaux  de  Clémon  (IT")»)). 

H 
Comtes  de  Nevers  et  de  Rethel. 

Les  comtes  de  Nevers  et  de  Hellicl,  seigneurs  de  la  Hotliière  ', 
sont  : 

I  .  (,'harlcs  de  Bourgogne,  comte  de  Nevers,  baron  de  Uoiizi, 
seigneur  de  Jully.  11  était  lils  de  Philippe.  11  épousa  Marie  d'Al- 
brely  fille  de  Charles  II,  sire  d'Albret,  et  d'Anne  d'Armagnac.  Un 
aveu  fourni  à  Huct,  s''  de  Uienville,  par  Guiot  de  (jigny.  nous 
apprend  que  ce  dernier  partageait  la  jusiice  haute,  moyenne  et 
basse  du  Haut  Chemin,  à  la  Rolhière,  avec  J/v  le  duc  de  Bour- 
gogne (Acte  du  14  février  1424). 

2.  Françoise  d'Aibrelf  épouse  de  Jean  de  Bourgogne,  frère 
puîné  de  Charles  el  son  héritier.  Nous  avons  un  traité  et  accord 
entre  Françoise  d'AJbrct,  duchesse  de  Brabant,  comtesse  douai- 
rière de  Nevers,  dame  usufruitière  des  terres  el  scigneuiics 
à'\i>\e%-id.\\cou\\,  demeurant  à  la  Rolhière;  —  haut  el  puissant 
prince  Jean  d'Albret,  comte  de  Rethel,  ayant  radministratiou  des 
demoiselles,  ses  filles  ;  —  et  les  héritiers  Richier  (seigneurs  du 
Pelit-Mesnil),  au  sujet  d'un  bois  appelé  le  bois  des  quatre  étangs, 
par  lequel  il  fut  convenu  «  que  ce  bois  appartiendrait  au  comte  de 
Rethel  et  à  ses  filles  en  toute  propriété,  et  à  la  dame  de  Brabant 
en  usufruit,  à  cause  de  leur  seigneurie  de  .laucourt,  la  Borde  et  la 
Rùthière,  et  que  les  seigneurs  du  retit-Mesnil  auraient  le  surplus, 
d'un  côté  el  par  devers  le  hoh  Saint-Michel  et  l'étang  jusqu'au  pré 
Beschat,  el  d'un  autre  côté  jusqu'à  l'étang  neuf  de  Rameru,  sans 
préjudice  du  droit  d'usage  et  autres  que  les  hajjilants  prétendent 
y  avoir  »  (10  décembre  loOO). 

3.  Marie  d'Albret,  comtesse  de  Nevers  et   de   Dreux,  dame  de 

1.  Od  ne  doit  pas  s'élonncf  de  trouver  les  comtes  de  Nevers  eldeHelhel 
à  la  Rothière,  car  ce  dernier  paj'S  dépendail,  au  moius  en  parlie,  de  la 
baronuiede  Jaucourl  «  qui  fut  vendue,  dit  l'abbé  Caiilin  JJuelques  seigneu^ 
ries..i,  p.  326],  en  1367,  par  Jeanne  de  Jaucourl  à  Philippe  de  France, 
duc  de  Bourgogne,  comle  de  Nevers  cl  de  Rethel  m» 


324  NOTICE    SUR   LA    SEIGNEUIUE 

JaucourI,  Jiilly  el  la  Grève.  Françoise  d'Albret  étant  morte  sans 
enfants,  iMarie  d'Albret,  fille  de  Jean,  sire  d'Orval,  et  de  Charlotte 
de  Bourgogne  (fille  de  Jean  de  Bourgogne),  lui  succéda.  Elle 
épousa  Cliaiies  de  Clives,  el  porta  ainsi  dans  cette  maison  le 
comté  de  Nevers  et  de  Relbel,  avec  la  seigneurie  de  JaucourI  el 
de  la  Rolhirvc.  Elle  accorda  aux  habitants  de  ce  lieu  et  au-x  reli- 
gieux de  Beaulieu  le  droit  de  prendre  du  bois  mort  et  du  mort 
bois  et  des  chêne.?  pour  bâtir,  avec  droit  de  piiturage  dans  cent 
arpenls  de  bois  de  M.  le  duc  de  Luxembourg,  à  la  charge  de  payer 
trois  boisseaux  d'avoine,  deux  deniers  et  une  geline  par  feu,  cha- 
que année,  à  la  Saint-Remy  (9  février  lo33). 

V.  ïrançoh  de  Clévcs,  fils  de  Charles,  comte  de  UeLhel, 
Auxerre  et  Doiizi,  duc  de  Nevers  et  comte  d'Apremont.  Il  épousa 
Marguerite  de  Bourbon,  fille  de  Charle.*,  duc  de  Vendôme,  et  de 
Françoise  d'Alençon,  tante  du  roi  Henri  IV. 

.'i.  Marie  de  Clercs,  épouse  de  Henri  de  Bourbon,  prince  de 
Condé,  duc  d'Enghien.  Elle  était  marquise  d'Isle  Aumont,  dame 
de  Nevers,  J.aucourt,  la  Rothière,  comtesse  de  Beaufort-Montmo- 
rency.  Elle  fut  élevée,  comme  son  mari,dansla  religion  réformée. 
Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  si,  par  l'autorité  du  prince  de  Condé, 
seigneur  haut  justicier  de  la  Rothière,  l'église  de  cette  paroisse  a 
été  prise  aux  catholiques  et  convertie  en  temple  protestant. 

Les  so.'urs  de  Marie  de  Clèves,  Henriette  et  Catherine,  se 
marièrent  :  la  première  à  Louis  de  Gonzagiie,  proche  parent  de 
saint  Louis  de  Gonzague,  et  la  deuxième  à  Henri  de  Lorraine, 
dit  le  Balafré,  duc  de  Guise,  chef  des  ligueurs.  On  a  trouvé^  dans 
les  champs  de  la  Rothière,  des  monnaies  à  l'effigie  de  ces  ditl'é- 
rents  personnages.  Ee  Musée  de  la  porte  du  Groux  (Nevers\ 
n»  222,  possède  l'épitapbe  de  Lodovico  Gonzaga  (abbé  Boutillier, 
Mémoire.,  tome  VHI,  1873,  p.  144). 

6.  Le  prince  de  Condé,  duc  d'Enghien,  seigneur  et  baron  de 
JaucourI  (15"3)  '. 

7.  Catherine  de  Bourbon,  fille  du  pré^édcnt^  marquise  d'isle- 
Aumont,  comtesse  de  Beaufort,  baronne  de  Villemaur  et  de  Jau- 
courI, dame  de  Soulaine  el  de  la  Rothière,  mourut  à  l'Age  de 
2Z  ans.el  ses  tantes  maternelles, /ie/i/'/e^ie  de  Cleves  ei  Catherine, 
se  partagèrent  ses  biens. 

8.  Catherine  de  Clèces.  Contrat  passé  au  Chàtelet  de  Paris 
entre  très  haute  cl  très  illustre  princesse  Madame  Catherine  de 
Clèves  (iille  de  Marie  de  Clèves),  duchesse  de  Guise,  comtesse  d'Eu, 
pair  de  France,  et  haute  el  puissante  dame  Gabrielle  d'Estrée, 
marquise  de  Monceaux...,  par  lequel  Madame  la  duchesse  de 
Guise  vend  à  ladite  dame  marquise  d'Estrée  les  terres,  baronnie 
et  seigneuries  de  Jaucourt,  Larzicourt,  la  Rothière  (dépendant   de 

I.  Père  de  Heuri  11  donl  liouidaloue  a  fait  l'oraison  (uuèbre,  el  graud- 
père  de  Louis  de  Hourbon  (le  grand  Coudé;  loué  pur  Botsu»!, 


DE    LA    ROTHIKRE  32b 

JaucourL),  moyennant  la  somme  do  i(>,0()0  éciis  soleil  (0  juillet 
lèlOT).  Ces  terres  sont  advenues  à  Madame  la  duchesse  de  Guise 
par  le  décès  de  Catherine  de  Bourbon,  suivant  parlage  fait  avec 
Madame  la  duchesse  de  Mvernais  (Henriette  de  Clèves),  sa  sœur 
et  cohéritière  en  la  succession  de  ladite  dame,  le  4  février  1;190 
(Actes  du  7  avril  et  du  14  août  1730). 

9.  Gabrielle  d'Eslrée.  Lettres  d'érection  (impélrées  par  haute 
et  puissante  dame  Gabrielle  d'Eslrée,  et  données  par  le  roi 
Henri  IV,  au  mois  de  juillet  1597)  des  terres  et  seigneuries  de 
Beaufort  et  de  Jaucourt,  en  duché-pairie.  —  Substitution  faite  par 
dame  Gabrielle  d'Estrée,  par  le  contrat  de  mariage  d'entre  César, 
duc  de  Vendôme,  et  la  dame  Françoise  de  Lorraine,  le  o  avril 
1398  (Acte  du  14  août  17 oO). 

10.  César  de  Bourbon.,  duc  de  Vendôme,  de  Meressan,  d'Epar- 
Ihénonce,  de  Beaufort  et  d'Etampe,  prince  d'Ance  et  de  .Martigues, 
pair  de  France,  grand  maître  chevalier  et  surintendant  de  la 
navigation  et  commerce  du  royaume,  baron  de  Soulaine  et  sei- 
gneur de  la  Kolhière  (1627).  il  nous  reste  plusieurs  documents 
qui  concernent  ce  grand  seigneur  :  1"  une  déclaration  du  2S  juil- 
li'l  Ili27,  fournie  à  M.  le  duc  de  Vendôme,  seigneur  de  la  Rolhière, 
par  la  veuve  d'Edme  Ménestrier,  pour  une  maisun,  bàtimenls  et 
terres  à  elle  appartenant,  situés  au  village  de  la  Rothière  ;  2"  un 
échange  entre  César  de  Vendôme  et  Louis  de  Maujon  (Voir  plus 
bas,  fief  de  Gigny)  ;  3°  un  mesurage  fait  par  les  olliciers  de  M.  le 
duc  de  Vendôme,'  des  terres  données  en  échange  par  M.  de  Mau- 
jon (28  septembre  1635)  '. 

1 1 .  Louis  de  Bourbon,  fils  de  César, 

12.  Louis-Joseph  de  Bourbon-.  Sentence  rendue  aux  requêtes 
du  Palais,  le  0  juillet  1682,  entre  les  dames  abbesse  et  religieuses 
des  Prés-les-Troyes,  poursuivant  les  criées  de  la  seigneurie  de  la 
justice  haute,  moyenne  et  basse  du  llaul-Chemin  de  la  Rolhière, 
et  dn  fief  de  la  Rolhière,  sis  en  la  paroisse  de  Jouvanzé,  appelé 
anciennement  le  gaynage  de  Jouvanzé,  saisi  réellement  sur  Joseph 
de  Maujon,  —  et  M.  le  duc  de  Vendôme  et  de  Beaufort.  Par  cette 
sentence^  M.  le  duc  de  Vendôme  a  été  débouté  de  son  opposition 
tendant  à  ce  que  distraction  fût  faite  des  saisies  réelles  et  criées 
de  la  terre  et  seigneurie  de  la  Rolhière,  de  la  moitié  de  la  sei- 
gneurie, justice  haute,  moyenne  et  basse  du  Haul-Cliemin,  qu'il 
disait  lui  appartenir  et  faire  partie  de  la  baronnie  de  Jaucourl.  — 
Arrêt  de  la  Cour  de  Parlement,  rendu  entre  les  mêmes  parties, 
qui  confirme  ladite  sentence  avec  amende  et  dépens  (22  janvier 
1684).  —  Par  devant  les  conseillers  du  Roi  au  Chàlelet  de  Paris, 
très  haut,  très  puissant  et  illustre  prince  Md''  Louis-Joseph,  duc  de 

I  .  Marié  à  l''raLÇoise  de  Lorraine,  fille  unique  de  Philippe  EQima:.uel, 
dont  S.  François  de  Sales  a  l'ail  le  panégyrique  à  Nolre-I'ame  de  Paris 
(il  avril  1662'. 

1,    Fils  du  piécédent. 


;?20  NOTICE    SUR    LA    SEIGNEURIE 

Vciulùmo,  Mcrcô'ur,  Beauforl,  Etampes,  prince  d'Auce  et  de  Mar- 
ligues,  gouverneur  el  lieulenantgéiiéral  pour  le  Roi  en  province, 
en  son  nom  et  comme  seul  et  unique  hérilier  par  bénéfice  d'in- 
ventaire de  très  haute,  très  puissante  et  illustre  princesse  Madame 
FraJicoise  de  Lorraine,  veuve  de  très  haut,  très  puissant  et  illus- 
tre prince  M-""  César  de  Vendôme,  etc.,  ses  aïeuls  paternels  et  le 
curateur  en  la  succession  vacante,  ont  vendu  à  très  haut  et  puis- 
sant seigneur,  Ms'  Charles-François-Frédéricq  de  Monlmorencv- 
Luxembourg,  prince  de  Tingr)-,duc  et  pair  de  France,  les  duchés- 
pairie  de  Beaufort,  en  la  province  de  Champagne,  consistant  en 
baronnies  de  Beaufort,  Soulaines,  Larzicourl  et  Jaucourfi,  plus  la 
seigneurie  de  Villemaheu,  sise  audit  Soulaines  (18  mars  1688), 
moyennant  la  somme  de  460,000  livres.  Sur  cette  somme,  le  duo 
de  Vendôme  a  reçu  conjointement  avec  très  haute  et  très  puis- 
sante darne  Jeanne-Marie  d'Albret,  son  épouse,  60,000  livres 
comptant,  à  savoir  :  10,000  livres  de  très  haut  et  très  puissant 
seigneur  Honoré  d'Albrel,  comte  de  Monlforl  et  autres  lieux,  et  de 
très  haute  et  très  puissante  dame  Jeanne-Marie  Colbcrl,  son 
épouse,  père  et  mère  de  ladite  dame,  et  50,000  livres  de  M-'  le 
marquis  de  Seignelay,  secrétaire  d'Etat,  oncle  maternel  de  ladite 
dame  :  le  tout  pour  partie  de  la  dot  promise  à  ladite  dame  en 
faveur  et  par  son  contrat  de  mariage  avec  ledit  seigneur,  les 
i?6'  el  21  août  1686.  L'acte  a  été  fait  en  présence  et  du  consente- 
ment de  très  haut,  très  puissant  et  illustre  prince  M"'"  Philippe 
de  Vendôme,  grand  prieur  de  France,  frère  de  -Louis-Joseph,  — 
des  duc  et  duchesse  de  Chevreuse,  —  de  messire  Charles  d'Al- 
6?'^/^  chevalier,  etc.  (Acte  du  14  août  I7o0). 

13.  Charles-François-Frédcric,  baron  de  Jaucourt  et  seigneur 
de  la  Rothière. 

14 .  Charles-François,  fils  du  précédent,  duc  de  Montmorency,  de 
Luxembourg  et  de  Piney,  pair  et  premier  baron  chrétien  de  France, 
gouverneur  de  la  province  de  Normandie,  lieutenant  général  des 
armées  du  Roi,  seigneur  de  la  Rothière  (Acte  du  7  avril  ITaO). 

lo.  Anne-François  et  Anne-Léon  de  Montmorency. 
16     Fizeaux  dé  Clémon  (1770). 

III 
Seigneurs  du  fief  de  la  Rothière. 

Les  petits  seigneurs  qui  suivent  se  sont  établis  à  la  Rothière  à  la 
faveur  des  comtes  de  Brienne  qui  leur  ont  donné  des  terres  pour 
les  récompenser  des  services  qu'ils  eh  avaient  reçus. 

1.  Jean  el  Isabelle  de  la  HolJiiere.  Foi  et  honimag<'  par  Jean 

1.  De  la  baronnie  de  Jaucourt  dépendaienl  :  Jaucouri,  IVjverviile, 
.Arsonvai,  La  l?olhièrc,  Cdâlillon- sur-Dro\es,  Argançon,  i^ou^i-pré,  le 
Puits  et  Nuisement,  Beurey  el  une  partie  de  Bossancourti 


DE    LA    ROTIIIKKE  327 

de  Saiiil-Florontiii  et  d"''  Isuliclle  do  la  Hotliii're,  sa  femmes  à 
dame  Jeanne  de  Chùlillon,  duchesse  d'Athènes,  et  ù  Gauthier,  son 
lils,  comte  de  Brienne,  pour  la  terre  de  la  Rolhière  à  elle  éciiue 
par  le  décès  de  Jean  de  (a  Rolhière,  son  frère,  lequel  acte  con- 
tient quittance  du  droit  de  relief  [Q  février  1336). 

■2.  Jean,  sire  de  Dienville  ^.  Aveu  et  dùnonihrenient  fourni  au 
comte  de  Brienne  par  Jean,  sire  de  Uienvillc,  pour  un  gagnage  à 
la  Rothière  (1368;. 

3.  I/iielf  sire  de  Dieuville.  Aveu  et  dénombrement  par  Huet, 
sire  de  Dienville,  à  M"''  d'Enghicn  :  i°  pour  un  gagnage  d'environ 
40  j.  de  terres  labourables  à  la  Rothière  ;  ii°  pour  le  jardin  de  la 
Rothière  tel  qu'il  est  ;  3"  pour  la  huitième  partie  de  la  justice  de 
la  Rolhière  partageable  avec  les  autres  seigneurs  de  la  Rolhière 
(27  septembre  l'ili)). 

4.  Guinl  de  Gigny.  Dans  un  aveu  du  i4  février  Ii2i,  Guiot 
de  Gigny,  écuyer,  prend  la  qualité  de  seigneur  de  la  Rolhière 
(Voir  plus  loin  tief  de  Gigny). 

5.  Fciize  de  Gigny.  Paul  Lombard,  époux  de  Félize  de  Gigny 
(apparemment  fille  de  Guiot  de  Gigny),  prend  aus~i  le  titre  de 
seigneur  de  la  Itothière  dans  un  aveu  du  20  septembre  I ISi),  oii 
il  est  dit  que  la  maison  seigneuriale  de  la  Rolhière  était  alors  en 
ruine  (Voir  fief  de  Gigny). 

6.  Jacques  de  Grandpré.  Aveu  et  dénombrement  fourni  au 
comte  de  Brienne  par  Jacques  de  Grandpré^  chevalier,  sire  de 
Dienville  (23  juin  1509). 

7.  Jehan  de  Vassan  et  Lorette  de  Mérillc  (5  octobre  1335. 
Voir  le  fief  de  Gigny). 

8.  Louis  de  Pontallier.  Aveu  et  dénombrement  par  messire 
Louis  de  Pontallier,  chevalier,  pour  le  fief  ou  gagnage  de  la 
Rothière  (19  juillet  la.".o). 

9.  Juste  de  Pontallier.  Aveu  et  dénombrement  par  Juste  de 
Pontallier,  chevalier  (7  août  1587). 

10.  Jean-Louis  de  Pontallier,  frère  du  précédent.  Aveu  et 
dénombrement  pour  le  fief  de  la  Rothière,  par  messire  Jean-Louis 
de  Pontallier,  chevalier  (12  avril  1003). 

11.  Louis  d'Amboise.  Aveu  et  dénombrement  au  comte  de 
Brienne  par  messire  Louis  d'Amboise,  époux  de  Diane  de  Pontal- 
lier (IG  janvier  1629). 

12.  Christophe  Lefebcre,  sr  de  la  Planche^  conseiller  du  Roi  et 
son  avocat  à  Troyes.  —  Foy  et  hommage  par  messire  Ghristophe 
Lefebvre,  pour  le  gagnage  de  la  Rolhière,  pour  le  fief  du  grand 
étang  et  pour  1/2  écu  de  rente  à  prendre  sur  le  petit  four  de  Dien- 
ville :  le  tout  acquis  de  messire  Juste  de  Pontallier  et  de  Diane  de 
Luxembourg,  sa  femme,  par  contrat   du   15    avril   IGH    (19  juin 

1.   PrûLaliltmenl  le  même  que  le  précéiieut. 


328  NOTICE    SUR    LA.    SEIGNEURIE 

1614).  —  Aveu  el  dénombrement  par  le  môme  pour  un  gaguage 
de  00  j.  de  terres,  17  f.  de  prés,  le  grand  étang  (30  j  )  et  i'2  écu 
de  rente  (18  octobre  1614)  i. 

13.  Jean  Lefcbvre.  Aveu  et  dénombrement  par  messire  Jean 
l.efebvre,  chevalier  (20  mai  1G87). 

14.  Jean-Jacques  Lefcbvre,  conseiller  d'honneur  au  bureau  des 
finances  et  chambre  du  domaine  de  la  généralité  de  Paris  (1749). 

lo.  Nicolas  Lefcbvre  des  chevaliers,  prêtre,  docteur  en  théolo- 
gie de  la  Faculté  de  Paris,  chanoine  et  grand  archidiacre  de 
l'église  de  Troyes,  y  demeurant,  héritier  de  Jean-Jacques  Lefcb- 
vre, son  frère.  —  Foi  et  hommage  pour  le  fief  de  la  Rolhière  et 
pour  ceux  du  grand  étang  et  du  gros  gagnage  au  territoire  de 
Dienville  (10  juillet  1749).  —  Aveu  et  dénombrement  par  le  même 
à  Nicolas-Louis  de  Loménie  (3  novembre  1750). 

16.  De  Puget  de  Monihoron,  chevalier,  lieutenant  au  régiment 
de  Picardie,  demeurant  ordinairement  à  Troyes  (1770) 

17.  Pierre  de  la  Por le.  Foi  et  hommage  au  comte  de  Brieune  par 
le  s''  Pierre  de  la  Porte,  bourgeois  de  Troyes,  pour  un  gagnage  à 
la  Rothière  qu'il  a  acquis  de  Pierre  de  Puget  le  \'6  novembre  1769 
(30  mai  1770). 

18.  Fizcavx  de  Clémon  (1770). 

IV 

Fief  de  Lanté. 

Les  seigneurs  du  fief  de  Lanté,  mouvant  du  comte  de  Brienne, 
sont  : 

1.  Jeliano  de  Baigneux-les-Juils.  Foi  et  hommage,  par 
.lehannot  de  Baigneux-!es-Juifs,  à  M.  le  comte  d'Etampes  et  de 
Luxembourg,  au  nom  et  à  cause  de  Marguerite  de  la  Porte,  sa 
femme,  fille  de  feu  Jehan  de  la  Porte,  écuyer,  pour  la  10"^  gerbe 
du  terrage  d'une  pièce  de  terre  au  fioage  de  la  Rothière,  au  lieu 
dit  Lanlcl,  portant  lots  et  ventes  de  20  sols  tournois  et  40  deniers, 
quand  il  est  ensemencé,  et  quand  ladite  terre  est  en  sombre, 
1  denier  tournois  de  censive  par  journal,  payables  au  jour  de  la 
Nativité  de  S.  Jean-Baptiste  (22  juillet  1386). 

2.  Jehan  Olhenin.  Aveu  fourni  à  d"«  Isabelle  d'Enghien, 
comme  ayant  la  garde-noble  et  administration  des  enfants 
mineurs  de  feu  M''  Jehan  de  Luxembourg  et  de  feue  dame  Mar- 
guerite d'Enghien,  sa  femme,  par  Jehan  Oihoiin^  écuyer,  demeu- 
rant à  Longeville-les-Plancy,  pour  la  10«  gerbe  du  terrage  d'une 
pièce  de  terre,  linage  de  la  Rothière,  lieu  dit  Lantel,  contenant 

1.  Un  vitrail  de  l'église  de  Juvanzé  (milieu  de  l'abâide),  qui  représente  le 
crucitiement  de  N.-S.,  porte  les  armes  d'un  Lcfebvre  :  d'azur  à  3  pals 
d'or,  celui  du  milieu  chargé  de  3  roses  de  gueules. 


DE    LA    ROTHIÈRE  329 

170  j.  —  la  juslice  moyenne  et  basse  sur  ledit  terrage.  et  2  pou- 
les pour  le  droit  d'usa,û;e  sur  les  bois  (9  juin  1308).  —  Aveu  fourni 
par  le  même  pour  la  même  pièce  de  terre  (9  juin  1398).  —  Foi 
et  hommage  à  Pierre  de  I.uxeml)0urg  par  Jehan  Olhenin,  seigneur 
de  Maissy,  pour  les  ciioses  ci-dessus  (11  novembre  140i).  —  Autre 
aveu,  foy  et  hommage  par  Jehan  Olhenin,  seigneur  de  Montigny- 
le-Roi,  du  terrago  de  Lanté,  contenant  150  j.  bornés  tout  autour, 
et  valant  environ  12  seplicrs  de  grain,  mesure  de  Troyes  (20  mai 
1410). 

3.  Jehan  de  Vinsan.  Contrat  d'acquisition,  par  Jehan  de  Vas- 
san  et  sa  femme,  du  fief  de  Lanlé  (sans  date).  —  Titre  de  main- 
levée du  fief  ("28  novembre  1483).  —  Echange  du  ferrage  de  Lanlé 
passé  sur  le  scel  de  la  prévôté  de  Bar-sur-Seine  (1486).  —  Foi  et 
hommage  par  Jehan  de  Vassan  et  Lorette  de  Mérille,  sa  femme, 
pour  le  fief  de  Lanlé  (sans  date), 

4.  Marie  de  Vassan,  fille  de  Jehan  de  Vassan,  hérite  le  droit 
de  ferrage  au  finage  de  la  Kolhière,  lieu  dit  Lanic,  après  la  mort 
de  ses  père  et  mère  (10  août  1541).  —  Foi  et  hommage  par  la 
même  (9  mai  lb3a)  ', 

a.  François  de  la  Chaussée.  Acquisition,  par  François  de  la 
Chaussée,  écuyer,  gouverneur  du  comté  de  Brienne,  de  Jehan 
Guillemet,  apothicaire  à  Troyes,  et  de  Marie  de  Vassan.  fa  femme, 
d'un  droit  de  terrage  appelé  Lanlé  (il  août  1541). 

6.  René  de  la  Chaussé.'.  Déclaration  des  héritages  appartenant 
à  Etienne  Coquin,  faite  à  honoré  seigneur  René  de  la  Chaussée, 
écuyer,  s^  de  la  Rothière,  et  du  fief  de  Lanté  qui  en  dépend  (23 
juillet  1611}. 

7.  Laurent  de  la  Chaussée.  Procuration  donnée  par  Laurent 
de  la  Chaussée  pour  porter  foy  et  hommage,  aveu  et  dénombre- 
ment au  comte  de  Brienne  pour  les  fiefs  de  Gigny,  du  Pijnt  (à 
Unienville),  de  Lanlé  et  du  bois  Ramonet  (9  avril  1633). 

8.  Louis  de  Maujon.  Procès- verbal  du  bornage  du  fief  de 
Lanlé  fait  par  les  officiers  de  la  juslice  du  fief  de  Gigny,  pour 
messire  Louis  de  Maujon.  11  est  dit  dans  cet  acte  que  le  fief  de 
Lanté  dépend  de  celui  de  Gigny,  et  Louis  de  Maujon  prend  la  qua- 
lité de  seigneur  de  la  Rothière  (3  novembre  1644).  —  Procès-ver- 
bal d'adjudication  fait  devant  les  officiers  de  la  justice  de  la 
Rothière  au  profit  de  Louis  ne  Maujon,  s'  de  Chefdeville,  à  qui 
lesdits  juges  ont  donné  la  qualité  de  seigneur  de  la  Rothière  (14 
mars  1616).  —  Reconnaissance  du  4  juillet  16i6  fournie  par  le  s' 
Hadée  à  Louis  de  Maujon,  sr  de  la  Rothière,  pour  diflerents  héri- 
tages situés  dans  le  fief  de  Lanlé.  —  Procès-verbal  fait  devant   les 

1.  Un  vitrail  de  l'église  d'Unienville,  dans  la  chapelle  de  la  Sainte  Vierge 
(ancien  sanctuaire),  porte  les  armes  d'un  de  Vassan  :  d^azur  à  un  chevron 
d'or,  accompagné  en  chef  de  2  roses  d'argent,  et  en  pointe  d'une  coquille 
{ou  vannet)  de  même, 


330  NOTICE    SUR   LA    SEIGNEURIE 

officiers  de  la  justice  du  fief  de  fîigiij',  pour  Louis  de  Maujoii,  s"" 
de  la  Rolhière^.  au  sujet  des  saisies  d'emblavés  sur  le  fief  de  Lanlé 
(.'i  aoiH  i;ii9).  —  Jugement  rendu  en  la  Chambre  souveraine  éta- 
blie par  le  Roi  sur  le  fait  des  francs-fiefs,  nouveaux  ac^quêts  et 
amorlissemenls,  qui  déclare  Louis  de  Maujon,  &■"  de  la  Rothièro, 
exemjil  du  droit  de  francs- fiefs  ("21  février  1G5*).  —  Donation  et 
convention  entre  Louis  de  Maujon  et  ses  enidiiil?^  H  envi- Emma- 
nuel, Joseph  et  Louis,  par  laquelle  le  s'  de  la  Rolhière  cède  à  son 
second  fils,  Joseph  de  Maujon,  tous  les  biens  qui  lui  appartien- 
dront au  jour  de  son  décès,  à  la  condition  qu'il  donnera  4,000  liv. 
à  H  envi-  Emmanue  l,  son  frère  aîné,  clerc  tonsuré  du  diocèse  de 
Paris,  et  8,000  liv.  à  Louis,  son  autre  frère  (H  octobre  1661). 

9.  Jean  Comparât.  Adjudication  par  décret  faite  aux  requêtes 
du  Palais  à  M.  Jean  Comparai,  conseiller  du  Roi,  sr  de  Longsols, 
président  en  l'élection  du  grenier  à  sel  de  Troyes,  moyennant  la 
somme  de  11,100  livres,  des  fiefs  de  Lanté,  de  Gigny,  du  bois 
Ramonel,  de  la  maison  seigneuriale  de  Gigny  en  la  paroisse  de  la 
Rolhière,  du  lief  du  Pont  et  du  fief  de  la  Rolhière  sis  à  Jouvanzé; 
lesdils  fiefs  saisis  réellement  à  la  requête  des  dames  abbesse, 
prieure  et  religieuses  de  Notre-Dame-les-Prés-les-Troyes,  sur 
Joseph  de  Maujon,  écuyer,  s''  de  la  Rolhière  ('29  octobre  1685).  — 
Sentence  des  requêtes  du  Palais  qui  permet  à  messire  Jean  Com- 
parût de  se  mettre  en  possession  de  ces  fiefs  (26  novembre  1683). 

—  Fragment  de  reconnaissance  des  litres  remis  par  M.  de  Maujon 
au  s""  Comparût,  après  sa  prise  de  possession  (28  novembre  ^685). 
Foi  et  honitiiage  au  comte  de  Brienne  par  Jehan  Comparût,  pour 
les  fiefs  de  Lanlé,  du  Pont  et  du  bois  Ramonet  (l"  mars  1686).  — 
Procès-verbal  dressé  par  les  officiers  de  la  justice  des  fiefs  de 
Gigny,  Lanlé  et  le  bois  Ramonet,  au  sujet  des  saisies  des  embla- 
ves sur  le  lief  de  Lanlé,  faute  de  paiement  du  droit  de  boisseau 
(lOjuillet  1G86). 

iO.  LoiAs  II  el  Joseph  de  Maujon.  Jugement  rendu  au  bail- 
liage de  Brienne  pour  faire  nommer  un  curateur  à  la  succession 
vacante  de  Louis  de  Maujon  (3  octobre  1687).  —  Assignation  don- 
née à  Nicolas  Paillé,  à  la  requête  de  Louis  de  Maujon,  s""  de  la 
Rolhière  (Il  février  1688).  —  Procès-verbal  d'estimation  des  biens 
délaissi's  par  défunt  Inouïs  de  Maujon,  s""  de  la  Rolhière  (12  février 
1688).  —  Procès-verbal  par  les  officiers  de  la  justice  de  Gigny, 
Lanté  et  le  bois  Ramonet,  au  sujet  des  emb'aves  saisies  sur  le  fief 
de  Lanté  (19  juillet  1G88).  —  Donation  par  Joseph  de  Maujon  à 
son  fils  Louis  ([.ouis  111  de  Maujon),  cornette  au  régiment  de  cava- 
lerie de  Duras,  d'une  somme  de  16,350  livres  (22  décembre  1690). 

—  Procès-verbal  par  les  officiers  de  la  justice  du  fief  de  Gigny, 
Lanlé  et  le  bois  Ramonet,  an  sujet  d'emblavés  saisies  sur  le  fief 
de  Lanté  (23  juillet  1691).  —  Requête  présentée  par  le  s'  Compa- 
rût, seigneur  en  partie  de  la  Rothiére,  pour  faire  constater  des 
dégradations  dans  la  forêt  de  Der  (3  septembre  1697). 

H.   .1/.   firassin.  Acquisition  par  M.  Grassin,  d'Arcis-sur-Aube, 


DR    LA    ROIHIKRE  331 

dft  M.  Maujon  et  de  Marie-Tlién'-sc  ti'Anglebermer,  son  ôpoiisc,  du 
lief  de  Lanlé,  r.onsislanl  dans  un  droit  de  boisseau  |)ar  cliaque 
journal  (19  octobre  IT'iG),  ainsi  que  des  fiefs  de  Balilly  el  du  Pont 
(à  L'nienville),  mo3"ennant  11,000  livres.  —  Foi  et  homniag'C  pour 
ces  terres  (28  avril  1735''.  —  Procédures  faites  pour  parvenir  au 
paiement  des  censives  dues  sur  le  fief  de  Lanlé,  et  avoir  de  nou- 
velles reconnaissances.  —  Trois  affiches  et  publications  à  ce  sujet 
(27,  29  juin  et  4  juillet  1728).  —  Requête  et  ordonnance  qui 
permet  à  M.  (îrassin  de  faire  saisir  le  fief  de  Lanté,  ensemble  les 
grains  pendants  par  les  racines  (22  juillet  1728).  —  Procès-verbal 
de  saisie  du  fief  de  Lanlé  (Î3  juillet  1728).  —  Main-levée,  au  profit 
des  religieux  de  Clairvaux,  d'une  saisie  des  fruits  sur  3  j.  de  terres 
dans  le  fief  de  I.anté,  à  cause  de  leur  maison  de  Bcaitcais-lcs- 
Atlemnnds.  Dans  une  lettre  du  31  août  11  SU,  l'abb»'-  de  Clairvaux 
informe  M.  Giassin  que,  par  un  acte  en  date  du  20  juillet  1530, 
Jehan  de  Vassan  reconnaît  que  ces  3  j.  de  terres  sont  francs  de 
tous  droits  de  cens  el  de  terrage.  Cette  reconnaissance  eut  lieu 
devant  le  bailli  de  Brienne  et  en  présence  de  Pierre  de  Bar,  dit 
Adenelj  procureur  des  religieux.  —  Procès- verbal  de  plantage  de 
nouvelles  bornes  à  côlé  des  anciennes  (posées  par  M.  de  Maujon), 
qui  sont  usées  (17  février  I743j.  —  Provision  et  réception  du  juge 
de  la  justice  de  Lanlé.  M.  Grassin  fait  cboix  de  Jacques  Armez, 
prévôt  de  Dienville,  à  cause  de  sa  bonne  vie  et  mœurs,  et  de  son 
attachement  à  la  religion  catholique,  apostolique  cl  romaine 
(C""  juin,  12  novembre  17i)0}. 

12.  Nicolas  Dufoiir.  Acte  par  lequel  dame  Marie-Thérèse  d'An- 
glehermer,  veuve  de  Louis  de  .Maujon,  a  vendu  à  Pierre-Nicolas 
Dufour,  avocat  en  Parlement,  conseiller  du  Roi,  juge-garde  de  la 
monnaie  de  Troyes,  le  fief  de  Gigny  (83  j.  1/2),  plus  24  j.  ou  envi- 
ron du  fief  de  Lanlé,  plus  le  fief  du  bois  Ramonet  (13  ou  ti 
arp,),  plus  la  justice  haute,  moyenne  et  basse  du  Haul-Chemin 
(la  moitié),  plus  4  f.  !■'  de  prés,  finage  de  Chaumesnil.  Ladite 
vente  moyennant  la  somme  de  i2,o00  1.  (IG  mai  1730).  —  Au  bas 
du  contrat  de  vente  sont  deux  expéditions  du  contrat  de  mariage 
des  sr  et  dame  de  Maujon  du  29  avril  1108,  pour  justifier  :  l^que 
M.  de  Maujon  père  a  donné  au  s'  Louis  de  Maujon,  son  fils, 
tous  ses  biens  immeubles  ;  2"  de  la  donation  entre  vifs  faite  entre 
lesdits  s""  et  dame  de  Maujon,  en  faveur  du  survivant  (9  avril 
1708).  —  Quittance  donnée  par  M'^  Denis  Aubert,  créancier  délé- 
gué de  M.  de  Maujon,  à  Nicolas  Dufour,  de  la  somme  de  8,210  1., 
laquelle  était  due  par  ol)ligalion  (du  (3  décembre  1733)  de  6^000  1. 
avec  133  1.  d'arrérages,  et  par  une  autre  obligation  (du  8  février 
1733)  de  2,000  1.  avec  tl2  1.  10'^  d'intérêt  (4  juin  1736).  —  Autre 
quittance  donnée  par  Louis  Tliiriot,  fondé  de  procuration  de  M""" 
Pierre  Calherinot  de  Villechaise,  aussi  créancier  délégué  par  la 
dame  de  Maujon  ii  M.  Dufour,  à  raccjuit  de  ladite  dame,  avec 
subrogation  en  faveur  dudit  s''  Dufour  (2  janvier  1737).  —  Décla- 
ration faite  par  Nicolas  Dufour  à  M'*  Pierre  Grassin,  do   plusieurs 


3:V2  NOTICE   SUR   LA    SEIGNEURIE 

pièces  de  terres  quil  lient  de  Louis   de   Maiijon,  situées   dans  les 
limites  du  fiof  de  Lanté.  chargées  d'un  droit  de  terrage,  d'un  bois- 
seau par  journal. ...  (19  juillet  iTi^fi). 
13.   Fizcaiix  de  Clcmon  (1770). 

V 
Fief  de  Gigny. 

Le  fief  de  Higny,  mouvant  des  sires  de  Dienville,  parait  avoir 
été  compris  primitivement  dans  le  fief  de  la  Rolliicre  ;  c'est  Giiiol 
de  Gigny  qui  lui  a  donné  .=on  nom.  Les  seigneurs  de  ce  fief  sont  : 

1.  Giiiol  de  Gigny.  Aveu  fourni  à  M.  Huet,  s''  de  Dienville, 
par  Guiot  de  Gigny,  écuyer,  s"'  de  la  Rothière  :  t"  pour  la  justice 
haute,  moyenne  et  basse  en  la  maison,  jardin  et  enclos  de  la 
Rothière,  appartenant  audit  s''  de  fiigny  ;  2»  pour  le  droit  de  16 
deniers  en  U  sols  sur  toutes  les  prises  faites  en  la  fin  de  la  ville  de 
la  Rothière  ;  3°  pour  la  moitié  de  la  justice  haute,  moyenne  et 
basse  du  Haul-Chemin  à  partager  par  moitié  avec  .I7v  le  duc  de 
Bourgogne  ;  4°  pour  plusieurs  censivcs  à  la  Rothièie  portant  lots 
et  ventes  de  3*  4'i  pour  livre  sur  plusieurs  maisons  et  bâtiments  y 
énoncés  ;  '6°  pour  plusieurs  héritages  et  domaines  de  ladite  sei- 
gneurie (14  février  142i-). 

2.  Paul  Lombard.  Foi  el  hommage  à  Christophe  Hangest,  sire 
de  Dienville,  par  Paul  Lombard,  à  cau?e  de  Félize  de  Gigny,  sa 
femme,  pour  le  fief  de  Gigny,  lequel  est  conforme  mot  à  mot  à 
celui  de  1424;  on  y  remarque  seulement  que  le  bien  venait  de 
Félize  de  Gigny,  et  que  la  maison  seigneuriale  de  la  Rothière  était 
eu  ruine  (20  septembre  14S9). 

3.  Jehan  de  Vassan.  Dénombrement  qui  prouve  que  Jehan  de 
Vassan  et  sa  femme  Lorctto  possédaient  le  fief  de  Gigny  (parche- 
min, sans  date) 

4.  Adrien  de  Va.<isan.  Déclaration  faite,  par  Adrien  de  Vassan, 
du  gagnage  de  Gigny  à  la  lîothière  (5  octobre  la3b). 

y.  Lorelle  de  Mérllle.  Foy  el  hommage  à  Louis  de  Ponlallier, 
s''  de  Dienville,  par  d"'"  Lorelle  de  Mérille,  veuve  de  Jean  du  Buis- 
son, écuyer,  demeurant  à  Brienne,pour  la  moitié  par  indivis  avec 
les  enfants  et  héritiers  dudit  Jean  du  Buisson,  d'une  maison 
naguère  édifiée  parle  défunt,  élable,  cour,  jardin,  accin  et  pour- 
pris,  appelée  la  maison  Guiol  de  Gigny;  item  pour  la  justice 
haute,  moyenne  et  basse  pour  le  loul  èsdites  maison  et  accin  ; 
pour  la  justice  haute  au  Haut-Glu  min  ;  pour  plusieurs  censives  et 
droits  seigneuriaux,  et  un  gagnage  duquel  dépendent  58  j.  de 
terres  au  finage  de  la  Rothière  el  aux  environs  (o  octobre  1535). 

fi.  François  de  la  Chaussée.  Acquisition  par  noble  homme 
François  de  la  Chaussée,  capitaine  et  gouverneur  du  comté  de 
Brienne,  et  dame  Marie  de  Rouy,  sa   fenuiie,  de  noble  personne 


De  la  rothière  33li 

Simon  Méiille  el  Lorelle  de  \assaii,  sa  femme,  Adrien  de  Vassaii 
et  Callierine  sa  femme,  deiDeiiratil  à  Brierme,  des  3/1 2  par  indivis 
d'un  fief  appelé  communément  le  fief  Giiiol  de  (//7/ii/,  moyennant 
la  somme  de  370  I.  Ces  terres  proviennent  de  la  succession  de 
Jehan  de  Vassan  '  (19  mars  1540).  —  Acte  par  lequel  Jehan  Guil- 
lemet, marcLand  apothicaire  demeurant  à  Troycs,  et  Marie  de 
Vassan,  sa  femme,  lille  de  Jehan,  donnent  à  François  delà  Chaus- 
sée les  2,3  d"uu  fief  qui  consiste  en  un  gagnage  au  (inage  de  la 
Rolhière,  plus  les  8/12  d'une  pièce  de  pré  contenant  une  fauchée 
environ,  au  finage  de  iMurvilliers  ;  de  son  côté,  François  de  la 
Chaussée  donne  à  Jehan  Guillemet  plusieurs  maisons,  jardins  et 
terres  labourables  à  Corbeil-les-.Margeries  (M  août  loil).  — 
Acquisition,  par  François  de  la  Chaussée  et  d'''=  .Marie  de  Kouy,  sa 
femme,  de  Colette  de  Vassan,  veuve  de  feu  Ftienne  Gillot,  demeu- 
rant à  Bar-sur- Seine,  de  la  portion  qui  lui  appartient  comme 
héritière  de  noble  homme  Jehan  de  Vassan,  son  père,  consistant 
en  une  maison,  accin,  droits,  aisances  et  appartenances,  au  lieu 
de  la  Rolhière,  mouvant  de  la  seigneurie  de  Dicnville  ;  plus  la 
portion  qui  lui  apiiartient  en  tous  les  héritages,  terres  et  prés, 
tant  au  finage  de  la  Rothière  qu'es  fuiages  circonvoi.-ins,  avec  tous 
les  droits  de  justice  haute,  moyenne  et  basse  :  le  tout  partageable 
par  indivis  avec  les  dits  s"'  et  dame  de  là  Chaussée,  comme  ayant 
les  droits  de  tous  les  autres  cohéritiers  de  la  veoderesse.  Ladite 
vente  moyennant  la  somme  de  132  1.  (31  mai  ioiO). 

T.  Marie  de  lioui/.  Acquisition  faite  par  dame  Marie  de  Rouy, 
veuve  de  François  de  la  Chaussée,  de  Claude  Bar  et  sa  femme, 
d'une  fauchée  de  pré  environ  et  6  denrées  au  linagc  de  Chaumes- 
nil,  lieu  dit  la  Ruelle  du  Mongon,  chargé  envers  le  seigneur  de 
Brienne  de  3^  9'',  moyennant  33  I.  (2  avril  !oo5). 

8.  Charles  de  la  Chaussée.  Acquisition  par  Charles  de  la 
Chaussée,  stipulant  pour  dame  Huniberle  de  Francièrc,  sa  femme, 
de  François  de  Vitry  el  consorts,  d'un  gagnage  situé  aux  finages 
de  la  Rothière,  Unienville  et  Morviliiers,  consistant  en  25  j.  et  un 
quartier,  tint  terres  que  prés,  à  la  mesure  du  pied  du  Chàtelet, 
chargés  de  leurs  charges  anciennes,  moyennant  o7o  1.  (12  décem- 
bre 1369).  —  Aven  fourni  par  Charles  de  la  Chaussée  pour  le  fief 
de  Gigny  à  dame  Marguerite  de  Roue,  veuve  de  Louis  de  Pontal- 
lier,  dame  de  Dienville  (14  avril  1370),  —  Acquisition  par  le  même 
de  ChrisLuphe  Adenet,  écuyer,  i^  en  partie  du  Petit- .Mesnil  et  de 
Marguerite  de  Pilmiers,  sa  femme,  de  3  j.  de  terres  au  finage  de 
la  Rolhière,  moyennant  60  1.  et  3  1.  pour  les  vingts  (23  juillet 
lo73,i.  —  Acquisition,  par  le  s'  de  la  Chaussée,  de  Georges  Baizier, 
d'un  gagnage  consistant  en  47  j.  de  terres  au  finage  de  la 
Rothière  et  environs,  en  67  pièces  y  énoncées^,  franches  de  toutes 
servitudes  el  redevances,  à  fe-xcepLlun  de  4  j.  situés  en    Lanlé  qui 

1 .  Le  lief  de  Gigu}'  apparletianl  à  Jehan  de  Vassau  el  à  Lorelle,  sa 
lemrae,  comprenait  9i  arpeuU  environ. 


334  NOIICE   SUll    LA    SEIGNEURIE 

sont  redevables  d'un  boisseau  de   grain   quand   ils  porlenl.  Celle 
veille  inuyoïuiaiil  1,200  1.  (10  seplcrnbre  lo74). 

9.  Jehan  el  /?rn^  de  la  Cliausséc.  Adjudicalion  par  décret  au 
bailliage  de  Cbaumoiil,  au  profil  de  Rcni'  de  la  Chaussée,  du  iief 
de  Ciiguy,  saisi  à  la  requête  de  Claude  Corj'ard  sur  ledit  René, 
béritier  bénéticiaire  de  défunt  Jebaii  de  la  Chaussée,  son  frère, 
vivant;  ccuyer,  s""  de  Lévigny.  Celui-ci  devait  1,400  1.  par  contrat 
passé  à  François  Bliri,  marchand  bourgeois  de  Troyes,  qui  en 
avait  fait  transport  à  Claude  Corrard,  aussi  bourgeois  de  Troyes. 
L'adjudicalion  porte  :  1°  sur  un  gagnage  appelé  le  Baiziei'  (47  j.;; 
2"  sur  le  fief  de  Cigny  avec  la  haute,  nioyennc  et  basse  justice  ; 
■J"  sur  la  moitié  de  la  justice  haute,  moyenne  et  basse  du  IJaut- 
Chcntin  ;  i°  sur  110  j.  de  terres  en  un  gagnage  aux  environs  de  la 
HoUiière  ;  5"  sur  le  bois  Ramonel  (14  arp.  taillis)  ;  6"  sur  le  Iief 
Jean  Dupont  à  Unienville  ;  7"  sur  un  gagnage,  tinage  de  Jouvanzé 
(76  j.)  :  le  tout  moyennant  la  somn^e  de  3,000  I.  (27  août  Jo92). 
A  celle  adjudicalion  comparaissent  Jî/s/c  de  Ponlallier,  baron  de 
Pleurs,  S''  de  Dienville  ;  Nicolas  de  Sainl-Biiu,  s"  àe\-àuàvemonl ; 
dame  Marie  de  la  Chaussée,  abbesse  de  Notre- Danie-des-Prés  de 
Troyes,  et  sœur  Catherine  de  la  Cliaussi'v',  religieuse  en  ladite 
abbaye,  et  le  baron  de  Pousseij,  niari  de  dame  Anne  de  Niccy 
(Iief  du  Pelit-Mesnil)  — Sentence  du  bailli  do  Chauniont  portant 
main-levée  de  la  saisie  féodale,  faite  à  la  requêle  du  procureur  du 
Roi,  du  fief  de  Giguy.  comme  étant  dans  la  mouvance  de  Dien- 
ville (12  juillet  1603).  —  Assignation  à  messire  Juste  de  Ponlallier, 
pour  fournir  ses  causes  d'opposition  au  décret  du  Iief  de  Giguy 
(o  janvier  1608).  —  Opposition  de  Jusle  de  Ponlallier,  baron  de 
Dienville,  à  la  saisie  réelle  de  la  terre  de  la  Rolhière,  pour  raison 
des  droits  féodaux  (M  juillet  ICOS). 

10.  Laurent  de  la  Chaussée.  Procuration  donnée  par  Laurent 
de  la  Chaussée  pour  porter  foi  cl  hommage,  aveu  et  dénombre- 
ment au  seigneur  de  Dienville  pour  le  fief  Je  Gigny  (9  décembre 
16;j3\  —  Aveu  fourni  par  Laurent  de  la  Chaussée  à  messire 
l-'rançois  de  l'Hôpital,  s'  de  Dienville,  pour  le  Iief  de  Gigny, 
comme  liérilier  bénéficiaire  de  la  succession  de  Hené  de  la  Chaus- 
sée (23  février  1G34). 

il.  Louis  de  Maujon.  Acqi.isilion  du  licf  de  Gigny  par  Louis 
de  Maujon,  de  Laurent  de  la  Chaussée  (2  avril  164"-).  —  Foy  et 
liommage  à  d"''  Charlotte  des  Essarts,  épouse  el  fondée  de  proeu- 
ralion  de  M.  Duhallier,  par  Louis  de  Maujon,  à  cause  du  fief  de 
Gigny  (3  avril  1642).  —  Don  et  remise  par  messire  de  l'Ilôpilal, 
cl  Louis  de  Rîaujon,  des  droits  de  quints  et  requints  qui  lui  étaient 
dus  à  cause  de  l'acquisition  du  fief  de  Gigny,  du  s'  d'Arrest  (Lau- 
rent de  la  Chaussée),,  en  reconnaissance  des  services  qu'il  lui  a 
rendus  (8  mars  1646).  —  Acquisition,  [>ar  Louis  de  Maujon,  de  2 
petites  maisons  et  de  20  boisseaux  environ  de  terres  à  chene- 
vière  pour  composer  les  enclos  du  fief  de  Gignij  (def644à  I6i9). 
—  Actjuisilion  de  H  (|uartiers  de  jirés  (1043). 


DE    LA    ROTHIÈUE  33o 

\2.  Jean  Comparai.  Koy  cl  honimage  par  Jean  Comparol,  du 
fief  de  Gigiiy,  à  M.  le  {triuce  de  Comriiercy,  Charles  de  Lor- 
raine, conr.le  de  Rosnay,  liaron  de  Cliavange,  s'  de  Lesmonl  el 
baron  de  Dieu  ville  (2G  février  1G8C). 

13.  Louis  et  Joseph  de  Maujon.  Acte  par  lequel  Claude-Nico- 
las Comparot  (iils  du  précédent),  s'  de  la  Rolliière  et  de  Giguy,  et 
dame  Catherine  Corrard,  sou  épouse,  ont  vendu  à  luessire 
Joseph  (le  Maiijon.  chevalier,  s''  d'Uuienville,  et  cy-devaut  de  la 
Rothière,  et  à  Louis  de  Maujon.  sou  fils,  la  terre  et  seigneurie  du 
fief  de  Giguy,  plus  le  fief  de  Lanlo,  du  bois  Ramouel,  du  Pont,  de 
la  forêt  de  Der,  linage  d'KcIanco,  consistant  en  120  arpents  de 
bois  '.aillis  eutièrcuieut  coupés,  justice  haute^  moyenne  et  basse, 
mouvant  de  la  baronnie  de  Jaucourl,  membre  du  duché  appelé 
anciennement  Ucauforl  et  à  présent  Moiilmorency  ;  {dus  la  moi- 
tié de  la  seigneurie  de  la  justice  haute,  moyenne  et  basse  du 
Haut-Chemin  ;  plus  le  lief  de  la  Rolliière,  au  finago  do  Jou- 
vanzé.  appelé  anciennement  le  gagnage  de,  Jouvanzé  ou  de  l'a 
Rothière,  affranchi  par  acte  du  26  juillet  f6oo,  mouvant  du  sei- 
gneur de  Jouvanzé,  consistant  en  70  j.  tant  terres  que  prés.  Ladite 
vente  moyennant  la  sonmie  de  lt,iOO  1.  (l'J  décembre  1704).  — 
Ratilication  de  celle  vente  par  Louis  de  Maujon  (22  décen)bre 
I70i). 

14.  Louis  III  de  Maujon,  fils  de  Josepli  Vente  faite  par  .Jac- 
ques Leblanc,  écuyer,  s''  de  Maison  et  consorts,  à  messirc  Louis  de 
Maujon,  d'une  maison  située  à  Vilry,  moyennant  11,000  1.  (22 
avril  1728).  —  Constiluliou  passée  par  Louis  de  Maujon,  s""  de 
la  Rothière,  en  son  nom  et  comme  fondé  de  procuration  de  dame 
Marie-Thérèse  d'Auglebermer,  son  épouse,  au  profit  de  Me -Denis 
Aubert,  procureur  à  Troyes,  de  300  1.  de  rente  au  principal  de 
6,000  (6  décembre  1731).  — Obligation  passée  à  Troyes  par  la 
dame  d'Auglebermer,  veuve  du  sr  de  Maujon.  de  2,000  1.  (ju'elle 
s'est  obligée  d'employer  aux  arrérages  et  intéièls  de  1 1,000  I.  par 
elle  dijs  à  Jacques  Leblanc  et  consorts,  suivant  contrat  du  22  avril 
1726,  avec  obligation  d'en  faire  déclaration  par  la  quittance  du 
paiement.  Au  bas  de  celle  obligation  est  la  quittance  que  le  s""  Jac- 
ques Leblanc  et  consorts  ont  donnée  à  ladite  dau'.e  de  Maujon, 
pour  les  arrérages  et  inlérêls  des  11,000  I.  avec  déclaration  et 
subrogation  au  profil  du  s''  Aubert  (8  février  173;)).  —  Comman- 
dement du  i  )nars  IlSii,  ù  la  lequêle  du  s''  Aubert,  à  ladite 
dame  de  Maujon,  de  payer  les  2,000  1.  portées  en  la  déclaration 
du  8  février  précédent,  et  pour  le  refus,  assignation  par-devant 
.M.  le  bailli  de  Vitry  pour  être  condamnée  à  payer  l'intérêt  de  ces 
2,000  1.  —  Sentence  du  bailliage  de  Vitry  qui  adjuge  à  Me  .\ubert 
ses  conclusions  (20  mars  173b.  A'oir  fief  de  Lanlé,  Mcolas  Dufour). 

1o.  Nicolas  Dufour.  Acquisition  du  fief  de  Gigny...  par  Nico- 
las Dufour  (voir  fief  de  Lanté).  —  Aveu  et  dénombrement  à  mes- 
sire    Pierre  Grassin   par  Nicolas   Dufour,   pour  le  fief  de   Gigny 


oH6  NOTICE  SUR  La  seiqneurik 

(7  aoùl  1737  .  —  Acquisition,  par  Nicolas  Dufour,  de   prés  el  ter- 
res pour  agrandir  le  Oef  de  (iigny  (de  1736  à  17d2j 

10.  Pierre  Grassin.  Bail  fait  par  Pierre  Grassin  à  François 
Suzanne,  de  la  l'erine  de  Gigny,  moyennant  400  1.  en  argent, 
70  boisseaux  de  messail  et  300  boisseaux  orge  et  avoine  (14  octo- 
bre !7o'i). 

17.  Simon-Claude  Grassin.  Acte  par  lequel  Nicolas  Uufour  et 
Madeleine  Gouaut,  son  épouse,  vendent  à  Simon-Claude  Grassin, 
chevalier,  s""  de  la  vicomte  de  Sens,  Malay-lc-Hoi,  Tréinont,  Mai- 
soncelle,  ilievalier  de  l'Ordre  militaire  de  Saint-Louis,  maréchal 
des  camps  et  armées  du  Roi. . .,  le  fief  de  la  Rothière,  vulgaire- 
ment appelé /t /iV/'t/c  O'/V//!»/,  maison  seigneuriale,  cour,  jardin, 
colombier  (IS  à  20  j.),  plus  34  j.  de  terres,  plus  la  moitié  de  la 
justice  haute,  moyenne  et  basse  du  Haut-Chemin^  partageable  avec 
My  le  duc  de  Luxcmbourr/,  \Aus  13  j.  dans  l'enclave  du  lief  de 
Laulé  ;  70  j.  de  terres  labourables,  finage  de  la  Rothiére  et  autres 
limitrophes;  plus  10  f.  I/"2  de  prés,  15  à  16  boisseaux  de  terre  en 
cheneviére  ;  plus  le  fief  du  bois  Ratnonet  avec  justice  haute, 
moyenne  et  basse,  el  environ  14  arp.  de  bois  taillis  ;  plus  la  por- 
tion acquise,  par  le  s'  Dufour,  du  sf  d'Allonville  dans  les  seigneu- 
l'ies  du  Pctit-Mesnil  et  Cbaumesnil  '.  La  vente  faite  moyennant 
23,000  1.  de  principal  et  oOO  pour  la  coiffe  de  ladite  dame  (20 
décembre  1736).  —  Foy  el  hommage  par  Simon-Claude  Grassin  à 
messire  Pierre  Grassin,  si"  de  Dienville,  pour  le  fief  de  Gigny 
(13  mars  1737).  —  Arrêt  du  Parlement  qui  décharge  Simon- 
Claude  Grassin  el  tous  les  pariiculiers  qu'il  avait  fait  chasser  dans 
les  bois  du  Petit-Mesnil  (dont  il  était  le  propriétaire  avec  d'autres 
par  indivis),  des  condamnations  prononcées  contre  eux  par  sen- 
tence de  la  Table  de  marbre  de  Paris  du  iî  septembre  t~60  (28 
avril  1768).  —  Sentence  et  arrêt  qui  condamne  Madame  la  com- 
tesse de  la  Selle  à  remettre  à  M.  Simon-Claude  Grassin  les  titres 
du  fief  de  Gigny  (20  mai  17G3;,  du  bois  Ramonel  et  d'une  portion 
dans  les  seigneuries  du  Petil-Mesnil  et  Clliaumesnil. 

18.  Fizeaux  de  Clémon.  Acte  par  lequel  Simon-Claude  Gras- 
sin el  dame  Marguerite-Fi'ançoise-Geneviève  Devion  de  Tessan- 
court,  sa  femme,  vendent  à  messire  Etienne-Claude  Fizeaux  de 
Clémon,  écuyer,  conseiller  du  Koi,  les  fiefs  de  Gigny,  de  la 
Rothière,  du  bois  Ramonel,  el  la  portion  des  seigneuriesdu  Petit- 
Mesnil  et  Cliaumesnil,  tels  qu'ils  sont  expliqués  dans  le  contrat 
d'acquisition  de  M.  Grassin  du  '20  décembre  173G  (26  février  1770). 
La  dite  vente  u)oyennanl  23,000  1.  —  Quittance  de  cette  somme 
(10  mars  1772).  —  Quittance  des  droits  seigneuriaux  payés  pour 
l'acquisition  du  lief  de  Gigny  par  M.  de  Clémon  (30  mars  1770). 
—  Grosse  en  parchemin  du  décret  volontaire  des  terres  et  sei- 
gneuries de  Dienville,  Unienville,  fief  d'Arsenay,  de  Lanté  et  des 
seigneuries  du  Petit-Mesnil,  Cbaumesnil   el  la  Giberie.  Le  décret 

1.   Celle  veule  esl  du  25  féviier  I7i0. 


DK    LA    ROTHIÈRE  337 

coinf^irend  aussi  le   fief  de  (-iigny  et  la  seigneurie  de   la   Rolliière 
acquis  de  Simon-Claude  Grassin  le  26  février  1170. 

VI 
Fief  du  bois  Ramoaet. 

Le  fief  du  bois  Kamonet,  à  Jouvauzé,  est  de  la  mouvance  du 
comte  de  Brienne.  Les  seigneurs  de  ce  tief  sont  : 

i.  Jean  Carorijuy.  Foi  et  hommage  à  Madame  la  comtesse 
de  Brienne  par  Jean  Carorguy,  Jean  Nocicr,  lieutenant  général 
du  bailliage  de  Bar-sur-Seine,  à  cause  de  Guillemette  Carorguy, 
sa  femme,  Antoine  Carorguy,  Guillaume  et  Blanche-Isabeau,  sa 
femme,  et  Jean  Guillemet,  à  cause  de  sa  femme,  tous  héritiers  de 
feue  noble  femme  Loretle  Mérille,  en  son  vivant  leur  mère,  pour 
le  fief  appelé  Lanlé,  et  encore  pour  6  arp.  I/-2  de  haute  futaie  fai- 
sant moitié  de  13  arp  ,  au  finage  de  Jouvanzé  (10  juillet  lo37). 

2.  Charles  de  la  Chaussée.  Acquisilion  faite  par  niessire  Char- 
les de  la  Chaussée,  de  Claude  Taupin,  marchand  demeurant  à 
Brienne,  de  5  arp.  de  bois  taillis  à  prendre  dans  13  arp.  en  une 
pièce  au  finage  de  Jouvanzé,  fossoyé  tout  à  Tentour,  appelé  le 
bois  Ramoncl,  mouvant  en  plein  fief  de  M.  le  comte  de  Brienne, 
moyennant  la  somme  de  100  I.  (30  août  liJoO).  —  Acquisition  faite 
parle  s'  de  la  Chaussée,  de  Mcolas  Guillemet,  de  5  arp.  de  bois 
taillis,  appelé  le  bois  Ramonet,  moyennant  60  1.  (16  juillet  lb62). 
—  Acquisilion  par  le  même,  d'honorable  homme  Jean  Comparot 
et  Jeanne  Morille^  sa  femme,  Jean  Galleret  et  Nicole,  sa  femme,  et 
Jean  de  Vassan^.  de  tous  leurs  droits,  parts  et  portions  dans  le 
fond  d'un  bois  contenant  13  arp.,  appelé  le  bois  Bamonct^ 
moyennant  40  1.  (26  janvier  1563). 

3.  Humberle  de  Vrancière.  Aveu  et  dénombrement  à  Charles 
de  Lu.xembonrg,  par  dame  Humberle  de  Francière,  veuve  de 
Charles  de  la  Chaussée  :  r  pour  60  j.  de  terres,  finage  d'Uiiien- 
ville,  1  arp.  de  vignes.  1 1  f.  de  prés  et  ."J  carreaux  attenant  de  la 
dite  vigne,  appelée  le  iief  du  Pont,  la  maison  et  les  censives  ; 
2"  pour  le /tf/di^  bois  Ramonet  (12  arp);  pour  le  fief  de  Lanté 
(oO  arp.)  (9  avril  io86). 

4.  Laurent  de  la  Chaussée.  Aveu  et  dénombrement  au  comte 
de  Brienne,  par  messire  Laurent  de  la  Chaussée,  hérilier  béné- 
ficiaire de  défunt  messire  René  de  la  Chaussée  :  1"  pour  le  fief 
Dupont  ;  2°  pour  le  fief  du  bois  Ramonet  ;  3°  pour  le  fief  de  Lanté 
(t8  février  I63i). 

5.  Louis  de  Maujon.  Acte  de  foi  et  hommage  à  Henry- 
Auguste  de  Loménie  par  Louis  de  Maujon,  s''  de  Chefdeville  : 
1°  pour  le  fief  de  Lanlé  ;  2°  pour  le  Iief  du  Pont  ;  3°  pour  le  fief  du 
bois  Ramonet,  consistant  en  200  arp.    de  bois  taillis,  auquel  bois 

22 


338  NOTICE    SUR    LA.    SEIGNEURIE 

il  est  permis  de  niellre  des  lapins  cl  le  posséder  à  l'avoini"  en  droit 
de  garenne  {'19  aoùl  10 iS). 

0.  Jean  Comparol.  Adjudicalion  par  décret  faite  aux  rciiuêtes 
du  Palais,  le  ifl  or/o6/'3  /6(S.j,  à  niessire  Jean  Comparot,  du  fief 
de  Gigny  et  du  fief  du  bois  Ramonct.  —  Aveu  et  dénotnbrement 
fourni  par  Jean  Comparo!,  s""  de  Longsols,  de  La  Jesse  (Lagesse) 
el  de  la  Rolhière,  à  M.  le  comte  de  IJrienne  :  1°  pour  le  fief  de 
Lanté  ;  2"  pour  le  tief  Dupont;  3°  pour  le  tief  du  bois  Rnmofiel 
(•24  septembre  1687). 

7.  Louis  et  Joseph  de  Maujo  '.  Acquisition  par  Joseph  et 
Louis  de  Maujon,  de  Claude-Nicolas  Comparot,  entre  autres  cho- 
ses, de  la  terre  de  Gigiiy  et  du  lief  du  bois  Ramonet  (19  décembre 
1701).  —  Foy  et  hommage  à  M.  le  comte  de  Brienne  par  Louis  de 
Maujon,  sr  de  la  Rothière  et  du  fief  de  Gigny,  pour  les  liefs 
Dupont,  Lanté  et  le  bois  Ramon'H,  par  lui  acquis  de  messire 
Nicolas  Comparot.  comme  donataire  du  s''  Jean  Comparot  (18  jan- 
vier 1717). 

8.  Nicolas  Dufour.  Acquisition  par  M.  Dufour,  de  M.  de  Mau- 
jon, entre  autres  choses,  du  lief  de  Gigny  et  du  bois  Ramonel  ;16 
mai  1736).  —  Foy  el  hommage  à  M.  le  comte  de  Brienne,  par 
messire  Pierre-Nicolas  Dufour,  pour  le  fief  du  bois  Ramonet, 
acquis  de  dame  Marie-Thérèse  d'Anglebermer  do  Lagny,  veuve  de 
Messire  Louis  de  Maujon,  brigadier  des  armées  du  Roi  (8  mai 
1737).  —  Dénombrement  du  fief  du  bois  Ramonet  par  M.  Dufour 
à  Nicolas-Louis  de  Loménie  (6  août  1736).  —  Acte  par  lequel  le  s"^ 
Dufour  a  vendu  au  s""  Etienne,  marchand  de  bois  à  Brienne,  la 
coupe  et  superficie  du  taillis  du  fief  du  bois  liamonet  (14  arpents), 
moyennant  1,400  1,  plus  304  modernes  à  couper  dans  ledit  bois, 
moyennant  300  I.  (1^'  décembre  1732). 

9.  Simon-Claude  Grassin.  Acquisition  faite  par  messire  Simon- 
Claude  Grassin,  maréchal  des  camps,  de  .M.  Dufour,  du  lief  de 
Gigny  et  du  fief  du  bois  Ramonet  (26  décembre  1736). 

10.  Fizeavx  de  Clémon.  Acquisition  du  fief  de  Gigny  et  du 
bois  liamonel  par  messire  Fizeaux  de  Clémon,  de  messire  Grassin 
126  février  1770).  —  Foy  et  hommage  à  M.  le  comte  de  Brienne 
par  messire  Etienne  Fizeaux  de  Clémon,  écuyer,  pour  le  fief  du 
bois  Ramonel  1 10  avril  1770). 

VII 
Fief  du  Haut-Chemin. 

Les  seigneurs  du  Haut-Chemin,  mouvant  de  la  seigneurie  de 
Dienville,  sont  les  miMiies  que  ceux  de  Gigny  ;  par  conséquent,  il 
ne  nous  reste  plus  qu'à  parler  d'un  procès  entre  M.  Grassin, 
directeur  général  des  monnaies  de  France,  M.  le  duc  de  Luxem- 
bourg el  M.  Dufour,  avocat  au  Parlement. 

Ce  procès  commence  par  une  demande  formulée  par  M.  Dufour 


DE    LA    ROTHIÈRE  339 

au  bailliage  de  Cliaumont,  tendant  à  ce  qu'il  soit  fait  défense  a 
M.  Grassin  de  pratiquer  à  l'avenir  aucune  avenue  et  plantation 
sur  le  territoire  de  la  Rothière  ;  que  des  bornes  soient  plantées  sur 
les  confins  des  tinages  de  Uienville  et  de  la  Hothière  ;  que  les 
anciens  chemins  de  traverse  et  autres  adjacents  à  la  nouvelle  ave- 
nue de  M.  Grassin  qui  conduisent  de  Uienville  à  la  Rothière, 
demeurent  en  l'état  oh  ils  étaient  avant  l'ouverture  des  fossés 
faits  par  son  ordre  ;  que  défense  lui  soit  faite  d'en  interdire 
l'usage  tant  à  pied  qu'à  cheval  ;  qu'après  le  bornage  desdits 
linages  de  Dienvilie  et  de  la  Rothière,  les  arbres  qui  se  trouveront 
jilantés  sur  le  territoire  de  la  Rothière,  par  l'ordre  du  s'  Grassin, 
soient  arrachés  ;  que  le  s'  Grassin  soit  leuu  de  remettre  à  30  pieds 
lils  n'étaient  qu'à  20  et  24),  les  noyers  plantés  par  lui  sur  des 
pièces  de  terres  appartenant  au  s'  Dufour,  le  long  du  chemin 
royal  qui  conduit  de  Bar-sur-Aube  à  Rosnay,  sinon  qu'il  soit  per- 
mis à  ce  dernier  de  les  faire  planter  aux  frais  de  M.  Grassin,  à 
moins  qu'il  ne  préfère  lui  abandonner  la  propriété  desdils 
noyers,  à  la  charge  d'en  rembourser  le  prix  audit  s--  Grassin  il4 
décembre  1748). 

M,  Grassin  répond  qu'il  ne  reconnaît  pas  le  s"'  Dufour  pour  sei- 
gneur de  la  Rulhière,  et  il  veut  qu'on  mette  en  cause  M.  le  duc  de 
Luxembourg  ou  d'autres  seigneurs,  s'il  y  en  a  (21  .janvier  ITiO). 

Le  S'  Dufour  apporte  deux  titres  pour  prouver  sa  qualité  de  sei- 
gneur de  la  Rothière  :  1"  le  contrat  de  vente  du  16  mai  173i'),  par 
lequel  il  appert  qu'on  lui  a  cédé,  entre  autres  choses,  la  j(/i'^(ce 
du  Haut- Chemin  ;  2°  l'aveu  et  dénombrement  qu'il  a  rendu  à 
M.  Grassin,  h  7  août  1737,  dans  lequel  le  s'  Dufour  lui  a  rap- 
porté la  justice  haute,  moyenne  et  basse  au  Haut-Chemin,  parta- 
geable avec  M.  le  duc  de  Luxembourg  (tj  mars  1749). 

Sentence  conforme  aux  conclusions  de  M.  Dufour,  qui  ordonne 
la  mise  en  cause  de  M.  de  Luxembourg,  à  la  requête  de  la  partie 
la  plus  diligente  (30  avril  1749). 

Copie  d'une  sentence  des  requêtes  du  Palais  qui  évoque  la  con- 
testation d'entre  M.  Dufour,  M.  Grassin  et  M.  de  Luxen)bou'rg,  et 
fait  défense  au  juge  de  Chaumont  d'en  plus  connaître  (7  juin 
1749). 

Copie  d'une  consultation  donnée  par  M.  Boucher  d'Argis,  avocat 
au  Parlement,  par  laquelle  il  estime  que  M.  Dufour  est  bien  fondé 
à  prétendre  la  moitié  de  la  justice  du  Haul-Cliemin  (10  juin 
1740). 

Requête  de  Jl.  le  duc  de  Luxembourg  tendant  à  ce  qu'il  soit 
reçu  partie  intervenante  dans  la  cause  d'entre  M.  Grassin  et 
M.  Dufour,  que  défense  soit  faite  à  l'avenir  au  s'  Dufour  de  se  qua- 
lifier seigneur  en  partie  de  la  Rothière,  et  qu'il  soit  condamné, 
pour  l'avoir  fait,  à  des  dommages-intérêts  envers  lui  et  aux 
dépens  (30  décembre  1749). 

M.  le  duc  de  Luxembourg  continue  en    prouvant  à   M.    Dulour 


340  NOTICE    SÛR    LA    SEIGNEURIE 

qu'il  prend  k  torl  le  litre  de  seigneur  de  la  Ilolliière,  puisque  ce 
fief  est  du  nombre  de  ceux  qui  dépendent  de  la  baronnie  de 
Jaucourt,  membre  du  duché  de  Monlniorency,  ci-devanl  Beaufort  ; 
que  ce  fief  est  énoncé  dans  l'élat  de  ladite  terre  et  baronnie  de 
Jaucourt,  annexé  au  contrat  de  vente  qui  fut  fait  par  Madame  la 
duchesse  de  Guise  à  la  dame  Marguerite  dEslrée,  le  6  juillet 
1597  ;  et  que  dans  cet  état  l'on  y  a  précisément  dit  ><  qu'à  ce  fief 
appartenait  haute,  moyenne  et  basse  justice  sans  division  avec 
aucun  autre  ;  que  ces  terres,  depuis  érigées  en  duciié-pairie  dont 
dépend  le  fief  de  la  Rolhière,  ont  été  acquises  par  les  auteurs  de 
M.  de  Luxembourg,  qui  ont  toujours  joui,  ainsi  que  lui,  sans 
trouble,  de  ladite  seigneurie  de  la  Rothière  (7  avril  1730). 

M,  Dufour  réplique  que  le  contrat  du  6  juillet  li)97  ne  signifie 
rien,  et  que,  d'ailleurs,  il  parait  avoir  été  altéré  (i:i  juin  1750).  Il 
demande  connaissance  de  ce  contrat  et  d'un  autre  du  18  7nars 
teSS  (30  juin  1730;. 

Sur  ces  entrefaites,  M.  de  Luxembourg  dépose  une  transaction 
passée  devant  M<=  Bapteste,  notaire  au  Châtelet  de  Paris,  par 
laquelle  Mg''  Charles-François  Frédéric,  seul  seigneur  haut  justi- 
cier de  la  Rothière,  a  cédé  à  M"  Pierre  Gaupillat,  curé  de  ce  lieu, 
et  à  ses  successeurs  en  ladite  cure,  la  portion  de  dinies  dont  ledit 
seigneur  avait  toujours  joui,  et  qu'il  avait  toujours  perçue  con- 
jointement avec  l'abbaye  de  Clairvaux,  et  ce  pour  être  dispensé 
de  payer  audit  s'  curé  sa  part  dans  la  portion  congrue  qu'il 
avait  droit  d'exiger,  au  moyen  de  quoi  ledit  s'  curé  a  promis  et 
s'est  obligé  de  faire  et  continuer  les  prières  nominales  comme  il 
était  accoutumé,  ne  connaissant  d'autre  seigneur  de  ladite 
paroisse  de  la  Rolhière  que  ledit  seigneur  duc  de  Luxembourg 
(20  mars  \'ih). 

M.  Dufour  répond  que  la  déclaration  du  bf  Gaupillat  n'a  aucune 
valeur,  car  encore  qu'il  paraisse  par  ladite  déclaration  qu'il  recon- 
naît Mgr  le  duc  de  Luxembourg  pour  seul  et  unique  seigneur  haut 
justicier  de  la  Rothière,  la  vérité  est,  comme  il  le  dit  lui-même, 
«  qu'il  n'en  a  point  de  certitude,  qu'il  a  même  répugné  à  faire 
cette  déclaration,  et  qu'il  ne  s'y  est  déterminé  que  par  respect 
pour  M.  le  duc  de  Luxembourg,  et  croyant  que  cela  ne  pouvait 
préjudicier  à  personne'. 

A  partir  de  ce  moment,  le  procès  prend  des  proportions  consi- 
dérables. Il  y  a  une  foule  d'écritures  de  part  et  d'autre  ;  on  fouille 
les  vieux  pardieniius;  on  remonte  à  l'origine  de  la  seigneurie,  et 

1.  Il  est  dil  dans  cet  acte  que  le  vicariat  de  la  Rolhière,  dépeudaulde 
Dienville,  fut  érigé  en  cure  le  2i  juillet  1706  et  12  jum  17.  7.  M«  Gaupillat 
en  fut  le  premier  curé  et  percevait  la  grosse  dîme.  Ce  droit,  avant  d'être 
réuni  à  la  cure  de  la  Hotliière,  était  partagé  par  moitié  entre  M"  de 
Luxembourg  et  les  religieux  de  l'abbaye  de  Clairvaux.  C'est  au  moyen  de 
ces  grosses  dîmes  qu'ils  payaient  au  curé  sa  portion  congrue  (Acte  du  16 
avril  1750. 


PE    LA    UOTHI^RE  341 

l'on  tinit  par  découvrir,  à  l'aide  des  fois  et  hommages,  de>-  aveux 
et  dénombrements  que  tous  les  seigneurs  du  flaul-Chemin, 
antérieurs  à  M.  Dufour,  relevaient  de  la  seigneurie  de  Dienville. 
Alors  le  duc  de  Luxembourg  est  débouté  de  ses  prétentions  et  con- 
damné aux  frais  et  di^pens,  et  le  s'  Dufour,  conformément  à  la 
consultation  donnée  par  M'=  Boucher  d'Argis  (19  juin  i749),  et 
surtout  la  sentence  des  requêtes  du  Palais  qui  permet  à  M.  Jean 
Comparot  de  prendre  possession  de  la  justice  et  seigneurie  du 
Haut-Chemin  (31  octobre  lG8o),  est  maintenu  dans  son  droit  de 
justice  haute,  moyenne  et  basse  sur  le  fief  du  Haul-Chemin, 
appelé  encore  Clmnin  de  Césnv  ou  des  Romains  (ITiiB), 

VIII 
Derniers  seigneurs  de  la  Rothière. 

On  a  vu,  par  ce  travail,  que  Fizeaux  de  Clémon  a  réuni  dans  ses 
mains  toutes  les  parties  de  la  seigneurie  de  la  Rotbière.  Après  lui, 
viennent  :  1"  LouisMarie-Athanase  de  Loménie,  époux  de  Marie- 
Anne-Étiennette,  tille  unique  d'Etienne-Claude  Fizeaux  de  Clémon 
(1771)  ;  2°  Alexandre-François-Antoine,  lils  adoptif  du  précédent, 
époux  d'Elisabeth  Louise-Sophie  de  Vergés  (I78S)  ;  3"  Martial-Jac- 
ques-Louis, époux  d'Antoinette-Jeanne-lsidorc  de  Damas,  sœur  du 
baron  de  Damas,  minisire  sous  la  Restauration  (1805);  4°  Char- 
lotte-Louise de  Loménie,  épouse  d"Hugues-Héraclius,  comte  de 
Monlboissier-Beaufort-Caniliac  (1819);  5°  Gabrielie-Augustine  de 
Loménie,  sa  sœur,  épouse  de  Guillaume-Marie-Paul-Louis  Hurault, 
marquis  de  Vibraye  (I8i2);  6'  Alexaiidrine-Marie-Tliérèse  Hurault 
de  Vibraye,  épouse  de  Louis-Marie-Arthur,  comte  de  Chevigné  ; 
7'  Anne-Marie-Françoise-Aldegonde  de  Chevigné,  épouse  de 
François-Marie-Jean  de  Reviers,  capitaine  d'artillerie  de  l'état- 
major. 

P.  Chauvet. 


LKS 

SEIGNEURS    DE    VILLE-SUR-ARCE' 


ADDITIONS     ET     CORHECTIONS 


I 

Daus  la  uolicc  cousacrée  ;i  Jean  I*"''  de  Ville-sur-Arco,  nous 
avons,  d'après  M.  l'abbé  Lalore,  relaté  une  transaction  passée 
au  mois  de  février  1332  entre  ledit  seigneur  et  ses  sujets, 
transaction  établissant  que  huit  écuelles  combles  faisaient  le 
boisseau  ras,  mesure  de  Cbaceuay, 

Cette  transaction  nous  avait  paru  pour  le  moins  singulière. 

La  mesure  de  Cbaceuay,  étant  en  usage  sur  toutes  les  ter- 
res de  la  baronnie,  s'imposait  à  Ville-sur-Arce  comme  ailleurs, 
et  nous  nous  demandions  à  quel  titre  le  seigneur  et  les  habi- 
tants de  ce  village  avaient  pu  intervenir  î)Our  la  modifier  ou 
pour  la  coulirmer. 

Dans  l'impossibilité  où  nous  i.ous  trouvions  de  recourir  à  la 
source  indiquée  par  le  savant  historien  des  Sires  et  des  barons 
de  Chacenay,  nous  nous  sommes  incliné  de  confiance  devant 
son  autorité,  lui  laissant  d'ailleurs  le  mérite  aussi  bien  que  la 
responsabilité  de  son  assertion. 

Depuis,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  docteur  Finol,  qui  en 
est  l'heureux  propriétaire,  nous  avons  pu  étudier  à  loisir  un 
vidimus  de  la  transaction  de  1332. 

Ce  vidimus,  rédigé  le  23  décembre  1485  par  deux  notaires 
de  Ricey,  Guillaume  Chalons,  écuyer,  et  Ilumberl  Calabre, 
clerc,  est  un  magnifique  parchemin  mesurant  Tfi  centimètres 
sur  52. 

La  transaction  vidimée  est  certainement  celle  visée  par 
M.  l'abbé  Lalore,  car  elle  porte  la  date  du  samedi  après  le? 
Hrandons  de  l'an  1331  (v.  st.). 

'   Voir  page  H(l4,  tome  IX  de  la  Hevue  de  Champagne, 


LES    SEiaNEURS    DE    VriJ,K-SUR-ARCE  3''t?. 

Elle  a  pour  objel  non  pas  la  mesure  de  ('liacona}^  dont  il  est 
fait  une  simple  menlion,  mais  l'usage  du  moulin  banal  de  la 
seigneurie  d'en  bas,  les  redevances  à  payer  pour  la  moulure, 
el  l'abandon,  de  la  pari  du  seigneur,  du  droit  d'ajust  des  pin- 
tes et  des  chopiues,  lorsque  les  habilauts  ouvraient  de  nouvel- 
les taveri  es. 

En  voici  d'ailleurs  le  texte  : 

A  tous  cculx  qui  ces  présentes  ladres  verront,  Jehan  Lograin, 
prebtre,  garde  du  seel  de  la  prévoslé  de  Rieey,  en  tant  qu'il  s'ex- 
tend  ou  bailliage  de  Sens,  de  par  noble  el  puissant  seigneur  nies- 
sire  Guillaume  Roulin,  chevalier,  conseiller  et  chambellan  du  roy, 
nostre  sire,  el  seigneur  du  dit  Ricey  et  de  Bcauchainp,  salut. 

Savoir  faisons  que  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  quatre  vingts 
et  cinq,  le  vingtiesme  jour  du  mois  de  décembre,  Guillaume  Chas- 
ions,  escuyor,  el  Huinbert  Calabre,  clerc,  notaires  jurez  eleslabliz 
à  ce  faire,  au  dit  Ricey^  de  par  le  dit  seigneur,  virent,  tinrent, 
communiquèrent,  coUationnèrenl  et  diligemment  leurent,  de  mol, 
unes  lectres  en  forme  de  Chartres,  escriptes  en  parchemin,  saines 
et  entières  en  escripture,  scellées  en  double  queue  de  cire  verd, 
du  seel  de  la  prévoslé  de  Har-sur-Seine,  comme  la  teneur  d'icelles 
le  tesmoignoit,  lequel  seel,  par  viellesse,  esloit  derompu,  el  la  cire 
fort  caduque  et  descoluurée,  mais  ancor  y  avoil  grant  apparance 
d'icellui  seel,  et  si  y  avoil  apparance  au  bout  de  la  dicte  queue, 
que,  autreifois,  y  avoient  esté  pendans  aucuns  petis  seaulx  ou 
signetz.  Desquelles  lectres  la  teneur  s'ensuit  : 

A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lectres  verront  et  orront.  Jaques 
diz  li  Boucbars,  garde  dou  seel  de  la  prévoslé  de  Bar-seur-Sein- 
gne,  salut. 

Sachent  luit,  que  par  devant  Jehan  dit  le  Lombard,  clerc,  et 
Regnaudin  de  Chaslelvillain,  demeurant  au  dit  Bar-seur-Seingne, 
tabellions  jurez  et  eslabliz  à  ce  faire,  de  par  nostre  seingueur  le 
Roy,  au  dit  Bar  et  en  la  chaslellerie,  vindrenl  et  furent  présens  en 
leurs  propres  personnes,  pour  ceste  chose  espéciaulment^  Jehans, 
sires  de  Ville-seur-Arce  en  plus  grant  partie,  escuyers,  filz  de  feu 
mon  seingneur  Pierre  Barrai,  jadis  chevalier,  d'une  partj  Jehans 
Gobillel,  Haubers  Bouisson,  Lambers,  frère  dou  dit  Aubert, 
Jehans  filz  Girarl  li  potier,  Roubers  Perrote,  Jehans  Cornoille, 
Perroz  li  Buisons,  Jehans  li  treuvez,  Jehans  Herbeiin,  Thiébaux. 
Beige,  Girars  li  potiers,  Jehans  Jaquerel,  lilz  Jehan  le  grant,  Xaa- 
los  Malnorris  li  petiz,  Melinnolte  fenune  Jehans  le  Chaatré,  pour 
essoingne  de  son  mary  qui  est  aveugles,  Jehans  li  grans,  Jehans 
l'aingné,  Thiébaulx  Cuignel,  Jehans  Grillut,  Bertaux  Vaalais,  Miloz. 
Cbevry,  Serourges  Malmené,  Thomas  Beige,  Viars  Koumelart, 
Cojas  Cariosl,  Estiennes  Pree^che,  Jehans  l'escuiellal.  Michaux  li 
Recouvevres,  Durans  li  escuielaz,  Lorens  filz  au  clerc,  Jehans  Fil- 
laule,  Jaques  li  mugniers,  Jehans  li  Budins,   Jehans  li  fourniers, 


344  LES   SEIGNEURS    DE   VILLE-SUR-ARCB 

Tliiebaux  Ciqiiart,  Guillaumes  Bouquin,  Huoz,  lllz  Herbelot  H 
mugnier,  Miloz  li  quarlaz,  I.anibers  Moucbet,  Guillemins  Cbarge- 
besle,  Roubers  iilz  au  Buison,  Jebatis  Escbailloo,  Viars  Vaala}', 
Colins  Viars  l'aingné,  Jebans  tilz  feu  Micbelot  le  Pervelal,  Perroz, 
filz  Bruclienel,  Drouoz  Heguine,  Erars  Moucbot,  Jebans  Godars^ 
Guillaumes  Tavau,  Miloz  Tavau,  son  frère,  Jebans  li  Raz,  Jebans 
filz  feu  Milol  Rtgnart,  Tbiébaux  Boullée,  Jebans  Judas,  Jebans 
Haillart,  Tbonias  Noorccl,  Jebans  Reguebers,  Tbévenins  Dovelay, 
Jebans  Maunoir,  Jebans  Dovelay  li  borgnes,  Miloz  Bovin,  Perroz 
Malmené,  Jebannins  filz  feu  Vyarl  Noiroy,  Miloz  Marcel,  Humbe- 
loz  Mollure,  Perrinoz  Cocbelin,  Perrinoz  filz  Clcmenl  Luillier, 
Colins  Turnel,  Jebans  filz  feu  Perrinol  Moron,  Jebans  Aptins,  Per- 
rinoz Tavau,  Giraulx  genres  à  la  Veille,  Colinoz,  filz  feu  Houdoier, 
Perrinoz  Escbaillon,  Jebans  Vaalay,  Tévenins  Boullée,  NaalozMal- 
norriz  li  grans,  Jebans  la  Doulceur,  Perroz  li  turreis,  Perroz  Tril- 
lot,  JebannoUe  femme  feu  Jcban  Berlot,  Huoz  filz  feu  Milol  Drouot, 
Vourrions,  iilz  Lambin  de  la  Cbappelle,  Jebans  filz  Tempore,  Ber- 
tins  Beige,  Vyardoz  iilz  Pisol^,  Lorens  filz  feu  Huguenin  Flory, 
Colas  Berlot,  Pisoz  filz  à  la  Vacbière,  Jebans  li  Bidaux,  Durans 
Bise,  Miloz  Poolel,  Perroz  li  Cbaatré,  Symonnoz  Buignot,  Huoz  li 
Vacbiers,  Agnès  femme  feu  le  Gaslinois,  Lorens  li  Bergaulx,  Thié- 
baut  Dovelay,  Jaquoz  Cuignay,  Jebans  Reslore,  Jebans  li  Couiifaz, 
Miloz  Guillol,  Jebans  li  Camus,  Wiars  Tbèbe,  Colas  iilz  Durans 
Bise,  Symonnins  Maquere,  Huelins  li  boiteux,  Hersonnelte  femme 
feu  Corbion,  Miloz  Willaume,  Jebans  Goumarl,  Jebans  Cbaucant, 
Micbeline  Houdoyer,  Perroz  Wyars  l'aingné,  Jebans  Pilaut,  Colinet 
filz  Tbierriel,  Melinotte  femme  feu  Simon  Pourmanl,  Roubers  de 
Cbievrevey,  Huguenins,  genres  à  la  Brucbinelle,  Jebans  filz  feu 
Roubers  li  potier,  JebannoUe  femme  Perrot  li  bergier,  ïbiébaux 
diz  Giraus,  Creslien  Garnocbe  et  Miloz  Roubert,  tuil  de  la  ville  de 
Ville-seur-Arce,  d'autre  part. 

Et  recongnurenl  li  uns  envers  les  autres,  pour  eux,  pour  leurs 
boirs,  pour  leurs  successeurs  et  pour  ceux  qui  deux  ou  de  leurs 
boirs,  ont  et  auront  cause,  de  leur  plain  gré,  senz  contraincte 
nulle,  et  senz  aucune  déception,  que  il  ont  fait,  octroyé  et  accordé 
entre  aux,  senz  jamais  rappeller  à  nul  temps  à  venir,  le  fait,  l'or- 
donnance et  les  convenances  qui  s'enssuient. 

C'est  asavoir  que  li  dit  bomme  et  femmes,  pour  aux  et  pour 
leurs  hoirs,  et  pour  ceux  qui  d'aux  ont  et  auront  cause,  yront 
moire  toutes  manières  de  blefz  aux  molins  dou  dit  escuyer  à  Ville- 
seur-Arce,  et  molront  et  doivent  moire  aux  diz  molins  trois  mines 
de  blefz,  à  la  mesure  de  Cbascenay,  pour  ung  bouissel,  el  trois 
boissiaux  de  blefz  pour  une  escuelle,  de  quoy  les  buit  escuelles 
combles  font  ung  bouissel  reis,  à  la  dicte  mesure. 

Et  est  à  savoir  que,  ou  cas  que  li  dit  bomme  et  femmes,  ou 
aucun  d'iceulx  yroient  aux  diz  molins  pour  faire  moire  leurs 
biefs,  et  li  molin  fussent  empescbié  que  il  ne  pouissent  moire,  ou 
délivrer  les  apporteurs  ou  ameneurs  des  diz  biefs,  incontinant  la 


LES    SEIGNEURS    DE    VILLE-SUR-ARCE  345 

journée  passée  qui  seroieut   venu   moire   leurs  diz   biefs  aux   diz 
molins,  il  yroient  moire  là  où  il  leur  plaroit,  senz  préiudice. 

Ilem  est  acnordé  el  oolroyé,  cuire  les  dictes  parties,  que  11  blof 
des  diz  hommes  el  femmes  rjui  seroieut  af)porlé  ou  amené  aux  diz 
molins  à  Ville-seur-Arce,  seroient  mesuré  par  le  mugnier  ou 
mngnièrc,  qui  garderoil  ou  garderont  les  diz  molins,  se  il  plailau 
dit  mugnier  ou  mugnière. 

Et  est  ancor  à  savoir  que  la  dicte  mesure  sera  ajulée  au  dit 
Chasceiiay,  tant  le  bouissel  comme  récuelle,  et  sera  et  doit  eslre 
signée,  la  dicte  mesure,  à  certain  seing  dou  dit  Chascenay, 

Hem  esl  ancor  accordé  er,lre  les  dictes  parties,  que  se  aucun 
des  diz  hommes  et  femmes,  ou  plusieurs  d'iceux,  apportoient  ou 
amenoient  leurs  blefz  aux  dits  molins,  et  il  ne  povoient  moire 
pour  la  journée,  comme  dit  est,  et  il  rapportoit  ou  rapportoient 
par  leur  sarement,  ensemble  une  personne  avecques  aux  digne  de 
foy,  qu'il  heust  ou  heussent  soumé  ou  requis  le  dit  mugnier  ou 
mugnière  pour  moire  leurs  diz  blefz  aux  diz  molins,  il  yroient  ou 
porroient  moire  là  on  il  leur  plairoil,  la  journée  de  la  dicte  sou- 
macion  passée. 

El  se  il  avenoit,  par  aucune  avanture,  que  aucuns  des  diz  hom- 
mes et  femmes  alassent  moire  hors  des  diz  molins,  puis  que  li  diz 
molins  fussent  aaisis  de  délivrer  leurs  biefs  pour  la  journée  que  il 
pourroient  eslre  délivré  de  moire  si  comme  dit  est,  ou  que  il  ne 
puissent  monlrer  la  soumacion  en  la  manière  dessus  dite,  li  dit 
sires  de  YilIe-seur-Arce,  ou  si  hoir,  auroient,  lèveroient  el  empor- 
teroient  autant  des  blefz  comme  li  dit  honnne  et  femmes  pai- 
roient,  comme  ce  se  y  moloient  aux  diz  molins,  de  ce  que  li  diz 
escuyers  ou  si  hoir  pourroient  monstrer  que  li  dit  homme  el  fem- 
mes auroient  molu  hors.  Douquel  port  li  diz  porteures,  ensemble 
une  bonne  personne  de  j-on  hoslel,  seroient  creu  par  leur 
sarement. 

Hem  esl  accordé  entre  les  dictes  parties,  que,  ou  cas  que  li  dit 
homme  el  femmes  auroient  assé  à  moire  aux  diz  molins  pour  la 
journée  que  il  auroient  apportez  leurs  blefz,  nul  eslrainge  ne 
seroient  délivré  de  moire,  jusques  à  tant  que  li  dit  homme  et 
femmes  heussent  premier  molu,  sauf  tant  que  se  par  fraude,  par 
barat,  ou  par  malice,  li  dit  homme  et  femmes  venoient  moire  aux 
dits  molins  en  occupant  le  droit  de  la  mollure  des  diz  molins  ou 
préiudice  el  dommage  dou  dit  escuyer  et  de  ses  hoirs. 

11  recongneurent  et  confessèrent  que  par  telle  manière  en  fai- 
sant ce  dit  malice,  il  ne  pourroient  occuper  le  droit  de  la  mollure 
des  gens  eslainges,  qui  premiers  y  seroient  venus  moire,  ou  cas 
que  li  sires  de  Ville-seur-Arce  ou  si  hoir  y  auroient  dommage  par 
la  culpe  des  dessus  diz  homme  et  femmes. 

Item  avecques  toute  les  choses  dessus  dites  recongneut  li  diz 
sires  de  Ville-seur-Arce,  pour  lui  et  pour  ses  hoirs,  que  pour  ce 
que  il  povoit  avoir  aucun  mouvemant  de  poursuivre  les  habitans 


34lJ  I.bS   SEIGNEURS    DE    VII.I.K-SUR-ARCE 

de  Ville-seiir-Arco,  c'est  assavoir  dos  domourans  an  sajiislice^  do 
ajuter  leurs  pintes  et  chopines  toutes  fois  que  il  fasoient  taverniis 
nouvelles,  pour  ce  que  il  disoit  et  maintenoit  que  il  ea  devoit 
avoir  pleinne  la  mesure  qu'il  ajutoit  à  son  quenne  (?),  pour  bien 
de  pais  et  pour  eschever  grans  dommaiges,  coustemens  et  des- 
pens,  qui  pourroient  estre  en  ceste  poursuite  entre  le  dit  sein- 
gneur  de  Ville-seur-Arce  et  les  diz  habitans,  en  ceste  partie,  il 
l'énonce  dou  lout  en  tout,  comme  cilz  qui  oncques  most  (?)  droit, 
si  comme  il  s'en  est  plus  pleinnement  informez  par  bonnes  gens 
dignes  de  foy,  si  comme  il  disoit.  Sauf  et  réservé  au  dit  escuier, 
et  à  ses  hoirs,  la  prinse  des  dites  mesures,  toutes  les  fois  que  li  diz 
escuier,  si  hoir,  ou  leur  certain  commandement,  y  auroient  aucu- 
nes souppeçons. 

Et  promistrcnt  Ji  diz  sires  de  Ville-seur-Arce,  d'une  part,  pour 
lui  et  pour  ses  hoirs,  et  li  dit  homme  et  femmes,  pour  aux,  pour 
leurs  hoirs,  et  pour  ceux  qui  d'aux  auroient  cause,  d'autre  part,  les 
uns  envers  les  autres,  et  pour  tant  comme  à  ung  chascnn  d'aux 
puent  tuichier  et  appartenir,  parleurs  fois  de  leurs  corps  données 
corporelemant  en  la  main  des  diz  jurez,  seur  poingne  de  leurs 
corps  penre,  mcctre  et  tenir  en  prison  ferme,  et  seur  l'obligacion 
et  l'abandonnemenl  de  touz  leurs  biens,  et  des  biens  de  leurs 
hoirs,  meubles  et  non  muebles,  prôsens  et  à  venir,  on  qu'il  soient 
et  puissent  estre  trouvé,  les  quiex  quant  à  ce  il  ont  souzmis  et 
obligiez  à  la  jnridicion  et  contraincte  dou  roy  nostre  seingneur, 
et  de  sa  gent,  par  les  quiex  à  ce  il  vuellent  estre  conlraincl,  que  il 
encontre  cest  dit  oclroy,  accord  et  convenances  ne  venront,  ne  par 
autres  venir  feront,  à  nul  temps,  en  appert  ne  en  recoy,  par 
aucune  raison  ou  cause,  quelle  qu'elle  soit  ou  puisse  estre  enten- 
due, ainçois  les  auront  tanront  et  garderont  fermemant,  et  tout  en 
la  forme  et  en  la  manière  que  il  est  dessus  dit,  escript  et  devisé, 
seur  poingne  et  restitution  de  tous  coux,  dépens  et  dommages,  si 
aucuns  en  y  avoit.  Dos  quiex  li  porteurs  de  ces  lectrcs  seroit 
creuz,  par  son  simple  saremant,  scnz  faire  autre  preuve. 

Et  l'énoncèrent  les  dites  parties,  pour  tant  comme  à  une  chas- 
cune  partie  puet  tuichier  et  appartenir,  par  leurs  dites  fois  en 
tout  cest  fait,  à  tout  droit  escript  et  non  escript,  à  toute  excepcion 
de  décepcion,  à  tout  us  et  coustume  de  pays,  à  tout  remède  d'ap- 
pel, à  toutes  signories,  franchises,  bourgesies,  au  bénéfice  de  res- 
tilucion,  et  à  ce  qu'il  puissent  dire  les  uns  envers  les  autres  aux 
avoir  esté  déceuz,  circonvenuz,  surprins,  ou  barétez,  en  fasant  et 
en  oclroiant  les  choses  dessus  dites,  ou  aucunes  d'icelles,  à  toutes 
grâces,  indulgences  empêtrées  et  à  empêtrer,  soit  de  nostre  père 
le  pappe,  le  roy  de  France,  ou  d'autres  princes,  à  toutes  alexca- 
cions,  cavillations,  barres,  dclfenscs,  exceptions,  décepcions,  rai- 
sons de  droit  et  de  fait,  que  l'on  pourroit  dire  ou  obicier  contre 
ces  présentes  lectres  ou  la  teneur  d'icelles,  espéciaulment  au  droit 
disant  généraul  renonciaoion  non  valoir. 

En  te^moing  de  laquele  chose,   je,  Jaques    Bouchars  dessus  diz, 


LES    SEIGNEURS    DE    VII,LE-SUR-ARCK  347 

par  le  rapport  el  lesmoiiigiiage  .les  dizjure/,  eusoniblo  l'appoMciui» 
de  leurs  sciiignez,  ay  scellé  ces  présentes  leelres  don  seel  de  la 
dite  prévosté  don  dit  Har-seur-Seingiie,  et  de  mon  propre  seel  en 
conlreseel. 

(Je  fn  l'ait  Tan  de  grâce  aiil  trois  cens  trente  et  ung,  le  samedv 
après  les  Hrandons. 

En  tesmoing  de  laquele  vision  d'icelles  lectres  cy  dessus  trans- 
criptes,  nous,  garde  dessus  nommé,  avons  scellé  ces  présentes  lec- 
tres du  seel  et  contre  seel  de  la  dicte  prévosté,  par  le  rapport  des 
di.«  notaires,  avec  leurs  seings  manuclz  cy  mis. 

Ce  fut  fait  les  an  et  jour  dessus  premiers  dictz. 

CiiALONs.         Calaiîui-;  '. 

En  résumé,  d  après  celte  Irausiclion,  les  cent  vingl-trois 
sujets  de  la  seigneurie  d'eu  bas  devront  moudre  leurs  grains 
de  toute  espèce  au  raouliu  banal,  en  pa.yanl,  comme  droit  do 
moulure,  un  boisseau  pour  trois  mines  el  une  éouelle  pour 
trois  boisseaux. 

S'il  arrive  que  le  moulin  ne  soit  pas  libre  dans  la  journée  où 
ils  amèneront  leur  graiu,  ils  pourront  aller  moudre  où  bon  leur 
semblera,  après  sommation  faite  au  meunier. 

Le  grain  sera  mesuré  par  le  meunier  ou  par  la  meunière,  el 
la  mesure,  écuelie  ou  boisseau,  sera  ajustée  à  Ghacenay. 

Tant  que  le  moulin  sera  occupé  par  un  sujet  de  la  seigneu- 
rie, aucun  étranger  ne  pourra  y  moudre. 

Si  cependant  il  était  démontré  que  les  babitanls,  agissant 
par  fraude  el  par  malice,  s'entendent  pour  porter  préjudice  au 
seigneur,  en  éloignant  les  élrangers  de  sou  moulin,  cette  der- 
nière clause  serait  nulle  et  nou  avenue. 

Enfin,  Jean  I^"^  de  Ville-sur-Ârce,  qui  avait  eu  la  volonté 
d'intenter  un  procès  à  ses  sujets,  pour  les  obliger  à  ajuster 
leurs  piwles  et  chopines,  chaque  fois  qu'ils  ouvraient  une 
nouvelle  taverne,  el  à  lui  donner  pleine  la  mesure  ainsi  ajus- 
tée, déclare  renoncer  à  ses  prétentions. 

II 

De  nouvelles  recherches,  provoquées  par  une  gracieuse 
communication  de  noire  distingué  collègue  et  confrère, 
M.  l'abbé  Millard,  nous  ont  permis  de  compléter  el  de  rectifier, 
pour  notre  tirage  k  part,  la  généalogie  des  Eongeville. 

Nous  résumerons  en  quelques  lignes,  pour  les  lecteurs  de 

1,   Cabintt  de  M.  le  docteur  Fiuot^ 


348  LES    SEIGNEURS    DE    VILLE-SUR-ARCE 

la  Revue  de  Champagne  et  de  Brie,  ces  additions  et  ces  reclifi- 
calions. 

PlERUE    II    DE    LoNGliVILLE 

I6ili-I690. 

Fils  de  Richard  II  el  de  Louise  Gervaise,  Pierre  II  épousa,  le 
10  février  iG77,  àDrosnaj^  Françoise  de  Lorin,  fille  de  Robert, 
seigneur  d'Aulnay,  et  d'Hélène  de  Monspoix,  dame  de  Drosnay, 

Trois  enfants  naquirent  de  ce  mariage  ;  Pierre  (1677), 
Léonard  (1G79)  el  Michel  (IGSO). 

Pierre  II  se  fixa  à  Aulnay. 

\'euf  peu  après  la  naissance  de  son  troisième  enfani,  il  se 
remaria  eu  lG8o  à  Elisabeth  de  Manger,  fille  de  Jacques,  sei- 
gneur de  la  Poterie,  el  de  Renée  de  Feligny. 

Il  mourut  vers  1689.  Sa  veuve,  Elisabeth,  épousa,  le  9  avril 
1692,  Charles  de  Vaveray,  fils  de  Léon  el  d'Anne  de  Monspoix. 

É  isabeth  de  Manger  mourut  à  Drosnay  le  3  avril  1 724. 

Elle  avait  donné  à  Pierre  de  Longeville  au  moins  deux 
enfants  :  Hugues  et  Aune-Antoinette. 

Lieutenant  au  régiment  de  Turenne,  Hugues  épousa,  en 
1  731,  sa  cousine,  Claudine  do  Longeville,  fille  de  Léonard  I, 
et  veuve  de  Claude  Le  Lieur. 

Élevée  à  6aint-Cyr,  Anne-Antoinette  donna  Fa  main,  en 
1740,  à  François  de  Bruiiv',  seigneur  de  Lagesse. 

Pierre  ill  de  Lo.noeville 
1602-1722. 

Fils  d'Edme-.Iean  et  de  Louise  de  Cocqueborne,  Pierre  III 
de  Longeville  épousa,  à  une  date  que  nous  n'avons  pu  préci- 
ser, Marguerite  de  Maugrr  de  la  Poterie,  probablement  sœur 
dÉlisabeth  dont  nous  venons  de  parler. 

Il  en  eut  neuf  enfants  :  Edme  (1688),  Louis  (1689),  Antoi- 
nette (1693),  Charlotte  (1694),  Françoise  (1696),  Marguerite 
(1699),  Claudine  (1702),  Pierre  (1704)  el  Marguerite  (1707). 

Pierre  III  de  Longeville  mourut  à  Ville-sur-Arce  le  22  sep- 
tembre 1722.  el  Marguerite  de  Manger  le  17  juillet  1731. 

A.    PÉTEL. 


Itépertoire  Historique  de  la  liante- narnc' 

COMKNAM       I.A      \()Mi:.\(  ILATIIIK 

DES  OUVRAGES,  ARTICLES,  DISSERTATIONS  &  DOCUMENTS  IMPRIMES 

Cunccrnant  l'/us/oirc  de  ce  Déparleinent 


DL^UXIKMK     PAHTII', 
CATALOGUE     DES     ACTES 


1.097.  —  I2}5.  31  octobre 
(veille  de  la  Toussaint).  —  Accord 
entre  Gautier,  seigneur  de  Rey- 
nel,  et  Jean,  orieur  de  Saint-Bé- 
nigne, relatif  aux  hommes  de 
€  Mennois  «.  L'affaire  du  moulin 
de  «  Brisecol  »  a  été  remise  au 
jugement  de  rotficial  de  Langres. 

Pérard.  Recueil.  137  ;    e.v  carlul.  S-Beui- 
?ni  Divion. 
Bréquigny.  'lab.  clir  ,  V,  484. 

1.098.  —  1235,  14  déc.  Vi- 
terbe  (19  kal.  janv.  an  IX;.  — 
Letire  du  pape  Grégoire  IX  à 
l'abbé  de  Morimond,  par  laquelle, 
sur  la  demande  de  Ferdinand,  roi 
de  Castille^  il  lui  ordonne  de 
trancher  un  différend  entre  labbé 
de  St-Pierre  de  Gomiel  et  les  frè- 
res de  la  Milice  de  Calatrava. 
«  Sua  nobis  charissimus. . .    » 

-A.  Miuirique.  -■Vnn.    ei^terc.  IV,  h\'.\. 
Bréquigny,  Tah.    clir.,   V,    4S7.    —   Pot- 
thast,  no  10061. 

1.099.  —  ^-35-  —  Robert 
de  Tourotte.  évéque  de  Langres. 
donne  une  charte  concernant  le 
droit  d'us3ge  que  l'abbaye  de 
Saint-Bénigne  de  Dijon  possède 
dans  les  bois  de  i  Villa  comitis  » 
pour  sa  maison  de  «  Casnedum  *. 

Gall.  cliri«t.  nova,  IV,  inslr.  col.  2CG. 
Bréquigny,  Tab.  clir.,  V.  490. 


1 . 100. 


1235 


Robert, 


évéque  de  Langres,  atteste  et 
confirme  le  don  d'une  maison  sise 
à  Creil,  fait  par  la  comtesse  de 
Boulogne  à  Guiard  de  Palesel, 
son  chambellan. 

Aimlvse,  Tcidut.  Uveltes.  II,  iJU.i,  n" 
2423  ;  e.N  on-.  Arcli.  nat    J.  200,  a"  10. 

i.ioi.  —  1235.  —  Simon, 
fils  de  Simon,  seigneur  de  Clef- 
mont,  irait  savoir  que  lui  et  ses 
frères  Kude  et  Je.in  ont  renoncé 
à  leurs  prétentions  contre  l'abbaye 
de  Mores  (.A.ube),  concernant  l'u- 
sage d'une  pièce  de  terre  sise  de- 
vant la  g.angi  du  Chêne,  et  une 
autre  qui  avait appartenuà  Wiard, 
prêtre, 

Lalore,  Gliarte*  de  Moie<,  p.  90.  n"  98, 
d'ap.  copie  du  xvti"  5.  Bil>.  nat.,  françai? 
5995,  fol.  159,  r". 

1.102.  —  [Vers  1235].  — 
Lettre  d'Eustachie,  dame  de  Pacy, 
à  Robert,  évéque  de  Langres,  par 
laquelle  elle  confirme  le  don  que 
son  mari,  <(  W.  de  Brena  »,  a  fait 
à  l'abbaye  de  Pontigny  de  cinq 
muids  d'avoine,  rente  annuelle  à 
prendre  à  «  Prair  ». 

D.    Marténe.    Thesaur.    anecd.,    111,    col. 
1249,  ad  an.  1235  ;  ex  caitul.  Pontiniac. 
Bréquigny,  Tab.  clir.,  V,  497. 

1.103.  —  123J  (V.  St.),  16 
janvier  (mercredi  après  S.  Hi- 
lairej,    à    Chàte.iu  -  Thierry.     — 


*   Voir  page  28,  tome  X,  2'  série,  de  la  Revue  de  Champagne. 


350 


BEPERTOIKE    HISTORIQUE    DK    LA    HAUTE-MARNE 


Pjiene  ,  duc  de  Bretagne,  comte 
de  Richemoiid,  Fait  savoir  que 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, donnant  sa  fille  Blanche  en 
mariage  a  Jean  de  Bretagne,  fils 
dudit  Pierre,  a  r.ssuré  à  ladite 
Blanche  la  succession  au  trône  de 
Navarre,  même  dans  le  cas  où 
Thibaiid  aurait  un  fils.  Ilendonne 
pour  garants  des  prélats  et  ba- 
rons, parmi  lesquels  Tévéque  de 
Langres. 

I>.  Moricc.  Hist.  tle  Btetaene.  Pr.  1.  K'.»5. 
—  Tcxh-'t.  Lavplle?,  II,  :U'l,  n"  24:i2. — 
Cal.  itclri  lie?  (Jl''*  de  Champ.,  n."  2o77. 

1.104.  —  1235  (v.  st.),  jan- 
vier. . —  Lettre  ue  G.,  abbé  de 
Citeaux,  aux  abbcs  de  larrivour, 
Boulancourt  et  Mores,  par  la 
quelle  il  leur  mande  de  se  rendre 
au  monastère  de  Notre-Dame-des- 
Prés,  près  Troyc;,  pour  y  établir 
des  religieuses  de  l'ordre  de  Ci- 
teaux, avec  une  abbesse. 

CamiKa:.  Piouiptuariuni  anliq.  Tn(a>^ 
diœc.  fol.  380,  r".  —  A.  Manvique,  Annal. 
risterc,  IV,  431.  —  Vèrilalile  souverneiiif  ni 
de  l'ordre  de  Cileau.\.   218. 

Dréquigny,  Tal..  ilir..  V.  4yO. 

1.105.  —  1255;  (v.  St.),  28  fé- 
vrier. —  Menri,  comte  deBar-^le- 
Duc],  est  tenu  de  rendre  à  Thi- 
baud  IV,  comte  de  Champagne. 
dans  la  quinzaine  de  la  réquisi- 
tion, le  maire  de  Saint-Thiébaud, 
qui  a  été  longtemps  prisonnier 
dans  le  château  de  Montéclair. 

Chantorcau,  Traité  des  fief.s  II,  219. 
Cal.  actes  des  C*  de  Champ..  11"  2381. 

1.106.  —  1235  (v.  st.j,  fé- 
vrier. —  Béatrix,  dame  de  Join- 
villc;  et  Hugue  de  Fronville, 
chevalier,  exécuteurs  du  testa- 
ment de  Simon,  sire  de  Joinville. 
déclarent  que  les  chanoines  de  la 
chapelle  de  Saint-Laurent  de 
Joinville  étaient  mal  fondés  à 
prétendre  au  droit  dusige  pour 
leur  four  de  Guindrecourt  d.ms  le 
bois  de  la  grange  neuve  de  Bou- 
lancourt. (Vidimus  de  Je.  n  de 
Joinville.  du  6  déc.  1306.) 

A.  Ho?enit.  .Seize  chaite-i  orif/inali's  inc- 
tliles  de  .Ic.in  de  Joinville,  p.  13.  n"  XIII. 

1.T07.  —  1236,  31  mars.  — 
i^Pierre  ,   duc  de    Bretagne,  comte 


de  Richemont.  tiendra  indemne 
de  tout  dommage  Simon  de  Cha- 
teauvillain,  caution  de  l'exécution 
p.ir  ledit  Pierre  des  conventions 
relatives  au  mariage  de  Jean  de 
Bretagne  avec  Blanche,  fille  de 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, 

Mofive.    Preuves  do  llli^l.    de    Hretaqne. 

1.  stiy. 

Cst.  iieU'?  de?  C'^'  de  Cliamp.,  n"  2I0:!. 

1 .  108.  —  12]6^.  18  juin,  Terni 
(14  juillet,  an  X).  —  Grégoire  IX 
invite  [Guillaume],  évèque  d; 
Paris,  I^Kobert],  évèque  de  Lan- 
gres, et  [Evrardj,  abbé  de  Clair- 
vaux,  à  détourner  Louis  IX  d'at- 
taquer Thibaud  IV^  comte  de 
Champagne,  qui  est  croisé.  «  Si 
velut  cypressus. . .  » 

.]J(iiiriqi(e,  Ann.  eisterc,  IV,  520. 
Cal    actes  do>  C^"  de  Champ.,  n»  2411I.   — 
/'ollhaat.  a°  10193. 

1.109.  —  1236,  au  chapitre 
général  de  Citeaux.  —  Gui^  abbé 
de  Citeaux,  et  les  abbés  de  La 
Ferté.  Pontigny  et  Clairvaux, 
ordre  de  Citeaux,  exposent  com- 
ment l'abbé  de  Morimond  et  son 
subordonné  l'abbé  de  St-Fierre  de 
Gomiel  ont  terminé  leur  diflérend 
concernant  j'atl'aire  de  Calatrava. 

A.  Manvique,  Ann.  ci^terc,  IV",  528. 
Uréquigny,  Tali.  chr.,  V,  513. 

i.iio.  —  1236.  —  Robert, 
évèque  de  Langres,  aiirai.chit  le 
monastère  du  Val-des-Ecoliers  de 
sa  juridiction. 

Gall.  christ,  nova,  IV,  instr.  col.  207. 
IJréqtiigni/.  Tab.  chr.,  V.  515. 

I .  II I .  —  1236  (v.  st  )^.  3  jan- 
vier (samedi  après  h  Circonti- 
sion).  —  Guillaume  de  Vergy, 
sénéchal  de  Bourgogne  et  seigneur 
de  Fouvent,  se  conformant  à  un 
jugement  rendu  par  le  roi,  dé- 
clare qu'il  n'a  aucun  droit  de 
garde  sur  l'abbaye  de  Beze  ou 
ses  hommes,  sans  l'assentime.it 
de  l'èvèque  de  Langres, 

A.  Du  Clicsiie.  Hi?t.  de  la  maison  do 
VerL'V,  Pr.  p.  185;  e,\tr.  du  liv.  des  liefr 
de  l'cvéché  de  Langreî. 

Jlrrquigiiy,  Tab.  chr  ,  V,  508. 

I.II2.   —   1236    (v.    st.),    jan- 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE  I.V    HAUTE-NURN'K 


:]ii 


vier.  —  R.,  abbé,  et  les  religieux 
de  Montier-eii-Der,  déclarent  que 
du  consentement  de  G.,  sire  de 
Vigiiory,  et  de  si  Femme  B^ertlieJ, 
ils  ont  fait  à  Champcourt,  qui  est 
un  de  leurs  prieurés,  une  ville 
neu\'e  dont  ils  ont  déterminé  en- 
semble les  limites,  etc. 

•/.  (l'Arbatimunt.  (Jartul,  Je  Vlsnoiy,  2;!;i  : 
(la[i.  Arch.  HauU'-Marno,  2'  rarlul.  th- .Mmi- 
tier-on-tJpi-,  fol.  7!»,  v. 

1 .  1  1 3  .  —  1236  yv.  st.),  fé- 
vrier. —  Lettre  du  roi  Louis  L\ 
au  duc  de  Bourgogne,  pnr  la- 
quelle il  lui  ordonne  de  défendre 
l'évèque  de  Langre.s  contre  (îuil- 
laume  de  Vergy  au  sujet  de  la 
justice  et  de  la  juridiction  tempo- 
relle sur  l'abbaye  et  les  hommes 
de  Bèze. 

J.  Petit, 'l'UfOiiovi  ivenitenlmle,  11.  lOi  : 
ex  carlul.  eocl.  Lins.  —  A.  Du.  Che.itw, 
Hist.     de    la    uiai=on  do  Veriiv.  Pr.    p.    Is"). 

Bréqi'igny,  T.ib.  élu-..  V.  jii'.i. 

1.114.  —  1236  (v.  St.),  fé- 
vrier. —  Hugue,  duc  de  Bour- 
gogne, se  conformant  à  un  juge- 
ment du  roi  Louis  JX, déclare  que 
Guillaume  de  Vergy,  son  oncle, 
ne  peut  avoii  aucun  droit  de  girde 
sur  l'abbaye  et  Us  hommes  de 
Bèze,  sans  l'assentiment  de  l'évè- 
que de  Langres. 

.4.  Dn  Cliesne,  Hi^t.  de  la  maison  de  N'erg)', 
Pi-,  p.  181  ;  e.\ti-.  du  livre  des  tiefs  de  l'évèché 
de  Lansies.  —  J  Petit,  Tlieodori  p.i-niten- 
tiale.   II.    701;  ex  cartul.  Linson. 

ûirquigny,  Tab.  clir.,  \  ,  :A0. 

1.115.  —  1236  (v.  St.),  9  mars 
(lundi  après  le  dimanche  où  ion 
chante  :  Invocavit  me).  —  Guil- 
laume de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne  et  seigneur  de  Fou- 
vent,  de  l'assenti.ment  de  sa  fem- 
me Clémence,  reconnaît  avoir  re- 
pris en  fief  de  Robert,  évéque  dé 
Langres,  et  de  ses  succe.sseurs,  sa 
maison  de  Fontaines,  jurable  et 
rendable  à  grande  et  à  petite 
torce  à  l'évèque,  avec  le  village 
dudit  Fontaines  et  ses  dépendan- 
ces. 

A.  Du  Ch('S)ii',  Hist.  de  la  maison  Uo  Vcr- 
L'V.  Pr.  p..  Ifs5  :  extr.  du  livre  de?  Iicf<  de 
l'évriUé  de  Lanures. 

Diéquigni/.  Tal..  clir..  V.  510. 

1.116.  —    1236     (v.     St.),     19 


mars    (jeudi   après    Reministere). 

—  Guillaume  de  Vergy,  sénéchal 
de  Bourgogne  et  seigneur  de  Fou- 
vent,  reco  unit  qu'il  a  fait  pendre 
un  homme  dan.s  la  grange  des 
moines  de  Toul,  à  o  Faia  )>,  et 
qu'il  n'en  avait  pas  le  droit,  car 
cette  grange  est  de  \i  garde  de 
l'évèque  de  Langres. 

A.  Du  Cliesii''.  Ili«l.  (le  la  maison  de  Verjry, 
l'r.  p.  lS!i  ;  fxtr.  du  livre  d(;s  iiol-  de  l'èvO- 
'lié  de  Langres. 

//léiinii/in/.  T.ili.  i-hr..   V,  b\\ . 

1.117.  —   1236  (v.  st  ),  mars 

—  Guillaume  de  Vergy,  sénéchal 
de  Bourgogne  et  seigneur  dj  Fou- 
vent,  reconnaît  qu'il  doit  ai  1er  de 
toutes  manières  Robert,  évéque 
de  Langres,  en  ce  qui  concerne 
l'abbaye  de  Béze. 

A.  Du  CluJ.tiii',  Hist.  de  la  maison  de  Verey, 
Pr.  p.  180  :  extr.  du  livre  des  liefs  de  lëvi;- 
clié  de  Lansres. 

Bri'i/uirjni/.  Tal'.  rlir.,  V,   51".'. 

1.118.  —   1236  (v.    st.\  mars. 

—  Lambert  de  Châtillon  et  Guil- 
laume de  <r  Cuseic  »,  chtValiers, 
et  Ponce  de  Saint-Seine,  clerc, 
déclare  que  du  consentement  de 
Girard  de  Montigny  et  de  Guil- 
laume de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne,  ils  ont  été  choisis 
pour  arbitres  d'un  dillérend  entre 
l'évèque  de  Langres  et  ledit  Gi- 
rard de  Montigny,  concernant 
Montigny,  Villeneuve  et  «  Tlio- 
reart  ». 

A.  Du  Chesue.  Hist.  de  la  maison  de  CliA- 
lillou-sur-Marne,  Pr.  [1.  î. 

IJn'-riuigny.  Tab.  i-lir..  V.  'A'i . 

1.119.  —  1237,  mai.  —  Fli- 
sabeth,  dame  de  Chàteauvillain, 
déclare  qu'en  sa  présence  Eude 
Lie  Broyés  et  sa  femme  Agnès  ont 
vendu  aux  religieux  du  Reclus  onze 
sous  de  cens  que  ceux-ci  leur  de- 
vaient chaque  année  à  cause  de 
deux  essarts  dans  le  bois  de  «  Cha- 
petons  )'. 

.1.  Du  Chesne.  Hist.  île  la  maison  de. 
Broyos  et  de  Cliileanvillain,    Pr.    p.    28.  — 

Joiif/eliu,  Nolitia  aliliat.  oni.  Ci-terc,  pari.   1. 

1.120.  —  1237,  juin.  —  Re- 
nard, seigneur  de  Choiseul,  et 
Alix^  sa  temme^  déclarent  que  le 
comte  de  Bourgogne,  Etienne,  et 


3b2 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE   LA    HAUTE-MARNE 


Jean,  comte  de  Chalon,  de  l'as- 
semimeiic  de  sa  femme  Agnès,  de 
son  fils  Hugue  et  d'Etienne,  fils 
dudit  comte  Etienne,  lui  ont 
donné  en  fiet  le  château  deTrave 
et  seigneuries  de  Scey-sur-Saône 
et  de  Frotey,  mais  que  le  comte 
Etienne  a  retenu  la  garde  de  l'ab- 
baye de  la  Charité. 

Guillitiiiw:,  IIi«t.  !.'énealo'^.  des  fiii's  de 
Salin-.  I.  Pr.  f..  KK!   ' 

I  .121.  —  1257.  26  juillet  (di- 
manche après  la  Madeleine).  — 
Guillaume  de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne,  seigneur  de  Fouvent, 
promet  de  sceller  de  son  sceau  et 
de  Celui  de  sa  femme,  au  plus 
tard  à  la  fête  de  la  Nativité  S. 
Jean-Baptiste,  Taccord  fait  entre 
lui  et  son  fidèle  Gérard  de  Monti- 
gny .  d"une  part,  et  Robert,  évé- 
que  de  Langres,  d'autre  p'rr, 
concernant  Montigny  et  autres 
afTaires. 

A.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  do 
Vergv,  Pr.  p.  186  ;  extr.  du  livre  des  liel's  de 
l'évèché  de  Laneres. 

Bvi-quigny.  Tab.  chr.,  V.  'i'.?',*. 

1.122.  —  1237,  septembre.  — 
Gautier,  sire  de  Vignory,  et  sa 
femme  Berthe,  s"engag^ent  à  ap- 
porter aux  religieux  de  Clairvaux, 
d'ici  à  la  fête  S.  Mathieu,  des  let- 

'tres  de  l'évèque  de  Langres  attes- 
tant que  Gérard,  chanoine  de 
Langres,  frère  dudit  Gautier,  a 
approuvé  la  vente  faite  aux  reli- 
gieux de  Clairvaux  par  ledit  Gau- 
tier, des  terrages  et  des  fours  de 
La  (îenevroie  et  de  Mirbel. 

J.  d'Arbauniont,  Carlul.  de  Vi^norv,  2M. 
d"ap.-  Arch.  Aube,  lartul.  de  Clairvaux.  Il  ; 
y^gnory.  n"  XLIII. 

1.123.  —  1237,  octobre.  — 
Béatrix,  dame  de  Joinville,  fait 
un  traité  avec  l'abbaye  de  St-Ur- 
bain.  pour  l'échange  de  deux  fem- 
mes de  leurs  domaines. 

J.  Sinwniiet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 196  ;  d"ap.  Arcb.  Haute-Marne,  fonds 
S'-Urbain,  10'  liasse,  l''  partie. 

1.124.  —  1237^  26  décembre, 
Moléme  (lendemain  de  la  Nativité 
de  N.-S.i.  —  Robert,  prieur  de 
Moléme,  demande    à   l'évèque  de 


Langres,  pour  lui  et  pour  les  reli- 
gieux dudit  .Moléme,  l'autoris.ition 
d'élire  un  abbé  en  remplace- 
ment de  l'abbé  Isemberr,  décédé. 

J.  Petit.  'rheoi\ori  pa-nitenliale.  H,  641; 
ex  cartul.  Lins. 

lirrqiiiguy,  Tab.  clir..  V,  52.5. 

1.125.  —  1237,  décembre.  — 
-Anselme,  évéque  de  Laon,  Ro- 
bert, évèque  de  Langres,  et  Ni- 
colas, évéque  de  Noyon,  pairs  de 
France,  rapportent  la  sentence 
qu'ils  ont  prononcée,  à  Compiegne 
contre  Thomas,  comte  de  Flan- 
dre, et  sa  femme  Jeanne,  concer- 
nant le  serment  qu'ils  devaient 
prêter  au  roi. 

Lancelot,  Recueil  de  pièces  concernant  les 
pairs  de  France,  l'r.  p.  -11.  —  I'.  Anselme. 
Hist.  de  la  maison  de  France.  U,  803.  — 
finluzc  Miscettaneii.  Vil,  2U(i.  —  Teidet. 
Lavettes.  11.  355,  n"  2:!Sr.. 

1.126.  —  1238,  mai.  —  Con- 
vention entre  le  chapitre  de  Lan- 
gues et  l'évèque  Robert  de  Tou- 
rotc,  qui  voulait  changer  la  mon- 
naie de  Langres. 

Bulletin  de  la  Société  bistorique  et  arcbéo- 
lo^ique  de  Lans:res,  I.  269,  d'après  le  msnus- 
crit  latin  n»  59S«I!,  foi.  211.  Bibl    nat. 

1.127.  —  1238,  mai.  —  Gau- 
tier, seigneur  de  Vignory,  donne 
à  titre  d'échange,  à  Jean,  prieur 
de  Vignory,  Frier  d'.Ambonville, 
son  homme,  contre  Lucain  d'Am- 
bonville. 

J.  d'Arhaumont,  Cartul.  de  Vicuory,  57  ; 
d'.ip.  orij.  Arcli.  Haute-Marne. 

1.128.  —  1238,  juin.  —  Béa- 
trix, dame  de  Joinville,  fait  une 
transaction  avec  l'abbaye  de  St- 
L'rbain  au  sujet  du  bois  de  Com- 
munailles. 

J.  Siinonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 197  ;  d'ap.  Arcb.  Haute-Marne,  fond:" 
Sainl-Urbain,  22'  liasse,   1"  partie. 

1.129.  —  1238,  juillet,  Vassy. 
—  Hugue,  seigneur  de  La  Fau- 
che, fait  savoir  qu'il  s'est  fait  re- 
mettre en  possession,  par  son  su- 
zerain le  comte  de  Champagne, 
de  la  moitié  de  Morteau  qu'il 
avait  donnée  ea  gage  à  Gilbert  de 
Chaumonf.  Il  a  constitué  Eude 
de    Broyés   comme   garant   de  ce 


KKPERTOIRb;    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNK 


35' 


qu'il  ferait  approuver  cetie  libéra- 
tion par  ledit  Gilbert. 

Teulet.  LavHll.,-  du  Trésor  des  Cliartc-,  II. 
p.  385.  n"  27:«. 

1.130.  —  1238.  juillet.  —  Ni- 
colas^ évèque  de  Troyes,  expose 
les  termes  d'uu  accord  intervenu 
entre  les  religieux  de  Moatier- 
en-Der  et  le  curé  de  Beaufort 
i_auj.  Montmorency,  Aube),  con- 
cernant les  dîmes  et  autres  rede- 
vances. 

I.iilore,  Princip.  carlul..  W ,  228  ;  d'ap. 
'l'  cartul.  Montler-en-Uer,  fol.  20.  V. 

1.151.  —  1238.  17  août  (fête 
de  s.  Mammès).  —  Robert,  évè- 
que de  Langres.  vidime  et  coii- 
Hrme  des  lettres  de  l'évéque  de 
Troyes,  d'août  1238,  par  lesqiiel- 
les  Gille,  parente  dudit  évèque,  a 
approuvé  la  vente  par  Guillaume 
de  Thors,  à  l'abbaye  de  Moléme, 
de  la  dime  qu'ils  avaient  à  Ba- 
gneux  (Aube)  et  à  Courteron  {id.). 

E.  Socard,  Chartes  inéd.  extr.  des  carlul. 
de  Moléme,  188,  d'ap.    -•'  carlul..   fol.  S,  \" . 

1.132.  —  1238,  18  novembre 
(tète  de  S.  Luc  évangéliste),  à  Ra- 
donviiliers.  —  Robert,  évèque  de 
Langres,  énumere  les  livres  et  les 
ornements  du  prieuré  de  Radon- 
viliiers  (Aube). 

/;'  Sncai-d.  Chartes  inéd.  extr.  des  carlul. 
de  Moléme,  189,  d'ap.  2«  cartal.,  fol.  1)6,  r". 

ï.i-i,T,.  —  1238,  novembre.  — 
Hugue,  duc  de  Bourgogne,  fait 
savoir  que  Guillaume  de  Vergy, 
sénéchal  de  bourgogne  et  sei- 
gneur de  Fouvent,  a  reconnu  en 
sa  présence  tenir  de  Robert,  évè- 
que de  Langres,  et  de  ses  succes- 
seurs, sa  maison  de  Fontaines,  en 
f-oi  et  hommage,  jurable  et  renda- 
ble  à  grande  et  à  petite  force. 

A .  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  de  Vei- 
^'v,  Pr.  p.  187  ;  extr.  du  carlul.  des  fiefs  de 
l'èvéché  de  Langres.  —  L'rrr/uir/inj,  Tah. 
chr.,  V,  539. 

1.134.  —  1238.  --  Simon, 
seigneur  de  Sextontaine  et  de  Jon- 
velle,  avec  lassentiment  de  sa 
te  m  me  Elisabeth,  donne  au  prieuré 
de  Sextontaine  le  droit  de  pâture 
du  gland   et   de  la   fève    dans   ses 


bois  ;  il  reconnaît  n'avoir  pas  le 
droit  d'empêcher  .ses  hommes  de 
moudre  au  moulin  du  prieuré. 

/•rnin/,  IlecuiMl,  :)7;', 
/lir<jiiiQiii/.  Tnl).  clir.,    \'.  .jll'.. 

1.135.  —  '238  (v.  st.)^.  jan- 
vier. —  Robert,  évèque  de  Lan- 
gres, déclare  que  Jean  de  Ricey, 
chapelain,  neveu  d'Etienne,  an- 
cien curé  do  Ricey,  a  cédé  aux  re- 
ligieux de  Réomé  (Moutier-St- 
Jean)  ses  maisons  de  Ricey. 

Itnui/er.  Hi>t,  mon.   Ileoin.,  201. 
iiri'iiu'Kjinj,  Tali.  clir.,  V,  512. 

1.136.  —  1238  (v.  St.),  20  fé- 
vrier, à  Bourg  (le  dimanche  Re- 
miniscerej.  —  Guillaume  de  Ver- 
gy, sénéchal  de  Bourgogne,  dé- 
clare avoir  reçu  700  livres  que 
Robert,  évèque  de  Langres,  lui 
devait  pour  sa  maison  de  Fontai- 
nes. 

.-1.  Du  Chesne,  llist.  de  la  maison  île  Ver- 
L'v,  Pr.  p.  188  ;  exlr.  du  cartul.  des  fiefs  de 
l'evcché  de  Langres. 

ISréquifjiiij,  Tab.  chr..  ^",  512. 

1.137.  —  1238  (v.  St.;,  fé- 
vrier. —  Guillaume  de  Vergy,  sé- 
néchal de  Bourgogne,  fait  savoir 
que  Guillaume  Sans-Manches,  da- 
moiseau de  Champlitte,  a  vendu 
à  Robert,  évèque  de  Langres.  tout 
ce  qu'il  avait  à  St-Michel  pour  40 
livres  d'estévenins. 

A.  I)u  CliPsne,ll[it.  df  la  maison  df:  Ver- 
Çy,  Pr.  p.  186  ;  extr.  du  livre  des  licf:-  de  l'c- 
véché  de  I. ancres. 

Iir(''(iiii(/iiy,  Tuli.   chr..  V,  5l:i. 

1.138.  —  1-39?  I"  >nai-  — 
Jean,  sire  de  Jomville,  sénéchal 
de  Champagne,  consent  à   ce  que 

Béatrix^,  dame  de  Vaucouleurs, 
sa  mère  [et  sa  tutricej,  jouisse 
pendant  quatre  ans  du  licf  qu'il 
tient  de  Thibaud  IV,  comte  de 
Champag'ie.  Ces  quatre  ans  com- 
menceront le  2^  décembre  pro- 
chain. Jean  prie  Thibaud  de  faire 
observer  ce  traité.    (En   français.) 

Chantereau,  Traité  des  fief.-.  II,  225. 
Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  2505. 

1.139.  —  1239,  1""  mai.  — 
Béatrix,  dame  de  "Vaucouleurs, 
fait  savoir  que  Jean,  sire  de  Join- 
ville,  son    fils,    a   fait   le   serment 

23 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


dont  il  est  question  dans  la  charte 
précédente.  (En  français.) 

rhanterenu,  Trail.'  des  lieff.  H.  225-2'-'i;. 

—  Itidot,  Mém.  do  Joinville,  p.  CXVII. 
Cal.  arte?  des  C'"'  Af  Cliamp..  r."  TM\. 

1.140.  —  1239,  I"  mai.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  sénéchal 
de  Champagne,  jure  de  ne  pas 
s'allier  par  mariage  à  | Henri], 
comte  de  Bar  -le-Duc],  et  no- 
tamment de  ne  pas  épouser  [Mar- 
guerite], iille  dudit  comte,  sans  la 
permission  de  Thibaud  IV^  comte 
de  Champagne.  (En  français.) 

|{pc.  de?   llist.    do    France,    \X.    305.    — 

—  Di'ht.  Mém.  de  Joinville,  p.  C.WI.  —  A'. 
//('  W/iitli/.  Heoueil  de  charte-  oriL'.  de  Join- 
ville. en  langue  vulaaire  (Bil>.  Ecole  de* 
Charles.  O'  série,  111,  55S  ;  dap.  Arcli.  nat, 
J.   103.1,  n»  23.) 

Cat.  actes  des  C'"*  de  Champ.,  n"  2503. 

1.141.  —  1239,  avril  (ou  du 
1"  au  14  avril  1240).  —  Pierre  de 
Flavigny,  officiai  de  l  angres,  fait 
savoir  que  Martin,  Pierre  et 
Erard,  enfants  de  Gilles  de  Vitry. 
ont  donné  à  l'abbaye  d"Auberive 
ce  qu'ils  avaient  au  Breuil.  le 
long  de  l'eau,  sous  Bay. 

Cil.  Jloi/er,  Charles  concernant  l'aliliaye 
d'Auberive  (Bulletin  de  la  Soc.  hist.  et  ar- 
i-héol.  de  Lanières,  11,  I2;t.  —  Cf.  i/iiil.,  pp. 
190-107  et  27,S). 

1.142.  —  1239,  mai.  —  Pierre, 
abbé,  et  le  couvent  de  Bèze,  re- 
connaissent que  l'évéque  de  Lan- 
gres  a  la  garde  et  juridiction  de 
l'abbé,  de  l'église  du  village  et  des 
bourgeois  de  Bèze,  et  qu'ils  ne 
peuvent  appeler  à  une  autre  cour 
qu'à  celle  de  l'évéque. 

J.  PfUt,  Theodori  p'i-nilonliale,  II.  TÔS  ; 
e.x  earlul.  Lins. 

Brrqiiif/ni/.TaU.  chr..  V.  r)r>(l. 

1.143.  —   1239,    mai,    iMelun. 

—  Le  roi  Louis  IX  vidime  une 
charte  de  Pierre,  abbé,  et  des  re- 
ligieux de  Bèze.^  relative  à  la  ju- 
ridiction de  l'évéque  de  Langres. 

/.  l'rtit.  Theoilori  pœnitentiale,  II,  TO'J  ; 
ex  cartul.  Ling. 

/ii-'-ijuir/ny,  Tab.  clir.,  V,  519. 

1.144.  —  1239,  juin.  —  .Alix. 
dame  de  Choiseul,  veuve  de  Re- 
nard, seigneur  de  Choiseul,  ap- 
prouve comme  suzeraine,  à  cause 


de  son  château  de  Trave,  une  do- 
nation faite  à  l'abbaye  de  Char- 
lieu  par  Guillaume  de  Gevigney. 
.Approbation  de  son  tils  Jean  de 
Choiseul, 

(iiiillniimi',  lli-l.  sinéal.  des  siies  de  Sa- 
lin-,  !.  Pr.  p.   103. 

1.145.  —  '239,  juin.  —  Ro- 
bert, évéque  de  Langres,  fait  sa- 
voir que  Milon  de  Lanne,  cheva- 
lier, et  sa  femme  Jeanne  ont  re- 
pris en  fief,  de  Guillaume,  abbé 
de  Réomé  (.Vloutier-St-Jean),tout 
ce  qu'ils  avaient  à  «  Estive  »,  et 
qu'ils  ont  vendu  la  mouvancedes- 
dites  choses  à  l'abbaye  moyen- 
nant 40  livres  de  Dijon. 

1'.  Bou)/rr.  Hisl.  mon.  Rooin..  21)1. 
Bréi/niijni/,  Ta!.,  chr.,  V,  552. 

1.146.  —  1239,  juin.  —  Ro- 
bert, évé  ]ue  de  Langres,  rapporte 
un  échange  fait  en  sa  présence 
entre  A.,  abbe.sse  de  N.-D.[-aux- 
Nonnains]  de  Troyes,  et  «  nobilis 
vir  »  hier  de  la  Broce.  Ce  dernier 
a  cédé  six  seciers  de  blé,  mesure 
de  Bar-sur-Seine,  à  prendre  dans 
sa  dîme  de  Ricey^.dite  la  dîme  du 
Mont,  et  l'abbesse  a  cédé  six  se- 
tiers  de  blé  et  un  «  ciborium  »  à 
prendre  à  Montfey  (.Aube). 

Lalore.  Documents  sur  i'ahliaye  de  X.-D.- 
aux-Nonnains  de  Troyos  :  dap.  ms.  liili.  nal. 
la  lin  11921;,  fol.  2'.)T,  r». 

1.147.  —  '239,  juin.  —  Jean 
(de  Chalon),  comte  de  Bourgogne 
et  seigneur  de  Salins,  tait  hom- 
mage au  roi  du  fief  de  Colombé- 
les-deux-Egli;es,  que  tenait  de  lui 
Gautier  de  Vignory,  chevalier. 

Ti'iilft,  Lavollcs  du  Trcsnr  .los  Ch.-irtes,  II, 
|.    -113.  n»  2820. 

1.J48.  —  1239,  juin.  —  Gau- 
tier I,  seigneur  de  Vignory,  dé- 
clare à  Louis  IX  que  c'est  à  tort 
que  Jean,  autrefois  comte  de  Cha- 
lon, a  fait  hommage  audit  Louis 
pour  Colombé-les-deux-  Eglises. 
Gautier  tient  ce  fief  de  Thibaud 
IV,  comte  de  Champagne,  et  ne 
l'a  jamais  tenu  de  Jean. 

Tenlet,  Layettes,  n'  2801). 

Cal.  actes  des  Comtes  de  Charn]»..  ii"  2.511. 

1.149.   —   1239,  juin,    —    Hu- 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    I,.\    HAUTE-MARNE 


355 


gue,  duc  de  Bourgogne,  déclare 
qu'il  a  promis  au  roi  de  parhiirc, 
jusqu'à  concurrence  de  300  livres 
de  Provins,  le  fief  de  Coiombé- 
les-deux-Eglises  tenu  en  lîef  de 
J.,  comte  de  Bourgogne^  seigneur 
de  Salins,  par  Gui  de  Vignory^ 
chevalier, 

Teulet.  La^•clte^  .iu  Trésor  de;  Charte?.  II. 
p.  414,  n»  2«>2. 

1.150.  —  12^9,  24  juillet  (di- 
manche après  la  Madeleine)^  t  va- 
cante decanatu  ».  —  Robert,  évé- 
que  de  Langres,  et  le  ch.Tpitre  de 
cette  ville,  reccnmissent  que  Co- 
hons,  reçu  par  eux  de  Thibaud, 
roi  de  Navarre  et  comte deCham- 
pagne,  en  échange  de  Montigny- 
en-Bassigny  et  de  Bonnecourt, 
est  mouvant  du  roi  de  France. 

Analyse,  Tt'ulet.  LaycUes  du  Tré.-or  dea 
CbartPS,  II.  p.  4M,  a"  2824.  —  Cal.  acte? 
des  C"  de  Champ. .  n"  25lil. 

1.151.  —  1239,  juillet.  —  Thi- 
baud IV,  comte  de  Champr.gne, 
reconnaît  tenir  de  Robert,  évéque 
de  Langres,  Bar-sur-Aube,  Bar- 
sur-Seine,  La  Ferté-sur-Aube, 
Cbaumontf-en-Bassigny],  Nogent- 
en-Bassigny,  Montigny-en-Bassi- 
gny,  la  garde  de  Moléme, 

Gallia  christ,  prima,  I,  3?2.  Seconda.  6G4, 
i".  —  Idem  editio  nova,  IV,  605. 

Cat.  actes  des  C'**  de  Champ.,  n"  2533. 

1.152.  —  1239,  août.  —  Ro- 
bert^ évéque  de  Langres,  rapporte 
un  accord  relatit  aux  sépultures, 
intervenu  entre  les  Frères  Prê- 
cheurs de  Dijon  et  les  religieux 
de  Saint-Etienne  de  la  même  ville. 

[Fyot].  Hlst.  de  S'-Eticnne  de  Dijon,  Pr.  p. 
207  ;  ex  autogr.  Steph. 
Bréquigny.  Tab.  ohr..   V.  .556, 

1.153.  —  1239,  août.  —  Ro- 
bert, évéque  de  Langres,  approuve 
le  don  de  i"h6pital  Saint-Nicolas 
de  Bar-sur-Aube  fait  aux  religieu- 
ses de  Saint-Victor  pnr  Thibaud 
IV,  comte  de  Champagne. 

Chevalier,  Hist.  de  Bar-sur-Aube,  p.  3U4. 

1.154.  —  1239.  novembre.  — 
Gui  de  Vignory,  sire  de  La  Ferté- 
sur-.Amance,  engage  à  Hervée, 
prieur    de   Varennes,    la  garde  et 


l'avouerie  qu'il  a    à   Champigny- 
[sous-Varennes].  (En  français.) 

/.  il'Arhoumont,  Cartul.  de  Vignory,  246; 
d'ap.  Areh.  d'ile-d'Or,  ori-.  fonds  iMolémp, 
II.  2  IS,  Ht  2'-  rarlul.  de  .Moh"'mc,  fol.  74. 

1.155.  —  1239.  —  Robert, 
évéque  de  Langres,  déclare  qu'en 
sa  présence  P.,  seigneur  de  Jau- 
court  (Aube),  a  approuvé  la  vente 
faite  par  Geotl'rci  de  Villeneuve, 
chevalier,  aux  religieux  de  .Mores, 
de  sa  part  des  dîmes  de  Bourgui- 
gnons (Aube),  mouvant  en  fiet 
dudit  seigneur  de  Jaucourt. 

Latore,  Chartes  de  .Mores,  p.  92,  n"  102  ; 
d'ap.  copie  du  xvii»  s.  Bib.  nal.  frani.vais  .099,^. 
fol.  163,  T». 

1.156.  —  1240,  avril  (du  15 
au  30).  —  Eude,  seigneur  de 
Grancey,  fait  savoir  comment  a 
été  réglée  sa  contestation  avec  R  , 
évéque  de  Langres,  concernant  la 
garde  de  l'abbaye  d'Auberive. 

Bnissel,  Usage  des  fiefs.  II,  814,  note  a  ; 
l'X  cartul.  Linc, 

Uréquigny.  Tul'.  ■  lir,,  VI,  2. 

1.157.  —  1240,  juin. — Gau- 
tier, sire  de  Viguory,  atteste  la 
vente  par  Frédéric,  clerc,  Asce- 
line,  Luquette  et  Simonnette, sur- 
nommée Floret,  de  Vignory,  aux 
religieux  de  N.-D.  de  Chatillon- 
[sur-Seinej,  d'une  mine  de  fro- 
ment et  une  mine  de  mouture, 
que  le  couvent  leur  devait  chaque 
année. 

J,  d'Arbaionont.  Cartul,  de  Vignory,  247  ; 
d'ap,  Arch.  Cote-d'Or,  orisr.  fonds  .N.-D.  de 
Chàtillon,  H.  642.  et  Bibl.'de  Chàtilion,  car- 
tul. moderne  'par  Hocmellei  de  N,-D,,  fol. 
188,  V». 

1.158.  —  1240,  8  juin  (ven- 
dredi avant  l'octave  de  la  Pente- 
côte). ■■ —  Robert^,  évéque  de  Lan- 
gres, approuve  ce  qui  a  été  fait 
par  le  doyen  de  Réomé  (Moutier- 
Saint-Jean)  concernant   le    village 

•  de  u  Suentiacum  «  concédé  par 
Jean  des  Vignes  aux  re.i^ieux  de 
Réonîé. 

Boiiyer,  Ilist.  monast.  Keom.,  207  ;  ei 
tabul.  Reom. 

Jii-rquiijiii/.    Tab.    chr..    VI,    4. 

1.159.        1240,       27       juillet 

(vendredi  après  la  Madeleine).  -- 
Robert,  cvcque  de  Langres,  arbi- 


3oG 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAtJTK-lMAKNfS 


tre  choisi  pjr  Raoul,  évéque  de 
Ver.iun,  et  Ihibaiid,  comte  de 
Bar,  déclare  que  lesfiet'sd'Anibly, 
Donipcévinot  RctVoitourt  (Meuse, 
te  deriiier  lieu  détruit),  doivent 
appartenir  au  comte.  (En  tran- 
Vais.) 

.V.  (/-'  Wailh/.  Nolioo  -ur  les  actes  en 
lantup  vulgaire  du  xiii'  s.  omilenus  ilans  la 
i-oli.  Lorrain  â  la  Bib.  ual.  iNulice'  el  <xtr. 
(le?  m-.  WVIIL   20i;  d'ap.  loiiie  3oG,  11°   :î. 

1.160.  —  1-4°;  9  septembre 
(lendemain  de  la  Kativité  N.-D.). 
—  Robert,  évéque  de  Langres, 
déclare  qu'il  n'a  aucun  droit  de 
procuration  dans  les  miisons  de 
Tabbaye  de  Saint-Bénigne  de  Di- 
jon, à  Longvic. 

Gall.   clirisl.    nova.  IV.  iiiMr.    col.    207. 
Jtrri/uii/K!/,  T:t\>    clir..  \  1.    7. 

1.161.  —  1240,  23  septembre 
(dimanche  après  St  Mathieu,  apô- 
tre). —  Gautier,  seigneurde  Com- 
mercy,  rend  hommage  à  Jean^ 
comte  de  Bourgogne,  pour  ses 
châteaux  de  Montrevei  et  de  Chà- 
teauvillain. 

(iudlainne,  Hisl.  ^cnéalo-.  des  sires  de 
Salins  I.Pr.  p.  l'^L 

1.162.  —  1240,  septembre.  — 
L'abbé  et  le  couvent  de  La  Crète 
associent  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne,  au  village  nouveau 
qu'ils  ont  fondé  entre  Forcey  et 
La  Crète,  et  qu'on  appelle  Saint- 
Julien-sur-Rognon. 

Teitlet,  Layettes,  a-  2iS7(;. 

Cal.  actes  des  C'«"  de  Champ.,  n"  Jôol'. 

1.163.  —  1240,  24  novembre 
(lendemain  de  la  S.  Clérnent).  — 
Félicité,  dame  de  lieaufort  (auj. 
Montmorency,  Aube),  comtesse 
de  Rethcl.  ^-éclare  que  les  reli- 
gieux de  Boulancourt  lui  ont  amo- 
dié pour  20  setieis  de  froment  et 
40  d'avoine,  mesure  de  son  grè- 
netier  de  B.-aufort,  p.irtiedcs  ter- 
rages  «  dou  Lantel  »  qu'ils  avaient 
acquis  de  GeotlVoi  de  Deuilly. 

A.  Ducliesne.  Hist.  de  la  Maison  de  Broyés 
et  de  Cliàteauvillain,  Pr.  p.  22.  —  Jongdin, 
Notilia  al)bat.  ord.  cisterc,  part,  l,  p.  66. 

///•'■quigiiy,  Tab.  clir.,  VI,  9. 

1.164.  —  1240,  décembre.  — 
N,,    évéque    de    Troyes,    tranche 


des  difficultés  qu'avaient  les  ab- 
bayes de  Beaulieu  (.Aube)  et  de 
1  a  Chapelle-aux-Planches  avec 
Jacques,  curé  de  Joncreuil,  Biilly- 
le-Franc  et  Outines,  concernant 
les  dîmes  de  cette  paroisse. 

Oriq.  Aroli.  Ilaute-Mame. 
Lolore.  IViiicip.  carlul  ,  IV.  48  ;  d'ap.rar- 
lul.  La  Cliapc-Uo.  fol.    ITj  et  26,  v". 

1.165.  —  1240  (v.  St.),  20 jan- 
vier, Montier-en-Der.  —  Thibaud 
IV,  comte  de  Champagne,  en  con- 
testation avec  l'abbaye  de  Mon- 
tier-en-Der sur  l'exécution  du 
traité  de  pariage  qu'il  avait  con- 
clu avec  elle  (en  juin  1230)  pour 
les  villages  de  cette  abb.iye,  qui 
lui  devaient  le  service  de  guerre 
et  300  livres  de  taille  annuelle, 
convient  de  s'en  rapporter  à  l'ar- 
bitrage d'Etienne,  archidiacre  de 
Paris,  et  d'Anselme  de  Crémonne. 

l'eiiJet,  Lavettes,  n°  2389  ;  analv^e  d'après 
Arc  11.  nat.  J.'SOl,  n°  20. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  25J5. 

1.166.  —  1241,  14  avril.  — 
Nicolas,  évéque  de  Troyes,  rap- 
porte une  transaction  intervenue 
entre  les  religieux  de  Montier-en- 
Der  et  Jacques,  curé  de  Joncreuil 
(Aube),  sur  les  dîmes  des  novales 
de  Joncreuil,  bailly  -  le  -  Franc 
(Aube)  et  Outines  (Marne). 

f.alori',  Princip.  cartul.,  IV,  229  ;  d'np.  2« 
cartul.  Montier-çii-Der.  IVd.  2;i,  r". 

1.167.  —  1241,  avril  lou  1241 
(v.  st.)  avant  le  20  avril).  —  L'é- 
véque  de  Troyes  rapporte  un  ac- 
cord intervenu  entre  les  religieu- 
ses de  >«  .-D.-aux-Nonnains  de  cette 
ville  et  Guillaume,  chevalier  de 
Briaucourt,  concernant  le  cin- 
quième de  la  di'me  de  Scellières 
(Aube)  qui  était  de  la  mouvance 
dudit  chevalier. 

Oriijinnl.  scellé.  Arcli  Aube,  22  H,  40.— 
Laluri',  Documents  sur  l'aliliaye  de  N  -D.- 
aux-Nonnains  de  Troyes,  n"  103;  d'à]',  ms. 
Bib.  nat.  latin,  11926,"  loi.  .'îliS,  rV 

1.168.  —  1241,  avril  (ou  1241 
(v.  sr.)  avant  le  20  avril).  --  G. 
de  Bonrmonf,  archidiicre  du  Bar- 
rois,  diocèse  de  langres,  fait  sa- 
voir qu'Agnès,  femme  de  Guil- 
laume,  chevalier   de    Briaucourt, 


HKPERTOIRE    HISTOIUQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


3:;  7 


a  ratifié  laccord  intervenu  entre 
son  mari  et  les  religieuses  de  N.- 
D.-aux-Nonnains  de  Troyes,  con- 
cernant le  5''  de  ladime  de  Scelliè- 
res  (Aubej. 

Original,  scelle,  Arcli.  Aube,  22  H,  40.  — 
Ltilore,  Documents  sur  l'abbaye  de  N.  D.- 
aux-Nonnains  de  Troyes,  n"  104,  ex  l'oil. 
oriein. 

1.169.  —  X241,  juin.  —  Béa- 
trix,  dame  de  Joinville,  aban- 
donne, au  profit  de  1  abbaye  de 
MureaUj  toute  prétention  sur  une 
f-imille  de  serfs  et  leur  tenure, 
qui  avait  été  donnée  à  cette  ab- 
baye par  Aubert  de  Valine.  ft.n 
français.) 

/.  SimonniU.  Essai  sur  les  sires  de  Joiii- 
vil.e.  19s  :  d'ap.  Aroh.  .Meuse,  abbaye  de 
Mureau. 

1.170.  —  1241,  août.  —  Alix, 
dame  de  Choiseul  et  de  Trave. 
fait  une  don;ition  à  l'abbaye  de 
Cherlieu. 

Guillaume,  Hist.  généalog.  des  sires  de 
Salins,  I,  Pr.  p.  104. 

1.171.  —  i24i_,  28  sept.,  jour 
des  octaves  de  saint  Mathieu, 
apôtre.  —  Gaucher,  sire  de  Com- 
mercy .  déclare  avoir  engagé  Cha- 
teauvillain  pour  douze  ans  à  Jean, 
comte  de  Bourgogne.  (En  fran- 
çais.) 

GuilLauini;,  Illst.  ^'éiiealog.  des  5ire<  de 
Salins,  L  Pr.  p.   13,5. 

1.172.  —  1241.  —  Thibaud, 
seigneur  de  Neufchateau  et  de 
Jonvelle,  et  G.,  chevalier,  dit 
«  Machecrouste  »,  font  savoir 
qu'Etienne,  abbé  de  St-Bénigne 
de  Dijon^.  s'est  plaint  à  eux  des 
violences  que  Colin,  sénéchal  de 
La  Marche,  faisait  à  ses  religieux 
du  prieure  d'Enfonvelle.  Ils  dé- 
clarent que  si  ledit  Colin  éprouve 
quelque  dommage  à  ce  sujet,  il 
n  aura  le  droit  de  rien  réclamer  à 
l'abbé  ni  au  prieuré. 

Pérard,  Recueil,  4-19  ;  ex  cartul.  S'-Beni- 
gni. 

Briquigmj,  Tab.  ehr..  VI.  27. 

1.173.  —  1241.  —  Etienne, 
abbé,  et  le  couvent  de  Vaux-la- 
Douce.  mettent  leur   abbaye  sous 


la  garde  des  comtes  de    Champa- 
gne. 

Gall.  ciirist.  nova,  IV,  instr.  col.  207. 
Cal.  actes  des  C'"*  do  Champ.,  n°  259S. 

1.174.  —  1241  (v.  St.),  mars. 
—  Pierre,  abbé,  et  le  couvent  de 
.Montier-en-Der,  font  savoir  que 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, a  renoncé  au  droit  de  panage 
que  l'abbaye  avait  constitué  à  son 
profit  (en  juin  1230J.  L'abbaye 
lui  paiera  5,000  livres  de  provi- 
nois  forts.  Thibaud  conservera  la 
garde  de  l'abbaye,  ses  droits  de 
gite,  d'ost  et  de  chevauchée  ;  il 
percevra  intégralement,  comme 
autrefois,  les  300  livres  de  taille 
que  lui  payaient  les  vassaux  de 
l'abbaye. 

Tmdet.  Lavette^,  n»  29G1  ;  analyse  d'après 
ArcL.  nal.,  J.  191,  n"  0.  ^  Cat.  actes  des 
C-'-  de  Cliamp.,  n"  2595. 

1.175.  —  1242,  mai.  — Gau- 
cher, sire  de  Commercy,  fait  hom- 
mage à  Jean,  comte  de  Bourgo- 
gne^ pour  ses  terres  de  Chàteau- 
villain.  Montrevel.  Charbonnel 
et  Nanc. 

Guillaume,  Hist.  généalog.  des  sires  de 
Salins.  I.  Pr.  p.  136. 

1.176.  —  1242,  10  août  (jour 
de  Saint-Laurent).  —  Jean,  sire 
de  Chàteauvillain  et  de  Luzy, 
promet  à  son  cher  seigneur  et 
cousin  Robert,  duc  de  Bourgogne, 
de  lui  rendre  des  letues  scellées 
de  son  sceau,  données  en  1287 
(lisez  1237)  et  contenant  les  con- 
ventions Ju  mariage  de  s^n  fils 
Simon  avec  Marie,  fille  du  comte 
de  Flandre.  (En  français.) 

Pérard,  Recueil,  451. 
Bréquigiiy.  Tah.  chr  ,  VI.  :U. 

1.177.  —  1242,  août.  —  Guil- 
laume, archidiacre  du  Barrois, 
atteste  que  Gautier,  sire  de  Vi- 
gnory,  en  sa  présence,  a  donné 
aux  religieux  de  Clairvaux,  pour 
Tanniversaire  de  son  père  et  celui 
de  sa  femme  Berche.  récemment 
décédée,  et  aussi  pour  le  sien,  dix 
livrées  de  terre  qu'il  leur  assignera 
en  lieu  convenable. 

J.  d'Arliaumont.  Cartul.  d>'  Visnory.  250; 
d'ap.  orig.  scellé.  Arcli.  .Aube,  3  H,  1(14. 


358 


RÉPERTOIRE    IIISTOKIQUE    DE   L.4l    HAUTK-MAUNE 


1.178.  —  1242  (v.  St.),  mars. 
—  Félicité,  comtesse  de  Rethel, 
dame  de  Beautort  (au;.  Montmo- 
rency, Aube),  permet  au  portier 
de  Boulancourt  d'acquérir,  pour 
être  employé  au  soulagement  des 
pauvres,  le  moulin  Lurard,  situé 
sur  la  «  Senela  1. 

Jonf/elin,  Nolilia  alibat.  onliii.  oUlerr., 
part,  i,  p.  60.  —  A.  Du  CUesne,  Hisl.  de  lu 
maison  de  Broves  et  de  Cliàleauvillaiu,  \'r. 
p.  22. 

Bréquigvy.  Tal..  clir.,  VI.  ;!9. 

1.179.  —  1243,  mai.  — Jejn, 
sire  de  Joiiiville,  constate  un 
accord  intervenu  entre  l'abbaye  de 
.Montier-en-Der  et  les  habitants 
de  Ville-en-Blaisois  et  de  Vaux- 
sur-Blaise  pour  roxploitation  et  la 
jouissance  du  bois  des  Minières. 
Approbation  de  sa  mère  et  de 
Gui  [de  Joinville],  son  oncle,  sire 
de  Sailly.  (En  français.) 

J.  Simonnel,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville,  213  ;  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  2«  car- 
tul.  Montier-cn-Der.  fol.  74,  r°. 

1.180.  —  1243,  J^'"-  ~"  ?'" 
mon,  seigneur  de  Châteauv'illain, 
avec  l'assentiment  de  sa  temme 
Alix,  doiuie  à  Th.,  prieure,  et  aux 
religieuses  d'Andecy,  27  setiers 
de  blé  à  prendre  chaque  année 
dans  le  terrage  de  Baye. 

Â.   Du    Chesni',    Hisl.    de    la    maison   de 
Broyés  et  de  Cliàteauvillain,  Pr.  p.  :f2, 
Brt'quigny,  Tab.  chr.,  VI,  15. 

1.181.  —  1243,  juillet.  —  Fé- 
licité, dame  de  Beaufort  (auj. 
Montmorency,  Aube),  comtesse 
de  Rethel,  renonce^  en  faveur  des 
religieux  deLa  Chapelle-aux-Plan- 
clies,  à  ses  prétentions  sur  la 
«  haia  »  de  «  Cretiel  ». 

A.  Du  Cliesno,  Hisl.  de  la  maison  de 
Broyés  et  de  CliàleauTillain,  Pr.  p.  22.  — 
Lalore,  Princip.  cart.,  IV,  p.  49,  n»  49;  ex 
cartul.  Capello».  —  Bréquir/i)y.  Tah  chr.. 
VI,  58. 

1.182.  —  1244,  septembre.  — 
Thibaud,  abbé,  et  les  religieux  de 
Luxeuil,  vendent  aux  religieux 
d'Auberive  leur  maison  de  Bay, 
appelée  la  Chapel!e-iiessus-Bay. 

Cit.  Rayr-r,  Charles  concernanl  l'aliLaye 
d'Auberive.  (Bulletin  de  la  Sor.  liin.  «d  ar 
.liéol.  de  Laneres,  H,  127-r>«  j 


1.183.  —  1244,  décembre.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  constate 
que  les  travaux  faits  au  moulin 
situé  entre  Doulevant  et  Suzé- 
mont  sont  au  profit  de  l'abbé  de 
Montier-cn  Der,  et  que  Lambert 
de  Courcelles  n'y  a  aucun  droit. 
(En  français.) 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville. 215;    d'ap.     Arch.     Haute-Marne,    2« 

carlul.  MoiUicr  en-Dcr,  fol.  TH,  r". 

1.184.  —  1244.  —  Elisabeth, 
dame  de  Grancey,  rapporte  qu'un 
différend  s'étant  élevé  entre  elle 
et  Eude,  seigneur  de  Grancey,  son 
mari,  au  sujet  de  ce  que  l'abbaye 
de  Clairvaux  possédait  à  Feins  et 
au  finage,  deux  arbitres  avaient 
été  nommés  ;  mais  Eude  étant 
mort  sur  ces  entretaites,  elle  dé- 
clare renoncer  à  ses  prétentions  et 
reçoit  cent  livres  de  provenisiens 
versées  par  les  religieux  de  Clair- 
vaux. 

Lalore,  Les  Siri's  de.  Chacenay,  p.  75-70, 
d'ap.  Bill,  de  Troyes,  cartul.  Clairvaux,  p. 
lOCi,  idtrd  abbatiaiii.  CLXIX. 

1.1S5.  —  1244  (^'-  St.).  février. 
—  Olivier, sirede  Dronay  (.Marne), 
donne  un  droit  d'usage  à  l'abbaye 
de  LaChapelle-aux-Planches^pour 
sa  grange  de  La  Loye,  située  près 
d'Outines  (Marne). 

Ori^.   scellé,  Areh.  Haute-Marne. 
Lnlore,  Princip.  cart.,   IV,  50  ;  d'ap.  car- 
tul. La  Cliapelle,  fol.  11,  r". 

1.186.  —  1245,  mai. — Simon 
de  Clefmont  fait  hommage-lige  è 
Thibaud  IV^.  comte  de  Champa- 
gne, après  le  comte  de  Bourgo- 
gne, pour  200  livres  de  rente  assi- 
ses sur  Perrusses,  Arcémont  (com- 
mune de  Buxières-lès-Clefmont), 
Pont-Minard  (commune  de  For- 
cey),  Consigny,  Thol-[lès-Milliè- 
res,  etc.  Le  château  de  Clefmont 
sera  jurable  et  rendable  à  Thi- 
baud. 

Teulet.  Layettes,  n"  3354.  —  Cal.  actes 
des  C"  de  Champ.,  n»  2697. 

1.187.  —  1245,  septembre,  à 
Aisey-le-Duc.  —  Hugue,  duc  de 
Bourgogne,  autorise  Simon,  sei- 
gneur de  ChàteauviUain,  à  re- 
prendre et  teiir  en  fief  de    i'évé- 


RÉPERTOIRE   HISTORIQUE    DE    LA.    HaUTE-MARNB 


359 


que  de  Langres  sa  maison  de 
Courcelles.et  à  l'entourer  de  tbssés 
ou  autre  enceinte  jusqu'à  40  pieds 
de  distance  de  ladite  maison. 

A.  Du  Chesw.  W\>1.  dp  la  inai>ou  >le  Brovcs 
et  deCliàleauvillain,  Pr.  p.  l>3  ;  extr,  du  ren. 
des  liefs  de  l'àTéché  de  Lanières. 

Bi'équigny,  Tab.  clir.,  VI,  8f>. 

1.188.  —  1245,  novembre.  — 
Simon,  sire  de  Clefmont,  autorisé 
par  Thibaud  IV,  comte  de  Cham- 
pagne, à  terminer  la  maison-forte 
de  Pont  Minard,  s'engage  à  ne 
modifier  en  rien  le  système  des 
fortificatior.s  commencées.  Cette 
maison-torte  sera  jurablc  et  ren- 
dable  à  Thibaud.  (En  français.) 

Chantereau,  Traité  des  lier^,  II.  237. 
Cal.  .ncles  de>  C"  de  Cliami..,  n"  27V:>. 

1.189.  —  1246,  8  avril.  — 
Gautier,  seigneur  de  Reynel, ayant 
vendu  à  Thibaud  IV,  comte  de 
Champagne^  moyennant  400  li- 
vres et  la  garde  de  Saint-Blin,  la 
seigneurie  de  Montéclair  et  d'An- 
delot,  les  limites  des  propriétés 
vendues  ont  été  déterminées  par 
Gui  de  Milly  et  Gautiei  de  Tou- 
rotte,  entre  Montéciair  apparte- 
nant à  Thibaud  IV,  et  Rimau- 
court,  à  Gautier,  (hn  français. ) 

('ha)ttereoii.  Traité  des  liefs,  II.  237-2oS, 
Cat.  acte?  des  C'"'  deClianip..  n"  27i)G. 

1.190.  —  1246,  27  avril  (ven- 
dredi avant  S.  Philippe  et  S.  Jac- 
ques). —  G.,  sire  de  Vignory. prie 
l'official  de  Langres  de  se  désister, 
pour  la  remettre  entre  ses  mains, 
de  la  cause  d'Hadvin,  chevalier 
de  Buxières,  contre  le  curé  dudit 
Buxieres,  qui  favait  portée  devant 
l'official.  Il  s'agit  de  la  dime  de 
Buxières. 

J.  d'ArbaumoKt,  Cariai.  i\e  Vi!;nor\,  251; 
d'ap.  Bib.  nat.,  cartul.  orit;.  de  Langres,  la- 
tin ÔI88.  fol.  08. 

1.191.  —  1246,  29  juin  (fête 
S.  Pierre  et  S.  Paul),  Mussy.  — 
Gautier,  sire  de  Vignory,  re- 
prend, en  augment  de  hé£,  de 
Hugue,  éveque  de  Langres,  le 
village  et  !a  forteresse  de  Meiay, 
près  de  Bourhonne. 

/.  d'Arba amont ,  C^irlul.  de  Vignorv,  252  ; 
d'ap.  Arcli.  de  la  Haute-Marne,  orig.  évèché 
de  Lansres.  layette  10,  liasse  1,  n»  1,  et  Bih. 


nul.,  c;irtul.  ori^'.  de  Langres,  latin  jl8S,  fol. 
tis. 

1.192.  —  1246,  9;uillet  (lundi 
après  la  quinzaine  de  la  Nativité 
S.  Jean-Baptiste).  —  Jean,  officiai 
de  Troyes,  rapporte  que  Martin^ 
clerc,  dit  Le  Pelletier,  a  renonce 
à  certaines  réclamations  contre 
les  religieux  de  La  Cliapelle-aux- 
Planches. 

Liilori',  Prinuip.  carlul.,  W .  51  ;  d'ap. 
oriiT.  Arcli.  Haute-Marne. 

1.193.  —  1246,  21  juillet,  Di- 
jon (veille  de  S'^-. Madeleine).  — 
Lettre  de  Raoul,  prieur,  et  des  re- 
ligieux de  St-Etienne  de  Dijon,  à 
Hugue,  évéque  de  Langres,  par 
laquelle  ils  lui  demandent  l'auto- 
risation d'élire  un  abbé. 

Orig.  Arnli.  Ilaute-Marne,  G.  I2û. 

J.  Petit.  Tlieodori  pcenitentiale.  H,  C14. 
—  Uall.  christ,  nova.  IV,  tJOS.  —  [J-'iJOt], 
Ilist.  de   S'-Elienne    de   Uijon,    Pr.    p.    133. 

Bréquigiiy,  Tab.  elir  ,  V'i.  1Û8. 

1.194.  —  1246,  août.  — 
Henri  de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne  et  seigneur  de  Mire- 
beau,  déclare  que  l'évéque  de 
Langres  lui  a  prêté  300  livres, 
monnaie  de  Langres,  et  qu'il  lui 
a  donné  en  garantie  sa  maison  de 
Fontaines  et  ses  dépendances. 

A.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  de  Ver- 
gy, Pi",  p.  l'Jo  ;  extr.  du  livre  des  liefs  de 
l'evéehé  de  Langres 

Bn-ijuif/iii/.  Tab.  cbr.,  VI.  IlU. 

1.195.  —  1246,  août.  —  Gau- 
tier, sue  de  Vignory,  reçait  eu 
fief  de  H.,  évéque  de  Langres,  le 
village  de  xMelay. 

J .  il'Arbaumont.  Carlul.  de  Vignory,  253  • 
d  ap.  Arch.  Haute-Marne,  orig.  éveclié  de 
Langres,  layette  10,  liasse  l,"n°  2,  et'Bdjl. 
nat  ,  cartul.  orig.  de  Langres.  laiin  5188.  fol. 

1.196.  —  1246,  août.  —  Hu- 
gue. evéque  de  Langres,  établit 
16  clercs  dans  l'église  de  Langres 
pour  en  faire  le  service.  Chacun 
d'eux  recevra  2  deniers  à  matines, 
un  à  la  messe  et  un  aux  vêpres. 
Pour  fournir  à  ces  distributions, 
il  affecte  48  livres  de  Langres  ù 
prendre  sur  les  reve.ius  de  Tévè- 
ché. 

(iall.  cbrisl.    nova.  IV,    inslr.  col.  CU». 
liréquiyny.  Tab.  ohr.,  VI,  llU. 


360 


RÉPERTOIUE    HISTORIQUE    DK    LA    HAUTE-MARNE 


j_ioy_  —  1246.  septemljre. 
dernière  semaine.  —  Hugue, 
évéque  de  l.angres. donne  des  let- 
tres relatives  à  la  promesse  de  ra- 
chat de  la  terre  d'Athées.,  faite  au 
duc  de  Bourgogne  par  Guillaume 
de  Saint-Seine.  (En  français.) 

l'érard.  Recueil,  HiT. 
linquigny,  Tali.  clii-..  VI,  111. 

1.198.  —  1246,  décembre.  — 
Alix,  dame  de  Choiseul,  déclare 
tenir  en  fief  de  Hugue,  évéque 
de  Langres,  le  château  de  Choi- 
seul et  ses  dépendances,  qu'elle 
détient  à  titre  de  douaire. 

A.  1)11  Chcsw,  llin.  (Il-  la  reai>on  ili' 
Dreux,  Vt.  p.  ~'()2  ;  exlr.  du  reL'islre  cUs  lief-; 
,1e  l'évéolié  de  Lanire?. 

lirùquigny .  Ta!.,  clir..  VI,  11,. 

1.199.  —  1246.  décembre.  — 
Par  devant  Jean,  prieur  du  Val- 
de.s-Ecoliers,  et  Hue.  prieur  de 
Coudes.  Etienne  prévôt  de  Chau- 
mont,  précédemment  bailli  de 
Langres,  reconnaît  tenir  en  fiet  de 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, des  moulins  situés  sur  la 
Marne,  entre  Chaumont,  Reclan- 
court  et  Choignes,  et  précédem- 
ment appartenant  au  Yal-des- 
Choux. 

Ti'u'.rl,  l.avelles,  u»  :!::T:!  :  analy-c,  d'ap. 
Arch.  nat..  J."  VJ'i.  n"  :!-'.  —  Cal.  acte?  do- 
C"  de  Cliainp  ,  n"  ?77:'.. 

1.200.  —  [1246J.  —  G,,  sire 
de  Vignory,  mande  à  l'official  de 
Langres  de  se  dessaisir  de  la  cause 
du  curé  de  Soncourt.  contre  R., 
chevalier,  et  Pierre,  homme  dar- 
mes  de  Viéville,  concernant  une 
dîme,  tenue  e:i  fiefdudit  seigneur 
de  Vignory. 

J.  ilArbaumont,  Carlul.  de  Vignory.  251  . 
d'ap.  Bibl  nat.,  cartul.  oriï.  de  I.ansre.s,  la- 
lin  5188,  fol    68.  T". 

1.201.  —  1246  (v.  st.),  jan- 
vier. —  Thomas,  doyen  de  Ven- 
deuvre  (Aube),  t'ait  si  voir  qu'en 
sa  présence  t.ude  de  Clefmont. 
chevalier^  a  confirmé  le  don  fait 
autrefois' aux  religieux  de  Mores 
(Aube;  par  Ermengarde,  dame  de 
Clefmont,  sa  mère,  de  deux  se- 
tiers  de  blé,  à  la  mesure  de  Ven- 
deuvre.  Il  ordonne  que  cette  ;ente 


sera  payée  sur  ses  terrages  de  Vil- 
leneuve, près  du  Chêne. 

Lalore,  Cliarte5  de  Mores,  p.  94,  n°  10"  ; 
d'ap.  copie  du  XVII'  s.  Bib.  nat.  français 5995, 

foi.  108,  r". 

1.202.  —  1246  (v.  St.),  6  mars 
(le  4"-'  jour  avant  Laetare  Jérusa- 
lem). —  Simon,  seigneur  de  Chà- 
teauvillain,  déclare  avoir  repris 
en  fief  d'Hugue,  évéque  de  Lan- 
gres. sa  maison  forte  de  Courcel- 
les  et  un  circuit  de  40  pieds  qu'il 
tient  de  lui  en  augment  de  fief. 

A.  Du  Clii'sne.  Ilist,  de  la  maison  de 
Broyés  el  de  CliiteauTillain,  Pr.  p.  33;  extr. 
du  livre  des  fief»  i\e  l'évéclié  de  Langres. 

/Irr'/uigiti/.  Tali.  clir.,  VI,  12(i. 

1.203.  —  1247,  mai.  —  Nico- 
las, évéque  de  Troyes,  tait  savoir 
que  Jean  de  Beaufort,  chevalier, 
dit  "  Blanche  Coile  »  a  donné  à 
La  Chapelle-aux-Planches  tout  ce 
qu'il  avait  dans  les  grosses  dîmes 
de  Tanières  (lieu  détruit,  com- 
mune de  Chavanges,  Aube)  et  de 
La  Brau   (même  commune),  etc. 

Orip;,  Arcli,  Haute-Marne. 
Lalore.    Priucip.    cartul.,    IV,    ôl  :    d'ap. 
cartul.  La  Cliapelle,  fol,  14,  r". 

1.204.  —  1247,  juin.  —  Jean, 
sire  de  Joinville,  constate  l'é- 
change du  four  de  Gondrecourt- 
la-Vilîe  consenti  par  le  chapitre 
de  Joinville  au  profit  de  son  beau- 
frère,  le  sire  de  Til-Châtel,  et  de 
sa  femme  Simonnette,  contre  une 
rente  de  dix  setiers  de  blé.  (En 
français.) 

/.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 135  et  2"20  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne, 
cartul.  de  S'-Laurent  de  Joinville,  n°  IV, 

1.205.  —  1247,  22  juillet.  — 
Guillaume  [de  Dampierre],  comte 
de  Flandre,  sire  de  Dampierre 
(.Aube)^  rapporte  et  confirme  les 
donations  faites  par  Jean  de  Beau- 
fort,  dit  Blanchecoil,  à  l'abbaye 
de  La  Chapelle  -  aux  -  Planches. 
(Voir  mai  1247.)  (En  français.) 

Oris.  Arch.  Haute-Marne. 
Lalore,  Princip.  carlul.,  IV,  53  ;  d'ap.  car- 
tul. La  Chapelle,  fol.  13,  v. 

1.206.  —  1247,  décembre.  — 
Jean,  seigneur  de  Choiseul,  dé- 
clare avoir  fait  hommage-lige   à 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA.    HAUTE-MARNE 


361 


H.,  évéviue  de  Lapgres,  pour  son 
château  de  Choiseul. 

À.  Biichesni',  Hi>t.  de\n  ma'uou  de  Dreux, 
l'i-.  p.  2G2  ;  extr.  du  livri'  des  fiefs  de  l'évù- 
clii'  de  Lanïre?. 

Dn-quigny.  Tali.  clir.,  VI,  K'.T. 

1.207.  —  1247.  —  Jean,  sei- 
gneur de  Choiseul,  déclare  avoir 
exempté  les  religieux  de  Moléme 
des  tailles  de  Coifîy  nou^'ellement 
abonnées. 

.1.  Du  i'hi'snr,  Hi-t.  de  la  iiiai-on  de 
Dieux,  Pr.  fi.  2(1-  ;  extr.  ilu  cailul.  do  Mo- 
léme. 

Hrrqitifinij,  Tab.  ilir..  \\,  1  12. 

1.20B.    —   1247  (v.  St.  )^  février. 

—  H.,  abbé,  et  les  religieux  de 
Boulancourt,  donnent  paréchange, 
à  ceux  de  La  Chapelle-aux-Plan- 
ches.  ce  qu'ils  ont  dans  les  terra- 
ges  de  Joacreuii  (Aube),  etc. 

Yidimu*  de  ?e]iteiiihre  1?4T;  Arcli.  Haute- 
Marne. 

Lalore,  Princip.  cart..  IV.  So  ;  d'ap.  oar- 
tul.  La  Chapelle,  fol.  11".,  r". 

1.209.  —  1247  (v.  St.),    mars. 

—  Pierre,  abbé,  et  le  couvent  de 
.Montier-en-Der,  déclarent  que  le 
piriage  qui  exist.iit  entre  eux  et 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, étant  supprimé,  chacun  a  re- 
pris ses  droits  antérieurs  ;  que 
notamment  Thibaud  touchera 
chaque  année  les  300  livres  de 
taille  qu'il  percevait  autrefois. 
(En  français.) 

Urussel.  L'hase  de*  lief<.  50i  ;   extrait. 
Cat.  acte-  des  C.'-'"-  de  Champ.,  n"  "2S?4. 

1.210.  —  1248,  avril.  —  Les 
archevêques  de  Bourges,  Sens. 
Rouen,  Tours  et  Tolède,  les  évé- 
ques  de  Laon,  Soissons,  Amiens, 
Senlis,  Langres, Chartres, Orléans, 
Meaux.  Bayeux,  Evreuxet  »  Apren- 
censis  >;,  accordent  un  an  d'indul- 
gences aux  fidèles  qui  visiteront 
la  Sainte-Chapelle  de  Paris,  à  la 
dédicace  de  laquelle  ils  ont  assisté. 

Teidet,  Layette^,  etc.,  III,  p.  20,  n"  ".652  ; 
d'ap.  copie  ancienne,  .\rch.  nat  .  J.  155, 
n"  i. 

1.211.  —  1248,  27  mai(6kal. 
juin),  Paris.  — •  Eude.  é\  éque  de 
Tusculum  (Frascati),  légat  du  S. 
Siège,  accorde  une  indulgence 
d'un  an  et  40  jours  aux  fidèles  qui 


visiteront,  le  jour  de  la  dédicace 
et  dans  l'octave,  la  Sainte-Cha- 
pelle, qu'il  a  dédiée  aux  octaves 
de  Pâques  en  présence  des  arche- 
vêques de  Bourges,  etc.,  et  des 
évéques  de    Laon,    Langres,    etc. 

Teulet.  Layettes,  etc..  III,  30,  n"  3GfJC, 
d'ap.  copie  ancienne,  -Vrch.  nal.,  J.  155,  n°  L 

1.212.  —  1248, juin.  —  Frère 
Hugue,  évéque  de  Langres,  con- 
firme les  religieux  de  Moléme 
dans  le  droit  de  présentation  du 
curé  de  Trichey  (Yonne)  et  Vil- 
liers-le-Bois  (Aube). 

E.  Socarrl.  Chartes  inéd.  extr.  de»  cartul. 
de  Molênie.  201.  d'ap.  2''  cartul..   fol.  :i2,  v", 

1.213.  —  1248,  juin.  —  Hu- 
gue, évéque  de  Langres,  confirme 
les  concessions  faites  par  ses  pré- 
décesseurs aux  religieux  de  .Mo- 
léme. 

Gall.    clin-t.    nova,   1\'.    instr.    cûl.   2ÛS. 
Brrqidf/ni/,  Tah.  clir.,  VI.  U9. 

1.214.  —  1248,  10  juillet 
;  vendredi  avant  la  division  des 
apôtres).  —  Hugue,  sire  de  La 
Fauche,  déclare  avoir  mis  sdu  fils 
Jean  hors  de  tutelle  et  lui  avoir 
rendu  la  terre  de  sa  mère,  pour 
laquelle  il  est  devenu  homme-lige 
du  duc  de  Lorraine.  (En  français.) 

D.  Caliirft^  llist.  de  la  maison  du  Chàle- 
let,  Pr.  p.  11. 

flrrquigiiy,  Tah.  clic..  VI,  l.")0. 

1.215.  —  1248,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  donne  à 
l'église  de  Siint-Laurent  de  Join- 
ville, pour  son  anniversaire  et  ce- 
lui de  sa  femme,  un  muid  d'a- 
voine à  Hlécourt  et  trois  livres  de 
cire.  Le  ch;ipitre  offrira  pour  le 
sire  de  Joinville  un  cierge  de  trois 
livres  à  N.-D.  de  Blécourt  à  la 
fête  de  l'.Assomption. 

Crrpii),  Notice  sur  Bécourt,  83  ;  d'ap. 
Arch.  Haute-Marne,  carlul.  S'-Laurent  de 
Joinville.  n"  XIX. 

1.216.  —  1248,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  approuve 
le  don  de  quatre  setiers  de  blé  de 
rente  tait  à  l'abbaye  de  St-Urbain 
par  Gautier  de  Curel  pour  la  fon- 
dation de  son  anniversaire.  (En 
français,  y 


362 


RÉPERTOIKIC    msroRlQUK    DE    LA    HAUTE-MARNE 


J.  Siiiionnet,  E>?ai  #ur  U'<  'irus  di-  Join- 
vUle.  19»  ;  d'ap.  Arcli.  Haule-Mnrne,  fond> 
Saint- L'rliaiu.  ii'  liasse.  3'  partie.  —  JdeiK, 
Treize  diHites  inédiles  dt?  Jean.  ?irfi  de  Join- 
ville  ,Mém.  Acadéinii»  ne  Dijon,  1M74,  f). 
•2iH  .  N"  l. 

1.217.  —  1248,  10  août  (fête 
Saiiu-I  aurent).  —  Simoii^.  sei- 
gneur de  Clefmont,  et  sa  femme 
Jeanne,  atlraiichisseiit  leurs  hom- 
mes de  Clefmont. 

In-l»,  sans  titre  ni  date  (xviu'  ?.),  pp.  'ô  à 
lô  de  la  plai|uutte,  texte  latin  et  traduction. 
(  Re.!ueil  Joliboif,  XIV.  \>.  .)  —  Reproduit 
dans  :  La  //aH^c-.l/rtOïC,  revue  champenoise, 
p.  tC^^  •.  (vidimus  douai,  sire  de  Clefmont. 
lie  Dov.  1331,  vidiniè  lui-même  le  13  février 
1313  (  V.  ft.  Wt  ce  dernier  en  mars  1372)  et 
enfin  le  7  ieptcnil'rc    Ibh't.    Si-né  ■  P.  Bris- 


1.218.  —  1248,  septembre.  — 
Thibaud,  comte  de  Bar,  affran- 
chit ses  hommes  de  Bounnont. 
(En  français.^ 

D.  Calinet.  Notice  sur  la  Lorraine.  2' 
édition,  I.  p.  Ho.  —  Grosliii.  Notice  histo- 
rique sur  la  ville  de  Bounnont,  p.  -10. 

1.219.  —    1248,    4    décembre 

(octave  des  SS.  Innocents).  — 
Juhel,  archevêque  de  Rei.ms,a^ec 
l'autorisation  du  pape,  permet 
aux  religieux  du  Val-des-Ecoliers 
d'acquérir  la  maison  de  St-Paul 
de  Reims,  qui  avait  appartenu 
précédemment  aux  Frères  Prê- 
cheurs, mais  sans  préjudice  de 
son  droit  de  ccnsive. 

Gall.  christ,  nova.  IV,  animadvers.  in  tom. 
IV,  p.  50. 
Driquigny,  Tah.  lOir.,  VI.  Iii2. 

I  .220.  —  1248.  —  Hugue, 
évéque  de  Langres,  permet  aux 
religieux  de  Saint-Etienne  de  Di- 
jon d'employer  à  leur  uti.ité  l'é- 
glise de  Neuiliy-(lè^-Dij'jn),  prcs 
Fauverney,  dès  qu'elle  sera  va- 
cante. 

[Fyol],  Hisl.  de  S'-Étiennc  de  Dijon,  Pr. 
p.  133;  ex  cartul.  S.  Steph.  —  Gall.  christ, 
nova,  IV.  col.  603. 

Bri^quiguy.  Tah.  chr.,  \'I.  107. 

I.22I.  —  1248. —  Guillaume, 
comte  de  Flandre,  sire  de  D.im- 
pierre  f.Aube,  et  de  Saint-Dizier, 
donne  aux  religieux  de  Cheminon 
(Marne)  uiie  rei)te  de  20  setiersde 
grain  à  Bettancourt  (Haute-.Mar- 
liC).  (En  français.  > 


Ji.  de  Biirllirleiii}/,  Charles  de  Cheminon. 
p.  US. 

1.222.  —  1248  (v.  st.],  mais. 
—  Simon,  sire  de  Châteauvillain  . 
rapporte  la  promesse  qu'il  a  faite 
au  seigneur  de  Tnchàtei,  repré- 
sentant de  l'évéque  de  Langres, 
concernant  les  augmentations  de 
sa  forteresse  de  Courcelles  après 
l'avoir  reprise  des  mains  de  l'évé- 
que. 

A.  Du  CItesiic,  Hisl.  de  la  maison  de 
Broyés  et  de  Ghâteauvillain.  Pr.  p.  33  ;  e\- 
tr.  du  livre  des  fiefs  de  léveclié  rie  Lanirres. 

Bri'quigny.  Tali.  chr..  VI.  Uiti. 

1.223.  —  1249,  ^,0  avril  (veille 
des  SS.  apôtres  Philippe  et  Jac- 
ques). —  Etienne  Chaudron  de 
Briaucourt  reconnaît  que  les  reli- 
gieux de  Flabémont,  ordre  de 
Prémontré,  ont  payé  100  sous 
pour  les  réparations  du  moulin  de 
«  Sauville  ». 

Hmjo.  Annai.  Prœmonstr,,  Pr.  I,  col.  TiôS. 
Jln-ijiiit/iiy,  Tab.  chr.,  VI.  170. 

1.224.  —  1249,  août.  —  Jean, 
sire  de  Choiseul,  déclare  que  s'il 
met  hors  de  sa  main  la  maison  du 
«  Melleir  ■>  (Melay  ou  Millières;; 
il  doit  la  remettre  au  comte  de 
Bar  qui  pourra  la  taire  démolir  si 
bon  lui  semble.  (En  français.) 

-V.  il''  Wiiilly,  Notice  sur  les  actes  enlan- 
irue  vulgaire  du  xni"'  s.  contenus  dans  la  col- 
lect.  Lorraine  à  la  Bib.  nat.  (Notices  et  extr. 
des  ms.  (XVlIi.  38);  d'ap.  tome  85.  n°  187. 

1.225.  —  1249,  décembre.  — 
Gautier,  seigneur  de  Vignory, 
donne  au  prieuré  de  ce  lieu  un 
bois  qui  va  du  chemin  de  Bar-.sur- 
.Aube  à  la  maison  dudic  prieuré, 
dite  des  Ermites. 

J.  d' Arbaitmorit,  Cartul.    de  N'isnory.   û7. 

1.226.  —  1249  (v.  St.',  19 
mars,  Troyes  (samedi  avant  les 
Rameaux).  —  Gautier,  chevalier, 
seigneur  de  Reynei,  est  mis  à  ti- 
tre de  bail  par  Thibaud  IV,  comte 
de  Ciiampagne ,  en  possession 
d'Onjon  (Aube),  de  Luyères  (id.) 
et  de  Ville-sur-Terre  (id.)  saisis 
faute  d'homme  par  ledit  Thibaud, 
auquel  il  portera  garantie  contre 
Gautier,     comte    de    Brienne,    et 


RÉPERTOIRE   HISTOlilQUE    DK    LA    HAL'TK-MAKNE 


Wi 


contre  les  héritiers  du  même  Gau- 
tier. 

Cliautereati,  Traité  >\e>  fiefs,   l'r.   p.    'i'.'.'.i. 

Teuit,  Lavette*,  n"  :!Sr>8. 

Cat.  actes  des  C"  de  Gliauip..  n"  2909. 

1.227.  —  12)0,  mai.  —  Gau- 
tier, seigneur  de  Vignory,  tait  s.t- 
voir  que  Gui  de  Louvières,  che- 
valier, a  échangé  au  prieuré  de 
Vignory,  Marie,  sa  femme  de 
corps,  contre  W'iber,  femme  du 
prieuré.  (En  irançais.) 

J .  d'Arbaiimont,  Caitul.    de  Vignory,  58. 

1.228.  —  1250.  juillet.  — 
Christophe,  abbé,  et  le  couvent  de 
Moléme,  associent  Thibaud  IV, 
comte  de  Champagne,  à  leurs 
droits  sur  Coiffy  et  sur  Vicq 

llriffaut.  Hi?t.  de  VIcq  (La  Haute-.Marne, 
Revue  oliatppenoUe.  207)  ;  ri'ap.  Arch.  Haute- 
Marne,  prieuré  de  Varenne?,  2"  liasse.  — 
E.  de  Barthélemij,  Notice  sur  Coill'v.  66.  — 
A.  Boitvallet,  Docum.  hist.  sur  Coillv,  IIG. 
—  Le  même,  la  Prèvôtii  royale  rft-  Coiffy, 
dans  Revue  de  Cliampas^Qe  et  Brie,  lS9t, 
p.  804.  —  Cat.  actes  des  Cotnjes  de  Champ., 
n"  29:{4. 

1.229.  —  1250,  novembre. — 
Nicolas,  évéque  de  Troyes,  con- 
firme la  donation  de  l'hôpital  de 
Brienne  faite  autrefois  à  l'abbaye 
de  Montier-en-Der  par  Gautier, 
comte  de  Brienne. 

Lalore,  Princip.  cartul..  IV,  231  -,  d'ap. 
'i'  cartul.  Montier-en-Di.r,  fol.  10,  v». 

1.230.  —  1250.  —  Gauiier, 
sire  de  Vignory,  déclare  avoir  été 
homme-lige  d'Othon,  duc  de  Mé- 
ranie  et  comte  de  Bourgogne,  pour 
son  château  de  Vignory  et  autres 
choses.  Il  l'est  en.suite  devenu 
d'Hugue,  comte  de  Bourgogne^ 
et  de  sa  femme  Alix,  fille  dudit 
Othon.  (En  français.; 

/.  d'Arljaumont.C!iTt\i\.  dn  Vignory,  L'.>i  ; 
d'après  diverses  sources. 

1.231.  —  1250  (v.  st.),  jan- 
vier. —  Simon,  seigneur  de  Châ- 
teauvillain,  reconnaît  tenir  de 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, ChâteauviUain,  Marmes^e  et 
tout  ce  qu'il  possède  à  Autreville, 
Bricon,  Orges,  Dinteville,  Villiers- 
le  -  Sec  (Haute  -  .Marne),  Broyés 
(  .Marne),  etc. 


Tfiilet,  Lavettes,  n"  Ml'J.  —  Cat.  ai-tes 
des  G*"  de    Champ.,  n»  2950. 

I.2",2.      —      1250      (v.      St.),      8 

mars,  Orges.  —  Guichard  de  Pas- 
savant en  Vosge],  chevalier,  tait 
d  Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, deux  hommages-liges  :  1° 
pour  30  livres  de  rente  assignées 
sur  les  foires  de  Bar-sur-.Aube,  et 
moyennant  les.]uelles,  en  avril 
1221,  le  père  dudit  (îuichard  a 
cédé  à  Thib.iud  ses  droits  sur 
Montigny-en-Bassigny  ;  2"  30  li- 
vres de  rente  également  sur  les 
foires  de  Bar-sur-Aube,  lesquelles 
30  livres  avaient  été  données  par 
'1  hibaud  a  Dreux  d'.Apremont,  et 
étaient  échues  ;i  Guichard  par  le 
décès  de  Dreux. 

Chaiilereau.  Traité  des  fiefs.  II.  211.  — 
Teuiet,  Lavettes,  n"  3921,  analyse  d'après 
J.  202.  ii»":U.  —  Cat.  actes  ries  C"  d.; 
Cliamp  .  n"  29G5. 

1.233.  —       I2JO       ,'V.       St.),      9 

mars,  Chaumont-en-Bassigny.  — 
Guichard  di  Passavant  (en  Vosge), 
chevalier,  donne  à  Thibaud  IV, 
comte  de-  Ch:impag;ie,  la  moitié 
de  ce  qu'il  possède  à  Serqueux. 
En  échange,  Thibaud  s'engage  ù 
ne  pas  retenir  les  hommes  qui  ha- 
bitent le  fi^-t  tenu  de  lui  par  Gui- 
chard •,  il  ne  pourra,  sans  le  con- 
sentement de  Guichard,  prendre 
sous  sa  garde  l'hôpital  de  Beau- 
chemin,  ni  le  prieuré  de  Martin- 
velle  (Vosges). 

Chantereaii,  Traité  dos  (iefs.  Il,  240-241. 
Cat.  actes  dos  C"  de  Champ.,  n»  2960. 

1.234.  —  I2J0  (v.  st.),9  mars. 
—  GeotiVoi  [de  Joinville],  sei- 
gneur de  Vaucouieurs,  est  caution 
de  303  livres  de  Provins  dues  à 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, par  Catherine,  duchesse  de 
Lorraine  et  marchise,  et  par 
Ferri^  fils  de  Catherine. 

Teuiet,  Layettes,  n"  3922. 

Cat.  ai'tes  des   C"   de  Champ.,    a"    2970. 

1.235.  —  1251,  octobre.  — 
Gautier  II,  seigneur  de  Vignory, 
reconnaît  tenir  de  Thibaud  IV, 
comte  de  Champagne,  le  château 
de  Vignory  à  cause  de  l'inexécu- 
tion des  conventions  conclues  en- 


0(14 


BEPERTOIRK    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


tre  ledit  Tliibaud  et  le  comte  de 
Bourgogne  pour  le  mnriage  de 
leurs  enfants.  (En  français.) 

Ttfulet,  Layette?,  n"  lUtûl. 

J.  d'Arbaiimont.  Cartul.  de  Visnorv,  '2ïyi. 

Cal.  actes  des  C"  de  Cliiimp.,  n"  2981). 

1.236.  —  1251  (le  mercredi)  à 
Réo.Tîé  (Moutier-St-Jeanj.  —  Les 
religieux  de  Réomé  (.Moutier-St- 
Jean)  demandent  à  Tévéque  de 
Langre-s  l'autorisation  d'élire  un 
abbé. 

J.  Petit,  Tlieodori  po-nilenlialp,  U,  CM. 
Bri^quigny,  Tab.  chr.,  VL  21G. 

1.237.  —  [1251".  —  Jean, 
seigneur  de  Choiseui.  déclare  à 
Jean  de  Thourotte  et  a  Lionnet 
!de  Sézinne"  qu'il  tient  en  fief  de 
rhibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, tout  ce  qu'il  possède  à  Bal- 
not[-sur-La!gnesJ  et  à  Buxeuil 
(Aube),  (tn  français.) 

Chantereau,  Traité  des  fiefs  H,  244.  — 
Teuiet,  Layette?,  n"  2U95  ;  d'ap.  J.  196,  u" 
•Jt*-  —  Cat.  acte*  de<  C"  de  Cliainn.,  n" 
2995. 

1 .238.  —  1252,  avril.  —  Henri 
de  Vergy,  seigneur  de  Mirebeau, 
sénéchal  de  Bourgogne,  déclare 
que  sa  mère  Clémence,  dame  de 
Fouvent,  ayant  reconnu  tenir  le- 
dit Fouve.it  e.i  fief  de  revécue 
de  Langres,  il  fait  la  même  re- 
connaissance. 

A.  Du  Chesne.  llist.  de  la  maison  de  Ver- 
gy. Pr.  p.  194;  e.\tr.  du  livre  des  liel's  de  l'é- 
Vfclié  de  Lanïres. 

Un^quignij.  Tal,.  Hir..  VI,  21s. 

1.239.  —  1252,  avril.  —  Gau- 
tier, sire  de  Vignory,  et  sa  femme 
Marie,  renoncent  à  leurs  préten- 
tions contre  les  religieux  de  Clair- 
vaux,  concernant  des  acquisitions 
faites  par  ceux-ci  dans  leur  terre. 

J.  d'Arbauniont,  Cariai,  de  Viçnory.  20'); 
d'ap.  Arcli.  Aube,  orij;.  )(  H  1C4,  et  Carlul. 
de  Clairvaux,  II,   Vignory.  n"  .X.X.XI.V. 

1.240.  —  '252^  mai,  —  Si- 
mon, sire  de  ChateauviUain^  dé- 
clare que  du  consentement  ue  sa 
temme  Alix  et  de  son  fils  Jean,  il 
a  échangé  avec  les  religieux  du 
Reclus  un  bois  appelé  le  Cham- 
bellain  co.'ure  deux  moulins  des- 
dits religieux  situés  sur  la  fon- 
taine de  Troisfontainc, 


A.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  de 
Broyés  et  de  Cliàteauvillain,  Pr.  p.  33  ;  exlr. 
du  cart.  du  Ueelus.  —  Jongelin,  Xotilia 
abbat.  ord.  cisterc..  part.  I,  p.  00. 

Bréquigny,  Tab.  clir.,  VI,  219. 

1.241.  —  1252,  mai.  —  Par 
devant  Thibaud,  officiai  de  Lan- 
gres, Fonçard  de  Marnay^  écuyer, 
et  Elisabeth,  sa  femme,  vendent 
il  Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, ce  qu'ils  ont  à  Biesle  (Haute- 
Marne). 

Teuiet,  Lavettes  l"  1005.  —  Cat.  actes 
des  C'«»  de  ciiamp..  n"  SOll. 

1.242.  —  1252,  mai.  —  Par- 
devant  Thibaud,  officiai  de  Lan- 
gres, Hugue  .Abiganz.  écuyer, 
Marguerite,  sa  temme,  Fonçard 
de  Marnay,  écuyer,  et  nlisabeth, 
sa  temme,  vendent  à  Thibaud  IV, 
comte  de  Champagne,  ce  qu'ils 
ont  à   Biesle  (Haute-.Vlarne),  etc. 

Teii/el.  Layettes,  n"  4000.  —  Cat.  actes 
des  C"  de  Champ.,  n"  3U13. 

1.243.  —  1-52,  juin.  —  Gau- 
tier, seigneur  de  Vignory,  déclare 
qu'il  a  donné,  à  titre  d'échange, 
ù  Nicolas,  prieur  de  Vignory,  la 
fille  de  Durand  le  Ménager,  de 
Vignory.  (En  français.) 

J.  d'Arhamnoiit,  Cartul.  du  prieuré  de 
Viçnory,  00. 

1.244.  —  1252,  juillet.  — 
'J'hibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, confirme  les  acquisitions  fai- 
tes en  Champagne  et  en  Brie  par 
l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Samt- 
Dizier,  ordre  de  Citeaux  Jusqu'au 
jour  de  son  départ  pour  la  Terre- 
bainte  qui  eut  lieu  environ  la  Na- 
tivité S.  Jean-Baptiste,  1239.  (En 
français.) 

Teidet,  Lavettes,  n"  4018  ;  d'ap.  Anli, 
liai.,  J.  201,  li»  39. 

1.245.  —  1252,  juillet.  — 
Thibaud  IV,  comte  de  Champa- 
gne, amodie  à  Etienne  de  Lan- 
gres, pour  70  bichets  de  mouture, 
la  moitié  du  moulin  de  Reclan- 
court  (commune  de  Chaumont-en- 
Bassigny). 

Teuiet.-  Layettes.  n°  4010  ;  analyse,  d'après 
Arcb.  nat..  ï.  201,  n"  'M. 

Cal.    acies   des    C"  <le  Champ.,  n"  3038. 

1.246.  —     '•252,    juillet.     — 


RÉPERTOiRE    HISTORIQUE    DE    L.\    HAUTE-MARNE 


!l)0 


Gautier,  seigneur  de  Vigiiory. 
déclare  que  Bertrand,  dit  Tiepes, 
de  Marbéville,  sa  femme  et  ses 
enfants,  sont  hommes  decorpsdu 
prieuré  de  Vignory. 

J.   li'Arbaunioul .  Carlul.  de  Vignory,    5'.i. 

1.247.  —  1253.  17  août  (le  2° 
jour  après  l'Assomption).  —  Mar- 
guerite, t-omtesse  de  Flandre, 
fait  savoir  à  Nicolas,  évéque  de 
Cambrai,  qu'elle  a  donné  aux  re- 
ligieux du  Val-des-Ecoliers  treiue- 
et-uue  «  îiiodiotas  /-  de  terro  la- 
bourable près  de  «  Villa  Monten- 
sis  ):,  et  le  prie  d'approuver  ce 
don. 

Mirœiis.  Opéra  diplomat.,  III,  ll'i. 
Bri'-quiyny.  Tali.  clir.,  VI.  ,'2-'. 

1.24S.  —  1252,  18  août  (y- 
jour  après  r,Assomptioii).  —  Ni- 
colas, évéque  de  Cambrai^  ap- 
prouve le  don  ci-dessus  tait  par 
Marguerite,  comtesse  de  Flandre, 
aux  religieux  du  Val-des-Eco!iers. 

Gall.  christ,  nova.  III.    in-lr.    col.     lo.    — 
lUirœus,  Opéra  diplomat..  III.  ll.'>. 
Bréquigny,  Tab.  chr  ,  \1.  ■'"2;!. 

1.249.  —  1252  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Pardevaiit  Thibaud,  offi- 
ciai de  Langres,  Forcaud  de  Pailly 
et  Hersande,  sa  femme,  vendent 
à  Thibaud  IV,  comte  de  Chimp.i- 
gne,  ce  quils  ont  it  Biesle  (Hauie- 
Marne). 

Analyse,  Teulet,  Layettes.  n°  4035.  — 
Cat.    actes  des  Comtes  de  Champ.,  n"  ^052. 

1.250.  —   i252(v.  St.),  février. 

—  Clémence,  dame  de  Fouvent, 
donne  aux  religieux  de  Beauiieu, 
pour  son  anniversaire,  une  maison 
à  Champlite  et  ses  dépendances. 
(En  français.) 

A.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  de  Ver- 
,çy,  Pr.  p.  188,  ex  oriijin.  Arch.  de  l'abbaye 
de  Beauiieu. 

liri'quirjuy.  Tab.  clir.,  VI,   228. 

1.251.  —   1252  (v.  St.),  mars. 

—  Gautier,  seigneur  de  Vignory, 
rapporte  un  accord  relatif  aux 
tierces  d'Oudincourt  entre  Huon 
de  Richebourg,  chevalier,  et  le 
prieur  de  Vignory. 

J.  d'ArbauiiWiit,  Carlul.    de    Vijnory,  61. 

1.252.  —   1252  (v.  St.),  avril; 


au  camp  devant  JalL.  —  Le  roi 
S.  Louis,  en  reconnaissance  des 
services  que  Jean,  sire  de  Join- 
ville,  .sénéchal  de  Champagne,  lui 
a  rendus  en  Terre-Sainte,  lui 
donne  et  à  ses  descendants  sei- 
gneurs de  Joinville,  une  rente 
annuelle  et  héréditjire  de  200  li- 
vres tournois  à  tenir  de  lui  en  fief 
et  hommage,  saut  la  téaué  aux 
comtes  de  Champagne  et  de  Bir. 

/)om  .Vdrtini'.  .\inpli-sima  collectio,  I. 
col.  IIUI;  ex  ms.  Colbertino.  --  Dirlol, 
CXVII.  —  (Jinnipollioii-Fififac,  Docum. 
inéd.  extr   de  la  Bib.  Hoyale.  1,  »>20. 

1.25-5.  —  [Vers  1253-1255]. — 
Jean,  sire  de  Valéry,  déclare  à 
Clémence,  dame  de  Fouvent,  sa 
femme,  avoir  entendu  dire  au 
duc  de  Bourgogne  que  le  seigneur 
de  Vergy  est  lige  de  l'évéquc  de 
Langres  pour  le  château  de  Fou- 
vent ;  il  lui  mande  d"agir  en  con- 
séquence. (En  français.) 

A.  Du  Chesne.  Hist.  de  la  maison  di- 
Versy,  Pr  ]..  189-1110;  exir.  du  livre  de:, 
fiefs  de  l'évéché  de  Langre-. 

1.254.  —  1253,  avril.  —  Guil- 
laume et  Jean  de  Vergy,  fils 
d'Henri  de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne  et  sire  de  Mirebeau, 
confirment  à  l'abbaye  de  Beauiieu 
en  Bassigny  le  don  d'une  grange 
eu  maison  sise  à  Champlite  fait 
auxdits  religieux  par  Clémence, 
dame  de  P'ouvent.    (En  français.) 

.1.    Du    Cliesni'.     llisl.    d^'   la   maison   de 
Vpî;;v,   l'r.  p.  l'.is  ;  ex  oriiilnali. 
Jh-rquif/iiy.  Tab.  chr.,  VI,  232. 

1.255.  —  1253.  mai.  —  Gau- 
tier, s;re  de  Vignory,  atteste  la 
vente  faite  par  Frédéric,  sénéchal 
de  Vignory,  aux  templiers  [de 
Mormnntj,  de  sa  grange  de  Ki- 
chebourg. 

/.  d'ArbaumoHt,  Cartul.  de  Viçnory,  2.ô(j; 
d'ap.  Arch.  Côte-d'Or.  orii'.  Commanderie  de 
Mormani,  titre-  sur  Uif  liphourc.  H  IISI. 

1.256.  —  1253,  mai.  —  Gui, 
évéque  de  Langres,  déclare  qu'a- 
vec Hugue,  cardinal-prétre  du 
litre  de  Sainte-Sabine,  il  a  visité 
le  monastère  de  Juliy[-sous  Ra- 
vières]  dépendant  de  l'abb.iye  de 
Moléme  ;  ils  ont  constaté,  par  le 
témoignage  de   la   prieure   et  des 


360 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    Oli    LA    HAUTE-MARNE 


religieuses,  dont  l'une  habitait  le 
monastère  depuis  50  ans,  une  au- 
tre 40.  une  autre  30,  que  jusqu'à 
cette  époque  la  clôture  n'avait  pas 
cessé  d'être  observée. 

Johin.  IIi.*t.  lia  piimiit'  de  Juil\ -lc>-Non- 
nains,  282;  fragment  il'ap.  Anli.  dUc-il'iJr. 
Chron.  MolêmcTn»  152,  p.  17'.l. 

1.257.  —  1253.  juin.  —  Si- 
mon, sire  de  Chuteauvillain,  con- 
firme aux  religieux  du  Reclus  le 
don  dua  vivier  qui  leur  a  été  hait 
par  une  charte  de  Hugue,  sire  de 
Broyés,  son  père.  Il  y  ajoute  un 
sentier  le  long  dudit  vivier.  Ap- 
probation de  sa  femme  Alix  et  de 
son  fils  Jean.  (En  français  ) 

.4.  Duchi'siii\  Hisl.  de  la  maison  d«  Broves 
ri  de  C.luUeauvillnin,  l'r.  p.  '.VA  :  cartul.  du 
Reclus.  —  Jongelin,  Nolitla  aliliat.  urdin. 
Ci?terc..  60. 

Bréquiriny,  Tab.  ilir..  VI.  234. 

1.258.  —  1253  (v.  st.},  mars. 
—  Jean  de  Vergy,  chevalier,  sire 
de  Fouvent,  déclare  avoir  donné 
aux  religieux  de  Beaulieu  une 
maison  à  Champlite  qu  il  avait 
achetée  de  Jcanniu  de  Champlite 
et  de  sa  femme  Bianchote.  (En 
français.) 


.-1.   Du.   Chesiif, 
Verçv,  Pr.  p.  2<)U  ; 

Arcli 

.     de    la    maison    di 
.  de  l'abb.   de  Beau 

lieuT" 

bréquigny,  Tali 

,  .hr.^ 

,  YI,  242. 

1.259.  —  ^254,  29  juin  (tète 
S.  Pierre  et  S.  Paulj.  —  N.,  évè- 
que  de  Troyes,  déclare  que  Re- 
naud, fils  de  la  feue  dame  Odette 
de  Beaufort.  a  vendu  à  Montier- 
en-Der  tout  ce  qu'il  avait  en  ter- 
res, coutumes  et  cens  à  Hame- 
telle  (commune  de  Puellemontier) 
et  à  Puellemontier. 

Lulore,  l'rinfiip.  larlul.,  1\',  2li2  ;  d'ap.  2« 
.arlul.  Mi>ntier-<>n-IJ<.'r.  fol    2:!,  1". 

1.260.  —  1254,  septembre. — 
Simon,  sire  de  Châteauvillain, 
déclare  octroyer  à  son  cher  \  r- 
iioul,  son  clerc^  la  ch.ipellenie  de 
sa  chapelle  de  Chuteauvillain, 
avec  les  rentes  qui  en  dépcn- 
diient  et  qu'il  énumère.  (En  fran- 
çais.) 

A.  Du  Clwxne,  Ili.»t.  de  lu  ulai^on  do 
Broyés  el  de  Clii'iteauTillaiii,  Pr.  p.  'M  :  Andi. 
de  la  r.ollùeiale  de  Cli&tcuuvitlain. 

Jiri'qiiiiiiiy,  Tab.  ehr..  VI.  251. 


1.261.  —  1254  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Jean,  comte  de  Bourgo- 
gne, sire  de  Salins,  donne  aux  re- 
ligieux de  Morimond,  pour  son 
anniversaire  et  celui  de  sa  femme, 
Isabelle  |de  Courtenayj,  dix  char- 
ges de  gros  sel  sur  ses  salines  de 
Salins.  (En  français.) 

Arckices    hint(irii/iic.<!    l'I    li//r'riiires.    U 

(1891 1.  p.  18:. 

1.262.  —  1254  (v.  st.),  jan- 
vier. —  Jean,  comte  de  Bourgo- 
gne, sire  de  Salins,  donne  aux  re- 
ligieux de  Morimond,  pour  son 
anniversaire  et  celui  de  sa  femme 
Isabelle,  dix  charges  de  grand  sel 
à  prendre  chaque  année  en  son 
puits  de  Salins.  (En  français.) 

Duboh.  Hisl.  de  Morimond,  l''''  édit  .  420; 
2«  édit..  470.  —  A.  Jldxeml ,  dan>  les  Ar- 
chive^ Idsturiques  <■!,  iiltorain^s,  1891,  p.  181. 

1.263.  —  ^255,  5  mai,  Châ- 
teau-Thierry. —  Gui,  évèque  de 
Langres.  délivre  des  lettres  de 
non-piéjudice  à  Marguerite  de 
Bourbon,  comtesse  deChampagne, 
qui  lui  a  fait  hommage  à  Châ- 
teau-Thierry, s'y  trouvant  alors 
malade.  C'est  sur  la  demande  de 
Louis  IX  que  Gui  a  consenti  à  re- 
cevoir cet  hommage,  qui  devait 
é're  fait  dans  un  lieu  déterminé 
de  l'Evéché  de  Langres. 

Teulet.  LayoUes,  n"  416(i  :  d'après  Arrh. 
nat..  J.  lus.  n'  99.  —  Cat.  a<-les  des  comtes 
de  Champ.,    n"   oOTI. 

1.264.  —  1255^.  4  juin,  Ca- 
poue  (2  non.  juin,  an  I).  —  Le 
pape  .Alexandre  IV  annonce  à  l'é- 
véque  d'Autun  qu'il  lui  envoie  le 
pallium  et  qu'il  a  chargé  l'évéque 
de  Langres  de  ie  lui  remettre. 
«  Cum  palleum,  insigne...   » 

A.  <!•'.  ('hnriiiassi'.  (lartul.  cvéché  d'.VuUin, 
2rî8. 

J  .265 .  —  1 255,  juillet.  — 
Gui,  évéque  de  Langres,  constate 
ce  qui  suit.  Marguerite  de  Bour- 
bon et  Thibaud  V,  comte  et  com- 
tesse de  Champagne,  étaient  en 
contestation  avec  Jean,  seigneur 
de  Choiseul,  qui  avait  tait  oppo- 
sition au  pariage  de  Coifîy  conclu 
entre  Thihaud  LV  et  l'abbaye  de 
Moléaie.  Ils  se  sont  soumis  à  far- 


UEl'ERTOtRE    HISTORIQUE    DE    LA.    HA.U  TE -MA  RNK 


;itj7 


bitrage  de  l'évèque  de  Langrcset 
de  Jean,  comte  de  Bourgogne, 
seigneur  de  Salins.  Eu  vertu  de 
cette  sentence,  il  a  été  décidé  que 
le  comte  de  Chnmpigne  tcriit 
hommage  à  l'évèque  pour  Vicq  et 
Coilly.  Il  pourra  y  établir  des  For- 
teresses. (En  français.) 

Teulet,  Uyêtle-s  n"  1190. 

Cat.  actes  de-s  C^"*  de  Champ.,  n"  llOSl. 

1.266.  —  i^JJi  juillet.  — 
Charte  de  Jean,  chevalier,  seigneur 
de  Choiseul,  concernant  le  même 
objet.  (En  français.) 

Chantrri'nii,  Traité  des  licf-,  l'i-.  -'li>.  — 
Tenlot.  Layettes,  n"  4189. 

Cat.  ailes  do>  C'-  de  Champ.,  n"  i'.OSô. 

firvquifpuj  [Tah.  chr.,  VI,  20.î)  ia|iporle 
fel  acte  au  moi>  de  juin,  sans  doute  d'après 
Chanlei'Pau,  fi  écrit  :  <•  ou  mois  de  juiunet.    ■ 

1.267.  —  1255,  juillet.  — 
Ot!;on,  doyen,  et  le  chapitre  de 
Langres,  reconnaissent  qu'ils  ne 
peuvent  retenir  les  hommes  de 
Marguerite  de  Bourbon  et  de 
Thibaud  V,  comte  et  comtesse  de 
Champagne,  Inbitant  à  Vicq  et  à 
CoifTy.  [En  français.) 

Trulet,  Lavette*,  n"  U91. 

Cat.  actes  de-  C''  de  Champ.,  n"  llilsn. 

1.268. —  i2'i5,août.  —  Henri 
de  Vergy,  sénéchal  de  Bourgo- 
gne et  sire  de  Mirebeau,  recon- 
naît avoir  bâti  une  torteresse  sur 
la  montagne  de  Montcierge,  au- 
dessus  de  Percey-le-Grand.  Com- 
me Gui,  évéque  de  Langres,  pré- 
tendait que  cette  forteresse  étnii. 
faite  au  préjudice  de  son  église, 
Henri  s'oblige  par  serment  en- 
vers lui,  et  sous  le  sceau  de  Hu- 
gue,  duc  de  Bourgogne^  à  ne 
pouvoir  construire  audit  lieu  de 
Montcierge.  ni  au  finage,  aucune 
ville  ou  forteresse  sans  le  consen- 
tement de  l'église  de  Langres. 
(En  français.) 

A.  Bu  Ciii\siii'.  Hi-t.  de  la  maison  de 
Vergy,  Pr.  p.  196  ;  Cartul.  des  liefs  de  l'évé- 
ché  de  LaQ5re.-<. 

Drt-quiijny.  Tab.  cbr.,  VI,  2<39. 

1.269.  —  1255,  août.  — Gui, 
évéque  de  Langres,  déclare  que 
sur  la  préieritation  de  Eude, 
abbé  de  Samt-Jean  de  Réomé 
(Moutier-Sai/it-Jean),  il  a  nommé 


Milet  de  Langres,  clerc,  à  la  cure 
de  Bjian,  dont  le  patronage  ap- 
adite  abbaye. 

t.  mon.  llcoiii.,  271  : 


partient  a 

Itninj.T,    il 


-X  lal.ul. 


,270. 


Tal..    rlir  ,    VI.    iTlI. 


1255,  août.  —  Jean, 
sire  de  Joinville,  donneune charte 
à  l'abbaye  de  Mureau. 

Jlnlinmcl.  dau^  :  Document- pour  l'Iiistoire 
des  Vosges,  l  (I8(i.S'l,  p.  170,  d'après  le  car- 
tulaire  de  Mureau.  aux  Archive*  des  Vosires. 
—  L'original  est  aux  Archives  de  la  Haute- 
Marne. 

1.271.  —  1255,  5  septembre 
(dimanche  avant  N.-U.  en  septem- 
bre).  —  Jean,  sire  de  Til-Chà- 
tel,  déclare  à  Simon  de  Hiange.s 
que  Béatrix,  dame  de  Marnay,  en 
sa  présence,  a  donné  à  M.  jJean 
de  Faucogney,  et  à  [Helvide  de 
Joinville],  dame  de  Faucogney,  sa 
fille,  le  fief  et  l'éminage  que  ledit 
Simon  de  Biange  lui  devait. 

J.  ^iiiioiii.i':,  E-sai  sur  les  sires  de  .Join- 
ville. [-.iC:   d'ap.  Aroh.  Cote-d'Or.  B.   ln|7:;. 

1.272.  —  1 255^,  septe.Tibre.  — 
rjilles,  évéque  de  Toul,  déclare 
que  Thibaud,  comte  de  Bar,  a  re- 
connu en  sa  présence  avoir  donné 
aux  religieux  ds  Saint-Bénigne  de 
Dijon,  pour  leur  prieuré  de  Saint- 
Blin-lès-Reynel,  35  livres  de  re- 
venu annuel. 

Para, -il,  Recueil.  I.s2. 
J!rr,iui(iini,  T.d..  rlir.,   VI.  •,'7-.'. 

1.273.  —  ^2)5î  octobre.  — 
Thibaud.  comte  de  Bar,  .Arnoul, 
comte  de  Looz  et  de  Chiny, 
Gaucher,  comte  de  Rethel,  Lié- 
baud.  sire  de  BaufFremont,  Jean, 
sire  de  Joinville,  sénéchal  de 
Champagne.  Jean,  sire  de  Choi- 
seul et  autres  seigneurs,  promul- 
guent les  coutumes  et  ordonnan- 
ces du  comté  de  Bar. 

C'-'  lit'  P(inf/e,  Le  patriotisme  français  en 
Lorraine,  aiitcnenrement  à  Jeanne  ri'.\rc, 
18S'J,  [1.  O.'j. 

1.274.  —  ^255,  novembre.  — 
Gui;  évéque  de  Langres,  approuve 
l'acquisition  de  la  dîme  de  Rou- 
geux,  faite  par  l'abbaye  de  Beau- 
lieu. 

JJri/fnul.  HhI.  du  Fayl-Bdlot.  'Mo,  note  'J . 


368 


RÉPEKTOIHE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


1.275.  "■  '-^55'  décembre.  — 
Guillaume,  archevêque  de  Besan- 
çon, et  Jean,  seigneur  de  Choi- 
seul,  attestent  la  vente  f.iite  par 
Renier  do  Blondefontaine,  cheva- 
lier, aux  templiers  de  la  Roma- 
giie.  du  sixième  des  dîmes  de 
«  Keaintort.  »  (En  français.) 

K.  Petit,  llist.  (les  ducs  'le  llourij..  I\  . 
Vi- :  tl'ap.  original.  Aicli.  Coto-d'tJr.  11. 
I?|ii.  foml-  (11-  i.a  Uoniaïuc 

1.276.  —  1255,  décembre.  — 
Je  m,  comte  de  Bourgogne  et  sire 
de  Salin.s,  déclare  que  sa  sœur 
Beatrix  {d'.Auxonne],  dame  de 
.Marnav,  avec  son  assentiment  et 
celui  de  !  imon  de  Joinville,  fils 
de  ladite  Béatrix,  sire  de  Gex,  a 
donné  à  l'abbaye  de  la  Charité, 
pour  son  anniversaire,  14  bichets 
de  froment  sur  le  moulin  de  Mar- 
nay. 

Gidllauiiii',  Ui<l  tri-nualoç.  des  -Ire.*  île 
Salin;,  I,  Pr.  16j. 

1.277.  —  1255,  décembre.  — 
Liébaud.  Maincemiotte  et  Isabelle 
de  Gendreville,  enfants  de  feu 
sire  Aubry  de  Gendreville,  ven- 
dent, du  consentement  de  Béatrix 
leur  mère,  à  Thib.iud,  comte  de 
Bar,  moyennant  15  livres,  ce 
qu'ils  avaient  aux  bois  situés  entre 
Gendreville  et  Outremécourt, 

Doi-umenlf  raves  ou  inédits  5ur  l'IiisloirL' 
des  Vos^'cs,  VIII  'I8SI1,  [..   11. 

1.278.  —  1255,  décenibre.  — 
Simon  de  Joii ville,  sire  de  Gex, 
avec  l'assentiment  de  Béatrix. 
dame  de  Marnay,  sa  mère,  de 
Jean,  .sire  de  Joinville,  et  de 
Geoii'roi  de  Joinville,  sire  deVau- 
couieurs,  ses  frères,  reprend  en 
fief  de  Jean,  comtede  Hourgogne, 
sire  de  Salins,  son  oncle,  la  terre 
de  Marnay-le-Chatel,  qui  avait 
été  donnée  l'i  Simor.^  sire  de  Join- 
ville. père  dudit  .^imoii,  par 
ttienne,  comte  de  Bourgogne, 
père  dudit  comte  Jean.  (En  fran- 
çais j 

Chei-aher.  Ili.'l.  de  l'olignv,  II,  596.  — 
J.  Himoiinet,  £^?ai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 131.  noie  -1  ;  d'ap.  Chevalier. 

Jjrt-ijiiiyiiy.  Tab.  clir,,  VI.  '.'77. 


1.279, 


1255, 


Béatrix  de 


Joinville  donne  à  l'abbaye  de  La 
Charité  14  bichets  de  blé  sur  ses 
moulins  de  Marnay. 

/'.  .\  .  Cliartes  extraites  du  i-artulaire  de 
.NeulVliàlel,  dans  :  Mémoires  et  doiumenls 
inédits  pour  servir  a  l'hisloire  de  la  Franclie- 
Conilé,  publiés  par  l'Aïadéinie  de  Besancon,  I 
(18:58). 

Peut-èlrr  1(1  ))t(h)ir  (/ic  In  pf(''C''deiit('. 

1.280.  —  1255  (v.  St.),  février. 

—  Henri  de  N'ergy,  sénéchal  de 
Bourgogne,  déclare  avoir  mis  eu 
la  main  de  Marguerite  de  Bour- 
bon, comtesse  de  Champagne,  ce 
qu'il  tenait  d'elle  en  fief  à  Mont- 
saugeon.  Elle  en  disposera  sui- 
vant sa  volonté  au  cas  où  Gau- 
cher d'.Agarr,  chevalier,  ne  se  re- 
mettrait pas  en  prison  au  plus 
tard  le  30  avril  prochain.  (En 
tranç.Tis.) 

/Jii  l'Itcsne,  Ilist.  de  la  maison  de   X'erïv, 
l'r.  p.   196. 
Cal.  actes  des  Couiles  de  Cliamp.,  w"  3091?. 

1.281.  —   1255   (v.   St.),  mars. 

—  Jean,  sire  de  Joinville,  ap- 
prouve une  reprise  de  lief  faite  Je 
l'abbaye  de  Saint-Urbam  par  Au- 
bert  de  Sainte-I.ivière,  Roger  de 
Chatonrupt  et  .Aubert  de  Kage- 
court.  (En  français.) 

y.  de  Wdillij,  Recueil  de  cliaites  origina- 
les de  Joinville  eu  langue  vulgaire.  (Bib.  Ec. 
des  Chartes,  G'  série,  III,  5b8,  pièce  Bl  ; 
il'ap.  Arch.  Haute-Marne,  Saint-l  rbain,  7' 
liasse,  if  partie.  iFronville.) 

1.382.  —  1256,  avril.  —  Jean, 
sire  de  Choiseul,  déclare  qu'il  a 
associé  son  cousin  Thibaud, comte 
de  Bar,  à  Andilly  et  Poiseul. 
Quand  iJs  auront  fermé  de  murs 
Montmort,  au-dessus  d'Andilly, 
ils  en  auront  clucun  la  moitié.  Il 
reprend  en  fief  dudit  comf;  La 
Ferté  -  sur  -  .Amance,  Chezeaux, 
Saulxurre,  Lavernois,  Damrémont, 
Beaucharmois,  Parnot,  moitié  de 
Dammartin  et  de  Malroy.  (E'i 
tranç.iis.) 

,V.  de  Waiili/.  .Notice?  sur  les  actes  eu  lan- 
i;ue  vulgaire  du  .xiii'  s  contenues  dans  la  col- 
lect.  Lorraine,  à  la  Bib.  nat.(  Notices  extr.  ries 
nis.  XXVin.  52);  d'ap.  tome  982,  n°  5. 

1.283.  —  1256,  avril.  — Alix, 
dame  de  Choiseul  et  de]  Trave, 
avec  l'assentiment  de  ses  liis  Jean, 
seigneur    de    Choiseul,  chevalier, 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


o69 


et  Robert,  dan;oisc;aLi,  cède,  \  ti- 
tre d'échange,  à  l'abbayedeChrir- 
lieu,  tout  le  fief  qu'elle  avait  à 
Gorjon,  contre  4  tjuchées  de  prés 
que  les  religieux  avaient  à  Scey- 
sLir-Saône  et  45  livres  d'estéve- 
iiants  à  elle  payés. 

Guillaume,  Hisl.  ïénéalou'.  (le>  :-ires  de 
Salins,  1,  Pr.  105. 

1.284.  —  1 256,  septembre. — 
Jean,  sire  de  Joinville,  vend  à 
Thibaud,  comte  de  Bar|-le-Duc^ . 
le  fiet  que  le  sire  de  Gondrecourt 
tenait  de  lui  à  Gérauvilliers  ec  à 
Badonvilliers  (Meuse).  (Ku  tVati- 
çiis.) 

/.  ^imonnut,  Es^m  >ur  le?  siiTs  de  Ji'lii- 
ville.  227-228  ;  J'ap.  Aicb.  Meurtlie.  —  Fac- 
similé  dan>  Xehchrift  fiir  romani-sche  Phi- 
lolnyie.  1S94,  liv.   1-2. 

1.285.  —  1256,  septembre  (au 
commencement).  —  Hugue,  comte 
palaiiti  de  Bourgogne,  et  sa  temme 
-Alix,  déclarent  ccnceder  à  Henri 
de  Vergy, sénéchal  de  Bourgogne 
et  sire  de  Mirebeau,  et  h  ses  hé- 
ritiers, tout  le  droit  et  toute  la 
raison  qu'ils  possèdent  en  la  mon- 
tagne de  Montcierge  (au-dessus 
de  Percey-le-Grand,  Haute-Saô- 
ne). (En  français  ) 

A.  Du  Cliesiiu.  Hist.  de  la  maison  de 
Veriîy,  Pr.  p.  190  ;  extr.  du  larlul.  de-  liefs 
de  Tèvéehe  de  Langres.  —  .4.  Rosviot.  dan- 
les  Archives  liisloriques  et  littéraires.  l^UI, 
p.   182. 

Bri-ijingiii/.  Talp.  clir..  VI,  29.'!. 

1.286.  —     1256     (V.      St.),      !'-■'' 

janvier.  —  Jean,  sire  de  Choi- 
seul,  donne  quittance  à  son  cou- 
sin Thibaud,  comte  de  Bar,  de 
984  liv.  reçues  en  paiement  de  la 
terre  qu'il  a  reprise  de  lui  en  liet. 
(Ln  français  ) 

JV.  (le  Wailli/,  Notices  sur  les  acte-  en 
lantrue  vulgaire  du  .^ni«  s.  contenues  dans  la 
coll.  Lorraine,  a.  la  Bib.  nat.  (Notices  et  extr. 
.WVilL  55)  ;  d'ap.  tome  85,  n°  188. 

1.287.  —  1256  (v.  st.)^  jan- 
vier. —  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  déclare  qu'eix  sa  pré- 
sence Jean,  seigneur  de  Choiseui, 
a  reconnu  devoir  1,200  livres, 
moniiiiie  de  Langres  ou  estéve- 
noise,  à  Guillaume  Béquin,  de 
Nogent.  (En  français.) 


Chaiilereau,   Traite    des  liels,  II.  l'I.^. 
Cat.  actes  des  C"  de  Cliamp..  ii»  :no2. 

1.288.  —  12)6  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Jean,  sire  de  Joinville, 
donne  au  prieuré  de  Rcmonvaux, 
pour  son  anniversaire,  un  demi- 
muid  de  vin  à  prendre  dans  le 
cellier  de  Join.ville.  (En  français.) 

I  Vidimiis.  Voir  ;  oi.-t.  1291, 

1.289.  —  1256  (v.  st.),  mars. 
—  Jean,  sire  de  Joinville,  séné- 
chal de  Champagne,  cjiifirme  un 
accord  passé  en  sa  présence  entre 
Robert  |de  Joinville],  sire  de 
Sailly,  et  ses  hommes  d'.\ugé- 
viUe,  au  sujet  du  gite  qu'il  avait 
audit  .Augéville.  (En  français.) 

Pijrard.   Recueil,  4S4  :  ex  carlul.    S'-Beni- 

C'Ill. 

Hrrquifinij.  Tab.   clir..  \T,  ;i05. 

1.390.  —  1357,  15  avril  (jour 
de  Pâques  closes),  Damery.  — 
Thibaud  V,  roi  de  Navarre, 
comie  de  Champagne  et  de  Brie, 
approuve  le  don  du  quart  des 
grosses  dîmes  de  Chavanges(  Aube) 
fait  à  l'abbaye  de  La  Chapelle- 
aux-Planches  par  Jean  de  Beau- 
fort,  écuyer,  dit  '(  Blanchecoille  ». 
(hn  français.) 

Lalorc,  Princip.  cartul..  1\  ,  '>'■)  ;  d'ap. 
orig.  Arcli.  Haute-Marne. 

1.291.  —  i257„avril.  —  Guil- 
laume de  Champlitte,  vicomte  de 
Dijon,  accorde  u  le  charte  de 
commune  aux  habitants  de  Pon- 
tailler,  ce  qui  est  approuvé  par 
son  fais  Guillaume^  Hugue  IV, 
duc  de  Bourgogne,  Guillaume.ar- 
chevèque  de  Besançon,  Gui.  evé- 
que  de  L;ingres,  Hugue  et  Alix^ 
comte  et  comtesse  de  Bourgogne, 
et  Henri  de  Vergy,  sénéchal  de 
Bourgogne.  (En  français.) 

Vidimus  de  154b,  Arcli.  Cùte-dOr.  li. 
1279. 

Pérnrd,   Recueil,  p.  480. 

Garnie^',  Cliartes  de  commune  et  d'alfrau- 
cliissement  en  Bourgogne,  II,  209. 

Bréquif/iiy,  Tab.  chr.,  N'I,  308. 

1.292.  —  1257,  août. — Gau- 
tier, sire  de  Vignory,  renonce  à 
ses  prétentions  contre  le  prieur  de 
Vignory. 

PérariL    Recueil,  480  ;   ex    cartul.    S-Be- 

24 


3711 


RKPEUTOIRK    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-AIARNE 


iii;;ni  Uiviou.  —  J  d'.irOaionont.  Curtulaire 
(lu  pripuri-  de  S'-Etienni'  df  Viïuoiv,  p.  (;2  ; 
ex  iiriirin.  —  /Irri/iiifiiii/,  'l'.ili.  .Iii-..  VI,  :514. 

1.293.  —  1257,  septembre. — 
Eude,  comte  de  Nevers,  seigneur 
de  Bourbon,  rappelle  qu'il  a  fait 
hommage  à  G.,  évéque  de  Lan- 
gres,  étnn:  ;\  Be.-iune,  mais  il  dé- 
clare que  ni  lui  ni  ses  successeurs 
ne  pourront  en  tirer  argument 
pour  se  dispenser  de  Faire  hom- 
mage à  l'évéque  au  lieii  accou- 
tumé. 

/}.  l'iancher.  llist.  do  Hoursocrne,  11.  Pr. 
p.  L'I!  ;  exir.  du  rartul.  de  révéclié  de  L:in- 
gres. 

Ilr^quidity.  Tali.  clir..  VI.  i'.lô. 

1.294.  —  ^257.  —  Statut  du 
chapitre  de  Langres.  —  Quatre 
chanoines  ayant  fait,  hors  de  la 
présence  de  tous  les  chanoines, 
un  compromis  en  vertu  duquel 
le-!  chanoines  ne  seraient  pas  te- 
nus à  recevoir  les  ordres  majeurs, 
il  a  été  décidé  qu'aucun  chanoine 
ne  pourrait  être  fcrcé  de  recevoir 
malgré  lui  un  ordre  sacerdotal  s'il 
n'a  pas  une  prébende  sacerdotale. 

Gall.  obrin.  nova,  IV,  iii?tr.  col.  -'O'J. 
BrcquUjny,  Tab.  clir.,  Vi,  Sîl. 

1.295.  —  1257.  —  Jean,  sire 
de  Joinville,  reçoit  du  roi  de  Cas- 
tillc  mille  marcs  d'argent,  en  ré- 
compense des  services  qu'il  avait 
rendus  à  la  Foi  en  Palestine. 

ChntitpoUion,  Documents  inediU  relaliN  à 
Jean,  site  de  Joinville.  ,  Uocuin.  inéd.  oxlr. 
de  la  Bib.  Royale.  1.) 

1.296.  —  1257.  —  Enquête 
faite  au  Parlement  de  Paris  au 
sujet  de  deux  serfs  appartenant  au 
sire  de  Joinville  et  qui  avaient 
quitté  ses  domaines  p^ur  s'avouer 
bourgeois  du  Roi. 

Ilnvfjnot,  I-er^  O'.iin.  I,  Iti. 

1.297.  —  I2j7  (v.  st.),  jan- 
vier. —  Jean,  sire  de  Choiseul, 
prie  son  seigneur  Thibaud  "V,  roi 
de  Navarre  et  comte  de  Champa- 
gne, de  constater  par  sjs  lettres 
qu'il  doit  1,100  livres  à  Guillaume 
Bégin,  bourgeois  de  Nogent,  et 
de  fixer  les  termes  du  rembourse- 
ment. 


Clnintereau,  Tiailé  des  lief-,  Pr.  p.  ?18. 
Uréquigny,  Tab.  chr.,  VI,  ItiU. 

1.297  '"S.  —  1258,  25  février, 
Viterbe  (5  Kal.  mars,  an  IV).  — 
Lettres  du  pape  Alexandre  IV  à 
révèque  de  Langres,  relatives  aux 
clercs  mariés  et  à  ceux  oui  font 
acte  de  commerce  auxquels  on 
devra  letuser  le  privilège  d'immu- 
nité ecclésiastique. 

Ti'ulet,  LavoUes,  111.  393,  n»  439.'  .  d  ap. 
orig.  scelle,  Àreb.  Nat..  J.  198,  n»  UV. 

1.298.  —  1258,  avril.  —  Jean, 
châtelain  de  Noyon  et  de  Tou- 
rote.  atteste  qu'en  mourant  son 
frère  Je.in  de  Tourjte,  sire  de 
Beaufort  (auj.  Montmorency ,  Au- 
be), a  donné  à  l'abbaye  de  La 
Chapellc-aux- Planches  cinquante 
sous  de  provenisiens  forts  à  pren- 
dre pour  la  pitance,  aujourdeson 
annivers.iire,  sur  le  péage  de 
€  Val  Bainfroi  ».  Il  confirme  ce 
don.  (En  français.) 

Lalorc.  Princip.  cartul..  IV,  50  ;  d'ap. 
or'v^.  Aicli.    Haute-Marne. 

1.299.  —  1258,  juillet.  — 
Thibaud  II,  comte  de  Bar,  donne 
une  charte  d'aiïranchissement  à 
ses  hommes  de  Saint- H  liai  remont. 
(En  trançais.) 

J .  Simonnet,  KdatuiH  ile-t  stiuje>i  fl  iln 
Idocus  de  La  .Mot lu',  p.  7. 

1.300.  —  1258,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  reconnaît 
qu'il  ne  peut  taire  chanter  la 
messe  dans  l'oratoire  que  le  cha- 
pitre de  Joinville  l'a  autorisé  à 
établir  dans  la  tourelle  de  son 
château  pour  y  dire  ses  heures  ; 
etc.  (En  français.) 

ClianijioUion,  Docum.    inéd.  :'\it-  Jean  de 

Joinville.   (Docum.  inéd.  extr.  de    la    Bibl. 

Royale,  I,  025);  d'après  cartul.  deS'-Laurent 
de  Joinville,  n"  LX.X.\I.\. 

1.301.  —  1258,  mardi  20 
août.  —  Jean,  sire  de  Choiseul, 
promet  à  Hugue,  duc  de  Bourgo- 
gne, et  à  sa  femme  .Alix,  de  les 
aider  dans  leur  guerre  contre  le 
roi  de  Navarre,  comte  de  Cham- 
pagne, qui  avait  envahi  Luxeuil. 
(En  français.) 

1;.  X'uia,   Uist.    des  ducs   de   Boiir;/.,  V. 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-AIABNK 


371 


160;    H'ap.    Bib.     nul.,   roll.     Bour^.,  touie 
XCVUl,  fol.  63;  copie  de  Doni  Aubrée. 

1.302.  —  1258.  9  septembre 
(lendemain  de  la  Nativité  Notre- 
Dame;.  —  Jean,  sire  deJoinville, 
approuve  un  règlen^ent  arrête  par 
l'abbaye  de  Molè;ne  pour  la  ré- 
forme et  l'adminiscration  du  prieu- 
ré du  Val-d'Osne.    (En   français.) 

./.  Himonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
villp,  21":  d'ap.  Vidimns  de  1414  h-.  st.\ 
Art-li.  Cùle-d"Or,  H.  251. 

1.303.  —  1258,  septembre.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  const:.te 
un  prêt  de  soixante  livres  de  pro- 
venisiens  torts  fait  par  l'abb.iye 
de  J-aiut-Urbain  à  Mahou  de 
Tremblecourt,  chevalier,  qui  re- 
met en  nantissement  sa  part  du 
moulin  de  Saint-Amant,  etc.  (En 
Français.) 

X.  lie  WdiUy,  Recueil  de  ciiarles  origina- 
les de  .loinville,  en  langue  vulçaire  1  BibI . 
Ecole  des  Chartes.  6'  série,  III.  559,  pièce 
Ci;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  Saint-Urbain. 
Il'  lia^-.•. 

1.304.  —  1258,  novembre.  — 
Clémence,  dame  de  Fouvent, 
donne  à  l'abbaye  de  Belmont  37 
émines  de  blé  à  prendre  dans  les 
dîmes  de  Frettes. 

Bn/jTaut.  Hist.  du  Favl-Billot,  21S,  nutel. 

1.305.  —  1258,  décembre.  — 
Sous  les  sceaux  d'Adam,  abbé  de 
Saint-Urbain,  de  Robert  |^de  Join- 
ville ,  sire  de  Sailly,  et  avec  la 
garantie  de  Jean,  sire  de  Join- 
ville. sénéchal  de  Champagne, 
Isabelle,  prieure,  et  les  religieu- 
ses du  Val-d'Osne,  s'engagent 
envers  les  religieux  de  Molème  à 
affecter  au  prieur  qui  gouvernera 
leur  monastère  du  Val,  le  minage 
de  Joinville  en  totalité,  les  quatre 
muids  de  vin  qu'elles  prenaient 
au  pressoir  du  seigneur  de  Join- 
ville, etc. 

Jobin,  Hist.  du  prieuré  de  Jully-les-Nou- 
nains.  283  ;  d'ap.  copie  du  xv«  s.  Arch.Cote- 
d'Or,  prieuré  du  Val-d'Osne,  H,  251. 

1.306.  —  1258  [décembre.''. 
—  Jean,  sire  de  Joinville,  déclare 
que  Jean,  sire  de  Gondrecourc,  a 
reconnu  en  sa  présence  ne  pou- 
voir rien  mettre  hors  de  sa  main, 


de  son  fiet  de  Gondrecourt,  sans 
la  permission  du  comte  de  Bar. 
(En  français.) 

J.  Simonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville, 22«  ;  d'ap.  Arch.  Meurthe.  (Serait  dn 
mois  (le  décembre,  d'après  analyse  rie  cette 
iliarte,  ihirl..  p.  325.) 

1.307,  —  1258.  au  temps  du 
chapitre  général.  —  Fonce,  abbé, 
et  les  religieux  d'Auberive,  décla- 
rent que  les  abbés  et  religieux 
d'Ourscamp  ont  une  chambre  spé- 
ciale dans  l'abbaye  d'.Aubeiive, 
située  prés  de  l'infirmerie  des  re- 
ligieux, et  une  écurie  aux  chevaux 
située  près  de  la  porte  d'Aubenve. 

Pei(/ni^-Oelncourt,  Cartul.    d'Oursamp,  p. 

7  ;  extrait. 


,308. 


I2S-8. 


Jean,  sire 
de  Joinville,  don:,e  une  charte 
d'affranchissement  aux  habitant.s 
de  Joinville. 

Collin,  Tablettes  liistoriiiuc-  do  Juinvilli/, 
h'i  ;  d'après  les  Archives  de  la  ville  de  Join- 
ville. !?rand  carfulaire  de  Jean  de  Juinville, 
fol.  72,  V". 

1.309.  —  1258.  —  Henri  de 
Vergy,  sénéchal  de  Bourgogne  et 
sire  de  A'iirebe.iu,  constate  et  ap- 
prouve, comme  suzerain,  la  dona- 
tion de  la  dime  d'Orbigny-au- 
Mont  hnte  à  l'abbaye  de  Beaulieu 
par  Guillaume  de  «  Genevrères  ». 
(En  français.) 

A.  Du  Chesni'.  Ilisl.  de  U  maison  de 
Verçy,  Pr.  p.  1!)7  ;  ex  orii,'in.  in  aicliiv. 
abbat.  Belli  Loci. 

fsrrr/uigin,.  Tab.  rlir  .  VI.  :;;;;i. 

1.3T0.  —  1258  (v.  st.),  13 
janvier  (lundi  de  l'octave  de  l'E- 
piphanie)^ Troyes.  —  Thibaud  V, 
comte  de  Champagne,  constate 
que  Jean,  seigneur  de  Château- 
villain,  autorise  Jean,  châtelain 
de  Noyon,  à  donner  à  l'église  du 
Jardin  (près  Pleurs,  Marne),  une 
grange  et  ses  dépendances  que 
Jean  de  Loisy  tenait  dudit  sei- 
gneur de  Chateauvillain  dans  la 
chàteilenie  de  Pleurs. 

Original.  Bib.  nat.,  collect.  Ciiamp.  T. 
I.tI,  p.  1.5.  —  Lex,  Martyrologe  et  chartes 
de    N.-D.-du-Jardin-lès-Pleurs,     n»     7.     — 

Calalnuue  acte-  des  comtes  de  Champ  ,  n" 

31  H'. 

1.311.    —   1259,  mai.  —  Noci- 


372 


RÉPERTOfHE    HISTORIOUE    DE    LA    HAUTE- Al  aRNE 


las,  évè]ue  de  Troyes,  rapporte 
une  transaction  intervenue  entre 
Louis,  curé  de  Brienne-la-Vieille, 
et  Jacques,  prieur  de  Brienne, 
concernant  les  dîmes  et  oblations 
de  cette  paroisse. 

Lalore,  Princip.  carlul.,  IV.  23:i  ;  d'apic? 
2'  cartul.  Montier-en-Der,  fol.  13,  r». 

1.312.  —  1259,  18  juin  (mer- 
credi avant  la  Nativité  de  S.Jiîan- 
Baptiste).  —  Nicolas,  évèque  de 
Troyes,  déclare  que  Louis,  curé 
de  Brienne-la-Vieille,  a  reconnu 
avoir  reçu  du  prieur  de  Brienne 
[-leChâteauj  tout  ce  que  ledit 
prieur  avait  dans  les  dîmes  de 
Bricnne-la-Vieille,  avec  la  grange 
aux  dîmes,  pour  en  jouir  sa  vie 
durant  moyennant  40  livres  de 
provenisiens  par  an. 

Lalore,  Princip.  cart.,  IV.  'SXi  :  li'ap.  '2' 
cartul.  Monlier-en-Der,  fol.  12.  v. 

1.313.  —  1259,  29  novembre 
(veille  de  S.  André,  apôtre).  — 
Jean,  sire  de  Choiseul  et  d^Aigre- 
mont,  approuve  le  traité  hait  par 
.■\ubeit  Boilée,  son  homme,  avec 
Thibaud,  comte  de  Bar,  de  tour 
ce  qu'il  avait  ù  Serocourt  (Vos- 
ges). (En  français.) 

.V.  rie  Wnilly.  Actes  en  langue  vulgaire 
du  xm*  s.  de  la  oollect.  Lorraine  (Notices  et 
exlr.  de?  ms.  ,\XVI1I.  63)  ;  dap.  tome  85, 
n»  190. 

1.314.  —  1259,  décembre.  — 
N.^  évéque  de  rroyes,  rend  une 
sentence  entre  l'abbaye  de  La 
Chapelle-[au\-Planches"]  et  Raoul, 
cuié  de  Joncreuil,  concernant  les 
réparations  des  granges  a. :x  dîmes 
de  Joncreuil,  Biilly-le-Franc  et 
Outines. 

/,a/o)'e,  l'rincip.  cartul  ,  I\',  ô7  ;  dap. 
oris.  Arcli.  Haute-Marne,  et  cartul.  La  Cha- 
pelle, fol.   21.  r"  et  V"   addit.  '. 

1.315.  —  1260,  mai.  —  .Ma- 
nassés  de  Rethel,  chevalier,  sire 
de  Bourcq  (Ardenncs)  et  de  Beau- 
tort  (auj.  Montmorency,  Aube), 
approuve  un  don  de  dîmes  à  I  on- 
geville  tait  à  l'abbaye  de  La  Cha- 
pelle aux-Flanches  par  Oger  de 
Norrois  (.Marne)  et  Jean  de  Nor- 
rois,  son  tVère.  (En  français.) 


I.ninrc.  Princip.  carlul.,  IV.  ."-.O  ;  d'ap. 
cartul.   La  Chapelle,  fol.  23,  r". 

1.316.  —  1259,  mai.  —  G, 
évèque  de  Langres,  fait  savoir 
qu'il  a  donné  à  cens,  moyennant 
deux  sous,  monnaie  de  Dijon,  à 
Lambert,  fils  de  feu  Jean  de 
Chàtillon,  chevalier,  une  maison 
que  tenait  autretois  Lambert, 
chevalier^  aïeul  dudit  Lambert, 
sisf  près  des  murs  dudit  Chàtillon. 

A.    Du  Chosnc.    lli>t.    de    la    maison     de 
Cbàtillon-?ur-Marne,    Pr.     p.    2  ;    extr.     du 
liv.  àe%  fiefs  de  l'église  de  Langres. 
,     JSri-quigiuj,  Tal..  chr..  VI.  .343. 

1.317.  -  1259,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  JoinviUe,  approuve 
le  don  que  Marguerite  de  Beau- 
mont,  sœur  de  Robert  de  Join- 
viUe, sire  de  Sailly,  a  fait  aux  re- 
ligieuses de  Benoitevaux,  de  ter- 
res sises  à  Bétoncourt. 

J.  Shnonnet,  Treize  chartes  inédites  de 
.Jean,  sire  de  .loinviUe  I  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie de  Dijon,  1.S74,  p.  265,  n"  2). 

1.318.  —  1259.  15  décembre, 
Nogent.  —  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  confirme  la  charte 
accordée  aux  habitants  de  Chau- 
mont-en-Bassigny^  en  mars  1228 
(V.  st.),  par  son  père  Thibaud  IV. 

Lu  Thaumassiisrc.  Coutume  de  Berrv, 
429. 

Cat.  actes  des  C"  de  Champ.,  n"  317". 

1.319.  —  1259,  décembre, 
Meaux.  —  Thibaud  V^,  comte  de 
Champagne,  confirme  la  charte 
accordée  par  Tliibaud  IV  (en  juin 
1235)  aux  habitants  de  Nogent- 
en-Bassigny. 

OrdonnaIlCc^,  VU.  4(J0.  —  J'islollct  de  i''- 
L'erjeiix,  dans  :  Mém.  de  la  Soc.  hist.  et 
archéol.  de  Langres,  I    21. 

Cat    ar-les  ries  Cointi's  di'  Champ. ,  n"3179. 

1.320.  —  1259.  —  .Aubert, 
sire  de  Darney,  fonde  son  anni- 
versaire à  -Vlorimoiid,  et  donne  à 
cet  etict,  aux  religieux  de  cette 
abbaye,  la  paisson  pour  200  porcs 
dans  ses  bois,  la  vaine  pâture 
pour  leurs  brebis,  e'c.  (En  fran- 
ç.iis.) 

Dubois,  Hist.  de  Morimond.  1"  édition, 
420  ;  2"  édition.  470  ;  fragm. 

1.321.  —   1257.    —    Geoffroi, 


REPEBTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MAKNE 


■3 


sénéchal  de  Bourmont,  fonde  son 
anniversaire  à  Morimondetdonne 
moitié  du  tiers  des  grosses  dîmes 
de  Bourmont  et  de  Gonaincourt. 
(En  français.) 

Dubois,  lIUl.  Je  Morliiioiul,  1""  rdilion, 
420  ;  2'  éililinn,  470. 

1.322.  —  1259,  samedi  27 
septembre. —  Pierre  de  Jaucourt, 
sire  de  Dinteville,  cède  aux  reli- 
gieux de  Longuay  pairie  de  la 
dîme  d'Ormoy.  (En  français.) 

E.  Petit,    Hist.  des  ducs    de    Bourg.,  V. 

178,  d'ap.  Anli,  Hautf-Marue.  <;iilul.  I.ou- 
iruav,  fol.  50. 

1.323.  —  1259,  octobre.  — 
Thibaud,  comte  cJe  Bir,  tonde  le 
chapitre  de  Bourmont. 

(Pièces  et  Mùmoiies  contre  l'uuion  du  cha- 
pitre de  Bourmont  au  oliapitre  noble  de  Pous- 
?ay  (1761),  p.  48.) 

1.324.  —  1259.  octobre.  — 
Jean,  sire  de  Châteauvilbin, 
asseoit  sur  sa  vente  de  Chàteau- 
villain  quarante  sous  donnés  par 
son  père  Simon  aux  religieux  de 
Longuay,  pour  son  anniversaire. 
(En  français.) 

E.    Petit,  Hist.  des  ducs    de  liowf)..   V. 

179,  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  cartul.  Lon- 
!;uay,  fol.  72. 

Î.325.  —  1259  (v.  St.).  jan- 
vier. —  Jean,  sire  de  Chateauvil- 
lain,  Lonlîrme  le  legs  tait  par  son 
père  Simon,  sire  de  Chdceauvil- 
Jain,  aux  frères  du  Reclus,  de 
toute  la  partie  qui  lui  appartenait 
dans  le  bois  de  Chambellam.  (En 
français.) 

A.  Du  Cltesne,  Hi~t.  de  la  maison  de 
Broyés  et  de  Chàteauvillain,  Pr.  p.  M  : 
extr.  du  cartul.  du  Reclus. 

Bi'éqtdgny,  Tab.  clir.,  VI,  35G. 

1.326. —  1259  (v.  st.), 9  mars. 
—  Pardevant  1  otticial  de  Toul, 
Geoffroi  de  Varennes,  écuyer,  fils 
de  feu  Jean  de  Varennes,  cheva- 
lier, reconnaît  être  devenu  l'hom- 
me de  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  pour  10  livres  de 
rente  que  ledit  GeofFroi  possède  à 
Maxey-sur-Vaise,  et  pour  10  au- 
tres livres  de  rente  que  tiennent 
dudit  Geoffroi,  au  même  lieu,Ga- 
rin    de    Domremy,    chevalier,    et 


Etienne  de  Brion,  écuyer.  Geof- 
froi fera  chaque  année  la  garde  au 
château  de  Coifl'y. 

Teulel,  Layettes,  n°  4585. 

Cat.  actes  des  comtes  de  Champ.,  n"  3182. 

1.327.  —  1260,  juin. — Jean, 
sire  de  Chàteauvillain,  fonde, 
dans  la  chapelle  de  son  château  de 
Chàteauvillain,  dix  prébendes  qui 
seront  à  la  collation  du  seigneur. 
(Gallia  :  juillet.) 

A.  Du  Clies)(e,  Ilist.  de  la  maison  de 
Broyés  et  de  Chàteauvillain,  Pr.  p.  H4  ;  ex 
archive  ecclesie  colle;;-.  Gastrivil.  —  Gall. 
christ,  nova,  IV,  instr.  col.  210;  ad  inen-uni 
julium  ;  ex  arohivo  epiicop.  Lins;. 

liréquigny,  Tah.  dir.,  VL  361. 

1.328.  —  1260,  septembre. 
Ramerupt.  —  Je.in,  comte  de 
Briennè,  rend  à  Tabbaye  de  Mon- 
tier-en-Der  l'hôpital  de  Brienne, 
qu'il  avait  fait  saisir. 

Lalore,  Princip.  cartul.  IV.  233;  d'a|i.  2' 
cartul.  Montiei-en-Der,  fol.  12,  r». 

1.329.  —   1260,  septembre. — 
.Thibaud,  comte   de    Champagne, 

et  Guillaume,  abbé  de  Moléme, 
donnent  une  charte  d'alTranchis- 
sement  aux  habitants   de   Coifîy. 

A.  Bonvallet,  La  Précôté  royale  de 
Coiffy-le-Chàtel,  dans  Revue  de  Champ,  el 
Brie,  1894,  p.  867. 

1.330.  —  1260^.  septembre.  — 
Gui^  évéque  de  Langres,  promul- 
gue, en  la  ratifiant,  une  charte 
d'atiVanchissement  accordée  aux 
habitants  de  Moléme  par  Gui, 
abbé  dudit  Moléme. 

Original,  Aich.  Cotc-d'Or,  fonds  Molëme. 
Gcrnner,  Chartes  de  commune   et   d'affran- 
chissement eu  Bourgogne.  Il,  .lOS. 

1.331.  —  1260  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Jein,  comte  de  Bourgo- 
gne, sire  de  Salins,  déclare  que 
Gaucher  de  Commercy,  sire  de 
Chàteauvillain,  et  Henri  de  Com- 
mercy, son  trère.  sire  de  Montre- 
vel,  ont  fait  hommige  à  Laure, 
femme  dudit  comte  de  Bourg :>- 
gne. 

(jnilldUine.  ilist.  ^énéaloi; .  des  sires  de 
Salin-,  I.  Pr.  p.  177. 

1.332.  —  1261^  mai.  —  Gau- 
tier, sire  de  Vignory,  avec  l'as- 
sentiment de  sa  temme  Isabel.eet 


RERERIOIRE    HISTORIQUE    DE   LA    HAUTE-MARNE 


de  sa  fille  Jeanne,  donne  au 
prieuré  de  Sainc-Etiennc  de  Vi- 
gnory  l'usage  entier  dans  tous  ses 
bois. 

Péi'nrti.  Rpoueil,  p.  -Iii9  :  ex  oaitul.  S- 
Beniiini  Divioii. — J.  d'Arbaiduont,  Cailu- 
I. lire  du  prieuré  de  S'-Etienn.!  de  Viarnorv,]i. 

63. 

Bréquigny,  Tal..   clir.,  VI.  'JNl. 

1.333.  ~  1261,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  déclare 
que  les  religieux  de  Boulancourt 
l'ont  associé  au  partage  des  amen- 
des et  des  forfaits  de  leur  bois 
des  Conver^  (En  français.) 

A.  Hospvol.  Seize  chartes  urtyinalesiné- 
ililes  ,te  Je.in  '/-•  .lunirilie.  p.   1,  n°  1. 

1.334..  —  1261.  octobre.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  approuve 
la  cession  par  Guillaume  de  Join- 
vi'le,  son  frère,  doyen  de  Besan- 
çon, au  chapitre  de  Joinville,  pour 
son  anniversaire,  de  tout  ce  qu'il 
avait  acquis  à  Charme-en-r .An- 
gle. (En  français,) 

J .  Simoniicl,  E^s:li  sur  les  ^ire^  de  Join- 
ville, 221  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  liirlul. 
de  S'-Laurent  de  .loinville,  n"  V. 

1.33).  —  1261,  octobre.  — 
Jean,  sire  de  Chàteauvillain,  che- 
valier, et  sa  femme  Jeanne,  don- 
nent à  l'abbaye  de  Saint-Denis 
tout  l'usage  qu'ils  avaient  dans 
les  bois  de  ladite  abbaye,  au  ter- 
ritoire de  «  .Mahanc  >;. 

A.    Du    Chesne,  lli*l.  de    la    maison    de 
Vergy,  Pr.  p.  35  ;  excartul.  abli.  S.  Dyonisii. 
Brrquigny,  Tal).  ctir..  Vl,  ;{8.t. 

1.336.  —  1261,  II  décembre 
(dimanche  après  S.  Nicolas).  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  atteste  la 
donation  par  Gautier,  sire  de  Rey- 
nel,  à  l'abbaye  de  Vaux-en-Or- 
nois,  du  moulin  de  Liméville. 
(tn  français.) 

.V.  lie  Wiiilly,  Recueil  de  chartes  orisçina- 
les  de  Joinville,  en  lanirue  vuliiaire  (Bibl. 
Keole  des  Chartes,  (!'  série.  111,  r)(iO.  pièce  D); 
d'ap.  Arch.  de  la  Meuse,  alihave  des  Vaux.  K, 
Ut. 

1.337.  —  1 261,  décembre.  — 
Jean^.  sire  de  Join"ille,  tait  un 
accord  avec  lestempiier.sdeRuetz, 
concernant  le  moulin  de  Hetour- 
nesac,  à  Chevillon,  etc.  (Kn  la- 
tin.) 


A.  Hûserol,  Seize  chartes  <irif/iii(ile,i  iiié- 
ilites  (le  Jean  de  Joinville,  |i.  1,  n°  11. 

1.338.  —  1262,  mai,  —  Jac- 
ques, abbé  de  N.-D.  de  Châtillon- 
sur-Seine,  déclare  que  Jean, hom- 
me d'armes,  fils  de  feu  Jean  de 
Châtillon,  chevalier,  a  reconnu 
tenir  en  lief  de  l'évèque  de  Lan- 
gres  une  maison  sise  à  Châtillon 
en  la  rue  du  Bourg,  près  de  la 
maison  de  Bladet. 

A.     ]tu    Chesne.    llist.   de    la    maisun   do 
(!;liiUillon-sur-Marne,  Pr.  p.  2. 
/Iré(iiiir/ny,  Ta|p.  chr..  VI.  H9K. 

1.339.  —  1262,  juin.  — Jean^ 
sire  de  Joinville,  approuve  une 
transaction  intervenue  entre  l'é- 
glise de  Saint-Mansui  de  Toul  et 
GuilLiume  de  Hauteville,  écuyer, 
concernant  trente  setiers  de  blé 
donnés  par  Henri,  père  dudit 
Guillaume,  à  prendre  sur  les  dî- 
mes de  LyséviUe  et  de  la  Neu- 
ville. (En  français.) 

X.  de  Vi'ailly,  Recueil  de  chartes  oriiii- 
nales  de  Joinville,  en  langue  vulcaire  (Bibl. 
Ecole  des  Chartes,  6'^  série,  III,  560,  piéceE); 
d'ap.  Bib.  nat.,  coUect.  Lorraine,  t.  397, 
pièce  9. 

1.340.  —  1262,  novembre.  — 
Transaction  entre  les  religieux  de 
Beaulieu  et  ceux  de  Bèze,  concer- 
nant les  dîmes  de  Rougeux. 

Jiri/f'aut.  Hist.  du  Fayl-Billot.  304.  note  1 

1.341.  —  1262,  décembre.  — 
Etienne,  fils  de  Jean],  comte  de 
Chalon-sur-Saône,  ayant  épousé 
Jeanne,  fille  de  feu  Gautier  II, 
seigneur  de  Vignory,  h'.it  hom- 
mage-lige à  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  du  chàteiiu  de  Vi- 
gnory, et  reconnaît  que  ce  châ- 
teau est  jurable  et  rendable  à  Thi- 
baud. (En  français.) 

CUantereau,  Traité  des  hefs.  II,  250. 
Cat.  actes  des   C'-  de  Champ.,  n»  32»5. 

1.342.  —  1262  (v.  .st.j,  fé- 
vrier. —  Lettre  de  'J'hibaud.  su- 
périeur de  Tordre  du  Val-des- 
Choux,  à  l'évèque  de  Langres, 
par  laquelle  il  lui  demande  de 
confirmer  l'élection  d'Henri  com- 
me prieur  de  cette  maison. 

./.  i-'e/i/.  TheodorI   po'i)itenll;ilc.    Il,    til'.t. 
Bréquigny.  T.1I'.  chv  .  VI,  4lir). 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DK    LA    HAUTE-MARNE 


1.343.  —  1262  (v.  st.j,  jan- 
vier. —  Jean,  sire  de  Joinville, 
et  Alix  de  Keynel.  sa  femme, 
donnent  à  l'abbaye  de  La  Crète 
tout  ce  qu'ils  avaient  à  Cirey-lès- 
Mareilles,  en  échange  de  ce  que 
l'abbaye  avait  à  Bcconcourt.  (En 
français.) 

:V.  dv  Vii'aillji,  Heouftil  àc  cliaite?  oriiri- 
uale?  lie  Joinville,  pu  langue  vulgaire  (Bibl. 
K<'ole  des  Cliarle?,  G''  série.  111,  ôGl,  pièce  E 
Itis)  ;  d'ap.  Bib.  nal.,  coltecl.  Chanipaïno. 
vol.  152,  pièce  47. 

1.344.  —  1262  l'v.  St.),  j.Ul- 
vier.  —  Jean,  sire  de  Joinville. 
et  Alix  de  Reynel,  sa  femme, 
donnent  en  échange  à  l'abbaye  de 
La  Crète  ce  qu'ils  avaient  à  Ci- 
reylès-Mareilles  contre  ce  qu'elle 
avait  ù  Bétoncourt.  ;^En  français.) 

A.  Roserot.  .SVi'je  chnrteg  originales  inr- 
dites  de  Jean  de.  Joinville,  p.  3,  n"  III. 

Texte  sensiLlenifUt  ilillérent  de  celui  de  la 
cliarte  précédente. 

1.34).  —  1262  (v.  St.),  jan- 
vier, ù  Montier-sur-Saulx.  —  Jac- 
ques, abbé  de  La  Crète,  et  Jean, 
sire  de  Joinville.  font  un  échange. 
Jean  cède  à  l'abbiye  tout  ce  qu'il 
possède  iV  Cirey  -  lès  -  Mareilles, 
moyennant  200  livres  de  provi- 
ji.ois  forts,  sauf  l'estimation  de 
deux  arbitres,  et  l'abbaye  lui  cède 
tout  ce  qu'elle  a  à  Bétoncourt, 
sauf  l'estimation  des  mêmes  arbi- 
tres. (En  français.) 

Original  Arcli.  Haute-Marne,  La  Crète, 
2'  liasse.  15'  dossier.  Cire;/. 

-V.  de  \Vailly,  Recueil  de  chartes  nriiiina- 
les  de  Joinville,  en  lan£;ue  vulgaire  (Bib. 
Ecole  des  Cliartes,  6*  «érie,  III,  OÔT,  pièce  K 
ler)  ;  d'ap.  Bib  nal.,  cnllect.  Cliauipapne. 
vol.  152,  pièce  n"  Is. 

1.346.  —   1262  (v.  St.),  mars. 

—  Jean,  sire  de  Joinville,  et  Alix 
de  Reynel,  sa  temme,  font  avec 
l'abbaye  de  La  Crète  une  conven- 
tion relative  au  même  échange. 
(En  français.) 

iV'.  de  Waitly.  Recueil  de  chartes  origina- 
les de  Joinville,  en  langue  vulgaire  (Bib. 
Ecole  des  Chartes,  ô'  série.  111.  502.  pièce  E 
qu(iter);  d'ap.  Bib  n.it..  coUect.  Champ., 
vol.  152.  pièce  511. 

1.347.  —   1262  (v.  St.j,  mars. 

—  Jean,  sire  de  Joinville,  ap- 
prouve l'engagenieiit  pris  par  Au- 
bert  de  Ragecourt  et  son  fils  Jean, 


de  servir  à  l'abbaye  de  .Monticr- 
cn-Der  une  rente  d'un  demi-muid 
de  blé  dans  la  grange  de  cette 
abbaye,  à  Ragecourt[-sur-Blaise^. 
(En  français  ) 

.V.  '/('  WaiUy,  Recueil  de  chartes  origina- 
les do  Joinville,  en  langue  vulgaire  (Bib. 
Ecolo  des  Charles,  G"  série.  111,  5C:!,  pièce  Kj; 
d'ap.  orig.  Arch.  Haute-Marne,  fonds  .Montier- 
en-Der,  liasse  '.•l,  2°  partie.  —  J.  Simonnet. 
E-:sai  sur  les  sires  de  Joinville,  215  ;  d'a|i. 
2'^   larlul.    Montier-en-Der,  fol.  71,  v». 

1.348.   —   1262  (v.   st  ),  mars. 

—  Jean,  comte  de  Bourgogne  et 
sire  de  Salins,  tait  savoir  qu'E- 
tienne, fils  du  comte  de  Chalon- 
(sur-Saône),  et  sa  femme,  fille  du 
seigneur  de  Vignory^  ont  déclaré 
tenir  la  terre  de  Vignory  de  Thi- 
baud  V,  roi  de  Navarre  et  comte 
de  Champagne.  (En  français.) 

Chantcrflait.  Traité  des  liefs,  11.  250. 
Ilvéquifinij.  Tab.  chr..  VI,   Klfi. 

T.  349.   —  1262  (v.  St.),   mars. 

—  Jean  [de  Chalon],  comte  de 
Bourgogne,  père  d'Etienne,  sei- 
gneur de  Yignory,  approu\e  la 
charte  de  son  fils,  de  décembre 
1262.  (En  français.) 

CItantereau,    Traité    des  liefs,   II,   250. 
Cat.   actes  des  C'*  de  Champ.,  n"  329:î. 

1.350.  —   1262  (v.  St.),  mars. 

—  Gui,  évéque  de  Langres,  rap- 
porte la  charte  d'Etienne,  fils  de 
I  JeinJ,  comte  de  Chalon,  de  dé- 
cembre 1262  (ci- dessus).  Gui  dé- 
clare qu'il  excommuniera  Etienne 
de  Chalon  et  Jeanne  de  "Vignory 
si  dans  les  quarante  jours  de  la 
sommation  ils  ne  rendent  pas  à 
Thibaud  V, comte  de  Champagne, 
leur  château  de  Vignory.  (En 
français.) 

J.  il'Arljaiimo)tl,  Carlul.  île  Vi^-norv,  260  ; 
d'ap.  Arch.  nat..  orig.  J.  193,  n»  '.i'J.  —  Cat. 
des  actes  des  C"  de' Champ..  11"  :î2'J5. 

1.351.  —  1263,  2  mai  (lende- 
main de  mai  entrant).  —  Robert 
jde  Joinville],  sire  de  Sailly.  se 
reconnaît  homme-lige  de  Thi- 
baud, comte  de  Bar,  avant  tous 
autres,  après  le  sire  de  Joinville, 
et  reprend  en  fiel  de  lui  cinquante 
livrées  de  tirre  à  Maxey  et  à  Ro- 
zières. 

/,.   Le  Merciir  de    Morièrr-s.  Chartes  et 


37Ô 


RÉPERTOIRE    HlbTOHlQUE    DE    LA    HAUTE-MAUNE 


«ceaux  de  Jenn,  ?ire  Je  Joinville,  et  de  Ro- 
bert, sire  de  Saillv  (Bulletin  du  Comité  des 
Travaux  hisloriq.  et  scienliliq.  Section  d'ar- 
chéolosio,  lf<8-l.  p.  I8O1  ;  d'ap.  orig.  <ci'lle, 
Arch.  Meurtlie.  B.  722.  n»  '.'U. 


I .  j  52.  —  1  26^,,  dimanclie  après 
rinveiuion  de  la  Sainte  Croix  (6 
mai).  —  Etienne,  fils  de  Jean, 
comte  de  Bourgogne  et  sire  de 
Salins,  et  Jeanne,  femme  diidit 
Etienne,  fille  de  feu  Gautier,  sire 
de  Vignory,  reconnaissent  avoir 
reçu  dudit  Jean,  leur  père,  12.000 
livres  tournois  qu'ils  ont  payées  à 
Thib.iud,  comte  de  Champagne, 
pour  délivrer  leur  terre  de  Vi- 
gnory, etc. 


Giiillonme.    Ilisl.    çriu-alos 
Salin^.   I.   l'r.  n.  \'.K\. 


■s   de 


t. 3^3.  —  1263,  mai.  —  Jean, 
sire  de  Joinville,  atteste  une  tran- 
saction passée  entre  Simon,  cheva- 
lier, de  Flammerécolirt,  et  Geof- 
froi,  abbé  de  Saint-Urbain,  con- 
cernant les  dîmes  du  Breuil.  (En 
français.) 

J.  Simoimet,  Essai  sur  le?  sires  de  Join- 
ville, 199;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  carlul. 
de  S<-Url.ain,  II,  fol.  115. 

1.354.  —  1263,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  et  sa 
femme  Alix,  fille  de  feu  Gautier, 
sire  de  Reynel,  vendent  à  Thi- 
baud,  comte  de  B.Tr[-le-Ducl, plu- 
sieurs livrées  de  terre  que  ledit 
comte  était  tenu  d'asseoir  au  sire 
de  Reynel.  (En  français.) 

J.  Simoniiel,  Essai  sur  les  sires  de  Juin- 
ville,  229;  d'ap,  Arch.  Meurtlie. —  /.f  iiii'-ine. 
'Ireize  chartes  inédites,  etc.,  n"  :!. 

1.355.  —  1263,  10  aoiit  /jour 
de  S.  Laurent),  —  Jean,  sire  de 
Joinville,  fait  hommage  à  Thi- 
baud,  comte  de  Bir,  pour  Mon- 
tier-sur-Saux  et  dépendances,  la 
garde  de  l'abbaye  d'Ecurey,  ce 
qu'il  a  à  Boncourt,  Ribeaucourt, 
Juvigny  et  Bure,  et  la  garde  de  ce 
que  l'église  de  Saint-Mihiel  pos- 
sède dans  ces  localités,  (En  f-r.Tn- 
çais,) 

J .  Simonnet,  Treize  chartes  inédites  de 
Jean,  sire  de  Joinville  (Mém,  Acad.  de  Dijon, 
1874,  p.  267,  n»  4).  —  Jdeni.  Essai  sur  les 
sires  de  Joinville.  227  ;  d'ap.  .\rohiv.  Meur- 
tbe. 


1.356.  —  1263,  septembre,  — 
Simon,  seigneur  de  Clefmont,  a 
repris  de  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  les  tierces  d'Esnou- 
veaux,  Forcey,  Menouveaux  et 
Cuves,  En  échange,  il  a  cédé  à 
Thibaud  la  mouvance  des  fiefs  te- 
nus de  lui  :  1°  à  Dammartin  et 
Malroy,  par  Renier,  seigneur  de 
Bourbonne  5  2"  à  Récourt,  par 
Guillaume  de  Récourt  ;  3"  à  Lou- 
vières,  par  Gautier  et  Odot  ;  4"  la 
mouvance  du  fief  de  Changey. 
Enfin,  Simon  a  fait  hommage  à 
Thibaud  de  ce  qu'il  tenait  à  Dail- 
lecourt.  (En  français.) 

Chantereaii,   Traité  des  liefs,    II,  25"J. 
Cat.  actes  des  C^''*  de  Champ.,  n"  ol'.l'.i. 

1.357.  —  1263,  22  octobre 
(lundi  après  S,  Luc).  —  Jean,  sire 
de  Joinville.  atteste  qu'en  sa  pré- 
sence Robert  [de  Joinville.  sire] 
de  Sailly,  s'est  reconnu  homme- 
lige  du  comte  de  Baf  après  le  sire 
de  Joinville,  et  a  repris  en  fief, 
dudit  comte,  cinquante  livrées  de 
terre  à  Maxey  et  a  Rozières.  (En 
français,) 

Le  Mercier  df  Morière,  Chartes  et 
sceaux  de  Jean,  sire  de  Joinville,  et  de  Ro- 
bert, sire  de  Sailly  (Bulletin  du  Comité  des 
Travaux  historiques  et  scientiliques,  section 
d'archéologie,  année  1S84  (18S5),  p.  4SI  i  ; 
d'ap.  oriL'.  scellé.  .\rcU.  Mcurlho-el-Moselle, 
B.  :-2-2.  a"  24. 

1.358.  —  1263,  novembre.  — 
Testament  de  Bernard,  curé  de 
Vicq. 

Bri/piiit,  Hist.  de  Vicq  (La  llaute-iMarne, 
Revue  champenoise,  209);  d'ap.  Arch. 
Haute-Marne,  prieuré  de  Varennes,  i'  lia^^se. 

1.359.  —  126),  décembre;  à 
Joinville.  —  Jean,  sire  de  Join- 
ville, déclare  avoir  obtenu  de 
Geoiiroi,  abbé  de  Saint-Urbain, 
l'autorisation  d'établir  une  cha- 
pelle dans  la  Maison-Dieu  de  Join- 
ville, sous  la  réserve  des  droits  de 
Saint-Urbain  et  de  l'église  parois- 
siale de  Joinville.    (En  français.) 

-Y  t/c  M'ailiy,  Recueil  de  chartes  orii^lna- 
les  de  Joinville,  en  langue  vulgaire  (Bih. 
Ecole  des  Chartes,  G«  série,  III,  5til,  pièce 
G  I  ;  d'ap.  orig.  (scellé)  Arcii.  Haute-Marne, 
chapitre  de  Joinville  (auj,  fonds  S'-Urbain, 
16»  liasse.) 

Chezjean,  Notice  historique  sur  Jean, 
sire  de  Joinville   (1853,    p.  —  Fériel, 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE-MARNE 


377 


iXoti's  et  ilncumeiils  pour  xi'rvir  à  l'hisloire 
de  Juinrille  (1800,  p.  '■>.  et  La  Haute- 
Marne,  Heriie  chaiiipeiioise  (^18501,  p.  2S:!. 

1.360.  —  1263  (V.  St.).  jan- 
vier, à  Dommartin-le-Franc.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  Viard  de 
Nogeiic,  bailli  de  Chaumont,  et 
Girard,  prévôc  de  Ligny,  attestent 
que  Raoulin.  dit  NaindeTrivière, 
a  vendu  à  l'abbaye  de  iMontier- 
en-Der  ses  possessions  d'Epothé- 
mont  (Aube).  (En  français.) 

./.  Shnonnet,  E>*;ii  sur  le?  sires  de  Juiti- 
ville,  21t)  :  d'ap.  Aicli.  Haute-Marne,  "J'  car- 
tul.  Montier-en-Der.  fol.  77.  t°. 

1.361.  —  1264,  avril.  —  Ma- 
nassès,  c  jmte  de  Rechel,  confirme 
le  don  fait  par  Garin,  écuyer,  fils 
de  Renier  de  Villeret  (Aube),  à 
l'abbiye  de  La  Chapelle-aux- 
Planches,  de  la  partie  du  cours  de 
la  Voire  qu'il  avait  entre  l'eau  de 
Boulancourt  et  La  Chapelle-aux- 
Planches.  (En  français.) 

Oris.  Arcli.  Haute-Marne. 
Lalore.    Princip.    cartul..    IV,   60;    d'aji. 
cartul.  La  Chapelle,  fol.  25,  V. 

1.362.  —  1264,  i"""  mai.  — 
Jean,  doyen  de  la  chrétienté  de 
Margerie  iMarnei.  déclare  que 
Garin  de  Villeret  (Aube)  a  vendu 
à  l'abbaye  de  La  Chapelle-aux- 
Planches  ce  qu'il  avait  dans  le 
cours  d'eau  de  la  Voire,  entre 
l'eau  de  Boulancourt  et  La  Cha- 
pelle-aux-Planches. 

Oriï.  Arcb.  Haute-Marne. 
Lalore,   Princip.    cartul.,    IV.    fiO  ;    d'ap. 
cartul.  La  Chapelle,  fol.  25.  r". 

1.363.  —  1-64,  juillet.  — 
Jean,  sire  de  Joinville,  atteste 
une  transaction  intervenue  entre 
Jean  de  Narcy,  chevalier,  et  les 
Templiers  de  Ruetz,  pour  la  déli- 
mitation de  leurs  propriétés. 

/.  Shnonnet,  Treize  chartes  inédites  de 
Jean,  sire  de  Joinville  'Mém.  Académie  de 
Dijon,  1S74,  p.  269.  n"  ô. 

I  364.  —  1264,  juillet.  — 
Jean,  sue  de  Joinville,  et  sa 
femme  .Alix,  d'une  part,  et  l'abbé 
de  Sain:-Urbain,  d'autre  part, 
font  une  transaction,  sous  l'arbi- 
trage de  Guerri,  curé  de  Saint- 
Dizier,  et  de  Thierri  d'Amele, 
chevalier,  portant  notamment  re- 


connaissance des  droits  d'usage 
de  l'abbaye  dans  la  forêt  de  .Via- 
thons,  et  certaines  restrictions  des 
droits  prétendus  par  les  sires  de 
Joinville  sur  les  hommes  de  St- 
Urbain.  (En  français.) 

-V.  de  Wail/i/,  Recueil  de  chacles  ori^'ina- 
les  de  Joinville,  en  langue  vulgaire  (Bib. 
Ecole  des  Chartes.  6'  série,  III,  505,  pièce 
11);  d  ap.   Arcli.  Haute-Marne,  Saint- L'rbain, 

lO''  liasse. 

1.36).  —  1264,  novembre;  à 
Saint-Urbain.  —  Jean,  sire  de 
Joinville,  et  sa  femme  .Alix,  cè- 
dent à  l'abbaye  de  Montier-en- 
Der,  avec  le  consentement  de 
leurs  fils  Jean  ec  GeofTroi,  tous 
les  biens  ayant  appartenu  à  .An- 
dré de  Dommartin  et  à  ses  en- 
fants, dans  le  Blaisois.  (En  fran- 
çais.) 

-Y.  de  WaiUij,  Recueil  de  chartes  origina- 
les de  Joinville,  en  laniïue  vuli;aire  (Bib. 
Ecole  des  Chartes,  G'  série,  III,  5G9,  pièce  I); 
d'ap.  Arch.  Haute -Marne,  Saint-Urbain  {li- 
sez :  Montier-en-Der),  37*  liasse.  3»  partie  : 
orig.  (scellé  1. 

1.366.  —  1264  (v.  St.),  fé- 
vrier. —  Helvide  [de  Joinville], 
dime  de  Kaucogney,  vicomtesse 
de  Vesoul,  acquiert  le  meix  Bon- 
vallet,  à  Mo.'itigiiy  (Haute-Saône), 
sur  Mathieu,  liis  de  Clément  de 
Saint-Loup. 

Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  1876,  p.  533. 

—  Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture, 
Sciences  et  Arts  de  la  Haute-SaOne,  3*  série, 
n°  7,  p.  171  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Saône.  H. 
S94. 

1.367.  —   1264  (v.  St.),  mars. 

—  Jean,  sire  de  Joinville,  accorde 
aux  hommes  de  l'abbaye  de  Saint- 
Urbain,  habitant  à  Charmes,  etc., 
sous  certaines  conditions,  des 
droits  d'usage  et  de  pâturage  dans 
la  iorct  de  Mathons,  moyennant 
une  redevance  de  20  setiers  d'a- 
voine et  d'une  poule  par  chef  de 
maison.  (En  irrançiis.) 

-V.  de  M'ailly,  Recueil  de  chartes  orisina- 
les  de  Joinville,  en  langue  vulgaire  (Bib. 
Ecole  des  Chartes,  6'  série,  lll,  573,  pièce 
J)  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  S'-Urbain, 
liasse  Iti. 

1.368.  —   1264  (V.  St.),  mars. 

—  Uthon,  doyen,  et  le  chapitre 
de  Langres,  reconnaissent  qu'ils 
n'ont    aucun    droit   de    patronage 


378 


REPEKTOIRK    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE  MARNE 


sur  i'église  de  «  Furviacuin  », 
diocèse  de  Langres,  et  déclarent 
que  ce  droit  appartient  au  chapi- 
tre d'Auxerre. 

Lebeuf.  Hist.  il'Auxeno.  II.  l'r.  [>.  '.'sO  : 
ex  tabulis  eocl.  Auliss. 

Bréquiguy,  Tali.   t-lir.,  VI.   lITi. 

1.369.  —  1264  (v.  St.),  I*""" 
avril  (mardi  après  Mi  Carême).  — 
Jean,  sire  de  Choiseul,  déclare 
qu'Isabelle,  dame  de  Jouvelle 
(Haute-Saône),  ayant  donné  à 
Thibaud,  comte  de  Bar,  la  mou- 
vance des  deux  fiefs  de  Thons 
(Vosges)  et  de  celui  d'.Ainvelle 
(id.),  lesquels  il  tenait  d'elle,  il 
les  a  repris  en  fief  dudit  comte. 
(En  français.) 

iV.  de  Wailly,  Chartes  on  langue  vulsairo 
du  .Mil'  s.  de  la  collect.  Lorraine  (Notice?  et 
exlr.  des  mis.  X.WIIl,  7(i|  ;  dai.  louie  982 
n»  10. 

1.370.  —  1265.  13  juillet,  — 
Guillaume,  seigneur  de  Deuilly, 
ayant  donné  à  son  fils  GeofiVoi  le 
fief  qu'il  tenait  de  Thibaud  V, 
comte  de  Champagne^  en  argent 
sur  les  foires  de  Troyes  et  de 
Bar-sur-Aube.  et  en  terre  à  La 
Ferté-sur- Aube,  prie  Thibaud  de 
recevoir  l'hommage  de  Geofîroi. 
(En  français.) 

Bibliotli.    Ecole  des  Charles,    1"   série,  IV, 
170. 
Cat.  actes  des  C"^  de  Champ.,  n"  336"). 

r.371.  —  1266,  avril.  —  Ac- 
cord entre  Jean,  seigneur  de  Se- 
mur-en-Hrionnais  et  de  Château- 
villain  et  les  religieux  de  Marce- 
nay. 

A.  JJu  Chesiie,  Ilist.  de  la  maison  de 
Broyés  et  de  CliàteauTillain.  Pr.  p.  35  ;  ex 
lartul.  Cluniac. 

Bféquigny,  Tali.  rlii .  VI.  180. 

1.372.  —  1266,21  mai,  '<  Fes- 
sez ».  —  Thibaud  V,  comte  de 
Champjgne,  prie  saint  Louis  de 
se  déclarer  incompétent  pour  ju- 
ger une  contestation  pendante 
entre  Jean  de  Joinvilie  et  l'ab- 
baye de  Saint-Urbain,  touchant  la 
garde  de  cette  abbaye.  (En  fran- 
çais.) 

Ucc  des  Misl.  de  Kr.,  XX,  291.  note.  — 
Didot,  Mém.  de  Joinvilie.  214. 

Cal.  arte«  df<  C"  de  Champ,,  n"  33SS. 


1.373.  —  1266, juin.  — Jean, 
sire  de  Joinvilie,  sénéchal  de 
Champagne,  déclare  tenir  de  l'é- 
glise de  Toul,  Sailly  et  la  chatel- 
lenie.  (Eu  français.) 

Benoit  Picard.  Ilist.  de  Toul,  113  ;  IVa°m. 
Bréquif/iiy,  T.iIj.  ilir..  \'l.  18j. 

1.374.  —  1266,  22  août  (oc- 
tave de  l'Assomption).  —  Com- 
promis entre  les  religieuses  de 
Jully[-sous-Ravières]  et  Othon, 
doyen,  et  le  chapitre  de  [  angres, 
pour  le  droit  de  gîte  ù  JuUy. 

Jobiii.  Ilist.  du  prieuré  de  Jully-les-Non- 
nains,  293  ;  dap.  oriç.  Arcli.  Yonne,  prifcuré 
de  Jully,  H. 

1.375-  —  1266^  27  août  (ven- 
dredi avant  la  décollation  de  S. 
Jean-Baptiste).  —  Jean,  sire  de 
Joinvilie,  et  l'abbé  de  Saint-Ur- 
bain, choisissent,  pour  viderleurs 
différends.  Henri,  abbé  de  Bou- 
lancourt,  et  André,  doyen  de  la 
chrétienté  de  Bar-sur-Aube.  Si 
leur  sentence  n'est  pas  rendue 
avant  la  Saint-Remi.  l'arbitrage 
appartiendra  à  Guerri,  curé  de 
Saint- Dizier,  à  ch,;rge  de  500  li- 
vres contre  la  partie  contreve- 
nante, et  sous  les  cautionnements 
des  sires  de  Vaucouleurs  et  de 
Sailly,  etc.  (En 'français.) 

iV.  de  M'ailty,  Recueil  de  chartes  origina- 
les de  Joinvilie,  en  lanj^ue  vulgaire  (Bih. 
Ecole  des  Chartes,  6*  série,  III,  573,  pièce 
Kl  ;  d'ap.  Arcli.  Haute-Marne,  fonds  Saint- 
UrlJain,  liasse  15. 

1.376.  —  1266,  19  octobre 
(lendemain  de  S.  Luc,  cvangé- 
liste).  —  Jean,  sire  de  Joinvilie, 
cède  à  l'abbaye  d'Ecurey  la  grange 
de  Bailly  et  dépendances  ;  lui  ac- 
corde des  droits  sur  les  eaux  de 
Montier-sur-Saux,  etc.  (En  fran- 
çais.) 

iV.  de  Wniliy,  Recueil  de  chartes  origina- 
les de  Joinvilie,  en  langue  vulgaire  (Bib. 
Ecole  des  Charles,  ti*  série,  III,  575.  pièce 
L)  ;  d'ap.  Arch.  Meuse,  abbaye  d'Ecurey, 

ï-377- —  1266,  octobre.  — 
Jean,  sire  de  Joinvilie,  approuve 
une  vente  faite  aux  religieux  des 
Vaux  -  en  -  Ornois  (aujourd  hui 
Evaux),  par  son  cousin  Geoffroi, 
sire  de  Bourlémont.  (En  fran- 
çais.) 


REPERTOIRK    HISTOKIOUE    Db;    LA    HAUTK-MAHNK 


379 


A.  Roseiot,  dans  les  ArcUines  liislorkjties 
et  lilU-raires,  I  (lK90i,  p.  191,  d'ap.  oriçl- 
nal,  sri'llé,  Arcli.  Meu^p,  l'omU  Kvaux. 

1.378.  —  1266,  10  novembre, 
à  Jomville  '^veille  de  Saint-.Mariin 
d'hiver).  —  Jean,  sire  de  Join- 
ville,  recomuit  que  l'autorisation 
qu'il  a  reçue  du  chapitre  de  Join- 
ville  de  faire  dire  la  messe  dans 
son  château  pendant  qu'il  est  re- 
tenu par  la  tievre  qu.uce,  ne  peut 
porter  préjudice  au  privilège  de 
cette  église. 

Chninpollion,  Uocuinenls  iiiedlU  sur  Jeun 
(If  Joinvdie  ^Doc■u^l.  incd.  extr.  de  la  Bili. 
Kovale,  1  0:'5j  ;  d'ap.  cartul.  de  S'-Laurent 
.l»>'.l«iuviile.  n»  XI. 

1.379.  ---  1266^  novembre^ 
Joinville.  —  Jean,  sire  de  Join- 
ville,  donne  au  chapitre  dudit 
Joinville  42  sous  de  rente  à  pren- 
dre sur  les  .Arpents  de  Joi'ivillo, 
pour  l'anniversaire  de  son  trère 
(jeotTroi  de  Joinville,  sire  de 
Vaucou leurs,  avec  service  «  et  à 
sa  mort  et  à  .«a  vie  ».  (En  fran- 
çais, j 

J.  Sitnonnet,  Essai  sur  les  sires  de  Join- 
ville. 222  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  carlul, 
Saint-Laurent  dp  JoinriUe.  a"  XIII, 

1.380.  —  1266, Bourg.  — No- 
tice que  Jean  de  Vergy,  damoi- 
seau, tient  en  fiel:  de  l'evéque  de 
Langres,  avant  tous  autres,  le 
château  et  le  village  de  Fouvent, 
dont  il  a  fait  hommage  à  Bourg. 

A.  Du  Cltesni',  Ili-t.  de  la  maison  de 
Versy,  Pr.  p.  201  ;  extr.  du  livre  des  li.-ls 
de  1  éTèclié  de  Lanu'res. 

Bréquigiiy,  Tub.  clir.,  VI.  "lOï. 

1.381.  —  1266  (v.  St.),  lojan- 
vier.  —  Jean,  sire  de  Joinville,  et 
Alix  de  Reynel,  sa  femme,  con- 
tirment  le  don  tait  à  l'abbaye  de 
La  Crète  par  feu  Gautier,  sire  de 
Reyael,  du  tiers  du  moulin  qu'iL 
avait  avec  l'abbé  de  Flavigny, 
situé  à  Himaucourt.  (En  français.) 

A.  Roserot.  Si'ize  chartes  originales  inr- 
dites  de  Jean  de  Juinville,  p.  4.  n"  IV. 

1.382.  —  1267,  mai.  — Jean, 
sire  de  Joinville,  renouvelle  «  en 
roman  «  la  charte  de  fondation 
de  Ferrières,  dans  la  forêt  de  Ma- 
rho;,s,  charte  coiitorme  à  celle  de 


Blancheville  et  mo.ielée  sut  celle 
de  Beaumont. 

J.  Ca''nandet.  Note  sur  Kerriéres  el  La 
Folio  (La  Haute-Marne,  Revue  cliuoipenoise. 
p.  J-12;  ;  d'ap.  copiede  1[)47,  aux  Andi.  comni. 
lie  Kerrii'res. 

1.383.  —  1267,  16  septembre 
(vendredi  après  l'exaltation  de  la 
Sainte-Croix'!, entre  l.usy  et  Chaii- 
mont.  près  du  Val-des-Ecoliers. 
—  Thibaud  V,  comte  de  Cham- 
pagne, fait  hommage  à  l'evéque 
de  Lringres  des  châteaux,  chàtel- 
lenies  et  dépendances  de  Bar-sur- 
.Aube,  Bar-sur-Seine,  La  Ferté-sur- 
.Aube,Chaumoiit-en-Bassigny,  No- 
ge.it-le  iioi,  Moi.:i;,ny-le-Roi  et 
CoilFy  ;  en  présence  de  Jean  de 
Joinville,  sénéchal  de  Champa- 
gne, Renaud    de   Bar-le-Duc,  etc. 

A.  Du  Chesne,  Hist.  de  la  maison  de  Bar- 
le-Duc,  Pr.  p.  ;!0  ;  d'ap.  Resistre  des  fiefs  de 
l'évéclié  de  Langres.  —  La  Aavalliùre,  Vie 
du  sire  de  Joinvdle  (Mém.  Acad.  Inscripl., 
\X,  :U0).  —  Cat.  ai-tes  des  C"  de  Champ., 
n"  :u:î2. 

1.384.  —  1267,  2-^  octobre, 
Reims.  —  Jean,  seigneur  de  Choi- 
seul.  rapporte  et  atteste  les  déci- 
sions d'un  jugement  arbitral  que 
saint  Louis  doit  rendre  entre 
Henri .  comte  de  Luxembourg,  et 
Thibaud,  comte  de  Bar-le-Duc. 
(Eu  français.) 

ChaïUereaii,  Traité  des  fiefs,  II,  259. 
Cat.  actes  des  C'"«  de  Champ.,  n"  3-141. 

1.385.  —  1267.  —  Jean,  sire 
de  Joinville,  fait  hommage  au 
comte  de  Bar  des  terres  de  .\Ion- 
cier-sur-Saux  et  de  la  garJe  de 
l'abbaye  d'Ecurey. 

La  Ravailiére,  Vie  du  sire  de  Joinville 
'.Mem.  .Acad.  des  Inscriptions,  .\.\,  340). 
Peut-i'tre  la  même  cliarti-  que  celle  du  lu 
août  12GIÎ.  ci-dessus. 

1.386.  —  1267.  —  Arrêt  du 
Parlement  de  Paris  qui  refuse  au 
comte  de  Champagne  la  connais- 
sance du  ditïérend  entre  Jean, 
sire  de  Joinville,  sénéchal  de 
Champagne,  et  l'abbaye  de  Saint- 
Urbain. 

/ieugnot,  Les  Oiim,  I.  KTT. 

1.387.  —  1267  (v.  st.),  fé- 
vrier. —  Guillaume  de  Vergy  et 
Lore   de    Dampierre,    sa    fe.^)me, 


380 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    HAUTE -MA.RNE 


préviennent  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  qu'en  conséquence 
dun  traité  conclu  entre  eux  et 
[Marguerite;,  comtesse  de  Flan- 
dre, le  château  et  la  viile  deSaiiit- 
Dizier  doivent  appartenir  à  cette 
dernière.  Ils  prient  Thibaud  de 
mettre  .Marguerite  en  possession. 
(En  français.) 

Du  Chesue,  Hist.  de  la  maison  ilc  Vergy. 
Pr.  p.  199;  exlr.  du  eartul.  do  Champ.  — 
l'i^nÙT,  Origine  de«  maison*  d'Alsace,  etc., 
148;  ex  eodem  eartul.  —  Diimonf.  Corps  di- 
piomatiq.,  I,  part.  1,  p.  2'^(i.  —  Bn-quigrii/, 
fab.  ohr.,  VI.  .ô?4. 

1.388.  —  1267  (v.  st.),  t"é- 
vrier.  —  Gui,  évéquede  Langres, 
fait  savoir  qu".André  de  la  Broce. 
chevalier,  s'est  soumis  au  juge- 
ment prononcé  par  rotiicia'  sur 
ses  contestations  avec  les  religieux 
de  Réomé  (.Moutier-Saint- Jean) 
et  a  renoncé  à  ce  qu'il  prétendait 
au  finage  de  Ricey. 

Houyer.  lli>t.  moiiait.  Ueom..  2T.S  :  ex  ta- 
liular.  Keoui. 

Bréquif/ny,  Tab.  clir..  VI,  52-1. 

1.389.  —  1268,  17  avril, 
Beaune.  —  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  donne  des  lettres  de 
non-préjudice  à  Jean  de  Joinville, 
sénéchal  de  Champagne,  qui  l'a 
servi  aux  noces  et  à  ia  chevalerie 
de  Philippe,  hls  de  saint  Louis, 
qui  prétend  avoir  droit  de  s'em- 
parer de  la  vaisselle,  et  à  qui  Ihi- 
baud  ne  peut  abandonner  cette 
vaisselle,  puisqu'elle  appartient  au 
roi  de  France.  (En  français.) 

Rec.  des  Hisl,  de  Fr.,  X.\,  p.  X.X.WUI, 
note.  —  Mém.  Académ.  des  Iascription<.  XX. 
:«9.  —  Didot,  Mém.  de  Joinvilh-,  p.' 
CXVIII  ;  ad  an.  1242.  —  Cat.  actes  de.  C" 
de  Cliamp.,  n"  3269. 

Bréquigny,  Tab.  chr.,  VI,  395. 

Cet  acte  a  toujours  été  publié  sous  la  date 
de  1262.  Voir  les  raisons  de  son  attribution  à 
l'année  1268  dans  :  Deiaborde,  Jean  de  Join- 
ville et  le»  seigneurs  de  Joinville.  catalo- 
gue, n°  461. 

I  390.  —  1268,  17  novembre 
(samedi  après  baint-. Martin  dhi- 
ver;.  —  Jean,  sire  de  Joinville, 
tait  un  accord  avec  l'abbé  de  St- 
L'rbain,  à  cause  du  préjudice  que 
la  tondation  de  Ferrieres  avait  pu 
causer  à  cette  abbaye  pour  l'usnge 
du  bois  de  Mathons.  (hn  fran- 
çais. > 


A.  Roserot,  Si'ize  chartes  originales  in/-- 
diies  (le  Jean  de  Joinville,  p.  b,  n»  V. 

1.391.  —  1269,  9  octobre, 
Chatulon-sur-Seine.  —  Gui,  évé- 
que  de  Langres,  fait  connaîtreun 
accord  passé  entre  Hugue,  duc  de 
Bourgogne,  et  Jean  de  Montréal, 
chevalier,  concernant  Montréal, 
Châtel-Gérard  et  autres  chàtelle- 
nies  du  duc.  (En  français.) 

D.  Plancher.  Uisl.  de  Bourg.,  11.  Pr.  p. 
32  ;  exlr.  de  la  Chambre  des  Comptes  de  IJi- 
jùii. 

Bn'quif/ny,  Tab.  clir.,  VI.  552. 

1.392.  —  1269,  octobre.  — 
Morel,  doyen  de  la  chrétienté  de 
Chaumonr,  et  Simon,  prévôt  de 
Lusy.  attestent  une  vente  faite 
par  Richard,  fils  de  Marecet  de 
Verbiesles,  et  sa  temme  Jour- 
daine,  aux  religieux  du  Val-des- 
Ecoliers. 

Godard.  Hisl.  et  tableau  de  l'église  Sainl- 
Jean-Baptistp  de  Chaumont.  187  ;  frasm. 

'•393-  —  1269,  octobre.  — 
Orri,  prieur  de  Flurey,  et  autres, 
attestent  que  Simon  de  Joinville, 
sire  de  Gex.  et  Fromont  de  Mont- 
terraiif,  sire  de  «  Coaindrey  », 
arbitres,  ont  adjugé  à  Helvide 
[de  Joinville],  vicomtesse  de  Ve- 
soul,  après  examen  des  preuves 
par  elle  fournies,  les  fiefs  de  Po- 
laincourt,  Saint  -  Loup,  «  Boli- 
gney  »,  Hurecourt  et  «  .Anglus  », 
prétendus  par  Otheain  de  Bour- 
gogne. 

■/.  Simoiniet,  Essai  sur  les  sire-  de  Joiu- 
ville,  139;  d'ap.  Areli.  Cnte-d'Or,  Recueil 
Peincedé,  II,  p.  670. 

1.394.  —  1269.  —  Accord 
conclu  entre  Jean  et  Milon,  sei- 
gneur de  Saint-.Amand,  par  la  mé- 
diation de  Marguerite,  comtesse 
de  1  uxembourg,  qui  impose  au 
sire  de  Joinville  une  amende  de 
200  livres  tournois. 

La  Bavnllière,  Vie  du  sire  de  Joinville 
iMém.Acad.,  Inscript.  XX,  338]. 

I-39)- —  1269  (v.  st  ),  1 1  jan- 
vier. —  Valeraii,  hls  d'Henri, 
comte  de  Luxembourg,  fait  hom- 
mage-hge  à  Thibaud  V,  comte  de 
Champ.Tgne,  pour  Ligny,  Tréve- 
ray,   Saint-Joire,    Demange[-aux- 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    t)E    LA    HAUTE-MARNE 


381 


Eaux],  Houdelaiiicourt.  Mandres 
(Meuse),  Abainville,  Cirtoiitaines 
|-en-Ornois),  Fouchères,  le  îîou- 
chon  et  Savonnières.  (Eu  t^ran- 
çais.) 

Chaiiffmaii,  Tniilé  de-  fiof^.    H.  -'()«. 
r.at.  actes  dos  C'  de  Cliaiii[i.,  n»  ojTô. 

Î.396.  —  1269  (v.  St.),  jan- 
vier. —  Hugue  de  Rethel,  sire  de 
Beautort,  atteste  que  Jean  de 
Norrois  (Marne)  a  approuvé  le 
don  de  partie  des  grosses  dîmes 
de  Longeviile  fait  à  i'abb.iyc  delà 
Chapelle  -  aux  -  Planches,  par  »a 
mère  Marguerite,  dame  de  Nor- 
rois.  (En  trançnis.) 

On;;.  Arcli.   Haute-Marne. 
Laloi't'.  Prini'ip.  cartul.,  IV.  0-  ;   d  np.  car- 
tul.  La  Chapelle,  fol.  n,  r". 

1.397.  —  1269  (v.  st.),  3  fé- 
vrier. —  Henry,  comte  de  Ros- 
nay,  vend  à  l'abbaye  de  Montier- 
en-Der  la  rue  de  la  Chapelle,  à 
Droyes.  Prix,  500  livres  deprove- 
nisiens  forts. 

Lalore.  Primip.  cari.,  IV,  p.  2;{5  ;  extrait. 
Cat.  acte?  des  C'*  de  Cliatnp..  n"  3584. 

1.398.  —  1269  (v.  St.),  %  fé- 
vrier (lundi,  veille  de  la  Purifica- 
tion). —  Thibaud  V,  comte  de 
Champagne,  approuve  la  charte 
qui  précède. 

Lalore,  Princip.  cart.,  IV,  p.  236  ;  extrait. 
Cat.   actes  des  C"  de  Champ.,  n"  !5585. 

1.399.  —   1269  (v.  St.),  mars. 

—  -Alix,  dame  de  Joinville,  avec 
le  coiise;itement  de  son  mari,  s'o- 
blige envers  roirficial  de  Langres 
à  respecter,  sous  peine  d'excom- 
munication, l'échange  de  sa  terre 
de  Cirey-lès-.Mareilles,  précédem- 
ment conclu  avec  l'abbaye  de  la 
Crète.  (Eu  français.) 

N.  de  W'ailhj.  Recueil  île  charlesori;;liia- 
les  de  Joinville,  en  langue  vulgaire  iBib. 
Ecole  de?  Chartes,  C""  série,  III.  557,  pièce 
L  bis);  d'ap.  Bih.  nat  ,  collect.  Champ.,  vol. 
152,  pièce  51. 

1.400.  —    1269      (v.      St.),       20 

mars  (jeudi  avant  la  .Mi-Caréme). 

—  Jean,  sire  de  Joinville,  atteste 
un  échange  intervenu  entre  Aubert 
de  Poissons  et  sa  femme,  et  les 
religieux  de  Benoitevaux.  (En 
trançais.) 


A.  Hoserot,  Seize  chartes  originales  iité- 
i/il-s  de  Jean  de  Joinvill",  p    7,  n"  VI. 

1.401.  —       1269      (v.       st.).      ') 

avril  (samedi  avant  les  Rameaux), 
d  Troye.s.  —  Thibaud  IV,  comte 
de  Champagne,  donne  à  l'abbaye 
de  .Montier-en-Der  tout  ce  qu'il 
avait  à  Hametel,  près  de  Puelle- 
montier. 

Analyse.  Lalore,  Princip.  i^àrtul..  tV.  [1. 
23(;,  n«  \X\. 

Cat.  actes  des  C-^  de  Champ.,    n"   362(1. 

1.402.  —  1270,  avril.  —  Jean, 
sire  de  Chàteauvillain  et  de  Lusy, 
fait  savoir  que  du  consentement 
de  sa  femme  Jeanne,  il  a  cédé  à 
son  féal  Filon,  chevalier,  seigneur 
de  Vauclair,  et  à  ses  héritiers,  20 
livres  tourntus  de  le  ite.  (En  tran- 
çais.) 

A.    Bu    Cliesne.     Hist.    de   la    maison   de 
Broyés  et  de  Chàteauvillain,   Pr.  p.  36. 
Bréquiijny.  Tab.  chr..  VI,  5ii7. 

1.403.  —  1270,  avril. — Jean, 
sire  de  Chàteauvillain  et  de  Lusy, 
donne  au  couvent  de  Mormerit  ce 
qu'il  avait  sur  le  four  de  Let- 
fonds.  (En  français.) 

E.  Petit,  Hist.  des  ducs  de  Bourg.,  X, 
307,  d'ap.  oriçinal.  Arch.  Gôte-d'Or,  H.  1180. 

1.404.  —  1270,  mai.  —  Gui, 
évéque  de  Langres,  déclare  que 
s'il  a  donné  aux  Frères  Prêcheurs 
et  aux  Frères  Mineurs  le  pouvoir 
de  confes  er  et  de  donner  l'abso- 
lution dans  son  diocèse,  il  n'a  pas 
entenJu  leur  donner  cette  per- 
mission pour  Ls  églises  dépendant 
de  l'abbé  de  Saint-Etienne  de 
Dijon. 

'  J'yot],  llisl.  de  l'abbave  de   S'-Etienne  do 
Oijon,  Pr.  p.  I3S  ;  ex  autour.  Steph. 
Hrrqui,,ini.  Tab.  chr.,  VI.  571. 

1.405.  —  '270,  juin.  — Jean, 
sire  de  Joinville,  approuve  un 
échange  conclu  entre  l'abbaye  de 
Saint-Urbain  et  Guillaume  de 
Hauteville.  (En  français.) 

A',  de  Wailly,  Recueil  de  chartes  origina- 
les de  Joinville,  en  langue  vulgaire  (Bib. 
Ecole  des  Chartes,  &■  série,  III,  578,  pièce 
M)  ;  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  abbave  de 
S'-Urbain.  liasse  13. 

1.406.  —  1270,  octobre.  — 
Andrus  de  Roche,   femme   de  feu 


RÉPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA    IIAUTE-MARNK 


Jean  Maubert,  renonce  à  to'.ite 
prétention  sur  une  rente  de  qua- 
tre bichets  de  froment,  à  prendre 
aux  moulins  de  Doulaincourt  et 
de  Cloyes  (M.irne).  qui  avait- été 
donnée  à  l'abbaye  de  Benoitevaux 
par  Voisbourg,  temmcde  Simonin 
le  Doven.  (En  trançnis  ) 

liouillfvaux.  Notice  hisloriiiue  sjr  Benoi- 
levaux.  p.  51,  noie  H. 

1.407.  —  1271.  juiii,  Paris. — 
Jean,  sue  de  Joinville,  se  porte 
caution,  avec  d'autres  seigneurs, 
du  paiement  de  la  somme  de 
50,000  livres  tournois  que  le 
comte  de  Champagne,  Henri  III, 
promet  de  payer  au  Roi  pour 
droits  de  reliet. 

La  Hacallirre,  \  ie  du  *ire  de  Joinville 
(Méra.  Acad..  Inscript.  XX,  :V12).  —  Cal. 
.irte>  des  C"  de  Cbanip.,  n"  3^76:  dn].. 
Arch.  nat.,  J.  lt»i>,  n"  .'■•■!. 

1.408.  —  1271,  14  septembre 
(jour  de  Sainte-Croix)  —  Jean, 
sire  de  Joinville,  reconnaît  que 
l'autorisation  que  lui  a  donnée  ie 
chapitre  de  Joinville  de  faire 
chanter  la  messedans  son  château 
pendant  sa  maladie,  ne  peut  por- 
ter préjudice  aux  privilèges  dudit 
chapitre. 

Chaoïpollion.  Docum.  inéd.  relatifs  âJean. 
>ire  de  Joinville  (Docum.  inéd.  e.ttr.  de  la 
Bibl.  Royale.  I,  626)  :  d'après  cartul.  de  S'- 
Laurent  de  Joinville.  n"  L.XX.XIIl. 

1.409.  —  1271  (v.  St.),  mars. 
~  Thibaud  II,  comte  de  Bar(-ie- 
Duc),  reconnaît  que  Jean,  cheva- 
lier, sire  de  Choi.seul,  lui  doit  foi 
et  hommage  pour  la  ville  de  La- 
vernoy  (Haute-Marne);  il  lui  tait 
remise  de  tous  les  droits  quil  a 
sur  ce  territoire  et  lui  permet  d"a- 
liéner.  à  sa  volonté,  la  dite  ville 
et  ses  dépendances,  (tn  français.) 

A.  Du  Chcsne,  llist.  de  la  mai.-on  de  Bar- 
le-Duc,  Pr.  p.  37  ;  extr.  des  Archives  do 
résrlise  de  Lancres. 

'ûi-équir/uy,Tah.  chr.,  VII,  26. 

1.410.  —  1372,  30  juin.  Is- 
soudun  (mardi  après  S.  Pierre  et 
S.  Paul).  —  Lettres  de  Philippe- 
le-Hardi,  roi  de  France,  à  Gui, 
évéque  de  Langres,  par  lesquel- 
les, en  considération  des  services 
que  ledit  évéque  lui   a    rendus,  il 


déclare  qu'aucune  atteinte  iie  de- 
vra être  portée  à  cet  évèché, 

(iall.    christ,    nova.  IV,    instr.  col..    211  ; 
ex  antocrapho  archivi  Lingon. 
Ilréii'uigmj,  Tal..  chr.,  VU.  30. 

1.41 1.  —  1272  (v.  st.).  fé- 
vrier. Troyes.  —  Thibaud,  comte 
de  Bar-le-Duc,  reprend  d'Henri 
III,  comte  de  Champ.Tgne,  en  ac- 
croi.ssement  de  fief,  le  château  de 
La  Mothe  et  i,ooolivres de  rente, 
moitié  en  domaines  et  moitié  en 
fieis,  lesquelles  doivent  être  assi- 
ses dans  la  chàtellenie  de  La  Mo- 
the. et,  en  cas  d'insuffisance,  soit 
en  Bassigny,  soit  dans  la  chàtelle- 
nie de  Bar-ie-Duc.  (En  français.) 

bu  (iallauiL  Du  Franc  Alleu,  15.  —  .S'i- 
iiioiiiicl.  Relation  des  sièges  et  du  blocu*  de 
La  Mothe,  I. 

Cat.  actes  des  C'"'  de  Champ.,  n"  iiTlîS. 

1.412.  —  1272  (v.  st.)_,  fé- 
vrier. —  Renard  de  Choiseul,  da- 
moise.iu,et  sa  femme  Marguerite, 
damoiselle,  fille  de  feu  Henri, sire 
de  Brancion,  reconnaissent,  en 
présence  de  Robert  II,  duc  de 
Bourgogne,  et  de  son  frère  Hu- 
gue,  damoise.iu^.  héritiers  du  duc 
Hugue  l'y,  qu'Henri,  autrefois 
seigneur  de  Brancion^.  dont  ladite 
Marguerite  e.st  héritière,  a  vendu 
audit  feu  duc  Hugue  lY  le  châ- 
teau d'Aignay  et  ses  dépendances. 

Prrard.  Recueil,  522.  —  U.  Plancher. 
Wx-y.  de  Bourir.,  II,  Pr.  p.  i>3  ;  cxlr.  de  la 
("lianilm-  des  Comptes  de  Dijou. 

liréiiviiiiiij,  Tab.  chr..  VII,  12. 

1.413.  —  1272  (v.  st.),  fé- 
vrier. —  Robert  II,  duc  de  Liour- 
gogne,  reconnaît  être  homme-lige 
de  i'évéque  de  I  angres,  après  le 
roi  de  France,  et  tenir  en  fief- 
lige  dudit  évéque  tout  ce  qu'il  a 
à  Chatillon(-sur-Seine),  le  château 
de  Montbard,  les  fiefs  de  Griselle:; 
et  de  Larrey,  et  la  garde  de  Po  • 
tliières. 

1).  l'ianchcr,  Hist.  de  Bours.,    II,   Pr.   p. 
33  ;  extr.  du  cartul.  du  chap.  de  Lani;res. 
hii'quUjtiij,  Tab.  chr.,  VII,  43. 

1.414.  —  1273.  mai.  —  Jean, 
sire  de  Châteauvillain  et  de  Lusy, 
et  .sa  femme  Jeanne,  donnent  à 
r.jbbaye  du  Reclus  la  garde  et  la 
justiv.e  d'une  maison  sise  à  Pleurre. 


REPERTOIRE    HISTORIQUE    DE    LA.    HAUTE-MARNE 


38:v 


.1.  Dit  ('ht'siii'.  Hi^l.  (le  la  maison  de 
Broyés  cl  de  Chàtuauvillaiu.  Pr.  p.  :t()  ;  ex 
eartul.  abli.  Heolusi. 

Itivqiiigny.  Tal>.  .hr..  VII.  M. 

1.4T5.  —  1273,  mai.  —  Jean, 
sire  de  Joinville.  approuve  la 
vente  consentie  à  l'abbaye  de  St- 
Urbain  p.ir  .Aubert  d'Osue,  cheva- 
lier, et  sa  temme  Alix,  de  tout  ce 
qu'ils  avaient  à  Poissons.  (En 
français.) 

iV.  de  Vi'aillij.  Recueil  de  cliatles  orisin.T- 
les  de  Joinville,  en  lau!;ae  vulgaire  (Bili. 
Kcole  des  Charte*.  6'  série,  III,  579,  piére 
N);  d'ap.  Arch.  Haute-Marne,  Saint-Urbain 
liasse  11.  Poissons. 

1.416.  —  1273.  mai.  —  Jean, 
sire  de  Joinville,  reconnaît  qu'il 
ne  peut  faire  chanter  la  messe 
dans  son  oratoire  privé  sans  l'au- 


torisation   du    chapitré    do    Join- 
ville. 

l'Iiaiii/totlioii,  Document*  liist.  sur  .lean. 
siro  de  Joinville  (Docum  inéd.  extr.  de  la 
Bibl.  Royale,  I,  626)  ;  d'après  cartul.  de  S'- 
l.uurent  di-  Joinville,  n»  L.VXXll. 


1.417.  —  1273,  juillet.  — 
Lambert,  abbé  de  Boulancourt, 
Jean,  doyen  de  la  chrétienté  de 
Margerie  (.Vlarne).  et  Thierry, 
curé  d'Epothémont  (Aube),  font 
savoir  qu'Alix  d'Epothémont,  da- 
moiselle,  a  confirmé  le  don  fait 
par  Gautier  Bocher,  chevalier, son 
père,  à  l'abbaye  de  La  Chapelle- 
aux-Flanches,  d'une  mine  de  blé 
à  prendre  à  Valentigny  (.4ube). 


Lalorr.   Princip.     rarlu 

oi-i'-'.   Arc-li.   Hauti'-Marne 


I..  IV.  <;: 


(,1   suivre.] 


A.    irioSEROT. 


Glossaire   du    Mouzonnais 


Requerre,  requ(e)ri(r),  requê(,rre).  —  Ou  dit  le  plusordi- 
iiaifriiieril  l'cii  et  un  emploie  le  verbe  à  l'infinitif  seulement.  — 
V.  Requérir,  rccbercher,  reprendre  avec  l'idée  d'apporter,  d'ame- 
ner ;  redemander.  —  Tous  les  dimanches,,  faut  qu'on  va  le  r\;ri 
('/  iauberije. 

Ceries.  dist  frères  Gai-ins_.  Vuus  roquerez  outrage   et    cliose 
qui  pstre  ne  puel. 

(Chrun.  de  R  lins) 

Le  craintif  ouvrier  de  la  terre 
Dévolieux,  te  vient  requerre. 

(Bdïl') 

Réqueurre.  resqueurre,  v.,  rattraper,  récupérer,  recouvrer, 
aller  à  la  rescousse  (vx  rescounr).  —  Voy.  Récœurrc.  —  P.  p., 
resqucu  et  rescous. 

Marole  s'en  va  ! 
Eh  !  que  ne  l'allez  vous  reskeurre. 

{Robin  et  Aîarion) 

De  lui  rcscoure  sont  en  grant  fricon. 

(Raoul  de  Cambraij 

A  l'entrer,  rescoul  Jehan,  que  li  Turc  emmenoient  pris. 

;Joinvilli') 
l-'en  escri  le  in  ki  sa  jireie  rcsconl. 

(l'rov.  dtl  vilain) 
La  combali  si  vaillamment 
Qu'il  nscoiit  véritablement 

Le  roy. 

(Prince  noir) 

Il  n'est  ileuc  qui  la  resqeue  (La  louve  IJersentJ, 

{Rom.  de  Iknari) 

Requ)l-lie(rj,  requi-iie(r),  v.,  comme  recaler;  redresser, 
remettre  en  bon  état  (sur  sa  quille,  ou  droit  comme   une  quille). 

—  H  ai  tl'ia  chance;  c'esL  cl  affaire  là  qui  rai  heoui-iie  conina. 

—  Il  est  bin  bequi-iie  de  sa  maladie. 

Resaquer,  resachie(r);  v.,    étirer.  —  Voy.  Saquer. 
'   Voir  page  ii\,  lome  X  de  la  lievue  de  Champagne. 


GLOSSAIRE    DU    MOUZOMNAIS  38o 

Resauver  (se),   v.,   s'en  aller    précipilammeuL    rapidement, 

r.oinnic  en  séchaftpant  ou  se  sauvant   d'un    danger  ou   d'un... 

ennui.  —  Quand  j'ai   vu  qu'il   èloi    neuf  heures^  fmai   vile 
n'sAuvK  chus  nous. 

Toutes  voyos  tant  est  aie  (le  cerf) 
Qu'un  petit  marchés  a  trouvé 
Où  il  s'est  allé  rcsseaufcr. 

(Gace  (It   la   l)Ui(jne) 

Rescous,  l'.  p.,  de  resqueurre.  —  Rattrapé,  sauvé,  délivré. — 
Voy.  resqueurre. 

Il  a  rescous  cheli  kl  m'or^ille  a  coupée. 

(Gaufrei/) 
Résida,  s.  m.,  réséda. 

Résine,  s.  L,  résille. 

Resongie(i),  v.,  repenser,  se  .-ouvenir.  —  Ehbinl  je  resonge, 
j'nai  mi  fait  ma  coinmission. 

Resougnie(r),  resongnie(r),  v.,  redouter,  craindre,  appré- 
hender. —  Faut  pourlant,  quïi  fva  m^aire  arracliie{r)  in  gros 
dent;  mais  je  resougne  moul. 

Car  Diex  est  si  sofrans  que  nus  ne  le  resoigne, 

(RutebeuO 
Ne  fu  lions  nus  qui  tant  fesist  à  resongnicr. 

{fJcrte  ans  grans  pies) 

Sire,  mjlt  iloil  rcsongniir 
Sages  houi  a  mesprisier 
Ce  que  avcs  aloé. 

(G  nul  hier  de  Dargies) 

Si  rou  vient  que  li  lions  rejoigne  son  vis  et  son  regart  (de 
l'homme). 

(Bestiaire  d'amour) 

Hons  qui  atent  lele  besongne 

El  qui  nul  péril  ne  resongne 

(.lean  de  Condé) 

Si  serez  vous  cremus  et  resoignies. 

(H non  de  Bordeaux) 

Mais  dittes  moi,  je  qui  repose 

Et  qui  ressongne  travillier 

(Froissart) 

(Que)  mes  sires  estoit  en  la  mer  ressougnie. 

(Godef.  de  Bouillon) 

25 


"386  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Rol)oare,  resoigner. 

(Vocab.  lat.  fr.,  Xlll'^  s.) 

Point  ne  ressongnc  le  mal  eur. 

{Dialogue,  G.  Chastellain) 

Résouner,  v.,  résonner.  —  A  tends-tu  Y  comme  ça  rksoune,  lit 
ranon. 

Ces  valees  rcsounenl  et  li  val  et  li  plain. 

{Rom.  d'Alexandre) 
Et  si  lui  donne 
Sour  l'escu  tel  coup  qu'il  rc'soune. 

(Meraugi^) 

R'souner,  v.,  sonner  de  nouveau.  —  Pouir)  qu'est-ce  qu'on 
r'sounk  co.  don(c)?  (des  laisses). 

Résous,  résoute,  adj.  —  Résolu^  décidé,  hardi,  résigné.  — 
Çïile  pauv'  femme  là  est  bin  RiisouiE,  elle  supporte  courageuse- 
inent  toutes  ses  traverses. 

Resouveiii(r)  (se),  v.,  se  ressouvenir,  se  souvenir,  se  rappeler, 
—  Uli  1  j'mù  r'souvins  bin  dû  et  affaire  là. 

Mais  dou  fruit  vert  me  resovient. 

(Chansons  de  Thibaut) 

Respé(ct)  (sous  voV),  expr.,  formule  obséquieuse,  sauf  votre 
respect.  —  Sous  vot'  respe(ct), /iî<crans  noL'  cochon  anuit. 

Resqueurre,  v.,  récupérer,  recouvrer,  rattraper.  —  Voy. 
Réqucurrc.  —  P.  p.,  rcsqueu. 

Atanl    salent    les  Brabschons  avant  por  resqueurre  leur 
duc. 

(Jean  d'Oulremeuse) 

Et  de  ce,  la  veut- il  reskeurre 
Encontre  vous  se  vous  volez. 

(Cleomadè>) 

Vechi  les  fix  Garin  qui  ont  resqucus  ma  gent. 

(Gau/rey) 
Di  le  roi,  si  cevauce  a  coite  d'esporoa 
lîescoe  ses  amis  de  mort  et  de  prison. 

(Roman  d'Alixandre) 
R'ssaisi(r),  v.,  ressaisir. 

Ressanler,  ressaner,  v  ,  ressembler.  —  S'emploie  toujours 
activement.  —  Qui  se  r'sanle  s'assanle  —  ou  qui  se  r'sane  s'as* 
sane.  —  Ct  afant  la  r'sanle  sii  père. 

Bien  resanic  fil  demperere. 

iRlancandin 


GLOSSAIRE    DtJ    AjOUZONNAIS  3^87 

Pdf  mu  loi  vous  la  resanléa. 

(Floirc  el  Ulancujlor) 

Car  de  nature  rcsanloit  Renart. 

(Henart  le  Nouvel) 

Cil  resamblc  la  taupe  qui  ot  et  ne  voit  gouto. 

{Clianlcpkurc) 

Moult  la  resembloil  bien  Tymage 
Qui  faicte  lui  à  sa  semblance. 

{Rom.  de  la  /îost) 

Celé  nuit  reseinbla  le  jour. 

(  Tournoieincnl  Antechrisi) 

Et  vit  le  lit  ;ï  la  jjucele 
Qui  rcscmtlot  rose  novele. 

I Marie  de  France) 

Les  oiseaux  estoienl  grans,   rcsscmblans   les   hommes  de 
ma  patrie. 

(Rabelais) 

Ressenti(r),  r'senti,  v.,  ressentir.  —  P.  p.,  r'seiilu. 

Resservi(r),  r'servi,  v.,  resservir. 

Ressortir,  r'sorti,  v.,  ressortir.  —  P.  p..  r'tortu. 

Réssu-iie(r),  v.,  essuyer,  séclicr,  oter  l'Iiutnidite,  l'eau.  P.  p., 
réssu-iie.  —  Aco  trois  juu(r)s  cl  la  Itrre  serai  biii  RKssc-Ht;. 

Quant  il  vit  le  costel  moillie 
De  son  bon  fruit  qu'il  ot  tailiie 
A  la  cuisse  le  ressua. 

[M.  de  N.-D.  S''  Marie, 

Ressu-iie(r),  r'su-iie(r),  v.,  suer  de  nouveau  ;  rendre  l'eau 
par  la  peau.  —  A  c'I  heure.,  faut  r'sg-ier  tout  c  qu'ons  ai  bu. 

Ressùr,  v.,  pour  ressu-iie\r),  ressuir,  sécher,  enlever  i  eai:  — 
Si  i'  soleil  continue,  V  foin  porrot  bin  ressùr. 

Si  pures  vostre  boullon  en  un  vessel  de  bois,  el  le  less.é? 
ressuir. 

(  Viandier  de  Tailleccnt) 

Resui(v)re,  v.,  resuivre,  suivre,  suivre  eu  retour.  P.  p.,  resui. 
Voy.  sut?"  :=  sui(v)re.  —  J'iai  resui  {à  dislance)  jusqu'au  bos  ion 
Roi. 

Retarzer,  v.,  relarder.  —  Voyez  larzer.  —  LViorlour.  hec^rze 
dit  dix  rrtinules. 


H88  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Reté,  r'té,  rété  P.  passé  du  verbe  raller  ;  être  allé  de  nou- 
veau :  retourné.  —  J'di  u'tk  u'  fois  à  Roucon(r)t  dud'puis  la  fête 

Reteiad(r)e,  v.,  reteindre,  teindre  de  nouveau.  —  P.  p., 
relchidu.  —  Si  c  raube  là  étot  reteindue,  elle  sero(l)  aussi  belle 
qui(  nùce. 

Reteius,  adj.,  retenu,  —  C'est  mi  qui  rai  retei.ns  l'premie(r). 

Sinon  que  soys  par  vous  tim  en  commande. 

(Pierre  Fui  feu) 

S'il  n'est  ainsi,  je  suvs  tins  pour  recreu. 

(Id). 
Souvent  lu  lui  a  tins  ce  langage. 

(Farce  d'un  mary  jaloux) 

Retélée,  s.  f.,  une  période  de  temps  pendant  laquelle  on  a 
«  retélé  ». 

Retéler,  v.,  ramasser  (le  foin)  avec  le  râteau. 

RetéleuS;  retéleuse,  s.,  qui  retèie.  —  J'aiis  besoin  d'si(x) 
RETKLEUs  })Ou{r)  d'maiii. 

Retélures^.  s.  f.  pi.  Ce  qu'on  ramasse  avec  le  râteau  sur  un 
champ  où  l'on  a  déjà  fait  les  las  (ou  buriaiis). 

Rétend(r)e,  v.,  étendre,  allonger,  distendre.  —  X'iu  retends 
mi  comna  !  le  cuir  nii  serai  mi  chier  c't  année  ci. 

Reténii,r),  v.,  retenir.  —  Se  conjugue  sur  tenir.  —  Le  p.  p.  est 
reténu,  reléni  et  parfois  reteins,  surtout  avec  la  signification  de 
réservé,  acheté  à  terme  ou  à  livrer  plus  tard. 

Et  qui  pecie  vos  liETENnÉs  soient  retenus. 

(Seryn.  de  Maurice  de  Sulbj) 

Ja  sor  toi  rions  ne  relenrrai. 

(CastoiemenI) 

Les  fiez  du  chaslel  qu'il  reienroit  a  son  huez. 

[Règl'  Thibaut  IV,  1224) 

Car  je  relenrai  les  autres. 

(Comtesic  de  Ponthieu) 

Retiaus,  retê(l),  s.  m.,  râteau,  ratel. 

Raslrum,  rasliaus. 

iVoc.  lat.  fr.,  XIII'  s.) 

Retirer,  retraire,  v.,  conserver  des  traits,  ressembler.  — 
(  'est  curieux  comme  i  retire  sus  s'n  onc(le). 

Ge  reirais  plus,  si.re,  à  mon  père. 

(Fabliau  de  la  dame  escoillêc) 


GLOSSAIRE    DU    MOU'/.ONNAIS  3^"J 

Retirer  (se  faire),  v.  —  Pliotog-raphier  (se  fairei. 

Retraire,  v.,  retirer,  ùter,   enlever.    —    Rare    aiijourd'luii.  — 
Hetra-iez  d'à  cotr  lima  porte. 

R'ét(r)e,  r'ièt  r)e,  v.,  re-f'tre,  être  de  nouveau.  —  Se  conju- 
gue sur  être  :  Jii  r'sos,  i  r'est,  ju  i^'sans.  —  J'r'étos  —  Jii  r's'rans. 

—  N'i  avol  lonçjlas  qu'il  avol  quille  ;  mais  i  r'est  à  s'n  ancienne 
place,  il  a  réoccupé  son  poste.  —  Toul  d'mcinme,  si  4'ri':t.\in>  co 
'n  fois  comme  i  n'i  ai  cinq  ans  ! 

Ne  sai  pis  s'endormie  r'est  (si  elle  est  rendormie). 

(Cléoynadi-s) 
Atant  se  rest  mis  au  repaire 
A  sa  fiime  se  rest  clamé. 

(Fabliau  de  l'Evesque) 

Rétroici(r),  v.,  rétrécir.  —  P.  p  ,  rélroici. 

R'troussie(r),  v.,  retrousser, 

Rétu,  adj.,  solide,  bien  venu,  bien  vivani.  —  S'dcmisQ')  afant 
est  bin  RÉTP. 

Retumer,  v.,  retomber.  —  Qu'on  prend  l'chemin  qu'on  veut, 
on  RETL'ME  loujou(rs)  à  la  meinme  place. 

Reuchi-iie(r),  v.  —  Vov.  rauchi-iie(v). 

Réuni(r),  v.,  réunir. 

Reun-me,  s.  f.,  rhume,  toux.  —.lule{s}  ai  'a  mauvaise  mius^dE. 

—  Rheum  est  encore  dans  le  vocabulaire  anglais. 

Dist  Renart  :  j'aila  rume  chue 
Porquoi  j'ai  troublée  la  vehue. 

{Rom.  de  Renarl) 

La  sacellation  laite  de  la   pouldre   de   mente  restreint  ia 
reume  froide  de  la  teste. 

(Jardin  de  santé) 

Ils  coupent  chemin  a  toute  délluxion  de  Rheume. 

(Montaigne) 

Reup^  s.  m.,  rot,  vent  qui  sort  avec  bruit  de  l'estomac.  C'est  ce 
qu"Oudin  appelle  un  souspir  d'Allemand. 

Reuper,  v.,  roter,  faire  un  reup  (Ce  mol  est  employé  par  saint 
Bernard,  dans  un  de  ses  sermons  et  sous  la  forme  de  reupemenz  : 

—  termes  signalés  par  La  Curne  {Serm.  S.  Bernard,  f.  p.  23j. 

Réussi(r),  v.,  réussir. 


390  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNATS 

Reutelet,  s.,  roitelet,  oiseau.  —  J'sais  in  hiav  nie  (lit  reute- 

LKTS. 

Revange,  s.  f.,  revanche. 

Que  s'il  no  soit  en  lin  mauvais 
Qui  ne  se  revange,  s'il  puet. 

(Floire  et  Blanceflor) 

Pour  le  regard  de  la  revanije  du  Sienois. 

(Claude  Kaucliet) 

Revang'ie(r),  revengie(r),  v.,  revancher,  venger. 

11  s'en  scûst  bien  rcvcngier, 

(Lai  de  l' ombre) 
Et  l'ame  dolente  ne  mot 
Point  de  peine  à  lui  revcngicr. 

(Watriquet  <lf;  Couvin) 

Petits  i>t  foihlos   enfans   n'a  voient   autre    manière    do    se 
revangier. 

((iiTSOn) 

Knconli'o  vous  voldrai,  monseigneur,  rcvengier. 

[Du  Guescim) 
Il  s'en  seust  bien  revengier. 

(Chevalier  qui  dotma  l'anel) 

R'valoi'r),  v.,  revaloir.  —  J'tu  r'vaurai  ça. 

Réve-iieir),  reveillier,  v.,  réveiller,  éveiller. 

Los  dames  solies  resveillier. 

(Dance  macabre) 

Revendeus,  s.  m.,  vendeur  de  vieux,  regrattier.  —  Le  fémi- 
nin est  ordinairement  revendeuse,  mais  parfois  revenderesse.  — 
Les  e  Assises  de  Jiiérusalem  »  emploient  regraliers  en  français  et 
revendilori  en  italien. 

Ij'uno  fut  d'ognons  revenderesse. 

(Eloy  d'Amerval,  G'^e  Diablerie) 

Kevéni(r),  rûv'ni(r),  v.,  revenir.  —  Se  conjugue   sur   venir. 
—  R'viNs  y  in  peu!  —  Aussi  le  sens  de  Faire  effet,  impression 
Cgarcon  là  n'mii  «'vint  mi  bin,  sa  tournure,  sa  façon  de  faire 
m'est  désagréable. 

Atent  moy  clii 
Dessi  que  revenrray  à  li. 

(liichars  li  Bin  us) 

Nous  revanriens  là  noslre  dimago, 

(Car lui.  d'Orvol,  1292) 

()i-  rcceiiroiis  a  imstro  niatore. 

(C,hTO}i.  de  ftams) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  391 

Mais  je  revenraij 
Tout  le  plus  tost  i|uo  jo  pourray. 

(Miracle  de  Clouis) 

Reviquer,  reviv(r)e,  v.,  revivre,  revenir  i  la  vie. 

Li  roisignos  a  jà  chantei 
Les  chans  rt'araors  si  enflamei 
Que  11  morts  en  raviquent. 

(Chanson,  Ane.  textes,  1886) 

Revo-iure  (à  la),  exp.  au  revoir,  à  la  prochaine  rencontre. 

R(ev)oir,  v.,  revoir.  — Se  7''oir,  penser  et  voir  ce  qu'on  était 
à  un  moment  donné  :  Quand  lit  vin{s)  en  uniforme,  j'mû  r'ois 
ou  ri'cjiment. 

Revou-iie,  adj.,  reparti,  parti.  —  Quant  il,  anl  venu  (v)oir 
après  nous,  j'élains  d'jà  r'vou-ie.  —  C'est  ravoyê,  remis  dans  la 
voie. 

Rewaitie(r),  v.,  regarder  attentivement,  parfois  insolemment. 
—  De  ivaitie{rj  qui  est  le  même  que  guailier,  veiller,  surveiller, 
guetter.  —  Signiiie  souvent  prendre  en  considération  :  Personne 
nil  la  REWAiTE. 

La  nuit  la  guaitent  entresqu''a  l'ajurnée. 

(Chanson  de  Roland) 

I  rwetle  en  Champagne  si  l'Picardie  brûle  (il  louche). 

(Dicton  Ronchi,  Prou,  de  Lincij) 

Revsrairder,  rewârder,  v.  (à  la  l'rontière),  regarder.  —  <Ja 
ne  vous  rewairde  ni,  oh!  dijez. 

Si  est  ilh  que  nous  rcivardans  le  grant  niesaise  de  no  j)eu- 
pie. . . 

(Chartes  de  NtvcUcs,  1372) 
Rewidier,  v.,  revider,  virier. 

Si  reicidierent  chelui  estage,  ne  onques  n'i  osèrent  demorer. 
(Rob.  de  Clari,  Estoircs  de  C ouatant inob le) 

Rez  (au),  exp.  au  ras.  —  I  faut  couper  les  aubes  au  hez  don 
mur.  Participe  du  verbe  rèj'e,  tondre,  raser;  conservé  dans  rez- 
de-chaussée. 

Rezin,  s.  m,,  raisin.  —  On  dit: rfo/iR'ziN  a'caisse  pour:  du  raisin 
sec  ou  de  Corinthe. 

Rhabillie(r>,  v.,  rhabiller,  remettre  ses  habits  :  ou  acheter  des 
habits  nouveaux. 

R'haussie(r)  (h  très  aspirée),  v.,  rehausser,  exhausser,  suré- 
lever. —  P.  p.,  rliaussie. 


3ÏI2  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

R'hawer,  v.,  re-houer,  donner  une  seconde,  une  troisième  cul- 
ture avec  la  houe,  aux  pommes  de  terre.  —  I  va  binlôt  ièl(r)e 
temjn  dïi  r'hawer  Isa  canadas. 

Riban,  s.  ni  .  ruban.  L'anglais  dit  ribbon. 

Un  bienfaitis  patin 
A  ribans  d'or  a  ta  jambe  lié. 

Que  ni  les  cotes  violetes 

Les  ribans^  ni  les  ceinluretes. 


(Bâïf) 


(Ronsard) 

Riblette,  s.  f.,  petit  morceau,  languette,  lanière.  Anglais,  rib, 
cote,  côtelette.  —  Littré  donne  griblelle.  —  J'vauros  bin  ine 
RiiiLETTE  du  viande. 

C'est  a  toujours,  j'ay  beau  cifUer 
Griller  fera  mes  ribelettes. 

(Débat  de  charité  et  d'orgueil) 

Mêlés  la  riblèle  de  lart  entre  deux. 

(Viandier  de  Taillevenl) 

Ribote  (en),  ivre,  pris  de  boisson.  —  Un  homme  qui  est  en 
train  de  boire,  de  faire  la  fête  est  dit  en  noce  ;  si  l'on  dit  qu'il  est 
en  ribote,  c'est  qu'il  est  déjà  ivre. 

Rie  (Tout),  exp.  adv.,  tout  juste,  très  exactement.  —  Oh!  i 
niai  d'nc  mes  douze  francs  tout  ric. 

Rie  à  rac,  exp.  adv.,  exactement,  précisément,  rien  de  plus, 
rez-à-rez.  —  J'I'ai  livré  ric.  a  rac  ;  j'fais  vfdevoir  ric  a  rac. 

Ricasser,  v.,  ricaner,  rire  en  dessous  ou  à  part,  et  en  se 
moquant. 

Riche,  adj.,  excellent,  superbe,  copieux.  —  V'ià  in  RicaE  blé  : 
—  c'est  in  RICHE  temps.  —  J'arans  'n  riche  année. 

Richemat,  adv.,  richement. 

Ridiau,  s.  m.,  lideau. 

Ri(e)n,  ren,  pron.  indéf.,  adv.;,  parfois  subst.,  rien.  —  /  s' fau- 
che pou(r)  in  ri.n. 

Riez,  rièses,  s.  f.,  terres  incultes,  friches. —  On  parle  souvent 
des  rièses  de  liocroi. 

Les  terres  demoroient  en  ries. 

(Froissart) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  393 

Sont  lie  présent  en  rieses  et  savaris. 

(Compte  de  Mouzon,  lolo) 

Rifler,  v.,  ràtler,  éiùfler,  passer  en  rasant,  frôler,  effleurer .  — 
Knlever  en  riflant.  —  J'ai  rifli'  toutes  les  nuerzelles  qui  n'i  avot 
sus  la  viall(rc)  branche. 

Et  aloit  en  planant  pluslosl  c'uns  arundiaus 
De  si  pri'S  qu'il  ri/loit  gloif;res  et  houriaus, 

(Roi  de  Séz.ik,  Rutebeuf) 

Il  auront  mangé  et  rif/té  tout  ce   que    nous  avons  en  ce 

pais. 

(Froissart) 
Commence  la  hue  a  nestre 
Laquelle  fait  tenlir  les  roches 
Car  quarriaus  issent  jà  décoches 
Si  con  pierre  les  en  erri/lent 
Chaillos  braient,  sajetes  siflent. 

(G.  Guiart,  Branche  des  roy.  lifjn.) 
Riflure,  s.  f.,  érâflure. 

Rigolade,  rigoloue(r),  s.  f.,  glissade,  glissoire  (préparée 
sur  la  glace),  voie  le  long  de  laquelle  on  glisse. 

Rigoler,  rigouler,  v.,  couler  (rivulare)  ;  —  et  aussi  :  glisser 
sur  la  glace.  —  .4  l'hiver,  les  garçons  et  les  filles  vaut  kigoler  sus 
l'giié. 

Rigolisse,  s.  m.,  réglisse,  —  Ce  terme  est  en  usage  à  Jersey  : 
.-1  force  de  chuchi  du  rigolisse  (Bram-bilo).  —  il  semble  que  l'An- 
glais ait  simplement  transposé  \'r  et  17,  car  il  dit  :  licorice  (Voy. 
la  .3^  citation).  Le  Livre  des  Métiers  emploie  réguUsse  et  recolice. 

Por  citoal  et  por  espice 
Por  qneneie  et  por  ricolice. 

(Fabliau  Prestre  et  Alison) 

Dame  Avinée  aporta 
Et  gyngembres  et  rirolisse. 

(Fabliau  de  Milon  d'Amiens) 

Liquiricia,  ricolisse. 

(Gloss.  Rom.  lat.,  XV"  s.) 

Cest  chasteau  est  en    pais   de   montaignes  et  y  croist   le 
regalice. 

{Voy.  d'oullreiinr  en  Jhérusaleiii) 

Et  poivre  i  ot  et  citoual 

Et  recuelisses  en  mains  sens. 

(Blancandin) 


394  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Denianilt'z,  dist-il^  recolicc 
Ou  clos  (le  girolle  ou  caneie. 

{Fabliau^  Bourse  pleine  de  sens) 

De  la  rtyolice  pour  des  ospingues. 

(Friquassée  crotestyllonnée) 

Ri-ieus,  ri-ieuse,  adj.  et  s  ,  rieur,  rieuse  ;  gaie,  gaie  ;  bon 
enfant. 

Parlons  d'une  franche  lippée 
De  fous,  de  droslcs  et  de  rieux. 

(Ane.  th.  franc.,  LV,  lo2) 

Rin,  ren.  adj.,  adv.,  s.  ;  rien  (de  rem,  chose). 

Ilhe  fut  cargiet  que  raynez  que  on  fâche  tant  que  ilhe  syet 
en  cheval  ne  valent  rinSy  car  on  ne  le  puet  de  rins  atendre 
par  mal  raynier. 

(Li  Paweilhars) 

Et  ne  doibt  ly  mambour  estre  de  rin  saisis  par  les  péris 
qui  en  puelent  advenir. 

(Patron  délie  TemporalileïL) 

Ne  s'en  vont  l'arcevesques  de  ren  humilier. 

(Thomas  le  Martyr) 

Mes  nul  n'en  sut  ren  de  son  i)ère. 

{Merlin) 

Riucinette,  rinçounette,  s.  f.,  le  petit  verre  d'eau-de-vie  qui 
termine  une  suite  de  précédents  petits  verres,  et  destiné  à  rin- 
cer, nettoyer  le  gosier. 

Riotte,  s.  f.,  querelle,  dispute.  —  C'est  loujou(rs)  à  s'7i  occa- 
sioii  qui  n'i  ai  des  riottes  das  iviUage.  —  Le  Bois  de  la  Riotte  a 
été  le  sujet  de  bien  des  querelles,  dès  le  .xv  siècle,  entre  Mouzon 
et  la  Ferlé. 

Or  sus  !  laissons  toutes  rihotes  et  débas  ester. 

(Evangiles  des  Quenouilles) 

Ensi  par  celé  dame  sote 
Comenra  covine  et  rihote. 

[Chron.  de  Ph.  Mouskès) 

Et  quant  la  Dame  sent  et  note 
Cest  torment  et  cesle  riole. 

(Rom.  de  la  Rose) 

Je  veux  que  vous  cessiez  vos  riottes  et  que  vous  soyez 
comme  les  deux  doigts  de  la  main. 

(Ane.  th.  franc.,  IX,  33) 

Ces  petites  noise(ttes),  ces  riottes,  qui  j)ar  certains  temps 
sourdent  entre  les  amans,  sont  nouveaux  rafraîchissements 
et  aiguillons  d'amour. 

(Rabelais) 


GLOSSAIRE    DU    MOU/ONNAIS  395 

Riotter,  v.,  se  quereller,  se  disputer,  se  battre. 

No  vous  riliolds  plus  ensamble  de  ma  prise. 

(Kroissart) 
Ripopette,  s.  1'.,  ripopée,  ribanbelle. 

Rire,  v.  —  Ou  prononce  :  j'ri-ios,  a  ri-iant. 

Ris,  s.  m.,  rire,  risette.  —  l'aiscz  vot'  hiaiis   nis,   mon  gueux. 

Cil  entent  la  parole,  d'orguel  .a  fait  •!•  ris. 

{Rom.  d' Alexandre) 

Risib,l)e,  adj.,  risibie.  —  S'applique  aux  personnes  :  gai, 
joyeux,  qui  fait  rire.  —  C'est  iif  homme  moul  fjrnti(l)^  allez  !  el 
RisiBt  en  société,  don[c)  ! 

R'iu,  P.  p.,  de  fa{v)oi{r). 

Rivî{è)re,  ruvi(e)re,  s.  f.,  rivière  (sur  la  Obiers). 

Quant  frus  de  terre  sont  destrus  enlirement  par  trop 
grandez  eawez,  soit  de  rivir  ou  de  lavas  des  riwauz  qui  li 
wangniez  ne  puet  défendre. 

{Li  Paweilhars) 

Robin,  s.  m.,  robinet,  —  Aussi  :  taureau.  —  Il  esl  temps 
d'meinner  la  vache  au  robin. 

Que  nuls  bouchiers  ne  lavent  trippes  crues  dedans  les 
bacqs  des  fontaines  ou  robins  de  Mézières. 

[Ordomi.  du  XVI^  s.) 

Rochie(r),  v.,  enduire  de  boue,  de  mortier;  salir.  —  P.  p., 
rochie.  —  Il  ai  pouîHanl  KocnxE  s''pantalon  f  qu'aux  genoux!  — 
Tans  fait  RoceiE(R)   les  quat"  murs  dïi  la  chavib(re)  di'i  drie(r). 

Roci-ion  (de  pomme),  s.  m.  Ce  qui  reste  quand  on  a  roci-iie 
ou  rauci-iie  fv.  ce  motj  une  pomme.  —  On  dit  aussi  :  tord-ion. 

Rognon,  rougnon,  s.  m.,  coup,  coup  de  genou.  —  iV'RKOivE 
pas,  j'tu  fous  in  rougnon  das  les  fesses  ! 

Rogôme,  s.  m.,  boisson.  —  Il  ai  d'jà  pi^ins  in  verre  du 
ROGÔME  à  toutes  les  chapelles,  il  a  déjà  bu  dans  tous  les  cabarets. 

Roguin,  adj.  el  s.,  rogue,  revêcbe.  —  Le  mot  est  devenu  nom 
propre. 

Rô-ie,  s.  f. ,  raie,  roie,  sillon  fait  par  la  cbarrue.  —  Sorte  de 
fossé  peu  larj^e.  —  C'est  quii  fit  fouiros  in  cnp  d'pie{d)  das  ta 


39G  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

RoïE  don  fi/(/),  là,  mi!  —  L'expression  «  cinquante  arpents  en 
roie  »  signifie  qu'on  a  aO  arpents  pour  chacune  des  3  roies  de 
l'assolement,  savoir  :  le  ira-ien  (blé);  le  mar{s)  (avoines)  ;  larer- 
sain-ne  (non  culture). 

Roige  (à),  expr.  adv.,  à  rouir. —  On  jnet  dj  chanvre  à  roige., 
c'est-à-dire  sur  le  pré,  ou  dans  le  ruisseau,  pour  le  rouir  (rubes- 
ceie).  L'eau,  la  roîée  rougit  le  fil,  le  brin  ligneux  du  chanvre.  On 
dit  aussi  Roise,  et  c'est  le  vieux  mol.  Notons  que  le  vieux  français 
avait  roiije.  roigir,  rouge,  rougir.  Un  grand  nombre  de  villages 
possèdent  un  lieudit  les  lioises  ou  les  lioigcs.  qui  maïque  que  la 
coulure  servait  d'ordinaire  à  recevoir  le  chanvre  ou  le  lin  en  vue 
de  le  rouii . 

Ro-iie^  adj.,  rové,  jouxte,  situé  roie  à  roie. — Not' lerrr  est 
Ro-iiE  la  tous  d\Maljean. 

Jehans  devoit  refaire  le  mur  par  fjuoi  damage  n'en  venist 
à  ses  rotjés. 

{Arch.  adm.  lieims.  1302) 

Une  pièce  à  Epiémonl  qui  est  de  son  héritage  roies  maistre 
Jacques  de  Bourc. 

(Cart.  de  Relkel,  1325) 

Ro-ion,  rou-ion,  s.  m.,  heurt,  talus,  rampe  très  raide  ou 
abrupte  entre  deux  champs  de  niveaux  dillerents.  —  Ce  mot,  très 
ancien,  signifiait  jadis  roie,  sillon,  terre  relevée  ;  puis  a  servi  à 
désigner  des  limites,  et  c'est  peut-être  avec  cette  dernière  accep- 
tion qu'on  le  voit,  dans  les  auteurs  romans,  flamands  ou  wallon?, 
servir  à  remplacer  le  mot  royaume,  ou  grand  pays  soumis  à  une 
domination  quelconque. 

Puis  ont  le  corps  iiorlé  en  un  autre  roion  (sillon)  ; 
Une  fosse  i  ont  faite,  si  enfoent  Guion. 

[Chanson  d'Antioche) 

Rois  dépouillies  [jouer  aux)  ;  se  dit  d'un  jeu  de  caries,  où 
l'un  des  joueurs  doit  rester  sans  habits  et  dépouillé.  Expr.  prover- 
biale (Oudin). 

Roise.  —  Vo.v.  Jioige. 

Rôler,  V.,  rouler,  baguenauder,  se  promener  en  cherchant  et 
furetant.  —  N'i  ai  in  heure  qu'i  rôle  das  la  maijon. 

Rorapure,  rompeur,  s.  f.j  rupture  et  exclusivement  hernie. 
On  dit  de  (juelqu'un  qu'//  est  rompu,  pour  «  il  a  une  hernie  i. 

Ronchi-iie(r|,  v.,  ronchonner,  marmotter,  repasser,  ruminer 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAÎS  397 

ses    pensées  ;  —  rogner,    l'ogiioiiiier,    maugréer.  —  Quoi  'c'  fiuii 
rnoM.HiE.s  das  Les  dents  Y  —  C'est  le  vieux  français  lîaiigier. 

Cil  moine,  cil  abbo  croulant 

Doivent  touz  jours  lez  un  pilier 

Siaumes  (psaumes)  raugier  ot  niorineler. 

(Gautier  de  Coincy) 
Vos  me  ronc liiez  lez  l'oïe 
Gant  je  dor  leis  vos  costeiz, 

(Pastourelle,  XI II'  s.) 

Ronci-iie(r),  voy.  rauci-ie{r) ,  v.,  ronger,  manger,  ronger. 
—  Voy.  aussi  Ron(jie{r). 

Rond,  adj.,  plein  de  nourriture,  en  parlant  des  animaux,  et 
spécialement  des  moutons  et  bêtes  à  cornes,  dont  la  panse  prend 
l'apparence  d'une  sphère.  —  Nos  vaches  sant  bin  rondks  !  fai 
'pea(r)  qu'elles  nu  soi-io.nl  gon/Ues.  —  S'emploie  aussi  en  mau- 
vaise part  pour  les  personnes  ;  ivre,  saoul  :  Ah  bin  !  tu  sais, 
Erness,  il  est  rond!...  —  Enfin  se  dit  de  la  femme  enceinte  : 
Eh!  la  petite  mère  Pingard,   elle  coumacc  à  ièl(r)e  jcliment 

RONDK. 

Rondi-iot,  s.  m.,  gâteau  de  forme  ronde  qui  reçoit  aussi  es 
appellations  de  rou-iol,  lourni-iot,  micliot. 

Rongie(r);  v..  ronger. 

Illec  cuide  rungier  l'eschine. 

(liom.  de  Renarl) 

Roquer,  v.,  frapper  une  bille  avec  une  autre;  croquer,  don- 
ner un  croc  ou  choc.  —  Ruiner  au  jeu  :  J'sos  rooué  :  i'  n'  mil 
res{te)  pus  rin.  —  On  emploie  aussi  roque,  au  lieu  de  roqué  :  je 
SOS  ROQUE,  je  suis  ruiné,  dépouillé,  je  ne  possède  plus  rien. 

Rô.sie(r),  s.  m.,  rosier.  —  On  connaît  le  «  Père  Hosie{r)  »,  qui 
est  un  ancien  jardinier,  aimant  et  cultivant  les  roses  avec  une 
certaine  prédilection. 

Rossette,  s.  f. ,  poisson  de  couleur  rousse  ou  rou-sàtre. 

Roter^.  V.,  ranger,  mettre  en  place,  en  rang  (rote,  rangée, 
bande,  troupe}.  —  I  faut  uoter  les  bel(les)  assiettes  sus  l'mein- 
naoie(r). 

Apres,  les  chars  vienent  sans  dute 
Plus  de  quatorze  en  une  r:te. 

(Rom.  de  Renarl) 

Rouage,  s.  m.,  trace  du  passage  d'une  roue.  —  Tu  n'oseros 
dire  quû  t'  n'ais  mi  passé  là!  on  (vioil  co  les  rou.ages  dii  t'  cher. 

Rouchai^  roussiaus,  s.  m.,  missel,  ruisseau. 


398  GLOSSAiRJi:    du    MOU'/ONNAIS 

l'oiir  jiasser  ung  [wCû  ruisscl  qui  est  appelés  Codroii. 

(S'  Voyage  de  Jhérusalem) 

D'illoc  ;iu  uiousiior  Suint  Marciau. 
Qui  siet  près  d'ung  petit  ruissiau. 

(Églises  de  Paris  en  1 32o) 

Les  sept  pélicions  sont  comme  sept  1res  bêles  pucheles, 
(jiii  ne  cessent  de  puisier  de  ces  sept  ruissiaus  les  yaues 
vives,  pour  arrouser  les  sept  arbres  qui  portent  le  fruit  de  la 
vie  perdurabio. 

{Mircour  ilu  monde) 

Roûcou(r)t,  s.  m.,  Haucourt. 

Roûcoûtie(r),  s.  m.,  luibitaiil  de  Haucourt. 

RoufFe,  s.  r.,  gittle,  lape,    revers  de   main  j  —  làclee.  —  H  ai 
)'rH  'n  belle  uouiKK,  va  ! 

Rougecudj,  ^.  m.,  rouge   queue,   oiseau.  —  Il   existe   aussi  le 
Blanc  cu(l\ 

Rouges  bêtes,   s.  f.    pi.,   les  animaux   à    cornes,   vaches    et 
bo'ufs,  par  opposition  aux  moutons,  dits  bêles  blanches. 

Rougettes  (les),  s.  f.  pi.,  marques  de  la  rougeole  ;  la  rougeole. 
—  J'ai  iu  les  rougettes  quand  fêlas  co  toni  pclit. 

Rougi(r),  V.,  rougir. 

Rougne,  s.  f.,  rogne. 

Rougnie^r),  v.,  rogner.  —  P.  p.,  lovgnic. 

Ains  te  menasceiit  la  l(?sti,'  à  rooingnier. 

(R;ioul  (il-  Caulhrui, 

Ausi  comme  un  l'rurc  meneurs 
Se  viest  et  se  lait  rooingnier. 

(Rcnart  le  Nouvel) 

El  il  lor  fera  somjjres  les  lestes  réavgnicr. 

(Thibaut  de  Marly) 
Rougnon,  s.  m.,  rognon. 

Rougnure,  s.  f.,  rognure. 

Rou-iie(r),  v.^  rouler,  retourner.  —  Il  étol  si  en  colère  qu'i 
s'ni  Rou-iiK  par  lerre  pendant  in  quart  d'heure. 

Rou-iiot,  roulot,  s.  m.,  gâteau  en  forme  de  roue  ou  de  cou- 
ronne. Vov.  Toarni-iot  et  rondi-iol. 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  399 

Roule,  s.  m.,  rouleau,  cylindre  lourd,  de  bois,  de  pierre  ou  do 
fer,  servant,  en  agriculture,  à  briser  les  mottes  de  terre  ou  bluu- 
ches. 

Roule  (à),  expr.  adv.,  à  foison,  en  quantité,  très  serré,  se  dit 
plutôt  à  propos  des  herbes.  —  On  a  déjà  trouvé  l'expression  à. 
hocc  pour  les  fruits.  ~-  JSl'l  aval  des  blés  \  roule. 

Roulée,  s.  f.,  raclée,  rossée,  volée  de  coups. 

Rouler^  V.,  passer  avec  le  roule  sur  la  terre  pour  briser  les 
mottes. 

Rouleus,  euse,  s.,  vagabond,  pauvre  hère.  —  Le  féminin 
comporte  l'idée  de  mauvaise  vie.  —  ('ntc  fiUc   là  y  c  n'est  qn'inc 

UOL'LEISE. 

Roupi-ieus,  adj.  et  s.,  sale,  qui  a  le  visage  malpropre,  la  rou- 
{lie  au  nez. 

Et  vous,  rebelles  ronppieux, 
Qui  a  eulx  vous  estes  adhers. 

(Christine  de  Pisan) 
Rousée.  s.  f. ,  rosée. 

Il  ne  me  chaut  d'esté  ne  de  rousée .  . 

(Perrin  d'Angecourl) 

La  rousée  enrousanl  de  may. 

(Gautier  de  Coincy} 

Ains  ne  vivent  se  durouscc  non. 

(^Bestiaire  d'amour) 

La  l'ueile  pert,  el  la  rousée 
Monte  sur  l'erbe  ki  verdoie. 

{Dolopatlws) 

Rousse,  adj.,  roux.  —  Subst.,  un  homme  roux;  —  un  lièvre. 
Tous  les  gens  dit  c  pays-la  sant  kousses.  —  C'est  in  laid  housse. 
—  AUans  (v)oir  in  peu,  allons!  sij'luerans  in  rousse.  —  On  dit 
parfois  Roussiau,  qui  est  devenu  nom  propre. 

Je  resvois  que  je  voyois  un    grand  petit  homme  rousseau 
qui  avoit  la  barbe  noire. 

[Ane.  th.  français^  IX,  a") 

Rousselet,  s.  f. ,  nom  dune  sorte  de  poire  rougeâtre  ou  rousse. 

Roussiaus,  s.  m.,  voyez  rouchai;  ruisseau. 

Desoz  est  le  ruissiaus  de  Cédron. 

(Guill.  de  Tyr; 

Roussi(r);  V*,  roussir. 


400  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAlS 

Roustiir},  V.,  rôlir,  roussir,  brûler,  luer,  ruiner.  —  Il  ai  binlôl 

'lé  RorsTi. 

Vucil  je  que  roustissiez  son  corjjs 

Tant  qu'a'nsi  iine. 

{Miracle  6'  Lorens) 

Route,  s.  1'.,  suite  dobjets  raugés  eu  ligne.  —  C'est  le  vieux 
mot  rote,  bande,  troupe,  file.  —  J'nns  planté  douze  routls  dii 
canadas  das  nol-  matitire. 

\\'q\\  0  !uy  une  granl  roulle 
De  disciples  qui  le  suivoyent. 

(Moralité  de  chanté) 
Et  tant  y  furent 
(^^•iie  par  là  passa  une  route 
De  chevaliers. 

{Méraugis  de  Porlle&ijuez) 

Rouverre,  rouverd(r)e,  v.,  rouvrir. 

Rouvi-ion,  s.  m.,  liseron  traînant  à  terre,  convolvulus  des 
champïi. 

Roynette,  s.  f. ,  reinette,  petite  reine.  —  Aujourd'hui  exclusi- 
vement nom  propre. 

N'a  sûus  le  ciel  plus  haute  mescine 
Fille  de  roi,  ne  de  ro'ine. 

(Amadas  et  Ydoine) 
Envie  y  estoit  et  haine 
Et  avarisce  la  ro'ine. 

(Voie  de  Paradis) 

Ru    s.  m.,  ruisseau. 

Li  rus  de  la  fonleinne  couroit  parmi  le  courlii. 

(Join  ville) 

La  ])onne  que  on  disl  au  Charii'.e,  ([ui  est  sour    le   rui  (jui 

vient  de  Valaines. 

{Car t.  de  Rcthel,  12b8) 

Ruchie(r),  s.  tu.,  rucher. 

Rudement,  rudemat.  adv.  N'a  pas  d'autre  signification  que 
durement^,  fortement,  abondamment.  —  C'est  rcdeme.nt  malaijie. 
—  C'est  nuDiiMENT  biau. 

Rue,  rti-ie,  s.  1".,  rue.  —  Aussi,  roue.  —  On  devine  ce  quest 
la  rue  des  pets  :  un  jeu  consiste  à  faire  passer  le  joueur  entre  les 
jambes  d'un  autre,  et  il  dit  alors  être  passé  par  ladite  rue. 

La  marrast.-'e  des  trois  rois 
Qui  a  l'entre-pèle  roule 
Pour  une  culaine  goûte. 

(Li  fatras  de  Haimondin ,  Watriquel) 


GLOSSAIRE    DU    MOU/ONNAlS  401 

Ruer,  ru-ier,  ru-iie(r),  v.,  jeter,  lancer.  —  P.  p.,  ru-ite.  — 
Faile(s)  attention,  là!  /j'rc-iez  pont  de  pierres  das  lea  fernctes. 

Uns  homs  sor  ses  bras  apiiics 

Qui  vers  occident  a  ruiés 

Ses  piedz  et  ses  cuisses  and 'US. 

(liom.  de  la  lîose) 

Tul  le  hernois  ont  l'u  un  niunt,  ra-ié. 

(Coronciiient  Loois) 
L'en  leur  ruoil  lioe. 

((inill.  de  Tyr) 

iMns  lonc  ou  on  ne  poruit  une  pierre  ruer. 

(liom.  d'Alidcandre) 

S\  y  appercevrez  ruynes  de  citez,   deslrnccions  de   villes 
et  chasteaulz,  lorteresses  ruées  par  terre. 

(dlirist.   de  Pisan) 

Et  quant  il  n'oL  mais  que  jeter 

Ne  que  lanchier  ne  que  rutr 

{Rom.  de  Brut) 
l>"eve  sor  la  teste  li  rue. 

(Rom.  de  Renart) 

Je  vous  rurai/  tout  au  visage. 

(Farce  du  cuvicr) 
Ru-ielle,  ?.  1'.,  ruelle. 

Payé  pour  réparation  de  l'huis  de  la  ru[jtUe  qui  maine  de 

le  rue  des  Foulons  au  mes 

(Comptes  utile  de  Douai,  1427.  Ds  Rociuelori) 

Rupin,  s.  m  ,  malin,  rusé,  riche,  forl,  bien  placé.  —  Nicolas  ! 
c'est  l'pus  Ri'PiN  don  villaue. 

Rututu,  s.  m.,  copeau  en  ruban  cunirne  le  donne  le  rabol. 


Sablonneux,  adj.,  .--ablonneux. 

Sabotiefr),  s.,  sabotier. 

Sac  à  malice,  s.  tn.  chemise  de  femme. 

Saccagie(r),  v.,  saccager,  mettre  à  sac,  détruire. 

Sachie,  sacquée,  sacquetée,  s.  T.,  sachée,  le  contenu  d'un 
sac.  —  J'ans  tout  d'riteinnic  iu  trente  sacqle'iki^s  de  canadas  sus 
not'  terre  d'au  Gros  Fane. 

26 


i02  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Sachie(rK  sacquer,  v.,  tirer,  retirer,  obtenir,  ôter.  —  I.e 
leiiiie  ]laclnc{y)  remplace  sacliier,  dos  qu'à  l'idée  de  tirer  on 
ajoute  celle  de  secouer,  l'aire  ellorl.  —  7'u  n'dis  mi  sacquk  graiit 

iauqitc  dit  m! 

Car  après  eus  honteusement 
Les  truïii''nt,  sachent  et  bercent. 

(l{oman  de  la  Ifoic) 
Sàcler,  pluUM  saucier.  —  Voy.  ce  mol. 

Sacquetée,  s.  f..  sachée.  —  J'ai  dénichic  sus  l'uvmoivc  in' 
sAc.(ji:t:ri;K  d' pièces  dtl  cent  sous. 

Sacreus^  s.  m,,  qui  jure,  eu  sacrant. 

Sacrifi-iie(r),  v,,  sacritier. 

Sacristie,  s.  m.,  sacristie. 

Sage,  adj.,  savant,  instruit^  expérimenté.  —  Il  est' nioul  >.\qe 
ru  gamin  là  :  il  est  toujou(r)s  l'  premier  à  l'icole. 

Un  preuilons  estoit  en  Arrabe 

Il  estoit  du  siècle  (monde)  moût  saijje. 

(Castoieincnt) 

(Kcnari)  Son  cousin  qui  moult  saije  estoit  (dans  l'art  de  guérir). 

(Hom.  de  Renart) 

Sagnie^r),  v.,  signer,  faire  le  signe  de  la  croix  ;  bénir  en  fai- 
sant le  signe  de  la  croix.  —  P.  p.,  sar/nie. 

Parcevax  si?  saigne  et  commande  à  Dieu. 

(Graal) 
Le  Ber  le  volt,  si  saigne  son  visage. 

[Guill.  au  tort  nez) 

Quant  evesque  et  abe  revenront  de  saignier 
l>e  lit  au  roi  Pépin. 

(Berte  as  grans  pics) 

Mainte  bonne  personne  s'en  saigna. 

{Cygne) 
Trois  foiz  ce  saigne  jior  la  grant  cruauté. 

(Raoul  de  Caml)rai) 

Lors  la  dame  se  saigne  et  lait  grant  admiration. 

{XV  joyes  de  mariage) 

Adont  leva  les  mains  et  ses  cuers  s'a  saignie. 

(Du  Guesclin) 

Une  coulunie  ardennaise  consiste,  pour  le  mal  d'yeux,  appelé  la 
Heur,  [trovcnant  d'une  rupture  des  vaisseaux  sanguins  sur  le  globe 


GLOSSAIRE    Ur;    MOUZONNAIS  4l>3 

de  l'œil,  à  faire  sagnicr  l'organe  par  une  personne  de  prol'cssion, 
qui  a  la  répiitaliou  d'avoir  le  «  pouvoir  »  d'éloigner  le  mal.  VA 
cette  persoiine  est  dite  elle-même  :  sagnieuse.  —  Le  vieux  mot 
sanie\\  sanir,  sanev  voulant  dire  guérir,  pourrait  être  ici  le  véri- 
table terme,  malgré  la  cérémonie  inévitable  du  signe  de  la  croix. 

Sagnieuse,  s.  f.,  femme  qui  «  sagne  ».  Voy.  Sagnicr.  Remar- 
quons que  la  s((iiu;resse  était  une  femme  s'occupant  de  médecine 
et  Je  saigner  et  soigner  on  guérir  les  malades. 

Sa-isn,  s.  m.,  sain-doux.  Le  vieux  mot  s'écrivait  sain,  sahin, 
et  est  resté  dans  sain  qui  se  prononce  aujourd'hui  en  une  syl- 
labe :  du  reste,  le  terme  avait  la  signillcalion  plus  générale  de 
graisse,  suif,  etc.,  et  même  pus  {sain,  sainU;  voy.  chinier).  Le 
Livre  des  métiers  a  écrit  saain. 

Do  sqin  (du  cochon)  vos  lairai  ester. 

{Dit  des  bochiers) 

Mais  ja  ne  croira  ja  glouton  deles  bon  vin 
Ni!  galine  avec  coq,  ne  chat  avec  su'in. 

(Ilutubuuf) 
Flamens  font  emplir  deux  naceles 
De  poiz,  de  sa'in  et  de  busche. 

(G.  Guiart.  Roy.  liguayes) 

Le  cent  de  sayn  doit  IIII  d. 

{Ton lieu  à  Mézières,  XIV"  s.) 

Et  la  charete  ne  bret  pas 
Que  de  sain  l'avoit  bien  ointe, 

Saille,  seille,  s.  f.,  seau^  cuvette. 

N'i  remest  seille  ne  chaudière. 
Que  !i  bouvier  n'aient  remut. 

{Fablvl  d\iluui) 
En  cel  puits  si  avoit  deus  seilles 
Qant  l'un  vient  et  l'autre  vet. 

{Hnin.  Renart) 

Saingnie^  s.  f.,  saignée. 

Ja  en  i  aura  maint  sanglant 
D'autres  saingnies  que  de  jarses. 

(lir.  Roy.  lignages) 

Saingnie(r),  v..  saigner,  perdre  du  sang.  —  P.  p.,  sain-gnie. 

Ains  fu  fait,  et  furent  saingnié  tuit  ensemble. 

(^Ménestrel  de  Reims) 

Et  les  trouvèrent  saingnant  de  leur  plaies  que  il  avoient. 

{Reg.  S'  Martin  des  Cliamps) 


{Rom.  R  nart) 


404  GLOSSAIRE    nu    MOUZONNAIS 

Si  l'a  l'ail  il  lire  m  en*,  saingtiier. 

{Hoiii.  de  lienarli 

Or  verroiz. . .  Et  la  terre  suer  et  les  nues  sai(jnier. 

(Thibauil  de  Marly) 

Saiu-Di(r),  v.,  saigner.  —  Je  saiii-iie,  —  j'saiii-nos  —  J'ai 
sain-Jlli  —  J'sain-nerai  —  .rsaiu-neros.  —  A  sain-uant.  —  On  dit  : 
i  .-AIN-NE  au  nez  [lour  il  saigne  du  nez. 

la  bers  se  list  sainier,  ce  fusl  moult  granl  folie 
Car  si  eum  Dieus  le  voit,  mors  fu  de  la  sainie. 

{Chanson  d\[nliuclir) 

(Que)  Parmi  son  solor  ot  en  son  pié  un  tro 
Si  sainnoil  corn  ce  t'ust  percelire  de  clo. 

(Berte  ans  loitb  pieu) 

A  vos  andeus  voi  les  cosiés  nainier. 

(Raoul  de  Cambrai) 

Si  li  lialeiiaus  li  saine. 

(Rom.  de  Iknart) 

Sainni(r)  'n  Icri'c,  s.  f.,  tirer,  faire  écouler  !"eau  d'une  terre 
marécageuse  ;  drainer. 

Saintibire,  adj.,  bien  porlant,  en  bonne  saiilé. 

L'air  de  nostre  dicle   ville    en    sera  plus  sain,  le   peuple 
d'icelle  en  vivra  plus  longtemps  et  plus  saintible. 

(Règlem'  de  Voirie  de  Mouzon,  137  2) 

Sairiette,  s.  f.,  sarriette,  herbe  polagère  aromatique  employée 
comme  assaisonnement.  —  Olivier  de  Serres  nous  apprend  qu'elle 
se  nommait  aussi  Sadirc  (comparez  avec  cendrée). 

Saisi(r),  v.,  saisir. 

Saladie(r),  s.,  saladier,  vase  où  on  met  la  salade. 

Saligot.   s.,  fréquentatif  de  sale,  .saligaiid. 

Saligoter,  v,.  opérer,  faire  .salement,  .sans  soin  ;  hàbler. 

Saloi(r),  s,  m.  —  Voy.  Saloiic. 

Salop.  salope,  adj.,  malpropre,  inconvenanl,  indécent,  —  ou 
seulement  sale  :  Marie  salope. 

(Ju'ain'^nic  bin  prope 
A  in- me  bin  salope. 

(Dicton  qui  exprime  qu'une  ménagère  ordinairement  propre,  mais 
qui  s'est  sili"  MU  trav-nii,  tip  redoute  pas  que  son  mori  ne  la  regarde 
plus.'i 


glossaiue   du   MOU/ONNAIS  4();i 

Saloperie,  s.  f.,  saleté,  ordure,  poussière;  —  clio?e  sans 
valeur  ;  —  paroles  ou  faits  inconvenants. 

Saloper,  v.,  l'aire  mal,  malproprement  et  sans  soin  un 
ouvrage.  —  Il  nvoi  quat(rc}  cu  ciiu/  voies  dii  pois  à  rhrrhrr,  il  ai 
SALOPK  toute  su' ne  ouvraqc. 

Salopette,  s.  1'.,  pantalon,  dit  parfois  cotte,  en  toile,  que  les 
ouvriers  mettent  par  dessus  leur  pantalon  ordinaire,  et  (jui  ne 
craint  pas  la  salet"  les  taches,  etc. 

Saloue,  de  saloue(ry  ou  saloi(r),  s.  m.,  vase,  cuve  où  Ion 
sale  la  viande  à  conserver,  spécialement  le  porc. 

Je  scay  faire sans  nulle  demeurR 

Tounr>aux,  sallois,  barils,  bacquets. 

(Varlet  ii  luiwr) 

Salsufis,  s.  f..  salsitis. 

Sanglie(ri,  s.  m.,  sanglier.  On  dit  :  in  cochon  snngli('{r)  (sin- 
gularis)  ;  on  sait  qu'on  le  nomme  parfois  solitaire. 

Sanler,  v.,  sembler.  ~-  Faire  sa.nlant  comme  faire  cranck. 

Que  sanle  à  son  muisel 
Qu'il  doive  traire  à  se  fin. 

(Ada))i  le  Hossu) 
Gtie  me  sanle 
Que  plus  riches  nei  puist  laidir. 

(Ordène  de  checalerie] 

Li   aulres  ne  désire  fors  bien  tel  u  ce  ki  bien  li  sanle  et  ce 
que  je  vocl  dire  ce  que  bon  li  sanle. 

(Jehan  le  Bel) 
Et  il  lor  dit  que  li  sanlot 
Qu'uncques  ne  vist  plus  bêle  gent. 

(Marie  de  France) 

Ne  onques  au  senlant  ne  li  n'a  se  reson. 

[Le  roi  de  Sézilc) 

St  sanla  bien  (jue  le  mers  formiast  toute. 

Li  estoires  de  Coustanlinohle) 

Sanner,  v.,  sembler.  —  /  W7'sa.n.not  bm  qu'  v'élie{z)  dii,  Tloune. 

Sans  (j),  V.,  nous  sommes.  Voyez  fHre.  —  Quelquefois  sons. 

Compains,  disl-il.  nos  sons  trahi. 

{Blamandin 

Sansouuet.  s.  m.,  sansonnet,  appelé  aussi  Elourniaus. 


400  aLO!=^SAIRK    DI-    MOUZONNAIS 

Li  9t'Cons  ol.  non  Sa/jtounès. 

{Jienart  le  Nouvel) 

Sapougniaurd,  habilanl  de  Sapougiie  (Sapogue). 

Sa(v)oi(r),  sa-oi<  v.,  savoir.  —  J'sais,  j'savans  —  J'savos,  j'sa- 
vaiiis,  v"savie(z)  —  J'ai  su  —  J'sarai,  —  J'saros.  —  A  savant.  — 
S'emploie  normalement  avec  le  sens  de  pouvoir  :  jii  ?i'sAi>  pvs 
marrfiic(r),  j'sos  trop  hodé. 

Mais  or  en  savons  mains  que  ne  savions  devant. 

[Berte  as  grans  pies) 

.le  vous  y  saray  bien  mener  à  bon  garant. 

{Godef.  de  Bouillon) 

Ainçois  mi!  trairai  de  celé  part  où  je  sarai  miois  que  mes 
avantage  iert. 

(Bestiaire  cVamour) 

Si  vous  ert  bien  guerredoné 

Tant  que  vous  m'en  sarez  bon  gré. 

(Castoiement) 
Quant  vous  mronl  sain  et  hailié 

Et  estrange  talent  aront 

[Amadas  et  Ydoine) 

Je  ne  saroye  telle  cose  demander. 

(Cygne) 
Le  roy  ne  se  saroit  aidier 
D'aler  fouir  ne  labourer. 
'  (Dit  des  en  fans  Adam) 

Kn  ne  scavanl  chose  plus  cappable  à  mettre  devant  l'œil 

de  la  face 

(Friquassée  crotestyllonnec) 

Sarpe,  sarpette,  s.  f.,  serpe,  serpette. 

J'rennent  bordons,  prennent  escharpes 
Ou  piz,  ou  faucilles  ou  sarpcs. 

(liom.  de  la  Bose) 
Et  port  comme  senez 
Par  derrier  son  crépon 
Ou  sarpe  ou  faucillon 
A  ses  hars  détrenchier. 

(Estillemcnt  au  vilain) 

Q'M  veut  donc  sa  vie  amender  -et  son  cœur  appareillier, 
primes  li  convient  les  ronches,  chest  Ioj  péchiés,  retrenchier 
à  la  sarpe  de  la  langue  de  confession. 

{Mireour  du  monde) 
Sart,  s   m.,  voyez  sarter  et  saurt. 

Sarter_,  v.,  essarter.  éool)uer.  —  F)'où  sari,  saurt,  terre  essartée. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  407 

Sa-vous?  savez-vous  ?  — Pronoiioiulioii  ancienne  que  nous 
avons  dt'jù  signalée  dans  ;  a-voiix  pour  avez-vous. 

Saucie(r),  v.,  Irenipci-  son  pain  dans  la  sauce.  —  Mouiller  par 
la  pluie.  —  //  ai  chu  n'riide  ravrrsc,  cl  fans  lé  saucies  ! 

Saucier,  v.,  sarcler,  travailler  avec  la  binette  ou  sauclelto.  — 
Voyez  Sdclcr. 

Item,  illouc,  une'>20urvée  ù  sacler  deuz  foiz  l'an. 

{Donation  de  Philippe  VI,  1340) 

J'ay  souffert  mon  jarJin  sdcler. 

(Débat  de  charité  et  d'orgueil) 

Sauclette,  s.  f.,  serfouette,  binette,  petite  houe. 

Sauder,  v.,  fiancer  publiquement  (souder?).  C'était  une  vieille 
et  antique  coutume,  le  jour  des  buires  (brandons)  de  fiancer 
publiquement  des  couples  dans  un  village.  Le  soir,  le  buire  lan- 
çant ses  flammes,  deux  groupes  de  jeunes  gens  placés  chacu-n  à 
l'étage  de  deux  maisons  se  faisant  face,  et  situées  sur  deux  côtés 
opposés  de  la  place,  souvent  à  une  distance  de  plus  de  deux 
cents  mètres,  criaient,  l'un  :  Margiicrilc  Oudarl  aveu(c)  Nicolas 
Matliy  scnit-i  bin  saudés?  l'autre  répondant:  Oui,  i  sanl  bin 
SA.UDÉS.  On  répétait  la  question  pour  chaque  couple  dont  on  pré- 
voyait l'union,  sérieuse  on  feinte.  Après  quoi,  on  allait  danser  des 
rondes  autour  du  buire.  Nous  avons  encore  assisté  à  des  saudivies 
en  l849-oO-r>l.  —  En  ville,  à  Sedan,  les  saudeurs  couraient  la 
ville  en  troupe  de  huit  ou  dix,  soufflant  dans  des  cornets  à  bou- 
quins, et  livrant  à  la  curiosité  maligne  des  habitants  les  noms  des 
liancés,  en  s'arrêtant  devant  leurs  -domiciles  respectifs.  —  Cet 
usage  est  absolument  local. 

Il  faut  remarquer  que  souder  et  soudure  se  disaient  sauder  et 
saiidure  comme  on  le  lit  au  Livre  des  mestiers  d'Etienne  Boileau 
(1260). 

El  fu  de  cuir  loïe  (la  lance)  eqtour  et  environ 
Par  IIIl.  lois  saudées  a  glu  et  a  savon, 

{Roman  d" Ahxandre) 

La  pais  entr'aus  sauda  et  mist. 

{Miracles  S.  Eloij) 

Sau,  sauë,  prononciation  de  saoul,  et  de  soii^  sol,  monnaie. 
-  Ais-tu  vu,  comme  Louis  étot  saue  ?  —  N'i  a'n  ai  mi  seulemal 
pour  cinq  saus. 

Bevons  assez,  bien  sera  sans  (payé)... 
Se  nous  deviens  chaiens  .XX.  saus, 

(J.  Bodel,  Jus.  S.  Nich.) 

Li  pains,  li  vins  et  li  paslé 
Ont  bien  cousié  plus  de  X.saus. 

(Fabliau  des  3  avuglcs) 


408  GLOSSAIRE    DU    M0U70NNAIS 

Kl  de  son  argent  me  douna 

Tant  que  mes  labeurs  est  bien  sans  (payé) 

(,iu'e!le  me  douna  XV  saus. 

{Chit.  de  Coucy) 

Saumiuette,  s.  f.,  sorte  de  siège  formé  par  les  bras  de  deux 
personnes,  les  deux  mains  enlacées  servant  de  dossier,  placées 
plus  haut  que  les  deux  autres.  —  Jeu  d'enfants  qu'on  porle  à  sal- 

MINETTL. 

Saumoire,  s.  f.,  saumure.  —  On  md  les  quai'  jambons  dus  la 

SAUMOIRE. 

Saur,  adj.,  se  dit  de  la  viande  séchée  à  la  fumée  et  devenue  un 
peu  dorée.  Le  vieux  mot  français  sor  signifiait  jaune,  blond 
ardent. 

De  cheii  que  j'ai  a  feme  ore 
Qui  ore  me  sanle  pale  et  sorc. 

{Adam  le  Bossu) 
Richèce  o!  sus  ses  Ireces  sores 
Ung  cercle  d'or. 

(Rom.  de  (a  Rose) 

Les  chevûx  ot  plus  sors  c'or  Iroiez  ne  leton. 

(Maugis  d'Aigremont) 

Si  cheveil  resembloient  d'or 
Tant  estoient  luisant  et  sor. 

(FabL  de  Milan  d'Amiena) 
Saurer,  v.,  rendre  saur. 

Sauret,  plutôt  soret,  s.  m.,  hareng  saur. 

Ceux  qui  ont  le  plumage  à  couleur  de  haran  soret. 

(Rabelais) 
Saurot,  s.  m  ,  sarrau,  blouse. 

Saurt,  s.  m.;  sart,  terrain  défriché,  terres  primitivement  in- 
cultes, puis  essartées.  —  Etendue  de  terrain  assignée  à  litre  de 
revenu  pour  le  tenancier  d'un  service^  ainsi  qu'en  témoignent  les 
noms  de  lieux-dits  :  le  Saput  don  herdie{r),  —  Le  Salrt  aux  cos 
(coqs)  —  Grand  Saurt,  Le  SAURxay.  —  Et  l'on  a  les  composés  : 
Apsonmrl.,  Marlinsai-t,  Grimansarl,  etc. 

Saute  aux  bloces,  s.  m.,  individu  évaltoné,  qui  ne  sait  à 
quoi  s'occuper,  et  saule  ici  ou  là,  cherchant  à  attraper.  . .  des 
prunes.  —  Analogue  à  dépendeur  d'andouilles.  —  Est-i  bête,  eu 
i/rand  s.\ute-aux-bloces  là  ! 

Sauter,  v.,  saillir,  couvrir.  Terme  vétérinaire  qui  s'applique 
aux  chevaux,  bêtes  à  cornes,  etc.  —  S'est-i  pas  bintôt  temps 
d'  faire  sauter  nnt'  varhe,  don'C)? 


GLOSSAIRE    DU    jMOUZONNA'S  409 

Sauteriau,  s.  m.,  gringalet,  l)onhûmiue  de  rien,  sans  corps, 
ui  cervelle.  —  Oli  !  l'  pavv'  afunl  !  in  petit  sal'teriau  !  ça  uest  mi 
pus  gros  qu  rin  ! 

Mais  il  parait  si  soleriaus 

Qu'il  en  feroit  devant  tous  chiaiis 

De  nos  vile  autretant  comme  ore. 

**  (Jeu  de  [iobin  et  Marion) 

Sauteus,  i^.  m.,  qui  saule,  sauteur. 

Sauve,  adj.,  sauf,  sauve.  —  Sauvé,  parti.  —  J'nVnnbêtOS  aveu- 
z-piis  ;  i'n'ai  po>i(t)  lu  d' cesse  quûjii  n'sois  sauve. 

En  haptesme,  bien  le  sachiez, 
Est  home  sauve  de  pechie/. 

{Be-tiaire  divin) 

Sauver  (se),  v,,  aller,  partir,  fuir.  —  On  dit  :  v'ia  riait  qui 
s'sACVE,  il  bout  et  passe  parde.isus  la  marmite. 

Saux,  s.  f. ,  saule.  —  Saulx  a  donné  les  noms  propres  des  vil- 
lages Saiilces-aux-bois,  SausseuiL 

Désespérez  s'est,  si  s'est  panduz 
De  sa  sainuirp  à  •!•  sauz. 

(Wace) 

Selonc  ce  que  demoslre  ii  jons  et  la  saus  sauvage,  et  tous 
arbres  qui  de  miislor  naissent. 

fLi  livres  dou   Trésor) 
Sali.x,  saucli. 

{Glossaire  roman  latin,  XV^  s.) 

...  Se  li  usaire  d'un  champ  a  sauz  ou  autres  arbres. 

(Digeste) 
Et  là,  gisani  à  l'ombre  d'un  grant  saulx. 

(Complainte  de  France) 

Delez  une  saus  acosta 
Li  prestre. 

(Fabliau  d'Estourmi) 

Sauzaie.  s.  f..  saussaie,  saulaie. 

Sauzelle,  ?.  f.,  espèce  d'osier,  brindille  de  saule,  —  La  Sav- 
zelle  est  un  lioudit  à  Raucourt. 

Qui  voelt  la  saucelle 
Ployer  aise,  il  le  prent  vregelle. 

(Froissarr,  Espinette) 

La  Déesse...  O  (avec)  ses  nimphes  et  ses  pucelles 
S'ombrioient  dessous  saucelles, 

(Froissart,  Buisson  de  Jone^ce^ 

Savant,  s.  et  adj.,  sachant,  qui  sait.  —  Ils  savent. 


410  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNATS 

Savart,  s.  m.,  sart,  terre  inculte.  —  Voyez  riezcs. 

. .  .  Doul  lessa  morl  Maiiiiuit  en  un  sauvart. 

(Foulques  de  Candie) 

Savarder,  v.,  cultiver,  défricher  les  savarts,  essarter. 

Savater,  saveter,  v.,  faire  un  ouvrage  mal,  sans  soin,  sale- 
ment. 

iMessleurs  les  Savatiors  sacalans  lie  la  ville  cl  fauxbourgs 

de  Paris. 

(Procès  de  \(Wj) 

Savatiefr"!,  individu  mal  chaussé,  traînant  la  savate. 

Savelon.  s.  m.,  savon.  —  A  été    emplo3é   jadis    pour    sahie, 

sahlon. 

XX  barrolz  do  savelon. 

{Constr.  cathcd.  de  Noijon) 

Savetie(r),  s.,  savetier;  ouvrier  malhabile.  —  Va  t'a,   tu  n'es 
(juin  sayftie(r),  tit  ii'sais  rin  faire! 

Sa(v)oi(r).  —  Voy.  snol. 

Savouner,  savounage,    savounette,    savonner,  savonnage, 
savonnette. 

Schloff  (aller),  v.,  aller  dormir.  —  Ail.,  schlafen. 

Schnick,  s.  m.,  eau-de-vie. 

Schickeus,  s.  m.,  qui  boit  volontiers  de  l'eau-de-vie,  ivrogne 
buveur  de  goutte. 

Schnouffer,  v.,  priser  du  tabac.  —  A  Jersey,  le  tabac  se   dit 
sno  et  celui  qui  en  use  est  un  snofexix. 

Bin  malin  qui  va  m'atirapé 

Si  reste  alnchin  (ainsi)  à  le  snofé. 

(Poésie  patoise  jersiaiic) 

L'anglais    smiff  et    l'allemand    schnupfen    signifient    aspirer, 
humer  :  notre  vocable  est  visiblement  emprunté  aux  Allemands. 

Schnouffeux,  s.  m.,  qui  prise;  le  terme  est  plutôt  méprisant 
ou  du  moins  ironique. 

Scorsionnaire,  s.  f. ,  scorzonère,  esp.  de  salsilis. 

Scourg-eon.  —  Voy.  lîscourgeçn. 


GLOSSAIRR    DU    MOUZONNAIS  411 

Se,  s'.  Reste  de  l'ancien  se  =  si,  employé  romnie  affinnalif. 
—  Prends  l'sac  et  s'  lii  porte  an  moulin.  —  Tais  tii^  el  s'  Ut  lais, 

S'  v'avez  faim 
Magni  eune  de  Vos  mains 
El  s'wardez  l'aute  pou  d'main. 

(Dicton  liégeois  et  ardennais) 

Kt  s'en  ferai  mainte  chanson  jolie. 

(Perrin  d'Angecourt) 

El  quant  il  l'a  conquis,  se  V  done  boinement. 

{Rom.  d' Alexandre) 

Siro,  et  je  le  vous  ameinne,  si  en  ferez  vostre  volenté  et  le 
veez-ci. 

(Joinville) 

Se,  sii,  pr.    poss.,    son.  —  Voy.   mon.   —  //  ai  hérité  dû  s' 
père.  —  Su  chevaiis  s'ai  afj'olé  la  patte  du  drie(r). 

«  Or  tost,  Borghet,  le  baing  cov.'"és  » 
Dist  la  dame,  qui  moût  s'aïre 
,  Quant  ele  entent  ke  c'est  se  sire. 

(Fabliau  de  la  Longue  nuit) 

Se  homs  tenant  lief  muert  sans  avoir  hoir  de  se  propre  cors. 

(Rec.  Taillar) 

Hauet  clamât   le   terre  toute  qui  estoit  entre  se   preit   et 
l'eawe. 

(Li  Paictilhars) 

Sei-ion,  s.  m.,  sillon,  roie.  —  Oui!  mais  im'  vole  in  sei-ion 

(/'  soile. 

Que  trop  me  fêtes  demorer 
A  arer  nu  seillon  de  terre. 

{Rom.  de  lienai  t) 

Séjou(r),  s.  m.,  loisir,  inoccupalion.    arrêt  de  travail.  —  V'ià 
co  les  lisseu(rs)  qui  sant  d'sK;jou(R). 

Les  chenus,  les  barl)és 

Qui  le  séjour  aiment  et  repouser. 

(Garin  le  Loherain) 

Buveurs  très  illustres pi'ndant  qu'estes  de  séjour. 

(Rabelais) 
Séjourner,  v.,  être  inoccupé,  sans  travail.  — Les  mécaniciens 
SKJOURNA.NT  pendant  'n  seinain-ne  tous  les  mois. 

Sèke.  adj  ,    sèche.  —  On   dit  ;  ine  peur    sèke   pour  une   tleur 
arliticielle.  —  Aot'  vache  est  sèke,  elle  ne  donne  plus  de  lait. 

Plaunté  dessus  des  fueilles  secz  de  paste. 

{Manusc.  Old  Roy,  Ane,  text.) 


412  GI.OSSAIKK    DU    WOUZONXAIS 

L.'i  tiere  est  toute  seccc. 

{Roman  d'Alexandre) 

Li  moiitaigno  Abel  est   tousjours   venle,    et   li   moiitaigne 
Caïn  est  tousjours  scLe. 

[Chronique  d'Ernoul 
Sèkeresse,  s.  f.,  sécheresse. 

Prunes  grenates  valent  a  lo  sekereche  de  la  gorge. 

(Alebrant,  dans  La  Curne) 

Puisque  Mors  lot  à  sa  devise 
Fait  sor  loz  ]iluie  et  sckerece. 

(Tliiljaud  de  .Marly) 

Sékeron,  s.  m.,  se  dit  d'un  fruit  qui  a  séclié  ou  d'une  personne 
escessivenienl  maigre.  —  Sa  femme  n'rsi  pas  mal.  ;  mais  lout, 
c'est  in  laid  petit  skkron. 

Les  prez   appeliez    séchirons    sont    deffensables  et    n'est 
permis  y  mettre,  ne  mener  iiesles,  etc. 

{Coût,  général) 

Séki(r),  V.,  sécher.  Se  conjugue  sur  /ini(r).  —  Les  dia(ps) 
vaat  bin  «kki,  pa{r)  r'  i^i^al  Là. 

Del  très  dolereus  courous 
Dont  cors  art  et  seke  tous. 

(Perrin  d'.Angecouri) 

Sèflj,  s.  m.,  seL  On  prononce  srir. 

Selle,  s.  f.,  nom  resté  à  un  tabouret  de  bois,  à  une  escabelleou 
une  chaise.  —  L\:ii  par  terre  ateur  doux  selles. 

[Le  pied  pose  dessus  une  sellette. 

{Messaigier  d'ainour.s) 

La  ducliesse  de  Luxeml)ûurg  qui   desja  esloit   si    goûteuse 
qu'il  la  l'aloit  jiorter  en  une  selle. 

(Oliv.  de  la  Marche) 

Chambre  garnie  d'ung  bulTect 

De  jilacet,  de  selle  et  scabelle. 

(Blasons  domestiques) 

S'elle,  si  elle  :  élision  analogue  à  s'il.  —  Qu'elle  //  ca.  s'ellk 
veut. 

S'clc  rit,  c'est  compaignie; 
S'ele  pleure,  c'est  dévotion  ; 
S'ele  dort,  elle  est  ravie  ; 
S'ele  songe,  c'est  vision  ; 
S'eie  ment,  non  créiez  mie. 

(RutebeuO  , 
11  lui  dist  qu'il  la  p'renderoil  volontiers  a  feme  s'ele  voloit. 

(Chrnn.  de  Pidins) 


OI.OSSAIRK    DU    MOUZON.NAIS  413 

Fa  Dieu  scel  s'elle  parli^rn. 

(doquillart) 
Sais-tu  s'elle  est  belle  et  gentille? 

(Baïl) 
Semain-ne,  s.  T.,  semaine. 

Si  me  couvient  esire  cliascune  sciinin-ite  à  plait. 

yMencslrd  de  Reims) 

Semer,  smer,  sumer,  v.,  semer.  —  ^"/  n'  plnvol  pi(s,  /su- 
MKnAiNs  /*///  rih'  nos  itniiii-iirs.  —  Tu  /rsECMv.s  //(/  biii.  lu  fais  des 
pltiqurs.  —  On  conjugue  :  j'seume  ou  «unie,  j'ai  s'tné  ou  sumé, 
j'seumerai  ou  sunienii  (avec  ru  bref). 

Semoue,  s'moue,  sumoue,  s.  tu.,  semoii.  —  (iiand  laltlier 
(Hi  le  laboureur  place  le  craiu  qu'il  doit  jeter  coinnie  semaille. 

Sen,  |>r.  pos.,  pour  sou.  —  Voyez  Si',  sii. 

S'eu,  pour  si  au.  —  Voy.  S'(ui. 

Senée,  s.  f.,  berbe  oléagineuse  à  llcurs  jaunes  ou  blanches,  qui 
pousse  en  quantité  dans  les  terres  cultivées  :  nuisible.  —  C'est  la 
moutarde  des  champs  (srurcs  Jnwms)^  ou  le  sinapis  arvensis  ou 
alba    si'urrs  bliiurlirs).  —  Sanve.  —  On  trouve  écrit  scncf. 

Sinapis,  senevel.     ■ 

{Gloss.  roman  lai.,  AT"  s.) 

Senlant  j'aiie),  v.,  feindre,  prendre  les  apparences.  —  Voy. 
suulrr. 

Mais  no  vui'l  que  nus  sanlatit  lâche  —  De  lui. 

I.Iean  de  CondH) 
Senler,  v.,  sembler.  —  Voy.  Suuh-i-. 

Sente,  .-«.  1'.,  sentier,  petit  chemin.  —  Kinployé  dans  les  noms 
de  lieux-dits  :  Jm  sk.ntk  ilii  Brou<'uui\  à  lîeaumonl. 

Un  garçon  vi  ijui  sans  nii'sprendiv 
Mn  une  seule  m'adresea 
Ml  cele  scnle  m'amena 
Kn  riiostel. 

(lùihl.  VcDiiiir  mi  de  Portiijal'' 

Senti(r),  v.,  sentir.  Je  sens,  j'sentos,  j'ai  xr///'/.  j'.sentrai,  .j  sen- 
tros.  —  Signifie  souvent  làter  :  ./'rlos  jjrrdu.  Jr  semos<A'  lous  Irs 
entés  (ii)oir  si  Jii  r'couuoiros  idiu/uc.  —  L'ijraud'pùvv.  c'csftj  in 
rius  (hin  :  o'u't'Z  qu'à  l'wailicfr)  au  moiurul  d'  pai-iii'.(v},  i  sent 
a'  parle  miuiuaii'  dus  sa  poilii'.  mais  i  uu  l'sorlc  uii. 

A  tant  a  senluc  la  tuile 

De  la  ^ranl  courtine  esLeiidue. 

'Fabliau  Preslrc  cl  .l//so») 


414  tiLOSSAlUK    DU    MOUZÛMNAIS 

Quiiiil  i'arlcujpcx  l'a  sentuc 
Et.  sont  (]a'el  est  IresLoute  nue, 

(Partonopcx  de  Blois) 

Quant  furent  eschaufcs  et  les  coups  ont  sentu 
I/un  l'autre  no  prisoienl  la  monte  d'un  feslu. 

(B.  du  Guesclin) 
Je  m'en  sens  et  m'en  sui^  sentu. 

((Charles  d'Orléans) 

Sentu  avez  des  aiguillons  pointus. 

(J/"^  du  Pallays) 

Se  sont  pris  au  j)ast  qui  esloit  dedi'iis.  qu'ilz  ont  sentu  au 
llayrer. 

{XV  joyes  de  umriaye) 

Sept    C'rsl  ipiis  biaits  des),  expression  ironique. 

Séque,   séqueresse,    séqueron,    séqui(r).   —   Voy,    Sclw. 
etc. . . 

Et  le  tenés  tant  au  soleil   les  pies   loiies   que  eles  soiient 
Ijjen  seqiies. 

(7V.  de  fauconnerie,  Ane.  le.xles) 

Seraius  ij  ),  nous  serions.  --  Voy.  l-^tre> 

Seran,  serais,  s.  m.,  peigne  à  longues  et  nombreuses  dents 
d'acier,  servant  au  travail  du  chanvre. 

Mesliers  appartenans  à c'est  assavoir  des  painctres, 

selliers,  goherliers. . .  .  .    pigniers   faisans   pignes  à   pignier 

laines,  ouvriers  faisans  serantz 

(lièij^  des  1  corps  de  niéliers,  Reims,  14U0) 

Povres  devint  et  pain  qu'^rant 
Et  ge  n'oi  vaillant  un  seran. 

(Rom.  liosej  vers  1538) 

Ur  a  lillé,  or  a  serans 
Uesvidoir  et  petiz  et  grans. 

(Eust.  Ueschamps) 
Seraus  (j'),  nous  serons.  —  Voy.  A'/yc. 

Serimonie,  sarimouie,  s.  f.,  cérénnonie. 

Et  encore  fait-elle  telle   convenance  et   telles  serimonies 
que  elle  ne  mangera. 

(XV  joyes  de  mariage) 

Sermenté,  adj.,  assernrïenté. 

Serrer,  v.,  battre,  flageller,  corriger.  —  Xiï  rccuumacc  pa:^, 
In  sais,  ou  f  serais  skukk. 


GLOSSAIKE    U(J    MOUZONNAIS  4|5 

Serriette,  s.  f..  sarrielle,  plante  aromalique. 

Servi(r),  v.,  servir.  —  Je  serve,  j'servaiis  —  j'servos,  j'servaitis 
—  J'ai  scrcu  ou  servi  —  J'servrai  —  J'servros. 

A  KX'"  homiiies  je  le  scrveray  ii  mes  (lesi)ens. 

(Jean  d'Outroniouse) 

Père  el  mère  lu  honoreras 
Et  scrceras  reveremniont. 

(Jean  de  Stavelot) 

Setie;r),  s.  m.,  selier,  ancienne  mesure,  vase  pour  buveurs.  — 
A  Raucourt  :  Paies-tii  in  f/<?>»/-sETiE(R)  ? 

Seu(l),  adj.  masc.  —  Pluriel  suas,  ancien  cas  sujet  singulier.  — 
An'it  ti>ù'sl-i:('  (juii  l'es?  .fsus  tout  seu. 

Car  si  com  il  s'asist  unes  fois  a  une  ajournée  ou  cloislre 

lie  rabeï}3  tous  seus. 

{Serin,  de  Maurice  de  îàully) 

Kl  li  rois  tous  seus  demorra. 

{Rom.  de  (a  liose) 
Signeur,  aies  mengier 
C'o  li  n'en  ira  c'uns  tous  seus. 

{Roman  de  Ham) 

Il  est  entré  tous  seas  ou  rouge  paveillon. 

{Bastars  de  Bâillon) 

Seurette,  s.  f.,  petite  sœur.  -^  Nom  d'amitié,  surnom.  —  .J'ai 
racontrc  la  tante  Seurette.  —  Cotgrave  cite  :  Sœurete,  petite 
sœur. 

Siau,  s.  ni.,  seau.  Parfois  .s/fl/,  .s'^/i/'',   saille.   seiUau.    saillau. 

En  mon  siau  l'a  laissie  entrer, 

{Miracles  N.-Ùanlc) 

Il  m'en  est  entré  dans  la  bouche  plus  de  dix  huict  seillaux. 

(Rabelais) 

Sie^d),  3«  pars.  pr.  indic.  de  seoir,  sied,  va.  —  Sa  robe  li  sie 
tnoul  bin.  —  Ça  II  sie  bin  I  elle  a  bonne  tenue  ou  démarche  ; 
mais  ça  sierot  co  miiis  à  Marie. 

Molt  li  sist  bien  H  cercles  d'or 

Sor  les  cheveus. 

{Floirc  et  Blancrflor) 

Dix  !  com  li  sist  li  escus  au  col  et  li  hiaumes  u  cief. 

(Aucassin  et  Nicolette) 

Si  avoit  en  droit  la  poitrine 
Une  boce  qui  mal  li  sisl. 

(Gaucain) 


416  GLOSSAIHE    DU   MOUZONNAIS 

Molt  II  yicul  liien  les  armes. 

(Foiilijucs  de  C'(i«dù,) 

El  Dex  !  coin  Ih'I  li  .sieiil  si  doré  esporcn. 

Roman  d'Alexandre) 

Siégie(r),  v.,  siéger,  èlre  d'aplomb.  —  (,'ute  lab(le)  là  n'siÈGi-: 
//;/  /)//),  se?  pieds  ne  louchenl  pas  siinullanémenl  le  sol,  elle  boite. 

Si  est.    p'iur  s-i  !  cela  est.  —  Voy.  Ami  rsl.  mini. 

.lo  ne  CLiic  pas  que  ce  suit  il 

—  S/  est  —  Counois  le  tu  ?  —  Uïl. 

{Gauvaiii) 

l'islrir  ei  conlens  si  est  quant  l'un  dist  à  l'autre  :  «  Si  eut, 

UGH  est.  » 

(Mireour  du  moiub  ) 

Dame  je  croi  bien  qu'il  n'est  mie  tilz  de  voslre  seingneiir. 
—  Sire,  si  est,  dist  la  roïne  —  Non  est,  dame  ;  et.  se  vos  ne 
me  dites  autre  chose,  je  m'en  irai. 

(liom.  des  sept  sages) 

Siez-v',  iinpér.  Asseyez-vous. 

Si  fet,  aflirmalif  de  si  ;  si,  parfailemeut.  —  Voy.  Nuii  /'ail. 

N'en  l'et  mie  à  parler 

—  Si  fet  —  A'ori  fet,  i»as  n'iroie. 

(Meravfjis) 

Signie(r),  v.,  signer. 

Nul  ne  la  péusl  engignier 

Ne  de  sKjnier  (Taire  des  signes^  ne  de  guignier. 

{Rom.  de  la  Hase) 
Sîmer,  v.  —  Voy.  Chlincr. 

Sinau,  sinon,  sinâ,  s.  m.,  yrenicr  a  loin,  grenier. 

A    un  sijnau  dessus   les   brebis   ou    icellc  -Jehanne   estoil 

montée. 

(Cil.  de  Larurne) 

l,e  suppliant  ymugina  qu'il   l'iMissenL  ou   sinal  dessus   la 

dite  bergerie. 

ilJ.) 
Si  n'n  pour  s'il  m  :  Si  n'.n  ///  en,  i/ii'i  m'a  dumir. 

Si    n  oui  I  niant  de  celé  un  vallel  ki  l'ud  apelé  Genébalh. 

(IJv.  des  Rois) 
Va  si  'n  nai-je  esté  requise. 

iRo:'}.   M'  S'  Mi-hcl; 

El  si    n  nareil  ses  livraisons. 

(Id., 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAlS  417 

Car  s' Hz  /l'usoioni,  ce  seroit  b;ur  moyen 
l)e  n'havuir  plus  rentemiement  si  rude. 

{Pronosticalion  d'Uabenragel) 

Ne  fusl  mov,  qui  n'hay  lousjours  affaire. 

(Id.) 
Sîr,  V.,  seoir,  asseoir.  —  Sicz-v'  ;  si)'i  Us)  tu  là. 

Sie-le  une  pièce  seur  ce  chien. 

(Marie  de  France,  d'une  Cornaille  ipii 
s'assit  seur  uuc  Bcrbix) 

l)'un  si  grant  serment  esehevir 
Je  le  vueii  liien,  va  toy  seir. 

(Eust.  Deschamps) 

Sî-si  (faire),  v.,  terme  enfantin,  s'asseoir. 

Si  vous  plaît,  s'il  vous  plail. 

Voeillicz  le  moy  pardouner,  si  cous  plaisl. 

(Guillaume  de  Michaul) 

Six  vingts,  cent  vingt.  —  J'ai  encore  entendu  des  vieillards 
dire  :  fl  avot  six  vingts  ans  quand  il  est  mort.  —  In  sac  <lû  sept 
VINGTS  litres  (c'est  le  sac  au  sept),  c'est-à-dire  contenant  sept 
mesures  ;  le  sac  au  six  contenait  six  mesures,  mais  la  mesure 
était  un  quartel  d'environ  vingt-cinq  litres,  ce  qui  fait  loO  =  sept 
vingt  et  dix  litres). 

Soceneau,  adj.,  rêveur,  à  la  frontière. 

Soche,  s.  m.,  soc    de  charrue). 

Socques,  s.  f.  pi.,  sabols,  galoches,  chaussures. 

So-"ie,  s.  f.,  scie.  —  Et  aussi,  avec  Vn  long,  sô-'ie,  soie  (de 
cochon  I. 

Prendre  le  lisl  el  le  cierviel, 
D'une  soie  qui  fust  d'acier 
I^e  fiît  trencieir  oulre  parmi. 

(Ph.  xMouskes) 
So-ieus,  s.  m.,  scieur.  —  (n  soikvs  d' Long . 

Premier,  ij'^  soieur. 

(Mir.  Notre-Dame) 

El  là  vindrent  deieis  eais  karliers  (charrons)  et  merchiers 
el  soieurs. 


Qar  li  vilains  m'a  olroié 
A  ses  soieors  a  lor  prise. 


(Jean  de  Stavelot) 

{Rom.  de  Renart) 
27 


418  •  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Soi(f),  S.  f.,  soif.  —  On  trouve  écrit  soit  (silis). 

Taiil  II  faites  avoir  conroi 
Que  ele  n'ait  ne  fain  ne  soi. 

{Casloicinent) 

Dii'X  qu\  cria aux  Juys  (}u"il  moroit  (ie  .-«oi. 

(Rulelieuf) 

Sa  jument n'avoit  gueres  ne  soi  ne  fain. 

{Fabl.  du  Prouvoire,  Guérin) 

Or  })U(;l  Jjien  boivre,  s'il  a  soi. 

{Fahl.  de  l'Aiie) 

Et  «lue  ]i!us  l)ui  et  plus  oi  soit. 

(Walriquet,  Font,  d'iuiiours) 

Et  tant  avons  sosfert  de  pluies  et  d'orés. 
De  grans  fains  et  de  sots  et  de  chailivetés. 

(Gui  de  Bourgogne) 

Signifiant  l'angoisse  et  la  faim  et  la  soif 
Au  chastel  Josselin  esloient  li  François. 

{Du  Guescliii) 
Mes  tu  vendras  encor  ça  jus 
A  toi  le  mains  qant  auras  soi. 

{Rom.  de  Renart) 

Nous  avons  souffert  les  grans  peines  et  les  grans  Iravaus, 
les  fains  et  les  sois,  et  les  frois  et  les  caus. 

(R.  de  Clari,  Est.  de  Coustantinoble) 

Soignie(r),  v.,  soigner.  A  très  souvent  l'acception   de  corriger, 
battre,   fouetter    et    même    conrer    (v.    ce    mot).    —    Attention 
yupfies-tn,  tu  va(s)  être  soignie. 

So-iie(r),  v.,  scier.  —  Tu  ?/r.soiEs  là  dos,  tu  m'ennuies. 

(L'an  121  !■)  Ou  mois  que  l'on  soie  l'aveine. 

(Chron.  de  S.  Ma  gloire) 

Au  moys  d'aoust  qu'on  soye  les  froments. 

(Eust.  Ueschamps) 

Qui  entrepenra  sur  son  voisin   à   so-ier.   il   rendera  pour 
une  gerbe  deus. 

(Ordonn.  Reims,  1378) 

Allons  coupeir  ou  soiier  une  des  arches  de  pont. 

(J.  Staveloi) 
Seigneur  ne  soies  jù  doutant 
Que  jou  n'en  ochie  autrelant 
Con  Berengiers  soieru  d'orge. 

(J.  Bodel,  Jus.  S.  Nicholas) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  419 

Vez  là  ces  chans  ù  la  gent  soient 
Qui  ces  jarhes  cueillent  et  loient. 

(Marie  de  France) 

On  avoit  jà  les  pois  soies. 

(Hoin.  de  lien.irt) 

Soile,  s.  m.,  seigle.  —  J'ai  s'mr  (Ion  •^oilk  das  nul'  Irrrc  du  la 
Bcrrjierrc. 

Sept  IVanchars  de  soile  qui  movienl  de  mi  perpeluemenL. 

(Carlul.  d'Orval,  1254) 

L'hommage  de  sa  sœur  JolFi'ne,  qui  vaut  dis  wiit  sestiers 
(jue  so»7/t'  ([ue  avainnc. 

{Carlul.  de  litthel,  1322) 

Ce  sont  les  charges  que  le  vicomte  doit en    argent, 

en  fourmentj  eu  blé  de  soile  et  en  avoinne. 

Dlh^  de  la  Vicontr  de  Reitw,  \'.i''ù) 

Siligo,  soille. 

(Gloss.  rom.  lut.    XV"^  s.) 

Je  n'achale  soiles  ne  lins 
Aultres  grains,  ne  fours  ne  moulins. 

(Froissart,  DU  dou  Florin] 

Soileus,  soilant,  adj.,  allérani,  qui  donne  soif.  —  Alléré.  — 
On  dit  :  i  fait  soilant,  le  temps  est  tel  qu'on  a  soif.  —  Voy.  Ues- 
soili(r).  Remy  Belleau  a  onriployé  dessoicer. 

El  ils  furent  soileus  (c'est  ilz  avoienl  soifj  et  famiUeux 
(alTames) 

\P:>aulier) 

Tuit  me  despisent  mandiant,  ne  ne  saolenl  de  lor  miales 
lou  famillant,  Nuns  n'espant  ses  goles  de  réfrigère  en  lu 
boche  de  soillant  ;  nuns  ne  denet  a  moi  nés  une  petite  rosée 
d'aiguë  ;  kar  je  sui  fays  a  toz  hahynoz. 

(Dialogue  à  la  suite  des  Charles  de  Lorraine^  Bonnardot) 

Soin,  s.  f..  soin,  souci,  peine.  —  //  ai  moitl  d'ia  suiit  de  sa 
pauv^  vieill'  m^re.  —  Voy.  Soiigiie. 

De  demeurer  cy  n'ay  plus  soiny. 

(Chron.  Ducs  A'orm.) 

Blancandins  n'ot  soing  de  lor  feste. 

{Biancandin) 

So-iure,  s,  f.,  sciure. 

Par  forche  de  famyne  convenoit  ilh  mangier  herbes  cl 
soioir  de  bois. 

(Jean  d'Oulremeuse) 


42U  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAlS 

Soir  (au    pour  du  soir.  —  /  nr  /fint  ifun  neuf  heures  au 

SOIR. 

Il  (Louis  Xlj  (l-'C(3(ia  le  samedy.  à  huicl  heures  au  soir. 

(Commyncs) 

Soleï^r),  s.  m.,  soulier  (solea). 

Voslre  sokir  n'ont  niestier  «roint. 

(Rulebeuf) 

Si^s  soleis  roui  (usés)  ne  ses  laçons  (semelles) 
N'ait  jias  en  vain  nostre  piétaille. 

[Guerre  de  Metz) 

Et  se  merveilieiit  nioul  que  dedans  G(i  ans  n'esloit  envieil- 
lis  ne  sa  vesiure  usée  ne  li  soler  perchié. 

(Serin,  de  Maurice  de  Sully) 

Que  sans  sohrs  ne  porroit  hom 
Durer  ne  faire  grant  beson. 

(Dit  des  cordo  ini'  r.^) 

Calceus,  cei,  saulers. 

[Vor.  la.  fr  ,  XII r  s.) 

iSolular,  soler. 

{Gloss.  roih.  lat.,XV^s.) 

. . .  Les  viez  housiaus.  .  .  Les  solers  viez, 

(Cris  de  Paris] 
Sollers  et  eslivaus 
Et  chances  et  housiaus. 

{Eslillement  au  villain) 

Nuls  cordoaniers  ne  puet  vendre  sollers  de  cordouan   avec 
sollers  de  vache,  ne  de  veel. 

(Od.  de  Reims,  IMS) 

Faisiers  de  bouclètes  à  saulers. 

{Livre  des  méliers) 

Et  li  lisl  caucicr  un  sollers  que  li  clerc  apielent  cendales. 

(Cliron.  de  Rains) 

Mais  ontjues,  ce  ne  l'et  douter 
Cordoaniers  n'ol  bons  solers. 

(Prov.  du  XI II"  s.) 

Cd  l'ait  saullers  et  cil  les  paint 
Cil  lad  boles  et  cil  housiaus. 

\Messire  Gauvain) 

N'i  uioillerés  ne  cauce  ne  soUer. 

iUuoH  de  Bordeaux) 

Chaucies  relu  par  grant  meslrise 
D'uns  solers  decoj)es  à  las. 

(flnni.  de  la  Hosej 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  421 

Si  i  laissi^nt  un  sollers  a  1;)  mesure  ilel  singo. 

{Besliaire  d'arn  mv) 

Sans  deschaucier  solers  ne  botes. 

{Br.  des  roij.  lignage) 

Solive,  s.  f.,  mesure  pour  le  bois  de  charpente  :  valait  à  peu 
prés  le  décistère.  —  Pièce  de  bois  de  charpente  appelée  plus  ordi- 
nairement sommie(r)  ou  souinii'{r). 

Sommei-iie(r),  v.,  sommeiller,  dormir. 

Kt  me  suives  sans  soiniiieilii^r. 

{Dance  macabre) 

Sommie(r),  soumie(r),  s.  m.,  poutre,  solive  qui  supporte 
une  charge  ou  somme.  Anciennement  béte  de  somme. 

Et  il  avient  quo  acun  de  ses  voisins  mete 
Soumicr  ou  chevron  dedans  son  mur  a  covort. 

{Assises  de  Jérusalem) 

Son,  adj.  poss.,  ord.  remplacé  par  sou,  sii,  ,s'  et  quelquefois, 
comme  jadis,  par  sen.  —  /'»'  gangue  mi  s'  pain.  —  Il  ai  perdu 
s'.N  année.  —  //  ai  perdu  toute  su'x  année.  —  On  voit  que  s'n 
=  s(e)n. 

...  Qui  mainte  paine  et  maint  ahan 
Eut  pour  se  pays  a  detîendre. 

(Jean  de  Gondé) 

Sour  sen  lit  a  pris  sen  pelicon. 

(Id.) 
Selonc  che  qu'an  sen  lieu  retenus  les  avuit. 

{liai  de  Se z lie) 
Il  ert  bien  anne  par  nature 
Qui  ne  peut  lire  ce  n'ecriplure. 

(Friquassée  crGte»tgUunnée) 

Son,  s.  f. ,  sommet.  —  A  la  son,  au  sommet,  tout  en  liaut.  — 
J'ai  grimpé  a  la  son  d'in  pouplie{r).  —  A  la  son  des  Batailles., 
iieudit,  petite  éminence  à  Bulson. 

Et  cil  qui  Fortune  a  mis  et  son  de  sa  roe 
Puet  estre  toz  seurs  qu'il  charra  en  la  boe. 

{Regrès  de  !n  mort  S.  Loys) 

Et  porloieni  enson  les  lanches  gians  torkes  de  candeilles. 

(Li  estoires  de  (Joitstintinoble) 

Jusques  à  la  borne  mise   au   mars,  u   son  la  couivée  de" 
Gombervaul. 

{Abornem^  à  Vaucouleurs,  1345) 

Le  bec  qui  est  en  son  de  celle  gallie. 

(Jûinville) 


ATI  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

En  son  le  monlaigne,  a  -I-  liu  c'on  apele  Bolel. 

{Chron.  d'Ernoul) 
Au  cief  a  une  creste  en  son 
A  la  manière  d'un  paon. 

(Image  du  monde) 

Seur  chascunt;  lour  en  son. 

(Cléomadès) 

Son,  s.  m.,  écorce  du  blé.  Ne  s'emploie  guère  qu'au  pluriel.  — 

On  nirlangc  loiijoit(i's)  aveu(c)  îles  sons  les  carottes^  Ips  létfumes 
qu'on  donne  ava-  lapins,  pou'r)  que  ça  ne  soil  nii  si  frais, 
si  cru. 

Son  (taches  du),  s.  f.,  taclies  de  rousseur,  éphélides.  —  Voy. 
Bran,  hre.n  de  Judas. 

S'on  pour  si  on,  si  Von.  —  Eh  bin  .'  s'on  veni,  on  pousserai 
jnsqu'ù  SUlnn. 

S'on  ne  li  fet  tel  plet. 

(Foulques  de  Candie) 

S'on  [iront  jiar  droit  d'un  larron  la  justice. 

(Quesnes  de  Béihune) 

Ce  truant  —  Ne  cessa  huy  de  cliqueter 
Scavoir  s'on  luy  vouldroit  donner. 

(Mauvais  Riche  et  bon  ladre) 

Pour  savoir  s'on  porroit  ceste  chose  apaisier. 

(Du  Guesclin) 
Dites  moi.  Bêle,  je  vos  jiroie 
S'on  vos  a  balue  por  moi. 

(Audifroi  li  bastars) 

Et  ne  reviens  jamais  s'on  ne  te  mande. 

{Triuniplie  de  D.  V.) 

Songie(r)  et  r'songie(r),  v.,  songer,  mais  surtout  penser, 
rétlécliir.  —  F.  p  ,  sa/iffie.  —  Qu'a  dijez-v' ?  ./'songe  qu'i  vaurol 
mius  aller  à  pic{d).  —  J'nans  guère  biyi  so:iGiE  :  farains  dvu 
coumacie(r)  par  là.  —  Eh  bin  !  qu  jù  r'songk,  c'est  demain  qu' 
Nicolas  arrive.  =-  So.ngie(r)  de,  penser  à.  —  Songe  dû  revenir  à 

l'heure. 

Pour  ragencer  un  vers  que  cent  fuis  je  resonge. 

(Baif) 
Mais  l'on  puet  tiex  songe  songier 
Qui  ne  sont  mie  mencongicr. 

(Rom.  de  la  Rose) 

Nul  contre  n'osera  songier. 

(Ballade  duc  de  Bourgogne) 

Sauve  ton  cors,  pensse  di;  t'ame. 

(Fabliau  de  Bourse  pleine  de  S'-hs) 


GLOSSAIRK    DU   MOU/ONNAIS  423 

Sonrée,  sonre.  s.  f.,  troupe  de  pourceaux.  —  On  trouve 
soure   (sus).  —  Ironiquement  et  par  mépris,  compagnie,  famille. 

Sur  ce  et  ad  cause  que  les  Bourgeois,  manans  et  habitans 
de  la  ville  de  Douzy  auroienl  fait  une  assemblée  et  sonrc  de 
pourceauk,  chassez  et  menez  au  Boys  de  L'Estrye, 

(Sentence  du  prévôt  de  Mouzon^  14ïi6) 

Sons,  sans,  v.,  U"  pers,  pi.  ind.  prés,  du  verbe  être. 

Nous  sons  d'un  eage  et  d'un  grant 
D'une  manière  et  d'un  aler 
D'une  Tois  et  tout  d'ung  parler. 

(Froissart,  Buisson  de  Jonesce) 

Soquette,  s.  f.,  souche,  racine  d'arbre. 
Sorcié(r),  s.  m.,  sorcier. 

Soret,  s.  m.,  hareng  saur,  fumé,  jauni  [\o\.  saurel).  —  On  dit 
d'un  homme  :  c'est  in  vrai  soret,  pour  :  il  est  sec,  maigre  et 
jaune  comme  un  hareng  saur. 

Si  crin  sont  auques  cler  et  sor 
A  poi  que  il  ne  sanlent  d'or. 

(Blancandin) 

Ceux  qui  ont  li;  plumage  à  couleur  de  haran  soret. 

(Rabelais) 
Il  est  bouiry  de  vengeance  comme  un  haran  soret. 

(Ane.  th.  français,  IX,  69) 

Sorti(rj,  v.,  sortir.  —  Je  sorte  —  Je  sortos  —  J'ai  sorin  —  Je 
sortrai  —  Je  sortros. 

Soubriquet,  soubricot,  s.  m.,  sobriquet. 

Souci-iie(r)  (se),  v.,  se  soucier,  se  préoccuper,  s'inquiéter.  — 
Ne  se  soiiciier,  n'avoir  pas  envie,  ne  pas  tenir,  n'être  pas  disposé. 

Souci-ieus,  adj.,  inquiet,  préoccupé  ;  —  soigneux. 

Soufferre,  soufiFri(r),  v..  soulïrir,  supporter.  —  J'soufTers, 
j'souilrans  —  j'souffros,  —  J'ai  soutl'ert  —  J'soufferrai  —  J'soufTer- 
ros.  —  A  soutïrant.  —  J' n'ai  jamais  su  socfferre  qui  m'  répond. 

S'il  vous  demande  la  terre 

Où  pour  vous  vout  la  mort  soufferre. 

(Rutebeuf) 
Je  souf-rrai  mon  damage 
Tant  que  l'an  verrai  passer. 

(Chans.  de  ThiiKiut) 


4  "24  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Mais  ji^  ne  le  soferrai  jias. 

(Gauvain) 
Adon  soferrai  le  jugement  de  ma  cort. 

{Rom.  des  sept  sages) 
Li  rois  no  soferroit  mie. 

(Rutebeuf) 

Ciertes,   biaus   frères,  disl  il  rois,  si  vous   me  croies  vous 
souferries  encore. 

(Chron.  de  Rains) 

Jugement  en  sa  kurt  et  dreit  i  sufferrez. 

(Thomas  le  martyr) 

Meis  Diex  fet  le  pardon  por  restorer  sa   perte  a   cels   qui 
souferront  por  lui  la  grant  poverte. 

{Chantcpleure) 

Souglot,  s.  m.,  hoquet,  mouvement  qui  se  fait  sous  la  glotle(?). 

—  Voici  une  recette  locale  pour  guérir  le   souglot  :  J'ai  ^souglot 

—  Pa(r)  Jésus  —  Diu  m'iai  donné  —  Ju  n'I'ai  pus.  —  A  la 
rigueur,  ce  mot  représente  aussi  le  sanglot,  pleurs  nerveux,  où  a 
vieille  langue  disait  souglous,  seglous. 

Seglous  eûmes  a  foison 
Angoisses,  et  lermes  beumes. 

(Voie  de  Paradii) 
S'eumes  seglous  et  soupirs 
Apres  ot-on  pileux  gemirs. 

(fd.) 
Par  destreceux  sougloutement 
Entrerompoient  son  parlement. 

(Cit.  de  Godefroy) 

Les  fueilies  de  cest  rain  sont  li  cri,   li  pavement,    li   sous- 
pir,  li  sougloutement. 

(Livie  dou  paulmier,  Aîic,  textes) 

Souglotter,  v.,  avoir  le  hoquet  —  pleurer  en  sanglots,  ner- 
veusement et  par  secousses.  —  Via  pus  d'ine  heure  quà  j'sov- 
GLOTTE.  —  Il  ai  in  rude  chagrin,  c'pauv  afant  là  ;  écoute  lu, 
comme  i  socglotte. 

Par  la  mort  qui  le  destraint  commence  à  sousgloutir. 

(Rom.  d'Alexandre) 

.Jus  de  mente  raellés  à  vin  de  pûmes  grenates,  restraint  le 
vomir  et  oste  le  sougloulir. 

(Al€bra7}t,  dans  Lacurne) 

Sougne,  s.  f.,  soin,  souci.  —  C'est  moût  d'ia  sougne  quû 
d'élever  in  gamin  comna  ! 

. .  .  Mais  n'ot  pas  soigne 
Cleomadès  d'aller  par  là 

[Cléomadès) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  425 

N'en  dout  rien,  jà  ne  trouveront 
Cose  escrite,  n'en  ai  pas  soigne. 

(Adeiiés  li  rois] 
S'ai  à  faire  aucune  besougne 
Dont  je  sui  de  cuer  en  grant  sougne. 

(J.  de  Condé) 
Sougneux,  adj  ,  soigneux. 

Et  doibt  esire  chacun  loyal  subject  autant  ou  plus  sougneux. 

(Gerson) 
Sediilus,  sougneus. 

{Voc.  lat.  fr.,  XIII'  s.) 

Soyez  sougneuses  de  les  prendre  (vos  droits). 

(Coquillart) 
Il  vous  fauldra  esire  sougneux 
De  vous  lever  pour  le  bercer. 

(Farce  du  Cuvier) 

Sougneusemat,  adv.,  soigneusement. 

Mais  on  le  garde  sougneti^emcnt. 

(Chron.  de  Rains) 

Sougnie(r),  v.,   soigner.  —  P.    p.,   sougnie.  —  Oh    la  pauv 
vieille  !  elle  ai  té  moût  mau  sougnie  1 

Que  ma  dame  ait  pleinement 
La  ialousie  à  sougnier. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Souhaitie(r),  v.,  souhaiter.  —  Allans  li  souhaitie(r)  la  bonne 
année. 

On  ne  porroit  nulle  fleur  souhaitier 
Qu'amant  deust  tant  amer  ne  prisier. 

{Guillaume  de  Machaut) 

Souillart  (Marie)  et  J/arie  Torchox,  s.  f.,  femme  sale,   souil- 
lon, qui  gâche  et  salit  tout  ce  qu'elle  touche. 

Souinée,  s.  f.  —  Voy.  Sonrée.  —  Angl.  swin.,  cochon. 

Soulagie(r),  v.,  soulager.  — P.  p.,  soulagie. 

Se  Dieu  nous,  veult  assoulagier 
En  ceste  présente  saison. 

(Balade  duc  de  Bourgogne) 

Soûle,  s.  f.,  balle,  boule.  —  Voy.  Soidle. 

Houdeberz  le  fiert  de  sa  boule, 
De  lui  joue  con  d'une  soûle. 

(Rom.  de  Renart) 

Soûlée,  s.  f.,  pochardise,   résultat  d'une   longue   beuverie.  — 
//  est  toujou(rs)  à  l'auberge  !  et  i(l)  fait  des  soulées,  faut  v(oir). 


4 20  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Souleûre,  s.  f.,  frayeur,  saisissement,  crainte.  —  7'o?//  d'it) 
coup,  r'iti  in  rai  iftii  nt'ptissc  sus  les  pie{ds),  j'ai  iii  'n  soulkurk 
ti-iribftle. 

t  Souleur  »,  une  peur  subite.  Vulg. 

(Ouciin,  Curiosités) 

Soulever,  v.,  enlever,  voler.  —  Pendant  que  félo(s)  allé 
marander,  on  m'ai  soulevé  m'  bu-iot.  —  On  conjugue  :  j'sou- 
leuve,  j'souleuvrai  {eu  bref). 

Soûlle,  choule,  s.  f.,  ancien  jeu  qui  consiste  à  faire  rouler 
une  boule,  une  balle  avec  un  bâton  (en  crosse),  suivant  certaines 
règles.  —  La  boule  porte  le  nom  de  soûlle  ou  soùllon. 

Aient  aussi  droit  -le  livrer,  par  leur  mayre,  la  soûlle  que 
l'on  a  accoustumé  de  bailler  le  jour  de  la  Toussaint  pour 
soûler  et  jouer  à  !a  soûlle. 

{Droits  de  VéînarSy  1245) 

Car  chassie  fut  comme  un  soullon, 

(Villon) 
Diex  !  que  je  ai  le  panche  lassée 
De  le  (houle  de  l'autre  lois. 

(Robin  et  Marion) 

Soûlot,  soûlard,  s.  m.,  qui  est  saoul,  ivre;  —  ou  qui  a  l'ha- 
bitude de  se  saouler,  de  s'enivrer  ;  —  ivrogne. 

Il  (le  clercl  se  fait  vil  et  est  sjulart. 

(Passctemps  d'oysioelé) 
Soumie(r),  s.  m.  —  Voy.  Sommie(r). 

Souner,  v.,  sonner.  —  Pouir)  qu'est-ce  qu'on  soune  des  lais- 
ses ! 

Le  roi. ..  Coumande  a  souner  l'olilant. 

(Renart  le  Nouvel) 

Que  li  saint  par  la  cité  sounenl. 

(Amadas  et  Ydoine] 

Va  li  rois  faii  souner  ses  cors  et  ses  tabors. 

(Ror  an  d'A  lixandre) 
Sounerie,  s.  f.,  sonnerie. 

Sounette,  s.  f.,  sonnette. 

Quiconques  veut  estre  ovriers  d'estain,  c'est  a  savoir 
fesieres  de  miroirs  d'eslain,  de  souneiles,  et. . . 

(Livre  des  Me^tier») 
Souneus,  s.  m.,  sonneur. 

Soupe  à  l'ivrogne,  s  f. ,  soupe  aux  oignons,  que  l'on  fait 
pour  reuT  qui  ont  (mp  bu  la  veille. 


GLOSSAIRE    DU    MOL'/ONNAIS  427 

Souper,  V.  On  dit  :  J\ius  sount:  des  pois,  des  canculas,  d'ia 
salade  pour  :  nous  avons  soupe  et  notre  menu  se  composait  de 
pois,  âe  pommes  de  terre,  de  salade.  —  Le  verbe  d'mer  s'emploie 
de  même. 

S'ou  plaît,  s'il  vous  plait. 

Voles  le  vos?  —  Oïl,  s'ou  plcst. 

(Messirc  Gauvain) 

Se  j'uy  trop  luonsoigiieur,  s'ou  jdn'it 
Demouré,  pardonnez  le  moy. 

(Miracle  de  la  Fille  d'un  roy) 

Souplo-iie(r),  v.,  fléchir,  plier,  ployer. 

Sourber,  chourber  (voy.  ce  mot),  v.,  sourdre,  sortir  à  foi- 
son, jaillir.  —  Roquefort  donne  le  substantif  sourbée  avec  le  sens 
de  gerbe,  ou  tas  des  fruits  de  la  moisson  :  ce  dernier  sens  expli- 
que bien  l'emploi  que  nous  faisons  de  sourber  dans  cette  phrase  : 
V7a  libelle  plante  dï(  canadas  !  ivaite  don{c)  comme  ça  sourue 
(pullule).  —  Le  vieux  verbe  sorber.  sorbir  signifiait  au  contraire 
absorber,  engloutir,  enlever,  avaler  ;  il  ne  parait  pas  pouvoir 
donner  le  sens  que  nous  attachons  à  sourber. 

Chascun  qui  ara  autres  bestes  a  charrue  porra  mettre  ses 
chevaus  a  la  charrue  un  tor  au  gayn  (Waien)  pour coitier  ses 
sourhécs. 

{Cit.  de  Lacurne) 

Et  la  mer  la  sorbisl  et  Ijeit. 

(Bestiaire  divin) 

Souris-volante,  s.  f. ,  la  chauve-souris. 

Sourisette,  s.  f.,  petite  souris.  —  Ternie  enfantin  :  le  m.  viril. 

Si  ferai 
Je  serai  la  sorisete 
La  ù  genlerrai 
Ja  n'i  reparrai. 

(Trouo.  cambrésiens,  Dinaux) 

Jà  ne  sauras  si  lung  aler 
Que  tu  puisses  famé  truver 
Qui  miex  soit  a  tun  0€s  eslite 
Que  la  sorisete  petite. 

(Ma.ne  de  France) 

Sourizière,  s.  f..  souricière. 

Souronde,  sourougue,  s.  f.  Avant-toit,  extrémité  entre  mur 
et  toit  :  c'est  là  que  sort,  tombe  l'eau  de  pluie.  —  L'ancien  verbe 
suronder  signifiait  sourdre,  bonder  l'eau. 


42>^  GLOSSAIlîE    DU    MOUZONNAIS 

Cil  alûient  la  nuil  joucliier.,. 

Es  taz  de  bléz  et  muions 

Et  es  sourondes  des  maisons. 

(Rum.  de  Brut) 

Le  suppliant  se  mist  pour  la  pluye  dessoubz   la  seuronde 
ou  esgout  de  la  maison  Jehan  Willot. 

{Cit.  de  Lacurne) 

J'aime  mieux  fontaine  qui  soronde. 

(Rutebeuf) 
...  En  ce  mauvais  monde 
Qui  do  mauvaistiet  tout  sourottde. 

(Jean  de  Condé) 

S'ous,  si  vous.  —  Enlevez,  s'ox^s  pouvez. 

S'uus  me  volez  rien  commander. 

(Rommi  de  la  Rose) 

S'ou  m'enviez  bien  loin. 

{Friquassée  crotcstt/llonnée) 

Sous -germain,  adj  ,  issu  de  germains. 
Sous  plaît.  —  Voy.  S'ou  plaît. 
Sous-pie(d),  s.  m.,  sous-pied. 
Sous-tasse,  s.  f.,  soucoupe. 
Souvat,  adv.,  souvent. 

Souveni(r),  v.  et  s.,  souvenir.  —   Si  t'va(sj  à  Paris,  rappurt' 

mil  in  sol:veni(r\ 

De  11  me  souvenra. 

{Cygne) 
Sitôt  qu'avec  lui  ert  il  ne  l'en  souvenra. 

(Brun  de  la  Montagne) 

Je    ly    promey,    se    ilh   avoit    mesiier  de  moy,  ilh   m'en 

sovenroit. 

(Jean  d'Ouii'emeuse) 

Stici,  stichi,  pron.  —  Voy.  C'tici. 

Maisire,  stichi  a  vecy. 

(Friquasse'e  crotestyllonnée) 
Stila,  stel'la.  —  Voy.  C'ti-lù. 

Stoffé,  s.  m.  —  Voy.  Estoffi^.    Le  mot  et  la  chose  sont  perdus. 

Su,  adj.  poss.,  son  (voy.  ce  mot). 

Après  la  mort  cestu  rei  Jehan,  régna  su  fiz  Henri. 

(Chardry,   H''^  d'Angle ttrrc) 


GLOSSAIRE    DU   MOU'ZONNAIS  4^9 

Subjonctif  n'existe  pas,  saut"  pour  le  verbe  Klre  ;  ou  plutôt  le 
subjonctif,  comme  au  inoyen-àge,  a  la  même  forme  (jue  l'indicatif. 
Voy.  Introduction. 

llcouviiTil  que  lii  mon  suivez. 

(l)ance  macabre) 
Kl  priez  Dii.'U  pour  le  vignel 
AHin  que  nous  crocq'ions  la  pye. 

(Testament  de  Tas  le- vin) 

Je  croy  bien  rjue  y  venront,  niés  que  vous  leur  acordés. 

(Kroissart) 

Subtil,  adj.,  agile,  adroit,  vif.  —  Il  esl  pus  suutil  qiïin  chat. 

Subvéni(r).   v.,  subvenir  ;  ie  conjugue  sur  venir. 

Suc(re),  s.  m  ,  sucre. 

Sucandi,  s.  m.,  sucre  candi.  —  N'oubliez  pas  que  c'est  cette 
espèce  de  sucre  que  l'on  suspend  à  un  fil  et  que  chacun  vient 
sucer  à  son  tour,  lorsque  l'on  prend  le  café  (noir)  en  société. 
L'histoire,  pour  être  ancienne,  n'en  est  pas  plus  vraie  ;  mais  il  esl 
peut-être  intéressant  de  la  rappeler. 

Sucie(r),  v.,  sucer.  —  J'suce,  .J'ai  sucic.  jsucerai. 

Troi  home  u  IIIj 
Voloient  abattre 

Arras 
lit  tout  sucier  l'urgent. 

(Trrnivcre^  nrtcsicn*) 

Sucrer,  v.  —  J'suqueiare  (eu  bref)  — .J'suqueurrai,  j'suqueur- 
ros. 

Sucueurrie,  s.  f.,  sucrerie. 

Sûgnon,  seugnon,  sûzon,  sûzeau,  s.  m.  Sureau.  —  (hi 
fait  don  vin  ^/'sugnon  (ou  de  ,sr/K.\r).  —  Le  vieux  français  a  dit 
schuz,  SfC,  seiiz,  uizeau.  Le  Bourguignon  dit  stojol . 

Le   siizeau   croist   jiius   canore   et   phis   apte  au   jeu    des 
llustes. 
*  '  (Hahelais) 

Il  l'aisoit  lin  grand  son   comme   quand   les   petits  garçons 
tirent  d'ung  canon  de  suh  a\ec  belles  rabes. 

(fd.) 

Su-iée,  s.  f,,  suée,  transpiration.  —  Fatigue  exceptionnelle.— 
J  ai  pousse  'n  iiirle  sc-iée,  a  char(jie(r)  c'niachinr  là  sus  l'cher. 

Su-ier,  v.,  suer. 


430  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Su-ieur,   s.  T.,  sueur.  —  //  rsl  IqhI  frais  de  suieuh. 

Suir,  sui(v)re,  v.,  suivre.  — J'suis,  j  suivans  —  J'suivos,  j'sui- 
vaiiis  —  J'ai  suiri  ou  siiicu  ou  sui  —  J'suirai  —  J'suiros.  —  A  sui- 
vant. —  Suir  est  le  dérivé  primitif  de  setjui,  transformé  en  suirc, 
puis  en  suivre. 

Et    les  fols  entenl-il  os  bêles   femes  suire  et   mener  les 
caroles  et  les  bacelers  deiiuire. 

(Maurice  de  Sully) 
Dancoz  et  persez  de  suir  ; 
Vos  ne  povez  avoir  secours 
Il  nesl  (]ui  mort  puisse  fuir. 

{Dance  macabre) 

Ainsi,  seigneur,  ne  doublés  rien 
A  moy  suire^  se  je  n'i  voi. 
Bien  suirai  celli  devant  moi. 

(Bat.  de  Crécy,  Gille  le  Muisis). 

On  verra,  ce  dist,  qui  le  suira 
Et  qui  od  lui  en  ost  ira. 

(Rom.  de  Brut) 

Jà  le  nuirons  après  sans  [ilus  de  demorer. 

(Gui  de  lioitrgogne) 

Il  me  suirat  ad  Ais,  a  mon  estage. 

(Chans.  de  Roland) 
Zelare,  suir. 

(Toc.  lat.  fr.,  XIII<^  s) 

Du  loul  délibéré  à  sutjr  son  amour. 

(Troïlus) 

Mais    les  cleres  et  les  chevaliers  en  ma  jeunesse  ay   vou- 
lenliers  suis. 

(Du  Guesclin) 
Adonc  list  commander..... 

Qu'on  ne  laissasl  enfant 

Qui  suisl  le  sien  fiiz,  et  cel  qui  le  suieroit 
Li  pères  une  amande  de  G  solz  j)aieroit. 

(U.  Giusclin) 

Cil  qui  est  svy  (poursuivi)   du   dfiault  peut   gaiger  la    loi 

contre  le  sergent 

(Couliime  de  Norm.) 

Sulo,   s'io,  sulau,  soleus,  s.  m.,  soleil  (à  la  front.). 

Li  solaus  luit,  si  lu  et  bel  et  cler. 

(Ron  isoals) 

A  le  matin  movrons,  quant  solaus  iert  levés. 

(Quatre  fils  Aymon) 

Quant  vint  au  malin,  que  ly  solaus  leva. 

(Godcf.  de  Bouillon) 


QLOSSAIRB    DU    MOUZONNAIS  431 

Li  solaus  Itnir  leroit  emi  le  vis. 

(Citron,  de  liains) 

Li  soleus  besso,  si  prist  à  amtitier. 

{Bataille  rCAltschans) 

Li  souleux  par  malin  se  liève. 

(Rotn    de  liiiiarl) 

Au  quart  jor   commamJa  que  li   so/aus  et   la   lune  et  les 
estoiles  et  tuit  luminaire  fussent  fait. 

{Li  livres  dou  trésor) 

Sumer,  v.,  semer. 

Si  ne  perds  pas  la  giainc  que  je  sume. 

(Villon) 

Supporté,  adj.,  de  seconde  main,  d'occasion.  —  J\ii  acliclr  inc 
armoire  scpi-orték. 

Sûr  (bin),  adv.,  probablement,  sans  doule  ;  —  assurément.  — 
J'vcrraiis  bin  sur  ion  2}''i'e  dumain  ? 

Sur,  surs,  sus,  prép.,  sur.  —  Ou  prononce  comme  dans  les 
phrases  :  J'm'a  décharge  sur  lou,  sur  ietle,  surs  eux.  —  Jû 
m'  mets  sus  Vbord.  —  J'grimpe  su(s)  //*'  aube.  —  f  porte  in  sac 
sus  s'dos. 

Sus  l'herbe  la  souvinai. 

(Cerrin  d'Angecourt) 

En  crois  sus  Terbe  drue  doucement  se  couchoit. 

{iierle  as  grans  pies) 

Robastre  a  tant  féru  sus  les  M.  sarrasins. 

(Gaufrcy] 
Et  douné  su  cel  acat  a 
Le  denier  FJieu  sans  délayer. 

(J.  de  Condé) 
El  sus  ma  roche 
Le  granl  coup  marqué  je  verrai. 

(Baïf) 
Par  les  postes  le  faisoient  jusques  sus  les  lieux  porter. 

(Rabelais) 

Surbatt(r)e,  v.,  battre  légèrement  les  gerbes  de  blé^  d'avoine, 
etc.,  sans  les  délier.  On  achèvera  l'opération  plus  tard  :  pour  le 
moment,  il  s'agit  d'avoir  rapidement  quelques  mesures  de  grain. 

Sûre,  sûrains,  l"s  personnes  de  Timparf.  du  subj.  du  v.  être 
—  et  du  V.  sa(v)oi(r).  —  /  faurot  ^u» /surains  arrivés  les  prc- 
mie(rs).  —  N'y  arot  pont  d'maii  qu'on  Tsure  in  peu  d'avance. 

Surgeon,  s.  m.,  rejet  d'une  plante. 


432  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Sûri(r),  v.,  devenir  sur,  aigre,  acide.  —  P.  p.,  suri. 

lÀ  pié  (de  cochon)  ulé  sont  boen  suri. 

(Dit  des  bochiers) 
Suruagie(r),  v.,  surnager. 

Surpren(d)re,  v.,  surprendre.  —  P.  p.,  surprins. 

Plusieurs  des  Sabins  furent  circonvenu  el  scurprins  par 
l''s  g'^ns  de  cheval. 

(iJercheurej 

Et  K's  l,uceinbourgeois.  surprins  et  espnuventez. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Surusien,  s.  m.,  cliirurgien,  médecin.  —  Ah!  mais  Louis  élol 
moiil  malndr  !  il  ai  fallu  qu'on  va  nu  suriisien. —  Froissart 
emploie  le  mol  stp'urffieu,  surgien,  el  l'anglais  à'il  surgeo)7. 

Li  abes  fist  marciet  as  surigiicns  pour  IIII''^  besans. 

(Empereur  Constant) 
Et  dist  qu'il  ert  lisiciens 
Et  si  estoit  bon  surgiens. 


Je  sai  une  fisicienne 
Que  a  Lion  ne  a  Vienne 
N'a  si  bonne  f<;rurgicnne. 


(Cléomadès) 


(Rulcbeufj 


Sdinl  Corne  el  saint  Damien  : 
Cy  duy  furent  sirurgien. 

{Eglises  de  Paris,  t32."l) 

Mestre  Henri  Tristan,  sururgicn. 

(Reg.  crim.  S.  Martin  des  champs,  1332) 

Maisires  mirez,  vous  surgiens 
Bon  maistre  suy  de  lisi'|uc. 

(Mireour  du  monde) 

[A   suivre.)  N.  Goffart. 


NÉCROLOGIE 


M.  Jules-Ernest  Dupuis,  uriginaire  de  La  Chaussée  (Marnej,chef 
de  balaillou  retraité  à  .Nancy,  est  mort  subitement  dans  cette  ville. 

Le  commat)dant  Dupuis  était  oflicier  de  la  Légion  d'honneur  et 
décoré  de  la  médaille  militaire.  Il  était  parti  simple  soldat  et  était 
arrivé  au  gr.ide  de  chef  de  bataillon. 

Pendant  la  campagne  du  Mexique,  Dupuis,  alors  sous-oflicier, 
servait  au  ol''  de  ligne,  ?ous  'es  ordres  du  colonel  Garnier,  son 
compatriote.  Au  combat  de  San-Lorenzo,  il  s'empara  d'un  éten- 
dard me.xicain,  ce  qui  valut  au  SI"  de  ligne  d'avoir  son  drapeau 
décoré  de  la  Légion  d'honneur. 

Ses  obsèques  ont  eu  lieu  le  l""  avril  1808,  à  La  Chaussée. 


Le  D''  Giraux,  président  de  la  Société  Académique  de  la  .Marne, 
de  la  Commission  météorologique,  etc.,  est  décédé  à  Chàlons,  le 
2  avril  1898,  à  l'âge  de  o7  ans. 

Médecin  du  Bureau  de  bienfaisance,  inspecteur  des  enfants  du 
premier  âge,  membre  du  Conseil  départemental  d'hygiène,  méde- 
cin de  létat-civil,  il  utilisait  ses  loisirs  en  cherchant  encore  à  se 
rendre  utile  à  ses  concitoyens.  Il  avait  fondé  à  Chàlons  un  contre 
fort  actif  d'observations  météorologiques,  et  participait  aux  tra- 
vaux de  la  Société  Académique  dont  il  était  devenu  président. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  4  avril,  en  l'église  cathédrale  de 
Chàlons,  au  milieu  d'une  nombreuse  assistance. 

.M.  René  Giraux,  (ils  du  défunt,  conduisait  le  deuil,  accompagné 
de  M.  le  Dr  Vast,  de  Vitry,  du  colonel  Lacombe  et  du  capitaine  de 
vaisseau  Lefèvre. 

Les  cordons  du  poêle  étaient  tenus  par  MM.  les  D'"  Langlet,  de 
lîeims,  Evrain  et  Kicbard^  de  Chàlons;  M.M.  Doutté,  vice-président 
de  la  Société  d'Agriculture,  Blondiot,  directeur  des  Postes  et  Télé- 
graphes, Cognel,  principal  du  Collège. 

On  remarquait  dans  le  cortège,  avec  les  diverses  délégations,  le 
préfet  de  la  Marne,  le  général  Lafouge,  le  maire  de  Chàlons,  etc. 

A  l'issue  du  service  religieux,  des  discours  ont  été  prononcés  sur 
le  parvis  de  la  cathédrale  par  M.M.  Langlet,  au  nom  de  l'Associa- 
tion médicale  de  la  .Marne  ;  Doutté,  au  nom  de  la  Société  d'Agri- 
culture et  de  la  Commission  météorologique  ;   et  Cognel,  au  nom 

28 


434  NECROLOGIE 

des  rouclioniiaircs  cl  élèves  du  collège,  doiil  il  élail  également  le 
médecin. 

Le  corps  a  été  ensuite  transporté  à  Loisy-siir-Marne.  village 
natal  du  défunt,  on  linliumalion  a  eu  lieu. 

M.  le  D''  Giraux  était  oflicier  d'Académie  et  chevalier  du  Méi'ite 

agricole. 

* 

M.  Eugène  l.amairesse,  ancien  ingénieur  en  chef  des  ponts  et 
chaussées,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  est  décédé  à 
Marengo,  près  Orléaiisville  (Algérie),  le  7  avril  l8'J8. 

Chàlonnais  de  naissance,  il  était  entré  dans  le  corps  des  ponts 
et  chaussées  en  184*2.  11  fut  employé  d'abord  dans  le  département 
de  l'Ain,  puis  il  passa  dans  l'Inde  française  et  parcourut  les 
immenses  régions  de  l'Indoustau. 

Il  fut  ensuite  nomnié  ingénieur  en  chef  en  Algérie,  où  il  prit  sa 
retraite. 

Polyglotte  et  érudit,  connaissant  la  plupart  des  langues  de  l'Eu- 
rope, Eugène  Lamairesse  possédait  en  outre  l'arabe  et  le  tamoul. 
On  lui  doit  la  publication  de  divers  do£uments  littéraires  hindous, 
des  études  sur  le  Bouddhisme,  sans  parler  de  ses  travaux  techni- 
ques d'ingénieur  sur  les  étangs  des  Bombes,  sur  l'hydrologie  du 
mont  Jura,  sur  les  irrigations  de  l'Inde. 

C'était  un  homme  d'une  grande  intelligence  et  un  patriote 
ardent. 

C'est  à  la  libéralité  du  savant  ingénieur  que  la  ville  de  Chàions 
doit  le  Musée  hindou  qui  a  été  placé  dans  la  cour  du    Petit-Hôtel- 

de-Ville. 

*• 
»     * 

Le  samedi  30  avril  est  décédé  à  Rethel,  dans  sa  cinquante-neu- 
vième année,  M.  Adolphe-Désiré  Linard,  agriculteur  et  industriel, 
sénateur  des  Ardennes,  vice-président  du  Conseil  général,  maire 
de  Sainl-Cierniainmont,  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'Agri- 
culture, président  du  (Cercle  agricole  de  Rethel,  chevalier  du 
.Mérite  agricole. 

M.  Linard  était  né  à  Fronielenncs  (Ardennes),  le  29  octo- 
bre 1836. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  4  mai,  à  Saint-Germainmont 
(Ardennes).  Un  premier  service  avait  été  célébré  le  3  à  Rethel, 
dans  l'église  Saint-Nicolas. 

La  famille  de  M.  Linard  a  remis  au  maire  de  Rethel  une  somme 
de  deux  mille  francs  pour  être  répartie  comme  suit  : 

1,200  francs  au  Bureau  de  bienfaisance  ; 

400  francs  à  la  Compagnie  de  sapeurs-pompiers  ; 

200  francs  à  l'Harmonie  municipale; 

200  francs  à  la  Société  v  Les  Amis-Réunis  ). 


NéCROLOGIK  435 


Nous  apprenons  avec  regret  la  mort  de  !\I.  l'abbé  Louis-Charles 
Cerf,  chanoine  titulaire  de  l'église  métropolitaine  de  Reims, 
ancien  président  et  membre  titulaire  de  l'Académio  de  cette  ville, 
membre  correspondant  honoraire  du  Comité  des  Travaux  histo- 
riques, décédé  à  Keims,  le  8  mai  1898,  dans  sa  soixante-quator- 
zième année. 

Fiémois  de  race  et  de  naissance  autant  que  dt;  cœur,  il  aimait  à 
raconter  que,  pendant  la  Révolution,  ses  grands-parents  avaient 
sauvé  et  caché,  au  risque  de  leur  liberté  et  môme  au  péi'il  de  leur 
vie,  plusieurs  prêtres  persécutés. 

Élevé  dans  ce  pieux  respect  du  sacerdoce,  le  jeune  Charles  Cerf 
ne  tarda  guère  à  se  sentir  la  vocation  religieuse.  F.e  cardinal 
Gousset  l'attacha  bientôt  à  sa  cathédrale  en  qualité  de  prêtre 
sacristain,  et  il  y  demeura  toute  sa  vie. 

Son  ordination  remonte  au  mois  de  novembre  1847;  il  avait 
alors  23  ans.  Il  y  avait  donc  plus  de  cinquante  ans  que  l'abbé 
Cerf  était  au  service  de  la  grande  métropole  rémoise.  Au  mois  de 
novembre  dernier,  contraint  par  sa  famille,  par  ses  confrères,  par 
ses  amis,  il  avait  célébré  ses  noces  d'or,  d'abord  dans  sa  chère 
cathédrale,  puis  à  la  chapelle  des  religieuses  du  Bou-Pasleur,  dont 
il  était  l'aumônier. 

Le  cardinal  Gousset  l'avait  nommé,  dès  \ii.y2,  quoique  bien  jeune 
encore,  chanoine  honoraire  ;  en  1878,  le  cardinal  Langénieux  lui 
donna  une  stalle  au  chapitre  en  le  créant  chanoine  titulaire. 

Membre  titulaire  actif,  depuis  J86i-,  de  l'Académie  de  Reims, 
dont  il  fut  président  en  1888,  rédacteur  assidu  du  Ihillelin  rcli- 
(ficux  du  diocèse,  collaborateur  historique  et  archéologique  du 
Courrier  de  lu  Champarine,  il  s'intéressait  vivement  aux  (|ues- 
tions  d'histoire  locale,  et,  s'il  manquait  peut-être  un  peu  de  style 
et  de  critique,  mettait  du  moins  une  rare  bonne  volonté  et  une 
mémoire  excellente  au  service  de  recherches  la  plupart  du  temps 
fructueuses. 

Sachant  fort  bien  remonter  aux  sources  et  puiser  aux  docu- 
ments originaux,  l'abbé  Cerf  a  ainsi  contribué  puissamment  au 
développement  des  travaux  archéologiques  et  historiques  dans  le 
pays  rémois.  Il  a  publié  nombre  de  plaquettes  et  de  brochures  ; 
ses  deux  principaux  ouvrages  sont  une  excellente  Histoire  et  des- 
cription de  Notre-Dame  de  Reims.,  en  collaboration  avec  l'abbé 
Charles  Hannesse  :  Reims,  Brissart-Binet,  I8Gi,  '2  vol.  in-S»,  avec 
planches,  et  une  Vie  des  Saints  du  diocèse  de  lieims,  où  le  défaut 
de  critique  historique  fait  tort,  malheureusement,  aux  connais- 
sances liturgiques,  et  qui  a  paru  il  y  a  quelijues  mois. 

Avec  le  chanoine  Cerf  disparait  l'un  des  prêtres  les  plus  estimés 
du  clergé  de  Reims.  Ses  obsèques  solennelles  ont  eu  lieu  le  1  i  mai 
en  l'église  Notre-Dame,  devant  une  foule  nombreuse  et  recueillie. 


536  NÉCROLOGIE 

La  levée  du  corps  a  élé  faite  par  M*"^  Juillel,  doyen  du  chapitre, 
qui  a  célébré  la  mc-se  et  accompagné  le  corps  jusqu'au  cimetière 
du  JNord. 

Les  cordons  du  poiMe  étaient  tenus  par  MM.  Henri  Jadart,  secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  ;  Noél,  quêteur  tiahitué  de  Notre- 
Dame  ;  et  par  les  chanoines  Périn  et  Decheverry. 

M.  Sabatier,  prêtre  sulpicien,  directeur  du  Grand-Séminaire  et 
vicaiie  général  honoraire,  conduisait  Je  deuil. 

A  l'issue  du  service,  M?"'  CauJy,  prolonotairc  apostolique,  vicaire 
général  et  président  de  l'Académie,  a  donné  l'absoute.  Au  cime- 
tière, il  a  pris  la  parole  au  nom  de  l'Académie,  et  prononcé  l'éloge 
funèbre  du  défunt. 


Un  des  rares  survivants  de  l'Assemblée  nationale  de  1848  vient 
de  mourir  à  Paris. 

Chàlounais,  M.  Edouard  Aubertin,  directeur  honoraire  du  ser- 
vice commercial  au  chemin  de  fer  du  Nord,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur^,  chevalier  de  Tordre  de  Léopold  de  Belgique, 
est  décédé  le  19  mai  courant,  dans  sa  quatre-vingtcinquièmd  année. 

Le  2i^  avril  1848,  M.  E.  Aubertin  avait  été  élu  représentant  du 
peuple  à  l'Assemblée  nationale,  au  scrutin  de  liste,  par  03,929  suf- 
frages. 

Il  iigurait  le  sixième  sur  la  liste  des  députés  de  la  Marne,  qui 
comprenait  M.M.  Léon  Faucher,  Pérignon,  Jean  Bertrand,  Bailiy, 
Dérodé,  E.  Aubertin,  Ferrand,  Leblond,  Soulié. 


On  annonce  également  la  mort  : 

De  M.  Lenoble-Gillet,  négociant,  décédé  à  Sedan,  le  vendredi 
l^'  avril  1898,  à  l'âge  de  '60  ans  ; 

—  De"  M.  Narcisse  Franquet,  ancien  négociant,  décédé  à  Reims, 
le  2  avril  1898,  dans  sa  soixante-dix-septième  année  ; 

—  De  M.  (icorges  Sellier,  receveur  particulier  des  finances  à 
Wassy  (Haute-Marne),  décédé  à  Suresnes,  près  l'ai-is,  le  10  avril 
1898,  à  l'âge  de  'i3  ans. 

M.  Georges  Sellier,  qui  appai tenait  à  une  ancienne  et  honorable 
famille  de  Chàlons,  était  beau-frère  de  M.  Léon  Bourgeois,  député 
de  la  Marne.  Chef  de  cabinet  du  ministre  de  l'Instruction  publique 
et  des  Beau.x-Arts,  il  était  devenu  sous-préfet  d'Arcis-sur-Aube, 
puis  de  Quimperlé,  et  avait  été  eo  dernier  lieu  noirinié  à  la 
recette  des  iinances  de  Wassy. 

Les  obsèques  ont  ou  lieu  le  13  avril,  en  l'église  cathédrale  de 
Châlons.  où  le  corps  avait  été  ramené. 

Le  deuil  était  conduit  par  MM.  Sellier,  père  du  défunt,  et  Léon 
Bourgeois,  son  beau-frère. 


NKGROLOaiE  A'M 

Les  cordons  du  poi'le  élaicoL  leiuis  par  MM.  Pafnienlier,  ancien 
sous-préfet,  percepteur  à  Chùions  ;  bauiiy,  directeur  de  l'Rnregis- 
trement  ;  Adrien  Goi-rg  et  Granlhille. 

Plusieurs  discours  ont  été  prononcés  sur  la  tombe  ; 

—  De  M'""  veuve  Marie  d'Arrentières,  décédée  à  Reims,  le 
12  avril  1898.  dans  sa  soixante-etunième  année; 

—  De  M.  de  Mauraige,  inspecteur  des  postes  honoraire,  décédé 
à  Ghâlons,  à  l'âge  de  65  ans  ; 

—  De  M.  Haussaire,  de  Reims,  professeur  d'anglais  au  lycée 
Carnot  à  Paris^  décédé  à  Rome  ; 

—  De  M.  Blandin,  ancien  directeur  du  théâtre  de  Reims, 
décédé  à  Paris,  le  1b  avril  1898,  à  l'âge  de  73  ans. 

M.  Blandin  avait  donné  à  la  scène  de  Reims,  qu'il  dirigea  pen- 
dant vingt  ans,  alors  qu'il  disposait  seulement  de  la  petite  et 
incommode  salle  de  la  rue  de  Talleyrand,  une  réputation  justifiée. 
Nulle  part,  dans  les  villes  de  même  importance,  on  ne  jouait 
mieux  ou  aussi  bien  la  comédie,  et  l'opérette  y  était  «  montée  » 
de  façon  remarquable.  Les  artistes,  dans  les  années  qui  ont  pré- 
cédé la  guerre,  s'appelaient  Hamilton,  Toudouze,  Amédée  Vuu- 
thier,  Milher,  Tessandier,  Mallard.  Montcavrei,  etc.  Tous  se  sont 
taillé,  depuis,  de  vrais  succès  à  Paris. 

En  1873,  M.  Blandin  inaugurait  le  nouveau  théâtre.  .Salle,  artis- 
tes, orchestre,  répertoire,  tout  était  nouveau  pour  le  publie  de 
Reims  et  de  la  région.  Ce  fut,  durant  trois  ou  quatre  années,  un 
défilé  incessant  de  spectateurs  charmés.  Puis,  l'attrait  de  la  nou- 
veauté s'atl'aiblit,  une  lassitude  relative  survint,  les  vides  se  pro- 
duisirent de  plus  en  plus  nombreux 

M.  Blandin,  en  homme  avisé  et  expérimenté,  jugea  le  moment 
venu  de  «  céder  la  main  ». 

Depuis  son  départ  de  Reims,  M.  Blandin  avait  fondé  à  Paris  le 
Pôle  Nord,  établissement  important  dans  lequel  on  se  livre  au 
patinage,  sur  vraie  glace,  durant  toute  l'année.  Malgré  la  concur- 
rence du  Palais  de  Glace,  créé  depuis,  l'entreprise  de  M.  Blandin 
est  encore  en  pleine  prospérité. 

.\rtiste  consommé,  M.  Blandin  était  aussi  le  plus  all'able  des 
hommes.  Ceux  qui  l'ont  connu  regretteront  celte  bonne  et  fran- 
che nature,  dont  la  cordialité  n'avait  d'égale  que  l'obligeance  ; 

—  De  M.  Cornât,  professeur  de  seconde  au  collège  de  Chàlons, 
décédé  à  Beugnot  (Yonne),  son  village  natal  ; 

—  De  M.  Jules  Lemaire,  contrôleur  principal  des  contributions 
directes,  en  retraite,  décédé  à  Chàlons. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  21  avril,  en  l'église  Saint-Loup. 

Les  cordons  du  poêle  étaient  tenus  par  MM.  Horguelin,  direc- 
teur honoraire  des  contributions  directes  ;  Auguste  Nicaise,  juge 
de  paix  ;  le  commandant  Masson  :  Briquaire,  contrôleur  principal 
des  contributions  directes. 


438  NÉCROLOGIE 

Lfi  deuil  était  conduit  par  MM.  Eugène  Lemaire.  Adolphe 
I.eniaire,  Sarazin,  président  du  Conseil  général  de  la  Marne,  beau- 
frère  du  défunt,  Kniile  Lemaire,  Clerc.  Deleuze,  sous-intendant 
militaire,  etc. 

Dans  l'assistance,  très  nombreuse,  on  remarquait  MM.  le  Préfet, 
Poirrier,  sénateur,  le  maire  de  Chàlons,  Clary,  directeur  des  con- 
tributions directes^  le  général  Lafouge,  le  commandant  Simon,  de 
Fismes,  etc. 

Sur  la  tombe,  M.  Horgueiin,  empoché  par  l'émotion,  a  prié 
M.  Auguste  Mcaise  de  vouloir  bien  lire  les  paroles  d'adieu  qu'il 
adressait  au  regretté  défunt; 

—  De  M.  Lucien  Jacquemart,  notaire  à  Rethel  ; 

—  De  M.  .lean-Baptiste  Corneille,  ancien  négociaDt,  décédé  à 
lieims  le  28  avril  1898,  dans  sa  soixante-seizième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  30,  en  l'église  Notre-Dame  ; 

—  De  M.  Paul-Alexandre  Sevrette,  professeur  d'anglais  aux 
lycées  Chanzy  et  Sévigné,  à  Charleville,  décédé  en  cette  ville  à 
l'âge  de  37  ans. 

Les  obsèques  ont  été  célébrées  le  30  avril,  en  l'église  de  Charle- 
ville. Après  l'office  religieux,  le  corps  a  été  conduit  à  la  gare  pour 
L'Ire  transporté  à  Clermont  (Oise),  où  a  eu  lieu  l'inhumation  ; 

—  De  M.  Félix  Deronce,  de  Charleville,  peintre  de  talent, 
décédé  à  Paris,  dans  sa  trente-troisième  année  ; 

—  De  M"^'^  la  comtesse  Sosthènes  de  Clermonl-Tunnerre,  née 
Marie-Laure  Bégé.  décédée  à  Paris,  le  3  mai  18'J8,  à  l'âge  de  71 
ans  ; 

—  De  M.  l'abbé  Lange,  curé  de  Vireux-Wallerand  (Ardennes), 
décédé  le  3  mai  1898  ; 

—  De  M.  l'abbe  Gilles,  aumônier  de  l'hospice  de  Château-Por- 
cien  et  curé  de  Condé-les-Herpy  (Ardennes),  décédé  le  a  mai 
1898,  à  lage  de  90  ans. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  ChàleauPorcien,  le  7  mai  ; 

—  De  M.  Auguste  Alloénd-Bessand,  négociant,  décédé  à  Reims, 
le  6  mai  1898,  dans  sa  soixante-et-onzième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  9,  en  l'église  Notre-Dame  ; 

—  De  i\L  Montjean,  notaire  honoraire,  président  du  Conseil  de 
fabrique  et  ancien  maire  de  Mézières,  décédé  à  Mézières,  à  l'âge 
de  74  ans  ; 

—  De  M»«  la  baronne  Boissonnet,  femme  du  général  de  divi- 
sion, so.'ur  du  général  vicomte  de  La  Hilte,  belle-sœur  du  général 
Alfred  Boissonnet,  décédée  à  Paris,  à  l'âge  de  71  ans. 

Les  oKsèques  ont  été  célébrées  le  9  mai,  en  l'église  Sainl- 
Honoré-d'Eylau. 

Le  ministre  de  la  Guerre  s'était  fait  représenter  par  un  de  ses 
ufficicrs  li'ordonnanop.  L'iiiliiirnatioii  a  en  lieu  à  Sézanne  ; 


NÉCROLOGIE  439 

—  De  M""'  Jules  Kemv.  née  Dillmi,  veuve  du  rogrellé  voyageur 
et  écrivain,  décidée  à  Louven^y  (Marne). 

Les  obsèques  onl  eu  lieu  à  Louvercy,  le  10  mai  1898  ; 

—  De  M™°  la  baronne  de  Ladoucelle,  née  La  Chambre,  femme 
du  baron  de  Ladoucelle,  ancien  dépuli''  des  Ardennes,  décédée  à 
Paris. 

Les  obsèques  onl  eu  lieu  le  13  mai,  en  l'église  de  la  Madeleine. 
A  l'issue  de  la  cérémonie  religieuse,  le  corps  a  élé  transporlé  à 
Vieils-Maisons  (Aisne),  où  un  second  service  a  élé  célébré  le  M  ; 

—  De  M.  l'abbé  Augustin  Ricber,  curé  de  Monlpolier  (Aube), 
décédé  ù  l'âge  de  78  ans. 

M.  l'abbé  Ricber,  né  à  Dampierre  en  1820,  avail  été  placé  en 
1844,  aux  débuis  de  son  ministère,  à  la  tête  de  la  paroisse  de 
Mesnil-Sainl-Loup.  Il  passa  en  1849  à  Lassicourt  et  l'ut  enfin 
nommé  curé  de  Montpotier  en  1801.  Il  y  avail  donc  trenle-sepl  ans 
qu'il  administrait  cette  paroisse,  où  sa  perte  sera  universellement 
regrettée  ; 

—  De  .M.  Olanier,  commissaire  de  police  en  retraile,  décédé  à 
Ramerupt  (Aube),  à  l'âge  de  78  ans. 

Honnête  et  loyal,  il  s'était  particulièrement  distingué,  en  1870. 
dans  l'héroïque  défense  de  Chàleaudun  ; 

—  De  M.  Jules  Bobillot,  rédacteur  à  VEclaireur  de  l'Est,  de 
Reims,  décédé  à  l'âge  de  2'6  ans  ; 

—  De  M.  le  général  de  La  Jarrige,  décédé  à  Paris  ; 

—  De  M.  Parigot,  président  du  Tribunal  civil  de  Troyes,  ancien 
président  du  Tribunal  de  commerce  d'Epernay,  ancien  membre  de 
la  Commission  municipale  de  cette  ville  pendant  la  guerre  de 
1870-71,  décédé  à  Troyes,  le  24  mai  1898,  dans  sa  soixanle-lroi- 
sième  année. 

Il  était  le  fils  du  maire  de  Troyes  dont  on  se  rappelle  la  noble 
altitude  devant  l'ennemi,  en  1870. 


BIBLIOGRAPHIE 


Château- Ri'gnauU-Bogiuj,  pur  M.  l'abbé  Pélhknart,  docteur  en  théologie 
et  en  droit  canonique,  membre  correspondant  de  l'Académie  de  Reims, 
curé  de  Mauberl- Fontaine  (Ardennes).  —  Charlevilh,  Imp.  du  Cour- 
rier des  Ardennes,  189".  Gr.  in-S"  de  xn-346  pages,  avec  nombreuses 
planches  de  portraits,  plans,  vues  diverses,  cl  un  index  alphabétique, 

Coiiioiiné  par  lAcadémie  de  Reims  en  IS96,  publié  après  une 
retouche  et  précédé  dune  préface  par  Jules  Mazé,  cel  ouvrage 
répond  à  un  grand  zèle  de  l'auteur  et  au  vif  désir  de  ses  compa- 
triotes de  posséder  l'histoire  de  son  villag-e  natal  écrite  de  sa  main 
et  illustrée  par  ses  soins. 

Puissante  seigneurie  au  moyen  âge  et  même  terre  souveraine, 
apanage  successif  des  (iuise  et  des  Gonzague,  Château-Regnault 
est  .-simplement,  de  nos  jours,  une  importante  et  riche  localité 
industrielle.  Son  site  est  des  plus  pittoresques  de  la  vallée  de  la 
Meuse,  Rien  de  plus  opportun  que  d'y  relier  ainsi  le  passé  au  pré- 
sent. H.  .1. 


Marc  Husson.  —  l'ie  de  Nicolas  Philbtrl,  curé  de  Sedan,  évéquo  cons- 
tilultonnel  du  déparlement  des  Ardennes,  1724-1797.  —  Sedan,  J.  Laro- 
che, iu-S"  de  GO  pages  avec  portrait.  (Tiré  à  part  de  la  Hevue  d'Arden  e 
et  d'Argonne.) 

[\  devient  possible,  nécessaire  même,  un  siècle  après  les  événe- 
ments, de  raconter  et  de  juger  impartialement  les  actes  des  prin- 
cipaux membres  du  clergé  constitutionnel.  Celui  dont  i)  est  ici 
question,  Nicolas  Philbert,  appartenait  à  la  congrégation  de  la 
Mission  et  desservait  avec  dignité  et  sollicitude  la  cure  de  Sedan 
avant  la  Révolution.  Il  se  trompa  alors  sur  son  devoir  et  ses 
droits,  mais  sa  vie  resta  pure.  Son  attitude  fut  souvent  coura- 
geuse en  face  des  plus  critiques  situations. 

H.  J. 

Essai  sur  la  police  des  compagnons  imprimeurs  sous  l'ancien  régime,  par 
Louis  MoBiN,  typographe.  —  Paris,  Claudin,  1898,  gr.  in-8°  de  41) 
pages. 

Les  apprentis  imprimeurs  au  temps  passé,  par  le  même.  —  Lyon, 
Sézanne,  1898,  in-S»  de  28  pages. 

Extraits  de  Vlnlermèdiaire  des  Imprimeurs,  ces  deux  It'avaux 
d'un  érudit  et  très  compétent  typograplie  troyen  doivent  être  les 
bienvenus  dans  la  bibliographie  champenoise.  M.  [>ouis  Morin  a 
largement  payé  déjà  sa  dette  professionnelle  aux  études  sur  l'im- 
primerie et  les  corps  divers  de  métiers   de  l'ancienne  capitale  de 


BIBI.IOGRAl'HIE  441 

la  (^liampagiie.  Poète  sur  d'autres  cordes,  il  est  sur  celles-ci  cher-. 
clieur  irréprochable  et  très  sagace  appréciateur  des  mœurs  du 
temps  passé,  sans  dénigrer  toutefois  ni  amoindrir  le  notre.  Ses 
productions  sont  des  ouivres  historiques  et  morales,  appréciées  des 
maîtres,  et  dignes  de  toute  notre  attention.  H.  J. 


Davout,  maréchal  d'Empire,  par  sou  arrière-petit-Ols,  le  comte  Vkjikr, 
précédé  d'une  iniroduction  de  M.  Frédéric  Masson  ;  2  vol.  in-8",  chez 
Paul  Ollendorll',  éiliteur. 


m 


C'est  un  véritable  monument  que  M.  Vigier  vient  d'élever  à  la 
émoire  glorieuse  de  son  arriére-grand-père.  Déjà,  nous  possé- 
dions plusieurs  histoires  fort  complètes  de  Davout  et,  de  plus, 
dans  ces  derniers  temps,  la  correspondance  même  du  maréchal, 
ainsi  que  son  Rapport  sur  le  3'-'  corps  durant  les  campagnes  de 
1806-1807.  avaient  été  édités  ;  on  pouvait  craindre  d'abord  que  la 
publication  nouvelle,  entreprise  par  aifeclion  filiale,  ne  fût  pour 
l'histoire  que  d'un  médiocre  profit.  La  crainte  eût  été  vaine. 
M.  Vigier  possédait  de  par  lui  un  nombre  suffisant  de  documents 
inédits  et  de  valeur  historique  de  premier  ordre,  et,  d'autre  part, 
il  a  fait  dans  les  archives  publiques  des  recherches  si  habiles  et  si 
fructueuses  qu'on  peut  dire,  avec  M.  Frédéric  Masson  -.  «  Ce  livre 
apporte  une  contribution  singulièrement  utile,  non  seulement  à  la 
biographie  de  Davout.  mais  à  l'histoire  militaire  et  même  à  l'his- 
toire générale.  »  Au  reste,  Davout,  duquel  Napoléon  a  écrit  qu'il 
possédait  «  une  bravoure  distinguée  et  de  la  fermeté  de  carac- 
tère, première  qualité  d'un  homme  de  guerre  )>,  mérite  qu'on 
fouille  sans  relâche  autour  de  ses  actions.  Voici  ce  qu'écrivait,  le 
3  décembre  18o8,  au  vicomte  Joseph  Vigier,  le  duc  d'Aumale  : 
i<  Auersta-dt.  Je  viens  de  visiter  le  théâtre  de  cet  exploit,  le  plus 
mémorable  peut-être  de  nos  longues  guerres.  J'ai  tout  vu  sur  ce 
terrain  découvert  où,  avec  26,000  soldats,  bien  dignes  de  lui  d'ail- 
leurs, il  arrêta  et  battit  70,000  Prussiens.  Je  reviens  fort  exalté,  et 
après  avoir  fait  partager  mon  exaltation  à  mon  fils.  »  L"ouvrage 
de  iM.  Vigier  peut  être  aussi  utile  pour  nous  qu'une  visite  aux 
bords  de  la  Saaie  ;  il  est  toujours  bon  de  rappeler  à  un  peuple  les 
actions  glorieuses  qu"il  accomplit  jadis.  (i.  R. 


Sommaire  de  la  Reime  historique  ardennaise  (mai-juin  1898)  : 

I.  Le  cimetière  gaulois  d'Aunelles,  par  A.  Launois. 

II.  Mélanges.   —  Quelques  inscriplious  ardennaises  conservées    à    Liège, 
par  N.  Albol. 

Les  fils  du  général  Dampierre,  par  Ahthcr  Choqukt. 
Une  lettre  de  Louis  de  XJâle,  comte  de  Rethel,  par  L.-H.  Moranv.llé. 
Un  traité  relatif  aux  fortifications  d'Attigny,  par  Louis  Demaison. 
Lettre  d'un  volontaire  de  Tagnon,  en  17^3,  par  Maurice  Uénault, 


442  BIBLIOGRAPHIE 

III.  Vahiktics  riÉvoLUTiONNAiRES.  —  l.cs  papiers  des  communes  de  lan- 
cien  liistricl  de  Sedan,  de  rinlendaiice  de  Champagne  el  de  la  ci -devant 
province  du  Hainaut.  —  Un  ])ressanl  appel  de  la  ville  de  ï*hilippeville  ; 
lettre  de  Ûubois-Craucé  à  ce  sujet. 

IV.  Bibliographie.  —  Joseph  Halkin,  Invenlaire  des  Archives  de  l'ab- 
boye  de  Slavelot-Miilmi'dy  (Doji  Albert  Noël).  —  S.  Bormans  et  E. 
Schoolmeesters,  Cartulah'e  de  l'église  Saint- Lambert  de  Liège  (C.-G. 
Roland). 

V.  Planche  iiobs  texte.  —  Objets  antiques  trouvés  à  Annelles. 


Sommaire    de   la  Revue    cCArdcnnc   cl    il'Arijonnc    (mai-juin 
1898)  : 

Stephen  Leroy,  Les  sièges  d'Omout,  de  1569  à  1591. 

Mabc  Husson,  Vie  de  Nicolas  Philbert,  curé  de  Sedan,  évêquc  conslitulino- 

nel  du  département  des  Ardeunes  ;  1724-1797  [suite  et  (in). 
JuLr.s  Mazé,  L'Ardenne  artiste  :  Aux  Salons. 
Vahiétks.   —  I.   P.  L..  Les  vieux  arbres  de  Sévigny-la-Forêt. 
II.    Paul  Collinet,  La    défense    conlre    la    peste    champenoise    dans    les 

Ardennes  en  IBSi"). 
Bibliographie.  —  Chàteau-licgtiauU-Bogtiy,     par    l'abLé    Péchenarl    (J. 

Bourguignon). 

Les  Ardoisières  des  Ardennes,  par  N.  \\atrin  (A.  Thiriet). 

Géographie  abrégée  des  Ardennes,  par  un  instituteur. 

Tablettes  généalogiques  rethéloises  :  La  famille  Landragiv,   par  A.    Bau- 
doD. 

Les  Ecoles  de  Helhel  cl  des  tillages  voisins  en  1774,  par  H.  Jadarl. 


Sommaires  de   la    Revue    hisluriqiie  (lome  LXVI,   mars-avril 
1898)  : 

A.  DE  BoisLisLE.  Les  avculures  du  inaïquis  de  Langalerie  {lGol-1717), 
suite  et  fin,  p.  257  à  300.  —  Baron  Dn  Casje.  Le  'â"  corps  d'armée  de 
l'armée  d'Italie  en  1859.  1"  partie,  p.  301  à  323.  —  G.  Monod. 
M.  Thiers  el  sa  situation  parlementaire  en  1839,  p.  324  à  331. 

(Tome  LXVII,  mai-juin  1898): 

P.  hiBART  DE  LA  Touiv  Les  i/uroisses  rurales  dans  l'ancienne  France,  3" 
partie,  p.  1  à  35.  —  Baron  Du  Casse.  Le  5=  corps  de  l'armée  d'Italie  en 
i85g,  suite  et  fin,  p.  36  à  58.  —  H.  Pirenne.  Villes,  marchés  et  mar- 
chands au  moyen  ûge,  p.  59  à  70.  —  Ch.-V.  Langlois.  Notices  et  docu- 
ments relatifs  à  l'histoire  de  France  à  la  fin  du  XIII'  el  au  commence- 
ment du  XIV»  siècle,  3'  arlicle,  p.  70  à  83. 


ClIPiONÏQUE 


Société  des  Scik.ncks  et  Arts  de  Vitry-le-François  .  —  Scance 
du  il  février  1S9S.  —  Présidence  de  M.  Jovy. 

Le  docteur  Mouiriii  lit  une  note  sur  la  découverte,  aux  Marvis, 
de  six  tombes  gallu  romaines,  probablement  du  lu^  siècle.  Mal- 
lieureusement  elles  0!;t  été  violées  et  ne  renfermaient  que  de 
nombreux  fragments  de  poteries  el  deux  petits  vases  absolument 
semblables,  comme  forme  et  comme  terre,  à  d'autres  qui  ont  été 
trouvés  dans  une  sépulture  à  crémation  entre  Cbangy  et  Bassuet. 
Puis  le  docteur  Mougin  signale  un  véritable  cimetière  mérovingien 
à  la  Haute-Fauvarge.  Toutefois  ce  cimetière  est  impossible  à  fouil- 
ler, parce  qu'il  est  dans  de  petits  jardins  plantés  d'arbres  fruitiers. 

M.  Jovy  fait  une  communication  intitulée  :  ConlribuUonà  l'his- 
toire de  la  formation  du  déparlement  de  la  Marne.  Il  rappelle 
que  la  division  de  la  France,  par  l'Assemblée  constituante,  en 
quatre-vingt-trois  départements,  a  été  ou  fort  vantée,  ou  très 
décriée.  D'après  les  uns,  .M.  Léonce  de  Lavergne,  par  exemple, 
dans  son  livre  sur  les  Assemblées  jn-ovinciales  sons  Louis  AT/, 
elle  n'aurait  pas  eu  le  caractère  révolutionnaire  qu'on  lui  prête. 
Elle  n'aurait  été  que  la  réalisation  d'un  ancien  projet  de  la  Cou- 
ronne. D'après  les  autres,  —  et  M.  Jovy  cite  ici  l'appréciation  d'un 
contemporain,  l'abbé  Georgel,  —  elle  aurait  rendu  la  France 
('  méconnaissable  ;  le  morcellement  du  pays  en  départements,  en 
faisant  disparaître  les  noms  révérés  de  nos  anciennes  provinces, 
ne  présenta  plus  aux  yeux  qu'une  image  confuse  de  pays  démem- 
brés. )) 

Quelle  que  soit  l'opinion  qu'on  puisse  avoir  sur  l'opportunité  de 
cette  mesure,  ({u'elle  apparaisse  aux  uns  com.me  le  résultat,  en 
quelque  sorte  fatal,  d'une  tradition  administrative  de  l'ancien 
régime,  aux  autres  comme  une  mesure  révolutionnaire,  —  il 
demeure  bien  certain  que,  lorsqu'on  apprit  que  l'Assemblée  cons- 
tituante se  proposait  de  remanier  les  anciennes  provinces  et 
d'opérer  une  nouvelle  division  du  territoire,  il  y  eut  dans  toute  la 
France  une  agitation  générale.  Les  provinces  et  les  villes  étaient 
animées  soit  par  la  crainte  de  perdre  la  prépondérance  acquise, 
soit  par  l'espoir  d'un  accroissement  d'inlluence  et  de  position. 
M.  Jovy  a  retrouvé  aux  Archives  municipales  (division  D,  carton 
1",  liasse  4)  les  lettres  adressées  à  la  municipalité  de  Vitry-le-Fran- 
çois  par  M.  Pierre-François  Barbie,  lieutenant-général  au  bailliage 
et  préîidial  de  Vitry-le-François  et  député  du  bailliage  aux  États 
généraux.  Ces  lettres,  inédites  et  non  utilisées  jusqu'ici,  témoi- 
gnent des  généreux  etforts  de  cp  député  pour  défendre    les   inté- 


444  CHRONIQUE 

rtHs  de  Vilry,  en  même  temps  quelles  motilrent  les  luttes  entre 
les  différentes  parties  et  les  diverses  villes  de  la  Cliampagne  pour 
conquérir  le  plus  d'avantages  possibles  dans  la  nouvelle  organi- 
sation. 

M.  Jovy  renvoie  à  la  prociiaine  séance  la  suite  de  celte  commu- 
nication. 


SOCIKTK    ACADEMIQUE    DE    l'AL'BF..    —    SéaUCC    dit     I ,'j     QV)  H      1898. 

—  Présidence  de  M.  le  comte  de  Launay.  président. 

Comniunicalions  du  Président. 

Le  président  annonce  le  décès  de  M.  Edmond  Martin,  membre 
correspondant,  et  se  fait  l'interprète  des  regrets  de  la  Société. 

Il  fait  connaître  que,  par  un  codicille  olographe  du  C  mars 
iS97,  déposé  en  Tétude  de  M"  Fournier,  notaire  à  Troyes,  le 
28  février  18'.t8,  M.  Dufour-Bouquot.  ancien  président  de  la 
Société,  a  légué  à  celle-ci  une  somme  de  1,U0U  francs,  qui  lui  sera 
versée  trois  mois  après  le  décès  de  M"»*  Dufour-Houquot,  sa 
veuve,  instituée  par  lui  «a  légataire  universelle.  M.  le  président 
exprime  les  sentiments  de  vive  reconnaissance  que  lui  inspire 
cette  libéralité  et  en  adresse  l'expression  à  M™«  Dufour-Bouquot, 
au  nom  de  la  Société.  —  L'acceptation,  volée  parla  Société,  sera 
réalisée  dans  les  formes  ordinaires. 

Conrspondancc. 

Le  maire  de  Troyes  informe  la  Société  qu'un  arrêt  ministé- 
riel vient  d'attribuer,  à  titre  de  dépôt,  au  Musée  de  Troyes,  une 
.Marine.,  de  Jo-eph  Vernet  ;  —  Devant  les  Reliques,  tableau  de 
Buland,  provenant  du  musée  du  Luxembourg,  —  et  les  Vierges 
folles,  groupe  en  plâtre  de  M.  Icard.  Les  frais  d'emballage  et  de 
transport  sont  à  la  charge  de  la  Ville. 

.M""  Fournier,  notaire  à  Troyes,  envoie  la  copie  du  codicille  de 
.M.  Dufour-Bouquot.  M.  le  Préfet  demande  que  la  Société  réunisse 
et  lui  envoie  les  pièces  nécessaires  pour  obtenir  la  régularisation 
de  cette  libéralité. 

Le  baron  de  Baye,  dont  le  concours  avait  été  réclamé  pour  la 
dernière  séance  publique,  mais  qui  n'avait  pu  répondre  à  cette 
invitation  parce  qu'il  se  trouvait  en  Bussie,se  met  à  la  disposition 
de  la  Société  pour  une  conférence,  à  Troyes,  sur  ses  missions 
en  Sibérie  ou  en  Géorgie,  avec  projections  à  l'appui.  M.  le  prési- 
dent est  chargé  de  le  remercier  et  de  lui  demander  de  vouloir 
bien  attendre  que  la  Société  organise  une  séance  exceptionnelle, 
dont  sa  présence  viendra  rehausser  l'éclat. 

Le  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  sur 
le  rapport  favorable  de  la  Commission  du  Ministère,  qui  a  haute- 
ment apprécié  la  valeur  du  travail  de  M.  Le  Clerl  et  en  a  voté 
l'impression,   accorde  à  la  Société   une   subvention   exceptionnelle 


CHRONIQUE  4i8 

de  :<,0U0  francs,  payable  en  trois  années,  et  exclusivement  appli- 
cable à  la  publication  du  Catalogue  descriptif  cl  raisonne  des 
bronzes  du  Musée  de  Troycs^  texte  et  planches,  —  M.  le  prési  Jent 
exprime  la  reconnaissance  de  la  Société  et  dit  que  le  Comité  de 
publication  s'entendra  avei-  l'imprimeur  [)Our  les  conditions  de 
l'impression. 

Travaux  des  Sociélés  correspondantes. 
Bulletin  (le  la  Société  d'études  d'Avallon  .'  Lettre  de  Prosper 
Mérimée,  datée  de  I8:{+,  et  relative  à  la  restauration  de  l'église  de 
Vézelay  ;  elle  donne  dintéressants  détails  sur  ce  qu'était   la  pro- 
vince k  cette  époque. 

Bulletin  o.rcliéologique  du  Ministère  de  l'Instruction  pubU- 
(juc  :  Note  relative  à  certaines  monnaies  que  le  prince  de  Condé 
fit  frapper,  à  l'effigie  du  roi  Charles  IX,  avec  l'argenterie  enlevée 
aux  églises  par  les  Huguenots.  On  voit,  au  revers  de  ces  pièces,  un 
monogramme  composé  des  lettres  E  et  B,  qui  serait  la  marque 
d'Etienne  Bergeron.  successivement  maître  de  la  Monnaie  de 
Troyes  et  de  celle  des  Étuves,  à  Paris.  Après  s'être  ruiné,  il  serait 
entré,  vers  io02,  au  service  de  la  reine  de  Navarre  et  aurait  été, 
en  récompense  des  services  lendus  par  lui  aux  Réformés,  maître 
des  mines  du  Béarn  et  de  la  Monnaie  de  Pau. 

Séance  du  W  mai  ISOS.  —  Présidence  de  M.  Emmanuel 
Bu.xtorf,  vice-président.  —  M.  le  président  annonce  le  décès  de 
M.  Elzéar  Angenoust,  membre  correspondant,  et  de  M.  Vicior 
Bar;  M.  Petit  de  Vausse,  membre  correspondant,  a  été  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  à  l'occasion  du  Congrès  des 
Sociétés  savantes. 

Correspondance. 

M.  Labourasse,  membre  correspondant,  envoie  un  manuscrit 
qui  a  pour  titre  :  Savigation  dr  la  Haute  Seine,  de  Nogenl  à 
Chdtillon. 

Lectures  et  communications  des  membres. 

M.  de  la  Boullaye  rend  compte  d'un  travail  de  M.  Louis  Moriii 
sur  les  Dominoticrs  Iroyens.  L'auteur  s'est  beaucoup  occupé  des 
industries  troyeniics  qui  ont  attiré  l'attention  de  Grosley.  L'indus- 
trie des  dominoliers  se  confond  peut-être  avec  celle  des  cartiers, 
sur  laquelle  M.  Louis  Morin  se  propose  de  publier  aussi  ses 
recherches. 

Elections, 

M.  Georges  Chanoine,  directeur  de  la  succur.:iale  de  la  Banque 
de  France,  à  Vesoul,  est  nommé  membre  correspondant. 

M.  le  président  déclare  la  vacance  du  fauteuil  de  M.  Dufour- 
Bouquot,  dans  la  section  des  lettres;  l'élection  aura  lieu  à  la  pro- 
chaine séance. 

M.  Pron  informe  la  Société  que  M""'  Audilfrod  vient  de  don- 
ner trois  tableaux  de  valeur  au  Musée  :  l"'  Portrait  de  la  dona- 
trice ;  -"  portrait  de  M.  Auditl'red  ;  3"  motif  peint  par   Lepoitevin. 


446  ,  CHRONIQUE 


SoClKTK    HISTOKIQllK     KT     AliCUKOLOGIUHK     ItK     Cu ATKAU-ThIKUUV.    — 

Séance  du  5  ncvil  tS9S.  —  M.  Th.  Lhuillier,  président  de  la 
Société  historique  de  Meluti,  adresse  obligeamment  une  note  fort 
inl('res«anle  qui  sera  publiée  i)i  crlciuo  dans  les  Annales.  Dans 
son  mémoire  sur  La  fortune  immobilière  de  Racine,  M.  .Maurice 
Henriet  rei^rettait  de  n'avoir  pu  ideiitilier  le  Saint-Leu  où  Cathe- 
rine de  Homanet,  femnie  de  l'illustre  poète,  avait  eu  quelques 
biens  en  mariage.  Voici  la  réponse  que  nous  extrayons  du  travail 
de  notre  bienveillant  correspondant  : 

«  11  s'agit  de  Saint-Leu,  hameau  de  Cesson,  petite  commune 
près  de  Melun.  La  seigneurie  de  Saint-Leu  appartenait,  avec  un 
prieuré,  aux  bénédictins  de  Saint-Père  de  Melun,  et  Jean-André 
de  Homanet,  trésorier  de  France  en  la  généralité  de  Picardie, 
possédait  là  le  tief  du  Petit-SaintLcu. 

«  Le  20  mars  1607,  Jean-André  de  Homanet  et  Madeleine  de 
Hournel,  sa  femme,  cèdent  en  partie  leurs  droits  à  Anne  Foy, 
veuve  de  François  de  Santeul.  Madeleine  de  Dournel,  devenue 
veuve,  est  mentionnée  comme  censitaire  des  susdits  bénédictins 
de  Saint-Leu  (ltJ99). 

«  En  1691,  elle  déclare  que  ce  tief  vaut  3,000  livres  de  revenu. 

«  Entre  lt)99  et  1719.  on  trouve,  comme  censitaire  des  bénédic- 
tins de  Saint-Leu  et  des  chevaliers  de  Saint-Jean-de-Jérusalem, 
à  Savigny-le-Temple  (village  limitrophe),  Charlotte  Witart, 
dame  de  Passy-en-Valois,  veuve  de  Claude  de  Homanet.  Il  est  pro- 
bable que  Racine,  n'ayant  pas  conservé  les  biens  de  Saint-Leu  que 
lui  avait  apportés  Catherine  de  Homanet,  les  avait  cédés  à  son 
beau- frère  Witart.  » 

—  Note  de  M.  l'abbé  Jovenay,  curé  de  Verdilly,  membre  corres- 
pondant : 

«  Vers  la  lin  d'octobre  dernier,  M.  Olivier,  débitant  à  Verdilly, 
tirant  du  sable  dans  l'une  de  ses  propriétés,  lieudit  les  Pater- 
nostres,  mettait  à  jour  deux  squelettes  humains.  Ce  lieudit  est 
situé  sur  le  penchant  de  la  colline  sur  laquelle  est  bâti  le  village, 
à  l'exposition  du  midi,  en  face  du  hameau  des  Roches,  séparé  de 
ce  dernier  par  la  route  de  Château-Thierry  à  Fère-en-Tardenois. 

et  Les  squelettes  étaient  peu  profondément  enterrés  et  se  trou- 
vaient néanmoins  dans  un  état  de  conservation  parfaite  ;  l'un 
avait  la  position  accroupie  et  la  figure  tournée  vers  l'Est;  l'antre, 
placé  à  environ  un  mètre  en  avant,  était  couché  horizontalement 
dans  la  même  orientation  et  entouré  d'une  rangée  de  petits  blocs 
de  grès  all'ectant  des  formes  bizarres.  C'est  à  la  base  d'un  r-norme 
grès  —  qui  était  peut-être  un  dolmen  —  que  cette  trouvaille  a 
été  faite.  » 

M.  Olivier  croit  avoir  trouvé,  également  au  même  endroit,  des 
silex  taillés  qu'il  a  négligé   de   recueillir;  malgré   ses   recherches, 


CHRONIQUK  447 

M.  Moulin  n'en  a  pu  rencoiilrer  aucun.  Il  b'esl  Loulefois  approprié 
l'un  des  crânes  ;  les  mâchoires  sont  garnies  de  toutes  leurs 
dents,  et,  à  la  manière  dont  ces  dents  sont  usées^  il  \-  aurait  lieu 
de  conclure  que  ces  squelettes  remontent  à  làge  préhistorique. 
Mais  celte  supposition  a  besoin  d'être  confirmée. 

—  Inventaire  des  Monnaies  gauloises  recueillies  dans  l'arron- 
dissement de  Chdleau-Thierry.  —  Ce  mémoire  est  destiné  au 
prochain  Congrès  de  la  Sorhonne,  section  d'archéologie.  M.  Minou- 
tlel,  de  Komeny,  qui  en  est  l'auteur,  a  visité  plusieurs  collections 
particulières  et  recueilli  ce  qui  a  été  publié  par  Al.  Fr.  Moreau 
dans  VAlhuin  Caranda.,  unique  dans  nos  Annales.  On  se  sou- 
vient que  le  regretté  M.  de  Vertus  avait  décrit  quelques  mon- 
naies gauloises  trouvées  dans  la  circonscription,  et  les  avait  inter- 
prétées. . .  à  sa  guise. 

iM.  Minoutlet,  suivant  le  conseil  des  représentants  les  plus  auto- 
rises de  la  numismatique,  MM.  A.  de  Barthélémy  et  E.  Babelon,  a 
enregistré  et  mené  à  boime  lin  l'inventaire  de  ces  monnaies.  11 
s'en  faut,  néanmoins,  au  dire  de  M.  Josse,  que  ce  travail  soit  com- 
plet. Beaucoup  de  particuliers  possèdent  des  échantillons  asse^ 
remarquables  et  ne  songent  point  à  les  faire  connaître  ;  un  com- 
plément s'impo<e,  on  nous  le  promet  pour  l'an  prochain.  L'inven- 
taire de  M.  Minoutlet  comprend  49  pièces,  3  en  or,  les  autres  en 
potin  ou  en  bronze  ;  la  plupart  olfrent  des  types  connus  ;  quel- 
ques-unes sont  fort  curieuses,  telle  celle  qui  a  été  découverte  à 
>'anteuil-Notre-Dame,  est  perforée  et  a  du  servir  de  pendeloque; 
telle  celle  qui  a  été  découverte  aux  Caquetnis,  dépendance  de  la 
Chapelle-sur-Chézy,  et  appartenant  à  M.  Duterne,  de  Viels-Mai- 
sons.  M.  Adrien  de  Longpérier  avait  interprété  la  légende  ArHA 
Afiendicum  Une  autre,  en  or,  avec  la  légende  CricirUyesl  l'objet 
d'un  intéressant  commentaire.  La  Collection  Caranda  a  fourni 
10  spécimens;  les  :.{3  autres,  trouvées  isolément,  appartiennent  ù 
divers  amateurs  :  MM.  Doyen,  Minoutlet,  Dutesne. 

—  Dans  les  Annales  de  1896,  p.  4.^,  M.  Corlieu,  en  faisant  don  du 
volume  Coup  d'œll  sur  le  Valois.,  par  M.  de  Fleury,  «  rappelle  ce 
que  ce  volume  a  d'intéressant  pour  nous,  puisqu'une  partie  du 
Valois  a  été  incorporée  dans  l'ariondissement.  Or,  le  volume  du 
(Comité  de  Senlis  (1896)  renferme  une  suite  aux  Anti(juités  du 
Valois  avec  des  notes  dues  à  un  savant  archéologue,  M.  Guizot, 
qui  parait  être  le  petil-lils  du  célèbre  ministre  de  Louis-Philippe. 
La  chàtellenie  de  La  Ferté-Milon,  «  qui  était  un  bailliage  avuc 
seigneurie  particulière  »,  y  figure  (pages  51  à  70)  avec  tout  ce  qui 
constitue  son  histoire,  sa  juridictioa,  ses  liefs,  revenus,  offices. 
Cette  histoire  des  Antiquités  du  Valois  avait  pour  auteur  Antoine 
Bataille,  procureur  du  roi  au  bailliage  et  duché  de  Valois,  décédé 
le  M  novembre  1608  et  inhumé  dans  l'église  Saint-Denis  de 
Crépy.  Le  président  .Minet,  en  1743,  a  fait  paraître,  principale- 
ment pour  Crépy,  sa  résidence,  la  plus  grande  partie  de  l'histoire 
d'A.  Bataille. 


448  CHRONIQUE 

M.  Guizol  se  propose  de  publier  les  AnlUjUités  du  Valois,  en  y 
rompreiiaiit  la  Ferlé-Miloii  el  en  relevant  les  nombreuses  inexac- 
liludes  commises  par  Cartier  dans  son  Histoire  du.  Valois.  Un 
autre  archéologue  de  grande  valeur,  M.  le  vicomte  A.  de  Caix  de 
Saint- Aymour  a  joint,  à  propos  de  Carlier,  une  critique  très  vive 
H  celle  que  présente  M.  tiuizot. 

MM.  (iuérin,  juge  de  paix  à  Château-Thierry,  el  Racine,  avoué, 
sont  élus  membres  titulaires. 

Srcncc  du  o  mai  ISOS.  —  Pendant  les  loisirs  forcés  d'une 
courte  et  légère  maladie,  M.  Maurice  Henriet  s'est  plu  à  analyser 
le  livre  récent  de  M.  G.  Larroumet  sur  Racine^  compte-rendu  que 
l'on  trouvera  dans  les  Annales. 

M.  Larroumet  établit  que  Uacine  a  profondément  subi  Tin- 
tluence  de  son  éducation,  de  ses  passions,  de  ses  amitiés,  de  sa  vie 
privée  et  sociale.  Sa  poétique  doit  beaucoup  à  sa  foi.  Si,  comme 
poète,  Racine  est  toujours  au  premier  rang  parmi  les  plus 
illustres,  il  laisse  deviner,  comme  homme  privé,  un  caractère 
dune  entière  bonne  loi,  mais  d'une  perpétuelle  inconstance.  Les 
prei}ves  viennent  à  l'appui  de  ce  portrait.  Après  avoir  rendu  la 
justice  qu'il  mérite  à  lauleur  de  Plii'dte,  à'Atfialie^  etc.,  M.  Lar- 
roumet ajoute  :  «  S'il  a  peu  mis  d'archéologie  dans  ses  pièces, 
c'est  que,  outre  la  médiocre  importance  de  la  mise  en  scène  dans 
la  tragédie,  spectacle  plus  intellectuel  que  matériel,  il  se  rendait 
compte  que  le  théâtre  est  chose  vivante,  tandis  que  l'archéolo- 
gie est  chose  morte.  Au  lieu  de  connaissances  archéologiques, 
Racine  nous  offre  le  sentiment  de  l'histoire,  ce  qui  est  plus  dilfi- 
cile  et  de  plus  grand  prix.   « 

H  résulte  des  nombreuses  pièces  (jue  M.  Hioniet,  insliluteiir  à 
Villeneuve-sur-Fère,  associé  libre,  a  eu  l'obligeance  de  communi- 
quer au  secrétaire,  que  suite  n'a  pu  être  donnée  aux  intentions 
charitables  de  l'abbé  Le  Leu  et  de  sa  sœur.  Ces  deux  personnes 
faisaient  donation,  le  19  avril  ll'l,  de  leurs  biens,  et  notamment 
d'une  maison  qu'elles  possédaient  à  Fère,  à  l'efTet  de  fonder  un 
Hôtel-Dieu.  M.  l'abbé  Le  Leu  survécut  à  sa  sœur;  à  sa  mort,  un 
procès  s'éleva  entre  ses  héritiers  et  les  corps  et  communauté  de  la 
ville  ;  puis  survinrent  les  événements  de  \~H9  à  1793  ;  la  maison, 
qui  devait  servir  d'Hôlel-Dieu,  fut  vendue  rèvoliiliomiairement, 
comme  bien  national.  Les  débats  se  sont  prolongés  entre  les  com- 
munes de  Fère  et  de  Villeneuve  (qui  revendiquait  sa  part)  jus- 
qu'en 1848.  Par  décision  du  Préfet  (août  1846),  le  partage  des 
revenus  alïectés  aux  pauvres  des  deux  localités  avait  été  établi 
coniine  suit  :  deux  tiers  au  Bureau  de  bienfaisance  de  Fère  ] 
l'autre  tiers  à  celui  de  Villeneuve.  Le  17  janvier  1848,  M.  Layla- 
voix,  sous-préfet  de  Château-Thierry,  donuail  connaissance  de 
cette  décision  à  M.  le  maire  de  Villeneuve. 

M.  Cuérin,  juge  de  paix  à  Château-Thierry,  est  élu  membre  titu- 
laire. 


CHRONIQUE  44'J 


Société  littéraiuk  kt  historkjci-:  ue  la  Biuii.  —  Séance  du  jeudi 
10  mars  I89S.  —  rrésidence  de  M.  Millier,  vice- président. 

Le  président  dépose  sur  le  bureau,  comme  don  fait  à  la  Société, 
par  M.  Lemarié  :  La  Petite  Gazelle  de  Dammartin. 

Il  communique  ensuite  à  la  Société  un  lemarquable  ti'avail  his- 
torique dû  à  M"«  Diifaux  de  la  Jonclière,  membre  correspondant, 
("est  une  suite  de  pages  consacrées  à  la  mort  des  Guises. 
M"»^  DuJau.x  de  la  .loncbcre  y  retrace  d'une  façon  magistrale  les 
principales  scènes  du  son^brc  drame  qui  eut  pour  tliéatre  le  ciià- 
leau  do  Hlois. 

Séance  du  jeudi  20  avril  IS!)<S.  —  Présidence  de  M.  Miiller, 
vice-président. 

Sont  déposés  sur  le  bureau  de  la  bibliothèque  : 

I"  La  Pt'tile  Gazelle  de  Dammartin,  adressée  par  M.    Lemarié. 

2"  La  Hecue  de  Champagne  il  de  Brie^  dans  laquelle  M.  Millier 
signale  un  important  article  de  M.  (laslon  Paris  sur  Guillaume 
CoquiUarl. 

A  noter  également  une  élude  sur  La  Fontaine  cl  ses  rapporls 
avec  les  artistes  de  son  temps,  de  M.  Larroumet. 

L'admission  de  M.  Paris,  pharmacien  à  Crécy-en-Biie,  délégué 
cantonal,  présenté  par  MM.  Millier  et  lîigault.  est  prononcée  à 
l'unanimité. 

M.  (iuérin  continue  sa  lecture  sur  les  ducs  et  le  duché  de  Valois, 
il  la  pousse  jusqu'au  règne  de  François  1'"''  et  renvoie  la  suite  à  la 
prochaine  îéanre  de  la  Société. 


Co.NGUÉS    ANiNLEL    llKi    Soi.ll-.II.S    SAVA.NTLS    UK    PAHIS     ET     DES    DÉl'AU- 

TEME.NTS.  —  Le  Congrès  annuel  des  Sociétés  savantes  s'est  tenu  à 
Paris,  du  12  au  16  avril  1898,  dans  la  nouvelle  Sorbonne  et  dans 
l'hémicycle  de  l'École  des  Beaux-Arts. 

Inauguré  sous  la  présidence  de  M.  Alexandre  Bertrand,  mem- 
bre de  l'Institut^  président  de  la  section  d'archéologie  du  Comité 
des  Iravau.x  historiques  et  scicntitiques,  conservateur  du  Musée 
des  antiquités  nationales  de  Saint-(jermain-cn-Laye,  il  s'est  clos 
sous  la  présidence  de  M.  Alfred  Rambaud,  ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  et  des  Beau.\-Arls. 

Aux  séances  des  diverses  sections  assistaient  nombre  de  notabi- 
lités émineutes  parmi  lesquelles  il  convient  de  citer  MM.  Léopold 
Delisle,  Anatole  de  Barthélémy,  Ernest  Babelon,  le  D''  Hamy, 
l'abbé  Thédenat,  Hiinh',  Baguenault  de  Puchcsse,  Antoine  Héron 
de  Villefosse,  le  comte  Robert  de  Lasteyrie,  Chabouillet,  Eugènc- 
Lefèvre-Pontalis,  de  Fourcaud,  Servois,  Henri  Omont,   Henri  Cor- 

2'J 


450  CHRONIQUE 

dier,  ie  comte  de  Marsy,  ,lean-Krani;ois  Bladé,  Léon  Maxe-Werl\ , 
Kugéiie  Tlioison,  Jules  (ùiulhier,  le  chanoine  Ulysse  Olievalier, 
E.  Couard,  Léon  Morel,  Joseph  Roman,  etc. 

Plusieurs  communications  intéressant  particulièremenl  notre 
région  méritent  d'être  relevées. 

—  Dans  la  section  d'histoire  et  de  philologie,  séance  du  12  avril, 
M.  R.  Aslicr,  professeur  au  lycée  de  Toulouse,  communique  un 
mémoire  relatif  à  ce  qu'il  appelle  une  erreur  historique  ;  la  lettre 
180  de  Gerbcrt  (Sylvestre  11)  et  le  quatrième  concile  de  Carthage. 

La  profession  de  toi  que  lit  Gerhert,  élu  Hrchevê(}ue  de  Reims, 
a  soulevé  un  grand  nombre  de  controverses. 

Pour  les  éditeurs  français,  MM.  OUeiis  et  Julien  Havet,  cette 
profession  de  foi  est  dirigée  contre  les  néomanichéens  du  nord  de 
la  France. 

Pour  les  critiques  allcmamls,  elle  constitue  un  document  médio- 
crement favorable  à  la  papauté  et  une  tentative  coupable  de  Ger- 
hert, qui  voulait  séduire  le  peuple  de  Reims  en  lui  permettant 
l'usage  de  la  viai\de,  et  gagner  les  voix  du  clergé  en  lui  permet- 
tant le  mariage. 

Or,  la  profession  de  foi  de  Gerhert  n'est  ni  ceci  ni  cela. 

Elle  date  en  réalité  de  393  après  Jésus- Ghrist  et  appartient  au 
quatrième  concile  de  Carthage. 

L'attribuer  à  Gerbert,  c'est  faire  une  erreur  de  six  cents  ans. 

M.  Astier  a  opposé  les  deux  formules  et  monln''  qu'elles  sont 
absolument  concordantes. 

.M.  Léopold  Delisle  confirme  la  parfaite  exactilude  du  renseigne- 
ment donné  par  M.  Astier,  dont  le  mémoire  sera  inséré  au  Bulle- 
tin du  Comité. 

M.  Auguste  Pawlowski,  de  la  Société  de  Géographie,  donne  lec- 
ture d'un  inventaire  des  archives  du  canton  de  Hourmont  (liaule- 
Marne),  archives  jusqu'ici  non  collationnées.  Cet  inventaire  com- 
prend les  communes  de  Saint-Thiébault,  rjrainville^  Concourt, 
Graffigny,  Vaudrecourt  (archives  de  la  Molhe)  et  (Concourt.  Les 
communes  de  Bourg-Saintc-.Marie,  (Lhaumont-la- Ville,  Doncourt, 
Gonaincourt,  Huilliécourt,  Ilacourl,  lUoud,  Malaincourt  et  Nijon 
ne  contiennent  que  des  registres  de  l'état  civil,  dont  les  plus 
anciens,  remontant  à  I6il,  otfrent  un  intérêt  particulier.  Quel- 
ques documents  sont  utiles  pour  l'histoire  de  la  région  ;  ainsi,  il 
faut  citer  une  ordonnance  de  Ricuin,  évoque  de  Toul  (1122); 
conlirméc  en  \\'o~  par  son  successeur  Henri  (archives  de  Rourg- 
Saintc-Marie),  les  pièces  d'un  procès  entre  Sommerécourt  et  Vau- 
drecourt (archives  de  Vaudrecourt),  un  rôle  d'impositions  pour  les 
moines  de  l'abbaye  de  Morimond.  les  dames  de  Poussay,  et 
Hubert  de  Crèvecœur,  seigneur  de  Vroncourt  (archives  de  Vron- 
courl),  des  papiers  concernant  la  famille  de  Choiseul.  11  convient 
de  signaler  une  tradition  qui  place  à  Ilarrévillc  le  tombeau  de 


CHHONiguiî  451 

Calixte  11  (Ijuy  de  Bourgogne),  Iraditioii  très  ucort-ditée  d.ms  le 
caillou  de  Bourmont. 

Les  docunienls  prinoipuiix.  au  point  do  vue  hisloriipie,  sont  reti- 
l'erniés  dans  les  archives  coinnuiiiales  de  Saint-Thiébault.  Ce 
village,  aujourd'hui  déchu,  l'emporlait  jadis  sur  Bourmont  (carte 
du  xv-'  siècle)  La  charte  de  Sainl-Thiéhauit  est  d'ui;e  extrême 
imporlanco  Juridique.  Elle  prouve  aussi  que  Thibaut  l*"'  prit  le 
litre  de  comte  de  Luxembourg  en  1203  (confirmation  d'une  charte 
d'échange  de  120:5  conclue  avec  Blanche  de  Navarre,  comtesse  de 
Champagne).  Il  demeure  évident  que  le  Barrois  de  par-de(;à  la 
Meuse  fut  soumis,  dés  le  début  du  xiii''  siècle,  à  la  suzeraineté  du 
roi oe  France. 

Cette  carie  est  complétée  par  une  série  de  parchemins,  un 
diplôme  de  1219  et  un  ordinaire  de  !:J6C,  des  confirmations  de 
Henri  de  Bar  (1300),  Kdouard  de  Bar  (1319  et  1329)  et  enfin 
Yolande  d'Avignon  (1482).  Les  chartes  des  ducs  de  Lorraine  sont 
souvent  précieuses. 

Les  sceaux  sont  parfois  bien  conservés  et  seraient  consultés  uti- 
lement pour  la  sigillographie  de  l'est  de  la  France. 

A  la  séance  du  !3  avril,  M.  Hugues,  archiviste  du  département 
de  Seinc-et  Marne,  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  le  régime  des 
routes,  avant  1700,  dans  l'Ile-de-France.  Il  expose  que  les  péages, 
jusqu'à  l'avènement  de  Sully,  sont  destinés  presque  exclusivement 
à  fournir  les  ressources  nécessaires  à  l'entretien  de  la  viabilité  ; 
elles  sont  malheureusement  détournées  de  leur  but,  malgré  de 
nombreuses  ordonnances  royales  et  les  plaintes  des  Etals-géné- 
raux. 

Au  xvii«  siècle,  est  constitué  un  budget  public  des  roules  ;  mais 
les  receltes  ne  sont  pas  encore  rigoureusement  appliquées  à  leur 
objet;  de  là  l'état  lamentable  des  chaussées  jusqu'au  milieu  du 
xviii*  siècle,  époque  où  le  recours  à  la  corvée  et  la  création  d'un 
personnel  technique  impriment  un  immense  essor  à  la  création 
du  réseau  de  nos  routes. 

A  la  séance  du  14avril,  en  réponse  à  la  huitième  question  du  pro- 
gramme, M.  Eugène  Thoison,  de  la  Société  historique  du  Câli- 
nais, montre  à  l'aide  de  nombreuses  cilations  les  services  que 
peuvent  rendre  les  registres  paroissiaux  aux  diverses  branches 
des  études  historiques.  La  météorologie  elle-même  peut  leur 
demander  des  renseignements  intéressants.  Après  avoir  énuméré 
les  ouvrages  publiés  en  Seine-et-Marne  et  qui  ont  utilisé  ces  don- 
nées, l'auteur  expose  les  mesures  qu'il  y  aurait  lieu  de  prendre,  à 
son  avis,  pour  assurer  la  conservation  de  ces  précieux  documents. 

—  Dans  la  section  d'archéologie,  séance  du  12  avril,  M.  Léon 
.Morel,  correspondant  du  ministère,  indique  aux  membres  du  Con- 
grès le  résultat  de  ses  fouilles  dans  les  cimetières  gaulois  de  la 
Marne  en  I89tj  et  18U7. 

A  Loisy-en-Brie,  on    a   trouve   un   bracelet  en  bronze   de  180 


452  CHRONIQUE 

gramme?,  formé  de  parties  pleines  et  de  vides.  Ce  biaceieL,  qui 
hcmblc  .irémiiié.  est  orné  de  ciselures  représentant  des  perles  et 
des  petits  cercles.  L'auteur  n'a  jamais  rencontré  de  bracelet  de 
nn'me  type  en  Champagne  et  croit  devoir  le  ranimer  parmi  les 
u'uvres  de  l'art  oriental. 

Il  décrit  ensuite  six  épées  trouvées  récemment  dans  les  cime- 
tières de  la  Marne  et  munies  de  leurs  rivets.  Les  boulerolles,  les 
lers  de  lance  et  le  nouveau  torques,  décoré  d'une  rouelle  et  de 
deux  oiseaux,  que  l'auteur  présente  au  Congrès,  lui  permettent  de 
compléter  sa  communication  sur  le  mobilier  funéraire  des  nécro- 
poles de  la  Champagne.  » 

A  la  séance  du  14,  M.  Schmidt,  archiviste  de  l'Vonno,  donne 
lecture,  au  nom  de  M.  Drot,  d'une  Notice  iur  la  conslmcUon  de 
dicers  Odliincnls  au  clidleaii  royal  de  Monligny-le-Jloi  i  HauLe- 
Manie).  en  liioO.  Un  marché  passé  à  Tonnerre  par  le  lieutenant 
général  de  Champagne  et  de  Hrie,  moyennant  la  somme  de  4,000 
livres,  avec  Séljastien  Piot,  maître  maçon,  est  daté  du  21  janvier 
l'ôbO.  Cet  entrepreneur  s'engageait  à  construire  une  halle  pour 
loger  les  munitions  et  l'artillerie,  une  citerne,  un  magasin. 

M.  Demaison,  archiviste  de  la  ville  de  Reims,  lit  un  mémoire 
.sur  les  chevets  des  éyliscs  de  Notre-Dame  de  Chdlons  et  de 
Sainl-]{(mi  de  lîcims.  L'abside  de  cette  dernière  église  a  fait 
école  et  fut  limitée  plus  lard  à  Saint-Symphorien  de  Reims,  dans 
Je  croisillon  sud  de  la  cathédrale  de  Soissons,  à  l'abbaye  d'Orbais_, 
et  enfin  à  la  cathédrale  de  Reims.  Le  chevet  de  Notre-Dame  de 
Chàlons  est  plus  ancien  que  celui  de  Saint-Remi  et  a  pu  être  cons- 
truit par  le  même  architecte.  11  est  évident  que  cette  abside  est 
le  prototype  de  celle  de  Saint-Remi.  contrairement  à  l'opinion  de 
beaucoup  d'archéologues.  Le  plan  et  les  détails  d'architecture 
olfrent  la  plus  frappante  analogie.  Le  chœur  de  Notre-Dame  de 
Chàlons,  qui  se  raccorde  à  des  constructions  romanes,  comme 
Viollet-le-Duc  et  AL  Dion  l'ont  déjà  fait  remarquer,  fut  rebâti 
entre  lIoT  et  1IS3.  La  ruine  du  chœur  primitif,  qui  s'était 
lézardé,  avait  été  prévue,  et  on  avait  eu  le  temps  de  déménager  le 
mobilier.  La  reconsti'uction  du  chœur  de  Notre-Dame  fut  favorisée 
par  les  pèlerins  qui  apportaient  les  matériaux  à  pied  d'œuvre, 
suivant  le  témoignage  de  Guy  de  Bazoches,  D'autres  lettres  du 
même  auteur  permettent  de  reporter  l'époque  de  grande  activité 
des  chantiers  de  l'abside  à  l'année  110:1  environ.  Les  travaux 
étaient  terminés  en  HS'J. 

.\  Saint-Remi  de  Reims,  l'abbé  Pierie  de  La  Celle  mentionne 
les  travaux  de  reconstruction  du  chevet  en  1179  dans  une  de  ses 
lettres.  Ce  fut  le  même  abbé  qui  enlieprit  de  voûter  la  nef.  D'au- 
tres lettres,  qui  peuvent  ren)ontcr  à  l'année  1180,  font  mention  de 
H'avancement  des  travaux  du  chœ.ur,  ce  qui  permet  de  reporter 
la  date  initiale  à  l'année  1170.  Pierre  de  La  Celle  fut  ensuite 
ijommé  évêque  de  Chartres,  et  l'abside  fut  terminée  vers  ll'.>0.  Il 


CHRONIQTIE  453 

faut  en  connhiro  qu'elle  est  poslécieure  à  relie  de  Notre-Danu'  d.; 
Cbàlons. 

M.  Deinaisoii  ajoute  à  son  intéressant  mémoire  quelques  nou- 
veaux détails  sur  les  arohilectes  de  la  cathédrale  de  Reims.  Il  sup- 
pose qu'un  architecte  nommé  Adam,  dont  un  chroniqueur  du 
.wii""  siècle  avait  transcrit  l'épitaphe,  doit  être  identifié  avec  Jean 
d'Orbais  par  suite  d'une  lecture  défectueuse.  En  outre,  Bernard 
de  Soissons  vivait  bien  à  la  fin  du  .\iii«  siècle,  comme  l'indique 
son  nom  inscrit  dans  un  cahier  de  l'assise  de  la  taille  levée  en 
1287.  Enfin,  Golard  de  Givry  est  cité  avec  sa  qualité  de  maître  de 
l'œuvre  dans  un  compte  de  deniers  daté  de  1448. 

M.  Minoutlet,  instituteur,  lit  une  étudt;  sur  les  monnaies  gau- 
loises trouvées  dans  l'arrondissement  de  Clidtcau-T h ierry  et  sur- 
tout dans  la  vallée  de  rOurCj.  Ces  monnaies  doivent  être  attri- 
buées aux  Senons,  aux  Suessions,  aux  Atrebates,  aux  Bellova- 
ques,  aux  Leuques,  aux  Remes,  aux  Veromanduens,  et  surtout  aux 
Catalaunes  et  aux  Silvanectes.  Les  types  au  loup  et  au  sanglier  sont 
assez  nombreux,  et  la  légende  CRICIRV,  qui  se  rencontre  sur  la 
monnaie  des  Suessions,  est  représentée   par   quatre   exemplaires. 

—  Dans  la  section  des  lieaux-arts,  séance  du  12  avril,  on  entend 
une  lecture  de  M.  Fernand  Mazerolle,  correspondant  du  Comité,  à 
Dijon,  sur  les  Dessins  de  médailles  et  de  jetons  attribués  à  Bou- 
chardon.  M.  .Mazerolle,  dans  ce  travail,  établit  la  pari  qui  revient 
à  Bouchardon,  à  Duvivier  et  à  Roëttiers  dans  les  dessins  conser- 
vés à  l'Hùtel  des  monnaies,  et  qu'on  était  enclin  à  langer  en  tota- 
lité parmi  les  dessins  de  M.  Bouchardon.  Les  preuves  apportées 
par  M.  Mazerolle  à  l'appui  de  sa  discussion  sont  décisives. 

On  se  souvient  du  ditl'érend.  M.  Henri  Bouchot  et  .M.  Alphonse 
Roserot  avaient  pensé  que  les  dessins  de  jetons  conservés  à  la 
.Monnaie  et  se  rattachant  au  règne  de  Louis  XV  étaient  l'œuvre  de 
Bouchardon.  .M.  Mazerolle  reconnaît  plusieurs  mains  dans  cette 
suite  de  projets.  J.  Duvivier  et  J.-C.  Roëttiers  ont  évidemment 
exécuté  plusieurs  des  dessins  visés.  Ce  qui  le  prouv»\  c'est  l'abbé 
Gougenot,  biographe  de  Duvivier,  qui  nous  raconte  la  brouille  du 
graveur  avec  le  sculpteur  à  l'occasion  d'un  profil  du  roi  que  Duvi- 
vier refusa  d'exécuter.  Ce  qui  le  prouve  encore,  c'est  la  présence 
à  la  .Monnaie  de  compositions  similaires  pour  un  même  sujet, 
l'une  à  peine  esquissée,  ^'aut^e  très  arrêtée.  En  résumé,  tout  le 
monde  est  d'accord.  Bouchardon  est  l'auteur  du  croquis  initial  et 
Roëttiers  ou  Duvivier  ont  précisé  le  trait  avant  de  graver  leur 
coin.  Mais  Victor  Hugo,  s'adressant  à  un  statuaire  de  son  temps, 
n'a-t-il  pas  dit  : 

La  forme,  ô  grand  sculpteur,  c'est  tout  et  ce  n'est  rif-n  : 
C'est  tout  avec  l'esprit,  ce  n'est  rien  sans  l'idée. 

Bouchardon  peut  se  réclamer  de  ces  vers,  conclut  spirituelle- 
ment M  Henri  Jouin  dans  son  rapport.  A  lui  l'idée  rapidement 
écrite  ;  à  Roëttiers,  à  Duvivier  la  forme  impeccable,    la   compo-^i- 


454  CHRONIQUE 

lion  derniÎTe,  de  proportions  voulues,  d'aspect  séduisant. 
M.  Mazeroile  a  raison  au  nom  de  Térudition  ;  mais  tenons  pour 
véniel  le  tort  de  ses  devanciers.  Ils  n'avaient  pas  bluté,  estimant 
peul-rtre  que  la  farine,  tout  aussi  bien  que  le  son.  pouvaient  Ptre 
comptés  à  Bouchardon. 

M.  G.  Leroy,  correspondant  honoraire  du  ministère  de  l'instruc- 
tion publique  à  Melun,  donne  lecture  de  son  mémoire  :  la  Céra- 
mique à  Boisscllcs  i  Scine-et-.Marnc),  /7.'yi-/7.S7.  Dans  ce  travail, 
l'auteur  établit  que  les  bistoriens  de  la  céramique,  sur  la  foi  d'un 
monogramme,  ont  souvent  attribué  à  un  fabricant  Orléanais  des 
pièces  provenant  de  Boissetles.  La  révélation  de  M.  Leroy  est  de 
nature  à  mettre  en  éveil  la  sagacité  des  amateurs. 

Boissettes  est  une  humble  commune  de  Seine-et-Marne.  Elle  vit 
s'ouvrir  sur  son  territoire,  en  17;!2,  une  faïencerie,  et  en  1776 
une  fabrique  de  porcelaine.  Les  braves  artisans  qui  dirigèrent  ces 
manufactures  y  mirent  trop  d'abnégation.  Ils  marquaient  leurs 
produits  de  la  lettre  B.  D'où  l'erreur!  Les  historiens  de  la  cérami- 
que française  en  ce  siècle  reportent  à  la  manufacture  d'an  certain 
Bourdon-Sauzay,  d'Orléans,  l'honneur  d'avoir  fabriqué  toutes  les 
pièces  marquées  à  l'initiale  fatidique.  M.  Leroy  nous  met  en 
•  garde.  Oii  des  esprits  trop  prompts  avaient  prononcé  le  nom  de 
Bourdon-Sauzay,  nous  estimerons  équitable  de  prononcer  parfois 
celui  de  Boissettes. 

A  la  séance  du  13  avril,  M.  Léon  Maxe-Weriy,  membre  non 
résidant  du  Comité  à  Bar-le-Duc,  donne  lecture  d'un  travail  inti- 
tulé l'Ai't  et  les  arlisies  dans  le  Bai-rois.  C'est  une  nomenclature 
précieuse  d'artistes  oubliés  ou  de  monuments  disparus  qui 
s'ajoute  aux  précédentes  communications  du  même  auteur  et  les 
complète.  Les  futurs  historiens  de  l'ancien  duché  de  Bar  trouve- 
ront d'utiles  indications  dans  ces  récoiements  dressés  par  un  érudit 
à  qui  rien  n'échappe  du  passé  de  sa  province. 

Cette  fois,  l'auteur  a  voulu  traiter  des  imagiers,  des  maîtres 
d'œuvres,  des  verriers  et  des  hommes  de  théâtre.  M.  Maxe-Werly 
n'a  pas  restreint  le  cadre  par  lassitude  ou  par  oubli.  Statues,  reta- 
illes, objets  mobiliers,  effigies  gravées  ou  peintes,  tout  l'intéresse  et 
l'attire.  Sépultures,  mausolées  de  princes,  de  donateurs  éminents, 
de  personnages  illustres,  sont  poursuivis,  dans  les  caves,  les  gre- 
niers, les  pièces  de  débarras  où  personne  ne  songe  à  s'aventurer. 
Est-il  moins  heureux  dans  le  domaine  de  l'art  dramatique  ou 
lorsqu'il  s'occupe  de  verrières  ?  Nullement.  Sa  moisson  est  de 
toute  richesse,  de  toute  variété.  Les  glaneurs  perdront  leur  temps 
après  lui.  Lt  à  l'appui  de  son  te.xté,  M.  Maxe-Werly  a  multiplié 
l'image,  si  bien  que  son  mémoire  a  l'attrait  d'un  musée.  11  serait 
à  souhaiter  qu'un  tel  exemple  fût  suivi  dans  toutes  nos  provinces 
et  donnât  lieu  à  des  répertoires  concis,  lumineux,  dans  le  carac- 
tère de  celui  que  M.  .Maxe-Werly  a  consacré  à  sa  première  patrie. 
A  la  séance  du  14  avril,  notre  distingué  compatriote,  M.  Léonce 


CHRONIQUE  433 

Lex,  correspondant  du  Comité,  à  Màcon,  lit  sa  notice  sur 
Gabriel-François  Morcau,  évêqur  de  Mdcon  (176.^-1790),  pro- 
tecteur de  Greuze  et  de  Prud'hon.  C'est  surtout  Prud'hon  qui 
est  redevable  à  l'évèque  de  MAcon  do  ce  généreux  patronage.  En 
etlet,  ce  prélat  recommanda  Prudhon,  adolescent,  aux  Etats  du 
Maçonnais,  le  17  niai  l~7i-,  et  obtint  qu'on  l'envoyât  étudier  à 
l'école  de  dessin  de  Dijon.  Une  aussi  heureuse  initiative  méritait 
d'être  connue.  Mais,  dit  .M.  Jouin  dans  son  rapport,  l'évèque  de 
Màcon  eut  encore  l'honneur  de  fonder  dans  sa  ville  épiscopale 
une  école  d'art  qu'il  inaugura  en  personne.  Greuze  fut  chargé  de 
peindre  son  portrait  que  désiraient  lui  offrir  les  États.  11  com- 
manda lui-même  à  Creuze  le  portrait  de  Ms''  de  Valras,  son  prédé- 
cesseur. Enfin,  par  surcroH,  son  palais  était  un  véritable  musée. 
Plus  de  cinquante  tableaux,  des  sculptures,  des  tapisserie.s,  des 
gemmes  remplissaient  les  salles  de  cette  demeure  d'artiste.  M.  Ee.v 
a  été  bien  inspiré  en  replaçant  dans  son  jour  cette  figure  effacée 
dun  évêque  amateur,  au  sens  le  plus  élevé  de  l'expression.  Il  a 
aimé  l'art  en  homme  de  goût,  en  homme  de  coiur,  en  citoyen 
d'une  intelligeuce  supérieure.  Ce  fut  quelqu'un. 

A  la  séance  du  l.'j  avril,  M.  Henri  Jadart,  membre  non  résidant 
du  Comité,  à  Reims,  prend  la  parole  à  l'occasion  à' un  For  Ira  il  de 
Louis  XIII.  Il  s'agit  d'une  peinture  oubliée  qui,  vers  l63U,  décora 
le  dessus  d'une  cheminée  dans  l'ancien  Hôtel  de  Ville  de  Reims. 
M.  Jadart,  qui  a  découvert  cette  peinture  dans  le  grenier  munici- 
pal où  elle  était  reléguée  depuis  plus  d'un  siècle,  la  décrit  avec 
soin. 

La  peinture  est  médiocre,  mais  elle  constitue  un  document  his- 
torique d'une  valeur  réelle.  Des  emblèmes,  des  scènes  multiples, 
des  devises  entourent  la  figure  royale  placée  au  centre  d'un 
panneau  «  aplani  au  rabot  »  et  mesurant  dans  tous  les  sens  plus 
d'un  mètre.  .M.  Jadart,  en  homme  qui  sait  tout,  ou  peu  s'en  faut, 
sur  la  ville  de  Reims,  étudie  cette  effigie  de  circonstance  dont  il 
serait  superflu  de  rechercher  l'auteur.  Rapprochant  ensuite  cette 
image  des  statues  de  Nicolas  Jacques  et  de  Miihomme,  ainsi  que 
d'une  peinture  et  d'un  dessin  conservés  au  Musée  de  Reims, 
M.  Jadart  a  écrit  sur  l'iconographie  de  Louis  Xlll  d'excellentes 
pages,  que  l'on  ne  consultera  pas  sans  profit. 


0- 

Le  monument  de  I'ossuet,  a  Meaux.  —  Bossuet,  le  plus  grand 
orateur  de  la  chaire,  l'homme  dont  s'honore  la  France  entière 
sans  distinction  de  parti,  de  religion  ou  de  secte,  ne  possède  pas 
encore  un  monument  digne  de  lui. 

Sa  dépouille  mortelle  repose  sous  une  simple  dalle  dans  cette 
cathédrale  de  Meaux,  où  pendant  vingt-trois  ans  il  fit  entendre  sa 
voix  puissante,  son  éloquence  vibrante  qui  atteignit  souvent  aux 
plus  hauts  sommet^  de  la  pensée. 


•iriG  CHRONIQUE 

Une  réiiiiion  j)iépai;iLoiro  vient  d'être  [>rovoquée  par  Ms""  de 
Briey,  évêqne  de  Meaiix  ;  un  Comité  a  été  constitué  sous  la  pré- 
sidence du  cardinal  Perraud,  et  un  premier  appel  va  être  l'ait  au 
public  pour  honorer  comme  il  convient  la  mémoire  de  Bossuet. 

Le  futur  monument,  pour  lequel  aucun  statuaire  n'a  encore  été 
désigné,  s'élèvera  dans  la  cathédrale  de  Meaux,  en  face  de  la 
chaire  aux  vieilles  boiseries  du  xvii"^  siècle  d'où  Rossuet  prononça 
ses  plus  belles  oraisons. 

Exposition  des  Collections  iju  baron  ue  Baye  au  Mi.sée  C,v\- 
MET.  —  Du  30  avril  au  30  mai  1808  ont  été  exposées,  au  Musée 
Guimet,  les  importantes  collections  archéologiques  et  ethnogra- 
phiques rapportées  par  le  baron  de  Ba.ye  de  sa  dernière  mission 
dans  la  Russie  orientale,  la  Sibérie  et  le  Caucase. 

Abondante  extraordinairement  et  particulièrement  intéressante 
est  la  nouvelle  récolte  que  le  persévérant  voyageur  met  aujour- 
d'hui sous  les  yeux  des  archéologues  et  des  ethnographistes.  Nous 
ne  pouvons  que  donner  ici  une  énuméralion  rapide  des  princi- 
paux objets  qui  ont  surtout  attiré  notre  attention,  dans  une  visite 
trop  hâtive. 

Ce  sont  des  pointes  de  tlèches  en  silex  recueillies  dans  les  dunes 
de  sable,  des  grattoirs,  des  hachettes,  et  d'autres  nombreux  et 
variés  spécimens  de  silex  taillés  ou  polis  provenant  du  bassin  de 
rOka;  des  ossements  humains,  des  débris  de  poteries  trouvés  en 
1897  dans  les  tourbières  du  lac  Tchighir,  dans  l'Oural  ;  des  objets 
divers  en  fer  et  en  bronze,  armes,  colliers,  instruments  et  bijoux 
de  toute  sorte,  découverts  dans  le  gouvernement  de  l'Iénisséi,  aux 
environs  de  Krasno'iarsk,  dans  les  kourganes  (iumuli)  de  Toïa- 
nofT  Gorodok,  près  Tomsk  (Sibérie),  dans  les  nécropoles  de  Kour- 
man  (gouvernement  de  Riazan)  et  de  Piichtitz  (Esthonie). 

Voici  des  poignards,  des  couteaux,  des  haches,  des  pointes  de 
lance  ;  une  magnifique  épée  de  bronze,  trouvée  à  Signakh  en  Kha- 
khélie  ;  des  bracelets,  fibules,  bagues  et  rondelles  ;  de  menus 
idoles  et  fétiches;  de  curieux  bijoux  et  amulettes  rencontrés  dans 
la  nécropole  de  FaléietF,  au  gouvernement  de  Pensa. 

A  côté  d'anciennes  haches  kirghises,  en  bronze^  s'amoncellent 
les  échantillons  de  l'orfèvrerie  populaire,  or,  argent  et  cuivre, 
encore  en  usage  chez  les  Tarares  de  Russie  et  de  Sibérie.  Des  col- 
iers  de  monnaies  et  de  perles  multicolores  forment  la  parure  des 
femmes  tchouvaches  et  tchérémisses  ;  les  bonnets,  les  ceintures 
d'étotïe  s'ornent  également  d'élégantes  broderies  bigarrées;  les 
robes,  les  vêtements  oITrent  les  mêmes  caractéristiques  de  nuan- 
ces chatoyantes  et  d'élégantes  broderies. 

Mentionnons  encore  les  instruments  de  musique,  en  bois  et 
écorce  de  bouleau;  les  poteries,  outres,  chaussures  en  écorce  ives- 
sée  (laplis) :  les  objets  vieux-russes^  bijouterie   émaillée  :  croix, 


CHRONIQUE  457 

f'halnes,  oclliers,  bagues,  |>endaiils  d'oreilles,  broches,  agrates, 
etc.,  des  villages  tatares  de  Sibérie  ;  les  idoles  bouddhiques  des 
populations  houriales  ;  les  vases  géorgiens  aux  influences  grec- 
ques archaïques. 

Ce  sont  de  jeunes  paysans  du  vilLige  de  Borisotka,  au  gouverne- 
ment de  Koursk,  qui  ont  peint  aiiisleinenl,  sur  métal  ou  sur  bois, 
ces  naïves  icùncs  ;  dans  la  petite  localité,  ces  imagiers,  ces  enlumi- 
neurs pieux  se  transmettent  de  père  en  fils,  depuis  des  siècles,  la 
jolie  industrie  qui  les  fait  vivre.  Tel  Iryptique,  figurant  des  scènes 
de  FEcriture,  a  été  exécuté  vers  la  fin  du  xvi"  siècle  ;  une  grande 
composition,  représentant  le  Juçjemcnt  dernier^  est  du  xvii". 

Les  minéralogistes  trouveront  un  peu  plus  loin  une  vitrine  con- 
sacrée aux  cristaux  et  minerais  de  Kasbek,  dans  le  Caucase. 
Enfin,  une  série  très  considérable  de  photographies  prises  au 
cours  de  cette  exploration  si  fructueuse  reproduisent  de  nombreux 
types  tatares,  mordvines,  metchériaks,  des  vues  pittoresques  de  la 
Céorgie  (Tiflis,  Signakh,  Hhion,  etc.),  et  des  étapes  du  chemin  de 
fer  transsibérien.  A.  T.-R. 


Exposition  ues  Pastellistes.  —  Le  7  avril  1898  s"est  ouverte, 
à  la  galerie  Georges  Petit,  rue  de  Sèze,  à  Paris,  l'exposition 
annuelle  de  la  Société  des  pastellistes  français.  Nous  y  avons 
remarqué,  entre  autres  envois,  ceux  de  M™''  Madeleine  Lemaire, 
un  beau  Portrait  de  M""'  Hêglon,  la  cantatrice  bien  connue,  et 
une  expressive  7'^ ^e  rfe /e?7?r)je;  ceux  de  M.  Adrien  Moreau,  Con- 
ternplalion.  An  jardin  des  Tuileries,  et  les  quatorze  paysages  ou 
scènes  rustiques  de  M.  Léon  Lhermitte,  où  l'on  retrouve  son  admi- 
rable maîtrise  et  son  sentiment  profond  de  la  nature.  Citons  notam- 
ment La  coupe  des  blés,  La  Samaritaine,  Un  coin  de  vieux  jardin, 
des  enfants  jouant  dans  les  herbes  folles,  Les  derniers  rayons,  les 
Laveuses,  Effet  d'anlomne,  près  du  village  briard  que  cache  un 
rideau  de  peupliers,  Le  vieux  charron  et  sa  femme,  La  méri- 
dienne des  moissonneurs,  les  Lieuses  de  gerbes,  la  Moissonneuse 
allaitant  son  enfant,  La  charrette  de  blé.  A.  T.-R. 


La  Vierge  i.e  Simart.  —  Une  des  gloires  de  la  ville  de  Troyes 
est  de  compter,  parmi  ses  enfants,  le  célèbre  sculpteur  Pierre- 
Charles  Simart  (f806-f  8.ï7),  dont  l'un  des  chefs-d'œuvre  est  le 
tombeau  de  Napoléon,  aux  Invalides. 

Troyes  possède  de  lui  des  souvenirs  ;  entr'autres,  à  l'église  Saint- 
Pantaléon,  les  bas-reliefs  de  la  chaire  à  prêcher,  représentant  la 
Foi,  l'Espérance  et  la  Charité.  A  la  Cathédrale,  dans  la  chapelle 
de  la  Sainte  Vierge,  le  groupe  placé  au-dessus  de  l'autel  représen- 
tant la  Vierge  et  le  divin  Enfant,  œuvre  à  laquelle,  dit  son  biogra- 
phe, Simart  travailla  avec  amour.  C/était  en  1838.  1-e  célèbre  sta- 


458  CHRONIQUE 

luaire  se  IrouvaiL  en  Italie  où  il  étudiait  depuis  cinq  ans,  après 
avoir  obtenu  au  concours  le  premier  grand  prix  de  Rome,  les 
merveilles  artistiques  réunies  par  les  Souverains-Pontifes  dans  la 
Ville  Klernelle.  Les  fahriciens  de  la  cathédrale,  impressionnés  par 
la  renommée  de  leur  compalriole,  lui  demandèrent  une  statue  de 
la  Vierii^e.  Simarl,  qui  aimait  beaucoup  son  pays  et  sa  belle  cathé- 
drale, fut  iieureux  de  cette  communilc.  Il  en  commença  les  pre- 
miers travaux  dans  la  villa  Médicis,  à  l'Académie  de  France,  à 
Rome,  où  sont  installés  les  grands  prix,  et  la  termina  à  Paris.  La 
statue,  exposée  au  Salon  en  1845,  eut  un  grand  succès.  Les  criti- 
ques les  moins  suspects,  Arsène  Houssaye,  Th.  Gautier,  Henri  de 
Rjancey,  couvrirent  d'éloges  cette  œuvre  d'une  inspiration  vrai- 
ment élevée  et  chrétienne. 

M.  Farnocchia,  statuaire,  décédé  l'an  dernier,  a  eu  la  bonne 
pensée  d'exécuter  une  réduction  de  la  Vierge  de  Simart.  H  y  a 
réussi  pleinement.  La  statuette  a  34  centimètres  de  hauteur.  La 
modestie  extrême  de  l'auteur  fait  que  son  travail  n'a  pas  ou  presque 
pas  été  connu.  Son  fils,  M.  Gabriel  Farnocchia,  continuant  la  noble 
profession  de  son  père,  est  à  même  de  contenter  ceux  qui  désire- 
raient posséder  un  fac-similé  de  la  Vierge  de  Simart,  le  grand 
artiste  troyen,  mort  pieusement  à  Paris  le  mercredi  27  mai  18o7, 
à  VCise  de  :il  ans.  '  G.   L. 


POSK    DE    LA    l'REMlÈRii    l'IEIlRE    Dli   L'iifiLlSE    ÏNoTRE-DaME  d'EI'ERNAY. 

—  Le  jeudi  19  mai  a  eu  lieu  la  bénédiction  solennelle  de  la  pre- 
mière pierre  de  l'église  Notre-Dame  d'Epernay,  pour  laquelle  plus 
de  700,000  francs  de  souscriptions  ont  été  recueillis.  M.  l'abbé 
Quittât,  archiprêtre,  délégué  par  Mh'  l'évêque  de  Gbâlons,  a  pro- 
cédé à  la  cérémonie,  en  présence  de  iM.  Gillet,  sous-préfet,  de 
M.  Fleuricourt,  maire  d'Epernay,  du  général  de  Salignac-Fénelon^. 
du  colonel  Hurlault  de  Lammerville,  etc.,  et  d'une  très  nombreuse 
assistance. 

Le  parchemin,  déposé  dans  la  cavité  de  la  pierre  bénite,  conte- 
nait le  procès  verbal  suivant  : 

«  L'an  de  grâce  1898,  le  19  mai,  fête  de  l'Ascension,  sous  le 
pontificat  de  Sa  Sainteté  Léon  XIII,  pape  ; 

M.  Félix  Faure  étant  Président  de  la  République   française  ; 

Sa  Grandeur  .Monseigneur  Latly  étant  évêque  de  Châlons  ; 

La  première  pierre  de  cette  église,  élevée  par  souscription 
publique  à  la  gloire  de  Dieu,  sous  le  vocable  de  Notre-Dame,  a  été 
solennellement  bénite  et  posée  par  M.  le  chanoine  Quittai,  curé- 
archiprètre  délégué  à  cet  effet. 

En  présence  de  : 

.M.  (iillet,  sous-préfet  d'Epernay; 

M.  Fleuricourt,  chevalier  de  la  Légion  d'iiormeur,  maire  d'E- 
pernay ; 


CHRONIQUE  459 

^].  Edouard  Truchon,  rentier; 

M.  Henri  Gallice,  négociant  en  vins  de  Champacjne  ; 

M.  Dorsaine  Buache,  ancien  chef  d'institution  ; 

M.  le  comte  Raoul  Chandon  de  Rriailles.  président  du  Tribunal 
de  commerce  ; 

M.  Gabriel  Leplatre,  notaire  ; 

M.  Paul  Meignan,  avoué  ; 

M.  Charles  Jeandré,  rentier  ; 

M.  Paul  Deullin.  négociant  en  vins  de  Champagne  ; 

M.  Albert  Mérendet,  propriétaire-agriculteur  ; 

Ces  derniers  composaient,  avec  M.  le  curé  Quittât,  le  Conseil 
de  Fabrique  de  la  paroisse  'Notre-Dame,  érigé  en  Comité  de  cons- 
truction ; 

M.  Jacob  Bur,  comptable  du  Comité  ; 

M.  Selmersheim.  inspecteur  général  des  monuments  histori- 
ques, chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  architecte  en  chef; 

M.  Piquart,  architecte,  inspecteur  des  travaux  ; 

M.  Thomas,  entrepreneur  ; 

Au  milieu  d'un  grand  concours  de  clergé  et  de  fidèles.   » 

L'église  est  placée  en  bordure  et  parallèlement  au  rempart 
Perrier. 

Pour  le  moment,  on  se  borne  à  faire  l'abside  et  le  transept 
avec  le  clocher,  d'environ  G;j  mètres  de  hauteur  (maçonnerie  et 
flèche)  qui  se  trouvera  au  centre  de  l'édifice^,  au-dessus  de  la  croi- 
sée de  la  nef  et  du  transept.  Cette  nef  aura  10  mètres  de  largeur, 
d'a.xe  en  axe  des  colonnes. 

L'église  sera  d'un  style  de  transition  entre  le  roman  et  le  gothi- 
que, fin  du  xii^  siècle,  avec  entrée  principale  sur  la  place  Thiers, 
où  se  trouve  l'entrée  du  théâtre. 

L'œuvre  ne  pourra  donc  se  terminer  qu'après  la  construction  de 
la  salle  de  spectacle  projetée  et  la  démolition  du  théâtre  actuel. 

Ce  monument  aura  beaucoup  de  caractère  ;  le  talent  de  l'émi- 
nent  architecte,  M.  Selmersheim,  de  Paris,  inspecteur  des  monu- 
ments historiques,  nous  en  est  un  sur  garant. 

Les  travaux,  commencés  en  décembre  dernier,  ne  seront  ache- 
vés qu'à  une  date  problématique,  .aussitôt  l'abside  et  le  transept 
terminés,  ils  ne  pourront  être  poussés  activement  qu'au  fur  et  à 
mesure  de  sommes  recueillies  ou  de  dons  particuliers. 

Les  fondations  ont  exigé  un  travail  spécial  à  cause  de  la  nature 
défectueuse  du  sol  qui  couvre  d'anciens  fossés  ou  cours  d'eau. 

L'emplacement  du  presbytère  n'est  pas  encore  choisi  ;  il  sera 
probablement  près  de  l'Hôtel  de  la  Caisse  d'épargne,  rue  du  Doc- 
teur-Rousseau. 

Comme  nous  l'avons  dit,   les  plans   sont  de    M.    Selmersheim; 


460  CHRONIQUE 

larchilecte  qui  dirige  les  travaux  est  M.  Piquart,  d'Epernay  ; 
enfin,  l'entrepreneur  rliar,i:;é  de  rexéciilion  est  M.  Paul  Thomas,  de 
Reims. 


BAiNuUKT    ANMÎEL    UKS    A.NCIENS    ÉLKVKS    DT    COLLKGE     ItE     JuiLLY.     — 

Le  dimanche  l.'imai  1808  a  eu  lieu  à  Juilly  (Seine-et-Marne)  le 
soixante-neuvième  banquet  de  l'Association  des  anciens  élèves 
du  célèbre  collège,  sous  la  présidence  du  général  Descharme?, 
commandeur  de  la  Légion  d'honneur. 

Au  dessert^,  le  R.  P.  Olivier,  supérieur  du  collège,  et  le  général 
Descharmes  ont  prononcé  des  allocutions  vivement  applaudies  ; 
MM.  Victor  Mohler  et  .\dolphe  Mon}-  ont  évoqué  en  rimes  alertes, 
en  strophes  chaleureuses,  leurs  Souvenirs  demi-séculaires,  et  les 
glorieux  faste?  militaires  du  vieéix  Jnilly.  .\.  T.-R. 


Une  tète  au  Collège  de  Juilly,  —  S.  Em.  le  cardinal  Per- 
raud,  supérieur  général  de  l'Oratoire,  membre  de  l'Académie 
française,  présidait  le  mardi  24  mai  1898,  au  collège  de  Juilly,  une 
fêle  donnée  en  l'honneur  du  R.  P.  Tliédenat,  ancien  supérieur  de 
la  maison,  élu  récemment  membre  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres. 

Toutes  les  Académies  étaient  représentées  à  cette  belle  cérémo- 
nie :  l'Académie  française,  par  le  cardinal  Perraud  et  M.  E.-M.  de 
Vogiié  ;  l'Académie  des  inscriptions,  par  MM.  de  Barthélémy. 
Cagnat,  de  Villcfosse,  Schlumberger,  Saglio  ;  l'Académie  des 
beaux-arts,  par  M.  Guillaume,  l'éminent  directeur  de  l'Ecole  de 
Rome;  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  par  MM.  .Nour- 
risson et  APtonin  Lefèvre-Pontalis.  D'autres  notabilités  du  clergé, 
de  l'armée,  du  monde  savant  liguraient  en  grand  nombre  dans 
cette  assistance  d'élite. 

Un  bataillon  de  jeunes  élèves,  revêtus  de  brillants  uniformes, 
rendait  les  honneurs  aux  invités  à  leur  arrivée  à  la  gare  et  les  a 
escortés  militairement  jusqu'à  l'entrée  du  collège. 

A  onze  heures  et  demie,  un  banquet  amical  réunit  cette  magni- 
lique  assemblée  dans  la  grande  salle  des  fêtes,  décorée  brillam- 
ment de  drapeaux  tricolores  et  d'écussons.  Le  souvenir  des  grands 
ancêtres  dont  les  bustes,  œuvres  d'éminents  sculpteurs,  encadrent 
la  table  du  banquet,  achève  de  donner  à  cette  solennité  son  parti- 
culier caractère. 

Ici  est  l'éloquence,  avec  Bossuet,  (Jratry  et  Berryer  ;  là  la  philo- 
sophie et  la  littérature  avec  Malebranche,  de  Bonald,  Montes- 
quieu ;  plus  loin  la  vertu  guerrière,  avec  les  maréchaux  de  Vil- 
lars,  de  Montesquieu,  Berwick,  Dupelit-Thouars,  amiral  Duperré, 
général  de  Sonis,  Brière  de  l'isle,  etc.,  tous  anciens  élèves  du  col- 
lège de  Juillv. 


CHRONIQUE  461 

C'est  suus  le  regard  paternel,  quoique  un  peu  Irouhlanl  He  ces 
augustes  aïeux,  que  les  toasts  ont  été  portés. 

Le  supérieur  du  collège,  15.  P.  Olivier,  a  pris  le  preiiiicr  la 
parole  en  ces  termes  : 

«  Je  suis  fier  de  saluer,  c];iiis  le  P.  Tliédenat,  le  prêtre  de  l'Ura- 
loire  qui  continue  si  bien,  en  marcliantsur  vos  traces,  Eininence, 
les  nobles  traditions  de  cette  congrégation  si  française  qui,  en 
deux  siècles,  a  donné  huit  de  ses  meaibres  à  l'Académie  des  scien- 
ces, onze  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  et  dix- 
huit  à  l'Acidémie  française. 

«  Je  suis  fier  de  saluer  l'éminent  et  cher  supérieur  de  ce  vieux 
collège  qui,  lui  aussi,  a  donné  plus  de  trente  de  ses  élèves  à  l'Ins- 
titut de  France.  « 

M.  Héron  de  Villefosse,  au  nom  de  l'Académie  des  inscriptions. 
M.  de  Marsy,  au  nom  de  la  Société  d"arcliéologie,  M.  Mony,  au 
nom  des  anciens  élèves,  M.  le  curé  de  Saint-Paul  Saint-Loui'^,  au 
nom  du  clergé,  ont  félicité  le  nouvel  académicien. 

Le  cardinal  Perraud  a  clos  la  réunion  par  un  discours  des  plus 
émouvants  où  il  a  fait  l'éloge  discret  de  son  nouveau  confrère,  a 
remercié  tous  les  représentants  des  Académies,  tous  les  amis. . . 
et,  dans  un  mouvement  plein  d'éloquence,  a  rappelé  le  souvenir 
de  M.  Ollé-Laprune,  enlevé  si  rapidement,  quelques  semaines 
après  son  élection  à  TAcadémie  des  sciences  morales. 

Nous  ne  voulons  pas  clore  ce  compte-rendu  sans  rappeler  de 
quels  principes  s'inspire  l'enseignement  au  collège  de  Juilly,  et 
cela  nous  ramène  encore  à  une  autre  éloquente  allocution  pro- 
noncée dans  celle  école  par  le  cardinal  Perraud. 

«  Malebranche,  écrivant  un  traité  de  morale  pour  la  société  de 
son  temps,  a  dit  :  «  Il  faut  être  un  homme,  chrétien.  Français.   » 

«t  Une  éducation  virile,  chrétienne,  nationale  !  Us  l'ont  donnée 
à  leurs  élèves,  ces  maîtres  modestes  et  laborieux  qui.  élrangei's 
par  goût  et  par  état  aux  querelles  des  partis,  uniquement  appli- 
qués à  leur  lâche  prolessioniielle,  n'ont  cherché,  au  temps  de 
Louis  .\1II  et  de  Louis  XIV,  comme  au  lendemain  de  la  Kévolution 
et  à  travers  les  vicissitudes  du  présent  siècle,  qu'à  taire  de  leurs 
disciples,  suivant  le  beau  mot  de  .Malebranche  :  «  Des  hommes, 
des  chrétiens  et  des  Français.   » 

t  Fidèles  à  celle  tradition,  mes  amis,  vos  maîtres  d'aujourd'hui 
s'inspirent  des  mêmes  principes  et  n'entendent  pas  autrement  la 
mission  dont  les  a  investis,  à  votre  égard,  la  triple  confiance  de 
vus  famille.-,  de  l'Fglise  et  de  la  France.   » 

La  fête,  réussie  de  tous  points,  comptera  parmi  les  plus  belles 
qu'aient  à  enregistrer  les  annales  de  ce  grand  établissement, 
dont  le  supérieur,  l'éminent  P.  Oivier,  maintient  avec  autant 
d'intelligence  que  de  iièle  les  gloiienses  traditions. 

{Gauloise  Paul   KocHii. 


4ti2  CHRONIQUE 


RÉfMO.N    A.N.NUKLLK    DE    l'AsSOCIATIÛ.N    AMUALK     DKS     ANmE.NS    ÉLÈ\  KS 

i)L"  Lyckk  ok  Ri:ims.  —  L'Association  amicale  des  anciens  élèves 
du  Lycée  de  Reims  a  tenu  son  assemblée  générale  le  samedi 
16  avril,  au  Lycée,  en  la  salle  des  Actes,  sous  la  présidence  de 
M.  le  sénalcui-  Diancourl,  assisté  do  MM.  F.   Benoist  et  J.  Lucotte. 

M.  Diancourt  a  présenté  les  excuses  de  deux  membres  du 
Comité,  MM.  Tliuilier,  actuellement  en  Algérie,  et  Charbonneaux, 
partant  ce  jour  même  pour  Venise. 

Il  a  ensuite  donné  la  nomenclature  des  membres  de  l'Associa- 
tion décédés  dans  l'année,  avec  quelques  mots  d'éloges  et  de 
regrets  pour  cbacun  d'eux.  Ce  sont  MM.  E.  Drumel,  sénateur  des 
Ardennes  ;  D''  J.  Bienfait,  l'un  des  fondateurs  de  l'Association  ; 
J.  Bailly,  professeur  de  physi(}ue,  décédé  à  Pau  ;  Teslut,  mort  en 
Algérie,  et  Alex.  Bègue. 

M.  F.  Benoist  fait  connaître  la  situation  linancicre  de  l'Associa- 
tion, qui,  défalcation  faite  des  frais  et  dépenses,  constitue  actuel- 
lement un  actif  de  60,oi3  fr.  60,  c'est-à-dire  une  majoration  de 
plus  de  2,000  francs  sur  le  capital  de  l'année  précédente. 

Les  cinq  membres  sortants  du  Comité  sont  réélus  à  l'unanicnité. 

A  sept  heures  du  soir,  un  banquet  réunissait  à  la  salle  Besnard 
une  soixantaine  de  convives. 

M,  Diancourt  présidait,  ayant  à  sa  droite  le  censeur  du  Lycée. 

Citons  MM.  J.  Henrol,  H.  Richardot,  P.  Douce,  1-holelain,  (ial- 
lois,  F.  et  J.  Benoist,  Mennesson-Champagne,  Guerlet,  Roze,  etc. 
Un  deuil  de  famille  a  privé  le  proviseur  d'assister  au  banquet.  Les 
deux  élèves  choisis  pour  y  représenter  le  Lycée  étaient  les  fils  de 
MM.  Lhoteiain  et  Douce. 

L'élève  Douce  a  lu  une  charmante  et  spirituelle  pièce  de  vers. 

M.  Gallois  boit  à  la  prospérité  du  Lycée.  M.  Richardot  déclame 
en  poêle  une  pièce  de  vers  de  Victor  Hugo.  M.  Douce,  en  termes 
émus,  rappelle  le  souvenir  de  Lantiome,  jadis  le  charme  et  la  joie 
de  ces  sortes  de  létes.  Il  en  garde  pieusement  la  souvenir,  avec 
l'espoir  que  l'Association  partai:era  ses  sentiments  à  son  égard. 
D'unanimes  applaudissements  lui  prouvent  qu'il  ne  s'est  pas 
trompé. 

Après  le  banquet,  une  séance  littéraire  et  artistique  vient  com- 
pléter aftréablernent  la  fête,  où  l'on  applaudit  tour  à  tour  l'excel- 
lent pianiste,  M.  Fernand  Lemaire,  un  chansonnier  de  la  Butle- 
Monlmarlre,  M.  Lemercier.  .^L  Richardot  dit  une  poésie  de 
Rameau,  d'une  spirituelle  fantaisie,  intitulée  :  Le  JieflKje  du  Dia- 
ble, ainsi  qu'une  pièce  patriotique  de  sa  composition,  sur  la  statue 
de  Kléber,  qui  s'élève  sur  l'une  des  places  principales  de  Stras* 
bourg,  etc. 


CHKOMQUK  463 


Recnio.n  annuelle  HE  l'Assuciatio.n  ajiii:ale  des  a.m.ien.s  élèves 
DU  Pensionnat  de:s  Kri'.hes,  a  Reims.  —  Le  jeudi  19  mai  1898  a 
eu  lieu,  dans  le  Pensionnat  des  frères  de  la  rue  de  Venise,  à 
Reims,  la  réunion  annuelle  de  l'Associalion  amicale  des  anciens 
élèves.  La  fête  i'Uil  présidée  par  M^'-  Cauly,  vicaire  général, 
représentant  S.  E.  le  cardinal  Langénieux.  Au  banquet,  .M.  Heni'i 
Mennesson,  président  do  IWssociation,  a  ouvert  la  série  des  toasts 
traditionnels,  suivi  dans  cette  voie  par  M.  Louis  Mennesson,  le 
T.  C.  Frère  Arèse,  directeur  du  Pensionnat,  et  M?'^  Cauly. 


Pose  de  la  puemièue  piehue  uc  GiiAND-SÉMiNAiiiE  UE  Chalons. 
—  Le  mardi  3  mai,  à  2  heures  de  l'après-midi,  a  eu  lieu  la  béné- 
diction  des  fondations  du  nouveau  Oand  Séminaire   de  Cliàlon». 

L'annonce  de  cette  cérémonie  avait  attiré  une  foule  considéra- 
ble de  fidèles.  Sur  l'emplacement  de  la  future  construction,  une 
vaste  tribune  avait  été  élevée  où  prirent  place,  auprès  de  Ms-  l'évêque 
de  Chàlons,  les  dignitaires  du  diocèse  et  de  nombreu.x  ecclésias- 
tiques. 

Dans  l'assistance  on  remarquait  les  élèves  du  Grand  et  du  Petit 
Séminaire,  de  l'instilution  Sainl-EliennC;  etc. 


Démolition  de  la  chapelle  du  Collège  de  Chalons.  —  Le  27 
avril,  au  malin,  ont  été  commencés  les  travaux  de  démolition  du 
portail  de  la  chapelle  du  Collège,  ancienne  chapelle  des  Jésuites, 
que  les  réclamations  des  archéologues  n'ont  pu  sauver  de  la  des- 
truction. Donnons  du  moins  un  regret  à  ce  vestige  historique  de 
l'ancienne  cité  qui,  sans  présenter  un  grand  intérêt  artistique, 
méritait  du  moins  d'être  entretenu  et  conservé. 


Le  Monument  commémoratik  des  a  Dehmkres  cartouches  »,  a 
Bazeilles.  —  Le  sculpteur  Thomsen  vient  de  terminer  le  monu- 
ment qui  sera  érigé,  le  1"  septembre  prochain,  à  Bazeilles,  à  la 
mémoire  des  soldats  de  l'infanterie  de  marine'  dont  la  défense 
dans  ce  village,  en  1870,  fut  si  héroïque  et  restera  légendaire. 

Ce  monument  sera  placé  en  face  de  la  maison  même  où  se  pro- 
duisit l'épisode  fameu.\  des  «  Dernières  cartouches  »,  la  maison 
Bourgerie. 


Inauguration  du  Momument  commémoratik  de  Faux-Fresnav.   — 
Le  lundi  de  Pâques,  Il  avril  1898,  a  été  inauguré  à   FauxFresnay 


464  CHRONIQUE 

(Maniej  le  nioiiuitieuL  élevé  è  la  méiuoire  de»  entants  du  pays 
niorls  pour  la  pairie,  loin  de  leurs  foyers. 

I.e  monument,  fort  simple,  exécuté  par  M.  Davian,  marbrier  h 
Troyes,  a  été  érigé  au  cimetière.  Trois  noms  sont  inscrits  déjà  sur 
la  pierre,  ceux  d'Alexis  Depoivre,  tué  à  Forbach  en  1870,  de  Léon 
Joly.  mort  au  Tonkin  en  1886,  et  d'Achille  Courjan,  décédé  à 
Nancy  en  ls9o,  ces  deux  derniers  victimes  de  cruelles   épidémies. 

M.  le  doyen  de  Fère-Champenoise  a  béni  le  monument,  et  des 
discours  ont  été  prononcés  par  MM.  Kdouarl  .Morant,  le  D''Mas£on. 
conseiller  d'arrondissement,  et  par  M.  l'abbé  Colson,  curé  de 
Crancoy  (Aube),  commandeur  de  l'ordre  du  Saint-Sépulchre. 


La  statli;  d'Urbai.n  H  a  CLEHMO.NT-FiiUHA.Mj.  —  Le  27  mai  a 
étc  amenée  sur  la  place  Royale,  à  (^.lermont-Ferrand,  la  statue  du 
pape  Urbain  II,  qui  doit  surmonter  le  monument  élevé  en  souve- 
nir des  Croisades.  Cette  statue,  qui  mesure  4  mètres  de  hauteur, 
pèse  2,200  kilos.  Elle  a  été  fondue  à  Paris.  Elle  va  être  élevée  sur 
son  socle  très  prochainement. 

L  inauguration  du  monument  des  Croisades  aura  lieu  le  '20  juin 

prochain. 

* 

Lt  MoNCME.NT  DE  1814  A  Craun.ne.  —  Le  Comité  pour  l'érec- 
tion d'un  monument  sur  le  plateau  de  Craonne  (Aisne)  à  la 
mémoire  des  combattants  tombés  dans  la  journée  historique  du 
7  mars  1814,  vient  d'être  constitué  sous  la  présidence  d'honneur 
de  .M.  Gabriel  Hanolaux,  ministre  des  ali'aires  étrangères,  mem- 
bre de  l'Académie  française. 

M.  le  Préfet  de  l'Aisne  ;  M  .Malézieux,  sénateur  ;  .M.  Henry 
Houssaye,  l'éminent  historien  de  181  i,  membre  de  l'Académie 
française  \  M.  Ermant,  député,  présidents  ;  MM.  Karl  Hanotaux, 
conseiller  d'arrondissement,  vice-présidents  ;  M.  Tordeux,  notaire 
à  Corbeny,  secrétaire-trésorier,  font  partie  de  ce  Comité. 


.Méea.m.es  sru  Jean.ne  n'Aiu;.  —  1.  La  file  de  Jeanne  crAre.  — 
Peut-être  finirons-nous  par  avoir  notre  fêlo  de  Jeanne  d'Arc.  La 
Vierge  de  Domreray  n'a  parmi  nous  que  des  dévots,  tout  comme  la 
patrie  française  qu'elle  incarne  après  avoir  si  puissamment  contri- 
bué à  la  fonder,  (^e  ne  sont  donc  point  des  objections  de  principe 
qu'on  a  faites  à  la  célébration  de  sa  mémoiie.  Si  l'on  parvenait  à 
lever  les  diflicultés  d'exécution  et  à  éviter  tout  conllit  avec  la  fête 
nationale  du  14  Juillet,  il  est  à  prévoir  que  l'opposition  qu'ont 
laite  de  bons  esprits  s'évanouirait. 

Nous  avions,  dans  ce   sens,    pio;'osé    une   solution    (jui   semble 


CHRONIQUE  46b 

avoir  iail  suii  clieiiiii).  Ello  nous  revient  dans  la  bouche  et  avec  le 
patronage  d'un  prélat  éniineiit.  Msr  l-e  Nordez  l'a  exposée  récem- 
ment dans  une  interview  qui  a  fait  le  tour  de  la  presse.  Tout  le 
monde  en  a  loué  la  simplicité  pratiqua  et  le  caractère  éminem- 
ment provincial.  C'est  de  la  bonne  et  rivante  décentralisation.  On 
ne  peut  plus  parler  de  concurrence  Tiitc  au  14  Juillet.  I!  ne  s'agit 
plus,  au  sens  propre  du  mot,  d'une  fêle  nationale  célébrée  par- 
tout à  la  fois  dans  toute  la  France.  Le  Parlement  se  contenterait 
de  voter  un  hommage  annuel  à  rendre  à  la  mémoire  de  Jeanne 
d'Arc,  au  nom  de  la  nation,  tantôt  par  une  ville,  tantôt  par  une 
autre,  à  laquelle  serait  allouée  par  l'Etal  une  subvention  convena- 
ble. La  ville  ainsi  élue  deviendrait  pour  la  circonstance  l'organe  et 
le  représentant  de  la  patrie  tout  entière.  La  fête  de  Jeanne  d'Arc 
serait  ainsi  tout  à  la  fois  locale  et  officielle.  On  éviterait  la  mono- 
tonie et  la  lassitude. 

Les  villes  successivement  choisies  pour  rendre  ce  culte  au  nom 
de  la  pairie  à  celle  qui  en  fut  l'héroïne  et  la  martyre,  rivalise- 
raient de  zèle  et  d'invention  pour  mieux  s'acquitter  chaque  fois  de 
la  mission  nationale  qui  leur  serait  momentanément  conférée. 
Elles  y  mettraient  plus  que  de  l'amour-propre,  un  certain  orgueil 
et  un  particulier  dévouement.  Il  faudrait  leur  laisser  la  plus 
grande  liberté  cl  la  plus  large  initiative  dans  la  composition  de 
leur  programme.  La  solennité  varierait  sans  doute  avec  les  villes 
et  les  provinces.  Elle  serait  autre  d'aspect,  de  couleur  et  d'accent 
dans  l'Est  et  le  Midi,  dans  l'Ouest  et  dans  le  Nord.  Mais  combien 
dans  cette  diversité  de  voix  et  de  discours  éclaterait  puissante  et 
réconfortante  rharmonie  finale  du  chœur  et  combien  en  ressorti- 
rait plus  lumineuse  el  forte  I  unité  morale  de  la  patrie! 

A  un  tel  projet,  il  n'y  a  vraiment  plus  aucune  objection  à  faire  ? 
Comment  les  députés  ne  .s'y  iiiléresseraienl-ils  pas,  dès  qu'ils  ver- 
ront le  parti  et  le  profil  iiue  leur  région  particulière  peut  en 
espérer.  11  n'e.-t  donc  pas  impossible  que  la  nouvelle  Chambre  se 
montre  plus  einpressée  on  moins  craintive  que  la  dernière  à  con- 
sacrer celle  heureuse  innovation.  Il  faudrait  l'en  féliciter. 

(Temps.) 

II.  Les  jetés  de  Jeanne  d'Arc  à  Orléans.  —  Les  fêles  de 
Jeanne  d'Arc  à  Orléans  ont  commencé  le  1.5  mai  par  le  dépôt,  au 
pied  de  la  statue  de  l'héroïne  (jui  se  trouve  dans  la  cour  de  l'Hô- 
tel de  Ville  d'Orléans,  d'une  gerbe  de  Heurs  envoyée  de  Londres 
par  la  société  anglaise  :  «  A  la  gloire  de  Jeanne  d'Arc.  »  Celte 
gerbe  de  Heurs  était  accompagnée  d'une  banderole  portant  l'ins- 
cription suivante  :  «  De  la  part  des  Anglais  à  la  sainte  Pucelle.  » 
Quoi  de  plus  touchant  que  cet  hommage  rendu  à  notre  Jeanne 
d'Arc  ? 

Le  soir,  l'imposante  cérémonie  de  la  remise  de  l'étendard  a  eu 
heu  aver  la  solennité  accoutumée.    Msr  Touchet,    en   recevant  des 

30 


566  CHROMQUK 

mains  de  M.  Ueluceuay,  premier  adjoint,  Telendard  de  Jeanne,  a 
su  trouver  des  paroles  qui  ont  été  au  conir  de  tous,  en  parlant  de 
i-el  étendard,  le  plus  Orléanais.  le  plus  français  de  tous  ceux  qui 
flottèrent  sur  les  champs  de  bataille,  et  en  faisant  les  vœux  les 
phn  vifs  pour  la  patrie  française  et  la  cité  orléanaise. 

»    » 

La  table  iif  PETrr-MANTiiAL-BLEL'.  —  Le  Musée  du  Louvre  vient 
de  recevoir  un  cadeau  qui,  s'il  est  accepté,  sera  tout  à  la  fois  une 
curiosité  d'art  et  de  souvenir  :  c'est  une  table  de  style  Directoire 
portée  par  des  sphinx.  Le  meuble  est  intéressant  comme  objet 
d'une  époque  de  transition  entre  Louis  XVI  et  l'Empire  ;  mais  il  a 
surtout  l'honneur  d'avoir  appartenu  au  Petit-manteau-bleu,  c'est- 
à-dire  à  Edme  Champion.  Cet  excellent  homme  fut  le  saint  Vin- 
cent de  Paul  de  la  Restauration.  Arrivé  de  l'Yonne  dans  le  panier 
de  la  diligence,  il  s'enrichit,  devint  joaillier  du  roi,  et  se  mit  à  faire 
la  charité  sur  la  voie  publique,  comme  d'autres  la  demandent,  avec 
ostentation. 

A  lui  seul,  il  distribua  plus  de  soupes  que  toutes  les  Sociétés 
charitables  réunies  ;  mais  il  recueillit  la  noire  ingratitude  :  candi- 
dat à  l'Assemblée  nationale,  il  échoua  lourdement.  Paris  a  la 
digestion  inijrate. 


Lk  ce.xte.naike  de  m.  l"'nEDiiRic  MiiHEAL'.  —  Le  Pclil  JoiO'ual 
consacre  les  lignes  suivantes  à  notre  vénérable  compatriote, 
M.  Frédéric  Moreau  : 

«  Dans  quelques  jours,  la  France  compteia  un  rpiitenairo  de 
plus.  C'est  à  Paris  qu'il  habite. 

«  Ce  vénérable  vieillard.  M.  Frédéric  Moreau,  est  né  le  1^'' juil- 
let 1798.  Pris  en  1873,  à  l'âge  de  75  ans,  d'une  belle  passion  pour 
l'archéologie,  il  entreprit  des  fouilles  à  Caranda,  petit  hameau 
dépendant  de  la  commune  de  Cierges,  près  Fère-en-Tardenois, 
dans  l'Aisne. 

«  Il  mit  à  jour,  dans  un  ancien  cimetière  datant  des  temps  pré- 
historiques, plus  de  deux  mille  six  cents  lonibes  dans  lesquelles  il 
a  trouvé  une  immense  quantité  de  silex,  d'armes  en  pierres 
polies,  bronze  ou  fer,  de  médailles,  de  poteries  et  d'objets  de 
toutes  sortes,  qui  lui  ont  permis  de  constituer  une  des  plus  belles 
collections  qui  existent. 

«  .M.  Frédéric  Moreau  a  publié,  année  par  année,  jusqu'à  ces 
derniers  temps,  le  résultat  de  ses  fouilles  dans  un  album  de  plan- 
ches qu'il  a  appelé  ALbum  Caranda  et  qu'il  n'a  fait  tirer  qu'à  un 
petit  nombre  d'exemplaires  pour  lui  et  ses  amis. 

«  Le  prochain  centenaire  possède  encore  une  santé  parfaite  et 
une  merveilleuse  vivacité  d'esprit.  Il  vil  très  retiré  avec   sa   belle- 


CHRONliJUE  4f)7 

lillc  et  ses  jjeliLs-eiii'aiiLs  dans  sa  niaisuii  de  la  iiie   de    la    Vicloirc 
et  ne  reçoit  guère  que  des  archéologues. 

«  Atteint  cet  hiver  d'une  légère  bronchite,  il  refuse  obstinément 
depuis  de  quitter  la  chambre,  bien  qu'il  soit  aujourd'hui  complè- 
tement rétabli.   » 


.M.  AiiiiiiiN  Lannks  dk  Mo.mehello.  —  .M.  .\drien  Latines  de 
Monlebello,  député  sortant,  candidat  du  Comité  républicain  dans 
la  l"'  circonscription  de  Reims,  et  réélu  aux  élections  législatives 
du  8  mai  1808.  est  le  petit-fils  du  maréchal  Lannes,  le  glorieux 
volontaire  de  1792  qui  gagna  sur  les  champs  de  bataille  le  bâton 
de  maréchal  de  France  et  le  litre  de  duc  de  Montebello. 

Le  père  du  dé[)uté  actuel,  après  avoir  représenté  le  déparle- 
ment de  la  Marne  à  l'Assemblée  constituante  de  1848,  accepta 
plus  lard  l'ambassade  de  France  à  Sainl-PéteisLourg,  poste  que 
son  lils  aîné  (juslave  occupe  aujourd'hui  avec  un  succès  dont  les 
résultats  ont  fait  naguère  tressaillir  la  France  d'une  patriotique 
allégresse, 

M,  Adrien  Lannes  de  Montebello  lit  ses  éludes  au  lycée  l^ondoi'- 
cel,  puis  à  la  Faculté  de  Droit  de  Paris  ;  mais  la  plus  grande  par- 
lie  de  son  enfance  et  de  sa  jeunesse  s  écoula  à  Mareuil-sur-A.v,  où 
il  s'échappait  dès  qu'il  pouvait  trouver  quelques  heures  de  liberté. 

Au  sortir  de  l'Ecole  de  Droit,  il  fut  choisi  comme  chef  de  cabi- 
net par  M.  Léon  Say,  ministre  des  Finances,  qui  se  l'attacha  par 
les  liens  d'une  amitié  qui  ne  devait  jamais  se  démentir.  C'est  là 
qu'Adrien  de  Monlebello  apprit  les  choses  de  la  politique  ;  c'est 
auprès  des  Thiers,  des  Dufaure,  de^  Jules  Simon,  des  Grévy,  des 
Casimir-Perier  qu'il  s'initia  à  celle  science  si  capricieuse  et  si 
complexe. 


Etat  du  coM-Mekce  des  vins  mousseux  de  CuiHi'AG.VE  e.n  I8'J8.  

La  Chambre  de  commerce  de  Reims  vient  de  publier  le  tableau 
annuel  donninl,  d'avril  à  avril,  le  mouvement  des  vins  mousseux 
de  Champagne  expédiés  à  l'étranger,  à  l'intérieur  et  dans  le 
déparlement. 

Ce  relevé  donne  occasion  de  constater  que  les  existences  en 
charge  (101,641,636  bouteilles)  ont  diminué,  depuis  l'an  dernier, 
de  89;,700  hectolitres  (soit,  en  chifï'res  ronds,  9,bOO,000  bouteilles 
et  13,400  hectolitres  en  fûts).  La  mauvaise  récolte  de  1897  expli- 
que le  fait. 

Les  expéditions  se  sont  à  peu  piès  maintenues  au  chilire  de  l'an 
dernier.  Il  y  a  lieu,  néanmoins,  de  noter  une  diminution  d'un 
million  de  bouteilles  ;  soit  500,000  bouteilles  pour  l'étrangler  et 
oOO,000  bouteilles  également  pour  la  France.  Le  nombre  des  bou- 
teilles expédiées  a  été  en  elt'et  de  27,387,787  pour  1897-98,  alors 
qu'il  s'était  élevé,  Tannée  précédente,  à  28,339,913  bouteilles; 


468  CHRONigtJK 

Le  niouvemeiil  de»  vins  de  spéciilalioii,  de  iieguciauls  à  négo- 
ciants, a  été  très  animé  :  onze  millions  de  bonteilles,  contre 
ijuutre  millions  290,000  en  1890-97.  Il  l'aiil  remonter  à  1891  ponr 
retrouver  un  cliiliVe  aussi  important. 

En  résumé,  la  prospérité  de  notre  commerce  de  vins  mousseux 
de  Champagne,  en  tant  qu'importance  des  expéditions,  se  main- 
tient honorablement.  Reste  à  savoir  dans  quelles  conditions, 
comme  prix,  sont  traitées  les  atl'aires,  et  aussi  comment  s'opèrent 
les  rentrées. 


.NoMiNAïioNH  ET  DISTINCTIONS.  —  Par  arrêtés  du  ministre  de 
l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  en  date  du  15  avril  t89S, 
ont  été  nommés,  à  l'occasion  du  Congrès  annuel  des  Sociétés 
savantes, 

lo  ofticiers  de  rinslrucliou  [)ul)rHiue  : 

M.  Louis  Demaison,  secrétaire-archiviste  de  l'Académie  natio- 
nale de  Reims,  correspondant  du  ministère  de  l'Instruction 
jiublique  ; 

M.  l'abbé  Trihidez,  correspondant  du  ministère  de  l'instruçtmn 
publique,  à  Reims. 

'2°  ofliciers  d'académie  : 

.M.  Adolphe-Nicolas  Belle voye,  membre  de  la  Société  enlomolo- 
gique  de  France  et  de  la  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de 
Reiins  ; 

et  M.  1-^douard  Fourdrignier,  co'respondant  du  ministère  de 
l'Iiislruclion  publique  à  Sèvres  (Seine). 


L'Académie  des  Insciiptions  et  Belles-Lettres,  dans  sa  séance  du 
20  mai  1898,  a  décerné,  sur  le  rapport  de  M.  Salomon  Reinach  à 
la  Commission  des  Antiquités  nationales,  une  mention  à  notre 
collaborateur,  M.  Léonce  Lex,  archiviste  de  Saùne-et- Loire,  pour 
.sa  récente  étude  sur  les  Fiefs  du  Maçonnais. 


L'Académie  française,  dans  sa  séance  du  24  mai  189s,  a  attribue 
à  M.  Tabbé  Landrieux,  secrétaire  particulier  de  S.  E.  le  cardinal 
Langénieux,  sur  le  prix  Juleau-Duvigneau  (3,000  francs),  une 
récompense  de  1^000  francs  f>our  son  livre  :  Aux  pays  du  Chrisl, 
souvenir  d'un  vovaîce  en  Palestine. 


l'ue  récompense  de  cinq  cents  francs,   sur   le   prix   MonLyon,  a 
été   attiibuée  à    notre    distingué   cnmpalriole  M.   Pol  Neveux,   de 


CHRONIQUE  469 

Keiins,  pour  sdii  l)c;iu  roiii;iii,  (inln.  d'une  ('oiiliiro  à  l;i  l'ois  si 
sobre,  si  délicate  ol  si  personnelle,  rpii  place  son  aiitenr  en  un 
rang  des  plus  enviables,  entre  Flaubert  et  Frotnentiii,  ces  deux 
admiral>les  modt'les. 


Par  arrêté  préfectoral  on  date  du  21  mai,  M.  Jules  Vernier,  de 
Nogent  (Haute-Marne),  archiviste  de  la  Savoie,  a  été  nommé  archi- 
viste de  l'Aube  en  remplacement  de  M.  Francisque  André,  démis- 
sionnaire. 


Par  décret  du  2;i  mai,  notre  éminent  compatriote,  M.  Gaston 
Paris,  membre  de  l'Académie  française,  a  été  nommé  administra- 
teur du  Collège  de  France  pour  une  nouvelle  période  de  trois  ans. 


Pai  décret  du  Président  de  la  République,  en  date  du  10  avril 
1898,  rendu  sur  la  proposition  du  Ministre  de  la  guerre  : 

M.  le  général  de  brigade  Le  Bègue  de  (ierminy,  chef  d'etal- 
major  du  d^  corps  d'armée,  a  été  nommé  commandant  supérieur 
de  la  défense  des  places  du  groupe  de  Verdun,  gouverneur  de 
Verdun,  en  remplacement  de  M.  le  général  de  division  d'Hugon- 
neau  de  Boyat,  appelé  à  d'autres  fonctions. 

,M.  le  général  de  brigade  Soyer,  commandant  la  '0"=  brigade 
d'inftinlerie  (4Ô«  division,  6"  corps  d'armée)  et  la  subdivision  de 
légion  de  Châlons-sur-Marne,  à  Chàlons  sur-Marne,  a  été  nommé 
au  commandement  de  la  .SS*-'  brigade  d'infanterie  (42'=  division,  Ù*- 
corps  d'armée),  à  Châlons-sur-Marne,  et  maintenu  dans  le  com- 
mandement de  la  subdivision  de  région  de  Châlons-sur-Marne. 

M.  le  général  de  brigade  Frater,  nouvellement  promu,  a  été 
nommé  chef  d'étal-major  du  6'  corps  d'armée  à  Chàlons-sur- 
iMarne,  en  remplacement  de  M.  le  général  Le  Bègue  de  Germiny, 

appelé  à  d'autres  fonctions. 

* 

L.\  SŒUR  A.NToi.NETTE.  DK  INogent-sur-Seine .  —  Une  niédai'le 
d'or  de  t''^  classe  vient  d'être  accordée  à  M'"^  Moulis,  en  religion 
.«œur  Antoinette,  supérieure  de  l'hospice  de  .Nogenl-sur-Seine 
(1858-1898),  pour  quarante  ans  de  services  dévoués.  Elle  a  exposé 
sa  vie,  disent  les  considérants  de  l'arrêté,  dans  plusieurs  circons- 
tances, notamment  en  prodiguant  ses  soins  à  des  malades  atteints 
de  la  variole. 

On  nous  permettra,  dit  V Echo  Nogentais,  de  nous  étendre  un 
peu  plus  longuement  sur  les  services  rendus  par  so^ur  Antoinette, 
si  populaire  à  Nogent. 

M"'*  Marie-Antoinette  Moulis,  en    religion    sœur   Antoinette,  de 


470  CHRONIQUE 

l'ordre  des  Filles  de  C.harilti  de  SaiiU-Vincenl-de-Paui,  est  uée  à 
Castres  (Tarn),  le  1"'  septembre  1827.  Elle  est  entrée  k  l'Hôtel- 
Dieu  de  Kogent,  le  1°' juillet  1858,  et  a  été  nommée  supérieure 
de  cet  étalilissement  le  18  juin  187."i. 

En  1S70,  la  supérieure  de  l'Hôtei-Dieu  de  Nogeiit,  M""'  Mar- 
quant, ne  pouvait  guère  s'occuper  de  la  direction  de  cet  étahlisse- 
inenl,  à  cause  de  son  grand  âge  :  77  ans.  Ce  fut  sœur  Antoinette 
qui  prit  toute  la  charge  de  la  maison  pendant  la  guerre.  Son 
caractère  résolu,  méthodique,  son  esprit  de  dévouement  et  de 
sacrifice  l'aidèrent  beaucoup  en  cette  triste  période.  Elle  sut  pour- 
voir à  tout.  En  même  temps  qu'elle  soignait  les  varioleux,  elle 
avait  78  militaires  français  ou  allemands,  blessés,  tant  à  l'Hùlel- 
Dieu  que  dans  deux  ambulances  établies  après  le  combat  de 
Nogent,  du  2.')  octobre  1870.  A  ce  sujet,  rappelons  un  épisode  qui 
démontre  combien  sœur  Antoinette  possède  de  sang-froid  et  de 
courage. 

En  novembre  1870,  cinq  francs-tireurs  de  l'Aube  étaient  en  trai- 
tement à  l 'Hôtel-Dieu,  au  nombre  desquels  un  officier,  M.  Des- 
planches. Dans  une  autre  salle  se  trouvaient  quatre  Allemands 
dont  un  sieur  Lœfer,  parent  du  préfet  allemand  installé  à  Troyes. 

Les  franco-tireurs  apprirent  la  présence  des  Prussiens  dans  l'éta- 
blissement. Exaltés  par  des  combats  récents,  oubliant  qu'une 
ambulance  est  sacrée  pour  tous,  ils  résolurent  de  mettre  à  mort 
leurs  ennemis,  pendant  la  nuit.  Leurs  armes,  suivant  le  règle- 
ment, avaient  été  déposées  à  la  mairie.  Mais  la  veille,  très  tard, 
on  avait  amené  un  Prussien  malade,  et  on  n'avait  pas  eu  le  temps 
de  porter  à  l'Hûlel  de  Ville  son  sabre  qu'on  avait  caché  dans  le 
grenier,  entre  deux  matelas.  Les  francs-tireurs  découvrent  l'arme, 
descendent  et  s'apprêtent  à  entrer  dans  le  dortoir  des  Allemands 
qu'ils  vont  exterminer  pendant  leur  sommeil. 

Mais  sœur  Antoinette  veillait.  Elle  avait  surpris  les  allées  et 
venues  des  Français,  ils  la  trouvent  debout^,  défendant  la  porte, 

—  Vous  me  tuerez  avant  d'entrer  dans  cette  salle  !  dit-elle  réso- 
lument. 

Les  francs-tireurs  ont  un  moment  d'hésitation.  Sujur  .\nloinetle 
en  profite  pour  les  exhorter,  leur  montrer  tout  ce  que  leur  acte 
avait  d'inhumain.  Elle  rappelle  à  M.  Desplanchcs  qu'elle  lui  a 
sauvé  la  vie  ;  elle  le  supplie  de  l'aider  à  ramener  ses  compagnons 
à  des  sentiments  moins  cruels.  Elle  prie,  supplie  et,  finalement, 
les  francs-tireurs  s'inclinent  devant  celte  femme  héro'ique  et 
renoncent  à  leur  projet  homicide. 

Cependant,  les  Allemands  avaient  entendu  les  menaces  de  mort 
et  l'un  d'eux,  qui  le  lendemain  sortit  guéri,  s'empressa  d'aller 
dénoncer  l'alfaire  à  ses  chefs.  Bientôt  un  détachement  d'Allemands 
arriva  dans  l'intention  d'incendier  l'Hôtcl-Dieu  qui  avait  donné 
asile  à  des  francs- tireurs,  ces  soldats  irréguliers  ayant  massacré 
beaucoup  des  leurs  dans  un  précédent  combat  à  Contlans. 


CHRONIQUE  471 

Sœur  AiiloiiioUe,  loujours  vaillante,  liiil  U'-Le  aux  l'iussiens  ; 
elle  fut  sublime  ;  elle  toucha  le  cœur  des  Teutons.  M.  Lœfer,  dont 
nous  avons  déjà  parlé,  apprit  aux  officiers  du  détachement  la 
belle  conduite  de  la  sœur,  les  soins  qu'elle  prodigua  aux  autres 
Allemiinds  blesses.  Durant  plusieurs  heures,  on  parlementa.  On 
sait  combien  les  envaliisseurs  avaient  de  haine  contre  les  francs- 
tireurs.  Ce  fut  long,  mais  sœur  Antoinette  eut  gain  de  cause.  Les 
soldats  allemands  se  retirèrent  sans  mettre  à  exécution  leur  projet 
de  vengeance,  et  pleins  d'admiration  pour  celle  courageuse  et 
sainte  femme. 

Nous  pourrions  citer  une  foule  d'exemples  mettant  en  valeur  le 
caractère  de  sœur  Antoinette.  Mais  est-ce  que  tout  le  monde,  ici, 
n'a  pas  une  profonde  admiration  pour  ses  vertus,  pour  sa  cliarité 
inépuisable  ? 

Le  gouvernement  de  la  Mépublique  s'iionorc  en  décernant  une 
médaille  d'or  à  S(fur  Antoinette. 


Une  nouvelle  médaille  d'honneur,  en  ur,  vient  d'être  décernée 
à  M.  Armand  Bourgeois,  de  Pierry,  par  décision  du  Conseil  supé- 
rieur de  la  Société  nationale  d'encouragement  au  bien,  pour  l'en- 
semble de  ses  publications  historiques,  artistiques  et  littéraires. 


Le  ministre  du  Commerce  vient  d'accorder  des  médailles  d'hon- 
neur à  MAL  Antoine  Arnaud,  mécanicien-ajusteur  dans  la  maison 
Decés,  à  Epernay.  depuis  plus  de  trente  ans,  et  Charles  Buurelle, 
employé  depuis  le  même  temps  dans  la  maison  Etienne,  de 
Givrv-en-Argonne  (Marne). 

M.  Adrien  de  Monlebello,  député,  a  remis  récemment  un 
diplôme  et  une  médaille  d'honneur  à  AL  H.  Carnier,  menuisier  à 
Hautvillers  (Marne),  pour  avoir,  au  péril  de  sa  vie,  sauvé  des 
enfants  sur  le  point  d'être  écrasés  par  un  attelage. 

Le  sauveteur  avait  été  grièvement  blessé. 


Mariag'es.  —  Le  1 1  avril  1898  a  été  célébré  à  Reims,  en 
l'église  iNotre-Dame,  le  mariage  de  M.  Georges  Périn,  fils  de 
M.  et  Mme  périn-Lorquet,  de  Paris,  avec  M'"'  Cécile  Martin,  fille  de 
M.  et  Mra'*  Jules  Martin-Raudesson. 


Le  20  avril  1898  a  été  célébré  à  Reims,  en  l'église  Notre-Dame, 
le  mariage  de  M.  Jean  Duroy  de  Bruignac,  ingénieur  des  arts  et 
MianufacLures,  fils   du    baron  et  de  la  baronne  Durov  de  Rruienac, 


472  CHRONIQUE 

(ie  Versailles,  avec  M'"'  Cliarlotte  Hogelel,  lille  de  M.  Edinoiui 
Rogelel,  rommandeur  de  l'ordre  de  Saint-firégoire-le-firand.  et 
de  M"*"  Edmond  Rogelet,  née  Gérard. 

M.  Edmond  Rogelet,  lui-même  ingénieur  des  arts  et  manufac- 
tures, est  le  propriétaire  des  célèbres  manufactures  de  Biilil 
(Alsace),  et  son  gendre  va  devenir  son  colIa])orateur  industriel. 

La  messe  a  été  célébrée  par  M.  l'abbé  Duroy  de  Bruignac, 
secrétaire  particulier  de  l'évèque  de  Versailles,  frère  du  marié. 

Les  témoins  du  marié  étaient  M.  le  baron  Fernand-Marie-Joseph 
Duroy  de  Bruignac.  capitaine  au  69"^  d'infanterie  à  Toul,  son  frère, 
et  M.  le  marquis  Marie-Louis  de  Caillebot  de  la  Salle,  camérier 
secret  de  cape  et  d'épée  de  Sa  Sainteté  Léon  Xlll,  son  beau-frère. 

Ceux  de  la  mariée,  M.  Henri  Rogelet,  sors  oncle,  et  M.  Louis 
Hubert,  le  grand  industriel  de  La  Val-Dieu  (Ardennes),  son  oncle 

par  alliance. 

* 

Le  2;!  avril  Is98  a  été  célébré  en  l'église  Saint-Pierre  de  Chail- 
lot,  à  Paris,  le  maiiage  de  M.  Maurice  Demaisou,  docteur  endroit, 
avocat  à  la  Cour  d'appel,  avec  M"^  Lucie  Picbenot. 

M.  Maurice  Deniaison,  qui  appartient  à  Tune  des  plus  honora- 
bles familles  de  Reims,  a  publié  dans  le  Journal  des  Débats  et 
dans  plusieurs  revues  d'art  des  éludes  fort  remarquées. 


Le  '.\  mai  t89S  a  été  célébré,  en  l'église  Saint-Louis  de  Fontaine- 
bleau, le  mariage  de  noire  collaborateur  M.  Abel  Rigault,  archi- 
viste-paléographe, attaché  aux  Archives  du  Ministère  des  Affaires 
étrangères,  avec  M'i*"  Marie  Meyenr. 


Le  .»   mai   1898   a   été  célébré,  en    l'église    de    Cliarleville,    le 
mariaee  de  M"*' Cabrielle  Devillez  avec  M.  Grillon. 


MELANGES 


L'iMi'UiMEiun;  v  CHALONS-sun-MARNE,  \'\2  Amiîdée  Lhoti:.  — 
Jiapport,  lu  à  la  Socirté  d'AgriciiUiire,  Commerce,  Sciences  d 
Aris  de  la  Marnc^.  —  Parmi  les  gloires  de  l'antique  cité  chù- 
lounaise,  il  en  est  une  que  l'on  ne  peut  lui  disputer  :  elle  ne  s'est 
jamais  laissé  devancer  dans  l'application  des  grandes  inventions. 
Et  cela  est  vrai  du  Chàlons  de  nos  jours  aussi  bien  que  du  Chà- 
lons  du  xv*  siècle.  Notre  ville  tut  une  des  premières  à  posséder 
une  imprimerie,  précédant  d'un  demi-siècle  Reims,  sa  voisine.  Le 
Dilirnale  de  Bocquillon  date  de  1493,  alors  que  les  annales  rémoi- 
ses ne  font  mention  de  l'imprimerie  de  Bacquenois  que  vers  loi.'i. 

A  Tcxceplion  du  mémoire  dû  à  la  plume  alerte  de  M.  Henri 
Menu,  et  que  conserve  notre  Société,  M.  Amédée  Lbole,  en  abor- 
dant le  travail  auquel  il  a  consacré  tant  d'années  de  sa  vie,  avait 
devant  lui  un  terrain  encore  inexploré.  Il  lui  fallut,  avec  une 
patience  de  hénédiclin,  dépouiller  les  registres  des  comptes  et 
dépenses  de  la  communauté  des  imprimeurs,  de  1692  à  1791,  le 
registre  des  délibérations  du  conseil  de  ville,  les  registres  de 
l'état  civil,  les  arcliives  de  la  Marne,  la  bibliothèque  municipale  et 
surtout  les  fonds  d'études  de  notaires,  ce  trésor  si  riche  en  docu- 
ments intéressants  pour  l'histoire  locale,  oii  M.  firignon  puisa  il  y 
a  quelques  années  les  principaux  éléments  de  sa  Toporjraphle  his- 
torique de  Clinlom.  Dans  l'avant-propos  dont  il  a  fait  précéder  le 
livre  de  M.  Lhote,  notre  collègue  M.  Armand  Bourgeois  dit  avec 
raison  : 

-<  L'authenticité  a  été  la  règle  absolue  de  l'auteur,  et,  en  la 
demandant,  par  exemple,  aux  minutes  des  notaires  remontant  à 
]o20.  il  a  prouvé  quelles  ressources  précieuses  elles  otfrent  pour 
reconstituer  l'histoire  du  passé.   >i 

VHisloirc  de  l'Imprimerie  ne  contient  pas  moins  de  ION  notices 
d'imprimeurs  et  de  lithographes.  Nous  y  trouvons  signalé  un  libraire 
châlonnais,  Pierre  Bouron.  qui  alla  s'établir  à  Venise  en  lo86. 

Chaque  notice  est  suivie  de  la  liste  aussi  complète  que  possible 
des  ouvrages  édités  par  l'imprimeur  auquel  elle  se  rapporte.  Avec 
une  trop  grande  modestie.  .M.  Lhote  dit  dans  sa  préface  :  «  Qu'on 
ne  s'attende  pas  k  trouver  ici  une  bibliographie  chàlonnaise  com- 
plète. 1) 

.Nous  prenons  la  liberté  de  le  contredire,  et  d'afiirmer  que  nulle 
part  n'existe  une  énumération  aussi  abondante  des  ouvrages  sor- 
tis des  presses  de  notre  ville.  A  ce  titre  seul,  VHistoire  de  L'Im- 
primerie mérite  d'arrêter  l'attention   des  bibliophiles.  L'esprit  de 

1 .   Imprimerie  Martin  frères,  Châlous. 


4>4  MKI.ANGES 

cha<}iie  siècle  se  rellèle  pmir  ainsi  dire  dans  ocî  iioineiiclaliires  qu  i 
n'ont  que  l'apparence  de  la  sécheresse,  mais  d'oii  l'on  peut  faire 
jailiii'  les  éii-nienls  d'une  histoire  littéraire. 

Le  premier  livre  en  date,  avec  le  Diurmdc^  est  intituh;  :  »  Les 
dicts  des  oyseaux  par  hystores.  »  ("e  titre  ne  reflète  t-il  pas  la 
grâce  naïve  du  moyen  âge,  d'oii  l'on  sortait  à  peine  à  l'heure  de 
son  apparition  ? 

l'endant  les  siècles  qui  suivirent,  l'imprimerie  chàlonnaise  se 
signala  surtout  par  la  heauté  de  ses  livres  liturgiques,  missels, 
heures,  traités  de  théologie,  de  controverse,  etc.,  auprès  desquels 
se  plaçaient  des  éditions  de  classiques  grecs  et  latins,  des  livres 
de  gi'ammaire  et  de  rhétorique  ;  ces  travaux  si  intéressants  de 
l'industrie  typographique  n'étaient  pas,  comme  de  nos  jours,  con- 
centrés à  Paris.  Ce  fut  pendant  cette  période  que  rivalisèrent  deux 
familles,  les  Seneuze  et  les  Bouchard,  dont  les  puhlications  sont 
encore  aujourd'hui,  pour  leur  perfection  et  leur  correction, 
recherchées  des  collectionneurs. 

Les  Houchard,  imprimeurs  du  Collège,  éditèrent  les  pièces  de 
théâtre  jouées  par  les  élèves  des  Jésuites,  ainsi  qu'on  peut  le  voir 
dans  l'étude  si  curieuse  de  notre  regretté  collègue,  M.  l'ahhé  Pui- 
seux,  sur  le  théâtre  du  Collège  de  Chàlons. 

Les  grands  événements  de  l'histoire  ont  leur  écho  dans  le  cata- 
logue des  livres  châlonnais.  C'est,  par  exemple,  en  1S89,  chez 
Pierre  du  Boys,  «  les  Particularitez  notables  concernantes  l'assas- 
sinat et  massacre  de  Monseigneur  le  duc  de  Guise  et  Monseigneur 
le  Cardinal  son  frère  »  :  en  l.'iOO,  c'est  «  Le  conseil  salutaire  d'un 
bon  François  aux  Parisiens  »,  conseil  que  les  «  François  »  auraient 
pu  adresser  plus  d'une  fois  dans  le  cours  de  leur  histoire  au  bon 
peuple  de  Paris;  c'est,  en  lo02,  le  Panégyrique  du  roi  Henri  IV. 

A  la  date  de  IfîOl,  nous  trouvons  chez  Claude  Guyot  le  Guide  du 
voyageur  à  Jérusalem  ;  en  16H,  chez  Julien  GrilTard,  une  Histoire 
de  la  vie  et  des  miracles  de  Monsieur  saincl  Menge,  premier  évé- 
que  et  patron  de  la  ville  de  Chàlons,  par  F.  Boulangier. 

En  lG8(i  paraît,  chez  Seneuze,  la  Gazelle  aux  nouvelles  univer- 
selles, journal  hebdomadaire  où  l'on  trouve  la  relation  d'événe- 
ments arrivés  à  Chàlons. 

Les  procès,  si  nombreux  sous  l'ancien  régime^  donnent  lieu  à  de 
nombreux  mémoires  ;  de  mênjc  les  polémiques  entie  médecins: 
à  défaut  de  la  presse  médicale,  qui  n'existait  pas  encore,  c'est  par 
des  brochures  qu'ils  vidaient  leurs  différends,  dont  leurs  patients 
faisaient  les  frais. 

Dans  le  cours  du  xviii*  siècle,  on  voit  apparaître  les  écrits  rela- 
tifs à  l'économie  politique,  aux  manufactures,  au  commerce,  à 
l'agriculture.  Pour  employer  un  mot  de  notre  langue  d'à  présent, 
la  littérature  devient  «  utilitaire  ». 

.\  l'époque  où  nous  sommes  arrivés,  l'imprimerie  chàlonnaise 
avait  pris  une  grande  prééminence.    On   peut  en  citer  deux  faits 


MKI.ANOES  475 

ronuiie  exoiiiple.  PoiidaiiL  plusieurs  anriéos,  les  aliiMimclis  de 
Reims  s'impriment  (liez  Seneuze  ;  eest  également  chez  noire  con- 
citoyen que  l'historien  Anquelil  fait  parailre'son  histoire  de  la 
ville  de  Heims,  en  trois  volumes. 

La  Kévolulion  ne  pouvait  manquer  de  donner  essor,  à  Chàions, 
à  une  multitude  de  publications  inspirées  par  les  événements. 
M.  Lhote  en  dresse  un  catalogue  des  plus  curieux.  C'est  encore 
des  catéchismes  qu'impriment  les  maisons  châlonnaises,  mais  ce 
sont  des  catéchismes  civiques  ;  il  y  a  même  des  alphabets  républi- 
cains. Nous  voyons  bientôt  paraître  le  Manuel  du  Tkéopkilun- 
tltrope.  Ne  croyez  pas,  cependant,  que  le  souvenir  de  la  religion 
catholique  soit  etl'acé.  En  1799,  c'est-à-dire  avant  le  Consulat  et  le 
rétablissement  officiel  du  culte,  Briquet  édite  un  livre  d'offices  en 
plusieurs  parties. 

Comme  s'il  eût  prévu  les  grandes  guerres  qui  allaient  ensan- 
glanter l'Europe  pendant  près  d'un  quart  de  siècle,  un  auteur, 
M,  Carré,  publie  au  début  de  la  Révolution  un  ouvrage  considéra- 
ble avec  atlas,  qu'il  intitule  Panoplie.  C'est  la  description  de  tou- 
tes les  armes  de  guerre  connues  ;  à  le  parcoiirir,  il  semble  qu'on 
entende  un  cliquetis  de  sabres  et  d'épées. 

Tout  le  monde  sait  que  pendant  le  cours  du  xi.x*'  siècle,  les 
imprimeurs  châlonnais  n'ont  pas  démérité  de  leurs  aînés. 

Bientôt,  à  côté  d'eux,  venait  prendre  place  un  art  nouveau.  La 
lithographie  fut  introduite  en  notre  ville  par  M.  Coruet-Paulus, 
mort  il  y  a  une  vingtaine  d'années.  M.  Barbât  donna  à  cette  bran- 
che des  arts  graphiques  un  grand  développement.  Il  avait  droit  à 
une  notice  spéciale,  qui  est  due  à  la  plume  de  Louis  Grignon. 

Nous  sommes  loin  encore  d'avoir  dit  tout  ce  qui  ajoute  du  prix 
au  li^re  de  M.  Amédéc  Lliote. 

Nous  y  trouvons  les  devises  de  quelques  imprimeurs,  à  cette 
époque,  où,  à  l'exemple  des  chevaliers,  tout  ouvrier  d'art  adoptait 
une  sorte  de  marque,  de  blason  distinctif.  En  voici  quelques- 
unes  :  Claude  Guyol  (1589-1G-23),  avait  arboré  celle-ci  :  Id  tenta 
quod  pôles;  —  Gérard  de  P^oigny  (1626-1694);,  cette  autre: 
Sequitur  fortuna  laborem.  L'imprimeur  Bouchard  joue  ingénieu- 
sement sur  son  nom,  en  disant  en  bon  vieux  français  :  Mon  cœur 
bien  plus  que  ma  bouche  ard. 

L'auteur  a  semé  à  pro'fusion  dans  son  livre  les  vieux  bois  qu'ont 
su  conserver  les  imprimeurs  châlonnais,  et  dont  quelques-uns  ont 
tant  d'originalité  et  de  saveur.  Les  armoiries  des  évéques  depuis 
ie  xvii^  siècle  ;  une  vue  de  Chàl'ins.  gravée  par  Varin,  la  Bannière 
de  la  Corporation  des  Imprimeurs,  complètent  cette  publication. 

Ajouterai-je  que  VlUsloirc  de  l'Imprimerie  Siéié  honorée  d'une 
souscription  du  ministère  de  l'Instruction  publique.  Notre  ville  n'a 
plus  rien  à  envier  à  celles  de  Dijon,  de  Troj^es,  de  Limoges.  Un 
nouveau  monument  lui  a  éié  élevé  par  notre  excellent  collègue, 
M.  Amédée  Lhote.  K.   Mvrtin. 


47C  ilKI.ANOKf! 


U.N  voi.  A  Saim-Etie.n.nk  ok  Thoyes  e.n  1o82.  —  A  propos  de  lu 
récente  ouverture  du  caveau  de  la  cathédrale  pour  linliumation 
de  la  dépouille  mortelle  de  M-'"  Corlel,  notre  évêque  regretté,  l'at- 
tention de  ceux  qui  ont  encore  au  cœur  la  religion  du  souvenir  a 
été,  une  fois  de  plus,  attirée  sui'  les  deux  comtes  de  Champagne 
qui  attendent,  eux  aussi,  dans  ce  tombeau,  le  grand  jour  de  la 
résurrection  promise  :  Henri  l"",  surnommé  le  Libéral,  et  Thi- 
bault III,  son  fils. 

Aucun  signe  extérieur  n'indique  au  passant  l'endroit  où  dor- 
ment aujourd'hui  ceux  qui  furent  au  xu''  siècle  les  insignes  bien- 
faiteurs de  la  ville  de  Troyes  et  les  pieux  fondateurs  de  l'église 
de  Saint-Ktienne,  cette  collégiale  fameuse  dont  l'histoire  serait  si 
intéressante,  et  dont  l'inlluence  et  la  puissance  marchèrent  de  pair 
et  dépassèrent  même  quelquefois,  au  moyen  âge,  l'influence  et  la 
puissance  pourtant  si  considérables  du   chapitre  de  la  cathédrale. 

.Moins  ingrats  que  nous  à  l'égard  de  ces  deux  grands  princes,  les 
contemporains  des  comtes  Henri  et  Thibault  avaient  élevé  à  leur 
mémoire,  dans  le  chœur  de  l'église  Saint-Etienne,  deux  riches 
mausolées  dont  nous  pouvons  lire  la  description  enthousiaste  dans 
le  Voyage  archéoloqiqve  d'Arnaud.  Les  émaux  et  les  pierreries  y 
étaient  enchâssés  dans  l'or  et  dans  l'argent  ;  c'était  un  éblouisse- 
ment  pour  l'œil  du  visiteur  qui  ne  savait  qu'admirer  le  plus,  des 
matières  précieuses  employées  pour  leur  construction  ou  de 
l'art  qui  avait  présidé  à  leur  agencement.  Charles  V,  Charles  'VIU, 
François  i'%  Henri  IV,  Louis. Mil  et  Louis  XIV  vinrent  successive- 
ment s'agenouiller  et  prier  devant  ces  sépultures  magnifiques  dont 
aujourd'hui  il  ne  nous  reste  plus  guère  que  le  souvenir. 

I-es  agents  de  la  Révolution,  qui  trouvaient  malsaine  et  de  mau- 
vais goût  l'ancienne  chapelle  des  comtes,  ne  manquèrent  pas  d'en 
décider  la  démolition,  et  quand,  le  6  décembre  1791,  le  doyen  et 
les  chanoines  de  la  collégiale  Saint-Ktienne  vinrent,  la  mort  dans 
l'âme,  écouter  debout  à  la  porte  du  clucur  la  lecture  du  décret  qui 
ordonnait  la  suppression  de  leur  chapitre,  le  temps  n'était  pas  loin 
où  la  vieille  église  devait  tomber  sous  la  pioche  des  démolisseurs, 
et  les  richesses  inestimables  des  sépultures  qu'elle  renfermait  aller 
grossir  le  trésor  toujours  à  sec  de  la  Révolution  pourtant  triom- 
phante. 

Avant  de  subir  ce  supiéme  et  dernier  outrage,  les  riches  tom- 
beaux des  comtes  avaient  plus  d'une  fois  déjà  tenté  lacupidité  des 
rôdeurs  de  grand  chemin,  des  soldats  indisciplinés  et  vagabonds, 
des  malfaiteurs  de  toutes  sortes  qui  fréquentaient  de  jour  et  de 
nuit  nos  églises,  soit  pour  y  chercher  asile  et  protection,  soit  pour 
s'y  livrer  à  des  désordres.  En  15H2  en  particulier  (M.  Arnaud  doit 
^e  tromper  en  indiquant  l'année  lo8;3,  car  après  i.')82  il  va,  dans 
les  registres  capil,ulaires  de  Saint-Etienne,  une  lacune  de  plusieurs 
années),  en   lo«2,  dis-je,  le  toîiibeau  du   comte  Henri  tut    victime 


-M  Ef, ANGES  I  I  I 

d  un  vol  iiiipoi'laiil  que  je  vai>  lacuiiler  au>si  brieveiiieiil  que  possi- 
ble, en  nie  basant,  connue  toujours,  sur  des  documents  d'archives. 

Le  mardi  13  mars  |;jS2,  Laurent  La  Katle,  cuslus  de  l'égliso 
Saint-Etienne,  s'était  présenté  devant  le  chapitre  pour  lui  exposer 
que  les  jours  précédents  on  avait  dérobé  sur  le  maitre-autel  le 
texte  des  Epitres,  et  supplier  les  chanoines  de  vouloir  bien  penser 
qu'il  n'y  avait  eu,  dans  cette  n^alheureuse  circonstance,  aucune 
négligence  de  sa  part  :  «  Je  suis  trop  vieux,  avait-il  dit,  pour 
continuer  à  exercer  cette  lourde  charge  et  assumer  une  si  grande 
responsabilité  ;  choisissez  un  autre  ciislos  pour  le  mettre  en  ma 
place  et  j'oti're  volontairement,  malgré  ma  pauvreté,  vmgt-cinq 
sols  tournois  pour  aider  à  refaire  un  autre  texte.  »  Mais  le  chapi- 
tre, voulant  conserver  tous  ses  droits  et  ménager  tous  ses  recours, 
refusa,  pour  l'inslant,  d'accepter  la  démission  qui  lui  était  otferte. 

Le  samedi  ^il  mars  suivant,  les  chanoines  étaient  de  nouveau 
convoqués  ostialim  par  leur  cloitrier  et  se  réunissaient  en  cha- 
pitre extraordinaire  pour  apprendre  cette  fois  un  vol  beaucou[i 
plus  important  que  le  premier,  commis  la  nuit  précédente,  et 
pour  aviser  aux  mo3'ens  de  recouvrer  »  l'argenterie  robbée  ceste 
nuict  à  la  sépulture  de  feu  de  bonne  mémoyre  illustrissime 
prince  Henri,  comte  palatin  de  Champaigne  et  Brye  ».  Après 
s'être  mutuellement  exhortés  à  recourir  ((  aux  pryèreset  supplica- 
tions envers  la  bonté  de  Dieu  qui  est  le  premier  et  souverain 
remède  »,  les  chanoines  déléguèrent  au  prévost  de  Troyes  leur 
doyen,  Yves  Le  Tartier,  celui-là  même  qui,  quelques  années  plus 
tard,  devait  tomber  sous  les  coups  des  huguenots,  pour  le  sup- 
plier de  «  faire  !a  cherche  par  tous  les  lieux  soubçonnez.  »  Sans 
perdre  une  minute,  le  chanoine  Denis  montait  à  cheval  et  parlait 
«  en  toute  dilligence  à  Bar-surAulbe,  Brienne  et  aultres  lieux  pro- 
ches de  ceste  ville,  pour  fayre  fayre  pareille  cherche  par  les  juges 
desdicts  lieux.  »  Il  reçut  du  trésor  de  l'église,  pour  faire  ce 
voyage,  «  trois  écus  avecques  lettres  ardressantes  (sic)  »  aux  juges 
qu'il  allait  trouver  pour  solliciter  leur  appui  de  la  pari  du  chapi- 
tje  Saint-Etienne.  Le  chanoine  Denis  était  de  retour  le  5  avril,  ayant 
économisé  cent  sols  tournois  sur  la  somme  qui  lui  avait  été  remise. 

Les  chanoines  de  la  cathédrale  ne  tardèrent  pas  à  apprendre 
"  le  larrecin  faict  à  l'église  monsieur  Saint-Estienne  ».  Ils  se 
réunirent  aussitôt  à  leur  tour  et  décidèrent  de  faire  mettre  inces- 
samment I  la  châsse  de  monsieur  Saint-Savinien  au  tlirésaur  d'em- 
bas  affin  d'éviter  à  ung  pareil  inconvénient  »  ;  ils  ordonnèrent  en 
outre  au  fabricien  de  faire  mettre  une  corde  en  «  fil  d'aichal  »  à 
la  cloche  de  la  cusloderie  et  de  faire  coucher  un  homme  «  en  la 
chambrette  près  le  petit  horloge  ».  Ils  revinrent  le  lendemain  sur 
leur  première  décision  et  se  contentèrent  de  «  faire  bardei  l'estuy 
d'icelle  châsse  de  bandes  de  fer.   » 

Les  démarches  du  chapitre  de  Saiut-Etienue  et  les  recherches 
de  Injustice  turent-elles  couronnées  de  succès?  Il  est  permis  d'en 


478  MELANGKS 

doiilei.  Sans  vouloir  me  faite  accusaleur  posUiumc,  si  je  rappro- 
rlie  de  cet  évétiemenl  le  fait  suivant,  consigné  tout  au  long  dans 
les  registres  des  déliliérulions  capiliilaires  de  Saint- Etienne,  je 
crains  fort  qu'on  ail  été  chercher  hien  loin  des  voleurs  qui  étaient 
hien  prcs,  lesquels  n'étaient  autres,  à  mon  avis,  que  les  soldats  du 
parti  du  roi  qui  désolaient  le  pays  pendant  les  guerres  de  la  Ligue. 

Nous  avons  vu  que  c'est  le  samedi  31  mars  lii82  que  le  chapitre 
apprit  le  vol  sacrilège  commis  au  tombeau  du  comte  Henri. 

Or,  quelques  jours  auparavant,  Pierre  Fenouillet  et  Denis 
Michault,  tous  deux  gardiens  du  trésor,  étaient  venus  supplier  les 
chanoines  de  les  dispenser  de  l'obligation  de  coucher  et  «  pernoc- 
ler  »  dans  l'église,  otlranl  de  mettre  à  leur  place  un  homme 
d'église  dont  ils  se  rendraient  responsables.  Ils  étaient  probable- 
ment épouvantés  déjà  par  les  menaces  des  soldats  que  je  trouve 
désignés  sous  le  nom  de  «  barquel)usiez  »  et  qui,  certain  jour, 
pt-ndant  les  vêpres,  avaient  tenté  de  forcer  la  porte  par  laquelle 
entraient  les  chanoines  du  trésor  et  les  gardiens  quand  ils 
allaient  se  coucher.  Un  autre  jour,  entre  9  et  10  heures  du  soir, 
les  mêmes  soldats,  conduits  par  un  nomuié  Hennequin,  s'étaient 
promenés  par  le  cloître  Saint-Ktienne,  au  son  des  tambourins  et 
des  fifres,  «  tenans  plusieurs  propos  scandaleux  et  injurieux,  avec 
blasphèmes,  insolences  et  menaces.  » 

il  n'est  donc  pas  téméraire  de  mettre  à  l'actif  de  ces  soldats, 
indisciplinés  et  pillards,  le  vol  commis  au  mois  de  mars  lo82  sur 
les  tombeaux  des  comtes  de  Champagne,  leiiuel,  comme  tant 
d'autres,  est  toujours  demeuré  impuni. 

E.-F.  Rossi. 


SûLVE.NiHs  D'ul^iullŒ  i.oc.ALK.  —  Suu-  le  liU'e  :  Glorieux  souve- 
nir, M.  le  chanoine  Cerf,  l'infatigable  chercheur  que  l'on  sait, 
vient  de  publier  une  courte  notice  sur  Vincent  Abraham,  né  à 
Charleville,  curé  de  Sept-Saulx  (Marne),  massacré  aux  (^arn)es  le 
■2  septembre  I7y2.  C'est  une  page  d'Histoire  locale  intéressante. 
La  voici  : 

«  Vincent  Abraham  naciuit  à  (harleville  le  lo  juin  1740,  et  fut 
baptisé  le  lendemain,  comme  l'atteste  l'acte  suivant  : 

i<  i/an  de  grâce  mil  sept  cent  quarante,  le  l(i  juin,  je  Claude 
(jéraull,  prêtre  vicaire  de  Charleville,  soussigné,  ay  baptisé  le  fils 
de  Pierre  Abraham,  marchand,  et  de  Anne-Marie  Lamolte,  ses 
père  et  mère,  mariez  ensemble,  habitans  de  celle  paroisse, 
auquel,  né  le  111  du  présent,  on  a  imposé  le  nom  de  Vincent;  le 
parrain  a  été  Vincent  Lamolte,  garçon,  et  la  marcinne  Catherine 
Lamolte,  épouse  de  Thomas  Honet,  foulon,  de  la  paroisse  de 
Sedan,  qui  ont  signé  avec  nioy  an  et  jour  qui  dessus  : 

«  AuKAiiAM,  Lamottk.  Catherine  Lamotti;.  » 

Abraham  lit  sans  doute  ses  éludes  au  collège  des  Pères  Jésuites 


mélangKvS  479 

de  Chdi'leville,  qui  ue  passa  aux  mains  des  pièlres  libres  qu'en 
1"62  ;  le  jeune  étudiant  était  déjà  entré  au  séminaire  de  Keims. 

Le  7  décembre  1761,  M.  l'abbé  Aublin,  ouré  de  Charleville, 
publie  au  prône  de  la  messe  paroissiale  les  bans  de  Vincent  Abra- 
ham, appelé  au  sous-diaconat.  {Archics  de  Ik'ims,  fonds  de 
rArchevèclié,  G.  i\'\,  Titres  patrimoniaux.) 

A  cette  date,  le  père  du  t'utiir  sous-diacrc  était  mort,  comme  le 
prouve  l'acte  suivant,  cou'^tituaiit  en  sa  faveur  1(10  livres  de  pen- 
sion viagère  : 

«  Coiislilulioii  faite  par  Alexandre-François /J/i7Y»u/,  marchand 
façonnier  de  bas  en  métier,  demeurant  à  (Charleville,  et  Anne- 
Marie  Lamolle^  sa  femme,  en  faveur  de  Vincent  Abraham,  tils  de 
feu  Pierre  Abrabam,  en  son  vivant  demeurant  à  Charleville,  et  de 
ladite  Lamotte,  de  son  premier  Ut,  de  100  livres  de  pension  via- 
gère pour  lui  servir  de  titre  sacerdotal,  le  '.\  novembre  I7ti|.  » 
(Archives  de  Reims,  citées  plus  haut.) 

'<  Vincent  Abraham  fut  ordonné  prêtre  le  itj  juin  176*,  le 
samedi  des  Quatre-Temps,  dans  l'octave  de  la  Pentecôte,  en  la 
chapelle  du  palais  archiépiscopal,  par  Jean  de  Gairol,  évêque  de 
Sareple.  »  (Archives  de  licims,  fonds  de  l'Archevêché,  G.  2i0, 
Registre  des  Ordinations,  de  1703  à  178-2,  folio  10-11.) 

[/abbé  Abraham  a  été  vicaire  d'Attigny  du  20  novembre  177.') 
au  2d  octobre  1780.  (Histoire  d'Allignif,  par  l'abbé  Hulot,  ouré 
de  cette  paroisse.) 

Il  desservit  la  cure  de  Sept-Sanlx  (doyenné  do  Verzy,  appelé 
dans  les  anciens  pouillés  doyenné  de  Vesie). 

Les  Archives  de  Reims  possèdent  quelques  pièces  rédigées  par 
l'abbé  Abraham,  comme  curé  de  Sept-Saulx.  (le  sont  de  véritables 
reliques  que  nous  pouvons  signaler,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  L. 
Demaison,  archiviste  de  la  ville  de  Reims,  qui  nous  écrit  : 

«  Dans  le  dossier  de  Sepl-Saulx,  il  y  a  quelques  pièces  écrites 
de  la  main  de  l'abbé  Abraham,  alors  curé  de  ce  village,  entre 
autres  des  renseignements  sur  l'état  de  la  cure  et  le  revenu  des 
fabriques  de  Sept-Saulx  et  des  Petites-Loges,  et  un  mémoire  sur 
la  paroisse  des  Petites-Loges.  »  (Archives  dr  Reims,  fonds  de 
l'Archevêché,  G.  285  ;  Visites  du  doyenné  de  Vesle.) 

Abraham  Vincent,  étant  encore  curé  de  Sept-Saulx  en  1790, 
reçut  l'ordre  d'adhérer  à  la  Consiilulion  civile  du  Clergé;  sa 
conscience  éclairée  lui  fit  un  devoir  d'opposer  un  refus  formel  à 
cette  injonction.  L'autorité  civile  de  son  canton  lui  intima  l'ordre 
de  quitter  aussitôt  sa  cure.  Il  vint  à  Reims;  mais  ne  s'y  trouvant 
pas  en  sûreté,  il  partit  pour  Paris,  espérant  s'y  cacher  et  pouvoir 
y  suivre  l'impulsion  de  son  zèle. 

La  journée  du  10  août  1792  facilita  aux  ennemis  du  clergé  d'as- 
souvir leur  haine.  Dès  le  lendemain,  ordre  est  donné  d'arrêter 
tous  les  prêtres  non  assermentés,  de  les  jeter  en  prison  en  atten^ 
danl  les  massacres. 


48'l  MÉLANGES 

Lablié  Abialiam  est  arrèlé  el  cuDduit  au  Coinilé  civil  de  la 
section  de  I-uxenihourg.  On  lui  demande  de  prêter  le  serment 
civique:  il  refuse.  Il  est  alors  emmené  à  la  maison  des  Carme.-,  où 
il  l'ut  massacré  le  *i  septembre  1792,  avec  celle  noble  i)halange  de 
deux  cents  prêtres  qui  moururent  avec  un  courage  el  une  dignité 
qui  étonnèrent  leurs  propres  bourreaux. 

.Nous  n'avons  pas  à  raconter  ici  les  épisodes  uonibreu.\,  tou- 
chanls  el  béroïiiues  qui  marquèrent  le  séjour  des  f)i'èli'es  enfermés 
aux  Larme.s.  Les  liislorieiis  l'onl  fait  à  l'ciivi, 

Abraham  Vinceiil  a-t-il  été  réellement  massacré  aux  Carmes  le 
2  septembre  1792  ?  Un  pourrait  eu  douter  en  lisant  dans  la  Liste 
nénérale  des  cniiijrés,  des  déporlés,  reclus  ci  condamnés  du 
di'fiarlcmcnl  de  ta  Marne,  imprimée  à  Cliàlons,  cliez  Mercier,  an  II 
de  la  République  :  «  Ahuah.vm  (Vincent),  ex-curé  de  Sepl-Saulx, 
dernier  domicile  connu  :  Jieinis,  ci)ii(ji'é.   » 

.Nous  possédons  une  autre  liste,  certitiée  conforme,  «  tenue  en 
«  la  commune  de  Reims  le  7  mai  1793,  l'an  II  de  la  République 
t  française,  signée  en  la  minute,  Tauxier,  secrétaire  greffier  de  la 
t   municipalité  ». 

Ur,  celle  lisle  ne  fait  nullement  mention,  comme  émigrc-, 
d'Abraham  Vincent. 

D'ailleurs,  tous  les  historiens  le  mettent  au  nombre  des  prêtres 
massacrés  aux  Carmes  de  Paris.  S'il  (touvail  y  avoir  encore  quel- 
ques doutes  à  ce  sujet,  il  nous  suffirait  d'appeler  en  témoignage  ■; 
l'abbé  Hulot.  ancien  curé  d'Altigny  (ouvrage  cité,  p.  293),  disant  : 
«  Vincent  Abraham  a  péri  dans  les  massacres  des  2  et  3  septem- 
bre 1*92  »;  VAlmaiiûcli  historique  de  la  ville  de  Reims,  année 
1789  (appartenant  à  M.  Jadarl),  sur  la  marge  duquel,  en  regard 
des  noms  des  prêtres,  relativement  à  leur  conduite  au  moment  de 
la  Révolution,  on  lit,  au  mol  Sept-Saulx  :  «  Fidèle,  Abraham, 
1780,  massacré  aux  Carmes.  »  A  ces  autorités,  ajoutons  celles  de 
M.  l'abbé  Guillon,  Martyrs  de  la  Fui,  tome  \",  p.  4j,  el  celle  de 
l'abbé  liarruel,  Histoire  du  clergé  français  pendant  la  Révolu- 
tion, lisle  des  victimes  du  2  et  3  septembre  1792,  p.  '249  : 
«  Abraham,  curé  au  diocèse  de  Reims  »,  et  en  marge,  à  la  main  : 
«  Curé  de  Sepl-Saulx.  » 

-Mais  un  témoignage  que  l'on  ne  peut  mettre  en  doute,  c  est  la 
présence,  dans  l'ossuaire  des  Carmes,  du  crâne  de  l'abbé  Abra- 
ham, perforé  sur  le  haut  d'un  coup  de  pique  ou  de  baïonnetle, 
avec  celle  note  :  Abraham,  cure  de  Sept-Saulx.  Il  est  facile  de  le 
voir,  car  il  est  le  premier  des  ossements  conservés.  Il  a  été  vu  par 
M.  le  secrétaire  de  l'Archevêché  de  Reims,  dont  le  grand-père  a 
été  marié  par  le  vi-nérable  martyr.  Ch.  Cehk. 

L'Imprimeur-  (jéraut, 

l.i:u.\     l'RÉMO.NT. 


LES    DROITS    SEIGNEURIAUX 

ET     LES     ANCIENS     SEIGNEURS 

DE  VILLEHS-SOUS-CIIATILLON'  ET  DE  TINCOURT' 

Les  Guyot  de  Chenizot. 

I 

La  famille  Guillol,  alias  Guyol,  d'oiigme  soissonuaise.  était 
représeulée  au  commencement  du  xvn''  siècle  par  Autoiue 
Guillot,  chirurgien  à  Vailly  ^,  décédé  le  2o  juin  1()'J2.  Il  avait 
épousé  Antoiut.4le  Lcspicier,  usuv  de  François  J^espicier, 
conseiller  du  Roi,  élu  en  rÉlection  de  Soissons.  receveur  au 
greuier  à  sel  de  Vailly,  dont  il  eut  Hyacinthe  qui  suit  : 

Hyacinthe  Guillot,  né  vers  I60I,  marchand,  mort  le  15 
décembre  1693,  à  l'âge  de  44  ans,  épousa,  le  21  janvier  1670, 
Jeanne  Chétiveau,  née  elle-même  vers  I600,  fille  de  Jacques 
Chéliveau '',  marchand  hoslelain  en  1677,  sieur  de  Courcel- 
les'',  et  de  dame  Antoinette  de  Villers". 

1.  Villers-sous-Chàlillon  (Marne;,  cautou  de  Chàtilloa-sur- Marne. 

2.  Tiucourt,  hameau  dépendant  de  Venteuil,  canloa  d'Epernay  (Marne). 

3.  Vailly,  chef-lieu  de  canloa,  arrond.  de  Soissons  (AisneJ. 

4.  Jacques  Chéliveau  était  fils  de  Roland  Chétiveau,  laboureur,  demeu- 
rant à  Chimy,  paroisse  de  Celles,  et  d'Antoinette  Dulour,  décéJée  le 
22  mai  1670  et  enterrée  dans  l'église  de  Celles  devant  l'autel  de  Saint- 
Sébastien.  Ceux-ci  laissaient  plusieurs  enfants  et  entre  autres  : 

1°  Henry  Chéliveau,  receveur  de    la  Court-aux- iîois,  paroisse  de  Celles. 

1°  l'rançois  Chéliveau,  nolairc  royal  à  Celles,  où  il  est  décédé  le 
15  juin  1676. 

3"  Pierre  Chéliveau,  lieutenant  de  la  jaslice  d'0=tel  en  1697,  décédé  et 
inhumé  dans  l'église  dudit  lieu  le  19  septembre  1712,  étant  âgé  de  86  an?. 
De  son  union  avec  Anne  Chapelet,  proche  parente  de  Nicolas  Chapelet, 
prêlre  curé  de  Saint-Michel  de  Brécy,  il  laissa  :  Auloinelte  Chéliveau, 
mariée  le  23  novembre  1G83  à  Nicolas  Dupuis,  conseiller  du  Roi,  receveur 
du  greuier  à  sel  de  Fère-en-Tardenois,  fils  de  François  Dupuis,  receveur  de 
la  terre  et  seigneurie  de  Berneuil. 

A  celte  famille,  qui  est  encore  représentée  aujourd'hui  à  Bucy-le-Loug, 
près  Soisson?,  li  y  a  lieu  de  rattacher  Claude  Ciiéliveau,  conseiller  du  Roi, 
girdc  des  sceaux  des  juridictions  royales  de  Soissons. 

5.  Courcelles,  hameau  de  Sancy,  canton  de  Vailly  (Aisne). 

6.  René  de  Villers,  fourrier  de  la  Reine  régente,  sou  frère,  eut  pour  fils 

31 


482  DROITS   SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

Sout  liés  de  celle  alliance  : 

]"  Anloiuelle  Guillot,  le  12  décembre  1676  ; 

2°  François,  qui  suil  ; 

S°  Jeanne- Françoise,  le  !'='■  avril  1079; 

4°  Jacques,  le  13  avril  lOSii  ; 

5*'  Jeanue-Anloinelle.  le  24  juillel  1690  ; 

6"  Hyacinthe,  décédé  jeune  ; 

7°  Louise  Guillol.  mariée  à  M*^  François  Carrier,  conseiller 
du  Roi,  élu  en  rKleclion  de  Soissons  el  bailli  de  Vailly,  y 
demeurant  ; 

8°  Barbe  Guillol,  femme  de  M'^  Antoine  Minot,  marchand  à 
Beau  vais  ; 

9°  Anne -Jeanne  Guillot,  née  le  lu  janvier  1687.  Elle 
épousa  à  Vailly,  le  7  aoùL  1714,  M°  Claude-François  de  la 
Felounière,  chevalier,  seigneur  de  [-.a  Herbenuerie  '  et  du  tief 
de  Grandcourt  -,  ancien  officier  au  régiment  de  Normandie, 
veuf  de  Charlotte-Claude  le  Gaslelier,  et  dont  elle  eut  huit 
enfants,  tous  nés  à  Cuchery.  savoir  : 

1"  Marie-Anne  de  la  Felonuière,  le  19  mai  1715  ; 

2°  Claude-Philippe,  le  4  mai  1716  ; 

3"  Claude-François,  le  18  mars  1718  ; 

4°  Jeanne-Angélique,  le  13  mars  1720,  qui  fui  mariée 
dans  l'église  de  Fossoy  3,  le  27  avril  17o6,  à  Pierre-François 
Lesueur  de  Parpeville  \  chevalier  de  Saint-Louis,  brigadier 
des  gardes  du  corps  du  Roi,  brigade  de  Monlmorl,  compagnie 
de  Villeroy,  décédé  à  Sainte-Gemme \  le  7  novembre  1777,  à 
l'âge  de  77  ans,  deux  mois  et  dix-sept  jours,  fils  de  Charles- 
Antoine  Lesueur,  écuyer,  sieur  de  Givry,  l'un  des  deux  cents 
chevau-légers  de  la  garde  du  Roi,  et  de  Louise  d'Escanuevelle  ; 

5°  Julie- Aune  Salaberge,  le  18  octobre  1721  ; 

6'^  Jeanne-Charlotte  de  la  Felonnière  de  Grandcourt,  le 
Il  décembre  1423,  mariée  à  Cuchery,   le   15  décembre  1740, 

Norbert  de  Villers,  prêtre  doyen  de  la  paroisse  et  chapitre  de  N.-D.  des 
Vignes  de  Soissons.  Ce  dernier,  d'après  V Armoriai  général,  portait  :  de 
gueules,  à  une  fasce  d'argent  accompagnée  de  3  annelels  de  même,  2  en 
chef,  el  1  en  pointe. 

1.  La  Herbennerie,  hameau  de  la  commune  de  Fossoy  (Aisne). 

2.  Grandcourt,  ancien  fief  situé  sur  le  territoire  de  Cuchery,  canton  de 
Cliâtillon-sur- Marne. 

3.  Fossoy,  canton  de  Cbàleau-Thierry  fAisne). 

4.  Cfr.  Paul  Pellot  :  Notice  sur  les  Petit  de  liichebourg,  impr.  L.  Fré- 
mont,  Arci£-sur-Aube,  1891. 

5.  Sainte-Gemme,  canton  de  Chûlillon-sur-M«rne. 


DE    VILLERS-SOUS-CHATILLON    ET    DE    TINCOURT  483 

avec  Nicolas  de  Liuage,  seigneur  de  Villers  ',  âgé  de  47  ans, 
veuf  de  Calherine-Louise-Charlolle  de  Brie,  demeuraul  à  La 
Ville-sous-Orbais  -  ; 

7^  Claude-Nicolas,  le  21  janvier  1725  ; 

8"^  Anne-Claude-Frauooise  de  la  Felonnière.  le  a  février 
1728,  qui  épousa  à  Cuchory,  le  11  novembre  1750,  Charles- 
Guillaunce  du  Gucy,  chevalier,  âgé  de  50  ans,  seigneur  de 
Fresueville  el  de  la  Fresnay,  chevalier  de  l'ordre  de  Sainl- 
Louis,  nis  de  Jeau-Baplisle  du  Gucy,  chevalier,  el  de  Marie- 
Aune  Marliu,  originaire  de  Gondé-Fur-Noireau,  diocèse  de  Bas- 
lieux  en  Normandie,  major  du  château  de  Sedan,  y  demeuranl. 

Anne- Jeanne  Guillol,  décédée  à  Sainle-Gemme,  le  6  mars 
1771,  à  l'âge  de  84  ans  el  un  mois,  fui  eulerrée  le  lendi/main 
dans  le  chœur  de  l'église.  Claude -François  de  la  Felonnière, 
son  mari,  élail  décédé  à  Guchery  ^,  le  15  juillet  1750,  alors 
âgé  de  78  ans,  el  fut  inhumé  le  lendemain  dans  l'église  de  ce 
village. 

II 

François  Guyot,  né  à  Vailly  le  28  novembre  1G77,  bourgeois 
de  ladile  ville  en  1714,  écuyer.  seigneur  de  ChenizoL  conseil- 
ler, secrétaire  du  Roi,  maison  el  couronne  de  France  eu  1710, 
demeurant  à  Paris,  rue  des  Prêtres,  paroisse  Saint-Paul, 
épousa  Jeanne-Julie  Berger,  de  laquelle  il  eut  deux  enfants  : 

l'^  Jean  Guyol  de  Villers,  écuyer,  receveur  général  des 
finances  en  la  généralité  de  Rouen  avant  le  21  mars  17 13,  date 
à  laquelle  il  comparaît  avec  sa  mère  dans  une  (juiltauce 
donnée  à  leur  profil  devant  Bellatger,  notaire  à  Paris,  par 
Robert  Driol,  bourgeois,  comme  procureur  de  la  veuve  de  Gilles 
Lespagnol  ci-après  nommée,  et  de  Adam  Lespagnol,  conseiller 
du  Roi  en  l'Éleclion  de  Reims,  son  fils  el  unique  héritier, 

2"  Léonard- François  Guyot  de  Cheuizot.  qui  suit. 

Le  18  décembre  1710,  el  suivant  contrat  dressé  par  Lesueur, 
notaire  à  Chàtillon-sur-Marue,  il  acquit,  en  présence  de 
M^  Henry  Bourgeois,  seigneur  de  Gueux  ',  y  demeuranl, 
moyennant  le  prix  de  70,000  livres,  les  terres  et  seigneuries  de 

1.  Villers.  Il  y  a  plusieurs  localités  de  ce  nom  clans  le  déparlement  de 
la  Slarue.  Il  s'agil  ici  de  Villers-sur-Marne,  écart  de  la  commune  de  Cou- 
vrot,  canton  de  Vitry-Ie-François,  dont  la  famille  Lioage  possédait  la  sei- 
gneurie depuis  le  xv'  siècle. 

2.  La  Ville-sous-Orbais,  canton  de  Montmort,  arrond.  d'Epernaj  (Marne;* 

3.  Cuchery,  canton  de  Chàtillon-sur-Marne. 

4.  Gueux  (Marne),  canton  de  Vitle-en-Tardenois. 


484  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET   ANCIENS    SEIGNEURS 

Villers  et  Camp  '  qui  apparleuaieul  à  Francois-Roberl  Ledieu, 
chevalier,  sei^zueur  desdils  lieux,  lieuleuaut  des  Maréchaux  de 
Frauce  aux  bailliages  de  Chùleau-Thierry  et  Châlillon, 
demeurant  au  chàleau  de  Villers. 

Voici  la  désigûaliou  des  droits  cédés  par  le  propriétaire  au 
profil  de  l'acquéreur  absent,  qui  stipulait  par  M*^  Philippe  de  la 
Felonuière,  chevalier,  seigneur  de  Fossoy,  de  la  Herbenuerie 
et  autres  lieux,  chevalier  de  Tordre  royal  et  militaire  de 
Saint- Louis,  commandant  pour  le  Hoi  deTil-Chàlel,  demeurant 
à  Paris,  rue  Saint-Jacques. 

La  terre  et  seigneurie  de  Villers  et  de  Camp  avec  leurs  circons- 
tances et  dépendances,  maisons  seigneurialles,  hautes,  moyennes 
et  basses  justices,  pressoirs  bannaux,  s'ils  le  sont,  droits  seigneu- 
riaux, lesdits  cens  portant  iods  et  ventes,  saisines,  amendes,  le  cas 
y  échéant,  renies  foncières  et  voilantes,  terres,  prez,  marais, 
pâtures,  bois,  hayos  et  buissons,  vignes  dépendantes  desdites  ter- 
res et  seigneuries,  tant  en  fiefs  que  ceux  qui  sont  on  roture,  et  qui 
sont  sur  autres  terroirs  circotivoisins,  avec  toutes  leurs  circons- 
tances et  dépendances,  en  quoy  ils  puisse  (sic)  consister,  sans 
aucunes  réserves,  telles  que  ce  puisse  être,  sinon  que  ce  qui  sera 
cv  après  dit,  et  généralement  quelconque  ainsy  qu'en  a  jouy  ou 
du  jouir,  et  jouy  encore  actuellemenl  ledit  sieur  de  Villers. 

Lesdites  terres  et  seigneuries  de  Viller  et  de  Camp  relevant  en 
plain  fief,  foy  et  hommage,  et  mouvant  de  la  Tour  du  Louvre  à 
Paris,  et  de  Son  Altesse  M?""  le  duc  de  Bouillon,  à  cause  de  son 
contrat  d'échange,  fait  avec  Sa  Majesté,  du  duché  de  Château- 
Thierry  et  de  Châlillon,  et  pour  les  rolures  des  seigneurs  circon- 
voisins  ;  lesdites  terres  et  seigneuries  de  Viller  et  de  Camp  et  des 
rotures  consistant,  savoir  : 

En  deux  maisons  seigneurialles,  joingnante  l'une  et  l'autre  cha- 
cune, en  un  gros  corps  de  logis,  granges,  écuries,  tant  pour  che- 
vaux que  bœufs,  bergeries,  pavillon,  grand  sellier  voûté,  vendan- 
geoirs,  cave,  pressoir  à  cage,  le  loul  couvert  en  tuile,  deux  jar- 
dins potagers,  un  parterre  dans  lequel  il  y  a  un  colombier  garnj 
de  pigeons,  lesdits  jardins  fermés  de  murailles,  clos  à  arbres  frui- 
tiers, un  canal  entourant  toutes  lesdites  maisons,  bâtiments, 
accins,  et  ce  qui  vient  d'être  exprimé,  estimé  ensemble  à  la  somme 
de  G,22a  livres. 

Item  un  autre  pressoir  à  cage,  séparé  desdits  bâtiments,  avec 
sa  halle  couverte  de  tuile,  estimé  1,000  livres. 

Item,  180  arpents  de  terres  labourables  dans  les  fonds  et  aux 
côtes,  tant  en  roture  qu'en  fief,  estimé  100  livres  chacun  arpent, 
revenant  au  total  à  la  somme  de  18,000  livres. 

Item,  la  ferme  nommée   les  Foureaux,   avec  ses   bâtiments  en 

1.   Camp,  aucien  fief  situé  sur  le  lerriloire  de  Villero-sous-Cbatillou. 


DE    VILLEl^S-SOUS-CHATILLON    ET    DE   TINCOURT  485 

très  mauvais  étal,  ses  circonstaiicos  cl  dépendances,  et  120 
arpents  de  terre,  sur  le  terroir  de  Viller,  Reuil,  et  autres  terroirs, 
estimé  le  tout  ensemble  à  la  sonime  de  8,500  livres. 

Item,  200  arpents  de  bois,  partie  en  fief  et  l'autre  en  roture,  sur 
le  terroir  de  Villers,  que  autre  sur  les  circonvoisins,  estimé  l'ar- 
pent 100  livres,  revenant  le  tout  à  20,000  livres. 

Item,  10  arpents  tant  marais  que  aulnis,  silué  sur  le  terroir  de 
Villers,  estimé  100  livres  l'arpent,  revenant  à  1,000  livres. 

Item,  4  arpents  3  quartiers  de  vignes,  en  plusieurs  pièces,  sise 
sur  le  terroir  de  Reuil,  estimé  900  livres  l'arpent,  revenant  au 
total  à  la  somme  de  4,275  livres. 

Item,  un  arpent  50  verges  de  vigne  en  plusieurs  pièces,  sise  sur 
le  terroir  de  Viller,  estimé  000  livres  l'arpent,  faisant  900  livres. 

Item,  tant  les  principaux  des  rentes  foncières  et  volantes,  que 
ledit  vendeur  a  dit  se  monter  lesdits  principaux  à  la  somme  de 
3,000  livres. 

Item,  onze  arpent  de  pré,  en  plusieurs  pièces,  sis  sur  le  terroir 
de  Reuil,  estimé  -iUO  livres  l'arpent,  revenant  à  la  somme  de 
4,400  livres. 

Item,  3  arpents  de  pré,  en  plusieurs  pièces,  sis  sur  le  terroir 
d'Orquigny,  en  tief,  estimé  l'arpent  400  livres,  faisant  1^200  livres. 

Item,  un  arpent  do  pré,  sis  sur  le  terroir  de  Viller,  estimé  400 
livres. 

Item  tous  les  droits  seigneuriaux,  et  consistant  en  cens,  surcens, 
lesdits  cens  portant  lods  et  vente,  vestures,  saisines  et  amende,  le 
cas  y  eschéant,  estimé  en  principal  à  iiOO  livres. 

François  Guyol  se  rendit  aussi  acquéreur,  en  vertu  d'un 
acte  dressé  par  le  même  notaire,  le  11  septembre  1720, 
moyennant  33,500  livres,  des  paris  et  portions  revenant  à 
Jacques  de  Moru,  chevalier,  seigneur  de  Tincourt,  demeurant 
à  Saint-Marlin-d'Ablois  dans  ladite  seigneurie  de  Tincouit, 
relevant  en  plein  fief,  foi  et  hommage  de  M.  de  Barillon,  à 
cause  de  son  château  de  Ghàtillon. 

Par  autre  acte  passé  également  devant  Lesueur,  le  22  jan- 
vier 1721.  ^1'^  Gilles  Lespagnol,  seigneur  de  la  Haye-Gourton, 
y  demeurant,  paroisse  de  Nanteuil-la-Fosse ',  conseiller  du 
Roi,  élu  eu  rÉleclion  de  Reiras,  et  dame  Jeanne  Flegnault,  ton 
épouse,  vendirent  à  François  Guyot,  stipulant  par  Claude- 
François  de  la  Felonnière,  son  beau- fi  ère,  la  terre  et  seigneu- 
rie de  la  Haye-Gourion,  moyennant  la  somme  de  50,000  livres. 

L'acte  de  vente  donne  en  ces  termes  la  désigualiou  du 
domaine  vendu  : 

1.  Nanleuil-la- Fosse,  canlon  Je  Châtillon-sur-Marne. 


i8G  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET   ANCIENS    SEIGNEURS 

La  terre  ei  seigneurie  de  la  Haye-Courlon  sciluêe  en  la  paroisse 
de  Nanleuil,  coiilume  de  Vilry,  baillage  de  Chàtillon,  consistant 
en  haute,  moyenne  et  basse  justice,  grande  maison  et  tous  les 
bàlinients  en  dépendant  avec  leurs  boiseries,  tableaux  y  apropriés, 
plaques  de  cheminées,  pierre  à  eaux,  fontaines,  baiîques,  ratel- 
liers,  auges,  et  tous  autres  choses  apropriés  à  la  maison  à  perpé- 
tuelle demeure,  deux  jardins  fruitiers  et  potagers,  une  halle,  le 
vivier,  el  la  chapelle  attenant  de  ladite  maison,  à  la  réservation 
des  vassaux,  livres^,  linges  et  ornements  de  la  chapelle  ;  le  pour- 
pris  ci-dessus  de  la  contenance  de  deux  arpents  quatre  vingt  cinq 
verges. 

Tous  les  bois  de  ladite  terre  de  la  Haye-Courton  en  plusieurs 
pièces,  contenant  cent   cinq  arpents  quarante  six  verges  et  demi. 

Deux  étangs,  l'un  grand,  l'autre  petit,  y  compris  les  marais 
contenant  douze  arpents  soixante  treize  verges  trois  quarts. 

Une  pièce  de  pâture  contenant  dix  arpents  vingt-huit  verges. 

Plusieurs  pièces  de  terre  labourables  contenant  cent  huit 
arpents  quatre  vingt  cinq  verges. 

Cinq  pièces  de  pré  contenant  vingt  huit  arpents  quatre  vingts  six 
verges  et  demi. 

Lesdites  terres  et  héritages,  maison  et  dépendances,  étant  en 
fief  mouvant  et  relevant  de  mon  seigneur  le  comte  de  Roucy,  à 
cause  de  sa  terre  et  seigneurie  de  Pourcy. 

III 

Léonard-François  Giiyot  de  Chenizot,  écuyer,  seigneur  de 
Cheuizol,  la  Ilaje-GouTton,  Villers  et  Tincourl,  conseiller 
secrétaire  du  Roi  el  secrétaire  ordinaire  de  ses  finances, 
conseiller  au  Parlement  de  Paris,  mourut  en  celte  ville  le 
■2o  août  1743,  à  l'âge  de  u4  ans. 

Son  cœur  fut  inhumé  dans  l'éylise  de  Villers-sous-Chàtillon, 
ainsi  que  le  constate  l'acte  suivant  : 

Le  dix  septembre  1743,  est  inhumé  dans  l'église,  et  dans  un  cer- 
cueille,  le  cœur  enbaumé  dans  un  cœur  de  plom  de  haut  puissant 
seigneur  messire  Léonard-François  Guiot  de  Chenizot,  de  son 
vivant  veuf  de  damme  Beausergenl,  son  espouse,  led'  s?"'  décédé  à 
Paris  le  2L»  aousl  la  même  année,  seigneur  de  Villers,  Tincour,  et 
autres  lieux,  secrétaire  du  conseil  du  Roy,  âgé  de  3o  ans,  lequel 
d'  cœur  inhumé  avec  toutes  les  cérémonies  ordinaires,  par  nous 
sousignez,  assisté  de  nos  confrères.  M'"  Pierot,  curé  de  Reuille, 
M'"  Thomé,  curé  de  Cuchery,  M""  Dabancourt,  curé  de  Vanteuille, 
M""  Pierot,  vicaire  de  Chàtillons,  le  jour  et  ans  que  dessus. 
Signé  :  Goflîet. 

Françoise-Glaire  de  Beausergent,  sa  femme,  était  décédée  à 
Villers  le  9  novembre  1737,  à  l'âge  de  23  ans,   ne   laissant 


DE    VILI,ERS-SOUS-CriATILLON    ET   DE   TINCOURT  487 

qu'uu  fils  qui  lui  a  fait  graver  celle  épiliphe  daus  l'église  de 
Villers  : 


IcT  Repose  avec  le  Cielr  ue  son  Epoux  déposk  en  l'H 
LK  Corps  dc  Dame  FnANi;oisF.  Claibï  de  Beausfrgent, 
Epouse  de  Haut  kt  Puissant  Seigneur  Léonard  Guyot 
iie  ClIENIZOT,  Chevalier,  Secrétaire  des  Conseils  d'Etat, 
ci-devant  Conseiller  au  Parlement,  Seigneur  dk  Villers 
ET  autres  Lieux,  Décêdée  en  son  Ciiateah  de  Villers 

LE    y.    NOVEMBRE    IT^J"    A    LAGE    DE    23    ANS. 

Messire  François  Vincent  Guvot  de  CHEXIZOT  leur  Fils, 
Unique  Conseiller  du  Roi  ex  tous  ses  Conseils,   Maître 
des  Requêtes  ordinaires  de  son  Hôtel,  ci-devant  Conseiller 
au  Parlement,  Conseiller  d'honneur  db  la  ville  db  Paris,   Lieu- 
tenant du  Roy  a  Ciiateau-Thierry,  Seigneur  de  Villers  et  en 
partie  de  Tincouut,  et  Haute  et  Puissante  Dame  -Mkrie  Madelei- 
ne Engelbcrt  son  Epouse,  ont  consacré  ce  marbre  a  sa  mémoire 
EN  170s.     Priez  Dieu  pour  le  repos  de  leurs  âmes. 


IV 

François-Vincenl  Guyot  de  Ghenizot,  né  en  1735,  chevalier, 
conseiller  du  Roi  en  ses  conseils,  mailre  des  requèles  ordinai- 
res de  son  hôlel,  gouverneur-lieuleuanl  pour  le  Roi  de  la  ville 
de  Château-Thierry,  conseiller  d'honneur  de  l'Hôlel  de  Ville 
de  Paris,  seigneur  de  Villers,  Tincourt  et  autres  lieux,  épousa 
Marie-Magdeleine  Engelbert,  née  à  Négatapan,  décédée  à 
Paris,  le  9  septembre  1803,  à  l'âge  de  CÛ  ans  et  demi,  et 
enterrée  au  cimetière  de  l'éghse  Saint-Laurent,  comme  l'alteste 
l'inscription  que  nous  allons  relater  : 


A    L  ETERNELLE    MEMOIRE 

DE  Dame  Marie  Madeleine  Engelbert, 
Hollandaise  Indienne  née  a  Négatapan, 
Epouse  de  M^^  1<'rançoi5  Vincent  Guyot  de 
Ghenizot,  ancien  Conseiller  d'Etat.  Son 
ame  pore  et  bienfaisante  la  fit  générale- 
MENT CHÉRIR  ET  RESPECTER.  ElLE  FUT  LA  PLUS 
TENDRE,  LA  PLUS  VERTUEUSE  DES  ÉPOUSES. 
PÉNÉTRÉ  d"ÉTERNEL3  REGRETS,  SON  ÉPOUX 
LUI  A  FAIT  ÉRIGER  UN  TOMBEAU  DA  LE  CIME- 
TIÈRE DE  l'Église  s''  Laurent  a  Paris,  ainsi 

QUE  CE  monument  POUR  PERPÉTUER  LE 
SOUVENIR  DE  SA  DOULEUR.  ElLE  DÉCÉDA 
LE     9     T^i'e    1803,    22    FRUCTIDOR     AN    ONZE,    A- 

gée  de  60  ans  et  demi. 

Prions  Dieu  pour  elle. 


Le  31  décembre  1784,  M.  Hurlaull,  avocat  à  Reims,  fournit 
à  François- Vincent  Guyot  de  Ghenizot,  le  dénombrement  de  la 


488  DKOITS   SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

lerre  de  Tiiicourl  doul  il  clail  seigneur  pour  moilié.  Celle 
curieuse  pièce,  dont  j'ai  eu  la  salii^iaclion  de  découvrir  l'oriiii- 
nal  daus  les  Archives  nolariées  de  Chàlillou-sur-Marue,  esl 
très  inléressaule  au  poiul  de  vue  des  droits  seigneuriaux  qui 
pesaient  alors  sur  celle  contrée  essentiellement  vilicole.  Je  me 
fais  donc  un  devoir  de  la  reproJuire  lilléralenieul  : 

31  décembre  l7Si.  —  Aveu  cl  dénombrement  rendu  par  M' 
Hurteau^  seigneur  de  Tincourt^à  Mf" François-Vincent  Guyot 
de  Chenizot,  inailrc  des  requêtes,  seigneur  de  Viilers  et 
autres  lieux. 

Aiijourdhui  esl  comparu  devant  les  notaires  royaux  du  balllage 
de  Cliâlillon-sur-Marne,  _y  résidents,  et  soussignés,  M^  Nicolas  Guil- 
laume, Suzanne-Ursule  Hurtault,  avocat  en  parlement,  seigneur 
pour  moitié  des  terre  et  seigneurie  de  Tincour,  demeurant  à 
Reims.  Lequel  reconnoit,  par  ces  présentes,  et  avoue  tenir  en 
plein  fief,  t'oy  et  hommage,  de  haut  et  puissant  seigneur  Messire 
François-Vincent  Guyot  de  Chenizot,  chevallier,  conseiller  du  Roy 
en  tous  ses  conseils,  maître  des  Requêtes  ordinaires  de  son  hôtel, 
conseiller  d'honneur  en  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris,  lieutenant  de 
Roy  de  la  ville  de  Château-Thiery,  seigneur  de  Châtillon-sur- 
Marne,  vicomte  de  Biuson,  seigneur  dudit  lieu,  Orquigny  et  Mitry, 
Viilers,  Tincourt,  Sarebruge.  La  Maison-Rouge_,  La  Boulaye, 
Ville-Marie  en  Brie  et  autres  lieux,  demeurant  à  Paris,  en  son 
hôtel,  rue  de  Richelieu,  paroisse  S'^-Hoch.  La  moitié  des  terre  et 
seigneurie  dudilTincour,  ses  appartenances  et  dépendances,  comme 
l'ayant  acquise  de  M''  Joseph  Sédillot,  membre  du  Collège  de  Chi- 
rurgie, et  de  damoiselle  Jeanne-Antoinette  Bernard,  son  épouse, 
et  autres  héritiers  de  dell'unt  M""  Jean  Bernard,  greffier  en  chef  des 
présentations  du  Criminel  du  Parlement,  par  acte  passé  devant 
(en  blanc)  conseillers  du  roy,  notaires  au  Chàlelet  de  Paris,  le  huit 
novembre  mil  sept  cent  quatre  vingt  trois.  L'autre  moitié  apparle- 
nanle  à  mondit  seigneur  de  Chenizot,  icelle  terre  et  seigneurie, 
ses  appartenances  et  dépetidances,  mouvant  en  plein  fief,  foy  et 
hommage  dudit  seigneur  de  Chenizot  à  cause  de  son  château, 
tour,  terre,  et  seigneurie  dudit  Chalillon,  consistant  la  ditte  moitié 
de  terre,  ses  appartenances  et  dépendances  aux  droits  ci  après 
déclarés,  aux  protestations  d'ajouter  ou  diminuer  au  présent  aveu 
et  dénondjrement,  s'il  y  echeoit. 

Premièrement,  eu  haute,  moyenne  et  basse  justice,  appellée 
mairie,  pour  l'exercice  de  laquelle  il  y  a  maire,  procureur  d'office, 
greffier,  sergent,  et  autres  officiers.  Laquelle  mairie  ne  produit 
aucunes  choses,  les  provisions  s'y  donnent  gratis. 

Item,  une  maison  seigneurialle  audit  terroir,  consistant  en 
pavillon,  coi-ps  de  logis,  colondjier,  i^range,  étables,  cour  haute  et 
basse,  jardin,  clos    à    arbres,  terrasse,   le  tout  en  un   pourpris, 


DE    VILLERS-SOUS-CIIATILLON    ET    DR    TINCOURT  489 

conimo  il  se  cuiuporlo,  apparlciiaiit  pour  le  loiil  audil  M'^  lliir- 
lault,  qui  le  fait  valloir  pour  son  compte  et  ne  rapporte  rien. 

Item,  deux  arpents  six  verges  de  viynes,  sçavoir  :  nn  arpcnl 
tenant  au  jardin  de  laditte  maison,  appelle  Clos,  actuellement  en 
sainfoin,  desquels  deux  ar[)entssix  verges  il  a  été  veniiù  aneienne- 
ment  par  M=  Délavai  '  quarente  quatre  verges,  lieudit  les  fortes 
terres,  et  trente  quatre  verges,  aux  terres  soudées,  ledit  M"  Ilur- 
lault  ne  possède  que  le  surplus. 

Item,  vingt  cinq  verges,  ;\  la  Charité,  soixante  verges,  aux  trois 
Pois,  trois  quartiers  de  terre,  à  la  Cbarité. 

ILcm,  quatre  arpens  de  terre,  audit  Tincour,  desquels  il  a  élé 
vendu  six  quartiers^  en  lieudit  au  Mouvant,  par  ledit  sieur  Déla- 
vai ;  ledit  M''  Uurtault  ne  possédant  que  le  surplus  de  même  qu'à 
l'article  préceddent. 

Item,  six  quartiers  en  lieudit  Cliosedin. 

Item,  un  élang,  avec  un  petit  p''ez,  qui  fait  la  queiie  dudit 
étang,  sur  le  terroir  de  Tincour,  au  dessous  de  Notre  Dame  de  la 
Fosse,  lieudit  Saint  Guifort,  néansmoin  qu'il  soit  dit  dans  les 
anciens  aveux  que  cet  élang  soit  sur  le  terroir  de  Tincour,  cela 
dépend  du  bornage  qui  sera  fait  entre  les  seigneurs  de  Tincourt  et 
le  seigneur  de  Reuil. 

Item,  un  pressoir  qui  ne  paroil  pas  bannal,  et  dit  bannal  dans 
les  anciens  aveux,  ledit  pressoir  prèz  de  la  chapelle  de  Tincourt, 
auquel  tous  les  habitants  ayant  vignes  audit  lieu,  sont  tenus  de 
pressoirer  leurs  raisins,  ou  s'il  ne  leurs  plait  y  pressoirer,  sont 
tenus  payer  audit  M'  Hurlault,  ou  à  ses  officiers,  en  argent,  pour 
chacun  arpent,  suivant  la  coutume,  ledit  pressoir  appartenani  eu 
entier  audit  M''  Hurtault. 

Item,  trente  quatre  livres  de  surcens  et  rentes  dues  par  quatre 
particuliers. 

Il  y  avoit  autrefois  un  four  qui  n'est  plus  subsistant. 

Item,  le  droit  de  cens  payable  chacun  an,  jour  de  S'  Remy, 
chel  d'octobre,  ou  Saint  Martin  d'hyver,  portant  lods  et  vente, 
saisines  et  amendes  de  sept  sols  six  deniers  tournois,  quand  le  cas 
y  echeoit,  qui  peuvent  valloir  dix  livres  par  an,  lesquels  se  reçoi- 
vent allernalivement  avec  ledit  seigneur  de  Chenizot,  ou  ses  repré- 
sentants co-seigneurs  avec  ledit  Me  Hurtault. 

Ilem,  le  droit  de  vesture  qui  est  que  si  quelques  habitants  dudit 
Tincour  achètent  quelques  héritages,  ils  doivent  trois  deniers,  et 
s'ils  ne  payent  dans  la  huitaine,  ils  sont  à  l'amende  de  soixante  dix 
sols,  lequel  droit  appartient  en  entier  audit  sieur  avouant. 

Item,  le  droit  de  vinage  audit  Tincour. 

Item,  le  droit  de  jiirié  audil  Tincour,  c'est  ascavoir  que  tous  les 

1 .  Aifruan  de  la  Val,  chevalier,  seifriieur  de  la  Chapelle-Moalhodou  dont 
il  sera  parlé  ci-après. 


490  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

haliitaiils  diidil  lieu  doivent  venir  jurer  le  jour  de  Saint  Martin 
d'li\  ver  devant  ledit  M^  Ihirtault,  ou  ses  officiers,  de  leur  vaillant, 
et  payer  pour  la  livre  de  leurs  meubles,  cinq  deniers,  et  pour  la 
livre  de  leurs  héritages,  trois  deniers,  et  sept  sols  six  deniers 
d'amende  pour  les  délinquants. 

Item,  le  formariage  des  hommes  et  femmes  de  corps. 

îteni,  par  chacun  hospice  des  demeurans  auditTincourt,  excepté 
les  nobles  et  le  clergé,  un  muid  d'avoine,  à  la  mesure  de  fro- 
ment, di'i  au  jour  de  Noël,  chacun  an. 

Item,  il  y  avoit  anciennement  un  droit  à  Venteuil  sur  chaque 
maison  size  sur  la  terre  de  la  reine  de  France  et  de  Navarre,  qui 
est  un  cartel  de  froment,  payable  par  chacun  an  à  Noël. 

Item,  le  droit  de  prendre  sur  chacune  maison  et  ménage  audit 
Tincourt,  une  poulie  et  un  fil  par  cheminée,  payable  au  jour  de 
Saint  Martin  d'hiver,  et  ledit  M''  Hurtault  en  jouit  alternativement 
avec  ledit  seigneur  de  Chcnizot  ou  ses  représentants. 

Item,  sous  louoit  autrefois  trois  cents  arpens  de  bois,  séants 
dessus Tincour,  tenant  à  la  haute  Charmoise,  ensemble  le  tréfond, 
foulure,  et  tous  les  revenus  d'iceux  bois,  dont  jusqu'à  cent  arpens 
en  grurie  du  Roy,  duquel  le  sieur  Noblet^,  l'un  des  prédécesseurs 
de  M^  IJurtault,  a  acquis  les  droits  de  grurie,  pour  lesdits  cent 
arpens,  moitié  desquels  ledit  &■'  Délavai,  prédécesseur  de  M'  Anto- 
niazzy -,  a  acquis  par  son  contrat  d'acquisition,  et  l'autre  moitié 
appartenant  audit  seigneur  de  Chenizot,  les  deux  cent  arpens 
hors  de  gruerie,  desquels  ledit  M"  Hurtault  ne  jouit  pas,  ledit 
M'' Hurtault  jouissant  seulement  de  soixante  arpens,  ou  environ, 
de  bois  taillis  en  deux  pièces,  sur  le  terroir  dudit  Tincour,  vendus 
audit  sieur  Antoniazzi  par  ledit  Délavai,  comme  faisant  partie  de 
laditte  moitié  de  la  terre  et  seigneurie  de  Tincourt. 

Item,  le  droit  de  garenne  sur  le  terroir  dudit  Tincour. 

Item,  le  droit  de  rouaige  sur  laditte  terre,  qui  est  que  si  aucuns 
des  habitants  ou  autres  chargent  du  vin  vendu  au  dedans  dudit 
Tincourt,  donnent  par  chacune  charelte  deux  deniers,  et  pour 
chariots  quatre  deniers  parisis,  et  s'ils  passent  hors  sans  avoir 
payé  les  droits,  ils  encourent  l'amende  de  soixante  sols  parisis. 

Item,  le  droit  d'alloiage,  qui  est  que  nul  habitant  ne  peut  ven- 
dre vin  au  dedans  dudit  Tincour  sans  avoir  payé,  par  chacune 
pièce  percée,  une  pinte  de  vin  et  un  pain. 

Item,  le  droit  de  saulnie,  qui  est  que  tout  potier  de  terre  ne 
peut  transporter  pot  hors  de  laditte  terre  pour  vendre  sans  payer 

i.  Hobcrl  Nobk't,  écuyer,  seij^ncur  de  Tincourt  eu  1621,  marié  à  damoi- 
selle  V'aleucc  Moreau. 

2.  l'icrre-Henri  Aulouiazzi,  écuyer,  chevalier  peusioiinaire  de  l'ordre  de 
Saint-Louis,  commissaire  provincial  d'ailillerie,  capitaine  commandant 
d'une  compagnie  de  mineurs,  demeurant  à  Léchelie,  paroisse  de  Heuil. 


DE    VILLERS-SOUS-GHATir.LOX    ET    DE    TINCOUKÏ  491 

le  droit  qui  est  de  cinq  sols  par  chaque   charg(3,  ce  qui    ne    vaut 
aucune  chose,  quant  à  présent. 

Protestant,  comme  dit  est,  ledit  M''  Huitault,  de  pouvoir  aug- 
menter ou  diminuer  au  présent  aveu,  le  dénombrement  suivant 
que  le  cas  y  echeoit,  de  quoi  a  été  fait  et  dressé  le  présent  acte  à 
la  réquisition  dudit  M"  llurlault.  Promettant,  oljjigeant,  renoii- 
ceanl.  Fait  et  passé  au  château  de  Viilcrs,  l'an  mil  sept  cent  qua- 
tre vingt  quatre,  le  trente  et  un  décembre,  avant  midi,  et  après 
lecture  faite,  les  parties  ont  signé. 

Signé  :  Dr:  Chk.nizot.  Vicuiuini  et  Licmaitiu:,  notaires. 

IIURTAULT    DE    TlNCOL'aT. 

Controllé  à  Châtillon  le  14  janvier  1785. 
Reçu  :  neuf  livres.  Signé  :  Vauselle. 

François- Vincent  Guyot  de  Chenizot  mourut  à  Paris,  le  22 
juillet  1829,  à  l'âge  de  94  ans,  comblé  de  fortune  et  d'honneurs. 

Ses  principaux  litres  à  la  reconnaissance  de  ses  compatrio- 
tes et  l'éloge  de  sa  longue  carrière  si  noblement  remplie,  sont 
résumés  dans  celte  autre  inscription  que  l'église  de  Villers 
conserve  à  la  mémoire  de  sou  bienfaiteur  : 


M'  LE  Vicomte  et  Baron  François  Vincent  Gl-yot  de  Chenizot, 
Chevalier  de  la  Légion  d'Honneur,  vice-Chancelier  honoraire  de 
l'ordre  illustre  et  ciiapitral  de  l'ancienne  noblesse,  grand 
croix  et  commandeur  de  l'ordre  de  Holstf.in,  ancien  Conseil- 
ler d'Etat,  voulant  laisser  aux  habitants  de  la  commune  de 
ViLLERS-fOus  Châtillon   un  témoignage  de  la  vive  affection  qu'il 

LEUR  portait  RT  PERPÉTUER  PARMI  EUX  SA  MEMOIRE  d'aOK  EN  AGE. 
A  ORDONNÉ  PAR  SES  DERNIÉPES  DISPOSITIONS  QUE  TROIS  MAISONS 
SERAIENT  CONSTRUITES  A  SES  FRAIS  DANS  LA  COMMUNE  POUR  SER- 
VIR, LA  PREMIÈRE  A  l'haUITAT  ION  DU  CURÉ,  LA  DEUXIÈME  A  l'ÉCOLE 
DES  FILLES  AU  LOGEMENT  DES  SŒURS  DE  s'  ViNCENT  DE  PaUL  ET  DE  DE- 
UX VIEILLARDS,  LA  TROISIÈME  A  l'ÉCOLE  DES  GARÇONS  ET  AU  LOGE- 
MENT DU  MAITRE  d'e'cOLE.  A  FONDÉ  A  VlLLERS  UN  ÉTABLISSEMENT 
DE  SŒLRS  DE  s'  VlNCEN'T  DE  PaUL  CHARGÉES  A  LA  FOIS  DE  TENIR 
LES  FILLES  ET  DE  SOIGNER  TANT  EN  SANTÉ  QUEN  MALADIE  DEUX 
VIEILLARDS  DE  l'uN  OU  DE  l'aUTRE  SEXE  NÉS  DANS  LES  COMMU- 
NES DE  VlLLERS  OU  DE  BiNSON.  A  LÉGUÉ  PLBSIEURS  RENTES  PER- 
PÉTUELLES EN  FAVEUR  DE  LA  FABRIQUE  DU  CURÉ,  DU  MAITRE 
d'école  et  pour  FOURNIR  LES  DEUX  ÉCOLES  DE  LIVRES  ÉLÉMEN- 
TAIRES. Les  PAUVRES  ET  LES  MALADES  ONT  AUSSI  UNE  LARGE  PART 
A  SES  BIENFAITS.  EnFI»  IL  A  VOULi;  QUE  TOUS  LES  DEUX  ANS  FUT  DO- 
TÉE UNE  JEUNE  FILLE  DE  VlLLERS  CHOISIE  PARMI  LES  PLUS  PAU- 
VRES ET  LES  PLUS  VERTUEK^ES  ET  QIi'aINSI  LA  VERTU  REÇUT  DÈS  CE 
MONDE  UNE  RÉCOMPENSE.  Il  MOURUT  A  PaRIS  LE  22  JUILLET  1829 
A   l'âge   DE  94    ANS. 

UE     PRGKUNDIS 


Les  anciens  seigneurs  de  Villers-sous-Châtillon 
et  Tiucourt. 

I.  —  Robert  Ledieu,  chevalier,  seigneur  de 'Villers  et  lieuil 

1.   Reuil,  cautou  de  Chàtilloii-sur-Maroe. 


492  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

lieulenaul-colonel  du  réyimeul  de  Sainl-Élienne,  décédé  avant 
1C83,  se  maria  avec  Claude  de  la  Ruelle,  décédée  à  Heuil  le 

10  janvier  1G83,  et  inhumée  dans  la  nef  de  l'église  de  Villers- 
sous-Cbàlillon.  Il  laissait  de  ce  mariage  : 

1 ,  François-Robert,  qui  suit  ; 

2.  Et  Marie  Louise  Ledieu,  femme  de  Charles  le  Gaslelier, 
chevalier,  seigneur  de  Tincourl,  dont  elle  eut  : 

1.  Marie-Aune  Le  Gaslelier,  veuve  en  1727  de  Claude  du 
Noël,  chevalier,  seigneur  du  Plessier  ; 

2.  Marie-Charlotte  le  Gaslelier,  ([ui  suit  ; 

3.  Claude-Charlotte   le   Gaslelier,   décédée  à   Cuchery,    le 

11  décembre  1712,  à  l'âge  de  38  ans,  et  inhumée  le  même 
jour  dans  la  chapelle  de  la  Vierge.  Elle  avait  épousé  Claude- 
François  de  la  Felounière,  écuyer,  seigneur  de  la  Herbenuerie 
et  du  iief  de  GranJcourt  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 

Voici  les  eui'auls  nés  à  Cuchery  de  celte  union  : 

1 .  Philippe-François  de  la  Felonnière,  chevalier,  seigneur 
de  Grandcourl  et  de  Fossoy,  âgé  de  22  ans  et  demi,  qualifié 
lieutenant  d'infanterie  le  21  juin  1720,  jour  où  il  fut  procédé 
par  Lesueur,  notaire  à  Châtilloi. -sur-Marne,  à  l'inventaire  de 
la  succession  de  sa  feue  mère  Claude-Charlotte  le  Gaslelier; 

2.  Antoine-François,  éouyer,  né  le  22  février  IG'.'O  ; 

3.  Marie-Magdeleine,  le  11  avril  1700; 

4.  Claude-Charlolle,  le  10  juin  1701,  décédée  le  16  avril 
1750,  âgée  de  48  ans,  à  Champlal',  inhumée  dans  la  petite 
nef  (le  l'église  ; 

5.  Marie-Louise,  le  10  février  1703; 

6.  Marie-Pierre,  le  10  février  170G  ; 

7.  El  François  de  la  Felonnière,  le  8  mars  1708,  chevalier, 
seigneur  de  la  Herbenuerie,  lieulenant  d'infanterie,  décédé  le 

12  juin  1734,  à  l'âge  de  2G  ans,  trois  mois  et  quatre  jours, 
inhumé  le  lendemain  dans  l'église  de  Cuchery. 

II.  —  François-Robert  Ledieu,  chevalier,  seigneur  de 
Villeis-sous-Châtillon,  lieutenant  des  Maréchaux  de  France 
aux  bailliages  de  Château  Thierry  et  Châtillon,  décédé  à 
Villers,  le  9  févj'ier  172G,  épousa  en  premières  noces  Anne 
Floriot,  et  en  deuxièmes  noces,  à  Cui?les,  le  23  mai  1G90, 
Françoise  de  Belloy,  dame  de  Cui^les  -  et  de  Bricol^,  veuve  en 

1.  Cliaaiplat,  caiitoa  de  Clià'illoti-sur-Marne. 

2.  Cuis  es,  même  caaton. 

3.  Bricot,  fief  silué  à  Cuisles. 


DE    VILLERS-SOUS-CHATILLON    ET    DE    TINCOURT  493 

premier  mariage  de  Joseph  Remy  de  Livrou,  chevalier,  sei- 
gneur de  Ciiisles,  mailre  de  camp  de  cavalerie  ;  ladite  dame 
décédée  à  Guisles  le  10  juillet  169'i. 
Sont  nés  du  premier  mariage  : 

1 .  Catherine  Michel,  à  Villers,  le  8  novemhre  1602; 

2.  Madeleine,  au  même  lieu,  le  18  novembre  1(577  ; 

3.  Joseph-François  Lcdieu,  à  Oli/.y  ',  le  24  mars  1078,  che- 
valier, corneUe  au  régiment  de  Xarbonne  en  IGOl. 

Du  second  luariage,  à  Villers-sous-Chàtillon  : 

4.  Marie-Françoise  Bénigne,  le  4  mars  IG'Jl,  qui  épousa  le 
25  septembre  1714,  audit  lieu,  Aignan  de  la  Val,  chevalier, 
seigneur  eu  partie  de  la  Chapelle-Monthodon -,  y  demeurant, 
et  de  Tincourt,  ent^eigue  des  vaisseaux  du  Roi  au  département 
de  Rochet'orl,  fils  de  Jacques  de  la  Val,  seigneur  de  Velay  en 
Poitou,  et  de  feue  Suzanne  de  Baudier  ; 

5.  Françoise-Anne-Victoire  Ledieu,  le  25  avril  1()02, 
mariée  le  3  janvier  1713  à  Jean-Charles  du  Guérin,  chevalier, 
seigneur  de  Bruslart  ^,  ci-devant  colonel  d'int'anteiie,  demeu- 
rant à  Sunt-Martin-d'Ablois  '. 

III.  —  Marie-Charlotte  le  Gastelier  épousa,  par  contrat  du 
27  mai  lb94,  passé  devant  Augier,  notaire  <'i  Veuteuii,  Antoine 
du  Houx,  écuyer,  sieur  de  la  Barre,  du  fief  de  denlis,  sis  à 
Reuil,  et  du  lief  de  Nige,  sis  à  Trotte  s,  fils  de  Jonas-Charles 
Du  Houx  '"',  écuyer,  sieur  de  la  Barre,  du  moulin  Lecomte,  du 
iief  de  Nige,  de  Cierges  et  autres  lieux,  et  de  Marie  de  Vignol- 
les,  sa  première  femme. 

To'js  deux  ont  été  inhumés  dans  l'église  de  Reuil  où  ils  sont 
décèdes  :  le  mari,  le  25  février  1708,  et  la  femme,  le  1 1  août 
1745,  à  l'âge  de  79  ans. 

Sept  enfants  soni  issus  de  ce  mariage  : 

1 .  Claude-Charles  Du  Houx,  né  à  Passy-Grigny  ^  le  4  août 
1695; 

1.  Olizy,  canl.  de  Cl.âlillon-sur-Marne. 

2.  La  Chapelle-Monlhodou  (Aisne),  cant.  Je  Condé-en-Brie, 

3.  Bruslart,  ancien  fief  sur  Champvoisy,  cant.  de  Dormans  (Marne). 

4.  Saiul-Marlin-d'Ablois  (Marne),  canton  d'Epernay. 

5.  Troiie,  hameau  dépendant  de  Ven  Hères,  cant.  de  Cliàiillon-sur- 
Maine. 

6.  Jonas-CIiarles  Du  Houx  contracta  une  seconde  alliance  avec  Claude- 
Françoisp  de  Moru,  ûlle  de  Charles  de  Moru,  chevalier,  seigneur  de  Saint- 
Martin  d'Ablois  et  de  Tincourt. 

7.  Passy-Grigny,  canton  de  Châlillon-sur-MarLe. 


494  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

2.  Marie-Jeaiiue-Charlolle,  née  au  même  lieu  le  27  aoùl 
1099; 

3.  AuloineUe-Chailolle,  décédée  à  Reuil,  le  14  novembre 
17i0,  âgée  de  5  ans  ; 

4.  Alarie-Anne  du  Houx,  née  en  1090,  mariée  à  Reuil,  le 
22  avril  1716,  à  Thomas  Vassière,  âgé  de  21  ans,  officier  de 
Sou  Allesse  Madame  la  duchesse  d'Orléans,  fils  de  feu  Tho- 
mas Vastière.  ancien  procureur  de  la  Cour  du  Parlement  de 
Pari-,  el  de  défunte  damoiselle  Catherine  Argenvillers  ; 

b.  Jean  du  Houx,  chevalier,  seigneur  de  Nige,  demeurant 
à  Bouffiguereux  *  ; 

6.  Claude-Charlotte  du  Houx,  décédée  à  Reuil  le  oU  janvier 
J729,  à  lâge  de  31  ans,  après  avoir  épousé  en  ce  village,  le 
29  mai  1727,  Philippe  Ledieu.  seigneur  du  Chesue^,  fils  de 
défuiil  Jean-Baptiste  Ledieu,  chevalier,  stigneur  du  Chesne, 
el  de  Jeanne  Thiibé,  de  la  paroisse  de  Vculelay  ; 

7.  Jeanne-Françoise  du  Houx,  morte  à  Reuil,  le  31  janvier 
174G,  âgée  de  40  ans.  inhumée  le  lendemain  dans  l'église. 

lUthel,  le  19  mars  1S97. 

Paul  Pellot. 


ARMORIAL 


François  Lespicier  :  d'azur,  à  un  chevron  d'or,  surmonté  d'unr 
étoile  dargent,  et  accompnrjné  de  (rois  tries  de  limiers  de 
même,  les  deux  du  chef  affrontées. 

Nicolas  Chapelet  :  d'azur,  à  un  chapelet  d'argent^  posé  en 
orle,  la  croix  en  bas,  et  une  croix  recroiseltée  d'or  en  cœur. 

Nicolas  Diipuis  :  d'azur,  au  chevron  d'or ,  accompagné  en  chef 
de  2  étoiles  d'argent,  en  pointe  d'une  rose  d'or. 

Claude  Cliûtivcau  :  d'azur,  à  un  cygne  d'argent^  emhrassanl 
avec  son  col  une  croix  haussée  d'or,  accompagné  de  trois  raisins 
de  même,  deux  en  chef  d  un  en  pointe,  au  chef  de  gueules, 
chargé  d'une  gerfje  d'or,  accostée  de  deux  étoiles  d'argent  et 
soutenue  d'or. 

Félon iiière,  .Mciirs  de  Bulan  el  du  Fossoy  :  éeartelé,  aux  I  et  i 
d'or,  au  lion  de  sable,  aux  2  et  i  d'azur,  à  i  coquilles  d'or,  f.a 
preuve  de  cette  ianiiilc  remonte  à  Pierre  de  la  Félonnière,  homme 

1.  Bouffi^iiiereux  (Ai^rif),  cant.  de  Ncufcliàlel,  arr.  de  Laon. 

2.  Le  Chesne,  aclucllemeul  Terme  sur  le  terriloirc  de  Venlelay,(auton  de 
Fismes  (Marne). 


DE   VILLERS-SOUS-CHATILLON    ET    DE   TINCOURT  493 

d'armes  des  ordonnances  du  roi  sous  la  charge  de  M.  de  Janielz, 
vivant  le  3  février  11)3'.».  Maintenu  par  arrêt  de  la  Cour  des  Aides 
du  15  septembre  1G3;{,  et  jugement  de  Dorieu  en  1668. 

Le  Gastelier  :  d'or^  à  3  besaiis  ilr  guenlrs,  à  la  bordure  de 
sinople. 

Lesueur  :  d'azur,  à  un  chevron  d'or,  surmonté  d'un  croissant 
d'aryent.  posé  à  la  pointe  du  chevron,  acconipaijné  en  chef  de 
deux  étoiles  d'argent,  et  en  pointe  d'une  hure  de  sanglier  de 
même. 

Escannevelle  :  d'argent,  à  ()  roguillrs  de  gueules,  :i,  2  et  I . 

Linage  :  de  gueules,  au  sautoir  engn'lé  d'or,  accompagné  de 
A  fleurs  de  lys  de  même. 

De  Brie  :  d'azur,  à  2  haches  adossées  dargent. 

Guyot  de  Chenizot  :  de  gueules,  à  la  mer  d'argent  en  pointe, 
surmontée  de  3  poissons  nageant  de  uwme,  l'un  sur  l'autre. 

Ledieu  :  d'azur,  au  chevron  d'argent,  accompagné  de  3  glands 
d'or. 

Lespagnol  :  d'azur,  ii  la  fasce  d'or,  accompagné  de  3  tètes 
d'épagneuls,  deux  en  chef,  une  en  pointe. 

Noël  :  d'azur,  au  chevron  d'or,  accompagné  de  deux  molettes, 
et  un  lion  d'or. 

Betloy  :  d'argent,  ci  3  fasces  de  gueules. 

Livron  :  d'argent,  à  3  fasces  de  gueules,  brisé  d'un  roc  d'échi- 
quier de  même. 

Baudier  :  d'argent,  à  3  têtes  de  maure  de  sable,  tortillées  de 
champ. 

Guérin  :  d'or,  à  3  lionceaux  de  sable,  couronnés,  lampassés  et 
armés  de  gueules. 

Du  Houx  :  de  gueules,  éi  3  bandes  d'argent,  chargées  de  î  aune- 
lets  d  or  en  barre. 

VignoUes  :  d'azur,  à  la  bande  d'argent,  chargée  de  3  coquilles 
d'or. 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES 


Actes  de  l'État  civil  de  Vailly. 

1676.  21  janvier.  —  Mariage  de  Hyacinthe  Guillot,  2o  ans,  fils 
d'honorable  homme  Antoine  Guillot,  chirurgien  à  Vailly,  et  d'An- 
toinette Lespicier,  avec  damoiselle  Jeanne  Chétiveau,  21  ans,  fille 
d'honorable  homme  Jacques  Chétiveau,  et  d'Antoinette  de  Vil- 
1ers;  témoins  :  Pierre  Chétiveau,  René  de  Villers,  François  Lespi- 
cier, et  les  pères  des  époux. 


496  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

I6S8.  —  Le  dixième  dud.  mois  (décembre)  esl  décédé  M*  Jac- 
ques Chélivcau,  sieiir  de  Courcelle,  âgé  de  (en  blanc)  ans,  ou 
environ,  el  fui  inhumé  en  l'église  dud.  lieu  en  présence  des 
témoins  qui  ont  signé. 

jGSi).  —  Le  18  dud.  mois  (janvier),  esl  décédéc  AnUioinelle  de 
Villers,  femme  de  Me  Jacques  Chélivau,  âgée  de  70  ans,  el  fui 
inhumée  le  lendemain  en  Téglise  dud.  lieu,  en  présence  des  les- 
moins  quy  onl  signés. 

Signé  :  Godkfroy. 

1677.  28  novembre.  —  Naissance  el  baptême  de  François,  fils 
d'honorable  honinic  Hyacinthe  Guillol,  marchand,  el  de  damoi- 
selle  Anne  Cliéliveau,  sa  l'cmme  ;  parrain  :  bon.  homme  François 
Lespici(.'r,  marcliand  \  marraine  :  Françoise  Boudin. 

1687.  10  janvier.  —  Haptême  de  Anne-Jeanne,  lille  des 
mémos;  [)arrain  :  Antoine  Carrier;  marraine  :  Anne  Patarl. 

1714.  7  août.  —  .Maridge  de  .M'''  (Claude-François  de  la  Felon- 
niére,  ciievalier,  seigneur  de  la  Herhennerie  el  du  fief  de  Grand- 
courl,  veuf  de  dame  Charlolle-Claude  Le  Gaslelier,  demcuranl 
audil  fief  de  Grandcourl,  paroisse  de  Cuchery,  assisté  de  .M*"  Louis 
VJnin,  conseiller  du  roi,  maire  en  la  justice  de  Ville-eu-Tardenois, 
et  de  M''«  Charles-Joseph  d'Anglas,  chevalier,  seigneur  de  la  For- 
lelle,  avec  dam'<=  Anne  Guillol,  fille  de  dél'  Hyacinthe  Guillol,  et 
de  dame  Jeanne  Chétiveau,  de  la  paroisse  de  Vailly,  assistée  de 
lad.  Chétiveau,  sa  mère,  de  M<'  François  Guillol,  son  frère,  et  de 
M«  François  Carrière,  conseiller  du  roi,  élu  eu  Téleclion  de  Sois- 
sons,  et  bailli  de  celte  ville. 

Actes  de  l'État  civil  du  canton  de  Châtillonsur-Marne. 

ClCHCitY. 

L'an  mi!  sept  cent  quinze,  le  dix  neuf  mai,  est  venue  au  monde 
damoiselle  .Marie-Anne,  fille  de  Messirc  Claude-François  de  la 
Felonniére,  chevalier,  seign""  de  Grandcourl,  et  de  dame  Anne 
Guillol,  son  épouse,  de  cette  paroisse,  laquelle  a  été  baptisée  dans 
l'église  de  ladilte  paroisse  le  vingt  et  unième  mai  par  moy  curé 
soubsigné.  Le  parain  messire  Phille  de  la  Felonniére,  chevalier, 
seig""  de  Fossoy,  chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint  Louis,  ci 
devant  gouverneur  de  Thy  Chastel,  la  maraine  dame  Anne-Marie- 
Madelaigne  Cheveri,  espouse  de  .Messire  Louis  de  Guérin,  cheva- 
lier, seig""  de  Courdie,  lieutenant  colonel  du  régiment  de  l'Isle  de 
France. 

Signé  :  Ue  la  FiiLo.NMKnp:.  Ue  la  Felon.nièrk 

CnKVIlIK    l»K    COURDIK.  UE    LA    HeRBE.NNERIK. 

L'an  mil  sept  cent  seize,  le  quatrième  jour  du  mois  de  mai,  est 
venu  au  monde  Claude-Philippe  de  la  Felonniére,  fils  de  messire 
Claude-François  de  la  Felonniére,  chevalier,  seigneur  de   la   Her- 


DB    VILLÉRS-SOUS-CHATILLON    ET    DE   TINCOURT  497 

bennerie  et  du  fief  de  Graiidcoiirt,  sis  à  Cuclicri,  y  deinouraiit,  et 
de  dame  Anne  Guillot  ses  père  et  mère,  et  a  esté  baptisé  ledit 
jour  quatre  par  moi  prestre  oiiré  de  Cucheri  soubsigiiez.  Le  paraia 
M*  Philippe  de  la  Feloniiière,  son  frère,  la  marai/me  damoiselle 
Mari-Madeiaigne  de  la  Feionnière  sa  sœur.  Le  père  a  signé  au  bas 
des  présentes  avec  le  parain  et  la  maraiu/tc. 

Signé  :  De  la  FELONMÈne  de  Grandcour, 

JOBART,  De  la  FELONNfÈRE  DE  LA 

Herbennerie,   Marie-Madelaine 

DE    LA    FeLONNIÈRE. 

L'an  mil  sept  cent  dix  huit,  le  dix  huictièms  jour  du  mois  de 
mar?,  je  souligné  Nicolas  Thibault,  curé,  ai  baptisé  dans  l'église 
de  ma  paroi>se  de  Cucheri  un  fils  de  messire  Claude-François  de 
la  Felonier,  écuier^.  seig""  de  Grandcour  et  de  la  Herbenerie,  et  de 
madame  Anne  Guiot  son  épouse,  auquel  on  a  imposé  le  nom  de 
Claude-François.  Le  parrin  François  de  la  Felonière,  répondant 
par  Monsieur  Philippe -François  de  Grandcour  son  frère,  la 
màveinne  Claude-Charlotte  de  la  Felonière  qui  ont  signés  avec 
nous  à  Texception  du  parrin  qui  n'a  pu  signer. 

Signé  :  Chariot  de  la  Felonier,  Philippe-François 

DE    LA    FeLONMÈRE,    ThIBAULT. 

Le  treizième  jour  de  mars  mil  sept  cent  vint,  moy  Nicolas  Thi- 
beaut,  curé  de  Cucheri,  ai  baptisé  une  iille  de  messire  Claude- 
François  de  la  Feionnière,  chevalier,  seig""  de  la  Herbennerie  et 
du  fief  de  Grandcourt,  sis  à  Cucheri,  y  demeurant,  et  de  dame 
Anne  Guillot  son  épouse,  tous  deux  de  celte  paroisse  et  mariés 
ensemble,  né  le  jour  d'hier,  à  laquelle  on  a  imposée  le  nom  de 
Jeanne  Angélique.  Le  parain  messire  Marq  de  Guérin,  chevalier, 
seig""  de  Sauville,  la  maraine  dame  Jeanne-Angélique  Duduit, 
espouse  de  Messire  Philippe  de  la  Feionnière,  chevalier  de  Tordre 
militaire  de  S'  Louis,  ci  devant  commandant  pour  le  roy  à  Blis- 
chastel,  seig""  de  Fossoy,  représente  par  damoiselle  Claude-Char- 
lotte de  la  Feionnière,  sa  nièpce,  et  iille  dudit  c'  de  la  Feionnière 
père  qui  ont  signé  avec  nous. 

Signé  :  Marq  Gcéri.x.  Chariot  de  la  Felonnier, 

Thibault. 

Lan  mil  sept  cent  vingt  un,  le  dix  huitième  jour  du  mois  d'oc- 
tobre, a  été  présenté  pardevant  nous  Nicolas  Thibaut,  curé  soussi- 
gné, pour  être  nommé  et  recevoir  les  cérémonies  du  baptême,  une 
fille  de  Messire  Claude-François  de  la  Feionnière  de  la  Herbenne- 
rie, écuier,  seigneur  du  fief  de  Grandcour  à  Cuchery,  et  de 
Madame  Anne  Guillot,  mariés  ensemble,  laquelle  fille  cy  dessus  est 
née  le  vingt  unième  mars  de  la  présente  année,  et  le  même  jour 

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408  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

a  élé  baptisée  dans  l'église  de  cette  paroisse  par  nioy  curé  cy 
dessus,  avec  la  permission  de  Monsieur  Gosset,  vicaire  généial  de 
Monseigneur  l'évèque  de  Soissons,  en  datte  du  vingt  deuxième 
mars  dernier,  signé  Gosset,  et  plus  bas  Saunier,  secrétaire  de 
l'évrchc,  laquelle  fille  cy  dessus  a  reçu  aujourd'hui  les  cérémonies 
du  baptême  et  a  été  nommée  Julie-Anne  Salaberge,  le  parain 
Messire  Philippe  de  la  Felonnière,  chevalier,  seigr  de  Faussoy, 
commandant  pour  le  roy  en  Bricastel.  La  mareine  dame  Julie 
Bergère,  épouse  de  messire  François  Guyot,  écuier,  seig""  de  Che- 
nizot,  secrétaire  du  roy,  comparaissant  par  dame  Anne  Carrier, 
épouse  de  Monsieur  Doury,  avocat  en  Parlement,  qui  ont  signé 
avec  nous. 

Signé  :  De  la  Felo.nmere  ue  la  Herbennerie, 

De  la  FelonjNière, 
Anne  Carrier. 

Le  i2«  décembre  1723.  —  Baptême  de  Jeanne-Charlotte,  fille 
de  .Messire  Claude-François  de  Lafelonnière,  chevalier,  seigneur  de 
la  Herbennerie  et  de  Grandcour,  et  de  dame  Anne  Guyot.  Parein 
Messire  Philippe-François  de  la  Fellonnière,  chevalier,  seigneur 
de  Grandcour:  mareinne  Mademoiselle  Charlotte-Claude  de  la 
Fellonnière. 

(Naissance  du  11  décembre.) 

Le  23'' janvier  172;j.  —  Baptême  de  Claude-Nicolas,  fils  de 
(comme  ci-dessus).  Parein,  Mons'"  Na^  Le  Queux,  ancien  lieutenant 
de  Roy  au  gouvernement  de  la  ville  de  Reims  et  colonelle  des  har- 
quebuziers  de  lad.  ville  ;  mareinne,  Mademoiselle  Thérèse-Claude 
Le  Queux. 

(Naissance  du  21  janvier.) 

Le  b«  février  1728.  —  Baptême  de  Anne-Claude- Françoise,  fille 
de  (père  et  mère  désignés  comme  ci-dessus),  l'arein.  Mous'^  Adam- 
Remy  d'Houry,  docteur  es  loix,  advocat  demeurant  à  Reims  ; 
mareinne,  dame  Anne  Carlier,  son  épouse,  tous  deux  absents, 
représentés  par  .Messire  Philippe  Le  Dieu^  chevalier^  seigneur  de 
Ventlay,  et  dame  Claude-Charlotte  du  Houx,  son  épouse. 

(.Jour  de  la  naissance  non  indiqué.) 

L'an  de  grâce  mil  sept  cent  quarante,  le  quinzième  jour  du 
mois  de  décembre,  après  avoir  publié  au  prône  de  la  messe 
parroissiale  le  premier  ban  de  mariage  entre  .Messire  JNicolas  de 
Liiiage,  seigneur  de  Villeray,  âgé  de  quarante  sept  ans,  vœuf  en 
secondes  noces  de  dame  Chalerine-Lunise-Charlotte  de  Brie, 
demeurant  à  la  parroisse  de  la  Ville-sous-Oibais,  diocèse  de  Sois- 
sons  ;  et  entre  demoiselle  Jeanne-Charlotte  de  la  Félonnièie  de 
Grand-cour,  âgée  de  dix-sept  ans,  lille  de  Messire  Claude-Frauçois 


DE    VILLKRS-SOUS-CHATILLON    ET    DE   TINCOURT  409 

de  la  Félonnicre,  seign"'  de  la  Herbennerie  et  du  fief  de  Grand- 
cour,  et  de  dame  Jeanne-Anne  Guillot  ses  père  et  mère,  demeu- 
rant en  celle  paroisse,  après  avoir  oblciui  do  l'ordinaire  la  dis- 
pense des  deux  autres  bans,  dallée  du  dixiesmc  décembre  mil  sept 
cent  quarante,  signée  Uestars,  vicaire  général,  et  plus  bas  Déla- 
teur, insinuée,  controllée  et  enregistrée  au  grctl'e  des  insinua- 
tions ecclésiastiques  du  diocèse  de  Soissons,  les  jour  el  an  susdits^ 
signé  Moutonnet  ;  et  aussi  après  avoir  obtenu  de  l'ordinaire  la  per- 
mission de  célébrer  ledit  mariage  dans  le  Temps  de  Lavent  ;  le 
tout  sans  aucune  opposilion  ny  empeschemenl.  Je  François  Dau- 
vei'gne  soussigné,  preslre  curé  de  la  parroisse  de  la  Ville-sous- 
Orbais,  en  présence  el  du  consentement  de  moi,  curé  de  Cuchery 
soussigné,  ay  receu  deux  la  promesse  et  consentement  de  mariage, 
et  fait  les  cérémonies  accoutumées,  et  célébré  le  mariage  dans 
l'église  parroissialle  dudit  Cucbery,  en  présence  et  du  consente- 
ment des  parens  susdits  de  l'épouse;  de  Messire Philippe-François 
de  la  Félonnière,  seigneur  de  Fossoy,  y  demeurant,  frère  de 
l'épouse  ;  de  Messire  Louis-Claude  le  Dieu,  seigneur  de  Fleury, 
demeurant  à  Rada\,  parroisse  dudit  Fleury;  du  sieur  Cbarles-Fir- 
min  de  Lalre  Daubigny,  garçon  demeurant  à  Espernay,  tous  deux 
cousins  de  l'épouse;  de  Messire  Marc  de  Guérin,  et  du  sieur  Jean 
Demichel,  tous  deux  de  la  parroisse  de  Cuchery,  lesquels  ont 
signé  avec  nous  les  jour  et  an  susdits. 

Signé  ;  Linage  de  Villeuay,  La  Felonmère, 
DE  LiNAGE,  Anne   Guillot    de   la 

FKLO.N,\n-:RE,  DE  GUÉRIX,  DE  LA 
FEL0N>ilt;RE     DE     LA      HeRRE.N.NERIE, 

La  Felonnière  de  Fossoy,  Le 
Dieu  Deville,  Delatre  Daubig.ny, 
D'Auvergne^  Demichel,  P.  Thomé, 
curé. 

L'an  de  grâce  mil  sept  cent  cinquante,  le  quinziesme  jour  du 
mois  de  juillet  est  décédé  en  cette  parroisse^  après  avoir  reçeu  les 
sacrements  de  la  sainte  Église,  Messire  Claude-François  de  la 
Félonnière,  écuyer,  chevalier,  seigneur  de  la  Herbennerie,  et  du 
fief  de  Grand-court,  ancien  officier  au  régiment  de  Normandie, 
âgé  de  soixante-dix-huit  ans  presque  accomplies  ;  marié  en 
secondes  nùces  à  dame  Aune  Guillot.  Son  corps  a  esté  inhumé  le 
lendemain  par  moi  preslre  curé  soussigné,  dans  l'église  de  celle 
parroisse,  ou  nous  l'avons  conduit  avec  les  cérémonies  accoutu- 
mées en  présence  de  M"'"  Charles-Antoine  Geolfroy,  curé  de  Mel- 
roy,  Louis-François  Jarost,  curé  de  Vandière  ;  Claude  Le  Brun, 
curé  de  Champla  ;  Simon  Le  Blond,  vicaire  de  Fère  ;  Jean -Robert 
Jarost,  vicaire  de  Belval  ;  Messire  Philippe-François  de  la  Félon- 
nière, seigneur  de  Fossoi,  écuyer,  chevalier,  tous  témoins,  qui  ont 
signé  avec  nous. 

Signé   :   Philippe-François     de     la    Félon- 


500  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET   ANCIENS    SEIGNEURS 

NIÈRK     DE     FOSSOI,    GEOFFROY,    CUl'é 

de  Melleroy  à  Baslieux,  Jauot, 
vie.  de  Belval,  C.  Lebrun,  pres- 
tre  curé  de  Charnpla,  Jarot,  curé 
de  Vandière,  Le  Blond^  vie.  de 
Fèro,  Anne  Guillot  de  la  F"elon- 

NIÈRE,    DE     LA     FeLONNIÈRE     l'aîllé, 

Anne  de  la  Felonnière  de  Gra.nd- 
couRT,  P.  Thomé,  curé  de  Ca- 
che ry. 

L'an  de  grâce  mil  sept  cent  cinquante,  le  douziesme  jour  du 
mois  de  novenibie,  après  avoir  publié  après  les  fiançailles,  aux 
prônes  des  messes  parroissialles  dans  les  deux  parroisses  respecti- 
ves, sçavoir  :  dans  la  parroisse  de  Sedan,  le  premier  ban  de 
mariage,  et  avoir  obtenu  de  l'ordinaire  de  Reims  la  lettre  de  non 
diocèse  ;  et  la  dispense  des  deux  autres  bans,  laditte  dispense 
dattée  du  22"  septembre  1750,  signée  de  Mailly,  vicaire  général, 
et  plus  bas,  Favereau,  secrétaire  ;  insinuée  et  controUée  à  lieims 
le  22<'  septembre  tTiiO,  Reg'=  18.  et  signé  Delacroix,  avec  paraphe  ; 
et  aussi  dans  la  parroisse  de  Cuchery  le  premier  ban  de  mariage, 
et  avoir  obtenu  de  lordinaire  de  Soissons  la  dispense  des  deux 
autres,  laditte  dispense  dattée  du  24*  septembre  17o0,  signé  Dela- 
croix, vicaire  général,  et  plus  bas,  Delalour,  secrétaire,  insinuée, 
controllée  et  registrée  au  greffe  des  insinuations  ecclésiastiques  du 
diocèse  de  Soissons  le  24*  septembre  1750,  signé  Moulonnet,  avec 
paraphe  :  Entre  Messire  Charles-Guillaume  Du  Gucy,  chevalier, 
âgé  de  cinquante  ans  ou  environ,  seigneur  de  Fresneville  et  de  la 
Fresné,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint  Louis,  fils 
de  deffunts  Messire  Jean-Baptiste  Du  Gucy,  chevalier,  et  de  dame 
Marie-Anne  Martin,  demoiselle;  originaire  de  la  parroisse  de 
Saint-Martin  de  Condé  sur  Noireau,  diocèse  de  Bayeuxen  Norman- 
die, et  à  présent  major  domicilié  du  château  de  Sedan,  de  la  par- 
roisse de  laditte  ville  de  Sedan  ;  et  entre  damoiselle  Anne-Claude- 
Françoise  de  la  Felonnière,  âgée  de  vingt  trois  ans  ou  environ, 
fille  de  delfunt  Messire  Claude-François  de  la  Felonnière,  cheva- 
lier, seigneur  de  la  Herbennerie  et  du  fief  de  Grandcourt,  et  de 
dame  Anne  Guyot,  de  laditte  parroisse  de  Cuchery;  sans  qu'il  y 
ait  eu  aucune  opposition  ny  empeschement,  jay  preslre  curé  de 
Cuchery  soussigné  reçeu  d'eux  la  promesse  et  consentement  de 
mariage,  et  fait  les  cérémonies  accoutumées,  et  célébré  le  mariage 
dans  l'église  parroi-^siale  dudit  Cuchery,  premièrement  avec  la 
permission  et  l'agrément  de  la  Cour,  en  datte  du  H<^  octobre  1750, 
à  Fontainebleau,  signé  M.  Dargenson  ;  secondement  en  présence 
et  du  consentement  de  laditte  dame  Guyot,  mère  de  la  mariée,  de 
Messire  Philippe-François  de  la  Felonnière,  seigneur  de  Fossoy,  y 
demeurant,  frère  de  la  mariée  ;  de  Messire  Louis-Claude  Le  Dieu, 
seigneur  de  Ville  et  de   Fleury  la  Rivière,  demeurant  à   Raday, 


DK    VILLERS-SOUS-CHA.TILLON    ET    DE   TINCOURT  501 

parroisse  duiJil  Fleiirv,  curateur  de  la  mariée  ;  de  Messire  Cierre- 
Philippe  Andrieu,  ancien  avocat  au  Parlement  de  Paris,  seigneur 
de  Maucreux,  cousin  germain  de  la  mariée  ;  du  sieur  Jean  Demi- 
chel,  ancien  officier  au  régiment  de  l'Isle  de  France  ;  lesquels 
tous  comme  témoins,  ont  signez  avec  les  parties  contractantes,  et 
avec  nous. 

Signé  :   Du  GucY,  dk  la  Felonnière,  Guillot 

DE      LA      FELONNlÈnE,      La      FeLON- 

MÈnE  DK  FossoY,  Andrieu,  Le 
DiEL'  de  Ville,  Demichel,  Le 
Dieu  de  Landce  de  la  GARENNii, 
DE  LA  Felonnière  l'aîné,  Evrard 
DiîMicHEL,  Jarot,  vie.  de  Belval, 
P.  Thomé,  curé  de  Cuchery. 

1712.  W  décembre.  —  Décès  de  dame  Claude-Charlotte  le 
Gastelier,  femme  de  M""^  Claude-François  de  la  Felonnière,  écuyer, 
seigneur  de  la  Herbennerie  et  du  lief  de  Grandcourt,  âgée  de  58 
ans,  inhumée  dans  la  chapelle  de  la  Vierge  le  même  jour. 

1699.  22  février.  —  Baptême  d'Anloine-François  de  la  Felon- 
nière, écuyer,  lils  de  M""^  C,laude- François  de  la  Felonnière, 
écuyer,  sieur  de  la  Herbennerie,  et  de  Charkilte-Claude  le  Gaste- 
lier. Parrain  :  Antoine  du  Houx,  écuyer,  sieur  de  la  Barre,  de  la 
paroisse  de  Passy  ;  marraine  :  dam'"  Françoise  de  Guérin,  demeu- 
rant à  Orcourt. 

1700.  Il  avril.  —  Baptême  de  Marie-Madeleine,  fille  des 
mêmes.  Parrain  :  M""^  Jacques  de  Condé,  chevalier,  seigneur  de 
Coëmy,  vicomte  de  Villers-Agron,  y  demeurant  ;  marraine  : 
Madeleine  Ledieu,  demeurant  à  Villers-sous-Châtillon. 

1701.  10  juin.  —  Bapt.  de  Claude-Charlotle^de  la  Felonnière, 
fille  de  M''  de  la  Felonnière,  écuyer,  seigneur  de  la  Herbennerie 
et  de  Grandcourt,  et  de  dam'*  Charlotte-Claude  le  Gastelier.  Par- 
rain :  Claude  de  Noël,  écuyer,  seigneur  du  Plessier,  de  la  paroisse 
de  Vertus  ;  marraine  :  dam'*'  Charlotte  le  Gastelier,  épouse  de 
M.  de  Cabaret,  de  la  paroisse  de  Passy. 

1703.  10  février.  —  Bapt.  de  Marie-Louise,  fille  de  M"^"  Fran- 
çois de  la  Felonnière,  écuyer,  etc.,  et  de  dam'"  Claude-Charlotte 
le  Gastelier.  Parrain  :  M'''^  Louis  Ledieu,  écuyer,  seigneur  de  Ville- 
en-Tardenois,  y  demeurant  ;  marraine  :  dame  Claude-Françoise 
de  Moru,  veuve  de  feu  M''  Ledieu,  demeurant  à  Tincourt. 

1706.  10  février.  —  Bapt.  de  Marie-Pierre,  fille  de  M.  Claude- 
François  de  la  Felonnière,  etc.,  et  de  dam'^  Claude-Charlotte  le 
Gastelier.  Parrain  :  M'  Pierre  Andrieux,  avocat  en  parlement  à 
Paris;  marraine  :  dam'l  Marie-Anne  du  Houx,  fille  deMonsieurde 
la  Barre^  de  la  paroisse  de  Passy. 

1"08.  8  mars.  —  Bapt.  de  Messire  François  de  la  Felonnière, 
fils  des  mêmes.  Parrain  :  le  maïquis  de  Lhéry  ;  marraine  :  dam''^ 


ÎJÛ2  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET    ANCIENS    SEIGNEURS 

Françoise-Victoire  Lcdieu  de  Villers,  fille  de  M''^  François-Robert 
Ledieu,  chevalier,  seigneur  de  Vilicrs-soiis  ChAtilloti,  liciileiiaiit 
des  Maréchaux  de  France. 

1734.  12  juin.  —  Décrs  de  François  de  la  Félonnière,  cheva- 
lier, seigneur  de  la  llerbennerie,  lieutenant  d'infanterie,  âgé  de 
26  ans,  3  mois  et  4  jours,  fils  de  M'"  Claude-François  de  la  Félon- 
nière, et  de  défunte  dame  Claude-Charlotte  le  Gastelier,  inhumé 
le  lendemain  dans  l'église. 

S.umk-Gkmme. 

Le  vingt  sept  avril  de  la  présente  année  (1*06),  M^^  Pierre- 
François  le  Sueur  de  Parpeville,  écuier,  ancien  brigadier  des  gar- 
des du  corps,  chevalier  de  S'  Louis,  de  cette  parroisse^,  a  épousé 
danioiselle  Jeanne-Angélique  de  la  Félonnière,  de  la  parroisse  de 
Cucheri,  mais  alors  demeurante  à  Lpernai.  Ce  mariage  a  été  par 
nous  célébré  dans  l'église  de  S^  Georges  de  Fossoi,  où  on  trouvera 
l'acte  de  ce  mariage. 

Signé  :  Soirellk,  curé  de  Sainte-Gemme. 

L'an  mil  sept  cent  soixante  dix  sept,  le  vendredi  septième  jour 
du  mois  de  novembre,  est  décédé  vers  cinq  heures  et  demie  du 
matin,  âgé  de  soixante  dix  sept  ans  deux  mois  et  dix  sept  jours, 
honnorable  personne  Messire  Pierre-François  Le  Sueur  de  Parpe- 
ville, chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  S'  Louis,  ancien 
brigadier  des  gardes  du  corps  du  roy,  brigade  de  Montmort,  com- 
pagnie de  Villeroy  ;  et  le  lendemain  a  été  inhumé  dans  le  cime- 
tière, ne  pouvant  plus  lui  accorder  les  honneurs  de  la  sépulture 
dans  l'église  en  vertu  d'une  déclaration  du  Roy  donnée  à  Versail- 
les le  dix  mars  1776.  Ladite  inhumation  faite  par  moy  curé  de 
cette  paroisse  .soussigné,  en  présence  de  Messire  Charles  Antoine 
Le  Sueur  de  Givry,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de 
S*  Louis,  capitaine  de  cavalerie  et  l'un  des  chevauj;  légers  de  la 
garde  ordinaire  du  roy,  son  neveu,  Messire  Antoine-Maximilien 
Guérin  de  Brulard,  chevalier,  seigneur  de  Chêne  Arnoult,  ancien 
mousquetaire  de  la  garde  ordinaire  du  roy;  de  Messire  Louis- 
Juvénal  Guérin,  chevalier  de  Brulard,  officier  au  régiment  Lyon- 
nois  infanterie,  ses  petits  neveux;  de  M"=  Jean-Baptiste  Guérin, 
curé  de  Cohan,  son  cousin  ;  de  M""  Jean-Michel  Z^eslouches,  ami  ; 
de  M'"  Jacques-Alexandre  Bruno  Delacroix,  écuyer,  conseiller  du 
Roy,  son  procureur  au  baillage  de  (Ihâlillon-sur-Marne,  son  cousin 
à  cause  de  Madame  de  Par[>evillc,  et  d'autres  Messieurs  curés  amis 
soussignés. 

Signé  :  Lk  Steur  de  Giviiy,  Gl'éri.n  de 
Bruslauu,  le  chevalier  de  Brus- 
lard,  Le  Blond,  curé  de  Beu- 
varde.  Couvent,  curé  d"Anthe- 
nay,    Delacrolx,    Guérlv,    curé. 


DE   VILLERS-SOUS-CHATILLON    ET    DE   TINCOURT  503 

CouLON,  Ukstocciiiîs,  ViCniJKAT, 
curé  de  Chanipvoicy,  (iiiAni), 
curé  de  Vézilly,  Rir,.\(-LT,  curé 
de  Saillie-Gemme. 

L'an  mil  sept  cent  soixante  onze,  le  sept  de  mars,  le  corps  de 
1res  respectable  dame  Jeanne-Anne  Guillot,  veuve  de  défunt  mes- 
sire  Claude-François  de  la  Félonière,  écuier,  seigneur  de  la  Her- 
bennerie  et  Grandcour,  décédée  d'hier,  âgée  de  quatre  vingt  qua- 
tre ans  et  un  mois,  après  avoir  ret'u  plusieurs  fois  les  sacrements 
pendant  le  cours  de  sa  maladie,  a  été  inhumé  dans  le  c«'ur  de 
cette  égli?e,  en  présence  de  Messire  Pierre-François  Lesueur, 
écuier,  sieur  de  Parpeville,  ancien  brigadier  des  gardes  du  corps 
du  roj/,  son  gendre  ;  de  dame  Jeanne-Angélique  de  la  Félonière, 
sa  fille,  épouse  de  Messire  de  Parpeville,  et  de  Messire  François- 
Alexandre  D'Arnoult,  clieva/lier,  seigneur  de  Passy-Grigny,  qui 
ont  signé  avec  moy. 

Signé  :  Le  Sueur  de  Parpeville,  dk  la 
Félonnière  de  Parpeville,  D'Ar- 
noult DE  Grigny,  Piot. 

Villers-sous-Ghatillon. 

L'an  1737,  le  9  novembre,  est  décédé  au  château  de  Viilers  de 
cette  paroisse.  Dame  Françoise-Clajr  de  Beausergeant,  vivante 
feue  et  espouse  de  Messire  Lionard-François  Guiot  de  Chenizot, 
conseiller  secrétaire  du  Roy  et  secrétaire  ordinaire  des  finances  de 
Sa  Majesté,  cy  debvant  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  la  dicte 
dame  âgé  de  vingt  ans  ou  environ,  laquelle  dame  a  esté  le  lende- 
main du  présent  mois  inhumé  dans  l'église  de  cette  paroisse, 
aiant  reçu  tous  les  sacrements  de  la  S'''  église,  par  moy  père  Bar- 
thelmi  Moreau,  religieux  pénitent  de  la  maison  de  Vailly,  à  cause 
de  l'absence  de  M'^  Goftlot,  preslre  et  curé  dudit  Viilers,  aiant 
observé  les  cérémonies  accoustumées,  en  présence  de  Messire 
Claude-François  de  la  Félonnière,  chevalier,  seig""  de  laHerbenne- 
rie  et  du  fief  de  Grand  Cour,  sis  à  Cucheri,  y  demeurant;  de 
Monsieur  Pierre  Itan  de  Trugny,  officier  du  roy,  demeurant  à 
Rheims;  de  Monsieur  Charles  Hacquard,juge  dudit  Viilers,  demeu- 
rant à  Chastillon. 

Signé  :  Hacquart,  Ytam  de  Trug.nv,  De  la 
Félonnière  de  la  Heruennerie, 
Levaillant,  seigneur  de  Dame- 
rie,  Martras,  vicaire  de  Chastil- 
lon, F,  Barthelemy-Moreau. 

Le  neuf""»  du  mois  de  février  1726,  est  décédé  Messire  François- 
Robert  Ledieu,  chevalier,  seigneur  de  Villers-sur-(]hai'tillons, 
âgée  de  quatre  vingt  six  ans  ou  environs,  qui  dans  le  cours  de  sa 
maladie  a  reçeu  les  sacrements  de  la  S'-  église   avec  beaucoup  de 


504  DROITS    SEIGNEURIAUX    ET   ANCIENS    SEIGNEURS 

piété.  Son  corps  a  esté  iiihiiiné  le  dix  diid'  mois  dans  l'église  de 
S'  Jacque,  sa  paroisse  aiid'  Villers,en  présence  de  Mons»"  Brulart  de 
S'  Martin  et  de  M"'  Delavalle  de  Tincour,  ses  gendres,  par  moy 
soussigné,  prêtre  curé  dud'  Villers.  assisté  de  Messieurs  le  curé  de 
Vanleùille^  ReïiUle,  Balicii,  Binson  et  de  Cuchery,  qui  ont  signé 
avec  moi. 

Signé  :   Gofflot. 

1662.  8  novembre.  —  Rapt,  de  Catherine-Michelle,  iille  de 
M""*  François-Robert  Ledieu,  écuyer,  seigneur  de  Villers,  et  de 
dame  Anne  Floriot.  l^arrain  :  M'''^  Michel  Larcher,  cbevalier,  sei- 
gneur marquis  dOlizy,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils,  et  grand 
sénéchal  de  Vermandois  ;  marraine  :  dam'<'  Catherine  Floriot, 
femme  de  René  Pinlerelle,  avocat  en  parlement  de  la  paroisse 
Saint-Médéric  à  Paris. 

•1677.  18  novembre.  —  Naissance  de  Madeleine,  fille  de  noble 
seigneur  M"""^  Robert-François  Ledieu,  écuyer,  seigneur  de  Villers, 
et  de  dam'«  Anne  Floriot.  Parrain  :  Jacques  Floriot,  écuyer. 

1691.  3  mars.  —  Rapt,  de  Marie-Françoise,  tille  de  M'"'^  Fran- 
çois-Robert Ledieu,  chevalier,  seigneur  de  Villers,  et  de  dame 
Françoise-Bénigne  de  Relloy.  Parrain  :  noble  chevalier  Joseph- 
François  Ledieu,  cornette  dans  le  régiment  de  Narbonne,  fils  du 
susdit  seigneur  de  Miiers  ;  marraine  :  dam'"^  Marie-Charlotte  le 
Gastelier,  iille  de  défunt  M'''  Charles  le  Gastolier,  écuyer,  seigneur 
de  Tincourt. 

1714.  2ij  septembre.  —  Mariage  de  M'«  Aignan  de  la  Val,  che- 
valier, seigneur  en  partie  de  la  Chapelle-Monlhodon,  enseigne  des 
vaisseaux  du  roi,  fils  de  M'"''  Jacques  de  la  Val,  chevalier,  seigneur, 
comte  de  Velay  en  Poitou,  et  de  défunte  dame  Suzanne  de  Beau- 
dier,  de  la  paroisse  de  la  Chapelle-Monthodon.  avec  Marie-Fran- 
çoise-Bénigne Ledieu,  Iille  de  M"  François-Robert  Ledieu,  cheva- 
lier, seigneur  de  Villers,  lieutenant  de  M'^  les  Maréchaux  de 
France,  et  de  feue  dame  Françoise-Rénigne  de  Relloy, 

1692.  2o  avril.  —  Rapt.  d'Anne-Victoire-Françoise,  fille  de 
M"-'  François-Robert  Ledieu,  chevalier,  seigneur  de  Villers,  et  de 
dame  Françoise-Bénigne  de  Belloy.  Parrain  :  M''*  Jacques  de  Nar- 
bonne,  chevalier,  maître  de  camp  d'un  régiment  de  cavalerie  pour 
le  service  du  Roi;  marraine  :  Anne  de  Thouars,  femme  de  Messire 
Jacques  de  Rerzieux,  chevalier,  seigneur,  baron  de  Molins,  colonel 
d'un  régiment  d'infanterie. 

1713.  3  janvier.  —  Mariage  entre  noble  et  discrète  personne 
Mre  Jean-Charles  de  Guérin,  chevalier,  seigneur  de  Brusiart,  colo- 
nel ci-devant  d'un  régiment  d'infanterie,  veuf  de  dame  Cristine  de 
Longin,  de  la  paroisse  de  Saint-Martin,  avec  dam'*  Françoise- 
Aimée-Vicloire  Ledieu,  fille  de  noble  et  discrète  personne  Messire 
François-Robert  Ledieu,  chevalier,  seigneur  de  Villers,  lieutenant 
des   maréchaux  de  France  aux   bailliages  de   Château-Thierry   et 


DE    VILLKRS-SOUS-GHATILLON    ET    DE   TINCOURT  505 

Cliâlilloi),  et  de  ciéfiuile  dame  Françoise-Rétiigiie  de  Belloy. 
Témoins  :  François-Robert  Ledieii,  Amie-Jean  Érard  de  Livron, 
seigneiu-  de  Villenauxe  el  Cuisles,  M"""  François-Joseph  de  Giiérin^ 
chevalier,  seigrieur  de  Brusiart,  el  Jean-Bapliste  de  Guérin,  cheva- 
lier, seigneur  du  même  Heu. 

Reuil. 

I.e  dixziesme  jour  du  mois  de  janvier,  en  lannée  mil  six  cent 
quatre  vingt  trois  environ  les  deux  heures  après  minuict,  est  décé- 
dée en  bonne  et  véritalile  chrestienne  Madatiie  Claude  de  la 
Ruelle,  vefve  de  detlunct  Mesire  Robert  le  Dieu,  c.hovniUic)\  sei- 
gneur de  Villers,  lieutenant  colonel  du  régiment  de  Sainct 
Estienne,  à  Reiiil,  et  a  esté  transportée  dudit  Reiiil  au  lieu  de  Vil- 
lers ou  elle  est  inhumée,  en  foy  de  quoy  iay  signé  en  présence  de 
Mesire  François-Robert  le  Dieu,  clievaï7//f7',  seigneur  dudit  Villers, 
et  Médire  Charles  le  Gastellier,  chavaillier,  seigneur  de  Tincour, 
son  gendre,  qui  ont  pareillement  signf^r  avec  moi,  et  comme  fes- 
inots  Gérard  Bouillart,  nv«  d'ecôle,  et  Pierre  Thierry,  greffier  eu 
la  justice  dudit  Reiiil. 

Signé  :  C.  Le  Gastellieu  Tincourt,  R. 
LocARD  (avec  paraphe;,  F.-R.  Le 
Dieu  Devillers,  P.  Tuiéry  (avec 
paraphe). 

1718.  2.J  février.  —  Décès  de  M"""^  Antoine  du  Houx,  écuyer, 
seigneur  du  fief  de  Genlis,  sis  à  Reuil,  et  du  lief  de  Nige,  sis  à 
Trotte,  paroisse  de  Passy-Grigny,  enterré  le  lendemain  dans 
Téglise  de  Reuil,  en  présence  de  M'"^  Robert  Ledien,  écuyer,  sei- 
gneur de  Villers,  el  Mr°  François  de  la  Felonnière,  écuyer,  sei- 
gneur de  la  Herbennerie. 

174b.  11  août.  —  Décès  de  Marie-Charlotte  le  .Gastelier, 
femme  de  M''*  Antoine  du  Houx,  vivant  chevalier,  seigneur  de 
Trotte  el  du  tief  de  Nige  (79  ans),  inhumée  le  lendemain  dans 
l'église,  en  présence  de  Jean  du  Houx,  demeurant  à  Bouffignereux, 
son  fils,  M'e  Pliilippe  Ledieu  de  Ville,  écuyer,  seigneur  d'Anizeux, 
demeuraiit  au  Ménil-la-Core,  son  gendre  ;  M''*  Jean-Bapliste 
Drouart,  écuyer,  demeurant  à  Anlhenay,  son  neveu  ;  François  de 
la  Féloiiière,  écuyer,  seigneur  de  Grandcourl,  son  beau  frère, 
demeurant  à  Cuchery. 

1710.  12  novembre.  —  Décès  dAnloinelle-Charlolte  du  Houx, 
fille  de  M"'  Antoine  du  Houx,  seigneur  du  fief  de  Mge  el  de  Gen- 
lis, et  de  dame  Marie-Charlotle  le  Gastelier,  inhumée  dans  l'église. 

1716.  22  avril.  —  Mariage  de  Thomas  Vassière,  21  ans,  fils  de 
feu  Thomas  Vassière,  ancien  procureur  de  la  Cour  du  Parlement 
de  Paris,  et  de  feue  dam''>  Catherine  Hargenvilliers,  avec  Marie- 
Anne  du  Houx  de  la  Barre,  '20  ans,  fille  de  défunt  M"  Antoine  du 
Houx  de  la  Barre,  seigneur  des  fiefs  de  Nige  et  de  (ienlis,  et  de 
dame  Marie-Charlotte  le  Gastelier. 


506  DROITS   SEIQNKUUIAUX    ET    ANCIKNS    SEIGNEURS 

1729.  30  janvier.  —  Décès  do  d;iino  Chiude-Chailolle  du  Hou.x, 
femme  de  Philippe  Lcdieii,  seigneur  du  Cliesne,  âgée  de  31  ans. 

1727.  27  mai.  —  Mariage  de  M"=  Pliiiipne  Ledieu,  seigneur  du 
Clicsne,  liis  de  défunt  M"  Jean- Baptiste  Ledieu,  ohcvalier,  sei- 
gneur du  Cliesne,  et  de  Jeanne  Tluibé,  de  la  paroisse  de  Vente- 
lay,  avec  dam'*  Claude-Charlotte  du  Houx,  fille  de  défunt  M'« 
Antoine  du  Houx,  chevalier,  seigneur  du  fief  de  Nige,  et  de  dame 
Marie- Charlotte  le  Gastclier.  Témoins  :  M'*^  Jean  du  Houx,  cheva- 
lier, seigneur  de  Nige,  frère  ;  Henri  de  la  Garenne,  chevalier,  sei- 
gneur de  Saint-Vincent  en  partie,  de  Coincy  et  de  Landres  ; 
Mf^  Thomas  de  la  Personne,  chevalier  de  Tordre  de  Sa-nt-Louis, 
seigneur  du  Buisson,  Xeufchdtel  et  de  Ventelay  en  partie  ;  M''^ 
Claude-François  de  la  Félonnière,  chevalier,  seigneur  de  la  Her- 
bennerie  et  du  fief  de  Grandcourt  ;  M.  Jean-Baptiste  Drouard,  che- 
valier, seigneur  de  Vaux;  M'^''  Augustin-Bernard  le  Picard,  cheva- 
lier, seigneur  d'Ablancourt  en  partie  ;  dame  Marie-Anne  le  Ga£,te- 
lier,  veuve  de  Mr*-  Claude  de  .Noèl,  chevalier,  seigneur  du  Plessier, 
et  dame  Anne  Guillol,  femme  de  M^"^  de  la  Félonnière. 

174G.  31  janvier.  —  Décès  de  demoiselle  Jeanne-Françoise  du 
Houx,  40  ans,  fille  de  défunt  M^'^  Antoine  du  Houx,  seigneur  de 
Trotte  et  du  fief  de  Nige,  situé  à  Trotte,  et  de  feue  dame  Marie- 
Charlotte  le  Gastelier,  inhumée  le  lendemain  dans  l'église. 

CUISLES. 

1690.  23  mai.  —  Mariage  de  noble  personne  M'^  François- 
Robert  Ledieu,  chevalier,  seigneur  de  Villers  et  autres  lieux,  de  la 
paroisse  de  Villers-sous-Chàlillon,  45  ans,  avec  noble  personne 
madame  Françoise-Bénigne  de  Belloy,  dame  de  Cuisles,  Bricot  et 
autres  lieux.  3"2  ans. 

1694.  19  juillet.  —  Décès  de  dame  Françoiie-Bénigne  de  Bel- 
loy, épouse  en  deuxièmes  noces  de  M""*  François- Robert  Ledieu, 
écuycr,  seigneur  de  Villers  sous-Cbàtillon,  enterrée  dans  l'église. 

Olizy. 

1678.  29  mars.  —  Bapt.  de  Joseph-François,  fils  de  M''"'  Fran- 
çois-Robert Ledieu.  chevalier,  seigneur  de  Villers,  et  de  dame 
Anne  Floriot.  Parrain  :  M'^  Joseph-Remy  de  Livron,  marquis  de 
Livron,  chevalier^  seigneur  de  Cuisles,  maistre  de  camp  du  régi- 
ment de  cavalerie  pour  le  service  du  Roi. 

Passy-Giuonv. 

1605.  i  août.  —  Naissance  de  Claude-Charles,  fils  de  M'^e  Antoine 
du  Houx,  sieur  de  la  Barre,  et  de  Marie-Charlotte  le  Gastelier. 

1699.  27  août.  —  Naissance  de  Marie-Jeanne-Charlotte,  fille 
des  mômes. 


LES     PORTRAITS     DE     FAMILLE 

DES 

JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT 

KT    DE    LEUUS    DIVERSES    BRANCHES 


Portraits  de  la  branche  de    SOULANGES 
et  de  PRINGY-GONGOURT. 


GALERIE  DE  M"""  LOUIS  JACOBE  DE  PRINGY  DE  GONCOURT 

Au  Château  de  Concourt  (Marne) 


Jean  II  Jacobé  dil  le  Jeune,  fils  de  Jean  F'',  marié  vers 
149o  à  Guillemelte  de  Roussel. 

Portrait  peint  sur  bois,  dont  le  cadre,  de  l'époque,  porte  cette 
suscription  :  «  .Etalis  XX.XIII.  » 

Cheveux  châtains,  barbe  plus  claire,  pointue  avec  moustache, 
yeux  noirs,  petits  anneaux  d'or  aux  oreilles.  Tunique  noire  ornée 
de  passementerie  :  col  étroit  et  ra])attu  en  guipure  blanche. 

Noël  P^  Jacobé  (fils  de  Jeau  et  de  Guillemelte  de  Roussel), 
écuyer,    avocat  au  bailliage  de  Vitry-cu-Perlhois,  épousa  en 


508  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

lo30  Claude  le  Petit  de  la  Chaussée,  fille  de  Gilles,  grand 
prévôt    des    maréchaux    de    France    au    Gouvernement    de 
Champ;igne  el  de  Brie,   receveur  général  du   domaine  pour 
S.  M.  à  Vilry-en-Perlhois,  et  de  îsicole  Marguyu. 
Ils  eurent  quinze  enfants. 

Beau  portrait  sur  bois,  attribué  à  Mirevelt. 

Cheveux  blonds,  barbe  de  même,  pointue  avec  moustache. 
Tunique  tioire  avec  manteau  noir  à  collet  de  velours.  Fraise 
plissée  el  manchettes  assorties.  Bague  au  doigt. 

Les  armes  au  coin  :  «  d'azur  au  fer  de  moulin  d'argent.  » 

Gilles  I""  Jacobé  (fils  de  Noël  el  de  Claude  le  Petit  de  la 
Chaussée),  né  en  1531,  écuyer,  avocat  au  Parlement,  licencié 
ès-lois,  garde  des  sceaux  au  bailliage  et  siège  présidial  de 
Vitry,  marié  eu  1555  à  Magdeleine  Millet. 

Cheveux  bruns,  moustache  blonde,  justaucorps  de  velours  noir 
avec  manches  en  soie  brochée  violet  foncé.  Collerette  blanche 
tuyautée  avec  manchettes  pareilles.  Toque  noire.  Bague  au  doigt  ; 
il  tient  des  gants  à  la  main. 

A  droite  les  armes  :  d'azur  au  fer  de  moulin  d'argent.,  avec 
casque  d'or  et  lambrequins.  A  gauche  celte  inscription  :  Au" 
io66  —  œta*  3b.  —  Peinture  sur  bois. 

Noël  II  Jacobé  de  Soulanges  (fils  de  Gilles  el  de  Magde- 
leine Millet),  écuyer,  né  le  tj  juillet  1557,  s»''  de  Soulanges  el 
Pringy,  procureur  du  P»oi  en  rÉIecliou  de  Vilry,  marié  à 
Vitry,  le  30  janvier  1580,  à  Loyse  de  Joyberl,  mort  en  1655. 

Grand  portrait  presque  en  pied. 

Cheveux  noirs,  barbe  taillée  en  pointe  et  moustaches  noires. 
Culotte  Ijoulfante  et  pourpoint  en  soie  noire  pointillée.  Ceinturon 
noir  avec  agrafe  de  diamant.  Collerette  à  la  Henri  IV. 

Il  s'appuie  d'une  main  sur  une  table  et  de  l'autre  lient  un  ganl. 
Bagues  au  médium  et  au  petit  doigt  de  la  main  droite. 

A  droite  l'écusson  des  Jacobé  :  d'azur  au  fer  de  moulin  d'ar- 
gent, accolé  à  celui  des  Joybert  qui  est  d'argent  au  chevron 
d'azur  surmonté  d'un  croissant  de  gueules  et  accompagne  de  3 
roses  de  gueules,  feuillces  et  tiges  de  même.  Casque  et  lambre- 
quins. 

A  gauche  cette  inscription  :  «  A°  1397  —  /Etatis  40.  Noël 
«  Jacobé,  ss'  de  Soulanges  el  de  Pringy.  procureur  du  roy  en 
«  l'élection  de  Viliy.  » 

Ko  pendant  du  précédent  : 

Loyse  de  Joybert,  fille  de  François  de  Joybert,  écuyer,  et 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGT    DE    GONCOURT  509 

de  Marguerite  des  Forges,  mariée  le  30  janvier  1  580  à  Noël  II 
Jacobé  de  Soulauges. 

Robe  de  soie  noire  à  paniers,  ouverte  sur  une  jupe  de  damas 
rouge  cl  vert. 

Manches  avec  crevés  de  satin  blanc. 

Grande  collerette  raide  et  ouverte,  à  la  Marie  de  Médicis,  garnie 
de  guipure  et  fermée  par  un  œillet  rouge. 

Manchettes  pareilles.  Chaîne  en  perles  et  grenats  passant  sous  la 
collerette,  croix  de  diamants  avec  pendants. 

Bracelets  perles  et  diamants.  Autour  de  la  taille  une  chaîne  d'or 
soutenant  une  grosse  montre  attachée  au  côté  gauche,  et  une 
bourse  au  côté  droit.  Epingles  de  diamants  dans  les  cheveux  noirs 
qui  forment  de  larges  bandeaux. 

Elle  tient  d'une  main  un  éventail  et  de  l'autre  un  petit  bouquet. 

Un  caniche  blanc  se  dresse  contre  elle,  à  sa  gauche. 

Jean  III  Jacohé  de  Soulanges  (ûls  de  Noël  II  et  de  Loyse 
de  Joyberl),  écuyer.  seigneur  de  Soulauges,  Pringy,  Couvrol, 
etc.,  né  vers  1583,  conseiller  du  Roi,  élu  en  l'Élection  et 
grenier  à  sel  de  Vitry-le-François,  marié  :  l*'  à  Louise  de  Cor- 
visiers  ;  2°  en  161  o  à  Françoise  Boyot  de  la  Cour  ;  Z"  à  Anne 
de  Papillon. 

Très  longue  chevelure  brune,  légère  moustache.  Habit  de 
velours  noir  avec  ample  manteau  de  même  couleur.  Rabat  en 
belle  guipure  de  Venise.  Echarpe  vert  clair. 

Petit  portrait  ovale, 

Sa  femme  : 

Françoise  Boyot  de  la  Cour,  fille  de  Jean  Boyot  de  la  Cour 
et  de  Suzanne  Jacobé. 

Robe  de  soie  noire  décolletée  avec  dépassant  blanc  et  volants  de 
gaze  blanche  aux  manches  demi-longues.  Sur  la  tête,  niante  de 
gaze  noire  avec  volant  plissé. 

Petit  portrait  ovale. 

Noël  III  Jacobé  de  Soulanges,  seigneur  de  Pringy.  Soulan- 
ges, Couvrot  (Gis  de  Jean  et  de  Marie- Suzanne  Boyot  de  la 
Cour),  écuyer,  né  vers  1618,  marié  le  IG  septembre  1643  à 
Magdeleiiie  de  Malhé  de  Dommarlin. 

Grande  chevelure  non  poudrée,  habit  grenat  doublé  de  vert  clair 
avec  boutons  d'or,  ouvrant  sur  un  gilet  de  brocart  d'or.  Cravate 
flottante  en  mousseline  blanche  et  manchettes  de  dentelle.  Drapé 
dans  un  manteau  gris-bleu. 


510  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Sa  femme  : 

Magdeleine  de  Mathé  de  Dommart'm,  fille  de  Nicol.s  de 
Malhé,  seigneur  de  Dommartin,  Faux,  Ghambly,  etc.,  élu 
en  rEloclioi)  de  Sainle-Menehould,  el  de  Claude  de  Balllel. 
Elle  est  morte  en  1G92. 

Figure  très  allongée  avec  bandeaux  châtains  sur  le  front,  haute 
coiffure  en  mousseline  et  guipure  formant  godets  sur  la  tête  et 
longue  barbe. 

Robe  nuance  Carmélite  avec  revers  de  soie  bleu  clair,  ouverte 
en  carré  sur  une  chemisette  de  mousseline  et  guipure  blanche. 
Petite  ceinture  avec  boucle  dorée.  Manches  demi-longues  à  pare- 
ments bleu-ciel  el  sous-manchcs  assorties  à  la  chemisette. 

Nicolas  ///  Jacohé  de  Soulanges  et  Vienne- la  Ville, 
écuyer  (fils  de  Xoël  et  de  Magdeleine  de  Malhé  de  Dommar- 
tin), né  en  1642,  connu  tous  le  nom  de  «  Monsieur  de 
Vienne  »,  fut  conseiller  du  Roi,  élu  en  l'Election  de  Vitry  et 
époux  de  Maiie  Jos^eteau. 

Beau  portrait  au  pastel  où  il  est  représenté  vers  l'âge  de  3o  ans. 
Vu  presque  de  face  ;  très  belle  tôle,  air  martial,  très  longue  che- 
velure noire,  légère  moustache  noire.  Robe  de  magistrat  avec 
rabat  bleu-ciel. 

Derrière  la  toile  on  lit  :  «  Nicolas  Jacohé,  s«''  de  Soulanges  et 
«  Vienne-la- Ville,  conseiller  du  Roy  en  l'Election  de  Vitrv-le- 
«  François,  décédé  le  30  juillet  171.3  âgé  de  71  ans.    » 

Louis  II  Jacohé  de  Soulanges  (fils  de  Nicolas  et  de  Marie 
Josselcau),  écuyer,  seigneur  de  Soulanges,  Vienne-la-Ville, 
etc.,  né  à  Vilry  le  17  juin  li'iOO,  épousa,  en  1716,  Jeanne- 
Catherine  ;le  Maisoniievjve,  el  on  172o  Françoi'ie  du  Rujjù  de 
Baleitie. 

Perruque  noire  bouclée,  de  moyenne  grandeur.  Robe  noire  de 
magistrat,  rabat  blanc,  mancheiles  de  mousseline  :  il  lient  un 
livre  à  la  main. 

t\  gauche  un  écusson  ovale,  d'iizur  au  fcv  de  moulin  d'argcnl. 

A  droite  celte  inscription  :  «  Louis  Jacobé  de  Soulanges,  con- 
•   seillcr  du  Roy,  esleu  en  rKleclion  de  Vilry  :  /Etatis  34.  » 

Louis  III  Jacobé  de  Soulanges  (fils  de  Louis  II  et  de  P'ran- 
çoise  du  Hupl  de  Baleine),  écuyer,  seigneur  de  Soulanges. . ., 
né  le  23  octobre  1729,  conseiller  du  Roi,  élu  en  l'Éleclion  de 
Vitry,  marié  à  Marie- Magdeleine- Louise  de  B  rang  es.  H  est 
mort  le  6  mars  1816. 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    QONCOURT  511 

Pastel  de  forme  ovale  :  Perruque  poudrée,   liabil   de   salin  vio- 
let, jabot  de  dentelle. 
En  pendant,  sa  femme  : 

Marie-Magdeleine- Louise  de  Branges,  née  eu  1741,  fille  de 
Armaud-Jean  de  Brauges,  directeur  des  Aides  à  Guise,  et  de 
Marie-Glaire  Fournier.  Elle  épousa,  le  2U  avril  i7til,  Louis  III 
Jacobé  de  Soulange?. 

Très  joli  pastel.  Robe  de  satin  rose  ouverte  eu  carré  et  g-arnie 
de  fourrure  de  martre;  fanchon  de  dentelle  noire  nouée  sous  le 
menton. 

François  de  Paul  Jacobé  de  Soulanges  (tils  de  Louis  III  et 
de  ]N!arie-Magdeltiue-Louise  de  Branges),  écuyer,  né  le 
31  mars  17(j9,  oftîcier,  mort  d'un  coup  dd  feu  à  l'armée  en 
1793,  saus  alliance. 

Perruque  courte  poudrée  avec  bourse  noire  derrière.  Habit  gris 
à  boutons  d'or  ouvrant  sur  un  gilet  de  brocart  d'or  et  jabot  de 
mousseline  festonné. 

Sous  le  bras  un  tricorne  noir  bordé  d'or. 

Louis  I"  Jacobé  de  Pringij  (fils  de  Jean  III  Jacobé  de  Sou- 
langes et  de  Françoise  Bo^^ol  de  la  Gour),  écuyer,  seigneur  de 
Priugy,  Blasmes,  Soulanges,  la  Nouë-de-Chandière,  Vanault- 
les-Dames,  etc.,  né  le  6  mai  1628,  conseiller  du  Roi,  élu  en 
l'Élection  de  Vitry,  marié  le  I'^'' juillet  'iGo2  à  Amie  de  Malhé 
de  Dommarlin,  fille  de  Nicolas  de  Matbé,  seigneur  de  Dommar- 
tiu,  Faux.  Gbambly,  etc.,  élu  en  l'Éleclion  de  Sainte-Mene- 
bould,  et  de  Glaude  de  Biillet. 

Très  longue  perruque  poudrée,  babit  nuance  feuille- morte  avec 
broderies  d'argent  ouvert  sur  une  cbemise  unie.  Manteau  drapé  de 
même  couleur,  avec  large  bordure  de  velours  noir. 

Noël  Jacobé  de  Pringi/,  écuyer.  seigneur  de  Soulanges  et 
Pringy  (fils  de  Louis  et  d'Anne  de  Mathé  de  Dommarlin),  né 
le  23  juillet  16o3,  capitaine  dans  le  régiment  de  Piémont,  puis 
dans  celui  de  Grandpré.  ilorl  sans  alliance,  à  Pringy,  le 
5  juillet  1699. 

Perruque  Louis  XIV  poudrée  :  babit  lainpas  noir  et  or,  d'où 
s'échappe  une  ample  et  longue  cravate  blanche  garnie  de  fine  gui- 
pure de  Venise,  qui  descend  jusqu'à  la  taille.  Il  est  drapé  dans  un 
large  manteau  rose  à  dessins  d'or  et  frangé  d'or,  et  lient  à  la 
main  une  lance  ornée  d'un  ":land  rouse. 


512  LES  PORTRAITS  DK  FAMILLE 

Louis  II  Jacohé  de  Pringy,  écuyer  (fils  de  Louis  I^''  et  de 
Aune  de  Malhé  de  Dommartin),  seigneur  de  la  Noue,  Pringy, 
Soulangep,  la  Fo'ie,  elc  ,  né  le  24  janvier  1G61,  époux  de 
F/unroise  Auhry  de  Nuisevient,  fille  de  Jean  Aubry  de  Nuise- 
meul  cl  de  Louise  de  Gervaisol. 

Poitrail  fail  à  l'âge  de  25  à  30  ans  :  très  longue  perruque 
blonde  bouclée  ;  hal)it  rouge  vif  garni  de  broderie?  d'or  sur  les 
devauls  et  sur  les  larges  parements  des  manches. 

Joiejih  Jacobé  de  Pringy.  écuyer,  seigneur  de  Pringy,  Sou- 
langes,  etc.  (fils  de  Louis  I"  el  de  Anne  de  Mallié  de  Dom- 
niarlin),  né  à  Pringy  le  b  octobre  1059,  couseillt^r  du  Roi, 
grtffii  r  en  clitt"  de  l'Election  de  Viliy,  marié  le  20  février  1G9I 
à  Marie  Tisserand  de  LxLXémoiU. 

Très  longue  chevelure  poudrée,  manteau  de  velours  violet  à 
retlets  superbes,  doublé  de  brocart  d'or  ;  cravate  à  tlots  de  guipure 
formant  jabot, 

Joseph-Louis  Jacobé  de  Pringy,  écuyer,  seigneur  de  bou- 
langes et  Pringy  (fils  de  Joseph  et  de  Marie  Tisserand  de 
Luxémont),  conseiller  du  l^oi,  lieutenant  de  maire,  greffier  en 
chef  de  l'Él-clion  de  Vilry,  né  le  2G  décembre  1G98. 

Perruque  longue  poudrée  :  se  drape  dans  un  ample  manteau 
rouge  qui  laisse  apercevoir  un  riche  habit  brodé  d'or  et  une  cra- 
vate de  guipure. 

En  pendant,  sa  femme  ; 

Marie- Suzanne  Domynè  des  Landres,  née  le  26  octobre 
17U0,  fille  de  Jean  bomyné,  seigneur  des  Hautes  el  Basses 
Landres,  et  de  Jacquelle  deGellée  ;  mariée  à  Vilry,  le  13  jan- 
vier 1722,  à  Joseph-Louis  Jacobé  de  Piingy. 

Robe  de  brocart  rose  et  vert  lamé  d'or,  corsage  très  ajusté, 
décolleté,  avec  guipure  intérieure  el  volant  de  guipure  aux  man- 
ches qui  sont  larges,  courtes  el  doublées  de  soie  changeante. 
Manteau  bleu  jeté  sur  les  épaules.  Clieveu.x  poudrés,  coiffure 
basse. 

Nicolas  Jacobé  de  Piingy.  écuyer  (fils  de  Joseph-Louis  el 
de  Suzanne  Domyné  des  Landres),  seigneur  de  Soulauges, 
Pringy,  elc,  né  le  l 'i  aviil  1727,  conseiller  au  bailliage  el  siège 
pré.sidial  de  Vilry  el  lieutenant  de  maire,  marié  le  8  janvier 
17o9  à  Éliàubelh  Jucobé  de  Pringy,  fille  de  Louis  Jacobé  de 
Pringy  el  de  Suzanne  Varnier  de  Tournizel. 


DES   JACOBÉ   DE   PRINGY   DE   GONCOURT  1)13 

Perruque  Louis  XV  poudiée  avec  iio^ud  rouge  deriière;  habit 
fond  grenat  clair  avec  ramages  lamés  or  et  argent  et  doublure 
verte.  Très  larges  manches  à  revers  avec  sous-manches  garnies  de 
dentelle.  L'habit  est  très  ouvert  sur  une  chemise  garnie  de  den- 
telle avec  col  rabattu  ;  petite  cravate  noire  dénouée. 

11  est  assis  sur  une  chaise  et  tient  devant  lui  un  livre  ouvert 
posé  sur  une  table  :  des  rideaux  vert-foncé  sont  drapés  dans  le 
fond. 

Loîds  III  Jacohé  de  Priiigy  de  Goucourt,  écuyer  (fils  de 
Nicolas  et  d'Elisabeth  de  Pringy),  ué  le  12  octobre  1761,  con- 
trôleur et  vériticaleur  des  vingtièmes,  marié  à  Châlons.  le 
4  avril  170  i,  à  Magdeleine- Memmie  Turpin,  fille  de  Jean-Bap- 
tiste Turpin,  président  trésorier  général  de  France  au  bureau 
des  finances  de  Champagne,  et  de  Louise  Gargam  de  Moncelz. 

Il  est  mort  à  Goncourt  le  '•  octobre  1808. 

Coiffure  basse  poudrée,  avec  noiud  noir  derrière.  Habit  rouge- 
brique  à  boutons  d'or,  jabot  et  manchettes  de  dentelle,  gilet  bleu 
à  broderies  d'or. 

Ambroise  Jacohé  de  Priugy  de  Goncourt  (fils  de  Louis  III  et 
de  Magdeleine-Memmie  Turpin),  né 

Un  portrait  de  lui  fait  après  sa  mort. 
Sa  femme  : 

Marie- Anne- F lo7'ence  du  Ckesne  de  Courcy,  fille  de  Nico- 
las-François-Joseph du  r.hesne  de  Gouroy,  officier  d'artillerie, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  et  de  Marie-Josèphe- Sophie 
de  Brévosl  de  Malassise. 

Un  portrait  au  crayon  noir  fait  en  robe  montante  avec  bonnet 
à  coques  de  rubans. 

Emile  Jacobé  de  Pringy  de  Goncourt  (fils  d'Anibroise  et  de 
Marie-Anne-Florence  du  Ghesne  de  Gourcy),  ué  à  Concourt  le 
24  février  1828,  capitaine  du  génie,  tue  au  siège  de  Sébaslo- 
pol  le  10  juillet  1855. 

Petit  portrait  au  crayon  en  uniforme  de  capitaine  du  génie. 

Louis  Jacohé  de  Pringy  de  Goncourt  (fils  d'Ambroise  et  de 
Marie-Anne-Floreuce  du  Che.-ne  de  Courcy),  né  à  Goncourt  le 
18  juillet  1830,  marié  à  Marie- Cécile  Becquey. 


33 


514  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Portrait  de  forme  ovale,  de  trois  quarts,  peint  en  1864,  signé  de 
M""'  Bnine-Pagès.  Redingote  noire  et  cravate  de  même  couleur. 

Autre  portrait  de  profil  fait  par  Ludovic  Mouchot.  Redingote 
noire  et  manteau  de  fourrure  jeté  sur  Fépaule,  fond  de  vieille 
lapi:=serie. 

Sa  femme  : 

Marie-Cécile  Becfjiie//,  tille  de  Jules  Becquey  et  de  Marie- 
Fêlicilé-Magdeleiue- Collette  de  Baudicour. 
Mariée  le  G  octobre  1859. 

i°  Vn  portrait  peint  en  186i  par  .M"'e  Brune-Pagès.  Robe  blan- 
che décolletée,  drapée  dans  une  vaporeuse  écharpe  de  tulle 
blanc  ;  devant  le  corsage,  nœud  Fompadour  bleu-ciel  avec  rose  ; 
roses  dans  les  cheveux  blonds  foncés  relevés  sur  les  tempes.  La 
tête,  penchée,  est  appuyée  sur  une  main  ;  de  l'autre,  elle  soutient 
un  long  collier  de  perles  passé  dans  son  cou. 

2"  Autre  portrait  peint  en  1884  par  Ludovic  .Mouchot. 

Robe  de  gaze  noire  ouverte  en  carré  avec  bouquet  d'azalées 
blanches  sur  le  côté  ;  mantille  noire  posée  sur  la  tête  et  envelop- 
pant les  épaules  ;  diamants  au  cou  et  dans  les  cheveux  qui  sont 
ondulés  sur  le  front. 

3»  Autre  portrait  fait  à  Rome  en  1888  par  Zapponi  :  de  profil, 
corsage  blanc  décolleté,  s'enveloppe  dans  une  mantille  de  blonde 
blanche  placée  sur  le  derrière  de  la  tête  et  retombant  sur  le  cor- 
sage. Bouquet  de  violettes  de  Parmes  par  devant. 

4"  Portrait  d'enfant  au  pastel,  par  Fantin-Latour,  fait  en    1845. 

Yeux  bleus  et  cheveux  blonds  bouclés  retombant  sur  les  épau- 
les. Chemise  blanche  très  basse  laissant  voir  le  cou.  Entre  ses  bras 
croisés,  elle  lient  une  gerbe  de  fleurs  des  champs. 

Marie-J ean- Baptiste-Émile  Jacobê  de  Prinqij  de  Goncourt 
(fils  de  Louis  et  de  Marie-Cécile  Becquey),  né  à  Maroaval  le 
14  septembre  18GU,  niorl  à  Goncourt  le  12  juin  1866. 

Portrait  fait  à  l'âge  de  4  ans,  en  1864,  par  M""=  Brune-Pagès. 
Très  longue  chevelure  bouclée,  chùlain  clair,  retombant  ?ur  les 
épaules  nues  ;  chemise  très  basse. 

Louis- Marie-Joseph  Jacobé  de  Pringi/  de  Goncourt  (fils  de 
Louis  et  de  Marie- Cécile  Becquey),  né  à  Marnaval  le  6  août 
1863,  élève  de  lÉcole  polytechnique,  capitaine  d'artillerie. 

\o  Portrait  peint  à  l'âge  de  3  ans,  en  1SG6,  par  M'"'^  Brune-Pagès. 
Tête  blonde  toute  frisée,  petite  chemise  blanche. 
2°  Pastel  fait  en  1872.  Cheveux  blond  doré,   très  bouclés,    c;he- 
mise  blanche. 


DES   .TACOBÉ    DE   PRINQY   DE   CONCOURT  515 

3"  Paslel  fait  en  1872  par  Fanlin-Latour  père.  Cheveux  blonds 
bouclés,  blouse  blanche  garnie  de  rubans  bleu-ciel,  ouverte  en 
carré^  laissant  le  cou  et  les  bras  nus. 

4"  Portrait  à  l'Age  de  14  ans,  en  1877,  par  Ludovic  Mouchot. 
Costume  de  page  :  justaucorps  de  velours  noir  avec  crevés  de 
satin  blanc;  cbaine  d"or  supportant  une  médaille.  l'etite  toque  de 
velours  noir  avec  plume  blanche. 

Marie-Jean-Malhieu-Louis-Maunce  Jacobé  de  Fringy  de 
Goncourt  (fils  de  Louis  et  de  Marie- Cécile  Becquey),  aé  le 
18  septembre  18G7,  élève  de  l'École  mililairo  de  8ainl-Cyr, 
lieulenaut  d'iufauterie. 

1"  Sou  portrait,  à  l'âge  de  3  ans,  en  1S70,  par  Ludovic  Mouchot. 

Cheveux  bouclés  brun  foncé,  yeux  noirs,  petite  chemise 
blanche. 

2=»  Autre  portrait  à  l'âge  de  19  ans,  peint  en  1(S86  par  A. 
Perelli  en  costume  de  mousquetaire  :  tunique  rouge  avec  grand 
col  garni  de  guipure,  chapeau  de  feutre  gris  à  plume  rouge. 

Sa  femme  : 

Zouise-Jeanne-Genedièce-Marie  de  Nervo,  née  le  28  février 
1870,  fille  de  Robert-Ernest-Frédéric-Marie,  baron  de  Nervo, 
et  de  Lucie- Agathe  Talabot.  Mariée  à  Paris  le  24  octobre 
1892,  morte  à  Conamercy  le  1"  mars  1894. 

Miniature,  Yeux  bleus,  cheveux  blonds  foncés^  corsage  ouvert 
bleu-clair  avec  plissés  de  mousseline  blanche. 

Louis  Gilles-Marie-Rohert  Jacohé  de  Pringy  de  Goncourt, 
Dé  le  18  février  1894,  iils  de  Marie- Jeau-Mathieu-Louig-Mau- 
rice  et  de  Louise- Jeanne- Geneviève-Marie  de  Nervo. 

Miniature  faite  à  l'âge  de  3  ans.  Cheveux  bouclés  blond  foncé, 
yeux  noirs,  petite  chemise  blanche  avec  nœuds  roses. 

Marie-Louise-Marthe  Jacolé  de  Pringy  de  Goncovrt  (fille 
de  Louis  et  de  Marie- Cécile  Becquey),  née  à  Goncourt  le 
2o  juillet  1870. 

Portrait  à  l'Age  de  6  ans,  en  1876,  peint  par  Ludovic  Moucbot. 
Cheveux  blond-foncé,  longs  et  ondulés  tombant  dans  le  dos, 
relevés  devant  avec  petit  nœud  bleu-ciel.  Chemise  blanche. 

François- Antoine  Jacolé  de  la  Noue  (dit  M.  de  la  Noue), 
fils  de  Louis  II  Jacobé  de  Pringy  et  de  Françoise  Aubry  de 
Nuisement,  écuyer,  seigneur  de  Pringy,  Soulanges,  la  Folie, 


blG  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

la  Noue-de-Chandière,  ué  à  Priugy  le  6  juiu  1711,  receveur 
géuéral  des  Aides  à  Langres,  mort  sans  alliauce  le  9  décem- 
bre 1734. 

Perruque  courte  poudrée  avec  bourse  noire  ;  babil  bleu  de  roi, 
bordé  de  passementerie  d'or  ;  boulons  d'or  ;  gilet  brocart  or  et 
argent  ouvert  sur  une  cravate  de  guipure. 

(M.  Ambroise  Jacobé  de  (Concourt  ressemblait  beaucoup  à  ce 
portrait  de  son  grand-oncle.) 

La  femme  de  Claude- François  Jacohé  de  Soulanges  de 
Priugy  (fils  de  Jeau  et  de  Marie-Jeanue  le  Blanc),  officier 
dans  les  régiments  provinciaux  à  la  suite  du  légiment  de  la 
Ferre  et  dans  le  régiment  des  grenadiers  royaux  de  la  province 
de  Champagne. 

Née  Charlotte-Blanche- Adélaïde  de  Gauville  de  Coolus, 
fille  de  Louis,  marquis  de  Gauville,  seigneur  de  Coolus,  et  de 
Marie-Angélique  de  Mathé  ;  elle  s'était  mariée  au  château  de 
Coolus le2  avril  1786.  Elle  mourut  sans  enfants  \à  21  avril  1787. 

Grand  portrait  à  mi-jambe  :  cbeveux  poudrés  assez  plats,  robe 
rouge,  corsage  très  décolleté  rouge  et  vert  avec  broderies  or; 
manches  courtes  avec  bouifants  de  dentelle.  Bracelets  formés 
d'une  rangée  de  perles.  Diamants  dans  les  cheveux  et  aux  oreil- 
les ;  elle  tient  un  collier  de  perles  qu'elle  va  attacher  à  son  cou. 
A  côté  d'elle,  sur  une  table,  est  posée  une  montre  avec  chaîne  et 
breloques. 

François  Jacobé  de  Farémont,  seigneur  de  Couvrot,  écuyer 
(fils  de  Jacquee  et  de  Marie  Chaperon),  ué  en  162) ,  conseiller 
du  Roi  et  son  procureur  aux  Traites  foraines,  président  en  la 
Cour  souveraine  des  Grands  jours  de  Commercy  pour  M^""  le 
cardinal  de  Retz,  marié  à  Françoise  Jourdain  de  Cha?iiereine. 

Mort  le  17  janvier  1705. 

Longue  chevelure  poudrée,  gilet  de  brocart  d'or,  longue  cra- 
vate de  guipure  :  il  se  drape  dans  un  manteau  rouge  vif  orné  de 
broderies  d'or  tout  autour. 

Sa  femme  :  , 

Françoise  Jourdain  de  Ckantereine,  décédée  le  2  juin  1680. 

Peinte  en  Magdeleine  :  le  buste  enveloppé  de  sa  longue  cheve- 
lure blonde  ;  la  tête  appuyée  sur  son  bras  nu.  Elle  est  drapée 
dans  un  ample  manteau  bleu,  et  sa  main  gauche  est  posée  sur  un 
vase  d'or  en  forme  de  brûle-parfums. 

(Ces  deux  portraits  étaient  au  château  d'Ecury  (Marne). 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT  517 

Antoine-Marie- Augustin  Jacobé  de  Farmon/ (fil? de  Claude- 
François  et  de  Nicolle  le  Genlil  de  Livry),  chevalier,  seigneur 
de  Champagne  et  Farémonl,  receveur  des  Tailles  à  Chàlous. 
né  le  7  novembre  1746,  marié  le  21  septembre  1789  à  yl/"* 
Roulleaxc  de  la  Roussière,  mort  à  Château-Lavallière  le  26  mai 
1821. 

Petit  portrait  gravé  :  perruque  poudrée  à  marteaux   et  bourse, 
habit  à  larges  revers  et  jabot. 
Sa  femme  : 

Julie- Julienne-  Joséphine  Roulleau  de  la  Roussière,  née  le 
5  août  1769,  fille  de  Marie-Cœsar  Roulleau  de  la  Roussière, 
président  au  Parlem.ent  de  Paris,  commissaire  général  des 
Saisies  de  France,  et  de  Louise-Julie  d'Ansermont,  morte  en 
1810. 

Portrait  gravé  en  pendant  de  celui  de  son  mari  :  ravissante 
tête,  cheveux  frisés  et  traversés  par  un  large  ruban  pendant  der- 
rière ;  grands  anneaux  aux  oreilles;  robe  ouverte  en  carré  avec 
ticbu  Marie-Antoinette  sur  le  cou,  croisé  devant. 

(Ces  deux  portraits  étaient  au  cbàteau  d'Ecury.) 

Louis  liock  Jacobé  de  Frémont  (fils  de  Louis-François  et  de 
Marie-Anne  de  Salligny),  né  le  8  septembre  178^,  capitaine 
des  grenadiers  de  la  garde  du  roi  d'Espagne,  marié  le  27  sep- 
tembre 1812  à  Elisabeth  Jacobé  de  Pringy  de  Goncourt. 

Il  est  mort  le  27  avril  1850. 

Grandes  miniatures  sur  ivoire.  Gilet  jaune,  habit  bleu  à  bou- 
tons d'or  ;  à  la  boutonnière,  le  double  ruban  de  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  et  d'officier  des  Deux-Siciles. 

Sa  femme  : 

Elisabeth  Jacobé  de  Pringy  de  Goncourt  (fille  de  Louis  et  de 
Magdeleine-Memmie  Turpin),  née  le  12  décembre  1795, 
morte  sans  enfants  le  8  décembre  1863. 

Robe  de  velours  noir  décolletée  avec  ceinture  à  boucle  ;  les 
manches  courtes  bouffantes,  ainsi  que  la  berthe,  sont  en  blonde 
blanche.  Collier  et  boucles  d'oreilles  en  grenats. 

Autre  portrait  de  Louis  Roc  h  de  Frémont.  au  crayon  noir,  fait 
en  1834. 

Tunique  à  boutons  et  épauletles  ;  croix  de  Tordre  royal  des 
Deux-Siciles  sur  la  poitrine. 

Le  Général  de  Trigny  à   13  ans.   Augustin-Jeau-Baptiste 


518  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Jacobé  de  Trigny  (fils  de  Gilles-Joseph  II  Jacobé  de  Vienne), 
écuyer,  grand  bailli  du  duché  de  Moulmoreucy.  seigneur  de 
Vieone-la-Ville,  de  Hault.  ïriguy,  les  Clozets,  Chassericourt, 
Rambécourt,  Arembécourt,  Montmorency,  BrandouviUiers, 
etc.,  et  de  Catherine  Adam  du  Châlellier. 

Il  prit  part,  eu  1789,  à  l'Assemblée  de  la  noblesse  de  la  pro- 
vince de  Champagne. 

Portrait  au  crayon  noir  :  tunique  à  boutons,  de  l'Ecole  militaire. 

Jean  Becquey  (ascendant  de  M"^  Louis  de  Concourt,  née 
Marie-Cécile  Becquey),  né  le  16  mars  1629,  procureur  du  Roi 
ès-juridiction  de  Vitry,  marié  le  21  juin  1G57  à  Marie  Navelet. 

Cheveux  brun-foncé,  assez  longs  mais  non  l)ouclés,  moustache 
de  même  couleur.  Robe  de  magistrat,  noire,  avec  rabat  blanc  et 
petits  glands. 

A  gauche  cette  inscription  :  e  .4]t.  32,   16   martis,  anno  1661.  » 

A  droite  les  armes  :  de  gueules  a  deux  épées  d'argent  garnies 
d'or.  Us  pointes  en  liaul,  surmonlces  d'une  éloiic  d'or,  accom- 
pagnées d'un  croissant  d'argent  en  pointe  et  de  deux  trèfles  de 
même  placés  un  à  chaque  flanc. 

En  pendant,  sa  femme  : 

Marie  Navelet. 

Robe  de  soie  noire  à  manches  courtes  avec  sous-manches  en 
mousseline  blanche,  petite  pèlerine  noire  bordée  de  deux  volants 
de  mousseline  blanche  et  fermée  sur  les  devants  par  plusieurs 
petits  nœuds  de  velours  noir.  Mante  de  soie  noire  sur  la  tête.  Elle 
tient  de  la  main  droite  une  rose  qu'elle  appuie  sur  sa  poitrine. 

Pierre  Becquey  (fils  de  Jean  et  de  Marie-Mavelet),  né  le 
30  juin  167U,  écuyer,  couseiller  du  Roi,  lieutenant  crimine 
au  bailliage  et  siège  présidial  de  Vitry,  échevin  de  Vitry  en 
1715,  marié  le  24  août  1706  à  Marguerite  de  Grimant.  Il  est 
mort  le  25  janvier  1734. 

Très  longue  perruque  Louis  XIV,  brune,  sans  poudre,  à  boucler, 
flottantes.  Ample  habit  rouge  et  grande  cravate  de  mousseline 
blanche  descendant  jusqu'à  la  taille  eu  plis  vaporeux  et  nouée 
deux  fois. 

Très  beau  portrait  ovale. 

Sa  femme  : 

Marguerite  de  Grimont.,  fille  de  (Jharles,  conseiller  du  Roi  et 
élu  en  l'Élection  de  Vitry,  et  de  Marie  de  Gervaisot. 


DES  JACOBK  DE  PRINGY  DE  GONCOURT         510 

Cheveux  bruns  relevés,  formant  accror.lic-cœurs  sur  les  tempes 
et  ornés  de  petits  bouquets  de  tleurs.  Robe  rouge  vif;  corsage 
décolleté  orné  de  broderies  d'or,  ouvert  sur  un  plastron  de  satin 
blanc  et  retenu  par  des  barrettes  de  pierreries. 

Deux  clames  de  Becquey. 
Portraits  do  forme  ovale. 

Marie-Marthe  de  Béllieille,  fille  de  Messire  de  Bétheille  et 
de  Marie  Balleulon,  mariée  à  Bordeaux,  le  29  septembre  1699, 
à  François  de  Becguey,  écuyer,  fils  de  Jeau  et  de  Marie  Nave- 
lel,  couseiller  du  Roi  et  secrétaire  général  de  l'intendance  de 
Bordeaux.  Lui  est  mort  en  1742,  elle  en  1771 ,  cà  88  ans. 

Elle  est  peinte  très  âgée.  Robe  noire  avec  galons  d'or  posés  en 
chevrons  sur  le  devant  du  corsage  ouvert  en  carré  et  garni  à  l'in- 
térieur de  guipure  froncée.  Petite  croix  d'or  au  cou.  Coiffure 
haute,  à  la  Maintenon,  en  mousseline  et  guipure,  avec  longues 
barbes  retombant  par  devant. 

En  pendant,  sa  belle  fille  :  , 

Louise-Félicie  d^Escars,  fille  du  marquis  d'Escars  et  de 
iS'.  de  Crussol  d'Uzès,  mariée  le  17  décembre  1743  à  François- 
Joseph  de  Becquey  (connu  sous  le  nom  de  chevalier  de  Bec- 
quey de  Toulouse),  trésorier  de  France  au  bureau  des  finan- 
ces de  Bordeaux,  mort  à  Toulouse  le  14  novembre  1773,  sans 
enfants,  instituant  son  neveu,  le  baron  de  Bastard  de  Samt- 
Denis,  lils  de  sa  sœur  Marie- Catherine  de  Becquey,  son  léga- 
taire universel. 

Elle  est  peinte  entre  2.")  et  30  ans.  Robe  bleu-clair  avec  galons 
d'argent  ;  les  manches  courtes  ont  de  hauts  volants  de  dentelle. 
Le  devant  du  corsage,  ouvert  en  carré,  est  garni  de  coques  de 
ruban  rouçre  formant  six  gros  nœuds  rattachés  ensemble  par  une 
barrette  et  diminuant  de  largeur  jusqu'au  bas  de  la  taille,  fort 
longue.  Autour  du  cou  un  rang  de  perles.  Cheveux  blonds,  coif- 
fure très  haute,  à  la  iMaintenon,  en  mousseline  et  dentelle  avec 
barbes  tombantes  et  coques  de  ruban  rouge  sur  la  tête. 

Ces  deux  portraits  sont  de  forme  ovale. 

Dominipie  B""^  de  Bastard- Saini- Denis ,  seigneur  de  Saint- 
Denis,  rile-Chrétienue,  etc.,  grand-maitre  des  Eaux  el  Forêts 
de  Guyenne  et  Béarn,  demeurant  à  Agen,  marié  le  5  décembre 
1721  à  Marie- Catherine  de  Becquey^  fille  de  Frauçois  de  Bec- 
quey, conseiller  et  secrétaire  du  Roi  au  Parlement  de  Guyenne, 
secrétaire  général  de  l'inlendauce  de  Bordeaux,  el  de  Marie - 
Marthe  de  Bétheille. 


520  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Perruque  de  moyenne  taille  poudrée  ;  habit  de  brocart  d'or 
douille  de  soie  blanehc  ouvert  sur  une  cravate  de  dentelle  avec 
manchettes  en  même  dentelle. 

Manteau  de  velours  cerise  avec  riche  broderie  d'or  tout  autour. 

Magnifique  costume. 

François- Dominique  B'-^^  de  Bastard- Saint- Denis  (fils  de 
Dominique  et  de  Marie-Calheriae  de  Becquey),  seigueur  de 
t'ainl-Denis,  de  l'Ile-Gbrétienne-sur-Garoune,  du  Bosc,  de  la 
Baslide  et  de  Réaup,  né  le  lli  may  1724,  grand- maître  des 
Eaux  et  Forêts  de  Guyenne,  marié  en  premières  noces,  le 
4  juillet  1752,  à  Jeanne-Françoise  de  la  Mazellières,  dame  de 
Réaup,  et  en  secondes  noces,  le  19  août  1708,  à  Anne  de 
Redon. 

Peint  à  l'âge  de  34  ans.  Perruque  de  moyenne  grandeur,  pou- 
drée. Habit  de  velours  noir,  enveloppé  dans  un  large  manteau 
gris  foncé.  Longue  cravate  et  manchettes  de  guipure.  Il  s'appuie 
d'une  main  sur  un  livre  posé  sur  des  parchemins  plies,  avec  sceau. 

Inscription  derrière  : 

«  Roussel  pinxit,  l"o8.  » 

Louis  Becquey  (fils  d'Augustin- Alexis  et  de  Marie  de 
ïorr,y),  né  à  Vitry  le  24  septembre  1760  (grand-oncle  de 
M'"=  Louis  de  Goucourl),  député  de  la  Haute-Marne  eu  1791, 
conseiller  d'État,  directeur  général  des  Ponls-et-Chaussées  et 
des  Mines,  ministre  d'Etat  sous  Gharles  X.  puis  de  nouveau 
député  de  la  Haute-Marne  de  1814  à  1830.  Marié  à  Sophie  le 
Blanc  de  Closrnusseï/. 

Il  mourut  à  Paris,  en  1849,  sans  enfants. 

Petit  portrait  gravé  fait  en  1792.  Vu  de  profil,  cheveux  demi- 
longs  retenus  derrière  par  un  nœud.  Redingote  à  très  grands 
revers,  longue  cravate  de  mousseline  bouffante  formant  jabot. 

Autre  portrait  du  même  au  crayon  noir,  de  profil  et  de  gros- 
.seur  nature. 

Trois  pastels  de  Fantin-Latour  père  faits  en  1845  : 

Madame  Jules  Becquey,  née  Marie- Félicité- Magdeleine- 
Collette  de  Baudicour,  née  le  28  janvier  1818,  fiUe  de  André- 
Prosper-CoUelte  de  Baudicour  et  de  Françoise- Victorine  le 
Blanc  de  Closmussey,  mariée  le  29  avril  1835. 

Cheveux  châtain-clair  formant  boucles  de  chaque  côté  du 
visage.  Robe  de  soie  noire  à  domi-décollelée  avec  broche  d'or 
ciselé. 


DKS    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    CONCOURT  521 

Ses  deux  jeunes  enfants  : 

F lançois- Anatole  Becqiiey,  à  l'âge  de  7  aus. 

Cheveux  brun-foncé  tombanl  en  longues  boucles  sur  ses  épaules 
nues,  blouse  de  cacliemire  bleu-ciel  à  manches  courtes. 

Marie-Cécile  Becqney  (devenue  plus  tarl^M"""  Louis  de 
Goncourt). 

Portrait  fait  à  l'âge  de  a  ans.  Robe  blanche  découvrant  les 
épaules  et  les  bras,  qui  sont  croisés  sur  la  poitrine  et  soutiennent 
des  tleurs  des  champs.  Cheveux  blonds  bouclés,  yeux  bleus. 

André-Prosper-Collette  de  Baudicour,  né  le  28  mai  1788, 
marié  le  6  décembre  1813  à  Frauçoise-Viclorine  le  Blanc  de 
Closmussey  (graud-père  de  M"'"  Louis  de  Goncourt).  Il  est 
mort  à  Paris  le  27  juillet  1872. 

Redingote,  gilet  montant  et  haute  cravate  blanche.  Il  est  assis 
el  regarde  le  portrait  de  sa  femme  qu'il  tient  à  la  main.  (Litho- 
graphie par  Léon  Noël,  en  1832.) 

Sa  femme  : 

Françoise-  Vïctorine  Je  Blanc  de  Closmussey  (fille  de  Nico- 
las le  Blanc  de  Closmussey  et  de  Philippine  Clément),  née  à 
Saiul-Dizier  le  18  octobre  1794,  mariée  le  6  décembre  1813  à 
André- Prosper-Colletle  de  Baudicour.  Elle  est  morte  le  19 
juillet  1832. 

Cheveux  bouclés  sur  les  tempes  et  chignon  natté.  Robe  à  man- 
ches boutlantes  el  corsage  à  ceinture  avec  boucle.  Grosse  ruche 
autour  du  cou.  (Lithographie.) 

Gahrielle- P hilippiiie  le  Blanc  de  Closmussey  (fille  de  Nico- 
las et  de  Philippine  Clément),  née  en  1798,  mariée  le  22 
décembie  1818  à  Charles-Joseph- A  lexniidre  Le  Febtre  de 
Goxiy-Ternas^  marquis  de  Milly,  maréchal  de  camp  comman- 
dant la  division  de  Nancy  (grand'lonte  maternelle  de  M'"" 
Louis  de  Goncourt). 

Portrait  au  pastel  fait  au  moment  de  son  mariage  (très  bonne 
copia  de  M"*^  B.  de  Gouy  d'après  l'original  de  .M"^  Blanchard). 

Robe  de  mousseline  blanche  décolletée,  cheveux  blonds  for- 
mant des  boucles  courtes  sur  les  tempes.  Veux  bleus.  Turban  à 
rayures  bleues  et  jaunes.  Un  manteau  de  satin  vert,  garni  de 
martre,  est  jeté  sur  les  épaules  et  retenu  d'une  main  par  devant. 
Le  coude  appuyé  sur  une  table  et  !a  tête  penchée  en  avant,  repo- 
sant sur  la  main.  Un  livre  ouvert  sur  cette  table. 


511  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Jean-Baptiste  Lahhé  de  Morambert,  écuyer,  conseiller  du 
roy,  lieutenant  assesseur  au  bailliage  et  siège  présidial  de 
Vitry,  né  eu  1665,  marié  en  1694  à  Marie  de  Sainl-Genis. 

Portrait  ovale,  très  longue  perruque  poudrée,  robe  de  magis- 
trat avec  rabat  blanc  et  manchettes  de  mousseline  ;  la  main 
appuyée  sur  un  livre. 

A  gauche  les^rmes  :  d'argent  à  une  iHc  de  sanglier  au  natu- 
rel surmontée  d'une  branche  de  chêne  de  sinople  engtantce  d'or. 
11  est  écrit  autour  du  portrait  :  «  M'"  Jean-Bt«  Labé,  ss''  de 
Morambert,  cons'''"  du  roy,  né  en  1665.  » 

En  pendant,  sa  femme  : 

Marie-Françoise  de  Saint-Genis  (Fille  de  Nicolas  et  de 
Magdeleine  Jacobé  de  Farémont),  née  le  2i  janvier  1071. 

Cheveux  noirs,  coifl'ure  haute  par  devant  et  retombant  en  bou- 
cles d'un  cùlé  ;  ruban  jaune  passé  dans  les  cheveux.  Manteau  de 
satin  violet  retenu  sur  l'épaule  par  une  broche  de  rubis  et  perles, 
orné  d'un  long  pendentif  avec  rayons  en  mêmes  pierreries  ;  bou- 
cles d'oreilles  assorties.  Robe  de  drap  d'or  avec  broderies  d'or, 
corsage  ouvert  en  carré  avec  guipures  au  bord. 

Inscription  autour  du  portrait  :  a  Dani"e  Marie  de  S'-Genis, 
mariée  en  1604  à  M''^<=  Jean-Baptiste  Labé.  » 

(Elle  était  grand'tante  de  M™''  Ambroise  de  Concourt.) 

Pierre  du  Chesne  du  Montoy,  escuyer  (tils  de  Nicolas  du 
Chesne  de  Couvrot  et  de  Louise  Anthoine),  capitaine  du 
génie,  chevalier  de  Saiut-Louis,  né  le  7  août  1728,  mort  en 
177!2,  marié  à  Marie-Hyacinthe  V Aiisnionier  de  GUtonville. 

(Grand-oncle  de  M"'°  Ambroise  de  Goncourt.) 

Cheveux  poudrés  et  roulés,  tunique  bleu-foncé   à   boutons  d'or, 
gilet  rouge.  Tient  à  la  main  un  papier. 
(Miniature  sur  une  tabatière.) 

Marie- Josèpkc- Sophie  Brévost  de  Malassise  (mère  de 
\lme  Ambroise  Jacobé  de  Goncourt),  tille  de  Jeau-Bapliste 
Brévost  de  Malassise,  écuyer,  et  de  Marie-Bazile  du  Clos,  née 
le  2  février  1787,  mariée  le  G  février  1804  à  Nicolas- François- 
Joseph  du  Chesne  de  Courcy,  officier  d'artillerie,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur,  lils  de  Pierre-Jeau-Baptisle  du  Chesne  de 
Belleseaux  et  de  Flore  Bouquin  de  Courcy. 

Petit  portrait  d'enfant  en  robe  bliincho  décolletée.  (Miniature 
sur  une  bague.) 

Joseph  Bouquin  de  Conrcy  (bisaïeul  de  M'"»  Ambroise  de 


DES   JA':OBÉ    DE    PI^INGT    DE    CONCOURT  523 

Goncourl),  écuyer,  cousieillei  du  Hdï  v.l  hOu  procureur  au  siège 
de  Saint-Dizier  (iils  Je  Joseph  Bouquin  de  Gourcy,  échevin 
royal  de  la  ville  de  Saiiil-Dizier,  eL  de  D.une  Auloinelte  Cer- 
taia).  ué  le  8  uovcmbi'e  ITUG,  snarié  au  cliàleau  de  Sampigny 
(Meuse),  le  7  oclobre  1/32,  à  Anne-  H  lis  ah  elh  de  Thïballicr. 

Cheveux  courts  poudrés  avec  iiouid  noir  ;  habit  de  velours  bleu 
foncé  ouvert  sur  un  gilet  bleu  plus  clair.  Manchettes  et  jabot  en 
gaze  blanche. 

Très  beau  paste!  signé  <i  I..  Vigéc  »,  peint  fiar  Louis  Vigée,  père 
de  M™"-'  Vigée-Lebrun. 

Sa  femme  : 

Anne-Élisahelh  de  T/iiballier,  lille  de  Messire  de  Thibal- 
lier,  seigneur  de  la  Motle-lès-Triconville,  et  de  Dame  Anne- 
Marguerite  Rousseau. 

Cheveux  poudrés  avec  roses  et  ruban  bleu.  Robe  de  satin  blanc 
très  décolletée  avec  écharpe  bleu-ciel  drapée.  Main  ravissante  qui 
semble  soutenir  une  toutl'e  de  Heurs  posée  au  milieu   du   corsage, 

Jean-Bapliite  Vâris  de  Monlmartei,  Jv'"  de  Brunoy,  C^"  de 
Sanipigny,  marquis  de  Torcy,  barou  de  Dagouville,  seigneur 
de  Monlmarlel,  Château-Neuf,  Combloville,  Château-Melliau, 
Vau-la-Reiue,  Varenne,  Égrenet,  Mandres,  Périguy,  la  Tour 
de  Tigerie,  Villers-sur-Mer,  Fontaine,  la  Motte,  Granville, 
Bourgeanville,  Dubrec,  les  Humiers,  le  Donjon,  Saligny, 
Laforèt,  les  Dureaux,  li  Miraude.  le  Bureau,  la  Chàtardie  et 
autres  lieux,  né  le  tj  oclobre  1C90,  tils  de  Jean  Paris  de  la 
Masse  et  de  Anne  Tréuonay  de  la  Montagne. 

Garde  du  trésor  royal,  conseiller  d'Élat  sous  la  Régence  et 
sous  Louis  XV,  lieutenant  des  chasses  du  Fîoi,  etc. 

Marié  le  17  février  1740  à  Marie-Armande  de  Bélhune. 

Jouissant  de  cinq  à  six  millions  de  rente,  il  s'en  faisait  le 
plus  grand  honneur  avec  un  désintéressement  très  profitable 
à  l'État,  auquel  il  vint  souvent  en  aide. 

Il  est  mort  eu  1706;  il  n'eut  qu'un  fils  :  Armand-Louis- 
Josepb  Paris,  marquis  de  Brunoy,  mort  sans  laisser  de  posté- 
rité de  Françoise-Emilie  de  Pérusse  des  Cars,  son  épouse. 

Magnitique  portrait  peint  par  La  Tour.  (Il  a  été  gravé  par 
Cathelin.) 

Perruque  poudrée  assez  longue,  formant  boucles;  habit  gris- 
perle  avec  dépassant  de  fourrure  blanche  et  boutons  d'or.  Tri- 
corne noir  galonné  d'or  sous  le  bras.  Un  manchon  de  zibeline 
apparaissant  au  bord  du  cadre. 


f>J-J  LES    POUTRAITS    DE   FAMILLE 

Pierre-François  Gargam  de  Moncetz  (fils  de  Pierre  et  de 
Marie  le  Moyne  de  Villarcy),  écujer,  seigneur  de  Moncelz, 
Soudron,  etc.,  avocat  au  Parleinenl,  receveur  des  Gabelles  à 
Ghàlons,  né  le  3  décembre  1682,  marié  le  20  février  1716  à 
Marie- Anne- Louise  Baugier  de  Bignipont. 

Mort  le  25  janvier  1736. 

Longue  perruque  Louis  XIV  poudrée  ;  hal)it  de  brocart  d'or 
avec  cravate  flottante  en  guipure  de  Venise  et  manchetles  pareil- 
les, enveloppé  dans  un  manteau  de  velours  rouge.  S'appuie  sur 
un  volume  des  Mémoires  historiques  S2(r  la  Chavipagne,  de 
Baugier. 

Sa  femme  : 

Marie- Anne-Louise  Baugier  de  Bignipont,  née  le  30  avril 
1699,  tille  de  Pierre  Baugier  de  Bignipont  et  de  Marie-Aune  de 
Givry.  El'e  est  morte  en  1761  ;  ont  eu  douze  enfauts,  dont 
Louise,  mariée  à  Jeau-Bapliste  Turpiu,  beau-père  de  Louis 
Jacobé  de  Pringy  de  Goucourl. 

Robe  de  soie  rose  à  ramages  d'argent,  à  très  longue  taille, 
décolletée  en  carré  ;  guipures  de  Venise  sortant  du  corsage  et  de 
la  manche  pagode  ;  manteau  bleu  jeté  en  arrière.  Elle  lient  d'une 
main  une  bonbonnière  d'or  avec  portrait  de  femme.  Cheveux 
poudrés  et  frisés  à  la  Louis  XV. 

Aux  coins  les  écussons  doubles  des  Gargam  :  d'argent  au  che- 
vron d'azur  accompagné  en  chef  de  deux  roses  de  gueules^  ei  en 
pointe  d'une  merlctle  de  sable. 

Et  des  Baugier  de  Bignipont  :  d'azur  il  un  chevron  brisé  d'or 
surnionlè  d'une  croix  de  Lorraine  et  accompagné  de  3  étoiles,  le 
tout  d'or. 

Purre  Gargam  de  Chevigny  (fils  de  Pierre  Gargam  de 
Mcucelz  et  de  Alarie  le  Moyue  de  Villarcy),  né  le  24  février 
1679,  loDSuré  le  31  mai's  1692,  curé  de  Saitil-Alpin  à  Chàlons, 
chauoine  de  la  cathédrale  de  Ghàlons  le  21  mars  1706. 

Cheveux  blancs  assez  longs,  petite  calotte  noire  ;  soutane  noire 
avec  large  col  rabattu. 

Edme  Baugier,  i^  de  Breuvery,  doyen  du  présidial  de  Cbâ- 
loQs-sur-Marne. 

Historien,  auteur  des  Mémoires  historiques  bur  la  Champa- 
gne, ué  à  Ghàlons  en  1614,  mort  eu  1728. 

Portrait  gravé.  Très  longue  perruque  frisée,  sans  poudre  ;  cra- 
vate  de  guipure.   An)ple   manteau   dans   lequel  il   est  drapé  ;  au 


DES    JACOUK   DE   PUINGY   DE   GONCOUKT  o2l) 

coin,    les  armes   des    Haugier  :  lambrequins^,    casque  avec   lion 
insanl,  lions  pour  supports. 

(Le  musée  de  Chàlons  possède  son  portrait  original  peint  à 
l'huile,  de  forme  ovale.  Grande  perruque  non  poudrée,  manteau 
gros  bleu  à  ramages  d'or  et  doublé  de  rouge.; 

Jean-Bapti<le  Hidlon,  oflicier  ue  cavalerie,  marié  à  Elisa- 
beth Warnier  de  l'ournizet,  sœur  du  père  de  SuzauueWarnier 
de  Tournizet,  mariée  ea  17'22  à  Louis  Jacobé  de  Pringy. 

Longue  perruque  poudrée,  cuirasse  recouverte  d'un  habit  rouge 
qui  la  laisse  voir  par  devant.  Manteau  bleu  drapé. 

Au  coin,  double  écusson  -.  Ilullon  :  d'azur  à  3  trèfles  d'or.  — 
Warnier  de  Tournizet  :  d'azur  au  chevron  d'argent  accompagné 
en  chef  de.  2  étoiles  d'argent  et  en  pointe  d'un  lion  d'or. 

Sa  femme  : 

Elisabeth  Warnier  de  Touniizet,  fille  de  Louis,  seigneur  de 
Tournizet  et  Goncourt,  et  d'Eslher  Colliveaux. 

Cheveux  poudrés  pas  très  élevés  avec  plaque  de  diamants  au 
milieu.  Robe  de  soie  blanche  avec  broderies  d'or;  le  corsage, 
décolleté  en  carré,  forme  par  devant  plastron  avec  ba'Tettes  d'or. 

Claude  Aubelin  de  Villers,  né  en  16i:i9. 

Inscription  par  derrière  : 

<<  Claude  de  Villers,  âgé  de  50  ans,  retiré  en  1709,  peint  par 
Dumigeon.  » 

Très  longue  perruque  blonde  s'étalant  sur  les  épaules,  cravate 
de  guipure.  Manteau  rouge  vif  bordé  tout  autour  de  fines  brode- 
ries d'or,  très  amplement  drapé. 

Charles  de  Godet,  grand  prieur  d'Aquitaine  de  l'ordre  de 
Malle,  frère  de  Catherine  de  Godet,  épousé  de  Gilles  Jacobé  de 
Farémont. 

Longue  et  large  chevelure  brune  bouclée,  moustache  et  mou- 
che de  même  couleur. 

Cuirasse  d'acier  cloutée  d'or  ;  collerette  carrée  fiar  devant,  en 
épais  point  de  Venise.  Croix  de  Malte  avec  ruban  bleu-ciel.  La 
main  gauche,  portant  un  gantelet  de  fer,  s'appuie  sur  une  épée  ; 
l'autre  main  est  nue  et  sort  d'une  manchette  bouillonnée  de 
mousseline  blanche. 

Germain  de  Godet,  écuyer,  seigneur  de  Renneville,  Sivry, 
Elize,  baron  de  Boncourl,  époux  de  Marie  de  Mauparty,  fille 


526  LES    PORTRAITS    DE    FAMILLE 

de  Jean  de  Mauparly,  seigneur  de  Saint-Lumier,  el  de  Sébas- 
tienne  Jacobè. 

11  était  geulilhomine  ordinaire  de  la  chambre  du  roi 
Henri  III,  capitaine  de  cinquante  hommes  des  ordonnances  et, 
eu  I  iJUO,  gouverneur  de  Saintc-Meuehould,  où  il  joua  un  rôle 
coutiidérablo.  Il  est  connu  soos  le  nom  de  M.  de  Renneville.  Il 
mourut  en  septembre  1615  el  fut  inhumé  dans  \-\  chapelle  des 
Godet,  à  Sainle-Menehould. 

Cheveux  blonds  frisés,  courts  ;  moustache  blonde  el  barlie 
pointue  «le  même  couleur.  Cuirasse  d'acier,  festonnée  et  cloutée 
d'or,  sur  laquelle  une  écharpe  de  soie  blanche  esc  posée  en  han- 
douillèrc.  Grande  el  très  belle  collerette  de  guipure. 

Maximilien  de  Beautau,  seigneur  de  Biguipônt,  marie  en 
1 600  à  Pkilôerte  de  Godet,  iille  de  Marie  de  Mauparty  et  de 
Geimaiu  de  Godet,  seigneur  de  Renneville,  et  petite-tiUe  de 
Jean  de  Mauparly  et  de   Sébaslienue   Jacobé.   (Branche  de 

iSaurois.) 

Portrait  allribué  à  Jordaens. 

Longue  chevelure  brune  très  épaisse  el  lombanl  toute  droite,  à 
la  Yélasquez  ;  très  jeune  homme.  Habit  de  velours  noir  avec 
manches  ouvertes  sur  bouffants  de  satin  blanc.  Collerette  de 
forme  carrée  en  très  beau  point  de  Venise.  On  aperçoit  le  pom- 
meau d'une  épée  que  doit  tenir  la  main  gauche. 

Portraits  sans  désignation  de  noms. 

Grand  portrait  de  femme  à  mi-jambe,  époque  Louis  XIV, 
debout. 

Cheveux  noirs  relevés  haut  sur  la  lête  et  retombant  en  mèches 
sur  les  épaules.  Hobe  de  velours  bleu  foncé  avec  '  broderies  d'or  ; 
très  larges  manches  fendues  et  sous-manches  de  gaze  blanche. 
Echarpe  de  satin  blanc  tlotlanle.  Elle  caresse  un  amour  debout 
près  d'elle  tenant  une  torche. 

Autre  portrait  de  l'cmme  en  pendant,  a?sise. 

Chevelure  haute  brun  foncé,  robe  de  satin  l)lanc  avec  broderies 
or  sur  le  corsage,  larges  manches  frangées  d'or  retenues  par  des 
agrafes  de  pierreries. 

Sur  la  rolje  est  posée  une  tunique  de  velous  gros  bleu,  brodée 
d'or  et  garnie  de  fourrure;  elle  est  passée  dans  un  seul  bras, 
l'autre  côté  est  llottant  et  jelé  sur  ré|)aule. 

Sur  ses  genoux  un  caniche. 


DES   JACOnÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT  527 

Deux  portraits  de  femme,  de  forme  ronde  (époque  Louis  XV), 
doul  le  nom  est  iucounu. 

1°  Cheveux  gris  frisés.  Robe  de  soie  blanche,  défollelée,  garnie 
de  guipure.  Echarpe  rouge  doublée  de  bleu  qui  drape  tout  le 
devant.  Collier  et  boucles  d'oreilles  en  grosses  perles. 

2°  Cheveux  bruns  frisés  avec  mèches  retombantes  sur  le  cou. 
Robe  de  satin  blanc  décolletée  avec  hautes  guipures  de  Venise  au 
bord  du  corsage  et  aux  manches  courtes,  retenues  par  un  bou- 
quet de  fleurs  jaunes.  Large  bouquet  de  narcisses  blancs  au  cor- 
sage, qui  est  orné  de  galons  d'or. 

Grosses  perles  au.x  oreilles. 

Portr.iit  de  très  jeune  homme,  costuin»;  Louis  XIV. 

Chevelure  brune  non  poudrée  à  grandes  boucles.  Habit  rouge 
très  richement  brodé  dor.  Sur  l'épaule,  longues  coques  de  ruban 
bleu-ciel  brodé  et  garni  de  dentelle  d'or  (pii  retombent  par 
devant  et  sur  les  bras. 

Large  ruban  bleu-ciel  en  sautoir  descendant  jusqu'à  la  taille. 
Cravate  blanche  en  guipure  formant  jabot. 

Petit  portrait  de  très  jeune  iille. 

Robe  de  salin  blanc  avec  broderies  d'or  et  liserés  rouges.  Man- 
teau de  fourrure  blanche.  Chatons  de  rubis  entourés  de  perles,  au 
corsage,  aux  manches  et  dans  les  cheveux  relevés  hauts  et  pou- 
drés. Boucles  d'oreilles  semblables. 

Deux  superbes  pastels  de  forme  ovale,  de  Natlier  (portraits 
de  jeunes  femmes). 

L'un  :  cheveux  poudrés  relevés  sur  les  tempes  avec  ruban  et 
nœud  bleu-clair;  les  épaules  nues  drapées  dans  un  manteau  vieux 
rose  avec  nœud  bleu  par  devant  ;  la  tête  est  vue  de  trois  quarts. 

L'autre,  vu  de  face  :  yeux  noirs  très  perçants,  cheveux  légère- 
ment poudrés  formant  une  boucle  sur  la  tête  et  de  côté  avec  un 
petit  bouquet  bleu  et  rose.  Corsage  très  décolleté  en  mousseline 
blanche  avec  draperie  bleue  jetée  sur  l'épaule  gauche  et  venant 
se  rattacher  sur  le  devant;  un  cordon  jaune  soutient  la  draperie 
de  l'épaule  à  la  poitrine. 

Deux  portraits  époque  Louis  XVI. 

Personnage  à  cheveux  poudrés,  relevés  droit  par  devant  et  for- 
mant longues  boucles  derrière  :  il  est  vu  de  dos  et  la  tête  de  trois 
quarts. 

Veste  de  soie  rose  vif  avec  larges  manches  drapées,  et  jockeis 
ornés  de  grosses  perles.  Chaîne  d'or  sur  l'épaule  droite.  Col  très 


528  LKS    PORTRAITS    DE    FAMILLE 

haut  rabattu,  eu  mousseline  garnie  de  dentelle  ;  il  soutient  d'une 
main  un  manteau  bleu  jeté  sur  l'épaule  gauche. 

Sa  femme  : 

Cheveux  blonds  frisés  en  boucles  épaisses  et  nombreuses  ; 
grand  chapeau  rond  en  feutre  gris  orné  de  velours  noir.  Robe  de 
soie  rose,  corsage  décolleté  croisé  devant  dvec  berlhe  de  dentelle. 
Même  dentelle  aux  manches  demi-longues.  Echarpe  de  soie  bleue 
drapée.  Bracelet  de  perles. 

La  I)rj)ii  aux  œ'Ulels. 

Les  yeux  très  noirs,  les  joues  fardées,  les  cheveux  légèrement 
poudrés  partagés  sur  le  front  et  formant  boucles. 

Sur  le  milieu  de  la  tète,  boulfant  de  salin  blanc  partant  dune 
barrette  de  perles  et  rubis  ;  aigrette  rouge  avec  monture  or. 

Très  riche  plastron  en  broderies  or  sur  fond  noir  avec  bordure 
de  très  grosses  perles  ;  dentelles  autour  du  corsage  ouvert  en  carré. 

Corsage  llottant  grenat,  avec  broderies  or  et  plaques  de  gros 
diamants  distancés  sur  les  épaules. 

.\u  côté  gauche,  gros  bouquet  d'uMllets  blancs  et  rouges. 

La  Danioiselle  aux  mèclies  peuda^itea. 

Cheveux  bruns  relevés  tout  plats  par  devant  et  laissant  tomber 
de  chaque  côté  deux  petites  mèches  droites  terminées  par  un 
nœud  de  velours  noir.  Rubans  rouges  passés  dans  les  cheveux. 

Uobe  rose  décolletée  avec  broderies  d'argent  sur  le  devant  et 
sur  les  manches  ;  berlhe  ronde  en  mousseline  blanche  garnie  de 
guipure,  s'allachanl  sous  un  chou  de  velours  noir.  Au  cou.  deux 
rangs  de  perles  avec  pendentifs  également  en  perles. 

Ecusson  en  losange. 

Personnage  époque  Louis  XIV. 

Drapé  dans  un  manteau  noir,  large  col  uni  blanc  rabattu  et 
n)ancheltes  de  même. 

La  main  est  pendante  sur  le  rebord  d'une  balustrade  en  pierre. 

Lame  de  C époque  de  Louis  XIV.  Grand  portrait  ovale. 

Cheveux  gris  élevés  sur  le  front  avec  longue  mèche  pendante  à 
droite.  Corsage  salin  jaune  avec  broderies  d'argent,  la  manche 
serrée  au-dessus  du  coude  par  un  bracelet  d'argent,  sous-mao- 
cbes  de  guipure.  Corselet  en  drap  d'argent  brodé.  Manteau  lilas 
drapé  et  attaché  sur  l'épaule  gauche  par  une  broche  en  diamants 
et  grosse  perle. 


DBS   JACOBÉ    DE    PRINGT    DE    GONCOURT  b29 

Portraits  de  la  branche  des  JACOBÉ 
DE  VIENNE. 


GALERIE  DE  M"^  JACOBE  D'AREMBECOURT 

Au    Château    de    Montmorency,    par    Chavanges    (Aube). 


Noël  II  Jacobé,  seigneur  de  Soulanges  et  Pringy ,  écuyer, 
ué  le  »j  juillet  ]oo7.  procureur  du  Roi  eu  l'Élection  de  Vilry, 
marié  à  Loyse  de  Joybert,  mort  eu  lôîio. 

Grand  portrait  original,  presque  en  pied.  Clieveu.x  noir.-,  barbe 
taillée  en  pointe  et  moustacbes  noires.  Culotte  boutt'ante  et  pour- 
point en  soie  noire  pointillée.  Ceinturon  noir  avec  agrafe  de  dia- 
mants. Collerette  à  la  Henri  IV.  —  H  s'appuie  d'une  main  sur  une 
table  et  de  l'autre  tient  un  gant,  lîagues  au  médium  et  au  petit 
doigt  de  la  main  droite.  Dans  un  coin  du  tableau,  les  armes  des 
Jacobé  accolées  avec  celles  des  Joybert  ;  en  face  cette  inscription  : 
«  A»  lo97  —  J£tatis  40  —  Noël  Jacobé,  ss'"  de  Soulanges  et  de 
«  Pringy,  procureur  du  roy  en  l'Election  de  Vitry.  » 

En  pendant,  sa  femme  : 

Loyse  de  Joybert,  tille  de  François  de  Joybert,  écuyer,  et 
de  Marguerite  des  Forges,  mariée  à  Vitry,  le  30  janvier  1580, 
à  Noël  II  Jacobé,  seigneur  de  Soulanges  et  Pringy. 

Robe  de  soie  noire  à  paniers,  ouverte  sur  une  jupe  de  damas 
rouge  et  vert.  Mancbes  avec  crevés  de  satin  blanc.  Grande  colle- 
rette raide  et  ouverte,  à  la  .Varie  de  Médicis,  garnie  de  guipure  et 
fermée  par  un  œillet  rouge.  Manchettes  pareilles.  Chaîne  en  perles 
et  grenats  passant  sous  la  collerette,  croix  de  diamants  avec  pen- 
dants. Bracelets  perles  et  diamants.  Autour  de  la  taille  une  chaîne 
d'or  soutenant  une  grosse  montre  attachée  au  côté  gauche  et  une 
bourse  au  côté  droit.  Epingles  de  diamant  dans  les  cheveu.^  noirs 
qui  forment  de  larges  bandeaux.  D'une  main  elle  tient  un  éven- 
tail et  de  l'autre  un  petit  bouquet.  A  sa  gauche  se  dresse  un  cani- 
che blanc. 

Gilles  III  Jacobé  des  Mazalins  (fils  de  Noël  II  et  de  Loyse 
de  Joybert),  écuyer,  conseiller  du  Hoi,  élu  eu  l'Élection  de 
Vitry,  échevin  de  cette  ville  eu   1627,    marié  eu    {)reraières 

34 


530  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

uoces,  le  2S  novembre  161  G,  à  Geneviève   Fusg/iier,  et  en 
secondes  noces,  le  13  juin  1G27,  à  Loyse  de  Braux. 
Il  est  morl  à  Vilry  le  18  avril  1653. 

Grand  ovale,  cadre  laurier.  Perruque  non  poudrée.  Costume  de 
conseiller  du  Hoi,  noir  avec  rabat  blanc  ;  il  est  appuyé  sur  un 
livre. 

Gilles  IV  Jacobè  des  Mazalins,  seigneur  de  Vienne-la-Ville, 
Maisous-eu-Champagce,  etc.,  écayer  (Gis  de  Gilles  III  et  de 
Loyse  de  Braux),  né  à  Vitry  le  4  novembre  1629,  conseiller  du 
Roi,  marié  le  1"  juillet  1652  a  Marie-Thérèse  de  MaUié  de 
Dominartia^  morl  le  12  juin  1077. 

Très  beau  portrait,  tête  superbe  :  grande  chevelure  Louis  XIV 
sans  poudre^,  cravate  blanche  garnie  de  guipure.  Manteau  violet 
avec  dessins  damassés  or,  doublé  de  brocart  d'or.  Il  lient  à  la 
main  un  tlacon  d'ivoire  monté  eu  or. 

Sa  femme  : 

Marie-Thérèse  de  Malhé  de  Dommarlin,  fille  de  Nicolas  de 
Mathé,  é(uyer,  seigneur  de  Malmy,  Dommartin,  Faux,  Cham- 
bly,  etc.,  et  de  Claude  de  Baillet.  Elle  est  morte  le  2!)  juillet 

167(1. 

Portrait  de  forme  ovale  :  chevelure  grise  à  petites  boucles  sur 
le  front.  Corsage  de  mousseline  blanche  brodée.  Manteau  de 
damas  bleu-ciel  et  or. 

Gilles  V  Jaeobé  de  Vienne,  écuyer,  seigneur  de  Vienne-la- 
Ville  (fils  de  Gilles  IV  et  de  Marie-Thérèse  de  Malhé  de 
Dommarliu),  né  à  Vitry  le  14  mai  1669,  conseiller,  secrétaire 
du  Roi,  maison  et  couronne  de  France  près  le  Parlement  du 
Daupbiné,  garde  des  sceaux  au  bailliage  et  présidial  de  Vitry, 
marié  à  Magdeleine  Anhry  d' Arancey  et  mort  le  12  juin  1753. 

Longue  perruque  Louis  XIV,  costume  de  conseiller  du  roi,  noir 
avec  rabat  de  mousseline  blanche. 
Sa  femme  : 

Magdeleine  Aubry  d'Arancey,  tille  de  ISimou  d'Arancey, 
écuyer,  l'un  des  400  gardes  du  corps  du  Roi,  et  de  Antoinette 
Maï^lol,  mariée  le  22  octobre  1693  à  Gilles  V  Jaeobé  de 
Vienne.  Elle  est  morte  le  10  avril  17a6. 

(irand  portrait  à  mi-jambe  :  cheveux  poudrés  flottant  par  der- 
rière, robe  bleue  décoUelée  avec  broderies  d'or  ;  le  bas  est  relevé 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGT    DE   GONCOURT  531 

et  doublé  de  Lrocail  dor.  Manteau  de  salin  blanc  dans  lequel  elle 
se  drape.  A  gaucbe,  une  plante  de  pavois  rouges. 

Gilles-Joseph  I'^''  Jacobé  de  Vienne,  écuyer,  seigneur  de 
Vienue-la- Ville,  de  Haut,  Hauzy,  Lauenoue,  Saiul-Martiu, 
elc.ué  eu  17Q2,  conseiller  du  Roi,  subdélégué  de  Monsieur  le 
prévôt  des  marchands  de  Paris  au  déparlement  de  Champa- 
gne, époux  de  Marguerite-Thérèse  de  Saiul-Geni?. 

Perruque  Louis  XV  assez  longue,  habit  noir,   gilet  noir,  cravate 
blanche,  petit  jabot  cl  manchettes  en  point  de  Venise. 
Un  pendant,  sa  femme  : 

Mur  guérite- Thérèse  de  Saint-Genis,  fille  de  Denis  de  Saint- 
Genis,  seigneur  de  Belleseaux,  conseiller  du  Roi,  lieutenant 
de  la  prévôté  de  Vitry,  et  de  Magdeleine  Hocquet,  mariée  le 
12  may  1"'21  à  Gilles-Joseph  I"  Jacobé  de  Vienne. 

Robe  n)arron,  manteau  noir^.  fichu  de  dentelle  noire  sur  le  cou, 
petit  bonnet  de  dentelle  blanche  avec  nœud  rose. 

Autre  portrait  du  môme  Gilles-Joseph  I'^''  Jacobé  de  Vienne, 
époux  de  Marguerite-Thérèse  de  6aini-Genis. 

Perruque  Louis  XV  :  habit  gris  à  boulons  d'or,  grands  pare- 
ments en  brocart  d'or  avec  dessins  de  couleur  ;  gilet  en  même 
brocart,  la  main  enfoncée  dans  le  gilet.  Tricorne  noir  galonné 
d'or. 

Derrière  est  écrit  : 

«  M.  Jacobé  de  Viaine,  âgé  de  2o  ans,  1727.  » 

Gilles-Joseph  II  Jacobé  de  Vienne,  écuyer,  seigneur  de 
Vienne-la- Ville,  de  Hault,  Trigny,  les  Clozets,  Chasseiicourt, 
Rambécourt,  etc.  (fils  de  Gilles-Joseph  l"  Jacobé  de  Vienne 
et  de  Marguerite -Thérèse  de  Sainl-Genis),  avocat  au  Parle- 
ment et  subdélégué  après  son  père,  grand  bailli  du  duché  de 
Montmorency  après  son  beau-père.  Né  en  1723,  il  épousa 
Catherine  Adam  du  Chàtellier. 

Perruque  courte  Louis  XV  avec  nœud  noir  derrière,  babil  rouge 
violacé,  grand  gilet  brocart  d'or  avec  tleurs  d'argent,  jabot  et 
manchettes  de  dentelle. 

En  pendant,  sa  femme  : 

Catherine  Adam  du  Châteilier,  fille  de  Messire  François 
Adam  du  Chàtellier,  grand  bailli  et  lieutenant  général  du 
duché   de  Montmorency,  et   de  Elisabeth  Navelet,   mariée  à 


o32  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

AJoDlmoreucy.  le  27  mai  1743,  à  Gilles-Joseph  II  Jacobé  de 
Vienne. 

Robe  bleu-foncé  décolletée,  manteau  bleu  ;  au  cou,  velours  noir 
avec  dentelle  blanche,  se  rattachant  au  corsage  par  un  œillet 
rouge.  Cheveux  relevés,  poudrés.  Petit  bonnet  de  dentelle  blanche 
avec  ruban  bleu. 

Autres  portraits  des  précédents,  plus  jeunes. 
Gilles-Joseph  II  Jacobé  de   Vienne,   écuyer,  seigneur   de 
Vienne- la- Ville,  de  Hault,  etc. 

Perruque  Louis  XV  avec  nœud  noir  derrière,  habit  noir  bordé 
de  rouge,  manteau  bleu,  gilet  rouge  brodé  d'or,  jabot  de  dentelle. 
On  lit  derrière  :  «  Glatis  25. —  Bourcier-Barodo  pinxit  1748.  » 
En  pendant,  sa  femme  : 

Catherine  Adam  du  ChâlelUer. 

Cheveux  poudrés  avec  petit  pompon  noir  devant.  Robe  rose 
décolletée  garnie  de  broderies  d'or.  Manteau  jaune-brun.  Au  cou, 
une  ruche  rose  avec  dentelle. 

Derrière  est  écrit  :  «  /Elalis  23  :  H**  Bourcier-Barodo  pinxit  1748.» 

François  Adam  du  Châtellier,  écuyer,  seigneur  du  Ghà- 
tellier.  Ormont,  Chassericourt,  Rambécourt.etc.  (beau-père  de 
Gilles-Joseph  II  Jacobé  de  Vienne),  conseiller,  secrétaire  du 
Roi,  grand  bailli  et  lieutenant  général  du  duché  de  Montmo- 
rency, époux  de  Elisabeth  Navelel.  Est  écrit  derrière  :  •  âgé 
de  61  ans,  décembre  1755.   • 

Perruque  poudrée  demi-longue;  costume  de  secrétaire  du  Roi, 
robe  noire,  rabat  noir  bordé  de  blanc,  manchettes  de  dentelle. 

Magdeleine  Jacobé  de  Vienne  (fille  de  Gilles- Joseph  Jacobé 
de  Vienne  et  de  Marguerite-Thérèse  de  .Saint-Genisj,  née  le 
6  juillet  1734,  mariée  le  29  avril  1756  à  Edme-Fran cois-Mar- 
cel, baron  de  Baussancourt,  seigneur  de  la  Maison-des-Champs, 
du  Chauet,  Vauchouvillicrs,  le  Valsuzenay,  la  Ville-aux-Bois, 
le  Magny-Foucharl,  Baussancourt,  Dollancourt,  Trannes,  Jes- 
saint,  etc.  Mousquetaire  du  Roi. 

Portrait  déjeune  femme,  manteau  de  fourrure  drapé  comme  fond. 

Cheveux  poudrés  genre  Louis  XV.  petit  tricorne  noir  galonné 
d'or  posé  de  côté,  bouquet  dans  les  cheveux  ;  au  cou,  ruche  de 
mousseline  blanche  et  grosses  perles  aux  oreilles.  Robe  noire 
décolletée  avec  broderies  d'or  et  grosses  perles  autour  du  corsage 


DES    JACOBÉ    DE    PRINQY    DE    GONCOURT  533 

et  en  haut  des  manches.  Broclie  de  diamants,  croix  également  en 
diamants  pendant  sur  le  corsage.  Manteau  rose  doublé  de  brocart 
d'or  avec  ramages  de  couleur  ;  petit  bouquet  de  corsage. 

Louis-Marcel,  baron  de  Baussancourt,  seigneur  du  Petit- 
Mesûil,  Ghauraesail,  Ferrières,  etc.  (beau-père  Je  Magdeleine 
Jacobé  de  Vienne),  époux  de  Jeanne  de  Perry,  dame  du 
Magny-Foucharl. 

Longue  perruque  Louis  XIV  non  poudrée  ;  habit  gris  foncé; 
gilet  gris  plus  clair,  jabot  de  dentelle. 

Jean-BaptisLe  cCArancey,  abbé  de  Moncetz.  i  -Glatis  tiC  — 
atino  1739  —  Duchàteau  pinxil  «  (écrit  derrière).  Il  fut 
nommé  abbé  eu  1734  et  mourut  en  17o2. 

Surplis  blanc,  large  ruban  bleu-clair  en  sautoir  soutenant  une 
croix  d'or.  Pèlerine  à  capuchon  en  laine  blanche  doublée  de  soie 
bleue.  Au  doigt,  une  bague  avec  pierre  taillée  en  losange.  Il  tient 
un  livre. 

Au  coin,  les  armes  des  Aubry  d'Arancey  avec  crosses  passées  en 
sautoir  derrière  l'écusson. 

Marie- Marguerite-Félicité  Jourdain,  épouse,  le  23  avril 
1776,  de  François- Gilles  Jacobé  de  Vienne,  écuyer,  seigneur 
de  Piambécourt,  Trigny,  etc.  Elle  était  fille  de  Pierre-Jacques 
Jourdain  et  de  Louise-Barbe  de  Chanlaire. 

Coilfure  élevée,  boucles  pendantes  ;  petit  bouquet  de  roses  dans 
les  cheveux.  Robe  décolletée  bleu-ciel  avec  broderies  d'or, 
ouverte  sur  une  chemise  flottante  en  mousseline  ;  les  jockeis, 
frangés  or  et  perles,  tombent  des  manches  bouffantes  en  mousse- 
line blanche,  serrées  au-dessus  du  coude  par  un  bracelet  de  per- 
les. Bras  nus,  guirlande  de  fleurs  variées  au  corsage.  Manteau  de 
satin  rose.  Elle  tient  une  levrette. 

Petits  portraits-miniatures  des  quatre  enfants  du  baron  de 
Valsuze7iay.  préfet  de  l'Aube,  et  de  Marie-Mélanie  de  Baus- 
sancourt : 

1"  Mélina,  devenue  comtesse  de  Truchis  de  Lay  ; 

2"  Elysée,  marié  à  M"<=  Jacobé  de  la  Neuville  (d'où  les  Val- 
suzenay  actuels)  ; 

3"  Mathilde,  devenue  baronne  de  Planta-Wildenberg,  mère 
de  M'"''  Edouard  Jacobé  d'Arembécourt; 

A"  Nathalie,  mariée  à  Henry  de  Gonflaus  (grand' mère  de  la 
marquise  de  Damas i. 


534  LES   PORTRAITS   DK   FAMILLE 

Portraits  de  la  branche  des  JAGOBÉ 
DE  VIENNE. 


CHEZ  M.  JACOBÉ  DE  LA  FRANGHECOURT 

A    Vitry-le-François. 

(jilles-Joseph  II  Jacohé  de  Vienne,  écuyer,  seigneur  de 
Vieiine-la-Ville,  de  Haull,  Trigny,  Ghassericourt.  Rambécourl, 
elo,  (tils  de  Gilles-Joseph  et  de  Marguerite  de  Sainl-Genis,  né 
le  G  janvier  1723,  grand  bailli  du  duché  de  Montmorency, 
subdélégué  des  prévôts  et  échevins  de  la  ville  de  Paris  au 
déparlement  de  Vitry.  Marié  le  27  mai  1743  à  Catherine  Adam 
du  ChâtilUer. 

Cheveux  poudrés  époque  Louis  XV,  habit  de  velours  grenat 
ouvert  sur  un  gilet  de  brocart  argent  et  or  ;  manchettes  et  jabot 
de  dentelle. 

François-Gilles  Jacohé  de  Vienne,  écuyer,  seigneur  de 
Rambécourt,  Trigny  (lils  de  Gilles-Joseph  et  de  Catherine 
Adam  du  Châtellier).  né  le  8  novembre  1748,  marié  le  23  avril 
1770  à  Marie -Marguerite- Félicité  Jourdain. 

Cheveux  poudrés  et  roulés  ;  habit  vert  bordé  de  rouge,  jabot  de 
dentelle. 
(Miniature.) 

Louis-Thomas  Jacohé  de  la  Franchecourt  (fils  da  Gilles- 
Joseph  et  de  Catherine  Adam  du  ChùtcUier),  né  le  10  décem- 
bre 1752,  capitaine  commandant  au  régiment  de  Beauvoisy 
infanterie,  chevalier  de  Saint-Louis,  marié  le  8  mars  1791  à 
Victoire- Adélaïde-Geneviève  Bourlon  d'Arrigny. 

Cheveux  poudrés  et  roulés,  habit  blanc  avec  liserés  bleus  et 
boutons  d'or,  épaniette'i  d'or;  gilet  blanc  avec  jabot.  Croix  de 
Saint-Louis. 

(Miniature.) 

Sa  femme  : 

Victoire- Adélaïde-Geneviève  Bourlon  d'Arrigny.  fille  de 
Nicolas-Henry  Bourlon  d'Arrigny  et  de  Françoise-Geneviève 


DES   JACOBÉ   DE    PRINGY    DE    GONCOURT  53îi 

Jacquiuol  de  Cliavauges,  mariée  à  Louis-Thomas  Jacobé  Je  la 
Frauchecourt,  morte  le  12  août  1817. 

Robe  rose  avec  fichu   transparent    noir;    coiiFare    de    dentelle 
blanche  à  rubans  bleus. 
(Miniature.) 

Comle  de  Chiéza.  époux  de  2*1""=  Boarloa  d'Arriguy,  sœur 
de  M"""  de  la  Frauchecourt. 

Habit  rouge. 
(Miniature.) 

Théodore  Jacobé  de  Vienne  (tille  de  Gilles-Joseph  et  de 
Catherine  Adam  du  Chàtellier),  uée  le  9  Dovembre  17[iô, 
morte  sans  mariage  le  3!  janvier  1833. 

Robe  violette  avec  fichu   transparent   et  velours   noir   au  cou. 
Volumineux  bonnet  de  dentelle  blanche  avec  barbes, 
(Miniature.) 

Adolphe-Pierre  Jacobé  de  la  Franchecourt  (fils  de  Louis- 
Thomas  et  de  Victoire  Bourlon  d'Arriguy),  né  le  G  mars  1794, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  époux  de  Élisabelh-Sophie 
Guichard. 

Habit  Itleu  à  boutons  d'or,  gilet  blanc. 

(Miniature). 

Le  même,  enfant,  habit  bleu,  gilet  blanc  et  grand  col  blanc. 

(Miniature). 

Sa  femme  : 

Elisabeth- Sophie  Guichard,  née  le  18  juin  i79a,  fille  de 
Edme-Joseph  Guichard,  président  du  Tribunal  civil  de  Vilry, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  et  de  Antoinelte-Éléonore 
de  Braux,  mariée  le  8  octobre  1817  à  M.  de  la  Frauchecourt. 

Robe  Empire  bleue,  avec  écharpe  blanche. 

Edme-Joseph  Guichard,  père  de  M"»*^  de  la  Franchecourt  et 
époux  à" Antoinelte-Éléonore  de  Braux  ;  président  du  Tribunal 
civil  de  Vilry-le- François  et  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. 

Cheveux  poudrés  et  roulés  :  costume  de  magistrat  avec  rabat  et 
haute  ceinture  bleu-foncé.  Croix  de  la  Légion  d'honneur. 

Antoine  de  Salligny,  seigneur  de  Matiguirourt,  avocat  au 


536  LES  POKTRAITS  DE  FAMILLE 

Parlement,  fils  de  Louis  de  Salliguy  et  de  Marguerite  Hébert, 
marié  à  Vilry.  le  13  novembre  1714,  à  Françoise  de  Saint- 
Genis,  fille  de  Antoine  de  Saint-Genis,  commissaire  des 
revues  des  troupes  de  Sa  Majesté  à  Viiry.  et  de  Charlotte 
Rouillou. 

Une  de  leurs  filles  épouse  M.  de  Braux  de  Dronay,  doù 
vient  la  parenté  avec  M"'"=  de  la  Franchecourt. 

Beau  portrait  peint  par  LargiUiere. 

Grande  chevelure  Louis  XIV  :  habit  gros-bleu  brodé  d'or  ouvert 
sur  la  chemise  de  batiste  ;  cravate  noire. 


Branche  des  JAGOBÉ  DE  VIENNE. 
Rameau  des  JAGOBÉ  DE  HAUT. 


GALERIE  DE  M.  MARC  JACQBE  DE  HAUT 

Au  Château  de  Sigy,  par  Donnemarie  (Seine-et-Marne). 

Jeanne- IHisabeth  le  Clerc  de  Freydeau.  née  en  1736,  mariée 
le  14  février  177  5  à  Pierre-Noël  Jacobé  de  Haut,  écuyer. 
seigneur  de  Vienne  la- Ville,  de  Haut,  etc..  officier.  Elle  était 
fille  de  Antoine-Didier  le  Clerc,  chevalier  de  Freydeau,  capi- 
taine au  légiment  de  Touraine  et  chevalier  de  Saint-Louis,  et 
de  Marie-Edmée-Magdeleine  de  Montaugon. 

Veuve  de  Pierre-Noël  Jacobé  de  Haut,  elle  se  remaria  au 
marquis  de  Cély,  dont  elle  n'eut  pas  d'enfanls,  et  qui  lui 
laissa  des  propriétés  à  la  Martinique. 

Portrait  en  pied  peint  par  sa  fille.  Costume  de  deuil  :  robe  et 
ample  écharpe  de  crêpe  noii-,  manches  ajustées  au  coude  laissant 
l'avant-bras  nu^col  blanc  formant  revers  et  laissant  voir  sur  le  cou 
le  portrait  de  son  mari  dans  un  médaillon  suspendu  par  une  petite 
chaîne  ;  sur  la  tête,  un  bonnet  de  veuve. 

Elle  est  debout  près  d'un  bas-relief  en  pierre  sculpté,  de  style 
grec,  représentant  un  homme  qui  tient  d'une  main  une  couronne 
et  de  l'autre  élève  sur  sa  tête  une  torche  renversée. 

Claude-Louis-François    de    Régnier,   comte   de    Gnerchy, 


DES   JACOBÉ    DK    PRINGY    DE    GONCOURT  537 

marquas  de  Nangis  (gi'aad-père  de  M""  Auloiae-Uidier  Jacobé 
de  Haut),  chevalier  des  ordres  du  Roy,  lieutenant  général  de 
ses  armées,  colonel-lieutenant  de  sou  régiment  d'infanterie, 
gouverneur  des  ville  et  château  tle  Huniugue  et  sou  ambassa- 
deur auprès  de  Sa  Majesté  britannique  en  1760. 
Marié  en  1740  à  Gabrielle- Lydie  d'Harcourt. 

Son  portrait  peint  par  Van-Loo. 

Cheveux  poudrés  et  roulés  avec,  nœud  noir  derrière.  Habit  rouge 
à  boutons  d'or;  gilet  de  brocart  dor,  jabot  de  dentelle.  Gi'and 
ruban  de  moire  bleue  en  sautoir. 

Sa  femme  : 

Gabrielle-Lydie  d'fJarcourt  (graud'mère  de  M'"^  Didier 
Jacobé  de  Haut),  fille  de  François,  maréchal-duc  d'Harcoiirt, 
et  de  Marie-Magdeleiue  le  Tellier  de  Barbézieux.  née  le  21 
décembre  1722,  mariée  le  3  mai  1740  à  Claude-Louis- Fran- 
çois de  Régrder,  marquis  de  Cucrcliy- Nangis,  colonel  du  régi- 
ment du  lloi  infanterie,  lieutenant  général  des  armées  du  Roi, 
chevalier  de  ses  ordres. 

l'ortrait  au  pastel  en  cosUime  de  pèlerine,  le  bourdon  à  la 
main.  Hobe  de  satin  bleu-clair  avec  ruches  de  gaze  blanche  au 
bout  des  manches  et  au  cou  ;  pèlerine  de  velours  bleu-foncé  gar- 
nie de  coquilles  de  pèlerin  jaunes,  bordée  de  soie  jaune  et  fermée 
par  des  nœuds  de  satin  bleu-clair,  petit  chapeau  de  paille  posé  sur 
la  tête,  très  retroussé  devant  et  derrière  avec  nœuds  de  satin 
bleu. 

Gilonne  d' Harcourt.  mariée  en  premières  uoces  à  Louis  de 
Brouilly  de  Pienne,  en  secondes  noces  au  comte  de  Fiesgue. 
Amie  de  M"''  de  SéviguJ. 

Coiffure  à  la  Sévigné  avec  perles,  petites  boucles  sur  le  front, 
d'autres  tombant  sur  une  épaule;  porirait  à  mi-jambe  ;  elle  est 
assise,  sa  main  di'oite  appuyée  sur  sa  joue,  l'autre  étendue  sur  ses 
genoux  et  soutenant  le  bout  d'une  écharpe  blanche. 

Robe  en  soie  bleu-clair,  flottante,  simplement  ajustée  par  une 
ceinture  de  perles,  ce  qui  forme  la  taille  courte  du  premier 
Empire  ;  la  moitié  de  ce  corsage,  très  décolleté,  est  en  gaze  blan- 
che ;  manches  demi-longues  en  satin  blanc  et  soie  bleue  très  bouf- 
fantes. 

Portrait  ovale  avec  cadre  laurier. 

Faisant  pendant  à  Gilonne  d'Harcourt  : 

Marie  de  Brouilly  de  Pienne,  fille  de  Louis  de  Brouilly  de 
Pienne  et  de  Gilonne  d'Harcourt. 


538  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Elle  épousa,  en  liiiiij,  Henry  de  Régnier,  marquis  de 
Guercky. 

Cheveux  formant  des  coques  entremêlées  de  perles.  Robe  en 
velours  cramoisi  dont  le  corsage  décolleté  est  garni  de  guipure  ; 
mêmes  dentelles  aux  manches  flottantes  et  s'arrêtant  aux  coudes. 
Manteau  bleu  drapé  sur  les  épaules  ;  dans  les  deux  mains  croisées 
pur  devant,  petites  Heurs  de  jasmin. 

Françoise-Louise  du  Roux  de  Sigy,  née  eu  1760,  mariée  en 
1778  à  Anne-Louis  de  Régnier,  marquis  de  Guerchy-Nangis, 
fils  du  marquis  de  Guerchy-Nangis,  lieutenant  général  des 
armées  du  Ivoi,  chevalier  de  ses  ordres,  et  de  Gabrielle-Lydie 
d'IIarcourl  (père  et  mère  de  M"^*  Didier  Jacobé  de  Haut), 

Peinte  avec  un  costume  d'homme  :  elle  l'avait  adopté  au 
moment  de  la  Révolution  et  pendant  l'émigration,  et  le  conserva 
jusqu'à  sa  mort.  Cheveux  courts  légèrement  frisés  sur  le  front, 
redingote  à  revers,  chemise  avec  col  et  jabot  plissé. 

Frédéric- Augusle-René  du  Roux,  marquis  de  Sigy,  né  en 
1758.  Mort  sans  eofauts  en  I8i7,  il  a  légué  la  terre  et  le  mar- 
quisat de  Sigy  à  son  neveu  Marc  Jacobé  de  Haut. 

Cheveux  blancs,  moustache  noire.  Col  droit,  cravate  noire, 
redingote  noire  boutonnée. 

Antoine- Didier  Jacobé  de  Haut  (fils  de  Pierre-Noël  Jacobé 
de  Haut,  écuyer,  seigneur  de  Vienne-la-Ville,  et  de  Jeanne- 
Élisabelh-Marie  le  Clerc  de  Freydeau),  né  le  20  octobre  1777, 
marié  en  1809  k  Anne- Claude  Avoye  de  Régnier  de  Guerchy- 
Nangis. 

Il  est  mort  en  1834. 

Dans  la  bibliothèque  de  son  père,  à  Dijon,  M.  de  Haut  est  assis 
tenant  d'une  main  une  esquisse,  de  l'autre  un  crayon  ;  il  est  vêtu 
d'un  pantalon  de  drap  bleu,  d'un  gilet  de  nankin  et  d'une  redin- 
dingote  bleu-foncé  à  boutons  noirs  ;  haute  cravate  blanche.  A  côté 
de  lui.  une  table  avec  une  statuette  grecque,  écritoire,  livres,  etc. 

Portrait  peint  par  sa  sœur. 

Edme  de  Régnier,  seigneur  de  Guerchy,  enseigne  .'ie  la  com- 
pagnie de  gens  d'armes  de  François  de  Bourbon,  prince  d'En- 
ghien.  Marié,  par  contrat  du  IX)  ma}-  1534,  à  Françoise  d'Es- 
tampes de  la  Ferté-Linbault. 

Tué  à  la  Sainl-Barlhélemy  en  11)72. 

Grand  portrait  en  pied  signé  Loys  Bobrun. 


DES   JACOBâ   DE    PIUNGY    DE    GONCOURT  539 

Casaque  damas  gris  à  rainagos  rougis  1res  ajustée  ;\  la  taille  et 
formant  pointe  ;  crevés  et  jockeis  découpés  aux  manches.  Culotte 
très  large  et  très  courte  en  velouis  noir  frappé  formant  rayures  ; 
cliausses  noires  et  souliers  à  gros  rlioux  noir  et  or.  Crand  col 
raide  garni  de  dentollo  de  Venise  ;  heaume  ou  hausse-coi  en  lames 
d'acier  et  d'or.  Chevou.x  noirs  assez  longs,  moustache  et  harbe 
pointue.  Epéc  au  côté.  11  s'appuie  d'une  main  contre  une  table  sur 
laquelle  sont  posés  ses  gants  en  peau  de  chamois  avec  poignets 
brodés  d'or  et  son  haut  chapeau  de  feutre  gris  avec  plume  d'au- 
truche fauve  et  garniture  or  et  argent  avec  perles. 

Dans  le  coin  de  gauche,  ses  armes  avec  leurs  licornes  pour  sup- 
ports. 

Jacques  de  Régnier  de  Gtierchii.  né  en  1627. 
Tué  à  la  bataille  de  Laens  en  1 648. 

Portrait  de  très  jeune  guerrier.  Grande  chevelure  noa  poudrée 
tombant  sur  une  cuirasse  cloutée  d'or.  Echarpe  blanche  frangée 
d'or  passée  en  bandoulière  et  nouée  sur  l'épaule  droite.  Col 
rabattu  fixé  par  un  nœud  de  ruban  noir  à  coques  tombantes  sur 
un  bouffant  de  mousseline  blanche. 

Cette  inscription  dans  le  coin  :  «  .Etatis  iO  —  Anno  1646.  » 

J/"^   de    Guerchy,   fille   d'honneur    de   la    reine    mère    de 
Louis  XIV,  née  vers  16'2"2. 
Morte  en  1660. 

Coitfure  à  la  Sévigné  ;  petites  boucles  sur  le  front  et  grosses 
touffes  de  boucles  de  chaque  côté.  Perles  dans  les  cheveux,  aux 
oreilles,  et  un  rang  de  très  grosses  perles  au  cou.  Robe  de  satin 
blanc,  le  corsage  décolleté  est  très  richement  brodé  d'or,  perles  et 
pierres  précieuses  et  fermé  par  une  magnifique  broche  de  pierre- 
ries. 

Long  manteau  de  brocart  rouge  et  or  posé  sur  les  épaules  et 
tombant  jusqu'aux  genoux  ;  elle  le  soutient  d'une  main,  et  de  l'au- 
tre caresse  un  grand  lévrier. 

La  famille  Jacohé  de  Haht,  a  la  Martinique. 

Antoine- Didier  Jacobe  de  Haut  est  assis  sur  un  canapé  ayant 
près  de  lui  sa  fille  aînée  Marie  :  il  a  une  redingote  de  drap  noir 
et  un  pantalon  de  nankin.  —  Amhroisine,  qui  doit  avoir  trois 
ans,  est  habillée  de  blanc  comme  sa  sœur.  —  La  jolie  Madame  de 
Ht,  née  Anne  de  Guercliy -Sang i.s ,  est  assise  sur  une  chaise  en 
avant  de  son  mari;  elle  a  une  robe  de  forme  Empire  en  mousse- 
ine  blanche  avec  volant  brodé,  les  bras  et  le  cou  nus,  de  petites 
boucles  tombant  sur  le  front.  Son  plus  jeune  enfant,  le  petit  J/a/'^;, 
est  sur  ses  genoux. 


540  I,ES    PORTRAITS    DE    FAMILLE 

Un  peu  en  arrière  sa  belle-sœur.  M"''  Marie  de  Haut,  l'élève  de 
David,  s'est  représentée  en  train  de  peindre. 

Par  une  large  baie  ouverte  sur  la  campagne,  on  voit  une  esclave 
négresse  vêtue  d'une  jupe  de  toile  bleue  violacée,  a'une  chemise 
blanche,  coiffée  d'un  madras  bleu  et  jaune,  collier  et  bracelets. 
Elle  porte  des  fruits. 

Marc-Marie  Jacohé  de  Haut^  ne  à  la  Martinique  le  3  juillet 
1814.  membre  du  Conseil  général  de  Seine-et-Marne,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  marié  en  avril  1861  à  Anne- Bertille- 
Clé)nentine  de  Chahenot  de  Bonneuil.  11  était  111s  de  Ânioine- 
Didier  Jacobé  de  Haut  et  de  Anne-Claude  Avoye  de  Régnier 
de  Guerchy-Nangis. 

Portrait  fait  à  la  Martinique,  à  l'âge  de  6  ans,  par  sa  tante, 
M"'  .Marie  de  Haut.  Chemise  ouverte,  en  batiste,  avec  bandes  bro- 
dées. Pantalon  de  nankin  ;  d'une  main  il  s'appuie  sur  la  base  d'un 
grand  vase  de  pierre,  de  l'autre  il  montre  dans  son  chapeau  un 
petit  nid  d'oiseau. 

M"**  Marie  et  Ambroisine  Jacobé  de  Haut,  filles  de  Antoine 
Didier  Jacobé  de  Haut  et  de  Anne-Claude  Avoye  de  Régnier 
de  Guerchy-Nangis.  Nées  à  la  Martinique  en  1810  et  1812. 
Mortes  sans  alliance  eu  1887  et  1889. 

Les  deux  enfants,  une  brune  et  une  blonde,  sont  vêtues  de  robes 
de  mousseline  blanche  brodées  ;  Tune  est  debout,  l'autre  assise  sur 
un  lut  de  colonne  à  l'ombre  d'un  palmier  :  elles  jouent  avec  des 
papillons  aux  riches  couleurs,  attachés  par  des  tils  qu'elles  tien- 
nent dans  leurs  mains.  Comme  fond,  un  paysage  de  la  Marti- 
nique. 

Peint  par  M"«  .Marie  de  Haut  en  1819. 

Marie  Jacolé  de  Haut,  fille  de  Pierre-Noël  Jacobé  de  Haut 
et  de  Juanue-Elisabelh-Marie  le  Clerc  de  Freydeau.  Née  en 
1779,  elle  fut  une  brillante  élève  du  peintre  David.  Elle  ne  se 
maria  pas  et  mourut  à  la  Martinique  en  1821 . 

Grands  yeux  noirs,  cheveux  frisés  courts  sur  le  front  et  tombant 
en  boucles  par  derrière.  Corsage  rouge  pourpre  décolleté  avec 
large  draperie  blanche. 

Son  portrait  est  peint  par  elle-même. 

i/i'e  Ambroisine  Jacobé  de  llavt^  liUe  de  Antoine-Didier 
Jacobé  de  Haut  et  de  Anne-Claude  Avoye  de  Régnier  de  Guer- 
chy-Nangis.  Née  à  la  Martinique  le  7  avril  1812,  raorle  sans 
mariage  au  château  de  Sigy  en  1889. 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT  541 

Portrait  de  femme  âgée,  figure  très  distinguée  encadrée  do 
bandeaux  de  cheveux  blancs;  coiffure  en  blonde  noire,  robe  de 
soie  noire  avec  ruche  blanche  au  cou. 

Peint  en  1874  par  sa  nièce,  M'"'  Marguerite  de  Haut. 


Branche  de  FARÉMONT. 


GALERIE  DE  M.  JULES  JACOBÉ  DE  FAREMONT 

A    Âlençon 

Actuellement  chez  ses  deux  filles,  M"'"  DE  iMALLEV'OUE,  au  château 
du  Valiatier,  par  Fervacques  (Calvados),  et  la  COMTESSE  DE  LA 
BOULLAYE  D'EMANVILLE,  château  de  la  Barre,  par  Ingrandes 
(Maine-et-Loire). 

Claude- François  Jacobé  de  FarémoiU,  seigueur  de  Cham- 
pagne et  Farémoul.  écuyer  (fils  de  Jean  et  de  Louise-Gathe- 
riue  Cachapt  de  Champagne),  né  le  16  mai  1713,  capitaine  de 
grenadiers  au  régiment  Dauphin  infanterie,  chevalier  de 
Saint- Louis,  marie  le  3  décembre  1745  à  CLaude-Marie- 
Nicolle  le  Gentil.  Il  a  été  tué  au  siège  de  Berg-op-Zoom  le 
22  mai  1747. 

Cheveux  courts  frisés,  habit  de  satin  violetàbrandebourgs,  jabot 
de  dentelle.  Croix  de  Saint-Louis. 
(Miniature.  Château  de  la  Barre.) 
Sa  femme  : 

Claude- Marie- ^icolle  le  Gentil  (fille  de  François  le  Gentil, 
receveur  des  tailles  à  Épernay,  et  de  Marie-Jeanne  Fagnier  de 
Livry),  née  à  Epernay  en  1721.  Elle  épousa  en  secondes 
noces,  en  septembre  1751,  Philippe- Alexis  Bureau  de  Séran- 
dey,  receveur  général  de  la  généralité  de  Bourgog;,e.  Elle  est 
morte  en  1780. 

Cheveux  courts  relevés  et  poudrés,  robe  de  velours  bleu  garnie 
de  fourrure  foncée,  nœud  bleu  au  cou  et  au  bas  du  corsage  très 
ouvert  en  carré  et  garni  de  fourrure.  Elle  est  coiiTée  d'une  sorte 
de  chaperon  Marie-Stuarl  en  dentelle  avec  nœud  bleu  au  milieu. 

Portrait  fait  en  1769  (Château  de  la  Barre). 


542  LES    PORTRAITS    DE    FAMILLE 

Antoine-Marie- Axigustin  Jacobé  de  Farémont  \lils  de 
Claudt_'-l''ran(jois  et  de  Claude-Marie  Nicolle  le  Gentil),  écuyer, 
seigneur  de  Farémout.  etc.,  ué  le  7  novembre  1766,  receveur 
des  tailles  à  Chàlous,  marié  le  "21  septembre  1789  à  Julie- 
Julienne-Joséphine  Roulleaude  la  Roussière. 

Coillure  roulée  et  poinirée,  habit  de  salin  grenat,  jabot  de  den- 
telle, gilet  de  brocart  d"or  brodé,  cravate  de  mousseline  et  den- 
telle. Signé  Allin,  1780  (Château  du  Valratier). 

Une  miiiialure  du  même  au  cliàleau  de  la  Barre. 

Sa  femme  : 

Julie- Julienne-Joséphine  Ruulleau  de  la  Roussière,  née  en 
1701),  fille  de  Marie-Cœsar- Louis  KouUeau  de  la  Roussière, 
trésorier  de  Frduce  ix'j.  bureau  des  fmauces  de  la  généralité  de 
Tours,  et  de  Loui^i-Julie  d'Anscrmoud  Elle  mourut  à  Séez 
le  l"'jauvier  I8;JiJ,  à  bO  au<. 

Coitfure  haute  et  frisée  avec  ruban  bleu-pâle  passé  dans  les  che- 
veux^, dont  les  boucles  tombent  sur  les  épaules  nues.  Corsage  de 
salin  blanc  garni  de  gaze  blanche,  luull'os  de  roses  de  côlé. 

(Pastel.  Cbàleau  de  la  lîarre.) 

Marie-Anloine-Jules  Jacobé  de  Farémont  (fils  de  Auioiue- 
Marie-Augusliu  et  Julie-Julienue-Joséphine  Koulleau  de  la 
Roussière),  ué  au  châleau  de  la  Vallière  (près  Tours)  le  29  jan- 
vier 1792.  Officier  dans  la  Légion  dTndre-el-Loire,  capitaine 
dans  la  deuxième  garde  royale,  chevalier  de  la  Légion  dlion- 
neur  à  23  ans,  avait  fait  les  campagnes  de  l'Empire.  Marié  le 
2o  avril  1822  à  yictoire-Flisabclh-Henrictle  de  Chabot.  Il  est 
mort  à  Alcnçon  le  5  mars  1879. 

l^orlrail  fait  à  réjjoquc  de  son  mariage.  Cheveux  châtains,  yeu.x 
])lcus,  unifurmc  de  capilainc  de  la  garde  royale  gros-bleu  à  bran- 
debourgs argent,  épauleltes  argent, croix  de  la  Légion  d'honneur. 

(Château  de  la  FJarre.)  ' 

Sa  femme  : 

Vicloire-Flisabelh-IIenrielle  de  Chabol,  fille  du  vicomte 
Gérard  de  l'.hahol,  bai'on  de  Relz,  aide  de  camp  du  général  de 
Frotté,  son  cousin,  pendant  les  guerres  de  Vendée,  et  de 
Renée-Françoise  de  Guéroust  de  Boisgcrvais,  uée  en  18U2, 
mariée  le  2y  avril  1822,  morte  eu  1849. 

Yeux   noirs,  cheveux  noirs  frisés   sur   le   front,  eoilFure,  robe  el 
fichu  époque  du  piemier  Empire  (dessin  au  crayon  noir). 
(Château  do  la  Barre.) 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE   GONCOUUT  543 

Marie-Jeanne  Fagnier  de  Livry,  née  en  1681,  mariée  en 
17UU  à  François  le  Gentil,  receveur  des  tailles  à  Ëpernay, 
mère  de  Claude-Marie-Nicole  le  Gentil,  mariée  eu  premières 
noces  à  Claude- François  Jacohé  de  Farémonl,  le  ;»  décembre 
1745,  et  eu  secondes  noces,  eu  septembre  17;J1,  à  Philippe- 
Alexis  Bureau  de  Sérandé.  Elle  est  morte  en  171)1 . 

Celait  un  phéiioiuène  de  beauté.  Son  portrait,  au  pastel,  fait  à 
78  ans,  la  représente  encore  fort  belle.  Les  cheveux,  relevés  et 
poudrés,  sont  surmontés  d'une  sorte  de  cuitfure  blaiicbe  avec 
nœud  bleu.  Klle  est  vêtue  d'un  déshabillé  de  mousseline  blanche 
très  transparente,  décolletée  avec  un  velours  bleu  au  cou. 

^Château  du  Valratier.) 

Philippe- Alexis  Bureau  de  Sérandey,  né  en  1718,  receveur 
général  de  la  généralité  de  Bourgogne,  marié  eu  teptembre 
1751  à  Claude-Maric-Nicolle  le  Gentil  de  Livry,  veuve  en 
1747  de  Claude- François  Jacobé  de  Farémont. 

Il  mourut  eu  1780. 

Portrait  au  pastel  ;  cheveux  poudrés  et  roulés  avec  catogan  (ou 
bourse)  noir,  habit  de  velours  noir,  gilet  bleu,  cravate  de  mousse- 
line blanche  avec  jabot  de  dentelle. 

(Château  de  la  Barre.) 

Antoinette-Maurice  Bureau  de  Séiandé  (tille  de  Philippe- 
Alexis  Bureau  de  Sérandé  et  de  Claude- Alarie-Nicolle  le  Gen- 
til de  Livry  (veuve  eu  premières  noces  de  Claude-François 
Jacobé  de  Farémont),  et  sœur  utérine  de  Anloine-Marie- 
Auguslin  Jacobé  de  Farémont).  Née  en  17o4,  elle  épousa,  en 
1771,  Jean-Louis  Millon  d'Aiiival.  Elle  est  morte  au  château 
d'Héricy  en  1830. 

Trt-s  beau  portrait  à  l'huile  peint  par  M™''  Vigée-Lebrun. 

(Château  du  Valratier.) 

Coiffure  Marie-Antoinette,  boucles  de  cheveux  tombant  sur  ses 
épaules  nues.  Corsage  décolleté  en  satin  blanc  garni  de  grands 
nœuds  blancs.  Manches  tombantes  laissant  l'épaule  découverte  et 
retenues  par  une  bretelle.  Elle  est  assise  sur  un  canapé  rouge,  et 
sa  main  ravissante  se  délache  sur  un  coussin  de  même  couleur. 

En  pendant,  son  mari  (aussi  de  M"'^  Vigée-Lebrun)  : 

Jean- Louis  Millon  d^Ainval,  né  en  1749,  receveur  général 
de  la  généralité  de  Lyon,  mort  en  1812  (château  du  Valratier). 

Très  belle  tête  :  cheveux  roulés  et  poudrés  avec  bourse  noire  ; 
habit  de   satin  grenat  clair  brodé  or  et  argent,  avec  parements  ; 


544  LES    I-OHTRAITS    DE    FAMILLE 

gilet  bleu-clair  brodé  or  ;  jabot  et  manchettes  de   dentelle.  11  est 
assis  sur  un  fauteuil  en  bois  doré. 

Marie- Cœsar-Louis  Roulleau  de  la  ^o/wsière  (père  de  M"""  de 
Farémont),  ué  eu  1727,  président  au  Parlement  de  Paris, 
commissaire  général  des  saisies  de  France  et  trésorier  général 
de  France  au  bureau  des  finances  de  Tours,  marié  en  1757  à 
Louise- Julie  d' Ansermond.  Il  est  mort  en  son  château  de  la 
Vallière  (Touraine)  en  17'J'J. 

Cheveux  roulés  et  poudrés  ;  hahit  de  drap  gris  bordé   de   four- 
rure ;  jabot  de  dentelle. 
(Château  de  la  Barre.) 
En  pendant,  sa  femme  : 

Louise-Julie  d' Ansermo^id^  née  à  Paris  en  1736,  fille  de 
Pierre  d  Ansermond,  président  au  Parlement  de  Paris,  et  de 
Marie-Aune  Bourkart  d'Amenon,  mariée  le  7  juin  1758  à 
.Marie-Loui--Cœsdr  Roulleau  de  la  Uou.ssière.  Elle  est  morte 
au  château  de  la  Vallière  eu  1810. 

Ils  eurent  trois  enfants  :  1°  le  chevalier  Roulleau  de  la 
Roussière  ;  '2°  Marie- Julie,  mariée  à  M.  de  Biélrix  ;  H"  Julie- 
Juiieune-Joséphine,  mariée  à  Augustin  Jacobé  de  Farémont. 

Magniiique  pastel,  cheveu.x  poudrés  à  petites  frisures  roulées, 
un  nœud  bleu  au  milieu.  Corsage  très  décolleté  en  satin  blanc 
avec  un  grand  ruban  de  moire  bleu-pâle  passé  en  écharpe  ;  rose 
au  corsage  et  manches  de  satin  blanc  découvrant  toute  Tépaule  et 
retenues  à  l'avant-bras  par  un  ncud  bleu.  Au  cou,  ruche  de  satin 
blanc  avec  nœud. 

(Château  du  Valratier.) 

Note  de  M.  Jules  de  Farémont  sur  Louise-Julie  d'Ansertnond  : 
«  Fenuiie  charmanle  du  plus  grand  mérite  possédant  une  très 
grande  fortune  ;  c'est  elle  qui  fit  bâtir,  en  1779,  le  château  de  la 
Roussière  à  Château-Lavallière.  Lllc  fut  la  providence  du  pays  ; 
aussi  n'a-t-elle  pas  eu  besoin  d'émigrcr.  Son  mari  et  ses  proches 
perdirent,  à  la  Révolution,  leurs  places  et  leur  fortune  dont  ils  ne 
purent  sauver  (jue  1)0,000  livres  de  renie.  Elle  était  amie  intime  de 
la  duchesse  de  Châlillon.  » 

Marie- Julie -Claude  Roulleau  de  la  Roussière,  née  le 
5  avril  175y,  fille  de  Marie- Cœsar-Louis  Roulleau  de  la  P>ous- 
sière  et  de  Louise-Julie  d'Ansermond,  mariée  en  1780  à 
M.  de  Biétrix  ;  elle  était  amie  de  la  princesse  de  Lamballe. 

Elle  est  morte  en  17'J0. 


DES   JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT  o45 

Pastel.  Coiffure  élevée  à  la  Lambaile  ornée  de  gaze   blanche  et 
de  roses  ;  robe  décolletée  en  carré  bleu-clair. 
(Chiîleau  de  la  Barre.) 

Son  mari  :  !\1 .  de  Biétrix. 

Habil  de  salin  rose,  jabot  de  dentelle.  Cheveux  poudrés  et  rou- 
lés avec  catogan. 

(Miniature.  Château  de  la  Barre.) 

Marie- Anne  Dourkart  d'Amenon  [trisaïeule  de  M'""  de  Mal- 
levoue  et  de  lu  Boullaye,  uée^  Jacobé  de  Farémont),  Qlle  de 
N.  Bourkarl,  officiel-  des  gardes  du  corps  sous  Louis  XIV, 
uée  eu  1713  au  château  d'Ameuou,  mariée  en  1734  à  Pierre 
d' Amerinond,  président  au  Parlement  de  Paris,  et  eu  secon- 
des noces  à  Claude  Tupigny,  seigneur  du  Piguy,  secrétaire 
général  de  la  Grande  Fauconnerie  de  France.  Elle  est  morte  en 
1788. 

Portrait  au  pastel  fait  à  l'âge  de  iS  ans,  en  buste.  Corsage  décol- 
leté, noir,  garni  de  volants  de  mousseline  blanche  ;  cheveux  pou- 
drés et  relevés  sur  le  front;  i'anchon  de  soie  noire  nouée  sous  le 
menton. 

(Château  du  Valralier.) 

M.  Thibaut  de  Monlgeron,  père  de  Marie-Rosalie  Thibout 
de  Montgeron,  mariée  à  Louis-Michel-Armaud-Lucien,  comte 
de  la  Boullaye  d"Émauvillc,  chef  d'escadron,  chevalier  de 
Saint- Louis,  et  grand-père  du  comte  Charles-Armand  de  la 
Boullaye  d'Éraauville,  époux  de  Mélina-Tony  Jacobé  de  Faré- 
mont. 

Perruque  poudrée,  habit  violet,  cravate  blanche  et  manteau  de 
velours  rouge. 

CuHiille-René,  comte  de  la  Boullaye  d'Fmanville,  né  le  "21 
août  1832  (fils  de  Charles-Armand,  comte  de  la  Boullaye 
d'Éman ville  et  de  Mélina-Tony  Jacobé  de  Farémont),  officier 
instructeur  à  l'école  de  cavalerie  de  Saumur,  marié  le  20 
novembre  1877  à  Françoise-Elisabeth  le  Bault  de  la  Morinière. 

.Moustache  et  cheveux  blonds,  yeux  bleus,  uniforme  d'instruc- 
teur de  Saumur,  tunique  noire,  col  bleu  avec  grenades  argent, 
aiguillettes  et  boutons  d'argent,  épaulettes  d'or. 

Sa  femme  : 


35 


546  LES   PORTRAITS    DE   FaMILLE 

Françoise-Marie-Elisabeth  h  Bault  de  la  Marinière,  fille 
de  Charles- Frauçoi'^-EramaDuel,  comte  le  Bault  de  la  ÀJori- 
uière,  et  de  Camille-Marie-Mélanie  de  la  Forest  d'Armaillé. 

Cheveux  noirs,  robe  en  satin  jaune,  corsage  décolleté,  manteau 
de  zibeline  jeté  sur  l'épaule.  Beau  portrait  à  l'huile  par  Jean  Hil- 
debrand. 

Portraits  de  Mallevoue  au  château  du  Valratier. 

Sapience  Boirel{^^  aïeule  de  M.  Frauçois-Edmoud  de  Mal- 
levoue, ligne  nialercelle),  née  en  1618,  mariée  en  1G40  à 
Charles  Eudes  d'IJouay,  écheviu  d'Argentan,  lequel  était 
frère  :  1°  de  François  Eudes  de  Mézerav,  historiographe  de 
France  et  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  française,  et  2" 
du  Bienheureux  Père  Jean  Eudes,  prêtre,  fondateur  de  l'ordre 
des  Eudistes. 

Elle  est  morte  le  IH  mai  16o0. 

Portrait  en  buste,  de  Irois-quarts,  Coiffure  à  la  Sévigné.  Cor- 
sage décolleté  en  velours  brun  à  draperies  blanches  ;  collier  de 
grosses  perles,  broche  de  diamants  au  corsage. 

Dans  un  coin  cette  inscription  :  a  Obiit  16  mai,  anno  Domini 
ifibO,  aplatis  suip  32.  » 

Philippe-Joseph  Berthelot,  écuyer,  seigneur  de  la  Mothe 
(arrière-grand- oncle  de  M.  F'rançois-Edmond  de  Mallevoue), 
garde  du  corps  du  roi,  compagnie  du  maréchal  de  Villeroy, 
chevalier  de  Saint-Louis,  fils  de  Etienne  Berthelot,  écuyer, 
seigneur  des  Thuilleries,  et  de  Françoise  de  Billard. 

Mort  sans  alliance. 

Portrait  à  mi-corps,  de  trois-quarts,  tête  nue,  cheveux  pou- 
drés ;  habit  de  satin  gris-bleu  avec  broderies  et  boutons  d'or  ; 
gilet  de  satin  blanc  brodé,  la  main  droite  dans  le  gilet;  cravate, 
jabot  et  manchettes  de  dentelle  ;  sous  le  bras  gauche^  tricorne 
bordé  de  petites  plumes  blanches.  Croix  de  Saint-Louis. 

Les  armoiries  :  d'azur  au  casque  de  front  d'arr/cnt  surmonté 
de  deux  cuirasses  de  même. 

Pierre-Gaspard  Berthelot,  écuyer,  seigneur  du  Feugneray 
(arrière-grand-oucle  de  M.  François-Edmond  de  Mallevoue), 
lils  de  Etienne  Berthelot,  seigneur  des  Thuilleries,  et  de 
Françoise  de  Billard,  garde  du  corps  du  roi,  compagnie  du 
maréchal  de  Villeroy,  chevalier  de  Saint-Louis. 

Mort  sans  alliance. 


DES   JACOBÉ    DE   PRINGY   DE   GONCOURT  o47 

Portrait  à  mi-corps,  de  trois  quarts,  cheveux  poudrés,  habit  de 
satin  gris-bleu  avec  broderies  et  boutons  d'or,  gilet  de  salin  blanc 
broché,  cravale,  jabot  et  manchettes  de  dentelle.  Croix  de  Saint- 
I.ouis  :  porte  sous  le  bras  gauche  un  tricorne  bordé  de  plunie 
blanche.  Costume  identique  à  celui  de  son  frère  Pliilippe-Joseph, 
la  seule  dill'érence  est  qu'il  tient  de  la  main  droite  une  tabatière 
émail  et  or. 

Grégoire  Berlhelot,  écuyer,  seigneur  de  la  Fautelaye, 
frère  du  précédent,  capitaine  au  régiment  d'Âilly,  chevalier 
de  Saint-Louis. 

Mort  santi  alliance. 

Portrait  en  buste,  de  trois-quarls  ;  uniforme  bleu  à  collet  rouge, 
épauletles  d'argent,  cravate  blanche  et  jabot  de  dentelle.  Croix  de 
Saint-Louis. 

Mathieu  Quillel,  écuyer,  seigneur  du  Valratier  (4^  aïeul  d,e 
M.  Frauçois-Edmoud  de  Mallevoue.  Les  Quillel  possédaient 
déjà,  au  xiv«  siècle  (aveu  du  26  avril  1403),  la  terre  du  Valra- 
tier qui  est  encore  aux  maiu.s  des  Mallevoue.  leurs  descen- 
dants directs  en  ligue  féminine),  conseiller  du  Roi  au  bailliage 
et  siège  présidial  d'Ëvreux,  fils  de  Laurent  Quillel,  écuyer, 
seigneur  du  Valratier,  et  de  Blanche  de  Guéruut  de  Lenlis. 

Marié  le  '23  avril  1690  à  Calherine  Patry,  d'une  très 
ancienne  famille  descendant  de  Pierre  du  Lys,  frère  de  la 
Pucelle  d'Orléans. 

Il  est  mort  en  l 'i"!!. 

Portrait  en  buste  de  trois-quarts.  Perruque  Louis  MV,  habit  de 
velours  rouge  à  broderies  d'or,  cravate  ou  rabat  de  dentelle. 

Mathieu  II  Quillel,  écuyer,  seigneur  du  Vallralier  (arrière- 
grand-oncle  de  M.  François -Edmond  de  Mallevoue),  né  le 
7  octobre  1730  (iils  de  Mathieu-Yves  Quillel.  écuyer,  seigneur 
du  Valratier,  garde  du  corps,  et  de  Catherine  Motte,  et  pelit- 
fils  du  précédent),  officier  des  Gardes-Françaises  et  garde  du 
corps  du  roi,  chevalier  de  Saint-Louis.  Mort  sans  alliance  le 
21  août  I78o. 

Portrait  à  mi-corps,  debout,  de  trois-quarts,  cheveux  poudrés. 
Uniforme  de  drap  blanc,  hausse  coi  doré,  épaulettes  d'argent. 
Sous  le  bras  gauche  une  épée  dont  la  garde,  seule  apparente,  est 
ornée  d'une  torsade  d'argent  ;  dans  la  main  gauche^  un  tricorne  à 
cocarde  blanche.  Croix  de  Saint-Louis. 

(Tous    les    portraits  des  Mallevoue   étaient  conservés    au 


548  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

mauoir  d'Auluay,  et  comme  la  grande  salle  qui  les  renfermait 
était  ornée  de  solives  apparentes  portant  les  armoiries  de  tou- 
tes les  maisons  alliées  aux  Mallevoue,  elle  fut  saccagée  en 
1793  el  tous  les  portraits  disparurent.) 


Portraits  de   la   branche   de   FARÉMONT. 


CHEZ  M.  DE  SAINT-GENIS 

A    Vitry-le-François. 


François  de  Saint-Genis,  seigneur  de  Belleseaux.  Il 
épouse  Huguelte  Guyot  et  est  père  de  Nicolas,  marié  à  Magde- 
leine  Jacobé  de  Farémont. 

Cheveux  chûtain-foiicé,  assez  longs,  niouslaclie  de  même  cou- 
leur. Justaucorps  noir  avec  larges  manches  blanches,  grand  col 
gris-clair. 

Sa  femme  : 

Hugnetle  Guyot. 

Robe  noire  avec  pèlerine  de  gaze  blanche  à  larges  ourlets,  fer- 
mée par  deux  petits  nœuds  de  velours  noir.  Larges  revers  blancs 
aux  manches. 

Grande  fanchon  de  soie  noire  et  petite  pointe  de  gaze  avançant 
sur  le  front. 

Nicolas  de  Saint-Genis,  seigneur  de  Belleseaux  (fils  de 
François  et  de  Huguelle  Guyot),  conseiller  du  Boi.  élu  en 
l'Élection  de  Vilry,  marié  à  Vitry,  le  30  avril  1647,  à  Magde- 
leine  Jacobé  de  Farémont. 

Cheveux  bruns  assez  longs  et  bouclés,  avec  mèches  tombant  sur 
le  front  ;  légère  moustache,  yeux  noirs.  Costume  de  magistrat, 
grand  rabat  blanc  avec  petits  glands. 

Au  coin  ses  armes  :  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  en 
chef  de  deux  étoiles  d'argent,  et  en  pointe  d'un  chêne  déraciné  de 
même. 

Sa  femme  i 


DES  JACOBÉ  DE  PRINQY  DE  GONCOURT        549 

Magdeleine  Jacobé  de  Farémonl  (fille  de  Jacques  Jacobé  de 
FarémoQl  et  de  Marie  Chaperon),  née  à  Vitf}^  le  28  octo- 
bre 1027. 

Cheveux  bruns  frisés  et  formant  de  longues  boucles  tombant  sur 
les  épaules  nues.  Corsage  décolleté  en  velours  bleu-foncé  avec 
broderies  d'or,  très  ouvert  sur  un  devant  de  dentelle  blanche  ; 
sous-manches  blanches  bouffantes.  Un  manteau  de  brocart  d'or 
est  jeté  sur  les  épaules  et  rattaché  sur  le  devant  du  corsage  par 
une  agrafe  de  pierreries. 

François  de  Saint-Genis,  seigneur  de  Belleseaux  (fils  de 
Nicolas  de  Saint-Genis  et  de  Magdeleine  Jacobé  de  Faréraont), 
ué  à  Vitry  le  19  février  1G48,  conseiller  du  Roi,  élu  en  l'Élec- 
tion de  Vitry,  marié  le  19  juin  167  6  à  EUonorele  Gras. 

Longue  perruque  Louis  XIV  non  poudrée  ;  il  se  drape  dans  un 
manteau  de  velours  noir  doublé  de  rouge  qui  laisse  voir  le  large 
parement  d'un  habit  rouge  brodé  d'or.  Cravate  et  manchettes  de 
dentelle. 

Sa  femme  : 

Eléonore  le  Gras,  fille  de  Jacques  le  Gras,  seigneur  de 
Morambert,  et  de  Louise  Bauldoi. 

Cheveux  bruns  foncés,  frisés  à  la  Sévigné,  avec  larges  boucles 
tombant  sur  les  épaules  ;  coiffure  plate  en  velours  noir  formant 
petite  pointe  sur  le  front. 

Robe  de  satin  noir,  corsage  plat  décolleté  en  rond  avec  draperie 
de  gaze  blanche  relevée  devant  et  sur  les  épaules  par  de  gros 
cabochons  de  pierrerie  entourés  de  perles  avec  petits  glands  de 
perles  fines.  Les  manches,  longues  et  bouffantes,  sont  ouvertes 
dans  toute  leur  longueur  sur  une  sous-manche  de  gaze  blanche  et 
rattachées  à  la  saignée  du  bras  par  un  gros  nœud  de  velours  noir. 

Nicolas  de  Saitit-Genis  (fils  de  François  et  d'Éléouore  le 
Gros,  petit-fils  de  Nicolas  et  de  Magdeleine  Jacobé  de  Faré- 
monl), conseiller  du  lloi  et  son  procureur  en  la  maréchaussée 
de  Joinville,  marié  à  Antoinette  Poirelle. 

Très  longue  perruque  Louis  XIV,  brun-foncé.  Robe  noire  avec 
riche  cravate  de  guipure  formant  rabat,  accompagnée  de  deux 
grosses  touffes  formées  par  des  coques  de  ruban  rouge. 

Sa  femme  : 

Antoinette  Poirelle, 

Robe  de  velours  noir  brodée  d'or,  ouverte  sur  un  devant  de 
brocart  d'or. 


550  LES    PORTRAITS    DE   FAMILLE 

Manteau  rouge  donhlô  de  bruCLirt  d'or,  dentelles  aux  manches 
et  au  corsage.  Elle  tient  des  roses  à  la  main. 

François  de  Saint-Genis  (fils  de  Nicolas  et  de  Autoiuetle 
Poirelle),  ué  eu  17li'J,  avocat  au  Parlemeut,  présideut-prévôt 
eu  la  prévôté  royale  de  Vilry,  marié  à  Marie- Henriette 
Jacobé  de  Frémont  de  Couvrot.  Il  est  mort  le  18  juiu  1781». 

Habit  de  ville  noir,  jabot  et  mancbettes  de  dentelle,  cheveux 
poudrés  demi-longs  ;  le  cordon  d'une  canne  à  pomme  d'or  est 
passé  autour  de  son  poignet. 

Sa  femme  : 

Marie-Henriette  Jncoié  de  Frémont  de  Couvrot,  fille  de 
François-Jacques  Jacobé  de  Frémont,  écuyer,  seigueur  de 
Couvrot,  AbJancourt,  Luxémont,  etc.,  conseiller  du  Roi, pré- 
sident-prévôt royal  eu  la  prévôté  de  Vitry,  sul)délégué  de 
riulendaut  de  Champagne,  et  de  Marguerite  Jacobé  de  Nau- 
rois.  Née  le  3  juillet  1715,  elle  épousa,  le  7  janvier  17o8, 
François  de  Saint- Geuis,  et  mourut  le  '^U  août  1788. 

Kobe  noire  à  capuchon  garni  de  dentelle,  petit  bonnet  en  den- 
telle blanche  avec  fanchon  noire.  Manches  courtes  à  volants  de 
dentelle.  Manchon  de  martre. 

Louis-Clair  de  Saint-Genis  (fils  de  François  de  Saint-Genis 
et  de  Marie-Henriette  Jacobé  de  Frémont),  ué  le  7  mars  1740, 
conseiller  du  Roi  et  président  au  grenier  à  sel  de  Vitry,  marié 
à  Saiut-Dizier  à  Jeanne  de  Mougeot. 

Cheveux  poudrés,  roulés  avec  na-ud  derrière.   Habit  noir,   cra- 
vate blanche  et  jabot  de  dentelle. 
Sa  femme  : 

Jeanne  de  Mougeot.  llUe  de  Jeau-Jérémie  de  Mougeot, 
maître  particulier  des  eaux  et  forêts  à  Saiut-Dizier,  et  de 
NicoUe  de  MoUerat.  Née  le  4  juin  1757,  elle  épousa  Louis- 
Clair  de  Saint-Genis  le  3  mars  1777,  et  mourut  le  8 mars  1798. 

CoilTure  très  haute,  poudrée,  relevée  sur  le  front  avec  longues 
boucles  tombant  par  derrière.  Kobe  de  soie  rose  très  pâle,  avec 
broché  blanc.  Fichu  Marie-Antoinette  en  blonde  blanche,  croisé  et 
dégageant  le  cou. 

François  Fagotin  d'Oultremont,  époux  de  A7me  de  Gyé  de 
la  /'erckcrie,  grand-pere  de  Nicolle  de  MoUerat,  femme  de 
Jean-Jérémie  de  Mougeot. 


DES   JACOBÉ   DE    PRINQY   DE   GONCOURT  SÎJt 

(irande  perruque  Louis  XIV.  Manteau  rouge   doubli'   de  brocart 
d'or  et  jabot  de  dentelle. 


Portraits  de  la  branche  des  JACOBÉ  DE 
FARÉMONT  et  du  Rameau  des  JACOBÉ 
DE  FRÉMONT.     

GALERIE  DE  M""'  MICHELET 

A    Vitry-le-François. 

(Sa  belle-mère  était  la  dernière  des  Jacobc  de  Frémont.) 


Jean  Jacobé  de  Frémont  d' A  blancourt,  chevalier,  seigneur 
de  Farémout  et  d  Ablancourt,  aide  de  camp  du  maréchal  de 
Tureune,  ministre  plénipotentiaire  en  Portugal  et  à  Stras- 
bourg-, né  à  Vilry  le  o  septembre  1G21,  mort  à  la  Haye  le 
8  octobre  IG'Jf)  ;  neveu  et  héritier,  avec  son  frère  Jérémie,  de 
son  oncle,  le  célèbre  Perrot  d' Ablancourt. 

Perruque  Louis  XIV  non  poudrée.  Manteau  brocart  d'or  et  bleu 
doublé  de  rouge  (splendide  portrait  ovale). 

On  lit  derrière  :  «  Jean  Jacobé  de  Frémont  d'Ablancourt,  fils  de 
«  Jean  Jacobé,  maître  particulier  des  Eaux  et  l'orêls  de  Vili;v,  et 
i<  de  Marie  Perrot,  sd'ur  de  ISicolas  Perrot  d'Ablancourt,  le  fameux 
«  traducteur.  —  Mort  garçon  à  la  Haye  en  tG96,  connu  par  plu- 
«  sieurs  beaux  ouvrages  dans  la  république  des  lettres,  « 

Jacques  I^''  Jacobé  de  Farémont,  seigneur  de  Couvrot  et 
Farémout  (llls  de  Gilles  II  Jacobé  de  Farémont  et  de  Catherine 
de  Godet),  échevin  en  lG26,  président  en  la  Cour  souveraine 
de  Commercy  pour  le  cardinal  de  Ketz,  époux  de  Marie  Cha- 
pero7i.  Il  est  mort  à  Vilry  le  17  avril  IGGci. 

Perruque  longue  sans  poudre.  Robe  noire  de  magistrat  et  rabat 
blanc. 

François  F''  Jacobé  de  Farémont,  seigneur  de  Couvrot, 
Villotte.  Luxémont,  écuyer,  né  en  1621  (fils  de  Jacques  elde 
Marie  Chaperon),  conseiller  du  Roi  et  son  procureur  aux  trai- 
tes foraines,  président  en  la  Cour  souveraine  des  Grands  Jours 
de  Commercy  pour  W^  le  cardinal  de  Retz,  épousa  Françoise 
Jourdain  de  Chantereine.  Il  est  mort  le  17  janvier  nOii. 


552  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

Perruque  Louis  \1V  non  poudrée.  Robe  de  magistrat  et   rabat. 
Peint  à  90  ans. 
Sa  femme  : 

Françoise  Jourdain  de  Chantereine,  fille  de  Jean  Jourdain, 
seigneur  de  Chaulereine,  demeurant  à  Chàlons.  morte  à  Vitry 
le  2  juin  1080. 

Robe  de  damas  bleu-foncé  et  marron,  le  devaiit  du  corsage  en 
brocart  d'or  surmonté  de  dentelles.  Ceinture  à  boucle.  CoilTure  à 
la  Maintenon  en  dentelle  blanche  avec  barbes  retombantes.  Peinte 
à  80  ans. 

(Les  portraits  de  François  Jacobé  de  Farémont  et  de  Françoise 
Jourdain,  sa  femme,  sont  à  Concourt  en  plus  jeunes.) 

Louis  P^  Jacobé  de  Frémont,  seigneur  de  Couvrol  (fils  de 
François  \"  Jacobé  de  Farémont  et  de  Françoise  Jourdain  de 
Chantereine),  écuyer,  né  le  18  mars  1659,  conseiller  du  Roi  au 
bailliage  et  siège  présidial  de  Vitr3%  marié  en  premières  noces, 
le  o  mars  1688,  à  Marie- Charlotte  Châlons,  et  eu  secondes,  le 
6  juillet  1699,  à  Anne  Domyné  des  Landres.  Il  est  mort  le 
11  décembre  1728. 

Perruque  demi-longue  sans  poudre.  Robe  noire  et  rabat. 
Sa  femme  : 

Marie- Charlotte  Chàlons,  lille  de  Charles  Chàlons,  conseil- 
ler au  présidial  de  Ghaumoul,  etdeD"^  Charlotte  de  Héuusson, 
née  le  3  janvier  1064,  morte  le  2  juillet  1693. 

Cheveux  bruns  tombant  en  boucles  sur  les  épaules.  Robe  vieil 
or  décolletée  garnie  de  dentelles.  Crand  manteau  bleu. 

François- Jacques  Jacohé  de  FrémonL^  seigneur  de  Couvrot, 
Ablaucourl,  Luxémont,  né  le  3  avril  1689  ^fils  de  Louis  I^'* 
J.  de  Frémont  et  de  Marie-Charlotle  Chàlons),  écuyer,  prési- 
dent-prévôt roval  en  la  prévôté  de  Vilry,  subdélégué  de 
M"""  l'intendant  de  Champagne  au  déparlement  de  Vitry,  marié 
le  28  septembre  1711  à  Marguerite  Jacobé  de  Naurois.  Il 
est  mort  le  30  décembre  1757. 

Perruque  Louis  .\1V.   Habit  de   velours   rouge,  jabot  garni  de 
dentelles. 
Sa  femme  : 

Marguerite  Jacobé  de  Naurois,  fille  de  Louis  Jacobé  de 
Naurois,  conseilb-r  du  Roi,  président-lré.'^orier  de  France  de  la 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT  553 

généralité  de  Champagne,  el  de  Jeanne  de  Mauclerc.  Née  le  30 
octobre  1685  à  Araslerdam. 

Robe  de  brocart  d'or  et  d'argent,  manteau  de  velours  grenat 
doublé  de  drap  d'or.  Agrafes  el  barrettes  en  pierreries  de  couleur 
au  corsage  décolleté  et  aux  manches.  Coques  de  velours  bleu  dans 
les  cheveu.^. 

(Très  beau  portrait.) 

Louis  II  Jacohè.  de  Frémonl,  chevalier,  seigneur  d'Ablan- 
court,  FrémoDl  et  Couvrot  (fils  de  François-Jacques  de  Fré- 
mout  et  de  Marguerite  Jacobé  de  Nauroisj,  né  le  19  mars  1714, 
capitaine  de  grenadiers  au  régiment  de  Noailles,  puis  à  ceux 
de  Cusiincs  et  de  Sainl-Chamond,  chevalier  de  .Saint-Louis, 
marié  le  7  janvier  17  4  4  à  Marie- Anne  de  Salligny  /'■^ 

Uniforme  de  capitaine  dos  grenadiers,  habit  blanc,  revers  et 
parements  rouges,  jabot  de  dentelle,  épaulette  à  gauche.  Croix  de 
Saint-!. ouis.  Tient  un  plan  de  Strasbourg. 

Derrière  la  toile  on  lit  :  «  Louis  Jacobé  de  Frémont,  chevalier 
«  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  capitaine  au  régi- 
«  ment  de  Saint-Chainond.  infanterie,  aujourd'hui  Dauphiné, 
<<  peint  en  \''i\  Agé  de  "21  ans,  lils  de  François  Jacobé  de  Couvrot 
«  et  de  Marguerite  de  Norois.  » 

Sa  femme  : 

Marie- Anne  de  Sallignij  P^,  fille  de  Louis  de  Salligny, 
conseiller  et  avocat  du  Roi  au  bailliage  de  Vitry,  et  de  Marie- 
Anne  Dombasle. 

Corsage  de  velours  grenat,  plastron  brun,  manteau  de  soie 
rouge, 

Louis-François  Jacobé  de  Frémont,  seigneur  de  Couvrot, 
Frémoat  et  Ablancourt,  né  à  Viir}'  le  7  septembre  1756,tilsde 
Louis  II  Jacobé  de  Frémont  et  de  Marie- Anne  de  Salligny  P'', 
capitaine  au  régiment  de  Beauvoisy-infauterie,  conseiller  du 
Roi  en  ses  Cours  de  Parlement,  Chambre  des  Comptes  et 
Cours  des  Aides  réunis  à  Metz.  Marié  à  Vitry  le  lû  septem- 
bre 1781  à  Marie-Amie  de  Salligny  II'',  sa  cousine  germaine, 
fille  de  Louis-Antoine  de  Salligny,  seigneur  de  Montilleu, 
président  trésorier  de  France  au  bureau  des  finances  de 
Champagne,  el  de  Jeanne  de  Saint-Genis. 

Il  est  mort  à  Vitry  le  16  mai  1825. 

Uniforme  de  lieutenant.  Habit  blanc  avec  bandes  bleu-foncé, 
revers  et  parements  du  même  bleu;   trèfle  d'argent  sur  l'épaule 


554  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

droite,  épaulelle  d'argent  sur  la  gauche.  Tient  un  livre  intitulé  : 
Tactique  de  Guibcrt. 

Derrière  la  loile  on  lit  :  «  Louis-t'rançois  Jucobé  de  Frémont. 
«  lieutenant  au  rrgimont  de  Heauvoisy,  infanterie,  peint  en  1778. 
«  âgé  de  il)  ans.  Conseiller  au  Parlement  de  Metz  en  1781  ;  fils  de 
e  Louis  Jacobé  de  Fréniont  et  do  Marie-Anne  de  Salligny,  a 
«  épousé  Marie-.\nne  de  Salligny,  sa  cousine  germaine.   » 

Du  même  une  miniature.  Habit  noir  et  jabot  do  dentelle. 

Lonis-Roch  Jacobé  de  Fréniont  (fils  de  Louis-Frauçois  et  de 
Marie-Anue  de  Salliguy  11^),  né  le  8  septembre  1784,  capi- 
laiue  des  grenadiers  de  la  garde  du  roi  d'Espagne,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur  et  des  Deus-Siciles,  marié  le  27  septem- 
bre 1812  à  Elisabeth  Jacobé  de  Pringy  de  Goncoîirt. 

Deux  portraits  au  château  de  (joncourt  :  l'un  au  crayon  noir,  eu 
uniforme  de  grenadier  de  la  garde  avec  croi.x  des  Deux-Siciles,  et 
un  autre,  miniature,  en  habit  bleu  à  boutons  d'or,  et  sa  femme, 
corsage  décolleté  velours  noir  garni  de  blonde  blanche  avec  man- 
ch'is  de  blonde  et  collier  de  grenat. 

Louis  Roch  est  le  dernier  Frémont,  il  est  mort  sans  enfants 
le  "27  avril  18L»0  ;  sa  sœur  Anne-Julie,  mariée  le  l^""  juillet  181tJ 
à  Paraclet  Mic/ielet,  colonel  d'artillerie,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  fils  de  Jacques-Fran- 
çois Michelel  et  de  Calherine-Élisabeth-Auguste  Uorayné  du 
Fays,  a  seule  eu  postérité  ;  les  portraits  de  famille  de  la  bran- 
che des  Fiémont  .«ont  donc  en  possession  de  la  veuve  de  son 
fils  Louis-Léon  Michelet,  né  le  1 2  Janvier  1 820,  mort  à  Vilrj  le 
7  décembre  1892, 

Marie-Caroline  Jacobé  de  Frémont,  lille  de  Louis-François 
Jacobé  de  Frémont  et  de  Marie-Anne  de  Salligny  IP  (et  sœur 
de  Louis  lioch  et  de  Aune-Julie  Michelel),  née  le  11'  septem- 
bre 1707,  mariée  le  28  novembre  1817  à  Louis  de  Normandie, 
chef  d'escadron  au  If^""  carabiniers,  chevalier  de  Saint-Louis, 
officier  de  la  Légion  d'honneur.  Morte  sans  enfants  le  22  juin 
1«78. 

Miniature.  Robe  de  mousseline  blanche  décolletée,  avec  écharpe 
l)leu-ciel. 

Louis- François  de  ViUiers,  seigneur  de  Villiers- en- Lieux  et 
de  la  Robiche,  lieutenant- colonel  au  régiment  de  Louvigny, 
époux  de  Suzanne  Jacobé  de  Naurois  de  Goncourt,  née  en 
1()8'J,  lille  de  Louis  II  Jacobé  de  Maurois,  écuyer,  seigneur  de 


DES    JACOBK   DE   PRINGY    DE    CiONCOUKT  05  0 

Naurois,  Luxémonl  el  (lOiicourl.  président  trésorier  de 
B'rance  de  la  généralité  de  Chainpague,  et  de  Jeauiie  de  Mau- 
clerc,  et  sœur  de  la  l'emme  de  François-Jacques  Jacobé  de 
Frémonl  de  Couvrot. 

Grand  portrait  ovale,  superbe,  avec  oadre  d'une  grande 
richesse.  Cheveux  Idonds  houclés.  Lar^i^'e  cravate  noire,  cuirasse  en 
acier  garnie  d'or  et  de  velour,s  rouge.  Un  giaiid  manteau  rouge 
jeté  sur  l'épaule. 

Derrière  la  toile  on  lit  :  «  Louis  de  Villiers,  seigneur  de  Villiers- 
«  en-Lieux  et  lieutenant-colonel  au  régiment  de  Louvigny,  infante- 
«  rie,  époux  de  Suzanne  Jacohé  de  Naurois.   » 

Marie-Magdflei7ie  Jacobé  de  Naurois  (tille  de  Louis  II  Jacobé 
de  Naurois  et  de  Jeanne  de  Mauclerc),  née  le  8  février  1705, 
mariée  le  2(S  janvier  1722  à  Claude-François-de  Paul  du  Bois, 
président  et  lieuleuaut  général  au  bailliage  de  Saiut-Dizier, 
subdélégué  de  Msr  l'intendant  de  Champagne.  Elle  est  morte  à 
Chancenay  le  16  juin  172G  ;  lui  est  mort  à  Saiut-Dizier  le  18 
septembre  1773,  sans  enlauts. 

Magnifique  portrait  ovale.  Coill'ure  haute  poudrée  ;  corsage 
décolleté  en  carré,  en  soie  gros-vert,  avec  broderies  or  sur  le 
devant  et  aux  manches  fendues,  retenues  par  des  barettes  et  des 
agrafes  en  or  et  pierreries,  et  laissant  voir  des  sous-manches  blan- 
ches garnies  de  guipure.  Plastron  de  drap  d'or  avec  laçures  de 
galon  d'or  retenant  le  corsage  vert.  Manteau  rouge  jeté  sur 
l'épaule. 

Portrait  d'un  Jacohé  de  F lémont  avec  les  armes  au  coin  : 
d'azur  au  fer  de  moulin  d'argent,  lambei  et  épis  d'or. 

Costume  noir,  grand  col  plat  rabattu  ;  cheveux  courts. 

Paul  Michelet,  avocat  au  Parlement  de  Vitry,  procureur  du 
Roi  aux  traites  foraines,  lils  de  Paul  Michelet  et  d'Elisabeth 
Tisserand,  marié  eu  premières  noces  à  Louise  Deu,  en  secon- 
des noces  à  Elisabeth  dt>,  Marolles. 

Grande  perruque  Louis  XIV  non  poudrée,    robe  de   magistrat, 
rabat  blanc. 
Sa  femme  : 

Elisabeth  de  Marolles,  fille  de  Pierre  de  MaroUes,  avocat  du 
Roi  à  Sainte-Menehould,  marié  le  It)  may  1019  à  Jeanne 
Jacobé. 

Corsage  décolleté  en  brocart  marron   à   Heurs   rouges  ;  agrafes 


556  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

de  pierreries  ;  manches  blanclies  avec  dentelle;  un  rang  de  gros- 
ses perles  au  cou.  Cheveux  noirs  formant  longues  boucles  de  cha- 
que côté.  Petite  coiffure  de  dentelle  blanche. 

Jacques-François  Michelel  (beau-père  de  Aune-Julie  Jacobé 
de  Frémont),  juge  au  Tribunal  civil  de  Vitry-le-François, 
marié  (vers  17.'''J)  à  Catherine-Élisabeth-Auguste  Domyné  du 
Fays. 

Perruque  poudrée,  habit  marron  à  broderies  blanches  ;  gilet 
bleu-clair  avec  broderies  blanches;  chapeau  à  claque  sous  le  bras. 

jy"'«  de  Pé(j07i,  née  Domyné  du  Fays,  sœur  de  la  femme  de 
Jacques- François  Michelel,  et  tante  de  Anne-Julie  de  Fré- 
mont. 

Coiffure  poudrée  à  la  Marie-Antoinette,  ornée  de  perles  avec 
aigrette  ;  robe  de  satin  blanc  à  rayures,  garnie  de  fourrure,  rose 
au  corsage  ;  ruban  rayé  bleu  et  blanc  autour  du  cou  et  en  nœud 
sur  le  devant  du  corsage. 

Joli  portrait  dans  un  cadre  ovale  Louis  XVI  à  nœud. 

Une  demoiselle  Domyné  du  Fays,  sœur  de  M""'  Jacques- 
François  Michelet  et  de  M'"^  de  Pégon,  faisant  pendant  à 
celle-ci.  Elle  n'a  pas  été  mariée. 

Rol)e  bleu-ciel  garnie  de  galons  d'or  formant  brandel^ourgs  sur 
le  devant  du  corsage  décolleté  en  carré  ;  guipure  blanche  ;  che- 
veux plats  poudrés  avec  petite  tleur  bleue. 

Même  cadre  Louis  XVF  que  le  précédent. 

N.  Domyné  du  Fays,  père  de  M"'*  Jac(]ues-Frauçois  Michè- 
le!, de  M"'^  de  Pégou  et  de  leur  sœur. 

Chevelure  longue  non  poudrée,  habit  bleu  brodé  d'or  avec  bou- 
tons d'or.  Gilet  brocart  d'or  ouvert  sur  une  longue  cravate 
blanche. 

Trois  dames  Domyné  du  Fays  en  magnifiques  costumes 
mythologiques,  ce  qui  était  de  mode  à  la  cour  de  Louis  XV, 
où  ces  dames  élaieul  admises. 

1°  La  Dame  à  la  l'erle. 

Grand  portrait  presque  en  pied.  Costume  de  Cléopiitre,  robe 
décolletée  rayée  rouge,  bleu,  vert  et  Idanc,  corsage-cuirasse  en 
argent,  le  bas  découpé  en  festons  qui  sont  bordés  de  perles. 
Bandoulière  en  pierreries  de  couleur  ;  les  cheveux  en  petites  frisu- 


DES    JACOBÉ    DK    PRINGY    DE    QONCOUUT  o57 

res  à  la  Sévigné  sur  le  devant,  formant  derrière  de  longues 
mèches  enroulées  de  perles.  Couronne  de  perles  posées  en  arrière. 
(Grosses  perles  au  cou  et  aux  oreilles.  Long  manteau  bleu  doublé 
de  jaune  qu'elle  retient  d'une  main,  tandis  que  de  l'autre,  qui  est 
tendue,  elle  tient  une  grosse  perle  en  forme  de  poire.  Elle  est 
debout  sur  une  terrasse  avec  balustres  en  pierre  ;  dans  le  lointain 
on  aperçoit  le  iNil,  dans  les  eaux  duquel  se  joue  une  bande  de  cro- 
codiles. Splendide  costume  avec  profusion  de  perles  et  pierreries. 
Époque  Louis  .\IV. 

2"  La  Dame  au  Costume  de  Flore. 

Robe  blanche  en  mousseline,  tunique  rouge,  doublée  de  jaune, 
à  la  Romaine,  retenue  sur  les  épaules  par  des  pierreries.  La  tête 
est  oriiée  de  tleurs  ;  elle  s'appuie  d'un  bras  sur  un  coussin  de 
velours  bleu,  de  l'autre  elle  élève  en  l'air  une  couronne  de  Heurs. 

3"  La  Dame  à  la  Toque. 

Robe  de  damas  d'argent  brodé  d'or,  la  robe  a  de  très  larges 
manches  garnies  de  galon  d'or:  barrettes  de  pierreries.  Manteau 
rouge  bordé  d"or.  Cheveux  poudrés,  très  longue  boucle  descendant 
jusqu'à  la  taille.  Toque  noire  avec  bord  rouge  et  gros  nœud 
blanc.  Elle  cueille  une  branche  de  fleur  d'oranger  sur  un  arbuste 
placé  à  côté  d'elle  et  s'apprête  à  la  placer  dans  son  corsage. 

Peint  par  Lefranc, 


Portraits  de  la  branche  des  JACOBÉ 
DE  NAUROIS. 


GALERIE  DE  M.  JACOBE  DE  NAUROIS 

Au  Château  du  Bousquet,  par  Port-Sainte-Marie  (Lot-et-Garonne). 


Louis  Jacobé  de  Naurois^  seigueur  de  Goncourt,  écuyer  (fils 
de  Heury  et  de  Jeanne  de  Mauclerc),  né  le  16  février  1ti56, 
conseiller  du  Roi,  président  trésorier  de  France  de  la  généra- 
lité de  Champagne,  mort  le  23  mai  1723. 

Chevelure  Louis  XIV  non  poudrée,  manteau  de  brocart  d'or 
doublé  de  rouge  et  jabot  de  dentelle. 

Jeanne  de  Mauclerc^  femme  du  précédent,  née  le  9  octobre 


558  LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE 

1663,  fille  de  Daniel  de  Mauclerc  el  de  Jeanne  Éal.  Mariée  le 
14  janvier  168o  à  Louis  Jacobé  de  Naurois. 

Robe  de  damas  blanc,  manteau  de  velours  rouge  retenu  sur 
l'épaule  par  des  agrafes  de  perles. 

Louis  Jacobé  de  Naurois,  autre  porlrail. 

«•rande  clievelure  non  poudrée.  Tunique  noire  avec  crevé.s  vieil 
or  sur  l'épaule  ;  broderies  d'or,  (à'avate  de  guipure  avec  nœud 
rouge. 

Jehanne  Jacobé  de  Naurois,  vicomlospe  de  Morel-Vmdé 
(fille  de  Louis  et  de  Jeanne  de  MaucltMc),  née  le  30  oclobre 
1685. 

Cheveux  poudrés  avec  roses.  Corsage  décolleté  en  satin  blanc 
avec  revers  roses  et  écharpe  de  même  couleur.  Manteau  bleu  jeté 
sur  les  épaule.-^. 

Portrait  ovale. 

Vicomte  dt  M  or  e  l-  Viudé  [Pierre-Benolsi  Morel),  seigneur  de 
Vindé,  la  Boucherelle.  le  Mci.\,  Bricon,  Boistiroux,  Saint- 
Esprit,  elc.  Prés^ideul  eu  la  Cour  des  Ailes  de  Paris,  ué  à 
Charleville  en  1075,  lils  de  Mariu-Bazile  de  Boisliroux, 
vicomle  de  Morel- Vindé,  directeur  des  domaiues  de  France,  et 
de  D'"«  Anthoinelte  CoUart. 

Marié  le  2'J  septembre  1703  à  Jeaune  Jacobé  de  Naurois,  et 
décédé  à  Paris  le  17  avril  1735. 

Grande  chevelure  non  poudrée,  habit  de  brocart  d'or,  jabot  de 
dentelle  et  ample  manteau  rouge. 

Une  miniature  de  Jeanne  Jacobé  de  Naurois,  vicomtesse  de 
Morel- Vindé,  peinte  en  1703,  très  jeune,  les  épaules  nues. 

Nicolas  Perrot  d'Aùlancourt,  le  célèbre  traducteur,  ué  en 
1606,  mort  eu  1664.  Fils  de  Paul  Perrot  de  la  Salle  d'Ablau- 
court  et  de  Auiie  des  Forges. 

«  ÀSicolas  était  frère  de  Marie  Perrot,  d' Ahlancourt,  mariée 
le  4  juin  \'()\'6 -a  Jean  V  Jacobé,  seigneur  de  Lnxémout,  Fré- 
inont  el  Ablancourl;  leurs  deux  fils  Jean  de  Frémoui,  miuis- 
Ire  plénipotentiaire  de  Louis  XIV,  el  Jérémie  d'Ablancourl, 
officier  au  régiment  de  Duras,  furent  les  hériliors  de  Nicolas 
Perrot  d'Ablancourl   ». 

l'ortrait  ovale.  Barbe  rousse.  (>hevcux  noirs  coupes  courte.  CjVt^- 
lume  noir,  col  uni  rabattu.  Il  tient  à  la  main  le  volume  des  Belles 
Infidèles. 


DES    JACOBÉ    DE    PRINGY    DE    GONCOURT  559 

(Il  existe  aussi  un  beau  porlrait  original  au  Musée  de  Chà- 
lons-sur-Marne.) 

Pierre- Claude  Colin  de  Morambert,  seigneur  de  Riberpré, 
prévosl  d'Éclaron.  époux  de  Marie-Catherine  Placine,  beau- 
père  de  Louis  III  Jacohé  de  Naurois  d'Ablaucourt,  écuyer, 
seigneur  desdits  lieux,  Concourt  et  BlumereJ,  capitaine  au 
régiment  de  Meuse,  oi'ficier  de  la  maison  de  M;-''  le  duc  d'Or- 
lé'ius,  qui  avait  épousé  à  Saint-Dizier,  le  'JO  février  1726, 
Louise- Dorothée  Colin  de  Morambert. 

Perraque  Louis  XIV  non  poudrée.  Bobo  noire,  rabat  blanc. 
Sa  femme  : 

Marie- Catherine  Racine ^  lille  aînée  de  Jean  Racine,  le 
fameux  poète,  et  de  Catherine  de  Koraanet.  Née  en  1670, 
mariée  le  7  janvier  1G99  à  M.  Colin  de  Morambert,  et  morte  'e 
fi  décembre  1751. 

Cheveux  hauts  non  poudrés  tombant  en  longues  boucles  sur  les 
épaules.  Robe  de  satin  blanc  avec  broderies  d'or  sur  le  devant. 
Manteau  rose  jeté  sur  les  épaules  et  rattaché  à  une  manche  par  des 
dentelles  d'or  et  une  agrafe  de  diamants.  Barrettes  de  diamants  en 
haut  du  corsage  dont  Tintérieur  est  garni  de  guipures. 

Jean  Racine,  l'auteur  <ïAthalie,  né  à  la  Ferlé-Milon  le 
21  décembre  1(339,  fils  de  Jehan  Racine  et  de  Jehanne  Sconin. 
Marié  le  l"^'  juin  1677  à  Catherine  de  Romand,  fille  d'un  tré- 
sorier de  France.  Bisaïeul  de  Claude-Louis  Jacobé  de  Naurois. 

Chevelure  Louis  XIV  non  poudrée,  habit  bleu-ciel  brodé  d'or 
doublé  de  satin  bleu,  gilet  bleu,  jabot  de  guipure. 

Magnifique  portrait  ovale  peint  par  J.-B.  Santerre,  qui  vivait  de 
16d0  à  1717.  11  a  été  gravé. 

Claude- Louis  Jacohé  de  Naurois  (fils  de  Louis  III  et  de 
Louise-Dorothée  Colin  de  Morambert),  écuyer,  seigneur  de 
Naurois,  les  Marquets  et  Villers-Saint-Paul,  né  à  Langres  le 
6  juin  1741,  député  de  Paris  au  Corps  législatif  en  1808, 
administrateur  de  Saint- tjobaiu,  marié  le  21  février  1772  à 
Catherine-Rosalie  Guérin  de  la  Marre. 

Uniforme  de  député  de  Paris  eu  1808,  culotte  blanche,  habit 
noir  avec  broderies  or  sur  le  devant  et  sur  les  manches.  Cravate 
et  gilet  blancs,  croix  de  la  Légion  d'honneur.  Buste  de  Racine 
dans  le  fond. 

Miniature  du    même   Claude-Louis  Jacobé   de   Naurois,   faite  à 


560  LES  PORTRAITS    DE    l'A  MILLE 

l'époque  de  son  mariage  (1772).  Cheveux    roulés,    habit  marron, 
cravate  blanche  (signé  Olivier  l-aïubeit,  4  mai  1"~2}. 

Gérard-Marie  Jacohé  de  Naurcis  (fils  de  Claude-Louis  et 
de  Calheriue-RosalieGuériu  de  la  Marrej,  écuyer,  iié  à  Paris  le 
lu  uiai  1773,  ol'ticier  d'artillerie  puis  ingéuieur  des  mines  ; 
s'est  fixe  eu  Lauguedoc  vers  1797  et  a  épousé,  le  2G  février 
1797,  Marie-Gabrielle-Rose  de  Solages.  Il  est  mort  à  Paris  le 
le'juiu  1824. 

Habit  bleu  à  boulons  d'or,  gilet  blanc,  cravate  blanche,  croix  de 
la  Légion  d'honneur.  Il  est  appuyé  sur  une  table  et  tient  un 
volume  de  Racine.  On  aperçoit  dans  le  fond  le  château  de  Saint- 
.Mauris  qu'il  avait  bàli  prè's  de  Carmaux  dont  il  possédait  une 
partie. 

Du  même  une  miniature  faite  en  1798.  Habit  bleu,  gilet  jaune, 
cravate  blanche  avec  épingle  d'or. 

Auguste-Louis  Jacohé  de  Naurois  (fils  de  Gérard-Marie  t't 
de  Marie-Gabrielle-Hose  de  Solages),  ué  le  2  m;:rs  18Uo. 

Costume  civil  de  l'époque  de  la  Restauration.  Rodingole  et 
large  cravate  noire.  11  tient  ouvert  un  volume  dos  Œuvres  de 
Racine  en  grand  format,  avec  couverture  aux  armes  des  Naurois. 
Fond  de  rideaux  rouges.  Le  portrait  est  peint  en  1838  par  Rouil- 
lard. 

En  pendant,  sa  femme  : 

Marie-Gabrielle  de  Solages,  lille  de  Gabriel- François, 
vieomle  de  Solages,  et  de  sa  seconde  lemuie  Marie-Frauçoise- 
Joséphiue  Gorrégée  du  Tertre,  mariée  à  Toulouse,  le  15  juin 
1830,  a  Auguste- Louis  Jacobé  de  Naurois. 

Grand  portrait  presque  en  pied.  Cheveux  blonds  formant  bou- 
cles de  chaque  côté  du  visage.  Robe  de  mousseline  blanche  décol- 
letée, ceinture  bleu-ciel  Klle  tient  un  bouquet  de  tleurs  et  s'ap- 
puie sur  une  table. 

Uu  même  Auguste-Louis  Jacobé  de  Naurois,  une  miniature. 
Habit  noir  avec  transparent  blanc.  (Cravate  noire. 

Albert-  Gabriel-  Gérard  Jacobé  de  Naurois  (tils  de  Auguste- 
Louis  et  de  Marie-Gabrielle  de  Solages;.  ué  à  Toulou.se  le 
29  jaûvier  1833,  marié  le  17  juiu  i8tJ7  à  Louise- Paule-Maric- 
Octavie  de  Sevvi-Lislc. 

Cheveux  blonds,  barbe  de  même  nuance.  Redingote  noire.  Cra- 
vate bleu-foncé. 


DES   JACOBÉ    DE    PRINGY    DE   GONCOURT  b61 

François  ■  Gabriel,    vicomte  de  Solages,   marquis  de  Car- 
meaux  (beau-père  de  GéianlMarie  Jacobé  de  Naurois). 

Habit  bleu,  gilel  blanc  avec  revers  rougi^s,  jabot  de  dentelle. 
(Miniature.) 

C.   DE  G. 


36 


Glossaire   du   Mouzonnais 


Survé-iier),  v.,  surveiller.  —  P.  p.,  survé-iie. 

Surveille,  s.  f.,  avant-veille.  Est  courant  dans  notre  patois. 

A  feste  toz  seins  la  soroeille 
Avint  en  l'ost  une  merveille. 

(Eslcirc  de  la  guerre  sainte) 

Survéni(r),  v.,  survenir.  —  Se  conjugue  sur  veni{r). 

Li  englieze  li  sorcenroit  solonc  che  que  il  auroit  fait. 

[Chron.  de  Stavelot) 

Surviv(r)e,  v.,  survivre.  —  Il  ai  survivu  —  J'survi(v)rai. 

Sur(v)oir,  v.,  apercevoir,  voir  faiblement,  comme  à  travers 
les  paupières  closes.  —  Est-ce  qu'à  l'paav'  Louis  n'est  mi  aoùle, 
do>i(c)  ?  —  Xon,  mais  quasi  :  i  suroît  co  n' miette. 

Chastiau  de  fust  (bois)  dont  l'en  povoit  surveoir  toute  la  ville. 

(Guillaume  de  Tyr) 

Lors  montèrent  par  les  anguardes 
Pur  surveir  se  il  trovassent 
Nul  Ture  à  qui  il  se  mellassent. 

[Estoire  de  la  (jucrrc  sainte) 
Sus,  pr.  —  Voy.  Sur. 

Sus  bout,  adv.,  debout,  levé,  occupé.  —  Voj.  Bout.  —  Lacurne 
signale  surboul  et  cite  ; 

Apres  que  icellui  Drouet  ot  mengié  ung  mors  de  pain  et 

beut  une  lois  surbout  a  la  table  où  souppoil  le  suppliant 

(L.  de  rem.,  1459) 

Noslre  grant   roy    Henry  s'estoit  remis  sus  bout  avec  une 

très  bonne  armée. 

(BrantùniB) 

Et  les  tonneau.\  lirent  meclre  sur  bout. 

(Chron.  de  Du  Guesclin) 

JSÛzon,  suzeau.  —  Voy.  Sûgnon.  —  Sureau. 
•  Voir  page  416,  lome  X  de  la  Revue  de  Champagne. 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  563 


Taba(c)  [faire],  expr.  s'arrêter,  cesser  de  travailler,  se  repo- 
ser :  et  pendant  ce  temps  on  allume  du  tabac. 

Tàbellier,  s.  m.,  tablier,  dit  aussi  d'oaiUicfr),  et  aussi  idblic(r). 

Tab(l)e,  s.  f.,  table. 

Tachemauder.  v.,  remuer,  mélanger  des  li(|uides  plus  ou 
moins  singuliers  ;  barbotter  dans  Feau  de  vaisselle  ;  verser  d'une 
écuelle  dans  un  autre  vase,  sans  soin,  salement,  des  corps  liqui- 
des ou  simplement  coulants. 

Tachie(rj,  v.,  tacher,  faire  des  taches.  —  P.  p.,  Lachie. 

S'elle  est...  D'aucun  vilain  péchié  lachie. 

(Watriquet,  la  Suis) 

Car  oies  noires,  qui  sont  tacliies  d'autre  color,  sont... 

(Li  Trésors) 

Tachu,  adj.  et  s.  Marqué  de  Lâches  de  vin,  spécialement  à  la 
figure. —  D'où  le  surnom  de  Tachu  donné  à  celui  qui  a  des  taches 
rouges  au  visage. 

Tahon,  s.  m.  —  Voy.  Ta-on. 

Tai,  part,  passé  du  v.  Taire.  —  Mais  jïi  n'm'ai  tai  quil  quand 
j'ii  ai  in  dit  tout  c'quiï  j'avos  à  ii  dcrc. 

Taile,  têie,  s.  t.,  vaisseau  hémisphérique  creu.x,  ordinaire- 
ment en  bois,  vase  appelé  quelquefois  vachai^  prononciation 
patoise  de  vaissel,  vaisseau.  —  Ce  mot  est  probablement  d'impor- 
tation allemande,  car  Tellcr  désigne  une  assiette.  Et  de  là 
résulte  qu'il  conviendrait  probablement  d'écrire  Telle. 

Taillant,  s.  m.,  marteau  en  forme  de  double  hache,  avec 
lequel  les  carriers  aplanissent  les  blocs  d'une  pierre  qui,  déjà,  est 
«  éblauchie  ». 

Item,  les  hestaux  des  serruriers,  vendans  taillans. 

(Estalage  de  Mons,  1614) 

Taillette_,  s.  f.,  petit  bois,  petit  taillis,  buissons  —  N'est  plus 
guère  employé  que  comme  nom  de  lieudit. 

Taillie(r),  v.,  tailler.  —  P.  p.,  laillie.  —  {A,  bref.) 


564  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Un  jor  voit  li  maislres  taillier. 

(Castviemenl) 
Taillier,  estoquer  et  rabatre. 

(G.  Guiart,  Roy.  liyn.) 

Gobert,  le  souverain  escripvain  (jiii  composa  l'art  d'escri- 
pre  et  de  taillier  jilumes. 

(Guilleberl  de  Metz) 

La  porte  fu  d'ivoire  taillie  noblement. 

{Rastars  de  Buillon) 

Et  si  esloit  (une  fenestre)  mult  bien  taillie. 

(Messire  Gauvain) 

Taire,  v.  Ju  m'tais,  Jii  mlaisos,  j  ni'ai  tai,  —  Tais-C ,  Tais-tu, 
taiss'tu,  tais-toi.  —  Taigez,  laisez-vous  (à  la  frontière)  ;  /  n'viri- 
rai  puis)  aslciir,  taigez.  —  Taire  .sa  langue,  cesser  de  parler 
(mal). 

Tes  tcij.,  maveys,  fet  le  roy. 

(Foulq.  Fitz  Warin) 

Si  taisiés  vo  langue  la  maie. 

(Roman  de  Ham) 

Tesiez,  d'ame,  n'est  mie  voirs. 

(Fabliau  de  Jean  le  Galois) 

La  première  vertu  et  plus  grant 
C'est  qui  scet  bien  sa  langue  taire. 

(Le  Rcsveur) 

Taler,  v.,  meurtrir  (un  fruil),  frapper,  cogner.  —  De  là  vient 
taloche,  coup,  gitle  ;  et  aussi  Talemouffe,  même  signification. 

Talurc.,  meurtrissure, 

(Cotgrave) 

Talemoufife.  s.  f.  —  Voyez  Taie?'.  ~  C'eot  probablement  talc- 
mousc. 

Donner  une  talemouse,  un  coup  de  poing. 

(Oudin,  Curiosités) 

Taleur,  t't-à-l'heure,  adv.,  tout  à  l'heure,  dans  un  instant^ 
il  y  a  un  instant.  —  Les  marchands  d'bues  ?  il  étainl  là  taleur. 
—  Eh  bin  !  à  t't  a  l'heure. 

Taller,  v.,  pousser  des  racines,  des  rejets,  à  côté  du  tronc 
principal,  multiplier.  —  Lblé  talle  fort  à  ce  momeni-ci.  —  La 
pousse  peut  se  dire  une  talle  (talea,  bouture).  —  Est  au  diction- 
naire. Voy.  Trochic(r). 

Talouner,  v.,  talonner,  taper  du  talon. 

Tamaint,  adj.,  augmentatif  de  maint,  beaucoup.  —  jV'y  an  ai 
maint  cl  xAMAiNt. 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  565 

Et  en  avons  fndiirt';  mainte  painne  et  tamainte  mésaise. 

(Froissart) 
Un  cornet  y  avoit  d'une  euvre  manovrée 

Qui  tureiure  a  non  en  tant  mainte  contrée. 

{Du  Guesclin) 

Tambouchie(r),  v.,  frapper  à  grands  coups  (de  bâton,  sur- 
tout). —  Quand  l'bve  es(l)  assoumé,  on  le  tambouche,  pi(s)  on 
l'gonfelle  aveu(c)  in  gros  choiiffiot,  pou(7')  l'écorchie(r)  après 
pufsj  aisiemat  :  Ça  fait  in  rude  train.  —  Cette  opération  est 
prévue  dans  une  ordonnance  de  la  ville  de  Reims  de  i3B9  :  «  Que 
les  bouchiers  ne  puissent  les  grosses  cbars  enfler  par  soufler,  par 
broyer,  par  poindre  de  Ijroches,  ou  de  cousteaulz,  es  ars  devant, 
ne  par  baUr  de  basions » 

Donc  oisiez  en  l'ost  tel  noise 

Tel  son  ei  tel  tambusteiz^ 

Batoient  hiaumes  et  chapels 

(Estoire  de  la  guerre  sainte) 

Tambourer,  v.,  tambouriner,  battre  du  tambour  ;  annoncer  à 
son  de  caisse.  —  Le  maire  ai  fait  tamboureu  qu'la  lierde  n'ai  pus 
l' droit  das  la  prairie. 

Tamigie(r),  v.,  tamiser,  passer  au  tamis.  —  P.  p.,  tamigie. — 
Via  d'ia  farine  moût  mal  tamigie  ! 

Et  j'ai  moult  souvent 
Tamisie  en  une  escafotte 
La  poudrette  parmi  ma  cotte. 


Tampone,  tampoune,  s.  f.,  bordée,  soûlée. 


(Froissart) 


Tamponer,  tampouuer,  v.,  faire  la  noce,  la  fête,  tirer  une 
bordée. 

Tandis,  prép.  adv.,  —  pendant.  —  J'ai  dit  mes  prières  tandis 
la  messe.  —  On  emploie  souvent,  avec  le  même  sens  :  atandis., 
c'est-à-dire  entendis.  —  Entin,  on  emploie  l'expression  :  don  tan- 
dis que. 

Et  je  Guilliumn  vueil  tandis 
Questionner. 

(Mir.  N.-Dame) 

Li  Empereres  leur  promis!  qu'il  les  sivroit  sans  demeure 
atout  grant  est,  et  leur  f^^roit  porter,  tandis.,  grant  pienté  de 
viandes  à  vendre. 

(Guillaume  de  Tyr) 

Escûutons  Dieu  et  faisons  ses  ditz 
Requérons  luy  pardon  :  enlenditz 
Retourner  il  pourra  sa  balance. 

(Le  resveur  avec  ses  resveriesj 


566  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Tané,  adj.,  fatigué,  harassé. 

Tantimolle,  s.  1'.,  pâle  frite,  sorte  de  crêpe.  —  Vo)-.  Vante. 

Tant  quii  (à  ou  pour).  —  Quant  à. 

Mais  je  vous  dis  tant  que  pour  ma  partie. 

(Froisaart) 
Tantôt,  s.  m.,  le  soir. 

Tant  seulemat.  exp.  adv.  —  Seulement,  à  peine,   pas  même. 

Vers  orient  a  une  gent 
Qui  lo  soleil  Idnt  seulement 
Deurent. 

(Imaye  du  Monde) 

Ta -on,  s.  m,,  grosse  mouehe  qui  se  tient  autour  des  bœufs  et 
les  pique. 

Escarbots,  tahons,  orvers,  hannetons. 

(Nouvelle  fabrique) 
Tosiors  doit  li  fumier  puir 
Et  talions  poindre  et  maloz  bruire. 

(Chrestien  de  Troyes) 

Taouner,  v.,  parler  en  grondant  (à  la  façon  des  ta-ons), 
grommeler,  se  plaindre.  —  /  faut  poiirtant  qu'elle  taoune  tou- 
jou(rs)  après  qiiéquiin. 

Tapageus,  s.  m.,  qui  fait  du  tapage,  du  bruit,  du  désordre 
bruyant. 

Tapagie  r),  v.,  faire  du  tapage. 

Taper,  v.,  jeter,  lancer,  se  débarrasser  en  projetant. — Tape 
tmites  les  épluchâtes  aux  pou-'ies.  —  ÎAPE-m  par  terre,  laid 
niche  ! 

Taque,  s.  f. ,  plaque  de  fonte  plus  ou  moins  historiée  que  l'on 
met  au  fond  de  l'âtre  d'une  cheminée. 

Immeuble  est  réputé  ce  qui  est  mis  en  certain  lieu  pour 
usage  particulier  d'une  maison  comme  tacques  ancrées  et 
cram])onnées  es  cheminées. 

(Xouv.  coutumier  général^  D'  Lacurne) 

Tarauder,  v.,  rôder,  chercher,  fureter,  renaît chie(r).  —  Se 
dit  aussi,  par  altération^  pour  takoter  (v.  ce  mot).  —  Enfin  signifie 
encore  battre,  donner  une  volée: — 77/ fli  taral'dé  l'cuir,  j'ai 
endommagé  sa  peau. 

Tarère^  s.  m.  Tarière,  à  percer  des  trous. 


GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS  567 

Therebruni,  tarere. 

(Voc.  lut.  fr.,  Mil'  s.) 

Plus  parfont  le  j)oindra  que  plétruis  de  larere. 

(Rom.  d'Alixandre) 

Kn  iiii  trou  de  larere  11  boute  errauraent  se  deux  pois  (pouces). 

(lier le  as  grans  pies) 

Siî  li  covient  coingnie 

Tarere  pour  percier. 

(EsUllemenl  au  vilain) 

Tarinée,  s.  f. ,  terrinée,  plein  un  vase  ;  en  général  une  quan- 
tité exagérée.  —  Tous  les  Jou(rs)  au  malin,  i  s'fouî-re  in  boune 
TARiNKE  d'café  ! 

Tariir),  v.,  tarir. 

Tarote,  s.  f.,  bavarde,  qui  tarole.  —  A  vHa  'n  Marie  t.\rote. 

Taroter,  v.,  parier,  babiller,  bavarder...  suituut  seul  et 
comme  à  soi-même. 

Tartouffe,  s.  f.,  ponmie  de  terre  (allemand  Karlolfel). 

Tarzer,  v.,  tarder.  —  Jezeuf  nii  r'vint  mi  donfcj?  —  0,'i  i  n' 
TABZF.RAi  mi  a  c^lheure. 

Je  vous  manrai  en  paradis 
Ja  ne  tarsera  mie. 

(Poètn.  relig.  Ane.   Texl'-s) 

Quant  t'avera  oïe 
Ne  te  tarsier  mie. 

( Chanson j  Ane.   Textes) 

Pour  Diu,  te  prie,  ne  large  pas. 

(I.i  biaus  Desconeusj 

El  li  sire  ne  tarja  mie. 

(Fabliau.  Dame  qui  se  venjaj 

Près  est  li  lens,  n'est  pas  iointeins, 

Ne  tarzera,  ja  est  sor  mains 

(Dr.  d'Adam) 
Moult  estoit  de  la  nuit  alée 
Ne  tarsait  gaires  l'ajornée. 

{Dolopalhos) 

Tarzif,  adj.,  tardif.  —  A  Chevèges  fai  vu  des  cerises  moût 
TARzivEs  :  071  ne  les  mangeât  qu'à  la  fin  de  septembre. 

Tas,  s.  m.,  prouonc.  de  temps.  —  J'n'ai  mi  /'tas  d't'écouler. 
—  Jii  n'saros  rester  pus  /o/î^tas. 


508  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Tassiau,  s.  ni.  Lieu  où  l'on  entasse,  empile  les  gerbes  ou  le 
foin,  dans  une  écurie  ou  un  grenier.  —  Le  tas  lui-même. 

Tatine,  tatouille,  s.  f.,  raclée,  coups. 

Tost  ont  donné  un  tatin 
A  Giuitirtr  ou  a  Martin. 

(Eust.  Doscliamps.  Lay  de  Vaillance) 

Tatou-iie(r),  v.  Battre,  donner  une  tatouille.  —  JH'al  ïatou- 
\\R  (Vin  belle  façon.  —  Aussi  lâler,  secouer,  chatouiller  :  Ne 
TATOUILLE  lui  ct  afiiiil  là  comuQ.  —  Et  enfin,  salir,  souiller. 

Tâtouner,  v.  Tâtonner. 

Tauche,  s.  f.,  tâche. 

Tauchie(r),  v.,  tâcher,  essayer,  viser.  —  P.  p.,  Imtchie.  —  Jii 
li  ai  du  qii'i  tauche  d'a(r)oi(r)  fini. 

Tduguie,  s.  f.,  raclée,  volée  de  coups.  —  Ali!  il  ai  reçu  'n 
belle  TAUGNiE.  sais-tu  ? 

Taug'nie(r)^  v.,  battre,  rosser,  rouler  dans  la  boue.  -  Je  nous 
ans  TAUGMEi'Syi  comme  i  faut,  à  la  fêle  à  Douzy. 

{A   suivre.)  N.  Goffart. 


NÉCROLOGIE 


Nous  avons  annoncé  la  mort  de  M.  i.oiiis  Lallement,  président 
de  seotion  à  la  l"""  Chambre  du  Tribunal  civil  de  la  Seine,  décédé 
à  Fays-Billot  (Haute-Marne),  le  24  août  1807,  à  l'âge  de  49  ans 
ijieciie,  1897,  p.  747). 

M    Lallement  était  né  à  Langres  le  27  mars  1848. 

Après  de  brillantes  études  au  lycée  Lonis-le-Grand,  où  il  fut 
deux  fois  lauréat  du  concours  général,  M.  Lallement,  docteur  en 
droit,  fut  attaché  au  ministère  de  la  Justice  en  1875  sous  la  direc- 
tion de  M.  Dufaure.  Il  fut  nommé  secrétaire  du  Tribunal  des 
conflits  en  I87G. 

Juge  suppléant  au  Tribunal  de  la  Seine  en  1881,  il  obtint,  en 
1883,  le  service  de  l'instruction.  Il  devint,  deux  années  plus  tard, 
secrétaire  en  chef  du  Parquet  de  la  Cour  de  cassation.  En  1892,  il 
quittait  ce  poste  pour  revenir  au  Tribunal  comme  juge  titulaire,  et 
enfin,  en  189G,  il  était  chargé  de  la  présidence  d'une  section. 

Il  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Dans  tous  les  postes  qu'il  a  occupés,  M.  Lallement,  magistrat 
d'une  érudition  sûre,  et  en  même  temps  d'une  affabilité  bienveil- 
lante, avait  su  faire  apprécier  les  éminentes  qualités  de  son  esprit 
et  de  son  co.'ur,  et  sa  mort  a  causé  de  profonds  regrets. 

E.  V. 


Le  peintre  Jules  Ruinart  de  Brimont  vient  de  mourir  à  Rilly-la- 
.Montagne  (Marne),  où  il  habitait  depuis  de  nombreuses  années. 

Jules  Ruinart,  issu  d'une  des  plus  anciennes  et  des  meilleures 
familles  de  la  Champagne,  était  né  à  Coblenz  pendant  un  séjour 
qu'y  faisaient  ses  parents,  en  1838.  Il  était  âgé,  par  conséquent, 
de  soixante  ans. 

Élève  d'Achenbach  à  l'Académie  de  Diisseldorf,  il  a  habité  r.\l- 
lemagne  pendant  dix-huit  ans,  pour  revenir  en  France  au  moment 
de  la  guerre  de  1870.  Depuis  celte  époque,  il  s'était  fixé  à  Hilly. 
Ruinart  a  peint  à  Reims  et  dans  toute  la  Champagne  de  beaux 
portraits  ;  il  avait  rapporté  de  ses  voyages  en  Allemagne,  en 
Bohême,  en  Angleterre,  en  Autriche  et  en  Italie  de  nombreux  cro- 
quis et  études. 

Il  peignit  aussi  des  tableaux  représentant  des  sujets  histori- 
ques, religieu.'ç,  ou  des  scènes  de  moeurs,  supérieurement  dessinés 
et  d'un  chaud  et  puissant  coloris.  11  a  exposé  très  irrégulièrement 
aux  Salons  de  Paris,  aussi  peu   soucieu.x  des  honneurs  que  de  la 


570  NÉCROLOGIE 

fortune,  Iravaillaiil  cl  vivant  pour  le  simple  amour  de  son  art, 
toujours  préoccupé  de  mieux  faire. 

On  a  vu  de  lui,  à  certaines  expositions  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts  de  Reims,  de  charmants  tableaux  de  genre. 

Aimable  causeur,  très  instruit,  modeste  et  simple,  Jules  Ruinart 
laisse  un  souvenir  bien  vif  parmi  ceux,  peu  nombreux,  qui  ont  pu 
l'approcher  et  pénétrer  dans  son  intimité. 


Le  gouverneur  général  de  IWfrique  occidentale  française  vient 
d'annoncer  au  ministère  des  Colonies,  qui  en  a  fait  informer  la 
famille,  que  M.  Georges  Bailly-Forfilière,  de  Roche-sur-Rognon 
(Haute-Marne),  officier  de  réserve,  qui  s'était  rendu  à  la  tête  d'une 
mission  dans  la  république  de  Libéria,  a  été  massacré  le  i6  mai 
dernier,  au  village  de  Zolon,  situé  entre  les  rivières  Koffa  et 
Saint-Paul. 

Un  des  compagnons  de  voyage  de  notre  compatriote,  M.  Pauly, 
de  Châtillon,  a  été  massacré  dans  les  mêmes  circonstances. 

M.  Bailly,  possesseur  d'une  grosse  fortune,  avait  précédemment 
organisé  uno  mission  dans  la  Ciuinée  trançaise,  d'où  il  était 
revenu  il  y  a  quelques  mois.  Il  avait  publié  un  livre  intéressant 
sur  son  voyage,  et  avait  reçu  du  gouvernement  les  palmes  acadé- 
miques. 

Le  23  juillet  1898  est  décédé  à  Reims,  chez  son  gendre,  M.  Léon 
Mauroy,  un  architecte  de  grande  valeur,  Pierre-Joseph-Edouard 
Deperthes,  architecte  diocésain,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
membre  correspondant  de  l'Académie  de  Reims. 

Son  histoire  se  résume  dans  la  nomenclature  de  ses  œuvres  : 
on  peut  dire  que  pour  lui  les  pierres  même  parleront. 

Né  à  Houldicourt  (Ardennes),  le  31  juillet  183.3,  de  parents  culti- 
vateurs, il  vint  de  bonne  heure  à  Reims  et  fut  un  des  meilleurs 
élèves  de  M.  Brunetle,  l'architecte  de  la  ville.  Son  premier  début, 
si  nous  avons  bon  souvenir,  fut,  en  iS.'ii-  ou  ISo.'î,  sa  collaboration, 
avec  Leblan  et  Keimbeau,  au  grand  projet  de  JNotre-Dame  de  la 
Treille,  de  Lille,  projet  qui  obtint  le  premier  prix. 

Successivement  inspecteur  des  travaux  d'architecture  de  la  ville 
de  Reims,  de  la  reconstruction  de  l'église  d'Argenteuil  et  de 
l'église  Sainl-Ambroise,  à  Paris;  architecte  en  chef  de  la  ville  de 
Brest  pendant  six  ans,  il  a  exécuté  les  travaux  suivants  : 

De  1857  à  1862,  la  construction  de  l'église  catholique,  à  Berne 
(Suisse),  à  la  suite  d'un  concours  ;  de  ISOil  à  1876,  la  reconstruc- 
tion de  la  basilique  de  Sainte-Anne-d'Auray,  toujours  à  la  suite 
d'un  concours  ;  de  1869  à  1873,  la  construction  de  la  nouvelle 
église  Saint- Martin,  à  Brest  ;  de  1873  à  188(1,  la  reconstruction  de 


NÉCROI-OGTR  571 

l'Hùtel  de  Ville  df;  Pari'?,  en  foilaboralion  aver,  M.  Th.  Ballu,  à  la 
suite  du  concours  ;  (il!  IST't  à  IST.'i,  l'oxi-culion  du  monument  de 
l'abbé  de  la  Salie,  à  Huuen,  en  collaboration  avec  M.  Falf,'uière, 
statuaire  ;  de  IHT.'i  à  I88U,  roxécution  de  la  partie  architecturale 
du  Chùteau-d'Kau  do  la  ville  de  Rouen,  également  en  collabora- 
tion avec  M.  Falguière  ;  de  18TG  à  1887.  la  reconstruction  de 
l'église  paroissiale  de  Séné,  prés  Vannes;  de  1876  à  1884,  la  res- 
tauration de  la  charmante  église  de  l'ancien  prieuré  de  Saint- 
Urbain,  à  Binson  (Marne)  ;  à  la  même  époque,  l'érection  d'un 
monument  élevé  à  Cliâlillon  sur-Marne,  à  la  mémoire  du  pape 
Urbain  II,  né  dans  celte  ville  :  la  ligure  est  de  M.  Roubaud  jeune, 
statuaire;  la  reconstruction  du  nouveau  prieuré  de  Saint  Urbain, 
à  Binson;  de  189U  à  1892,  la  construction  de  la  chapelle  de  l'hôpi- 
tal Auban-Moët,  à  Kpernay;  de  1890  i'i  1801,  la  construction  de  la 
chapelle  intérieure  du  Petit-Séminaire  de  Sainte-Annc-d'Auray  ; 
de  1891  à  1892,  l'exécution  de  la  partie  architecturale  du  monu- 
ment élevé  à  Sainte-Anne-d'Auray,  à  la  mémoire  du  comte  de 
Chambord  ;  de  1891  à  1892,  en  collaboration  avec  son  fils, 
J.  Deperthes,  l'exécution  de  la  partie  architecturale  du  monument 
commémoratif  de  la  Fédération  bretonne-angevine  de  1790  à  Pon- 
tivy.  Ua  figure  et  le  bas- relief  sont  de  notre  concitoyen,  le  sta- 
tuaire Chavailliaud. 

Il  a  obtenu,  au  cours  de  sa  carrière  :  cinq  premiers  prix 
(Berne,  Vannes,  Paris,  Rouen,  Oran)  ;  cinq  seconds  prix  (Ram- 
bouillet, Tours,  Paris,  Milan,  Saint-Nazaire)  ;  une  médaille  au 
Salon  de  186o  ;  un  prix  à  l'Exposition  universelle  de  1867  ;  une 
médaille  d'orà  l'Exposition  universelle  de  Lyon  en  1872  ;  enfin,  des 
médailles  et  des  mentions  honorables  à  Reims,  à  Paris,  au  Havre, 
à  Lille,  à  Grenoble,  à  Montpellier,  à  Amsterdam,  etc,  etc. 

Ayant  perdu  il  y  a  quelques  années  deux  de  ses  fils,  sa  santé 
s'altéra.  11  poursuivait  néanmoins  l'exécution  de  travaux  impoi- 
tants  à  Nantes  (construclion  d'un  palais  épiscopal),  à  Chàlons 
(Grand  Séminaire),  à  Epernay  (église  Saint-Pierre  et  Saint-Paul), 
etc.,  quand  la  mort  est  venue  le  frapper  à  Reims  au  milieu  de  sa 
famille. 

Cet  habile  architecte,  qui  ne  comptait  pas  moins  de  dix-huit 
églises  bâties  par  lui,  laisse  deux  lils  ;  Jules,  qui  a  obtenu  le  prix 
de  Rome  il  y  a  quelques  années;  Eugène,  sorti  de  l'Ecole  poly- 
technique et  officier  du  génie  ;  —  et  deux  filles,  dont  l'une  a 
épousé  un  peintre  déjà  hors  concours,  M.  J.-J.  Rousseau;  l'autre 
est  M"^  Léon  Mauroy. 

Les  obsèques  de  M.  Deperthes  ont  eu  lieu  à  Reims,  le  2o  juillet,, 
en  l'église  Saint-André. 

M.  Brunelte,  architecte  de  la  ville  de  Reims,  conduisait  le  deuil. 
Ce  dernier,  en  qualité  de  président  de  la  Société  des  Architectes 
de  la  Marne,  a  prononcé  un  discours  d'adieu. 

L'inhumation  a  eu  lieu  le  26  à  Paris,  à  l'issue  d'un  service  reli' 


y72  NKCROLOGIE 

gieux  qui  a  él^  célébré  à  dix  hf^ures  du  malin   en   la  chapelle  du 
cimetière  Montparnasse. 


On  annonce  également  la  mort  : 

De  M.  Henri  Sutaine,  avec  qui  disparaît  une  des  plus  anciennes 
et  des  plus  honorables  familles  de  Reims. 

Toute  une  série  de  membres  de  cette  famille  comptèrent,  à 
diverses  époques,  parmi  les  notabilités  rémoises. 

L'un  d'eux,  Pierre  Sutaine,  né  à  Reims  de  modestes  parents 
fabricants  de  pain  d'épice,  parvint,  malgré  son  humble  origine,  au 
rang  dabbé  de  la  Congrégation  des  Chanoines  réguliers  de 
Sainte-Geneviève  de  Paris.  11  fut  élu  le  quatorzième  général  vers 
i'36,  et  mourut  le  18  décembre  ITiiô,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois 
ans,  de  sa  profession  l'année  soixante-cinquième. 

Son  portrait  a  été  gravé  en  1738  par  Daullé.  On  rencontre  quel- 
ques lettres  de  lui  dans  la  Correspondance  de  Home,  aux  Archires 
des  Affaires  étrangères. 

M.  Maxime  Sutaine,  père  du  défunt,  a  laissé  une  réputation 
d'érudit  et  d'artiste  de  mérite. 

—  De  M.  Lacaille,  manufacturier  à  Relhel. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  dans  celte  ville,  le  12  juin,  au  milieu 
d'une  nombreuse  assistance. 

Des  discours  ont  été  prononcés  au  cimetière  par  MM.  Bizénius, 
vice-président  du  Conseil  de  prud'hommes,  dont  M.  Lacaille  était 
président;  Ply,  (ileur  chez  M.  Lacaille,  et  Valbaume,  au  nom  de 
l'Ecole  centrale  ; 

—  De  M.  Lartigue,  conseiller  général,  maire  de  Civet,  décédé  le 
16  juin  1898. 

Le  corps  a  été  transporté  le  19  à  Paris  pour  y  être  incinéré  ; 

—  De  M.  le  conmiandant  d'artillerie  en  retraite  Camille  Galtat, 
de  Larzicourt  (Marne)_j  décédé  subitement,  tandis  qu'il  faisait  une 
période  de  manœuvres  comme  officier  supérieur  de  la  territoriale. 

Le  commandant  Camille  Galtat  sortait  du  rang,  et  n'avait  dû  son 
avancement  qu'à  son  mérite.  Il  était  âgé  de  cinquante-huit  ans. 

Le  corps  du  commandant  Camille  Gallat  a  été  ramené  à  Larzi- 
court, où  l'inhumation  a  eu  lieu  le  23  juin  ; 

—  De  la  Mère  Sainte-Marie  du  Carmel,  supérieure  des  religieu. 
ses  de  Sainte-Chrétienne  de  la  paroisse  de  Warnécourt  (Arden- 
nes),  décédée  le  23  juin  1S!)8,  à  l'âge  de  79  ans.  Elle  était  arrivée 
dans  cette  localité  en  1863,  et  n'avait  pas  cessé  depuis  de  se 
dévouer  à  l'instruction  et  à  l'éducation  des  jeunes  filles  du   pays  ; 

—  De  M.  Louis-Charles- Brunetol,  maire  de  Villers-Allerand 
(Marne),  instituteur  honoraire,  officier  d'Académie,  décédé  le 
28  juin  1898,  à  l'âge  de  63  ans  ; 


NÉCROLOGIE  57.'^ 

—  De  M"^  veuve  Ghiquet,  déoédéi-  à  Athis  (Marne),  le  30  juin 
1898,  à  l'âge  de  cenl-deux  ans. 

Jusqu'au  dernier  moment,  elle  a  conservé  l'usage  de  ses  facul- 
tés, et  elle  intéressait  les  siens  en  leur  racontant  les  histoires  du 
temps  passé  ; 

—  De  M.  Paul  Audiernc,  ancien  négociant,  décédé  à  Epernay, 
le  !*■•  juillet  1898^  à  l'âge  de  IJ8  ans. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  4,  en  l'église  Saint-Pierre  et  Saint- 
Paul  ; 

—  De  M.  Alexis-Théodule  Messieux.  professeur  de  dessin  dans 
les  Ecoles  communales  de  Reims,  officier  d'Académie,  décédé  à 
Reims,  le  27  juillet  1808,  dans  sa  cinquante-quatrième  année. 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  SurineU  de  Pimodan,  par   M.   le  marquis    de   Pimodau.    Léon    Vanier, 
éditeur,  19,  quai  Saint-Michel  ;  Paris,  1898. 

La  iHiuilIe  de  Pimodan,  originaire  de  Rarécourl-La-Vallùe-Pimo- 
dan,  canton  de  (Ilermonl-en-Argonne  (Meuse),  est  une  des  plus 
anciennes  et  des  plus  illustres  de  France.  Elle  remonte  à  Raussin 
de  Rarécourt,  vassal  du  comte  de  Bar,  en  1247.  Sept  chefs  succes- 
sifs de  cette  famille  furent  grands  baillis  d'épée  de  la  ville  de 
Toul,  avant  la  Révolution. 

Cette  famille  fit  ses  preuves  de  noblesse  le  17  mai  1766  et  fut 
admise  aux  honneurs  de  la  cour.  Elle  perle  pour  armes  : 
D'argoil  â  cinq  anncU-ls  de  gueules,  posés  en  sauioiv,  accompa- 
gnés de  quatre  liermines  de  sable. 

La  maison  de  Pimodan  est  représentée  aujourd'hui  par  le  mar- 
quis (îabriel  de  Pimodan,  duc  de  Rarécourt,  conseiller  général 
de  la  Haute-Marne,  maire  d'Echènay,  membre  de  la  Société  des 
Gens  de  Lettres,  et  par  son  frère,  le  comte  de  Pimodan,  officier 
de  cavalerie,  ancien  attaché  militaire  de  France  au  Japon  (Tokio). 
Tous  deux  sont  fils  du  général  de  Pimodan,  chef  d'élat-major  de 
l'armée  pontificale,  qui  fut  tué  à  la  bataille  de  Gastelfidardo,  le 
18  septembre  1860. 

Le  marquis  de  Pimodan,  dont  nous  venons  d'esquisser  la  généa- 
logie, joint  à  la  noblesse  de  la  naissance,  du  sang  et  des  armes, 
celle  de  l'esprit  et  du  cœur;  ce  qui  n'est  pas  incompatible,  au  con- 
traire, car  on  sait  que  Xoblesse  oblige.  Il  fait  partie  de  la  Société 
des  Gens  de  Lettres  depuis  l'année  1880,  et  y  tient  très  honorable- 
ment sa  place,  par  des  travaux  littéraires  et  historiques  parmi 
lesquels  on  remarque,  en  poésie  :  Lyres  et  Clairons  :  Le  Coffret 
de  perles  noires  ;  Les  Soirs  de  défaites  :  Poésies.  En  histoire  : 
Histoire  d'une  vieille  Maison;  La  réunion  de  Toul  à  la  France 
et  les  derniers  Ecéques-Comles  souverains  ;  La  Mère  des  Guise; 
La  première  étape  de  Jeanne  d'Arc. 

Aujourd'hui,  le  marquis  de  Pimodan  vient  d'ajouter  un  nou- 
veau Ueuron  à  sa  couronne  poétique,  en  publiant  ses  Sonnkts,  en 
un  coquet  volume,  artistement  édité  par  Vanier,  et  orné  de  plu- 
sieurs vues  et  dessins  en  couleur  dans  le  texte.  Ces  sonnets,  au 
nombre  de  118,  forment  douze  groupes  distincts,  sous  les  titres 
collectifs  suivants  :  Les  Mondes  de  rinfini.—  Sonnets  Toulois.  — 
Les  Corolles.  —  Grecs  et  Turcs.  —  Pans.  —  La  Gloire  du 
Mphon.  —  Le  Roman  du  Caporal.  —  Palais  polaire.  — Histoire. 
—  Diversité.  —  A  la  Sainte  Vierge. 


BIBLIOGRAPHIE  575 

Si,  comme  l'a  dit  Boileau  : 

Ud  sonnet  sans  défaut  vaut  seul  un  long  poème, 

la  plupart  de  ceux-ci  sont  des  poèmes  achevés,  avec  cet  avantage 
sur  les  longs,  d'être  courts,  et  aussi  variés  de  tons  que  de  sujets. 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  le  détail  analytique  de  tous  ces 
petits  poèmes,  en  général  délicatement  ciselés  et  finement  termi- 
nés par  la  pensée  maîtresse  du  sujet.  Nous  passerons  seulement  en 
revue  les  principaux  de  chaque  genre. 

Ceux  des  Mondes  de  llnfini  sont  consacrés  aux  asties,  en  com- 
mençant par  Hêlios,  le  Soleil  : 

Dans  l'espace  sans  borne,  il  nous  marque  la  voie 
Dont  la  Terre  jamais  un  moment  ne  sortit. 
...  Tout  vient  de  loi,  foyer  prodigieux,  lançant 
Tes  flammes  d'hydrogène  à  des  milliers  de  lieues  ; 
Et  lu  n'es  qu'un  atome  aux  yeux  du  Tout-Puissant. 

Parmi  les  Sonnets  Toulois.,  celui  sur  la  Calliédrale  rappelle,  en 
même  temps  que  la  splendeur  passée  de  ce  beau  monument, 
reproduit  en  tète  du  sonnet,  qu'elle  renferme  la  sépulture  des 
Pimudan,  seigneurs  voués  de  la  ville,  avant  la  Révolution  : 

Nulle  n'élait  aussi  noble,  de  lieims  à  Spire. 
Elle  avait  des  prélats,  comtes,  princes  d"Empire, 
Primats  se  couronnant  par  la  grâce  de  Dieu. 

Elle  avait  des  soldats  suivant  ses  archiprêtres  ; 

Des  prévôts  de  bataille...  Et,  seul  dans  le  saint  lieu, 

.Mon  pied  s'arrête  au  sol  où  dorment  mes  ancêtres. 

Les  sonnets  des  Corolles  sont  consacrés  aux  tleurs  :  Pivoines, 
Cactus,  Reines-Marguerites,  Tubéreuses,  Itoses,  Dahlias.  Lis,  etc. 

Les  sonnets  Grecs  et  Turcs,  écrits  l'année  dernière,  au  moment 
de  la  guerre  turco-grecque,  oll'rent  de  beaux  retlcts  des  Ouie.nta- 
LEs  de  Victor  Hugo.  Les  vœux  du  poète  sont  pour  les  descendants 
de  Miltiade  et  de  Léonidas,  de  Botzaris  et  de  Mavrocordato  ; 

Mais  la  perte  des  Grecs  est  dans  l'ordre  des  cicux. 
Gomment  lutteraient-ils  contre  le  maléfice 
Des  canons  musulmans?...   Ils  prient  de  nouveaux  dieux 
Quand  Pallas--\lhéné  demande  un  sacrifice. 

Les  sonnets  sur  Paris  sont  des  petits  tableaux  réalistes  pris  sur 
le  fait,  au  courant  de  la  promenade  :  L'Homme  écrasé,  Brouil- 
lard, Grand  Enierremenl,  Lucifer,  Le  Christ  à  Montmartre, 
L'Héroïne,  à  S.  A.  R.  Madame  la  duchesse  d'Alençon,  victime  de 
la  catastrophe  du  Bazar  de  la  Charité  : 

Elle  veut  s'éloigner  la  dernière. 

Ainsi  qu'un  capitaine  on  un  vaisseau  sombrant. 

La  série  A  la  gloire  de  Niphon,  célèbre  le  vaillant  peuple  du 
Japon,  à  propos  de  la  récente  guerre  sino-japonaise  : 


576  BIBLIOGRAPHIE 

Allez!  Mais  le  drapeau  porlanl  0-Hi-Sama, 
Le  soleil  japonais,  l'ond  comme  de  la  neipe 
Les  a  Célestes  »  devant  les  troupes  d'O-sima, 

Nihilisme,  songe  en  Irain  rapide,  est  une  spirituelle  et  nior- 
danlc  ironie  des  utopies  anarchiijues  des  révolutionnaires,  qui 
veulent  tout  détruire  pour  tout  retaire  cointne  auparavant  ;  c'est 
réternellc  histoire  du  rocher  de  Sisyphe,  du  tonneau  des  Danaïdes 
et  de  la  toile  de  Pénélope. 

Le  lioman  du  caporal  est  une  alerte  épopée  nulilaire  en  sept 
tableaux,  commençant  par  le  Conseil  de  révision  pour  finir  avec 
le  Renvoi  de  la  Classe  : 

Trois  ans  il  a  porté  le  sac  pesant  qui  lasse, 
Appelant  le  départ  de  son  suprême  vœu. 
Ce  soir  il  sera  libre,  avec  ceux  de  la  classe. 

Cinq  sonnets  en  petits  vers  lieptasyllabes  composent  la  collec- 
tion du  Palais  polaire  : 

iSous  verrions  des  colonnades. 
Des  palais  démesurés 
Encadrant  des  esplanades 
Aux  arbres  à  fruits  dorés. 

L'Hiiloirc  renferme  douze  sonnets,  rappelant  divers  faits  histo- 
riques concernant  Clermonl-en-Argonne,  Sainl-Dizier,  Wassy, 
Joinville,  Montéclair,  la  Tour  de  Chanmonl:  A  Ménélick,  A  de 
petits  Français  : 

Que  votre  jeune  canir  au  fier  blason  s'attache, 
Car  huit  siècles  vécus  dans  un  passé  ïans  tache 
Eclairent  vos  fronts  purs  et  rieurs,  cbers  enfants  ! 

Treize  autres  sonnets  remplissent  le  cadre  de  la  Dicersilé^ 
parmi  les  sujets  variés  desquels  on  remarque  notamment  :  Un 
Monde  meilleur,  Les  Mages  au  pays  d'Assur^  Vie  intérieure,  Le 
Cloître,  Village  au  bord  d'un  étang,  Le  Crépuscule  des  Mois  et  le 
beau  rêve  de  la  Tour  d'ivoire  : 

Pour  retrouver  mon  cœur  de  vinj^t  ans,  et  pour  croire 
Encore  aux  vieux  drapeaux  des  temps  ensevelis. 
Je  voudrais  m'enfermer,  seul,  dans  ma  tour  d'ivoire. 

Enfin,  les  sept  sonnets  .1  la  Sainte  Vierge  terminent  magnifi- 
quement ce  poétique  volume,  par  la  mystérieuse  odyssée  de  la 
Mère  du  Dieu  Sauveur,  depuis  la  Fuite  en  Egypte  jusqu'à  V As- 
somption glorieuse,  en  passant  par  le  Golgotha  et  Ephèse  : 

Elle  ferme  les  jeux...  Alors,  sur  sa  maison 
Les  anges,  plus  hardis,  approchent,  innombrables, 
Cherchant  à  percevoir,  en  ses  traits  vénérables, 
L'ordre  de  la  ravir  à  l'humaine  prison. 

On  sait  que   les  écoles  littéraires  modernes  se  sont,  plus   ou 


BlBt.lOGRAPItlE  577 

moins,  alfrancliies  de  la  poétique  de  Boileau,  qui,  après  deux  «iè- 
cles,  paraissait  un  peu  vieux  jeu  : 

Que  toujours  dans  vos  vers  le  sens,  coupaot  les  mois, 
Suspeade  rhémistichc,  en  marque  le  repos. 

On  fait,  aujourd'hui,  couramment  des  vers  sans  césure  et  sans 
repos  au  milieu  de  I  alexandrin.  C'est  ce  que  l'on  appelle  des  vers 
invertébrés.  On  prend  même  beaucoup  d'autres  licences  poétiques 
dont  certains  maîtres  donnent  l'exemple.  Les  Sonnets  de  M.  de 
Pimodan  renferment  (juelques-uus  de  ces  vers,  et  c'est  la  seule 
licence  qu'il  se  soit  permise,  en  {)renaiit  soin  d'en  avertir  le  lec- 
teur. Or,  comme  c'est  aussi  la  seule  <:ritique  vénielle  que  nous 
puissions  adresser  à  son  livre,  nous  avons  scrupuleusement  noté 
ces  vers,  qui  sont  au  nombre  de  10.  sur  les  1,632  qui  composent 
le  volume.  Arsène  Thkvenot. 


Renaud  de  Chatillon,  prince  d'Antioche,  seigneur  de  la  Terre  d'Oulre- 
Jourdain,  par  Gustave  Sclilumbergei\  de  llnslilut.  Ouvrage  orné  de  gra- 
vures, l'aris,  libiairie  Pion,  1H98,  in- S",  410  p. 

Voilà  un  livre  que  tout  Champenois  voudra  placer  sur  les  rayons 
de  sa  bibliothèque,  car  Renaud  de  Chatillon  est  bien  connu  dans 
celle  province.  Si  son  nom  n'a  pas  atteint  la  célébrité  des  Gode- 
froi  de  Bouillon  et  des  Raudoin,  il  figure  parmi  ceux  des  plus 
rudes  batailleurs  du  xii''  siècle  dont  l'histoire  nous  a  conservé  le 
souvenir,  et  peut-être  aurait-il  déjà,  lui  aussi,  sa  statue  non  loin 
de  celle  du  grand  pape  Urbain  II,  si  certains  actes  de  sa  vie.  même 
jugés  d'après  les  idées  de  son  temps,  n'avaient  jeté  sur  sa  mémoire 
une  ombre  difficile  à  dissiper. 

Cette  vie  est  un  véritable  roman  d'aventures,  et  nous  compre- 
nons quelle  ait  séduit  M.  (ùistave  Schiumberger  et  qu'il  ait  été 
tenté,  entre  deux  de  ses  grandes  études  sur  l'histoire  byzantine, 
de  retracer  t  la  hardie  et  tragique  figure  d'un  des  plus  extraordi- 
naires héros  de  cette  longue  épopée  ».  Dans  une  courte  introduc- 
tion, il  expose  que  s'il  a  longtemps  hésité,  c'est  que  les  documents 
lui  manquaient  ;  aujourd'hui,  il  n'est  guère  plus  riche,  mais  il  a 
cru  qu'il  ne  devait  pas  résister  à  son  désir  de  faire  connaître  de 
plus  près  «  cette  personnalité  dont  l'histoire  le  fascinait  ». 

Ouvrez  la  plupart  des  historiens  et  des  biographes,  et  vous  y 
verrez  que  Renaud  de  Chatillon  appartient  à  la  maison  de  Chàtil- 
lon-sur-Marne,  entre  Dormans  et  Ëpernay,  et  c'est  à  ce  titre  que 
celui  qui  fut  prince  d'Antioche,  et  mourut  seigneur  de  la  Terre 
<l'Outre-Jourdain,  tient  à  la  Champagne.  Telle  est  l'opinion  d'An- 
dré Duchesne,  de  Moréri,  du  P.  Anselme,  telle  est  aujourd'hui 
encore  celle  du  docteur  R.  Rœricht.  Cependant,  au  risque  de  se 
faire  honnir  par  les  amis  qu'il  compte  en  Champagne,  et  ils  sont 
nombreux,  M.  G.  Schiumberger  préfère  marcher  à   la  suite  de  Du 

37 


578  mBLlOGRAPHlK 

Gange  el  dos  ùiiileiirs  du  Jiecueil  des  Historiens  des  CroixadcSy 
ses  confrères,  el,  s'appuyanl  sur  des  passages  d'Aubri  de  Trois- 
Fontaines,  dErnoul  el  de  Bernard  le  Trésorier,  il  donne  pour  ber- 
ceau, à  Renaud,  la  ville  de  GhAlillon-sur-Loing  en  Orléanais,  celle 
qui  plus  tard  devait  donner  naissance  à  Gaspard  de  Goligny. 

La  question  mériterait  d'être  étudiée  plus  à  fond,  el  c'est  dans 
une  liOte  seulement  que  M.  G.  Schlumberger  l'eftleure,  sans  dissi- 
muler la  valeur  des  autorités  qui  sont  opposées  à  la  sienne  '. 
Aushi,  continuerons- nous  jusqu'à  plus  ample  informé  à  laisser 
Henaud  de  Gbàlillon  à  la  Gbampagne,  el  notre  bibliothèque  ne 
pourra  que  gagner  à  s'enrichir  de  l'ouvrage  dont  nous  voudrions 
donner  une  idée  rapide. 

La  vie  de  Renaud  de  GhiUilIon,  comme  celle  de  la  plupart  des 
personnages  de  son  temps,  n'est  qu'une  longue  suite  de  batailles, 
de  meurtres,  de  scènes  de  violences,  qui  se  termine  par  la  mort 
tragique  de  notre  héros,  personnage  au  fond  peu  sympathique, 
malgré  sa  bravoure.  Mais  M.  G.  Schlumberger,  qui  a  appuyé 
d'une  note  chacun  des  faits  qu'il  l'apporte,  afin  de  bien  affirmer, 
comme  il  le  dit  au  début,  qu'il  n'a  rien  inventé,  et  que  si  son  n-cit 
présente  des  lacunes,  c'est  que  les  sources  lui  ont  manqué,  soit 
dans  les  historiens  latins  ou  grecs,  soit  dans  les  chroniqueurs 
orientaux,  a  su  donner  aux  tableaux,  daiis  lesquels  ces  récits  sont 
encadrés^  un  charme  tout  particulier.  Ge  que  nous  avions  remar- 
qué dans  les  descriptions  des  Iles  des  Princes,  il  y  a  quelques 
années,  se  retrouve  ici.  L'auteur,  nqn  seulement  a  su  reconstituer 
l'aspect  des  pays,  la  physionomie  des  villes,  mais  il  sait  animer 
son  cadre,  et,  quoique  la  citation  soit  un  peu  longue,  nous  lui 
emprunterons  la  description  d'Anlioche  en  1149,  au  moment  où 
Renaud,  petit  gentilhomme,  à  peine  connu,  vient  de  gagner  la 
main  de  Gonslancç,  princesse  d'Antioche,  la  jeune  veuve  de  Ray- 
mond de  Poitiers. 

Après  avoir  retracé  le  panorama  de  la  ville,  l'historien  nous 
montre  dans  ses  murs  les  représentants  des  dillerenls  [leuples  qui 
s'y  trouvaient  confondus  : 

«   Ici,  c'est  une  troupe    martiale    qui   s'assemble  pour   voler  au 

1.  11  est  cerlain  (ju'il  règae  uue  cerlaiue  iacerlitude  sur  l'origine  de 
l{euaud.  Le  texte  le  plus  ancien  qui  parle  de  sa  famille  est  celui  de  la  chro- 
nique d'Ernoul,  rédigée  vers  1230,  c'est- à-dire  plus  de  quarante  aus  après 
sa  mort  el  oii  il  est  qualifié  :  «  Un  chevalier  frère  au  signeur  dau  Gien 
sour  Loire,  qui  ot  non  Hainaus  (p.  'i'I).  » 

Du  Cange,  qui  lui  consacre  un  article,  le  dit  «  Renaud,  de  Chaslillon- 
sur- Loire,  seigneur  de  Giea-sur-Loire,  qui  avoit  pour  sœur  la  mère  de 
Henaud,  seigneur  de  Monlfaucon  eu  Brie  et  d'Aveline,  femme  d'Ursion,  sei* 
gnear  de  Nemours  et  de  Tracy  {^Familles  dOuhe-Mcr,  p.  lUl).  A  la  page 
io4  du  îuême  volume,  Henaud  devient  Renaud  de  Chastillou  sm-Loing, 
Du  reste,  il  ne  laut  pas  oublier  que  les  Familles  d'Outre-Mer  ne  sont  qu'un 
ensemble  de  notes  que  Du  Cange  ne  se  proposait  pas  de  publier  avant  de  les 
sounietlro  à  uue  sérieuse  révision. 


BIBLIOGRAPHIE  579 

combat.  Les  signaux  de  guerre,  les  feux  de  bois  énormes  allumés 
de  proche  en  proche  au  sommet  des  tours  et  des  monts  par  des 
gardiens  toujours  attentifs  ont  annoncé,  sur  la  mouvante  frontière 
des  terres  chrétiennes,  une  incursion  des  cavaliers  aux  rapides 
juments  de  Nour-ed-Din,  le  Sultan  d'Alep.  le  mortel  ennenii  du 
Christ.  Il  faut  sitôt  leur  courir  sus,  empêcher  qu'ils  ne  pillent  les 
villages,  qu'ils  ne  brûlent  les  moissons,  qu'ils  n'emportent  à  l'ar- 
çon de  leurs  selles  les  épouses  chrétiennes  aux  marchés  d'esclaves 
des  cités  de  l'Euphrate.  Il  faut  partir  en  hàtc.  Quelques  chevaliers, 
de  nombreux  hommes  d'armes  ont  déjà  enfourché  leurs  montures 
en  cet  accoutrement  pittoresque  où  le  vêtement,  fait  de  mailles 
de  métal,  des  gens  d'Occident,  se  mêle  aux  molles  étoffes  d'Orient; 
où,  pour  éviter  les  mortelles  atteintes  d'un  soleil  de  feu,  le 
heaume  de  fer,  de  forme  conique,  se  recouvre  du  vaste  turban 
aux  replis  sinueux.  Les  chevaux  de  guerre,  comme  les  mules  de 
somme,  sont  harnachés  à  l'orientale 

«  Que  d'autres  scènes  étranges  dans  ces  rues  étroites  sans  cesse 
sillonnées  par  la  foule  multicolore!  Ici  encore  c'est  le  cortège 
funèbre  d'un  moine  revenu  moribond  de  quelque  course  lointaine 
pour  le  rachat  d'humbles  captifs.  11  a  expiré  dans  sa  froide  cellule, 
et  la  lente  théorie  de  ses  frères  encapuchonnés  te  porte  en  terre. 
Leur  longue  lilc,  sombre  et  monoclirome,  se  déroule  parmi  les 
troncs  grêles  des  palmiers  éclatants,  toute  semblable  à  celle  qui 
parcourt  les  bruineuses  cités  du  .^ord,  et  les  chants  pieux,  les  lugu- 
bres litanies,  qu'on  est  accoutume  d'entendre  sous  les  voûtes  gla- 
ciales et  noires  des  cathédrales  d'Occident,  font  un  effet  bizarre 
sous  ce  ciel  enflammé,  entre  ces  haies  de  cactus  et  d'aloès  en 
fleur. 

«  Voici  qu'à  la  porte  massive  qui  défend  les  abords  du  pont  sur 
rOronte,  se  presse  un   groupe   martial  et  poudreux.  Ce   sont  de 

nouveaux  croisés  qui  arrivent  en  Terre  Sainte Ils  viennent   de 

débarquer,  ils  ont  quitté  depuis  peu  les  rives  paisibles  du  Langue- 
doc ou  de  la  Provence  ;  ils  se  hAtent  d'offrir  l'aide  de  leur  bras  au 
vaillant  prince  Renaud,  dont  la  guerrière  renommée  commence  à 

se  faire  jour  en  Orient Un  émir  rallié  dont  Nour-ed-Din  a 

mis  la  tête  à  prix,  réfugié  chez  le  prince  d'Antioche,  passe  au 
galop  de  son  fin  cheval  arabe,  le  faucon  encapuchonné  sar  le 
poing,  suivi  de  quelques  serviteurs  au  burnous  blanc  flottant.  Ils 
vont  chasser,  dans  la  plaine  brûlante,  la  gazelle  plaintive. 

€  Des  cris,  des  exclamations,  des  vivats  retentissent  soudain. 
Des  serviteurs  aux  vêtements  éclatants,  armés  de  bâtons  ferrés, 
font  ranger  la  foule.  C'est  la  toute  gracieuse  princesse  Constance 
d'Antioche,  très  jeune  encore,  bien  que  mariée  pour  la  seconde 
fois,  qui  revient  de  la  cathédrale,  montée  sur  une  haquenée  blan- 
che. Un  long  et  gai  cortège  la  suit.  A  ses  côtés  le  patriarche  latin, 
vieillard  vénérable  à  la  grande  barbe  blanche,  chemine  sur  une 
mule  pacifique.  Tous  les  passants  se  retournent  pour  saluer  et 
admirer  la  haute  dame  bellement  accouti'ée.  Peut-être  a-t-elle  un 


580  biblioctRaphie 

jour  comme  celui-ci,  comme  aujourd'hui  au  retour  de  la  messe, 
disliugué  pour  la  première  fois  dans  la  rue  le  jeune  chevalier  des 
bords  de  la  Loire,  l'élégant  soldat  de  fortune  dont  elle  vient  de 
faire  son  second  époux. 

e  Le  soleil  est  haut  déjà  à  l'horizon,  ses  rayons  brûlent,  et 
cependant  la  foule  encombre  toujours  Jes  rues,  étonnant  mélange 
de  tant  de  races.  Le  lin  marchand  d'Amalli  ou  de  Gênes,  de 
Venise  surtout,  au  riche  costume,  à  la  physionomie  intelligente 
autant  qu'éveillée,  coudoie  le  blond  guerrier  Scandinave,  quelque 
ûls  de  viking,  quelque  descendant  des  rois  de  la  mer  venu  avec 
ses  compagnons  gigantesques  combattre  le  bon  combat  pour  la 
foi.  Voici  des  nègres  du  Soudan,  brutes  à  la  face  bestiale.  Voici 
des  sectaires  farouches  du  mont  Liban,  des  Haschischin,  émissaires 
mystérieu.x  du  Vieux  de  la  Montagne,  à  la  physionomie  inquié- 
tante. Voici  de  libres  Bédouins  du  désert  de  Tadmor.  sveltes  guer- 
riers au  blanc  vêtement,  habitants  des  grandes  tentes,  des  merce- 
naires arméniens  descendus  de  leur  lointain  kastron  des  crêtes  du 
Taurus,  des  archontes  byzantins  vêtus  du  riche  scaramangion, 
mielleux  et  discrets  envoyés  du  basilcus  de  Roum.  A  côté  deux 
circulent  des  chevaliers  anglais  hauts  de  six  pieds,  des  cadets  de 
Béarn,  des  aventuriers  catalans  ou  napolitains,  de  rudes  barons 
allemands,  de  pauvres  pèlerins  de  Paris,  des  Juifs,  des  lépreux  ». 

On  nous  pardonnera  celte  longue  citation,  mais  mieux  que 
toute  autre,  elle  nous  donne  une  idée  du  style  coloré  de  l'auteur. 
En  le  lisant,  on  voit  revivre  et  s'animer  toute  celte  population 
d'une  ville  du  royaume  latin  ;  et.  il  faut  le  reconnaître,  n'étaient 
la  princesse  qui  manque  et  les  guerriers  francs,  on  se  croirait 
encore  de  nos  jours  dans  une  des  rues  de  Damas,  tant  en  Orient 
tout  reste  immuable. 

Mais  il  nous  faut  revenir  à  Renaud.  Investi  par  son  mariage  de 
la  principauté  d'Antioche,  la  plus  importante  du  royaume  latin,  il 
eut  à  lutter  contre  de  nombreuses  difficultés  d'administration  inté- 
rieure, et  en  même  temps  à  repousser  les  tentatives  de  Thoros, 
roi  de  la  Petite-Arménie,  contre  lequel  il  entreprit  une  campagne, 
afin  de  donner  une  preuve  de  son  zèle  à  son  suzerain  le  basileus 
Manuel,  n'hésitant  pas  à  se  faire  l'exécuteur  des  volontés  du  sou- 
verain schismalique  contre  un  prince  chrétien  :  mais,  hélas,  nous 
aurons  trop  souvent  l'occasion  de  le  constater,  la  bravoure  surhu- 
maine de  Renaud  était  trop  souvent  mêlée  chez  lui  à  une  bassesse 
de  caractère  et  à  une  cruauté  qui  semblaient  extraordinaires 
même  à  ses  contemporains.  Nous  le  voyons  s'allier  avec  Thoros 
pour  obtenir  de  Manuel  la  récompense  de  ses  services  et,  sur  le 
refus  de  celui-ci,  aller  piller  l'ile  de  Chypre,  une  des  plus  belles 
provinces  de  l'Empire  grec.  Il  est  aussi  difficile  de  démêler  la 
vérilé  sur  les  succès  de  ces  campagnes  dans  les  récils  des  histo- 
riens francs,  byzantins  et  arabes,  qu'il  l'était,  il  y  a  peu  de  jours, 
de  se  renseigner,  d'après  les  journaux  américains  et  espagnols, 
sur  la  situation  des  deux  camps  dans   l'île  de   Cuba  ;   aussi,   au 


BIBLIOGRAPHIE  581 

milieu  de  ces  villes  brûlées,  de  ces  soldats  et  de  ces  prêtres  tués  ou 
mutilés,  de  ces  femmes  razziées  et  de  ces  trésors  pillé*,  ne  nous 
arrêterons-nous  pas,  rentrant  en  ii"i'6  dans  Antioclie  avec  Renaud, 
maudit,  dit  (juillaumc  de  Tyr,  des  Grecs  comme  des  Latins.  Les 
années  suivantes,  c'est  contre  i\our-ed-Din  que  nous  le  voyons 
guerroyer,  mais  le  hasilcus  Manuel  vient  à  son  tour  reprendre  la 
lutte  ;  il  fait  la  paix  avec  Tlioros,  mais  jure  de  se  venger  de 
Renand.  Le  patriarche  d'Anlioche,  qui  n'a  pas  oublié  que  quel- 
ques années  auparavant  Renaud  l'a  fait  exposer  nu  au  soleil,  la 
tête  couverte  de  miel,  oflVe  de  livrer  le  prince  d'Anlioche  ;  mais  le 
moment  n'était  pas  venu,  et  le  souverain  byzantin  se  contenta  de 
lui  intliger  la  plus  sanglante  humiliation  en  le  forçant  à  venir 
devant  lui,  aux  portes  de  Mamistra,  implorer  son  pardon.  «  Nu- 
pieds,  les  manches  de  son  pourpoint  relevées  au  coude,  la  hart  au 
col,  tenant  de  la  main  gauche,  par  la  pointe,  son  épée  nue  dont  il 
devait  présenter  la  poignée  à  l'empereur,  le  chef,  humilié^,  tra- 
versa en  ce  triste  appareil  toute  la  cité,  buvant  une  grande  honte, 
s'écrie  l'archevêque  de  Tyr.  » 

Une  plus  grande  infortune  ne  devait  pas  tarder  à  lYapper  le 
prince  d'Antioche  ;  en  ellet,  en  1160,  dans  une  expédition  malheu- 
reuse dans  l'ancien  comté  d'Edesse  où  il  comptait  sur  un  large 
butin,  Renaud  tomba  entre  les  mains  de  Nour-ed-Din,  prince 
d'Alep.  Celui-ci,  comptant  en  tirer  un  jour  rançon,  le  garda  pen- 
dant seize  ans  prisonnier. 

En  1 I7G  enfin,  ses  amis  purent  le  racheter  moyennant  cent  vingt 
mille  dinars  sarrasms,  plus  encore  qu'on  n'en  exigea  du  prince 
Bohémond  et  des  comtes  de  Tripoli  et  d'Edesse.  Pendant  la  capti- 
vité de  Renaud,  la  princesse  Constance  était  morte,  et  les  deux 
filles  qu'elle  avait  eues  de  son  second  mariage  vivaient  à  Constan- 
tinople,  tandis  que  le  fils  du  premier  lit  régnait  à  Antioche  sous 
le  nom  de  Bohémond  111. 

.N'ayant  plus  rien  à  faire  à  Antioche,  Renaud  alla  mettre  sou 
épée  au  service  du  roi  de  Jérusalem,  Baudouin,  alors  menacé  par 
Saladin.  Les  conseillers  du  roi  lépreux  s'empressèrent  de  lui  don- 
ner c  la  dame  de  Crac  et  de  Montréal  à  famé  avec  la  princée  ». 
Cette  principauté,  située  «  au-delà  de  la  mer  Morte,  en  ces 
régions  presque  fabuleuses  alors,  constituée  uniquement  par  quel- 
ques places  fortes  colossales  dressées  dans  ces  étendues  sans  limi- 
tes, semblait,  à  cette  époque,  quelque  haut  navire  perdu  dans 
l'immensité  de  l'Océan  sarrasin  ».  C'était  une  sorte  d'État  dans 
l'Etat,  allant  de  la  mer  Rouge  aux  possessions  des  Sarrasins,  le 
boulevard  du  royaume,  commandant  les  routes  militaires  et  com- 
merciales qui  conduisaient  d'Egypte  en  Syrie  et  en  Arabie  et  qui 
étaient  fréquentées  par  les  pèlerins  se  rendant  à  la  Mecque  et  aux 
autres  villes  saintes  des  .Musulmans. 

Ne  pouvant  forcer  la  route,  les  caravanes  devaient  payer  au  sei- 
gneur de  Karak  d'importantes  redevances   qui  venaient  s'ajouter 


582  BIBLIOGRAPHIE 

aux  revenus  considc-rables  des  produits  nalurels  de  celle  vaste 
contrée  :  l'indigo,  le  baume,  les  vins  d'Engaddi,  le  sucre  de  canne 
et  les  riches  moissons  du  plateau  de  Moab. 

La  dame  de  Montréal  était  Etiennelte  de  Milly ',  fille  du  sei- 
gneur de  Naplouse  -  ;  déjà  deux  fois  veuve,  elle  avait  épousé  en 
premières  noces  llumfroy  III  de  Toron,  et  en  secondes  un  cheva- 
lier d'origine  clmtnpcnoise.  Miles  de  Plancy,  sénéchal  du  royaume, 
qui  avait  été  récemment  assassiné  dans  les  rues  de  Saint-Jean 
d'Acre,  à  la  suite  des  compétitions  auxquelles  avait  donné  lieu  sa 
charge  de  régent  durant  la  minorité  du  roi  Baudouin  \\'^. 

«  Un  héros  tel  que  Renaud  de  Cliâtillon,  véritable  chevalier  de 
la  fable,  écrit  son  biographe,  était  admirablement  taillé  pour  une 
telle  seigneurie.  Tout  en  cet  homme  de  fer,  son  tempérament 
essentiellement  aventureux,  batailleur  et  pillard,  sa  soif  des  com- 
bats, de  butin  surtout,  la  haine  implacable  qu'il  nourrissait  contre 
les  Sarrasins  si  longtemps  ses  geôliers,  l'âpre  désir  de  venger  ces 
seize  années  d'humiliations  et  de  tortures,  tout  le  poussait  à  pren- 
dre dès  le  début,  dans  ses  nouveaux  états,  une  altitude  violente  à 
l'égard  des  musulmans.  Il  n'y  faillit  point.  La  crainte  dos  périls 
qu'il  allait  accumuler  sur  sa  tête  ne  l'arrêta  pas  une  seconde.  Il  se 
considéra  de  suite  comme  à  peu  près  indépendant,  n'en  agissant 
qu'à  sa  guise,  ne  s'estimant  soumis  à  aucune  loi,  engagé  par  aucun 
traité,  ce  qui,  finalement,  causa  sa  perte.  » 

Cette  dernière  période  de  la  vie  de  Renaud  est  la  moins  con- 
nue ;  on  sait  que  la  défende  générale  du  royaume  contre  Saladih 
lui  fut  confiée,  qu'il  nliésita  pas,  malgré  les  trêves,  à  dépouiller 
les  caravanes  de  Damas  ;  que  Saladin  fit  ravager  ses  états  après 
avoir  en  vain  demandé  une  réparation  de  ce  crime.  Par  représail- 
les, Renaud  organisa,  en  H82,  une  expédition  dans  la  mer  Rouge 
afin  d'aller  piller  La  iMecque  et  Médine  ;  mais,  malgré  d'impor- 
tants succès,  il  ne  put  atteindre  son  but. 

Il  nous  faut  marcher  à  grands  pas  pour  arriver  au  dénouement. 
C'est  dans  les  historiens  arabes  surtout  que  nous  trouvons  le  récit 
des   événements  militaires    de    ces    dernières    années   jusqu'à   la 

1 .  Celle  EtieuDelle  ou  Stéphanie  ne  doit  pas  être  confondue  avec  une 
autre  dame  de  la  même  famille  et  du  même  prénom,  qui  épousa  à  la  fin  du 
xn«  siècle  Guillaume  Dore!,  seigneur  de  Boutron,  et  Hugues  de  Giblet. 
{Chronique  d'Ernoul  et  de  Bernard  Le  Trésorier,  éd.  Mas-Latrie,  p.  305, 
et  Du  Canpe,  Familles,  p.  408.) 

2.  Philippe  de  Milly,  seigneur  de  Naplouse,  est  généralement  considéré 
comme  appartenant  à  la  famille  des  seigneurs  de  Milly  en  Gâtinais,  En  un 
endroit,  l^u  Gange  en  fait  le  fils  d'un  chevalier  champenois,  Guy  de  Milly 
(p.  400;. 

3.  Dans  son  ouvrage  Le  marquisal  de  l^lancxj  et  ses  seigneurs,  publié 
dans  cette  lievue,  M.  le  baron  de  Plancy  n'a  consacré  que  quelques  lignes 
à  Miles  de  Plancy.  Il  y  aurait  une  notice  intéressante,  dont  on  trouve  les 
sources  résumées  dans  les  Familles  d'Outre-Mer  de  Du  Cange  (éd.  Rey, 
p.  403),  à  écrire  sur  ce  personnage. 


BinLlOGRAl'HIE  b83 

bataille  d'Hitlin,  dans  laquelle  Saladiii  défit  eutièreineiit  l'armée 
des  Francs,  el  fit  prisonniers  le  roi  Lhxy  de  Lusignan  et  les  prin- 
ces, parmi  lesquels  se  trouvait  Renaud.  Tous  les  Templiers  et  les 
Hospitaliers  furent  d'abord  massacrés  ;  Saladin  fil  ensuite  amener 
les  princes  devant  sa  tente  et  les  fit  défiler  devant  lui,  leur  faisant, 
à  l'exception  de  Renaud,  un  accueil  plein  de  douceur  et  témoi- 
gaant,  en  particulier  pour  le  roi,  d'un  véritable  intérêt  en  le  fai- 
sant asseoir  à  ses  côtés. 

Saladin  oll'rit  à  celui-ci  un  sorbet  d'eau  de  rose  rafraicbi  dans 
de  la  neige,  mais  le  roi  Guy  en  ayant  donné  une  partie  à  Renaud, 
le  sultan  le  lui  reprocha  en  ces  termes  :  «  Tu  ne  m'as  pas  demandé 
la  permission  de  donner  à  boire  à  ce  maudit,  ù  ce  plus  insigne  des 
impies.  Je  ne  suis  donc  pas  tenu  de  protéger  sa  vie.  Ne  lui  passe 
plus  à  boire,  car  je  ne  veux  rien  de  commun  avec  ce  traître.  En 
lui  donnant  à  boire  une  première  fois,  tu  n'as  point  obtenu  mon 
pardon  pour  lui,  et  ma  sauvegarde  ne  s'étend  pas  jusqu'à  lui.  » 

Après  avoir  reçu  et  fait  placer  autour  de  sa  tente  ses  étendards, 
le  sultan  fit  revenir  devant  lui  tous  les  princes  chrétiens,  pendant 
que  Renaud  était  toujours  lié  dans  le  vestibule.  «  Puis,  il  se  le  fit 
amènera  nouveau,  n'ayant  alors  auprèsdeluique  quelques  domes- 
tiques. D'une  voix  tonnante,  il  lui  reprocha  vivement  ses  crimes, 
énumérant  ses  perfidies,  disant  :  J'avais  fait  vo^u  à  deux  reprises 
de  te  tuer  si  je  m'emparais  de  ta  personne  ;  la  première  fois,  ce 
fut  quand  tu  voulus  marcher  contre  la  Mecque  et  Médine  ;  la 
seconde  fois,  quand  lu  pris  par  trahison  la  caravane  de  la  Mec- 
que. »  Enfin,  suivant  l'invariable  coutume,  il  commanda  d'abord 
à  son  prisonnier  d'abjurer,  puis,  sur  le  refus  énergique  de  Châtil- 
lon,  il  lui  cria  :  «  C'est  moi,  maintenant,  qui  défends  Mahomet  !  » 
II  courut  à  lui,  la  dague  à  la  main,  et  l'égorgea. 

e  Le  corps  du  héros  franc  roula  à  terre,  puis  les  serviteurs  le 
portèrent  hors  de  la  tente  royale.  Sur  l'ordre  du  sultan,  la  tête  fut 
séparée  du  tronc  et  le  cadavre  traîné  par  les  pieds  devant  le  roi 
Guy,  puis  jeté  dehors  au  grand  effroi  de  celui-ci.  Saladin,  voyant 
le  malheureux  souverain  cloué  par  l'émotion,  saisi  de  peur  devant 
ce  spectacle  tragique,  lui  fit  signe  d'approcher,  calma  sa  terreur, 
lui  garantit  la  vie  sauve  et,  lui  donnant  place  à  ses  côtés,  lui  dit  : 
«  Cet  homme  meurt  victime  de  sa  méchanceté,  pire  que  tout  ce 
qu'on  peut  imaginer.  Comme  tu  le  vois,  sa  perfidie,  telle  qu'on 
n'en  peut  voir  de  pareille,  l'a  perdu  ;  son  égarement  et  son  inso- 
lence éhontée  sont  cause  de  sa  mort,  car  il  avait  vraiment  dépassé 
toutes  bornes.  Quant  à  toi,  ne  tremble  pas,  un  roi  ne  tue  pas  un 
roi.  » 

Malgré  l'étendue  de  cette  analyse,  nous  avons  dû  passer  rapide- 
ment sur  un  grand  nombre  d'incidents  de  la  vie  de  Renaud  de 
Châtillon,  qui  mourut  ainsi,  âgé  d'environ  soi.xante  ans,  et  dont  la 
tête  fut  portée  dans  toutes  les  villes  d'Kgyple  el  de  Syrie. 

En  même  temps  finissait  le  royaume   de  Jérusalem,  par  la  cap- 


384  BIBLIOGRAPHIE      . 

tivité  du  roi,  et  de  nouveau  le  lonibeau    du   Christ  lombait  aux 
mains  des  Musulmans  qui  le  possèdent  encore. 

Le  livre  de  M.  G.  Srhhimberger  est,  nous  l'avons  dit,  d'une  lec- 
ture très  attachante,  et  nous  le  croyons  appelé  à  un  grand  succès. 
.Nous  serions  heureux  de  le  voir  tomber  entre  les  mains  d'un  de 
nos  grands  peintres  habitués  à  reproduire  les  paysages  et  les  scè- 
nes de  l'Orient,  il  y  trouverait  le  sujet  d'une  illustration  complète 
que  mérite  la  vie  de  Renaud  de  Châtillon. 

Comte  DK  Marsy. 
* 
*    » 

AiniANU  HouBOKOis.  Lellres  inédiles  de  Jean  Devillers,  d'Epernay,  chi- 
rurgien-major de  l'armée  française  au  siège  de  Philipshourg  fi^S^J- 
lîeims,  N.  Monce,  ISy^',  ia-S»  de  vi-30  pp.  (Extrait  du  tome  CI  des  7'ra- 
vaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims  ;  tiré  à  lOU  exemplaires). 

Jean  Devillers.  chirurgien-major  de  l'armée  française  au  siège 
de  Philipshourg,  pendant  la  guerre  pour  la  succession  de  Pologne 
{17:33-l73ri),  dont  notre  compatriote  et  collaborateur,  M.  Armand 
Bourgeois,  a  retrouvé  et  publie  aujourd'hui  les  mtéressantes  let- 
tres, appartenait  à  une  ancienne  et  honorable  famille  d'Epernay 
dont  le  nom  se  rencontre  assez  fréquemment  dans  nos  archives 
locales  ;  son  père  exerçait  la  profession  d'apothicaire,  nous 
dirions  aujourd'hui  pharmacien.  11  eût  été  peut-être  opportun  de 
donner,  dans  la  brève  introduction  qui  précède  ces  lettres,  quel- 
ques détails  sommaires  sur  la  famille  du  personnage  et  sur  l'en- 
semble de  sa  carrière,  détails  que  les  registres  paroissiaux,  les 
archives  notariales  de  la  région  eussent  vraisemblablement  four- 
nis. On  rencontre  notamment  vers  cette  époque  (1744)  un  Jean 
Devillers,  procureur,  notaire  et  conseiller  de  ville  qui  devait  être 
l'oncle  paternel  du  jeune  chirurgien.  Il  n'eût  pas  été  moms  utile 
de  rapprocher,  au  cours  des  pages,  en  quelques  notes  succinctes, 
les  divers  réiàts  qui  ont  pu  être  faits  de  ce  siège  fameux,  où  périt 
le  maréchal  de  BerwicU  (12  juin  1734),  des  phases  de  l'attaque  et 
de  la  défense  mentionnées  dans  cette  correspondance,  adressée 
par  l'auteur  à  son  père  et  à  Bertin  du  Rocheret. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  neuf  lettres,  détachées  des  volumes  de 
M'Hanges  du  fonds  Bertin  du  Rocheret,  aujourd'hui  conservé  à  la 
Bibliothèque  d'Epernay,  nous  fournissent  des  documents  authenti- 
ques sur  les  principaux  épisodes  d'une  campagne  assez  rude  et  sur 
les  vicissitudes  d'un  siège  qui  dura  six  longues  semaines  et  coûta 
la  vie  à  notre  commandant  en  chef,  que  ren)plaça  aussitôt  le 
maréchal  Claude-François  Bidal  d'Asl'eld. 

Nous  y  voyons  que  Jean  Devillers  était  un  fort  bon  lils,  et  que 
ses  parents  devaient  vivre  dans  une  situation  plus  que  modeste, 
puisque  notre  jeune  aide-major  trouve  moyen  d'économiser  sur  sa 
paye  pour  envoyer  à  son  père  quelques  louis.  Il  dirige  de  là-bas 
le  traitement  de  sa  mère  malade,  et  s'ell'orce  d'encourager  les 
bonnes  dispositions  de  son  chef  à  son  égard,  pour  l'avancement, 


BIBLIOGRAPHIE  585 

par  une  hunil»le  subveiilioii  prélevée  sur  ses  propres  appointe- 
ments. 0  tempora  !  o  more'i  ! 

Un  autre  Sparnacien  y  est  nommé,  auquel  amputation  de  la 
cuisse  est  faite  à  i'Iiôpitai  du  siège,  et  qui  méritait  également  une 
ligne  de  note  ;  cest  le  tils  Pierrot,  dont  la  famille  comptait  égale- 
ment parmi  les  plus  nolahles  de  l'endroit.  Plus  lard,  en  1808,  un 
Jean  Pierrot,  président  du  Trihunal  civil  dt^pernay,  légua  par 
testament  vingt  mille  francs  à  l'Iiùpital,  etia  ville,  reconnaissante, 
a  donné  son  nom  à  l'une  des  rues  d'Epernay. 

D'autres  personnages  figurent  em^ore  dans  ces  lettres,  qu'on 
pouvait  peut-être  identilioi'  avec  certitude;  tel  ce  M.  de  .louy 
auquel  Devillers  envoie  ses  remerciements  pour  avoir  contribué  à 
sa  nomination  d'aide-major.  Il  s'agit  de  Louis  (Irossetête  de  Jouy, 
seigneur  de  Cuis,  Cramant  et  autres  lieux,  maréchal  de  camp  des 
armées  du  roi,  commandeur  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint- 
Louis,  décédé  en  son  château  de  Cuis  (Marne),  le  9  avril  4741,  à 
l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans,  et  inhumé  le  lendemain  dans 
l'église  de  Vinay  (Marne). 

Les  lettres  de  Jean  Devillers  sont  suivies  de  deux  tableaux 
envoyés  au  président  du  Hocheret  et  qui  contiennent  Tordre  de 
bataille  et  IV'tat  détaillé  des  troupes  qui  furent  engagées,  de  part 
et  d'autre,  dans  ce  siège  mémorable.  On  sait  que  Pliilippe-Valentin 
Berlin  du  Rocheret,  président  de  l'élection  d'Epernay,  avait  l'es- 
prit vif.  ouvert  ù  toutes  choses,  et  se  plaisait  à  collectionner  les 
documents  relatifs  aux  événements  passés  ou  contemporains. 
iM.  Auguste  .\icaise  a  publié,  il  y  a  une  trentaine  d'années,  un 
choix,  en  deux  volumes  in-S",  fait  parmi  les  nombreux  manuscrits 
autographes  possédés  aujourd'hui  par  les  Bibliothèques  de  Châlons 
et  d'Epernay.  L'utile  publication  de  M.  Armand  Bourgeois  appor- 
tera, dans  cet  ordre  d'idées,  une  contribution  nouvelle  à  l'histoire 
de  notre  pays.  \.  T,-R. 


Racan,  i3Sg-i6~o.  Flistoirc  anecdolique  et  criti(jue  de  sa  ine  et  de  ses 
œuvres.  Un  fort  volume  in-S"  raisin,  avec  planches  hois  texte  et  plan», 
par  M.  Louis  Arnoold,  agrégé  des  lettres,  chargé  du  cours  de  littéra- 
ture française  à  l'Université  de  l'oitier;?.  Pari.s,  1896.  Arin.  CoUe), 
éditeur. 

C'est  un  véritable  monument  que  M.  Arnould  a  consacré  à  la 
mémoire  de  Racan,  un  gros  volume  de  820  pages,  plein  de  faits, 
de  documents,  d'idées,  amassés  patiemment  depuis  la  clas-e  de 
seconde,  comme  il  le  dit  dans  sa  préface.  Le  volume  est  magniti- 
quement  édité  par  la  maison  A.  Colin  et  illustré  de  nombreuses 
planches  très  finement  gravées. 

C'est  à  une  sœur  ainée.  qui  guida  ses  premiers  pas  dans  le  che- 
min de  l'érudition,  que  M.  Arnould  a  dédié  son  livre.  Il  a  rompu, 
en  le  composant,  avec  une  méthode  ancienne  qui  consistait,  quand 
on  étudiait  un  auteur,  à  consacrer  quelques  pages  à  la  biographie, 


58»»  BIBLIOGRAPHIE 

puis  à  faire  une  partie  littéraire  beaucoup  plus  développée,  où  les 
u'uvres  étaient  niéthodiqnement  examinées  et  jugées.  Comme  il  le 
dit  lui-même,  il  était  depuis  longtemps  trop  frappé  des  inconvé- 
nients de  cette  méthode  pour  s'y  assujettir.  «  D'abord  ainsi 
conçue,  la  Vie  d'un  homme  se  rt'duit  le  plus  souvent  à  un  sec 
catalogue  de  dates  et  de  faits  :  rien  ne  semble  moins  vivant,  rien 
ne  répond  moins  à  ce  que  ce  mot  si  ])ref  de  Vie  enferme  d'admi- 
rable variété  et  de  mouvement.  On  n'aboutit  guère  ainsi  qu'à  une 
image  mutilée  et  informe  de  la  réalité.  »  M.  Arnould  a  jugé  avec 
raison  que  l'élude  de  la  vie  était  indispensable  à  l'étude  du  poète. 
Il  s'est  livré  à  de  consciencieuses  recherches  pendant  cinq  années, 
dans  le  .Maine,  l'Anjou  et  la  Touraine,  visitant  les  curés,  les  mai- 
res, les  notaires^  compulsant  des  centaines  de  milliers  de  registres, 
vivant  même  quelque  temps  au  château  de  la  Roche-Racan. 

Nos  lecteurs  n'attendent  pas  que  je  leur  donne  en  quelques 
lignes  un  résumé  de  ce  prodigieux  travail.  Donnons  seulement  de 
Racan  un  bref  portrait.  C'était  un  indolent,  un  éternel  distrait,  à 
la  manière  du  bon  La  Fontaine.  Sans  être  bon  —  car,  en  somme, 
il  y  a  très  peu  de  bonnes  gens,  et  Ton  n'a  point  de  preuves  de  sa 
bonté — Racan  n'était  pas  méchant...  .Sa  volonté  était  faible, 
mais  son  esprit  et  son  cœur  étaient  droits  ;  sans  être  un  homme  de 
caractère,  il  fut  néanmoins  une  nature  sympathique,  de  la  race 
des  Vauvenargues,  des  Vigny  et  des  Paul  Déroulède. 

Comme  poète,  Hacan  a  été  tenu  en  grande  estime  par  ses  con- 
temporains. La  Fontaine,  pour  n'en  citer  qu'un,  l'a  placé  au  même 
rang  que  Malherbe  dans  ces  jolis  vers  : 

Mallierbe  avec  Hacan,  parmi  les  chœurs  des  anges, 
Ld-Haut  de  l'Elernel  célébrant  les  louanges, 
Ont  empcrlé  leur  lyre,  el  j'espère  qu'un  jour 
J'entendrai  leur  concert  au  céleste  séjour. 

Aujourd'hui,  citons  la  délicate  appréciation  de  iM.  Lanson  : 
«  C'est  un  vrai  poète  (il  en  avait  l'àme  et  l'oreille),  un  amant  de  la 
campagne,  un  doux  mélancolique  qui  a  pleuré  la  fuite  des  choses 
et  le  néant  de  l'homme  en  strophes  lamartiniennes,  du  milieu 
desquelles  parfois  s'enlèvent  puissamment  de  magnifiques  images, 
des  périodes  nerveuses  et  fières.  »  Pour  M.  Arnould,  Racan  est  à 
la  fois  un  attardé  naïf  de  la  pléiade  et  un  devancier  discret  du 
romantisme. 

II  fait  des  pastorales,  car  il  aime  la  campagne,  il  l'aime  en  gen- 
tilhomme. Quand  à  la  religion  de  Racan,  on  doit  avouer  qu'il 
n'avait  pas  un  sens  moral  très  délicat. 

.M.  Arnould  a  comparé  Racan  à  La  Fontaine,  et  cette  comparai- 
son s'imposait;  car  on  peut  dire  que  ce  sont  les  deux  seuls  poètes 
du  xvne  siècle  qui  aient  goiUé  le  charme  de  la  plaine  verdoyante, 
la  solitude  des  bois,  les  joies  de  la  vie  agreste.  .M.  R. 


BIBLIOGKAPHIB  587 

* 

«      4- 

Docteur  Langlet,  aucieu  directeur  du  lUireau  d'Hygiène  de  Reiras.  — 
in  Bureau  de  santé  au  XVI h  siècle.  —  La  Feste  de  i635.  —  Reims, 
F.  Michaud,  1898.  Gr.  in-8"  de  128  pages.  (Extrait  delà  fiei'ue  médicale 
du  Nord- Est).  Planche  avec  vue  de  la  Burie,  et  bois,  sceau  de  la  Santé 
de  Reims,  autres  lif^ures  et  •graphique. 

CeLte  inléressanle  coiilributioii  à  l'iiisloire  de  l'iiygiène  et  des 
épidémies  à  Heims  vient  bien  ;ï  son  heure,  aiorr;  que  des  recher- 
ches analogues  se  poursuivent  dans  toutes  nos  grandes  villes. 
Comment  se  comportait-on  autreiois  dans  les  temps  de  peste,  et 
quelle  lutte  eireclive  opposait-on  au  tléau  ?  M.  le  docteur  Langlet 
a  interrogé  surtout  les  archives  de  Heims.  les  conclusions  du 
Conseil  de  ville,  les  liasses  de  correspondance,  etc.^  etc.  11  en  est 
résulté  beaucoup  de  découvertes. 

Les  titres  des  chapitres  seuls  vont  nous  les  faire  connaître  :  La 
Police  sanitaire,  —  Relation  des  villes  entre  elles,  —  Le  Bureau 
de  santé,  —  Médecins  et  chirurgiens,  —  Les  Loges  et  la  Burie,— 
Les  aérieurs  et  la  désinfection,  —  Les  quartiers  atteints.  — 
Nature  de  la  maladie,  —  Receltes  et  dépenses,  — La  participa- 
tion du  clergé,  —  La  garde  des  portes.  On  voit  ce  que  le  texte 
renferme  de  détails  locaux,  précis  et  souvent  inédits. 

Ce  n'est  pas  une  raison  pour  renoncer  à  consulter  les  travaux 
antérieurs  dûs  aux  docteurs  Phillippeet  Maldan.  Tout  se  succède  et 
se  continue  dans  l'érudition  ;  ri"n  n'est  {)erdu,  mais  tout  se  com- 
plète. H.  J. 

A  TRAVERS  LES  Risvt'Es.  —  Lcs  demières  livraisons  de  la  Revue 
des  Tradilions  populaires  contiennent  plusieurs  études  dues  à 
quelques-uns  de  nos  collaborateurs  et  compatriotes,  qu'il  nous  a 
paru  intéressant  de  citer  : 

Dans  la  livraison  de  janvier-février  1808,  M.  Louis  Morin  publie 
un  Essai  de  catalogue  du  culte  des  fontaines  dans  le  département 
(le  l'Aube. 

Dans  celle  d'avril-mai,  M.  Louis  Morin  a  donné  encore  un 
curieux  travail  sur  Le  régne  végétal  dans  les  divertissements 
enfantins  de  la  région  Irogenne  ;  le  baron  de  Baye  de  précieuses 
Notes  de  folk-lore  votiak,  recueillies  au  cours  de  sa  dernière  mis- 
sion parmi  les  populations  primitives  de  la  Sibérie  orientale. 

Enfin,  dans  celle  de  juin,  M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  fait 
paraître  une  remarquable  étude  sur  Les  nombres  trois  et  neuf, 
sept  et  cinqxuinte,  dans  la  litlcratvre  homérUiae  et  chez  les 
Celtes. 

La  Revue  hebdomadaire  du  20  mars  1808  cuntient  un  article 
très  documenté  de  M.  Ernest  Beauguitte  sur  Les  Gentilshommes 
verriers  de  l'A  rgonne. 


o88  BIBLIOGRAPHIE 

Notre  éminenl.  compalriole.  M.  (iaslon  Paris,  a  donné  dans  la 
iievue  de  Paris  du  l^  aoùl  1898,  sous  ce  litre  ;  Un  procès  crimi- 
nel, sous  PhilipjiC  le  Bel.  une  remarquable  étude  sur  le  livre 
récemment  paru  de  notre  collaborateur  .M.  Abel  Rigault,  le  Procès 
de  Gitichard,  èvêifue.  de  Troyes,  dont  nous  avons  antérieurement 
rendu  compte. 


Sommaire  de  la  Revue  historique  (irdennnise (imWel-àoùl  1898)  : 

I.  Les  trois  généraux  Lion,  par  Arthur  Choqokt. 

II.  Mélanges.  —  Les  chartes  des  Mares  et  de  Lamelz,  par  le  D"'  H.  Vin- 
cent. 

Une  trouvaille  siui^ulière  dans  une  ardoisière  de  Fuma\',   par  N.  Albot. 

Découverte  d'une  pierre  tombale  du  xiv"  siècle,  au  prieuré  d'Evergnicourt, 
dépendant  de  l'abba^'e  de  Sainl-ilubert  en  Ardenne,  par  Henri  Jadart. 

Un  inventaire  des  pièces  et  muuition-i  d'arlillerie  trouvées  au  château  de 
Rethel  en  1653,  par  Al.  Baudon. 

m.  Vahiétks  révolutionnaires.  —  Les  villages  rapatis  de  Passemange, 
Bohan,  Membre  et  Bagimout. 

IV.  Bibliographie.  —  Gustave  Saige,  Mona(0,  ses  origines  et  son  his- 
toire (Henri  Jadart).  —  Dom  Jean  Migeotle,  Clij-Jiwlogie  des  Abbés  de 
Florennes  (Dom  Albkrt  Noël).  —  C.-G.  Roland,  Orchimonl  et  ses 
fii'l's,  Slpplé:«ent  (Dom  Albert  Noël).  —  Tillière,  Histoire  de  t'obbaye 
d'Orval {C.-G.  Rolanu).  —  H.  Jadart,  (Quelques  souvenirs  des  Russes  dans 
le  département  des  Ardennes  :  —  h'orte  en  fer  du  moulin  de  Sévigny- 
VVateppe  ;  —  Les  écoles  de  Rethel  et  des  villages  voisins  en  i~~^  ;  — 
Les  Bénédictines  de  la  Paix- Noire-Dame  à  Liège. 

\.  Chronique.  —  Classement  d'objets  mobiliers  des  églises  de  Mairij,  de 
Biancheloàse  et  de  .Murtm,  parmi  les  monuments  historiques. 

* 
*    * 

Sommaire    de    la  Hevue    d\Ardenne  et  d'Argoune  (juiUet-aoîît 
i898)  : 

Georges  DeleaU  :  Pays  wallons  ;   Herbeaunionl  et  la  vallée  de  la  Semoj'. 

Stephen  Leroy  :  Les  sièges  d'Omonl  de  1589  à  1591  (suite). 

André  Donnay  :  Le   folk-lore  wallon  (suite  et  lin);  II.  Littérature  orale. 


Sommaire  de    la    Iievue    historique  (tome  LXVII,  juillet-août 
1898)  : 

A.  Matuiei;.  Étude  critique  sur  les  journées  des  5  et  6"  octobre  i~8g, 
p.  •iil-'.;81.  —  Cu.  KoHLER.  La  vie  de  sainte  (leneviève  est  elle  apocry- 
phe y  p.  283-320.  — Alk.  Stehn.  Chartes  Engelbtrt  OiUsuès  ;  Solice 
biographique  accompagnée,  de  fragments  de  ses  mémoires  relatifs  à  la 
Révolulioii  française,  p.  :i21-33iJ. 


BIBLIOGRAPHIE  589 


Sommaire  du  BnllcUn  du  Bibliophile  cl  du   Hibiiolhccairc  (lo 
juin  1! 


Natalis  Rondot,  Les  relieurs  de  livres  à  Troyes,  du  AVI'*  au  .Vl'/«  siècle. 

Ce  travail  est  une  importante  ronlribution  à  Thistoire  de  l'industrie  du 
livre,  à  Troyes,  puisée  aux  œuvres  originales,  c'est-à-dire  dans  les  magni- 
fiques archives  du  département  de  l'Aube  et  de  la  ville  de  Troyes. 

M.  Natalis  Rondot  a  relevé  les  noms  de  quatre  relieurs  troyens,  pour  le 
xiV  siècle  ;  vingt-neuf  pour  le  x^»  siècle  ;  Irenle-et-un  pour  le  xvi',  et 
quinze  seulement  pour  le  xvir.  Il  signale  plusieurs  dynasties  de  relieurs  : 
les  Thierry,  dits  de  Brienne,  les  de  Bargues,  les  Lointier,  etc.  Plusieurs  de 
ces  ouvriers  exerçaient  à  la  fois  les  uiétiers  d'écrivains,  enlumineurs, 
régleurs,  relieurs  de  livres  et  libraires  ;  quelques-uns  appartenaient  au 
clergé  et  travaillaient  pour  le  compte  de  leurs  églises. 
Eugène  Asse,  Les  Petits  romantiques  :  Jules  do  fiességuier  (suite). 
Joseph  Dumoulin,  A  propos  des  u  Grecs  du  Roi  »,  d'après  un  acte  inédit. 
Correspondance. 

Lettre  de  M.  Eugène  Asse,  relative  à  Bossuet,  poète. 
Chronique. 

Elle  mentionne  une  nouvelle  édition,  soigneusement  revue  et  largement 
complétée,  du  livre  de  l'abbé  Bousseaud,  Histoire  et  description  des  manus- 
crits et  des  éditions  originales  des  ouvrages  de  Bossuet  (Paris,  Picard  et 
fils.  1898,  gr.  iu-S"). 

Revue  de  publications  nouvelles,  par  M.  Gkokges  Vicaire. 
Litres  nouveaux. 


Sommaire  du  Hullclin  du  Bibliophile  el  du  liibliolhécaire  (15 
juillet  1898)  : 

Marquis  de  Gkanges  de  Subgèhes.  A  propos  de  Chateaubriand.  Notes 
bibliographiques  sur  son  pamphlet  «  De  la  Monarchie  selon  la  Charte  ». 

Gustave  Maçon,  Note  sur  le  «  Mijstère  de  la  Résurrection  »  attribué  à 
Jean  .M)chel. 

Eugène  Asse,  Les  Petits  Homanliques  :  Jules  de  Rességuier  (suite). 

Georges  Vicaihe,  A  propos  du  «  Roland  furieux  »  illustré  par  Gustave 
Doré. 

Bibliothèques  municipales. 

Chronique. 

Revtie  de  publications  >  ouvelles,  par  M.  Georges  Vicaire. 

Livres  nouveaux. 


CHRONIQUE 


SoCtKTK    ACADKMIQL'E    DE    l'ACBE.     —    SéoUCe    dU     11     juill      1898. 

—  Présidence  de  M.  le  curnte  de  Lautiay,  président. 

CoDimuniccHions  du  Président. 

M.  le  président  annonce  le  décès  de  M.  Adolpiie  Parigoi.  prési- 
dent du  Tribunal  civil  do  Troyes,  et  de  M.  Emile  Forment,  de  Bar- 
siir-Aube,  tous  deux  membres  correspondants. 

M.  le  président  a  re^^u  de  M^e  veuve  F'ormont,  par  l'entremise 
de  M.  Rousselct,  son  gendre,  une  somme  de  100  francs,  qui  devra 
être  donnée  en  prix,  en  souvenir  de  M.  Formont  et  conformément 
à  ses  désirs,  k  l'autear  d'une  brochure  ou  plaquette  inédite  inté- 
ressant la  ville  de  Bar-sur-Aube.  Le  bureau  s'occupera  des  moyens 
de  I enliser  les  intentions  de  la  donalrice. 

Cummunlcations  des  mevibies. 

M  Le  (^Icrt  fait  connaître  qu'il  a  reçu  de  M.  Truelle-Sauit- 
Evron,  à  litre  de  don  à  la  Société  pour  le  Musée  des  Arts  décora- 
tifs, une  noix  de  coco  très  finement  sculptée,  sur  laquelle  l'artiste, 
un  forçat  du  bagne  de  Toulon,  a  représenté  les  batailles  d'Essling 
et  de  Marengo.  M.  le  président  adresse  à  M.  Tiueile-Saint-Evron 
les  remerciements  de  la  Socité  pour  ce  don  qui  vient  s'ajouter  à 
ceux  dont  ii  l'a  généreusement  comblée. 

M.  Charles  Ballet  présente  :  1"  Une  série  de  roses  miniatures  de 
la  race  Polyanthea,  originaire  du  Japon  ;  elles  sont  remontantes  et 
conviennent  comme  bordures  ;  2"  des  lilas  du  Japon  à  iloraison 
tardive  ;  3"  du  seringat  double  à  Meurs  d'oranger  ;  4"  des  tleurs  de 
Muscari  pUnneux,  de  la  ramillc  des  liliacées,  plante  qui  peut  être 
enqiloyce  en  bordures, 

l-Uccliuii. 

Il  est  procédé  à  l'élccliou  d'un  membre  résidant  pcujr  rempla- 
cer M.  Dufour-Bouquot  dans  la  section  des  Lettres.  M.  Hémond, 
inspecteur  d'Académie  et  agrégé  de  philosophie,  est  élu  au  scrutin 
secret. 

Séance  du  l'.i  juillet  ISUS.  —  Présidence  de  M.  le  comte 
de  Launay,  président. 

Leclures  et  coininunicalions  d'S  membres. 
M  Kélix  Fontaine  lit  un  rapport  sur  un  travail  manuscrit  de 
M.  Labourasse,  membre  correspondant,  intitulé  :  .'  La  Navigation 
de  la  Haute-Seine  entre  Nogenl  et  Cliàlillon  avant  1830.  »  Ce  tra- 
vail consiste  principalement  dans  une  étude  sommaire  de  l'état  de 
la   navigation,   depuis  le  commencement   du    xiv«   siècle  jusqu'à 


CHRONIQUE  591 

l'époque  susdite.  M.  Félix  Fontaine  critique  certains  passages  du 
manuscrit  de  M.  Labourasse,  mais  reconnaît  que  celle  étude 
contient  des  détails  fort  intéressants  et  a  dû  imposer  à  son  auteur 
un  labeur  dont  il  proclame  le  mérite.  Il  conclut  que  la  Commis- 
sion de  publication,  à  laquelle  il  propose  le  renvoi  de  ce  travail, 
devra,  avant  de  lui  donner  place  dans  les  -'  Mémoires  »,  deman- 
der à  M.  Labourasse  de  b;  revoir  et  d'y  apporter  les  rectilicalions 
nécessaires. 

Après  avoir  terminé  ht)n  rapport,  .M.  Kfiix  Foulaine  lit  un  tra- 
vail original  du  plus  haut  intérêt,  qui  complote  celui  de  M.  Labou- 
rasse et  a  pour  litre  :  «  Navigation  de  la  Haute-Seine  depuis 
1830.  »  Il  raconte  en  détail,  avec  chitlres  à  l'appui,  tout  ce  qui  a 
été  fait  pour  la  navigation  de  la  Haute-Seine,  sous  le  premier 
Empire  et  surtout  depuis  1830.  Ce  travail,  très  documenté,  échappe 
à  l'analyse  ;  tout  le  monde  voudra  le  lire  dans  les  «  Mémoires  ». 
t^ontentons-nous  de  citer  ce  passage,  qui  nous  semble  devoir  inté- 
resser le  public.  «  Après  avoir  achevé  la  construction  des  ouvrages 
d'art  entre  ïroyes  et  les  Maisons-Blanches,  c'est-à-diie  en  1876,  ou 
essaya  la  mise  en  eau  de  cette  section  ;  mais  on  reconnut  que 
l'opération  était  impossible,  sans  recourir  à  des  travau.v  assez  coû- 
teux d'étanchement,  à  cause  de  la  perméabilité  des  terrains  qui 
absorbaient  l'eau  au  fur  cL  à  mesure  de  sou  introduction  dans  le 
canal.  On  recula  devant  la  dépense,  et  aucun  travail  séi'ieux  de  ce 
genre  ne  fut  entrepris.  " 

M.  Le  Clert  lit  la  liste  des  dons  faits  au  Musée  pendant  le  der- 
nier trimestre  ;  des  remerciements  sont  votés  aux  donateurs. 

M.  Le  Clert  parle  ensuite  de  l'emploi  du  don  de  500  francs  fait 
par  M.  Ïruelle-Saint-Lvrou,  pour  le  Musée  des  Arts  décoratifs. 
Cette  somme  a  été  employée  à  l'achat  d'une  magnifique  torchère, 
qui  sera  l'un  des  plus  beaux  ornements  de  ce  Musée  déjà  si  riche 
en  objets  d'art  intéressants.  Le  j)rix  en  était  fixé  à  l,oOO  francs, 
mais  M.  Gagneau  a  bien  voulu  le  diminuer  de  IJbO  francs  ; 
M.  Truelle-Sai[it-Evron  a  ajouté  généreusement  200  francs  à  sou 
premier  don,  et  la  Société  a  complété  la  somme  nécessaire  à  l'ac- 
quisitioii.  M.  Albert  Babeau  a  prêté  h  celte  affaire  importante  son 
précieux  concours;  la  Société  l'eu  remercie,  ainsi  que  les  dona- 
teurs. 

M.  Le  Clert  donne  lecture  d'une  note  de  M.  l'abbé  Prévost,  curé 
de  Rouilly-Sacey,  membre  associé,  sur  une  découverte  de  souter- 
rains à  Rouilly-Sacey.  il  s'agit  de  la  découverte  de  galeries  souter- 
raines reliées  entre  elles  à  une  grande  profondeur  dans  le  sol. 
M.  l'abbé  Prévost  donne  sur  ces  souterrains  de  très  intéressants 
détails.  11  exprime  l'espoir  que,  dans  des  fouilles  subséquentes,  ou 
trouvera  quelque  objet  aidant  à  assigner  une  date  au  moins 
approximative  aux  galeries  qu'on  vient  de  découvrir. 

M.  l'abbé  d'Antessanty  annonce  la  découverte,  dans  la  forêt  de 
Runiilly-les-Vaudes,  d'un  coléoptère  fort  rare,    de  la  famille  des 


592  CHRONIQUB 

Bracliélylres,  le  Vellelus  dilalaius^  qui  habile  dans  les  nids  des 
frelons.  Deux  exemplaires  de  ce  l»el  insecte  ont  été  trouvés  der- 
niéremenl  par  M.  Louis  Gillier,  élève  du  lycée,  sous  une  écorce  de 
chêne,  au-dessous  du  sol.  Cette  espèce  n'est  pas  indiquée  dans  le 
Catalogue  de  M.  Le  (irand. 

M.  Gustave  Huot  fait  ressortir  la  valeur  des  deux  publications  de 
M.  (luichard,  n)entionnécs  plus  haut  parmi  les  ouvrages  otferts. 

M.  Jourdheuille  signale  un  champignon  microscopique,  Fusicla- 
dium  cerasi,  très  nuisible  aux  cerises.  W  tait  partie  du  genre  qui 
renfernïc  les  champignons  produisant  la  tavelure  des  poires  et  la 
gale  des  pommes.  M.  Briard  ne  le  mentionne  pas  dans  sa  "  FIo- 
rule  cryplogamique  de  l'Aube  ».  Il  se  manifeste  par  des  taches 
veloutées,  noirâtres,  sur  les  cerises  ;  ijuand  il  les  envahit^  alors 
quelles  sont  encore  jeunes,  il  les  em[)èche  complètement  de  se 
développer  et  les  dessèche,  de  telle  sorte  qu'il  ne  reste  que  le 
noyau.  Cette  année,  à  Lusigny,  certaines  espèces  de  cerisiers  (la 
cerise  ang.aise  tardive,  la  cerise  de  iMontmorency)  ont  été  complè- 
tement envahis  et  la  récolte  a  été  détruite.  M.  Jourdheuiile  nion- 
tre  à  la  Société  des  cerises  attaquées  par  ce  champignon. 

Les  travaux  de  .M.  Labourasse  et  de  M.  Félix  Fontaine  sont  ren- 
voyés à  la  Commission  de  publication. 

M.  Pron  annonce  le  don  au  Musée  d'un  tableau  de  .M.  Toudouze. 
Les  procédés  d'exécution  sont  dilfcrents  de  ceux  qu'on  emploie 
ordinairement  ;  il  invite  ses  collègues  à  le  visiter. 


SOCIKTK    DKS    Sl.lKiN'CKS    ET    ArtS    DE    VlTIlY-LE-Fn.VNrOIS .    —   ScilIlCe 

du  1 1  juin  IS9S.  —  Présidence  de  M.  Jovy. 

hitaient  présents  :  MM.  Jovy.  président  ;  U'  Mougin,  Collet, 
Denis,  Dutertre,  Julien  de  Felcourt,  Le  Sente,  Lumereaux,  L)''  Vast, 
abbé  Dansain,  membres  titulaires  ; 

Cuvillier,  Tavernier,  membres  associés  ; 

.\.  Lhote  et  Auguste  Nicaise,  de  Chàlons-sur-Marne. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

CojTespoiidance. 

M.  le  président,  en  (juclques  paroles  pleines  d'émotion,  rappelle 
la  perle  que  vient  de  faire  la  Société  des  Sciences  et  Arts  dans  la 
personne  de  l'un  de  ses  membres  correspondants,  M.  le  D''  Giraux. 
président  de  la  Société  d'Agriculture,  Commerce,  Sciences  et  Arts 
de  Chàlons-sur-Marne. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  président,  M.  A.  .Nicaise  donne  d'inté- 
ressants détails  concernant  les  cérémonies  du  prochain  centenaire 
de  celte  Société. 

Pour  le  9  juillet  prochain,  on  organise  une  exposition  d'horti- 
culture qui  promet  d'être  des  plus  brillantes,    et  une  exposition 


CHRONIQUE  o93 

d'arcliéulogie  dont  la  prccieiise  cullecUon  de  .M.  BosLeaiix,  maire 
de  Ceriiay,  sci'a  l'une  des  principales  allracLions.  Le  10,  dans  la 
nialinée,  me^se  en  inusiiiue  sous  la  direction  du  maestro  Huel. 
Dans  l'après-tiiidi,  séance  solennelle  à  IHùlel  de  Ville  ;  discours  du 
délégué  du  gouvernemenl  ;  discours  du  président  qui  mettra  en 
relief  les  œuvres  de  la  Société.  Une  partie  musicale  importante 
donnera  à  cette  séance  un  attrait  particulier,  un  vérilable  cachet 
d'art.  Le  soir,  un  banquet  réunira  tous  les  membres  et  délégués 
des  Sociétés. 

Pour  ces  l'êtes,  il  faut  des  ressources.  A  celles  dont  dispose  la 
Société  sont  venues  s'ajouter  des  subventions  du  '.Jonseil  municipal 
et  du  Conseil  général  ;  d'autres  viendront  encore.  Plus  elles  seront 
considérables,  plus  le  Comité  pourra  faire  grand.  Rappelant  le 
tôle  de  M.  François  et  lo  succès  de  ses  recherches  relatives  à  la 
maladie  des  vins  de  Cham(iagne,  M.  Nicaise  dit  que  si  les  ressour- 
ces étaient  suffisantes,  le  Comité  ferait  exécuter  par  un  artiste 
marnais  le  buste  de  ce  grand  bienfaiteur  de  la  (lliampagne,  buste 
(jui  serait  placé  en  face  de  celui  de  doin  Péiignon. 

L'archéologie,  —  c'est  un  desideratum  de  .M.  Nicaise,  —  aurait 
mérité  d'avoir  son  représentant  spécial  :  ou  .M.  Héron  de  Ville- 
fosse,  ou  M.  Anatole  de  Barthélémy.  Cette  science  a,  en  effet,  au 
livre  d'or  de  la  Société,  de  fort  belles  pages.  Llle  a  en  Champagne 
un  savant  hors  de  pair  :  M.  J.  de  Baye,  qui  a  fait  les  plus  magni- 
liques  découvertes.  Son  musée  de  l'époque  gauloise  renferme  les 
pièces  les  plus  rares.  La  période  «  marnienne  »  est  là  constituée 
par  les  objets  précieux  trouvés  dans  des  milliers  de  tombes  gau-- 
loises.  C'est  grâce  à  rarcliéologie  qu'en  1876,  sur  271  Sociétés,  la 
Société  de  Chàlons  a  obtenu  une  grande  médaille  d'or  de  1,000 fr. 

En  terminant  cet  exposé,  M.  Nicaise  demande  à  la  Société  de 
Vitry  son  bienveillant  concours. 

A[)rès  une  très  courte  discussion,  la  Société  vote  à  l'unanimité 
une  médaille  de  vermeil  grand  module. 

Mémoires  et  communica lions. 

La  parole  est  à  M.  Nicaise  sur  la  découverte  faite  à  Cernon-sur- 
Coole  d'une  sépulture  gauloise  à  incinération.  M.  Nicaise  raconte 
la  découverte  faite  par  un  cultivateur  qui  labourait  son  champ,  et 
décrit  les  objets  trouvés  ;  il  en  montre  l'importance  relativement 
à  la  civilisation  gauloise.  Deux  superbes  photogravures,  faites 
d'après  les  clichés  de  M.  Emile  Schmitt.  donnent  les  dessins  très 
précis  des  pièces. 

('  Au  commencement  d'avril  1897,  dit  iM.  Nicaise.  M.  Brisson, 
cultivateur  à  Cernon,  qui  labourait  une  pièce  de  terre,  située  sur 
le  lieudit  le  Muulin  Bridé,  sur  les  hauteurs  qui  dominent  la 
rivière  de  la  Coole,  à  un  kilomètre  environ  au  nord  du  village, 
remarqua  qu'un  des  pieds  de  son  cheval  s'enfonçait  à  un  ceilain 
endroit  de  ce  terrain. 

38 


594  CHRONIQUE 

Il  creusii  le  sul  ;ivec  le  contre  de  sa  charrue,  cl  découvrit  une 
excavation  circulaire,  profonde  de  (iO  centimètres,  renfermant  un 
vase  en  terre  cuite  de  grande  dimension,  car  il  mesure  42  centi- 
mètres de  hauteur  cl  |ml3  à  l'orifice  ;  sa  plus  grande  largeur  à  la 
panse  est  de  l'"40. 

Dans  ce  vase  étaient  placés  des  ossements  humains  incinérés.  Ce 
vase  avait  été  recouvert  par  un  hirgo  plat  creux  retrouvé  en  nom- 
breux débris. 

De  chaque  côté  du  vase,  et  appuyées  extérieurement  contre  les 
parois,  étaient  une  é[)ée  mesurant  avec  son  fourreau  73  centimè- 
tres, et  une  grande  lance  longue  de  -iO  centimètres.  Deux  chaînes 
d'inégale  grandeur  semblent  avoir  con.stilué  les  bélières  de  Tépée. 
La  plus  grande  mesure  43  centimètres  ;  la  plus  petite  n'a  que  Ho 
millimètres.  Elles  étaient  placées  au  pied  du  vase. 

Cette  découverte  offre  un  triple  intérêt  : 

i'i  Par  le  mode  de  sépulture  ;  l'incinération,  rare  dans  la  civili- 
sation gauloise,  et  dont  les  nombreux  cimetières  de  la  Marne 
n'ont  encore  offert  que  de  rares  exemples  ; 

2"  Par  la  présence  des  armes  et  leur  arrangement  autour  des 
parois  extérieures  du  vase  ; 

3"  Par  la  conservation  exceptionnelle  du  fer  de  l'épée,  de  la 
lance  et  des  bélières.  Cette  conservation  permet  de  croire  que  les 
objets  ont  été  déposés  sur  le  bûcher  au  moment  de  l'incinération 
de  leur  possesseur.  Ils  ont  acquis  une  teinte  (jui  les  fait  prendre 
pour  du  bronze  à  première  vue. 

4°  Par  les  ornemenls  que  i^résenle  le  fourreau  en  bronze  de 
l'épée. 

On  a,  en  effet,  rencontré  jusqu'à  pré;ent  très  peu  d'incinéra- 
tions gauloises  dans  le  département  de  la  Marne. 

Ensuite,  les  incinérations  découvertes  n'ont  point  donné  d'ar- 
mes', mais  seulement  quelques  parures,  bracelets  et  fibules  placés 
dans  le  vase  sur  les  ossements. 

Cette  découverte  apporte  aussi  un  nouvel  élément  de  l'art  gau- 
lois par  les  ornements  gravés  sur  le  fourreau  de  l'épée. 

D'après  son  aspect  poli,  verdàlre,  aux  reflets  mordorés,  ce  four- 
reau avait  d'abord  paru  être  en  bronze.  Mais,  un  morceau  s'étant 
détaché,  l'analyse  chimique  qui  en  fut  faite  par  MM.  Schmilt  et 
Henra,  montra  qu'il  est  en  fer.  C'est  la  première  fois,  croyons- 
nous,  que  la  gravure  sur  le  fer  est  signalée  dans  la  civilisation 
gauloise;  elle  révèle  une  technique  très  avancée  et  l'emploi  de 
burins  d'une  trempe  supérieure.  C'est  sans  doute  à  son  contact 
avec  le  feu  que  ce  lourteau  d'épée  a  revêtu  l'aspect  du  bronze. 

E'épée  de  Cernon  est  bien  l'épée  gauloise  marnienne  avec  sa 
boulcrolle  caractéristique.  L'ornementation  du  fourreau  apparaît 
d'abord  sur  le  passant  ou  anneau  aplati  placé  à  l'extrémité  supé- 
rieure cl  qui  sert  à  rattacher  l'arme  au  ceinturon  par  une  sus- 
pension. 


CHRONIQUE  595 

Les  deux  caboclioiis  aplatis,  qui  raltaclienl  le  passaul  au  four- 
reau, luonlreiil  quatre  S  entrelacés,  ootiibinaisoii  l'aiiiilière  à  l'art 
gaulois. 

Les  autres  oriieiiieiits  du  fourreau  sont  eu  l'urine  d'eiunuleineuts 
foliacés  qui  rappellent  aussi  un  S  très  allongé. 

Ils  se  rapprochent  de  certains  ornements  reproduits  sur  des 
vases  et  sur  (juelques  torques  ;  mais,  combinés  et  évoluant  sur 
une  large  surface,  comme  celle  que  présente  un  fourreau  d'épée, 
ils  otl'renl  un  aspect  plus  élégant.  » 

M.  l'abbé  Dansain,  délégué  de  la  Société  au  Congrès  des 
Sociétés  savantes,  donne  lecture  de  son  travail  sur  les  mémoires 
lus  dans  les  diverses  séances. 

Ces  mémoires  ont  été  nombreux  et  des  plus  intéressants.  Venus 
de  tous  les  points  de  la  France,  les  membres  du  Congrès  ont  pro- 
duit les  résultats  des  fouilles,  des  explorations  o[>érées  par  eux 
dans  les  archives  locales  et  dans  les  entrailles  du  sol.  On  peut  dire 
que  toutes  les  parties  de  l'archéologie  ont  apporté  leur  contribu- 
tion à  l'histoire.  L'archilectuie,  la  sculpture  ont  eu  leurs  histo- 
riens. Des  chercheurs  sagaces  ont  agrandi  le  champ  de  la  cérami- 
que et  de  la  numismatique,  alors  que  de  curieuses  trouvailles 
dans  la  glyptique  et  dans  la  toreutique  ont  vivement  intéressé  les 
membres  du  Congrès. 

Le  rapporteur  signale  surtout  à  l'atleiition  de  la  Société  les 
mémoires  relatifs  à  l'architecture  religieuse,  à  l'art  religieux.  Les 
uns  étudient  un  ensemble  de  monuments  en  les  comparant  ;  les 
autres,  une  seule  église  ou  un  seul  objet  d'art.  Des  églises  qui 
présentent  quelque  disposition  originale  dans  leurs  liefs,  leurs 
absides,  leurs  voûtes,  leurs  porches,  leurs  clochers,  sont  décrites, 
analysées,  discutées  avec  un  sérieux  savoir.  Certains  problèmes, 
relatifs  aux  intluences  des  diverses  écoles,  sont  étudiés  avec  saga- 
cité. Grâce  à  la  photographie^,  les  congressistes  ont  sous  les  yeux 
les  monuments  décrits  et  peuvent  plus  aisément  suivre  la  discus- 
sion. Entre  tous  ces  mémoires,  celui  présenté  par  M.  Uernaison, 
archiviste  de  la  ville  de  Reims^  a  pour  nous  un  intérêt  plus  vif.  Il 
s'agit  de  deux  des  plus  beaux  monuments  de  notre  département  : 
les  églises  de  Notre-Dame  de  Chàlons  et  de  Saint- Hemy  do  Reim.5. 
M.  Demaison,  contrairement  à  l'avis  de  nombreux  archéologues, 
pense  que  la  conslruction  de  l'abside  de  Notre-Dame  a  précédé 
quelque  peu  celle  de  Saint-Remi.  Il  appuie  son  opinion  sur  des 
détails  d'architecture  et  sur  des  lettres  de  Guy  de  Bazoches  et  de 
l'abbé  Pierre  de  la  Celle.  Pour  lui,  d'ailleurs,  les  deux  égli-es  ont 
fjrt  bien  pu  être  construites  par  le  même  architecte. 

M.  le  D''  Vast  comnmnique  à  la  Société  trois  inscriptions  retrou- 
vées dans  le  maitre-autel  de  Notre-Dame  de  Vitry-le-François 
pendant  les  travaux  de  démolition. 

Ces  inscriptions  gravées  :  deux  sur  plaques  de  plomb,  une  sur 
plaque  d'étain,  relatent  en  quelque  sorte  l'histoire  de  l'autel.  Trop 


59t)  CHRONIQUE 

longues  pour  Hre  données  ici,  elles  seronl  Irantr.riles  cl  conser- 
vées au  registre  de  la  Société. 

M.  Jovy  communique  une  nouvelle  série  de  lettres  inédites, 
rencontrées  aux  Archives  municipales  de  Vitry-le-François,  des 
représentants  de  Vilry  dans  les  diverses  assemblées  législatives  de 
la  période  révolutionnaire.  Ces  lettres  semblent  témoigner  de 
quelques  eiïorts  tentés  par  eux  pour  redonner  à  Vitry  un  peu  de 
l'importance  administrative  cl  judiciaire  que  la  division  de  la 
France  par  départements  lui  avait  enlevée.  ?sicolas-Louis  de  Salli- 
gny  et  Detorcy,  tous  deux  membres  du  Conseil  des  Anciens,  plai- 
dent en  faveur  des  intérêts  vitryals  auprès  du  Directoire;  une 
lettre  de  Salligny  raconte  une  visite  malheureuse  auprès  du 
«  citoyen  Carnot.   » 

M.  Jovy  communique  encore  une  lettre  inédite  de  Dubois  de 
Crancé,  en  date  du  23  mai  1791,  à  la  Société  populaire  de  Vitry- 
sur-Marne.  Dans  cette  lettre,  Dubois  de  Crancé  engage  les  Socié- 
tés populaires  à  ne  pas  accorder  chez  elles  une  place  trop  largo  à 
l'élément  militaire,  "  qui  pourrait  méconnaître  ou  exagérer  avec 
un  es[)rit  de  corps  les  droits  des  citoyens  ». 


SÉA.NCt:     ANMELLt;     DE     L'AcADlhllE      NATIONALE      DE      ReIMS.    —    l>e 

'  juillet,  à  deux  heures  et  demie,  l'Académie  nationale  de  Reims 
a  tenu  sa  séance  publique  annuelle  dans  la  grande  salle  du  Palais 
archiépiscopal. 

Au  bureau  siégeaient  S.  Em.  le  cardinal  Langénieux,  président 
d'honneur  ;  Ms''  Cauly,  président  annuel  ;  M.  Jadart,  secrétaire 
général  ;  iM.  Demaison,  secrétaire-archiviste  ;  MM.  Morel  et  Duchâ- 
taux.  Derrière  eux,  sur  Pestradc,  un  certain  nombre  de  membies 
titulaires  et  correspondants. 

Sur  les  parois  de  la  salle,  à  droite,  une  exposition,  intéressante 
au  point  de  vue  archéologique  et  artistique,  comprenait  : 

l"  Quelques  échantillons  des  trouvailles  faites  dans  les  fonilles 
de  Montéqueux,  par  M.  Ch.  Coyon,  à  Heine  (1897-1898)  ; 

2"  Des  reproductions  photographiques  des  portraits  dus  à  Cra- 
nach,  Holbein,  Nanteuil,  etc.,  qui  sont  conservés  au  musée  —  ainsi 
que  des  manuscrits  à  ligures  de  la  Bibliothèque  —  habilement 
obtenues  par  l'infaligable  M.  Victor  Charlier,  de  qui  déjà  nous 
avons  admiré  l'an  dernier  la  reproduction  de  l'Évangéliairo  slave, 
destinée  au  Isar  ; 

3"  Les  remarquables  dessins  du  pavage  archéologique  de  M.  Cou- 
tin,  représentant  vingt  scènes  de  la  vie  de  Joseph,  en  plomb  coulé 
dans  la  gravure  de  la  dalle. 

Me''  Cauly  prononce  le  discours  d'ouverture,  une  savante  élude 
sur  l'Université  de  Reims  et  l'enseignement  Ihéologiquc  qui  lui  a 
donné  quelque  célébrité. 


-      CHRONIQUE  tj97 

Vient  ensiiito  le  compte  rendu  des  travaux  de  l'année  1897- 
1898,  une  revue  où  M.  H.  Jadart  est  passé  maître  et  où  l'urbanité 
du  style  fait  si  bien  valoir  la  finesse  et  la  rectitude  des  appré- 
ciations. 

[.e  remarquable  rapport  de  M.  le  D"^  (juelliot  sur  les  concours 
d'histoire,  d'archéologie,  etc.,  est  suivi  d'une  intéressante  lecture 
de  M.  J.  Laurent  sur  les  Champignom  de  l'Aujonne.  L'auteur  a 
semé  sur  ce  sujet  passablement  ingrat  les  Heurs  d'un  esprit 
cultivé. 

Après  lo  rapport  sur  le  concours  de  poésie,  de  M.  Alf.  Leforl, 
M.  Louis  Denuiison,  secrétaire-archiviste,  proclame  les  prix  et. 
médailles  décernés  par  l'Académie, 

POIÎSTE. 

\JnQ  médaille  de  vermeil  est  décernée  à  M"»"  la  baronne  de 
Baye,  à  Paris. 

Une  médaille  d'argent  à  M.  Achille  Millien,  membre  correspon- 
dant et  lauréat  de  précédents  concours,  à  Beaumont-la-Ferriére 
(Nièvre). 

Une  médaille  de  bronze  à  M    Ch.  [.expert,  à  Rethel. 

Une  mention  honorable  à  M.  Jacques  d'Estelle,  à  Toulouse. 

HISTOIRE    ET    ARCHÉOLOGIE. 

Une  médaille  d'or  est  décernée  à  M.  Henri  Lacaille,  archiviste 
paléographe,  membre  correspondant  à  Paris,  pour  son  Histoire 
du  Collège  de  Reims  en  l'Académie  de  Paris  (sujet  du  concours). 

Une  médaille  d'or  à  M.  Paulin  Lebas,  propriétaire  à  Sévigny-la- 
Forêt  (Ardennes),  pour  sa  Monographie  de  cette  commune. 

Une  médaille  d'argent  â  M.  l'abbé  Antoine,  membre  correspon- 
dant à  Vireux-Molhain,  pour  sa  iV/onoz/rop/i/^c/e  C/ioo:r  (Ardennes). 

Une  médaille  d'argent  à  M.  l'abbé  Haizeaux,  curé  de  Guincourt, 
pour  sa  MonoLp-aphie  de  Lamelz  (Ardennes). 

Une  médaille  d'or  à  M.  l'abbé  Frézet,  vicaire  à  Charleville,  pour 
son  recueil  des  Inscriptions  Moutonnai  se  s. 

botanujl;e. 
Une   médaille   d'or  est   décernée  à  M.  Pierre   Collet,    géologue, 
membre    correspoiidanl    à    Sainte-Vleneliould,    pour    son    étude 
accompagnée  d'un  atlas  sur  lee  Cfiarnpignons  d'Argonnc. 

AUT    ET    l.NnnsTRIR, 

Une  médaille  d'or  est  décernée  à  M.  Augu-^te  Coutin,  sculpteur, 
pour  son  dallage  ciselé,  imité  du  moyen  àgc,  dans  la  cathédrale 
de  Reim-". 


Académie  nationale  de  Reims.  —  Compte  rendu  des  travaux 
pendant  l'année  1897-1898,  lu  dans  la  séance  publique  du  jeudi 
7  juillet  1898,  par  M.  Henri  Jadart,  secrétaire  général  ; 


508  CHRONIQUE 

Messieurs, 

En  vous  présentant  pour  la  seizième  fois  \o  rapport  annuel  sur  l'ensemble 
(le  vos  travaux,  je  crains  d'encourir  le  reproche  d'une  monotonie  engendrée 
par  la  perpétuelle  sàtisl'action  du  résultat  de  nos  efforts.  Je  ne  puis  cepen- 
dant pour  exorde  vous  adresser,  comme  autrefois  les  gens  du  roi  au  Parle- 
ment, une  mercuriale  su"-  quelque  sérieux  manquement  à  vos  traditions,  car 
je  cherche  en  vain  ce  grave  sujet  de  remontrance.  Vous  me  pardonnerez 
toutefois,  Messieurs,  de  vous  signaler  une  tendance  qui  serait  fâcheuse  si 
elle  devenait  plus  accentuée,  c'est  la  diminution  à  notre  ordre  du  jour  des 
études  d'histoire  locale.  J'admire  le  zèle  qui  nous  transporte  sur  des  rives 
lointaines  suivant  un  besoin  général  et  irrésistible  à  notre  époque,  mais  il 
faut  bien  qu'il  reste  encore  parmi  nous  quelques  retardataires  sur  d'ancien- 
nes  traces,  et  surtout  que  nous  fassions  éclore  de  jeunes  recrues  vers  les 
points  inexplorés  de  nos  annales  rémoises  et  vers  les  lacunes  de  notre  bio- 
graphie, sujets  qui  ont  tant  contribué  à  enllammer  l'ardeur  de  nos  devan- 
ciers. C'est  un  vœu  pour  l'avenir  plutôt  qu'un  regret  du  passé  que 
j'exprime. 

Cela  dit,  Messieurs,  pour  satisfaire  ce  besoin  de  critique  et  d'indépen- 
dance dont  fait  montre  tout  rapporteur  consciencieux,  nous  allons  passer  en 
revue,  comme  d'habitude,  les  utiles  et  nombreuses  communications  qui  ont 
tour  à  tour  rempli  nos  séances. 

SCIKNCES. 

La  plus  importante  communication  dans  l'ordre  des  sciences  a  été  le 
compte  rendu  que  nous  a  préccuté  M.  le  docteur  Colleville  des  travaux  du 
Congrès  tenu  l'an  dernier  à  Bruxelles  contre  Talcoolisme.  Notre  confrère, 
ému  si  justement  des  dangers  universels  de  cette  plaie  sociale,  a  entamé 
chez  nous  la  vigoureuse  campagne  qu'il  désire  mener  à  bien  dans  la  région. 
Il  nous  a  lu  la  plus  frappante  et  la  plus  pratique  étude  que  l'on  puisse  ten- 
ter sur  un  (léau  de  ce  genre,  et  vous  avez  secondé  ses  desseins.  Messieurs, 
en  faisant  de  suite  publier  à  vos  frais  et  répandre  cette  lecture  qui  groupera 
des  forces  vives  autour  de  notre  courageux  et  clairvoyant  confrère.  Une 
Commission  s'est  réunie  dans  votre  sein,  et,  après  cette  initiative,  la  cam- 
pagne a  continué  par  une  conférence  publique  et  par  des  entretiens  donnés 
à  la  jeunesse  de  nos  écoles  qu'il  s'agit  surtout  de  préserver  d'un  tel  mal. 

Une  lecture  de  M.  l'abbé  Haudecœup  est  venue  attirer  notre  attention  sur 
un  sujet  non  moins  actuel  et  de  grave  conséquence,  celui  de  la  colonisation 
au  point  de  vue  social,  moral  et  économique.  Notre  confrère  a  composé  une 
étude  complète  sur  les  différentes  questions  relatives  à  l'avenir  de  notre 
expansion  colonisatrice  et  à  celui  de  nos  colonies.  Il  ne  nous  en  a  lu  qu'un 
chapitre,  mais  ce  chapitre  trouvera  mieux  son  importance  et  son  efficacité 
dans  la  publication  comjjlète  qu'en  fera  l'auteur.  L'opinion  lui  sera  favora- 
ble à  Reims,  où  l'on  vient  d'entendre  parler  du  même  sujet  par  l'intrépide 
explorateur  Gabriel  Bonvalot. 

C'est  également  un  grave  problème  qu'a  soulevé  M.  Alphonse  Go?set,  en 
vous  proposant  l'étude  de  l'inll  encc  de  l'impôt  sur  le  développement  de  la 
famille.  Vous  avez  renvoyé  cette  proposition  à  votre  prochain  concours. 

Sur  un  autre  terrain,  notre  confrère  nous  a  offert  un  travail  publié  dans 
les  Annales  de  l<i  Construction,  en  vue  d'assurer  partout  la  sécurité  dans 
les  théâtres  par  les  escaliers.  C'est  une  question  dont  ses  précédentes  étu- 
des d'architecture  l'avaient  rendu  en  quelque  sorte  maître  et  spécialiste. 

M.  le  docteur  Bourgeois  vous  a  soumi>,  de  son  côté,  une  étude  profession- 
n'ellc  traitant  de  la  conslilullon  flu  corps  vitré  comme  point  de  départ  du 
traitement  du  décollement  de  la  rétine 


CHRONIQUE  599 

Vous  avez  en  «le  M.  Jules  Laurent  la  communication  de  l'une  de  ses  étu- 
des qu'il  poursuit  le  plus  activement  au  sein  de  la  Société  des  Sciences  natu- 
relles, les  Etudes  clmatologiques  sur  le  département  de  là  Marne,  et  son 
mémoire,  fruit  d'observations  bien  fixes  et  de  remarques  tout  à  fait  nouvel- 
les, preudra  place,  avec  une  carte  pluviomélrique,  dans  noire  volume 
annuel. 

Il  nous  a  fait  hommafie  de  ses  autres  publications  sur  l'absorption  des 
matières  organiques  par  les  racines,  et  sur  les  ravages  des  parasites  dans 
nos  plantations  de  pia«,  qu'il  a  étudiés   de    concert  avec  M.  Ad.  lîellevoye. 

IlisioiRU  ET  Gi'ioc;u.\pini:. 

Poursuivant  une  élude  analogue  à  celle  qu'il  nous  avait  présentée  sur  les 
sectes  persanes,  M.  Bnlteau  vous  a  entretenus  des  sectes  musulmanes 
d'Afrique,  de  leur  situation  respective  vis-à-vis  du  Coran,  des  saints  de 
rislani,  de  leurs  extases  et  des  dissidents  si  nombreux  parmi  les  Arabes  de 
l'Algérie. 

Cette  élude  a  pour  notre  grande  colonie  africaine  un  iutéiêl  considérable, 
qui  a  provoqué  au  sein  de  l'Académie  un  aperçu  du  rô'.e  des  Pères  Blancs 
du  cardinal  Lavigtrie,  devenus  à  Binson  en  quelque  sorte  nos  compatriotes. 

Notre  confrère  a  poursuivi  une  étude  analogue  sur  u;i  terrain  bien  dilTé- 
rent,  mais  où  l'on  retrouve  les  traces  de  la  même  exaltation  et  les  mêmes 
périls,  en  vous  eniretenant  des  sectes  religieuses  de  la  Russie.  Le  vaste 
empire,  vers  lequel  nos  regards  sont  tournés  avec  tant  d'attrait  à  cette 
heure,  n'a  point  l'unité  religieuse  absolue  que  son  régime  semblerait  indi- 
quer. Il  y  a  des  dissidences  d'un  caractère  indomptable  et  sauvage,  allant 
jusqu'à  ces  sacrifices  en  commun  des  emmurés,  qui  défient  l'imagination  et 
déroutent  la  surveillance  de  l'autorité.  M.  Balleau  a  lait  à  cette  occasion  un 
tableau  complet  de  l'état  religieux  de  la  Russie. 

Il  nous  était  réservé  encore  cette  année  d'avoir  une  conférence  de  notre 
infatigable  et  excellent  confrère,  M.  le  baron  de  Baje,  qui  est  venu  nous 
parler  de  son  voyage  en  Géorgie  et  dérouler  sous  no.-  yeux  les  site.«,  les 
mœurs,  les  costumes  et  les  monuments  de  cette  région.  Sa  fidèle  descrip- 
tion et  les  vues  qui  l'accompagnaient  ont  été  publiées  par  la  Société  de 
Géographie  de  l'aris,  ce  qui  prouve  la  haute  estime  où  le  monde  savant  et 
les  explorateurs  tiennent  les  commuricalions  et  les  dons  du  baron  de  Baye. 
Le  Musée  Guimel,  comme  le  Musée  de  Reims,  s'est  enrichi  par  ses  soins 
et  son  active  libéralité.  Remercions-le  donc  à  tous  ces  titres. 

Mais  la  conférence  qu'il  nous  donna  ne  fut  point  le  seul  événement  heu- 
reux de  celte  journée  du  12  février  1898.  Elle  marquera  aussi  davs  nos 
annales  par  la  réception  que  vous  fîtes  au  prince  JSicolas  ScherbatolT,  notre 
correspondant  en  Russie,  administrateur  du  Musée  impénal  de  Moscou,  cl 
à  M,  Bocker,  architecte  de  Saint-Pétersbourg.  Le  bureau  de  l'Académie, 
aidé  par  notre  confrère  M.  le  comte  Werlé,  put  donner  à  celte  réception  et 
à  la  visite  des  monuments  de  la  ville  toute  son  ampleur  et  sa  haute  conve- 
nance. Un  banquet,  auquel  assistait  une  élite  dos  membres  de  la  compagnie, 
fut  offert  le  soir  au  prince  ScherbatolT.  Après  notre  président,  MNL  Dian- 
court,  Henrot  et  LéonMorel,  interprétèrent  uos  sentiments  unanimes  envers 
un  hôte  si  distingué  et  si  favorable  à  la  cause  de  la  France. 

Un  don  fort  précieux  de  volumes  nous  arrivait  du  même  pays  par  l'agence 
Tjllis  et  de  la  part  d'un  autre  personnage  nou  moins  bienveillant,  Son 
Eicellence  le  comte  Serge  Cliéréméteir,  Ces  livres  n'ont  pas  été  sans 
emploi  dans  nos  séances,  et  plusieurs  de  nos  confrères,  MM.  Go.sset  al  ("om- 
pant,  doivent  les  utiliser  et  nous  entretenir  de  leur  examen. 


t»00  CHRONIQUE 

Avec  un  bon  vouloir  qui  ne  se  ilémenl  pns,  M.  Louis  Léger,  professeur 
de  langue  slave  au  Collège  de  France,  continue  à  nous  signaler  les  points 
liistoriques  qui  je  raltacheiil  h  l'étude  de  notre  évangéliaire.  Il  nous  a 
adressé  une  conimuni.'ation  sur  l'intérêt  que  prit  l'impéralrice  Catherine  II 
à  s'enquérir  de  ce  texte  en  l'82,  et  sur  lu  note  qui  lui  fut  transmise  par  le 
gouvernement  françiis.  Souhaitons  que  le  savant  professeur  puisse  grouper 
toutes  SOS  autres  investigations  et  aboutir  à  une  reproduction  du  manuscrit, 
qu'il  va  de  notre  honneur  de  lavoriser,  sinon  d'entreprendre  avec  nos  seu - 
"les  ressouices. 

Revenant  d'un  voyage  d'cxploraiion  à  Iravc  s  le  Dancuiaik,  la  Siu^de  e 
la  Norwôge,  M.  le  docteur  Guclliol  n'a  pu  que  vous  esquisser  le  tableau  de 
la  civilisation  de  ces  pays  du  Nord,  qui  oH'rirent  à  ses  yeux  tant  de  sujets 
d'émulation  poar  notre  activité.  Mais  il  a  insisté  avec  un  vif  sentiment  de 
satisfaction  sur  l'état  présent  des  mœurs  et  de  la  méthode  suédoise,  en  vous 
expliquant  ce  qu'étaient  les  musées  ^candinaves  au  point  de  vue  du  réveil 
naiional.  On  y  trouve  une  multitude  de  documents  et  de  sonvonirs  en  quel- 
que sorte  vivants,  sur  les  habitudes  et  les  traditions  de  chaque  ville  et  de 
chaque  province.  Un  classement  parlait  dans  tous  les  détails  assure  aux 
visiteurs  la  vue  bien  nelte  de  ces  leçons  instructives  d'un  passé  toujours  uni 
au  présent.  Avec  notre  confrère,  vous  vous  6les  associé.-f.  Me; sieurs,  au  vœu 
qu"il  formulait  en  terminant,  celui  de  la  création  d'un  musée  ethnographi- 
que de  la  Champagne  dans  noire  ville  de  Keims.  C'est  elle  qui  d  mna  essor 
à  tant  d'industries  diverses  et  qui  bénéficia  la  première  des  piogrès  que  nos 
pères  lui  ont  légués  par  leurs  elForts  incessants.  Ne  soyons  pas  des  descen- 
dants trop  oublieux. 

Du  Nord  à  l'Orient,  vous  connaissez  la  distance,  mais  les  espaces  ne  sont 
rien  pour  nos  conifères,  et  c'est  M.  Alphonse  Gos^et  qui  nous  ramène  vers 
Athènes,  en  nous  raco  itanl  les  fê'.es  si  patriotiques  dont  il  fui  témoin  au 
mois  d'avril  .iernier,  en  assistant  au  cinquantenaire  de  l'Ecole  franc  use  de 
celle  ville. 

L'Académie  avait  formé,  pour  la  prospérité  ùe  cet  établissement,  les  vœux 
les  plus  sincères  dont  VI.  Gosset  fut  porteur,  et  .«^on  directeur,  le  savant 
M.  Hoir'oUe,  voulut  bien  nous  en  remercitr  de  la  manière  la  plus  courtoise. 
En  Grèce,  terie  féconde  des  arts,  dans  r-A-'ie  mineure  non  moins  fertile  eu 
réminiscences  classiques,  notre  confière  a  rencontré  des  monuments  et  pris 
part  à  des  épiso  les.  qui  nous  ont  valu  de  sa  part  un  compte  rendu  brillant 
et  animé.  Le  terrain  de  la  science  nous  a  paru  plein  de  promesses  pour  le 
maintien  de  l'intluence  française  en  Orient. 

Les  Français  à  r.uTei  bourg,  tel  fut  le  sujet  de  trois  nouvelles  communi- 
caiione  de  \!,  Alfred  Lefort,  dans  lesquelles  il  poursuivit  ses  précék'iitea 
recherches  eut  le  passé  du  Grand-Duché  et  nous  retraça  son  histoire  con- 
leinporaiDe  et  ses  destinées  ni  idefues.  Sujet  d'aclualiié,  s'il  en  est,  gros 
aussi  de  pfob'étnea  d'avenir  d'une  solution  diversement  prédite,  nous 
l'uVons  vu  se  dérouler  avec  ueitcié  sous  la  plume  de  notre  confrère  ;  vous 
relirez  avec  un  vif  iutéiOi,  Messieurs,  ses  coi.clu.-ions  sur  les  grave:!  p-^ripé» 
lies  dont  ce  petit  pays  fut  pour  noua  l'occBsioii  en  1867.  —  Un  outre  jour 
et  sur  un  auire  ihéillre,  .M.  Lelorl  a  rendu  compte  de  l'exéculioii  de  la 
messe  en  rù  de  IJeelhovon  à  un  des  concerts  du  Conservatoire,  dont  il  est  le 
fidèle  auditeur, 

i'our  revenir  à  Reims,  nous  avons  encore  passé  à  Rom",  en  y  ass-islant 
R0U6  la  conduite  de  M.  .Albert  Lamy.  élève  de  l'Ecole  des  Hautes  Eludes, 
aux  grandes  scènes  du  pontificat  de  Sylvestre  IL  .Mais  Gerbertnous  rappe- 
lait trop  notre  patrie  pour  ne  pas  avoir  voulu   le  contempler  aussi  à  l'œuvrg 


CHRONIQUE  601 

romme  disciple  et  successeur  d'Adalbéron  sur  le  siège  de  noire  inétro|)ole 
Notre  jeune  conférencier  s'y  est  prfilé  avec  autant  de  simplicité  que  d'éru- 
dilioi),  en  nous  olfrant  un  tableau  imagé,  mais  aussi  vrai  que  les  documents 
le  permottaieut.  de  l'existence  de  ce  grand  phi'osopho  et  de  cet  illustre  pon- 
tife d'après  l'iiistoire  et  d'après  la  l-'gende  '. 

II. utile  d'insisler,  car  vous  avez  sous  les  yeux  l'étude  Je  M.  Lamy,  qui 
nous  consacre  ainsi  les  prémices  de  sa  plume  et  de  sa  parole. 

Notre  prési  lent  d'honneur,  Son  Emioence  le  cardinal  l.aogéuieux,  nous  a 
olVert  un  exemplaire  de  La  France  chrétienne  à  Reims  en  iSt^O,  superbe 
volume  édité  sous  son  patronage  par  la  maison  Didot  (  t  qui  forma  la  suite 
et  le  complément  d'un  premier  ouvrage  svir  les  destinées  chrétiennes  de  la 
Fiance  à  travers  l'histoire. 

Le  doyen  de  notre  Compagnie,  M.  Paris,  a  répondu  à  nos  vœux  si  sin- 
cères, émis  l'an  derr'ier  à  son  cinquantenaire,  par  une  comm  inication  qui  est 
pour  lii  une  œuvre  de  famille  et  de  propriétaire.  Il  a  résumé  pour  nous  la 
contenu  des  litres  de  son  domaine  d'Avtnay,  le  fief  du  Moncel,  qui  appar- 
tient depuis  le  Moyen  ûge  à  des  familles  connues  de  la  région,  dont  plu- 
sieurs furent  activement  mêlées  à  l'histoire  rémoise.  C'est  vous  dire  tout 
l'altrait  de  celte  monographie  aue  nous  a, ions  publier,  et.  au  cours  de 
laquelle  notre  confrère  épanchait  ses  joies  et  ses  douleurs  intimes,  sentant 
bien  qu'il  était  tout  à  fait  parmi  nous  en  famille.  Sa  confiance  et  sou  com- 
merce, d'un  charme  si  pénétrant,  nous  feront  toujours  dé-irer  sa  présence 
plus  fréquente  à  nos  réunions. 

C'est  aussi  de  celte  allrayaule  histoire  locale  que  traitaient  deux  de  nos 
correspoudaiii.-,  l'un,  M.  le  comte  de  Mar.sy,  avec  sa  relation  des  Droits  de 
iabbai/e  de  Saint  Thierry  à  l\'leghen,  en  FlO'idre,  ei  l'autre,  .\1.  l'abbé 
Bigot,  avec  sa  notice  sur  (liiyncuurl  (Aisne),  village  voisin  de  Cormicy, 
cù  il  nous  a  révélé  l'exisleuco  d'au  pèlerin  de  Saint  Jacques  de  Corapos- 
lelle  en  1551).   l/épilaphe  de  ce  |  èlerin  se  lit  encore  dans  cette  localité  -. 

En  outre,  M  le  comte  de  Marsy  vint  assister  à  l'une  de  nos  séances,  en 
vue  d  intéresser  l'Aradémie  à  un  projet  qui  éclioua  malheureusement,  Cflui 
de  la  tenue  en  1898  d'un  congiè-î  archéologique  dans  les  départements  delà 
Meuse  et  des  Ardennes.  Notie  confrère  nous  a  offert  plusieurs  ds  ses  tra- 
vaux à  cette  occasion,  et  il  nous  a  même  entretenus  des  notes  de  voyage  si 
curieuses  de  l''rançois  \'iochant  ■*,  iclatives  eu  partie  à  Reims  tt  à 
Chàlons. 

Anc.iii'ioLOiUE. 

Dans  le  domaine  rie  l'archéologie,  notre  action  redevient  totalement  locale 
et  d'autant  plus  persévérante  qu'elle  s'exerce  dans  des  fouillea  entreprises 
sur  un    eol   connu   et  à  travers    des    monuments    que   nous  parcourons    sans 

1i  Bibliothèque  de  l'Kcole  dea  Hautes  Etudes,  publiées  sous  les  auepi.es 
du  ministère  Je  l'Instruction  publique.  Sciences  religieuses,  neuvième 
volume,  Gerbert,  Un  pape  philosophe,  d'après  l'hiitoire  et  d'apiÎM  la 
légende,  par  F.  Pio.wiîr,  m&îire  des  conférenccâ  ù  l'Ecole  des  Hauieâ  Etu- 
des. Pans,  Ëmesl  Leroux,  1897.  Gr.  in-S"  de  .\  11-227   pp.   Prix  :  6  francs. 

2.  Texte  publié  avec  un  commentaire  dans  le  HulUlin  monumcnlai,  1897, 
t    LXII,  p.  îiS. 

3.  ['uynge  en  France  et  en  Italie  fait  en  iGio.  par  Fiançois  V'inchant, 
ecclésiastique  de  Mous,  oublié  par  l''.  Hachez  dans  le  Ru'letin  de  la  Société 
beige  de  Géographie,  1896  ;  le  manuscrit  a  fait  partie  de  la  bibliothèque  de 
Philips,  et  (ut  acquis  par  le  gouvernement  belge. 


602  CHRONIQUE 

cesse  ou  que  nous  roconsliUioiis  paliemmenl.  'J'el  est  le  cas  du  beau  volume 
sur  Cèglisc  et  l'abbaye  de  Saint-  Mcaise,  oll'erl  par  M.  Ch.  Givelel,  qui  eu 
a  imprimé  le  texte  dans  nos  Travaux,  et  l'a  illustré  d'une  riche  série  de 
plans  et  de  dessins  dus  la  plupart  au  Uilent  de  notre  confrère  M.  Auger. 
C'est  comme  une  résurrection  à  la  gloire  de  l'œuvre  immortelle  de 
Libergier. 

Vous  avfz  pris  connsissancc  de  la  rédaction,  par  votre  commission  d'ar- 
chéologie, du  Répertoire  du  canlori  de  Heine,  qui  va  remplir  le  but  atteint 
en  1892  pour  le  canton  d'Ay.  A  quoi  bon  en  détailler  ici  de  nouveau  le 
contenu,  puisqu'il  va  former  le  tome  CH  de  vos  Travaux,  et  que  vous 
n'avez  plus  qu'un  vœu  à  formuler  à  sou  sujet,  celui  d'une  subvenlinn  du 
Comité  des  Travaux  historiques  ?  Elle  servirait  aux  frais  d'une  illustration 
indispensable  de  son  texte  descriptif,  qui  resterait  sans  cela  bien  aride  et 
certainement  lettre  morte  pour  les  lecteurs  superficiels. 

Ce  même  canton  de  Beine  reste  un  champ  toujours  ouvert  aux  investiga- 
tions des  archéologues  de  la  contiée  :  M.  Bosteaux  ne  cesse  d'en  extraire 
de  riches  dépouilles,  et  M.  Coyon,  de  son  côté,  découvre  au  lieudit  Monté- 
queux  toute  l'étendue  d'un  cimetière  gaulois  préseulaol  les  plus  beau 
types  de  l'époque  marnienne.  La  relation  de  ses  fouilles,  accompagnée  de 
la  reproduction  des  principales  trouvailles,  vous  a  été  présentée  par 
M.  Léon  Morel,  notre  vice- président,  qui  ne  veut  rien  laisser  perdre  des 
etiorts  patients  et  fructueux  de  ses  émules.  L'auteur  de  la  Champagne  sou- 
terraine se  montre  ainsi  tel  qu'il  est,  antiquaire  plein  d'obligeance  et  de 
sollicitude  autour  de  lui. 

\l.  Deniaison  a  pris  part  comme  nctre  délégué  au  Congrès  (tes  Sociétés 
savantes,  où  il  a  fait  deux  communications.  Il  y  a  reçu  la  décoration  d'olfi- 
cier  de  l'Instruction  publique  comme  juste  récompense  de  ses  travaux  de 
divers  ordres  et  notamment  de  ceux  qu'il  poursuit  sur  les  architectes  de  la 
cathédrale  de  Reims.  Un  autre  de  nos  confrères,  M.  Ad.  Bellevoye,  mem- 
bre correspondant,  a  rcç'i  à  la  même  session  le  titre  d'ofûcier  d'Académie. 
Nous  avons  adressé  à  tous  les  deux  nos  cordiales  félicitations. 

Dans  sa  première  lecture  à  la  Soibonne,  l\1.  Demaison  a  fait  connaître 
ses  conclusions,  qu'il  nous  avait  déjà  communiquées  sur  les  dates  respecti- 
ves des  absides  de  N-tre-Dame  de  Chàlons  et  de  Saint-Rtmi  de  Reims.  Il 
a  lu  ensuite  une  nouvelle  dissertation  sur  la  liste  des  maîtres  de  l'œuvre  de 
Notre-Dame  de  Reims  du  xiu'  siè.le,  et  il  en  a  exclu  un  maître  Adam, 
qu'il  avait  précédemment  admis  sur  la  foi  de  Pierre  Cocquault  ;  d'autres 
maîtres  ont,  au  contraire,  vu  leur  existence  confirmée  par  des  pièces  de  nos 
archives.  Ainsi  s'exerce,  par  le  contrô'e  de  la  plus  correcte  érudition,  la 
mission  rénovatiice  de  nctre  confrère  en  ce  qui  touche  nos  plus  illustres 
monuments.  Il  s'agirait  de  (aire  pénétrer  ces  données  dans  l'esprit  des  visi- 
teurs qui  adluenl  au  seuil  de  ces  édifices  encore  tro,3  peu  connus  dans  leur 
histoire. 

Pour  donner  fatisfaclion  à  ce  besoin  d'apprendre  d'abord  l'histoire  de 
notre  cathédrale,  et  répondre  au  vœu  exprimé  avec  autorité,  ici  même,  par 
M.  Alphonse  Go-set,  notre  ancien  président,  de  voir  glorifier  l'archevêque 
qui  prit  l'initiative  et  l'architecte  qui  donna  le  plan,  l'Académie  vient  d'adop- 
ter le  projet  d'un  r.onumeut  commémoratif.  Voici  le  texte  de  l'inscription 
votée  unanimement  sur  le  rapport  d'une  ("oinmission  spéciale  et  transmise 
à  l'autorité  compétente  : 


CHRONIQUE  603 

i/aN    du    SEICXEIH    121 1 
CKTrK    KC.I.ISI.;    MKTKOl'Ol.n.VIXK    l'dT    COMMENCKF. 

l'Ait  ALliÉUH:  DE  IIUMBERT 

AUClIKVKCiUK    I>K    IIRIMS 

QUI    EN    l'(»!5A    LA    I'JU:MII:UF.    l'IKIlKK    LU    6    MAI. 

LE   l'nEMIKR   MAÏTHE    DE    L'ŒUVRE 

lUT  JEAN  D  ORCAIS, 
QUI  EUT  roua  continuateurs  : 

JEAN    LE    LOUP, 

C.AUCIIER    DE    HEIMS, 

lURNAIl»    DE    SOISSONS, 

ET    UOUF.UT    DE    COUCY,    MOllT    EN    l3ll. 

en  un  siècle 
l'Édifice  avait  presc^ue  atteint 

SA    Sl'LKNDEril    ACTUELLE. 

Ce  sont  les  termes  les  plus  rapprochés  des  inscriptions  de  l'aacien  Laby- 
rinthe. Quiconque  les  au'a  lus  avec  la  réflexiou  nécessaire,  saura  les  dates 
et  les  noms  du  prélat  qui  posa  la  première  pierre,  Albéric  de  Humbert,  de 
l'archilecte  qui  donna  le  plan,  Jean  d'Orbais,  et  de  ses  continuateurs,  dont 
le  dernier  indiqué  ici,  Robert  de  Coucy,  a  certainement  travaillé  au  j^rand 
portail.  Il  se  rendra  compte  que  Libergier,  le  célèbre  architecte  de  Sainl- 
Nicaise,  est  étranger  à  l'œuvre  de  Noire-Dame,  où  sa  pierre  tombale  a  reçu 
cependant  riiospilalité  il  y  aura  bientôt  un  siècle.  Les  visiteurs  seront  donc 
fixés  sur  ta  signification  à  donnpr  aux  vocables  des  rues  voisines  comme  sur 
la  date  et  le  style  de  tout  l'intérieur  du  monument,  et  de  l'extérieur  jus- 
qu'aux combles. 

11  n'y  a  pas  que  l'archéologie  à  cultiver  à  propos  de  Notre-Dame  !  nous 
voudrions  instruire  aussi  les  amateurs  rémois  sur  la  vie  intime  de  celte 
grande  église  à  l'époque  de  sa  construction,  c'est-à-dire  sur  sa  liturgie  et 
Fos  usages  propres.  Nous  possédons  à  Reims  trois  précieux  manuscrits  qui, 
sous  le  titre  d'Ordinaii'es  de  ï ÈijVme  de  lieirn^,  fixent  tout  l'ordre  des  olfi- 
ces,  des  cérémonies  et  des  prières  vers  l'an  1270,  et  un  quatrième  manus- 
crit, d'un  texte  tout  dilTéreni,  quoique  du  mémo  siècle,  vient  d'être  transcrit 
à  Londres  par  les  soins  de  M.  le  chanoine  Ulysse  Chevalier,  correspondant 
de  l'Institut,  el  notre  correspondant  no.i  moins  Zi'lé  et  désintéressé.  Il  est  en 
voie  de  piblier  ce  dernier  texte  avec  les  autres,  copiés,  nous  l'avons  déjà 
dit,  par  M.  l'abbé  Bouxin,  notre  correspondant  à  Laon.  Nous  aurons  donc, 
l'an  prochain  probablement,  tout  un  volume  savamment  édité,  qui  ranimera 
parmi  nous  le  goût  des  éludes  liturgiques  du  moyen  âge,  dont  les  érudits, 
pas  plus  que  le  clergé  acUiel,  ne  peuvent  méconnaître  le  charme  et  l'utilité 
historique  <, 

En  lerraiuanl  ce  qui  a  trait  à  l'histoire  locale  el  à  l'archéidogie  rémoise, 
nous  annoncerons,  avec  un  vif  ])laisir  et  un  sentimi-nt  bien  sincère  de  grati- 
tude, l'apparition  en  librairie  et  le  don  à  l'Académie  de  l'Histoire  du  Col- 
lège anglais  de  Reims,  par  notre  cfcnlrère,  M,  l'abbé  Haudecœur,  lauréat  de 
nos  concours  pour  ce  mémoire  liés  remarqué  et  bien  digne  de  franchir  le 
détroit  en  volume  ■■^.  Qu'un  bon  accueil  lui  soit  donc  réservé  dans   le   monde 

1.  Bévue  historique,  janvier  1898,  compte  rendu  par  A.  Molinier,  de  la 
Btl/liothèque  liiurgique  pahViée  par  M.  l'abbé  U.  Chevalier,  p.  105,  sur  les 
ordinaires  de  la  cathédrale  de  Laon. 

2.  La  conservation  providentielle  du  caiholicisme  en  Angleterre,  ou  His- 
toire du  Collège  anglais  (Douai,  l5''i8-78,  et  Reims,  1578-1593).  —  Reims, 


COi  CHRONIQUR 

savant  de  l'Ar.g'elerre  et  de  l'Amérique,  cù  l'on  fc  jouvieiU  loiijourf  du 
oardinul  Allen  el  de  la  Dible  de  Reims  ! 

Envois  des  C^ohresponuants. 

Nous  avons  déjà  signalé  les  envois  manuscrits  de  plusieurs  do  nos  corres- 
pondants, MM.  le  comte  de  Marsy  et  l'abbé  Bigot, 

Les  envois  d'imnrim'^s  ne  peuvent  être  détaillés  dans  le  même  cadre,  mais 
nous  devons  une  nienlion  de  gratitude  à  ceux  de  nos  confrères  honoraires 
ou  correspondants  qui  ne  nous  oublient  pas  et  que  nous  n'oublions  paF, 
M.  de  Lapparenl  nous  a  adressé  plusieurs  études  scienlifiques  ;  M"  Péche- 
nard,  ses  discours  olficiels  ù  l'Iusiilut  cntholique  de  Paris  et  dans  les  Con- 
grès ;  M.  l'abbé  U.  Chevalier,  M.  Frédéric  Henriet,  M.  Léon  Germain  ont 
envoyé  des  études  d'art  cl  d'archéologie  ;  M.  l'abbo  Péchenart,  M.  Pelicier, 
M.  H.  Loriquet,  M.  Louiê  Léger,  M.  H.  Libois  et  M,  Armand  Bourgeois, 
des  œuvres  historiques  et  littéraires;  M,  Pol  Mi>rguel,  un  tableau  de  l'agri- 
culture dans  la  Marne,  et  enfin  N',  Félix  Plateau  un  nouvel  opuscule  sur 
les  (leurs  et  les  insectes. 

Citons  à  part  l'envoi  de  l'ouvrage,  terminé  si  heureusement,  de 
M.  Eugène  Lcfèvre-Pontalis,  sur  VArchileclure  religiewe  dans  l'ancien 
diocèse  de  Soissona,  dont  la  beauté  lomme  édition  et  l'utilité  pour  notre 
légiou  vous  ont  élé  déjà  i-ignalées  par  vos  secrétaires.  Félicitons  cet  auteur, 
notre  fidèle  correspondant,  du  couronnement  de  son  œuvre. 

Citons  aussi  à  part  le  guide  archéologique  :  La  vallée  de  VArdi'es,  que 
M.  l'abbé  A.  Chevallier  a  composé  avec  tout  le  soin  d'un  artiste  et  d'un 
(bercbeur  infatigable.  Il  a  formé  un  recueil  plein  de  charme,  dont  nous  le 
remercions  sincèrement. 

Un  même  i-entiment  de  gratitude  doit  êire  exprimé  pour  les  Sociétés  si 
nombreuses,  françaises  et  étrangères,  qui  nous  comblent  de  leurs  publica- 
tions ordinairts  et  extraordinaires.  Notre  seul  regret  est  de  ne  pas  en  pro- 
fiter assez  el  de  négliger  ci  s  rapports  en  séance  cpii  seraient  si  fructueux. 

Décès  et  ]!i.r.r:TtoNs. 

En  vous  pariant,  .Mtssieurs,  au  début  de  mon  compte  rendu,  de  la  néces- 
sité de  garder  parmi  nous  des  hommes  voués  au  culte  de  l'histoire  locale, 
ma  pensée  se  rt  portait  d'i-lle-mêrae  vers  le  vét.éré  confrère  qui  ouvre  notre 
uécrologe  celle  année.  .M.  le  chaiioine  Cerf  n'a  pas  connu  d'aulre  horizon 
à  ses  recherches  el  à  ses  observations  que  notre  ville  et  son  église,  qui 
l'abriièrent  du  berceau  à  la  tombe.  C'est  bien  lui  qui,  au  soir  de  la  vie,  pou- 
vait dire  en  (ace  de  ces  deux  témoins  de  tes  travaux  :  '/.dus  doniûs  lucB 
comedit  mr  II  pouvait  en  due  autant  de  r,\cadéraie,  dont  il  fut  d'abord  un 
laborieux  lauréat,  puis  un  tlfeclueux  collègue,  un  Oiembre  plein  de  zèle  et 
un  préfideni  plein  de  tncl,  N'oub  ions  pis  qu'il  prit  l'ahbé  Godinot  pour 
Bujfl  de  eon  discours  en  s-éance  publique,  c'eit-i-dire  un  Rémois,  un  cha- 
iioino  et  un  bienfaiteur  de  son  pays  el  des  pauvres, 

Qu'djouteraije,  Messieurs,  aux  legrels  el  à  l'éloge  si  dignement  exprimés 
par  notre  président  sur  la  lotnbe  de  \L  le  chanoine  (^erf,  si  ce  n'est  que  nos 
regrets  ont  été  partagés  par  loua  les  éru  lits  do  lu  région  el  par  les  mem- 
bres du  Corailé  des  Travaux  historiques  dont  notre  confrère  était  le  corres« 
pondant  honoraire,  La  ville  de  Reims  doit  garder,   la  première,  la  mémoire 

Dubois  l'Uilmo»!  :  1  end' es,  liunis  and  Oatex,  1898.  Volume  in-8°  de 
xxvni-40tt  pages,  av.c  pothuil  de  W.  Allen  d'après  la  toile  du  Musée  de 
Reims. 


CHRONIQUE  605 

d'uu  de  seri  enfanls  dévoïK-s,  l'auteur  du  Vieua'  lieims,  l'auleur  de  Xotre- 
Dame  de  lieims,  i'auleup  du  Livre  d'or  des  viclimes  de  la  guerre  df  iS~o- 
~ I .  Son  souvenir  vivra  à  la  Bibliothèque  et  au  Musée  qu'il  aimait  à  enri- 
chir, à  l'Académie  qu'il  Iréqncnla  assidûment;  disons  mieux,  dans  nos 
cœurs  à  tous. 

L'an  dernier,  Messie'irs,  je  n'avais  pu  meulioniier  le  décès  de  .\J.  l'abbé 
Ciz-'l,  du  clerj^é  de  Besançon,  lauréat  brillanl  de  plusieurs  de  nos  concours 
de  poésie'.  Je  n'avais  i)as  davantage  exprimé,  au  sujet  du  regretté 
M.  Emile  Payard,  tout  le  bien  qu'on  en  pensait  dans  les  plus  hautes  sphè- 
res de  l'érudiliou  -.  Je  tenais  à  réparer  ces  lacunes  avant  de  vous  enlrelc- 
nir  des  perles  que  nous  avons  encore  faites  cette  année  dons  les  ran^rs  de 
DOS  correspondants.  Cinq  d'entre  eux  ont  succombé  depuis  notre  dernière 
séance  publique  :  M.  Ainédée  Jubert,  avocat  et  surtout  homme  de  lettres, 
homme  de  cœur  aussi,  écrivain,  poète  pénétrant  et  convaincu,  qui  n'avait 
tdit,  hélas  !  que  passer  parmi  nous  ;  —  M.  l'abbé  Poquet,  curé-doyen  de 
Berry-au- Bac  jusqu'à  1  âge  de  92  ans,  l'un  des  vétérans  de  la  science  his- 
torique dans  le  département  de  l'Aisne,  élu  par  vous  en  1849,  et  depuis  lors 
auditeur  habituel  de  nos  séaLces  publiques  tant  que  ses  lorces  le  lui  per- 
mirent ;  —  M.  Clovis  Tisserand,  ancien  {zreftier  du  Tribunal  de  commerce 
de  Charleville  et  IdUiéal  de  nos  concours  de  poésie,  collaborateur  de  nos 
travaux  ;  —  M.  Adol[die  'Varin,  graveur  eu  laille-douce  de  vieille  souche 
champenoise,  un  artiste  désintéressé  s'il  eu  fut,  toujours  caillant  et 
empressé  comme  illustrateur  de  nos  volumes,  un  ami  enfin  pour  beaucoup 
d'entre  nous  ^,  —  et  hier  un  autre  artiste,  peintre  de  mérite,  portant  l'un 
des  grands  noms  de  Reiras  ''. 

Vous  avez,  Messieurs,  appelé  dans  vos  rangs  comme  membre  titulaire 
M.  l'abbé  Ltrincouit,  licencié  ès-leltres,  supérieur  du  Petit  Séminaire,  en 
remplacement  de  M°'  Péchenard,  éiu  membre  honoraire.  Eu  lui  souhaitant 
la  bienvenue  p.irmi  nous,  notre  président  lui  rappelait  que  les  services  ren- 
dus ici  par  tes  prédécesseurs  étaient  le  gage  des  services  qu'd  nous  appor- 
terait lui-même  par  ses  talents  et  par  son  zèle. 

Vous  avez  choisi  en  même  temps  huit  nouveaux  correspondants  parmi 
nos  anciens  lauréats,  parmi  les  notabilités  rémoises  rt  les  roprésenlants  des 
Sociétés  savantes  :  Mi\I.  Au^-ier,  juge  au  Tribunal  civil  de  Reims,  l'un  des 
auteurs  de  la  réédition  de  VHislu.re  de  la  vi  le  el  du  diocèse  de  Paris,  par 
l'abbé  Lcbeuf;  —  P.  CoUinet,  professeur  agrégé  a  la  Faculté  de  l)roil  de 
Lille,  l'un  des  fondateurs  de  la  Revue  d'Ardeiuie  el  d'Argonne,  très  compé- 
tent dans  toutes  les  questions  d'éruditiou  ardeunaise  ;  —  le  Dr  Guill«ume, 
médecin  des  hôpitaux  de  Reims  ;  ^^  H.  Lacaille,  archiviste  paléographe  à 
l'aris,  lauréat  du  concours  de  cette  année  pour  l'histoire  du  collège  de 
Reims  ;  ^  Louis  L'^'g'  r,  professeur    au    Collège    de    Fiance,  dont  les  titres 

1 .  Son  elcgf,  par  P.  MitussET,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de 
Besaiçon,  1896,  p.  32. 

2.  Voir  son  article  dans  le  Bulletin  de  la  Société  nationale  des  Antiquai- 
res de  France,  et  son  é'oge  par  le  xicomto  de  Kotgb,  dans  la  séance  de 
celte  Société,  du  6  janvier  1897,  p.  79. 

3.  Hommage  à  sa  mémoire,  par  M.  Frédéric  Henkiet,  dans  le  Journal 
de  Château-Thiernj ,  du  10  octobre  1897. 

4.  Article  nécrologique  sur  le  peintre  Jules  Ruioart  de  Brimont.  sous  la 
rubrique  liilhj-la-}Jontflgne,  dani  !e  Courrier  de  la  Champagne,  du  samedi 
4  juin  1898. 


606  CHRONIQUE 

£oul  hors  de  pair  ;  —  H.  I-ibois,  anhivisle  du  Jura,  à  Lous-le-Sauuier, 
uolie  compatriote,  auteur  de  publications  qu'i  nous  olFre  fidèlement  ;  — 
Mo'iliu,  seciélaire  de  la  Société  historique  de  Château-Thierry,  notre  colla - 
boialcur  dans  tous  les  congrès;  —  I'.  liozej',  avocat  à  lieims,  porté  vers 
l'étude  des  arts  et  des  ({uestions  écoDomiques. 

Voila,  Messieurs,  des  ouvriers  pour  1  œuvre  iuiuterrompue  que  nous  con- 
tinuùos  de  notre  mieux  eu  nous  remplaçant  tour  à  tour,  ce  qui  l'ait  dire  hux 
vanilciix  et  aux  mauvais  plaisants  que  les  académiciens  sont  iinmorlels. 


Ai.ADKMiK  riK  RiiiMs.  —  Duiis  jii  sùance  du  22  juillet,  l'Acadéiiiie 
de  Reitus  a  procédé  au  iciiouvciicnieiil  de  son  bureau  pour  l'an- 
née 1898-1899.   Oui  élé  élus  ; 

PrcsidoU  :  M.  !..  Moiel. 

Vic-prèaldeul  :  M.  H.  Henrol. 

Sccrclaiic  gênerai  :  M.  11.  Jadari, 

Sicrclairc  aî'chivislc  :  M.  K.  Dnnaison. 

Tre!>o)icr:  M.  Ed.  I-aiii}-. 

Membres  du  Conseil  d'adininislraliuii  :  .M.\l.  Alpli.  Gossel, 
Douce  el  Cauly. 


S0Cn;TK    lllïTuHHjL  i;      KÏ     AIlCHKOl-tXJlMI  K      IIK      ClIATKAI.-TlIlKKlW.    — 

Séance  du  1  juin  ISi>8.  —  M.  Coilieu  a  eu  la  bonne  l'oilune  de 
inellre  la  main,  aux  Archives  nationales,  sur  le  manuscrit  inti- 
tulé :  Expertise  pour  l'abbaijf  de  Chézy  en  I7SI.  Cette  expertise, 
faite  sous  les  ordres  de  l'abbé  conimcndataire  Pierre  Guillot  de 
.Moiidésir,  commencée  en  juin,  l'ut  terminée  en  octobre  ;  elle  com- 
[irenait  la  description  détaillée  de  l'abbaye  et  de  ses  dépendan- 
ces :  fermes,  moulins,  etc.  Le  devis  des  réparations  à  exécuter 
s'élevail  à  la  somme  de  93,906'  17^^  9''.  En  dehors  des  biens  situés 
dans  la  circonscription,  l'abbaye  possédait  la  ferme  de  Villeroy, 
canton  de  Claye  (Seine-ct-i\larne);  c'était  la  plus  importante  de  ses 
fci'mes  ;  l'expertise  fixait  à  19,490  livres  la  réparation  des  bâti- 
ments ruraux.  Une  autre  ferme  éUiit  sise  à  Cliaricviile,  [U'és  de 
Sé/.anne  (Marne).  Cette  nouvelle  contribution  à  l'histoire  de  Chézy 
viendra  grossir  les  chapitres  que  nous  possédons  déjà,  grâce  à 
•MM.  Corlieu  et  l'abbé  Poquet,  et  (jui  sont  consignés  dans  les 
Annales  de  la  Société. 

Séance  du  o  jaillel  1898.  —  Sous  ce  titre  :  La  Fonktine  et 
liacine  d'après  un  poêle  champenois  du  XIX"  siècle,  M.  Moulin 
rend  compte  des  œuvres  si  diverses,  si  multiples  de  M"<'  Sophie 
>!anéglier,  "  la  .Muse  champenoise  •■.  au  dire  de  héranger  (œuvres 
éditées  à  Reims  de  18i4  à  IKHO).  Les  Poésies  chiélienncs  ont  été 
appréciées  et  jugées  favorablement  par  des  poètes  et  des  critiques 
d'un  réel  mérite.    C'est  ce  qui  a   déterminé  le  secrétaire   de    la 


CHRONIQUE  607 

Société  à  lui  consacrer  une  notice  assez  étendue  en  s'appliquaiit 
surtout  à  mettre  en  relief  le  sentiment  de  l'auteur  sur  nos  deux 
immortels  compatriotes  :  l>a  Fontaine  et  Hacioe.  Les  Fables  de 
M""^  Manéglier,  bien  évidemment,  ne  peuvent  être  mises  en  paral- 
lèle avec  colles  du  Bonhomme  :  la  tragédie  de  Virrjinic  présente 
bien  quelques  réminiscences  de  Phélrc  et  à'iphigcnie  :  les  comé- 
dies ou  proverbes,  les  pensées  morales  témoignent  de  sentiments 
élevés. 

La  Sociélé  raclnicnnc  —  dont  nous  parlerons  prochainement  — 
a  accordé  une  médaille  d'argent  à  l'auteur,  pour  son  étude  sur 
Racine,  dans  sa  séance  publique  du  2t)  juin  18i3.  La  famille  de 
M""  Manéglier  habitait  le  domaine  d'Igny,  commune  d'Arcv-le- 
Ponsart  (Marne),  continant  au  canton  de  Férc-en-Tardenois.  Ce 
domaine  était  une  ancienne  abbaye  fondée  en  1126,  reconstruite 
en  1780,  et  qui  a  été  rétablie  de  nos  jours  et  confiée  aux  mains 
des  PP.  Trappistes.  C'est  à  Igny  que  Tauteur  a  composé  la  plus 
grande  partie  de  ses  œuvres. 

A  l'occasion  du  centenaire  de  M,  Fr.  Morcau,  président  d'hon- 
neur de  la  Société,  M.  Moulin  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 
((  Mes  chers  collègues,  en  1896,  fidèle  à  ses  habitudes  de  bienveil- 
lant souvenir,  notre  vénérable  président  d'honneur  adressait  à  ses 
amis  le  Catalogue  des  objets  d'anliquilcs  de  la  coUeclion  Caranda, 
avec  une  description  sommaire  ;  l'année  suivante,  nous  recevions 
le  Pelil  Album  faisant  suite  à  ce  Catalogue  et  reproduisant  les 
dessins  des  vues  et  olijets  les  plus  intéressants  de  la  collection  ; 
aujourd'hui,  complétant  sa  centième  année,  il  vient  de  faire 
paraître  un  dernier  ouvrage  intitulé  Diblioihèr/ue  et  archives  de  la 
collection  Caranda. 

Le  glorieux  centenaire,  à  la  suite  de  la  gravure  représentant  le 
clocher  de  la  ville  de  Fère,  ajoute  :  «  Nous  arrêtons  ici  nos  repro- 
ductions en  faisant  nos  adieux  à  la  ville  de  Fère  qui  a  été  pendant 
vingt  ans  le  centre  et  le  siège  de  nos  travaux  archéologiques  dans 
le  département  de  l'xXisiie.  Paris,  le  lo  mars  1897.  » 

Il  n'est  point  inutile  de  rappeler  que  M.  Fr.  Moreau  a  com- 
mencé ses  travaux  à  Caranda  dans  le  courant  de  l'été  189,3  ;  après 
avoir  fouillé  avec  succès  le  dolmen,  signalé  par  M.  Barbey  etquel- 
(jues  autres,  notamment  par  M.  Moulin,  les  explorations  se  sont 
coiitinuées  dans  les  localités  avjisinantes.  2,000  tombes  gauloises, 
romaines  et  franques  ont  été  mises  à  jour  ;  le  nombre  des  objets 
recueillis  dans  les  sépultures  des  nécropoles  de  Sablonnière, 
d'Arcy,  de  Trugny,  de  Firény,  etc.,  s'élève  à  15,000.  Plus  de  4,000 
ont  été  donnés  à  divers  musées.  Les  armes  et  instruments  en  silex 
attribués,  en  grande  partie^,  aux  collections  de  plusieurs  villes  et  à 
des  mu.-ées  scolaires,  dépassaieiit  le  chilfre  de  32,000. 

M.  Fr.  Moreau  poursuivait,  dans  la  distribution  de  ses  richesses 
archéologiques,  la  tradition  de  générosité  de  sa  famille  et  la 
sienne  propre.  Honneur  à  lui  !  » 


608  GHKOMQUE 

M.  Dcquiu,  ancien  [irésidonl  du  Tiilniiial  civil  de  Cljùleaii- 
Tliieny,  mcnibrc  correspondant  de  la  Société  depuis  le  mois  de 
mai  IST'i,  est  décédé  ù  An\iens,  le  M  mai  dernier,  à  l'âge  de 
GO  ans.  Le  regretté  dét'tint,  promu  conseiller  d'appel  à  sa  sortie  de 
Cliàleau-Tliierry,  remplissait  depuis  plusieurs  années  les  fonctions 
de  président  de  chambre  et  venait  d'élre  nommé  président  hono- 
raire. La  Société  s'esl  associée  au  deuil  de  la  famille  en  présen- 
tant ses  .«incères  condoléances  à  .M.  Ddiuin  lils,  conseiller  général 
de  l'Aisne,  avocat  à  la  (Jour  d'appel  d'Amiens,  ainsi  qu'à 
M""-"  veuve  Dequin. 

M.  Plarr,  maire  de  iîarzy-sui-Marne,  ollicier  de  l'Instruction 
publique,  décoré  de  [tlusiours  ordres  étrangers,  membre  de  la 
Société  de  Géographie  et  de  la  Société  Académiqi:e  indo-chinoise, 
est  élu  membre  titulaire. 


Société  l tikuaiuk  .  kt  histuriuii;  uk  la  IhwE.  —  Séance  du 
12  mai  1898.  —  l'résidcnce  de  M.  Gassies,  vice-|irésident. 

La  parole  est  donnée,  à  M.  Guérin,  pour  la  suite  de  sa  lecluic  sur 
les  Ducs  et  Duché  de  Valois,  mais  il  la  cède  gracieusement  à 
M.  Kavaisse,  membre  cori'espondanl,  venu  de  Paris  pour  lire  la 
suite  de  son  inléi'essanle  étude  sur  l'Ait  inusical  chez  les  Arabrs. 

.M.  Ravaisse  déplore  la  rareté  de  documents  nous  permettant  de 
savoir  ce  que  fut  cet  art.  Seules,  les  chansons  nous  restent,  mais 
dépouillées  de  leur  parure  piimilive,  paroles  sans  musique,  sem- 
blables à  cjuelque  maudore  dont  les  cordes  seraient  brisées.  Mais 
qu'il  lût  grec  ou  persan  d'imJlalion,  ou  simplement  original,  le 
certain  est  que  l'art  contemporain  d'Imroul-Keis,  ce  barde,  lils  de 
roi,  qui  n'allait  jamais  qu'escorté  dune  théorie  d'esclaves  musi- 
ciennes, sut  faire  vibrer  l'âme  de  tout  un  peuple,  miracle  que 
toutes  les  nouba  (concerts,  fanfares)  du  monde  musulman  seraient 
dans  l'inipossibilité  de  susciter  à  présent. 

M.  Kavaisse  trace  un  tableau  du  monde  aiabe  au  vi>-"  siècle  avant 
J.-C.,  pour  faire  com|)rcndre  combien  la  prospérité  y  était  plus 
grande  qu'aujourd'hui,  combien  le  rôle  des  femmes  y  était  plus 
noble,  et  comment  rimer  et  chanter  étaient  à  cette  époque  un 
besoin,  une  raison  d'être,  une  chose  simple  et  commune.  On  voit, 
dit  M.  Ravaisse,  dans  tous  les  cas,  une  preuve  de  la  passion  des 
Arabes  anciens  pour  la  musique  dans  l'espèce  d'engouement  qu'ils 
professaient  à  l'égard  des  chanteuses  musiciennes  qui,  pour  la 
plupart  étrangères,  il  est  vrai,  se  firent  les  éducalrices  de  l'Arabie 
en  fait  d'art  et  laissèrent  des  élèves  dont  les  noms  sont  restés 
fameux.  En  eilet,  un  poète  qui  se  respectait  était  tenu  d'avoir  à 
son  service  une  ou  plusieurs  chanteuses  capables  de  mettre  eu 
musique  et,  par  là,  de  publier  les  poèmes  qu'il  inventait.  Ces  fem- 
mes, par  contre,  étaient  tenues  d'être  belles,  instruites  et  spiri- 
tuelles; au>si,  jouissant  d'une  considération  toute  méritée,  étaient- 
elles  le  luxe  des  grands  et  des  riches  ;    elles   constituaient  l'aristo- 


CKUONIQUB  6U9 

cralie  de  l'c^clava^re.  On  les  aciielail  des  prix  fous,  ruais  elles 
élaieiil  ràiiic  de  loiiles  les  fêles. 

La  mode  dos  esclaves  chaiileuses,  iiislrimieiilisles  cl  composi- 
leurs,  esl  abolie  aujourd'hui,  comme  l'esclavage  lui-même,  et,  ce 
qui  est  plus  grave,  la  femme  arabe  est  tenue  plus  que  jamais 
depuis  dans  une  ignorance  profonde  de  toutes  les  choses  de  l'es- 
prit. 

Ce  sont  là  les  deux  causes  principales  de  la  décadence  de  l'art 
musical  en  Orient,  décadence  qui  a  marché  de  concert  avec  celle 
de  la  poésie,  pour  le  plus  grand  malheur  des  uliiaoïirs,  qui  seuls 
aujourd'hui  se  plaisent  à  évoquer  le  souvenir  des  belles  «  cigales  » 
païennes  et  des  chantres  bédouins  de  l'Arabie  anléislamique. 

M.  Gassies  rend  compte  ensuite  des  découvertes  archéologiques 
faites  à  Meaux  dans  le  quartier  du  Marché  (cercueils  en  pierre, 
poteries  rouges  dites  de  Samos,  monnaies  des  Leuci,  de  Constan- 

lia  |[,  etc.). 

* 
»    * 

FÈIES    du    CENTKNAIRK    DE    LA    SocnÔïÉ    ACADÉMIQUE    DE    ChALONS.   — 

Les  fêles  du  centenaire  de  la  Société  d'agriculture,  commerce, 
sciences  et  arts  de  la  Marne  ont  commencé,  le  samedi  matin 
y  juillet,  par  une  visite  du  jury  à  l'exposition  florale  de  l'Hôtel  de 
Ville.  Tous  les  liorlicuUeurs  chàlonnais  avaient  envoyé  des  collec- 
tions variées  à  cette  exposition.  Épernay  était  représenté  par  un 
magnifique  parterre  de  caladiitms,  que  M.  Gaston  Chandon  de 
Briailles  avait  bien  voulu  mettre  à  la  disposition  des  organisa- 
teurs de  l'exposition.  Rien  ne  peut  donner  une  idée  de  la  splen- 
deur de  ces  feuilles  largement  étalées,  aux  teintes  riches  et 
variées,  allaiit  de  la  blancheur  ivoirine  au  rouge  pourpre. 

A  deux  heures,  un  vin  d'honneur  réunissait  dans  le  grand  salon 
les  autorités  locales,  les  membres  de  la  Commission  de  la  Société 
et  quelques  invités. 

Le  soir,  M.  Doulté  fils  a  donné  au  théâtre  une  conférence  sur 
les  populations  musulmanes  de  l'Algérie,  qui  a  été  très  goûtée. 

Le  dimanche  malin  10,  une  messe  était  ditc^  en  l'église  Noire- 
Dame^,  à  l'intention  des  membres  défunts,  par  M.  l'abbé  Thibault, 
membre  de  la  Société  académique  de  la  Marne. 

La  séance  solennelle  a  eu  lieu  après  midi. 

Elle  était  présidée  par  M.  de  Saint-Arroman,  chef  du  bureau  des 
travaux  historiques  au  ministère  de  l'Iuîtruction  publique,  délé- 
gué du  ministre,  M.  Léon  Bourgeois,  qui  avait  à  ses  côtés  M.  le 
préfet  de  la  Marne,  M.  le  président  Doutté,  .M.  Cornet,  inspecteur 
d'académie,  M.  Bourdon,  maire  de  Cl^âlons,  etc. 

Une  exposition  archéologique  fort  remarquable  avait  été 
organisée. 

L'objet  d'art  offert   par  .M.  Léon  Bourgeois,    un  joli   groupe  en 

o'J 


OIÙ  CHRONIQUE 

biscuit  de  Sèvre»,  a  été  décerné  à  M.  Bosleaux,  de  Cernay-les- 
Reims.  pour  ses  belles  collections  archéologiques,  fruit  de  fouilles 
persévérantes  et  de  laborieuses  recherches. 

Dillerents  discours  et  comptes  rendus  ont  été  lusparM.M.  Duulté, 
président,  Duckett,  secrétaire,  Pélicier,  Thibault  et  Uedouin  ; 
puis  la  distribution  des  prix  a  eu  lieu. 

Le  soir,  un  banquet  a  eu  lieu   à    l'hôtel  de  la  Haute-More-Dieu. 


C.NE  visri'K  DE  LA  Société  d'Histoîue  et  D'AncHÉOLooiE  de  Pro- 
vins A  LA  Société  Archéologique  de  Sens.  —  Le  9  juin  dernier, 
une  nombreuse  députation  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie 
de  Provins  est  venue  rendre  à  la  Société  archéologique  de  Sens  la 
visite  que  celle  ci  lui  avait  faite  l'année  dernière  à  pareille  épo- 
que. La  Compagnie  provinoise  était  conduite  par  Thonorablo 
M.  Buisson,  son  président,  accompagné  de  M.  Bonno,  son  infati- 
gable et  zélé  secrétaire,  et  des  autres  membres  du  bureau.  Les 
archéologues  sénonais  s'étaient  empressés  de  se  porter  au-devant 
de  leurs  invités,  qu'ils  ont  salués  dans  l'une  des  salles  d'attente  de 
la  gare,  où  le  savant  président  de  la  Société  de  Sens,  M.  JuUiol, 
professeur  honoraire,  a  prononcé  une  courte  et  aimable  allocution, 
en  remettant  à  chacun  des  arrivants  un  programme  de  la  journée, 
orné  d'une  vue  en  photolypie  et  un  signe  de  ralliement  qui  lui  a 
fourni  l'occasion  d'heureux  rapprochements.  C'était  une  fine 
reproduction  lithographique  du  rare  et  curieux  jeton,  frappé  par 
la  ville  de  Sens  au  temps  de  la  Ligue  :  d'un  côté  les  armes  de  la 
cité  avec  sa  fière  devise  latine  :  Urbs  anliqua  Senon.  niilla 
cxpiignabilis  arle  ;  de  l'autre,  deux  mains  entrelacées,  mouvant 
de  deux  nuages,  et  tenant  à  la  fois  un  faisceau  de  flèches  d'or  et 
deux  branches  de  laurier,  symboles  des  luttes  de  la  vérité  et  des 
victoires  académiques  ;  en  exergue,  on  lit  : 

Sic  noslra  viret  fiducia  concors.  1579. 

«  Espérons,  dit-il  en  terminant,  que  jamais  ne  se  rompra  cette 
alliance  commencée  à  Provins  et  confirmée  dans  notre  bonne  ville 
de  Sens  !  » 

Le  cortège  s'ébranle  alors  au  milieu  des  applaudissements  et 
monte  dans  les  voilures,  qui  l'attendaient  au  dehors.  Les  deux 
présidents,  ayant  à  leurs  côtés  MM.  les  secrétaires,  prennent  la 
b*-le  et  l'on  traverse,  au  grand  trot,  les  ponts  et  la  Grande- Rue 
pour  gagner  l'exlrémilé  de  la  ville.  Court  arrêt,  au  passage,  à  la 
vieille  église  de  Saint-Maurice,  dont  M.  Cuillet  décrit  gracieuse- 
ment les  curiosités,  et  devant  le  grand  portail  de  la  cathédrale, 
dont  les  excursionnistes  désirent  prendre  un  avant  goût. 

Après  avoir  longé  la  sous-préfecture  et  le  (los  de  Bellenave 
(l'ancienne  naumachie),  l'on  arrive  aux  arènes,  où  l'on  met  pied 
ù  terre.  (!e  fut   un   curieux  spectacle  que  de  voir  le  vaste   amphi- 


CHliûNigUK  611 

tluàlre  dessiner  de  nouveau,  après  taul  de  siècles,  l'ellipse  de  sun 
pourtour,  grâce  à  la  ligue  des  visiteurs,  (pii  se  profdait  sur  l'eia- 
placemenl  inênic  du  podium  antique. 

Il  y  manquait  certes  beaucoup  de  ciioses  :  les  i^radins,  les  vonii- 
toria,  les  enceintes,  les  horribles  réduits  où  les  satellites  romains 
jetèrent,  par  l'ordre  d'un  prince  persécuteur,  rtiéroii]ue  vierge 
Colombe  en  Tan  274;  il  y  manquait  la  rumeur  orageuse  de  la  mul- 
titude surexcitée  par  l'odeur  du  sang,  le  défilé  funèbre  des  gladia- 
teurs, qui  saluent  de  la  main  la  loge  impériale  :  k  Ave,  Cxsar, 
moriluri  le  salulaiii  !  »  Plus  d'échos  pour  renvoyer,  aux  profon- 
deurs des  voûtes,  l'appel  rauque  du  helluaire,  le  rugissenjent  des 
fauves,  ou  le  cri  désespéré  des  victimes,  Mais  les  spectateurs, 
aidant  à  l'illusion  par  leurs  connaissances  historiques,  purent  du 
moins  évoquer,  dans  une  rapide  vision,  les  immenses  proportions 
du  Cotisée  sénonais,  que  surmontent  aujourd'hui  près  de  cinq 
mètres  de  décombres. 

Des  arènes,  les  visiteurs  se  rendent,  par  Saint-Pierre-le- Vif,  à 
lu  basilique  de  Saint-Savinien,  dont  ils  étudient  avec  beaucoup  de 
soins  les  inscriptions  et  l'architecture.  M.  Julliot  les  accornpagnc 
dans  la  crypte,  dont  il  leur  apprend  l'histoire.  On  leur  montre 
ensuite  la  chapelle  de  l'Hùtel-Dieu,  les  promenades,  la  poterne  et 
le  Musée  gallo-romain,  la  statue  et  la  maison  de  Jean  Cousin, 
enfin  le  Musée  qui  forme  comme  le  point  central  de  l'excursion. 

M.  le  conservateur  Dullot  fait  aux  artistes  les  honneurs  de  la 
galerie  où  il  a  su  accumuler  tant  de  richesses  artisti(iues  ;  puis  les 
archéologues  étudient  avec  nue  attention  particulière  les  sculptu- 
res, les  stèles  et  les  inscriptions,  si  nombreuses,  de  notre  riche 
Musée  lapidaire  ;  il  est  évident  qu'initiés  de  longue  main  à  tous  les 
problèmes  soulevés  par  l'identiUcation  successive  d'Aijeiulicum 
avec  Sens  et  Provins,  ils  ne  perdent  aucune  des  ingénieuses  et 
rigoureuses  déductions  que  M.  le  président  Julliot  leur  expose 
dans  une  conférence  aussi  agréable  en  la  forn)e  que  solide  au 
fond. 

Rarement  on  avait  vu  le  savant  sénonais  apporter,  dans  le  récit 
de  ses  découvertes,  plus  d'agrément  et  de  verve  contenue.  Le 
courant  de  chaude  sympathie,  dont  l'entouraient  les  savants 
hôtes  de  la  Société  archéologique,  l'ont  dédommagé  an>plement 
des  fatigues  de  cette  longue  séance,  où  sa  jeunesse  semblait  s.j 
renouveler. 

L'après-midi  s'achève  dans  la  visite  de  la  cathédrale,  où  les 
excursionnistes  aiment  à  retrouver  un  air  de  parenté  avec  leur 
magnifique  collégiale  de  SaintrQuiriace.  M-  Mémain  veut  bien  les 
diriger  dans  cette  étude  trop  rapide,  tandis  que  M,  Chartraire 
montre  aux  dilférenls  groupes  le$  vitrines  du  trésor.  Puis  l'on 
parcourt  les  bâtiments  de  l'officialité  et  les  salles  du  palais  syno- 
dal. Mais  le  temps  manque  ;  il  faut  regagner  vivement  le  Musée 
lapidaii'e,  où  de  zélés  commissaires,  MM.  Léon  Lamy  ot   Uestom- 


612  CHRONIQUE 

Les,    oui   pi'cparé   une  légère    collation    oonipusée    de    quelques 
rafi'aichissements  et  des  gâteaux  du  pays. 

Le  cadre  était  sévère,  mais  M.  le  président  Buisson,  debout  à  la 
place  d'honneur,  prit  alors  la  parole  dans  un  langage  plein  de 
bienveillance.  Après  avoir  résumé,  avec  beaucoup  de  courtoisie, 
les  impressions  de  la  journée,  il  fit  ressortir  les  avantages  scienti- 
fiques de  telles  entrevues,  ajoutant  aimablement  que  l'excursion 
de  Sens  ne  serait  pas  inféconde,  parce  qu'elle  avait  fixé  dans  son 
esprit  et  celui  de  sa  Compagnie  les  grandes  lignes  de  la  création 
d'un  musée  provinois,  auquel  ses  collègues  et  lui  sont  décidés  à 
consacrer  désormais  toute  leur  activité. 

L'allocution  de  M.  Buisson,  que  nous  regrettons  de  ne  pouvoir 
reproduire  textuellement,  est  couverte  d'applaudissements. 

M.  Joseph  Perrin,  avocat,  vice-président  de  la  Société  archéolo- 
gique de  Sens,  répond,  au  nom  de  ses  collègues,  au  toast  de  la 
Société  de  Provins.  11  se  fait  l'interprète  de  tous  en  rappelant 
avec  quelle  impatience  celte  visite  était  attendue,  avec  quelle  joie 
la  nouvelle  en  a  été  accueillie,  avec  quelle  gratitude  ses  compa- 
gnons de  roule  de  l'an  dernier  se  souviennent  encore  de  la  récep- 
tion si  cordiale  qu'ils  ont  reçue  sur  les  bords  de  la  Vouizie.  Ils 
n'avaient  emporté  qu'un  regret  et  formulé  qu'un  vœu  au  soir  de 
leur  protï)enade  dans  la  charmante  capitale  de  la  Brie. 

«  Merci  à  vous^.  Messieurs,  dit-il,  d'avoir  comljlé  ce  vœu  d'une 
journée  plus  complète,  où  nous  aurions  la  satisfaction  de  nous 
retrouver  plus  nombreux,  sous  la  direction  de  nos  deux  prési- 
denls.  Aujourd'hui,  plus  de  paroles  de  regret,  mais  une  acclama- 
tion joyeuse  qui  doit  sortir  de  ces  monuments  mêmes  qui  nous 
environnent.  Ces  pierres,  elles  sont  la  gloire  de  notre  président, 
elles  constituent  aussi  les  titres  de  noblesse  de  notre  Société  :  j'y 
vois  les  effigies  de  nos  pères  qui  semblent  nous  faire  cortège  et 
prendre  part  à  cette  fête  amicale.  Puisqu'elles  assistent,  en 
témoins,  à  cette  réunion  plénière  de  nos  deux  Compagnies,  per- 
mettez-moi, Messieurs,  de  vous  saluer  dans  la  langue  qui  leur 
était  familière  et  de  leur  emprunter,  en  terminant,  la  vieille  for- 
mule romaine,  que  je  crois  voir  briller  d'ici,  toujours  concise, 
mais  plus  expressive  que  jamais,  au  fronton  de  ces  stèles  quinze 
fois  séculaires  : 

Soc  lis,  FcUcikr. 

«  Vive  la  Société  de  Provins  !  Je  bois  à  son  présideut,  au  bureau 
qui  l'entoure.  J'ajoute  la  santé  des  dames  qui  nous  ont  fait  l'hon- 
neur de  se  joindre  à  l'excursion,   » 

Les  tleurs  de  la  table  sont  aussitôt  distribuées  aux  dames  par 
MM.  les  commissaires  de  la  Société  archéologique  de  Sens,  et  les 
invités  sont  ensuite  accompagnés,  dans  le  même  ordre  que  le 
matin,  à  la  gare,  où  s'échangent  les  adieux  ou  plutôt  la  promesse 
de  travailler  désormais  en  commun. 

Puisse  celte  trop  courte  journée  avoir  iiis|)iré  aux   savants  visi- 


CHRONIQUE  613 

leurs  le  désir  de  revenir  à  Sens  et  de  nous  apporter  do   ruuiveaii 
l'encouragemeiU  de  leurs  siillVages  ali'ectueux. 

Gallus. 


Un  monument  a  Bossuet.  —  Commetil!  Bossuel  n'a  pas  de 
monument?  —  Aon.  Depuis  liienlôt,  deux  siècles,  le  plus  grand 
des  écrivains  et  des  orateurs  français  n'a  qu'une  dalle  modeste  sur 
son  cercueil  ;  et  encore,  celte  pauvre  pierre  ayant  été  déplacée 
jadis  à  l'occasion  de  travaux  exécutés  dans  la  cathédrale,  on  en 
était  venu  à  ne  plus  même  connaître  l'endroit  exact  où  était  ense- 
veli l'évêque  de  Meaux.  Il  y  a  cinquante  ans,  tout  le  monde 
l'ignorait. 

C'est  Ms""  Allou  qui,  en  IS^ii,  voulant  mettre  un  terme  à  une 
pareille  situation,  prescrivit  des  recherches  et  découvrit  le  tom- 
beau du  grand  homme  sous  le  dallage  du  sanctuaire,  du  côté  de 
l'épitre.  Le  cercueil  de  plomb  fut  dessoudé  au  moyen  d'un  fer 
chaud  ;  la  couche  de  tan  et  de  plâtre  pulvérisé  qui  remplissait  la 
bière  fut  enlevi'e,  et  après  que  Ms"^  Allou  eut  soulevé  lui-même, 
d'une  main  respectueuse,  une  dernière  enveloppe  de  toile  qui 
recouvrait  la  tête,  tous  les  assistants  reconnurent  limage  vénérée 
de  Bossuet  ;  les  traits,  parfaitement  distincts,  avaient  à  peine  été 
altérés  par  la  mort,  quoique  la  peau  fût  desséchée  et  comme  par- 
cheminée ;  seulement  les  cheveux  blancs  avaient  pris  une  teinte 
châtain  foncé  sous  l'action  des  matières  préservatrices  posées  dans 
la  bière.  On  comprend  l'émotion  poignante  qui  saisit  les  assistants 
à  l'aspect  de  ces  restes  sacrés,  à  la  vue  de  ce  que  la  mort  avait 
fait  de  cette  tête  puissante,  de  celte  bouche  à  l'éloquence  souve- 
raine ! 

Après  une  cérémonie  pieuse,  le  cercueil  lut  refermé,  puis 
replacé  dans  le  caveau,  sous  la  mémo  dalle  dont  l'avait  autrefois 
recouvert  l'abbé  Bossuet,  neveu  et  héritier  de  l'immortel  évêque. 

Mais  il  faut  autre  chose  que  cette  pierre  banale  pour  honorer 
une  telle  mémoire,  et  l'évêque  actuel  de  Meaux,  M?''  de  Briey,  a 
conçu  le  noble  dessein  de  réparer  un  oubli,  ou  une  négligence, 
qui  finirait,  en  se  prolongeant  davantage,  par  devenir  une  honte 
pour  notre  pays.  —  «  Cette  pensée  nous  occupe  depuis  bien  des 
années  déjà,  écrit-il  dans  une  Lettre  publique  à  tous  ceux  qu'in- 
téresse la  gloire  de  Bossuet.  Gardien  des  cendres  de  notre  illustre 
prédécesseur,  nous  nous  reprocherions  de  les  tenir  plus  longtemps 
sans  honneur,  et  cela  dans  le  temps  même  où  l'on  rivalise  de  zèle 
pour  mettre  en  lumière  tout  ce  qui  se  rapporte  à  lui,  où  prêtres, 
hommes  du  monde,  chrétiens,  incroyants  même  se  passionnent 
pour  sa  mémoire,  où  ses  œuvres  sont  le  sujet  de  travaux  histori- 
ques et  littéraires,  d'articles  dans  les  revues,  de  cours  dans  ren- 
seignement ofiiciel,  de  conférences  spéciales  où  se  pressent  les 
auditeurs.  » 

Et  M?''  de  Briey  aurait  pu  ajouter  que,  dans  ce  même  temps  où 


Gî4  CHRONIQUE 

l'on  prodigiio  le  bronze  ol  lo  marbre  fi  lant  de  répulalions  conles- 
labb's,  Il  laiil  d'inconnus  et  dindiglics,  il  sérail  vraiment  étrange 
que  la  France  n'eût  pas  pour  une  de  ses  gloires  le?  plus  hautes 
l'hommage  qu'elle  rend  si  facilement  à  des  médiocrités  d'un  jour. 

C'est  à  Meaux  que  Hossuel  a  passé  la  période  la  plus  laborieuse 
et  la  plus  brillante  de  sa  vie.  Nommé  à  ce  siège  par  Louis  XIV  en 
1081,  il  y  a  vécu  vingt-trois  ans,  et  le  palais  épiscopal  reste  tout 
plein  de  ses  souvenirs.  Sa  grande  ombre  semble  passer  encore 
dans  les  salons  imposants  où  rayonne  son  portrait  par  Rigaud, 
dans  h}s  majestueux  jardins  dessinés  par  Le  Nôtre,  à  l'extrémité 
desquels  il  avait  fait  construire  un  petit  bâtiment  pour  lui  servir 
de  retraite,  et  où  il  a  écrit  ses  plus  remarquables  ouvrages. 

Ce  modeste  bâtiment  tombait  en  ruine  au  commencement  de  ce 
siècle.  Napoléon  voulut  qu'il  fût  restauré  et  scrupuleusement  con- 
servé, tel  qu'il  était  au  temps  où  l'habitait  l'illustre  évêque  et  où  il 
reçut  la  visite  du  grand  Condé. 

C'est  donc  à  IMeaux,  dans  la  cathédrale  dont  les  voûtes  ont 
gardé  l'écho  de  sa  parole,  que  devra  s'élever  le  monument  pro- 
jeté, en  face  de  la  chaire  aux  vieux  panneaux  Louis  XIU  (toujours 
la  môme)  où  il  n'a  cessé  de  se  faire  entendre  jusqu'à  sa  mort. 

Atteint  de  la  pierre  â  soixante-quinze  ans,  et  saisi  d'une  crise 
violente  à  Versailles,  il  y  succomba  au  printemps  de  1704.  Son 
corps,  immédiatement  embaumé,  fut  ramené  en  grande  pompe  à 
Meaux  pour  y  être  inhumé  à  gauche  de  l'autel^,  suivant  sa  volonté 
dernière.  Le  carrosse  de  deuil  qui  le  transportait  était  accompagné 
d'un  écuver  du  Dauphin  et  d'un  imposant  cortège.  Les  chevaux  du 
carrosse  étaient  caparaçonnés,  avec  six  valets  de  chambre  en 
manteau  long  et  douze  laquais  de  deuil  portant  des  flambeaux. 

Cnmprend-on  qu'après  de  si  hauts  et  si  légitimes  honneurs, 
personne,  durant  une  période  de  cent  quatre-vingt-quatorze  ans, 
n'ait  songé  à  couvrir  la  tombe  de  Bossuet  d'un  monument  digtie 
de  sa  renommée  et  de  son  génie  .' 

Heureusement,  grâce  â  l'initiative  de  M-i^  de  Briey,  cette  longue 
omission  va  être  enfin  réparée. 

Un'G  réunion  préparatoire  a  été  tenue  dans  ce  but,  et  un 
Comité  tt  clé  constitué  sous  la  présidence  du  cardinal  Perraud. 
L'Eglise  et  l'.\cadémie,  l'Université  et  la  l*resse,  la  Tribune  et  le 
Barreau  y  sont  également  représentés,  et  un  premier  ;ippcl  ne  tar- 
dera pas  sans  doute  à  être  adressé  au  public.  Il  est  sûr  d'être 
entendu.  La  gloire  do  Bossuet  est  désormais  au-dessus  de  toutes 
les  contestations.  Les  ombrages  d'une  autre  époque  sont  dissipés 
depuis  longtemps  ;  la  France  intellectuelle  et  pensante  est  una- 
nime dans  .son  admiration  pour  cette  impérissable  mémoire. 

Tout  le  monde  aujourd'hui  partage  l'appréciation  de  Sainte- 
Beuve  écrivant  en  IS'li  :  «  La  gloire  de  Bossuet  est  devenue  l'une 
des  religions  de  la  France  ;  on  la  reconnaît,  on  la  proclame,  on 
s'honore  soi-même  en  y  apportant  chaque  jour  un  nouveau  tribut, 


OttnONIQUR  Hl^ 

en  lui  Iroiivanl  de  nnuvpllos  raisons  d'ôlrc  et  de  s'accroître  :  on 
ne  la  discute  plus.  » 

Et  avant  Sainte  Beiive,  presque  dans  les  mêmes  termes,  Joseph 
de  Maistre  avait  aussi  appelé  Hossuel  <<  une  des  religions  de  la 
France  ». 

Le  succès  du  projet  que  nous  annonçons  n'est  donc  pas  douteux, 
et  comme  le  monument  ne  devra  être  inauguré  qu'en  190i,  date 
du  deu.'çième  centenaire  de  Bossuet,  le  Comité  présidé  par  le  car- 
dinal Perraud  aura  tout  le  temps  de  provoquer  et  de  réunir  les 
ressources  nécessaires  à  l'ouivre  vraiment  nationale  qu'il  entre- 
prend. 

Le  sculpteur  chargé  de  tailler  dans  le  marhre  celte  majestueuse 
figure  de  Bossuet  n'a  pas  été  choisi  encore.  C'est  le  Comité  qui  le 
désignera,  et  il  ne  contiera  certainement  qu'à  des  mains  silres  la 
mission  de  doter  la  cathédrale  de  Meanx  d'une  œuvre  destinée  à 
traverser  les  siècles,  et  digne  à  la  fois  de  l'Eglise  et  de  la  France. 

U.\  Français. 


Liste  des  dons  faits  au  Ml'séf.  de  Troyes   pendant  le  del'xikme 

TRIMESTRE    DE    l'aNNÉE    iS98   : 

Peinluj'e. 

M"«  Joseph  AudifTred,  par  l'intermédiaire  do  M.  le  maire  de 
Troyes  :  —  Trois  tableaux  peints  à  l'iiuile  ;  M""^  Joseph  Audi /frrd, 
portrait,  de  grandeur  naturelle,  par  Gie^'rc  ;  —  J/.  Joseph  Audlf- 
l'red,  portrait  en  buste,  médaillon  ovale,  par  Vitto  d'Ancona  ;  — 
la  plage  d'Elretat,  par  Le  Poittevin. 

M.  S.  Toudouze,  à  Paris  :  —  Monlayncs  en  Savoie,  près  d'Ai.r- 
les-Bains,  peinture  à  l'huile,  sur  bois,  1891. 

Avchéoiogic. 

La  Fabrique  de  l'église  Sainl-Martin-ès-Vignes  :  —  Neuf  sculp- 
tures en  ronde  bosse,  toutes  mutilées  et  ne  pouvant  trouver  place 
dans  l'église,  savoir  :  Trois  statues  en  pierre  :  Saint  Roch^  Sainte 
.yarie  et  Sainte  Barbe;  un  Buste  d'écrgue,  également  en  pierre, 
et  cinq  statues  en  bois  :  Christ  de  grande  dimension^  Vierge- 
mère,  Èvêque  et  Angrs  adorateurs  :  —  une  pierre  sculptée  prove- 
nant du  presbytère  de  Saint-Martin  ;  elle  représente  un  écu 
armorié  portant  un  chevron  accompagné,  en  chef,  d'un  poisson 
mis  en  bande  entre  deux  étoiles,  et,  en  pointe,  d'une  coquille. 

M.  Adolphe  Parigot,  président  du  Tribunal  civil  de  Troyes, 
décédé,  membre  correspondant  :  —  Deux  carreaux  vernissés  et 
incrustés  provenant  des  ruines  du  château  de  Frédégonde,  situé 
dans  la  forêt  voisine  d'Avenav,  canton  d'Ay  (Marne). 

M.  l'abbé  Prévost,  membre  associé  :  —  Une  clé  ancienne, 
en  fer. 

M"''  Pilliard.  rue  Champeanx,  à  Troyes  :  —  Huit  petites  plaiiues 


610  CHRONIQUE 

de  verre  éginmisé  et  de  forme  ronde,  dont  cinq  avec  peintures  à 
la  détrempe,  sur  ivoire.  Toutes  ces  plaques  étaient  destinées  à 
roruemenialioii  de  petits  méJaillons  de  serre-cou  ;  —  deux  pla- 
quettes de  nacre  décorées  de  ciselures  ;  —  un  boulon  à  l'usage  de 
la  Garde  nationale  de  1830. 

Mme  veuve  Formont,  à  Har-sur-Aube^  au  nom  de  M.  Formont, 
son  mari,  décé(lé,  membre  correspouiianl  :  —  Deux  pelits  médail- 
lons, reliquaires  en  corne,  dont  un  avec  peinture  sur  vélin. 

Aiimi&maliijue  ri  Sigillographie. 

M.  Grosdemenge,  à  Troyes  :  —  Une  mormaie  gauloise  des 
Sénons,  sans  indication  de  provenance.  Elle  ollVe  une  variante  du 
n"  iTG  du  Catalogue  des  .Monnaies  gauloises  du  Musée  de  Troyes 
et  présente  le  type  du  cheval  marchant  à  gauche  accompagné,  en 
haut,  d'un  gros  globule  entre  trois  petits,  et  d'un  autre  globule  en 
avant,  devant  le  poitrail. 

M.  Thierry,  membre  résidant  :  —  Deux  monnaies  françaises  en 
argent,  datant  du  xii«  siècle  ;  l'une  d'elles,  frappée  à  Provins,  a 
été  émise  par  Henri  il,  comte  de  Champagne  (1180-1197);  — 
deux  monnaies  en  bronze,  très  frustes,  datant  du  Moyen  âge  ;  — 
un  double-tournoi  de  Louis  XIV.  Le  tout  a  été  trouvé  dans  la  pro- 
priété du  donateur,  rue  de  la  Mission. 

M.  Jotte,  à  Prunay-Relleville  :  —  .Six  monnaies  françaises, 
deniers  et  doubles-deniers  de  Louis  XIII  et  de  Louis  Xl\';  —  deux 
sous  de  Louis  XVI  et  un  jeton  de  Nuremberg. 

M.  Albert  Delalour,  membre  correspondant,  à  Paris  :  —  Une 
pièce  de  oO  centimes,  émission  de  1897,  gravure  de  Roty.  Celle 
pièce  n'a  pas  subi  de  polissage. 

.M.  de  la  Boullaye,  mem])re  résidant  :  —  Un  décime,  émission 
de  1S98,  nouveau  modèle,  gravure  de  Daniel  Dupuis, 

.M.  le  préfet  de  l'Aube,  président  d'honneur  de  la  Société  Acadé- 
mique :  —  Un  exemplaire,  en  bronze  argenté,  de  la  médaille  gra- 
vée par  Henri  Naudé  et  frappée  à  l'occasion  des  concours  de  gref- 
fage de  la  vigne,  en  189T-1898. 

M.  Pougial.  menuisier  à  Troues  :  —  Une  médaille  en  bronze, 
gravée  par  Gayard  et  frappée  en  commémoration  du  rétablisse- 
ment de  la  statue  d'Henri  IV,  à  Paris,  sous  Louis  XVJJI. 

M.  Clioullier,  membre  correspondant  :  —  .Neuf  empreintes  sur 
cire  de  cachets  armoriés  ayant  appartenu  à  des  familles  de  la 
région,  parmi  lesquelles  ligurent  les  Marbual,  seigneurs  de  Bois- 
Gérard  ;  les  Guyard  des  Forges,  seigneurs  de  Chamblin  ;  les  de 
Walles,  seigneurs  de  Courtaoult;  les  Rousseau,  seigneurs  de  Cha- 
moy,  elc  .. 

Minéralogie. 

M.  de  Mauroy,  conservateur  de  la  minéralogie  :  —  Un  échantil- 
lon de  la  météorite  tombée  le  20  juin  1897,  à  Lançon  CRouches- 
du  Rhône).  Poids  :  10  grammes. 


CHRONIQUE  017 

Palôù)ilologie. 
,M.  Gustave  Mifliel,  à  PrécySaint-Marlin  :  — Une  dent  fo?sili>  de 
fheval,  Iroint'c  à  Précy-Saiiit-Martin,  sur  remplacement  de  la  voie 
romaine. 

Musée  d'art  décoratif. 

M.  Frédério-Kugène  Piat,  conservateur  lionoraire  :  —  Un  Duo, 
groupe  en  terre  cuite  colorée  avec  des  terres  de  nuances  diverses^ 
œuvre  de  Ladreyt.  Il  représente  deux  musiciens,  un  alto  et  une 
basse,  s'escrimant  à  tour  de  bras  sur  leurs  instruments. 

M.  Truelle  Sainl-Evroji,  membre  correspondant  :  —  Une  noix 
de  coco,  très  finement  et  très  habilement  .sculptée,  représentant 
les  batailles  de  Marengo  et  d'Essliiig  ;  —  une  remarquable  tor- 
chère de  style  Louis  XV,  avec  pied  à  trois  consoles  contournées  à 
crevé  et  orné  de  lambrequins  et  de  dauphins,  le  tout  en  bronze 
doré,  supportant  un  plateau  profilé  à  culot,  en  marbre  fleur  de 
pc'cher.  (.Nota  :  La  Commission  du  Musée  a  participé  pour  trois 
dixièmes  à  la  dépense  occasionnée  par  l'acquisition  de  cet  objet.) 
Cette  torchère  a  été  exécutée  d'après  un  modèle  créé  par  M.  Piat 
pour  la  maison  Gagneau,  de  Paris. 

Bibliothènue  du  Musée. 

M.  de  la  Hamayde,  membre  résidant  :  —  Plusieurs  anciens  et 
très  intéressants  croquis  à  'a  plume,  représentant  des  vues  à  vol 
d'oiseau  des  villages  et  hameaux  de  i^lérey,  Chappes,  Courbelon, 
la  Bretonnière,  etc.. 

M.  Frédéric  Moreau,  à  Paris  :  —  Le  SiippU'rnent  au  Calaloffue 
des  objets  d'antiquité  aux  époques  prchisiori'/U(%  qauloisc, 
romaine  et  franquc  de  la  collection  Caranda,  Saint-Quontin, 
1896;  M.  .Moreau  a  fait  imprimer  cet  ouvrage  (qu'il  annonce 
comme  devant  être  le  dernier  de  ses  travaux)  à  l'occasion  du  cen- 
tenaire de  sa  naissance. 

Emile  .Martin,  clerc  de  notaire'  à  Chavanges  :  —  Une  notice  sur 
Brienne-le-Château,  par  le  donateur. 


Lkon  Lher.\iitte.  —  Lliermitte,  lesté  d'une  petite  pension  de 
l'Etat,  vint  tout  droit  de  son  village  natal,  .Mont-Saint-Père,  en 
Aisne,  pour  entrer  dans  l'atelier  de  L.  de  Boisbaudran.  où  il  se  lia 
avec  Cazin,  Bellanger,  Boty,  et  d'où  étaient  déjà  sortis  Alph  tnse 
Legros,  Fantin-Lalour^.  G  Régamey  et  tant  d'autres.  Mais,  pour 
justifier  une  fois  de  plus  une  des  nombreuses  maximes  de  la 
Sagesse  des  nations,  il  fut  d'abord  prophète  en  Angleterre,  où  ses 
dessins  obtinrent,  lors  d'une  première  exposition,  un  fort  grand 
succès.  Son  originalité,  la  sincérité  de  ses  personnages,  la  solidité 
de  son  des>in  s'affirmèrent  dès  le  premier  jour  dans  une  vision 
d'humanité  saine  el  puissante. 

A  Mont-Saint-Pére,  où  il    passe  une  partie    de    l'année,  tous  les 


G 18  CHRONIQUE 

gens  du  village  lui  servent  de  modèle,  soil  qu'il  les  prenne  sur  le 
vif  dans  les  diverses  occupations  des  champs,  soit  que  d'eux-mêmes 
ils  viennent  poser  dans  son  jardin.  En  cela,  il  suit  l'heureuse  tra- 
dition de  Jules  l'.rclon  et  du  pauvre  Bastien  Lepage. 

D'ailleurs,  la  vie  du  travail  l'allire,  les  agglomérations  humaines 
aux  usines,  comme  aux  Halles  de  Paris,  qu'il  a  si  merveilleuse- 
ment peintes  en  leur  agitation  de  ruche,  le  retiennent. 

Le  premier,  ou  l'un  des  premiers,  il  a  appliqué  le  pastel  aux 
paysages  et  aux  scènes  d'ateliers.  Aussi  est-il  un  des  principaux 
fondateurs  de  la  Société  des  pastellistes. 

Son  œuvre  est  grande  et  nonihreuse.  En  dehors  des  deux 
importants  tableaux  décoratifs  de  la  Sorbonne  :  Claude  Bernard 
et  Sainte-Claire-Dccille,  rappelons  la  Paye  des  Moissonneurs,  qui 
est  maintenant  au  Musée  du  Luxembourg,  le  Cabarel,  si  vivant,  le 
Vin,  la  Fenaison^  le  Repos,  VAmi  des  huinl)les  et,  enfin,  cette 
belle  scène  empruntée  au  fabuliste  :  la  Mort  el  le  Bûcheron. 

I*uis,  ce  sont  des  eaux-fortes  devenues  rares,  et  des  dessins 
reproduits  par  la  gravure  sur  bois  pour  la  Vie  rustique,  avec  la 
collaboration  littéraire  de  notre  maître  André  Theuriet. 

Sous  ses  cheveux  blancs  coupés  courts  et  frisés,  un  beau  front 
d'énergie  et  de  rétlexion  qu'éclairent  deux  yeux  scrutateurs  poin- 
tant droit  sur  le  modèle.  Avec  son  nez  d'un  contour  si  tin,  sa 
barbe  en  pointe  argentée,  Lhermitte  a  dans  la  physionomie  quel- 
que rapport  avec  Jules  Verne  et  aussi  avec  le  regretté  Charles 
Yriarle,  lesquels  cependant,  piis  isolément  tous  deux,  n'ont 
aucun  point  de  ressemblance.  Un  air  de  grande  distinction,  d'ai- 
sance et  de  confiance  en  soi  se  dégage  de  son  individu. 

Et  quand  on  pense  que,  sans  un  protecteur  inlluent  et  avisé, 
lixé  là-bas  à  Monl-Saint-Père,  que  les  essais  du  futur  maître  avaient 
vivement  intéressé,  Lhermitle  n'aurait  jamais  fait  de  peinture! 

Une  anecdote  pour  finir. 

A  Mont-Saint-Père,  tout  le  monde  est  habitué  à  sa  tenue  de  tra- 
vail, assez  dépourvue  delégance. 

Deux  savetiers  ambulants,  le  voyant  —  il  y  a  quelque  temps  — 
peindre  au  bord  du  chemin,  s'approchent  de  lui  : 

—  Tiens,  c'est  touché  !  dit  l'un  d'eux. 

—  V'ous  devriez  porter  ça  au  cliTiteau  de  <i....  on  est  riche 
là-dedans  :  ils  vous  donneraient,  —  dit  l'autre,  —  2j  ou  30  francs 
de  voire  petit  tableau. 

iJiormilte  les  remercia  de  leur  aimable  conseil. 

—  C'est-il  pas  malheureux,  dit  en  s'en  allant  le  plus  âgé  des 
savetiers,  d'être  obligé,  à  son  âge,  de  travailler  le  long  des 
routes  1 


Loris  CoirtA.ioi)  ET  SON  icNSEUiNEMKiNT  A  l'Ecolk    fh;    Louvuk.  — 
I  a  librairie  AI[ibonse  Picard  et  lils,  82,  rue  Bonaparte,  â  Paris,  va 


CHRONIQUE  Ol'J 

procliainetnenl  faire  parailm  eu  «oiiscriplioii,  du  regrelti';  Louis 
Courajod,  renscmble  de  ses  leçons  professées  à  l'Ecole  du  Louvre 
de  1887  à  189G.  L"ouvrago  sera  publié  sous  la  direcUoti  do 
iM.\L  Henry  Lenionoicr  cL  André  Michel,  en  :]  volumes  in-8"  carré, 
de  bèiO  pRges  environ  chacun.  Le  prix  des  'S  volumes  est  de  20  fr., 
et  sera  porlé  à  30  francs  aussilôl  la  ini-e  en  vente. 

Quand  éclata  la  nouvelle  de  la  mort  de  Louis  (Courajod,  enlevé 
en  pleine  force  à  son  œuvre,  le  vir-u  unanime  de  ses  élèves,  audi- 
teurs et  lecteurs,  à  l'étranger  comme  en  France,  demanda  que  ses 
leçons  de  l'Ecole  du  Louvre,  où,  pendant  neuf  années,  il  avait 
cotnballu,  agité  et  semé  tant  d'idées,  fussent  recueillies  dans  la 
niciure  du  possible  et  sauvées  de  l'oubli .  Bien  souvent  ses  amis 
l'avaient  pressé  de  pourvoir  lui-même  à  la  rédaction  définitive  et 
à  la  publication  de  tant  de  notes  qu'il  avait  accumulées  ;  mais  il 
ne  sut  jamais,  dans  l'ardeur  inquiète  de  ses  recherches,  trouver  le 
temps  et  le  calme  nécessaires  à  un  pareil  travail.  «  C'est  vous  qui 
vous  chargerez  de  cela  après  ma  mort  ».  dil-il  un  jour  à  l'un  des 
amis  qui  donnent  aujourd'hui  leurs  soins  à  celle  publication  ; 
«  vous  me  permettrez  de  prendre  à  ce  sujet  des  dispositions  testa- 
mentaires. »  La  mort  l'a  surpris  avant  qu'il  ait  écrit  ses  volontés 
dernières;  mais  ces  mêmes  amis  n'ont  pas  voulu  laisser  tomber  le 
mandai  que  sou  amitié  avait  projeté  de  leur  confier. 

Le  dépouillement  de  ses  papiers,  mis  k  leur  disposition  par  «a 
famille,  a  prouvé  qu'il  n'était  pas  impossible  de  faire  revivre 
presque  en  entier  cet  enseignement  si  fécond.  Un  très  grand  nom- 
bre de  leçons  étaient  complèlement  écrites;  les  dossiers  de  toutes 
les  autres  avaient  été  soigneusement  gardés  et  cla-^sés,  si  bien  qu'il 
a  suffi  d'élaguer  des  répétitions  inévitables  pour  rendre  au  public, 
souvent  dans  leur  forme  personnelle  et  vivante,  loitjours  dans 
leur  substance,  sa  parole  et  sa  pensée. 

Les  Leçons  de  Louis  Courajod  comprendront  trois  volumes  cor- 
respondant aux  trois  grandes  périodes  de  l'art  qui  en  firent 
l'objet. 

I.  —  Origines  de  l'art  roman  et  golliiquc. 

Etat  des  arls  à  la  fin  du  m'  siècle.  —  Civilisation  barbare.  — 
Apparition  d'un  art  nouveau.  —  Analyse  des  éléments  qui  entrè- 
rent dans  sa  composition  :  élément  gaulois,  gallo-romain,  latin, 
byzantin,  barbare,  arabe.  —  Epoque  Mérovingienne.  —  Epoque 
Carlovingienne.  —  Aurore  des  temps  romans. 

II.  —  Origines  de  la  Renaissance. 

Histoire  de  l'art  au  xiv«  siècle.  —  Etude  comparée  de  cet  art  en 
Fiance,  en  Italie.  —  Intervention  et  rôle  des  artistes  seplenlrio- 
naux.  —  L'Ecole  de  Bourgogne.  —  L'art  au  xv"  siècle.  —  La  péné- 
tration italienne.  —  La  forinalion  de  l'Ecole  de  ïouraine. 

III.  —  Origines  de  l\irt  moderne. 

Origines  de   l'arl  académique.  —  L'inllueiice  italienne.  —  L'art 


020  CHRONIQUE 

Jésiiile.  —  Le  Baroque  et  le  Rococo.  ~  Le  monopole  académique 
dans  l'Art  et  dans  l'Enseignement.  —  L'antiquité  et  le  classicisme, 
de  la  Renaissance  à  Le  Rrun,  à  David,  à  Quatremère  de  Quincy. 
—  Elude  des  résistances  de  l'art  national  français  depuis  le  xvi'' 
siècle.  —  Quelques  sculpteurs  des  xvii*^  et  xviu''  siècles. 


OuvROin  DE  Saintk-Croix  de  Jouy-sur-Mûuin  (Seine-et-Marne). 
—  Discours  prononcé  à  la  distribution  des  prix  du  1"  août  1897 
par  M.  Ed.  Ribas,  directeur  de  la  Société  anonyme  des  papeteries 
du  Marais  et  de  Sainte-Marie. 

Mesdames,   Messieurs, 

Mt's  clières  Sœurs,   Mes  Eolaiils, 

C'es-t  ossurémem  renoplir  un  facile  et  agréable  tlevoir  que  de  souLailer  la 
bienvenue  à  l'assistance  nombreuse  el  sympathique  qui  se  presse  sous  celle 
tente,  et  à  toutes  les  personnes  qui  ont  bien  voulu  rehausser  de  leur  pré- 
sence l'éclat  de  noire  distribution  de  prix,  et  pourtant,  en  le  faisant, 
j'éprouve,  je  l'avoue,  une  certaine  confusion  à  occuper  ce  fauteuil  de  la 
présidence,  qui  de  droit  appartenait  à  l'un  de  nos  invités,  t. es  exemples  de 
ceux  qui,  sans  en  être  les  plus  digces,  ont  usurpé  la  première  place, 
abondent  dans  l'histoire.  Je  le  sais  ci  vous  ne  l'ignorfz  pas  non  plus.  Mais 
je  n'aurai  garde  d'invoquer  d'aussi  lâfheux  précédents  el  je  vous  exposerai 
simplement  les  motifs  qui  m'out  dicté  n.a  détermination. 

Me  trouvant  appelé  pour  la  première  fois  à  organiser  notre  fête  Iradiiion- 
nelle,  à  y  convier  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  notre  œuvre,  appelé  aussi 
jjour  la  première  fois  à  personnifier  le  bienfaiteur  anonyme  qui,  sans  s'appe- 
ler autrement  que  la  m  Société  du  Mardis  <,  s'impose  les  sacrifices  néces- 
saires pour  subvenir  à  l'eulretien  de  cette  école,  c'était  pour  moi  un  besoin 
el  un  devoir  de  vous  adresser  quelques  paroles.  Mais  il  est  d'usage,  vous 
le  tavtz,  qu'une  allocution  soil  proi  oncre  par  le  président,  el  pas  plus  à 
rimjjatience  des  petits  enfants  qu'à  la  longanimité  des  grandes  personnes  je 
ne  me  sciais  cru  permis  d'imposer  un  deuxième  discours.  J'ai  donc,  des 
deux  discours,  sacrifié,  non  sans  regret,  le  meilleur,  pour  sauver  le  mien, 
el  j'ai  pris,  un  peu  autorilairemenl,  le  tilie  qui  me  conférait  le  droit  à  la 
parole. 

Comme  piési  lent  j'en  demande  pardon  à  nos  invités,  comme  orateur  j'en 
demande  pardon  à  tout  mon  auditoire. 

Dès  voire  rntiée  dans  cetle  salle,  mes  chers  entants,  une  chose  vous  a 
Irappés,  comme  elle  a  frappé  vos  parents  et  nous  tous.  11  semble  que  cetle 
estrade  soit  garnie,  que  les  sièges  soient  remplis,  el  pourtant  une  place 
reste  vide,  el  c'eit  celle  place  qui  attire  tous  les  regards.  Le  fondateur  de 
notre  onvroir  et  de  notre  école,  l'homme  cminenl  que  nous  voyions  ici, 
chaque  année,  laisjiit  en  vrai  père  de  famille,  avec  une  grâce  parfaite,  les 
honneurs  de  cette  réunion  dont  il  était  l'âme,  y  manque  pour  la  première 
fois. 

Six  mois  déjà  se  sont  éioulés  que,  rompant  lui-même  un  à  un,  non  sans 
un  Lruel  déchiremenl,  tant  lîe  liens  qui  l'allacbaient  à  ce  pays,  à  ces  usi- 
nes, à  elle  population  au  milieu  de  laquelle  il  a  vécu  el  travaillé  plus  de 
trente  annéef^,  \L  Dumont  s'est  éloigné  de  nous  Et  depuis,  la  crainte 
d'aviver  des  pUies  encore  saignantes  d'abord,  une  douloureuse  indisposition 


CHaONlQUE  621 

ensuite,  enliii  el  pardessus  loul  un  senliineut  de  réserve  et  <lc  délicatesse 
poussé  jusqu'à  rextièiue  et  auqut'l  on  ne  saui^ait  trop  rendre  himtnage,  l'ont 
empêché  d'y  reparaître. 

Or,  il  me  semblait  que  la  .-olennité  de  ce  jour  devait  êlic  loccasion  même 
d'un  retour.  Tous,  nous  eu  aurions  été  réconfortés  et  réjouis.  J'aurais  voulu 
que  M.  Dumont  reprît  encore  une  fois  cette  place  d'où,  il  me  semble  que 
c'était  hier,  sa  parole  vibrait  ftirme  et  encourageante,  avec  ce  grand  sens 
pratique  dont  il  a  le  secret.  Je  le  lui  ai  dit.  Mais,  dès  les  premiers  mots  de 
ma  requête,  j'ai  été  arrêté  par  celte  lésoluliou  dont  vous  connaissez  !a 
netteté  et  qui  ne  lais.-e  pas  la  porte  ouverte  à  une  deuxième  tenlalive.  Je 
vous  apporte  l'aveu  de  ma  défaite.  C'est  notre  défaite  h  tous.  Vaincus  avec 
moi,  vous  prolcsleicz  avec  moi,  nous  protesterons  contre  le  temps  et  contre 
l'absence,  en  nommant  M.  Dumont  présidejt  d'honneur  de  notre  réunion. 

Vos  applaudiasements  à  tous,  Mesdames,  Messieur.-;,  mes  chères  Sœurs, 
mes  Enfants,  témoignent  de  votre  sentiment  unanime  ;  je  proclame  donc 
M.  Dumont  prétident  d'honneur,  et  j'associe  à  son  nom  celui  de 
M°"  Dumont,  qui  l'a  toujours  el  si  bien  secondé,  avec  la  grâce  et  le 
dévouement  que  les  femmes  seules  savent  apporter  à  de  pareilles  lâches, 
dans  l'œuvre  qu'il  avait  commencée,  el  qu'il  a  amenée  à  un  si  beau  déve- 
loppement. 

Mais  cette  œ  ivre,  qu'a-t-elle  donc  été?  Ce  ne  sont  pas  seuh  ment  des 
élèves  de  la  petite  cl.sse  qui  me  posent  celle  que.^tion.  Il  y  a,  j'en  vois  d'ici, 
de  grandes  tilles  presque  au  terme  de  leurs  études,  qui  se  disent  : 
«  L'école  des  Sœurs  à  Jouy  ?  .Mais  cela  a  toujours  existé  !  »  Aussi  loin 
que  remontent  leurs  souvenirs,  elles  se  voient  évoluant  sur  les  gradins  de 
l'école  maternelle,  les  yeux  fixés  sur  la  cornette  blanche.  Aucunes  peut- 
être  pensent  que  l'école  des  Sœurs,  à  Jouy,  ça  a  poussé  tout  seul,  comme 
l'herbe  dans  les  champs.  El  cell-slà  ont- elles  vraiment  si  grand  tort? 
Est-ce  que  l'école  ne  pousse  pas  d'clle-mêtne  là  où  il  y  a  une  Sœur  de 
Saint- Vincent  de  Paul,  comme  l'herbe  pousse  là  où  le  Bon  Dieu  a  donné 
sa  rosée?  El,  de  fait,  c'est  à  l'ombre  de  l'ouvroir  que  l'école  est  née  el  a 
grandi,  meis  non  sans  h  aucojp  d'clForts  et  de  persévérance  de  celui  qui  eu 
fut  l'infatigable  artisan. 

Kemontons  donc  à  cette  fondaiion  première  de  l'ouvroir,  qui  nous  reporte 
à  vingt-six  ans  en  arrière.  Vingt-tix  ans,  plus  d'un  quart  de  siècle  !  Pour 
les  parents  des  plus  jeunes  élèves,  ce  sera  presque  de  l'histoire. 

L'idée  première  de  la  fondation  de  l'ouvroir  remonte  à  18'0,  ou  du  moins 
c'est  à  cette  époque  que  les  premières  démarches  furent  laites  aupièj  de 
l'ordre  de  Saint-Vincent  de  Pau!  pour  obtenir  les  Sœurs  qui  devaient  le 
diriger.  Déjà  la  demande  de  M.  Doumerc,  alors  encore  directeur  de  notre 
Société,  avait  été  favorablement  accueillie,  déji  toutes  les  premières  dispo- 
sitions étaient  prises,  quand  l'ouragan  de  l'invasion  étrangère  vint  disperser 
les  hommes  et  emporter  les  projets.  Il  fallut  ajourner  toute  réalifalion  à 
des  temps  meilleurs. 

Ce  ne  fut  qu'un  an  plus  tard,  en  juillet  1871,  après  la  tourmente  apaisie, 
qu'on  put  revenir  à  l'œuvre  interrompue.  Mais  était  ce  bien  le  moment  de 
songer  à  une  nouvelle  fondation  ?  Il  y  a'  ait  d'abord  à  relever  tant  de  rui- 
nes !  Les  usines  et  leur  personnel  à  réorganiser,  les  approvisionnements  à 
reconstituer,  les  besoins  du  public  à  satisfaire,  et  surtout  ceux  des  grandes 
administrations  dont,  par  suite  des  circonstances  mêmes,  les  exigences 
étaient  énormes.  Devant  ce  travail  écrasant,  tout  autre  que  M.  Dumont  eût 
reculé   el  eût  dit  :  «.  Plus  tard  1  »  Mais    son   activité    savait    suffire  à   tout. 


022  CHHONIiJUK 

faire  face  à  tout.  Ne  perJanl  pas  im  instant,  il  reprit  et  poursuivit  sans 
relâche  l'œuvre  conçue  dans  des  lumps  plus  calmes,  il  bàlit,  il  ort,'anisa, 
et,  dès  la  liu  de  1871,  louvroir  était  créé  et  foucliouuait  avec  quatre  Sœurs 
et  une  trentaine  de  pensionnaircf. 

Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  ici  et  de  vénérer  le  souvenir  de  la  pre- 
mière supérieure  de  louvroir. 

Dans  les  liaules  fonctions  auxquelles  VovA  appelée;  ses  mérites  et  ses 
vertus,  elle  n"a  pas  oublié,  j'en  suis  sur,  Thumble  maison  du  faubourg  de 
Jûuy,  ouvdte  par  elle  aux  orphelines  de  nos  désastres,  et  sa  tendresse 
maternelle  «est  réjouie  en  apprenant  que,  depuis,  les  petits  enfants  y 
avaient  ausi-i  leur  place. 

Dès  ISIT,  l'Ordre,  jugeant  que  réminenlc  organisatrice  avait  achevé  sa 
lâche  et  pouvait  la  remettre  en  d'autres  mains,  la  rappela.  J'étais  alors 
momuilan^meut  retenu  h  Paris,  et  je  recevais  du  Marais  une  lettre  dépei- 
gnant l'émoi  causé  par  cette  nouvelle  imprévue.  Vous  ne  m'en  voudrez  pas 
de  vous  en  liter  un  passage  : 

«  Sœur  d'Heurlaumont  est  partie  hier  définitivement  sans  avoir  mis  per- 
c  sonce  autre  dans  sa  confidence  que  la  Sœur  assistante,  —  ordre  de  ses 
«  supérieurs;  —  les  enfants  sont  dans  la  désolation,  presque  en  révolte,  la 
«  communauté  sanglote.  » 

Ces  quelques  lignes  en  disent  plus  (jue  tous  les  éb'ge?. 

Qu'on  se  rassure,  d'ailleurs  :  la  révolte  ne  dura  pas,  et  l'Ordre,  en  enle- 
vant une  mère,  avait  as^ez  de  trésors  de  charité  pour  en  donner  une  autre, 
qui  ne  se  lit  pas  attendre. 

Mais,  si  l'ouvroir  projpéiait,  M.  Diimonl  n'euteudail  pas  b'arrèter  à  ee 
premier  résullat,  et  presque  en  même  temps  il  chcrchaiL  à  confier  aux  Sœurs 
les  petits  eulants  de  l'école  qui  existait  alors  au  Marais.  Longtemps  des  dif- 
ficultéi  matérielles,  dans  le  détail  desquelles  je  ne  saurais  entrer  ici,  vin- 
rent le  contrarier  dans  ce  dessein.  Ce  n'est  qu'en  18:J3  qu'une  occasion 
favorable  lui  permit  d'annexer  à  l'ouvroir  ut.e  ccole.  Aussitôt  le  leriain  fui 
préparé,  les  conslruclions  s'élevè.'-ent,  et  l'école  des  Sœurs  de  Jouy,  enfin 
fondée,  s'ouvrait  le  1b  septembre  1S84. 

Son  histoire  dopuis,  je  n'ai  [as  à  vous  la  relire  ;  elle  âe  lésume  dans  le 
bien  qu'elle  a  fait,  bien  qui  s'étend  fort  au  delà  do  celte  enceinte,  car  en 
prenant  l'et  lance,  l'œuvre  embrasse  la  vie  entière. 

L'école  maternelle,  qui  reçoit  les  tout  petits,  permet  aux  mères  d'aug- 
menter par  leur  travail  les  ressources  de  la  famille,  en  même  temps  qu'elle 
éveilla  ces  jeunes  intelligences  et  forme  ces  jeunes  cœurs.  Puis,  après  les 
avoir  vues  grandir  et  arriver  de  clagsc  en  classe  au  terme  de  leurs  étudeg, 
les  bonnes  Sœirs  n'abandonnent  ni  n'oublient  leurs  chères  enfants.  Alors 
plus  que  jamais  elles  font  anxieuses  '?e  les  voir  mettre  en  pratique  la  plus 
haute  partie  de  leur  enseignemeni,  celle  qui  apprend  à  bien  vivre.  Elles  les 
convient  aux  réunions  du  |:atronage  pour  les  soutenir  dans  la  bonne  voie, 
pour  les  arracher  aux  mauva''.ses  compagnie;-,  aux  divertissements  déabou- 
nête.',  pour  eu  faire  enfin,  quelques  années  après,  de  b^n  es  épouses,  de 
bonLes  mères,  le  charme  et  la  sauvegarde  du  foyer. 

Alors  encore,  comme  elles  le  f.ireul  déj-i  pour  une  géuéraiiou  de  parents, 
elles  Eeront  pour  leurs  anciennes  élèves  les  amies  sûres  et  de  ban  conseil 
des  temps  heureux,  les  confidentes  fiilclcs,  discrètes  et  tecourables  de  l'ad- 
versité. 

Cette  œuvre  queje  viens  d'e;(|uicser  a  giauds  traits,  ^L  Dumuul  no  l'a 
réalisée  que  par  uu  <  llurt  cuustanl  et  boutcnu  de  sa  volonté  et  de  son  amour 


CHRONIQUE  623 

(lu  bicu.  Mais  aii^si  comme  il  y  élait  altuuhé,  el  quels  regrels  pour  lui  de 
la  quiller  ! 

Venir  passer  quelques  iustaiils  au  milieu  des  jeunes  filles  de  l'oiivroir, 
causer  avec  elles,  inlerroger  les  enfants  de  Técole,  c'élail  son  délassement 
favori.  Heievait-il  des  amis,  il  n'avait  pas  de  plus  grand  plaisir  que  de  les 
mener  voir  son  école  et  ses  enfants.  An.'si,  des  plus  grands  aux  plus 
petits,  tous  le  connaissaient  cl  lui  rendaient  celte  affecliou.  Ah  !  j'aurais 
fort  à  faire  pour  gagner  la  popularité  qu'il  c'était  acquise  parmi  cette  jeu- 
nesse. 

Celle  jeunesse  nou  plus  mc  l'oubl  era  p;)?. 

En  vous  comme  en  nous  tous,  mes  chers  enfants,  il  laisse  une  forte  el 
salutaire  empreinte.  Celles  d'entre  vous,  et  c'est  encore  le  plus  grand  nom- 
bre, qui  le  connaissent,  lui  conserveront  un  sentiment  de  profonde  grati- 
tude. Elles  apprendront  aux  plus  jeunes  à  répéter  el  à  vénérer  son  nom,  en 
attendant  le  j<iur,  prccliaiu  je  l'espère,  où  il  voudra  bien  revenir  au  milieu 
de  nous  recevoir  le  témoicnai^e  de  notre  inaltérable  attachement. 


Pklkiii.nage  de  Notre-Dame  des  Languel'.^^,  a  (Hùii.lv.  — 
Lorsqu'on  descend  la  val'ée  de  la  Marne,  à  main  gauche,  après 
avoir  dépassé  le  cliàleau  de  BoursaulL,  on  aperçoit  le  petit  village 
d"Œuillj,  pittoresquemctit  situé  à  lui  côte,  au  milieu  des  vignes, 
vers  la  lisière  de  la  forêt.  De  là,  s'étend  au  loin  la  vue  sur  la 
rivière,  le  prieuré  de  Binson  et  la  colline  de  Cliàlillon,  doiriinée 
par  son  pan  de  mur  féodal  el  la  colossale  statue  du  pape 
Urbain  II. 

Depuis  des  siècles,  les  populations  de  la  région  venaient  rendre 
son  culte  à  une  antique  image  de  la  Vierge,  une  Pielù  désignée 
sous  le  vocable  touchant  de  Notre-Dame  des  Langueurs.  Chaque 
année,  le  mardi  de  la  Trinité,  les  fidèles  accouraient  en  foule, 
gravissant  les  pentes  agrestes  du  coteau,  pour  aller  invoquer  dans 
l'humble  sanctuaire,  la  Mère  de  douleurs,  afin  d'obtenir  force  et 
santé  pour  leurs  petits  enfants  languissants  et  chétifs.  On  buvait 
avec  confiance  l'eau  pure  de  la  source  champêtre,  el  une  archi- 
cunfrérie  était  établie  dans  l'église  paroissiale. 

Depuis  la  Révolution,  un  abreuvoir  public  avait  remplacé  la  fon- 
taine miraculeuse  ;  toutefois,  le  pèlerinage  s'était  constamment 
maintenu.  M.  l'abbé  Tourneux,  curé  de  Boursault,  desservant  de 
Vaucienncs  et  d'f^uilly,  a  rétabli  de  nos  jours  le  culte  dans  son 
ancienne  splendeur.  Par  son  entremise,  une  reconnaissance  cano- 
nique et  des  indulgences  spéciales  ont  été  accordées  de  Rome  à 
l'archiconfrérie.  Grâce  à  de  généreuses  olfrandes,  la  fontaine, 
ramenée  à  sa  destinalion  primitive,  vient  d'être  captée  dans  un 
gracieux  édicule  comprenant,  en  bas,  une  vasque  où  sépandent 
les  eaux  bienfaisantes  ;  au  milieu,  une  chaire  d  ou  partira  la  voix 
consolante  du  prêtre,  aux  jours  de  pèlerinages;  enfin,  au  sommet, 
une  arcature  élégante  destinée  à  recevoir  un  groupe  artistique  de 
la  Pic  là. 


02^  CHRONIQUE 

Le  7  juin  1898,  trois  mille  pèlerins  oui  visité  la  Vierge  compa- 
tissante de  l'église  et  de  la  fontaine  d'OKuilly.  Celte  ccrénionie 
d'inauguration  cuincidait  avec  celle  de  la  conlirnialion,  donnée  à 
huit  paroisses  du  voisinage  réunies  dans  le  niodeslc  village. 
Mï''  Lalty,  évêque  de  Cliâlons,  présidait,  entouré  des  soixante-dix 
l'ères  l)lancs  venus  du  prieuré  de  liinson,  en  robes  et  burnous  de 
laine  immaculée.  Le  P.  Blanchet,  lazariste,  apportait  à  cette  fêle 
le  concours  de  sa  parole  entraînante  et  de  son  talent  musical.  Aux 
offices,  M"'^'*  la  duchesse  d'Uzès,  châtelaine  de  Bourtault,  et  Marcel 
fiallicc,  dKpernay,  liront  des  quêles  fructueuses  dont  le  résultat 
servira  à  donner  au  groupe  ancien  de  ^'olre-Dame  des  Langueurs, 
dans  l'église  paroi.'^siaie,  un  autel  el  un  piédestal  dignes  du  culte 
dont  il  est  l'oltjel. 


LnALGU RATION    UE    LA    NOUVELLR    ÉGLl.-jE    DE     MaLBERT-FoM Al.NE .    — 

Dans  les  derniers  jours  de  mai  a  eu  lieu  l'inauguratiim  de  la  nou- 
velle égli^e  de  Maubert-Fontaine  (Ardennes),  dont  le  gros  univre 
seul  n'a  pas  coûté  moins  de  70,000  francs. 

Heconstruitc  par  les  soins  du  curé,  M.  l'abbé  L.  Pécbenarl,  — 
dont  les  travaux  hisloiiiiues  sur  sa  paroisse  et  les  œuvres  sacerdo- 
tales ont  été  récemment  couronnés  par  la  Société  nationale  d'en- 
coui-iigement  au  bien,  qui  lui  a  décerne  une  médaille  d'or  et  un 
diplôme  d'honneur,  —  sur  les  anciennes  fondations,  l'église  nou- 
velle est  conçue  dans  le  plus  \>uv  style  roman  ;  le  clocher  s'élève 
sur  le  côté  gauche  de  l'édifice. 

La  cérémonie  de  l'inauguration  coïncidait  avec  la  confirmation 
des  enfants  de  la  pai'oisse  et  des  communes  environnantes.  Elle  a 
été  présidée  par  le  cardinal  Langénieu.x,  archevêque  de  Keims, 
assisté  du  chanoine  Compant,  vicaire  général,  de  l'abbé  Broyé, 
direcleur  de  l'Institut  Saint  Rerni,  des  archiprêlres  de  Mézières  et 
de  Rocroi,  etc.,  etc. 

Le  P'olk-Lore  des  Bateliers  a  Keims,  —  On  aime  à  étudier 
aujourd'hui  les  moeurs  populaires,  et  à  en  recueillir  les  traces 
dans  des  éludes  d'un  genre  particulier,  qui  emprunlent  leur  titre 
à  un  mot  anglais  dont  nous  n'avons  point  l'équivalent  dans  notre 
langue.  Sacrifions  donc  au  goût  du  juur  dans  ce  qu'il  a  de  légi- 
time, et  recherclions  ici  même  quelques  traits  de  folk-lore. 

En  se  promenant  fréquemment  sur  les  bords  du  canal,  on  s  in- 
téresse bien  vile  aux  liabitudes,  aux  travaux  et.  aux  familles  des 
bateliers.  Leur  vie  nomade  et  en  plein  air,  la  tenue  si  propre, 
parfois  coquette,  de  leurs  cabines,  leurs  cris,  leurs  chants,  leur; 
manœuvres  donnent  matière  à  bien  des  remarques  et  à  des  obser- 
vations curieuses.  Il  y  a  [)eu  de  propriétaires  de  bateaux  à  Reims 
et  dans  la  Marne  ;  la  plupart  viennent  des  déparlemenls  de  l'Oise 
et  du  Nord,  beaucoup  aus^i  de  la  Belgique. 


CHRONIQUE  625 

Ce  seront  donc  surtout  des  traits  de  riionirs  Uainaiide.s  qui  vont 
être  recueillis  dans  ce  relevé  des  bateaux  qui  stationnent,  à  cette 
heure  de  chôniage,  aux  environs  du  port  de  Reims. 

Pour  dresser  un  tableau  vraiment  pitloresque  et  instructif  des 
noms  de  bateaux,  en  général,  il  faudrait  en  avoir  copié  des  cen- 
taines. Bien  des  fois,  j'ai  regretti';  de  n'avoir  pas  saisi  au  passage 
des  types  de  vocables  po[)ulaires,  comparables  à  ceux  de  nos  vieil- 
les enseignes  ou  de  nos  anciennes  rues. 

En  voici,  du  moins,  une  vingtaine  transcrits,  au  hasard,  du  ponl 
Neuf  au  pont  d'Huou. 

11  y  a  des  noms  inspirés  par  l'instinct  religieux,  tels  que  le  Dun 
de  Dieu,  VEcce  Homo;  —  d'autres  {lar  l'amour  de  la  famille,  les 
relations  des  parents  et  des  enfants,  comme  Seul  Fils,l'eLil  Père, 
le  l'élit  Henri,  le  Jeune  Maurice,  Berthe,  Albert^  AïKjelc ;  — 
d'autres  par  des  souvenirs  d'histoire  ou  de  voyage,  qui  grandis- 
sent le  rôle  des  mariniers,  par  exemple  la  BéresinOy  Jeanne  d'Arc, 
le  Freijcinct,  Marceau.,  le  Tage,  Belgica,  Zenon,  Baiboa,  Riija  et 
Miribel  (ce  dernier  à  Gustave  Willay,  à  Nivelles  (Nord). 

Il  y  a  des  noms  qui  expriment  le  rùle  et  les  qualités  du 
bateau  :  le  liénulier,  le  Triton,  le  Touriste,  YLbiquisk,  le 
Uoclier  ;  il  eu  est  enfin  ({ui  sont  siii»plement  humoristiques  et  de 
fantaisie  :  Gorille,  la  Renaissance,  et  enfin  Luci/icus,  qui  doit 
marquer  un  esprit  avide  de  progrès  et  de  pleine  lumière. 

Que  résulte-t-il  de  cette  petite  revue  amusante  et  qui  pourrait 
s'agrandir,  sinon  ({ue  l'imagination  populaire  suffit  à  classer  et  à 
perpétuer  beaucoup  de  choses  louchantes  et  de  souvenirs  histori- 
ques dans  ses  usages  quotidiens  ?  L'homme  du  peuple  sait  carac- 
tériser et  marquer  de  son  empreinte  sa  propre  création,  beaucoup 
mieux  que  ne  le  ferait  la  méthode  administralive  par  un  ordre 
venu  d'en  haut.  Laissons  donc  faire  sur  ce  point  le  caprice  ou  le 
goût  de  chacun,  nous  contentant  de  l'observer, 

{Courrier  de  la  Chanipagnc)  H.  J. 


iMÉL.4.NGEs  suft  Jea.n.nk  d'Arc.  —  Uii  horlogcr  poète.  — 
M.  Albert  Léger,  horloger  à  Issoudun  et  poète  à  ses  heures,  vient 
de  faire  paraître  à  Orléans,  cliez  Herluison,  un  volume  intitulé  : 
Jeanne  d'Arc,  épisode  de  l'histoire  de  France,  précédé  d'une  jolie 
préface  de  Georges  d'Esparbès,  et  curieusement  illustré  dans  le 
genre  néo-romantique  par  1"  «  imagier  »  Andhré  des  Gâchons.  Le 
livre,  qui  renferme  des  vers  élégamment  tournés,  n'a  été  tiré 
qu'à  mille  exemplaires  tous  numérotés. 


Inaijgluation  du  monument  commémoratif  des  Croisades  a  Cler- 
MONT.  —  De  grandes  fêtes  ont  été  données  à  Glermout  à  l'occa- 

40 


b2tî  CHRONIQUE 

sioii  de  l'inaugiiralioii  du  monument  commémoratif  des  Croisades, 
qui  a  eu  lieu  le  dimanche  26  juin. 

De  nombreux  prélats,  parmi  lesquels  on  cite  rarclievèque  de 
Bourges,  les  évoques  de  Grenoble,  de  Saint-Flour,  de  Saint-Dié, 
du  Puy,  de  Cahors,  assistaient  à  ces  belles  cérémonies  qui  ont 
attiré  à  Clermonl  des  milliers  d'étrangers  et  plusieurs  représen- 
tants des  familles  descendant  des  chevaliers  croisés. 

On  sait  que  le  monument  se  compose  d'une  fontaine  formant 
piédestal  et  d'une  statue  en  bronze  du  pape  champenois  Urbain  II. 
Grâce  à  une  idée  très  heureuse  du  Comité,  des  emplacements, 
destinés  à  recevoir  les  armoiries  des  familles  dont  les  membres 
ont  pris  part  aux  Croisades,  ont  été  réservés  sur  le  pourtour  exté- 
rieur de  la  fontaine. 


Découverte  d'un  souterrain  a  Rouilly-Sacey.  —  En  faisant 
des  fouilles  pour  un  caveau  de  quatre  mètres  de  profondeur, 
devant  l'église  de  Rouilly-Sacey  (Aube),  un  terrassier  donnait  les 
derniers  coups  de  pioche,  lorsque  la  craie  du  fond  céda  sous  ses 
pieds  et  l'entraina  dans  un  trou.  Une  ouverture  de  deux  mètres 
était  béante.  On  y  descendit,  et  grand  fut  l'élonnement  quand  on 
vit  de  cette  cavité  à  peu  près  circulaire,  dont  la  base  est  à  plus  de 
six  mètres  du  sol,  quatre  galeries  partant  comme  d'un  rond-point 
et  se  dirigeant  dans  plusieurs  sens.  L'une  passe  sous  l'église,  l'au- 
tre sous  le  presbytère,  et  deux  vont  de  l'est  à  l'ouest.  Leur  largeur 
est  d'un  mètre  ;  leur  hauteur  sous  voûte  en  plein-cintre  est  d'un 
mètre  cinquante.  Le  souterrain  le  plus  long  a  environ  quatorze 
mètres.  Ces  galeries  sont  taillées  dans  la  craie  ;  à  en  juger  par  le 
poli  des  parties  saillantes,  on  suppose  qu'elles  ont  servi  de  pas- 
sage. En  les  parcourant,  on  n'a  rien  trouvé  sinon  quelques  osse- 
ments ;  il  est  regrettable  qu'on  ne  se  soit  donné  ni  le  temps,  ni  la 
peine  de  déblayer  les  décombres,  on  eût  peut-être  trouvé  des 
objets  fournissant  quelques  indications  sur  l'usage  de  ces  mysté- 
rieux souterrains.  On  a  remarqué  aussi  que  les  issues  ont  été  fer- 
mées par  des  amas  de  craie  formés  du  dehors,  et  que  l'une  des 
galeries  avait  des  ramilications  obstruées  par  des  éboulements. 
Quant  à  l'origine  de  ces  cavités,  rien  n'est  de  nature  à  nous  la 
l'aire  connaître  :  ni  l'histoire  du  pays,  ni  la  tradition  ne  nous  four- 
nissent de  renseignement  sur  ce  point,  c'est  un  secret  que  de  nou- 
velles découvertes  pourront  seules  nous  faire  connaître. 


La  tombe  de  Phançois  Velly,  a  Chugîsy.  —  Dans  le  cimetière 
de  Crugny  (Marne),  on  lit  sur  la  tombe  de  la  famille  Velly  cette 
inscription,  qui  [trouve  que  l'on  cumulait  les  fonctions  dans  le 
vieux  temps  : 

«  Ici  repose  en  paix  le  corps  de  François  Velly,  maire  de  la  jus- 


CHRONIQUE  627 

lice  de  CrugDy  et  autres  lieux,  notaire  royal,  chirurgien  et  père 
de  l'historien  de  ce  nom,  décédé  le  iï  mars  Htil,  Agé  de  80 
ans.  » 


Sache  de  Ms""  oii  Pllacot,  KVKyuE  uic  Tuoyks.  —  Le  29  juin  a 
eu  lieu,  daus  l'église  cathédrale  du  Puy,  le  sacre  de  Ms-"  de  Pélacot, 
vicaire  général  du  Puy,  uoinnié  récemment  évê  |ue  de  Troyes. 

Le  prélat  consécrateur  était  M^r  (juillois,  évoque  du  Puy,  assisté 
de  N.N.  SS.  Lamoriroux,  évêque  de  Saint-Flour,  Durieu^  évoque 
de  New-Westminster,  et  de  l'abbé  tnitré  de  Notre-Dame-des- 
Neiges. 

Le  préfet  et  les  autorités  assistaient  à  la  cérémonie. 


M.  Gustave  Delove  et  le  monument  d:^,  (JAruBALDi.  —  La  ville 
de  Dijon  va  élever  un  monunient  à  (Jaribaldi.  iM.  Gustave  Deloye, 
le  statuaire  sedanais,  qui  l'exécutera,  a  recherché  ce  qu'étaient 
devenues  les  souscriptions  recueillies  il  y  a  une  vingtaine  d'années, 
lorsqu'il  était  question  d'ériger  une  statue  à  Garibaldi  à  Paris. 
M.  Marinoni,  directeur  du  PcUi  Journal,  trésorier  du  Comité  qui 
fonctionnait  alors,  et  dépositaire  de  13,236  fr.  2'ij,  résultat  de  la 
souscription,  a  déclaré  qu'il  lient  cette  somme  à  la  disposition  du 
nouveau  Comité,  à  la  condition  que  celui-ci  invite,  par  la  voie  de 
la  presse,  les  anciens  membres  à  se  faire  connaître,  et  les  informe 
de  l'affectation  à  donner  aux  sommes  recueillies. 

Après  cette  formalité,  M.  Marinoni,  régulièrement  dt-chargé  de 
son  dépôt,  le  remettra  au  nouveau  Comité  pour  le  monument  de 
Dijon. 

Encore  une  inaui'uration  à  l'horizon. 


Lnaugubatio.n  dun  monument  patriotique  a  VVitry-lès-Reims. — 
Le  dimanche  12  juin  a  eu  lieu  l'inauguration  d'un  monument 
élevé,  sur  l'une  de  ses  places  publiques,  à  la  mémoire  des  enfants 
de  Witry-lès-Reims,  morts  pour  la  patrie  depuis  un  siècle. 

C'est  une  colonne  pyramidale  quadrangulaire,  tlanquée  de  deux 
lions  et  entourée  d'une  grille  ;  elle  est  due  à  la  générosité  de  plu- 
sieurs habitants  :  M.  Jean-François  Page,  décédé,  représenté  par 
son  neveu  et  héritier  ;  M.  Potaufeu,  maire  de  Cormontreuil,  qui 
offre  le  monument  proprement  dit  ;  ^P"^  Donalis  Leclère-Bany, 
décédée,  qui  a  lait  créer  la  place  ;  M.  Désiré  Leclère,  qui  donne 
les  lions  ;  M'"^  veuve  Louis  Détraigne,  qui  assure  la  conservation 
du  monument  par  une  grille. 

Le  sujet  a  été  exécuté  par  M.  Marcel  Sébalt,  de  Caurel. 


628  CHRONIQUE 


La  r.RVPTK  i>K  l'abbatiale  hk  MoiRKMONT.  —  En  arrivant  à 
Moiremont  (Marne),  le  nouveau  curé,  Tabbé  Lallemenl,  savait  que 
l'église  était  bâtie  sur  les  ruines  d'une  ancienne  abbaye  construite 
en  707  par  ^Janterus,  comte  de  Relliel. 

Très  amateur  d'antiquités,  le  jeune  curé  se  dit  avec  juste  raison 
que  sous  les  pierres  sur  lesquelles  il  marcbait  chaque  jour,  devaient 
se  trouver  cerlainetnent  quelques  vieux  souvenirs  des  temps 
passés.  Il  consulta  les  documents  qu'il  trouva  dans  les  archives, 
mais  n'y  puisa  que  des  renseignements  vagues  et  sans  importance. 

Ce  peu  de  succès  ne  le  rebuta  point;  de  sa  propre  ins|iiration  et 
guidé  seulement  par  son  instinct  d'archéologue,  il  se  mit  à  fouiller 
la  terre  et  trouva  enfoui  à  quelques  pieds  sous  l'aulel  de  l'église  le 
sommet  d'un  superbe  baldaquin  en  pierre,  relevé  par  deux  anges, 
qu'on  sut  depuis  dater  de  l'année  1646. 

Le  cœur  rempli  d'une  joie  facile  à  comprendie,  l'infatigable 
chercheur  se  fit  aider.  Des  fouilles  sérieuses  furent  faites  et  quel- 
ques jours  après  on  mettait  à  découvert  la  crypte  entière,  c'est-à- 
dire  la  chapelle  souterraine  qui  fait  aujourd'hui  l'admiration  des 
nombreu.\  curieux  (jui  se  pressent  chaque  jour  dans  l'église  de 
Moiremont. 


OSSEMKNTS      HUMAINS      UKCOCVEHTS      A      SaIKTE  -  .MeNEHOL'LD.     —    Des 

ouvriers  occupés  à  pratiquer  des  fouilles  profondes  dans  la  prome- 
nade du  Petit-Jard,  où  doit  être  prochainement  construit  le  nou- 
vel hôlel  de  la  Caisse  d'Epargne,  ont  mis  récemment  à  découvert 
de  nombreux  ossements  humains. 

Parmi  ces  débris  se  trouvaient  sej)t  crânes  parfaitement 
conservés. 

On  se  perd  en  conjectures  sur  !a  présence  en  cet  endroit  de  ces 
restes  humains  ;  car  on  ne  trouve  aucun  indice,  dans  l'histoire  de 
Sainte-Menehould,  qu'un  cimetière  ait  jamais  existé  à  celte  place. 


Don  AL"  Musée  di  Reims.  —  M.  Noirot,  maire  de  Heims,  a  reçu 
communication  du  testament  par  lequel  M.  Henri  Sutaine,  récem- 
ment décédé^  a  légué  au  Musée  un  certain  nombre  de  tableaux. 


Œuvres  nolvelles  du  STâiuAiRE  Chavailliaud.  —  On  peut 
voir  et  admirer  actuellement  aux  vitrines  de  M.  H.  Bailly,  orfèvre, 
î»,  rue  Colbert,  à  Reims,  un  beau  buste  en  bronze  de  M.  Robert, 
l'ancien  maître  de  chapelle  de  l'Eglise  Métropolitaine  (-'est  une 
œuvre  remarquable  de  notre  distingué  s(;ulj)leur   rémois,  .\L  (Jha- 


CHRONIQUE  029 

vailliaud^  qui  a  déjà  reproduit  en  bronze  ou  en  marbre  nombre  de 
personnages  de  la  région. 

M.  H.  Bailiy  s'est  parliculièremenl  cons'ilué  l'éditeur  de  celles 
de  ces  œuvres  qui  ont  un  caractère  plus  général  et  se  rattacbent 
le  plus  à  l'histoire  du  pays.  C'est  ainsi  que  nous  avons  vu  successi- 
vement figurer  dans  ses  vitrines  Dom  Pérignon,  du  même  L.  Cha- 
vailliaud,  Colbert,  de  M.  E.  Guillaume,  de  l'Institut,  directeur  de 
rKcole  française  de  Rome,  et  plus  récemment  Ciovis  à  Tolbiac  et 
Napoléon  Bonaparte,  de  M.  Portails;  toutes  œuvres  dont  la  valeur 
artistique  emprunte  un  nouveau  relief  au  mérite  liistorique  du 
personnage. 

A  signaler  encore,  de  M.  Cbavailliaud,  un  portrait  de  femme  en 
vieil  argent,  médaillon  sortant  des  fonderies  où  a  été  coulée  la 
Jeanne  d'Arc  de  M.  P.  Dubois. 

On  nous  annonce  enfin,  en  préparation,  la  Croqueuse  de  Pom- 
me', aussi  de  M.  Cbavailliaud. 


Don  a  l'École  sopérikure  de  Vertus.  —  M.  Tbéogène  Lefèvre, 
collectionneur  et  antiquaire,  a  fait  don  à  l'École  supérieure  de 
Vertus  (Marne),  dirigée  par  M.  Davesne  : 

l<*  De  loO  roches  et  minéraux  de  provenances  diverses; 

2°  D'échantillons  de  poteries  de  l'époque  gallo-romaine  ; 

S*»  De  haches  en  pierres  taillées  et  polies  ; 

4"  D'une  collection  de  modèles  à  dessin; 

5°  De  tableaux,  pour  l'enseignement  de  l'histoire. 

On  dit  que  M.  Lefèvre  ne  bornera  pas  là  ses  libéralités. 


Le  peuplier  de  Saint-Julien.  —  .M.  Fulbert-Dumonteil  donne, 
dans  VÈvéncment,  une  excellente  description  du  fameux  peuplier 
de  Saint-Julien  près  Troyes,  dont  l'âge  est  évalué  à   six  cents  ans. 

Cet  arbre  gigantesque  est  bien  connu  des  habitants  de  Troyes 
dont  la  plupart  lui  ont  rendu  visite,  et  nous  en  avons  déjà  parlé 
ici  même. 

Le  peuplier  de  Saint-Julien  est  situé  dans  le  parc  de  la  belle 
propriété  de  M""'  Chadenet,  fillo  de  M.  Huot,  président  du  Comice 
agricole  de  l'Aube.  De  la  ligne  de  Belfort,  on  en  aperçoit  fort  bien 
le  sommet. 

Par  ses  dimensions  colossales,  sa  tige  sans  pareille^  son  bran- 
chage fabuleux,  sa  troublante  vieillesse  et  son  étonnante  vigueur, 
le  géant  champenois  est  peut-être  la  plus  grande  curiosité  botani- 
que de  France. 

La  hauteur  totale  de  ce  colosse  est  de  quarante-quatre  mètres 
—  plus  de  cent  trente  pieds. 


G30  CHRONIQUE 

Au  ras  de  terre,  la  circonférence  de  la  tige  est  de  treize  mètres. 
La  circonférence  de  la  lêle,  un  monde  de  verdure,  atteint  le  chif- 
fre prodigieux  de  quatre-vingts  mètres.  A  neuf  mètres  du  sol, 
trois  branches  gigantesques  commencent  le  couronnement  féeri- 
que de  ce  monument  végétal.  L'une  d'elles  a  près  de  cinq  mètres 
de  circonférence.  Ce  rameau  lui-même  est  un  géant  qui  a  poussé 
sur  l'épaule  dun  géant.  Colosse  sur  colosse. 

Les  botanistes  qui  viennent  d'étudier  le  patriarche  champenois 
estiment  qu'il  pourrait  bien  être  âgé  de  si.\  cents  ans.  La  place 
qu'il  occupe  dans  la  propriété  de  M.  Huof,  agriculteur  à  Saint- 
Julien,  près  de  Troyes,  est  immense.  Malgré  la  violence  des  orages 
qu'il  a  bravés  dans  sa  longue  carrière  et  la  rigueur  des  grands 
liivers,  cet  incomparable  végétal  a  gardé  toute  sa  force  et  sa 
beauté.  Il  grandit  toujours,  élevant  son  dôme  de  verdure,  élargis- 
sant encore  sa  vivante  coupole  à  chaque  printemps. 

Son  aspect  est  stupédanl,  P'igurez-vous  la  hauteur  vertigineuse 
de  deux  maisons  de  cinq  étages  superposées  l'une  sur  l'autre.  De 
loin,  on  dirait  un  édince.  C'est  un  arbre.  Quand  le  vent  se  joue 
dans  la  chevelure  énorme  de  cet  ancêtre  végétal,  on  dirait  qu'un 
trcnilijcment  léger  agite  sa  tête  vénérable,  six  fois  séculaire. 


Rosier  MONSTRE.  —  Un  rosier  de  douze  centimètres  de  circonfé- 
rence a  produit  l'an  dernier  plus  de  deux  mille  roses,  et  cette 
année  il  y  en  a  deux  mille  cent  douze.  On  peut  l'admirer  chez 
M.  Dumez-Gé,  marchand  de  vin  à  Cuis  (Marne). 


Lk  Docteur  Doyex.  —  Le  docteur  Eugène  Doyen,  de  Reims, 
vient  de  revenir  de  Londi'es,  où  il  avait  été  demandé  pour  prati- 
quer plusieurs  opérations  des  plus  graves. 

L'illustre  chirurgien  a  été  présenté  à  la  princesse  de  Galles  ;  il  a 
démontré  avec  le  plus  grand  succès  ses  procédés  opératoires 
devant  de  nombreux  chirurgiens  anglais  et  devant  les  étudiants  de 
l'hôpital  Sainte-Marie.  Les  opérés  sont  en  pleine  convalescence. 

Le  docteur  Doyen  doit  repartir  dans  une  quinzaine  pour  se  ren- 
dre, sur  l'invitation  de  ses  collègues  anglais,  à  la  réunion  de  la 
lirilish  médical  Association,  qui  s'ouvrira  le  2u  juillet  à  Edimbourg. 


Nos  Vins  a  l'Etranger.  —  Les  vins  mousseux  de  Champagne 
ont  pordu  18,364  gallons  en  mai,  tandis  que  les  provenances  de 
Saumur  ont  été  en  plus  value  de  1 ,249  gallons,  ce  qui,  avec  les 
146  gallons  de  vins  mousseux  de  la  Bourgogne  dédouanés  le  mois 
dernier,  ramène  la  perle  des  vins  mousseux  à  16,409  gallons  pour 


CHRONIQUE  '631 

le  mois,  tout  eu  laissant  un  gain  de  3,222  gallons  pour  la  période 
échue  depuis  le  commencement  de  l'année.  Ce  mouvement  du 
Champagne,  dit  la  Revue  des  Vins  et  Liqueurs,  doit  tenir  à  peu 
près  exclusivement  à  ce  fait  que  la  majeure  partie  des  vins  des 
récoltes  de  1892  et  1894  a  maintenant  été  expédiée,  et  que,  par 
suite,  l'on  doit  se  contenter  le  plus  souvent  des  vins  de  consom- 
mation, les  vins  de  récolte  se  faisant  rares. 

C'est  sans  doute  pour  la  même  raison  que  les  provenances  sau- 
muroises  sont  en  plus-value  à  la  fois  pour  le  mois  et  les  cinq  mois 
de  1,249  gallons  et  8,787  gallons  respectivement. 

Cependant  la  consommation  des  vins  de  Champagne  reste 
encore  supérieure  de  70.730  gallons  à  ce  qu'elle  avait  été  pour  la 
période  correspondante  en  1890,  époque  à  laquelle  le  grand  succès 
des  vins  des  récoltes  de  1892  et  1893  ne  s'était  pas  encore  tout  à 
fait  déclaré. 

Ue  Melbourne  on  écrit  que  les  fêtes  de  Pâques  ont  un  peu  activé 
la  demande  des  vins  mousseux  de  Champagne  de  presque  toutes 
les  marques  et  au  prix  des  agents. 

De  Sydney  on  informe  que  les  demandes  ont  été  plus  actives  et 
que  cet  état  se  soutiendra  durant  un  certain  temps. 

De  New- York,  on  annonce  que  les  importations  de  vins  de 
Champagne  ont  été  de  G6,1G1  caisses  pour  les  quatre  premiers 
mois  de  l'année.  Il  faut  remonter  à  1893  pour  trouver  une  impor- 
tation supérieure,  car  elle  a  été  de  72,242  caisses.  La  guerre  favo- 
rise le  mouvement  de  reprise. 

(  Vifj  lier  on  clunnpeno  is  ) 
* 

EXPOSITIO.N     RÉTROSPECTIVE    DE    VITICULTURE.    —    i\0US    reCCVOUS    de 

la  Commission  chargée  de  préparer,  pour  l'Exposition  universelle 
de  1900,  une  Exposition  rétrospective  de  Viticulture,  les  commu- 
nications suivantes  : 

H(ipj)ort  de  M.  H.  Saini-Re)ié  Taillandier. 

Messieurs, 

Dans  votre  séance  du  8  mars  1H98,  vous  avez  nommé  une  Commission 
chargée  de  préparer  les  bases  d'une  exposilion  rétrospective  de  la  viticul- 
ture. Cette  Commission,  composée  de  MM.  le  docteur  Chanut,  le  duc  Féry 
d'Esclands,  H.  de  Lapparent,  H.  Saint-liené  Taillandier  et  M.  le  baron 
Tbénart,  s'est  réunie  plusieurs  fois  et,  d'accord  avec  le  bureau  de  notre 
classe  36,  elle  a  procéJé  aux  premieis  travaux  d'organisation  de  l'Exposi- 
tion rétrospective,  avec  le  concours  de  M.  François  Carnot. 

La  lâcbe  qui  incombe  à  k  "ommi.-sioa  de  l'Expositioa  rétrospective  olfre 
un  caractère  particulier  et  bien  différent  de  celle  que  nous  avons  à  remplir 
dans  le  Comité  d'admission.  11  ne  s'agit  pas  de  faire  un  choix  et  d'opérer  un 
triage  parmi  des  concurrents  stimulés  par  l'attrait  des  récompenses  et  dési- 
reux d'obtenir  une  consécration  officielle  du  mérite  de  leurs  œuvres.  11  s'agi- 
de  rechercher  dans  les  collections  publiques  ou  privées,  ch». z  les  propriétair 
les   viticulteurs  et  jusque    ch^z    les   petits    vignerons,    les    documents  et  les 


632  CHUONIQUE 

objets  relatifs  à  l'hisloire  de  la  vilicullure.  Il  faut  ensuite  amener  les  délen- 
teurs de  ces  objets  et  de  ces  documents  à  s'en  dessaisir  dans  un  but  abso- 
lument désintéressé.  On  ne  pourra  venir  à  bout  d'une  œuvre  de  ce  genre 
qu'à  force  de  longues  et  patientes  recherches,  et  l'étendue  de  la  correspon- 
dance déjà  entamée  témoigne  assez  de  la  somme  de  labeur  qui  incombera  à 
votre  Commission,,  Elle  s'est  mise  à  l'œuvre  sans  se  dissimuler  les  diflicul- 
tés  de  la  tâche  qu'elle  avait  aFSumée.  l^ès  sa  première  réunion,  elle  a  élu 
comme  président  M.  le  duc  Féry  d'Esciands  et  m'a  chargé  des  fondions  de 
secrétaire-rapporiour.  C  est  à  ce  lilr(  i|uo  je  viens  vous  rendre  compte  de 
ses  travaux. 

Nous  nous  son. mes  mis  en  rapport  avec  nos  collègues  du  Comité  d'ad- 
mission de  la  classe  GO.  M.  R.  Chaudon  de  liriailles  et  M.  F.  Couvert  ont 
bien  voulu  se  joindre  à  nous  pour  travailler  à  l'organisation  d'une  exposi- 
tion rétrospective  qui  serait  commuiie  aux  deux  classes  de  la  \iliculture  et 
des  vins  et  eaux-de-vie  de  vin. 

Considérant  que  les  mœurs  et  coutumes  des  diverses  régious  vilicoles  de 
la  France,  ainsi  quc.  les  procédés  de  culture  et  de  vinification  étaient  encore 
plus  variés  autrefois  qu'ils  ne  le  sont  aujouru'hui,  nous  avons  cru  devoir 
diriger  nos  recherches  suivant  des  circonscriptions  qui  se  rapprochent  de 
celles  de  nos  anciennes  provinces.  Dans  chacune  de  ces  circonscriptions, 
nous  nous  sommes  assurés  le  concours  d'hommes  compétents,  curieux  des 
choses  du  pas--é  el  versés  dans  la  co:!naissance  des  traditions  locales. 

Entre  toutes  les  branches  de  l'agricuUur",  la  viticulture  est  dutieurée 
provinciale  et  ce  n'est  pas  ressusciter  en  vain  de  vieilles  appellations  tom- 
bées d'ailleurs  en  désuétude,  mais  constater  une  réalité  que  de  diviser  les 
viticulteurs  en  Bourguignons,  Bordelais,  Champenois,  Touranpeaus,  Langue- 
dociens, Gascons  et  Provençaux,  pour  ne  citer  que  les  groupements  les  p'us 
importants.  Chaque  province  ayant  ses  vieux  usages,  ses  cépages  prélérés, 
ses  vieux  procédés  de  culture  et  de  vinificalion  dont  la  trace  est  encore 
facile  à  reconnaître  parmi  les  modiûcaiions  amenées  par  le  temps,  une  expo, 
silion  rétrospective  doit  à  notre  avis  tenir  compte  des  anciens  groupements 
sous  peine  de  tomber  dans  le  chaos. 

Une  correspondance  trè;  active  a  été  établie  entre  votre  Commission  et 
ses  représentants  dans  les  diverses  régions  vilicoles.  Noiis  avons  pensé 
qu'il  fallait  venir  en  aide  à  nos  correspondants  en  leur  procurant  des  colla- 
borateurs parmi  les  viticulteurs,  archéologues,  coll  ciionoeurs,  qui  peuvent 
avoir  des  documents  sur  la  viticulture  des  siècles  passés  Nous  avons  donc 
rédigé  une  ciri;ulaire  qui  a  éié  a  Iressée,  au  nombre  de  sept  mille  exemplai- 
res, à  un  grand  nombre  de  personnes  dont  le  concours  peut  nous  être 
précieux. 

A  Paris  même  nous  avons  déjà  pratiqué  des  recherches  tant  à  la  Biblio- 
thèque i-alionale  qu'au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  dont  les  archives 
•  oiitiennent  Ues  documents  intéressants  ;i  plus  d'un  litre  pour  l'histoire  de  ia 
viticulture. 

Notre  ambition  est  d'organiser  une  Exposition  rétro.-pcctive  qui  ne  soit 
pas  s-eu'em^nt  un  imusement  pour  les  yeux,  mais  qui  constiuie  un  ensei- 
gnement utile.  Malgré  la  profonde  lévolution  causée  par  l'invasion  du  ph}'!- 
Joiéra,  par  l'emploi  des  portegrelles  américains  et  p;ir  la  lutte  contre  les 
nouvelles  maladies  cryptogamiqiies  de  la  vigne,  il  y  a  encore  beaucoup 
d'analogies  entre  les  procédés  modernes  et  les  procédés  aLciens  de  la  viti- 
culture. Il  n'est  fas  sans  intéiêt  de  rechercher  le  pourquoi  de  la  survi- 
vante des  vieilles    traditions    agricoles,    proJuit    dune   expéri' nce  séculaire 


CHRONIQUE  633 

dont  la  science  contemporaine  légitime  souvent  les  enseignements  en  décou- 
vrant leur  raison  d'être. 

Le  Secrétaire  de  la  Commission  de  l'Ex- 
position rétro'ipective  de  la  viticulture, 
H.  Saint-Hené-Taillandier. 

l'aris,  le  10  juillet  1898. 
Monsieur  Uaonl  ('hnndon  dr  Briailles,  à  Épernay. 

La  Commission  chargée  parle  Comité  de  la  classe  3tj  et  par  le  Comité  de 
la  classe  60  d'organiser  l'Exposition  rétrospective  de  la  V^ilieulture,  a  été 
hf^ureuse  d'apprendre  qu'elle  pouvait  compter  sur  votre  concours. 

Elle  vous  prie  de  vouloir  bien  prendre  dans  votre  circonscriptio:i  territo- 
riale la  direction  des  recherches  dont  U;  programme  est  indiqué  dans  notre 
circnbire  du  1«'  juin  dernier.  Il  sera  bon  que  vous  fassiez  reproduite  le 
texte  de  celte  circulaire  dans  les  jou-naux  de  votre  réj^ion  et  que  vous  la 
fassiez  suivre  d'une  note  pour  faire  savoir  que  la  Commission  de  l'Exposi- 
lion  rétrospective  vous  a  désigné  pour  diriger  et  centraliser  dans  cette 
région  les  travaux  de  ceux  qui  voudront  bien  collaborer  à  rceuvre  que  nous 
avons  entreprise. 

Vous  vou'lrez  bien  nous  tenir  au  courant  des  résultats  que  vous  oiitien- 
drez.  De  notre  côté,  nous  nous  empresserons  de  vous  communiquer  les 
documents  qui  nous  parviendront  concernant  votre  région.  Nous  arriverons 
ainsi,  en  unissant  nos  eHorts  et  en  les  coordonnant,  à  organiser  une  Expo- 
sili  .n  rétrospective  de  la  viliculti  re  où  les  diverses  régions  de  la  l'rance 
seront  représentées  avec  leurs  ca  actères  originaux  et  où  la  variété  des 
di  tai  s  ne  nuira  pas  à  l'barraoïiie  de  l'ensemble. 

\'euillcz  ag.'éer,  .Monsieur,  etc. 

Les  membifs  Je  la  Commission  de  l'Ex- 
position rétrospective  de  la  viticulture. 


Nomination-?  kt  Distinctions.  —  Noire  éiniiient  cûllahorateiir, 
M.  Gaston  Pari?,  membre  rie  l'Académie  française,  vient  d'être 
nommé,  par  décret,  administralenr  du  Collège  de  France  pour 
une  nouvelle  période  de  trois  ans. 


Le  général  de  brigade  Le  Joindre,  comma-idant  la  brigade  d'in- 
fanterie de  Tunisie,  vient  d'être  nommé  commandant  d'armes  du 
camp  de  Châlons,  en  remplacement  de  M.  le  général  de  brigade 
de  Lestapis,  nommé  commandant  de  la  brigade  d'infanterie  à 
Tunis. 


Le  général  de  division  Donop,  inspecteur  générai  du  2*  arron- 
dissement d'inspection  permanente  de  la  cavalerie,  a  été  nommé 
au  commandement  de  la  a*  division  de  cavalerie  à  Reims,  en 
remplacement  de  M.  le  général  comte  Duhesme. 

Le  général  Donop  est  maintenu  au  Comité  lecbiiique  de  cava- 
lerie. 


634  CHRONIQUE 


Le  docteur  Pierre-Emile  Launois,  ancien  élève  du  lycée  de 
Reims,  ancien  interne  des  hôpitaux  et  aide-préparateur  d'histolo- 
gie à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  vient  d'être,  après  un  bril- 
lant concours,  reçu  professeur  agrégé  de  la  Faculté  de  Paris. 

Le  D""  Launois  est  le  fils  aîné  de  M.  Launois,  percepteur  en 
retraite^,  administrateur  du  Fiureau  de  bienfaisance  et  de  la  Caisse 
dEpargne  du  XV|1«  arrondissement  de  Paris. 


Pal'mi  les  récentes  promotions  faites  dans  l'ordre  de  la  Légion 
d'honneur^  nous  relevons  les  noms  :  De  M.  Eugène  Courmeaux, 
conservateur  honoraire  de  la  bibliothèque  de  Reims,  ancien 
conseiller  général,  ancien  député,  nommé  officier; 

De  MM.  Jalenques,  président  du  Tribunal  civil  de  Iteims  ;  Vêtu, 
président  du  Tribunal  civil  de  Chaumont  ;  Bassuet,  capitaine  à 
l'état- major  du  génie  à  Alger,  originaire  de  Châlons  ;  D'  Eugène- 
Louis-Augustin-Marie  Evrard,  médecin-major  de  première  classe 
de  l'armée  territoriale,  à  Epernay  ;  Léon-Edouard  Lhuillier,  capi- 
taine en  premier  au  20"  régiment  d'artillerie,  originaire  de  Char- 
leville  ;  Bouet,  directeur  des  contributions  indirectes  à  Charleville, 

etc.,  nommés  chevaliers. 

* 
•    * 

Au  nombre  des  dernières  nominations  émanant  du  ministère  de 
l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  nous  citerons  parmi  les 
officiers  de  l'Instruction  publique  : 

MM.  Isidore-Aristide  Gentil,  sous-chef  à  la  Compagnie  des  che- 
mins de  fer  de  l'Est  à  Mohon  (Ardennes)  ;  Achille-Louis-Gustave 
Jacotin,  employé  à  la  Compagnie  de  l'Est,  à  Chàlons-sur-Marne, 
président  de  l'Association  fraternelle  des  employés  et  ouvriers  des 
chemins  de  fer  français  ; 

Et  parmi  les  officiers  d'Académie  : 

MM.  Gustave-Marcel  Bauche,  fabricant  de  coffres-forts,  à  Reims; 
Jean-Baptiste  Vernachel,  artiste  peintre  décorateur,  à  Reims  ; 
Antoine-Félicien-Frumence  Miller,  secrétaire  de  la  Fédération  des 
Sociétés  de  gymnastique  de  l'Est,  à  Bétheniville  (Marne)  ;  Ûné- 
zime  Laurent-Colas,  fabricant  d'articles  de  quincaillerie  pour  car- 
rosserie, à  Bugny-sur-.Meuse  (Ardennes)  ;  Charles-François  Marly, 
instituteur  à  Reims  ;  iNicolas-Camille  Démange,  instituteur  à 
Pierry  (.Marne),  etc. 

Dans  les  nominations  faites  à  l'occasion  de  la  Fête  nationale  par 
le  ministre  de  l'Agriculture,  dans  l'ordre  dai  Mérite  agricole,  figu- 
rent, comme  officiers  :  MM.  Benoiit  fils,  propriétaire-viticulteur  à 


CHRONIQUE  635 

Reims  ;  Potier,  éleveur  k  \ic.ovâa\  (Ardeiines)  ;    Cossenet,   agricul- 
teur à  Somme-Vesie  (Manie)  ;  l.ourdeau,  agriculteur  à  Try. 

Conime  chevaliers  :  MM.  Bouti"oy.  ancien  cultivateur  à  Villers- 
Cotterets  (Aisne)  ;  (>oii[)é,  cuHivaleur  à  F'aars  (Aisne);  Cury,  agri- 
culteur à  Brognon  (Ardenne^)  ;  Deliègc,  instituteur  à  Bélheny 
(Marne)  ;  Polerlol,  vilicnlteur  à  Xogcnt-l'Abbesse  (Marne),  etc. 


L'Académie  française  vient  d'accorder  un  prix  de  cinq  cents 
francs  à  une  publication  relative  à  la  colonisation  de  la  Tunisie, 
due  à  M.  Paul  Lapie,  professeur  de  philosophie  à  Pau,  et  fils  de 
M.  Lapie,  ancien  instituteur  à  Ay  (Marne). 


Le  journal  l'Orphéon  ouvrait,  il  y  a  quelques  mois,  un  concours 
de  compositions  musicales. 

Nombreux  ont  été  les  concurrents,  car  il  n'est  arrivé  pas  moins 
de  2G7  manuscrits. 

C'est  l'excellent  directeur  de  la  Société  Philharmonique  et  de  la 
Musique  municipale  de  Reims,  M.  Ernest  Lefèvre,  qui  a  obtenu  le 
l^""  prix  —  un  bronze  d'art,  offert  par  la  Société  des  auteurs  et 
compositeurs  de  musi:iue,  —  avec  un  chœur  à  quatre  voix  d'hom- 
mes, Aimez-vous,  paroles  de  M.  Grandmougin. 

Le  président  du  jury  était  M.  Henri  Maréchal,  inspecteur  de 
l'enseignement  musical,  grand  prix  de  Rome,  et  les  assesseurs 
MM.  Xavier  Leroux  et  de  la  Combelle. 

Ce  chœur  doit  être  imposé  aux  Sociétés  dans  les  concours. 

Nous  enregistrons  avec  plaisir  ce  nouveau  succès  de  l'auteur  du 
Prieur  de  Sainl-Basle,  à'Ycoune,  de  la  Veillée  de  Jeanne  d\4rc 
et  de  tant  d'autres  productions  musicales  d'un  véritable  mérite. 


Aux  derniers  concours  du  Conservatoire,  c'est  un  jeune  rémois 
d'avenir,  déjà  couronné  précédemment,  M.  Léon  Rothier,  qui  a 
remporté,  à  l'unanimité,  la  première  médaille  de  solfège. 


Les  professeurs  du  Muséum  d'histoire  nalurelle  de  Paris,  réunis 
en  assemblée  le  14  juin  1898,  ont  nommé  à  l'unanimité,  corres- 
pondant de  cet  établissement,  le  marquis  de  Mauroy,  de  Wassy, 
afin  de  reconnaître  les  services  qu'il  a  rendus  au  Muséum. 


Le  marquis  do  Montmort,  propriétaire  du  château  de  .Mont- 
mort  (.Marne),  a  obtenu  plusieurs  prix,  au  dernier  concours  agri- 
cole de  Mézières,  pour  ses  animaux  reproducteurs  de  race  durham. 


6:^6  CHRONIQUE 


Pbix  De  viciiTL',  —  M"«  Lulalie-Eugénie  Bergaul,  âgée  de 
79  ans,  vient  d'obtenir  un  prix  Moiithyon  de  500  francs  pour 
dévouement  à  son  maître,  M.  (uiiltaume,  ancien  notaire  à  Beurey 
(Aube)  cbez  qui  elle  est  resiée  domestique  pendant  quarante  ans  et 
qu'elle  a  soigné  gratuitement  pendant  douze  ans  lorsqu'il  fut 
devenu  sans  ressources  après  des  malheurs  de  famille. 

M"*  Eulalie  a  été  très  surprise  de  cette  récompense  ;  elle  ignore 
complètement  qui  a  pu  la  dénoncer  (c'est  son  mol)  à  l'Académie 
française. 

Klle  est  encore  depuis  douze  ans  au  service  de  M"''  Houzelot, 
inslilulrice,  rue  de  l'Hûtel-de-Ville,  à  Châlons,  où  la  police  l'a  enfin 
découverte  après  trois  jours  de  recherches.  Heureuse  trouvaille 
que  les  agents  ont  faite,  car  il  ne  doit  pas  leur  arriver  tous  les 
jours  de  rechercher  des  prix  de  vertu. 

*     * 

M.  Joseph  Mal  val,  adjoint  à  l'intendance  (réserve),  vient  d'être 
nommé  au  grade  de  sous-intendant  militaire  de  3«  classe  (rang  de 
commandant). 

M.  Joseph  Malval,  qui  a  appartenu  au  corps  du  commissariat  de 
la  marine,  et  compte  plusieurs  campagnes  à  la  mer  en  qualité 
d'aide-commissaire,  est  le  fils  d'un  chàlonnais,  M.  Eugène  Malval, 
ancien  conseiller  à  la  Cour  d'appel. 

Le  jeune  officier  supérieur  est  âgé  de  31  ans. 


M.  Eouis  Arnould,  né  à  Trigny  (Marne),  chargé  de  cours  à  la 
Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Poitiers,  vient  de  soutenir  sa 
thèse  de  doctorat  devant  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de 
Paris. 

M.  Arnould  a  été  reçu  avec  éloges. 

Il  avait  pris  pour  sujet  d'étude  :  Racan  (  io89-t670)  ;  hisloire 
anecdolique  cl  critique  de  sa  vie  et  de  ses  œuvres. 


Par  décret  en  date  du  3  juin  1898,  rendu  sur  la  proposition  du 
mini--lre  du  Commerce,  de  l'industrie,  des  Postes  et  des  Télégra- 
phes, M  Joseph-François  Chevron,  inspecteur  des  postes  et  télé- 
graphes d  Châlons-sur-Varne,  a  été  nommé  directeur  des  postes 
et  télégraphes  a  Mézières,  en  remplacement  de  M.  Charles-Tous- 
saint-Camille Chevalier-Lomire,  nommé  à  Lille. 


Mouvernenl  judiciaire.  —  M.  Delaunay,  juge  suppléant  à 
Dreux,  vient  d'être  nommé  juge  à  Sainte-Menehould,  en  rempla- 
cement de  M.  Tronche-Macaire,  nommé  à  Nogent-le-Rolrou. 


CHKONIQUE  637 

M.  de  Griuran,  jiiyc  siipfiléaiil  à  Elampes,  vient  dT-trc  iiutiuué 
juge  à  Vitry-Ic-Kraiiçois,  eu  retn[ilaccinent  de  M.  Kaly,  iiuninic  à 
Rambouillet. 

M.  Hue,  substitut  à  Baveux,  vient  d'èlre  nommé  à  Châlons-sur- 
Marne,  en  remplacement  de  M.  Rollel,  nommé  procureur  de  la 
République  à  Arcis-sur-Aube. 


Mouvement  admiiiislralif.  —  M.  Bœguer,  préfet  du  Loiret, 
vient  d'être  nommé  préfet  de  Seine-et-Marne  en  remplacement  de 
M.  Bret,  nommé  dans  le  Cher; 

M.  Goulley,  préfet  du  Uoubs,  vient  d'être  nommé  préfet  de 
l'Aisne  en  remplacement  de  M.  Roger,  nomme  dans  le  Uoubs; 

M.  Mazelet,  prétel  de  la  Haute-Savoie,  vient  d'être  nommé  pré- 
fet de  lYonne  en  remplacemet)t  de  M.  de  Marcèie,  nommé  préfet 
de  l'Aube  ;  M.  Roslaing,  préfet  de  l'Aube,  est  nommé  dans  la 
Nièvre  ; 

M.  Halary,  sous-préfel  d'Aubusson,  est  nommé  sous-préfet  de 
Langres,  en  remplacement  de  M.  Regnault,  nommé  préfet  de 
l'Aude  ; 

M.  Weil,  secrétaire  général  de  Seine-et-Marne,  est  nommé 
sous-préfet  de  Meaux,  en  remplacement  de  M.  Francières,  nommé 
préfet  des  Hautes-Pyrénées  ; 

M.  Gilbert,  .--ous-préfct  de  Toulon,  est  nommé  préfet  de  la 
Marne,  en  remplacement  de  M.  Salmon,  mis  en  disponibilité  ; 

M.  Genebrier,  attaché  au  cabinet  du  garde  des  sceaux,  est 
nommé  sous-préfet  de  Rocroi.  en  remplacement  de  M.  Morain, 
nommé  à  Provins  ; 

M.  Bernardin,  sous-préfet  de  Montiuçon,  est  nommé  à  Reims, 
en  remplacement  de  M.  Collignon,  nommé  à  Saint-.Malo  ; 

M.  Lebourdan,  sous-préfet  de  Dinan,  est  nommé  secrétaire 
général  de  Seine-et-.Marne,  en  remplacement  de  M.  Weil,  sous- 
préfet  de  Meaux  ; 

M.  Laumondais,  sous-préfet  de  Guingamp,  est  nommé  à  Eper- 
nay,  en  remplacement  de  M.  (îillet,  nommé  à  Uinan  ; 

M.  Surruque,  secrétaire  général  de  la  Haute-Savoie,  est  nommé 
dans  l'Aisne,  en  remplacement  de  M.  Trépont,  nommé  sous-préfet 
de  Chàîons-sur-Saùne  ; 

M.  Hennequin,  rédacteur  à  la  préfecture  de  la  Seine,  est  nommé 
secrétaire  général  de  la  Marne,  en  remplacenient  de  M.  Droz, 
nommé  sous-préfet  de  Baume-les-Dames  ; 

M.  Lemoine,  conseiller  de  préfecture  de  l'Oise,  est  nommé 
sous-préfet  de  Vilry-le-Fraoçois,  en  remplacemenf  de  M.  Hergott, 
nommé  à  Nogenl-sur'  Seine  ; 

M.  Letainturier,  sous-préfel  de  Nogent-sur-Seine,  est  nommé  à 
Châteaudun. 


638  CHRONIQUE 


Mariages.  —  Le  (3  juin  a  été  célébré  à  lleinis,  en  l'église 
Sainl-Aiulré,  le  mariage  de  M.  Gaston-Lucien  Laine,  fils  du  sym- 
palliique  conseiller  municipal,  M.  Albert  Laine,  avec  M"'^  Nelly- 
iM;irgucrilc  Bourgeois,  nièce  de  M.  le  D»"  Ilenrol. 

Les  témoins  étaient,  pour  M.  Laine,  M.  P'rançois  Leboulanger, 
son  oncle,  et  VL  Auguste  Viiiciennc,  son  cousin.  Ceux  de  la  jeune 
femme  éluient  M.  Elienne  i5ourgeois,  son  aïeul,  et  M.  le  docteur 
Henri  Hcnrot,  son  oncle. 

Ou  annonce  de  Kcims  le  mariage  de  M""  Thérèse  Larive  avec 
M.  Jacques  Bertrand,  administrateur  des  colonies,  fils  de  M.  Alexan- 
dre Bertrand,  membre  de  l'Institut,  et  neveu  de  M.  Joseph  Ber- 
trand, membre  de  l'Académie  française  et  de  l'Académie  des 
sciences. 

M"^  Thérèse  Larive  est  lillc  du  commandant  Larive,  chef  d'esca- 
drons au  18'=  chasseurs,  et  petite-nièce  de  feu  le  docteur  Salle,  de 
Châlons. 


Le  L"^  juillet  a  été  célébré,  en  l'église  de  Vitry-le-François,  le 
mariage  de  iM.  Raymond  Bi'unet  Vivien  de  tioubert,  souslieute- 
nanl  au  l.e  cuirassiers,  petit-fils  de  M.  Vivien,  ancien  ministre^ 
avec  M"""  Madeleine  Wagner. 

Les  témoins  étaient  pour  le  marié  :  le  colonel  de  c^havigné, 
commandant  le  12'=  cuirassiers,  et  M.  de  Villers  Bertlieu,  son 
oncle;  pour  la  mariée  :  le  lieutenant-colonel  Cliassepol,  du  18° 
d'infanterie,  et  M.  Auguste  Vincent,  son  oncle. 

Une  assistance  nombreuse  entourait  les  jeunes  époux^  auxquels 
le  Saint- Pèi-e  avait  envoyé  sa  bénédiction. 

* 

Le  18  juillet  a  été  célébré  à  Marcq-Sainl-Juvin  (Ardennes),  au 
milieu  d'une  brillante  assistance,  le  mariage  de  M.  Paul  Sassot 
avec  M"'=  Geneviève  Uérué,  petite-fille  du  général  Niol  et  fille  du 
colonel  Uérué,  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

Les  témoins  étaient  :  pour  le  marié,  M.  Léon  Sassot,  son  fière, 
et  M.  le  docteur  Patenostre,  son  cousin  ;  pour  la  mariée,  M.  lirnest 
Dérué,  conservateur  des  forêts,  et  M.  Waas,  ses  oncles. 


Le  30  juillet,  en  l'église  paroissiale  de  Haucourt  (Ardennes), 
après  une  touchante  allocution,  M.  l'abbé  Coquisart  bénissait 
l'union    de    M.   le  U""   Alexandre   llennecart,  officier  d'Académie, 


CHRONIQUE  639 

aucieii  iiilerue  des  hnpilaiix  de  Paris,  lils  du  IJ'  Hciiiiecati,  et  de 
M"»  Jeanne  Rouy,  de  Haucourl. 

La  mariée  avait  ponr  lômoins  M.  Louis  Uuiiy,  négociant  en 
draps  à  Sedan,  et  M.  Thiriet,  conseiller  généi'ai  et  maire  de 
Hauconrt. 

Ceux  du  marié  élaienl  :  .M.  Charles  Pliilippoleaux,  de  Sedan, 
ancien  président  du  Tribunal  de  commerce,  chevalier  delà  Légion 
d'honneur,  et  M.  Charles  Hennecart,  secrétaire  général  de  la 
Compagnie  de  Sainl-Gohain,  également  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 


Noces  d'argent.  —  Les  noces  d'argent  de  M.  et  de  M™"  Ludovic, 
de  Givry  ont  été  célébrées,  le  20  septembre  1897,  en  leur  château 
de  Mont-Bauchet,  par  Amillis  (Seine-et-Màrne),  au  milieu  d'an 
concours  empressé  d'amis.  A  l'occasion  de  celte  fête  très  réussie, 
notre  compatriote  M.  le  vicomte  Georges  de  Maricourl,  poète  de 
talent,  a  dit,  aux  applaudissements  de  tous,  le  prologue  suivant 
dont  il  est  l'auteur  : 

Mesdames  cl  Messieurs,  ce  n'utt  pas  sans  frayeur, 

Soyez  en  bien  ccriains,  que  j'accepte  l'iionneur 

D'être  ici  le  premier  à  prendre  la  parole, 

En  ce  jour  solenue!.  Mais  ce  qui  me  console 

El  me  rassure  au  point  de  me  rendre  vaillant, 

C'est  l'espoir  de  trouver  un  public  bienveillant. 

Et  bravement  j'arrive,  armé  d'un   monologue, 

Qui  voudrait  mériter  son  titre  de  prologue. 

Mais  je  tiens,  toul  d'abord,  à  vous  entretenir, 

Si  vous  le  permettez,  d'un  tièi  doux  souvenir  : 

Souvenir  qui  me  vient,  apportant  sur  ses  ailes, 

Fou."  les  répandre  ici,  des  Heurs  toutes  nouvelles. 

Dont  le  lointain  sourire  a  pénétré  nos  cœurs, 

Et  dont  la  voix  nous  parle,  et  tout  bas  nous  répète 

Deux  noms  qui  nous  sont  chers,  souvenir  de  bonheurs, 

El  qui  met  aujourd'hui  ce  salon   tout  eu  fête  ! 

Par  un  beau  jour  d'été  —  j"in  ai  vu  quelquefois  — 
Nous  étions  tous  assis  sous  l'épaisse  charmille, 
Cachant  notre  vieux  nid,  si  joyeux  autrefois. 
Et  nous  causions  gaîment,  lorsqu'une  jeuue  fille, 
I.e  front  tout  rayonnant  et  nous  tendant  les  mains, 
Accourt,  disant  :  «  Je  vois  ma  prière  exaucée  : 
«  J'ai  donné  ma  parole,   et  je  suis  fiancée  1   » 
A  ces  mots,  les  oiseaux,  transformés  eu  devins, 
Unissent  leurs  concerts  aux  tendres  témoignages 
De  notre  sympathie,  et  chantent  les  présages 

Des  beaux  jours  esfiérés. 
Et  l'un  de  nous,  poète  à  ses  heures,  sans  doute. 
Disait  :   «  Voyez,  là  bas,  serpentant  dans  les  prés, 
(t  Ces  deux  ruisseaux  pareils.  Chacun  d'eux  suit  sa  route, 


641)  CHRONIQUE 

i(    Mais  apiiroclie  du  point  qui  doil  les  réunir; 

«  El,  s'étanl  conlondus,  i's  vont  où  Dieu  les  mène. 

«  N'^-  voil-on  pas  sans  peine 

«   De  votre  prochain  avenir, 
«   Mademoiselle,  une  image  vieillie, 
0    Mais  qui  toujours  s  vous  se  montrera  lleutic    » 

Vingt-cinq  ans,  m'a  l  on  dit,  depuis  lors  ont  passé. 
Je  n'en  crois  pas  un  mol  1  Un  cadran  trop  prsssé 
A  dû  causer  l'erreur.  Mais  aujourd  hui  qu'y  faire? 
Je  viens  donc  saluer  ce  dcjx  anniversaire, 
Le  beau  jour  où  le  Ciel  unissait  à  l'Honneur 
Le  Charme  cl  la  Bonté,  la  Fo  ce  à  la  Douceur. 
Oui,  snluons  ici  ce  bon,  ce  cher  ménage, 
En  saluant  la  Foi  jointe  a  la  (  liarité  ! 
Saluons  l'Union  qui  semble  son  partage. 
Et  pour  lui  souhaitons  longue  prospérité. 
Certes,  s'il  a  souvent  murmuré  sous  des  roses, 
Le  ruisseau,  dont  parlait  le  poèie  incompris, 
A  dû  subir  aussi  des  jours  fioids  et  moroses 
En  passant  liiilemcnl  par  de  sombres  pays. 
.\!ais  que  lont,  aprèi  toiil,  quelques  jours  de  soulliance, 
Lorsqu'on  chemine  à  deux, 
En  regardant  les  Cieux 
Où  l'on  retrouve  TEspcrance  ? 
Non,  les  oiseaux   n'ont  pas  menli. 
Lorsque  aulrdois  leurs  chants  ont  retenti, 

Là-bas  sous  le  leuillago. 
Annonçant  le  bonheur  du  prochain  mariage  ! 
Ah  !  que  les  Noces  d'or  suivent  celles  d'argent 
Et  puissions-nous  fêter  celles  de  diamant  I  ! 


L.  Impi  iineur    '  «érant, 

Lkun    KUÉ.MOiNT. 


LA  CâMPANOMANIE 

Poème  allribué  à  Dom  Fournier,   Religieux  bénédiclin    el    Bibliolhécaire 
de  l'abbavc  de  Sainl-Nicaise  de  Reims 


Et  emprunté  au  Recueil  de  vers  du  Docteur  Louis-Jérdme  Raussin 
à  la  Bihiiotbèque  de  Iteinis 


AVANT-PROPOS 


A  mon  ami,  M.  Joseph  Di'rthelt',  archiviste 
fie  l'Hérault,  campanomane  et  campanogrnphe, 
l'édition  de  ce  poème  est  dédiée  comme  un  écho 
des  vieilles  cloches. 


De  l'usage  et  de  l'abus  des  cloches. 

En  ce  moment,  où,  en  plein  Paris,  l'on  rend  à  son  harmo- 
nieuse mission  le  carillon  de  la  tour  voisine  de  l'église  Saint- 
Germain-l'Auxerrois.en  face  de  la  colonnade  du  Louvre,  il  est 
iuléressanl  de  constater  combien  le  son  des  cloches  est  rede- 
venu partout  populaire  depuis  un  siècle  *.  Sans  doute  la  violente 
expulsion  qu'elles  subirent,  il  y  a  plus  de  cent  ans  déjà,  n'est 
pas  une  preuve  qu'elles  aient  alors  lassé  le  goût  du  public.  Au 
contraire,  leur  enlèvement  fut  une  mesure  toute  révolution- 
naire. Mais,  il  faut  l'avouer,  on  les  trouvait,  au  xviii'^  siècle, 
en  bien  des  lieux  trop  nombreuses,  trop  criardes  el  trop  agi- 
tées. On  préférait,  et  quelques-uns  préfèrent  encore,  la  sono- 
rité d'une  belle  cloche  aux  accords  parfois  discordants  d'une 
multiple  sonnerie  ou  d'un  carillon  trop  bruyant.  Quoi  qu'il  en 
soit  des  sentiments  de  chacun,  nos  clochers  furent  vidés  en 
1792  de  leur  riche  réserve  de  vieux  bronze,  sous  prétexte  de 
le  transformer  en  canons  ou  en  gros  sous,  et  leurs  cloches 
partirent  toutes,  à  l'exception  de  la  plus  grosse,  restée  comme 
signal  d'alarme  ou  de  réjouissance. 

Plus  lard,  la  Révolution  passée,  le,  goût  des  cloches  reprit 

1.  Cloches  et  Carillons  :  le  Carillon  de  Saint- Germain-V Auxerrois,  ■pa.t 
J.  Mascart,  dans  la  Revue  encyclopédique  Larousse  (n»  277,  du  24  décem- 
bre 1898). 

41 


642  LA  CAMPANOMANIÉ 

de  lui-même,  d'abord  dans  les  campagnes,  puis  dans  les  villes, 
et  élendil  son  empire  séculaire.  Si  l'on  n'avait  point  de  res- 
sources suffisantes  pour  se  procurer  plusieurs  de  ces  cloches 
regrettées  dans  leur  rustique  beffroi,  on  fondait  celle  qui  res- 
tait pour  eu  créer  deux  ou  trois  rappelant  les  gais  carillons 
d'autrefois.  Après  les  paysans,  les  citadins  repeuplèrent  les 
lours  de  leurs  églises  ;  de  grands  sacrifices  furent  consentis 
pour  rendre  aux  cathédrales  leurs  bourdons  avec  loute  la 
gamme  d'harmonie  qui  se  mariait  naguère  aux  grandes  solen- 
nités dans  un  ensemble  vraiment  incomparable. 

Choîe  singulière,  tandis  qu'à  Besancon  ',  à  Pieims  et  bien 
ailleurs,  on  refondait  les  bourdons  et  les  cloches  avec  entrain, 
Notre-Dame  de  Paris  ne  rendit  pas  à  son  magnifique  bourdon 
du  temps  de  Louis  XIV  l'accompagnement  d'un  petit  bourdon, 
et  attendit  jusqu'à  la  prise  de  Sébastopol  l'arrivée  d'une 
seconde  grosse  cloche  enlevée  de  celle  ville  et  hors  d'état,  par 
sa  disposition,  de  compléter  la  sonnerie  de  l'illustre  métro- 
pole *. 

Si  nous  voulions  pioduire  l'état  comparatif  des  cloches  d'une 
ville  avant  et  depuis  la  Révolution,  il  faudrait  nous  borner  à 
dresser  cette  statistique  pour  la  ville  dont  nous  avons  déjà 
recensé  les  cloches  actuelles^.  D'après  le  calcul  approximatif 
établi  par  M.  Louis  Fanart,  il  y  aurait  eu  à  Reims  environ 
138  cloches  à  la  fin  de  l'ancien  régime  dans  les  églises  cathé- 
drale, collégiales  et  paroissiales,  les  abbayes  et  les  principaux 
couvents,  sans  compter  les  nombreuses  clochettes  des  chapel- 
les et  petites  communautés.  Ce  nombre  nous  parait  élevé, 
mais  il  n'a  rien  d'invraisemblable,  étant  donnée  l'existence 
des  douze  paroisses  de  la  cité,  des  quatre  chapitres  et  des  trois 
grandes  abbayes  d'hommes  qui  avaient  rivalisé  depuis  des 
siècles  pour  l'éclat  de  leurs  sonneries. 

Or,  à  ce  chiffre,  qui  dépasse  la  centaine  au  minimum  certai- 
nement, pour  une  ville  comptant  alors  trente  à  quarante  mille 
habitants,  nous  ne  pouvons  pas  opposer  plus  du  quart  pour 

1.  Voir  la  complainte  composée  sur  la  fonte  et  la  bénédiction  d'un  bour- 
don pour  l'église  mélropolilaine  de  Besançon  en  1829  par  l'archevêque  <le 
Hohan,  en  présence  du  maréchal  Moncey,  au  cours  de  la  notice  de  Cb. 
baille  sur  Le  cardinal  duc  de  Hohan- Chabot,  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Besançon,  1896,  p.  100. 

2.  Les  cloches  de  Russie  sont  frappées  :  elles  n'ont  pas  de  battant  et  ne 
sont  pas  mises  en  volée  comme  les  nôtres. 

3.  Le  bourdon  de  Xolre-Dame  de  Reims  et  les  cloches  de  celle  ville, 
dans  les  Travaux  de  l'Académie  de  lieims,  tomes  73  et  82,  et  dans  le  Dul- 
lelinmottumenlal,  t.  L,  1884. 


Là  càmpànomanib  643 

noire  époque  el  pour  la  ville  dont  la  population  est  trois  fois 
plus  forle.  il  uy  a  doue  pas  acluellemenl  à  Reiuis  plus  de  25 
cloches  véritables,  auxquelles  ou  peut  joindre  uue  trentaine  de 
petites  cloches,  dont  le  tableau  suivant  établira,  autant  que 
possible,  la  provenance,  la  date  el  Ja  destination  respectives. 

Tableau  des  cloches  de  Reims  en  1898. 

1.  Monumenls  civils. 

Hôtel  de  ville.  —  Une  moyenne  cloche  et  deux  timbres  de  I7G4 
(Fr.  Lecoiiite,  fondeur  à  Reims). 

Hôtel-Dieu.  —  Trois  petites  cloches  de  lo76,  1633  et  1743. 

Hôpital  général.  —  Quatre  petites  cloches  de  1629,  1674,  \~'ok 
et  1858. 

Hôpital  Saint-Marcoul.  —  Trois  petites  cloches  récentes. 

Maison  de  convalescence.  —  Une  peliie  cloche  de  1897  (Paintan- 
dre,  fondeur). 

II.  Monumenls  religieux. 

Cathédrale.  — Deux  bourdons,  l'uu  de  1570  (P.  Deschamps,  fon- 
deur), et  l'autre  de  1849  (Bollée,  fondeur),  huit  cloches  de  1825  dans 
les  tours  (Cauchois,  fondeur),  une  cloche  de  1647  au  clocher  à 
l'Ange,  et  un  carillon  formé  de  quatorze  petites  cloches  et  d'une 
grosse  de  1754. 

Eglise  Saint-Remi.  —  Une  grosse  cloche  de  1875  (Perrin,  fon- 
deur), trois  moyennes  et  onze  petites  du  commencement  du  siècle. 

Eglise  Saint-Jacques.  —  Cinq  cloches  de  1805  (Gavillier,  fondeur). 

Eglise  Saint-Maurice.  —  Trois  grosses  cloches  de  18G9  (Perrin, 
fondeur),  et  quatre  petites  de  1803  (Cavillier,  fondeur). 

Eglise  Saint-André.  —  Trois  grosses  cloches  de  1864  et  de  1875 
(Perrin,  fondeur),  et  une  petite  de  1817  (Antoine  et  Loiseau,  fon- 
deurs). 

Eglise  Saint-Thomas.  —  Une  cloche  et  deux  timbres  de  1863 
(Bollée,  fondeur). 

Eglise  Sainte  Geneviève.  —  Une  cloche  de  1877  (Farnier-Bul- 
teaux,  fondeur). 

Chapelle  Sai[it-Jean-Bapliste.  —  Une  moyenne  cloche  de  1888 
(Perrin,  fondeur). 

Chapelle  Saint-Benoît.  —  Une  petite  cloche  de  1894, 

Chapelle  de  la  Mission.  —  Une  petite  cloche  de  1823. 

Chapelle  des  Capucins.  —  Une  petite  cloche  de  l'ancien  couvent. 

Chapelle  des  Frères,  à  Courlancy.  —  Une  petite  cloche  de  1781, 
refondue  en  1823. 

Grand  Séminaire.  —  Une  petite  cloche  dans  un  clocher 
moderne. 


644  LA   CAMPANOMA.NIB 

Petit  Séminaire.  —  Une  petite  cloche  remplaçant  celle  de  1803, 
provenant  de  l'église  Saint-Maurice. 

Chapelle  de  la  Congrégation.  —  Une  petite  cloche  dans  un 
campanile  du  temps  de  la  Restauration. 

D'autres  commuuaulés  possèdent  encore  de  petites  cloches, 
dans  le  délail  desquelles  il  serait  superflu  d'entrer.  —  Reve- 
nons aux  cloches  en  général. 

Il  nous  est  facile  de  juger  du  mouvement  universel  de 
curiosité  et  d'intérêt  qui  se  manifeste  dans  le  monde  de  l'éru- 
dition à  l'égard  des  aiiciennes  cloches,  d'après  tant  de  publica- 
tions contemporaines  et  de  recherches  entreprises  par  les 
Sociétés  d'histoire  et  d'archéologie.  Nous  n'essayerons  pas  de 
les  énumérer  ici,  ayant  eu  l'occasion  de  le  faire  d'ailleurs 
sommairement  eu  tête  des  relevés  et  des  répertoires  de  cloches 
que  nous  avons  mis  au  jour  pour  les  départements  de  la  Marne 
et  des  Ardeunes.  Bientôt,  sans  doute,  on  établira  la  Bibliogra- 
phie campanaire  du  xix*"  siècle,  en  poursuivant  ces  éludes  telle- 
ment minutieuses  et  approfondies  qu'elles  produisent  mainte- 
nani  chaque  année  la  nécrologie  des  cloches  de  tout  âge  remi- 
ses au  creuset  des  fondeurs  '. 

Tandis  que  MM.  Berthelé,  Léon  Germain,  Louis  R.égnier  et 
le  baron  de  Rivières  poursuivent  le  cours  de  ces  investigations 
méthodiques,  précises  et  rigoureuses  sur  les  anciennes  cloches 
et  leurs  fondeurs,  d'autres  amis  de  ces  corps  sonores  en  recher- 
chent l'harmouie,  les  traditioas  et  les  légendes  populaires  2, 
selon  la  voie  tracée  parBlavignac  dans  son  livre  si  attachant, 
et  encore  trop  peu  connu  ^.  Il  nous  tombait  récemment  sous 
les  yeux  cette  légende  de  la  cloche  de  l'abbaye  de  Moyenmou- 
tier,  transférée  àToul  par  un  caprice  épiscopal  au  \°  siècle,  son- 
nant mal  dans  cette  ville  en  signe  de  deuil  et  retrouvant  seule- 
ment la  douceur  de  ses  sons  après  son  retour  au  monastère  ^ 

1 .  Jos.  Berthelé.  —  Notes  e»,  études  campanaires.  N°  3à.  Nécrologie  cam- 
panaire, Poitou  el  Anjou,  1895.  —  Loudun,  1896,  in-S"  de  8  pp. 

2.  La  chanson  de  la  cloche ,  dessin  de  Chrisloph  Nilson,  texte  par  J.  Le 
FuBlec,  dans  le  Magasin  pittoresque,  1896,  p.  248. 

3.  La  cloche,  éludes  sur  son  histoire  et  sur  ses  rapports  avec  la  société 
aux  différents  ûges,  Paris,  Didot,  1877,  in-S". 

4.  Gérard  (évêque  de  Toul,  ayant  reçu  la  propriété  bénéficiaire  de  l'ab- 
baye de  Moyenmoutier),  enleva  dans  celle  circonstance  au  monastère  une 
cloche,  la  plus  grosse  et  la  plus  harmonieuse  de  toutes,  dont  l'abbé  Adal- 
bert  venait  de  doter  l'abbaye.  Celle  cloche,  d'ailleurs,  ne  resta  pas  long- 
temps à  Toul.  Après  la  mort  de  Gérard,  on  la  rendit  à  Moyenmoutier,  et 
l'on  racontait  que  son  enlèvement  et  son  retour  avaient  été  accompagnés  de 


LA   CAMPANOMANIE  645 

Ailleurs,  ce  sont  des  cloches  avec  légende  en  patois',  ou  pré-- 
servaut  du  tonnerre-.  Que  d'autres  cloches  d'abbayes,  de 
cathédrales  ou  d'églises  rurales  ont  ainsi  leur  histoire  liée  à 
l'histoire  du  pays,  à  celle  de  leurs  donateurs  et  des  édifices  où 
elles  avaient  élu  leur  premier  domicile  ! 

Nous  voilà  bien  loin  du  xviii"  siècle  et  de  notre  poëme 
rémois,  La  Campanomanie,  qui  va  sembler  aujourd'hui  offrir 
un  contraste  frappant  avec  la  sollicitude  que  nous  témoignons 
pour  les  cloches  grosses  ou  petites  et  pour  les  carillons  plus  ou 
moins  justes.  C'est  précisément  ce  contraste  qui  nous  rend 
cette  production  du  terroir  particulièrement  curieuse  à  mettre 
au  jour.  Des  abus  que  l'on  fit  jadis  des  cloches,  nous  ne  vou- 
lons rien  contredire,  mais  de  la  façon  piquante  dont  on  les  ridi- 
culisa, nous  pouvons  tirer  d'utiles  leçons  et  d'instructifs 
exemples  pour  n'y  point  retomber. 

Il  faut,  en  effet,  respecter  et  faire  respecter  nos  cloches, 
anciennes  et  modernes,  en  les  sonnant  avec  gravité,  en  rendant 
pleine  leur  harmonie  et  en  préservant  leur  bronze  de  ces  chocs 
trop  saccadés  et  trop  bruyants  que  leur  infligent  les  marteaux 
des  carillonneurs  rustiques.  Que  de  bonnes  et  belles  cloches 
ont  été  fêlées  et  refondues,  c'est-à-dire  perdues,  par  la  faute  de 
ces  ignorants  et  maladroits  carillonneurs  !  C'est  seulement  par 
le  moyen  d'un  mécanisme  que  le  carillon  peut  être  rendu  sup- 
portable pour  les  oreilles  et  tolérable  pour  les  cloches.  Et 
encore,  vaudrait-il  mieux  ne  jamais  créer  de  carillon  que  sur 

prodiges  :  tandis  que  douze  paires  de  bœufs  avaient  à  peine  suffi  à  l'emme- 
ner, quatre  l'avaient  aisément  ramenée.  On  ajoutait  même  que  pendant  tout 
le  temps  de  son  exil  dans  la  cité  épiscopale,  elle  avait  perdu  la  douceur  de 
ses  sons.  Elle  ne  l'avait  retrouvée  qu'après  sa  rentrée  à  Moyenmoulier. 
L'abbaye  de  Moyenmoulier,  par  l'abbé  Léon  Jérôme,  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  philomatique  vosgienne,  23»  année,  Saint-Dié,  1898,  p.  301. 

1 .  La  cloche  d'Arrènes  (Creuse),  que  l'on  doit  attribuer  à  un  fondeur 
ambulant,  probablement  un  maître  allemand  du  nom  de  Haus,  offre,  au 
point  de  vue  de  l'aspect,  une  grande  ressemblance  avec  celle  de  Saint-Léger- 
Bridereix,  qui  porte  la  date  de  1510...  L'inscription  de  la  cloche  d'Arrènes 
contient  une  invocation  à  Dieu  et  à  ses  saints  écrite  en  patois  en  caractères 
gothiques...  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  1898, 
t.  XLVI,  p.  444. 

2.  On  lit  dans  le  Buliletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin, 
t.  XLVI,  1898,  celte  relation  :  a  II  y  avoit  dans  le  clocher  de  Nexon 
(Haute- Vienne),  une  cloche  du  xv  siècle  qui  portait  cette  inscription  :  0 
Deus,  tonitrua  tua  repelle  à  terra  de  Nexonio.  Malgré  celte  pieuse  invoca- 
tion, et  malgré  le  petit  reliquaire  daté  de  1652  placé  sur  la  pointe  du  clo- 
cher, la  foudre  tomba  sur  le  clocher  dans  la  nuit  du  18  au  19  juillet  1784, 
mais  elle  n'y  fit  en  somme  que  de  bien  minces  dégâts.  »  Nexon,  l'église,  le 
château,  l'histoire,  p.  106. 


646  LA   CAMPANOMANIE 

(les  limbres  assemblés  et  harmonisés  dans  ce  but,  comme  ou 
en  trouve  daus  le  nord  de  la  France,  en  Flandre  et  en  Belgi- 
que, à  la  cathédrale  de  Reims  et  mainlenanl  au  cœur  de  Paris. 
Si  tels  eussent  été  les  anciens  usages,  les  contempteurs  des 
cloches  au  dernier  siècle  seraient  restés  muets,  mais  ne 
regrettons  point  que  leur  verve  ait  eu  à  s'exercer,  car  les  abus 
eux-mêmes  qu'ils  ont  signalés  forment  un  curieux  chapitre  de 
1  histoire  populaire  des  cloches. 

Il  resterait,  avant  de  finir,  à  déterminer  exactement  quel  est 
l'auteur  de  ce  poème  daté  de  1769.  Son  nom  nous  est  indiqué, 
sans  autre  preuve  à  l'appui,  par  le  docteur  Louis-Jérôme 
Raussin  dans  le  recueil  manuscrit  qu'il  nous  en  laisse  et  qui 
se  trouve  à  la  Bibliothèque  de  Reims,  comme  étant  Dom  Four- 
uier,  bibliothécaire  de  l'abbaye  de  Saint-Nicaise  daus  la 
seconde  moitié  du  xyiii*^  siècle  ^  Cet  érudit  médecin  rémois 
savait,  à  n'en  pas  douter,  à  quoi  s'en  tenir  sur  cette  attribu- 
tion, que  pourrait  démentir  le  caractère  un  peu  burlesque  et 
facétieux  de  l'œuvre.  Toutefois,  à  cette  époque,  les  bénédic- 
tins se  trouvaient  en  coulacl  avec  la  société  polie  et  élégante 
de  la  ville,  et  rivalisaient  dans  l'érudition  proprement  dite, 
aussi  bien  que  dans  la  littérature  profane  et  mondaine,  avec 
les  Lévesque  de  Pouilly,  Félix  de  La  Salle,  l'abbé  Hillet  et 
Bidet.  Il  est  donc  possible,  sinon  authenliquement  certain  et 
reconnu,  que  La  Campanomarne  ait  été  écrite  par  i).  Fournier, 
qui  habitait  tout  près  de  l'église  Saint-Jean,  contiguë  au  por- 
tail de  l'abbaye  de  Saint-Nicaise.  Il  se  trouvait  donc  parfaite- 
ment au  courant  des  mœurs  et  des  usages  de  ce  quartier  haut 
de  la  ville,  dont  il  est  question  dans  ce  poème. 

Si,  contrairement  à  l'attestation  et  à  la  copie  du  docteur 
Louis-Jérôme  Raussin,  l'attribution  avait  été  faite  par  un  trait 
de  malice  à  un  bénédictin  après  sou  décès  et  était  fausse,  le 
poème  aurait  été  composé  quand  même  à  Reims  par  un  autre 
lettré  rémois  du  même  temps.  Ajoutons  que  son  intérêt  n'en 
serait  pas  moindre  au  point  de  vue  littéraire,  ni  ses  renseigne- 
ments moins  divertissants  pour  l'histoire  campauaire. 

Il,  Jadaut. 

Villers-devaûl-le-Thour,  10  septembre  1898. 

1 .  Nous  savons  d'ailleurs  que  D.  Fournier  travailla  a  la  rédaction  des 
Almaaachs  historiques  de  Reims  de  1768  à  1773,  et  qu'il  eut  pour  succes- 
seur daus  cette  lâche  D.  Viacent,  bibliothécaire  de  Sainl-Remi.  P.  Varin, 
Archives  admin.  de  [ieims,  t.  I,  notice  sur  les  Ahnauachs  de  lieims. 


LA   OAMPANOMANIE  647 

LA     CAMPANOMANIE 

ou 

REQUÊTE    D'UN    PAROISSIEN    DE    SAINT-JEAN 

A    M.     litnOEAT,    LlKUTKNANT    DIÎ    POLICK 

SUR     L'ABUS     DES     CLOCHES 

Par  Dom  Fournier,  bénédictin  à  S'-Nicaise  de  Reims 

...  Cava  vesanis  ictibus  .rrn  sonant . 
A  Reims,  1769.  N.  n. 


AUX.         CLOCHES 

SIXAIN. 

Cloches,  si  les  loix  de  VÉg-lise 
Ont  ordonné  quon  cous  baptise, 
Le  mjystère  en  est  délicat, 
Cest  de  peur  que  le  Diable,  à  qui  chacun  cous  donne. 
Lorsque  trop  longtemps  on  vous  sonne. 
Ne  vous  prît  et  cous  emportât. 

Je  suis  avec  autant  de  crainte  que  de  respect, 
Mesdames, 

Votre  serviteur, 

G  D.  J.  B.  A.  Fournier, 

Paroissien  de  Sainl-Jean, 
(De  la  Monn'oye,  p.  172  de  l'édit.  de  Sallengre,  1716,  à  La  Haye.) 


REQUÊTE  A  M.  LE  LIEUTENANT  GÉNÉRAL  DE  POLICE 

SUR    L'ABUS    DES    CLOCHES 

...  Quules  sub  nubibus  atris  Strymoyiix 
liant    signa   grues,  atqtie   xthera    tranant 

Cum  sonitu 

(VlllOIL.  AiNEID.    LiB.    10.   V.  204.) 

Reims,  1769. 


O  vous,  Monsieur,  qu'un  soi^t  propice 
Appelle  au  soin  de  la  Police, 
Et  dont  le  cœur  toujours  humain 
Veille  au  bonheur  du  citojyen  *  ; 

1,  Çlaude-François  Bergeat,  bailli  de  l'arcbevêclié  et  en  cette  qualité 


648  LA   CAMPANOMANIB 

5.         Daignez  sévir  avec  courage, 

Et  sans  aucun  ménagement. 

Contre  un  abus  qu'un  sot  usage 

A  consacré  depuis  longtems. 

Il  est  dans  cette  antique  Ville 
lo.         Un  quartier  cher  aux  Immortels  *, 

Oii,  parfois,  dlionnêtes  mortels 

Vont  se  choisir  un  domicile. 

Là,  loin  du  faste  et  des  grandeurs. 

Encore  plus  loin  de  Vopulence 
i5.         Certains  bourgeois  par  leurs  labeurs 

Fabriquent,  en  toute  décence, 

Étoffe,  Enfants,  et  cœtera  ; 

C'est  à  qui  mieux  travaillera, 

Le  tout,  au  profit  de  la  France. 
20.         Comme  eux,  f  ai  choisi  mon  azile 

Dans  ce  canton  si  ?'évéré. 

Espérant j'  vivre  tranquile. 

Et  dans  un  repos  assuré. 

Mais  que  je  suis  bien  loin  de  compte! 
25.         Une  race  que  le  destin, 

Pour  le  malheur  du  genre  humain 

Forma,  Je  crois,  n'a  pas  de  honte 

De  s'en  venir  à  tout  propos, 

SHmaginant  faire  merveille, 
3o.         Troubler  ma  paix  et  mon  repos, 

Et  faire  insulte  à  mes  oreilles. 

Je  parle.  Monsieur,  des  sonneurs. 

Autrement  dit  carillonneurs  ; 

Dont  Vengeance  à  jamais  maudite 
35.         Mériterait  d'être  proscrite 

De  tout  état  bien  policé. 

Je  ne  dis  rien,  en  vérité, 

lieutenant  général  de  police  de  la  ville  de  Reims,  professeur  royal  en  droit 
français,  receveur  des  décimes,  etc.  Mort  en  1775.  Il  est  le  père  de  Nicolas 
Bergeat,  vidame  du  Chapitre,  premier  conservateur  du  Musée  de  Reims, 
mort  en  1815. 

1.  On  bapcise  peu,  on  n'enterre  presque  jamais  (dans  l'église  Saint-Jean). 
Le  très  grand  nombre  de  cette  paroisse  meurent  à  l'Hôtel-Dieu.  [Note  du 
D'  L.-J.  Raussin.)  —  Ajoutons  que  l'église  Saint-Jean  était  située  sur  la 
place  Sainl-Nicaise,  sur  la  droite  du  portail  de  cette  célèbre  église  ;  c'était 
un  petit  édifice  du  xii"  siècle,  dont  une  portion  du  chœur  reste  enclavée  dans 
la  maison  (n"  15  actuel)  reconstruite  sur  son  emplacement.  La  paroisse  était 
fort  peu  étendue  et  comptait  seulement  230  communiants  en  1774,  Réper- 
toire archéologique  des  paroisses  de  Reims,  1889,  p.  195-96. 


LA   CAMPANOMANIE  649 

Dans  V humble  et  présente  supUque, 

Qui  ne  soit  de  notoriété 
4o.         Et  très  certaine  et  très  publique. 

Je  ne  suis  qu'un  pauvre  cardeur. 

Mais,  ma  foi,  sans  philosophie 

Je  vois  fort  bien  que  dans  la  vie 

Tout  ne  tend  pas  toujours  au  mieux. 
45.         Car  enfin  que  sert  ce  tapage 

Et  ce  maudit  carillonnage  ? 

Dieu,  sans  ce  beau  charivari, 
'    En  serait-il  plus  mal  servi  ? 

Non,  non,  V Auteur  de  la  Nature 
5o.         N exige  point  assurément 

Qu'un  carillonneur  impudent 

Fasse  enrager  sa  créature 

Pour  Vhonnorer  plus  dignement. 

En  parlant  de  cette  manière 
55.         Peut-être  suis-je  téméraire 

Mais,  en  tout  cas,  c'est  mon  avis  ; 

Sauf  à  des  Docteurs  mieux  instruits, 

A  me  démontrer  le  contraire 

Par  de  plus  solides  écrits. 
60.         Mais,  pour  en  revenir  à  mes  cloches, 

Je  dis,  sans  craindre  d'anicroches, 

Qu'en  fait  de  clocher,  vieux  ou  neuf. 

L'œil  seul  en  compte  Jusqu'à  neuf 

Dans  le  petit  coin  de  la  ville, 
65.         Où  J'établis  mon  domicile  ^ 

Tous  sont  bien  et  dûment  garnis 

De  cloches  plus  ou  moins  criardes. 

Mais  très  communément  nazardes 

Dont  les  voisins  sont  étourdis  ^. 
70.         Souvent  toutes,  sans  unisson. 

Pour  mieux  assurer  mon  supplice, 

1 .  Le  quartier  haut  de  la  ville,  le  3»  canton  actuel,  où  se  trouvaient  les 
abbayes  de  Saint-Remi  et  de  Saint-Nicaise,  les  collégiales  de  Saint-Tiœo- 
thée  et  de  Sainle-Balsamie,  le  couvent  des  Minimes,  et  les  églises  parois- 
siales de  Saint-Julien,  Saint-Jean,  Saint-Martin  et  Saint-Maurice, 

2.  Une  note  de  M.  Louis  Fanart  nous  apprend  qu'il  y  avait  à  Reims, 
en  1790,  cent  trente-huit  cloches  dans  les  églises,  abbayes,  paroisses,  etc., 
de  la  ville,  sans  compter  les  clochettes  des  couvents  et  des  chapelles.  Cette 
note  était  basée  sur  les  renseignements  fournis  par  M,  Goulet-Collet, 
ancien  fabricien  de  la  cathédrale.  Cfr.  L'église  et  l'abbaye  de  Saint-Nicaise 
de  Reims,  par  Ch,  Givelet,  p.  57,  note. 


C50  LA    CAMPANOMANIE 

Chantent  sans  rime  ni  raison, 

Di  din  don,  Di  don,  Di  din  don. 
^5.         Le  Jour,  la  nuit,  tout  leur  est  bon; 

Partout  ce  n'est  que  carillon, 

A  Saint-Julien,  à  Saint- Maurice, 

Saint- Th inioth ée,  Sainte-Nourice. 

Bientôt  à  Monsieur  Saint-Julien 
80.         Succède  Monsieur  Saint-Martin 

Puis  Saint-Remj',  pour  surcroît  d'aise. 

Les  Minimes  et  Saint-Nicaise  \ 

Souvent  même  les  ci-devant'- 

Font  encore  enrager  les  gens, 
85.         Que  seroit-ce  donc  si  Saint-Sixte 

Pour  compléter  ce  faux  bourdon 

Venoit  Joindre  à  ce  carillon 

Quelque  ton  faux  en  accord  mixte  ? 

Mais  grâce  à  Monsieur  Le  Tellier 
90.         Je  suis  sauvé  de  ce  danger  ^. 

S'agit-il  de  quelque  baptême  ? 

Pour  honorer  l'Être  suprême 

Et  faire  naître  un  seul  chrétien, 

On  fait  mourir  mille  gens  de  bien, 
gô.         Est-il  question  de  sépulture? 

Le  sonneur,  dans  cette  avanture, 

Juché  nuit  et  Jour  au  beffroi. 

Sans  cesse  augmente  mon  ejfroi. 

Et  fait  raisonner  sa  mitraille 
100.         Pour  attraper  quelque  maille. 

Si  l'un  enterre  à  Saint-Julien, 

L'autre  baptise  à  Saint-Martin  *. 

1.  Sur  les  cloches  de  l'abbaye  de  Sainl-Nicaise,  voir  les  documents  elles 
notes  publiées  dans  l'ouvrage  de  M,  Ch.  Givelet,  L'église  el  l'ahhaxje  de 
Saint-Nicaise  de  Reims,  in^",  1897,  pages  42  à  47  et  56,  57. 

2.  Les  ci-devant  n'existent  plus  en  17C8.  {Xote  de  L.-J.  Raussin.)  —  Il 
s'agit  ici  des  Jésuites  supprimés  en  1762  ;  leur  collège  fut  occupé  en  1766 
par  l'Hôpital  général  de  la  Charité  et  le  clocher  de  cette  maison  possède 
encore  deux  petites  cloches  provenant  des  Jésuites,  avec  les  dates  de  1629 
el  de  1674. 

3.  La  paroisse  Saiot-Sixle  fui  supprimée  par  l'archevêque  Ch.-M.  Le 
Tellier  en  16(86],  (iVo<e  de  l'éditeur.)  L'église  ne  fut  entièrement  démolie 
qu'en  1726. 

4.  Le  baptOme  fut  partout  jadis  accompagné  de  sonneries.  On  nomme 
volée  chrétienne  la  sonnerie  de  toutes  les  cloches  qui  suit  immédiatement  la 
cérémonie.  On  carillonne  ensuite  joyeusement. 


LA    CAMPANOMANIE  6S1 

Si  de  quelque  Haint  d'importance 

On  doit  annoncer  la  naissance, 
io5.         Dans  un  deshabillé  crasseux 

Mais  plus  insolent  qaun  Talapoin  ', 

Le  carillonneur  orgueilleux 

Grimpe  et  s'établit  au  clocher. 
iio.         Là,  comme  dans  son  patrimoine. 

On  le  voit  ordonner,  trancher. 

Faisant  l'homme  de  conséquence. 

Et  pour  mieux  me  faire  enrager 

Le  boureau  double  la  cadence. 

Je  prendrais  tout  en  patience, 
ii5.         Si  du  moins  par  des  airs  Jolis, 

Le  chien  recréait  mes  esprits  : 

Mais  non,  quelque  mince  cantique. 

Ou  quelque  vieux  Pont  neuf  usé. 

Voilà  le  fond  de  sa  musique  ; 
I20.         Jugez  si  je  suis  amusé. 

Quant  à  nous  autres  de  Saint-Jean, 

N^ous  ne  craignons  pas  ce  reproche 

Car  chez  nous  on  n  entend  la  cloche 

Que  vingt  fois  tout  au  plus  par  an  ; 
laS.         Et  ce  par  des  raisons  palpables 

Que  chacun  trouve  assez  valables. 

Primo,  c'est  qu'on  n'j'  meurt  pas. 

Partant  point  de  lesses  au  trépas. 

J'expliquerais  au  long  la  chose, 
i3o.         Si  l'on  nen  devinait  aisément  la  cause-. 

Secundo,  quant  au.x  nouveaux  nés. 

Dont  nos  Vénus  nous  enrichissent. 

Nous  sommes  par  trop  avisés 

Pour  souffrir  qu'ils  nous  étourdissent. 
i35.         Nos  sages  aj'eux  ont  fondé 

Une  maison  de  Société 

Où  nos  Helènes  vont  par  bande 

Déposer  les  fruits  que  le  tems 

A  formé  dans  leurs  chastes  flancs  : 

1 .  Les  Talapoins  sont  en  très  grande  vénération  au  Pégu  et  dans  le 
royaume  de  Siam.  Le  lundy  matin,  ils  vont  avec  les  bassins  de  fer  éveiller 
le  monde  pour  venir  au  sermon.  Patane  est  une  ville  du  royaume  de  Siam. 
(Note  de  l'auteur.) 

2.  La  cause,  c'est  le  petit  nombre  des  paroissiens  et  qu'ils  allaient  la  plu- 
part mourir  à  l'Hôtel-Dieu  ou  dans  les  asiles  de  vieillards.  Voir  plus  haut 
vers  10. 


652  LA   CAMPANOMANIK 

140.         G  est  un  Bénéfice  en  commende 

Dont  nous  jouissons  depuis  longtemps^. 

Ainsi  dans  cette  occasion, 

Nous  avons  le  rare  avantage 

De  mettre  au  inonde  des  enfans 
145.         A  petit  bruit,  sans  carillon  ; 

Et  ce  par  un  prudent  usage. 

Enfin  pour  tout  dire  en  un  mot. 

Ici,  chez  nous,  dans  le  ménage. 

L'enfant  arrive  incognito  ; 
i5o.         Point  de  sonneurs,  point  de  tapage. 

De  cet  exemple  je  conclus 

Que  les  cloches  sont  un  abus. 

Mais,  Monsieur,  direz-vous  peut-être 

Avec  un  docte  et  sage  maître  : 
i55.         Tantuni  valent  quantum  sonant  *. 

Et  moi,  sans  être  latiniste. 

Luthérien,  ni  calviniste,  f. 

Je  vous  répondrai  :  Taceant. 

Non  que  dans  mon  humeur  caustique 
160.         J'en  veuille  à  Messieurs  les  curés, 

Ni  même  aux  plats  de  leur  Fabrique, 

Ils  sont  par  moi  trop  révérés. 

J'en  veux  encore  moins  à  leur  bourse. 

Je  sçais  que  fort  souvent  le  son 
i65.        Pour  eux  est  de  grande  ressource. 

Dans  mainte  et  mainte  occasion. 

Mais  je  dis  sans  choquer  les  us, 

Qu'il  est  un  modus  in  rébus. 

C'est  ce  modus  qu'avec  instance 

1.  L'auteur  veut  sans  doute  désigner  l'Hôlel-Dieu,  situé  encore  dans  le 
bas  de  la  ville,  près  de  la  cathédrale,  et  transféré  seulement  en  1827  dans 
l'ancienne  abbaye  de  Saint-Remi.  Sinon,  il  voudrait  parler  d'une  maison 
d'enfants  trouvés,  fondée  par  des  particuliers  et  entretenue  par  eux,  mais 
nous  ne  connaissons  pas  d'établissement  de  ce  genre  à  Reims  avant  la 
Révolution. 

2.  Un  sçavant  pourroit  prouver  que  les  Hébreux,  les  Grecs  et  les 
Romains  se  sont  plaints  de  tous  temps  des  cloches.  Ce  seroit  ample 
matière  à  une  sçavante  dissertation.  Mais  comme  l'érudition  n'est  pas  de  la 
compétence  d'un  Paroissien  de  Saint-Jean,  je  me  contenterai  de  prouver 
mon  texte  par  un  fait  plus  moderne.  M.  le  cardinal  de  Hetz  étant  allé  voir 
M'  Mazin  (?),  curé  de  S'-Paul  à  Paris,  les  cloches  vinrent  à  sonner  pour  un 
mort  de  considération.  Tandis  qu'ils  étoient  en  conversation,  on  ne  s'enten- 
doit  pas.  M' le  cardinal  demanda  au  curé  si  le  sou  des  cloches  ne  l'impor- 
tunoit  point  ?  Il  répondit  fort  à  propos  ;  Tantum  valent  quantum  sonant. 
{Note  de  l'auteur.) 


LA  CAMPANÔMANIE  6b3 

170.        Monsieur,  je  vous  demande  ici. 

Daignez  donc,  par  un  bout  d'écrit, 

Réprimer  Vaffreuse  licence  ^--^ ... 

Des  cloches,  des  carillonneurs, 

Et  de  toute  cette  séquelle 
1^5.         Qui  met  le  comble  à  nos  malheurs. 

En  nous  rompant  tête  et  cervelle. 

Notez  qu'il  est  bon  d'observer, 

Que  tous  nos  sçavans  du  quartier 

Ne  peuvent  plus,  en  conscience, 
180.         Avec  un  tel  charivari 

Faire  aller  enpai.x  le  métier. 

Ni  venir  au  point  de  science 

Où  le  repos  seul  nous  conduit. 

Prenez  votre  course  par  autrui 
l85.         Vous  qui  faites  cas  de  l'étude  ; 

Et  qui  la  cultivez  en  paix, 

N'est-ce  pas  à  la  solitude 

Que  vous  devez  tous  ces  succès. 

Qui  marquent  au  coin  du  génie 
190.         Tous  les  momens  de  votre  vie  ? 

Pour  moi  que  le  démon  des  vers 

Poursuit  parfois,  vaille  que  vaille. 

Et  qui  par  caprice  rimaille. 

Souvent  à  tort  et  à  travers  ; 
195.         Comment  voulez-cous  qu'Apollon 

Et  me  favorise  et  m'inspire 

Au  milieu  de  ce  carillon  ? 

Souvent  Je  souffre  le  martyre 

Pour  attraper  un  vers  ou  deux  : 
aoo.         Dans  le  plus  fort  démon  délire, 

J'ai  beau  m' arracher  les  cheveux, 

Mordre  mes  doigts,  frotter  mon  front. 

Je  reste  court  et  la  mesure 

M'échappe  par  l'affreux  murmure 
2o5.         Qui  règne  dans  tout  le  canton. 

J'ai  beau  courir  après  la  rime, 

Je  la  perds,  et  suis  la  victime 

D'un  carillonneur  insolent. 

Qui  du  plus  haut  de  sa  gueritte 
2ÎO.         A  me  faire  enrager  s'excite. 

Et  rit  peut-être  méchamment 

De  ma  peine  et  de  mon  tourment. 


654  LA   OAMPANOMANIE 

Ah!  par  une  Ordonnance  utile, 

Rendez  donc  la  paix  à  la  Ville. 
2i5.         Trois  points  très  fameux,  se  dit-on, 

(Et  c'est  sans  doute  avec  raison) 

La  distinguent  par  excellence, 

L'odeur,  le  son,  la  médisance  '. 

Quant  au  premier,  Vairj-  pourvoit  : 
220.         I^our  le  dernier,  les  Gens  de  loi 

Nous  disent,  avec  assurance, 

Quilj'  a  sur  ce  prescription  ; 

Qu'on  irait  contre  la  Raison, 

Et  contre  le  droit  de  nature, 
225.         En  touchant  ce  point  délicat. 

IVe  risquons  donc  point  l'avanture. 

Et  n  entrons  point  dans  ce  débat  -. 

Mais  pour  le  son.  Monsieur,  de  grâce, 

Pourvoj'ez-j"  ;  si  mieux  n'aimez 
23o.         Que  nous  abandonnions  la  place. 

Nous  y  serons  bientôt  forcés 

Si.  par  Ordonnance  efficace. 

Les  choses  ne  changent  de  face. 

Il  s'agit  de  notre  repos, 
235.        Et  du  salut  de  nos  oreilles  ; 

Un  Règlement  fait  à  propos 

Fera  sur  ce  point  des  merveilles. 

Le  récit  d'un  si  Iriste  état 

Doit,  Juste  et  sage  Magistrat, 
240.         Toucher  votre  âme  bienfaisante  ; 

Rendez  la  ville  moins  sonnante  : 

Pour  vos  oreilles  et  pour  nous 

1.  L'auteur  attribue  à  Reims  un  dicton  encore  courant  sur  Toul.  Voir 
Léon  Gkbmain,  Anciennes  cloches  lorraines  ;  Nancy,  I880,  p.  46,  note  : 
(I  II  parait  qu'à  Toul,  également,  les  cloches  se  faisaient  souvent  entendre  ; 
on  lui  appliquait,  dit-on,  les  qualifications  de  ville  puissante,  sonnante, 
puante,  médisante,  bien  différentes  de  la  célèbre  légende  :  Urbs  pia, 
prtsca,  (idelis.  «  —  Sur  le  folklore  des  cloches  a  Toul,  voir  :  Foukikh  de 
bACOUKT,  Le  sonneur  de  Toul  (à  propos  d'une  chanson],  dans  le  Journal 
de  la  Société  d'archéutogic  de  Lorraine,  août  1897,  p.  171. 

2.  On  sait  que  les  pamphlets  les  plus  mordants  étaient  de  mise  à  cette 
époque.  Notre  poète  fait  peut-être,  ici,  allusion  à  la  pièce  satirique,  L'Avis 
aux  curieux  ou  Bibliothèque  choisie,  qui  était  dirigée  contre  les  membres 
du  Chapitre  métropolitain  et  fut  condamnée  par  sentence  en  1758.  Ou  l'at- 
tribuait à  Nicolas  I3ergeat,  viiame  du  chapitre  et  lils  du  lieutenant  général 
de  police. 


LA   CAMPÀNOMANIE  658 

Que  i>otre  bonté  s'intéresse  ; 
Notre  sort  en  sera  plus  doux, 
245.          Chacun  vous  bénira  sans  cesse  ; 

Et  saint  Biaise  priera  pour  vous  '. 

Auguror  en  ;  Vincei  :  votivaque  carmiiia  r/'Adam  : 
Et  magno  nobis  ore  sonandus  pris. 

(OviD.    UB.    1.    DE  ÂRTE   AM&MDI,   V.    205.) 

D.  A.  J.  B.  F \ 

Paroissien  de  Sainl-Jean. 

(Bibliothèque  de  Reims.  —  Vers  de  }P  (sans  nom).  —  Recueil 
de  pièces  en  vers  et  en  prose.  Manuscrit  iii-4o  autogra[»hc  du  D' 
L.J.  Raussin,  n»  1077,  f"'  203  à  210.) 

1.   Saint  Biaise  est  le  palioa  des  iileurs  et  des  cardeurs,  profession  que  se 
donnait  l'auteur  du  poème,  vers  41. 
.2.   Dom  Antoine  Jean-Baptiste  Fournier. 


ACTES    RELIGIEUX    DE   JUVANZÉ 


L'idée  nous  est  venue  de  compulser  les  actes  religieux 
de  Jtivanzé  qui  dépendait  autrefois  du  bailliage  de  Chaumont. 
Ces  actes  remontent  à  i6 ^3.  Grâce  à  eux,  nous  avons  pu 
dresser  la  liste  des  curés,  des  seigneurs,  des  procureurs 
fiscaux  et  de  quelques  abbés  et  prieurs  de  Beaulieu  (près 
Trannes)  jusqu'à  la  Révolution.  Voici  le  résultat  de  nos 
recherches. 


Curés  de  Juvanzé. 

i.  F.  Baulmonl,  1673. 

2.  P.  JoUy  (vicaire),  28  janvier  1689).  il  est  décédé  le  17  avril 
1701  et  a  été  inhumé  dans  l'église  par  M.  Barat,  curé  de  Dienviile. 

3.  J.-B.  de  Va55an,  décédé  le  17  janvier  1707.  Il  avait  été  aupa- 
ravant curé  du  Petit-Mesnil,  et  il  a  été  inhumé  dans  le  chœur  de 
l'église.  Sur  sa  tombe,  on  lit  cette  inscription  :  «  Je  suis  ici  pour 
orner  cette  église  et  couvrir  les  cendres  de  Jean-Baptiste  de  Vas- 
san,  p. -curé  de  cette...  posée  le...  16...  Priez  Dieu  pour  lui.  » 
Cette  épilaphe  indique  que  la  tombe  a  été  posée  avant  le  décès  de 
J.-B.  de  Vassan. 

4.  François  Bourgogne,  décédé  le  2  juin  1707. 

^.  Jacques  Bourgeois.  Confirmation  donnée  à  Juvanzé,  le  12 
juin  1717,  par  Ms""  l'évêque  de  Waterford,  en  Irlande,  de  passage 
ce  jour-là  à  l'abbaye  de  Beaulieu. 

6.  Poincelier  (4  juillet  1723).  Il  est  décédé  le  9  novembre  1762 
et  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  selon  sa  demande. 

7.  Jeannet  (31  janvier  1763).  Il  disparaît  le  2  juillet  1792^  et 
Ton  ne  sait  pas  ce  qu'il  est  devenu.  Depuis  cette  époque,  Juvanzé 
n'a  plus  été  qu'une  annexe  d'Unienville,  et  ce  sont  les  curés  de 
celte  paroisse  qui  le  desservent. 

II 

Abbés  et  prieurs  de  Beaulieu. 

Les  abbés  et  prieurs  de  Beaulieu,  de  l'ordre  des  Prémontrés, 
qui  figurent  sur  les  registres  ecclésiastiques  de  Juvanzé,  sont  : 

•  Juvanzé  (Aube),  arrondiss.  de  Bar-sur-Aube,  canton  de  Vendeuvre. 


ACTES   RELIGIEUX  DE   JUVANZÉ  657 

1.  F. -Alexandre  Macadrez^v  chanoine  régulier  de  S. -Augustin 
en  l'église  Notre-Dame  de  Beaulieu,  ordre  de  Presniontré  »  (14 
avril  168G). 

2.  ...  Rousseau,  frère  de  Gabrielle  Rousseau,  épouse  de 
Calixte  Largentier,  sieur  du  Cauroy  (I69u). —  Voir  Mémoires  de  la 
Société  académique  de  l'Aube,  tome  XXII^  p.  281. 

3.  F.  Delasalle,  bachelier  de  théologie^  prieur  de  Beaulieu 
(25  avril  1700). 

4.  F.  Déliions  (Dethaas),  prieur  de  Beaulieu  (9  novembre  1762). 

5.  F.-Claude  Corbel,  chanoine  régulier  de  l'abbaye  de  Beaulieu 
(H  novembre  1782). 

6.  F.-Claude  Coulbaul,  sous-prieur  de  Tabbaye  de  Beaulieu 
(9  novembre  1789).  En  1815,  il  remplace  M.  Fringant.,  curé 
d'Unienville,  devenu  curé  du  Pelil-Mesnil,  jusqu'à  l'arrivée  de 
M.  Charles  (18  octobre  1820  i). 

III 
Les  seigneurs  de  Juvanzé  et  leurs  enfants. 

1.  Marr/uerite  de  Beaufort^  femme  de  noble  homme  Edme 
Grillât  de  la  Tour  ((3  février  1G78-). 

2.  Nicolas-François  de  Ma?iissic.,  noble  homme,  seigneur  de  la 
terre  de  Jouvandé,  décédé  le  24  septembre  1678,  «  mort  par  un 
assassinat.  » 

3.  Jacques.,  fils  de  noble  homme  Edme  Grillât  de  la  Tour  et  de 
Marguerite  de  Beauforl. 

4.  Melchior  Guérin,  seigneur  de  Jouvandé,  décédé  le  4  décem- 
bre 1683.  Sa  veuve  se  nommait  Louise  Ducord. 

5.  Gaspar  Grillât  de  la  Tour,  fils  d'Edme  et  de  Marguerite  de 
Beaufort  (29  septembre  1684). 

6.  Jacques  de  Beaufort,  écuyer,  capitaine  au  régiment  de 
Molins  (20  février  1690). 

7.  Pierre  de  Beaufort,  fils  de  Jacques  et  de  d'^^''^  Jeanne  Cotte- 
net.  Il  fut  baptisé  le  12  novembre  1692  et  eut  pour  marraine  Mar- 
guerite de  Beaufort.  Il  mourut  à  deux  mois.  Marguerite  de  Beau- 
fort,  fenmie  de  feu  Edme  Grillât  de  la  Tour,  «  escuyer,  major  du 
fort  Trifon  de  Besanson  »,  décéda  peu  de  temps  après.  A  son 
deuil  assistaient  M''''  Cottenet,  prévôt  de  CynavoUe  et  autres  lieux, 
et  d^"*'  Jeanne  Cottenet,  femme  de  Jacques  de  Beaufort  (17 
avril  1693). 

8.  Claude,  fils  de  Jacques  de  la  Tour.  Il  fut  baptisé  le  13  sep- 

1.  Voir  Revue  de  Champagne  d  de  Brie,  tome  II,  15°  année,  p.  572. 

2.  Inhumé  le  3  février  I68*<  (liasse  de  1773  à  1792). 

42 


658  ACTES   RELIGIEUX   DE   JUVANZE 

tembre  1694,  et  eul  pour  parrain  Claude-Marliu  de  Choisey,  et 
pour  marraine  d'^"'=  Jeanne  Juliot  de  CvnavoUe. 

9.  Joanne  de  la  Tour,  fille  de  Jacques.  Elle  fut  baptisée  le 
23  août  1693,  et  eut  pour  parrain  M'"e  Jacques  Rousselot,  lieutenant 
général  de  la  baronnie  de  Jaucourt,  et  pour  marraine  M"**  Gabrielle 
du  Cauroy,  sœur  de  M.  l'abbé  de  Beaulieu. 

10.  AnloincUe,  fille  de  Jacques,  baptisée  le  21  novembre  1096. 
H.  Suzanne,  fille  de  Jacques,  baptisée  le  13  février  1098. 

12.  Marie,  fille  de  Jacques,  baptisée  le  2  février  1699. 

13.  Marguerite,  fille  de  Jacques,  baptisée  le  1"'  mai  1700.  Elle 
eut  pour  marraine  Marguerite  Ix  Gousl. 

14.  Jacques  Gaspar,  fils  posthume  de  feu  Jacques.  Il  fut  baptisé 
le  15  avril  1703.  11  eut  pour  parrain  Claude  de  Grillât,  écuyer,  et 
pour  marraine  d°"^  Jeanne  de  Grillât,  ses  frère  et  so-ur. 

15.  Claude  de  Beauforl^  lieutenant  au  régiment  d'infanterie  de 
Béry. 

16.  Jean-Françon  Nonnier,  seigneur  do  Montmartin  etVelotte, 
veuf  de  défunta  d<""«  Barbe  Poirel,  de  la  paroisse  de  S*-Pierre  de 
Besançon,  époux  de  dame  Jeanne  Grillât  de  la  Tour  de  Beaufort, 
v^  de  M'''=  Charles  de  Serre,  écuyer,  capitaine  au  régiment  d'En- 
guien.  A  son  mariage,  qui  eut  lieu  le  7  mai  17.33,  furent  présents 
M'*^  Claude  de  Beaufort,  écuyer,  Antoinette  de  Beaufort  et  Nicolas 
Garnier,  gruier  au  duché  de  Montmorency,  demeurant  à  Éclance. 

IV 
Procureurs  fiscaux  de  Juvanzé. 

1.  Etienne  Gossement,  procureur  fiscal  (12  décembre  1673). 

2.  Jean  Vérin,  lieutenant  en  la  justice,  époux  de  Marie  Ilurpoil 
(29  mars  1682  *). 

3.  Adrien  Durusly  syndic  de  Jouvanzé  (11  décembre  1705). 

4.  Adrien  de  Vaucrlle,  procureur  fiscal  (id.). 

5.  Ëdme  Forestier.,  procureur  du  Roi  «  de  la  merrie  royale 
d'Eurville,  d'^  à  Jouvanzé  »  (11  février  1714). 

G.  Jean  Jo/frin,  procureur  fiscal  (29  janvier  1720). 

7.  Louis  Bergeral  {H  mai  1740). 

8.  Edmc  lieifjerat  (!"■  noven)bre  17.)9)  :  c'est  l'un  des  ancêtres 
de  M.  l'abbé  Bcrgerat,  décodé  curé  de  Chaullour-les-Baillis,  et 
inhumé  par  moi,  dans  le  cimetière  de  Juvanzé,  le  2  juin  1892,  à 
l'âge  de  89  ans. 

1.   Parenl  des  Vérin  d'Uuieuville  {Kevue  de  Champagne,  ibid.,  p.  570). 


▲CÎBS   BELiaiBUX   DE  JUVAMZÉ  659 


Mobilier  de  léglise  de  Juvanzé. 

Parmi  les  objets  de  l'église  de  Juvanzé  qui  offrent  quelque 
iuléiêl,  il  faut  ciler  : 

i°  Dans  l'abside^  3  fenêtres,  plein  cintre,  de  même  grandeur 
(2""  surO'"80  de  large  à  peu  près),  séparées  l'une  de  l'autre  par 
toute  l'épaisseur  du  mur  qui  va  en  rétrécissant  à  l'intérieur.  Elles 
sont  ornées  de  vitraux  peints  qui  représentent  «  le  cruci/ienient 
de  Nolrc-Scigneur  ».  Au  milieu,  J.-C.  en  croix^  et  deux  anges  qui 
recueillent,  dans  des  coupes  d'or,  le  sang  qui  s'échappe  de  ses 
mains  et  de  son  coté.  A  droite,  la  Maler  dolorosa  ;  à  gauche, 
.S'  Jean,  le  disciple  bieu-ainié.  Au  bas  du  Christ,  les  armes  d'un 
Lefcbvrc  :  d'azur  à  S  pals  d'or,  celui  du  milieu  charge  de  .v 
roses  de  gueules. 

2'  A  gauche  de  l'autel,  il  y  a  un  autre  vitrail  qui  ligure  «  la 
Descente  de  croix  >'.  La  T.  S.  Vierge  lient  dans  ses  bras  son  cher 
Fils  ;  S'  Jean  est  à  sa  droite  et  Marie-Aladeleine  à  sa  gauche.  A 
côté,  le  donateur,  un  ecclésiastique  avec  le  surplis  à  larges  man- 
ches, à  genoux,  les  mains  jointes,  lixe  Notre-Seigneur,  et  laisse 
échapper  de  son  cœur  ces  paroles  du  Slubal  Maler,  qu'on  lit  sur 
une  banderole  (jui  lui  entoure  la  tête  :  «  Ei,a^  Mater,  fons  amoris., 
me  aenlire  vira  doloris,  fac  ut  lecum  luyeam.  »  (Lettres  gothi- 
ques.) 

3°  Le  maitre-autel,  aujourd'hui,  n'est  plus  appuyé  contre  l'ab- 
side, mais  il  coupe  le  sanctuaire  de  façon  à  laisser  un  espace  suffi- 
sant pour  servir  de  sacristie.  Il  n'a  rien  de  remarquable  par  lui- 
même,  mais  le  tableau  peint  qui  le  domine  et  les  retables  qui 
l'accompagnent  ne  manquent  pas  de  valeur. 

Le  tableau,  qui  mesure  i'"  de  haut  sur  lni20  de  large,  repré- 
sente S'  Gengoul,  patron  de  la  paroisse,  à  genoux,  les  bras  éten- 
dus et  les  yeux  fixés  vers  la  T.  S  Vierge.,  qui  tient  l'enfant  Jésus 
dans  ses  bras.  Il  porte  un  grand  manteau  rouge  retenu  par  une 
agrafe,  par  dessous  un  vêtement  blanc  avec  brandebourg  d'or 
et  de  longs  cheveux  bouclés  tlottent  sur  ses  épaules.  En  bordure, 
de  chaque  côté,  un  ange  de  profil,  le  dos  appuyé  ^contre  le 
tableau,  une  chute  de  roses  variées  et  une  petite  coi'beille  de 
fleurs.  Dans  un  coin  du  tableau,  on  lit  celte  inscription  ;  ^  G,  Col- 
lard,  pinxit,  1710.  » 

Les  retables  qui  accompagnent  l'autel,  et  qui  ne  s'élèvent  que 
jusqu'à  la  base  du  tab'eau,  se  distinguent  aussi  par  leurs  chutes  de 
tleurs  et  leurs  jolis  chanitoaux.  Leur  fronton  est  surmonté  d'un 
vase  portant  un  cœur  enllammé.  Dans  celui  de  droite,  on  voit 
l'écusson  d'un  abbé  (de  Beaulieu  sans  doute)  :  d'azur  à  3  losan- 
ges de  gueules.,  avec  mitre,  crosse,   cordon   et  palme  à  l'entour. 


660  ACTES   RKLIGIEUTC    DE   JUVANZE 

Dans  celui  de  gauche,  ce  sont  les  armes  de  l'Oratoire,  ûgure  en 
lettres  d'or  le  chiffre  :  (lESVS  MARIA)  entouré  d'une  couronne 
d'épines. 

4»  Signalons  un  beau  fauteuil  en  chêne.  Il  est  de  forme  carrée 
et  mesure  à  peu  près  2"'  de  haut  sur  1m  de  large.  Tout  le  siège  a 
été  remplacé  et  n'a,  par  conséquent,  rien  de  saillant  ;  mais  le  dos- 
sier est  finement  travaillé  :  quatre  élégantes  colonnettes  le  déco- 
rent du  haut  en  bas,  et  trois  panneaux  creusés  dans  le  bois,  entre 
les  colonnettes,  et  enrichis  d'arabesques,  donnent  à  ce  fauteuil  un 
cachet  artistique.  Le  fronton  qui  le  termine  ressemble  à  une 
espèce  de  cartouche  surmonté  d'une  croix. 

5«  Les  rétables  de  la  S'<=  Vierge  et  de  S'  Nicolas  sont  de  la  même 
facture  et  probablement  de  la  même  époque  que  le  maitre-autel. 
Les  figures  qu'ils  encadrent  sont  plutôt  l'œuvre  d'un  barbouilleur 
que  d'un  peintre  ;  mais  il  y  a  près  d'elles,  appuyée  contre  la 
muraille,  une  statue  en  bois  (0"'50),  la  Vierge  à  la  chaise^  por- 
tant l'enfant  Jésus  dans  ses  bras,  qui  paraît  recommandable  au 
moins  par  son  antiquité. 

6°  Nous  avons  trouvé  dans  le  grenier  du  presbytère  d'Unienville 
une  plaque  de  marbre  que  nous  avons  fait  encastrer  dans  le  mur 
de  l'église  de  Juvanzé,  et  qui  porte  cette  inscription  :  «  M"'»  Ber- 
nard Plumey,  pbre  natif  du  lieu  d'Unyeiiville,  vivant  chanoine  à 
S'  Maur  des  fossez  les  Paris,  a  fondé  deux  obits  en  l'église  de 
Jouvanzé  chascun  d'une  messe  haulle  et  vigiles  chatées  à  pareil 
jour  que  François  Plumey  son  père  qui  decedda  le  Xl'°«  novbre  et 
l'autre  le  jour  du  deceds  de  Barbe  de  la  Motte  sa  mère,  laquelle 
decedda  le  2I«  du  mois  et  an  1627.  Pour  lad.  fondation  a  donné 
des  héritages  (qui  va)lent  XXXI  livres  en  fond.  Prié  Dieu  pour  son 
âme.  » 

7"  L'église  de  Juvanzé  ne  possède  qu'une  petite  cloche,  et 
encore  elle  est  félée.  Celte  cloche  «  a  été  fondue  en  1809  et  a  eu 
pour  parain  W  Edme  Dergeral  de  Jouvanzé,  et  pour  maraine 
Anne- Angélique  £'My?'arcî.  M»"  Marey  adjoint  ;  Jacquot  et  Bollée, 
fondeurs  à  Brevonne.  »  (Inscription  sur  la  cloche.) 

8°  Les  archives  paroissiales  de  Juvanzé  renfermaient,  il  y  a 
quelques  années,  une  Bulle  en  parchemin  du  pape  Paul  V  (9  août 
1613),  accordant  des  indulgences  aux  confrères  de  la  confrérie  de 
S.  Nicolas  de  Juvanzé.  Elle  a  été  remise  à  Ms""  Cortet,  en  tournée 
de  confirmation  ;  mais  la  copie  du  texte  latin  et  une  traduction 
française  restent  entre  nos  mains. 

Abbé  Chauvet. 


Le  Pont  de  la  Plelle  à  Troyes 


ÉTUDE  SUR  L'ANCIExN  CHAPITRE  DE  LA  CATHÉDRALE 


tv/iJWtfW-      ■■ 


Chercheur  heureux  et  perspicace,  travailleur  habile  et 
infatigable,  M.  Albert  Babeau,  notre  distingué  compatriote, 
dont  les  nombreux  travaux  historiques,  marqués  au  coin  de  la 
plus  haute  érudition,  goûtés  et  appréciés  à  leur  juste  valeur, 
sont  aujourd'hui  dans  toutes  les  mains,  M.  Albert  Babeau, 
dis-je,  nous  a,  par  deux  fois  déjà,  si  je  ne  me  trompe,  entre- 
tenu du  Vouldy,  de  sa  demeure  seigneuriale  et  de  ses  proprié- 
taires titrés. 

Dans  une  première  notice  ayant  pour  titre  le  Vouldy^,  il  nous 
a  décrit  par  le  menu  l'habitation  luxueuse,  les  jardins  immenses 
plantés  d'arbres  et  d'arbustes  rares  2,  les  pièces  d'eau  dans 
lesquelles  prenaient  leurs  ébats  des  poissons  de  toutes  sortes, 
les  parterres  parfumés  de  celte  propriété  princière,  jugée 
digne  à  trois  reprises  de  la  visite  d'un  roi.  Nous  avons  fait 
connaissance  avec  ses  propriétaires  successifs  ;  constatant  sa 
prospérité  avec  Guichard  et  son  fils,  messire  François,  baron 
du  Vouldy  ;  voyant  le  commencement  de  sa  décadence  avec 
l'original  Simon  Michel,  seigneur  de  la  Pépinière,  et  sa  ruine 
complète  avec  Jean-François  du  Vouldy  ;  assistant  enfin  au 
morcellement  définitif  de  cet  immense  domaine  qui  s'émietta, 
comme  tant  d'autres,  hélas  !  aux  caprices  des  enchères,  à  la 
Révolution  ^ 

1.  Annuaire  de  l'Aube  pour  l'année  18 85. 

2.  Un  cèdre  du  Liban,  dernier  survivant  des  arbres  séculaires  qui 
ombragèrent  autrefois  la  propriété  du  seigneur  du  Vouldy,  étend  encore 
aujourd'hui  ses  robustes  rameaux  au-dessus  de  l'avenue  Weber. 

3.  D'après  un  mémoire  dressé  en  1690  par  Angenoust  et  retrouvé  aux 
Archives  de  l'Aube  (liasse  G  3178),  la  propriété  du  Vouldy  se  composait 
encore  à  celte  époque,  répartis  en  bâtiments,  cours,  jardins,  allées,  viviers, 
canaux,  vignes,  prés,  bois,  etc.,  de  trente-cinq  arpents  dix  cordes  ;  le  Voyer, 
qui  appartenait  aussi  à  Guichard,  se  composait  en  outre  de  dix  arpents  cin- 
quante-sept cordes  :  soit  un  total  de  quarante-cmq  arpents  soixante- sept 
cordes.  Ce  domaine  avait  été  considérablement  augmenté,  car  en  1622 
M.  du  Vouldy  avaii  acheté  de  son  beau-père,  Claude  Angenoust,  moyen- 
nant deux  mille  sept  cents  livres,  m  un  accin  sur  leqnel  il  v  a  maison, 
granges,  estables,  contenant  cinq  arpents  u. 


fi62  LE    PONT    DE    LA    PIELLE    A    TROTES 

Et)  lisant  ;  Un  maU^e  de  chapelle  sous  Louis  XIII \  nous 
avous  entendu  dans  les  jardins  du  seigneur  du  Vouldy,  par 
une  belle  journée  d'automne,  sous  les  frais  ombrnges  d'une 
treille  chargée  de  grappes  jaunissantes,  un  concert  original 
donné  en  présence  el  en  l'honneur  du  roi  et  de  sa  cour,  par  les 
petits  enfants  de  chœur  de  la  collégiale  Saiul-Étienne,  les  uns 
chantant,  les  autres  jouant  de  la  viole,  sous  la  direction  de  leur 
niaîlre  Etienne  Bergerat,  de  joyeuse  mémoire. 

Que  peut- il  nous  rester  à  glaner  derrière  un  tel  moisson- 
neur, et  ne  sera-ce  pas,  de  notre  part,  une  insigne  témérité  de 
revenir  sur  un  chapitre  traité  deux  fois  déjà  par  un  tel 
écrivain? 

Tout  n'a  pas  été  dit  sur  ce  sujet  cependant,  puisque 
il.  Albert  Babeau  lui-même,  dans  sa  première  notice,  a  posé 
une  question  dont  la  solution  peut  paraître  sans  importance, 
mais  à  laquelle  nous  avons  cru  utile  de  répondre,  persuadé 
que  dans  l'histoire  glorieuse  de  notre  vieille  cité,  il  ne  peut  y 
avoir  si  petit  point  qui  ne  mérite  que  nous  nous  y  arrêtions. 


Vers  le  milieu  du  mois  de  février  1G30,  un  messager  royal 
remettait,  de  la  part  de  Louis  XIII,  sur  le  bureau  de  l'échevi- 
nage  de  Troyes,  la  lettre  suivante  : 

«  De  par  le  Roy, 

«  Chers  et  bien  amez.  Ayant  résoUu  de  partir  de  cesle  ville 
«  pour  Nous  en  aller  à  Troyes,  en  intention  d'y  faire  quelque 
a  séjour  avec  nostre  cour  et  suitte,  Nous  vous  avons  bien 
«  voullu  faire  ceste  lettre  pour  vous  en  donner  advis,  el  vous 
«  dire  que  vous  ayez  la  plus  grande  diligence  qu'il  vous  sera 
«  possible,  à  faire  repu-er  les  chemins  sur  les  advenues  de 
«  cesle  ville  à  celle  de  Troyes,  comme  aussy  le  chemin  de 
«  nostre  ville  de  Troyes  en  la  maison  du  sieur  du  Vouldy,  l'un 
«  de  nos  maislres  d'hostel,  mesme  de  faire  faire  un  pont  de 
«  bois,  avec  garde  folz,  devant  le  moulin  nommé  La  Pielle, 
«  suffisant  pour  passer  eu  carosse,  quand  nous  y  vouldrons 
a  aller;  ce  que  vous  aurez  à  faire  par  corvées  ou  aultres  voyes 
«  que  vous  verrez  plus  commodes.  Sy  uy  faictes  faulte,  car 
«  tel  est  nostre  plaisir. 

•  Donné  à  Paris,  le  XIII«  jour  de  febvrier  1030. 

•  Signé  :  Louis  ^.  » 

1.  Annuaire  de  lAube  pour  l'année  iSgo. 

2.  Archives  municipales,  A  32. 


LE   PONT   DE    LA.    PIELLE   A   TROYES  663 

Le  18  février,  c'esl-à-dire  dès  le  lundi  (jui  suivit  la  réception 
de  cette  lettre,  le  Conseil  de  l'échevinage,  fidèle  observateur 
de  la  volonté  de  son  roi,  députa  à  cet  effet  le  maire  assisté  d'un 
écheviu  et  d'un  conseiller,  avec  mission  de  se  transporter  sur 
les  lieux  désignés  «  pour  congnoistre  l'endroit  et  place  »  où 
l'on  pourrait  construire  le  pont  commandé  par  Louis  XIII, 
«  et  le  moien  de  le  faire  exécuter  '.   i 

Sur  la  foi  de  cette  lettre  royale,  et  sans  poursuivre  plus  loin 
ses  investigations,  T.  Boiitiol  a  affirmé,  dans  son  Histoire 
de  TroyeSy(\\XQ  l'échevinage  avait  fait  exécuter  les  ordres  reçus 
et  édifier  le  pont  de  la  Pielle  ^ 

Beaucoup  moins  affirmalif,  voici  ce  que  dit  à  ce  sujet 
M.  Albert  Babeaa  dans  sa  notice  sur  Le  Vouldy  (page  5 
du  tirage  à  part)  :  a  Louis  XIII  aurait  même  manifesté  l'inten- 
tion de  loger  dans  la  maison  de  son  ancien  médecin.  Il  donna 
l'ordre  de  construire  un  pont  eu  bois,  avec  garde-fous,  en  face 
du  moulin  de  la  Pielle,  suffisant  pour  passer  en  carrosse.  Le 
pont  fut-il  "terminé  en  temps  utile?  Nous  l'ignorons,   » 

La  lettre  du  roi  à  l'échevinage,  la  nomination  d'une  commis- 
sion composée  de  trois  membres  qui  en  fut  la  conséquence 
immédiate^,  voilà  tout  ce  que  nous  avons  trouvé  concernant 
le  fait  particulier  qui  nous  intéresse  dans  les  Archives  munici- 
pales, mais  les  registres  des  délibérations  capitulaires  de 
l'Église  de  Troyes  vont  nous  fournir  des  documents  détaillés 
et  certains  qui  nous  permettront  de  déterminer  l'époque  pré- 
cise de  la  construction  de  ce  pont,  et  de  répondre  ainsi  à  la 
question  posée  incidemment  par  M.  Albert  Babeau  K 

Nous  croyons  utile,  pour  étendre  un  peu  notre  sujet  et  donner 
aussi  plus  de  clarté  à  notre  récit,  de  dire  d'abord  quelques  mots 
des  démêlés  qui,  antérieurement  à  1630,  avaient  éclaté  entre  le 
Chapitre  de  la  cathédrale  et  Guichard,  seigneur  du  Vouldy. 

* 
Le  Chapitre  de  l'Église  de  Troyes  qui  tenait  de  Thibaud  le 

1.  Archives  municipales,  A  32. 

2.  T.  Bouliol  :  Histoire  de  Troyes,  t.  IV,  page  350. 

3.  Dans  sa  séance  du  lundi  18  février  1630,  le  Conseil  de  l'échevinage 
désigna  Nicolas  Le  Jeune,  maire,  Jehan  Le  Jeune,  échevin,  et  Edmond 
Denise,  conseiller,  pour  faire  partie  de  cette  commission  d'enquête. 

4.  Nous  sommes  heureux  de  remercier  ici  puhliquement,  de  leur  bienveil- 
lance à  notre  égard,  M.  André,  a;chivisle  départemental,  et  M.  Gaston  lialtet, 
archiviste  municipal,  dont  nous  avons  mis  souvent  déjà  à  contribution  les 
bons  conseils  et  la  grande  érudition. 


664  LE   PONT   DE   LA   PIELLE   A   TROTES 

Grand  ses  droits  de  propriété  et  de  justice  sur  le  bourg  Saint- 
Denis  et  le  Pré-l'Évèquei,  dont  dépendait  le  moulin  de  la 
Pielle,  vivait  en  assez  bonne  intelligence  avec  son  riche  et 
puissant  voisin  Guichard  du  Vouldy,  lorsqu'un  incident  de  peu 
d'importance  d'abord,  mais  qui  faillit  dégénérer  eu  un  conflit 
sérieux,  vint  tout  à  coup  rompre  la  bonne  harmonie  et  allumer 
pour  longtemps  la  guerre. 

Sans  être  complètement  exempt  de  reproche,  le  xvii^  siècle 
savait  encore,  suivant  en  cela  les  saines  traditions  du  passé, 
pratiquer  ouvertement  la  religion  de  ses  pères,  honorer  les 
ministres  de  Dieu  et  respecter  leur  autorité.  Comme  aux  épo- 
ques d'une  foi  plus  vive,  il  ne  se  construisait  pas  alors  de 
châteaux  ou  de  maisons  importantes,  qu'à  l'intérieur  ou  à 
l'extérieur  un  endroit  y  fut  expressément  réservé  et  consacré 
à  la  célébration  des  saints  mystères.  Tantôt,  c'était  une  cha- 
pelle plus  ou  moins  luxueuse,  dont  la  flèche  élancée  ou  l'hum- 
ble clocher  se  dressait  dans  le  voisinage  et  à  l'ombre  protec- 
trice des  tours  crénelées  du  vieux  château  féodal  ;  tantôt, 
c'était  un  humble  oratoire  dans  lequel,  sans  sortir  de  leur 
demeure,  pouvaient  venir  prier  à  toute  heure  du  jour  et  de  la 
nuit,  les  habitants  de  ces  maisons  seigneuriales.  Guichard  du 
Vouldy  n'avait  pas  voulu  faire  exception  à  celte  règle  générale, 
et  avait  eu  le  soin  de  ménager,  dans  la  maison  qu'il  venait  de 
faire  construire,  une  petite  salle  servant  d'oratoire,  dans 
laquelle  il  faisait  dire  la  messe  et  quelquefois  même  prêcher. 
Mais  il  n'avait  oublié  qu'une  chose  pourtant  essentielle,  c'était 
d'en  demander  l'autorisation  au  Chapitre  de  la  cathédrale  ;  en 
négligeant  de  se  mettre  eu  règle  vis-à-vis  de  l'autorité  capitu- 
laire,  il  avait  été,  sans  le  savoir  probablement,  contre  la  bulle 
du  pape  Innocent  IV  qui  défendait  expressément,  sous  peine 
d'excommunication,  de  bâtir  le  plus  petit  autel  sur  la  paroisse 
du  patronage  de  l'Église  cathédrale-. 

Le  mercredi  26  août  1626,  les  chanoines  étant  réunis  en 
séance  capitulaire  sous  la  présidence  de  leur  vénérable  doyen 

1.  Le  moulin  du  Pré-l'Évéque,  du  Frieurée,  de  la  Priolée,  et  enfin  de 
la  Pielle,  existait  dès  1191.  Moulin  à  papier  en  1504,  moulin  à  blé  et  à 
écoices  en  1545,  le  moulin  de  la  Pielle  qui  était  la  propriété  du  Chapitre, 
servait  aussi,  en  1577,  à  la  labricalion  de  la  poudre  à  canon  pour  le  service 
du  roi.  Il  fut  vendu  aux  enchères  comme  bien  national  le  11  juin  1791,  et 
adjugé  à  Edme  JoUy,  meunier  de  Pétai.  L'ancien  moulin  de  la  Pielle  est 
aujourd'hui  une  filature  de  coton  qui  appartient  à  M.  Charles  Huot,  lequel 
est  aussi  propriétaire  des  vieux  moulins  historiques  de  Jaillard. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  129G,  f"  318  r«. 


LE   PONT   DE   LA    PIELLE   A  TROYES  665 

Claude  Veslier,  un  membre  du  Chapitre,  le  chanoine  Louis 
Vestier  ^  vint  apprendre  au  Conseil  que  M.  du  Vouldy  faisait 

1 .  Claude  Vestier,  chanoine  et  doyen  de  l'église  de  Troyes,  était  le 
fils  aîné  de  Jacques  Vestier  le  jeune,  marchand  et  bourgeois  de  Troyes,  et 
de  Claudine  Mole  ;  son  frère,  Odard  Veslier,  épousa  Catherine  Corrard,  et 
Catherine  Vestier,  sa  sœur,  se  maria  à  Nicolas  Dorigny.  Jacques  Vestier 
mourut  dans  les  premières  années  du  xvii»  siècle.  Ses  obsèques  solennelles, 
auxquelles  assista  en  corps  le  chapitre  S"-Pierre,  furent  célébrées  en  l'église 
de  S'-Jean-au-Marché,  le  dimanche  16  septembre  1608. 

L'une  des  plus  belles  lumières  Je  l'église  de  Troyes  au  xvi»  siècle,  le 
chanoine  Odard  Mole  que  M'^'  Claude  de  Beauirremont  avait  eu  un  instant 
l'intention  d'appeler  a  la  direction  du  collège,  après  avoir  été  curé  de  S'- 
Nizier,  eut  le  très  grand  honneur  d'êlre  choisi  par  M''  le  duc  de  Guise, 
gouverneur  de  Champagne,  pour  devenir  le  précepteur  de  ses  deux  fils  : 
M^'  de  Chevreuse  et  le  prince  de  Joinville.  Il  partit  avec  ce  dernier  pour 
l'Italie  en  1584  et  se  rendit  à  Rome,  où,  quelques  années  plus  tard,  au 
grand  regret  de  ses  compatriotes,  il  prenait  l'habit  de  jésuite  et  résignait  sa 
prébende  entre  les  mains  du  Souverain  Pontife  Sixte-Quint,  en  faveur  de 
Claude  Vestier  son  neveu,  lequel  lui  succéda  le  24  février  1588, 

Après  de  solides  élud(s  au  collège  des  Jésuites,  à  Paris,  le  jeune  homme 
qui,  dès  son  jeune  âge,  s'était  senti  attiré  vers  l'éiat  ecclésiastique,  se  pré- 
senta à  l'évêque  de  Langres,  aux  Quatre  Temps  de  Noël  15^0,  pour  en 
recevoir  le  sous-diaconat  ;  aux  Quatre  Temps  de  la  S"  Croi^  1394,  Claude 
Vestier  reçut  le  diaconat  des  mains  de  Révérend  Père  en  Dieu  messire  Ves- 
pasien  de  Gribaldi,  ancien  évêque  de  Vienne  ;  il  fut  enfin  promu  au  sacer- 
doce aux  Quatre  Temps  des  Brandons,  le  samedi  18  février  1595,  par  M*'  le 
cardinal  de  Gondi,  évêque  de  Paris. 

Au  chapitre  du  mercredi  8  mars  1595,  au  moment  même  où  Claude  Ves- 
tier se  préparait  à  exhiber,  suivant  la  coutume,  devant  ses  collègues,  ses 
lettres  de  prêtrise,  il  s'aperçut  avec  stupeur  que  celles-ci  lui  avaient  été 
dérobées  ou  qu'il  les  avait  perdues  en  chemin.  Le  sous-chantre  fut  chargé, 
malgré  ce  contre -temps,  de  l'inscrire  au  tableau  :  «  ad  missam  pro 
jucundo  adventû  »,  et  la  semaine  suivante  seulement  put  être  remplie  la 
formalité  des  certificats. 

Le  jeune  chanoine  faillit  être  enlevé,  au  début  d'une  carrière  qui  devait 
être  cependant  si  longue  et  si  fructueuse  (septembre  1596),  par  une  fièvre 
maligne  qui  le  mit  à  deux  doigts  de  la  mort.  Le  Chapitre  tout  entier,  sur 
la  proposition  de  son  doyen  Guillaume  de  Taix,  décida  d'ajouter  aux  orai- 
sons de  la  grand'messe,  pour  la  guérison  du  nouvel  élu,  la  collecte  pro 
infirma  et  ordonna  au  malade  d'user  de  viande  et  d'aliments  gras  aux  jours 
défendus  par  l'Eglise.  Les  prières  des  chanoines  furent  exaucées,  et  Claude 
Vestier  recouvra  la  santé. 

Guillaume  de  Taix,  doyen  du  Chapitre  depuis  le  mardi  2  décembre 
1572,  après  la  mort  du  chanoine  Jehan  Guillemel  survenue  à  Paris  le  20 
novembre  précédent,  mourut  saintement  le  mardi  7  septembre  1599,  vers  les 
six  heures  du  matin,  et  sa  dépouille  mortelle  fut  enterrée  dans  la  nef  de  la 
cathédrale,  «  proche  la  chaire  où  se  fait  la  prédication  ».  Dès  le  15  septem- 
bre suivant,  Claude  Vestier  se  présenta  devant  le  Chapitre  pour  lui  faire 
part  que  du  vivant  même  du  vénérable  doyen  décédé,  il  avait  été  désigné 
par  lui  pour  le  remplacer  dans  sa  charge  et  dans  sa  dignité.  Mais  le  chanoine 
Odard  Henuequin  se  levant,  protesta  énergiquement  contre  cette  prétention 
et  opposa  son  élection  à  celle  de  Claude  Vestier. 


666  LE   PONT   DE   LA    PIELLE   A    TROYES 

«  de  jour  à  aullre  célébrer  la  messe  en  une  maison  et  jardin 
sien,  prosche  le  moulin  de  la  Pielle  ».  qu'il  y  avait  même  fait 

Par  uu  acte  signé  de  sa  main,  en  date  du  22  avril  1599,  Guillaume  de 
Taix,  senlant  sa  tin  prochaine,  avait  en  elFel  désigné  Claude  Veslier  comme 
son  successeur  ;  le  29,  cette  procuration  avait  été  envoyée  à  Rome  où  elle 
n'était  arrivée  que  le  31  mai.  Lacceplalion  du  pape  n'était  pas  encore  reve- 
nue le  17  septembre,  jour  choisi  pour  léleciion.  Avant  de  prendre  une 
décision,  les  chanoines  voulurent  assister  à  une  messe  du  S'-Espril,  à  l'issue 
de  laquelle  et  après  mûre  réllexion,  ils  désignèrent  le  chanoine  Odard  Henue- 
quin  comme  devant  prendre  la  place  de  Guillaume  de  Taix.  Le  procès-ver- 
bal de  cette  élection  fut  dressé  par  Pierre  Dadié,  chantre  en  dignité,  lequel 
fut  aussi  désigné  pour  aller  à  Sens  en  demander  la  confirmation.  Mais,  le 
22  septembre,  arrivèrent  enfin  les  bulles  do  Clément  VllI  qui  firent  annuler 
la  première  élection,  et  Claude  Veslier  fut  immédiatement  élevé  à  la  dignité 
de  doyen  du  chapitre  de  la  cathédrale. 

Celle  rivalité  donna  lieu  à  un  très  long  procès.  Actif,  remuant  et  ambi- 
tieux, le  chanoine  Odard  Heunequin  qui,  pendant  les  guerres  de  la  ligue, 
avait  une  première  fois  exercé  par  intérim  la  charge  de  doyen,  alors  que 
chassé  de  Troyes  par  le  cardinal  de  Lorraine,  Guillaume  de  Taix  s'était 
relire  à  Châlons,  ne  craignit  pas  d'accuser  ouvertement  son  concurrent 
d'avoir  soudoyé  contre  lui  cinquante  hommes  d'armes.  Ceux-ci,  affirmait-il, 
avaient  reçu  la  mission  de  pénétrer  dans  le  chœur  de  la  cathédrale  pendant 
les  offices  et  d'enlever  par  la  force,  de  la  place  qu'il  y  occupait,  celui  sur 
lequel  s'était  porté  tout  d'abord  le  chois  du  Chapitre,  Claude  'Veslier  ne 
s'émut  pas  outre  mesure  de  cette  terrible  accusation  et  répondit  simplement 
que,  non  pas  cinquante  hommes  d'armes,  mais  dix  seulement  étaient  venus 
spontanément  n.elire  leur  épée  à  son  service.  Et  voici  quelle  a  été  ma 
réponse,  ajouta-l-il  nobl-inenl  :  «  J'aimerais  mieux  mourir  que  de  donner 
mon  consentement  à  uu  pareil  scandale.  » 

Par  la  noblesse  et  l'ancienneté  de  sa  famille,  par  son  âge  (Odard  Hea- 
uequin  avait  été  ordonne  prêtre  à  l'aris  en  1381  et  devait  être  d'une  quin- 
zaine d'années  plus  âgé  que  son  concurrent),  par  les  dignités  dont  il  avait  été 
successivement  revêtu  :  syndic  du  Chapitre  en  1586,  grand  chambrier  en 
1587,  vicaire  capitulaire  en  1593  à  la  mort  de  \i^"  Claude  de  Beaulfremonl, 
échevin  de  Troyes  en  1.094,  archidiacre  de  Margerie  la  même  année,  enfin 
doyen  du  Chapitre  du  l'J  décembre  1589,  jour  où  il  prêta  serment  entre  les 
mains  de  Jehan  Dehaull,  grand  archidiacre,  jusqu'au  7  décembre  159-i,  date 
à  laquelle  Pierre  Damours,  conteiiler  du  roi  et  superintendant  de  la  justice 
et  police  de  la  ville  et  bailliage  de  Troyes,  vint  eu  personne  et  en  vertu 
d'un  arrêt  obtenu  par  Guillaume  de  Taix,  réinlégri-r  ce  dciiiier  dans  sa 
dignité  de  doyen  du  Chapitre  el  le  réinstaller  au  chœur  de  la  cathédrale, 
pour  tous  ces  motifs,  Odard  Ifenuequin  avait  une  certaine  iniluence  sur  ses 
collègues.  Aussi  s'en  servit-il  adroitement  pour  intriguer  contre  Claude 
'Veslier. 

Au  chapitre  du  mercredi  P'  novembre  1599,  on  fit  en  séance  capitulaire 
lecture  d'une  requête  que  les  chanoines  se  proposaient  d'envoyer  au  roi  en 
faveur  d'Odaid  Heunequin  el  dans  laquelle,  entre  autres  choses,  il  était  dit 
ceci  :  «  advenant  que  la  trop  grande  jeunesse  et  peu  d'expérience  aux  all'aires 
[de  Claude  Veslier]  n'y  apportassent  quelque  détriment  el  préjudice  au 
bien  commun  de  l'église  tant  au  spirituel  qu'au  temporel.  »  On  ajoutait 
qu'Odard  Hennequin    avait  été   primilivemeut  installé   selon  les  solennilés 


LE   PONT   DE   LA    PIELLB    A   TROYES  667 

prêcher  le  dimauche  précédent.  M.  Dafay,  chanoine  de  la 
cathédrale  et  curé  de  Saial-Deais,  fut  aussitôt  prié,  dans  l'in- 
térêt du  Chapitre  et  pour  la  conservition  de  son  droit  curial, 
de  faire  à  part  lui  une  enquête  et  d'eu  soumettre  au  plus  tôt  les 
résultats  au  Conseil. 

requises  et  accouluanées  en  tel  cas,  «  en  la  présence  de  la  plus  grande  partie 
des  habitants  de  ladite  ville  [de  Troyes]  qui  témoignèrent  en  avoir  beaucoup 
de  contcnlemenl  ».  On  terminait  en  priant  le  roi  de  confirmer  l'élection  qui 
avait  élé  faite  dOdard  Heunequin,  à  Texclusiou  de  Claude  Veslier. 

Nicolas  Gamusal,  alors  greffier  du  Chapitre,  fut  chargé  de  dresser  une  copie 
de  celte  requête  et  de  la  remettre  entre  les  mains  d'Odard  Hennequiu 
'<  pour  luy  servir  ce  que  de  raison  ». 

Mais  le  chanoine  Charles  Mérille,  in  ligné,  se  leva  en  protestant  a  qu'il 
n'est  d'advis  que  ladicte  requeste  soyt  présentée  au  roy  en  la  forme  qu'elle 
est,  d'aultant  qu'il  y  a  des  clauses  qui  sont  contre  l'bonneur,  suffisances  et 
capacités  de  M.  Veslier  y  dénommé  ». 

L'histoire  ne  nous  dit  pas  ce  qu'il  advint  de  celle  requête  Fut-elle  réelle- 
ment présenlée  au  Conseil  du  roi?  Et  si  le  roi  en  eut  connaissance,  jugea- 
til  à  propos  de  n'y  pas  répondre  et  de  ne  lui  donner  aucune  suite  ?  Autant 
de  questions  qu'il  nous  a  été  impossible  d'élucider.  Mais  une  délibération 
capitulaire  du  mercredi  22  mars  1000  va  nous  faire  assister  au  dénouement 
de  ce  pelii  conflit. 

Ayant  décidé  de  terminer  leur  querelle  à  l'amiable,  les  deux  rivaux,  d'un 
commun  accord,  choisirent  coir.me  arbitres  :  Pierre  Damours,  conseiller  du 
roi  en  ses  Conseils  d'Elat  et  privé,  Nicolas  Prévost,  conseiller  du  roi  et 
maître  ordinaire  de  sa  Chambra  des  Comptes  à  Paris,  et  Simon  Legras, 
conseiller  du  roi,  trésorier  de  France  au  bureau  des  finances  de  Paris.  Ces 
trois  arbitres  s'abouchèrent  sans  relard,  et  après  discussion  déclarèrent 
comme  valide  et  définitive  l'éleclioii  de  Claude  Veslier  au  doyenné  du  Cha- 
pitre de  la  cathédrale  du  "il  septembre  1.'k9.  Odard  lleonequin  eut  le  bon 
esprit,  cette  fois,  de  s'en  remettre  à  leur  décision,  et  le  jour  même,  «  les 
mains  mises  sur  les  sainclz  évangiles  "  Claude  Veslier  prêta  le  serment 
accoutumé.  Il  lui  avait  fallu  plus  de  six  mois  pour  se  faire  rendre  justice. 

Nous  n'avons  pas  l'intention,  le  cadre  de  ce  petit  travail  ne  le  comporte 
pas,  de  suivre  pas  à  pas  le  chanoine  Claude  Veslier  dans  sa  longue  carrière, 
et  quand  nous  aurons  dit  que  le  vendredi  H  avril  1397,  la  cure  de  S'-Léger- 
sous-Margerie,  valante  par  la  mort  de  Jehan  Mallot,  lui  fut  conférée,  nous 
arriverons  de  suite  à  la  fin  de  sa  vie. 

Vieux  et  infirme,  Claude  Veslier  avait  résigné  ses  fonctions  en  faveur  de 
Nicolas  Veslier,  son  neveu,  depuis  le  19  février  163^,  lorsqu'il  mourut  le 
lundi  suivant,  24  février. 

11  avait  été  pendant  soixantâ-cinq  ans  chanjine  de  l'église  de  Troyes,  et 
pendant  cinquante-trois  ans  doyen  du  Chapitre  de  la  Cathédrale. 

Son  corps  fut  inhumé  dans  la  cathédrale,  devant  la  chspelle  de  la  Con- 
ception. 

Voici  un  extrait  de  son  testament  : 

«  J'esHs  ma  sépulture  en  l'église  de  Troyes,  devant  la  chapelle  de  la 
((  Conception,  et  qu'il  soit  mis  sur  ma  sépulture  une  tombe  de  marbre  ou 
«  de  pierre  semblable  à  celle  du  gros  aubenistier,  sur  laquelle  seront  gravés 
((  ces  mots  : 


668  LE   PONT   DE   LA   PIELLE   A   TROYES 

Respectueux  des  droits  d'autrui  ^  le  Chapitre  ne  permettait 
jamais,  et  sous  aucun  prétexte,  qu'on  méconnût  les  siens  dont 
il  se  montrait  au  contraire  très  jaloux,  et  quelle  que  fût,  dans 

Credo  et  expecto  carnis  resiirrectioneni,  peccatoriim  remissionem 

et  i'iiam  vinturi  nœciili. 

Amen. 

Ilic  jacet  Vestier,  decanus  hiijiis  ecclesiœ  obiit. 

Requiescat  in  pace. 

Arch.  de  l'Aube  (G  1302,  f"  73  r»). 

Les  dernières  volontés  du  vénérable  détunt  ne  me  paraissent  pas  avoir  été 
sur  ce  point  religieusement  observées,  car  notre  Musée  possède,  répertoriée 
sous  le  n"  180,  une  pierre  tombale  de  marbre  noir  sur  laquelle  est  gravée 
une  épitaphe  qui  rappelle  et  célèbre  longuement  les  vertus  et  les  bienfaits 
de  cet  homme  de  Dieu. 

—  Louis  Vestier,  clerc  du  diocèse  de  Troyes,  docteur  en  théologie  de 
l'Université  de  Paris,  avait  remplacé,  le  2  décembre  1611,  le  chanoine  Guiot 
décédé  subitement.  Il  était  curé  de  Saint-Jean-au-Marché  lorsqu'il  mourut 
le  lundi  14  juillet  1631.  Son  corps  fut  inhumé  le  mercredi  suivant,  à  huit 
heures  du  matin,  dans  un  caveau  de  l'église  Saint-Jean.  Odard  Vestier,  son 
neveu,  clerc  du  diocèse  de  Troyes,  dans  la  séance  capitulaire  du  14  juillet 
1631,  jour  même  du  décès  de  Louis  Vestier,  fut  accepté  par  le  Chapitre 
pour  succéder  à  son  oncle  dans  sa  prébende  de  chanoine. 

1.  Claude  Dufay.  Dans  ses  obituaires  (pages  54  et  75),  M,  l'abbé 
Lalore  désigne  le  chanoine  Claude  Dufay  sous  le  nom  de  Claude  Fay.  Nous 
ne  savons  sur  quel  document  M,  l'abbé  Lalore  s'est  appuyé  pour  le  nom- 
mer ainsi.  Quoi  qu'il  en  soit,  tout  au  long  des  délibérations  capitulaires,  les 
greffiers  successifs  du  Chapitre  ont  écrit  le  plus  souvent  Claude  du  Fay 
en  deux  mots,  comme  c'était  alors  l'usage,  toutes  les  fois  que  les  noms  s'y 
prêtaient  tant  soit  peu.  Tels  les  chanoines  Jehan  le  Coq,  Pierre  le  Clert, 
Louis  le  Courtois,  Pierre  le  Faure  et  tant  d'autres  dont  les  noms  étaient 
tout  simplement  Jehan  Lecoq,  Pierre  Leclert,  Louis  Lecourtois,  Pierre 
Lefaure.  Il  nous  est  encore  arrivé  de  rencontrer  quelquefois  Dufay  en  un 
seul  mot,  mais  jamais  Foy.  Nous  pouvons  donc  nous  considérer  comme 
autorisé  à  conserver  à  notre  chanoine  le  nom  de  Claude  Dufay. 

Claude  Dufay,  prêtre  du  diocèse  de  Troyes,  fit  ses  études  à  l'Université 
de  Cahors  où,  le  4  octobre  1603,  il  obtenait  le  grade  de  do'cteur  en  droit 
canon.  Le  13  juin  1607,  Nicolas  de  Dung,  curé  de  Saint-Denis,  ayant  remis 
sa  démission  entre  les  mains  du  Chapitre,  celui-ci  le  remplaça  séance 
tenante  par  Jehan  Daultruy,  clerc  natif  de  Troyes  et  bachelier  en  théologie. 
Quelques  jours  après  ce  dernier  démissionnait  à  son  tour,  et  c'est  alors  que 
Claude  Dufay,  bien  qu'absent  de  Troyes,  fut  désigné  par  le  Chapitre  pour 
lui  succéder.  Il  prêta  serment,  en  qualité  de  curé  de  Saint-Denis,  le  ven- 
dredi 23  novembre  1607. 

Le  bourg  Saint-Denis,  dont  dépendait  le  prieuré  de  Notre-Dame -en- 
risle  et  le  Pré-l'Evôque,  formait,  depuis  le  xu'  siècle,  une  petite  paroisse  à 
la  collation  du  chapitre  de  l'église  de  Troyes,  avec  droit  de  juridiction,  de 
visite  et  de  pension.  Au  milieu  du  xviii»  siècle,  la  paroisse  Saint-Denis  ne 
comptait  encore  que  huit  (>u  neuf  cents  communiants  et  était  la  moins 
importante  de  la  ville. 

Le  mercredi  7  février  1624,  Claude  Dufay  obtint  du  Chapitre  d'être  me 


LE  PONT  DE  Là  PIELLE  A   TROTES  66Ô 

le  monde  ou  dans  le  cloître,  la  situation  de  celui  qui  voulait 
s'en  affranchir,  riche  ou  pauvre,  gentilhomme  ou  manant, 
ecclésiastique  ou  laïque,  régulier  ou  séculier,  il  ne  manquait 
jamais  d'en  exiger,  même  par  les  voies  de  justice,  la  stricte 
reconnaissance. 

Dans  cette  circonstance  comme  dans  toutes  les  autres,  la 
haute  personnalité  de  Guichard  n'intimida  pas  le  Chapitre. 
L'enquête  entreprise  et  menée  à  bonne  un  par  Dufay  fit 
découvrir  la  vérité.  La  permission  d'établir  chez  lui  un  oratoire 
avait  été  demandée  par  le  propriétaire  du  Vouldy  à  l'archi- 
diacre de  Morayme',  neveu  et  grand  vicaire  de  M?""  René  de 
Breslay  -,  lequel,  de  sa  propre  autorité,  la  lui  avait  accordée, 

en  possession  de  la  prébende  laissée  vacante  par  la  mort  de  Nicolas  de  Mes- 
grigny,  évêque  nommé  de  Troyes.    Dans  un  collatéral  de  la  cathédrale,  au 
côté  droit  du  chœur,  on  peut  encore  voir,  très  bien  conservée,  sa  pierre  tom- 
bale de  marbre  noir.  On  y  lit  cette  simple  épitaphe  : 
Hic  Jacet  Nicolaus 
DE  Mesgrigny 
Resurrectionem 

EXPECTANS.      ObIIT 

XXIV  Ianva.  Axno 
M.DC.XXIV. 

Le  chanoine  Claude  Dufay  mourut  le  1"  décembre  1636  et  fut  inhumé, 
sur  sa  demande,  en  l'église  Saint-Nicolas.  Il  fonda  à  deux  fois,  moyennant 
une  somme  totale  de  1,200  livres,  les  sonneries  du  matin  et  du  soir  qu'on 
appelait  à  cette  époque  les  «  Ave  Maria  »  ou  «  le  bonjour  et  le  bonsoir  ». 
A  la  page  51  de  ses  obit^aires,  M.  l'abbé  Lalore  indique  le  10  septembre 
1631  elle  16  décembre  1637  comme  étant  les  deux  dates  de  cette  fondation;  à  la 
page  75,  probablement  par  erreur,  il  dit  le  16  août  au  lieu  du  16  décembre. 
Les  registres  capitulaires  nous  ont  appris  d'une  façon  certaine  que  le  cha- 
noine Claude  Dufay  était  mort  le  jeudi  1"  décembre  1636  au  matin,  et  que  la 
seconde  partie  de  sa  fondation  avait  été  définitivement  acceptée  par  le  Chapitre 
le  vendredi  13  janvier  1637.  Par  autorisation  du  Chapitre,  en  date  du  7  décem- 
bre 1640,  une  plaque  de  cuivre  dt&tinée  à  perpétuer  le  souvenir  de  cette 
pieuse  fondation,  fut  attachée  au  pilier  de  la  tour,  en  entrant,  du  côté  gau- 
che. Le  temps  avec  ses  vicissitudes,  les  révolutions  avec  leurs  ruines  ont 
fait  disparaître  depuis  longtemps  ce  précieux  souvenir  avec  tant  d'autres, 
hélas  1  que  nous  serions  heureux  aujourd'hui  de  contempler  avec  respect  et 
de  conserver  avec  un  soin  jaloux. 

La  maison  canoniale  du  chanoine  Claude  Dufay  était  située  rue  de  la 
Cité,  «  proche  le  beau  portail  ». 

1 .  M.  de  Morayme,  clerc  du  diocèse  d'Angers  et  neveu  de  M^'  René  de 
Breslay,  avait  été  reçu  chanoine  et  archidiacre  d'Arcis  le  28  juin  1619,  à  la 
mort  de  Jehan  Quinot  ;  il  deviut  archidiacre  de  Sézanne  le  27  janvier  1623, 
par  sa  permutation  avec  le  chanoine  Courtois.  Il  fut  administré  sur  sa 
demande,  en  présence  des  membres  du  Chapitre,  le  mardi  31  août  1632 
après  vêpres,  et  mourut  pieusement  le  mardi  1  i  septembre  suivant.  Son 
corps  fut  inhumé  en  la  chapelle  du  Sauveur,  à  la  cathédrale. 

2.  René   de    Breslay,  originaire   de   Langres,   grand   archidiacre  d'An- 


670  LE   PONT   DE   LA   PIELLE   A   TROYES 

oulrepassaul  ainsi  ses  droits  au  mépris  de  ceux  du  Cha- 
pitre. 

Les  chanoines  se  réunirent  k  nouveau  le  vendredi  4  septem- 
bre suivant  pour  statuer  sur  celle  affaire.  M""  de  Morayme  ne 
pouvant  èlre  à  la  fois  juge  et  partie,  fut  prié  de  sortir,  ainsi 
que  le  chanoine  Douine,  syndic  du  Chapitre  et  promoteur  de 

•tertf,  abbé  de  Saint- Serj-'e  et  de  Sainl-Bacchu?,  aumônier  du  roi  Ileuri  IV, 
83'  évoque  de  Troyes,  désigné  par  le  roi  pour  occuper  ce  poste  d'iionncur 
cl  de  conliance  dès  le  mois  de  mai  16U4,  lut  revêtu  de  la  dignité  épiscopale 
d'une  façon  elfective,  par  une  bulle  du  pajje  l'aul  V  en  date  du  18  juillet 
lOOo.  Le  nouvel  évêque  prêta  serment  au  roi  à  Foulaineblea;,  le  \'i  septem- 
bre suivant,  entre  les  mains  d'Euslache  de  Lys,  chanoine  et  trésorier  de 
l'é-'iiie  de  Nevers,  couseiller  ordinaire  et  aumônier  du  roi.  Ce  fut  Pierre 
Dadié,  chanoine  de  Saint-l'ierre  et  grand  chaulre  en  dignité  qui,  le  mardi 
ï!0  septembre,  par  procuration  cl  au  nom  de  M"  René  de  Breslay,  prit 
possession  du  siè^e  épiscopal  vacant  et  prononça  en  présence  du  Chapitre, 
les  mains  sur  IfS  Saints  Evangiles,  le  serment  suivant  :  «  Ego,  I  etrus 
Dadijé,  Heverendi  l'atris  fienait  de  Bnslay,  Dci  cl  sanclœ  sedis  apostu- 
licœ  graliû  Treceiisis  episcopi  procuralor.  juro  ad  hœc  sancta  Dei  evanylia 
me  scrvatiiruin  jura,  pnvdcgia,  cousueludnies  approbalas  et  liberlalcs 
ecclesiœ  Trecensis  cl  capiluU,  Stc  me  Deus  adjuvel  el  hœc  sancla  evan- 
gelia.  » 

René  de  Breslay  fut  sacré  à  Paris,  en  l'église  des  Bernardins,  le  25  sep- 
tembre, par  Cliarles  Morien,  évêque  d'Angers,  assisté  des  évêques  de 
Meaux  el  d'Auxerre  Le  samedi  22  octobre  suivant,  les  chanoines  à  cheval 
el  vêtus  «  de  sutaues  et  longs  manteaux  »  se  portèrent  au-devant  de  leur 
nouvel  évêque  n  jusques  au  bout  du  faubourg  de  Saint-Anlhoine  ».  Après 
l'avoir  mené  «  jusques  à  l'église  de  la  Commanderie  pour  y  faire  ses 
prières  i,  le  Chapitre  le  conduisit,  suivant  la  coutume,  à  l'abbaye  de  Notre- 
Dame-aux-Nonuains  où  il  passa  la  nuit.  Le  lendemain,  porté  sur  les  épau- 
les des  qualie  barons  de  la  crosse  et  avec  le  pittoresque  et  brillant  cérémo- 
nial usité  en  pareil  cas,  René  de  Breslay  lit  sou  eutrée  solennelle  daus  son 
é"liîe  cathédrale.  (Lire  aux  Archi\es  de  l'Aube,  daus  le  registre  G  1298, 
page  2o7  et  suivantes,  écrites  de  la  main  de  l'historien  Nicolas  Camusat, 
chanoine  et  greifier  du  Chapitre,  sous  ce  titre  :  «  C'esl  la  manière  qu'on  a 
accou'tumé  de  tenir  quaud  Monseigneur  l'Évesque  de  Troyes  faicl  nouvel 
temcnl  son  ctdrée,  exlrailte  du  viel  Carlulaire  de  ievesque  de  Troyes  >.,  les 
curieuses  cérémonies  observées  lors  de  l'entrée  d'un  évêque  de  Troyes  dans 
sa  ville  épiscopale  (t  daus  son  église  cathédrale).  Il  y  avait  onze  ans,  onze 
mois  el  vingt  jours  que  le  siège  épiscopal  de  Troyes  avail  été  laissé  vacant 
par  'a  mort  de  M'' de  Beauiiremont,  René  Benoit,  désigné  par  le  roi  pour  lui 
succéder,  n'ayant  jamais  été  institué  par  le  pape. 

M"  René  de  Breslay  rendit  son  âme  à  Dieu  le  2  novembre  1614,  vers  les 
dix  heures  du  soir.  Son  oraison  funèbre  fut  prononcée  à  la  cathédrale  le 
lundi  4  novembre  par  le  (hanoine  Nicolas  Denise.  Le  lendemain,  tout  le 
clergé  de  la  ville  se  rendit  à  l'évôché  pour  procéder  à  la  levée  du  corps  de 
l'évêquc  défunt,  lequel  fut  conduit  processioiinellcmeut  à  la  cathédrale  et 
déposé  daus  le  chœur  où  il  passa  la  nuit,  veillé  par  des  vicaires  el  des  reli- 
gieux qui  pialmodièreut  jusqu'au  jour.  Le  mercredi  0  novembre,  après 
matines,  eut  lieu  le  service  funèbre  auquel  assistèrent  toutes   les   paroisses 


Le  pont  de  la  pielle  a  troyes  6ll 

l'évêque.  Après  leur  départ,  le  Conseil  délibéra  et  décida  qu'on 
demanderait  au  grand  vicaire  le  retrait  de  l'autorisation  qu'il 
avait  octroyée  sans  droit,  et  qu'on  ordonnerait  au  syndic  de 
poursuivre  devant  lajuslice  ecclésiastique, le  prêtre  qui  avaitosé 
célébrer  la  messe  dans  l'oraloire  non  autorisé  du  Vouldy  ;  on 
lui  recommanderait  en  outre  de  signifier  à  M-'  René  de  Bres- 
lay  et  à  ses  grands  vicaires  la  bulle  d'Innocent  IV,  afin  de 
conserver  en  son  intégrité  le  privilège  attribué  par  elle  au  Cha- 
pitre de  l'Eglise  de  Troyes  '. 

MM.  de  Moi'ayme  et  Douiue  furent  alors  rappelés,  mais  à 
l'étonuement  général,  sans  égard  pour  les  sages  ré-olutions 
prises  en  leur  absence  par  leurs  collègues,  ils  refusèrent  caté- 
goriijuement  d'exécuter  les  ordres  du  Chapitre.  On  se  sépara 
en  commentant  ce  refus  inattendu,  après  avoir  décidé  de  se 
réunir  ostialim  le  mercredi  suivant,  pour  aviser  aux  moyens 
de  terminer  au  plus  lot  cette  grave  affaire,  tout  en  sauvegar- 
dant la  dignité  du  Conseil  capilulaire  -. 

Venant  de  l'un  des  premiers  dignitaires  du  diocèse  et  d'un 
officier  du  Chapitre  qui,  selon  l'usage,  avait  prêté  serment  en 
acceptant  sa  charge,  un  refus  d'obéissance  était  en  effet  chose 
très   grave''.   Qui  pouvait  prévoir   alors  quelles  seraient   les 

de  la  ville  et  des  faubourgs  et  les  religieux  des  nombreux  couvents  avec 
leurs  croix.  La  dépouille  mortelle  du  véuérable  évêque  fut  ensuite  portée, 
par  la  grande  porte  du  chœur,  dans  la  chapelle  Siiule-Mathie  (aujourd'hui 
chapelle  du  Sacré-Cœur),  po:ir  laquelle  il  avait  eu  pendant  sa  vie  une 
dévotion  toute  parlicu'ière,  et  fut  inhumée  sous  raulel  «  en  élernel 
repos  »,  nous  disent  les  délibérations  capituiaires.  Sa  tombe  en  marbre  noir 
et  son  épilaphe  furent  enlevées  en  1778  et  ne  furent  malheureu-.ement  jamais 
remises  en  place. 

1.  Cb.  Lalore,  Carlulaire  de  Saint-Pierre,  page  195  (Bulle  n"  208, 
1"  octobre  1249).  Celte  bulle  du  pape  Innocent  IV  avait  été  déjà  invoquée 
en  (619  par  Denis  Latrecey,  chanoine  de  la  cathédrale  et  curé  de  Sainte- 
Madeleine  et  les  marguilliers  de  celte  paroisse,  contre  les  Pères  de  l'Ora- 
toire qui  voulaient  faire  construire  une  chapelle  en  leur  maison  (Arch.  de 
l'Aube,  G  1295,  f"  13G  r°).  —  Une  bulle  du  pape  Innocent  IV,  datée  du 
l''  septembre  1249,  accordait  les  mêmes  piérogativcs  aux  religieuses  de 
l'abbaye  de  Noire- Dame-aux-Nonnains  [Documents  sur  l'abbaye  de  ?\olre- 
Dame- aux-Nonnains  de  Troyes,  par  l'abbé  Ch    Lalore,  page  108). 

2.  Archives  de  l'Aube  (G  1296,  1°  321  r^). 

3.  Chaque  année,  au  premier  Chapitre  général  qui  suivait  la  fête  des 
apôtres  Saint  Pierre  et  Saint  Paul,  les  chanoines  procédaient  à  l'électioa 
des  officiers  du  Chapitre,  lesquels  s'engageaient  par  serment  à  remplir  fidè- 
lement les  charges  qui  leur  étaient  confiées.  Ces  officiers  étaient  :  un  fairi- 
cien,  un  anniversarier,  un  grand  chamhrier,  un  censier,  un  officier  des 
deniers  distraits,  un  officier  des  gros,  un  compteur,  un  greffier,  nn  syn- 
dic, deux  juges  aux  causes  ecclésiastiques  et  cinq  auditeurs  des   comptes. 


672  LE  PONT   DE   LA.   PIELLE    A   TROYES 

couséquencas  de  ce  conllil  ?  Grâce  à  la  sagesse  des  uus  el  à  la 
modéraliou  des  autres,  les  difficullés  s'aplauirenl  el  les  choses 
s'arraugèreut  beaucoup  plus  facilement  qu'où  ne  l'avait  tout 
d'abord  pensé.  Conseillé  probablement  par  M.  de  Morayme  qui, 
tout  en  désirant  conserver  vis-à-vis  de  ses  collègues  un  semblant 
d'indépendance,  devait  avoir  à  cœur  d'atténuer  les  conséquen- 
ces de  sa  désobéissance  et  se  la  faire  pardonner  ;  ou  bien 
encore,  encouragé  par  quelques-uns  des  membres  du  Chapitre 
qui,  justement  épouvantés  de»  résultats  possibles,  aimèrent 
mieux  avoir  recours  à  la  conciliation,  Guichard  du  Vouldy  se 
présenta  en  personne  au  Conseil  du  9  septembre  et  vint  faire 
au  Chapitre  réuni  ses  humbles  excuses.  Il  avait  commencé, 
dit-il,  <i  de  faire  célébrer  messe  en  un  oratoire  capable  de  tenir 
une  douzaine  de  personnes,  par  permission  de  M.  l'archidiacre 
de  Morayme,  grand  vicaire,  ne  sachant  poinct  que  l'autorité  et 
consentement  du  Chapitre  deubt  intervenir  en  ce  cas  ».  Et  il 
ajouta  qu'ayant  appris  le  privilège  à  lui  attribué  par  la  bulle 
d'Innocent  IV,  bulle  qu'il  ignoiait  complètement,  il  le  priait 
de  croire  «  qu'il  ne  voudroit  rien  entreprendre  en  ce  cas,  ny 
jamais  aultremenl,  au  mespiis  de  la  compagnie,  ny  qui  dero- 
gas  [sic]  à  ses  droictz  ». 

Touchés  de  celte  démarche,  émus  de  cette  soumission,  les 
bons  chanoines  voulurent  bien  se  contenter  de  cette  demi-satis- 
faction, oublier  l'injure  qui  leur  avait  élé  faite  et  ratifier  Tauto- 
risalion  donnée  par  M.  de  Morayme,  à  charge  cependant  de  venir 
chaque  année  en  solliciter  du  Conseil  le  renouvellement.  Au 
surplus,  et  comme  condition  expresoe,  cet  oratoire  ne  devait 
servir  qu'à  M.  du  Vouldy  el  aux  gens  de  sa  maison  K 

Nous  verrons  en  effet  l'ancien  maître  d'hôtel  du  roi,  qua- 
lifié celte  fois  par  le  chanoine  Thomas  Le  Maistre  -,  greffier 
du  Chapitre,  de  commissaire  des  vivres  en  Champagne  et  de 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  1296,  f"  324  i".  —  Dans  les  actes  de  l'épi.sco- 
pat  de  François  Bouthiilier,  évêque  de  Troyes  (1686-1690),  ou  retrouve 
encore  la  permission  de  célébrer  une  messe  basse  quotidienne  dans  la  cha- 
pelle du  château  du  Vouldy. 

2.  Thomas  Le  Maistre  qui  était  en  même  temps  membre  du  Chapitre  de 
l'église  de  Troyes  et  chanoine  de  la  collégiale  Saint-Etienne,  exerça  pen- 
dant vingl-et-un  ans  les  fonctions  de  greffier  du  Chapitre  de  la  cathédrale, 
du  30  juillet  1023  au  28  juin  1644.  Il  a  rempli  entièrement  de  sa  main  les 
registres  io-lolios  des  délibérations  capitulaires  de  Téglise  de  Troyes,  réper- 
toriés aux  Archives  de  l'Aube  dans  la  série  G  sous  le.s  n°'  1296,  1297, 
1298  et  1299.  Son  écriture  élégante  et  correcte,  ses  procès-verbaux  clairs  et 
substantiels  facilitent  extrêmement  la  lâche  de  l'historien.  Thomas  Le  Mais- 
tre, prêtre  du  diocèse  de  Troyes,  avait  succédé  au  mois  d'août  1615  au 
chanoine  Edme  Le  Maistre  son  parent.  Il   mourut  le  22  février  1646,  après 


LE   PONT   DE   LA   PlELLE   A   TROYES  673 

conseiller  en  l'élection  de  Troyes,  venir  l'année  suivante  renou- 
veler sa  demande  aux  chanoines.  Ceux-ci  «  aiant  esgard  à  la 
soubzmission  de  la  requesle  et  à  la  recognoissance  qu'il  faict 
de  l'autorité  capitullaire,  déclarent  qu'ils  ne  veuUent  empes- 
cher  ladicte  chapelle,  bien  qu'ils  eu  ayent  pouvoir  par  bulle 
expresse  de  Sa  Sainteté  '   ». 

Ainsi  se  termina  celte  première  querelle,  prélude  d'un 
conflit  plus  sérieux  et  plus  grave  qui,  quelques  années  plus 
tard,  devait  surgir  à  nouveau,  à  propos  de  la  prétention  émise 
par  le  châtelain  du  Vouldy,  encouragé  et  soutenu,  comme 
nous  le  verrons,  par  le  roi  lui-même,  de  construire  un  pont 
pour  traverser  la  Seine,  sur  un  terrain  appartenant  au  Chapi- 
tre de  la  cathédrale. 

Vers  la  fin  du  xvi''  siècle,  le  Troyen  qui  voulait,  pour  quel- 
ques heures,  fuir  les  embarras  inextricables  et  légendaires  de 
notre  vieille  cité  et  promener  sa  rêverie  sur  les  bords  gracieu- 
sement ombragés  de  la  Seine,  après  être  sorti  de  la  ville  par  la 
porte  de  la  Tannerie,  rencontrait  d'abord  sur  sa  route,  reliant 
les  deux  rives  du  ru  Oirdé,  le  pont  de  Juliy  qu'il  traversait, 
puis  s'engageant  sur  la  chaussée  du  Vouldy,  il  trouvait  bien- 
tôt sur  sa  gauche  le  moulin  de  la  Pielle,  appartenant  au  Cha- 
pitre de  la  cathédrale,  et  devant  lequel  les  chanoines  avaient  eu 
la  sage  précaution  de  faire  construire  depuis  longtemps  une 
petite  passerelle  en  bois  ^  C'était  à  celte  époque,  le  seul  pas- 
sage qui  permit  au  piéton  de  franchir  la  Seine,  très  profonde  en 
cet  endroit,  et  dont  les  eaux  claires  s'engouffraient  en  mugis- 
sant sous  la  roue  du  moulin  ;  c'était  l'unique  moyen  mis  à  sa 
disposition  de  poursuivre  plus  loin  sa  promenade,  vers  la 
Vacherie  alors  couverte  de  vignes^,  ou  vers  le  riant  village  de 

plus  de  trente  ans  de  canoaicat,  et  fut  remplacé  daus  ses  fonctions  de  gref- 
fier du  Chapitre  par  le  chanoine  Michel  Goizaud,  et  dans  sa  prébende  par 
Jacques  de  Lauuay,  Son  corps  fut  inhumé  dans  la  cathédrale.  La  maison 
canoniale  de  Thomas  Le  Maistre  était  «  sise  sous  les  allours  de  la  place 
Saint-Pierre,  joignant  d'un  costé  la  maison  canoniale  de  M"  Huot,  chanoine 
de  ladicte  esglise,  d'aultre  costé  celle  de  M'  Perchappe  aussy  chanoine, 
d'un  bout  à  la  place  Saint-Pierre  et  de  l'autre  bout  à  la  rue  qui  va  de  Saint- 
Etieune  à  Sainl-Deuis  ».  (Archives  de  l'Aube,  G  13U0.) 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f"  60  v. 

2.  Au  mois  d'octobre  1635,  cette  passerelle  existait  encore  ;  elle  avait 
quinze  pieds  de  long  sur  huit  de  large.  (Archives  de  l'Aube,  G  1297, 
fo  179  V.) 

3.  Ces  vignes  étaient,  eu  très  grande  partie,  affectées  à  des  prébendes 
canoniales. 

43 


674  LE   PONT   DE   Lk   PIELLE   A   TROTES 

Sancey  (aujourd'hui  8aiut-Julien),  celle  fraîche  oasis  de  la 
bauUeuô  troyeune. 

Eu  même  lemps  qu'il  arroudissail  son  domaine,  Guichard 
du  Vouldy  devenait  aussi  plus  exigeant,  et  celle  étroite  passe- 
relle dont  il  s'était  jus(jue-là  contenté  comme  tout  le  monde, 
ne  devait  bientôt  plus  suffire  à  ses  besoins.  Ou  menait  erand 
train  chez  l'ancien  maître  d'hôtel  du  roi,  toute  la  belle  société 
d'alors  se  donnait  rendez-vous  dans  ses  brillants  saloua,  et  lui- 
même  était  fort  répandu  dans  le  monde.  Aussi,  élait-ce  avec 
peine  qu'il  voyaiî,  les  équipages  de  ses  visiteurs  et  les  siens 
obligés  de  faire  un  long  détour  pour  arriver  chez  lui,  quand  la 
chaussée  du  Vouldy  lui  paraissait  si  commode  pour  cela. 

Les  registres  des  délibérations  capilulaires  nous  apprennent 
que  dès  l'année  1625,  Guichard  avait  adressé  une  requête  au 
Chapitre,  en  vue  d'obtenir  de  lui  l'autorisalion  de  faire  cons- 
truire ce  ponl  tant  désiré  ;  nous  n'avons  pas  vu  que  les  cha- 
noines aient  donné  suite  à  celte  première  demande  '. 

Mais  trois  ans  plus  lard,  au  mois  de  novembre  1  628,  deux 
mois  à  peine  avant  la  première  visite  du  roi  et  juslemenl  en 
prévision  de  l'insigne  honneur  qui  lui  était  annoncé,  le  sei- 
gneur du  Vouldy  venait  de  nouveau  solliciter  par  écrit,  du  Cha- 
pitre de  la  cathédrale,  l'autorisation  de  faire  construire  à  ses 
frais  un  pont  sur  la  Seine,  devant  le  moulin  de  la  Pielle,  «  pour 
le  passage  de  sou  carosseetharnois  etpour  se  renare  ainsyplus 
commodément  en  sa  maison  ei  jardin  du  Pré-l'Évesque  ».  Il 
s'engageait,  par  contre,  à  ne  pas  détériorer,  au  cours  des  tra- 
vaux, la  passerelle  existante,  à  pourvoir  à  l'entretien  du  nou- 
veau pont,  à  y  faire  mettre  une  barrière  fermant  à  clé  pour 
s'en  réserver  l'usage  à  lui,  à  ses  gens  et  •  à  ceulx  de  Mes- 
sieurs qui  auroient  des  héritages  et  accins  adjacens  -^  ». 

De  l'étude  attentive,  si  féconde  en  enseignements  de  toutes 
sortes,  des  décisions  capilulaires  de  l'Éghse  de  'J  royes,  il 
ressort  avec  évidence  que  l'une  des  plus  belles  quahlés  du 
Chapitre,  la  plus  belle  peut-être,  était  une  admirable  sagesse 
basée  sur  un  jugement  sain  et  sur  une  patriarcale  bonté.  Les 
plus  petites  choses  comme  les  plus  importantes,  soumises  à 
son  exanTiCn,  sont  énoncées  clairement,  discutées  avec  soin  et 
sans  parti  pris  ;  ses  déci^-ions,  tendues  sans  hâte  et  empreintes 
de  la  plus  stricte  justice,  sont  presque  toujours  des  petits 
chefs-d'œuvre  de  bon  sens  et  de  fine  diplomatie,  assaisonnés 

1 .  Archives  de  l'Aube,  G  1296,  i°  233  v°. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f"  172  v. 


LE   PONT   DE   LA.   PIBLLE   A   TROTBS  675 

parfois  d'uu  grain  de  malice  champeuoise  qui  leur  douue  uue 
saveur  toute  particulière  ". 

Daus  le  cas  particulier  ([ui  uous  occupe,  le  Chapitre  voulul, 
comme  toujours  du  reste,  avant  de  répondre  au  seigneur  du 
Vouldy,  prendre  les  renseignements  nécessaires,  s'entourer 
des  précautions  indispensables  qui  lui  permissent  de  prendre 
une  décision  en  connaissance  de  cause  ;  avant  loule  discus- 
sion, il  nomme  donc  une  Commission,  composée  de  quatre  de 
ses  membres,  avec  la  mission  de  voir,  pour  les  consulter,  ceux 
qui  pouvaient  avoir,  de  loin  ou  de  près,  un  intérêt  quelconque 
à  la  construction  de  ce  pont,  et  particulièrement  les  meuniers 
de  la  Pielle  et  de  Jaillard,  et  les  fermiers  des  autres  moulins 
dont  les  chanoines  étaient  propriétaires. 

Le  12  janvier  1029  le  temps  presse,  la  visiie  du  roi  appro- 
che et  le  Chapitre  n'a  pas  encore  répondu  à  la  demande  formu- 
lée par  M.  du  Vouldy.  L'élu  Angenoust  se  présente  alors  en 
personne  devant  le  Conseil  capitulaire  et  réitère  la  question 
posée  par  son  gendre  au  mois  de  novembre  précédent.  11  offre, 
cette  fois,  de  faire  construire  simplement  un  pont  provisoire 
pour  la  durée  du  séjour  qu«  fera  Louis  XIII  dans  sa  bonne 
ville  de  Troyes  et  de  le  faire  démolir  après  son  départ,  moyen- 
nant telle  indemnité  qu'il  plaira  au  Chapitre  de  lui  demander. 

Cette  proposition  rallia  tous  les  suffrages  ;  elle  n'engageait 
en  rien  le  Chapitre  et  lui  laissait  ses  droits  intacts,  tout  en  lui 
procurant  l'occasion  de  manifester  uue  fois  de  plus  sa  bonne 
volonté  envers  la  personne  du  roi.  Il  fut  alors  décidé  que  pen- 
dant le  séjour  de  Sa  Majesté  seulement,  le  seigneur  du  Vouldy 
pourrait,  à  ses  risques  et  périls,  établir  sur  la  Seine  «  un  pont 
de  balieaux  affermi  àd  quelques  planches,  aux  conditions  cy 
dessus  et  non  aultrement  ^  ». 

C'est  donc  sur  un  simple  pont  de  bateaux,  jeté  au  travers  de 

1.  Un  exemple  eulre  mille  :  Le  mercredi  12  novembre  1625,  Noôl 
Feaaudat,  maître  de  chapelle  et  directeur  de  la  maîtrise  (lequel  donna  dans 
la  suite  pas  mal  de  fil  à  retordre  au  Chapitre),  se  préaentait  devant  le 
Conseil  capitulaire,  se  plaignant  qu'un  chantre  nommé  Mathieu  Gimart  le 
querellait  et  l'injuriait  à  tout  propos  «  mesmes  pendant  les  chantzde  musi- 
que ».  On  fait  appeler  le  chantre  en  question  et  ou  lui  enjoint  de  «  pro- 
cedder  modestement  à  peine  de  congé  et  rendre  audict  maistre  son 
debvoir  ».  Mais  d'autre  part,  el  pour  mettre  tout  le  monde  d'accord,  les  cha- 
noines exhortent  aussi  Noël  Fenaudat  «  à  vivre  dorénavant  avec  les  clian- 
tres,  afin  qu'il  y  ait  bonne  simpatie  et  siniphonie  ».  L'alFaire  s'arrangea 
probablement,  car  Mathieu  Gimart  était  encore  chantre  lorsqu'il  mourut  de 
la  peste,  en  1632. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  12«7,  fo  188  V. 


676  LE   PONT   DE   L\   flELLE   A   TROTES 

la  Seine,  à  la  hauteur  des  moulius  de  la  Pielle,  que  défilèrent 
le  24  janvier  1629, fièrement  escortés  par  les  compagnies  de  la 
milice  bourgeoise,  les  riches  équipages  armoriés  qui  condui- 
saient à  là  belle  et  vaste  propriété  du  Vouldy,  pour  s'y  livrer 
aux  plaisirs  de  la  pèche,  le  roi  Louis  XIII  et  les  brillants  sei- 
gneurs de  sa  cour. 

»    * 

Ou  sait  que  Tannée  suivante  la  ville  de  Troyes  eut  encore,  à 
deux  reprises,  le  bonheur  de  posséder  son  roi  :  une  première 
fois  du  23  mars  au  23  avril  ',  et  une  seconde  fois  du  25  au  27 

1 .  Les  historiens  sont  loin  d'être  d'accord  sur  les  dates  d'arrivée  et  de 
départ,  mais  sur  la  date  d'arrivée  surtout,  de  Louis  XIII  à  Troyes,  à  sa  pre- 
mière visite  de  1630.  T.  Boutiot,  dans  son  Histoire  de  Troyes  (t.  IV,  pages 
350-351),  dit  que  Louis  XIII  fit  son  entrée  solennelle  à  Troyes  le  23  février. 
M.  Albert  Babeau,  dans  sa  notice  sur  le  Vouldy  (note  n"  1  de  la  page  5  du 
tirage  à  part),  probablement  sur  la  foi  de  Boutiot,  dit  aussi  23  février. 
CourtaloD,  dans  ses  Annales  de  Troyes  (T.  I,  page  184),  dit  20  mars.  Dans 
sa  Saincteié  Chrestienne,  Desguerroisdit  :  «depuis  le  mois  de  mars  jusqu'au 
25  avril.  »  Duhalle  (page  338  du  manuscrit  de  Finot),  dit  20  mars.  Dans 
le  t.  III  (aujourd'hui  t.  II)  de  ses  manuscrits,  f"  266-269,  Semilliard  dit  13 
mars.  D'autre  part,  dans  la  Revue  des  Sociétés  savantes,  année  1865,  4*  série, 
t.  Il,  page  34o,  nous  lisons  :  «  C'est  à  Troyes  que  devoil  avoir  lieu  l'entre- 
vue des  deux  frères.  Voici  en  quels  termes  Bouthillier  la  raconte  à  M.  de 
Césy  :  «  Monsieur  (Gaston  d'Orléans,  frère  du  roi)  est  arrivé  le  18  mars  et 
est  allé  demeurer  chez  la  reine  mère  ou  estait  le  roy  avec  la  reine  et  les  prin- 
ces. » 

Nous  voici  eu  présence  de  bien  des  dates  ;  nous  craignons  fort  qu'aucune 
d'elles  ne  soit  exacte.  Prenons  d'abord  les  registres  capitulaires  et  cher- 
chons-y un  peu  de  lumière  pour  nous  guider  à  travers  ce  dédale. 

Voici  d'abord  ce  que  nous  trouvons  à  la  date  du  mercredi  20  mars  1630  : 
«  Sur  ce  qui  est  asseuré  que  la  reyne  mère  arrive  cejourd'huy  et  la  reyne 
de  France  demain  et  le  roy  vendredi  qui  est  un  jour  l'un  après  l'aultre.  » 
Or,  ce  veodredi  se  trouvait  être  le  22  mars.  Nous  voyons  encore  dans  le  pro- 
cès-verbal du  Chapitre  tenu  le  vendredi  22  mars  :  «  M'  le  chantre  est  prié 
régler  le  service  en  sorte  que  après  Pasques  la  cour  qui  se  lève  tard  puisse 
trouver  des  messes  ordinaires  jusques  à  onze  heures,  tant  que  le  roy  et  les 
reynes  continueront  le  séjour  qu'ils /"ont  à  Troyes.  »  Tournons  encore  quel- 
ques feuillets  et  arrivons  à  la  séance  capitulaire  du  mercredi  27  mars,  nous 
y  lisons  :  <^  Sur  ce  que  pour  ne  point  troubler  le  repos  des  reynes,  les  mati- 
nes n'ont  poii;t  sonné  depuis  leur  arrivée  la  sepmaine  passée.  »  C'est  bien 
clair  ;  si  nous  arrêtions  là  nos  recherches,  nous  déclarerions,  sans  même  l'ar- 
rière-pensée  d'avoir  pu  nous  tromper,  que  Louis  XIII  fit  son  entrée  à  Troyes 
le  vendredi  22  mars  163U. 

Mais  consultons,  pour  plus  de  sûreté,  le  registre  32  de  la  série  A  des 
délibérations  de  l'échevinage  {Archives  municipales,  f°  123  et  suivants)  et 
lisons  :  «  Du  conseil  tenu  en  la  Chambre  de  l'eschevinage  de  ladicte  ville 
de  Troyes  le  vendredi  27'""»  mars  1630,  ou  estoyent  nobles  personnes  Nico- 
las Le  Jeune,  maire,   etc Ledict  jour    (mercredi  20  mars  1630) 

vers  les  cinq  heures  du  soir  seroit  la   reyne,    mère  du  Roy,   arrivée  en  la 


LE  PONT   DE   LA   PIELLE   A    TROYES  677 

septembre.  Il  est  permis  de  penser  que  c'est  mécontent  de 
n'a\oir  trouvé  sur  la  Seine  qu'un  pont  provisoire  pour  se  ren- 
dre chez  son  ancien  médecin,  et  cédant  surtout  aux  pressantes 
sollicitations  du  seigneur  du  Vouldy,  que  Louis  XIII  écrivit  à 
l'échevinage  la  lettre  dont  nous  avons  pris  connaissance  au 
commencement  de  ce  récit.  Mais  les  droits  du  Chapitre  ne 
s'étaient  point  amoindris  depuis  l'année  précédente;  les  raisons 

ville  et  reçue  à  la  porte  de  Belfroy Et  le  jeudi,    21    desdicls  mois 

et  an,  vers    les   cinq    heures,  la  reyne  femme  du  roy   fit  son  entrée  par  le 

faubourg  Saint-  Anthoine Et  le  samedi,  23  desdicts  mois  et  an,  sur 

l'advis  receu  que  le  Roy  debvoit  cejourd'huy  arriver  en  ceste  ville,  se 
seroient  lesdicts  sieurs  maire  et  esehevins,  conseillers  et  officiers  de  ville, 
assemblez  en  l'hostel  d'icelle.  Hz  auroient  tost  après'  esté  advertis  que  Sa 
Majesté  estoit  dans  le  fauxbourg  prosche  ladicte  ville,  se  seroient  aussytost, 
iceux  maire,  esehevins,  conseillers  et  officiers,  acheminez  à  la  porte  de 
Belfroy  où,  peu  de  temps  après,  ils  auroient  receu  Sa  Majesté,  selon  l'ordre 
qu'il  luy  auroit  pieu  leur  commander  estre  tenu,  » 

Ainsi  donc,  en  ce  qui  concerne  les  dates  d'arrivée  à  Troyes  des  reines, 
mère  et  femme  de  Louis  XIII,  les  registres  capitulaires  et  le  procès-verbal 
de  l'échevinage  sont  absolument  d'accord.  C'est  bien  le  mercredi  20  mars 
1630  qu'arriva  chez  nous  Marie  de  Médicis,  mère  du  roi,  et  c'est  bien  aussi 
le  lendemain  jeudi  21  mars  qu'eut  lieu  la  réception  d'Anne  d'Autriche,  sa 
femme.  Il  n'en  est  malheureusement  pas  de  même  pour  l'arrivée  du  roi  lui- 
même. 

D'une  part,  la  délibération  de  la  séance  capitulaire  tenue  le  mercredi 
20  mars,  annonce  comme  certaine  l'arrivée  du  roi  pour  le  vendredi  22  ;  celle 
du  vendredi  23  semble  dire,  avec  son  indicatif  présent  :  «  tant  que  le  roy 
et  les  reynes  continueront  le  séjour  qu'ilz  font  à  Troyes  »,  qu'à  l'heure 
même  où  le  greffier  du  Chapitre  rédige  son  procès-verbal,  les  trois  personnes 
royales  sont  déjà  réunies  ;  et,  d'autre  part,  le  registre  du  Conseil  de  l'échevi- 
nage rend  compte  de  la  réception  faite  à  Louis  XIII  le  samedi  23.  Nous  ne  pou- 
vons donc  faire  autrement,  quoiqu'il  nous  semble  cependant  bien  étrange 
que  trois  jours  avant  l'entrée  solennelle  d'un  roi  dans  sa  bonne  ville  de  Troyes, 
le  Chapitre  de  la  cathédrale  qui  devait  avoir  été,  pensons-nous,  officiellement 
convoqué  pour  assister  avec  les  maires,  échevins,  conseillers  et  officiers  de 
ville  à  sa  réception,  ait  été  si  mal  renseigné,  nous  ne  pouvons  faire  autre- 
ment, disons-nous,  sur  la  foi  du  procès-verbal  mentionné  ci-dessuSj  que  de 
déclarer  que  c'est  bien  le  samedi  23  mars  1630  que  Louis  XIII  vint  à 
Troyes  retrouver  son  épouse  et  sa  mère, 

Courtalon,  Desguerrois,  Duhalle  et  Semilliard  affirment  que  le  roi,  en 
compagnie  de  Marie  de  Médicis  et  d'Anne  d'Autriche,  est  resté  à  Troyes 
jusqu'au  25  avril.  M.  Albert  Babeau  dit  jusqu'au  23.  M.  T.  Boutiot  raconte 
que  ce  départ  était  effectué  le  25  à  9  heures  du  matin.  Recourons  aux  mêmes 
lumières. 

Voici  ce  que  nous  lisons  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  capitulaire 
tenue  à  7  heures  du  matin,  le  mercredi  24  avril  1630  :  «  Sur  ce  que  M' le 
doyen  a  faict  entendre  qu'on  a  présenté  quantité  de  vin  au  roy,  aux  reynes, 
à  Monsieur  son  frère  et  aux  seigneurs  principaux  ministres  de  l'Estat  pen- 
dant cinq  semaines  que  la  cour  a  séjourné  en  ceste  ville.  »  Et  quelques 
lignes  plus  bas  :  «  M'  Gallant  a  faict  entendre  que  1^  porte   de  l'entrée  de 


678  LE    PONT    DE   LA   PIELLÉ    A   TROYES 

qu'il  avait  eues  déjà,  eu  1625  el  enlG29,  de  ne  pas  répoudre 
favorablemeul  aux  demaudes  de  Guichar.l,  étaient  toujours  les 
mêmes. 

Ou  ne  saurait  cependant  accuserles  chanoines  de  la  cathédrale 
de  froideur  ou  d'indifférence  envers  la  personne  auguste  du  roi  ; 
nous  allons  les  trouver  au  contraire,  à  cette  seconde  visite 
comme  en  1G29,  remplis  de  délicates  prévenances  envers  Louis 
XIII,  Anne  d'Autriche  son  épouse  et  Marie  de  Médicis  sa  mère. 

Dès  le  20  février  1630,  aussitôt  que  parvient  au  Chapitre  la 
nouvelle  delà  prochaine  visite  du  roi,  les  chanoines  f'exhor- 
lent  mutuellement  à  rendre  à  Sa  Majesté  tous  les  honneurs  qui 
lui  sont  dûs;  ils  chargent  le  grand  vicaire  de  lui  présenter, 
comme  c'était  alors  l'usage,  le  vin  à  son  arrivée  '. 

La  reine-mère  est  descendue  à  l'ancienne  abbaye  de  Saint- 
Martin-ès-Aires,  le  roi  et  la  reine  sont  logés  à  l'évèché  ;  mais 
comme  la  cloche  de  la  cathédrale,  qui  de  grand  matin  appelle 
les  chanoines  aux  matines,  pourrait  troubler  le  sommeil  des 
royaux  voyageurs,  le  Chapitre  décide  que  pendant  leur  séjour 
à  Troyes,  le  sonneur  s'abstiendra,  même  eu  la  grande  solen- 
nité du  jour  de  Pâques,  d'annoncer  cet  office  au  son  de  la  clo- 
che". Il  venait  ainsi  en  aide  au  Conseil  de  l'échevinage  qui, 
«  pour  empescher  le  bruit  et  passage  des  haruois  »,  avait  fait 
tendre  les  chaînes  au  travers  des  rues  avoisinantes. 

Les  chanoines  veulent  au:5si  que  tout  en  se  levant  lard, 
comme  elle  en  a  l'habitude,  la  cour  puisse  trouver  à  la  cathé- 
drale des  messes  jusqu'à  onze  heures,  et  prient  le  chantre  de 
régler  le  service  on  conséquence  ^. 

la  grande  chambre  sur  la  rue  a  été  despeadue,  mise  en  pièces  el  bruslée 
par  les  gardes  irançnises  qui  y  e^tuienl  logées  pendant  le  séjour  du  roy  à 
l'évescliô.  »  On  le  voit,  le  mercredi  2i  avril  au  malin,  à  l'hcure  ordinaire 
des  séances  capilulaires,  le  départ  du  roi  élail  chose  faite  ;  I^ouis  Xill,  sa 
n:ère  el  eb  femme  avaient  quille  la  ville  de  Troyes.  Mais  voici  enfin  un 
document  plus  précis  et  qui  va  complètement  douter  raison  à  M.  Albert 
Babeau.  C'est  une  .lélibération  du  Chapitre  de  l'église  Saint-Etienne  datée 
du  mardi  23  avril  1630.  Je  la  transcris  textuellement  :  «  Sur  les  proposi- 
tions faittes  Meesieurs  voulant  délibérer,  ont  eu  advid  que  Sa  Majesté  esloit 
iur  son  dépari,  ont  remis  au  premier  Chappitre  leurs  propositions  et  sont 
allez  saluer  Sa  Majesté.  >;  Plus  de  doute,  d'apiès  ce  qui  a  été  dit  plus  haut, 
c'est  bien  dans  la  journée  du  mardi  2J  avril  1630  vraisemblablement  dans 
l'après-midi  ou  vers  le  soir  que  nos  hôtes  royaux  nous  quittèrent. 

Nous  pouvons,  ce  semble,  maintenant,  considérer  cette  question  comme 
déCnilivement  tranchée. 

1 .  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f»  279  v». 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f"  287  T". 

3.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f°  286  v». 


LE   PONT   DE   LA    PIELLE    A    TROYES  679 

Les  reines  mauifestent-elles  le  pieux  désir  de  visiter  et  de 
prier  devant  les  reliques  de  sainte  Mathie  et  de  sainte  Hélène; 
qu'aussitôt  le  Chapitre  se  met  en  devoir  de  faire  ouvrir  les 
châsses,  et  que  pour  donner  encore  plus  d'éclat  ta  ce  solennel 
hommage  rendu  à  la  mémoire  de  saintes  dont  le  culte  était 
alors  si  populaire  chez  nous  ',  les  chanoines,  revêtus  de  leurs 
habits  de  chœur,  viennent  se  joindre  à  leur  évêque  et  forment 
ainsi  un  imposant  cortège,  digue  des  reines  et  des  saintes  reli- 
ques qu'elles  veulent  vénérer  -. 

Les  soldats  de  la  garde  française  qui  forment  l'escorte  de 
Louis  XIII  et  sout  logés  à  l'évèché,  oui  enlevé,  mis  en  pièces  et 
brûlé  la  porte  de  la  Grand'Chauiijre  qui  leur  servait  de  corps- 
de-garde  ;  le  Chapitre  ne  veut  pas  mécontenter  le  roi  et,  sans 
se  plaindre,  il  fait  refaire  et  replacer  une  porte  neuve''. 

Toutes  ces  délicatesses,  toutes  ces  prévenances,  non  seule- 
ment ne  furent  pas  récompensées,  mais  elles  ne  devaient  pas, 
comme  nous  allons  le  voir,  arrêter  le  roi  dans  ses  projets  et 
l'empêcher  de  violer  les  droits  imprescriptibles  du  Chapitre  en 
faisant  exécuter  tôt  ou  tard  les  ordres  qu'il  avait  donnés. 

La  lettre  adressée  par  Louis  XIII  à  l'échevinage  était,  on 
s'en  souvient,  datée  du  13  février  1630;  dès  le  vendredi, 
8  mars  suivant,  le  Chapitre  apprend  que  «  M'' du  Vouldy,  en 
vertu  de  lettres  patentes  obtenues  par  surprise,  veult  baslir 
un  pont  proche  sa  maison  et  jardin  du  Pré-l'Évesque,  sur  les 
branchis  du  moulin  de  la  Pielle,  en  prenant  quatre  pieds  du 
cours  de  Teaue  et  six  pieds  sur  les  héritages  voisins  de  la 
ruelle  adjacente''  audict  moulin  ^  ».  Mais  eu  présence  de  la 
ferme  attitude  du  Chapitre,  bien  décidé  à  ne  pas  permettre 
davantage  au  roi  ce  qu'il  avait,  par  deux  fois  déjà,  refusé  à  son 
courli?an,  il  est  probable  que  la  Commission  d'enquête  fit  au 
Conseil  de  l'échevinage  une  déclaration  telle  que,  de  concert 
avec  ce  dernier,  le  roi  jugea  prudent  d'ajourner  ses  projets. 

1.  Aux  fêtes  de  Sainle-Mathie  et  de  Saiule-Hélèue  qui  attiraient  à 
Troyes  un  1res  graml  concours  de  peuple,  des  marchands  venus  quelquefois 
de  bien  loin  dressaient  des  tables  dans  la  nef  de  notre  cathédrale  et  ven- 
daient des  cierges  aux  lidèles.  Cette  coutume,  qui  ne  pouvait  manquer  de 
donner  lieu  quelquefois  à  des  scandales  fort  regrettables,  fut  interdite  par 
l'aulorité  capitulaire  au  mois  de  mai  1614  (Archives  de  l'Aubo,  G  1294,  fo 
186  v). 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  lif97,  f»  293  v". 

3.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f  294  t". 

4.  Cette  ruelle,  qui  existe  encore,  porte  aujourd'hui  le  nom  dUmpasse 
de  la  Pielle. 

5.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f»  283  v». 


680  LE   PONT   DE    LA    PIELLE    A   TROTES 

Il  nous  faut  aller  maintenant  jusqu'au  4  septembre  1630, 
quelques  jours  seulement  avant  le  dernier  séjour  de  Louis  XIII 
à  Tro^^es,  pour  retrouver  une  délibération  capitulaire  concer- 
nant ce  pont  qu'un  instant  on  avait  pu  croire  oublié  pour  tou- 
jours, mais  pour  lequel  la  lutte  allait  bientôt  renaître  plus  vio- 
lente que  jamais. 

Sa  première  tentative  avec  l'aide  de  l'échevinage  de  Troyes 
n'ayant  pas  réussi,  Louis  XIII  va  s'adresser  à  une  hiérarchie  plus 
puissante  et  faire  agir  la  généralité  des  finances  de  Ghàlons.  Celle- 
ci  fait  en  effet  parvenir  à  Pierre  Nevelet  \  trésorier  de  France, 
l'ordre  de  mettre  immédiatement  aux  enchères  les  travaux  de 
construction  du  nouveau  pont  que  le  roi  désire  voir  se  terminer 
rapidement.  Pour  conserver  cependant  des  apparences  de  jus- 
tice et  d'équité,  on  lui  donne  le  conseil  d'appeler  chez  lui  les 
principaux  intéressés  et  de  prendre  note  de  leurs  réclamations-. 

Les  chanoines  de  la  cathédrale  devaient  être  les  premiers  à 
se  présenter  chez  Pierre  Nevelet,  et  le  samedi  22  septembre, 
sur  les  neuf  heures  du  matin,  quatre  délégués  du  Chapitre  se 
rencontraient  au  Pré-lÉvêque  avec  l'élu  Angenoust,  Guichard 
du  Vouldy  son  gendre,  et  le  trésorier  de  France.  Après  un 
examen  attentif  de  l'endroit  où  l'on  se  proposait  d'établir  le 
pont  projeté,  les  chanoines  délégués  rédigèrent  et  déposèrent 
le  jour  même,  sur  le  bureau  du  Chapitre,  un  procès-verbal 
dans  lequel  étaient  brièvement  indiqués  les  principaux  incon- 
vénients qui  devaient  en  résulter  pour  lui  et  l'empêcher,  par 
conséquent,  de  donner  son  adhésion  aux  projets  du  roi  : 
f  Attendu,  disait  ce  procès-verbal,  que  par  ce  bastiment 
deviendroit  commun  le  chemin   qui  va    du  pont  de  JuUy  ' 

1.  Pierre  Guac  de  Nevelet,  seigneur  de  Dosches,  conseiller  du  roi,  tré- 
sorier de  France  et  général  des  finances  pour  la  Champagne,  mourut  à 
Troyes  en  1640  et  fut  inhumé  à  Saiut-Nizier,  au  pied  de  l'autel  de  la 
Sainte- Vierge.  Voici  l'épitaphe  que  nous  lisons  gravée  sur  sa  pierre  tom- 
bale :  «  Soubz  ceste  tumbe  sont  inhumez  les  corps  de  M"  Pierre  de  Neve- 
let, con"  du  Roy  en  ses  Conseilz,  tréso"'  de  Frace  (sic)  Gén"  de  ses  finan., 
Grand  voyer  et  juge  ord"  de  son  domain"  en  Champ'»,  esc"  seig-'de  Dosehe 
et  du  Kusseau,  lequel  décéda  le  XIII  aoust  1640,  et  de  dame  Françoise  de 
la  Grange,  son  espouse,  decédée  le  cinquiesmo  avril  1639.  Priez  Dieu  pour 
eulx.  »  Pierre  Nevelet  était  le  parent  du  chanoine  Louis  Nevelet,  docteur 
en  théologie  et  archidiacre  de  Margerie,  lequel,  étant  jeune  chanoine  et 
encore  étudiant  à  Paris,  avait  respectueusement  dédié  au  Chapitre  de 
Troyes  sa  thèse  soutenue  en  Sorbonne  le  13  août  1610.  Pour  lui  prouver  sa 
satisfaction  et  sa  reconnaissance,  le  Conseil  capilulaire  ordonna  au  grand 
chambrier  de  faire  parvenir  sans  retard  soixante  livres  au  jeune  étudiant. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f»  329  v. 

3.  Le  pont  de  JuUy  était  lui-même  la  propriété  du   Chapitre,  car  nous 


LK  PONT  DE   LA   PIELLE   A    TROTES  681 

audit  moulin  de  la  Pielle,  lequel  néanmoins  appartient  priva- 
tivement  à  tous  autres  ;  que  d'ailleurs  il  faudroit  restrécir  la 
grande  grange  à  escorces',  lesquelles  seroient  exposées  au 
pillage  des  passans  ;  qu'il  faudroit  aliéner  partie  du  verger  du 
molin  pour  servir  d'aisances  et  que  les  arches  qu'on  y  dressera 
arresteront  le  cour  de  l'eaue  au  préjudice  dudit  moulin  et  de 
icelluy  de  Jaillart'*.  i  Autant  de  raisons  suffisantes,  on  le  voit, 
pour  tout  propriétaire  soucieux  de  ses  intérêts,  de  s'opposer 
énergiquement  aux  empiétements  d'un  voisin  sans  gêne,  ce 
voisin  fût-il  un  grand  de  la  terre,  soutenu  par  la  toute-puis- 
sance d'un  roi. 

Mais  sans  tenir  aucun  compte  des  justes  observations  du 
Chapitre,  Pierre  Nevelet  mit  au  mois  d'octobre  suivant  les  tra- 
vaux en  adjudication,  déclarant  ouvertement  qu'il  serait  passé 
outre  à  l'opposition  formée  par  les  chanoines  de  la  cathédrale. 
Ceux-ci,  avant  d'entamer  un  procès,  veulent  encore  «  veoir 
sur  les  lieux  s'il  y  auroit  moien,  sauf  les  intérêts  du  Chapitre, 
bastir  ledit  pont  au  dessus,  devant  ou  dessoubz  ledit  moulin 
de  la  Pielle  '  »  ;  ils  réfléchissent  longuement  pour  savoir  enfin 
s'ils  donneront  leur  adhésion  ou  s'ils  persisteront  dans  leur 
refus  et  font  preuve,  en  un  mot,  de  la  plus  grande  bonne 
volonté  en  conseillant  d'établir  ce  nouveau  pont  au-dessous 
du  moulin,  «  sur  un  guey  qu'on  prétend  estre  public  *  ». 

Pour  s'opposer  efficacement  à  la  construction  du  pont  pro- 
jeté, écrit-on  de  Paris  au  Conseil  capitulaire,  en  réponse  à  une 
demande  de  renseignements,  il  faut  pouvoir  justifier  que  le 
Chapitre  Saint-Pierre  est  seigneur  foncier  et  haut  justicier  du 
lieu  et  de  l'emplacement  sur  lequel  on  a  l'intention  de  l'édi- 
fier ;  il  faut  détailler  et  estimer  d'une  façon  précise  «  les  diffi- 
cultés et  incommodités  qui  empescheront  le  moulin  d'agir  si 
bien  qu'au  passé  ».  Pour  obvier  à  un  inventaire  et  éviter  une 
expertise  que  la  Cour  ne  manquera  pas  d'ordonner,  on  lui 
donne  en  outre  le  conseil  de  procéder  sur  les  lieux  à  une  seconde 

lisons  dans  les  délibérations  capitulaires,  à  la  date  du  vendredi  31  août 
1612  :  «  A  esté  donné  pouvoir  à  Messieurs  le  doien  et  archidiacre  d'Arcys 
de  composer  et  marchander  à  quelques  ouvriers  pour  restablir  le  pont  de 
Jully.  »  (Archives  de  l'Aube,  G  1294,  f-  107  v.) 

1 .  Cette  grange  avait  été  construite  par  Enoch  Michelin,  ancien  meu- 
nier de  la  Pielle.  Au  mois  de  décembre  1602,  le  Chapitre  la  louait,  moyen- 
nant une  redevance  annuelle  de  4  livres,  à  un  nommé  Guillaume  Soucin, 
maître  tanneur. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  .1297,  f»  333  v. 

3.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f»  337  r». 

4.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f»  338  v°. 


6S2  LE   PONT    DE   LA    PIELLE    A    TROYBS 

visite,  «  parties  appellées,  présentes  et  défaillantes,  en  pré- 
sence de  l'autorité  du  juge  voial  ordinaire  de  Troyes,  et  à  sou 
defiPault,  en  présence  des  juges  de  la  justice  du  Chapitre  '  •. 
Ce  ne  sera  qu'après  toutes  ces  précautions  prises,  qu'après  tou- 
tes ces  formalités  remplies,  que  le  Chapitre  pourra  faire  par- 
venir ses  plaintes  directement  au  roi  en  lui  demandant  d'ap- 
pliquer la  justice  et  de  faire  respecter  ses  droits. 

Nous  devons  croire  que  ces  nouvelles  récriminations  demeu- 
rèrent, comme  les  précédentes,  sans  résultat,  car  le  14 
mars  1031,  nous  voyons  le  Conseil  capitulaire  donner  enfin 
l'ordre  au  syndic  du  Chapitre  de  mettre  «  au  roolle  la  cause  du 
pont  qu'on  veult  construire  sans  sou  consentement  et  contre 
sa  volonté  "  ». 

Si  le  Chapitre  de  la  cathédrale  veillait  à  ses  intérêts  et  récla- 
mait impérieusement,  mais  sans  succès,  l'application  à  son 
égard  du  simple  droit  commun,  Guichard,  de  son  côté,  ne 
restait  pas  iuactif.  11  était  arrivé,  nous  disent  les  décisions 
capitulaires,  à  intéresser  à  sa  cause  les  habitants  de  la  Vache- 
rie et  du  Pré-l'Évêque,  les  meuniers  de  Sancey,  de  la  Rave  et 
de  la  Moline,  et  à  leur  persuader  d'introduire  au  Parlement  une 
requête  demandant  la  construction  d'un  pont  sur  la  Seine,  au 
Vouldy  ;  ce  pont  leur  était  devenu  d'une  utilité  incontestable 
pour  se  rendre  en  voilure  à  la  ville,  avec  laquelle  ils  étaient  en 
communication  journalière  el  forcée.  Comm'i  il  fallait  s'y 
attendre,  présentée  au  Conseil  du  roi,  cette  requête  fut  prise 
immédiatement  en  considération,  et  l'arrêt  rendu  en  faveur 
des  signataires  fut  signifié  au  Chapitre  le  mercredi  2  mai  1631. 

Le  vendredi  suivant,  sans  plus  larder,  le  chanoine  Chàtel, 
syndic  du  clergé,  Bonaventure  Bailly ',  grand  maire  du  Cha- 
pitre, et  Louis  Bareiou,  procureur  fiscal,  se  rendirent  dans  la 
matinée  à  la  Vacherie,  où  ils  rencontrèrent  les  habitants  préci- 
sément assemblés  pour  s'entretenir  de  leurs  propres  affaires. 
Lecture  leur  fut  faite  immédiatement  de  la  requête  introduite 
en  leurs  noms  au  Conseil  du  roi,  de  l'arrêt  qui  en  avait  été  la 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  ("  341  r-, 

'l.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f"  365  v°. 

3.  lionavenlure  Bailly,  uvocal  à  Troye?,  avait  été  institué  grand  maire 
et  bailli  du  Chapitre  d.j  Troyes,  le.  mercredi  13  février  1601,  en  remplace- 
ment de  Uallb«zar  Bailly,  son  père,  démissiounaire  en  sa  faveur,  «  à  charge 
de  garder,  conserver  et  maintenir  envers  et  contre  tous,  les  droits  du  Cha- 
pitre. »  (Archives  de  l'Aube,  G  1293,  f"  18  v*].  —  Ballhazar  Bailly  avait 
lui-même  succédé,  le  2  juic  1M87,  à  son  père  Thomas  liailly,  lequel  avait 
été,  lui  aussi,  pendant  plus  de  quarante  ans,  grand  maire  et  avocat  du  Cha- 
pitre (Archives  de  l'Aube,  G  1290,  f"  178). 


LE   PONT   DE   LA.    PIELLE    A   TROYES  683 

conséquence,  lequel  avait  été  signifié  au  Chapitre  le  mercredi 
précédent.  Puis  interrogés  séparément,  à  Texceptionde  quatre 
qui  signèrent  «  un  papier  à  eulx  [)résenlé  par  le  serviteur  du 
sieur  du  Vouldy  sans  sçavoir  bonnement  qui  estoit  »,  tous 
déclarèrent  qu'ils  n'avaient  chargé  personne  de  présenter  une 
requête  au  roi,  ni  à  plus  forte  raison  de  provoquer  du  Pnrle- 
ment  de  Paris  un  arrêt  en  leur  faveur  '. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  de  cette  vi>ile  aux  habi- 
tants de  la  Vacherie,  les  chanoines  chargèrent  M.  Forest, 
avocat  du  Chapitre,  d'obtenir  du  Parlement  la  non  exécution 
de  l'arrêt  prononcé  contre  eux,  «  comme  estant  rendu  sur  un 
faux  exposé  et  surprenant  la  religion  du  Conseil  -  ». 

Fort  de  la  protection  du  roi,  agissant  peut-être  d'après  des 
conseils  venus  de  Paris  et  de  la  cour,  Guichard  du  Vouldy 
avait- il  réellement  présenté  au  Parlement  une  requête  appuyée 
de  fausses  signatures,  ou  les  habitants  de  la  Vacherie  (qui 
auront  toujours  contre  leur  sincérité  l'immense  commodité, 
qui  devait  résulter  pour  eux,  de  la  construction  d'un  pont 
devant  le  moulin  de  la  Pielle)  s'élaient-ils  concertés  pour  ne 
pas  avouer  la  vérité  au  Chapitre,  seigneur  du  lieu  2,  dont  ils 
pensaient  avoir  à  redouter  les  représailles?  Nous  ne  saurions 
le  dire.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  visible  maintenant,  même  pour 
les  moins  clairvoyants,  que  le  Chapitre  était  le  jouet  et  la  vic- 
time d'une  machination  à  laquelle,  nous  le  savons,  n'était  pas 
étranger  Louis  XIII,  contre  l'autorité  toute-puissante  duquel 
devaient  aller  infailliblement  se  briser  toutes  les  démarches, 
toutes  les  récriminations,  toutes  les  suppliques  des  chanoines 
de  la  cathédrale. 

Nous  allons  en  effet  pouvoir  constater  ensemble,  dans  la 
suite  de  ce  récit,  que  sans  égard  pour  sa  propre  dignité,  contre 
toute  justice  et  au  mépris  des  droits  du  Chapitre,  le  roi  ne 
craignit  pas  d'avoir  recours  au  mensonge  pour  voir  aboutir  ses 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f"  375  r". 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  lz97,  f»  375  v". 

3.  Une  délibération  capitulaire  du  19  décembre  J601  nous  apprend  que 
le  Chapitre  se  servait,  pour  chacune  de  ses  terres  et  de  ses  seigneuries,  d'un 
sceau  dont  il  nous  donne  lui-même  la  di?positiou  :  «  Messieurs  ont  ordonné 
que  pour  chascune  des  terres  et  seigneuries  appartenant  à  ce  Chapitiesera 
faict  fabriqué  ung  scel  aux  armes  d'icelny,  pour  sceller  les  sentences,  com- 
missions et  aultres  actes  et  expéditions  de  justice  es  dictes  seigneuryes,  et 
ledict  scel  mis  en  la  garde  des  oi'liciers  d'icelles,  autour  duquel  scel,  avec 
nom  de  la  seigneurye,  seront  gravez  ces  mois  :  scel  du  Chapitre  de  Troyeg 
pour  N , . .  » 


684  LK   PONT  DK   LA   PIELLE   A   TROYES 

projets,  faire  exécuter  ses  ordres  et  donner  ainsi  satisfaction 
à  son  ancien  maître  d'hôtel,  son  protégé. 

Le  vendredi  23  mai  1631,  on  venait  en  toute  hâte  avertir  les 
chanoines  assemblés,  que  malgré  leurs  oppositions  successives, 
sans  même  attendre  l'arrêt  du  procès  pendant  au  Parlement, 
des  ouvriers  étaient  occupés  à  enfoncer  des  pieux  dans  le  Ht  de 
la  Seine,  pour  y  asseoir  les  premiers  fondements  du  pont  contre 
la  construction  duquel  il  avait  protesté  jusque-là  avec  tant 
'  énergie. 

[A  suivre.)  Edmond  Fugez. 


Glossaire  du   Mouzonnais* 


Taule,  s.  f.,  table  (à  la  frontière). 

Dame  Morgue  et  se  compaignie 
Fust  ore  assise  a  ceste  taule. 

(Rutebeuf) 
Esgardes,  li  taule  est  ja  mise. 

(Jus  de  la  Feuillie) 

On  nous  embleroit  nos  calices 
Devant  nous  à  la  taule  Dé. 

(Ordène  de  chevalerie) 

Une  grant  gâte  (jatte)  demanda 
Sur  une  taule  l'adenla. 

(Marie  de  France) 

L'honneur  n'a  ren  que  la  paraule 
Que  vau  mays  qu'argent  dessus  taule. 

{Seigne  Peyre) 

Se  assis  estes  a  grande  taule  u  petite. 

{Li  ars  d'amour) 

Tavelé^  adj.,  marqué  de  taches  (de  rousseur),  tacheté. 

Li  cuirs  de  noz  jambes  devenoit  tavelés  de  noir  et  de  terre. 

(Joinville) 

Tavelures,  s.  f.,  taches  (de  rousseur),  éphélides  ;  taches  de  son 
ou  bran  de  Judas. 

Taviage,  s.  m.,  cloison  légère,  provisoire,  que  l'on  édifie  pour 
séparer  une  chambre  en  deux. 

Té,  P.  p.  du  V.  être,  été  :  J'ai  té  à  Paris.  —  Quand  les  blés 
ant  TÉ  cilés,  on  les  ai  lo-iiest  pis  ons  ai  ramo-iie  les  gerbes.  — 
A  la  frontière,  on  dit  slu  :  Ja-Batisse!  il  ai  stu  moût  malade, 
taijez  !  —  C'est  l'ancien  participe  estu  de  eslre,  qui  étant  de  la 
conjugaison  en  re  devait  avoir  son  participe  en  u;  au  contraire, 
été  vient  de  ester  qui,  pour  être  très  voisin  de  estre,  ne  se  con- 
fond pourtant  pas  avec  lui. 

Il  corirent  devant  le  fortereche  de  Bosenove  et  sturent 
longuement  là. 

(Jean  de  Stavelot) 

*  Voir  page  562,  (ottie  X  de  la  Revue  de  Champagne. 


é86  OLOSSÀIRB   DU   MÔÙZONNAtS 

Teillette,  s.  f.,  instrument  servant  à  leiller  le  chanvre,  et  que 
nous  nommons  plus  ordinairement  récoussette.  —  Le  tiiia 
latin  désigne  la  partie  souple  de  l'écorce  des  arbres,  du  chanvre, 
avec  laquelle  on  fait  la  corde,  les  nattes,  —  Est-ce  de  là  que  vient 
le  nom  propre  Thilloy,  à  Thelonne  et  environs,  et  celui  du  village 
de  Thilay? 

Teind(r)e,  v.,  teindre.  —  J'ieins,  j'teindans  ;  —  j'taindos  — 
Jai  Icindu  —  A  leindant.  —  C'est  pendant  qiiil  /teindans  les 
uiés. 

Teindrie,  s.  f.,  teinturerie,  teinture. 

Teindu,  adj.,  teint,  teinte.  —  C'est  d'ia  lain-7ie  tkindue. 

Télier,  tellie(r),  toilie(r),  s.  m.,  loiiier,  tisserand,  qui 
fabrique  de  la  toile.  L'ancienne  prononciation  lcUiei\Ta.ve  aujour- 
d'hui, s'est  conservée  dans  le  nom  propre  TeUier,  LetcUier,  très 
fréquent. 

Des  ])ouquerans  et  des  telles  do  colon,   on   doit  prendre 
dou  C,  VIll  besans. 

(Assises  de  Jérusalem) 

IL  convient  que  leliers  face  toille  à  nappes. 

(Ordonn.  de  Reims,  1378) 

Et  se  tcliers  tissoit  tiretaine  ki  ne  fust  boine. .... 

{Recueil  Taillar,  1245) 
Telle,  s.  f.  —  Voyez  Taile. 

Témougnage,  s.  m,,  témoignage. 
Témougnie(r),  v.,  témoigner. 

Ten,  pour  Ion.  —  Confer.  nien  ou  mon,  sen  ou  son.  —  On 
dit  :  Cn^est  mi  t'n  affaire. 

Tenab(l)e,  tenaule,  adj.,  lenable. 

Tenderie,  s.  f.,  série  de  pièges  pour  prendre  les  oiseaux,  le 
gibier.  —  Upere  Chapellier  ai  '/t  belle  tendeuie  de  grives. 

TendeuB,  s.  m.  Celui   qui  tend   des   pièges  pour  les   oiseaux, 

oiseleur. 

Cacheux,  pèqueux,  tendeux, 

Trois  métiers  do  gueux. 

(Vieux  prov.  picard) 

Tend^rje,  tade,  v.,  tendre.  —  A  cinq  heures,  j'avains  tadu 
pus  d' cent- cinquante  lacs. 


GLOSSAIRK   DU   MOUZONNAIS  687 

Teiii(r),  t'ni,  v.  —  J'tins,  j'tenans  —  j'iénos,  j'tenains  ;  — 
j'iiiirai  ou  leiirai  —  J'iinros  ou  leuros.  —  A  t'nant  ou  tenant. 
Tous  les  composés,  conlenir,  détenir,  maintenir,  obtenir,  rete- 
nir, soutenir,  appartenir se  conjuguent  sur  tenir.  —  Kt  il 

eu  est  de  niènie  de  venir  et  ses  composés. 

Cous  qui  Icnront  Stonne  et  Chymineri. 

(Charte  de  Maisoncelles,  1262) 

En  doaire  tenrront  la  moitié  do  Pertes  et  de  Tannion. 

(Cariulaire  de  Helhel^  1246) 

De  vos  tinra  sa  lorre  et  toi  son  chasement. 

{Quatre  (ils  Ayinun) 

El  les  Dames  qui  chaslée  tenront. 

(Châtelain  de  Coucy) 

Si  fus  surpris  de  sa  biauté 
Que  loiaulé  li  créantai  : 
Si  li  tenrai. 

(Perrin  d'Angecourt) 

...  Ou  se  ce  non,  on  le  lenroit  pour  toujours  adjourné. 

(Chron.  de  Valenciennes) 

Il  leur  jura  sur  sains  qu'il  a  bonne  foi  tênroif  les  conve- 
nances. 

(Villehardouin) 

Je  doy  prendre  le  serment  du  Roy  que  il  tenra  les  usages, 

Iranchises 

(Aveu  de  Mutry,  Mouzon^  i369) 

Tenre,  adj.,    tendre. —  . 4 /j.  /   i   n'est   mi    tenre    poii(r)    ses 
afants,  cti-ià  1 

Si  me  deuscies  chérir  et  norrir  en  voslre  amour,  quoiq'ele 

lust  tenre  et  novele. 

(Bestiaire  d'amour) 

Je  cuidai  tenir  un  froumage 
Si  senti-je  tenre  et  mole. 

(Robin  et  Marion) 

La  pucele  —  Qui  estoit  grasse,  lenre  et  biele. 

(Fabliau,  Meunier  d'Arleux) 

Primaut  a  de  la  huche  trait 
Le  pain,  le  vin  et  la  char  tenre. 

(Rom.  de  Renart) 
Tenremat^  adv.,  tendrement. 

Tenrement  en  plora. 

(Cygne) 
Qu'el  ne  souspirt  plus  tenrement. 

[Amadas  et  Ydoine) 


688  GLOSSAIRE  bu  MOUZONNAIS 

Elle  ploroit  moult  tenremant. 

(Dolopathos) 

El  plusieurs  hommes  et  femmes  se  jetlièrenl  a  ses  pies 
tenrement  plorant. 

(Froissart) 
Tenrement  pleure  li  guiton. 

(Blancandin) 

Si  en  ot  moult  grant  pitié  et  plora  moult  tenrement  des  iaus. 

(Saint  Graal) 
Tenreur,  s.  f.,  tendreté,  tendresse. 

Quant  nosire  gent  virent  ce  saint  leu,  moût  en  furent  lié, 
et  granz  tendreurs  on  orent  à  leur  cuers. 

(Guill.  de  Tyr) 

Veuillez  par  vostre  douçour  —  Et  tenrrour  — 
Moy  remettre  en  vostre  tour. 

(Eust.  Deschamps) 

Termine,  s.  m.,  trimestre.  —  Période  déterminée  de  temps. 
On  lit  dans  le  cahier  de  Jean  Tobie,  maître  d'école  à  Chaumont 
en  l'740  :  «  Pour  garder  des  brebis,  par  chaque  termine  on  donne 
deux  sols,  neuf  liards,  et  deux  sols  six  deniers  suivant  la  quantité 
de  brebis,  plus  ou  moins.  » 

Et  cist  XXXVI  lib.  sont  a  paier  a  trois  ans,  a  ceste  pre- 
mière feste  tos  sains  VI  lib.  et  al  candeler  après  VI  lib.  et 
autretant  à  ces  termines  cascun  an  duska  trois  ans. 

{Rec.   Taillar,  1226) 

Baudoins  vesqui  son  termine. 
Tant  qu'il  fust  mandé  à  vermine. 

(Estoire  de  la  guerre  sainte) 

Terris,  s.  m.,  sorte  d'aire  faite  de  béton  ou  débris  de  pierres 
(écofiesj,  chaux,  mortier  ;  —  employée  surtout  dans  la  maison 
(cuisine),  ou  à  la  grange. 

Tertous,  tretous,  tourtous,  pr.  ind.,  tous,  tout  le  monde. 
—  J'nous  a  r'n  irans  tourtous  asanie. 

On  souloit  venir  tournoiier 
En  France  de  trestous  païs. 

(Roman  de  Hum) 

Terziau,  treziau  (Voy.  ce  mot).  S.  m.  —  Tas  de  treize 
gerbes  ainsi  posées  horizontalement  sur  le  sol  :  deux  de  même 
sens,  et  une  entre  deux  en  sens  contraire  ;  puis  sur  cette  sole^  et 
en  travers,  une  pile  de  4,  3,  2,  1,  avec  les  épis  tombant  du  même 
côté.  —  On  a  vu  que  lialerzeler  signifie  former  les  terziaus. 

Fardeiez  (petits  liens)  a  lier  trosiax. 

{Dit  des  cordiers) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  689 

Tête-épaules  (porter  à),  expr.  à  califourchon  sur  le  cou  et  les 
épaules  du  porteur.  —  Dans  le  nord  des  Ardennes  on  dit  :  à 
Armincllc.  On  sait  que  l'hermine,  fourrure,  s'enroule  autour  du 
cou  ;  et  l'on  peut  aussi  remarquer  que  de  ce  côté  est  le  pays  des 
Arminiaux  (Voj.  Erminiaus). 

Tête  et  pointe,  s.  f.  Jeu  d'enfant  qui  consiste  à  lancer  un 
couteau,  d'une  position  plus  ou  moins  singulière,  de  manière  qu'il 
s'étiche,  c'est-à-dire  pénètre  par  la  pointe  dans  un  obstacle  où  il 
peut  entrer. 

Têteron,  s,  m.,  têtière,  pièce  de  l'habillement  d'un  cheval. 

Teu  (le,  la)  ;  Teus  (les),  pronoms  dém.^  celui,  celle  ;  ceux.  Au 
féminin,  on  dit  quelquefois  la  celle,  les  celles.  —  A  la  frontière  et 
sur  la  Chiers,  on  dit  plutôt  lu  steu  (de  celui). 

Cette  expression  est  probablement  l'emploi  de  l'ancien  tel,  tex, 
TECS,  cas  sujet  singulier  ou  régime  pluriel.  —  On  doit  peut-être  y 
voir  aussi  un  reste  de  l'ancien  usage  qui  accolait  l'article  au  pro- 
nom :  LE  uiEM  frère,  la  vostre  merci,  et  a  pu  faire  dire  les  iceux.  — 
Vinrant  les  teux  qui  vaurant,  viendront  ceux  qui  voudront.  — 
Dans  un  dicton  du  pays,  on  parle  ainsi  :  Les  cloches  du  Nou-ïe 
(Noyeî'sJ  saîitd'bos ;  les  TEvxd'Wad'hincou(ri)  sant  de  cuir. — 
Et  encore  :  Au  Buire  !  au  Su  ire  !  les  teux  qui  n' vinrant  mi 
arant  la  fuire. 

Neporquant  il  i  a  assez  de  teus  qui  sont  convoiteus   de  la 
viande  (nourriture)  corporel. 

(Serm.  de  Maurice  de  Sully) 

Nejà  ne  seroit  teus  que  il  l'osast  encontrer  ne  attendre. 

(Chron.  de  Rains) 

Quant  li  rois  entendit  teus  parole. 

(Id.) 
Et  les  peuples  de  teus  manières 
Qui  n'en  unt  lei. 

[Chron.  Ducs  Norm.) 
Teus  quide  avoir  amie 
Qui  point  n'en  a. 

(Pieres  àe  CorbieJ 
Tu,  hom  ki  es  teus 
Ke  tu  as  grant  terre  à  baillier. 

(Renart  le  Nouvel) 
. . .  Teus  au  main  sue 
Qui  a  viespre  a  froit. 

(Couron^  de  Renart) 

Sui-je  donc  teus  qui  doie  guarder  si  saintisme  chose  et  tel 
veissel  ? 

(Perceval  de  Robert  de  Bovron) 

44 


éÔO  GLOSSAIRE  DU   MOUZONNAtS 

Teumer,  v.,  tomber.  —  Voy.  Tutner. 

Teuriau,  teurai,  torai  (eu  bref],  s.  m.,  taureau.  —  Vieux 
français  toriaus  et  lorel  en  déclinaison.  —  Il  y  a,  à  Raucourt, 
l'Pré  don  Teurai. 

Et  si  n'oubliez  pas  les  oes 

Ne  vaches,  ne  toriaus,  ne  beus. 

[Chron.  de  S'  Magloire) 

Nuls  bouchiers  nu  porra  tuer  depuis  Pasques  jusques  à  la 
St-Remi  aucunes  brebis,  ne  aucuns  moutons  couillus,  ne 
tcriaus,  sur  X.  s. 

(Ordonn.  de  Reims,  1378) 

Taurus,  torel. 

{Gloss.  rom.  lai..,  XV^  s.) 

Theloune,  tloune,  cloune,  clôugne,  s.  pr,  Tbelonne,  nom 
d'uu  village  (<  leloniuni  »,  comptoir,  bureau  de  recette). 

Thelounie(r),  tlounie(r),  clounie(r),  s.,  habitant  de  Tbe- 
lonne. 

Ti,  pron.  pars.,  régime;  toi,  te. —  A  Raucourt,  on  prononce  ic. 

Ke  tu  cousencenols  soyes  de  reconcilier  a  ti  la  grâce  do  Dieu, 

{Sermon  S^  Bernard) 

Mai  comment  serai  sans  ti. 

(Adams  li  Boçus) 

Oncques  d'Arras  bon  clers  n'issi 

Et  tu  le  veus  faire  de  ti. 

(Id.) 
Fa  tant  ala  de  vii  à  ti. 

Qu'il  vint  dusqu'à  Bleopalri. 

(Cléomadès) 
Amis,  Dieu  benéie  ti  ! 

(Blancandin) 

Frans  roys,  dist  la  royne,  par  Dieu^  je  viens  à  li. 

{Baslars  de  Buillon) 

Che  fu  por  nos,  ce  ne  fu  pas  por  li. 

(tluoîi  de  Bordeaux) 

Plus  ne  me  plaindrai  de  ti 
En  tout  le  temps  de  ma  âge. 

(Bcrgerete  chantée,  Ane.  Textes) 

Sathan  trop  avons  fait  i)0ur  ty. 

(Moral.  Mauv.  Riche  et  Bon  Ladre) 

Veiz  Baligant  qui  après  tei  chevauche. 

(Chans.  de  Roland) 


GLOSSAIRE  DU  MOUZONNAIS 


691 


Chascun  jor  préun  Dieu  pur  tei. 

(Thomas  le  martyr) 

Tien,  pr.  poss.  masc.  et  fém.  —  T'ai  ma  bourse,  donne  mû  la 
TIEN.  —  T'ai(s)  iu  les  affaires  dû  la  mère,  j'arai  les  tie.ns. 

Tigne,  s.  f.,  teigne,  —  Cuscute,  qui  pèle  les  trèfles  et  luzernes 
(oonvolvulacée). 

Je  guaris  la  mauvaise  Ligne. 

(Varlet  à  louer) 

Poux,  puces,  lantes  et  vermines, 
Bosses,  clos,  roignes,  tranchoisons, 
Sausse  flamme,  la  toux,  la  ligne. 

(Eust.  Deschamps) 

Tant  plus  croist  ligne  et  plus  est  grefve. 

(Sccrels  et  Loix  de  mariage) 

Je  vorroie  qu'il  heul  la  ligne. 
Quant  les  vigueurs  ainsi  apresse. 

(Guerre  de  Metz) 
Tinnia,  teigne. 

{Gloss.  rom.  lat.^  XV^  s.) 

Tigneux,  adj.,  qui  a  la  teigne.  —  Le  village  ardennais  Vil- 
lers-le-Tilleul  s'est  appelé  jadis  Villers-le-TiG^^vs. 

^ière  pileuse  fait  sa  fille  ligneuse. 

(Lepeintre  de  Reims) 

Rongneux^  ligneux^  coquin  et  papelart 
Vous  me  direz  qui  a  mangé  le  lart. 

(Eust.  Deschamps) 

Mes  un  ligneux  vouidroit  que  tous  fu&sent  comme  luy 

(Voy.  d'oultremer  en  Jhérusalem) 

Que  ligneux  ert,  bien  l'a  véu. 

(Castoiement) 
Tinnosus,  tingnenx. 

[Gloss.  roman  latin,  XV^  s.) 

On  ne  peut  guérir  un  ligneux. 

(Secrets  et  loix  de  mariage) 
Ti-iu,  tu-iu,  s.  m.,  tilleul. 

Tirepie(d),  s.  m.,  tirepied. 

Tirer  à  la  brochette,  c'est  tirer  au  fétu,   à  la  courte  paille. 

On  fait  usage  de  deux  brindilles  inégales  de  bois,  à'desbrochelles. 

Tireus,  s.  m.,  tireur.  —  Edouard  Tu-iot  élol  in  bon  tireus. 


692  GLOSSAIRE   DU   MOUTONNAIS 

Tiroi(r),  s.  f.,  tiroir.  On  dit  aussi  la  tiroire. 

Tirpoint,  s.  m.,  tiers-point. 

Tisain-ne.  s.  f.,  tisane. 

Tisse,  tisserie,  s.  f.,  le  métier  de  tisseur;  —  le  corps  des  tis- 
seurs, —  La  TISSERIE  balle  dûpuis  in  bon  moumenl  ;  —  On  arot 
bin  niélie(r)  qu'la  tisse  reprend. 

Tisseus,  s.  m,,  tisseur,  celui  qui  tisse  le  drap. 

Je  dis  que  li  lissier 
Ont  lo  plus  bel  mestier 
Que  hom  faire  lo  porroit. 

(Dit  des  Tisseranz) 
Tissie(r),  v.,  tisser. 

Tiule,  tule,  s.  f.,  tuile.  —  In  toit  couvert  en  tules.  —  Frois- 
sart  emploie  le  mot  tuillol^  que  nous  avons  comme  nom  propre. 

Item  la  rente  des  lieules  qui  vaut  environ   siis   milliers  de 
tieulte. 

{Cartul.  de  Rethel,  1322) 

Tegula,  tieule. 

(Gloss.  rom.  lut.,  XV»  s.) 

Et  j'ai  souvent  fait  en  un  val 
Sus  deus  tieuletles  un  moulin. 

(Froissart) 

Togeard,  Togeâ(rd),  s.,  habitant  de  Toges. 

Tô-ïe,  s.  f.,  laie  (d'oreiller),  sac  à  plumes  pour  le  lit.  —  C'est 
l'ancienne  forme.  —  Le  vieux  mot  toaille,  toiiaille  signifiait  ser- 
viette, nappe,  gaîne  ;  et  l'on  a  employé  souille  avec  le  même 
sens. 

Item,  sept  toyes  de  cendal  pour  carreaus  à  fleur  de  lis. 

{Inv.  Clém.  de  Hongrie) 

Pour  la  façon  de  6  toyes  à  orilliers. 

{Comptes  de  l'Argenterie  du  roy,  1387) 

Toutes  les  plaies  lui  essuie 
D'une  toaille  assoz  plus  blanche 
Que  noif  neigée  sur  la  brauche. 

(Gautier  de  Coincy) 
Ains  a  en  la  sale  trovée 
La  table  mise  et  la  touaille. 

(Messire  Gauvain) 

Toilie(r),  s.  m.,  loilier,  ouvrier  qui  tisse  la  toile.  S'est  pro- 
noncé longtemps  Tellier,  mot  resté  nom  propre. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  693 

Le  reste  dudit  village  (Cliaumont)  sont  manouvrier,  tis- 
seur en  draps,  toillij,  sieur  de  Long,  filleur  de  laine  et  cha- 
ron. 

(Cahier  de  Jean  Tobie) 

Toilette,  s.  f.,  le  diaphragme.  —  //  ai  fai(t)  in  si  gro(s) 
effort  qui  s'ai  déchiré  la  toilette. 

Tôlie(r),  s.  m.,  tôlier,  ouvrier  qui  travaille  la  tôle. 

Tolli(r),  V.,  enlever,  prendre,  ravir,  voler.  —  Ne  s'emploie 
qu'à  l'infinitif  et  au  participe  passé  tollu  :  —  EU'l  ai  droit  à  'n 
place  das  les  bureaux  :  ça,  on  n'sarot  li  tolli(r). 

Les  seigneurz  d'icelles  vouloient  tollir  franchise  à  leurs 
subjectz. 

(X  V  joyes  de  mariage) 

Les  héritages  a  renduz 

Que  si  dui  gendre  orent  toluz. 

(Roi  Lear) 
Tant  avoit  tolu  et  hapé 
Qu'au  derrenier  est  attrapé. 

(Godefroy  de  Paris) 

Uns  siens  frères  li  avoit  tolu  l'empire. 

(Li  estoires  de  Coustantinoble) 

•  I-  rois  li  veut  tolir  sa  terre. 

(Blancandin  et  l'orgilleuse  d'amour) 

Topin,  s.  m.,  vase  à  boire.  —  De  topette, ûole^  flacon  ou  tupin^ 
tirelire. 

Ton,  adj.  poss.,  ordinairement  remplacé  part',  tu,  t'n,el  quel- 
quefois, comme  jadis,  par  ten.  —  Voy.  Mon  et  son. 

Le  signe  gracieux  de  ten  estracion  (dii  t'n  estraccion). 

(God.  de  Bouillon) 

Thomas  met  ten  doi  ou  liu  de  mes  clofichures. 

(Serin,  de  Maurice  de  Sully) 

Tonde,  s.  f.,  tonte.  —  Jii  n'sarans  v'pai-iie(r)  qu'à  la  tonde 
des  berbîs. 

Tond(r)e,  v.,  tondre. 

Toquer,  v.,  frapper,  heurter.  —  N'tu  laisse  mi  faire,  là!  toqde 
dûssus.  —  On  toqde  à  l'huche. 

Toquet  ou  tuquet,  s.  m.,  se  dit  d'un  enfant  gros,  ou  plutôt 
ayant  une  grosse  tête,  et  de  taille  courte,  —  Lourdaud, 


694  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Torai.  —  Voy.  teuriau,  s.  m.,  taureau,  anc.  torel. 

Et  ce  que  ge  di  de  morel 
Di-je  de  vache  et  de  torel. 

(Rom.  de  la  Rose) 
Taurus,  ri,  torel. 

(Voc.  lai.  fr.j  Xlll^  s.) 

Thorai,  Taureau. 

(Roquefort,  Glossaire) 

Que  nous  avon  ci  un  torel 
Et  une  vache  et  un  veel. 

(Rom.  de  Renart) 

Torcau^.  torcou,  s.  m.,  espèce  d'oiseau,  de  l'ordre  des  grim- 
peurs, dont  un  geste  consiste  à  tordre  fortement  le  cou  (tord, 
tors,  tordu  ;  col,  eau,  cou). 

Quand  le  comte  Henri  de  Lancastre  au  Tors-col  eut  parlé... 

(Froissarl) 

Torchacu,  s.  m.,  papier,  chiffon  sans  valeur  autre  que  celle 
qui  provient  de  l'usage  qu'il  indique. 

rorchie(r),  v.,  torcher,  essuyer.  —  P.  p.,  t07'chie. 

Coument  du  sang  Jhesu  ala  ses  ious  torchier. 

(Bastars  de  Buillon) 

Bien  II  ont  les  genbes  torchies. 

(Rom.  de  Renart) 

Torcion  (de  pomme),  s.  m.  Ce  qui  reste,  queue,  pépins^  etc., 
la  pomme  mangée.  —  Les  habitants  de  Torcy,  faubourg  de  Sedan, 
ont  reçu  le  sobriquet  de  Tordons. 

Tordoue,  s.  m.,  tordoir  (tordouer). 

Tord(r)e,  v.,  tordre. 

Torti-iie(r)_,  v.,  tortiller. 

Tortu-iau,  s.  m.,  objet  tortu,  comme  une  tige  de  plante, 
d'arbre. 

Torti-ion,  s.  m.,  tortillon,  l'objet  tortillé:  paquet  de  cheveux 
tortillé  (non  tressé)  pour  le  chignon. 

Toubaque,  s.  m.,  tabac  (à  la  frontière). 

Touchatout,  s.  m.,  indiscret,  qui  touche  à  tout,  qui  s'occupe 
de  tout  (surtout  de  ce  qui  ne  le  regarde  pas). 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  695 

Touchie(r),  t.,  toucher.  —  P.  p.,  touchie. 

Ce  qui  cy  dessouliz  sera  touchie. 

(Privil.  Lombards  Mouzon,  1379) 

Contre  chacun  il'eulx  en  tant  que  touchier  luy  peuU. 

{Coust.  de  Vermandois,  1448) 

Mais  Honneurs  n'i  lessoit  touchier 
Ne  Loiautez  ame  qui  vive. 

(Watriquet  de  Couvin) 

Et  meismement  je  croi  bien    touchier   sor  les   livres  que 
maistres  Gauthiers  Maup  fist. 

(Tristan) 

Toudis,  adv.,  toujours  (di,  dies,  jour;  tous).  —  A  la  frontière. 

Tu  veus  toudis  estre  batu. 

(Robin  et  Marion) 

Languir  aim  mieux  tondis. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Adecertes  les  sacrifices  sont  tous  dis  devant  moy. 

(Psautier) 
Mais  heures  et  fortunes  le  portèrent  toudis. 

{Du  Guesclin) 
Et  son  sac  estoit  tousdiz  plains 

De  rudes  parolles 

(Alain  Charlier) 

Comme  faisoit  tondis  saint  Martin. 

(Gerson) 

Touillie(r),  toû-iie(r),  v.,  tourner  et  retourner,  culbuter, 
mélanger,  troubler.  —  On  touilie  la  farine,  les  u-ïes.,  le  lait 
asanle,  pov(r)  faire  ine  pâle.  —  P.  p.,  touillie. 

En  l'ardille  (argile)  s'est  tooilliez 
Tant  que  il  estoit  toz  soilliez. 

(Rom.  de  RenartJ 
Car  s'il  trouvoit  un  puiriel 
Comme  un  pourciaus  s'i  tooilloit. 

(Renart  le  Nouvel) 

En  son  ordure  Tort  se  toulle. 

(Passetemps  d^oysiveté) 

S'aucuns  waite  aucun,  et  il  foule  ou  touille  en  la  boe. 

(Ch.  de  Tournay,  1187) 

Vars  et  vendoises  rosties 
En  verjus  de  grain  tooillies. 

(Roman  de  Fauvel) 

pe  duc  de  Gloucester  rendoit  grant  paine  à  tout  touiller. 

(Froissart) 


696  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

En  sausse  dois  petit  moullier 
Por  toi  garder  de  tooler  (touiller). 

(Clef  d'amour) 

Touillon,  s.  f.,  femme  malpropre,  désordonnée;  —  et  par 
est.  de  mauvaise  conduite. 

Touner,  v.,  tonner.  —  /  tocne,  Rempart  dû  Diu  ! 

Tonare,  touner. 

(Voc.  lat.  fr.,  XIII'  s.) 

D'une  grant  Hue  n'oïst  on  Dieu  tonnant. 

(Raoul  de  Cambrai) 

Tounerre,  s.  m.^  tonnerre.  —  Tonnerre  du  Diu  !  juron. 

Touniaus,  tounai,  s.  m.,  tonneau,  tonnel.  —  Ce  sont  les 
deux  anciens  cas,  sujet  touniaus  et  régime  touniel,  lounel. 

Li  touniaus  fu  en  l'aige  a  ■!•   batiel  portes, 

(Rom.  d'Alixandre) 

Comment  Alixandres  fu  mis  en  mer  en  -I-  touniel  de  voirre. 

(Id.) 

Kil  ne  soit  nus  si  hardis  ki  laist  touniel  en  le  rue 

Et  se  cils  a  qui  li  touniaus  seroit  ne  le  fesoit,   il  kieroit  en 
forfait  de  G.  s.  et  si  perderoit  le  touniel. 

{Recueil  Taillar,  1263) 

Tounel  esprent,  li  sercle  sont  trenchie. 

(Raoul  de  Cambrai) 

Et  si  i  fist  mètre  un  touniel  tout  nuef. 

(Comtesse  de  Ponthieu) 

(L'an  1239)  Furent  en  vente  tonel  neuf. 

(Chron.  S*  Magloire) 

Ains  Diex  ne  veut  avoir  tonel  sor  son  chantier. 

(Rutebeuf) 
En  la  vile  de  Limeçon. . .  N'avoit. . . 
Tunel  ne  tone,  escu  ne  targe. 

(Estoire  de  la  Guerre  sainte) 

Si  le  muchierent  deriere  les  touniaus. 

(Rob.  de  Claris,  Estoires  de  Coustant.) 

Tourbe,  s.  t.,  meule  de  grain,  de  foin,  de  paille,  etc. 

Tourbi-iie(r),  tourbillie(r),  v.,  tourner  autour,  tourbillon- 
ner, papillonner,  chercher  à  approcher.  —  P.  p.,  Tourbi-iie.  —  l 
n'ai  CD  qu'seize  a7is,  et  i  coumace  d'ùjà  à  TouRBi-nE(n)  autour  des 
filles! 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  697 

Tourcau,  s.  m.  —  Voyez  Torcau  (torcol). 

Touret,  s.  m.,  rouet  à  liler  le  chanvre, 

Touron,  tourin^  s.  m.  —  Le  cœur,  le  milieu  avec  le  pied  d'un 
chou,  les  feuilles  enlevées.  —  On  dit  un  tronc  de  chou;  Rabelais 
disait  ung  trou  de  chou. 

Ge  ne  pris'  pas  un  trox  de  pome 
Ne  toi  ne  quanques  fu  as. 

(Fabl.  des  deux  bordeors) 

Du  sanglier  les  crocs  inutilles 

Ne  servent  pas  d'un  trou  de  chou. 

{Ovide  Bouffon) 

Tourne- à-fuie,  qualificatif  ajouté  à  Neuville,  village  des 
Ardennes,  et  exprimant  qu'un  combattant  prend  la  fuite. 

Si  tes  peuples  turne  a  fuie  devant  ses  ennemis. 

(Liv.  des  Rois) 
Renart  est  en  fuie  tornez. 

(Rom.  de  Renart) 

Paien  tornent  en  fuie  que  ne  targent  néant. 

{Maugis  d'Aigremont) 
T6urneu(r),  s.  m.,  tourneur. 

Tourni-iie(r);,  tournillie(r),  v.,  tournailler,  tournoyer,  tour- 
ner autour  ;  faire  des  tours,  des  cercles. 

Et  voient  les  fosses  où  li  yauwe  tournie. 

(Godef.  de  Bouillon) 

En  tourniant  par  no  cloistre  huy  matin. 

(Puy  de  Vécole  de  rhét.) 

Et  Cresonelle  aussi,  qui  bien  va  tourniant. 

(Du  Guesclin) 

Et  adoncques  quant  ilz  ont  cheus  en  icelles  fosses  ils  sont 
fort  esbahis,  et  tournient  pour  cuider  trouver  manière  ilz  en 
pourront  issir. 

(XV  joj/es  de  mariage) 

Corne  uns  home  quant  il  est  yvre,  il  li  semble  que  la  tête 
li  tourne  ou  que  la  maison  tournie  par  dessus  li. 

(Maisnie  Hellequin) 

Ne  par  deçà  vers  Rome,  si  com  li  mons  tornie. 

(Gui  de  Bourgogne) 

Si  tourniièrent  ces  deux  batailles  tout  le  jour  environ 
Monmartre. 

(Froissart) 


698  OLOSSAIRK   DU   MOUZONNAIS 

Tourniole,  s.  f.,  mal  blanc,  sorte  de  panaris. 

Tourni-ot,  s.  m.,  gâteau  tourné  en  forme  de  roue.  —  Voy. 
michol  et  rou-iol. 

Tournisse,  s.  f.  On  dit  une  lournisse  (dû  pain)  comme  un 
chanleau  de  pain,  un  gros  morceau  de  pain.  —  I  faiil  qiCi  mange 
co  quéques  bonnes  touiinisses  dûvanl  quû  cT  venir  grand  coume 
S'il  père. 

Tournure,  s.  f.,  détour,  faux  fuyant.  —  /  n'répond  jamais 
droite  faut  toujoii(rs)  qu'i  charche  des  tournures. 

Touron.  —  Voy.  Tourin. 

Tourtélot,  s.  m.,  espèce  de  pâte  en  rubans,  cuite  à  l'eau,  — 
Froissart  a  employé  tourtel  et  tourte,  notre  galette  d'aujourd'hui. 

—  TouRTKLOTs,  cuits  das  t'potj  cv'i. 

Fai  a  mun  ces  tut  jinemierement  turtellet  de  celé  farine, 
si  Tme  porte  e  puis  fras  a  tun  oes  et  al  oes  lun  filz  (oes, 
opus,  besoin). 

(Liv.  des  Rois) 
Li  cuers  de  grant  paour  flaiele 
Et  frit  com  tourtiaus  en  la  paiele. 

(Jean  de  Condé) 

Tourtière,  s.  f.,  vase  plat  en  lAle  dans  lequel  on  fait  cuire  les 
tourtes  ou  galettes. 

Tourtous,  tertous,  tretous,  pron.  ind.,  tous,  tout  le  monde. 

—  C'est  un   réduplicalif  :  tout-tous   ou   Irès-tous,   complètement 
tous.  —  Il  y  a  le  féminin  lourloutes. 

Tant  i  luttai 
Que  j'achevai 
Trestout  mon  désir. 

(Perrin  d'Angecourt) 
Ils  ont  laissié  ces  misères 
Esquelles  nous  sommes  trestous. 

(Le  Pas  de  la  Mort) 

Dieu  sa  paix  et  sa  grâce  adresse 
Sur  V0U3  trestouz! 

{Mir.  Notre-Dame) 
Chassez  les  sur  ces  entrefaites 
Et  les  boutez  dehors  tresioutes. 

(Voultré  d'amour) 

El  trestout,  et  grant  et  petit,  plorèrent  de  pes  et  de  le 
grant  goie  qu'i  eurent. 

(Li  estoires  de  Coustantir\oblej 


OLOSSAIRB   DU   MOUZONNAIS  699 

Tousé,  et  plus  souvent  atousé,  adj.,  fourni,  dru.  —  D'un  pré 

où  il  y  a  beaucoup  d'herbe,  on  dil  qu'il  est  ben'  atousé.  —  Dans 
l'ancien  français,  louscr  voulait  dire  londro,  raser,  et  il  nous  en 
reste  ratousè,  dépouillé,  dévalisé,  démuni.  Notons  entin  que 
Roquefort  enregistre  louse  avec  le  sens  de  troupe,  multitude. 

Toussô,  s.  f.,  toux,  rliume.  —  //  ni  biii  fort  la  tousse,  il  est 
bien  enrhumé. 

Il  est  viex  et  rassotés 
Ensi  a  la  tous. 

(Capelain  de  Loon) 

Tousseus,  adj.  et  s.,  qui  tousse.  —  C'est  in  pativ'  laid  roos- 

SEDS. 

Toussie(r),  v.,  tousser.  —  Quoi  'ce  quù  fais  co  fait  poufrj 
toussie(r)  comna? 

Mais  si  elle  est  un  peu  rusade 
Commencera  fort  à  toussir. 

(Sermoji  des  foulx) 

Tout  chêlé,  expr.  adv.  signifiant  en  abondance,  en  quantité, 
à  chire.  —  N'i  ai  des  pommes  tout  chêlé. 

Tout  ci,  tout  là,  adv.,  ici,  là  même.  —  Vous  r'vinrez  roux 
CF.  —  Lou,  i  resterai  tout  la. 

Tout  la  où  il  estoit  venuz 

Si  estoit  son  priz  conneuz. 

^        ,,  (? ) 

Tout  la  où  li  sains  hom  aloit 

De  povres  gent  grant  aie  avoit 

{Miracles  S'  Éloi) 

Touter,  atouter,  v.,  jouer  atout  (aux  cartes). 

Tout  mois  (fraise),  fraise  des  quatre  saisons,  poussant  et 
mûrissant  en  tout  mois  ou  en  tout  temps. 

Tout  partout,  adv.,  partout. 

Et  s'est  si  grans  mortalités 
En  bours,  en  villes  et  en  cités 
Et  tout  partout  le  plat  païs. 

(Machaut,   Voir  dit) 

Tout  plein,  adv.,  beaucoup,  en  grand  nombre,  en  grande 
quantité.  —  N'y  avot  tout  plkin  des  gens  à  la  noce.  —  J'arans 
TOUT  PLEIN  des  canadas. 

En  France  a  tout  plein  d'avoquas. 

(Godef,  de  Paris) 


700  GLOSSAIRB   DU   MOUZONNAIS 

Et  y  furent  mortz. . ,  et  tut  playn  des  aultres  countes  et 

barons. 

(Lettre  du  roi  Edouard  après  Crécy^  à  la  suite 

du  Prince  noir) 

Si  gisent  les  corps  morts  en  tut  pleyn  de  lieux  sur  la  cos- 

tère  de  Flandres. 

(Autre  après  l'Ecluse) 

Enéas  et  Aschamius  avec  tout  plain  de  gent  s'en  alèrent  à 

sauveté. 

(Li  Livres  dou  Trésor) 

Tout  seus.  —  Adj.,  tout  seul.  On  ne  dit  jamais  :  «  moi  seul, 
ou  j'irai  seul  »,  —  mais  :  moi  tout  seus,  ou  j'irai  tout  seus. 

James  nuls  la  devisast 

Fors  moi  tôt  seul  qui  la  devis. 

(Méraugis) 

Trafiquons,  s.,  qui  trafique,  fait  volontiers  des  échanges.  — 
Aussi  :  travailleur  ingénieux,  actif,  mais  pour  de  petits  ouvrages. 
—  Oh  !  rCi  ai  pa(s)  à  dère^  c^es(t)  in  trafiqueus  ;  t  s'occupe,  il 
cherche  dû  l'ouvrage. 

Trahi(r),  v.,  trahir. 

Tra-iante^  adj.,  qui  donne  du  lait.  —  J'ans  douze  vaches  tra- 
untks.  —  Participe  du  verbe  traire,  tirer  (le  lait). 

(Il)  Vif  les  traians  (seins)  à  la  meschine 
Qui  gisoient  sor  sa  poitrine. 

(Floire  et  Blanceflor) 

Train,  s.  m.,  bruit,  tapage.  —  Reproches,  altercation,  etc.  — 
/  m'samb(l)e  quû  les  chevaus  faisant  don  train.  —  Oh  !  c'est  co 
Jacques  gui  fait  le  train  à  sa  femme.  —  On  dit  aussi  d'un  homme 
légèrement  pris  de  boisson  et  qui  bavarde  :  il  est  das  Ttrain  ;  il 
est  in  peu  en  train. 

Train-nard,  s.  m.,  vaurien,  fainéant,  propre  à  rien,  malfai- 
sant, presque  voleur. 

Train-nasse^  s.  f.,  herbe  longue  et  traînante  ou  traçante. 

Train-ner,  v.,  traîner,  —  rôder,  divaguer,  être  inoccupé  ou 
faire  le  Iraîn-nard.  —  //  ai  pourtant  'té  train-ner  ses  guettes  à 
la  foire  à  S'dan. 

Train-ner  la  gaïne,  v.  Voy.  gaine.  En  outre  de  ce  sens, 
signifie  aussi  et  seulement  flâner,  rouler,  passer  son  temps  à  rien, 
faire  ce  qu'on  appelait  traîner  ses  chausses  et  que  nous  disons 
encore  traîner  ses  guel(r)es.  —  En  Franche-Comté,  gaine  signifie 


QLOSSàÎRE  du  MOUZONNAIS  701 

encore  guenille,  vieille  robe  dénotant  la  misère.  Roquefort  enre- 
gistre traine-gainier,  raurien,  brelteur,  qui  parle  toujours  de 
dégainer,  traînant  sa  gaine. 

Il  va  toujours  traine  gainant 
Sur  son  cheval  emmy  les  rues 
Tout  en  songeant  le  bec  au  vent 
Sçavoir  s'il  verroit  nulles  grues. 

(Goquillart,  Monologue) 

Train-neus,  s.  m.,  qui  traîne,  flâne,  perd  son  temps,  — 
rôdeur.  —  La  Train-neuse  est  une  fille  débauchée. 

Train-noue,  s.  m.,  traîneau. 

Tra-ion,  tra-iette,  s.,  tette  dans  le  pis  de  la  vache.  On  peut 
voir  au  mot  Traiante,  que  le  tra-iant  désignait  la  mamelle.  Voici 
une  citation  où  il  signifie  le  tétin. 

N'avait  encore  en  sain  ne  trian  ne  mamele. 

(Rom.  de  Rou) 

Tra-iou8,  s.  m.,  seau  dans  lequel  on  reçoit  le  lait  que  l'on 
trait. 

Traitie,  s.  f.^  traite,  le  lait  qu'on  a  trait  en  une  fois. 

Tranche,  s.  f.,  espèce  de  marteau  bipointu,  avec  lequel  les 
carrieus  éblauchant  la  pierre. 

Tranchie,  s.  f.,  tranchée. 

A  par  issir  d'une  tranchie 

D'un  cerf  plus  blanc  ke  nois  negie. 

(Dolopathos) 

Et  le  fist  (le  castel)  cengler  de  II  grandes  trenchies. 

(Joan  d'Outremeuse) 

Tranchie(r),  v.,  trancher.  —  P.  p.,  tranchie. 

Ainsi  pourons  aler  as  bois 

Abres  tranchier  et  prendre  a  chois. 

(Rom.  de  Rou) 

Et  en  ce  que  li  vallel  commancèrent  à  tranchier. 

(Roman  des  sept  sages) 

Par  lui Maint  haubert  dérompu,  mainte  tête  tranchie. 

(Berte  as  grans  pies) 

Qui  n'en  crera  en  Dieu,  le  teste  ara  trenchie. 

(Êastars  de  Buillon) 


702  GLOSSAIRE   DU  MOUZÔNNAIS 

Ci  seroit  ma  raison  trenchie, 
Trenchie  voire  laidement. 

(Messire  Gauvain) 

Trenchie  (arbre)  deit  eslre  et  el  feu  mis. 

(Bestiaire  divin) 
Renart,  tu  m'as  mal  atorné 
Que  tu  n'as  la  qeue  trenchie. 
Si  en  al  solTert  grant  hachie. 

(Rom.  de  Renart) 

Tranle,  s.  m.,  tremble,  sorte  de  peuplier. 

De  grant  corous  les  iols  rooUe 
Fronce  dou  nés  et  d'air  tranle 
Plus  que  ne  fait  fuelle  de  tranle. 

(Renart  le  nouvel) 
Tranler,  v.,  trembler. 

Tout  tranle  de  paour  et  d'ire. 

(Jean  de  Condé) 

Ni  ot  •!•  si  hardi,  ne  convenist  tranler. 

(Roman  d'Alixandre) 

...  Si  k'il  fait  la  terre  tranler. 

{Roman  de  Ham) 

Cix  maux  me  fait  tranler  sans  froit, 

(Blancandin) 
La  char  me  tranle  sous  le  cuir. 

(id.) 

Transwidie(r),  v.,  transvaser.  —  P.  p.,  Transwidie. 

Trau,  pron,  trau'é,  Irowe,  s.  m.,  trou. 

Et  ele  saut  tantost  hors  del  trau. 

(Bestiaire  d'amour) 
Et  puis  fora 
Dis  traus  ains  c'en  s'en  donnast  garde. 

{Renart  le  nouvel) 

As  murs  de  la  cité  ont  fait  IIIJ.  traus. 

(Godef.  de  Bouillon) 

Et  i  avoit  -I-  Irau  par  quoi  il  reprandoit  s'alaine. 

(Chron.  de  Rains) 
Tra-Uée,  trawée,  s.  f.,  trouée. 

Tra-Uer,  trawer^  v.,  trouer.  —  P.  p.,  irawé.  —  Quelquefois 
troc?'. 

Si  li  dist  que. . . 
En  mer  se  plonko,  et  voist  traiter 
Le  nave  au  roi  pour  alfondrer. 

(Renart  le  Nouvel) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  703 

Car  ces  ymaiges  estoient  par  derrière  elles  toutes  creuses, 
wydes  et  trawées,  et  dedens  les  traus  esioient  besles  et 
vers  de  boys. 

(Chron.  de  Valenciennes) 

Une  bombarde  fu  trait  qui  trawai  le  mure  de  caste!. 

(Jehan  de  Stavelot) 

Si  soie  assènent  sor  les  escus,  trawés  les  ont  par  mi. 

(Jean  d'Outremeuse) 

Tant  que  froissiés  sont  et  ly  escut  troé. 

(Godef.  de  Bouillon) 

En  un  vies  sac  Iraué,  viande  rapporte. 

(Villon) 
Avec  l'escafotte  trauée 
Juoie  avec  ceuls  de  no  rue. 

(Froissarl) 

Traulée,  triolée,  s.  f.,  ribanbelle,  bande,  troupe,  grand  nonti- 
bre.  Roquefort  dit  que  Coquillart  (un  Rémois)  se  sert  de  Triolaine 
pour  désigner  une  suite  de  personnes,  une  cohue. 

Travailleus,  s.  m.  et  adj.,  travailleur;  —  laborieux. 

Travaillie(r),  trava-iie(r),  v.,  travailler.  —  P-  P-,  travaillie. 

Cil  que  on  voit  plus  travaillier 
De  Dieu  servir  et  de  bien  faire. 

(Watriquet  de  Couvin) 

Car  U  oz  estoit  moût  travailliez  dou  flun  qui  estoit  par- 
fouz  et  roide. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Nus  reconvenoit  travaillier 
Et  par  peor  et  par  veillier. 

{Estoire  de  la  Guerre  sainte) 

Travers  (Passer  le)  pour  passer  au  travers.  —  Mefîes-tu,  t'vas 
PASSER  l'travers  (dU  la  cage  d'esca-iier). 

Traversie(r),  v.,  traverser. 

Travure,  s.  f,,  portion  d'un  mur  de  refend  ;  partie  d'un  pla- 
fond prise  entre  deux  poutres. 

Trécouper,  v.,  traverser,  rencontrer.  —  Au  jeu  de  cartes, 
surcouper,  couper  sur  un  joueur  précédent. 

On  va  a  le  porte  Monte  Syon  et  trescope  on  le  rue  Davi. 

{Chroniq.  d'Ernoul) 
Trefte,  traffe,  s.  f.,  trèfle,  foin  artificiel. 


704  GLOSSAIRE   DU  MOUZONNAIS 

Trémois,  s.  m.,  mélange  d'orge  et  avoine  semées  ensemble. 
La  durée  de  la  pousse  est  d'environ  trois  niois. 

Jehans  d'Escordal  tient  en  terrages  d'Escordal. . .  Un  muy 
de  froment  et  un  muy  de  trétnoys  à  la  mesure  d'Atligny. 

(Carlul.  de  Relhel,  1324) 

Qui  afore  bief,  ne  autre  Ir émois,  il  ne  le  porra  enchérir  le 
jour,  ou  il  paiera  XX  s. 

{Ordonn.  de  Reims,  1378) 

Failli  nous  est  li  vinz,  li  blez  et  li  tramois. 

{Du  Guesclin) 
Trémouire^  trémoire^  s,  f,,  trémie. 

Outre  s'en  vet 
Si  come  la  tremuie  fet 
Qui  le  blé  reçoit  et  rent. 

{Fabliau,  Home  qui  avoit  demi  ami) 

Là,  par  une  grande  trémue 
Qui  peu  à  peu  me  remue 
Au  lict  on  me  fait  descendre, 
Et  la  mœule  me  fait  cendre. . . 

{Légende  de  Jean  le  Blanc) 

Trempe,  s.  f.,  volée  de  coups,  raclée. 

Trempinette  (faire  la),  manger  le  pain  en  le  trempant  (patois 
crochanl)  dans  le  vin  ou  la  bière. 

Très,  plus  souvent  drès,  dès. 

Ch'estoit  le  plus  bêle  cose  a  eswarder  qui  fust  très  le  com- 
menchement  du  monde. 

{Li  estoires  de  Coustantinoble) 

Très  que  il  le  virent 
S'en  tornerent,  si  s'en  luirent. 

(Estoire  de  la  guerre  sainte) 

Tressie(r),  v.,  tresser,  faire  des  tresses. 

Firent  une  ymage  de  cuevre 
Qui  d'une  part  estoit  tressie 
Et  de  l'autre  part  destressie. 

(Machaut,   Voir  dit) 

Et  estoit  treciez  a  une  trece  grosse  et  longue. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Desor  une  coûte  vermeille 
Avoit  errant  esté  trécie. 
Elle  s'est  en  estant  drécie. 

{Chevalier  qui  donna  lanel) 


Glossaire  dû  mouzonnais  705 

Tressu-iie(r),  v.,  suer  avec  excès,  suer  de  peur,  d'angoisse. 

Maigrement  les  salue  ;  tous  li  cors  li  Iressue. 

(Garinj 

Thiebaul Vil  Iressuer  le  col  de  son  destrier. 

(Foulques  de  Candie) 

Hé  !  Mort Tu  me  fez  d'angoisse  et  d'ire  tressuer. 

(Regrès  de  la  mort  S^  Loys) 

De  grant  paour  ma  char  tresiie. 

(Mireour  du  monde) 

Treubin.  —  Voy.  Trop  bin...  {eu  bref). 

Treu-ïe,  s.  t.,  truie.  —  Voy.  Trou-ïe. 

Treziau,  s.  m.,  groupe  de  trois  batteurs  de  blé  au  iléau.  —  Se 
dit  aussi  pour  Terziau.  Voy.  ce  mot. 

Tribou-ieus,  tribouilleus,  adj.  et  s.,  qui  tribouille,  brouille, 
trouble  ;  querelleur. 

Certes,  fet  il,  biaus  dous  amis, 
Si  \ous  fussiez  uns  (rî'&ouieres 
Uns  usuriers,  uns  amassieres. 

(Gautier  de  Coincy) 

Tribou-iie(r),  tribouillie(r),  v.,  mélanger,  brouiller,  trou- 
bler, confondre.  —  C'est  c'gamin-là  qu'ai  tribou-iie  toute  l'iaue. 
—  Ça  me  tribouille  lu  cœur.  —  Du  vieux  mot  Tribous,  Iriboul, 
iribulation^  querelle. 

Car  nous  veons  le  pais   triboulei,   et  le  descort   qui  est 
entre  vous  et  voz  enfanz. 

(Méneitrel  de  Reims) 

Mon  ame  pourquoy  estre  triste  et  pourquoy  me  triboules- 
tu? 

(Psautier) 

La   mer   estoit  si  haulte  que  les  ondes  entroient  dedens  la 

nef,  et  se  tribouilloit  tant,  que 

{Voyage  d'oullremer  en  Jhérusalem) 

Gel  an  fu  grant  triboul  à  Rome. 

(Godefroy  de  Paris) 

. . .  Car  aidier  —  Se  sevent  de  tes  tribous 
Les  dames  trop  mieus  que  nous. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Tribouillemat,  s.  m.,  mélange,  mouvement  de  liquides,  gar- 
gouillement, trouble.  —  J'ai  des  tribouilleuats  das  l'vale. 

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706  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Tricoise^  étricoise,  s.  f.,  tenaille  à  mâchoires  larges  et  cou- 
pantes. 

Trîmart,  s.  m.,  bruit,  tapage,  vacarme,  allées  et  venues.  — 
Cest  loul  d'rnein-ine  embêtant  des  (i'')oisins  comna:  il,  anl  co  fait 
in  TRiMAUT,  çute  nuit-ci! 

Trimauzet;  trimauzâ  (vers  Stenay),  s.  m.,  cérémonie  reli- 
gieuse du  coniinencenient  de  mai  :  les  jeunes  filles  visitent  les 
maisons  et  chantent  une  ronde  pieuse  qui  commence  :  Jésus  s'en 
va  parmi  les  champs.  —  L'une  des  jeunes  filles,  qui  est  habillée 
de  blanc,  quête  ;  c'est  elle  qui  porte  le  nom  de  Trimauzet.  — 
On  a  souvent  adjoint  aux  rondes  des  couplets  plus  ou  moins 
bachiques  et  insolents  pour  les  personnes  trop  peu  généreuses  à  la 
quête  du  Trimauzet  : 

JVavans  chanté,  jù  v'déchantans. 

Jii  v'souhaitans  autant  d'afants 

Qu'i  n'i  ai  d'pierrettes  avau  les  champs  ; 

Plein  in  fou(r),  plein  in  van 

Da(njs  vot'  chemise,  des  gros  pous  blancs. 

Roqu3fort,  au  mot  Danses  de  Maye  de  son  Glossaire,  décrit  les 
danses  qu'on  appelle  TrimasoLs,  à  Metz,  et  cite  le  refrain  de  la 
chanson  que  chantaient  les  jeunes  villageoises  : 

C'est  maye,  la  mi-maye 
C'est  le  joly  moys  de  maye 
Aux  trimasots. 

Ces  danses  n'ont-elles  pas  aussi  reçu  le  nom  de  «  Maierolles  ?  » 

Les  puc'iles  dont  i  ot  tant 
Vienent  chantant  et  font  quaroles 
Si  grans  qu'onques  as  maierolles, 
Ne  vtïstes  greignour. 

(Méraugis  de  Portlesguez) 

Trimballer,  v.,  se  transporter,  aller  et  venir,  d'ici  et  de  là. 

Triot,  tru-iot,  trieus,  s.  m.,  terre  en  friches,  non  cultivée. 

Item  chine  cens  de  terre  qui  est  à  triot. 

{Cart.  de  Rethel.,  Raucourt,  1322) 

Tri-ôlée.  —  Voy.  Trauùée. 

Tripie(r),  s.  m.,  sorte  de  table,  en  claie,  sur  laquelle  on  élale 
les  tripes  (d'un  animal,  porc  surtout,  tué)  pour  les  nettoyer,  et  où 
on  découpe,  débite  la  bête  qu'on  vient  de  tuer  et  dépouiller. 

Trochie(r),  truchie(r),  v.,  taller,  doubler,  multiplier,  pous- 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  707 

ser  des  rejetons.  —  J'irouvc  quû  les  blés  anl  bin  tuochie dwd'pta's 
in  mois. 

Trompeus,  s.  m.,  trompeur. 

Entre  deux  trompeux  (voit-on)  qui  a  tort. 

(Passetemps  d'Oysiveté) 

Trop  bin,  tres-bin,  treubin,  e  et  eu  brefs,  adv.  Beaucoup, 
en  grand  nombre,  en  grande  quantité.  On  rencontre  souvent, 
dans  l'ancienne  langue,  trop  accolé  à  plus,  mieux.,  bien  comme 
péjoratif  ou  augmentatif,  de  manière  à  fournir  la  signification  de 
beaucoup,  parfailcment. 

On  fait  trop  bien  le  bel  aimé, 

(Eustache  Deschamps,  XII  estais) 

Et  qui  nous  le  devisera  ?  .Tou,  trop  bien 
Et  qui  fera  le  jeu  ?  Moi,  très  bien. 

{Adans  H  boçus) 

Etant  le  plaisir  de  la  course  trop  plus  que  le  combat  à  l'épée. 

(Flore  de  Grèce) 
S'il  m'a  esté  dur  et  cruel 
Trop  plus  que  cy  ne  le  racompte. 

(Villon) 

Ma  craintive  àme  gardera  trop  mieux  que  nul  amy  vostre 
honneur. 

(Anon.) 
I!  y  en  a  qui  l'ont  trop  mieux  mérité  que  moi. 

('^"•«  de  Baijart) 

Trôquat(r)e,  expr.  indéf.  signifiant  quelques-uns,  et  primiti- 
vement trois  ou  quatre.  —  On  a,  avec  le  même  sens  :  doulrois, 
deux  ou  trois.  —  N'i  ai  ti  co  des  poires,  sus  l'aube  ?  Oh  !  n'i  a'n 

ai  00  TRÔQUATE. 

Trougnon,  s.  m.,  trognon. 

Ma  faict  entendre 

D'un  trougnon  de  chou,  d'un  naveau 

(Villon,  Gd  T') 

Trou-ïe,  treu-ïe,  s.  f.,  truie.  —  C'est  le  féminin  de  cochon, 
employé  injurieusement.  —  Femme  grosse,  grasse,  sale.  — 
Débauchée. 

Capel  de  Berné,  marchant  de  trouyes. 

(Friquassée  crolestyllonnée) 

Troumai  (à  cul),  expr.  adv.,  en  se  retournant  et  faisant  une 
pirouette  sur  la  tête.  —  Sorte  de  jeu. 

Troupiau,  troupai,  s.  m.,  troupeau^  troupel.  —  On  dit  plus 
souvent  la  troupe  que  le  troupeau  de  moutons. 


708  GLOSSAIRE  DU   MOUZONNAÎS 

El  voit  outre  un  fossei,  un  grant  troupel  de  paisanz  armez 

à  la  guise  dou  pais. 

(Ménestrel  de  Reims) 
Car  il  a  là  lez  une  haie 
Un  t7"opé  d'oison  encrassiez. 

(Rom.  de  Jlenarl) 

Troussequin,  s.  m.,  trusquin,  instrument  de  menuisier. 

Troussie(r),  v.,  trousser.  —  P.  p-,  Iroussie. 

Trouve,  s.  f.,  trouvaille,  découverte,  —  Ah!  l'ais  fait  'n  belle 
TROUVE /à  .'Le  vieux  français  disait  plus  volontiers  troiwure  ; 
mais  on  a  rencontré  Ircuve. 

Trou(v)er,  v.,  trouver.  —  Plus  rare  que  trouver.  —  Je  troue  ; 
j'irouerai  ;  j'ai  troué;  a  trouant.  Le  vieux  français  conjuguait  :  je 
trcu,  tniis.  —  N'Lû  dci'cinge  mi!  jil  /'troueuai  bin. 

Tousjours  vous  iruîs  engrant  de  moi  nuisir. 

(Perrin  d'Angecourl) 

Je  n'v  truu  ffueres  d'amendement. 

(Villon) 

Truchie(r).  —  Voy.  Trocliie(r). 

Tru-ielle,  s.  f.,  truelle. 

Tru-iot.  —  Voy.  Triot. 

Tu,  te,  f,  pron.  pers ,  toi,  à  toi.  —  Tais-ru  !  —  /  n'oserot 
v'ni(i'),  TAIS  ('.  —  7'tû  l'dounes. 

Met-fe  a  genoulz. 

(Mir.  N.-Dame) 

Ne  te  hâte,  tiens-<e  coi. 

ild.) 
Biaus  crestiens  !  Tais-ie,  ne  pleure. 

(Bodel,  Jus.  S'  Nicolai) 

Tais-fe,  vielle,  fait  ele,  n'en  ferai  rien  pour  il. 

(Berte  as  grans  pies) 

Tu-ier,  quelquefois  tu-iie(r),  v.,  tuer.  —  P.  p.,  lu-iéi  et 
lu-iic.  —  J'tu-ic;  j'tu-ian.5,  j'tu-ios,  j'ai  lu-iei,  j'tûrai,  a  tu-iant. 

Ilorou!  liarou,  l'on  m'a  tuyc  mon  baron. 

(Beaumanoir,  Cou(umes) 
Tûle,  s.  f.,  tuile.  —  Voy.  Tilde. 

Tumbereau,  s.  m.,  tombereau. 

Biga,  carette  as  qucvaulx  c'on  dist  tumberele. 

(Gloss.  Rom.  lat.,  XV"  s.) 


aLOSSAIRR   DU   MOUZONNAIS  709 

Tumer,  v.,  tomber.  —  Quelquefois  iM7)i6e7' ;  jamais  tomber. 

Et  fa  assis  sur  liége  en  tel  manière  qu'il  no  pouoit  tumcir 
ne  alundreir. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Vecy  tous  nos  grans  dieux  lûmes 
Et  renversés  les  piez  deusus  ! 

(Mistère  de  la  Passion) 

Qui  lume  y  tume. 

(Coutume  de  Namur) 

Et  li  dus  qui  coroit 
Parmi  caste  fressure  tout  en  souvien  tumoit. 

(Jean  d'Outremeuse) 

Tex  cuide  haut  monter  qui  tumbe. 

(Dit  de  Ixigolet) 

Et  les  tumbe  entour  de  sa  roe. 

(Roman  de  la  Rose) 
Tuquet.  —  Voy.  Toquel. 

Turlutain-ne,  s.  f.,  orgue  de  Barbarie. 

Turquau,  tourcau,  s.  m.  Narcisse  des  claamps,  pseudo-narcis- 
sus. 

Tute,  s,  f.,  petit  objet  que  l'enfant  met  dans  sa  bouche  et  telte 
(Iule).  —  Quelquefois  Tulule. 

Tuter,  V.,  sucer,  letter.  —  Oh!  c'grand  garçon.^  qui  tute  su 
pouce.  —  P.  ext.,  boire  volontiers,  avec  gourmandise. 

Et  sans  rongnonner  ung  seul  mot 
S'il  veult  choppine  et  moy  d'ung  pot 
Pour  à  son  gré  le  bien  traicter 
Afin  aussi  de  mieux  tuler 
Pour  bien  m"eschauffer  la  poitrine. 

(Quaquet  des  femmes) 

Tu  saurois  mieuls  d'un  busiel 
Tuter  et  ester  une  espine 
De  ton  dûi  et  oindre  un  agniel 
Que... 

(Proissart) 


U,  s.  m.,  œil  ;  pluriel  us.  —  In'v,  des  os.  —  On  dit  plus  ordi- 
nairement ins  lu  (in  ziu),  un  œil  ;  m'zWy  f'ziu,  s'ziu,  mon  œil,  ton 
œil,  son  oeil.  —  Enfin  les  lUs,  sonne  les  ziDs. 


710  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Bese  li  la  bouche  et  la  face 

Les  euz,  le  front,  sans  dire  mot. 

(  Vie  de  S*  A  lexis) 

Uclie,  us,  uis,  s.  f.,  huis  (ostium),  porte.  —  Cloez  Tucue. 
—  Voyez  Ilitche. 

Ue  (pr.  u-ie),  s.  m.,  œuf.  —  J'ai  mangie  deux  u-ies.  —  Le 
tCHS  qui  prend  m'n  u-ie  prend  in  bc-ie  (prov.). 

Li  abbes  doit  faire  une  pitance. . .  de  vin  et  de  fromage,  u 
de  ues,  u  de  pessuns. 

(Cartul.  d'Orval,  1251) 

Tantost  aront  plein  leurs  crues... 
D'autre  avoir  que  de  vies  ues. 

(Chans.  de  1375,  Aff.  de  Bretagne) 

Uide,  adj.  et  s.,  vide.  —  Voy.  V{uide). 

Uillet,  u-iiet,  s.  m.,  œillet. 

Un,  une;  iun,  iunc  ;  in,  inc,  art.  ind.,  un.  —  Voyez  in, 
ine.  —  Le  c  se  fait  surtout  sentir  lorsque  ce  mot  n'est  pas  suivi 
d'un  autre  :  A  v'ia  co  me,  en  voilà  encore  un.  —  Le  ^  de  la 
forme  ancienne  ung  apparaît  donc  ici  :  c'est  surtout  dans  le  can- 
ton de  Carignan  que  cette  prononciation  est  usitée,  et  spéciale- 
ment lorsque,  comme  par  une  sorte  d'attraction,  le  mot  qui  suit 
ung  commence  par  un  c  ou  un  g.  —  Il  avot  ing  capai  sur  la 
tête.  —  C'est  ing  gaiide.  —  Dans  cette  même  région,  ung  final 
sonne  plutôt  ungne.  —  Enfin  on  entend  parfois  uns  :  Vs  se  lie  à 
la  voyelle  suivante  :  J'ai  vu  uns  oisiaus,  reste  du  cas  sujet  singu- 
lier. 

Les  dis  cherois  fussent  tous  aroteis  Vunc  après  l'autre. 

(Jean  de  Stavelot) 

Celuy  qui  porte  ung  colUer  d'or. 

{Jehan  de  Paris) 

Ains  cuidoit  que  ce  fust  uns  oiseaus. 

(S.  Maurice  de  Sully) 

Et  uns  abes  i  fu,  ke  dune  vint  d'outremer. 

(Thomas  le  martyr) 

C'est  uns  oiseaus  blans,  qui  de  feu  se  norrist. 

{Bestiaire  d'amour) 

Uti(l),  s.  m.,  outil,  ustensile.  — Enlevez  vos  uti(ls)  et  /"...- 
moi  voV  camp. 

Le  ceingt  soustient  les  menus  ustensilles 
Et  les  utilz  dont  dames  sont  garnies. 

{Parement  des  Dames) 


GLOSSAIRE   DU  MOUZONNAIS  711 

Les  ustilz  as  ovriers  qui  firent  les  degrez. 

(Thomas  le  marlyr) 
Ont  en  sa  arée  dégerpiz 
Uns  gaaingneres  ses  ustilz. 

(Chron.  des  ducs  de  Normandie) 


V  pour  vous  :  Valiez^  \'vénez  :  c'est  vot(re)  affaire  !  —  Quoi 
(e)st-ce  quù  y'ez  dit?  (qu'avez-vous  dit?). 

Vachai,  s.  m.,  baquet,  vase,  vaisseau.  —  Prononciation 
patoise  de  vaisseL,  d'où  nous  est  venu  vaisselle,  ensemble  de 
vases. 

Tu  les  gouverneras  en  verge  de  fer,  et  les  défroisseras 
comme  vaissel  de  terre. 

(Pseautier) 

Tonnel,  queue,  poinçon,  ou  autre  pièce  ou  vaissel  de  vin, 

verjus,  vinaigre 

(Droit  d'afforage,  Mézières,  XIV'  s.) 

Vessel  mauveys  fait  vin  puneys. 

(Prov.  de  France^  Lincyj 

Quar  l'en  pert  le  bon  vin  par  le  mauves  vessel. 

(Chantepleure) 

Et  serra  mis  en  un  vessel  covert  nettement. 

{Manus.  Old  Roy^  Ane.   Textes) 

Et  vous  pourès  dressier  vostre  broche  ou   vessel  où  sera 
vostre  doreure. 

(Viandier  de  Taillovent) 

Vache,  subj.  du  v.  aller,  à  la  frontière.  C'est  la  prononciation 
du  vieux  v.  voise,  voist,  qu'on  trouve  écrit  voige.  Comparez 
Veray.  —  N'  faut  i  mi  quïi  j'vache  guerre  l'artisse  ?  —  Qu'lû 
steu  quH  veu(t)  aller,  y  vache. 

Et  sera  demain  le  hirechare,  qui  y  veult  aler  y  vcist. 

i'f ) 

Sans  ce  que  l'un  voise  avant  et  l'autre  arrière  pour  mal 
complaire. 

(Gerson) 
Hardres  commande  et  les  autres  aussi 
Demain  en  voissent  Mancel  et  Angevin. 

{Garin  le  Loherain) 

Mais  avant  que  tu  voyges  là 

{Farce  de  Guillerme) 


712  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Lors  fist  en  haut 

Sonner  un  cor,  c'est  c'a  l'assaut 
Voiscnt  tout. 

{Renart  le  Nouvel) 

Est  ordonné  que  nuls  ne  facent  dommaige  ne  voisent  four- 
rager en  courtilz. 

(Ord.  de  Mézières,  X/F«  s.) 

Et  convient  que  l'on  lui  voise  signifTior  là  où  il  demeure. 

(Notables  points  de  Vusage  de  France) 

Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  remarquer  que  l'on  a  aussi 
employé  l'infinitif  voiser. 

Défendu  à  tous  ladres  de  voiser  par  la  ville   et   les  faulx- 
bourgs  durant  le  mois  de  may, 

(Archives  de  Rethel,  io20) 

Vachette,  vaquette,  s.  f.,  colchique  ou  lue-chien  (iridée). 

"Vachiefr),  vachierre  (er  bref),  s.,  vacher,  vachère. 

Li  vachiers  dist  qu'il  le  menroit. 

(Gativain) 

Chascun    pastoureau,    herdier,    porchier    ou    vachier   de 

Mézières  est  tenu 

(Statuts  de  Mézières,  XIV'  s.) 

Vad(r)e,  v.,  vendre.  —  Not'  viaii  est  vadu  d'hier. 

Vai,  vailot,  s.  m.,  veau.  —  Voy.  Viau.  —  Il  y  a  le  Pré  des 
Vais,  k  Raucourt,  comme  le  Gué  des  Bues^  à  Mouzon.  —  Le  mot 
vailot  est  plutôt  un  terme  de  câlinerie  :  Oh!  Vyrand  Vailot,  qui 
s  fait  bimxie(r). 

Et  vostre  filz Aura. . . 

A  son  mengier  cel  véelet. 

(Rom.  de  Renart) 

leroboam,  qui  sacrifioit  les  vecls  à  Dieu. 

(Li  Livres  dou  Trésor) 

Vaien,  s.  m.,  pelle  à  feu.  —  Roquefort,  dans  son  Glossaire  de 
la  langue  romane,  dit  :  «  Vain,  sorte  do  pelle  ;  ce  mot  est  encore 
en  usage  à  Sedan.  »  —  L'ustensile  signalé  dans  le  vers  suivant,  s'il 
n'est  une  pelle  à  feu,  est  du  moins  un  objet  relatif  au  foyer,  à  la 
cheminée,  à  l'endroit  oVi  l'on  fait  le  feu. 

S-i  puis  ma  serour  pandre,  anz  en  -I-  feu  l'ardrai 
Et  Hichier  et  Urbain  au  vain  ancroerai. 

{Floovant,  602) 

■Vaillandise,  s.  f.  Courage,  labeur,  ardeur  au  travail.  — 
C'es(tJ  171  bon  garçon,  et  qui  nai  quïi  d'ia  vaillandise. 


OLOSSAIRB  DU  MOUZONNAIS  713 

Vaillant,  adj.,  laborieux,  courageux  et  actif,  —  Tl  est  moût 
VAILLANT,  allez,  c't  afant  là  !  savez-v'  bin  qui  rjangne  dûja  t)-ois 
francs  parjou{r). 

Vain,  adj.,  vide,  sans  force,  ce  que  l'argot  énonce  vanné,  vidé. 
—  Resté  dans  vain-ne  pâture. 

Si  monta  dessus  (son   cheval)   tout  ou  mieui.\  comme  il 

peult  comme  celuy  qui  estoit  moult  las  et  vain,  car   il   estoit 

navré  en  plusieurs  lieux  et  si  sei^noit  :  c'estoit  ce  qui  mont 

raffaiblissoit. 

(? ) 

Las  de  voler  et  maz  de  fain, 

Et  si  avoit  le  cuer  vain. 

ÇRom.  de  Renart) 

Vait,  vet,  v.,  36  pers.  ind.  (il)  va. 

Molt  savez  poi  com  de  bataille  vait 
Teu  est  dessors,  qui  au  dessous  ravait. 

(Foulq.  de  Candie) 

Et  Méraugis  s'en  vet  après, 

(Meraugis  de  Portlesguez) 

Sulunc  ceo  ke  tu  voies 
Ke  la  chose  vet. 

{Distiques  de  Caton) 

Vallet,  s,  m.,  jeune  garçon,  fils.  —  Rarement  :  domestique. 
Anciennement  vaslet  =  vasselet,  diminutif  de  vassal.  —  Couni- 
chez  v'  bin  nof  petit  valet?  connaissez-vous  notre  fils  ?  —  Faire 
lu  bon  VALET,  prendre  les  façons  du  bon  enfant,  du  bon  garçon, 
flatter,  lober. 

Thiebaut,  dist  la  pucele,  mal  nous  est  avenu, 
Au  vallet  de  bonne  aire  qu'ainsi  avons  perdu  ! 

{Foulq.  de  Candie) 

■   Et  dont  ele  hante  si  sovent 
Des  jolis  valez  le  covent. 

{Rom.  de  la  Rose) 

Le  roy  d'Angleterre,  pour  faire  le  bon  varlet 

{Jehan  de  Paris) 

Bonne  prudence  requiert,  que  accusations  secrettes  falotes 
par  flateurs,  ou  pour  nuyre  a  aultruy,  ou  pour  faire  le  bon 
varlet,  ou  le  bon  amy  du  seigneur, 

(Gerson) 

Et,  s'il  ne  se  combatoit  à  aus,  qu'il  iroient  pour  le  jone 
vaslet  que  li  Franchois  avoient  amené. 

(R,  de  Glari,  Estoires  de  Couatantinoble) 


714  GLOSSAIRE  DU  MOUZONNAIS 

Valli,  p.  p.  de  valoir.  —  Voyez  Porro  bin  valu. 

Ne  escusance  que  il  fesissent  ne  leur  valli  riens. 

(Froissart) 
Une  rien  moût  li  valli 
Q'armé  estoit  e  bien  garni. 

{Roman  d'Hercules) 

Valoi(r),  v.,  valoir.  —  J'vaux,  j'valans,  — j'valos,  j'valains.  — 
J'ai  valu  (quelquefois  vali).  —  J'vaurai  —  J'vauros. 

Les  rentes  et  les  yssues  d'icel  tiers  chastel  seront  prisiées 

et  ce  qu'elles  vauront  chascuns 

(Règ^  Thibaut  IV,  1224; 

Il  me  sanle  qu'il  vorroit  mius  li  alers  que  li  demourers. 

(Chron.  de  Rains) 
Car  por    I-  val  plein  d'or  rase 
Ne  vauroit-'û  que  le  seiist 
Hom  qui  de  lui  tant  privés  fust. 

(Amadas  et  Ydoine) 

Et  ce  grandement  me  valli. 

(Froissart,  Espinette) 

Van,  s.  m.  —  Voy.  Grand  van  par  opposition  à  Petit  van^  le 
van  en  osier  qui  se  manie  à  la  main. 

Et    a    (l'oliphant)   le   poil  noirrastre,   les  oreilles  larges 
comme  ung  fclit  van. 

(iS'  Voy.  à  Jhérusalem) 

Vandernie(r) ,  adj.  m.,  avant-dernier.  —  Il  est  das  Tvander- 
nie(r)  wagon. 

Vannie(r),  s.  m.,  vannier. 

Vanteus,  s.  m.,  vantard,  qui  se  vante. 

Vanvole  (à  la),  expr.  adv.  A  la  légère,  sans  réflexion,  sans 
raison  {vana  vola,  futilité).  —  C'es{t)  in'  individu  comna  !  I  fait 
tout  à  la  VANVOLE.  —  C'est  nHête  à  la  vanvole. 

Le  roy  Charles  estoit  sorti  du  royaume  à  la  vanvole. 

(Pasquier,  Rech.) 
Primant  voit  que  il  n'i  a  plus, 
Et  que  il  tient  tout  a  vanvole 
Certes  son  dit  et  sa  parole, 
Il  s'est  desoz  l'arbre  couchiez. 

(Renart) 
Or  n'est-elle  pas  perecheuse 
Dore  ne  aspre  ne  tencheuse, 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  715 

Ains  est  plus  dolce  que  canelle 

Et  plus  tornans  et  plus  isnele 

Ke  ne  soit  rutc  ne  venvole  (girouette). 

(Fabl.  de  la  Veuve) 

Vari-iie(r),  v.,  varier.  —  Faurai  mett(re)  des  couleurs 
VAUi-iiES,  diverses. 

Varlope  ou  Warlope,  s.  f.,  grand  rabot,  outil  de  menuisier. 

Vat(r)e,  s.  m.,  ventre.  —  J'ai  bin  mau  Tvate,  dûpuis  deux 
heures. 

Vatrée,  s.  f.,  ventrée. 

Vaure,  v.,  valoir.  —  C'est  bin  Ion  d'vALo\(K)  ou  vaure  cent 
sous. 

Vaurin,  s.  m.,  vaurien. 

Vaura,  vaurai,  vauros,  vaurot.  —  Voy.  Valoir  et  Vouloir. 

Vaute,  s.  f.,  crêpe,  pâtisserie  de  farine,  lait,  œufs  et  beurre, 
cuite  et  frite  dans  la  poêle.  —  On  disait  jadis  vaide  pour  voûte  : 
notre  crêpe  a-t-elle  pris  ce  nom  de  ce  qu'en  effet,  pendant  la  cuis- 
son, elle  se  soulève,  sur  la  poêle,  en  forme  de  voûte  ou  dôme. 

Vaûtie(r),  s.  m.,  habitant  de  Vaux. 

Ve,  v',  pron.  p.,  vous.  —  Voy.  ce  mot. 

Vé,  prép.,  auprès.  —  Voy.  vé{rs). 

Vecy,  v'ci  ;  vêla,  v'ia;  voici,  voilà.  —  Jadis  :  vez-ci,  vez-là; 
veez-ci,  veez-là  ;  voyez  ici  ou  là. 

Je  croy  que  vêla  Rahouart. 

[Mauv.  riche  et  bon  ladre) 

Car  vecy  venir  le  comte. 

{Jehan  de  Paris) 

En  velà  jà  ung  despéchié. 

(P.  Gringore) 
(Cloez)  L'ardeur  de  :  Vêla  un  bon  pas. 

Le  vouloir  de  :  On  ne  peut  mieux  dire. 
La  façon  de  :  Vêla  mon  cas. 

(Coquillart) 
Mais  vecy  une,  aullre  raison. 

ad.) 


716  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Vêla  le  sergent 
A  l'hoslel  qui  nous  e.\"equute. 

{Farce  de  Colin) 

Vcz  cy,  ce  que  je  Berniers  de  Berrion   (Bairon  ?)   tiens  et 
entens  tenir  en  fief. 

{Carlul.  de  Rethel,  1322) 

Et  vez-la  son  j)remier  exploit. 

(Martial  de  Paris) 

Veille,  s.  f.,  veillée.  —  C'est  das  les  seïlles  qu'on  raconte  des 
biaus  contes.  —  La  veille,  c'est  la  sérée  de  Paris,  l'escreigne  de 
Dijon. 

Le  concistoire,  que  l'on  disl  en  France  la  série,  en  Artois 
la  siete  et  en  Haynau  l'escriene. 

(Evang.  des  Quenouilles) 

Veillie(r),  vé-îie(r),  v.,  veiller,  passer  la  nuit  éveillé.  P.  p., 
Ve-iie. 

A  aultre  dance  fault  veillier. 

(Dance  macabre) 

Pour  X  livres  de  chandelle  de  buef  à  veillier  de  nuict. 

{Glossaire  de  Laborde) 

Et  deussions  nous  nuit  et  jour  veillier. 
—  Il  faut  nos  harnois  habillier. 

{Mislère  de  la  Passion) 

Vêler,  v.  On  dit  volontiers  :  noV  vache  ai  fait  l'viau. 

Velimeux,  adj.,  venimeux,  vénéneux.  —  Voy.  Avelinier. 

En  folle  amour  n'a  que  velin. 

{Fontaine  d'amour) 

V6nd(r)e,  v.,  vendre.  —  Quelquefois  et  autrefois  vade. 
Vendeus,  s.  m.^.  vendeur. 

Vengie(r),  v.,  venger.  —  Rare  :  on  dit  plutôt  r'vangie(r). 

. . .  Qui  ont  pris  le  sine  de  la  croiz  por  Jesu  Crist  vengier. 

(Villehardouin) 
Pour  lui  morrai,  si  en  iert  si  vengie 
Qu'à  tous  fins  cuers  devra  estre  anémie. 

(Perria  d'Angecourt) 

Et  nii  homme  nous  volons  vengier  d'ans,  se  nos  poons. 

{Li  estoires  de  Coustantinoble) 

Jà  pour  cou  n'en  iere  vengie 
Ains  seroie  plus  avillie. 

(Blancandin) 


GLOSSAtRE   DU   MOUZONNAIS  ^l7 

Veni(r).  v.,  venir.  Se  conjugue  comme  teni(r)  :  J'vins,  j've- 
nans  ;  —  j'vénos,  j'vénains  ;  —  j'ai  venu  (ou  veni)  —  J'vinrai  ou 
venrai  —  Jvinros  ou  vetiros.  —  A  venant.  —  Il  en  est  de  même 
de   tous  les  composés  :  Advém(r),  B\nveni(r),  conveni(i')^  deve- 

7ii{r),  pavvéniÇr),  r'véni(r),    souveni(r)f  survéni{r),   etc — 

Outre  sa  signification  ordinaire,  veni{r)  s'emploie  souvent  avec 
celle  de  devenir,  croître,  pousser  :  C'viu-làwyT  bon,  est  \e^u  boti^ 
en  bouteilles. 

Une  chievre  y  venot  bien  iij  ans  aiaitier. 

(Cygne) 
Disl  la  pucello  :  «  Dont  venez-vous,  amis  ? 
—  Dame  »,  dist-il,  *  je  vains  de  Saint-Quonlin.   » 

{Raoul  de  Cambrai) 

J'en  venrai  bien  a  chief. 

(Bodel,  Jus.  S.  Nicholai) 

Vous  volés  que  la  royne  vengne  à   vous  et   ele  y   venra 
mainlcnanL 

{Tristan) 
Attendez  tant  que  nous  venrons. 

(Castoiement) 
Huart  et  Peronelle  qui  vcnront. 

(Adans  li  bocus) 

Quant  se  venrait  au  parfonir 
Conduit  auroit  parmi  les  freires 
Pour  Muzelle  dedent  venir. 

{Guerre  de  Metz) 

Si  eurent  conseil  li  seigneur  que  il  se  parliroient  de  là  et 
venroient  devant  aucuns  castiaus. 

(Froissart) 

Avant  que  nous  venissiens-Xh.  {venichains,  à  la  front.). 

(Joinville) 
Il  est  fou  s'il  n'en  vient  plus  sage. 

(Baïf) 

Childeric,  roy  de  France  s'estant  réfugié  vers  le  roy  de 
Thuringe,  vint  amoureux  de  sa  femme. 

[Recherche  des  Recherches) 

Et  mesme,  s'ils  mangent  de  feuille  mouillée  ils   viennent 
malades  et  meurent. 

(Laffemas,   Vers  à  soye) 

Venredi,  s.  m.,  vendredi.  —  Quelquefois  Vendcrdi. 

Lesquelles  lettres  furent  faites  en   Tan   de   grâce   mil   CG 
cinquante  et  Wiit,  le  venredi  devant  pasques  closes. 

(Carlul.  de  Rethel,  1238) 

Et  apriès  -XXX-  ans  -ij-  ans  et  -j-  demi 
Souffrîtes  mort  en  crois,  au  boin  venredi. 

(Bref,  Ane.  textes,  i886) 


718  GLOSSAIRE  DU  MOUZONNAIS 

Cest  jour  fu  fieste  sainte  Catherine  en  yver,  et  un  venredi. 

(Chron.  d'Ernoul) 

Ce  pourpos  garda  et  réserva  jusques  au  jour  dou  saint  venredi. 

(Froissart) 

Ventri-ie(r),  s.  m.  (à  la  frontière),  devaalier,  tablier,  qui  se 
place  sur  le  ventre. 

Ventrillie(r).  vatri-iie(r)  (se).  —  V.  pron.,  se  coucher  à  plat 
ventre,  en  se  roulant.  —  Les  poulains  ant  moût  don  piai(ji(r)  à 
s'  VENTRILLIEH  (los  1(1  paille.  —  Vautrer  ? 

Or  oez  conment  les  desvoie  : 
En  ung  gazon  s'est  ventrilliez 
Et  comme  mort  apareilliez. 

{Rom.  de  Renart) 
Quant  crier  et  braire  l'ooie 
Et  jel  veoie  vutrillier 
Degiter  et  destandillier. 

(Dolopathos) 

Vérai,  véros,  futur  et  cond.  du  v.  aller.  —  J'vérai,  tu  verais, 
i  verai(t),  j'véraus,  v'vérez,  i  vérant.  —  J'véros,  j'vérains.  —  Ces 
formes,  employées  autour  d'Angecourt,  à  Raucourt,  à  Haraucourt, 
à  Thelonne,  sont  évidemment  sorties  de  vadere,  qui  nous  a  donné 
voise^  voist,  que  nous  disons  vache  au  subjonctif  (voy.  ce  mol)  ; 
ainsi  que  je  vais,  il  vet,  fvans. 

Si  se  avisa  et  dist   qu'il   les  voirait  conforter   et  le   roy 
d'Englelerre  combattre. 

(Froissart) 
Ge  gaiterai  sempres  le  roi, 
Quant  au  mostier  ira  par  soi, 
Et  il  verra  devant  trestoz. 

(Fabl.  de  la  Male-Uonte) 

Et  ait  promins  que  jamaix  encontre  ne  viret  ne  kret  venir, 
ne  réclameir. 

(Charte  de  Verdun,  1317) 

Verd,  verde,  adj.,  vert,  verte  (viridem). 

Si  prist  des  flores  et  de  Terbe  fresces  et  des  fuelles  verdes. 

(Aucassin  et  Nicolette) 

Bêle  Idoine  se  siet  desous  la  verde  olive. 

(Audefroy  le  Bastard) 

Ce  fu  el  mois  de  mai  ens  el  commencement 
Que  l'erbe  verde  est  née  et  la  flors  ensement. 

{Quatre  fils  Aymon) 

Et  aussi  verde  comme  chive. 

(Homan  de  la  Rose) 


GLOSSAIBK  DU  MOUZONNAIS  719 


Le  rossignol  des  bois 
En  la  verde  saison 
Tronque  sa  douce  voix. 

Frappez  dessus  comme  sus  seigle  verde. 


(BaiO 
(Rabelais) 


Du  temps  heureux  que  ma  jeune  ignorance 
Cueillit  les  fleurs  de  sa  verde  espérance. 

(Melin  de  S*  Gelais) 

Verdi-iiefr),  v.,  verdoyer,  prendre  la  couleur  verde. 

N'i  avoit  c'un  missel  et  ■!•  pré  qui  verdie, 

(Du  Guesclin) 

Verdrière,  s.  f.,  verdier,  oiseau  au  plumage  verdâtre. 

Ainques  n'y  prist  quaille 
N'aloe  cantant  à  un  rois  (rets) 
Ains  prisl  bel  verdière. 

(Cit.  de  Lacurne) 

Verge,  s.  f.,  mesure  de  longueur,  variable  d'un  village  à  l'au- 
tre :  à  Mouzon,  à  Bulson  19  pieds  =  6™172.  —  Est  aussi  une 
mesure  de  surface  :  19-  ^  361  pieds  carrés  ou  (6,1 72)^  =  38>nq09. 
L'arpent  vaut  donc  38  ares  09  centiares  ;  il  y  a  environ  262  1/2 
verges  dans  un  hectare.  —  Les  morceaui  de  terre  sont  d'ordi- 
naire des  parcelles  d'in  arpent,  in  demi-cent,  in  quarteron^  in 
demi  quarteron,  c'est-à-dire  de  100,  liO,  25,  12  1/2  verges. 

Vergougne,  s.  f.,  haine,  rancune.  —  Oh  !  f(v)ois  bin  qu'il  ai 
'n  VERGOUGNE  conV  mi. 

Vérin,  s.  m.,  robinet,  broche,  qui  se  visse  sur  le  tonneau.  — 
Voy.  Robin. 

Vermi-iie(r),  v.,  remuer,  grouiller,  à  la  façon  des  vers.  — 
Que  niche  froumage  I  waite  don(c)  coume  ça  veruie  là-d'das.  — 
Signifie  aussi  onduler,  serpenter  :  Jû  n'sarai  jamais  rafachie(r) 
et  afant  là  :  il  ai  tout  l'temps  à  vermi-iie(r). 

Verrat,  s.  m.,  cochon,  porc  mâle  (vieux  français  ver,  verres). 
Employé  surtout  comme  juron,  et  souvent  sous  la  forme  Verraut: 
de  même  que  l'on  dit  «  oh!  l'animal!  »  on  s'écrie  oh!  l'verrat  ! 
par  surprise,  peur,  et  sans  attacher  à  l'exclamation  une  idée 
offensante  ou  insolente.  Les  habitants  de  Bulson,  qui  usent  trop 
couramment  de  ce  juron,  sont  quelquefois  surnommés  les  Verrats 
de  Bulson.  Enfin  les  gens  d'Escombres  sont  désignés  par  le  terme 
de  Verrats,  dans  les  dictons. 

Verri-iie(r),  v.,  attaquer  parles  vers.  —  P.  p.,  Verri-iie,  sil- 
lonné de  trous  de  vers,  vermoulu* 


7^0  ÔLOSSAÎRE   DU  MOUZONNAIS 

Vé(rs),  pi'ép.,  auprès;  comme  delez,  devez. '— Allez  vé(rs) 
papa,  mon  petit  queux  ! 

Versain-ne,  s.  1".,  terre  en  repos,  non  cultivée,  dans  l'assole- 
ment triennal. 

Verser,  v.^  donner  un  laboura  une  terre  dépouillée  de  ses 
récoltes. 

Ralocier  ne  peut  verser  son  ivuaïn  faute  de  bestiaux. 

{Procès- verbal  de  1641,  Sedan) 

Vers-pécheu^r)  ou  verd-pécheu(r),  s.  m.,  le  martin 
pécheur,  oiseau  de  couleur  verte  ;  se  nourrit  de  vers  et  de  petits 
poissons  quil  pêche  dans  les  rivières  et  ruisseaux. 

Vesse  dû  leu,  s.  f.,vesse  de  loup,  champignon  vénéneux. 

Vessette,  s.  f.,  venette,  frousse,  peur.  —  Le  vieux  mot  vene 
signifiait  vesse  :  nous  avons  pris  le  diminutif  du  mot  en  usage, 
alors  que  le  français  a  conservé  celui  du    mot  ancien.  Rabelais  a 

employé  le  verbe  véner  :  «  Tant  fort  vénoit  Quenot ».  Qu'on 

se  rappelle  le  sieur  de  Humevesne  ! 

Veude,  vu  de,  adj.,  vide.  —  Voy.  Vuide. 

Veule,  adj.,  meuble,  sablonneuse,  légère  (en  parlant  de  la 
terre.) 

Veupe  (eu  bref),  s.  m.,  vêpres  (à  Thelonne  et  environs).  —  / 
ni  saule  qu'ans  est  moût  lonyta{s)  à  veupe. 

Veuve,  adj.  maso,  et  fém.  —  EWl  ai  prins  in'  homme  yedve 
avcu{c)  trois  afants. 

Ilh  çstoit  uns  proidons  veves  qui  avoit  enfans. 

{Li  Paweilhars) 

Demoura  le  roy   Charles    veuve,    n'oncquea   puis    ne   se 
maria. 

(Froissart) 

Viau,  vai,  s.  m. ^  veau.  —  Deux  aniùennes  formes  vians,  vel^ 
vcel.  —  Voy.  Vai. 

Vitulus,  li,  veel. 

(Voc.  lat.  fr.,XIII*  s.) 
Vitulus,  vel. 

{Gloss.  Rom.  lat.  du  XV*  s.) 

Se  porchast  qu'il  ait 
Viaus,  une  vache  a  lait. 

(Estillement  au  vilain) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  721 

Adonias  fist  un  grant  sacrifice  de  multuns  et  de  gras  veels. 

{Livre  des  Rois) 
Aussi  ai-je  et  tamaint  agniel 
Maint  boef,  mainte  vache  et  maint  vel. 

(Froissarl) 
Il  n'est  oison,  beste  ne  viau 
Qu'il  faille  mener  pasturer. 
(Débat  de  la  Demoiselle  cl  de  la  Bourgeoise) 

Je  voi Un  tor  et  une  vache  ensemble 

Qui  a  avec  lui  son  véel. 

(Rom.  de  Renart) 

Vicaille,  s.  f. ,  nourriture,  victuailles. —Pou(r)  c'pefiiepaWier 
M,  c'csl  mi  qui  fournirais  la  vicaille. 

Ils  se  logierent  dehors  en  moût  beaus  leus,  vitailles  orent 
assez  a  bon  marché. 
'  (Guillaume  de  Tyr) 

Que  cil  dedens  orent,  sans  faille 
Petit  de  blé  et  de  vitaille. 

(Dolopathos) 
Là  porta  chescun  sa  vitaille. 

[Estoire  de  la  guerre  sainte) 
Il  fist  carker  toulz  ses  vassealx 
Tûutz  de  vitailles  et  de  joiaulx. 

(Prince  noir) 

Vie,  viez,  adj.  et  substantif,  vieux,  vieil,  vieille.  —  în  vie 
homme,  in'  vie  femme.  —  Don  v\Es-oing,  du  vieux-oing,  graisse. 
—  On  dit  plus  ordinairement:  viu,  in  viu  ihomme  ;  viez,  ine  viez 
serrure. 

Delez  les  tentes,  assez  près  de  la  mer,  avoit  une  viez  for- 
teresse deschoite. 

(Guill.  de  Tyr) 

Et  si  commande  Dieu  en  la  vies  loy. 

(Mireour  du  monde) 

Et  par  cou  ont  il  les  vies  mueles  con  en  oste   et  les   vies 
fers  c'on  ne  puet  melre  en  œuvre. 

{Recueil  Taillar,  1249) 

Et  n'y  avoit  vies  ne  jouene 
Qui  ne  convoitasse  Bosenove. 

(Chron.  de  Stavelot) 

Troys  mil  siis  vins  et  cinc  livrées  de  terre  au  Tornois,  au 
pris  vies  et  anciien. 

{Cartul.  de  Relhel,  1323) 

Fist  Thibaut  abatre  la  viez  monoie  de  Provins. 

(Chron.  S.  Ma  gloire) 
40 


722  ÛLOSSAIRB   DU   MOUZONNAIS 

Ainsi  ressambloie  a  celi  qu'on  com])ei'e  a  une  vies  souche. 

(Machaut,  Voir  dit) 

El  encore  l'appelle  l'en  la  viez  porte  aux  pourceaux. 

(Guillebert  de  Metz) 

De  chacun  hestal  de  revendeur  de  viezes  pelleteries. 

(Estalage  de  Mons,  1G24) 

As-tu  tes  péchiez  regehis? 
Oïl,  fet-il,  à  un  vies  lièvre. 

(Rom.  de  Renart) 

Item  10  draps  petits^  et  4  viez  nappes. . .  4  vicz  ta]ns  de 
lainne. . .  3  viez  pas  de  ceuvre. . .  5  vtez  paeles. 

(Inv.  Clém.  de  Hongrie) 

Vie  (faire  la)  à  quelqu'un,  le  gronder,  lui  faire  des  reproches, 
du  tapage,  malmener,  chercher  noise.  — On  dit:  Oh!  l'iaid 
ihoumc  1  i  raleurre  sou(l)  tous  les  jou{rs)  !  Et  c'est  des  vies  !  i 
faut  (vloir  sa  pauv"  femme  !  et  ses  afants  ! 

Vieille  jeun-ne  fille,  s.  f.,  demoiselle,  célibataire  déjà  âgée. 

Vieuserie,  s.  f.,  vieillerie,  antiquité,  chose  vieille.  —  Quelque- 
fois antiquité,  vieillesse. 

Et  aullres  draps  seront  vendus  en  my  le  plache  de 

le  vieserie. 

{Bans  ordonnés  pour  la  feste  à  Cambrai) 

Et  furent  les  lices  préparées  sur  le  marché  de  la  Vieseryc, 
en  la  ville  de  Gand,  et  fut  la  maison  du  juge  devant  les 
maisons  où  se  vendent  les  vielz  habitz. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Vife,  fém.  de  vif.  —  ELl'l  est  trop  vife,  elle  répond  trop 
promptement. 

Vigon,  s.  m.  et  adj.^  dur,  cruel  —  qui  détruit  les  petits  des 
animaux,  des  oiseaux,  les  œufs  couvis. 

Viiette,  s.  f.,  vrille^  vrilletle. 

Il  a  deus  espointe  qui  sont  mis  sus  la  branche  à  une 
veillelte. 

(Modus,  dans  Lacurne) 
Vingt  rats,  vingt  sorts,  jurons. 

Vint  (l'année,  la  semain-ne  qiti)^  l'année,  la  semaine  pro- 
chaine. —  On  disait  :  à  Pâques  prochain}  venant. 

Violette  dûbos,  dïichin,  dû  leu^  s.  f.,  violette  des  bois,  de 
chien,  de  loup. . .,  inodore,  peu  colorée.  —  Sortes  de  viola. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  723 

Vioulouneux,  s.  m.,  qui  joue  du  violon. 

Viquer,  v.,  vivre.  —  C'est  le  vieux  verbe  vesquir,  veskir^  où 
l'on  a  fait  interversion  des  sons. 

Onques  hom  ne  vesqui  si  saintement. 

(Joinville) 

Il  dit  :  tant  a  vesqui  que  viex  est  et  ferrans. 

(Foulques  de  Candie) 
Ainsi  vesqui  li  conestables 
Li  bons  Gauchiers  de  Chastillon  (cuens  de  Porchions). 

(Watriquel) 

Jehans  de  Mais  li  faisoit  croire  que  jamais   ne   lui   falroit 
tant  qu'il  visqueroit. 

(Jean  d'Outremeuso) 

Dedens  XIII  ans  que  saint  Dominich  visquat. 

(Jean  d'Outremeuse) 

Li  femme  viskal  bien  X  ans  après. 

{Pawcilhars) 

Vitemat,  adv.,  vile,  vitemenl. 

Plusieurs  mirent  vilement  leurs  bacinets  en  leurs  testes. 

(Froissart) 
Vius,  adj.  m.,  vieux.  —  Voyez  Vie. 

Et  veoit  qu'il  estoit  pesant  et  vius. 

(Chron.  de  Rains) 

Car  li  mors  prent  tout  à  son  kius  (choix) 

Sitost  les  jouenes  com  les  vius. 

(Renart  le  nouvel) 

Ne  viveras  mes  gueres,  vius  est  et  radotes. 

(liom.  d'Alixandre) 

Je  suis  molt  debrisié  et  vius. 

[Fabliau  Houce  partie) 

Par  la  rice  resne  la  tint 

-I-  vius  chevaliers,  qui  la  guie. 

[Amadas  et   Ydoine) 

Vivie(r),  s.  ra.,    vivier,    étang.  —  Inusité    aujourd'hui,   mais 

resté  nom  de  lieu. 

Ilanozeaul  vuet  pessier  les  vicirs. 

[Paweilhars) 

Viv(r)e,  v.  —  J'vis,  j'vivans,  —  j'vivos  —  11  ai  vivu  —  Je 
vi(v)rai  —  J'vî(v)ros.  —  Tout  l'temps  quû  l'père  ai  vivu,  i  s'ant 
ben  arrangie. 

Vizoin,  vies-oing,  s.  m.,  vieux  oing.  —  Voy.  Vie. 


724  GLOSSAIRE   DU  MOUZONNAIS 

Un  ongnement  ot  fait  de  dokes  (patience,  herbe) 
De  vif  argent  et  de  vicz  oint. 

(Fabliau,  Vielle  truandé) 

Espicier  suis,  ie  veus  vieit  oingt. 

(Varlet  à  louer) 

Le  cent  de  viel  oinc  doit  IIII  d. 

(Tonlieu  de  MézièreSy  XIV*  s.) 
Via,  voilà. 

V'latie(r).  —  Voy.  Volontiers. 

Vlez-v'?  voulez-vous?  —  Voy.  Vouloifr). 

Vli-vli-vli  !  onomatopée.  Cri  d'appel  pour  le  poulain  et 
même  le  cheval.  —  I,e  cri  du  poulain  :  Atends-iu  la  pouliche 
qui  fait  des  vlivli  au  d^boid  d'Venclos  ? 

Vlo-iette,  s.  f.,  violette.  —  Prononciation  souvent  entendue. 

Vlo-ion,  s.  m.,  violon.  —  Même  observation. 

Vlu,  voulu.  —  Voy.  Vouloi(r). 

Vo,  pour  votre.  —  Rare.  —  Mettez  ça  das  vo  devantie(r). 

D'un  coutel  en  vo  cuisse  vous  convenra  ferir. 

(Berte  aus  grans  pies) 

Miex  vos  vient  de  lor  (laurier)  et  de  mirre 
Encenser  vo  lit  et  vo  cambre. 

{Roi  Guillaume) 
Ne  pert  pas  à  vo  façon 
Qu'en  vo  cuer  ait  cruauté. 

(Perrin  d'Angecourt) 

Voe  (à  maie),  adv,,  à  perte,  à  perdition.  —  Voy.  Vof. 

Voi  se  prononce  généralement  oi,  en  omettant  le  v  :  (v)oir, 
(v)oiture,  iv)oisin.  —  On  dit  :  V'(v)oirez,  vous  verrez.  —  Nous 
avons  noté  cette  chute  du  v  en  écrivant  cette  lettre  entre  paren- 
thèse. Nous  ferons  remarquer  que  cette  simple  chute  dans  les  ver- 
bes aperce{v)oi)\  conce{v]oii\  déce(v)oir,  perce{v)oiv ,  recc(v)oi)\ 
conduit  à  ojoe/ro/r,  conroir,  déçoir,  perçoir,reeoir,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  passer  par  les  formes  anciennes  aperçoivre,  etc. . . . 
La  même  chute  est  fort  bien  mise  en  évidence  dans  les  rimes 
suivantes  : 

Si  ot  moult  grant  talent  de  boire 
Cil  qui  bien  sot  la  gent  decoivre. 

[Rom.  de  Renart,  Méon,  6597) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  725 

Gros  jambons  y  ot,  au  chaut  poiure, 
S'en  voulurent  plus  souvent  boire. 

(Gace  de  la  Buigne) 

Vo-iage,  vo-iagie(r),  voyage,  voyager. 

Vô-ie,  s.  f.,  voie,  chemin,  direcUon  ;  —  coulure  ;  —  espaces, 
passages  entre  les  planches  qui  divisent  un  jardin.  —  J ans  'n 
terre  à  la  vô-ie  d'Angcou(r)t,  c'est-à-dire  parmi  celles  qui  sont 
aux  environs  du  chemin  qui  conduit  à  A. 

Si  que  Fkimens  cote  trouvèrent 
Jusques  au  roy  trestoute  vuyde. 

(God.  de  Paris) 

Vô-iette,  s.  f.^  petite  voie,  sillon,  surtout  dans  les  jardins. 

Il  entra  en  une  voiète 

Qui  le  mena  à  le  vilète. 

(Fabl.  de  Milon  d'Amiens) 

J'apperçoy  en  la  voyette 
Le  médecin. 

{Farce  d'un  amoureux) 

(V)oir,  V.,  voir,  —  J'(v)ois,  tu  (v)ois,  i  (v)oit,  j'  vo-ians,  v' 
vo-iez,  i  vo-iant.  —  J'vo-ios.  —  J'ai  vu.  —  J'verrai  ou  j'(v)oirai  — 
J'verros  ou  j'(v)oiros.  — A  vo-iant.  —  A  Douzy,  on  prononce  vu-ie 
pour  vu.  —  Aller  (v)oir,  expression  signifiant  courtiser,  faire  la 
cour. 

Dieu  !  fait-ele,  comment  le  «oirrai-je  ! 
Car  je  le  veuil  voir. 

{Lancelot) 

Aduisez  bien  son  estât  et  sa  composition  et  vous  voirez 

que 

(Gerson) 
Offrez  à  Dieu  requestes  pertinentes 
Dont  on  voirra  les  exploitz  mirifiques. 

(Chanson  sur  Anne  de  Bretagne) 

Plustôt  la  mer  on  voirra  dessalée. 

(Marot) 

Et  couraanda  que  on  luy  apportast  son  filz,  si  le  voyrroit 
ains  qu'il  fust  mis  en  terre. 

(Rom.  d'CEdipus) 

Pour  ung  liard,  voyra  toute  personne. 

[Pierre  Faifeu) 

(V)oiture,  (V)oiturer,  (V)oiturie(r),  s.,  voiture,  voiturer, 
voiturier. 

Volet,  s.  m.,  instrument,  ordinairement  appelé  oiseau,  dans 
lequel  le  goujat  porte  le  mortier. 


726  aLOSsAiRE  du  MûUZONNAIS 

Volette,  s.  f.,  claie  sur  laquelle  on  fait  égouttcr  les  fromages, 
sécher  les  prunes,  les  pommes,  etc. . . 

Volie,  s.  f. ,  volige. 

Volontiev'rs),  v'lentie(rs),  v'iatie,  adv.  Volontiers.  Les  der- 
nières formes  rappellent  l'ancien  mot  voleniiers  et  volenté. 

La  maist.ress3  dist  :  «  Volentiers  ». 

(Blancandin) 
Et  puis  après  les  Cordeliers 
De  bon  vin  boivent  voleniiers. 

{Églises  de  Paris  en  1325) 

La  mort  ai  souhaité  souvent 
Mais  volentiers  ie  la  fuisse. 

{Dance  macabre) 

Vormat  I    Interjection  marquant  le  souvenir,   la  surprise   au 
rappel  d'un  nom  ou  d'un  fait,  et  signifiant  :  à  propos    eh  !    mais. 

—  Eh  bin,  Vormat  !  est-ce   quû  t'songes  à  me  rapporter  m'fusi? 

—  C'est  l'anc.  adv.  Voireuent,  vraiment,  assurément  ;  jnais  voire- 
ment^  mais  à  propos,  mais  j'y  pense  ! 

Voiremcnt^  qui  en  femme  met  son  cuer,  bien   le  doit-on 

blasmer. 

(Mir.  N.-D.,  Théodore) 

Ha  !.. .  Voirement  est  Diex  bon  doublère. 

(FabliaUf  de  Brunain) 

Et  s'il  ne  s'en  daigne  escondire, 
Ains  die  por  li  mettre  en  ire, 
Qu'il  a  voirement  autre  amie, 
Gart  que  ne  s'en  corroce  mie. 

{Rom.  de  la  Rose) 

Vos  l'ci,  vos'l'là,  voul'là,  le  voici,  le  voilà  (vois-le  là). 

Car  mesire  Gauvains  s'en  vait. . . 
Véés  le  là. . . 

{Messire  Gaùvain) 

Ou  est  ?  —  Par  mon  chief,  vez  le  là 
Voslre  bel  umbre  qui  l'atend. 

{Fabliau,  Chevalier  qui  donna  Vanel) 

Vot  (à  maie),  à  perte,  à  perdition  ;  maie  voe,  désastre  (mala 
vola).  —  Voyez  Voe. 

De  chresliens  voelt  faire  maie  vode. 

(Roland) 
Or  voit  il  tôt  a  maie  voe. 

[{Fabliau  des  Tresces) 
Vot',  votre.  —  Voy.  Not'. 


GLOSSAIRE   DU  MOUZONNA.IS  727 

Vou,  S.  m,,  vœu.  —  J'ai  fait  in  vou  !  c'est  quû 

Voû-ie,  adj.,  parti  (parti  par  vô-ie,  par  chemin).  —  C'est  l'an- 
cien avo-yé^  comme  r'voide  est  ravo-yé,  remis  en  voie.  —  //  est 
vou-iE  â  S'dan.  —  J'serai  bin  content  quand  j'serans  vou-ik! 

Voul'là.  —  Yoy.  Vos  Ici.  —  Dous'qu'est  Jezeuf?  voul'la  qui 
vint. 

Vouloi(r),  V  ,  vouloir.  ~  J'veux,  j'voulans  ou  jû  v'ians.  — 
J'voulos  ou  jû  v'ios.  —  J'ai  voulu  ou  v'iu  —  J'vourai  ou  vaurai  — 
J'vouros  ou  vauros  —  A  voulant  ou  v'iant  =  V'lez  v'  véni(rj  aveu 
nous  ? 

Je  octroie  a  tous  mes  bourgois  (le  Rethest  et  veuil  qu'il  se 
marient  fors  de  Rethest  et  dedens  Rethest  partout  la  ou  chas- 
cuns  voura  et  a  quel  famé  il  voura. 

(Charte  de  Relhel,  1253) 

Sitost  con  li  peuple  vorrj. 

{Rom.  de  la  Rose) 

Car,  aveuc  vous,  certes  vaurai  aler. 

{Huon  de  Rordeaux) 

Quant  je  vaurai  savoir  ke  li  mars  de  billons  à  cinq 
deniers  valra. 

(Comput  XIII^  s.) 
Et  se  je  muir  ci,  vos  ferès 
Del  cheval  ço  que  vos  vaurés. 

(Gauvain) 

El  ce  est  nus  sens  que  je  vorroie  moût  que  tu  eusses. 

(Gerson) 

Qu'il  emmenast  avoec  lui  de  ses  homes  desquels  qu'il 
vorroit. 

(Chron.  de  Rains) 

Mieulx  vorroie  estre  mors  que  vis. 

{Castoiement) 
Quy  plus  haut  mont  qui  ne  doit 
De  plus  haut  quiet  quy  ne  voroit. 

(Proverbes,  Lincy) 

Je  ne  vorroie  avoir  un  tel  péchié. 

(Joinville) 

Si  respondi  qu'il  leur  lairoit  savoir  qu'il  en  vaurroit  faire. 

(Li  estoires  de  Coustantinoble) 

Vous  se  prononce  souvent  v'.  —  Virez  ;  savez-\'  bin  ?  —  Voy. 
les  expr.  A'vous?  Sa  vous,  avez-vous,  savez-vous. 

Pourquoi  av'ous  espousé  l'estrangère, 

(Miroir  de  l'âme  pécheresse) 

,V'a  vous  point  vu  la  péronnelle. 

(Ane.  théât.  françois,  IX,  129) 


728  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Vousiller,  vousi-iie(r),  v.,  s'adresser  à  quelqu'un  en  se  ser- 
vant de  vous  et  non  de  iu.  —  Est  donc  opposé  à  tutoyer,  qui  se 
dit  alors  dévouser.  —  Littré  enregistre  voussoyer  et  cite  un 
exemple  du  xvi^  s. 

Touchant  à  l'inventeur  du  vousier,  je  ne  l'ai  treuvé. 

(Bonivard,  Noblesse,  p.  242) 

(V)uide,  ouîde,  quelquefois  voude,  veude,  vûde,  adj., 
vide.  —  L'tounai  n'est  m'  co  vude. 

(Que)  Je  n'ose  entrer  en  ma  porte 
A  vuide  main. 

(Colin  Muzet) 
Cil  qui  ira  a  borse  vuide 
Est  bien  fols. 

(Rutebeuf) 

Li  tiere  de  Jherusalem  estoit  vuide  de  chevaliers. 

{Chron.  d'Ernoul) 

Et  arrasa  le  chaste!    telement   qu'il  ne  demoura  que   la 
place  vuide. 

(Guillebert  de  Metz) 

Li  veriteiz  portans   la  semblance  de   pitiet  tote  veude  de 
verluit. 

(Serm.  S^  Bernard) 

(V)uidie(r),  ouîdie(r),  quelquefois  vûdie(r)^  voûdie(r),  v., 
vider. 

Votre  chambre  ferai  de  toute  part  vuidier. 

(Berte  aus  grans  pies) 

Quant  li  Tur  de  la  ville  virent  l'ost  si  vuidie. 

(Guill.  de  Tyr) 

C'est  la  grande  compaigne,  qui  de  France  est  vuidie. 

(Du  Guesclin) 
Se  Sarrazin  encontrent  qui  nel'  fiere 
De  maint  vassal  vuideront  l'estrivière. 

(Foulq.  de  Candie) 
Entrant  ont  fait  les  ijours  veudier, 

[Guerre  de  Metz) 


w 

"W  se  prononce  ou.  —  Dans  les  anciens  dialectes,  w  s'est  sou- 
vent substitué  a  g  ou  gu  ;  c'est  ainsi  qu'on  a  dit  wage  pour  gage, 
warandir  pour  garantir  (il  y  a  warant),  wé  pour  gué,  waiti  pour 
gain,  etc. . .  Un  certain  nombre  de  ces  mots  nous  sont  restés  avec 
la  forme  en  w. 


GLOSSAIRB   DU   MOUZONNÀIS  729 

Et  celle  amende  ou  les  ivages  pour  celle  amende,  mes 
prevost  porra  penre  et  lever. 

(Charte  de  Rethel,  1253) 

Je  promets  H  warandir  envers  tous  qui  à  loi 

(Car lui.  de  Rethel,  1287) 

■Wachie(r),  v. ,  clapoter,  faire  le  bruit  de  l'eau  qui  est  chassée  et 
remuée  dans  un  petit  espace  :  J'ai  boulé  ;  écoute  comme  ça 
WACHE  das  m'  solei(r).  —  En  patois  normand,  vachier  signifie 
mouiller,  salir  de  liquide.  L'anglais  wash  est  eau,  et  l'origine  de 
notre  mol  est  évidemment  le  ternie  weich^  mou.  —  Voy.  le  v. 
Avachi{r). 

Wadlincou(r)tie(r),  s.  m.,  habitant  de  'Wadelincou(rt). 

Wa-iin,  "wa-îen,  s.  m.,  saison  des  semailles  d'automne, 
c'est-à-dire  du  la  septembre  au  20  ou  25  octobre.  —  Désigne 
aussi  la  culture,  les  semailles  elles-mêmes,  la  récolte  sur  pied. 
On  dit  :  Ju  n'sarai  v'pai-iie(r)  cuvant  wa-ien,  c'est-à-dire  avant 
octobre;  faire  lu  wa-ien,  c'est  cultiver  les  terres  qui  doivent  rece- 
voir les  blés,  seigles,  épeaulres,  etc.  ;  semer  le  wa-ien,  c'est 
semer  le  blé,  seigle,  etc.  ;  couper,  récolter  Twa-ien,  c'est  mois- 
sonner les  céréales  semées  à  l'arrière-saison.  —  On  a  déjà  vu  que 
gain,  gaing...,  désignaient  les  produits  de  la  terre  :  le  mot 
gaingneur  désignait  un  laboureur,  et  gaingnei  ie,des  champs  cul- 
tivés, 11  nous  reste  regain.  Le  ica-in  est  une  forme  de  gain,  et  l'on 
a  rencontré  revahin  pour  regain. 

Quatre  franchars  de  ivayn  a  paier  chascun  an. 

(Cartul.  d'Orval,  1251) 

C'est  assavoir  un  weiin  et  deux  mars  de  quelle  semence 
qu'il  vauront. 

(Cartul.  de  Rethel,  1301) 

Item,  je  tieng  en  la  chastellenie  de  Raucourt,  troys  muis 
de  grain  que  je  pren  chascun  an  sour  les  moulins  de  Rau- 
court, moitié  ivain,  moitié  grosse  mouture. 

(Id.,  1322) 

—  21  arpents  de  vuain  et  les  prés  sont  complètement  rui- 
nés —  Balocier  ne  peut  verser  son  wua/in,  faute  de  bestiaux. 
(Procès-verb.  des  dégâts  faits  à  la  suite  de  la 
bat.  de  la  Marfée,  1641) 

En  cel  ain,  en  temps  de  wayen,  se  apparut  le  estoile 
comète  enparties  de  Occident. 

(Jean  d'Outremeuse) 

La  saison  dou  tourni  revint 
En  wain. 

(Jean  de  Condé) 


730  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

Mes  les  fourrages  do  qaain  (regain,  de  l'automne) 
Furent  are,  et  saus  et  sain. 

(Cliroii.  de  S^  Magloirc) 

Si  com  de  printens  et  d'esté 
Et  de  gayn  qui  après  vient 
Et  puis  d'yver. 

(Adenès  li  Rois) 

Et  li  Franchois  avoient  jà  leur  waaing  (gain)  envoie  à  l'os. 
(Rob.  de  Clari,  Est.  de  Coustantinoble) 

Waingnier,  v.,  gagner  (à  la  frontière). 

Il  i  ont  puis  tous  jours  atendu,  ne  n'i  loaaingnicrcnt  rien. 

{Li  estoires  de  Coustantinoble) 

■Waitie(r''^  v. ,  regarder,  surveiller,  guetter,  prendre  garde.  — 
Waite  in  peu  les  alondes  qui  s'a  rvant  d\jà  !  —  Waite  à  revé- 
ni{r]  devant  la  tiuit,  pense  à  revenir. . .  —  Waite  à  ti  I  gare  ! 
prends  garde.  —  J'cas  \vaitie(ii)  après  'n  belle  carotte,  je  vais 
chercher. . .  —  On  n  waiterot  mi  l'soleil  longtas.  —  Ce  mot, 
dans  ces  divers  usages,  provient  évidemment  de  guaitier,  guetter, 
et  de  wairdier,  icaidier.  garder.  —  En  anglais,  le  guetteur,  la 
sentinelle,  le  domestique  qui  surveille  se  dit  waite,  tcaiter 
(transporté  du  normand  guaite)  ;  il  y  a  le  verbe  to  îvait,  qui  reste 
du  dialecte  normand  vaiter,  observer.  Enfin  on  emploie  encore 
gaitie  pour  :  regardez  !  dans  le  Bugey. 

Et  que  li  counestable  commangent  et  faient  waiticr  ensi 
coume  il  doivent. 

{Recueil  Taillar) 

Et  si  aveir  trespassent  per  iloc  u  il  deivent  waiter. 

{Lois  de  Guillaume) 
D'un  vilain  eu  nie  qui  vaita 
Dedens  sons  wis  (huis)  si  esjiia. 

(Marie  de  France) 

S'aucuns  tvailc  aucun,  et  il  foule  ou  toulle  en  la  boe. 

{Chron.  de  Tournay) 

Si  les  waila  Morchoilcs  au  repairier. 

(Robers  de  Clari) 
L'arcevesque  ivaila. 

(Ph.  Mouskès) 
Vous  wailerés  chaiens  le  coc 
Ou  vous  me  lairez  cha  che  froc. 

{Jus  de  la  feuillée) 

Pincedé,  warde,  que  t'empruntes. 

(Bodcl,  Jus.  S.  Nicholai) 

Quant  il  furent  descendu,  si  wardent  avant. 

(R.  de  Clari,  Est.  de  Coustantinoble) 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  731 

Walâ,  nom  propre  du  pays.  —  Est-ce  le  vieux  mol  allemand 
iralah,  signifiant  gaulois^  étranger  ? 

Wanlée,  s.  f.,  rincée,  ondée.  —  Lavage  d'une  certaine 
quantité  de  linge.  —  J'ans  reçu  'n  bonne  wanlke  en  routai  J'sans 
tout  frais! 

Wanler,  v.,  laver,  rincer  (du  linge).  —  On  irai  wanler  les 
torchons  dus  l'gué. 

Wape,  s.  f.,  guêpe.  —  Wasp  est  encore  le  nom  anglais  de  la 

guêpe. 

Ne  grosse  raouske,  ne  wibet 
Ne  lunge  loespe,  ne  cornet. 

(Marie  de  France) 
Vespa,  tcespe. 

{Gloss.  Rom.  lat.,  XV'  s.) 

Warde.  wairde,  s.  t'.,  garde  (à  la  frontière). 

Ne  pren  mie  warde,  ô  tu  hom,  à  luy,  ouquel  chose   il   en 
sentet. 

(Serm.  S'  Bernard) 

Dou  fief  dessus  dit  je  do!  et  sui  tenue  à  palier  la  ivarde  à 
Omont  an  et  jour. 

(Cartul.  de  Rethel,  1322) 

Et  fist  H  dux  les  pons  si  bien  warnir que  cil    qui  i 

montassent  pour  assalir  n'eussent   loarde  ne  de  quarriaus 
d'arbalestes,  ne  de  saietes. 

(R.  de  Glari,  Estoires  de  Coustantinoble) 

Warder,  wairdie(r),  v. ,  garder.  —  IL  es^t)  allé  wairdie(ii) 
nos  vaches. 

Et  je  al  juré  icelle  ville  (Ballay)  à  loarder  et   à  sauver  à 
mon  pooir  envers  tous. 

{Cart.  de  Rethel,  1249) 

Li  deriains  eschevins  feroent  ce  jugement  tenir  et  warder. 

(Charte  de  Relhel,  1253) 

Et  plus  ne  leur  pourroit  demander  s'il  se  ivardent  de  raef- 

faire. 

(Charte  de  Nouvion,  1290) 

Qui  loardera  bestes  par  soy. 

(Ord.  de  Reims,  1378) 

Fait  meilleur  warder  le  wage. 

(Adam  de  la  Haie) 

"Wardeus,  "Wairdeus,  s.  m.,  garde,  gardien.  —  C'est  in 
wAiBDEUs  de  vaches. 


732  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNaIS 

Wari(r),  v.,  guérir.  —  Rare  aujourd'hui. 

Si  y  fu  si  povres  qu'il  ne  pooit  warir. 

(Robers  de  Clari,  Est,  de  Coust.) 

Waurde  (je  n'ai),  expr.  je  n'ai  garde,  il  n'y  a  pas  de  danger. 
—  J'ii'ai  WAURDE  dû  montrer  rn'paiipie{r),  i  mû  L'prenrot. 

Wé,  s.  m.,  gué,  passage  de  rivière.  —  L'expression  gué  est 
resiée  allachée  à  la  ?nfl/'e  ;  et  wé,  qui  n'en  est  qu'une  traduction 
dialectale  ou  paloise,  n'est  conservé  que  dans  les  noms  de  lieu  : 
Wé,  section  de  Carignan  ;  LongwÈ,  autre  commune  des  Arden- 
nes  ;  à  Raucourt,  on  trouve  le  Wé  N^olet  (près  de  l'ancien  châ- 
teau) ;  en  1752,  il  est  question  du  jardin  de  J.  Wilmet  «  sis  au  Wé 
Nolet,  près  duquel  aboutoil  la  terre  du  roy.  » 

Vadum,  Wès. 

{Gloss.  Rom.  lat.,  XV*  s.) 

Castiel  en  tieu  de   Sarrazins,  en    ■!•   lia  c'en  apieie  le 
c  Wès  Jacob.  » 

(jChron.  d'Ernoul) 

"Wères,  adv.,  guères.  —  Des  canadas  !  oh  !  n'i  a  'n  ai  wères. 

Il  ne  tenoit  woires  bien  les  trêves  qu'il  avoit  données  ne 
sen  sairement. 

(Chron.  d'Ernoul) 

Et  ne  demora  ivaires  après  que  li  empereres  et  si  traiteur 
pourparlereni  une  grant  traïson. 

(R.  de  Clari,  Est.  de  Coustantinoble) 

"Wez  pour  voyez  :  Wez  don(c)  in  peu(ie).  —  La  vlà  qui  vint, 

WEZ. 

Wichetraque^  s.  m.,  oiseau;  c'est  le  traquet  pâtre,  dont  le  cri 
ressemble  au  tic-tac  d'un  moulin. 

Wîdange,  s.  f.,  vidange,  action  de  vider,  le  moment  où  l'on 
vide.  —  On  paierai  à  la  wîdange  des  coupes. 

Cuers  ne  doit  servir  de  widenges. 

(Congiés  de  Baude  Fastoul) 

"Wide,  (v)uide,  ouide  (v.  ces  mots),adj.  et  s.  m.,  vide. 

Et  se  les  terres  demeurent  wides  plus  d'un  an  et  un  jour. . . 

(Charte  de  Rethel,  1253) 

Adès  ont-ils  wides  les  mains. 

(Watriquet) 
Mais  lors  perchiu  que  cil  qui  cuide 
Qu'il  a  de  sens  la  teste  wuide. 

(Tûurn}  Antéchrist) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  733 

Or  remanra  la  terre  loide  de  seigneur. 

(Comtesse  de  Ponthieu) 
■Widie(r),  v.,  vider.  —  P.  p.,  ividie. 

Faistes  ceste  cambre  tuidier 
De  tous,  fors  de  cest  chevalier. 

{Amadas  et  Ydoine) 

Vostre  chambre  ferai  de  toutes  parts  widier. 

(Berte  as  grans  pies) 

Les  arçons  en  a  fait  widier  et  délivrer. 

(Quatre  fils  Aymoh) 

Por  poi  que  Nicolas  a  la  sele  widie. 

(Rom.  d' Alixandre) 
Enmanire,  ividier. 

{Voc.  lat.  fr.,  A7//«  s.) 

S'ont  veu  Helvas  de  son  batiel  widier. 

(Cygne) 

Chascun,  pour  la  poureté  d'icelluy  (pais  de  Retheloys)  se 
loyde  et  vuelt  wydier  et  absenter  pour  demeurer  es  pays 
voisins. 

(Lett.  pat.  de  1405) 

Et  el  demain  wident  l'ostel. 

(Blancandin) 

Winquer,  ie(r),  v.,  crier,  pleurer  en  criant  (onomat.).  — 
P.  p.,  -winqué,  winquie.  —  On  atend  les  souris  qui  winquant. 
—  J'crois  hin  quïi  Vcochon  winquot  !  il  avot  la  queue  prinse  das 
la  porte  !  —  T  m"  samblot  hin,  là!  qu'  les  lapins  uvaint  winqdie  ! 

Wiquer,  v.,  pousser  un  cri  perçant,  aigu,  une  sorte  de  siffle- 
ment sec.  —  On  atend.  des  petits  pierrots  qui  wiqdant  das  leu(r) 
nie. 

Y,  Z 

Yaue,  Yawe,  s.  f.,  eau.  —  Voyez  aiwe,  eve,  iaue  et  ajoutez 
iwe,  qui  a  peut-être  donné  Yvoy  (Carignan,  sur  la  Chiers,  tout 
près  de  Wé,  qui  parait  bien  être  sur  le  trajet  de  l'ancienne  voie 
romaine  de  Reims  à  Trêves). 

Aveu  de  t  damoiselle  de  la  Morte  Yauwe  >. 

[La  Marteau,  près  Vendresse  sur  la  Bar) 

Item  toutes  yauwes  qui  sont  ou  terroir  de  la  Morte 

Yamve,  excepté  le  cours  de  la  rivière  de  Bar. 

(Cartul.  de  Rethel,  1322) 

Que  l'ordonnance sur  les  poissons  de  mer  et  d'yaue 

douce  soit  tenue  et  gardée. 

(Ordonnance  de  1307) 


734  GLOSSAIRE  DU  MOUZONNAIS 

Yauques.  —  Voy.  lauques. 

Yus,  s.  m.  pi.,  yeux.  —  Vus  d'chat,  pensée  sauvage.  —  On  dit 
plus  souvent  zius  :  in  zius,  J'ai  mau  m'zius. 

Zeux,  pron.  pers.,  eux.  —  C'es(t)  à  zedx,  c'est  pour  ze\:x^  c'est 
r/'zELx.  —  On  n'altend  pus  qu'zEVx.  —  Quand  zeux  sant  là,  on 
n'alcnd  (entend)  pus  qu'iEUx.  —  S'emploie  aussi  pour  le  pronom 
leur,  et  même  l'adj.  possessif  :  A  zeux  disant  doucemat^  i  com- 
prenrant  p'tèt{re),  —  I  faisant  zeux  pus  grand  repas  à  midi. 

Zous,  prép.,  sous,  dessous.  —  .Fl'ai  racontré  aveu{c)  in'  afant 
zoL's  chaque  ttras. 

Zozo,  Zo  désigne  un  petit  être  chétif,  malingre,  surtout  petit. 
—  On  dit  ironiquement  Que  gros  zo  !  quel  petit  bonhomme! 
Serait-ce  un  abrégé  de  gros  homme?  —  Zozo  devient  un  surnom 
et  Xom  des  zos  un  juron. 

{A  suivre)  N.  Goffart. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  avec  rej^rel  la  rnorl  de  M.  Gustave-Ernest  Bugç, 
imprimeur,  directeur-propriétaire  et  rédacteur  en  chef  du  Cour- 
rier de  la  Cliampagnp,  décédé  à  Reims,  le  9  août  1898,  dans  sa 
cinquante-cinquième  année. 

Fils  d'un  modeste  instituteur  de  campagne,  et  Taîné  d'une  nom- 
breuse famille,  il  s'était  créé  par  ses  propres  forces  une  situation 
distinguée  dans  la  presse  de  province,  grâce  à  son  intelligence  très 
vive  et  à  son  labeur  assidu. 

.M.  Hugg  avait  succédé  à  M.  (Miarles  Martin  dans  la  direction  du 
journal  rémois  où  il  défendait  avec  résolution  et  fermeté  la  politi- 
que libérale  et  conservatrice,  sans  toutefois  se  départir  jamais, 
dans  les  polémiques,  de  la  modération  et  de  la  courtoisie.  Aussi  ce 
doyen  de  la  presse  rémoise  emporte-t-il  dans  la  tombe  l'estime  de 
ses  amis  politiques  comme  de  ses  adversaires.  Esprit  doux  et 
conciliant,  il  était  pris  volontiers  pour  arbitre  par  les  différents 
partis,  et  cette  considération  lui  venait  à  la  fois  de  Fancienneté  de 
sa  carrière  et  de  l'autorité  de  son  caractère. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  Reims,  le  12  août,  en  l'église  Notre- 
Dame,  au  milieu  d'une  aftluence  de  notabilités  appartenant  à  tous 
les  partis. 

Au  cimetière  du  Nord,  des  discours  émus  ont  été  prononcés 
tour  à  tour  par  MM.  Real,  rédacteur  en  clief  de  V Indépendant 
rémois,  Ogée,  rédacteur  du  Courrier,  Ledru,  prote  de  l'imprime- 
rie, et  Lemoine,  gérant  du  Champenois  d'Épernay. 


M.  Alfred  Poirrier,  sénateur  de  la  Marne,  conseiller  général  du 
canton  d'Esternay,  est  décédé  à  Reims  le  15  septembre  1898. 
M.  Poirrier  était  né  le  30  novembre  1826  à  Esternay.  Maire  de 
cette  comnmne  et  vice-président  du  Conseil  général  de  la  Marne, 
il  fut  élu  sénateur  le  7  janvier  1894,  en  remplacement  de  M.  Mar- 
gaine,  décédé.  M.  Poirrier  siégeait  dans  les  rangs  de  la  gaucbe 
républicaine.  Il  était  cbevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  Esternay,  le  19  août,  en  présence  de 
MM.  Diancowrt,  sénateur,  Bertrand,  député,  du  préfet  et  de  plu- 
sieurs conseillers  généraux.  Selon  la  volonté  formelle  du  défunt 
la  cérémonie  a  été  des  plus  simples,  et  aucun  discours  n'a  été  pro- 
noncé. 


On  annonce  également  la  mort  : 


736  NÉCROLOGIE 

De  M.  Tabbé  Louis-Auguste  Férat,  ancien  aumôniei  de  la  prison 
cellulaire  de  Mazas,  professeur  de  sciences,  retiré  depuis  quelques 
années  à  Colombes,  près  Paris,  où  il  est  décédé  le  samedi  13  août 
1898,  dans  sa  quatre-vingtième  année. 

Originaire  de  Broyés,  oîi  résident  presque  tous  les  membres  de 
sa  famille,  M.  l'abbé  Férat  y  a  été  inbumé,  selon  ses  dernières 
volontés  ; 

—  De  M"«  Françoise  Langénieux,  sœur  du  cardinal-archevêque 
de  Reims,  décédée  en  celte  ville,  au  palais  archiépiscopal,  le 
dimanche  14  août  1898,  dans  sa  soixante-et-onzième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  17,  en  l'église  Notre-Dame,  au 
milieu  d'un  grand  concours  de  fidèles. 

Le  cardinal  conduisait  le  deuil,  assisté  de  son  frère,  M.  Auguste 
Langénieux,  et  de  M.  Léon  Chevallier,  conseiller  référendaire  à  la 
Cour  des  Comptes.  La  messe  a  été  chantée  par  M.  l'abbé  Collignon, 
archiprrtre  de  la  cathédrale,  et  l'absoute  donnée  par  Msr  Jourdan 
de  la  Passardière,  évêque  de  Roséa,  qui  présidait  la  cérémonie  ; 

—  De  M.  Louis-Antoine-Charles-Marie  de  Valon,  comte  d'Am- 
brugeac,  décédé,  muni  des  sacrements  de  l'Eglise,  en  son  château 
de  Nogentel,  près  Neuvy  (Marne),  le  15  août  1898,  dans  sa  quatre- 
vingt-deuxième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  en  l'église  paroissiale  de  Neuvy  le  18. 
En  M.  d'Ambrugeac  s'éteint  un  beau   nom  qui  avait  reçu  une 
illustration  nouvelle  sous  Napoléon  l^^  ; 

—  De  M.  Ernest-Louis-Victor  Walbaum,  lieutenant-colonel  au 
2*  régiment  d'artillerie  de  marine,  officier  de  la  Légion  d'honneur, 
décédé  à  Avranches,  le  samedi  20  août,  dans  sa  quarante-cin- 
quième année. 

Les  obsèques  ont  été  célébrées  à  Reims  le  23. 

Les  honneurs  militaires  étaient  rendus  par  deux  compagnies  du 
132*  de  ligne. 

Après  la  cérémonie  religieuse  qui  a  été  célébrée  au  temple  pro- 
testant, le  cortège  s'est  rendu  au  cimetière  du  Nord^  où  l'inhuma- 
tion a  eu  lieu  dans  un  caveau  de  famille  ; 

—  De  M'n'^  de  Royer,  décédée  au  château  des  Deux-Tourelles 
(Seine-et-Oise,  à  l'âge  de  78  ans. 

Née  de  Rrière  de  Mondétour,  M"'^  de  Royer  était  veuve  de  M.  de 
Royer,  ancien  ministre  de  la  Justice,  ancien  premier  président  de 
la  Cour  des  Comptes,  président,  de  1858  à  1870,  du  Conseil  géné- 
ral de  la  Marne,  assemblée  à  laquelle  il  appartenait  comme  repré- 
sentant du  canton  de  Châtillon-sur-Marne. 

M"^  de  Royer  était  la  mère  de  MM.  Clément,  Paul  et  Louis  de 
Royer,  avocats  à  la  Cour  d'appel  de  Paris  ; 

—  De  M"''  veuve  Simon  Weil,  née  Adèle  Lévy,  décédée  à  Vitry- 
le-François,  le  12  septembre,  dans  sa  cent-unième  année,  après 
deux  jours  de  maladie.  Elle  jouissait  encore  de  toutes  ses  facultés, 


NÉCROLOGIE  737 

et  c'était  plaisir  de  voir  cette  aimable  centenaire,  allant  et  venant 
dans  sa  maison,  s'occupant  des  soins  du  ménage,  cousant  même 
sans  lunettes  et  ayant  conservé  une  lucidité  d'esprit  vraiment 
étonnante  ; 

—  De  M.  l'abbé  Coliignon,  curé  de  Tours-sur-Marne  depuis  )8o3, 
décédé  à  l'âge  de  75  ans. 

Les  obsèques  ont  été  célébrées  le  \'6  septembre,  sous  la  prési- 
dence du  curé-doyen  d'Ay  ; 

—  Du  R.  P.  Joseph  Jenner,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  décédé 
à  Reims,  le  23  septembre. 

-     Ses  obsèques  ont  eu  lieu  le  20  en  l'église  de  Notre-Dame  ; 

—  De  M.  Victor  Defert,  décédé  à  l'âge  de  82  ans  à  Moivre 
(Marne),  où  depuis  soixante-quinze  ans  il  chantait  au  lutrin  de  la 
paroisse.  11  était  sans  doute  le  doyen  des  chantres  des  églises  de 
France. 


47 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  aventures  merveilledses  de  IIuon  de  Bordeaux,  pair  de  France, 
mises  eu  nouveau  laujiage  par  Gaston  I'auip,  de  l'Académie  française. 
—  Librairie  de  Paris.  —  Firmiu- Didol  el  C",  éditeurs,  56,  rue  Jacob. 
1  vol.  iu-4°,  broché,  15  francs.  —  Cari,  fers  spéciaux,  20  franc?.  —  R^^L 
amateur,  23  francs. 

M.  Gaston  Paris  a  entrepris  de  mellrc  à  la  portée  des  lecteurs 
modernes,  el  spécialement  des  jeunes  lecteurs,  la  merveilleuse 
histoire  de  Huon  de  Bordeaux,  de  ses  aventuies  en  Orient,  de  sa 
rencontre  avec  Auberon,  le  petit  roi  de  Féerie,  devenu  Obéron 
depuis  Spenser  et  Shakespeare,  —  et  de  sa  rentrée  en  grâce 
auprès  de  l'empereur  Charlemagne. 

On  reproche  à  nos  érudits  de  ne  pas  assez  faire  pour  la  divulga- 
tion des  héros  de  notre  antique  poésie  ;  le  savant  professeur  au 
Collège  de  France  a  voulu  montrer  que,  pour  sa  part,  il  n'avait 
rien  d'un  dragon  gardant  le  jardin  des  Hespérides,  et  qu'il  était 
trop  heureux  de  facilitera  tous  l'accès  du  merveilleux  verger. 

Grands  et  petits  l'en  remercieront,  car  il  ne  se  peut  rien  de 
plus  charmant  et  de  plus  amusant  que  ce  vieux  récit,  sorti  de 
l'imagination  d'un  vieux  «  trouveur  »  artésien  du  xii'  siècle. 

Dégagé  de  quelques  longueurs  et  de  quelques  redites,  débar- 
rassé du  remplissage  que  la  trop  facile  allure  des  longues  tirades 
monorimes  suggérait  au  poète,  Huon  de  Bordeaux  a  conservé 
sous  la  plume  adroite  du  u  renouveieur  »  toute  sa  fraîcheur  et 
tout  son  entrain.  11  va  retrouver  le  succès  qu"il  a  eu  dès  son  appa- 
rition, succès  qui  s'est  poursuivi  pendant  des  siècles  dans  la  ver- 
sion de  la  B'ibiiolhèquc  fc/cnc,  malgré  la  gaucherie  el  la  lourdeur  de 
mise  en  prose,  et  qu'il  a  obtenu  auprès  de  Wieland  et  de  Weber. 

Si  cette  Odyssée  du  Moyen-âge  est  faite,  par  lo  charme  du  récit 
el  la  gaieté  du  ton,  pour  plaiie  à  tous  les  lecteurs,  elle  doit  plaire 
surtout  aux  lecteurs  français,  car  il  n'est  pas  d'oeuvre  plus  fran- 
çaise, ni  dont  le  héros  montre  plus  complètement  et  plus  ingénu- 
ment les  qualités  maîtresses  de  notre  race  et  aussi  quelques-uns 
de  ses  défauts,  —  de  ceux  qu'on  lui  a  toujours  pardonnes. 

N'oublions  pas  d'ajouter  que  le  volume  de  Huon  de  Bordeaux  a 
élé  édité  avec  tout  le  luxe,  le  soin  et  le  goût  qui  président  d'ordi- 
naire aux  publications  sorties  des  presses  de  la  maison  IJidot  :  Les 
caractères  typographiques  dessinés  par  Kugène  Grasset,  les  aqua- 
relles du  Manuel  Orazi,  reproduites  en  fac-similé,  les  encadrements 
de  pages  et  enfin  la  couverture  en  couleurs  (iu  même  artiste,  sont 
autant  d'éléments  qui  contribueront  au  succès  d'une  œuvre  si 
charmante  et  cependant  si  ignorée  de  notre  temps. 


BIBLIOaBAPHIE  ^89 


Guide  illuslré  de  la  vallée  de  la  Meuse,  texte  et  dessins  de  M.  Fhédébic 
Uenbiet,  inenibre  de  la  Société  des  Artistes  français.  —  Reims,  Matol- 
Braine,  1898,  in-S"  avec  une  carte  coloriée  et  47  f^ravures  dans  le  texte. 
—  Prix  :  2  fr.  25,  et  fran-o,  2  fr.  50. 

Cbaniiaiit  petit  volume  comme  apparence  et  illustralioii,  cet 
ouvrage  est  non  moins  attrayant  pour  le  fond,  le  style  descriptif 
et  la  valeur  des  renseignements.  Il  y  a  longtemps  que  l'auteur  des 
Campagnes  d'un  Paijsagisle  avait  décrit  la  partie  pittoresque  des 
Ardennes  qui  s'étend  de  Gharleville  à  Givet,  mais  il  n'en  avait  pas 
depuis  vulgarisé  l'utile  relation.  Ce  service,  inapjiréciable  pour  les 
touristes,  vient  d'être  rendu  à  tous  par  l'intelligente  et  fructueuse 
initiative  de  M.  Henri  Malol,  l'éditeur  si  empressé  et  si  bien  ins[)irè 
qui  nous  fournit  un  nouveau  petit  cbef-d'œuvre. 

Remercions  donc  M.  Frédéric  Henriet,  et  remercions  de  même 
M.  Henri  Malot^  car  l'un  et  l'autre  ont  bien  mérité  des  amateurs  et 
des  artistes.  H.  J. 


Sommaire   de    la    Revue    hUtorique   ardennaise   (septembre- 
octobre  1898)  : 

I.  Le  cahier  de  doléances  de  Saint-Quentin-le-Petit,  en  1789,  par  Henri 
Jadart. 

II.  Le  Sacrariutn  Remensis  Ecclesiœ  de  Dom  Ganneron,  chartreux  da 
Mont-Dieu,  par  A.  Frézet. 

III.  Le    général    Maucorable,    de    Gharleville    (1776-1850),    par    Arthur 

CeUQOET. 

IV.  I^iblxOgraphie.  —  Henri  Judarl,  Essai  d'une  bibliographie  historique 
et  aixhéologique  du  département  des  Ardennes  (Dom  Albert  Noël).  — 
Arthur  Chuquet,  La  jeur.esse  de  \'apuléon  :  La  liévolulion  {II.  Javart). 
—  Olivier  d'Escannevelle  (L  -H.  Moranvllé). 

V.  Chronique.  —  Recompenses  décernées  à  des  Ardennais  par  l'Acadé- 
mie de  Ueims,  eu  1898. 

Sommaire    de  la  Revue  d'Ardcîine  et  d'Argonne  (septembre- 
octobre  1898)  : 

Georges  Deleau,  Pays  wallons  :  Herbeumonl   et    la    vallée  de  la  Semoy 

{suite  cl  fin). 
Stéphen  Leroy,  Les  sièges  d'Umont  de  1589  à  1591  {suite  cl  fin). 
H.  MiCHAELis,  Observations  sur  l'état  du  temps  et  des  récoltes  dans  l'Ar- 

denne,  de  1680  à  1G87,  par  Dom  Romain  Paschal,  receveur    de   l'abbaye 

de  Sainlr-Hubert. 
Chf.onique.  —  1.   A  propos  de  l'exploilaliou  des  rochers  des  Quatre- Fils- 

Aymon. 

II.  Découverte  numismatique  à  Evigny. 

III,  Notes  sur  Paul  V'erlaine. 


740  BIBLIOGRAPHIE 

IV.  Vues  ardennaises  en  albums  el  en  caries  postales  (Henri  Bourgui- 
gnat). 

V.  La  maison  de  campagne  de  Turenne  à  Paris 

Bibliographie.  —  Histoire  des  communes  du  canton  de  Flize  el  d''  Vah- 
baye  d'Élan,  avec  une  notice  iur  Jean  Meslier,  curé  d'Etrépigny,  par 
E.  Thellier  (P.  Collinet). 

Guide  illustré  de  la  vallée  de  la  Meuse,  par  Frédéric  Henriet  (P.  Col- 
linet) . 

Livre?.  —  Périodiques. 

Table  des  matières. 

* 

Sommaire  de  la  Reçue  historique  (tome  LXVIII,  septembre- 
octobre  1! 


P.  Imbart  de  la  Tour  :  Les  paroisses  rurales  dans  l'ancienne  France 
(6n),  p.  1  à  54.  —  EuG.  Velwert  :  Les  derniers  conventionnels,  p.  55 
à  60.  —  P.  BoiANOvsKi  :  Quelques  lettres  inédites  de  J.-J.  Monnier, 
p.  61  à  69.  —  Ch.  E.  ŒLSNi.R  :  Notice  biographique,  accompagnée  de 
fragments  de  tes  mémoires  relatifs  à  l'histoire  de  la  Révolution  fran- 
çaise, publiée  par  Alf.  Stem  (suite),  p.  70  à  80. 
Dans  les  Fragments  des  mémoires  de  Œlsner,   nous    signalons  quelques 

pages    intéressantes    sur    la    fuite    de   Louis   XVI    et    son    arrestation    à 

Varennes. 


Sommaire  du  BuUetlfi  du  Bibiiopkile  el  du  Bibliothécaire  {\^ 
août  1898)  : 

Philippe  Tamisey  de  Larroque,  par  M.  Maurice  Tourneuï. 

Notes  autographes  de  la  reine  Christine  sur  un  volume  de  la  bibliothèque 

de  Naples,  par  M.  L.-G.  Pélissier. 
Note  sur   le   Mystère  de   la    Résurrection   attribué  à  Jean   Michel,  par 

M.  Gustave  Maçon  {fin). 
Les    Petits    Rovianliques  :  Jules   de    I  ességuier,   par   Vl.   Eugène    Asse 

(suite). 
Chronique. 

Revue  de  publications  nouvelies,  par  M    Geoi'GES  Vicaire- 
Livres  nouveaux. 


Sommaire  du  Bulletin  du  Bibliophile  et  du  Bibliothécaire  (Ib 
septembre)  : 

Sonnets    d'Angleterre    et   de   Flandre,   par  Jacques   Grévin,    publiés    par 
M,  Léon  Dorez. 

Les  Thouvenin.  relieurs  français   au  commencement   du   XIX'  siècle,  par 

M.  Léon  Gruel. 
Philippe  Jamizey  de  Larroque,  par  M.  Maurice  Tourneux  {fin). 
Les  Petits    Romantiques  :  Jules   de   Rességuier,  par  M.  Eugène    Asse 

{suite). 


BIBLIOGRAPHIE  741 

Revue  de  publications  nouvelles,  par  M.  Georges  Vicaire. 

Chronique. 

Livres  nouveaux. 


A  TRAVERS  LES  REvuKs.  —  Daris  la  Revue  des  Traditions  popu- 
laires (livraison  d'aoûL-septembre  1898),  noire  compatriote  et 
collaborateur  M.  Louis  Morin  publie  un  intéressant  Essai  de  bla- 
son populaire  de  VAube. 


CHRONIQUE 


SociKTK  ACADÉMIQUE  DR  l'Aube.  —  Sèaûce  du  19  aoùl  fS9S.  — 
Présidence  de  M.  le  cornle  de  Launay,  président. 

Ouvrages  o/ferls. 

Par  M.  Herluison,  membre  correspondant  :  l^"  la  plaque  en  cui- 
vre d'un  portrait  de  Philippe  de  Champagne,  peint  par  lui-même 
et  gravé  par  Ph.  Le  Febvre  ; 

2»  Souvenirs  Orléanais  à  Bologne,  Réginald  de  Sainl-Aignan 
el  Jeanne  d'Arc  ; 

3°  Les  Souvenirs  de  Jeanne  d'Arc  à  la  Cathédrale  d'Orléans, 
verrières,  inscription  commémorative,  bannières  et  cloches. 

M.  Herluison  a  joint  à  ces  notices,  dont  il  est  Fauteur,  un  travail 
de  M.  Bimbenet,  édité  par  lui  et  relatif  aux  écoliers  de  Picardie  et 
de  Champagne  à  TUniversité  d'Orléans.  L'auteur  y  mentionne  les 
noms  de  plusieurs  étudiants  de  Troyes  et  d'Ervy,  qui  sont  devenus 
les  chefs  de  l'Association  des  étudiants. 

Par  M.  Fliche,  membre  correspondant,  le  tirage  à  part  d'une 
Noie  sur  les  lu/s  du  Brabanl  (Vosges)  el  les  varialions  du  noise- 
tier commwi. 

M.  Louis  Hariot,  membre  associé,  envoie  la  première  partie  d'un 
travail  intitulé  :  Le  XVII^  siècle.  Les  parcs,  les  vergers,  le^  jardins 
dans  l'Hisloire  de  France. 

Lectures  et  communications  des  Membres. 

M.  le  président  de  la  section  d'agriculture  fait  connaître  les  pro- 
positions de  la  section  pour  l'emploi  de  la  subvention  de  300  fr. 
accordée  par  M.  le  minisire  de  l'Agriculture  : 

I"  Médaille  d'or  de  100  francs  à  M.  Renaud,  fermier  à  Ricey- 
Haute-Rive,  pour  l'ensemble  de  son  exploitation  agricole  ; 

2"  Médaille  d'or  de  100  francs  à  M  fîuichard-Dozier,  construc- 
teur-mécanicien à  Troyes,  rue  Saint-Gilles,  inventeur  d'appareils 
de  préservation  pour  les  machines  à  battre  et  les  scieries  ; 

3"  Médaille  de  vermeil  de  2o  francs  à  ISL  Alfred  Carré,  horticul- 
teur à  Saint- Julien,  pour  une  collection  de  glaïeuls  obtenus  par  ses 
semis  ; 

4»  Médaille  de  vermeil  de  2o  Irancs  à  M.  Vacherot  fils,  à  Auxon, 
pour  ses  plantations  de  vignes  américaines  et  sa  collaboration  aux 
travaux  de  viticulture  de  M.  le  professeur  départemental  d'agri- 
culture ; 

b"  Médaille  de  vermeil  de  2u  francs  à  iM.  Philippe  Dupont,  à 
Saint-André,  pour  sa  propagande  apicole  dans  l'arrondissement  4q 
Troyes  ; 


CHRONIQUB  743 

6°  Médaille  de  vermeil  do  23  francs  à  M.  Potrat,  jardinier,  pour 
la  durée  de  ses  bons  services  dans  la  même  maison. 

Ces  diverses  propositions  sont  adoptées. 

M.  l'abbé  Nioré  a  la  parole  pour  une  communication  relative  à 
Hugues  de  Payan,  fondateur  en  t)  18  de  l'ordre  des  Templiers.  Les 
journaux  de  rArd<"'clic  ont  annoncé  qu'un  Père  Jésuite  de  La  Lou- 
vesc  venait  de  découvrir  que  Hugues  de  Payan  serait  né,  le 
9  février  1070,  au  château  de  Mahun  (.\rdècbe).  La  plupart  des 
historiens  le  faisaient  naître  en  Champagne.  M.  Nioré  s'est  adressé 
directement  à  M.  le  supérieur  des  Pères  Jésuites  de  La  Louvesc  et 
il  lui  a  été  répondu  par  le  P.  Cohanier  que  la  nouvelle  publiée  par 
les  journaux  est  inexacte.  Il  n'a  rien  été  découvert  au  sujet  du  lieu 
de  naissance  de  Hugues  de  Payan.  La  Champagne,  forte  dulémoi- 
gnai,'e  de  la  plupart  des  historiens,  peut  continuer  à  le  revendi- 
quer pour  un  de  ses  eiifants. 

Société  historique  rt  archéologique  de  Château-Thierry.  — 
Séance  du  2  août  IS9S.  —  Parmi  les  ouvrages  reçus,  le  secré- 
taire signale  les  notes  de  M.  A.  Boanây  (Revue  d' A  J^denne  eld'Ar- 
gonne)  sur  le  folk-lore  wallon.  Bien  des  locutions  se  retrouvent 
dans  les  villages  des  marches  de  la  Champagne  et  du  Relhélois. 

M.  Hiomet  est  un  infatigable  correspondant  qui  dépouille,  au 
profit  de  la  Société,  les  archives  de  la  commune  de  Villeneuve- 
sur-Fère,  archives  souvent  intéressantes,  ainsi  qu'on  a  déjà  pu  le 
voir.  Il  s'agit  aujourd'hui  de  pièces  relatives  aux  libéralités  :  1°  de 
M.  de  Baslard  à  l'occasion  de  la  refonte  des  cloches  de  Villeneuve 
en  1804;  2»  de  Simon  Cirardin  et  de  Henriette  Coutelier,  sa 
femme,  en  faveur  des  pauvres  de  ce  village.  Un  testament  du 
15  messidor  an  XIII  (4  juillet  1805),  passé  en  l'étude  de  M""  Lacan, 
notaire  à  Fère,  confirme  une  donation  de  300  livres.  Il  n'est  point 
inutile  de  rappeler  ce  nom  de  Lacan  qui  est  celui  d'une  vieille  et 
honorable  famille  de  la  contrée. 

Parmi  les  pièces  remises  par  .M.  Riomet,  deux  semblent  mériter 
une  mention  spéciale.  La  première  porte  pour  titre  :  «  Rentes  sur 
les  revenus  du  Roy  reconstituées  en  exécution  de  la  déclaration  du 
23  février  1786.  *  Ce  document  porte  la  date  du  22  septembre 
1792.  La  formule  —  le  protocole  pour  mieux  dire  —  est  intéres- 
sante à  constater  :  W  Gromet,  fille  majeure,  une  bienfaitrice  de 
Villeneuve^  a  été  autorisée,  en  échange  d'un  contrat  de  rentes  de 
200  livres  perpétuelles  exemptes  de  toute  retenue  sur  la  ville  de 
Paris,  à  reprendre,  au  denier  20,  une  somme  de  4,000  livres 
qu'elle  reverse  ensuite  à  messire  Louis-Marie-Joseph-Julien  de 
Lisle,  administrateur  de  la  Trésorerie  nationale,  à  l'etfet  de  jouir 
d'un  nouveau  titre.  «  Par  proclamation  du  11  novembre  1789, 
S.  M.  a  subrogé  les  maires,  lieutenants  de  maires  et  membres  de 
la  municipalité  de  la  ville  de  Paris  aux  pouvoirs  ci-devant  donnés 
aux  prévôts  des  marchands,  échevins  et  à  MM.  les  commissaires  dtj 


744  CHRONIQUE 

Conseil  ».  C'était  une  réforme  nécessaire  ;  que  n'ont-elles  été  tou- 
tes aussi  sages  ! 

La  seconde  pièce  est  «  le  compte  des  revenus  de  l'église  parois- 
siale de  Villeneuve  présenté  par  le  procureur-fabricien-receveur, 
le  29  septembre  1T65,  et  par  lui  affirmé  véritable  ».  Le  fabricien 
—  si  bien  titré  —  était  le  sieur  Antoine  Brismontier,  garde  de 
M.  le  marquis  d'Harmantière  (sic).  Je  dois  dire  qu'à  l'époque 
actuelle  on  peut  douter  que  le  compte  de  la  fabrique  de  Ville- 
neuve et  de  bien  d'autres  paroisses,  sans  doute,  soit  dressé  avec 
autant  de  soin  que  celui  que  nous  signalons.  iNous  reviendrons 
plus  tard  sur  les  biens  et  rentes  de  ces  fabriques. 

Nous  avons  emprunté  à  l'un  des  membres  honoraires  les  plus 
érudits,  M.  le  comte  de  Marsy,  président  de  la  Société  française 
d'arcbéologie,  quelques  passages  de  son  compte-rendu  d'une 
excursion  faite  à  Villers-Cotterets  et  à  La  Ferté-Milon.  La  statue 
d'Alexandre  Dumas,  due  au  ciseau  de  Carrier-Belleuse,  rappelle 
bien  la  figure  énergique  du  fécond  romancier.  L'église  est  un  édi- 
fice de  peu  d'importance,  trop  exiguë  pour  la  population  de  la 
cité  et  appartenant  à  tous  les  styles,  du  roman  au  xviii^  siècle.  Au 
cimetière,  des  dalles  ou  des  colonnes  avec  les  noms  des  Dumas, 
de  Demoustier,  l'auteur  des  LeUrcs  à  Emilie^  etc.  I.e  château  est 
une  des  premières  œuvres  de  la  Renaissance  ;  commencé  en  1528 
pour  servir  de  rendez-vous  de  chasse  à  François  I"  et  à  sa  cour,  il 
fut  terminé  en  1 535.  Au-dessus  de  la  porte  principale  est  l'ancienne 
chapelle,  superbe  pièce  remise  à  neuf  il  y  a  quelques  années,  et 
dans  laquelle  fut  signée  la  célèbre  ordonnance  de  1339  qui  réor- 
ganisait la  justice  en  France,  prescrivait  l'emploi  de  la  langue 
française  dans  les  actes  de  procédure  et  établissait  les  registres  de 
l'état  civil. 

La  Ferté-Milon,  avec  ses  deux  églises  ornées  de  curieux  vitraux, 
les  ruines  du  château,  rétabli  par  Louis  d'Orléans,  le  haut-relief 
qui  surmonte  la  porte  ogivale  représentant  o  le  couronnement  de 
la  Vierge  »,  la  statue  de  Racine  par  David  d'Angers,  devait  atti- 
rer l'attention  des  visiteurs.  Nous  avons  eu  déjà,  pour  notre  part, 
à  la  suite  d'une  excursion  faite  par  la  Société,  à  mentionner  tout 
ce  que  cette  bourgade  renferme  de  remarquable,  sans  oublier  les 
maisons,  que  l'on  assure  avoir  été  habitées  par  la  famille  de 
Racine  et  par  celle  de  M'"^  de  La  Fontaine,  née  Héricart. 

Le  Musée  de  Château-Thierry,  réorganisé  par  les  soins  intelli- 
gents de  M.  Fr.  Henriet,  occupe  actuellement,  dans  la  maison  de  La 
Fontaine,  les  salles  du  premier  étage,  en  face  de  celles  qu'occupe 
la  Société;  ce  .Musée  commence  à  provoquer  la  visite  des  amateurs. 
Hier,  nous  avons  eu  la  bonne  fortune  d'y  rencontrer  M.  le  baron 
Diipin  (de  la  famille  des  trois  Dupin  de  Varzy).  La  suscription  de 
«  Baron  de  Nervo  »,  mise  au  bas  d'un  buste  en  terre  cuite  repré- 
sentant un  officier  du  premier  Empire  ou  de  la  Restauration,  intri- 
guait le  visiteur  qui  est  entré,  par  son  alliance,  dans  la  famille  de 


CHRONIQUE  745 

Nervo.  Ce  buste  avait  tout  d'abord  été  attribué  à  M.  de  Juniac,  dont 
la  famille  a  longtemps  habité  Château-Thierry.  M.  Fr.  Henriet  a 
établi  que  cette  attribution  n'était  point  fondée  ;  celle  de  M.  de 
Nervo  est-elle  certaine?  c'est  ce  que  va  démontrer  l'enquête  à 
laquelle  va  se  livrer  M.  le  baron  Du[)in  en  consultant  les  portraits 
de  la  famille  de  Nervo,  autrefois  propriétaire  du  château  d'Etam- 
pes  ;  la  rue  principale  du  village  porte  encore  le  nom  «  de 
Nervo  ». 

L'assemblée,  appelée  à  se  prononcer  sur  le  choix  d'une  excur- 
sion archéologique,  décide  que  cette  excursion  aura  lieu  le  samedi 
13  août  et  comprendra  la  visite  de  Senlis  et  de  Chantilly.  M.  Mau- 
rice Henriet  veut  bien  se  charger  d'être  le  cicérone  des  excursion- 
nistes. 

Ms""  Deramecourt,  évêque  de  Soissons  et  Laon,  a  pris  depuis  peu 
de  temps  possession  de  son  siège,  et  invite  chaleureusement  les 
prêtres  de  son  diocèse  à  prendre  part  aux  travaux  des  Sociétés 
savantes  de  leur  région.  Nous  augurons  bien  de  cette  sage  recom- 
mandation qui  nous  vaudra  prochainement,  espérons-le,  le  con- 
cours d'auxiliaires  précieux.  Comme  vicaire  général  d'Arras, 
Ms''  avait  donné  l'exemple  ;  depuis  quelques  années,  il  présidait  la 
Société  académique  de  cette  ville.  Nous  avons  à  mentionner  les 
travaux  historiques  dûs  à  la  plume  du  nouvel  évêque  qui,  sur  la 
proposition  du  secrétaire,  est  acclamé  membre  d'honneur.  M.  le 
vice-président  Henriet  se  charge  de  transmettre  au  prélat  l'an- 
nonce de  sa  nomination. 

Séance  du  6  septembre  1898.  —  De  divers  côtés  on  a  relevé 
l'article  de  M.  F.  Sarcey  :  e  Grains  de  bon  sens  »,  sur  la  maison 
natale  de  P.  Corneille  à  Rouen.  Le  critique  fait  allusion  à  la  let- 
tre qu'il  a  reçue  de  M.  le  docteur  Corlieu  :  e  Pourquoi  Rouen  ne 
ferait-il  pas  pour  Corneille  ce  que  Château-Thierry  a  fait  pour  La 
Fontaine?  »  C'est  la  Société  historique  qui,  à  l'aide  d'une  sous- 
cription, a  acquis  la  maison  natale  du  fabuliste  et  en  a  fait  don  à 
la  ville. 

Mg''  Deramecourt,  évêque  de  Soissons,  élu  membre  d'honneur, 
remercie  en  ces  termes  :  «  Je  suis  très  flatté  de  l'honneur  que  me 
fait  la  Société  ;  je  l'en  remercie  cordialement.  Reste  à  me  rendre 
digne  de  cet  honneur.  C'est  difficile  quand  on  connaît  les  gloires 
de  votre  Société.  S'il  suffisait  d'aimer  La  Fontaine,  j'aurais  déjà 
payé  ma  dette  dès  mon  enfance;  vous  m'aiderez  à  l'acquitter  dans 
l'âge  mûr. ..   » 

Parmi  les  ouvrages  reçus  ce  mois-ci,  le  secrétaire  signale  le  sui- 
vant :  Croquis  archéologiques  et  fittoresques,  par  M.  C.-F.  Tru- 
chy.  C'est  à  notre  collègue,  M.  Vilcoq_,  que  nous  devons  ce 
recueil  ;  ce  don  a  une  véritable  valeur,  et  nous  remercions  le  géné- 
reux donateur.  Dans  les  cent  planches  in-folio  représentant  les 
monuments  dessinés  par  M.  Truchy,  dix-sept  appartiennent  à 
notre  arrondissement  :  Fère,  la  Ferté-Milon,  Arnientières,  Chézy- 


746  CHRONIQUE 

en-Ûrnois,  Mézy,  Val-Clirétien,  etc.;  beaucoup  d'autres  se  rappro- 
chent de  nous  :  Longpont,  Oulcby-la-Ville,  Arcy-Sainte-Restilue, 
Brauges,  Lhuys,  Braine^  Mont-Notre-Dame,  etc.  La  plupart  de  ces 
dessins  sont  bons,  tous  peuvent  nous  être  utiles. 

Vi.  do  Champeaux,  ami  de  M.  Maciet,  a  communiqué  à  M.  Cor- 
iieu  un  volumineux  manuscrit  duquel  celui-ci  a  extrait  des  notes 
relatives  aux  réparations  faites  au  cliàteau  de  Château-Thierry  en 
1639.  Voici,  sans  contredit,  la  plus  intéressante  :  «  Payé  à  Jessè, 
sculpteur,  la  somme  de  600  livres  pour  la  figure  du  défunct  Roy 
en  marbre  blanc,  qui  avait  été  commencée  par  le  sieur  Tremblay, 
son  beau-père,  et  a  été  achevée  par  ledict  Jessé.  »  Ce  buste  de 
Henri  IV  est  au  Musée  du  Louvre,  sculpture  Renaissance,  salle 
Michel  Colombe,  et  porte  le  nom  de  Tremblay. 

Les  pages  que  M.  Fr.  Henriet  vient  de  consacrer  au  Musée  de 
Château -Thierry  sont  la  préface  obligée  —  préface  fort  intéres- 
sante —  du  catalogue  qui  est  en  préparation.  Notre  Musée  était 
ignoré  ;  quelques  visiteurs  étrangers,  peu  de  nos  conciloyens  le 
connaissaient.  L'admiuisiration  municipale  a  eu  l'intelligente 
bonne  fortune  d'en  conlier  la  réorganisation  à  notre  distingué 
compatriote  —  nous  l'en  félicitons  sincèrement.  Les  salles  du  pre- 
mier étage  ont  été  mises  à  la  disposition  du  nouveau  conservateur 
qui  s'est  empressé  de  recommander  son  œuvre  à  diflerents  arlisles, 
ses  amis;  ceux-ci  n'ont  pas  tardé  à  lui  donner  satisfaction. 

Le  véritable  fondateur  de  notre  Musée  est  notre  distingué  et 
généreux  collègue  M.  Jules  Maciet;  aussi  .M.  Henriet  demande-t-il, 
et  avec  raison,  que  la  salle  principale  porle  le  nom  de  «  Salle 
Jules  Maciet  ».  Vers  1665,  M.  Edouard  Moreau  fait  don  à  la  ville 
de  l'Esquisse  allégorique  de  la  guerre  de  Crimée,  par  Hillema- 
cher.  .il.  Maciet  entre  en  scène  en  1876  par  un  premier  envoi  ;  il 
renouvelle  ses  libèralilés  en  1817  et  1879  :  série  de  portraits  de  La 
Fontaine;  portraits  gravés  des  ducs  de  Bouillon,  de  Turenne,  etc., 
par  Edelinck,  Drevet,  Morin  ;  tableaux,  dont  quelques-uns  font 
l'ornement  de  la  salle  des  fêtes  à  l'HùLel  de  Ville.  Tout  récem- 
ment,- et  du  même,  nouvel  envoi  doublement  précieux  :  Les 
accords  matrimoniaux,  de  Henri  Pille^.  et  Avant  le  bal,  de  notre 
compatriote  Gabriel  Revel.  Nous  relevons  également  [ilusieurs 
bons  portraits  ;  l'un,  auteur  et  personnage  inconnus  ;  Chéron, 
chanteur  à  l'Opéra;  l'acteur  Brizard  ;  Belfroy  de  Reigny,  elc. 
MM.  Moreau-Nélaton,  Cesson  (de  Coincy),  Armand  Cassagne,  Jean 
Desbrosses,  Alex.  Boucliè,  Léon  Loire  se  sont  fait  un  plaisir  de 
répondre  à  l'iuvitatiun  de  leur  arni  et  confrère.  On  ne  sera  point 
étonné  d'apprendre  que  .\l.  Eugène  Varin  a  donné  un  choix  de 
gravures  en  épreuves  d'amateur  de  premier  état,  où  sont  bril- 
lanmient  représentés  tous  les  membres  de  cette  famille,  aussi 
sympathique  par  le  caractère  que  distinguée  par  le  talent  :  Amé- 
dée  Varin,  Adolphe  Varin  (dont  nous  possédons  l'œuvre  presque 
complète),  Alfred   Delaunay,   aquafortiste  de  premier    ordre,    et 


CHRONIQUE  747 

Raoul  Varin,  qui  n'est  éans  doute  pas  le  dernier  de  la  série  ». 
Avec  de  tels  élëmenls  do  pi'ospérilé,  grâce  au  zèle  et  à  la  compé- 
tence du  nouveau  conservateur,  le  Musée  de  Cbitcau-Tliierry  ne 
tardera  point  à  ftlre  apprécié  des  amateurs.  Nos  concitoyens  aussi 
viendront  plus  nombreux  visiter  les  collections  de  la  maison  de  La 
Fontaine. 

E.xcursion  à  Senlis  et  à  Chantilly.  —  Il  y  avait  plusieurs  années 
que,  malgré  son  ardent  désir,  la  Société  n'avait  pu  faire  d'excur- 
sion :  les  deuils  qui  se  sont  succédé  presque  sans  interruption,  le 
départ  de  membres  zélés,  bien  des  causes  étaient  venues  à  la  tra- 
verse de  plans  déjà  concertés.  Cette  année,  à  la  voix  d'un  jeune  et 
charinanl  collègue,  un  programme  a  été  arrêté,  programnr.e  qui 
ne  comprenait  rien  moins  que  Senlis  et  Chantilly,  bien  éloignés 
de  Château-Thierry  et  qui.  malgré  la  chaleur^  a  été  ponctuelle- 
ment exécuté. 

Donc,  le  13  août,  à  4  h.  1;'2  du  matin,  vingt  personnes,  dont 
sept  dames,  prenaient  le  train  à  la  gare  des  Ghemeaux.  Après  les 
étapes  obligatoires  de  la  Ferlé-Milon,  Villers-Cotterets,  Crépy-en- 
Valois,  la  caravane  arrivait  à  Senlis  à  7  h.  1/2.  Sous  la  direction 
de  deux  aimables  Senlisiens  —  Sylvanectes,  si  vous  aimez  mieux  — 
M.M.  Valin  et  Faulrat,  ainsi  que  sous  celle  de  l'organisateur  de 
l'excursion,  M.  Maurice  Henriet,  procureur  de  la  République  à 
Senlis,  nous  avons  parcouru  la  cité.  Bien  curieuse,  celte  petite  ville 
avec  Ses  trois  enceintes,  son  château  royal  —  que  nous  avons  pu 
•visiter  grâce  à  la  bienveillance  du  propriétaire,  M.  Turquel  de 
Boisserie,  —  ses  arènes,  sa  cathédrale,  dont  les  parties  les  plus 
belles,  comme  la  tour  de  droite  et  le  portail  méridional,  remontent 
à  saint  Louis,  ses  anciennes  chapelles  de  couvents,  appropriées  à 
des  usages  bien  profanes  :  Saint-Aignan  transformé  en  théâtre  ; 
Saint-Frambourg,  propriété  particulière  ;  Saint-Pierre,  manège. 
Seul,  Saint-Vincent  avec  sa  superbe  chapelle,  sou  cloître  un  peu 
lourd,  est  occupé  par  une  institution.  L'évêché,  en  partie,  est 
devenu  la  Chambre  des  notaires  ;  la  chapelle  du  .vu^  siècle  le  siège 
du  Comité  historique  ;  la  Charité,  ancien  hôpital,  est  maintenant  la 
sous-préfecture,  le  tribunal,  le  musée  municipal,  la  prison  et... 
une  école.  Tout  a  été  curieusement  examiné  et  a  laissé  à  chacun 
l'impression  la  plus  agréable,  un  souvenir  durable. 

A  midi,  le  train  emportait  les  excursionnistes  vers  la  merveil- 
leuse résidence  de  Chantilly.  Le  château,  les  pelouses,  le  parc,  les 
pièces  d'eau,  tout  excite  l'admiration  ;  mais  cette  admiration 
redouble  quand  l'on  visite  ces  splendides  collections  qui  dépassent 
tout  ce  que  Ion  peut  imaginer  :  tableaux,  tapisseries,  gravures, 
livres  rarissimes,  meubles  richement  ornementés,  ohjelsd'art  et... 
souvenirs  de  famille,  qu'on  ne  peut  contempler  sans  faire  de  gra- 
ves réflexions.  Chantilly  appelle  la  visite  des  amateurs  auxquels 
nous  recommandons  l'excellent  Uinéraire  dressé  par  M.  Maçon, 
conservateur.  Honneur  au  grand  citoyen  qui,  non  seulement  a  su 
mettre  en  ordre  tant  de  richesses  en  tous  genres,  mais  surtout  qui, 


748  CHRONIQUE 

oubliant  les  injustices  des  hommes,  laisse  à  la  France  un  trésor 
artistique  inestimable  ! 

Nous  avons  à  enregistrer  trois  deuils  qui  nous  sont  bien  sensi- 
bles. M.  Morsaline,  ancien  architecte  de  la  ville  et  de  Tarrondisse- 
nienl,  membre  fondateur  de  la  Société,  depuis  plusieurs  années 
atteint  de  paralysie,  ne  pouvait  plus  prendre  part  à  nos  travaux. 
Le  regretlé  délunt  avait  essayé,  vers  1883,  une  restitution  de  l'an- 
cien château,  de  son  enceinte,  de  la  cité  castrothéodoricienne  au 
XV*  siècle  et  de  son  enceinte.  Au  Congrès  des  Sociétés  savantes  à 
la  Sorbonne,  en  cette  même  année  1885,  les  plans  que  M.  Morsa- 
line a  présentés,  les  explications  qu'il  a  données,  lui  ont  valu  un 
grand  succès.  L'auditoire  l'a  acclamé  et  a  demandé  que  les  par- 
ties restant  encore  debout  fussent  classées  parmi  les  monuments 
historiques.  Il  n'en  fut  rien  ;  notre  collègue  ressentit  vivement  cet 
échec  ;  nous  l'avons  déploré  nous-mêmes  et  réclamé  en  vain  le 
classement  de  ces  ruines  intéressantes. 

M.  Blanc,  officier  de  l'Instruction  publique,  inspecteur  honoraire-, 
était  entré  dans  la  Société  au  moment  même  où  il  prit  possession 
de  son  poste  en  janvier  1876.  Il  fut  pour  nous  un  membre  utile, 
stimulant  le  zèle  des  instituteurs,  assistant  à  nos  réunions  autant 
que  ses  fonctions  pouvaient  le  lui  permettre,  nous  recrutant  des 
adhérents  avec  un  bon  vouloir  qui  ne  s'est  point  lassé.  Frappé,  il 
y  a  peu  de  temps,  par  une  congestion,  il  a  été  enlevé  à  l'âge  de  66 
ans  à  l'affection  d'une  nombreuse  famille  qu'il  avait  admirable- 
ment élevée  et  dirigée;  il  emporte  avec  lui  l'estime  et  la  sympa- 
thie de  toutes  les  personnes  qui  l'ont  connu.  M.  Blanc  était  entré 
au  Conseil  municipal  de  Château-Thierry  lors  des  dernières  élec- 
tions, et  déployait  dans  les  nouvelles  fonctions  qui  lui  étaient  dévo- 
lues le  zèle  qui  l'avait  animé  comme  instituteur  et  comme  inspec- 
teur. 

En  janvier  1880,  sur  la  recommandation  de  M.  Bigault  d'Arscot, 
ancien  correcteur  à  l'imprimerie  nationale,  était  admis  comme 
associé  libre  M.  Eugène  Pihan  qui  avait  à  ladite  imprimerie  les 
plus  beaux  états  de  service;  sous-chef  des  travaux  typographiques 
(section  orientale)^,  puis  nommé  officier  d'Académie,  M.  Pihan  pre- 
nait un  grand  intérêt  aux  travaux  de  la  Société  et  nous  transmet- 
tait obligeamment  les  renseignements  qu'il  savait  devoir  nous  être 
utiles  ;  on  était  sûr  de  le  revoir,  chaque  année,  aux  séances  de  la 
Sorbonne  (section  d'histoire  et  d'archéologie),  prenant  des  notes 
qu'il  communiquait  au  secrétaire.  Notre  bibliothèque  s'est  enrichie 
de  plusieurs  volumes  importants  dont  l'exécution  typographique 
faisait  honneur  à  l'habile  sous-chef.  M.  Pihan  est  décédé  à  Paris 
dans  sa  soixante-huitième  année. 

L'assemblée  a  procédé  aux  élections  dillerées  depuis  plusieurs 
mois.  M.  Jules  Henriet,  vice-président,  est  nommé  président; 
M.  Fr.  Henriet  élu  vice-président;  M.  Marchand,  libraire,  est  élu 
membre  correspondant. 


CHRONIQUE  749 


Société  littéraire  et  uistoriqde  de  la.  Brie.  —  Séance  du 
jeudi  9  juin  IS98.  —  Présidence  de  M.  Muller,  vice-président. 

M.  Muller  dépose  sur  le  bureau,  comme  dons  faits  à  la  Société  ; 

1"  Par  M.  Héron  de  Villefosse,  conservateur  au  Musée  du  Louvre, 
membre  de  l'Institut  : 

Une  brochure  ayant  pour  litre  :  Deux  inscriptions  relatives  à 
des  généraux  Pompéiens. 

Une  autre  brochure  :  Musée  du  Louvre,  département  des  anti- 
quités grecques  et  romaines.  Acquisitions  de  l'année  1897. 

2»  Par  M,  Maurice  Lecomte,  licencié  en  droit,  membre  de  la 
Société  d  histoire  de  Provins. 

Le  Testament  de  sainte  Fare,  fondatrice  et  première  abbesse 
de  Faremoutiers  (3  avril  637). 

30  Par  M.  Lemarié,  la  Petite  Gazette  de  Dammartin. 

4°  Par  M.  Barigny,  quatre  pièces  de  monnaie. 

M.  Guérin  continue  sa  lecture  sur  le  Duché  et  les  Ducs  de  Valois. 

Le  règne  de  François  pr  (iolo-lo47)  fut,  malgré  les  misères  du 
temps,  l'époque  de  la  splendeur  du  duché  de  Valois,  par  suite  des 
nombreux  séjours  que,  passionné  pour  la  chasse,  le  roi  fit  à  Vil- 
lers-Cotterels,  dont  il  rebâtit  le  château  encore  existant  aujour- 
d'hui et  servant  de  maison  de  retraite  aux  vieillards  de  Paris.  Les 
forteresses  de  Crépy,  Pierrefonds  et  La  Ferté-Milon  reçurent  d'im- 
portantes réparations,  le  bourg  de  Verberie  fut  reconstruit  avec 
les  débris  du  vieux  château  de  Charlemagne  ;  de  nombreuses  égli- 
ses furent  restaurées. 

A  Pierrefonds  existait  le  siège  de  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts 
du  Valois,  dont  le  chef  prenait  en  outre  le  titre  de  capitaine  du 
château-fort  de  Pierrefonds  et  de  May-en-Multien. 

Une  ordonnance  sur  la  chasse  d'une  sévérité  excessive,  allant 
jusqu'à  la  peine  de  mort,  vint  attrister  et  troubler  les  habitants  du 
Valois. 

La  longue  lutte  entre  François  I"  et  Charles-Quint,  marquée  par 
la  bataille  de  Pavie,  le  honteux  traité  de  Madrid  (lo26)  et  la  cap- 
tivité du  roi  n'empêcha  pas  ce  dernier  d'achever  le  château  de 
Villers-Cotterets,  d'en  construire  de  nouveaux  dans  la  région  pour 
ses  plus  gracieuses  voisines  et  même  de  bâtir  Chambord. 

Mais  des  troupes  indisciplinées  circulaient  dans  nos  villages  et 
battaient  à  Acy  (  1321)  des  bourgeois  de  Meaux,  qui  voulaient  les 
repousser,  tandis  que  la  réforme  religieuse  était  prêchée  dans  l'Ile 
de  France  et  la  Brie,  et  particulièrement  à  Meaux,  malgré  de  rigou- 
reuses persécutions. 

Le  roi,  resté  jusqu'alors  propriétaire  du  duché  de  Valois  fut,  à  la 
suite  de  la  paix  des  Dames,  obligé  de  le  céder  avec  faculté  de 
rachat  à  la  duchesse  de  Vendôme,   qui  fit  achever  le  terrier  du 


750  CHRONIQUE 

Valois  devenu  nécessaire  à  la  suite  des  guerres  et  des  nouvelles 
divisions  des  territoires  (1529).  La  peste  et  la  famine,  par  suite  de 
sécheresse  et  d'absence  d'hiver,  désolèrent  alors  le  Valois. 

François  1'"'  pratiquait  les  lettres  et  les  arts  et  établit  le  Collège 
de  France,  dont  l'un  des  premiers  maîtres  fut  François  Watable, 
curé  de  Brumetz.  Il  perdit  successivement  sa  femme,  Claude  de 
France,  fille  de  Louis  XII,  la  bonne  reine  ;  sa  mère,  Louise  de 
Savoie  et  le  dauphin  François,  son  fils  aîné,  empoisonné,  a-t-on  dit^ 
à  l'instigation  de  Catliei-itie  de  Médicis,  femme  de  son  second  fils 
Henri  d'Orléans,  qui  par  cetle  mort  était  appelée  à  devenir  reine 
de  France. 

Après  l'entrevue  d'Aiguës  Mortes,  au  cours  de  laquelle  Fran- 
çois le'  et  Charles-Quint  s'embrassèrent  plusieurs  fois  publique- 
ment, le  roi  de  France  profila  de  la  paix  pour  introduire  dans  la 
justice  des  améliorations  devenues  indispensables,  et  l'ordonnance 
de  Villers-Cotterets  (1539),  notamment,  enjoignit  aux  curés  de 
tenir  des  registres  réguliers  de  naissances  et  de  décès,  ce  qui  ne 
fut  pas  toujours  fidèlement  observé. 

Les  coutumes  du  Valois  furent  révisées  avec  le  concours  des  sei- 
gneurs, évèques  et  officiers  de  justice  du  duché  et  du  voisinage. 
Les  seigneurs  profitèrent  de  ce  travail  pour  faire  reconnaître  leurs 
droits,  et  on  cite  parmi  ceux  qui  n'oublièrent  pas  leurs  avantages 
et  privilèges,  le  seigneur  de  iNanteuil-le-Haudouin,  Henri  de 
Lenoncourt,  ami  du  roi,  qu'il  recevait  souvent  lors  de  ses  voyages 
de  Paris  à  Villers-Cotterets. 

Liste  des  dons  faits  au  Musée  de  Troyes  pendant  le  troisième 

TRIMESTRE    DE    l'aNNÉE    1898   : 

Pemliire. 
L'Etat  :  —  Devant  tes  reliques,  toile  par  Buland  ;  —  Marine, 
toile  par  Joseph  Vernet. 

Sculpture. 

M.  Auguste-Ernest  Legrand,  né  à  Lesmont,  première  troi- 
sième médaille  au  Salon  de  1895  :  —  L'Ange  déchu j  statue  en 
plâtre,  œuvre  du  donateur. 

Arche'olofjie. 

M.  Alexandre  t'oulain^  à  Molins,  par  l'intermédiaire  de  M.  Fré- 
quois,  instituteur  audit  lieu  :  —  Une  petite  boucle  en  bronze^  sans 
son  ardillon,  trouvée  à  Molins,  dans  le  lieu  dit  Le  IUossic)\\)rès  de 
la  rivière  d'Anlic  ;  —  Un  accessoire  de  ceinturon,  sorte  de  cro- 
chet en  fer  pourvu  de  trois  bras  d'attache.  Cet  objet  a  été  trouvé 
à  Molins,  derrière  la  maison  du  donateur,  dans  le  lieu  dit  La 
JtucUe-dii.-Couvenl^  w^  92,  95,  section  F  du  plan  cadastral. 

M.  Sosthène  Menneret,  négociant  à  Troyes  :  —  Uue  pierre 
sculptée,  très  mutilée,  ayant  fait  partie  d'un  retable  datant  du 
XVI*  siècle.  Cetle  sculpture  provient  de   la  maison   du  donateur, 


CHRONIQUE  751 

située  place  AiidifTred  ;  —  Un  couteau  à  manche  articulé  en 
bronze  et  os,  représentant  un  personnage  nu,  en  profil.  Ce  cou- 
teau paraît  dater  du  xvme  siècle. 

M.  Tiiéophile  Michel,  pharmacien  à  Troyes  :  —  Cinq  clefs 
datant  du  Moyen-ùge  et  de  la  Renaissance  ;  —  Un  éperon  et  un 
petit  oliandeiier,  le  tout  en  fer.  (les  divers  objets  ont  été  trouvés 
dans  l'ancien  lit  du  Ru-('<ordé,  lors  de  la  construction  de  la  mai- 
son portant  le  ii"  1,  rue  de  la  Cité. 

M,  Gérard,  maire  de  Thors,  par  l'entremise  de  M.  de  la  Boul- 
laye  :  —  Une  lucarne,  ou  chatière  de  toiture,  en  terre  cuite,  pro- 
venant de  Thors.  Elle  porte  le  millésime  i68,'{  et  le  nom  Jehan 
Courtois,  qui  est  sans  doute  celui  du  tuilier. 

M,  Herluison,  membre  correspondant  à  Orléans  :  —  Une  plaque 
de  cuivre  gravée  au  burin  par  Ph.  Le  Febvre,  et  reproduisant  le 
portrait  de  Philippe  de  Champagne  peint  par  lui-même. 

M'"^'  Pillard,  rue  Cliampeaux,  à  Troyes  :  —  Cinq  modèles  en 
cuivre  de  croix  de  chapelet  ou  de  serre-cou,  appartenant  au  même 
type,  mais  ayant  des  dimensions  ditierentes  ;  —  Quatre  petits  cru- 
cifix-appliques, également  en  cuivre,  de  grandeurs  dill'ércntes, 
et  trois  petites  Vierges  du  même  genre,  en  argent,  en  cuivre  et 
en  .laiton,  n'ayant  pas  les  mêmes  dimensions,  mais  exécutées 
d'après  le  même  modèle.  Toutes  ces  pièces  sont  des  spécimens  des 
produits  de  l'ancienne  orfèvrerie  Iroyenne. 

Xuniismalique. 

M.  Gatouillat,  à  Marigny-le-Châtel,  par  l'intermédiaire  de 
M.  Seurat,  percepteur  à  Saint-Parres-les-Vaudes  :  —  Une  mon- 
naie d'argent  à  l'effigie  de  Louis  XIV  et  un  jeton  en  cuivre.  Ces 
deux  pièces  ont  été  trouvées  sur  le  finage  de  Marigny,  dans  le  lieu 
dit  Les  Bivouacs.  D'après  le  donateur,  les  Alliés,  en  1813  et  1814, 
auraient  séjourné  en  cet  endroit  pendant  deux  ou  trois  mois. 

M.  Paul  Benoît,  surnuméraire  des  Contributions  indirectes,  à 
Troyes  :  —  Une  médaille  d'Eliogabale,  empereur  romain,  trouvée 
à  Avant-les-Marcilly.  Le  revers  de  cette  médaille  représente  Rome 
casquée,  assise^'tenanl  une  victoire  et  un  sceptre  ;  derrière  elle  est 
un  bouclier. 

iM""  Stéphanie  Flobert.  34,  rue  du  Temple  :  —  Un  double  tour- 
nois de  F.  de  Bourbon,  prince  de  Conli. 

iM.  Arsène  Poacelet,  propriétaire  à  Champigny-sur-Aube,  par 
l'intermédiaire  de  M.  A.  Thévenot,  membre  associé  :  —  Une  mon- 
naie chinoise  en  bronze  (dixième  de  léam),  trouvée  sur  l'emplace- 
ment d'une  ancienne  chaumière  à  Champigny  ;  —  Neuf  monnaies 
françaises  et  étrangères,  en  bronze,  telles  que  sous,  doubles  deniers 
et  deniers  :  —  Un  jeton  de  Nuremberg,  portant  le  nom  de  Hanns 
Krawinkel;  —  Un  boulon  d'habit  militaire  datant  de  la  première 
République,  ayant  sur  le  pourtour  la  légende  :  DISTRICT  D'A1{- 
CIS-SUR-AUBE,  et  au  centre,  au  milieu  d'une  couronne  de  feuil- 
les de  chêne,  les  mots  :  LA  LOI  ET  LE  ROI. 


752  CHRONIQUE 

Musée  d'an  décoratif. 

M.  le  maire  de  Troyes  :  —  Deux  très  beaux  meubles  (médailliers 
de  la  collection  Jourdain,  acbelée  jadis  par  la  Ville).  L'un  est  en 
bois  d'ébène  couvert  d'incrustations  d'écaillé  et  de  cuivre;  l'autre 
en  marqueterie  de  bois  précieux. 

M.  le  maire,  le  Conseil  municipal  de  Troyes  et  la  Commission  du 
Musée  :  —  Un  remarquable  dessin  au  lavis,  de  très  grande  dimen- 
si(m,  représentant  la  façade  occidentale  de  l'admirable  campanile 
de  l'église  Sanla  Maria  délie  Fiore.àe  Florence,  construit  eu  1334 
par  Giotlo,  et  orné  de  statues  par  Donatello  ;  —  Quatre  autres 
dessins,  à  l'encre  de  Chine  et  au  crayon,  reproduisant  des  coupes 
et  des  détails  de  cette  merveilleuse  église  commencée  en  1296,  et 
qui  eut  pour  architectes  Arnoifo  di  Lapo  et  Brunelleschi.  Toutes 
ces  précieuses  études  architecturales  ont  été  exécutées  par 
M.  Bailly,  décédé  architecte  de  la  ville  de  Troyes. 

M"«  Pillard,  à  Troyes  :  —  Le  bâton  de  l'ancienne  Confrérie  des 
tailleurs  de  Troyes.  Edicule  en  bois  sculpté  et  doré  renfermant 
une  statuette  de  saint  Jean-Décollasse,  style  du  xviii*  siècle. 


AcADÉMiK  NATIONALE  DE  Reims.  —  Programme  des  concours 
ouverts  pour  les  années  tS99  et  d900. 

Prix  à  décerner  en  1899  : 

Histoire  (Prix  V.  Duquénelle). 

Histoire  des  Ecoles  de  mathématiques  et  de  dessin,  fondées  par 
la  Ville  de  Reims  au  xviiie  siècle. 

Les  documents  se  trouvent  aux  Archives  et  à  la  Bibliothèque  de 
Reims. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  200  francs. 

Histoire  de  la  Maîtrise  de  Reims,  depuis  ses  origines  jusqu'à  nos 
jours  :  recherches  sur  ses  maîtres  et  ses  élèves.  L'enseignement  de 
la  musique  et  du  chant  à  Reims. 

Les  documents  se  trouvent  à  la  Bibliothèque  et  aux  Archives  de 
Reiras,  ainsi  qu'aux  Archives  de  la  Fabrique  de  Notre-Dame. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  100  francs. 

Économie  'politique. 
De  l'intluence  de  l'impôt  sur  le  développement  de  la  famille. 
Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  100  francs. 

Sciences. 
Etude  de  physique,  de  chimie  ou  d'histoire  naturelle  intéressant 
particulièrement  l'industrie,  le  commerce  ou  la  région  de  Reims. 
Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  100  francs. 


CHRONIQUE  l^t 

Poésie  (Prix  L.-F.  Clicquot). 

i"  Une  médaille  d'or  de  200  francs  sera  décernée  à  l'auteur  do 
la  meilleure  pièce  de  bO  à  150  vers. 

Le  genre  et  le  sujet  sont  laissés  au  choix  des  concurrents. 

2°  Une  médaille  d'or  de  100  francs  à  l'auteur  de  la  meilleure 
fable  ou  du  meilleur  conte  d'environ  30  à  80  vers. 

L'Académie  pourra  récompenser,  en  outre,  les  auteurs  de  pièces 
ne  rentrant  pas  dans  les  catégories  ci-dessus. 

Reaux-Arts. 
Etude  d'une  collection  d'art  à  Reims,  soit  d'une  galerie  d'ama- 
teur, soit  de  tout  ou  partie  du  Musée  de  la  ville. 
Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  100  francs. 

Prix  à  décerner  en  1900  : 

Bibliographie. 
Antoine  Fournier,  primicier  de  Metz,  bienfaiteur  de  l'Université 
de  Reims  en  1610. 

Le  pris  consiste  en  une  médaille  d'or  de  100  francs. 

Prix  à  décerner  chaque  année  : 

1°  Monographie  d'une  commune  importante  du  diocèse  de 
Reims,  soit  ancien,  soit  nouveau  (Ardennes  et  Marne). 

A  l'histoire  des  principaux  événements  dont  la  commune  fut  le 
théâtre  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours,  les  auteurs  joindront 
l'étude  des  institutions  qui  y  furent  en  vigueur,  la  seigneurie,  la 
justice,  l'impôt,  le  régime  municipal,  l'instruction,  l'assistance 
publique,  etc.,  sans  négliger  les  principales  industries  du  pays,  les 
moyens  de  transport,  les  usages,  les  traditions,  les  changements 
survenus  dans  les  mœurs,  etc. 

Ils  éviteront,  sur  ces  divers  points,  de  s'engager  dans  des  consi- 
dérations générales. 

Ils  compléteront  l'élude  du  pays  par  un  aperçu  géologique  du 
sol,  par  l'indication  des  produits  qu'on  en  tire  et  des  diverses  cul- 
tures qui  y  sont  distribuées,  par  celle  des  chemins  et  des  cours 
d'eau  qui  le  traversent,  des  lieux- dits  et  des  points  dignes  de 
remarque,  par  la  description  des  monuments  existants  ou  détruits. 

Les  Archives  de  la  ville  de  Reims  (section  ecclésiastique),  celles 
du  déparlement  à  Châlons,  et  celles  des  Ardennes  à  Mézières, 
offrent  des  documents  sur  la  plupart  des  communes  du  diocèse. 

2°  Notice  historique  et  descriptive  des  monuments  civils  et  reli- 
gieux de  l'un  des  cantons  de  l'arrondissement  de  Reims  ou  du 
département  des  Ardennes. 

Les  auteurs  feront  connaître  les  églises,  maisons  religieuses) 
châteaux,  camps  ou  enceintes  fortifiés,  tumulus,  ruines,  inscrip- 
tions, meubles  précieux  qui  existent  dans  chaque  commune  du 

48 


I^i  CHRONIQUE 

caillou  ;  les  villages,  églises,  châteaux,  aujourd'hui  détruits,  qui  se 
trouvaient  sur  son  territoire  ;  les  noms  qu'ont  portés  ces  localités 
aux  diiFérenles  époques  de  leur  histoire  ;  le  tracé  des  anciennes 
voies  qui  les  mettaient  en  communication  ;  enfin,  les  découvertes 
d'antiquités  qui  y  ont  été  faites. 

ils  devront  se  borner,  pour  les  détails  historiques,  légendaires 
ou  autres,  à  un  exposé  substantiel  et  sommaire,  et,  en  ce  qui  con- 
cerne les  monuments,  aux  détails  rigoureusement  nécessaires 
pour  en  faire  connaître  l'époque,  le  plan  et  les  points  véritable- 
ment curieux.  Ils  joindront  à  leurs  notices  des  dessins  ou  des  pho- 
tographies des  plus  remarquables  édifices. 

Ils  indiqueront  e:i  note  les  sources  consultées  pour  la  partie  his- 
torique du  travail,  de  façon  que  le  lecteur  puisse  s'y  reporter. 

Le  prix,  pour  chacune  de  ces  questions,  consiste  en  une  médaille 
d'or  de  200  francs. 

L'Académie  distribuera  aussi  chaque  année  des  médailles  d'en- 
couragement aux  auteurs  des  travaux  qui  lui  seront  soumis  en 
dehors  des  questions  indiquées,  et  aux  auteurs  d'œuvres  d'art  ou 
d'industrie. 

Les  prix  et  médailles  seront  décernés  en  séance  publique. 

Les  mémoires  devront  être  inédits  et  n'avoir  été  envoyés  à 
aucun  concours  antérieur.  Us  seront  adressés  (franco)  à  M.  le 
secrétaire  général,  avant  le  31  mars  1899,  terme  de  rigueur. 

Les  auteurs  ne  devront  passe  faire  connaître  ;  ils  inscriront  leur 
nom  et  leur  adresse  dans  un  pli  cacheté,  sur  lequel  sera  répétée 
l'épigraphe  de  leur  manuscrit. 

Les  manuscrits  envoyés  ne  sont  pas  rendus. 

Les  ouvrages  couronnés  appartiennent  à  l'Académie  ;  les  auteurs 
ne  doivent  pas  en  disposer  sans  autorisation. 


Les  Stèles  kgyptie.nnes  du  Muske  de  Reims.  —  M.  Théodore 
Petiljean  vient  d'otl'rir  à  la  ville  deux  précieuses  stèles. 

Elles  appartiennent  au  moyen  empire  égyptien,  et,  d'après  le 
style  et  les  noms,  elles  proviennent  de  la  nécropole  d'Abydos. 

N"  i .  —  Calcaire  blanc  :  stèle  rectangulaire  qui  débute  par 
cinq  lignes  d'inscription  horizontale.  —  c  Proscynème  à  Osiris 
e  maître  de  Mendès,  au  dieu  grand-maître  d'Abydos,  pour  qu'il 
«  donne  un  revenu  de  pains,  liqueurs,  bu'ufs,  oies,  toutes  les  cho- 
«  ses  bonnes  et  pures  dont  vit  le  dieu  que  le  Nil  apporte  et  que  la 
€  terre  produit,  au  double  de  l'habitant  de  celte  ville  Souboii,  à  la 
«  voix  juste,  né  de  la  dame  Moiii,  à  la  voix  juste  —  de  la  part  de 
€  .son  nis  qui  fait  vivre  son  nom,  l'attaché  à  l'hôtel  des  approvi- 
t  sionnemcnls  Ilitidou,  à  la  voix  juste,  né  de  la  dame  AousnisOîl- 
«  bou,  à  la  voix  juste  :  son  fils  habitant  (de  cette  ville),  le  fermier 
«  de  la  table  (du  Dieu)  Didi  ». 


CHRONIQUE  755 

Au  registre  suivant,  à  droite,  le  dédicataire  Sonbou  est  assis  sur 
un  fauteuil  et  respire  une  tleur  de  lotus  épanoui  ;  une  table  char- 
gée d'ollVandes  est  devant  lui.  A  gauche,  son  fils,  «  l'altaché  à 
"iiùtel  des  approvisionnements,  Ililidou  à  la  voix  juste  »,  est  assis 
sur  un  autre  lauteuil  et  respire  également  un  lotus;  une  table 
chargée  d'oll'raades  est  devant  lui.  Entre  les  deux  tables,  une 
femme  respirant  un  lotus  est  accroupie,  le  genou  gauche  levé,  la 
face  à  Sonbou^  le  dos  à  Ililidou.  Cest  la  femme  de  Sonbou, 
Aousnisonbou. 

Au  dernier  registre,  la  femme  de  Ililidou,  la  dame  lldpi,  est 
accroupie  à  gauche,  sous  le  siège  de  son  mari,  le  genou  gauche 
levé,  la  tleur  de  lotus  à  la  main,  et,  devant  elle,  les  enfants  de 
Hilidou  et  les  siens  défilent  dans  l'ordre  suivant  :  son  iils  Khon- 
sou,  sa  tille  SonOi,  sa  fille  Mosou,  sa  lille  Moni.  La  généalogie  de 
la  famille  s'établit  donc  comme  il  suit  par  quatre  générations  ; 

X  —  X  —  La  dame  Moni 

Sonbou  —  La  dame  Aousnisonbou 

Hitiâou,  la  dame  Hâpi 

Khonsou,  Sunbi,  Mosou,  Moni. 

.N°  2.  —  Calcaire  blanc  :  stèle  rectangulaire  qui  débute  par 
trois  lignes  d'inscriptions  horizontales  divisées  en  trois  colonnes 
renfermant  chacune  un  proscynème  différent.  Le  proscj'nème  du 
milieu,  écrit  de  gauche  à  droite,  est  ainsi  conçu  : 

«  Proscynème  à  Osiris  pour  qu'il  donne  un  revenu  de  pains  et 
((  liqueurs  au  double  d'Ali  à  la  voix  juste.  » 

Le  proscynème  de  droite,  écrit  également  de  gauche  à  droite, 
est  consacré  à  la  femme  à'Ali  :  «  Proscynème  à  Ouapouaïlou, 
«  pour  qu'il  donne  un  revenu  de  pains,  liqueurs,  bœufs,  oies, 
«  gâteaux  au  double  de  sa  femme,  la  dame  .Stri  à  la  voix  juste.  » 

La  troisième  colonne,  plus  large  que  les  deux  autres,  renferme 
un  proscynème  écrit  de  droite  à  gauche  : 

«  Proscynème  à  Osiris^  maître  d'Abydos,  pour  qu'il  donne  un 
«  revenu,  pains,    liqueurs,  bo3ufs,  oies,  gâteaux,  étoffes,  encens, 

«  essences  parfumées,  au  double  du Amo7ii,k  la  voix  juste  ». 

Les  personnages  sont  représentés,  au  second  registre,  assis  autour 
d'une  table  d'offrandes,  à  droite  Ali  et  lUri  sur  le  même  siège  et 
la  femme  passant  le  bras  au  cou  de  son  mari,  à  gauche  Amoni. 

Le  registre  suivant  contient  trois  lignes  d'inscriptions  horizonta- 
les partagées  en  trois  coionnes,  de  grandeur  égale. 

La  colonne  du  milieu  contient  un  proscynème  à  Usiris,  «  au 
c<  double  de  son  frère  qui  l'aime  ...dit,  à  la  voix  juste,  le  féal  ». 
Il  est  écrit  de  gauche  à  droite,  de  mrmc  que  le  proscynème  de 
droite  :  «  A  Osiris,  au  dieu  grand,  pour  qu'il  donne  le  revenu  en 
.'  pains,  liqueurs,  bœufs  et  oieS;,  au  double  du  gardien  de  l'entre- 
<(  pôt  des  gâteaux,  Sonousonbou,  à  la  voix  juste,  né  de  Tomit.  » 

Le  proscynème  de  gauche  est  écrit  de  droite  à  gauche  :  «  Près- 


756  CHRONIQUE 

«  cynème  (à  Osiris)  pour  qu'il  donne  le  revenu  en  pains, 
«  liqueurs,  bœufs,  oies,  au  double  de  son  frère  qui  l'aime,  Son- 
«  boulifi  à  la  voix  juste.  » 

«  Paraissant  présenter  moins  d'intérêt  lorsqu'on  les  examine 
isolément,  ces  stèles  deviennent  des  plus  instructives,  dit  M.  Mas- 
péro  (auteur  de  ces  traductions,  membre  du  Comité  des  Travaux 
historiques  et  scientifiques  du  ministère  de  l'Instruction  publique), 
quand  on  en  a  un  grand  nombre  sous  la  main.  Les  généalogies 
nous  montrent  quelles  alliances  s'établissaient  entre  les  familles, 
quelles  fonctions  et  quels  métiers  les  différents  membres  exer- 
çaient; c'est  la  vie  bourgeoise  d'une  grande  vilie  égyptienne 
qu'elles  nous  permettent  de  reconstituer  peu  à  peu.  Parfois  même 
des  dates  ou  des  allusions  à  des  faits  historiques  se  mêlent  au 
reste,  et  alors  l'intérêt  redouble;  il  y  aurait  donc  grande  utilité  à 
rassembler  tous  les  monuments  égyptiens  épars  dans  les  collec- 
tions privées  de  la  province  et  à  les  publier.  » 

(Bulletin  archéologique  du  Comité  des  Travaux  historiques  et 
scientifiques^  année  1889,  n"  t,  p.  142).  Rapport  de  M.  Maspéro 
sur  une  communication  de  M.  l'abbé  Trihidez. 

* 

Nouvelles  archéologiques.  —  Trouvaille  de  monnaies  romai- 
nes, à  Bohain.  —  On  vient  de  trouver  à  Bohain  (Aisne),  dans  un 
jardin,  reste  des  anciennes  fortifications,  une  monnaie  en  bronze 
romaine  de  moyenne  grandeur  et  d'une  parfaite  conservation.  On 
lit  sur  leffigie  :Vl.VAL.  CONSTANTINVS  N.C  ;  au  revers  :  GEMO 
POPLl  ROMAiM  ;  dans  le  champ  isolé  la  lettre  N.  et  en  exergue  : 
PLO,  qui  signifierait  prima  Lugdiwi  officina. 

Cette  pièce  est  de  Constantin  le  Grand,  fils  de  Constance  Chlore, 
gouverneur  de  la  Gaule  avant  son  avènement  au  trône. 

Trois  monnaies  romaines  en  or,  ont  été  précédemment  trouvées 
à  Bohain  et  sont  conservées  dans  une  collection  particulière. 


Sépultures  anciennes  à  Reims.  —  Au  cours  des  travaux  de 
démolition  du  mur  du  Grand-Séminaire  doimant  sur  la  rue 
Libergier,  à  Reims,  on  a  découvert  des  sépultures  remontant  au 
xvic  siècle. 

Elles  proviennent  sans  doute  de  l'ancien  cimetière  Saint-Denis. 


Découverte  d'une  dalle  lumulaire  à  Chdlons.  —  Les  travaux 
effectués  sur  le  terrain  de  l'ancienne  chapelle  du  Collège,  à  Châ- 
lons,  ont  fait  découvrir  une  dalle  tumulaire  de  grandes  dimensions, 
qu'on  s'est  empressé  de  transporter  dans  la  cour  du  petit  Hôtel  de 
Ville, 


CHRONIQUE  757 

Sur  cette  pierre  est  gravée  l'effigie  d'un  ecclésiastique,  probable- 
ment l'un  des  Pères  jésuites  directeurs  du  Collège.  Le  dessin  est 
d'une  exécution  remarquable.  Une  date,  en  partie  effacée,  laisse 
lire  les  trois  chiffres  :  108..  L'inscription  a  presque  entièrement 
disparu  ;  ce  n'est  probablement  qu'après  une  étude  patiente  qu'on 
parviendra  à  la  reconstituer  partiellement. 

Au  moment  oîi  on  déchargeait  celte  dalle  dans  la  cour  du 
musée,  le  cheval  attelé  à  la  voilure  a  fait  un  brusque  mouvement, 
et  la  pierre  a  été  malheureusement  brisée  en  deux  morceaux. 


Monnaie  espagnole  Irouvée  à  Hautvillers.  —  Des  ouvriers  ont 
trouvé  récemment  à  Hautvillers  (Marne),  au  milieu  de  décombres, 
une  pièce  d'or,  à  l'effigie  de  Philippe  II,  roi  d'Espagne,  au  millé- 
sime de  1582.  Cette  pièce,  admirablement  conservée,  a  été  offerte 
par  eux  à  M.  Gaston  Chandon,  maire  d'Haulvillers,  qui  leur  a 
remis  une  généreuse  récompense. 

Exposition  de  la  Société  des  Amis  des  Arts,  a  Reims.  —  L'ex- 
position de  la  Société  des  Amis  des  Arts  s'est  ouverte  à  Reims,  le 
samedi  17  septembre  1898,  dans  le  foyer  du  théâtre. 

Les  paysages  y  sont  les  plus  nombreux,  et  parmi  eux  se  remar- 
quent d'excellentes  toiles  de  maîtres  comme  Harpignies,  Jules  Bre- 
ton, Montenard,  Zuber,  Barillot,  Nozal.  Parmi  les  peintres  de 
genre,  nous  citerons  les  jolies  études  d'Albert  Aublet,  aquarelles 
intitulées  :  Avaîit  le  bain,  Automne;  les  pastels  de  Léandre  et  de 
Lunois,  les  illustrations  satiriques  d'Albert  Guillaume,  elc.  A  citer 
encore,  une  aquarelle  de  M.  Emile  Auger,  de  Reims,  représentant 
M.  Diancourl,  le  sympathique  sénateur  de  la  Marne  et  le  biblio- 
phile bien  connu,  dans  son  cabinet  de  travail,  assis  et  lisant  ;  des 
types  mauresques,  de  Louis-Auguste  Girardot  ;  de  beaux  portraits 
de  femmes,  de  Jules  Machard,  Alphonse  Lamare,  F.  Wenz,  A.  Axi- 
lette,  etc.;  des  Fleurs  et  Fruits  de  Raffaëlli,  des  chiens  de 
MM.  E.  Brisset,  R.-G.  Valette,  etc. 

La  peinture  militaire  est  représentée  par  des  aquarelles  et  des- 
sins d'Edouard  Détaille,  E.  Boutigny  ;  les  marines  par  des  compo- 
sitions de  MM.  Henry  Bouvet,  Charles  Fromuth,  Louis  Gillot, 
Albert  Gœpp,  Eugène  Jettel,  Lhermitte,  Paillard,  E.  Wéry,  etc. 


Deux  œuvres  nouvelles  de  M""^  Manuela.  —  Le  21  aoiit  a  été 
inauguré,  à  Fontenoy-le-Château  (Vosges),  le  monument  élevé  à  la 
mémoire  du  poète  Gilbert^  lequel  est  dû  au  ciseau  de  M"' Manuela, 
pseudonyme  artistique,  comme  l'on  sait,  de  la  duchesse  d'Uzès, 


758  CHRONIQUE 

Le  8  septembre,  à  Poiit-de-l'Arclie  (Eure),  on  a  inaug-iiré  égale- 
ment un  important  groupe  en  marbre  représentant  Notre-Dame- 
des-Arls,  sculpté  et  otFert  par  la  môme  généreuse  artiste. 


La  statl'e  de  Jeanne  d'Arc,  de  Pacl  Dcbois.  —  Il  est  question 
de  placer  à  Paris,  devant  l'église  Saint-Augustin,  sur  le  terre-plein 
qui  fait  place  à  la  caserne  de  la  Pépinière,  la  statue  de  Jeanne 
d'Arc,  de  Paul  Dubois,  copie  légèrement  modifiée  de  l'œuvre  du 
même  auteur  qui  a  été  élevée  sur  le  parvis  de  la  cathédrale  de 
Reims. 

Erection  d'un  monument  patriotique  a  Laon.  —  C'est  à  Laon 
que  sera  érigé  le  monument  consacré  aux  trois  instituteurs  de 
l'Aisne,  Jules  Debordeau,  Louis  Paulette  et  Jules  Leroy  que  les 
Allemands  fusillèrent  en  1871. 

Ce  monument  est  dû  à  une  souscription  entre  tous  les  institu- 
teurs de  France,  qui  a  produit  plus  de  oO,000  francs. 

Le  travail  du  sculpteur  Carlus  est  presque  terminé. 

Louis  Paulette  et  Jules  Debordeau  sont  représentés  ligottés, 
attendant  la  mort.  Lerov,  libre  de  ses  mouvements,  lève  un  bras 
et  proteste  contre  la  sentence  inique. 

Trois  bas-reliefs  orneront  le  piédestal.  Leroy  arrêté  par  les  Alle- 
mands au  milieu  de  sa  classe  ;  l'arrestation  de  Paulette  et  les 
défenseurs  de  l'Aisne. 

Le  monument  sera  complété  par  un  groupe  de  petits  écoliers 
qui  se  font  la  courte  échelle  et  cherchent  à  se  hisser  sur  le  socle 
pour  déposer  des  guirlandes  de  fleurs  aux  pieds  des  trois  insti- 
tuteurs. 


Anniversaire  de  la  défense  de  Bazeilles.  —  Le  dimanche  4 
septembre  a  eu  lieu,  à  Bazeilles,  la  manifestation  annuelle  à  la 
mémoire  des  soldats  morts  au  champ  d'honneur. 

De  nombreuses  Sociétés  de  nmsique,  de  gymnastique,  d'anciens 
militaires  y  ont  pris  part.  Reims  était  représentée  par  des  déléga- 
tions des  anciens  combattants  de  IS'/O-Tl,  ayant  à  leur  tête 
M.  Blancou,  vice-président  de  l'Union  amicale  des  anciens  sous- 
officiers  et  soldats  des  troupes  de  la  marine,  et  M.  Ilappweiller, 
vice-secrétaire. 

La  cérémonie  a  été  favorisée  par  un  temps  splendide  et  s'est 
accomplie  au  milieu  d'une  foule  énorme.  Plusieurs  discours  patrio- 
tiques ont  été  prononcés. 

Le  monument  commémoratif  de  Bazeilles.  —  M.  Tcxtor  de 
Ravisi,  ancien  officier  supérieur  d'état-major  de  rinfanterie  dç 


CHRONIQUE  759 

marine,  commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  président  du  Comité 
national  constitué^  sous  le  patronage  du  ministre  de  la  Guerre, 
pour  l'érection  d'un  monument  commémoratif  de  la  défense  de 
liazeilles,  s'est  rendu  récemment  dans  cette  localité. 

Après  avoir  visité  lossuaire,  la  maison  des  Dernières  Cartou- 
ches et  les  points  intéressants  du  champ  de  bataille,  il  a  exprimé 
l'espoir  à  M,  Vauthier,  maire  de  Bazeilles  et  l'un  des  présidents 
d'honneur  du  Comité,  que  la  première  pierre  du  monument  serait 
posée  l'an  prochain,  le  jour  de  la  célébration  du  vingt-neuvième 
anniversaire,  et  que  l'inauguration  aurait  lieu  en  1900,  au  tren- 
tième anniversaire. 

M.  de  Ravisi  a  également  annoncé  que  la  souscription  publique 
en  faveur  du  monument  était  en  excellente  voie  :  plusieurs  Con- 
seils généraux.  Chambres  de  commerce,  Conseils  municipaux, 
etc..  venant  de  voler  des  subventions. 

Il  se  propose,  vers  la  mi-novembre,  de  donner  à  Reims,  dans  la 
salle  du  Cirque,  une  conférence  en  faveur  de  l'œuvre  nationale  du 
monument  de  Bazeilles.  11  a  étudié  à  cet  effet  !e  champ  de  bataille 
de  Sedan,  et  cette  conférence,  documentée  par  des  études  person- 
nelles, ne  peut  manquer  d'être  couronnée  du  plus  vif  succès. 


Anniversaire  de  la  victoire  de  Valmy.  —  Le  dimanche  25  sep- 
tembre a  été  célébré  à  Valmy  (Marne),  l'anniversaire  de  la  bataille 
du  20  septembre  1792. 

Le  cortège,  composé  de  la  municipalité,  ayant  à  sa  tête  M.  le  D'' 
Jesson,  maire,  escorté  des  sapeurs-pompiers  et  d'une  foule  énorme 
venue  de  tous  les  points  du  déparlement,  est  parti  de  la  mairie,  à 
quatre  heures  de  l'après-midi,  pour  se  rendre  au  monument  de 
Kellermann^.  sur  le  plateau  de  Valmy. 

On  accède  à  cette  pyramide,  située  à  environ  un  kilomètre  de  la 
gare  de  Valmy,  par  un  chemin  assez  mal  entretenu. 

Le  monument  est  composé  d'un  fût  de  colonne,  au  sommet 
duquel  se  dresse  en  bronze  la  statue  de  Kellermann,  brandissant 
d'une  main  son  sabre  et  de  l'autre  son  chapeau  à  plumes  de 
général  en  chef  de  la  première  République. 

On  y  lit  les  inscriptions  suivantes  : 

République  française.  Liberté.  Egalité.  Fraternité, 

De  ce  lieu  et  de  ce  jour  date  une  nouvelle  époque  dans  l'histoire  du 
monde  {Goethe). 

L.  Gillet,  archilecle  ;  G.  Arfoise,  entrepreneur;  Th.  Barau,  statuaire; 
G.  Moriamé,  sculpteur. 

Carnot,  Président  de  la  République.  Monument  élevé  en  présence  de 
Léon  Bourgeois,  ministre,  délégué  du  Gouvernement. 

Valmy,  20  septembre  1792.  A  Kellermann  et  aux  défenseurs  de  la  patrie. 

20  septembre  1892.  Camille  Jesson.  maire  de  Valmy,  président  du  Coiaité 
du  Centenaire, 


760  CHRONIQUE 

Douze  canons  de  bronze,  reposant  sur  affûts  de  pierre,  gardent 
le  monument. 

A  côté  de  la  pyramide  officielle  s'élève  un  monument  particu- 
lier, plus  modeste,  sur  lequel  on  lit  les  inscriptions  suivantes  : 

Monument  particulier  consacré  le  3  septembre  1821.  par  Fraoçois-Eugène 
Kellermann  fils  ;  comtesse  Kellermann  fille  et  général  Lory,  gendre  du 
maréchal  :  sous  l'administration  de  M.  Barthélémy,  sous-préfet  à  Sainte- 
Menehould;  M.  Dorville  étant  maire  à  Valmy,  et  M.  Champion,  curé. 

Les  Français  reconnaissants  à  celui  qui  les  a  préservés  de  l'invasion. 

Champ  de  bataille  du  20  septembre  1792. 

Ici  sont  morts  les  braves  du  20  septembre  1792  ;  un  soldat  qui  les  com- 
mandait en  ce  jour,  le  général  Kellermann,  maréchal  duc  et  pair  de  France, 
a  voulu  en  mourant  que  son  cœur  lût  placé  au  milieu  d'eux. 

De  nombreux  patriotes  sont  venus,  avec  les  habitants  de  Valmy, 
accomplir  ce  pieux  pèlerinage  et  témoigner  ainsi,  par  cet  acte  de 
reconnaissance  envers  celui  qui  sauva  la  patrie,  de  la  foi  vive  que 
la  France  conserve  en  sa  vaillante  armée  ! 


« 
U.\E  TOMBE  HISTORIQUE  A  Brienne  . —  Dans  l'ancieu  cimetière  de 

Brienne,  au  milieu  d'un  fouillis  de  ronces  et  d'épines,  s'élève  un 

tombeau  de  forme  quadrangulaire  abandonné  depuis  longtemps 

et  sur  lequel  on  lit  celle  inscription  : 

ICI 

EST   MORT   POUR   LA   DÉFENSE    DE   LA   PATRIE 

LE    27    JANVIER    1814 

AU   PREMIER    COMBAT   DE    BriENNE 

LE  COMTE  Pierre  BASTE 

CONTRE-AMIRAL   ET   GÉNÉRAL   COMMANDANT 
UNE    BRIGADE    DE   LA   JEUNE    GARDE    IMPÉRIALE 

Depuis  quelque  temps,  les  rares  personnes  qui  visitent  l'ancien 
cimetière  ont  pu  remarquer  que  celle  tombe,  sous  laquelle  repose 
un  héros  de  la  grande  époque  de  notre  histoire,  était  enfin  sortie 
de  l'oubli.  Le  monument,  légèrement  restauré,  est  entouré  de 
Heurs  et  un  sentier  permet  aux  promeneurs  de  s'en  approcher. 

Benseignemenls  pris,  nous  savons  que  celte  restauration  est  due 
à  l'initiative  du  commandant  d'armes  de  la  place;  aussi  adressons- 
nous  toutes  nos  félicitations  à  M.  le  lieutenant  Arnaud. 


Anniversaire  du  massacre  de  Passavant.  —  Un  service  anni- 
versaire a  été  célébré,  le  25  août,  à  Passavant  (Marne)  à  la  mémoire 
des  quarante-neuf  soldats  français  prisonniers  de  guerre  qui  ont 
été  massacrés  par  les  Allemands  le  25  août  1870. 

Avant  la  cérémonie  religieuse,  le  Comité  local  du  «  Souvenir 


CHRONIQUE  761 

français  »  de  Vitry-le-François  s'est  rendu  en  cortège  devant  le 
monument  élevé  à  la  mémoire  des  malheureux  gardes  mobiles  et 
situé  à  l'extrémité  du  village. 

Après  la  bénédiction  des  couronnes  par  le  clergé,  le  secrétaire 
du  Comité  a  prononcé  un  discours  patriotique  ;  une  messe  solen- 
nelle de  Requiem  a  été  ensuite  célébrée  à  l'église  de  Passavant  par 
l'abbé  Levasseur,  curé-doyen  de  Saint-Mard-sur-le-Mont,  qui  a 
prononcé  à  cette  occasion  une  allocution  émue. 

L'assemblée  s'est  ensuite  rendue  en  procession  au  cimetière  où 
les  prières  des  morts  ont  été  chantées  sur  la  tombe  des  mobiles. 

M.  l'abbé  Henry,  archiprêtre  de  Sainte-Menehould,  après  avoir 
rappelé  le  souvenir  de  nos  malheureux  soldats,  a  procédé  à  la 
bénédiction  du  nouveau  terrain  approprié  pour  l'agrandissement 
du  cimetière. 

Une  foule  considérable,  venue  de  tous  les  points  des  départe- 
ments de  la  Marne  et  de  la  Meuse,  a  pris  part  à  cette  patriotique 
cérémonie. 


Le  cardinal  Langénieux  et  les  intérêts  frança.i?  e.n  Orient. — 
Le  prochain  voyage  de  Guillaume  il  en  Palestine  avait  provoqué, 
dans  nos  sphères  politiques  et  religieuses,  de  graves  préoccupa- 
tions, dont  un  récent  article  anonyme  de  la  Revue  des  Deux  Mon- 
des était  l'expression.  On  pouvait  redouter  que  l'Empereur  d'Alle- 
magne ne  profitât  de  son  voyage  pour  réclamer  ou  affirmer  un 
droit  de  protectorat  de  l'Empire  allemand  sur  les  missionnaires  et 
établissements  catholiques  de  nationalité  allemande  en  Orient. 
Préoccupé  de  ce  péril,  le  cardinal  Langénieux ,  archevêque 
de  Rei.ms,  a  soumis  directement  à  l'approbation  personnelle  du 
pape  l'idée  de  fonder  un  «  Comité  national  pour  la  conservation 
et  la  défense  du  protectorat  français  ». 

«  La  ruine  de  ce  protectorat,  écrivait-il  au  pape,  à  la  date  du 
20  juillet  1898,  serait  assurément  pour  notre  pays  un  malheur  et 
une  humiliation;  mais  il  est  bien  certain  qu'elle  entraînerait  aussi 
pour  l'Eglise  de  graves  détriments.  Où  est^.  en  etfet,  à  défaut  de  la 
France,  la  nation  en  état  de  remplir  cette  mission  essentiellement 
catholique  ?  Et  si  les  puissances  qui  le  convoitent  arrivaient  à  se 
partager  ce  rôle  délicat,  n'est-il  pas  évident  qu'une  semblable 
tutelle,  basée  sur  l'intérêt  politique,  n'offrirait  aucune  garantie  de 
durée  et  que  le  manque  d'unité  des  vues  souvent  opposées  dans 
l'action  en  paralyserait  fatalement  les  effets  ?  » 

Le  pape,  à  la  date  du  20  août,  a  répondu  au  cardinal  Langé- 
nieux par  une  lettre  destinée  à  être  rendue  publique  à  l'heure  que 
choisira  le  cardinal. 

«  La  France,  écrit  Léon  XIII,  a  en  Orient  une  mission  à  part 
que  la  Providence  lui  a  confiée  :  noble  mission  qui  a  été  consacrée 
non  seulement  par  une  pratique  séculaire,  mais  aussi  par  des  trai- 


762  CHRONIQUE 

tés  internalionaux,  ainsi  que  l'a  reconnu  de  nos  jours  noire  Con- 
grégntion  de  la  Propagande  par  sa  déclaration  du  22  mai  1888. 

«  Le  Saint-Siège,  en  ell'et,  ne  veut  en  rien  loucher  au  glorieux 
patrimoine  que  la  France  a  reçu  de  ses  ancêtres  et  qu'elle  entend, 
sans  nul  doute,  mériter  de  conserver  en  se  montrant  toujours  à  la 
hauteur  de  sa  lAche.  » 

Et  Léon  XIII  confirme  soleunellenienl  la  circulaire  par  laquelle 
la  F^ropagande,  en  date  du  22  mai  1888,  à  la  demande  de  M.  le 
comte  Lefebvre  de  Bchaine,  avait  déclaré  que  «  la  protection  de 
la  nation  française,  partout  où  elle  est  en  vigueur,  doit  êlre  reli- 
gieusement maintenue  »,  et  avait  enjoint  aux  missionnaires  de 
«  recourir,  s'ils  ont  besoin  daide,  aux  consuls  et  autres  agents  de 
la  nation  française  ».  (^'est  pour  la  première  fois  que  le  pape 
reconnaît  personnellement,  et  dans  un  acte  public,  le  droit  exclu- 
sif qu'a  la  France  de  protéger  les  missionnaires  et  établissements 
du  catholicisme  latin  en  Orient. 


SouvE.MHS  DE  Mazas.  —  S.  Km.  le  cardinal  Richard  ayant  mani- 
festé le  désir  de  conserver  de  Mazas,  à  litre  de  reliques,  quelques 
vestiges  des  cellules  dans  lesquelles  furent  enfermés  eu  1871, 
avant  leur  transfert  à  la  Roquette,  les  otages  qui  furent  massacrés 
dans  cette  jernière  prison,  M.  l'abbé  Odelin  a  adressé  à  l'entre- 
preneur chargé  des  démolilion.«,  une  lettre  par  laquelle  il  deman- 
dait à  acquérir  les  portes  de  la  cellule  n"  21,  où  fut  détenu 
Ms""  Uarboy,  archevêque  de  Paris,  et  de  la  cellule  n°  4,  qui  fut  celle 
de  M.  l'abbé  Deguerry,  curé  de  la  Madeleine. 

Cette  dernière  seule  a  pu  lui  être  livrée,  l'école  Gerson,  de 
Passy,  ayant  déjà  fait  l'acquisition  de  celle  de  la  cellule  de 
Mï"^  Darboy. 

Consécration  du  nolveau  maître-autel  de  Notre-Dame  de 
Vitry-le-François.  —  Le  mardi  2  août,  Ms''  Latty,  évêque  de  Chû- 
lons,  procédait  à  la  consécration  de  l'église  Notre-Dame  de  Vilry, 
récemment  restaurée  et  agrandie,  et  à  celle  du  maître-autel. 

Une  centaine  d'ecclésiastiques  assistaient  à  cette  cérémonie  qai 
n'a  pas  duré  moins  de  quatre  heures  et  demie.  Aussitôt  la  consé- 
cration intérieure,  l'église  a  été  livrée  aux  fidèles  qui  n'ont  pas 
tardé  i  envahir  l'église  au  nombre  de  plusieurs  milliers. 

M-:''  Latty  a  procédé  dans  toutes  les  règles  du  rite  à  la  consécra- 
tion du  maître-autel  qui  est  très  remarquable  et  qui  a,  lui  aussi, 
son  histoire,  car  il  fut  érigé  en  1716  à  Reims,  puis  transféré  à 
Châlons  en  1792  et  vendu  enfin  à  l'église  Notre-Dame  de  Vitry 
en  1875. 

La  messe  a  été  ensuite  dite  par  M.  le  curé  de  Sompuis. 

Après  la  cérémonie,  Ms'  Latty,  dans  une  très  belle  et  chaleu- 


CHRONIQUE  763 

reuse  allocution,  remercie  les  habitants  de  la  ville,  riches  et  pau- 
vres, pour  la  part  que  chacun  d'eux  prit  dans  la  réédification  de 
l'église  ;  il  a  remercié  la  municipalit*'  et  l'archiprêtre  dont  le  zt''Ie 
ne  s'est  pas  démenti  un  seul  instant.  Puis  Monseigneur  a  donné 
la  bénédiction  papale. 

Vne  procession  a  terminé  la  première  partie  de  cette  belle  céré- 
monie qui  a  pris  fin  par  un  salut.  La  fête  a  pris  les  proportions 
d'une  manifestation  publique,  car  les  ruesavoisinant  l'église  étaient 
enguirlandées,  les  maisons  pavoisées,  et,  le  soir,  des  illuminations 
témoignaient  de  la  joie  générale. 


Noces  d'or  ecclésiastiques.  —  Le  mardi  5  août,  les  habitants 
d'Haudrecy  (Ardennes)  célébraient  une  double  fête  :  la  cinquan- 
tième année  d'ordination  de  l'abbé  Lévèque  et  aussi  la  cinquan- 
tième année  de  son  arrivée  dans  cette  paroisse. 

Il  est  impossible  de  donner  une  idée  de  l'empressement,  de  la 
joie,  de  la  filiale  sympathie  de  celte  religieuse  population  qui  tout 
entière  entourait  son  vénérable  pasteur.  Arcs  de  triomphe,  allées 
de  feuillage,  chemin  jonché  de  verdure  et  de  fleurs,  discours  tou- 
chants de  la  jeunesse,  du  maire,  du  président  du  Conseil  de 
fabrique,  musique,  décharges  répétées  de  mousqueterie,  rien  ne 
manquait  pour  rehausser  l'éclat  de  celte  belle  cérémonie. 

L'archiprêtre  de  Charleville,  le  doyen  de  Renwez,  vingt-deux 
prêtres  du  canton  et  des  paroisses  voisines  environnaient  l'autel 
oii  depuis  tant  d'années  le  vénéré  vieillard  célèbre  le  saint  sacri- 
fice. 


Pèleri.n'age  de  Sainte-Hélène,  a  Hautvillers.  —  De  temps 
immémorial,  de  plus  de  quinze  lieues  à  la  ronde,  de  nombreux 
pèlerins  venaient  vénérer  à  Hautvillers,  cet  hospitalier  berceau  du 
Champagne,  les  reliques  de  sainte  Hélène  ;  ils  l'invoquaient  pour 
la  santé  de  leurs  enfants  maladifs  ;  ils  allaient  boire  avec  confiance 
à  la  fontaine  de  Saint-Nivard  ;  une  confrérie  était  érigée  aussi 
dans  l'église  paroissiale. 

Depuis  phisieurs  années,  cette  antique  coutume  était  tombée  en 
désuétude  ;  M.  l'abbé  Santanbien,  curé  d'Hautvillers,  a  entrepris 
de  restituer  au  pèlerinage  son  ancienne  splendeur.  Dans  ce  but, 
ce  digne  prêtre,  plein  de  zèle,  s'est  efforcé  de  lui  donner,  le  jeudi 
18  août  dernier,  un  éclat  extraordinaire. 

La  fêle  a  réussi  au  delà  de  toute  espérance  et  le  programme 
a  été  de  beaucoup  dépassé  dans  ses  brillantes  prévisions. 

La  présence  de  M.  l'abbé  Périn,  chanoine  titulaire  de  l'église 
métropolitaine,  qui  présidait  le  pèlerinage,  favorisait  l'entreprise 
et  M.  l'abbé  Neveux,  curé-doyen  de  Chàtillou,  apportait  le  concours 
4e  son  éloquence. 


764  CHRONIQUE 

Dès  le  matin,  malgré  la  chaleur  torride,  une  foule  nombreuse 
de  pèlerins,  accourus  des  communes  voisines,  se  pressaient  dans 
l'église  d'Hautvillers  où  l'abbé  Santanbien  avait  fait  appel  à  son 
génie  des  cérémonies  chrétiennes  et  des  manifestations  populaires 
de  la  foi. 

La  châsse,  contenant  les  reliques  de  sainte  Hélène,  occupait  le 
milieu  du  chœur  ;  le  clergé  leur  rendit  les  honneurs  liturgiques  et 
elles  recevaient  les  hommages  des  pèlerins. 

Le  matin,  précédant  la  messe  de  dix  heures,  eut  lieu  la  pro- 
cession ;  le  soir,  à  trois  heures,  aux  vêpres  solennelles,  l'assistance 
était  plus  que  doublée. 

Cette  pieuse  et  touchante  tradition  du  pèlerinage  annuel  en 
l'honneur  de  sainte  Hélène,  du  iH  août,  laissera  certainement  une 
empreinte  durable  sur  les  jeunes  âmes,  dans  les  familles,  et  à 
Hautvillers,  commune  appelée  à  en  bénéficier,  et  sa  résurrection 
sera  pour  le  digne  pasteur  de  cette  laborieuse  population  une 
douce  satisfaction. 


Bénédiction  du  nouveau  maître-autel  de  Sept-Saulx.  —  M.  le 
curé  de  Mourmelon-le-Petit,  qui  est  en  même  temps  celui  de  Sept- 
Saulx  (Marne),  vient  de  faire  don  à  l'église  d'un  magnifique  maî- 
tre-autel. On  le  bénissait  le  dimanche  28  août,  aux  vêpres,  en  pré- 
sence d'une  multitude  accourue  venue  de  tous  les  pays  voisins,  en 
particulier  les  chantres  de  Mourmelon  venus  pour  rehausser  l'éclat 

de  la  cérémonie. 

* 

Bénédiction  d'une  cloche  a  Charny.  —  Le  dimanche  10  sep- 
tembre, après  les  vêpres,  a  eu  lieu  la  bénédiction  d'une  cloche, 
dans  l'église  de  Charny-le-Bachot  (Aube).  Celle  qu'il  s'agissait  de 
remplacer  n'était  pas  très  âgée  :  119  ans;  mais,  depuis  plusieurs 
années,  elle  ne  donnait  qu'un  so:i  très  faible  et  ne  pouvait  plus 
remplir,  comme  il  convient,  sa  mission  divine. 

Adrienne  était  son  nom.  Elle  avait  été  bénite  en  1779  par 
M,  Pierre  Nieps,  prêtre  bachelier  en  théologie,  de  la  Faculté  de 
Paris,  curé  de  ce  lieu.  Le  parrain  était  messire  Charles-François- 
Jean-Frédéric  d'Aucour  de  Plancy,  écuyer,  seigneur  de  Plancy, 
Charny  et  autres  lieux.  La  marraine  :  dame  Adrienne  Choart  de 
Plancy,  son  épouse. 

Cette  inscription  est  fidèlement  reproduite  sur  un  côté  de  la 
nouvelle  cloche,  qui  a  reçu  le  nom  de  Adrienne- Amélie. 

Due,  pour  la  plus  forte  partie,  à  une  allocation  de  la  commune, 
et,  pour  l'autre,  aux  deniers  de  la  fabrique,  ainsi  qu'à  la  généro- 
sité de  quelques  personnes,  cette  cloche  est  d'un  beau  travail, 
pèse  l)G7  kilos  et  sort  des  ateliers  de  MM.  Paintendre,  de  Vitry-le- 
Frauçois. 

Elle  a  eu  pour  parrain  M.  Georges  Godard  d'Aucour,  baron  de 


CdRONÏQUK  l^ti 

Plancy,  époux  de  Marie-Thérèse,  baronne  Oppenheim,  et  pour 
marraine  demoiselle  Amélie  de  Plancy,  leur  fille  aînée. 

M.  l'abbé  Chaumonnot,  archiprètre  d'Arcis,  délégué  par  Mon- 
seigneur l'évêque,  a  présidé  les  vêpres,  assisté  du  doyen  de  Plancy 
et  du  curé  de  Soulages, 

L'office  terminé,  un  cortège  s'est  organisé  pour  accompagner  le 
parrain  et  la  marraine  pendant  la  distribution  des  dragées.  La 
fanfare  de  Charny  en  a  profité  pour  faire  apprécier  quelques  (nor- 
ceaux  des  plus  remarquables  de  son  répertoire. 

Vers  5  heures,  un  banquet  de  33  couverts  réunissait  les  invités 
sous  une  lente  ornée  de  guirlandes  de  feuillage  et  de  fleurs  au 
milieu  desquelles  se  détachaient,  sur  un  cartouche,  les  armes  de  la 
maison  de  Plancy,  avec  les  dates  commémoratives  1779-1898. 


Inauguration  du  buste  du  D''  Jolicœuk^  a  Reims.  —  Le  diman- 
che 23  septembre,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  a  eu  lieu  en 
grande  pompe  l'inauguration  du  buste  du  regretté  docteur  Joli- 
cœur.  Presque  toutes  les  Sociétés  de  musique  et  de  gymnastique, 
drapeaux  et  bannières  en  tête,  figuraient  au  cortège.  Sur  une 
estrade  siégeaient,  avec  la  belle-sœur  et  la  nièce  du  héros  de  la 
fête,  M.  Noirot,  maire,  président  de  la  cérémonie,  ainsi  que  les 
adjoints  et  le  Conseil  municipal  ;  M.  Diancourt,  les  conseillers 
généraux  Sarrazin,  Wiet,  Ch.  Arnould  ;  les  conseillers  d'arrondis- 
sement V.  Lambert  et  Vernouillet,  le  D""  H.  Henrot,  directeur  de 
l'École  de  Médecine,  et  quelques-uns  des  professeurs,  les  membres 
du  Comité  pour  l'érection  de  la  statue,  le  sculpteur  Chavailliaud 
et  l'architecte  Bœsch.  les  auteurs  du  monument,  enfin  les  princi- 
pales notabilités  du  4*  canton. 

Une  foule  énorme  se  pressait  autour  de  la  place  Saint-Thomas 
et  refluait  sur  l'avenue  de  Laon. 

MM.  Velpry  et  Henrot  ont  redit  les  titres  du  docteur  Jolicœur 
qui,  comme  philanthrope,  se  voua  à  soulager  les  soulfrances  des 
indigents,  et,  comme  savant,  se  consacra  surtout  à  la  défense  du 
vignoble  contre  le  phylloxéra. 


Pèlerinage  du  Chêne-a-la-Vierge,  a  Saint-Imoges.  —  Le  lundi 
H  septembre,  le  gai  carillon  de  Saint-Imoges  (Marne)  annonçait 
le  traditionnel  pèlerinage  à  Notre-Dame-du-Chêne. 

Malgré  le  mauvais  temps,  dès  le  malin,  de  nombreux  pèlerins  se 
pressaient  dans  la  trop  modeste  église  de  la  paroisse  pour  assister 
pieusement  aux  offices  présidés  par  le  doyen  d'Ay. 

A  la  grand'messe,  la  chorale  de  Cormoyeux,  prêtant  à  la  fête  un 
gracieux  concours,  fil  entendre  plusieurs  excellents  morceaux. 

Le  soir,  plus  nombreux  encore,  les  pèlerins  accompagnaient  la 


766  CHRONIQUE 

Sainte-Image,  porlée  en  procession  au  Cbêne-à-la-Vierge.  Là,  au 
milieu  de  celle  belle  forêt  de  la  Montagne  de  Reims,  sous  un  ciel 
clément,  le  curé  d'ilautvillers,  dans  un  langage  aussi  clair  que 
précis  et  élégant,  transporte  leur  pensée  vers  ces  lieux  privilégiés, 
où  la  Sainte  Vierge  s'est  montrée  si  miséricordieuse  et  si  bienfai- 
sante sur  la  terre  de  France.  L'orateur  nous  la  montre  multipliant 
ses  faveurs  depuis  l'origine  de  notre  nation  bénie  jusqu'à  nos 
jours,  et  cela  aussi  bien  dans  les  grands  sanctuaires  des  villes  que 
dans  les  forêts  les  plus  retirées  de  nos  campagnes. 


Le  commerce  des  vins  de  Champagne.  —  La  campagne  de  1897- 
1898,  dit  la  Liberté,  a  été  mauvaise  pour  le  commerce  des  vins  de 
Champagne. 

Pour  la  première  fois  depuis  bien  des  années,  les  expéditions 
ont  reculé,  s'abaissant  de  28,3d9,913  bouteilles  à  24,487,987, 
déduction  faite  des  remises  de  négociant  à  négociant,  qui  ont 
porté  sur  11,039,367  bouteilles. 

Le  stock  restant  en  cave  est  estimé  à  111,181,681  bouteilles, 
représentant  un  capital  déboursé  de  2o0  millions  environ. 

En  l844-4o,  les  expéditions  s'élevaient  à  6,63o,5d2  bouteilles,  et 
le  stock  à.  23,2Su,ol8.  Le  progrès  ne  s'était  jamais  ralenti  et  il 
avait  été  considérable  dans  la  dernière  décade,  car  en  1884-1883 
on  n'était  encore  qu'à  21  millions,  avec  un  stock  de  62. 

L'accroissement  des  existences  prouve  que  la  production  a  cru 
plus  vite  que  la  consommation.  Cela  tient  évidemment  au  bon 
marché  des  capitaux  qui  permet  d'emmagasiner  des  quantités 
plus  considérables. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  un  produit  qui  a  besoin  de  s'ouvrir  de 
nouveaux  débouchés,  et  notre  diplomatie  doit  s'en  occuper  active- 
ment, car  c'est  un  article  élégant  auquel  les  cocos  épileptiques  que 
l'on  fabrique  en  contrefaçon  ne  sauraient  faire  une  concurrence 
sérieuse,  et  dont  la  dégustation  n'est  entravée  que  par  le  prix  de 
revient. 


L'impôt  sur  les  vins  en  gros,  a  llAR-sua-AuBE,  en  1384.  — 
Notre  collaborateur,  M.  Louis  .Morin,  typographe  à  Troyes,  nous 
adresse  l'intéressant  document  suivant,  que  nous  reproduisons 
avec  plaisir  : 

Les  impôts  sur  le  vin  ne  datent  pas  d'hier,  et  depuis  longtemps 
les  gouvernements  en  mal  de  budget  ont  compris  quelles  impor- 
tantes ressources  ils  en  pourraient  tirer. 

Ces  impôts  portèrent  plusieurs  noms,  selon  les  époques,  selon 
aussi  leur  mode  de  perception  et  les  catégories  de  personnes  qui 
y  étaient  soumises. 

Et  compae  les  conlribuablea  sont  gens  à  ménager,  au  moins  en 


CHRONIQUE  767 

paroles,  le  Pouvoir  s'arrangeait  toujours  de  façon  à  sembler  faire 
des  concessions  :  on  payait  en  disant  encore  merci.  Il  lui  suffisait 
de  demander  plus  qu'il  ne  désirait  obtenir,  après  quoi  il  accordait, 
non  sans  se  faire  un  peu  prier,  des  remises  aux  pauvres  diables 
effrayés  par  les  sommes  exorbitantes  qu'on  exigeait  d'eux  tout 
d'abord. 

Le  montant  des  impositions  n'entrait  d'ailleurs  pas  directement 
ni  tout  entier,  à  beaucoup  près,  dans  les  caisses  de  l'État;  il  était 
afFermé  à  des  particuliers  chargés  de  le  percevoir  pour  leur  pro- 
pre compte  et  qui  eux-mfîmes  déléguaient  leurs  pouvoirs  à  des 
sous-fermiers  résidant  dans  chaque  province  ou  dans  chaque  ville. 
Il  en  résultait  un  amoindrissement  excessif  du  chiffre  initial,  qui  a 
donné  lieu  à  la  cruelle  parabole  de  la  motte  de  beurre. . . 

C'est  ainsi  que,  par  la  pièce  ci-après,  la  terme  du  droit  de  per- 
mission de  vendre  le  vin  en  gros,  à  Bar-sur-Aube  et  dans  les  villages 
voisins,  est  rétrocédée  au  sieur  Maclou  des  Eaues,  marchand  à 
Bar,  et  que  la  fin  du  document  laisse  entrevoir  la  possibilité  de  la 
suppression  dudit  droit  ou  du  moins  l'atTectation  d'une  partie  de 
son  produit  à  l'avantage  particulier  des  contrées  atteintes  par  sa 
levée. 

Voici  cet  acte  intéressant  pour  le  Barsuraubois.  Nous  le  repro- 
duisons avec  son  orthographe  originale,  éclairée  seulement  par 
une  ponctuation  et.  une  accentuation  un  peu  plus  précises. 

Quelques  mots  mal  écrits  se  sont  dérobés  à  notre  lecture  atten- 
tive ;  ils  ne  laissent  d'ailleurs  pas  de  lacune  dans  le  sens  des  phra- 
ses qui  les  renfeiment. 

Achapl  du  droit  de  vendre  vin  en  gros  pour  ccuix  de  Bar-sur- 
Auhe.  —  lo  septembre  ioSi.  (Minutes  de  Tartel,  notaire  à 
Troyes.) 

u  Fui  présent  François  de  Colmoat,grenelier  pour  le  Roy  anlien  et  aller- 
natif  au  grenier  et  magazin  à  scel  de  la  ville  d'Amyens,  y  demeurant,  com- 
missaire subdélégué  en  la  province  de  Champaigne  par  \Jessieurs  les  Com- 
missaires généraulx  députtfz  par  le  Roy  pour  l'exéculion  et  accélération  de 
son  édict  de  permission  de  vendre  vin  en  gros..,,  lequel,  soubz  le  bon  plai- 
sir du  Roy  et  desdicts  sieurs  commissaires,  a  accordé par  ces  présen- 
tes à  honorable  homme  Maclou  des  Eaues,  marchant,  demeurant  à  Bar-sur- 
Aulbe,  à  ce  présent,  acceptant  tant  pour  luy  que  pour  la  communaulté  de 
la  ville  dudict  Bar  et  fauhbourgs  d'icelle,  ledict  droict  de  permission  de 
vendre  vin  en  gros  tant  en  lad.  ville,  (aulxbourgs  d'icelle  que  es  villages  de 
Monstier-en-risie,  Jaulcourt,  Colombé-la-Fosse,  Colombe- le-Secq,  Bryeune, 
Rentières,  Colombé-aux-deux-Eglises,  Rouvres,  Lignol,  Longchamp, 
Champignolte,  Urville,  Couvignon  et  Barroville,  pour  en  joyr  par  led.  des 
Eaues  et  communaulté  selon,  suyvant  et  conlbrmément  aux  édiclz  et  déc'a- 
ralions  (aicts  par  Sa  Majesté  pour  ce  regard  et  arresls  de  son  Conseil  privé 
et  court  des  Aydes.  Et  ce  moyennant  la  somme  de  cinq  cents  escus  sols 
que  ledict  des  Eaues  a  promis  et  sera  tenu  paitr  et  rendre  au  lieu  de  Paris, 
es  main»  de  M»  Jehan  Jaquelin,  commis  à  la  recepte  généralie  desdicts 
deniers,  demeurant  à  +'aris,    près    l'eschelle  du    Temple,    vys  à   vys  de  la 


768  CHRONIQUE 

Boucherie,  et  ce  trois  mois  après  que  l'arrest  de  ralifficalion  du  présent  con- 
tract  sera  délivré  par  led.  sieur  de  Colemont  aud,  des  Eaues,  portant  led. 
arrest  pouvoir  au  prévost  dud.  Bar  et  esleu  particullier  en  l'eslection  dud. 
lieu  de  procedder  aux  cottes  de  ceulx  qui  se  trouveront  de  la  quallilé  de 
l'édicl,  en  présence  du  procureur  du  Roy  et  eschevins  dud.  Bar,  aux  com- 
missaires et  à les  taxez  de  paier,  nonobstant  oppositions  ou  appella- 
tions quelconques,  et  interdiction  à  tous  juges  d'eu  cognoistre  et  de  ren- 
voyer tous  les qui  en  pourront   advenir  au    procureur    royal.  El  à  la 

charge  aussi  que  par  led.  arrest,  si  faire  se  peult,  sera  obtenu  extinction  et 
suppression,  au  proffict  desd.  habitans  dud.  Bar,  dud.  droict  et  permission, 
sj'non  semblable  arrest  que  celluy  obtenu  par  ceulx  des  villes  de  Reims  ^  et 

Challons  pour  mesme  faict 

«  M.  des  Eaulx,  DecoUemont  ;  Lherment.  Tartel.  » 


Un  explorateur  briard  au  Brksil.  —  Sous  ce  titre,  Un  Briard 
explorateur  dans  les  montagnes  du  Brésil,  le  Progrès  de  Seine- 
et-Marne  publie  la  note  suivante,  qui  est  consacrée  au  fils  de 
M.  0.  Frot,  bien  connu  dans  notre  région,  et  dont  la  famille 
habite  Gionges  (Marne)  depuis  un  certain  nombre  d'années  : 

«  I!  y  a  deux  mois,  un  journal,  la  Gazette  des  Nouvelles  de  Rio- 
de-Janeiro,  publiait  l'information  suivante  : 

«  L'ingénieur  explorateur  Frot.  qui  suivait  en  septembre  une 
«  exploration  vers  les  rivières  Jequitinhonha  et  vers  celles  du  sud 
((  de  l'État  de  Baliia,  et  qu'on  supposait  mort  ou  dans  une  position 
«  critique,  a  envoyé  chercher  des  subsistances  au  bourg  de  Prado, 
«  en  communiquant  qu'il  était  en  bonne  santé, 

«  Cette  nouvelle  a  été  de  suite  reproduite  par  les  journaux  bré- 
siliens, l'ingénieur  Apollinaire  Frot  étant  très  connu  au  Brésil,  où 
il  jouit  d'une  grande  notoriété  près  des  Sociétés  savantes. 

((  Depuis  onze  ans  qu'il  a  quitté  la  France,  ce  vaillant  explore 
les  régions  de  la  chaîne  des  A.ymarès,  au  sud  de  l'État  de  Bahia.  » 


Ouverture  du  Comice  agricole  a  Epernay,  —  Le  dimanche  H 
septembre  a  eu  lieu  l'ouverture  du  concours  agricole  à  Epernay. 
M.  Vallé,  sous-secrétaire  d'Etat,  y  assistait. 

Avant  la  lecture  du  palmarès  faite  par  M.  Lagarde,  secrétaire, 
M.  le  sous-secrétaire  d'Etat,  au  nom  du  Gouvernement,  a  distribué 
les  croix  de  chevalier  du  Mérite  agricole  à  MM.  Pertois,  de  Cra- 
mant ;  Jolly,  de  Sézanne  ;  Carlier,  de  Boursault  ;  Lucien  Vasseur, 

1,  Sans  doute  les  f  Lettres  patentes  du  Roy  Henry  lil,  données  à  Saint 
Maur  lez  Fossés,  portant  prorogation  pour  10  ans  des  Exemptions  des  tail- 
les, Octroy  du  4*  deuier  sur  les  vins,  et  permission  d'employer  l'excédent 
des  2  000  1.  à  charge  d'en  rendre  compte  à  la  chambre  des  comptes  >,  datées 
du  2  juin  1o84.  —  Cette  pièce  existe  aux  .\rchives  municipales  de  Reims  ; 
elle  autorisait  l'emploi  de  l'excédent  prévu  «  aux  nécessités  de  la  ville  ». 


CHRONIQUE  769 

d'Epernay  ;   Truberl-Hroiine,   de   Plivot,   et    Adolphe    Mêlai,    de 
Cramant. 


Nominations  et  Distinctions.  —  Parmi  les  récentes  promotions 
au  grade  de  chevalier  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  nous 
relevons  les  noms  de  M.M.  Joly,  préfet  des  Ardennes  ;  docteur  Bon- 
net, conseiller  général  de  la  .Mar.ie  ;  Puisard,  maire  de  Cramant 
(Marne),  président  du  Conseil  d'arrondissement  d'Epernay  ;  doc- 
teur Bernard,  conseiller  général  de  la  Haute-Marne  ;  Paul  Uegouy^ 
directeur  politique  de  VÉclaireur  de  l'Est,  à  Reims. 

Sur  la  proposition  du  ministre  de  l'Instruction  publique  ont  été 
nommés  : 

Officiers  de  l'Instruction  publique  : 

MM.  Alexis  Guillemot,  ancien  instituteur,  vérificateur  des  poids 
et  mesures  à  Châlons-sur-Marne  ;  Charles-Ernest  Lalouelte,  pro- 
fesseur au  collège  d'Epernay  ;  Henri-Auguste  Rotté,  professeur  au 
collège  de  Châlons-sur-Marne  ; 

Officiers  d'Académie  : 

M.  Alphonse-Armand  Chrétien,  professeur  au  collège  de  Châ- 
lons-sur-Marne ; 

M"8  Jeanne-Cécile  Chabonat,  professeur  au  cours  secondaire  des 
jeunes  filles  de  Châlons  ; 

MM.  Marie-Cléopbas  Desbrosses,   instituteur  public  à  Épernay  ; 

Antoine  Druot,  professeur  au  collège  de  Chàlons  ; 

Henri-Charles  Gérard,  professeur  au  collège  de  Châlons  ; 

M"''  Eulalie-Anatolie  Guillemot,  professeur  au  cours  secondaire 
de  jeunes  filles  à  Châlons  ; 

Anatole-Adolphe  Henry,  professeur  au  collège  de  Châlons  ; 

Emmanuel  Kégel,  professeur  au  collège  de  Châlons  ; 

Robert,  avoué  à  Epernay,  délégué  cantonal  ; 

François-Louis  Thorel,  substitut  à  Epernay,  délégué  cantonal. 


Le  Journal  officiel  du  24  juillet  a  publié  un  mouvement  admi- 
nistratif et  judiciaire  où  nous  relevons  les  mentions  suivantes  inté- 
ressant notre  région  : 

M.  Huard,  sous-préfet  de  Saint-Nazaire,  est  nommé  sous-préfet 
de  Reims,  en  remplacement  de  M.  Bernardin,  précédemment 
nommé  sous-préfet  de  Reims  et  non  installé,  qui  est  nommé  sous- 
préfet  de  Saint-Nazaire  ; 

M.  Riom,  précédemment  nommé  sous-préfet  de  Vervins  et  non 
installé,  est  nommé  secrétaire  général  de  la  Marne  en  remplace- 
ment de  M.  Hennequin,  précédemment  nommé  secrétaire  général 
de  la  Marne  et  non  installé,  qui  est  nommé  sous-préfet  de  Vervins  ; 

49 


110  CMRGKIQÙË 

M.  Cheveau,  licencié  en  droit,  est  nommé  conseiller  de  préfec- 
ture de  l'Yonne  en  remplacement  de  M.  de  Maubeuge,  mis  en  dis- 
ponibilité sur  sa  demande  ; 

M.  Schlumpf,  licencié  en  droit,  est  nommé  conseiller  de  préfec- 
ture de  l'Aveyron  ; 

iM.  Flamarion,  juge  d'instruction  à  CharoUes,  est  nommé  procu- 
reur de  la  République  à  Wassy,  en  remplacement  de  M.  Driot, 
nommé  procureur  à  Mâcon. 

Us'  Simon  a  été  sacré,  le  merredi  21  septembre  1898,  dans  la 
cathédrale  de  Troyes,  comme  évoque  de  Thaumacos,  vicaire  apos- 
tolique du  tleuve  Orange. 

*     » 

Nous  apprenons  que  M.  l'abbé  Trihidez,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  aumônier  en  chef  du  ti"  corps  d'armée  et  du  lycée 
national  de  Reims,  vient  d'être  chargé,  par  le  minisire  de  l'Ins- 
truction publique,  d'une  nouvelle  mission  scientifique  à  l'étranger. 


On  annonce  que  M.  Payot,  ancien  professeur  de  philosophie  au 
lycée  de  Dijon,  vient  d'être  nommé  inspecteur  d'Académie  à  Châ- 
lons,  en  remplacement  de  M.  Cornet,  mis  à  la  retraite  sur  sa 
demande. 

Le  nouvel  inspecteur  d'Académie  est  le  fils  de  M.  Payot,  ancien 
instituteur  à  Juvigny,  et  a  fait  ses  études  au  collège  de  Châlons  5 
il  est  âgé  de  38  ans. 


Notre  compatriote  M.  Thuillier,  conseiller  municipal  de  Reims, 
vient  d'être  élu,  au  scrutin  de  ballottage,  conseiller  général  de 
Marengo  (Algérie),  comme  candidat  agricole,  par  390  voix  contre 
2ol  à  M.  Gay,  candidat  radical. 


Le  général  de  brigade  Decharme,  commandant  l'artillerie  du  G^ 
cor[is  d'armée  à  Châlons,  vient  d'être  promu  au  grade  de  général 
do  division. 

11  est  remplacé  par  le  général  de  brigade  Ploix,  disponible. 


Le  colonel  Maillac,  du  génie,  commandant  supérieur  de  la 
défense  des  places  du  groupe  de  Reims,  vient  d''être  promu  au 
grade  de  général  de  brigade  et  maintenu  dans  ses  fonctions. 


CHBONIQUI  771 


* 

¥      * 


Mariages.  —  Le  2  juillet  1898  a  été  célébré  à  Châlons  le 
niaiia^'e  de  W^<^  Marguerite  Le  Joindre,  fille  du  général  de  brigade 
coMunandanl  d'armes  du  camp  de  Cbâlon?,  et  de  M™"  Le  Joindre, 
avec  M.  André  Uobler,  secrétaire  d'ambassade,  attaché  à  la  direc- 
tion politique  du  ministère  des  Allaires  étrangère?. 


Le  27  août  1898  a  été  célébré  en  l'église  Saint-Pierre  de  Neuilly 
le  mariage  de  M"«  Julie  Aviat,  lille  de  notre  distingué  compatriote 
le  peintre  Jules  Aviat,  et  de  Mn»c  Jules  Aviat,  avec  M.  (îustave 
Huber,  docteur  en  droit,  magistrat  en  Algérie. 


On  annonce  le  mariage  de  M"''  Marthe  Devillez.  fille  de  Mm^  Au- 
guste Devillez,  de  Bel-Air  (.\rdennes),  avec  M.  Albert  Loizillon, 
sous-lieutenant,  élève  d'artillerie  à  l'Ecole  d'application  de  Fontai- 
nebleau, petit-fils  de  M'"''  la  générale  Delatte  et  fils  de  M"'»  Gabriel 
Loizillon. 

La  bénédiction  nuptiale  a  élé  donnée  aux  époux  le  mardi  6  sep- 
tembre 1898,  à  onze  heures  du  matin,  par  M.  l'abbé  Gillel,  en 
l'église  paroissiale  de  Charleville. 


Le  lundi  12  septembre,  à  onze  heures,  a  eu  lieu,  à  Paris,  le 
mariage  de  M.  Pierre  Lelarge,  industriel  à  Reims,  avec  M"«  Marie- 
Thérèse  Stouls. 

C'est  un  tout  jeune  prêtre  —  ordonné  depuis  une  quinzaine  en 
Angleterre,  nous  dit-on,  et  parent  de  la  jeune  épousée  —  qui  a 
consacré  l'union  et  célébré  la  messe. 

Les  témoins  de  M.  Lelarge  étaient  ses  deux  beaux-frères, 
.MM.  Roussel,  industriel  à  Roubaix,  et  Budin,  négociant  à  Reims; 
ceux  de  l'épouse  :  M.  Rousseau,  lieutenant  d'artillerie  au  14"  régi- 
ment à  Rayonne,  son  beau-frère,  et  M.  Paul  Leseur,  son  oncle 
maternel,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 


Le  27  septembre  a  été  célébré  dans  l'église  de  Faymoreau 
(Vendée),  le  mariage  de  M.  Maurice  de  Concourt  avec  Mi'e  Fran- 
çoise de  la  Boutetière- Saint-Mars. 

Les  témoins  étaient  :  pour  le  marié,  le  capitaine  de  Concourt, 
son  frère,  et  M.  de  Baudicour,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de 
Paris,  son  grand-oncle  ;  pour  la  mariée,  le  comte  Louis  de  la  Bou- 
tetière, son  frère,  et  le  comte  de  Sapinaud,  son  oncle  à  la  mode 
de  Bretagne. 


772  CHRONIQUE 

La  liénédiclion  nuptiale  a  été  donnée  par  le  vénérable  curé  de 
Faymoreau,  qui,  dans  une  touchante  allocution,  a  rappelé  l'al- 
liance des  (Concourt  avec  la  famille  de  Jeanne  d'Arc  ainsi  qu'avec 
celle  du  Bienheureux  de  La  Salle,  et  la  parenté  des  La  Boutetière 
avec  Guillaume  Prévost,  évêque  de  Poitiers  au  xiii«  siècle,  Duples- 
sis-Mornay,  saint  François  de  Sales,  le  cardinal  de  la  Fare  et  le 
général  vendéen  Sapinaud. 

Après  la  messe,  environ  cent  cinquante  personnes  ont  pris  part 
à  un  lunch  servi  sur  petites  tables  dans  une  tente  dressée  à  une 
extrén)ilé  du  château.  Ensuite  on  s'est  répandu  dans  les  salons  et 
la  bibliothèque  pour  admirer  les  cadeaux. 


Le  28  septembre  a  été  célébré  à  Fléville  (Ardennes),  le  mariage 
de  M'ie  Berthe  de  Coudenhove  avec  M.  Charles  de  Morière.  au 
milieu  dune  nombreuse  assistance  d'amis  des  deux  familles.  Les 
jeunes  gens  et  les  jeunes  filles  de  Fléville  avaient  tenu  à  apporter 
leurs  vœux  et  leurs  félicitations,  en  termes  excellents,  au  jeune 
ménage. 


Le  29  septembre  a  été  célébré  en  l'église  Saint-Loup,  à  Chalons, 
au  milieu  d'une  nombreuse  et  brillante  assistance,  le  mariage  de 
M.  Louis  Joly,  fils  de  M"^  la  générale  Hartschmitl,  avec  M"«  Renée 
Echemann,  fille  de  M™«  veuve  André  Echemann. 

Les  témoins  du  marié  étaient  M.  Alexis  Francart,  ancien  indus- 
triel à  Sedan,  son  grand-père  maternel,  et  M.  le  général  Harts- 
chniitt,  commandant  la  18'=  division  d'infanterie,  à  Angers,  son 
beau-père. 

Les  témoins  de  la  mariée  étaient  M.  Appert,  sous-intendant 
militaire  à  Toulon,  son  oncle  maternel,  et  M.  Charles  Echemann, 
enseigne  de  vaisseau  à  Toulon,  son  frère. 

La  bénédiction  nuptiale  a  été  donnée  aux  jeunes  époux  par 
M.  l'abbé  Appert,  curé  d'Aigny,  parent  de  M""  Echemann  ;  la 
messe  dite  par  un  prêtre  ami  de  la  famille  Hartschmitt,  professeur 
au  séminaire  de  Reims. 


MÉLANGES 


Jeanne  d'Arc  Française  et  non  Lorraine  ^.  —  Notre  honorable  con- 
frère M.  Henri  Arsac  nous  adresse  une  étude  consciencieuse  sur  la  vérita- 
ble nationalité  de  Jeanne  d'Arc.  Même  après  les  beaux  travaux  de  M.  l'abbé 
Misset  sur  ce  même  sujet,  l'étude  toute  patriotique  de  M.  Henri  Arsac  sera 
lue  avec  un  vif  intérêt. 

Bien  entendu,  eu  disputant  victorieusement  Jeanne  d'Arc  à  la  Lorraine, 
notre  confrère  .«e  défend  de  toute  pensée  hostile  à  l'égard  de  cette  province 
qu'il  a  habitée  pendant  treize  ans  et  qu'il  affectionne  beaucoup.  Mais, 
comme  il  le  dit  lui-même  :  Arnica  Lolharingia,  magis  arnica  veritas. 

Les  Rémois  ont  enfin  élevé  une  statue  à  la  Pucelle,  qui  les  déli- 
vra jadis  de  la  domination  anglaise,  et  qui  fit  sacrer  à  Reims  le 
roi  légitime.  C'est  une  première  réparation.  Une  seconde  répara- 
tion lui  est  encore  due  :  c'est  de  lui  restituer  sa  véritable  natio- 
nalité. 

On  a  déjà  fait  des  volumes  avec  les  erreurs  historiques  généra- 
lement admises  comme  des  vérités  par  le  peuple  qui  se  croit  le 
plus  spirituel  de  la  terre.  La  plus  insupportable  de  toutes  ces 
erreurs,  la  plus  blessante  pour  la  mémoire  de  Jeanne  d'Arc,  la 
plus  humiliante  pour  notre  amour-propre  national,  est  celle  qui 
consiste  à  faire  passer  cette  admirable  Française.  Française  de  la 
tête  aux  pieds,  pour  une  Lorraine.  Deux  vers  de  Villon,  le  chan- 
sonnier ivrogne,  sur  «  Jehanne,  la  bonne  Lorraine,  qu'Anglais 
bruslèrent  à  Rouen  »,  ont  suffi  pour  cristalliser  cette  erreur  dans 
la  plupart  des  cervelles,  d'où  la  critique  historique  a  bien  du  mal 
à  la  déloger  aujourd'hui. 

Jeanne  la  Lorraine  !  Metz,  Tout,  Verdun  en  Lorraine  !  Voilà 
deux  clichés  en  vogue  surtout  depuis  vingt-sept  ans.  Les  Lorrains 
abusent  de  la  sympathie  spéciale  qui  s'est  attachée  à  eux,  après  le 
déchirement  de  1871,  pour  accréditer  ces  erreurs.  iNi  la  Pucelle 
d'Orléans,  ni  Metz  la  Pucelle,  ni  Toul,  ni  Verdun  n'ont  jamais 
appartenu  à  la  Lorraine,  province  réunie  à  la  France  en  176G  seu- 
lement :  335  ans  après  le  martyre  de  Jeanne,  214  ans  après  l'an- 
nexion du  Pays  Messin,  du  Toulois  et  du  Verdunois,  c'est-à-dire 
des  Trois-Evêchés. 

Jeanne  d'Arc  était  une  vraie  fille  de  France,  de  vieille  souche 
française.  Au  contraire,  la   Lorraine  du  temps   de  Jeanne  d'Arc 

1 .  Reproduction  autorisée  et  recommandée  aux  journaux  français.  Cette 
étude  a  déjà  été  publiée  par  le  Réveil  Français,  de  Paris,  par  l'Avenir,  de 
Reims,  par  le  Journal  de  la  Marne,  de  Cbàlons,  par  le  Courrier  du  Nord- 
Est,  d'Eperuay,  par  la  Paix  Sociale,  de  Reims,  et  par  le  Pa{riolç 
Orléanais. 


774  MÉLANGES 

(141Î-U31)  ne  faisait  pas  partie  de  la  France;  bien  plus, elle  s'était 
unie  aux  Anglais  contre  la  France.  Dieu,  dans  sa  miséricorde 
envers  nos  pères,  n'a  pas  suscité  la  vierge  destinée  à  être  le  saiul, 
la  joie  et  l'honneur  du  peuple  français,  du  sein  d'un  peuple  alors 
ennemi. 

La  question  de  nationalité  de  Jea:)n€  d'.\rc  est  très  simple.  C'est 
une  f(uestion  d'étal  civil  aussi  facile  à  résoudre  pour  elle  que  pour 
chacun  de  nous.  Nous  avons,  à  défaut  de  son  acte  de  naissance, 
une  foule  de  témoignages,  d'actes  et  de  documents  de  toute  espèce 
ayant  à  leur  date  fait  foi  en  justice,  et  précieusement  recueillis 
par  l'histoire.  Nous  avons  des  preuves  matérielles.  Nous  avons  les 
déclarations  de  Jeanne  elle-même,  celles  de  sa  famille,  et  les  con- 
clu.sions  des  maîtres  de  l'érudition  française.  Passons  tout  cela  en 
revue  ;  la  lumière  jaillira  jusqu'à  devenir  éblouissante. 

I 

Les  parents  et  le  berceau  de  Jeanne. 

Les  d'Arc  étaient  Français,  originaires,  comme  leur  nom  l'indi- 
que, d'Arc-en-Barrois,  petite  ville  à  six  lieues  de  Chaumont,  en 
Chanipagne.  On  suit  leurs  déplacements  dans  cette  province  fran- 
çaise. Jean,  le  grand-père  de  la  Pucelle,  habitait  Celfonds,  près  de 
Monlierender.  On  y  montre  encore  sa  maison.  Jacques,  le  père  de 
la  Pucelle,  naquit  à  Ceffonds,  se  maria  à  Vouthon  et  s'établit  à 
DoMiremy.  Il  y  eut  cinq  enfants  :  trois  garçons,  Jacqueniin,  Jean, 
Pierre  ;  deux  filles,  Catherine  et  Jeanne. 

La  mère  de  la  Pucelle,  Isabeau  Romée,  de  Vouthon,  en  Cham- 
pagne, près  de  Domremy,  était  Française  au  même  titre  que  son 
mari.  On  peut  suivre  également  les  déplacements  de  sa  famille 
dans  la  proviuce.  Sou  frère  Henri  devient  curé  de  Sermaize.  Son 
aulre  frère  Jean,  couvreur  de  profession,  va  s'y  établir  avec  ses 
enfants.  Marié  à  Marguerite  Colnel,  il  eut  trois  garçons  :  Poires- 
son  et  Périnet,  tous  deu.x  charpentiers  ;  Nicolas,  profès  à  l'abbaye 
de  Chcminon,  diocèse  de  Chillons,  lequel  fut  aumônier  de  Jeanne, 
et  uue  fille,  Mengotte,  qui  épousa  Collot-Turlot,  de  Sermaize. 

Ainsi,  les  parents  de  Jeanne  d'Arc,  dans  la  ligne  paternelle 
comme  dans  la  ligne  maternelle,  étaient  Champenois  de  père  en 
fils,  c'est-à-dire  sujets  du  royaume  de  France,  C'était  du  sang 
bien  français  qui  coulait  dans  les  veines  de  la  Pucelle.  Bon  sang 
ne  pouvait  mentir.  Du  côté  des  de  Vouthon  comme  du  côté  des 
d'Arc,  tous  loyaux  Français  (nous  le  verrons),  oniui  apprit  à  sucer 
avec  le  lait  maternel  l'amour  de  la  France  et  du  Roi. 

Le  père  et  la  mère  de  Jeanne  d'Arc  étaient  Français.  Mais  Dom- 
remy, le  lieu  de  leur  établissement,  était-il  français?  En  tout  cas, 
ce  n'était  pas  un  village  lorrain,  même  en  partie.  Le  duché  de 
Lorraine,  le  duché  de  Bar  et  le  royaume  de  France  (par  sa  pro- 
vince de  Champagne)  se  coudoyaient  sur  les  bords  de  la  Meuse,  à 
l'époque  de  Jeanne   d'Arc.  Nous   possédons  des  dénombrement? 


MI^LANftBS  775 

ofliciels  de  la  Lorraine,  ordonnés  par  ses  ducs;  Donireaiy  n'}' 
figure  pas.  Ceci  coupe  court  aux  prétentions  des  Lorrains  sur 
Domreniy. 

Ce  que  l'on  sait  parfaitement,  c'est  que  Domremj',  village  sur  la 
rive  gauche  de  la  Meuse,  était  tni- partie.  Au  sud  un  Domremy 
seigneurial^  au  nord  un  Domremy  royal. 

La  seigneurie  de  Domremy  relevait  du  Barrois  mouvant,  qui 
relevait  de  la  France  ;  c'était  un  domaine  direct  du  seigneur  de 
Domremy,  un  fief  du  duc  de  Bar,  un  arrière-lief  du  roi  de  France. 
Elle  consistait,  d'après  un  dénombrement  de  1398,  en  une  maison 
forte  dans  l'île  de  la  Meuse,  un  four  banal,  3o  ménages  de  serfs 
mainmortables,  40  jours  de  terre  et  600  arpents  de  bois.  C'était  le 
petit  Domremy,  séparé  de  l'autre  par  le  ruisseau  desTrois-Fontai- 
nes,  qui  coule  toujours  dans  son  lit  naturel. 

La  partie  nord,  la  plus  considérable,  appartenait  au  royaume  de 
France  ;  ses  habitants  étaient  Français,  gens  du  Roi.  Cette  com- 
mune de  Domremy  royal  ne  faisait  qu'un  avec  la  commune  voi- 
sine de  Greux  (que  les  Lorrains  n'ont  jamais  contestée  à  la 
France).  Au?si,  le  groupe  est-il  dénommé,  dans  tous  les  actes 
authentiques,  Greux-et-Domremy.  Il  formait  une  seule  paroisse  ; 
l'église  principale  était  à  Greux.  Greux-Domremy  était  un  double 
village  de  la  prévùlé  (circonscription  analogue  à  notre  arrondisse- 
ment actuel)  de  Montéclair-et-A.ndelot,  dans  le  bailliage  (circons- 
cription analogue  à  notre  département  actuel)  de  Chaumont-en- 
Bassigny,  comté  de  Champagne,  France.  Le  comté  de  Champagne 
était  français  depuis  le  6  octobre  1283. 

II 

Les  acUs  authentiques. 

Les  parents  de  Jeanne  d'Arc  avaient-ils  élu  domicile  dans  le 
Domremy  seigneurial  et  barrois,  ou  bien  dans  le  Domremy  royal 
et  français?  Etaient-ils  devenus  serfs  mainmortables  du  seigneur 
de  Domremy,  vassal  du  duc  de  Bar,  ou  bien  étaient-ils  restés 
sujets  français  ?  Les  actes  authentiques  vont  répondre. 

Un  de  ces  actes  nous  montre  Jacques  d'Arc,  père  de  Jeanne, 
louant  au  sire  de  Domremy,  pour  neuf  ans  à  partir  du  2  avril 
1420  (Jeanne  avait  8  ans),  la  forteresse  de  l'île  et  ses  appartenan- 
ces, en  donnant  pour  sûreté  au  bailleur  une  hypothèque  sur  ses 
propriétés  de  Domremy-et-Greux,  où  le  sire  n'exerçait  aucun 
droit  seigneurial.  Donc,  Jacques  d'Arc  était  établi  au  Domremy 
français. 

Un  autre  acte  de  1426  (Jeanne  avait  14  ans)  nous  montre  le 
père  de  Jeanne  et,  son  parrain  Jean  Morel  cités  comme  défendeurs 
contre  le  sire  de  Domremy,  au  nom  de  tous  les  habitants  de 
Greux-Domremy,  par-devant  Baudricourt,  bailli  du  roi,  capitaine 
de  Vaucouleurs.  Donc,  Jacques  d'Arc  et  consorts  n'étaient  pas  jus- 
ticiables du  sire  do  Domremy  seigneurial. 


776  MÉLANGES 

Pourquoi  allaient-ils  plaider  à  Vaucouleurs,  au  lieu  d'aller  au 
siège  de  leur  prévôté,  Monléclair-et-Andelot?  Parce  que  Monté- 
clair-et-Andelot  était  au  pouvoir  des  Anglais,  de  même  que  Chau- 
mont,  chef-lieu  du  bailliage,  et  que  Baudricourt,  le  bailli  fran- 
çais, iivait  dû  se  réfugier  dans  la  seule  place  forte  de  son  bailliage 
non  occupée  par  l'ennemi.  Vaucouleurs,  sa  dernière  prévôté,  et  y 
transporter  le  siège  de  la  justice  royale. 

Dans  cet  acte  de  1426  relatif  au  procès  entre  les  gens  de 
Domremy-Greux  et  le  sire  de  Domremy,  Dommanget,  maire  de 
Domremy,  Jean  Rainnessons,  maire  de  Greux.  les  échevins  et 
doyens  (dont  l'un  est  Jacques  d'Arc)  déclarent  qu'ils  représentent 
les  gens  de  Greux  et  de  Domremy,  «  laquelle  Tune  despend  de 
l'autre  ».  Par  là  même  ils  s'affirment  gens  du  Roi.  Et,  de  fait,  ils 
sont  cités  devant  la  justice  du  Roi. 

III 

La  maison  de  Jeanne. 

Les  parents  de  Jeanne  n'étaient  pas  de  pauvres  gens  ;  c'étaient 
des  paysans  à  l'aise,  possédant  12  hectares  de  terre,  4  hectares  de 
prés,  4  hectares  de  bois,  leur  maison,  leur  mobilier  et  des  écono- 
mies, le  tout  représentant  3,000  à  4.000  francs  de  revenus,  mesu- 
res et  valeur  actuelles.  Ils  ne  dépendaient  en  rien  du  seigneur  de 
Domremy  ;  ils  allaient  et  venaient  librement  en  Champagne, 
mariant  leur  fils  Jacquemin  à  Vouthon,  leur  fille  Catherine  à 
Greux,  envoyant  plus  tard  leurs  fils  Jean  et  Pierre  rejoindre  la 
Pucelle  à  l'armée  du  Roi,  sans  souci  ni  cure  du  duc  de  Bar,  qui 
n'était  point  leur  suzerain.  Le  père  d'Arc  était  doyen  de  son  vil- 
lage et  délégué  des  habitants  dans  les  affaires  contentieuses. 

Le  système  des  Lorrains  qui  revendiquent  Jeanne  pour  la  Lor- 
raine est  basé  sur  une  supercherie  indigne  de  gens  sérieux.  Mal- 
gré les  actes  et  malgré  les  preuves  matérielles,  en  jouant  du  ruis- 
seau séparatif  des  deux  Domremy  comme  du  chapeau  de  Tabarin, 
ils  veulent  à  tout  prix  mettre  la  maison  de  Jeanne  d'Arc  dans  le 
Domremy  seigneurial,  en  Barrois.  Et,  comme  (mais  bien  après 
Jeanne  d'Arc)  le  duché  de  Lorraine  et  le  duché  de  Bar  ont  été 
réunis,  sans  jamais  se  confondre^  sur  la  tête  du  duc  de  Lorraine^ 
ils  s'efforcent  d'attribuer  à  la  Lorraine  ce  qui  eût  appartenu  à  leur 
duc,  mais  en  sa  qualité  de  duc  de  Bar,  et  non  pas  en  sa  qualité  de 
duc  de  Lorraine. 

La  maison  de  Jeanne  d'Arc  elle-même  proteste  contre  le  rôle 
de  traître  qu'on  veut  lui  faire  jouer.  C'est  bien  ici  le  cas  de  dire  : 
Lapides  clamabunl.  La  porte  de  la  maison  de  Jeanne  d'Arc  à 
Domremy  est  ornée  d'un  tympan  où  sont  sculptées  les  armes  de 
France,  l'inscription  Vive  le  roi  Lois,  et  la  date  de  l'ouvrage 
(1481).  C'est  le  propre  neveu  de  la  Pucelle,  Claude  du  Lys,  fils  du 
frère  de  Jeanne,  Jean  du  Lys,  ancien  prévôt  de  Charles  VIII  à 
Vaucouleurs,  qui  a  fait  placer  ce  tympan   démonstratif.   Il  était 


MÉLANGES  777 

procureur  fiscal  à  CJreux-et-Domremy.  Voyez-vous  cet  officier  du 
roi  Louis  XI  élisant  domicile  en  Barrois,  tenant  sa  perception  hors 
du  royaume,  faisant  graver  sur  sa  maison  un  cri,  qui,  pour  le  duc 
de  Bar  et  de  Lorraine,  eût  été  aussi  séditieux  chez  lui,  à  cette  épo- 
que, que  le  cri  de  Vive  la  France  !  le  serait  aujourd'hui  à  Metz  ou 
à  Strasbourg,  pour  l'empereur  allemand  ! 

Il  y  a  plus.  On  montre  avec  respect,  dans  la  maison  de  Jeanne, 
le  four  particulier  où  la  famille  d'Arc  faisait  cuire  son  pain.  Si 
cette  maison  avait  été  située  sur  le  Domremy  seigneurial,  les  d'Arc 
auraient  été  obligés  de  faire  cuire  leur  pain  au  four  banal  du  sei- 
gneur ;  ils  n'auraient  pu  avoir  un  four  à  eux.  Ce  fameux  four  est 
un  four  de  premier  ordre. ..  pour  les  Lorrains. 

Tant  que  le  ruisseau  des  Trois-Fontaines  n'aura  pas  submergé 
la  maison  de  Jeanne,  la  maison  protestera  et  dira  elle-même  aux 
visiteurs  qu'elle  était  située  au  Domremy  français. 

Nous  avons  une  dernière  preuve.  Le  15  février  1586,  cette  mai- 
son fut  achetée  à  beaux  deniers  comptants  par  Louise  de  Stain- 
ville,  dame  du  Domremy  seigneurial.  Donc,  elle  ne  faisait  point 
partie  de  sa  seigneurie. 

De  ce  qui  précède,  le  lecteur  a  déjà  conclu  que  Jeanne  d'Arc, 
née  de  père  et  de  mère  français  établis  au  village  français  de 
Domremy-et-Greux,  est  absolument  française. 

IV 

Le  témoignage  de  Jeanne. 

Consultons  maintenant  les  pièces  du  procès  de  Rouen,  publiées 
par  le  savant  Quicherat.  Ici,  c'est  Jeanne  elle-même  qui  parle.  La 
lumière  éclate.  Qui  oserait  s'inscrire  en  faux  contre  le  propre 
Témoignage  de  la  Pucelle  ? 

Interrogée  par  Cauchon  sur  son  lieu  de  naissance  :  «  Je  suis, 
«  dit-elle,  dit  Domremy  qui  ne  fait  qu'un  avec  Greux.  »  Ce 
Domremy,  c'est  le  Domremy  français.  Par  cette  réponse  formelle, 
nette,  claire,  précise,  Jeanne  elle-même  s'affirme  française  et  con- 
fond à  jamais  ceux  qui  font  d'elle  une  Barroise  ou   une  Lorraine. 

On  lit  au  Procès  (tome  I,  pp.  93-96)  que  Jeanne,  étant  prison- 
nière de  Jean,  comte  de  Luxembourg,  au  château  de  Beauregard- 
en-Vermandois,  y  trouva  deux  nobles  amies  :  1"  Jeanne  de 
Béthune,  vicomtesse  de  Meaux,  veuve  de  Robert  de  Bar  en  1415, 
remariée  au  comte  de  Luxembourg  en  1418  ;  et  2°  Jeanne  de 
Luxembourg,  demoiselle,  tante  du  comte.  Toutes  deux  s'effor- 
çaient de  faire  prendre  à  la  Pucelle  des  habits  de  femme.  Jeanne, 
questionnée  à  ce  sujet,  déclare  à  ses  juges  que  «  si  elle  avait  dû 
€  prendre  habit  de  femme,  elle  l'eût  plutôt  fait  à  la  requête  de 
c  ces  deux  dames  que  de  toutes  les  autres  dames  de  France, 
<  excepté  SA  Reine  ». 

Dans  l'interrogatoire  du  10  mars   1431,  interpellée  au  sujet  de 


778  MÉLANGES 

ses  armes,  Jeanne  répond  que  t  d'écus  et  d'armes  elle  n'en  eut 
€  jamais,  mais  que  SON  Iloy  donna  des  armoiries  à  ses  frères.  » 

Dans  le  septième  interrogatoire  secret  (15  mars  1431),  les  juges 
pressent  Jeanne  de  quitter  ses  habits  d'homme.  Voici  sa  réponse  : 
c  Que  direz-vous,  si  je  vous  déclare  ici  que  j'ai  juré  à  NOTRE  Roy 
t  de  ne  pas  quitter  cet  tiabit?  » 

Est-ce  que  Jeanne  ne  connaissait  pas  sa  nationalité?  Est-ce  que, 
pour  aller  faire  son  pèlerinage  à  Saint-Nicolas-du-Port,  en  Lor- 
raine^ et  voir  le  duc  de  Lorraine  à  Nancy,  elle  n'avait  pas  dft  se 
faire  délivrer  un  sait f- conduit,  la  Lorraine  étant  pour  elle  un  pays 
ennemi  ' 

D'ailleurs,  Cauchon  savait  bien  qu'elle  était  Française.  Le  tribu- 
nal de  Rouen  avait  fait  faire  une  enquête  à  Domremy  ;  cette 
enquête  porte  que  la  Pucelle  était  t  née  à  Domremy-de-Greux, 
situé  dans  le  bailliage  de  Chaumont,  prévôté  d'Andelot.  » 

V 

La  juridiction  royale. 

Lorsque  la  mère  de  Jeanne  sollicita,  non  pas  du  duc  de  Rar, 
mais  du  roi  de  France,  son  seigneur  et  celui  de  sa  fille,  qui  seul 
pouvait  la  demander  au  Pape,  la  révision  du  jugement  de  Rouen, 
Jean  Rrélial,  grand  inquisiteur  de  France,  commis  par  Galixte  III 
pour  faire  l'enquête  nécessaire  à  la  réhabilitation,  déclara  que 
Jeanne  était  née  au  village  nommé  Domremy,  «  lequel  fait  par- 
tie du  royaume  ». 

.N'avons-nous  pas  la  lettre  de  l'erceval  de  Roulainvilliers,  con- 
seiller chambellan  de  Charles  VII,  sénéchal  du  Berry  ?  Il  écrivait 
au  duc  de  Milan,  le  21  juin  1429  (un  mois  avant  le  sacre  de  Reims) 
que  Jeanne  d'Arc  était  née  c  dans  le  bailliage  du  Bassigny,  en 
deçà  des  frontières  du  royaume  de  France  ». 

Aux  jours  de  son  triomphe  à  Reims,  Jeanne  eut  la  joie  de 
revoir  son  père,  son  frère  Pierre,  son  oncle  Duraut  Laxart,  son 
parrain  Jean  Morel,  son  <  compère  »  Girardin  et  quelques  autres 
compatriotes.  Ces  braves  gens,  horriblement  éprouvés  du  fait  des 
guerres  dans  la  vallée  de  la  Meuse,  pensèrent  à  user  du  crédit  de 
la  Pucelle  sur  le  Roi  pour  obtenir  des  allégements  d'impôts. 

C'était  le  cas  ou  jamais,  car  le  Roi  n'avait  rien  à  refuser  à  celle 
qui  lui  avait  rendu  sa  couronne.  Jeanne  transmit  donc  leur 
demande  au  Roi,  et,  quatorze  jours  après  le  sacre,  le  3t  juillet, 
Charles  VII,  étant  à  Cbàteau-Thierry,  faisait  donner  les  lettres- 
patentes  (encore  un  acte  officiel)  par  lesquelles  «  en  faveur  et  à  la 
€  requête  de  la  Pucelle,  pour  récompenser  ses  services  »,  il  accor- 
dait aux  gens  de  Creux-et-Domremy,  baillage  de  Chaumont-en- 
Bassigny,  t  dont  ladite  Jeanne  est  native  »,  une  exemption  géné- 
rale, perpétuelle,  d'impôts  présents  et  futurs,  et  mandait  à  son 
bailli  de  Chaumont  de  tenir  la  main  à  lexécution  de  ses  ordres. 


MÉLANaKS  779 

Si  Charles  Vil  avait  pu  ignorer  ses  droits  sur  Domremy,  ils 
n'étaient  ignorés  ni  de  Jeanne,  ni  de  son  père,  puisque  Jacques 
d'Arc,  doyen  du  village,  était  justement  le  collecteur  des  impôts, 
le  percepteur  rural.  On  est  nécessairement  le  sujet  du  souverain 
auquel  on  paie  l'impôt.  Cette  preuve  est  sans  réplique. 

Le  n.sc,  au  moyen  âge,  était  aussi  tracassier  qu'aujourd'hui. 
C'est  dans  les  veines  de  l'administration.  Nonobstant  les  lettres 
royales,  il  essaya  bientôt  d'empiéter  sur  le  privilège  des  contri- 
buables de  Greux-Domremy.  Ce  fut  à  l'occasion  du  laillon^  impôt 
de  guerre  établi  pour  nourrir  et  solder  la  gendarmerie  récemment 
créée  par  Charles  Vil.  Cette  gendarmerie  fut  notre  première  armée 
régulière  permanente,  dont  le?  lances  jetèrent  les  Anglais  hors  du 
pays.  Les  Elus  (commissaires  fiscaux]  de  Langres  voulurent  astrein- 
dre à  cet  impôt  nouveau  les  gens  du  Domremy  royal  et  même 
ceu.x  du  Domremy  seigneurial.  11  y  eut  procès,  naturellement. 

Nous  avons  la  sentence  des  Elus  de  Langres.  Le  Domremy 
seigneuiial,  non  français,  fut  reconnu  non  imposable  ;  le  Domremy 
royal,  français,  lut  déclaré  imposable.  Mais,  sur  la  réclamation 
des  habitants,  Charles  VII  lit  délivrer,  à  Chinon,  le  0  février  1459, 
de  nouvelles  lettres-patentes  contirmant  celles  de  Château- 
Thierry.  On  y  lit  encore  que  la  l'ucelle  était  c  native  de  dreux-et- 
Domremy  »,  et  que  «  ses  parents  y  habitaient  ».  Le  Roi  obligea 
les  Elus  à  respecter  le  privilège  perpétuel  octroyé  aux  habitants. 
Ce  privilège  fut  encore  conlirnié,  en  IGlû,  par  Louis  Xlll  et  main- 
tenu par  la  Monarchie  jusqu'à  la  Révolution. 

Le  2o  janvier  lo71,  Charles  IX  ayant  concédé  au  Barrois  une 
portion  du  Domremy-de  Creux,  celte  portion  fut  assujettie  aux 
impôts  en  cours  dans  le  Harrois  ;  elle  ne  gagna  rien  à  devenir  Bar- 
roise.  Mais,  lorsqu'elle  lit  retour  à  la  France,  en  4  766,  époque  de 
la  réunion  de  la  Lorraine  et  du  Barrois  à  notre  pays,  cette 
portion  revendiqua  et  obtint  son  ancien  privilège.  11  fut  rappelé  à 
cette  occasion  que  Greux-Domremy  formaient  au  temps  de  Char- 
les VII  une  seule  paroisse,  et  c  dépendaient  tous  deux  dudit  bail- 
liage de  Chauniout  ». 

S'il  y  avait  un  droit,  après  celui  de  percevoir  les  impôts,  dont 
les  seigneurs  féodaux  fussent  jaloux,  c'était  celui  de  conférer  la 
noblesse.  Ce  droit  appartenait  au  seul  seigneur  direct,  et  non  au 
suzerain.  Qui  donc  a  anobli  Jeanne  d'Arc,  si  ce  n'est  le  roi  de 
France,  son  seigneur  direct?  Les  lettres  adressées  de  Mehun-sur- 
Yèvre,  en  déceml)re  1429,  par  Charles  Vit,  à  ses  divers  officiers  du 
bailliage  de  Chaumont,  anoblissent  «  la  Pucelle,  notre  chère  et 
«  bienaimée  Jeanne  d'Arc,  de  Domremy,  au  bailliage  de  Chau- 
«  mont  ou  dans  son  ressort  »,  et  sa  famille. 

VI 

Le  témoignage  de  la  famille. 
Passons  aux  témoignages  fournis  par  les  descendant?  de  cette 


780  MÉLANGES 

{aniille  illustre,  qui  continua  à  se  distinguer  au  service  de  la 
France. 

Charles  du  Lys,  descendant  de  Pierre,  le  plus  jeune  frère  de 
Jeanne,  fut  un  savant  magistrat,  avocat  général  à  la  Cour  des 
Aides.  Il  mourut  en  1632.  En  tCiO,  Tannée  de  la  mort  d'Henri  IV, 
le  Roi  et  la  ville  d'Orléans  entreprirent  de  faire  restaurer  à  frais 
communs  le  monument  érigé  en  cette  ville  à  la  Libératrice  depuis 
1458,  et  mutilé  pendant  les  guerres  de  religion.  Charles  du  Lys, 
pieusement  passionné  pour  la  mémoire  et  les  souvenirs  de  sa 
grand'tante,  invita  les  lettrés  et  les  artistes  du  temps  à  contribuer 
à  sa  glorification.  Son  initiative  provoqua  un  enthousiasme  géné- 
ral. On  trouvait  de  l'analogie  entre  la  Pucelle  et  le  Béarnais 
reconquérant  la  couronne  de  France  à  la  pointe  de  l'épée.  Les 
beaur  esprits  rivalisèrent  de  talent  pour  composer  des  inscriptions 
commémoratives,  des  poésies,  des  illustrations,  dont  Charles  du 
Lys  fit  un  recueil  sommaire  en  1613,  et  un  plus  ample  en  1628. 

Lui-même  s'occupa  spécialement,  dans  son  Traité  sommaire, 
de  la  question  de  nationalité  de  la  Pucelle^  qui  était  de  sa  compé- 
tence, assurément.  On  y  lit  :  «  Jeanne  naquit  au  village  ou 
c  hameau  de  Domremy,  paroisse  de  Greux,  en  France...  On  ne 
€  peut  révoquer  en  doute  que  ladite  Pucelle  ne  soit  entièrement 
€  et  véritablement  Française  de  naissance,  et  nullement  Lor- 
«  raine...  Aucuns  ont  écrit  qu'elle  était  Lorraine,  dont  ils  se 
€  trompent.  » 

C'est  catégorique. 

Charles  du  Lys  était  lié  d'une  étroite  amitié  avec  un  Rémois 
illustre,  son  contemporain,  Nicolas  Bergier,  né  en  1557.  mort  en 
1623^  avocat  au  présidial  de  Reims,  syndic  de  la  ville,  historiogra- 
phe breveté  et  pensionné,  érudit  de  son  temps.  Bergier  répondit 
mieux  que  personne  à  l'appel  de  son  ami  du  Lvs.  Poète,  il  rima 
en  vers  français  sur  lenlrée  de  Jeanne  à  Reims,  et  pour  acquitter 
la  dette  des  Rémois,  un  Poème  héroïque,  réédité  en  1890  par 
M.  Henri  Jadart,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Reims.  Épigraphiste, 
il  rédigea  une  inscription  latine  pour  le  monument  d'Orléans. 
Cette  inscription  place  Domremy  e  dans  la  partie  française  du 
pays  des  Leuquois  ».  Le  pays  Leuquois  était,  à  l'époque  gallo- 
romaine,  une  circonscription  ayant  Toul  pour  capitale.  Bergier 
avait  dû  conférer  maintes  fois  avec  du  Lys  sur  le  berceau  de  la 
Pucelle. 

Lorsque  plus  tard,  en  1022,  notre  Rémois  composa  son  superbe 
ouvrage  des  Grands  chemins  de  l'empire  romain,  Charles  du  Lys 
s'empressa  de  lui  envoyer  ses  félicitations,  non  pas  d'une  façon 
banale,  mais  en  vers  latins  tournés  dans  le  goût  du  temps.  Ces 
vers  figurent  en  tête  des  éditions  des  Grands  chemins.  Ils  sont 
caractéristiques.  Charles  du  Lys  les  adresse  a  au  Champenois  Ber- 
gier, son  ami  »,  et  y  faitallusion  à  la  «  Pucelle  champenoise  d'Or- 
léans, sa  parente  consanguine  ».  II?  débutent  par  un  jeu  de  mots 


MBLÀNOBS  781 

sur  le  nom  de  Bergier,  traduit  en  latin  par  Pastor  :  «  La  Cham- 
«  pagne  envoya  au  secours  du  roi  des  Français,  à  Orléans,  une 
«  Bergère  du  nom  de  Jeanne  ;  la  Champagne  envoie  aux  Français 
«  un  Bergier  qui,  etc.  » 

Un  membre  actuellement  vivant  de  la  famille  de  Jeanne  d'Arc, 
M.  de  Braux,  a  publié,  en  collaboration  avec  M.  Bouteiller,  de 
Nouvelles  recherches  sur  la  famille  et  élucidé  quelques  points  res- 
tés obscurs  de  l'histoire  de  la  Pucelle.  iM.  de  Braux  est  établi  en 
Lorraine  ;  ami  de  sa  province,  il  aime  encore  mieux  la  vérité. 
Aucun  érudit  de  Lorraine  ou  d'ailleurs  ne  possède  mieux  la  ques- 
tion Jeanne  d'Arc,  dont  il  fait  son  étude  continuelle.  Pour  M.  de 
Braux,  Jeanne  d'Arc  était  Française,  sans  l'ombre  d'un  doute, 
puisque  née,  suivant  ses  propres  paroles,  au  «  Domremy  qui  ne 
fait  qu'un  avec  Greux  ». 

VII 
Les  faits  historiques. 

Examinons  maintenant  les  rapports  de  la  Lorraine  et  du  Bar- 
rois  avec  la  France  au  temps  de  Jeanne  d'Arc.  C'est  le  point  sur 
lequel  pèchent,  par  ignorance,  les  neuf  dixièmes  des  Français. 
Aux  batailles  de  Crécy  (1346)  et  d'Azincourt  (1415),  les  Lorrains 
avaient  combattu  avec  nous  contre  les  Anglais,  Le  duc  Raoul  et 
Henri  de  Vaudémont  versèrent  leur  sang  pour  la  France  à  Crécy. 
A  Azincourt  (Jeanne  avait  alors  trois  ans  et  demi).  Ferry  de  Vau- 
démont, frère  unique  du  duc  Charles  H,  et  Thiébault  de  Blamont 
firent  de  même.  Le  môme  jour  et  pour  la  même  cause  périrent  le 
duc  de  Bar,  Edouard,  son  frère  Jean,  leur  neveu  Robert  de  Marie. 

Mais,  après  Azincourt,  la  France,  déjà  déchirée  par  la  guerre 
civile  des  Armagnacs  et  des  Bourguignons,  désormais  envahie  par 
les  Anglais  victorieux,  fut  victime  des  plus  odieuses  trahisons.  La 
Bourgogne  s'allie  aux  Anglais.  La  reine  Lsabeau  (une  Allemande) 
signe  l'infâme  traité  de  Troyes  (1420)  qui  déshérite  le  Dauphin  et 
transporte  la  couronne  de  France  au  roi  d'Angleterre.  La  France 
était  humainement  perdue.  Alors  la  Lorraine  et  le  Barrois  pas- 
sent du  côté  du  plus  fort,  et  se  joignent  aux  Anglo-Bourguignons 
pour  achever  de  réduire  la  Champagne  restée  obstinément  fran- 
çaise. 

A  dire  vrai,  la  Lorraine  était  déjà  contre  nous  avant  Azin- 
court. Son  triste  duc  Charles  II  haïssait  la  France  ;  il  avait  horri- 
blement saccagé,  en  1410,  la  ville  champenoise  de  iNeufchâteau, 
qu'il  tenait  en  fief  du  roi  de  France.  Ayant  marié  (1420)  sa  fille 
Isabelle  à  René  d'Anjou,  devenu  duc  de  Bar  par  l'adoption  de  son 
oncle  le  cardinal  de  Bar,  Charles  II,  en  qualité  de  tuteur  de  son 
gendre  encore  mineur,  fait  adhérer  le  Barrois  (6  mai  1422)  à 
l'abominable  traité  de  Troyes  (Jeanne  avait  alors  dix  ans).  Le 
duc  de  Lorraine  ne  respectait  même  pas  les  liens  de  famille  qui 
unissaient  René  d'Anjou  à  Charles  VII,  marié  à  sa  sœur  Marie 
d'Anjou.    René    d'Anjou,   devenu    majeur,    persévère    (jusqu'au 


t82  MÉLANGES 

sacre)  dans  la  voie  fratricide  où  le  pousse  son  beau-père,  en  com- 
pagnie de  son  oncle  le  fameux  Jean  de  Luxembourg,  le  Judas  qui 
devait  vendre  plus  tard  Jeanne  d'Arc  aux  Anglais  pour  10,000 
francs  de  notre  monnaie! 

De  1422  à  1428,  Lorrains  et  Barrois  assiègent  et  font  tomber 
l'une  après  l'autre,  sauf  Vauoouleurs,  les  places  françaises  de  la 
Champagne,  au  profit  de  la  cause  anglo-bourguignonne.  Ils  font 
couler  ce  a  sang  de  France  »  que  Jeanne  d'Arc  ne  pouvait  voir 
sans  pleurer.  Est-ce  que  l'eil'usion  du  sang  français  pouvait  faire 
pleurer  une  Lorraine  d'alors?  —  Au  contraire. 

Pendant  que  Lorrains  et  Barrois  s'acharnaient  sur  la  malheu- 
reuse Champagne,  que  faisait  la  famille  de  Jeanne  d'Arc?  — 
Son  devoir  dans  les  l'angs  français. 

Au  siège  de  Sermaize,  où  résidaient  ses  oncles  maternels,  en 
avril  1423,  la  Pucelle  (elle  avait  alors  quatorze  ans)  perdait  son 
cousin  germain  par  alliance,  CoUot-Turlot  (cousin  depuis  trois 
ans),  tué  d'un  coup  de  feu  par  les  Barrois. 

Chez  elle,  la  Pucelle  voyait  son  brave  père,  son  beau-frère  Jean 
Colin,  son  parrain  Jean  Morel,  participer  au  contrat  passé  le 
7  octobre  1423  entre  le  damoiseau  de  Commercy,  le  plus  farou- 
che partisan  français  de  la  région,  et  les  maires,  échevins,  doyens, 
jurés  de  Greux-Domremy,  pour  mettre  leurs  villages  sous  la  garde 
dudit  damoiseau.  Moyennant  une  redevance  de  onze  vingt  écus 
d'or  (environ  3,b00  francs),  ce  qui  dénote  une  paroisse  rurale 
riche,  le  damoiseau  s'engageait  à  défendre  les  co-contractants 
contre  les  incursions  des  ennemis  delà  France:  Anglais,  Bourgui- 
gnons, Lorrains  et  Barrois. 

Chez  elle,  la  Pucelle  voyait  ses  frères  prendre  part  aux  batailles 
entre  les  enfants  de  Domremy,  où  l'on  était  armagnac,  c'est-à- 
dire  Français,  et  ceux  du  village  lorrain  de  l'autre  côté  de  la 
Meuse,  .Maxey,  où  l'on  était  bourguignon,  c'est-à-dire  anti-Fran- 
çais. Jeanne  a  déposé  à  Rouen  que  ses  frères  revenaient  souvent 
blessés  et  ensanglantés.  File  a  déposé  aussi  :  «  11  n'y  avait  à  Dom- 
«  remy  qu'un  seul  bourguignon  (un  Lorrain,  d'Épinal,  juste- 
«  mt'.nt  1)  et  j'aurais  bien  voulu  lui  ôter  la  tête.  »  Pouvait-ce  être 
le  langage  d'une  Lorraine  d'alors?  —  Hélas  !  non. 

Ne  démentons  ni  les  faits,  ni  Jeanne.  On  était  bien  Français  à 
Domreniy  comme  à  Sermaize,  et  c'était  précisément  dans  ce  lieu 
portant  le  nom  de  l'Apùtre  des  Francs,  saint  Bemy,  que  germait 
la  vierge  choisie  de  Dieu  pour  faire  triompher  la  cause  nationale 
des  elforls  combinés  de  tous  ses  ennemis. 

VIII 

L'histoire  et  la  critique. 

Jeanne  d'Arc  a  toujours  été  déclarée  Française  par  nos  histoires 
générales  avant  la  Révolution  :  voyez  Velly  et  le  Père  Daniel.  De 
môme  par  les  histoires  générales  et  particulières  des  maîtres  de 


MÉLÀNQES  783 

noire  temps  :  voyez  Michelet,  Henri  Martin  et  Wallon.  De  même 
par  nos  plus  célèbres  érudits  :  voyez  Quicherat,  Siméon  Luce  et 
le  Père  Ayrolles. 

Il  y  a  plus  :  le  savant  et  consciencieux  historien  de  la  Lorraine, 
A.  Digot  lui-même,  ne  réclame  point  Jeanne  d'Arc  pour  sa  pro- 
vince. D'autres  érudits  lorrains,  et  pas  des  moindres,  soucieux  de 
la  vérité  historique  avant  tout,  MM.  Léon  Mougenot,  le  colonel 
Boureulle  et  de  Braux,  soutiennent  la  nationalité  française. 

De  tous  les  travaux  publiés  récemment  sur  cette  question,  ceux 
de  M.  l'abbé  Misset  sont  les  plus  complets,  les  mieux  ordonnés,  les 
plus  fournis  de  documents,  ils  sont  d'une  lecture  d'autant  plus 
attrayante  que  l'érudition  lucide  et  forte  de  l'auteur  y  est  enve- 
loppée d'un  texte  pétillant  d'esprit  et  de  malice. 

Les  ouvrages  de  M.  l'abbé  Misset  ont  soulevé  des  colères  chez 
les  Lorrains  impénitents  ;  ils  ont  reçu  par  contre  l'approbation 
chaleureuse  des  savants  et  des  écoles  de  la  capitale  adonnés  aux 
études  sur  le  moyen  âge,  tels  que  M.  Léopold  Delisle,  l'Ecole  des 
Chartes,  le  Collège  de  France,  l'Inslilut. 

.M.  l'abbé  Misset  a  résolu  la  question  de  manière  à  contenter  les 
critiques  les  plus  difficiles.  Désormais,  ses  études  font  autorité  en 
la  matière.  Leur  lecture  est  un  vrai  régal  pour  les  lettrés.  Les 
Lorrains  ne  lui  pardonneront  jamais  d'avoir  détruit  la  légende 
dans  le  monde  savant. 

I.X 
Conclusion. 

La  réhabilitation  de  Jeanne  d'Arc  comme  Française  (et  non  Lor- 
raine) s'impose  à  tout  esprit  éclairé  et  de  bonne  foi  qui  veut  se 
donner  la  peine  de  vérifier  les  textes,  les  preuves  et  les  pièces 
citées. 

Tout  le  monde,  écrivains,  poètes,  orateurs,  est  d'accord  pour 
reconnaître  eu  Jeanne  d'Arc  l'incarnation  du  génie  français, 
l'ange  de  la  Patrie,  la  vierge  du  patriotisme,  la  Française  par 
excellence.  Comment  cette  fleur  nationale  aurait-elle  pu  fleurir  à 
l'étranger,  dans  la  Lorraine  du  duc  Charles  11,  alliée  à  nos  mor- 
tels ennemis,  où  Thostililé  des  hommes  d'armes  contre  le 
malheureux  Charles  VII  passait  jusque  dans  l'âme  des  enfants  de 
Maxey-sur-Meuse"? 

Pour  mériter  ou  pour  produire  (ce  qui  est  identique)  une  vierge 
qui  soit  l'expression  du  génie  d'un  peuple,  qui  germe  du  sol 
national  comme  une  Heur  indigène,  il  faut  une  réunion  de  multi- 
ples circonstances  :  la  race,  l'atavisme^  l'enseignement  familial  et 
public,  l'éducation  spéciale  de  l'esprit  et  du  cœur,  l'influence  du 
milieu  et  des  traditions,  sans  compter  encore  le  miracle  particu- 
lier à  Jeanne  d'Arc. 

Si  la  Pucelle  n'était  pas  Française  de  vieille  race,  comment 
expliquer  son  amour  jusqu'au  martyre  pour  son  «  gentil   Dau- 


784  MÉLANaSS 

phin  »,  pour  la  France^  pour  les  soldais  français,  pour  tous  les 
bons  et  loyaux  Français  ;  —  son  intuition  profonde  du  caractère 
originaire  de  la  monarchie  française,  déléguée  du  Roi  Jésus  dans 
le  monde  ;  —  son  intelligence  du  sacre  de  Reims,  conférant  seul 
le  caractère  royal,  aux  yeux  de  nos  pères;  —  sa  possession  du 
génie  de  notre  langue,  la  saveur  si  française  de  ses  saillies  jovia- 
les, spirituelles  ou  sublimes^  dont  on  ne  retrouve  l'équivalent  que 
chez  Joinville?  Son  cœur  et  son  esprit  de  Française  brillent  dans 
toutes  ces  saillies,  restées  un  des  ornements  de  notre  histoire. 

Que  notre  amour-propre  national  soit  satisfait  :  Jeanne  d'Arc 
était  Française  de  race,  d'éducation,  de  naissance.  Les  Rémois, 
les  Champenois  ont  sujet  d'êtie  fiers  que  leur  province  ait  eu  le 
privilège,  grâce  sans  doute  aux  prières  de  saint  Remy,  de  donner 
le  jour  à  la  plus  grande  gloire  de  la  France,  de  la  patrie  commune 
dont  la  Lorraine  a  fait  partie trois  siècles  et  demi  plus  tard. 

Et  maintenant,  étant  tous  de  la  même  famille,  soyons  tous  unis 
désormais  dans  notre  culte  patriotique  pour 

La  bonne  Française. 

Henri  Arsac. 


Un  aMi  de  Verlaine.  —  Œuvres  de  Jean- Arthur  Rimbaud  {Poésies  : 
les  Illuminalions  ;  Autres  illuminatior  s  ;  Une  saison  en  enfer;  Portrait 
de  liimbaud,  par  Fanlin-Lalour),  1  vol.  in-12.  Paris,  Société  du  Mercure 
de  France.  —  La  Fie  de  Jean-Arthur  Rimbaud,  par  Paterne  Berrichon, 
1  vol.,  id.,  ibid. 

Ce  jour-là,  10  novembre  1891,  le  secrétaire  de  l'hôpital  de  la 
Conception,  à  Marseille,  prit,  dans  son  casier,  le  registre  où  il 
avait  coutume  d'inscrire  les  décès  et  enregistra,  sur  une  page 
rayée  de  bleu,  en  lettres  successivement  rondes,  bâtardes  et  cur- 
sives,  la  mention  que  voici  : 

Rimbaud  (Jean-Nicolas),  trente-sept  ans,  négociant,  né  à  Charleville,  de 
passage  à  Marseille,  décédé  le  10  novembre  18'J1,  à  dix  heures  du  malin. 
Diagnostic  :  Carimose  généralisée. 

Le  scribe,  indifférent,  jeta  de  la  poudre  sur  sa  calligraphie 
encore  humide,  referma  son  cahier,  retira  ses  manchettes  de  lus- 
Irine  et  alla  se  promener  du  côté  de  la  Canebière,  sans  même  son- 
ger qu'il  venait  d'ôter  arbitrairement  à  ce  pauvre  Rimbaud  l'es- 
sentiel prénom  d'Arthur. 

La  mort  d'Arthur  Rimbaud,  inaperçue  des  Marseillais,  suscita 
quelques  doléances  parmi  les  compagnons  du  poète  Verlaine, 
autour  des  bocks  du  café  Françoi.s-1'^%  boulevard  Saint-Michel,  à 
Paris.  La  plupart  des  jeunes  symbolistes  se  souvinrent  d'avoir  vu^ 
aux  enviruns  de  l'année  1872,  un  garçon  imberbe,  pâle,  dont  la 
face  était  ronde  comme  la  lune,  dont  les  cheveux  s'embrouillaient 
comme  un  buisson  révolté,  dont  les  yeux  étaient  voilés  de  rêverie 
bizarre,  et  dont  le  nez  se  dressait  en  l'air  comme  pour  aspirer 


MÉLANGES  785 

l'eau  des  pluies  célestes.  Un  joli  tableau  du  peintre  Fantin-Lalour 
a  perpétué  cette  figure  de  Pierrot  niélaiieolique  pour  les  cadets 
qui  n'ont  pas  connu  Rimbaud.  C4eux-ci  du  niuins  récitent  encore 
le  fameux  sonnet  des  Voyelles,  longtemps  célèbre  dans  les 
céudcles  : 

A  noir,  E  blanc,  I  rouge,  U  vert,  0  bleu,  voyelles, 
Je  dirai  quelque  jour  vos  naissances  latentes, 
A,  noir  corset  velu  des  mouches  éclatantes 
Qui  boinbillent  autour  des  puanteurs  cruelles, 

Golfe  d'ombre  ;  E,  candeur  des  vapeurs  et  des  tentes, 
Lance  des  glaciers  fiers,  rois  blancs,  frissons  d'ombelle  ; 
I,  pourpres,  sang  craché,  rire  des  lèvres  belles 
Dans  la  colère  ou  les  ivre-^^ses  pénitentes  ; 

U,  cycles,  vibrements  divins  des  mers  virides, 
Paix  des  pâlis  semés  d'animaux,  paix  des  rides 
Que  l'alchimie  imprime  aux  grands  fronts  studieux  ; 

O,  suprême  clairon  plein  de  strideurs  étranges. 
Silences  traversés  des  mondes  et  des  anges  ; 
—  0  l'oméga,  rayon  violet  de  ses  yeux  ! 

Tandis  que  les  apprentis  de  Talelier  symboliste  déclamaient,  sur 
un  ton  de  mélopée  moyen-âgeuse,  ces  quatrains  et  ces  tercets,  un 
homme,  situé  presque  aux  antipodes  des  brasseries  littéraires, 
s'écriait,  en  apprenant  la  mort  d'Arthur  Rimbaud  :  «  Dieu  rap- 
pelle à  lui  ceux  que  la  terre  n'est  pas  digne  de  porter.  «  Celui  qui 
prononçait  ainsi,  sur  Arthur  Rimbaud,  une  brève  et  solennelle 
oraison  funèbre,  était  un  personnage  considérable  en  Abyssinie, 
et  s'appelait  le  ras  Makonnen. 

Rimbaud  avait  des  amis  et  des  admirateurs  un  peu  partout.  Cet 
artiste  poussa  l'instinct  bohème  jusqu'à  se  taire  trafirjuanl,  com- 
missionnaire, caravanier  et  vaguement  explorateur, 

Arthur  Rimbaud  naquit  à  Charleville,  le  20  octobre  1854,  dans 
une  rue  qui  s'ap[(elait  alors  la  rue  Napoléon,  et  qui  s'appelle 
maintenant  la  rue  Thiers.  Son  père,  comme  celui  de  Verlaine, 
était  officier.  Mais  le  capitaine  Rimbaud,  du  47=  de  ligne,  quitta  le 
foyer  familial  pour  des  raisons  sur  lesquelles  M.  Paterne  Berri- 
chon, biographe  délicat,  n'insiste  pas. 

Le  jeune  Arthur  fut  confié  aux  soins  d'une  mère  honnête  et 
bourgeoise,  qui  voulait,  avant  tout,  que  l'enfant  fût  bien  peigné. 
C'est  pour  cela  que  le  futur  auteur  du  sonnet  des  Voyelles  et  du 
Bateau  ivre  prit  en  horreur,  dès  son  bas  âge,  l'obligation  de  se 
faire  une  raie.  Il  se  débarrassa  de  cette  sujétion  dès  qu'il  put 
s'échapper  des  jupons  maternels.  Cet  acte  fut  son  premier  pas 
dans  la  voie  de  l'anarchie  intellectuelle. 

Élevé  sévèrement  dans  l'intérieur  d'une  maison  qui  était  impé- 
nétrable aux  regards  indiscrets  et  même  aux  curiosités  provincia- 
les, Rimbaud  grandit  entre  un  frère  aîné,  Frédéric,  et  une  sœur, 

50 


/86  MÉLANGES 

M'''  Vitalie,  très  belle,  très  pieuse,  très  obéissaute.  H  mangea  sou- 
vent son  pain  sec,  étant  coutuniier  de  délits  quotidiens.  Parfois  il 
fut  privé  de  gâteau,  pour  fautes  contre  la  discipline  universitaire. 
«  Il  subit,  dit  M.  Paterne  Berrichon,  le  désagrément  de  ne  pas 
manger,  pour  avoir,  par  exemple,  omis  un  mot  dans  la  récitation 
des  centaines  de  vers  latins  infligés  en  pensum,  à  propos  de  rien, 
par  la  mère  qui  avait  subordonné  le  repas  du  garçon  à  cet 
effrayant  et  ennuyeux  exercice.  » 

Aussi  les  études  classiques  furent  tout  de  suite  aussi  odieuses  au 
petit  cancre  Rimbaud  qu'elles  le  sont  devenues  au  brillant  lauréat 
Jules  Lemaîlre.  M.  Paterne  Berrichon  a  retrouvé,  dans  les  papiers 
de  son  héros,  cette  diatribe  contre  les  Grecs  et  contre  les  Latins  : 

...   Mon  père  me  mit  en  classe  dès  que  j'eus  dix  ans. 

Pourquoi  —  me  disais-je  —  apprendre  du  grec,  du  latin  ?  Je  ne  le  sais. 
Enfin,  on  n'a  pas  besoin  de  cela  !  Que  m'importe  à  moi  que  je  sois  reçu! 
A  quoi  cela  sert-il  d'être  reçu?  A  rien,  n'est-ce  pas  ?  Si,  pourtant  ;  on  dit 
qu'on  n'a  une  place  que  lorsqu'on  est  reçu.  Moi,  je  ne  veux  pas  de  place  ; 
je  serai  rentier.  Quand  même  on  en  voudrait  une,  pourquoi  apprendre  le 
latin  ?  Personne  ne  parle  cette  langue.  Quelquefois,  j'en  vois,  du  latin,  sur 
les  journaux  ;  mais,  Dieu  merci,  je  ne  serai  pas  journaliste. 

Pourquoi  apprendre  de  l'histoire?  Apprendre  la  vie  de  Chiualdon,  de 
Nabopolassar,  de  Darius,  de  Cyrus  et  d'Alexandre  et  de  leurs  autres  com- 
pères remarquables  par  leurs  noms  diaboliques,  est  un  supplice.  Que  m'im- 
porte à  moi  qu'Alexandre  ait  été  célèbre?  Que  m'importe  ?. . .  Que  sait-oa 
si  les  Latins  ont  existé?  C'est  peut-être,  leur  latin,  quelque  langue  forgée  ; 
et  quand  même  ils  auraient  existé,  qu'ils  me  laissent  rentier  et  conservent 
leur  langue  pour  eux  !  Quel  mal  leur  ai-je  fait,  pour  qu'ils  me  flanquent  au 
supplice  ? 

Passons  au  grec.  Celle  sale  langue  n'est  parlée  par  personne,  personne 
au  monde  !. . .  Ah  t  saperlipote  de  saperlipopette!  sapristi!  moi  je  serai 
rentier  ;  il  ne  fait  pas  si  bon  de  s'user  les  culottes  sur  les  bancs,  saperlipa- 
pettouille  1 

Pour  être  décrotteur,  gagner  une  place  de  décrotteur,  il  faut  passer  un 
examen. . .  Dieu  merci,  je  n'en  veux  pas,  moi,  saperlipouille  !  Avec  ça  des 
soufflets  vous  sont  accordés  pour  récompense  ;  on  vous  appelle  animal,  ce 
qui  n'est  pas  vrai. . . 

Ah  !  saperpouillotte  I 

Ce  modèle  d'invective^  griffonné  sur  un  cahier  de  classe  par 
relève  Rimbaud,  résume,  à  peu  près,  tous  les  griefs  par  lesquels 
nos  plus  illustres  réformateurs  accablent  les  humanités  et  le  bacca- 
lauréat. Les  docteurs  de  Sorbonne  s'expriment  peut-être  autre- 
ment, du  moins  en  public.  Au  fond,  ils  ne  disent  guère  mieux. 

Plus  lard,  Rimbaud  reprit  ce  thème  et  chanta,  en  alexandrins 
disloqués,  son  âme  «  livrée  aux  répugnances  »  : 

Tout  le  jour,  il  suait  d'obéissaoce  ;  très 
Intelligent  ;  pourtant,  des  tics  noirs,  quelques  traits 
Semblaient  prouver  en  lui  d'ûcres  hypocrisies. 
Dans  l'ombre  des  couloirs  aux  tentures  moisies. 
En  passant  il  tirait  la  langue. . . 


MÉLANGES  îg") 

Il  craignait  les  blafards  dimanches  de  décembre 
Où,  pommadé,  sur  uu  guéridon  d'ac;ijou, 
Il  lisait  une  Bible  à  la  tranche  vert-chou. 

Toutefois,  Arthur  Himbaud  devint  un  excellent  écolier.  Son 
condisciple,  M.  Jules  Mary,  le  romancier  et  le  dramaturge  bien 
connu,  peut  témoigner  de  ses  succès.  Tous  deux,  alternativement, 
ils  tenaient  la  tête  de  leur  classe.  Le  principal  du  collège  de  Char- 
leville,  M.  Desdouets,  écrivit  un  jour,  sur  le  bulletin  d'Arthur,  ce 
pronostic  :  «  Rien  de  banal  ne  germe  en  cette  tète  ;  ce  sera  le 
génie  du  mal  ou  celui  du  bien.  » 

Seulement,  les  délations- des  mouchards  le  rendaient  féroce.  Un 
séminariste  layant  désigné  à  son  pion  comme  l'auteur  probable 
d'une  boulette  de  papier  projetée  au  tableau  noir,  il  lança  un  dic- 
tionnaire à  la  tête  de  ce  cagot.  Dès  lors,  il  fut  l'ennemi  juré  de  la 
police. 

Les  polissons  de  Charleville  ont  aimé,  de  tout  temps,  ii  faire 
l'école  buissonnière  sur  la  frontière  belge.  On  y  trouve  d'excellent 
tabac  et  des  contrebandiers  cordiaux.  Rimbaud  s'échappait  souvent 
vers  ce  pays  de  Cocagne.  C'est  là  qu'il  fit  l'apprentissage  de  la  vie 
nomade  et  illicite,  en  compagnie  de  son  camarade  Ernest  Millot, 
qui  depuis  mourut  juge  de  paix. 

Il  y  avait  alors,  au  collège  de  Charleville,  un  professeur  de  rhé- 
torique, qui  s'appelait  M.  Izambard.  Cet  universitaire  modeste  et 
subtil  tlaira  sans  doute  la  vocation  de  son  élève.  Car  il  lui  fit  trai- 
ter un  jour,  en  manière  d'exercice  de  style,  le  sujet  suivant  : 
Charles  d'Orléans  écrit  aie  roi  Louis  XI,  pour  le  prier  de  ne 
point  pendre  François  Villo7i  au  gibet  de  Montfaucon. 

Rimbaud  rédigea  cette  requête  avec  autant  d'élan  et  d'enthou- 
siasme que  s'il  se  fût  agi  de  sa  propre  cause.  La  gaieté  philosophi- 
que des  joyeux  et  tristes  bacheliers  qui  jadis  jouaient  de  la  lyre  et 
du  couteau  sur  le  parvis  de  la  Sorbonne,  éveilla  la  verve  de  ce 
rhétoricien  des  Ardeunes.  Tout  de  suite,  il  se  retrouva  d'un  bond 
parmi  ses  ancêtres,  les  «  mauvais  enfants  »  des  collèges  disparus. 
Il  envia  leurs  grègues  percées,  les  pièces  de  leurs  pourpoints  et 
l'orgueil  des  plumes  râpées  qui  se  dressaient^  hardies,  sur  leurs 
chapeaux.  Instinctivement,  il  préféra  la  serge  et  le  bureau  de 
l'ancienne  Université  aux  cheviottes,  quasiment  administratives, 
du  nouveau  quartier  latin.  Il  rêva  tout  haut.  Il  vit  la  montagne 
Sainte-Geneviève,  non  pas  encombrée  par  une  multitude,  toujours 
croissante,  d'aspirants  fonctionnaires,  mais  peuplée  d'  "  escho- 
liers  »  sans  souci  ou  sans  aveu.  Une  vision  pittoresque  hanta  son 
esprit  et  amusa  ses  yeux.  C'étaient  des  maisons  vieillottes,  bran- 
lantes, aussi  pointues  et  aussi  fragiles  que  des  syllogismes  de 
pédants.  Sur  le  pavé  incommode  des  rues  et  des  ruelles,  les 
bedeaux  de  l'Université,  obséquieux  comme  des  suppôts  de  sacris- 
tie, glabres  et  tondus  comme  des  moines  profès,  se  rangeaient 
évotement  le  long  des  murailles,  quand  passait  la  robe  d'un  rec- 


788  MÉLANGES 

teur,  d'un  docteur  ou  d'un  procureur.  En  ce  temps-là,  les  profes- 
seurs des  quatre  Facultés  n'étaient  pas  fringants  ni  désinvoltes  ni 
courl-vêtus.  Us  s'jifTublaient  de  vêlements  longs.  Leurs  paroles 
étaient  lentes.  Leur  démarche  était  grave.  Leurs  gestes  étaient 
solennels.  Des  bonnets  en  tronc  de  cône  haussaient  leur  taille  et 
donnaient  à  leur  allure  cet  air  de  majesté  qui  est  indispensable  au 
corps  enseignant.  Engoncés  dans  des  camails,  ils  portaient  une 
escarcelle  au  ceinturon,  afin  d'emporter  toujours  avec  eux  leurs 
plumes,  leurs  canifs,  leurs  crayons,  leurs  tablettes,  tous  les  outils 
scolaires  dont  un  bon  maître  ne  doit  jamais  se  séparer.  Volon- 
tiers, ils  s'arrêtaient  au  beau  milieu  de  la  rue  du  Fouarre  ou  du 
cul-de-sac  Saint-Marcel  pour  élucider  quelques  points  touchant  la 
querelle  des  nominaux  et  des  nnivcrsavx.  Lors,  une  jeunesse 
turbulente,  Anglais  narquois,  Allemands  buveurs,  bas  Normands 
ou  francs  Picards,  accourait  autour  de  la  docte  assemblée.  Les  nez 
s'allongeaient  pour  mieux  aspirer  !a  bonne  odeur  de  sapience.Des 
lippes  faisaient  la  moue  lorsqu'un  syllogisme  en  baroco  paraissait 
décidément  trop  biscornu.  Mais  parfois  une  poussée  imprévue 
dérangeait  tout.  Un  coup  de  coude  malencontreux  bousculait  l'as- 
sistance. Quelque  garnement,  par  malice  ou  par  folie,  jetait  sa 
barrette  parmi  les  doctes  propositions  d'Aristote.  Une  gourmade 
s'ensuivait,  coups  de  pieds,  coups  de  trique.  Les  écritoires  se 
mettaient  de  la  partie  et  les  savates  mêmement.  Les  amples 
simarres  gesticulaient  en  protestations  effarées.  Et,  dans  la 
bagarre,  c'était  plaisir  d'envoyer,  comme  par  mégarde,  une  talo- 
che sur  un  dos  magistral. 

Pauvre  Himbaud  !  Collégien  à  la  crinière  hirsute,  au  front 
bombi'.  aux  ongles  noirs,  aux  appétits  déréglés  !  C'est  là-bas, 
dans  celte  pétaudière  idéale,  qu'il  aurait  voulu  vivre,  étudier  et 
mourir.  Car  cet  écolier  rétif  aimait  les  écoles  à  cause  des  chahuts 
qu'on  y  fait.  Il  n'aurait  pas  dit,  comme  notre  bon  La  Fontaine  : 

. . .  Ne  sais  bête  au  monde  pire 
Que  l'écolier,  si  ce  n'est  le  pédant. 
Le  meilleur  de  ces  deux  pour  voisin,  à  vrai  dire, 
Ne  me  plairait  aucunement. 

La  discipline,  en  somme,  lui  plaisait,  parce  que,  si  elle  n'exis- 
tait pas,  on  n'aurait  pas  la  joie  de  la  narguer. .  . 

Donc  il  prêta  sa  plume  au  gentil  poète  Charles  d'Orléans.  Et 
celui-ci^,  se  promenant  par  aventure  dans  les  courtils  où  les  morts 
respirent  des  Heurs  pâles,  s'est  réjoui  si  quelque  sénéchal  de 
bonne  volonté  lui  a  transcrit,  sur  un  vélin  précieux,  le  discours 
(jue  voici  : 

Me  voilà  bien  esbaudi.  Sire,  et  vous  allez  l'être  comme  moi  :  maître 
François  Villon,  le  bon  folâtre,  le  gentil  raillard,  engrillouné,  nourri  d'une 
miche  et  d'eau,  pleure  et  se  lamente  maintenant  au  fond  du  Châtelet.  Pendu 
serez  !  lui  a-t-on  dit  devant  notaire,  et  le  pauvre  follet  tout  transi  a  fait  son 
épitaphe  pour  lui  et    ses  compagnons  ;   et   les  gracieux  galanls  dont  vous 


MÉLANGES  789 

aimez  tant  les  rimes  s'attendent  à  dauser  à  Monlfaucon  plus  becquetés  d'oi- 
seaux que  dés  à  coudre,  dans  la  bruine  et  le  soleil  ! 

—  Continuez,  sénéchal,  dirait  le  bon  duc  Charles. 

Nécessité  fait  gens  méprenlre  et  faim  sortir  le  loup  du  bois  :  peut-être 
l'Ecolier,  un  jour  de  famine,  a-l-il  pris  des  tripes  au  baquet  des  bouchers 
pour  les  friuasser  à  l'abreuvoir  l'apiu  ou  à  la  taverne  du  Peslel  ?  Peul-êire 
a-t-il  pippé  une  douzaine  de  pains  au  boulanger  ou  changé  à  la  Pomme-de- 
Pin  uu  broc  d'eau  claire  pour  un  broc  de  vin  de  Bagneax  ?  Feut-ôtre,  un 
soir  de  grand  galle  au  Plal-d'Etain,  a-l-il  rossé  le  guet  à  son  arrivée  ;  ou 
les  a-t-on  surpris,  autour  de  Moulfaucon,  dans  un  souper  conquis  par  noise 
avec  une  dizaine  de  ribaudes  ?  —  Ce  sont  méfaits  de  maître  François.  Puis, 
parce  qu'il  nous  montre  un  gras  chanoine  miguonnant  avec  sa  dame  en 
chambre  bien  nattée,  parce  qu'il  dit  que  le  chapelain  n'a  cure  de  confesser 
sinon  chambrières  et  dames  et  qu'il  conseille  aux  dévotes,  par  bonne  moc- 
que,  parler  de  contemplation  sous  les  courtines,  l'Ecolier  fol  si  bien  riant, 
si  bien  chantant,  gent  comme  émerillon,  tremble  sous  les  grilles  des  grands 
juges,  ces  terribles  oiseaux  noirs  que  suivent  corbeaux  et  pies  !  Lui  et  ses 
compagnons,  pauvres  piteux,  accrocheront  un  nouveau  chapelet  de  pendus 
aux  bras  de  la  forêt. . .  Et  vous,  Sire,  comme  tous  ceux  qui  aiment  le  poète, 
ne  pourrez  rire  qu'en  pleurs  en  lisant  ses  joyeuses  ballades  et  songerez 
qu'on  a  laissé  mourir  le  gentil  clerc  qui  chantait  si  follement,  et  ne  pourrez 
chasser  Mérencolie. 

Je  ne  sais  pas  au  juste  ce  que  M.  Gaston  Paris  penserait  de  ce 
vieux  français.  Je  crains  que  ce  «  languaigo  »  ne  soit  plus  près  du 
Chat-Noir  et  du  gentilhomme  Salis,  que  de  Villon  et  de  la  Belle 
Heaumière.  Mais,  pour  un  candidat  au  baccalauréat,  ce  n'est  pas 
mal.  M.  Izambard,  professeur  de  rhétorique  au  collège  de  Charle- 
ville,  entreprit,  après  cette  jolie  réussite,  de  diriger  Arthur  Rim- 
baud vers  le  concours    de   l'École   normale Arthur   ne   voulut 

même  pas  solliciter  la  première  partie  du  baccalauréat  scindé.  11 
s'échappa,  un  soir,  de  la  férule  maternelle,  et  monta  machinale- 
ment dans  un  train  qui  partait  pour  Paris. 

Ayant  négligé  de  prendre  un  billet  aux  guichets  de  Charleville, 
il  fut  accueilli,  à  bras  ouverts,  sur  le  quai  de  la  gare  du  Nord,  par 
un  commissaire  de  police.  Le  pèlerinage  qu'il  se  proposait  défaire 
aux  principaux  monuments  de  Paris,  commença  par  une  halte  au 
Dépôt  de  la  préfecture  de  police.  Après  douze  jours  de  station 
dans  cette  geôle,  il  fut  transféré,  en  qualité  de  vagabond,  dans  la 
prison  de  Mazas,  où  les  porte-clefs  l'eussent  tenu  longtemps  en 
chartre  privée,  si  le  miséricordieux  M.  Izambard,  professeur  servia- 
ble,  n'eût  versé  le  prix  du  billet  impayé. 

Cependant,  ce  maître  excellent  et  cet  intéressant  élève  ne  tar- 
dèrent pas  à  se  brouiller.  Leur  mésintelligence  vint  d'une  confes- 
sion de  Rimbaud,  déclarant  à  M.  Izambard  que  toute  la  littéra- 
ture, depuis  Homère  jusqu'à  Victor  Hugo,  était  «  écœurante  ».  Il 
ajouta  qu'il  voulait  «  s'enrichir  le  système  sensoriel  par  tous  les 
moyens,  pa?'  le  vin,  par  les  poisons.,  par  l'aventure  ». 

C'en  était  trop.   Le  professeur  Izambard  recula  d'horreur.  Et 


790  MÉLANGES 

comme  Baudelaire  était  mort,  c'est  Verlaine  qui  fut  dorénavant  le 
maître  de  Rimbaud. 

Un  matin,  Verlaine  reçut  une  lettre,  signée  «  Rimbaud  »,  qui, 
aprt''s  lui  avoir  exprimé  une  admiration  ingénue,  lui  dédiait  un 
poème  intitulé  le  Baleaii  ivre,  et  lui  recommandait  la  cantilène, 
depuis  fameuse,  des  Chercheuses  de  poux. 

L'amitié  des  deux  poètes  fut  d"abord  une  lune  de  miel.  Rim- 
baud, poète  besogneux,  adolescent  imberbe,  fut,  en  quelque  sorte, 
le  petit  frère  adoptif  de  Verlaine.  «  D'octobre  l87l  à  juillet  1872, 
dit  M.  Paterne  Berrichon,  il  logea  chez  Théodore  de  Banville,  puis 
rue  Racine  à  l'hôtel  ;  enfin,  grâce  aux  munificences  de  Verlaine, 
dans  ses  meubles,  rue  Campagne-Première. 

«  De  juillet  1872  à  août  1873,  ce  furent,  en  compagnie  de  son 
ami,  d'extravagants  séjours  en  Belgique,  en  Angleterre.  » 

Au  cours  de  cette  odyssée,  ils  allaient,  d'estaminet  en  estami- 
net, de  taverne  en  taverne,  de  bar  en  bar.  Ils  s'enivraient  de 
liberté,  de  poésie  et  d'alcool.  Ils  étaient,  dit  M.  Paterne  Berrichon, 
«  heureux  et  honorés  de  rouler  en  ce  que  l'on  nomme  la  honte  ». 
Quand  ils  avaient  beaucoup  bu,  ils  maudissaient  en  vers  et  en 
prose,  la  Famille,  la  Propriété,  la  Morale  et  toutes  les  autres  insti- 
tutions d'une  société  caduque.  Ces  pérégrinations,  que  M.  Berri- 
chon qualifie  d'  e  héroïques  »,  les  menèrent  en  des  retraites  où 
végétait  la  colonie  éparse  des. communards  fugitifs.  Ils  connurent 
notamment  Eugène  Vermesch,  que  les  blanquistes  venaient  de 
mettre  en  quarantaine.  Ils  compatirent  à  son  isolement.  Il  leur 
déclama  les  plus  haineuses  tirades  de  ses  Incendiaires. 

Cette  existence  de  chemineaux  littéraires  fut  interrompue  par 
un  accident  presque  tragique.  Dans  une  auberge,  à  Bruxelles, 
Verlaine,  qui  était  sujet  à  des  <  gestes  spontanés  »,  tira  sur  Rim- 
baud un  coup  de  pistolet. 

Cette  aventure  obligea  les  deux  amis  à  se  séparer.  L'un  dut 
entrer  à  l'hôpital  Saint-Jean  pour  soigner  sa  blessure,  tandis  que 
l'autre  comparaissait  devant  la  justice  belge,  qui  osa  lui  demander 
les  raisons  de  sa  violence.  Leur  sort  fut  différent.  Le  gouverne- 
ment du  roi  Léopold  enferma  Verlaine  sous  les  triples  verrous 
d'un  huis  de  chêne  et  mit  impoliment  Rimbaud  à  la  porte  des 
États  brabançons. 

L'auteur  du  Bateau  ivre  écrivit  alors  Une  saison  en  Enfer, 
sorte  de  conte  macabre  où  se  réveille  parfois  le  ressentiment  cui- 
sant de  sa  blessure.  En  ce  livret  apparaît  aussi  un  nostalgique 
désir  de  pays  lointains.  «  Ma  journée  est  faite,  disait  Rimbaud  ;  je 
quitte  l'Europe.  L'air  marin  brûlera  mes  poumons,  les  climats 
perdus  me  tanneront. . .   » 

En  février  1875,  il  partit  pour  Stuttgart,  où  Verlaine,  repenti  et 
libéré,  vint  lui  oflrir  le  baiser  de  paix.  Ce  fut  à  peu  près  le  der- 
nier épisode  d'une  amitié  désormais  historique.  Rimbaud  avait 
hâte  de  quitter  l'Europe.  11  partit  pour  l'Archipel,   où  un   de  ses 


MELANGES  791 

amis,  M.  Mercier,  fabriquait  du  savon,  Mais  il  s'arr^-ta  au  bas  du 
Saint-Golhard,  n'ayant  plus  d'argent.  Il  gravit  la  montagne  à  pied 
et  redescendit  jusqu'à  Milan,  où  une  dame  charitable  lui  offrit  un 
bon  souper  et  un  bon  gîte.  Cela  lui  permit  d'apprendre  l'italien. 
Reposé,  réconforté,  il  se  remit  en  route.  Mais  une  insolation  le 
força  d'échouer  à  l'hospice  de  Livourne.  Un  aimable  consul  le 
rapatria,  tandis  que  son  ami,  le  marchand  de  savon,  l'attendait 
toujours  dans  les  Cyclades. 

En  1876,  il  prit  le  chemin  de  fer  pour  Vienne.  Un  cocher  le 
vola.  Il  mendia.  Il  fut  expulsé  d'Autriche^  puis  d'Allemagne. 
L'Orient,  qu'il  avait  rêvé  d'atteindre  par  Varna,  le  rejetait  encore 
une  fois  dans  ses  Ardennes  natales. 

Il  repartit,  à  pied,  pour  la  Hollande,  s'engagea  dans  les  troupes 
néerlandaises,  fut  embarque  pour  la  Malaisie,  déserta  dans  l'île 
de  Java,  se  glissa,  on  ne  sait  comment,  sur  un  navire  anglais, 
faillit  se  noyer  devant  Sainte-Hélène,  ayant  voulu,  sans  la  permis- 
sion du  capitaine,  voir  le  tombeau  de  l'Empereur,  et  entin  atterrit 
sur  la  plage  de  Dieppe. 

Condamné  A  mort  en  Hollande,  pour  désertion  devant  l'ennemi, 
il  retourne  néanmoins  dans  ce  pays  et  y  gagne  quelque  argent  en 
faisant  le  métier  de  racoleur.  Puis  il  i^ntre  dans  un  cirque  forain 
et  parcourt,  dans  une  roulotte,  les  principales  cités  de  la  Scandi- 
navie. 

Ensuite,  il  visite  l'Egypte  et  l'ile  de  Chypre  où  il  est  contre- 
maître de  la  maison  T. . .  et  C''  (marbres  et  pierres  en  tous  gen- 
res). Quelques  mois  plus  tard,  il  débarque  au  port  d'Aden  et 
pousse  jusqu'à  Zanzibar  et  Zeïla.  11  installe,  au  Harrar,  la  succur- 
sale d'une  maison  de  commerce.  H  intéresse  Ménélik,  mais  il  ne 
réussit  pas  à  satisfaire  ses  patrons.  On  le  trouve  trop  littéraire. 
Il  récite  toujours  du  Mallarmé  : 

La  chair  est  triste,  hélas  !  et  j'ai  lu  tous  les  livres. 
Fuir!  là-bas,  fuir!  Je  sens  que  des  oiseaux  sont  ivres 
D'être  parmi  l'écume  inconnue  et  les  cieux. 

Verlaine  et  Rimbaud  se  sont  trompés  de  siècle.  Ils  auraient  dû 
naître  au  temps  lointain  où  des  troupes  d'écoliers  errants,  Ixti  et 
evrahunii  cheminaient  sur  les  routes  en  chantant  des  chansons  et 
en  faisant  la  nique  aux  préjugés.  Ils  n'ont  pas  trouvé  place  dans 
notre  civilisation  rectiligne.  Us  auraient  aimé  à  réciter  leurs 
poèmes  baroques  dans  la  compagnie  des  Goliards  et  peut-être  des 
Coquillards. . .  Ils  auraient  retrouvé,  parmi  ces  inquiétants  com- 
pères, leur  maître,  François  Villon. 

(Le  Temps)  Gaston  Deschamps. 

* 

Un  collège  d'autrefois.  —  Nous  reproduisons  ici  avec  plaisir 
le  charmant  discours  que  M.  Poncey,  professeur  de  sixième,  a  pro- 
noncé le  28  juillet  1898,  à  la  distribution  des  prix  du  Petit  Lycée 
de  Reims,  sous  ce  titre  :  «  Un  collège  d'autrefois.  » 


792  MÉLANGES 

Chers  Élèves, 

Nombre  de  lycées  ou  collèges  de  France  portent  à  leur  fronton  le  nom  de 
quelque  illustre  personnage,  enfant  de  la  ville  ou  de  la  région.  C'est  ainsi 
que  Lamarlioe,  Victor  Hugo,  Hoche,  Ampère,  Cuvier,  Pasteur,  entre  bien 
d'autres,  sont  devenus  les  patrons  de  la  jeunesse  scolaire.  Votre  lycée  n'a 
eu  besoin  d'emprunter  à  personna  ses  titres  de  noblesse  :  il  lui  a  suffi  de 
garder  le  nom  que  lui  laissait  le  Collège  des  Bons- Enfants  de  l'Université 
de  Reims. 

Vous  pleîtil  de  recbercber  ce  qu'a  été  ce  Collège  des  Bons-Enfants? 
Voulez-vous  savoir  comment  y  vivaient  les  écoliers,  vos  camarades  d'autre- 
fois? Leur  histoire,  écrite  par  M''^  Cauly,  votre  ancien  aumônier,  nous  four- 
nira d'abondants  et  précieux  documents. 

Je  soupçonne  que  plusieurs  d'entre  vous  n'hésiteraient  pas  à  me  fausser 
compagnie  pour  entier  en  vacances  quelques  instants  plus  tôt,  ou  tout  au 
moins  imiteraient  volontiers  le  grand  Cocdé  qui,  harangué  un  peu  longue- 
ment à  son  entrée  dans  la  ville,  sauta,  en  manière  de  passe-temps,  par  des- 
sus la  tête  du  discoureur  stupéfait.  Mais,  puisque  vous  n'avez  ni  l'une  ni 
l'autre  de  ces  ressources,  faites  contre  fortune  bon  cœur,  et  dites-vous  qu'un 
mauvais  quarl-d'heure  est  vite  passé. 

Le  nom  de  Bons-Enfatits  fut  donné,  entre  le  ix«  et  xi^  siècle,  car  on  ne 
saurait  préciser,  à  quelques  pauvres  écoliers  que  l'église  de  Reims  recueil- 
lait pour  en  faire  des  moines  ou  des  prêtres.  Il  désignait  plus  particulière- 
ment des  élèves  sages  et  studieux,  par  opposition  aux  mauvais  garçons, 
jeunes  gens  paresseux  ou  indisciplinés.  De  l'existence  des  Bons- Enfants  de 
Reims  en  ces  temps  reculés,  il  ne  reste  aucun  document  authentique.  Tout 
ce  que  l'on  peut  affirmer,  c'est  qu'ils  habitaient  en  commun,  près  d'un  sanc- 
tuaire dédié  à  saint  Patrice,  une  humble  maison  voisine  de  la  porte  Bazée 
ou  Collatice,  et  qui  fut  comme  le  berceau  du  Lycée  actuel.  Ils  y  menaient 
une  vie  de  prière  et  d'étude,  ainsi  qu'il  convenait  à  de  futurs  ecclésias- 
tiques. 

En  1245,  l'archevêque  Juhel,  «  considérant  les  services  que  cette  sorte  de 
communauté  pouvait  rendre  à  l'Eglise  t,  rédigea  pour  les  Bons-Enfants  un 
règlement  dont  les  vingt-six  articles  ne  firent  que  consacrer  des  usages 
déjà  établis.  A  dater  de  ce  jour,  dix  ans  avant  l'apparition  du  plus  ancien 
Collège  de  l'Université  de  Paris,  on  peut  dire  que  le  Collège  des  Bons- 
Enfants  est  loûdé. 

Mais  combien  peu  il  répond  à  l'idée  que  ce  mot  éveille  en  votre  esprit  ! 
Ce  collège  compte  à  peine  12  élèves,  et  n'a  point  de  classes.  Pour  y  entrer, 
la  première  condition  est  de  ne  posséder  aucune  ressource  ;  il  faut  avoir  au 
moins  9  ans  et  16  ans  au  plus,  et,  en  outre,  subir  un  stage  d'un  mois. 
L'écolier,  une  fois  admis,  doit  se  soumettre  à  l'austère  régime  de  la  maison  : 
prier  et  travailler,  ne  jamais  sortir  en  ville,  sinon  pour  se  rendre  rue  des 
Tapissiers,  aux  écoles  du  Chapitre,  le  seul  endroit  alors  où  se  donne  l'en- 
seignement à  Reims  ;  —  il  devra  mendier,  si  le  maître  le  juge  nécessaire  ; 
—  chaque  nuit,  il  reçoit  la  discipHne.  Le  costume  consiste  en  un  vêtement 
de  drap  sombre  et  grossier,  complété  par  une  cape  grise.  La  communauté 
obéit  à  deux  chefs,  le  Procureur,  qui  gère  la  maison,  —  le  Maître,  qui 
surveille  le  travail. 

Je  ne  suivrai  pas  le  Collège  des  Bons-Enfants  à  travers  les  différentes 
fortunes  de  son  existence  au  Moyen-iige.  Sans  doute,  les  écoles  de  Reims 
n'ont  pas  manqué  alors  d'activité  ;  à  plusieurs  reprises  même,  elles  virent 
passer  quelques  hommes  célèbres  :   Robert  de  Sorbon,  fondateur  de  la  Sor- 


MÉLANGES  793 

bonne,  et  l'illustre  Gcrson,  étudièrent  à  Reims  avant  d'aller  poursuivre  à 
Paris  leur  brillante  carrière.  Mais  pendant  toute  cette  lonj^ue  période,  le 
Collège  des  Bous-Enfants  reste  à  peu  de  chose  près  ce  qu'il  a  été  dès  l'ori- 
gine, une  modeste  pension  de  boursiers. 

C'est  seulement  au  milieu  du  xvi*  siècle,  et  sous  la  généreuse  impulsion 
du  cardinal  Charles  de  Lorraine  que,  matériellement  agrandi,  doté  de  res- 
sources nouvelles,  pourvu  de  maîtres  qui  lui  soi.t  propre?,  donnant  sur 
place,  à  des  élèves  désormais  nombreux,  tout  l'enseignement  que  comporte 
l'époque,  il  devient  un  véritable  Collège,  digne  ancêtre  du  Lycée  actuel. 

Nous  sommes  alors  en  pleine  Renaissance.  De  toutes  parts,  les  Français 
se  sont  pris  d'un  enthousiaste  amour  pour  les  lettres  anciennes  enfin  retrou- 
vées. Le  Collège  de  France  vient  de  s'ouvrir,  et  des  milliers  d'auditeurs  s'y 
pressent  pour  entendre  l'ardente  parole  de  Ramus  ;  cependant  qu'au  Collège 
Coqaeret,  sous  la  direction  du  savant  Daurat,  Ronsard  et  ses  amis  ne  ces- 
sent ni  le  jour  ni  la  nuit  de  chercher  dans  les  livres  latins  et  grecs  «  les 
serves  dépouilles  de  l'antiquité  ». 

Reims  n'est  pas  encore  la  belle,  et  large,  et  populeuse  ville  que  nous 
connaissons.  Pressée  dans  une  ceinture  d'épaisses  murailles,  elle  renferme 
à  peine  20  ou  25,000  habitants.  Des  champs  s'étendent  sur  tout  l'espace 
tu-delà  de  la  Vesle,  des  champs  aussi  sur  l'emplacement  qu'occupent  de 
nos  jours  le  faubourg  de  Laon  et  le  faubourg  Cérès.  Les  maisons  ne  fran- 
chissent guère  les  limites  marquées  par  la  ligne  actuelle  des  grands  boule- 
vards. Dans  la  ville  même,  les  rues  sont  étroites  et  tortueuses  ;  pour  en 
avoir  la  nette  vision,  vous  n'avez  qu'à  parcourir  la  rue  du  Clou-dans-le- 
Fer,  la  rue  des  Élus,  la  rue  des  Écrevisses  et  autres  rues  voisines.  Pas  de 
pavés,  pas  de  trottoirs  ;  à  peine,  de  loin  en  loin,  quelques  bornes  massives 
et  saillantes,  précieux  rempart  contre  les  lourdes  voitures  qui  barrent  toute 
la  largeur  de  la  voie.  La  nuit,  l'obscurité  est  complète,  et  plus  d'un  siècle 
s'écoulera  avant  qu'on  ne  songe  à  allumer  aux  carrefours  quelques  rares 
lanternes.  —  Reims  n'en  est  pas  moins,  et  depuis  longtemps,  l'une  des 
métropoles  de  la  France  :  son  antiquité  (certains  panégyristes  ne  craignent 
pas  de  lui  donner  Remus  pour  fondateur),  son  importance  dès  les  premiers 
temps  de  noire  histoire,  le  grand  renom  de  plusieurs  de  ses  archevêques,  sa 
merveilleuse  cathédrale  où,  depuis  Philippe-Auguste,  vingt  rois  sont  venus 
se  faire  sacrer,  tout  contribue  à  faire  d'elle  une  glorieuse  cité. 

Et  pourtant,  dans  cette  marche  à  la  science  qui  iut  la  Renaissance,  elle 
s'est  laissé  devancer.  Les  Écoles  du  Chapitre  tombent  en  ruines  ;  ni  le 
Collège  des  Écrevés,  près  de  disparaître,  ni  les  Écoles  du  Temple,  ni  le 
Collège  des  bons-Enfants  ne  donnent  un  enseignement  complet  ;  il  faut  que 
l'étudiant  rémois  se  rende  à  Paris  pour  conquérir  ses  grades. 

Mais  voici  qu'en  I5i6  vient  s'asseoir  sur  le  siège  de  saint  Rémi  un  prélat 
éminent,  ami  des  lettres  et  puissant  en  cour,  l'archevêque  et  bientôt  cardi- 
nal Charles  de  Lorraine.  Aussitôt  installé,  il  prend  a  cœur  de  restaurer  les 
études  dans  l'antique  capitale  de  la  Gaule-Belgique.  Onze  villes  de  province 
ont  déjà  leur  Université,  Reims  aura  la  sienne  ;  Charles  de  Lorraine  en 
obtient  la  fondation  en  1547,  du  roi  Henri  II  et  du  pape  Haul  III.  Les 
locaux  des  Bons-Enfants  sont  à  peine  suffisants  pour  loger  12  boursiers, 
un  principal  et  4  régents  ;  le  cardinal  achète  les  maisons  voisines,  agrandit 
les  anciens  bâtiments,  élève  enfin  une  digne  demeure  à  la  jeune  Faculté 
des  Arts.  Il  y  dépense  si  bien  son  activité  et  ses  revenus  que,  sept  ans 
après  son  entrée  à  Reims,  la  vieille  résidence  des  Bons-Enfants  est  deve- 
nue le  Collège  que  vos  pères  ont  encore  trouvé  debout,    et   qui  a  suffi  pen- 


794  MÉLANGES 

dant  plus  de  trois  siècles  aux  générations  successives  des  écoliers  rémois. 
Efforçons-nous  d'en  faire  revivre  les  principaux  traits. 

Imaginez  deux  groupes  distincts  de  bâtiments.  L'un,  en  forme  de  quadri- 
latère allongé,  touchail  par  devant  à  la  rue  de  l'Université  (ancienne  rue 
Sainl-Anlhoiue),  ei  par  un  de  ses  côtés  à  la  rue  Vaulbier-le-Noir.  Il  com- 
prenait quatre  corps  de  logis,  avec  une  cour  centrale;  autant  que  j"ai  pu 
juger,  il  occupait  à  peu  près  la  place  des  locaux  qui  entourent  aujourd'hui 
la  cour  des  petits.  C'était  là  le  Collège  proprement  dit,  avec  les  classes  au 
rez-de-chaussée,  et  au  premier  étage,  où  courait  une  galerie  à  jour,  les 
chambres  des  écoliers  et  des  maîtres.  Ou  y  pénétrait  par  une  porte  de  style 
Renaissance,  percée  au  milieu  de  la  façade  sur  la  rue  de  l'Université.  Le 
logement  du  principal,  flanqué  d'une  élégante  tourelle,  se  trouvait  à  l'en- 
droit même  où  sont  les  appartements  de  M.  le  Proviseur.  De  tout  ce  pre- 
mier groupe  il  ne  reste  aucun  vestige,  sinon  la  porte,  que  vous  pouvez  voir 
à  l'entrée  du  Petit  Lycée,  où  elle  a  été  transportée  et  reconstituée  pierre 
par  pierre. 

Le  second  groupe,  moins  important  et  moins  beau,  touchait  à  la  porte 
Bazée,  et  se  dressait  à  l'endroit  où  son  maintenant  vos  cuisines  et  vos  réfec- 
toires. Il  était  disposé  en  équerre.  L'un  des  bras  de  Téquerre  faisait  pen- 
dant à  la  façade  du  premier  groupe,  et  était  occupé  par  une  vaste  salle, 
dite  de  saint  Patrice,  destinée  aux  réunions  et  séances  solennelles  ;  l'autre 
bras  se  poursuivait  parallèlement  à  la  rue  de  Contrai,  c'est-à-dire  parallè- 
lement aux  anciens  remparts,  dont  il  n'était  séparé  que  par  un  étroit  jardin  ; 
il  comprenait  au  rez-de-chaussée  la  chapelle,  et  à  l'étage  des  chambres 
d'écoliers.  Vous  pouvez  juger  de  ce  qu'ét^iit  cette  partie  en  considérant  le 
bâtiment  aux  pignons  pointus,  aux  fenêtres  étroites  et  irrégulières,  conservé 
en  bordure  de  la  rue  de  l'Université. 

Les  deux  groupes,  séparés  par  une  cour  spacieuse,  étaient  reliés  en  avant 
par  un  mur  où  s'ouvrait  une  porte  monumentale,  entrée  principale  de  l'éta- 
blissement, et  en  arrière  par  une  autre  muraille  sans  ouverture,  qui  isolait 
le  Collège  des  constructions  voisines. 

Tout  cela  formait,  pour  le  temps,  un  imposant  édi6ce.  Et  cependant  l'en- 
semble n'égalait  pas  la  moitié  de  votre  beau  Lycée  :  la  salle  de  gymnasti- 
que où  nous  sommes,  la  chapelle  et  les  classes  voisines,  toute  la  cour  des 
grands,  et  toute  celle  des  moyens,  toute  l'aile  neuve  sur  la  rue  de  Contrai, 
tout  le  petit  Lycée  sont  en  dehors  de  l'enceinte  que  nous  venons  de 
marquer. 

C'est  que  le  Collège  des  Bons-  Enfants  ne  comportait  ni  le  même  nombre 
d'élèves  qu'aujourd'hui  le  Lycée  de  Reims,  ni  le  même  personnel.  Un 
Grand-Mailre,  chef  suprême  et  directeur  de  la  maison,  un  Principal  o^i 
Gymnasiarque,  chargé  de  le  suppléer  en  cas  d'absence  et  de  choisir  les  pro- 
fesseurs, un  Provisor  ou  Économe,  neuf  régents,  dont  trois  pour  les  diffé- 
rentes branches  de  la  philosophie  (Dialectique,  Logique,  Physique),  et  les 
six  autres  pour  chacune  des  classes  de  la  Rhétorique  à  la  sixième,  tel  est, 
en  y  joignant  les  chapeldins  de  Saint- Patrice,  le  tableau  com|jlet  du  per- 
sonnel. Tous  sont  ecclésiastiques.  J'allais  oublier  le  portier  qui,  lui  aussi, 
est  fonctionnaire,  et  non  des  moindres,  si  l'on  en  juge  par  les  minutieuses 
recommandations  portées  à  son  endroit  au  règlement. 

Quant  aux  élèves,  il  serait  difficile  d'en  fixer  le  nombre  avec  précision  : 
certaines  indications  nous  permettent  seulement  de  l'évaluer  à  environ  300. 
La  très  grande  partie  sont  des  externes,  désignés  sous  le  nom  de  martinets, 
nom  emprunté  à  une  sorte  d-hirondelle,  qui,  dit  le  dictionnaire,  «  vole  tou- 
jours sans  s'arrêter,  et  ne  se  perche  que  sur  son  nid  ï. 


MELANGES  795 

Les  externes,  hors  du  Collège,  vivent  à  peu  près  à  leur  guise  ;  cl  il  est 
probable  qu'ici  comme  ailleurs  plusieurs  abusent  de  leur  liberté.  Si  les 
mêmes  causes  produisent  les  mêmes  effets  en  divers  points  de  la  Champa- 
pue,  les  grandes  chaleurs  d'été  durent  maintes  fois  obliger  la  Principal  des 
Bons-Enfants  à  envoyer  des  explorateurs  le  long  de  la  Vesle,  comme  lai- 
sail  le  principal  de  Troyes  sur  les  bords  de  la  Seine  :  il  s'agissait  de  rame- 
ner au  bercail  certains  externes  en  rupture  de  classe,  et  que  l'attiait  d'un 
bain  de  rivière  attirait  en  ces  lieux. 

La  petite  phalange  des  internes  est  soumise  à  une  discipline  plus  rigou- 
reuse. Elle  comprend,  outre  une  douzaine  de  boursiers,  les  quelques  pen- 
sionnaires que  l'on  peut  loger  dans  les  chambres  disponibles  :  car  chacun  a 
sa  chambre,  et  il  n'y  a  pas  de  dortoir  commun.  Ces  pensionnaires  s'appel- 
lent camérisles  ;  ils  portent,  ainsi  que  les  boursiers,  l'habit  long,  la  cein- 
ture et  un  bonnet  rond,  le  bonnet  carré  restant  le  signe  distinctif  des  pro- 
fesseurs et  docteurs.  Boursiers  et  caméristes  prennent  leurs  repas  en  com- 
mun avec  le  principal  elles  régents,  pendant  que  dans  le  réfectoire  silen- 
cieux, l'un  d'eux,  tour  à  tour,  fait  une  lecture  de  morale  ou  de  piété. 

Leur  journée  commence  à  cinq  heures.  Il  n'en  est  point  ici  comme  au 
Collège  Montaigu  à  Paris,  où  un  élève  de  philosophie  est  chargé  d'arra- 
cher au  sommeil  la  gent  écolière,  et  d'allumer  les  chandelles  :  c'est  la  clo- 
che qui  sonne  le  réveil.  Mieux  eût  valu,  sans  doute,  un  réveil  en  musique, 
tel  que  le, goûta  Montaigne  enfant  dans  le  château  de  son  père,  ou  encore 
un  réveil  au  son  des  flûtes  et  des  haut- bois,  tel  que  plus  tard  le  demandera 
pour  les  élèves  de  son  temps  l'excellent  et  peu  pratique  abbé  de  Saint- 
Pierre.  A  tout  prendre,  le  tintement  argentin  de  la  cloche  valait  bien  la 
surprise  du  tambour  résonnant  aujourd'hui  par  les  corridors  sombres. 

Après  le  lever,  une  courte  étude  ;  puis  l'on  se  rend  à  la  chapelle  de  Saint- 
Patrice.  Chaque  matin,  les  écoliers  entendent  la  messe  ;  les  dimanches  et 
jours  de  (êtes,  ils  assistent  aux  Vêpres  et  à  Compiles  ;  huit  fois  dans  l'an- 
née, ils  doivent  se  confesser  et  communier;  chaque  classe  et  chaque  repas 
commen''ent  et  se  terminent  par  une  prière.  Rien  d'étonnant  à  cette  fré- 
quence des  exercices  religieux  dans  un  Collège  fondé  par  un  archevêque» 
administré  par  des  prêtres,  et  où  bon  nombre  d'élèves  se  destinent  aux 
ordres.  J'ajoute  que  partout  en  France,  à  celte  époque,  il  en  est  ainsi. 

Les  classes  se  font  tous  les  jours,  sauf  les  dimanches  et  jours  de  fêtes,  de 
sept  heures  à  dix  heures,  et  de  deux  heures  à  cinq  heures  et  demie.  En 
carême  ei  en  temps  déjeune,  la  classe  de  matin  est  réduite  à  deux  heures 
et  demie.  Pas  de  tables  ni  de  bancs  dans  la  salle  :  le  régent,  vêtu  de  la 
toge  et  bonnet  carré  en  têie.  prend  place  sur  une  chaise  ;  les  élèves  s'accrou- 
pissent de  leur  mieux  sur  une  jonchée  de  paille  qu'on  renouvelle  le  samedi 
et  les  veilles  de  grandes  fêtes.  En  été,  on  pousse  le  raffinement  jusqu'à 
remplacer  la  paille  par  de  l'herbe  fraîche.  Gardez- vous  de  voir  là  une  sim- 
ple mesure  d'économie  :  ce  que  l'on  veut,  c'est  enlever  aux  écoliers  tout 
sentiment  d'orgueil.  Mais  quelle  mauvaise  installation  pour  ceux  qui,  tour- 
mentés du  précoce  désir  de  laisser  leur  nom  à  la  postérité,  n'en  savent  d'au- 
tre moyen  que  de  le  graver  un  peu  au  hasard  sur  le  mobilier  scolaire  ! 
Combien  plus  déplorable  encore  pour  ces  nonchalants,  trop  disposés  à 
prendre  en  classe  la  posture  du  Romain  à  table,  ou  à  étayer  une  tête  que 
le  poids  de  la  science  n'a  pu  encore  alourdir  t 

Quelles  sont  les  matières  enseignées  ?  'Vous  pouvez  le  deviner  par  la 
rapide  énumération  que  tout  à  l'heure  j'ai  faite  des  professeurs.  Le  grec 
n'apparaît  guère  ;  il  ne  revendiquera  sa  place  qu'un  peu  plus  tard,  à  la  fin 
du  siècle,  quand  les  travaux  savants   des   Budé,   des   Henri   Estienne,  des 


796  MÉLANGES 

Turnèbe  auront  produit  leur  plein  etFet.  D'histoire  et  de  géographie,  de 
sciences  nalurelles,  de  langues  vivantes,  de  langue  française  même,  malgré 
l'éloquent  plaidoyer  de  Du  Bellay,  il  n'est  pas  question.  Les  mathématiques 
ou  ne  figurent  pas  au  programme,  ou  bien,  comme  dans  l'Université  de 
Paris,  sont  expliquées  à  six  heures  du  matin  aux  seuls  élèves  de  philoso- 
phie. Elles  sont  si  peu  avancées  que  presque  personne  ue  sait  calculer  la 
plume  à  la  main  ;  pour  les  opérations,  si  simples  soient-elles,  on  se  sert  de 
jetons  ;  et,  un  siècle  plus  tard,  M""  de  Sévigné  ne  connaîtra  encore  pas 
d'autre  moyen  pour  calculer  sa  fortune. 

Le  latin  et  la  philosophie,  voilà  le  fond  des  études.  Pour  l'une  comme 
pour  l'autre,  l'enseignement  est  surtout  oral,  et  la  méthode  la  plus 
employée  est  la  dispute  ou  argumenlation.  Le  maître  dispute  avec  les  élè- 
ves, et  les  élèves  disputent  entre  eux,  sous  son  contrôle  et  sa  direction  :  le 
but  est  d'aiguiser  l'esprit  et  de  délier  la  langue.  Tantôt  un  point  de  dialec- 
tique ou  de  morale,  tantôt  un  détail  d'érudition,  ou  une  explication  de  texte 
fournira,  selon  les  classes  et  l'âge  des  écoliers,  l'occasion  d'argumenter.  On 
ne  recule  pas  devant  des  questions  qui  nous  semblent  puériles  :  M.  Quiche- 
rat,  dans  son  Histoire  de  Sainte-Barbe,  cite  une  sorte  diuspeclion  où  les 
élèves  eurent  à  décider  «  comment  s'appelait  le  frère  de  Remus  et  com- 
ment il  portail  la  barbe  ».  Pour  varier,  on  traduit  un  auteur,  on  construit 
des  vers  latins  ;  parfois,  mais  seulement  dans  les  classes  supérieures,  le 
régent  dicte  quelques  recueils  d'expressions,  quelques  séries  de  mots  latins 
que  l'on  prend  avec  le  plus  grand  soin  ;  car,  pensez-y  bien,  le  premier  dic- 
tionnaire latin,  le  Thésaurus,  de  Robert  Estienne,  vient  à  peine  de 
paraître. 

Le  latin  est,  en  somme,  l'étude  essentielle.  De  la  sixième  à  la  philoso- 
phie, on  ne  s'occupe  guère  d'autre  chose,  et  dans  l'enceinte  du  Collège,  il 
est  interdit  d'employer  une  autre  langue.  Vous  avez  bien  entendu  :  il  faut 
parler  latin.  Les  grammaires  sont  écrites  en  laiin  ;  la  classe  se  fait  en  latin  : 
c'est  la  règle  absolue  dans  toutes  les  Universités  d'alors.  Si  bien  qu'on  verra 
en  1612  un  professeur  de  philosophie  du  Collège  Tréguier  suspendu  de  ses 
fonctions  pour  avoir  professé  en  français.  On  enseigne  en  latin  la  pronon- 
ciation de  la  langue  maternelle.  Si  nous  en  avions  le  temps,  je  pourrais  vous 
citer  tel  passage  d'un  traité  de  l'époque  où  l'auteur  s'ingénie  à  expliquer 
dans  la  langue  de  Cicéron  l'emploi  et  la  prononciation  des  mots  :  bel,  beau, 
vieil. 

11  n'est  pas  jusqu'aux  récréations  sur  lesquelles  ne  pèse  la  tyrannie  du 
latin.  Non  seulement  en  sont  bannis  tous  les  jeux  bruyants,  tous  les  exer- 
cices qui  manqueraient  de  gravité,  et  auxquels,  d'ailleurs,  se  prêterait  mal 
la  longue  robe  de  l'écolier  ;  mais  défense  formelle  est  faite  à  tous  d'y  lais- 
ser entendre  un  mot  de  français.  Le  Principal  en  personne,  ou  un  régent 
par  lui  désigné,  est  chargé  d'assurer  sur  ce  point  l'obéissance  à  la  règle. 
Pour  plus  de  garantie  encore,  des  explorateurs,  sortes  d'espions  choisis 
parmi  les  bons  élèves,  parcourent  discrètement  les  groupes,  avec  missions 
de  signaler  les  infractions  échappées  à  l'oreille  vigilante  du  maître.  Malheur 
à  qui  se  laisse  prendre  en  défaut,  malheur  môme  a  qui  se  rend  coupable 
d'un  solécisme  ou  d'un  barbarisme  volontaire  :  la  verge  ou  le  fouet  sera 
capable  d'expier  un  pareil  forlait. 

Est-ce  à  dire  qu'à  ce  régime  du  latin  forcé,  tous  les  écoliers  deviennent 
des  émules  de  Cicéron  ou  de  Virgile?  Il  est  permis  d'en  douter.  S'il  ne 
manque  pas  alors  d'érudits  pour  écrire  purement  le  latin  ;  si  même  plusieurs 
femmes,  comme  Marie  Stuarl,  Marguerite  de  Valois,  parlèrent  couramment 
cette  langue  ;  si,  enfin,  d'Aubigaé,  à  en  croire   ses    mémoires,  savait,  à  six 


MIÊL  ANGES  797 

ans,  le  latin,  le  grec  et  l'hébreu,  combien  de  bacheliers  en  étaient  réduits  au 
jargon  de  l'écolier  limousin  de  Rabelais,  ou  à  celui  des  docteurs  du  Malade 
imaginaire.  En  tout  cas,  je  ne  vous  conseille  pas  de  remettre  jamais  à  vos 
professeurs  des  théines  où  figurent  des  phrases  comme  celles-ci,  emprun- 
tées au  langage  d'écoliers  de  ce  temps  :  «  Ego  me  l7-ansibo  de  le.  —  Noli 
crachare  super  me.  » 

J'ai  parlé  tout  à  l'heure  de  verges  et  de  fouet  :  vous  n'auriez  qu'une 
image  bien  infidèle  d'un  Collège  du  xvi^  siècle,  si  je  ne  vous  disais  quel 
rôle  important  y  jouaient  ces  auxiliaires  de  l'antique  discipline.  Dès  le  x»  siè- 
cle, l'évêque  Ralhier  composant  une  sorte  de  rudiment  pour  faciliter  aux 
écoliers  l'étude  de  la  grammaire,  lui  donne  ce  titre  expressif  ;  Serva  dor- 
sum.  —  Moyen  de  sauver  son  échine.  —  Cinq  cents  ans  plus  tard,  le  mal 
n'a  fait  qu'empirer  :  les  peintures  qu'en  font  Rabelais,  Montaigne,  Erasme 
et  d'autres  encore  ne  laissent  sur  ce  point  aucun  doute.  Pour  les  peccadilles, 
la  férule  du  maître  suffit,  et  il  en  use  libéralement  ;  dès  que  la  faute  prend 
quelque  gravité,  Vœ  iialibus,  comme  disait  Erasme,  le  fouet  entre  en  jeu. 
Le  nombre  des  coups,  la  partie  du  corps  voué  au  châtiment,  le  lieu  de  l'exé- 
cution, tout  est  minutieusement  prévu.  Et  c'est  le  principal  lui-même  qui 
applique  le  règlement.  Quand,  à  l'imitation  des  Jésuites,  il  trouvera  indigne 
de  fouetter  de  sa  propre  main,  on  chargera  de  ce  soin  le  portier,  ou  un 
domestique,  parfois  même  quelque  camarade  du  patient,  pauvre  diable  bien 
musclé  à  qui,  pour  récompense,  on  fera  remise  d'une  partie  de  sa  pension. 
Nul  n'échappe  au  correcteur,  pas  plus  le  garçon  de  seize  ou  dix-sept  ans,  que 
le  bambin  de  dix,  pas  plus  les  grands  seigneurs  que  le  dernier  des  écoliers. 
Même  dans  les  maisons  royales,  les  princes  du  sang  tremblent  devant  la 
verge,  et  la  garde  qui  veille  à  leur  porte  ne  les  en  défend  pas  :  Louis  XIII, 
sacré  à  Reims  le  17  octobre  16t0,  est  cependant  fouetté  l'année  suivante,  le 
10  marsien. 

Est- il  besoin  de  vous  dire  que  le  triste  usage  des  châtiments  corporels 
b'esl  conservé  presque  jusqu'à  nous?  Sans  avoir  atteint  l'âge  d'un  Nestor, 
plusieurs  d'entre  nous  ont  peut-être  connu  quelque  vieux  magister,  dernier 
représentant  de  la  rudesse  du  Moyen-âge  :  à  la  moindre  incartade,  au  moin- 
dre mot  chuchoté  dans  la  classe,  il  lançait  au  coupable  une  gaule  de  quatre 
à  six  pieds  de  long  ;  le  malheureux  devait  la  rapporter,  et  recevoir,  en 
récompense,  sur  le  bout  des  doigts  réunis,  ou  sur  la  paume  de  la  main, 
quelques  coups  doctement  appliqués  :  je  puis  affirmer  qu'il  n'y  mettait  pas 
toujours,  comme  le  Dupont  de  Musset,  toute  la  dignité  d'un  sénateur 
romain. 

Tout  cela  est  enfin  passé  :  j'ose  croire  que  vous  n'en  avez  point  regret. 
Si  je  vous  connais  bien,  vous  n'avez  pas  les  goûts  du  légendaire  écolier 
anglais  qui,  mis  à  la  porte  de  son  collège,  à  la  veille  des  vacances,  pour 
avoir  refusé  de  se  laisser  fouetter,  fut  bientôt  pris  de  remords  ;  il  partit 
alors,  un  beau  fouet  neuf  dans  sa  malle,  à  travers  la  France  et  la  Suisse,  à 
la  recherche  du  maître  frustré,  et  ne  revint,  la  conscience  tranquille, 
qu'après  avoir  obtenu  complet  règlement  de  compte. 

La  rude  discipline  du  Collège  n'exclut  pas,  pour  les  Bons-Enfants,  les 
distractions  qu'autorise  le  souci  de  leurs  études.  Je  ne  dirai  pas  qu'on  s'in- 
génie à  leur  organiser  des  fêtes  semblables  à  celles  qui  ont,  depuis  quel- 
ques années,  charmé  vos  oreilles,  vos  yeux  et  votre  esprit  ;  je  ne  sache  pas 
non  plus  qu'on  les  ait  jamais  conduits  faire  d'instructives  promenades  et  de 
délicieux  goûters  dans  les  plus  jolis  sites  des  environs  de  Reims.  Mais  enfin, 
chaque  année  leur  apporte  à  époques  fixes  certains  divertissements.  A  l  in- 
térieur, ils  ont  les  soutenances  solennelles  de  thèses  dans  la  grande  salle  de 


798  MÉLANGES 

Saint-Palrice,  et  bientôt,  à  l'exemple  des  Jésuites,  les  représentations  théâ- 
trales. Les  unes  et  les  autres  se  donnent  à  Pâques,  et  surtout  à  la  fin  de 
l'année  scolaire,  c'est-à-dire  au  mois  d'août  ;  car  les  vacances,  appelées 
vendanges,  ne  recommencent  qu'eu  septembre  et  durent  seulement  un  mois. 
Ces  solennités  tiennent  lieu  des  distributions  de  prix,  instituées  un  siècle 
plus  tard  :  tous  les  personnages  marquants  de  la  ville,  spécialement  invités 
et  placés  par  ordre  de  préséance,  rehaussent  de  leur  présence  l'éclat  de  la 
cérémonie. 

Au  dehors,  les  étudiants  assistent  aux  représentations  des  mystères,  et 
prennent  leur  part  des  réjouissances  qui  accompagnent  les  granaes  fêtes  de 
1  Eglise.  Le  mercredi  saint,  ils  suivent  la  curieuse  procession  du  Hareng  : 
"Vous  savez  de  quoi  il  s'agit  :  le  cortège  part  de  la  cathédrale  pour  aboutir 
à  Saint-Remi  ;  et,  durant  tout  le  parcours,  chacun  des  vénérables  chanoines 
semble  uniquement  préoccupé  de  marcher  sur  le  hareng  que  traîne,  au  bout 
d'une  ficelle,  le  chanoine  qui  le  précède,  tout  en  défendant  de  son  mieux 
son  propre  hareng  contre  les  tentatives  du  confrère  qui  le  suit.  —  Le  jour 
de  Pàq'.es,  c'est  la  promenade  du  G7'and- Bailla,  immense  dragon  d'osier 
dont  la  gueule  s'ouvre  pour  recevoir  les  charités  de  la  foule.  —  Deux  fois 
par  an,  ils  figurent  en  outre  à  la  procession  de  l'Université  :  !e  Recteur  a 
fixé  un  dimanche  ou  jour  de  fête,  et  indiqué  le  sanctuaire,  but  de  la  proces- 
sion ;  toutes  les  messes  devront  être  terminées  avant  huit  heures  dans  les 
églises  paroissiales.  A  l'heure  dite,  les  ordres  religieux,  les  étudiants,  les 
régents,  le  Principal,  le  Grand-Maître,  le  Recteur,  tous  en  costume  d'appa- 
rat, et  suivis  des  suppôts  de  l'Université,  partent  en  bel  ordre  de  la  cha- 
pelle de  Saint-Patrice  ;  et,  au  milieu  d'un  immense  coicours  de  peuple,  la 
pompe  du  cortège  se  déroule  par  les  rues  de  la  cité. 

Mais  la  fête  la  plus  joyeuse  est  celle  de  Saint-Nicolas.  C'est  la  fête  pro- 
pre des  écoliers,  en  attendant  la  canonisation  de  Charlemagne.  En  ce  jour 
les  étudiants  sont  maîtres  de  la  ville.  Un  archevêque  des  Écoles,  élu  par 
eux,  prend  possession  du  chœur  de  la  Cathédrale,  où  il  penlifie  mître  en 
tête  et  crosse  en  main  :  «  Après  l'office,  il  parcourt  à  cheval  les  rues  de 
Reims,  escorté  de  tous  les  étudiants,  dont  les  clameurs  assourdissent  les 
habitants.  »  La  fête  se  termine  par  un  festin  aux  frais  d'un  chanoine  choisi 
parmi  les  membres  les  mieux  reniés  du  Chapitre. 

J'ai  essayé  d'évoquer  devant  vous  la  physionomie  du  Collège  des  Bons- 
Enfants  au  moment  où  venait  de  l'organiser  son  illustre  protecteur,  le  car- 
dinal de  Lorraine.  Je  n'entreprendrai  pas  de  vous  dire  quelles  furent  ses 
destinées,  comment,  malgré  la  concurrence  des  Jésuites  qui  vinrent  bientôt 
s'établir  à  Rejms,  malgré  quelques  périodes  d'agitations  et  de  temporaire 
décadence,  il  réalisa  les  espérances  que  son  ioudateur  avait  conçues  :  vous 
ne  me  pardonneriez  pas  de  vous  retenir  plus  longtemps.  Contentons-nous 
d'affirmer  qu'en  celte  dernière  phase  de  son  existence,  les  éludes  y  fleuri- 
rent, et  que  nombre  d'hommes  célèbres  y  donnèrent  ou  y  reçurent  de  savan- 
tes leçons  ;  qu'enfin,  jusqu'au  moment  de  disparaître,  l'antique  Collège  de 
l'archevêque  Juhel  resta  fidèle  à  son  glorieux  passé. 

C'est  maintenant  à  vous,  chers  élèves,  à  soutenir  une  réputation  près  de 
dix  l'ois  séculaire.  Vous  avez  de  qui  tenir  ;  mais  noblesse  oblige.  De  môme 
que,  pour  être  gentilhomme,  il  ne  suffisait  pas  que  Dirante  fût  sorti  de 
Uéronle  ;  tout  de  même,  pour  être  les  dignes  conlinuateurs  des  Bons- 
Enfants,  ce  n'est  pas  assez  d'avoir  hérité  leur  nom.  Redoublez  donc,  quand 
vous  nous  reviendrez,  d'efforts  et  de  courage.  Nous  ne  voulons  plus  de 
férules  pour  vous  contraindre  au  travail  ;  mais  la  sévère  statue  du  Devoir 
est  assise  au  vestibule  de  votre  Lycée  :  faites  qu'elle   ne  soit    pas  un  vain 


MÉLANGES  799 

symbole  ;  soyez  tous  des  Bons-Enfants,  au  vieux  seus  du  mot,  pour  deve- 
nir enduite  de  bous  et  utiles  citoyens. 


On  lil  dans  la  Revue  numismatir/nCy  1898,  p.  704-706  : 

Un  i'rocès  de  kaux  monnayage  en  1306.  —  Le  document  trans- 
crit plus  loin  présente  quelque  intérêt,  tant  à  cause  des  inculpés 
qui  y  sont  nommés  que  par  suite  de  l'énumération  des  monnaies 
contrefuites. 

La  poursuite  ordonnée  par  le  prévôt  était  nettement  et  sérieu- 
sement formulée,  et  François  le  Coq^  trente-troisième  abbé  de 
Jandures  (aujourd'hui  Jeand'heurs,  commune  de  l'Isle-en-Rigault, 
Meuse),  doit  avoir  expié  le  crime  qu'on  lui  reprochait,  car  sa  mort 
suivit  d'assez  près  la  date  de  notre  document.  Voici,  en  effet,  son 
épitaphe  '  : 

Cy  gist  noble  et  scientifique  personne  révérend  père,  frère  François  le 
Coq,  natif  de  Paris,  docteur  ez  droits,  jadis  abbé  de  céans  par  l'espace  de 
17  ans,  lequel  mourut  le  XIX  de  juillet  M.DLXVIL  Priez  Dieu  pour  lui. 

François  le  Coq  était  un  moine  de  l'ordre  de  saint  Benoit  ;  mais 
il  avait  adopté  la  règle  des  Prémontrés,  en  IdoO,  lorsqu'il  devint 
abbé  de  Jandures. 

Les  autres  personnages  impliqués  dans  l'aifaire  de  faux  mon- 
nayage ne  paraissent  pas  avoir  laissé  de  traces  dans  l'histoire. 

Quant  aux  monnaies  énumérées  dans  le  document,  on  voit 
.qu'elles  ne  sont  pas  toutes  françaises.  Les  faussaires  avaient  imité 
non  seulement  les  écus  d'or  au  soleil,  les  pièces  de  six  blancs  ^, 
les  testons,  les  Carolus  et  demi-Cai-olus,  mais  encore  les  «  écus 
pistolets^  »,  qui  étaient  des  pièces  d'or  espagnoles,  et  les  «  jocon- 
dalles  '  »,  c'est-à-dire  des  thalers  ou  écus  de  différents  pays  (Alle- 
magne, Pays-Bas,  Suisse,  Hongrie,  etc.). 

L'imitation  de  ces  espèces  étrangères  était  aussi  répréhensible 
que  celle  des  monnaies  de  France,  puisque  diverses  ordonnances 
avaient  autorisé  le  cours  de  ces  monnaies  dans  le  royaume. 

Adrien  BLA^•CHET. 

1.  Gallia  Christ.,  t.  XIII,  col.  1142. 

2.  C'est  la  pièce  appelée  aujourd'hui  double  solparisis  (Hoffmann,  Char- 
les IX,  n»  31).  Voy.  l'ordonnance  du  23  mai  1572. 

3.  «  Escuz  d'Espaigne  dilz  pistolietz  »  dans  VOrdonnance  du  Roy  pour 
le  reiglement  général  de  ses  monnoics,  l'aris,  23  mai  1573.  —  Dans  l'or- 
donnance du  15  juin  1566,  les  «  escuz  pistollelz  »  valent  48  sols  tournois 
la  pièce,  taudis  que  l'écu  au  soleil,  de  France,  vaut  50  sols. 

4.  Sur  le  Jocondale  (de  Joachimslhaler),  voy.  A.  de  Lougpérier,  Comp- 
tes rendus  de  la  Soc.  franc,  de  Numism.,  t.  V,  1874,  p.  432,  et  Œuvres, 
t.  VI,  p.  64  et  195. 


800  MÉLANGES 

Ordre  de  pourstiivre  des  faux  nionnayeurs  en  i6G6. 

€  Claude  Loste,  Licencié  es  Loix,  seigneur  de  Recy  et  Braux, 
prévosl  général  de  nos  seigneurs  les  conneslabies  et  marescbauix 
de  France  au  gouvernement  de  Champagne  et  Brj^e,  au  premier 
de  noz  archers  ou  aullre  sergent  royal  sur  ce  requis,  salut.  Veu 
les  charges  et  informacions  et  advis  de  conseil  sur  icelles  aux  sai- 
ges  faictes  à  l'encontre  de  M«  François  le  Coq,  abbé  de  Jendeuvre, 
messire  Henry  de  Touruebulle,  curé  de  Bassincourt,  Christofle  de 
la  Cressonnière,  prieur  de  Sermaizes,  ung  nommé  M*  Simon, 
armurier,  Gilles  Lestoc,  ung  nommé  M°  Jehan  Clerc,  serviteur 
d'ung  nommé  M*  Jehan  du  Puys,  demeurant  à  Bar-le-Duc,  et 
Jehan  Camus,  marchant,  demeurant  à  Ligny  en  Barrois  ;  par  les- 
quelles ils  se  trouvent  véhémentement  chargez  d'avoir  faict  et 
fabricqué  faulce  monoye,  de  falcisfier  les  coings  du  Roy;  signau- 
ment  a  fere  des  escus  sol,  escuz  pistoietz,  jocondalles,  pièces  de 
six  blancz,  testons  de  Roy,  Karolus  et  demiz  carolus,  en  ce  faisant 
commectant  crime  de  leze  majesté  contre  l'auctorité  dudit  sei- 
gneur, bien,  repos  et  tranquilité  public.  Nous,  à  ces  causes,  vous 
mandons  et  commectons  par  ces  présentes  que,  à  requesle  du  pro- 
cureur du  Roy,  nostre  sire,  vous  prenez  et  appréhendez  au  corps 
partout  où  faire  se  pourra  iceulx  Le  Coq,  TournebuUe,  La  Cres- 
sonnière, M'  Simon  armurier,  Lesloc,  Clerc  et  Camus,  et  iceulx 
amener  soubz  bonne  et  seure  garde  es  prisons  de  la  ville  de  Chaa- 
lous  en  Champagne,  ou  aultres  prisons  royalles  plus  prochaines. 
La  part  où  se  feront  lesdites  captures,  si  prins  et  appréhendez 
peuvent  eslre,  pour  illec  leur  estre  par  nous,  ou  notre  lieutenant, 
faict  leur  procès;  et  où  prendre  et  appréhender  ne  les  pourrez, 
adjournez  les  à  estre  et  comparoir  par  devant  nous  ou  notredit 
lieutenant  à  trois  briefs  jours,  à  peine  de  bannissement  et  confis- 
cation de  corps  et  de  biens,  en  la  manière  accoustumée,  à  certains 
jours,  lieu  et  heure  compettantz  pour  estre  oyz  et  respondu  par 
leurs  bouches  et  sans  conseil,  sur  lesdites  charges  et  informacions 
contre  eulx  faictes  ester  a  droit  et  procedder  en  oultre  comme  de 
raison  audites  saisye  et  annotacion  de  leurs  biens  jusques  à  ce 
qu'ils  aient  obéy.  Au  régime  et  gouvernement  desquels  commec- 
trez  hommes  capables,  ydoines  et  suflisantz,  qui  en  puissent  ren- 
dre bon  compte  et  relicqua,  quant  et  à  qui  il  apartiendra.  De  ce 
faire  vous  donnons  pouvoir,  mandons  à  vous  ce  faisant  estre  obey 
en  re.scripvanl  de  ce  que  faict  aurez.  Donné  soubs  notre  seing 
manuel,  avec celluy  de  Pierre  Drouet  notre  greffier,  le  premier  jour 
du  mois  de  juillet  M.Vc  soixante  six. 

P.  DnouET. 

(Papier.  CoHeclion  Adrien  Blanchel.) 

L'Imprimeur- Gérant, 

LÉON    FRÉMOiVr. 


NOTICE     HISTORiaUE 


SUR     LA    MAISON 


DE  POImPERY  de  LOZEiiAY 


Celle  maison  fort  ancienne,  la  seule  de  ce  nom,  est  d'ex- 
Iracliou  noble.  Elle  est  originaire  de  la  Brie-Charapagne. 
La  maison  de  Pompery  a  sa  filiation  non  interrompue  à  partir 
de  Charles  de  Pompery,  seigneur  de  Lozeray,  près  Dhuisy 
(Seine-et-Marne),  qui  vivait  vers  la  fin  du  xv<^  siècle  ;  mais  il 
existe,  à  la  Bibliothèque  nationale,  une  charte  de  mai  1240, 
relative  à  Thibault  de  Pompery,  qui  prit  part  k  la  croisade  de 
1238  avec  Thibault  IV,  comte  de  Champagne  '. 

I 

Philippe  I  de  Pompery, 

Philippe  de  Pompery,  écuyer,  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi  Louis  Xil  (1507),  capitaine  de  Vernon, 
acheta,  en  1512,  k  Antoine  Dumoulin,  la  seigneurie  d'Acy- 
en-Multien  avec  les  liefs  qui  en- dépendaient. 

La  seigneurie  d'Acy-en-Mullien  était  divisée  en  Ilaut-Acy 
(fiefs  de  Galonné,  de  la  Bergerie  et  de  la  Mothe),  lequel  rele- 
vait du  bailliage  de  Meaux,  et  en  Bas-Acy,  relevant  du  bail- 
liage de  Valois  et  de  la  châlellenie  de  Crépy. 

Philippe  de  Pompery  obtint  du  roi  des  lellres  patentes  pour 
ne  faire  de  tous  ces  fiefs  qu'un  seul  fief-lige  relevant  du 
château  de  Meaux.  (Cette  partie  sortit  ainsi  pour  toujours  de 
la  mouvance  du  Valois.) 

En  loLi,  Philippe  de  Pompery  achèt?  encore  à  Antoine  du 
Moulin  le  fief  de  Vincy,  avec  union  des  droits  de  justice. 
[Cat.  des  actes  de  François  /'"'',  l.  Vil,  Acles  non  dalés,  508, 
n»  26410.) 


1 .   Voir  l'Appendire. 

51 


802  NOTICE   HISTORIQUE    SUR   LA   MAISON 

Sous  Philippe  de  Porapery,  le  11  avril  1521,  il  y  eut  un 
combat  près  d'Acy-eu-Mullien,  entre  uu  délachemeut  des 
conipaguies  bourgeoises  de  Meaux  et  une  troupe  de  soldats 
vagabonds  qui  s'étaient  retranchés  dans  le  bourg  d'Acy.  La 
troupe  des  soldats  eut  l'avantage  ;  les  bourgeois  de  Meaux 
perdirent  dix-neuf  des  leurs  qui  demeurèrent  sur  place  :  on 
les  enterra  dans  la  même  fosse,  Philippe  de  Pompery,  en 
lb22,  prit  des  mesures  pour  régler  les  limites  des  juridictions 
entre  lesquelles  la  terre  d'Acy  était  partagée.  11  obtint  à  ce 
sujet  des  lettres  patentes  du  roi.  [Histoire  du  duché  ds  Valois, 
par  Carlier,  pages  446  et  547.) 

Les  seigneurs  du  Haut-Acy  ont  pris  et  conservé,  jusqu'en 
1668.  la  qualité  de  comte  d'Acy,  comme  accesseurs  de  Phi- 
lippe de  Pompery,  premier  huissier  de  la  chambre  du  roi,  qui 
l'avait  prise  lui-même  parce  qu'un  jour  François  1°"^,  en  lui 
adressant  la  parole,  l'avait  appelé  comte  d'Acy.  (De  la  Mor- 
liôre,  Généalorjies  des  Maisons  illustres.) 

Philippe  de  Pompery  contracta  deux  alliances  :  1°  avec  Mar- 
guerite de  Mauterne,  fille  de  Gilles  de  Mauterue,  bailli  de 
Nogent-le-Roi,  et  de  Roberte  Métayer  de  Guichainville  ; 
2"  avec  Antoinette  de  Radinghan,  fille  de  Jean  de  Radinghan, 
écuyer,  seigneur  d'Anglure  et  d'Ocquerre  (près  Vendrest  en 
Brie). 

Antoinette  de  Radinghan,  dame  d'Acy,  mourut  le  21  jan- 
vier 1524.  Quant  à  Philippe  de  Pompery  d'Acy,  il  est  mort  le 
14  novembre  1530.  Leurs  restes  reposent  devant  l'autel  de 
Saint-Nicolas,  dans  l'église  d'Acy-en-Multien.  [Carrés  d'Ho- 
zier.) 

De  sou  premier  mariage  avec  Marguerite  de  Mauterne, 
Philippe  de  Pompery  eut  deux  filles  :  Françoise  de  Pompery, 
qui  épousa  messire  Louis  de  Poutbriant  des  Bordes  le  16  jan- 
vier 1519,  et  Jeanne  de  Pompery,  mariée  à  Louis  de  Mau- 
terne, seigneur  de  Ruffin. 

Du  second  mariage  avec  Antoinette  de  Radinghan  naquit  un 
lils  :  Guy  de  Pompery  de  Lozeray. 

Françoise  de  Pompery  épousa,  le  IG  janvier  1519,  son  cou- 
sin germain  Louis  de  Pontbriant,  écuyer,  seigneur  des  Bor- 
des, de  Bideaux,  de  Bréchamp,  du  Mesnil,  de  Vaubrun,  de 
Maussaises,  de  la  Coudraye,  de  la  Bretèche,  etc.,  lequel  était 
fils  de  Jean  de  Pontbriant,  l'un  des  cent  gentilshommes  de  la 
maison  du  roi,  capitaine  du  vieux  palais  de  Rouen,  et  de 
Jeanne  de  Mauterne,  dame  des  Bordes  et  de  Ruffin.  Françoise 
eut  de  son  mariage  : 


DE  POMPKRY   DE   L07.ERAY  803 

1"  Antoine  de  Pontbriant,  seigneur  des  Bordes,  marié  le 
13  février  1548  avec  Roberte  de  Morais  de  la  Garencière. 

2"  François  de  Pontbriant,  seigneur  de  Vaubruu,  auteur  de 
la  deuxième  branche  de  Beauce,  marié  en  I56G  à  Claude  de 
Giffrye. 

3"  Guillaume. 

4°  Louis. 

B"  Jeanne  de  Pontbriant,  mariée  le  19  juin  1554  à  Robert 
de  Graffart,  écuyer,  seigneur  de  Marcey,  l'un  des  cent  gen- 
tilshommes de  l'hôtel  du  roi. 

6"  Marguerite  de  Pontbriant,  mariée  avec  Jacques  de  Hou- 
detot. 

Françoise  de  Porapery,  dame  de  Pontbriant,  veuve  en  1548, 
résida  jusqu'à  sa  mort  dans  le  château  des  Bordes,  près 
Limours. 

Ce  château,  dont  il  ne  reste  plus  qu'un  beau  porche  ancien 
flanqué  de  tourelles,  a  pour  propriétaire  actuel  M.  Flurj^. 

La  terre  des  Bordes,  à  l'extinction  de  la  branche  aînée  des 
Pontbriant  (de  Beauce),  fut  vendue  au  xviii^  siècle  aux  BuUion, 
seigneurs  de  Fervaques,  dont  une  tille  la  porta  aux  ducs 
d'Uzès  qui  la  possèdent  encore  aux  environs  de  leur  château 
de  Bonnelles. 

Les  armes  des  Poulbriant  des  Bordes  sont  :  d'azur  au  pont 
à  trois  arches  d'argent,  maçonné  de  sable.  (Salles  des  Croisa- 
des, à  Versailles.) 

Jeanne  de  Pompery  épousa  Louis  de  Mauterue  (Armes  : 
d'azur  à  une  croix  d'or  engrelée  de  salle  et  cantonnée  de  quatre 
papegais  {perroquets)  d'argent,  le  pied  droit  levé),  fils  de  Gilles 
de  Mauterne,  seigneur  de  Ruffin,  bailli  de  Nogent-le-Roi,  et 
do  Nicole  de  Harville  (des  marquis  de  Palaiseau). 

Ils  résidèrent  au  château  de  Ruffin,  détruit  récemment. 

Jeanne  de  Porapery  devint  veuve  en  1525.  Le  5  octobre  de 
la  même  année,  elle  fait  une  demande  comme  ayant  la  garde 
noble  de  Liénard,  Louis  et  Charles  de  Maulerue,  ses  enfants 
mineurs,  pour  le  fief  de  Ruffin  et  de  Bréchamp  relevant  de 
Nogent-le-Roi. 

Jeanne  de  Pompery  vivait  encore  en  1530. 

(Bibliothèque  nationale.  Pièces  originales,  1901,  dossier 
Mauterne.) 


804  NOTICE   HISTORIQUE    SUR   LA    MAISON 

II 

Guy  de  Pompery. 

Guy  de  Pompery  de  Lozeray,  seigneur  de  Vendrest  et 
autres  lieux,  premier  huissier  de  Frauçois  ?'",  prit  part,  eu 
1530,  à  la  défense  de  Péronne.  Il  épousa,  eu  lb46,  Françoise 
de  Biecques,  héritière  de  la  terre  de  VenJresl-yn-Brie.  Ils  mou- 
rurent à  Rademout-en-Brie,  laissant  deux  fils  :  Claude  et 
Antoine  de  Pompery. 

III 
Claude  de  Pompery. 

Claude  de  Pompery,  seigneur  de  Vendrcst,  de  Lozeray 
el  autres  lieux,  épousa,  le  18  mars  1578,  Louise  Le  Cheva- 
lier. Il  était  apsi>té,  pour  son  maiiage,  de  son  frère  Antoine  K 

IV 
François  de  Pompery. 

François  de  Pompery,  seigneur  de  Vendrest,  des  Hurlus,  de 
Lozeray  et  autres  lieux,  épousa  à  Chàlous,  le   13   septembre 

1.  9  avril  1569.  —  Anllioine  de  Pompery,  archer  aux  ^ages  de  aO  livres 
pour  le  quartier  d'octobre,  novembre  et  décembre  mil  cinq  cens  soixaute- 
huict,  est  inscrit  sur  le  «  roolle  de  la  monstre  et  reveue  faicte  en  armes  à  la 
«  Ferlé  Myloa,  le  neuficsme  jour  d'avril  mil  eiuq  cens  soixante  neuf,  de 
>(.  vingt  sept  bommes  d'armes  et  quarante  uug  archers,. ...  du  nombre  de 
«  cinquante  lances  fournyes  des  ordonnai.ces  du  Hoy  soubz  la  charge  et 
«  conduicte  de  Monsieur  de  la  CbappcUe  des  Urs  us,  chevalier  de  l'ordre, 
«  leur  cappitaine.  » 

(Bibliothèque  nationale.  Culleclion  ClairamhauU,  reg.  135,  page  22'2G.  Par- 
chemin original.) 

27  aoQl  1581.  —  Anlh-jine  de  Pompery,  demeurant  à  l'u/if/ra;.';,  bailliage 
de  Meaiilx,eit  inscrit  comme  homme  d'ara.eà  aux  gages  de  33  écus  au  tiers 
pour  le  quarlier  d'avril,  mai  et  juin  1581,  sur  le  «  roo'.le  de  la  monstre  et 
«  reveue  l'jicte  en  armes  au  villaige  de  Neauroy  près  Sainct-Queniiii,  le 
«  vingt  septiesme  jour  d'aoutl  mil  cinq  cens  quatre  vingtz  cinq,  de  !a  com- 
«  paigiiye  de  soixante  hommes  d'armes  des  ordonnances  du  lîoy  du  tiltre  de 
«  cent,  d  nt  a  la  charge  et  con  lui.  le  messire  Chiislulle  des  Ursins,  sei- 
«  gneur  de  la  Chappelle,  chevallier  de.s  ordres  dudict  seigneur,  conseiller  en 
«  ton  C-ouseil  privé  et  d'eslal  et  cafipilaine  de  la  iicte  compaignye.  » 

(IJiblioihèque  nationale,  (lolledion  Clairambaull.  reg.  \V6,  p.  2238.  l'ar- 
cbemin  original.) 


DE    POMPERY    DR    LOZERAY  805 

1G19,  damoiselle  Magdeleiue  de  Hérisson  de  la  Poulmerie,  de 
Vigneux,  de  Courtemont,  etc. 

De  ce  mariage  sout  nés  : 

l''  Olivier  I  de  Pompery,  qui  épou?a,  le  24  juillet  1651, 
damoiselle  de  Tassin. 

2°  Pierre  I  de  Pompery,  seigneur  de  Biercy  et  Grandcour 
eu  partie,  naquit  eu  1636.  Porte-étemlard  des  gendarmes  de 
la  garde  du  roi,  il  épousa,  le  24  octobre  1679,  en  la  chàlellenie 
de  Montmirail-en-Brie,  damoiselle  Jeanne  de  Soissy,  fille  de 
Jacques  de  Soissy,  écuyer,  seigneur  des  Marais,  des  Granges, 
de  Villefoulaine,  des  Bordes,  Bergère,  Sogny  et  Monlflobert, 
el  de  Jeanne  le  Turcq. 

Pierre  I  de  Pompery  est  mort  le  25  février  1721,  laissant 
deux  enfants  :  Henry-Pierre  de  Pompery,  mestre  de  camp  en 
1736,  et  une  fille  mariée  à  M.  de  Fontenelle. 

V 
Olivier  I  de  Pompery. 

Olivier  I  de  Pompery,  écuyer,  seigneur  de  Lozeray,  de  la 
Gourte-lès-Biercy,  de  Landricourt  et  des  Déserts,  épousa 
le  24  juillet  16oI,  au  comté  de  Vertus,  damoiselle  Appo- 
line  de  Tassin,  des  seigneurs  de  la  Noue,  de  la  Moricerie,  de 
Monceau  et  des  Déserts. 

Du  mariage  d'Olivier  1  de  Pompery  et  de  damoiselle  de 
Tassin  est  issu  :  Gharles  I  de  Pompery. 

VI 
Charles  I  de  Pompery. 

Charles  I  de  Pompery,  écuyer,  demeurant  à  Corriberl,  sei- 
gneur de  Biercy,  de  Veudresl,  épousa  damoiselle  Claude 
de  Testard,  eu  la  prévoté  de  Chàlillon-sur-Marne,  le  23  octo- 
bre 1681.  Ils  résidèrent  à  Jouy,  paroisse  de  Boursault. 

De  ce  mariage  :  Olivier-Henry,  Charles,  Louise  et  Marie. 

Olivier-Henry  de  Pompery,  écuyer,  épousa,  en  1711, 
damoiselle  Edmée  du  Puys,  des  seigneurs  du  Mesnil-la-Caure, 
d'Aulnizeux,  de  la  Chapelle,  etc. 

Sont  issus  de  ce  mariage  :  Claude  II,  qui  épousa  Aune  du 
Maugin,  et  Charles,  qui  épousa  Françoise  de  la  Buée. 


806  NOTICE  HISTORIQUE   SUR   LA   MAISON 

VII 
Louis-Charles  I  de  Pompery. 

Louis- Charles  I  de  Pompery  de  Lozeray  naquit  le  22 
juin  1087.  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre  de  Boursault.  Sei- 
gneur eu  partie  de  Salsogue  et  de  Ciry-Sermoise,  il  épousa, 
le  18  mars  17 10,  Marie-Aune  Le  Roy  d'Acquest,  veuve  de  G. 
Firmin  de  Berdemet,  lieutenant  des  grenadiers  au  régiment  de 
Grimaldi,  et  fille  de  Théodore  Le  Roy  d'Acquest  de  Noue, 
chevalier  de  Saint-Louis,  maréchal  de  la  garde  du  roi,  écuyer, 
seigneur  d'Aboval,  de  Genvilliers,  etc. 

Louis-Charles  I  de  Pompery  était  assisté,  à  son  mariage,  de 
son  frère  Olivier-Henry  de  Pompery,  seigneur  du  Mesnil-la- 
Caure. 

De  cette  union  sont  nés  : 

1°  Jacques-François,  né  le  31  janvier  1723. 

2°  Nicolas-Charles,  né  le  26  mai  1720. 

3°  Christophe,  né  le  30  janvier  1731. 

4"^  Marie- Catherine. 

Louis-Charles  I  de  Pompery  mourut  à  Ciry-Salsogne  le  1 1 
mars  1759,  et  Aune-Marie  Le  Roy  d'Acquest  le  31  mars 
1768,  âgée  de  82  ans. 

Des  enfants  de  Louis-Charles  I  de  Pompery,  Jacques-Fran- 
çois est  le  seul  qui  continua  la  descendance. 

Nicolas-Charles,  né  le  26  mai  1726,  eut  pour  parrain  Nico- 
las de  Bcrlhemet,  et  pour  marraine  Anne-Catherine  de  Ville- 
neuve. Il  ne  se  maria  pas,  servit  quatre  ans  dans  le  Royal- 
Artillerie  (bataillon  de  Gaudechard),  devint  officier  des  chevau- 
légers  d'Oiléans  le  9  novembre  1746,  et  fut  admis  à  l'Hôtel 
des  Invalides,  comme  Ueutenaut,  le  19  juillet  1702. 

H  avait  fait  les  campagnes  de  1747-1748  en  Flandre,  et  celles 
de  1757  à  1702  eu  Allemagne. 

Christophe  de  Pompery,  né  à  Ciry  le  30  janvier  1731,  entra 
comme  lieutenant  au  bataillon  de  Milice  le  10  février  1747. 
Lieutenant  des  gardes  du  corps  du  roi  le  15  juillet  1749, 
capitaine  à  la  compagnie  des  canonniers  garde-côtes  de  Béziers 
le  1^^  mars  17.')9,  il  devint  mousquetaire  de  la  deuxième  com- 
pagnie de  la  garde  du  roi,  et  épousa  à  Couvrelles,  le  2  octobre 
1770,  Geneviève-Françoise  Regnaull  de  Salsogne,  fille  de  feu 
Jean-Baptiste  Regnault,  écuyer,  seigneur  de  Salsogne,  et  de 
Marie  Quinquet. 


DE    POMPERY    DE    LOZERAY  807 

Christophe  de  Pompery  élaii  assisté,  à  son  mariage,  de  son 
beau-frère  Charles- Jeau  du  Itoux  de  Verdon,  vicomte  de  Cou- 
vrelles,  de  Théodore  Le  iioy  d'Acquest,  de  Christophe  Quin- 
quel,  chanoine  de  Soissons,  etc.,  etc. 

Christophe  de  Pompery  fit  fait  chevaher  de  Sainl-Louis 
le  9  juin  1772, 

Il  est  mort  à  Ciry-Salsogne  le  5  juillet  1811,  et  son  épouse 
(née  en  1730)  le  25  février  1824,  sans  laisser  de  postérité. 
Tous  deux  reposent  dans  le  cimetière  du  parc  du  château  de 
Salsogne. 

VIII 
Jacques-François  de  Pompery. 

Jacques-François  de  Pompery,  chevalier,  seigneur  de  Sal- 
sogne et  eu  partie  de  Ciry-Sermoise,  vicomte  en  partie  de 
Couvrelles,  est  né  à  Ciry  le  31  janvier  1723. 

Il  épousa  le  25  juin  1743,  à  Ciry-Salsogne,  Marie  Quinquet 
qui  avait,  en  premières  noces,  épousé,  le  9  février  1728,  Jean- 
Baptiste  Regnaull,  écuyer,  seigneur  de  Salsogne  et  en  partie 
de  Ciry,  lieutenant  au  régiment  de  Condé-Dragons,  lequel 
était  fils  de  Jean-Baptisle  Regnaull,  conseiller  du  roi,  com- 
missaire des  guerres,  et  de  Anne-Marie  de  Vinciel,  dame  de 
Salsogne. 

Marie  Quiuquet  était  la  fille  de  Nicolas  Quinquet,  procureur 
du  roi  au  bureau  des  finances  de  Soissons. 

Jacques-François  de  Pompery  fut  successivement  gendarme 
de  la  garde  du  roi  en  1744,  capitaine  de  cavalerie  en  1759, 
fourrier  général.  Il  fil  les  campagnes  de  1744  à  1748  en  Flan- 
dre, et  celle  de  17H1  en  Allemagne. 

Il  fut  nommé  chevalier  de  Sainl-Louis  le  22  mai  1770. 

Jacques-François  de  Pompery  a  eu  deux  enfants  :  Marie- 
Anne-Françoise,  née  à  Ciry-Salsogne  le  19  mars  174 h,  et 
François-Hyacinthe,  qui  naquit  à  Braisne  le  28  février  1749, 
fut  baptisé  le  l®""  mars  1749  à  Ciry-Salsogne,  et  eut  pour  par- 
rain Charles-Hyacinthe  de  Noue,  gentilhomme  de  la  maison 
du  roi. 

Marie  Quinquet,  dame  de  Pompery,  est  morle  en  sou  châ- 
teau de  Salsogne  le  19  mars  1777.  De  son  premier  mariage 
avec  J.-B.  Regnaull  de  Salsogne,  elle  avait  eu  deux  filles  : 
Marie  Regnaull,  mariée  le  18  juin  17(35  avec  Charles-Jean  du 
Roux  de   Chevrier   de    Verdon,    vicomte   de   Couvreuiles    et 


808  NOTICE   HISTORIQUE.  SUR    L\   MAISON 

d'Augy,  veuf  de  Mtirgucrile-Jeanne  Lèvent  de  Louâtre,  demeu- 
rant eu  son  château  de  Couvrelles, 

M.  du  Roux  de  Verdon  mourut  le  30  ventôse  an  VI  de  la 
République,  Agé  de  75  ans.  Sou  épouse  en  secondes  noces, 
Marie  Reguault,  mourut  le  3  nivôse  an  XII. 

La  seconde  fille  de  Marie  Quinquet  était  Geneviève 
Reguault.  uée  en  1730,  et  mariée  à  Couvrelles,  le  2  octobre 
1770,  avec  Christophe  de  Pompery. 

n 

François-Hyacinthe  de  Pompery. 

François-Hyacinthe  de  Pompery,  seigneur  de  Salsogne, 
vicomte  de  Couvrelles,  propriétaire  des  châteaux  de  Cou- 
vrelles et  de  Salsogne,  naquit  à  Braisne  le  28  février  1749. 

Garde  du  corps  du  roi  le  4  mai  1766,  lieutenant  de  la  maré- 
chaussée générale  de  Bretagne  le  8  septembre  1778,  capitaine 
de  cavalerie  le  28  septembre  1778,  François-Hyacinthe  de  Pom- 
pery, cbevalier  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  et  de  Saint- 
Lazare,  épousa  à  Quimper,  en  premières  noces,  Marie- Coren- 
line  du  Marc'hallac'h,  grand'taute  de  l'abbé  de  ce  nom  qui  fut 
député  de  l'Assemblée  de  1871,  et  grand  vicaire  à  Quimper. 

Devenu  veuf,  François-Hyacinlbe  de  Pompery  épousa  en 
secondes  noces,  le  29  avril  1786,  Anne-Marie  Audouyn, 
fille  de  Guillaume-François  Audou^'u,  avocat.  Anne-Marie 
Audouyn  était  de  la  maison  des  seigneurs  de  Kériner,  du 
Cosquet,  de  Kergus  ;  elle  était  cousine  du  célèbre  médecin 
Laëunec. 

Anne-Marie  Audouyn,  dame  de  Pompery,  fut  arrêtée  le 
14  novembre  1793  et  enfermée  au  cbâleau  de  Pont-l'Abbé 
avec  Mademoiselle  de  Lestriaga,  dame  Rioult  de  Courtonne, 
plus  tard  Madame  de  Chabrol,  femme  du  ministre  de  la  Res- 
tauration ;  elles  furent  toutes  deux  mises  en  liberté  le  28  fri- 
maire. 

Du  mariage  de  François-Hyacinthe  de  Pompery  avec  Anne- 
Marie  Audouyn  sont  nés  à  Quimper  : 

1°  Louis-Charles  Hyacinthe,  le  18  avril  1787,  qui  eut  pour 
marraine  demoiselle  Marie-Barbe  du  Marc'hallac'h  deTréouron. 

2°  Antoine,  en  179o. 

3»  Marie,  en  1799,  laquelle  éi«ousa,  en  1818,  le  comte  du 
Parc  de  Locmaria,  gouverneur  du  comte  de  Chambord  et  père 
du  général  comte  Alfred  du  Parc  de  Locmaria, 


DE   POMPERT    DE   I.OZERAY  809 

François-Hyacinthe  de  Pompery  fut  fait  chevalier  de  Saint- 
Louis  le  23  février  1791  ;  le  12  juin  de  la  même  année,  il  fut 
nommé  lieutenant-colonel  de  la  gendarmerie  nationale  du 
Finistère  et  retraité  le  l"""  août  1792. 

A  partir  de  ce  moment,  il  résida  soit  dans  ses  propriétés  de 
Bretagne  (à  Penhars,  à  Séquer  ou  à  Pont-l'Abbé),  soit  dans 
ses  châteaux  de  Gouvrelles  ou  de  Salsogne. 

En  1814,  les  deux  époux  se  fixèrent  à  Soissons,  où  Anne- 
Marie  Audouyn,  dame  de  Pompery,  mourut  le  21  avril  1820, 
et  François-Hyacinthe  de  Pompery  le  8  mars  1824. 

Ou  a  d'Àune-Marie  Audouyn  de  Pomper}^  une  intéressante 
Correspondance  avec  Bernardin  de  Saint-Pierre. 

X 

Louis-Charles  II  de  Pompery. 

(Branche  bretonne.) 

Le  comte  Louis-Charles  II  de  Pompery,  fils  aîné  de  Fran- 
çois-Hyacinthe de  Pompery,  naquit,  le  18  avril  1787,  à 
Quimper. 

Gendarme  le  10  décembre  1806,  chasseur  de  la  Garde  impé- 
riale le  24  novembre  1807,  Louis-Charles  II  de  Pompery 
épousa,  en  181t),  Mademoiselle  Aléno  de  Saint-Alouarn,  dont 
le  père  avait  été  exécuté  comme  ardent  royaUsle,  en  1793, 
à  l'âge  de  28  ans. 

En  1 8 1 4 ,  il  de  vint  lieutenant  des  gardes  du  corps  du  roi ,  puis 
en  1816,  lieutenant  à  la  compagnie  de  gendarmerie  des  Côtes- 
du-Nord. 

Devenu  veuf,  il  épousa,  par  autorisation  ministérielle, 
Marthe  de  Saisy,  le  19  novembre  182o. 

Capitaine  en  1828,  il  prit  sa  retraite  en  1830  et  acheta,  à 
cette  époque,  le  manoir  et  les  terres  du  Parc,  près  Rosnoën 
(Finistère). 

Il  est  décédé  à  Brest  le  2  mai  18o4,  après  avoir  tait,  en  1807, 
les  campagnes  de  la  Grande  Armée. 

Louis-Charles  II  de  Pompery,  de  son  premier  mariage  avec 
Mademoiselle  de  Saint-Alouarn,  avait  eu  quatre  enfants  : 

1°  Aimée,  née  au  château  de  Gouvrelles  (Aisne)  en  1810, 
mariée  au  marquis  d'Engente. 

2"  Edouard  de  Pompery,  né  le  7  avril  1812  au  château  de 
Gouvrelles  (Aisne),  auteur  de  plusieurs  ouvrages  philosophi- 


810  NOTICE   HISTORIQUE   SUR   LA   MAISON 

ques,   membre  de  la  Société  des  Geus  de  lettres,  mort  sans 
postérité,  le  23  noveaibre  189o,  à  Paris. 

^°  Théophile  de  Pompery,  iié  au  château  de  Gouvrelles 
(Aisne)  en  1814,  eut  pour  parrain  le  célèbre  Laënnec. 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  le  13  août  1864,  président 
du  Comice  agricole  du  Faou  (Finistère),  il  fut  député  du 
Finistère  de  1871  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  sans  postérité  au 
manoir  du  Parc  en  août  1880. 

4°  Henry  de  Pompery,  né  à  Soissons  en  1816.  Conseiller 
général  du  canton  du  Faou  (Finistère),  grand  agriculteur, 
fondateur  du  haras  du  Faou,  est  mort  sans  postérité  en  1881, 
au  manoir  du  Parc. 

Les  corps  de  Théophile  et  d'Henry  de  Pompery  reposent 
dans  une  SvSpulture  de  famille  à  Rosmeur  (Finistère). 
'  Du  deuxième  mariage  de  Louis-Charles  H  de  Pompery  avec 
Marthe  de  Saisy,  naquirent  encore  quatre  enfants  : 

1°  Emmanuel. 

2"  Ludovic  I  (sans  postérité). 

3°  Noémie,  qui  épousa  le  comte  de  Parcevàux,  inspecteur 
général  honoraire  des  haras,  mort  en  IS'.M  ;  elle  est  décédée 
le  28  mars  1832  en  son  château  de  Kéruscar  (Finistère),  lais- 
sant trois  enfants  : 

1°  Le  comte  Charles  de  Parcevàux,  marié  à  Marie  de  Bigore 
de  la  Londe,  fille  d'un  conseiller  référendaire  à  la  Gourdes 
Comptes. 

2"  Madame  de  Castellan. 

3°  Madame  de  Tréverret. 

Le  quatrième  enfant  du  second  mariage  de  Louis-Charles  II 
de  Pompery  était  le  comte  Victor  I  de  Pompery  qui  épousa, 
en  1855,  Mademoiselle  de  Madec,  et  devint  sous-préfet  de Lan- 
nion,  propriétaire  du  château  de  Trémarec.  Il  est  mort  eu 
1879,  après  avoir  eu  dix  enfants  dont  trois  fils  survécu- 
rent :  Ludovic  II,  Charles  et  Viclor-Pierre-Marie. 

Le  comte  Ludovic  II  épousa,  en  I8b7,  M"'^  Henriette  d'Oul- 
lenbourg,  fille  du  baron  Emile  d'Oulleubourg,  chef  d'escadron, 
et  de  Marguerite  Forgau,  dont  il  eut  trois  enfants  :  Stanislas, 
Geneviève  et  Xavier. 

Le  vicomte  Charles  de  Pompery  s'est  marié,  en  1891,  à 
Mademoiselle  de  Kermel,  dont  il  a  eu  un  enfant  :  Hugues. 

Victor- Pierre-Mane  de  Pompery  est  mort  célibataire  le 
20  mai  1896,  à  l'âge  de  21  ans. 


DE   POMPERY   DE   LOZERAY  811 

XI 

Antoine  de  Pompery. 

Le  vicomte  AiUoiue  de  Pompery,  second  fils  de  Franoois- 
Hyaciulhe  de  Pompery,  vicomte  de  Gouvrelles,  chevalier  de 
Saiut-Louis,  de  Saiut-Lazare  et  du  Moat-Carmel,  e-l  né  à 
Pont-l'Abbé,  le  16  novembre  1795. 

Propriétaire  des  châteaux  de  Gouvrelles,  de  Salsogue  et  de 
Vilblin,  il  épousa,  en  premières  noces,  Marguerite- Florence 
Jodon  de  Villerocbé,  dont  il  eut  : 

{'^  Fortuné,  qui  a  eu  lui-même  (rois  filles  :  Marie,  Emma 
et  Aline,  et  résida  à  Vic-sur-Aisne  (Aisne). 

■2°  Ernest,  né  au  château  de  Maupas  le  10  novembre  1818, 
mort  à  Soissons  le  2  décembre  1852,  sans  laisser  de  postérité. 

3"  Flore,  devenue  baronne  de  Ghanlaire,  et  dont  la  fille 
unique,  Hermine,  a  épousé  M.  du  Bos  d'Hornicourt. 

i°  Éléouore,  plus  tard  baronne  de  Ligeacel  dame  d'honneur 
de  la  duchesse  de  Parme. 

5°  Clémentine,  devenue  marquise  de  Ghizeray,  demeurant 
au  château  de  Fougeray  ou  à  Richelieu  (Indre-et-Loire),  morte 
en  1895. 

Le  vicomte  Antoine  de  Pompery  épousa,  en  secondes  noces, 
Suzanne  Gambier  de  Buat,  veuve  du  capitaine  de  frégate 
Bérenger,  oncle  du  sértaleur  de  ce  nom. 

De  ce  second  mariage  sont  issus  deux  enfants  : 

t°  Antoinette,  née  au  château  de  Salsogne,  mariée  au 
général  comte  Gustave  de  Gurteu  ;  de  ce  mariage,  deux 
enfants  :  Gharles  de  Gurten,  villa  Joyeuse,  par  Gréon 
(Gironde),  et  Marie-Thérèse  de  Gurten,  mariée  au  baron 
Alfred  de  Montreuil,  maire  de  Sarron  et  propriétaire  des  châ- 
teaux de  Villctte  (Oise)  et  d'Yvoy-le-Pré  (Gher). 

Le  deuxième  enfant  du  second  mariage  du  vicomte  Antoine 
de  Pompery  est  :  Gharles  de  Pompery,  né  au  château  de  Sal- 
sogne, et  qui  épousa,  en  1864,  demoiselle  Jeanne-Marie- 
Garohne  de  Maniquet,  de  la  maison  d'Hector  de  Maniquet, 
seigneur  du  Fayet,  graud-mailre  enquêteur  et  réformateur 
pour  les  eaux  et  forêts,  des  parlements  de  Toulouse  et  de 
Bordeaux,  ambassadeur  extraordinaire  auprès  des  électeurs 
Palatin,  de  Saxe  et  le  landgrave  de  Hesse  (1572),  maître 
d'hôtel  de  la  reine  Marguerite  de  Valois. 

C'est  au  château  du  Fayet,  propriété  d'Hector  de  Maniquet, 


812  NOTICE   HISTORIQUE   SUR    LA   MAISON 

que  la  favorite  de  Charles  IX,  Marie  Touchet,  fille  d'un  lieu- 
teuanl  particulier  au  présidial  d'Orléans,  accoucha,  le  28  avril 
1Ô73,  de  Charle?,  bâtard  de  Valois,  appelé  plus  tard  comte 
d'Auvergne  et  duc  d'Augoulème,  lequel  eut  pour  sœur  utérine 
Henriette  de  Balzac  d'Entragues. 

Hector  de  Maniquet  laissa  plusieurs  enfants.  Son  fils,  Phi- 
libert-Emmanuel, sieur  des  Bergeries-en-Brie,  paroisse  des 
Chartreltes,  homme  d'armes  de  la  compagnie  de  Lesdiguières, 
avait  été  tenu  sur  les  fonts  baptismaux  par  Catherine  de 
Médicis  et  le  duc  Philibert-Emmanuel  de  Savoie. 

La  fille  d'Hector  de  Maniquet,  Marie,  épousa  François  de 
Vonnes,  seigneur  du  Breuil-en-Brie. 

Le  vicomte  Charles  de  Porapery  devint  propriétaire  à 
Indiane-Lorelle  (Canada),  puis  directeur-commandant  des 
pénitenciers  de  Yahoué,  de  l'ile  Nou  et  de  Bourail  (Nouvelle- 
Calédonie). 

De  son  mariage  avec  Jeanne  de  Maniquet  sont  issus  : 

1°  Olivier,  né  à  Nancy  le  19  août  186o,  membre  honoraire 
du  Conseil  héraldique  de  France. 

2"  Alexandre  de  Pompery,  né  à  Rennes  en  18G6,  officier 
d'Académie,  membre  de  la  Société  académique  de  Brest. 

Le  vicomte  Antoine  de  Pompery  est  mort  à  Nevers  le  1" 
mars  1873,  chez  son  gendre,  le  général  de  Curten. 

xn 

Branches  collatérales. 

D'après  les  documents  du  ministère  de  la  Guerre,  nous 
pouvons  citer  quelques-uns  des  membres  collatéraux  de  cette 
ancienne  famille,  qui  se  sont  pariiculièremenl  distingués  au 
service  des  rois  et  dans  les  guerres  : 

1°  Pierre  Il-Henry  de  Pompery,  seigneur  du  Marais,  de 
Villefontaine,  de  Donzival,  de  Corbovin,  de  Graudcourt,  Breu- 
very,  etc.,  né  à  Montrnirail-en-Brie,  et  iils  de  Pierre  I  de 
Pompery  et  de  Jeanne  de  Soissy. 

Gendarme  de  la  garde  du  roi  en  1702,  brigadier  le  5  novem- 
Ijre  1732,  meslre  de  camp  de  cavalerie  le  27  juin  1736, 
Pierre  H-Hcnr}-  de  Pompery  épousa  Catherine  Bocquet, 
damoiselle  de  Villiers,  sœur  du  lieutenant-colonel  des  dragons 
du  régiment  d'Harcourl  (Contrat  du  19  mai  1710,  àMeaux). 

De  ce  mariage  sont  sortis  trois  enfants  :  Pierre  HI-Michel 


DE    POMPERY    DE    LOZERA.Y  813 

de  Pompery,  qui  suil  ;  Marguerite- Louise-Élisabelh,  uée  le 
11  octobre  1714,  à  Montmirail,  qui  eut  pour  parrain  Pierre 
Koblin,  écuyer,  aucieu  garde  du  roi,  cl  pour  marraine  Mar- 
guerite de  Héuault,  épouse  de  Claude  de  Soizy,  lieutenaul- 
général  an  bailliage  de  Sézanne  ;  et  Marie-Anue  de  Pom- 
pery, mariée  à  Claude-Pierre  Heurlelou,  écuyer,  commissaire 
de  gendarmerie,  inspecteur  des  chasses  de  Montereau,  demeu- 
rant à  Meaux  (Contrat  du  11  décembre  1735). 

Pierre  II  de  Pompery  est  mort  le  21  décembre  1746,  à  Mont- 
mirail, et  a  été  inhumé,  le  23  décembre  1746,  dans  l'église 
de  Marchais,  lieu  de  sépulture  de  ses  pères. 

Il  avait  fait  les  campagnes  de  1743,  sur  le  Rhin,  et  de  1744, 
en  Flandre. 

2'^  Pierre  III-Michcl  de  Pompery  du  Marais  est  né  le  1 1 
octobre  1717  à  Meaux-en-Brie  ;  il  eut  pour  parrain  le  sieur 
iSobliu,  gentilhomme  de  la  vénerie  du  roi  d'Angleterre. 

Pierre  Ill-Michel  de  Pom[)ery  fut  gendarme  ordinaire  du  roi 
le  1"  janvier  1730,  chevalier  de  Saint-Louis  le  23  mai  1751, 
porle-étendard  le  24  août  1757,  mestre  de  camp  de  cavalerie 
le  14  janvier  1770,  guidon  le  l''"' juillet  1785,  maréchal  de 
camp  le  9  mars  1788. 

Il  épousa,  eu  premières  noces,  à  Passy-Griguy,  le  17  juil- 
let 1747,  Catherine  d'Arnoult,  uée  en  1730,  fille  de  Françgis- 
Alesandre  d'Arnoult,  écuyer,  seigneur  de  Passy-Grigny 
(Marne). 

Il  se  remaria,  le  7  décembre  1751,  à  Montfélix,  avecdamoi- 
selle  Claude  ou  Guedetto  Quatresous  de  la  Motte,  fille  de 
Nicolas  Quatresous,  seigneur  de  la  Moite,  et  de  dame  Mesey, 
dame  de  Frolle  et  de  Nège,  ex-novice  chanoinesse  régulière 
de  l'hôpital  de  Reiujs. 

De  ce  deuxième  maiiage,  Pierre  III-  Michel  de  Pompery  eul  : 

1°  Guillaume-Pierre,  né  le  7  décembre  1752  à  Montmirail- 
en-Brie,  et  qui  eut  pour  parrain  Guillaume  Quatresous  de 
Parlehine,  conseiller  du  roi  ;  pour  marraine,  Catherine  Boc- 
quet,  sa  grandmère. 

2°  Pierre-Siuion,  né  à  Moulmirail-eu-Brie. 

3°  Charles-François,  né  le  24  février  17t4  à  Moulmirail-en- 
Brie  ;  sou  parrain  fut  Louis-Cliarle.-.-François  Bocquet,  conseil- 
ler procureur  du  roi  honoraire  au  bailliage  et  siège  présidial 
de  Meaux,  demeuranl  au  chéileau  royal  de  Monceaux,  et  pour 
marraine,  il  eut  Aune  Mercy  de  la  Molle,  mère  de  Claude 
Quatresous  de  la  Moite. 


814  NOTICE   HISTORIQUE    SUR    LA   MAISON 

Pierre  III-Michel  de  Pompery,  chevalier  de  Saint-Louis, 
maréchal  des  camps  et  armées  du  roi,  bailli  d'épée,  gouver- 
neur du  chàleau  de  Montmirail,  commandant  de  la  milice 
bourgeoise,  est  mort,  âgé  de  soixante-douze  ans,  le  23  sep- 
tembre 1789. 

Il  a  été  inhumé  en  l'église  de  Marchais  (Aisne). 

Il  avait  fait  les  campagnes  du  Rhin,  de  la  Flandre  et  de 
i'Allemagnc. 

Deux  de  ses  Ills  furent  militaires  :  Pierre-Guillaume,  gen- 
darme de  la  garde  du  roi  le  i^""  janvier  1768,  réformé  avec  son 
corps  le  30  septembre  1787,  et  chevalier  de  Saint-Louis  le 
30  septembre  1791.  Il  habita  Sézanne,  mais  partit  en  émi- 
gration le  G  jaillet  1793.  Son  certificat  d'amnistie  fut  déUvré 
à  Bruxelles  le  30  fructidor  an  X. 

Pierre-Simon  de  Pompery  fut  gendarme  de  la  garde  ordi- 
naire du  roi  le  21  mars  1768,  réformé  avec  le  corps  le  30  sep- 
tembre 1787,  gentilhomme  de  la  chambre  du  premier  frère 
du  roi  Louis  XVI,  et  partit  eu  émigration  le  6  juillet  1793. 

Aux  obsèques  de  Pierre  III-Michel  de  Pompery  assistaient  : 
Armand-Jean,  comte  d'Allonville,  maréchal  des  camps  et 
armées  du  roi,  syndic  pour  les  ordres  du  clergé  et  de  la  noblesse 
de  l'Assemblée  provinciale  du  Soissonnais,  le  baron  dOizon- 
ville,  le  comte  de  Verlût,  MM,  de  la  Roche-Laumoiremand, 
Replongés,  Vallery,  Tiercelieux,  chevalier  de  Saint-Louis  ; 
Jean-Baplisle-Paul-Charles  de  la  Croix  de  Ghevrières,  vicomte 
de  Saint-Vallier,  meslre  de  camp  de  cavalerie,  chevalier  de 
Saint-Louis,  seigneur  marquis  de  Vauchamps  et  seigneur  des 
terres  dy  Corrobert  et  de  la  Ville-au-Bois,  propriétaire  des 
fiefs  de  Fontaine- Aubrou,  de  Lanoue,  Mauchand,  de  Tigeon, 
etc.  ;  Charles-Claude  Vignon  de  Vignolles,  comte  de  Servasia, 
au  pays  de  Piémont,  chevalier  de  Saint-Louis,  enseigne  hono- 
raire de  la  compagnie  des  Suisses  de  la  garde  ordinaire  du 
corps  de  Monsieur,  lieutenant-colonel,  etc.,  et  Pierre-Simon 
de  Pompery,  sou  fils. 

Dans  le  clergé,  la  famille  de  Pompery  a  fourni  un  chanoine 
de  Meaux  :  Jérôme-François,  né  à  Baslieux,  près  Fismes,  le 
10  octobre  173b,  fils  de  François  de  Pompery  de  Germigny, 
chevalier,  seigneur  du  franc-fief  de  Frelleuse,  près  Corribert. 

Le  chaLoine  de  Pompery  ne  prêta  point  le  serment  consli- 
luliounel  comme  ses  confrères.  Il  est  mort  à  Soissons  le  6  jan- 
vier 1827. 


DE   POMPERY   DE   LOZERÀT  815 


ÂEMES 


Les  armes  de  la  maison  de  Pompery  soat  :  de  gueules  à  trois 
coguilles  d'argenl  [deux  et  une]  ornées  d'un  casque  en  fasce. 

Pierre  I  de  Pompery,  écuyer,  seigneur  de  Biercy  et  autres 
lieux,  les  lit  enrcgislrer  le  21  du  mois  de  janvier  de  l'an  1701 . 
Elles  ont  été  reçues  à  \ Armoriai  général  dans  le  registre  coté 
Soissons. 

La  maison  de  Pompery  a  été  maintenue  dans  ses  droits  et 
privilèges  nobiliaires  par  Larcher,  intendant  en  la  province 
et  frontière  de  Champagne,  le  10  décembre  1698,  eu  vertu 
d'un  jugement  souverain  rendu  à  Châlons. 

MEMBRES    DE    LA    FAMILLE    EXISTANT    EN    1897 

Comtesse  douairière  de  Pompery,  née  de  Madec,  au  château 
de  Trémarec  (Finistère). 

Comte  Ludovic  de  Pompery  et  comtesse  (née  d'Oullen- 
bourg),  château  de  Kerlosser  (Finistère).  Trois  enfants  :  Sta- 
nislas, Geneviève,  Xavier. 

Vicomte  Charles  de  Pompery  et  vicomtesse,  née  de  Ker- 
mel,  au  château  de  Trémarec  (Finistère).  Un  enfant  :  Hugues. 

Vicomtesse  Fortuné  de  Pompery  et  Mesdemoiselles  Marie, 
Emma,  Aline  de  Pompery,  à  Paris  et  à  Vic-sur-Aisue  (Aisne). 

Vicomte  Charles  de  Pompery  et  vicomtesse,  née  de  Mani- 
quet,  et  MM.  Olivier  et  Alexandre  de  Pompery,  demeurant  à 
Paris. 

Baronne  de  Chanlaire,  née  Flore  de  Pompery,  au  château  de 
Longpré-les-Corps-Sainls  (Somme) . 

Baronne  de  Ligeac,  née  Éléonore  de  Pompery,  à  Tours 
(Indre-et-Loire). 

Générale  comtesse  de  Gurteu.  née  Antoinette  de  Pompery, 
au  château  de  Salsogne,  à  Ciry-Sermoise  (Aisne),  et  au  château 
de  Villette,  par  Pont-Saiute-Maxeuce  (Oise). 

Général  comte  du  Parc,  marquis  de  Locmaria,  à  Passy- 
Paris. 

Mademoiselle  Delphine  du  Parc  de  Locmaria,  à  Quimper. 


81  fi  NOTICE   HISTORIQUE    SUR   LA   MAISON 


NOTICE  SUR  LES  FAMILLES  ALLIEES  A  LA  MAISON  DE  POMPERY 


Armoiries,  maintenues  de  noblesse  ou  anoblissement. 


1 

De  Mauterne. 

Hihliollièque  nationale.  —  Pièces  originales  de  la  maison  de 
Mauterne:  Cabinet  des  Titres.  Volume  1901. 

Cabinet  de  d'Hozier.  Volume  232.  —  Mauterne. 

Armes  :  d'azur  à  une  croix  d'or  engrêlée  de  sable  et  canton- 
née de  quatre  perroquets  d'argent,  le  pied  droit  levé.  —  (Cabi- 
net de  d'Hozier,  vol.  232).,  et  dans  un  vitrail  de  l'église  de 
Nogent-le-Roi. 

Grands  officiers  de  la  couronne  —  Mauterne  —  V.  331,  B.  — 
Chanceliers  de  France,  page  3ol. 

Il 

Le  Métayer  de  Guichai.nville. 

Le  Métayer  ou  Mestayer  de  la  Haye  en  Normandie,  lamille  qui 
a  été  maintenue  dans  sa  noblesse  le  5  novembre  16G8.  —  Anne- 
Marie  le  Mestayer  de  la  Haye,  baptisée  le  2G  mars  1674,  fut  reçue 
à  Saint-Cyr  en  1686,  après  avoir  prouvé  qu'elle  était  descendue  de 
Palamède  le  Mestayer,  seigneur  de  Guichainville,  et  de  Marie  de 
Lieurray,  son  épouse,  qui  vivait  en  1555. 

Armes  :  d'azur  à  3 aigles  d'argent  rangées  en  fasce.  becquées  et 
membrées  de  sable. 

in 

De    PONTDRIAM    DES    BORDES. 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales.  —  Nouveaux 
cartons  de  d'Hozier. 

Armes  :  d'azur  au  pont  à  trois  arches  d'argent,  maçonné  de 
sable.    Salles  dos  Croisades  à  Versailles.) 

Alain  de  Pontbrianl  se  trouve  à  Acre  en  ilDl  (Noblesse  de 
France  aux  Croisades,  par  Roger,  page  21  i).  —  Raoul  et  Jean, 
abbé  de  Redon,  1396-1422.  —  Hector  de  Pontbriant,  chambellan 
du  duc  Charles  d'Orléans,  naquit  au  château  de  Pontbriant  en 
1300  (diocèse  de  Saint-Malo)  ;  il  était  parent  de  Du  Guesclin. 


DE   POMPERY    DE    LOZERAY  817 

IV 

De  Hauville. 

Harville  porte  :  de  gueules  à  la  croix  d'argent  chargée  de  3 
coquilles  de  sable, 

(Ancienne  noblesse  de  Beauce,  Terre  de  Harville,  située  près 
Janvllle.) 

Pierre,  seigneur  de  Harville  en  l32o. 

V 

Hallot. 

Bibliotlièque  nationale.  —  Cabinet  des  Titres,  volume  183. 
(Hallot,  terre  de  Normandie,  située  dans  la  paroisse  de  Villiers.) 
Armes  :  d'argent  à  2  fasccs  de  sable  accompagnée  de  o  anne- 
lets  du  même  rangés  en  chef. 

VI 

De  Radingan  ou  de  Radinghan. 

1487.  —  Jean  de  Radinglian,  écuyer,  seigneur  d\\nglure  ; 
Guillaume  de  Radinghaa,  demeurant  à  Vendrest. 

1491 .  —  Traité  passé  envers  les  religieuses  de  Jouarre  et  Jean  de 
Radinglian,  écuyer,  seigneur  d'Ocquerre,  pour  limite  de  Vendrest 
et  Rademont. 

(Inventaire  des  Archives  de  Seine-et-Marne,  page  144.) 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales.  Volume  2422, 
Radingan. 

Armoiries  inconnues. 

VII 

De  BiECQUES  (en  Brie). 

Bibliothèque  nationale.  —  Cabinet  de  d'Hozier,  volume  ai, 
de  Biecques,  1098,  extrait  des  titres  de  Hallot.  —  Contrat  de 
mariage  de  noble  homme  Guillaume  de  Biecques,  écuyer,  archer 
de  la  garde  du  corps  du  roi,  demeurant  à  Vendrest  en  Brie,  le 
23  février  1516  (1317),  avec  Antoinette  de  Hallot,  fille  de  noble 
Denis  de  Hallot,  écuyer,  et  de  Anne  de  Harville,  etc. 

VIII 

Le    Chevallier. 

Peut-être  de  la  famille  du  directeur  général  des  poudres  de  la 
frontière  de  Champagne. 

52 


818  NOTICE   HISTORIQUE    SUR   LA   MAISON 

Armes  :  <for  à  un  sautoir  de  gueules. 

Inventaire  des  Archives  de  Seine-et-Marne,  page  134.  —  Loca- 
tion du  fief  de  la  Cour-lès-Biercy,  consenlie  par  messire  Antoine 
le  Chevalier,  sieur  du  Marais^  et  ensuite  par  Avoye  de  Sericourt, 
sa  veuve,  et  Louise  le  Chevalier. 

IX 

De  Hérisson. 

Famille  maintenue  par  Caumarlin  en  1669.  Originaire  de   Brie. 

Armes  :  d'azur  à  trois  roses  d'argent. 

(Voir  Recherches  de  la  Noblesse  de  Champagne,  de  Caumar- 
lin, page  \\.) 

Supports  :  deux  hérissons.  Devise  :  Qui  s'y  frotte  s'y  pique. 

Celte  famille  a  possédé,  en  Champagne,  les  seigneuries  de 
Vigneux,  Marfault,  Mesgnil,  Fauchard,  Courlemont,  de  la  Paul- 
merie. 

Pierre  de  Hérisson,  chevalier,  maître  d'hôtel  du  roi,  1424  ; 
2,000  livres  de  gages.  Commission  du  9  juillet  1499. 

(Le  fief  de  Hérisson  était  situé  sur  les  contins  des  paroisses  de 
Puységur,  de  Cadours  et  de  Cox  (Languedoc.) 

Jean  de  Hérisson  ou  d'Irisson,  chevalier,  vivait  en  1380  (Saint- 
Allais,  XIV,  page  418). 

Cette  famille  a  formé  trois  branches  :  branche  de  Gascogne, 
branche  de  Champagne,  branche  de  Saintonge. 

La  branche  de  Champagne  a  pour  auteur  Nicolas  (fils  de  Pierre 
et  de  d"'  de  Caissac). 

X 

JORIEN. 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales,  volume  1587. 

Deux  pièces  originales  sur  parchemin,  l'une  signée  Jorien 
(Daniel),  de  1640;  l'autre  signée  Antoinette  de  Pompery,  sa  veuve, 
le  24  novembre  1641. 

Armes  de  Marguerite  Jorien,  veuve  de  Pierre  de  Beyne,  conseil- 
ler du  roi  au  bailliage  et  siège  présidial  de  Soissons  :  d'or  chargé 
de  deux  voyes  d'argent  à  un  massacre  de  cerf  de  gueules,  et  en 
chef  du  même.  —  (Armoriai  général  colté  Soissons,  437-460.) 

XI 

Dk  Tassin, 

Famille  maintenue  par  Caumarlin,  en  1667. 

Armes  :  de  gueules  au  soleil  d'or  en  chef,  quatre  grains  de 


DK   POMPERY   DE   LOZERAY  81Ô 

froment  rangés  iVargent  en  face,  et  un  croissant  en  pointe  de 
même. 

La  maison  de  Tassin  a  possédé,  en  Brie-Champagne,  les  sei- 
gneuries de  la  Noue,  des  Déserts,  de  Monceau,  de  la  Moricerie  et 
de  la  Godine. 

(Transaction  du  18  février  1510  (ioU),  faite  par  devant  les 
notaires  royaux  J,  et  Etienne  Allard,  à  Sézanne.) 

XII 

De  Soissy. 

Famille  maintenue  par  Caumartin  en  juin  1667. 

Armes  :  de  gueules  à  La  croix  de  sable,  à  o  coquilles  d'or^ 
deux  et  trois. 

La  famille  de  Soissy  a  possédé  en  Bric-Champagne  les  seigneu- 
ries des  Granges,  de  Villefonlaine,  des  Marets,  des  Bordes,  de  Ber- 
gère, Sogny,  Monlflobert.  (Pièces  du  26  septembre  1487  et 
du  2  novembre  1533.) 

La  terre  des  Marets  rendait  hommage  au  seigneur  comte  de 
Rochefort. 

XIII 

Testard. 

Armes  :  d'argent  à  deux  léopards  de  gueules  passant  Vun  sur 
Vautre. 

(Armoriai  de  Champagne^  97-795. J 

Famille  demeurant  à  Jouy,  près  Boursault. 

Contrat  de  mariage  de  Charles  de  Pompery,  fils  d'Olivier,  avec 
Claude  Testard,  passé  pardevant  notaire  en  la  prévôté  de  Châtil- 
lon-sur-Marne,  le  3  octobre  i68!. 

XIV 
Du  Puis. 

Famille  du  Puis,  d'Aulnizeux,  du  Mesnil-la-Caure. 

Originaire  de  Champagne. 

(Famille  maintenue  par  Caumartin  (tome  II,  p.  211). 

Armes  de  la  maison  du  Puis  d'Aulnizeux  :  de  gueules  au  lion  d'or. 

(Actes  de  foi  et  hommage  en  bonne  forme  de  Gérard  du  Puis, 
écuyer,  au  seigneur  comte  de  Vertus^  les  2  juin  1322  et  16  décem- 
bre 1326.) 

XV 

BOCQUET   DE   TlLLlÈRE. 

Archives  de  Seine-et-Marne.  —  Bocquet  de  Tillière,  maire  de 


820  NOTICE   HISTORIQUE    SUR   LA   MAISON 

Meaux  en  1765.  François  Bocquet,  conseiller  procureur  du  roi  au 
bailliage  de  Meaux.  Denis-François  Bocquet  de  Foalenelles,  con- 
seiller du  roi,  élu  de  Meaux.  Tous  oncles  de  Marie-Anne  de  Pom- 
pery,  dame  de  Hertelou. 

XVI 

Le  Roy  d'Acquest  de  Noue. 

(Élection  de  Ponthieu.)  Preuves  de  noblesse  le  7  octobre    1348, 

maintenue  le  18  mai  16G8. 

(Xobiliaire  de  Picardie  d'Haudicqué  do  Blancourt.) 

{Arinorial  fjrnêi'al^  vol.  bôG,  page  411,  Soissonnais.) 

Armes  :  d'azur  à  3  cciissons  d'argent,  chargés  chacun  d'une 

croix  pattée  de  gueules  posées  deux  en  chef  et  une  en  pointe. 
Supports  :  deux  lions;  cimier  :  /  lion  naissant. 
La  famille  Le  Roy  d'Acquest  a  été  maintenue  dans   sa    noblesse 

par  Bignon,  intendant  delà  généi-alité  d'Amiens,  le  26  février  1607. 

xvn 

De  la  Buée. 

XVIII 

Du  Maugin. 

Bibliothèque  nationale  ( Armoriai  général,  212-612  :  Armoriai 
de  Lorraine).  Paris,  \,  Vl'.V.i  \  Paris,  III,  403  ;   Poitou,  oiil  ;  Tours. 

XIX 

Hertelou  ou  Heurtelou. 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales,  vol.  1522.  Trois 
pièces  sur  parchemin  de  1532. 

Heurtelou,  écuyer,  chevauchée  de  Bourbourg(6  septembre  1383). 
—  (Clair.  230,  4659)  avait  pour  armes  :  un  loup  passant  devant 
un  arbre  (sceau  de  20  mill.). 

Archives  de  Seine-et-Marne,  G.  G.,  Inv.  somm  ,  pages  147  et 
164.  —  Chérin,  volume  i06.,  Her'.elou. 

Contrat  de  mariage  passé  i  Meaux,  le  il  décembre  173 >,  devant 
Chalemot  et  Desposlz,  notaires  de  la  ville  de  Meaux-en-Brie. 
Messire  Claude-Pierre  Hertelou,  écuyer,  ancien  comm.  de  la  gen- 
darmerie, fils  de  Claude  Hertelou,  avocat  au  l'arlement,  conseil- 
ler secrétaire  du  roi,  maison  et  couronne  de  France,  et  de  .Marie- 
Jacqueline  Mvet  des  Fossez,  épousa,  le  11  décembre  1735,  .Marie- 
Anne  de  Pompery.  fille  de  Messire  Henry-Pierre  de  Pompery,  che- 
valier, seigneur  des  Marels,  Biercy,  etc..  etc.,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  et  de  dame  Anne  Bocquet. 


DE    POMPKRY    DE    LOZERAT  821 

Témoins  :  Louis-François  Bocquet,  conseiller  procureur  du  roi 
aux  bailliage  et  présidial  de  la  ville  de  Meaux  ;  Denis-François 
Bocquet  de  Fonlenelies,  con.seiller  du  roi,  élu  en  l'élection  de  la 
ville  ;  Claude  Bocquet,  sieur  de  Tillière,  capitaine  aide-major  au 
régiment  de  Pons-cavalerie,  ses  oncles.  Ses  parents  lui  donnent, 
entre  autres  biens,  le  lief  et  seigneurie  de  la  Cour-lès-Biercy  et 
autres  fiefs  situés  en  la  paroisse  de  Vendrest. 


XX 

Ql'inquet. 
Archives  de  l'Aisne. 

Armes  :  cVazur  à  deux  bars  adossés  d'or  accompagnés  d'une 
étoile  de  même,  d'une  rose  d'argent  en  cœur  et  d'un  croissant  de 
même. 

(Armoriai  du  Soissonnais.) 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales,  «"  2417. 

Benjamin  Quinquet,  officier  tué  au  siège  de  Maëslricht  en  1632. 

XXI 

Regnallt  ou  Renault  de  Salsogne. 

Famille  jugée  noble  par  Dorieux  (1661-1672). 

Armes  :  écartelé  au  premier  et  au  quatrième  d'azur  à  deux 
épées  mises  en  sautoir,  la  pointe  en  haut  d'argent,  les  gardes  et 
poignées  d'or  surmontées  d'une  paire  de  balances  aux  bassins 
d'argent;  aux  deuxième  et  troisième  contre-écartelé  au  premier 
et  quatrième  d'or  à  trois  massacres  de  gueules,  au  deuxième 
et  troisième  de  gueules  à  un  croissant  soutenant  un  arbre  d'or 
au  chef  chargé  de  trois  barres  d'azur. 

(Éd.  de  Barthélémy,  Armoriai  général  de  l'Élection  de  Sois- 
sons,  notes  de  l'intendant  Dorieux.) 

XXII 

D'Arnodlt. 

Armes  :  d'argent  au  chevron  de  gueules  accompagné  de  3 
cœurs  de  même.  Supports  :  deux  lions  ;  cimier  :  un  lion  passant. 

(Voiv  la.  Revue  de  Champagne  et  de  Brie,  année  189t,  avril, 
pages  244-46.) 

La  famille  d'Arnoult  a  été  maintenue  le  26  février  1697. 

(Généralité  d'Amiens.  Jugement  de  Caumartin^  7  septembre 
1667.)  —  J.  d'Arnoult,  écuyer  en  1485. 


822  NOTICE   HISTORIQUE   SUR   LA   MAISON 

XXIII 

QUATRESOUS     DE     LA      MoTTE. 
(Originaire  de  Compiègne.) 

Antoine  Crespins  Qualresous  de  la  Molle,  porte-manteau  du 
roi,  anobli  au  mois  d'août  1769. 

Armes  :  un  écu  d'argent  à  un  lion  de  gueules^  surmonté 
d'une  étoile  d'azur  et  soutenu  d'une  palme  de  sitiople  couchée  en 
fasce.  Ledit  écu  timbré  d'un  casque  de  profil,  orné  de  ses  lam- 
brequins d'azur^  d'argent,  de  gueules  et  de  sinople.  (Fait  à  Paris 
le  quatrième  du  mois  d'octobre  de  l'an  1769.) 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales,  volume  n»  6362. 
Nouveaux  cartons  d'Hozier. 

XXIV 

Du  Marc'dallac'h. 
(Bretagne.) 

Armes  :  d'or  à  trois  poteaux  ou  arceaux  de  gueules,  posés  2  et  1. 

Devise  :  Usque  ad  aras  (Salles  des  Croisades,  à  Versailles). 

Jean  du  Marc'hallac'h,  dont  le  nom  figure  à  côté  de  celui  de 
Geoffroy  de  Beaupoil  sur  un  acte  souscrit  par  la  chevalerie  bre- 
tonne en  124y  entre  les  mains  d'Hervé  de  Nantes. 

Ancienne  extraction  noble,  réforme  de  1670. 

Huit  générations,  montres  de  1481  à  1562. 

A  donné  Alain  du  Marc'hallac'h,  défenseur  du  château  de  Pont- 
Labbé  assiégé  par  les  ligueurs  en  1388. 

Nobiliaire  de  Bretagne,  par  Potier  de  Courcy,  et  Annuaire  de 
la  Noblesse  de  1892. 

XXV 

AUDOUYN. 
Seigneur  de  Kernas,  de  Restinois  (évêché  de  Quimper). 

Armes  :  d'azur  au  dextrochère  d'argent,  tenant  un  greslier  de 
même  accompagné  en  chef  de  deux  molettes  d'or. 

(Armoriai  de  1696.) 

Celle  famille  a  produit  un  procureur  du  roi  au  présidial  de 
Quimper  en  1696^  et  Anne-Marie  Audouyn,  dame  de  Pompery, 
née  en  1762,  morte  à  Soissons  le  21  avril  1820. 

XXVI 

Aléno  de  Saint- Alouaun. 
(Bretagne.) 

De  Saint-Alouarn,  seigneur  de  Kervéguen,  paroisse  de  Guengat. 
Réformes  et  montres  de  1426-1536. 


DE   POMPERY    DE    LOZKRAY  823 

Armes  :  d'azur  au  f/ri/fon  d'argent. 

(Armoriai  de  l'Arsenal.) 

Daniel_,  abbé  de  Quimperlé,  1521-1523. 

Fondu  dans  Aléiio,  seigneur  de  Kersalie  :  d'argent  à  trois  hures 
de  sanglier  de  sable  arrachées  de  gueules. 

Devise  :  Mad  è  Quelen  è  peb  amzer  (Un  conseil  est  bon  en  tout 
temps). 

Ancienne  extraction  noble,  réforme  de  1669,  montres  de  1426- 
1362. 

XXVII 

Du  Parc  de  Locmaria. 

Maison  des  plus  anciennes  de  Bretagne,  issue  de  la  maison  de 
Bretagne. 

Armes  :  d'argent  à  3  jumelles  de  gueules. 

Support  :  un  lion. 

Devise  :  Toid  est  beau  et  Vaincre  et  mourir. 

Cri  :  Honneur. 

(Marquis  en  1637.) 

(Locmaria,  sceau  de  1371.) 

Tombeau  érigé  à  Saint- Eutrope,  près  Morlaix,  par  François  du 
Parc  de  Locmaria,  à  la  mémoire  de  son  père  Yves  du  l'arc,  iS'  de 
Kergadou,  maire  de  Morlaix  en  iGlo. 

Ce  digne  rejeton  d'un  combattant  de  Trente 
Frolégea,  comme  lui,  la  veuve  et  l'orphelin, 
Et  ses  derniers  neveux,  sous  la  toge  ou  la  lente, 
Voudront,  à  son  exemple,  illustrer  leur  destin. 

(Le  Hérault  d'armes,  page  422,  année  1861.) 

XXVllI 

JoDON  DE  ViLLEROCHÉ  (chevalier  d'Hézenoy). 
(Maine-Soissonnais.) 

Armes  :  tiercé  en  barre  :  au  /"  d'azur  à  une  ancre  d'argent 
posée  en  barre  sommée  d'une  colombe  contournée  d'or  tenant 
en  son  bec  un  rameau  d'olivier  du  même;  au  2*  de  gueules 
au  signe  des  chevaliers  ;  au  3"  d,' argent  à  une  branche  d'oli- 
vier et  une  branche  de  chêne  de  sinople  croisées  par  la  tige. 
(Armoriai  du  premier  Empire,  par  le  vicomte  Révérend.) 
L'État  de  la  noblesse  française,  publié  en  1868,  donne  à 
M.  Jodon  de  Villerocbé.  château  de  Maupas,  près  Soissons,  les 
armes  suivantes  :  d'argent  au  chevron  de  gueules  accompagné 
de  trois  coquilles  d'azur^  deux  en  chef  et  une  en  pointe. 


824  NOTICE   HISTORIQUE   .sUR    LA   MAISON 

XXIX 

De  Saisy  de  Kérampuil. 
(Bretagne.) 

Armes  :  de  gueules  à  trois  pigeons  d'argent,  deux  et  un 
(Kérampuil). 

r«  devise  :  Qui  est  Saesy  est  fort. 

(Alain  de  Saisy  prêta  serment  au  duc  de  Bretagne  en  1372.) 

2*  devise  :  Mitis  id  columba. 

Armes  des  Saisy  :  aux  2  et  3  de  gueules,  à  Vépée  en  barre 
d'argent,  la  pointe  en  bas  piquant  une  guêpe  falias  :  et  accom- 
pa^née  d'une  hache  d'armes  de  même  en  pal). 

XXX 

Cambieii  de  Buuat. 

Comtes  Cambier  de  BuLat. 

(Hainaat.) 

Armes  :  de  sable  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois  crois- 
sants de  même. 

Supports  :  deux  lions  au  naturel. 

Louis-Pierre-Armand  Gbislain  Cambier  de  Buhat,  né  à  Valen- 
ciennes  le  7  juillet  1768,  père  de  M""»  de  Pompery,  est  décédé  au 
château  de  Salsogne  le  19  mars  1840.  Il  est  enterré  dans  le  parc 
de  ce  château,  ainsi  que  sa  fille  Augustine-Aglaé-Suzanne,  née  à 
Paris  le  17  janvier  1802,  morte  le  6  septembre  1871. 

XXXI 

De  Madec. 
(Bretagne.) 

Anoblissement,  1780. 

Armes  :  d'azur  à  une  cpée  fiamballant  d'argent  garnie  d'or, 
posée  en  fasce,  accompagnée  en  chef  d'une  étoile  d'argent  et 
d'un  croissant  d'or. 

Madec,  seigneur  de  Pratanraz,  paroisse  de  Pentraz,  évêché  de 
Cornouailles. 

Devise  :  Nullis  perterrita  monstris. 

René,  né  à  Locronan,  élève  de  la  Compagnie  des  Indes  en  1748, 
puis  nabab  gouverneur  du  Mogol,  enlin  colonel  et  chevalier  de 
Saint-Louis,  anobli  pour  services  rendus  à  la  France. 

XXXII 

De  Châmlaihe. 
(Famille  de  Champagne.) 

Écuyer,   avocat   au   Parlement,   seigneur  du    fief    d'Averny  à 


DE   POMPERY   DE   LOZERAY  825 

Yèvres,  a  pris  part  ou  envoyé  sa  procuration  aux  assemblées  de  la 
Noblesse  aux  Étals  généraux  de  1789. 

Armes  :  (Vor  à  une  foi  de  carnation  parée  d'azur  et  sup- 
portant un  cœur  enflammé  de  gueules,  le  tout  accompagné, 
au  canton  dextre,  du  chef  d'une  épée  de  sable  posée  en  pal, 
et  au  canton  senestre  d'une  étoile  de  même. 

(Armoriai  général  de  Champagne.  ) 

{Catalogue  des  Gentilshommes  de  Champagne^  par  MM.  de  la 
Roque  et  Ed.  de  Barthélémy.) 

(Bailliage  de  Chanmont-en-Bassigny,  page  22.) 

Bibliothèque  nationale.  ~  Pièces  originales,  volume  069,  actes 
du  28  septembre  1656  et  de  16o8. 

Chanlaire,  demeurant  à  Vitry  en  1644. 

Gilles  Chanlaire,  avocat,  capitaine-gouverneur  du  bailliage,  pré- 
vôté et  comté  de  Vertus,  1676. 

Pierre-Gilles  Chanlaire,  bailli  de  Vertus,  1730. 

Chanlaire,  procureur  du  roi  à  Châlons,  1759. 

(Dossiers  bleus,  Chanlaire.) 

De  Chanlaire,  maire  de  Vassy  (Haute-Marne).  —  (État  présent 
de  la  noblesse,  Bachelin-Defloreune,  1873-74). 

XXXIII 

Belvezer-Jonchère-Tremoulet,  barons  de  Ligeac. 

Armes  :  d'azur  au  lion  d'or.  Couronne  de  comte  entourée  d'un 
manteau  d'hermine. 

(Communication  de  la  baronne  de  Ligeac,  née  Eléonore  de 
Pompery,  demeurant  à  Tours.) 

XXXIV 

MOTTET    DE   GhIZERAY. 
(Famille    de    Champagne.) 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales,  n»  2067. 
Armes  :  d'azur  au  chevron  d'or  à  trois  roses  ou  étoiles. 

XXXV 

De  Parcevaux, 

La  maison  de  Parcevaux,  très  ancienne  en  Bretagne,  fut  main- 
tenue en  cette  province  aux  reformations  de.  1426,  de  1534  et  de 
1669. 

Armes  :  d'azur  à  trois  chevrons  d'argent. 

Devise  :  S'il  plaist  à  Dieu. 


826  NOTfCE   HISTORIQUE   SUR   LA   MAISON 

Ancienne  extraction  noble,  sept  générations  en  1669  (évêché  de 
Léon). 

Etienne,  écuyer,  dans  une  montre  de  Du  Guesclin  en  1371. 

Hervé,  pour  le  recouvrement  du  duc  dans  une  montre  de  1437, 
etc. 

Un  volontaire  pontifical,  tué  à  Casteltidardo  en  1860. 

XXXVl 

Bigot  d'Engente. 
(Originaire  de  Normandie.) 

Maintenue  en  1670. 

Bigot,  seigneur  des  Parquettes,  de  Courcelles  et  d'Engente. 
Armes  :  d'argent  au  chevron  de  sable,  accompagné  de  trois 
roses  de  gueules. 

XXXVII 

De  Cdrten  ou  de  Courten. 
(Suisse.) 

Armes  :  de  gueules  à  im  monde  d'or  cintré  du  même, 
sommé  d'une  croix  de  perles  d'argent,  trois  casques  couronnés. 
Cimier  1  et  au  3  le  monde,  2"  une  aigle  de  sable  becquée, 
membrée  et  couronnée  d'or,  portant  une  croix  de  Lorraine 
d'or  suspendue  à  son  col  au  moyen  d'un  collier  de  perles. 

Lambrequins  :  de  gueules  et  d'or. 

Supports  :  deux  aigles  regardant,  pareilles  à  celle  du  cimier, 
le  vol  levé. 

(Courten,  ancienne  famille  helvétique  illustrée  au  service  de 
la  France  et  de  Naples.) 

xxxvm 

De  Mamquet  du  Fayet  de  Pelafort. 
(Dauphiné  et  Forez.) 

Armes  :  d'azur  à  trois  demi-vols  d'argent. 

{Armoriai  général^  Dauphiné,  page  90-303.) 

Bibliothèque  nationale.  —  Pièces  originales,  n»  1828. 

(Indicateur  nobiliaire  de  D'Hozier.) 

(Dictionnaire  des  ouvrages  anonymes  et  pseudonymes  du  Dau- 
phiné. Mémoire  sur  le  Concile  d'Embrun.) 

Les  Maniquet  vinrent  d'Italie  en  1480.  Ndble  homme  Pierre 
Maniquet  fait  acte  d'acquisition  en  1465. 

Archives  nationales,  documents  généalogiques,  III,  M.  462. 
Maniquet,  sentence  sur  parchemin  de  1598,  en  faveur  de  messire 


DE  POMPERY  DK  LOZBRAY  827 

Charles  de  Maniquet  du  Fayet  de  Pelafort  contre  Catherine  de 
Gonzague  et  de  Clèves. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat  pour  le  fief  de  Poste  et  de  Morsan,  près 
Corbeil,  1623.  ' 

Bibliothèque  nationale,  Cabinet  des  Titres.  Nouveau  D'Hozier, 
Maniquet. 

Volinne  222.  —  Carrés  de  D'Hozier.  —  Dossiers  bleus.  — 
Cabinet  de  D'Hozier. 

Nobiliaire  de  Picardie,  par  Haudicqué  de  Blancourt. 

Marie  de  Maniquet,  mariée  en  1014  avec  Jacques  de  Gomer,  sei- 
gneur de  Luzancy. 

Archives  nationales.  Letlre  du  roi  Louis  XII  «  pro  Claudio 
Maniquet  »  (année  1499-1500).  Registre  coté  232.  Volume  381, 
V.  2. 

XXXIX 

Du  Bos  d'Hounicourt. 

Famille  anoblie  en  1594  {Nobiliaire  de  Picardie,  recherches 
de  M.  Bignon,  intendant  de  la  généralité  d'Amiens,  jugement  en 
1696  (originaire  d'Amiens).  Lettres  de  noblesse  accordées  par  le 
roi  Henri  IV,  en  septembre  1594,  à  N.  du  Bos,  trésorier  général 
de  France. 

Armes  :  d'argent  à  un  lion  de  sable  armé  et  lampassé  d'azur. 

Supports  :  deux  lions;  même  cimier  :  un  pareil  lion  naissant. 

XL 

CoRDiER  DE  Launay,  barons  de  Montreuil-l'Argillé  (Eure). 
(Créé  baron  de  Montreuil  en  1743.) 

Armes  :  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois  crois- 
sants de  même. 

Jacques-René  Cordier,  trésorier  de  l'extraordinaire  des  guerres, 
a  acquis,  vers  1740,  du  marquis  de  Pont-Saint-Pierre,  les  terres  et 
baronnies  d'Echauffour  et  de  .Montreuil-l'Argillé. 

Demoiselle  de  Montreuil,  mariée  à  Pierre-Charles  de  Villette, 
seigneur  de  Plessis-Longueau,  trésorier  à  l'extraordinaire  des 
guerres.  De  ce  mariage  sont  nés  :  la  comtesse  de  Prie  et  le  mar- 
quis de  Villette,  ami  de  Voltaire,  marié  à  Belle  et  Bonne,  M"<=  de 
Varicourt. 

Anne-Prospère,  mariée  le  13  octobre  1736  à  Joseph  de  Toulon- 
geon,  comte  de  Champlitte. 

Claude-René  de  Montreuil,  marié  le  22  août  1740  à  M""  Moffon 
de  Pliffey. 

^.es  Cordier,  seigneurs  de   Launay,   barons  de  Montreuil-l'Ar- 


828  NOTICB   HISTORIQUE    SUR    LA   MAISON 

gillé,  dans  TEure,  apparaissent  au  commencement  du  xvi^  siècle 
dans  l'Ile-de-France. 

Claude-René  Cordier,  écuyer,  seigneur  de  Launay,  fut  créé 
baron  de  Moulreuil  et  nommé  en  même  temps  président  à  la  Cour 
des  aides  en  1743. 

XLI 

D'OULLENBOURG. 

Armoriai  du  premie)\E7npire,  par  le  vicomte  Révérend,  1896. 
Titre  concédé  par  Napoléon  V\ 

Armes  :  écartelé  :  au  1^'  et  au  i'  d'or,  à  la  corne  de  cerf  de 
sabte,  aie  2'  des  baro7is  militaires,  au  3'  de  sinople  au  sanglier 
d'or  posé  en  bande  ;  sur  le  tout  d'argent  un  buste  d'homme  au 
naturel,  vêtu  et  coiffé  de  sinople  tenant  de  la  main  dextre  un 
trèfle  du  même. 

Ignace-Laurent-Stanislas,  baron  d'Oullenbourg,  général  de  divi- 
sion, I8t3.  Grand'croix,  chevalier  de  Saint-Louis. 

Joseph-Stanislas,  baron  d'Oullenbourg,  mestre  de  camp  de  hus- 
sards, chevalier  de  Saint-Louis. 

Louis,  baron  d'Oullenbourg,  lieutenant-colonel,  mort  à  Versail- 
les le  10  décembre  1862. 

Emile,  baron  d'Oullenbourg,  chef  d'escadron. 

Bertrand  d'Oullenbourg,  général  de  brigade,  grand'croix,  né  à 
Versailles  le  23  janvier  1801,  etc. 

XLII 

De  Kermel. 
(Bretagne.) 

(Armoriai  de  France.) 

Armes  :  de  gueules  à  la  face  d^argent  accompagnée  de  deux 
léopards  d'or,  posés  un  en  chef  et  un  à  la  pointe  de  Vécu. 

Devise  :  Audacibus  audax. 

Ancienne  extraction  noble,  réforme  de  1669.  Neuf  générations. 
Godefroi,  chevalier,  fondateur  de  la  chapelle  de  Sainte-Marguerite 
de  Brelevenez,  a  donné  un  capitaine-général  garde-côtes  de  la 
capitainerie  de  Lannion  au  combat  de  Saint-Cast  en  1758. 

Montres  de  U8l  à  1336. 

Pringent  de  Kermel,  vivant  en  1463. 

Un  chevalier  de  Saint-Lazare,  1721. 

Deux  pages  du  roi,  1734-1775, 

Un  volontaire  pontifical  à  Castelfidardo  en  1860. 


DE  POMPEKY  DE  LOZERAY  829 

XLIII 

Léon  de  Tréverret. 
(Bretagne.) 

Montres  de  1426.  Réforme  de  1668. 

Armes  :  d'or  à  la  fasce  vivrée  de  gueules. 

XLIV 

De  Castellan. 
(Baron  de  l'Empire,  France.) 

La  famille  de  Castellan,  en  Bretagne,  porle  :  coupi;  au  /"  d'or 
à  un  casque  grillé  de  sable,  tourné  de  front,  panaché  de 
gueules.,  au  2«  d'azur  à  2  tours  carrées  réunies  par  un  mur 
crénelé,  le  tout  d'argent  ouvert  et  maçonné  de  sable,  soutenu 
d'une  terrasse  d'argent. 

Le  Nobiliaire  et  Armoriai  de  Bretagne  (Catelan  ou  de  Castel- 
lan, évêché  de  Vannes)  donne  à  celle  famille  pour  armes  :  d'ar- 
gent à  trois  sa)igliers  de  sable.  Sceau  de  iil8. 

Ancienne  extraction  noble  de  106S.  Huit  générations.  Réformes 
et  montres  de  1426  à  1536. 

Perrot  de  Castelan,  écuyer,  dans  des  montres  d'Olivier  de  Clis- 
son,  en  1373  :  deux  chevaliers  de  Saint-Lazare,  1612-1639  ;  — sept 
chevaliers  de  Malte,  dont  deux  commandeurs  depuis  1712;  — 
deux  pages  du  roi  en  1*10-1770  ;  —  un  évèque  de  Valence  en 
1723  ;  —  un  évèque  de  Rieux  en  1747  ;  —  un  abbé  de  Boulancourt 
en  1727. 

La  branche  aînée  s'est  fondue  en  loOO  dans  la  famille  de  Carné. 

XLV 

De   Poolpiquet. 

Cher 'in,  vol.  /6/. 

Joseph  d'Engenle  a  épousé  une  demoiselle  de  Poulpiquet. 

Armes  :  d'azur  à  trois  pallcrons  (^lias  :  pies  de  mer)  d'argent 
becquées  et  membrées  de  gueules. 

Devise  :  de  peu,  assez. 

Guyomarc'h  de  Poulpiquet,  vivant  en  l39o,  épouse  Marie  du 
Halgoët. 

Extraction  noble.  1668    Neuf  générations.  Montres  de  1427"-lo34. 

XLVI 

De  Dieuleveult. 
(Originaire  de  Normandie.) 

Armes  :  d'azur  à  six  croissants  contournés  d'argent  posés  3,  2 
et  1, 


830  NOTICE    HISTORIQUE   SUR   LA   MAISON 

Devise  :  Diex  le  volt. 
Famille  anoblie  en  1816. 
Marin  Dieuleveult,  1620. 

M"«  d'Engente  (sœur  de  Joseph  et  d'Adalbert  d'Engente),  fille  de 
demoiselle  Esmée  de  Pompery,  a  épousé  M.  de  Dieuleveult. 

XLVII 

Du  Roux  DE  Verdon. 

Maintenue  le  8  novembre  1697  par  Dorieux. 

Armes  :  d'azur  à  trois  têtes  de  léopards,  arrachés  d'or,  lam- 
passés  de  gueules,  deux  en  chef  et  une  en  pointe,  accolé  d'argent 
à  une  bande  de  gueules  chargée  des  trois  coquilles  d'or. 

M"s  Marie  Renault  de  Salsogne,  belle-lille  de  messire  Jacques- 
François  de  Pompery,  épousa,  le  18  juin  1763,  Charles-Jean  du 
Roux  de  Chevrier  de  Verdon.  vicomte  de  Couvrelles  et  d'Augy, 
veuf  de  Marie  Leveut  de  Louâtre. 

]\lme  (jg  Verdon,  dont  la  sœur,  (leiieviève,  avait  épousé,  le 
2  février  1770,  le  chevalier  Christophe  de  Pompery,  mourut  en 
1804,  laissant  à  la  famille  de  Pompery  son  beau  château  de  Cou- 
vrelles, près  Braisne  (Aisne).  11  fut  vendu  plus  tard  au  maréchal 
Lobau  et  est  actuellement  la  propriété  de  la  comtesse  du  Manoir. 


DE  POMPERT  DE  LOZBRAT  831 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES 


SOURCES    MANUSCRITES 

Archives  nationales,  Trésor  des  chartes.  Registre  coté  226, 
2*  année,  l491-149o. 

—  P.  P.  HO,  118,  119,  coté  Z.  Dossier  Pompry.  Coté  F.  7, 
6057.  1°  certificat  d'amnistie;  2»  déclaration  et  serment.  N"  656 
—  24125. 

—  Les  maréchaux  de  France,  Z.  i,  c,  133,  page  261. 
Bibliothèque    nationale,   Cabinet  des    Titres    {Chartes    d'Acre 

et  d'Ascalon  (mai  1240),  L  t  2,  f  24  vo). 

—  Pièces  originales,  n"  52430. 

—  Dossiers  bleus,  vol.  533. 

—  Procès-verbal  des  preuves  de  la  noblesse  de  François-Hya- 
cinthe de  Pompery  (preuves  4),  cinquième  volume,  commençant 
le  M  décembre  1739,  finissant  le  28  mars  1760. 

—  Cabinet  des  Titres.  Nouveaux  cartons  D'Hozier. 
Carrés  de  d'Hozier,  vol.  502. 

Archives  départementales  de  la  Marne,  dossier  Pompry. 
Archives  de  la  ville  de  Montmirail-en-Brie. 
Archives   du  ministère  de  la  Guerre  :  États  de  service  de  la 
maison  de  Pompery. 

Documents  sur  le  chanoine  de  Pompery^  chez  M.  Orville, 
propriétaire  du  château  de  Mareuil-en-Brie. 

Documents  conservés  chez  M.  Longnon,  membre  de  l'Institut. 

Archives  de  famille  chez  le  comte  Ludovic  de  Pompery,  au 
château  de  Kerlosser  (Finistère);  chez  la  comtesse  douairière  de 
Pompery,  au  château  de  Trémarec  ;  chez  la  générale  comtesse  de 
Curten,  au  château  de  Salsogne  (Aisne),  et  chez  la  vicomtesse 
Charles  de  Pompery,  née  de  Maniquet,  à  Paris. 

Armoriai  général  officiel  de  France  (Soissonnais,  63-668). 

Armoriai  général  officiel  de  France  (Champagne,  794-797). 

Armoriai  des  familles  de  la  généralité  de  Soissons  mainte- 
nues dans  leur  noblesse,  par  MM.  Desraaretz,  Dorieu  et  de 
Machaut,  fonds  32265,  fol.  314. 

Archives  du  château  de  Montmirail-en-Brie,  C,  n"  24.  Aven  et 
dénombrement  du  17  mars  1762  de  M.  de  Pompery. 


832  NOTICE   HISTORIQUE    SUR   LA    MAISON 


SOURCES    IMPRIMÉES 

Recherches  de  la  Noblesse  de  Champagne  faites  par  Larcher, 
volume  5,  p.  117.  —  Généalogie  de  la  maison  de  Pompery  de 
l'an  1500  au  10  décembre  1698. 

Histoire  du  duché  de  Valois,  par  Carlicr,  pages  446  et  347. 

Notice  statistique  du  canton  de  Betz,  par  Graves. 

Antiquités  de  la  ville  d'Amiens,  par  de  la  Marlière  (1642). 

Revue  de  Champagne  cl  de  Brie,  année  1891,  avril,  page  246. 

Nobiliaire  de  Picardie^  d"Haudiquer,  année  1695,  page  123. 

Catalogue  des  Gentilshommes  de  Champagne  qui  ont  pris 
part  aux  assemblées  de  la  noblesse  pour  l'élection  des  députés 
aux  Etais  généraux  de  1789,  pages  13,  14,  16,  44. 

Inventaire  sommaire  des  Archives  de  Seine-et-Marne,  page 
147,  GG.  14,  page  144,  etc. 

État  présent  de  la  noblesse  française  (1873-'l87i),  par  Bache- 
lin-Detlorenne. 

Annuaire  de  la  noblesse,  année  1874,  page  406. 

Annuaire  du  Conseil  héraldique  de  France,  année  1898.  — 
Les  Croisés  de  France,  page  267.  —  Les  Héros  de  Péronne, 
page  71. 

Inventaire  sommaire  des  Archives  de  V Aisne,  rédigé  par  M.  J. 
Souclion,  archiviste. 

Archives  parlementaires  de  1787  à  1860,  page  667.  Bail- 
liage de  Château-Thierry. 

Chronique  de  Louis  XII,  par  Jean  d'Auton,  tome  IV%  page 
367. 

Armoriai  français  (1892),  n»  56,  page  177. 

Dictionnaire  des  parlementaires,  tome  V,  page  14. 

Inventaire  sommaire  des  Archives  de  l'Aisne,  publié  par 
Matton,  G  393,  79  ;  G  411  ;  B  2793. 

Calendrier  de  la  Cour,  imprimé  pour  la  famille  royale  et 
maison  de  Sa  Majesté  (1787),  imprimé  chez  veuve  Hérissant,  du 
Gabinet  du  roi. 

Revue  historique,  de  M.  L.  Sandret,  année  1874,  n's  1  et  2, 
page  77.  Enquête  de  1066. 

Annuaire  militaire,  1738,  par  Léman  de  la  Jaisse  (maison  du 
roi,  page  13). 

Etat  militaire  de  la  France  pour  Vannée  177 A,  par  MM.  de 
Roussel  et  de  Montandre,  pages  155-156.  —  Année  1780,  page  135 
(maison  du  roi)  et  page  444, 

Panthéon  de  la  Légion  d'honneur,  par  L.  Lamathière,  p.  428, 
tome  IX. 


DE   POMPERY    DE    LOZEHAY  833 

SOURCES    MANUSCRITES 

POUR   LES    FAMILLES   ALLIEES   A    LA    MAISON    DE    POMPEllV 

Généalogie  de  la  maison  de  Pontbriant,  dressée  par  d'Hozier 
et  signée  de  lui  (28  août  1783)  chez  le  comte  A.  de  Pontbriant,  à 
Bollène  (Vaucluse). 

Bibliothèque  nationale,  Cabinet  des  Titres,  Cabinet  de  D'Ho- 
zier, vol.  4i,  de  Biecques  ;  vol.  232,  Mauterne  ;  vol.  224,  Mani- 
quet  ;  vol.  189,  Hérisson.  —  Pièces  originales,  vol.  loBl,  Jorien. 
—  Carrés  de  D'Hozier,  vol.  408,  Maniquet.  —  Pièces  originales, 
vol.  1828,  Maniquet.  —  Cabinet  des  Titres,  vol.  183,  Hallot.  — 
Pièces  originales,  vol.  1522,  Heurlelou;  vol.  669,  Chanlaire  ; 
vol.  2421,  liadingan;  vol.  2609,  Suisy  ;  vol.  2067,  Mottet  ;  vol. 
2417,  Qiiinquet.  —  Chérin,  vol.  106,  Heurtelou.  —  Dossiers 
bleus,  Chanlaire  de  Vertus.  —  Nouveaux  cartons  de  D'Hozier, 
Pontbriant.  —  Pièces  originales,  vol.  1901,  Mauterne.  —  .Vou- 
veaux  cartons  de  D'Hozier,  vol.  222,  .Maniquet. 

Archives  nationales,  M.  462  ;  documents  généalogiques  et  char- 
tes concernant  la  famille  Maniquet 

Archives  de  famille,  chez  M.  Quinquet  de  Monjour,  magistrat  à 
Reiras. 

Archives  de  M.  Le  Dieu  de  Ville,  au  châleau  de  Raday  et  à 
Sézanne  (Marne). 

SOURCES    IMPRIMÉES 

Dictionnaire  de  la  noblesse  (La  Chesnaye-Desbois).  Familles  de 
Courten,  du  Bos,  d'Arnoult,  du  Parc  de  Locmaria,  Le  .Mestayer,  de 
Guichainville,  Kerrael. 

Nobiliaire  universel  de  France  (Saint-Allais).  F^amilles  de  Bel- 
vezer  de  Ligeac,  du  Parc  de  Locmaria,  de  Hérisson,  de  Poulpi- 
quetj  AU  '00  de  Saint-Alouarn. 

L'impôt  du  sang  ;  La  noblesse  de  France  sur  les  champs  de 
bataille,  par  Louis  Paris,  1881,  tiré  des  manuscrits  de  J.-F. 
d'Hozier. 

Nobiliaire  et  Armoriai  de  Bretagne,  par  Potier  de  Courcy, 
Nantes,  1862.  3  volumes. 

Archives  généalogiques,  par  Laîné,  tome  I",  page  6.  Généalo- 
gie de  Pontbriant  et  mariage  de  Françoise  de  Pompery,  en  1519. 

Deux  Bretons  à  la  Cour  de  France,  par  Ch.  d'Ebbo.  Vannes, 
1893. 

Indicateur  nobiliaire  de  feu  d'Hozier.  A  Paris,  imprimerie 
Doblet,  rue  Git-le-Cœur,  1818. 

53 


831  NOTICE   HISTORIQUE    SUR    LA    MAISON 

Procès-verbal  de  la  noblesse  de  Champagne,  année  1673, 
Cliâlon?,  par  M  de  Caumartin.  Familles  ri'ArnouU,  de  Hérisson, 
du  Puis  d'Auiiizeux,  de  Soissy,  de  Tassin. 

Recherches  de  la  noblesse  de  Picardie,  par  Bignon  (Artois). 
Généralité  d'Amiens.  Familles  du  Bos  d'Hornicourt,  Le  Roy  d'Ac- 
quest. 

Livre  de  famille.  Quartiers  généalogiques  de  la  famille  Poi- 
debard,  par  Paul  Mougin.  (Notice  sur  plusieurs  maisons  du 
Forez  Les  Maniquet  de  la  Buissière  et  du  Fayet  et  les  Maniquet  de 
Saint-Paul-en-Jarret  et  du  Lyonnais.) 

Armoriai  de  Picardie.  Généralité  de  Soissons  et  de  Château- 
Thierry.  Recueil  ofticiel  dressé  par  les  ordres  de  Louis  XIV  (1696- 
1711),  par  Borel  d'Hauterive.  (Familles  de  Pompery  de  Lozeray  et 
du  Marais,  Quinquet,  Jorien,  Le  Dieu  de  Ville,  Le  Roy  d'Acquest 
de  Noue,  du  Roux  de  Chevrier,  de  Soissy,  Le  Roy  d'Acquest 
d'Irancy,  Noblin,  etc.) 

Bulletin  d'Archéologie  de  la  Drame,  première  année,  1866. 
Notice  sur  Hector  de  Maniquet,  seigneur  du  Fayet  en  Dauphiné, 
maître  d'hôtel  ordinaire  de  .Marguerite  de  Valois,  chargé  de  négo- 
ciations auprès  des  électeurs  Palatins,  de  Saxe  et  du  Landgrave  de 
Hesse  (1582)  ;  puis  grand-maître  enquêteur  et  réformateur  pour 
les  eaux  et  forêts  dans  le  ressort  des  Parlements  de  Toulouse  et  de 
Bordeaux. 

Gale7'ies  historiques  du  Palais  de  Versailles.  Salles  des  Croi- 
sades, pour  les  armes  des  Du  Marc'hallac'h,  de  Pontbriant,  etc. 

Annuaire  de  la  Noblesse,  année  1874.  Familles  de  Soissy,  de 
Pompery,  de  Courlen.  Année  1870  :  de  Poulpiquet.  Année  1871- 
1872  :  de  Marc'hallac'h.  Année  1870  :  de  Hérisson. 

Profils  bretons  :  M>»^  de  Pompery,  par  J.-H.  d'Avenel.  Rennes, 
imprimerie  de  Ch.  Catel,  1889. 

Dictionnaire  des  ouvrages  anonymes  et  pseudonymes  du  Dau- 
phiné, par  Maignien.  Lettre  à  M.  l'abbé  de  Maniquet  de  Pelafort, 
6  mai  1696,  n°  1899.  N"  1388,  Mémoire  sur  le  concile  d'Embrun, 
jugement  rendu  par  le  R.  P.  Maniquet^  supérieur  provincial  des 
Minimes.  Il  assista  au  concile  d'Embrun  comme  l'un  des  docteurs 
de  l'archevêque,  M.  de  Tencin. 


AVEUX,    FOIS    ET    HOMMAGES,    ETC. 

Procès-verbal  de  1632,  pour  les  années  1504  et  ISSO,  signé 
Mully,  huissier  à  Meaux. 

Donation  par  Guy  de  Pompery,  en  faveur  de  Tabbesse  de  Jouarre, 
passée  par  devant  notaire  Lecomte,  à  Colombe,  le  14  mars  1345. 

Sentence  rendue  au  grelfe  de  Vendrest,  en  faveur  de  Claude  de 
Pompery,  le  12  septembre  1608. 


DE   POMPBRT   DB   LOZERAT  835 

Contrat  de  vente  passé  par  le  tabellion  Jacques  Hugues,  à 
Jouarre,  près  Meaux,  pour  Claude  de  l'ompery,  le  27  janvier  \ï>9'6. 

Foi  et  hommage  rendus  par  Madeleine  de  Hérisson,  douairière 
du  seigneur  François  de  Pompery,  à  Ms"^  le  duc  de  Tresme,  à  Ven- 
drest,  le  9  novembre  1657. 

Procès-verbal  d'enquête,  au  grefle  de  la  justice  de  Vendrest^ 
par  messire  François  de  Pompery,  contre  Louis  de  Raisier,  pour 
les  honneurs  de  l'éj^lise  dudil  lieu,  le  23  septembre  1622. 

Sentence  rendue  pour  l'élection  d'Épernay,  en  faveur  de  mes- 
sire Charles  de  Pompery,  seigneur  de  Corribert,  de  Biercy  et 
autres  lieux,  le  26  septembre  1682. 

Acte  de  foi  et  hommage  rendu  à  messire  Michel  le  Tellier,  che- 
valier, marquis  de  Louvois,  châtelain  de  Montmirail,  par  Pierre  de 
Pompery,  à  cause  des  fiefs  des  Marais  et  de  Donzeval,  comme  les 
ayant  acquis  de  Jacques  de  Soissy^  le  23  mars  1683. 

Acte  du  bailli  de  Vertus,  en  faveur  de  Louis-Charles  de  Pom- 
pery, héritier  d'Olivier-Henry  de  Pompery,  seigneur  du  Ménil-la- 
Caure,  à  ChâlonS;  le  16  août  1747. 

Donation,  par  messire  Charles  du  Roux  de  Chevrier  de  Verdon, 
vicomte  de  Couvrelles,  de  la  seigneurie  de  Salsogne^  droits  de  jus- 
tice et  droits  honorifiques,  à  son  beau-frère  raessire  Christophe  de 
Pompery,  chevalier,  ancien  mousquetaire  du  roi,  seigneur  en 
partie  de  Salsogne,  de  Ciry  et  de  Sermoise.  Soissons,  le  27  sep- 
tembre 1777. 

Vicomte  Olivier  de  Pompery. 


836  NOTICE   HISTORIQUE    SUR    LA   MAISON 

APPENDICE 


Charte  de  mai  i?40  relative  à  Thibault  de  Pompery. 

Universis  présentes  liUeras  inspccturis  noUim  sil.  ([uoil  nos  Adam  de 
Bracieux,  Gai  hi'rus  de  Mouz"rone,  milites,  Gaufridus  de  Orto,  Juhan- 
nes  Cherl)onei  et  Th'^oI)al(ius  île  Pumperiaco,  annigeri,  uuiiuo  rece- 
pimus  in  soiidum  a  Lazaro  Dovinello  (M  (\jns  sociis,  janu"nsihus 
mercatoribus,  cenlum  et  octoginla  libras  luronensium  pro  soliiiione 
qiiarum  ad  instans  pa^cha  i)er  nos  taci''nda  iihislfis  vie  et  karissinius 
dominus  noster  Theobaldus,  Dei  gratia  rex  Navarre^ (]aiiipii)i3  et  Brie, 
cornes  pala!:nus,  se  garanlizorom  conslituere  bene  vohiil  et  exinde 
débet  lilleras  suas  diciis  mercatoribus  tradere,  nus  vero  eidem  domino 
nostro  concessimus  quod  si,  occasione  hujns  garrandie,  damjinum 
aliquod  incurreret,  ijise  in  le  se  lencret  ad  ea  omnia  (]nc  liabemus  et 
habere  debemus.  In  cujus  rei  tesliaionium  presenti.'in  cartam  fn^ri 
fecimus  et  ego  Adam  de  Bracieux,  sigillavi.  Aetum  apu  1  Accan,  anno 
Doniini  M"  CC»  XL°,  mense  mayo. 

(Bibliothèque  nationale.  Nouvelles  acquisiiions  lalini'S  IGGb,  f"  '24 
V.  Copie  de  la  main  de  M.  Lacabane.) 

Le  sceau  manque. 


TRADUCTION 

Mai    1240. 

Sachent  tous  ceux  qui  ces  jjresentes  lettres  verront  que  nous  Adam 
de  B.-'acieux,  Gaucher  de  Mouzeron  (Monseron,  Ariège,  ou  plutôt 
Montzeron,  Côte-d'Or),  chevaliers,  Geoffroy  du  Jardin,  Jean  Cherbonel 
cl  Thibaut  de  Pompery,  écuyers,  avons  reçu  mutuellement  et  intégra- 
lement de  Lazare  Devinello  et  de  ses  compagnons,  marchands  génois, 
180  livres  tournois  remboursables  par  nous  à  Pâques  prochaine.  Notre 
illustre  et  très  cher  seigneur  Thibault,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  de 
Navarre,  de  Champagne  et  de  Brie,  comte  palatin,  a  bien  voulu  se 
porter  garant  de  ce  prêt  et  doit  dans  la  suite  (ou  en  conséquence)  en 
donner  une  reconnaissance  auxdi'.s  marchands,  sous  celte  réserve 
que,  si,  à  l'occasion  de  cette  garantie,  il  survenait  qui'lque  dommage 
à  notredit  seigneur,  il  pourrait  avoir  recours  sur  tous  vos  biens 
présents  et  à  venir.  En  foi  de  quoi,  nous  avons  fait  faire  la  présente 
charte  qui  a  été  scellée  par  moi  Adam  de  Biacieux. 

Fait  à  Saint-Jean  d'Acre,  Tan  du  Seigneur  1240,  au  moif  de  mai. 

(Bibliothèque  nalionale.  Nouvelles  ac(iuisiliiins  ialines  IGGll,  f"  24 
v".  Copie.) 


DE   POMPf.RY    DE   LOZEUAY  837 


Lettre  de  rémission  en  faveur  de  Charles  de  Pompery. 

Juin   1493. 
«  Remissio  pro  Garolo  de  Pompry..,    » 

Charles, 

Par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  tous  presens  et  avenir  salut. 

Savoir  faisons  nous  avoir  receu  l'umble  supplicacion  de  Charles  de 
Pompry,  dit  L'svisse,  l'un  des  arbalestiers  de  la  garde  de  noslre  corps 
soubz  la  charge  de  nostre  amé  et  féal  cousin  le  comte  de  Ligney, 
contenant  que,  douze  ans,  il  se  trouva  à  Vennes  le  conté,  en  une 
taverne  dont  il  n'est  recors,  en  la  comjiaignie  d'un  nommé  Bonnelet  et 
feu  Jehanin  Sandrin,  Perotin  Boncry,  Bras  de  fer  et  autres;  et  après 
qu'ilz  eurent  beu  et  fait  bonne  chière,  lesdits  Bonnelet,  Bras  de  fer  et 
autres  se  prindrent  à  jouer  aux  dez,  et  ledit  Sandrin  se  mist  sur  ung 
[lict]  pour  dormir  et,  au  regard  dudit  suppliant,  il  buvoit  et  faisolt 
bonne  chière  au  bout  de  la  table  avec  aucuns  amis.  Et  pour  ce  que  les 
aucuns  desdits  joueurs  se  débatoient  et  faisoient  grant  bruit  pour  ce 
qu'ilz  perdoient  leur  argent,  ledit  Sandrin,  comme  homme  yvre  et 
insensé,  descendit  dudit  lict  et,  atout  une  espée  traicfe,  chargea  sur 
ledit  Perotin  Boncry  tellement  qu'il  luy  couppala  teste,  dont  il  mourut 
sur  le  champ,  et  si  en  bleça  trois  ou  quatre  autres  de  ladite  compai- 
gnie^  dont  il  fut  prins  et  condempné  à  estre  pendu  et  estranglé. 
Avecques  ce,  deux  ans  a  eu  le  jour  de  l'Ascencion  dernier  passé,  ledit 
suppliant,  Mathieu  HavelIe,Guyo  Gloton  et  autres  allèrent  pendre  ung 
esteuf  pour  jouer  à  la  paulme  au  lieu  de  Libourt  où.  la  fesle  estoit 
ledit  jour^  et  pour  ce  que  aucuns  ne  voulurent  jouer  ne  despendre 
ledit  esteuf,  ils  le  despendirent,  et  s'en  alerent  au  village  de  Werchin  ^ 
en  l'ostel  de  Jehan  Corbron,  tavernier,  où  ilz  souppèrent  et  firent 
bonne  chière  et,  après  qu'ilz  eurent  souppé,  ledit  suppliant,  Mathieu 
Havelle  et  Estienne  Brusset  se  partirent  pour  eulx  en  retorner  au  lieu 
d'Anvain-^  et,  quant  ilz  furent  auprès  d'une  espine,  actendant  lesdits 
compaignons,  oyrent  grant  bruit  et  entre  autres  choses  ung  nommé 
Bardin  Hamon,  qui  estoit  de  leur  compaignie,  disoit  telz  mots  : 
«  Tuez-les-,  les  villains.  »  A  ceste  cause  retournèrent  en  ladite  taverne 
au  devant  de  laquelle  trouvèrent  ung  homme  de  villaige  cheu  par  terre 
et  disoit-on  que  ung  nommé  Freminot  luy  avoit  baillé  ung  cop  de 
hallebarde  sur  la  teste  dont  il  estoit  ainsi  cheu.  Ce  voyant,  ledit 
suppliant  print  ledit  homme  par  les  bras  et  luy  dist  :  e  Mon  amy, 
levez-vous,  »  et  il  respondit  qu'il  ne  povoit  et  qu'il  estoit  fort  blecé. 

1 .  Balle  pour  jouer  à  la  paume. 

2.  Verchin,  com.  du  Pas-de-Calais,  cant.  de  Fruges,  arr.  de  Monlreuil- 
sur-Mer. 

3.  Probablement  Auvin,  com.  du  Pas-de-Calais,  cant.  d'Heuchin,  arr.  de 
Saial-Pol-sur-Teruoise. 


838  NOTICE   HISTORIQUE   SUR   LA   MAISON 

Adonl  ledit  suppliant  luy  bailla  son  chapeau  qui  estoit  par  terre,  et  au 
moyen  dudit  cop  ledit  Frc-min  le  Caron  trois  sepmaines  après  ala  de 
vie  à  irespas.  Dont  ledit  supliant  s'est  absenté,  requérant,  etc.  Pour- 
quoy,  etc.  au  bailiy  d'Amiens,  etc.'. 

Donné  à  .\myens,  au  moys  de  juing,  l'an  de  grâce  mil  CCCG  UlU^ 
et  XIII,  etc.  Ainsi  signé  par  le  Roy,  les  sires  de  Gyé,  de  Piennes,  de 
Grimault  et  autres  présens.  Robertet.  —  Visa  contentor. 

(Archives  nationales.  Trésor  des  Chartes.  Registre  JJ.  226  b, 
n»  717,  f«  136  v°.) 

1.  La  fin  de  cet  acte  est  ainsi  abrégée  dans  le  texte.  En  résumé,  Charles 
de  Pompery,  craignant  d'être  inquiété  à  cause  de  ces  deux  meurtres  auxquels 
il  s'est  trouvé  mêlé,  s'est  absenté  du  royaume.  Le  roi  lui  accorda  ces  lettres 
de  rémission  qui  le  rétablissent  «  dans  sa  bonne  famé  et  renommée  tt  dans 
ses  biens  n  pour  le  cas  où  ils  auraient  été  saisis  pendant  son  absence  du 
royaume. 


MONS  ET   LE  MONTOIS 

(SEINE-ET-MARNE) 


L'étude  de  la  constitution  de  l'écorce  du  globe  terrestre, 
disent  MM.  Dufresnoy  et  Elle  de  Beaumont  *,  réduite  à  la 
considération  des  masses  principales,  nous  la  présente  comme 
composée  de  pièces  d'une  a.ssez  grande  étendue,  dont  chacune 
offre  un  certain  degré  d  homogénéité.  Le  mol  pays  est  très 
significatif.  Il  présente  à  l'esprit  une  tout  autre  idée  que  celle 
qu'on  y  attache  dans  le  langage  ordinaire.  Il  désigne  un  ordre 
tout  particulier  de  terrain  dins  une  certaine  étendue. 

Chaque  région  a  formé  un  pays  primitif  [pagus)  que  la 
nature  seule  a  circonscrit,  et  dont  le  nom,  presque  toujours 
emprunté  à  sa  capitale,  s'explique,  le  plus  souvent,  par  les 
éléments  constitutifs  du  sol  et  les  reliefs  du  terrain. 

C'est  ainsi  que  le  Montais^  région  naturelle  formée  d'un 
lambeau  de  terrain  tertiaire  du  bassin  parisien,  tire  à  la  fois 
son  nom  de  Mons,  sa  capitale,  et  des  monts  qui  se  rencontrent 
dans  ce  canton  de  la  Brie  champenoise. 

Le  savant  M.  Guéiard  a  placé  le  Montois  dans  les  pagi  de 
-la  France  ^,  et,  dans  sa  Géographie  ancienne  appliquée  au 
département  de  l'Aube,  M.  Boutiot  a  classé  cette  contrée  parmi 
les  régions  naturelles  de  la  Champagne  ^. 

Dès  le  xiii°  siècle,  nous  trouvons  ce  nom  de  Montois  men- 
tionné dans  le  Livre  des  Vassaux  du  conilé  de  Champagne  *, 
et  dans  \e  Registre  de  Renier  Accorre,  receveur,  puis  gou- 
verneur du  même  comté  s. 

Claude  Haton,  dans  ses  Mémoires,  cite  les  paroisses  de 
Mo  fis -en- Montais,    Donnemarie- en- Montois,    Sognolles-en- 

1 .  liitrod.  à  la  Cane  géologique  de  la  France,  t.  1,  p.  o. 

2.  Provinces  et  Pays  de  la  France.  Anuuaire  hislorique  pour  1837. 

3.  Étude  sur  la  geogr.  ancienne  du  département  de  l'Aube  (Mém.  de  la 
Soc.  Académique  de  l'Aube,  1861,  p.  34-3(5;. 

4.  LoDgQon.  —  Livre  des  Vassaux  du  comté  de  Champagne  :  —  «  Ce 
sunt  11  fié  de  la  chdslelerie  de  lirai  »,  u"  430. 

5.  Reg.  de  Renier  Accorre.  —  Bibl.  nationale,  fonds  des  Carlulaires,a°  173, 
jo  59- vo,  col.  2.  —  Ou  lit  sur  le  dos  du  volume  :  «  Carlulaire  français  de 
Gouvois  (Gouaix)  et  de  Provins.  » 


840  MONS    ET   LE   MONTOIS 

Montais,  Savins-lès-Théimy-e7i-Montou  »,  et,  quand  il  veut 
parler  de  l'ensemble  du  pays,  de  la  contrée,  il  se  sert  de  ces 
expressions  :  «  le  Montais,  dans  tout  le  Montais^  le  pays  du 
Montais  ^.  • 

Depuis,  la  plupart  des  géographes  ont  répété  ces  mêmes 
dénominations  de  lieux. 

D'après  Michelin  3,  le  Monlois  formait  un  petit  canton  qui 
avait  pour  chef-lieu  Mons  et  renfermait  quinze  communes,  y 
compris  Donuemarie. 

M.  Delettre,  qui  en  a  écrit  l'histoire  en  deux  gros  volumes 
iti-8o,  a  qualifié  le  Monlois  depi  évince.  Selon  lui,  on  désignait 
sous  le  nom  de  Montois  un  petit  pays  qui,  avant  la  Révolu- 
tion, dépendait  de  la  Brie  champenoise,  du  bailliage  de  Melun 
et  du  diocèse  de  Sens  ;  sa  circonscription  pouvait  embrasser, 
outre  les  communes  du  canton  actuel  de  Donnemarie,  plu- 
sieurs communes  des  cantons  voisins  de  Nangis,  Bray  et  Vil- 
lenauxe  *. 

Nous  pensons  qu'il  faut  excepter  de  cette  désignation  les 
communes  du  canton  de  Donnemarie  situées  dans  la  vallée  de 
la  Seine  et  qui,  topographiquement,  n'ont  pu  faire  partie  du 
Montois. 

A  l'époque  carlovingienne,  la  quatrième  province  lyonnaise, 
qui  avait  Sens  pour  chef-lieu,  était  divisée  en  cinq  grands 
pagi,  dont  le  troisième  était  le  pagus  Milidur.ensis  qui  com- 
prenait Mans  ^. 

Les  hmites  du  Montois,  primitivement  compris  dans  la  grande 
contrée  ou  région  de  Melun,  ne  sont  pas  bien  déterminées  : 
Mons,  à  l'est,  séparait  le  pagus  Melediinensis  du  pagus  Pruvi- 
nensis  qui,  de  ce  côté,  se  terminait  à  Saint-Loup- de-Naud^. 

1 .  Mons,  Donnemarie,  SognoUes,  Thénisy,  Savins,  communes  du  canton 
de  Donnemarie,  arrondissement  de  Provins  (Seine-et-Marne). 

2.  Méra.  de  Claude  Haton,  curé  du  Mériot,  près  Nogent-sur-Seine 
(lo53-lo82),  publiés  par  M.  Bourquelot.  Impr.  impériale,  1857,2  vol.  in-4", 
p.  807,  877,  976,  100:i,  1073. 

3.  Es<!ais  hist.  slalisl  ,  etc.,  sur  le  département  de  Seine-et-Marne.  — 
Melun,  1829-1843,  v°  Mons. 

4.  Hist.  de  la  province  du  Montois.  —  Nogent-sur-Seine,  i850-18S8, 
2  vol.  in-8°. 

5.  Longnon.  —  Allas  historique  de  la  France.  —  Provincia  Lugduuen- 
sis  qiiirlo  metropolis  civilas  Senonum,  p.  190. 

6.  t  /a  pago  Pruvinense,  in  villa  quœ  dicilur  Naudus.  >  —  Privilège 
de  Sevin  de  l'an  980,  publié  par  Qaanlin  dans  le  Carlulaire  de  l'Yonne, 
t.  I,  p.  149.  —  Saint-Loup-de-Naud,  canton  de  Provins  (Seine-et-Marne), 


MONS   ET   LE   MONTOIS  841 

Au  ix"  sircle,  Mons,  d'origine  très  ancienne,  était  déjà  la 
possession  de  la  riche  abbaye  de  Saint-Martin  de  Tours. 

D'où  l'abbaye  leuait-elle  celte  terre?  A  défaut  de  textes,  on 
ne  peut  se  livrer  qu'à  des  conjectures.  Les  libéralités  de  Char- 
lemagne  envers  son  ancien  maître  el  ami,  le  savant  Alcuin, 
devenu,  par  la  faveur  du  puissant  empereur,  abbé  de  Saint- 
Martin  de  Tours,  ne  seraient  peut-être  pas  étrangères  à  celte 
possession. 

Quoi  qu'il  eu  soit,  en  86'2,  un  précepte  de  Charles  le  Chauve 
restitue  à  l'abbaye  de  Saint-Martin  plusieurs  villas,  entre 
autres  :  »  villam  quœ  vocaïur  Mons,  sitam  inpago  Miliduno, 
quam  genitor  nosler  genitrici  dedcrai  nostrœ\  »  biens  que, 
suivant  l'usage  trop  commun  alors,  les  rois,  ses  prédécesseurs, 
s'étaient  attribués  plus  ou  moins  légitimement. 

En  décembre  878,  Garib-ilde  et  sa  femme  Ragantrude  reçoi- 
vent en  précaire,  de  la  même  abbaye,  la  villa  de  Mons,  dans  le 
pays  Melunais,  avec  sept  églises  et  leurs  dépendances  ^ 

Dans  les  années  886,  903,  909  et  919,  des  diplômes  de 
Louis  le  Gros  et  de  Charles  le  Simple  coafirment  à  l'abbaye 
de  Tours  la  possession  de  tous  ses  biens,  au  nombre  desquels 
Mons  :  *  Mons  insuper  villa,  cum  ecclesiis  et  omnibus  sibi 
pertinentibus  rébus ^  »,  que  tenaient  en  précaire  Gerbaud^, 
puis  le  vicomte  Rainard  ^. 

En  930,  Mons  est  encore  cité  dans  un  diplôme  du  roi  Raoul 
confirmant,  lui  aussi,  les  chanoines  dans  leurs  possessions^, 
et  dans  une  charte  de  Bernier,  doyen,  et  de  Firmain,  trésorier 
de  Saint-Martin  de  Tours,  «  Villam...  Montem  nomine 
sitam,  inpago  Melidunense  cum  ecclesiis  VIP  ». 

1.  Dom  Martène,  —  Amplissima  Collectio,  t.  I,  col.  163.  —  Dom  Bou- 
quet, Recueil  des  historiens  de  France,  t.  VIII,  p.  574. 

2.  Mabille.  —  Extraits  de  la  Pancarte  noire  de  Saint-Martin  de  Tours, 
restitués  d'après  les  textes  manuscrits,  p.  74,  n»  XXV,  t.  1,  f»  3l. 

3.  Dom  Martène,  op.  cit.,  1. 1,  col.  274, 

4.  Dom  Bouquet,  op.  cit.  «  Villa  quoque  Monte,  qiiam  Gerbaldus  preca- 
rio  more  ad  censum  retinet,  »  t.  IX,  p.  350.  —  a.  Villa  Mons,  quam  Ger- 
baldus precario  more  tenere  videtur,  »  t.  IX,  p.  511. 

.'5.  Dom  Uouquet,  op.  cit.  —  «  Mons  insuper  villa,  cum  omnibus  rébus 
sibi  pertinentibus  quam  Rainardus  vicecomes  precario  more  tenere  videtur  », 
t.  IX,  p.  497. 

6.  Dom  Martène,  Thésaurus  novus  anecdolorum,  t.  I,  col.  65.  —  Dom 
Bouquet,  op.  cit.,  t.  IX,  p.  574. 

7.  Dom  Martène,  Thésaurus  novus  anecdotorum,  t.  I,  col.  67.  Cf.  Paul 
Quesvers,  Gastins  en  Gdtinais. 


842  MONS    ET   LE   MONTOIS 

C'est  encore  à  litre  précaire,  «  more  precario  »,  qu'en  937 
Mous  est  cédé  par  les  chanoines  à  leur  abbé,  Hugues  le 
Grand,  duc  de  France,  père  de  Hugues  Gapel,  qui  leur  avait 
fait  don  de  deux  de  ses  alleux,  «  dms  juris  mei  alodos  », 
Lachy  et  Sézanue,  dans  le  comté  de  Meaux,  au  pays  de 
Queudes  '. 

Enfin,  vers  987,  Mous  figure  encore  dans  un  diplôme  de 
Hugues  Capet,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Saint-Martin  de 
Tours  \ 

Avant  de  succéder  à  sou  oncle,  Étienne-Hugues,  au  comté 
de  Champagne,  et  alors  qu'il  n'était  encore  que  comte  de  Blois, 
Thibaut  H  possédait  divers  biens  eu  Champagne  et  en  Brie, 
au  nombre  desquels  il  faut  citer  Mons,  et,  eu  1118,  lorsqu'a- 
vec  le  concours  de  sa  mère,  Adèle  d'Angleterre,  il  fonda  l'ab- 
baye de  Preuilly,  la  charte  nous  apprend  qu'une  rente  de 
douze  setiers  d'avoine  fut  mise  à  la  charge  de  Froimond,  leur 
prévôt  de  Mons,  Froirnu/idus  preposiius  Montis,  lequel  figure 
lui-même,  avec  son  fils  Herbert,  prévôt  de  Provins,  parmi  les 
témoins  de  la  donation  ^. 

On  sait  qu'en  droit  commun,  les  populations  roturières 
étaient  administrées  et  jugées  par  des  fonctionnaires  nommés 
par  nos  comtes,  et  qui  portaient  le  nom  de  prévôt  dans  les 
localités  les  plus  importantes,  de  maire  dans  les  autres. 

Mons  avait  donc,  à  ce  moment,  une  importance  réelle  ; 
comme  Provins,  il  avait  son  prévôt  ;  il  était  le  siège  d'une  pré- 
vôté dont  ressortissaient  les  villages  environnants. 

Vers  1152,  Mons  ne  figure  plus  parmi  les  vingt- huit  pré- 
vôtés de  Champagne  citées  dans  les  chartes  de  Thibaut  H  *.  Il 
est  rationnel  de  penser  que,  réuni  à  la  seigneurie  de  Donne- 
marie,  il  fit,  comme  celle-ci,  partie  de  la  prévôté  de  Bray-sur- 
Seine.  En  effet,  de  1234  à  1243,  le  Feoda  Campanie  indique 
que  le  comte  de  Champagne  avait  droit  de  gîte,  dans  la  pré- 
vôté de  Bray,  in,  prepositura  de  Braio,  sur  les  hommes  du  tré- 
sorier de  Saint-Martin  de  Tours  à  Dounemarie,  «  Babel  cornes 

1.  Dom  Bouquet,  op.  cit.,  t.  IX,  p.  720.  Cl.  Hevue  des  questions  histori- 
ques, 25'  livr.,  p.  131.  —  Bull,  de  la  Soc.  hist.  de  Compicgne,  "i'  vol., 
1882,  p.  152. 

2.  Dom  Marlëne,  Amplissima  CoHectio,  l.  I,  col.  342.  —  Dom  Bouquet, 
op.  cit.,  t.  X,  p.  551. 

3.  Gailia  Christiana,  XII,  lustr.  21  B,  21  C.  —  l'reuiily,  commutie 
d'Egligny  >Seine-el-Marne). 

4.  D'Arbois  de  Jubainville,  Hist.  des  Ducs  et  des  Gomles  de  Cham- 
pagne, t.  II,  p.  423,  note. 


MONS   ET   LE   MONTOIS  843 

çuoddam  gistium  apud  Doiinam  Mariant  super  komines  ihe- 
saurarii  Turonensis  *  • . 

Le  Chapitre  avait  alors  érigé  en  bailliage  ses  possessions  du 
Moutois,  et,  en  juin  1272,  Pierre  Blondiou  est  qualifié  de 
€  haillif  de  la  baiîlie  de  Sainct-Martin  dà  Tors  à  Donnemarie 
et  à  Montais  -  • . 

Vers  1221,  une  partie  du  Montois  paraît  avoir  été  l'apauage 
de  la  puissante  maison  de  Paroy  :  Henri  de  la  Parai  ou  de 
Paroy,  vassal  du  comte  Thibaut  IV,  était  tenu  à  quarante 
jours  de  garde  au  château  de  Bray.  dont  relevaient  les  ûefs 
qu'il  possédait  à  Donuemarie  et  au  Monceau,  i  apud  Dominam 
Mariam  et  apud  Montioz  in  domanio  »,  ainsi  que  les  fiefs  que 
tenaient  de  lui  le  seigneur  Joie  des  Monls  [Joia  de  Montibus) 
et  Girard  Jullard,  à  Donnemarie  et  dans  le  Moutois,  «  apud 
Dominam  Mariam  et  apud  Montois  ^  •. 

Henri  de  Paroy,  l'un  des  preux  chevaliers  qui  accompagnè- 
rent le  roi  Thibaut  en  Terre-Sainte,  paraît  s'être  acquis  une 
certaine  célébrité  au  xiii«  siècle  :  «  De  cujus  ahsentia  dolet 
patria,  »  portait  son  épitapho  à  l'abbaye  de  Preuilly  où  il  fut 
inhumé''. 

Devenu  comte  de  Champagne  par  la  retraite  d'Éiienne- 
Hugues,  Thibaut  H,  dit  le  Grand,  avait  annexé  à  ce  comté 
ceux  de  Meaux  et  de  Provins  qui  formèrent  la  Brie.  Son  fils, 
Henri  1",  que  l'histoire  a  surnommé  le  Large  ou  le  Libéral, 
par  suite  des  nombreux  biens  dont  il  disposa  en  faveur  du 
clergé,  dut,  en  les  confirmant,  étendre  les  possessions  de 
l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Tours,  en  y  ajoutant  divers  droits 
sur  Donnemarie  et  autres  terres  voisines. 

Vers  le  milieu  du  xiif  siècle,  le  roi  de  France  et  le  comte  de 

1 .  Feoda  Campanie.  6«  reg.,  2'  partie.  Coll.  da  Champagne,  n»  438.  —  Cf. 
d'Arbois  de  Jubainville,  op.  cU.  Documeuls  pour  servir  à  l'hisl,  de  la  géogr. 
du  Comté  de  Champagne,  t.  II,  p.  XXXVII. 

2.  Reg.  de  Renier  Accorre,  op.  cit.,  f"  59  v,  col.  2.  —  En  mars  1271, 
ce  bailli  est  appelé  Perron  Blondel,  f"  167  v°,col.  1.—  Bibl.  nat.,  fonds  des 
Cartulaires,  n°  173. 

3.  LongnoD,  Livre  des  Vassaux  du  comté  de  Champagne  :  «  Ce  sunt 
li  fié  de  la  chastelerie  de  Brai  *,  n»  430.  —  Un  hameau  de  la  commune  de 
Chalantre-la-Reposte,  à  proximité  de  Donnemarie,  porte  encore  le  nom  de 
La  Haie-Jutard. 

4.  Eug.  Grésy.  —  Notice  sur  Cabbaye  de  Preuilly.  —  Mém.  de  la  Soc. 
des  Antiquaires  de  France,  t.  XXIII,  1837. 

(  Hic  jacet  Hearicus  nobilis  miles,  dojoinus  de  Pareto,  bouce  memoriae  de 
cujus  absentia  dolet  patria,  anima  ejus  requiescal  in  pace.  »  (Ylhier,  Hist, 
ecclés.  de  Provins,  IV,  p.  116.) 


844  MONS   ET   LE   MONTOIS 

Champague  convinrent  de  procéder  à  la  délimitation  de  leurs 
possessions  respectives.  Une  enquête  eut  lieu,  faite  contradic- 
toiremenl  par  les  officiers  des  deux  princes.  Le  Montois  forma 
limite  extrême  à  l'ouest  de  la  Champague,  partant,  d'après  les 
gens  du  comte  :  i  de  la  Villeneuve-le-Comte  *  et  du  Puis  de 
Crouselle  droit  à  Reginviller,  et  de  Reginviller-  au  lieu  de 
BereP  qui  est  au  chemin  entre  Tampeillon''  et  la  Haye  de 
Nangeis^.  »  Le  dire  des  gens  du  roi,  se  rapportant  à  celte 
déclaration,  indique  cette  limite  :  «  dou  Perthuis  dou  Pontho- 
mois  droit  au  rù  de  Berel  et  de  chel  rû  droit  à  la  Broloye®, 
parmy  Regenviller,  et  de  Reginviller  parmi  la  Crottée  à  la 
Valejean  et  de  ValjeaQ  '  au  lieu  appelé  le  Puis  de  la  Crotée  ^.  » 
En  1273,  Philippe  le  Hardi  confirma  aux  chanoines  de  Tours 
la  possession  de  leurs  biens  de  Mons  et  de  Donnemarie,  biens 
qu'augmentèrent  encore  les  Hbéralités  de  Philippe  le  Bel,  leur 
royal  prieur.  Ce  domaine  formait  déjà  la  baronuie  de  Doune- 
marie,  dont,  jusqu'en  1789,  le  titre  et  les  prérogatives  revin- 
rent de  droit  au  trésorier  de  Saint-Martin  de  Tours  ^. 

Jusqu'au  xv°  siècle,  nous  ne  savons  plus  rien  de  l'histoire 
du  Mon  lois, 

La  guerre  des  Anglais  fut  désastreuse  pour  notre  pays.  Au 

1 .  Aujourd'liui  Villeneuve-les-Bordes,  canton  de  Donnemarie  (Seine-et- 
Marne). 

2.  Roginvilliers,  entre  Valjouan  et  Rampillon,  canton  de  Nangis  (Seine- 
et-Marne). 

3.  Les  Bordes,  château  dépendant  de  Villeneuve-les-Bordes. 

4.  Rampillon,  canton  de  Nangis. 

5.  Nangis,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Provins  (Seine-et- 
Marne). 

6.  La  Boulaye,  entre  Rampillon  et  RogeuviUiers. 

7.  Valjouan,  ancienne  paroisse  et  commune  réunie  à  Villeceuve-les-Bor- 
des  en  1841. 

8.  Feoda  Campante.  —  Enquête  sur  les  limites  du  Comté  de  Champa- 
gne. —  Coll.  de  Champagne,  n"  438.  —  Cf.  d'Arhois  de  Jubainville,  His- 
toire des  Ducs  et  des  Comles  de  Champagne,  t.  II.  Documents,  Annexe  A, 
p.  LVII. 

9.  Vers  1228,  Jean  de  Brion  était  bailli  ou  grand-maire  de  Donne- 
marie ;  il  eut  deux  fils  :  Gilles  et  Simon.  Gilles  succéla  à  son  père  dans 
cette  charge  et  fui,  dans  la  suite,  gouverneur  de  Champagne  pour  le  comte 
Thibaud  V  ;  —  Simon  de  Brion,  d'abord  chanoine- trésorier  de  Saint-Martin 
de  Tours,  et,  en  celle  qualité,  seigneur  de  Donnemarie,  devint  cardinal  du 
titre  de  Sainte-Cécile  et  enfin  pape  sous  le  nom  de  Niarlin  IV.  —  Ernest 
Choullier,  Recherches  sur  la  vie  du  pape  Alarltn  IV  (Simoti  de  Brion]- 
lievue  de  Champagne  et  de  Brie,  janvier  1878.  Tirage  à  part,  in-8<»  raisin 
de  20  pages. 


MONS    ET   I,E    MONTOIS  845 

mois  de  juin  1423,  après  la  prise  de  Pont-sur-Seiae,  les  forces 
du  duc  de  Bedl'orl  et  de  son  allié,  le  duc  de  Bourgogne,  se 
répaudiient  dans  le  Montois,  où  elles  s'emparèrent  du  château 
de  Paroy,  lieu  bien  fortifié,  près  de  l'ancien  chemin  Perré,  et 
qui  devint  la  principale  place  forte  de  l'ennemi  sur  la  rive 
droite  de  la  Seine  '. 

Pendant  de  longues  années,  les  terres  restant  incultes,  la 
peste,  la  misère,  la  famine  désolèrent  la  contrée.  A  la  fin 
d'avril  1432,  les  Inbitanls  de  Provins  et  le  bailli  de  Meaux, 
Denis  de  Chailly,  sieur  de  la  Motte  de  Nangis,  ne  pouvant 
suffire  à  réduire  Tennemi,  demandèrent  assistance  aux 
Troyens,  afin  de  les  aider  à  mettre  le  siège  devant  «  Paroilz  et 
Dannemarie  i  ;  mnis  le  Co  iseil  de  ville  répondit  qu'ayant  t'ait 
de  grandes  dépenses  pour  remettre  sous  l'obéissance  du  roi  un 
grand  nombre  de  places,  il  ne  pouvait  contribuer  aux  opéra- 
tions de  guerre  auxquelles  Troyes  n'avait  nul  inlérêl  ^. 

Denis  de  Chailly  ne  se  tint  pas  pour  battu;  avec Faide  d'An- 
toine du  Roux,  échansou  de  Charles  VII,  il  emporta  de  force 
Paroy,  Sigy  et  autres  châleaUx  des  environs  et  réussit  à  chas- 
ser les  Anglais  du  reste  de  la  Brie,  par  la  prise  des  villes  de 
Provins,  Montereau,  Nugent  et  autres  places. 

Du  Roux  acheta  de  Denis  de  Chailly  la  terre  de  Sigy,  en 
1444.  Il  épousa  Denise  de  Tigecourt,  fille  unique  de  Pierre  de 
Tigecourt  et  de  Jeannette  de  Saiut-Phalle.  De  ce  mariage  est 
sorti  Jean  du  Roux,  qui  se  qualifiait  de  seigneur  de  Sigy, 
Ablois,  Tachy,  Gratteloup,  la  Tour-Carrée  et  autres  lieux.  En 
1498,  il  fit  alliance  avec  Catherine  de  Brichanteau-Nangis'; 
leurs  descendants  possédèrent  Sigy  jusqu'en  1846,  date  du 
décès  du  dernier  du  Roux  de  Sigy. 

Pendant  l'occupation  anglaise,  les  habitants  de  Mons  nous 
ont  laissé  le  souvenir  d'une  défense  héroïque.  En  1430,  deux 
cent  trente  quatre  d'entre  eux,  après  avoir  résisté  courageuse- 
ment aux  troupes  du  duc  de  Bourgogne,  s'étaient  réfugiés 
dans  la  tour  de  l'église,  mais  ils  y  furent  malheureusement 

1 .  Arch.  municip.  de  Troyes.  —  Boutiot,  Hist.  de  Troyes  et  de  la  Cham- 
pagne Dtèridiotiale,  t.  Il,  p.  460.  —  Le  Perré,  peul-êlre  une  section  de  la 
Chauasee  d'Agrippa,  ancienne  voie  romaine  d'Auserre  à  Beauvais,  passant 
par  Sens,  Janlnes-les- Bray  [liiube),  les  bois  de  Paroy,  Lizines,  Châleau- 
i)leau,  Chailly  en-Bne  (Calagum],  Meaux  et  Senlis? 

2.  Arch.  municip.  de  Troyrs.  —  Bouliof,  op.  cit.,  t.  II,  p.  555. 

3.  Almanach  du  diocèse  de  Meaux,  1878,  v  Chalmaison,  p.  96,  article 
de  M.  Théophile  Lhuillier.  —  Gougenol  des  Mousseaux,  Essai  généalogi- 
que iur  la  naison  de  Saint  l'halle,  p.  62  et  63. 


846  MONS   ET   LE   MONTOIS 

forcés  et  massacrés  par  l'enDemi  qui  mil  le  feu  à  la  tour. 
Ji]S(ju'eu  1760,  leurs  ossements  calciués  ont  été  religieuse- 
ment conservés  dans  celle  tour  reconstruite.  Avant  1789,  on 
célébrait  annufllement,  dans  l'église  de  Mons,  un  service  funè- 
bre en  leur  mémoire,  qui  portail  le  litre  d'obit  des  «  onze- 
tingt-qvatoîze.  i,  rappelant  ainsi  le  nombre  des  victimes.  La 
IradilioD  rapporte  que  les  habilants  de  Mons,  étant  les  seuls  de 
la  contrée  qui  se  fussent  déterminés  à  agir  contre  les  Bourgui- 
gnons, eu  reçurent  le  nom  glorieux  de  mutins,  qu'ils  conser- 
vent encore'. 

La  plus  grande  partie  de  la  population  adulte  aiusi  disparue, 
]\Ious  perdit  son  importance  ;  néanmoins,  on  continua  à  dési- 
gner, sous  le  nom  de  «  Doyenné  du  Montais  »,  une  portion  du 
domaine  des  moines  de  Tours,  qui  comprenait,  outre  la 
paroisse  de  Mons,  les  lerriloires  deCessoy  *,  partie  de  Soguolles 
et  de  Meigneus,  ses  annexes.  La  cure  fut  réunie  à  celle  de 
Donnemarie,  qui  y  entretenait  un  vicaire. 

En  15f)0,  les  manants  et  habitants  de  la  «  ville  de  Mons-en- 
Moutois  I  comparurent  à  la  rédaction  de  la  Coîitume  de 
Melun,  par  Nicolas  Savuiuot,  leur  procureur  et  marguillier  de 
l'église  dudit  lieu,  assisté  de  M«  Antoine  Mules,  procureur  au 
Cbàtelel  et  siège  présidial  de  Melun  ^.  Les  chanoines  de  Saint- 
Martin  de  Tours,  comme  seigneurs  de  Mons,  prétendaient, 
dans  leurs  déclarations  au  roi,  dont  ils  dépendaient,  que  ce 
lieu  avait  un  droit  de  coutume  qu'ils  nommaient  «  Coutume  de 
Mons  »,  mais  il  ne  faut  entendre  là  qu'une  coutume  d'argent 
due  aux  soigneurs  ^ 

En  1 566,  Mons  eut  une  réminiscence  de  sa  grandeur  passée 
et  devint,  pour  un  instant,  résidence  royale. 

Au  mois  d'avril,  dit  Claude  Haton,  la  première  semaine 
devant  l'octave  de  Pâques,  le  roi  Charles  IX  ayant  couché  à 
Bray-sur-Seine,  «  au  lendemain,  sur  les  neuf  heures,  s'en 
partit  après  avoir  ouy  la  messe,  et,  sans  manger,  monta  en  son 
coche  et  s'en  alla  disner  au  bourg  de  Mons  en  Montois,  lez 

1.  Michelin,  op.  cit.,  v»  Mons. 

2.  Cessoy  était  un  hameau  de  Mons  et  n'a  dû  être  érigé  en  paroisse  qu'a- 
près 1582.  —  Aux  archives  de  l'hospice  de  Provins  (B  19),  il  existe  des 
litres  de  propriété  de  biens  sis  à  Cessoy,  paroisse  de  Mons.  —  Dans  les 
Mémoires  de  Claude  Haton  (t.  II,  p.  1089),  on  voit  qu'en  1582  une  conta- 
gion sévit  au  village  de  Cessoy,  paroisse  de  Mons-lez-Donnemarie. 

3.  Couslumcs  du  bailliage  de  Melun.  Paris,  1640,  p.  277. 

4.  Michelin,  op.  cit.,  v°  Mons. 


MONS    ET   LE    MONTOIS  847 

Donnemaiie,  où  il  séjourna  jusques  au  lendemain  malin  sur 
les  dix  heures  «.  Avec  lui  étaient  la  reine  Catherine  de  Médi- 
cis,  sa  mère,  le  duc  d'Anjou,  son  frère,  le  connétable  de  Mont- 
morency, le  cardinal  de  Châlillou,  l'amiral  de  Goligny,  le  sieur 
ù'Ai  delot,  frère  de  l'amiral,  et  d'autres  seigneurs  de  la  Cour. 
Ils  prirent  logis  chez  lo  «  canonnier  de  Mom,  canonnier  de  Sa 
Majesté  ï.  Là,  ayant  trouvé  un  catéchisme  huguenot  et  des 
psaumes  de  Marot  et  de  Bèze,  le  roi,  sous  prétexte  de  narguer 
l'amiral  et  d'Audelot,  qui  étaient  de  la  religion  réformée,  se 
livra,  avec  sou  frère,  à  une  scène  burlesque  peu  compatible 
avec  la  dignité  royale  ;  il  alla  même  jusqu'à  dire  à  celui-ci,  qui 
contrefaisait  le  huguenot  :  «  Vous  ne  joignez  pas  bien  les 
aureilles  et  ne  tournez  pas  bien  voslre  teste,  car,  pour  eslre 
bon  prédicant,  il  fault  mieux  joindre  les  aureilles  que  les 
mains,  tout  ainsi  que  faict  ung  asne  qu'on  veux  charger  de 
quelque  gros  faiz.  »  Et  cela,  ajoute  lo  bon  curé  du  Mériol,  au 
mécontentement  de  l'amiral,  de  d'Andelot  et  autres  huguenots 
qui  les  écoulaient'. 

Un  autre  écrivain  contemporain,  Abel  Jouan,  rapporte  eu 
ces  termes  le  passage  du  roi  de  France  à  Mous  : 

«  Le  mardi  23  avril  (1566),  le  roi  passa  la  Seine  sur  le  pont 
de  Bray  pour  sortir  du  pays  de  Champagne  et  entra  en  Brie  : 
disua  à  Monlmontois,  grand  village  enclos  de  larges  fos- 
sés 2.  I 

Ni  Claude  Haton,  ni  Abel  Jouan,  ne  nous  ont  conservé  le 
nom  de  famille  de  ce  canonnier  royal  qui  eut  l'insigne  honneur 
d'avoir  le  roi  pour  hôte  en  son  logis  de  Mons.  Il  ne  faudrait 
peut-être  pas  attacher  trop  d'importance  à  cette  qualification. 
Au  XVI'  siècle,  certaines  localités  avaient  des  compagnies  de 
canonniers  identiques  à  celles  d'arquebusiers,  qui  tenaient 
leurs  privilèges  du  roi,  servaient  comme  la  milice  bourgeoise, 
tout  en  ayant  le  pas  sur  celle-ci  et  qui,  plus  tard,  se  bornèrent 
à  figurer  dans  les  fêles  et  cérémonies  publiques  où  les  canon- 
niers liraient  des  bombes  et  boîtes.  Quelques  compagnies  d'ar- 
quebusiers comptaient  elles-mêmes  un  ou  plusieurs  coulevri- 
niers  ou  canonniers. 

\.  Mémoires  de  Claude  Haton,  curé  du  Mériot,  publiés  par  M.  Bourque- 
lot.  Imprimerie  impériale,  1857,  t.  1",  p,  401-402-403. 

2.  Récil  du  voyage  de  Charles  IX  en  France,  écrit  à  Paris  en  1566  par 
Abel  Jouan,  et  reproduit,  en  1759,  par  le  marquis  d'Aubais,  dans  ses 
«  Pièces  fugitives  pour  servir  à  l'histoire  de  France,  avec  des  notes  histo- 
riques et  géographiques  ».  Extrait.  Revue  de  Champagne  et  de  Brie,  1880, 
juillet,  p.  78. 


848  MONS    ET   LE   MONTOIS 

Le  canouuier  de  Mons  pourrait  bien  n'être  autre  qu'un  offi- 
cier d'une  de  ces  compagnies  qui  s'étaient  employées,  à 
diverses  reprises,  à  la  défense  commune.  Claude  Halon  cite 
M.  de  Vendières,  comme  lieutenant  d'une  compagnie  du  régi- 
ment de  M.  de  Nangis  qui  défendit,  en  1576,  les  pas?ages  de 
la  Seine  aux  environs  de  Provins.  Ce  M.  de  Vendières,  dont  il 
ne  donne  pas  le  nom,  ne  serait-il  pas  un  La  l'.ama?  Nous 
verrons  plus  loiu,  qu'en  1020,  la  dame  Catherine  d'Argilliers, 
étant  malade  eu  la  maison  de  Charles  de  La  Rama,  écuyer, 
sieur  de  Vendières,  demeurant  à  Mons-en-Aloutois*,  dicta  son 
testament  à  M*'  Charpentier,  notaire  à  Donnemarie, 

Les  La  Rama  élaient  depuis  longtemps  seigneurs  du  Plessis- 
Hénault  (Sainl-Jusi).  Le  lo  septembre  lo41,  Élienne  de  La 
Rama  rendait  aveu  et  dénombrement,  pour  cette  terre,  au 
Chapitre  de  la  Sainte-Chapelle  du  Vivier-en-Brie^. 

Ne  serait-ce  pas  un  La  Rama,  du  Plessis-Hainault,  qui 
possédait  déjà,  à  Mons,  le  logis  où  Charles  IX  prit  gîte  en 
1 5t)6,  et  ce  logis  n'étail-il  pas  la  maison  que,  cinquante-quatre 
ans  plus  tard,  en  1620,  habitait  Charles  de  La  Rama,  sieur  de 
Vei.dièrcs,  peut-être  encore  celui  cité  par  Ilaton  ou  l'un  de  ses 
descendants? 

n  esta  remarquer  que  les  deux  historiens  contemporains, 
qui  ont  rapporté  le  passage  de  Charles  IX  à  Mons,  sont  d'ac- 
cord pour  préciser  que  le  roi  prit  logis  «  chez  le  canonnier  de 
Mons,  à  Mons-en-Monlois,  enclos  de  larges  fossés  »,  et  non 
dans  un  lieu  situé  en  dehors  el  à  distance  de  ce  village. 

Cependant  la  tradition  locale,  qui  a  conservé  le  souvenir  de 
cet  événement,  veut  que  ce  logis  ou  château,  disparu  depuis 
longtemps,  ait  existé  au-delà  de  l'enceinte  des  fossés,  à  l'est  et 
à  environ  quinze  cents  mètres  du  bourg,  dans  un  lieu  appelé 
Les  Guyns,  contrée  boisée,  à  proximité  du  chemin  conduisant 
de  Mons  à  Thénizy,  et  où  l'on  rencontre  épars  de  nombreux 
vestiges  de  construction.  Près  de  là,  se  trouve  une  ancienne 
pièce  d'eau,  en  partie  desséchée;  les  gens  du  pays  l'appellent 
encore  aujourd'hui  «  La  Mare  au  Canonnier^  ». 

1.  Archives  de  Seine-et-Marne,  B.  436.  —  L'Inventaire  sommaire  des 
Archives  donne  le  nom  de  Charles  de  la  lîeine,  mais  c'est  évidemment  une 
mauvaise  lecture  ;  il  faut  lire  Charles  de  la  Kama.  —  Noie  de  M,  'J'h. 
Lhuillier  qui  a  bien  voulu  vérifier,  aux  Archives,  la  copie  du  testament  de 
Catherine  d'Argilliers. 

2.  M,  l'abbé  Denis.  —  Essai  hist.  sur  Pecy,  p.  36-37, 

3.  Michelin,  dans  ses  Estais  historiques,  v»  Mons,  dit  qu'en  1470,  s'éle- 
vail,  en  cet  endroit,  la  maison  seigneuriale  d'un  fief,  qui  partageait  le  lerri- 


MONS    ET    LE    MONTOIS  849 

Tout  cela,  nous  en  cjnvenons,  n'éclaire  pas  suffisamment  le 
point  obscur  qui  nous  intéresse  ;  nous  donnons  ces  inlications 
pour  ce  qu'elles  valent,  espérant  qu'elles  pourront  aider  à 
d'auires  recherches  plus  exactes. 

Situé  au  sommet  de  la  côte  où  commencent  les  plateaux  de 
la  Brie,  dominant  la  vallée  de  l'Auxence,  où  est  bâti  Dounema- 
rie,  dont  il  n'est  éloigné  que  de  seize  cents  mètres,  le  village 
de  Mons-en-Montois,  autrefois  entouré  de  murailles  et  de  fos- 
sés profonds,  paraît  avoir  eu  quelque  importance,  et  ne  devoir 
sa  déchéance  qu'aux  malheurs  des  temps.  En  1668,  les  bois  et 
herbes  de  ces  fossés  étaient  encore  amodiés  aux  habitants,  à 
la  charge  par  eux  d'eu  employer  le  loyer  annuel  à  réparer  t  les 
portes,  tours  et  murailles  des  fortifications  '   •. 

La  cure,  réunie  après  les  guerres  de  religion  à  celle  de  Don- 
nemarie,  était  administrée  par  un  vicaire  qui  jouissait  des 
biens  curiaux. 

L'égliîe,  dédiée  à  Saint-Martin  de  Towrs,  est  vaste  et 
conserve  encore  la  simplicité  architecturale  des  monuments 
des  xii°  et  xiii*  siècles  ^  elle  est  accompagnée  d'une  tour 
carrée,  d'une  époque  postérieure,  que  sa  pcsition  fait  aperce- 
voir de  loin. 

L'abside,  le  chœur  et  les  transepts  datent  du  xii^  siècle, 
mais  ils  ont  été  en  grande  partie  remaniés  vers  la  fin  du  xvi°  ; 
on  voit  encore  des  restes  des  xin*  et  xiv=  siècles  dans  la  cha- 
pelle de  la  Vierge. 

Dans  le  chœur,  à  gauche  de  l'autel,  une  tombe  en  pierre 
représente  un  personnage  revêtu  d'ornements  sacerdotaux  et 
porte,  en  bordure,  l'inscription  suivante  ; 

«  Cy  gisl  vénérable  et  discretle  persorie  Mess''^  Jehan  Meusnier, 
«  en  son  viuant  pbre  derh.  a  Monlz-en-Montlwis,  lequel  deceda 
«  le  F«  jo''  doclobre  mil  Vc  treize.  » 

La  tour  renferme  une  ancienne  cloche,  qui  mesure  I^IÛ  de 
diamètre,  et  porte  cette  inscription  : 

loire,  et  relevait  des  chanoines  de  Tours,  nommée  la  Guains  ;  que  détruite 
à  celle  époque,  el  depuis  reconstruite  au  sud  et  sur  les  fossés  du  village, 
celte  maison  est  devenue  le  petit  château  de  Mons, 

1.  Acle  de  Léautey,  notaire  à  Dotmemarie,  du  18  janvier  16C8. 


54 


850  MONS    ET    LE    MONTOIS 

IHS  Maria-=  haulte  el  puissante  dame  Lucrèce  Bouhie  femme 
de  liaull  et  puissant  5'"  m^e  Nicolas  de  Ihospital  marquis  de  vitri 
chl«''  des  ordres  du  roi  co7ie^  en  ses  //  consel^  destat  et  privé 
lieu'  gen^  en  Brie  marschal  de  France  et  Anlhoinede  Brichanteau 
s^  et  abbé  commandataire  montnommee  lucresse  1622  //  estaient 
marguillers  marihe  delorme  dénis  renard  iean  détours. 

Nous  relevons,  sur  l'un  des  registres  de  la  paroisse,  l'acte 
de  bénédiction  de  celte  cloche  : 

«  Le  Dimanche  dix«  jour  de  juillet  mil  six  cens  vingt-deux,  a 
esté  benytes,  sanctifiés,  consacrés,  la  grosse  cloche  de  leglise 
parochialle  S'  Martin  de  Mons-en-Monthyoys,  laquelle  fui  fondue 
le  samedy  dernier  jour  dapuril  aud.  an  que  dessus  et  fut  fon- 
due par  M*  Jehan  Rousseau  et  Pierre  Arnault,  son  garson, 
demourans  led.  Rousseau  à  Villier-S'-Georges  et  led.  Arnault  en 
la  ville  de  Sens.  La  maraine  qui  la  nommée,  hanlte  et  puis- 
sante dame  Lucresse  Bouhier,  femme  de  très-hault  et  très-puis- 
sant seigneur  messire  Nicolas  de  Lhospital,  marquis  de  Vitry, 
Lieutenant  gneâl  en  Brie,  cons"  du  roy  nfe  sire  en  ses  conseilz 
destat  et  privé,  chevallier  des  ordres,  mareschal  de  France.  Le 
parrain  messire  Anthoine  de  Brichanteau,  seigneur  abbé  de  Bar- 
beau. Faict  les  an  et  jour  que  dessus  par  moy  pbre  dud.  lieu 
soubzsigné  et  laditte  cloche  montée  en  la  tour  dud.  Mons  le 
vendredy  vingt-deux'  jour  de  juillet,  jour  et  feste  S'«  Marie 
Magdaleine  mil  six  cens  vingt-deux. 

«  (Signé)  :  i.  Belin,  vie.  » 

Lucrèce  Bouhier  était  fille  de  Vincent  Bouhier,  baron  du 
Plessis-aux-Tournelles,  seigneur  de  Beaumarchais,  trésorier 
de  l'Épargne,  intendant  de  l'ordre  du  S*-Esprit,  et  de  Marie 
Hotman  ;  veuve  de  Louis  de  la  Trémoille,  marquis  de  Noir- 
mouliers,  elle  avait  épousé,  en  1617,  Nicolas  de  l'Hôpital, 
marquis  de  Vitry'. 

Nicolas  de  l'Hôpital,  qui  avait  succédé  à  son  père  comme 
capitaine  des  gardes  du  corps  du  Roi,  s'était  chargé  d'arrêter 
Concini,  maréchal  d'Ancre,  qui  était  devenu  odieux  à 
Louis  Xin,  et  le  tua  dans  la  cour  du  Louvre  de  trois  coups  de 
pistolet  ;  il  reçut,  en  récompense  de  ce  honteux  exploit,  le 
bâton  de  maréchal  de  France,  avec  la  charge  de  conseiller  de 
robe-courte  au  Parlement  qui  le  mettait  à  l'abri  des  poursui- 

1 .  Anselme.  —  Hist.  généal.  de  la  maison  de  France  H  des  grands  offi- 
ciers de  la  couronne,  t.  IV,  p.  177  B. 


MONS    ET   LE   MONTOIS  851 

tes;  il  devint,  dans  la  suite,  membre  des  Conseils  d'État  et 
privé  du  Roi,  lieutenant-général  en  Brie,  gouverneur  de  Pro- 
vence, et  fut  enfin  créé  duc  et  pair  en  1644,  Il  mourut  l'année 
suivante  \ 

Antoine  de  Brichanteau,  fils  d'Antoine,  marquis  de  Nangis, 
amiral  de  France,  devint  abbé  de  Barbeaux  et  d'Escurey,  et 
mourut  en  1638.  Il  laissa  un  fils  naturel,  nommé  La  Cou- 
draye,  lequel  vivait  au  cbâleau  de  Nangis  2, 

En  1842,  Teste  d'Ouel,  originaire  de  Donnemarie,  signalait 
au  Comité  des  Travaux  historiques  divers  objets  existant  dans 
l'église  de  Mons  :  un  reliquaire  en  filigrane  ;  —  une  tête  de 
Vcita,  sculptée  eu  médaillon,  qu'on  a  encastrée  dans  le  socle 
d'une  croix.  Cette  tête,  d'un  beau  travail,  trouvée  dans  des 
fouilles  au  bord  d'une  ancienne  voie  romaine,  est  devenue 
ainsi  celle  d'une  Vierge  Marie  2. 

Dans  une  autre  communication  au  même  Comité,  M.  de 
Rosuy  mentionnait,  à  Mons,  une  fontaine  dont  l'eau  ne  gèle  pas 
et  qui  guérissait,  dit-on,  de  la  lèpre.  Cette  source  coule  encore 
sur  la  place  du  village  ;  près  de  là,  s'élevait,  avant  la  Révolu- 
tion, une  chapelle  sous  lïn vocation  de  saint  Fiacre. 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  le  petit  château  de 
Mons,  aujourd'hui  en  ruines,  construit  à  proximité  de  cette 
fontaine,  au  sud  et  dans  les  fossés  du  bourg.  Il  relevait  en  fief 
des  chanoines  de  Saint-Marlin  de  Tours. 

Plusieurs  familles  nobles  habitèrent  Mons  aux  ivn^  et 
xviii*  siècles. 

En  1618,  Martin  Pynot,  chanoine  et  trésorier  de  la  cathé- 
drale de  Meaux,  demeurant  à  Mons-en-Montois,  laissait  ses 
biens  à  Antoine  Pynot,  son  neveu,  qui  se  qualifiait  d'écuyer, 
sieur  de  Saint-Praize  *. 

Nous  avons  dit  plus  haut  qu'en  1620  (le  11  octobre), 
M^  Chaipentier,  notaire  à  Donnemarie,  recevait  le  testament  de 
Catherine  d'Argilliers  *,  malade  en  la  maison  de  Charles  de  la 

1.  Anselme,  op.  cit.,  t.  VII,  p.  431. 

2.  Anselme,  op.  cit.,  t.  VII,  p.  895. 

3.  Communication  de  M.  Th.  Lhuiliier,  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie de  Seine-et-Marne. 

4.  Arch.  de  Seine-et-Marne,  B  623.  —  Saint-Praize  ou  la  Sainte- Praize 
(alias  Sainte  Praisle),  fief  de  la  paroisse  de  Chalautre-la-Re^oste,  près 
Donnemarie- en-Montois.  —  La  famille  f'yaot,  sieur  de  Saint-Praize,  a 
fourni  des  grands-maires  à  Donnemarie  :  Jean,  en  1550;  Robert,   en   1595. 

5.  Arch.  de  Seine-et-Marne,  B  436.  —  La  famille  d'Argillières  (et  non 


852  MONS    ET   LE    MONTOIS 

Rama,  écuyer,  sieur  de  Vendières  ',  demeurant  à  Mons-en- 
Moulois.  Elle  léguait  ses  bieus  à  i\Iarguerite  de  la  Molhe, 
demeurant  également  à  Mor.s,  veuve  de  Jeaude  Canary,  sieur 
de  la  Saint- Praize,  ainsi  qu'à  Gaspard  et  à  Marie  d'Argilliers, 
ses  frère  et  sœur.  Elle  disposait,  aussi  de  divers  legs  en  faveur 
de  Madeleine  de  la  Rama  et  de  Louis  de  Bissemou,  fils  de  sa 
sœur  l^îaric;  et,  le  20  du  même  mois,  ce  testament  était  porté 
au  greffe  du  bailli.igc  de  Molun,  pour  transcription,  par  Jean 
de  Bisseraon,  écuyer,  sieur  de  (Trois-Pisquerêts?),  ayant 
charge  de  ladite  Marguerite  de  la  Mothe,  exécutrice  testamen- 
taire. 

Le  30  juillet  1644,  Charles  Pelletier,  écuyer,  si<.ur  tic  la 
Croix,  demeurant  à  Monî-en-Montois,  fils  d'Éiienne  Pelletier, 
écuyer,  capitaine  du  château  de  MontC^),  prenant  l'habit  d'er- 
mite, sans  faire  aucun  vœu,  donne  ses  biens  à  Philippe  de  la 
Perrière,  écuyer,  son  cousin  germain,  sous  la  ré-sirve  de  mille 
livres  dues  par  Charles  de  Bricquet,  écuyer,  sieur  de  Malas- 
sise, près  Coubert -. 

D'après  M.  Dekllie,  qui  ne  cite  pas  de  date,  le  fief  Je  Mous 
aurait  été,  au  xv^  siècle,  cédé  à  trois  vies  à  Claude  Hurpin, 
puis  vendu  à  Jean  de  Millant,  dont  la  fille  aurait  épousé,  en 
premières  noces,  Coquart  de  Sainte-Foy,  sieur  de  Chalaulre- 
la-Reposte,  et,  eu  deuxièmes  noces,  Louis  Dupuis-. 

Nous  doutons  de  l'exactitude  de  ce  renseignement.  Ce 
Coquart  de  Sainle-Foy  ne  vint-il  pas  à  Mons  dans  la  première 
moitié  du  xvii'  siècle  ?eulemeiit?  Sou  fils  parait  être  venu 
ensuite,  puis  Denise  de  la  Perrière,  veuve  do  celui-ci.  Par  acte 
de  Charpillou,  notaire  à  Donnemarie,  du  25  février  1718, 
Madeleine  Milland,  femme  de  Louis  Dupuis,  loue  à  Gadou  la 
ferme  du  château  de  Mons,  comprenant  soixante-trois  arpents 
de    terres.    Nous   retrouvons   encore   «  M.   et  M""*   Dupuis, 

d'Argilli-Ts),  oiiginaire  du  comté  de  Clermont-en-BeauvaisiF,  tirait  son 
nom  du  fief  d'Argillières,  près  Sentis.  —  Le  21  novembre  1G17,  Jean  d'Ar- 
gillières,  sieur  d'Argillières  et  de  Fay,  chanoine  et  prévôt  de  la  Vareune 
de  Saint-Martin  de  Tours,  reconnaît  avoir  reçu  de  Marguerite  <le  la  Mothe, 
veuve  de  Jean  de  Canary,  en  son  vivant  seigneur  de  Saint-Praize,  la  somme 
de  15,750  livres  pour  prix  de  moitié  du  fief  du  Haut  et  lias-Enfel,  dit  Enfer, 
assis  paroisse  de  Clos-Fontaine,  près  la  Croix-en-liric.  (Roserot,  Fm 
famille  d'Argillières  en  Picardie  et  en  Champagne.  —  Revue  de  Champa- 
gne el  de  lirie,  mars  I8iii  ) 

1 .  l.a  l^ama.  —  Voir  suprd,  noies. 

2.  Arch.  de  Seine-et-Marne,  b  OIV. 

3.  Deletlre.  -  Hisl.  de  la  Provmce  du  ilonloia,  t.  II,  p.  138. 


MONS    ET   LE    MONTOIS  853 

nobles  »,  exempts  de  la  taille  dans  le  rôle  dressé  par  Nicolas 
Cruel,  prêtre,  vicaire  de  la  paroisse  de  Mons,  en  1723  '. 

En  ltj65,  le  château  de  Mods,  en  ruines,  était  vendu  par 
Denise  de  la  Perrière,  veuve  Coquart  de  Sainta-Foy,  à  Pierre 
Bourdault,  grand-maire  de  Donuemarie2. 

En  1772,  Ciaude-Nicolas  Boudier,  lieutenant  de  la  maîtrise 
de  Provins,  et  Pierre-Louis-Florimond  de  Chevry,  époux 
d'Elisabeth  Boudier,  le  cédaient  à  Nicolas-Adrien-Roussel 
d'Inval  de  Monlbeaufraud,  ancien  capitaine  qui,  immédiate- 
ment, en  faisait  la  revente  à  Claude-Gervais-Jean,  marquis  de 
Ghasot,  sieur  patron  d'Escorches,  Vany,  etc.,  et  mestre  de 
camp  de  cavalerie  3. 

Enfin,  en  1785,  il  était  la  possession  d'Antoine-Gharles- 
Pierre  du  Tillel,  dit  le  chevalier  de  Lunay,  capitaine  au  régi- 
ment Royal-Infanterie,  connu  depuis  sous  le  litre  de  comte 
du  Tillet,  qui  y  décéda  le  10  janvier  1815. 

En  1692,  Jean  Morot  de  Grésigny,  mariant  son  fils  à  une 
demoiselle  Legoux,  fille  du  seigneur  de  la  Grand' Vente  S  lui 
donne  en  dot  ses  fermes  du  Monceau  et  de  la  Pierre  de 
JNeuilly,  paroisse  de  Mons.  Jean  Morot  de  Grésigny  était 
marié  à  Barbe  Filzjean,  de  Donnemarie  ^ 

Dans  un  acte  de  vente  en  détail  de  la  ferme  de  Monceau, 
Morot  de  Grésigny  fait  réserve  «  d'un  orme  de  Sully,  appelé 
rOrme  de  César,  sous  lequel,  autrefois,  se  tenait  le  marché  du 
jeudi''  ». 

En  1785,  Jacques  de  Morot,  écuyer,  ancien  capitaine  au 
régiment  d'Artois-Cavalerie,  seigneur  de  Lautrevilleet  Vélars- 
le-Comte,  donne  à  Anloine-Charles-Pierre  du  Tillet  de  Lunay, 
demeurant  en  son  château  de  Mons-en-Montois,  un  terrain  de 

1 .  Ce  rôle,  que  nous  possédons,  écrit  sur  sis  l'euillets  de  papier,  comprend  : 
63  ménages,  109  hommes  dont  5  domestiques  —  83  femmes  dont  7  servan- 
tes —  55  garçons  —  41  filles  —  31  chevaux  —  115  vaches  — 58  bourriques 
—  1  mulet  —  3  pourceaux  —  17  bêtes  blanches  et  "Ofi  bêtes  à  laine  appar- 
tenant à  11   propriétaires. 

2.  Acte  de  Leauley,  notaire  à  Donnemarie,  du  5  avril  1665. 

3.  Acte  de  Mercier,  jwtaire  à  Donnemarie,  du  5  octobre  1772. 

4.  La  Grand'Vente,  paroisse  de  Courcelles  (Seiue-et-Marue). 

5.  Acte  de  Charpentier,  notaire  à  Donnemarie,  du  27  février  1692.  — 
Barbe  Filzjean  était  fille  d'Étieune  Filzjean,  écuyer,  seigneur  de  Chaulmes, 
grand-maire  de  Donnemarie,  et  de  Cécile  l'ynol,  et  petite-fille  de  Robert 
Pynot,  ancien  grand-maire  de  la  même  ville. 

6.  Aclo  de  Charpillon,  notaire  à  Donnemarie,  du  13  juin  1777. 


854  MONS   ET   LE   MONTOIS 

quatre  perches  «  sur  lequel  est  accru  l'orme  dit  de  César, 
près  le  grand  chemin  de  Donnemarie  au  Monceau  '  ». 

Eu  1789,  l'Assemblée  constituante  décréta  une  nouvelle 
organisation  administrative  de  la  France.  La  loi  du  15  jan- 
vier 1790  comprit  la  municipaUté  de  Mons  dans  le  canton  de 
Donnemarie,  le  district  de  Provins  et  le  département  de 
Seine-et-Marne  ". 

Sous  la  Terreur,  Mons  eut,  comme  Donnemarie,  son  club 
révolutionnaire,  établi  dans  l'église,  et  où  les  femmes  se  firent 
remarquer  par  leurs  violences.  Sur  la  dénonciation  de  deux 
dames  patriotes  de  Mons,  un  garçon  boucher  de  Nangis, 
nommé  Lambert,  natif  de  Guignes,  est  arrêté,  condamné  et 
exécuté,  «  convaincu  d'avoir  tenté  au  rétablissement  de  la 
royauté  »  (27  avril  1794)3. 

En  1794,  une  des  cloches  de  Mons  avait  été  promise  à  la 
municipalité  de  Théuisy,  en  échange  de  deux  plus  petites 
données  à  l'État  pour  en  faire  des  canons,  mais  les  habitants 
de  Mons,  toujours  «  mutins  »,  s'opposèrent  à  cet  enlèvement 
et  aimèrent  mieux  briser  leur  cloche,  sur  place,  que  de  la 
livrer  à  ceux  de  Thénisy  qui  furent  alors  autorisés,  par  le 
district,  à  prendre  une  cloche  à  Savins. 

Aujourd'hui,  Mons  semble  avoir  oublié  et  sa  vieille  origine 
et  sa  grandeur  passée.  Depuis  1789,  la  première  partie  de  son 

1.  Arcb.  de  l'Yonne,  B  287. 

2.  De  celte  municipalité  dépendirent  les  hameaux  ou  écarts  suivants  : 
Le  hameau  du  Ville,  au  sud  de  Mons  ;  devenu  conligu  à  ce  dernier  au 

mojen  de  nouvelles  constructions,  il  eu  forme  aujourd'hui  comme  le 
faubourg. 

Le  Monceau,  placé  à  l'ouest,  ancien  village  qui  avait  une  certaine  impor- 
tance; sa  dîme  était  distincte  de  celle  de  Mons;  c'était  là  que  se  tenait 
autrefois  le  marché,  sous  un  orme  gigantesque  appelé  TOrme  de  César,  qui 
aurait  été  abattu  au  commencement  du  siècle. 

Le  Clos-Bouard,  ancienne  ferme  située  plus  proche  Donnemarie. 

La  Pierre-de-Neuilly,  autre  ferme,  bâtie  sur  une  énorme  roche  qui  lui 
donne  son  nom. 

Le  moulin  de  Menot,  construit,  en  1657,  sur  les  terres  du  fief  de  Séguier- 
Forbois,  de  Dontilly,  à  la  limite  des  territoires  de  Sigy  et  de  Thénisy.  11 
avait  été  établi,  avec  l'autorisation  du  Chapitre  de  Saint-Martin  de  Tours, 
sur  une  dérivation  de  la  rivière  d'Auxence,  appelée  rû  de  Menol.  Ce  mou- 
lin a  été  démoli  vers  1865,  et  le  cours  d'eau  supprimé  depuis. 

Enfin,  la  Mal-Logée,  maison  isolée,  dans  un  vallon,  au  sud-ouest  du 
village. 

3.  Note  communiquée  par  M.  Th.  Lhuillier. 


MONS   ET   LE   MONTOIS  855 

nom  a  seule  subsisté  dans  les  actes  publics  ;  quant  aux  victi- 
mes des  Anglo-Bourguignons,  martyrs  de  leur  dévouement  à 
la  patrie  locale,  c'est  à  peine  si  la  traditiou  en  a  conservé  le 
souvenir. 

Espérons  qu'un  jour  la  commune  de  Mous,  mieux  inspirée, 
reprenant  son  antique  nom  de  Mons-en-Montois,  sous  lequel 
elle  a  été  désignée  pendant  des  siècles,  voudra  aussi  perpétuer 
la  mémoire  de  ses  vaillants  défenseurs,  et  qu'une  grande  et 
patriotique  pensée,  à  laquelle  s'associera  bien  certainement  la 
population  du  village  et  des  pays  environnants,  rétablira, 
d'une  manière  durable,  la  fêle  et  Vohii  àos  onze-vingt-çuatorze. 

C'est  grandir  la  patrie  qu'bonorer  ceux  qui  l'ont  glorieuse- 
ment servie  I 

Ernest  Choullikr. 


Le  Pont  de  la  Pielle  à  Troyes 


ÉTUDE  SUR  L'ANCIEN  CHAPITRE  DE  LA  CATHÉDRALE 


Le  temps  presse,  le  momeul  est  grave,  il  faut  agir  saus 
relard  et  prendre  une  suprême  résoluLiou.  C'est  ce  que  pense 
aussi  le  Chapitre  qui,  séance  leuautc,  prie  le  chanoine  Nicolas 
Thiéuot  '  de  partir  immédiatement  pour  Paris  où  il  reucon- 

*  Voir  page  661,  tome  X  de  la  Revue  de  Champagne. 

1.  Nous  n'avons  pu  jusqu'ici  recueillir  que  1res  peu  de  renseignements 
sur  la  famille  et  sur  les  origines  du  chanoine  Nicolas  Thiénot.  Voici  tout 
ce  que  nous  en  savons. 

Le  mardi  8  avril  1572,  à  l'issue  des  matines,  les  chanoines  sont  convo- 
qués par  leur  cloîtrier  et  réunis  à  la  sacristie  pour  apprendre  la  mort,  sur- 
venue le  malin  même,  du  chanoine  Jehan  Thiénot  et  prendra  connaissance 
de  son  testament.  Il  demandait  à  être  inhumé  dans  la  cathédrale,  et  le  Cha- 
pitre accorda  bien  volontiers  cette  suprême  requête  à  celui  qui  pendant  sa  vie, 
nous  disent  les  délibérations  capitulaires,  s'était  toujours  montré  «  homme 
de  bien,  bon  serviteur  de  Dieu,  gracieux  et  paisible  ». 

Avec  François  Perraud,  chanoine  et  chantre  de  la  collégiale  Saint-Etienne, 
et  François  Jaspard,  un  nommé  Claude  Thiénot,  curé  de  Thennelières,  est 
désigné  comme  exécuteur  testamentaire  de  Jehan  Thiénot. 

Au  mois  de  mars  1578,  Pantaléon  Passerai  se  présente  devant  le  Chapi- 
tre de  la  cathédrale  pour  lui  apprendre  le  décès  de  Nicole  Thiénot,  sa 
femme,  et  lui  annoncer  que  la  dernière  volonté  de  la  défunte  était  d'être 
inhumée  à  Saint-Pierre,  dans  le  caveau  où  reposait  déjà  feu  Jehan  Thiénot 
son  frère. 

D'autre  part,  encore  au  mois  de  mars  1578,  nous  trouvons  un  Jehan  Thié- 
not greffier  des  eaux  et  forêts  du  bailliage  de  Troyes. 

Il  est  fort  probable  que  Jehan  Thiénot,  chanoine  de  la  cathédrale,  Claude 
Thiénot,  curé  de  Thennelières,  et  Nicole  Thiénot,  femme  de  Pantaléon  Pas- 
serai, étaient  les  oncles    et  la  tante  de  notre  jeune  chanoine. 

Nous  gavons  en  outre  qu'en  1599,  Nicolas  Thiénot,  le  père  du  chanoine, 
était  fermier  de  la  terre  et  seigneurie  de  Joux  appartenant  au  Chapitre. 
Nous  le  voyons  cette  année-là,  obtenir  une  diminution  de  quatre  écus  sur 
son  loyer  annuel  qui  était  auparavant  de  douze  écus  soleil.  En  1601,  il 
exerce  les  fondions  de  représentant  jjour  le  roi  à  Villemaur.  Il  meurt  en 
16('6  et  est  inhumé  à  Saiute-Madeleine  le  mardi  27  juin  ;  les  chanoines  de 
la  cathédrale,  en  corps,  assistèrent  à  ses  obsèques. 

Nicolas  Thiénot  était  très  jeune  encore,  lorsqu'il  se  présenta  nu  mois  de 
mai  1594,  en  concurrence  avec  Pierre  Xiichon,  clerc  du  diocèse  de  Paris  et 
neveu  de  Jacques   Le   Faure,  chanoine  de  la  cathédrale  et  doyen  de  Saint- 


LE   PONT    DE    LA    PIELLE    A   TROYES  857 

Irera  M.  de  Morayme  qui  s'y  trouve  depuis  quelque  temps 
déjà.  Ils  iront  ensemble,  au  nom  du  Chapitre  de  Troyes,  solli- 
citer une  audience  du  roi,  soit  à  Paris,  soit  à  Fontainebleau, 

Urbain,  pour  être  pourvu  de  la  prébende  vacante  par  la  morl  du  chanoine 
Nicolas'  Henuequin.  CeUe  dignité  n'échut  ni  à  l'un  ni  à  l'autre. 

L'année  suivante,  en  1595,  Nicolas  Thiénot  étudie,  moyennant  une  pen- 
sion annuelle  de  quarante  écus,  chez  messire  Edme  Jeannet,  curé  de  Sainte- 
Savine  et  chanoine  de  SaiiU-Pierre,  dont  il  devait  quelques  années  plus 
tird,  hériter  de  la  prébende.  La  veille  de  Pâques  de  l'année  1597,  il  est 
promu  au  diaconat  en  la  chapelle  de  l'évêché,  par  i\P'  l'évêque  de  Digne. 
Par  lettres  du  roi  Henri  IV  datées  du  9  février  159S.  Nicolas  Thiénot  est 
mis  en  possession,  le  mercredi  4  mars  suivant,  de  la  prébende  dont  jouis- 
sait avant  lui  son  ancien  précepteur,  le  chî  noine  Edme  Jeannet,  démission- 
naire  en  sa  faveur. 

Au  mois  de  janvier  lo99,  nous  retrouvons  Nicolas  Thiénot  étudiant  à 
Paris  au  collège  du  Plessis.  Guillaume  de  Taix,  doyen  du  Chapitre,  donne 
à  ses  collègues  communication  d'un  certificat  ainsi  libellé  : 

a  Je  certiffie  que  le  XIP  octobre  dernier.  Nicolas  Thiénot  est  venu  jour- 
nellement en  ma  classe  qui  est  la  troiz"'  du  collège  du  Plessis,  pour  esludier. 
De  quoy,  à  sa  prière  et  requeste,  luy  ay  baillé  attestation,  pour  s'en  servir 
envers  tous  qu'il  appartiendra. 

«  Faict  en  ma  chambre  du  collège  dudict  Plessis.  le  V' jour  de  décem- 
bre 1598.  «  Signé  :  Fleuret.  » 

Enfin,  le  18  septembre  1601,  Nicolas  Thiénot  reçoit  la  prêtrise  à  Sens, 
dans  l'église  métropolitaine,  des  mains  de  l'évêque  de  Digne,  suffragant  de 
l'archevêque  de  Sens.  La  nature  avait,  paraît-il,  gratifié  d'une  belle  vmx 
de  baryton  le  chanoine  Nicolas  Thiénot;  c'est  ce  qui  lui  valut,  en  160/. 
son  acceptation  dans  la  musique  du  roi,  et  en  1616  un  brevet  de  chantre  en 
la  chapelle  de  musique  de  Sa  Majesté  Louis  XllI,  ami  des  musiciens  et 
musicien  lui-même. 

Le  chanoine  Nicolas  Thiénot  devra  sa  célébrité  dans  l'histoire  de  l'ancien 
Chapitre  de  notre  église  cathédrale  à  tout  autre  chose  qu'aux  charges  et 
dignités  dans  lesquelles  s'illustrèrent  plusieurs  de  ses  vénérés  collègues. 
Nous  l'avons  trouvé  une  seule  fois  exerçant  la  charge  d'officier  du  cellier  en 
l'année  1600-1601,  et  celle  d'auditeur  des  comptes  pendant  quelques  années 
sur  la  fin  de  sa  carrière.  Mais  ce  qui  le  distinguera  surtout  et  le  tirera  de 
son  obscurité,  ce  sont  ses  nombreux  démêlés  avec  la  justice  du  Chapitre, 
démêlés  dont  nous  allons  brièvement  rappeler  quelques-uns. 

Dans  les  premières  années  du  xvii»  siècle,  les  chanoines  Nicolas  Thiénot 
et  Claude  Hennequin  furent  les  enfants  terribles  et  indisciplinés  du  Chapi- 
tre de  la  cathédrale.  Pour  ne  parler  que  du  premier,  dont  nous  trouvons  le 
nom  assez  intimement  mêlé  à  l'histoire  du  pont  de  la  Pielle,  sa  conduite 
donna  lieu,  à  différentes  reprises,  à  des  plaintes  justifiées,  a  des  jugements 
sévères  de  la  part  de  ses  pairs. 

En  1598,  des  juges  sont  désignés  parmi  les  membres  du  Chapitre,  pour 
connaître  d'un  procès  intenté,  nous  n'avons  pu  savoir  pour  quelle  raison,  a 
Nicolas  Thiénot,  à  peine  reçu  chanoine,  et  examiner  les  charges  et  infor- 
mations accumulées  contre  lui. 

Au  mois  de  mars  1599,  tandis  que  les  chanoines  le  croient  tranquillement 
à  ces  études  au  collège   du   Plessis,  à  Paris,  Nicolas  Thiénot   est    depuis 


858  LK   PONT   DE   LA    PIELLE   A    TROYES 

lui  exposerout  clairemeul  leur  cas,  la  légitimité  des  droits 
méconnus  du  Chapitre,  et  feront  le  possible  et  l'impossible 
pour  obtenir  de  son  autorité  royale  la  défense  de  poursuivre 

quiMe  jours  en  villégiature  à  Aix-en-Othe,  où  il  vagabonde  sans  souci 
dans  la  campagne  et  sons  les  pommiers  en  fleurs.  On  lui  supprime  sa 
pension. 

Au  mois  de  mars  de  la  même  année,  le  jeune  indiscipliné  est  enfermé 
dans  la  tour  du  Chapitre,  en  attendant  que  le  procès  qui  lui  est  intenlé  pour 
avoir  proféré  des  blasphèmes  «  soit  faict  et  parfaict  ».  En  outre  d'une 
amende  de  quatre  écus,  Nicolas  Thiénot  fut  condamné  «  à  tenir  prison  huict 
jours  durant,  sans  intermission  aulcune,  et  pendant  lesdictz  huict  jours, 
jeusner  au  pain  et  à  l'eaue  s.  Il  devait  de  plus,  à  l'expiration  de  sa  peine, 
se  présenter  à  son  confesseur  pour  solliciter  l'absolution  de  sa  faute. 

Nicolas  Thiénot  demanda  au  Chapitre  l'autorisation,  au  mois  de  janvier 
i600,  d'aller  à  Kome  en  compagnie  de  deux  de  ses  amis,  jeunes  chanoines 
comme  lui,  Claude  Paillot  et  Jacques  Poussin,  pour  gagner  les  indulgences 
attachées  au  jubilé  que  le  pape  Clément  VIII  venait  d'y  publier.  Mais  pleins 
de  défiance  à  son  égard,  les  membres  du  Chapitre  ue  lui  accorderont  cette 
permission  qu'autant  qu'il  aura  prêté  serment  et  qu'il  aura  juré  que  c'est  bien 
dans  celte  pieuse  intention  qu'il  veut  se  rendre  à  Home.  Encore  dut-il  s'enga- 
ger avant  de  partir,  à  justifier  â  son  retour  la  véracité  de  son  voyage  «  par 
certifficat  ou  certificats  bons  et  valables  »,  Les  pèlerins  étaient  de  retour 
le  dimanche  7  mai,  et  dès  le  vendredi  suivant  Nicolas  s'empressait,  suivant 
l'obligation  qui  lui  en  avait  été  faite,  de  venir  apporter  au  Chapitre  un  cer- 
tificat du  prêtre  qui  l'avait  entendu  en  confession  dans  l'église  Saint- Pierre 
de  Rome. 

Au  mois  de  février  1601,  nous  voyons  de  nouveau  le  chanoine  Nicolas 
Thiénot  condamné  pour  injures  envers  le  doyen  du  Chapitre,  Claude  Ves- 
tier,  à  une  amende  de  vingt  sols  applicable  à  la  Fabrique. 

C'est  ici  que  vient  prendre  place,  dans  l'ordre  chronologique,  la  plus 
grave  de  toutes  les  accusations,  vraies  ou  fausses,  qui  pesèrent  sur  notre 
jeune  chanoine. 

Le  jeudi  23  février  1601,  le  vénérable  doyen  du  Chapitre  Claude  Ves- 
tier,  revenait  vers  les  dix  heures  du  soir  après  avoir  dîné  chez  l'un  de  ses 
parents  et  se  préparait  à  rentrer  dans  sa  maison  située  rue  du  Grand-Cloî- 
tre-Saint-Pierre, lorsqu'il  se  trouva  tout  à  coup  environné  de  plusieurs 
individus  armés  de  bâtons  et  d'épées  nues.  L'heure  était  tardive,  la  nuit 
sombre,  le  quartier  désert,  seuls  quelques  soldats  du  guet,  probablement 
endormis  comme  d'habitude,  étaient  censés  veiller  non  loin  de  là  sur  le  rem- 
part, près  du  pont  de  Joli-Saut.  Impossible  d'appeler  et  de  se  faire  entendre. 
Claude  Vestier  chercha  instinctivement  bon  salut  dans  la  fuite  et  put  arriver, 
dans  un  ellort  désespéré,  à  ouvrir  la  porte  de  sa  maison  et  échapper  ainsi  à 
ses  agresseurs,  l'as  complètement  cependant,  car  il  fut  frappé,  «  excédé  », 
nous  disent  les  délibérations  capitulaires,  de  plusieurs  coups  d'épée,  blessé 
et  «  navré  à  la  main  gauche  de  telle  façon  que  le  doigt  indice  (index)  » 
fut  presque  détaché.  Narrant  le  lendemain,  à  ses  collègues  du  Chapitre,  la 
lâche  agression  dont  il  avait  été  la  victime,  il  les  assurai!  que  c'eût  été  pour 
lui  une  mort  certaine,  une  mon  affreuse,  s'il  n'eût  arrivé  à  gagner  sa  maison 
et  en  refermer  la  lourde  porte  derrière  lui.  Une  enquête  fut  commencée,  de 
BombreuEcs  personnes  furent  appelées  et  entendues.  Par  quel  concours  de 
circonstances  les  soupçons  se  portèrent-ils  sur  le  chanoine  Nicolas  Thiénot? 


LE  PONT   DE   LA   PIELLB   A   TROTES  859 

}es  travaux  corameucés  ;  ils  ne  manqueront  pas  surtout  de 
faire  valoir  un  argument  auquel  les  chanoines  attachent  une 
très  grande  importance,  et  qui  doit  èlre  à  leurs  yeux  sans 

Nous  ne  saurions  !e  dire.  Quoi  qu'il  en  soit  il  l'ut  arrêté  et  enfermé  dans  la 
prison  royale  d'abord,  dans  la  prison  de  l'officialité  ensuite,  sous  la  garde  de 
Pierre  Bigot,  le  sonneur  de  la  cathédrale,  converti  en  geôlier  pour  la  cir- 
constance. On  ne  put  prob<iblement  pas  établir  d'une  façon  certaine  la 
preuve  de  sa  culpabilité,  car  Nicolas  Thiénol  fut  remis  en  liberté  après  plus 
de  deux  mois  de  prévention. 

Dans  un  cahier  de  revendications  présenté  par  le  clergé  aux  Etals  géné- 
raux de  1560,  ou  pouvait  lire  ce  vœu  ainsi  formulé  :  «  qu'il  soit  défendu 
à  tous  gens  d'église  de  porter  des  robes  de  soie  et  des  habillements  décou- 
pés. »  A  différentes  époques,  notamment  en  1580  et  1581,  les  chanoines,  en 
présence  «  de  la  dissolution  et  superfluité  qui  se  commet  par  aulcuns  de 
Messieurs  en  leurs  habitz  »,  t'étaient  exhorté  mutuellement  à  ne  plus  por- 
ter jamais  «  chemises  goderonuées  nj  dentelles  ».  Plusieurs  observations 
en  ce  sens  avaient  été  faites  au  chanoine  Nicolas  Thiénot  qui  ne  paraissait 
nullement  décidé  à  en  tenir  compte.  En  16i'3,  il  est  menacé  de  trois  livres 
d'amende  s'il  continue  à  porter  un  manteau  trop  court  et  des  cheveux  trop 
longs.  En  1607,  le  doyen  se  plaint  que  «  M*  Nicolas  Thiénot  estoit  ordinai- 
rement revestu,  tant  en  icelle  église  que  dehors,  dhabilî  non  convenables  à 
sa  profession,  portant  souvent  des  veslementz  de  draps  de  soye  déchique- 
tez, ung  bas  de  chausse  de  couleur  violet  et  ung  rabat  ou  coiet  de  chemise 
trop  relevé  ».  H  lui  fut  enjoint  de  quitter  ces  vêlements  sous  peine  d'être 
privé  des  fruits  de  sa  prébende.  Au  mois  de  juillet  1611,  le  chantre  Pierre 
Dadié,  le  même  qui  en  1618  armé  d'une  seringue  aux  armes  du  Chapitre, 
n'hésita  pas  à  monter  seul  dans  le  clocher  pour  combattre  le  feu  qui  venait 
de  s'y  déclarer,  fit  un  rapport  comme  chantre,  «  ad  regendum  chorum  », 
disant  que  le  chanoine  Thiénot  avait  porté  chappe  pendant  le  chant  des  vêpres, 
C  ayant  cheveux  fort  longs  et  sans  couronne,  ce  qui  n'estoit  décent  ». 

Dans  la  séance  capitulaire  du  mercredi  18  septembre  1613,  le  syndic  du 
Chapitre  vint  se  plaindre  à  son  tour,  disant  que  plusieurs  chanoines  étaient 
tresse  andalisés  de  ce  que  deux  des  jeunes  membres  du  Chapitre  persistaient 
à  porter  «  leurs  cheveux  trop  longs,  habitz  indécentz  à  la  profession  ecclé- 
siastique, comme  pourpoinctz  découpez  et  colletz  soustenus  de  picadilles 
(porte-rabat,  revers  de  manches)  ».  Le  chanoine  Thiénol  était  naturellement 
l'un  des  deux  accusés,  et  il  lui  fut  une  seconde  fois  enjoint,  comme  à  son  col- 
lègue le  chanoine  Le  Faure,  de  faire  couper  sans  relard  ses  cheveux  et  de 
faire  dispaïaître  au  plus  tôt  les  ornements  trop  tapageurs  de  son  pourpoint. 
Mais  blessé  dans  son  amour-propre,  il  s'emporte  jusqu'à  dire  au  vénérable 
doyen  Claude  Vestier,  qui  le  priait  de  sortir  de  la  salle  pour  laisser  délibérer 
ses  collègues,  a  qu'il  ne  se  soucioit  non  plus  que  de  chansons  de  ce  qui  seroit 
ordonné  par  le  Chapitre  ».  Il  fut  condamné  à  être  privé  des  fruits  de  sa  pré- 
bende, lesquels  seraient  distribués  aux  pauvres,  aussi  longtemps  que  dure- 
rail  sa  désobéissance,  à  «  oster  ses  colletz  et  picadilles  et  porter  habitz  decentz 
non  découpez  ny  déchiquetez,  et  ce  incessamment  et  dedans  vingt-quatre  heu- 
res. Et  au  surplus,  pour  lesdictes  irrévérences,  pétulance,  paroles  et  depor- 
temenlz  insoleutz  faictz  et  commis  par  ledict  sieur  Thiénot,  avons  ledict 
sieur  Thiénot  condamné  et  condamnons  en  cinquante  livres  d'amende  appli- 
cable à  l'aumosne  généralle  des  pauvres  de  ceste  ville  de  Troj'es,  aux  pri- 
sonniers des  prisons  royaulx  et  aux  couvents  des  Gordeliers  et  ^Jacobins  de 


860  LB   PONT   DE    LA    PIELLE   A   TROYES 

réplique  :  c'est  que  par  ces  temps  de  troubles  et  de  guerres 
continuels,  ce  pout,  coustruit  sur  la  Seine  et  metlanl  eu  com- 
municalioQ  directe  la  ville  avec  la  campagne,  pourra,  le  cas 

ladicle  ville,  chascun  pour  ung  quart,  et  à  tenir  prisoa  jusques  à  plein  et 
enlier  paiement  d'icelle  somme  ;  et  outre,  s'abstiendra  ledict  sieur  Tbiénot, 
troys  moys,  d'entrer  audict  Chapitre,  de  l'entrée  duquel  l'avons  privé  et 
privons  pour  ledict  temps,  lui  faisant  deiïenses  de  récidiver  en  tel  cas,  à 
peine  de  plus  jjrande  inimadversion  et  de  punition  capitulaire.  » 

L'assistance  régulière  aux  heures  canoniales,  malgré  la  stricte  obligation 
que  lui  en  faisaient  les  statuts  capitulaires,  n'entrait  pas  non  plus  dans  les 
habitudes  de  Nicolas  Thiénot. 

Sans  jamais  t  nir  compte  des  avertissements  souvent  réitérés  du  doj'en, 
notre  chanoine,  non  seulement  ne  se  lait  pas  faute  de  manquer  fréquemment 
à  ce  pieux  devoir  aux  jours  que  la  règle  ne  châtie  pas,  mais  il  cherche 
encore  des  excuses  à  sou  impardonnable  négligence  aux  fêles  solennelles 
de  l'année,  où  l'absence  d'un  chanoine  est  sévèrement  réprimandée  et  punie, 
soit  d'une  amende  plus  ou  moins  considérable,  soit  de  la  privation  partielle 
et  momentanée  des  revenus  attachés  à  sa  prébende. 

Où  était-il  encore  ce  matin  d"  Pâques  1620,  qu'il  ne  vint  pas  en  ce  jour 
de  grande  solennité,  chanter  les  matines  avec  ses  collègues  comme  il  en 
était  tenu? 

Le  mercredi  29  avril  1G20,  le  Chapitre  est  en  séance  et  Nicolas  Thiénot  y 
assiste.  Sentant  une  fois  de  plus  l'orage  gronder  sur  sa  tête,  il  s'excuse 
humblement  et  raconte,  sans  embarras  du  reste,  qu'au  moment  de  «  s'ache- 
miner en  caste  église  pour  acister  {sic)  aux  matines,  il  lui  [estoit]  survenu 
un  rhume  et  devoiement  excessif  d'estomac  »  qui,  à  son  grand  regret,  l'avaient 
retenu  à  la  maison. 

Dieu  me  garde  de  faire,  à  l'égard  du  chanoine  Nicolas  Thiénot,  un  juge- 
ment téméraire,  mais  je  le  connais  assez  maintenant  comme  un  joyeux 
comédien  pour  ne  pas  suspecter  un  peu  une  indisposition  aussi  subite.  Les 
chanoines  furent  aussi  de  mon  avis  et  condamnèrent  celte  fois  le  délinquant 
à  l'amende  réglementaire. 

Le  chanoine  Nicolas  Thiénot  fut  donc,  dans  sa  jeunesse  du  moins,  l'en- 
fant terrible  du  Chapitre,  avec  les  statuts  duquel  il  était  toujours  en  désac- 
cord, quand  ce  n'était  pas  en  révolte  ouverte. 

Bien  qu'il  soit  reçu  prêtre  depuis  près  de  six  ans,  ses  collègues  sont  obli- 
gés de  se  fâcher,  de  le  menacer  de  peines  disciplinaires,  pour  le  décider  à 
célébrer  sa  première  messe.  Il  loue  des  maisons  canoniales,  n'en  paie  pas  le 
loj'er,  déménage  et  emménage  tous  les  sis  mois.  Lorsqu'il  mourut,  Nicolas 
Thiénot  habitait  une  maison  canoniale  située  rue  du  Petit-Cloitre-Saint- 
Pierre.  Il  l'avait  louée  à  la  mort  du  sous-chantre  Noël  Jacquinot,  moyen- 
nant un  loyer  annuel  d'un  écu  soleil. 

Le  chanoine  Nicolas  Thiénot,  comme  le  bon  vin  de  nos  pelits  coteaux 
champenois,  s'amenda  en  vieillissant  et  devint  l'un  des  plus  fermes  appuis 
du  Chapitre  qui  le  jugea  digne,  malgré  ses  nombreux  péchés  de  jeunesse, 
de  remplir  auprès  de  Louis  XIII  la  mission  de  confiance  dont  nous  venons 
de  le  voir  investi. 

Par  un  oubli  malheureux  et  inexplicable,  le  greffier  du  chapitre  n'a  pas 
mentionné  sur  les  registres  capitulaires,  comme  c'était  alors  la  coutume,  le 
jour  et  l'heure  de  la  mort  du  chanoine  Thiénot.  Nous  voyons  pour  la  der- 


LE   PONT    DE    LA    PIELLB    A    TROYES  861 

échéant,  servir  de  passage  à  rennemi  pour  surprendre  la  vigi- 
lance du  guet  et  monter  à  l'assaut  des  fortifications  '. 

Pauvres  chanoines  !  Ou  le  voit,  les  illusions  sont  de  tous  les 
âges,  de  toutes  les  époques  et  de  toutes  les  conditions. 

Le  voyage  de  Troyes  à  Paris  élait  alors  long,  dispendieux, 
fatigant  et  quelquefois  même  dangereux,  mais  sans  s'arrêter 
à  toutes  ces  considérations  le  chanoine  désigné  par  le  Chapi- 
tre partit  sans  perdre  une  minute,  trouva  à  Paris  son  confrère 
qui  l'attendait,  et  le  samedi  31  mai  ils  étaient  ensemble  à 
Fontainebleau,  sollicilant  une  audience  du  roi  qui  n'osa  la 
leur  refuser.  Louis  XIII  élait  sur  le  point  de  monter  en  voi- 
lure pour  se  rendre  à  Sainl-Gerraain,  mais  il  permit  cependant 
aux  chanoines  de  Troyes  d'exposer  brièvement  leur  requête, 
qu'il  écoula  de  l'air  di-trait  d'un  homme  pressé.  Quand  lectia- 
noine  Nicolas  Thiénot  eut  dit  respectueusement  l'objet  de  sa 
mission,  le  roi  répondit  siinplemeiitque  n'ayant  jamais  entendu 
parler  du  pont  dont  on  venait  de  l'entreleuir,  il  n'avait  pu  en 
ordonner  la  conslruclion.  Puis  prétextant  son  départ  précipité 
pour  Saint- Germain  où  il  élait  atlendu,  il  congédia  les  messa- 
gers du  Chapitre,  auxquels  il  se  garda  bien  de  donner  par  écrit 
la  déclaration  qu'il  venait  de  leur  faire  de  vive  voix=. 

Ainsi  donc,  le  31  mai  1631,  Louis  XIII  ne  craint  pas  de 
déclarer  qu'il  n"a  jamais  entendu  parler  d'un  pont  dont  il  avait 
lui-même  demandé  la  construction  par  lettre  authentique  du 
î3  février  1630.  Etait- il  sincère,  et  comme  cela  arrive  trop 
souvent  à  ceux  qui  sont  revêtus  d'un  grand  pouvoir  et  dont 
l'attention  ne  peut  s'exercer  également  sur  toutes  choses, 
avait-il  apposé  sa  signature  au  bas  de  cette  lettre  sans  la  lire? 
C'est  possible,  et  nous  voudrions  le  croire.  Cependant,  puis- 
qu'après  comme  avant  la  visite  des  députés  du  Chapitre,  rien 
ne  vint  modifier  la  situation  dont  celui-ci  se  plaignait  à  juste 
litre,  nous  sommes  en  droit  de  conclure,  jusqu'à  preuve  du 
contraire,  que  c'était  tout  simplement,  de  la  part  du  roi,  le 
mensonge  venant  s'ajouter  à  l'abus  de  pouvoir.  Le  vénérable 

nière  fois  son  nom  iuscril  eu  lêle  de  la  séance  du  8  juin  1639,  et  à  la  dale  du 
30  du  même  mois,  après  plus  de  quaroute-et-un  aus  de  canonicat,  nous  trou- 
vons son  remplacement  par  le  chanoine  Pierre  Maure.  Avec  le  jour  de  sa 
mort,  nous  sommes  donc  aussi  privés  de  connaître  le  lieu  de  sa  sépulture, 
Peul-êlre  attenJ-il  encore,  en  compagnie  de  son  oncle  et  de  sa  tante,  dans  les 
caveaux  de  la  cathédrale,  le  grand  jjur  de  la  résurrection. 
(Archives  de  l'Aube,  G  1291,  li92  et  I29^.) 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f»  379  r". 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  i'  380  r*. 


862  LE    PONT   DE   LA    PIELLË   A   TROYES 

Chapitre  de  l'Église  de  Troyes  devait  être  la  dupe  du  premier, 
comme  il  avait  été  déjà  la  victime  du  second. 

Tout  joyeux  de  la  parole  royale,  tout  fier  du  résultat  qu'il 
croyait  avoir  obteau,  le  chanoine  Thiénot  revint  en  toute  hâte 
rendre  compte  de  sa  mission  aux  chanoiues  qui  le  remerciè- 
rent clialeureusement  de  son  dévouement. 

Cependant  l'ordre  attendu  de  Paris  ne  venait  pas,  et  les  tra- 
vaux pour  lesquels  on  avait  réquisitionné  un  grand  nombre 
d'ouvriers  faisaient  de  rapides  progrès  ;  malgré  ses  vives  et 
journalières  protestations,  le  Chapitre  voyait  même  abattre  des 
arbres  plantés  sur  des  terrains  lui  appartenant.  D'autre  part, 
M""  de  Morayme  resté  à  Paris,  écrivait  à  ses  collègues  que  les 
recommandations  des  parties  adverses  étaient  puissantes  au 
Conseil  du  roi  et  qu'il  fallait,  plus  que  jamais,  se  hâter 
d'agir*. 

On  fait  alors  dresse?  par  un  peintre  t  la  figure  du  pont,  des 
moulins  et  leurs  adjacents"^  »  ;  on  interpelle  les  ouvriers  qui, 
devenus  railleurs,  se  moquent  ouvertement  des  défenses  que 
leur  font  les  membres  du  Chapitre  ;  les  procès-verbaux  succè- 
dent aux  procès-verbaux,  toujours  sans  résultat  ;  enfin, 
suprême  et  dernier  effort,  le  Chapitre  aux  abois  décide  l'envoi 
à  Paris  d'une  seconde  députatiou,"pour  solliciter  cette  fois  du 
roi  une  déclaration  par  écrit.  Le  grand  chambritr  est  chargé 
d'emprunter  trois  cents  livres  pour  pourvoir  aux  dépenses  de 
ce  second  voyage  ^. 

Mais  le  seigneur  du  Vouldy  voulut-il  éviter  à  Louis  XIII  les 
réclamations  pressantes  d'une  seconde  députation,  à  la  voix  de 
laquelle  il  n'aurait  pu,  sans  scandale,  rester  sourd  plus  long- 
temps; ou  le  roi,  reculant  devant  le  peu  de  noblesse  d'une 
seconde  dissimulation,  cliargea-t-il  sou  ancien  médecin  d'en- 
trer en  arrangement  avec  le  Chapitre?  Les  deux  hypothèses 
sont  soutenables. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  vendredi  13  juin  1631,  au  moment 
même  où  se  préparaient  à  partir  les  députés  du  Chapitre,  nous 
voyons  Guichard  se  présenter  de  nouveau  devant  le  Conseil  et 
lui  proposer  de  s'employer  de  tout  son  pouvoir  auprès  de  Sa 
Majesté,  pour  obtenir  d'elle  une  indemnité  eu  rapport  avec  la 
It^gitimité  des  droits  de  l'Église  de  Troyes  et  la  grandeur  de  ses 
sacrifices.  Les  députés  sont  aussitôt  priés  de  surseoir  à  leur 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  U97,  f  38'2  t\ 

2.  Saint,  peintre,  reçut  24  livres  pour  ce  travail. 
'3.  Archive»  de  l'Aube,  G  1297,  f  381  v°. 


LE   PONT   DB   LA    PIBLLE    A   TBOTES  863 

voyage  et  d'aller  s'entendre  au  plus  tôt  avec  le  protégé  du  roi, 
sur  le  montant  de  l'indemnité  proposée  '. 

Voici,  toujours  d'après  les  délibérations  capilulaires,  quel 
fut  le  résultat  de  cette  conférence  :  «  le  sieur  du  VonMy  offre, 
au  sujet  du  pont  prêt  à  achever  vers  lu  Pielle,  faire  bâiller  par 
un  tiers  mille  livres  au  Chapitre  pour  l'indemnité  des  trois 
poinclz  qui  ensuivent  :  le  premier  pour  rendre,  par  Mes- 
sieurs, public  le  chemin  qui  leurs  appartient,  depuis  le  pont 
de  Jully  jusques  au  prétendu  nouveau  pont  de  la  Pielle,  qui 
aura  deux  toises  de  largeur,  les  trois  autres  toises  ou  environ 
restantes  de  la  largeur  dudit  chemin  demeureront  comme  ilz 
sont  en  la  propriété  du  Chapitre.  —  Le  second  poinct,  pour 
retrancher  un  pied  ou  environ  de  largeur,  tout  le  long  de  la 
grande  grange  à  escorces,  selon  ledit  chemin.  —  Le  troisième, 
pour  quelques  petites  portions  de  l'isle  du  Chapitre,  pour  l'ac- 
comodement  du  nouveau  pont  et  de  passage  sur  iceluy  2.  » 
Le  pont,  les  chemins  et  les  chaussées,  sur  le  terrain  concédé 
par  le  Chapitre,  seraient  en  outre  entretenus  aux  frais  du  roi 
qui  dédommagerait  encore,  de  leurs  chômages  forcés,  les 
meuniers  de  la  Pielle  et  de  Jaillard  ^ 

Fatigué  d'une  lutte  par  trop  inégale  et  dans  laquelle  il  pré- 
voyait devoir  infailliblement  succomber  (nous  avons  pu 
remarquer  que  le  pont  était  alors  presque  terminé),  le  Chapitre 
s'empressa  d'accueillir,  malgré  ces  offres  trop  tardives,  des 
propositions  qui  lui  évitaient  un  procès  onéreux,  tout  en  lui 
accordant  un  semblant  de  satisfaction  ;  il  retira  son  instance, 
et  le  pont  de  la  Pielle  fut  achevé  sans  autre  opposition  de  sa 
part. 

Par  un  acte  du  3  janvier  1632,  Claude  Maillet  et  Nicolas 
Denise  le  jeune,  experts  nommés  et  acceptés  par  les  deux  par- 
lies,  estimèrent  définitivement  à  treize  cent  trente-cinq  Uvres 
l'indemnité  à  accorder  au  Chapitre  de  la  cathédrale  *.  M^  Neve- 
let,  trésorier  de  France,  dut  verser  cette  somme  entre  les 
mains  du  chanoine  Odard  Hennequin,  auniversarier  du  Cha- 
pitre*. 

1.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  ('  382  v*. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f 

3.  A  l'époque  de  ces  événements,  la  veuve  Pierre  Ja«quin  était  loca- 
taire du  moulin  de  la  Pielle,  et  Edme  Nijot  locataire  du  moulin  de  Jaillard. 

4.  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f°  424  r». 

5.  Vendredi,  douziesme  jour  de  mars  1632.  —  «  Sera  faict  transport  à 
Antoine  Lardier,  M«  aulneur  et  corralier  de  draps,  demeurant  à  Troyes,  de 
la  eomme  de  1,333  livres,  à  laquelle  somme  a  esté  estimé  et  arresté  le  prix 


864  LE    PONT   DE   LA    PIELLE    A    TROYES 


Mais  il  était  écrit  que  ce  pont  de  la  Pielle  devait  être,  pour 
le  Chapitre  de  la  cathédrale  et  le  riche  propriétaire  du  Vouldy, 
une  source  inépuisable  de  difficultés  sans  cesse  renaissantes, 
et  l'acte  du  3  janvier  1632  ne  devait  pas  clore  définitivement 
l'ère  des  querelles  ouverte  au  mois  d'octobre  1625,  date  de  la 
première  demande  de  Guichard.  La  demi-salisfaclion  accordée 
au  Chapitre  paraissait  cependant  avoir  ramené  la  paix  entre 
les  deux  voisins,  quand  le  meunier  de  la  Moline,  Nicolas 
Dtnise  le  jeune,  vint  un  jour  se  plaindre  au  Conseil  que  le  sei- 
gneur du  Vouldy  avait  fait  construire  sur  le  nouveau  pont  une 
barrière  en  bois  qui  empêchait  la  circulation  de  ses  voilures  et 
de  ses  chevaux. 

Les  chanoines,  élonnés  et  mécontents,  décident  d'envoyer 
aussitôt  quelques-uns  d'entre  eux  qui  «  verront  cette  barrière 
pour,  d'autorité  seigneurialle,  la  faire  coupper  si  besoin  est,  à 
ce  appelles  et  presens  le  juge  et  officiers  du  Chapitre  à  la 
Vacherie  et  Pré-l'Évesqr.e  dont  Messieurs  sont  seignîurs  *  ». 

Dans  huit  séances  capitulaires  on  s'occupa  de  cette  malen- 
contreuse barrière  qui  devait  d'ailleurs,  comme  le  pont  sur 
lequel  elle  était  dressée,  subsister  malgré  la  démarche  et  les 
réclamations  du  Chapitre,  et  le  vendredi  18  septembre  1632,  les 
chanoines  Hennequin  et  Baudot  vinrent  déclarer  à  leurs  collè- 
gues que  celle  barrière  avait  été  mise  là  «  de  l'ordonnance  du 
grand  voyeur,  sans  que  le  sieur  du  Vouldy  y  soit  comprin?  uy 
dénommé'^  ».  C'était  clair,  c'était  concluant,  et  les  chanoines 
de  la  cathédrale  purent  une  fois  de  plus  méditer  lout  à  leur  aise 
le  fameux  vers  de  Virgile  : 

Sic  volo,  sic  jubeo,  sit  pro  ralione  voluntas. 
* 

Si  nous  nous  en  rapportons  à  ce  qui  a  été  écrit  jusqu'ici  à 

de  l'indamnilé  du  Chapitre,  pour  raison  de  la  conslruclion  du  nouveau  pool 
près  la  Pielle,  ainsy  qu'il  est  déclaré  au  procès  verbal  de  M'  le  Ihrésauricr 
Nevelet,  eu  date  du  27  décembre  dernier  et  aux  prolettalions  y  contenues, 
à  charge  de  payer  pour  ledict  Lardier  les  fraiz  et  sallaires  dudict  sieur 
Nevelet  pour  ses  vacations  audict  procès  verbal  et  aultres  officiers  et  en 
acquiUer  le  Chapitre,  et  oultre  ce  faire  enaployer  aux  fraiz  dudict  Lardier 
laiicte  partie  sur  Testât  des  ponts  et  chaussées  de  France.  Le  présent 
transport  faict  moyennant  la  somme  de  mil  livres  qu'est  prêt  de  payer  ledict 
Lardier,  laquelle  il  est  ordonné  à  l'anniversarier  de  recevoir  ».  (Archives  de 
l'Aube,  G  1297,  f  435  v'.J 

1 .  Archives  de  l'Aube,  G  1297,  f-"  452-453. 

2.  Archives  de  l'Aube,  G  1298,  f»  18  v». 


LE   PONT    DE    LA.    PIELLE    A    TROYES  86j 

ce  sujet,  dans  l'espace  des  deux  auûées  1020  et  1630,  Louis  XIII 
aurait  par  trois  fois  fait  visite  à  son  ancien  médecin,  devenu 
notre  compatriote  par  son  mariage  avec  la  fille  do  l'élu  Ange- 
noust  :  La  première  au  mois  de  janvier  1629,  c'es-t  là  un  fait 
certain  et  consacré  par  notre  histoire  locale.  La  seconde  au 
mois  de  mars  1630,  s'il  faut  en  croire  le  vif  désir  qu'en  mani- 
festait la  lettre  royale  du  13  février  de  la  même  année.  La  troi- 
sième enfin,  aurait  eu  lieu  au  mois  de  septembre  suivant. 
Cette  troisième  et  dernière  visiie  nous  est  pour  ainsi  dire 
confirmée  par  un  curieux  tableau  du  Musée  de  Troyec,  sur 
letjuel  nous  voyons  Etienne  Bergeral,  maître  de  musique  de 
la  collégiale  Sainl-Étienne  depuis  le  1'''' juillet,  ba'lre  majes- 
tueusement la  mesure  d'un  molct  qu'exécutent  les  enfants  de 
choeur,  ses  élèves. 

Or,  nous  l'avons  appris  dans  le  cours  de  ce  récit,  pour  se 
rendre  au  Vouldy,  au  mois  de  janvier  l'j2i),  Lous  XIII  passa 
la  Seine,  eu  face  du  moulin  de  la  Pielle,  sur  un  pont  de 
bateaux  établi  provisoirement  à  cet  endroit,  du  consentement 
des  chanoines  de  la  caihéJrale. 

Mais  nous  n'avons  pu  savoir  quel  chemin  suivirent,  aux 
mois  de  mars  et  de  septembre  1630,  le  roi  et  son  escorte,  pour 
gagner  cette  même  propriété  du  Vouldy.  Nous  avons  vu  que 
le  pont  commandé  à  l'échevinyge  de  Troyes  au  mois  de 
février  1630,  ne  fut  terminé  que  vers  la  fin  de  1631,  et  nous 
n'avons  trouvé  nulle  part,  dans  les  délibérations  capitulaires 
qui  n'auraient  certes  pas  manqué  de  le  signaler,  si  la  chose 
avait  eu  lieu,  l'établiss 'mont,  comme  l'année  précédente,  d'un 
pont  provisoire  sur  la  Seine.  Nous  pouvons  donc  nous  consi- 
dérer comme  autorisé  à  en  conclure  que,  à  l'instar  d'un  simple 
mortel,  Louis  XIII,  dans  ses  deux  visites  do  1630  au  châte- 
lain Guichard,  dut  prendre  les  chemins  détournés  qui  y  con- 
duisaient habituellement,  et  que  les  équipages  royaux  ne  vin- 
rent pas  une  seconde  fois  franchir  la  Seine  devant  le  moulin  de 
la  Pielle. 

Telle  est  l'histoire  de  ce  pont  de  la  Pielle,  l'un  des  plus  fré- 
quentés peut-être  de  tous  ceux  qui,  par  leur  très  grand  nom- 
bre, donnent  à  notre  antique  cité  un  aspect  si  pittoresque.  Les 
lourds  tombereaux  chargés  de  sable,  qui  servent  à  l'exploita- 
tion des  graviers  de  la  Seine  et  de  la  Vacherie,  s'y  donnent 
journellement  rendez-vous.  Des  camions  et  des  voitures  de 
toutes   sortes   circulent   en    quantité   au    Vouldy,    pour    les 

00 


866  LE   PONT    DE    LA.    PIELLE    A    TROTES 

besoins  des  industriels  qui  l'habilent  et  des  jardiniers  qui  cul- 
tivent sou  fertile  terrain.  Le  riche  carrosse  et  l'humble  omni- 
bus passent  de  préférence  sur  ce  pont  de  la  Pielle,  quand  ils 
vont  à  certains  jours  promener  la  joie  bruyante  des  jeunes 
époux  et  de  leurs  invités  sous  les  fraîches  saulaies  de  Villepart 
et  de  Saint-Julien,  sur  les  bords  délicieusement  ombragés  de 
ce  miroir  richement  encadré  qui  s'appelle  la  Seine,  et  dans 
lequel  se  reflète  la  mélancolique  image  des  grands  peuphers 
qui  bordent  partout  noire  vieux  fleuve. 

Tout  ce  mouvement,  tout  ce  bruit,  toute  celte  activité  ne 
sauraient  cependant  distraire  le  pécheur  à  la  ligne  qui,  d'un 
air  grave  et  d'un  œil  tranquille,  surveille  la  surface  des  eaux 
claires  dans  la  profondeur  desquelles  prennent  leurs  ébats  les 
barbeaux  légendaires  autant  qu'invisibles,  objets  de  sa  convoi- 
tise. Il  n'a  pas  l'air  de  se  douter  que  ce  pont,  qui  lui  sert 
aujourd'hui  d'observatoire  préféré,  fut  construit,  il  y  a  plus 
de  deux  siècles  et  demi,  par  ordre  de  Louis  XIII,  contre  les 
droits  du  Chapitre  de  la  cathédrale  de  Troyes,  au  prix  d'un 
mensonge  et  d'un  abus  de  pouvoir  *. 

Edmond  Fugez. 


1.  Ce  premier  pont  dura  jusqu'en  1727,  époque  à  laquelle  nous  le 
voyons  c  de  caducité  »  tomber  dans  la  Seine.  La  municipalité  en  décida  la 
reconstruction.  Comme  la  première  fois,  les  travaux  furent  mis  en  adjudi- 
cation. François  Prieur,  charpentier,  s'engagea  à  le  reconstruire  tout  entier 
en  bois  de  chêne,  moyennant  la  somme  de  cinq  cont  cinquante  livres. 
(Arch.  municip.,  série  2  A,  22«  carton,  3«  liasse.) 


LISTE    DES    MEMBRES 


DU 


CHAPITRE  DE  LA  CATHEDRALE  DE  TROYES 

EN    L'ANNÉE   i630 


Claude  Veslier,  doyen. 

Jehan  Darelon,  grand  archidiacre. 

Pierre  Dadyé,  chantre. 

Christophe  de  Morayme,  archidiacre  de  Sézanne. 

Louis  Nevelet,  archidiacre  de  Margerie. 

Louis  Le  Courtois,  archidiacre  d'Arcis. 

X. . .,  archidiacre  de  Brienne. 


Nicolas  Camusat. 
Nicolas  Thiénot. 
Balthazar  Galland. 
Pierre  Collet. 
Claude  Huot. 
Louis  Vestier. 
Claude  Prenostat. 
François  Chastel. 
François  de  Vyenne. 
Denis  Latrecey. 
Louis  Douynet. 
Claude  Hennequia. 


Chérubin  Poussin, 
Nicolas  Boulart. 
Jehan  Sifflet. 
Nicolas  Millet. 
Charles  de  Vanlay. 
Edme  Mégart, 
Guillaume  Danrée. 
Claude  Dufay. 
Robert  Cornu, 
Pierre  Baudot. 
Thomas  Le  Maistre. 


Glossaire   du   Mouzonnais 


ADDITIONS     ET     RECTIFICATIONS 


Depuis  que  l'impression  de  ce  travail  csl  commencée,  nous 
avons  continué  nos  recliorcbes  et  multiplié  nos  leclures  :  outre 
les  citations  tirées  des  ouvrages  anciens  qu  il  nous  a  paru 
nécessaire  de  faire,  les  reclificalions  ou  redressements  divers 
que  l'on  ne  peut  éviter,  il  nous  faut  bien  signaler  un  grand 
nombre  de  termes  qui  avaient  écbappé,  non  à  notre  mémoire, 
mais  à  l'investigation  qui  a  donné  naissance  à  nolie  première 
liste  :  le  hasard  des  conversations  faites  sur  place  a  remis  dans 
notre  oreille  des  sons  qui  ont  suffi  à  rappelei-  le  souvenir  de 
mots  que  nous  n'avions  pas  rencontrés  dans  une  recherche 
faite  sur  le  dictionnaire.  Nous  aurions  regret  di  n'avoir  pas 
enregistré  des  vocables  comme  :  ajeiter^  aloiisé,  banre^  bil- 
lie[r),  blsoler^  hoquet^  brigouce,  caberler,  chêlé,  conil^  cuîage, 
dégla'iaé^  eslaller,  fersiner,  j-dice,  7ioder,  et  bien  d'autres. 
Aussi  n'hésitons- nous  pas  à  présenter  ce  a  supplément  »  qui, 
nous  le  savons  bien,  ne  fera  point  encore  un  glossaire  com- 
plet. 

Abandonner. 

L'avocal  (Joii)  soi  abandonner 
A  défendre  et  à  soustenir 
Celz  dont  profict  te  puet  vtjnir. 

(Clef  d'amour} 

Ablaver,  v.,  emblaver.  —  Souveul  employé  pour  :  embarras- 
ser, occuper,  salir.  —  La  vaisselle  csl  toute  abl.wk!;,  —  Les  chai- 
ses sant  .■\nL.\vEEs  tourtoiites. 

Ablouquer. 

Il  faut  nos  harnois  liabiilier 
Et  abonder  bien  nos  cuirasse 

{Mistèrc  de  la  Passion) 

*   Voir  page  685,  tome  X  de  la  Revue  de  Champagne. 


GLOSSAIRK    nu    MOUZONNAIS  869 

Adies  chaignoit  riches  chaintures 
Ablouque  d'or  menu  ferrées. 

(Miracles  S' Éloi) 
Abochon. 

Il  le  Hiit  choir  à  bouchon  contre  le  sablon. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Abrou-illie(r),  abrou-iie(r),  v  ,  embrouiller,  j^âler.  —  C'est 
t07i  frère  qu'ai  abrouillie  loulcs  les  affaires. 

Acciouner,  v.,  actionner^   attaquer,   exciter.    —    C'n'est    mi 
/'  petit  qu'ai  tort,  l'  grand  l'ai  AcciouNt:  l'  pre7nie(r). 

Aconduire. 

Son  vallet  se  combat  de  bon  cuer  et  entier 
Au  vallet  qui  avoit  acondui  le  sommier. 

{Du  Guesclin) 
Acouver  (s'),  v,  —  Voyez  s'acouvissie(r). 

Acueud(r)e. 

Qui  n'obeisl  peine  Vucœult. 

(Passetemps  d'Oysiveté) 
Adamer. 

Si  chevaliers  me  vient  por  agrever 
Comment  le  porai  jou  mieus  ndamer. 

{Aiol) 

Sont-ilz  à  mourir  destinés 
Par  tes  abus  ?  —  Adevinez. 

[Mistère  de  la  Passion) 
Mors  seule  scet  et  adevine 
Con  chascuns  est  a  droit  proisies. 

(Thibaut  de  Marly) 
Et  chu  petit  poucherot 
Adevignez  sus  quoy  y  dort. 

(Friquassée  crotestyllonnée) 

Adlib(r)e,  exp.    adv.,    librement,    en   liberté.  —  /    lauchant 
leii{rs)  bêles  comna,  ad  libe,  au  mitant  de  la  rue. 

Admius,  adj.  et  p.,  admis,  —  Jamais  fn'ai  admins  ça. 

Afilée,  s.  f.,  eniilée,  traite,  fois.  —  Il  ai  pourtant  avalé  six 
chopes  d'in'  afilée. 

Afiler. 

Affoler. 

Va  t'en  que  tu  n'ayes  des  coups 

S'il  te  tient,  il  l'affolera. 

[farce  de  Guiilerme) 


Adeviner. 


870  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Afutiaus,  s.  m.  pi.,  objets,  outils,  engins  quelconques  sans 
usage  bien  déterminé.  —  Ais-lu prias  tous  les  affutiaus ?  —  Oui 
—  Eh  bin  !  fout  mû  f  camp. 

Agraissie(r),  à  replacer  avant  agrandi(r),  ou  bien  après  agré- 
ment, si  on  l'écrit  agressie{r). 

Agraper. 

Si  aucune  gent  viennent  à  ois  por  ois  à  soscorre,  si  plon- 
gent ensemble  ois,  ceols  k'ils  puyent  agrapper. 

(Serm.  S^  Bernard) 

A  eschieles  de  cordes  qu'ils  firent  agraper 
Monsloient  nostre  gent. 

(Du  Guesclin) 
Agugie(r). 

Une  coignie 
Qui  soit  trenchant  el  aguisie. 

(Rom.  de  Renart) 
Agu-ïe. 

"Vous  qui  ries  ie  vend  aguilles. 

(Maistre  Hambrelin) 
Agu-illon,  agu-iion. 

Cil  point  l'asne  del  aguillon. 

(Rom.  de  Renart) 

Ai  se  prononce  souvent  a  ;  à  quelques  pas  de  Mouzon  on  dit 
Mouzd,  Stend,  pour  Mouzay,  Stenay  ;  c'est  bin  fdt. 

Nous  avons  fat  saeler  ces  lettres. 

(Chartes  des  Vosges,  1269) 

A-ie  (i  n'peut  pus)j  exp.,  il  n'en  peut  plus;  il  n'est  plus  même 
capable  de  dire  :  a-ïe,  c'est-à-dire  de  se  plaindre. 

Algie.  —  Voy.  Aisie. 

Afin  que  les   voisins    ne  peussent  pas   si   aisiement  oïr 

aucune  noise. 

(Reg.  du  Chatelet,  1389) 

'  Ains,  aint,  terminaisons  verbales  des  r*  et  3'^  personnes  du 
pluriel  des  imparfaits  et  conditionnels,  mises  pour  ions,  aient 
(Voy.  Intr.). 

Ce  que  nos  ne  porriEss  faire  par  force  d'armes  ne  d'en- 

(Li  livres  dou  Trésor) 

Ainz  li  déimes  bien  et   loi   que  nos   VocirriEns,  se  nos 

poiENS,  ou  il  hobéiroit  à  nos. 

(Saint  Graal) 

Ge  vi  contraiz  qui  ne  />ovibnt  aler. 

(Idem) 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  871 

Jonchier  devsi'ST  dedenz  le  cor 
Et  la  cherche,  l'eriere  cuer 
Le  chapitre  et  le  rcfector 
Et  le  cloistro  tôt  entor. 

(Rom.  du  J/t  S'  Michel) 

Requenurent  que  il  eataiitt  tenu  de  faire  le  sairement,  et 
que  il  le  feraint  volentiers. 

{Charte  de  Levroux  [Indre],  1295) 

Aire  à  grange,  s.  f.,  sorte  de  terris  plan,  fait  de  terre  pres- 
sée, de  ciment  ou  d'écofies  broyées  et  pilées,  formant  l'aire  sur 
laquelle  on  bat  les  céréales  à  l'aide  du  tléau. 

Airi-iette,  s,  f.,  arielte,  petit  air,  joli  et  pimpant. 

Ajambée,  s.  f.,  enjambée.  —  Voy.  Agambée. 

Chascuns  i  vint  et  qui  ainz  ainz 
Grans  pas  et  longues  ajambées. 

(Court  de  Paradis) 

Ajerter,  v.,  embarrasser  les  jambes  pour  entraver  la  marche. 
—  Le  part.  Ajerté  signifie  plus  ordinairement  que  les  jambes  sont 
raides,  non  souples,  qu'on  ne  peut  courir.  —  Voyez  Ojerler  et 
Jerret.  —  Les  anciens  glossaires,  Lacombe  et  Roquefort,  enregis- 
trent esjarreter,  couper  le  jarret,  estropier  du  jarret. 

Alane,  s.  f.,  alêne.  —  Çute  pointe-là  pique  coiime  irC  alane. 

Allant,  adj.,  qui  va,  vivant,  vif^  alerte.  —  Jeseuph  ai  té  bin 
malade,  et  i  n'est  mi  co  pu{s)  alla.nt  que  ça! — El  la  pauv' 
vieille  Sœurette,  ietle,  elle  est  toujou(rs]  ben  allante. 

Aller.  —  On  n'ii  ai  mi  dit  la  chose  comme  elle  allot. 

. . .  Mais  s'il  sceust  la  chose  ainsi  comme  elle  aloit... 

(Gillion  de  Trasignyea] 

Allumé,  adj.,  gris,  ivre  (rouge  par  suite  de  boisson). 

Alonde. 

Li  sains  Espirs  venist  volant  coume  alondre, 

(Ane.  textes,  1886) 

Alourdi(r)^  v.,    alourdir.    —    /'    m'    semb{l)e    quû    l'temps 

5'aLOURDIT. 

Amancheus,  s.  m.,  emmancbeur. 

Cocus  de  ChastelierauU 

Amancheurs  de  cousteaux 

Il  nous  vient  des  cornes  a  pleins  basteaux. 

(Ane.  Ih.  franc. y  t.  IX) 


872  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNaIS 

Amanchure,,  s.  f.,  emmanchure. 

Ambitiouner,     v.,    ambitionner,     désirer,     rechercher    avec 
ardeur. 

Amicablement,  adv.,  amicalement. 

Amidouner,  v.,  passer  à  l'amidon. 

Amoindri(r),  v.,  amoindrir, 

Amourachie(r),  v.,  amouracher. 

Ans,  ant,  terminaisons  verbales  des  1'^"  et  3*   personnes  des 
présents  et  futurs,  mises  pour  ons,  ont  (Voy.  Intr.). 

Et  tuit  cil  qui  cels  paroles  /JorRANx  aprandre  ne  savoir... 

(S'  Graal) 
Apierrer,  v,,  empierrer  ;  couvrir  ou  garnir  de  pieries. 

Apo-iie(r). 

Apoics  toy  a  ceste  croix,  car  en  la  tenant  tu  ne  cherras 
point. 

(Gerson) 
Aprenre  (quelqu'un). 

Si  les  apren  si  à  chanter. 

(Thibaud  de  Marly) 

Aprisouner,  aprijouner,  v.,  emprisonner. 

Aqueud(r)e,  v.  —  Voyez  Accœud{r}e  ;  accueillir. 

Si  bel  i'aqueut  et  te  (et  ioie. 
(Fabliau  Bourse  pleine  de  sens,  Jean  le  Galois) 

Aqueuteler,  v.,  comme  accouer,  attacher  par  la  queue  une  file 
de  chevaux. 

Aragne. 

Une  besache  de  toile  à'araigne. 

[Nouvelle  fabrique) 

Descendent  en  l'eaue  bien  parfont 
Vers  en  terre,  aragne  en  sa  telle  (toile). 

(Passetemps  d'Oysivelé) 
Areter,  arter. 

Vous  soupesonnez  moyseraent  (mauvalsement). 
A  cela  ne  vous  fault  arter. 

(Farce  d'un  Amoureux) 

Argot,  s.  m.,  ergot.  --  Uco(q)  s'ai  drécie  sus  ses  argots. 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  873 

Argotie(r).  —  Voy.  Haricadic(r),  HaricoLier,  anc.  Haligolicr. 


Arie(r),  arrière. 

Tout  droit  a  lor  agait,  arier  s'en  vont. 


{Aiol) 


Arouillie(r),  arou-iie(r)  en  proiioncialion,  avec  la  significa- 
tion de  rouiller,  prendre  de  la  rouille. 

Arracliie(r),  v. 

Or  verrois l>es  bois  et  les  fon^z  et  l'erbe  arrachier. 

(Thibaud  de  Marly) 

Asacqueter,  v.,  ensacher,  mettre  en  sac. 

Asanglantéi(r),  v.,  ensanglanter. 

AssagnieCr)^  v.,  assigner,  désigner,  indiquer^,  fixer.  —  S'em- 
ploie surtout  dans  les  jeux,  aux  quilles  par  exemple,  où  un  joueur 
assigne  aux  autres  un  point,  une  position  servant  de  but  ou  de 
départ,  une  forme  ou  figure  de  jeu  :  chiquet^  pie{d)  au  nenf^pus- 
seroute. 

Assembe,  assenle,  assane,  asseune,  insone,  dans  le  Nord. 

A  s'  mémoire  i  faut  boire 
In  trinquent  tertous  insone. 

{Chanson  patoise  de  Roubaix) 
Assoumer. 

Quant  li  sains  ot  bien  assouinée  (achevée)  l'uevre. 

(Miracles  S'  Éloi) 

Atasse,  s.  f.,  partie  de  la  grange  réservée  pour  y  faire  le  tas- 
siau  de  gerbes,  pour  y  entasser  les  récoltes. 

Atend(r)e,  atad(r)e,  v.,  prononc.  d'entendre.  —  J'ai  ren- 
contré : 

Qant  Perceveaux  atandi  sa  seror  et  que  sa  mère  fust  morte. 

{Percevais  de  Rob.  de  Borron) 

Atortillie(r),  atorti-iie(r),  v.,  entortiller,  envelopper. 

Neis  puces  et  orillies  (perce-oreilles,  fauchette) 

S'eles  s'ièrent  entorlillies 

En  dormant  dedens  lor  oreilles, 

Les  greveroient  à  merveilles. 

(Rom.  de  la  Rose) 
Je  pris  ceste  ymage  jolie 
Qui  trop  bien  fu  entortillie. 

(Voir  dit,  Machaut) 

Atourage^.  s.  m.,  entourage. 


874  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

Atousé,  adj.,  fouroi,  dru.  —  Voy.  Tousé. 

Atouchie(r). 

Il  savoit  certainement  que  oncques  Gillion  n'avoit  atouchie 
à  la  pucelle. 

(Gillion  de   Trasignyes) 

Tu  deis  que  des  fruyz  nrenjassent 

De  tous,  fortz  qu'à  •!•  n'atouchassent. 

(Advocacie  N.-D.) 

Argus  a  tous  ses  G.  yeux  ne  fait  que  regarder  et  espier 
que  nuls  ny  atouche. 

(Voir  dit,  Machaut) 

Pense  tu  que  il  me  ayt  aliouchie. 

(Farce  de  Jenin) 

Atouter,  touter,  v,,  jouer  alout.  —  Voy.  Touter. 
Atrain-ner,  v.,  entraîner. 

Atroupeler,  et  plutôt  ratroupeler.  —  V.,  mettre  en  troupe. 

A  •!•  grelle  sa  gent  tôt  bellement  apelle 
Tôt  environ  le  char  l'aiine  et  atropelle. 

(Maugis  d'Aigremont) 

...  Mes  de  la  gent  paiene  entor  lui  s^atropelle. 

(Id.) 
Attigie(r),  attisie(r). 

Et  celé  i  est  pour  alisier 
Le  mal... 

(Méraugis  de  Porlesguez) 

Au  matin,  an  soir,  pour  du  matin,   du  soir.  —  1  s'ai  levé  à 
cinq  heures  ad  matin.  —  On  froume  les  auberges  à  neuf  heures 

AU   SOIR. 

Aub(r)e,  ab(r)e. 

Au  premier  coup  ne  chiet  pas  Vabre. 

(Clef  d'amour) 

Avaleus,  s.  m.,  gourmand  ;  qui  mange,  boit  beaucoup. 
Avaloue(r),  s.  m.,  avaloir,  partie  du  harnais  du  cheval. 

Avau. 

Faites  noveles  roses  prendre 
Et  aval  les  rues  estendre. 

(Blancandin) 
Aler  vueil  aval  la  meison  ; 
Quar  savoir  vueil  s'il  i  a  ame. 

(Fabliau  des  3  larrons) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  875 

Avo-iie(r).  —  Corrigez  :  «  qui  bien  connissoit  la  mesnie.  » 

G'i  envoierai  do  matin 
Quatre  mil  chevaus  armes. 

{Renart  le  Nouvel) 

Avoler. 

Et  li  volior  point  ne  se  tarde 

Sor  un  chesne  est  avolez. 

{Rom   de  Rmari) 

A'-vous  ?  quelquefois  O'vous. 

Pourquoy  y  a-vous  tant  tardé? 

(Débat  du  jeune  et  du  vieux  amoureux) 

Ne  l'a  vous  oncques  jamais  sceu. 

(Farce  de  la  pipée) 
A'  vous  dit  vrai? 

{Farce  du  fol.) 


Avule. 


Commandûit  c'on  lui  atiaast 

Et  amenast  en  sa  présence 

Mendis,  avules  et  fievreus. 

{Miracles  de  S'  Eloi) 


Babilleu(r),  babi-ieus,  s.,  bavard,  qui  aime  à  parler. 
Babillie(r),  babi-iie(r),  v.,  babiller,  bavarder. 

Babines. 

Ils  maschèrent  et  jouèrent  si  bien  des  babines  qu'en  trois 
jours  et  trois  nuicts,  ils  mirent  l'estant  à  sec. 

(Nouvelle  fabrique) 

Bacule. 

A  la  haculte  1  qui  n'y  viendra 

Un  beau  coup  de  poing  era. 

(Friquassée  crotestyllonnée) 
Baffer. 

Nostre  Seigneur  souffrist  moult  de  mal  et  fu  illec  buffé  en 
disant  :  «  prophetiza  qui  le  percuit.  » 

(Saint  Voyaige  en  Jhérusalem) 
Bagnie(r). 

Nymphe  qui en  les  baguant  de  vos  larmes. 

(Melin  de  S»  Gelais) 
Baillie(r).  —  Voy.  bau-iie(r). 

Baije-cul. 

Tu  ne  scay  ?  Baisecul  ne  ce  marie  pas. 

{La  friquassée  crotestyllonnée) 

Balancie(r),  v.,  balancer.  —  5e  balancie{r),  c'est  jouer  à  la 
balançoire  ou  à  l'escarpolette. 


876  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Bâli-iie(r). 

Il  faudra  faire  noslru  mesnage 
Et  balkr  noslre  maison. 

{Farce  du  Badin) 
Je  dis  que  ballies  la  maison. 

Banieres  et  pennons  conlre  vent  balier. 

{Du  Guesclin) 
Baloquer,  v.,  ballotter,  branler,  remuer. 

Barou,  barue. 

Es  celiers  as  a  pris 

De  lor  fort  vin  plain  -II-  bareus. 

(Fabliau  de  la  Longue  nuit) 

Barre,  s.  f.,  partie  de  plaisir,  rigolade,  —  N'y  avol  Jules,  qui 
nous  ùi  chanté  in  tas  de  chansons!  fans  moût  ri!  que  barue  ! 

Bassiner,  v.,  taper  sur  des  ustensiles  de  cuisines,  pour 
ennuyer  les  mariés  qui  n'ont  pas  donné  aux  jeunes  gens  les  satis- 
factions que  ceux-ci  attendent  d'ordinaire.  —  Ils  prennent  le  nom 
de  Bassincux  et  portent  parfois  leur  charivari,  dans  les  villages 
voisins,  ainsi  qu'il  est  arrivé  à  Chaumont  en  1763,  où  la  jeunesse 
et  les  bassineurs  ont  mené  leur  train  pendant  huit  jours,  jusqu'à 
ce  que  les  mariés  s'exécutent  —  après  intervention  de  l'autorité  — 
en  donnant  à  boire  et  faisant  danser. 

Bau-ieries,  s.  f.  pi.,  cris,  acclamations. 

Baure,  s.  f.,  trou,  cavité  pratiquée  dans  un  tronc  d'arbre,  où 
les  €  bèche-bos  »  et  les  «  bout'boutes  «  font  leurs  nids. 

Baurette.  Sorte  de  boîte  que  Ton  accroche  le  long  des  murs, 
dans  laquelle  les  moineaux  font  leurs  nids. 

Bawi-ieus^  adj.,  aboyeur,  qui  aboie  trop  souvent. 

Bégui-iie(r),  v.  On  dit  aussi  :  i  bègue  au  lieu  de  i  béguie. 

Bégui-ieus,  s.  m.,  bègue. 

Bel  (A(v)oi(r)),  expr.,  avoir  une  bonne  occasion,  un  bon 
moyeu,  avoir  le  temps  :  il  avot  bel  dû  revéni{r)  pou{r)  huit 
hcureSf  bin  su?-  ! 

Belle-mère,  s.  f.,  sage-femme,  par  extension  nourrice. 

Ma  bêle  mère  par  ma  loi 
Je  l'ai  d'un  vallet  achatee. 

{Fabliau  de  la  Grue] 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  877 

Bénheureux,  adj. 

Et  se  endormi  bencurcement  en  Noslre  Seigneur. 

{Chr.  de  Primat) 
Béquilleus,  s.  m.,  dégoûté,  qui  béquille. 


Bergie(r), 


n  erg  ter  à  bergièrc 
Promptement  se  ingère. 
{Bdfi  relief  du  Bourglheroulde,  à  Rouen) 


Berlandeus,  s.  m    Flâneur,  lâtillon,  —  qui  berlande. 

Berloquer,  v.  Branler,  remuer  :  Toul  d'in  cop,  jXD)ois  in 
pendu  qui  berloquot  à  la  cliché  du  la  porle.  —  Travailler  inéga- 
lement, mal  ;  faire  un  ouvrage  insigniliant  :  J'alends  Jezeuph  qui 
BEULOQCE  à  la  chamb'  j)n(r)  drie(r). 

Besoug'nie(rj,  v.,  besogner,  li'availler. 

Le  roy  envoia  solenijinelle-ainliassade  avoc  povoir  soudisant 
pour  beioug'iier  au  fait  de  ladiclo  paix. 

{Monstrclel) 
Beveu(r). 

Je  souhaittc,  moy  bon  beveur, 
Toujours  irois  fois  l'année  vendanges. 

(Souhaiz  des  hommes) 

Et  li  dira  :  car  vous  levas 
Et  si  mengiés  et  si  bevés. 

[Voir  dit^  Machaul) 

Et  en  biers  li  juene  enfancon 
Entendoient  à  sa  chanson. 

{Voir  dit,  Machaut) 
As  tu  enfans? 
—  Oïl,  dit-il,  un  sol  petit 
Mais  em  hers  est. 

{Roman  .U'  S^  Miche',) 

Billie^r),  bi  iie(r),  v.,  passer,  dépasser,  sortir.  —  On  vo-ïot 
Vos  qui  Bi-ioT.  —  Le  vieux  mot  biller  signifiait  pousser.  C'est 
ainsi  que  le  Bourguignon  appelle  bille-cul  l'oiseau  dit  plongeon 
qui,  voulant  saisir  un  objet  au  fond  de  l'eau,  ne  laisse  passer  que 
son  derrière  au-dessus  du  niveau. 

Bille  (jouer  à  la).  —  La  bille  est  un  polit  morceau  de  bois 
cylindrique  effilé  aux  deux  bouts,  d'un  décimètre  de  longueur,  sur 
lequel  un  joueur  frappe  à  l'aide  d'un  bâton,  de  manière  qu'attei- 
gnant l'une  des  pointes,  et  la  bille  faisant  levier,  celle-ci  s'enlève 
en  l'air,  où  elle  reçoit  à  la  volée  un  nouveau  coup  de  bâton  du 
même  joueur  qui  l'envoie  du  côté  de  l'adversaire.  —  Les   Nor- 


Bevez. 


Biers. 


878  GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS 

mands  donnent  le  nom  de  pirli  à  notre  bille.  —  Il  est  remarqua- 
ble que  les  enfants  jouent  à  ce  jeu,  tous  à  la  même  époque,  en 
février. 

Bisbise,  s.  f.,  bisbille,  contrariété. 

Biser.  —  On  trouve  bider  pour  courir. 

Quelqu'un 

Les  en  fil  toutes  enfuir  ; 
Et  de  bider  et  de  courir. 

(Goquillarl) 

Bisette  (l'année)  :  l'année  qui  ne  vient  jamais.  Corruption  pro- 
bable de  l'année  bissexle.  —  Tu  l'arais  l'année  bi&ette,  quand  les 
pouïes  irant  à  crossettes. 

Bisoler,  v.,  fréquentatif  de  biser.  Se  dit,  par  exemple,  d'un 
plomb,  d'une  balle  qui  passe  rapidement  en  sifflant.  —  Devant  la 
maison  Boiirgérie.  on  atendot  les  halles  qui  bisolaint  d'tous  les 
côtés. 

Bistoquer,  v.,  faire  l'acte  charnel. 

Nostre  mignon  luy  respondit 
Que  deux  fois  l'avoit  bistoque'e. 

[Sermon  joyeux  d'un  fiancé) 

Blanches  bêtes,  s.  f.,  béliers,  moutons,  brebis  et  agneaux. 
Blo(c).  Avec  la  deuxième  acception,  il   faut  prononcer  bloque. 

Blouque. 

Deux  courroies  de  cuir  de  vache,  garnies  de  grosses  blou- 
ques  de  fer... 

(Compte  de  l'argenterie  du  roy^  1387) 

Pluscula,  blouquette. 

(Gloss.  rom.  lat.  du  XV^s.) 
Blouquie(r). 

Pluscularius,  blouchier. 

(Gloss.  Rom.  lat.  duXV'^s.) 

Bon  assez  (c'est).  —  Expression  dédaigneuse,  indiquant  que 
ce  qu'on  a  fait  est  suffisant. 

Une  sourquanie 
. . .  Fourrée  d'une  blanche  hermine 
Bonne  assez  pour  une  royne. 

(Voir  dit) 

Boquet,  s.  m.,  tique,  insecte  appelé  aussi  Pou  de  bos. 
Boquet,  adj.,  bot.  —  In  pie(d)  boquet. 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  879 

Bouchette. 

Ça  de  par  Dieu,  la  bouchette. 

{Farce  de  J objet) 
Bouchie. 

Aporto  mei  un  poi,  se  vels,  un  buchie  de  pain. 

(Li  ticrz  livres  des  Reis) 

A  chascun  (dame  Hersent)  donoit  sa  bouchie, 

{Rom.  de  Renart) 
Bouchon,  V.,  buchon,  buisson. 

L'autre  jour  moi  chivachai 
Deleiz  -j-  bouxon  trovai 
Pastorelle  an  grant  esmai. 

{Pastourelle^  Meyer) 
Bouchouner,  v.,  bouchonner. 

Boudiné.  C'est  aussi  le  morceau  de  lard  coupé  autour  du 
nombril  que  l'on  emploie  à  graisser  les  outils,  scies,  ciseaux. . .  du 
menuisier. 

Boudriaux^  s.  m.  pi.,  perches  de  bois  découpées  servant  à 
étançonner  les  galeries  de  mines. 

Bouffe  la  balle,  s.  m.,  nom  qu'on  donne  à  un  gros  garçon 
réputé  gourmand,  mangeur  et  qui  a  grasse  mine, 

Bouli(r),  boulant,  boulu. 

Ferai  le  ardoir  u  noier 
En  poi  boulir  u  graeillier. 

{Blancandin) 
Boutes  en  eaue  boullant. 

{Viandier  de  Taillevent) 

Lors  fu  plus  noirs  que  pois  boulie. 

{Blancandin) 
Et  en  leurs  bains  boullans  baigner. 

[Complainte  de  l'âme  dampnée) 

Bounette,  s.  f.,  bonnet,  coiffure  ridicule.  —  /  m'ai  prins  ma 
BOUNETTE  pou{r)  la  cachie(r). 

Bout 'boute,  s.  m.  :  onomatopée.  Nom  de  l'oiseau  qui  a  ce  cri  ; 
plumage  jaune  et  blanc  ;  vit  de  chair  pourrie,  d'insectes  ;  son 
corps  dégage  une  odeur  nauséabonde.  —  Nous  ne  connaissons  pas 
le  nom  scientifique  de  cet  animal. 

Bouteille,  s.  f.,  bulle,  qn  peu  grosse,  qui  se  forme  sur  l'eau 
quand  il  pleut. 

Brachie(r).  —  On  brache  in  chair,  a  dirigeaîit  s'  timon  don 
côté  qu'on  veut  qu'i  tourne.  —  Les  Comtois  disent  Brater. 


880  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Bracie. 

De  feurre  prent  une  bracie. 

(Rom.  de  Renart) 

Et  abatoit  à  chascun  coup  que  ele  getoil  une  grant  bracie 
dou  mur. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Braije  et  Brajie(r),  s.,  braise  et  brasier. 

Braire. 

Hé!  bons  rois  liOeys,  assez  avons  a  brère. 

(Regrès  de  la  mort  S.  Loetjs) 
Brairie  et  Braits. 

Portons  là  arrière  entre  nous 
Que  nous  n'oyons  plus  tel  brarie. 

{Misièrc  de  la  Passioii) 

Ouyr  des  chiens  les  abboys  et  brayrics. 

(Ma  rot) 

Ne  nus  ne  vous  porroit  conter  les  cris,  ne  les  brais  ne  les 
ullemens  qui  la  esloient. 

(Purgatoire  S'  Patrice) 

Branlée,  s.  f.,  brassée  de  bois  en  branches  jetée  sur  le  feu.  — 
J'fcrans  '/i  bonne  branlée  poii{r)  nous  rcchatiffcr, 

Brigouce,  s.  f.,  lavasse;  cuisine  très  médiocre,  mal  et  sale- 
ment faite. 

Brigoucie(r),  v.,  faire  de  la  brigouce.  — Travailler,   patauger 
dans  la  boue,  les  choses  mouillées  et  sales.  —  Quoi  'c  quil  Virais 

CD  brigoucif,(r)  à  c'  saie  fêle  à  Roucout  là,  dis  ! 

Briquet  (baU(r)e  lil),  expr.  frotter,  en  marchant,  un  pied  con- 
tre l'autre  ;  heurter  et  se  blesser  les  chevilles. 

Brochette.  —  Voy.  Tirer  à  la  baochette. 

Brodure,  s.  f.,  pour  broderie. 

Bronse  (chevaux  d'),  se  dit,  à  la  frontière,  pour  clicvaux  de 
bois. 

Broquillou,  broqui-ion,  s.  m.,  petite  broquille  ou  broche  — 
brochette. 

Brosquin,  brossequin. 

Vestu  erl  de  son  brossequin. 

(Rom.  de  Fauvel) 

Brouillasse  (i),  il  tombe  une  pluie  fine  comme  le  brouillard. 


Buquer. 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  881 

Brouilleus,  adj  ,  brumcax. 

Brûle  dû  chaud  (je),  j'ai  tellement  cliaud  que  ma  cliair  est 
brûlante. 

Buhot. 

Le  buhot  voit  plain  de  tel  goutc 
Si  hèle  corne  d'itel  coulour. 

(Mir.  S.  Jean  Chrysostome) 

Que  bucquez-vous  ?  Qu'esse  là  ? 
Bucquez  bas. 

(Farce  d'un  amoureux) 

Buriau.   Diminutif  de  bure,  tas  de  fagots. 

Renarz  gote  ses  it^us  vers  le  buriau  d'esteule. 

(Ménestrel  de  Beims) 

Et  11  chien  s'en  vont  et  se  mucent  ou  buriau  d'esteule. 

(W.) 
Burlement,  s.  m.  Cri  du  taureau. 

Bûrre.  Corrigez  : 

Dou  burre,  vieil  ou  frosc,  on  d^e  prendre  le  disme. 

Buse,  s.  f. ,  le  chapeau  noir  à  haute  forme. 

Busiau  prend  parfois  la  signification  de  bêta,  niais,  nigaud.  — 
Dans  l'ancien  français,  buzier  a  eu  la  signification  de  soupirer,  se 
plaindre,  réfléchir. 


Caberter,  v.  Faire  des  chevreaux.  Se  dit  de  la  chèvre  qui  met 
au  monde  ses  petits  »<  cabrais  ».  —  Nol'  cab(r)c  ai  caberté  anout 
au  malin. 

Cab8rtie(r),  s.  m.,  chevrier,  celui  qui  conduit  les  chèvres, 
cab(r)es  ou  galles  aux  champs  (frontière  belge). 

Cab(r)e. 

Ou  s'il  se  couche  ou  s'il  se  C2bre 
Ainsi  com  cils  qui  fait  la  eabre. 

(Voir  dit) 

Câcâ,  s,  m.,  œuf;  on  dit  aussi  Cocd.  —  A  Douzy,  ce  terme 
désigne  encore  la  gorge,  la  pomme  d'Adam.  On  vous  citera  une 
femme,  de  forte  taille,  qui  se  charge  de  serrer  le  cdcd  à  bien  des 
hommes. 

56 


882  OLOSSAIRB   DU    MOUZONNÂIS 

Camb(r)e,  s.  ni.  —  Voyez  Kambe.  Le  vieux  mot  voulait  dire 
courbe.  Et  de  fait,  quand  nous  disons  d'un  individu  :  c'est  in  laid 
Cambe,  nous  entendons  qu'il  s'agit  d'un  monsieur  laid^  mai  fait,  tor^u. 

Camoussé. 

Desos  helme  fu  lains  et  camoissies. 

{Foulques  de  Candie) 

De  fer  et  de  suor  furent  tout  camoisé. 

(Aiol) 
Camoussure. 

Tost  sera  ta  fâche  fronchie 
Et  ta  fresche  colleur  fadie 
Et  ta  blonde  cheveleure 
Enleidie  par  canisture. 

(Clef  d'amour) 

Canie.  —  Je  rencontre  canlant,  chantant  avec  le  sens  de  vau- 
rien, larron,  dévergondé. 

On  a  cis  canlans  sejorne 
Que  j'ai  ichi  trové  pendant. 

{Fabliau  de  Longue  nuit) 
Câquetter. 

Finette  !  n'en  caquetiez  plus  ! 

(Obstinalion  des  femmes) 

Car  en  coin  (de),  expr.  adv.  de  travers,  diagonalement,  de 
coin  en  coin.  —  L'ancien  terme  car  signifiait  coin^  angle. 

Caramelle,  s.  f.,  petit  morceau  de  sucre  carré,  entortillé  dans 
un  papier  avec  une  devise  en  deux  vers,  et  que  l'on  donne,  reçoit 
ou  achète  à  la  frontière. 

Carculer,  v.,  calculer  (r  =  l). 

S'il  plaignoit  en  nombre  aussi  hault 
Qu'arismétique  le  carculle. 

(Mistère  de  la  Passion) 

Carreau,  s.  m.,  planche  ou  espace  de  terre,  dans  un  jardin, 
séparé  en  rectangle  ou  en  carré  :  iii  caruead  d'ougnons. 

Catherinette.   C'est  la  cétoine. 

Catouillette,  catou-iette,  s.  f.,  chatouillement.  —  Waite  à 
ti  !  si  t'clis  co  iauques,  j'vas  C  faire  des  catouillettes.  —  La 
Catou-iette  est  un  surnom  donné  à  un  individu  qui  était  appa- 
remment très  sensible  au  chatouillement. 

Catouillie(r),  catou-iie(r). 

L'une  fauldra  qu'on  la  cafouille. 

(Pourpoint  de  Dame  V.) 


QLOeSAIKJfi   DU   MOUZONNAIS  883 

Cementière. 

Et  fît  la  fosse  qui  est  el  cimentière  par  devers  orreal  clore 
de  murs. 

(Purgatoire  S*  Patrice) 

Ceiid(r)e_,  s.  f.,  marne  schisteuse  exploitée  aux  environs  de 
Reniilly,  Thelonne,  Noyers,  et  servant  d'engrais  pour  les  foins 
artificiels. 

Cérimonie,  s.  f.,  cérémonie. 

Je  regardoie  le  surplus  de  la  noble  cérimonie. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Aultres  vouloient  sa  prinse  sans  cerymonie. 

(Ph.  de  Gommynes) 
Chair,  char. 

L'on  y  trouve  trois  viandes  de  chart,  cy  une  est  semblable 
à  chart  de  bœuf,  l'autre  à  chart  de  lièvre,  et  l'autre  à  chart 
de  perdrix. 

(Yiandier  de  Tailleoent) 

Chairi-iie(r).  Signifie  encore  :  retarder  par  des  raisonne- 
ments, remettre,  repousser  une  décision  :  /'  m'ai  chairi-ue  cojnna 
pendant  in  mois,  à  m'disant  qu'sa  femme  étol  malade,  quii 
s'garçon  avot  té  ohiigie  d'parli(r)  au  régiment,  et  pi(s)  co  et  pi{s) 

co et  finalemenl  i  n'ai  rin  v'iu  m'douner.  —  De  là  dérive 

l'expression  de 

Chairi-ieus,  s.  m.,  individu  indécis,  qui  remet  toujours  au  len- 
demain à  conclure. 

Et  celle  de  Chairi-iie(r)  droit,  déjà  donnée. 

Il  convient  trop  droit  carier 
Qui  vers  amours  se  veut  lier. 

(Clef  d'amour) 

Chairnure,  s.  f.,  charnure  ;  musculature  ;  coloris  de  la  chair; 
santé  de  la  chair.  —  Ses  plaies  s'garirant  aisiemat  :  il  ai  'n 
boune  chair.ndre. 

Il  est  beau  de  sa  chairnure. 

(Friquasse'e  crolestyllonnée) 

Chambarder,  v.,  culbuter,  renverser,  enlever,  voler;  —  met- 
tre au  milieu  des  champs.  —  C'est  lou  qui  m'ai  chambardé  toutes 

mes  gerbes. 

Bertoult  qui  fu  en  sa  méson 
Saut  por  veoir  que  ce  estoit 
Qui  ses  gelines  champartoit, 

(Rom.  de  Renart) 
Changie. 


884  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Sa  robe Fu  en  couleur  changie 

Qui  nouvelleté  signefie. 

{Voir  dit) 
Chansouner,  v.,  chansonner. 

Chansounette.  p.  f.,  chansonnette. 

Chanter  l'coiq),  v.  --  Se  dit  d'une  poule  qui  répète  le  chant 
du  coq.  signe  qu'elle  ne  pond  plus  et  qu'il  faut  la  tuer. 

Chapiau,  chapiâ. 

En  la  rue  o  Qiiains  de  Pontis 
Fis  un  chapia  de  violetes. 

(Guillot,  Dit  des  rues  de  Paria) 

Uns  chapiaus  de  fleurs  à  corone 

La  d.ime 

{Chevalier  qui  donti  l'anel) 

Chaquer.  v.,  faire  cliac  :  se  dit  d'une  arme  dont  la  ca[>sule 
seule  part. 

Charchie(r),  cherchie(rj. 

En  tel  ennuy,  j)Our  me  cuyder  retraire 
Charchr  chemin. 

(Piorro,  Fa i feu) 

Ce  sont  bestes  qui  charchent  leur  paiture. 

(Obslination  des  Suysses) 

Qui  lors  auroil  tôt  l'or  que  l'en  porroit  ccrchier. 

(Thibaud  de  Marly) 

Charge,  charg-eou.'er),  s.  Lieu  où  l'on  charge  les  chariots 
avec  de  la  pierre,  des  moellons,  etc. 

Chaufou(r),  s.  m.,  four  à  chaux.  N'est  plus  guère  usité  que 
comme  nom  de  lieu.  —  J'ans  'n  terre  au  Chaufou(r),  endroit  où 
jadis  était  un  four  à  chaux. 

Chaugniard,  analogue  à  chournois,  sournois.  —  Chaunia 
s'emploie  dans  le  patois  lorrain. 

Chautreus  (de  puces),  un  mauvais  couteau. 

Chéoun. 

Chpscun  tient  arc-balesle  ou  arc  turquois  peignai. 

[Foulques  de  Candie) 

Chescun  m'i  het  et  sus  me  courl 
Chescun  m'i  despit  et  menace 
Chescun  mi  courl  à  la  harace. 

(Àdvocacie  ^\•D.) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  885 

Chêlé  (toul)^  expr.  adv,,  en  abondance,  en  quantité,  tout 
chargé,  surchargé.  —  Synonyme  de  à  chire.  —  Waile  in  peu  c't 
aube  la  !  n't  ai  des  cerises  tout  chêlé. 

Chénée. 

Si  fist  le  flun  (Ueuve) issir  fors  de  son  chaneit. 

[Ménestrel  de  Reims) 

De  son  charnel  la  mer  istera. 

[Adam,  drame) 
Cheoir. 

Je  n'aroie  jamais   bien,  se   vous  cheiez  en  paroles  ou  en 
blasme  pour  moy. 

{Voir  dit) 
Chessie(r). 

El  cil  que  chescent  li  sont  venu  davant. 

(Poème  de  Girbert) 
Cheus,  chus. 

Nous  irons  cheiix  les  espiciers. 

(Mystère  de  la  Résurrection) 

Chevée.  Le  vieux  verbe  chever  signifiait  creuser. 

Renart  s'en  fui  teste  levée 
Par  une  viez  voie  cheuée. 

(Rom.  de  Renart) 

Si  li  mostra  une  pierre  que  il  cheva. 

(Roman  M^  S«  Michel) 
Cher,  chérette,  chérue,  etc 

N"  678 une  bonne  therète,  2  viez  cherètes  ferrées,  2 

tumbereaus  sans  roez,  2  chérus  a  fers  et  a  roueles,  et  4  her- 
ches. 

(Inventaire  Clémence  de  Hongrie) 

No  73o en  la  granche  devant,  60  chertées  de  fain,pré- 

sié  60',  non  vendu. 

(Id.) 
Chéruiage. 

Un  cheruarje  que  Jehan  de  Waure  avoit. 

(Coutume  de  Namur) 

Chiard,  s.  ra.,  poseur,  maniéré,  affecté.  —  Voy.  Chileus. 

Chicaille,  s.  f.,  victuailles,  de  quoi  «  chiquer  ».  —  Vulgaire. 

Chicon,  s.  m.,  sorte  de  salade  en  boule,  chicorée. 

Chie-à-boite,  s.  m.,  terme  injurieux,  insolent. 

Chie-à-brau-ies,  comme  chie-à-culottes,    s.  m.,   quaUflca- 
tion  qu'on  applique  au  jeune  bambin  qui  n'a  pas  encore  de  panta- 


886  (ÎLÔSSAIRE   DO   MOUZONNAIS 

Ion  fermé,  mais  des  culottes  fendues,  par  où  passe  la  brau=-ie  ou 
pan  de  chemise  dans  laquelle  il  laisse  parfois  échapper  ce  qu'il 
n'a  pu  retenir. 

Chier,  adj.,  cher. 

Il  les  racheptoit  bien  chier  quant  il  en  avoit  besoihg. 

(Commynes) 

Chieries.  Dans  le  Glossaire  du  centre  de  la  France,  Jaubert 
signale  gyries  avec  ce  sens  :  c'est  le  vrai  mot.  Gyrer,  virer,  tour- 
ner, contourner,  nous  donne  des  gyries,  contorsions,  grimaces, 
simagrées.  Néamoins,  ne  pas  oublier  que  c'est  le  chiard  qui  fait 
des  chieries,  et  que  dans  le  monde  un  tout  petit  peu  moins  incon- 
venant, on  le  taxe  de  merdeux,  ou  bien  on  dit  qu'il  joue  du  fion  : 
nous  sommes  alors  en  plein  argot. 

Chiquet,,  s.  m.  Jouer  le  chiquet^  aux  quilles,  c'est  se  placer  à 
l'un  des  quatre  coins  pour  lancer  la  boule  dans  les  conditions  les 
plus  favorables  à  l'abatage  d'un  grand  nombre  de  quilles. 

Chitrai,  s,  m.,  comme  ôhitroU. 

Choir. 

Del  ciel  cherra  pluie  sanglante. 

[Adam,  drame) 

Tout  en  cheyant,  j'en  ai  pu  faire  choix 
De  mon  point  d'arrivée. 

(Rostand,  Cyrano  de  Bergerac) 

Choper,  v.,  boire  des  chopes,  se  griser,  chopiner. 
Chournois,  adj.,  sournois.  —  Voy.  Chaugniard. 

Chu,  p.  p.  de  choir.  Tombé.  —  Fém.  chule. 

Op  m'est-il  donc  très  grandement  meschu    ' 
Qui  me  vy  si  hault  et  me  sens  si  bas  chu. 

{Lunettes  des  princes) 

En  teunlant,  elle  s'est  baissée 
Puis  la  pougnie  est  eschappée 
Et  à  l'envers  est  cheute  là. 

{Farce  du  Cuviéf) 

Jusques  à  ce  que  elle   fust  toute  hors  de  sa  guame  et 
cheute  sur  le  sablon. 

(Oliv.  de  la  Marche) 

Elle  chute elle  est  chute,  elle  est  chute. 

(Marguerite  de  Navarre,   La  Nativité) 
Ci-delez. 


Cies. 


GLOSSAIRE   DU  MOUZONNAIS  887 

Ci-delez  est  l'ostel  Primaul 
Mon  conpère  qui  ne  nout  faut. 

(Rom.  de  Renart) 


A  pris  Blancandin  de  sa  main  ; 
Cies  le  provost  se  sont  rendu. 

(Blancandin) 
Clairer.  —  Voy.  Flambe)'  et  lumer. 

Cliché. 

La  clique  sache,  l'uis  ouvri. 

(Fabliau  du  Bouchier  d''Abbeville) 

Cliffure,  s.  f.,  quelquefois  cliffade  :  éclaboussure. 

Clignette. 

Item  et  si  ne  jouerez 
A  Siron  ne  à  clignettes, 

(Fabliau  de  l'Amant  rendu  cordelier) 

Clignie(r)  et  aussi  Cliner  :  i  cline  des  ius. 

Si  li  clina  si  sagement 
De  l'yeul,  qui  par  son  clinement 
Peut  bien  la  douce  Virge  entendre 
La  response  qu'el  devait  rendre. 

(Advocacie  N.-D.) 
Côcâs. 

J'ay  mangé  du  coçuari  pour  tuer  carême. 

(Friquassée  crotestyllonnée) 
Cochie(r). 

Car  je  l'amois  (mon  coc)  durement 

Pour  ce  que  menu  et  souvent 

Les  me  chauchoit  (les  gelines)  l'une  après  l'autre. 

(Rom.  de  Renart) 

Car  il  (le  coq)  chantoit  bien,  il  cauquoit  bien  les  gelines. 

(Nouuelle  fabrique) 
Collée. 

Chevalier,  laisse  moi  en  pais 
Ujou  te  donrai  tel  colée. 
Jamais  ne  le  verras  sanée. 

(Blancandin) 
Compren(d)re  et  non  compre7id(r)e. 

Conil,  plus  souvent  Gonil,  s.  m.,  le  lapin.  Encore  usité  à  Ange- 
court. 

Counaît(r)e. 

Certes  qui  bien  mort  cognoiseroit 
Hors  de  raison  jamais  n'istroit. 

[Dance  macabre) 


888  QLOSSAIBE    DU    MOUZONNAIS 

Continu-iie(r),  v. ,  continuer. 
Contreveni(r),  v.,  coni revenir. 
Copi-iie(r),  v.,  copier. 
Coqueluze,  s.  f.,  coqueluche. 

Corbillon. 

De  façon  qu'à  les  voir  ainsi  pendus  (des   nids  de   canes) 
vous  diriez  voilà  des  petits  corbillons. 

{Nouvelle  fabrique) 

Corder^  v.,  mesurer  du  bois  de  chaulfage,  le  mettre  en  cordes, 
c'est-à-dire  en  tas  d'environ  quatre  stères. 

Cordéler,  v.,  tordre,  tourner,  faire  prendre  la  forme  d'une 
corde.  —  J/'  cravate  est  tout  cohdélk. 

Corre.  On  a  imprimé  manuscrit  pour  namurois. 

Cotcorôcô,  onom.,  chant  du  coq  ;  le  coq. 

Coûchie(r),  s.,  le  coucher.  —  Et  coucher. 

Toz  teus  sera  o  lui  au  main  et  au  couchier. 

(Thibaud  de  Marly) 

...  Qui  encor  n'estoit  endormie 
Quar  maintenant  s'estoit  couchie. 

(Fabliau  de  la  Bourse  pleine  de  sens) 

Cou-ion,  s.  m.,  poltron,  peureux,  lâche. 

Cou-ionner,  v.  n.  Se  montrer  poltron.  —  El  v.  actif.  Plaisan- 
ter, railler,  blaguer.  —  Tu  cou-ionnes!  f  n'irai  pourtant  mi  t'ai- 
die(r)y  bin  sûr  ! 

Coumacie,  adj.,  commencé. 

Devant  ce  que  Roume  fust  fondée  ne  coumencie. 

(Anciens  textes,  1885) 

Ves  la  bataille  commencie, 
Se  délivre  estoit  m'amie 
Mult  averies  riche  soldée. 

(Blancandin) 
Coumat. 

Et  vos  avez  oi  coument  fut  enfraint  l'obédiance. 

(Saint  Graal) 
Coume. 

Si  coume  il  vint  tôt  eslessiez. 

(Rom.  de  Renart) 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  889 

Coupette,  —  Corrigez  :  bois  au  lieu  de  hors. 

Derrière  notre  habitation,  au  coupeau  d'une  petite  mon- 
tagne. 

(Cyrano,  Voy.  dans  la  Lune) 

Couraillie(r),  coura-iie(r),  v.,  courir,  aller  d'ici,  de  là  ;  — 
galvauder. 

Coureu(r),  s.  —  Le  coureas  était  aucienuement   un   éclaireur. 

Pour  00  envoyèrent  coureux  qui  en  la  forest  entreront. 

(Ctiron.  Duguesclin) 

Coutangeux,  adj.,  qui  coiile  cher,  qui  occasionne  de  la 
dépense.  —  Le  verbe  coutanger  a  eu  cours. 

Lequel  clerq  couslengera  pour  quarante  livres  blans  l'an. 

{Coût,  de  Hainaut,  1323) 
Coutiau,  coûtai. 

Qui  va  en  Flandre  sans  coutcl  (pronono.  coutets) 
Et  a  fromage  pour  tout  mets 
Il  le  doit  tailler  bien  épais. 

(Moyen  de  parvenir) 
Couveresse,  au  lieu  de  couvresse. 

Ou  dit  vrayement  qu'elle  pondoit  deux  fois  le  jour  et   si 
estoit  fort  bonne  couveresse. 

(Nouvelle  fabrique) 
Couvisse. 

Car  en  esté  sont  toutes  gelines  coveices  (couveisses). 

(Li  livres  dou  Trésor) 

Cracheus,  s.  m.,  qui  crache,  qui  a  la  manie  ou  l'habitude  de 
cracher. 

Crâleus,  s.  m.,  celui  qui  respire  bruyamment,  avec  le  râle  de 
la  toux  ;  poitrinaire, 

Crance.  —  Voy.  Qu'rance. 

Cranté.  Une  de  mes  vieilles  tantes  disait  à  ceux  qui  étaient 
fatigués  et  s'en  plaignaient  :  Diid'piiis  eodk  jusqu'à  cranté  7i'y  ai 
co  cent  Hues. 

Cravate,  s.  m.  On  dit  souvent  col. 

Gréab(l)e. 

Bien  ont  doné  tesmoing  cre'able. 

(Thibaud  de  Marly) 
Or  escri  donc  choses  créables 
Douces  entrans  et  vrais  semblables. 

(Clef  d'amour) 


890  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Crevassie(r),  v.,  crevasser,  gercer,  fendre. 

Crever,  v.  On  conjugue  :  jcreuve,  lu  creuves,  i  creuve  — 
j'creuverai. 

L'ame  est  encore  dedans  ses  trippes 
Qui  de  son  ordure  s'abreuve 
Et  si  la  pance  ne  lui  creuve 
Nous  perdons  cy  nostre  maison. 

(Mystère  de  la  Passion) 

Croisée  des  chemins  (à  la);  s.  f.,  à  l'endroit  où  deux  che- 
mins se  croisent  ou  bifurquent. 

Crompire.  L'allemand  grundbiime  désigne  la  j)oire  de  terre 
ou  topinambour. 

Crosses,  s.  f.,  béquilles.  —  Se  dit  plus  ord.  crosselles. 

Croûton.  S'emploie  aussi  à  propos  du  tirage  au  sort  ;  le  jeune 
homme  de  19  ans  accompagne  ceux  qui  vont  tirer  :  il  va  chercher 
le  CROUTON,  c'est-à-dire  qu'il  reconnaît  que  son  tour  viendra  l'an- 
née suivante. 

Cruchetée,  s.  f.,  le  contenu  d'une  cruche. 

C'ti  là.  —  Celui-là. 

Et  cesiuî/-/à,  son  loyal  compagnon  a  bien  parler  c'est  le 
bien  vertueux. 

(Assumption  N.-D.) 

C'est  cestuy-là,  c'est  mon  amy  certain. 

(td.) 

Cu(l)  détournai,  comme  cu(l)  troumai.  Le  Bourguignon  Gui 
Barôzai  s'exprime  ainsi  : 

J'airein  su  l'harbe  varde 
Fai  le  cutimblô. 

Culage.  Redevance  exigée  des  nouveaux  mariés  étrangers  par 
les  jeunes  gens  compatriotes  de  la  mariée.  Bien  souvent,  encore 
aujourd'hui,  lés  jeunes  gens  s'opposent^  par  des  farces  diverses  et 
plus  ou  moins  singulières  et  amusantes,  à  ce  que  le  jeune  marié 
passe  tranquillement  la  première  nuit  avec  son  épousée  :  souvent 
aussi,  il  achète  ce  repos,  qu'on  lui  dispute,  par  un  cadeau  qu'on 
appelle  le  culage. 

Défense  à  tous  jeunes  hommes,  estrangers  ou  autres,  qui 
prendront  filles  en  ce  lieu  de  Bouillon  en  mariage  de  donner 
à  ladite  Jeunesse  aucune  bienvenue,  culage  ou  tel  autre  droit 
que  l'on  puisse  noinmet'. 

{Ord.  de  Bouillon,  maud^  de  1669) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  891 

Cunet,  cunette.  —  Dans  l'expression  :  Boire  à  cunkt  ou 
CUNETTE,  il  faut  comprendre  que  le  buveur,  qui  est  un  gourmand^ 
boit  tout  le  contenu  de  son  verre,  de  sorte  qu'après  l'opération, 
le  vase  a  le  cul  net. 


Daingnie(r),  v.,  daigner. 

Mes  onques  tant  ne  vos  prisa 
Qu'il  vos  daingnast  contremander. 

(Rom.  de  Renart) 

Danses,  s.  f.  pi.  On  dit  plus  volontiers  :  aller  aux  danses,  j'vas 
{v)oir  les  danses,  et  moins  souvent  aller  au  bal,  je  vais  voir  la 
danse. 

Aussi  proprement  et  bien  aiïublé  qu'une  fillette  qui  va  aux 
danses. 

(Nouvelle  fabrique) 
Darni-ion.  —  A  Douzy,  darnié. 

Apres  mult  doucement  li  prie 
Que  il  ne  facent  esdarnie 
Mais  par  mesure  voisent  tuit. 

(Blancandin) 

De,  prép.,  employée  dans  certaines  expressions  qui  fixent  des 
dates  :  J'tû  palrai  ça  d'  limdi  en  huit. 

Eslargi  à  Guodeffroy  Lalerîiant,  en  la  matière,  et  à  la  cau- 
tion autrefois  donnée,  jusques  à  de  ditnenche  en  VIII  jours. 
(1332,  Reg.  crimin.  S^  Martin  des  champs) 

Déboursie(r),  v.,  débourser. 

Débrêler,  v.,  contraire  de  brêler,  desserrer  la  corde  à  brêle. 
—  Devant  quil  d'  déërêler  le  cher,  on  retirerai  'n  gerbe  ou  deux. 

Decont(r)ei  C'est  peut-être  l'ancien  terme  deeoste,  A  côté;  tout 
près. 

Sèëz^vdiis  fcl  declosiè  rti. 

(Baptême  de  C lavis) 

Décrami-iie(r),  t.j  démêler,  dêsenchevêtrer,  contraire  d'acra- 

mi-iie(r).  —  I  n'sant  mi  foutus  d'  DÉcRAMi-iiE(a)  leu{r)s  affaires. 

Défeilli(r),  v.,  dépourvoir  de  feuilles.  —  Via  d'jà  iBS  lit-tus 

tout  DÉFEILLIS. 

Defeiid(r)e.  v.,  fendre  :  Lundi  j'dkfendrans  nos  bûches. 

Déferloqué,  adj.,  déguenillé,  en  guenilles,  en  ferloques.  — 
Ta   rappelles-tu  c'tella  qui  chantot  au  casino,  qu'élût  toute 

DÉFERLOQUÉE. 


892  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Défon:;ie(r),  v.,  défoncer. 

Défré-iie(r),  v.,  défrayer.  On  a  dit  autrefois  défrelier. 

Li  rois  d'Engleterre  defretia  le  roy  de  Chypre  de   tout  ce 
que  il  et  ses  gens  despendirent. 

(Froissart) 

Défri-iie(r),  réchaulFer,  ôler  le  froid.  —  A  peu  près  inusité  à 
présent.  —  Quoi  'c  quù  t'fais  comna  d'vant  le  fu  ?  —  /  faut  bin 
qu'on  s'  DÉFRiE  in  peu  !  ons  est  tou(t)  ajalé. 

Du  véoir  trop  me  défrioie. 

(Le   Voir  iil) 
Dégainde,  s.  f  ,  dégaine,  allure. 

Dégau-iie(r),  v.,  rejeter,  non  pas  vomir,  un  aliment,  une 
chose  mauvaise  qu'on  a  déjà  mâché  ;  recracher.  —  Voyez 
r'dégau-iie(r). 

Déglaïné,  adj.,  éparpillé,  jeté  pêle-mêle,  tête  bêche.  —  Se  dit 
des  chalumeaux  d'une  gerbe  que  l'on  a  secouée  et  répandue  de 
tous  côtés. 

Dégrapper,  v.,  dégrafer. 

Dégratter. 

Un  vilain 
Se  dégratoit  delez  son  feu. 

(Fabliau  de  la  m.) 
Dégriôloue(r),  s.  m.,  glissoire. 

Déliach.ie(r),  v.,  tirer,  arracher. 

Tant  l'ont  tiré  et  desachie 

Que  tôt  l'ont  mort  et  esquachiez. 

{Rom.  de  Renart) 

Déhachie(r),  v.,  fréquentatif  de  hacher,  couper  à  la  hache. 

Cuisiés de  char,  de  veel,  et  la  dehachies  bien  menu. 

(Viandier  de  Taillevent) 

Déhanchie(r),  v.,  déhancher.  —  P.  p.,déhanchie. 

Déhuchie(r),  v.,  partir,  sortir  d'un  lieu  où  on  se  cachait.  — 
Déloger,  s'en  aller. 

Déjoind(r)e. 

Nos  deux  cuers  qui  jamais  ne  porront  desjoindre. 

(Le  Voir  dit) 

Le  dit  seigneur  de  Bourgogne   s'en  povoit  desjoindre  et 

faire  paix  avec  le  Roy. 

{Monstrelet) 


GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS  893 

Déjugie(r),  v.,  déjuger. 

Déla-iie(r)  et  délais sie(r). 

Je  vois  morir  sans  délaier. 

(Mireour  du  monde) 

Déina-iie(r),  déinaillie(r),  v.,   rompre   les   mailles.  —  Bon! 

via  m'caclienez  qu'est  tout  dûma-iie. 

Et  Tauberc  de  son  dos  desrant  et  desmailla. 

(A  toi) 
Démanchie(r},  v.,  démancher. 

Démein-nagie(r),  v.,  déménager. 

Démett(rie,  v.,  se  dit  d'un  membre  dont  les  parties  se  dépla- 
cent ;  luxer.  —  P.  p  ,  démins,  démettu.  —  J'nVai  demins  rpou- 
gncl. 

Démetture,  s   f.,  luxation  (d'un  membre). 

Démoli(r\  v.,  démolir. 

Dent,  s.  m.  On  prononce  souvent  dat  :  J'ai  mau  les  das. 

Dépairer,  v.,  détruire  la  paire,  déparier. 

Départagie(r),  v.,  départager. 

Dépiécie(r). 

Et  si  la  dé  pièce 
Et  en  fait  mainte  beie  pièce. 

(Dit  des  hochicrs) 

El  ce  que  l'un  faict  l'autre  despièce. 

{Dance  macabre) 

Quant  il  sera  cuit,  dcspiécès  par  morssiaux. 

(Viandier  de  Taillevent) 

Dépiquer,  v.,  fréquentatif  de  piquer. 

Il  m'ont  tût  dépiqué  le  dos. 

(Rom.  de  Renart) 
Dépouillie(r). 

Quant  aucun  despoulli  se  sent. 

(Ad>'ocacie  N.-D.) 
Derre,  v.,  dire. 

Aussi  fout,  est,  cen  seut  l'en  derre  (ce  a-t-on  coutume  de  dire) 
A  bien  garder  et  aquerre. 

(Clef  d'Amour) 
Descende. 


894  GLOSSAIEB   DU   MOUZONNAIS 

De  la  descendue  des  Sarrazins  de  Grenade  sceust  tosi  nou- 
velles, 

[H^*  du  Gueselin) 

Dessaisi(r),  v. ,  dessaisir. 

Dessoili(r). 

La  mer  boit  les  vents  qu'elle  enserre, 
La  mer  le  soleil  qui  tout  voit  : 
De  lui  la  lune  se  dessoive. 

(Remy  Belleau) 
Désui)i(r),  v.,  désunir,  séparer. 

Détend(r)e,  v.,  distendre,  relâcher,  étendre. 

Détournai  (cul).  —  Voy.  Cul  Troumai. 

Détrawer,  v.  fréq.  de  trawer,  trouer,  percer  de  nombreux 
trous.  —  //   ai  reçu  'n  charge  dû  plombs^   s'saurot  étot    tout 

DÉTRAWÉ. 

Détrenchie(r),  v.,  découper  en  petits  morceaux  ou  tranches, 
larder  de  coups  de  couteaux  :  i  li  avot  détrenchie  toute  la  joue. 

Il  ne  nos  dira  mie,  vos  fustes  hostoier 

Et  en  estranges  terres,  Sarrazins  destrenchier. 

(Thibaud  de  MarlyJ 
Détressie(r),  v.,  dénouer  les  tresses. 

La  dame  estoit  eschevelée, 
Fors  tant  qu'une  tresse  tressie 
Avoit,  et  l'autre  destressie. 

(Machaut,  Voir  dit) 

Devantie(r).  —  Signifie  aussi  le  contenu  du  tablier. 

Et  lor  dona  si  grans  dons  riches. 
Hanas  d'argent,  copes  dorées 
K'en  aportoit  à  devantees 
As  chevaliers. 

(Estoire  de  la  guerre  sainte) 

Item,    pour    Caresrae  :  deux   devantiers    vies,    de    drap 

encendrés. 

(Inventaire  Clémence  de  Hongrie) 

Devéni(r). 

De  mort  passerons  les  destrois 

Et  devenrrons  comme  ces  trois. 

(Trois  morts  et  trois  vifs) 

Dêver  (tu  me  fais),  tu  m'ennuies^  tu  te  moques,  tu  m'en  fais 
accroire.  —  Vieux  verbe  desver,  s'égarer,  devenir  fou,  perdre  le 
seus. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  895 

Et  li  prestres  ert  revenuz 

De  paumoison  et  relevez 

Vers  eus  en  vint  trestoz  desi)ez  (ahuri). 

(Rom.  de  Renart) 

Dire.  Ici,  dit-il  se  traduit  par  qu'i  dit.  A  la  frontière,  ou  pro- 
nonce disti. 

Dieu  te  benéie,  dist-il 

les  tu  ce  Renart  le  Gorpil  ? 

(Rom.  de  Renart) 

Dires,  diries,  s.  pi.,  bavardages,  racontars.  —  Tout  ça  c'est 
des  DIRES,  n'  faut  mi  zy  croire. 

Dite,  dit.  —  Ledite  faucheron  ai  don  té  à 

Dize,  prononciation  de  dix.  —  Il  étaint  pus  d'à  bize.  —  Aux 
cartes,  c'est  le  dizk  qu'on  appelle  la  manille  et  l'as  lii  manillon. 

Dodiner. 

S'elle  trouve  qui  la  dodine 

Elle  chaume  du  jour  la  plus  part. 

(Passetemps  d^oysiveté) 
Doie^  doigt. 

Deus  dois  et  plaine  paume  fist  Testrier  alongier. 

(Aiol) 

Don(c),  conj.  donc.  Employé  souvent  interrogativement  : 
quoi'  ce  quii  j'  feros  bin,  don(c]  ?  —  Quoi'  ce  quû  j'  devinrans, 
don(c)  ? 

Va  dont,  fait  li  rois. 

(Rom.  de  Renart) 

Dormeus,  s.  m.,  dormeur,  qui  aime  à  dormir. 

Doubles  (deux,  trois,  quatre...). 

Si  le  coulés  parmi  une  nappe  en  //  ou  en  trois  doubles. 

(Viandier  de  Tailleoenl) 

Doubler,  v.  J'doubelle,  fdoubellerai. 

Doublée.  —  Ou  dit  d'une  famille  qui  a  deux  enfants  jumeaui, 
qu'elle  a  une  doublée  :  Çute  Jeanne-là  e(sl)  étonnante^  elle  ai  iu 

trois  DOUBLÉES. 

Doucemat,  adv.,  doucement. 

Doudouille,  s.  f.,  raclée,  roulée,  trempe,  tatouille. 

Doumage,  s.  m.,  dommage.  —  Voy.  damage. 

Doûtrois,  c'est-à-dire   deux  ou  trois,   un  petit  nombre.   — 


896  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

C'ii'ctot  vin  quû  c'  foire-là  :  tVi  avot.  doutrois  marchands,  pis 
rin  ! 

Dragon,  s.  m.,  cerf-volant  en  papier  servant  de  jouet. 

Droit  (au). 

Au  droit  des  murs  du  chaste!,  fil  l'abbé  sa  mine.  .  . 

(Chroniq,  du  Guesclin) 

Les  lices  furent  préparées  sur  le  grant  marchié  au  droit 
dii  l'hostellerie  de  la  Clef. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Droitie(r),  s.  m.,  qui  se  sert  surtout  de  sa  main   droite.  — 
Opposé  à  Gauchieir). 

Droit  nœud. 

Car  c'est  11  droit  neus  del  vilain 

Qu'il  soit  tosjors  de  bonneinain  (souple) 

Vers  celui  de  qui  à  peor, 

(Partonopeus) 

Diid'  pour  la  prép.  de  :  Duo'  Qv'est  ce   qitii  Iv    le  plains  ^f  — 
Dud'  quoi  'ce  quii  lu  te  plains  ? 

Chaïm,  bel  frère,  entent  à  moi  ! 
—  Volenliers,  ore  de  dequoi, 

(Adam,  drame) 

Veu  qu'on  l'appelloit  tousiours  du  depuis 
Lutèce  des  Parrisiens. 

(André  Thevet.   Cosmographie) 

Et  du  depuis  toujours  dans  les  autres  se  luit. 

(Foresteries  de  Vauquelin) 
Dttmain,  adv.,  demain. 

Dur  (alcnd(re).  —  Être  sourd  ou  entendre  difficilement. 

Durci(r),  v.,  durcir. 

Duremat,  adv.,  durement. 

Duvet,  s.  m.,  couvre-pied  fait  avec  le  duvet  et  les  petites  plu- 
mes de  loie. 


E  final  sonne  éie,  eille.  —  Voyez  introduction. 

Quant  el  fu  faite  et  achevcif 
A  seint  Michiel  l'a  présentete. 

(Rom.  iW'  S»  Michel) 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  897 

Des  chartes  lorraines  du  xiii«  siècle,  publiées  par  M.  Bonnardot, 
nous  présentent  les  mots  :  citei,  communauté/,  faucelet,  véritei, 

trinitei,  grei,  volentet,  kmei,  priei,  trouvée  donei,  etc Dans 

les  mêmes  chartes,  on  relève  les  finales  eir  pour  cr  des  verbes  de 
la  première  conjugaison  :  rédameir,  demandée';',  doweir,  parletr, 
doutc'iV,  etc.  Pareillement  dans  les  ciiartes  de  Nivelles  du  xiv»  siè- 
cle on  relève  :  manière  ordeneie,  assignée,  empetrei,  jureii,  etc.  ; 
fiableteii,  libertec's,  vollenteii,  veritei^,  etc.  ;  empêtre/'r,  jureir, 
wardei'r,  demorei/',  doubte»',  etc. . . 

Ecaillet.  —  Voy.  Ca-iel^  noix.  —  Terme  employé  à  Douzy. 

Echaper,  v.,  esquiver.  —  J'ai  co  échappi':;   la  maladie  pou(r) 
c'fois  là. 

Echaurer,  v.,  signitie  aussi  échauder,  passer  à  l'eau  chaude, 
—  On  ferot,  p'I  H'  bin  c^'écuaurer  in  peu  les  assiettes. 

Echesse,  s.  f. ,  échasse. 

Li  tiers  ke  Tieris  oi  non 
Saut  sus  ces  e'chesses. 

(Pastourelle,  Meyer) 
Echielle;  à  Douzy,  échîle. 

Je  pourrois  monter  aus  nues  sans  eschiele. 

(Machaut,  Voir  dit) 

Les  Françoys  qui  tousjours  assailloient  par  eschielles  et 
par  mines. 

(Chron,  du  Guesclin) 
Echiélette. 

Celé  echiélette  par  delà, 
El  Diex,  com  très  bien  son  ele  a. 

[Rom.  de  Renart) 

Ecofle.  —  On  trouve  écouvies  dans  les  Coutumes  de  Hai- 
naiit  :  ordures,  balayures,  etc. 

Ecorchie(r). 

Bien  li  ont  les  gueules  torchies 
Et  les  anguilles  escorchies. 

(Rom.  de  Renart) 

Ecouter,  v.,  avec  le  sens  d'obéir  :  C't  afant  là  n'  sait  c'  quû 
c'est  que  d'ÉcourER  :  jamais  i  n'  dirai  oui  à  c'  qu'on  li  coumande. 

Ecumures,  s.  f.,  écume,  ce  qui  vient  au-dessus  du  pot  qui 
bout. 

Egrouins,  s.   m.    pi.,  grains  qui  tombent  des  gerbes  qu'on 
déplace  dans  la  grange  ou  sur  le  charriot. 

57 


898  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Embarras  (n'i  ai  ponl  d')y  exp.  il  n'y  a  pas  de  danger,  cela  ne 
peut  être.  —  N'  crois-tu  pas  que  la  sœur  ai  oubli-iie  ?  —  N'i  ai 

pont  d'EUBARRAS  I 

Emi-iie(r). 

Et  devant  chiaus  qui  ne  pooient 

Maskier  le  pain,  dimenuisoit 
Et  esmtoit  et  débrisoit. 

{Miracles  de  S.  Eloij) 

Enclumiau,  s.  m.,  petite  enclume  portative  dont  use  le  fau- 
cheur pour  battre  et  aiguiser  sa  faux. 

Endroit  soi.  Présente  aussi  le  sens  d'égalité,  de  parité. 

Sa  maistresse 

Qui  mult  sovent  li  dist  et  prie 
Que  ele  doint  sa  druerie 
U  a  chevalier  u  à  roi 

Qui  fu  de  parage  endroit  soi. 

(Blancandin) 
Englouti(r),  v.,  engloutir. 

Eiigourdi(r),  v.,  engourdir. 

Enjôleus,  s.  m.,  enjôleur. 

Enju-e,  s.  m.,  enjeu.  —  L'e  final  est  mouillé. 

Enrichi(r),  v.,  enrichir. 

Enseveli(r),  v.,  ensevelir. 

Entier,  s.  m.,  cheval  étalon,  non  hongre.  —  Ce  son  ier  sonne 
iille. 

Entende,  s.  f.,  entente. 

Entonner,  v,,  entonner. 

Entreteni(r),  v.  —  Voy.  Aleurtènifr). 

Entrouverre,  v.,  entr'ouvrir. 

Envi-iie(r),  v.,  envier. 

Epardre. 

Et  ne  s'oseront  mie  espardre  ne  mètre  en  le  chité. 

(Rob.  de  Clari,  £"5^.  de  Coustantinoblé) 

Eperonner,  v.,  éperonner. 


aLOSSAlRE   DU    MOUZONNAIS  899 

Eperounie(r),  s.  m.,  ouvrier  qui  fabrique  les  éperons. 

Epine  blanche,  s.  f.,  aubépine. 

Epinée,  s.  f.,  échine  de  porc,  morceau  de  viande. 

Eplumures,  s.  nn.,  écorces,  ce  qu'on  ôte  en  grattant  l'écorce 
de  l'osier,  etc. 

Epouillie(r),  épou-iie(r),  v.,  épouiller,  ôter  les  poux. 

Epucie(r),  v.,  ôter  les  puces. 

Equarreus,  s.  m.,  ouvrier  charpentier  qui  équarrit,  taille  les 
poutres,  arbres,  etc. 

Erres. 

Après  dist  li  dux  que  il  voloit  XXV  m.  mars  d'ères  à 
comraenchier  le  navie. 

{Estoire  de  Coustantinoble) 
Esclopé. 

Et  puis  Vesclopée  cohorte 

De  Testât  d'Amour  donne  foy. 

{Triumphe  de  Dame  V.) 
Escuser. 

Et  se  faute  y  a  ou  redites  maladie  m'escusera. 

{Voir  dit) 
Espédi-iie(r),  v.,  expédier. 

Esquélette,  s.  m.,  squelette. 

Essai-iie(r),  v.,  essayer. 

Estaller,  v.,  étaler,  —  et  aussi  installer,  établir.  —  Est-ce  quH 
n'ai  mi  iu  V  toupet  d'  s'estaller  à  la  table  dou'ce  quu  j'man- 
geains ! 

Je  les  laisse  à  ces  pauvres  coquins 
Pour  estaller  et  tenir  leur  boutique. 

(Testament  de  Ragot) 
Etend(r)e,  v.,  étendre. 

Etout;  et-tout.  —  Voy.  Etou. 

Et  autre  chose  et  tout,  que  je  n'ose  dire. 

(Chanson,  dans  Larivey) 

Il  en  partit  si  content,  et  elle  et  tout. 

(Brantôme) 

Etrangie(r),  étrangière. 


900  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

Qufi  servy  soyes  en  ma  maison 
De  vous  mieulx  que  d'une  estraiigiere. 
(Farce  des  Femmes  qui  font  refondre  leurs  maris) 

Etrillie(r),  étri-iie(r),  v.,  étriller. 

Eveillie(r),  év-éiie(r). 

Mes  lors  corra  uns  vont  jjor  le  mont  anoier 
Et  après  une  voiz  por  les  mors  esveiliicr. 

(Thibaut  de  Marly) 
Exigie(r),  v.,  exiger. 


Façouner.  v.,  façonner. 

Faîne.  —  Corrigez  : 

Et  vivent  comme  sauvechin.e  (bê;e  sauvage) 
De  la  glant  et  de  la  faîne. 

(Chreslien  de  Troyes.  Rom.  de  Guillaume) 
Faire. 

Bons  escoliers  leur  eclypse  suyvront 
Qui  fairj,  bref  les  collieges  descheoir, 

(Pronostication  générale  d' Habenragcl) 

NouveauI.K  regens  desquelz  chascun  suppose 
Qu'iiz  ne  fuiront  jamais  un  seul  delTault. 

(Idem) 
De  cola  je  vous  faire  taire. 

(Farce  de  Jenin) 
Fait  (à). 

En  après,  yceulx  François  cherchoient  les  Anglois,  et 
à  fait  que  ils  se  trouvoient,  les  mettoient  à  l'espée. 

(Monslrellel) 

Fanchette,  s.  f. ,  ficliu,  foulard  que  les  femmes  mettent  à  leur 
tête  en  guise  de  coiffure  avec  une  certaine  coquetterie. 

Faraud. 

Et  moût  i  gaaingnèrent  grant  avoir,  et  moût  en  vint  à 
Rains,  dont  tels  i  ot  qui  moût  firent  bien  leur  ferraut 
(variante  :  feret,  lleretj. 

(Mcneslrel  de  Reims) 
Fau,  faux,  prononcez  faue,  hêtre. 

Une  grant  machuo  de  fau 
Que  trova  pendant  à  -I-  clau. 

(Fabliau  de  Longue  nuit) 

Faucer,  v.,  elfacer.  —  Voyez  Fouler. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  901 

Faule,  était  primitivement  Fanle. 

Il  y  ait  VIIII  f amies  :  li  dui  cloisirier,  H  refroiluriers,  li 
charpantiers,  lis  mastres  keus  et  dui  keu  desoz  lui,  et  dui 
formier. . .  Tiiit  li  famle  doient  eslre  à  la  cène. 

(iionnardot,  Arch.  de  Metz^  1210) 

Faut,  Faurai,  Faurot,  employés  sans  le  pronom  sujet  : 
Jean^  faurai  aller  à  Itoucoût  au  soir  —  Faurot  bin  monder  les 
vaches  anoul  —  Fallot  ralrer  pus  toi. 

Mais  faut  revenir  à  dire 

(Commynes) 

Et  bien  souvent  falloit  qu'ils  revinssent  sur  queue  (en  arrière). 

(W.) 
Fédric,  n.  pr.  Frédéric. 

Et  de  rechief,  que  Fedcric  d'Espaigne  et  Federic  Lauce 

et  tous  les  autres  anemis 

{Chron.  de  Primat) 

Femie(r). 

P'iit  femie(r),  p'tit  guernie(r). 

(Proverbe) 
Fenau. 

Dame  Claire  et  Cunins  li  bestancierent  (contestèrent)  ou 
cours  de  fenal  (prononcez  fenau). 

(Cartul.  S^  Vincent  de  Metz) 

Fende. 

Cette  fendure  est  tout  près  dudit  pertuis. 

(5'  Voyage  en  Jhérusalem) 

Fersinner,  v,  n.,  grouiller,  remuer  à  la  façon  des  mouches. 
—  Il  y  a  aussi  le  substantif  fersln,  qui  emporte  l'idée  de  bruisse- 
ment, de  bourdonnement.  —  On  dira  d'une  chambre  où  les  mou- 
ches volent  et  bourdonnent  :  Écoule  donc,  que  fersin  !  —  Ok  ! 
comme  ça  ferslnme!  —  Fersin^  bacin,  tocsin  ne  seraient-ils  pas 
trois  mots  exprimant  sensiblement  la  même  idée  de  férir,  battre, 
toquer  (c'est-à-dire  frapper)  le  sin  ou  la  cloche  ? 

Fêteux,  s.  m.,  invité  d'une  maison  dans  un  village  où  il  y  a  la 
fête, 

Feub(l)e,  Faib(l)e,  adj.,  faible.  —  Choir  faire  :  il  ai  chu 
FAIRE  tout  d'in  coup,  comna^  il  s'est  pâmé,  il  est  tombé  en  syn- 
cope subitement. 

De  fain  estoit  et  (loibe  et  vaine. 

(Rom.  de  Renart) 
Fiancie(r), 


902  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Mais  au  vallet  pour  descouvrir 
Li  fait  fiancier  et  plévir 
Qui>  il  jamais  n'en  parlera. 

(Blancandin) 
Fiert,  adj.,  Acre,  acide. 

Tes  celliers  doit  estre,  contre  septentrion,  froit  et  oscur,  et 
loing  de  baing  et  d'estable,  et  de  four  et  de  cisterne  viez,  et  de 
toutes  choses  qui  ont  fieres  odors. 

(Li  livres  dou  Trésor) 

Filé. 

Or  a  fille f  or  a  serans 
Desvidoir  et  petiz  et  grans. 

(Eust.  Deschamps) 
Fla-ïau. 

Comme  blé  de  jarbe  s'escout 
Au  flayau  et  sault  hors  de  paille. 

(Passetemps  d'oysivelé) 
Fleurer,  v.,  flairer,  renifler,  sentir. 

Mais. . .  en  retrayant  vont  chaçant 
Et  les  ruisseaux  s'en  vont  fleurant. 

(Gace  de  la  Buigne) 
Florette. 

Et  les  autres  cuillent  la  rousée  par  dessus  les  floretes. 

(Li  Trésors) 

Fo-ïon.  Fouant  est  le  nom  de  la  taupe  dans  le  Roman  de 
Renart. 

El  Noirons  le  Fouans  fouoit. 

(Rom.  de  Renarl) 

Folle   avain-ne,    s.    f.,   sorte   de  graminées  ressemblant   à 
l'avoine. 

Fond(r)e,  v.,  fondre,  dissoudre. 

Fontinette,  s.  f.,  petite  fontaine.  —  Nom  de  lieu. 

Une  claire  gouttelette 
Qui  vient  d'une  fontinette. 

(Tabourot,  Bigarrures) 
Forcie(r),  v.,  forcer. 

Formacerie,  Farmacerie,  s.  f.  Pharmacie. 

Fouein-ner,  v.,  travailler   avec  la  fouenne,  fouiller.  —  Tu 
FOUEN-NERAis  les  cduadas,  f  Ics  ramasserai. 

Fougnier.  Au    figuré  :   flairer,  renifler,  sentir  comme  pour 
chercher. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNAIS  903 

Fouillie(r),  foû-iie(r),  v.,  fouiller,  fouir. 

Fouler,  v.,  effacer,  comme  faucer.  —  Au  jus  d' cartes,  on 
yocLE  des  points  quand  on  ai  fait  in  nomb(r)e  convenab{l)e  dû 
plies. 

Fourchie(r),  v.,  se  séparer,  faire  la  fourche.  —  Tourner  brus- 
quement. —  A  la  place  dou'  c'  quiX  l'chemin  fourche. 

Car  il  seoit  ou  coing  dou  flun  qui  fourche. 

{Ménestrel  de  Reims) 

Frad.  On  emploie  l'expression  :  ajaler  d'  frad,  pour  dire  qu'on 
a  très  grand  froid  et  qu'on  en  est  incommodé  et  malade. 

Fraichi(r),  v.,  fraîchir,  devenir  frais. 

Fraisie(r),  fraigie(r),  s.  m.,  fraisier. 

Franche,  s.  f.,  frange.  —  Remarquons,  à  ce  propos,  que  le 
Roman  de  Renart  écrit  ordinairement  granche  pour  grange.  Du 
reste,  cette  prononciation  germaine  est  courante  sur  les  rives  de 
la  Chiers  et  à  Mouzon  même. 

Fraudeus,  s.  m.,  fraudeur,  contrebandier. 

Fraze. 

...  Où  ils  sont  regresillees  en  frase  de  veau  blanc. 

(Pourpoint  de  Dame  V.) 
Fremer. 

Fremez  les  huis  que  les  aions. 

(Blancandin) 

Fromentaye  (cerise  de).  —  Fruit  de  taille  intermédiaire  entre 
la  merise  et  la  cerise  ordinaire,  sucré  et  doux,  néanmoins-  sau- 
vage. 

Froncie(r),  v.,  froncer. 

Quant  l'ot  Alimodes  li  rois 
De  mautalent  froncist  le  nés. 

(Blancandin) 

Front,  s.  m.,  toupet,  hardiesse  :  Çute  fille  là  ai  in  front,  on 
nii  l'  croirot  pas  !.. .  est  effrontée,  hardie 

Froumage. 

Toujours  put  fourmage  merdeux. 

(Secrets  et  loix  de  mariage) 

Froumi.  Signifie  aussi  fourmillement  :  J'ai  des  froumis  das  les 
pie(ds). 


904  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

Il  me  disait 

. . .  Qu'il  n'a  si  gros  qu'un  fremy 
Le  cueur  ne  les  boyaulx. 

(Farce  du  munyer) 

Los  fromis  sentant,  la  pluie  à  venir,  portent   le  bief  en 

leurs  tavernes. 

(Songe  du  vergier) 

Fu,  prononc.  fu-ie.  —  Employé  souvent  pour  incendie. 

Li  waite  sur  les  clochie  ou  autre  personne  ne  doit  furir  ou 
bestor  (frapper  au  battant  de  la  cloche)  pour  cry,  pour 
rumour  ou  pour  fue,  jusque  li  fue  soit  fur  dou  toit. 

(Arch.  de  Fribourg,  cité  par  Godefroy) 

Et  qu'il  n'aporte  fu  ne  flarae 
Qui  la  cité  brûle  et  enflame. 

(Machaut,   Voir  dit) 
Fumelle. 

S'il  y  avoit  quelque  fumelle  —  Qui 

(Farce  de  Jenin) 
Fumeus,  s.  m.,  fumeur. 

Fumière. 

Si  sentoie  en  moy  une  ardure 

Enlremellée  de  froidure 

Et  pleine  de  tele  matière 

Qu'elle  art  sans  feu  et  sans  fumière. 

(Machaut,  Voir  dit) 

Il  ne  vous  peut,  pour  faire  fumière,  deshériter. 

(Chr.  de  Jehan  le  Bel) 
Fusillie(r),  fusi-iie(r),  v.,  fusiller. 

Fuye^  s.  f.,  fuite  —  Resté  dans  le  nom  de  village  La  Neuville 
en  Tourne-à-FUYE. 

Par  une  viese  porte  en  fuie  sont  torné. 

{Chanson  d'Antioche) 


Gâchie(r)^  v.,  gâcher. 

Gaffe.  —  Voy.  Gavi-ion. 

Jus  li  eust 
Caupée  le  tieste,  ne  fust 
L'aubiers  dont  ot  le  gave  plaine 
K'il  ot  mangié. 

(Renart  le  Nouvel) 

Gaïne  (Train-ner  la).  Signifie  aussi  :  traîner  ses  chausses^  ses 
gitHres,  flâner,  rouler,  passer  son  temps  à  ne  rien  faire.  Voyez  ; 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  905 

Train-ner  la  gaïne.  Le  terme  de  gaine  a  été  conservé  dans  la 
Comté  où  il  signifie  guenille,  vieux  vêtement,  sale  ou  déchiré, 
dénotant  la  misère  ;  et  traîner  la  gaïne  c'est  être  misérable. 

Galette  (c'est  de  la)  pareille  au  pain,  expression  par  laquelle 
on  énonce  qu'une  chose  est  de  même  nature  qu'une  autre  dont  on 
prétendait  la  différencier,  et  en  particulier  que  tel  individu  est 
une  canaille  comme  tel  autre  dont  on  vient  de  parler. 

Galop,  s.  m.,  réprimande  sévère,  vive,  brutale.  —  Elle  méri- 
tot  bin  l'  GALOP  qu'  son  père  II  ai  foulu. 

Gangne. 

Il  ne  fault  doubler  que  nul  jour  sans  perte  et  gaigne  ne  se 
passât. 

(Commynes) 


Gangnîe. 
Garce. 


Garnlment. 


Notre  Dame  !  ville  gaignie. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Las  !  sire,  j'ay  vu  madame 
Bailler  au  bourrel  en  ses  mains 
Et  il  n'en  fait  ne  plus  ne  mains 
Qu'il  feroit  d'une  povre  garce, 

(Marquise  de  Gaudine) 

Que  les  rues  soient  pavées 
Et  de  pailes  encortioées 
El  de  tires  et  de  cendaus 
Et  de  garnimens  principaus. 

(Blancandin) 

Garrou-iie(r).  —  D'où  l'on  a  pu  tirer  Garrouaqe  (vadrouille) 
que  l'on  voit  employé  dans  une  pièce  de  VAnc.  théâtre  françois. 

Hélas  !  si  vous  povez  garder 
Ma  femme  d'aller  en  garrouage, 
Vous  ferez  le  plus  grant  ouvraige 
Qu'oncques  feistes,  en  ma  conscience. 

(Farce  d'ung  mary  jaloux) 

Gauchi(r),  v.,  gauchir,  guinchir,  se  gondoler. 

Gaumouner.  —  Le    normand   dit   Cômotii,   le   bourguignon 
Caumé. 


Gavi-ion. 


Quar  une  areste  de  poisson 
Li  aresta  ou  gaoion. 

(Fabliau  du  Vilain  mire) 


906  GLOSSAIRE    DU    MOUZONNAIS 

Prenez  vostre  poulaille  et  leur  coupes  le  gavion. 

(Viandier  de  Taillevent) 
Gémi(r),  v.,,  gémir. 

Genre. 

Et  fu  baus  tant  comme   il  vesqui,  pour  la  jonesce  de  son 
genre,  qui  juenes  estoit  et  enfantis. 

(Ménestrel  de  Reims) 

Gens. 

Et  il  lor  dit  que  li  sanlot 
Qu'uncques  ne  vist  plus  bêle  gent. 

(Marie  de  France) 

En  cest  mireour,  ma  belle  gent 
Mirez-vous. 

(Mireour  du  monde) 

Ce  est  en  son  raileu  que  les  gens  apelent  abisme. 

(Li  livres  dou  Trésor) 

Genti(l),  gentille,  adj.,  aimable,  bon,  bien  disposé,  bien 
élevé.  —  Il  est  moût  genti(l)  poii(r)  sa  mère,  allez!  &t  afant  là. 

Germin,  germain-ne. 

La  fille  du  Roy  d'Escoce  seur  germainne  de  madame  la 
daulphine. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Gérô  pour  Gérau(rd),  gérâ(rd),  s.  m.,  nom  que  Ton  donne 
souvent  au  geai  ou  Jacques. 

Geron. 

Se  il  chet  poudre  en  son  geron 
Escorre  la  deis. 

(Clef  d'amour) 

Gigi(er),  s.  m.,  gésier.  —  Le  «  Ménagier  »  écrit  jugiers.  — 
S'étend  à  l'estomac  d'un  gourmand,  d'un  ivrogne  :  s'a'n  ai-l-i 
fourré  das  V  gigi. 

Godron,  s.  m.,  goudron.  —  C'est  le  nom  que  la  vieille  langue 
donnait  à  l'amidon. 

Goulette,  s.  f.,  tuyau  d'écoulement  pour  l'eau  d'une  source, 
d'un  évier. 

Gouttes,  s.  f.,  maladie;  s'emploie  encore  au  pluriel  comme 
jadis. 

Pour  ces  jours  était  le  comte  de  Hainaut  gisant  au  lit  delà 

maladie  des  gouttes. 

(Froissart) 


GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS  907 

Grossier,  adj.,  gros.  —  C'es(l)  in  homme  grand,  fort,  p(l)U' 

tôt  GROSSIER  ! 

Guerdin. 

Par  autant  que  je  suis  (très)  gay 
Le  guilledin  chacun  m'appelle. 

(L'Escuyrie  des  Dames) 

Guernie(r).  —  P'iit  femie(r),  p'iit  guernie(h)  (Proverbe). 

Comment  Faifeu  fist  monter   son  cheval   au  guernier    à 
l'avoyne. 

(Pierre  Faifeu) 

Gueule  dû  lion  ou  de  loup  ou  de  leu,  s.  f.,  plante,  le  muflier. 

Habillie(r), 

Il  est  temps  de  faire  deppart 
Et  de  nous  aller  habillier 
Car  ennuyt  nous  convient  veillier 
Sur  le  troppeau,  chacun  pour  soy. 

(Mistère  de  la  Passion) 
Haricotie(r). 

Lors  11  demande  que  c'estoit 
Qu'il  ert  ainsi  Haligotez. 

(Fabliau  de  la  Bourse  plaine  de  sens) 

Si  vesti  une  povre  cote 
Où  il  ot  mainte  haligote. 

(Idem,  par  Jean  le  Galois) 

Haria,  s.  m.,  tracas,  bouleversement.  —  Voyez  Hari-iie(r). 

Hari-iie(r). 

Parbieu,  j'en  suis  bien  plus  harié. 

(Farce  du  Cuvier) 
Haussie(r). 

Et  li  vilain  avoit  haucie 
Por  moi  ocirre  la  coingnie. 

[Rom.  de  Renart) 

Haut  la  côte.  Dans  le  Roman  de  Renart^  le  vers  436  : 
Hersent  a  la  cuisse  haucie 
parait  être  une  expression  équivalente  de  haut-la-côle. 

Havet,  s.  m.,  sorte  de  fouenne  retournée  en  croc,  ou  de  boyau 
à  deux  dents.  —  On  trouve  havel  et  havol  dans  l'ancienne 
langue. 

Herde.  ' 


908  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Et  tantost,  comme  il  l'a  trouvé 
Emmy  la  herde  s'est  boulé. 

(Gace  de  la  Buigne) 
Hougneries 

Quer  bien  pensa  que  sa  besoigne 
Seroit  toute  tenue  à  hoigne. 

(Advocacie  N.-D.) 
Hougnie(r). 

Ceci  est  pour  nous,  qui  qu'en  hongne. 

(G.  Chastellain,   Dialogues) 

Nuyct  et  jour  n'y  faict  que  hongner. 

(Obstination  des  femmes) 

Moût  s'esmervelle 
Dont  il  ne  les  (les  chiens)  ot  resquinnier, 
Usler  ne  braire  ne  vuingnier. 

(Fabliau  de  la  Longue  nuit) 
Houme. 

Il  loist  bien  à  Vhoume  à  soy  deffendre  contre  son  seigneur. 

(Beaumanoir) 
Huchie(r). 

Il  vint  à  l'uis,  si  l'a  (sa  mie)  huchie 
Celé  se  lieve^  son  huis  euvre. 

(Fabliau  de  la  Bourse  plaine  de  sens) 


lauque,  pr.  ind.,  quelque  chose,  chose  :  On  dit  ;  Cn'est  mi 
gran(d)  iauque  quû  d'ioue,  ce  n'est  pas  grand'chose,  c'est  un 
mince  ou  triste  personnage.  —  J'ai  té  puni  pou(r)  pas  gran(d) 
IAUQUE,  j'ai  été  puni  pour  bien  peu. 

Iche,  terminaison  verbale  fréquemment  employée  à  la  fron- 
tière belge  vers  Carignan  et  Orval.  — Faurot  ÇWM  j' mettiche  ùi 
clau  là. 

Volons  que  les  dessus  dites  Chartres  demeurechent  tenues. 

{Chartes  de  Nivelles,  1372) 

Et  mandons. . .  que  aidèchent  à  tenir. 

(Id.) 

Nous  ottrions  que  li  dessusdis  consiaus  mettechent  leurs 

journées. 

(/d.) 

Icoler. 

lyeskès,  des  tables  et  des  dés 
De  tout  çou  fu  bien  escales. 

(Blancandin) 

le,  lie,  terminaison  des  participes  passés  des  verbes  de  première 
conjugaison  dont  la  finale  ancienne  était  ordinairement  iev. 


GLOSSAIRE   DU   MOUZONNÀIS 

Ainsi  serez  glori/'ùe 

Dame,  après  cesle  mortel  vie. 

La  Déesse  est  paci/î//e 
Apaisantée  et  adoucie. 


909 


(Voir  dit) 


(là.) 


Ingivane,  s.  m.  Ne  s'emploie  que  dans  Paposlrophe  -.Ohî 
TiNGiVANE  !  c'est-à-dire  quel  singulier  et  compliqué  personnage  ! 
quel  drôle  d'être  !  est-il  bizarre  ? 

I(r).  —  Corrigez  : 

Li  Loherains  nel'  mist  pas  en  ohli 

En  T.oheraine  vosl  II  dus  TQvem(r). 

(Garni) 

Ismérie    —  Je  trouve  : 

Anna  et  Esmeria  furent  II.  screurs  charnels.  —  De  oeie 
Esmerie  nasqui  Elizabeth  et  Eleiuist^,  de  Eleiuist  qui  l'u  frère 
Elisabeth  nasqui  Eminan,  de  Eminan  nasqui  saint  Servais. 

(Li  livres  dou  Trésor) 

Hismeria  porta  sainct  Servais. 
(Ane.  poés.  Vlll,  la  Marguerite  des  Vertus) 


Jalée.  —  Rétablissez  la  citation  qui  précède  ce  mot. 

En  yver  en  lai  jallée. 

(Abexllaire  des  pastorelles,  Meyer) 

Jalice,  adj.,  gelive.  —  La  pierre  dû  BuUon  n'est  mi  jalice. 

Jaubi-iie(r).  —  En  quelques  pays,  Jau  est  le  nom  du  coq  ou 
du  mâle  de  l'oie  (jars)  que  nous  appelons  gaude. 

Jauser,  v.,   parler.    S'emploie    couramment    à   Francheval  : 
I  sant  (v)oisins,  i(ls)  n'sû  jadsant  pourtanl  mi! 

Jezeuph,  prononciation  de  Joseph. 

Joind(r)e. 

Et  puis  se  joindirent  les  chevaux. 

(Olivier  de  la  Marche) 

Jouette,  s.  f.,  muscle  du  haut  de  la  cuisse,  à  l'intérieur.  —  Se 
dit  aussi  pour  la  rotule. 

Jouquer. 

Y  sont  iouquez,  mère,  nos  gehnes. 

{Friquassée  crotestyllonnéc) 

Jusqu'à  là.  —  Jusque-là,  jusqu'ici. 


910  GLOSSAIRE   DU    MOUZONNAIS 

Et  ferirent  coursiers  des  espérons  et  vinrent  jusques  à  là 
et  demandèrent  :  Qu'est-çou  ? 

(Froissart) 

Keud(e),  v.,  cueillir.  —  Voy.  Cueûdre. 

Mais  n'i  keudrai  nul  jor 
Fruit  ne  foille  ne  llor. 

(Quesnes  de  Bethune) 


Là-delez,  ci-delez,  prép.  adv.  —  Ici,  là,  tout  près. 

L'aumaille  de  celé  champestre 
Vile  qui  est  ici  delez. 

(Rom.  de  Renart) 
La-iie(r), 

Si  trouvèrent  ces  ij.  galies  que  on  leur  avoit  laiies. 

(Rob.  de  Clari,  Estoires  de  Coustantinoble) 
Liaissie(r]. 

Famé  n'est  de  rien  tant  courouchie 
Corne  quant  por  autre  est  lessie. 

(Clef  d'Amour) 

Laissez  l'en  paix,  il  se  confortera. 

(Ch.  d'Orléans) 

Lapine^  s.  f.  Boisson  préparée  pour  les  animaux  malades,  les 
jeunes  animaux,  et  faite  d'eau  adoucie  par  du  son.  —  De  lapper? 

Lès,  lez. 

Par  après  ce  tu  dois  veer  (voir) 
Qui  leiz  vous  se  voudra  seer  (seoir). 

{Clef  d'Amour) 
Lie,  pron.  régime  féminin  —  elle. 

Qui  a  lie  (la  Vierge)  de  cuer  se  marie 
Ne  peut  avoir  nulle  deffaute. 

(Advocacie  N.-D.) 

Nul  ne  peut  un  soûl  mot  souner 
Fors  lie  (ceste  dame). 

{Idem) 
Ne  n'aveit 
Environ  lie  d'aiguë  une  goûte 

{Rom.  A/«  S«  Michel) 

Mais  a  lie  unques  n'aloucha. 

[Idem) 
De  penser  a  lie  nuit  et  jour 
Sans  prendre  repos  ne  seiour. 

(Clef  d'amour)^ 


glossaire:  du  mouzonnais  911 

Lors  ta  dame  salueras 

Et  bien  près  de  lie  te  treras. 

(Idem) 
Ligière,  légère. 

Car  assès  plus  ligière  est  la  vie,  où  on  puet  avoir  sans 
grant  travail  ce  que  mestiers  est  en  cors  et  en  ame. 

(Purgatoire  S'  Patrice) 
Ligièremat. 

Il  sauta  de  plain  sault  hors  de  la  salle,  aussi  ligièrement 
que  s'il  n'eust  heu  que  le  pourpoint. 

(Olivier  de  la  Marche) 
Li,  part,  de  Lire. 

Quant  i  fu  leiz  (l'évangile)  et  fu  alée 
Tote  l'offrande  et  fu  chantée. 

(Roman  M'  S'  Michel) 

Puis  a  tôt  leit  le  brief  avant. 

fldem) 
Li,  pour  lui. 

Et  tout  ce  que  je  ly  ay  dit,  je  /y  ay  dit  en  confession 

Se  je  iî/  ay  de  riens  menty  de  ce  que  je  ly  ay  dit. 

(Voir  dit,  Lettre  de  Peronne) 
Lipe,  s.  f.,  lèvre. 

Et  lors  manda  li  cuens  de  Tripe  (Tripoli) 
A  qui  toz  jors  pendeit  la  lipè. 

(Ambroise,  Estoire  Guerre  sainte) 
Liter. 

Veu  tu  liter  a  may. 

(Friquassée  crotestyllonnée) 
Lizarde. 

Salemandre  est  resemblable  à  petite  lisarde 

(Li  Trésors) 

Et  les  laïsardes  qui  les  feroient  parmi  les  prés. 

(Purgatoire  5'  Patrice) 

Lober.  —  On  trouve  loben  en  allemand,  lob  en  anglais. 

Je  ne  le  die  mies,  ce  sachiés,  chiers  sires  pour  vous  lober. 

(Froissant) 
Londemain,  s.  m.,  pour  lendemain. 

Et  londemain  au  matin  s'en  revient  tuit  le  clergie  à  l'uis 
de  la  fosse. 

(Purgatoire  S'  Patrice) 
Lon,  loin. 

Li  diable  le  menèrent  Ions  vers  avant. 

(Purgatoire  S'  Patrice) 

Il  convient  partir,  ma  suer  et  raoy  pour  aler  à  'IIII-  lieues 
long. 

(Voir  dit) 


912  GLOSSAIRE    DU   MOUZONNAIS 

Longain-ne,  s.  f.,  planche  longue  et  étroite. 

Loriou,  Louriou.  —  Voy.  Lorieu. 

Ce  fut  en  mai,  que  la  rose  est  florie 
Uoriouz  chante  et  li  mauviz  s'escrie. 

(Gérars  de  Viane) 

L'orieus  chante  en  la  saule  ramée. 

(Ogier  le  Danois) 
Lou. 

Vos  lou  feistes  gaitier  là  où  nos  lou  meismes. 

(Saint  Graal) 
Louiberquin. 

Wibrequin  qui  en  françois  est  appelé  un  foret  à  percer  vin. 

(Olivier  de  la  Marche) 
Lumer. 

Car  quant  li  solaus  et  desor  nos,  et  il  alume  ci  où  nos 
somes,  il  ne  puet  pas  alumer  de  l'autre  part  ;  et  quant  il 
alume  de  là,  il  ne  puet  pas  alumer  de  ça. 

(Li  livres  dou  Trésor) 

Lumière,    instrunnent    propre    à    éclairer.    —    Allume     in' 

LUMIÈRE. 

Louvette  ou  louvière. 

...   En  sa  loviere  (ceinture) 
Portoit  ades  or  et  argent. 

■    .  (Miracles  S»  Éloi) 

{A  suivre)  N.  Goffart. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  avec  un  vif  regret  la  mort  du  coltinel  Lesieur, 
qui  avait  pris,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  sa  rclrailc  à  Cliâlons. 

M.  Lesieur  appartenait  à  l'ancien  corps  d'état-nnajor,  et  y  avait 
fait  toute  sa  carrière.  Chef  d'escadron  après  la  campagne  de  1859 
en  Italie,  il  avait  été  allaclié  en  cette  qualité  à  la  l"  division  mili- 
taire, à  Clullons,  jusqu'au  moment  où  éclata  la  guerre  de  1870. 
Devenu  alors  lieutenant-i;oloneI,  il  prit  part,  sous  le  général 
Ulrich,  à  la  glorieuse  défense  de  Strasbourg,  et  mérita  la  croix 
d'officier  de  la  Légion  d'honneur. 

Pendant  les  années  qui  suivirent,  il  fut  quelque  temps  employé 
à  Paris,  puis,  devenu  colonel,  il  fut  nommé  chef  d'élat-major  de 
la  12«  division  d'infanterie,  nouvellement  créée,  à  Reims.  Après  sa 
retraite,  il  vint  se  fixer  à  Cliûlons,  où  il  s'était  allié  à  une  honora- 
ble famille  et  où  il  a  vécu  ses  dernières  années  entouré  de  l'estime 
publique. 

Les  obsèques  du  colonel  Lesieur  ont  eu  lieu  à  Châlons,  le  6  octo- 
bre, en  l'église  cathédrale.  Les  honneurs  militaires  ont  été  rendus, 
devant  la  maison  mortuaire^  par  deux  compagnies  du  I06«  de 
ligne,  sous  les  ordres  d'un  chef  de  bataillon. 

Les  cordons  du  poêle  étaient  tenus  par  MM.  le  général  Lafouge, 
le  colonel  Joppé,  le  commandant  Matheu  et  M.  Cornet,  inspecteur 
honoraire  d'Académie. 

Dans  l'assistance,  très  nombreuse,  on  remarquait  le  colonel 
Joannès,  du  lb=  chasseurs,  accompagné  d'un  officier  supérieur  du 
même  régiment,  M.  le  colonel  Loyer,  commandant  la  G''  légion  de 
gendarmerie,  plusieurs  officiers  de  la  garnison. 

Au  cimetière,  M.  le  général  Lafouge  a,  d'une  voix  entrecoupée 
par  l'émotion,  retracé  la  vie  de  celui  qui  fut  pendant  quarante  ans 
son  camarade  et  son  ami,  et  auprès  duquel  il  avait,  pendant  plu- 
sieurs années,  servi  à  l'état-major  de  l'ancionne  4<=  division  mili- 
taire de  Châlons-sur-Marne. 

Pendant  que  parlait  le  général  Lafouge,  le  canon  du  camp  de 
Châlons,  retentkSLant  au  loin,  semblait  ponctuer  les  paroles  de 
l'orateur,  et  ajoutait  à  l'impression  causée  par  ce  solennel  adieu 
au  vaillant  soldat  de  Traktir,  de  Magenta  et  de  Strasbourg. 


M.  Thomas  Frédéric-Moreau,  qui  vient  de  mourir  à   Paris  le  21 
octobre,  dans  sa  cent- unième  année,  était  assurément  l'un  de  nos 

58 


914  NÉCROLOGIE 

archéologues  les  plus  juslemeiil  réputés;  ce  qui  lui  conslilue  une 
sifualion  unique  parmi  les  archéologues,  c'est  l'âge  auquel  il 
débuta  dans  la  carrière  :  il  avait  soixante-quinze  ans. 

Il  s'occupa  exclusivement  des  époques  gauloise,  gallo-romaine 
et  mérovingienne,  et  en  vingt-cinq  ans  il  découvrit  et  fouilla,  dans 
l'Aisne  et  dans  la  Marne,  plus  de  seize  mille  tombeaux  dont  les 
richesses  lui  composèrent  une  collection  très  importante.  Cette 
collection,  il  l'a  décrite  dans  une  publication  de  grand  luxe,  super- 
bement illustrée,  intitulée  Album  Caranda^  du  nom  du  moulin 
au  pied  duquel  il  fit  ses  premières  fouilles.  Cet  ouvrage  a  été 
réservé  exclusivement  par  son  auteur  aux  musées  et  bibliothèques 
et  à  ses  amis  et  confrères  en  archéologie. 

Chaque  vendredi,  les  salons  de  son  musée  de  la  rue  de  la  Vic- 
toire s'ouvraient  gracieusement  aux  visiteurs,  pourvu  qu'ils  fus- 
sent initiés  de  près  ou  de  loin  à  la  science  archéologique  dont  l'ai- 
mable vieillard  s'était  si  généreusement  épris.  Ceux  qui  ont  eu  la 
bonne  fortune  d'admirer  ces  trésors,  recueillis  avec  tant  de  zèle 
fructueux  et  de  noble  persévérance,  garderont  certainement  le  très 
vif  souvenir  de  ce  petit  homme  alerte  et  pimpant,  malgré  le  siècle 
qui  pesait  sur  sa  tête  chenue,  et  qui  faisait  avec  une  bonne  grâce 
un  peu  brusque  les  lionneurs  de  ses  magnifiques  collections. 

Les  trésors  archéologiques  réunis  par  M.  Moreau  ne  seront  pas 
dispersés  ;  ce  zélé  archéologue  a  voulu  qu'après  lui  ses  collections 
fussent  réunies  à  celles  du  Musée  national  de  Saint- Germaiu-en- 

Laye. 

* 

Le  26  octobre  a  été  célébré  dans  l'église  de  Roche-sur-Rognon 
(Haute-Marne),  un  service  solennel  pour  le  repos  de  l'âme  de 
Georges  Bailly-Foriillières,  le  jeune  et  malheureux  explorateur 
dont  on  a  annoncé  le  massacre  à  Zolou  (Côte  occidentale  d'Afri- 
que), en  mai  dernier.  On  avait  étroitement  associé  à  cette  pieuse 
cérémonie  le  souvenir  de  tous  ceux  qui  sont  tombés  avec  lui,  bien 
qu'on  conserve  encore  quelque  lueur  d'espoir  au  sujet  de  son  com- 
pagnon, M.  Adrien  Pauly. 

Le  R.  P.  Didon,  dont  Bailly  fut  l'élève  à  l'École  Albert-le-Grand 
et  qui  avait  su  reconnaître  et  apprécier  la  fière  et  généreuse 
nature  du  jeune  homme,  avait  tenu  à  apporter  aux  parents  et  aux 
amis  de  Georges  Bailly  le  témoignage  et  l'appui  de  sa  grande 
voix. 

C'est  au  milieu  d'un  concours  énorme  d'assistants,  débordant 
les  murs  de  l'église  du  village,  que  le  célèbre  orateur  dominicain 
a  pris  la  parole.  Il  a,  en  quelques  mois  brefs  mais  émouvants, 
rendu  un  hommage  mérité  à  ces  jeunes  gens  de  vingt-cinq  ans 
qui,  «  ayant  conçu  un  grand  et  utile  dessein,  sont  tombés  héroï- 
quement en  le  réalisant  ». 

Dans  l'assistance,  un  grand  nombre  de  prêtres  du  diocèse,  les 


NÉCROLOGIE  915 

délégations  de  divers  régiments  auxquels  Georges  Baiily  avait 
appartenu,  et  toutes  les  notabilités  du  pays  étaient  venus  rendre 
au  vaillant  explorateur  un  dernier  témoignage  d'alFection  que  ren- 
dait plus  louchant  encore  l'empressement  unanime  de  toute  la 
population  ouvrière  et  agricole  de  la  région. 


Le  général  du  génie  Charles-Remy  Cadart,  grand-ollicier  de  la 
Légion  d'honneur,  qui  vient  de  s'éteindre  le  21  novembre,  âgé  de 
quatre-vingt-cinq  ans,  en  son  château  de  Quinçay,  près  de  Meus- 
hes  (Loir-et-Cher),  était  une  belle  ligure  militaire. 

Issu  d'une  moile«le  famille  rémoise,  il  avait  de  qui  tenir  comme 
vaillance  ;  car  son  père,  vieux  soldat  de  l'Empire,  avait  reçu  trois 
blessures  à  la  bataille  de  Wagram. 

Né  à  Reims  en  1813,  il  s'était  distingué  lors  des  débuts  si  péni- 
bles de  la  conquête  de  la  province  de  Constantine  et  avait  été 
décoré  de  la  Légion  d'honneur  à  l'âge  de  vingt-six  ans. 

En  1837,  il  fut  associé  pendant  sept  ans  aux  grands  travaux  de 
construction  de  l'enceinte  de  Paris  ;  en  1849,  de  retour  en  Algérie, 
il  fut  promu  chef  de  bataillon. 

Pendant  la  campagne  de  Crimée,  il  se  signala  dans  la  conduite 
des  attaques  de  Bomarsund  et  dans  les  tranchées  devant  Sébas- 
topol. 

En  1870,  promu  général  de  brigade,  il  fut  nommé  commandant 
du  génie  du  12"  corps  d'armée. 

Placé  dans  le  cadre  de  retraite  le  10  octobre  1878,  il  a  écrit  ses 
Mémoires  sur  la  campagne  d'Algérie,  aiu?i  que  plusieurs  ouvrages 
littéraires  très  estimés. 

Sur  la  tombe  du  général  Cadart,  le  général  de  division  Delam- 
bre,  inspecteur  de  la  défense  du  littoral,  qui  a  eu  un  commande- 
ment à  Reims  il  y  a  quelques  années,  et  qui  fut  aide  de  camp  de 
Cadart,  a  mis  en  relief,  dans  un  chaleureux  discours,  les  qualités 
morales  et  les  vertus  militaires  de  notre  concitoyen,  dont  le  por- 
trait figure  au  Musée  de  Reims,  dans  la  galerie  des  rémois 
illustres. 


On  annonce  la  mort  du  commandant  Royer,  ancien  député  de 
l'arrondissement  de  Montmédy  et  ancien  questeur  de  la  Chambre 
des  députés,  décédé  presque  subitement  à  Spincourt  (Meuse),  à 
l'âge  de  soixante-treize  ans. 

M.  Royer  était  né  à  Sey-Chazelles,  près  de  Metz,  le  25  octobre 
1825.  Elu  député  en  1879,  il  fut  réélu  quatre  fois,  mais  ne  s'était 
pas  représenté  aux  dernières  élections. 

Il  eut  une  carrière  politique  et  militaire  des  plus  honorables.  Il 
était  à  la  bataille  de  Sedan  et  s'illustra  en  défendant  héroïque* 


91 G  NÉCIIOLOGIE 

ment,  avec  une  poignée  de  soldats,  le  pont  de  Bazeilles^  mais  il 
avait  abandonné  rarniéc  quelques  années  après  la  guerre. 

C'était  un  bonime  d'une  droiture  et  dune  modestie  qui  lui 
avaient  valu  l'estime  générale  et  rafTection  de  tous  ceux  qui  le 
connaissaient  et  l'approchaient. 

Ses  obsèques  ont  eu  lieu  à  Spincourt,  commune  dont  il  était 
maire,  l.e  commandant  Rover,  qui  était  il  y  a  quelque?  jours 
encore  en  parfaite  santé,  avait  accepté  de  présider,  le  3  décembre 
prochain,  à  Paris,  le  banquet  amical  de  l'Association  des  meuniers. 


Le  comte  Ernest  Armand,  ancien  ministre  plénipotentiaire, 
conseiller  général  et  ancien  député  de  l'Aube,  commandeur  de  la 
Légion  d'honneur,  est  décédé  le  28  novembre  1898,  en  son  hôtel 
de  la  rue  Franklin^,  à  Paris,  dans  sa  soixante-dixième  année. 

Il  était  fils  d"un  ancien  député  de  l'Aube,  et  petit-fils  du  célèbre 
membre  de  l'Institut  et  ministre  d'état  Monge. 

INé  à  Paris  le  6  mars  1829,  après  avoir  terminé  ses  éludes  de 
droit,  il  entra  dans  la  diplomatie  comme  aitaché  d"aml)assade  à 
La  Haye,  le  1"  mai  ISoO.  Successivement  attaché  d'amitassade  à 
Londres,  le  3  mars  1854;  au  Cabinet  du  ministre,  le  2i-  février 
lSo.'3  ;  rédacteur  au  Cabinet,  le  6  novembre  1859  ;  chargé  d'aifai- 
res  à  Hanovre,  de  novembre  Ib02  à  avril  1863;  prcmier^secrétaire 
à  Rome,  le  l(i  mars  1864;  chargé  d'affaires  dans  cette  ville  du 
13  juillet  au  16  octobre  1865,  du  26  octobre  au  lo  décembre  1866, 
et  du  4  août  aii  lo  novembre  1867  ;  chef  du  Cabinet  du  ministre 
des  Affaires  étrangères,  le  20  juillet  1869  ;  minisire  plénipoten- 
tiaire de  deuxième  classe,  le  27  décembre  I8C9;  envoyé  extraor- 
dinaire et  ministre  plénipotentiaire  à  Lisbonne,  le  12  avril  1870, 
il  fut  nommé  ministre  plénipotentiaire  de  première  classe,  sans 
poste,  le  13  décembre  1877,  mis  en  inactivité  de  service  avec  trai- 
tement le  7  mars  1878,  et  enfin  admis  à  la  retraite  sans  traite- 
ment en  1880. 

Dès  lors,  relire  dans  ses  propriétés  de  l'Aube  et  conseiller  géné- 
ral do  ce  département  pour  le  canton  d'Arcis-sur-Aube,  il  se  porta, 
comme  candidat  monarchiste,  aux  élections  générales  du  22  sep- 
tembre 1889,  dans  l'arrondissement  d'Arcis-sur-Aube,  et  fut  élu 
par  4, .305  voix  contre  4,211  dormées  au  candidat  républicain.  Che- 
valier de  la  Légion  d'honneur  le  2  avril  18'j6,  il  fut  promu  officier 
le  14  août  1866  et  commandeur  le  10  février  I87;j. 

Doué  des  plus  rares  qualités  du  diplom  te  et  de  l'homme  politi- 
que, qualités  dont  il  donna  maintes  preuves  dans  les  situations 
délicates  où  le  placèrent  les  événements,  le  comte  Armand  savait 
faire  également  apprécier,  dans  la  vie  privée,  soc  oaraclère  ser- 
viablo,  sa  courtoisie  parfaite  et  la  sûreté  de  son  expérience  et  de 
son  commerce.  11  laisse,  de  son  premier  mariage  avec  Mlle  Hain- 


NÉCROLOGIE  917 

beaux,  un  fils,  le  vicomte  Abel  Armand,  ancien  officier  de  cava- 
lerie, et  une  fille,  mariée  au  comte  Krançois  de  la  Rochefoucauld- 
Bayers. 

Les  obsèques  du  comte  Armand  ont  eu  lieu  le  1"'  décembre 
1898,  en  l'église  Notre-Dame  de  Grâce  de  Passy,  sa  paroisse,  et 
l'inbumation  a  eu  lieu  dan?  le  caveau  de  la  famille,  au  cimetière 
de  Passy. 


On  annonce  également  la  mort  : 

De  M.  Louis-Dorcène  Buaclie,  ancien  chef  d'institution,  décédé 
à  Epernay  (Marne),  à  l'âge  de  75  ans. 

M.  Buache,  qui  était  d'une  famille  distinguée^,  originaire  de  l'ar- 
rondissement de  Sainte-.Mencliould,  laisse  plusieurs  enfants,  parmi 
lesquels  M,  l'abbé  Buache,  curé  de  Saint-Martin  d'Ablois  ; 

—  De  M.  l'abbé  Jean-Philippe  Marthe,  curé  de  Viilers-Marmery 
(Marne),  décédé  le  1^''  octobre  1S9S,  ù  l'âge  de  74  ans  ; 

—  De  M.  Achille  Coleile,  ancien  banquier  à  Vouziers  (Arden- 
nes),  décédé  le  7  octobre  1898,  à  Paris- l'assy,  dans  sa  soixante- 
seizième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  10,  on  l'église  paroissiale  de  Vouziers  ; 

—  De  M.  Edouard  Penaud,  avocat  à  la  Cour  d'appel^,  décédé  à 
Chàteau-Viliain  (Haute-.Marne),  à  luge  de  53  ans  ; 

—  De  M.  Carteron,  juge  d'instruction  à  Troyes,  décédé  à  l'âge 
de  38  ans. 

Il  avait  été,  il  y  a  quelques  années,  substitut  du  procureur  de  la 
République  à  Châlons; 

—  De  M.  Jules-Auguste  Henry,  médecin-vétérinaire,  maire 
d'Esternay  (Marne),  conseiller  d'arrondissement,  délégué  cantonal 
et  ciievalier  du  Mérite  agricole,  décédé  le  17  octobre,  dans  sa  cin- 
quante-huitième année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  à  Esternay,  le  20,  au  milieu  d'une  nom- 
breuse assistance.  Au  cimetière,  trois  discours  ont  été  prononcés 
par  le  sous-préfet  d'Epernay  ;  par  le  D-"  Masson,  vice-président  du 
Conseil  d'arrondissement,  et  par  le  D''  Dunand,  ami  du  défunt; 

—  De  M.  Fignier,  ancien  notaire,  conseiller  général  et  juge  de 
paix,  décédé  à  Signy-l'Abbaye  (Ardennes),  le  18  octobre  1898,  à 
l'âge  de  73  ans  ; 

—  De  M.  Bidoyen,  ancien  directeur  des  contributions  directes  à 
Mézières,  décédé  dans  cette  ville  après  avoir  pris  sa  retraite  à 
Laon,  au  mois  de  janvier  dernier  ; 

—  De  M.  l'abbé  Nicolas- François  Muzy,  curé  de  Champagne,  au 
diocèse  de  Versailles. 

M.  l'abbé  -Muzy  était  originaire  de  Sévigny-la-Forèt  (Ardennes)  ; 
après  avoir  fait  ses  études  au  Petit  Séminaire  de  Reims,  il  suivit 
son  supérieur,  M.  Lambert,  à  Versailles,  où  il  fut  ordonné  prêtre. 


918  NÉCROLOGIE 

11  élail  curé  de  Champagne,  près  de  Ponloise,  depuis  une  tren- 
taine d'années  ; 

—  De  M.  Jean-GiiY-VicLor  de  Geffrier,  lils  du  général  de  Gef- 
frier,  décédé  à  Soudron  (Marne),  à  l'âge  de  19  ans. 

Les  obsèques  ont  été  célébrées  à  Soudron^  le    25  octobre  1898; 

—  De  M""=  Eugénie  Rovel,  en  religion  Mère  Joséphine,  supé- 
rieure de  la  Congrégation  de  Noire-Dame,  à  Reims,  décédée  le 
23  octobre  1898,  à  l'âge  de  82  ans.  Elle  était  née  à  Pourcy  (Marne), 
en  1813,  et  comptait  plus  de  soixante  années  de  vie  religieuse  : 
elle  était  supérieure  de  la  Congrégation  depuis  1870; 

—  De  M.  l'abbé  Baron,  curé  de  Caurel  (Marne),  décédé  le 
26  octobre  1898,  à  l'âge  de  62  ans. 

Les  obsèques  ont  été  célébrées  à  Caurel  le  29,  et  Tinhumalion  a 
eu  lieu  à  Reims,  le  même  jour,  au  cimetière  de  l'Ouest  ; 

—  De  M.  Jacques  Deullia,  décédé  à  Hanoï  (Tonkin),  le  9  novem- 
bre 1898,  à  l'âge  de  41  ans  ; 

—  De  iM.  Paul-Didier  Jacquemot,  chef  d'escadron  de  gendar- 
merie en  retraite,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  décédé  à 
Avioth  (Meuse),  dans  sa  soixante-quatorzième  année. 

M.  Jacquemot  avait  commandé,  en  qualité  de  capitaine,  l'ar- 
rondissement d'Epcrnay  ; 

—  De  M.  Paul  Senart,  avocat,  décédé  en  son  domaine  de  Com- 
bes-la-Ville  (Seine-et-Marne),  à  l'âge  de  38  ans. 

Il  était  fils  de  M.  Alexandre  Senart,  ancien  président  à  la  Cour 
d'appel  de  Paris,  ancien  membre  du  Conseil  général  de  la  Marne. 
Après  de  fortes  études  de  droit,  M.  Senart,  formé  à  bonne  école, 
s'était  consacré  entièrement  à  la  politique  militante  et  à  l'étude 
des  questions  agricoles.  Doué  d'une  grande  activité  et  d'un  rare 
talent  d'organisation,  il  avait  occupé  avec  honneur  le  poste  de 
secrétaire  du  Comité  des  Droites,  dont  le  président  était  M.  le 
baron  de  Mackau.  Il  était  devenu  ensuite  secrétaire  de  la  Société 
centrale  des  Agriculteurs  de  France,  et  prit  part,  à  ce  titre,  à  de 
nombreux  Congrès  régionaux. 

Les  obsèques  de  M.  Senart  ont  eu  lieu  le  mercredi  16  novembre 
1898,  en  l'église  Saint-Thomas  d'Aquin,  et  l'inhumation  a  eu  lieu 
à  Reims,  le  lendemain  17,  au  cimetière  du  INord,  dans  le  caveau 
de  la  famille  ; 

—  De  M.  François-André  Goulet-Gravet,  ancien  négociant  en 
vins  de  Champagne,  chevalier  du  Saint-Sépulcre,  décédé  à  Reims, 
le  i6  novembre  1898,  dans  sa  quatre-vingt-dixième  année. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  19,  en  l'église  Saint-Jacques  ; 

—  De  M.  Truchon,  directeur  de  la  Caisse  d'épargne,  président 
du  Conseil  de  fabrique  de  l'église  Notre-Dame  d'Eperuay,  décédé 
en  celte  ville  le  17  novembre  1898. 

Les  obsèques  ont  été  célébrées  le  20,  au  milieu  d'une  nom- 
breuse assistance  ; 


NéCROLOGIE  919 

—  De  M.  l'abbé  Lundy,  ancien  curé  de  Florent  (Marne),  décédé 
le  19  novembre  1898,  à  Sainte-Marie  à  Py  (Marne)  où  il  s'était 
retiré  ; 

—  De  M"»'-  veuve  Boucher,  née  Sophie-Mario  liiliy,  décédée  à 
Paris  le  20  novembre  1898,  dans  sa  quatre-vingt-sixième  année. 

Nous  adressons  à  son  fils,  l'éminent  statuaire  nogentais  Alfred 
Boucher,  l'expression  de  nos  plus  sympathiques  condoléances  ; 

—  De  M.  Leloup,  doyen  des  chantres  de  France,  décédé  à 
Grandpré  (Ardennes),  à  l'âge  de  93  ans. 

M.  Leloup  est  entré  au  service  de  l'église  de  Grandpré,  comme 
enfant  de  chœur,  à  l'âge  de  7  ans;  à  15  ans,  il  était  chantre 
attitré. 

Depuis  ce  jour  jusqu'au  13  octobre  deroiei-,  il  y  fut  d'une 
remarquable  exactitude; 

—  De  M.  Alfred  Baré,  lieutenant-colonel  d'infanterie  de  marine 
en  retraite,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  commissaire 
du  gouvernement  près  le  !•'  Conseil  de  guerre  maritime,  décédé 
à  Brest,  à  l'âge  de  63  ans  ; 

—  De  M.  Hache  de  la  Contamine,  percepteur  en  retraite, 
ancien  caissier  central  de  la  Société  d'assurances  La  Marine, 
décédé  à  Châlons,  le  22  novembre  1898,  à  l'âge  de  73  ans. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  25,  en  l'église  Saint-Loup. 


BIBLIOGRAPHIE 


Recherches  slatisliques  et  hiiitoriques  sur  le  village  de  Chdlons-sur-Vesle, 
par  Emile  Maussenet,  instituteur  en  retraite...  Reims,  Bron-Bour- 
quin,  189"^.  Gp.  in-S»  de  128  pages,  avec  10  planches  en  photolypie. 
Prix  :  'S  francs. 

Fruit  de  longues  recherches  de  géologie,  d'histoire  et  de  statis- 
tique, cette  monographie  a  été  couronnée  en  1897  par  la  Société 
d'Agriculture  du  département  de  la  Marne.  Son  auteur  a  voulu  en 
faire  bénéficier  les  habitants  et  les  amis  de  cette  intéressante 
petite  commune,  voisine  de  la  station  de  Muizon,  sur  la  ligne  de 
Reims  à  Paris.  Il  n'a  reculé  devant  aucun  sacrifice  pour  la  complé- 
ter, l'illustrer  et  y  comprendre  tout  ce  qui  peut  captiver  le  savant 
et  l'historien.  Une  lettre  de  M.  André,  inspecteur  de  l'Enseigne- 
ment primaire  à  Reims,  hii  sert  de  préface.  Souhaitons  à  cette 
œuvre  de  nombreux  lecteurs  et  imitateurs. 

H.  J. 


Le  livre  de  raison  de  Jacques-Quentin  Durand,  avocat  et  bourgeois  de 
Relhel  au  XVI II'  siècle,  suivi  d'une  chronique  des  faits  notables  surve- 
nus en  la  ville  de  Rethel  depuis  l'année  1627  jusque  1778,  document 
publié  d'après  le  manuscrit  original,  avec  une  introduction,  des  notes  et 
un  tableau  généalogique,  par  Albert  Baudon,  membre  du  Conseil  Héral- 
dique de  France.  —  Relhel,  G.  Beauvcrlet,  impr.,  1898.  Gr.  iu-8"  de 
xiv-103  pages,  avec  table  des  noms. 

L'introduction  donne  l'aperçu  et  la  raison  d'être  de  cette  publi- 
cation, inspirée  par  un  sentiment  très  intelligent  de  la  valeur  des 
documents  historiques  de  ce  genre.  Les  livres  de  raison  sont  rares 
dans  le  nord  de  la  France,  et  d'autant  plus  recherchés  sont-ils 
pour  les  mille  détails  qu'ils  donnent  sur  la  vie  domestique,  les 
généalogies  des  familles  bourgeoises  et  les  événements  locaux. 
Félicitons  donc  l'auteur  et  l'éditeur  de  cette  mise  au  jour  de 
mémoires  intimes  et  personnels. 

Grâce  à  la  conservation  du  manuscrit  original  dans  les  mains 
des  descendants  de  l'écrivain,  il  a  été  possible  de  l'étudier  dans 
toutes  ses  parties  et  de  le  copier  avec  une  scrupuleuse  exactitude. 
De  copieuses  annotations,  des  additions  et  la  table  des  noms  faci- 
litent les  recherches  et  en  doublent  l'intérêt. 

La  ville  de  Relhel  possédait  en  Jacques-Quentin  Durand  un 
excellent  citoyen,  allié  aux  meilleures  familles  de  la  contrée  et  pro- 
fondément imbu  des  fortes  traditions  de  l'ancienne  bourgeoisie. 
Avocat,  juge  en  garde  des  terres  du  prieuré  de  Novy,  procureur- 
syndic  de  Rethel,  il  parcourut  dans  l'exercice  de  ses  charges  tou- 


BIBLIOGRAPHIE  '    921 

tes  les  années  de  l'ancien  régime  sous  lequel  il  vivait.  Puis,  lors- 
que la  révolution  vint  confisquer  ses  charges,  il  passa  dans  une 
retraite  assez  pénible  les  dernières  années  de  sa  vie  el  mourut 
dans  sa  ville  natale  en  1799,  âgé  de  81  ans.  Son  journal  fera 
connaître  avec  profit  tous  les  détails  de  son  existence. 

H.  J. 


L'abbé  Ch.  Uiibain,  docteur  ès-letlre=.  L'abbé  Lcdieu,  hisioiùe/i  de  Bossuet. 
Notes  critiques  sur  le  texte  de  ses  Mémoires  et  de  so»  Journal.  (Extrait 
de  la  Picvue  d'histoire  littéraire  de  la  France,  n°'  des  15  octobre  1897 
et  15  juillet  1898.)  Paris,  Armaud  Colin  et  C",  in  8"  de  78  pag'-s,  tiré  à 
petit  nombre. 

On  sait  que  les  Mémoires  et  le  Journal  de  l'abbé  Ledieu,  secré- 
taire et  biographe  du  grand  Bossuet,  publiés  pour  la  première  fois 
en  1837  par  l'abbé  Guettée,  n'ont  pas  été  réimprimés  depuis. 
L'édition  étant  assez  médiocre,  notre  distingué  compatriote, 
M.  l'abbé  Urbain^  auteur  d'une  thèse  remarquée  sur  Coejfeleau,  a 
eu  l'heureuse  pensée  de  colialionner  les  textes  publiés  par  l'abbé 
Guettée  avec  les  manuscrits  originaux  et  autographes,  et  d'en 
signaler  les  fautes  assez  nombreuses.  De  ces  manuscrits,  celui  des 
Mémoires  est  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  dans  le 
n"  12,983  du  fonds  français;  celui  du  Journal  fait  partie  de  la 
riche  collection  de  documents  réunis  par  M.  Gazier.  Il  y  a  d'impor- 
tantes lacunes  dans  ce  Journal,  qui,  dans  son  état  actuel,  s'étend 
seulement  de  novembre  1699  au  24  juin  1713.  Or,  l'abbé  Ledieu 
était  entré  dans  l'intimité  de  l'évêque  de  Meaux  dès  l'année  1684,. 
et  plusieurs  allusions  se  rencontrent  dans  le  texte  que  nous  possé- 
dons qui  se  réfèrent  à  des  événements  antérieurs,  que  le  secrétaire 
avait  dû  noter.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  travail  critique  de  l'érudit 
abbé  Urbain  sera  désormais  d'un  précieux  secours  à  tous  ceux  qui 
voudront  s'éclairer  sur  ces  intéressantes  questions  d'histoire  reli- 
gieuse et  littéraire. 

A.  T.-R. 


Marie  Valyère.  —  Nuances  morales,  nouvelles  pensées.  Avec  Préface 
de  Gustave  GeiTroy.  — Paris,  Lemerre,  1899.  Inl8  br.  do  vii-194 
pages. 

L'auteur  des  Heures  grises  nous  donne,  en  ce  livre  élégant,  une 
Suite  aux  premières  séries  de  Pensées  publiées  en  1887. 

La  préface  révèle  clairement  son  nom,  et  il  n'est  point  indiscret 
de  le  répéter  ;  c'est  Mm«  Jules  iNeveux,  qui  consacre  ainsi  sa  vie 
sédentaire  à  Tobscrvation  recueillie  et  à  l'étude  pénétrante  des 
sentiments  humains. 

Lisez  d'abord  la  préface,  écrite  d'une  plume  sincère,  et  vous 
comprendrez  l'œuvre.  Vous  comprendrez  aussi  l'écrivain,  qui  «  a 
trouvé,  par  expérience  et  réflexion  personnelle,  des  motifs  pour 


922  BIBLIOGRAPHIE 

faire  tourner  à  son  profit  les  lois  imposées  par  la  vie  i.  Cet  exem- 
ple «  de  douceur  presque  inaltérable  »  ne  doit  pas  être  perdu. 

Lisez  ensuite  ou  parcourez  les  huit  chapitres  de  ces  Pensées. 
Profitez-en  dans  le  commerce  de  la  vie,  et  surtout  dans  Texercice 
de  votre  mission  sociale  vis-à-vis  de  ceux  qui  souffrent.  Il  y  a  dans 
le  chapitre  intitulé  :  Le  Bonheur  et  le  Malheur^  des  maximes  bien 
profondes  sur  la  sincérité  qu'il  faut  apporter  dans  l'assistance  des 
malheureux,  comme  dans  l'échange  des  condoléances  et  des 
consolations.  —  Empruntons  le  mot  de  la  fin  au  chapitre  Conseils 
et  Vérités  :  «  Puisque  nous  n'avons  pas  la  justice,  ayons  du  moins 

la  bonté.  »  H.  J. 

* 
*    ♦ 

Sommaire  de  la  Revue  d'Ardenne  et  d'Argonne  (novembre 
1898)  : 

D'  J.  Jailliot,  Le  livre  de  raison  de  Jean -Baptiste  Faveaux,  maîlre  d'école 

au  Chesne,  au  xviii»  siècle, 
Henri  Bourguignat,  Un  Musée  ethnographique  ardennais. 
Paul  Collinkt,  Le  droit  de  servage  dans  les  bois  des  Ardennes. 
Chronique.  —  l.  Ernest  Henry,  Un  livre  de  Jean  Jannon. 
H.  Un  portrait  de  Paul  Verlaine. 
Gravures.   —  1.  Lampe  de  foyer  ou  couperon. 

2.  Chambrière. 

3.  Serrure  en  bois  provenant  de  Villers-le-Thour. 

4.  Bâton  de  berger  et  quenouille. 


Sommaire   du  Bitlleli7i  du  Bibliophile  et  du  Bibliothécaire 
(15  octobre  li 


A.  Claudin,  Les  origines  de  l'imprimerie  à  Paris,  La  première  presse  de  la 

Sorbonne. 
Abbé  TouGARD,  Un  juxtalinéaire  de  i5S9. 

Eugène  Asse,  Les  Petits  Romantiques,  Jules  de  Rességuier  {suite). 
Léon  Grubl,  Les  Tbouv(niD,  relieurs  français  au  commencement  du  xix» 

siècle  (fin). 
Chronique. 
Livres  nouveaux. 


Sommaire  du   Bulletin  du  Bibliophile  et   du  Bibliothécaire 
(13  novembre  1898)  : 

Gustave  Macon,  Histoire  d'un  livre. 

Gaston  Doval,  Nouvelles  recherches  sur  Antoine  Vérard  et  sa  famille. 

Eugène  Asse,  Les  Petits  Romantiques,  Jules  de  Rességuier  (fin). 


BIBLIOGRAPHIE  923 

A.  Claudin,  Les  origines  de  l'imprimerie  à  Paris,  La  première  presse  de  la 

Sorbonne  {suite). 
Nécrologie. 
Chronique. 

Revue  de  publications  nouvelles,  par  M.  Gkohgiis  Vicaire. 
Livres  nouveaux. 


A  TRAVERS  LES  Revues.  —  La  Revue  de  Paris  du  15  novembre 
a  publié  une  fort  intéressante  élude  de  M.  Gaston  Paris  sur  la  dra- 
matique légende  des  Sepl  infants  de  Lara. 


CHRONIQUE 


Société  académique  de  l'Aube.  —  Séance  du  21  octobre  189S. 
—  Présidence  de  M.  le  comte  de  Launay..  président. 

Correspondance. 

M.  le  baron  J.  de  Baye  envoie,  de  la  capitale  de  la  province  du 
Daghestan,  son  meilleur  souvenir  à  la  Société. 

M.  de  Mauroy  annonce  qu'il  vient  d'être  nommé,  à  l'unanimité, 
correspondant  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris.  M.  le 
président  fait  savoir  aussi  à  la  Sociclé  que  M.  Charles  Baltet  a  été 
nommé  officier  du  Mérite  agricole. 

-M.  Papillon,  membre  correspondant,  adresse  une  élude  sur  Les 
Feuilles.,  accompagnée  de  plusieurs  dessins,  et  une  note  pour  éta- 
blir Vélymologie  celtique  des  noms  de  pays. 

M.  Morin  offre  à  la  Société  un  manuscrit  contenant  le  résultat 
de  ses  Recherches  sur  la  fabrication  des  cartes  à  jouer  à  Troyes. 


Société  historique  et  archéologique  de  Chateau-Thikrry.  — 
Séance  du  4  octobre  tS9S.  —  Le  D''  Corlieu  a  relevé  plusieurs 
notes  intéressant  l'histoire  de  Charly  et  qui,  pour  la  plupart,  pro- 
viennent des  Archives  de  l'Aisne  :  l6o3,  19  février,  information 
contre  des  individus  qui,  au  mépris  des  ordres  du  lieutenant  de 
justice  de  Charly,  se  sont  permis  d'enlever  nuitamment  avec  vio- 
lence le  moulinet  de  la  porte  de  Chnlons  et  de  rompre  la  barri- 
cade et  la  serrure  ;  —  1727  :  Droits  permis  à  Charly  par  l'abbesse 
de  N.-D.  de  Soissons  :  droits  de  vin,  d'afforage,  de  rouage  par 
pièce  de  vin,  de  place  à  la  halle,  de  péage  par  livre  de  marchan- 
dise, d'aulnage,  d'esgard  (dû  par  chaque  corps  de  marchands),  de 
langueyage  de  porc,  etc.;  —  1738-1741  :  Libéralités  par  M""^  De 
La  Haye,  veuve  de  l'ambassadeur,  et  Grenier,  originaire  de  Charly, 
pour  l'acquisition  et  la  réparation  du  grand  autel  ;  -  1747  : 
Réparations  considérables  faites  à  l'église  aux  frais  de  l'abbé  de 
Saint-Jean-des-Vignes,  de  l'abbesse  de  N.-D.  de  Soissons  et  du 
prieur-curé  de  Charly. 

La  Société  a  de  nouveaux  deuils  à  enregistrer  :  M.  l'abbé  Emile 
Henriet,  doyen  honoraire,  vient  de  s'éteindre  à  l'âge  de  G3  ans, 
laissant  la  réputation  d'un  prêtre  instruit,  zélé,  spirituel.  Après 
avoir  résigné  ses  fonctions  de  doyen  d'Oulcliy,  il  avait  accepté  la 
place  d'aumônier  du  pensionnat  de  Saint-Eugène,  qu'il  dut  aban- 
donner par  raisons  de  santé.  M.  l'abbé  Henriet  était  membre  cor- 
respondant depuis  l'année  J892. 


CHRONIQUE  925 

M.  l'abbé  Pécheur,  chanoine  honoraire  de  Soissons,  lauréat  de 
rinslitul,  officier  de  llnîtruclion  publique,  ancien  secrétaire,  vice- 
présidenl  de  la. Société  archéolOjjiquc  de  Soissons,  est  décédé  à 
Oulcli,\-le-Châleau,  son  pays  natal,  où  il  avait  pris  sa  retraite,  le 
l^""  octobre,  à  l'âge  de  85  ans.  Entre  antres  travau.x  ifnporlants 
pour  Thistoire  du  diocèse,  M.  l'abbé  Pécheur  a  publié,  en  dix  gros 
volumes  in-S",  les  Annales  du  diocèse  de  Soissons,  véritable 
œuvre  de  bénédictin  ;  il  était,  depuis  1874,  membre  honoraire  do 
notre  Société. 

MM.  Gustave  llenriet,  propriétaire  à  Chàtcau-Tliierry  ;  le  Frère 
Auxenco,  directeur  du  pensionnat  de  Saint-Eugène;  Lhonime, 
professeur  de  rhétorique  au  lycée  Janson  de  Sailly,  sont  élus 
membres  correspondants. 

Séance  du  S  novembre  IS98.  —  .U.  Frédéric  Moreau.  — 
Le  doyen  des  archéologues  français,  le  vénéré  président  d'honneur 
de  la  Société,  M.  Fr.  .Morcan,  s'est  éteint  à  Paris  le  21  octobre  der- 
nier ;  depuis  le  l*-""  juillet,  il  était  entré  dans  sa  cent-unième 
année. 

M.  Fr.  Moreau  avait  olé  longtemps  à  la  tête  d'une  importante 
maison  pour  le  commerce  des  bois,  et,  après  avoir  acquis  une  for- 
tune considérable,  dont  il  fit  le  meilleur  usage,  il  donna  son  temps 
aux  fonctions  publiques  ou  consulaires  :  conseiller  municipal  de 
Paris,  membre  du  Conseil  général  de  la  Seine,  puis  de  celui  de 
l'Aisne  ;  membre  du  Tribunal  de  commerce  de  la  Seine,  censeur 
de  la  Banque  de  France.  Nous  ajouterons  que,  pendant  tout  le 
temps  qu'il  résida  à  Fère-en-Tardenois,  il  se  montra  aussi  zélé 
pour  les  intérêts  de  la  ville  que  généreux  à  l'égard  des  pauvres. 

C'est  en  iSTi,  lors  de  la  première  visite  à  Caranda  (près  de 
Fère),  en  compagnie  de  la  Société  archéologique  de  Château- 
Thierry,  que  M.  Fr.  Moreau  commença  à  s'occuper  d'archéologie. 
Pendant  plus  de  vingt  ans,  ses  fouilles^,  habilement  dirigées  dans 
les  anciennes  nécropoles  :  Caranda,  Arcy,  Trugny,  Armenlières, 
Brucy,  lui  ont  permis  de  publier  de  magnifiques  albums  qui  font 
honneur  au  maître,  ainsi  qu'à  ceux  qu'il  intéressa  à  ses  travaux  ; 
parmi  ceux  ci,  nous  donnons  la  première  place  à  M.  Pilloy,  notre 
conipalriole  et  notre  collègue.  Nous  renouvelons  le  vœu  que  la 
collection  Caranda,  devenue  l'héritage  de  M.  Fr.  Moreau,  petit-fils 
du  vénérable  centenaire,  reste  ouverte  an  public  d'élite  qui  trou- 
vait un  si  bienveillant  accueil  à  l'hôtel  de  la  rue  de  la  Victoire. 

M.  Baudoin.  —  Un  autre  deuil  vient  s'ajouter  à  celui-ci. 
M.  Baudoin,  qui  s'est  fait  une  grande  situation  à  Paris  comme  édi- 
teur militaire,  est  décédé  au  commencement  du  mois  de  novem- 
bre, M.  Baudoin  avait  eu  de  modestes  débuts  qu'il  se  plaisait  à 
rappeler  :  né  â  Oolchy-le-Chàteau  (Aisne]  en  1838,  il  avait  débuté 
comme  employé  de  librairie  classique  chez  M.  Ceret-Orière;  il 
entra  ensuite  chez  M.    Aubry,   le   savant  libraire-expert,  puis,  en 


92()  CHRONIQUE 

1860,  chez  M.  Dumaine.  Il  avait  trouvé  sa  voie  ;  après  plusieurs 
années  d'un  travail  assidu,  intelligent,  il  devint  l'associé,  puis 
le  successeur  de  M.  Dumaine  et  augmenta  encore  l'importance  de 
cette  vieille  et  célèbre  maison. 

M.  Baudoin  avait  été  admis  dans  notre  Société  sur  la  présenta- 
tion de  son  compatriote,  M.  Mayeux,  au  mois  de  janvier  1881.  A 
diverses  reprises  il  nous  donna  des  preuves  de  sa  bienveillante 
sj'mpalhie.  Parmi  les  nombreux  ouvrages  que  notre  bibliothèque 
a  reçus  de  lui,  nous  citerons  en  première  ligne  :  Les  Ajiliquités 
nationales  de  M  illin;  la  Campagne  de  France  en  1SH,  parle 
commandant  Weill  ;  les  Commentaires  de  César,  édition  de 
l'empereur  Napoléon  III  ;  Polybe,  avec  les  Commeniaircs  du  che- 
valier de  Folard. 

La  Fontaine  aux  Archives  de  Chanlilly.  —  Ce  mémoire  de 
M.  Maurice  Henriet  est  l'épilogue  de  la  visite  de  la  Société  à  Chan- 
tilly le  13  août  dernier.  L'auteur  annonce  modestement  que  ce  ne 
sont  point  des  documents  qu'il  a  recueillis,  mais  de  simples  noies 
extraites  des  papiers  des  Condé,  notes  relatives  à  La  Fontaine  et 
à  ses  ouvrages. 

M.  le  Prince  tenait  essentiellement  à  la  nomination  de  La  Fon- 
taine à  l'Académie.  Le  «  faiseur  de  fables  »,  comme  le  lui  manda 
son  médecin  Bourdelot,  fut  élu  à  la  place  de  Colbert,  au  grand 
déplaisir  du  Roi  qui,  ayant  désiré  voir  nommer  son  historiographe 
Boileau,  voulut  surseoir  à  la  ratification  de  l'élection  jusqu'à  ce 
que  son  protégé  pût  prendre  place  à  l'Académie,  M.  de  Bezons 
étant  mort  le  12  mars  1684,  Boileau  fut  élu  le  20  avril.  Il  fut  alors 
possible  à  La  Fontaine  de  prendre  séance  en  même  temps  que  son 
ami,  le  législateur  du  Parnasse,  A  ce  sujet  il  adressa  à  Louis  XIV 
une  ballade  qui  est  la  glorification  des  grandes  actions  du  monar- 
que. La  Fontaine  avait-il  brigué  dix  ans  plus  tôt  un  siège  à  l'Aca- 
démie ?  C'est  bien  possible,  mais  il  dut  s'effacer  devant  Quinault 
qui,  cette  même  année  (1674;,  l'avait  emporté  sur  son  concurrent 
dans  la  composition  de  l'opéra  Daphîlé,  dont  Lulli  avait  fait  la 
musique. 

Notre  «  faiseur  de  fables  »  était-il  chasseur  ?  Sa  lettre  à  M.  le 
Prince  pour  obtenir  l'autorisation  de  chasser  à  Montluel  (sans 
doute  iMonthurel  près  de  Condé)  le  donnerait  à  penser.  Des  cita- 
tions rappelées  par  M.  Henriet  appuient  cette  supposition.  La  Fon- 
taine tenait  essentiellement  à  l'opinion,  comme  à  la  bienveillance 
de  Condé  ;  aussi  demandait-il  «  comment  il  avait  trouvé  les  vers 
qu'il  lui  envoyait  ».  M.  le  Prince  encourageait  ces  communications 
et  manifestait  son  plaisir  de  les  recevoir.  —  La  suite  de  cette 
étude  intéressante  est  renvoyée  à  la  séance  de  décembre. 

Procès,  condamnation  et  mort  de  l'abbé  Thirial^  curé  de  Sainl- 
Crépin  de  Château-Thierry,  —  Les  Archives  nationales  ont 
fourni  à  M.  Corlieu  les  documents  sur  lesquels  il  s'est  appuyé  pour 
retracer  cet  émouvant  tableau  de  la  mort  d'un  digne  prêtre  en 


CHRONIQUE  927 

1794.  Par  là  il  rectifie  la  version  —  un  peu  légendaire  —  donnée 
par  l'abbé  Hébert  el  reproduite  par  l'abbé  Poquet. 

L'abbé  Jean-Kraiiçois  Tliirial,  né  à  Compiègne  en  1755,  docteur 
en  Sorbonne,  avait  professé  la  théologie  à  Paris,  puis  à  Lyon.  En 
1785,  après  avoir  passé  par  la  cure  de  Vauchamps,  près  de  Mont- 
mirail,  il  avait  été  nommé  curé  de  Château-Thierry,  succédant  à 
l'abbé  Nivert.  Très  estimé  de  ses  collègues,  l'abbé  Thirial  fut  élu 
délégué  du  clergé  aux  Etats  généraux  de  1789.  En  décembre  1790, 
il  prêta  le  serment  à  la  Constitution,  mais  quelques  jours  après  il 
fit  des  restrictions  qui  ne  furent  point  agréées.  On  lui  avait  donné 
ui>  successeur  à  Château-Thierry,  aussi  se  retira-t-i!  d'abord  à 
Paris,  puis  à  Versailles,  où  il  exerça  la  médecine. 

Le  25  octobre  1793,  reconnu  à  Paris  par  trois  membres  exaltés 
du  Comité  du  district  de  Château-Thierry,  il  fut  dénoncé,  arrêté 
el  livré  au  Comité  de  Sûreté  générale  de  la  Convention.  Après 
avoir  subi  un  premier  interrogatoire  le  21  brumaire  an  II  (11 
novembre  1793),  il  resta  incarcéré  jusqu'au  15  prairial  an  II 
(3  juin  1794)  ;  ce  jour-là  il  passa  en  jugement,  et  sur  le  rt-quisi- 
toire  du  trop  fameux  Antoine-Quentin  Fouquier,  accusateur 
public,  fut  condamné  à  mort  et  exécuté  le  lendemain.  Deux  de 
ses  dénonciateurs  ont  dû  faire  amende  honorable  :  Lemaîlre  et 
Gaudard.  Le  premier  a  été  greffier  du  Tribunal  de  notre  ville  de 
1801  à  1808  ;  le  second,  juge  de  paix  à  Viels-.Maisons,  alors  chef- 
lieu  de  canton.  On  cherche  en  vain,  dit  M.  Corlieu,  les  motifs 
sérieux  d'une  condamnation,  et  l'on  ne  peut  voir  dans  l'abbé  Thi- 
rial qu'une  des  victimes  innocentes  fournies  par  le  clergé  de 
l'Aisne. 

La  Société  ayant  manifesté  son  intention  d'admettre  des  dames 
comme  membres  correspondants,  M""*"  Hachette,  veuve  du  pre- 
mier président  ;  Lhomme-Vérelte,  fille  de  M.  Vérette,  le  vénéré 
président  décédé  l'an  dernier,  et  Bourgeois,  directrice  de  l'école 
municipale  de  la  rue  de  la  Jussienne,  à  Paris,  native  de  Château- 
Thierry,  ont  sollicité  leur  admission  qui  a  été  agréée.  Sont  égale- 
ment élus,  comme  correspondants,  MM.  l'abbé  Guyot,  docteur  en 
théologie,  curé  d'Essômes  ;  Martin,  inspecteur  des  finances,  et 
Dumont-Nicot,  négociant  à  Paris. 


Société  littéraire  et  historique  de  la  Brie.  —  Séance  dit 
tO  novembre  1898.  —  Présidence  de  M.  Gassies,  vice-président. 

M.  le  président  donne  communication  d'une  lettre  adressée  à 
M.  Guérin  par  M.  le  comte  de  Mony-Colchen,  qui  accueillera  avec 
plaisir  une  visite  des  membres  de  la  Société,  curieux  d'examiner 
les  objets  découverts  récemment  dans  les  fondations  de  l'église 
d'Ocquerre. 

ûons  faits  à  la  Société  : 


928  CHRONIQUE     • 

Par  M.  Paris,  pharmacien  à  Crécy-en-Brie,  deux  photographies 
qui  représenlent  la  tour  de  Larchant,  aux  environs  de  Nemours 
(Seine-cl-Marne,^  ; 

Par  M.  Lemarié,  La  Petite  Gazette  de  Dammartin  ; 

Par  M.  Barigny,  quatre  pièces  de  monnaie  anciennes. 

Sont  proposés  comme  membres  titulaires  : 

M,  Gaston  Menier,  député  de  l'arrondissement  de  Meaux, 
demeurant  à  Paris,  61,  rue  de  Monceau  ; 

M.  Sarazin,  instituteur  honoraire,  demeurant  à  Meaux  ; 

M.  Lalot,  imprimeur,  directeur  du  Journal  de  Sdnc-et-Marne^ 
demeurant  à  Meaux. 

Comme  membre  correspondant,  M.  Camille  Jullian,  professeur 
d'histoire  à  l'Université  de  Bordeaux. 

M.  Le  Blondel  fournit  à  la  Société  quelques  indications  relatives 
aux  découvertes  archéologiques  faites  à  Ocqucrre  (canton  de  Lizy- 
sur-Ourcq),  au  cours  des  travaux  de  reconstruction  de  l'église.  On 
a  mis  à  jour  plusieurs  sarcophages  ou  cercueils  en  pierre  tendre, 
creusés  en  forme  d'auges.  Au  cours  de  ces  travaux^  Tenlrcpre- 
neur,  M.  Féret,  a  recueilli  diverses  pièces  de  monnaie,  des  agra- 
fes, des  boucles,  des  fibules  et  des  verroteries  de  couleur  serties 
dans  des  montures  en  argent  métalliques.  M.  Le  Blondel  assigne 
à  ces  objets  l'époque  gallo-romaine  et  franque. 

D'ailleurs,  M.  le  comte  de  Mony-Colchen,  maire  dOcquerre, 
grâce  à  l'intelligenle  initiative  duquel  les  objets  ont  pu  être  con- 
servés à  la  mairie  dOcquerre,  fait  espérer  à  la  Société  une  com- 
munication concernant  ces  intéressantes  découvertes. 


Lnstitut  de  France.  —  Séance  i'UBLiqur  annuelle  des  cinq 
Académies.  —  Discours  de  M.  Longnon.  —  Le  mercredi  26  octo- 
bre, à  deux  heures,  a  eu  lieu  la  séance  publique  annuelle  des  cinq 
Académies. 

M.  Auguste  Longnon,  président  de  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles-Lettres^  présidait,  assisté  de  MM.  Gaston  Boissier,  Wolf, 
Frémiet,  Arthur  Desjardins,  délégués  des  Académies  française, 
des  Sciences,  des  Beaux-Arts  et  des  Sciences  morales  et  politiques, 
et  de  M.  Henri  Wallon,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres,  secrétaire  actuel  du  bureau  de  l'Ins- 
titut. 

M.  Longnon  a  ouvert  la  séance  par  un  discours  dans  lequel  il  a 
tout  d'abord  rappelé  les  origines  de  la  coutume  selon  laquelle  les 
Académies  tiennent  une  réunion  annuelle,  alternativement  prési- 
dée par  chacune  d'elles,  montrant  ainsi  qu'elles  ne  forment 
«  qu'un  seul  faisceau  ».  Cette  coutume  a  été  instituée  par 
Louis  XVIII  ;  l'ordonnance  du  21   mars  1816,   «  qui  marque  en 


IRONIQUE  929 

«  quelque  sorte,  à  l'égard  des  classes  de  l'Inslilut,  la  réconcilia- 
«  lion  du  présent  avec  le  passé  »,  la  consacra. 

L'éminent  président  de  l'Académie  des  Inscriptions,  constatant 
ensuite  que  celte  séance  solennelle  a  lieu  précisément  le  2l>  octo- 
bre, jour  anniversaire  de  la  donation  à  ritjslitut  du  domaine  de 
Chantilly  et  des  richesses  qu'il  renferme,  a  entretenu  ses  collègues 
de  l'empressement  avec  lequel  le  public  s'est  porté  au  Musée 
Condé.  En  six  mois,  près  de  cent  mille  visiteurs  se  sont  rendus  à 
Chantilly  :  le  public  a  eu  une  attitude  excellente,  nousditM.  Lon- 
gnon^  à  la  fois  «  respectueuse  et  charmée  ».  Aucun  incident  ne 
s'est  produit,  on  n'a  eu  à  déplorer  aucun  accident. 

Et,  après  une  rapide  allusion  aux  trésors  que  les  archives  doma- 
niales de  Chantilly  tiennent  en  réserve  et  qui  permettront  d'éluci- 
der nombre  de  problèmes  relatifs  à  l'ancienne  France,  M.  Lon- 
gnon  aborde  la  partie  «  douloureuse  »  de  sa  tûi;he,  celle  de  ren- 
dre hommage  aux  douze  membres  de  l'Inslilut  que  la  mort  a  tou- 
chés depuis  la  séance  annuelle  du  2o  octobre  181)7. 

Ces  membres  sont  :  M.  de  Ruble^  dont  les  études  historiques 
sur  la  France  au  xvi''  siècle  sont  si  remarquées  ;  M.  Schefer,  père 
de  notre  collaborateur,  qui,  dit  M.  Longnon,  «  jouissait  parmi  les 
t  orientalistes  de  tous  pays  de  la  légitime  autorité  que  lui  assu- 
t  raient  sa  profonde  connaissance  des  trois  principales  langues 
«  musulmanes  et  de  nombreuses  publications  dans  lesquelles  il 
«  déployait  une  vaste  érudition.  Placé  durant  les  trente  dernières 
«  années  de  sa  vie  à  la  tête  de  l'École  des  Langues  orientales 
c  vivantes,  il  fut  comme  le  second  fondateur  de  ce  bel  établisse- 
«   ment  où  son  nom  mérite  de  vivre  éternellement  ». 

Tous  deux  faisaient  partie  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres. 

M.  Longnon  rappelle  ensuite  les  noms  de  M.  Aimé  (iirard,  de 
l'Académie  des  Sciences;  de  MM.  Léon  Ginain,  Gustave  Moreau, 
Auguste  Blanchard,  Charles  Garnier  et  Jules-Eugène  Lenepveu,de 
l'Académie  des  Beaux-Arts;  de  MM.  Bardoux  et  Ollé-Laprune,  de 
l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques  ;  de  M.  BuU'et,  mem- 
bre libre,  et  de  M.  Gladstone,  le  doyen  des  associés  étrangers  de 
cette  Compaguie. 

Aussitôt  après  son  discours,  le  président  a  fait  connaître  en  ces 
termes  le  résultai  du  concour.s  pour  le  prix  de  linguistique  fondé 
par  M.  de  Volney  : 

('  La  Commission  avait  annoncé,  pour  le  concours  de  1898, 
qu'elle  accorderait  un  prix  consistant  en  une  médaille  d'or  de  la 
valeur  de  i,oOO  francs  à  l'ouvrage  de  philologie  comparée  qui  lui 
en  paraîtrait  le  plus  digne  parmi  ceux  qui  lui  seraient  adressés. 

«  Quatre  concurrents  ont  adressé  des  ouvrages  pour  ce  concours. 

«  La  Commission   décerne  le   prix   à   M.   A.   Meillet,  directeur 

69 


930  CHRONIQUE 

d'éludés  à  l'Ecole  des  Hautes-Etudes,  pour  son  ouvrage  intitulé  : 
Recherches  sid-  l'emploi  du  génitif  accusatif  en  vieux  slave. 

€  Elle  accorde,  en  outre,  sur  les  reliquats  des  années  précéden- 
tes, un  prix  de  1,000  francs  à  M.  Chrislian  Garnier,  pour  =on  tra- 
vail intitulé  :  Méthode  de  transcription  rationnelle  générale  des 
noms  géographiques  ». 

Une  lecture  de  ,M.  Edouard  Corroyer,  de  l'Académie  des  Beaux- 
Arts,  sur  les  Origines  de  l'archileciure  française  au  Moyen-âge, 
une  autre  de  M.  Luchaire,  de  l'Académie  des  Sciences  morales  et 
politiques,  sur  VUniversilé  de  Paris  au  temps  de  Philippe- 
Auguste,  et  de  charmantes  Impressions  de  montagne  de  M.  André 
Theuriet,  de  l'Académie  française,  ont  terminé  la  séance. 


La  mission  du  baron  de  Baye  kn  Géorgie.  —  Le  journal  ruôse 
le  Caucase,  de  Tiflis,  à  la  date  du  14/26  octobre,  mentionne  en 
ces  termes  le  séjour  du  baron  de  Baye  et  les  derniers  résultats  de 
sa  mission  dans  la  Géorgie  : 

«  Les  voyageurs  français  baron  de  Baye  et  Krafft  sont  de  retour 
de  leur  excursion  à  Gory,  où  ils  ont  été  enchantés  de  la  réception 
du  prince  Amilakbvary.  Ils  ont  visité  en  détail  Gory,  Oupliss-Tsi- 
khe,  Ourbnissy,  Siony,  etc.,  et  ils  y  ont  fait  les  trouvailles  les  plus 
intéressantes  au  point  de  vue  historique  et  archéologique.  Us  par- 
tent aujourd'hui  pour  le  village  de  Tchala,  domaine  du  prince 
Amilakhvary. 

«  Le  baron  de  Baye  a  apporté  au  vieil  et  alerte  général  cauca- 
sien les  compliments  du  Président  de  la  République  française,  et 
cela  a  donné  aux  fêtes  qui  ont  marqué  la  réception  des  deux 
voyageurs  un  caractère  d'intimité  plus  grande  en  célébrant  l'al- 
liance franco-russe  sur  le  sol  géorgien.  Un  télégramme  de  félici- 
tations a  été  immédiatement  adressé  à  M.  Félix  Faure.  » 


Le  séjour  de  Guillaume  I"  et  de  Bismark  a  Reims  en  1870.  — 
Le  journal  Le  Mali7i,  qui  publie  en  ce  moment  les  Mémoires  sur 
le  prince  de  Bismark  rédigés  par  Max  Busch,  son  secrétaire  par- 
ticulier, donne  les  détails  suivants  sur  le  séjour  du  chancelier  à 
Reims  : 

«  Dimanche  11  septembre.  —  Dans  le  courant  de  la  journée, 
un  certain  M.  Werlé  est  venu  voir  le  chancelier.  C'est  un  homme 
grand,  pâle,  avec  un  ruban  rouge  à  la  boutonnière,  comme  d'ail- 
leurs tous  les  Français  bien  mis.  Il  fait  partie  de  la  Chambre  des 
députés  et  est  associé  à  la  maison  de  la  veuve  Clicquot.  il  voulait 
entretenir  M.  de  Bismark  de  la  détresse  qui  règne  en  ville,  dans 
les  centres  ouvriers,  et  des  mesures  à  prendre  pour  y  remédier, 
afin  d'éviter  les  troubles.   On  redoute,  en  effet,   que  les  classes 


CHRONIQUE  031 

ouvrières  ne  se  déclarent  ea  faveur  d'une  Hépubliquo  radicale. 
Encore  une  chose  que  nous  n'avions  pas  rêvée  il  y  a  un  mois  :  des 
soldats  allemands  proi.égeanl  des  Français  contre  les  excès  de  la 
Commune  !   » 

D'autre  part,  la  revue  le  Corrcspondivit  coule,  d'après  les  sou- 
venirs d'un  témoin,  M.  l'abbé  Lacroix,  le  séjour  du  roi  de  Prusse 
à  Reims  en  IS'O.  Nous  en  extrayons  la  curieuse  histoire  que  voici  : 

«  fiuiilaume  l"^''  dei\ieura  onze  joui's  à  Heims,  logé  au  palais  de 
l'archevêché.  Les  rapports  qu'il  eut  avec  l'archevêque,  Mr""  Lau- 
driol,  furent  souvent  pénibles  pour  ce  dernier.  Ce  lui  fut  en  parti- 
culier une  douleur  très  vive  d'apprendre  un  jour  que  son  hùte 
avait  la  i'autaisie  de  vouloir  se  faire  expliquer  en  détail  les  céré- 
monies du  sacre  des  rois  de  France. 

«  Dès  qu'il  fut  informé  de  ce  caprice,  Me'"  Landriot  en  fut  très 
peiné  ;  mais  il  crut  qu'en  cette  circonstance  il  fallait  céder  au 
vainqueur.  Seulement,  il  voulut  que  les  explications  demandées 
fussent  faites  par  le  prêtre-sacristain,  et  par  ce  ciioix  il  prouva 
clairement  combien  il  jugeait  la  démarche  indiscrète  et  peu  déli- 
cate. Tout  se  passa,  en  effet,  comme  il  l'avait  prescrit.  Le  roi  vint 
à  la  cathédrale  accompagné  de  son  lils,  de  plusieurs  princes  alle- 
mands, de  Bismark,  de  Moltke  et  d'une  centaine  d'officiers  de 
tous  grades.  A  son  arrivée,  aucun  honneur  officiel  ne  lui  fut 
rendu.  Le  prêtre  désigné  se  contenta  de  le  saluer  et  commença 
aussitôt  l'explication  de  la  cérémonie, 

«  Guillaume  suivit  avec  une  altentitm  très  vive  le  commentaire 
de  la  liturgie  du  sacre.  Il  fit  plus  :  comme  s'il  eût  voulu  prendre 
part  à  une  sorte  de  répétition  en  vue  du  futur  couronnement  de 
Versailles,  il  allait  et  venait  dans  le  chœur  et  le  sanctuaire,  faisait 
tous  les  mouvements  prescrits  par  le  rituel  et  se  plaçait  partout  où 
devait  se  mettre  le  roi  le  jour  du  sacre.  Il  était  manifeste  que 
tous  ces  détails  l'intéressaient  très  vivement. 

«  Au  bout  d'une  heure,  il  se  relira;  mais,  pour  préciser  davan- 
tage dans  son  esprit  les  rites  qui  s'étaient  déroulés  devant  lui,  et 
dont  quelques-uns  lui  avaient  sans  doute  échappé,  il  revint  une 
seconde  fois  à  la  cathédrale  et  se  fit  redonner  tous  les  renseigne- 
ments que  réclamait  sa  curiosité.   » 


Noces  d'or  EccLÉ.siAsxiyL'Es.  —  La  population  de  Vieux-lès- 
Asfeld  (Ardennes)  fêlait,  dans  les  derniers  jours  de  septembre,  les 
noces  d'or  du  vénérable  abbé  Richard,  curé  de  la  paroisse  depuis 
quarante  ans,  et  qui,  âgé  de  7S  ans,  compte  cinquante  années  de 
prêtrise. 

Neuvalne  de  Sai.-nt-Remi.  —  Le  samedi  1'=''  octobre  a  été 
ouverte  à  Reims,  avec  la  solennité   accoutumée,  la  ueuvaine  de 


932  CHRONIQUE 

Saint-Remi,  qui  a  été  prêchée  celle  année  par  le  R.  P.  Mazéras, 
dominicain. 

11  y  a  800  ans  environ  qu'on  célèbre  la  fête  de  la  translation  du 
corps  de  saint  Rémi,  et  800  ans  qu'existe  la  foire  qui  se  tient  aux 
alentours  de  l'église  Saint-Remi.  Un  abbé  de  Saint-Remi,  Le  Tel- 
lier,  voulut  jadis  la  transporter  sur  la  place  de  la  Couture,  mais, 
devant  un  toile  général  des  haltitants  du  quartier,  il  dut  respecter 
les  vieilles  traditions. 

Mais  si  la  foire  de  Sainl-Renii  existe  toujours,  il  faut  convenir 
qu'elle  a  beaucoup  perdu  de  son  éclat  d'antan.  Cette  année-ci  sur- 
tout elle  nous  a  semblé  de  piètre  mine.  A  part  quelques  mar- 
chands de  pain  d'épine,  quelques  marchands  de  nougat  plus  ou 
moins  exotiques,  quelques  tirs,  tourniquets,  chevaux  de  bois,  mar- 
chands de  frites^  nous  ne  voyons  plus  grand'chose  qui  mérite 
d'attirer  laltention  des  promeneurs.  Nous  devons  faire  une  excep- 
tion toutefois  pour  les  marchands  de  porcelaine,  toujours  aussi 
nombreux. 


Léon  Xlll  et  M.  Théodore  Dubois.  —  Sous  ce  titre  plutôt  sen- 
sationnel :  Le  Pape  libreUisle.,  le  Guide  musical  annonce  l'appa- 
rition prochaine  d'un  ouvrage  dû  à  la  haute  collaboration  de 
M.  Théodore  Dubois  et  de  S.  S.  le  pape  Léon  XIIL 

Rien  entendu,  il  ne  s'agit  pas  d'une  omvre  théâtrale,  mais  bien 
d'une  œuvre  sacrée. 

A  l'occasion  des  fêtes  commémoratives  du  baptême  de  Clovls, 
Léon  XIII  avait  en  effet  adressé  au  cardinal  Langénieux,  archevê- 
que de  Reims,  une  ode  latine  dont  il  était  l'auteur  :  Vivat  Cliris- 
tiis  qui  diligil  Francos.  Le  cardinal  eut  alors  l'idée  de  demander 
à  M.  Théodore  Dubois,  directeur  de  notre  Conservatoire,  originaire 
lui-même  de  son  diocèse,  de  mettre  en  musique  le  poème  pontifi- 
cal. Celui-ci  accepta,  comme  bien  l'on  pens»,  et  composa,  sur  ces 
paroles  latines,  tout  un  oratorio  avec  soli  et  chœurs,  qui  est 
aujourd'hui  presque  entièrement  achevé  et  qui  sera  exécuté,  dans 
le  courant  de  cet  hiver,  dans  la  cathédrale  de  Reims,  avec  toutes 
les  ressources  orchestrales  et  chorales  que  les  Sociétés  artistiques 
de  cette  ville  pourront  mettre  à  sa  disposition. 


Bénédiction  d'l'ne  cloche  a  Chenay.  —  Le  village  de  Chenay 
(Marne)  était  eu  fête  le  2  octobre  :  on  bénissait  une  nouvelle  clo- 
che due  à  la  générosité  de  M.  Recker,  agent  de  change  honoraire 
à  Reims,  et  cette  cérémonie  avait  attiré  dans  la  paroisse  un 
concours  de  monde  tel  qu'on  n'en  avait  jamais  vu  de  pareil. 

Toute  la  commune  était  là  :  le  maire  et  le  Conseil  municipal, 
le  Conseil  de  Fabrique,  la  Compagnie  des  sapeurs-pompiers. 
C'était  une  grande  et  noble  manifestation  de   reconnaissance  à 


CHRONIQUE  933 

l'égard  du  généreux  donateur  et  de  ses  enfants,  iM.  et  M"'^  Paul 
Caniuset,  qui  avaient  inauguré  la  fôte  par  une  abondante  distri- 
bution de  secours  aux  familles  nécessiteuses  du  village. 

La  cérémonie  était  présidée  par  M.  l'alibé  CoUignon,  archiprè- 
li'e  de  Notre-Dame  de  Reims, 

Autour  du  vénérable  oftioiant  on  remarquait  M.  le  doyen  de 
Fismes  et  MM.  les  curés  de  Merfy^  Trigny,  Saint-Thierry  et  Pouil- 
lon.  Ces  Messieurs  avaient  tenu  à  apporter  leur  concours  à  leur 
digne  collègue  de  Chenay,  M.  l'abbé  Seaux,  dont  le  visage  rayon- 
nait de  bonheur  et  de  joie. 

Pendant  les  prières  de  la  bénédiction,  des  artistes  faisaient 
entendre  du  haut  de  la  tribune  d'harmonieux  et  doux  accords  : 
le  violon  et  le  violoncelle  parlaient  à  l'ùme  en  même  temps  que 
l'harmonium,  dont  M.  Lefèvre,  l'habile  oi'ganiste  rémois,  faisait 
valoir  les  ressources  avec  le  talent  qu'on  lui  connaît. 

Après  le  salut  solennel  chanté  d'une  façon  magistrale  par  une 
chorale  d'amateurs,  M.  et  M"'«  Paul  Camuset,  ouvrant  leurs  portes 
à  leurs  invités  et  à  tous  sans  exception,  firent  d'une  manière  par- 
ticulièrement gracieuse  et  aimable  les  honneurs  d'une  magnilique 
collation,  où  l'on  fêta  la  petite  Yvonne  Camuset,  charmant  bébé 
de  quatre  mois,  la  reine  de  la  fête,  qui  a  légué  son  nom  à  la 
superbe  cloche  sortie  des  ateliers  de  MM.   Paintendre  frères,  de 

Vitry-Ie-Francois. 

* 

Le  nouvel  orgue  de  l'église  o'Ay.  —  On  a  inauguré  solennel- 
lement, le  dimanche  25  septembre,  dans  l'église  d'Ay  (Marne),  un 
nouvel  orgue  destiné  à  remplacer  l'ancien  qui  datait  de  1749. 

La  cérémonie  était  présidée  par  Msr  Cauly,  vicaire  général  de 
Reims,  entouré  de  plusieurs  membres  du  Chapitre  métropolitain, 
qui  n'oublient  pas  que  M.  le  doyen  d'Ay  a  été  leur  collègue  : 
c'étaient  MM.  Decheverry,  Périn,  Bussenot  et  Biaise.  M.  l'abbé 
Robert,  archiprêtre  de  Rethel,  ancien  doyen  d'Ay,  le  restaurateur 
de  l'église  de  cette  ville,  était  également  présent  et  se  montrait 
heureux  de  voir  son  œuvre  recevoir  comme  son  dernier  cachet  de 
perfection.  M.  l'abbé  Bonnaire,  M.  le  doyen  de  Châtillon,  M.M.  les 
curés  de  Dizy,  Magenta  et  Mareuil  étaient  aussi  venus  entourer 
M.  le  doyen  d'Ay  en  cette  solennité. 

L'orgue  béni  sort  des  ateliers  de  M.  Schyven,  de  Bruxelles, 
comme  celui  de  Saint-Jacques  et  ceux  de  Charlcville,  Mézières, 
Givet,  etc. 

On  a  profité  de  sa  construction  pour  relever  au-dessus  des  ogi- 
ves la  tribune  qui  soutenait  l'ancien  orgue,  ce  qui  dégage  la  pre- 
mière travée  de  l'église  et  donne,  comme  nous  le  disions  tout  à 
l'heure,  un  cachet  de  perfection  et  de  véritable  achèvement  à  la 
restauration  de  l'église. 

L'orgue  se  compose  de  deux  claviers  à  mains  de  cinquante-si:^ 


934  CHRONIQUE 

noies  chacui),  d'un  clavier  à  pédales  de  Irenle  notes,  d'une  série 
de  pédales  d'accou|)lemenls  et  de  combinaisons,  —  dix-huit  jeux. 
L'expertise  qui  a  eu  lieu  en  présence  de  gens  fort  entendus  en  la 
matière  â  fait  ressortir  la  pureté,  le  moelleux  des  sons,  la  puis- 
sance que  l'on  obtient  on  combinant  les  jeux,  la  variété  de  ces 
combinaisons  et  la  parfaite  exécution  du  mécanisme  avec  les  plus 
récents  perfectionnements. 

11  a  été  tenu  à  l'inauguration  par  M.  1  abbé  Uuval,  organiste  de 
la  Métropole,  ancien  vicaire  d'Ay,  et  par  M.  Dedeker,  organiste  de 
Notre-Dame  des  Sablons,  à  Bruxelles. 


Don  de  VEriniÈUES  au  Lycée  de  Reims.  —  M.  Payol,  le  nouvel 
inspecteur  d'Académie  de  la  Marne,  est  venu  récemment  visiter 
pour  la  première  fois  le  Lycée  de  Reims.  Il  a  reçu  dans  la  salle  des 
Actes  le  personnel  qui  a  pu  admirer  les  deux  verrières  récemment 
offertes  par  M.  Paul  Simon  au  lycée  dont  il  est  ancien  élève. 

Ces  compositions  originales,  reproduisant  les  attributs  des  Let- 
tres, des  Sciences  et  des  Arts,  sont  surmontées  des  armes  de  l'Aca- 
démie de  Paris  et  du  Collège  des  Bons- Enfants,  accompagnées  de 
maximes  morales.  L'une  signale  les  rapports  de  la  science  et  de 
l'action  -.  Nasse,  Fosse  ;  l'autre  :  Prorsùm,  Sursam,  peut  se  tra- 
duire :  En  avant  !  Haut  les  cœurs  ! 

Ces  vitraux,  en  grisailles  et  de  couleurs  discrètes,  s'harmonisent 
heureusement  avec  la  décoration  artistique  de  la  salle  d'honneur 
du  lycée,  qui  s'augmente  ainsi  chaque  jour  par  les  dons  généreux 
des  amis  du  vieux  Collèfire  des  Bons-Enfants. 


Le  caudinal  Langénieux  a  Luxembourg.  —  Répondant  à  l'invi- 
tation que  lui  avait  adressée,  il  y  a  quelque  temps,  le  très  aimable 
évêque  de  Luxembourg,  le  cardinal  Langénieux  a  présidé,  mer- 
credi dernier  12  octobre,  dans  la  cathédrale  de  Luxembourg,  en 
qualité  de  légat  du  Saint-Siège,  la  cérémonie  solennelle  de  l'érec- 
tion du  Grand  Séminaire  luxembourgeois  en  Faculté  —  même 
Université  —  de  théologie  et  de  philosophie,  de  plein  exercice. 

Le  grand-duché  de  Luxembourg'  —  ce  petit  Etat  privilégié,  de 
l'étendue  d'un  département  français  de  moyenne  grandeur  — 
jouit  de  son  autonomie  complète  depuis  1890. 

Il  était,  cependant,  tributaire  encore  des  Universités  étrangères 
pour  la  collation  des  hauts  grades  académiques  à  ceux  des  élèves 
de  son  (irand  Séminaire  qui  se  destinent  au  professorat.  L'Univer- 
sité catholique  de  Pans,  celle  de  Louvain,  étaient  principalement 
choisies  par  ses  étudiants  ecclésiastiques  désireux  de  compléter 
leur  instruction. 

Il  n'en  sera  plus  ainsi  à  l'avenir. 


CHRONIQUE  935 

Après  des  pourparlers  —  qui  oui  duré  plus  de  vingt  années  — 
entre  le  Saint-Siège  et  le  Gouvernement  grand-ducal,  la  Sacrée 
Congrégation  des  Eludes,  par  un  décret  donné  à  Rome  le  1  i  sep- 
tembre dernier,  portant  la  signature  de  l'Eminentissime  Parocchi, 
vient  ('  d'instituer  canoniquement  les  Facultés  de  Théologie  et  de 
«  Philosophie  au  Grand  Séminaire  de  Luxembourg,  comme  dans 
€  une  Université,  avec  le  privilège  apostolique  de  conférer  tous 
<  les  grades  aux  clercs  qui  auront  suivi  d'une  manière  convena- 
«  ble  les  cours  des  FacuUés,  conformément  aux  statuts  approu- 
«  vés  ». 

Le  cardinal-archevêque  de  Reims  a  été  admirablement  reçu  i 
Luxembourg. 

A  peine  descendu  au  modeste  palais  épiscopal,  il  est  salué  par 
la  sérénade  d'une  musique  presque  française  :  celle  des  ouvriers 
de  la  fabrique  de  vins  de  Champagne  que  la  maison  Mercier, 
d'Epernay,  a  créée  il  y  a  quelques  années  à  Luxembourg.  (Elle  n'y 
emploie,  dit-elle,  que  des  raisins  ou  des  vins  venant  de  Champa- 
gne, sans  mélange  d'aucune  grappe  des  produits  aigrelets  du  bas- 
sin de  la  Sarre  ou  de  celui  de  la  Moselle,  Croyons-la  sur  parole  !) 

Les  journaux  de  Luxembourg  nous  disent  combien  les  bons  et 
pacifiques  Luxembourgeois  ont  été  séduits  par  l'alfcibilité  du  car- 
dinal, par  sa  grande  distinction,  surtout  par  celte  bonne  grâce 
continuelle  et  ce  sourire  bienveillant,  qu'il  tempère  par  la  réserve 
que  lui  commande  le  haut  rang  où  l'Eglise  l'a  placé. 

Aussi,  de  véritables  acclamations  l'accueillirent  lorsque,  sortant 
de  la  cathédrale  de  Luxembourg,  après  la  cérémonie  d'investiture 
à  laquelle  il  venait  de  présider  aux  pieds  de  la  statue  miraculeuse 
de  Notre-Dame  de  Luxembourg,  consolatrix  afjliclorurn  (c'est 
sous  ce  vocable  qu'elle  est  vénérée  dans  le  grand-duché),  on  le  vit 
traverser  lentement  les  rangs  de  la  foule  empressée  autour  de  lui, 
bénissant  toutes  ces  têtes  respectueusement  inclinées,  et  faisant  le 
signe  de  la  croix  sur  le  front  des  petits  enfants  que  les  heureuses 
mères  tendaient  vers  lui. 

A  la  fin  de  la  réunion  qui  eut  lieu  ensuite  au  Grand  Séminaire, 
Ms""  Koppes,  évèque  de  Luxembourg,  prit  le  premier  la  parole.  En 
un  français  très  correct,  après  avoir  exprimé  toute  la  gratitude  de 
l'évêque  et  du  clergé  luxembourgeois  envers  le  Souverain  Ponlife 
Léon  XIII  pour  la  faveur  insigne  qu'il  venait  d'accorder  à  leur 
Grand  Séminaire,  après  avoir  proclamé  hautement  sa  gratitude  et 
celle  de  son  clergé  envers  l'administration  communale  de  Luxem- 
bourg et  envers  le  (iouvernement  grand-ducal,  pour  le  généreux 
concours  qu'ils  ont  donné  à  l'installation  convenable  des  services 
de  la  nouvelle  Faculté,  il  remercie,  dans  les  termes  les  plus  cha- 
leureux, le  cardinal-archevêque  de  Reims  d'être  venu  rehausser  de 
l'éclat  de  la  pourpre  romaine  l'importante  cérémonie  qui  rendra 
mémorable  pour  le  clergé  du  grand-duché  cette  journée  du 
12  octobre.  Il  termine  en  s'écriant  :  «  Vive  Léon  XIII,  notre  grand 


936  CHRONIQUE 

«  Pape  !  et  son  légat.  Son  Eminence  le  cardinal  de  Reims  !  Qu'ils 
«  vivent  !  » 

Le  cardinal  Langénieux,  en  quelques  phrases  heureuses,  comme 
son  cœur  est  accoutume  de  les  rencontrer  en  semblable  occur- 
rence, remercie  Ms""  Koppes,  lui  rappelle  les  diverses  circonstances 
où  il  a  eu  le  plaisir  de  le  voir  dans  son  diocèse,  aux  fêtes  du  Véné- 
rable Jean-Baptiste  de  la  Salle,  à  celles  du  Bienheureux  Urbain  II, 
à  Binson,  et  il  parle,  en  termes  émus,  des  relations  fraternelles 
qui  ont  toujours  existé  entre  le  diocèse  de  Reims  et  celui  de 
Luxembourg. 

M.  Emile  Mousel,  le  très  sympathique  bourgmestre  et  député  de 
la  ville  de  Luxembourg^  aux  sentiments  si  français,  était  assis  à  la 
gauche  de  Son  Eminence.  En  même  temps  que  la  ville  de  Luxem- 
bourg, il  représentait  à  cette  réunion  cordiale  le  ministre  d'Etat, 
président  du  Gouvernement,  M.  Paul  Eyschen,  appelé  par  dépêche 
à  Hohenbourg,  auprès  de  S.  A.  le  grand-duc  Adolphe.  M.  Mousel 
se  lève  après  l'allocution  du  cardinal  Langénieux  et  dit,  aussi  en 
bon  français,  quelques  mots  vraiment  touchants  sur  les  avantages 
de  la  concorde  entre  le  pouvoir  civil  et  Tautorité  ecclésiastique  et 
sur  le  bonheur  des  peuples  où  la  religion  est  respectée.  On  sentait 
bien  une  allusion,  mais  si  discrète  et  si  délicatement  voilée,  à 
pareille  bonne  fortune  qu'il  souhaitait  à  la  nation  dont  le  cardinal 
de  Reiras  était  un  des  plus  éminents  représentants. 

Le  même  jour,  à  quatre  heures  de  l'après-midi,  le  cardinal 
Langénieux  quittait  Luxembourg  par  le  rapide  de  Bâle  à  Ostende, 
et  se  rendait  à  Malines  pour  rendre  à  son  vénérable  cardinal-arche- 
vêque la  visite  qu'il  en  avait  reçue  à  Reims,  il  y  a  deux  ans. 

F.  Rédo. 


Inauguration  du  monument  patuiotique  de  Chaumont.  —  Le 
dimanche  16  octobre  a  eu  lieu  à  Chaumont  l'inauguration  du 
monument  élevé,  par  souscription  publique,  à  la  mémoire  des 
Haut-Marnais  décédés  pendant  la  guerre  de  1870-71  et  les  expédi- 
tions coloniales  qui  ont  suivi. 

Ce  monument  allégorique,  de  cinq  mètres  de  hauteur,  est  érigé 
sur  la  place  de  la  Gare,  faisant  face  à  celle-ci,  et  à  une  centaine 
de  mètres  de  la  statue  de  Philippe  Lebon.  Il  est  l'œuvre  de 
M.  Tony  Noël,  sculpteur.  Il  représente  un  capitaine  soutenant 
dans  ses  bras  un  mobile  blessé  ;  derrière  eux  une  pièce  de  canon 
brisée  sur  son  affût.  Le  groupe  est  surmonté  d'un  génie  ailé 
tenant  à  la  main  une  couronne  de  lauriers^  personnifiant  les  vic- 
toires futures. 

Le  piédestal  de  forme  quadrangulaire,  haut  de  six  mètres,  est 
en  pierre  de  Comblanchien  (Côte-d'Or),  avec  consoles  sculptées  et 
guirlandes  de  lauriers.  Il  porte,  sur  la  face  principale,  une  appli- 
que en  bronze  où  sont  représentés  un  trophée  d'armes,  composé 


CHRONrQUE  937 

d'une  cuirasse,  d'un  casque  sur  le  cimier  duquel,  dominant  le 
motif,  est  perché  le  coq  gaulois  ;  de  chaque  côté  de  ce  trophée 
des  branches  de  laurier  et  de  chône,  derrière  lesquelles  sont  des 
drapeaux  entrelacés  et  différentes  armes. 

Sur  le  socle,  d'autres  appliques  en  bronze  représentant  une 
lionne  le  regard  tourné  vers  l'Est,  semblant  protéger  ses  lionceaux. 
|.  Le  soubassement  est  en  granit  des  Vosges;  sur  les  côtés  de  ce 
soubassement  et  du  piédestal  sont  inscrits  les  noms  des  officiers  et 
soldats  morts  pour  la  patrie. 

Une  grille  entoure  le  monument  ;  l'espace  libre  entre  la  grille 
et  le  monument  est  couvert  par  une  mosaïque  romaine. 

La  cérémonie  de  l'inauguration  était  présidée  par  le  général 
Chanoine,  ministre  de  la  Guerre,  dont  la  femme,  fille  du  général 
Frossardj  de  la  garde  impériale,  est  originaire  de  Châteauvillain 
(Haute-Marne),  et  par  M.  Mougeot,  député  de  Langres,  sous-secré- 
taire d'Etat  aux  postes  et  télégraphes. 

Le  général  Chanoine  et  M.  Mougeot  sont  arrivés  à  1  heure, 
accompagnés  par  le  préfet  de  la  Hautc-.Marue.  Sur  le  quai  de  la 
gare  se  trouvaient  les  généraux  Garcin  et  Paquié,  M.NL  Fourcaut, 
maire  de  Chaumont,  et  ses  adjoints  ;  Bressand,  président  de  la 
Chambre  de  Commerce  ;  Bizot  de  Fonteny  et  Darbot,  sénateurs  ; 
Rozet  et  Dutailly,  députés.  Le  109=  de  ligne  formait  la  haie  sur 
tout  le  parcours. 

Le  cortège  s'est  rendu  à  la  Préfecture  au  milieu  des  cris  de  : 
€  Vive  l'armée  I  Vive  la  République!  »  A  la  réception  qui  a  eu 
lieu  à  la  Préfecture,  Ms""  l'évêque  de  Langres  a  affirmé  le  dévoue- 
ment du  clergé  aux  institutions  républicaines.  Le  ministre  de  la 
Guerre  a  répondu  en  termes  aimables  et  a  adressé  un  souvenir  affec- 
tueux à  MM.  Cambon,  neveux  de  l'évêque.  Les  maires  du  départe- 
ment, venus  en  très  grand  nombre,  ont  été  présentés  par  le  préfet. 

A  la  cérémonie  d'inauguration,  des  discours  ont  été  prononcés 
par  MM.  Bizot  de  Fonteny,  président  du  Comité  ;  Fourcaut,  maire 
de  Chaumont;  Darbot,  sénateur;  Rozet  et  Dutailly,  députés^  et 
Mougeot,  sous-secrétaire  d'Etat.  Ce  dernier,  comme  les  orateurs 
précédents,  a  fait  l'éloge  de  l'armée  et  terminé  en  s'écriant  : 
«  Sursum  corda  !  Haut  les  cœurs,  Français  !  » 

Le  général  Chanoine  prononce  quelques  mots  de  remerciement 
et  distribue  les  récompenses  suivantes  : 

Officier  de  la  Légion  d'honneur^  le  lieutenant-colonel  Viguier, 
du  02"^  territorial. 

Chevalier,  M.  Petit,  docteur  en  médecine. 

Médaille  militaire,  le  sergent  Carattier,  du  109^ de  ligne. 

M.  Mougeot  distribue  ensuite  des  palmes  académiques  et  des 
croix  du  Mérite  agricole. 

La  cérémonie  terminée,  les  troupes  et  les  Sociétés  défilent^  ces 
dernières  aux  cris  de  :  «  Vive  l'armée  !  » 


938  CHRONIQUE 

Le  général  Chanoine  se  rend  ensuite,  avec  les  généraux,  à  la 
caserne  Danrémonl. 

A  six  heures,,  a  lieu  un  ])anquet  de  400  couverts  au  marché 
couvert. 


Le  nodvkl  orgue  de  lkglise  Saint-André,  a  Heims.  —  On  a 
installé  depuis  peu,  dans  l'église  Saint-André  de  Reims,  de  nou- 
velles orgues  sortant  de  la  maison  J.  Merklin  et  C''=,  de  Reims. 

L'instrument  est  placé  dans  la  vaste  tribune  construite  au  por- 
tail intérieur  de  l'église,  tribune  ayant  précisément  pour  fond  la 
superbe  rosace  due  à  la  munificence  d'un  paroissien  de  Saint- 
André.  Mais,  comme  cette  verrière  ne  devait  à  aucun  prix  être 
dissimulée,  M.  Merklin  dut  adopter  pour  son  instrument  une  dis- 
position toute  spéciale.  Le  buffet,  au  lieu  de  faire  face  à  l'autel, 
fut  fractionné  en  deux  masses  latérales,  encadrant  le  vitrail  au 
lieu  de  le  cacher. 

L'orgue  se  compose  de  3  claviers  à  mains  de  56  notes  chacun, 
d'un  clavier  de  pédales  de  30  notes  et  d'une  série  de  17  pédales 
d'accouplements  et  de  combinaisons,  et  de  .'ÎG  jeux.  Il  réunit  dans 
sa  construction  tous  les  perfectionnements  modernes.  Pour  le  pre- 
mier clavier,  mécanisme  usuel  avec  machine  pneumatique  ;  pour 
les  3  autres  claviers,  application  du  système  mécanique  tubulaire 
pour  lequel  la  maison  Merklin  €st  brevetée. 

M.  le  curé  Champ?aur  a  l'intention  de  faire  une  inauguration 
solennelle  et  espère  qu'elle  sera  présidée  par  S.  E.  Ms'' le  cardinal- 
archevêque  de  Reims  et  que  les  grands  artistes  rémois,  M.  Th. 
Dubois,  directeur  du  Conservatoire  de  musique  de  Paris  ;  M.  Dal- 
lier,  le  distingué  organiste  de  Saint-Eustache,  comme  aussi  deux 
excellents  artistes  de  Reims,  voudront  bien  prêter  leur  concours 
à  cette  belle  fête  religieuse  et  artistique. 


Le  lieutenant  Jacijuin.  —  L'honneur  du  haut  fait  qui  vient 
d'être  accompli  au  Soudan  revient  en  grande  partie  au  lieutenant 
Jacquin,  qui  est  un  enfant  de  Was.sy.  C'est  lui,  en  effet,  qui,  à  la 
course,  s'est  emparé  de  Samory. 

M.  Jacquin  est  le  lils  d'un  huissier  de  cette  ville. 

Il  n'a  que  27  ans  et  n'est  lieutenant  que  depuis  le  mois  d'avril 
dernier.  Il  a  deux  frères  qui,  comme  lui,  servent  dans  l'artillerie 
de  marine  :  Paul,  capitaine,  âgé  de  37  ans,  actuellement  au  Ton- 
kin  ;  Léon,  âgé  de  32  ans,  également  lieutenant  à  Hrest,  en 
attendant  son  prochain  départ  pour  les  colonies. 

Tous  trois  sont  sortis  des  rangs  et  ont  passé  par  l'école  de  Ver- 
sailles. Paul  Jacquin,  après  une  action  d'éclat  an  Dahomey^  en 
1892,  fut  fait  capitaine  au  choix  à  son  retour. 


CHRONIQUE  9:^0 

A  Wassy,  un  punch  d'honneiii-  lui  fut  otl'erl  par  ses  amis. 
Cette  ville  et  le  département  ont  lieu  d'ôtre  liers  des  trois  frères 

Jacquin. 

* 

Le  noYEN  DE  l'armke  fra\ç\ise.  —  Le  général  Moucheton  de 
Gerbois  est  entré,  le  17  octobre  dernier^,  dans  sa  quatre-vingt-trei- 
zième année. 

Il  est  né  le  jour  même  où  arriva  en  France  la  double  nouvelle 
des  victoires  d'Iéna  et  d'Auersltedt. 


M.  Paul  Llt.e.  —  On  annonce  larrivée  à  Rethel  d'un  enfant 
du  pays,  M.  Paul  Luce,  chevalier  de  la  Légion  d'iionneur,  acluel- 
lemenl  commandant  supérieur  du  Haut-Laos. 

Quoique  jeune  encore,  M.  Luce  est  déjà  un  vétéran  de  la  colo- 
nisation du  Tonkin,  où  ses  services  si  dévoués  et  si  appréciés  lui 
ont  valu  la  situation  aussi  brillante  que  délicate. qu'il  occupe. 


Dons  au  Musée  de  Reims.  —  Le  Musée  de  Reims  vient  de  s'en- 
richir, grâce  aux  largesses  de  quelques  particuliers,  de  plusieurs 
œuvres  d'art  importantes.  M.  Jonathan  Holden,  le  riche  manufac- 
turier anglais  établi  depuis  plus  d'un  demi-siècle  dans  notre  ville, 
lui  a  fait  don  du  buste  de  M.  le  sénateur  Diancoiirt,  œuvre  du 
sculpteur  rémois  Léon  Ghavailliaud.  M'^'^  veuve  Messieux  a  offert 
le  portrait  de  son  mari,  le  regretté  professeur  de  dessin  des  éco- 
les de  la  ville,  et  de  M.  Lamare,  un  beau  portrait  au  pastel  de 
Mme  Eugène  Ro;derer. 

Une  galerie  spéciale  du  Musée  vient  d'être  affectée  aux  peintres 
rémois  et  aux  œuvres  ayant  un  caractère  local,  en  attendant  que 
les  ressources  de  la  ville  permettent  de  construire  le  Musée  depuis 
si  longtemps  désiré. 

*     * 

Legs  important  a  la  ville  de  Reims.  —  Le  maire  de  Reims, 
dans  la  séance  du  Conseil  municipal  du  9  novembre,  a  fait  part 
des  dispositions  généreuses  prises  dans  son  testament  par  M.  Fran- 
çois Brunesseaux,  récemment  décédé,  à  l'égard  des  élablisscmenls 
de  bienfaisance  de  la  ville. 

Il  lègue  20,000  francs  pour  la  fondation  d'un  lit  à  l'Hùtel-Dieu  ; 
ii),000  francs  pour  la  fondation  d'un  lit  à  THôpilal-Général  ; 
13,000  francs  pour  la  fondation  d'un  lit  à  l'Hôpital  Saint-Marcoul, 
et  10,000  francs  à  la  fabrique  de  Sainl-Remi.  pour  être  consacrés 
au  soulagement  des  malades. 


940  CHRONIQUE 


Lk  tombeau  du  duc  d'Aumale,  tar  Paul  Dubois.  —  Le  duc  de 
Chartres  qui,  au  nom  de  la  famille  d'Orléans,  avait  demandé  à 
notre  émineul  compatriote,  M.  Paul  Dubois,  une  pierre  tombale 
pour  le  sarcophage  du  duc  d'Aumale  à  Dreux^  désirait  que  l'œuvre 
fût  terminée  pour  le  mois  de  mai. 

Peut-être  Taurions-nous  admirée  au  Salon  prochain,  si  M.  Paul 
Dubois,  avec  sa  conscience  d'artiste,  ne  s'était  pieusement  attardé 
à  la  maquette,  à  côté  de  laquelle  ses  praticiens  viennent  à  peine 
de  dégrossir  le  marbre. 

Il  y  a  encore  sept  à  huit  mois  de  travail  pour  mettre  au  point 
cette  œuvre,  qui  d'ailleurs  restera  une  des  plus  magistrales  de 
l'éminent  artiste. 

En  tenue  de  campagne,  botté,  le  général  duc  d'Aumale  est  cou- 
ché sur  la  pierre,  la  main  droite  étendue  et  tenant  l'épée  le  long 
du  corps,  la  gauche  serrant  contre  la  poitrine  le  drapeau  français 
dont  la  hampe  est  surmontée  du  coq  gaulois. 

M.  Paul  Dubois  a  repris  le  moulage  de  la  tête  fait  en  Italie  au 
lendemain  de  la  mort. 

L'image  est  saisissante  ;  l'œuvre  est  d'un  grand  caractère. 


Le  DociïUR  Lemoine  et  les  Collections  du  Muséum.  —  Le  der- 
nier numéro  de  la  Revue  des  Deux-Mondes  contient  un  article  sur 
le  nouveau  Musée  de  paléontologie,  ouvert  au  Muséum  du  Jardin 
des  Plantes,  à  Paris.  Un  des  savants  qui  ont  le  plus  contribué  à 
enrichir  ce  Musée  est  le  regretté  docteur  Lemoine,  de  Reims. 
L'auteur  de  l'article,  M.  Gaudry,  de  l'Académie  des  Sciences,  lui 
consacre  les  lignes  suivantes  : 

((  Nous  possédons,  grâce  au  D""  Lemoine,  les  plus  anciens  mammi- 
fères découverts  en  France.  Ils  ont  été  recueillis  dans  la  coUine  de 
Cernay,  près  Reims.  Lemoine,  comprenant  leur  importance  pour 
l'histoire  de  l'évolution,  s'est  voué  à  leur  étude.  Il  n'en  a  d'abord 
trouvé  que  peu  de  débris.  Mais,  pendant  vingt  ans,  il  a  chaque 
semaine  été  fouiller  Cernay  ;  il  rapportait  un  jour  des  dents,  une 
autre  fois  des  os,  des  membres,  une  autre  fois  une  portion  de 
tête,  si  bien  qu'il  finit  par  avoir  des  squelettes  presque  entiers. 
Professeur  très  apprécié  à  l'Ecole  de  Médecine  de  Reims,  il  pou- 
vait acquérir  dans  cette  ville  une  importante  clientèle  ;  un  jour,  il 
sacrifia  sa  position,  vint  s'installer  i  Paris  dans  le  quartier  Latin, 
pour  mieux  étudier  ses  chers  fossiles.  Il  est  mort  récemment, 
léguant  au  Muséum  les  collections  qui  lui  ont  coûté  tant  de  pei- 
nes. Sa  veuve  a  complété  ce  legs  en  donnant  au  Muséum  le  terrain 
de  Cernay  pour  compléter  les  fouilles.  » 


CHRONIQUE  941 


Saint-Marceaux  et  le  monument  d'Alphonse  Daddet.  —  On 
peut  voir,  dans  l'atelier  du  statuaire  Saint-Marceaux,  la  maquette 
du  monument  d'Alphonse  Daudet,  dont  l'exérution  lui  a  été 
récemment  confiée. 

L'écrivain  est  représenté  assis  sur  un  tertre,  dans  une  attitude 
rêveuse  et  mélancolique,  à  l'ombre  d'un  vieil  olivier  de  Provence 
au  tronc  noueux,  au  grêle  feuillage,  dont  le  poétique  symbole 
caractérise  heureusement  le  talent  si  délicat  de  l'artiste  regretté. 

Le  monument  doit  être  érigé  à  Paris,  et,  suivant  le  voeu  de  la 
famille,  sur  un  point  de  la  rive  gauche,  où  Daudet  a  écrit  la  plus 
grande  partie  de  son  œuvre,  et  où  il  est  mort. 

L'emplacement  exact  n'est  pas  encore  fixé.  Ce  sera  le  square  de 
Sainte-Glotilde,  ou  le  jardin  du  Luxembourg,  ou  encore  l'un  des 
petits  squares  qui  encadrent  Saint-Germain-des-Prés. 


Un  portrait  de  Verlaine  et  de  Rimbadd,  par  Fantin-Latour.  — 
Un  tableau  célèbre  de  Fantin-Latour,  intitulé  :  Un  Coin  de  table, 
n'était  plus  en  France  depuis  de  longues  années,  à  la  grande  déso- 
lation des  poètes  du  Parnasse. 

Autour  d'une  table  sont  rangés  Paul  Verlaine,  Arthur  Rimbaud, 
Léon  Valade,  Ernest  d'Hervilly,  Camille  Pelletan,  Pierre  EIzéar, 
Emile  Blémont  et  Jean  Aicard.  Un  géranium  blanc  marqueta 
place  que  devait  occuper  dans  cette  toile  Albert  Mérat  qui,  à  la 
suite  d'une  discussion  avec  Verlaine,  ne  voulut  pas  poser  à  côté  du 
poète  de  Sagesse. 

Le  Coin  de  labié  était  à  Manchester.  Ce  tableau,  ces  jours-ci, 
fut  mis  en  vente,  et  M.  Emile  Blémoat  fit  le  voyage  pour  l'acheter 
au  prix  de  22,000  francs. 

M.  Emile  Blémont  a  l'intention  d'offrir  cette  œuvre  de  Fantin- 
Latour  à  la  Ville  de  Paris. 


Le  monlment  de  M.  Lixard,  a  Rethel.  —  La  réunion  du  Comité 
pour  l'érection  du  buste  de  M.  Linard  a  eu  lieu  hier  à  Rethel: 
une  Commission  a  été  formée,  ayant  pour  président  M.  Paul 
Chappe,  avoué,  juge  suppléant.  Elle  doit  décider  notamment 
l'emplacement  sur  lequel  sera  élevé,  non  plus  un  buste,  mais  un 
monument  en  bronze,  que  les  souscriptions  déjà  versées  et  celles 
à  recueillir  permettront  d'ériger. 


Le  monument  du  général  du  Merbion,  a  Montmeillant.  —  La 
pose   du   tnouumcnt  du   général   du  Merbion  a  été  effectuée  la 


942  CHRONIQUE 

semaine  dernière.  Il  ne  resle  plus  qu'à  s'occuper  de  quelques 
détails  de  pratique  et  des  inscriptions  commémoratives. 

L'exécution  de  ce  monument  avait  été  confiée  à  MM.  Colle  et 
Racine  fils,  par  une  délibération  de  la  Commission  d'architecture 
en  date  du  25  avril  dernier. 

Rappelons  qu'au  mois  de  novembre  1896,  les  restes  mortels  du 
général  du  Merbion  étaient  encore  relégués  dans  le  grenier  du 
presbytère  de  Monlmeiliant  (Ardennes). 

La  translation  de  ses  ossements  dans  le  cimetière  (3  décembre 
1896),  la  célébration  du  centenaire  de  la  mort  du  général 
(25  février  iSOIj,  la  formation  d'un  Comité  d'initiative  et  d'un 
Comité  de  patronage,  l'organisation  d'une  souscription  publique, 
et  enfin  l'exécution  du  monument,  tout  a  pu  être  réalisé  en  moires 
de  deux  ans. 


Lli    MONUMENT    COMMÉMORATIF   DE    LA    BATAILLE    DE     CuAONNE.     —    Le 

Comité  pour  l'érection  d'un  monument  à  élever  sur  le  plateau  de 
Craonne  à  la  mémoire  des  soldats  français  et  russes  qui  se  sont 
rencontrés  dans  la  mémorable  journée  du  7  mars  1814,  dans  la 
grande  plaine  d'Hurtebise,  vient  de  se  réunir  à  Craonne  (Aisne), 
sous  la  présidence  de  M.  Ermant,  député. 

M.  Malézieux,  président  du  Conseil  général  de  l'Aisne,  M.  G. 
Hanotaux,  ancien  ministre  des  Affaires  étrangères,  M.  Roger, 
ancien  préfet  de  l'Aisne,  et  M.  Henri  Houssaye,  de  l'Académie 
française,  auxquels  la  présidence  d'honneur  avait  été  otîerte,  ont 
répondu  par  des  lettres  d'acceptation  et  de  remerciements  ;  le 
Comité  a  décidé  d'ajouter  à  cette  liste  M.  Goulley,  le  nouveau  pré- 
fet de  l'Aisne,  et  le  ministre  des  Affaires  étrangères  en  exercice. 

M.  Ermarit  se  propose  de  pressentir  l'ambassadeur  de  Russie, 
dans  la  pensée  que  la  grande  nation  amie  et  aihée  de  la  France 
voudra  bien  s'unir  aux  Français  pour  honorer  la  mémoire  des  sol- 
dats qui,  sur  le  plateau  de  Craonne,  sont  également  tombés  en 
défendant  leur  drapeau. 

Le  choix  de  l'emplacement  et  du  monument  sera  décidé  dès 
que  les  souscriptions  auront  atteint  le  chiffre  de  10,000  francs. 

A  cet  effet,  une  réunion  des  maires  du  canton  et  du  Comité 
aura  lieu  sur  le  plateau  même  où  dorment,  confondus  dans 
l'apaisement  de  la  mcrl,  les  combattants  glorieux  des  deux 
nations,  le  7  mars  prochain,  date  anniversaire  de  la  bataille. 


Fouilles  de  nécropoles  gaulolses,  a  Aussonce.  —  Le  silence 
qui  s'est  produit  autour  de  nos  travaux  n'implique  pas  que  nos 
recherches  soient  restées  infructueuses,  et,  pour  s'en  convaincre, 
il  suffit  de  visiter  le  Musée  archéologique  de  la  ville  de  Reims, 
confié  à  nos  soins. 


CFIBONIQUE  043 

Les  personnes  qui  nous  font  l'honneur  de  passer  quelques 
instants  près  de  nous  nous  prouvent,  par  leurs  visites  répétées  cl 
leurs  observations,  tout  l'intérêt  qu'elles  attachent  à  nos  décou- 
vertes. En  ell'et,  nous  comptons  aujourd'hui  près  de  ,3,000  objets 
provenant  de  nos  fouilles,  objets  parmi  lesquels  il  sVn  trouve 
une  quantité  respectable  encore  inconnus  ju-;qu'à  ce  jour. 

Mais  là  ne  se  borne  pas  seulement  l'intérêt  de  nos  collections 
archéologiques.  Nous  avons  à  y  ajouter,  dans  la  section  gauloise, 
de  nouveaux  dons  de  notre  généreux  et  bienveillant  collabora- 
teur, M.  Gustave  Logeart. 

C'est  toujours  d'Aussunce  (Ardennes),  où  M.  Logeart  a  décou- 
vert cinq  ou  six  nécropoles  de  ces  anciennes  époques,  que  nous 
viennent  les  produits  de  ses  fouilles. 

Nous  avons  aujourd'hui  à  relater  do  nouveaux  dons  faits  au 
Musée  archéologique  par  M.  Gustave  Logeart,  et,  sans  entrer  dans 
de  minutieux  détails,  nous  allons  les  rapporter  ici  : 

Trois  torques  ou  colliers  en  bronze  arlistement  ciselés  en  traits 
creux  et  fins,  couverts  d'une  patine  verte. 

Un  torque  en  bronze  formé  d'une  torsade  profonde.  Patine 
verte. 

Un  torque  en  bronze  en  torsade  ordinaire.  Patine  verte. 

Provenant  d'une  même  sépulture,  les  objets  suivants  : 

Un  torque  ouvert,  à  tampons  finement  ciselés  ;  deux  fibules 
arquées  et  deux  bracelets  ornés  de  traits  circulaires  ;  le  tout  en 
bon  état  et  avec  une  belle  patine  verte. 

Une  seconde  sépulture  contenant  :  une  jolie  petite  fibule  circu- 
laire et  cinq  anneaux  en  bronze,  couverts  d'une  patine  verte.  Une 
épée  et  deux  pointes  de  lance  en  fer. 

Notons  encore  une  très  jolie  épée  en  fer,  dans  son  fourreau  de 
même  métal  portant  une  bouterolle  ajourée. 

Enfin  plusieurs  couteaux,  poignards,  fers  de  lance  et  objets  en 
poterie  fort  intéressants. 

Nous  avons  remercié  M.  Gustave  Logeart  et  nous  lui  renouve- 
lons, ici,  nos  remerciements  pour  ses  nouveaux  et  importants  dons 
au  iMusée  archéologique  de  la  ville,  et  nous  espérons  que  notre 
reconnaissance  et  nos  remerciements  dépasseront  le  seuil  de  notre 
salle. 

Grâce  à  M.  Logeart,  nos  collections  gauloises  augmentent  leur 
importance  chaque  année. 

Théophile  Habkrt. 
(Courrier  de  la  Champagne) 


Découveutes  ARCHÉoLOGiQuiîs.  —  Dolle  luniulaire  reLrouvée  à 
Barbuisc.  —  On  vient  de  découvrir,  cachée  sous  plusieurs  cou- 
ches de  vieille  mousse,  une  pierre  tumulaire  servant  de  piédestal 


944  CHRONIQUE 

à  quatre  volutes  de  la  croix  du  cimetière  et  portant  une  inscrip- 
tion qu'il  nous  parait  intéressant  de  signaler. 

La  pierre,  qui  a  été  coupée  ou  diminuée  à  sa  partie  inférieure, 
mesure  encore  97  centimètres  sur  1°'49.  A  la  partie  supérieure  de 
cette  pierre,  se  trouve  un  écusson  que  surmonte  une  couronne 
détériorée  par  le  temps.  L'écu  est  de  forme  ovale,  de  gueules,  au 
chef  d'argent  ;  sur  les  côtés,  à  gauche  de  l'écussou,  le  mot  : 
arme;  —  à  droite,  le  mot  :  support;  —  au-dessous  de  Técusson 
est  gravée  l'inscription  dont  nous  respectons  l'orthographe  et  la 
disposition  : 

CY    GIST 

MESSIRE   CLAUDE   PIERRE   GASTON   M.... 

CHEVALIER    SEIGNEUR    DE    VIMDÉ 

COURTAVANT      ET      AUTRES     LIEUX 

CONSEILLER     DU     ROY     EN     TOUS      SES 

CONSEILS    MAITRE   DES    REQUESTES 

ORDINAIRE   DE   LHOTEL   DE    SA   MAJESTE 

QUI    MOURUT   UNIVERSELLEMENT 

REGRETTE   LE   2   NOVEMBRE    17... 

ÂGÉ    DE   TRENTE   DEUX   ANS...    7    MOIS 

Requiescat  in  pace. 

D'après  ce  que  nous  savons  de  l'histoire  du  pays,  nous  sommes 
en  présence  de  l'épitaphe  d'un  ancien  seigneur  de  Courtavant,  les 
Planches,  Barbuise,  le  Plessis-Barbuise,  etc.,  Claude-Pierre-Gaston 
Morel  de  Vindé,  fils  aîné  de  Pierre-Benoît  Morel  (conseiller  du 
roi,  président  en  la  Cour  des  aides,  chevalier  seigneur  de  Vindé, 
du  Meix-Sainl-Epoing,  des  Planches),  et  d'Angéligue  de  Lossen- 
dière,  fille  de  Louis-Gaston  de  Lossendière,  conseiller  à  la  Cour 
des  aides  de  Paris. 

Claude-Pierre-Gaston  Morel  rendit  foi  et  hommage  pour  Courta- 
vant et  les  fiefs  de  Launay  et  du  Plessis-Barbuise,  en  1742. 

Le  nom  de  Claude-Pierre-Gaston  Morel  évoque  ceux  des  héri- 
tiers ;  qu'il  nous  soit  permis  de  les  donner. 

En  <7o9,  Charles-François  Morel,  président  en  la  Cour  des 
aides,  était  seigneur  du  Mey,  de  Bricot,  Courtavant,  le  Plessis, 
etc.,  comme  héritier  de  son  frère  Claude-Pierre-Gaston  Morel.  Il 
eut,  à  son  tour,  comme  héritier,  son  fils  Charles-Gilbert  Morel  de 
Vindé  qui,  en  1785,  rendait  foi  et  hommage  pour  Courtavant, 
Launoy  et  le  Plessis.  Charles-Gilbert  Morel  de  Vindé  fut  nommé 
pair  de  France  le  7  août  1815,  par  lettres  patentes  du  i"  mars 
1819,  sa  pairie  fut  déclarée  transmissibic  à  son  petit-fils  Charles- 
Louis  Terray.  Claire-Marie  Morel  de  Viudé,  fille  de  Charles-Gilbert 
Morel,  avait  épousé,  en  1800,  Claude-Ilippolyte  Terray^.  dont  elle 
avait  eu  Charles-Louis  Terray. 

Emmanuel  Terray,  fils  de  ce  dernier,  était  propriétaire  de 
Courtavant,  Crèvecœur,  Les  Vignaux,  etc.  Il  vendit  les  Planches  à 
M.  Gavotte,  marchand  de  biens  à  Troyes,  qui  vendit  la  ferme  au 


CHRONIQUE  945 

fermier  qui  l'exploitait  alors  (peu  après  1862),  à  M.  Louis  Léger. 
A  la  mort  de  ce  dernier,  9  juin  1887,  les  héritiers  louèrent  la 
ferme  au  sieur  Trugal-Marmet,  de  Coiirtavant,  mais  il  fut  obligé 
de  cesser  la  culture  au  bout  de  trois  ans.  Aucun  nouveau  fermier 
ne  se  présentant,  les  héritiers  Léger  vendirent  en  détail,  et  per- 
sonne ne  s'étant  rendu  acquéreur  des  bâtiments,  la  ferme  des 
Planches  fut  démolie  en  4  892. 

Nous  voici  loin  de  la  pierre  tuniulaire  du  cinielièrc  ;  tels  sont 
pourtant  les  souvenirs  qu'elle  évoque. 

Dans  nos  cimetières  ou  dans  nos  églises,  que  de  pierres  nous 
diraient  encore  quelque  chose  du  pays!  Mais,  au  lieu  de  se  croire 
autorisé  à  les  délaisser  ou  à  les  mutiler  aH'reusenient,  comme  il 
n'est  arrivé  que  trop  souvent,  il  eût  fallu  penser  (c  qu'un  jour 
peut-être,  on  serait  très  heureux  d'avoir  tous  ces  souvenirs.   » 


Jubilé  kpiscopal  de  M?""  Langénieux.  —  Le  28  octobre  1898,  à 
9  heures  du  malin,  le  cardinal  Langénieux,  archevêque  de  Reims, 
a  célébré  l'anniversaire  de  sa  vingt-cinquième  année  d'épiscopat. 
Le  vénérable  prélat,  si  cruellement  éprouvé  il  y  a  peu  de  mois 
par  la  mort  de  sa  sœur,  ressentait  une  grande  consolation  à  se 
voir  entouré  des  vœux  et  des  félicitations  de  son  clergé,  de  ses 
ouailles. 

L'office  se  composait  d'une  simple  messe  basse,  dite  par  Son 
Eminence^  et  pendant  laquelle  la  maîtrise  a  fait  entendre  plu- 
sieurs morceaux  de  musique  religieuse  de  circonstance,  entre 
autres  : 

Ecce  sacerdos  magtius  (Vittoria)  ; 

Sanctus  (messe  des  Anges  gardiens  de  Gounod)  ; 

Ave  Maria  (Thibaut). 

L'église  tout  entière  était  remplie  d'une  foule  recueillie. 

Après  ïlte  missa  est,  le  clergé  et  les  invités  se  rendirent,  par 
l'escalier  de  communication,  dans  la  grande  salle  du  palais  archi- 
épiscopal. Là,  Ms""  Cauly,  vicaire  général,  donne  lecture  à  Son 
Eminence  d'une  adresse  de  son  clergé,  rappelant  en  termes  élo- 
quents les  hautes  qualités  pastorales  de  Me'""  Langénieux  et  les 
grandes  œuvres  accomplies  sous  son  épiscopal  et  par  son  initia- 
tive. Une  souscription  était  organisée  dans  le  but  de  lui  otfrir,  en 
souvenir  de  cette  mémorable  date  de  sa  vie,  une  crosse,  une  croix, 
une  mitre  et  un  anneau,  c'est-à-dire  les  attributs  symboliques  de 
la  dignité  épiscopale  ;  mai:»,  après  mûre  réflexion^  on  a  cru  mieux 
répondre  aux  désirs  de  Son  Eminence  en  affectant  le  montant  de 
la  souscription  à  Tautel  de  Sainte-Ciolilde,  en  consti'uclion  au 
faubourg  Fléchambault. 

Le  cardinal_,  visiblement  ému,  répond  et  remercie  en  termes 

60 


946  CHRONIQUE 

profondénienf  pénétrés  ;  il  donne  ensuite  sa  bénédiclion  pontifi- 
cale, et  toute  rassistance  défile  devant  lui  et  baise  son  anneau 
pastoral.  Se  rendant  de  là  sur  le  perron  du  palais,  il  bénit  égale- 
ment la  foule  pieusement  accumulée  dans  la  cour  intérieure  de 
l'Archevêché,  et  l'on  se  sépare  en  murmurant  la  formule  consa- 
crée :  Ad  mullos  annos...  fcUcUer ! 

Au  cours  de  la  cérémonie,  connaissance  a  été  donnée  d'un  télé- 
gramme de  Rome,  renfermant  les  vœux  et  félicitations  de  Sa 
Sainteté  au  cardinal  l^angénieux,  à  propos  de  son  jubilé  épisco- 
pal,  télégramme  dont  voici  le  texte  : 

«  Rome,  27  octobre  1898. 

«  A  Son  Ëniinencc  Le  cardinal  Langénieux^  archevêque 
de  Reims. 
«  Que  Votre  Eminence  daigne  agréer  mes  plus  sincères  félicita- 
«  lions  à  l'occasion  de  son  jubilé  épiscopal.  J'ai  aussi  le  plaisir  de 
«  lui  annoncer  une  Lettre  de  Sa  Sainteté.  » 

«  Cardinal  Rampolla.   » 


Verlaine  au  Luxembourg.  —  Le  portrait  de  Paul  Verlaine,  qui 
prendra  prochainement  place  dans  le  Musée  du  Luxembourg,  a 
été  oifert  à  l'Etat  par  un  groupe  de  gens  de  lettres  composé  de 
MM.  Sully  Prudhomme,  Edmond  Lepelletier,  Léon  Dierx,  Frédéric 
Mistral,  Paul  et  Victor  Margueritte,  Henry  Bauër,  Jean  Richepin, 
Maurice  Barrés,  etc. 

L'un  de  ces  écrivains  nous  contait  récemment  à  ce  sujet  une 
amusante  histoire  : 

11  paraîtrait  que  le  peintre  Edouard  Chanlalat  ne  termina  pas 
sans  peine  ce  portrait.  La  patience  n'était  pas  précisément  la  qua- 
lité dominante  de  Verlaine.  Il  posait  aussi  mal  que  possible.  A 
peine  assis,  il  s'énervait,  gesticulait,  racontait  une  petite  histoire 
et  s'esquivait  vivement.  Pour  le  décider  à  revenir,  le  peintre  était 
obligé  de  recourir  à  mille  stratagèmes.  Que  ne  promit-il  pas  au 
pauvre  Lélian  ?  Un  jour,  il  lui  annonça  de  la  musique  ;  un  autre 
jour. . .  du  feu. 

Cette  fois,  Verlaine  fut  ravi.  Du  feu  !  On  était  en  mai  :  nul  besoin 
de  bûches  dans  la  cheminée;  mais  Verlaine  exigea  le  feu  promis, 
et,  durant  la  séance,  un  poêle  énorme  flamboya  dans  l'atelier.  Et, 
joyeux,  Verlaine,  pour  une  fois,  posa  comme...  un  vrai  modèle. 


M.  Louis  Léger  et  l'Evangéliaire  slave  de  Reims.  —  L'Acadé- 
mie de  Reims  avait  convié  le  vendredi  25  novembre,  dans  la 
grande  salle  de  l'archevêché,  les  personnes  qui  s'intéressent  à 
l'étude  du  célèbre  Evangéliaire  slave  que  possède  la  Bibliothèque 
de  Reims,  à  venir  entendre  une  lecture  de  M.  Louis  Léger  rela- 
tive à  cet  antique  manuscrit. 


CHRONIQUE  947 

M.  Louis  Léger,  professeur  de  langue  et  de  littérature  slaves  au 
Collège  de  France,  est  certainement  l'un  des  savants  occidentaux 
les  plus  versés  dans  la  lecture  des  anciens  idiomes  slaves  ;  il  était 
donc  bien  qualifié  pour  étudier  notre  vieil  Evangéliaire. 

Après  avoir  établi  que  ce  précieux  manuscrit  provient  d'un 
monastère  de  Bénédictins  qui  existe  encore  à  Prague,  M.  Léger 
fait  table  rase  des  nombreuses  légendes  qui  ont  eu  cotirs  à  son 
sujet.  Les  dates  probables  de  son  apparition  —  xi'-  ou  .\ii«  siècle 
pour  l'une  des  parties,  1395  pour  l'autre  —  suftisent  d'ailleurs  à 
établir  l'inanité  de  la  plupart  d'entre  elles. 

Comment  le  célèbre  Evangéliaire  est-il  allé  de  Prague  à  Con.s- 
tantiuople,  et  comment  de  Con>tantinople  est-il  venu  à  Reims  ? 
Nul  ne  saurait  le  dire  d'une  façon  certaine.  Toujours  est-il  qu'il  se 
trouve  dans  notre  ville  depuis  300  ans.  Si  Ton  en  croit  la  tradi- 
tion, c'est  sur  cet  Evangile  que  les  rois  de  France  prêtaient  ser- 
ment lors  de  leur  sacre  ;  mais  il  n'existe  k-  l'appui  de  cette  tradi- 
tion aucun  document  précis.  Au  cours  de  la  Révolution,  comme 
tant  d'autres  objets  précieux  ou  sacrés,  il  a  eu  à  subir  les  outrages 
d'une  populace  avide  et  impie,  il  a  été  dépouillé  de  ses  orne- 
ments, de  ses  pierreries  et  de  ses  reliques  ;  c'est  même  miracle 
qu'il  n'ait  pomt  été  complètement  détruit.  Il  serait  fort  regretta- 
ble qu'un  document  de  cet  intérêt  vint  à  disparaître. 

L'abbé  Pluche,  dont  la  mémoire  est  demeurée  chère  aux  Rémois 
qui  ont  donné  son  nom  à  une  rue  de  leur  ville,  a  mentionné  ce 
manuscrit  dans  une  page  du  Spectacle  de  la  Nature.  Le  paléogra- 
phe Silvestre  publia,  en  1843,  le  fac-similé  des  95  pages  du  texte, 
dii  au  talent  d'un  artiste  rémois,  M.  Jules  Lundy.  —  En  1852,  le 
titre  de  l'édition  fut  renouvelé,  et  une  préface  eu  français,  de 
M.  Louis  Paris,  remplaça  l'introduction  latine  de  Kopitar. 

Telle  est  la  publication,  remontant  à  un  demi-siècle,  qu'il  s'agit 
aujourd'hui  de  refaire  à  nouveau,  à  l'aide  d'une  reproduction 
toujours  plus  fidèle  en  héliogravure  et  d'une  étude  plus  approfon- 
die, mise  au  courant  de  la  science. 


M.  Henri  Marteau.  —  Le  jeune  violoniste  rémois,  Henri  Mar- 
teau, vient  de  se  faire  entendre  à  Saint-Pétersbourg,  oir  il  a  rem- 
porté le  plus  vif  succès. 

Sou  talent  est  apprécié  en  ce;  termes  par  le  Journal  de  Saini- 
Pélersbourg  : 

K  M.  Marteau  possède  la  plus  merveilleuse  technique  qui  se 
puisse  imagmer,  la  plus  parfaite  et  la  plus  complète  aussi  sous 
tous  les  rapports.  Il  est  doué  d'un  son  extraordinaire  et  très 
chaud,  de  beaucoup  de  délicatesse  et  d'un  volume  considérable. 
Le  coup  d'archet  a  beaucoup  d'ampleur  et  de  vigueur  et  toute  la 
netteté  de  celui  d'un  maître. 


948  CHRONIQUE 

Mais  l'artiste  est  encore  plus  à  admirer  chez  M.  Marteau  que  le 
virtuose  :  il  n'a  pu  être,  en  effet,  ni  grisé,  ni  blasé  par  la  superbe 
série  des  concerts  qu'il  a  donnés  et  par  le  succès  inouï  qu'il  a 
obtenu  partout  à  l'étranger,  et  c'est  justement  ce  que  nous  appré- 
cions le  plus  chez  M.  .Marteau,  le  noble  enthousiasme  qu'il  a  pour 
son  art  et  la  hanle  idée  qu'il  se  l'ait  des  devoirs  de  la  vocation 
artistique. 

En  elïet,  M.  Marteau,  étant  Français,  fait  servir  son  succès  à  la 
cause  de  la  jeune  école  musicale  française,  dont  il  a  à  cœur  de 
faire  connaître  les  œuvres  les  plus  remarquables.  La  musique 
française  devra  beaucoup  à  M.  Marteau,  et  le  jeune  violoniste  peut 
être  fier  de  son  œuvre. 

Nous  ne  pouvons  passer  en  revue  l'exécution  de  tout  le  pro- 
gramme. Disons  seulement  qu'il  a  interprété  la  Sonate  de  Bach 
pour  violon  seul  comme  Joachim  seul  aurait  pu  le  faire  :  il  y  avait 
là  une  netteté,  une  précision  et  une  simplicité  qui  mettent  M.  Mar- 
teau au  premier  rang  des  violonistes  de  notre  époque.  Jamais 
encore  nous  n'avions  entendu  la  fugue  et  le  presto  de  cette  Sonate 
exécutés  ainsi.  La  fugue  surtout  était  d'une  admirable  clarté  et 
extraordinairement  détaillée. 

Le  concert  était  honoré  de  la  présence  de  Leurs  Altesses  Impé- 
riales le  grand-duc  et  la  grande-duchesse  Constantin,  qui  ont 
donné  constamment  le  signal  des  applaudissements  et  se  sont  fait 
présenter  M.  Henri  Marteau  à  l'issue  du  concert  en  l'accueillant  de 

la  façon  la  })lus  gracieuse.  » 

* 

La  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de  Reims  et  les 
GROTTES  DE  Trépail.  —  La  réunion  mensuelle  de  la  Société 
d'étude  des  sciences  naturelles  s'est  tenue  le  samedi  5  novembre, 
à  l'Hôtel  de  Ville  de  Reims,  sous  la  présidence  de  M.  I.,aurent. 

Deux  membres  titulaires  et  un  membre  assistant  sont  présentés 
et  admis. 

M.  L.  Demaison  a  déterminé  une  teigne  qui,  dans  les  pharma- 
cies, attaque  l'ergot  du  seigle  ;  c'est  une  linéide  :  la  Tinea  gra- 
nella. 

M.  Collet  a  adressé  un  catalogue  des  champignons  de  la  Marne. 
Il  résulte  de  ce  travail  que  trente  espèces  sont  à  ajouter  au  catalo- 
gue de  Richon. 

M.  de  Lamarlière  a  trouvé  une  orchidée  nouvelle  pour  la 
région  ;  c'est  la  Gordyera  repens.  Il  est  probable  que  cette  plante 
est  d'introduction  récente. 

M.  Nocton  donne  lecture  d'une  intéressante  analyse  sur  la  phy- 
siologie des  Protozoaires.  La  méthode  graphique  a  permis  de 
reconnaître  chez  ces  êtres  microscopiques  des  mouvements  auto- 
matiques et  des  mouvements  psycho-rétlexes. 

M.  Laurent  rend  compte  d'une  excursion  faite  par  quelques 


CHRONIQUE  949 

membres  de  la  Société  aux  grottes  de  Trépail.  Le  village  de  Tré- 
pail  est  traversé  par  un  ruisseau  qui  sort  de  la  craie  après  avoir 
parcouru  un  long  trajet  souterrain  connu  depuis  longtemps  des 
habitants  du  pays  et  visité  à  plusieurs  reprises  depuis  le  commen- 
cement du  siècle.  Une  partie  des  eaux  sert  à  l'alimentation  de 
Trépail  et  d'Ambonnay;  l'excédent  actionne  un  moulin  situé  au 
pied  même  de  la  montagne,  à  une  centaine  de  mètres  de  la  sortie 
du  cours  d'eau. 

On  n'accédait  autrefois  au  souterrain  que  par  un  puits  établi 
dans  la  craie,  mais  depuis  quelques  années  une  galerie  a  été  creu- 
sée pour  faciliter  la  sortie  des  eaux.  Cette  galerie  est  rapidement 
franchie  par  les  excursionnistes  qui  pénètrenl  alors  dans  une 
étroite  fissure  dont  la  hauteur  moyenne  atteint  trois  à  quatre 
mètres  et  s'élève  par  endroits  jusqu'à  dix  ou  douze  mètres.  Les 
parois  sont  couvertes  de  stalactites  formant  une  véritable  draperie 
cristalline  avec  des  franges  à  reflets  jaunâtres. 

Le  lit  du  ruisseau  est  occupé  par  une  série  de  marmites  de 
géants  d'une  régularité  parfaite  ;  au  fond  de  chacune  d'elles  est 
un  caillou  qui  bien  souvent  n'atteint  pas  la  grosseur  du  poing; 
entraîné  par  Teau  dans  un  mouvement  rapide  de  rotation,  il  a 
creusé  peu  après  la  craie  sur  laquelle  il  reposait,  et  il  reprend  son 
travail  à  chaque  crue  du  cours  d'eau. 

Une  cascade  de  deux  mètres  de  hauteur  est  située  à  quatre 
cents  mètres  environ  de  l'entrée  du  souterrain  ;  elle  ne  peut  être 
franchie  qu'à  l'aide  d'une  échelle  ;  au-delà  la  crevasse  s'élargit, 
formant  la  chambre  du  Dôme  dont  la  voûte  est  garnie  de  stalac- 
tites atteignant  un  mètre  de  hauteur. 

Au  dire  des  habitants  du  pays,  il  existerait  dans  la  forêt,  au 
sommet  de  la  montagne,  un  goufl're  analogue  à  celui  de  Germaine, 
c'est  le  Trou-des-Fosses  par  lequel  les  eaux  pénètrent  continuelle- 
ment, atteignant  ainsi  la  grande  fissure  produite  dans  la  craie  par 
les  mouvements  du  sol  qui  ont  déterminé  une  partie  du  relief 
actuel  de  la  montagne. 

L'existence  des  gouffres  et  des  rivières  souterraines  se  trouve- 
rait ainsi  en  relation  avec  les  dislocations  de  la  craie  dans  la 
région  ;  sa  faible  élasticité  ne  lui  aurait  pas  permis  de  se  plisser 
sans  cassures  ;  ainsi  auraient  pris  naissance  les  divers  accidents 
qui  interviennent  aujourd'hui  dans  la  circulation  des  eaux  sur  le 
versant  sud  de  la  montagne  de  Reims. 

(Courrier  de  la  Champagne) 


Conférence  dd  D"^  Doyen  a  Paris.  —  Le  D""  Doyen  faisait  à 
Paris,  le  vendredi  soir  21  octobre  1898,  en  l'hôtel  des  Sociétés 
savantes,  rue  Serpente,  une  conférence  sur  «  l'Enseignement  de 
la  chirurgie  »,  avec  projections  cinématographiques.  La  grande 
salle  des  conférences  avait  été  envahie  dès  cinq  heures,  et  pour 


95U  CHRONIQUE 

entendre  l'éniinenl  praticien,  il  n'y  avait  pas  que  des  profession- 
nels et  des  étudiants,  mais  aussi  tout  un  groupe  de  mondains  et 
d'élégantes  attirés  par  cette  mise  en  scène  nouvelle  du  drame 
d'amphithéâtre. 

Au  milieu  de  la  salle  est  installé  le  projecteur  du  cinématogra- 
phe ;  quand  le  professeur  Doyen  prend  la  parole,  toutes  les  lumiè- 
res s'éteignent  ;  seules  les  deux  lampes  électriques  du  projecteur 
hiûlent  devant  le  conférencier,  mais  le  professeur  reste  dans  la 
pénombre  et  sa  voix  semble  ainsi  plus  nette,  plus  incisive,  dans  le 
silence  respectueux  de  l'auditoire  attentif. 

Après  un  rapide  exposé  de  quelques  découvertes  chirurgicales 
récentes,  le  professeur  Doyen  parle  d'opérations  délicates,  excep- 
tionnelles, qu'il  a  dû  faire,  et  tandis  qu'il  parle,  soudain,  sur  un 
écran,  des  images  apparaissent.  Agrandies,  devenues  énormes  sur 
l'écran,  les  mains  habiles  du  chirurgien  taillent,  pincent,  cousent, 
écrasent  des  chairs.  Ce  ne  sont  encore  que  des  reproductions  par- 
tielles, fixes. 

Voici  qu'il  est  question  d'une  opération  grave,  réputée,  il  y  a 
peu  de  temps,  impraticable,  et  tandis  que  la  voix  décrit  le  siège  et 
la  gravité  du  mal,  explique  les  diflicultés  à  vaincre,  sur  l'écran  se 
fixe  la  scène  de  l'opération  :  le  docteur  Doyen  examine  la 
patiente,  ses  aides  sont  là  et  dans  le  fond  deux  religieuses  immo- 
biles. Et  le  cinématographe  mis  en  mouvement,  subitement  toute 
l'opération  se  déroule;  les  profanes  sont  haletants,  saisis  d'admi- 
ration aussi  pour  la  sîireté,  la  rapidité  d'exécution. 

Le  spectacle  est  d'autant  plus  troublant  que,  par  instants,  la 
parole  du  conférencier  suit  le  geste  reproduit,  le  commente,  et 
donne  une  vie  complète  à  l'image  photographique. 

A  un  moment  donné,  l'opérateur  ne  trouve  pas  sous  sa  main 
uae  aiguille  à  suture  dont  il  a  besoin  et  qu'on  a  négligé  de  lui 
préparer. 

Le  cinématographe  reproduit  un  mouvement  d'impatience  ;  on 
devine  l'exclamation  qui  doit  sortir  de  la  bouche  du  professeur  : 
le  conférencier  ne  la  reproduit  pas  ;  il  déclare  ne  pas  vouloir  s'en 
souvenir,  mais  l'image  est  si  vivante  que,  sur  les  lèvres,  les  assis- 
tants ont  su  le  juron  échappé  au  praticien. 

Toute  cette  conférence  a  produit  uùe  profonde  impression,  et 
cette  api^lication  nouvelle  du  cinématographe  va  aider  puissam- 
ment à  la  propagation  du  haut  enseignement  scientifique. 


L'KLECiniciTK  A  MoNTMMiAiL.  —  La  viUc  de  Montmirail  (Marne) 
va  être  jirochainement  éclairée  à  la  lumière  électrique.  L'usine 
motrice  est  un  moulin  sis  sut'  le  territoire  de  la  commune  de 
Niécringes,  sur  le  Petit-Morin,  à  2,500  mètres  de  Montmirail.  Ce 
moulin  a  été  donné  par  M.  Labbé,  maire  de  la  ville. 


CHRONIQUE  951 

A  la  place  de  la  roue  à  aubes,  ou  a  installé  une  turbine  Iler- 
cule-ProgréSj  de  la  maison  Singruo,  d'Epinal,  capable  d'une  force 
motrice  de  16  chevaux.  Cette  turbine  actionnera  un  dynamo 
Brown  Boveri  qui  pourra  alimenter  de  ^2tj  à  130  lampes  à  incan- 
descence de  16  bougies.  L'éclairage  de  la  ville  sera  assuré  par  80 
lampes  environ. 

Selon  toute  probabilité,  la  mise  en  route  aura  lieu  dans  la 
seconde  quinzaine  de  novembre.  Nous  croyons  que  sous  peu,  les 
édifices  municipaux  seront  éclairés  à  l'électricité. 


Nominations  et  Distinctions.  —  Le  contre-amiral  Lefèvre.  — 
Le  capitaine  de  vaisseau  Jules  Lefèvre,  ancien  sous-chef  d'état- 
major  du  ministère  de  la  Marine,  vient  d'être  nommé  contre- 
amiral. 

Cet  avancement  justifié  est  un  honneur  qui  rejaillit  sur  la  ville 
de  Chilions,  dont  le  nouvel  officier  général  est  originaire. 

M.  Lefèvre  est,  en  efiet,  fils  d'un  très  honorable  professeur 
d'humanités  au  Collège  de  Châlons,  qui  a  laissé  chez  ses  anciens 
élèves  les  meilleurs  souvenirs.  Jules  Lefèvre  quitta  le  Collège  en 
18H6  pour  entrer  à  l'Ecole  navale.  Sa  première  campagne  lut  à  la 
station  navale  du  Pacifique,  et  il  explora  les  côtes  du  Chili  et  du 
Pérou.  Plus  tard  il  prit  part  à  la  conquête  de  la  Cochinchine,  et  il 
fut  Tun  des  premiers  officiers  français  qui  visitèrent,  dans  le  Cam- 
bodge, les  célèbres  ruines  d'Angkor.  Il  en  rapporta  des  vues  très 
remarquables  qui  accompagnèrent,  dans  le  Tour  du  Monde^  le 
récit  de  voyage  des  lieutenants  de  vaisseau  Francis  Garnier  et 
Delaporte  sur  le  Mékong. 

A  vingt-six  ans,  Lefèvre  était  lieutenant  de  vaisseau  et  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur.  Pendant  la  guerre  de  1870,  il  fit  partie 
des  détachements  de  marins  qui  contribuèrent  si  puissamment  à 
la  défense  de  Paris.  C'est  au  fort  de  Romainville  et  à  la  défense 
du  plateau  d'Avron,  qu'il  mérita  et  obtint,  bien  jeune  encore,  la 
croix  d'officier  de  la  Légion  d'honneur.  Il  a  aujourd'hui  le  grade 
de  commandeur. 

Capitaine  de  frégate  en  1877,  capitaine  de  vaisseau  en  1887^ 
Jules  Lefèvre  a  été  chargé  depuis  de  missions  diverses,  tantôt 
détaché  à  la  Commission  d'expériences  d'artillerie  de  Grave,  tan- 
tôt chargé  d'études  d'hydrographie.  Il  a  commandé,  il  y  a  quel- 
ques années,  le  vaisseau  Ylpiiujénie^  qui  sert  d'école  d'application 
aux  jeunes  aspirants  sortis  de  l'Ecole  navale  ;  il  a  parcouru  avec  ce 
navire  la  Méditerranée  et  l'Océan  Atlantique.  Il  a  rempli  à  deux 
reprises  les  fonctions  de  sous-chef  d'état-major  général  du  minis- 
tère de  la  Marine. 

On  voit  qu'il  est  peu  de  carrières  plus  brillantes  et  mieux 
remplies. 


9j2  chronique 


M.  Palenôtre.  —  Originaire  de  Baye  (Marne),  où  son  père  exer- 
çait la  profession  de  notaire,  M.  Patenôtre  est  ambassadeur  à 
Madrid  depuis  quelques  mois  seulement.  Il  y  fut  envoyé,  de  Was- 
hington, lorsqu'il  fallut  faire  une  place  dans  la  «  carrière  »  à 
M.  Jules  Cainbon  qui  quittait  le  gouvernement  général  de  l'Algé- 
rie, et  dont  il  va  aujourd'hui  râfnplacer  le  frère  aîné  à  Constanti- 
nople.  La  famille  Cambon  ne  lui  porte  pas  précisément  malheur. 

Son  ambassade  à  Washington,  oîi  il  fut  le  premier  de  son  grade 

—  il  fut  promu  lorsque  l'on  transforma  la  légation  en  ambassade 

—  fut  plus  longue.  Il  eut  môme  le  temps  d'y  prendre  femme,  et 
d'y  faire  faire  fort  bien  les  affaires  de  la  France  qu'il  avait  précé- 
demment gérées,  avec  distinction,  dans  les  divers  postes  auxquels 
il  avait  été  appelé,  notamment  en  Chine. 

M.  Patenôtre  fait  partie  de  la  nombreuse  pléiade  des  hommes 
distingués  auxquels  M.  Jules  Ferry  ouvrit  la  porte  des  grandes 
fonctions  publiques.  Il  l'accompagna  en  Grèce,  en  qualité  de 
secrétaire,  en  1871,  lorsqu'il  y  représenta  la  France. 

La  succession  qu'il  va  recueillir  est  lourde  ;  mais  ses  amis  assu- 
rent qu'elle  n'est  pas  au-dessus  de  sa  valeur. 


Par  décret  en  date  du  26  novembre  1898,  M.  Paul  Leseur  a  été 
nommé,  comme  professeur  titulaire,  à  la  chaire  de  législation 
coloniale  de  la  Faculté  de  droit  de  l'Université  de  Paris. 

Celte  nomination  est  des  plus  heureuses  :  M.  Paul  Leseur  avait 
fait  comme  agrégé,  à  cette  même  Faculté,  un  cours  de  droit  colo- 
nial qui  avait  été  des  plus  remarqués.  Il  est,  en  quelque  sorte,  un 
des  créateurs  de  cet  enseignement  en  France. 

M.  Paul  Leseur  est  né  à  Reimsj  où  son  père,  qui  exerçait  la  pro- 
fession d'avoué  et  d'avocat,  fut  l'un  des  membres  les  plus  distin- 
gués de  l'Académie  rémoise.  Nous  adressons  au  jeune  et  sympa- 
thique professeur  nos  bien  sincères  félicitations. 


Un  jeune  et  brillant  officier,  châlonnais  de  naissance,  le  capi- 
taine Mourin,  dont  nous  avons  eu  plus  d'une  fois  à  signaler  la 
belle  conduite  au  Tonkin  et  à  Madagascar,  vient  d'être  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
Voici  la  notice  que  lui  consacre  le  Journal  officiel  : 
«  Mourin  (Charles-Henri),  capitaine  d'infanterie  de  la  marine  ; 
quatorze  ans  de  service,  neuf  campagnes,  dont  six  de  guerre,  une 
blessure  de  guerre  :  faits  de  guerre  à  Madagascar.  Le  28  septem- 
bre 1897,  après  avoir  été  blessé  d'un  coup  de  feu  à  la  tête,  est  resté 
à  sa  place  de  combat,  a  continué  à  commander  le  feu  de  son 


CHRONIQUE  ^53 


groupe  et  a  tenu  à  marcher  toute  la  journée  à  la  tête  de  ses  hom- 
mes, refusant  de  se  laisser  transporter.  » 


Le  dernier  mouvement  administratif  et  judiciaire  comprend, 
entre  autres  nominations,  les  mutations  suivantes  : 

—  M.  Thibon,  sous-préfet  de  Saint-Sever,  est  nommé  sous  préfet 
de  Vouziers  en  remplacement  de  M.  Raux,  nommé  sous-préfet  de 
Montargis  ; 

M.  Balliez,  conseiller  de  préfecture  de  la  Lozère,  est  nommé 
conseiller  de  préfecture  de  la  Marne  en  remplacement  de  M.  Mail- 
lefer,  nommé  conseiller  de  préfecture  du  Pas-de-Calais  ; 

M.  Grosclaude,  sous-préfet  de  Gourdon,  est  nommé  sous-préfet 
de  Rethel,  en  remplacement  de  M.  Grody,  nommé  chef  de  Cabi- 
net de  M.  Camille  Kranlz,  ministre  des  Travaux  publics. 

—  M.  Bouvet,  juge  suppléant  à  Langres,  est  nommé  substitut  à 
Wassy  en  remplacement  de  M.  Jorrot,  nommé  à  Limoges  ; 

M  Lalubie,  procureur  à  Calvi,  est  nommé  procureur  à  Rocroi, 
en  remplacement  de  M.  Bonfils-Lapouzade,  nommé  procureur  à 
Charleville  ; 

M.  Déglise,  juge  suppléant  à  Rambouillet,  est  nommé  juge  à 
Epernay,  en  remplacement  de  M.  Dusanterre,  nommé  juge  d'ins- 
truction à  Troyes,  en  remplacement  de  M.  Carteron,  décédé  ; 

M.  Lénard,  substitut  à  Paris,  est  nommé  procureur  de  la  Répu- 
blique à  Reims  en  remplacement  de  M.  Herbaux,  nommé  substi- 
tut du  procureur  général  à  Paris  ; 

M.  Lévylier,  substitut  à  Rambouillet,  est  nommé  substitut  à 
Troyes,  en  remplacement  de  M.  Leroy,  nommé  à  Reims  ; 

M.  Le  Moite,  juge  nommé  à  Troyes,  est  nommé  à  Chûlons-sur- 
Marne  en  remplacement  de  M.  Le  Roy,  nommé  président  à  Ram- 
bouillet ; 

M  Lhuillier,  juge  à  Arcis-sur-Aube,  est  chargé  de  l'instruction 
en  remplacement  de  M.  Ecoutin,  qui  reprend  les  fonctions  de 
juge;  . 

M.  Hugot,  substitut  à  Reims,  est  nommé  à  Pans,  etc. 


M.  Pol  Neveux,  de  Reims,  sous-bibliothécaire  à  la  Bibliothèque 
de  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  vient  d'être  nommé  chef  adjoint  du 
cabinet  de  M.  Leygues,  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts. 


M.  Cornet,  inspecteur  d'Académie  à  Châloas-sur-Marne,  admis 
à  faire  valoir  ses  droits  à  la  retraite,  vient  d'être  nommé  inspec- 
teur d'Académie  honoraire. 


954  CHRONIQUE 


M.  Chanzy,  chef  de  bataillon  au  150^  de  ligne,  fils  du  regretlé 
général  de  cenoni  et  gendre  de  M.  Gailly,  sénateur  des  Ardennes, 
vient  d'être  nommé  commandant  au  4"  chasseurs  à  pied. 


Mariage.  —  Le  28  novembre  1898  a  été  célébré,  au  temple 
protestant  de  Reims,  le  mariage  de  M"«  Henrietle-Annetle  Krug 
avec  M.  Nesky-Georges-Heori-Emile  Dœschuer,  secrétaire  à  l'am- 
bassade de  France  à  Londres. 

Un  des  témoins  de  M.  Dœschner  était  M.  Hanotaux,  ancien 
ministre  des  Affaires  étrangères. 

Il  n'est  pas  besoin  de  rappeler  la  grande  et  honorable  place  que 
tient  à  Reims  la  famille  Krug.  M.  Paul  Krug,  chef  d'une  impor- 
tante maison  de  vins  de  Champagne,  est  non  seulement  un  négo- 
ciant distingué,  mais  encore  on  le  trouve  toujours  disposé  à  prê- 
ter son  concours  dévoué  aux  œuvres  de  haute  philanthropie. 


MÉLANGES 


Un  poète  de  province  :  M.  Cuarles  Desguerrois.  —  M.  Charles 
Desguerrois  est  un  vieux  poète  qui  vit  en  province,  dans  la  bonne 
ville  de  Troyes  en  Champagne. 

La  province  abrite  encore  plus  que  vous  ne  croyez  de  ces  hom- 
mes de  lettres,  paisibles  et  obscurs,  qui  cultivent  la  poésie 
comme  une  fleur  précieuse.  Ils  ne  sont  ni  bruyants,  ni  ambitieux. 
Dans  leur  petite  maison  entourée  d'arbres,  ils  se  contentent  des 
pures  joies  que  leur  donnent  l'amour  des  lettres  et  le  culte  désin- 
téressé des  douces  muses.  Ils  ont  des  livres,  des  fleurs,  des 
bibelots  et  quelques  amis  ;  le  meilleur  de  leur  temps  appartient  à 
la  musique  et  à  la  poésie.  Ils  sont  membres  de  la  Société  Acadé- 
mique, et  cette  Académie  locale  leur  suffit  :  le  pont  des  Arts 
est  trop  loin  et  trop  encombré. . . 

Tout  bonheur  que  la  main  u'alleiul  pas  n'esl  qu'un  rêve. 

Ils  vivent  là,  de  longues  années,  en  têteà-lête  avec  leurs  poètes 
préférés,  avec  leur  propre  rêverie,  dans  le  charme  d'une  solitude 
délicieuse.  Les  saisons  et  les  préfets  changent  autour  d'eux;  ils  ne 
s'inquiètent  pas  beaucoup  de  ces  changements.  Ce  sont  des  heu- 
reux et  des  sages,  dont  le  bonheur  est  fait  de  modestie  et  la 
sagesse  de  résignation.  A  mesure  qu'ils  écrivent  davantage  et  qu'ils 
vieillissent,  ils  deviennent  célèbres  dans  leur  endroit  ou  au  moins 
dans  leur  quartier  ;  le  parfum  du  miel  de  leurs  vers  se  répand  peu 
à  peu  dans  le  voisinage  ;  le  bruit  de  leur  nom  et  de  leurs  uiuvres 
s'étend  autour  d'eux,  comme  un  bourdonnement  d'abeille.T  :  il  y 
a  des  destinées  plus  éclatantes  ;  il  n'y  en  a  peut-être  pas  de  plus 
enviable. 

M.  Charles  Desguerrois  a  dépassé  quatre-vingts  ans.  Il  a  déjà 
publié  une  vingtaine  de  volumes  de  vers,  qui  ne  se  ressemblent 
pas,  et  où  il  y  a  de  très  jolies  choses.  Sa  facture  n'est  peut-être  pas 
irréprochable.  M.  Charles  Desguerrois  n'est  pas  un  virtuose  de  la 
rime,  un  ciseleur,  un  orfèvre,  un  parnassien  attentif  et  méticu- 
leux ;  c'est  plutôt  un  poète  d'instinct  et  d'inspiration.  L'art,  chez 
lui,  ou  le  métier,  est  inférieur  i  la  nature  ;  ses  petits  poèmes 
valent  moins  par  des  qualités  de  forme  pure,  par  le  fini  de  l'exé- 
cution et  du  détail,  que  par  le  sentiment  et  par  l'idée.  Ami  des 
anciens,  de  Virgile  notamment,  pour  lequel  il  a  une  tendresse  par- 
ticulière, il  aime  aussi  la  poésie  anglaise  contemporaine,  que  nous 
connaissons  trop  peu,  en  général,  et  il  la  connaît.  11  a  traduit  le 
Timon  d'ALhènes  de  Shakespeare  et  les  Sonnets  d'Elisabeth 
Browning,  en  vers  français.  Il  a  écrit  un  poème  eu  l'honneur  de  la 
cathédrale  de  Troyes.  Car  vous  savez,  —  ou  vous  ne  savez  pas,  — 


956  MÉLANGES 

que  la  ville  de  Troyes  n'est  pas  seulement  une  ville  de  bonnetiers; 
elle  abonde  en  belles  églises  :  Saint-Pierre,  la  cathédrale,  qui  est 
presque  aussi  belle  que  Notre-Dame  ;  Sainte-Madeleine,  avec  son 
jubé;  Saint-Jean,  Saint-Urbain,  Saint-Remy,  etc.  Allez-y  voir; 
vous  ne  regretterez  pas  votre  voyage. . . 

La  dernière  œuvre  de  M.  Charles  Desguerrois,  Depuis^  est  le 
plus  touchant  de  ses  livres.  L'an  dernier,  un  grand  chagrin  est 
venu  affliger  le  vieux  poète.  Il  a  perdu  la  compagne  de  sa  vie, 
l'amie  très  chère  et  très  douce,  dont  la  tendresse,  la  bonne  grâce 
et  le  sourire  égayaient  ses  dernières  années.  Cruellement  frappé 
dans  son  affection,  il  a  demandé  à  la  poésie  une  consolation  et  un 
refuge  ;  il  s'est  rappelé  le  conseil  de  Gœthe  : 

Écrire  son  chagrin  pour  être  consolé. 

11  a  écrit  le  sien,  comme  il  le  sentait,  moins  pour  faire  œuvre 
de  poète  que  pour  exprimer,  à  son  tour,  une  plainte  humaine, 
avec  le  sang  de  son  cœur  et  les  larmes  de  ses  yeux.  Ce  poème  de 
tristesse  est  très  ingénu  et  très  émouvant.  Le  vieux  poète,  dans  sa 
solitude  douloureuse,  s'est  laissé  aller  à  dire  sa  peine  avec  une 
expansion  si  vraie,  une  détresse  si  profonde  et  si  désolée  qu'il  est 
impossible  de  ne  pas  comprendre  et  de  ne  pas  partager  son  émo- 
tion. 11  n"a  pas  cherché  à  plaire  aux  beaux  esprits  ;  il  s'est  borné 
naïvement  à  ouvrir  son  âme  et  à  en  montrer  la  blessure  ;  il  a  fait 
une  gerbe  noire  de  ses  souvenirs  et  de  ses  regrets  pour  la  porter, 
de  ses  mains  pieuses,  sur  un  tombeau.  11  faudrait  être  bien  insen- 
sible ou  bien  exigeant  pour  vouloir  trouver  dans  ces  poèmes 
mélancoliques,  dans  ces  adieux  d'un  vieillard  à  une  morte,  autre 
chose  que  la  plainte  d'une  vie  brisée. . . 

M.  Charles  Desguerrois  est  justement  apprécié  dans  la  Tille  où  il 
demeure.  Voici  des  années  que  ses  amis  ont  demandé  pour  lui  le 
ruban  rouge  qu'on  donne  quelquefois,  pas  assez  souvent,  à  des 
littérateurs  de  province.  Ils  l'ont  demandé  à  des  ministres  diffé- 
rents ;  tous  ces  Messieurs  l'ont  promis.  M.  Charles  Desguerrois  et 
ses  amis  attendent  toujours,  avec  une  patience  qui  n'a  pas  été 
encore  récompensée.  Ce  ruban  ne  serait  pas  une  faveur.  Ce  ne 
peut  pas  être  parce  que  M.  Charles  Desguerrois  l'a  mérité  qu'il  ne 
l'obtient  pas.  Si  le  nouveau  ministre  des  Beaux-Arts,  M.  Georges 
Leygues,  qui  a  été,  lui  aussi,  un  poète,  voulait  bien  s'en  souvenir 
pour  honorer  son  vieux  confrère,  les  Troyens  lui  en  seraient 
reconnaissants.  M.  Charles  Desguerrois  n'est  pas  félibre  ;  il  est 
Champenois^  comme  Colin  Muset,  Thibaut  de  Champagne,  Eusta- 
ché  Deschamps,  Jean  de  La  Fontaine,  et  quelques  autres.  Pour- 
quoi le  président  des  Cadets  de  Gascogne  ne  serait-il  pas  bienveil- 
lant au  doyen  des  violoneux  de  Champagne  ?  Ce  n'est  pas  une 
consolation  que  j'ose  lui  demander  pour  M.  Charles  Desguerrois  ; 
c'est  une  réparation.  Sans  doute  M.  Georges  Leygues  n'a  plus  le 
temps  de  faire  des  vers,  ni  même  d'en  lire  ;  mais  il  a  dû  garder 


MÉLANGES  957 

un  senlimcnl  pour  la  poésie  ;  il   s'intéressera,  j'en   suis   siir,  à  un 
vieux  poète,  longtemps  oublié. 

(Débats)  S. 


Une  page  d'histoiiie  locale.  —  La  Société  populaire  de  Reims, 
1790-!),').  —  Sous  ce  titre,  M.  le  docteur  Pol  Gosset  va  publier,  à 
un  petit  nombre  d'exemplaires,  une  histoire  de  la  Société  des 
Jacobins  de  Reims.  Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  en  détacher 
l'extrait  suivant  : 

i<  Les  Jacobins  devaient  faire  un  séjour  prolongé  dans  l'egf/we 
des  Auguslins^  ;  ils  y  entrèrent  le  (6  septembre  1792,  mais 
n'arrangèrent  que  peu  à  peu  le  local  à  leur  convenance.  Un 
drapeau  surmonté  du  bonnet  de  la  liberté  et  un  tableau  avec  ces 
mots  :  Société  populaire^  furent  accrochés  au-dessus  de  la  porte, 
A  l'intérieur  on  réédifia  pour  le  bureau  l'estrade  qui  avait  été 
construite  à  Notre-Dame  lors  de  l'assemblée  des  électeurs  pour  la 
nomination"  des  députés  à  la  Convention  nationale  ;  le  public 
s'asseyait  sur  des  gradins  dont  l'un  s'écroula  en  février  pendant 
une  séance.  Le  buste  de  Mirabeau  et  les  drapeaux  des  nations 
anglaise,  française,  américaine  et  polonaise  furent  réinstallés  ; 
mais  l'Angleterre  ayant  renvoyé  notre  ministre,  le  pavillon  anglais 
fut  descendu  et  caché  dans  un  endroit  jusqu'à  nouvel  ordre 
(2  février)  ;  on  vota  l'achat  d'un  tableau  devant  servir  à  inscrire 
les  noms  des  défenseurs  de  la  Patrie  qui,  comme  Goffard  *  de 
Bazancourt,  se  distingueraient  par  quelque  action  d'éclat,  et 
Lefrançois  offrit  «  un  tableau  enluminé  contenant  l'évangile  de 
toutes  les  nations,  les  Droits  de  l'homme  »  ('22  vend.). 

Jusqu'ici  rien  de  banal  dans  la  décoration,  voici  qui  est  mieux  : 
Palloy,  le  patriote  Palloy  qui  débitait  les  pierres  et  les  métaux  de 
la  Bastille  en  petits  souvenirs,  offrit  ses  bibelots  à  la  Société  popu- 
laire (8  août)  qui  accepta  avec  enthousiasme.  Elle  délégua  à  Paris 
des  commissaires  que  Palloy  réunit  dans  un  repas  fraternel  avec 
des  membres  de  la  Société  populaire  de  Montpellier  et  il  leur  oll'rit 

1.  L'église  était  aux  pieds  du  rempart,  sur  l'emplacement  d'une  partie 
de  l'actuelle  rue  des  A.ugustins  qui  n'était  alors  qu'un  cul  de  sac.  En  1790, 
il  y  avait  10  religieux  auguslins  ;  la  maison  pouvait  en  contenir  20.  Ils 
enseignaient  non  seulement  le  latin,  le  français,  l'histoire  et  la  géographie, 
mais  encore  (ce  en  quoi  ils  diliéraieut  de  l'Université)  la  tenue  des  livres,  le 
change  et  les  langues  allemande  et  anglaise.  Le  Conseil  général  leur  en  sut 
gré  dans  sa  séance  du  19  octobre  1790. 

2.  Le  23  juillet,  Goifard,  chasseur  au  0"  régiment  ci-devant  Languedoc, 
rencontra  sur  la  froniièrc,  près  de  V'alenciennes,  huit  chasseurs  autrichiens 
à  pied  ;  après  quelques  coups  de  fusil  échangés,  il  désarmacinq  chasseurs, 
puis  fut  hlessé.  Les  Jacobins  de  Valenciennes  lui  lirent  remettre  une 
médaille  d'or,  ceux  de  Reims  lui  accordèrent  les  honneurs  de  la  séance  le 
27  septembre  1792,  ainsi  qu'à  son  père. 


0L)8  MéLANQES 

trois  socles  avec  inscriptions',  en  pierre  de  la  Bastille,  pour 
supporlor  les  bustes  de  Rrutus,  Lepelletier  et  Marat  qui  furent 
achetés  à  Paris.  On  lisait  sur  les  dés  de  pierre  : 

Bbutus 
Modèle  des  vrais  républicains 
H  fut  l'ennemi  juré  des  lois. 

Lepelletier 
Pour  avoir  voté  la  mort 
Il  fut  assassiné  par  un  brigand. 

MAHAT 

Le  véritable  ami  du  peuple 

Fut  poignardé  par  les  ennemis  du  peuple. 

A  ces  dons,  s'ajoutèrent  ceux  d'une  pierre  sur  laquelle  étaient 
gravés  les  seize  commandements  républicains,  d'une  médaille  en 
plomb  pour  le  président  provenant  «  du  scellement  d'anneaux  des 
chaînes  qui  garottaient  les  victimes  du  despotisme  »  et  de  six 
médailles  en  fer  de  chaînes  pour  les  «  frères  les  plus  tyrannici- 
des  ».  Mention  civique"''  du  don  de  Palloy  fut  faite  au  procès-ver- 
bal du  30  septembre.  «  Des  commissaires  ayant  été  nommés  pour 
aller  chercher  les  bustes  de  Lepelletier,  Marat  et  Brutus,  ils  arri- 
vent chargés  de  ce  dépôt  précieux  ;  la  Société  les  reçoit  avec  res- 
pect et  reconnaissance.  Ensuite  on  ouvre  une  discussion  sur  la 
demande  que  fait  le  citoyen  Palloy  que  les  six  médailles  qu'il 
envoie  soient  données  à  nos  frères  les  plus  tyrannicides.  Tous  les 
amis  de  la  Constitution  qui  composent  celte  Société  y  avaient 
droit.  »  On  ne  saurait  être  moins  modeste  ;  pourtant,  le  lende- 
main, le  président  fut  chargé  de  les  remettre  aux  deux  secrétai- 
res, au  trésorier,  à  l'ai'chivisle,  au  concierge  et  au  facteur  qui 
seraient  tenus  de  les  porter  toutes  les  fois  qu'ils  seraient  en  fonc- 
tion. Quelques  jours  après  cette  mémorable  séance,  le  représen- 
tant Riihl  étant  de  passage  à  Reims,  les  trois  bustes  furent  ornés 
d'un  ruban  tricolore. 

On  peut  deviner  ce  que  devenait  l'église  pendant  ce  temps  :  le 
12  mai,  la  séance  fut  suspendue  pour  jouir  de  l'anéantissement  par 
le  feu  des  images  antirépublicaines  qui  étaient  dans  l'église  des 
ci-devant  Auguslins,  et  en  juillet  la  démolition  du  jubé  qui  était 
gênant  fut  demandée  au  district.  Une  statue  de  la  Vierge  avait  été 
descendue  de  sa  niche  et  dénommée  déesse  Liberté. 

Ces  simples  notes  sur  la  décoration  du  local  de  la  Société  popu- 
laire font  prévoir  bien  des  changements  dans  l'état  d'esprit  des 
membres.  Le  7  avril  1793,  les  sociélaii'es  se  lièrent  par  un  nouveau 
serment  :   «  Au  nom  de  la  nation  et  de  la  loi,  nous  jurons  de 

1.   Deux  lettres  du  citoyen  Palloy  (Le  Cabinet  historique,  mars  iHGi). 
-,  A  la  Société  populaire  de  Reims,  mentiou  civique  remplaçait  l'expres- 
sion mention  honorable  depuis  le  29  août. 


MÉLANGES  959 

mourir  plutôt  que  de  soulïrir  qui  se  présenterait  ou  serait  présenté 
pour  Roi  et  tous  ceux  qui  voudraient,  au  mépris  de  la  sainte  éga- 
lité, usurper  des  pouvoirs  attentatoires  à  la  volonté  du  peuple.  » 

Le  \\  avril,  on  décida  que  le  >ionnet  rouge'  serait  obligatoire 
pour  le  président  et  facultatif  pour  les  membres.  Un  autre  jour,  en 
lin  de  séance,  le  président  fit  une  distribution  de  cocardes  aux 
citoyennes  qui  de  plus  en  plus  nombreuses  assistaient  aux  séances 
et  chantaient  à  l'orgue  des  chansons  républicaines,  la  Marseillaise, 
qui  parait  avoir  été  importée  ;\  Heinjs  par  un  membre  de  la 
Société  de  Metz^  un  Hommage  à  l'acte  constitutionnel  et  l'Hymne 
des  sans-culottes.  L'hiver,  elles  venaient  avec  leurs  chaufferettes'^, 
et  pendant  la  guerre  elles  faisaient  de  la  charpie  qu'elles  dépo- 
saient sur  le  bureau  à  la  fin  de  la  séance. 

Le  registre  des  procès-verbaux  a  conservé  les  noms  de  quelques- 
unes  d'entre  elles  :  la  citoyenne  Biondeau  offrit  pour  le  buste  de 
Mirabeau  une  écharpe  tricolore,  la  première  ayant  été  perdue 
dans  un  déménagement  ;  la  citoyenne  Rougeole,  après  un  petit 
discours,  donna  à  la  Société  l'oriflamme  qu'elle  portait  à  la  fête 
anniversaire  du  10  août  :  «  Républicains,  notre  sexe  est  faible, 
mais  notre  âme  est  forte  et  tous  les  jours  elle  acquiert  dans  votre 
Société  cette  énergie  qui  convient  à  des  républicaines...  »  L'élo- 
quence des  citoyens  était  plus  imagée  ;  Forzy,  reçu  membre  de  la 
Société  populaire,  se  crut  obligé  de  remercier  à  la  tribune  ses 
nouveaux  collègues  :  «...  ce  faisceau  de  lumière  que  vous 
répandez  sur  toute  la  France  me  servira  de  fanal  dans  la  carrière 
que  je  parcours...  »  Les  patriotes,  en  rentrant  chez  eux  ce 
jour-là,  ne  devaient  pas  se  croire  de  minces  personnages,  et 
quand  l'église  des  Auguslins  fut  à  vendre,  il  n'y  avait  plus  à  Reims 
qu'un  seul  édifice  qui  pût  leur  convenir,  la  Cathédrale,  fermée 
depuis  la  suspension  de  l'exercice  du  culte. 

La  cathédrale  vit  l'apogée  et  la  chute  des  Jacobins. 

Les  membres  venaient  aux  séances  avec  leur  carte  de  sociétaire 
à  la  boutonnière  ;  ils  occupaient  la  salle.  Le  peuple  montait  dans 
les  tribunes,  les  hommes  d'un  côté,  les  femmes  de  l'autre  ;  dans 
les  grandes   circonstances,   on   le   priait  de  descendre.   Ce  public 

1 .  Aux  Jacobins  de  Paris,  le  boanel  rouge  fut  salué  par  des  applaudisse- 
ments universels  le  11  mars  1792  ;  huit  jours  après,  on  lut  en  séance  uue 
lettre  du  maire  Pelion  qui  condamnait  ce  bonnet  qui  «  elfaroucbe  les  esprits, 
les  éloigne  de  vous  »  et  trouvait  que  la  coqarde  suffisait  comme  signe  do 
ralliement.  Tous  les  bonnets  rouges  disparurent  aussitôt  ;  ils  reparurent  un 
an  après. 

2.  Elles  ne  s'en  séparaient  guère  :  «  ...  des  citoyennes  entrent  conti- 
nuellement au  spectacle  avec  des  chaufferettes  ;  ce  meuble  est  infiniment 
susceptible  de  renverser,  alors  le  feu...  »  {Lettre  du  receveur  des  domai- 
nes nationaux  aux  officiers  municipaux  de  lieivis,  6  nivôse  an  II.) 


960  MÉLANGES 

était  bruyant,  surtout  dans  les  tribunes  des  citoyennes',  et  on  dut 
nommer  quatre  censeurs  dont  l'insigne  était  un  brassard  trico- 
lore, puis  huit,  puis  douze,  pour  faire  la  police  et  expulser  celles 
qui  faisaient  le  plus  de  tapage  ou  qui  n'avaient  pas  de  cocarde. 
Les  femmes  des  aristocrates  assistaient,  en  effet,  quelquefois  aux 
séances.  «  C'est  demain  un  ci  devant  dimanche,  dit  Fressencourt  ; 
ce  jour-là,  il  vient  ordinairement  des  dévotes  et  des  muscadins...  » 
et  il  proposait  de  leur  lire  les  mesures  à  prendre  contre  la 
superstition. 

Un  jour,  comme  on  discutait  en  séance  le  programme  de  la  fête 
à  célébrer  en  réjouissance  de  la  conspiration  d'Hébert,  quelqu'un 
proposa  de  ne  pas  s'embarrasser  des  femmes  ;  il  y  eut  de  vives 
*  protestations  en  faveur  de  «  ce  sexe  intéressant  qui  vient  embellir 
nos  fêtes  et  prêter  de  nouveaux  charmes  aux  lois  de  la  douce  fra- 
ternité *.  Néanmoins,  les  citoyennes  furent  piquées  de  la  proposi- 
tion qui  avait  été  faite,  et  le  jour  de  la  fêle  pas  une  n'était  dans 
les  tribunes,  c  Chaque  membre  a  vivement  senti  cet  isolement 
absolu  d'un  sexe  cher  à  tous  les  Jacobins.  » 


I.  Même  chose  à  Paris.  «  Messieurs,  dit  ud  jour  Louvet,  comme  le 
tumulte  vient  de  la  condescendance  trop  facile  avec  laquelle  vous  avez 
admis  les  dames  dans  votre  sein,  ce  qui  pourrait  devenir  fatal  à  Tordre  qui 
doit  régner  dans  notre  Société  et  à  la  sagesse  de  vos  délibérations,  je 
demande  que  la  Société  n'admette  plus  de  dames,  sous  quelque  prétexle 
que  ce  soit.  »  (10  février  1792.) 


L'Imprimeur- Gérant, 

Lkun    l'HÉMONT. 


TABLE 


DU 


Tome  X,  2"'"  Série,  de  la  ReYoe  de  Champagne  et  Brie 


ABRAHAM  (Vincent),  curé  de  Sept-Saulx,  massacré  aux 

Carmes  en  1792 478 

ACADÉMIE  NATIONALE  de  Reims 596,  606,  752 

ACTES  RELIGIEUX  du  Petit-Mesnil  de  1733  à  ^^  dévo- 
lution, par  P.  Chauvet 239 

ACTES  RELIGIEUX  de  Juvanzé  (Aube),  par  P.  Chau- 
vet    656 

ANTOINETTE    (sœur),     supérieure    de    l'hospice    de 

Nogent-sur-Seine,  médaille  d'or 469 

APOLLIN  (Camille)  (le  frère),  médaille  du  ministère  de 

la  Guerre 317 

ARDENNES  (bibliographie  des) 216 

ARTISTES  CHAMPENOIS  à  l'exposition  du  Cercle  artis- 
tique et  littéraire  Volney 301 

ATELIER  DE  FAUSSE  MONNAIE    au   XW    siècle    à 

Jeand'heurs 799 

A  TRAVERS  LES  REVUES;  articles  de  MM.  L.  Morin, 
le    baron  de  Baye,   d'Arbois  de   Jubainville,  Ernest 

Beauguitté,  G.  Paris 5^87,  741,  923 

AUSSONNE,  antiquités  gauloises 942 

AY,  nouvel  orgue 933 

BABELON  (Ernest),  élu  membre  de  l'Institut.     .     .     .  139 

BAILLOT  (Louis- Victor),  centenaire 285 

BARBUISE,    dalle    funéraire    de   Claude-Pierre-Gaston 

Morel  de  Vindé 944 

BAR-SUR-AUBE,  impôt  sur  le  vin 766 

BAYE  (baron  de),  sa  troisième  mission 132 

—  Conférences  à  la  Société  de  Géographie   ....     307,  310 

—  Exposition  de  ses  collections  au  iMusée  Guimet     .  456 

—  Mission  en  Géorgie 930 

BAYE  (château  de)^  herbier  de  J.-J.  Rousseau     .     .     .  135 

BAZEILLES,  monument  commémoratif. 4^3)  758 

BIARD  (Eugène),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  .     .  140 

BOHAI\,  monnaies  romaines 756 

BONVALOT  (Gabriel),  conférence  à  Reims     ....  307 

BOSSUET  (le  monument  de)  à  Meaux 455,  613 


II  Table 

BOURGEOIS  (Armand),  médaille  d'or 471 

BRIENNE,  combat  de 760 

CHALONS-SUR-MARNE,  pose  de  la  première  pierre  du 

Grand-Séminaire  ....  463 

—  Démolition  de  la  chapelle  du 

Collège 463 

—  L'imprimerie  à 473 

—  Dalle  tumulaire  du  XVII®  siè- 

cle       756 

CHAMPION  (Edme),  l'homme  au  petit  manteau  bleu    .  461 

CHARINY-LE-BACHOT,  bénédiction  de  cloche  ...  764 

CHAUMONT,  hôpital  des  vieillards 285 

—             Monument  patriotique 936 

CHAVAILLIAUD,  statuaire 628 

CHENAY,   bénédiction  de  cloche 932 

CHIQUET  (M™e  Julia  Cousinat^  veuve)^  centenaire.     .  3x2 
CONGRES  ANNUEL  des  Sociétés  savantes  de    Paris  et 

des  départements,  1898 44 

COSNE  (Mlle  Marie)    .     .^ .  136 

COURAJOD  (Louis)  à  l'École  du  Louvre 618 

CRAONNE,  monument  commémoratif 464,  942 

CRUGNY,  tombe  de  Fr.  Veily 627 

CUIS,  rosier  monstre 630 

CUNFIN,  chêne  de  huit  siècles 137 

DAMPIERRE-LE-CHATEAU,  famille  de  27  enfants     .  138 

DARBOY  (Mg--);,  son  bréviaire 311 

DÉCOUVERTES  ARCHÉOLOGIQUES  à  Bassuet  (ob- 
jets celtiques),  à  la  Neuville-au-Pont  (fossiles)  ...  311 

DELOYE  (Gustave),  sculpteur  sedanais 312,  627 

DENAIFFE  (Clément),  chevalier  de  la    Légion   d'hon- 
neur    140 

DESGUERROIS  (Charles),  poète 955 

DEULIN,  vente  de  sa  bibliothèque 310 

DEVIOLAINE  (Emile),  chevalier  de  la   Légion  d'hon- 
neur    140 

DOUCET  (Eugène)^  prix    de    la    Société    littéraire    de 

Nîmes 317 

DOYEN  (le  D""),  conférencier  à  Paris .949 

DUBOIS  (Théodore) 317,    932 

—        (Paul) 940 

EPERNAY,  pose  de  la  première  pierre  de  l'église  Notre- 
Dame  459 

—          Comice  agricole 768 

ESSAI  d'une  bibliographie  historique   du    département 

des  Ardennes,  par  H.  Jadart 216 

EXPOSITION  des  pastellistes 4J7 

FAUX-FRESNAY,  mo.iument  commémoratif .     .      .     .  463 

FRANÇOIS  VINCHANT,  par  le  comte  DE  Marsy    .     .  5 


TABLB  m 

FROT  (Apollinaire),  de  Gionges,  au  Brésil 768 

GAIGE  (Jean),  centenaire 284 

GIVRY  (noces  d'argent  de  M.  et  M"^^  L.  de)    ....  639 
GLOSSAIRE  du  iMouzonnais,  par  N.  GOFFART   .     .     60,  241,  384 

J62,  683,  868 

GODART  (le  général)     .     .' 315 

GROS  JEAN   (le  D''),  médaille  de  vermeil 139 

GUICHARD,  évêque  de  Troyes 14a 

HACHE  (le  D*"),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  .     .  140 

HAUTVILLERS,  monnaie  espagnole  en  or j^j 

—  Pèlerinage  de  Sainte-Hélène.     .     .     .  763 
HENNECHART,  juge  à  Chàlons-sur-Marne     ....  140 

JACOBÉ,  portraits  de  famille 507 

JACQUIN  (le  lieutenant),  de  Wassy 938 

JEANDHEURS,  fausse  monnaie 799 

JEANIVE  D'ARC,  son  histoire  par  le  général   Dragomi- 

rolT 137 

—  Sa  statue  par  M.  Paul  Dubois.     .     .     309,   758 

—  (Fêtes  en  l'honneur  de) 464 

—  (Mélanges  sur) 625',  773 

JOUY-SUR-MORIN  (ouvroir  de) 620 

JUILLY,   banquet  et  fête 460 

JUVANZÉ  (Aube) 656 

LA  CAxMPANOMANIE,  par  H.  Jadart 641 

LACHY,  destruction  des  ruines  du  château     ....  311 
LAHÉMADE  (Gustave)^  chevalier  de  la   Légion  d'hon- 
neur    140 

LANDRIEUX  (l'abbé),  prix  de  1,000  francs  à  l'Institut".  468 

LANGÉNIEUX  (le  cardinal) 761 

—  à  Luxembourg 934 

—  Son  jubilé  épiscopal 945 

LANNES  DE  MONTEBELLO  (Adrien) 467 

LAON,  monument  patriotique 758 

LA  ROTHIÈRE  (Aube)  (seigneurie  de) 321 

L'ART  GOTHIQUE  CHAxMPENOIS  dans  l'île  de  Chy- 
pre, par  E.  Enlart la 

LATTY  (Ms^)^  son  voyage  à  Rome 311 

LAUNOIS  (le  D^  Pierre-Emile) 634 

LEFÈVRE  (Jules),  contre-amiral 951 

LÉGION  D'HONNEUR,  nominations 634,  768 

LEGRAIN  (le  D' Emile),  prix  Bréant 317 

LEMOINE  (le  D''),  dons  au  Muséum 940 

LE  PONT  DE  LA  PIELLE  à  Troyes,  par  E.  FUGEZ     .     661,   856 
LES   DROITS   SEIGNEURIAUX    et    les    anciens    sei- 
gneurs de  Villeis-sous-Chàtiilon  et  deTincourt^  par  P. 

Pellot 481 

LESEUR  (Paul),  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris.  9J2 

LES  HENNEQUIN,  par  Alb.  DE  Mauroy 161 


IV  TABLE 

LES  PORTRAITS  DE  FAMILLE  des  Jacobé  de  Pringy 

de  Goncourt^  par  C.  DE  G 507 

LES    SEIGNEURS     DE     VILLE-SUR-ARCE,    par    A. 

PÉTEL 342 

LEX  (Léonce),  mention  honorable  à  l'Institut.     .     .     .  468 

L'HERBIER  DE  J.-J.  ROUSSEAU  au  château  de  Baye  135 

LHERMITE  (Lcoa) 617 

LHUITRE,  inscriptions  et  graffiti  dans  l'église.     ...  131 

LINARD,  son  buste  à  Rethel 941 

LONGNON  (Auguste),  président:  de  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-Lettres     .  139 
—                 Séance  publique  des  cinq  Acadé- 
mies   928 

LUCE  (Paul),  commandant  supérieur  du  Haut-Laos.     .  939 

MAILLY,  don  de  M»"' Douillat 138 

MANUELA  (duchesse  d'Uzès),  sculptures è  Fontenoy-le- 

Château  et  à  Pont-de-l'Arche 757 

MARGAINE     (Félix-Lucien),    chevalier    de    la    Légion 

d'honneur 140 

MARIOTTE,    fondateur    de   l'Hôpital   des   vieillards  à 

Chaumont 288 

MARTEAU  (Henri),  violoniste 947 

MAUBERT-FONTAINE,  nouvelle  église 624 

MEAUX,   monument  de  Bossuet 455' 

MEDAILLES  D'HONNEUR  décernées  à  IVIM.  H.  Gar- 

nier,  Ant.  Arnaud,  Ch.  Bourelle 471 

MOIREMONT,  crypte  de  l'abbaye 628 

MONS  ET  LE  MONTOIS,  par  E.  ChouLLIER.     ...  839 
MONTARDOISE  (commune   de  Montsuzain),   orpheli- 
nat agricole 304 

MONTEREAU  (Pierre  de),  architecte  de  la  S'^-Chapelle  130 

MONTMEILLANT,  monument  du  général  du  Merbion  941 

MOREAU  (Frédéric),  son  centenaire 466 

MOUCHETON  DE  GERBOIS  (le  général) 939 

MOURIN  (le  capitaine),  chevalier  de  la  Légion   d'hon- 
neur  •— .     .  9$  2 

MOURLAN  (le  général) 316 

NAPOLÉON  A  BRIENNE 149 

NEVEUX  (Pol),  500  francs,  prix  Montyon  .....  5:68 

NOBLESSE  MATERNELLE 289 

NOTICE  HISTORIQUE  sur  la  maison  de  Pompery,  par 

Olivier  DE  Pompery 801 

NOTICE  sur  la  seigneurie  de  la  Rothière,  par  P.  Chau- 

vet 321 

(EUILLY,  pèlerinage  de  N.-D    des  Langueurs.     .     .     .  623 

OFFICIERS  d'Instruction  publique 318,468,768 

OFFICIERS  d'Académie 318,  468,  768 

PARIS  (Gaston),  administrateur  du  Collège  de  France  .     469,  633 


TABLE  V 

PASSAVANT,  anniversaire y6o 

PÉLACOT  (Me--),  évéqiie  de  Troyes 31J 

PETITFILS  (Edmond)^  prix  de  la  Société  littéraire   de 

Nîmes -^ij 

PILLIÈRE  (le  colonel) 316 

POMPERY  (famille  de) 801 

PONSARD  (Edmond),  son  cinquantenaire 130 

POULLOT  (Jules),  chevalier  de  la  Légion  d'honneur     .  140 

PUISEUX  (l'abbé),  par  M.  PÉLiciER ijy 

REIMS,  dons  à  la  Bibliothèque 127 

—  Dons  à  la  Bibliothèque  de  l'Archevêché  ...  134 

—  Nouvelles  acquisitions  du  Musée     .....  136 

—  Travaux  à  la   chapelle  S'-Joseph  de  la  Cathé- 


drale   , 

Réception  du  prince  Nicolas  ScherbatofF  à  l'Aca- 


302 


demie 309 

—  Réunion  de  l'Association  amicale   des  anciens 

élèves  du  Lycée 462 

—  Réunion  des  anciens  élèves  du  Pensionnat  des 

Frères 463 

—  Le  Folk-lore  des  bateliers 624 

—  Dons  au  Musée 628,  939 

—  Stèles  égyptiennes  du  Musée j^^ 

—  Sépultures  anciennes yj6 

—  Exposition  de  la  Société  des  Arts yçy 

—  Inauguration  du  buste  du  D'  Jolicœur     .     .     .  76^ 

—  Le  Collège  des  Bons-Enfants 791 

—  Guillaume  P'  et  Bismarck  en  1870     ....  930 

—  Neuvaine  de  S*-Remi 931 

—  Don  de  verrières  au  Lycée 934 

—  Nouvel  orgue  de  S'-André 938 

—  Legs  Brunesseaux 939 

—  L'Evangéliaire  slave 947 

—  La  Société  populaire  de  1790-1795" 957 

RÉPERTOIRE  HISTORIQUE  de  la  Haute-Marne,  par 

A.  ROSEROT 28,    348 

RIMBAUD  (Jean- Arthur) 784 

ROUILLY-SACEY,  souterrain 626 

SAINTE-MENEHOULD^  sépultures  au  Petit-Jard     .     .  628 

SAINT-IMOGES,  pèlerinage  du  chêne  à  la  Vierge     .     .  765 

SAINT- JULIEN  (le  peuplier  de) 629 

SAINT-MARCEAUX^  monument  d'Alph.  Daudet.     .     .  941 

SARAZIN,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur    ....  140 

SEIN|l-ET-MARNE^  monument  des  morts  de  1870.     .  138 

SEPT-SAULX,  église 764 

SIMART,  statue  de  la  Vierge 457 

SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE  de  l'Aube    .     .     .     117,  295,  444,  J90 

742,  924 


VI  TABLE 

SOCléTÉ  ACADÉMIQUE  de  Châlons-sur-Marne  .  .  609 
SOCIÉTÉ    DES   SCIENCES    ET    ARTS   de    Vitry-le- 

Fraiiçois 443,  592 

SOCIÉTÉ  D'ÉTUDE  des  Sciences  naturelles  de  Reims  .  948 
SOCIÉTÉ     D'HISTOIRE     ET    D'ARCHEOLOGIE     de 

Provins 610 

SOCIÉTÉ  HISTORIQUE    ET    ARCHÉOLOGIQUE    de 

Château-Thierry 120^  297,  446 

,     ,              ,                                                               606,  743,  925 

SOCIETE  LITTERAIRE  ET  HISTORIQUE  de  la  Brie.  122,  300 

449,  927,  608,  749 

THEDENAT  (le  P.  Henri)_,  élu  membre  de  ITnstituC     .  314 

TINCOURT 481 

TRÉPAIL  (grottes  de) 949 

TRIHIDEZ  (l'abbé),  chargé  de  mission 770 

TROYES,  dons  au  Musée 125,  300,  615,  750 

—  Sacre  de  Ms""  Pélacot 627 

—  Sacre  de  Mg"'  Simon,  évèque  de  Thaumacos  .  770 

—  Vol  en  1582  à  S*-Etienne 476 

URBAIN  II,  statue  à  Clermont-Ferrand 464 

VALMY,  anniversaire 759 

VERLAINE  (Paul) 941,946 

VERNIER  (Jules)^  archiviste  de  l'Aube 469 

VERTUS,  dons  à  l'École  supérieure 629 

VILLERS-SOUS-CHATILLON  . 481 

VILLE-SUR-ARCE,  seigneurie 342 

VIXCHANT  (François),  voyageur  au  XVII=  siècle.      .      .  5 

VINS  .MOUSSEUX  DE  CHAMPAGNE    ....     467,  630,  766 

VITRY-LE-FRANÇOIS,  église  Notre-Dame     ....  762 

VOYAGE  EN  CHAMPAGNE  au  xviie  siècle  ....  5 

WITRY-LES-REIMS,  monument  patriotique.     .     .  627 


BIBLIOGRAPHIE 

Lajlore  des  grandes  cathédrales  de  France^  par  Emile  LAM- 
BIN       115 

Sommaires  du  Bulletin  du  Bibliophile  et  du  Bibliothécaire.     589,  740 

922 

—  de  la  Revue  d'Ardenne  et  d'Argonne    .     .     115,  293,  442 

588,  739,  922 

—  de  la  Revue  historique  ardennaise  .     .     .     116,  293,  441 

588,  739 

—  de  la  Revue  historique 116,  442,  589 

740 
U architecture  religieuse  dans  l'ancien  diocèse  de  Sois  sons, 

par  Eug.  Lefèvre-Pontalis 288 


TABLE 


TII 


291 

292 
293 


De  la.  noblesse  maternelle    en  France  et  particulièrement  en 

Champagne,  par  Marcel  Grau 389 

Pierre  Séguin^  ligueur,  reclus  et  écrivain  (1588-1636),  par 

Am.  Margry  et  l'abbé  E.  iMuLLER 

Usages  locaux  et  règlements  ayant  force  de   loi  dans    les 

Ardennes,  par  E.  BOURGUEIL 

Carte  routière  de  la  Marne^  par  I.  LambeRT 

Château-Regnault-Bogny,^;xr\''2Lbhà?±CUEiikKT     .     .     .  440 

Vu  de  Nicolas  P/uîbert^  curé  de  Sedan^  par  Marc  HussON.  440 

Essais  sur  la  police  des  compagnons    imprimeurs  ;  Les 

apprentis  imprimeurs  au  temps  passé,  par  Louis  MORIN.  440 

Davout,  maréchal  de  France,  par  le  comte   ViGIER.      .     .  441 

Les  sonnets  de  Pimodan,  par  le  marquis  DE  PiMODAN.     .  J74 

Renaud  deChâtillon^^SiT  G.  SCïlLVMh^KG^K jyy 

Lettres    inédites    de    Jean    Devillers,   publ.    par   Armand 

Bourgeois 

Racan,  par  Louis  ARNOULD ^g^ 

Histoire  de   V hygiène  et  des  épidémies  à  Reims,  par   le  D-- 

Langlet 

Les  aventures  merveilleuses  de  Huon  de  Bordeaux,  par  Gas- 
ton Paris 

Guide  illustré  de   la   Vallée   de  la   Meuse,   par   Frédéric 

Henriet 

Recherches  historiques  sur  Châlons-sur-Vesle,   par   Emile 

Maussenet 

Le  livre  de  raison  de  Jacques-Quentin  Durand,  de  Rethel, 

par  Albert  Baudon .  020 

L'abbé  Ledieu,  Tpa.T  Vnbhé  Ch.  URBAIN 921 

Nuances  morales,  nouvelles  pensées,  par  Marie  ValyÈRE  .  921 


MARIAGES 

Bertrand  (Jacques)  et  Mlle  Thérèse  Larive 638 

Brunet  Vivien  de  Goubert  (Raymond)  et  MUo  Madeleine 

Wagner 638 

Demaison  (Maurice)  et  M'ie  Lucie  Pichenot 472 

Dobler  (André)  et  M'ie  Marguerite  Le  Joindre  ....  771 
Dœschner    (Nesky-Georges-Henri-Emile)   et  M"°  Hen- 

riette-Annette  Krug 0^4 

Ducancel  et  M^e  Hébert ^ao 

Duroy  de  Bruignac  (J.)  et  Mlle  Charlotte  Rogelet.     .     .  471 

Figard  (Albert)  et  MUe  Julie  Mennesson 141 

Goncourt  (Maurice  de)   et  Mlle  Fr.    de   la  Boutetière- 

Saint-Mars yyi 

Grillon  (M.)  et  MUe  Gabrielle  Devillez 472 

Hennecart  (Alexandre)  et  MUe  Jeanne  Rouy 638 

Huber  (Gustave)  et  MUe  Julie  Aviat 771 


584 

587 
738 

739 
920 


VIII  TABLE 

Hulot  de  Collart  (comte  Paul)  et  M'i?  Madeleine  de  Fré- 

mont 320 

Joiibois  (A.)  et  M'ie  Jeanne  Gargam 141 

Joly  (Louis)  et  M""  Renée  Echemann 772 

Laine  (Gaston-Lucien)  et  M^e  Nelly-Marguerite  Bour- 
geois  " 638 

Lelarge  (Pierre)  et  Ml'«  Marie-Thérèse  Stouls    ....  771 

Loizillon  (Albert)  et  M"e  Marthe  Devillez 771 

Mahuet  (le  comte  Antoine  de)  et  M"e  de  Fontenoy    .     .  319 

Mercier  (Emile)  et  M""  Félicie  Hennequin 319 

Morière  (Charles  de)  et  M"'  Berthe  de  Coudenhove  .     .  772 

Périn  (Georges)  et  M"e  Cécile  Martin 471 

Petitjean  (André)  et  M"e  Edmée  George 140 

Rigault  (Abel)  et  M'ie  Marie  Meyeur 472 

Sassot  (Paul)  et  M"e  Geneviève  Dérue 63  j 

Vix  (Georges)  et  M'^e  Suzanne  Mottant 141 


NECROLOGIE 

Alloënd-Bessand  (Auguste) 438 

Ambrugeac  (le  comte  de  Valofi  d') 736 

Armand  (le  comte  Ernest) 916 

Arrentières  (M"»»  Marie  d') 437 

Aubertin  (Edouard) 436 

Audierne  (Paul) J73 

Bailly-Forfillières  (Georges) 570,  914 

Baré  (Alfred) 919 

Baron  (l'abbé) 918 

Besset  (l'abbé) 287 

Bidoyen 917 

Bienfait  (Jules-Nicolas),  docteur m 

Biliek  (M'ne)^  centenaire 113 

Billard  (Pierre-Auguste) 286 

Blandin  (Eugène) 285 

Blandin  (M.) 437 

Blion  (César) 286 

Bobillot  (Jules)  .     .     .     ." 439 

BoislaviUe  (Gustave  de) 285 

Boissonnet  (la  baronne) 438 

Boucher  (M™«  veuve) 919 

Bourgeois  (Louise-Eléonore-Florine,  née  Breul)    ...  113 

Brunetot  (Louis-Charles) 572 

Buache  (Louis-Dorsèae) 917 

Bugg  (Gustave-Ernest) 73 j 

Cadart  (le  général  Ch.-Remy) 91  j 

Calisti  (Attilius-Félix-Constant) m 

Carnazard  (sœur  Rosalie) .  114 


TABLE  a 

Carteron 917 

Casalta 28  j 

Cerf  (le  chanoine  Louis-Charles) 4^5^ 

Chiquet  (M"«),  centenaire 573 

Clermonc-Tonnerre  (comtesse  Sosthène  de) 438 

Clinchon  (Jules),  prêtre  de  la  Mission 115 

Coliignon  (l'abbé) 737 

Collot  (l'abbé) 28J 

Cornât  (M.) 437 

Corneille  (J.-B.) 438 

Cortec  (.VIS''),  évèque  de  Troyes 279 

Cotelle  (Achille) 917 

Cuvillier  (M"°) 113 

David  (Louis) 286 

Defert  (Victor) 737 

Deperthes  (Pierre- Joseph-Edouard) 570 

Deronce  (Félix) 438 

Desoize  (l'abbé  E.) 287 

Deullin  (Jacques) 918 

Drubigny  (l'abbé) 287 

Dufour-Bouquot  (N.-Fr.-Alf.) 281 

Dupuis  (Jules-Ernest) 433 

Felcourt  (M^e  de) 113 

Férat  (l'abbé  Louis-Auguste) 736 

Férussac  (Bertrand-Amédée  d'Audebard,  comte  de)  .     .  112 

Fignier 917 

Flamain  (le  docteur) 287 

Francière  (Aimable-Charlemagne) 285 

Franquet  (Narcisse) 436 

Galtat  (Camille) 572 

GefFrier  (Jean-Guy- Victor  de) 918 

Géruzez  (Paul) 281 

Gilles  (l'abbé) 438 

Giraux  (le  docteur) 432 

Goulet-Gravet  (François-André) 918 

Gravel  (Sophie- Victoire  Pastour,  veuve) 287 

Grévin  (Auguste) 285 

Hache  delà  Contamine 919 

Haussaire  (M.) 437 

Henry  (Jules-Auguste) 917 

Herding,  pasteur 114 

Imécourt  (comtesse  Edmond,  née  des  Moustiers-Mérin- 

ville) 113 

Jacquemart  (Lucien) 438 

Jacquemot  (Paul-Didier) 918 

Jenner  (le  R.  P.  Joseph) 737 

Lacaille 572 

Ladoucette  (la  baronne  de) 439 


X  TABLE 

La  Jarrige  (le  général  de) ^-yg 

Lallement  (Louis) 560 

Lamairesse  (Eugène) 4^4 

Lange  (l'abbé) 4^8 

Langénieux  (M"'   Françoise) y^ô 

Lartigue ^^2 

Launay  (le  baron  Alph.  de) 286 

Leloup 919 

Lemaire  (Jules) 437 

Lenfumé  (l'abbé) 286 

Lenoble-Gillet 436 

Lesieur  (le  colonel) 515 

Lévèque 286 

Lhuillier  (Charles) iia 

Linard  (Adolpbe-Désiré) 434 

Lochet  (Auguste) 285 

Lorin 113 

Lundy  (l'abbé) 919 

Mangin  (Charles) 287 

Marthe  (l'abbé  Jean-Philippe) 917 

Martin . 1 14 

Masson  (Auguste) 112 

Matra  (Louis-Victor) a86 

Mauraige  (M.  de) 437 

Messieux  (Alexis-Théodule) 573 

Montjean  (M.) 438 

Morand  (le  baron) 114 

Moreau  (Thomas- Frédéric),  centenaire 913 

Mun  (marquis  de) 281 

xMuzy  (Fabbé  Nicolas- François) 917 

Olanier  (M.) 439 

Page 287 

Parigot  (M.) 439 

Penaud  (Edouard) 917 

Pierrard  (M™e  veuve  Paul) 286 

Poirrier  (Alfred) 735 

Ragot-David  (M"'e  veuve) 287 

Remy  (M™e  Jules) 439 

Richer  (l'abbé  Augustin) 439 

Rinable  (Lambert-Auguste) 287 

Rogissart  (Adèle),  sœur  St«  Théodosie 112 

Rovel  (Eugénie),  de  la  Congrégation  N.-D.  à  Reims.     .  918 

Royer  (M'n«  de) 736 

Royer  (le  commandant) 91J 

Ruble  (Joseph-Alphonse,  baron  de) 112 

Ruinart  de  Brimont  (Jean) 569 

Si«  Marie  du  Carmel  (la  Mère) 572 

Sellier  (Georges) 43^ 


TABLE  XI 

Senart  (Paul) 918 

Sevrette  (Paul- Alexandre) 438 

Sutaine  (Henri) 572 

Thierry-Delanoue  (M"') 113 

Thirioa-Claudon  (les  époux) 286 

Tony  Réviilon 280 

Truchon 918 

Vasseur 113 

Venoge  (Louis-Henri-Gaëtan  de) 287 

Vérette 113 

Vétault  (Alphonse) 283 

Walbaum  (Ernest- Louis- Victor) 736 

Weil  (M™e  Simon),  centenaire 736 

Wiet 113 


DG       Revue  de  Champagne  et  de  Brie 
611 

CUR5 
ser.2 
1. 10 


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