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Full text of "Bulletins et mémoires - Société d'anthropologie de Paris"

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HANDBOUND 
AT  THE 


UMVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


/^ 


BULLETINS 

ET  MÉMOIRES 

DE  LA   SOCIÉTÉ 

D'ANTHROPOLOGIE 

DE    PARIS 


*Xi«.' 


B*«ug*D<7-  ^'"P   LiiTray  ûls  &  gendra 


BU  LLETl NS 


ET  MEMOIRES 

A)E    LA 


SOCIÉTÉ  D'ANTHROPOLOGIE 


DE    PARIS 


TOiME    SIXIÈME    (V^    SÉRIE) 
1  9  O  5      '    /  V<^^ 


PAKÏS-Vr 

A    LA    SOCIÉTÉ    d'anthropologie,    RUH    DE    l'ÉCOLE-DE-MÉDECINE,    l'y 
ET    CHEZ   MM.    M/%8»ON   ET    C'»,    LIBRylIRES    OE    L^ACAOÉMIE    DE    MÉDECINE 

120,    BOULEVARD  SAINT-GERMAIN 

1905      ^/^O^ 


6  6.' 

i.  C--J 


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/    -s»       ^7 


socii;tk  d'anthropolog'ie 

liK    PARIS 

(fondék  en  1859.  KKr.o.sNiK  u'l'tilité  plbliol'k  en  1864) 
15,  rue  de  l'École-de-Médecine,  15 


LISTE  DES  MEMHHES 


ANNEE  1905 


ABRÉVIATIONS  :    Hon.,  membre  Imnoraire.   —   Ae,  associé  étranger. 

Ce,  correspondant  étrangt-r.  —  Cn.  correspondant  national.  —  T,  membre  titulaire. 

—  T  R,  cotisation  rachetée. 


Akekman  (S.  Exe.  H.),  Ministre  de  Suède  — 58, avenue  Marceau,  Paris,  XVI 

—  1901.  Ae. 
Albeut  pr  DE  MoxAGo  (S.  A.  S.  le  Prince),  Corresp.  de  l'Inst.  —  10,  avenue 

du  Trocadéro,  Paris,  XVI.  —  188:3.  T: 
Alezais  (Henri),  D  M,  Chef  des  trav.  anatom.  à  l'P^c.  de  Médecine  —  3,  rue 

d'Arcole,  iMarseille  (B.-du-Rh.)  -  1886.  T. 
.\i.MERAS  (J.-J.),  D  M,  ex-Ghirurg.  en  chef  de  l'Hôp.  d'Etampes  —25,  route 

d'Harfleur,  Montivilliers  (Seine-Inf.)  —  1862.  T. 
Amau  (Jules),  Lie.  es-sc.  —  62,  boulevard  St-Geriuain,  Paris,  V.  —  1903.  T. 
Ambhosktti  (Juan    B.),   à  l'Institut  gcogr.  —  Buenos- Aires  (Rép.  Arg.)  — 

1899.  Ce. 
Anuiuan-Werburg  (Freih.  Ferdinand  von),  Priisident  der  Wiener  Anthro- 

polog.  Geselisc.  —7,  Burgring,  Wien,  I  (.Xutriche)  —  et  villa  Mondigu- 

ren,  Nice  (Alpes-Maritimes).  —  1901,  Ae. 
An'ovtghi.ne  (Dniitri  X.),   Prof.  d'Anthropologie  —  Musée  polytechnique, 

Moscou  (Russie).  —  1893.  Ae 
Anthony  (Raoul),  \)M,  Prép.  au  Muséum  il'FIist    nat.  —    12,   rue  Chevert, 

Paris,  VII.  —  1899.  T. 
Anton'owitch  (Wladimir),  Prof,  à  1  Tniv.  —  Kiev  (Russie).  —  1X99.  Ae. 
Arakzadi    (Telesforo  de),  DM,  Gatedratico  en  la  Faculdadde  Farmacia  — 

Barcelona  (Espagne).  —  1893.  T. 
Arbo  (G.  O.  E)  D  M,  Brigadlàkare  —  55  bis,  Munkedamsvei,  Ghristiania 

(Norwège).    -  1880.  Ce. 
ÂRisTOFF,  Médecin  de  la  marine  russe.  —  1893.  Ae. 


*  MM.  les  Membres  do  la  Société  sont  priés  Je  vouloir  bien  signaler  au  Secrétariat 
le      lacunes  ou  inexactitudes  relatives  aux  noms,  prénoms,  professions  et  adresses. 


y^  SlXIIKTK    l»'A.NTHHn»'tt|.(tr.lK    1>K    l'AlllS 

AuN.ui»  CF.).  Notaire.  Corr.>sp.  «lu   Min.   -l.-  riiibt.  Pul.l.  -  Barceloniictte 

(Bassps-Alpes.  —  ISSS  T 
\si'KLiv  (I'r..f.  Joliuii-H.)-  lli'l>iii^'foi-s  (Kinluude).  -  l8<t<J.  Ae. 
At.îieh  (KiuiU'),  M.Ml.-maj.  de  1">  cl.  au  120'  d'inf.  -  21.   rue  de  la  Briche, 

St Denis  (Seiin').  —  1878.  T. 
ALBKHT^Louis).M.''d.-maj.  de  U»  cl  ,  liôpuiil.  Villemanzy  —  Lyon  (Rhône). 

—  1S87.  Cn. 

AiLT-ui -Mks.nil  [Ci.  I)').  —  ^-.'8  r.du  faub.  St-llonoré,  Paris,  VIII.  —  1881.  T. 

AvEBUUY  (Lord).  —  (),  8t-.Iames  Square.  Loiuiou.  —  1867.  Ae. 

Aya.  I)  M  -  iSSTj.  T  R. 

AzoïLAY  (Léon),  D  .M  -  7-.>.  rue  de  l'Al)bé-Groult,  Pans,  XV.  —  1890.  T. 

liAJKNoFK  (Dal^^oraukowsky),  pêrécoulok,   maison  Labatcheff.  —  Moscou 

( Russie ).  —  190Ô.  Ae. 
BAJ.KOUK  (Henry),  Esq.  Anthropological  department  Muséum  —  11,  Norham 

(lardens,  Uxford  (Antîleterre).  —  18'JU.  Ce. 
Bar  (E.-F.-L.  de',  —  45,  rue  Boissière,  Paris,  XVI.  —  1903.  T. 
Bahbkk  ^E.-A.),  Maître  ès-arts  de  l'Univ.  —  4007.  Ghesnut  st.  Philadelphia, 

Pa.  (U.  S.  Am.)  —  1886.  Ce. 
Barret  (Paul),  DM  —  villa  Mesléan,  .Tuan-les-Pins,  ( Alpes- M arit.)  —  1889.  T. 
Barthélémy  (François)  —  2,  place  Sully,  Maisons-Laffitte  (Seine-et-Oise). 

—  18M.  T. 

Bassano  (Duc  de)  —9,  rue  D  union  t-d'Urville,  Paris,  XVJ.  —  1888.  T. 
Bastian  (Adolf),  D  M.  Direktor  des  K.  Muséums  fi'ir  Volkerkunde  — Kônig- 

grâtzer  Strasse,  120,  Berlin  (Allemagne)  —  1899.  Ae. 
Baudouin  (Marcel).  DM  —  Secrétaire  Général  de  la  Société  Préhistorique  de 

France  —  21,  rue  Linné,  Paris,  V.  —  1901.  T. 
Baye  (Baron  Joseph  de),    Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  publ.  —  58.  av.  de  la 

Grande-Armée,  Paris  XVII.  —  1873.  T  R. 
Beaunis  (H.-E.),  Prof.  hon.  à  la  Fac.   de  Méd.  de  Nancy  —  Direct,  hon. 

du  Lab.  de  Psychol.-physiol.  de  la  Sorbonne,  —  villa  Sainte  Geneviève, 

promenade  de  laCroisette,  Cannes  (Alpes-Mar.).  —  1863.  T. 
Beauvais,  Interprète  chancelier  du   Consulat  de   France  à   Long-Tcheou 

(Chine)  —  7,  rempart  de  l'Est,  Angoulôme  (Charente).  —  1896.  T. 
Beddoe  (John),  Esij.  Vice-Pn'-sident  of  the  Anthropological  Institute  of  G.-B. 

—  The  Chantry,  Bradford-on-Avon,  Wilts.  (Angleterre).  —  1860.  Ae. 
Bedot  (Prof.  Maurice),  Dir.  du  Musée  d'Hist.  nat.  —  Genève  (Suisse).  — 

1896.  T. 
Belluggi  (Comm.  Prof.  Giuseppe),  Rettore  dell'  Univ.   —  Perugia  (Italie). 

—  1893.  Ae. 

BfcNÉDiKT  (Moriz),  D  M,  Prof,  fiir  Nervenpathologie  an  der  Uuiv.  — 5,  Fran- 

ziskaner  Platz,  Wien  (Autriche).  —  1893.- Ae. 
Ber  (Théodore)  —  Lima  (Pérou).  —  1876.  Cn. 
Bertholon  (Lucien),  D  M.  Corresp.    du  Min.   de  l'Inst.  publ.    —   14,   rue 

St-Charles,  Tunis  (Tunisie)  —  1896.  T. 
Bertilucs  (Alphonse),  Chef  du  service  anthropométrique  à  la  Préfecture  de 

police  —  3fi,  quai  des  Orfèvres,  Paris,  I.  —  1880.  T. 
Bertrand  (Georges),  Doct.  en  Droit  —8,  rue  d'Alger,  Paris,  I.  —  1883.  T  R. 
Bestion,  d  m.  Méd.  de  l""»  cl.  de  la  marine  —  rue  St-Roch,  Toulon  (Var).  — 

1879.  Cn 
Bezançon  (Paul),  DM.  —  .'>!.  rue  Miromesnil,  Paris,  VIII.  —  189-^.  T. 


r.ISTE    DES    MEMBRES  VII 

BiANGHi  f  M"*  M.)  —  0,  rue  Jean  Goujon,  Paris,  VIII.  —  ICMKl.  T. 
BiNET  (Etlouard),  D  M  —3:3,  Bd  Henri  IV,  Paris,  IV.  —  188'i.  T. 
Blakch.\hu  (Raphaël),  D  M,  lueniltre  «le  r.\cad.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fao.  de 

M.'d.  -  2M,  Bd  St-Geriuain,  Paris,  VII.  —  iH82.  T  R. 
Blogh  (Adolplie),  D  .M  —  ■^'t,  rue  d'.Vuuiale    Paris,  IX.  —  1H78   T. 
Boas  (Franz),  Prof.  Natural  Ilistorv  Muséum  .\iitliropology  —  New-York 

(U.  S.  Am.)  -  1899.  Ce. 
BoBAN  (Eugène-A.),  Antiquaire  —  18,  rue  Tliibaud,  Paris,  XIV.  -  1881.  T. 
BoBiUNSKOY  (Comte  Alexis  A.)  —  Président  de  la  Commission   archéolo- 
gique, 58   Galernaïa,  St-Pétersbourg  (Russie).  —  llKJl.  Ce. 
BoisjosLiN  (J.  DE)  —  Si,  rue  de  la  Pompe.  Paris,  XVI.  —  180.'1  T. 
Bonaparte  (Prince  Roland)  —  10,  av.  d'Iéna,  Paris,  XVI.  —  1884.  T  R. 
BoNNARD  (Paul  ,  Avocat,  Agr.  de  Philos.  —  66,  avenue  Kléber,  Paris,  XVI. 

— 188:3.  TR. 
BoNNEL  DE  Mé/ières  (Albert)  —  93,  rue  JoutTroy.  Paris.  XVII.  —  1896.  T. 
BoNNEMÈRE  (,Liouel),  Avocat  —  26,  rue  Chaptal,  Paris,  IX.  —  188(J.  T. 
Bonnet  (André),  Paléontologue  —  55,  Bd  St-Michel,  Paris,  V.  —  1889.  T  R. 
BoRDiER  (Arthur),  DM,  Direct,  de  l'Ec.  de  méd.  —Grenoble (Isère).     1876. T. 
Bosteaux-Paris  (Charles),  Maire  de  Cernay-les-Reims (Marne).  —  1890.  T. 
BouDiER  (Victor)  —  Cambo  (Rasses-Pyr.).  —   1894.  T. 

Boulanger(C.),  ancien  Notaire  -  Péronne(Somme).— 1899.T.  Prëhislorique, 
BouTEQUOY,  D  M  —  Chàtillon-sur-Seine(Côte-d'Or)   —  1878.  T. 
Brabrook'(E.-W.),  Esq.  Président  of  Folklore  Society  —  178,  Bedfort  Hill. 

Balham,  I.ondon,  S.  W.  (Angleterre).  —  1880.  Ae. 
Broga  (Auguste),  D  M,  Agr.  de  la  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hûp.  —  5,  rue 

de  l'Université.  Paris,  VII.  —  1880.  T  R. 
Brouardel  i,Paul),  D  M,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  membre  de  l'Acad.  des  Se. 

et  de  l'Acad.  de  Méd.  —  68,  rue  de  Bellechasse,  Paris,  VII.  —  1875.  T. 
Busghan  (Georges),  DM  —  K.  Marine-Stabsarzt,  18,  Friedrich-Carlstrasse, 

Stettin  (Allemagne).  —  1891.  Ae. 
Bltureanu  (<jr.).  Prof,  au  Lycée  —  Str.  Pàcurari,  Jassy  (Roumanie).  — 

1898.  T. 
Cabred  (Domingo),  D  M,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.  —  Hospicio  de  los  Mercedes. 

Buenos-Aires  (Rép.  Arg.)  —  1888.  T. 
Calonge  (Belisario),  DM  —  Truxillo  (Pérou),  —  1861.  Ce. 
Gambillard  (A),  D  M  —  Précy-sous-Thil  (Côte  d'Or).  —  1897.  T. 
Capellini  (Giovanni),  Prof,  di  geologia  ail'    Univ.  —    Bologna  (Italie).  — 

1874.  Ae. 
Capitan  (Louis),  DM,  Prof,  à  l'Ec.  d'Anthropologie  —  5,  rue  des  Ursulines. 

Paris,  V.  —  1881.  T. 
Capls  (Guillaume),  Direct,  de  l'Agriculture  —   Saigon   'Cochinchine   fran- 
çaise). -  1888.  T. 
Carr   (Lucien),   Peabody   muséum.   —  Cambridge,    Mass.  (U.S.  Am.)  — 

1879.  Ae. 
Carrière  (Gabriel),  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  Publ.  —  5,  rue  Montjardin, 

Nîmes  (Gard).  -  1894.  Cn. 
Carronv,  DM—  Canton  (Chine).  —  1879.  Ce. 

Cartailhag  (Emile)  —  5,  rue  de  la  Chaîne,  Toulouse  (Hte-Gar.)  —  18«j9.  T. 
Castelfraxgo  (Pompeo),  Ispettore  degli  scavi  e  monumenti  d'anticliità  — 

5.  via  Principe  Umberto,  Milano  (Italie).  —  1884.  Ae. 


Viii  SCMMhrrÉ    D'ANTIinoP(»LOGlK    t)E    PARIS 

(U\iDKiu.iKu((i.),  InK«Miiuur—  A'I.  Chaussée  Vleur^'at,  Bruxelles  (Belgique) 

l'.KM.  T.  —  liéinotjraphie. 
Ca/alis   dk  P'oNDoiT.K  (l'aul),  Lic.  ès-Sc,  Ingénieur,  Corresp.  (lu  Min.  de 

rinst.  Pulil.  —  IH.  rue  des  Ktuves,  Montpellier  (Hérault).  -  1805.  T. 
Cfci.KYHAN  (I'aimk  i>k),  D  M  -  6.  pue  St-l'lorentin,  Paris,  I.  —  1896.  T. 
«■.Ei.i.K  (Kugéne),  1)  M  —  San-Krancisro.  Californie  (U.  S.  Am.)  -  1862.  Cn, 
ChaI'LIN  (William),  Ingénieur  —  Plac  J.  Laborde,  Tananarive  (Madagas- 
car). —  liM».  T. 
Charvilhat.  dm  —   \,  rue  Blatin,  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme).  — 

VM^   T. 
CuAssiN,  D  M  —  Vera-Cruz  (Mexi(iue),  —  1870.  Cn. 
CnATKi.i.iF.iKPaul  du).  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst   iml)l.  —  Kernus,  par  Pont- 

r.\hbé  (Finistère).  —  1890.  T. 
Chaivet  (.Gustave),  Notaire,  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  Publ.   —  Ruffec 

(Charente)  —  1875.  T. 
Chehvin    (Arthur),  DM,  Direct,  de  l'Institut  des  bègues  —  82,  av.    Victor 

Hugo,  Paris,  XVI.  —  1877.  T  R.  —  Dèynographie. 
Choidens  (Joseph  <le),  D  M  —  Porlo-Rico  (Antilles).  —  1861.  Ce. 
Claine  (Jules).  —  Consul  de  France  à  Rangoon  (Birmanie).  —  1891.  Cn. 
Clément-Rlbbens  —  27,  quai  St-Michel,  Paris,  V.  -  1890.  T. 
Clouu  (Kdward),   Esq.  —  19,  Carleton  road,  Tufnell   Park,  London,  N 

(Angleterre).  —  1901.  Ce. 
Closmadeuc  (G.  de),  DM  —  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  Publ.  et  de  l'Acad. 

de  Méd.  -  Vannes  (Morbihan).  —1884.  T. 
CoccHi  (Igino),   Prof,  à  l'Inst.  des   études    super.    —  Firenze  (Italie).  — 

1872.  Ae. 

CoLLiONON  (René),  DM,  Méd.-maj.  de  !■■«  cl.  au  25e  d'inf.,  Corresp.  du  Min. 
de  l'Inst.  Publ.  -  6,  rue  de  la  Marine,  Cherbourg  (Manche).  —  1880.  T, 

CoLLiN(Kmile).— 35,  r.  des  Petits-Champs,  Paris,  1  —  1888.  T.  Paie</ino?0(/^e. 

CoLLiNGwooD  (J. -Frederick),  Esq.  — 5,  Irène  Road,  Parson's  Green,  Lon- 
don, S.  W.  (Angleterre).  -  1864.  Ae. 

CûRA  (.Prof.  Guido),   Dirett.  del  Cosmos  —  2,  via  Goito.  Roma  (Italie),  — 

1873.  Ae. 

Corne,  Consul  au  Japon.  —  1879.  Cn. 

CoRNiL  (Victor),  D  M.  —  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  membre  de  l'Acad.  de  Méd, 

—  19,  rue  St-Guillaume,  Paris,  VII.  —  1867.  Hon. 

Costa  Ferreira  (Antonio  A.  da),  D.  M.  —  Museu  antropologico.  —  Rua  Sa 

da  Bandeira,  Coïml)ra  (Portugal\  —  1902.  T. 
CosTA-SiMÔEs  (A.  A  da.).  Prof,  à  l'Univ.  —  Coïmbra  (Portugal). —  1866.  Ce. 
CouRiARD  (Alfred),  DM  —  Grande-Koniuchenui,  St-Pétersbourg  «Russie). 

—  1875.  Ce. 

CouRTY  (Georges)  —  35,  rue  Compans,  Paris,  XIX.  —  1901.  T. 

CRÉgLi-MoNTFORT  (Comtc  de) —  58,  rue  de  Londres,  Paris,  VIII.  —  1903,  T. 

CuMONT  (Georges),  Avocat  -  19,  rue  de  l'Aqueduc,  Saint-Gilles,  Bruxelles 
(Belgique).  —  1901.  Ae. 

CuNNi.NGHAM,  Prof.  of  Anutomv  in  the  University  of  Edinburg.  —  1905. 

GuYER  (Edouard),  Prof,  suppl.  à  l'Ec.  des  Beaux-Arts  —  8,  quai  Debilly, 
Paris,  XVI.  -  1886.  T. 

Daleau  (François)  —  Bourg-sur-Gironde  (Gironde),  —  1875.  T.  Préhisto- 
rique, ethnographie. 


LISTE    DES    MEMBRES 


IX 


'Dalton  (Ormonde  M.)  —  Es(j.,  liritish  inusnim.  —  Bloomsburv,  Loiidon, 

W.  C.  (Angleterre).  -  lUOl.  Ce. 
Darling  (W.),  Prof,    d'anatoinie  aux    Univ.  de  New- York  et  Vermont  — 

New-York  (U.  S   Am.)  —  1x77.  Ce. 
Daveluy  (Charles),   Direct,  géii.    li«>ii.   des   Coutrihutioiis    directes   et  du 

Cadastre,  Sous  Directeur  de  l'Ec.  d'Autln-opologie   —  107,   Bd  Brune, 

Paris,  XIV.  -  1889.  T. 
Deghelette  (Joseph),  Conservateur  au  Mu.sée  de  Roanne  (Loire).  —  1905.  T- 
Deglatigny  (Louis)  —  11,  rue  Biaise-Pascal,  Rouen  (Soine-Inférieure)  — 

1897.  T  R. 

Delislk  (Fernand),    D   M,  Prépar.    au   Lab.  d'Anthropologie  du  Muséum 

d'Hist.  nat.  -  35,  rue  do  l'ArbahMo,  Paris,  V.  —  1883.  T. 
Delmas  (Louis  H.),  D  M  —  La  Havane  (Cuba).  —  1878.  Ce. 
Delvincourt,  Archéologue  —  17,  rue  des  Telliers,  Crécy-sur-Serre  (Aisne). 

—  1901.  T. 

Deniker  (Josepli),  Doct.    ès-Sc,  Bibliothécaire  du  Muséum  d'Hist.  nat.  - 

8,  rue  de  BufTon,  Paris,  V  —  1881.  T  R. 
Demonet  (E.).    D  M,  Méd.  aide-major,  13«  Rég.  d'Inf.   —  Nevers  (Nièvre). 

—  1904.  T. 

Derizans  (Benito),  D  M  —  Larangeiras  (Brésil).  —  1876.  Ce. 
Descamps  (Auguste)  —  1,  Bd  Beauséjour,  Paris,  XVL  —  1807.  T. 
Despréaux  (P.),  DM  —  11,  rue  Littré,  Paris,  VL  —  1895.  T  R. 
Destruges  (Alcide),  DM  —  Guayaquil  (Equateur).  —  1863.  Ce. 
Deyrolles,  Lise,  es-science,  Méd.  aide-major,  48»  Rég.  d'Inf.  —  Guingamp 

(Côtes-du-Nord).  —  1904.  T. 
Dharvent  (Isaï),  Archéologue,   —   Béthune  (Pas-de  Calais).   —   1902.   T. 

Préhistorique 
DiAMANDY  (Georges),  Député  au  Parlement  roumain.  —  Bucarest(Roumanie). 

—  1892.  T. 

DoKiNEAU   (Albert)  —   71,  rue  de  la    Madeleine,  Xoisy-le-Sec  (Seine).    — 

1898.  T.  Palelhnologie. 

Donner  (Otto),  Prof,  à  l'Univ.    -  H^lsingfors  (Finlande).  —  18'.)0.  Ce. 
DoRSEY    (George    A.).    —   Curator  Field   Colombian  Muséum  Ethnologie. 

Chicago.  —  1904.  Ce. 
DouGLASS  (Andrew  E.),  de  New- Y'ork,  chez  M.   Leroux,  Editeur  —  28,  rue 

Bonaparte,  Paris,  VI.  —  1887.  T  R. 
Dubois  (Eugène),  D  M  —  45,  Ziljweg,  Haarlem  (Hollande).  —  1895.  Ae. 
DucHESNE  (E.-L.),   D  M,    Lie.    en    Dr.  —  15,   rue   Pigalle,    Paris,  IX.  — 

1885.  T. 
DucKwoRTH  (W.  L.  H.)  Esq.  Lecturer  on  Physical  anthropology.   .lesus 

Collège  —  Cambridge  (.Angleterre).  —  1901.  Ce. 
DuHOUssET  (Colonel  E.)  —6,  rue  de  Furstenberg,  Paris,  VI   —  1863.  Cn. 
DcNANT  (P.-L.),  D  M  -  Genève  (Suisse).  -  1868  Ce. 
Dupont  (Edouard),  Membre  de  l'.Acad.  des  Se.  de  Belgique,  Direct,  du  Musée 

d'Hist.   nat.   de   Bruxelles  —  Villa    du   Lac,    Boitsfort  (Belgique).    — 

1872.  Ae. 
DupoRTAL  (Henry),  Inspecteur  gén.  des  Ponts  et  Chaussées  —  4,  villa  Mont- 
morency, Paris,  XVI.  — 1868.  T. 
DussAUD  (René)  —  133,  avenue  Malakoft',  Paris,  XVI.  —  1900.  T. 
DuTAiLLY  (Gustave),  Député  —  84,  rue  du  Rocher,  Paris,  VIII.  —  1887.  T. 


X  «itXMlhÉ    l»'\NTIinOPOI.O<iIK    LE    PARIS 

lu  \Ai.  (Matliiiis;.    1)  M,  nnMiilirt!  .lo  l'A.-a.l.  .!.■  M«'''i  ,   Prof,  à  la  Fac.  de 

Mé«l.,à  l'Kc.  d'Aiillirv)pologiei!tà  l'ftc.  <les  li.;:iii\ -Arts  -  11,  cité  Maies- 

liorhes,  rue  des  Martyrs,  l'aris,  IX.  —  1H7.4.  T  R. 
Dybowski  (JeaiO.  Dirt'it.  du  Jardin  d'essai  colonial  —  Viiicennes  (Seine).— 

l«»'i.  Cn. 
I-A:Hf:KAC.  (M.  i»'i,  Inspecteur   lion,  «le  l'Assistance   i)ubli(iue  —  21»,   rue    de 

Con-lt-,  l'aris.   VI  —  et  G,   dieinin  des    Coutures,   Sèvres  (S.-et-Û.).  — 

Isa».  T. 
EiGHTHAi.  (Louis  d')  -  Les  Ht^zards,  par  Nujjrt'iit-sur-Vernis-on  (Loiret).  — 

I8S1.T. 
Kkjoy  (l'aul  d')  Substitut  du  Procureur  de  la  République  —  19,  rue  de  Ghilou, 

Le  HsUre  (Seine-Inf.)  —  !«•'».  T  R. 
KssLiNo  (Prince  d),  —  8,  rue  Joan  (ioujon.  Paris.  VIII.  —  1871,  T. 
Evans  (Sir. lolin) —Nasli  Mills,  Heniel  Hempstead,  Herts.  (Angleterre).  - 

1877.  Ae. 
Fai.lot  (A.  ,  i)  M.   Prof,  à  l'Kc.   de  Méd.  —  167,  rue  de  Rome,  Marseille 

(P.-du-Rh.).  -  1H79.  T. 
KAUVELLK(Ren.').  D  M  —  II,  rue  de  Médicis,  Paris.  VI.  -  1893.  T. 
Fenerly-Effendi,  [)  M,  Prof,  à  l'École  de  Méd  —Constantinople  (Turquie). 

-  1865.  Ae. 
FÉRÉ(Charles),  D  M,  Méd.deBicêtre  -  2-2,  Av.  Bugeaud,  Paris,  XVI.  — 1878.  T. 
Fkkxanoès  (A.-F.),  DM  —  Rio-de-Janeiro  (Brésil).  —  1861.  Ce. 
Fkhrazi>kMacedo  (F),  D  M  — Caîçada  do  Monte.  1,  Lisboa  (Portugal).  — 

1888.  T. 
FiAtx  (Louis),  DM  —  22,  rue  Tocqueville,  Paris,  XVIII.  —  1878.  T. 
FiRMiN  (A.),  avocat  —  Cap-Haïtien  (Haïti).  —  1884.  TR. 
Fischer  (Henri),  Clief  desTrav.  géolog.  à  la  Fac.  des  Se.  —  51,  Bd  St-Michel, 

Paris,  V.  -  1893.  T. 
Flamand  (C  B   M  ),  cbargé  de  cours  à  l'IOc.  Super,  des  Se.  —  6,  rue  Barbés, 

Mustapba-Alger  (Algérie).  —  19(X).  T. 
Fontan  (Alfred)  —  Mazamet  (Tarn).  -  1860.  Cn. 

Fontarge  (A.  Trumet  de).  D  M  -  2,  rue  Corvetto,  Paris,  VIII.  —  1882.  T. 
Fouji;  (Gustave),  Palethnologue,  S3,  rue  de  Rivoli,  Paris,  IV.  —  1896  T  R. 
FoiJHDHiGNiKH  (Ed.),   Corresp.   du  Min.    de   llnst.    publ.    —   24,    Avenue 

Wagram,  VIII.  —  1879.  T. 
Fraipont  (J).  D  M,  Membre  de  l'Acad.  des  Se.  de  Belgique,  Prof,  de  pa- 
léontologie  à  rUniv.  —35,  Mont   Saint-Martin,    Liège  (Belgique).  — 
1896.  Ae. 
FHYER(Major),  Commissaire  du  gouvernement  anglais  —Calcutta  (Indes  an- 
glaises). —  1877.  Ce. 
FuMouzE  (Victor),  DM-  78,  rue  du  Faub.-St-Denis,  Paris,  X.  —  1872.  T. 
(jADEAU  DE  Kerville  (Henri),  Homme  de  sciences  —  7,  rue  Dupont,  Rouen 

(Seine-Iuf.)  — 1886.  T. 
Gaillard  (Georges),  DM-  47,  rue  Blanche,  Paris,  IX.  —  1879.  T. 
Galdo  (MaimelJ.  de).  Présidente  délia  Academia  Medico-Quirurgica  Espa- 

iiola  —  Madrid  (Espagne).  —  1865.  Ce. 
Gallaju>  (Frank),  D  M  —  24,  place  Vendôme,  Paris  I  —  et  à  Biarritz  (Basses- 

Pyr.)  —  1892.  T. 
Garcia  Loi'K/.  (Eduardo)  —  Abogado.  Galle  63,  no  518.  Mérida  (Mexique). 
190:3.  T 


LISTE    DKS    MKMIIRKS  X  I 

Garsox  (John-G.).  D  M.  Esq.  Iiistructor  on  tlie  metric  systein  of  ideiitili- 

calion  —  14,  Stratfonl  Place,  Loridou.W.  (Angleterre)  —  1893  A  e. 
Geoffroy  (Jules),  DM  —  15,  rue  de  Hambourg,  Paris,  VIII.  —  187'J..T. 
Geohges  (Maximilieii).  Airliitt'cte  -  1 'i8,  rue  Lecourbe,  Paris,  XVI.—  ISiKj.T. 
(iiGLioi.i    l'ruf.  Kiirico  H.),  Diretlore  del  K.  Museo  zoologico  (aniniali  vor- 

tebrati  —  'i,  Via  Farinala  degli  Uberti.    l'"ireiize  (Italie).  -  1S8'^.  Ae. 
GiovANETTi  (Nubile  Ciiulio),  Étudiant,  —    7.  place  du  Collège  de   France, 

Paris,  V.  -  1902.  T. 
GiHAKD  (H.),  Prof,  à  l'Éc.  de  nièd.  navale.  —  Bordeaux  (<îiroiide).  —  1002. T. 
GiRALX  (Louis)  —  9  bis,  av.  Victor-Hugo,  Saint-Mandi'  (Seine).  — 1898. TR. 
GiROD  (Paul).  Prof,  à  la  Fac.  des  Se.  et  à  l'Ec.  de  Méd.  -    20,  rue  P.latin, 

Clermout-Ferrand  (Puy-de-Dôme).  —  1900.  T. 
GiUFFRiDA-RuGGERi  (V.),  D.  M,   DocBute  di  anlropologia  nolla   K.  Univ., 

26,  via  del  Collegio  roraano,  Roma  (Italie).  —  1901.  Ce. 
Glai  MONT  (G.)  Percepteur  —  Fleurance  (Gers).  —  1889.  Cn. 
GoDEL  (Paul)  —  Grenoble  (Isère).  —1892.  Cn. 
GoDiN  (Paul',  D  M,  Mt'd.  chef  de  l'Hùp.mil.  deTarbes  (Hautes-Pyrénées).— 

1896.  T. 
Gordon  (Antonio  de),  D  M,  Président  de  l'Acad.  de  Méd.  et  Se.   phys.   et 

nat.  —  Habana  (Cuba).  —  1897.  Ce. 
GoRODicHZE(Léon),  D  M  — 85,  rue  de  la  Bienfaisance,  Paris,  VIH,  —  1902,  T. 
Gouhari  (David),  D  M  —  Eiskoié  Oukreplenie,   District  de  HostoJl'-sur-le- 

Don  (Russie)   —  18i»^>.  T. 
Gromoff  (M'"«  Anna).  —  Petrovka,  maison  Korovine.  —  Moscou  (Russie). 

1900.  Ce. 
Gross  (Victor),  DM-  Neuveville,  canton  de  Berne  (Suisse).  —  1882.  Ae. 
Guébhard  (A.),  Agrégé  (géologie)  de  Fac.  Méd.  —  Si- Vallier-de-Thiey( Alpes- 
Maritimes).  —  1902.  T  R. 
GuELLiOT  (Octave),  D  M,  Gliir.  des  Hôp.  —  9,  rue  du  Marc,  Reims  (Marne). 

-  1899.  T. 
GuiBERT,  DM—  St-Brieuc  (Gôtes-du-Nord).  —  1888.  T. 
Guida  (Salvatore),  Eieut. -colonel  médecin  —  Roma  (Italie).  —  1894.  Ae. 
GuiMET  (Emile)  — 1,  place  de  la  Miséricorde,  Lyon  (Rhône),  —  et  Musée 

Guimet,  avenue  d'iéna,  Paris,  XVI.  —  1877.  T  R. 
Gdyot  (Yves),  ancien  Ministre  —  95,  rue  de  Seine,  Paris,  VI.  —  1874.  Hon. 
Haddon  (Alfred-Cort).— Prof.  F.  R.  S.Inisfail.HilIsRoad— Cambridge  (Angle- 
terre). —  1901.  Ae. 
Haeckel  (Prof.  Ernst)  —  lena  (Allemagne).  —  1902.  Hon. 
Hagen  (A.),  DM  —  2  bis,  place  Gambetta,  Toulon  (Var).     -  1894.  Cn. 
Hamy  (Ernest),  D  M,  membre  de  l'Acad   des  Insc.  et  B-L.  et  do  l'Acad.  de 

Méd.  Prof.  d'Anthropologie  au  Muséum  d'Hist.  nat.  —8,  rue  de  Buffon, 

Paris,  V.    -  1867.  T. 
Hanotte  (Maurice),  DM  —  6,  rue  de  la  Tréraoille,  Paris,  VIII.  —  1899.  T. 
Haynes  (Henry-W.  I,  Prof,  à  l'Univ.  —  2-39,  Beacon  street,   Boston,  Mass. 

(U.  S.  A).  —  1878.  Ce. 
HEGER(Franz),Leiterder  Anthropol.-ethnographischen  amk.  k.  naturhistor. 

Hofmuseum  —  1,  RasumofTskygasso,  Wien,III  (.\utriche).  -  1901.  Ce. 
Heger  (P.)  D  M.  Prof,  de  Physiologie  à  l'Univ.  —  35,  rue  des    Drapiers, 

Bruxelles  (Belgique).  —  1884.  Ce. 


\II 


so«:ii^rrK  d'anthhufiu.imjik  de  paris 


Hkikki.i  (.IhUmIO  -  IWrnt  fur  l'r^-.-s.-l.i.-lit.'  .ui  -I.t  Tniv.  -  Zuricli  (Suisse). 

IIX>I.  Ce. 
Hkikki.  (Axel-O)  -  Helsini-fors  (Kiiilaii.lc  .  -  18it'.t.  Ce. 
HkssiyfhIA  ),imprimeur-.''diU'ur-7.riu'I)arcet,P!uis.  XVII.  —  1S81.  TR. 
Hkhhkht  (.losei>h-.\inan.l).  Coinmaii'liiiit   .lu   ^;.' nie  eu    retraite.    —   19,  rue 

nHutt'f.'uiile.  Paris.  VI  -  l'.MJl.  T. 
HKHvft((;eorui'sl.  D  Nf.  Prof,  à  TÈc.  .l'Anthropologie   -  8,   rue  de   Berlin. 

Paris.  IX.  -  lH«<t.  T. 
Hernandkz  (Fortunato),  D  M.  Inspecteurdes  Consulats.  —Mexico.  Mexique. 

i\m.  T. 

Hii.DKBHANi.  (Hans-0.),  D  M,  Kiksantikvarie.  K.  Vitterhets-Historie  och 
Antikvitets  Aka.lemieu  —  Stockholm  (Suède).  —  1874.  Ae. 

His  (Wilhelm),  Anatoiui.-  l'r.^f.  iii  <ler  Univ.  -  K.uiigstrasse,  22,  Leipzig 
(Saxe).-  I86'i.  Ae. 

HoELDRR  (H.  von),  Ober-Medizinalrat  —  Marienstrasse,  31,  Stuttgart  (Alle- 
magne). —  1882.  Ae. 

H<)KHNEs(Prof.  Moriz),  < '.ustos-adjunct  am  K.  K.  Naturhistorichen  Hofmuseum 

-  Fn^'argasse,  27.  Wieii,  III  (Autriche).  —  1901.  Ae.  Préhistorique. 
IIoi.Bf:.  Pharmacien  —  Villa  des  Pervenches   —    Mourillon-Toulon    (Var). 

—  l'.>03  T. 

H.jLMEs  (W.  H.i,   Prof.,   Head  Curator  National   Muséum    Authropology, 

Washington.  —  190-3.  Ae. 
HoroH  (Walter).   Curator  of  the  U.  S.  National  Muséum  (Ethnology)  — 

Washington  (U.  S  Am.  —  1899.  Ce. 
HorzÉ  (E.),  D  M,  Prof.  d'Anthropologie  à  l'Univ.  —  89,  Bd  de  Waterloo, 

Bruxelles  (Belgique).  —  1893.  Ae. 
HovEi-ACgUF.  (Mme  veuve  Abel)  —  38,  rue  du  Luxembourg,   Paris,  VL   — 

1896.  T  R. 
HovELACQUE  (André)  —38,  rue  du  Luxembourg,  Paris-VI.  —  1901.  T  R. 
HovonKA  (Oskar  v.),  D  M  —  Haciceva  ulica,  19,  Agram  (Hongrie).  -  1899.  Ce. 
HoYOS  Sainz  (Luis  de),  Catedratico  del  Instituto  —  Dos  Codos,  9,  O  Sille- 

ria,  1,  Toledo  (Espagne).  —  1892.  T. 
Hkdi.icka.  —  Sous-direct,  du  Lab.  d'Antliropologie  U.  S.  National  Muséum 

Washington.  —  1904.  Ce- 
Hubert  (Henri)  —  74,  r.  Claude-Bernard, Paris, V.  — 1900.  T.  Préhistorique. 
HuoiJET  (.1.  J.  A.)  DM—   Prof.  adj.  à  l'Ecole  d'Anthropologie,  —  11,  rue 

Violet,  Paris,  XV.  —  1902.  T. 
Ingersou.  (Smiih),   Sous-Direct,  des  Collections  Anthropologiques  et  du 

Labor.  d'\nth.    Natural  history  Muséum.  —  New-York.  —  1905.  Ce. 
Issei.  (Arturo),  Prof,  di  geologia  ail'  Univ.  —  Genova  (Italie).  —  1901.  Ae. 
JvANOVsKY  (.\1.),  Secrétaire  de  la  Section  d'Anthropologie  de  la  Société  des 
.Amis  lies  Sciences,  Musée  historique.  —  Moscou  (Russie).  —  1879.  Ce. 
.lAcgrEs  (Victor),  D  M,  Prof,  à  l'Univ.  —  36,  rue  de  Ruysbroeck,  Bruxelles 

(Belgique). —  1893.  Ae 
Jalouzet,  vice-Consul  de  France  —  Belfast  (Irlande).  —  1883.  Cn. 
Javal  (Emile),  D  M,   membre  de  l'Acad.   de   Méd.  —  5,   Bd  de  la  Tour. 

Maubourg,  Paris,  VII.  —  1872.  T  R. 
JouRDAN  (Emile),  DM-  3,  rue  Ampère,  Paris,  I.  —  1897.  T  R 
JouRON  (L  ).  —  Avize  (Marne).  —  1901.  Cn. 
Jous.sEAi.'ME  (F.),  D  M  -   29,  rue  de  Gergovie,  Paris,  XIV.  -  1866.  T  R. 


LISTE    Ub»    MEMHRES  XIII 

JuGLAK  (Mrae  Joséphine)  —  58,  ruedesMathurins,  Paris,  VIII.  —  1881.  T  R. 
Julien  (Pierre),  Étudiant  —  40,  place  Jaude,  Clennont-Ferrand.  —  lVt03.  T. 
Kate  (Hermann  ten),  D  M  —  Batavia.  —  Java.  —  187'J.  T. 
Keane  (.Yugustus  H.) —  Esq.  Late  Vice-Presidont  Aiilliropoloj^qral  Iiistitute 

G.  B.  et  Ir.  —  Arajn-Gah,  70,  Broadhurst  (tardons,  South  Hampstead, 

N.  \V.  (Angleterre).  —  100-.2.  Ce. 
Keller,  Ingénieur  —  77,  rue  du  Moiitot,  Nancy  (Meurthc-et-M.)  —  l'JOU.  T. 
Kessler  (Fr.),  manufacturier,  Soultzmatt  (Alsace).  —  1883.  T  R. 
Khanenko  (Bolidan)  — Kiev  (Russie).  —  1902.  Ce. 

KoLLMANN  (Julius),  Prof.  de  Zoolo;,'ie  à  l'Univ.  —  BAle  (Suisse),  —  1803.  Ae. 
KovALRwsKi  (Maxime)  —  villa  Batava,  Beaulieu(Alpes-Maritimes).  —  1894. T. 
Labadie  Laguave  (Frédéric),   D  M,  Méd.  des  Hùp.    —  8,  av.   Montaigne, 

Paris,  VIII.  —  1869.  T. 
Lacassagne  (A.),  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  Corresp.  de  l'Acad.  de  Méd.  — 

1,  place  Raspail,  Lyon  (Rhône).  —  1800.  Cn. 
Laghené  (de).  Consul  de  France  -  Moscou  (Russie).  —  1879.  Cn. 
Lalayantz  (Ervand),  Séminaire  Nersissian  —  Tiflis  (Russie).  —  1805  Ce. 
Laloy  (F>.),  DM,  Bibliothécaire  de  la  Fac.  de  Méd.  —  Bordeaux.  — 1902.  Cn. 
La  Mazellière  (Marquis de).  — 40,rueBarbit-de-Jouy,  Paris,  VII. —  1904.  T. 
Landry,  Prof,  à  l'Univ.       Québec  (Canada).   —  1801.  Ce. 
Lannelongue  (0.  M.),  membre  de  l'Acad.  dos  Se.  et  de  l'Acad.  de  Méd. 

Prof,  à  la  Fac.de  Méd. —  3,  rue  François  1er,  paris,  VIII.  —  1877.  T. 
Lapicque  (Louis),  D  M  —  Maître  de  Conférences  à  la  Fac.  des  Se.  —  0,  rue 

Dante,  Paris,  V.  —  1892.  T. 
La  Tour  (de),  DM  —  10,  rue  Cortambert,  Paris,  XVI.  —  1902.  T. 
Launois.  —  12,  rue  Port;dis,  Paris,  VII.  —  1904.  T. 
Lavex  (Désiré).  —  11,  rue  Lamarck   Paris,  Vlll   —  1905.  T. 
Laville  (André),  Préparateur  à  l'Ec.  des  Mines  —  39,  avenue  des  Gobelins, 

Paris,  XIII. —  1897.  T. 
Leboucq  (H.),  D  M,  Prof.   d'Analomie   à  l'Univ.  —  Gand   (Belgique).  — 

1884.  Ce. 
Le  Coin  (Albert),  D  M  —  15,  rue  Guénégaud,  Paris,  VI.  —  1873.  T. 
Lécuyer,  DM  —  Beaurieux  (Aisne).  —  1887.  Cn. 
Le  Double(A.  F.),  D  M,  Prof.  d'Anatomie  à  l'Éc.  de  Méd., Corresp. de  l'Acad. 

de  Méd.  —  29,  rue  Nicolas-Simon,  Tours  (Indre-et-Loire).  —  1876.  T. 
Lehmann-Nitsche  (Robert),  D  M,  et  D.  es  Se  nat.  et  en  médecine.  Jefe  de 

la  seccion  antropologica  del  Museo  de  La  Plata.   -    La  Plata  (Répub. 

Argentine).  —  1897.  T. 
Leite  de  Vascongellos  (José).    —  Director  do  Museu  Ethnologico  portu- 

guès.  —  Bibliotheca  nacional,  Lisboa  (Portugal).  —  1899,  Ae. 
Lejars  (Félix),  D  M,  Agr.  delà  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hùp.  —  90,  rue 

de  la  Victoire,  Paris,  IX.  —  1889.  T. 
Lejeune  (Charles),  Avocat  —  12,  rue  Soufflot,  Paris,  V,  —  1890.  T  R.  —  Reli- 
gions et  Sociologie. 
Lesouef  (Aug.-A.)  —  109,  boulevard  Beaumarchais,  Paris  III.  —  1877.  T. 
Lesquizamon  (D.  Juan-Martin),  Ministre  du  gouvernement  de  la  province  de 

Salta  (Rép.  Arg.).  —  1877.  Ce. 
Letourneau  (Gustave),  Avocat  -  5<J,  rue  X.-D.  des  flhamps  —  Paris,  VI. 

—  1902.  T. 
Levasseur  (Emile),  membre  de  l'Institut,  Prof,  au  Collège  de  France — 26, 

rue  Moubieur-le-Prince,  Paris,  VI.  —  1881.  T. 


XIV  sociKTk  d'anthhopolcmiIk  uk  paris 

LissAUER,  L)  M,  Prof..  Vice- Président  de  la  Soc.  Anthropologie  de  Berlin 
Alleinni^iie  —  llX^'i.  Ae 

Livi  (.Kidolfo),  I)  M,  .M:i^;^;iurt'-Mf<lico  —  1»,  via  Sommacampagna,  Roma 
(Italie).  —  iHin.  Ae. 

LoisEi.  ((iustave),  D  M  ,  (^hef  du  Lab.  d'Histologie  à  la  Fac.  de  Méd.  — 
t>,  rue  de  THcole  de  Médecine,  Taris,  VI.  —  1902.  T. 

I.«».sr.B.iis  (Paul).  Doct  en  Méd.  de  la  Fac.  de  Paris,  Chir.  de  l'Holel-Dieu 
de  Joigny.  Membre  de  la  Soc.  des  Se.  hist.  et  nat.  de  l'Yonne.  —  1905. 

Loi;bat  (duc  de)  —  'i7,  rue  Diiinoiit-d'Urville,  Paris,  XVI.  —  1895.  T  R. 

LoDYs  (Pierre)  -  29,  rue  de  Houlaiiivilliers,  Paris,  XVI.  —  1900,  T. 

LuuoL  (Edouard),  Avocat  —  11,  rue  de  Téhéran,  Paris,  VIII.  —  1866.  T. 

LuMHOi.Tz  fCarl),  Consul  général  de  Suéde  —  New- York  (U.  S.  Am.).  — 
ISNii.  Ae. 

Lrst^.HAN  (Félix  vou),  1)  .M,  .\ssistent  ani  k.  Muséum  fiir  V'ilkerkunde  — 
Friedenau  bci,  Berlin  (.Uleniague).  —  1878.  Ae. 

Magqi'aut  (Emile)  —  19.  allée  des  Charmilles,  Gargau-Livry  (S.-et-(J.).  — 
1900.  T. 

Mac  Gurdy  (George-Grant),  lustructor  of  Prehistoric  Anthropology  — 237, 
Church  Street,  New  Haven,  Conn.  (U.  S.  Am.).  —  1896.  T. 

Magalhaens  (José  de),  D.  M.  —  8,  rue  de  la  Sorbonne,  Paris,  V.  — 
1903.  T. 

Magnan  (V.),  D  M,  membre  de  l'Acad.  de  Méd.  Médecin  de  l'Asile  Sainte- 
Aune,  —  1,  rue  Cabanis,  Paris,  XIV.  —  1876.  T. 

Mahoudeau  (P. -G  ),  Prof.  d'Anthropologie  zoologique  à  l'Éc.  d'Anthropo- 
logie —  188,  avenue  du  Maine,  Paris,  XIV.  —  1887.  T. 

Malief  ;N.-M.),  Prof.  d'Anatomie  à  l'Uuiv.  —  41,  Souvarowsky  prospect, 
St-Pétersbourg  (Russie^  — 1882.  Ae. 

Manouélian  (J.)  —  57,  rue  Falguiére,  Paris,  XIV.  —  1900.  T. 

Manouvrier  (Léonce),  D  M-,  Directeur  du  Lab.  d'Anthropologie  de  l'Éc. 
des  Hautes  Études,  Prof.  d'Anthr.  physiologi(iue  à  l'Éc.  d'Anthropo- 
logie —  15,  rue  de  l'École-de-Médecine,  Paris,  VI.  —  1882.  T  R. 

Mantegazza  (Prof.  Paolo),  Direttore  del  Museo  Nazionale  d'Autropologia 
Firenze  (Italie).  —  1863.  Ae 

Marin  (Louis)  —  13,  av.  de  l'Observatoire,  Paris,  VI.  —  1898.  T  R. 

Marmottan  (Henri),  D  M,  —31,  rue  Desbordes-Valmore,  Paris,  XVI.  — 
1875.  T. 

Martin,  (A.),  D  M.  —Alger  (Algérie).  —  1879.  On. 

Martin  (Rudolf),  DM,  —  Prof  fiir  Anthropologie  an  der  Univ.  -•-  Zurich 
(Suisse).  —  1901.  Ce. 

Marty  (J.),  d  m,  Méd.  princ.  à  l'Hôp.  Mil.  —  7,  rue  de  la  Paillette,  Rennes 
(llle-et- Vilaine).  —  1899.  T.  R. 

Masbrenier  (.Jean),  DM— 24,av.Thiers,  Melun  (Seine-et-Marne).- 1902.  T. 

Mason  (Otis-T.),  Curator  of  the  U.  S.  National-Muséum  (Ethnology).  — 
Washington  (U.  S.  Am.)  -  1893.  Ae. 

Massignon  (F.)  —  93,  rue  St-Honoré,  Paris,  I.  -  1883.  T. 

Masson  (Pierre),  édittMir  —  120,  Bd  St-Germain,  Paris,  VI.  —  1900.  T. 

Mathkws  (Robert  H.)  —  Hassall  Street,  Parramatta  (N.  S.  W.)  —  1899.  Ae. 

.Matiegka  (Heniy),  Pruf.  à  l'Univ.  —  Prague  (Bohème)  —  1901.  Ce. 

Maurbl  (Edouard),  D  M.  Prof,  de  pathol.  expér.  à  l'Ec.  de  Méd.  —  10,  rue 
d'Alsace-Lorraiue,  Toulouse  (Haute-Garonne)  —  1877.  T. 


LISTE    DK>    MEMBRES  XV 

Mauss,  Prof,  à  l'Ecole  des  Hautes-Etudes  (section  des  Sciences  Relig.).  — 

31,  rue  Saint-Jacques,  Paris,  V.  —  1905.  T. 
May  (Georges),  Banquier  —  i,  Avenue  Hoche,  Paris,  VHI.  —  1904.  T.  • 
Mayet  (Lucien),  DM  —  17,  place  Morand,  Lyon  (Rhône)  —  1900.  T.  Anthro- 
pologie générale.  Anthropologie  criminelle. 
MEDftA  (Eugone),  D  M  —  3,  Palescapa,  Milan  (Italie).  —  1903.  T. 
Médina  (Gabriel)  —  9,  rue  d'Oran,  Tunis  (Tunisie)  —  I89<3.  T. 
Menahd  (Saint-Yves),  DM,  Meniln-e  de  r.\cad.  de  Mi'd,  Direct.de  l'Institut 

de  vaccine  animale  —  8,  rue  Ballu,  Paris,  IX.  —  1S87.  T. 
Mevek  (A.-B.),Director  des  K.  Zoologischen  und  antiiropologisch.-ethnogra- 

phischen  muséums  —  Dresden  (Allemagne)  —  1890.  Ae.  Anthropolo- 
gie générale. 
Meveh  (Théodore)  —98,  rue  deNeuilly,  Gagny  (Seine-et-Oise)  —  1900.  TR. 
MiNKOv  (Théodore),  Ingénieur,  ancien  Secrétaire  de  la  Section  asiatique  de 

l'Exposition  russe  de  1900,  -  28,  boul.  St-Marcel,  Paris,  V.  —1901.  Ce. 
MiNovici  (Mina),  D  M,  Prof,  de  Méd.  légale,  Direct,  de  l'Institut  médico- 
légal.  —  Bucarest  (Roumanie).  —  1902,  T. 
MiNOVici  (Nicolas),  D  M,  Direct,  adj.  de  l'Institut  médico-légal.  —  Bucarest 

(Roumanie).  —  1902.  T. 
MiREUR  (Hippolvte),  D  M  -  1,  rue  de  la  Répul)lique,  Marseille  (Bouches-du- 

Rhùne)  —  1890.  T. 
Mohyliansky   (Nicolas)  —  Vassilievsky  ostrov,  7''  ligne,  n«  60,  log.  11, 

St-Pétersbourg  (Russie)  —  1897.  T. 
MoLiNiEH,  Pharmacien  —  1878.  Cn. 
Mo.NCELON  (Léon)  —  Ygrande  (Allier)  -  1880.  T  R. 

MoxTANO  (Joseph),  DM  —  Gémil,  par  Montastruc  (Hte-Gar.)  —  1879.  On. 
MoNTELius  (Oscar),  D  M,  Conservateur  du  Musée  royal  d'archéologie,  - 

Stockholm  (Suéde)  -  1874.  Ae. 
Mop.EL  (Léon),   Receveur  des  finances,  en  retraite,  Gorresp.  du  Min.  de 

rinst.  publ.  —  3,  rue  de  Sedan,  Reims  (Marne)  —  1880.  T. 
MoHÉ.NO  (Francisco  P.),  Direct,  du  Musée  de  La  Plata(Rép.  Arg.)  — 1893.  Ae. 
MoRENO  Y  Maiz  (Th.),  DM  —  Lima  (Pérou)  —  1864.  Ce. 
Morris  (J.  P.)  —  Ulverston  (Angleterre)  —  1867.  Ce. 
MoRSELLi  (Enrico),Prof.  di  Neuropatologia  nella  Univ.  —  46,  via  Assarotti, 

Genova  (Italie)  —  1874.  Ae. 
Mortille;t  (Adrien  de).  Prof.  àl'Ec.  d'Anthropologie,  Président  delà  Société 

d'Excui'sions  scientifiques  —  10,  bis,  av.  Reille,  Paris  XIV.  —  1881.  TR. 

Préh  is  torique,  et  h  nog  )  'ap  hie. 
MucH  (D''   Matthaus),    Koiiservator  der  Kunst.-u.    histor.    Denkmale   — 

Hietzing  bei  VVien  (Autriche)  —  1878.  Ae. 
MûLLER  (Sophus),   Directeur    du    Musée    des    Antiquités  —  Copenhague 

(Danemark)  —  1899.  Ae. 
MuNRO  (Robert),  Esq.,  Secretary  of  Society  of  Anti(juaries  of  Scotland  — 

48.  Manor  Place,  Edinburgli  (Ecosse).  —  1899  Ae. 
Musgrave-Clay  (R.  de)J  DM  —  villa  Viviane,  Salies-de-Béarn  (Basses-Pyr.) 

—  1889.  T. 
Myrial  (Mni"  Alexandra)  —  villa  Mousmé,  La  Gaulette,  Tunisie—  1900.  T. 
Myres  (J.-L.),  Esq.  Secretary  of  Anthropological  institut  of  G.  B.  andir.  — 

Christ  church,  Uxford  (Angleterre)  —  1901.  Ce. 


XVI  sih:iktk  d  anthropologie  de  paius 

Neis  i,P:uil),  I)  M,  M<'<1.  (if  If»  cl.  fio  la  marine  —  Saigon  (Cochinchine  fran- 
çaise) -  18S1.  Cn. 

îîif:oi,AÏEv>KY  ("'.onstaiilin,  — 1»5.  av.  «le  Versaill»;3.  Paris,  XV  —  1900    Ce. 

NiEOKKLK (Lubor).I)  M,  i^rof.  d'Anthropologie  à  l'Univ.  —  Taborska  ul.  1045 
11.  Pragiii'  (.Vutri.-lie)  —  1S93.  Ae. 

NovAUo  (Bartlioioineo),  l)  M,  Prof,  à  la  Kac.  des  Se.  —  Buenos-Aires  (Rép. 
Ar-.)  -    i8TS.  Ce. 

NoviKOFF  (J.)  —  ti,  rue  île  la  Poste,  Odessa  (Russie)  —  1891.  T. 

OB<ii,oNftKi  (Nicolas),  DM,  Prof,  à  l'Univ.  —  Kiev  (Russie).  —  1889.  Ae. 

OrvAiiOFF  (Comtesse),  Présidente  de  la  Société  archéologique  de  Moscou, 

—  Musée  historique,  Moscou  (Russie).  —  189i^).  Ae. 
Pa«;i.iani  (Luigi),  Prof,  à  l'Univ.  —  Toriiio  (Italie)  —  1877.  Ce. 
i*Ai'ii.i.Ari/r  (Georges),  0  M,  Direct,  adj.  du  Lab. d'Anthropologie  de  l'Ec.  des 

Hautes  Etudes,  Prof,  à  l'Kcole  d'Anthropologie.   —  3,  rue  Malaquais, 

Paris,  VI.  -  189;i  T. 
I'arIs  ((ïustave),  DM  —  Luxeuil  (Haute-Saône)  —  1880.  T. 
Paul-Hont.our  (Georges),  DM  —  164,  rue  du  faub.  St-Honoré,  Paris,  VIII. 

—  189i   TR. 

Pkchdo  (J.),  DM  —  Villefranche  (Aveyron)  —  1878.  T. 

Pèse  (X.),  -  Ozon  Park  Woodaven,  New- York,  L.  I.  (U.  S.  Am.)  —  1884.  T. 

Pknnetier  (Georges),  D  M,  Prof.de  physiologie  à  l'Ec.  deMéd. — 9,  impasse 

de  la  Corderie,  barrière  St-Maur,  Rouen  (Seine-Inf.)  —  1868.  T. 
Perera  (Prof.  Andrews)  —  Slave-Island,  Colombo  (Geylan)  —  1882.  Ce. 
Pétrini  (Michel),  D  M  —  Direct,  du  Service  de  Santé,  Bucarest  (Roumanie) 

—  1874.  Ae. 

PiCHARDO  (Gabriel)  —  La  Havane  (Cuba)  —  1878.  Ce. 

PiGHON,  D  M  —  Château  des  Faverolles,  par  Couches  (Eure).  —  1872.  Cn. 

PiÉRoN  (Henri),  D  M,  Prép.  à  l'Éc.  des  Hautes-Études  —  96,  rue  de  Rennes, 

Paris,  VI.  —  1902.  T. 
PiBTKiEwiGZ  (Valérius),  DM  —  79,  Bd  Haussmann,  Paris,  VIII.  —  1878.  T. 
Piètrement  (G. -A.),  Vétérinaire  militaire  en  retraite  —  141,  Bd  St-Michel, 

Paris,  V.  -  1874.  T. 
PiETTE   (Edouard),  Juge   honoraire,   Gorresp.   du  Min.  de  l'Inst.  publ.  — 

Rumigny  (Ardennes)  —  1870.  T. 
PiQNÉ,  D  M  —  San  Francisco,  Californie  (U.  S.  Am  )  —  1868.  Cn. 
PiGORiNi  (Prof.  Luigi),  Dirett.  del  Museo  nazionale  preistorico  ed  etnogra- 

fico  —  Collegia  romano,  Roma  (Italie)  —  1881.  Ae. 
PiNOT  (abbé),  missionnaire  —  FortGood  Hope,  Rivière  Mac-Kensie (Canada) 

—  - 1872.  Ce. 

Pittard  (Eugène),  prof,  au  Collège  de  Genève.  30  Florissant.  Ce. 
PoKRovsKi  (Alexandre),  Lie.  ès-Se.  nat.,  Privat-docent  à  l'Univ.  —  Kharkov 

(Russie)  —  1894.  T. 
PoRNAiN  (Léon),  DM  — 16,  avenue  de  Madrid,  Neuilly  (Seine).  —  1888.  T.  R. 
Posada  Arango  (prof.  A.).  DM—  Médelline  (Colombie)  -  1870.  Ce. 
PouTiATiNE  (prince  Paul)  —  Ligofka,  65,  St-Pétersbourg  (Russie)  —  1896.  Ce. 
Pozzr(Samuel),  D  M,  memb.  de  l'Acad.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd., 

Chirurg.  des  Hôp.  —  47,  àv.  d'iéua,  Paris,  XVI  —  1870.  T. 
Prengruebkr  (A.),  D  M,  Méd.  de  colonisation  —    Palestro   (Algérie)  — 
1881.  Cn. 

Prieur  (Albert),  D  M  —  1,  place  des  Vosges,  Paris  IV  —  1892.  T. 


LISTK    UKS    MEMBRES  XVII 

Profillet  (R.  p.),  missionnaire  eu  Haïti.  —  1864.  Ce. 

PuTNAM  (Prof.  F.-W.),  Curator  of  tlic  Peabody  muséum    —  Cambridge, 

Mass.  (U.  S.  Am.)  —  1882.  Ae. 
Rabaud  (Ktienne),   1)  M  et  D.  es  Se,  Prof.  adj.  à  l'Ecole  d'Anthropologie 

—  104,  rue  d'Assas,  Paris.  VI.  -  1902.  T. 

Raffegeai:  (Donatien),  DM—  0,  av.  des  Pages.  Le  Vésinet  (S.-et-O.)  — 

1880.  T. 
Ramaoieh,  dm.  Direct,  do  l'Asile  des  aliénés  —  Rodez  (Aveyron)  —  MM.Cn. 
Rangabé  (Alexandre),  membre  de  la  Soc.   d'archéologie  —  Athènes  (Grèce) 

—  186;j.  Ce. 

Ranke   (Johannes),  Prof,  de  Zoologie  à   l'Univ.  —  25,   Brienner  Strasse, 

Miinchen  (Allemagne)  —  188:2.  Ae. 
Raszwetonv  (\V  ),  ancien  Prof,  de  chirurgie—  Moscou  (Russie)  —  1888.  Ce. 
Raymond  (Paul),  D  M.  Agrégé  à  la  Fac.  de  Méd.  de  Montpellier  —  34,  av. 

Kléber,  Paris,  XVI.  —  1802.  T. 
Raynaud  (Georges),   Maître  de  conférences  à  l'Ec.  des  Hautes-Etudes  — 

82,  rue  Moulfetard,  Paris,  V.  -  1899.  T. 
Read  (Charles  H.),  Esq.  Keeperof  iiritish  and  Mediœval  Antiiiiiities  and  Eth- 

nography,   British  Muséum  —  22,  Carlyle   Square,  Chelsea,    London 

(Angleterre)—  1901.  Ae. 
Reboul  (Jules),  D  M,  Chirurg.  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu  —  1,  rue  d'Uzès,  Nîmes 

(Gard)—  1893.  T. 
Reclus  (Elisée),  Direct,  de  l'Institut  géographique.  —35,  rue  Ernest-Allard. 

Bruxelles  (Belgique)  —  1889.  T. 
Regalia  (Ettore),  R.  Istituto  di  Studi  Superiori  —   3,   via  Gino  Capponi, 

Firenze  (Italie)  —  1893.  Ae. 
Reonault  (Félix),  D  M,  anc.  Int.  des  liôp.  —  185,   boul.    Murât,  Paris,  V. 

— 1888.  T  R. 
REGNY-BEY(DE),(;hefduserv.deStatistique— Alexandrie  (Egypte)  — 1874. Ce. 

Retzius  (Prof.  Gustaf)  —  Stockholm  (Suéde)  —  1878.  Ae. 

Reynier  (J.-B.),  DM  —  Sisteron  (Basses- Alpes)  —  1880.  T. 

Retoier  (Paul),  Agr.  à  la  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hùp.  —  12  bis,  place 

Delaborde,  Paris,  VIIL  — 1883.  T. 
Rtbbing  (Leennard  de)  —  Lund  (Suède)  —  1898.  T. 
Ribemont  (Alban),   D  M,  membre   de   l'Acad.  de  Méd.,  Agr.  à  la  Fac.  de 

Méd.,  Accoucheur  des  Hùp.  —10,  BdMalesherbes,  Paris,  VIIL-  1876.T. 
RiBOT  (Th.),  Prof,  au  Collège  de  France,  Direct,  de  la  Revue  philosophique , 

—  Librairie  Alcan,  108,  Bd  St-Gerraain,  Paris,  VI.  —  1880.  T. 
RiCHET  (Charles),  D  M,  Membre  de  l'Acad.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd. 

—  15,  rue  de  l'Université,  Paris,  VII.  —  1877.  T. 

Ripi.ey  (William  Z.),  Lecturer  on  Antlnopology  at  Columbia  Univ.  — 
New  York  (U.  S.  Am.).  -  1901.  Ce. 

RiPOCHE  y  Torrens  (Diego),  Fondateur  du  Museo  Canario  —  148,  rue 
Broca,  Paris,  XIII.  —  1895.  Ce. 

Rivet,  D  M,  Méd.  delà  mission  géodésique  française  de  la  Rép.  de  l'Equa- 
teur. —  Guyaquil.  —  1902.  T. 

RivETT  Carnag  (le  Colonel  J.  H.),  aide  de  camp  de  S.  M.  le  Roi  d'Angle- 
terre —  40,  Green  street.  Park  Laue,  London  (.\ngleterre)  —  et  château 
de  Wildeck,  Aargau  (Suisse)  —  1883.  Ae. 

Rivière  (Emile),  Sous-Direct,  de  Labor.  au  Collège  de  France  —  18.  rue 
Jouvenet,  Paris,  XVI.  —  1874.  T. 

soc.  u'anthrop.  19ÛS.  ■' 


XVIII  SOi:iCTK    KAMIIIIiii'td.iMilK    liK    l'AItlS 

lioHiN  (r.iul)  —  :>.  pussiiK"'  '1"  Siiini.liu.  l'aiis,  XX.   -  1881.  T  R.  AnHivo- 

poini'trie  enfantine. 
Hobin-Massi-:  (Paul).  I)  M,  cli.r.n -i.n  .1.- 1  Hululai  Peau  —  6,  me  Castellaiie, 

PuriK,  VIII.  —  IIMH    T. 
Rc>CHE  (JuU'H),  Di'put."'  —Square  Monceau,  8/i,  BJ  des  Batigaolies,  Paris, 

XVII.  -  18iW.  T. 
RoQHEii  (Emile),  Corresp.  du  Min.  -le  l'iiist.  Publ.,  Consul  de  France  — 

Liverpool  (.\ngleterre)  —  1S81.  Cn. 
Rothschild  (baron  Edmond  de)—  41,  rue  duFaub.-St-Honoré,  Paris,  VIII. 

—  1875. T. 

Rothschild  (baron  Gustave  de),  consul  <,'éni''ral  d'Autriche  —  23,  av.  Mari- 

gny,  Paris,  VIII  ~  1870.  T. 
RoussELET  (Louis),  Archéolo-(U(;  —   l:2t>,   Bd   St-Gennain,    Paris,    VI.   — 

1872.  TR. 
RouviKUE  (lieut. -colonel  de),  au  ministère  de  la  Guerre,  —  Paris,  Vil.    — 

1867.  Cn. 
Roux,    D   M,   Méd.    major,    Légion    étrangère.    —    Roquemaure   (Gard) 

1901.  T. 
RowE  (Léo  Stanton),  Prof.,  Univ.  of  Pennsylvania  —  Philadelphia  (U.  S. 

Am.)  —  1891.  Ce. 
RuDLER  (F.-W.),  Esq.,  Vice-Président  of  the  Anthropological  Institute  — 

25,  Mornington  Crescent,  London,  N  W.  (Angleterre).  —  1881.  Ce. 
RuTOT  (A.)  -  Conservateur  du  Musée  d'hist.  natur.  —  177,  rue  de  la  Loi, 

Bruxelles  (Belgique).  —  19U1.  Ce. 
Saint-Paul  (G.),D  M,  Méd.  major  au  24«  B»"  de  chasseurs.  —  Villa  Laups, 

Villefranche-sur-Mer  (Alpes -Maritimes).  —  1902.  T. 
Saintu  (Octave),  DM  —  61,  rue  de  Maubeuge,  Paris.  IX.  —  1890.  T. 
Sakhokia  (Théodote),  Homme  de  lettres.  —  1905.  Ce. 
Sa VLLLE  (Marshall  H.)  American    muséum    of   natural   history — 8"'  av 

&  west  77»'"  Street,  New-York  City.  (U.  S.  Am  )  —  1895.  T  R. 
ScHENK  (Alexandre),  Prof.  agr.  d'Anthropologie  à  l'Univ.  —  31,  rue  Mar- 

theray,  Lausanne  (Suisse)  —  1809.  Ce. 
ScHLEiCHEK  (.\dolphe),  liljraire-t'diteur —  15,  rue  des  Sts-Péres,  Paris,  VI. 

—  1891.  T. 

ScHLEiCHER  (Charles),  libraire-éditeur  —  15,  rue  des  Sts-Péres.   Paris,  VI. 

—  1807.  T. 

Schmidt  (Oscar),  puletlinologue —  86,  rue  de  Grenelle,  Paris,  VII.  —  1895.  T. 

ScHMiDT  (Waldemar),  Prof.  iI'Egyptologic  à  l'Univ.  —  Copenhague  (Dane- 
mark) —  1875.  Ae. 

Schmit  (Emile),  Pharmacien  —  24,  rue  St-Jacques,  Ghâlonssui'-Marne 
(Marne)  -  1892.  T. 

Schradek  (Franz),  Prof,  à  l'Éc.  d'Anthropologie  —  75,  rue  Madame,  Paris, 
VI.— 1892.  T. 

Schwalbe  (G.),  DM,  Prof.  Director  des  anatomischen  Instituts  des  Univer- 
sitiits  —  Schwarzwaldstrasse,  39,  Straf:sburg  'Alsace)  — 1901.  Ae. 

Sébillot  (Paul),  Membre  de  la  Comm.  des  Monum.  mégal.  —  80,  Bd  St-Mar- 
cel,  Paiis,  V.  —  1878.  T.  Liltérature,  folklore,  traditions  populaires. 

Sée  (Marc),  membre  del'Acad,  de  Méd.,  Agr.  à  la  Fac.  de  Méd.  —  126,  Bd 
St-Germaiii,  Paris,  VI.  —  1850  Hoa. 


LISTE    UE^    MKMHIIES  XIX 

Seeland  (X.),  1)  M.  Médecin  on  chef  do  la  province  de  Semirietschensk  — 
Viernyi  iRussie)  —  ISîSC).  Ce. 

Séglas(J.),  D  m,  Médecin  des  Hùp   —  00,  rue  de  Rennes,  l^aris,  VI.  -  1884.  T. 

Second  (Paul),  D  M,  A^'r.  à  la  Fac.  de  Méd.,  Ciiirurg.  des  Hùp.  —  11,  .juai 
d'Orsay,  Paris,  Vil.  —  1872.  T. 

Selys-Longchamps  (baron  Walther  de)  —  ('.li>\teau  d'Halloy,  Ciuey  (Belgi- 
que) —  1877.  T.  R. 

Sénéchal  DE  LA  (THANGE(Eu^'èno)— .j«i,  mode  Londres,  Paris,  VIII.  —  ll)().;.T. 

Sergi  (Giuseppe).  Direltore  del'  Instituto  antropologico  dell'  Univ.  — 
Renia  (Italie)  -  1800  Ae. 

Sérieux  (Paul),  D  M,  Méd.  de  la  maison  de  santé  de  Ville  Evrard  —  Neuilly- 
sur-Marne  (S.-et-O.)  -  1801.  T. 

Serkano  (Matias-Nieto),  D  M,  Secrétaire  de  la  R.  .\cad.  de  Méd.  — Madrid 
(Espagne).  —  1865.  Ae. 

SiGEHsoN(G.),DM,Prof.d'hist.  nat.  àl'Univ. — 3,(:larest.,  Dublin  (Irlande) 

—  1887.  Ce. 

Sinety  (comte  Louis  de),  I)  M  —  14,  place  Vendôme,  Paris,  I.  —  1884.  T. 
Sommier  (Comm.  Stephen),   Segretario  délia  Soc.    italiana  d'antropologia 

—  3.  via  Gino  Capponi.  Firenze  (Italie).  -  1803.  Ae. 

Soularue  (G.  Martial),  DM  —  Ch;\teau  Désiré,  par  Le  Gault  (Mai-ne)  — 

1809.  T. 
SouRY  (Jules),  Direct.  d'Études  à  l'Éc.  des  Hautes-Études—  6,  rueMézières, 

Paris,  VI.  —  1903  T. 
SouTzo  (Alexandre),  DM—  5,  rue  Herschel,  Paris,  VI.  —  1902.  T. 
Stanley  (Davis-Charles-Henry),    DM  —  Meridon,  Goun.,  (U.  S.  Am.).  — 

1878.  Ce. 

Starr  (Frédéric,  Prof,  à  l'Université  —  Chicago.  111.  (U.  S.  Am.).  —  1899.  Ce. 
Stephenson  (Franklin-Bache),  D.  M.,  Médical  Inspecter  in  the  U.  S.  Navy 

—  Portsmouth,  N.  H.  (U.  S.  Am.).  —  1878.  T  R. 

Stihda  (Ludwig),  Prof.  d'Anatomie  à  l'Univ.  —  Kœnigsberg  (Allemagne)  — 

1879.  Ae. 

Stoenesco  (Nicolas),  D  M,  Institut  médico-légal,  32,  rue  Isvor.  Bucarest 

(Roumanie)  —  Paris,  VI.  —  1902.  T. 
Su.maxgala,   Principal  du  collège  de  Vidyodava,  —  Colombo  (Geylan)  — 

1882.  Ce. 
Syamouh  (M'i'o  Marguerite),  statuaire — G,  rue  du  Val-de-Gr;\ce,   Paris,   V. 

—  1888.  T. 

SzoMBATHY    (Josef),    Custos    am    kk.    naturhistorischon    Hofmuseum    — 

8,  Sigmundsgasse,  Wien  VII  (Autriche)  —  1901.  Ce. 
Tarenetsky  (Al.  I.)  D  M,  Prof.  d'anatomieàl'Acad.  de  méd.  militaire  et  Pré- 

sidentdelaSoc.d'Antliropologie  —  St-Pétersbourg  (Russie).  —  1899.  Ae. 
Tarnowski  (Mmo  Pauline),  D  M  —  104,  quai  de  la  Moika,  St-Pétersbourg, 

(Russie).  —  1890.  T. 
Taxé,  paléo-ethnologue  —  9  bia,  rue  Michel-Ange,  Paris,  XVI.  —  1807.  T. 
Tavano,  DM—  Rio  de  Janeiro  (Brésil)  —  1878.  Ce. 
Terrier  (Félix),  D  M.  Prof,  à  la  Fac.  de  .Méd.,  membre  de  l'Acad.  de  Méd., 

Chirurg.  des  Hôp.  —  11,  rue  de  Solférino,  Paris,  VII.  —  1871.  T. 
Testut  (Léo),   D  M,   Prof.    d'Anatomie  à   la  Fac.   de  Méd.,   Corresp.  de 

l'Acad.  de  Méd.  —  3,  av.  de  l'Archevêché,  Lyon  (Rhône).  —  188^3.  T  R. 
Thaxe  (Georges  D.),  Prof,  of  anatomv  in  University  Collège  —  Gower  street, 

London  W  C  (Angleterre)  —  lÔOl.  Ce. 


XX  SilClCTK    l»ANTIIROPOLU(ilK    HK    l'AllIS 

Thiklli.kn  (Adiieii)— 72,  rue  d'vssas,  i^arib,  VI.  —  1883.  T. 

Thomas  (J.).  D  M  -  3,  place  Pereire.  Paria,  XVII.  —  1901.  T. 

Thomas  (N.  W.).  Curator  of  thft  Library  of  the  nnthropol.  lustitute  of  G.-B. 
an.l  Ir.  -  Loiidon  (Antîleterri')  -  lltOl.  Ce. 

Thomson  Arthur),  Ks(i.,  l'rof  of  liuman  Anatomy  in  tlip  Univ.  —  Tlio 
Muséum,  Uxfonl  (^Anyloterre).  —  1895.  Ae. 

THOKRi.(Clovis),  D  M  — 1,  place  Victor-IIut,'o,  Paris,  XVI.  —1876.  T. 

Thi-uè  (Henri),  D  M,  Directeur  de  l'Kc.  d'Anthropologie  —  37,  Bd  Beausé- 
jour,  Paris.  XVI.  —  \mj.  T. 

Thlkston  (Mdgar),  Superintendant  Madras  Go  vernineut  Muséum  — Egmore, 
Madras  (Indes  Anglaises)  —  1894.  Ce. 

TiCHOMiHov  (V.  A.),  prof,  de  Zool.  à  l'Univ.  —  Moscou  (Russie)  — 1879.  Ce. 

Tirant  (Gilbert),  D  M,  Adiuinistrateurcolonial  —  Saigon  (C.ochinchine  fran- 
çaise). —  1874.  Cn. 

Tocilescu  ((irogoire).  Prof,  d'archéologie  à  l'Univ  —  Bucarest  (Roumanie) 

—  1898.  T. 

Tommasini  (André)  —  Avapesa,  par  Nuro  (Corse).  —  1902.  T. 
TopiNAHU  (Paul),  DM—  38,  rue  d'Assas,  Paris,  VI.  —  186U.  T  R. 
ToRoK  (Aurel  von),  D  M,  Prof.,  Direktor  des  Anthropologischen  Muséums 

—  Budapest  (Hongrie)  -  1893.  Ae. 

ToRRES  (Mekhior),  Agr.  à  l'Éc.  de  Méd.    —  Buenos-Aires  (Rép.  Arg.).  — 

1879.  Ce. 
TouRNAiRE  (Albert)  —  i8,  Bd  du  Temple,  Paris,  XI.  —  1903.  T. 
Von  Gennep.  —  4,  me  du  Moulin  de  Pierre,  Clamart  (Seine).  —  1904.  T. 
Troutovsky  (Wladimir  C),  Conservateur  du  Mu^ée  des  Armes  —  Moscou 

(Russie)  -  1888.  Ce. 
Turner  (sir  William),  Prof,  of  Anatomy  in  the  Univ.  —  6,  Eton  Terrace, 

Edinburgh  (Angleterre)    —  1878.  Ae. 
Tylor  (Edward-B.),  Prof,    of  .\nthropology   —  Muséum  House,    Oxford 

(Angleterre).  —  1880.  Ae. 
ValenztjEla  (Théodore),  anc.   Ministre  plén.  de   Colombie   —  Bogota   — 

187.5  T  R. 
Vanderkindèhe  (Léon),  Membre  de l'Ac.  des  Se.  de  Belgique,  Prof.  àl'Univ. 

libre  de  Bruxelles  —  51,  av.  des  Fleurs,   Uccle  (Belgique^  —  1874.  Ae. 
Vasghide  (Nicolas),  Chef  de  trav.  au  Lab.  de  Psychologie  expér.  de  l'Ec. 

des  Hautes  Etudes,  —  56,  rue  N.-D.  des  Champs,  Paris,  VI.  —  1898.  T. 
Vasconcellos-Abreu  (G.  dej  —  Coïmbra  (Portugal)  —  1875.  Ce. 
Vauchez  (Emmanuel)  —  Les  Sabljs-d'01onne( Vendée)  —  1888.  T  R. 
Vauvh.lé  (O.),  Archéologue  —  17,    rue  de    Christiani,    Paris,    XVIII.    — 

1890.  T. 
Verneau  (R.),  D  M,  Assistant  au  Muséum  d'Hist.  iiat.  —  148,  rue  Broca, 

Paris,  XIIJ.  -  1875.  T. 
Véron  (Mme  veuve  Eugène)  —  chalet  de  l'Épée,  chemin  de  Puits  à  Antlbes, 

(Alpes-Maritimes)  —  1891.  T. 
ViONON  (Louis),  l'rof.  à  l'Éc.  coloniale,  —  4   rue  Gounod.  —  1904,  T. 
ViLLARD.  D  M—  Verdun,  (Meuse)  —  1897.  Cn. 
ViANNA,  DM  —  Pernambuco  (Brésil)—  1877.  Ce. 
Vielle  (Alexandre),  Juge  de  paix  —  Ecouen  (S.-et-O.)  —  1885.  T. 
ViNsoN  (Julien),  Prof,  à  l'Kc.  des   langues  orientales  vivantes  —  58,  rue 

de  l'Université,  Paris,  VII.  —  1877.  T  R. 


LISTK    DES    MEMBRES  XXI 

■  Viré  (Armand),  Doct.  és-Sc.  nat.  — '^l,rue  Vauqiielin,  Paris,  V.  —  ISOi.  T. 
VoGT  (Victor)  —  75,  Bd  St-Michel,  Paris,  V.  —  18!t0.  T. 
Voisin  (Heiiri-Aug.),  D  M  —  IC>,  me  Séguior,  Paris,  VI.  —  189i>.  T. 
VoLKOv  (Th.),  Lie.  es  Se.  nat.  —  4,  rue  Monsieur-le-Prince,    Paris,   VI.  — 

1895.  T. 
Waldkykr,  Prof.  Docteur,  50,  Luisenstrasse.  Anutouiiciie  Austalt.  —  Berlin, 

{Allemagne).  —  1904,  Ae. 
^^'ALTHEU  ((".liarles),  ex-M<'il.    inspect.   de  la    marine  —  Seuilly  (Indre-et- 
Loire)  —  18(35.  Cn. 
Wegker  (Louis  de),   D  M  —  81,  av.  d'Anlin,  Paris,  VIII.  —  1868.  T. 
Wehlin,  DM—  91,  rue  de  Paris,  Clamait  (Seine)  —  1884.  T  R. 
Weisbagh  (Augustin),    D  M,  General-Stabsarzt  —  S[)arbersbachgasse,  41 

Gratz,  Il  (Autriche)  — 
Weisukkber  (Ch. -Henri),  D  M  — (32,  rue  de  Prony,  Paris,  XVII.  —1880.  T. 
Wiener  (Ch.)  —  6,  rue  Margueritte,  Paris,  XVII.  —  1878.  Cn. 
Wissendorkf  (Henry),  —  Serguievskaïa,  88,   St-Pétersbourg  (Russie)  — 

188(3.  T  R. 
WoLDUiGH  (Joh.-X.),  K.  K.  Universitàts-Professor.  —  Halekgasse,  76,  Prag 

(Autriche).  —  1878.  Ae. 
WoRMS  (René),  Doct.  ès-Lett.  Agr.  des  Facultés,  Direct,    de  la  Revoie  In- 

tern.  de  Sociologie  —  115,  Bd  St-Germain,  Paris,  VI.  —  1893.  T  R. 
Zaborowski  (S.)  —  Thiais  (Seine)  —  1874.  T  R.  Ethnologie. 
Zograk(N.  de),  D  M,  Prof,  de  Zoologie  et  Anatomie  à  l'Univ.  —  Moscou 

(Russie)  —  1879.  Ce. 


iM.IKTK    K'AMHItdl'uMMllK    DK    l'AIUb 


Sociétés  savantes,  Bibliothèques  et  Recueils  scientifiques 


qui  reçoivent  les  publications  de  la  Société. 

puvoi  tlirecl  du  Mioislère  do  l'Instruction  publique. 

ODToi  par  l'intermédiairo  liu  Ministère  (serTice  des  échanges). 

PARIS 


** 


Acadf'inie  de  Médecine  ~  iO,  rup  Bonaparte. 
Anthropologie  (1')  —  Masson  et  O",  édit.,  i20,  Bd  St-Hermain. 
Association  générale  des  étudiants  —  H,  rue  des  Ecoles. 
Bibliothèque  de  l'Arsenal  —  /,  rue  de  Sully. 

—  Mazarine  —  23.  quai  de  Conti. 

—  Ste-Géneviève  —  Place  du  Panthéon 

—  de  l'Université. 

—  des  Sociétés  Savantes. 

(  loinniission  des  monuments  mégalithiques  —  .9,  rue  de  Valois. 

Ecole  d'anthropologie —  i5,  rue  de  l'École -de- Médecine. 

Ecole  des  Hautes  études.  —  Laboratoire  d'anthropologie  —   15,  rue  de 
l'École  de  MMecine. 

Ecole  normale  supérieure  —  Laboratoire  de  zoologie  —  rue  d'Ulm. 

Institut  psychologique  international—  14,  rue  Condé. 
■  Ministère  des  Colonies.  (Annales  d'hygiène  et  de  médecine  coloniales). 
'  Ministère  do  la  <iuerre.  (Arcliives  de  médecine  et  chirurgie  militaires). 

Ministère  do  la  Marine.  (Archives  de  médecine  navale). 
'  Musée  d'Ethnographie  —  Trocadéro. 
'  Musée  Guimet  —  Place  d'Iéna. 

'  Muséum  d'histoire  naturelle  (Bibliothèque)  —  8,  rue  de  Buffon. 
'  Muséum  d'hist.  nat.  Laljoratoire  d'anthropologie  —  61,  rue  de  Buffon. 

Progrès  médical —  14,  rue  des  Carmes. 

Répertoire    bibliographique    des    principales    Revues    françaises    — 
l'er  Lamm,  éditeur,  7,  rue  de  Lille. 

Revue  de  psychiatrie  —  C  Toulouse,  Villejuif  (Seine). 

Revue  scientifique  —  41  bis,  rue  de  Cluileaudun. 

Revue  des  traditions  populaires  —  M.  F  Sébillol,  80,  Bd  St-Marcel 

Société  des  Amérlcanistes  —  01,  rue  Buffon. 

*  Société  nationale  d'acclimatation  de  France  —  41,  rue  de  Lille. 

*  Société  anatomique  —  15,  rue  de  l'Érole-de-Médecine. 

*  Société  des  Anti(juaires  de  Franco  —  Musée  du  Louvre. 

*  Société  de  biologie —  15,  rue  de  l'École  de-Médcrine. 

*  Société  d'etlinngrapliie  —  'JS.  rue  Mazarine. 

*  Soi-ièté  d'Kxcnrsions  sciciilififiues —  [)bis,  av.  \'irtur  lluyo,  Si- Mandé  (Seine). 

*  Société  géologique  de  France  —  28,  rue  .Serpente. 

*  Société  de  géographie  de  Paris  —  184.  Bl  Si-Germain. 

*  Société  zoologique  de  France  —  28,  rue  Serpente. 


DÉPARTEMENTS  ET  COLONIES. 


Abbeville **  Soci»^té  d'émulation. 

Agen **  Bibliothèque. 

Andelys{Les). ...     *  Sociétt'  normande  d'études  préhistoriques. 

Angers  **  Société  d'a;j;riculture,  sciences  et  arts. 

—       •  Société  d'études  scientifiques  —  place  des  Hallfis. 

Ai-ras    **  Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Autun **  Société  éduenne. 

— *  Société  d'histoire  naturelle. 

Auxevve *  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles. 

Beauvais **  Société  acad.  d'archéologie,  sciences  et  arts. 

Bel  fort *  Société  belfortaine  d'émulation. 

Besançon **  Société  d'émulation  du  Doubs. 

BÔ7ie *  Académie  d'Hippone. 

Bordeau.v **  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

—        **  Société  archéologique  de  la  Gironde. 

—  *  Société  de  géographie  commerciale  —  à  la  Bourse. 

—         *  Société  de  médecine  et  chirurgie. 

—         *  Société  des  se.  phys.  et  naturelles  —  Palais  des  Facultés. 

Boiilogne-sur-M .  **  Société  académique. 

Bourg **  Bibliothèque. 

Bourges *  Société  des  antiquaires  du  Centre. 

Caen **  Société  des  antiquaires  de  Normandie. 

Chalon-sur-Saône    *  Société  des  sciences  naturelles  de  S.-et-L. 

CJianihëry  ......  *  Société  sayoisienne  d'iiistoire  et  d'archéologie. 

Chdleaudun  ....  *  Société  dunoise  d'archéologie,  sciences  et  arts. 

Cherbourg **  Société  des  sciences  naturelles  et  mathématiques. 

Constantine. ....     *  Société  archéologique. 

Dijon. **  Commission  des  antiquités  de  la  Côte-d'Or. 

Douai **  Bibliothèque. 

braguignan **  Bibliothèque. 

Dunkerque *  Société  dunkerquoise. 

Epinal *  Société  d'émulation  des  Vosges. 

Gannat *  Société  des  sciences  médicales. 

Grenoble *"  Académie  delphinale. 

—        **  Bibliothèque. 

—         *  Société  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie. 

Guéret *  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques. 

nanoi(Tonkin).. .  *  Ecolo  française  d'Extrèrae-Oriont. 

Havre  (Le) *  Société  havraise  d'études  diverses. 

Laon *  Société  académique. 

Lyon *  Académie  des  sciences,  l)elles-lettres  et  arts. 

— Archives  d'Anthropologie  criminelle —  1 ,  Place  Raspail. 

—  **  Muséum  d'histoire  naturelle. 

— *  Société  d'anthropologie  —  Palais  St-Picrrc. 


y^lV  SOCIÉTK    l»*A.NTHHOPOLOGIE    DE    l'AIUS 

Milcon •'   Académie  «les  sciences,  arts  et  Itellos-lettres. 

Mans  {Lf) '*  Sooi«''ti''  d'agr.,  sciences  et  arts  de  la  Sarthe. 

Marseille **  Acadt-mie  des  sciences,  lettres  et  beaux-arts. 

_       ♦  Musf'-uin  d'histoire  naturelle. 

_  •  Sofif'tô  de  Hit'^d.  sanitaire  mûrit.  —  5i>,  cours  Lteutattrf. 

Mnnlhrlitird  ...      "  Suci«'-t.'-  dV-mulatioii. 
Montpt'llifr **  Bibliolii.'tiue. 

_  ♦•  Sociéti'  archéologique. 

_  *•  Société  de  médecine  et  chirurgie  pratique. 

Moulins *  Société  d'ém.  et  des  beau.x-arts  du  Bourbonnais. 

y,tnri/ *  Académie  de  Stanislas. 

Nantes **  Société  de  Médecine. 

_      **  Société  académique. 

_       *  Société  des  se.  nat.  de  l'Ouest  de  hi  France. 

iVimcs **  Académie  de  Nîmes. 

—       **  Bibliothèque. 

_       •  Société  d'études  des  se.  nat.  — ^.çwa/rfe /rt  Fontaine. 

Xiarl **  Société  de  statistique,  sciences  et  arts. 

Poitiers **  Bibliothèque. 

*  Soc.  des  antiquaires  de  l'Ouest  —  rue  des  Grandes-Ecoles. 

Reims **  Académie  nationale. 

Rouen **  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  ai'ts. 

_ *  Société  des  amis  des  se.  nat. — 40  bis,rue  Sl-Lo. 

—     **  Société  de  Médecine. 

Sl-I>enis  [Réunion]..    *  Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

St-Omer **  Soc.  des  antiquaires  de  la  Morinie  —  5,  rue  Cavrntou. 

St-Quentin *  Société  académique, 

Senlis *  *  -omité  archéologique. 

Sens **  Bil)liothèque. 

Soissons *  Société  archéologique,  historique  et  scientifique. 

SoHsse  {Tunisie) .        Société  archéologie. 

Toulon **  Bibliothèque. 

Toulouse **  Société  d'histoire  naturelle. 

_       *  Société  archéologique  du  midi  de  la  France. 

*'  Société  de  médecine,  chirurgie  et  pharmacie. 

Tours *  Société  de  géographie. 

Troy-'s *  Société  académique  d'agric,  sciences  de  l'Aube. 

Tunis *  Institut  de  Carthage — rue  de  Russie. 

Vannes *  Société  polymathique  du  Morljihaii. 

Ven'lhn  > *  Société  archéologique  et  scient,  du  Vendômois. 

Versailles *  Commission  des  .\ntii[aités  de  Seine-et-Oise. 

Vienne **  Bibliothè(iue. 


Ei:HA.N(iE> 


ÉTRA  NGE  R 
AIIeiiiti(;iie. 

Berlin *  Zeitsclirift  Démographie  «ler  Juden.  Halensee,  Vertfâ- 

lische  btrasse,  46. 
Be)'lin[S.\\':)  ...     *  Berliner    Anthropologische    Gesellschaft    (ZeitschrUt 

fiir  Ethnologie)  —  120,  KiJniggràlzer  Strasse. 
Braunscliireifj. . .     *  Deutsclui   (îesellscluift  fiir  Anthropologie  (Arcliiv  fiir 

A  nlhropologie)  —  F.  Vifiveg  und  Solin,  éilit. 

Dresden *   Vereiu  fiir  Erdkuiifle  —  Kl.  Briidergasse,  21. 

Kônigsberg *  Physikalisch  -  CEkonomische  Gesellschaft  —    Lange- 

Reihe,  i. 

Leipzig *  Vereiu  fiir  Erdkunde  —  -/,  Beethovenslrasse. 

Mûnchen *  .Miinehener  Gesellschaft  fiir  Anthropologie  [Beilràg. 

zur  anthropologie). 

—       *  Bayerische  Akadeniie  der  Wissenschaften. 

Nilrnberg •  Xaturhistorische  Gesellschaft. 

Steltin  (I) Internationales    Centralblatt    fiir    Antlu'opologie    — 

D""  G.  Buschan,  Friedrich-Carlstrasse,  7 . 

Alsace-horraine. 

Colmar *  Société  d'histoire  naturelle. 

Strassburg Zeitschrift     fiir     Morphologie     und    Anthropologie. 

Prof.  G.  Srhu-allje,  Srlwarzivald.'itrassf',  59. 

Angleterre  et  colonies. 

Dublin *  Royal  Irish  Acaderay  —  19,  Dawson  street. 

Edinbuvgh   *  Collège  of  Physicians. 

—  *  Society  of  Antiquaries  of  Scotland  —  Queen  street. 

—  ....     *  Royal  Society  —  Mound-Princes  street. 

London *  Anthropological    Institute    of     Great     Britain     and 

Ireland  —  3,  Hanover  square. 

—      Journal  of  Anatoiny  and  Physiology — Griffin,  édit., 

E.reter  street,  strand. 

—       Nature  —  Macmillanand  C»,  édit.,St- Martin' s  street.  W.  C. 

Bombay  (India).     *  Anthropological  Society. 

Calcutta.      —  *  Asiatic  Society  of  Bengal  —  37,  Park  Street. 

Madras.       —  *  Madras  Government  Muséum. 

Sgdney(N.S.\V.)    *  Anthropological  Society  of  Australasia.  —  7,  Lincoln's 
Inn  Chambcrs,  Elizabeth  street. 

—      *  Royal  Society  of  New  South    Wales  —  5,  Elizabeth 

street  north. 
Toronto  (Canada)     *  Canadian  Institute  —  58,  Richmond  Street  East. 
NewPlymouth(N.Z.)    *  Polynesian  Society. 

Antriche-Honjçrie. 

Agram  (Zagreb).     *  Jugoslavenska  Akademija  Znanosti. 

Budapest *  Ethnographische  Abtheilung  des  Ung.  National  mu 

seums  —  Csillag-utcza,  i5. 
Cracovie *  Académie  des  Sciences.  (Materialy  antropologiczno- 

archeologiczne). 


XWl  SOT.IBTK    o'aNTUMOPOLOGIE    DK    PAUIS 

Lembeifi  (Liroir).  •  Towarzystwo  ludoznawcze  —ul.  Zimorowicza,  7. 

_      *  Soriéti"' sriontiflquedeChevtchenko— 5<5,rMf  CzarnecW. 

PragiPniha)  ...  *  Xarclopisiit"'  Mustium  Ceskoslovanské  — Pr/Ao/ji/,  12. 

_  •  Musemii  Ki-alovstvi  C.eskélio  (Pamatky  nrchaeologicke). 

Sarajevo *  Hosuisch-Herzegoviiiisches  Laiides-Museum. 

Trieste *  Museo  civico  di  Storia  naturale. 

Wien  (7) *  Aiithropologische  Gesellschaft  —  Burgring,  7 . 

—       ( ;eogjaj)liie  Gesellschaft  —  in  Vien  W'allzeile,  33. 

itel^iquc. 

Bruxelles *  Académie  royale  de  Belgique.  Palais  des  Académies. 

—        •  Musée  de  l'État  indépendant  du  Congo  iO,j-Me  de  .Vawur. 

—         *  Société  d'anthropologie. 

—         *  Société  d'archéologie  —  il,  rue  Raveinstein. 

—        *  Société  de  géographie  —  116,  l'ue  de  la  Limite. 

—        *  Société  de  géologie  —  39,  olace  de  l'Industrie. 

Brésil. 

Rio-de-Janeivo. . .     *  Museo  nacional. 

Chili. 
Santiago *  Société  scientifique  du  Chili  —  Casilla  12  D. 

Corée. 

Séoul *  Asiatic  Society,  Korea  branch. 

Danemark. 

Copenhague *  Société  royale  des  antiquaires  du  Nord. 

Egypte. 

Le  Caire *  Institut   Égyptien. 

Espagne. 

Madr'id *  R.  Sociedad  geografica  ^'21,  Calle  del  Léon. 

États-Unis. 

Boston  (Mass.)...     *  Boston     Society    of    Natural    History    —    Berkeley, 

Boyleston  street. 
CambridgeiMass.)    *  Muséum  of  Comparative  Zoology. 

—         *  Peabody  Muséum  of  american  Archseology. 

—         The  American  Naturalist. 

Chicago  {lu.) The  American  Antiquarian. 

Neic-York *  American  Muséum  of  Natural  History. 

PhiUidelphia{Pa.)  *  Academy  of  natural  Science  —  Logan  square 

—  *  American  Philosophical  Society,   10  4,  South  Fifth  st. 

—  ....     *  Free  Muséum  of  Science  and  Art. 

—  ....     *  Numismatic  and  Antiq.  Society,  70S,  S.  iras/im,7<on,S7. 
St-Louis(Mo.) *  Academy  of  Sciences  —  Corner  street  16. 

Salem  {Mass.) ♦  Essex  Institute. 


ECHANGES 


XXVII 


WashingtoniD.C.)  American  Anthropologit^t.  M  F.  \V.Hodge,l333  F  Street. 

—  ....  *  Bureau  of  American  Ethnology. 

—  ....  *  Suùtlisonian  Institution. 

—  •    . .  . .  "  U.  S.  Geological  Survey. 

Grèce. 

Athènes *  Socii-ti'  liistori.jue  et  ethnologique. 

Hawaï. 

Honolulu *  Bernice  Pauahi  Bishop  Muséum. 

Hollaïule  et  Colonies. 

Atnsterda)7i *  Iv.    nederlandsch   Aardrijkskundijî  Genootschap. 

Leiden Internationales  Arcliiv  fiir  Ethnographie.  —   Rapen- 

burg,  69. 
Batavia  [Java).. .     *  Bataviaasch  Genootschap  van    Kunsten   en    Weten- 

schappen. 

4\oPvège. 

Trondhjem Société  de  Videnskaber  Selskabs. 

Italie. 

Fivenze *  Società  italiana  d'antropologia,  —  3,  via  Gino  Capponi. 

Palermo La  Scienza  sociale.  —  Prof.  Fr.  Cosentini,  Via  Palazzo 

Monteleone . 

Mihino *  Società  italiana  di  scienze  naturali.  —  Nuovo  Museo 

civico,  Corso  Venezia. 

Napoli *  Società  reale. 

Roma Bullettino  di  Paletnologia  italiana  —  Prof.  L.  Pigorini, 

Collegio  Romano. 

— Cosmos  di  Guido  Gora — 2,  via  Goito. 

Roma *  Società  geografica  italiana  —  102,  Via  del  Plébiscita. 

—       *  Società  romana  di  antropologia  —  26,  via  del  Collegio 

romano. 
Torino . .     *  Accademia  di  medicina. 

•lapon. 

Tokyo *  A  nthropological  Society  — ,5,  Rokvchomr  Hongo. 

—      *  Asiatic  society  of  Japan  —  17,  Tsukijy. 

—      *  Impérial  University  (Teikoku  Daigaku)       Hongo. 

Mc\iqu(*. 

Me.xico *  Museo  nacional. 

Portugal. 

Lisboa *  Sociedade  de  geographia  —  rua  de  Santo  Anlào. 

—      O  archeologo  português  —  Bibliotheca  nacional. 

Porto l'ortugalia  —  5 18,  rua  de  'Jodufeila. 


\  X  V  1 1  I 


Buenos-A  iros 


Cordoha 
La  Pltiht 


Jassi/ 


SOCIÉTÉ  o'ANTHROPOl.or.lK  DK  l'ARIS 

R<^Iinblifiiip    ArK<'ntiiie. 

*  Instituto  j,'eofïrafico  -  Ploridn,  friO. 

•  Museo  luicioiial. 

*  AcaJemia  iiacional  de  Ciencias. 

*  Miisiio  de  La  Plata. 

Boainaoïe. 

*  Société  des  luédecius  et  des  naturalistes. 

*  Societatea  stiintifica  si  literara. 


1 


RuNMie. 

Ehaterinboiirp . . .  *  Société  ouralienne  des  naturalistes. 

H flsingf ors  {Finlande)  *  Société  finiio-ougrienne. 

—  .....  *  Suomen  Muinaismuistohdistys. 

Kazan Société  archéologique,  histor.  et  ethnographique. 

Kiev  . *  Université  impériale  de  St-Wladimir. 

—         Areheologitclieskaïa   Liétopis  Yujnoï  Rossiï  — 

M.  BielacfiPWsky,  directeur. 

Miechoir Bibliotliéque  et   musée  universel  —  M.  St-Czarnovski, 

directeur. 
Mo!^con *  Société  des  amis  des  sciences  naturelles. 

—  . . . , Rousskiy  antropologhitcheskiy  Journal. 

—         Etnografitcheskoïé  Obozrienié  —  Musée  polytechnique. 

—         *  Société  impériale  des  naturalistes. 

Nova  Alexandria.        Annuaire   géologique  de  la  Russie —  M.  N.  Krych- 

tafovitch,  directeur. 
St-Pétersbourg.  .      *  Société  impériale  de  géographie. 

—            ...     *  Société  d'anthropologie  —  Académie  de  Médecine  mili- 
taire. 
Varsovie Swiatowit  — E.  Majewski,  rue  Zlota,  61. 

Saède. 

Stockholm *  K.   Vitterhets  Historié  och  Antikvitets   Akademien. 

—        *  Svenska  Sàllskapet  fôr  Antropologi  ochGeografi. 

Susse. 

Basel *  Naturforschende  Gesellschaft, 

Genève *  Société  de  géographie  —  à  l'Athénée. 

Lausanne *  Société  vaudoise  des  sciences  naturelles. 

Neuchàtel •  Société  neuchâteloise  de  géographie. 


BIMŒAU    UK    HK)f) 


\XI  X 


BUREAU  DE  1905 

Président MM.  Sébillot. 

1er  Vice-Président Daveluy. 

2e  Vice-Président Giuahd  de  Rialle. 

Secrétaire  général Manouvrier. 

Secrétaire  général  adjoint.         .  Papillault. 

o       '*    ■         7              ..^  \  Anthony. 

Secrétaires  des  séances  ...  Rabald 

Conservateurs  des  collections.    .  \  v:^^f',?Î2f^^^^^^■ 

Archiviste Zaboronvski. 

Trésorier Huguet. 


COMITÉ  CENTRAL. 

MM.  Anthony.  —  Azoulay.  —  Collignon.  —  E.  Gollin.  —  Cuyer.  — 
Daveluy.  —  Delisle.  —  Deniker.  —  D'Echérag.  —  Féré.  — Fourdrignier. 

—  Maxiinilion  Georges.  —  Huguet.  — Laville.  —  Loisel  —  Mahoudeau. 

—  Manouvrier.  —A.  de  Mortillet.  —  Papillault.  —  Paul-Boncour.  — 
Piètrement.  —  Rabaud.  —  Raymond.  —  E.   Rivière.    —  Sébillot.   — 

TOPINARD.    —    ViNSON.     —    ViRÉ.   —  H.  WeISGERBER.   —  ZaBOROWSKI. 

Comme  anciens  Présidents  :  MM.  Bordier.  —  Capitan.  —  (Ihervin.  — 
d'Ault  du  Mesnil.  —  Mathias  Duval.  —  YvesGuYOT.  —  Hamy.  —  Hervé. 

—  Pozzi.   —  Thulié.  —  Verneau. 


COMMISSION  DE  PUBLICATION 


MM.    d'Ault  du  Mesnil.    —    Deniker.   —   Verneau. 


mm  AD  COMITE  D'ADMINISTRATION  DE  L'ASSOCIATION  POCR  L'ENSEIGNEMENT 

ANTHROPOLOGIODES- 


MM.    ViNSON. 


Verneau. 


XXX  Sl'CIÉTK    n'A.NTHRol'ill.oCIK    liK    l'AlUS 

PRIX  I)Kci;hnks  par  la  société. 

DISPOSITIONS      RÉGLEMENTAIRES      COMMUNES 
AUX        PRIX        GODARD,         BROCA         ETBERTILLON 

Les  iiit'iiilires  .[ui  cuiuiioseiit  le  Coinitt''  cciitnil  «le  la  Socit'-ti' d'aiilliropolo 
gie  sont  »eiils  exclus  des  concours. 

Tout  travail  qui  aurait  •'•té  couroiuK-  j)ar  une  autre  Société,  avant  son  dé- 
pôt à  la  Société  d'anthropologie,  est  exclu  des  concours. 

Le  jury  d'examen  comprendra  cinq  membres  élus  au  scrutin  do  liste  par 
les  membres  du  Comité  central,  choisis  dans  son  sein  et  à  la  majorité  ab- 
solue des  membres  (jui  It;  composent. 

Ce  jury  fait  son  rapport  ef  soumet  son  jugement  à  la  ratification  du  Co- 
mité central. 

Le  jury  d'examen  sera  élu  quatre  mois  au  moins  avant  le  jour  où  le  prix 
doit  être  décerné. 

Tous  les  travaux,  imprimés  ou  manuscrits,  adressés  à  la  Société  ou  pu- 
bliés après  le  jour  où  le  jury  d'examen  aura  été  nommé,  ne  pourront 
prendre  part  au  concours  que  pour  la  période  suivante. 

Dans  le  cas  où,  une  année,  le  prix  en  concours  ne  serait  pas  décerné, 
il  serait  ajouté  au  prix  qui  serait  donné  au  concours  suivant. 


DISPOSITIONS      SPÉCIALES      AUX      DIVERS      PRIX 

PRIX   GODARD 

FONDÉ  EN    1862    PA.R  LE  DOCTEUR  EHNEST  GODARD. 

Extrait  du  (estcnnenl.  —  «  Ce  prix  sera  donné  au  meilleur  mémoire  sur 
un  sujet  se  rattachant  à  l'Anthropologie;  aucun  sujet  de  prix  ne  sera  pro- 
posé. » 

RÈGLEMENT 

1.  —  Le  prix  Godard  sera  décerné,  tous  les  deux  ans,  le  jour  de  la 
séance  solennelle  de  la  Société. 

2.  —  Ce  prix  est  de  la  valeur  de  500  francs. 

3.  —  Tous  les  travaux,  manuscrits  ou  imprimés,  adressés  ou  non  à  la  So- 
ciété, peuvent  prendre  part  au  concours. 

Voir  les  dispositio7is  commîmes  à  divers  prix. 

Le  prochain  concours  aura  lieu  en  1905. 


PRIX   BROCA 

FONDÉ  EN  1881  PAR  Mme  BROCA. 

«  Ce  prix  est  destiné  à  récompenser  le  meilleur  mémoire  sur  une  question 
d'anatomie  humaine,  d'auatomie  comparée  ou  de  physiologie  se  rattachant 
à  l'Anthropologie.  » 

RÈGLEMENT 

4.  —  Le  prix  Broca  sera  décerné,  tous  les  deux  ans,  le  jour  de  la  séance 
solennelle  de  la  Société. 


1>IUX    DKCEnNKS    PAU    LA    S<JCIKTK  XXXI 

o_  _  Ce  prix  est  de  la  valeur  de  l,ôOO  francs. 

3.  —  Tous  les  mémoires,  uianuscrits  ou  imprimrs,  adressés  à  la  Société 
peuvent  prendre  part  au  concours;  toutefois  les  auteurs  des  travaux  impri- 
més ne  pourront  prendre  part  au  concours  (lu'autani  qu'ils  en  auront  for- 
mellement exprinii'  Tiiitention. 

Von-  les  dispositions  communes  à  divers  prix. 

Le  prodiain  concours  aura  lieu  en  1906. 


PRIX  BERTILLON 

FONDÉ  EX  1885  PAU  MM.  BEKTILLON  FRÈKES, 
CONFORMÉMENT  A  LA  VOLONTÉ  DE  LEUK  PÈRE,  ADOLPHE  BERTILLON. 

«  Le  prix  Bertillon  sera  décerné  sans  distinction  de  sexe,  de  natio- 
nalité ni  de  profession,  au  meilleur  travail  envoyé  sur  une  matière  con- 
cernant  l'anthropologie,    et,  notamment,  la  démographie.  » 

RÈGLEMENT 

1.  —  Le  prix  Bertillon  sera  décerné,  tous  les  trois  ans,  le  jour  de  la  séance 
solennelle  de  la  Société. 

2.  —  Ce  prix  est  d'une  valeur  de  500  francs. 

3.  —  Tous  les  mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  adressés  à  la  Société, 
pourront  prendre  part  au  concours;  toutefois  les  auteurs  des  travaux  im- 
primés ne  pourront  prendre  part  au  concours  qu'autant  qu'ils  en  auront 
formellement  exprimé  l'intention. 

Voir  les  dispositions  co?nmunes  à  divers  prix. 

Le  prochain  concours  aura  lieu  en  1907. 


PRIX   FAUVELLE 

FONDÉ  EN  1895  PAR  LE  D""  FAUVELLE  (lOUIS-JULES) 

RÈGLEMENT 

1.  —  Le  prix  Fauvelle  sera  décerné  tous  les  trois  ans,  au  mois  de  décembre. 

2.  —  (le  prix  consiste  en  une  somme  de  2,000  francs. 

3.  —  Toute  personne,  sans  exception,  pourra  concourir. 

4.  —  Les  mémoires  susceptibles  d'être  couronnés  devront  traiter  un  su- 
jet à'anatomie  ou  de  physiologie  du  système  nerveux. 

5.  La  Commission  d'examen  sera  composée  de  cinq  membres  élus  par  la 
Société  au  scrutin  de  liste  et  choisis  dans  son  sein,  à  la  majorité  des 
membres  pi-ésents,  quatre  mois  au  moins  avant  la  proclamation  du  résultat. 
Les  auteurs  des  mémoires  ne  pourront  pas  faire  partie  de  la  commission. 

6.  —  Le  rapport  sera  rédigé  par  écrit  et  soumis  à  la  Société,  qui  jugera  le 
concours  et  distribuera,  s'il  y  a  lieu,  les  récompenses  ou  les  encouragements. 

7.  —  Les  travaux  adressés  à  la  Société  par  leurs  auteurs  devront  être  dé- 
posés au  secrétariat  avant  le  jour  de  la  nomination  de  la  Commission. 

8.  —  Toutes  les  œuvres,  manuscrites  ou  imprimées,  adressées  ou  non  à 
la  Société  et  traitant  un  sujet  conforme  aux  conditions  de  l'article  4, 
pourront  être  admises  au  concours  par  la  commission. 

9_  _  Si  le  prix  en  concours  n'était  pas  décerné,  la  somme  non  distri- 
buée ferait  l'objet  d'un  autre  concours  l'année  ou  les  années  suivantes. 

Le  prochain  concoio's  aura  lieu  en   1905 


XXXII  SDCIKTK    u'ANTIIIlul'uLor.lK    UK    l'ARI^ 


ANCIEN iS  PHKSlDENTS  DE  LA  SOCIÉTÉ 


MM.  (1&')0)  Martin-Ma(3ron.   -  (1800)  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaiuk. 

—  (IStîl)  Béclard.  —  (1862)  Boudin.  —  (1S&3)  de  Quatuefages.  -  (1864> 
Gratioi.et.  —  (1865)  Pruner-Bey.  -  (1806)  Périer.  —  (1867)  Gavarret.  — 
(1808)Bert»and  -  -(1869)  Lartet  —  (1870-71)  Gaussin.  —  (1872)  Lagneau. 

—  (^1S73)Bkrtii.i.on.  -  (187'i)  Faiuherbe.— M875)  Daixy.  —  (1876)  de  Mor- 
TiLi.CT.  —  (1877)  de  Hanse.  —(1878)  Henri  Martin.  —  (1879)  Sanson.  — 
(1880)  Ploix.  —(1881)  Parrot.  -  (1S82)  Thulié.  —  (1883)  Proust.  —  (1884) 
Hamy.  —  (188ô)DuREAU.  —  (1886)  Letourneau.-  (1887)  Magitot.  —  (1888) 
Pozzi.  —  (1889)  Mathias  Duval.  —  (1890)  Hovelacque.  —  (1891)  Laborde. 

—  (1892)  Bordier  —  (1893)  Ph.  Salmon.  —  (1894)  Dareste.  -  (1895) 
Issaurat.  —  (1896)  Aii.lrt'  Lefèvre.  —  (1897)  Ollivier-Beauregard.  — 
(1898).  Hervé   —  (1899).  Capitan.  —  (1900)  Yves  Guyot.  —  (UXH)  Ghervin. 

—  (1902)  Verneau.  -  (1903   D'Ault-du-Mesnil.  —  (1904)  Deniker. 


i 


ANCIENS  SECRÉTAIRES  GÉNÉRAUX 


MM.  Broc\  (Paul),  1859-1880. 

Topinard  (Paul),  1881-1886. 
Letourneat^  (Charles),  1887-1902. 


PRINCIPAUX  DONATEURS 


MM. 
1862.  —  Ernest  Godard  (Prix). 
1881.  —  Madame  Paul  Broca  (Prix), 

1884.  —  J.  H.  A.  des  Roziers  (Legs). 

1885.  —  Adolphe  Bertillon  (Prix). 
1853.  —  Jules  Delahaye  (Legs). 
1895.  —  Jules  Fauvelle  (Prix). 
1897.  —  F.  J.  Audifred  (Legs). 

1900.  —  Auguste  Dethorre  (Legs). 

1901.  —  Pierre-Ernest  Lamy  (Legs). 

1902.  —  Charles  Letourneau  (Legs). 
19<J3.  —  A.  J.  E    Lou'Èt  (Legs). 


797"=  SKANCK.  —  ^  Janvin    l'JO.'i. 

Prksidemîe  i)k  m.  Skuillùt. 

INSTALLATION     DU     BUREAU 
pour  l'année  1905. 

Allocution  de  M    J.  Deniker,  président  sortant. 

Dt'puis  (iui'l(ni('s  anni'es,  le  présitieni  n'est  plus  tenu  à  vous  faire  un 
rappuil  sur  la  .siluation  nioiale  ri.!  noire  société.  Mais  il  ne  lui  est  pas  in- 
terdit pour  cela  de  manifester  pul)li(iueinenl  sa  joie  à  la  vue  de  la  pros- 
périté de  la  savante  compagnie  dont  il  a  eu  l'honneur  de  diriger  les  débats 
pendant  une  année  Oi',  je  liens  à  constater,  que  malgré  l'accident  mal- 
heureux survenu  dans  nos  finances,  la  société  a  continué,  comme  par  le 
passé,  sa  marche  régulière  en  avant.  Ni  la  confiance  de  nouveaux  membres^ 
ni  Tactivité  scientifique  ne  lui  ont  fai'  défaut  cette  année.  Les  communi- 
cations aux  séances  ont  été  aussi  nombreuses  que  variées el  nos  publica- 
tions sont  là  pour  atlestei  la  vilalilé  de  notre  association.  C'est  donc  plein 
d'espoir  dans  le  progrès  incessant  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris, 
que  je  quitte  mes  fonctions,  et  je  suis  heureux  d'inviler  à  s'installer  à  ma 
place  un  homme  aussi  érudit  qu'aimable  et  bon,  mon  excellent  collègue 
el  ami  de  vieille  date,  M.  Sébillot.  Vous  le  connaissez  tous;  son  éloge, 
comme  homme  et  comme  savant,  n'est  plus  à  faire.  Je  le  prie  donc,  sans 
phrases,  de  prendre  possession  du  fauteuil  de  la  présidence  pour  inaugurer 
une  nouvelle  année  d'études  et  de  travail  au  profit  de  l'Anthropologie  et 
de  la  bonne  confraternité  scientifique. 

Allocution  de  M.  Sébillot,  président  pour  1905. 

Mes  chers  collègues, 

.le  suis  profondément  touché  de  l'honneur  (jue  vous  m'avez  fait  en 
m'appelanl  à  la  présidence  d'une  compagnie  dont  la  réputation  scienti- 
fique est  si  considérable.  Croyez-bien  ([ue  je  sens  tout  le  prix  d'une  pa- 
reille distinction,  et  qu(!  nulle  aulre  ne  me  parait  plus  enviable;  aussi,  vous 
m'excuserez  d'avoir  inscrit  au-dessous  de  mon  nom,  le  titre  de  président 
de  la  Société  d'Anthropologie,  avec  celui  de  secrétaire-.i:énéral  de  la  Société 
des  Traditions  populaires,  h  la  première  page  d'un  livre  qui  constituera 
une  sorte  d'encyclopédie  du  Polk-Lore  de  France,  en  songeant  que  j'ai 
surtout  eu  en  vue  d'exprimer  mon  dévouement  à  deux  sociétés  qui  me 
sont  chères  entre  toutes.  En  fixant  votre  choix  sur  moi,  vous  avez  sans 
doute  pensé  que  depuis  plus  il'un  (puirl   de  siècle  je  m'intéresse  à  vos 

sy<;.  n'ANTHHOi'.  1f>0h  1 


2  5   JANVIKU    i'.IOu 

recherches,  mais  il  est  permis  ih>  supposer  que  vous  avez  euau^si  ôgixrd  à 
mes  travaux  d'ethiiuLjrapliie  trjulilionnelle  cl  do  Folk-Lore,  et  que,  vous 
avez  ainsi  continué  la  lrailili<in  (|ui  a  donné  à  notre  société  des  présidents 
qui  appartenaient  aux  hranches  les  |)lus  diverses  de  la  science. 

I/Anthropologie  a  en  elTel  toujours  été  comprise  ici  dans  son  sens  le 
plu'<  large.  Si  h-s  libres  esprits  (|ui,  il  y  a  quarante-cinq  ans,  fondèrent 
notre  société,  avaient  voulu  lui  donner  une  devise,  ils  auraient  pu  prendre 
ce  beau  vers  de  Térence  :  Homo  sum  et  nihil  humani  à  me  alienum  pnto.  11 
suffit  de  parcourir  la  table  de  nos  Bulletins  pour  se  convaincre  que  rien  de 
ce  qui  a  trait  à  l'étude  de  l'homme  n'est  resté  étranger  aux  préoccupations 
de  nos  collègues;  le  programme  initial,  qui  était  déjà  très  vaste,  n'a  cessé 
de  s'élargir  îi  mesure  que  se  développaient  des  sciences  presque  inconnues 
à  nos  devanciers.  On  peut  même  dire  que  quelques-unes  ont  été,  sinon 
créées,  du  moins  discutées,  éclairée>  et  classées  dans  cette  enceinte  avec 
une  telle  ampleur,  avec  une  méthode  si  rigoureuse  que  ceux  qui  s'en 
sont  occupés,  non  seulement  en  France,  mais  h  l'étranger,  ont  souvent 
adopté  les  classifications  et  les  conclusions  qui  avaient  été  formulées 
dans  nos  séances  :  il  suffira  de  citer  la  craniologie  et  le  préhistorique, 
dont  les  noms  éveillent  aussitôt  celui  de  la  Société  d'Anthropologie.  Mais 
à  côté  de  ces  deux  branches,  l'ethnographie,  la  linguistique  et  bien  d'au- 
tres questions  y  étaient  traitées.  Je  me  souviens  qu'un  jour,  conduisant 
ici  un  illustre  savant  étranger,  comme  je  lui  parlais  de  la  grande  modestie 
de  notre  installation  matérielle,  il  me  répondit  :  Qu'importe  le  local!  il  a 
été  remué  plus  d'idées  fécondes  sous  cette  voûte  mansardée  que  dans 
bien  des  édifices  somptueux  consacrés  à  la  science  officielle. 

S'il  revenait  celte  année,  il  constaterait  sans  doute  avec  plaisir  que 
dans  la  restauralion  de  la  salle  des  séances  on  a  su  adopter  une  décora- 
tion qui  la  rend  plus  digne  de  notre  Société,  et  il  serait  aise  de  voir  les 
murs  ornés  des  portraits  ou  des  bustes  de  quelques-uns  de  ceux,  qui  ont 
bien  mérité  de  l'Anthropologie,  et  qui,  à  l'exception  de  Broca,  notre  fon- 
dateur et  incomparable  secrétaire-général,  ont  occupé  le  fauteuil  présiden- 
tiel. La  série  est  loin  d'être  complète,  mais  on  peut  considérer  ce  qui 
existe  comme  l'esquisse  d'un  panthéon  antliropologique.  On  y  verrait, 
sans  compter  les  médecins,  d'une  réputation  européenne,  des  représentants 
des  spécialités  les  plus  diverses  :  d'illustres  naturalistes  comme  Isidore 
Geoffroy  Saint  Hilaire  et  de  Quatrefages,  Bertillon,  l'un  des  créateurs  de  la 
démographie,  (iabriel  de  Morliliet  dont  le  nom  est  inséparable  de  la  pré- 
histoire, le  général  Faidherbe,  à  la  fois  colonisateur,  ethnographe  et 
linguiste,  Henri  Martin,  l'initiateur  de  la  conservation  des  monuments 
mégaliihiques,  André  Sanson  (jui  expliquait  avec  tant  de  compétence  les 
rapports  entre  l'homme  et  les  animaux,  Abel  Hovelacque  dont  la  Lin- 
guistique g^\.  un  modèle  de  clarté,  le  savant  bibliographe  Dureau  qui,  pen- 
dant un  demi-siècle,  rédigea  la  table  analytique  de  nos  Bulletins,  Letour- 
neau,  qui  appliqua   la  Ihéoiie  de  l'évolution   à    la  sociologie,    enfin    le 


(tUVIlACES    ilKFKHT>  3 

ileinierdeceiix  que  nun>  avons  [icidus,  Amlré  Lefùvie,  puAle,  ethnographe 
et  histurieii 

J'en  passe,  pour  ne  pas  faire  un  i;alalof<ue,  niai-<  cette  énumération  ijui 
ne  comprend  que  les  niorls,  nionlie  claiicnient  que  notre  société  a  choisi 
couimc  présiilents  tjes  hommes  de  spéciaHlés  très  diverses.  Que  serait-ce 
sijeparl.iis  de  ceux  qui  sont  encore  vivants  et  dont  l'œuvre  n'est  pas 
achevée!  Je  citerai  pourtant  parmi  ceux-ci  les  deux  savants  qui  ont  été 
mes  prédécesseurs  immédiats,  et  dont  j'ai  été  en  quelque  sorte  le  çoad- 
juteur  pendant  ces  dirnières  années  :  M.  d'Ault  du  Mesnil,  si  compétent 
en  préhistoire,  et  qui  nous  donnera  sans  doute  ()rochainemenl  la  synthèse 
de  ses  lon^ues  et  fructueuses  éludes,  et  M.  Deniker,  dont  la  science  en 
ethnoifraphie  orientale  est  universellement  appréciée.  Tous  deux  ont  été 
des  présidents  modèles,  et  je  ne  pourrai  mieux  faire  dans  l'intérêt  de 
notre  société,  que  de  suivre,  dans  la  mesure  de  mes  forces,  l'exemple  de 
mes  deux  prédécesseurs  et  amis. 


NECROLOGIE 

GiH.AKD  DE  R1A1.1.E.  —  .l'ai  le  regret,  dit  M.  le  Président,  d'avoir  à  annoncer  à 
la  Société  le  décès  de  M.  Girard  do  Hialle,  l'un  des  membresles  plus  anciens  de 
nolro  compagnie,  où  il  était  entré  en  1864;  de  celte  époque  à  la  période  pen- 
dant laijuoMe  ses  hautes  fonctions  administratives  ne  lui  porniettaicnl  guère 
d'assister  à  nos  séanci>s,  il  lit  de  nombreuses  et  intéressantes  communications, 
dont  l'énoncé  occupe  nne  colonne  entière  de  la  table,  très  serrée,  de  nos  pu- 
blications. C'est  aussi  lui  qui  rédigea,  en  1874.  les  instructions  pour  l'Asie  Cen- 
trale. 

Il  fut  secrétaire-général  adjoint  pendant  près  de  cinq  ans.  Après  avoir  été 
successivement  directeur  des  Archives  au  Ministère  des  alVaii-es  étrangères. 
Ministre  <le  France  au  Chili,  il  venait  de  prendre  sa  retraite  et  se  préparait  à 
regagner  Paris,  lorsqu'il  est  mort  à  Santiago  après  quelques  jours  de  maladie, 
presque  au  moment  où  il  était  élu  second  vice-président  de  notre  Société.  Il 
revenait  avec  le  désir  de  reprendre  ses  travaux  scientifiques  longtemps  inter- 
rompus, et  je  sais  qu'il  avait  recueilli  beaucoup  île  notes  sur  l'ellinograplue  chi- 
lienne, (piil  se  propnsiiit  de  nous  coinmuniipier  el  qui  auraient  sans  doute  donné 
lieu  à  des  comparaisons  et  à  des  discussions  intéressantes. 

KoiJoN,  ancien  membre  de  la  Société  où  il  était  entré  en  1865  et  dont  il 
resta  jusqu'en  187()  un  membre  1res  actif. 

Ehnest  Caueac  u'.\cy.  membre  de  la  Société  depuis  l.S()8  et  un  de  nos  paleth- 
nographes  les  plus  estimés. 

OUVRAGES   OFFERTS 

L.  .Manouvrier.  —  L'individualité  de  l'Anthropologie.  (Adresse  lue  par  l'auteur 
le  23  septembre  1904  au  Congrcss  of  Artu  and  Science  de  l'Exposition  miiver- 
selle  de  Saint-Louis,  U.  S.  A.).  Kevue  de  l'Ecole  d'Antlu'opologie.  Décembre  19U4. 


\  .)    JVNVIKII     I '.•(!."» 

M.  M; ivriiT  fxposf  li-s  cinitiistiiiicM's  i|iii  ont  dctiim-  lieu  à  ce  travail. 

Li'  «;niij;r.'s  ol  Aris  Hiiil  SfiiMir.'  avait  pour  but  lii'  constitui-r,  pour  l'Expo- 
sition Lniverst'lli-  «le  Saint-I.ouis.  Missouri,  uiio  sorte  de  couronnement  pliilo- 
Bophiqut'.  Son  objet  ctuil  «-n  oITct  l'Iiistoir.-  pliilosopliique  dos  scioncos  et  des 
arts. 

L'i'nst'Mihlf  du  savoir  liuuiaiu  avant  été  partagé  en  7  divisions,  24  départe- 
ments et  1:28  seelions,  une  assemblée  <les  professeurs  américains  l'ut  chargée, 
en  11K)3,  de  désigner  les  speakers  olïiciels.  à  savoir  :  un  (américain)  pour 
cii«.|uc  .livision.  deux  (également  amérieains)  pour  chaque  département,  et 
lieux  (un  américain  "et  un  européen)  pour  chaque  section.  Le  président  du  Con- 
grès était  Simon  Neweomb. 

Chaipie  officiai  s/ieah-er  devait  lire  une  adresse  sur  l'un  des  deux  sujets  sui- 
vants : 

1"  Les  rapports  dune  science  avec  les  sciences  voisines. 

2"  Les  problèmes  d'une  science  ou  d'un  art  envisagés  depuis  un  siècle. 

La  durée  d'une  leeture  ne  devait  pas  dépasser  45  minutes.  Cette  concision 
était  imposée  par  le  l'ail  que  le  nombre  des  ailresses  à  lire  s'élevait  h.  prés  de 
300  et  qu'un  peu  de  temps  avait  été  réservé  pour  les  communications  libres. 

Sur  les  128  professeurs  européens  désignés,  il  veut  environ  25  Français  dont 
une  vingtaine  se  rendirent  à  Saint-Louis  et  turent  considérés  à  tort,  dans  la 
presse  française,  eomme  délégués  par  leur  gouvernement. 

M.  Manouvrier  croit  devoir  dire,  à  titre  d'invité  reconnaissant,  que  les  frais 
de  voyage  des  européens  désignés  étaient  assurés  protocolairement  par  l'Expo- 
sition de  Saint-Louis. 

Après  avoir  rendu  hommage  à  la  splendeur  de  cette  exposition  et  à  l'hospi- 
talité américaine,  il  expose  ses  impressions  sur  les  institutions  anthropologiques 
des  Étals-Unis,  en  insistant  sur  celles  de  Washington  (National  Muséum,  de 
Boston  Cambridge  (Harvard  University  .  de  iNow  Haven  (Vale  University),  de 
New-York  (American  xNatural  llistory  Muséum  et  Colurnbia  University),  et  de 
Chicago  (Field  Colombian  Muséum),  sans  oublier  les  exhibitions  anthropolo- 
giques temporaires  de  Saint-Louis  qui  furent  extrêmement  brillantes  et  nom- 
breuses. 

11  parle  avec  admiration  de  l'importance  des  Musées  des  Etats-Unis,  de  leur 
grandeur,  de  la  richesse  des  collections  d'ethnologie  américaine,  du  luxe  de 
leur  installation,  de  leur  arrangement  et  de  la  rapidité  <le  leur  développement, 
rapidité  telle  que  des  musées  aussi  énormes  que  ceux  de  Chicago  et  de  New- 
York  n'existaient  pas  encore  il  y  a  dix  ans  et  sollicitée  par  des  conditions  maté- 
rielles vraiment  extraordinaires.  Il  considère  que  les  possibilités  du  dévelop- 
pement intégral  de  la  culture  anthropologique  dans  les  grandes  universités  des 
États-Unis,  surtout  à  New- York,  sont  de  nature  à  autoriser,  sous  ce  rapport, 
les  plus  heureux  pronostics. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  suis  très  heureux  de  la  conmmunication  de 
M.  Manouvrior.  Elle  me  permet  de  redire  qu'en  1893,  il  y  a  déjà  plus  de 
dix  ans,  j'ai  lait  un  voyage  encoio  plus  sensationnel  aux  Etats-Unis, 
aussi  bien  au  point  de  vue  nnthropologique  que  médical,  comme  chargé  de 
mission  olïicielle. 

Un  grand  nombre  de  mes  remarques  d'ordre  anthropologique  sont  consi- 


E.   DEMUNKT.    —   RECIIEUCIIES  SI  R   I,  \   CAI'ACIÏI;   VITALE  5 

gnées  dans  le  rappuit  de  Mission  (jne jai  pulili-  ù  celle  «'[(oquo  ',  et  dans 
d'aiilies  puidicalicjns  [)liis  spéciales  '. 

Je  pourrais  en  dire  long  sur  ma  visite  aux  Musées  el  aux  Universités  ', 
qui  se  trouvent  placés  entre  New-York  et  San  Francisco,  sur  les  villes 
chinoises  américaines  *,  sur  les  mœurs  el  les  coutumes  de  ce  pays  '.  Je  me 
borne  à  renvoyer  à  mon  livre,  où  mes  impressions  les  plus  vives  et  les 
émotions  vigoureuses  que  j'ai  resssenties  au  cours  de  la  visite  de  ces  éta- 
blissements sont  presque  toute  ^  indiquées. 

J'ajoute  enlin  que  j'ai  assisté  à  la  naissance  du  Musée  d'anthropologie 
de  Chicago,  qui  date  de  1893,  el  que  déjà  on  va  reconstruire  faute  d'em- 
placement! —  Cela  en  dit  sullisammi-nt  sur  la  marche  de  la  science  au 
pays  d  "outre- mer  ! 


recherches  sur  la  capacite  vitale  absolue  et  relative  suivant  le  sexe 
et  suivant  certaines  dimensions  du  corps 

Par  m.  le  D""  E.  Demonbt. 

introduction 

Le  point  de  départ  de  ces  recherches  indique  très  nettement  leur  but  et 
leur'  portée.  Elles  sont  en  connexion  avec  un  récent  mémoire  du  Prof. 
Manouvrier,  sur  les  <(  Rapports  anthropométriques  et  sur  les  principales 
proportions  du  corps  "^  ». 

Décrire  les  variations  analomiques  humaines  et  leur  donner  une  inter- 
prétation physiologifjiie,  <»u  plus  g«>néralement  rattacher  les  unes  aux 
autres  les  variations  organiques  et  les  variations  fonctionnelles,  telle  a 
été  l'idée  directrice  de  ce  mémoire.  On  la  retrouve  encore  dans  un  certain 
nombre  de  travaux,  antéiieur»  de  M.  Manouvrier^  et  dans  ceux  qui  ont 
été  faits  sous  sa  direction,  au  laboratoire  d'anthropologie  à  l'Ecole  des 
Hautes-Etudes  (laboratoire  de  Broca). 

*  Baudouin  (M  j.  —  La  médecine  transatlantique.  Paris,  i893;  in-4*,  368  p..  115  fig. 

*  Souvenirs  transatlantiques.  Progrés  méd.,  189i.  La  médecine  d  l'Exposition 
internat,  de  Chicago.  Progrès  méd.    189.1,  2»  série,  70-71. 

'  Les  Ecoles  de  médecine  aux  Etats-Unis.  Rev.  Scient.  18".>'i,  n*  17,  ô26-ii:W.  —  Les 
Ecoles  de  médecine  irréguliéres  uu.r  Etat.s-Unix  Bull,  méd.,  Paris,  1894.  VIII,  569- 
572.  —  La  psychologip  p.vpérimentale  en  Amérique  :  Le  laboratoire  et  les  cours  de 
Clark  Universitij  à  Worre.slerr,  Arrh  de  NeuroL,  Paris,  1^94.  X.WIII,  11-IS.  —Les 
grands  établissements  ho.'^pitaliers  de  Xcir-Yovk  l'nion  mi'd  Piiris,  1K9'»,  ".\  s., 
L.  VIII,  51-56. 

4  La  prostitution  américaine.  Progrès  méd.,  14  octobre  IH93,  254-25r). 

5  Le  Y'elloicstone  national  Park.  Rerue  scient.,  1894.  n°'  8  et  9.  cartps.  —  Assistance 
chirurgicale  instantanée.  Le  service  à  New-York.  L'Assistancf,  M  janv.  1800.  — 
Un  Vendéen  en  Amérique.  Conférence  .sur  les  Etats- t'nis.  Ou.'.sl  artist.  et  lilL,  190, 
308-309.  8  fig. 

6  In  Mémoires  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris,  '.'<'  s(^ri.',  loino  II.  1002. 


.>    JANVIKII 


l'jn;; 


Etudiant  i\  ce  puiiit  ilc  vue  les  proportions  des  principaux  segments  du 
corps,  il  a  tWuis  nu  sujet  des  variations  énormes  constatées  sous  ce  rap- 
port dans  l'.-spiV«>  humaine,  suivant  l;i  race,  le  sexe  et  les  individus,  une 
thmrie  cniiqiit',  k  la  luis  mécanique  et  pliysiolo,i,'ique  expliquant  par  le 
travail  de  cliacpje  partie  du  corps  son  développement  relatif  et  s'adap- 
tanl  par  suite,  ii  de  nombreux  caractères  morphologiques  des  plus  impor- 
tants. 

C'est  ainsi,  par  exemple,  (juc  l'inlluence  dite  de  la  taille  ou  de  la  race 
sur  les  proportions  du  corps,  l'accroissement  transversal  comparé  à  l'ac- 
croissement en  longueur  (euryplastie  et  macroplaslie),  la  longueur  relative 
des  membres  par  rapport  ;i  colle  ihi  tronc  (macroskélie  et  brachyskélie, 
du  membre  supérieur  par  rapport  à  l'mférieur,  des  divers  segments  de 
membres  comparés  entre  eux,  les  proportions  du  rachis  et  de  ses  diverses 
portions,  du  bassin,  de  l'abdomen,  du  thorax,  cotnmencent  à  posséder 
une  interprétation,  une  explication  vraiment  scientifique. 

Depuis  1880,  M.  Manouvrier  s'est  particulièrement  occupé  des  différences 
sexuelles  secondaires,  au  triple  point  de  vue  biolugi(jue,  psychologique  et 
sociologique.  Suivant  la  conclusion  générale  formulée  par  lui  dès  le  début 
de  son  enseignement,  les  deux  sexes  s'équivalent  quant  au  développe- 
ment cérébral  quantitatif  et  morphologique;  mais  la  femme  présente  sous 
le  rapport  de  la  nutrilion  une  supériorité  en  rapport  avec  îses  fondions 
maternelles,  tandis  que  l'homme  l'emporte  sous  le  rapport  du  dévelop- 
pement et  de  l'énergie  musculaires  Ainsi,  selon  la  formule  presque  uni- 
versellement adoptée  aujourd'hui  :  l'anabolisme  prédomine  dans  le  sexe 
féminin  sur  le  catabolisme.  Cette  supériorité  de  l'anabolisme  est  natu- 
rellement en  rapport  avec  l'adaptation  maternelle.  Celle-ci  se  traduit  dans 
l(^s  proportions  du  corps  par  tout  un  ensemble  de  caractères  typiques. 
Dautre  part,  M.  Manouvrier  a  réuni  dans  un  tableau  du  mémoire  que 
nous  citons  toutes  les  données  numériques  mettant  en  évidence  le  grand 
di'veloppeinent  relatif  chez  la  femme,  des  viscères  abdominaux,  com- 
p.iiativement  au  développement  des  systèmes  osseux  et  musculaire. 

Au  sujet  du  développement  pulmonaire  ou  respiratoire,  des  données 
pr.'cises  lui  firent  défaut,  et  c'est  ici  ({ue  se  trouve  le  point  de  départ  de 
nus  recherches.  M.  Manouvrier  attachait  d'aulant  plus  d'importance  à  cette 
11!'  ine  que  diverses  données  anthropométriques  insulFisamment  précises 
jointes  à  des  considérations  théoriques,  l'avaient  amené  à  penser  que  le 
développement  relatif  de  la  fonction  respiratoire  ne  devait  pas  être,  chez  la 
f(Mnine,  proportionnel  à  celui  des  viscères  abdominaux.  Entre  le  très 
grand  développement  relatif  de  ceux-ci  et  le  très  faible  développement 
relntif  des  muscles  et  de  la  force  musculaire  chez  la  femme,  le  dévelop- 
pi'ment  thoracique.  dev.iit  prenrlre  théoriquement  une  place  iiitermé- 
diaire. 

"  La  fonction  respiratoire  est  pourtiint  une  fonction  de  nutrition,  mais 
d  un  ordre  parlicullicr.  Elle  est  ])lns  particulièrement  en  rapport  avec  le 
catabolisme;  elle  est  précatabolique,  car  l'oxygène  fourni  par  la  respi- 
ration est  surtout  destiné  ii  l'entretien  des  processus  cataboliques,  d'où 


E.   DEMONET     —  HECHERCHKS  SI»  LA  CAl'ACITK   VITAI.K  7 

résulle  la  clialcui- animale  et  le  Iravail.  Mais  la  fonclion  resplratoin'  n'est 
proportionnée  au  catabolisnie  que  dans  la  mesure  où  celui-ei  est  propor- 
tionnel-à  l'anabolisme.  Il  ne  l'est  pas  chez  lliomme  quand  le  travail,  sur- 
tout le  travail  musculaire,  est  insulllsant  eu  égard  h  sa  nutrition.  Chez  la 
femme,  c'est  l'état  normal,  car  pour  les  besoins  du  fœtus  ou  de  l'enfant, 
ou  en  vue  de  ces  besoins,  l'anabolisme  l'emporte  sur  le  catabolisme, 
parce  que  la  nutrition  de  l'enfant  par  sa  mère  relève  purement  de  l'ana- 
bolisme. » 

M.  Manouvrier  admet  encore  que  «  l'amplitude  thoracique  est  en  rap- 
port avec  le  développement  des  mus,:les,  avec  la  quantité  et  avec  l'intensité 
du  travail  musculaire,  toutes  choses  infériorisées  chez  la  femme  en  vertu 
de  ses  ronclious  spt'L'iales,  et  des  conséquences  physiologiques  de 
celles-ci  ». 

Enlin,  il  résulle  encore  de  ses  travaux  '  que  :  «  le  tempérament  n'est 
autre  chose  que  la  (juantilé  de  potentiel  énergétique  réalisable  chez  l'in- 
dividu dans  l'unité  de  temps,  relalivement  à  la  masse  organique  active, 
quantité  qui  se  traduit  par  l'intensité  du  travail.  11  y  a  des  raisons  de 
penser  (|ue  l'oxygénation  du  sang  ne  constitue  pas  à  elle  seule  le  tempé- 
rament sthénique,  mais  elle  doit  nécessairement  influer  sur  le  potentiel 
développable  dans  une  masse  organique  donnée.  Elle  met  en  jeu  les  qua- 
lités proloplasmiques  desquelles  dépend  le  tempérament.  Sous  ce  rapport, 
le  tempérament  se  trouverait  en  somme  diminué  dans  le  sexe  féminin.  Ce 
serait  là  une  importance  sexuelle  d'une  importance  capitale.  » 

C'est  en  raison  de  cette  haute  importance,  qu'il  se  propose  d'établir  par 
des  recherches  directes  l'existence  et  autant  que  posible  le  quantum  de  la 
diiïérence  sexuelle  en  question,  soit  en  mesurant  ledéveloppement  quan- 
titatif du  poumon  dans  deux  séries  suffisantes  d'hommes  et  de  femmes 
adultes,  soit  en  mesurant  la  capacité  respiratoire. 

Telle  est  l'origine  des  recherches  dans  lesquelles  M.  JNIanouvrier  a  bien 
voulu  nous  engager  et  nous  guider  par  ses  indications  et  ses  conseils, 
autant  que  le  lui  a  permis  son  éloignement. 

Nous  ne  pouvions  songer  à  étudier  le  volume  des  poumons  comme  on 
a  étudié  le  volume  ou  le  poids  des  autres  viscères.  Cette  manière  de  faire, 
en  elïet,  n'était  guère  possible  dans  les  salles  d'autopsie  lyonnaises  :  il 
y  aurait  eu  à  éliminer  la  plupart  des  cadavres  (lésions  pulmonaires)  et  le 
plus  grand  nombre  des  sujets  valables  n'aurait  pu  être  à  notre  disposition. 
Ces  rechcîrches  auraient  exigé,  dans  de  telles  conditions,  de  longues 
années.  La  diiricult»'  cependant  pouvait  être  tournée  en  abordant  la  ques- 
tion par  son  côté  purement  physiologique.  Ne  pouvant  alteindn'  l'organe, 
nous  nous  sommes  adressé  à  la  fonction  qu'il  était  possible  d'étudier  soit 
au  moyen  d'un  spiromètre,  soit  au  moyen  d'un  dosage  chimique.  Nous 
avons  préféré  le  spiromètre. 


*  Le  tempérament  (Hev.  de  l'École  d'Anthr  ,  18%;.   Caracléhsaiion  physiologique 
des  tempéraments  {Ibid.,  1898). 


8  5  jANViEH  1905 

Certainement  In  comparaison  de  l'homme  et  de  la  femme  au  point  de  vue 
res[»iratoir.'  était  le  IjuI  aucjuel  devait  temlre  tous  nos  elTorls.  Us  devaient 
aussi  se  |»orli'r  ver.>  une  analyse  ininulu-use  des  diverses  dimensions  du 
corps,  qui  dans  i-liai|ue  scx.'  peuvent  iniluencer  la  capacité  vitale.  Tous 
les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  spiromélrie  ont  envisagé  les  relations 
de  la  capacité  vitale  avec  la  taille,  le  poids,  la  circonférence  thoracique, 
l'amplitude  du  thorax.  .Maëstrelli  a  parfaitement  étudié  dans  le  même  sens 
lu  longueur  du  sternuni.  Les  données  (|ui  paraissaient  délinitivement 
acquises  pouvaient  se  pas><er  tie  nouveaux  chilfres  contirmatifs.  Mais  elles 
concernaient  le  sexe  masculin  seulement  :  il  semblait  que  le  sexe  féminin 
n'existât  pas.  Schnepf  et  Pagliani  ont  bien  étudié  la  capacité  vitale  chez 
l'homme  et  chez  la  femme,  mais  les  résultats  du  premier  sont  trop  vagues, 
et  ceux  du  second  ne  concernent  que  des  individus  de  18  ans,  âge 
auquel  l'homme  est  plus  loin  que  la  femme  des  proportions  adultes. 

(iette  négligence  a  rendu  nécessaires  de  nouvelles  recherches  dans  les 
deux  sexes.  Aux  facteurs  que  nous  avons  énumérés,  nous  avons  ajouté  la 

largeur  bi-acroiniale  et  l'indice  de  corpulence  -  de  M.  le  Professeur  Bou- 
chard. Il  était  aussi  nécessaire  d'étudier  de  nouv^eaux  rapports  dont 
M.   Manouvrier  vient  de    montrer  la  grande  importance   :   le  degré  de 

macroskélie  ou  de  braschyskélie,   ou  rapport  -  (le  membre  inférieur  S, 

nipporté  au  buste  li  =r  100),  et  le  degré  de  mégasomie  représenté  approxi- 
mativement par  les  données  suivantes  : 

i"  Le  poids  total  du  corps  dont  la  signification  est  toujours  plus  ou 
moins  troublée  par  les  vai lotions  de  l'embonpoint; 

2°  La  taille  ou  longueur  du  corps,  multipliée  par  la  largeur  bi-acro- 
miale,  deux  dimennsions  qui  ont  l'avantage  d'être  squelettiques,  mais  ne 
repK'sentant  pas  non  plus  la  masse  organique  en  totalité; 

3"  La  longueur  du  buste  inu!ti{)liée  par  la  circonférence  thoracique, 
quantité  représentant  plus  spécialement  le  développement  du  tronc. 

Nous  avons  aussi  cherché  à  évaluer  approximativement  le  degré  d'eu- 
ryplastie  déjà  indiqué  par  l'indice  de  corpulence,  en  calculant  le  rapport 
de  la  circonlerence  Ihoracitpie  ;i  la  taille. 

.Assurément  toutes  ces  indications  n'épuisent  pas  le  vaste  sujet  que 
nous  nous  sommes  proposé,  et  elles  exigent  d'être  complétées  par  des 
recherches  ultérieures.  Chacune  d'elles  cependant  n'en  a  pas  moins  son 
utilité  réelle,  et  a  souvent  l'avanlage  «le  faire  connaître  un  peu  mieux  un 
point  resté  obscur  jusque  là. 


DkKIMTIU.N     —    lIlSToRlyLE. 

Les  physiologistes  définissent  la  capacité  viiale  :  laijuantité  d'air  mise 
en  iiiouveiin'nl  par  une  inspiration  inaxima  suivie  d'une  expiration 
maxima.  Ils  la  dilférencienl  .'soigneusement  de  la  capacité  totale  ou  capacité 
respiratoire,  qui  comprend  en  plus  l'air  résidual,  ce  dernier  restant  dans 


E.   DEMU.NKT.    —   IlEi'.lIKIlCHKS  SI  U    r.A  CAl'ACITK  VITAI.K  9 

le  poumon  .tprès  une  ex|)iration  fitrci'i'  l,;i  ri'cln'n-lit'  de  la  capacité 
vitale  se  fera  donc  par  des;  procédés  purement  physiques  :  des  procédés 
chimiques  pourront  seuls  permetlre  d'évaluer  la  capacité  respiratoire. 

On  admet  classiquement  que  cliez  un  iiomnie  adulte,  hien  portant,  la 
capacité  vitale  est  de  3,o00  centimètres  cultes,  el  la  eapacité  respiratoire 
de  i.oUO  centimètres  cubes. 

Tous  les  étudiants  ont  présentes  à  la  m'Mnoire  les  Idylles  recherches  de 
(  Jréh  int,  el  tous  connaissent  aussi  les  spiromètres  et  les  pneuinomètres,  ces 
instruments  faisant  partie  de  l'arsenal  des  lahoraloires  de  physiologie  et 
et  de  physique  médicale.  A  F..yon,  rinsirument  d'Huti-liinson  sert  pour  les 
exercices  de  spirométrie,  aux  travaux  pratiques  de  physique  médicale. 
La  plupart  du  temps,  ceux  qui  cherchent  leur  capacité  vitale  et  la  trou- 
vent supérieure  à  3.500  cenlinètres  cuhes  sont  enchantés  de  la  puis- 
sance de  leur  thorax  ;  mais  en  revanche  ceux  qui  n'atteignent  pas  ce 
chiffre  bienheureux,  maudissent  l'appareil  qui  ne  leur  accuse  pas  une 
capacité  normale  ou  supposée  telle.  Dans  les  hôpitaux,  la  spirométrie 
est  radicalement  inconnue.  \  peine  pourrions-nous  rappeler  qu'à  l'hô- 
pital militaire,  le  répétiteur  chargé  du  cours  de  propédeuli(}ue  médicale, 
montre,  à  titre  purement  historique  du  resie,  le  spiromètre  de  Boudin. 

fj'ignorance  dans  laquelle  on  laisse  ce  mode  d'exploration  pulmo- 
naire est  générale.  Les  ouvrages  de  médecine  les  plus  imj)orlants  n'en 
parlent  pas  ou  ne  lui  consacrent  que  quelques  lignes.  Marfan  écrit  à  ce 
propos  dans  le  traité  de  Charcot-Bouchard  :  «  Ilutchinson  et  les  médecins 
qui  après  lui  se  sont  servis  du  spiromètre  ont  établi  que  la  diminution  de 
la  capacité  respir.itoire  est  un  des  principaux  signes  de  la  tuberculisation. 
Aussi  sous  riniluence  de  Lasège  qui  vulgarisa  leurs  travaux,  on  cher- 
cha à  utiliser  la  spirométrie  pour  le  diagnostic  de  la  tuberculose  com- 
mençante. A  ce  point  de  vue  la  -piromélrie  n'a  |)as  rendu  tous  les  services 
qu'on  en  attendait,  et  on  l'a  peut-être  trop  délaissée.  »  Cette  constatation 
mérite  d'être  soulignée.  Elle  [trouve  d'une  façon  très  nette  que  le 
médecin  se  soucie  fort  peu  de  connaître  la  capacité  vitale  de  son  malade, 
non  pas  parce  que  les  renseignements  qu'il  pourrait  en  tirer  n'ont  pas 
une  très  grande  importance,  mais  uniquement  parce  que  c'est  une 
recherche  qui  ne  se  fait  pas. 

Ce  délaissement  peut-il  s'expliquer  par  ce  fait  que  la  spirométrie  est  un 
champ  d'études  mexploré,  et  qu'on  manque  d'instrument  jiour  le  mettre 
en  valeur?  Loin  de  là.  La  littérature  médicale  est  riche  en  documents  se 
rapportant  ;i  cette  question.  En  tous  pays,  elle  a  suscité  de  nombreux 
travaux  parmi  lesquels  nous  pouvons  citer  ceux  de  :  Boudin,  Capdevieille, 
Oriou,  Iley,  Rigal,  Villemin,  en  France;  Lehrnbecker  en  Allemagne; 
Livi,  Maëstrelli  en  Italie;  Morshall  en  .Angleterre;  Henning,  Lebedeff, 
Seeland,  Stolanoff,  Wassiliew  en  llussie;  Zwaardenacke  en  Hollande, 
etc.  Tous  ces  auteurs  ont  apporté  des  documents  d'autant  plus  intéres- 
sants qu'ils  sont  les  résultats  de  recherches  exécutées  dans  des  circons- 
tances à  peu  près  identiques,  se  rapportant  à  des  individus  normaux,  du 
même  Age,  et  que  leur  comparaison  fournit  des  renseignements  précieux 


10  T)  jANViKii   1905 

sur  Ifs  dilTi» ronces  que  |teuv.'nl  pivsenler  les  diverses  races  euro- 
péennes. 

Toulefois  il  t'sl  incntitesl;il»le  <iue  riiislori(|ije  de  la  S[»iroinélrie  est 
dominé  par  A  nums  :  llulchinson.  Scline|tf,  Maëstrelli. 

H  seniil  l/'inéraire  d'allirmer  (prilutrliinson,  en  1846,  a  créé  de  toutes 
pièces  son  spinjuièlre,  et  tpiela  capacité  vitale  était  coiii|>lètement  inconnue 
avant  lui;mais  il  n'en  a  pas  moins  été  un  initiateur  dans  cette  partie  de 
la  [thysiologie,  en  traeant  nettement  la  méthode  (pi'elle  exige,  en  cons- 
truisant un  instrument  précis  pouvant  fonctionner  entre  les  mains  de 
chacun,  et  fournir  des  résultats  identiques  dans  les  mêmes  circonstances, 
ot  surtout  en  apj)orfanl  un  grand  nombre  d'observations  <i  l'aide  desquelles 
il  a  sérieusement  étudié  l'inllnence  de  certains  facteurs  :  l'âge,  la  taille,  la 
circonférenee  thoracique,  etc. 

Sans  doute  il  n'a  pas  tout  dit  sur  la  question,  et  Schnepf,  traitant  en 
1857,  le  même  sujet,  pouvait  rappeler  ce  mot  de  Sénèque  :  «  Multum 
egerunt  qui  ante  nos  fuerunt,  sed  non  peregerunt.  »  Certes  le  médecin 
français  rend  justice  à  son  prédécesseur.  «  (le  sont,  dit  il,  les  travaux 
d'Hutchinson  seulement  qui  ont  ajqjorté  de  la  clarté  et  la  méthode  dans 
l'appréciation  de  la  capacité  vitale  du  poumon.  »  Mais  il  croit  devoir  les 
remanier,  llutchinson  avait  étudié,  par  exemple,  l'influence  de  l'âge  sur 
la  capacité  vitale  sur  i.775  personnes,  tous  hommes  de  15  à  65  ans,  et  il 
en  avait  conclu  que  celle-ci  croissait  jusqu'à  35  ans,  pour  diminuer  en- 
suite. Les  recherches  de  Schnepf  ont  porté  sur  962  personnes,  seulement, 
mais  elles  sont  de  tous  les  âges,  depuis  3  jusqu'à  80  ans,  «  et  au-delà 
même  en  comptant  les  invalides  ».  Aussi  se  croit-il  en  droit  de  contester 
les  résultats  du  physiologiste  anglais,  et  de  leur  substituer  les  siens  pro- 
pres. C'est  pourquoi  il  admet  que  la  capacité  vitale  augmente  jusqu'à 
20  ans,  diminue  insensiblement  jusqu'à  25  ans,  pour  décroître  ensuite 
beaucoup  plus  rapidement.  Ces  modifications  n'ont  certes  que  l'impor- 
tance qu'on  veut  bien  leur  accorder.  Aussi  Schnepfa-t  il  eu  beaucoup  plus 
de  mérite  dans  la  tentative  qu'il  a  faite  de  comparer  les  deux  sexes  non 
seulement  à  l'aide  d'observations  personnelles,  mais  encore  avec  tous  les 
documents  parus  jusqu'à  iui.  Il  pense  avoir  établi  que  si,  pendant  la  pre- 
mière enfance,  les  résultats  semblent  être  identiques  dans  les  deux 
sexes,  on  trouve,  dès  l'âge  de  8  ans,  une  différence  marquée  qui  s'ac- 
centue jusqu'à  ce  qu'enfin  vers  l'âge  de  20  ans,  la  capacité  vitale  de  la 
femme  ne  représente  guère  plus  (jue  la  moitié  de  celle  de  l'homme,  et 
ces  relations  restent  à  peu  près  constantes  dans  la  période  décroissante. 

11  croit  que  la  respiration  n'est  pas  liée  à  la  hauteur  du  tionc,  niais  à 
la  taille  absolue  du  corps  et  que  le  poids  est  sans  influence  sur  elle,  ainsi 
que  le  périmètre  thoracique,  et  l'élasticité  pulmonaire;  elle  ne  varierait 
que  dans  quelque  cas  suivant  les  professions,  et  serait  modifiée  par  la 
position  assise  ou  oouchée,  mais  non  par  la  grossesse. 

L'influence  exercée  par  Schnepf  a  été  considérable  :  depuis  1875,  il 
n'est  presque  aucun  travail  sur  laspirométrie,  au  moins  en  France,  qui  ne 
le  cite  pre.sque  toujours,  le  remanie  souvent  dans  des  proportions  plus  ou 


E.    DEMllNET.    —    llKi;llKU(.IIK>   >M1  l,.\   CAl'ADllI.    MIAI.E  11 

moins  considérables,  et  le  rlénalure  parfoi<.  L'auteur  d'une  thèse  récente 
de  l^aris  ailiruie  ijue  la  capaeité  vitale  d'un  sujet  bien  constitué  peut  être 
établie  [)ar  la  loi  suivante*  de  Sclinepf  :  «  Le  volume  d'air  mesuré  au  spi- 
romètre est  de  -400  cenlimèlres  cubes  cliez  l'enlant  de  'A  ans.  et  augmente 
\)\v  année  de  :260  centimètres  cubes,  soit  environ  de  :21  cenlimètres  cul)<.'s 
pai'  mois.  »  Nous  avons  lu  et  relu  l'ouvrage  de  Scliii' pi'  :  nous  n'y  avons 
jamais  rencontré  une  formule  de  ce  genre. 

\in  1881,  un  médecin  militaire  italien,  Maëslrelli,  publie  dans  les  Ar- 
chives d'.Vnlhiopologie  de  Florence,  un  travail  vraimt'ut  original,  sur 
l'expression  la  plus  correcte  de  la  capacité  vitale.  Il  recherche  sur  166 
hommes  du  :27«  régiment  d'infanterie,  parfaitement  sains,  les  relations 
de  la  capacité  vitale,  avec  la  circonférence  thoracique,  le  diamètre  bilatéral 
du  thorax,  le  diamètre  antéro-postérieur,  la  somme  de  ces  deux  diamètres 
et  la  longueur  du  sternum.  Il  admet  que  les  diamètres  sont  bien  supé- 
rieurs aux  mesures  [)érimélri(jues  ilu  thorax,  comme  expression  de  la 
capacité  vitale  et  que  celle-ci  suit  plus  lidèlement  la  longueur  du  sternum 
que  les  autres  dimentions  du  thorax  Pour  lui  le  volume  du  tronc  de  cône 
thoracique  donné  par  la  foi-mule  V  --  (a.  b  ~)  h,  a  étant  le  demi-dia- 
mèlre  bilatéral  du  thorax,  b  le  petit  diamètre  antéro  postérieur,  et  h,  la 
longueur  du  sternum,  ne  représente  pas  exactement  la  capacité  pulmo- 
naire, mais  traduirait  seulement  des  nombres  à  peu  près  proportionnels  k 
ceux  qui  expriment  la  capacité  réelle.  Comme  tous  ces  calculs  sont  longs, 
il  propose  des  tables  au  moyen  desquelles  on  obtient,  en  un  instant, 
le  volume  de  thorax  connaissant  ses  deux  demi-diamètres  et  sa  hau- 
teur. 

Il  serait  assez  long  et  assez  fastidieux  d'énumérer  tous  les  travaux  parus 
jusqu'à  ce  jour,  sur  la  question.  Toutefois,  nous  pouvons  rappeler  que 
pour  Kiiss  il  est  un  fait  certain,  c'est  que  tout  individu  a  une  capacité 
vitale  constante  ou  du  moins  extrêmement  peu  variable,  entre  20  et  40 
ans.  Smith  pense  qu'elle  augmente  avec  la  taille  de  dO  centimètres  cubes 
par  centimètre,  et  Dupont  allirme  que  chaque  kilogramme  donne  droit  h 
50  centimètres  cubes.  Wassilliew  admet  que  la  capacité  vitale  dépend  de 
la  longueur  du  corps  et  de  la  circonférence  thoracique  :  si  l'une  d'elle 
augmente  de  un  centimètre,  la  capacité  croit  de  50  centimètres  cubes  en 
moyenne.  Hameaux  n'est  pas  aussi  simpliste.  S'élevant  aux  hauteurs  de 
la  spirométrie  comparée,  il  prétend  que  les  capacités  vitales  sont  entre 
elles  comme  les  racines  carrées  des  puissances  5  des  tailles,  et  il  érige  en 

principe  la  formule  _L  =  \/Sl.    De  plus,  il  écrit  ces  lignes  qui  renfer- 

mont  tout  un  programme  d'études  :  «  Chez  les  vertébrés  à  respiration 
pulmonaire  et;»  température  constante,  les  dimensions  de  l'animal  déter- 
minent la  capacité  des  organes  respiratoires,  de  telle  sorte  que  celle-ci 
étant  connue  pour  un  individu  de  dimensions  données,  on  peut,  par  le 
calcul,  en  assigner  la  valeur  chez  un  autre  individu  de  même  espèce, 
pourvu  seulement  que  l'on  connaisse  de  celui-ci  les  dimensions  corres- 
pondantes à  celles  du  premier». 


12  r>    JANVIKU     1  ".>('.■> 

Certes,  tous  ces  travaux  ont  bien  jnécist'  ([uelques  détails;  mais  au 
milieu  de  toutes  ces  com-liisioiis  (|ui  s'opposont,  de  toutes  ces  alïirmations 
qui  se  détruisent,  il  est  bien  dillicii^'df  se  faire  une  idée  exacte  de  la  phy- 
siologie de  la  capacité  vitale,  puisipi'elle  manque  de  bases  solides,  incon- 
testées. Sa  patholoj^ie  est  bien  [)liis  vague  encore.  Les  applications  cli- 
niques de  la  spironiélrie  ont  ilonné  lieu  aussi  à  de  nombreux  travaux. 
Depuis  Kentisch  en  1814,  ius(|u'à  l*ra  en  1900,  on  a  cherché  dans  l'étude 
de  la  capacité  vitale,  un  moyen  de  diagnostic  des  maladies  du  poumon, 
et  en  particulier  de  la  tuberculose  pulmonaire  au  début,  et  une  expli- 
cation des  troubles  apportés  dans  le  développen)enl  du  thorax  par  la 
scoliose  et  les  airections  des  voies  respiratoires  supérieures.  Mais  on 
cherche  en  vain  dans  toutes  ces  éludes,  des  chiffres,  des  rapports  de 
chiffi-es  qui  seuls  seraient  précieux  dans  quelque  chose  d'aussi  délicat 
que  le  diagnostic  d'une  baciliose  au  début. 

Récemment,  .MM.  Hobin  et  Binet  ont  étudié  les  échanges  respiratoires 
chez  les  arthritiques,  et  ont  rapporté  la  capacité  viiale  au  centiuièlre  de 
taille.  Leurs  conclusions  sur  ce  point  spécial  ne  nous  paraissent  devoir 
être  acceptées  qu'avec  une  certaine  réserve  parce  que  les  rapports  de  la 
capacité  vitale  et  de  la  taille  .sont  loin  d'être  mathématiques,  et  parce  que, 
à  l'état  sain,  la  capacité  vitale  de  plusieurs  sujets  d'une  même  taille  peut 
être  très  différente. 

De  telles  variations  dans  les  résultats  obtenus  ont  de  nombreuses  causes  : 
Peut-être  l'une  des  plus  importantes  consiste  dans  les  différences  que 
présentent  les  divers  instruments  utilisés  par  les  expérimentateurs.  Cha- 
cun d'eux,  pourrions-nous  dire  sans  grande  exagération,  a  poursuivi  ses 
recherches  avec  un  appareil  de  son  invention,  qui  naturellement  surpasse 
tous  les  autres  comme  précision,  commodité^  etc.,  etc.  Au  cours  de  nos 
recherches  bibliographiques  nous  n'en  avons  pas  relevé  moins  de  trente- 
huit  modèles  qu'il  serait  intéressant  de  voir  réunis  dans  un  laboratoire  de 
physique  médicale,  et  utilisés  par  un  même  individu.  Sa  capacité  vitale 
décrirait  certainement  des  oscillations  d'une  amplitude  démesurée.  Voici 
la  nomenclature  de  ces  instruments. 


E.    1)EM(JNET.    —    UECKEm^HKS   SIK   \.\  C.M'XCATK  VIIAl.K 


\A 


Datks 


AUTEURS 


1814      I  K.'iitisfli 


1847 
1853  ? 
1855? 
1855 
1856 

185C. 
1857 

1859 
18(>1 
18(i2 
1S()5 
18(;0 

1870 
1872 
1873 
1874 

1875 


1903 


llutchinsun 

lioinliii 

.Inliiii' 

Kor^ttnaiiii 

Ikiniu'l 

Ciiillot 

sciiiK'pr 

.MiUh.'ll 
[.mvis 
Mowinami 
Hroca 

liaiii 
Kaltray 
lloliiii,M-('n 
(•loitsiiiann 

Key 


1878 

Holden 

1881 

Maëslrelli 

1881 

Kaltray 

1882 

i)ll[Mllll 

1883? 

(Wilaiite 

1887 

Forlanini 

1887 

ilanriol  et 

Kicliet 

1887 

Joal 

1888 

linicli    et 

Chanloii 

1888 

Jolies 

1888 

(Iddiarrli 

1888 

Steinberg 

1891 

Stanlev 

1892 

Denison 

1893 

Villfinin 

1895 

Wizeiilianstn 

1895? 

Verdin 

1898 

Papillon 

1901 

Tissot 

19U2 

Robin 

1902 

Dupont 

INDICAlKiNs   l'.IItLIiM.K  M'IllOUES 


Raser 


An  ai'cunnl  ni  Halb;  willi  a  drawinj^  and  a  description  ol  a 

Pnlnioiuetcr;  and  cases  sliowing  ds   idility  inuscertaing 

tbe  slale  oï  tbe  liings  in  diseases. 
riie  spirnnnder. 
C.ilé  par  Scinit'pr.    1857. 
.1. 
id. 
Application  du  compteur  à  f^'uz  à    la  niesiu-e  de   la  respira- 
tion. (:i)//i/)ft'-Jie/i<h(  (le  /'.If.  des  Scie/irrs. 
Description  d'un  spironictre.  Com/tte-lient/u  Arad.  di's  Se. 
(lapacitc  vitale  des   poiunons.    Les   rapp(U-ts  pbysiologiques 

et  palbologiqnes  avec  les  maladies  de  la  poitrine. 
Iniprovcd  spironieter.  Arme.  J.  .'/  .V- 
On  tbe  bydro  spiromeler.  A.-is    Med.  J. 
A  Scbeap"  siiironicter.  /irit.  A»i.  ./. 
Instructions  antbn)poliii.d(iues. 
licolicrcbes  sur  la    physiologie  nicdicalc  de  la  respiration  à 

l'aide  de  l'anapnograplie. 
On  a  porlable  spironieter.  liri/.  Med.  Jour. 
Conibined  spironieter,  aspirator  and  ueroscope.   Lancet. 
Om  en  spirograpli.  Up-^ala  {a  h'erfor. 
Tli,.   spirometer;    ils   value   and   ulilily   to  lile   compauies. 

.]fed.  Rt'c. 
De  la  dvnamométrie  et  de  la  s|)irométrie  appliquées  au  re- 

cnitenienl  des  équipages,  lîev.  .Uarif.  et  Colon. 
A  pratical  pneumatometer.  Med.  liée.  S  .-Y . 
L'esponeiile   [lui   coretto   délia  capacila  vitale.    Arch.    i)er 

l'duth.  Florence. 
Description  oi'  a  new  tonu   oT  spironKder.  Pacifie  Med.  a. 

Chir.  Journ. 
Mesure  de.bi  capacité    respiratoire  à  l'état  pbysi(dogique  et 

à    l'étal    palliidogique,   à   l'aide  d'un   appareil   nouveau. 

Trib.  Méd. 
Utilisé  par  J\^ringuaz.   Th.  liordeau.v,  1883. 
Une  spiroinelro  a  conqtenzazione.  Ossercatore. 

Présentation  d'un  spinunètre.  Soc.  de  Biol. 

Un  nouveau  s[iirométre.  Ass.  franc.  Cong.  de  Toulouse. 

Tragbarer  spirometer.  lUa.'it.  .\fona/.se/i.  der  nrtzli.  Polyt. 

Vacnum  pneumatiq,  spirometer.   Tr.  Loui.sinia  .Med.   Soc. 
New.-Orl. 

.New  pneiinio.  dvnamometer  and  spirometer.  Zo«ce^. 

Proi'.  K.  Uleischi  von  .Mcrxows  neues  spirometer.  Central- 
blatt  fur  Phys. 

Note  on  a  new  s|tirometer.  J.  Anfh.  Tnst 

.\  new  spiriimeter.  J.  Ain.  .M.  Ass. 

Un  nouveau  spiromètre.  Arch.  de  méd.  et  de pharm.  milit. 

.Nouvel   appareil   pour   mesurer  la  respiration   thoracique, 
.Miinch   Med.   \\ooh. 
» 

Diagnostic  précoce  de   la  tuberculose  pulmonaire,  en  parti- 
culier cbez  les  cblorotiques.   Th.  Paris. 

IMivsique  biologique.  Traité  d'Ar.vmval. 

Un  nouveau  spiromètre.  Bull,  et  Mém.  delà  Soc.  d'Anthr. 

Equivalent  du  poids  et  de  la  capacité   respiratoire.  Soc.  de 
Biol. 

Bull,  de  TAcad.  de  Méd. 


44  ri  jvNviKK  \\H):\ 

[a-  Difliotiii.liri'  des  Sciences  Méfiioalos  lapiioilc  i|ii(i  le  premier  spiro- 
jiu'^tre  en  dalf  i)'ét;iit  autre  chose  (nriiiie  baii^nuire  ilans  huiueile  l'indi- 
vidu en  expérience  faisait  une  ins|iiralion  foicée  ;  l'eau  qui  s'écoulait 
nit'^urail  la  i|tianlili''  d'air  intri)duilt'  dans  les  poumons.  L'appareil  était 
assez  peu  porlalif;  celui  de  laline  l'est  au  suprême  degré;  il  consiste  sim- 
plement en  un  boyau  de  mouton  ifradtié  ad  hoc  :  mais  son  degré  de  pré- 
cision est  tel,  (juc  son  auteur  a  eu  le  bon  goût  de  l'abandonner. 

Abstraction  faite  de  ces  deux  spiromètres,  tous  ceux  que  nous  venons 
d'énumérer  peuvent  être  divisés  en  deux  groupes  :  les  uns  ont  pour  type 
l'appareil  d'Mutcbinson  :  ils  emmagasinent  l'air  expiré;  celui-ci  ne  fait 
que  traverser  les  seconds  qui  fonctionnent  comme  des  compteurs  à  gaz; 
le  pneumomètre  de  Bonnet  en  réalise  le  plus  simplement  le  principe. 

Les  plus  connus  sont  ceux  d'Hutchinson,  de  Boudin,  do  Galante,  de 
Broca,  de  Bonnet,  de  Verdin,  de  ilicbet;  quelques  uns,  véritables  ins- 
truments de  fortune  ne  le  sont  que  par  ceux  qui  les  ont  décrits.  D'autres 
ont  eu  les- honneurs  d'une  construction  industrielle,  mais  en  nombre 
d'exemplaires  si  restreint,  qu'ils  doivent  être  d'une  valeur  inestimable 
pour  les  amateurs  d'objets  rares. 

Tel  est  l'exposé  aussi  exact  et  rapide  que  possible  de  la  spirométrie,  de 
son  instrumentation,  de  la  place  qu'elle  occupe  à  la  Faculté  et  à  l'hôpital. 

Ajoutons  pour  être  complet,  qu'on  n'a  pas  cherché  seulement  en  elle 
un  moyen  de  diagnostic;  on  l'a  préconisée  comme  moyen  de  traitement. 
Kûss  et  Sietîermann  ont  décrit  les  bienfaits  de  la  pneumolhérapie,  et 
Lagrange  vient  d'exposer  les  avantages  de  la  «  gymnastique  respiratoire.  » 

TECHNIOUE 

Hutchinson  et  Schnepf  ont  doté  la  spirométrie  d'une  technique  à 
laquelle  soixante  années  ont  ajouté  fort  peu  de  choses.  Mais  si  leur 
«  modiis  faciendi  »  a  été  parfait,  ou  peu  s'en  faut,  les  résultats  qu'il  leur 
a  permis  d'obtenir  n'en  échappent  pas  pour  cela  à  des  criliijues  (]ui  les 
laissent  intficts.  (]es  auteurs  en  efîet,  donnent  une  foule  de  renseigne- 
ments sans  doute  très  utiles  sur  la  façon  dont  ils  ont  conduit  leurs  expé- 
riences, mais  il  ne  fournissent  aucun  détail  sur  ce  qui  en  fait  le  sujet.  On 
ignore  absolument  qui  étaient  les  individus  dont  ils  ont  recueilli  les  obser- 
vations, s'ils  étaient  sains  ou  malades,  s'ils  étaient  en  un  mot,  compa- 
rables entre  eux.  Bien  plus,  Schnepf  comparant  la  capacité  vitale  chez 
l'homme  et  chez  la  femme  de  ^0  à  25  ans,  ne  se  contente  pas  des  dix-huit 
cas  concernant  celle-ci,  qui  lui  sont  personnels.  11  y  joint  les  vingt-deux, 
observations  publiées  par  Simon,  Fabius,  Arnold,  et  il  conclut  de  ce  total 
auquel  participent  quatre  auteurs,  ayant  opéré  de  ditférentes  façons,  avec 
des  instruments  variés  sur  des  sujets  de  races  ditférentes,  que  la  capacité 
vitale  chez  la  femme  de  20  h  25  ans  est  de  2,500  centimètres  cubes,  à  peu 
près  la  moitié  de  ce  qu'elle  est  chez  un  homme  de  même  Age.  La  valeur 
scientifique  que  l'on  doit  accorder  à  une  conclusion  reposant  sur  de  tels 
faits  est  minime. 

Nous  pouvons  également  criti(|uer  la  façon  dont  ces  auteurs  ont  sérié 
leurs  observations.  Ainsi  Schnepf,  étudiant  l'influence  de  l'âge  sur  la 


E.  DEMONET.   —    UE(;IIEIU:HE>  >L  11  I.A    CaI'ACITK  VITALE  15 

capacité  vitale,  u  classé  ses  cas  pac  périodes  (J'iiiégale  ilurée,  comprenanl 
2,  3,  5,  6  et  '2'S  ans,  qu'il  a  comparées  entre  elles.  Et,  tort  bien  plus 
grave,  ces  périodes  embrassent  des  nombres  de  sujets  tellement  dilîérents, 
que  la  valeur  de  leur  lappiochement  est  fort  problématique.  9  cas  com- 
prennent la  période  s'étendanl  de  3  à  9  ans  (nous  serions  curieux  de  voir 
un  bébé  de  3  ans  se  servir  d'un  spiromètre);  342  celle  de  18  h  20  ans,  et 
•4  cas  une  3»  de  oO  à  55  ans.  Hutchinson  .wait  agi  de  la  même  façon; 
seulement  ses  chillVes  étaient  plus  élevés.  Rappelons  qu'il  est  assez  sur- 
prenant de  voii"  Schnepf  opposer,  ses  962  observations  aux  1775  cas  de 
l'auteur  anglais,  et  préférer  les  résultats  que  lui  donnent  des  séries  de 
\o  cas,  à  ceux  (|u'avait  obtenus  ce  dernier  avec  des  séries  cinq  fois  plus 
fortes.  Il  les  croyait  meilleurs  parce  que  c'étaient  les  siens.  M.  Manouvrier, 
frappé  de  la  fréquence  de  faits  semblables  dans  la  littérature  médicale, 
a  insisté  sur  la  stabilité  et  la  validité  des  moyennes  anthropométriques 
suivant  l'étendue  des  séries,  en  attendant  (]u'il  publiât  une  étude  complète 
de  la  question.  Son  dernier  mémoire  a  démontré  que  des  mesures  excel- 
lentes pouvaient  donner  des  résultats  inexacts  par  suite  d'une  sériation 
défectueuse.  Aussi,  sur  ses  conseils,  avons-nous  classé  toutes  nos  obser- 
vations, pour  cha(|ue  sexe,  en  3  groupes.  Le  premier  comprend  les 
30  sujets  quioni,  par  exemple,  la  taille  la  nidins  élevée,  le  second  corres- 
pond aux  40  sujets  d'une  taille  moyenne,  le  troisième  comprend  les 
30  plus  grands  :  et  il  en  est  ainsi  pour  toutes  les  dimensions  et  pour  tous 
les  rapports. 

Comme  Elève  de  l'Ecole  du  Service  de  Santé  Militaire  nous  étions  ad- 
mirablement placé  pour  poursuivre  nos  recherches  sur  cent  adultes  de 
20  à  25  ans.  Nous  sommes  heureux  de  remercier  ici  nos  camarades  qui 
se  sont  soumis  avec  une  bonne  grâce  parfaite  aux  mensurations  longues 
(ît  pénibles  que  nous  avons  dû  prendre  sur  eux.  Appartenant  presque  tous 
à  la  même  promotion,  ayant  fait  les  mêmes  études  qui  ont  imposé  à  leur 
genre  de  vie  une  certaine  uniformité,  ces  adultes  de  20  à  25  ans  présen- 
taient des  conditions  d'expérimentation  remarquables.  De  plus  le  régime 
de  l'Ecole  de  Lyon,  quoique  militaire,  n'est  pas  pour  cela  très  actif.  Le 
temps,  uniquement  consacré  au  travail,  se  passe  en  effet,  à  l'hôpital,  h 
la  Faculté  ou  en  étude,  et  c'est  à  peine  si  deux  heures  et  demie  par  se- 
maine sont  consacrées  aux  exercices  physiques:  équilation,  escrime, 
exercices  militaires,  etc. 

Malheureusement  ces  circonstances  exceptionnelles  ne  sont  pas  repro- 
duites pour  le  sexe  féminin,  flomme  il  était  absolument  impossible  de 
trouver  un  ou  plusieurs  établissements  (écoles,  personnel  infirmier,  etc.) 
où  nous  aurions  pu  rencontrer  une  centaine  de  jeunes  femmes,  menant 
nne  vie  active,  parfaitement  saines  au  point  de  vue  respiratoire  et  per- 
mettant de  prendre  sur  elles  des  mensurations  délicates,  nous  avons  été 
obligé  de  recourir  ;i  des  malade.s  hospitalisées.  Celles  qui  présentaient 
les  conditions  les  plus  favorables,  étaient  assurément  les  femmes  de  la  Cli- 
nique et  de  la  Consultation  des  maladiesciitanées  etsyphililicjues  de  M.  le 
Professeur  Gailleton    Un  peut  admettre  en  efTet,  avec  l'éminent  syphili- 


\{\  "}    JvNVlKli     IMO") 

graphe  Ivoiiiiaih,  *fl  nos  clnllVcs  scraiciil  coiilinnulits  de  celle  manière 
(lt«  voin  ((lie  la  (liaUi»>st'  syphilitiiine  n'inllneiice  pas  la  capacilé  vilale, 
cl  avec  M.  le  l'rofess.'ur  FuiirniiT  <pie  le  poids  des  syphilili(|ucs  n'esl 
inudifi»'  ni  par  leur  allcdion,  ni  parle  Irailemenl  hydrar.^yrique  auquel 
ils  sunl  soumis,  l  ne  maladie  cul mée.  loc.iliséeetnon  tuberculeuse  n'était 
pas  snllisanle  pour  nous  faire  exclure  celle  qni  la  présenlail,  tandis  qu'un 
lupus,  quelque  étendue  [>résenl!\l-il,  était  une  cause  absolne  de  non-utili- 
sation. Nous  avons  pu  ainsi.  p.Mulant  les  diîux  années  qu'a  exigées  notre 
travail,  observer  cenl  ouvrières,  ménagères,  domestiques,  femmes  de  la 
campagne,  parfaitement  saines  au  point  de  vue  respiratoire,  qu'un  séjonr 
d'un  ou  denx  mois  à  rii.ipilal  ne  pouvait  faire  considérer  comme  oisives, 
et  obtenir  ainsi  ponr  le  sexe  féminin,  des  résultats  sufiisamment  compa- 
rables à  ceux  que  nous  avaient  donnés  nos  camarades  de  l'Kcole  de 
Santé,  avec  une  réserve  toutefois,  que  nous  exposerons  plus  loin. 

Il  est  un  seul  point  sur  lequel  tous  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de 
spirométrie  soient  d'accord  ïou<  aftirmenl  que  la  grossesse  n'influence  pas 
la  capacilé  vitale;  aussi  importait-il  de  savoir  si  les  femmes  que  nous 
examinions  axaient  eu  ou  non  des  enfants. 

Nous  ne  ferons  qu'indiquer  ici  un  fait  qui  mériteraii  un  plus  grand 
développement:  l'intluence  du  corset  sur  la  capacité  vilale.  Inutile  de 
dire  que  tous  nos  sujets  possédaient  cet  instrument  de  première  nécessité  et 
le  portaient  plus  d'une  fois  par  semaine.  Nos  recherches  bibliographiques 
ne  nous  ayant  donné  aucun  résultat  précis  sur  celte  question,  nous  avons 
recherch»  la  capacilé  vitale  de  vingt  femmes  alors  qu'elles  poilaient  ou 
non  leur  corset.  Dans  le  premier  cas,  elles  nous  ont  donné  une  moyenne 
de  2  323  cent,  cubes,  et  dans  le  second,  une  moyenne  de2. 783  cenl.  cubes. 
Par  conséquent,  quanduue  ff  mine  porte  son  corset  sa  capacité  vitale  est  diminuée 
d'un  sixième. 

S'il  a  été  facile  de  relever  sur  l'Annuaire  du  Service  de  Santé,  l'âge  de 
nos  camarades,  les  cartes  des  malades,  rédigées  sans  un  très  grand  souci 
de  l'exactitude,  ne  méritaient  pas  autant  de  confiance.  11  eut  été  hasar- 
deux de  nous  en  rapporter  aux  affirmations  de  l'intéressée.  En  nous  ren- 
seignant auprès  des  sœurs  du  service  et  des  bonnes  camarades  de  salle, 
en  contrôlant  les  unes  par  les  autres,  ces  diverses  indications,  nous  pen- 
sons nous  être  rapproché  autant  que  possible  de  la  vérité,  si  tant  est  que 
l'on  puisse  connaître,  sans  extrait  d'acle  de  naissance,  l'âge  précis  d'une 
jeune  femme. 

La  taille  a  été  mesurée  ;i  la  toise,  dans  les  conditions  ordinaires. 

Le  procédé  enseigné  à  fKcole  Pratique  de  Hautes  Etudes,  nous  a  per- 
mis de  calculer  la  longueur  du  buste.  Le  sujet  assis  sur  un  tabouret  de 
25  centimètres  a  les  jambes  verticales,  le  tronc  bien  droit,  le  regard  hori- 
zontal. Du  cbilTre  lu  sur  la  toise,  on  déduit  rapidement  la  hauteur  du 
tabouret. 

X  défaut  d'un  compas-glissièie  (jue  nous  n'avons  pu  trouver  dans  les 
laboratoires  auxquels  nous  nous  sommes  adressé,  le  compas  d'épaisseur  de 
Broca,  nous  a  servi  à  évaluer  la  largeur  bi-acromiale. 


E.  DEMONF.T.   —   RECHERCHES  SUR   I.A  CAPaOITÉ  VITALE  17 

l'ar  lungueur  du  sleinuui.  nous  (:um[»i'tMi()ns  l'espace  qui  s'étend  de  la 
fourchette  slernale,  à  l'uniun  du  coi[)s  de  Tus  et  de  l'appendice  xyphoïde. 
Son  degré  d'inclinaison  a  été  nienlionnt'-  pardes  numéros  de  1  ào,  notant 
les  individus  à  pai'oi  Ihoracitjue  anléiieure  honibée  ou  {liate,  le  n"  3 
représentant  l'inclinaison  moyenne  et  1  etîi,  les  cas  franchement  extrêmes 
d'aplatissement  et  de  projection 

Le  poids  ;i  toujours  été  recherché  le  malin  à  jeun,  le  sujet  nu- (sexe 
masculin)  ou  couvert  de  vèlem»-nts  (sexe  féminin)  dont  il  était  rigoureuse- 
ment tenu  compte.  L'embonpoint  a  été  également  indiqué  par  des  numé- 
ros variant  de  I  à  3. 

Nous  avons  cru  préférable,  avecun  grand  nombre  d'auteurs  de  prendre 
la  Circonférence  Thoracique  au  niveau  de  l'union  du  corps  du  Sternum 
et  de  l'appendice  xyphoïde.  La  saillie  trop  volumineuse  desseins,  nous  a 
obligé,  chez  (jiielques  femmes,  à  prendre  cette  mensuration  quelquescen- 
timétres  plus  haut  ou  plus  bas. 

Restait  le  choix  d'un  spiromètre.  Rappelons  h  ce  sujet  l'ardente  polé- 
mique qui  s'éleva  en  1856,  sur  les  avantages  respectifs  des  instruments 
fondés  sur  le  principe  des  gazomètres,  et  surcelui  des  compteurs  à  gaz.  Là 
encore,  Schnepf  ne  voulait  pas  de  rival.  Il  <(  dépensa  beaucoup  d'argent 
et  de  temps  »  pour  porter  c|uel(|ue  atteinte  au  «  caractère  scientifique  de 
l'honorable  .M  Bonnet,  médecin  lyonnais  ».  Il  insinuaque  le  pneumomèlre 
de  ce  dernier  n'était  qu'une  copie  d'un  instrument  construit  dix  années 
auparavant  par  un  mécanicien  allemand,  Forstmann.  et  il  prouva,  avec 
beaucoup  de  cbillres  ;i  l'appui,  que  son  appareil  à  lui,  était  bien  supérieur 
h  tous  les  autres  en  général,  et  h  celui  de  Bonnet  en  particulier.  Nous  ne 
nous  permettrons  pas  de  contester  une  supériorité  si  bien  justiliée,  mais 
nous  ne  montrerons  pas  non  plus,  pareille  sévérité  envers  Bonnet.  Nous 
croyons  en  eiïet  que  ce  dernier  a  eu  raison  d'employer  le  compteur  h.  gaz 
comme  pneumomètre,  non  parce  que  nous  nous  sommes  servi  pournos  re- 
cherches personnelles  d'un  instrument  de  ce  genre,  mais  parce  qu'il  nous 
a  paru  être  réellement  le  meiileurde  ceux  qui  étaient  à  notre  disposition.  Le 
spiromètre  de  Boudin  donne  des  chillres  tellement  faiblesque  le  discrédit 
dans  lequel  il  est  tombé,  s'explique  facilement.  Notre  compteur  àgaz  se  rap- 
prochait autant  du  pneumomètre  de  Bonnet,  que  l'appareil  de  Schnepf,  de 
celui  d'iiutrbinson  ;  et  dans  des  expériences  comparatives,  il  a  toujours 
accusé  une  capacité  vitale  .supérieure  h  celle  que  donnait  dans  les  mêmes 
circonstances,  l'instrument  de  l'auteur  anglais.  Nous  devons  remercier  ici 
M.  le  l'iofesseur  Doyon  d'avoir  bien  voulu  mettre  à  notre  disposition  les 
ressources  de  son  laboratoire,  et  nous  prêter  pendant  de  longs  mois  un 
instrument  dont  la  précision  ne  laissait  rien  à  désirer.  Aussi,  sur  les  con- 
seils de  ce  savant  physiologiste,  soutenu  en  outre  par  l'autorité  de  M.  le 
professeur  Mathias  Uuval  conseillant  ;i  M.  le  .Médecin-Major  Oriow,  de 
faire  de  cette  façon  des  recherches  spiromélri(|ues,  avons-nous  utilisé  un 
compteur  à  gaz  de  précision  semblable  à  celui  dont  on  se  sert,  pour  des 
expériences  similaires,  au  laboratoire  de  médecine  expérimentale  de  la 
Faculté  de  Lyon. 

soc.  d'anthrùp.  1905.  2 


18  ."•  jvNviKit  i'.>ori 

Tandis  ijui'  certains  aiitciir>  liouvtMil  i  nlauiin  IVmploi  <lii  spinimèlie, 
«l'aiilit's  allinntMil  que  l'on  jrol)lienl  pas  facilcuienl  ceik'  manœuvre  delà 
pari  de  lous  les  sujets  «  (l'est  une  éducation  à  faire,  en  montrant 
l'exemple.  »  Si  cette  ofiinioii  est  très  vraie,  peut-être  a-ton  exagéré 
quand  on  a  écrit  :  «  Dans  nos  reclierclies,  nous  avions  recours  ;\  l'émula- 
tion pour  faire  donner  aux  sujets  en  expérience  leur  maximum  dampli- 
tude  respiratoire.  C'était  à  qui  donnerait  les  chiffres  les  plus  élevés. 
Il  fallait  même  les  surveiller  pour  les  empéchei'  de  tricher  en  expirant 
deux  fois  au  lieu  d'une.  »  Il  s'agit  de  Parisiennes,  et  nous  sommes  obligé 
d'avouer  que  bien  peu  de  Lyonnaises  ont  montré  pareil  enthousiasme 
pour  la  spiromélrie. 

Si  les  diilicultés  que  ce  mode  d'exploitation  pulmonaire  présente  ne 
doivent  pas  être  exagérées,  elles  ne  doivent  pas  non  plus  être  négligées.  E 
d'abord,  il  est  certains  sujets  qui  sont  ab.solument  incapables  de  se  servir 
d'un  spiromètre.  Pour<^uoi?  Nous  l'ignorons.  Déjà,  à  lEcole,  deux  de  nos 
camarades  nous  avaient  donné  des  résultats  tellement  diiïére;,ts  qu'il 
nous  était  impossible  d'en  tenir  compte.  Pareil  lait  s'est  reproduit  plus 
fréquemment  chez  les  femmes  :  comme  nous  leur  en  demandions  la  rai- 
son, elles  nous  répondaient  presque  invariablement:  Je  ne  sais  pas,  je 
comprends  fort  bien  ce  que  vous  désirez,  mais  je  ne  peux  pas  ».  Si  leur 
bonne  foi  peut  être  mise  en  doute,  il  ne  doit  certainement  pas  en  être  de 
môme  pour  nos  camarades.  Aussi  préférons-nous  à  cette  opinion  deSchnepf  : 
«  La  simplicité  d'exécution  de  la  spirométrie  est  telle  qu'elle  est  à  la  por- 
tée de  toutesles  intelligences  >;,  l'appréciation  du  Dictionnaire  de  Decham- 
bre  :  Il  va  de  soi  que  les  indications  spiromètriques  n'ont  de  valeur  que  si 
les  personnes  en  expérience  comprennent,  veulent  et  peuvent  exécuter  sans 
douleuicequ'on  leurdemande.  ».Maisest-ce  bienladouleurquiintervientici? 
Par  contre  Schnepfa  parfaitement  raison  quand  il  écrit  :  «  La  respiration 
lente  et  profonde  est  celle  (jui  donne  les  résultats  les  plus  uniformes,  et 
les  plus  précis,  par  conséquent.  Après  2  ou  3  actes  respiratoires,  on  re- 
marque déjà  que  la  quantité  d'air  mise  en  circulation  pendant  chacun  de 
ces  actes,  reste  à  peu  près  constante  et  invariable;  dès  lors  il  est  inutile 
d'aller  plus  loin... 

Nous  faisons  respirer  les  personnes  par  la  bouche,  sans  nous  préoccu- 
per de  la  communication  des  voies  respiratoires  avec  l'air  extérieur  par 
les  narines,  l'air  ne  passant  pas  par  le  nez  quand  on  respire  parla  bouche. 
Toutefois,  il  ne  faut  pas  se  lier  h  toutes  les  personnes;  il  y  en  a  qui  s'y 
prêtent  tellement  mal  qu'il  est  difficile  deleur  faire  comprendre  cette  petite 
pratique.  Ce  qui  nous  amène  à  dire  qu'il  faut  pources  expériences  une  cer- 
taine babilude. 

Schnepf  ayant  démontré  que  la  position  assise  donne  les  résultats 
les  pliis  élevés,  nous  l'avons  adoptée 

Souvent,  h  la  fin  de  l'expiration,  le  sujet  en  expérience  fait  volontaire- 
ment ou  non,  une  inspiration  brusi^ue  suivie  d'une  expiration  très  rapide. 
Cette  cause  d'erreur  se  traduit  immédiatement  au  compteur  par  un  arrêt 


K.    DKMuNET.    —   UECHEUCURS  SIK  LA  OAHACITÉ  VITALK  19 

et  iiKhnc  un  iiiuiivciiKMit  n'trugadt- do  l'ai^Hiille  qui  mot  on  garde  contre 
elle. 

La  forme  de  l'euibouchure  a  également  son  importance.  En  général, 
elle  ressemble  soit  à  un  tuyau  de  pipe,  soit  ii  colle  que  l'on  adapte  k  un 
clairon.  Nous  avons  adoptécette  dernière  variété,  parce  que  dans  des  re- 
cliorchos  comparatives,  elle  nous  a  tuujuurs  d(jnné  des  résultats  sensible- 
ment plus  élevés. 

Enfin  nous  avons  évité  de  prendre  nos  données  spirométriques.  après 
un  exercice  violent,  escrime,  o(|uilalion  etc.,  la  capacité  vitale  nous 
ayant  paru  angmenti'e  do  l.'iO  à  :200  centimètres  cubes  environ,  chez  plu- 
sieurs do  nos  camarades,  étudiés  spécialement  îi  ce  point  de  vue. 

Kiiss  pense  pour  l'avoir  constaté  sur  lui-même  ({u'uno  variation  de 
200  cenliiiiétros  cubes  dans  les  résultats  spirométriques  obtenus  sur  un 
adulte  est  physiologique.  Nous  avons  pris  pour  cbifTre  indiquant  la  capa- 
cité vitale,  la  moyenne  de  trois  expériences  consécutives,  scrupuleuse- 
ment relevées  dans  l'ordre  où  elles  ont  eu  lieu,  après  un  certain  nombre 
d'épreuves  pendant  lesquelles  le  sujet  apprenait  h  se  servir  de  l'instru- 
ment. Le  premier  chitlVe  étant  tantôt  plus  fort,  tantôt  plus  faible  que  le 
second  ou  le  troisième,  parfois  égal  à  ces  deux  derniers,  on  doit  donc 
écarter  toute  hypothèse  d'accoutumance  k  l'appareil,  ou  de  fatigue  résul- 
tant de  plusieurs  inspirations  forcées  successives. 

Voici  les  variations  que  nous  avons  relevées,  au  cours  de  nos  recherches. 


10  hommes 

7 

9 

18 

femmes 

o         — 
30        — 



11         - 

18 

— 

43        - 

48 

— 

Variatii^n  nulle 

—  de    50  centiuièlres  cubes. ..  . 

—  de  100  —  —    .... 

—  de  150  —  —     . . . . 

—  de  200  —  —     .... 

Nous  pensions  alors  qu'en  physiologie,  il  n'exi.^te  pas,  il  ne  saurait 
existerdochinVos  absolus.  »  Les  forces  vitales  ne  se  traduisent  pas  par  des 
formules  algébriques  comme  les  forces  physico-chimiques  :  on  ne  peut 
tabler  ici  que  sur  des  moyennes,  étant  donné  la  complexité  intrinsèque 
des  phénomènes  vitaux  d'une  part,  et  de  l'autre,  la  multiplicité  des  fac- 
teurs qui  les  influencent.  »  (Charrin).  C'est  pourquoi  nous  avons  adopté, 
pour  faire  nos  calculs,  la  moyenne  de  trois  expériences,  représentant  en 
quel(|ue  sorte,  un  maximum  inoyen.  Peut-être  eut-il  été  préférable,  d'adop- 
ter le  maximum  absolu,  représenté  par  le  chilfro  le  plus  élevé,  fourni  par 
chaque  sujet. 

.Notre  «  modus  faciendi  »  étant  toujours  resté  identique  à  lui-même, 
dans  le  cours  de  nos  rechei-ches,  nous  avons  cherché  à  échapper  à  des 
causes  d'erreur  imprévues.  l'our  cela,  nous  avons  constitué  des  «  sujets 
témoins  »  dont  la  capacité  vitale,  nollemeut  déterminée  était  fréquem- 
ment mesurée  à  nouveau.  Comme  elle  est  sans  cesse  restée  sensiblement 
constante  chez  tous,  nous  croyons  être  en  droit  d'en  conclure,  que  dans 
nos  expériences,  nous  nous  sommes  rapproché,  autant  (pic  possible,  de 
«  ce  qui  est.  » 


-20 


."»    JANMKH     l'.Mt;') 


De  la  capacité  vitale  absolue  et  relative  dans  le  sexe  masculin. 
Capacité  vitale  absolue. 

Il  eut  élè  fastidieux  de  publier  en  détail  les  mensurations  prises  sur  les 
deux  cents  personnes  (jui  se  sont  prêtées  h  nos  recherches.  Aussi  expo- 
serons-nous imniédiateinenl  l'ordination  des  séries  d'après  les  divers  fac- 
teurs que  nous  nous  sommes  proposé  d'étudier. 

Il  y  a  un  triple  avantage  à  accorder  la  première  place  à  la  capacité 
vitale  elle-môiiie  :  cette  mise  en  série  résume  les  pages  supprimées,  donne 
une  idée  générale  des  rapports  que  cette  rapacité  présente  avec  les 
diverses  dimensions  du  corps,  et  permet  d'établir  une  moyenne  générale 
de  l'une  et  des  autres. 

Tableau  I 
Ordination  d'après  la  capacité  vitale. 


MOVKNXER   DES    DIMENSIONS 


Capacité  vitale 
Taille.     .     ,      . 


Buste 

Membre  iiii'érieur   . 
Lari-'eiir  bi-acroiiiiaie  . 
Longueur  du  slernuiii. 
Circonférence  tlioracii|ue 
Amplitude  du  thorax 


Poids 59 . 4 


Mégasomie  approchée 

bi-acromiale  . 
-Mégasoiuie  approchée 

rence  tboracique. 


Taille  X  Largeur 
Buste  X  Circonlé- 


MOYKXNES  DES  RAPPORTS 

Taille  ■=.  100.  Capacité  vitdle.     . 

Poids 

Largeur  bi-acromiale. 

Circonférence  thoracique. 
Buste  :=  100.  Capacité  vitale.     ... 

Membre  inférienr. 
Mégasomie  approchées  100  (Taille XLarg 

bi-acroniiaie)  :  capacité  vitale. 

Mégasomie  a])procliée  =:  100  (Buste  X  ''ir- 

conférenoe  thoraciqne  :  capacité  vitale    . 


I  (30) 


3.320 

l.(i40 
0.N03 
0.777 
0.354 
0.154 
0.818 
0.0()8 


58.06 
70.59 


2.024 
.36.2 
21.59 
49.27 

3.847 
90.0 


5.720 
4.702 


II  (40) 


3.863 

1.711 
0.883 
0.828 
0..360 
0.165 
0.840 
0.078 
64.7 

61.60 

74.17 


2.258 
.37.8 
21.04 
49.09 

4.375 
93.9 

6.271 

5.216 


III  (30) 


4.568 
1.747 
0.901 
0.846 
0.370 
0.170 
0.871 
0.095 
70.3 

64.64 

78.42 


2.614 
40.2 
21.18 
50.20 

5.066 
93.9 

7.066 

5.830 


1+11+111 
(100) 


3.912 

1.700 
0.882 
0.818 
0.361 
0.164 
0.842 
0  080 
64.8 

61.37 

74.26 


92.7 


D'une   façon  générale,   à   mesure  que  la  capacité  vitale  s'élève,  toutes 


E.    DEMONF.T.    —    RECHEItCHES  sm  LA    (UI'ACITK   VlTM.i:  2| 

dimensions  du  corps  aufimentmxt  aussi  ;  il  en  est  de  même  de  la  méiiusomie,  de 
l'eurtfplaslie  et  de  l'indice  de  corpulence.  Sans  doute,  le  parallélisme  n'est 
pas  étroit  entre  tous  ces  facteurs;  l'accroisseinent  de  l'un  n'entraîne  pas 
forcément  une  augmentation  proportionnelle  des  autres.  Cependant,  il 
nous  est  impossible  de  ne  pas  faire  remarquer  dans  celle  ordination  quels 
rapports  étroits  unissent  la  capacité  vitale  à  la  mégasomie,  à  l'amplitude 
thoracique  et  à  l'indice  df  corpulence. 

La  colonne  IV  du  tableau  I  donne  la  moyenne  de  la  capacité  vitale 
absolue,  de  toutes  les  dimensions  du  corps,  et  de  tous  les  rapports  qui 
s'y  rattacbent.  Celle-ci  est  de3.'Jl2  centimètres  cubes.  Elle  résulte  de  cbifTres 
dont  les  valeurs  extrêmes  sont  2.730  et  5.730  centimètres  cubes,  séparées 
par  une  différence  supérieure  ;i  la  plus  faible  d'entre  elles.  Maëstrelli,  qui 
a  fait  ses  recbercbes  sur  des  soldats  italiens  de  vingt-deux  ans  environ, 
admet  qu'elle  est  de  3.911  centimètres  cubes.  Smilh  la  trouve  égale  à 
3.770  et  Scbnepf  à  3.936  centimètres  cubes. 

Sans  doute,  il  est  intéressant  de  rapprocher  ces  chiffres,  mais  leur 
interprétation  rigoureuse  exige  qu'on  ne  perde  pas  de  vue  les  conditions 
dans  lesquelles  ils  ont  été  obtenus,  les  moyennes  dont  ils  dépendent  et 
dont  ils  sont  inséparables.  Tous  ces  auteurs,  en  effet,  sont  de  nationalité 
différente,  leur  technique  est  personnelle  et  par  conséquent  essentielle- 
ment variable,  et  leurs  expériences  ont  été  poursuivies  dans  des  circons- 
tances dont  la  diversité  rend  plus  ou  moins  valable  la  comparaison. 

La  seule  conclusion  indiscutable  que  l'on  pourrait  tirer  de  ce  rappro- 
chement est  la  suivante  :  Le  chijj're  de  3.500  centimètres  cubes  admis  classi- 
quement comme  représentant  la  capacité  vitale  absolue  d'un  adulte  bien  constitué, 
est  trop  faible;  3.900  centimètres  cubes  se  rapprocheraient  davuntaf/e  de  la 
réalité. 

Cependant,  il  serait  inexact  d'alïirmer  brutalement  que  3.912  centi- 
mètres cubes  représentent  la  capacité  vitale  absolue  d'un  adulte  français 
de  20  à  25  ans,  d'une  taille  de  l  m.  700.  Et  d'abord  la  taille  moyenne  des 
Français  délinquants  et  non  délinquants,  est  la  même  :  1  m.  653  environ. 
Il  existe  donc  dans  notre  chiffre,  une  différence  importante,  puisqu'elle  a 
nécessairement  un  retentissement  considérable  sur  la  mégasomie.  L'expli- 
cation de  ce  fait  nous  est  fournie,  comme  nous  le  démontrerons  plu€loin, 
par  les  théories  de  M.  Manouvrier.  Les  cent  élèves  de  l'École  du  Service 
de  Santé  militaire,  pouvons-nous  dire  dès  à  présent,  sont  des  macroB- 
kèles  par  éducation,  par  inactivité  musculaire,  par  station  assis  prolongée 
pendant  des  années.  Aussi,  pour  être  exact,  résumerons-nous  dans  cette 
proposition  (jui  indique  les  principales  conditions  dans  lesquelles  nous 
étions  placé,  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  : 

La  capacité  vitale  absolue  d'un  Français  de  20  à  25  ans,  d'une  taille  de 
1  m.  700,  macroskèle  marroplaste  par  éducation,  est  de  3.012  centimètres 
cubes. 

Ce  n'est  pas  à  dire  pour  cela  que  tout  individu  sain  doit  atteindre  ce 
chiffre  :  ce  dernier  n'est  qu'une  moyenne,  et  suivant  les  circonstance  une 


2i  5  JANVIER    1905 

capacité  vitalp  de  2.7.30  centimèlies  cubes  est  tout  aussi  normale  qu'une 
autre  de  0.730  LPntiiut'tn-s  cubes. 

Nous  ni'  v»»ulons  pas  i\  co  propos,  entamer  l'intéressante  question  des 
applications  clini.iues  de  la  spirométrie.  Après  avoir  eu  son  moment  de 
vo,2:ue  et  d'engouement,  cette  méthode  est  tombée  dans  un  oubli  profond 
et  mérité.  .Nous  ne  croyons  pas  cju'il  soit  utile  de  lu  faire  revivr.'.  Indé- 
pendamment des  dinicullés  techniques  qu'il  présente,  l'emploi  du  spiro- 
mètre reste  incontestablement  soumis  ;i  la  bonne  volonté  de  celui  qui  s'en 
sert,  car  il  est  bien  difficile  de  forcer  un  sujet  à  faire  une  inspiration 
forcée  suivie  d'une  expiration  maxima.  C'est  pourcjuoi,  il  est  un  peu  sur- 
prenant de  voir  un  médecin  militaire  italien,  d'une  compétence  incontes- 
tée, Maëstrelli,  suspecter  la  bonne  foi  des  conscrits  quand  il  prend  sur 
eux  des  mensurations  thoraciqnes,  ne  pas  la  mettre  en  doute  quand  il 
leur  fait  donner  leur  capacité  vitale  au  spiromètre,  et  rapprocher  dans 
ces  conditions  celle-ci  de  celles-là. 

Ce  rapprochement  lui-même,  mérite-t-il d'être  fait?  Nous  ne  le  pensons 
pas  quand  il  s'agit  de  cas  pris  isolément.  A  une  même  taille,  à  un  même 
poids,  il  un  même  buste,  ii  une  même  longueur  du  sternum  correspon- 
dent des  valeurs  tellement  variables  qu'un  rapport  déterminé  laisse  beau- 
coup de  doutes  sur  son  exiclilude  C'est  ainsi  qu'un  relève  pour  la  taille 
l  m.  61,  3.750  et  2.730  centimètres  cubes,  pour  la  taille  1  m.  83.  4.300 
et  5.730 oentimètrescui)es.  .V  une  longueur  du  sternum  de  152  millimètres 
correspondent  3  000,  4850  et  4800  centimètres  cubes;  pour  la  longueur 
103  niillimèires  on  note  2930  et  4530  centimètres  cubes.  Il  en  est  ainsi 
pour  toutes  les  dimensions  et  pour  tous  les  rapports. 

Obtient-on  plus  de  précision  quand  on  unit  la  capacité  vitale  à  plusieurs 
facteurs  combinés?  C'est  possible.  Nous  avons  vu  que  Maëstrelli  avait,  à 
cet  effet,  dre-sé  des  tableaux  qui  sont  restés  dans  le  domaine  de  la  pure 
théorie  Nous  ne  pouvons  porter  sur  eux  une  appréciation  quelconque, 
nos  dimensions  n'étant  pas  celles  de  l'auteur  italien.  Mais  ce  que  nous 
affirmons  de  la  façon  la  plus  catégorique,  c'est  qu'aucune  combinaison 
des  fadeurs  que  nous  avons  analysés,  ne  nous  a  permis  d'obtenir  une 
c  mclusion,  d'établir  une  formule,  s'adaptanl  étroitenment  à  chaque  cas 
particulier.  Un  à  peu  près  est  insuffisant:  il  faut  obtenir  une  exactitude 
mathématique.  Elle  est  encore  à  trouver. 


Rapports  de  la  rapacilé  vitale  avec  la  taille. 

C'est  à  la  taille  (jue  l'on  a  rapporté  le  plus  souvent  les  données  spiro- 
métriques. 

Tandis  qn'llnlcliiiisdn  cl  Smilli  atlirni''nt  que  la  capacité  vitale  aug- 
mente de  60  centimètres  cube.s  pu-  centimètre  de  taille,  Wassiljew  pense 
que  cette  augmentation  atleint50  centimètres  cubes  seulement,  et  Schnepf 
tout  en  reconnaissant  une  certaine  influence  à  ce  facteur,  la  suppose 


E.    DEMONET.    —  RECHI  KCIIES  SLR   LA  CAl' VCH1-:  VITALE 


-23 


tellement  peu  iinporlaiile  i|iril  ne  cherche  pas  ;\  In  .li^îenniner,  et  la  sa- 
bonloiine  à  celle  de  làge, 

Tableau  II 
Ordination  d'après  la  taille. 


MilYENXKS    DES    DIMENSIONS 


Taillp  .  .  .  .  . 
Buste.  .  .  . 
Mi-nibre  inlV-riciir  . 
Largeur  bi-aei-oniialc  . 
Loiijjiieur  du  sternum 
Poids 


Mégasomie  ap{irocliée  :   Tailli'  X  '-arir.  hi-afroin, 
id.  huste  XiJircontér.  Ihorac 

Cirronférence;lhorariqu<' 

Amplitude  du  thorax 

Capacité  vitale 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 


Tailh 


100 


Buste 

Membre  inférieur. 

Largi'ur  bi-acromiale. 

Lonirueur  du  sternum 

Poids     ...... 

Circonférence  thorar-ique 

Amplitude  du  thorax 

("apacité  vitale  .... 

Mi-mitre  inféripur.     . 

hargi'uV  bi-af^riunialc 

Longueur  du  sternum    . 

Circonférence  thoracique 
ipprochée  (Taille  X  Largeiu'  bi-acro 
1(10  Capacité  vitale   . 
Mésiigamii'  ;ippri»chée  :    (Buste   X   Circou 

lii(irari(pio)  2=  100:  Capacité  vitale     . 
Poids  :=  100:  Capacité  vitale.     . 


Busl.'  —  1H(I 


Mégasduiii 
miale) 


I  (30] 


1.628 

().8(;-.> 

0.706 

0.:i53 

0.154 

58.8 

57.40 

70.86 

0.822 

0.671 

3.418 


52.9 

17.1 

21.7 

9.46 

30.1 

50.4 

4.3 

2.100 

88. 9 

41.0 

17.9 

95.4 


5.948 


4.825 
5.813 


Il  (30) 


1.700 

0.N78 

0.822 

0.359 

0.166 

65.0 

61.09 

73.88 

0.846 

0  OSO 

3.916 


51.7 

48.3 

21.1 

9.76 

38.3 

49.8 

4.7 

2.304 

92.7 

40.9 

18.7 

95.2 


6.410 

5.300 
6.025 


m  (30) 


1.772 

0.910 

0.8(')2 

0.374 

0.171 

70.7 

66.27 

78.62 

0.865 

(I.OSO 

4.400 


51.4 
48.6 
21.1 

9.76 
39.0 
48.4 

5.0 
2.483 
94.7 
41.1 
18.8 
95.1 

6.f)39 

5.592 
6.223 


Le  tableau  II  qui  expose  les  relations  de  la  capacité  vitale  et  des  autres 
dimensions  du  corps,  avec  la  taille,  montre  qu'à  un  point  de  vue  absolu: 

A  memre  que  la  taille  s'élère.  la  cai'acité  vitale  el  toutes  les  dimensions  du 
corps  aufimenlenl  aussi  dans  des  jtroportions  plus  ou  moins  considérables. 

Relativement  à  la  taille  : 

La  capacité  vitale  augmente. 

Le  membre  inférieur,  le  poids,  ram|ilitu  le  du  thorax,  la  mégasomie 
augmentent. 


24  5  janvieu  liKJ.'i 

Le  buste,  la  largeur  bi-acromiale,  la  cirionférence  Ihoracique,  l'eury- 
plaslif  diminuent. 

(,)uant  ;\  la  lon.i;ueur  du  sternum,  elle  au.^menle  chez  les  individus  de 
taille  moyenne,  mais  ne  progresse  plus  chez  les  individus  grands.  Tous 
ces  rapports  anlhrupom(^tri(|ues,  sont  en  parfait  accord  avec  ceux  qu'a 
exposés  -M.  Manouvrier  dans  son  récent  ouvrage. 

Cependant  la  taill»;  moyenne  atteint  dans  nos  recherches,  Im.  700: 
elle  est  de  I  m  (i53  dans  les  statistiques  de  M.  Bertillon,  mises  en  œuvre 
par  M.  Manouvrier.  Cet  écart  important  ne  peut  être  expliqué  par  ce  fait 
que  nous  avons  poursuivi  nos  ex[)ériences  sur  des  individus  d'une  taille  de 
1  m.  o&)  et  au-dessus,  et  par  la  présence  d'un  sujet  mesurant  I  m.  900. 
Cette  différence  est  due  à  des  causes  bien  plus  importantes  dont  l'exposé 
sera  fait  bientôt. 

Cette  ordination  d'après  la  taille  montre  combien  est  juste  la  mise  en 
séries  que  nous  a  indiquée  l'éminent  professeur  qui  a  bien  voulu  nous 
prodiguer  et  son  temps  et  ses  conseils.  Il  est  en  etîet  très  intéressant  de 
noter  que  le  deuxième  groupe  composé  des  cas  moyens,  a  une  taille  et 
une  capacité  vitale  absolument  i(lenlii|ues  aux  moyennes  générales.  En 
outre  la  taillé  moyenne  du  premier  et  du  troisième  groupe,  composés  des 
cas  extrêmes,  s'éloigne  respectivement  de  7:2  millimètres  de  celle  du 
deuxième  groupe;  bien  plus,  la  capacité  vitale  de  ce  dernier  diffère  de 
4'J8  centimètres  cubes  de  celle  du  premier,  et  de  484  centimètres  cubes 
de  celle  du  troisième.  Cette  progression  remarquable  met  en  évidence 
non  seulement  les  rapports  étroits  qui  unissent  la  capacité  vitale  et  la 
taille,  mais  encore  le  fait  que  nous  avons  atteint  dans  nos  recherches  la 
série  suffisante,  et  que  nous  l'avons  ordonnée  d'une  façon  aussi  satisfai- 
sante que  possible. 

Ainsi,  le  troisième  groupe  a  par  centimètre  de  taille  67  centimètres  cubes 
de  plus  que  le  second,  et  ce  dernier  a  encore  un  avantage  de  69  centi- 
mètres cubes  sur  le  premier.  Il  en  résulte  donc  que,  dans  la  limite  de  nos 
expériences  de  I  m.  628  a  1  m.  772,  la  capacité  vitale  est  d'autant  plus  élevéeque 
la  taille  est  elle-même  plus  grande.  Cette  progresion  est  presque  mathématique, 
et  l'on  pourrait  écrire  que  quand  la  taille  s'élève  de  un  centimètre  la  capacité 
vitale  aufjmente  de  1)8  centimètres  cubes.  Mais  qu'on  ne  se  hâte  pas  de  géné- 
raliser cette  conclusion,  et  surtout  d'en  faire  des  applications  individuelles. 
Ce  i\\i\  est  exact  pour  un  ensemble  de  cas,  peut  fort  bien  ne  plus  être  vrai 
pour  chacun  de  ces  cas  pris  isolément;  et  il  ne  faut  pas  oublier  qu'on  ne 
doit  demander  à  une  méthode  que  ce  qu'elle  peut  donner.  Aller  au  delà, 
c'est  s'exposer  à  des  mécomptes  certains. 

Cette  conclusion  est  en  opposition  avec  les  idées  généralement  admises 
sur  ce  sujet.  Celte  contradiction  n'est  qu'apparente.  Ilutchinson  soutenait 
déj.'i  que  la  plus  grande  capacité  vitale  relative  ne  correspond  pas  à  la  plus 
grandi'  laille  :  c  serait,  dit-il,  vers  1  m.  79,  l'.'^ge  étant  le  même,  gue  la 
capacité  vitale  serait  la  iilusç/rande.  Notre  mise  en  série  n'est  pas  en  désaccord 
avec  l'aflirmation  de  l'auteur  anglais.  Notre  troisième  groupe  a  une  taille 
moyenne  de  1  m.  772  et  nous  ne  soutenons  pas  plus  que  la  capacité  vitale 


E.   DEMONKT.    —    UECHERCHES  SIU  LA   CAPACITK  VITAr.K  25 

croit  relaliveiuonl  h  la  taille  au-iicssiis  do  I  m.  7110  qu'Hutchinson  ne  pré- 
tend (|u'ell('  diiiiimu'  au-dessus  de  I  ni.  770.  Hieu  ne  prouve  que  si  nous 
avions  eu  une  trentaine  de  sujets  grands,  ayant  comme  taille  1  m.  790, 
cette  progression  ne  se  serait  pas  arrêtée,  et  la  relation,  au  lieu  d'être 
positive,  ne  serait  pas  devenue  négative.  (]'est  du  reste,  ce  (}ue  semblent 
indiijuer  les  quelques  observations  recueillies  sur  ceux  de  nos  camarades 
ayant  une  taille  supéii(Mire  ;\  1  m   (SO. 

.M.  .Manouvrier  pense  ([ue  «  la  capacité  vitale  croit  absolument,  mais 
non  relativement  avec  la  taille,  parce  que  les  organes  de  la  nutrition  n'ont 
pas  besoin  jtbysiologiquement  d'être  développés  proportionnellement  à  la 
masse  à  nourrir,  la  surface  ne  croissant  que  comme  la  racine  carrée  du 
volume,  et  la  quantité  du  travail  musculaire  à  fournir  ne  croissant  pas 
elle-même,  en  moyenne,  proportionnellement  à  la  taille  ».  Le  tableau  II 
indique  que  l'amplitude  du  thorax  croît  avec  la  taille  jusqu'à  1  m.  112. 
Il  ne  fau  irait  pas  en  conclure  pour  cela  qu'elle  croît  toujours  en  moyenne 
avec  la  taille;  mais  il  en  est  ainsi  quand  cette  dernière  ne  dépasse  pas  la 
valeur  indiquée.  Bien  plus  nos  chilTres  nous  porteraient  à  croire  qu'au- 
dessus  de  1  m.  80,  l'amplitude  thoraciciue  n'est  plus  proporlionnnelle  à 
à  la  taille.  S'il  en  est  ainsi,  ram|»lilude  thoracique  et  If^  capacité  vitale 
affectent  exactement  les  mêmes  rapports  avec  la  taille.  Or,  cette  ampli- 
tude du  thorax  «  est  en  rapport  avec  le  développement  des  muscles,  avec 
la  quantité  et  avec  l  intensité  du  travail  mu-culaire  ».  (Manouvrier).  De 
cette  façon,  ne  saisit-on  pas  sur  le  fait  les  relations  intimes  qui  unissent 
la  capacité  vitale  à  ce  second  groupe  des  fonctions  de  l'organisme  que 
M.  .Manouvrier  a  dénommé  :  énergie  musculaire. 

Le  degré  de  mégasumie  des  grands  individus  peut  aussi  être  considéré 
comme  une  raison  de  cette  anomalie  apparente  que  Smith  et  VVawiljew 
admettent  quand  ils  écrivent  sans  restriction  que  la  capacité  vitale  croît 
de  50  à  60  cent,  cubes  par  centimètre  de  taille  :  seulement  ils  ont  négligé 
cette  conséquence  de  leur  conclusion. 

M.  Manouvrier  s'exprime  ainsi  sur  la  valeur  delà  taille  adoptée  comme 
terme  de  comparaison  :  a  IJien  que  la  stature  soit  en  rapport,  d'une 
manière  générale  avec  le  développement  total  de  l'organisme,  elle  ne 
mesure  évidemment  pas  le  degré  de  mégasomie  ou  de  microsomie, 
puiscjue  l'on  sait  que  les  dimensions  transversales  sont  très  variables 
pour  une  même  stature,  suivant  la  race,  le  sexe,  l'âge,  suivant  les  indi- 
vidus, et  même  si  l'on  compare  entre  eux  des  groupes  homogènes  de 
même  âge,  de  même  race  de  même  sexe,  et  formés  uniquement  d'après 
la  stature.  » 

N'ayant  pu  prendre  un  diamètre  antéro-po.^térieur  du  thorax,  nous 
parlerons,  ù  titre  de  compromis  d'investigation  seulement,  de  deux  indices 
d'une  méffasomie  approchée  représentés  l'un  par  le  produit  de  la  taille  par 
largeur  bi-acromiale,  l'autre  par  le  produit  du  buste  par  la  circonféience 
thoracique.  Sans  nul  doute  cette  manière  de  faire  est  imparfaite  :  aussi, 
nous  proposons  nous  de  vérifier,  dans  un  travail  ultérieur,  les  résultats 
qu'elle  nous  a  permis  d'obtenir. 


26  o  jANviKn  l'.tn;i 

Ov,  la  mégasoinie  croft  absoliimenl  el  relativement  avec  la  taille,  et  la 
capacité  vitale  croft  aussi  ahsoliimcnt  et  relativemenC  avec  la  mégasomie. 
Mais  à  inégasomie  l'^ale,  les  plus  gi'aruls  oi)t  une  capacité  vitale  rjui  tend 
à  ilevenir  inlërieureà  celle  des  petits.  Cette  contradiction  met  en  évidence 
ce  fait  que  nos  indices  d<'  tnéirasumie  approchée  sont  suffisants  pour 
montrer  les  véritables  rapports  de  la  mégasomie  et  du  développement 
pulmonaire  chez  les  plus  grands,  mais  insuffisants  pour  exprimer  la 
mégasomie  absolue. 

Il  y  a  dt^  sérieuses  raisons  de  penser  (juc  le  diamètre  antéro-poslérieur 
de  la  poitrine  présente  avec  la  taille,  les  mêmes  rapports,  plus  accentués 
encore,  que  la  largeur  bi-acromiale  :  il  croît  absolument,  mais  non  rela- 
tivement avec  la  stature.  S'il  en  est  ainsi  la  mégasomie  résultera  de  deux 
multiplications  qui  se  feront  en  somme  aux  dépens  des  grands,  et  si  une 
a  sufli  pour  rendre  probable  l'infériorité  de  ces  derniers  au  point  de  vue 
de  la  fonction  respiratoire,  cette  probabilité  aurait  bien  des  chances  d'être 
changée  en  certitude  par  un  indice  de  mégasomie  absolue,  obtenu  par 
la  mise  en  œuvre  des  trois  dimensions. 

Le  poids  exprime  aussi  la  mégasomie  dans  la  mesure  où  il  n'est  pas 
influencé  par  l'embonpoint.  Certainement,  cet'e  cause  d'erreur  n'a  pu 
être  évitée  d'une  façon  complète,  mais  elle  a  été  réduite  à  son  strict 
minimum  par  le  fait  que  les  élèves  de  l'Ecole  de  santé,  ne  présentent  pas 
entre  eux,  de  très  grandes  diiïérences  au  point  de  vue  du  développement 
du  tissu  adipeux.  C'est  pourquoi  ce  nouvel  élément  conlirme  ce  que  nous 
venons  de  dire  au  sujet  de  la  mégasomie,  en  montrant  que  les  petits  ont 
relativement  à  leur  poids,  une  capacité  vitale  de  très  peu  inférieure  k 
celle  des  grands. 

L'influence  de  la  inégasomie  se  substituerait  donc  à  celle  de  In  taille  propre- 
ment dite. 

Cne  autre  explication  peut  être  cherchée  dans  la  façon  dont  s'opèrent 
les  échanges  au  niveau  des  poumons.  Ce  qui  est  vraiment  utile  pour  l'orga- 
nisme, ce  n'est  pas  tant  le  volume  d'air  introduit  dans  la  poitrine,  que  la  surface 
au  niveau  de  laquelle  s'opèrent  les  (khanges  respiratoires.  Or,  les  volumes 
s'accroissent  en  raison  de  la  puissance  3,  et  les  surfaces  en  raison  de  la 
puissance  2  seulement  Dans  la  circonstance  actuelle  le  volume  se  mesure 
par  la  capacité  vitale;  il  croît  relativement  avec  la  taille.  Comment  la  sur- 
face de  ce  volume  peut-elle  être  représentée?  Maëslrelli  a  démontré  que 
de  toutes  les  dimensions  du  thorax,  la  longueur  du  sternum  est  celle  qui 
est  le  plus  en  rapport  avec  la  capacité  vitale  :  il  a  prouvé  que  le  volume 
du  tronc  de  cône  pulmonaire  peut  être  avec  assez  de  précision,  représenté 
par  le  produit  de  la  longueur  du  sternum  par  la  surface  d'un  plan  passant 
par  le  milieu  de  cette  pièce  squelettique  Ce  qui  est  vrai  pour  le  volume, 
doit  l'être  aussi  pour  la  surface,  si  on  prend  pour  représenter  cette  der- 
nière, le  produit  de  la  longueur  du  sternum  par  la  circonférence  thora- 
cique.  La  graisse  n'intervient  pas  pour  diminuer  la  valeur  comparative 
de  celte  dernière,  puisque,  nous  le  répétons,  tous  nos  sujets  ont  à  peu 
près   le  même  embonpoint,  et  sa  mensuration  effectuée  au  niveau   de 


E.   DEMONET.    —  HECHEUCHES  SIR   I.A  CAPACITÉ  VITALE  27 

l'union  du  corps  «lu  sternum  ot  de  l'appendic*  xyphoïde  ne  constitue  pas 
un  défaut  telleaicnt  grave  que  la  comparaison  de  nos  S  groupes  soit  à 
ce  point  de  vue  nulle.  De  cette  fayon  :  la  surface  des  échanqes  respiratoires 
lie  croit  plus  relativement  à  la  taille;  elle  est  sensihlemene  la  même  pour  tous  les 
individus:  peut-être  même  hs  individus  jietits  seraieiit-ils  sous  ce  rapport  plus 
favorises  (jue  les  yrands. 

Cette  application  exigerait  pour  (Mrc  rcrlaine,  (jue  la  température  de 
l'air  expiré  soit  plus  élevée  cliez  les  petits  t|ue  chez  les  grands,  et  (jue  le 
quotient  respiratoire  soit  plus  faiblr  ihez  ceux  ci  que  chez  ceux-là.  Ce 
sont  lîi  des  faits  soupçonnés  mais  non  définitivement  démontrés. 

Toutes  les  recherches  anthropométri(jues  ont  établi  la  diminution  du 
buste,  et  l'augmentation  des  membres  inférieurs  par  rapport  à  la  taille, 
à  mesure  que  celle-ci  s'élève.  C'est  aussi  ce  qui  résulte  de  notre  tableau  II. 
Chez  les  grands  le  membre  inférieur  est  i)lus  long  par  rapport  au  buste 
que  chez  les  petits  :  par  conséquent  l'allongement  du  buste  n'est  pas  pro- 
portionnel à  celui  des  membres.  L'accroissement  de  la  taille  porte  donc 
principalement  sur  les  membres  inférieurs,  contrairement  aux  résultats 
obtenus  par  .M.  [{ollet.  et  conformément  aux  résultats  classi(]ues.  C'est 
une  conclusion  à  laquelle,  du  reste,  était  arrivé  M.  Manouvrier  en  utili- 
sant non  seulement  les  mensurations  de  M.  Bertillon,  mais  encore  celles 
de  M.  Rollet  lui-même.  Il  a  montré  en  effet,  que  la  mise  en  séries  de  ce 
dernier  auteur  était  défectueuse,  et  c'est  en  séparant  les  vieillards  et  les 
adultes,  qu'il  a  rétabli  l'exactitude  des  faits. 

La  largeur  bi  acromiale  est  relativement  à  la  taille  plus  grande  chez 
les  individus  d'une  stature  élevée  (^eux-là  semblent  compenser  par  cet 
accroissement  l'infériorité  dans  laquelle  ils  se  trouvent  vis-à-vis  de  ces 
derniers  par  la  longueur  de  leur  sternum  qui  chez  eux  est  relativement 
plus  courte. 

La  circonférence  thoracique  décroît  relativement  h  la  taille  à  mesure 
que  celle-ci  s'accroît.  Ce  rapport  avait  autrefois  une  grande  importance 
dans  le  recrutement  militaire.  On  supposait  alors,  ^sur  la  foi  de  certaines 
moyennes  anthropométriques  qu'un  homme  bien  conformé  devait  avoir 
une  circonférence  thoracique  au  moins  égale  à  la  moitié  de  sa  stature.  En 
conséquence,  les  conscrits  ne  remplissant  pas  cette  condition  étaient 
déclarés  impropres  au  service  militaire.  Cette  règle  est  aujourd'hui  rejetée 
ajuste  litre.  Ceux  qui  seraient  chargés  de  l'appliquer  seraient  les  pre- 
miers à  s'y  soustraire.  En  effet,  les  individus  petits  présentent  seuls,  en 
moyenne,  le  rapport  exigé  :  les  sujets  de  plus  de  1  m.  65  ne  l'atteignent 
pas  d'une  façon  générale  :  il  tend  donc  à  les  désavantager. 

Nous  savons  déjà  que  le  poids  et  l'indice  de  corpulence  croissent  abso- 
lument et  relativement  avec  la  taille. 

Enfin,  la  brachysélie  et  la  macroskélie  se  rencontrent  associées  à  toutes 
les  statures. 


28 


')    J\NVIEH     lî>()5 


Happints  lie  la  cupnritt'  vildic  nrrr  In  loiti^ueur  du  buste. 

a  Ce  qui  fait  la  valeur  de  la  taille  comme  terme  commun  de  comparai- 
son, c'est  qu'elle  reprt'sente  plus  uu  moins  bien  l'ensemble  du  corps.  Ce 
qui  constitue  son  défaut,  c'est  (ju'elle  est  une  expression  bien  imparfaite 
du  d«^veloppement  général,  et  que  ses  propre  variations  dépendent  de 
deux  facteurs  pn^sque  égaux  et  de  signification  très  différente,  la  longueur 
du  buste  et  la  longueur  du  meinbn'  inférieur  ([ui  sont  loin  d'être  propor- 
tionnelles entre  elles,  et  qui  subissent  tantôt  simultanément,  tantôt  sépa- 
rément, les  variations  considérables  dont  celles  de  la  taille  sont  le»  résul- 
tantes »  (Manouvrier). 


Tableau  HI 
Ordination  d'après  la  longueur  du  buste 


MUYKONES  DES  DIMBi\SIO>S 


Taillf 

Buste 

Membre  inféri<'ur.|. 
Largeur  bi-acromiale., 
Longueur  du  sternum . 
Poids.      ... 


Circontérence  thoracique 

Amplitude  du  thorax 

Mégasoniie  approehéo:  Taille  X  I^arg.  bi-acroni. 
id.                    Buste  X  ^'iroonC.    tliorar 
Capacité  vitale 


MO'ENNBS    DES   RAPPORTS 


Buste  =  100  :  Taille 

Membre  inférieur 

Largeur  bi-acromiale     .... 

Longueur  du  sternum    .      .      .      . 

Poids    ....  .     .      .      . 

Mégasomie  appr.:  Taille  X  Largeur 
bi-acromiale 

Ciroonférenoe  thoracique    . 

.\mplitude  du  thorax      .... 

Capacité  vitale 
Taille  —  100  :  Buste ]     \ 

Largeur  bi-acromiale     .... 

Longueur  du  sternuni    .... 

Conférence  thoracique 
Mésogaœie  approchée  =  100.  (Taille  X  Lare,  bi- 
acromiale).  C.aparité  vitale 
Mésogamie  approchée  =r  100.  (Buste  X  Circonfé- 
rence thoracique).  Capacité  vitale 


1(30) 


1.650 

0.852 

0.798 

0.355 

0.156 

61.1 

0.829 

0.076 

58.58 

70.63 

3.551 


193. 
93. 
41. 

18. 
71. 


68.76 
97.3 
8.9 
4.168 
51.6 
21.5 

9.4(; 

50.2 
6.062 
5.028 


11  (40)   i  m  (30) 


1.696 

0.881 

0.815 

0.360 

0.165 

63.4 

0.843 

0.078 

61.06 

74.27 

3.851 


192.5 

92.5 
40  8 
18.7 
72.0 

()8.18 
95.7 

8.9 

4.371 

52.0 

21.3 

9.73 
49.7 

6.307 

5.188 


1.7.58 

0.915 

0  843 

0.369 

0.168 

70.0 

0.862 

0.087 

64.88 

78.87 

4.354 


192.1 
92.1 
40.3 
18.4 
76.5 

70.91 
94.2 

9.5 

4.758 

52.1 

21.0 

9.56 
49.0 

(1.711 

5.522 


E.   DEMONET     —  RECHERCHES  àLR  LA  CAPACITÉ  VITALE  29 

11  Ptait  (l'aiil.int  plus  intéressant  pour  nous  de  dissocier  rintluence  de 
ces  deux  fadeurs,  que  celte  analyse  île  la  taille  nous  periiiettail  de  com- 
parer au  point  de  vue  du  dévoloppeinent  pulmonaire,  la  longueur  du 
buste  représentant  associés  les  appareils  nourriciers  et  régulateurs  de  l'or- 
ganisme, et  la  longueur  du  membre  inférieur,  traduction  bien  imparfaite 
du  système  musculaire,  de  l'appareil  locomoteur  de  ce  dernier. 

Le  tableau  lll,  ordonné  d'après  la  longueur  du  buste,  et  constituant 
ainsi  le  premier  terme  de  cette  analyse,  montre  que,  en  se  plaçant  k  point 
de  vue  absolu  : 

.4  mesure  que  le  buste  s'élève,  la  capacité  vit'ile  et  toutes  les  dimensions  du 
corps  croissent  aussi. 

Relativement  à  la  longueur  du  buste  : 

La  capacité  vitale  augmente.  lien  est  de  même  pour  le  degré  deméga- 
somie  et  le  poids.  L'amplitude  thoracique  augmente  seulement  chez  les 
individus  dont  le  buste  est  le  plus  grand. 

La  taille,  la  longueur  du  membre  inférieur,  la  largeur  bi-acromiale,  la 
longueur  du  sternum,  la  circonférence  thoracique  diminuent. 

Le  tableau  précédent  montre  que  la  capacité  vitale  augmente  du  premier 
au  deuxième  gioupe  de  300  centimèlies  cubes  quand  le  buste  croît  de 
29  millimètres  :  du  deuxième  au  troisième  groupe,  ce  dernier  s'allonge 
de  34  millimètres  quand  la  capacité  vitale  gagne  503  centimètres  cubes. 
Elle  augmente  donc  d'abord  de  104  centimètres  cubes  puis  de  148  centi- 
mètres cubes  par  centimètre  de  buste.  Il  semble  donc  tout  dabord  que  le 
développement  pulmonaire  n'est  pas  lié  d'une  façon  très  étroite  à  la  lon- 
gueur du  buste,  et  il  est  facile  de  comprendre  que  Schnepf  ait  méconnu 
ces  relations  au  point  de  déclarer  que  la  capacité  vitale  était  absolument 
indépendante  de  la  hauteur  du  tronc  De  plus,  il  est  incontestable  que  la 
taille,  est  à  ce. point  de  vue  un  terme  de  comparaison  bien  supérieur  à  la 
longueur  du  buste. 

Et  cependant,  ce  tableau  n'est  pas  sans  enseignement.  Il  faut  recher- 
cher l'explication  de  ces  rapports  un  peu  extrordinaires  a  priori  dans  les 
variations  concomitantes  de  l'amplitude  thoracique  et  de  la  longueur  des 
membres  inférieurs. 

M.  Manouvrier  pense  que  le  développement  du  thorax  comme  celui  du 
crâne  est  sous  la  dépendance  absolue  de  son  contenu.  L'accroissement  pul- 
monaire tend  à  agrandir  la  cage  thoracique,  et  à  favoriser  l'allongement 
des  eûtes  il  tend  aussi  à  soulever  celles-ci.  Pour  les  poumons,  la  suracti- 
vité musculaire  favorise  nécessairement  l'agrandissement  transversal, 
lequel  sollicite  l'allongement  des  côtes,  d'où  résulte  l'élargissement  tho- 
racique. Sans  doute,  le  diamètre  transversal  de  la  poitrine  nous  fait  défaut, 
et  il  nous  est  impossible,  pour  cette  raison,  de  démontrer  directement 
l'élargissement  thoracique  comme  mode  de  croissance  du  poumon.  Mais 
il  est  facile  de  prouver  que  la  suractivité  musculaire  agrandit  la  cage  tho- 
racique en  allongeant  les  côtes. 

En  effet,  du  premier  au  deuxième  groupe,  l'amplitude  thoracique 
augmente  de  deux  millimètres  quand  la  ciixonférence  thoracique  en  gagne 


30  .")    JANVIKII    1U0.J 

(Iiial(»i/.«' ;  ilu  tli'iixièint'  au  troisième  içroupc,  celle-là  s'accroît  de  neuf 
milliinètres.  et  celle-ci  aiJiïinciile  de  dixiieuf  iiiilliinèlres.  Ces  variations 
sont  donr  |)HiMllèl<'.-;,  et  exacleiniMit  siip('r(»osal)li's  ;i  celle  (jue  pi'ésente  la 
capacité  vitale  elle-int'ui.'.  I)«'  [dus  le  tahieau  11  ordonné  d'après  la  taille, 
indique  (ju'à  amplitude  lin  thorax  éuale,  la  circonférence  Ihoracique  croît 
beaucoup  [dus  du  premier  au  deuxième  groupe  quedu  deuxième  au  troi- 
sième. Le  tableau  III  ordonné  d'après  le  busie,  montre  que  cette  augmen- 
tation est  beaucoup  plus  considérable  pour  le  ti'oisième  i^TOupe  que  pour 
le  deuxième,  jjarce  que  l'amplitude  Ihoracique  de  celui-là  est  plus  élevée. 

Ce  mode  de  développement  pulmonaire  est  encore  confirmé  par  la  lon- 
gueur des  membres  inférieurs  qui  présente  une  augmentation  absolument 
semblable.  (Juand  l'amplitude  du  thorax  aui^menle  de  deux  millimètres, 
d'abord,  puis  de  neuf  millimètres,  les  membres  inférieurs  s'accroissent 
en  premier  lieu,  de  dix-sept  millimèties  et  enfin  de  vingt-huit  milli- 
mètres. Cette  dernière  augmentation  est  ici  indépendante  de  toute  consi- 
dération de  macroskélie,  parce  qu'elle  est  en  parallélisme  étroit  avec 
l'accroisemenc  de  la  longueur  du  buste,  de  l'amplitude  du  thorax,  de  la 
circonférence  thoracique,  et  de  la  capacité  vitale.  Elle  traduit  donc  d'une 
façon  satisfaisante,  dans  les  circonstances  présentts,  le  plus  grand  déve- 
loppement relatif  de  l'appareil  locomoteur,  et  par  conséquent^  une  surac- 
tivité musculaire  relative. 

Il  apparaît  ainsi  nettement  que  l'uccroissement  pulmonaire  se  fait  par 
allongement  des  côtes.  De  plus  celui-ci  tend  à  les  soulever.  C'est  cette  der- 
nière affirmation  que  pourraient  soutenir  les  chiffres  qui  nous  ont  servi 
k  déterminer  le  degré  d'inclinaison  du  sternum.  La  projection  de  celui-ci 
en  avant,  se  rencontre,  en  eiïet,  presque  exclusivement  chez  les  sujets  du 
groupe  m. 

Un  autre  argument  en  faveur  de  cette  manière  de  voir  peut  être  tiré  de 
ce  que  l'énorme  augmentation  que  présente  la  capacité  vitale  du  troisième 
groupe,  s'accompagne  d'un  accroissement  insignifiant  de  la  longueur  du 
sternum.  Carie  poumon  rencontre  de  grands  obstacles  pour  se  développer 
en  hauteur  ;  il  le  fait  dans  les  autres  sens,  mais  forcément  alors  les  côtes 
s'allongent. 

En  résumé,  l'intensité  du  fonctionnement  musculaire  règle  l'intensité  du  dé- 
veloppement du  poumon.  Celui-ci  se  fait  pur  allonffement  et  soulèvement  des  côtes. 
Cette  double  tendance  de  la  croissance  pulmonaire  est  parfaitement  indi- 
quée par  les  mouvements  du  thorax  pendant  l'inspiration,  et  surtout 
pendant  l'inspiration  profonde. 

Il  n'est  pas  inutile  de  noter  aussi  la  concordance  parfaite  qui  existe 
entre  la  capacité  vitale  d'une  part,  la  mégasomie  et  le  poids  d'autre  part. 
Caria  mégasomie  faitde  nouveau  sentir  son  influence.  A  mégasomie  égale, 
la  capacité  vitale,  croît  absolument  dans  une  sériation  d'après  le  buste, 
mais  relativement  à  celui-ci  elle  diminue  très  sensiblement.  Ceci  est  un 
Corollaire  logique  de  ce  qui  a  déjà  été  dit  au  sujet  de  la  taille.  Il  en  est  de 
même  pour  le  poids.  El  ces  deux  facteurs  présentent  dans  leur  accroisse- 
ment les  particularités  que   nous  avons  relevées  pour  l'amplitude  du 


E.    DEMONKT.    —   KF.CUERCHES  SUU  LA  CAPACITK  VITALE  31 

thorax  etc.  etc.  Celle  heureuse  hariiionit,'  démonlre  la  connexion  intime 
qui  existe  entre  tous  ces  facteurs,  et  le  relenlissenient  (|ue  les  variations 
de  l'un  (l'entn^  eux  exercent  sur  les  variations  des  autres. 

Les  plus  petits  husles,  coinuie  les  plus  petites  tailles,  cherchent  à  com- 
penser leur  infériorilé  parun  accroissement  relatif  do  leur  largeur  bi-acro- 
miale  et  de  leur  circonférence  Ihoraçique. 

M.  Manouvrier  a  insisté  sur  l'intérétqu'il  y  aurait  souvent  à  adopter  le 
buste  comme  terme  iiénéral  de  comparaison,  sa  moindre  complexité  et  sa 
stabilité  relative  peuvent  faire  espérerque  les  rapports  antliropomélriques 
se  rangeraient  ainsi  d'une  façon  plus  significative  qu'avec  la  taille.  La 
capacité  vitale  atTecle  la  tuille  des  rapports  beaiicimp  plus  réguliers  (ju'avec 
le  buste  ;  sans  doute,  parce  que  la  st  iture  traduit  mieux,  le  développement 
général  de  l'organisme,  le  tronc  n'en  représentant  seulement  que  les  appa- 
reils régulateurs  et  nourriciers  associés. 

La  fréquence  véritablement  elfrayant'^  d'une  scoliose  plus  ou  moins 
marquée  chez  nos  camarades  d'école  exige  d'être  mentionnée  ici,  puis- 
qu'elle se  rencontre  dans  les  2/3  des  cas  environ.  Ces  affections  doivent 
être  rattachées  à  une  mauvaise  tenue  habituelle  dans  la  station  assis  et  à 
une  hygiène  scolaire  détestable,  dont  les  méfaits  nous  occuperont  bientôt. 

Rapports  de  lu  capacité  vitale  avec  In  longueur  des  membres  inférieurs. 

L'ordination  d'après  la  longueur  des  membres  inférieurs  constitue  le 
second  terme  de  l'analyse  de  la  taille  envisagée  comme  terme  de  com- 
paraison. Toutefois  celte  longueur  ne  représente  que  très  imparfaitement 
le  développement  de  l'appareil  locomoteur  :  le  rapport  de  la  circonférence 
du  fémur  et  du  tibia  à  la  longueur  de  ces  pièces  squelettiques  eut  donné 
une  idée  beaucoup  plus  exacte  du  développement  musculaire  de  l'orga- 
nisme ;  mais  il  nous  était  naturellement  impossible  de  calculer  ce  degré 
d'eurypiastie  des  membres  inférieurs. 

Cette  réserve  faite,  le  tableau  IV  prouve  que  : 

Toutes  les  dimensions,  tous  les  rapports,  et  la  capacité  vitale  augmentent  à 
mesure  que  la  longueur  des  membres  inférieurs  s'accroît. 

Relativement  à  celle-ci  : 

La  capacité  vitale,  le  poids  augmentent.  Il  en  est  de  même  pour  l'am- 
plitude thuracique  avec  cette  réserve  cependant  (|ue  le  deuxième  groupe, 
est,  à  ce  point  de  vue,  légèrement  inférieur  au  premier. 

La  taille,  le  buste,  la  longueur  du  sternum,  la  largeur  bi-acromiale 
diminuent. 

La  mégasomie  décroît. 

Ces  relations  sont  intéressantes  à  plus  d'un  point  de  vue.  La  capacité 
vitale  croît  de  7-2  centimètres  cubes,  du  l»'  au  -l"  groupe,  par  centimètre 
de  longueur  des  membres  inférieurs,  et  de  85  centimètres  cubes  du  2»  au 
3«  groupe  Ce  rapport  est  d'une  régularité  satisfaisante  qui  mérite  d'être 
rapprochée  de  celle  qu'affecte  dans  la  même  sériation,  la  capacité  vitale 


32 


T)  janvikii  i'-Xiri 


avec  la  taille.  Celle  ci  entraîne  par  centimètre  un  accroissement  de 
60  centimètres  cubes  dans  la  capacité  vitale  cdriespundante.  L'influence 
de  la  Uille  se  substituerait  à  celle  des  membres  inlériours  elle-même. 

Tableau  IV 
Ordination  d'après  la  longueur  des  membres  inférieurs. 


.MilYE.NNES   UKS   DIMENSIONS 


Taille.     .      .      .     .     . 

Buste 

Membres  inférieurs. 
Largeur  bi-acrouiiale. . 
Longueur  <lu  sternum. 
Poids 


Circonférence  tlioracique 

.Vnipliluilc  (lu  thorax 

Mégasomie  raii[irocliée  :  Taille  X  I-'^rg-  bi-acrom. 

iil.  Buste  X  Circonf.  thorac. 

Capacité  vitale 


MOYEN.NKS    DES    RAPPORTS 

Membre  inlér.  rr  100  :  Taille 

Buste 

Largeur  bi-acromiale   . 
Longueur  du  sternum. 

Poids 

Circonlérenoe  tlioracique  . 
Amplitude  du  thorax  . 
Mésoganiie  approchée.  Taille 
X  largeur  bi-acromiale     . 
Mégasomie    approchée.    Buste 
XCirconlér.  tlioracique    . 

Capacité  vitale 

Taille  =:  10(J  :  Buste 

Longueur  du  sternum    .... 
Circonférence  Ihoraciquc.    . 
Buste  ^r  100  :  .Membre  in l'érieur.      .  .      .      . 

Mésogamie  approchée  —   100.  (Taille  X  Largeur 

bi-acrouuale).  Capacité  vitale 

Mégasomie  approchée  :r=  100.  (Buste  X  Circonfé- 
rence thoracique).  Capacité  vitale 


1(30) 


l.()32 

o..S(;h 

0  763 

0  352 

0.157 

58.7 

0.821 

0.074 

57.45 

71.34 

3.498 


213.9 

113.9 

40.1 

20.6 

70  9 

107.  G 

9.7 

75.30 

93.51 
4.571 
53.2 
9.0 
50  3 
87.8 

6.089 

3.743 


Il  (40) 


1.705 

0  881 

0.824 

0.304 

0.104 

65.7 

0.849 

0.078 

62.06 

74.80 

3.936 


206.9 

106.9 

44.2 

19.9 

79.7 

103.0 

9.5 

75.32 

90.82 
4.777 
51.7 
9.6 
49.8 
93.5 

6.342 

4.333 


III  (30) 


1.764 

0.898 

0  866 

0.367 

0.1()9 

69.7 

0  861 

0.088 

64.74 

77.31 

4.292 


203.7 

103.7 
42.3 
19.5 
80.5 
99.4 
10.2 

74.76 

89.27 
4.956 
49.1 
9.6 
48.9 
98.6 

6.629 

4.820 


Les  rapports  de  la  longueur  des  membres  inférieurs  avec  la  circonfé- 
rence thoracique  sont  seuls  intéressants.  Ils  nous  permettent  d'énoncer  ce 
rapport  qui  nous  parait  es-enliellement  exact  :  a  Un  homme  bien  constitué 
doit  avoir  une  circonférence  thoracique  au  moins  égale  à  la  longueur  de  ses 
membres  inférieurs.  Lue  légère  restriction  doit  être  faite  :  Quand  la  longueur 
des  meîubres  inférieurs  dépasse  85  centimètres  une  différence  de  deux  centimètres 


E.   UKMONET.   —   RECHERCHES   SUR   l,A   CAFACITK  VITALE  Xi 

peut  être  tolérée.  Si  un  indiviilii  ne  pivst'nte  pus  ce  rappoil,  sa  robusticilé 
est  plus  que  suspocli'. 

Celle  notion  pourrait  rendre  quelques  services  dans  le  recrutement  de 
l'armée,  et  les  médecins  uiililaiies  la  jugeraient  à  l'univre.  Il  est  vrai  que 
son  application  nécessilei  ait  une  nouvelle  mensuration;  celle  du  buste 
qui  donnei'ait  par  là  même,  celle  des  membres  inférieurs,  la  taille  étant 
connue. 

Rapportu  de  lu  capacité  vitale  avec  le  rapport - 

M.  Manouvrier,  à  propos  des  avantages  et  des  inconvénients  de  la 
taille  adoptée  comme  terme  de  comparaison  dans  l'étude  des  rapports 
anlbropométriques,  a  surtout  insisté  sur  l'intérêt  que  présente  la  re- 
cherche des  relations  qui  existent  entre  les  deux  composantes  de  la  lon- 
gueur du  corps.  Il  appelle  rapport  -  le  rapport  de  la  longueur  du  membre 
inférieur  S,  à  la  longueur  du  buste  B  --  100,  et  il  désigne  sous  le  nom  de 
brachyskéles,  mesaiiskèles,  macroskèles,  les  ditlérenls  termes  d'une  série  or- 
donnée d'après  ce  rapport.  Les  applications  de  tout  ordre  auxquelles 
donne  lieu  la  connaissance  de  ce  rapport,  et  l'importance  capitale  que 
celui-ci  acquiert  au  point  de  vue  militaire,  ont  été  magistralement 
exposées  dans  un  cbapitre  de  1'  «  Etude  sur  les  rapports  anthropomé- 
triques »  à  laquelle  nous  avons  eu  et  nous  aurons  encore  très  souvent 
recours. 

Il  était  particulièrement  intéressant  pour  nous  de  mettre  en  œuvre, 

pour  la  première  fois  ces  idées  nou\\'lles,  et  nous  serons  très  heureux 

d'apportei'  des  faits  qui  sont  une  confirmation  de  leur  exactitude. 

s 
Nous  avons  donc  classé  nos  sujets  d'après  le  rappport  -  ^  suivant  un 

tableau  dont  M.  Manouvrier  a  bien  voulu  nous  donner  connaissance 
avant  de  le  publier.  Il  l'a  construit  en  utilisant  le  tableau  XI  (p.  73)  du 
Mémoire  qui  vient  d'être  cité.  On  sait  que  les  moyennes  de  .M.  Berlillon 
ont  servi  de  base  à  ses  calculs. 

Notre  technique  ayant  été  identique  à  celle  du  Laboratoire  d'Anthropo- 
logie et  à  celle  du  service  d'identilication  anlhropomélri(]ue,  nos  chiffres 
sont  absolument  comparables  à  ceux  du  .Mémoire  de  M.  Manouvrier. 

D'abord,  la  taille  moyenne  des  élèves  de  l'Ecole  de  Santé  est  de  i  m.  700  ; 
celle  des  sujels  mesurés  à  Paris  s'élève  seulement  à  1  in.  043  millimètres; 
il  existe  donc  une  différence  de  57  millimètres  que  les  raisons  déjà  men- 
tionnées sont  insuffisantes  à  expliquer.  La  longueur  du  buste  des  premiers 
mesure  0,883  millimètres,  celle  des  secondes  0,877  millimètres,  l'écart 
signalé  porte  donc  presque  exclusivement  ^ur  la  longueur  des  membres 

inférieurs,  .\ussi,  tandis  que  le  rapport  -  de  ces  derniers  atteint  87,3, 
celus  des  premiers  s'élève  à  92,7.  (l'est  ici  qu'interviennent  les  théories 
de  M.  Manouvrier. 

80C.   DANTHROP.    1903.  «^ 


34 


r»    JANVIKII    l'.K)?) 


Tahi-kai'  V 
Ordination  d'après  le  Rapport  — , 


MOYENNES  DES  DIMENSIONS 


Taille 

Buste  (B) 

Membre  inférieur  (S) ^  •     • 

Buste  —  100  Membre  inférieur  {Rapport  — ) 

Largeur  bi-afromiale 

Longueur  du  Bternum 

Poids .      .      . 

Circonférence  thoracique 

Amplitudo  du  tliorax •      •  •      • 

MéRasoniie  approchée  ;  (Taille  X  La''y  bi-a'i'om. 
id.  (Buste  X^irconl.  thorac. 

Capacité   vitale 


I 

30+bra- 
cliv. 


MOYENNES   DES    RAPPORTS 

Taille  —  100  :  Buste 

Largeur  bi-acromiale 

Longueur  du  sternum   .... 

Poids 

Circonféronce  thoracique.   .     .      . 

Amplitude  du  thorax     .... 

Capacité  vitale 

Mégasomie  approchée  =  lUO  :  (Taille  X  I^argeur 

bi-acromiale).  Capacité  vit  ah'.     .     •     •.    •     • 

Mégasomie  approrhée  —  100  :  (Buste  X  Circonl. 

thoracique).  Capacité  vitale 


1.697 
0.901 
0.796 

88.4 

0.362 

0,164 

64.9 

0.842 

0.080 

61. /i3 

75.86 

3.978 


53.1 
21.3 

9.66 
38.3 
49.6 

4.72 
2.344 


6.475 


5.245 


1.707 
0.885 
0.822 

92.9 

0.362 

0.165 

65.5 

0.8.52 

0.081 

61.79 

:5.40 

3.948 


52.1 
21,2 
9.66 
38.4 
49.9 

4.74 
2.313 

6.389 

5.236 


m 

30+ m  a- 
roskèies 


1.695 
0.860 
0.835 

97.1 
0.359 
0.159 

63.9 
0.837 
0.077 

60.85 

71.98 
3.796 


50.7 

21  2 

9  38 

37.7 

49.4 

4.55 

2.240 

6.236 

5.288 


Les  sujets  sur  lesquels  il  a  calculé  ses  moyennes  sont  des  individus 
quelconques  :  les  adultes  qui  nous  ont  permis  de  poursuivre  nos  recherches 
ont  été  sélectioyinés,  et  ils  l'ont  été  par  Véducation.  Les  élèves  de  l'Ecole  du 
service  de  santé  sont  des  bourgeois.  lU  appartiennent  à  cette  noblesse  de 
robe  condamnée  dès  l'enfance  à  un  régime  scolaire  qu'à  soulevé  de  tout 
temps  les  critiques  les  plus  vives  et  les  plus  justifiées.  M.  Manouvrier 
qualifie  de  «  odieux,  barbare  et  imbécile  »  un  système  d'éducation  que 
M.  xMarcel  Prévost  croit  imaginé  par  «  un  garde-chiourme  de  profession, 
ou  un  moine  tortionnaire.  «  De  neuf  à  dix-huit  ans,  en  effet,  les  lycéens 
restent  assis  treize  heures  par  jour  en  moyenne,  et  pendant  les  deux  ou 
quatres  heures  de  récréation  qubtidieiuie,  «  ils  usent  de  leurs  jambes, 
dit  M.  Manouvrier,  à  peu  près  comme  des  vieillards.  »  Sans  doute,  la 
position  assis  est  pour  certains  une  position  de  travail,  et  pour  d'autres, 
et  c'est  le  eus,  elle  représente  une  position  de  repos,  très  aimée  des  non- 


E.  UEMùNET.   —  »Ki;ni:iu;iiKs  siit  i.A  r.Ai'Acrn':  vitalr  35 

cliahiiits  (Jiii  taxL'i'a  d'exagiMalion  M.  Marct'l  IMévust  (juaml  il  déclare 
X  lieui'iHix,  r<M('v<'  qui  sur  les  ti-ei/e  heures  de  travail  qui  lui  sont  im- 
posées, n'en  consacre  que  douze  à  la  flânerie  et  au  sommeil  furtif  ». 
M.  Manouvrier  pense  que  cette  vie  trop  sédenlaii'e,  cette  station  assis, 
cette  inactivité  musculaire  prolongée  pendant  les  années  (jui  président  au 
développement  de  l'organisme,  exercent  sur  celui-ci  une  iniluence  détes- 
table, et  le  prédisposent,  h  la  macroskélie,  et  voici  pourcjuoi  : 

«  Les  corps  organisés,  dit-il,  n(;  sauraient  échapper  à  une  loi  aussi 
générale  que  celle  de  la  direction  du  mouvement  dans  le  sens  de  la 
moindre  résistance.  Or,  l'accroissement  des  os  en  longueur  se  fait  exclu- 
sivement ou  h  peu  près  par  les  cartilages  de  conjugaison,  et  c'est  une 
nécessité  mécanique  que  toute  cellule  tend  à  s'accroître  dans  le  sens  de  la 
moindi-e  pression  supportée  par  elle.  Par  ce  seul  fait,  les  cartilages  de 
conjugaison  du  fémur  et  du  tibia  qui  sont  soumis  à  une  pression  relative- 
ment énorme  dans  la  station  debout,  et  surtout  dans  la  marche,  le  saut  et 
la  course,  fournii'ont  un  accroissement  en  hauteur  d'autant  plus  grand 
qu'ils  seront  soumis  moins  souvent  et  moins  longlem|is  à  c(;ttc  augmen- 
tation de  pression  vei'licale.  » 

«  [/accroissement  de  l'os  en  grosseur  se  fait  par  dépôt  périostique  de 
couches  successives.  Ici  la  pression  verticale  n'est  plus  en  cause  directe- 
ment, mais  les  causes  d'augmentation  ou  de  diminution  de  cette  pression 
ne  cessent  pas  de  produire  des  elîets  qui  sont  complémentaiies  des  pré- 
cédents. La  station  debout,  la  marche,  la  course,  les  fardeaux,  tout  cela 
représente  une  suractivité  des  muscles  qui  enveloppent  l'os  et  s'attachent 
à  lui,  une  exitation  fonctionnelle  de  la  circulation  musculaire,  périostique, 
osseuse  même.  Par  conséquent,  le  mêmes  causes  physiologiques  qui  ten- 
dent à  diminuer  la  croissance  en  longueur  au  niveau  des  cartillages  de 
conjugaison,  et  au  profit  de  la  croissance  en  grosseur  à  ce  niveau  ne 
tendent  pas  moins  à  favoriser  la  croissance  transversale  diaphysaire. 
Pendant  que  la  largeur  croîtra  au  niveau  des  cartilages,  la  puissance 
périostique  augmentera  la  grosseur  de  l'os  tout  entier.  I/os  en  totalité 
tendra  donc  simultanément  à  être  moins  long  et  plus  gros  chez  l'adoles- 
cent actif  que  chez  l'adolescent  inactif  dont  l'accroissement  enchondi-al 
en  longueur  rencontrera  uise  résistance  relativement  faible  pendant  que 
l'accroissement  périostique  ou  en  grosseur,  restera  languissant.  »  (Manou- 
vrier. ) 

Cette  théorie  frçiiquc,  à  la  fois  mécanique  et  fonctionnelle,  s'applique 
à  la  morphologie  des  membres  inférieurs  comme  à  la  morphologie  cra- 
nienni;.  .\os  résultais  en  sont  une  pi"euv(;  t'videnle,  puisijue  sur  nos  cent 
camarades  qui  ont  été  soumis  pendant  de  longues  années  au  régime  sco- 
laire, nous  relevons  : 

8  brachyskèles.  —  25  mésatiskèles.  —  67  macroskèles. 

Faisons  remarquer  en  passant,  combien  est  inexacte  la  croyance  géné- 
ralement adoptée  par  le  public,  que  la  station  debout  fait  grandir.  Qm 
n'a  entendu  le  :  «  Mais  asseyez-vous  donc;  vous  voulez  encore  grandir.  » 
Cette  phrase  presque  sacramentelle,  cette  aimable  invitation  ressassée  à 


;i6  .*"»  jANviKit  l'jori 

loisir.  (>st  aiclu-fauiîst',  puisijiit'  la  station  doljoiit  s'oppose  dans  une  cer- 
taine mesure  à  raccroissenient  de  la  taill»'.  (|uc  favorise  au  contraire,  à 
son  maximum,  la  station  assis. 

Certainement,  les  chiffres  nous  niamiucnl  pour  établir  d'une  façon 
déflnitive  cette  diminution  de  l'activité  du  périoste,  et  le  faible  accrois- 
sement des  os  en  épaisseur  chez  les  niocroskèles.  (les  derniers  cependant 
donnent  l'impression  très  nette  que  leurs  pièces  squeletliques  sont  longues 
et  étroites,  peu  volumineuses  :  les  arêtes  en  sont  saillantes,  et  les  apo- 
physes d'insertions  musculaires  peu  développées.  Tout  porte  donc  à 
croire  que  des  mensurations  ultérieures  directes,  démontreront  avec  la 
plus  grande  évidence  que  la  circonférence  des  os  longs  est  beaucoup  plus 
faible  chez  les  macroskèles  que  chez  les  brachyskèles. 

Cette  fréquence  delà  macroskèlie  élail  un  résultat  intéressant  :  il  nous 
causa  cependant  un  léger  embarras  sur  la  faeon  dont  les  séries  devaient 
être  ordonnées  pour  l'étude  des  relations  du  degré  de  brachyskélie  avec  la 
capacité  vitale.  Classer  les  sujets  suivant  leur  degré  de  brachy  ou  de 
macroskèlie  absolue,  c'était  avoir  des  séries  composées  d'un  nombre  de 
cas,  insuffisant  pour  l'une,  et  tellement  différent  entre  elles,  que  leur 
comparaison  était  plus  ou  moins  valable.  Il  était  pi-éférable  de  former 
trois  groupes  :  le  premier  composé  des  30  sujets  les  plus  brachyskèles, 
le  dernier  des  trente  plus  macroskèles,  et  le  second  des  quarante  mésatis- 
kèles.  Cette  manière  de  faire  peut  prêter  le  liane  à  certaines  critiques  : 
elle  n'en  est  pas  moins  la  meilleure,  bien  qu'elle  atténue  très  sensiblement 
les  différences  qui  séparent  les  divers  degrés  du  rapport  -g- . 

Nous  avons  déjh  dit  que  la  valeur  de  ce  rapport  est  absolument  indé- 
pendante de  la  taille.  Celle  affirnialion  était  fondée,  parce  que  la  taille  des 
huit  brachyskèles  oscille  entre  i  m.  56  et  1  m.  8:2;  celle  des  vingt-cinq 
mésatiskèles  est  comprise  entre  1  m.  58  et  1  m.  83;  enfin,  celle  des 
soixante-sept  macroskèles  varie  entre  1  m.  57  et  1  m.  90.  Il  n'y  a  donc 
rien  d'étonnant  h  ce  que  la  laille  des  3  séries  du  tableau  V  soit  sensiblement 

la  même. 

s 
Ce  tableau  montre  en  outre  que,  à  mesure  que  le  rapport  -  s'élève  : 

La  capacité  vitale  diminue. 

La  largeur  bi-acromiale  diminue; 

Les  brachyskèles  sont  plus  favorisés  que  les  macroskèles  sous  le 
rapport  de  la  longueur  du  sternum,  du  poids,  de  la  circonférence 
thoracique,  de  l'amplitude  du  thorax,  de  la  mégasomie.  Ces  divers 
facteurs  sont  bien  un  peu  plus  développés  chez  les  mésatiskèles,  mais  en 
proportion  tellement  faible,  que  leur  intluence  sur  la  capacité  vitale  est 
nulle,  et  ne  peut  contrebalancer  l'influence  contraire  exercée  par  une  plus 
grande  longueur  du  buste. 

A  taille  rigoureusement  égale,  les  trois  groupes  présentent  encore  entre 
eux,  des  rapports  exactement  identiques. 

On  peut  dire  encore,  malgré  un  chiffre  légèrement  contradictoire,  qu'à 
mégasomie  égale,  les  macroskèles  sont  encore  désavantagés  au  point  de 


E.    DEMONET.    —    RECHERCHE?  SUR  LA  CAPACITK  VITAI.K  'M 

vue  respiratoire,  et  sous  tous  les  rapports.  Les  an'-salisliAles.  tout  en 
remportant  sur  eux,  se  voient  devancés  deijcaucoup  par  les  brachyskèies, 
qui  occupent  ainsi  le  premier  rang. 

Ceux-ci  ont  une  capacité  vitale  supérieure  de  deux  cents  centimètres 
cubes  environ  à  celles  des  macroskèles  :  les  mésatiskèles  occupent  une 
place  intermédiaire.  C'est  là  une  dilTérence  d'autant  plus  sensible  que  la 
taille  du  premier  et  du  troisième  groupe  est  sensiblement  la  même  :  on 
peut  y  voir  aussi  une  nouvelle  preuve  de  ce  fait  que  la  taille  à  elle  seule 
ne  règle  pas  les  échanges  pulmonaires.  La  brachyskélie  entiaîne  donc  un 
déviMoppement  relativement  plus  cuiisidcrable  de  l'appareil  respiratoire, 
et  cet  avantage  s'explique  facilement  par  une  augmentation  parallèle  de 
la  masse  musculo-squelettique,  et  des  besoins  qui  en  sont  la  conséquence. 

Le  bilan  organique  des  macroskèles  se  résume  donc  en  une  faillite 
générale  :  ils  présentent  une  inférioriti^  marquée  sur  toute  la  ligne. 

Ceci  nous  amène  à  dire  qu'on  n'a  voulu  voir  dans  cette  variété  de 
macroskélie  par  éducation  (|u'une  hypercroissance  normale  des  membres 
inférieurs,  et  on  a  déclaré  que  nos  camarades  étaient  macroskèles  parce- 
qu'ilsétaientgrands.  La  phrase  retournéeestplusexacte:  ils  sont  plus  grands 
parce  qu'ils  sont  macroskèles.  Restait  à  expliquer  cette  hypercroissance.  On 
a  voulu  la  mettre  sur  le  compte  de  l'alimentation  relativement  plus  riche, 
plus  abondante  de  classes  soi-disant  supérieures  ou  supposant  tout  au 
moins  une  certaine  aisance.  Doser  la  quantité  de  viande  absorbée  par  un 
élève  de  collège  ou  de  lycée,  doser  celle  consommée  par  un  ouvrier  nous 
parait  assez  délicat;  et  des  considérations  sur  le  nombre  de  pommes  de 
terre  assimilées  par  l'un  ou  l'autre  n'entraînent  qu'une  conviction  relative. 
Mais  ce  qui  est  certain,  c'est  que  le  degré  d'eu)bonpoint,  le  développement 
musculo-squelettique  moyen  de  nos  camarades  est  absolument  le  même 
que  celui  de  cent  soldats  pris  au  hasard  dans  le  premier  régiment  venu. 
Le  poids  ne  peut  être  un  argument,  puisqu'il  est  essentiellement  variable 
avec  les  auteurs,  et  le  chiffre  de  iM  kilos  8  pour  une  taille  de  I  m.  70, 
n'a  rien  d'exagéré.  Mais  nous  ne  voyons  pas  comment  une  alimentation 
plus  ou  moins  riche  provoquerait  un  excès  de  croissance  localisé  aux 
membres  inférieurs  et  respectant  le  buste,  et  nous  nous  refusons  à 
admettre  qu'une  cause  de  ce  genre  augmente  la  hauteur  de  la  cuisse  et 
de  la  jambe  et  diminue  en  môme  temps  la  longueur  relative  du  pied. 
Nous  n'avons  pas  mesuré  cette  dimension,  mais  nous  pouvons  rapporter 
un  failqui  est  essentiellement  démonstratif  ;i  cet  efïel.  Les  élèves  donnent, 
à  leur  départ  de  l'école,  aux  garçons,  leurs  chaussures  qui  vont  en  der- 
nière analyse  à  des  ouvriers.  Or,  la  valeur  des  chaussures  est  d'autant 
plus  grande  que  leurs  dimensions  sont  plus  élevées,  parce  que  clles-là 
seules  trouvent  un  écoulement  facil*;  et  sont  plus  rares.  Les  petites  poin- 
tures sont  en  effet  beaucoup  plus  nombreuses  que  les  grandes,  et  elles 
restent  longtemps  en  magasin,  parcoqu'cllcs  ne  conviennent  ([uc  dillicilo- 
ment  aux  acheteurs. 

Ces  faits  sont  en  parfait  accord  avec  la  théoi'ie  de  .M.  .Manonvrier  :  elle 
explique  très  facilement  pourquoi  la  station  assis  n'agrandit  pas  le  pied, 


38 


ri    JANVIER    iOOo 


tandis  que  la  station  debout  l'allonge  dans  des  proporlions  plusou  moins 
consid<^rahles. 

Le  système  d'éducation  <'lant  en  <\iuse,  il  est  ;i  souhaiter  qu'on  lutte 
contre  son  influence  néfaste  p.ii  un  ensemble  d'exercices  physi(jues 
inte!li£?emmont  compris. 

Rajifiorts  (If  In  cnpariti-  rilali'  mec  lu  hiriifiir  In-ucromiale. 

Tabi-Kat  \\ 
Ordination  d'après  la  largeur  bi-accromiale. 


MOYENNES    DKS    Dl.MKNSIO.NS 


Tnille 

iUiste .      .      . 

MiMiibro  inlëricur 

Lanjpur  biarromiale .      .      . 

Ijin^'uour  du  sternum 

Poids 

Circonfi'i-enre  thoraciqnc .      . 

Ampliludo  du  tliornx 

Mégasomie  approchée  :   Taille  X  ^^^'ë-  bi-acrom. 

i(l.  tiuste  X  t.ii'conf. thoiac. 

Capacité  vitale 


MOYENNES    DES    RAPPORTS 

Taille  :=  100  :  Largeur  bi-acromiale.   .... 
(".ircouft-renco  tlioraciquo  . 

l'oids 

Mrirasomio   ajiprochéo  :  Taille  X 

Largeur  hi-acromiale. 
Mégasoiuie   aj)pro(hée   :   Buste  X 
('.iiconlercnce  llioracicjue 

itiisle  ^=  100  :  Membre  inl'érieur 

Liirf,^eur  bi-acromiale  z=  10  :  Taille 

Buste 

Membre  inférieur   . 
Lonirueiir    du    ster- 
num    .      .      .      . 
-Vniplitudi'dutborax 
r.apîieilé  vitale   . 
.Méirasitmie      appro- 
clire    :    Taille  X 
Lnrgeur   bi-acro- 
uiiale   .      .      .      . 
M(''j:as(imie      appro- 
eliée    :    Buste   X 
Cireonféreuce  llio- 
raeique 
Mégasouiii-  appriielit-e  zzz  1(10  :  (Taille  X  l^ariri'ur 

bi-aeroniialr).  (lapaiiti'  vitale 

Mégasouiie  approelire  ;=  100  :  (Buste  X  <ii':inf. 
Ilâorariipii'i.  Capaeité  vitab- 


1  i30) 


1.662 

0.875 

0.787 

0  341 

0.161 

59.8 

0.822 

0.073 

56.67 

71.93 

3.650 


20.5 
49.5 
36.0 

34  10 

43.28 

90.0 

48.7 

25.7 

23.0 

4.7 
2.14 
1.074 


16  62 

21.09 
(i.441 
5.074 


11  (40) 


1.700 

0.877 

0.823 

0.361 

0.163 

64.5 

0-845 

0.081 

61.37 

74.11 

3  864 


21.2 
49.7 
37.9 

36.10 

43.59 

93.8 

46.7 

24.3 

22.4 

4.5 
2.24 
1.074 


17.00 

20.53 
6.296 
5.214 


111  (30) 


1.738 

0.897 

0.841 

0,382 

0.1(58 

(i9.6 

0.861 

0.086 

06.39 

77.23 

4.237 


22.0 

49.5 
40.0 

38.20 

44.43 
93.8 
45.  ô 
23.5 
22.0 

4.4 
2.25 
1.109 


17.36 

20.22 
6.338 


E.  DEMONET.   —  RECHERCHES  SUR  LA  CAPACITK  VITALE  H9 

I.os  rapports  de  la  largeur  hi-acroiniale  avec  la  cipucili'  vitali^  n'ont 
pas  encore  étt'  étudiés. 

Le  tableau  \'I,  ordonné  d'après  cette  dimension,  montre  que  : 

A  mi'sure  que  ta  largeur  bi-acrominle  s'élève,  la  capacité  vitale^  les  dimensions 
et  les  rapports  nngmentent  absolument. 

Mais  relativement  à  elle  : 

La  capacité  vitale  n'augmente  que  du  deuxième  au  troisième  groupe. 

Les  membres  inférieurs,  l'aniplitude  du  thorax,  la  mégasomie  aug- 
mentent. 

La  taille  diminue  :  les  petits  étant  en  etîet,  relativement  à  leur  stature, 

favorisés  au  point  de  vue  de  cette  dimension. 

s 

Le  buste,  la  longueur  du  sternum  diminuent  aussi.  Le  rapport  —  aug- 
mente d'abord;  ensuite  il  reste  stationn.iire,  mais  relativement  à  la  taille 
il  décroît,  de  telle  sorte  que  le  troisième  groupe  est  moins  macroskèle 
que  le  deuxième,  le  premier  étant  relativement  brachyskèle. 

Ces  diverses  relations  expliquent  les  rapports  de  la  largeur  bi-acromiale 
avec  la  capacité  vitale. 

(.^luand  celle-là  augmente  d'un  centimètre,  la  capacité  vitale  augmente 
d'abord  de  107,  puis  de  178  centimètres  cubes,  du  premier  au  deu- 
xième, puis  du  deuxième  au  troisième  groupe  Cette  progression  irré- 
gulière ne  peut  être  attribuée  à  la  taille  et  à  la  largeur  bi-acromiale  elle- 
même,  puisque,  dans  les  mêmes  conditions,  ces  dimensions  subissent  une 
augmentation  sensiblement  identique.  Si  la  hauteur  du  buste  et  la  lon- 
gueur du  sternum  croissent  beaucoup  plus  pour  le  troisième  groupe  que 
pour  le  deuxième,  ce  dernier  est  en  revanche  i)lus  favorisé  sous  le  rapport 
de  l'amplitude  thoracique  et  de  la  circonférence  thoracique.  Cette  cons- 
tatation est  une  nouvelle  preuve  de  l'intluence  de  l'intensité  du  travail 
musculaire,  représentée  par  l'amplitude  du  thorax,  sur  la  circonférence 
thoracique,  et  par  conséquent  sur  l'allongement  des  côtes  et  le  dévelop- 
pement du  buste.  Elle  explique  l'accroissement  de  la  capacité  vitale  du 
deuxième  groupe. 

Le  troisième  présente  encore  une  augmentation  sensible  de  son  ampli- 
tude du  thorax,  et  par  suite  de  sa  circonférence  thoracique.  Mais  ce  qui 

indue  surtout  sur  sa  capacité  vitale,  c'est  sa  longueur  du  sternum,  sa 

s 
longueur  du  buste,  et  par  conséquent  son  rapport  — .  Il  est  en  moyenne, 

moins  macroskèle  que  le  deuxième  groupe,  parce  que  les  grands  bustes 
qui  le  composent  ap[)artiennent  à  des  brachyskèles,  ou  à  des  mésatiskèles, 
ou  encore  à  des  macroskèles  d'une  taille  élevée.  C'est  ainsi  qu'éclate  d'une 

façon    manifeste,    une   nouvelle  preuve   de  rim[»ortance  du  rapport  -jj-' 

Quand  la  taille  et  le  diamètre  bi-acromial  suivent  une  progression  paral- 
lèle, l'amplitude  thoracique  et  surtout  le  rapport  des  membres  inférieurs 
au  buste  =  100  règlent  les  échanges  respiratoires,  président  au  dévelop- 


40  5  JANVIEU   1905 

pement  pulmonaire,  et  ceux-ci  sont  d'autant  plus  intenses  que  la  brachys- 
kélie  est  plus  prononcée. 

La  mégasoniie  exerce  encore  ici  l'inlluence  «jue  nous  avons  exposée  à 
propos  de  la  taille. 

Ainsi,  la  largeur  bi-acromiale  ne  présente  pas  par  elle  môme  une  grande 
importance  dans  ses  rapports  avec  la  capacité  vitale  :  mais  elle  acquiert 
un  certain  inlérél,  quand  elle  se  trouve  combinée  ;i  d'autres  ilimensions, 
el  contribue  ;i  déterminer  le  degré  de  mégasomie  et  d'eurypiastie,  d'une 
façon  approchée. 


Rapports  df  lu  caiinciti'  vitale  avec  la  lonf)UPiir  du  sternum. 

Nous  savons  que  Mai'slrelli,  cherchant  l'expression  la  plus  correcte  de 
la  capacité  vitale,  pense  que  la  cage  thoracique  peut  être  assimilée  à  un 
tronc  de  cône,  dont  le  volume  mesure  approximativement  la  capacité  res- 
piratoire, et  dont  la  hauteur  est  assez  bien  représentée  par  la  longueur 
du  sternum.  Pour  lui,  cette  dimension  est  de  toutes  celles  du  thorax,  celle 
qui  présente  les  rapports  les  plus  étroits  avec  le  développement  indmo- 
naire. 

Le  tableau  Vil,  résume  ces  r.ipporls  de  la  longueur  du  sternum  avec 
la  capacité  vitale,  et  les  diverses  dimensions  du  corps.  Il  monlre  que  : 

A  mesure  que  lo  longueur  du  sternum  s'accroît,  la  capacité  vitale,  les  dimen- 
sions du  corps,  el  les  rapports  aufimentent  aussi  absolument. 

Relativement  à  cette  largeur  : 

La  taille,  le  buste,  les  membres  inférieurs,  la  largeur  bi-acromiale,  la 
circonférence  thoracique  diminuent.  Le  poids  diminue  pour  la  2®  série,  et 
augmente  pour  la  S''.  L'amplitude  du  thorax,  la  mégasomie  et  la  capacité 
vitale  diminuent. 

Ouant  au  rapport  -,  il  est  sensiblement  le  même  dans  les  trois  groupes. 

Ouand  la  longueur  du  sternum  s'accroît  d'un  millimètre,  la  capacité 
vitale  augmentede  30,5  centimètres  cubesdu  premier  au  deuxième  groupe, 
elde  ;-{6,6  centimètres  cubes  du  deuxième  au  troisième.  Cette  progression 
est  h  la  rigueur  satisfaisante,  étant  donné  la  dimension  qui  sert  d'unité. 
Elle  tend  à  prouver  toutefois  que,  quelle  que  soit  la  supériorité  sur  les 
autres  dimensions  du  thorax,  de  la  longueur  du  sternum  adoptée  comme 
terme  de  comparaison,  les  rapports  qu'elle  alfecte  avec  le  développement 
pulmonaire,  sont  loin  d'être  d'une  exactitude  mathématique,  et  ne  peuvent 
être  comparés  à  ceux  que  donne  la  taille.  11  est  nécessaire  cependant,  de 
faire  remarquer  qu'îi  longueur  du  sternum  égale,  les  trois  séries  du  tableau 
N'il  ont  une  capacité  vitale  sensiblement  idenli(|ue,  ce  (|ui  justifierait,  dans 
une  certaine  mesure,  l'appréciation  de  Maëslrelli, 


E.   DEMONF.T.  —   RECHERCHES  SUR  LA  CAPAGITK  VITALE 


41 


'I'abijcm    \'II 
Ordination  d'après  la  longueur  du  sternum. 


MOYENNES    \tfS    Dl.MK.NSIUNS 


Taille, 
Bustp. 


Monibros  inrériciirs 
Lari."''""  lii-afroinialo. . 
Loiif/ueur  il  a  stmium 
Poi.ls 


('.in^onlÏTPnre  tlioracique 

Aniplitudi'  lin  tliorax 

Méj;asoniU'  approdire  :    Taille  X  '-»i''e-  bi-aorom. 

iil .  Musle  X  t'ir'oni'.  thorac. 

Capacité  ritalp 


MOYENNES    DES    RAPPORTS 


Taille 


100  :  LariTour  bi-acromiale     .     .     .      . 

l'oi.is 

CirponiV'ren('(>  thoracique   . 

l'iustc  —  100  :  .Mi'nibrc  inlérieur 

Long,  du  slt'rinnn  -=z  10  :  Taille 

Buste 

Mcnilu-e  inlrrieur  . 
Largeur  bi-acromiale   . 

Poids 

Circonférence   thoraci- 
que  

Amplitude  du  thorax.   . 
Mégasoinie  approchée  : 
Taille  X  Largf'ur  bi- 
acromiale  .     .     .      . 
Mégasomie  approchée  : 
(Buste    X    Circonfé- 
rence thoracique. 
Capacité  vitale  . 
Mégasomie  approchée  =  100   :    (Taille   X   l'^'^g' 

bi-aproinialc).  Capacité  vitale 

.Mégasomie  npproehi'e  ■=:  100  :  (Buste  X  Circonf. 
thoracique).  Capacité  vitale 


I  (30) 


1.G57 

0.807 

0.790 

0.355 

0.151 

61.1 

0.823 

0.072 

58.82 

71.35 

3  503 


21.4 
26.9 
49.7 
91.1 
109.8 
57.4 
52.4 
23.5 
40.5 


54. 
4. 


38.95 


47.25 
2.319 


5.955 
4.909 


Il  (10) 


1.098 

0.879 

0.819 

0.360 

0.165 

03.8 

0.842 

0.080 

«1.13 

74.01 

3.930 


21.2 
37.0 
49.2 
92.9 
102.3 
53.6 
49.4 
21.8 
38.7 


51. 

4. 


0 


37.05 

44.85 
2.382 

6.429 

5.310 


III  (30) 


1.747 

0.902 

0.845 

0  309 

0.175 

69.9 

0.869 

0.087 

04.46 

78.38 

4.296 


21  1 
40.2 
49.7 
93.7 
99.8 
51.5 
48.3 
21.1 
40.0 

49.7 
5.0 


36.80 

44.78 
2.451 

6.664 

5.481 


Il  est  bien  difficile  de  préciser  si  la  longueur  du  sternum  est  en  con- 
nexion plus  intime  avec  la  taille  qu'avec  le  buste  :  elle  affecte  en  effet  les 
m(}mes  rapports  avec  ces  deux  dimensions  ;  son  accroissement  n'est  pas 
proportionnel  k  celui  de  ces  dernières  :  le  sternum  étant  d'autant  plus 
développé  que  celles-ci  sont  plus  petites.  Celte  constatation  a  déjà  été  faite 
plusieurs  fois  :  elle  mérite  d'ôtre  rappelée  ici,  parce  que  elle  indique  que 
chez  les  grands  individus,  ou  chez  ceux  dont  le  buste  est  le  plus  déve- 


\i  5   JANVIER    1905 

loppp,  la  portion  llioiaci<jue  de  la  colonno  verlôbrale  est  relativement 
plus  courte;  l'abduincn  remonte  (lavanlau;e,  et  s'oppose  en  quel(|ue  sorte, 
au  (If'veloppemenl  de  l'appareil  respiratoire.  Il  est  ;i  noter  (lur  la  longueur 
du  sternum  alfeele  avec  la  larijeui'  hi-aeromiale,  le  poids  et  la  mégasomie 
absolument  les  m^hiit-s  rappurts  que  la  longueur  du  buste. 

I,a  liingueur  du  sti-rnum  croît  aussi  en  raison  inverse  de  celle  des  mem- 
bres inférieurs  :  ce  ra|)p(jrl  ne  mériterait  pas  dVMrc  l'.ippelé,  s'il  ne  nous 
permettait  de  mentionner-  les  analogies  remarquables  que  présentent  les 
ordinations  faites  suivant  ces  deux  dimensions.  Elles  alîectent,  en  elTet, 
des  rapports  identiques  avec  le  buste,  la  mégasomie  et  la  capacité  vitale. 

l'ne  sorte  de  balancement  paraît  exister  entre  la  longueur  du  sternum 
et  la  largeur  bi-acromiale,  l'une  s'accroissant  en  raison  in  verse  de  l'autre. 
En  etTet,  du  premier  au  deuxième  groupe,  le  sternum  s'accroît  beaucoup 
plus  que  la  largeur  bi-acromiale:  ie  contraire  a  lieu  du  deuxième  au  troi- 
sième groupe  Peut-être,  pourrait-on  en  conclure  que  le  poumon  se  déve- 
loppe d'abord  principalement  en  hauteur;  mais  son  expansion  dans  ce 
sens  se  trouvant  bientôt  limitée,  elle  se  fait  alors  par  allongement  des 
côtes  que  traduit  une  augmentation  de  la  circonférence  thoracique.  On 
aurait  la  preuve  de  ce  processus  dans  ce  fait  que  celle-ci  augmente  d'abord 
de  dix-neuf  millions,  puis  de  vingt-sept  millimètres. 

Comme  conséquence  de  cet  agrandissement  transversal,  le  dernier 
groupe  est  beaucoup  plus  mégasome  que  les  deux  autres;  son  poids  est 
aussi  de  beaucoup  plus  élevé. 

Mais  comme  toujours,  les  microsomes  auraient  une  fonction  respira- 
toire relativement  plus  développée. 


Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  le  poids. 

D'une  façon  générale,  le  poids,  s'il  n'était  influencé  par  la  quantité  de 
graisse,  représenterait  assez  bien  le  développement  général  de  l'orga- 
nisme dans  le  cas  où  le  degré  d'embonpoint  serait  le  même  pour  tous  les 
sujets  examinés.  Mais  le  plus  souvent,  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  M.  Manou- 
vrier  a  bien  mis  en  évidence  cette  cause  d'erreur  dans  son  «  Mémoire  sur 
la  quantité  dans  l'encéphale  ». 

Ee  milieu  un  peu  spécial  dans  lequel  nous  avons  poursuivi  nos  recher- 
ches, nous  a  permis  d'éviter,  autant  que  faire  se  pouvait,  cette  cause  d'er- 
reur, puisqu'il  nous  metlailen  présence  de  sujets  ni  gras  ni  maigres,  d'un 
embonpoint  normal  ;  les  rares  exceptions  dans  un  sens  ou  dans  l'autre 
ayant  été  soigneusement  éliminées. 

Le  tableau  VIII  ordonné  d'après  le  poids,  montre  que  : 

A  mesure  que  h  poids  aiiymente,  la  capacité  vitale  et  toutes  les  dimensions  de 
corps  croissent  absolument. 

Et  relativement  au  poids. 

La  taille  seule  augmente. 


E.   DEMONET.     —  RECHERCHES  SUR  LA  CAPACITE  VIT.\r,E 


43 


Le  rapport  -  reste  à  peu  près  constant  :  il  en  est  de  même  de  l'ampli- 
tude du  fhtirax. 

Les  autres  dimension^  du  <  ..i|»s,  tous  les  ta|tp(irls  et  la  capacité  vital»' 
diminuent. 

La  ca|ia(Mfo  vitale  croit  avec  Ih  poids,  mais  elle  ne  croit  pas  proportion- 
nellement h  lui.  Tandis  que  du  premier  au  deuxième  .i^roupe,  elle  gagne 
396  centimètres  cubes,  le  poids  s'accroît  de  8  kilos,  et  du  deuxième  au 
troisième  groupe,  celui-ci  augmente  de  9,4  kilos  quand  la  capacité  vitale 
gagne  352  centimètres  cubes  seulement  Elle  augmente  ainsi  par  centi- 
mètre de  49,5  centimètres  cubes  d'abord,  en  second  lieu  de  37,4  centi- 
mètres cujjes.  Toutefois,  la  capacilé  vitale  correspondant  à  un  kilogramme, 
dans  cha(]ue  série  est  respectivement  de  63,  61,  58  centimètres  cubes 
environ. 

T.\BLEAU   VIII 


Ordination  d'après  le  poids. 


MOYENNES     UES    DIMENSIONS 

I  i30) 

11  (40) 

III  (30) 

Taille 

1.646 
(1.867 

1.708 
0.883 
0  825 

1.746 

Buste .      . 

0.898 

Membre    inlériour 

0.779 

0.848 

Lai'ireur  bi-aeromiale  . 

0  349 

0.362    • 
0.165 

64.4 
0.846 
0.082 

61.83 

0.372 

Lontrueur  du  sternum 

0  156 

0.168 

Poids.      .      . 

56.4 

0.808 
0.072 

73  8 

Ciroonlérence 

0,878 

.\nii»lituile   (lu   tborax 

0.086 

MégasDiiiie  approeliée  :  Taille  X  Lart?.  bi-aerom 

57.45 

6 '1.95 

i'I.                    Buste  X  Circonf.  tborac. 

70.03 

74 .  70 

.    78.84 

Capacité  vitale 

3.529 

3.925 

4.277 

.MOYENNES    DFS     RAPPORTS 

Taille  —  100  :   Poids   ...                 .            . 

34.2 

89.8 

37.7 
93.5 

41  7 

Buste  ^  100  :  Membre  inlérieur 

95.5 

Poids  —  100  ;  liiiste 

151 

137 

122 

Membre  inlérieur 

139 

128 

115 

Lar^'eiir  bi-aeromiale.    . 

62 

56 

51 

Loiii:ueur  du  sternum    . 

28 

26 

23 

Cireonférenee  tlioracique    . 

143 

131 

119 

.Vnqtlitude  ilii  tborax.    . 

13 

13 

12 

Méi.'asomio  ap|iroe|iée  :   (Tailb 

y 

Largeur  bi-aeromiale. 

102 

96 

88 

.Méf:asi)mie  a|iproebée  :  (Buste 

X 

<'.ireoni"éreiiee  Iboraeique. 

124 

116 

106 

e.apaeilé  vilale 

6.264 

6.103 

5.773 

Méiiasoniie   approebée   —   100  :  (l'aille   X   L< 

irtr. 

bi-aeromiale.  ("apaeité  vitale 

614 

(i35 

580 

Mi'^asoniie  approebée  — -  l(lO  :  (Buste  X  Circonf. 

tlioracique).  Capacité  vitale 

504 

525 

566 

44  5  JANVIER  1905 

On  no  doit  donc  accepter  qu'avec  une  certaine  pf^serve  la  conclusion  de 
Dupont  d'après  laquelle  un  kilogramme  donnerait  droit  à  50  centimètres 
cubes  de  sa  capacité  respiratoire. 

Non  seulement  le  chiffre  indiqua  est  inexact  en  ce  sens  qu'il  est  trop 
faible  :  il  c»msatre  encun-  une  erreur  dans  son  absolutisme  :  il  ne  tient  pas 
compte  du  f.iit  (jue  la  capacité  vitale  n'a  pas  besoin  de  se  développer  pro- 
purliunnellement  à  la  quantité  de  substance  h  nourrir,  (^estune  constata- 
tion, maintes  fois  renouvelée  qui  se  trouve  encore  une  fois  à  sa  place  ici. 

l/importante  question  des  rapports  du  poids  et  de  la  taille  se  pose  main- 
tenant. Tous  les  auteurs  sont  unanimes  à  reconnaître  que  le  poids  est 
d'autant  plus  élevé  que  la  taille  est  elle-même  plus  grande.  L'accord  s'ar- 
rête Ih.  M.  le  Professeur  G.  H.  Lemoine,  du  Val-de-Grâce,  vient  de  consa- 
crer à  ce  sujet,  une  élude  remarquablement  documentée,  oîi  il  a  réuni 
dans  un  tableau  essentiellement  instructif  les  poids  moyens  que  chaque 
observateur  a  cru  devoir  assignera  une  taille  déterminée.  Toutes  les  com- 
binaisons possibles  entre  le  chiffre  des  décimales  de  la  taille  et  le  nombre 
de  kilogrammes  s'y  trouvent  exposées  ;  pour  les  uns  l'augmentation  rela- 
tive du  poids  se  fait  par  saccades,  par  à-coups;  pour  d'autres,  elle  est  har- 
monieusement rythmée,  puisqu'elle  est  de  900,  de  500,  de  200  grammes, 
par  centimètre  de  taille.  Il  est  hors  de  doute  que  tous  ces  résultats  sont 
excellents,  étant  basés  sur  un  nombre  plus  ou  moins  formidable  d'obser- 
vations :  leur  rapprochement  seul  en  atténue  la  valeur.  Aussi  M.  Lemoine 
ne  voit-il  dans  ce  rapport  «  qu'un  indice  important,  mais  non  absolu  de 
robusticité,  et  un  sérieux  élément  d'appréciation  au  point  de  vue  de  l'ap- 
titude physique  des  conscrits  )>. 

S'il  nous  était  permis  de  donner  notre  appréciation  sur  ce  sujet  si  sou- 
vent et  si  magistralement  traité,  nous  accorderions  aussi  une  valeur  im- 
portante à  ce  rapport  quand  on  ne  connaîtrait  de  l'individu  que  la  taille 
et  le  poids,  et  qu'on  apprécierait  ce  dernier  d'après  ces  seules  dimensions. 
Mais  nous  serions  porté  à  ne  lui  faire  jouer  aucun  rôle  quand  il  serait  pos- 
sible d'examiner  de  visu,  le  sujet  sur  lequel  on  est  appelé  à  formuler  un 
jugement. 

Que  demande-t-on  au  rapport  du  poids  et  de  la  taille?  Un  indice  de 
robusticité,  de  corpulence,  d'embonpoint.  D'abord,  ces  trois  éléments  ne 
sont  pas  identiques  :  un  individu  gros  n'est  pas  nécessairement  robuste, 
et  un  sujet  robuste  n'est  pas  forcément  gras.  Là  surtout,  il  faut  savoir 
distinguer  le  développement  du  tissu  adipeux,  du  dévelop.ement  de  la 
masse  musculo-squelettique  :  le  poids  est  la  résultante  de  ces  facteurs, 
et  il  est  évident  que  leur  rôle  respectif  ne  peut  être  mis  en  évidence  par 
le  rapport  du  poids  à  la  taille. 

Un  de  nos  professeurs  les  plus  distingués  de  chirurgie  déclarait  que  le 
plus  souvent  un  diagnostic  chirurgical  est  affaire  de  coup  d'œil,  d'im- 
pression, de  doigté.  Nous  pensons  qu'il  en  est  de  même  pour  l'appréciation 
de  lu  robusticité,  de  la  corpulence  d'un  individu.  L'œil  suffît  pour  se  rendre 
un  compte  très  net  de  la  taille,  des  dimensions  transversales^  du  degré 
de  brachy  ou  de  macroskélie,  du  degré  d'embonpoint,  du  développement 


K.    DKMONET.    —  RECHEKCHES  SUR  LA  CAI'ACITÉ  VITALE  45 

des  masses  musculaires,  du  poids  môme  et  aussi  du  tempérament  d'un 
sujet.  Le  palper  peut  intervenir  pour  accenUierou  modilier  les  notions 
(ju'a  acquises  la  vision  pour  déterminer  d'une  fa^on  plus  précise  le  déve- 
loppement du  tissu  adipeux,  le  volume  et  l'élasticité  des  muscles,  et  les 
saillies  d'apophyses  d'insertions  musculaires.  Un  voit  tout  de  suite  qu'un 
individu  est  plus  ou  moins  bien  constitué  et  un  observateur  tant  soit  peu 
exercé  acquiert  hienlùt  la  notion  du  nuances  que  tous  les  chitTres  du  monde, 
tous  les  rapports  possibles  et  imaginables  ne  sauraient  rendre.  Aussi  quel 
intérêt  y  a-t-il  à  objectiver  en  quelque  sorte  des  sensations  par  des  chif- 
fres sur  la  valeunlesfpiels  personne  n'est  d'accord? Nous  n'en  voyons  pas. 
Sans  doute  une  impression  est  essentiellement  personnelle  :  elle  a  tout  au 
moins  l'avantage  de  pouvoir  être  exprimée  facilement  ;  et  le  tableau  de 
M.  Lemoine  ne  montre-t-il  pas  que  chaque  observateur  a  aussi  son  équa- 
tion personnelle  et  son  angle  visuel  spécial  pour  interpréter  des  chillres, 
et  que  tout,  en  dernière  analyse  n'est  qu'impression. 

M.  le  professeur  Bouchard  accorde  une  très  grande  importance  au  rap- 
port -  le  poids  P  étant  évalué  en  hectogrammes,  et  la  taille  H  en  centi- 
mètres. Ce  rapport  constitue  son  «  indice  de  corpulence  »  à  l'aide  duquel 
il  distingue  les  sujets  maigres,  normaux,  gras,  obèses,  etc.  Ces  différentes 
catégories  sont  indiquées  par  les  chiffres  qui  sont  les  mêmes  pour  toutes 
les  tailles.  C'est  avec  cet  indice  qu'il  a  calculé  son  fameux  segment  an- 
thropométrique qu'il  a  utilisé  pour  déterminer  le  poids  de  l'albumine  fixe 
de  l'organisme. 

A  ce  double  titre,  il  était  intéressant  pour  nous,  de  rechercher  les  rap- 
ports de  la  capacité  vitale  avec  cet  indice  de  corpulence. 

Le  tableau  L\,  ordonné  d'après  cet  indice,  présente  les  plus  grandes 
analogies  avec  le  tableau  précédent  ordonné  d'après  le  poids,  et  les  con- 
clusions de  ce  dernier  lui  sont  parfaitement  applicables.  Il  montre  en 
outre  que  : 

L'indice  de  corpulence  croit  avec  la  taille. 

De  plus,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  chitïres-limites  de  Bouchard,  le  pre- 
mier groupe  devrait  être  considéré  comme  maigre,  et  les  deux  autres 
comme  normaux.  Ainsi,  les  grands  seraient  relativement  beaucoup  plus 
gras  que  les  petits,  et  ces  derniers  seraient  maigres  au  sens  absolu  du 
mot.  Celte  classification  ne  parait  pas  traduire  exactement  les  faits 
observés  :  seuls,  ces  chiffres  accusent  un  développement  relativement 
exagéré  du  tissu  adipeux  chez  les  grands.  Il  n'apparaîtrait  certainement  pas 
aux  yeux  d'un  observateur  consciencieux  et  impartial,  qui  classerait  nos 
trois  séries  de  sujets  dans  des  groupes  d'un  embonpoint  identique,  et  cet 
embonpoint  serait  assez  bien  représenté  par  la  moyenne  du  deuxième 
groupe  3,  8  Elle  se  rapproche  beaucoup  de  celle  que  Bouchard  attribue  à 
l'homme  adulte  normal,  4,  2. 


46 


5  jANviKR  ii»or» 


T.^BL^:.\L•  IX 
Ordination  d'après  l'indice  de  corpulence  de  Bouchard. 


MOYENNES  DE^   UI.ME.NSIONS 


Taille 

Buste 

Membre    inférieur  . 
Lar^'eur  bi-apriuiiiale 
Longueur  du  sternum 
Poids 


Tailler  1000  :  Poids  (Ind.  de  corp.  de  Bouchard) 

Circonférence   thoraciquf 

.Vmplitnde  du  thorax 

Mégasomie  apjirochée   ;  Taille  X  '-"^''g   bi-acrom 
Id.                    15usteX*-''"conf.XTborac. 
Capacité  vitale 


MOYENNES  DES   RAPPORTS 

Indice  de  corpulence  z=  1  :  Buste 

Membre  inférieur. 
Largeur  bi-acromiale 
Longueur  du  sternum 
Circonférence  thora- 

cique 

Amplitude  du  thorax 
Mégasomie   appr: 
Taille  X  Lai"g-  bi- 
acrorniale  .      . 
Mégasomie   appr: 
Buste  X  Circonfé- 
rence   thoracique. 
Capacité   vitale  . 
Poids  rn  100  :  Capacité  vitale.     ...... 


1.657 
0.,S75 
0.782 
(1.852 
0.159 
56.5 
3.41 
0.812 
0.073 
58.33 
71.05 
3.585 


0.257 
0.229 
0.103 
0.047 

0.238 
0.0214 


17.12 


20.81 
1.05J 
6.345 


11  (40) 

111  (30) 

1.713 

1.728 

0.884 

0.891 

0.829 

0.837 

0.3<il 

0.37U 

0.164 

0.167 

64.8 

73.1 

3.78 

4.17 

0.848 

0.872 

0.08-2 

0.084 

61.94 

63.97 

74.96 

77 .  70 

3.954 

4.179 

0.234 

0.214 

0.219 

0.201 

0.096 

0.088 

0.043 

0.041 

0.624 

0.209 

0.0217 

0  0201 

16.39 

15.34 

19.89 

18.63 

1.046 

1.O03 

6.102 

5.717 

Cette  classitication  ne  parait  ainsi  traduire  exactement  que  la  corpu- 
lence des  sujets  d'une  taille  moyenne;  elle  convient  à  la  généralité  des 
cas,  mais  elle  ne  s'applique  pas  aux  individus  petits  qu'elle  fait  consi- 
dérer comme  trop  maigres,  et  aux  individus  grands  qu'elle  favorise  sous 
le  rapport  de  l'embonpoint.  Cet  écueil  s'explique  facilement  parce  fait  que 
le  poids  croît  avec  la  taille,  mais  cette  progression  ne  peut  être  traduite 
par  une  constante,  comme  l'admet  Bouchard.  Son  indice,  pour  être  exact, 
devrait  présenter  une  gradation  correspondant  à  chaque  taille,  être  plus 
élevé  pour  les  statures  petites,  et  plus  faible  pour  les  hautes  statures. 

L'analogie  des  rapports  de  la  capacité  vitale  d'une  part,  avec  le  poids 
et  la  mégasomie  d'autre  part,  mérite  d'être  signalée.  Le  développement 
pulmonaire  eu  effet  est  d'autant  plus  considérable,  relativement,  que  ces 


E.  DEMONET.  -  RECHERCHES  SUR  LA  CAPACITK  V1T\(.R  47 

deux  facteurs  sont  plus  faibles  ;  le  poids  exprime  donc  d'une  façon  satis- 
faisante, dans  les  conditions  où  nous  étions  placé,  les  besoins  de  l'orga- 
nisnie.  Aussi  pour  subvenir  à  ces  besoins,  les  sujets  d'un  poids  peuéJevé 
ont-ils  un  buste,  un  diaiuiMie  bi-acroniial,  une  longueur  du  sternum,  une 
circonférence  lhoraci(iue,  une  amplitude  du  thorax,  proportionnelleuKMil 
plus  grands  que  les  individus  d'un  poids  plus  considérable. 

En  résumé,  le  poids  est  une  donnée  anthropologique  de  premier  ordie, 
quand  il  concei'ne  des  sujets  d'un  embonpoint  sensiblement  identique  :  il 
constitue  alors  un  excellent  indice  de  mégasomie  qui  alfecte  des  rapports 
étroits  non  seulement  avec  la  capacité  vitale,  mais  encore  avec  toutes  les 
dimensions  du  corps. 

Rapport  de  In  capaciW'  vitale  arec  la  circonférence  tfioracique. 

Hutcliinsoii  admi'i  (|u'il  n'y  a  pas  de  relation  directe  entre  la  capacité 
vitale  (lu  poumon,  el  le  périmètre  de  la  poitrine  ;  Simon  et  Fabius  croient, 
en  groupant  leurs  faits  d'une  certaine  fayon,  pouvoir  conclure  que  l'in- 
fluence de  l'ampleur  du  thorax  sur  la  capacité  pulmonaire  est  évidente, 
au  muins  chez  les  personnes  dont  la  paroi  Ihoracique  n'est  pas  sur- 
chargée de  graisse.  Wintrich  ne  confirme  pas  cette  idée  qui  est  reprise 
par  .Arnold.  Schnepf,  pour  une  fois,  partage  l'opinion  d'Hutchinson  : 
VVassiljew  pense  au  contraire  que  la  capacité  vitale  augmente  de  50  cen- 
timètres cubes  quand  la  circonférence  thoracique  croît  d'un  centimètre. 

Nos  sujets  présentants  un  degré  d'embonpoint  sensiblement  identique, 
la  graisse  n'a  pu  intervenir  pour  trouijier  les  mensurations  du  périmètre 
thoracique. 

Le  tableau  .\,  ordonné  d'après  cette  dimension,  montre  que  : 

La  capacité  vitale  et  toutes  les  dimensions  croissent  avec  la  circonférence  thora- 
cique, d'une  façon  absolue. 

Relativement  à  elle  : 

Le  poids  et  la  capacité  vitale  augmentent. 

La  taille,  le  buste,  les  membres  inférieurs,  la  largeur  bi-acrumiale,  la 
longueur  du  sternum,  la  mégasomie  diminuent. 

.\insi,  la  capacité  vitale  croît  absolument  et  relativement  avec  la  cir- 
conférence thoracique,  et  cet  accroissement  est  d'autant  plus  considérable 
que  la  circonférence  thoracique  est  elle-même  plus  grande.  En  effet,  elle 
croît  d'abord  de  79  centimètres  cubes  puis  de  11:2  centimètres  cubes  quand 
cette  dernière  s'élève  d'un  centimètre.  Cette  progression  s'explique  s'ex- 
plique aisément  ;  le  périmètre  du  thorax  nv.  préside  pas  aux  échanges 
respiratoires,  il  y  subvient;  il  se  développe  sous  l'influence  de  l'organe 
qu'il  entoure;  ce  dernier  est  réglé  lui-même  dans  son  accroissement  par  la 
masse  musculo-squelettique,  et  les  diverses  dimensions  de  l'organisme 
doni  l'inlluence  a  été  exposée.  Or  le  poumon  croît  en  volume  et  l'accrois- 
sement parallèle  des  côtes  se  fait  en  longueur.  Il  en  résulte  nécessairement 
que  la  capacité  vitale  sera  d'au'ant  plus  grande,  relativement  à  la  circon- 


48 


5   JANVIKH    1905 


férenee  thoraciiiue,  que  celle-t;i  ell«'-in("'iiie  ser.i  plus  élevée.  Ceci  est  con- 
firmô  par  le  (l('vel(»ppeinenl  parallèle  de  la  capacilé  vitale  d'une  part,  de 
l'amplitude  du  thorax,  du  poids,  de  la  inégasomie  d'autre  part.  Il  n'est 
pas  étonnant,  qu'à  poids  égal,  les  trois  groupes  présentent  une  capacité 
vitale  sensiblement  identique. 


Tablkau  X 


Ordination  d'après  la  circonférence  thoracique. 


MOYENNES  UES  D1.MEN.«I0NS 


Taille . 
Buste . 


Membre    inférieur. 
Largeur  bi-acromiale 
Longueur  du  sternum. 
Poids 


Circonférence   thoracique 

Amplitude  du  thorax 

Mégasomie  approchée:  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 

Id.  Buste   X  Circonf.  thorac. 

Capacité  vitale 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 

Taille  =  100  :  Poids 

Circonférence  thoracique. 

Capacité  vitale 

Buste  =  100  :  Membre    inférieur 

Poids  =  100  :  Capacité  vitale 

Circonf.  thorac.  =  100  :  Taille 

Buste 

Membre  inférieur.     . 
Largeur  bi-acromiale    . 
Longueur    du    sternum 

Poids 

Amplitude  du  thorax  . 

Mégasomie      approchée 

Taille    X    I^irg-    acro- 

miale 

Mégasomie      approchée 
Buste     X     Circonfé- 
rence thoracique  . 
Capacité  vitale.   . 


1(38) 


1.6G7 

0.869 

0.798 

0.352 

0.159 

58  1 

G  801 

0.074 

58.68 

69.61 

3.529 


34.9 

48.0 

2.117 

91.8 

6.074 

208.1 

108.5 

99.5 

44.0 

19.8 

72.5 

9.24 


73.2 


86  9 
4457 


11  (40) 


1.697 

0.883 

0  814 

0.361 

0.162 

6'i.o 

0.844 

0.077 

61.26 

74.53 

3.868 


38.0 

48.5 

2.278 

92.2 

5.998 

201.1 

104.7 

95.4 

42.8 

19.2 

76.4 

9.12 


72.6 


88.3 
4583 


III  (30) 


1.741 

0.896 

0.845 

0.371 

0.169 

71.4 

0.887 

0.090 

64.59 

79.48 

4.351 


41.0 

50.9 

2.498 

95.4 

6.093 

196.3 

101.0 

95.3 

42.0 

19.0 

80.5 

10.19 


72.8 


89.6 
4905 


Les  relations  que  présente  dans  cette  ordination  la  longueur  du  ster- 
num avec  l'amplitude  du  thorax  ne  doivent  pas  être  passées  sous  silence. 


E.   UEMU.VET.    —  UECHEHCIIEs  SI»  LA  CAFACITÉ  VITALE  49 

Kn  t'il'tl.  la  [irogression  de  ces  deux  facteurs  est  presque  identique,  (le  fait 
t>Miil  à  (ItMiioiitrei-  que  lo^  individus  h  circonférence  Ihoracique  élevée, 
développent  aussi  leur  cage  tlioracii|ue  on  hauteur,  et  que  les  côtes  s'ac- 
croissent, non  seulement  en  hauteur,  mais  encore  en  épaisseur. 

Ilt'vi'iiir  sur  les  rapports  do  la  t  tille  et  de  la  circonférence  thoraiiqu.' 
est  inutile. 

Rappelons  seulement  que  la  graisse  est  une  sérieuse  cause  d'erreur 
qu'on  ne  doit  pas  négliger  (]uand  on  fait  intervenir  ce  facteur.  (Ju'il 
nous  soit  cependant  permis  de  faire  remarquer  que  dans  cette  ordination, 
le  périmètre  du  thorax  est  toujours  supérieur  ;\  la  longueur  des  membres 
inférieurs  :  c'est  une  constatation  en  faveur  de  cette  relation  qui  semble 
mériter  des  recherches  confirmatives. 

Knfin,  quand  la  circonférence  thoracique  augmente  de  HO  millimètres, 
le  busle  s'accroit  de  44  millimètres,  et  la  largeur  bi-acromiale  de  10  mil- 
limètres. Des  rapports  assez  étroits  existeraient  donc  entre  ces  trois  di- 
mensions. 

Un  médecin  militaire,  .M.  Pignel,  a  récemment  appelé  l'attention  sur 
les  rapports  que  présentent  la  taille  d'un  côté,  le  poids  et  la  circonférence 
thoracique  d'un  autre  enté.  Il  appelle  :  indice  numérique  la  différence  de 
la  taille,  moins  ces  deux  derniers  facteurs.  T.  (Circonf.  th.  -|-  Poids). 

Il  admet  quun  individu  est  d'autant  plus  robuste  que  son  indice  numé- 
ritjue  est  plus  faible.  Nous  ne  pouvons  apprécier  ces  idées  qu'on  a  appli- 
(piées  ?i  la  pathologie.  Elles  ont  été  conlirmées  par  M.  le  Professeur 
(t.  H  Leinoine  qui  trouve  comme  indice  numérique  moyen,  chez  les 
sujets  noimaux  17  environ,  et  chez  les  tubercult'ux  22.71.  Il  n'est  pas 
sans  intérêt  de  noter  que  notre  indice  s'élève  a  22.0;  il  est  à  croire  que  ce 
chiffre  élevé  tient  à  la  macroskélie  de  nos  sujets,  qui  intervient  encore  ici 
comme  cause  dépréciante  de  l'organisme.  Son  influence  toutefois,  ne  doit 
pas  être  exagérée,  et  il  est  impossible  d'admettie  que  cet  indice  traduise 
exactement  la  robusticité  de  nos  sujets  qui  parait  de  la  sorte  diminuée 
outre  mesure.  Du  reste,  le  terme  indice  numérique  ne  nous  parait  pas 
très  -inuilicatif  :  tout  indice  résuite  forcément  de  nombres  :  il  est  vrai  que 
1(;  tout  est  de  s'entendre. 

Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  la  mégasomie  approchée. 

X  propos  de  la  taille,  il  a  déjà  été  (jnestion  de  la  rnégasomie.  Nous 
avons  dit  alors  que  c'était  à  titre  de  compromis  d'investigation  seulement, 
et  sous  la  réserve  de  recherches  ultérieures  confirmatives,  que  nous  par- 
lions d'une  mégasomie  approchée.  En  eff>it,  un  indice  de  mégasomie  pour 
être  absolu,  et  représenter  le  développement  complet  de  l'organisme, 
devrait  tenir  compte  de  ses  trois  dimensions  dans  l'espace. 

Le  poids  traduirait  assez  bien  la  masse  inusculo-squelettique  :  malheu- 
reusement il  est  influencé  le  plus  souvent,  par  le  tissu  adipeux,  qui,  par 
ses  variations  individuelles  énorme.-  atténue  beaucoup  la  valeur  de  ses 
indications. 

SC.C.  d'antubop.  190.').  •♦ 


no 


ri    JANVIKH     1 '.>()."> 


Celte  cause  d'erreur  n'intervenait  pas  dans  nos  recherches,  aussi  avons 
nous  insisté,  en  temps  opportun,  sur  les  rapports  étroits  qui  unissent  le 
poids  il  la  capacité  vitale. 

La  graisse  n'intervenait  donc  pas  énonuéinent  dans  la  mensuration  du 
périmètre  thoracique. 

Il  était  ainsi  possible  de  représenter  d'une  façon  approchée,  le  degré 
de  mégasomie,  d'une  part  par  le  proiluit  de  la  taille  par  la  largeur  bi-acro- 
miale,  d'autre  part  par  le  produit  du  buste  par  la  circonférence  du 
thorax. 

Ces  deux  ordinations  sont  étroitement  comparables  entre  elles  :  quel- 
ques millimètres  seulement  séparent  les  dimensions  et  les  rapports  des 
séries  homologues,  et  quelques  centimètres  cubes,  la  capacité  vitale  de 
celles-ci. 

L'identité  presque  absolue  de  ces  résultats,  tendrait  à  faire  admettre 
que  ces  indices  de  mégasomie  sont  relativeinent  satisfaisants  et  repré- 
sentent d'une  manière  suffisamment  exacte  le  développement  général  de 
l'organisme. 

Tableau  XI 

Ordination  d'après  l'indioe  de  mégasomie  approchée.  Taille  x  largeur 

bi-acromiale. 


MOYENNES  DES  DIMENSIONS 


Taille 

Buste.     .     .     .     .     . 

Membre    inférieur. 
Largeur   bi-acromiale. 
Longueur  de  sternum . 
Poids 


Circonférence  thoracique 

Amplitude   du   thorax 

Méffasomie approchée  :  Taille'X.  Larg.  bi-acrom. 

id.  Buste  X  Circonf.  thorao. 

Capacité  vitale 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 


Taille  —  100  :    Poids 

Circonférence  thoracique. 
Amplitude  du  thorax. 
Mégasomie  approchée  zr:  100.  (Taille  X  Larg 

acromiale).     Buste 

Largeur    hi-acroraiale  . 
Longueur  du   sternum . 

Poids 

Circonférence    thoracique  . 
Amplitude    du    thorax. 
Capacité    vitale  .... 
Hiistt'  :rr  100  :  Membre  inférieur. 


bi 


I  (30) 


1.641 

0.866 

0.775 

0.344 

0.158 

58.8 

0.815 

0.076 

56.45 

70.58 

3.550 


35.8 
0.497 
0.046 

1.534 

0.609 
0.280 
104.2 
1.444 
0.135 
6.288 
89.6 


Il  (40) 


1.697 

0.877 

0.820 

0.361 

0  163 

64.9 

0.850 

0.076 

61.26 

74.55 

3.845 


38.3 
0.501 
0.045 

1.4.31 
0.589 
0.266 
105.9 
1.387 
0.124 
6.279 
93.7 


m  (30) 


1.764 

0.906 

0.858 

0.379 

0.170 

70.4 

0.868 

0.089 

66.86 

78.64 

4.337 


39.9 
0.493 
0.050 

1.355 
0,567 
0.254 
105.3 

1.297 
0.133 

6.487 
94.7 


E     UK.MONKT.    —  IIKCIIEUCIIES  SL'R   LA  CAPACITK  VITALE  51 

Tableau  XII 

Ordination  d'après  l'indice  de  mégasomie  approchée.   Buste     <  circonfé- 
rence thoracique. 


Mt)Vi:NNi;s  OKs  ihmknsions 


Tnil 
hiis 


Mciiilirt-    iiilÏTiciir. 
Larj.'f'iir    Iji-airoiiiialc 
Loiii,Mi('iii'  (lu  stcnuiui. 
Poifis 


CirconIV'rencp  tlioracique 

.\ni|ilihnl('    «lu   tliornx 

M(''i:)is(»nii(^  aii|irft<-li(''o  :  Taillr  X  '""ti'r-  lii-n'-rom. 

i(l.  Rustf  X  Circonf.  tliordr. 

Capacité  ri/a/e 


MOTBNNES  DES  RAPPORTS 


Taillo  —  100  :  Poids 

Cireonféronco  thoracique 
Auipliluilc   ilii    thorax 
.Mri;.iMiiiiir  ii|)|)r(i<;ii)''i'  zn    100.  (I*>usfc  X  <'il"''OntV'- 

niiii-    thitraci(|ui').    TaiMc 

Loiiiiueui'  ihi  sicniiiiii , 

Poids 

r,ircoiir('M'<'ni;e   th(ira(i<|uf' . 
Ain|intiiil('   (lu   thorax. 
Capacité    vilahv 
Husic  =:  ino  :  Membre  iiilV-riciir      .      .      .      .      . 
Poids—  100  :  (:a|.a.ilé  vilah- 


(30) 


1.64S 

0.858 

0.790 

0.344 

0.157 

59..') 

0  8ls 

0.074 

5fi.()9 

69  28 

3.579 


36.0 
0.497 
0.0449 

L>.379 

0.218 

76.9 

1   180 

0.107 

5.167 

92.1 

(i.OOf» 


Il  (40) 


1.700 

0.881 

0.819 

O.SCO 

0.1 03 

61.6 

0.848 

0.077 

61.20 

74.71 

3.837 


38.0 
0.499 
0.0153 

2.275 
0.214 
86.1 
1.135 
0.103 

:..136 

9:{,0 
5.940 


(30) 


1.753 

<  1.908 

0.84'j 

0.380 

0.169 

70.3 

0.866 

0.090 

66.  ()1 

78,63 

4.344 


40.1 
0.494 
0.0513 

2.228 
0.190 

88  9 
1.102 
0.115 
5  524 

9;!.l 
6.179 


ï^cs  lal)l('aux  .\I  et  XII,  montrent  que,  à  un  point  de  vue  absolu  : 

.1  iripsun'  fjuf  ht  m''fjasomie  a'idève,  la  capacité  vitale,  les  dimensions  et  les 
rapports  (inrjmenlent  aussi. 

Mai^,  rt'litli renient  au  degré  de  mégasomie  : 

La  ciipaiilé  vitale  dôcroit  d'abord,  puis  augmente.  Il  en  est  de  même 
pour  l'amplitude  du  thorax. 

Le  buste,  la  longueur  di:  sternum,  la  circonférence  thoracique  dimi- 
nuent. 

Le  poids  et  l'indice  de  corpulence  augmentent. 

Ainsi,  le  développement  pulmonaire  absolu,  suit  en  moyenne  le  degré 
de  mégasouiie,  et  celle-ci  augmente  avec  la  taille,  les  plus  mégasomes 
étant  en  même  temps  les  plus  grands  et  les  plus  corpulents.  Ceci  tend  à 
rendre  les  grands  individus  macrosUèles  jusqu'h  un  certain  point,  mais 
sans  qu'ils  soient  pour  cela  macroplastes,  ces  derniers  étant  trop  grands 
pour  leur  poids. 

On   peut  dire,   que   relativement   h   la  mégasomie,  la  capacité  vitale 


52  .j  jANviKit   l'.tor» 

décroil.  Il  a  ilôjà  éU*  question  ilo  ce  fait  au  chapitre  de  la  taille.  11  n'est 
"pas  inutile  de  faire  remarquer  que  ces  deux  nouvelles  ordinations  sont 
unt'  confirmation  de  ce  qui'  t)ous  avions  alors  avancé  :  au  point  de  vue  de 
la  fonction  respiratoire,  les  nilcrosonies  sont  plus  favoris('s  que  les  méga- 
somes.  Une  seule  multiplication  a  suffi  pour  montrer  qu'.'i  mégasomie 
égale,  les  ipiarante  sujets  d'une  taille  relativement  moyenne,  ont  un  ap- 
pareil pulmonaire  moins  développé  que  les  trente  sujets  les  plus  petits  : 
et  il  est  à  peu  près  certain  qu'un  diamètre  transversal,  nous  permettant 
d'obtenir  un  indice  de  mégasomie  absolue,  nous  eut  •'•gaiement  autorisé 
h  étendre  au  troisième  groupe,  cette  conclusion,  universellement  admise  : 
La  capacité  vitale  croit  en  raison  inverse  de  la  méffasomie. 

On  doit  rapprocher  de  cette  relation,  les  rapports  que  la  mégasomie 
affecte  avec  l'amplitude  du  thorax.  11  sont,  nous  l'avons  vu,  absolument 
identiques  k  ceux  qu'elle  présente  avec  la  capacité  vitale.  Les  plus  méga- 
somes  ont  une  masse  musculo  squeleitique  proportionnellement  beau- 
coup plus  développée,  et  l'appareil  respiratoire  suit  une  progression 
semblable.  Toutefois,  nous  avons  fait  une  restriction  ;  il  est  très  probable 
que  ce  parallélisme  n'est  pas  indéfini:  mais  ses  limites  ne  sont  pas 
atteintes  dans  le  champ  de  nos  expériences.  Et  ceci  est  encore  confirmé 
par  l'accroissement  sensiblement  identique  du  poids  dont  l'influence 
s'exerce  dans  ces  ordinations,  et  vient  démontrer  la  justesse  de  nos  con- 
clusions. A  poids  égal,  en  efîet,  les  mégasomes  ont  une  toute  petite 
supériorité  sur  les  plus  microsomes  qui  ont  une  capacité  vitale  relative- 
ment plus  grande  que  les  sujets  d'un  développement  organique  moyen. 
Ainsi,  mégasomie,  poids,  amplitude  du  thorax,  capacité  vitale,  tout 
s'enchaîne,  tout  se  combine  harmonieusement,  et  si  l'un  de  ces  facteurs 
varie,  les  autres,  aussitôt,  présentent  tous  des  modifications  presque 
parallèles. 

Il  est  intéressant,  de  rapprocher  des  rapports  de  la  capacité  vitale  avec 
la  mégasomie,  ceux  que  celle-là  contracte  avec  la  longueur  du  buste.  Il  y 
a^  en  effet,  similitude  complète  entre  cette  capacité  vitale  absolue  ordon- 
née d'après  la  longueur  du  buste,  et  d'après  la  mégasomie.  On  peut  donc 
admettre  que  les  plus  mégasomes  sont  ceux,  dont  le  tronc  est  le  plus 
développé  en  hauteur.  A  propos  du  buste,  il  a  été  question  de  la  connexion 
intime  qui  unit  cette  dimension,  à  la  circonférence  thoracique,  et  à 
l'amplitude  du  thorax.  Dans  une  ordination  d'après  la  mégasomie,  on 
retrouve  un  développement  parallèle  de  tous  ces  facteurs,  d'une 
part,  et  de  la  capacité  vitale,  d'autre  part.  Les  plus  microsomes  ont^ 
relativement  à  leur  degré  de  mégasomie,  tous  ces  facteurs  plus  dévelop- 
pés, ce  qui  tend  à  démontrer  une  fois  de  plus,  que  non  seulement  l'agran- 
dissement du  thorax  est  sous  la  dépendance  très  étroite  de  celui  de  son 
contenu,  mais  que  ce  dernier  n'a  pas  besoin  de  se  faire  proportion- 
nellement à  la  masse  à  nourrir. 

La  capacité  vitale  est  encore  ici,  dans  de  certaines  limites,  sous  la  dépen- 
dance du  degré  de  brachyskélie,  c'est-à-dire  du  rapport  S/B.  Ceci  est  une 
conséquence  des  rapports  de  cette  capacité  avec   la  longueur  du  buste. 


E.   DEMONET.  —   RECHERCHES  SUR  LA   CAPACITK  VITALE  53 

En  effet,  l'accroissement  absolu  de  la  fomUion  respiratoire  du  second 
groupe  est  faible,  parce  que  celui  ci  est  beaucoup  plus  macroskèle  que  le 
premier,  et  si  cet  accroissement  est  plus  élevé  pour  le  dernier,  c'est  que 
celui-ci  est  de  tous  relativement  le  plus  brachy^kèle. 

En  résumé,  le  produit  de  la  taille  par  la  largeur  bi-acromiale  permet 
d'obtenir  une  expression  de  l'ensemble  du  développement  squelettique, 
qui  peut  ne  pas  être  d'une  exactitude  mathématique,  mais  qui  a  du 
moins,  sur  le  poids  du  corps,  l'avantage  d'être  indépendant  de  l'embcm- 
point,  et  sur  la  taille  seule,  de  représenter  deux  dimensions  au  lieu  d'une 
seule.  C'est  pourquoi  M.  Manouvricr  le  proposait  en  1882,  comme  terme 
de  comparaison  avec  le  poids  de  l'encéphale,  en  remplacement  ds  la  taille 
et  du  poids  du  corps.  Cette  expression  donne  également  de  très  bons 
résultats  quand  on  la  rapproche  du  développement  de  l'appareil  respira- 
toire qu'elle  traduit  avec  une  exactitude  satisfaisante. 


Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  l'euryplastie  approchée. 

\ 

M.  Manouvrier  ne  s'est  pas  contenté  d'attirer  l'attention  sur  l'importance 
du  rapport  S/B.  Il  a  pensé  qu'il  ne  suiïisait  pas  de  connaître  seulement  la 
longueur  des  os,  mais  qu'il  était  aussi  nécessaire  de  tenir  compte  de  leur 
épaisseur.  C'est  pourquoi  il  a  créé  les  termes  d'euryplastie  et  de  macro- 
plastie  ;  les  sujets  euryplastes  étant  ceux  dont  les  os  sont  épais  relative- 
ment à  leur  longueur,  les  macroplastes  étant  ceux  dont  les  os  sont  relati- 
vement minces.  Il  a  intimemenl  relié  l'euryplastie  à  la  brachyskélie,  tradui- 
sant ainsi  d'une  façon  parfaite  les  rapports  qui  existent  entre  les  diverses 
pièces  squelettiques. 

M.  Manouvrier  a  démontré  la  supériorité  de  ce  rapport  quand  il  a  étudié 
la  quantité  dans  l'encéphale,  et  les  rapports  de  celui-ci  avec  le  développe- 
ment de  l'organisme. 

II  nous  était  naturellement  impossible  de  rapporter  la  capacité  vitale 
à  un  indice  d'euryplastie  ainsi  comprise.  Il  était  possible  de  tourner  la 
difficulté  en  utilisant  comme  indice  d'euryplastie  approchée  les  rapports  h 
la  lailie,  d'une  part,  du  diamètre  bi-acromial,  d'autre  part,  de  la  circon- 
férence thoracique. 

Les  tableaux  qui  résument  ces  deux  ordinations  présentent  des  séries 
homologues  suffisamment  semblables,  pour  que  les  conclusions  de  l'une 
s'appliquent  aussi  à  l'autre.  Sans  doute,  la  largeur  bi-acroraiale  et  la 
circonférence  thoracique  diffèrent  considérablement  suivant  que  ces  deux 
dimensions  servent  ou  non  au  calcul  de  l'euryplastie  :  ces  légères  diver- 
gences forcées  n'induent  en  rien  sur  la  légitimité  des  résultats  obtenus. 


54 


5  jwviKH    IWO.'i 


T.MII.KAI'    XIII 

Ordination  d'après    l'indico   dVuryplastie   approchée     Largeur     bi-acro. 

miale  à  taille    --  100 


MnVK\.M.s    lih>    lllMK.N^Il>.\s 

1  (m 

il  (40. 

III  (30) 

TiUllo 

1.725 

1.099 

1.676 

Uusic 

,,.880 

0.88(; 

0.873 

Menibro  iiilV'i'iciii' 

0.836 

(1  813 
0.301 

0.S03 

i.iir^'i'iir  lii-ac  Toiiiiiili' 

0.:{48 

0 .  375 

LiuiL'iioiir  du  slenium 

O.liO 

0.1C)3 
05.0 

0.162 

Poids 

61.5 

04.7 

('.irconlércnre  llinr<icu|iic .      . 

((.814 

0.841 

0.850 

.\iri|ilitiide  du   thorax 

U.070 

0.080 

0.080 

Mt'icasoiiiie  approrliéo  :  Taille  X  l'^i'^'oui-  bi-ncro 

ruiîilf 

6(>.(i:i 

01.33 

62.85 

Mi-iiasoniic   ap|ir(tclico    :    IJusIc   X    •■ii'oniV'icin-e 

lliniari<iu('.           

75.(1:; 

71.51 

71.01 

/:iiri//i/af>fie  a/i/irorhée  :   Laif/nir  biacromiale 

Il    Taille  —  100 

20.17 

21.25 

22.38 

C'<i/)(tiifp  Vilali' 

3.980 

3.889 

3.870 

MOYENNES   DES   HAl'POHTS 

Taille  —  100  :  lUiste 

0  515 

0.521 
0.479 

0.521 

Mendtre  infériour 

0.485 

0,479 

0.202 

0.224 

0.222 

Lonffiiour  du  sternum   .... 

0.0962 

0.0959 

0.0967 

i>oids 

37.4 

38.3 

38.6 

.\iiiplitude  du  thorax.    .... 

0.0458 

0.0471 

0.0477 

Caiiaeité  vitale 

2.307 

2.289 
91.8 

2  309 

liiistp  zr  100  :  Membre  inférieur 

94.1 

91.8 

Largeiu-  bi-arromiale     .... 

0.391 

0.418 

0.429 

Longueur  du  sternum    .... 

0.187 

0.184 

0.185 

('.ireonlérence  thoraeique.    . 

0  949 

0  949 

0.974 

LiHii:uoiuriuslernum  =  10  :  Largeur  bi-acromiale. 

20.9 

22.1 

23.1 

id.                          Circonférence    thora- 

ciquc 

50.9 

51.6 

52.5 

Il  est  évident  que  daus  les  deux  tableaux,  la  série  III  est  eurypiaste 
relativement  à  la  série  l  qui  est  niacroplasle. 

Le  tableau  XIIl  montre  que,  à  mesure  que  l' eunjplastie  s'accentue  : 

Lu  capacité  vitale  diminue. 

Lu  taille,  le  buste,  le  membre  ivfirieur,  la  lonf/ueur  du  sternum  diminuent. 

La  longueur  bi  acromialc,  et  la  méf/asomie  auf/mentent. 

Le  poids  est  sensiblement  le  même  pour  les  3  séries  :  il  en  est  de  même 
pour  l'amplitude  du  thorax. 

La  circonférence  Ihoiacique  diminue  au  second  groupe,  augmente  au 
troisième. 


E.   DEMONT.T.   —   nECHERCHES  SUR  LA  CAPACITK  VITALE  35 

Pour  interpréter  d'une  façon  logique  ces  n^sult.as.  il  faut  les  rapporter 
à  la  laill.'  =  100. 

On  voit  ainsi  que  l'euryplastie  est  surtout  accentuée  chez  les  individus 
petits;  les  plus  grands  tendent  en  moyenne  à  la  raacroplastie.  Semblable 
ronstatatiou  avait  été  faite  plusieurs  fois  :  d'abord  h  propos  de  la  taille, 
où  nous  avons  noté  que  la  largeur  bi-acromiale  était  relativement  plus 
grande  chez  les  sujets  petits  :  ensuite,  h  propos  de  la  mégasomie. 

Celte  ordination,  ne  met  pas  en  évidence,  aussi  bien  que  la  suivante, 
les  rapports  de  l'euryplastie,  avec  la  longueur  du  buste  et  celle  des 
membres  inférieurs,  c'est-à-dire  avec  le  rapport -j^;  aussi  insisterons- 
nous  sur  ce  point  dans  quelques  lignes.  La  longueur  du  sternum  augmen- 
terait aussi  d'une  façon  constante,  si  le  deuxième  groupe,  ne  présentait 
à  ce  point  de  vue,  quelque  infériorité.  Ceci  est  un  point  important  à 
souligner  :  il  montre  en  effet,  que  le  sternum  est,  absolument,  aussi  long 
chez  les  euryplasles  que  chez  les  macroplastes,  et  relativement  h.  leur 
taille,  les  premiers  l'emportent  de  beaucoup  sur  les  derniers,  quant  à  cette 
dimension,  il  faut  admettre  que  le  sternum  se  développe  surtout  en 
hauteur  chez  les  euryplastes.  D'autre  part,  comme  la  largeur  bi-acro- 
miale et  la  circonférence  thoracique  sont,  relativement  à  la  longueur  du 
sternum,  d'autant  plus  élevée  que  l'euryplastie  est  elle-même  plus  grande, 
l'accroissement  du  poumon  se  fait  de  la  sorte  dans  les  trois  dimensions, 
dans  ces  conditions.  C'est  ce  que  confirme  encore  la  longueur  du  buste, 
qui  h  taille  égale,  croît  avec  le  degré  d'euryplastie  et  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  la  largeur  bi-acromiale,  la  longueur  du  sternum,  la  circonfé- 
rence thoracique  sont  d'autant  plus  grandes,  relativement  au  buste^  que 
lu  macroplastie  est  plus  faible. 

Le  poids  et  l'amplitude  thoracique  croissent  naturellement  du  premier 
au  troisième  groupe,  quand  on  rapporte  ces  dimensions  aux  tailles  cor- 
respondantes. C'est  une  conséquence  naturelle  :  les  euryplastes  étant  en 
même  temps  les  plus  mégasomes. 

Dans  le  tableau  XIII,  la  capacité  vitale  présente  entre  les  3  séries,  une 
différence  tellement  faible,  20  centimètres  cubes  environ,  qu'elle  peut 
être  considérée  comme  étant  partout  la  même.  Mais  ce  n'est  là  qu'une 
apparence  :  une  étude  plus  approfondie,  démontre  en  effet,  que  les 
euryplastes  sont,  relativement  aux  macroplastes  favorisés  quant  à  leur 
développement  thoracique.  Là  encore  il  faut  faire  intervenir  l'inlluence 
de  la  taille.  Nous  avons  établi  précédemment  qu'une  augmentation  de 
taille  de  1  centimètre  entraînait  une  augmentation  dans  la  capacité 
vitale  de  fiO  centimètres  cubes  environ.  Or,  les  euryplastes,  ont  en 
moyenne,  une  taille  inférieure  de  5  centimètres  à  celle  des  macroplastes, 
et  la  capacité  vitale  des  uns  et  des  autres  est  sensiblement  identique.  Il 
en  résulte  évidemment  que  les  premiers  ont  une  fonction  respiratoire 
plus  développée  (jue  les  seconds,  et  cette  augmentation  de  la  capacité 
vitale  s'accorde  parfaitement  avec  laccroissement  parallèle  du  poids,  de 
l'amplitude  thoracique,  et  de  la  mégasomie. 


56 


5   JANVIER    1905 


Iahle.m'  -XIV 

Ordination  d'après  l'indice  d'euryplastie  approchée.  Circonférence 
thoracique  à  taille  —  100 


.MOYK.N.NKS    DKS    DIMENSIONS 

1  (W) 

il  f40) 

m  (30) 

Taille 

1.72!» 

1.703 
0.882 

1.669 

Musle 

0.893 

0.873 

Mt^mbro  inlfrioiu    .      .                                        .      . 

0.8:^H 

0.821 

0.796 

Laryeur  hi-acroniialc ... 

0.3G2 

0.360 

0.360 

Ldiif-Mieiir  ilu  sterniiiii .           

0.104 

0.164 

0.162 

l'ni.ls 

63.8 

65.8 

64.8 

Ciroonrérenre  flniraiiqiii' 

(t  819 

0.845 

0.868 

.\in|tlitii(le  ilii  thorax 

0.080 

0.079 

0.080 

Mi'irasoiiiio   a|ipi'o<hcc    :    (Tailli'    X    l-^irucur    hi- 

acroniialo 

02.5!) 

01.31 

6(».08 

Mi'j.'as(iiiiio  a|ijtro(li('C  :    Ihistc   X   t-irconréi'enfi' 

thiiracique 

72.17 

74.53 

75.77 

Hurypid.itic  approchpe   :    CArinnfi'rencc  thora- 

ciqui'  à  ToUIp  —-   1(K> 

47.37 

49.62 

52.01 

Capacité  vitale 

3.915 

3.871 

3.964 

MOYENNES   DES   RAPPORTS 

Taille  =  100  :  P.iisle 

0.516 

0.518 

0.523 

MfiTibro  inliTieur 

0.48^ 

0.482 

0.477 

I.argeiir  iH-acromialo 

0.-210 

0.211 

0.216 

0.0949 

0.0963 

0.0971 

Poids 

35.9 

38.4 

38.8 

0.0403 

0.0464 

0.0479 

Capacité  vitale 

2.270 

2.273 

2.375 

Buste  —  100  :  Membre  inférieur 

93.6 

93.1 

91.2 

Larircur  bi-acromiale 

0.406 

0.108 

0.412 

I.onirucur  du   sternum. 

0.184 

0.186 

0.186 

Cirronférence  thoracique   . 

9.917 

0.958 

0.994 

Longueur  du  sternum  =  10  :  I^argeur  bi-acromiale. 

2.21 

2.20 

2.22 

id.                           Circonférence   tliora- 

50.0 

51.2 

54.6 

Le  tableau  XIV  est  en  parfait  accord  avec  celui  qui  le  précède  :  toute- 
fois il  met  mieux  en  évidence  les  rapports  de  la  brachyskélie  avec  l'eu- 
ryplnstie    II  montre  en  eiïet  d'une  façon  indiscutable  que  la  brachyskélie 

s 
est  otroitement  unie  à  i'euryplastie,  puisque  le  rapport  -  décroît  du  pre- 
mier au  troisième  groupe,  et  quC  les  macroplastes  sont  en  même  temps 
des  macroskôles.  M.  Manouvrier  a  longuement  insisté  sur  ce  rapport  qui 
se  trouve  ainsi  conlirmé  complètement.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  la 
capacité  vitale  des  euryplastes  soit  plus  élevée  que  celle  des  macroplastes  ; 
et  ceci  s'explique  aisément,   non  seulement  parce  que  leurs  dimensions 


E.  DEMONET.  —  RECHERCHES  SCR   LA   CAPACITli  VITALE  57 

transversales,  proportionnellement  à  la  taillo,  sont  plus  élevées,  mais 
encore  parce  que  leur  buste  est,  r;:;lativenienl  à  leurs  membres  inférieurs, 
plus  long.  Aussi,  M.  Manouvrier  associe  la  brachyskélic  à  l'euryplastie 
et  1.1  macroskélie  ;\  la  macroplastie;  mais  il  a  fait  remarquer  qu'il  n'}- 
avait  pas  fiircémt'nt  ol  toujours  i<lentité  absolue  entre  les  ItMines  de 
ces  deux  rapprocluMucnls.  Nos  conclusions  sont  en  parfait  accord  avec 
les  siennes. 


DE  LA  CAPACITE   VITALE,  ABSOLUE  ET  RELATIVE  DANS  LE   SEXE  FEMININ 

1.  —  La  capacité  ritale  absolue. 

Schnepf,  ayant  parachevé  l'œuvre  d'Hutchinson,  crut  que  désormais 
toute  investigation  spirométrique  demeurerait  stérile.  (IrAce  ;i  lui,  on  con- 
naissait parfaitement  le  sexe  masculin,  quant  à  sa  fonction  respiratoire, 
ets'il  ne  put  étudier  d'une  façon  aussi  complète,  le  sexe  féminin,  il  indiqua 
la  voie  dans  la(|uelle  devaient  s'engagor  ses  successeurs.  «  Les  résultats 
aux(juels  nos  recherches  nous  conduisent,  dit-il,  nous  permettent  dépenser 
qu'on  pourra,  en  recueillant  des  observations  plus  nombreuses,  arriver  à 
préciser  pour  les  âges  de  la  femme,  comme  nous  l'avons  fait  pour  ceux  de 
rbtuume,  l;i  quantité  dont  la  capacité  pulmonaire  croît  ou  décroît  ;  que 
parmi  les  facteurs  principaux  qui  agissentsur  la  capacité  vitale  du  poumon 
l'inlluence  de  l'âge  doit  occuper  le  premier  rang  dans  les  deux  sexes;  que 
les  autres  iniluences  qu'il  nous  faut  étudier  doivent  être  subordonnées  à 
celle  de  làge,  et  étudiées  dans  les  dilîérentes  périodes  de  la  vie  :  que  c'est 
parce  que  nos  prédécesseurs  n'ont  pu  appliquer  leurs  investigations  à 
tous  les  Ages  que  l'importance  primordiale  qui  s'y  rattache  leur  a  échappé 
si  généralement  ;  que  pour  toutes  ces  raisons,  ils  ont  été  conduits  à  donner 
à  des  agents  subordonnés  une  importance  plus  grande  que  celle  qui  leur 
convient  réellement,  comme  nous  le  prouverons  plus  tard;  enfin  qu'ils 
devraient  déplacer,  comme  ils  l'ont  fait,  l'époque  à  laquelle  correspond  le 
maximum  de  la  capacité  vitale  du  poumon.  » 

L'histoire  de  la  spirométrie  démontre  que  l'appel  de  Schnepf  n'a  pas 
été  entendu.  En  elTet,  c'est  à  peine,  si  depuis  ISriT,  Pagliani  a  recherché 
la  capacité  vitale  de  la  femme  sur  des  jeunes  filles  de  18  ans. 

M.  Manouvrier  nous  a  conseillé  d'étudier  le  développement  pulmonairede 
la  femme,  mais  dans  un  sens  radicalement  opposé  à  celui  (ju'avait  conçu 
l'auteur  du  mémoire  de  1857.  C'est  qu'en  eiïet  l'âge  n'occupe  plus  dans 
les  rapports  anthropométriques  la  place  importante  qu'il  occupait  alors. 
IJ'acteur  princi|)al,  il  esttombé  au  rang  de  simple  figurant  dont  ou  restreint 
auUint  (jue  possible  les  apparitions,  et  qu'on  cherche  à  éliminer  le  plus 
souvent. 

Aussi  avons-nous  adopté  pour  la  femme  le  plan  qui  nous  avait  gui<lé 
pour  le  sexe  masculin  ;  les  dimensions  et  les  rapports  sont  les  mômes  pour 


58 


.>    JANVIEH 


1905 


l'un  el  pour  l'aulre.  l/âge  a  compris  un  nombre  d'années  tel  (cinq)  que 
nos  ri'cherclies  ne  fussent  pas  interminables,  elque  l'inlluence  de  ce  facteur 
fui  réduite  à  un  strict  minimum.  Ici  encore,  il  était  inutile  d'aligner  de 
longues  colonnes  de  cliilîres  indi(iuant  les  dimensions  de  chaque  sujet  : 
l'Ilcs  ont  été  condensées  diins  le  tableau  XV'  (|ui  constitue  le  résumé  des 
(■apports  de  la  capacité  vitale  avec  ces  dimensions,  dans  le  sexe  féminin. 
Il  montre  ipie  : 

Tableau  XV 
Ordination  d'après  la  capacité  vitale. 


MOYENNES   UKS   DIMENSIONS 


(Capacité  vit  ah. 
Tai'ile.  .  .  . 
Bustf.      .      .      . 


Membre  inférieur 

Largeur  bi-acroniiale 

Longueur  du  sternum 

Poids 

Cireonlérenre  tboracique 

Amplitinlc  du  tliorax 

Mégasomie  approchée:  Taille X Largeur  bi- 
acrorniale .      .      . 

Mégasomie  approcbée  :  Buste  X  Circonfé- 
rence tboracique 


MOYENNES   DBS   RAPPORTS 

Taille  :=  100  :  Largeur  bi-acromiale     . 

Circonférence  tboracique    . 

Poids 

Capacité  vitale 

Buste  rr  100  :  Membre  inférieur     . 

Mégasomie  ai»prncbée=r  100  (Taille XLarg. 

bi-acromiale).  Capacité  vitale  .     .      .      . 

Mégasomie  approcbée  z=:  100  (Circonférence 

tboracique).  Capacité  vitale     .... 


I  (30) 


2.282 

1.497 
0.811 
0.686 
0.295 
0.132 
52.3 


0.712 
0.047 


44.16 
57.74 


19.71 

47.63 

33.5 

1.524 

84.59 

5.168 

3.957 


II  (40) 


2.712 
1.553 
0.830 
0.723 
0.309 
0.143 
55.8 
0.739 
0.054 

47.99 

61.34 


19.90 

47.59 

35.9 

1.746 

87.11 

5.421 

4.421 


m  (30) 


3.261 
1.611 

0.858 
0.753 
0.325 
0.149 
58.5 
0.751 
0.066 

51.36 

64.44 


20.17 
46.62 
36.3 
2.204 

87.76 

6.349 
5.060 


IV  (100) 
moyenne 
générale 


2.747 
1.553 
0.834 
0.719 
0.309 
0.141 
55.5 
0.734 
0.056 

47.99 

61.22 


35.5 

» 
86.5 


A  mesure  que  la  capacité  vitale  s'élève,  toutes  les  dimensions  et  tous  les  rapports 
augmentent. 

La  colonne  IV  de  ce  tableau  représente  la  moyenne  générale  de  tous  ces 
facteurs.  Elle  permet  donc  d'apprécier  la  capacité  vitale  absolue. 

Rien  de  plus  variable  que  les  chifïVes  donnés  par  les  difTérents  auteurs 
pour  déterminer  la  capacité  vitale  absolue  de  la  femme.  Les  uns  mentionnent 
qu'elle  varie  entre  2  litres  et  3  litres  500;  les  autres  disent  qu'elle  oscille 
seulement  entre  2  litres  900  et  3  litres  400  ;  pour  le  plus  grand  nombre, 


E.    DEMii.NF.r.   —   IlECHERCHES  SUR   I. A  CAPACITK  VITALE  59 

le  développement  pulmonaire  d'une  femme  adulte  et  siiine  seiait  assez 
bien  représenté  par  2  litres  500 ou  ',\  litres.  Sohnepf  estime  que  la  capacité 
vitale  atteint  son  maximum  à  20  ans,  et  qu'elle  est  alors  de2.500  centimètres 
cubes  environ  :  elle  décmît  ensuite,  et  de  20  ?i25  ans,  on  peut  la  considérer 
comme  ('galant  2.lil8  cenlimèti'es  cubes,  moyenne  de  valeurs  extrêmes  (^ui 
alteignenf  2.I<M)  et  2. (iOO  centimètres  cubes. 

//  irsulli'  ilr  nos  irclirirhes  que  la  rnpnciti'  vitale  absolue  d'une  femme  île  20 
à  25  ans  est  en  moi/enne  de  2.747  cenlinu'ires  cubes.  La  capacité  maximuque 
nous  avons  relevée  est  de  3.730  centimètres  cubes  ;  la  minima  atteint 
1.930  centimètres  cubes  seulement  ;  elles  sont  donc  séparées  par  le  chitTre 
de  1.800  centimètres  cubes,  différence  sensible,  comparable  de  tout  point 
à  celle  qui  a  déjà  élé  mentionnée  pour  le  sexe  masculin. 

dénombre,  (2.500 centimètres  cubes)  est  intéressant,  parce  qu'il  précise 
un  point  important  de  physiologie  sur  lequel  on  ne  possédait  que  des 
renseigiiemt>nts  très  vagues.  Il  représente  assez  bien,  il  est  vrai,  la 
moyenne  des  valeurs  extrêmes  qu'on  assignait  h  la  capacité  vitale  de  la 
femme,  mais  ces  dernières  ne  reposaient  sur  aucun  fondement  sérieux, 
.\  ce  point  de  vue,  on  peut  opposer  au  grand  nombre  d'expéri- 
mentateurs qui  ont  poursuivi  leurs  recherches  sur  le  sexe  masculin,  le 
nombre  plusque  reslreintde  ceux  (|ui  onl  fait  des  éludes  analogues  sur  le 
sexe  féminin.  S'il  est,  en  'efTet,  très  facile  de  trouver  un  certain  nombre 
d'hommes  pouvant  se  soumettre  à  des  recherches  spirométriques,  on 
éprouve  des  ditTicultés  réelles  qui  vont  parfois  jusqu'à  l'impossibilité 
absolue,  quand  on  fait  ces  dernières  sur  des  femmes.  Des  circonstances 
spéciales,  du  temps  et  de  la  patience  sont  nécessaires,  Nous  croyons,  comme 
nous  l'avons  établi,  dans  notre  a.  technique  »  avoir  tiré  le  meilleur  parti 
des   conditions  qui  s'offraient  à  nous. 

Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  la  taille. 

Le  tableau  .Wl,  ordonna'  d'après  la  taille,  montre  que,  d'une  façon 
absolue  : 

A  mesure  que  la  taille  s'élève,  la  capacité  vitale,  toutes  les  dimensions  et  tous 
les  rapports  augmentent  aussi. 

Mais  relativement  h  la  taille  : 

Le  buste,  la  circonférence  thoracique  diminuent. 

Le  membre  inférieur,  la  longueur  du  sternum,  la  mégasomie  approchée, 
l'amplitude  du  thorax,  la  capacité  vitale  augmentent. 

La  largeur  bi-acromiale  diminue  et  le  poids  augmente  de  la  l'»  à  la 
•2°  série,  mais  ces  deux  facteurs  restent  identiques  pour  le  2"  et  le 
3"  groupes. 

Il  existe  encore  ici  des  variations  individuelles  considérables  corres- 
pondant à  chaque  taille  A  1  m.  52,  par  exemple,  sont  affectés  des  cbifTres 
osillant  entre  2.030  et  3.230  centimètres  cubes  :  les  chiffres  extrêmes 
pour  1  m.  55  sont  2.280  et  3.580  centimètres  cubes,  et  pour  1  m.  64  2.150 


60 


5   J.\NVIEH    1905 


et  3.530  centimètres  cubes.  Ces  différences  doivent  être  considérées 
coimne  absolunn'nt  normales,  Ijicn  qu'elles  soient  élevées,  et  il  nous 
paraît  impossible  de  les  raltacbcr  comme  le  veut  M  Albert  Kobin,  à  de 
l'aithritisme  ou  à  de  la  tuberculose. 

La  capacité  vitale  croit  donc  proportionnellement  à  la  taille:  en  effet, 
du  l«'  au  ■2''  groupe,  celle-là  auiimente  de  35,4  centimètres  cubes,  et  du 
3e  au  3"  groupe  de  47,8  centimètres  cubes  quand  la  taille  s'élève  d'un 
centimètre  On  ne  peut  donc  établir  que  très  approximativement  cette 
formule  générale  :  Quand  la  taille  augmente  d'un  centimètre,  la  capacité 
vitale  s'accroît  de  41,3  centimètres  cubes  en  moyenne. 

Table.\u  XVI 
Ordination  d'après  la  taille. 


MOYENNES    DES    DIMENSIONS 

1(30) 

I  (40) 

m  (30) 

Tai/le.     .... 

1.475 

1.555 

0.834 
(1.721 
0.307 

1.628 

Buste.      .     .     . 

0.80!) 

0  854 

Membre  inJérieur    . 

0.666 

0.774 

Largeur  bi-aeromiale 

0.301 

0.321 

Longueur  du  sternum 

0.133 

0.142 

0.150 

Poids 

51.6 

56.2 

59.0 

(^irronfércnce  tliorarique 

0.716 

0.735 

0.756 

.Ak'gasomie  approchée:  Taille  X  Larg.  bi-aorom.. 

44.40 

47.70 

52.26 

Id.                    Buste  X  f'irconr.   tboran. 

57. '.)2 

61.29 

64.56 

Amplitude  du  thorax  .     , 

0.052 

0.055 
2.727 

0.061 

Capacité  vitale.     . 

2.244 

3  076 

MOYENNES   DES   RAPPORTS 

Taille  =  100  :  Buste 

0:550 

0.537 

0.524 

Membre  inférieur 

0.450 

0.463 

0.476 

Largeur  bi-acromiale. 

0.204 

0.197 

0.197 

Longueur  du  sternum 

0.090 

0.091 

0.092 

Poids 

34.5 

36.2 

56.2 

Circonférence  thoraciqu 

e    . 

0.485 

0.473 

0.464 

Amplitude  du  thorax 

(1.0352 

0.0354 

0.0375 

Capacité  vitale     . 

1.658 

1.754 

1.878 

Buste  =  100  :  Membre  inférieur 

82.3 

86.4 

90.6 

Lai'geur  bi-arromialc 

37.2 

36.8 

37.6 

Longueur  du  sternum 

16.6 

17.0 

17.5 

Circonféreneo  tboracique    . 

88.5 

88.1 

88.5 

Megasomie  approchée  =  100.  (Taille  X  Larg. 

bi- 

acromiale).  Capacilé  vitale      .      . 

5.504 

5.717 

5.886 

Megasomie  approchée  100  =  (Buste  X  Circonfé- 

rence tboracique).  Capacité  vitale      .... 

4.218 

4.448 

4.786 

Quelle  que  soit  l'irrégularité  de  cet  accroissement,  il  n'en  existe  pas  moins. 


E.   DEMONET.    —   RECHERCHES  SUR   r.A  CAPACFTK  VITALE  61 

et  nous  pourrions  n^péter  ici  ce  qui  a  d4jh  été  exposé  au  sujet  du  sexe 
masculin.  La  taille  ne  représente  que  d'une  façon  très  imparfaite  le  dé- 
veloppement total  de  l'organisme,  et  un  indice  de  mégasomie  absolue, 
montrerait  certainement  d'une  façon  très  nette  (jue  l'accroissement  pul- 
monaire n'a  pas  l)esoin  de  se  faire  proportionnellement  ;i  celui  de  la  masse 
à  nourrir.  Le  rapport  de  la  capacité  vitale  et  du  poids  le  faitdéjh  présumer. 
Les  indices  de  méij^asoniie  approchée  que  nous  avons  adoptée  rendent  fort 
plausible  celte  pi-obahililé.  qui  s'alïirme  encore  par  ce  fait  que  la  surface  df^s 
échanges  respiratoires,  assez  bien  traduite  par  le  prorluit  de  la  longueur 
du  sternum  par  la  circonférence  thoracique,  est  beaucoup  plus  considé- 
rable, relativement  à  leur  taille,  pour  les  femmes  petites  que  pour  les 
femmes  grandes. 

Si  le  buste  s'élève  avec  la  taille,  son  allongement  n'est  pas  pro|>ortionnel, 
en  moyenne,  à  celui  des  membres  inférieurs,  (^eux-ci  s'accroissent  relati- 
vement davantage,  et  ils  sont,  par  rapport  au  buste,  plus  longs  chez  les 
femmes  grandes  que  chez  les  femmes  petites.  L'accroissement  de  la  taille 
se  fait  donc  principalement  par  celui  des  membres  inférieurs:  en  etïet, 
tandis  que  le  buste  décroil  relativement  à  cette  dernière,  ceux-ci  aug- 
mentent d'autant  dans  les  mêmes  circonstances. 

La  largeur  bi-acromiale  croissant  en  raison  inverse  de  la  taille,  cette 
dimension  est  surtout  développée  chez  les  femmes  petites,  les  grandes 
étant  désavantagées  à  ce  point  de  vue.  Il  en  résulte  forcément  que  ces 
dernières  ont  un  indice  de  mégasomie. approchée  absolument  plus  élevé; 
mais  d'une  façon  relative,  ce  seront  encore  les  femmes  du  premier  groupe 
qui  seront  à  ce  point  de  vue,  favorisées.  A  taille  égale,  elles  sont  plus 
mégasomes  que  celles  de  la  première  série. 

La  longueur  du  sternum  croît  absolument  et  relativement  avec  la  taille. 
Cet  accroissement  relatif  est,  il  est  vrai,  peu  considérable,  et  il  montre 
que  le  développement  du  thorax  en  hauteur  n'intervient  que  d'une  façon 
secondaire  dans  l'augmentation  de  volume  du  poumon. 

Le  poids  croît  aussi  d'une  façon  absolue  avec  la  taille,  mais  relative- 
ment à  elle,  il  augmente  d'abord  pour  rester  ensuite  stationnaire.  Si  nos 
sujets  masculins  présentent,  à  peu  près,  le  même  embonpoint,  il  n'en  est 
pas  de  même  pour  nos  sujets  féminins  dont  le  développement  adipeux  est 
essentiellement  variable.  Si  parmi  ces  derniers  nous  n'en  avons  pas 
rencontré  d'obèses,  et  d'excessivement  maigres,  il  s'en  est  présenté  un 
certain  nombre  qui  devaient  être  considérées  comme  franchement  maigres 
et  incontestablement  grasses.  Nous  avons  cru  remarquer  que  les  femmes 
de  taille  moyenne  étaient  de  préférence  prédisposées  à  un  développement 
exagéré  du  tissu  adipeux  :  c'est  dans  la  série  II  que  se  classent  le  plus  grand 
nombre  de  sujets  affectés  du  coefficient  4  ;  les  séries  extrêmes  et  surtout  la 
série  3  n'en  présentent  qu'un  chiffre  relativement  restreint.  Ces  considé- 
rations expliquent  les  rapports  du  poids  et  de  la  taille  déjà  mentionnés  : 
elles  entraînent  d'autres  conséquences  sur  lesquelles  nous  aurons  bientôt 
l'occasion  de  revenir. 

La  circonférence  thoracique   est  d'autant  plus  faible  relativement  à  la 


i\-2  .")    JvNVlKll    l'.>0."> 

taille  que  celle-ci  est  plusél».'vée  Si  on  applique  au  sexe  féminin  le  fameux 
rapport  <le  la  «leini-laillo  à  la  circonférence  Ihoracique,  on  voit  qu'il  est 
inexact,  même  pour  les  femmes  les  plus  petites.  En  elTet  les 3  séries  du  ta- 
bleau XVI  présentent  une  circonférence  thoracique  inférieure  A  la  moitié 
de  leur  taille.  Mali,'r.'  leur  degré  d'embonpoint  diffèrent,  celles-ci  paraissent 
mettre  en  évidence  une  progression  satisfaisante  de  la  circonférence  tho- 
racique. Elle  est  facilement  explicable  par  l'influence  de  l'amplitude  du 
thorax.  Celle-ci  en  efTet,  croît  proportionnellement  à  la  taille,  mais  d'une 
fai^'on  très  irrégulière.  Du  1"  au  2»  groupe,  cette  augmentation  relative 
est  de  '2  millimétrés  seulement,  tandis  que  du  2«  au  3«  groupe  elle  atteint 
21  millimètres.  La  circonférence  thoracique  est  pour  le  i^f  el  le  3^  groupe 
en  général,  une  dimension  musculo-squeletlique,  peu  influencée  par  la 
o-raisse  ;  dans  le  2«  groupe  elle  subit  l'influence  de  l'embonpoint,  qui  na- 
turellement augmente  sa  valeur.  La  graisse  joue  unrùle  trompeur,  parce 
qu'elle  donne  une  dimension  trop  grande  qui  n'est  pas  expliquée  par 
l'amplitude  du  thorax,  traduction  de  l'intensité  et  de  l'activité  du  travail 
musculaire  qui  préside  en  somme  au  développement  de  l'appareil  respi- 
ratoire. 


Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  te  buste. 

Le  tableau  XVIL  ordonné  d'après  la  longueur  du  buste  montre  que  : 
ù  un  point  de  vue  absolu  : 

Au  fur  el  à  mesure  que  la  longueur  du  buste  s'accroît  la  capacité  vitale, 
les  dimensions  du  corps,  et  les  rapports  augmentent  aussi. 

Mais  relativement  à  cette  longueur  : 

La  taille,  la  longueur  du  sternum,  le  poids,  la  mégasomie,  l'amplitude 
du  thorax  et  la  capacité  vitale  augmentent. 

La  circonférence  thoracique  et  la  largeur  bi-acromiale  diminuent  d'abord 
poui  augmenter  ensuite. 

L'accroissement  de  la  capacité  vitale  avec  la  longueur  du  buste  est  très 
irrégulier  :  il  est  d'autant  plus  élevé  que  cette  dernière  est  elle-même 
plus  grande.  En  efîet,  du  l"au  2''  groupe  il  atteint  125  centimètres  cubes, 
et  du  2e  au  3»  groupe  179  centimètres  cubes  quand  le  buste  s'allonge  d'un 
centimètre.  Les  rapports  qui  unissent  ces  deux  facteurs  sont  trop  vagues, 
et  les  variations  de  la  longueur  du  buste  trop  peu  considérables,  pour 
qu'il  soit  possible  d'établir  cette  formule,  même  approximative.  La  capacité 
vitale  augmente  de  155  centimètres  cubes  quand  la  longueur  du  buste 
augmente  d'un  centimètre. 

L'augmentation  absolue  et  relative  de  la  taille  et  des  membres  inférieurs 
par  rapport  au  buste,  est  en  connexion  intime  avec  ce  qui  a  été  déjà 
noté  au  sujet  de  ces  deux  dimensions. 

Le  diamètre  bi-acromial  et  la  circonférence  thoracique  seraient  relati- 
vement d'autant  plus  petits  que  le  buste  serait  plus  long,  si  le  troisième 
groupe  n'était  favorisé  par  ces  deux  facteurs.  Ces  relations  sont  en  parfait 


E.  DEMOXET.    —   RECHERCHES  SUR  LA  CAl'ACITK   VITALE 


63 


accord  avec  l'ônorine  augnientatiun  que  sa  capacité  vitale  présente.  En 
effet,  pour  subvenir  aux  besoins  d'une  masse  oiganique  plus  grande, 
d'une  mégasoniie  plus  considérable,  d'un  poids  plus  élevé,  le  thorax  s(> 
développe  en  hauteur,  en  largeur,  et  surtout  par  sa  circonférence.  Ce  qui 
présente  un  réel  intérêt,  ce  sont  les  relations  du  buste  et  de  la  longueui' 
du  sternum,  qui  permettent  de  déterminer  d'une  façon  satisfaisante,  la 
part  qui  revient  à  l'appareil  respiratoire  dans  cette  première  dimension 
qui  représente  «  associés  les  appareils  nourriciers  et  régulateurs  de  l'orga- 
nisme. »  Nous  aurons  bientôt  l'occasion  de  revenir  et  d'insister  sur  cette 
intéressante  question. 


Tableau  XVIl 
Ordination  d'après  la  longueur  du  buste. 


MOYENNES   DES   DIMENSIONS 


Taille 

Buste 

Membre  in  rérieur    .      .  

Largeur  bi-acroiniaie 

Longueur  (lu  slernuni 

Poids 

Cii'courérence  thoracique 

Mégasomie  app.  :  Taille  X  Larg.  bi-aeromiale 
i(l.  Buste  X  Circonl'.  tlioraciiiiie 

.■Vinplitude  (lu  Iboraiix.      . 

Capacité  vitale 


MOYENNES   DES   RAPPORTS 

Taille  rr  100  :  Largeur  hi-acromiale     .... 

Poids .      .      . 

Circonrérence  thoracique    . 
Buste  :=  100  :  Taille 

Largeur  bi-acrumiale     .... 

Longueur  du  sternum    .... 

Poids 

Circonférence  thoracique    . 

Mégasomie  app.  :  Taille  XLargeui* 
bi  acromiale  .      .      .      i      .     . 

.\mplitu<le  du  Ihorax     .... 

Capacité  vitale 

Mégasomie  approchée  rr  100.  (Taille  X  l'f>''g-  bi- 

acromiale).  Capacité  vilab' 

Mégasomie  approchée  zr  100.  i  Buste  X  Circonlé- 
rence  thoracique).  Capaeilé  vitale 


(30) 


i.4;i3 


0.806 

0.687 

0.3O1 

0.134 

51.9 

0.712 

44.94 

57.-39 

0.049 

2.3G7 


0.202 
34.8 
0.477 
185.2  ■ 
37  3 
16.6 
64.3 
88  3 

55.77 
0.0608 
2.937 


5.289 
4.124 


Il  (40) 


1.552 
0.833 

0.719 

0.3<H) 

0.141 

56.5 

0.730 

47.49 

60.81 

0.056 

2.703 


0  197 
36.4 
0.470 
186.3 
36.7 
16.9 
67.8 
87.6 

57.01 
0.067 
3.247 

5.692 

4.445 


m  (30) 


1.614 

0.859 

0.755 

0.324 

0.150 

58.3 

0.758 

52.29 

65.11 

0.063 

3.189 


0.201 
36.1 
0.470 
187.9 
37.7 
17.5 
68.0 
88.3 

60.87 
0.073 
3.712 

6.008 

4.897 


Il  n'en   est  pas  moins  vrai,  qu'ici   encore,  l'intensiti-  du  fonctionnement 
musculaire  règle  l'inlensilé  du  déielopptment  du  poumon,  et  celui  ci  se  fait  pur 


64 


ri  jxNviKH  i'.)on 


aUonfiemeni  tl  noult'-remful  ili's  rôles.  Car,  laiigincnliilion  di'  li  circonférence 
lhûracii|n<\  ahslraction  faite  du  lissu  adipeux  qui  fiil  sentir  son  influence 
surtout  sur  le  Iroisif^'uie  -rnupe,est  inanifesleinenl  réglée  par  un  accrois- 
sement parallèle  de  l'amplitude  lhuraci(iue,  «  traduction  de  la  quantité 
et  de  l'intensité  du  Iravad  musculaire  ».  {.'allongement  [.arallèle  de  l'ap- 
pareil locomoteur,  indépendant  de  toute  considération  de  macroskélie, 
est  une  preuve  de  plus  en  faveur  de  ces  conclusions 

Rapports  de  la  capaclt/'  ritalc  arec  la  hniineiir  des  membres  inférieurs. 

T\hu;au  XVIU 

Ordination  d'après  la  longueur  des  membres  inférieurs. 


MOYENNES   DBS   DIMENSIONS 


Taille . 
Buste. 


Membre  inférieur 

Largeur  bi-acromialo 

Longueur  ilu  sternum.      . 

Poids.  .      .      . 

Circonférence  thoracique 

Mégasomie  approchée  :  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 
id.  Buste  X  Circonf.  thorac. 

Amplitude  du  thorax 

Capacité  vitale 


1(30) 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 

Taille  —  100  :  Largeur  bi-acromiale     ...      * 

Poids 

Circonférence  thoracique    . 

Buste  =  100  :  Taille 

Membre  inférieur     .      .      .      .      • 

Membre  inférieur  --:z  100  :  Taille 

liuste 

Largeur  bi-acromiale. 
Longueur  du  sternum. 

Poids 

Circonférence  thorac . 
Mégas.  app.  :  Taille  X 
Larg.  bi-acromiale  . 
Mégas.  app.  :  Buste  X 
Circonf.  thoracique. 
Amjilitude  du  thorax. 
Capacité  vitale. 
Mégasomie  approchée  :=  100.  (Taille  X  Larg.  bi- 
acromiale).  Capacité  vitale 

Mégasomie  apiwochée  r=  100.  (Buste  X  Circonfé- 
rence tlioracique).  Capacité  vitale 


1.478 

O.SOC. 

0.672 

0  301 

0.133 

53.2 

0.724 

44.49 

58.35 

0.0.54 

2.517 


II  (40) 


0.204 

36.0 

0.490 

183.4 

83.4 

2.198 

1.198 

0.492 

0.197 

79.2 

1.058 

65.15 

86.83 
0.080 
3.745 


5.658 
4.314 


1..558 

0.834 

0.724 

0  308 

0.143 

55.2 

0.728 

47.99 

60.72 

0.056 

2.688 


0.198 

35.4 

0.468 

185.9 

85.9 

2.152 

1.152 

0.426 

0.197 

76.3 

1.005 

66.28 

83.87 
0.077 
3.712 

5.607 

4.428 


III  ^30) 


1.626 

0.855 

0.771 

0.320 

0.150 

.58.5 

0.754 

52.03 

64.47 

0.058 

3  059 


0.197 

36.0 

0.464 

190.2 

90.2 

2.109 

1.109 

0.415 

0.195 

75.9 

0.978 

67.48 

82.32 
0  075 
3.967 

5.881 

4.741 


E.   DEMONET.    —    REiniEUCIIES  SlIU  LA  CAPAcMTI'  VITALE  65 

On  voit,  par  lelableau  XVIII,  onlDniié  d'après  la  longueur  des  membres 
inférieurs,  ijue,  à  un  point  de  vue  absolu. 

Au  fur  et  à  mesure  que  la  louf/ueur  des  membres  inférieurs  auijmente  la  capa- 
cité vitale,  toutes  les  dimensions  du  corps,  et  tous  les  rapports  augmentent  aussi. 

VA  relativement  ;\  celte  longueur. 

La  laille,  le  buste,  la  lai-geur  biacroniiale,  la  longueur  du  steinum,  le 
poids,  la  circonférence  thoracique,  l'auiiililude  du  thorax  diminuent. 

La  niégasoniie  augmente. 

La  capacité  vitale  diminue  d'abord  pour  augmenter  ensuite. 

Cette  ordination  présente  une  analogie  étroite  avec  l'ordination 
d'après  la  taille  Dans  l'une  et  dans  l'autre,  les  chilTres  sont  sensible. nent 
les  mêmes,  et  c'est  à  peine,  si  on  relève  quelques  diiïérences  pour  la  cir- 
conférence thoracique,  l'amplitude  du  thorax  et  la  capacité  vitale.  Mais 
les  rapports  afîectent  d'importantes  variations  parce  que  les  chiffres 
représentant  la  longueur  des  membres  inférieurs  sont  moins  élevés  que 
ceux  de  la  taille,  et  surtout  parce  que  leurs  écarts  sont  l)ien  plus  consi- 
dérables. Le  rapprochement  de  ces  deux  facteurs  s'explique  facilement 
parce  que  l'un  est  partie  constituante  de  l'autre,  et  qu'il  traduit  imparfai- 
tement, il  est  vrai,  le  développement  de  l'appareil  locomoteur  d'un  orga- 
nisme dont  la  taille  indique  approximativement  le  développement  général. 
Aussi,  rapportant  au  tout,  ce  qui  s'applique  à  la  partie,  pourrait-on 
admettre  sans  aucune  exagération,  que  l'ordination  faite  d'après  la  lon- 
gueur des  membres  inférieurs,  identique  à  celle  faite  d'après  la  laille, 
montre  mieux  que  cette  dernière  elle-même^  les  rapports  que  celle-ci 
affecte  avec  les  diverses  dimensions  du  corps. 

Ce  n'est  pas  à  dire  pour  cela,  que  la  longueur  des  membres  inférieurs, 
comme  la  taille,  soit  en  rapport  intime  avec  la  capacité  vitale  II  est 
imposible  d'affirmer  qu'à  une  augmentation  d'un  centimètre  de  l'une, 
correspond  un  accroissement  même  irrégulier  de  l'appareil  respiratoire  : 
car  relativement  k  la  longueur  des  membres  inférieurs,  le  second  groupe 
est  moins  favorisé  que  le  premier  sur  lequel  le  troisième  a  encore  l'avan- 
tage. .Mais  ces  faits  ne  sont-ils  pas  un  nouvel  argument  en  faveur  de  cette 
formule  énoncée  au  sujet  de  la  taille  :  l'appareil  respiratoire  est 
relativement  plus  développé  chez  les  microsomes.  Il  est  ainsi  mani- 
feste, que  les  sujets  dont  les  membres  inférieurs  sont  les  plus  courts, 
sont  les  plus  favorisés  sous  le  rapport  de  la  capacité  vitale,  de  toutes 
les  dimensions  du  corps  et  de  l'amplitude  du  thorax.  L'intensité  et 
l'activité  du  travail  musculaire  sont  donc  chez  eux,  plus  considérables 
également,  et  ceci  permet  d'admettre  comme  apparente  seulement,  la 
supériorité  que  le  troisième  groupe  présente  au  point  de  vue  respiratoire. 

Il  existe  aussi  une  ressemblance  étroite  dans  les  rapports  que  la  capa- 
cité vitale  affecte,  d'une  part  avec  la  longueur  des  membres  inférieurs, 
d'autre  part  avec  la  longueur  du  sternum. 


soc.    UANTHROP.     1905 


r.fi 


r»    JANVIRII     l'JOo 


Ordinal  ion  d'après  le  rapport  -. 

g 
Pour  classer  nos  sujets  f'-minins  d'après  le  rapport  -,  nous  avons  utilisé 

les  données  fournies  par  .M.  Manouvrit^r  dans  son  Etude  sur  les  rapports 
anthropomrtriques.  (Ctiapitre  XIIL).  C'est  à  laide  d'un  tableau  construit 
sur  le  module  de  celui  qui  nous  a  servi  pour  le  sexe  masculin,  et  encore 
inédit  que  nous  avons  fait  notre  répartition  entre  brachy,  mesati  et 
macroskèles;  mais  suivant  le  plan  adopté  dès  le  début,  nous  avons,  pour 
la  commodité  de  l'élude,  ordonné  notre  tableau  XIX,  en  trois  séries  com- 
prenant non  pas  ces  divers  types  absolument  purs,  mais  des  sujets  qui 
s'en  rapprocbent  le  plus,  et  se  trouvent  être  ainsi,  relativement  tout  au 
moins,  mesati,  macro  ou  brachyskèles.  Les  avantages  de  ce  «  modus 
faciendi  »  ayant  été  exposés,  nous  n'y  reviendrons  pas. 

Tableau  XIX 
Ordination  d'après  le  rapport  —  , 


MOYENNES    UKS    DIMENSIONS 


Taille. 
Bust.-. 


Membre  inft'rieur 

Buste  ■=  100  :  Membre  inférieur  {Rapport  -  . 

Largeur  bi-acromiale 

Longueur  du  sternum 

Poids 

CircoiilV-rciico   lliuiacique 

Mégasomie  approchée  :  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 
id.  Buste  X  Circonf.  thorac. 

Ampliluili'  du   thorax 

Capacité  vitale 


MOYBNNBS   DES    RAPPORTS 

Taille  =  100  :  Buste 

Largeur  bi-acromiale 

Longueui-  du    sternum. 

Poids 

Circnniérence  Ihoracique.    . 

Araplitudi'  du  thoiax 

Capacité    vitale   ...... 

Mégasomie  approi-hve  ^z  lOU  :  (Taille  X  Larg.  bi- 

acrnniiale).  Capacité  vitalf 

Mégasomie  approchée  r=  lUU  :  (Buste  X  Circonf. 
tlinracique).  Capai-ité  vitale.    ...... 


30+ Bra- 
chy. 


1.551 
0.847 
0.704 
83.11 

0.312 

0.138 

55.7 

(1.735 
48.39 
62.25 
0.057 
2.793 


0.546 
0.201 
0.089 
35.9 
0.474 
0.0367 
1.801 


5.774 


4.487 


40+Mé- 

30+Ma- 

satis. 

crosk. 

1.551 

1.558 

0.832 

0.820 

0.719 

0.738 

86.42 

90.00 

0.308 

0.307 

0.141 

0.143 

56.3 

53,9 

0.741 

0  724 

47.77 

47.83 

61.65 

59.37 

0.057 

0.054 

2.769 

2.672 

0.536 

0.526 

0.198 

0.197 

0.091 

0.092 

36.2 

33.9 

0.478 

0,465 

0.0367 

0.0347 

1.785 

1.715 

5.797 

5.586 

4.491 

4.484 

K.   DKM(JNET.    —    RKCIIEUCIIKS  SIU  LA  CAl'ACITK  VITALE  67 

S 

Kt  d'ahonl,  la  moyenne  gém'-iMl  du  rapport  .  atteint  86  5.  Si  on  se  rap- 
porte aux  chilTres  utilisés  pai'  .M.  Manouvricr,  on  s'aperçoit  que  celle  de 
130  femmes  tjuelconques  est  de  8  4,9  seulement.  C'est  une  diiïérence  qui, 
pour  n'tître  pas  négligeable,  est  toutefois  loin  d'être  aussi  considérable 
que  celle  lelevée  au  sujet  du  sexe  masculin.  Elle  parait  d'autant  plus 
difllcile  à  rattacher  à  une  cause  quelconque,  que  la  division  réelle  sui- 

vaut  le<;  dilTérents  termes  du   rapport-,  ne  signale  à  première  vue,  rien 

de  bien  particulier,  puisque  nous  relevons  : 

2S  brachyskèles,  38  mésatiskèles,  39  macroskèles. 

Sans  doute,  une  telle  classification  n'a  jamais  été  faite,  et  il  est  par  con- 
séquent impossible  déjuger  par  comparaison.  Mais  si  on  rapproche  ces 
chitVres  de  ceux  qui  ont  été  obtenus  pour  le  sexe  masculin,  on  voit  quelle 
diiïérence  énorme  existe  entre  les  différents  termes  de  cette  sériation,  et 
il  y  a  là  une  nouvelle  preuve  de  la  théorie  émise  par  M.  Manouvrier  sur 
le  mode  de  croissane  des  membres  inférieurs.  Les  sujets  féminins,  sous- 
traits aux  causes  qui  mit  iiiiliii' sur  le  sexe  masculin,  n'avaient  en  effet 
aucune  raistm  pour  présenter  une  macroskélie  exagérée. 

Le  tahleau  XIX  montre  que,  au  fur  et  à  mesure  que  le  rapport-  au//mente,  à 

un  point  de  vue  absolu. 

La  taille  reste  stationnaire  ;  elle  s'élève  cependant  un  peu  chez  les 
macroskèles. 

Le    buste,    la    largeur    bi-acromiale,    la    capacité    vitale    diminuent. 

Les  membres  inférieurs  et  la  longueur  du  sternum  augmentent. 

Le  poids  et  la  circonférence  thora^'-ique  augmentent  chez  les  mésatiskèles 
pour  diminuer  considérablement  chez  les  macroskèles. 

Mais  relativement  à  la  taille,  les  rapports  sont  absolument  identiques  : 

L'amplitude  du  thorax  et  la  mégasomie  sont  également  plus  considé- 
rables chez  les  brachyskèles  que  chez  les  macroskèles. 

Les  relations  de  la  capacité  vitale  avec  le  degré  de  macroskt'lie  sont  in- 
téressantes parce  qu'elles  amènent  à  cette  conclusion  :  le  développement 
pulmonaire  est,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  d'autant  plus  considérable 
que  la  brach\  skélie  est  plus  prononcée.  La  première  série  qui  traduit 
approximativement  cette  dernière,  présente  une  supériorité  de  121  centi- 
mètres cubes  sur  la  troisième,  bien  que  les  macroskèles  aient  un  avantage 
de  7  millimètres  au  point  de  vue  de  la  taille  :  elle  surpasse  seulement  de 
24  centimètres  cubes  les  mésatiskèles  qui  ont  une  hauteur  identique; 
mais  cette  supériorité  est  encore  plus  réelle  qu'apparente  parce  que  le 
poids  et  la  circonférence  thoracique  de  ces  dernières  sont  plus  considé- 
rables. Nous  en  verrons  bientôt  les  causes. 

La  taille  est  encore  ici,  à  peu  près  la  même  dans  les  trois  termes  de  l'or- 
dination. Il  est  donc  légitime  d'en  conclure  que  la  brachyskélie  est  abso- 
ment  indépendante  de  la  stature,  et  qu'elle  se  trouve  associée  à  toutes  les 
tailles. 

Nous  retrouvons  de  nouveau  lebalancemiMit  que  nous  avons  eu  déjà  l'oc- 


68  ;'»  JA.NviKu  1905 

casioii  (le  signaler  «Mitre  la  lonj^ueur  du  sternum  et  la  largeur  hi-acroiniale. 
Celte  (iernitVe  dimension  est  surtout  développée  chez  les  braclij'skèles 
dont  toutes  les  mensurations  transversales  sont  relativement  exagérées. 
Mais  les  macroskèles  ont  une  longueur  du  sternum  plus  considérable, 
semblant  ainsi  compenser  par  un  plus  grand  développement  du  thorax 
en  hauteur,  l'insuflisance  de  leur  accroissement  transversal. 

Nos  sujets  léminins,  avons-nous  dit,  ne  présentaient  pas  cette  homo- 
généité dans  l'embonpoint  qui  caractérisait  d'une  façon  satisfaisante, 
l'ensemble  de  nos  sujets  masculins.  La  graisse  intervient  dans  cette  ordi- 
nation pour  fausser  un  peu  les  résultats  absolus  du  poids  et  de  la  circonfé- 
rence thoracique,  car  la  deuxième  série  présente  une  augmentation  mani- 
feste de  la  valeur  de  ces  deux  facteurs.  Ceci  tient  surtout  à  ce  que  c'est 
elle  qui  présente  de  beaucoup  le  plus  grand  nombre  de  sujets  gras;  ceux 
de  la  1"  et  la  3»  série  étant  relativement  plus  maigres.  La  supériorité  des 
mésatiskèles  au  point  de  vue  de  ces  deux  facteurs  est  donc  seulement  appa- 
rente :  ce  qu'ils  ont  de  réellement  plus  développé,  c'est  le  tissu  adipeux, 
dont  l'importance  est  secondaire.  Mais  le  développement  musculo-sque- 
lettique  ne  présente  chez  eux  rien  d'exagéré;  la  2^  série,  a,  il  est  vrai,  une 
amplitude  thoracique  égale  à  celle  de  la  première,  mais  elle  ne  lui  est 
pas  supérieure  :  ceci  est  en  faveur  de  ce  fait  que  ce  n'est  pas  elle  seule 
qui  intervient  dans  l'augmentation  de  la  circonférence  thoracique.  Quant 
aux  macroskèles,  elles  sont  infériorisées  non  seulement  par  le  poids  et  la 
circonférence  thoracique,  mais  aussi  par  la  mégasomie,  qui,  malgré  la 
taille  relativement  élevée  de  cette  troisième  série,  n'en  est  pas  moins  infé- 
rieure, ;i  la  mégasomie  des  deux  autres  groupes. 

En  i-ésumé,  toutes  ces  dimensions  et  tous  ces  rapports  traduisent  une 
supériorité  incontestable  des  brachyskèles  dont  l'appareil  respiratoire  suit 
l'accroissement  parallèle  de  la  masse  organique  totale. 

Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  la  largeur  bi-acromiale. 

Les  rapports  de  la  largeur  bi-acromiale  avec  la  capacité  vitale  et  les  di- 
verses dimensions  du  corps  sont  exposées  dans  le  tableau  XX.  On  voit  que, 
au  fur  et  à  mesure  que  cette  largeur  s'ilrve  : 

La  capacité  vitale  et  les  dimensions  du  corps,  augmentent  absolument. 

Mais  relativement  à  elle  : 

La  capacité  vitale,  la  mégasomie,  l'amplitude  du  thorax  augmentent. 

La  taille,  le  buste,  les  membres  inférieurs,  le  poids,  la  circonférence 
thoracique  diminuent.  Il  en  est  de  même  pour  la  longueur  du  sternum 
mais  <lu  deuxième  au  troisième  groupe  seulement.  Ce  deuxième  groupe 
est  surtout  favorisé  au  point  de  vue  de  la  brachyskélie  qu'il  présente  à  un 
point  beaucoup  plus  accentué  que  les  deux  autres. 

Les  rapports  de  la  taille  et  du  buste  avec  la  largeur  bi-acromiale  ont 
déjà  été  exposés;  aux  plus  petites  tailles  et  aux  plus  petits  bustes  corres- 
pondent lelativement  les  plus  larges  épaules. 


E.    DEMONET.      -  RECHERCHES  Sfll   LA  CAl'ACITK  VITALE  09 

Tabi.kau   XX 
Ordination  d'après  la  largeur  bi-acromiale. 


MOYENNES    DES    DIMENSIONS 


Taille 

Hiisto  1! 

McmbiT  inférieur  S 
La r; leur  bi-ncro m  ialc. 
Longueur  du  sternum. 


Poids 

ririont'érenre   llioracique.  

Mégasomie  approehée  :  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 
i(l.  Buste  X  Circonf.  thorac. 

Amplitude    du   thorax 

Capacité  vitale.     .  


MOYENNES   DES  RAPPOUTS 

Taille  ^=  100  :   Largeur  hi-aeromiale 

C.irconlërence  tluiracique   . 

Buste  =r:  100  :  .Mi'mhre  inlVrieur 

Largeur  bi-acroraiale  -=2  10  :  Taille 

Buste 

Membre  inférieur   . 
Long,  du  sternum. 

Poids 

Ciroonf.  thoracique. 
Mégas.  app.:  BusleX 
Ciroonl'.  tborac.  . 
Amplit.  du  Iborax. 
Capacité  vitale. 
Mégasomie  approchée  =  100  :  (Taille  X  I^ai'g-  ^>^- 

acromiale).  Capacité  vitale 

Mégasomie  approchée  =  100  :  (Buste  X  Circonf. 
thoracique).  Capacité  vitale 


I  (30) 


1.521 
0.821 
0  700 
0.290 

0.1  ;i3 

53  6 


0.716 
13.15 
5.S.78 
0.049 
2.396 


0.197 
0.481 

8.5.2 
0.525 
0  283 
0.242 
0.040 

18.5 
0.247 

20.27 
0.0160 
830 

5.553 

4.075 


II  (40) 


1.546 

0.831 

0.715 

0.309 

0.140 

55.3 

0.740 

47.77 

01.49 

0.056 

2.720 


0.200 
0.479 

86.0 
0.500 
0.269 
0.231 
0.045 

17.9 
0.239 

19.90 
0  0181 
880 

5.694 

4.423 


III  (30) 


1.602 

0.848 

0  7.^4 

0.329 

0.149 

57.9 

0.746 

52.71 

63.16 

0.063 

3.137 


0.205 
0.466 

88.9 
0.481 
0.258 
0.223 
0.045 

17.6 
0.227 

19.19 
0.0191 
953 

5.952 

4.966 


Il  serait  téméraire  d'affirmer  que  la  largeur  bi-acromiale  afîecte  avec 
la  capacité  vitale  des  relations  intimes.  En  effet,  quand  la  première  croît 
de  1  millimètre,  la  seconde  augmente  de  17  centimètres  cubes  du  T""  au 
2«  groupe,  et  de  20,8  centimètres  cubes  du  2«  au  3e  groupe.  Tout  au  plus 
pourrait-on  dire  que  la  capacité  vitale  est  d'autant  plus  considérable  que 
cette  largeur  bi  acromiale  est  elle-inème  plus  grande.  Celle  ci  doit  donc 
être  considérée  comme  un  facteur  dont  l'importance  est  secondaire,  et 
soumise  en  quelque  sorte,  h  d'autres  facteurs  comme  la  taille,  le  buste,  la 
circonférence  du  thorax,  et  l'amplitude  du  thorax  qui  subissent  dans  les 
mêmes  conditions  une  augmentation  considérable,  et  en  proportion  plus 
régulière  avec  celle  de  la  capacité  vitale.  L'avantage  incontestable  que 
présente  à  ce  point  de  vue  le  deuxième  groupe  est  dû  h  son  degré  accentue 


70  ?)  JANviKH   1905 

de  brachysk/'lie,  doiil  l'iiilluiMicc  se  fait  sentir  ici  d'une  façun  manifeste. 
Quant  à  la  longueur  du  sternum,  elle  favorise  relativement  les  petits  dia- 
int^tres  hi-acromiaux  qui  semblent  compenser  par  une  exagération  de  la 
dimension  en  liauleui' de  leur  thorax,  leur  faible  développeuicnt  en  lar- 
geur. L'augmentation  absolue  (ju'elle  présente  dans  le  troisième  groupe, 
montre  tjue  la  raarroské'lii!  de  ci*  dernier  lutte  de  cette  mafiiéio  contre  l'in- 
féi-iorilé  que  lui  confère  son  rapport  S  B  élevé. 

Le  poids,  l'amplitude  thoracique  et  la  circonférence  tboracique  vont  de 
pair. 

Leur  corrélation  est  en  parfait  accord  avec  ce  que  nous  savons  de  leurs 
rapports  réciproques  et  de  ceux  (ju'ils  affectent  avec  la  capacité  vitale. 

.Vu  point  de  vue  spécial  que  nous  envisageons,  le  diamètre  bi-acromial 
n'a  donc  (ju'une  valeui'  secondaire.  Il  en  acquiert  une  p'us  importante 
quand  il  entre  dans  la  traduction  de  la  mégasomie,  du  développement 
général  de  l'organisme  dont  il  représente  seul  exactement  la  dimension 
transversale. 


Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  la  lonrjueur  du  sternum. 

Le  tableau  XXl  expose  les  relations  de  la  longueur  du  sternum  avec  la 
capacité  vitale  et  les  diverses  dimensions  du  corps  11  montre  (jue,  au  fur 
et  à  mesure  que  cette  longueur  s'accroît,  la  capacité  vitale  et  les  diverses 
dimensions  du  corps  augmentent  aussi,  d'une  façon  absolue  et  d'une  façon 
relative.  La  circonférence  thoracique  ne  serait  pas  une  exception  à  cette 
formule,  si  la  graisse  n'intervenait  pas  dans  son  expression.  Il  est  donc 
permis  d'aflirmer  que  la  longueur  du  sternum  suit  assez  bien  le  dévelop- 
pement lotvil  de  l'organisme,  sans  affecter  pour  cela  avec  les  divers  fac- 
teurs qui  le  traduisent,  des  relations  bien  intimes. 

Et  d'abord,  quand  cette  dimension  squeleltique  augmente  d'un  milli- 
mètre, la  capacité  vitale  s'accroît  de  la  i'''^  h  la  2»  série  de  13  centimètres 
cubes  et  de  la  2"  à  la  3«  de  20  centimètres  cubes.  C'est  là  une  différence 
importante  qu'il  est  bien  difficile  de  négliger,  et  qui  tend  pour  le  plus  k 
prouver  que  la  capacité  vitale  d'un  sujet  est  d'autant  plus  considérable 
que  sa  longueur  du  sternum  est  plus  élevée.  On  ne  peut  donc  admettre 
celle-ci  comme  traduisant  exactement  le  développement  de  l'appareil  res- 
piratoire, et  étant  dans  ce  sens  un  interprète  plus  fidèle  que  toute  autre 
dimension  squeleltique.  Le  fait  suivant  en  est  la  preuve  évidente  :  dans 
cette  ordination  elle-même,  la  capacité  vitale  atTecle  avec  la  taille  des 
relations  beaucoup  plus  régulières.  En  effet,  quand  celle-ci  augmente 
de  1  centimètre  celle-là  saccroît d'abord  de  58  centimètres  cubes,  puis  de 
64  centimètres  cubes,  proportion  (jui,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  est 
incontestablement  plus  satisfaisante  que  les  rapports  de  la  capacité  vitale 
avec  la  longueur  du  sternum  elle-même. 

Comme  cette  dernière  est  relativement  d'autant  plus  courte  que  la  taille 
et  le  buste  sont  plus  grands,  la  cage  thoracique  paraît  ainsi  s'allonger  fort 


E     DEMO.NET.   —   HECHEHtJHES  Slll   l.\  ilM'ACITi;  VITAl.K 


71 


peu  'Ml  hauteur,  et  tout  porle  à  croire  qu'alors  la  portion  dorsale  s'allonge 
moins  (|ue  les  autres  segments  de  la  colonne  vertébrale:  l'abdomen  remon- 
terait en  quelque  sorte  davantage. 

Ta  m, KM.    XXI 


Ordination  d'après  la  longueur  du  sternum. 


MOYKNNBS    UES    DIMENSIONS 

l  (30) 

Il  (40 1 

m  (30) 

ÏHill.' 

1.511 

1.552 

1.599 

Husto 

0.820 

0.831 

0.847 

Membre  inférieur 

0.6U1 

0.721 

0.752 

l..Hrpi'ui"  bl-arromiHle         ....•••• 

o.;}<ii 

0.310 

0.142 

54.9 

0.729 

0.317 

LoïK/iiPur  du  sternum 

0.124 

0.157 

I»oids                                               

5:j.() 

58.5 

Circonlorence  thoracique 

0.729 

0.749 

.Méfj;asumie  approi'liéc:  Taille  X '-■'•l'è''-  bi-airorri . 

45.48 

48.11 

50.69 

Id.                    l$iisle  X  Cireonl'.    llKjnic. 

59.78 

60.58 

63.44 

Amplitude  du  lliorax 

0.(151 

0.054 

0.060 

Capacité  vitale            

2.490 

2.729 

3.031 

MOYENNES  DBS  RAPPORTS 

Tailleur  100:  Largeur  bi-acromiale 

0.199 

0.194 

0.198 

Poids 

35.4 

35.4 

36.5 

Circnnlërence  tboraoi(iue 

0.482 

0.470 

0.468 

Bustes  100:  Membre  iniërieur 

84.3 

86.8 

88.8 

Longueur  du  sternum  =:  10  :  Taille 

1.218 

1.077 

1.018 

Buste 

0.t)61 

0.577 

0.540 

Membre  inférieur    . 

0.557 

0.500 

0.478 

Largeur  bi-acrom. . 

0.243 

0.218 

0.202 

Poids 

43.7 

38.7 

37.0 

Cireonf.  thorac. . 

0.588 

0.513 

0.477 

Mégas.   app.  :  Taille 

X  Larg.  bi-aorom. 

36.69 

33.88 

32.29 

XCàrcoiif.  thorac. 

48.21 

42  f)6 

40.41 

0.038 

0.034 

0.038 

Capacité  vitale   .      . 

2.009 

1.922 

1.930 

Mégasomie  approchée  =:  100.  Taille  X  Larg.  bi- 

acromiale).  Capacité  vitale 

5.477 

5.672 

5.979 

Mégasomie  a[»profbée  :  r=  100.  (Buste  X'''i''''on''"- 

rence  thoraeique'.  Capacité  vitale     ... 

4.165 

4.506 

4.777 

Si  le  thorax  est  gt^né  dans  son  développement  en  hauteur,  il  le  sera 
dans  les  autres  sens,  et  c'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu.  Son  diamètre  bi  acro- 
mial  augmente  beaucoup  surtout  ilu  l"""  au  2"  groupe,  et  la  circonférence 
thoracique,  du  2'  au  3".  Si  cette  dimension  est  égale  dans  les  deux  pre- 
mières séries,  c'est  que  cette  mensuration  est  faussée  par  le  tissu  adipeux 
plus  abondant  dans  le  premier  groupe,  composé  de  sujets,  en  gém-ral, 


7Î  5   JANVIER    1905 

pelils  et  gras.  En  réalité,  là  comme  partout,  lu  circonférence  thoracique 
est  sous  la  «iépendancp  étroite  de  Tamplilude  du  thorax,  qui,  dans  celte 
ordination  est  en  connexion  assez  étroite  avec  la  capacité  vitale. 

Il  est  aussi  intéressant  de  faire  remarquer  que  la  mégasomie  et  la  capa- 
cil»'  vitale  décroissent  relativement  ii  la  longueur  du  sternum.  C'est  la 
première  fois  (jue  nous  trouvons  cette  relation  austi  nette  :  peut-être 
aurait-on  le  dioit  d'en  cimclure,  tout  au  moins,  que  l'accroissement  du 
poumon  eu  hauteur  n'est  pas  proportionnel  à  celui  de  la  masse  à  nouirir. 

liopporls  (le  In  rapacité  vitale  avec  le  poids. 

Le  tableau  XXII,  ordonné  d'aprèsle  poids,  montre  que,  nu  fur  et  à  mesure 
que  ce  dernier  s'élève  la  capacité  vitale  et  toutes  les  dimeusions  du  corps,  sauf 
cependant  la  largeur  bi-acromiale  et  l'amplitude  thoracique  augmentent 
Belativement  à  ce  facteur,  toutes  les  dimensions  diminuent  :  seule,  la  capacité 
s'accroît  légèrement  pour  diminuer  ensuite  considérablement. 

Les  rapports  du  développement  pulmonaire  et  du  poids  ne  manquent 
point  d'intérêt.  En  effet,  du  premier  au  deuxième  groupe,  celui-ci  gagne 
7  kilogrammes  et  la  capacité  vitale  387  centiuiètres  cubes  ;  du  2*  au 
3«  groupe,  cette  dernière  s'accroît  de  16  centimètres  cubes,  quand  celui-ci 
augmente  de  9  kilogrammes  300.  En  présence  de  semhiabli  s  résultats, 
il  est  impossible  d'établir  des  rapports  intimes  entre  ces  deux  facteurs,  et 
l'on  se  trouve  forcé  d'admettre  cette  conclusion  :  Dans  le  sexe  féminin,  le 
poids  n'influence  en  rien  la  capacité  vitale. 

C'est  qu'en  réalité,  comme  nous  l'avons  répété  bien  souvent  après 
M.  Manouvrier^  le  poids  représenterait  assez  bien  le  degré  de  mégasomie 
d'un  individu,  son  développement  musculo-squelettiq  .e,  s'il  n'était  in- 
fluencé par  la  graisse.  Pour  avoir  quelque  valeur,  ce  facteur  doit  s'appli- 
quer à  un  ensemble  de  sujets  dont  le  degré  d'embonpoint  soit  sensible- 
ment identique.  C'est  précisément  le  contraire  qui  se  présente  ici.  Femmes 
grasses  et  femmes  maigres  se  trouvent  mélangées  dans  diverses  propor- 
tions que  des  coefficients  nous  ont  permis  d'établir,  et  dont  nous  allons 
donner  un  résumé.  Nous  avons  dit  qu'un  grand  nombre  de  femmes  petites 
présentaient  un  développement  considérable  du  tissu  adipeux.  (4  ou  5),  et 
qu'un  certain  nombre  de  femmes  grandes  devaient  être  plutôt  considérées 
comme  maigres  (2).  Ceci  explique  parfaitement  pourquoi^  d'une  part,  la 
taille  du  premier  groupe  est  sensiblement  supérieure  à  celle  qu'on  obtient 
dans  une  ordination  faite  d'après  ce  facteur  lui-même,  et  pourquoi  aussi 
la  moyenne  de  la  stature  des  deux  autres  groupes  est  sensiblement 
identique,  malgré  une  différence  de  poids  considérable. 

D'un  autre  cùté,  il  est  curieux  de  rapprocher  la  capacité  vitale,  le  poids 
et  la  taille.  Il  semblerait  qu'en  réalité,  c'est  ce  dernier  facteur  qui  inter- 
vient dans  une  ordination  d'après  le  poids.  Malgré  une  augmentation 
considérable  de  ce  dernier,  le  développement  pulmonaire  semble  être  en 
parallélisme  parfait  avec  le  développement  de  la  stature,  et  il  est  permis 
de  rapprocher  les  52  centimètres  cubes  dont  s'accroît  la  capacité  vitale 


E.  DE.MO\ET.    —  RECHERCHES  SUR  L.\  C.\P.\CtrÉ  VITALE 


78 


dans  celle  ordinalion,  quand  la  taille  augmenle  d'un  centiinèlre,  des 
48  centimètres  cubes  qu'elle  gagne,  dans  les  mêmes  conditions,  du  2»  au 
S*"  groupe  de  l'or'dinalion  faite  d'après  celte  dimension  squelettique.  Ceci 
laisserait  admettre  qu'en  somme  le  développement  du  tissu  adipeux  qui 
doit  surtout  être  mis  en  cause  dans  celte  progression  n'intervient  que 
pour  fort  peu  dans  l'accroissement  de  l'appareil  pulmonaire,  et  que,  seule 
la  masse  active,  la  masse  muscul  )-squelettique  présiderait  aux  échanges 
de  l'organisme,  Nous  en  avons  une  preuve  dans  ce  fait  que  l'amplitude 
Ihoracique  est  plus  grande  pour  le  second  groupe  que  pour  le  troisième, 
et  si  la  circonférenc*'  Ihoracique  de  ce  dernier  est  supérieure  à  celle  du 
second,  c'est  (jue  (;elui-ci  présente  moins  de  tissu  adipeux,  est  relative- 
ment maigre,  tandis  que  l'autre  est  relativement  gras. 

ï.\BLE.\ll    X.Xll 

Ordination  d'après  le  poids. 


MOYENNES  DBS  DIMKNSIO.NS 

1(30) 

II  (40) 

m  (30) 

Taille 

1  502 

1.576 
0.839 
0.737 

1.579 

Buste .      . 

0  815 

0  841 

Membre  inférieui- .      . 

0.087 

0.738 

Largeur  iii-arroiniaif                    .... 

0.299 

0.315 

0.313 

Longueur  du  sternum  .      .                  .            ... 

0.132 

0.139 

0.146 

Poids 

47.9 

54.9 

64.2 

(^rconlerenro  th(ira<i(|iic 

0.080 

0.727 

0.789 

Mégasomie  approclu'c  :  Taille  X  L«'"r-  l>i-airom.. 

41.91 

19.65 

49.43 

M.                   liiisle  X '''''-onr.  thorac.. 

56.22 

61.00 

66.35 

Aiii|(litn<le  du  thorax 

0.051 

0.058 
2.859 

0  054 

Capacité  vitah .      .           .     . 

2  472 

2.875 

MOYENNES    DES  RAPPORTS 

Taille  :=  100  :  Largeur  bi-af^romiale 

0.199 

0.201 

0.198 

Poids 

31.9 

34.9 

40.6 

Cinonrérence  thoraoiqiic 

0.458 

0.461 

0.500 

Miislc  =1 100  :  Membre  inférieur 

84.4 

87.9 

87.8 

Poids  =  100:  Riist.' 

1.702 

1.530 

1.310 

MtMubre  inlérieiu' 

1 .  134 

1.342 

1.149 

Larireur  bi-açromiale 

0.624 

0..574 

0.487 

Longueur  du  sternum 

0.275 

0.253 

0.227 

•  '.irconférenn'  thoraclquf.     . 

1.438 

1.324 

1.229 

.Mégasomie  app.  :  Taille  X  Largeur 

bi-afroinialc 

93.97 

90.44 

77.00 

Mégasomie  app.  :  Uuste  X  ^■ii'''*^rifé- 

l'éiici'  tlioi-acique 

117  4 

111. 1 

103.3 

Amplilude  du  thorax 

0.113 

0.105 

0.083 

r.aparité  vitale 

5.161 

5.208 

4.478 

.Mégasomie  approchée  =  100.  (Taille  X  Larjr.  bi- 

aiTomiaie).    ('.aparitr-    vitale 

5.501 

5.758 

5.816 

Mi'gasomic  apiu-oclir."  rr  100.  (Buste  X  Circonfé- 

renfc  thora(i(pie).  i.apaiité  vitale 

4.397 

4.687 

4.3:33 

7.7'i8 

8.238 

7.081 

74  ?$    JANVIKU     IWOO 

La  valeur  du  cliamAlre  biacromial  est  une  confirmation  de  cette  hypo- 
thèse :  dimension  purement  squelellique,  elle  n'est  pas  modifiée  par  le 
tissu  adipeux,  et  précisément,  elle  est  légèrement  inférieure  dans  le 
3«  groupe,  à  ce  qu'elle  est  dans  le  second. 

Le  [»oids  mérite  également  d'être  rapproché  de  nos  indices  de  méga- 
somie.  Il  en  résulte  en  effet,  que  comme  expression  du  dévelop|;ement 
général  de  l'organisme,  et  par  comparaison  avec  la  capacité  vitale,  le 
premier  indice  traduit  par  le  produit  de  la  taille  par  le  iliamétre  biacro- 
mial. présente  beaucoup  plus  d'affinité  avec  celte  capacité  vitale,  que  le 
deuxième  donné  par  le  produit  du  buste  par  la  circonférence  tboracique 
qui  se  rapproche  en  revanche,  beaucoup  plus  tlu  poids. 

(^eci  s'explique  facilement,  et  démontre  la  supériorité  (ies  mensurations 
purement  squelcltiques  sur  celles  où  intervient  un  facti'ur  aussi  variable 
et  aussi  peu  important  que  le  tisSu  adipeux. 

Du  reste,  dans  celle  ordination,  le  poids  parait  absolument  indépendant 
di'  toute  dimension  squeleltiijue.  Il  n'est  lii'  pai-  aucun  l'apport  no'i  seule- 
ment à  la  taille  et  aux  deux  facteurs  qui  la  constituent,  mais  encore  à  la 
largeur  biacromiale,  et  pourrait-on  dire  aussi,  à  la  longueur  du  sternum 
qui  suivrait  plutôt  l'accroi-sement  de  la  taille,  si  du  2»  au  3*^  groupe,  elle 
ne  subissait  une  augmentation  sensible  qui  semble  compenser  par  un 
excès  en  hauteur,  l'insuflisance  du  développement  transversal. 

Le  poids  ne  saurait  aussi  se  rattacher  d'une  façon  étroite  à  l'amplitude 
du  thorax,  parce  qu'elle  n'est  qu'un  des  deux  facteurs  dont  ce  dernier  est 
la  traduction. 

Aux  poids  les  plus  variés  correspond  souvent  uno  même  amplitude  du 
thorax,  et  si,  dans  celte  ordination,  elle  est  légèrement  inférieure  pour 
le  S"  groupe,  cette  infériorité  peut  traduire  une  activité  moindre  du  tra- 
vail musculaire,  qui  n'est  pas  en  opposition  avec  une  augmentation  insi- 
gnifiante de  la  capacité  vitale,  nécessitée  par  un  faible  accroissement  de 
la  taille,  et  une  masse  organique  totale  plus  considérable. 

Mais  en  revanche,  la  circonférence  tboracique  est  considérablement 
influencée  par  la  graisse,  c'est-à-dire  par  le  poids.  Ces  deux  facteurs  sont 
toujours  en  parallélisme  étroit,  les  variations  de  l'un  entraînant  des  modi- 
fications de  l'autre,  et  masquant  complètement  l'iiifluence  de  l'amplitude 
du  thorax  sur  le  développement  des  côtes.  La  signillcation  de  la  cir  onfé- 
rence  tboracique  perd  ainsi  beaucoup  de  sa  valeur. 

Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  l'indice  de  corpulence  -    de  M.   le    Profi'sseur 

Bouchard. 

Les  rapports  de  la  taille  et  du  poids  paraissent  avoir  été  d'autant  moins 
étudiés  chez  la  femme  qu'ils  l'ont  été  davantage  chez  l'homme  Les  seuls 
documents  vraiment  scientiliques  qui  aient  été  publiés  sur  ce  sujet, 
appartiennent  à  M.  le  Professeur  Bouchard  qui  a  appliqué  au  sexe  fémi- 
nin, son  indice  de  corpulence  -. 


E.    DEMONEÏ.  —  nECHERGHES  SL'R  LA  CAPACITK  VITALE  75 

Tableai-   Wlll 
Ordination  d'après  l'indice  de  corpulence -|p  de  Bouchard. 


MOYENNBS    DIÎS    DIMENSIONS 


Taille 

Hiist»'.      .      • 

Mciiiliri-     inlcrieiir 

Largeur    bi-acroiuiali' 

Loii::iieur  <lu  sternum 

IN.i.is 

Taillo  —  1000  :  Poids  (Indice  de  corpulence  de 

Bouchard) 

CinonIV'rence  Ihoracique 

Amplituile    du   thorax 

Capacité  vitale 


1  (30) 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 


ïaill. 


100  :  Largeur 

Cirt-onler 

Capacité 

Buste  :=  100  :  Membre 

Mégasnmie  appi'oehée 

acromiale).  Capacité 

Mégasomic  approchée  - 

renée   tlioracique  Ca 

Poiiis  —  lOU  :  Capacité 

Indice  de  Corpulence  :: 


bi-acromiaie 

enee  lhoraci<pie. 

vitale 

inférieur 

—  ion.  (Taille  X  Larg.  l)i- 

vitale.      ... 

(Buste  X  Circonfé- 
k'ilale 


1.529 
0.H20 
0.709 
0  302 
0.139 
48.1 

3.15 

o.c.9;{ 

0.053 
2.537 


(40) 


III  (30) 


0.197 

0.454 

1.659 

8(3.5 

5.412 


-  100. 
pacité 
vitale 

-  1  : 


Buste 

Membre  inférieur. 
Largeur  bi.acrom. 
Longueur  du  stern. 
Mégas.app.:TailleX 

i>arg.     bi-acrom. 
Mégas.  app.  Buste  X 

Circonf      thorac. 
Circonf    Ihornc. 
Amiilitude  duthorax 
Capacité    vitale. 


4.464 
5.274 

0.260 
0.225 
0.096 
0.044 

14.88 

18.04 
0.220 
0.018 

8.054 


1.568 
0.839 
0.729 
0.313 
0.142 
54.7 

3.49 

0.725 
0.060 
2.882 


0.200 

0.463 

1.838 

86.9 

5.862 

4.737 
5.250 
0.240 
0.209 
0.090 
0.041 

14.07 

17.43 

0.208 
0.017 
8.258 


1.558 
0.836 
0.722 
0.310 
0.142 
63.9 

4  10 

0.788 
0.054 
2.779 


0.193 

0.506 

1.783 

86.2 

5.754 

4.209 
4.349 
0.204 
0.176 
0.076 
0.035 

11.78 

16.07 
0.192 
0.013 
6.778 


Le  tableau  \.\III,  ordonné  d'après  cet  indice,  montre  que,  k  unpointde 
vue  absolu.  /'/  capacité  vitale  et  toutes  les  dimensions  du  corps  nugnindentau  fur 
l't  à  mesure  que  l'indice  lui-même  augmente.  Cependant,  le  3«  groupe  est  un 
peu  moins  favorisé  que  le  deuxième  sous  le  rapport  de  la  capacité  vitale,  de 
la  taille,  du  diamètre  biacromial  et  de  l'amplitude  du  thorax. 

Relativement  à  cet  indice:  la  capacité  vitale  et  les  dimensions  du  corps, 
ainsi  (jue  le  mégasomie  diminuent  uniformément. 

Si  on  rapproche  ces  résultats  de  ceux  fournis  par  le  tableau  WH, 
ordonné  d'après  le  poids,  on  est  frappé  de  leur  similitude  presque  abso- 
lue. Ceci   ne  saurait  surprendre,  car  c'est  le  poids  qui  exerce  encore  ici 


76  •')    JANVIF.H    1005 

une  action  prôpondôranlo.  Aussi  n'insislerons-nous  que  sur  deux  faits  : 
l'utilil»'  de  ia|i|ioil<'r  le  poids  à  la  taille,  el  i'exaclilude  des  chiffres  donnés 
par  IKun-harii  coirune  indices  de  corpulence. 

.Nous  avons  dt-jà  fiïleui-é  la  preuiiè-re  de  ces  questions  au  sujet  du  sexe 
masculin.  .Nou>  réi^'lerons  encore  i\nc.  nous  ne  croyons  pas  nécessaire  et 
inénif"  ulilf,  pour  aninui-r  qu  iiiii-   fcunuo  est  maigre  ou  obèse  que  son 

rapport  -  soit  de  3,  1  ou  de  5,  et  on  sait  qu'elle  est  dans  le  marasme  avant 
que  la  toise  et  la  bascule  aient  donné  un  indice  de  2,  3.  Un  œil  tant  soit 
peu  exercé  perçoit  des  rapports,  subit  des  impressions  que  cet  indice  est 
absolument  incapabledc  rendre,  et  celte  traduction  mathématique,  scien- 
tifique au  premier  abord,  ne  vaut  pas  un  court  exposé  de  l'état  général, 
tel  que  le  fait  soupçonner  le  simple  examen  objectif  du  sujet.  Du  reste,  sur 
quelles  mensurations  Bouchard  s'est-il  appuyé  pourétablir ses  moyennes  ? 
Celles  qui  concernent  le  sexe  féminin  sont  plutôt  rares,  et  témoignent 
des  difficultés  incontestables  que  l'on  rencontre  quand  on  veut  faire  des 
recherches  anthropométriques  sur  la  femme. 

Nous  ne  croyons  pas  que  les  moyennes  assignées  soient  exactes.  Si  notre 
premier  groupe,  que  l'on  peut  considérer  comme  maigre  est  assez  bien 
représenté  par  un  indice  de  3,15,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  deux 
autres  dont  les  indices  sont  vraiment  trop  faibles.  Le  second  groupe  en 
effet,  présente  un  embonpoint  normal  qui  devrait  se  traduire  par  un  indice 
de  3.9  au  moins,  et  il  n'est  que  de  3,49  ;  le  3»  groupe,  franchement  gras 
n'est  représenté  que  par  le  chitîre  4,1  nettement  insuffisant.  L'explication 
de  ces  faits  a  été  déjà  fournie  :  l'augmentation  du  poids,  et  l'accroissement 
ds  la  taille,  ne  sont  point  parallèles,  et  ne  peuvent  être  traduits  par  une 
constante,  comme  l'admet  Bouchard  :  à  chaque  taille  devrait  correspondre 

p 

un  rapport  û  différent.  De  plus,  si  la  moyenne  indiquant  la  maigreur  est 

excellente,  l'indice  3,9  affecté  à  l'état  normal  est  déjà  un  peu  élevé,  et 
quand  il  atteint  5,  l'obésité  est  alors  dépassée,  on  touche  presque  au 
a  phénomène.  » 

Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  la  circonférence  thoracique. 

Le  tableau  XXIV,  ordonné  d'après  la  circonférence  thoracique  présente 
d'étroites  analogies  avec  les  deux  tableaux  précédents,  construits  d'après 
le  poids  et  l'indice  de  corpulence.  Comme  dans  ces  derniers,  on  voit  que, 
au  fur  et  k  mesure  que  le  facteur  en  cause  augmente  : 

La  capacité  vitale,  la  mégasomie,  et  toutes  les  dimensions  du  corps  s'accroissent 
aussi  absolument. 

Et,  relativement  à  cette  dimension  :  Tous  les  facteurs  diminuent,  sauf 
cependant  l'amplitude  du  thorax  et  la  capacité  vitale  qui  augmentent 
légôn-m^-nt  pour  le  2«  groupe,  avant  de  décroître  pour  le  troisième,  et  le 
poids  qui  présente  un  accroissement  relatif  très  net  chez  les  sujets  dont  la 
circonférence  thoracique  est  la  plus  élevée. 


E.    DEMONET.  —  nECHEUCHES  SUR  LA  CaPACITK  VITALE 


77 


Tahleau  \XI\ 
Relations  de  la  capacité  vitale  avec  la  circonférence  thoracique. 


MOYENNES   DttS   DIMENSIONS 


Taille 

Busto 

Membre    intérieur. 
Largeur    bi-acromiale 
Loiiffueur  fin  slcrnum, 
Poi.ïs 


Circonff'rencf  thoracique 

Mégasoniie  approclire  :  Taille  X  Larg.  bi-acroin. 

id.  iiuste  X  Circonl'.  Ihoruc. 

Amplitude   du   thorax.      ........ 

Capacité  vitale 


MOYENNES   DES  RAPPORTS 

Taille  ^=  100:  Largeur  bi-acromialo 

Poids 

(".ircontërence  fliorarique. 

Buste  z=  100  :  ^leuibre  inférieur 

Mégasoinic  approchée  ■=  100.  (Taille  X  I-^i©-  ^J'- 

acrouiiak'^.  Capacité  vitale 

Mégasomic  approchée  :=:  100.  (Buste  X  Circonlé- 

n-not'  thorarique   Capacité  vitale 

Circonf.  thorae.  —  100  :  Taille 

I5ust.'.      .      .      .      .      . 

Membre    inférieur. 
Largeur    bi-acrnmiale  . 
Mégas.  app.  :  Taille  X 

Larg.     bi-acrom  . 
Longueur  du  sternum 

Poids 

Amplitude   du    thorax. 
Capacité    vitale. 


1.519 
0.819 
0.700 
0.304 

o.i:n 

49.7 

0.679 

40.18 

55.01 

0.053 

2.530 


0.200 
32  1 

0.447 
85.0 


5.179 


4.719 
223.7 
120.5 
103.2 
44.8 

68.00 

20.2 

73.32 

0.0781 

3.726 


65.82 

19.3 

72.9 

0.0797 

3  814 


l3U) 


1.507 

1.569 

0  839 

0.840 

0.728 

0.729 

0.311 

0.312 

0.143 

0.143 

53.9 

63.6 

0.729 

0.799 

48.73 

4.S.95 

02.00 

(')7.12 

0.0.59 

0  055 

2.819 

2.871 

0.198 

0.198 

34.4 

40.5 

0.472 

0.508 

86.8 

86.8 

5.785 

5.865 

4.547 

4.277 

212.0 

196.4 

113.5 

106.4 

098.5 

090.0 

42.3 

39.0 

60.07 

18  3 

79.6 

0.068 

3.685 


Celle-ci  est  loin  d'èlre  intimement  unie  à  la  capacité  vitale.  En  etl'et,  celle 
dernière  gagne  d'abord  :289centimèLre.s  cubes  quand  la  circonférence  tho- 
racique s'accroît  de  50  millimètres  et  ensuite  52  centimètres  cubes  seule- 
ment alors  que  la  seconde  augmente  de  70  millimètres.  Il  n'y  a  donc 
aucune  régularité  entre  le  développement  de  ces  deux  facteurs,  et  il  sem- 
blerait au  premier  abord  que  l'un  soit  absolument  indépendant  de  l'autre. 
Ce  n'est  là  qu'une  apparence.  En  réalité,  le  périmètre  du  thorax  est  dans 
cette  ordination,  sous  la  dépendance  non  seulement  de  l'amplitude  tho- 
racique, mais  encore  et  surtout  du  poids,  c'est-à  dire  de  la  graisse,  qui 
exerce  ici  son  influence  perturbatrice  C'est  le  tissu  adipeux  qui  s'accroît 
sans  grand  profil  pour  le  développement  pulmonaire^  mais  non  l'activité 


78  5  jANviKH  1'.)05 

muRCulaire  Aussi  [joiirniit  on  dire  iiiif  celle  dernière  permet  d'expliquer 
raccruisseinent  de  la  capacité  vitale  du  premier  au  deuxième  groupe:  la 
faible  amplitude  du  llioiax  du  troisième  groupe  montre  pourquoi  son 
pouvoir  respiratoire  ne  grandit  piesijue  plus,  tout  en  s.itisfaisant  cepen- 
dant aux  besoins  d'une  masse  orgaMi(jue  totale  qui  parait  beaucoup  plus 
considérable.  Il  en  résulte  donc  que  le  tissu  adipeux  ne  consomme  que 
fort  peu  d'oxygène  pour  son  entretien,  tout  au  moins,  et  que  les  phéno- 
mènes nutritifs  qui  se  passent  dans  son  intimité  sont  aussi  ralentis  que 
possible. 

Il  y  aurait  peut-être  encore  une  interprétation  de  ces  faits  :  nous  avons 
eu  l'occasion  de  la  noter.  La  laille,  le  buste,  la  largeur  biacromiale,  la 
longueur  du  sternum,  doivent  exercer  ici  leur  influence  :  or  leur  accrois- 
sement est  exactement  parallèle  h  celui  de  la  capacité  vitale.  On  pourrait 
donc  admettre  que  celle-ci  est  soumise  dans  une  mesure  beaucoup  plus 
grande  aux  dimensions  exclusivement  squelettiques,  qu'à  celles  compre- 
nant des  parties  molles. 

11  a  été  dit,  à  propos  de  la  taille,  que  la  circonférence  thoracique,  d'une 
façon  générale,  croissait  avec  cette  dernière.  Dans  une  ordination  d'après 
la  circonférence  thoracique  elle-même,  cette  relation  est  assez  lâche,  et 
ne  présente  pas  un  caractère  d'absolue  nécessité.  Cette  dimension  se 
rattache  beaucoup  plus  au  poids  qu'à  la  laille,  et  elle  présente  par  consé- 
quent avec  celle-ci  des  rapports  identiques  à  ceux  qui  unissent  ces  deux 
facteurs.  La  circonférence  thoraci<jue  des  deux  derniers  groupes  qui  ont 
une  stature  presque  identique,  diiïère  énormément  parce  que  l'écart  de 
leur  poids  réciproque  est  considérable,  et  ceci  rappelle  que  si  l'adiposité 
est  indépendante  de  la  taille,  elle  intervient  dans  la  détermination  du 
poids  et  du  périmètre  thoracique. 

Si  l'on  applique  au  sexe  féminin  le  fameux  rapport  de  la  circonférence 
du  thorax  à  la  demie  laille,  on  s'aperçoit  qu'elle  ne  se  rencontre  seule- 
ment que  chez  les  femmes  dont  l'embonpoint  présente  une  exagération 
manifeste:  à  ce  titre  il  ne  s'applique  qu'au  troisième  groupe. 

Il  est  bien  difficile  de  mettre  en  évidence,  dans  cette  ordination,  l'in- 
ilucnce  de  l'amplitude  du  thorax  sur  le  développement  de  sa  circonfé- 
rence. On  se  heurte  toujours  au  môme  obstacle  :  la  présence  du  tissu 
adipeux  qui  varie  avec  les  sujets  et  avec  les  séries,  de  quantités  impossibles 
à  déterminer  exactement.  Aussi  nous  bornerons-nous  à  dire  que  l'ampli- 
tude parait  surtout  présider  à  l'augmentation  de  la  circonférence  pour  le 
deuxième  groupe,  et  que  l'embonpoint,  au  contraire,  paraît  entraîner 
l'énorme  accroissement  que  présente  ;i  ce  sujet,  la  dernière  série 

La  circonférence  thoracique  vient  d'être  étudiée  à  l'état  isolé,  en  quel- 
que sorte.  Nous  allons  rechercher  sa  valeur  quand  elle  entre  dans  l'inter- 
prétation de  la  mégasomie,  du  développement  général  de  l'organisme. 

Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  la  mégasomie. 

C'est,  bien  entendu,  à  titre  d'attente  et  d  investigation  seulement,  que 


E     DEMitNKT.    —    UECIIERCHES  SUH  LA  CAPACITE  VITALE 


79 


nous  avons  adoptô  comme  indices  de  mégasomie  approchée,  deux  produits, 
l'un  provenantde  dimensions  exclusivement  squelclU(jues,  l'autre  dedcux 
facteurs,  l'un  S(|iieiletitjue  aussi  et  le  second  soumis  aux  variations  dé  l'em- 
bonpoint. Quoiqu'il  en  soit,  d'une  façon  générale,  le  tableau  XXV,  ordonné 
d'après  le  produit  de  la  taille  par  la  larij^eur  bi-acromiale,  affecte  les  méme> 
rapports,  ou  à  peu  prt>s,  que  le  tableau  XXVI,  construit  d'après  le  produit 
de  la  longueur  du  buste  par  la  circonférence  thoracique. 

Tableau  XXV 
Ordination  d'après  l'indice  de  mégasomie.  fTailleX  Largeur  bi-acromiale). 


MOYENNES  DES   DLMENSIONS 


Taille 

Buste 

Membre  inférieur 

Largeur  bi-acromiale 

Longueur  du  sternum 

Poids 

Circonférence  tlioracique 

Méqasoinie ai)inorhèe  :  Tdillc  X  Imi'ij .  hi-acrotn. 
id.  Hiisle  X  Circonf.  Iborac. 

Amplitude   du   thorax 

Ca/jacifë  vitale 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 


Taille  =  100  :  Poids 

Circonférence  du  thorax.    . 

Amplitude  du  thorax 

Buste  =  100  :  .Membre  inférieur 

.Mégasomie  appro<liée  z=  10  :  (Taille  X  Largeur 

bi-acromiale)  :  Buste 

Membre  intérieur. 
Longueur  du  sternum.    . 

Poids 

Circonférence  thoracique. 
Amplitude  du  thorax. 
Capacité  vitale 


1(30) 


1.486 

0.812 

0.674 

0.292 

0.133 

52.7 

0.719 

43.39 

58.38 

0.050 

2.361 


35.5 
0.185 
0.034 

88.0 


0.187 
0.155 
0.031 

12.1 
0.166 
0.0115 

544 


II  (40) 


1.558 

0.830 

0.728 

0.309 

0.141 

55.5 

0.733 

48.14 

60.84 

0.055 

2.723 


35 .  G 
O-i^l 
0.035 

87.7 

0.173 
0.151 
0.029 

11.5 
0.152 
0.0116 

567 


III  (30) 


1.615 
0.856 
0.759 
0.327 
0.150 

58.5 
0.752 
52.81 

64.37 
0.063 
3.168 


36.2 
0.466 
0.039 

88.7 

0.162 
0.144 
(1.028 

11.1 
0.142 
0.0120 

599 


Ils  montrent  que,  à  un  point  de  vue  absolu ,  au  fur  et  à  mesure  que  la  méga- 
somie s'élève,  la  capacité  vitale  et  les  dimensions  du  corps  s'accroissent  aussi 
relativement  à  cette  mégasomie  :  la  taille,  le  buste,  le  membre  inférieur^  la 
lanceur  bi  acromiale,  la  longueur  du  sternum  diminuent:  par  contre,  le 
poids  et  la  circonférence  thoracique,  l'amplitude  du  thorax  et  la  capacité 
vitale  augmentent. 

Ces  deux  tableaux,  il  est  vrai,  ne  concordent  pas  de  tout  point:  ainsi 


80 


r»    JANVIER    1005 


dans  le  tableau  \\\  ,  la  circoiiléitMice  Uiuracique  et  le  poids  sontdautant 
plus  petits  que  la  uK-gasumie  est  plus  gramle,  à  taille  égale.  La  page  sui- 
vante présente  un  rapport  inverse.  Ces  variations  sont  évidemment  liées 
à  celles  des  facteurs  (jui  interviennent  dans  ces  ordinations.  Dans  l'une, 
la  circonférence  tlioracique  a  un  rôle  secondaire  subordonné  à  celui  delà 
taille;  dans  l'autre,  c'est  celle-là  qui  est  au  premier  plan,  cette  dernière 
n'ayant  plus  qu'une  importance  relative.  Nous  nous  attemlions  même  à 
des  variations  plus  considérables,  qui  atteignent  cependant  une  valeur 
assez  grande,  en  ce  qui  concerne  surtout  la  capacité  vitale  absolue  du 
troisième  groupe  de  l'une  et  l'autre  sériation.  Toutefois,  il  est  incontes- 
table que  la  première  de  celles-ci  est  de  beaucoup  préférable  :  ses  rapports 
sont  plus  réguliers,  moins  soumis  à  l'influence  du  poids  et  de  l'embon- 
point; mais  la  seconde  n'en  a  pas  moins  sa  valeur  et  son  importance 
puisqu'elle  confirme  presque  complètement  les  données  de  celle-là. 

Tableau  XXVI 

Ordination  d'après  l'indice  de  mégasomie  approchée.  Buste  X  circonfé- 
rence thoracique. 


MOYENNES  DES  DIMENSIONS 


Taille 

Buste 

Membre  inférieur    . 
Largeur    bi-acromiale. 
Longueur  du  sternum. 
Poids 


Circonférence  thoracique 

Mégasomie  aitprorhée  :  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 
BiistP  X  Circonf.  f/ioi-ar. 

Amplitude   du   thorax 

Capacité  vitale 


Moyennes  des  nAPi'ORTs 

Taille  —  100  :  Poids 

Circonférence  thoracique    . 

Amplitude  du  thorax 

Buste  r=  100  :  .Membre  inférieur 

Mégasomie  approchée  =  100  :  (Buste  X  Circonf. 
tliorafique)  :  Taille 

Mt-mbre  iniV-rifur 

Largeur  bi-acromiale     .      .      .      . 

Longueur   du  sternum. 

Poids 

Am[)litude  du  thorax     .      .      .      . 

Capacité  vitalo.         


I  (30) 


1.499 

0.812 

0.087 

0.2!)0 

O.Ll:^ 

50.5 

0.701 

41.37 

56.92 

0.(119 

2  474 


32.3 

0.468 

0  n:V2 

84.0 


2.634 
1.207 
0.520 
0.233 
88.7 
0.086 
4.. 346 


Il    40 1 


1.563 

0.838 

0.725 

0.311 

0.142 

56.1 

0.735 

48.61 

61.59 

0.058 

2.783 


.35.9 
0  469 
0.036 

86.5 

2.587 
1.177 
0.505 
0 .  230 
91.0 
0.094 
4.518 


m  ^30) 


1.595 

0.846 

0.749 

0.320 

0  149 

59.9 

0.768 

51 .  52 

64.97 

0.061 

2.969 


37.5 
0.481 
0.038 

88.5 

2.455 
1  1.53 
0.492 
0.229 
92.2 
0.094 
4.572 


E.    DEMONET.   —   RECHERCHES  SUR  LA  CAl'ACITK  VITAI.E  81 

Nous  connaissons  les  rapports  (l«  l.i  még.isoinie  avec  la  capacili-  xilalc 
Celle-ci  croît  absolument  et  relativement  avec  celle-là:  il  importe  de  faire 
remarquer  que  cette  progression  est  d'autant  plus  faible  que  le  di'velop- 
pement  <le  l'organisme  est  plus  grand,  et  ce  fait  permet  de  supposer  que 
s'il  nous  avait  élé  possible  d'établir  des  indices  de  mégasomie  absolue, 
cette  relation,  dictée  par  une  lui  bien  connue  en  physiologie  générale, 
aurait  été  retrouvée.  En  effet,  on  peut  faire  une  classification  fort  simple 
de  tous  les  facteurs  dont  nous  avons  étudié  l'influence  sur  la  capacité 
vitale  :  les  uns  se  rattachent  au  squelette,  les  auties  en  sont  indépendants. 
Or  les  premiers  décroissent,  et  les  seconds  augmentent  relativement  à  la 
mégasomie.  Ceci  signilie  nettement  que  si  nos  indices  sont  suffisants  pour 
mettre  en  luuîière  les  véritables  rapports  du  développement  tutal  de  l'or- 
ganisme avec  le  squelette,  ceux-ci  sont  en  défaut  en  ce  qui  concerne  la 
circonférence  thoracique,  le  poids,  l'amplitude  du  thorax  et  la  capacité 
vitale.  Ces  trois  dernières,  avons-nous  dit,  croissent  proportionnellement 
avec  la  taille;  ils  croissent  beaucoup  moins  avec  la  mégasomie,  et  il  n'est 
pas  étonnant  que  dans  ces  conditions,  le  développement  pulmonaire  se 
fasse  proportionnellement  à  la  masse  à  nourrir.  Il  est  certain  qu'un  indice 
de  mégasomie  plus  exact,  tenant  compte  des  dimensions  antéro-posté- 
rieures  du  thorax,  eut  présenté  les  choses  sous  leur  véritable  jour.  Une 
étude  complémentaire  éclaircira  ce  point  important. 

Le  tableau  XXVI,  présente  une  particularité  qui  mérite  d'être  signalée. 
La  capacité  vitale  et  l'amplitude  du  thorax  affectent  avec  la  taille  des 
relations  étroites.  Celle-ci  autant  que  la  mégasomie  elle-même,  paraît 
régler  le  développement  du  poumon.  Mais  la  taille,  ne  traduit-elle  pas 
assez  bien,  la  masse  organique  totale? 


Rapports  de  la  capacité  vitale  avec  l'euryplastie. 

.\prés  avoir  étudié  dans  le  sexe  féminin,  les  relations  de  la  capacité 
vitale  avec  divei'ses  dimensions  du  corps,  taille,  buste,  etc.,  le  degré  de 
mégasomie  et  de  brachyskélie,  il  était  nécessaire  d'envisager  l'influence 
exercée  sur  le  développement  pulmonaire  par  le  rapport  des  dimensions 
transversales  de  l'organisme,  à  des  dimensions  en  hauteur.  Pour  exprimer 
cette  euryplastie,  nous  avons  utilisé  d'une  façon  approximative,  il  est 
vrai,  d'abord,  le  rapport  de  la  largeur  bi-acromiale  à  la  taille  -  -  100. 
puis  celui  de  la  cir:onférence  thoracique  au  buste  =:  100.  Suivant  la  ter- 
minologie adoptée,  le  premier  groupe  des  t;ibleaux  XXVII  et  XXVIII  ren- 
ferme des  macroplastes,  le  2^  des  mésoplastes,  le  S^'des  eurypiastes.  Cette 
classification  est  naturellement  relative. 

Il  semble  au  premier  abord  que  l'euryplastie  n'exerce  aucune  influence 
sur  la  capacité  vitale,  et  qu'il  n'existe  aucun  parallélisme  entre  la  valeur 
de  l'une,  et  celle  de  l'autre.  Il  est  facile  cependant  de  la  mettre  en  évi- 
dence, en  les  rapportant  toutes  deux  à  la  taille. 

Un  fait  frappe  immédiatement  :  l'euryplastie  semble  ab>oliiMienl  imli' 

sijCi  h'amiiiiui"     l'.'O^i  '' 


82 


")    JANVIKU     I '.)('.■'• 


pendante  de  la  taille.  Ceci  est  exact  :  à  chai]ue  slature  se  trouvent  associées 
des  macro  et  des  eurypiastes.  CepL'mlanl.  on  pourrait  dire  avec  raison 
que  le  premier  groujie  du  tableau  X.W'Il  est  constitué  par  les  tailles  les 
plus  élevées,  et  que  le  même  groupe  du  tableau  XXVIII  réunit  les  bustes 
grands.  Il  est  donc  permis  de  dire  que  la  macroplastie  alTectionne  les  plus 
les  plus  hautes  statures. 

Tableau  XXVII 


Ordination  d  après  l'indice  d'euryplastie  approchée.  Largeur  bi-acromiale 
rapportée  à  taille  =  100. 


UOYtNNES  OKS  DIMBNSIONS 


Taille 

Buste 

Membre  intérieur  . 
Largeur  bi-acroniinle  . 
Longueur  du  sterninii. 
Poids 


Circonlérence  thoraciquo 

Mégasomif  approchée  :  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 
id.  Buste  X  Circonf.  thorac. 

Amplitude!  du  thorax 

Capacité  vitale 

Euri/plastie  approchée  :  Largeur  bi-acromiale 
rapportée  à  Taille  ^=100 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 

Euryplastie  app.  -=z  10.  (Largeur  bi-acromiale  h 

Taille  =  100).  Capacité  vitale 

Taille  =  100  :  Buste 

Membre  intérieur 

Longueur  du  sternum    . 

Poids 

.Vnqtlitude  du  thorax 

Buste  ■=  100  :  Meniljre  intérieur 

Largeur  bi-acrouiiale 
Longueur  du  slerniuii    . 
Circonférence  thoracique    . 
Longueur  du  sternum  :=:  !0  :  Largeur  bi-acrom 

Circonl'.  thor     . 
Mégasomie  approchée  r=  100.  (Taille  X  Larg.  bi 

arromiale).  Capacité  vitale 

Mégasomie  ap|)r(icb('e  :=  100.  (Buste  X  Circonlë 
rence  Iburacique).  Caj)acilé  vitale 


1.560 

0.831 

0.729 

0.:;!93 

0  140 

54.6 

0.723 

45.71 

60.08 

0.052 

2.562 


18.78 


1.641 
0.533 
0.467 
0.090 

35.0 
0.3.33 

87.7 
0.352 
0.169 
0.870 
0.209 
0.516 


5.605 

4.294 


Il  (40) 

111  (30) 

1.566 

1.529 

0.838 

0.826 

0.726 

0.703 

0.313 

0.321 

0.144 

0.141 

56.5 

55.2 

0.742 

0.736 

49.02 

49.08 

62.18 

60.80 

0.056 

0.059 

2.856 

2.791 

20.00 

21.06 

1.824 

1.825 

0.535 

0.540 

0.4C>5 

0.460 

0.092 

0.092 

36.1 

36.1 

0.358 

0.386 

8.67 

8.51 

0.373 

0.389 

0.172 

0.170 

0.875 

0.891 

0.217 

0.228 

0  515 

0.522 

5.826 

4.594 


5.686 
4.590 


D'un  autre  côté,  si  on  rapporte  à  la  taille  les  diverses  dimensions  du 
corps,  on  voit  facilement  que  celles-ci  sont,  d'une  façon  générale,  d'autant 
plus  grandes  que  l'enryplastie  est  elle-même  plus  élevée.  Même  résultat 


H.   UEMONKT.    —  KEt:HKR<;ilKS   >l  It   I.A  CAl'ACITli   VITALE 


83 


si  on  prend  le  buste,  an  limi  ilr  la  (aille,  ((uninc  lorine  de  comparaison. 
Et  il  en  est  de  même  pour  le  |)oids,  l'ainplilude  du  thorax,  et  la  circonfi'- 
rence  thoracique.  Bien  plus,  dans  les  mêmes  cmditions,  à  longueur  de 
sternum  égale,  les  euryplastes  sont  favorisés  par  l'augmentation  relative 
de  leur  diamètre  bi-acromial  et  de  leur  circonférence  thoracique. 

Il  est  encore  une  autre  relation  sur  laquelle  il  est  important  d'attirer 
l'attention  :  c'est  celle  de  l'euryplastie  et  du  degié  de  hrachyskélie,  c'est- 
à-dire  du  rapport  SB. 


Tablkau  XXVlll 

Ordination  d'après  l'indice  d'euryplastie  approchée.  Circonférence 
thoracique  rapportée  à  buste  =  100. 


MOYENNES   DES  DIMENSIONS 


Taille. 
Buste . 


Membre  inférieur   . 
Largeur  hi-arnuniale 
Longueur  du  sternum 
Poids 


Circonférence  thoracique 

Mégasomie  approchée  :  Taille  X  I-arg.  bi-Hcrnm. 
irl.  Buste  X  Circonf.  thorae. 

.\m|)litude  du  thorax 

Capacité  xntalp 

Euryplastie  approchée  :  Circonférence  thorac 
rapportée  à  Buste  :=  iOO 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 

Euryplastie  aiiprncbée  —  100.  (Circonf.   thorac. 

à'^Buste  =  100 1.  Capacité  vitale 

Taille  =  100  :   Buste   .      .      .      ■ 

Membre  inférieur  .  .  .  .  . 
Longueur  du  sternum  .  .  .  . 
Largeur  bi-acromiale     .     .     .      . 

Poids 

.\mplitu(le  du  tbnrax      .      .      .      . 

Buste  z=  100  :  Membre  inférieur 

Largeur  bi-acromiale      .      .      .      . 
Longueur  du  slernum    .      .      .      . 
Circonférenee  thoracique    . 
Longueur  du  sternum  :=  100  :  L.irgeur  bi-aerom. 

Circonf.  thorac 
Mégasomie  approchée  =  100.  (Taille  X  Larg.  bi- 
acromiale).  Capaeité  vitble 

Mégasomie  apiirochée  =:  100.  (Buste  X  Cireonlé- 
rencc  thorai-i(iuc).  Ca|iarité  vitale.      .      .      .      . 


I  (30) 


1  583 

0.837 

0.746 

0.313 

0.143 

53.2 

0.095 

49.55 

58.17 

0.0.50 

2.766 


83.04 


3.. 331 
0.520 
0.471 
0.0933 
0.198 
.34.3 
0.0354 
0.891 
0.374 
0.171 
0.830 
0.-J18 
0.480 


5.582 


II  (40) 


1.539 

0.829 

0.710 

0.305 

0.1 10 

54.0 

0.722 

46.94 

59.75 

0.057 

2.718 

87.09 


3.121 
0.540 
0.460 
0  0!»10 
0.198 
.35.2 
0.0370 
0.857 
0  308 
0.109 
0.871 
0.216 
0.516 


.812 


4.568 


III  (30) 


1.543 

0.833 

0.710 

0.312 

0.141 

60.2 

0.789 

48.14 

65.72 

0.0.-,8 

2.768 

94.72 


2.922 
0.540 
0.460 
0.0914 
0.202 
39.0 
0.0374 
0.853 
0.374 
0.169 
0.947 
0.221 
0.560 

5.750 

4.218 


84  •*>   JANVIKII    tlKl'i 

Lt'S  deux  tableaux  ordonnés  d'après  celle-l.'i  montrent  en  effet,  quo 
le  membre  inférieur  est  d'autant  plus  court  relativement  au  buste,  ou 
la  brachyskélie  plus  accentuée,  que  l'euryplastie  est  elle-même  plus 
prononcée,  il  est  donc  incontestable  que,  d'une  façon  générale,  les 
macroplastes  sont  en  même  temps  macrosUôles,  et  les  euryplastes 
bracbyskèles;  les  mésoplastes  occupent  à  ce  point  de  vue,  une  place 
intermédiaire. 

A  taille  égale,  la  mégasomie  croît  aussi  avec  l'euryplastie  :  le  premier 
et  le  deuxième  groupe  du  tableau  X.W'll,  le  deuxième  et  le  troisième 
du  tableau  XXVllI,  dont  les  tailles  sont  sensiblement  identiques,  en  sont  la 
preuve  manifeste. 

Etant  donné  ces  relations,  il  n'est  pas  étonnant  que  la  capacité  vitale 
suive  le  degré  d'euryplastie,  et  suit  plus  grande,  toujours  relativement 
à  leur  taille  et  à  leur  poids,  chez  les  euryplastes  que  chez  les  macro- 
plastes. El  en  etï'et,  si  on  s'en  rapporte  surtout  aux  indications  du  tableau 
XXVII,  dont  les  données  ne  sont  pas  faussées  par  l'embonpoint  qui  tend 
à  l'euryplastie,  on  constate  que  les  macroplastes  et  les  mésoplastes  dont 
'a  taille  est  sensiblement  identique,  présentent  h  l'avantage  de  ces  der- 
niers une  différence  de  près  de  300  centimètres  cubes,  dans  l'appréciation 
de  leur  volume  pulmonaire  et  les  euryplastes  dont  la  taille  est  inférieure 
de  37  millimètres  à  celle  des  mésoplastes,  ont  relativement  à  ces  derniers, 
une  capacité  vitale  de  65  centimètres  cubes  seulement.  Le  tableau  XXVIII 
montre  aussi  que  cette  dernière  est  presque  la  même  pour  les  macroplastes 
et  les  euryplastes,  et  cependant,  la  taille  de  ces  derniers  est  de  40  milli- 
mètres plus  petite  que  celle  des  premiers. 

A  l'euryplastie  est  donc  lié  un  développement  pulmonaire  plus  consi- 
dérable qui  s'explique  facilement  par  une  masse  organique  totale  plus 
considérable,  une  brachyskélie  prononcée,  et  un  accroissement  relatif  de 
toutes  les  dimensions  du  corps,  en  rapport  avec  une  intensité  et  une 
activité  plus  grandes  du  travail  musculaire. 

Si  nous  comparons  maintenant,  d'une  façon  générale,  les  relations 
présentées  avec  la  capacité  vitale  par  les  diverses  dimensions,  et  les  dif- 
férents rapports  que  nous  avons  examinés,  nous  voyons  très  nettement 
qu'aucun  d'entre  eux  n'est  relié  à  celle-ci  par  une  connexion  intime.  Il 
est  souverainement  inexact  de  duc,  que  l'unité  de  taille,  ou  l'unité  de 
poids,  donne  droit  à  une  capacité  respiratoire  de  n  centimètres  cubes. 
Une  classification  mettant  en  évidence  la  régularité  des  rapports  qui 
unissent  chacun  de  ces  facteurs  au  développement  pulmonaire,  est  aléa- 
toire. On  peut  dire  toutefois,  que  la  taille,  est  de  toutes  les  dimensions 
du  corps,  celle  qui  suit  le  plus  exactement  la  capacité  vitale,  et  nos 
indices  de  mégasomie  approchée  lui  sont  même  légèrement  supérieurs  à 
ce  point  de  vue.  Puis  viennent,  là  ongueur  du  buste,  le  degré  de  macro 
ou  de  brachyskélie,  le  poids,  la  circonférence  thoracique,  la  longueur  du 
sternum  etc.  Mais  il  serait  illogique  de  subordonner  à  un  facteur  quel- 
conque, tous  les  autres;  chacun  exerce  son  influence,  plus  ou  moins 
grande,  il  est  vrai,   mais  qui  n'en  existe  pas  moins,   et  qui  est  suffisam- 


E.   DEMONET.    —   RECHERCHES  SIR   LA   CAPACITK  VITALE  85 

mont  iinpoilaiili'  pour  «léjouer  toutfs  les  cmnliinaisons  d'où  il  csl  exclu 
(.'ne  remarque  s'impose  :  c'est  l.i  supériorilé  des  dimensions  S(|uelelliques 
sur  les  autres.  A  cet  égard,  la  comparaison,  chez  l'homme  et  chez  la 
femme,  des  rapports  de  la  capacité  vitale  avec  le  poids  est  caractéristique. 
Dans  le  sexe  masculin,  les  séries  présentent  à  peu  près  le  même  embon- 
point :  les  rapports  du  poids  avec  la  capacité  vitale  sont  d'une  régularité 
satisfaisante;  dans  le  sexe  féminin,  au  contraire,  où  l'adiposité  est  beau- 
coup plus  variable,  on  ne  retrouve  plus  cette  connexion  relativement 
intime;  aucune  relation,  même  vague,  n'unit  plus  ces  deux  facteurs.  Les 
mêmes  considérations  peuvent  s'applii|uer  à  la  circonférence  thoracique, 
dont  l'expression  est  étroitement  unie  au  développement  du  tissu  adi- 
peux. Le  produit  des  deux  facteurs,  squelettiques  ou  musculo-squelet- 
liques,  nous  a  permis  d'obtenir  des  indices  de  mégasomie  approchée.  Ils 
ont  incontestablement  leur  utilité,  ils  paraissent  traduire,  plus  exactement 
que  la  taille  elle  même,  «  ce  qui  est  ».  Il  n'en  est  pas  moins  vrai,  qu'à 
eux  seuls,  ces  produits  sont  également  insulïisanls,  pour  déterminer  une 
capacité  vitale,  qu'on  serait  en  droit  de  croire  physiologique.  C'est  qu'une 
multitude  de  facteurs  entrent  en  scène;  leur  analyse  est  facile,  leur  syn- 
thèse est  impossible.  Cette  question  ressemble  au  jeu  d'échecs.  On  peut 
connaître  parfaitement  le  mouvement  de  chaque  pièce,  mais  il  serait 
ridicule  de  prétendre  donner  des  lois  aux  combinaisons  auxquelles  elles 
se  prêtent. 

C'est  le  cas  de  répéter  avec  Charrin  :  «  La  plupart  du  temps,  les 
auteurs  n'ont  invoqué  qu'un  seul  mécanisme.  L'esprit  est  ainsi  fait  qu'il 
veut  le  plus  souvent,  tout  expliquer  de  la  même  façon,  par  un  unique 
mobile.  A  un  ensemble  de  phénomènes  plus  ou  moins  nombreux,  plus  ou 
moins  disparates,  il  ne  reconnaît  qu'une  cause,  qu'une  genèse.  Malheu- 
reusement, la  biologie  qui  n'a  pas  à  tenir  compte  de  nos  tendances,  ne 
se  soumet  pas  à  ces  injonctions.  Elle  nous  offre,  au  contraire,  une  foule 
de  problèmes  dont  la  solution  n'est  pas  simple.  Dans  les  actes  de  la  vie, 
il  y  a  en  effet,  association  fréquente  de  facteurs  multiples.  »  Les  phéno- 
mènes respiratoires  sont  une  de  ces  associations. 

VARIATIONS  SEXUELLES  DE    LA  CAPACITÉ  VITALE 

En  1882,  une  intéressante  discussion  s'élevait  devant  la  Société  d'.\n- 
Ihropologie  entre  M.  Manouvrier  et  M.  G.  Le  Bon  au  sujet  du  rapport  de 
la  circonférence  du  crâne  au  poids  de  l'encéphale  dans  l'un  et  l'autre  sexe. 
Ce  dernier  soutenait  (lue  «  pour  voir  l'induence  du  sexe  apparaître,  il  ne 
fallait  évidemment  comparer  que  des  sujets  comparables,  c'est-à-dire  des 
enfants  masculins  et  féminins  de  même  poids  ».  M.  .Manouvrier  affirmait 
au  contraire,  que  pour  s'appliquer  vraiment  aux  deux  sexes  dans  leur 
ensemble,  le  rapport  devait  embrasser  la  totalité  des  uns  et  des  autres,  et 
qu'aucune  sélection,  aucune  considération  de  poids,  ne  devait  présider  à 
cette  comparaison. 


86  fi  JANVIER  1905 

Nous  nous  trouvons  aujourd'hui  en  présence  d'un  problème  absolument 
identique,  en  voulant  comparer  la  capacité  vitale  des  deux  sexes. 

Il  nous  paraît  évident,  de  prime  abord,  qu'ayant  étudié  le  développe- 
ment pulmonaire  chez  cent  adultes  masculins  et  chez  cent  adultes  fémi- 
nins, le  plus  simple  et  le  plus  naturel  est  d'adopter  leurs  moyennes  géné- 
rales respectives  II  était  cependant  possible  d'utiliser  une  autre  méthode 
en  ne  comparant  seulement  que  des  hommes  et  des  femmes  de  même 
taille.  Far  un  heureux  hasard,  notre  série  des  plus  grandes  femmes  pré- 
sente exactement  la  même  stature,  1  m.  628,  que  celle  des  hommes  les  plus 
petits.  Mais  cette  seconde  manière  de  faire  est-elle  supérieure  à  la  pre- 
mière? Celte  opinion  ne  saurait  être  admise,  car  elle  est  passible  de  nom- 
breuses objections  qui  lui  retirent  une  grande  partie  de  sa  valeur.  On  ne 
tient  pas  compte,  en  effet,  dans  cette  ordination,  d'un  caractère  ethnique 
indiscutable  :  la  femme  est  en  moyenne  plus  petite  que  l'homme  :  on  rai- 
sonnerait ainsi  sur  deux  séries  sélectionnées  en  sens  inverse  en  rappro- 
chant les  femmes  les  plus  grandes  des  hommes  les  plus  petits,  et  on  appli- 
querait à  la  généralité  des  uns  et  des  autres,  ce  qui  ne  serait  vrai  que 
pour  l'exception. 

De  plus,  la  taille^  traduit-elle  suffisamment  le  développement  total  de 
l'organisme,  pour  que  son  importance  prime  celle  de  tout  autre  facteur, 
de  toute  autre  dimension  ?  Et  seiait-il  illogique  d'attribuer  la  même  valeur 
au  poids,  au  buste,  à  la  brachy^kélie,  etc.  et,  dans  le  cas  actuel,  à  la  capa- 
cité vitale  elle-même?  En  admettant  cette  dernière  hypothèse,  la  question 
se  ramènerait  à  comparer  des  sujets  des  deux  sexes  dont  le  développement 
puhnonaire  serait  sensiblement  identique,  et  à  étudier  les  relations  de 
leurs  diverses  dimensions. 

Insister  davantage  sur  ces  divers  procédés  serait  oiseux.  Le  choix  s'im- 
pose. On  ne  peut  pas  hésiter  un  instant  h  mettre  en  œuvre  les  idées  de 
M.  Manouvrier,  partagées  par  M.  Bertillon,  et  à  accorder  une  place  capi- 
tale, presque  exclusive,  aux  moyennes  générales  des  deux  sexes. 

Celles-ci  constitueront  en  quelque  sorte,  le  fondement  de  cette  dernière 
partie  de  notre  travail  qui  trouvera  cependant  un  complément  intéressant 
dans  la  comparaison  de  deux  séries  de  sujets  masculins  et  féminins  ayant 
une  taille  identique. 

Pour  mettre  en  évidence  les  différences  de  la  capacité  vitale  absolue 
dans  les  deux  sexes,  nous  avons  eu  recours  au  procédé  graphique  imaginé 
par  M.  Manouvrier  et  qui  joint  à  l'avantage  de  la  clarté,  celui  de  n'exiger 
que  le  concours  de  la  typographie  On  voit  de  celte  façon,  que  le  sujet 
masculin  dont  la  cage  thoracique  est  la  plus  petite,  a  cependant  une  capa- 
cité vitale  presque  égale  à  celle  de  la  moyenne  du  sexe  féminin,  et  qu'une 
seule  femme  s'approche  sans  toutefois  l'atteindre,  de  la  capacité  vitale 
moyenne,  de  l'homme.  De  plus,  celui-ci  embrasse  une  échelle  beaucoup 
plus  considérable  que  celle  occupée  par  la  femme^  puisqu'elle  s'élend  de 
2.730  à  .^^.730  centimètres  cubes,  c'est-à  dire  va  du  simple  au  double,  et 
même  au  delà,  tandis  que  la  seconde  a  comme  limites  extrêmes  1,930  cl 


E.    DEMONRT.    —   HECHERGHES  SUR   LA  C.\PA<;nK  VITALE 


87 


Taui.eau  XXIX 
Capacité  vitale  chez  l'homme  et  chez  la  femme. 


KHMMHS 


IKniMFS 


wut 

1800  h 

2000  h 

2200  à 

2400  .'i 

2600  à 

2800  à 

3000  à 

3200  à 

3400  à 

3000  à 

3800  à 

4000  à 

4200  k 

4400  à 

460(J  î^i 

4800  îi 

5000  à 

52(X)  î'i 

5400  à 

5600  k 
5800 


cultes 

2000 

3 

2200 

7 

2400 

13 

2000 

18 

280(1 

18 

30(XJ 

10 

3200 

7 

3400 

9 

3000 

8 

3800 

1 

4(K)0 

4200 

4400 

4600 

4800 

5000 

5200 

5400 

5600 

5800 

1 

3 
3 

12 

12 

17 

13 

8 

13 

8 

5 

2 

2 


3,730  centimètres  cubes,  le  rapport  de  ces  derniers  chiffres  étant  plus  faible 
que  celui  de  2  à  1. 

Ce  maximum  plus  élevé  au-dessus  de  la  moyenne  dans  le  sexe  masculin 
doit  être  rattaché  à  la  plus  grande  étendue  des  variations  de  son  système 
musculaire.  En  effet,  tandis  que  l'amplitude  thoracique  de  la  femme  oscille 
entre  4  et  8  centimètres,  celle  do  l'homme  s'étend  de  4  à  12  centimètres. 
Ceci  est  d'autant  plus  intéressant  k  noter  que  M.  Manouvrier  ayant  cons- 
truit un  graphique  semblable  pour  la  force  musculaire,  a  trouvé  que 
celle  d'un  seul  homme  correspondait  à  la  moyenne  du  sexe  féminin.  C'est 
pour  le  dire  tout  de  suite,  la  confirmation  parfaite,  sur  laquelle  nous 
reviendrons  bientôt,  de  ce  qu'il  écrivait  en  1885  :  «  La  différence  de  la 
force,  c'est-à-dire  des  systèmes  osseux  et  musculaire  est  une  différence 
sexuelle  bien  tranchée,  au  point  que  les  femmes  les  plus  fortes,  surtout 
dans  les  races  civilisées,  dépassent  à  peine,  en  force  musculaire,  les 
hommes  les  plus  faibles.  », 

La  capacité  vitale  absolue  de  l'homme  est  donc,  en  moyenne,  de  3,912 
centimètres  cubes;  celle  de  la  femme  atteint  2.747  centimètres  cubes  seu- 
lement. Il  existe  entre  ces  deux  moyennes  une  différence  importante  qui 
atteint  1.165  centimètres  cubes.  On  se  fait  une  idée  beaucoup  plus  exacte 
de  sa  valeur,  quand  on  rapporte  la  seconde  à  la  première  adoptée  comme 
unité  ;  on  voit  que,  dans  ces  conditions,  ces  deux  chiffres  sont  entre  eux 


88  S   JANVIER    1905 

comme  70  est  à  400  :  il  serait  possible  d'admettre  cette  formule  :  La  capa- 
cité ritale  moyrnne  de  la  femme  est  de  moins  d'un  tiers  inférieure  à  celle  de 
riiomme.  L'infériorilt'-  de  la  femme  au  poinl  de  vue  respiratoire,  parait 
absolument  réelle  et  considérable.  Toutefois,  on  a  fait  remarquer  que 
cette  infériorité  était  exclusivement  apparente.  La  femme  reprendrait 
l'avantage  par  un  nombre  de  respirations  plus  élevé  pendant  l'unité  de 
temps,  et  l'état  dynamique  de  son  appareil  respiratoire  parviendrait  ;i 
compenser  la  moindre  valeur  de  son  état  statique.  Le  nombre  de  respira- 
lions  est  incontestablement  plus  élevé  dans  le  sexe  féminin,  bien  qu'il  soit 
déterminé  d'une  faeon  peu  précise,  les  chifïres  classiques  variant  entre 
un  et  trois.  Retenons  celte  dernière  valeur.  Est-elle  suffisante  pour  com- 
penser beaucoup  la  faiblesse  de  la  respiration  de  la  femme?  Il  est  bien 
probable  que  non.  D'autant  plus  qu'il  n'est  pas  illogique  de  rappeler  ici 
ce  fait  bien  connu  en  physiologie  :  deux  respirations  de  500  centimètres 
cubes  sont  moins  utiles  pour  l'organisme  qu'une  seule  de  800  centimètres 
cubes,  el  d'appliquer  ce  raisonnement  îi  la  femme  qui  ferait  19  respira- 
tions de  2,750  centimètres  cubes  pendant  que  l'homme  en  ferait  16  de 
3,900  centimètres  cubes.  Cette  dernière  hypothèse  serait  en  parfait  accord 
avec  les  différences  sexuelles  du  sang  sous  ie  rapport  du  nombre  des  glo- 
bules rouges,  de  la  quantité  d'hémoglobine,  de  la  densité  du  sang  el  de 
sa  composition  chimique,  et  avec  la  moindre  consommation  d'oxygène 
respiratoire  en  24  heures. 

La  question  devient  singulièrement  complexe  quand  on  l'aborde  par 
son  côté  physiologique  et  par  son  côté  chimique.  Il  nous  est  cependant 
permis  de  penser  que  les  données  spiromélriques  sont  suffisantes  pour 
démontrer  que  ce  ^ont  les  besoins  de  l'organisme  qui  président  au  déve- 
loppement de  la  fonction  re.spiratoiie,  et  qu'en  définitive,  la  fonction  fait 
l'organe. 

Le  tableau  XXX  donne  un  aperçu  général  des  variations  sexuelles  de 
la  capacité  vitale  et  des  "diverses  diujensions  du  corps.  Ses  résultats  s'har- 
monisent parfaitement  avec  ceux  que  M.  Manouvrier  a  obtenus  avec  les 
séries  lyonnaises  de  M.  Rollel,  et  avec  les  fiches  plus  nombreuses  du  ser- 
vice anthropométrique  d'identification. 

En  rupportanl  aux  dimensions  de  l'homme  prises  comme  unité  les 
dimensions  correspondantes  de  la  femme,  on  voit  que  ce  qui  est  le  plus 
développé  chez  celle  dernière,  c'est  en  premier  lieu  le  buste,  puis  succes- 
sivemenl,  le  membre  inférieur,  la  circonférence  Ihoracique,  la  longueur 
du  sternum,  le  poids,  la  largeur  bi-acromiale,  la  capacité  vitale  et  l'am- 
plitude du  thorax.  L'indice d'euryplastie,  plus  faible  que  celui  de  l'homme 
présente  cependant  avec  ce  dernier  une  ditférence  beaucoup  moins  sen- 
sible que  l'indice  de  mégasomie. 

Les  chiffres  absolus  de  la  taille  des  deux  sexes  ne  présentent  rien  de 
spécial  à  noter,  pas  plus  d'ailleurs  que  leur  rapport  :  il  est  compris  dans 
les  limites,  90  à  93,  que  lui  assignent  les  divers  auteurs.  Il  n'en  est  pas 
de  mènie  pour  les  relations  (jui  unissent  à  elle  la  plupart  des  dimensions 
du  corps. 


B.   DEMONET.    —   ttECHERCHKS  SUR  LA  CAPACITE   VITALE 


89 


Tableai    XX \ 
Variations  sexuelles  de  la  capacité  vitale  et  des  dimensions  du  corps. 


MOYENNES  DKS  DIMENSIONS 


Taille 
Buste, 


Hommes 


1 .  700 

0.8S2 


Femmes 


Membres  intérieurs 0.818 

Largeur    bi-acromiale 0.-%l 

Longueur  liu  sternum 

Poids  ... 

Circonférence  thoracique • 

Mégasomie  approcliée  :  Taille  X  Larg.  bi-acrom. 

ni  Huste  X  Circonf.   tliorac. 

Eurypl.  ai)prorh.  :  Taille  =  100  -.  Larg.  bi-acrom. 

Muste  —  100  :  Cirronf.  lliorac. 

Amplitude  du  thorax 

Capacité  vitale 


0.164 
64.8 

0.810 
61.37 
74.09 
21.2 
95.3 
0.80 

3.912 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 

Taille  =  100  :  Huste 

Largeur  bi-acromiale.   .... 

Longueur  du  sternum  .... 

Poids 

Circonférence  thoracique  . 

Capacité  vitale 

Buste  :=:  100  :  Membre  iuférieur.     ..... 

Largeur  du  sternum  =  100  :  Larg.  bi-acromiale. 


51.9 
21.2 

9.7 
40.5 
49.4 
23.01 
92.7 
2>  0 


1  553 

0.833 

0.720 

0.309 

0.141 

55  5 

0.7.34 

47.99 

61.14 

19.9 

87.9 

0.56 
2.747 


53.6 
19.9 
91 
35.7 
47.3 
17.70 
86.5 
21.9 


Hommes 
—  100 
Femmes 


91.4 
94.4 
88.0 
85.6 
86.0 
85.7 
87.4 
78.2 
82.5 
93.9 
92.2 
70.0 
70.2 


Le  rapport  du  buste  à  ta  taille  est  plus  élevé  chez  la  femme  que  chez 
l'homme.  Il  entraîne  comme  corrollaire  obligé  un  rapport  inverse  de  la 
longueur  du  membre  inférieur  h  celle  du  buste  =  100.  Le  rapport  S/B 
est  en  elTet  plus  grand  dans  le  sens  masculin.  Il  en  résulte  donc  cette 
conclusion  très  nette  sur  laquelle  M.  Manouvrier  a  insisté  à  plusieurs 
reprises  dans  son  mémoire  :  La  femme  est  brachyskèle  relativement  à 
l'homme. 

L'exiguïté  des  dimensions  transversales  du  thorax,  féminin  est  un  fait 
bien  connu  qui  explique  parfaitement  la  supériorité  considérable  de 
l'homme  à  ee  point  de  vue,  et  a  celui  de  la  grande  envergure.  Malgré  le 
tissu  adipeux  toujours  plus  abondant  chez  la  femme,  celle-ci  est  très 
nettement  désavantagée  par  le  rapport  de  la  circonférence  thoracique  à 
la  stature.  L'esthétique  ne  perdant  jamais  ses  droits,  et  les  formes  graciles 
étant  toujours  celles  qui  caressent  le  plus  agréablement  le  regard,  la 
vanité  féminine  est  d  autant  plus  satisfaite,  que  la  taille,  au  sens 
mondain  du  mot,  est  plus  allongée  et  plus  frêle.  Le  corset  contribue  puis- 
samment à  ce  triomphe  sur  lequel  nous  n'insisterions  pas,  si  celte  inter- 


90  ?>    JANVIER     n^O.") 

vention  ne  réagissait  pas  sur  r<''l;it  «lynamiqiio  du  poumon  sous-jacent 
qui  souiïre,  nous  l'avons  (l.Muuiiln'-  par  des  cliilTres.  avec  bien  d'autres 
organes,  de  cette  compression  ilonl  les  méfaits  vont  de  pair  avec  le  résultat 
esthétique  obtenu.  Celui-ci  s'explicjuc.  il  est  vrai,  en  partie  tout  au  moins, 
par  un  indice  de  corpulence  plus  faible. 

Nous  .savons  que  le  buste  est  relativement  plus  long  dans  le  sexe 
féminin:  mais  il  ne  sullit  pas  de  savoir  que  la  femme  est  brachyskèle 
relativement  à  l'homme,  on  doit  se  demander  comment  elle  l'est,  et  quelle 
est  la  portion  du  buste  qui  s'est  développée  davantage  pour  donner  k  la 
femme  une  supériorité  incontestable  à  ce  point  de  vue.  Le  buste  peut  être 
considéré  comme  la  résultante  de  cinq  portions  plus  ou  moins  distinctes  : 
la  hauteur  du  crAne,  de  la  colonne  cervicale,  thoracique,  lombaire,  'et 
entin  sacrée  et  coccygienne.  La  première  portion  semble  décroître. 
M.  .Manouvrier  pense  en  effet  que  dans  deux  groupes  d'hommes  et  de 
femmes  de  même  taille,  le  buste  de  ces  dernières  est  plus  petit  parce  que 
la  hauteur  du  crâne  diminue  chez  elle.  Les  chilTres  de  Ravenel  pour- 
raient permettre  de  supposer  que  la  colonne  cervicale  subit  une  légère 
augmentation,  et  la  colonne  sacro-coccygienne  une  notable  diminution  : 
ils  autoriseraient  a  conclure,  vu  le  parallélisme  des  segments  lombaire  et 
thoracique  de  la  moelle  et  du  rachis,  que  la  colonne  thoracique  présente 
une  diminution  très  nette,  mais  que  le  segment  lombaire  s'allonge  énor- 
mément. Les  rapports  de  la  longueur  du  sternum  et  celle  du  buste, 
montrant  que  l'accroissement  de  ce  dernier  se  fait  surtout  par  l'augmen- 
tation de  la  colonne  lombaire.  En  effet,  ce  rapport  est  beaucoup  plus 
faible  (15.7)  dans  le  sexe  féminin  que  dans  le  sexe  masculin  (18  6).  Nous 
avons  eu  l'occasion  d'insister  sur  ce  fait,  mais  nous  avons  attendu  pour 
en  tirer  la  conclusion  qui  en  découle.  Il  semble  donc  que,  chez  la  femme, 
la  portion  thoracique  du  buste  est  relativement  diminuée,  et  elle  ne  peut 
l'être  qu'en  faveur  de  l'abdomen  qui  remonte  ainsi  davantage.  Il  s'agit 
donc  là  d'une  différence  sexuelle  physiologique  très  profonde  :  l'abdomen 
de  la  femme  n'est  pas  seulement  plus  élevé  relativement  h  celui  de 
l'homme,  il  est  encore  plus  large  :  son  thorax  n'est  pas  seulement  plus 
étroit,  il  est  encore  moins  haut.  Elle  s'harmonise  parfaitement  avec  les 
fonctions  des  organes  contenus  dans  ces  deux  cavités  d'autre  part.  Or, 
on  sait  d'après  les  recherches  de  Lushka,  Soularue,  etc.,  que  relativement 
à  la  longueur  totale  du  rachis  le  segment  thoracique  est  plus  court  chez 
la  femme,  tandis  que  le  segment  lombaire  est  plus  long.  Les  deux  dernières 
vertèbres  dorsales  sont  pour  ce  dernier  auteur,  un  peu  plus  longues  chez 
la  femme  :  elles  méritent  le  titre  de  thoraco-abdominales  sous  lequel  les 
désigne  M.  Manouvrier.  L'existence  d'une  sixième  vertèbre  lombaire  est 
tellement  rare  qu'elle  ne  mériterait  pas  d'être  signalée,  si  rencontrée 
exclusivement  dans  le  sexe  féminin,  elle  ne  représentait  l'allongement 
lombaire  poussé  à  ses  extrêmes  limites. 

La  cage  thoracique  est  plus  petite  chez  la  femme,  parce  que  son  con- 
tenu occupe  un  volume  bien  moins  considérable.  Nous  avons  démontré 
«D  effet  que  la  capacité  vitale  de  la  femme  est  à  celle  de  l'homme  comme 


E     DEMONET.   —   RECHERCHES  SUR  L.*   CAPACITK  VITALE  94 

70  est  à  100.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  contenu  abdominal.  Les 
organes  de  la  nutrition  occupent  en  effet  un  volume  relalivemenl  beaucoup 
plus  considérable,  puisqu'il  atteint  le  rapport  de  90  h  100  ;  les  reins 
mêmes  ont  relativement  les  mêmes  dimensions  dans  les  deux  sexes.  Mais 
en  plus,  la  cavité  abdominale  de  la  femme  loge  les  organes  génitaux 
internes  qui  prendront,  à  un  moment  donné,  des  dimensions  considé- 
rables :  ils  se  logeront  facilemenl  dans  un  bassin  relativement  plus 
large  et  dans  une  cavité  abdominale  relativement  aussi  plus  liante.  Il  est 
donc  permis  de  conclure  que  l'abdomen  de  la  femme  est  adapté  en  vue 
de  ses  fonctions  maternelles,  qui  ont  présidé  k  son  développement.  Nous 
avons  dit  que  le  buste  représente  associés  les  appareils  nourriciers  et 
régulateurs  de  l'organisme.  Il  nous  est  naturellement  impossible  de  dis- 
socier l'influence  de  ces  deux  facteurs,  mais  il  nous  est  permis  d'affirmer 
que  dans  le  sexe  masculin  la  longueur  du  buste  est  particulièrement 
influencée  par  l'appareil  respiratoire  :  tandis  que  dans  le  sexe  féminin  elle 
est  en  connexion  intime  avec  l'appareil  digestif,  et  aussi  avec  l'appareil 
de  reproduction. 

La  variation  sexuelle  de  la  longueur  du  membre  inférieur  montre  que 
celle-ci  ne  représente  que  très  imparfaitement  le  développement  de 
l'appareil  locomoteur  de  l'organisme.  En  efl'el,  cette  longueur  rapportée  à 
celle  de  l'homme  =  100,  atteint  88.  Or,  M.  Manouvrier  a  démontré  que 
le  poids  du  fémur  de  la  femme,  rapporté  dans  les  mêmes  conditions  à 
celui  de  l'homme,  est  de  63  seulement,  et  qu'il  constitue  une  traduction 
bien  meilleure  de  l'activité  musculaire.  Aussi,  n'insislerons-nous  pas 
davantage  sur  ce  point  que  nous  aborderons  de  nouveau  bientôt. 

Nous  serons  bref  aussi  sur  la  comparaison  de  la  largeur  bi-acroraiale 
dans  les  deux  sexes.  Elle  est  intéressante  surtout  comme  participant  à 
l'expression  de  la  mégasomie  et  de  l'euryplastie  dont  nous  allons  nous 
occuper.  La  différence  sexuelle  est  relativement  élevée  puisque  cette 
largeur  est  chez  la  femme,  relativement  à  celle  de  l'homme  comme  85.6 
est  à  100.  Aussi  celle-ci  est-elle,  comparativement  h  l'homme,  micro- 
some  et  macroplaste 

La  longueur  du  sternum  présente  une  variation  sexuelle  presque  iden- 
tique :  80  :  :  100.  Elle  nous  a  servi  à  mettre  en  relief  le  faible  développe- 
ment en  hauteur  de  la  cage  thoracique  chez  la  femme,  et  par  le  fait 
même  l'agrandissement  considérable  de  sa  cavité  abdominale.  Mais  ce 
qui  mérite  d'être  souligné,  c'est  le  fait  que  dans  les  deux  sexes,  le  rapport 
de  largeur  bi-acromiale  et  de  la  circonférence  thoracique  d'une  part,  à  la 
longueur  du  sternum  d'autre  part  est  absolument  identique.  C'est  une 
nouvelle  raison  de  croire  que  l'exiguïté  du  thorax  féminin  doit  être  sur- 
tout attribuée  à  son  faible  accroissement  en  hauteur. 

Nous  avons  suftisamment  insisté  au  second  chapitre  de  ce  travail  sur  la 
valeur  comparative  du  poids  dans  nos  deux  séries  d'adultes  pour  qu'il  soit 
nécessaire  d'y  revenir  maintenant.  Il  sufflra  de  faire  remarquer  que  pour 
Tenon,  la  <lifférence  sexuelle  est  comme  88  est  à  lOf):  W  chiffre  que  nous 


92  5  jANviEn   1005 

avons  obtt^nu  est   un  iimi  plus   faible,  puisqu'il  atteint  86,7   seulement. 
Nous  en  reparlerons  h  propos  de  la  niéf^nsoinie. 

La  graisse  qui  intervient  pour  diminuer  la  valeur  du  poids  comme  tra- 
duction du  développement  total  d<'  l'ori^anisme,  exerce  évidemment  la 
même  influence  sur  la  circonférence  thoracique.  C'est  donc  sous  le  béné- 
lice  de  cette  réserve  qu'on  devra  accepter  le  ra|»port  de  87,4  à  100  comme 
représentant  la  dilTérence  sexuelle  de  cette  dimension.  Elle  se  l'approche 
par  là  beaucoup  de  la  longueur  des  membres  inférieurs,  et  si,  à  un  point 
de  vue  absolu,  elle  ne  parait  pas  présenter  un  grand  intérêt,  elle  en 
présente  un  réel,  quand  on  étudie  à  son  sujet,  un  caractère  sexuel  qui  s'y 
rattache  étroitement,  et  sur  l'importance  duquel  les  auteurs  classiques 
insistent  énormément  :  c'est  le  type  respiratoire.  On  répète  après  eux 
que  le  type  respiratoire  de  la  femme  est  le  type  costal  supérieur,  et  que 
celui  de  l'homme  est  soit  le  costal  inférieur,  soit  le  coslo  diaphragmatique 
inférieur.  Nous  avons  recherché  avec  soin  la  réalité  de  cette  observation, 
et  pour  cela,  le  mieux  assurément,  était  d'utiliser  les  mensurations.  Il  est 
évident  que  si,  chez  la  femme,  ce  sont  surtout  les  côtes  supérieures  qui 
entretiennent  les  mouvements  du  poumon,  on  obtiendra  à  leur  niveau 
une  amplitude  thoracique  beaucoup  plus  considérable  que  celle  obtenue 
au  niveau  des  côtes  inférieures.  Nous  avons  recherché  chez  un  très  grand 
nombre  d'hommes  et  de  femmes,  cinquante  au  moins,  les  différences  que 
présentaient  deux  mensurations  de  circonférence  thoracique  prises  l'une 
au  sommet  du  creux  axillaire,  l'autre  à  la  base  de  l'appendice  xyphoïde. 
Elles  nous  amènent  à  cette  conclusion  indubitable  :  Dans  les  mouvements 
réguliers  d'inspiration  et  d'expiration  forcée,  l'amplitude  du  thorax  est  beau- 
coup plus  considérable  au  niveau  des  côtes  inférieures,  dans  les  deux  sexes.  Il 
est  donc  logique  d'admettre  que  dans  les  conditions  normales,  le  type  res- 
piratoire est  le  même  chez  l'homme  et  chez  la  femme.  Que  pendant  les  derniers 
mois  de  la  grossesse,  le  développement  exagéré  du  contenu  abdominal 
gêne  les  mouvements  du  diaphragme,  que  le  cor.=et  comprimant  la  partie 
inférieure  du  poumon  s'oppose  à  son  expansion,  que  dans  les  deux  cas  il 
se  passe  des  phénomènes  de  suppléance  au  niveau  des  parties  supérieures 
du  poumon,  c'est  possible  :  mais  de  là  à  conclure  que  le  type  normal  res- 
piratoire de  la  femme  est  le  costal  supérieur,  il  y  a  loin. 

Il  n'est  en  réalité  qu'un  type  d'exception.  Nous  ne  nierons  pas  cependant 
d'une  façon  absolue  son  existence  :  nous  en  avons  observé  en  effet  deux 
cas  assez  nets,  mais  il  est  impossible  de  généraliser  un  fait  qui  n'est  pas 
vérifié  par  l'immense  majorité  des  cas.  Chacun  respire  à  sa  manière, 
pourrait-on  dire,  et  les  mouvements  d'élévation  et  de  projection  des  côtes 
varient  avec  chaque  individu  :  mais  il  est  incontestable  qu'ils  obéissent 
à  une  règle  générale  qui  est  la  même  pour  l'homme  et  pour  la  femme.. 

Nous  ne  voudrions  pas  cependant  laisser  passer  sous  silence  un  type 
respiratoire  assez  curieux  présenté  par  un  de  nos  camarades.  On  pourrait 
presque  le  dénommer  «  type  en  corset  »  parce  que,  dans  les  mouvements 
d'inspiration  forcée,  les  côtes  moyennes  se  déplaçaient  relativement  peu. 


E.  DEMONET.    —   RECHERCHES  SL'll  LA  CAI'ACITK  VITALE  M8 

tandis  que  les  côtes  supérieures  et  principalement  les  côtes  inférieures 
présentaient  une  ampliation  beaucoup  plus  considérable. 

Une  autre  observation  mérite  d'être  rapportée  ici  au  même  titre  :  ellr 
est  caractérisée  par  une  ami)lilude  thoracique  considérablement  aug 
mentée  avec  un  jeu  diaphragmalique  très  limité.  Un  de  nos  camarades, 
très  vigoureux,  très  bien  constitué  a  une  amplitude  du  thorax  très  élevée  : 
c'est  la  seule  (jui  ait  atteint  lit  centimètres  :  sa  capacité  vitale  mesurée  à 
maintes  reprises  était  de  3.300  centimètres  cubes  seulement.  Intrigué  à 
juste  titre  par  cette  énorme  disproportion,  et  pensant  à  une  localisation 
bacillaire  dont  nous  n'avions  cependant  aucun  signe,  nous  avons  utilisé 
la  radioscopie.  Pas  d'obscurité  dans  la  zone  pulmonaire.  Mais  ce  qui  frap- 
pait surtout  dans  l'examen  de  l'écran,  c'était  le  peu  de  mobilité  du  dia- 
phragme, qui  dans  les  mouvements  respiratoires  les  plus  violents,  avait 
un  jeu  d'excursion  ne  s'étendanl  pas  au-delà  de  deux  côtes.  Or  si  l'on 
admet  la  description  classique  de  M.  Kelsch,  que  nous  avons  vérifiée  plu- 
sieurs fois,  et  d'après  la([uelle  les  oscillations  du  diaphragme  sont  en 
général  comprises  entre  trois  espaces  intercostaux,  on  peut  conclure  que 
ce  dernier  avait  dans  le  cas  actuel  un  fonctionnement  nettement  infério- 
risé auquel  cherchait  en  quelque  sorte  ;i  suppléer,  une  exagération  de 
l'amplitude  du  thorax.  Comme  nous  apprîmes  alors  que  notre  camarade 
avait  eu  une  pneumonie  dans  sa  première  enfance,  et  qu'il  présentait 
encore  une  légère  dyspnée  d'effort,  nous  avons  conclu  qu'il  pouvait  exis- 
ter entre  ces  faits  des  relations  de  cause  à  effet,  et  nous  nous  sommes  cru 
autorisé  à  ne  tenir  aucun  compte  d'un  cas  dont  le  passé  pathologique 
était  discutable. 

On  n'a  pu,  jusqu'à  nos  jours,  établir  une  formule  pouvant  traduire 
d'une  façon  précise  le  développement  total  de  l'organisme,  et  exprimer 
sa  quantité  Le  poids  en  serait  certainement  la  représentation  la  plus 
fidèle,  s'il  n'était  influencé  par  l'embonpoint.  Nous  avons  suffisamment 
parlé  dans  nos  indices  de  mégasomie  approchée  pour  rappeler  ici  qu'ils 
ne  permettent  pas  d'établir  une  variation  sexuelle  nettement  définie 
sinon  dans  son  sens,  du  moins  dans  sa  quantité.  Cependant  ils  sont  inté- 
ressants, parce  que  leur  comparaison,  confîrmative  des  indications  four- 
nies par  le  poids,  permet  de  conclure  que,  rclnliiement  à  l'homme,  la  femme 
est  microsome.  Mais  de  combien?  Le  produit  même  des  trois  dimensions 
ne  l'établirait  que  d'une  façon  très  approximative. 

Les  remarques  précédentes  ont  encore  leur  application,  au  sujet  des 
indices  d'eurypiastie.  Aussi  nous  bornerons-nous  à  dire  que  ces  deux 
indices,  par  leur  identité  satisfaisante,  établissent  incontestablement  que 
la  femme,  est  par  rapport  à  l'homme,  macroplasle.  Pousser  plus  loin  l'ana- 
lyse de  cette  relation  serait  hasardeux  :  il  est  beaucoup  plus  logique  de 
rapprocher  cette  macroplastie  de  la  femme  de  sa  microsomie  et  surtout 
de  sa  brachyskélie,  et  de  rappeler  à  ce  sujet  les  idées  de  M.  Manouvrier  : 
«  La  brachyskélie,  considérée  dans  l'ensemble  du  sexe  féminin  n'est  pas 
de  l'euryplastie.  Elle  n'exprime  autre  chose  que  le  développement  supé- 
rieur microsomique  du  tronc  et  de  tout  le  buste  relativement  aux  membres. 


94 


O    JAiNVIKK    1905 


Celte  brachyskélie  coïncide  avec  une  maoïojilHslie  accentuée.  Le  sexe 
f(^niinin  est  à  la  fois  brachyskèle  et  macruplaste.  Les  femmes  sont  du 
reste  macroskèles  si  on  les  compare  à  des  hommes  de  mc^me  taille  qu'elles, 
et  les  femmes  absolument  macroskèles  sont  doublement  macroplastes  : 
comme  macroskèles  et  comme  femmes  ».  lîll  nos  résultats  sont  une  con- 
firmation parfaite  de  ce  qu'il  ajoutait  :  «  Théoriquement,  les  iniluences 
macroplastiques  doivent  produire  sur  le  tronc  des  effets  opposés  à  ceux 
que  produisent  les  influences  eurypiastiques,  L^ne  activité  musculaire 
moindre  pendant  la  croissance  doit  correspondre  à  une  moindre  somme 
de  pressions  verticales,  à  un  moindre  développement  transversal  du  tho- 
rax, h  un  allongement  relatif  de  la  colonne  vertébrale  par  rapport  aux 
diamètres  transversaux  du  tronc.  » 

Table.m;  XXXI 

Variations  sexuelles  de  la  capacité  vitale  et  des   diverses  dimensions  du 
corps  dans  2  groupes  d'adultes  de  mémo  taille. 


MOYENNES  DES  DIMENSIONS 


Taille 

Buste.     .... 
Membre  inférieur  . 
Largeur  bi-acroniiale 
Longueur  du  sternum 
Poids .     .     . 


Circonférence  thoracique 

Mégasomie  approchée:  Taille  X  Larg.  bi-acroni. 
Id.  Buste  X  Circonf.  tborac. 

Euryplastie  approchée  ;  Largeur  bi-acromiale  rap- 
portée à  taille  =  lOO 

Euryplastie  approchée  ;  Circonférence  thoracique 
rapportée  à  Buste  =:  100.     ..".... 

Amplitude  du  thorax 

Capacité  vitale 


MOYENNES  DES  RAPPORTS 

Buste  X 100  :  Membre  inférieur 

Largeur  bi-acromiale  .... 

Longueur  du  sternum. 

Poids 

Circonférence  thoracique. 

Amplitmie  du  thorax  .... 
Longueur  du  sternum  :=  10  ;  Larg.  bi-acroniinle 

Circonf.  tboiaeique 


Hommes 


1.628 

0.862 

0.766 

0.353 

f>.154 

58.8 

0.822 

57.46 

70.86 

21.66 

95.36 
0.071 
3.418 


88.8 
41.4 
18.1 
69  0 
96.5 
(1.083 
22.9 
60.0 


Femmes 


1.628 

0.854 

0.774 

0.321 

0.150 

59.0 

0.756 

52.26 

64.56 

19.72 

88.52 
0.021 
3.123 


90.6 
37.6 
17.6 
69.1 
88,5 
0.072 
21.4 
50.4 


Hommes 


+ 

+ 
+ 
+ 
+ 

+ 

+ 

+ 


Nous  serons  très  bref  dans  l'anayae  du  tableau  XXXI  qui  traduit  les  va- 
riations sexuelles  de  deux  groupes  d'adultes  masculins  et  féminins,  ayant 


E.   DEMONET.    —    RKCHERCHES  SL'U  LA  CAl'AClTK  VIIALE  îlo 

une  taille  absoluiui-nt  id.'ntiiiiie,  l  in.  r»28  uiillinitMres.  Il  est  évident  que 
les  premiers  sont  des  honmics  petits,  ci  les  seconds  des  femmes  grandes. 
On  voit  qup,  d'une  fa(;on  gvnérale,  l'homme  l'emporte  par  toutes  ses 
dimensions  et  par  tous  ses  rapports,  ainsi  que  par  sa  capacité  vitale  sur 
la  femme;  il  lui  est  inf<M-ieur  seulement  par  la  longueur  des  membres 
inférieurs  et  le  poids.  D'une  façon  générale  aussi,  ces  résultats  confirment 
ceux  qu'avait  donnés  le  tableau  précédent.  Il  est  peut-être  utile  de  faire 
remarquer  que  le  membre  inférieur  est,  d'une  façon  absolue,  plus  long 
chez  les  femmes  et  celles-ci  sont  macroskèles  comparativement  aux 
hommes  de  même  taille,  comme  l'a  également  prouvé  M.  Manouvrier 
dans  les  mêmes  conditions. 

Elle  présente  aussi  une  légère  augmentation  de  poids,  en  raison  du 
développement  plus  considérable  du  tissu  adipeux  sans  que  celui-ci  exerce 
un  grand  retentissement  sur  la  circonférence  thoracique.  La  mégasomie 
et  l'euryplastie  sont  plus  grandes  que  chez  l'homme  qui  présente  quant  à 
sa  capacité  vitale  une  supériorité  considérable,  se  chiffrant  par  un  excès 
de  300  centimètres  cubes. 

Il  nous  reste  maintenant  ;\  établir  la  conclusion  générale  de  notre  tra- 
vail, d'après  le  rôle  que  joue  la  respiration  dans  l'économie  humaine,  et 
les  rapports  qu'elle  affecte  dans  l'un  et  l'autre  sexes,  avec  les  trois  grandes 
fonctions  de  l'organisme  :  la  nutrition,  llénergie  musculaire  et  les  fonc- 
tions nerveuses.  Ils  nous  paraissent  tels  que  les  avait  prévus  M.  Manouvrier, 
et  nos  résultats  ne  sont  que  la  confirmation  des  théories  émises  par  cet 
auteur  dans  son  «  Etude  sur  les  rapports  anthropométriques  et  sur  les 
principales  proportions  du  corps  ». 

La  femme  est  particulièrement  favorisée  par  ses  organes  de  nutrition. 
Sa  brachyskélie  relative  est  surtout  liée  h  une  augmentation  énorme  de 
sa  cavité  abdominale  qui  est  d'autant  plus  grande  que  la  cage  thoracique 
est  elle-même  plus  exiguë.  Aussi  le  volume  des  organes  qu'elle  contient 
est-il  considérable  puisque  rapportés  à  ceux  de  l'homme,  ils  sont  à  ces 
derniers  comme  90  est  à  100.  Ce  grand  développement  s'explique  facile- 
ment :  les  organes  de  la  nutrition  n'ont  pas  besoin  de  se  développer  pro- 
portionnellement à  la  masse  à  nourrir,  la  micrOsomie  féminine  engendre 
donc  k  ce  point  de  vue  des  besoins  relativement  exagérés,  et  c'est  pour 
les  satisfaire  que  les  viscères  abdominaux  présentent  une  proportion  si 
élevée. 

Au  contraire,  par  son  activité  musculaire,  la  femme  est  nettement 
infériorisée.  Cette  activité  n'est  pas  univoque,  et  ce  serait  faire  une 
erreur,  qu'exprimer  par  une  seule  donnée  l'intensité  du  fonctionnement 
de  la  masse  musculaire.  Cette  intensité  varie  essentiellement  avec  la  fonc- 
tion qui  lui  est  dévolue.  Il  est  possible  de  dire  avec  une  certitude  presque 
absolue,  que  les  muscles  masticnh'iirs  sont  ceux  dont  le  développement  relatif  est 
le  plus  co7isidérable  chez  la  femme.  Ils  appartiennent  en  somme  à  la  grande 
fonction  de  nutrition  ;  c'est  elle  qui  préside  de  la  même  façon  mais  avec 
une  intensité  différente,  dans  les  deux  sexes,  à  leur  fonctionnement  ;  celui-ci 


96  5  JANVIEU   1905 

règle  raccroissemcnl  de  la  mamiibiile  qui  esl  chez  la  rfiinne  proportion- 
nellement à  l'homme  fomme  78  esl  h  iOO. 

(le  rapport  S(jiielelti(jue  est  très  élevé  :  il  n'est  dépassé  que  par  le  poids 
comparé  du  cerveau.  Far  l'amplitude  du  thorax,  la  femme  est  à  l'homme 
comme  70  est  A  100.  On  retrouve  pour  la  capacité  vitale  elle-même  une 
relation  absolument  identique.  N'est-ce  pas  une  sérieuse  raison  de  penser 
qu'ici  encore  le  contenu  règle  le  développement  du  contenant,  et  que  la 
fonction  respiratoire  préside  à  l'accroi^^sement  de  la  cage  Ihoracique,  à 
l'allongement  et  à  l'épaississement  des  côtes  par  l'intermédiaire  des 
muscles  inspirateurs  qui  sont  ainsi  en  connexion  intime  avec  l'intensité 
même  de  celte  fonction.  L'infériorité  musculaire  de  la  femme  s'accuse  de 
plus  en  plus,  quand  on  compare  dans  les  deux  sexes,  le  développement 
musculo-squeleltique  de  l'appareil  de  la  locomotion,  bien  mieux  repré- 
senté par  le  rapport  du  poids  des  fémurs  que  par  la  longueur  des  membres 
inférieurs.  Ce  rapport  est  de  63  0/0  seulement  chez  la  femme.  Il  s'explique 
facilement  par  les  conditions  sociales  dans  lesquelles  se  trouve  placée 
cette  dernière,  par  sa  vie  moins  active,  par  son  séjour  permanent,  pour- 
rait-on dire,  à  la  maison.  Ces  conditions  sont  également  en  parfait  accord 
avec  l'infériorité  bien  plus  manifeste  que  présente  le  sexe  féminin  quant 
au  développement  du  membre  Ihoracique.  Les  lourds  fardeaux,  les  tra- 
vaux manuels  pénibles  et  fatigants,  exigeant  un  déploiement  considérable 
de  force  musculaire  sont  épargnés  à  sa  faiblesse,  et  accomplis  par  son 
compagnon  plus  vigoureux  qui  entretient  et  développe  d'autant  la  masse 
musculo-squelettique  de  son  membre  supérieur.  Elle  atteint  des  propor- 
tions énormes,  puisque  M.  Manouvrier  a  démontré  que  la  force  de  serre- 
ment des  mains  n'était  pour  la  femme  que  les  57,  1  centièmes  de  celle  de 
l'homme,  et  que,  selon  Quételet,  le  rapport  de  la  force  de  traction  verti- 
cale tombe  même  à  52,1  0/0. 

Le  travail  des  divers  groupes  musculaires  de  l'organisme  est  donc 
essentiellement  divers.  Cependant,  il  n'est  pas  illogique  de  s'en  faire  une 
idée  d'ensemble  qui  serait  assez  bien  traduite  par  cette  formule  :  L'oc- 
iivité  musculaire  de  la  femme  est  de  très  peu  inférieure  aux  deux  tiers  de  celle 
de  l'homme. 

Quant  aux  fonctions  de  nutrition,  elles  sont  relativement  très  dévelop- 
pées dans  le  sexe  féminin,  et  on  pourrait  admettre  d'une  façon  très  satis- 
faisante, que  chez  la  femme  leur  intensité  est  égale  aux  huit  ou  aux  neuf 
dixièmes  de  celle  de  l'homme. 

Dans  ses  travaux  sur  la  «  Quantité  dans  l'encéphale  »  M.  Manouvrier 
n'a  trouvé  aucune  preuve  anatomique  de  la  prétendue  infériorité  de  la 
femme  au  point  de  vue  du  développement  cérébral. 

(^A  suivre). 


E.    DKMiJXET.   —  IIECHEHCIIES  SlTt  LV   CAP ACITl':  VITALE  9? 

Ainsi  cliez  la  femme,  les  foncUuns  de  nutriliun  sont  déveluppéea  aux. 
dépens  de  l'énergie  musculaire,  et  dans  les  deux  sexes,  les  fonctions  ner- 
veuses sont  équivalentes,  sous  la  réserve  de  certaines  dilTérences  qui 
sont  la  consét[uence  logique  de  la  relation  précédente.  La  femme  présente 
donc  une  infériorité  catabolique  très  nette,  et  une  supériorité  anabolique 
manifeste.  «  Et  cependant,  la  fonction  respiratoire  est  une  fonction  de 
nutrition,  mais  d'un  ordre  spécial.  L'oxygène  fourni  parla  respiration  est 
surtout  destiné  à  l'entretien  des  processus  cataboliques  :  intermédiaire 
entre  l'anabolisme  et  le  catabolisme,  la  respiration  est  précatabolique. 
Elle  n'est  proportionnelle  à  celui-là,  que  dans  la  mesure,  où  le  second 
processus  est  lui-même  proportionnel  au  premier.  Or  dans  les  conditions 
présentes,  il  l'est  cliez  l'homme  qui  détruit  au  fur  et  à  mesure  les  maté- 
riaux apportés  par  la  nutiilion,  les  transformant  en  chaleur  et  en  travail. 
Chez  la  femme,  au  contraire,  l'énergie  musculaire  insuffisamment  active 
laisse  accumuler  dans  l'organisme  des  matériaux  incomplètement  oxydés 
qui  pourront  en  faire  partie  intégrante  sous  forme  de  tissu  adipeux,  ou 
qui  circuleront  sous  une  forme  ou  sous  une  autre  jusqu'ji  ce  qu'ils  soient 
rejelés  à  des  périodes  plus  ou  moins  régulières,  quand  ils  ne  sont  utilisés 
ni  par  le  fœtus  ni  par  l'enfant  à  la  mamelle.  C'est  sous  l'une  ou  l'autre 
de  ces  formes  que  la  femme  se  débarrasse  de  l'excès  de  ses  recettes.  On 
peut  donc  dire  maintenant  avec  M.  Manouvrier  :  «  Telle  est  la  raison  pour 
laquelle  le  sang  de  la  femme  est  moins  riche  en  globules  et  en  hémoglo- 
bine. Sa  fonction  plastique  est  plus  développée  que  chez  l'homme  relati- 
vement à  sa  fonction  préparatoire  du  catabolisme.  Telle  est  aussi  la  rai- 
son pour  laquelle  le  poumon  et  le  thorax  féminins  sont  moins  développés 
relativement  aux  viscères  abdominaux.  Chez  la  femme,  l'hématopoïèse 
est  relativement  plus  développée  que  l'hématose.  » 

Pour  terminer  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  reproduire  ces  lignes 
du  même  auteur  sur  l'influence  de  la  respiration  sur  les  fonctions  ner- 
veuses et  le  tempérament  :  «  Le  catabolisme  cérébral  ne  peut  libérer  une 
certaine  quantité  d'énergie  que  par  le  passage  de  la  constitution  molécu- 
laire éminemment  instable  de  la  substance  neuronique  h.  un  état  plus 
stable,  passage  qji  exige  une  oxygénation.  Et  si  faible  que  doive  être 
celle-ci,  son  intensité  doit  être  en  rapport  avec  le  degré  d'oxygénation  du 
sang  artériel.  Par  conséquent,  toutes  conditions  quantitatives,  morpholo- 
giques, mésologiques  de  toute  sorte,  égales  d'ailleurs,  il  existe  une  cause 
de  minoration  du  travail  cérébral  dans  le  sang  féminin,  et  ce  n'est  pas  la. 
seule. 

Le  tempérament  n'est  autre  chose  que  la  (juanlilé  de  potentiel  éner- 
gétique réalisable  chez  un  individu  dans  l'unité  de  temps,  relativement  à 
la  masse  organique  active,  (juanlité  qui  se  traduit  par  l'intensité  du  tra- 
vail. Il  y  a  des  raisons  de  penser  que  l'oxygénation  du  sang  ne  constitue 
pas  h.  elle  seule  le  tempérament  sthénique,  mais  elle  doit  nécessairement 
influersurle  potentiel  développabledans  une  masse  organique  donnée.  Elle 
met  enjeu  les  qualités  protoplasmiques  desquelles  dépend  le  tempérament. 
Sous  ce  rapport,  le  tempérament  se  trouverait  en  somme  diminué,  dans 
80C.  d'anthrop.  <905.  T 


98  ."»  JA.NviHii   190;') 

It'  sexe   ft'iiiiiiin.    Il  y  ;i  là.   si  je  ne   me  Irumpe,   une  dillerencc  sexuelle 
(l'uiit'  importance  capilah'.  » 

RÉSUMÉ   ET  CU.NCLLSIONS 

I.  M.  Manouvricr  ayant  constaté  au  cours  de  ses  travaux  sur  la  com- 

pai'aison  biologique  des  deux  sexes,  qu'il  n'existait  aucune 
donnée  vraiment  scienliti(jue  sur  le  développement  comparé  du 
poumon,  de  l'homme  et  de  la  femme,  a  fait  de  cette  question, 
le  sujet  de  ces  recherches. 

II.  Far  les  difficultés  de  sa  technique,  et  l'incertitude  des  applications 

de  ses  résultats,  à  chaque  cas  individuel,  la  spirométrie  ne  sau- 
rait donner  lieu  à  des  considérations  pratiques,  et  être  adoptée 
comme  moyen  de  diagnostic,  surtout  dans  les  conseils  de  revi- 
sion. Utilisée  dans  des  séries  suffisantes,  elle  est  un  excellent, 
et  peut  (Hre  le  meilleur  mode  d'exploration  pulmonaire;  elle  tra- 
duit d'une  façon  aussi  parfaite  que  possible,  le  développement 
de  l'appareil  respiratoire,  et  permet  d'étahlir  des  moyennes 
d'une  jiortée  biologique  incontestable, 
m.  La  capacité  vitale  absolue  d'un  français  de  20  à  25  ans,  ma- 
croskèle  macroplaste  par  éducation,  est  de  3.912  centimètres 
cubes,  en  moyenne. 

IV.  La  capacité  vitale  croît  absolument  et  relativement  avec  la  taille, 

parce  que  celle-ci  ne  représente  que  d'une  façon  imparfaite  le 
développement  total  de  l'organisme,  dont  les  indices  de  méga- 
somie  approchée  donnent  une  idée  plus  exacte.  Tout  porte  à 
croire  que  la  surface  des  échanges  respiratoires  ne  croît  pas  avec 
la  taille;  ce  sont,  en  définitive,  les  plus  petits  qui  sont  les  plus 
favorisés  par  la  fonction  pulmonaire.  Pour  eux  seuls,  le  rapport 
de  la  circonférence  thoracique  et  de  la  demi-taille  est  exact. 

V.  Les  rapports  de  la  capacité  vitale  et  du  buste  sont  intéressants  parce 

qu'ils  montrent  que  l'intensité  du  fonctionnement  musculaire, 
règle  l'intensité  du  fonctionnement  du  poumon.  Celui-ci  se  fait 
par  allongement  et  soulèvement  des  côtes.  La  cage  thoracique 
s'accroît  donc  sous  l'influence  de  l'augmentation  de  volume  de 
son  contenu. 

VL  H  nous  a  semblé  que,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  un  sujet 
bien  constitué  avait  la  circonférence  thoracique  au  moins  égale 
à  la  longueur  de  ses  membres  inférieurs.  Cest  un  rapport  qui 
demande  des  recherches  complémentaires.  S'il  était  confirmé,  la 
mensuration  du  buste  serait  très  utile  aux  médecins  militaires, 
aux(iuels  elle  fournirait  un  indice  de  robusticité,  et  un  point  de 
départ  pour  des  applications  pratiques  de  tout  premier  ordre. 

\\\.  Elle  leur  permettrait  surtout  de  calculer  le  rapport  S/'B,  c'est-à-dire 
le  degré  de  brachyskélie  ou  de  macroskélie.  Ce  rapport,  ainsi 


k.  UKMONKT.  —  iii-<:iii:ii('.iii:s  siit  i.v  hapacitk  viTvr.K  0.) 

que  1.1  taille,  est  pour  noire  série,  plus  élevé  que  pour  la  moyenne 
des  Français  adultes,  délinquants  ou  non.  C'est  que  nousavons 
poursuivi  nos  recherches  sur  des  jeunes  gens  sélectionnés  par 
l'éducation.  Lu  théorie  ergique  de  M.  Manouvrier  sur  l'accrois- 
sement des  os,  explique  facilement  ces  faits.  Les  brachyskèles 
l'emportent  par  leur  développement  général  et  leur  capacité 
vitale  sur  les  mésaliskèles  et  les  macroskôles. 

\  III .  La  largeur  bi-acromiale  ne  présente  pas  avec  la  capacité  vitale,  des 
rapports  très  étroits.  Elle  prend  toutefois  une  réelle  importance, 
quand  elle  sert  à  traduire  la  mégasomie  ou  l'euryplastio.  Nous 
ne  croyons  pas  avec  Mai'strolli,  que  la  longueur  du  sternum  soit 
de  toutes  les  dimensions  du  thorax,  celle  qui  traduise  le  plus 
exactement  le  développement  pulmonaire.  Elle  compense,  dans 
une  certaine  mesure,  l'infériorité  transversale  des  macroplastes. 

I\.  La  capacité  vitale  croit  absolument  et  relativement  avec  le  poids. 
Les  rapports  de  ce  facteur  avec  la  taille  ne  présentent  pas  la 
progression  régulière  qu'on  leur  a  prêtée  trop  complaisamment. 
L'indice  de  corpulence  de  Bouchard,  s'applique  assez  bien,  tout 
en  étant  encore  trop  élevé,  aux  cas  moyens  :  les  cas  extrêmes 
lui  échappent.  Une  formule  mathématique  est  encore  à  trouver. 
Nous  la  croyons  inutile,  parce  que  le  poids  ne  traduit  exacte- 
ment la  mégasomie  que  dans  la  mesure  où  il  n'est  pas  influencé 
par  le  tissu  adipeux.  L'n  coefticient,  qui  pourrait  èlre  appelé 
«  d'impression  »  de  0  à  20,  donné  consciencieusement  par  un 
médecin  tant  soit  peu  exerce,  remplacerait  avantageusement  ce 
rapport,  comme  indice  de  robusticité. 

X.  Le  développement  pulmonaire  est  d'autant  plus  grand  que  la  cir- 
conférence thoracique  est  plus  élevée.  Celle-ci  est  sous  la  dépen- 
dance étroite  de  l'amplitude  du  thorax. 

M.  Nos  indices  de  mégasomie  approchée  sont  d'une  exactitude  satis- 
faisante. Ils  permettant  de  démontrer  que  la  capacité  vitale  croît 
en  raison  inverse  de  la  mégasomie.  Le  poumon  n'a  donc  pas 
besoin  de  s'accroître  proportionnellement  à  la  masse  à  nounir. 
La  microsomie  engendre  des  besoins,  et  ceux  qui  la  présentent, 
sont  au  point  de  vue  respiratoire,  les  plus  favorisés. 

XII.  La  capacité  vitale  suit,  assez  régulièrement,  le  degré  d'euryplastie. 

Celle-ci,  ainsi  que  la  brachysk('lie  est  associée  ;i  toutes  les  tailles; 
le  plus  souvent,  la  brachyskélie  et  l'euryplastie  marchent  de 
pair;  il  en  est  de  même  pour  la  macroplastie  et  la  macroskélie. 

XIII.  La  capacité  vitale  absolue  d'une  femme  française,  quelconijue,  de 

20  à  25  ans,  est  en  moyenne  de  2.747  centimètres  cubes. 

XIV.  Le  corset  diminue  la  capacité  vitale  d'un  sixième  de  sa  valeur 

environ. 

XV.  La  plupart  des  rapports  concernant  le  sexe  masculin  s'appliquent 

aussi  au  sexe  féminin.  Il  n'en  est  pas  de  môme  pour  les  dimen- 
sions iniluencées  par  le  tissu  adipeux,  poids  et  circonférence 


^00  r»    JANVIKII     100") 

Ihoracitiue.  Celles-ci  ne  coiilracleiil  plus  alors  avec  la  capacité 
vitale  que  des  relalions  essentieilcinent  irrégulit^rcs. 

X\  1.  Dans  les  deux  sexes,  la  capacité  vitale  ne  croît  d'une  façon  inalhé- 
maliquo  avec  aucun  fadeur.  11  est  souverainement  inexact  de 
soutenir  qu'un  centimètre  de  taille  ou  de  circonférence  thora- 
ciipie,  ou  bien  un  kilogramme  de  poids,  donne  droit  ;i  n  centi- 
mètres cubes  de  capacité  vitale.  Mais  les  dimensions  squelet- 
tiques,  la  taille  et  le  buste  surtout,  semblent  être  en  connexion 
plus  intime  avec  le  développement  pulmonaire,  que  les  facteurs 
soumis  aux  variations  du  tissu  adipeux.  Le  poids  et  la  circonfé- 
rence thoracique  n'ont  seulement  une  réelle  valeur  que  dans  les 
séries  d'un  embonpoint  sensiblement  identique.  La  taille  affecte 
avec  la  capacité  vitale,  des  rapports  plus  étroits  que  le  buste. 

XVII.  La  capacité  vitale  absolue  de  la  femme,  est  à  celle  de  l'homme 
comme  70  est  à  100. 

XVIIL  La  femme  est  microsome  et  macroplaste  relativement  à  l'homme. 
Elle  est  également  brachyskèle  par  rapport  à  ce  dernier,  bien 
que  sa  cage  thoracique  présente  une  exiguïté  incontestable. 
C'est  que,  chez  elle,  l'abdomen,  remontant  davantage,  occupe 
une  partie  beaucoup  plus  considérable  de  son  buste. 

XIX.  Dans  les  mouvements  réguliers  d'inspiration  et  d'expiration,  l'am- 

plitude du  thorax  est  beaucoup  plus  considérable  au  niveau  des 
côtes  inférieures  dans  les  deux  sexes.  Le  type  respiratoire  est 
donc  le  même  chez  l'homme  et  chez  la  femme;  il  présente  des 
exceptions  variées. 

XX.  Nous  considérons  les  documents  nouveaux,  et  les  faits  exposés 

dans  ce  mémoire,  comme  entièrement  confirmatifs  des  idées 
émises  par  M.  Manouvrier,  dans  son  enseignement  oral  et  dans 
ses  travaux,  soit  au  sujet  des  différences  sexuelles,  soit  au  sujet 
de  caractères  anthropologiques  concernant  les  proportions  du 
corps,  dans  un  môme  sexe. 


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Zn...  !■  wf  n.ul  .1.  notre  coll.wue  le  D^  CoUiueau,  membre  du  Com.te  centra  . 


Il  faisait  parti.,  de  la  Société  depuis  ISiw,  et  il  a  été  secrétaire  des  séances,  et, 
pendaut  quelques  années,  conservateur  des  collections.  11  a  la.t  plusieurs  com- 
nmnications.  dont  la  plus  in.portante  est  celle  sur  le  Délire  rel.g.eux  en  18/0. 
Le  D'  PAPIL..ULT  annonce  que  le  l)r  Collineau  était  membre  de  la  Société 
.rXutopsie.r.rAceaux  convictions  scientifiques  de  sa  tamille  et  aux  soms  du 
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M   Th.  VO.KOV.  -  I/ouvrage  de  M.  le  D^  Yachvili,  que  j'ai  l'honneur  d'offrir 
à  la'  Société,  de  la  part  de  l'auteur,  contient  :  1°  la  liste  et  la  description  de 
569  nKHlicaments  populaires  géorgiens;  2°  les  pratiques  "^^dicales  delransca,, 
casie  et  3»  le  contenu  d'un  livre  de  médecine  populaire  «  ^-"^^ad  ni  ^  Dans  la 
première  partie,  parmi  les  médicaments  «^'origine  mmerale.  nous  tio  von^^^^^^^^^^ 
indication  très  intéressante  que  les  femmes  géorgiennes  qui  n  "^^t  1"^Y1  nid 
viennent  se  frotter  contre  les   certaines  pierres  qui    ^"^^  ^T^^^^vJ^ 
gu.rir  la  stérilité  ce  qui  rappelle  certaines  superstitions  de  la  Bretagn^  I     m 
les    matières   médicales    animales    nous    rencontrons  la    ^^'^^'^    ^'^    '^^H 
de    cigogne  et  d'autruche,  les    testicules  du   cerf  et  du   veau  H^  ou  donne 
contre  nmpotence,  les  os  humains,  le  sang  de  pigeon   de  gru  .  '  ""  ^  ^^  ^ 
bouc,  le  cerveau  de  la  pie,  les  excréments  du  chien,     e  placenta  du  chat  et 
verge  séchée  du  cerf,  ainsi  que  le  sang  menstruel  et  le  lait  des  femme,  l  ou 
provoquer  la  haine  d'un  homme  contre   la  femme  qu  il  aime  «n  Un  donne  ^ 
mang  r.  secrètement,  bien  entendu,  les  excréments  de  ^elle-cu  C<^  p  a    I  - 
rappLnt  certains  procédés  de  la  médecine  moderne  ne  sont  pa    unqu  . 
M    Sakhokia  m'a  raconté  tout  de  suite  un  lait  très  remarquable  a  c    po mt  de 
de  vue.  Quand  quelqu'un  meurt  de  phtisie  en  Géorgie,   on  fait  l^.'l^'P  '^J   "^ 
enlève  ses  poum'ons'  on  les  sèche  et  on  les  donne  soiten  PO->-^-'t  d^^     «u 
aux  personnes  pour  lesquelles  on  a  peur  '1- '^>»-,P"--VT'n  éhistr    ue" 
Mais  le  plus  intéressant  pour  ceux  de  nous  qui  s'occupent  de  P  ^^^^'^^''^^  "«  ^ 
sont  les\.ratiques  chirurgicales  et  notamment  l'opération  de    «^  -'«"f  7^:*; 
crAne,  faite  ordinairement  par  les  spécialistes  nommée  djarakhs    l^^  ^s 

où  on  suppose  une  hémorragie  interne  sous  le  crâne  en  suite   de  la  contusion 

'":;:;^l:tion  du  crAne  se  fait  avec  un  trépan  en  forme  d'alêne  qu'on  toiu-ne 
pour  pratiquer  un  ou  plusieurs  trous.  Une  autre  variation  de  la  m  me 
opérat^ion  est  encore  plus  intéressante.  EH^  cons.se  en  un  ,/.^^a^'^i--t^ 
dique  de  l'os  crânien  jusqu'à  la  mère-dure  et  se  fait  à  1  aide  d  un  ciseaa 


102  111  j\ NviF.it  i'.>orj 

II'  tr.imlmnl  rsl  ('•Inri.'i  «l'un  c>i\i'  sous  l'an;.'!!'  ilntil  do  inrino  riianiôro  que  l'ins- 
Iruuii'ul  |i(iur  sdiirl)!-.'!'  des  inrlnux.  Le  j:i'all!iiri'  dure  onviron  deux  houros,  avec 
Ifs  pelilos  infoiTii|)linns  pour  (airo  reposer  le  sujet  qui  évidemment  reste  sans 
moindre  anestliésie  L»'  sang  esl  t-loifiné  )i  l'aide  d'un  morceau  de  ouate  attachée 
à  une  Iwiffuette.  (Junnd  l'os  crânien  devient  liés  miini'  et  commence  d'éclater 
sous  la  pression  «le  iiustniment.  ee  ([ui  eti  resie  est  éloiifné  à  l'aide  dune  petite 
pince.  A  la  lin  de  lopéralioii  ou  nelloie  la  surface  ensanglantée  et  puis  on  la 
panse  avec  les  feuilles  miles  delà  ltar<iaui'  {Lappa  fom<'ntosa).  réduites  en  pAte 
qu'on  appliijue  toutes  chaudes.  (Juehpiefois.  au  lieu  de  cela,  on  emploie  un  mé- 
lange de  miel  avec  du  jaune  d'œuf.  Le  |)r  Minkévitch  fini  a  dciiit  le  jiremier 
cette  opération   dit  qu'elle  passe  sans  heaucoup  de  douleur. 

La  médecine  pojiulaire  géorgienne  représente,  comme  nous  le  voyons,  un 
mélange  d(>  procédés  tout  à  fait  préhistoriques  d'un  côté  et  des  pratiques  de  la 
médecine  aniiipie  et  du  mo\en-àge.  L'ouvrage  de  M.  Yachvili  a  donc  un  intérêt 
tout  particulier  an  point  de  vue  anthropologique  et  ethnographique. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Il  ne  faudrait  pas  croire  qu'il  n'y  a  qu'au  Caucase  où 
la  médecine  préhistorique  ait  laissé  des  traces  manifestes  encore  à  l'époque 
actuelle.  La  Bretagne,  la  Vendée.  l'Anjou,  etc..  pour  ne  parler  que  de  l'Ouest 
de  la  France,  présentent  encore  des  superstitions  de  même  ordre.  .l'ai  ai  publié 
un  certain  nombre  dans  la  Gazette  médicale  de  Pa/'î5  depuis  plusieurs  années. 

Pour  la  trépanation,  tout  le  monde  sait  <iu'elle  est  encore,  chez  les  Arabes, 
prescjuc  à  la  période  préhistorique. 

Il  faut  i-approcher,  d'autre  part,  de  certaines  coutumes  géorgiennes  (utili- 
sation du  poumon  humain,  après  autopsie  et  dessication  de  la  i)ièce  anatomique), 
l'usage  de  la  fameuse  graisse  de  momie,  (pii  n'est  que  de  la  graisse  humaine, 
qui  est  vendue  dans  l'Ouest  par  les  garçons  de  salles  d'autopsies  des  hôpitaux, 
encore  à  l'heure  présente,  croyons-nous,  et  qui,  en  tout  cas,  l'était  il  y  a  quelque 
vingt  ans,  à  Nantes,  quand  nous  faisions  là-bas  nos  premières  études  médi- 
cales '. 

Présentations  de  photographies. 

M.  Zaborowski.  —  Avec  son  mémoire  sur  les  Lolos  M.  François  m'a 
adressé,  ce  dont  je  l'ai  vivement  remercié,  un  certain  nombre  de  photo- 
graphies dont  il  a  réuni  une  collection  importante.  Ce  sont  des  vues  de 
la  vallée  du  Kien-Tchang  qu'il  a  parcourue,  des  portraits  de  Lolos  en 
bandes  armées  ou  i)ar  |)etits  groupes  avec  leurs  femmes,  de  Lolos  soumis, 
c'est-à-dire  plus  ou  moins  assimilés  par  la  civilisation  chinoise  et  fort 
mêlés  de  sang  chinois,  de  criminels  sui)|»liciés.  de  goitreux  du  Yunnan, 
de  Chinois  du  Sud.  Nous  avons  j»u  reproduire  quelques  unes  de  ces  pho- 
tographies en  imprimant  le  mémoire  de  M.  François.  J'en  ai  reproduit 
quelques  autres,  en  donnant  les  explications  nécessaires  dans  une  note 
sur  les  Lolos,  pour  la  Rrvite  de  l'Ecole  dWnlhropolofiie.  Je  crois  répon- 
dre aux  intentions  de  M.  François  en  faisant  rentrer  l'ensemble  de 
ces  documents  au  nombre  de  G2  dans  les  collections  de  notre  société- 
J'aurai  l'occasion  de  les  ulili.ser,  de  les  analyser  en  détail  devant  vous, 
sinon  tous,  du  moins  pour  la  j)luparl,  au  fur  et  à  mesure    que  les   ques- 

'  Voir  Cabanes  {Remèdes  d'autrefois,  190b)  et  France  médicale  (1903,  p.  10). 


A.   VAN  CENNKI'.    —   lli;ltAI.I)l>  \  IHtN  DE   I.  A   MMKJI  K  HK  l'IlnfHIKI  I,  I  (J3 

lions  qu'il  nous  aideront  à  éclaircir  viiMidniul  en  discussion.  J'ai  déjà 
dit  qu'ils  prouvent  définitivement  enln-  autres  choses  que  chez  les  Lotos 
il  y  a  un  éléinenl  ininiilif  qui  ne  peut  jias  iHre  classé  parmi  les  races  mon- 
goliques. 


NOTES  SUR   L'HERALDISATION    DE   LA    MARQUE   DE   PROPRIETE 
ET    LES    ORIGINES    DU    BLASON 

I'aU     .m.     All.NOLD     VAN     GeNNEP. 

.Mali^'ié  les  ciïiM'ts  de  plusieurs  de  mes  collègues  de  la  Société  des  Tra- 
ditions Populaires,  ren(puHe  poursuivie  dans  la  Mevue  de  cette  Société 
sur  les  marques  de  propriété  en  France  n'avance  que  lentement.  Des 
recherches  directes  ont  été  faites  déjîi  en  Bretagne  par  M.  Sébillot,  en 
.Vuvergne  par  M.  Gaudefroy-Demonbynes,  dans  le  Perche  par  moi,  en 
.Alsace  par  le  1)''  L  Laloy,  dans  les  Pyrénées  par  MM.  Rosapelly  et 
Uondou ';  et  les  résultats  obtenus  ont  été  relativement  si  insignifiants 
qu'on  en  vient  à  se  demander  comment  cette  coutume  de  marquer  d'un 
signe  spécial  les  biens  de  tout  genre  a  pu  disparaître  à  ce  point  en  France 
alorsqu'elle  est  encore  si  répandue  en  Suisse,  en  Allemagne,  en  Russie,  etc. 

Dans  ces  pays  on  fait  usage  tantôt  de  la  marque  individuelle,  tantôt  de 
la  mirque  collective;  celle-ci  est  a'pp3lée  en  Allemagne  Ilausm'irhe,  mar- 
que domesticjue,  ou  llofmarke,  marque  fermière.  Elle  est  la  propriété  de  la 
famille  ;  le  père  de  famille  est  seul  à  posséder  une  marque  et  les  enfants, 
mhne  majeurs  mais  non  encore  mariés  ni  établis  à  leur  compte,  utilisent 
celte  marque  paternelle. 

Or  dans  un  grand  nombre  de  cas  actuels,  la  marque  domosliciue  exprime 
no'.i  seulement  l'appropriation  d'animaux  et  d'objets,  mais  spécifie  aussi 
Il  filiation  du  possesseur  de  la  marque  et  son  rang  social.  Dms  sou 
grand  ouvrage  sur  les  marques  domestiques  et  fermières  d'.VUemagne, 
C.  G.  Homeyer  a  montré  par  (piels  stades  a  passé  cette  héraldisation  -. 

Tacite  disait  déjà  des  Germains  qu'ils  distinguaient  leurs  boucliers  par 
les  couleurs  vives  qui  s'y  trouvaient  peintes»  soUa  lantunt  Ifctissimis  colo- 
rihns  ilistinriunt  ".iGerin.  C  VI)^,  et  .\mmien  Marcellin  parle  (.Wf,  12)  des 
sciita  iiisit/nia  des  Gimbres.  Plus  tard  les  lois  germmiques  (Loi  Salique, 
Loi  des  lUpuaires,  Edit  de  Rothairo,  Loi  des  Visigoths,  Loi  des  Ala- 
manes,  Loi  des  Frisons,  et'--.)  parlent  des  marques  de  propriété  sur  ani- 
maux, sur  arbres,  sur  bornes,  sur  outils  *.  l'eut-étre  ces  marques  se 
trouvaient-elles  également  inscrites  sur  les  boucliers  germains. 


'  Voir  Revue  des  Traditionx  Populaires,  années  1902,   1904. 

*  C.  G.  IIOMEYER.  —  Die  Ilnus-uml  [Infmarken.    2>'  éd.    anaslaliiiue,  lîcriin   1890, 
8",  437  p.  U  pi.  Cf.  pp.  lo3-l.o3. 

>*  HOMEYER.  —  Loc.  cit.  p.  lo'J. 

*  Homeyer.  —  Loc.  cit.  pp.  8-1^. 


lo'i  l'.i  jAwiKit  lîiori 

Or  elles  se  retrouvent  aussi  sur  les  sceaux.,  domine  vous  savez,  les 
sceaux  anciens  représentaient  le  chevalier  ;i  pied  ou  à  cheval  muni  de 
ses  arnies,  ce  mot  pris  dans  les  deux  sens  f|Ut'  distinguent  les  deux,  mots 
allemands  de  Wa/ffu  et  de  Wappen  (has  alld).  IMus  tard,  seul  l'écu 
demeure  mais  d'ahurd  penché,  c'est-à-dire  dans  la  position  réelle,  et  sur- 
monté du  casque.  Ecu,  cas(pie  et  emblèmes  inscrits  dans  l'écu  ou  sur- 
montant le  casque,  constituaient  i'armoirie  qu'on  peignait  ou  gravait  sur 
tous  les  objets  appartenant  au  seigneur,  qu'on  brillait  sur  ses  chevaux  et 
ses  chiens,  etc.  L'armoirie  servait  donc —  et  sert  souvent  encore  —  de 
marque  de  propriété. 

Le  champ  de  l'écu  comprenait  d'ordinaire  des  couleurs  et  des  emblè- 
mes; et  c'est  sous  cette  forme  qu'on  se  représente  généralement  les  élé- 
ments des  armoiries.  Mais  tout  aussi  nombreux  étaient  les  écus  dans  lesquels 
se   trouvaient  inscrits  des  signes  géométriques  ou  alphabétiformesqui 
n'étaient  autres  que  des  marques  de  propriété  ancienne.  Je   ne  recher- 
cherai pas  en  ce  moment  si  ces  signes  sont  une  déformation  de  dessins 
d'après  nature,  ou  si  au  contraire  ce  sont  les  dessins  qui  sont  une  ampli- 
fication et  une  interprétation  des  figures  géométriques;  je  ne  discuterai 
pas  non  plus  l'opinion  de  Ilomeyer  suivant  laquelle  c'est  la  forme  du 
signe  qui  en  a  suggéré  le  nom;  enfin  je  laisse  pour  plus  tard  la  compa- 
raison de  ces  signes  avec  les  anciens  alphabets  runiques  ou  runiformes. 
Que  la  marque  d'après  nature  soit  antérieure  ou  non  à  la  marque  géo- 
métrique, il  n'en  reste  pas  moins  que  celle-ci  a  peu  à  peu  disparu  du 
blason  devant  celle-là.  On  connaît  pourtant  des  cas,  en  assez  grand  nom- 
bre., où  la  marque  géométrique  a  subsisté  longtemps  en  qualité  de  véri- 
table armoirie.  Homeyer  en  cite  quelques-uns;  et  j'en  trouve  d'autres, 
plus  typiques  même,  dans  un  travail  récent  de  II.  G.   Meyermann  S  sur 
les  marques  domestiques  et  les  armoiries  des  familles  de  Gôltingen. 

C'est  ainsi  que  la  famile  von  Dransfeld,  l'une  des  familles  les  plus 
nobles  de  la  région,  a  porlé  successivement  les  armoiries  suivantes 
(fig.  1-4). 

Ainsi  en  1512  la  marque  de  propriété  primitive  servait  encore  d'armoi- 
rie  aux  Dransfeld. 

La  famille  des  Ciseler  von  Mûnden,  également  de  très  haute  noblesse, 
reçut  comme  armes  en  1448  celles  de  la  fig.  5;  en  1476,  Maurice  Ciseler 
se  sert  pourtant  de  sa  marque  inscrite  dans  un  écu  rond  (fig.  6),  marque 
qui  se  trouve  reportée  entre  les  branches  du  cimier  par  Simon  en  1488 

(fig-  '). 

L'évolution  a  été  encore  plus  curieuse  dans  les  armoiries  de  la  famille 
von  Plesse  ;  celle-ci  avait  pour  marque  dislinctive  une  ancre  de  muraille, 
qui  s'est  peu  à  peu  simplifiée  et  stylisée  de  1329  à  1445,  jusqu'à  servir 
d'attache  pour  la  houppe  du  cimier  (fig.  8- il). 

Comme  vous  le  voyez,  les  marques  géométriques  sont  inscrites  tantôt 

*  G.  Meyermann.  --  (Jdltinger  Hausmarken  itiul  Familienirappen.  Goltingcn, 
Lùiier  Borstmannj  1904,  97  pp.  et  607  dessins  sur  23  [A. 


A.   VAX  CENNEI'.    —    IIKH  M.DIS  \TlnN  DR  l.\  MAItnlK  I>E  PUoPRléTÉ  10") 

dans  un  écusson,  tanlùt  tlans  un  cercle,  et  celle  inscription  tlans  un  enca- 
drement semble  avoir  (lé  d'abord  un  privilège  des  nobles.  Primitivement 
les  roturiers  apposaient  leur  marque  toute  simple;  puis,  pour  imiter  leurs 
seigneurs,  ils  l'encadrèrent  en  des  écus  de  forme  fantaisiste  pour  en  lin  de 
compte  copier  l'écu  béraldique  '. 

C'est  ainsi  que,  toujours  hGotlingen,  lecuré  André  Mundemann  appose 
en  1540  le  sceau  de  la  fig.  1:2;  IFans  Miiiidemann  so  sert  en  1500  et  en  loOi 
des  sceaux  lig.  13  ot  1-i. 

De  même  la  famille  roturière  Speckbôlel  partit  du  cercle  pour  arriver 
à  l'écu  (fig.  lo-IT). 

Enfin  llomeyer  a  relevé  à  Krfuit  *  des  marines  inscrites  dans  des 
encadrements  de  forme  bizarre  (/?//  18-li)i,  et  l'on  connaît  des  cas  où 
l'écu  a  été  coupé  de  manière  h  porter  d'un  côté  l'armoiric,  de  l'autre  la 
marque  domestique  '. 

La  noblesse  étant  quelque  chose  de  relatif,  on  peut  s'attendre  h  ren- 
contrer les  mêmes  phases  d'héraldisation  de  la  mar(|ue  dans  des  milieux 
roturiers  délimilés  :  vous  savez  que  les  paysans  d'une  région  ou  d'un 
village,  quoique  également  roturiers  aux  yeux  d'un  noble,  reconnaissent 
entre  eux  des  différences  de  rang;  il  est  des  aristocraties  paysannes;  celle 
de  la  Beauce  est  bien  connue.  Vous  ne  vous  étonnerez  donc  pas  que. dans 
le  Wurstenland  par  exemple,  les  paysans  ordinaires,  c'est  àdire  les  plus 
pauvres,  aient  apposé  leur  marque  domestique  telle  quelle,  sans  ornement 
ni  encadrement,  au  lieu  que  d'autres,  plus  huppés,  inscrivaient,  dans  un 
cercle,  un  écusson,  etc.  simples  on  surmontés  d'un  casque  ou  de  feuillages 
marque  soit  seule  ?oit  accompagnée  d'emblèmes;  et  qu'enfin  l'aris- 
tocratie paysanne  du  lieu,  dédaignant  la  marque,  ait  apposé  des  écus- 
sonsavec  figures  héraldiques  imités  des  armoiries  appartenant  aux  nobles 
véritables. 

Les  quelques  faits  qui  précèdent  font  assez  comprendre  le  procédé 
allemand  d'héraldisation  de  la  marque  de  propriété.  L'évolution  a  été 
exactement  la  même  en  Hollande  et  en  Angleterre,  ainsi  qu'il  ressort  des 
recherches  de  Homeyer  ''  et  j'ai  vu  en  Pologne  des  marques  alphabéli- 
formes  sur  ruches  que  j'ai  su  ensuite  être  en  même  temps  des  armoiries; 
des  armoiries  polonaises  constituécspar  des  marques  de  i)ropriété  ne  sont 
pas  rares  et  se  trouvent  dessinées  dans  les  Armoriaux  de  la  Schlaclila. 

Quant  aux  faits  russes  ils  étaient  inconnus  de  Homeyer  qui  pensait  que 
l'inslilution  des  marques  de  propriété,  soit  individuelles,  soit'  domes- 
tiques, d'après  nature  ou  géométriques,  était  une  invention  proprement 
germani(|ue.  Richard  Andrée  ^  a  montré  que  c'est  là  une  institution 
universelle  et  que  des  besoins    idenli(}ues  ont  provoijué,  partout,  des 


*  L'écu  cchanrré  (fig.  13  ctc  )  claii  lo  plus  usilè  en  Allemagne. 

•  Z,oc.  rîV.,  pl.XXXlII. 
'  Loc.  cit.,  p.  loG. 

i  Ibidem . 

5  R    ANimÉE.  —  Ethnographische  Parallelen.'ii<i\XQ  Folge.  Leipzig,  1889. 


ados  i(Ioiili(|U('s.  I/;irlic|p  trAmlriM-  date  de  1889;  non  seulemont  on  a 
publit"'  depuis  des  oikjimHi's  de  détail;  mais  lui  non  j)lus  n'avait  pas  utilisé 
les  documents  russes,  surtout  l'ail iile  intéressant  de  Kdmenko,  paru 
en  1874,  sur  les  signes  juridiques  '. 

IViur  désigner  la  marque,  les  Ilusses  ont  un  certain  nombre  de  mots, 
suivant  la  manière  de  faire  cette  marque  :  Piatno,  c'est  l'entaille  à  la 
hache;  h'ieimo  c'est  proprement  le  sceau  et  le  tampon.  Le  KJrimo  était  en 
môme  temps  la  marque  de  propriété  et  l'armoirie:  plusieurs  Kleimo 
anciens  étaient  alphabétiformes  puis  se  sont  stylisés  sous  forme  de  croix 
laquelle  est  restée  comme  partie  intégrante  d'armoiries  analogues  aux 
nôtres.  En  outre  les  Russes  ont  emprunté  aux  Turcs  les  mots  de  Taïu-o 
(brûlure  sur  chevaux)  de  Tamgn  et  de  Iasnk{marque  brûlée  ou  peinte);  et 
Efimenko  ayant  étudié  un  certain  nombre  de  cas  typiques  se  croit 
autorisé  ;i  dériver  directement  le  blason  de  la  marque  de  propriété*. 

L'article  de  Efimenko  eut  une  grande  influence  sur  les  ethnographes 
russes  qui  s'empressèrent  de  relever  les  marques  employées  par  les  nom- 
breuses populations  de  l'Empire,  notamment  par  les  Lapons,  les  Kir- 
ghiscs,  lesKalmyks,  les  Mongols,  etc.  La  transformation  de  la  marque  de 
propriété  en  arrnoirie  ne  s'est  produite  que  là  où  il  y  a  eu  dilTérenciation 
du  groupe  social  en  nobles  et  en  roturiers,  par  exemple  chez  les  Kirghises. 
Pour  le  moment  je  laisserai  de  côté  l'étude  à  ce  point  de  vue  des  Tmnga 
russo-asiatiques  et  me  contenterai  de  vous  montrer  le  même  mode  d'évo- 
lution chez  les  Turcs  d'Egypte. 

Récemment  a  été  publié  par  Yakoub  Arlin  Pacha  sur  les  Tamga  un  très 
beau  livre  intitulé  Contribution  à  l'Etude  du  blason  en  Orient  (Londres,  1902). 
L'auteur  a  étudié  de  près  les  Tamqa  inscrits  sur  les  monuments,  les 
poteries,  les  cuivres,  etc.,  égyptiens;  c'étaient  non  seulement  des  marques 
de  propriété  mais  aussi  des  marques  distinctives  et  honorifiques;  mais 
elles  ne  se  transmettaient  pas  dans  des  familles  fortement  constituées 
pour  cette  bonne  raison  que  les  Mamlouks  h  qui  ces  marques  étaient 
données  par  les  sultans,  se  recrutaient  parmi  les  esclaves.  Un  grand 
nombre  de  ces  Mamlouks  étaient  d'ailleurs  originaires  du  Caucase;  et 
l'on  n'a  pas  à  s'étonner  des  ressemblances  que  présentent  les  Tamga  iurco- 
égyptiens  avec  ceux  des  Tcherkesses  anciens  et  modernes.  En  Géorgie 
même  le  Tamga  est  également  devenu  armoirie  et  est  toujours  en  usage 
comme  marque  de  propriété  à  ce  que  m'écrit  mon  ami  Adolphe  Dirr  à 
qui  trois  années  de  voyages  au  Caucase  ont  fourni  sur  la  question  des 
marcjues  de  propriété  et  de  leurs  transformations  de  nombreu.K  documents 
très  intéressants. 

L'étude  des  Tamga  et  des  armoiries  d'Egypte  a  conduit  Yakoub  Artin 
Pacha  à  se  rallier  à  la  théorie  de  l'origine  orientale  de  notre  Blason.  Mais 

•  P.  Efimenko.  —  luriditcheskie  snnki.  Journal  du  Ministère  Russe  de  l'Instruc- 
lion  Publique,  1874,  a°^  d'octobre,  novembre  et  décembre.  Le  grand  volume  et  les 
article  de  Solovicv  sur  le  même  sujet  ne  peuvent  C-tre  consultés  qu'avec  prudence. 

2  Loc.  cit.,  novembre  p.  149. 


A.    VANCENNEP.   —   IIKHAMUSATION  DE  I.\   MAlloI  E   I.E   PnnPniÉTÉ  107 

d'après  ce  que  je  vous  ai  cxposo  tout  li  l'hruiv  sur  l'r.sage  ancien  -le  la 
marque  de  propriélé  en  pays  -crmaui.iue  el  slave,  vous  conclurez  avec 
moi  (pie  nous  n'avions  pas  besoin  d."  IM  trient  [...ur  inventer  des  marques 
et  un  blason  qui  existaient  déjà  clie/.  nous.  Pour  l'usage  des  couleurs,  le 
passage  de  Tacite  est  probant;  et  tout  ce  qu'on  peut  accorder,  je  pense, 
c'est  que  le  contact  de  l'Occident  avec  l'Orient  au  moment  des  croisades 
a  simplement  contribué  li  accélérer  et  à  systématiser  l'évolution  de  la 
vieille  coutume  germanique. 

En  tout  cas  Yalcoub  Artin  Pacha  est  amené,  lui  aussi,  à  dériver  ces 
armoiries  turco-égypliennes  d'anciennes  marques  de  propriété  K  Et  il  a 
constaté  une  transformation  identi-pie,  mais  moins  prononcée  chez  les 

Arabes. 

Les  marques  de  propriélé  sont  appelées  par  les  Arabes  UVwm;  je  les  ai 
étudiées  d'après  quelques  textes  arabes  et  d'après  les  descriptions  des 
explorateurs  dans  un  article  de  Vlulmintionnlrs  Aicliiv  fiir  Elknoçimpliie 
qui  parut  quelques  mois  à  peine  avant  le  livre  de  Yakoub  Artin  l»acha, 
basé  avant  tout  sur  les  auteurs  arabes.  Tout  pourtant  est  loin  d'être  fait  : 
ainsi  le  grand  dictionnaire  appelé  Lisin  ol  Arab  n'a  pas  encore  été  dé- 
pouillé h  fond  sur  ce  point  *. 

Tout  comme  la  Ilnusmarhe,  le  Kleimo,  le  Tamfio,  elc,  le  Wasm  est  d'or- 
dinaire une  marque  familiale  qui  est  soumi.se,  en  ce  qui  concerne  l'hé- 
ritage et  la  transmission,  à  des  règles  strictement  fixées,  grâce  auxquelles 
il  est  apte  à  servir  de  signe  de  parenté  et  d'armoirie.  L'explorateur  liuber 
avait  déjà  él»'-  frappé  par  cette  analogie  entre  les  Wasm  el  notre  blason. 
((  Un  Wdsm,  dit-il  se  compose  généralement  de  plusieurs  signes  différents 
([ui  sont  pir  conséquent  de  vraies  armoiries  qui  peuvent  se  lire  »  ;  en 
outre  il  remarqua  (jue  la  manière  de  décrire  un  Wasm  donné  au  moyen 
de  termes  spéciaux  et  classés  dans  le  même  ordre  rappelle  noire  langage 
héraldique  '.  De  môme  Yakoub  .\rlin  Pacha  dit  qiie  la  conservation 
depuis  des  siècles  du  môme  signe  de  propriété  dans  une  même  famille  en 
a  fait  peu  à  peu  k  une  maniue  nobiliaire;  aujourd'hui,  en  apercevant  les 
marques  d'un  chameau,  nos  Bédouins  disent  sans  hésiter  s'il  est  de  sang 
noble  oa  roturier,  c'est-à-dire  s'il  appartient  à  une  famille  noble  ou 
roturière  »  K  Quant  aux  signes  eux-mêmes,  il  en  est  d'alphabétiformes  et 
d'autres  qui  sont  copiés  d'aj.rès  des  objets  ou  des  animaux  ;  et  tout  comme 
nos  armoiries,  ils  subissent  des  modifications  déterminées,  par  adjonction 
d'un  ou  de  plusieurs  traits  ou  par  accolement  d'un  autre  Wasm  simple. 
Ce  procédé  de  modification  au  moyen  d'un  ou  de  plusieurs  traits  est  très 
répandu  (.Allemagne,  Russie,  Asie,  etc),  on  pourrait  presque  dire  général. 

Avant  de  clore  cette  énumération,  je  voudrais  encore  vousdire  quelques 
muts  des  marques  elarmoiries  au  Japon    L'art  béraldiquo  a  atteint  en  ce 


'  et.  Yakoub  .\rtin  i>acha,  lor.  ci/.,  1!W  cl  i.lanclip,  /irj   :u  l  el  31.1. 

i  M.  Gaudefroy-Demombynes  a  entrepris  ce  Iravail  .ini  sera  terminé  d'ici  peu. 

'  HuBEii.  —  Juurnal  du  voyage  en  Arabie,  Taris,  1891.  p.  177. 

*  Yakoub  Artin  Tacha,  Iqc  cit.,  p.  197. 


108  1!»  j AN VI EU  1905 

pays  m.  ilcvolupiicincnl  pour  le  moins  aussi  consifl(''ral)Io  que  chez  nous. 
La  lilléiviture  japonaise  sur  ce  sujet  est  très  riche  ;  elle  a  été  récenimenl 
dépouillée  en  grande  partie  par  M.  Il  Lange,  professeur  au  Séminaire 
des  Langues  Orientales  de  Herlin  '.  Pour  désigner  leurs  armoiries,  les  Ja- 
ponais emploient  les  mots  de  Mon  ou  Mondokoro  qui  signifient  dessin,  mo- 
dèle, et  Shiriishi,  qui  signifie  marque.  On  distingue  Varmoirie  domestique  ou 
familiale,  qui  indique  la  parenté  de  celui  qui  la  porte;  il  est  à  remarquer 
(ju'anciennement  une  même  famille  pouvait  avoir  plusieurs  armoiries  de 
cette  sorte.  De  plus  il  existe  des  armoiries  secondaires,  qui  peuvent  èlredes 
différenciations  de  Tarmoirie  principale,  ou  ne  pas  lui  ressembler.  Ainsi 
le  collègue  de  M.  Lange  h  Berlin,  M.  Tsuji  a  pour  armoirie  principale  la 
figure  iO,  et  pour  armoiries  secondaires  les  figures  :2l-23,  dont  les  deux 
premières  sont  une  modification  de  l'armoirie  principale  ^ 

«  En  outre  des  armoiries,  dit  l'auteur,  chaque  famille  possède  en- 
core une  Hausmarke,  une  marque  domestique,  qu'on  désigne  sous 
le  nom  général  de  Shiruslii.  En  réalité,  ces  marques  ne  se  distinguent  pas 
des  armoiries,  dont  elles  ne  sont  qu'une  variante.  On  les  appose  sur  les 
vêtements  des  domestiques  ou  des  ouvriers.  On  peut  également  apposer 
sur  ces  vêlements  l'armoirie  familiale,  de  manière  à  bien  indiquer  leur 
appartenance.  C'était  la  mode  que  les  clients  inférieurs,  les  serviteurs  des 
daïmios  (seigneurs  féodaux)  eussent  tous  sur  leur  vêtement  la  marque 
dont  il  s'agit  •'.  »  Ainsi  le  collègue  de  M.  Lange,  M.  Tsuji  a  pour  sliirushi 
le  signe  de  la  figure  24. 

Quant  au  mode  et  à  l'époque  d'origine  du  blason,  M.  Lange  affirme  '* 
qu'on  sait  aussi  peu  de  chose  sur  ce  point  au  Jupon  qu'en  Occident.  On 
admet  d'ordinaire  que  les  armoiries  sont  dérivées  des  dessins  qu'ancien- 
nement (vers  l'an  1000)  on  brodait  sur  les  vêtements  de  cour  ;  mais  lous  les 
historiensjaponaisreconnaissentque  celte  moded'apposer l'armoirie surles 
vêtements  date  du  XI  v«  siècle  à  peine;  les  plus  anciennes  armoiries  représen- 
tées sont  celles  qu'on  voit  sur  des  voitures  impériales  conservées  k  Kyoto. 
V'oilà  pour  l'origine;  quanta  l'époque,  on  ne  saurait  prendre  au  sérieux  les 
récits  d'allure  légendaire  qui  placent  les  premières  armoiries  vers  l'an  900  ; 
et  M.  Lange  conclut  :  «  Il  semble  impossible  de  déterminer  à  quel  moment 
un  modèle  d'ornementation  {Muster)  qui  d'abord  a  été  employé  par  plusieurs 
est  devenu  le  signe  dislinctif  des  membres  d'une  seule  famille  ^  »  Posée 
de  cette  manière  la  question  est  en  effet  insoluble  :  car  elle  sous-entend  la 
dérivation  des  armoiries  d'après  un  motif  purement  ornementaire. 

Or  nous  avons  vu  que  l'autre  nom  de  l'armoirie  est  Sliirushi,  marque,  et 
que  par  shirushi  on  entend  aussi  plus  spécialement  une  marque  domesti- 


•  R.  LtiSGE.  Japonische   Wappen.  Mitloil.  Sem.    f.  Or.  Spraclien  zu  Berlin,   t.  Vt, 
4903,  pp.  63-281. 
'  R.  Lange,  hc.  cit.,  p.  69. 
»  Ibidem,  p.  73. 

4  Ibidem,  p.  78. 

5  Ibidem,  p.  79, 


A.   VAN  GENNEP.   —   IIKIIaLDISaTION  DE  L\  MAHOTE  DE  PROPRIÉTK  109 


111 


IV 


©©>•  r  © 


XIX 


XX 


\Xl 


xxn 


xx\n 


110  i««  jANviKit  1  <)(>:; 

(jiio.  D'après  ce  que  je  vous  ai  exiiosô  plus  haut,  cl  surtout  étant  donnée 
l'existence  de  la  marque  collective  de  propriété  dans  des  groupements 
non  répartis  en  classes,  et  se  trouvant  à  un  stade  de  développement 
éc()nomi(iucct  social  comparable  à  celui  des  anciens. Japonais,  on  se  trouve 
conduit  à  voir  dans  ces  marques  le  germe  des  armoiries  japonaises,  tout 
comme  elles  ont  été  le  point  de  départ  des  armoiries  turques,  allemandes, 
russes,  etc. 

.M.  Lange  donn;.-  lui-même  quelques  faits  qui  mettent  sur  la  voie  de 
cette  explication.  «.  L'écu  et  plus  tard  le  heaume,  le  cimier,  etc.  qui 
jouent  dans  notre  Blason  un  rôle  si  important  ne  sont  pas  des  parties  inté- 
grantes de  l'armuirie  japonaise  ;  le  bouclier  carré  japonais  a  parfois  été 
orné  d'une  armoirie  peinte,  mais  il  n'est  jamais  devenu  une  partie  essen- 
tielle de  l'armoirie  même  ';  bien  mieux,  anciennement  les  signes  et  dessins 
ne  se  trouvaient  même  pas  inscrits,  comme  ce  fut  la  mode  plus  tard,  dans 
un  cercle»'.  Il  semble  donc  que  primitivement  l'armoirie,  ou  ce  qui  en  allait 
bientôt  être  une,  s'apposait  telle  quelle  sans  encadrement.  En  outre  les 
nobles  n'étaient  pas  seuls  à  posséder  des  armoiries  :  les  paysans,  les  ar- 
tisans, les  marchands,  les  acteurs  et  les  geishas  en  possédaient  aussi.  Ou 
du  moins  ils  avaient  des  shi7-ushi,  des  marques  de  propriété  individuelles 
ou  domestiques.  Et  la  récrimination  de  l'historien  Yanagisawa  Rikyô  qui 
vécut  dans  la  première  moitié  du  XVIII*  siècle:  «  même  les  paysans  et  les 
citadins  ont  maintenant  des  armoiries  (mon)  et  font  de  leur  mieux  pour  en 
acquérir,  bien  que  strictement  ni  paysans  ni  citadins  n'y  aient  droit  ^  », 
doit  s'entendre  comme  ne  décrivant  qu'un  moment  du  processus  d'hô- 
raldisation  de  la  marque  domestique  *.  Son  caractère  ancien  de  signe 
d'appropriation  est  d'ailleurs  resté  à  l'armoirie  :  on  l'appose  sur  toutes 
sortes  d'objets,  sur  les  voitures,  les  armes,  les  harnais,  les  vêtements, 
les  maisons,  les  cassettes,  les  livres  (en  guise  d'ex-libris),  etc.  M.  Lange 
ne  parle  pas  de  la  portée  juridique  des  armoiries  et  des  marques  de  toute 
sorte  :  mais  nul  doute  qu'il  existe  dans  les  ouvrages  japonais  des  ren- 
seignements sur  cette  question  qui  mériterait  d'être  traitée  à  fond,  comme 
elle  l'a  été  pour  l'Allemagne  par  Homeyer. 

Jusqu'ici,  je  ne  vous  ai  parlé  que  de  marques  peintes,  brûléesou  gravées, 
soit  de  forme  géométriques,  soit  représentant  des  objets  naturels.  Mais  il 
est  d'autres  procédés  signalétiques,  l'un  des  plus  répandus  consistant  à 
entailler  l'oreille  des  animaux  appropriés.  Souvent  ce  procédé  est  employé 
concurremment  avec  l'autre  :  tel  est  le  cas  chez  les  Lapons,  les  Turcs, 
les  Arabes,  les  Sakalava,  etc.  Or  l'entaille  sert,  elle  aussi,  non  seulement 
à  assurer  la  propriété,  mais  encore  à  indiquer  le  rang  social  du  proprié- 
taire. 

'  Jbidem,  pp.  73-74. 
>  Ibidem,  pp.  77,  83-84. 

3  Ibidem,  p.  84. 

4  C'est  à  la  môme  conclusion  qu'arrive  M.  Gaudcfroy  Demombynes  dans  l'analyse 
qu'il  a  donnée  du  mémoiro  de  Lan^^e,  Matujues  des  Armes  ait  Japon,  Revue  des  Tra- 
ditions populaires,  t.  XIX  (1904),  pp.  81-8i. 


A.   Van  (iENNEP.   —   IlKltAr.DISATKiN  DE  I.  A  .MAlinlK  Dl:  l'Ilul'UlÉTÉ  MI 

C'est  ainsi  que  l'explorateur  Douliot  Mit  des  Sakalava  (qui  se  répar- 
tissent en  nobles  et  en  roturiers*)  :  k  Chaque  propriétaire  a  sa  marque 
conservée  depuis  des  siècles  dans  la  famille  comme  un  blason;  il  la  trans- 
met à  ses  héritiers  et  son  ancienneté  est  un  titre  de  noblesse;  c'est  une 
découpure  ou  une  échancrure  parfaitement  définie  comme  longueur  et 
composition;  il  y  aune  nomenclature  très  précise  des  formes  d'oreilles, 
constituée  par  des  termes  inusités  dans  d'autres  cas,  tout  comme  ceux  du 
blason.  » 

Ces  faits  suffisent,  me  semble-t-il,  pour  démontrer  la  polygénèse  du 
blason.  Partout  où  sous  l'inlluence  de  facteurs  variés  (économiques,  poli- 
tiques, etc.)  la  société  s'est  subdivisée  en  classes^  la  marque  de  propriété 
familiale  (ou  rfomps/Z^fM^)  a  pris  la  signification  d'une  armoirie;  dans  ce 
cas  le  vocabulaire  spécial  destiné  à  désigner  les  marques  simples  et 
leurs  combinaisons  a  ac([uis  le  caractère  d'un  langage  héraldique.  Il  me 
semble  donc  parfaitement  inutile  de  chercher,  comme  l'ont  fait  jusqu'ici 
les  héraldistes,  quel  a  été  le  centre  d'origine  de  notre  blason.  11  s'est 
développé  de  lui-même  en  partant  de  l'ancienne  marque  de  propriété 
dont  l'existence  nous  est  attestée  par  les  vieilles  lois  germaniques. 

Heste  la  question  des  emblèmes.  Ici  l'on  est  obligé  d'admettre  une  in- 
(luence  orientale,  à  la  fois  persane  turque  et  mongole.  Je  dis  influence  : 
car  ainsi  qu'il  est  arrivé  en  bien  d'autres  domaines  de  l'activité  humaine, 
les  Croisés  n'ont  fait  que  développer,  suivant  une  direction  plus  nette  et 
plus  compliquée  à  mesure,  une  institution  qui,  dans  sa  forme  primitive, 
leur  était  commune  avec  les  peuples  au  contact  desquels  il  se  trouvèrent 
pendant  les  (Croisades.  C'est  ainsi  que  sous  l'influence  des  Orientaux  les 
les  couleurs  qui  distinguaient  les  boucliers  germains  reçurent  un  sens  nou- 
veau et  des  dénominations  nouvelles;  de  même  les  signes  d'après  nature 
reçurent  une  interprétation  symbolique  nouvelle. 

Et  même  cet  usage  dont  parlent  Tacite  et  AmmienMarcelHn,  de  distin- 
guer les  boucliers  ne  singularise  pas  les  Germains  :  vous  connaissez  les 
boucliers  armoriés  des  Masaï,  des  Wadschagga,  des  Zoulous,  etc.  vous  savez 
que,  en  bien  des  régions,  les  boucliers  des  membres  d'un  môme  clan  sont 
ornés  du  même  symbole.  Et  voici  que  cette  question  des  rapports  de  la 
marque  de  propriété  familiale  et  du  blason  nous  amène  au  totémisme. 

La  représentation  du  totem  sert  chez  les  Amérindes  septentrionaux  h, 
la  fois  de  marque  de  propriété  et  de  signe  de  parenté  '  :  mais  c'est  à  tort 
qu'on  l'a  assimilée  à  nos  armoiries;  elle  n'est  pas  en  eiTet  une  indication 
de  noblesse  pour  cette  raison  que  la  répartition  en  nobles  et  en  roturiers 
ne  s'est  pas  instituée  dans  les  sociétés  amérindiennes.  En  Australie  l'uti- 
lisation de  la  représentation  du  totem  comme  marque  de  propriété  n'est 
pas  générale. 


'  DOULIOT.  —  Journal  rl'un   roi/atje  à  la  cnle  ouext  de  Madagascar,  Paris,   189», 
pp.  44  et  60-61. 
*  Cf.  A.  VAN  Gennei'.  —  Tabou  et  Tolémisme  à  Madat/axcar.  Paris,  1904,  p.  140. 
<  Cf.  J.  G.  Frazer    -  Le  Totémisme,  Irad.  fr..  Paris,  18!J3.  pp.  4o-'j7. 


112  \\)  jANviKu  v.m 

Pour  conclure,  on  constate  donc  le  fait  suivant  :  les  marques  de  pro- 
priété sont  lanlol  individuelles,  tantôt  collecliv.?s,  suivant  la  forme  même 
de  la  propriété;  et  parmi  les  marques  collectives,  il  faut  distinguer  la 
manjue  de  famille,  la  marque  de  clan,  la  marque  de  tribu  et  —  dans  le 
cas  où,  comme  au  Hénin  ',  le  roi  est  seul  propriétaire,  —  la  marque  du 
chef.  Celte  dernière  est  déjà  une  armoirie  proprement  dite  :  et  parmi  les 
autres,  seules  les  marques  de  famille  et  de  clan  ont  pu  être  le  germe  d'ar- 
moiries, lesquelles  ne  se  sont  établies  (jue  là  où  la  société  s'est  répartie  en 
classes.  Quant  à  la  marque  de  caste,  dont  l'usage  est  courant  dans  l'Inde, 
je  ne  sais  encore  si  elle  présente  un  caractère  héraldique. 

J'espère  vous  avoir  montré  par  cesquelques  Notes  quel  intérêt  présente 
l'étude  des  Marques  de  Propriété.  Môme  sur  cette  question  de  la  Marque 
et  du  Blason  il  reste  beaucoup  de  points  obscurs;  encore  est-elle  relati- 
vement facile  à  étudier.  Il  est  également  aisé  de  montrer  les  rapports  de 
la  Marque  et  du  Tabou  '.  Par  contre  l'étude  des  rapports  de  la  Marque 
avec  les  (ribal-tnarhs,  avec  les  différentes  formes  de  la  propriété,  avec  le 
totémisme,  avec  la  monnaie  primitive,  avec  les  divers  systèmes  alphabé- 
tiques, etc.,  est  assez  compliquée,  et  cela  surtout  parce  que  trop  rares 
ont  été  les  explorateurs  qui  ont  jugé  intéressant  de  dresser  des  tableaiîx 
vraiment  complets  des  marques  de  ce  genre  qu'il  leur  était  donné  de 
rencontrer,  et  d'étudier  la  portée,  au  point  de  vue  sociologique,  du  signe 
d'appropriation. 


EOLITHES  ET  AUTRES  SILEX  TAILLÉS 
Par  M.  A.  Thieullen. 


Vous  le  savez,  Messieurs,  ceux  d'entre  les  préhistoriens,  qui  ne  s'étaient 
pas  laissé  hypnotiser  par  Gabriel  deMortillet  et  sa  doctrine,  avaient  depuis 
longtemps  prévu  l'existence  certaine  et  inévitable  d'une  industrie  éoli- 
thique  ^  Le  grand  mérite  de  l'école  belge  et  particulièrement  de  M.  Rutot, 


•  Cf.  H.  LiNG  ROTH.  —  Great  Bénin.  Halifax,  1903.  passun. 

«  Cf.  entre  autres  le  chapitre  XI  (Tabous  de  Propriété)  de  Tabou  et  Totémisme  à  Ma 
dagascar, 

3  Lorsqu'eiï  1897,  dans  mou  premier  travail  sur  les  Véritables  Instruments  usuels 
de  l'âge  de  la  pierre,  je  tentais,  bien  inutilement  du  reste,  de  rompre  les  liens  dans 
lesquels  de  fau.v  prophètes  tenaient  la  préhistoire  enserrée,  j'écrivais  : 

«  Tout  d'abord,  constatons  la  réalité  d'un  fait  capital,  qui,  malgré  son  évidence, 
«  ne  paraît  pas  avoir  fixé  sur  lui  toute  l'attention  qu'il  mérite;  à  savoir  que  les  haches 
t  chelléénnes  que  nous  avons  l'habitude  de  considérer  comme  les  tout  premiers  ins- 
«  truments  que  l'homme  ait  façonnés  à  ses  débuts,  témoignent,  tout  au  contraire, 
t  par  le  fini  du  travail,  par  l'harmonie  de  la  forme,  d'une  civilisation  déjà  très 
i  avancée,  ou  tout  au  moins  très  éloignée  de  son  point  de  départ.  Ce  n'est  certaine- 
n  ment  pas  là  le  produit  d'une  industrie  élémentaire;  il  faut  bien  du  temps  et  les 
«  essais  successifs  de  nombreuses  générations,  avant  d'en  arrivera  ce  degré  de  per- 


A.   Tllli:ll.l.i:\.    —  KilI.ITIIK^  KT  AI'TURS  SII.EX  TMI.I.KS  \  \'\ 

est  d'avoir  rencoiilré  celle  iiuluslru' sans  mélange,  parafl-il,  dans  un  ler- 
rain  quaternaire  déposé  anléritiurement  au  diluviuni  de  Chi'll.'s,  décou- 
verte grosse  de  conséquences. 

Le  savant  géologue  i)eige,  conservateur  du  Musée  lluyal  d  luskuiv 
naturelle  de  Bruxelles,  vient  de  faire  paraître  un  travail  1res  inipoilanl, 
ayant  pour  litre  :  (^oup  il  d'il  sur  iùlat  des  connaissances  rclalioes  ati  r  iiulus- 
tries  dtf  ta  pierre,  à  l'exclusion  du  n'olilhique,  en  1903. 

Disons  de  suite  que  ce  coup  d'œil,  restreint  aux  éolilheset  aux  diverses 
pièces  classiques  paléolithiques,  n'embrasse  pas,  à  quelques  exceptions 
près,  cette  immense  variété  de  pierres  travaillées  par  l'homme  paléolilhi- 
(jue,  que  le  mailrc  Boucher  de  Perthes  avaient  su  reconnaître,  mais  (jui 
sont  restées  inaperçues  ou  méconnues  du  plus  graml  nomhre  des  préhis- 
toriens, ses  successeurs. 

Personne,  plus  que  moi,  n'admire  les  belles  collections  d'éolithes, 
réunies  au  Musée  lloyal  par  les  soins  de  l'école  belge,  et  dont  chaque  pièce 
porte  l'empreinte  irréfutable  de  la  main  d'homme.  Ce  sont  là  les  chaî- 
nons retrouvés  qui  relient  l'industrie  quaternaire  de  Chelles  h  l'industrie 
éolithique  des  temps  tertiaires  moyens  ;  mais  lorsque  M.  Rutot  passe  de 
l'exposé  des  faits  à  leur  interprétation,  lorsqu'il  qualifie  de  retouches 
d'utilisation  le  travail  humain,  il  quitte  la  réalité  pour  la  fiction,  nous 
présentant,  comme  faits  positifs  et  démontrés,  les  hypothèses  les  plus 
contestables  que  lui  suggère  son  imagination.  Les  détails  minutieux  dans 
lesquels  il  entre,  au  sujet  de  ce  qu'il  appelle  avivage  par  retouches  d'uti- 
lisation, semblent  dépure  fantaisie.  Sa  technologie  nouvelle,  qu'il  géné- 
ralise outre  mesure,  tend  a  substituer  un  rituel  nouveau  aux  anciens 
dogmes   classiques. 

Il  affirme  péremptoirement  que,  durant  le  nombre  incalculable  de 
siècles  écoulés  entre  le  miocène  et  la  fin  du  quaternaire  inférieur,  l'homme 
n'a  jamais  songé,  un  instant,  à  tailler  les  silex,  ni  a  leur  donner  une 
forme  intentionnelle  quelconque,  n'ayant  alors  a  sa  disposition  qu'un 
seul  et  unique  instrument,  le  grattoir,  choisi  parmi  les  éclats  naturels 
de  silex.  Puis,  après  s'en  être  servi  quelques  instants,  l'homme  aban- 
flonnait  sur  le  sol  ce  grattoir  ébréché,  devenu  inutilisable,  ou  bien,  à 
l'aide  d'une  pierre,   dite  retouchoir,  il  en  avivait  le  tranchant  altéré, 


«  fection.  Ces  piùcos,  si  remarquables  et  parfois  si  fragiles,  ne  sont  évidemment  que 
«  des  œuvres  de  choix,  qui  impli(iuent  l'existence  d'instruments  plus  rudimcntaires, 
€  d'usage  plus  courant,  de  fabrication  plus  m  la  portée  de  tous...  II  est  donc  sensé 
a  d'admettre  qu'à  l'ùpoque  des  haches  de  Ghellos  l'outillage  était  déj'i  très  varié.  » 
Bien  d'autres  préhistoriens,  comme  je  l'ai  appris  plus  tard,  avaient  fait,  avant  moi, 
la  même  constatation,  M.  Chouquet,  le  premier  explorateur  des  ballastiéres  de  Chelles, 
et  M.  Florentino  Ameghino  présentaient,  dès  1881,  à  la  Société  d'anthropologie,  dos 
observations  très  précises  à  ce  sujet;  de  même  M.  Del  vaux,  en  1888,  à  la  Société 
d'anthropologie  de  Bruxelles.  Dans  ma  lettre  à  M.  Chauvet  en  1898,  je  répétais 
encore  :  «  Non,  le  premier  outil  de  pierre  fabriqué  par  l'homme  n'a  pas  été  la  hache 
de    Chelles.   Non,  celte  piètre  taillée  n'a  pas  eu  les   destinations  diverses  qu'on  lui 

attribue.  » 

8 
soc.  d'anthhop.  iOÛo. 


lU  10    JANVIKH     l'JOo 

limilaiil  ainsi  son  travail  à  desiinjiles  rcloucliesd'utilisalion  plus  uu  moins 
renouvelées. 

Non  seulen)enl  les  dessins  qui  acconipagnenl  la  brochure,  publiée  en 
1892  par  Joseph  Preslwich,  sur  les  caractères  primitifs  des  instruments 
de  pierre  du  plateau  de  craie  du  Kent  \  démentent,  comme  vous  pouvez 
le  voir  ici,  les  assertions  de  M.  Uutot  ;  mais,  chose  tout  à  fait  inattendue, 
les  dessins,  que  M.  Uutot  luimôme  reproduit,  des  éolilhes  tant  miocènes 
du  Puy-Courny,  que  pliocènes  du  Chalk  Plateau  du  Kent,  du  Cromer 
forest-bed,  de  Saint-Prest  et  du  quaternaire  inférieur,  ainsi  que  les  déno- 
minations diverses  et  arbitraires  qu'il  donne  h.  ces  dessins,  contredisent 
formellement  ce  qu'il  vient  d'affirmer.  Ce  sont  :  Racloir  à  encoche,  racloir- 
rabot,  grattoirs  simples  à  encoches,  a  tranchant  transversal,  rectiligne, 
grattoir  très  bien  retouché,  pierre  de  jet,  pointe  racloir,  enclume,  retou- 
choir,  petit  perçoir  très  bien  travaillé,  polyèdre  grossièrement  taillé,  percu- 
teur taillé  sur  les  deux  faces  et  toute  une  série  de  ces  soi-disant  percuteurs  : 
pointu,  tranchant,  accommodé,  etc.  Que  la  pierre  soit  concave,  convexe^ 
rectiligne,  pointue^  etc.,  elle  est  quand  même  et  toujours  déclarée,  ou 
grattoir  naturel,  avec  retouches  d'utilisation,  ou  percuteur.  Cependant, 
puisque,  d'après  M.  Rutot,  l'homme  des  temps  éolilhiques  taillait  gros- 
sièrement un  polyèdre,  et  taillait  un  percuteur  sur  les  deux  faces,  il  devait 
donc  tailler  toute  autre  chose  quand  bon  lui  semblait. 

Mais  je  ne  saurais  mieux  faire  que  de  citer  le  texte  même,  afin  de  ne  pas 
m'exposer  à  dénaturer  les  idées  de  l'auteur. 

«  L'industrie  primitive  aux  temps  éolithiques,  écrit  M.  Rutot,  étant 
((  homogène,  semblable  à  elle-même  depuis  le  miocène  supérieur  jusqu'à 
u  la  fin  du  quaternaire  inférieur,  il  est  de  toute  impossibilité  de  dater, 
«  d'après  sa  composition  et  son  aspect,  l'une  quelconque  de  ces  industries, 
«  c'est-à-dire  si  elle  est  miocène,  pliocène  ou  quaternaire...  La  stagnation 
«  complète  de  l'industrie  éolitbique  a  di^i  vraisemblablement  dt'couler 
«  d'une  stagnation  semblable  de  la  mentalité,  et  elle  tend  à  faire  de  l'huma- 
«  nité  primitive  quelque  chose  de  comparable  à  ce  que  montrent,  de  nos 


1  Dans  les  Véritables  Instruments  usuels  de  l'âye  de  la  pierre  (décembre  1897) 
j'iii  donné  la  traduction  d'un  passage  de  celte  intéressante  brochure: 

«  Contrairement  aux  instruments  des  vallées,  ceux  des  plateaux  du  Kent  sont, 
«  d'une  façon  générale,  des  fragments  de  cailloux  roulés... 

«  Il  est  manifeste  qu'ils  sont  taillés,  puisqu'on  peut  les  classer  selon  certains  types 
(I  qui  sont  très  grossiers,  mais  qui  répondent  aux  besoins  d'un  peuple  très  primitif.  . 

a  Quelques  personnes  sont  disposées  à  voir,  dans  ce  travail  si  faible  et  si  grossier, 
«  le  fimple  résultat  d'éclats  causés  par  les  chocs  produits  pendant  le  Iranspoi't  du 
«  diluvium.  Cette  manière  de  voir  a  prévalu  un  temps,  mais  aujourd'hui  la  plus 
«  simple  pratique  montre  aux  yeux  exercés  la  différence  qui  existe  entre  ces  spécimens 
«  presque  informes  du  travail  de  l'homme,  et  les  cailloux  du  diluvium.... 

«  Il  est  bien  évident  que  la  plupart  de  ces  instruments  si  grossiers  ne  semblent  se 
.<  prêter  à  aucune  de  nos  classiflcations.  En  cfifet,  s'il  en  est  quelques-uns  plus  dis- 
«  tincts  pouvant  rappeler  les  types  de  Saint-Acheuî,  presque  tous  les  autres  sont 
«  plus  rudimenlaires  et  ont  un  cachet  parti?ulier  qui  leur  est  propre.  On  peut  les 
«  diviser  en  trois  groupes...  etc.,  etc.  » 


A.    Tllir.(  I.I.KN.   —  Kiil.rriIES  KT  AITIUCS  SII.KX  TMI.I.KS  1i") 

«  jours,  les  colonies  d'abeilles  et  de  fourmis,  ayant  des  mœurs  acquises 
«  satisfaisant  à  leurs  besoins  et  faisant  toujours  la  nnhne  chose,  .parce 
«  qu'il  est  inutile  de  changer... 

«  Nous  sommes  tenl('s  de  croire  (|ut'  riiouiinc  éi»lilhi(|ue  (Hait  enlière- 
«  renient  velu... 

«  Lorsqu'on  se  livre  à  des  essais  réels  d'utilisation  au  moyen  d'éclats 
«  de  silex,  on  reconnaît  bien  vile  que,  pour  gratter  ou  pour  racler,  rien 
«  ne  sert  mieux,  ne  produit  de  travail  plus  elïicaceque  letianchanl  naturel. 
u  Au  bout  de  quelques  minutes  d'utilisation,  le  tranchant  naturel  est 
«  émoussé  et  on  ne  peut  plus  en  tirer  de  besogne  convenable.  Dés  lors  ce 
«  tranchant  doit  être  avivé,  et  c'est  pour  opérer  cet  avivai/e  qu'a  été  ima- 
«  fjinèe  la  relouche...  Suivant  l'époque,  cet  avivage  est  obtenu  soit  au  moyen 
«  du  retouciioir,  par  percussion,  soit  par  d'autres  moyens  connus,  parmi 
H  lesquels  la  pression.  Or,  c'est  l'accumulation  des  retouches  d'avivage 
u  qui  a  été  confondue  avec  un  prétendu  travail  de  «  taille  »  préalable  à 
«  l'utilisation  '... 

»  Ouand  les  amateurs  rencontrent  de  pareils  instruments  a  retouche 
<(  d'avivage  peu  avancée,  ils  les  rejettent  en  déclarant  que  ce  sont  des 
«  déchets,  ou  des  outils  mal  réussis,  ou  des  ébauches.  Ce  sont  des  outils 
«  dont  l'utilisation  a  été  souvent  —  par  fantaisie  ou  par  absence  de  néces- 
«  site  —  moins  prolongée  que  chez  les  autres. 

«  D'une  manière  générale,  et  a  toute  époque,  un  outil  réputé  «  bien 
«  taillé»,  est  simplement  un  outil  bien  utilisé,  et  plus  un  outil  est  «  taillé  » 
M  plus  il  est  devenu  inutilisable  :  c'est  un  rebut. 

«  Les  grattoirs  éolithiques  sont  des  fragments  irréguliers,  dus  à  l'écla- 
«  tement  naturel,  dont  on  utilise  une  ou  plusieurs  arêtes  tranchantes 
«  et  qu'on  rejette  après  émoussage  de  l'arête  tranchante  utilisée;  ou  bien 
«  les  arêtes  émoussées  sont  retouchées,  et  cela  par  une  série  de  petits 
«  éclats  contigus  dont  l'ensemble  reconstitue  un  nouveau  tranchant. 
«  Celte  retouche  peut  avoir  été  opérée  une  fois,  deux  fois  et  même  jus- 
«  qu'à  cinq  ou  six  fois  sur  la  même  arête,  ce  qui  transforme  peu  à  peu 
«  l'angle  aigu  du  tranchant  en  un  angle  de  plus  en  plus  ouvert,  jusqu'à 
«  devenir  droit  ou  obtus... 

«  L'examen  de  milliers  et  de  milliers  de  pièces  h  tous  les  stades  d'utili- 
«  sation  nous  a  conduit  h  cette  conclusion  très  ferme  qu'en  général  ce  que 
«  l'on  considère  comme  a  la  taille  »  des  silex  n'est  que  le  résultat  de  l'accumula- 
«.  tion  des  retouches  d'avivage. 

«  La  nécessité  de  racler  et  de  gratter  se  manifeste  par  la  présence  de 
«  très  nond)reux  racloirs  ou  grattoirs  ingénieusement  déjà  très  spécia- 
«  lises,  bien  qu'il  ne  dérivent,  en  réalité,  (jue  de  simples  éclats  naturels, 
«  sommairement  accommodés  pour  la  facile  préhension  et  parfois  judi- 
«  cieusement  choisis... 


'  M,  Rutcit  nous  a  montré,  à  Bruxelles,  des  gral loirs  concaves  dont  la  concavilé- 
était  due,  selon  lui,  à  la  superposition  de  retouches  d'utilisation  cinq  ou  six  fois  répé 
tées,  et  non  à  la  recherche  intentionnelle  de  la  forme. 


WCy  VA  jANViEii  1905 

».  Que  puuvaii-nt  hicii  faire  les  populations  éolithiques  de  la  masse  de 
u  percuteurs  et  d'outils  h  racler  et  à  gialler  (jumelles  ont  délaissés  ?  » 

A  celte  interrogation  de  M.  llutot  je  réjTonds  :  racloir  et  grattoir,  ayant 
la  inème  fonction,  les  éolithes  se  résumeraient  donc  en  un  seul  et  unique 
inslriimont,  ce  (]ui  ne  paraît  résulter  ni  dos  probabilités,  ni  des  faits, 
comme  nous  l'avons  déjà  remarqué  plus  baut.  Percuteurs  et  retoucboirs 
ne  servaient  que  comme  pierres  à  préparer  lesdits  grattoirs  et  à  les 
aviver.  Tout  cela  ne  rappelle-t-il  pas,  à  s'y  méprendre,  la  fameuse  affir- 
mation de  (iabriel  de  Morlillet,  prétendant  imposer  la  bacbe  de  Chelles 
comme  premier  et  unique  instrument  fabriqué  par  l'homme  paléolitique 
à  ses  débuts;  outil  qui,  du  moins,  avait  l'avantage  platonique  sur  le 
grattoir  de  M.  Rulot,  d'être  baptisé  instrument  à  tout  faire? 

Si  les  lois  de  l'évolution  s'appliquent  à  tous  les  êtres  indistinctement, 
je  me  demande  de  quelle  nature  étaient  l'instinct  des  abeilles  et  celui  des 
fourmis  au  moment  où  le  cerveau  de  l'iiomme  présentait,  d'après  M.  Rutot, 
tant  de  similitude  avec  l'instinct  actuel  de  ces  bestioles. 

.Mais  reprenons  les  citations  qu'il  serait  utile,  ;i  mon  avis,  de  relire 
plusieurs  fois. 

«  La  transition  si  importante  et  qui  s'accuse  comme  une  des  modifica- 
«  lions  capitales  dans  la  mentalité  humaine  a  été  rencontrée  au  seul 
«  niveau  intermédiaire  existant  entre  le  cailloutis  à  industrie  mes- 
«  vinienne  et  le  niveau  à  industrie  chelléenne.  On  se  rappelle  que  celte 
k  modification  consiste  dans  l'adjonction  subite  à  l'industrie  éolithique 
«  composée  uniquement  d'outils,  d'instruments  à  faciès  agressif  et  même 
«  d'armes  obtenus  par  une  véritable  taille.  A  l'époque  de  l'industrie 
«  reutélienne  (éolithique),  il  est  certain  que  l'idée  de  débitage  inten- 
«  tionnel  des  rognons  n'est  pas  venue  dans  les  esprits  *. 

«  L'industrie  de  transition  du  Mesvinien  au  Ghelléen  comprend  à  la 
«  fois  des  outils  et  des  armes.  Or  c'est  la  première  fois  que  ce  mot 
«  apparaît. 

((.  Dans  notre  revue  de  tout  l'éulithique  actuellement  connu,  nous 
«  n'avons  jusqu'ici  rencontré  que  des  outils. 

«  L'arme,  c'est-à-dire  l'instrument  agressif  ou  défensif,  fait  entière- 
«  ment  défaut,  malgré  la  présence,  dans  réolithique,  de  la  pierre  de  jet 
«  qui  n'est,  probablement,  qu'un  instrument  de  chasse. 

«  Il  semble  donc  que  l'homme  de  la  transition,  tout  en  continuant  à 
«  utiliser  les  éclats  de  silex  comme  il  l'avait  fait  aux  temps  éolithiques, 
a  ait  abandonné  son  antique  mode  de  retouche  au  retouchoir,  pour  adop- 
«  ter  une  nouvelle  méthode  qui  parait  consister  dans  l'éclatement  par 
«  pression,  sur  os  probablement... 

«  Mais  peu  à  peu  une  branche  de  la  mentalité  humaine,  jusqu'alors 
«  non  développée,  s'est  attachée  à  l'appréciation  de  la  forme  extérieure, 
«  à  l'élégance  de  la  régularité  des  contours,  et  bientôt  les  rognons  de 


'  M.   Riiiot  oublie  qu'il  a   dessiné,  quelques  pages  auparavant,   des    percuteurs 
coliliques  taillés  sur  les  deux  faces,  des  polyèdres  grossièrement  taillés,  etc. 


A.    rilIKILLEN.  —  EUI.ITlirS   ET   AI  TRES   SILE\   TAILLES  I  I  i 

u  funnes  bizarres  cl  irréguliùros,  bien  qu'utilisables,  uni  élédélaissi-s.  Le 
«  choix  s'est  alors  porté  sur  les  rognons  aplatis  à  contour  naturellement 
K  ovale  ou  auiygdaloïde  et  il  s'est  établi  cunune  une  mode,  qui  n'a- été 
«  qu'en  s'aflirmant  dans  la  suite,  la  convention  d'après  laquelle,  sans 
«  (ju'un  y  trouve  en  réalité  d'avantages  spéciaux,  il  fut  admis  que  les 
«  formes  ovales  ou  amygdaloïdes  étaient  plus  harmonieuses  ou  plus 
«  commodes  à  la  préhension,  ce  qui  attira  sui-  elles  la  faveur  et  la  pré- 
ce  férence...  Mais  nous  sommes  loin  d'en  avoir  terminé  avec  l'industrie  de 
«  transition;  nous  avons  annoncé,  en  ellet,  qu'à  la  catégorie  des  outils 
«  s'ajoutait  celle  des  armes,  casse-téte  et  poignards.  Dans  la  lutte  du 
«  casse-lète,  les  coups  pouvaient  se  parer  sans  doute,  grAce  à  une  certaine 
K  habileté,  à  une  certaine  souplesse;  il  fallait  établir  le  corps  à  corps,  et 
«  c'est  dans  ce  but  que  le  poignard  semble  avoir  été  inventé...  Pourquoi, 
«  peut-on  légitimement  se  demander,  cette  invention  des  armes  qui  sem- 
«  blent  inconnues  jusque-là  '?...  Des  tribus,  se  voyant  presque  subi- 
te tement  privées  d'une  de  leurs  conditions  vitales  (le  silex),  se  mirent  à 
«  la  recherche  d'autres  gisements  de  cailloutis.  Quelques-unes  réussirent, 
«  mais  le  plus  grand  nombre  trouva  les  gisements  occupés.,  d'où,  pour  la 
«  première  fois,  choc  d'intérêt  pour  une  cause  primordiale  d'existence. 

«  L'équilibre  harmonieux  qui  permettait  aux  populations  éolithiques 
«  de  se  laisser  vivre  sans  chercher  ni  modifications,  ni  progrès,  fut 
u  rompu;  pour  la  première  fois  peut-être  il  y  eut  des  envahisseurs  et  des 
«  envahis,  des  assaillants  et  des  défenseurs  en  conflit,  avec  leur  triste 
«  cortège  de  brutalité  et  de  cruauté.  Chacun  dut  alors  s'ingénier  à  être 
a  le  plus  fort,  l'un  pour  l'attaque,  l'autre  pour  la  défense... 

u  (Certaines  tribus,  plus  fortes  ou  plus  heureuses,  connurent  ainsi 
«  l'ivresse  des  combats,  les  joies  de  la  victoire,  le  profit  du  pillage,  la 
«  considération  des  actions  d'éclat  et  de  la  puissance;  et  les  mauvais 
((  instincts,  accrus  par  le  désir  de  vengence  des  vaincus,  firent  de  rapides 
«  progrès'. 

«  C'est  une  grave  erreur  de  croire  que  la  pointe  mousléiMenne  et  même 
«  le  racloir  soient  des  instruments  fabriqués  avec  intention,  d'après  des 
K  vues  conventionnelles. 

«  C'est  l'utilisalion  rationnelle  de  l'éclat  par  la  méthode  qu'ont  employt'e 
«  les  populations  les  plus  primitives  qui  produit,  avec  l'aide  d'un  certain 
«  sentiment  de  régularité,  la  pointe  mouslérienne. 

«  Celte  pointe,  dans  sa  forme  la  plus  typique,  est  le  résultat,  sans  tour 
«  de  main  spécial,  d'abord  du  flébitage  intentionnel  de  rognons  de  silex 
«  par  percussion. 

«   Par  ce  moyen,  on  obtient  une  (luanlili'  d'éclats  de  toutes  formes. 


(«)  C.'Uiî  n-jrraiiou  pliilosopliiquc  et  (leàcii[)livc  pourra'.eiil  s'aiipliqiitT,  avec  plus 
do  vraisemblance,  h.  la  giiMTJ  riissoj  !  poniiso  acUicll '.  Qaatil  aux  armes,  on  a  tou- 
jours cru,  jusqu'ici,  qu'elles  avaient  existé,  sons  nue  forme  ou  une  autre,  (])ois. 
pierre,  etc  )  à  toutes  les  époques,  l'iiommc  ayant  élé,  dès  sa  venue  sur  la  terre,  dms 
la  nécessité  de  se  mettre  en  garde  contre  l'attaque  des  animau.x  dangereux. 


IIK  ii)    JX.NVIKH     lUO.") 

u  parmi  lesques  il  en  est  toujours  au  moins  un  quart  ou  un  tiers  présen- 
i«  tant  naturellement  et  pour  ainsi  dire  fortuitement,  la  forme  générale 
«  subtriangulairo  requise.  Ce  que  nous  venons  do  dire  est  si  vrai  que 
»  môme  au  Moustier,  pour  une  pointe  de  forme  typique  utilisée,  il  en 
(1  existe,  tout  autour,  des  quantités  de  non  utilisées,  à  bords  partout  tran- 
«  chants. 

II.  Pour  obtenir,  mémo  î\  l'époque  mouslérienne,  une  pointe  mousté- 
«  rienne,  on  ne  prenait  donc  pas  un  nucléus  d'où  l'on  détachait,  avec 
«  grands  soins  et  précautions,  une  lame  ou  éclat  avec  la  volonté  de  pro- 
ie duire  la  forme  d'éclat  désiré;  non,  l'ouvrier  prenait  un  rognon  de  silex; 
«  il  en  tirait  successivement  dix,  vingt,  trente  éclats,  sans  précautions 
a  spéciales,  puis,  dans  l'amas  d'éclats  gisant  sur  le  soi  après  le  débitage 
K  du  bloc,  il  recherchait  ceux  dont  la  forme  naturelle  semblait  le  mieux 
«  convenir  à  l'usage  et  au  mode  de  relouche.  Les  autres  éclats  étaient 
«  abandonnés  sur  le  sol  où  nous  les  retrouvons  intacts. 

«  Le  ou  les  éclats  choi.<^is  étaient  utilisés  tels  quels  sans  préparation 
«  aucune,  grâce  à  leur  tranchant  naturel,  bien  supérieur  à  tout  tranchant 
((  arlificiel;  mais  bientôt,  au  bout  de  quelques  minutes  de  travail,  la  partie 
«  utilisée  des  arêtes  étant  émoussée,  la  relouche  nécessaire  au  ravivage  des 
«  arêtes  s'imposait. 

«  Selon  la  nécessité  du  moment,  ou  le  nombre  d'éclats  convenables 
«  que  l'on  avait  à  sa  disposition,  la  retouche  pour  avivage  était  répétée 
«  deux  à  quatre  ou  cinq  fois  maximum;  après  quatre  ou  cinq  retouches 
«  d'avivage  successives,  le  tranchant  était  devenu  trop  obtus  pour  pouvoir 
«  être  utilisé  avec  fruit,  sans  compter  que  la  retouche  méthodique  et  régu- 
«  Hère  devenait  de  plus  en  plus  difficile  et  nécessitait  plus  d'effort.  La 
«   pointe  moustérienne  était  ainsi  produite... 

«  C'est  donc,  h  notre  avis,  basé  du  reste  sur  de  nombreuses  expériences 
«  personnelles,  uue  erreur  complète  de  croire  que  les  poinles  et  les  racloirs 
«  moustériens  —  ainsi  que  tous  les  grattoirs  et  racloirs  quelconques  — 
«  ont  été  fabriqués  inlcnlionnellement  par  «  la  taille  »  dans  la  forme  que 
((  nous  leur  voyons  actuellement  avant  usage.  Nullement,  c'est  l'usage  pur 
«  et  simple,  nécessitant  lu  retouche  d'avivage,  qui  est  la  cause  du  façon- 
«  nage  des  pièces  telles  que  nous  les  retrouvons,  toutes  les  pointes  dites 
«  moustériennes,  comme  les  racloirs  de  même  nom,  ne  sont  que  des  ins- 
«  truments  plus  ou  moins  utilisés,  selon  l'importance  des  retouches... 

«  En  réalité,  le  Moustérien  vrai,  au  lieu  d'être  l'industrie  la  plus  ré- 
«  pandue  partout,  comme  le  pensent  M>L  de  Mortillet  et  ses  successeurs, 
«  est  relégué  dans  le  centre  et  le  midi  delà  France. 

«  Peut-on  saisir  la  raison  de  ce  fait  si  étrange  à  première  vue?  Certai- 
«  nement. 

«  Nous  avons  vu  qu'en   Belgique,   une   diminution  très  sensible  de  la 

«  population  a  lieu  à  partir  du  Chelléen  et  ne  cesse  d'empirer  jusqu'à 

«  l'Acheuléen,  époque  à  laquelle  la  population  est  tellement  faible  qu'elle 

«  devient  négligeable,  avec  indice  de  disparition  prochaine  et  totale. 

«  Or  nous  avons  constaté  que  la  belle  phase  industrielle  acheuléenne 


A.    THIKI  I.I.K.N.    —    KOMTIIKS  ET  AITHKS  S1I,E\   TArt.L'CS  I  |!) 

K  concorde  avec  l'apogi^e  du  deuxième  glaciaire  (]ualt'rnaire  ;  de  là  ;\  coii- 
((  elure<|ue  c'est  à  la  fois  à  la  rigueur  du  cliui.it  et  aux  ddllcultés  île  la  vie 
»  qui  en  découlent  qu'est  due  la  disparition  drs  Acheuléens  en  Belgique 
a  et  en  Angleterre,  tout  au  moins,  il  n'y  a  qu'un  pas. 

u  La  calotte  de  glace  venant  du  nord,  les  Acheuléens  n'eurent  [)0ur 
«(  ligne  de  retraite  ([ue  la  direction  du  .sud.  Ils  éniigrèrent  dune  vers  le 
u  sud. 

«  En  résumé,  tous  les  silex  que  l'on  a  regardés  jusqu'ici  comme  tailles 
((  n'ont  cet  aspect  que  parce  qu'ds  ont  été  utilisés  préalablement  aux 
u  retouches  que  nous  leur  voyons,  retouches  destinées  à  rendre  ces  silex 
((  utilisables  à  nouveau,  mais  devant  fournir,  par  le  fait  de  ces  retouclies, 
a  un  travail  moins  complet  qu'antérieurement  à  ces  retouches.  .  .  . 
«  Aucune  découverte  d'os  travaillés  ou  même  utilisés  n'a  été  faite  dans 
«  les  gisements,  époque  du  Moustier. 

«  A  certains  moments  post-moustériens,  l'approvisionnement  des  silex 
«  étant  près  de  s'épuiser,  on  s'aperçut  sans  doute,  qu'à  la  rigueur  des 
«  fragments  d'os  pouvaient,  en  certaines  circonstances,  remplacer  le 
«  silex  rare  ou  absent.  Ce  fut  ainsi,  probablement,  que  l'usage,  d'abord, 
«  puis  le  travail  de  l'os  prirent  naissance.  » 

M.  Ilutot  sera  surpris  d'apprsndre  qu'il  aurait  pu  s'éviter  la  peine 
d'imaginer  cette  dernière  hypothèse  ainsi  que  les  considérations  ingé- 
nieuses sur  lesquelles  il  l'établit,  s'il  avait  regardé  au  Trocadéro  en  iîJOO 
notre  vitrine  collective,  dans  laquelle,  avec  le  D""  Ballet,  nous  avions  exposé 
une  douzaine  de  spécimens  d'os  taillés,  récoltés  par  nous  à  la  base  des 
alluvions  de  la  Seine  et  de  la  Marne,  c'est-à-dire  dans  un  milieu  où,  loin 
d'être  rares,  les  silex  se  trouvent  à  profusion.  Depuis  deux  années,  une 
demi-douzaine  de  ces  os  travaillés  sont  exposés  dans  la  vitrine  que  M.  le 
professeur  Stanislas  .Meunier  a  bien  voulu  mettre  à  ma  ilisposition  dans 
la  galerie  de  géologie  du  Muséum  (section  des  terrains  quaternaires). 

«.  D'une  manière  générale,  continue  M.  Rutot,  on  se  fait  une  idée  fort 
<c  inexacte  de  ce  que  l'on  appelle  «  la  taille  »  des  silex.  Par  suite  de  ce 
<(  qu'il  existe  dans  les  industries  les  plus  perfectionnées  quelques  formes 
«  d'instruments  dont  la  production  exige  réellement  une  véritable  «taille  », 
((  on  s'imagine  que  ce  principe  est  nécessairement  applicable  à  tous  les 
«  silex,  même  à  ceux  simplement  utilisés  des  industries  pi  imilives.  [I  n'en 
<i  est  rien,  et  l'étude  très  précise  et  très  détaillée  que  nous  avons  faite  de 
«  la  question  par  l'examen  de  milliers  et  de  milliers  de  pierres  à  tous  les 
<<  slades  d'utilisation,  nous  u  conduit  à  cette  conclusion  très  ferme  qu'en 
K  général,  ce  que  l'on  comidère  cominj  lu  «  tailL'.  »  dea. silex,  nest  que  le  résiiUal 
«  de  l'accumulation  des  relrouclies  d'avivaiie  dei  arêtes  pendunl  la  durée  de 
«  i  utilisation,  yos  anoHves  ont  donc  presque  toujours  uliiisé  de  pri'-fé- 
«  rence  —  à  toutes  les  époques  indistinctement  —  les  tranchants  naturels,  et 
«  ce  n'est  qu'après  émoussage  de  ces  tranchants  que  se  faisait  d'abord 
('  une  première  retouche,  suivie  d'une  deuxième  utilisation,  nécessitant 
«  elle-même  une  deuxième  retouche,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  la 


1-20  11»  j AN VI Kit  1905 

«  superposition  de  ces  retouches  ait  rendu  l'arête  désormais  inutilisable, 
«  apr(>s  quoi  l'outil  était  dédaigneusement  rejeté  sur  le  sol.  » 

Oue  de  détails  accumulés!  (l'est  ;\  ne  pas  croire;  cela  tient  de  la  révé- 
lation et  de  la  double  vue.  J'avoue  que,  malgré  la  répétition  incessante 
des  mêmes  idées  fixes,  les  assertions  de  M.  Hutot  ne  peuvent  m'entrer 
dans  la  tête. 

Aviver  et  réaviver  sans  cesse  le  tranchant  ébréché  d'un  éclat  naturel 
de  silex,  au  moyen  d'une  série  de  petites  entailles,  semble  être  un  procédé 
tout  au  moins  original.  Si  avivage  par  retouches  d'utilisation  superposées 
il  y  a  eu,  ce  que  j'ignoi'e,  ce  système  singulier  d'affûtage  n'a  du  être  usité 
qu'à  l'état  d'exception  et  non  de  règle  générale.,  comme  le  veut  M.  llutot; 
et  ce  qui  me  donne  à  penser  que  je  ne  suis  pas  seul  de  cet  avis,  c'est  que, 
assistant  dernièrement  h  une  conférence  sur  les  éolilhes,  je  n'ai  entendu, 
à  aucun  moment,  le  professeur  faire  la  moindre  allusion  à  la  technologie 
nouvelle  imaginée  par  M.  Rutot,  ni  parler  d'avivage  par  retouches  d'uti- 
lisation accumulées. 

Les  éolifhes  sont  simplement  des  rognons  et  des  éclats  de  silex,  à  peine 
dégrossis,  accommodés,  avec  un  minimum  de  tailles  rudimentaires,  aux 
besoins  inconnus  cl  [dus  ou  moins  limités  des  premiers  humains. 

Il  n'est  pas  rare,  toutefois,  de  rencontrer,  à  tous  les  stades  de  l'industrie 
de  la  pierre  taillée^  des  éolithes  mélangés  à  des  silex  mieux  façonnés. 
Rien,  en  effet,  ne  permet  de  supposer  qu'il  fût  interdit  de  pouvoir  tailler 
sommairement  des  silex,  autrement  dit,  de  fabriquer  des  éolitlics,  à  toutes 
les  époques  de  la  préhistoire,  même  à  celle  de  la  pierre  polie  ;  observation 
qui  s'applique,  cela  va  sans  dire,  à  toutes  les  autres  formes;  chelléenne, 
acheuléenne,  etc.  Chacun  de  nos  objets  usuels  n'est-il  pas  fabriqué  simul- 
tanément, tantôt  avec  plus,  tantôt  avec  moins  de  fini  dans  le  travail? 

Le  grand  mérite  de  M.  Rutot,  je  ne  saurais  trop  le  redire,  est  d'avoir 
pu  constater  la  présence  exclusive  de  ncolithes  dans  des  alluvions  quater- 
naires déposées  antérieurement  au  diluvium  de  Chelles.  Quant  aux  hypo- 
thèses géologiques,  climatologiques,  physiologiques,  sur  lesquelles  il 
s'appuie  comme  sur  des  réalilés,  disons  qu'elles  semblent  bien  fragiles, 
à  l'heure  où  les  géologues  les  plus  qualifiés  se  montrent  en  désaccord 
complet  sur  le  mode  de  creusement  des  vallées,  sur  la  façon  dont  s'est 
déposé  le  diluvium,  et  même  quant  à  l'existence,  plus  ou  moins  probléma- 
tique fréelle  ou  fictive],  des  soi-disant  époques  glacières,  interglaciaires, 
postglaciaircs. 

Deux  fois  nous  avons  surpris  M.  Rutot  en  flagrant  délit  d'erreurs  :  dans 
ses  appréciations  sur  les  pierres-figures  à  retouches  intentionnelles,  ainsi 
que  sur  les  causes  qui  ont  déterminé  l'utilisation  des  os  et  le  moment 
initial  de  leur  emploi.  Son  travail,  quoique  contenant  des  affirmations 
trop  absolues,  des  intciprétationg  souvent  imaginaires  et  certaines  idées 
préconçues,  est,  malgré  tout,  très  utile  h  consulter.  Les  causes  de  la  sta- 
gnation dans  laquelle  sont  demeurées  si  longtemps  nos  connaissances  en 
préhistoire  s'y  trouvent  très  judicieusement  déduites;  certains  faits 
exposés  présentent  un  grand  intérêt,  mais  ils  devront  être  sérieusement 


A.  TIIIKI  I.I.K.N.    —   Knl.nilKS  F.T  ALTriK>  SII,K\  TAII.LKS  121 

exaiiiitK's  sans  aucun  parti  pris,  alin  d'évit-r  le  reproche,  qu'ailresse 
M.  Rulot  lui-niiMne  aux  pn-historions  qui  ont  accepté  et  colporté  d.e  con- 
fiance les  assertions  de  (iahriel  de  Mortillct,  sans  s'être  donné  la  peine  de 
les  contrôler. 


Messieurs,  je  viens,  une  fois  encore,  insister  «levant  vo^is,  sur  celle 
quantité  vraiment  prodigieuse  de  vestiges  que  rhiunm.'  préhistorique,  au 
cours  de  son  exislencp  mille  et  mille  fois  centenaire,  a  laissés  de  son  travail 
lithologique  dans  les  alluvions  des  lleuves  et  dos  rivières. 

A  cette  recherche,  j'ai  consacré  plus  de  vingt  années,  et,  après  une  si 
Ionique  étape,  je  me  trouve  arrivé  au  seuil  d'une  voie  sans  fin,  sur  laquelle, 
si  nous  voulons  la  suivre,  nous  rencontrerons,  chemin  faisant,  les  témoins 
de  plus  en  plus  nombreux,  variés  et  insoupçonnés  de  cette  industrie  de 
la  pierre  taillée,  dont  l'origine  paraît  remonter  aux  dépôts  moyens  de 
l'époque  tertiaire. 

Le  (ih  11)10  (lisce  omnes  est  un  adage  souvent  t-  ompeur  qui,  d'une  excep- 
tion, tend  parfois  à  faire  une  règle  générale.  Une  femme  rousse  ne  fait 
pas  que  toutes  les  autres  femmes  du  même  pays  soient  rousses. 

De  ce  que  le  faciès  d'une  pierre  ébréchée  est  le  résultat  d'un  accident, 
il  ne  s'ensuit  pas  forcément  que  toutes  les  pierres  ébréchées  soient  acci- 
dentelles. Quelle  cause  a  brisé  ce  silex?  Il  faut  spécifier.  Gel,  choc,  fis- 
sures, sont-ils  susceptible?,  ensemble  ou  isolément,  d'enlever  ces  éclats 
plus  ou  moins  nombreux  qui  vont  parfois  jusqu'à  dépouiller  complète- 
ment le  silex  de  son  enveloppe  naturelle?  Le  temps  est  passé  où,  pour 
masquer  son  ignorance,  on  se  payait  de  mots,  en  invoquant  des  causes 
imaginaires.  Aujourd'hui  il  faut  préciser,  démontrer,  et  ne  pas  se  dérober. 

Elles  sont  diverses  et  multiples,  les  preuves  manifestes  de  l'intervention 
humaine.  Les  unes  dérivent  directement  de  l'aspect  de  la  pièce  elle-même, 
les  autres  résultent  de  déductions  que  des  observations  souvent  réitérées 
provoquent,  comme  je  l'ai  déjà  montré  à  propos  des  tragos,  des  silex  et 
calcaires  percés,  de  même  que  pour  certaines  formes  particulières  de  silex 
naturel  qui  ont  reçu  des  tailles  localisées  toujours  à  un  même  endroit, 
dans  un  but  nettement  déterminé,  etc. 

Mais,  il  faut  le  dire,  ces  remarques  n'intéressent  pas  les  théoriciens. 

Un  des  principaux  historiens  de  la  Pr.'diistoii-e,  m'écrit  :  «  Je  n'ai  jamais 
«  douté  de  l'existence  de  silex  taillés  et  utilisés  qui  ne  sont  pas  en  posses- 
«  sion  «  des  signes  classiques  »,  seulement  je  ne  sais  pas  les  reconnaitie 
u  et  ceux  qui  croient  les  reconnaître  ne  m'ont  pas  convaincu.  »  Autre- 
ment (lit  :  /'uisqitc  je  ne  sais  pas,  personne  ne  sauta  jamais;  donc  nen  a  /aiie. 
chercher,  c'est  perdre  son  temps. 

Ce  ne  sont  là  que  de  pauvres  prétextes  destinés  à  donner  le  change, 
afin  de  motiver  une  inertie  inexcusable. 

Que  de  choses,  au  premier  abord,  semblent  impossibles  à  qui  ne  veut 
ni  tenter,  ni  persévérer  un  certain  temps  :  lire,  écrire,  parler  une  langue 


m  111    JANVIKIl    l'JOo 

ôlrangèiv,  déchiffrer  IV'crilure  mu>ioaI(',  calculer  la  dislance  de  la  Terre 
au  Soleil,  prcVlirc  les  éclipses  à  jour  lixe,  h  l'heure,  à  la  minute,  etc.,  etc. 

Nombreux  sont  les  préhistoriens  qui  n'ont  des  yeux  que  pour  les  belles 
pièces;  le  reste  ne  les  intéresse  pas. 

Un  maître  es  pierres  taillées,  croyant  probablement  me  faiie  une  con- 
cession, se  contente  de  me  dire  qu'il  ne  repousse  rien  à  priori,  ce  qui  est 
prudent  mais  insuffi.sant  pour  faire  avancer  la  question  d'un  pas.  Tout 
différent  est  le  rùle  d'un  chef.  Celui  qui,  par  sa  situation  officielle,  a  le 
devoir  de  rechercher,  dans  l'étude  de  la  préhistoire,  autre  chose  que  des 
satisfactions  de  collectionneur,  n'attend  pas  patiemment  que  des  docu- 
ments nouveaux  viennent  le  trouver,  il  va  au-devant  et  prend  à  tâche  de 
les  découvrir,  de  les  reconnaître,  de  les  contrôler  s'il  y  a  lieu,  partout  où 
l'on  en  signale.  Nous  les  foulons  aux  pieds  ces  documents;  pour  les  sai- 
sir, il  suffit  de  se  baisser,  et  l'on  constatera  alors  que  les  vestiges  litho- 
logiques, laissés  par  l'homme  préhistorique,  sont  à  la  fois  innombrables 
et  variés:  mais  que  les  signes  classiques,  en  tant  que  témoignages  du 
travail  humain,  sont  l'exception  et  non  la  règle.  Tout  cela  est  l'évidence 
même  et  se  résume  en  un  seul  mot  :  Cherchez.  Mais  pour  le  moment, 
c'est  à  qui  se  dérobera,  et  ce  sont  précisément  les  plus  intéressés  à  se  ren- 
seigner qui  n'en  ont  cure.  Les  leçons  du  passé  ne  leur  ont  donc  rien 
appris?  L'homme  serait-il,  par  nature,  plus  sensible  à  l'erreur  qu'à  la 
vérité? 

Je  voudrais  maintenant,  Messieurs,  vous  remettre  sous  les  yeux  quel- 
ques-uns de  ces  silex  taillés  qui  existent  en  si  grand  nombre,  mais  que 
plusieurs  d'entre  vous  continuent  à  ne  pas  voir.  Tel  est  :  1°  cet  énorme 
croissant,  dont  certaines  tailles  sont  aussi  larges  que  la  main  et  qui  peut, 
grâce  à  une  taille  expressément  donnée  dans  ce  but,  être  posé  droit  sur 
sa  base;  particularité  remarquable  qui  du  reste  se  représente  assez  sou- 
vent sur  des  pierres  taillées  de  toutes  formes  ; 

2°  Ce  puissant  cùne  tronqué,  taillé  à  ses  deux  extrémités;  hauteur, 
33  centimètres;  diamètre  à  la  base,  12  centimètres;  poids,  10  kilos  envi- 
ron. Ces  cônes  tronqués  et  non  tronqués  se  rencontrent  en  grand  nombre 
et  en  dimensions  les  plus  extrêmes  dans  les  alluvions;  ils  font  partie  inté- 
grante du  matériel  lithologique.  J'ai  perché  mon  petit  oiseau  de  pierre 
sur  un  spécimen  de  ce  genre. 

Quant  à  cette  forte  géode,  les  bords  frangés  en  ont  été  nettement  tran- 
chés à  l'aide  d'un  procédé  que  je  ne  m'explique  pas.  Ces  trois  pièces, 
avec  beaucoup  d'autres  aussi  lourdes,  aussi  encombrantes  et  de  dimen- 
sion analogue,  ont  été  draguées  ;i  12  ou  l.j  mètres  de  prondeur,  au 
contact  de  la  craie,  dans  une  sablière  de  Billancourt,  ce  qui  est  loin  de 
donner  raison  aux  préhistoriens  qui  enseignent  à  tort  que  ces  populations 
paléolithiques  étaient  nomades. 

Je  dis  que  pour  trouver  les  vestiges  du  travail  de  l'homme  préhisto- 
rique, il  suffit  de  se  baisser.  C'est  ce  que  je  viens  de  faire,  en  passant 
dans  la  rue  de  Rennes,  transformée  pour  le  moment  en  chantier  du 
Métropolitain. 


A.   THIF.l  I.I.KN.    —    EOr.ITIlES  ET  AUTRES  SILEX   TAILLÉS  123 

Sur  un  tas  de. ballast,  j'ai  ramassé,  en  l'espace  d'une  vingtaine  de 
minutes,  ces  douze  ou  quinze  pierres  taillées  de  formes  diverses  :  haches 
ou  pointes,  silex  perct's,  cupules,  croissants,  elc  ,  etc.  Uemar(|uez  l'ana- 
logie, comme  forme  et  travail,  de  ces  deux  croissants  cordiformes,  dont 
l'un  est  paléolithique,  l'autre  néolithique;  on  les  croirait  contemporains  ; 
celui  qui  est  néolithique,  et  que  j'ai  recueilli  dans  la  vallée  du  (irand- 
Morin,  est  le  plus  grossièrement  taillé.  A  ce  propos,  voici  un  croissant 
cordiforme  qui  présente  le  plus  grand  intérêt,  au  point  de  vue  historique. 
Sur  une  minime  étiquette,  il  porte,  de  la  main  de  Boucher  de  Perthes, 
cette  précieuse  inscription  :  «  Al/b.  1S17,  dans  le  dilurium  suus  la  rue 
Millcroi/e  ».  Cette  pièce  du  diluviuin  de  la  Somme  est,  en  tous  points,  sem- 
blable à  l'une  des  formes  les  plus  fréquentes  que  je  rencontre  dans  le 
diluvium  de  la  Seine,  à  Paris  nuMiie.  et  partout  ailleurs;  vous  pouvez  en 
juger  par  ce  spécimen  qui  provient  de  la  rue  Locourbe,  carrière  du  Mam- 
mouth et  du  Ilenne. 

Les  silex  taillés  avec  encoches  tantôt  nalur<ile?,  tantiM  artilicielles, 
existent  en  quantité  énorme  ainsi  que  très  variés  de  forme  et  de  dimen- 
sion dans  les  diluviums  Ils  ont  probablement  été  utilisés  très  diverse- 
ment, si  l'on  en  juge  par  leur  faciès;  chez  les  uns,  l'encoche  est  coupante; 
chez  d'autres  au  contraire,  l'écbancrure,  souvent  simple  dépression 
naturelle,  est  mousse,  arrondie,  comme  destinée  à  polir,  à  lisser  et  non 
h  gratter  ;  vous  pouvez  en  juger  par  ces  échantillons.  C'est  là  une  de  ces 
fréquentes  constatations  que  seul  peut  arriver  à  faire  celui  qui  cherche 
sans  se  lasser,  certain  d'avoir  toujours  à  découvrir  (juelque  chose  passe 
d'abord  inaperçu. 

Quoique  peu  familiarisés  avec  ces  pierres  d'un  travail  plus  ou  moins 
rudimentaire,  vous  reconnaîtrez  sûrement,  chez  chacune  de  celles  que 
vous  avez  sous  les  yeux,  l'intervention  de  la  main  de  l'homme. 

Cette  dent  de  rhinocéros  a  cela  de  particulier,  qu'elle  provient  du  sous- 
sol  de  la  rue  de  Rennes  à  l'angle  de  la  rue  Coëtlogon. 

A  ces  spécimens  gros  et  moyens,  j'en  joins  une  centaine  d'autres  plus 
menus  et  quelques-uns  même  d'infiniment  petits;  car  dans  ma  collection, 
qui  est  peut-être  unique  en  son  genre,  j'admets,  sans  distinction  de  forme 
et  de  dimension ,  toute  roche  (silex,  calcaire,  grès,  granit,  etc.),  sur  Uuiueile 
je  reconnais  que  la  main  de  l'homme  a  laissé  son  empreinte,  si  faible 
soit-elle.  Presque  toutes  ces  petites  pierres  taillées  ont  été  récemment 
ramassées  par  moi  sur  la  voie  publique. 

A  quelques  rares  exceptions  près,  les  pièces  que  je  vous  soumets  ne 
portent  traces  ni  de  signes  classi(jues  ni  de  relouches  d'utilisation,  et 
cependant  toutes  n'en  sont  pas  moins  évidemment  travaillées  intention- 
nellement. 

La  préniéditalion  de  la  forme  à  donner,  ainsi  que  l'intention  apportée 
au  travail  elTectué  sont,  pour  ainsi  dire,  gravées  sur  chacune  des  pierres 
façonnées  par  la  main  de  l'homme  ;  ce  qui  n'exclut  ni  la  part,  toujours 
possible,  des  hasards  de  la  taille  dans  la  forme  obtenue,  ni  l'utilisation 
plus  ou  moins  ingénieuse  du  faciès  naturel  ou  accidentel  de  la  pierre 


124  i\)  j\Nvn:it   l'JOr; 

employée.  Tous  los  moyens  ôluiont  Ijuiis  pour  oljlenir  la  forme  désirée, 
ce  qui  n'empêche  pas  certains  procédés  d'avoir  été  pius  fréquemment 
usités. 

{Juc  si  maintenant  vous  me  demandez  à  quels  usages  particuliers  (soit 
comme  armes,  outils,  signes  conventionnels,  objets  de  culte  ou  de  fantai- 
sie, etc.)  étaient  destinées  ces  diverses  pierres  taillées,  grosses,  moyennes 
ou  petites,  je  vous  répondrai  franchement  que  je  n'en  sais  absolument 
rien,  sauf  pour  quelques-unes  que  j'ai  fait  connaître.  Aussi,  craignant  de 
prendre  un  fétiche  pour  un  outil,  et  un  oulil  pour  une  arme,  je  crois 
prudent  de  ne  désigner  toute  pièce  taillée  que  d'après  son  faciès,  pointe, 
lame,  biseau,  croissant,  etc. 

Est-il  possible,  par  exemple,  d'assigner  une  destination  tant  soit  peu 
satisfaisante  à  ce  cœur  si  remarquablement  façonné,  à  ces  petits  silex 
polyédriques,  rappelant  assez  exactement  les  formes  cristallines  du  dia- 
mant, à  ces  silex  en  olive,  partagés  intentionnellement  dans  le  sens  de  la 
longueur,  etc.  '. 

Il  est  vrai  que  je  ne  suis  doué  de  l'esprit  inventif  ni  d'un  Jules  Verne, 
l'auteur  populaire  de  romans  scientifiques,  ni  de  l'un  de  ces  préhisto- 
riens qui,  d'instinct,  ont  réponse  à  tout,  m.^.me  h  ce  qu'ils  voient  pour  la 
première  fois. 

On  a  dénommé  hache  de  Chelles  certaine  pierre  taillée  en  pointe,  n'ayant 
aucun  rapport  de  forme  ni  de  fonction  avec  notre  hache  à  laquelle  elle 
ressemble  comme  une  pointe  ressemble  à  un  disque.  Or,  la  voici,  la  vraie 
hache  de  pierre,  forme  ancestrale,  prototype  de  nos  haches  et  hachettes 
de  fer  ;  je  l'ai  ramassée  à  Paris,  rue  Lecourbe,  dans  la  carrière  du 
Mammouth  et  du  Renne. 

Un  fait  existe,  on  le  constate  ;  mais  les  causes  qui  lui  ont  donné  nais- 
sance nous  échappent  presque  toujours,  et  nos  hypothèses  pour  expliquer 
ces  causes  nous  éloignent  souvent  de  la  réalité.  Journellement  nous  en 
faisons  l'expérience  à  propos  de  faits  contemporains  très  simples,  au 
sujet  desquels  nos  conjectures  sont  généralement  erronées.  Combien  plus 
rigoureusement  cette  observation  s'applique,  lorsqu'il  s'agit  d'interpréter 

'  J'avais  l'intention  de  ne  présenter  aujourd'hui  que  les  plus  sauvages  d'entre  les 
pierres  taillées  de  ma  collection.  J'en  ai  été  détourné  par  des  amis  qui  prétendent 
que  je  risque  de  compromettre  les  résultats  en  cours,  si  je  soumets  ces  pierres,  qui 
exigent  quelque  attention,  à  des  collègues  qui  n'ont  pas  su  voir  ou  pas  voulu  regarder 
des  milliers  de  pierres  taillées  préalablement  exhibées  devant  eux,  et  dont  le  travail 
intentionnel  s'impose  à  première  vue.  J'ai  cependant,  à  tout  hasard,  apporté  une 
trentaine  de  petits  croissants  de  cette  catégorie  sauvage. 

Au  début  de  mes  recherc/ies,  j'étais  loin  de  soupçonner  que  Je  rencontrerais 
preuves  sur  preuves  de  l'intervention  de  la  main  humaine  dans  la  taille  des 
pierres  paléolithiques,  f 'ne  des  plus  inattendues  et  des  plus  démonstratives  de  ces 
preuves,  celle  que  mes  amùi  me  reprochent  de  ne  pas  rappeler  asses  souvent,  découle 
normalement  de  la  reproduction  exacte  des  formes  de  silex  taillés,  de  petite  dimen- 
sion, sur  d'autres  roches  de  nature  toute  différente;  répliques  infiniment  nombreuses 
en  calcaire,  mais  plus  rares  en  granit,  grès,  quart:  et  meulière.  Que  de  problèmes, 
insoupronnès  des  théoriciens,  surgissent  et  se  posent  nettement  à  l'esprit  du  chercheur 
affranchi  d'idées  préconçues! 


M.   HAllHill.N.  —  IiKC'Ul  VKIllK  11  I  N   MKMIIIt    I'mMIIK  SOl'S   I.KS  Dl'NES  1  ^rl 

des  faits  anciens  et  qui  se  sont  passés  dans  un  milieu  dilTérent  de  celui  où 
nous  vivons. 

Les  conclusions  prématurées,  basées  sur  des  documents  insuflisants 
ou  interprétés  trop  ;\  la  légère,  sont  les  pires  obstacles  aux  progrès  d'une 
science.  .Aussi,  le  rôle  des  préhistoriens  seuil)le-l-il  élre,  à  cette  heure, 
d'entasser  pierres  sur  pierres,  de  les  classer,  de  les  étudier,  de  les  com- 
parei"  sans  cesse,  avec  l'espoir,  que  de  ces  matériaux  accunmlés,  se  déga- 
geront peut-être  un  jour  certaines  lueurs  capables  d'éclairer  quelque  coin 
obscur  du  passé  mystéi'ieux  de  l'Humanité. 

.Mais  en  attendant,  ayons  au  moins  la  bonne  foi  et  le  bon  sens  de 
confesser  hautement  notre  ignorance,  sans  chercher  plus  longtemps  à  la 
dissimuler  sous  de  vains  propos. 


DECOUVERTE  D'UN    MENHIR  TOMBE  SOUS   LES  DUNES  ET  D'UNE  STATION    GALLO- 
ROMAINE  AUX  CHAUMES  DE  ST-HILAIRE- DE-RIEZ    Vendéei. 

Par  -M.  le  U'  MAncEL  BaudouIiN  {de  Croix-de-Vie). 

Découverte.  —  En  1902,  l'un  de  nos  excellents  amis  du  marais  vendéen, 
M.  Fromenly  (de  Challans).  nous  signala  que,  dans  lune  de  ses  propriétés, 
à  St-lIilaire-de-Riez,  il  avait  cru  remarquer  la  présence,  sous  le  sable 
d'une  dune,  d'ane  grosse  pierre,  en  un  endroit  appelé  le  Creux  d'Argent. 

Immédiatement  cette  dénomination,  si  caractéristique,  nous  suggéra 
l'idée  de  l'existence  en  ce  point  précis  d'une  pierre  à  légende,  dans  une 
contrée  où  aucun  vestige  mégalithique  n'avait  été  encore  signalé;  et  nous 
résolûmes  de  l'étudier  sans  plus  tarder. 

(juidé  par  M.  Fromenty,  dont  la  maisonnette  se  trouve  au  lieudit 
des  fJ haumes  (don[  le  nom  était  autrefois  trôsjustilié),  nous  nous  rendîmes, 
le  20  août  1902,  a  l'endroit  signalé,  correspondant  à  une  notable  dépres- 
sion du  sol  d'une  sapinière,  c'est-à-dire  à  ce  qu'on  appelle  une  (Jonche 
dans  les  dunes  d'Olonne,  entr'autres. 

L'aspect  des  lieux  nous  rappela  de  suite  la  ^onc/ie  Verte,  de  la  forêt  d'O- 
lonne, où,  l'année  précédente,  avec  notre  ami  G.  Lacouloumère,  nous  ve- 
nions de  découvrir  un  menhir  sous  la  dune  '  ;  et  nous  fûmes  bientôt  fixé 
sur  la  nature  de  la  trouvaille,  en  voyant  pointer,  sous  le  sable,  au  fond  de 
cette  conche,  le  bout  d'une  grosse  pierre,  (jui  nous  parut  être  en  grès.  La 
partie  visible  avait  une  largeur  de  1  m.  40  et  une  épaisseur  de  Cm.  50. 

Nous  nous  trouvions  très  probablement,  donc,  en  face  d'un  mégalithe 
nouveau,  caché  sous  le  sable  de  dunes  anciennes,  sur  lesquelles  avaient  été 
plantées  récemment  des  sapinières  assez  touffues. 

'  Marcel  Baudouin  ET  G.  r,AC0UL0UMÈRE.  —  Z,'»  Menhir  delà  Conche  Verte  dans 
les  dunes  de  la  Forêt  d'Olonne  (Vendée).  —  Ann.  de  la  Sor.  d'Emul.  de  la  Vendée, 
1901.  p.  60-10(3,  7  fifj.  Tiré  à  part,  in-8°,  La  Uoche-sur-Yon,  1902,  //>/. 


\-2i] 


i'.)   JANVIR»    1903 


Fouilles.  —  Deux  cultivateurs  du  voisinage  vinrent  alors  avec  leurs 
pelles  pjur  déga^ru'  la  pierre  et  fouiller  au  voisinage.  Mais,  avant  de  com- 
mencer tout  travail,  nous  pûmes  photographier  les  lieux,  de  façon  à  con- 
server un  document  scientifique,  fixant  leur  état  réel,  lors  de  notre  arrivée 
{F,;,.  1). 


f'ig.  i. 

Notre  épreuve  fut  faite,  comme  toujours,  à  un  point  cardinal,  en 
l'espèce  du  côté  Ouest,  le  seul  possible  et  utilisable,  en  raison  des  arbres 
plantés  dans  la  conche  et  de  la  forme  de  la  dépression,  inclinée  du  côté 
de  la  mer  *. 


1  Dés  le  début  de  1903,  nous  avons  reproduit  cotte  photographie,  sous  forme  d'un 
dessin  très  démonstratif,  dans  un  petit  article  spécial  sur  les  Repères  en  chronologie 


M.  beaudouin.  —  ntcoiVEitTr,  d'in  mknhiii  tomuk  sous  les  uunes       127 

11  fut  tit'S  facile  d'enlever  le  sable  do  la  dune  qui  élail  tombé  dans  la 
(•o»(7<'' L'I  qui  alleignait  plus  d'un  mètre  d'épaisseur  (1  m.  50  environ); 
puis  di'  dégager  la  pierre,  car  nous  savions  où  elle  se  trouvait,  grâce  à 
l'extrémité  qui  pointait  à  l'extérieur.  Et  on  constata  bientôt  qu'on  avait 
aiïaire  à  un  gros  bloc,  allongé,  reposant  horizontalement  sur  le  sol,  et 
manifestement  apporté  là  par  les  hommes. 

On  fouilla  alors  sur  les  quatre  côtés,  de  façon  ii  bien  l'isoler,  et  i  étu- 
dier les  parages  environnants.  Maison  ne  découvrit  alors  que  celle  unique 
grosse  pierre,  accompagnée  de  petits  débris  de  grès,  qui  ne  peuvent 
être  que  des  blocs  de  calaçie  d'un  mégalithe. 

La  face  inférieure  de  la  pierre,  un  peu  bombée  vers  l'ouest,  recou- 
vrait une  sorte  de  petite  excavation  du  sol,  connue  des  paysans,  et  cor- 
respondant, d'après  eux,  aune  fontaine,  où  l'on  trouvait  toujours  de  Teau 
excellente  à  boire,  dès  qu'on  creusait  un  peu. 

Gela  n'a  rien  d'extraordinaire,  car  ce  point  est  le  plus  bas  de  la  couche, 
et  partant  toujours  très  humide.  De  plus,  dès  qu'il  pleut,  évidemment  l'eau 
doit  se  collecter  dans  ce  trou,  sous  l'extrémité  delà  pierre.  Ce  qui  explique 
pourquoi,  en  fouillant  à  cet  endroit  précis,  les  gens  du  pays  en  rencontrent 
constamment,  en  dehors  de  la  saison  chaude. 

Une  fois  la  pierre  bien  dégagée,  il  nous  fut  facile  de  la  photographier 
en  place,  et  de  l'étudier  k  notre  aise. 

Folklore.  —  Mais,  avant  de  la  décrire,  il  importe  de  souligner  qu'avant 
notre  exploration  elle  n'était  connue  d'aucun  archéologue.  En  dehors  du 
propriétaire,  peu  de  gens  en  soupçonnaient  l'existence;  les  chasseurs  de 
lapins  seuls  de  la  région  l'avaient  entrevue  sous  le  sable.  Mais,  par  contre, 
presque  tout  le  monde  avait  entendu  parler  du  Creux  ou  Trou  d'arfjent, 
où  l'un  savait  trouver  toujours  de  l'eau  excellente,  dès  que  l'on  creusait 
un  peu;  et,  pour  tout  le  monde,  le  trou  correspondait  à  l'extrémité  ouest 
et  au  bord  méridional  du  bloc,  qui  est  dégagé  désormais. 

Mais  pourquoi  ce  trou  s'appclle-t-il  le  Creux  ou  Trou  d'argent'^  Tout 
simplement,  parce  que,  d'après  la  légende,  ce  trou  correspondait  à  une 
cachette  (placée  sous  la  pierre  sans  doute)  où  il  devait  y  avoir  un  trésor 
considérable. 

La  légende  ajoute  que  les  anciens  ont  cherché  bien  des  fois  ce  trésor; 
qu'ils  ont  alors  vu  la  pierre  (cachée  à  nouveau  depuis  par  le  sable),  mais 
qu'ils  n'ont  jamais  pu  trouver  le  bout  de  ladite  pierre!  La  vérité  est  qu'ils 
n"ontpas  cherché  à  en  mettre  la  base  aujour  (sans  ceh, ils  y  seraient  parve- 
nus aussi  vite  que  nous!),  parce  qu'ils  ont  eu  peur  de  travailler  h  côté 
d'un  tel  bloc,  pour  eux  entouré  de  mystère! 


préliislorique.  —  Marcel  Baudocin.  Les  Mérjalithes  des  dunes  comme  repère  de  chro- 
nologie préhistorique.  La  Nature,  Paris,  1903,  p.  40-41  3  fig.  Voir  p.  41,  fig.  37.— 
La  vulgaris.  scient.,  Paris,  1905,  lo  mai,  1  fig.,  p.  134.  -  De  plus,  nous  avons  cite 
ce  menhir  dans  plusieurs  de  nos  mémoires  antérieurs  [Allée  couverte  de  Pierre- 
folle  à  Commequicrs,  p.  79,  note  5;  etc.  etc]. 


1f>8  19  JA.NVIK»  190."> 

l'uiir  que  cotte  légende  existe  eiicuie  et  ail  persisté  jusqu'h  nos  jours, 
il  f;nit  (lune  qu'il  ne  s'a:j;isse  pas  là  d'une  |>ierre  naturelle,  d'une  simple 
pici  !•(>  (lu  sol  uièuie,  ou  niéiiic  d'un  l)loc  enaliqui'.  l*]n  N'endée,  en  elVel, 
il  n'y  a  guère  cpie  les  mégalithes  (pii  soient  la  hase  des  légendes  persis- 
tantes. La  conclusion  s'impose  :  il  ne  peut  s'agir  ici  que  d'une  pierre 
d'un  monument  de  répo(|ae  mégalithique;  et  nous  devrons  discuter  tout 
à  l'heure  sa  nature  prohahle,  après  l'avoir  examinée  sur  toutes  ses  faces. 

llidorique.  —  1"  D'après  ce  que  nous  a  raconté  M.  Fromenty,  le  Creux 
d'urgent,  comme  fontaine  à  eau  potable,  est  connu  de  mémoire  d'hommes, 
de  môme  que  la  légende  du  trésor  caché. 

Mais,  jadis,  et  il  n'y  a  pas  plus  de  vingt-cinq  ans  de  cela,  l'existence 
de  la  pierre  était  complètement  ignorcîe.  Elle  n'aurait  été  découverte  h 
cette  époque  que  par  le  père  Rondeau,  hahitant  du  voisinage,  lors  d'une 
recherche  qu'il  fit  au  Creux  d'argent,  pour  y  découvrir  le  trésor  en  question. 
On  raconte  qu'on  y  aurait  trouvé,  à  ce  moment  ou  depuis,  car  il  paraît 
qu'on  fouilla  plusieurs  fois,  des  pièces  de  monnaie,  au  niveau  du  point  oîi  se 
trouve  la  source  ;  mais  cette  donnée  est  sujette  à  caution  '. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain  —  et  c'est  ce  fait  qu'il  faut  surtout  retenir  au 
point  de  vue  scientifique  —  c'est  que  la  pierre  avait  absolument  disparu 
sous  le  sable  de  la  dune,  au  fond  de  la  conche,  et  qu'on  ne  l'a  remise  au 
jour,  c'est-à-dire  retrouvée,  qu'il  y  a  35  ans.  Mais  l'endroit  où  elle  se  trou- 
vait exactement  a  toujours  été  connu,  grâce  à  la  persistance  de  la  Légende 
du  Trésor.  C'est  exactement  ce  qui  s'est  passé  à  la  Conche  verte  d'Olonne  : 
ce  qui  prouve,  une  fois  de  plus,  que  les  «  légendes  »  sont  très  «  vivaces  »  et 
plus  durables  que  les  «  pierres  »  elles-mêmes,  puisqu'elles  subsistent  dans 
la  mémoire  des  hommes,  longtemps  après  la  disparition  des  monuments 
qui  leur  ont  donné  naissance! 

D'après  certains  renseignements,  que  nous  avons  eu  beaucoup  de  peine 
à  recueillir  etk  débrouiller,  mais  que  nous  ne  pouvons  nullement  garantir, 
les  paysans,  qui,  avec  celui  qui  fit  la  découverte,  virent  au  début  le  bloc 
du  «  Creux  d'argent  »,  prétendent  qu'ils  trouvèrent  la  pierre,  non  pas  hori- 
zontale et  couchée  comme  elle  l'est  actuellement,  mais^-^i  nettement  inclinée 
et  penché  du  côté  de  l'Est. 

Cette  donnée,  si  elle  était  exacte,  serait  forte  précieuse,  car  elle  indi- 
querait qu'autrefois  la  pierre  fut  dressée,  et  que  par  conséquent  c'est  bien 
d'un  menhir,  tombé  du  côté  de  l'Ouest,  comme  cela  est  presque  la  règle 
sur  les  côtes  de  Vendée,  qu'il  s'agit  ici. 

Malheureusement,  nous  le  répétons,  il  est  impossible  aujourd'hui  de 
contrôler  scientifiquement  ces  dires,  que  nous  n'avons  pourtant  pas  pro- 
voqués. 

2"  Nous  devons  ajouter  qu'à  la  fin  de  l'année  1904,  en  arrachant  des 
sapins  dans  les  Grandes  Chaumes,  c'est-a-dire  dans  la  pièce  même  oii  se 
trouve  le  Trou  d'Argent,  et  où,  en  1902,  comme  nous  le  dirons  plus  loin, 

i  Cela  n'aurait  rien  d'impossible  d'ailleurs,  si  du  moins  il  s'agit  de  pièces  modernes! 


M.  lurnariN.  —  Dicm  vkutk  d'in  micmiik  iomiik  sdi  s  les  di.nes  l2l) 

nous  avions  ilojà  découvert  des  ossements  liumninn,  M.  Fromenly  a  relrouvé 
de  nouveaux  ossements,  en  quanlil*'  considérable,  et,  non  loin  de  ces 
squelettes,  des  objets  divers,  d'après  une  lettre  du  1-i  janvier  l'JOSde 
notre  dévoué  correspondant. 

Situation.  —  Le  (heur  d'Aigcnt  correspond,  d'après  le  plan  cadastral  de 
la  commune  de  St-llilaire  de  Riez,  au  champ  ^2o.i,  section  C,  appelé  les 
Grandes-Chaumes,  dont  le  sol  est  une  dune,  plantée  actuellement  en  sapins 
et  formant  désormais  un  bois  important. 

11  se  trouve  presqu'au  centre  de  cette  pièce,  à  100  mètres  environ  à 
l'ouest  de  la  borderie  actuelle  des  Chaumes,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  l'ancienne  Cabane  des  Chaumes,  aujourd'hui  démolie,  qui  est  enclavée 
dans  le  n^  209,  avec  ses  dépendances,  les  parcelles  210,  21 1  et  212,  et  qui 
est  distant,  environ  de  Mo  mètres  du  Creux  d'Argent. 

A  l'époque  actuelle,  le  n°  233,  jadis  très  grand,  a  été  subdivisé  en  plu- 
sieurs lopins  de  terre;  mais,  pour  retrouver  la  pierre,  il  suffit  de  prendre 
l'allée  centrale  de  la  sapinière,  située  derriève  la  Chaumière,  dénomination 
actuelle  de  la  petite  maison  neuve  de  M.  Fromenly,  dont  la  propriété  s'ap- 
pelle aussi  les  Chaumes. 

Voie  d'accès.  —  Les  Chaumes  '  correspondent  à  la  partie  centrale  de  la 
commune  de  St-Hilaire  de  Riez.  Et,  pour  y  arriver,  de  la  gare  du  chemin 
de  fer  de  l'Etat,  il  suffit  de  traverser  le  bourg,  de  se  rendre  au  pont  de 
l'Arche  '  par  la  roule  de  St-Jean  de  Mont,  de  prendre  à  l'est  la  route  de 
N.-D.  de  Riez,  et  de  s'arrêter  en  face  de  la  borderie  des  Chaumes,  qu'on 
aperçoit  sous  les  arbres  sur  le  côté  nord  du  chemin,  après  avoir  passé  le 
groupe  de  maisons  dit  de  la  Fenêtre^. 

Altitude.  —  D'après  la  carte  d'état-major  et  la  nature  des  lieux,  l'alti- 
tude de  cette  région  ne  doit  pas  dépasser  5  h  6  mètres  au-dessus  du  niveau 
lie  la  mer,  car  la  cote  10  mètres  se  trouve  très  au  sud-est  de  la  Fenêtre;  et 
le  marais  voisin  n'atteint  pas  celle  de  3  mètres. 

*  En  dehors  des  Chaumes,  dont  nous  parlons,  il  y  a,  à  Saint-Hilaire  de  Riez,  un 
autre  lieu  dit  Les  Cliaume.t,  qui  se  trouve  au  nord  du  Bois  Juquaud,  dans  la  presqu'île 
des  Malles. 

*  Le  Pont  de  l'Arche  se  trouve  sur  l'ètier  qui  représente  l'ancien  bras  de  mer, 
séparant /'//c  de  Riez  Aq  l'Ile  de  Sion  (Saint-Hiiaire-de-Riez).  Cette  dénomination  fait 
snns  doute  allusion  à  l'existence  d'un  point  fortifié  (arx,  citadelle),  plutôt  qu'à  une 
«  arche  »  de  pont,  les  ponts  anciens  n'ayant  pas  d'arches  à  proprement  parler,  et  co 
pont  de  Riez  étant  relativement  récent  (Voir  :  Jobarl,  Archéol  ,  p.  110). 

3  Près  de  la  fenêtre,  il  y  a  une  fontaine;  c'est  la  plus  célèbre  dans  la  contrée  pour 
la  pureté  de  ses  eaux.  Elle  est  très  précieuse,  car,  dans  le  Marais,  l'eau  de  source 
potable  est  toujours  rare.  —  C'est  la  fontaine  de  la  Glnjeole,  dont  le  nom  sonne 
agréablement  à  l'oreille  et  dégage  un  indiscutable  parfum  de  »  limpidité  »l  Gela  tient 
sans  doute  à  ce  qu'elle  filtre  à  travers  un  sous-sol  formé  de  grès  siliceux  (Carrière  de 
la  F-'nètrej.  Cette  dénomination  rappelle  sans  doute  un  nom  populaire  de  plante 
aimant  l'huinislitè,  peut-être  une  Iridée  [car  //'/.v  spuria,  s'appelle  en  patois  du  Sud 
de  la  Vendée  :  Glajou.c,  et  on  connaît  h  Glaieul]  ci  sans  doite  Iris  psfudo-acorus, 
assez  commun  dans  le  Marais. 

soc.  D'ANTUnOP.  1905.  'J 


i30 


li>  JANVIKH  1905 


Description.  —  1.  Creux  d'Arc.knt.  —  Le  ^;jYMX(/'i4  ri^<'H/ est  une  conche  ou 
dépression,  1res  visible  sui'  la  pholoi^raphie  que  nous  en  avons  Jaite 
{Fig.  i),  située  aujourd'hui  uu  inilii'u  d'une  sapinière. 

dette  espèce  de  cuvelle,  qui  semble  creusée  dans  le  sol,  mais  est  natu- 
relle, forme  un  entonnoir  (jui  a  environ  o  à  G  mètres  de  diamètre,  à  la 
surface,  2  h  8  mètres  au  fond  ;  elle  est  profonde  d'environ  2  m.  50  à  3 
mètres,  suivant  les  points  considérés. 


Fil/.  i>. 


Son  intérieur  et  ses  talus  plus  ou  moins  éboulés  sont  plantés  déjeunes 
arbres,  qui  aiuKMit  I  humidité  (une  dizaine  de  peupliers,  etc.),  tandis  qu'au 
voisinage  ne  poussent,  sur  la  dune  aiidc,  que  de  maigres  sapins. 

Elle  constitue  donc  une  sorte  de  minuscule  oasis,  au  milieu  de  ce  petit 
désert  de  sable  qu'est  la  région  des  Chaumes,  dû  évidemment  à  l'existence 
souterraine  en  ce  point  d'une  source  non  jaillissante,  mais  qu'il  serait 
sans  doute  très  facile  de  mettre  complètement  au  joui*. 

Dans  l'hiver,  la  couche  est  entièrement  remplie  d'eau  et  Veau  recouvre  la 
pierredann  son  entier;  celle-ci  devient  donc  invisible  et  disparaît  pendant 
une  partie  de  Tannée  :  ce  qui  permet  presque  de  dire  que  l'on  a  là,  à  la 
fois,  un  mégalithe  de  dunes  et  un  mégalithe  submergé!  Cette  eau  provient 
en  partie  des  terrains  voisins,  car  la  conche  se  trouve  sur  le  versant 
ouest  de  l'Ile  (eau  d'écours),  en  partie  de  la  source  sous  jacente. 


il.  PiEiuiE  ELLE-MKME.  —  Actuellement,  après  avoir  été  bien  dégagée  des 
sables  qui  l'entouraient,  la  pierre  du  Creux  d'Argent  est  très  visible. 


M.   HAIDOIIN.   —  KKCiH'V'EnTE  u'i  N   .MKMIIIt  TtiMliK  SOl'S  LES  DL'NES 


\:\\ 


Klle  est  horizontalt'iiii-nl  [ilan'c  au  fond  du  trou,  d»'  ti-lli'  sorlf  ipn^  snu 
grand  axe  est  dirigi-  de  l'ouesl  el  à  l'est. 

(hi(')ihilion.  —  Si  c'est  un  menliir  lumljé,  elle  s'est  inidiiit'-i'  évideiuiin-nt 
vers  l'out'st,  eoniine  on  piétend  l'avoir  constaté  autr-efois,  avant  dtî  deve- 
nir liuri/oiitali'.  Dans  ces  conditions,  sa  l'ace  inférieure  actuelle  représente 
l'ancienne  face  nuest  et  la  supé'rieure  la  face  est. 

Il  ri'sulte  delà  (jue  redressée  la  pierre  avait  ses  arêtes  h  peu  près  nord- 
sud  :  ce  (|ui  est  d'ailleurs  ['urirnltition  d(î  tous  les  menhirs  de  la  contrée. 

Foniii'.  —  Sa  forme,  à  peu  près  régulière,  est  celle  d'un  parallélipipède 
allongé,  l'ar  conséijuent,  il  s'agissait,  là  encore,  d'un  menhir  aplati,  ou 
mi'uhir  plal,  comme  tous  ceux  de  roche  analogue  qu'on  rencontre  sur  les 
rives  de  l'ancien  golfe  de  Mont. 


Fi(j.[  3. 


j3:>  )*•  JANVIER  iQOî) 

Un  doit  donc  lui  di^'crire  deux  faces  :  supérieure  et  inférieure  ;  deux 
arêtes  :  nord  et  sud  ;  une  base  et  un  sommet. 

Face  siipcrieure.  —  C'est  prubîiblemenl  l'ancienne  faCe  est.  Elle  est  très 
visible  sur  nos  photographies,  qui  ont  été  faites:  l'une  sur  le  bord  de  la 
concheielle  donne  une  vue  d'en  haut);  l'autre  sur  le  talus  ouest  du  Trou 
d'Argent  i^ce  qui  donne  une  idée  de  l'arête  sud).  Elle  est  plate  et  sans 
aucune  particularité  (dépression  ou  saillie);  c'est  à  peine  si  vers  le  centre 
on  distingue  une  petite  concavité  {Fig.  3). 

Face  inférieure.  —  Comme  nous  n'avons  pas  soulevé  encore  le  bloc  avec 
des  crics,  nous  ignorons  la  véritable  conformation  de  celte  ancienne  face 
ouest;  mais  on  peut  en  soupçonner  l'aspect,  par-dessous  les  arêtes  nord^ 
etsud,  bien  dégagées,  et  surtout  au-dessous  du  sommet  (au  point  où  l'on  dit 
que  le  trésor  est  caché  !)  ;  car  là  nous  avons  creusé  et  mis  à  nu  une  partie 
de  celte  face,  où  nous  n'avons  rien  trouvé  à  noter. 

Arêtes.  —  L'arête  nord  est  bien  visible  sur  l'une  de  nos  photographies. 
Epaisse  et  arrondie,  elle  est  régulière  et  sans  encoche,  comme  les  autres 
menhirs  du  pays.  —  L'arête  sud  est  analogue,  quoique  plus  faible. 

Sommet  et  base.  —  Le  sommet  {Fiy.  3),  qui  est  bien  naturel,  mais  semble 
taillé,  en  raison  de  la  régularité  de  la  taille  qui  permit  de  l'extraire  de  la 
carrière  d'où  sort  le  bloc,  montre  de  façon  très  nette  que  la  roche  est  for- 
mée de  feuillets  superposés,  très  distincts  en  ce  point.  La  roche  est  de  co- 
loration brun  noirâtre,  au  niveau  de  la  partie  qui  a  été  de  longues  années 
exposée  à  l'air,  depuis  son  dégagement  il  y  a  quelque  vingt  ans. 

Il  n'y  a  rien  à  dire  de  la  base,  de  coloration  presque  blanchâtre,  qui 
forme  un  bord  arrondi  ;  elle  est  un  peu  rétrécie  (1  mètre,  au  lieu  de 
4  m.  40,  largeur  maximum). 

Dimensions.  —  Comme  la  pierre  est  désormais  toute  découverte,  il  est 
très  facile  d'en  mesurer  les  dimensions. 

Sa  longueur  maximum  est  de  2  m.  50,  sa  largeur  de  1  m.  40,  et  son 
épaisseur  d'environ  0,30 cm.  en  moyenne. 

Par  suite,  son  cube  est  le  suivant,  si  l'on  prend  la  moyenne  des  lar- 
geurs (1  m.  40  maximum  et  1  mètre  en  bas)  c'est-h-dire  1  m.  20  =  2.50 
X  1-20  X  0.50  =  1  me.  500. 

Comme  le  grès  qui  compose  la  roche  ne  doit  pas  avoir  une  densité 
supérieure  à  2.30,  le  poids  du  bloc  est  de  1.500  X  2.30  =  3.450  kilo- 
grammes, Il  n'atteint  donc  pas  3.300  kilogrammes. 

Pétrograpliie.  —  La  roche  constituante  est  un  grès  à  grains  fins  d'un 
aspect  un  peu  particulier,  presque  feuilleté  et  jaunâtre. 

I!  ne  s'agit  évidemment  pas  ici  d'une  roche  absolument  identique  à 
celle  des  menhirs  des  rives  du  Marais  :  ce  grès  n'est  pas  non  plus  le  même 
que  celui  qu'on  trouve  dans  les  environs  d'Apremont  et  dans  le  sud  de  la 
Vendée  maritime,  qui  est  grisâtre,  moins  grenu,  et  non  feuilleté.  II  présente 


M.   HAIDitllN.   —  DKCdlVKRTK  D  IN  MKNMin  TOMHK  SOUS  LES   Dl'XES  I  ;{;{ 

un  aspect  intermédiaire,  si  bien  qu'il  nous  e>t  impossible  de  soupçonner 
son  origine.  Ce  n'est  pas,  sûrement,  dugrès  de.Noirmoutier, dutypeàgros 
grains  ;  ce  n'est  môme  pas  une  roche  du  type  à  grains  très  fins,  c'est-à-diro 
du  type  de  celui  où  l'on  trouve  le  ahnlites  Sandet/dvnisis.  Autrement  dit,  ce 
grès  ne  ressemble  pas  aux  7>rs  tertiaires  qu'on  connaît  dans  le  pays. 

Il  n'est  pas  comparable,  d'un  autre  côté,  au  grès  dit  cénomnnien ,  par 
Walierant  ! 

Dans  ces  conditions,  il  nous  est  impossible  de  soupçonner  son  Age  et 
d'émettre  une  hypothèse  quelconque  sur  la  carrière  d'origine. 

Certes,  ces  réllexions  peuvent  suggérer  l'idée  qu'il  ne  s'agit  là  que  d'un 
bloc  erratique,  et  non  pas  d'une  pierre  apportée  en  ce  point,  c'est-à-dire  d'un 
mégalithe.  Mais,  cependant,  nous  ne  pouvons  admettre  cette  théorie,  en 
raison  des  faits  signalés  déjh,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  de  l'absence 
de  tout  autre  débris  de  grès  de  même  ordre  dans  toute  la  région,  à  notre 
connaissance.  Aussi,  si  nous  avions  à  émettre  à  tout  prix  une  hypothèse, 
nous  nous  rattacherions  aujourd'hui  *  à  celle  d'un  bloc  de  grès  des 
sables  Crnontaniens,  mais  à  une  pierre  provenant  d'un  autre  lieu  que  des 
sables  de  cette  époque  qu'on  trouve  dans  les  Chaumes. 

Géolof/ie.  —  Nous  avons  tenu  à  déterminer  exactement  la  nature  du  sol 
au  niveau  du  menhir.  En  creusant  un  peu  au  dessous  de  lui,  nous  avons 
trouvé  en  eiïet,  non  plus  le  sable  fin  et  clair  des  Dunes  quaternaires,  mais 
un  gros  sable  rouge  à  gros  grains,  qui,  pour  tous  les  géologues  locaux,  ne 
peut  être  qu'un  sable  cénomauienj  analogue  à  celui  qu'on  rencontre  dans 
le  voisinage,  soit  près  des  carrières  de  la  Chevalerie,  au  suddel'ancienne 
fie  de  Riez,  soit  sur  l'ancien  rivage,  c'est-h-dire  sur  la  route  de  Riez  à 
Commequiers.  Par  endroit,  ce  sable  est  un  peu  marneux. 

Cette  détermination  s'appuie,  en  outre,  sur  ce  fait  que  nous  avons 
trouvé,  au  cours  de  cette  fouille,  au  milieu  de  ce  sable,  des  rognons  de  grès 
jaunAtres,  toutà  fait  caractéristiques  comme  grès  cénomaniens.  L'un  d'eux 
ressemblait  même  tout  à  fait  à  une  boule  ovalaire,  ayant  6  mètres  de  dia- 
mètre ;  il  était  très  régulier  et  très  long  ;  un  autre,  très  allongé  et  cylin- 
drique, en  forme  de  boudin,  se  rapprochait  de  certains  appendices  qu'on 
voit  sur  les  «  pierres  cornues  »,  bien  connues  dans  la  contrée  comme  grès 
des  sables  rouges. 

.Afais  cette  couche  de  sable  cénomanien  doit  être  \\  très  épaisse. 
En  effet,  à  150  ou  200  mètres  au  sud  environ,  dans  la  pièce  sablonneuse 
de  la  section  B  située  au  sud  du  chemin  de  la  Noivière,  au  lief  de  la  Fenêtre, 
passant  en  dessous  du  n"  253,  section  C,  il  y  a,  à  fi  ou  7  mètres  de  ce  che- 
min, un  abreuvoir  assez  profond  (2  m.  50)  ;  le  fond  de  ce  trou  d'eau  est 
constitué  par  une  sorte  de  marne  blanchâtre,  qui  n'est  certainement  pas 
autre  chose  que  du  calcaire  décomposé  -,  très  tendre,  probablement  du  cal- 


1  Nous  avions  cru  jadis  à  un  gré  tertiaire  i Sature,  1903,  Loc.  cit.). 
*  C  Itc  sorte  de  suii.çtance,  qu'on  appelle  du  kaolin  et  de  la  terre  à  potier,  sur  les 
lieux  mômes,  Irailée  par  HGl  dégage  du  Co  -.  —  C'est  donc  bien  du  calcaire. 


i;U  -2  iKvniKii  100") 

caire  crétacé  (ot  non  pas  du  calt-airc  oocène).  Cela  n'a  rien  d'étonnant, 
il'ailleurs,  car  on  sait  que  vers  Couiineiiuicrs,  sous  les  sables  et  les  grès', 
jl  y  a  une  marne  calcaire  crétacée  ',  parfois  assez  épaisse  ^. 


IW  SEANCK.  —  2    FnTJcr   1905. 
Présidence  de  M.  Sébillot. 

Élections.  —  M.  Déchklette.  (^onservalour  du  Musée  <lo  lioaiine,  est  élu 
membre  titulaire. 

MM.  Cu.NMNGHAM,  prol'osscur  à  Dublin,  il  Holmes,  conservateur  en  chel  du 
Musée  national  de  Washington  pour  rAnlhropologie,  sont  nommés  associés 
étrangers. 

M.  I.\(;e.nole  Smith,  sous-Directeur  des  collcelions  anthropologiques  et  du 
Laboratoire  d'Antliropologie  au  Natural  Hislory  Muséum  de  New-York,  est 
nommé  correspondant  étranger. 

Commission  de  vérification  des  comptes  :  MM.  Gio\ a.netti.  (hRon.  Lejeixe. 
Commission  d'examen  de  la  bibliothèque  et  des  collections  :  MM.  Schmidt, 
Anthony,  Vauyillé. 


*  Il  y  a  un  gisement  important  de  grès  siliceux  (cénomaniens  saos  doute)  à  la  Fenêtre 
au  sud  des  Chaumes. 

2  Ch.  Mourain  de  Sourdeval  (Loc.  cit.  plus  loin)  a  écrit,  à  ce  propos,  cette 
phrase  très  peu  claire  (p.  165)  :  Le  centre  de  l'ile  «  sonjble  être  une  projection  d'argile 
ocreuse,  lancée  comme  une  fusée  par  le  diluvium.  qui  a  couvert  la  France,  en  dirigeant 
son  cours  de  l'Est  à  l'Ouest...  »  Eu  réalité,  celte  «  glaise  ocreuso  »,  qui  lormerail  la 
charpente  de  l'ile,  surtout  à  l'Ouest,  n'est  qu'une  marne  crétacée,  plus  ou  moins 
colorée. 

3  Si,  à  l'oucbt  de  l'ancienne  ilc  de  Riez,  on  voitalïluer  les  sables  calcaires  cénoma- 
niens, par  contre,  au  centre  de  l'ile  et  dans  sa  partie  orientale,  il  doit  y  avoir  un 
noyau  éocéne,  car  nous  avons  vu,  récemment,  extraire  d'une  pulite  carrière,  voisine 
de  la  gare  N.-D.  de  Riez,  et  actuellement  transformée  en  abreuvoir,  des  blocs  d'un 
calcaire  tendre,  analogue  à  celui  qui  constitue  le  sous-sol  de  tout  le  Marais  de  Mont 
et  que  G.  Vasseur  a  bien  étudié  dans  sa  thèse  (1881). 

Il  semble  résulter  de  là  que  le  di'pAt  de  calcaire  éocène,  recouvrant  les  terrains 
cénomaniens,  n'est  resté  qu'au  centre  de  l'ile  ;  il  a  disparu  à  l'ouest  d'une  façon  très 
complète.  Cette  disparition  est  peut-être  en  rapport  avec  l'effondi-ement  du  sol  et 
'arrivée  de  la  mer  à  un  moment  donné  en  ces  régions. 


M     MANOCVRIEH.   —  IIAPPORT  SUR  I.'aNXKE    iOOi  135 


RAPPORT  DE   M.   MANOUVRIER,  Secrétaire-général, 
sur   l'année    1904. 


Mi^ssioiirs  ot  diors  CoHéguos. 

Pondant  l'annco  qui  vient  de  se  lerniiner,  la  Société  a  très  régulièrement  et 
paisiblement  rempli  sa  fonction.  Son  travail  n"a  pas  été  inl'érienr  A  celui  de  la 
prospère  année  précédente.  Mais  il  ne  nous  en  iaul  pas  moins  déplorer,  comme 
tous  les  ans.  des  [terles  régulières  aussi,  hélas!  e(  qui  n'en  sont  pas  moins  dou- 
loureuses. 

La  mort  nous  a  enlevé,  en  1904,  six  ilo  nos  collègues,  dont  plusieurs  étaient 
des  plus  anciens  et  qui,  presque  tous,  ont  contribué  puissamment  à  sa  pros- 
périté. 

Le  plus  ancien  élail  !•'  If  A.  Hiici'aii,  un  ami  de  Hroca  et  des  plus  (idèles, 
entré  en  WVA.  On  ne  le  voyait  que  très  rarement  aux  séances  à  cause  de  ses 
fonctions  de  bibliothécaire  à  l'.Vcadémie  de  Médecine.  Mais  on  était  sûr  de  le 
voir  malgré  tout  aux  séances  du  Comité  central  chaque  fois  que  surgissait  une 
difljculté  demandant  l'intervention  des  vieux  consi'illers,  de  ceux  dont  le  dévoue- 
ment et  lexpérience  nous  présentaient  le  maximum  de  sécurité.  Après  avoir 
été  longtemps  notre  bibliothécaire,  puis,  en  18^,5,  notre  président,  il  était  resté 
bibliothécaire  honoraire,  mais  ce  n'était  point  pour  se  reposer.  Ce  membre 
qu'on  ne  voyait  iu'csque  jamais  était  un  des  plus  actifs  pourtant.  Car  c'était 
lui  qui,  bénévolement  et  avec  une  ponctualité  louchante,  se  chargeait  de  ré- 
diger les  tables  annuelles,  analytiques,  de  nos  Bulletins.  El  nous  savons  tous, 
pour  en  avoir  [irofité  bien  souvent,  quelle  conscience  et  quelle  com[)étence  aussi 
apparaisscnl  dans  fcs  tables.  Klles  étaient  pré[»arées.  on  le  voit,  avec  le  sen- 
timent d'un  èrudil  qui  connaissait  bien  l'importance  de  sa  tAciie  nWht  à  la 
fois  aux  auteurs  consultés,  aux  investigateurs  consultants,  aux  leclours  ordi- 
naires, à  la  Société  d'.VnIhropologie,  à  la  science  par-dessus  tout,  tiu  jimt  dire 
que  c'est  là  une  jolie  lâche  pour  un  nulhropologislc  ayant  quelques  loisirs.  La 
place  de  notre  regretté  Dureau  parmi  nous  est  à  prendre  et  nous  espérons 
bien  qu'il  se  trouvera  un  de  nos  collègues  pour  s'en  emparer  généreusement. 

A  la  grande  perle  sur  laquelle  je  viens  d'insister,  parce  qu'elle  s'est  produite 
pendant  les  vacances  et  que  personne  fl'entre  nous  ne  se  trouvait  là  pour  rendre 
à  la  mémoire  du  If  Dureau  Ibommage  que  nous  lui  devions,  s"<'sl  ajouté  le 
décès  du  Marquis  de  .\adaillac,  celui  d'un  ancien  Président  .Vndré  Lcfèvrc  et 
d'im  ancien  Secrétaire-général-adjoint,  («irard  de  Kialle.  Encore  trois  anciens  : 
1869,  1874,  1864...  et  trois  noms  qui  honoraient  grandement  notre  annuaire. 
Mais  notre  Président  sortant,  M.  Deniker  a  déjà  rappelé  leurs  mérites  en 
exprimant  les  profonds  regrets  que  nous  causent  des  perles  aussi  dillicilcmenl 
réparables.  .Ii-  dirai  seulement,  à  propos  de  Girard  de  Ftialle,  que  la  Société 
apprenait  sa  mort  presque  en  même  temps  fju'elle  le  nommait  vice-Président 
pour  l'année  présente.  Il  était  sur  le  point  «le  revenir  en  France  et  de  travailler 
avec  nous  après  être  resté  longtemps  au  •IbiJi  comme  ministre  plénipotentiaire. 

Nous  devons,  il  me  semble,  garder  vacante  jusqu'à  la  fin  «le  l'année,  la  place 
de  vice-Président  que  lui  ont  justenuMit  attribuée  les  unanimes  suffrages  de  ses 
collègues.  Nous  avons  d'ailleurs  un  deuxième  vice-Président.  M  llaveluy,  dont 
la  présence  ne  nous  fait  jamais  défaut. 

Un  cinquième  décès  est  à  rappeler  en  dernier  lieu,  parce  que  c'est  celui  du 


136  2  FKVPiEH  1905 

monibre  l»>  moins  ancion  imrnii  les  disparus,  le  D""  Alban  Foiirnicr.  Ce  «  moins 
ancien  »  parmi  nos  regrotlés  confrères  faisait  rependant  partie  de  la  Société 
depuis  26  ans  et  lui  est  resté  fidèle,  malgré  son  éloigncment  de  Paris,  jusqu'à 
la  fin. 

Les  exemples  de  ce  genre  sont  i^i  noter  Imimi  (juils  ne  soient  jias  rares,  car 
ils  font  honneur  à  InSoeiélé.  Ils  montrent  i\\u^  des  membres  très  éloignés,  em- 
pêchés par  leurs  occupations  professionnelles  ou  par  toute  autre  cause  de  se 
livrer  à  des  travaux  de  recherche,  n'en  trouvent  pas  moins  quelque  satisfaction 
inlellectuelle  et  morale  ù  rester  membres  titulaires.  Ces  membres  apportent,  en 
summe,  une  sérieuse  contribution  i\  l'avancement  de  la  science  anthropologirjue, 
autant  par  linlérêt  qu'ils  lui  témoignent  que  par  le  concours  jjécuniaire  indis- 
pensable et  à  la  longue  important  qu'ils  lui  fournissent. 

Dans  les  sociétés  scientifiques  ouvertes  comme  la  nôtre  à  un  nombre  illimité 
de  personnes,  il  y  a  naturellement  des  membres  de  passage  en  quebjue  sorte 
dont  la  liste  se  renouvelle  trop  rajjidement.  Mais  il  y  a  aussi  un  vieux  fonds 
composé  de  membres  qui,  au  delà  et  au-dessus  dequehiues  avantages  personnels, 
ne  perdent  point  de  vue  un  intérêt  général  auquel  ils  peuvent  s'honorer  à 
juste  titre  de  rester  attachés.  La  qualité  de  vétéran  n'implique-t-elle  pas,  à  elle 
seule,  un  ensemble  de  qualités  d'esprit  que  l'on  sait  reconnaître  dans  notre 
société  comme  dans  toute  association  scientifique? 

Cela  n'aurait  pas  besoin  d'être  dit  si  chaque  année  (|uelques  membres  trop 
modestes  ne  se  croyaient  tenus  de  démissionner  parce  qu'ils  ne  peuvent  plus, 
disent-ils,  participer  activement  aux  travaux  ou  assister  aux  séances  de  la 
société. 

En  1904  le  nombre  des  démissions  s'est  élevé  à  7.  II  a  été  heureusement 
dépassé  par  celui  des  admissions  nouvelles,  au  nombre  de  8.  Mais  en  raison 
des  décès  mentionnés  plus  haut  le  minime  accroissement  obtenu  l'an  dernier 
se  trouve  remplacé  cette  année  par  une  légèi'e  diminution  du  nombre  des 
membres.  C'est-à-dire  que  nous  sommes  toujours  dans  cette  période  de  faibles 
oscillations  dont  je  ne  vois  rien  à  dire,  cette  année,  de  particulier. 

Cependant,  au  sujet  de  l'influence  que  peut  avoir  sur  le  recrutement  de  notre 
société  la  formation  de  nouvelles  sociétés  scientifiques  s'occupant  de  ques- 
tions connexes  avec  lAnthropologie,  une  constatation  semble  d'ores  et  déjà  être 
possible  à  propos  d'une  de  ces  sociétés  qui  fut  regardée  par  quelques  uns,  à 
son  récent  début,  comme  devant  enlever  beaucoup  de  membres  à  la  nôtre. 

Nous  savons  aujourd'hui  que  cette  influence  a  été  tout  juste  perceptible.  La 
raison  en  est  qu'entre  le  Préhistorique  et  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris 
existent  des  relations  d'évolution  en  commun  et  des  liens  créés  par  des  services 
mutuels;  ensuite,  que  cette  union  n'a  été  le  résultat  ni  de  la  fantaisie  des  gens 
ni  du  hasard.  Elle  est  résultée  de  rapports  et  de  nécessités  d'ordre  logique, 
par  conséquent  supérieurs  à  toute  convention.  Logiquement  et  scientifiquement  le 
présent  et  le  passé  de  l'humanité  sont  liés  comme  l'avenir  au  présent. 
On  a  toujours  compris  cela  dans  notre  Société  et  l'on  n'y  est  pas  près  de 
l'oublier.  C'est  pourquoi  les  paléthnologucs  se  sentent  chez  eux  et  sur  leur  vrai 
terrain  à  la  Société  d'Anthropologie. 

A  propos  de  cette  liaison  nécessaire,  la  Société  apprendra  certainement  avec 
plaisir  que  la  conférence  Broca  sera  faite  en  1905  comme  en  1904  par  un 
éminent  confrère  de  province.  M.  Chantre  traitera  sans  doute  de  l'Ethnologie 
égyptienne  ancienne  et  moderne.  Ses  recherches  très  considérables  sur  cette 
matière  viennent  d'être  exposées,  il  e§t  vrai,  dans  un  superbe  ouvrage,  mais 


M.   MANi»!  VHIKR.    —   IlAl'PORT  SUU  l'aNNKE   1004  137 

lo  livre  cl  la  conférence  se  coraplèlenl  mutuellement,  et  la  conférenci'  Broca 
de  1905  sera  comme  celle  de  M.  Cartailhac  un  événement  lienienx  |,oiir  le 
public  parsien. 

Pour  la  conlërenee  transformiste,  nous  avions  compté  sur  un  sav.mt  iinato- 
miste  également  éloigné  <le  Paris,  M.  li^  Professeur  Testut.  Notre  dévoué 
collègue  a  été  empêché  par  l'état  de  sa  santé,  mais  nous  espérons  que  ce  motif 
no  tardera  pas  à  disparaître. 

Il  me  reste  à  parler.  Messieurs,  du  détournement  commis  au  préjudice  de  nos 
linaneos.  Les  membres  de  la  Société  en  ont  été  informés  {)ar  le  rapport  de  la 
Commission  annuelle  île  vérification  dos  Comptes.  Le  travail  ordinaire  de  celte 
commission  tirée  au  sort  a  dû  être  remplacé  celte  année  par  une  expertise  appro- 
lonilie  ordonnée  par  le  Comité  central  et  laite  par  un  comptable  spéeialiste  ap- 
partenant i\  la  Société  générale  de  crédit,  dépositaire  de  nos  fonds.  Lerapportde 
la  connnission  ayant  été  expédié  aux  membres  par  son  rédacteur,  avant  même 
(favoirété  imprimé  pour  le  Bulletin,  cette  irrégularité  regrettable  a  fait  conce- 
voir à  des  collègues  de  province  des  inquiétudes  qu'il  importe  de  dissiper. 

Les  détournements  conimis  par  notre  comptable,  et  qui  duraient  depuis 
plusieurs  années,  consistaient  en  une  mise  en  coupe  réglée,  pour  ainsi  dire,  des 
économies  réalisables  parla  société,  mais  seulement  de  ces  économies.  Anodins 
autant  que  chroniques  ils  étaient  pratiqués,  en  outre,  si  adroitement,  qu'aucune 
des  multiples  vérifications  statutaires  très  régulièrement  prises  r:liaque  année 
contre  de  tels  accidents  n'a  réussi  à  nous  protéger. 

Comment  un  trésorier  dont  les  hautes  capacités  financières  égalaient  la  solli- 
citude, comment  les  commissions  annuelles  tirées  au  sort  et  dont  les  vérifica- 
tions étaient  contrôlées  strictement  par  un  expert  professionnel,  comment  ce 
triple  contrôle  n'nboutissail-il  qu'à  dos  compliments  à  l'adresse  de  l'agent  infi- 
dèle ?  Il  a  fallu  un  heureux  hasard  pour  nous  l'apprendre. 

Pour  s'apercevoir  du  vol,  et  aussi  pour  le  prévenir,  il  eut  suffit  de  ne  pas  con- 
sidérer comme  authentiques  certaines  écritures  qui  étaient  fausses;  tout  sim- 
plement !  Le  malheur,  c'est  qu'il  est  moins  facile  d'être  perspicace  à  temps  que 
de  faire  après  coup  des  réflexions  aussi  judicieuses  que  la  précédente.  Après  les 
aveux  explicites  du  coupable  contrôlés  par  un  expert,  il  n'est  pas  malaisé  de 
spécifier  la  précaution  précise  qui  eût  empêché  le  vol  d'être  commis...  de  la 
façon  dont  il  a  été  commis.  Mais  si  vous  avez  longtemps  affaire  avec  un  larron, 
vous  finirez  toujours  par  être  volé.  Celte  remarque  fort  juste  émane  d'un  de 
nos  collègues  instruit  à  ses  propres  dépens;  elle  me  semble  comme  elle  a  semblé 
au  Comité  central  devoir  être,  en  cette  affaire,  le  vrai  mot  do  la  fin. 

En  somme,  la  Société,  qu'on  le  sache  bien,  reste  financièrement  prospère. 
Pour  employer  une  expression  commerciale  elle  n'a  pas  cessé  d'être  fort  au- 
dessus  de  ses  affaires,  et  ce  n'est  point  une  diminution  sans  gravité  de  ses 
avances  pécuniaires  qui  l'empêchera  de  se  maintenir  à  la  hauteur  de  son  rôle 
6cienlifi(pie. 


138  -    KKVIIIEH    lOOo 


RAPPORT   DE  W.   HUGUET,  Trésorier. 


Messieurs, 

J'ai  l'honnour  de  vous  soumetlre  l'exposé  de  notre  situation  financière 
pour  l'année  expirée  le  31  décembre  1904. 
Je  crois  devoir  la  résumer  en  trois  tableaux  présentant  : 

Tableau  A.  —  Les  opérations  financières  de  l'exercice  1904. 
Tableau  B.  —  L'inventaire  de  notre  avoir  à  la  fin  de  ladite  année. 
Tableau  C.  —  Budget  de  prévision  pour  l'année  1905. 

Tableau  A. 

RECETTES 

Ordinaires  : 

Droits  d'admission 240     » 

Rachats  de  cotisations 700     » 

Cotisations  antérieures 630     »  ] 

—  exercice  1904 6.210     »  î     6.870     » 

—  —       1905 30     »  ) 

Recouvrements  de  tirages 77  80 

Vente  de  publications  à  la  Société 291  65 

—                 chez  Masson 940  90 

Souscription  de  l'Etat 1.000     » 

Intérêts  des  fonds  placés 93  05 

Bénéfices  divers 17  95 

Arrérages  de  valeurs 2.947  50 

Extraordinaires  : 

LegsAudiffred 1.548  05 

Total  des  recettes 14.726  90 


DEPENSES 

Ordinaires  : 

PrixFauvelleà  M.  Rabaud 500 

—    Godard  à  M.  Huguet 350     »  1  ^nn 

Mention  h  M.  Niceforo 150 


A  reporter 1.000     » 


(tAl'lMiUT    ItK  M.    limiET,  THKS<iUli:i{  139 

JirporI      ..."...  1.000     D 

Frais  g/'iKTaux  : 

Appoinlemenls  et  y;ralilicaliMns 1.974  UO 

AHranchissemenls ^*^8  90  i 

Chauffage 243  55  ' 

Eclairage ^"  30        3,890  05 

Papeterie 295  60 

Frais  de  bureau.  —  Entrelien 404  2o 

Frais  d'encaissement  et  droits  de  garde    .     .  115  55 

Augmentation  de  la  collection 66     » 

Dépenses  pour  le  mobilier 67     » 

Achats  de  livres  (bibliothèque) 248  65 

Frais  de  publication 4.132  3o 

E.rtranrdi)i(nn'S  : 

lléfeclion  (lelasalle 549  60 

Expertise  de  la  comptabilité «^00     » 

.\chal  di"  roiintmic '^0      " 

Total  des  dépenses 10.303  65 

Nos  ressources  de  toute  nature  se  sont  élevées  à     .     .      .  14.726  90 

Nos  dépenses  ont  été  de 10.303  6B 

Ce  (jui  (liiiitie  un  excédent  de  recettes  de     .     .      .  4.423  25 
qui  ajouté  à  notre  avoir  disponible  au  l"""  janvier  1904  : 

1"  Réserve  disponible 9.199  44  j  ^^  ^^^^  ,.^ 

2"  Provision  pour  prix 2.750  30)         " 

(limiic  un  total  di<i)onible  de 16.372  99 

De  cette  somme  il  y  a  lieu  de  déduire  : 

\"  Le  montant   du  détournement   (pour 

solde) 9.290     «  j 

2"  La  cai)ilalisalion  du  legs  Audiffred     .       1.548  05  f    ^   r^-^-^  ^- 
3"  La  capiLalisalion  des  droits  d'admis-  i 

siôn  et  de  rachats 535  52  ) 

(le  qui  ramène  le  reliquat  libre  à     ....         4.999  42 

Représenté  par  : 

Réserve  disponible 1.415  42 

Provision  pour  prix 3.584     » 

Tableau  />'    —  Bilan  au  31  décembre  1904 

ACTIF 

Encaisse  : 

Espèces  entre  les  mains  du  trésorier    .     .     .  515  68 

Fonds  placés  à  la  Société  Générale.     .     .     .  5.945  79 

Créance  sur  MM.  Masson  et  C» 940  90 

A  reporter .     .     .  7.402  37 


UO  2    FKVUIEU    11)05 

%or/    ....       7.402  37 
Porlofouille  :  (Prix  d'achat). 

Valeurs  disponibles.     .     .         45.0'J3  01)     / 

—     non  disponibles    .         51.780     »     j     ^^^-^^'^  0'*     104.275  40 

P.^5.M1' 

Capital  : 

Fonds  destinés  aux  prix 51.780     » 

Droits  d'ailmission 5.430  95 

Rachats  de  cotisations 10.700     » 

Dons  et  legs 14.072  90 

Réserve  : 

Disponible 1.415  42 

Capitalisée 8.289  24 

Mémoires  à  payer 2.402  95 

Provision  pour  prix  h  distribuer 3.584     »     104.275  40 

Tableau  c  —  Budget  de  prévision  pour  l'année  1905 

KECETrKS 

Droits  d'admission 300  » 

Rachats  de  cotisations 000  » 

Cotisations 6.800  » 

Vente  de  publications  h.  la  Société  ....  300     » 

—                  chez  Masson  .     .     .     .          900     »  1.200  » 

Souscription  de  l'Etat 1.000  » 

Arrivages  de  valeurs  de  Bourse 3.135  » 

Intérêts  de  fonds  placés  et  bénéfices  divers 50  » 

Total  des  recettes  prévues 13.085  » 

DÉPENSES 

Prix  Fauvelle 2.000     » 

—  Godard 500     » 

Frais  généraux  : 

Appointements 1.700  » 

Affranchissements 700  » 

Chauffage  et  éclairage 250  » 

Papeterie 150  » 

Frais  de  bureau 125  » 

—  de  recouvrements 125  «         3.050     » 

Bibliothèque  et  Collections 500     » 

Publications,  impressions 4.000  » 

Reliure  et  gravure 800     »        4.800     » 

Travaux  d'entretien  et  réparations.     . 300     » 

Dépenses  imprévues 200     » 

Total  des  dépenses  prévues.     ,       11.350     » 
D'où  il  repsort  un  excédent i .  735     ' 


ItKRTHOLON.    —  S'OtES  SI'R  I.K  >iiM   liK  MM  ItKS  l-il 

M.  IIkrvk  olTre  à  la  Sociéli'  le  poitrail  d'Abel  llovulacque,  ancien  Prési- 
dent de  la  Société,  ancien  Directeur  de  l'École  d'Anthropologie,  (jui  par 
ses  travaux  si  nombreux  et  si  remarquables,  mérite  une  place  parmi  les 
savants  dont  la  Société  conserve  fidèlement  la  glorieuse  méindiri,'. 

M.  Ilir.iET  présente  des  photographies  sur  la  maladie  du  sommeil. 


note  sur  le  hom  de  i  maures  » 
I'ar  m.  lk  I)""  Bertholon. 

Les  divers  auteurs  qui  ont  recherché  l'étymologie  des  noms  africains 
ont  généralement  fait  fausse  route.  En  efTet,  quelques-uns  hypnotisés  par 
le  fait  historique  de  la  fondation  de  Carthage  ont  tout  voulu  expliquer 
par  le  phénicien.  Sous  ce  rapport,  Bochart  n'a  pas  été  surpassé.  D'autres 
auteurs  ont  pensé  que  le  langage  berbère  moderne  pouvait  leur  donner 
la  clé  de  l'étymologie  de  ces  noms  anciens.  De  paît  et  d'autre  l'erreur  est 
la  même.  La  population  de  l'Afrique  du  Nord  a  été  sémitiséeà  une  période 
relativement  récente  par  la  conquête  arabe.  Primitivement,  elle  n'était  pas 
sémitique.  Ce  n'est  pas  de  ce  côté  qu'il  faut  faire  des  recherches.  Ce  n'est 
pas  non  plus  du  côté  du  berbère,  car  le  berbère  est  une  langue  plutôt 
moderne.  Elle  est  née  à  la  suite  du  contact  du  monde  libyen  parles  con- 
quérants arabes^  de  même  manière  que  l'anglais  s'est  formé  après  la 
conquête  normande,  par  l'action  du  français  sur  le  saxon.  Or  on  ne  sau- 
rait expliijuer  avec  sûreté  une  langue  antique  au  moyen  d'un  dialecte 
moderne,  comme  le  berbère. 

Pour  ne  pas  procéder,  d'une  façon  aveugle,  dans  l'interprétation,  il  fau- 
drait commencer  par  établir  la  place  du  libyen  et  de  son  dérivé  très  altéré 
le  berbère,  dans  les  grands  groupes  linguistiques.  Bien  des  hypothèses 
ont  été  émises  à  ce  sujet.  Nous  ne  les  discuterons  pas  ici. 

Au  lieu  d'hypoihèse,  nous  avons  interrogé  l'histoire.  Celle-ci  nous 
apprend  (jue  de  nombreuses  tribus  ont  passé  d'Europe  ou  d'Asie  mineure 
en  Libye.  Les  documents  de  l'ancienne  Egypte  mentionnent  ces  faits 
d'une  façon  indubitable.  Le  folk-lore  de  la  Grèce  épique  permet  égale- 
ment de  se  rendre  compte  que  le  souvenir  de  ces  grandes  migrations 
proto-historiques  avait  persisté  dans  le  monde  hellénique.  La  classifica- 
tion des  légendes  ayant  trait  à  la  Libye  nous  a  fait  reconnaître  des  cou- 
rants venus  de  divers  points. 

1°  Courant  venu  del'Argolide  (Mythes  d'Io,  Danaos,  Perseus,  Acacallis) 
de  17Û0  à  1380  environ  avant  notre  ère. 

2°  Courant  venu  de  Thessalie  (Aristaïos,  Kyréné,  ïeutamos,  Jason)  de 
1330  environ  à  1280,  avant  notre  ère. 

3"  Courant  thraco  phrygien  (Tliymoïtes,  épopées  homériques,  Tyr 
senos,  compagnons  d'Hercule  de  Salluste,  .\mazones  libyennes  (1200  k 
1000  av.  notre  ère). 


442  -2  vh-MKH  190") 

J'ai  exposé  dans  un  ouvrage  spécial  ces  sources  historiques  *.  Puisque 
le  Nonl  de  rAfri(|ue  a  été  con(|uis  par  des  tribus  émign-es  des  deux  rives 
de  la  mer  Kgée,  il  était  lugi(jiit'  de  supposer  (|ue  ces  trihus  avaient  imposé 
leur  langue  avec  leur  domination.  Des  recherches,  dans  ce  sens,  ont 
confirmé  ce  raisonnement.  L;i  langue  des  anciens  habitants  de  l'Afrique  a 
un  fond  apparenté  de  très  près  avec  les  dialectes  helléniques.  Ce  fond  est 
fort  appréciable,  comme  je  l'ai  démontré,  dans  les  dialectes  berbères  con- 
temporains. Plus  on  remonte  vers  les  temps  anciens,  plus  l'influence  hel- 
lénique devient  prépondérante,  dans  le  langage  de  l'Afrique. 

Ces  données  permettent  de  fixer  avec  une  certaine  certitude  l'étymologie 
des  noms  de  Maure  et  de  Berbère  que  M.  Atgier  le  premier  a  entrepris 
d'élucider  dans  sa  communication  récente  à  la  Société  d'Anthropologie 
et  après  lui  M.  Bloch. 

Dans  maM?T,  il  est  inutile  de  chercher  d'autre  élymologie  que  le  grec 
{laùpo;,  noir  :  c'est  une  appellation-  basée  sur  la  pigmentation  des  tribus 
asservies  par  les  immigrants  à  peau  claire  —  les  Tahennous  des  Egyptiens 
—  envahisseurs  du  pays. 

D'ailleurs,  leS|jiaûpot  proprement  dits,  n'étaient  pas  les  seules  tribus  à 
peau  foncée  du  .Nord  de  l'Afiiquc. 

On  connaît  des  Erebeidon  au  sud  des  Dolopes  (de  èosSo;;  foncé  et  eîoo;  face). 

11  y  avait  des  Mélano-fjélides,  ou  Gétules  noirs  appelés  ainsi  pour  les 
distinguer  des  Gétules  blonds  de  l'Aourès.  Le  nom  des  Ethiopiens  A-.OioTTîi; 
(Hom.  llerod.  Ptol.)  signifie  les  visages  brûlés. 

Ces  divers  noms  paraissent  s'adresser  à  des  groupes  humains  que  nous 
connaissons  en  .\frique.  C'est  ainsi  que  les  Mélnno-Géfales  pourraient  être 
les  indigènes  au  type  biuu  très  foncé  appi^lés  pir  M.  Collignon  '  type  des 
oasis.  Ce  type  est  assez  fréquent  parmi  les  tribus  serves  des  Touareg. 

Les  gravures  rupeslres  du  Sud-Oranais  figurent  des  individus  dont  les 
cheveux  sont  arrangés  à  la  manière  des  Bedjah  ou  Bichariés  actuels. 
D'autre  part,  l'étude  des  poteries  néolithiques  du  Sahara  a  montré  ;i  M.  le 
professeur  llamy,  que  ces  terres  cuites  avaient  été  primitivement  «  pous- 
sées dans  des  récipients  en  vannerie  de  fabrication  plus  ou  moins  compli- 
quée, qu'on  a  brûlés  ensuite  à  un  grand  feu,  qui  du  môme  coup  cuisait  à 
peu  près  les  parois.  »  M.  Ilamy,  ayant  essayé  de  reproduire  les  dessins  de 
ces  terres  cuites  au  moyen  de  vanneries  de  provenances  diverses,  n'a  pu 
le  faire  qu'avec  des  paniers  provenant  du  Somal  -. 

En  rapport  avec  ces  deux  constatations,  il  existe^  tout  au  moins  dans  le 
Sud  Moghebin,  des  populations  à  teinte  foncée  et  à  fond  rougeâtre.  Ces 
populations,  que  l'on  est  tenté  de  nommer  noires,  se  donnent  l'appellation 
de  rliomri,  rouges.  Parmi  les  types  Bedjah  que  M.  Chantre  a  photogra- 
phiés et  mesurés,  dans  son  magnifique  ouvrage  sur  l'Egypte  ^  (Fig.  136, 

*  «  Le3  premiers  colons  de  souche  européenne  dans  l'Afrique  du  Nord,  Paris- 
Leroux  »  1899. 

•  Bull   de  géog.  hixl.  et  descriptire.  T.  I,  p.  181,  1880, 

'  H.*.MY.  —  Esquisse  anthropologique  de  la  régence  de  Tunis,  p.  6. 
^  Chantre.  —  Recherches  anthropologiques  sur  l'Egypte.  Lyon,  1904. 


ItHKTHul.uN.   NOTKS  SLH   I.K  N(i.M   1>K   MAIUES  iAS 

i37,  138,  lil,  142,  148),  on  reconnaît  de  nombreuses  figures  que  l'on 
rencontre  fit-queminenl  en  pays  ltarljares(jue.  Ces  populations  foncées  peu- 
vent correspondre  aux  anciens  Ethiopiens.  M.  Bloch  a  réuni  des  documents 
historiques  concernant  ces  races  primitives*.  Ajoutons  que  la  race  doli- 
chocéphale pentagonale  î»  face  disharmonique  n'a  pas,  tant  s'en  faut,  le 
teint  clair. 

Cet  ensemble  de  faits  biièvement  résunn-s  montrent  (|uedes  peuplades 
au  teint  foncé  paraissent  avoir  occupé  le  Nord  de  r.\fri(|ue  au  moment 
de  l'immigration  berbère.  Celte  circonstance  justilie  l'emploi  du  nom  de 
ijiajpot,  qui  leur  a  été  donné  alors.  Ce  nom  appliqué  à  certaines  tribus 
spéciales  est  devenu  dans  la  suite  une  expression  géographique  s'adres- 
sant  ;i  tous  les  habitants  d'une  contrée. 

Le  nom  s'est  étendu  à  notre  époque,  voici  de  quelle  faron.  i^es  Musul- 
mans envahisseurs  de  l'Espagne,  venant  du  Maroc,  ont  re^u  indistincte- 
ment le  nom  de  Mores.  Quant  il  furent  expulsés,  la  plupart  se  réfugièrent 
dans  les  villes  de  la  cote  nord-africaine.  D'où  le  nom  de  Maures  que  l'on 
applique  aux  citadins  :  bien  qu'ils  soient,  en  général,  plus  blancs  de  peau 
que  la  population  ambiante.  .Ajoutons  que  ces  citadins,  appelés  <'  maures  » 
par  les  élrangers,  ne  connaissent  pas  eux-mêmes  ce  mode  d'appellation. 
Ceux  qui  sont  originaires  d'Espagne  se  désignent  sous  le  nom  d'Andelsi 
(.\nda!ous).  alniire  est  une  dénomination  comparable  à  celle  (pie  nous 
employons  par  exemple  pour  les  Allemands  qui  s(i  nomment  Di-ustrki'  ou 
pour  les  Grecs  qui  portent  le  nom  ù' Hellènes.  Elle  est  fausse  et  selon  nous 
ne  saurait  entrer  comme  argument  sur  l'origine  du  nom  antique  des  Mau- 
res,comme  .M..\tgier  l'a  clairement  fait  ressortirdans  sa  communicition. 

La  terminaison  o'^T-.ot  de  \ltjovj<s\.'ji  est  fréquente  dans  les  noms  ethni- 
ques libyens.  Nous  relevons  dans  Ftolémée  les  tribus  suivantes  :  Koioau- 
cijjto'.,  Naxui-cijjt'jt  ;  TaXao-ojaioi,  MojyO-ojJtoi,  Ma-;(-o'j<itoi,  StYtTiX-ci'jj'.oi. 
Cette  forme  de  dialecte  local  montre  que  le  nom  de  u^ôpoi  était  bien  un 
mot  du  pays  et  nom  une  appellation  conventionnelle,  comme,  par  exemple, 
celle  de  maures  des  villes  ou  du  Sénégal.  Elle  était  antérieur»;  à  l'arrivée 
des  llomains  dans  le  nord  de  r.\fri(jue. 

Os  diverses  raisons  paraissent  condrmer  l'opinion  de  M.  Atgier  rela- 
tivement à  l'origine  du  moi  maure,  s'étint  adressé  primitivement  à  des 
populations  de  teint  foncé.  En  résumé  le  nom  de  .Maure  provient  du  gn'C 
ijiajso;  etsignilia't  primitivement  noir.  (Généralisé  à  la  population  d'une 
contrée,  il  a  pris  un  sens  géographique. 

Discussion. 

M.  Atgier.  —  Le  mémoire  (juc  je  viens  d'avoir  l'honneur  de  vous  lire 
de  la  part  du  b""  Bertholon,  de  Tunis,  dont  les  savants  liavaux  sur  l'An- 
thropologie du  Nord  de  l'Afrique  sont  très  connus  et  des  plus   appréciés 


*  Bloch.  —  «  Races  noires  indigènes  anciennes  dans  l'Afrique  sept.  «  Congrès  de 
Carlhage  k.  F.  A.  S. 


iU  t\    JANVIER    190d 

a  été  écrit  h  la  suite  de  sa  lecture  du  mémoire  sur  les  Maures  que  j'avais 
lu  Ji  notre  séance  du  17  décembre  1903. 

J'avais,  en  ciïet,  interviewé  Bertholon  à  ce  sujet,  dans  une  lettre;,  afin 
de  connaître  son  opinion  des  plus  autorisées  sur  celte  intéressante  question 
ethnique  et  linguistique  que  j'avais  traitée  devant  vous,  qui  avait  été 
l'objet  d'une  controverse  de  la  part  de  nos  collègues,  MM.  Deniker  et 
Muguet  et  qualifiée  par  le  D'  Delisle  de  dénuée  de  toute  preuve  sérieuse. 
(T.  IV,  p.  rr2-i.) 

Je  suis  donc  heureux  de  voir  aujourd'hui  qu'un  des  plus  qualifiés  sur 
ce  sujet  comme  arabisant  et  berbérisant  ne  fait  que  cori"oborer  l'opinion 
que  j'ai  émise  et  qui  ne  paraîtra  plus,  je  l'espère, dénuée  de  preuve  sérieuse. 

L'étude  aussi  savante  qu'ardue  à  laquelle  se  livre  actuellement  Ber- 
tholon dans  la  langue  et  la  grammaire  berbère  dont  il  a  si  bien  su  dési- 
gner les  éléments  libyens,  grecs  et  phéniciens,  le  qualifiait  mieux  que 
qui  que  ce  soit  pour  trancher  ce  litige. 

Je  me  permettrais  toutefois  une  seule  réflexion  sur  le  mémoire  que  je 
viens  de  lire  de  lui,  non  sur  le  fond,  puisque  nous  partageons  la  même 
opinion  à  son  sujet,  mais  sur  une  question  de  détail. 

Il  avance  que  la  population  de  l'Afrique  du  Nord  n'a  été  sémitisée  que 
par  l'invasion  arabe  du  vii^  siècle,  j'avoue  que  je  serais  moins  aiïirmatif 
à  cause  des  invasions  antérieures  venant  de  Phrygie,  de  Phénicie,  d'Asie 
par  l'Egypte,  etc. 

Pendant  mon  séjour  en  Algérie,  dans  des  milieux  purement  kabyles 
tels  que  les  montagnes  du  Zacar  (en  188"),  du  Djurjura  (en  1888),  du 
Babor  (en  1889),  la  population  ne  m'a  paru  nullement  arabisée;  les 
mœurs  et  coutumes  sont  uniquement  kabyles,  les  mariages  n'ont  lieu 
qu'entre  Kabyles,  les  types  sont  ou  aryens  ou  sémitiques,  ou  aryo-sémi- 
tiques,  mais  n'ont  rien  de  l'Arabe,  car  ces  deux  types,  arabe  et  berbère,  se 
distinguent  facilement  l'un  de  l'autre.  Ces  Kabyles  sont  restés  Berbères 
sur  leurs  montagnes  comme  nos  Savoyards  et  nos  Auvergnats  de  la  mon- 
tagne sont  restés  Celtes.  De  chrétiens  qu'ils  étaient  du  temps  de  la  domi- 
nation romaine,  ces  Kabyles  ont  adopté  la  religion  du  conquérant  arabe, 
mais  sont  restés  indemnes  de  mélange  arabe  dans  les  divers  îlots  ethniques 
cités. 

L'élément  sémitique  de  leur  type  et  de  leur  profil  en  particulier  ne  pa- 
raît pas  provenir  de  croisements  avec  les  Arabes;  mais  paraît  avoir 
préexisté  à  la  conquête  de  ces  derniers. 

Depuis  que  ma  communication  sur  les  Maures  a  paru  dans  nos  bulletins, 
j'ai  reçu  du  colonel  Leguay  qui  a  vécu  en  Tunisie,  en  Algérie  et  au  Maroc, 
sur  la  3«  signification,  que  j'appelle  «  historique  «  du  mot  Maure,  la  judi- 
cieuse observation  suivante  : 

«  J'ajouterai  à  votre  3»  signification  que  si  le  mot  Maure  est  appliqué 
parfois  à  toutes  les  populations  musulmanes  du  Nord  de  l'Afrique,  il  est 
plus  spécialement  employé  par  les  gens  cultivés  qui  habitent  la  région, 
pour  désigner  les  musulmans  qui  habitent  les  villes  ou  ceux  qui  sont 
ou  se  disent  les  descendants  des  Maures  expulsés  d'Espagne. 


IlERTUOLiiS.   —   Ni»TR  Slll   l.K<  NOMS  DE  IIIKIIE-,   IlI'.ltlIKUES   KT    \raiO\IN<  I  ï.) 

X  Jamais,  en  elTet,  je  n'ai  ni  au  Maroc,  ni  en  Algério,  ni  on  Tunisie, 
entendu  appeler  «  Mauro  »  un  Arabe  do  grande  lenle  ou  un  simple  lié- 
douiii.   » 

Le  fait  est  vrai,  mais  pour  l'iiommo  seulement,  jamais  en  Algérie  on 
appelle  u  Maure  »,  en  dehors  des  villes,  l'Arabe  de  grande  tente  ou  b; 
Bédouin  nomade  du  désert,  mais  néanmoins  la  femme,  elle,  est  toujours, 
dans  chacun  de  tous  ces  cas,  désignée  sous  le  nom  de  «  Mauresque  », 
tju'elle  appartienne  aux  campements  mobiles  du  désert,  aux  ksour.s  des 
Hauts  Flaleaux  ou  aux  villes,  c'est  même  là  un  fait  bizarre  et  qui  donne 
lieu  à  la  plaisanlorie  suivante  que  l'on  ne  manque  pas  de  faire  aux  nou- 
veaux venus  en  Algérie  :  h  Arabe  au  féminin  fait  mauresque  ». 

Au  Maroc,  le  mot  u  Maure  »  est  devenu  expression  aristocratique  appli- 
quée aux  desL-endanls  des  anciens  conquérants  de  l'Espagne  qui  n'ont 
jamais  pardonné  aux  Espagnols  d'en  avoir  expulsé  leurs  pères  et  qui  leui- 
ont  conservé  une  haine  ([ui  n'a  peut-iUre  pas  été  étrangère  aux  divers 
échecs  des  Espagnols  dans  leurs  tentatives  de  colonisation  Marocaine. 


800«  SEANCE.  —  16  Février  1905. 

Présidence  de  M.  Sédillot. 

Élections.  —  .M.  Désiré  Lavex  est  nommé  membre  titul  aire. 
M.  SAtnokiA  osl  élu  correspondant  étranger. 

NOTE  SUR  LES  NOMS  DE   IBÈRES,  BERBÈRES,   ET  AFRICAINS 

I'au  M.  Bertholon. 
Lue  par  M.   Atgier. 

Je  ne  crois  pas  possible  d'adopter  l'élymologie  du  nom  des  Berbères, 
donnée  par  M.  Atgier.  On  ne  peut  pas  expliquer  des  nom?  antiques,  par 
une  langue  de  récente  formation  comme  le  berbère  moderne.  Or  M.  Atgier 
fait  venir  le  nom  des  Ibères  et  des  Berbères  de  :  iberik,  adjectif  au 
pluriel,  les  noirs. 

L'étymologie  présentée  ainsi  n'est  pas  conforme  aux  règles  de  la  gram- 
maire berbère.  En  effet,  il  n'y  a  pas  à  proprement  parler  d'adjectifs  quali. 
ficatifs  dans  cette  langue.  Ceux-ci  sont  remplacés  par  des  verbes  qui  se 
conjuguent.  C'estainsi  qneberrik,  cité  par  M.  Atgier,  signifie  :  il  est  noir, 
à  la  troisième  personne  du  singulier.  La  troisième  personne  du  pluriel 
serait  non  pas  iberrifc,  mais  herrikith,  ils  sont  noirs. 

En  admettant  qu'il  ait  existé  un  adjectif  berik,  noir,  son  pluriel  d'après 
les  règles  de  la  grammaire  aurait  été  iberiken  ou  iberken.  Ces  variantes 
n'ont  aucune  similitude  avec  le  nom  des  Berbères  ou  d'Ibères. 

*  Les  Origines  de  l'histoire,  t.  11^  p.  402-403,  par  Lenonnant. 

soc.  d'anthrop.  1905.  ■lO 


liO  ^^>  FKvniER  1905 

Sans  préjuger  de  la  parenté  des  noms  des  Ibères  et  des  Berbères,  je 
crois  que  le  nom  do  ces  dciniers  est  un  de  ceux  des  principaux  colonisa- 
teurs de  l'Afrique  du  nord,  dans  l'antiquité,  les  Phrygiens. 

J'en  trouve  la  démonstration  dans  un  passage  de  F.  Lcnormant  '.  «  Les 
Targoumines,  dit-il,  rendent  Togarmah  par  Barbaryah...  Dans  les  habi- 
tudes du  monde  romain  à  l'époque  impériale,  auquel  l'expression  de 
narhary-\h  est  certainement  empruntée,  en  particulier  dans  les  habitudes 
du  langage  poétique,  «  harbaria  »  et  «  barbarus  »  ne  prennent  une 
signilication  géographique  ou  ethnique  déterminée  que  pour  désigner  la 
Phrygie  et  les  Phrygiens.  C'est  ainsi  que  nous  lisons  chez  Horace  : 

Grœcia  Barbai-iœ  lento  collisa  duel/o. 

Le  même  poète  appelle  barbanim  le  mode  phrygien  de  musique. 

Sonanfe  mijcttim  tibiis  carme/i  fi/ra. 
Hac  (loriitm.  il  lis  barbarum. 

Servius,  à  propos  de  l'Enéide  (IL  v.  504),  «  dit  que  barbaricus  et 
phrygius  sont  exactement  synonymes.  Enfin,  on  appelle  indifféremment 
phrygiones  et  barboricarii  les  brodeurs,  ceux  qui  fabriquent  ces  vêtements 
brochés  et  brodés,  dont  l'usage  était  venu  de  la  Phrygie  et  que  l'on  qua- 
lifiait tantôt  de  phrygiœ,  tantôt  de  barbnrise  vestes.  » 

Ces  rapprochements  montrent  que  barbari  et  phrygii  étaient  deux  appel- 
lations identiques.  On  peut  adapter  ces  données  à  l'Afrique.  A  côté  du 
nom  de  Berbères  (barbari),  on  trouve  celui  des  Phrygiens.  En  effet,  nous 
relevons  dans  le  même  ouvrage  de  F.  Lenormant  :  «  Le  Midrach  et  les 
Targoumines  traduisent  le  nom  de  Gomer  par  Aphrigà,  ce  qui  ne  veut  pas 
dire  l'Afrique,  mais  désigne  sûrement  un  pays  d'Asie,  la  Phrygie,  ainsi 
que  l'ont  reconnu  Bochart  et  M.  Rappoport  K  » 

Le  nom  Aphriquâ,  qu©  l'on  peut  tout  aussi  bien  écrire  Africa  désignait, 
ainsi  qu'on  vient  de  le  voir  la  Phrygie.  Cette  désignation  explique  le 
nom  de  l'Afrique.  Il  provient  comme  celui  de  Berbères  de  l'invasion  de 
Phrygiens.  Les  indigènes  désignent  encore  sous  le  nom  de  Ifriguia 
(f,  «t'iJYÎa)  le  territoire  de  l'ancienne  province  romaine  d'Afrique  jusqu'à 
Kairouan.  En  résumé,  les  noms  de  Berbères  et  Africains  sont  deux  syno- 
nymes, provenant  de  l'invasion  phrygienne.  En  Asie-Mineure,  les  phry- 
giens portaient  indistinctement  ces  deux  noms. 

Discussion. 

M.  Atgier.  —  Dans  la  dernière  séance  j'ai  lu  une  note  du  D'  Bertholon 
sur  l'origine  du  nom  de  Maîtres  dans  laquelle  notre  savant  confrère  cor- 
robore complètement  ma  thèse  émise  sur  ce  sujet  *.  Aujourd'hui  j'ai  tenu 
à  vous  lire  sa  note  sur  l'origine  du  nom  de  Berbères  bien  que  cette  fois-ci 

•  Loc.  cit.,  T.  Il,  p.  382-3. 

*  Séance  du  17  déceaibre  1S»j3. 


DISCUSSION  1  iT 

elle  ne  confirme  pas  ma  llièse  émise  sur  ce  deuxième  sujet  '  et  hien  qu'il 
m'ait  laissé  toute  latitude  pour  la  publier  ou  non. 

Un  avis  aussi  compétent  (pie  le  sien  est  trop  précieux  j)our  le  passer 
sous  silence  et  ne  pas  en  faire  hénéficier  la  science.  "  Du  choc  des  idées 
jaillit  la  lumière,  me  dit  il,  surtout  sur  ces  questions  d'origine  africaine 
que  j'espère  quelqut;  peu  éclaircir  un  jour.  » 

Devant  celte  déclaration  de  sa  part  je  crois  pouvoir  me  permettre 
d'ajouter  les  résultats  de  mes  recherches  personnelles,  alors  que  j'étudiai 
les  populations  au  milieu  desquelles  j'ai  vécu  en  Algérie  pendant  trois 
ans. 

Le  mot  liarbaria  devint  en  etîel  chez  les  Grecs  et  les  Romains  le  syno- 
nyme de  Phrygia  *,  voici  comment,  car,  le  mot  Barbarus  changea  de 
signification  comme  celui  de  Maurus. 

A  l'origine,  les  Grecs  et  les  Romains  appelaient  liarbarus  tout  étranger 
au  monde  gréco-romain  et  Baibaria  tout  pays  étranger  à  la  Grèce  et  h 
rUalie. 

C'est  dans  ce  même  sens  (lu'Horace,  dans  le  vers  cité  plus  haut  par 
Bertholon,  faisant  allusion  à  la  Guerre  de  ïroie,  emploie  le  terme  de 
Baibaria  pour  désigner  la  Phrygie  parce  que  cette  région  fut  longtemps 
étrangère  au  monde  gréco-romain  et  n'en  devint  que  plus  lard  une  des  colo- 
nies. 

C'est  dans  le  même  sens  qu'Horace  désigne  aussi  sous  le  nom  de  cannen 
bnrbarnm  le  mode  musical  phrygien  pour  le  distinguer  du  mode  grec 
cannen  dorium  '. 

Les  Gréco-Romains  ont  donc  employé  tout  d'abord  le  mot  Barbarus  pour 
désigner  tous  les  étrangers  en  général,  mais  il  Tont  réservé  plus  particu- 
lièrement pour  ceux  qui  étaient  leurs  plus  proches  voisins  de  l'Est,  avec 
lesquels  ils  avaient  de  fréquentes  relations  en  paix  comme  en  guerre, 
c'est-à-dire  les  Phrygiens. 

.\  qui  sait  la  transformation  du  sens  primitif  que  subissent  les  noms  de 
régions  et  les  variations  de  signification  ethnique,  historique,  etc.  que 
subissent  les  noms  des  peuples,  il  sera  aisé  de  comprendre  que  des  auteurs 
grecs  et  latins  aient  pu,  ;i  une  époque  de  leur  histoire,  employer  le  terme 
générique  de  Barhari  comme  synonyme  de  l'expression  ethnique  de 
Phriiyii. 

Les  Grecs  et  les  Romains  n'avaient  donc  aucune  raison  de  ne  pas  appli- 
quer le  terme  de  Barbari  aux  habitants  de  l'Afrique  du  Nord  puisque  ces 
derniers  étaient  étrangers  eux  aussi  au  monde  gréco-romain  et  que  de 
plus  ils  étaient  composés  de  quantité  d'envahisseurs  Phrijgii.  C'est  ainsi 
que  l'expression  générique  de  Barbari  devint  dans  les  régions  susdites 
le  synonyme  de  l'expression  ethnique  de  Pliryyii. 
Il  en  fut  tout  autrement  en  dehors  du  monde  romain  et  de  ses  colonies, 

•  Séance  du  4  février  1904. 

-  Ancien  nom  de  la  plus  grande  partie  de  l'Asie  Mineure. 

'  Dorii  Doriens  nom  primitif  générique  des  Grecs. 


as  ifi    FKVRIER    190o 

le  mol  liavbari  conserva  son  sens  piimitil'  d'étranger,  témoin  le  nom  de 
Ihirbinrs  donné  au  v"  siècle  aux  envahisseurs  de  l'empire  rumain  dont  ils 
ne  possédaient  nullement  la  civilisation. 

•  Mais,  dira-l-on,  quelle  relation  exisle-t-il  entre  les  mots  Barbare  et 
Berbère,  c'est-à-dire  entre  le  sens  du  radical  Bar  et  du  radical  Ber. 

Comment  les  Phrygiens  et  les  Lihyens  prononçaient-ils  primitivement 
ce  mot  que  les  Homains  prononçaient  Barbarus  et  les  Grecs  jiapSapo;?  Ce 
mot  n'avail-il  pas  une  signification  primitive  tout  autre,  avanld'ôtre  adopté 
par  les  (îréco-llomains  dans  le  sens  d'étranger  tout  d'abord  et  de  Phry- 
gien ensuite? 

Ici  encore,  comme  dans  nos  recherches  du  mot  Ibère^  il  faut  laisser  de 
côté  la  langue  principale  d'un  peuple  et  recourir  à  ses  anciens  dialectes. 

Le  mot  ^2p6apo;  est  en  eiïet  formé  en  grec  par  le  redoublement  du  ra- 
dical j3ap  et  complété  par  la  terminaison  07  indice  du  masculin  singulier, 
or  ce  radical  3ap  provient  du  dialecte  atlique  de  la  (Jrèce  le  plus  raffiné, 
devenu  le  langage  national  ;  si  nous  recherchons  dans  des  dialectes  plus 
archaïques,  inusités  par  la  suite  et  supplantés  par  le  premier,  nous  trou- 
vons qu'en  ionien  le  radical  p^p  a  le  môme  sens  que  le  radical  attique  pap, 
c'est  ainsi  que  : 


Sipêaoo;  en  dialecte  altique  •     -r-     .  u    1 

^  ^„  '  1-  I    X    •     •  (  signifient  barbare,  grossier,  sauvage. 

^£p6ép:oT  en  dialecte  ionien  \     '^  '  o  5  o 

Sio:«Ooov  en  attique  }     ■     -f     .        «■ 
■^  '     '            .     .  signifient  gouffre. 

péoeOoov    en  ionien 


5^ 


Il  n'existe  ainsi  aucune  différence  entre  le  radical  altique  ^ap,  le  radical 
ionien  ^-.0  et  le  radical  libyen  BER,  signifiant  «noir»  comme  nous  l'avons 
vu  S  radical  que  Libyens^  Grecs  et  Romains,  prononçaient  chacun  à  leur 
manière  et  qu'ils  tenaient  sans  doute  du  Phrygien;  radical  qui  par  son 
redoublement  (BER-BER)  forma  un  nom  qui  resta  aux  deux  colonies 
extrêmes  de  l'empire  romain,  Ylbérie  péninsulaire  et  Vibérie  caucasique. 

A  en  juger  par  l'ignorance  dans  laquelle  nous  étions  nous  mêmes  de  la 
signification  primitive  des  mots  Maures,  Berbères^,  Barbares,  tout  porte 
à  croire  que  les  Grecs  et  les  Romains  eux-mêmes  ignoraient  la  signification 
primitive  des  mots  fiîpoépto?,  ^xpêapo;,  Barbarus  et  qu'ils  l'employaient 
pour  désigner  les  étrangers  sans  savoir  que,  d'après  sa  racine,  ce  mot 
avait  désigné  primitivement  des  populations  noires. 

C'est  ainsi  que  nous  avons  à  leur  suite  pendant  des  siècles  attribué  le 
nom  de  Maures  à  des  populations  de  l'Afrique  du  Nord,  sans  savoir  que 
ce  mot  était  attribué,  à  son  origine,  à  des  populations  noires. 

Le  mot  kabyle  BERIK  est  en  effet  un  verbe  et  non  un  adjectif  comme 
il  paraît  l'être  dans  d'autres  dialectes  berbères,  il  signifie  bien  «  il  est  noir  » 
à  la  3"  personne  du  singulier  ;  la  3°  personne   du   pluriel  BER-RIKITH 


<  Maures,  Ibères  et  Berbères,  br-in  S°  8  p.,  Paris  ■1904. 


ALLOCUTION  DE  M.   SKHjI.r.uT  449 

signifie  «  ils  sont  noirs  »,  mais  il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  si  nous 
débarrassons  ce  mot  de  sudîxes  et  prélixes,  nous  retrouvons  toujours  son 
antique  radical  libyen  ou  ionien  BEll,  ayant  la  signification  adjective 
de  w  noir,  »  radical  que  l'un  nîtrouve  inb^gralement  dans  les  deux  mots 
suivants,  l'un  11J1"][1  qui,  on  Tainacbek,  prétixe  d'un  I,  devient  pluriel  et 
signiliait  primitivement  «  les  noirs  »,  l'autre  BElUJEll  obtenu  par  un  de 
ces  redoublements  si  communsdc  mots  monosyllabi(|ues dans  les  dialectes 
de  l'Afrique. 


801«  SÉANCE.   —  2  Mars   1905. 
Présidence  de  M.   Sébillut. 

Nécrologie.  —  M.  le  Présidonl  annonce  le  docès  de  Madame  C.\pitan  et 
adresse  à  notre  cmincnt  collègue  rexprossion  d(>  la  vive  sympathie  que  la  So- 
ciété ressent  pour  sa  douleur. 

M.  le  l^résident  communique  ensiiilc  ;\  la  Société  l'allocution  (ju'ii  ;i  jirononcé 
sur  la  lomho  de  Girard  de  Hialle. 

C'est  on  ma  double  qualité  de  l*résident  de  la  Société  d'Anthropologie  et  de 
Secrétaire  général  de  la  Société  des  Ti-aditions  populaires  «pie  je  viens  rendre 
hommage  à  Tiirard  de  Rialle  et  rappeler  le  rôle  important  qu'il  remplit  dans 
CCS  deux  compagnies. 

Sa  réception  à  la  Société  d'Anthropologie  date  de  1864,  fin(|  ans  à  peine 
après  sa  fondation;  il  fut  de  ceux  qui  contribuèrent  à  élargir  le  programme  de 
sesétudi's,  et  à  y  faire  coniprendve.  à  côté  dos  sciences  mérlicales  et  de  la  pré- 
histoire, l'ethnographie  envisagée  flans  son  sens  le  plus  large.  11  prit  part  à 
nondjre  de  discussions,  et  ne  tarda  pas  à  être  apprécié  de  ses  collègues;  c'est  à 
lui  ipii-  fut  confiée,  en  1874.  la  rédaction  des  Instructions  anthropolo(ji(iucs 
/touf  l'Asie  centrale;  en  1876,  il  fut  chargé  du  Rapport  sur  le  prix  de  la 
Société  d' Ethnoloqie.  Lorsque,  en  1880,  le  D'  Topinard  succéda  comme  secré- 
taire général  à  Broca,  le  fondateur  de  la  Société,  («irard  de  Bialle  lui  élu  Secré- 
taire général  adjoint,  et  pendant  plusieurs  années  il  renqilit  ce  poste  avec  le 
zèle  et  la  conscienci'  (|ii'il  nielt.iil  eu  toutes  choses. 

IMus  tard,  les  hautes  fonctions  administratives  auxquelles  il  fut  appelé  ne 
lui  permirent  plus  d'assister  assiftiimcnt  à  nos  séances;  mais  beaucoup  se  sou- 
venaient des  services  qu'il  avait  renrins.  et  aussi  de  ses  aimables  qualités 
d'homme;  et  quand  on  sut  qu'il  revenait  définitivement  à  Paris,  un  groupe 
inqiortant  jiosa  sa  r.imliil.iliiri'  an  sièire  de  seroinl  viee  |irt'si(leiil .  .-iver  la  pens/'e 
<|u'en  1907,  snivani  le  riiuleiiienl  (>ii  usa^'e  il.nis  l;i  Smieh'.  il  en  ile\  ieiidrait  le 
vice-président  elVi'el  il'.  Il  lui  ihi  à  la  ipiiisi  mi.iiiiinili''.  presipie  ;iii  iiiniiienl  on 
il  mourait  bun  de  ncnis,  sans  avoir  connn  la  nianpie  île  synipalliii'  i|iie  lui 
donnaient  ses  collèfrnes,  et  à  laquelle  il  am-ail  été  tout  parlieulièrenienl  si'u- 
sible. 

l/ailivité  srienliii(iue  de  (iir.ird  de  Kialle  ne  se  borna  pas  à  sa  |)arlicipation 
aux  travaux  de  la  Société  d'Anthropologie;  il  étudia  aussi  plusieurs  questions 


150  -J  MMi^   l!)05 

iiilcrossaiilis.  ilmit  l'une  lit  l'oLj.-!  .luii  li\ii'.  Ses  rcchenlics  (■(liii()Ki""i'iii<ln«'s 
l'avaicnl  Hiiinn'  ;i  ra|i|inK-ii»'r  les  iilécs  d."  jiriiiillirs  do  relies  dos  civilisés  à  leurs 
divers  dejrrês  de  «idliiro.  qui.  ceiil  ans  anparavanl.  avaient  aussi  préoccuité  le 
président  de  Hrosses.  pour  lequel  tiirard  do  Hialle  professait  une  légitime  admi- 
ration, eonime  au  précurseur  des  études  mvlholoyiquos.  C'est  en  1878  <|ue 
parut  le  premier  volume  de  la  Mijtliolof/ie  comparée,  dont  le  plan  et  le  but 
sont  expliqués  dans  la  préface  si  claire  qui  précède  le  livre  : 

«  C'est,  ilil-il,  avant  tout,  une  œuvre  indépendante,  une  onivre  de  libre  exa- 
men. Lors(iuo  nous  nous  sommes  proposé  de  l'écrire,  nous  avons  cherché  la 
méthode,  ou.  pour  mieux  parler,  la  doctrine  qui  devait  présider  à  notre  plan. 
Nous  l'avons  cherchée  dans  les  faits  étudiés  en  dehors  de  toute  conception  a 
priori,  et  nous  nous  sommes  bientôt  convamcii  que.  dans  le  domaine  du  déve- 
loppement intellectuel  et  moral  de  l'humanité,  la  théorie  de  l'évolution  trou- 
vait une  nouvelle  vérilicalion  ». 

On  voit  aisément  en  lisant  cet  ouvrage  (jue  l'auteur  est  resté  lidèle  à  ces 
principes,  et  qu'il  s'y  montra,  ce  qu'il  fut  toute  sa  vie.  un  homme  avisé  et  de 
bonne  foi. 

Au  cours  de  ses  études  mythologiques,  Cirard  de  Hialle  avait  pu  constater 
que  parfois  les  termes  de  comparaison  ne  sont  pas  aisés  à  établir  entre  les 
civilisés  et  les  sauvages,  parce  que,  surtout  en  ce  qui  concerne  l'Europe,  nous 
sommes  moins  bien  renseignés  sur  les  idées  et  les  superstitions  des  paysans 
qui  nous  entourent,  que  sur  celles  des  peuplades  lointaines.  Aussi,  lorsque  la 
Société  des  Traditions  populaires  fut  fondée  pour  s'occuper  de  recueillir  la  Lit- 
térature orale  et  l'Ethnographie  traditionnelle  de  France,  il  y  adhéra  l'un  des 
premiers,  et  il  prit  une  grande  part  aux  réunions  destinées  à  l'organiser.  Pen- 
dant deux  ans,  il  occupa  le  fauteuil  de  la  présidence,  et  durant  cette  période, 
il  donna  à  la  Revue  de  la  Société  une  collaboration  très  précieuse;  il  se  propo- 
sait du  reste  de  la  reprendre  à  son  retour  à  Paris,  et  d'y  publier  une  partie  des 
observations  (ju'il  avait  faites  pendant  son  séjour  au  Chili. 

Tel  est,  brièvement  tracé,  le  rôle  de  Girard  de  Riallc  comme  savant;  il  a 
occupé  une  place  des  plus  honorables  à  la  fois  dans  le  domaine  des  Traditions 
populaires  et  dans  celui  de  l'Ethnographie  comparée.  Il  laisse,  dans  les  deux 
Sociétés  qui  déplorent  sa  perte,  le  souvenir  d'un  galant  homme,  d'une  parfaite 
urbanité,  d'un  commerce  aimable  et  sûr,  d'une  science  claire  et  logique,  et  je 
suis  certain  d'être  l'interprète  de  tous  nos  collègues,  en  assurant  à  la  compagne 
de  sa  vie  et  de  ses  travaux,  (jne  la  mémoire  de  celui  auquel  nous  adressons  un 
suprême  adieu,  restera  chère  à  tous  ceux  qui  ont  pu  apprécier  ses  qualités  de 
cœur  et  d'esprit,   c'est-à-dire  à  tous  ceux  qui  ont  été  en  relation  avec  lui. 

M.  pApri.i.AL-i.T  fait  part  à  la  Société  des  dernières  volontés  de  Girard  de  Rialle  : 
notre  regretté  collègue  avait  demandé  que  son  autopsie  scientifique  fût  faite 
avant  son  incinération.  En  conséquence  on  a  ouvert  le  cercueil,  le  D''  Papillault 
a  procédé  à  la  décapitation,  et  a  conservé  ainsi  pour  nos  collections  un  cri\ue 
très  intéressant  (]u'il  présentera  ultérieurement. 

Il  annonce  aussi  que  Madame  Girard  de  Rialle  offre  à  la  Société  le  cercueil 
où  son  mari  a  été  exposé  avant  d'être  transféré  en  Franco.  C'est  un  travail 
d'ébénisterie  fort  curieux  fait  au  Chili,  et  qui  trouverait  sa  place  à  notre  musée. 

La  Société  consultée,  a  accepté  le  don  de  Madame  Girard  de  Rialle  et  chargé 
le  D'  Papillault  de  loi  adresser  ses  remerciements. 


0.   VAUVILLt;.    —    SKI'LLTUUES  NKOLlTUlgLES  UE  MoM  Ii'.NY-I.'kNC.UAIN  151 

A  l'occasion  de  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance. 

(J.  Valvillk..  -  La  communicalion  faite  par  M.  Fourdrignior,  h  la 
dernière  séance,  a  été  suivie  d'une  discussion  dans  laquelle  il  a  été  ques- 
tion dos  cendres  et  des  poteries  néolithiques,  trouvées  avec  des  sépul- 
tures. 

Il  peut  être  intéressant  de  rappeler,  à  la  Société,  mes  observations  sur 
les  cendres  et  les  poteries,  constatées  lors  de  mes  fouilles. 

Sépultures  néolithiques  de  Montigny-l'Engrain  (Aisne). 

Dans  la  séance  de  la  Société  du  l"'-  décembre  1887.  j'ai  fait  une  commu- 
nication sur  :  uw  nouvelle  j/alerie  couverte  située  à  Monliçjnij-l  Emirain  . 


Fig.  1. 


»  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1887,  p.  712. 


ir;-2  2  .MMi<  i'.io3 

Celle  commuiiioalion  (Hait  faite  avec  la  présenlalion  des  silex  taillés  et 
polis  et  des  poteries  provenant  des  (ouilles,  et  de  trois  ligures  que  je  pré- 
sente de  nouveau  à  la  Société. 


^Iv^ . 


Fir/.  3 


La  première  figure  représenteV'ensemble'duj  monument  de  7  m.  90  de 
longueur  et^'^d^  1  m.  30  dejpiofondeur.  au-dê^ous^dùrnirèaïï^Tûei^d u 


0.   VAIVII.I.K.    —  -Kl'ir.TIItKS  NKOl.ITHIorF.S  OK  MnNTICNY-l.'F.NHnAlN  153 

sol,  leiiuel  était  formé  de  fortes  pierres  plates,  dressées  verticalement. 
Cette  partie  renfermait  quatie  groupes  de  sépultures  bien  dislinels  :  A, 
B,  C,  et  U,  (ig.  1,  de  dilTérentes  largeurs. 

Le -fond  était  généralement  dallé  de  petites  pierres  plate:^. 

Les  pierres  de  couverture  du  dessus  avaient  été  enlevées  bien  avant 
les  fouilles,  pour  ne  pas  gêner  la  culture  du  sol,  ce  fait  a  été  la  cause  (pie 
les  ossements  étaient  en  très  mauvais  élat  de  conservation. 

La  figure  2  représente  un  croquis  du  plan  du  groupe  des  sépultures  de 
la  partie  I)  du  plan,  fig.  4,  comprenant  2  mètres  de  longueur  sur  1  m.  70 
de  largeur  '. 

Le  croquis  figure  3  fait  voir  la  coupe  des  sépultures,  suivant  .\,  li  de 
la  figure  2. 

Je  regrette  que  pour  ma  communication  de  1887  on  n'ait  reproduit  que 
le  plan  d'ensemble  du  monument,  dans  les  Bulletins  de  la  Société;  les 
figures  2  et  3  offraient  cependant  beaucoup  plus  d'intérêt  que  la  figure  1. 

En  1887,  n'étant  pas  encore  membre  de  la  Société,  je  n'ai  pas  pensé 
demander  la  reproduction  des  figures  2  et  3,  dont  j'avais  remis  les  des- 
sins avec  le  texte  de  ma  communication  qui  a  n^.éme  été  abrégée  -. 

Comme  je  l'ai  dit,  la  lig.  2  représente  un  groupe  de  sépultures  dont  les 
corps  ont  éti  disposés  sur  4  coucbes  régulières  (  t  méthodiques,  comme  on 
peut  le  voir  sur  les  figures  2  et  3;  la  face  avait  toujours  été  tournée  en 
bas,  fait  qui  a  produit  l'écrasement  presque  général  des  tètes,  après 
l'enlèvement  de  la  couverture  du  monument. 

Entre  les  couches  des  squelettes  se  trouvaient  assez  fréquemment  des 
petites  |)ierres  plates. 

Dans  le  faible  espace  de  ce  groupe,  48  cadavres  avaient  été  déposés  avec 
soin,  la  tête  placée  comme  l'indique  la  figure  2,  et  les  pieds  vers  le  centre. 
En  plus  de  ces  48  squelettes  il  y  en  avait  encore  4  autres  vers  le  milieu 
du  groupe,  ce  qui  fait  que  52  corps  ont  été  déposés  dans  celte  partie  du 
monument  ^ 

Vers  le  centre,  en  C,  fig.  2  et  3,  se  trouvaient  beaucoup  de  cendres  et  de 
charbons  de  bois,  devant  provenir  très  probablement  du  feu  fait  i>our 
désinfecter  l'endroit  avant  d'y  déposer  de  nouveaux  cadavres. 

Le  fait  de  nombreuses  cendres  et  charbons  de  bois  a  été  constaté 
vers  le  milieu  des  sépultures  des  trois  autres  groupes  A,  B  et  C  du  plan 
fig.  1,  où  les  ossements,  quoique  en  très  mauvais  état  de  conservation, 


>  Li^s  s.jueluUes  des  figures  2  cl  3  sont  rcprùsentés  jusqu'au  bassin  seulement,  pour 
éviltr  lu  confusion  des  osseuienis  vers  le  milieu,  le  haut  tlo  riiutnûrus  csl  aussi  seul 
indi  uè  pour  le  même  motif.  La  promioro  couclie  du  dessus  de  12  sipielelles  est 
représentée  en  lignes  noire?,  comme  devant  être  vue  en  plan,  les  trois  autres  couches 
sont  figurées  en  lignes  pointées  pour  la  tête  ne  devant  pas  être  visibles. 

*  Sur  la  deniande  du  docteur  Baudoin  les  figures  2  et  3  ont  été  reproduites. 

»  Los  lettres  l)  cl  E,  fig.  2,  représentent  2  haches  en  silex,  placées  en  sens  inverse 
de  la  direction  des  squelettes,  F  la  place  d'un  vase  en  terre,  le  seul  intact  des  nom- 
breuses poteries  trouvées. 


i:;i  2  .MAU>  iiH).-; 

ont  l'ail  voir  If  lUfine  ranîjff'incnl  iiuHliodiciuii  des  curps,  les  pieds  vers  le 
centre,  comme  pour  le  grou|)e  (1))  de  la  figure  2  '. 

Les  nombreuses  cendres  et  charbons  de  bois,  trouvés  vers  le  centre  des 
sépultures  de  Monlif^ny  ri']n;5M'ain,  ne  permettent  pas  de  croire  qu'il  s'agit 
là  de  terre  |tréparée  poui-  faire  de  la  [loterie,  comme  il  en  a  été  question 
dans  la  dernière  séance  de  la  Société. 

Poteries  néolithiques  d'Erondelle  (Somme). 

Dans  la  séance  de  la  Société  du  5  mars  1891,  j'ai  présenté  de  très  nom- 
breuses poteries,  provenant  d'une  habitation  néolithique  d'Erondelle  -, 
dans  lescjuelles  il  y  avait  14  variétés  d'ornementations  diverses. 

Toutes  ces  poteries,  comme  je  l'ai  dit  à  la  dernière  séance,  étaient, 
comme  celles  recueillies  avec  les  sépultures  de  Montigny-l'Engrain,  d'une 
pâte  mollc^  lors  de  leur  découverte. 

Les  poteries  d'Erondelle  et  de  Montigny-l'Engrain,  recueillies  avec  soin, 
sont  redevenues,  après  séchage  complet,  soit  à  l'air,  soit  au  soleil,  très 
dures  et  résistantes,  comme  on  peut  s'en  assurer  par  les  fragments  que 
je  présente  à  la  Société,  provenant  de  l'habitation  et  d'avec  les  sépultures 
dont  il  vient  d'être  question. 

On  peut  donc  croire  que  si  des  poteries  ont  été  faites  avant  l'époque 
néolithique,  comme  le  suppose  M.  Fourdrignier,  on  devrait  pouvoir 
recueillir,  av('c  beaucoup  desoins,  des  débris  de  vases,  qui  après  séchage 
complet  devraient  retrouver  une  résistance  assez  convenable,  comme  cela 
s'est  produit  pour  les  poteries  néolithiques  devenues  molles,  par  suite 
d'humidité  prolongée,  dans  les  sépultures  de  Montigny-l'Engrain  et  dans 
l'habitation  d'Erondelle. 


*  D'après  l'Anniiairo  du  département  de  l'Aisne  de  1828,  page  4G,  on  aurait  trouvé 
en  i780  à  Saint-Gobain,  dans  un  monument  formé  de  4  énormes  grès  posés  de  champ 
et  recouverts  de  même  roche,  cinq  squelettes  humains  rangés  autour  les  pieds  au 
centre  (comme  à  Montigny-l'Engrain),  il  y  avait  5  haches  en  silex  et  comme  un  mar- 
teau arrondi. 

*  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1891,  p.  176. 


j,     |,,„.v^.    _    N,,TK  KrilNDliUACIlluUE  SL'U   LES  l'Kl  l'I,  VDKS   lll     IIAI   l-InMvlN 


isri 


NOTE   ETHNOGRAPHIQUE  SUR  LES  PEUPLADES  DU   HAUT-TONKIN      • 
(IV    Territoire  militaire). 

l'Ait   M     LE   DOCTEUU   l'Ail.   liOL'X. 

Messieurs, 

J'ai  rapporté  du  lïaut-Tonkin,  d'où  je  suis  arrivé  récemment,  quclriucs 
documents  ethnoirraphirpics  que  j'avais  confiés  à  M.  Manouvrier  pour 
qu'il  vous  les  muiitiAt  eu  une  de  nos  séances  mensuelles.  Notre  secrétaire 
général  m'ayant  térnoigné  le  désir  de  me  voir  faire  moi-même  cette  pré- 
sentation, je  réponds  volontiers  à  son  aimable  invitation  et  j'en  profiterai 
pour  vous  donner  quelques  renseignements  sur  la  i)opulation  si  variée  au 
milieu  de  laquelle  j'ai  vécu  durant  2G  mois. 

Voici  d'abord  ces  documents  :  une  carte  ethnologique  du  IV°  Territoire 
Militaire,  reproduction  de  la  carte  d'état-major  établie  au  i  / 200.000°, 
où  tous  les  villages  actuellement  connus  de  cette  région  sont  indiqués 
par  des  cercles  diversement  colorés,  chaque  coloration,  comme  il  est  dit 
dans  la  légende,  ressortissant  à  une  peuplade  spéciale.  J'ai  fait  modifier 
e'  compléter  la  carie  oiiginalc  d'où  dérive  celle-ci  de  façon  à  posséder  le 
document  le  plus  exact  et  le  plus  complet  de  topographie  ethnique  qui  se 
rapporte  actuellement  à  cette  région.  —  G'e^t  ensuite  14  poupées  que  j'ai 
fait  habiller  ;i  la  mode  du  pays,  groupées  par  couple  de  l'un  et  de  l'autre 
sexe  :  il  m'a  paru,  en  effet,  que  même  pour  des  auditeurs  scientifiques,  il 
était  préférable  de  réduire  les  costumes  de  la  région  aux  dimensions  de 
ces  poupées  et  de  les  en  vêtir  plutôt  que  de  rapporter  des  costumes 
d'adultes  qui  ne  sont  guère  intéressants  pour  l'oeil  qui  les  examine  vides  : 
j'ai  néanmoins  ici  ce  costume  de  femme  Màn  que  je  vous  présente,  autant 
pour  que  vous  en  compariez  l'exactitude,  par  rapport  au  costume  d'une 
de  mes  poupées,  que  pour  permettre  à  ceux  d'entre  vous  qui  s'intéressent 
à  ces  questions  de  retrouver  peut-être  dans  ces  broderies  primitives  la 
signification  de  certains  dessins.  —  Enfin  un  album  de  photographies 
vous  montrera  les  différentes  races  de  la  région  sous  des  aspects  plus 
conformes  à  leur  type  respectif  que  ne  l'ont  pu  faire  ces  poupées  dont  la 
figure  europénne  détonne  un  peu  quand  il  s'agit  de  peuplades  dont  le 
faciès  est  si  différent  du  nôtre. 

C'est  tout  et  c'est  peu.  J'aurais  voulu  vous  apporter  une  collection  plus 
complète  et  plus  intéressante  et  l'intention  ne  m'en  a  pas  manqué.  Mais 
la  servitude  médicale  devient  parfois,  sous  les  Tropiques,  tellement  absor- 
bante qu'on  n'a  pis  toujours  le  loisir  de  travailler  à  son  aise  une  ou 
plusieurs  branches  de  l'Anthropologie. 

Avant  d'entrer  dans  la  description  des  peuplades  ([ue  je  veux  étudier 
sommairement,  il  est  bon  de  bien  spécifier  le  pays  qu'elles  habitent  et  de 
donner  une  idée  géographique  de  la  région.  Le  IV  Territoire  Militaire 
représente  à  peu  près  la  1/20°  partie  du  Tonkin  :  c'est  la  pointe  la  plus 


lofi  2    MARS    190r) 

avancée  do  co  pays  vers  le  Nord-Ouost  :  il  est  liinilé  au  Nord  par  le  Yu- 
Naii,  à  l'Ouest  par  le  Yu-Nan  et  le  cummissarial  de  Yan-Hù  qui  le  sépare 
du  Laos,  au  Sud  par  les  provinces  de  Yen-Bay  et  de  Tuyen-Quang,  à 
l'Est  par  la  province  de  Tuyen-Ouang  et  par  le  111°  Territoire  dont  il  est 
st'paré,  sur  la  plus  grande  partie  de  son  étendue,  par  le  Song  Chaï, 
atlluenlde  la  Rivière  Claire.  Ce  Territoire  est  donc  traversé  en  son  milieu, 
du  Nord-Ouest  au  Sud-Est,  par  le  Fleuve  Rouge,  la  grande  voie  d'accès 
vers  le  Yu-Nan,  le  dispensateur  de  la  richesse  agricole  du  Tonkin;  c'est 
lui  qui  a  formé  le  Delta  Tonkinois,  c'est  lui  qui  le  forme  encore  cons- 
tamment par  ses  dépôts  annuels  qui  se  chiffrent,  en  maints  endroits,  par 
plusieurs  mitres  de  terrains  nouvellement  formés.  A  Lao-Kay,  chef-lieu 
du  Territoire,  l'altitude  ne  dépasse  pas  100  mètres  :  mais  si  l'on  s'éloigne 
des  berges  du  Fleuve  et  qu'on  suive  une  direction  perpendiculaire  à  son 
cours,  on  gravit,  au  milieu  de  sites  pittoresques,  de  charmantes  vallées 
et  de  cascades  sans  nombre,  toute  une  série  de  montagnes  de  plus  en  plus 
hautes  qui  arrivent  à  atteindre  2,500  mètres  et  forment  ainsi,  à  l'Ouest, 
la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  le  Fleuve  Rouge  et  la  Rivière  Noire,  à 
l'Est  la  séparation  des  affluents  du  Fleuve  Rouge  et  de  la  Rivière  Claire. 
Mais  ces  deux  grandes  Rivières  ne  conservent  pas  longtemps  leur  indé- 
pendance et  s'abouchent  dans  le  Fleuve  Rouge  h  environ  80  kilomètres 
au-dessus  d'Hanoï. 

Le  pays  est  peu  habité,  relativement  à  sa  superlîcie.  En  dehors  de 
LaoKay,  où  la  venue  des  Européens  et  l'entreprise  des  Chemins  de  fer 
du  Yu-Nan  a  groupé  une  population  cosmopolite,  il  n'existe  pas  de  très 
gros  villages  et  la  plupart  de  ces  agglomérations  se  réduisent  h  une 
dizaine  de  cases.  Abstraction  faite  des  Chinois  et  des  Annamites  de 
Lao-Kay,  essentiellement  nomades,  le  chiffre  global  de  la  population, 
d'après  les  renseignements  qui  m'ont  été  fournis  en  1904,  s'élèverail  à 
35,950  habitants.  Les  éléments  ethniques  correspondants  à  ce  chiffre 
sont  groupés  dans  le  tableau  suivant  où  je  les  inscrirai  par  ordre  d'impor- 
tance décroissante  : 


Recensement  ethnique  approximatif  {IV°  territoire). 


RACES  Population  Proportion  % 

Méos... 8.813  24,51  0/0 

Mans 7.930  22,09  0/0 

Niûns 7.692  21,39 

Thaïs  ou  Tli()S..  7,430  20,6») 

Muïngs 2,690             7,48 

Kouï-Tcheou  . .  500             0,82 

Poulahs 305              1,39 

Laotiens 250             0,55 

OuQis 200             0,69 

Keu-Tiaï  (Chinois).  140             0,38 


p.   IV)V\.  —  NOTE  ETHNOGnAPlIinrE  :^rR  LES  PEUPLADES  Hf  ILvUT-TONKIN       157 

Le  Koui-Tcheou  et  les  Keu-Tiai  étant  des  Chinois  il  s'ensuit,  qu'avec 
les  Annamites,  nous  avons  10  races  ou  peuplades  représentées  dans"  cette 
partie  de  la  Haute-Région.  Laissant  de  côté  les  Chinois,  les  Annamites 
et  les  Laotiens,  sur  le  compte  desquels  la  Société  d'Anthropologie  possède 
sans  doute  de  nomhreux  renseignements,  je  ne  conserverai,  pour  les 
étudier,  que  sept  de  ces  peuplades.  Je  commencerai  par  les  Foulahs  et 
les  Ounis,  de  façon  à  éliminer  rapidement  ces  indigènes  dont  Icb  rares 
villages  ne  permettent  pas  une  étude  facile  et  documentée  et  j'arriverai 
ensuite  aux  représentants  des  races  les  plus  nomhreuses,  les  cinq  pre- 
mières de  notre  tableau,  que  j'étudierai,  en  parlant  de  la  plaine,  pour 
aboutir  à  la  haute  montagne  où  se  cantonnent  les  Méos. 

Uunis.  —  Je  n'ai  rencontré  ces  indigènes  que  dans  le  Nord-Ouest  du 
Territoire,  aux  environs  de  Ni-Chi,  à  une  altitude  de  1,200  mètres,  domi- 
nant la  vallée  du  Long-Po  qui  les  sépare  de  la  Chine.  C'est  une  popula- 
tion pauvre  qui,  dans  son  aspect  physique,  rappellerait  les  Chinois  du 
Midi  si  elle  en  portait  le  costume.  Mais  les  femmes  ont  un  costume  tout 
spécial.  Leur  coiiïure  est  formée  d'une  sorte  de  capote  de  cotonnade  noire; 
une  veste  de  même  étoffe,  large,leur  cache  le  buste  et  enfin  des  j)antalons 
étroits  descendent  jusqu'aux  mollets  :  ceux-ci  sont  revêtus  de  bandes  molle- 
tières de  même  couleur.  Les  hommes  ont  un  costume  qui  ne  diffère  que 
par  le  turban  :  il  portent  la  tresse. 

Les  Ounis  sont  sales,  comme  beaucoup  de  pauvres  :  il  sont  doux  et  subis- 
sent avec  résignation  l'occupation  française.  Us  ont  un  patois  propre 
mais  leur  langue  écrite  est  représentée  par  les  caractères  chinois  et  c'est 
la  langue  chinoise  qu'ils  parlent  dans  leurs  rapports  avec  nos  interprètes. 

Poulahs.  —  Dans  la  même  région  que  les  précédents.  Je  ne  connais  pas 
le  costume  des  hommes  :  mais  les  femmes  sont  à  retenir  à  raison  d'un 
ornement  spécial  qui  fait  partie  de  leur  ajustement.  C'est  une  ceinture  de 
petits  coquillages  qui  vient  se  terminer  sur  le  devant  du  bassin  et  qui 
demande  du  temps  et  de  l'argent  pour  être  réalisée:  les  coquillages  sont 
en  effet  récollés  dans  le  sable  de  certains  cours  d'eau  :  ils  font  rares  et  la 
jeune  fille  poulah  est  obligée  de  s'armer  de  patience  et  de  faire  de 
fréquents  prélèvements  sur  ses  économies  pour  satisfaire  ce  désir  héré- 
ditaire. 

Les  Poulahs  ont  un  dialecte  spécial  mais  comprennent  le  chinois  :  leurs 
enfants  fréquentent  l'école  chinoise. 

Thais  ou  Thôs.  — Pour  éviter  des  redites  inutiles,  j'insisterai  davantage 
sur  cette  race  par  la  raison  que  c'est  celle  que  je  connais  le  mieux  et  que 
la  plupartde  ses  idées  sur  la  religion,  la  famille  et  la  société  sont  commu- 
nes, en  grande  partie,  aux  races  que  j'examinerai  ensuite.  Je  ferai  cepen- 
dant remarquer  qu'elle  n'occupe  que  le  quatrième  rang  dans  la  classifica- 
tion que  j'ai  établie. 

Quel  est  d'abord  son  véritable  nom,  phonétiquement  transcrit?  Cette 
race  s'étend  tout  le  long  de  la  frontière  sino-tonkinoise  et  se  fait  appeler 


158  2  MAit<   m):] 

Tho  du  cùlé  de  Cao  Bang  et  de  Lang-Son.  Mais  dans  le  pays  que  j'ai 
lialiité,  les  nombreux  chefs  que  j'ai  interrogés  déclaraient  obstinément 
(ju'ils  étaient  bien  des  Thaïs  tout  en  reconnaissant,  sans  pouvoir  expliquer 
celte  diiïérence,  (|ue  leurs  compatriotes  de  l'Est  répondaient  au  nom  de 
Thùs. 

Les  Thaïs  habitent  la  plaine  :  ce  ne  sont  pas  des  montagnards.  11  pré- 
tendent former  deux  variétés  qui  différeraient  par  la  langue,  la  façon  de 
se  coiffer  et  les  rites  funéraires.  Les  Thaïs  noirs  seraient  les  premiers 
venus  :  leur  langue  est  envahie  par  de  nombreux  mots  annamites,  ils  por- 
tent les  cheveux  tressés  en  un  chignon  semblable  au  chignon  de  l'Anna- 
mite Tonkinois  et  ils  brûlent  leurs  morts.  Les  Thaïs  blancs  cherchent  au 
contraire  à  imiter  les  Chinois  :  leur  exode  au  Tonkin  serait  de  date  plus 
récente;  ils  portent  souvent  la  tresse,  parlent,  outre  le  Thaï,  la  langue 
chinoise  et  procèdent  aux  inhumations  suivant  toutes  les  habitudes  des 
Chihois. 

a)  Caractères  physiques.  —  Le  Thaï  est  de  stature  moyenne,  élancé,  la 
taille  iîne,  d'allure  fort  distinguée.  Nu,  c'est  un  joli  homme,  au  sens 
artistique  du  mot,  bien  proportionné.  Bien  que  je  réserve  pour  plus  tard 
les  données  anthropométriques  que  je  dépouille  au  sujet  de  cette  race,  je 
peux  dès  à  présent,  en  me  basant  sur  l'examen  de  20  sujets  présentés  au 
conseil  de  l'evision,  fixer  la  taille  moyenne  à  160  centimètres,  le  périmètre 
thoracique  sous-mammaire  à  0  m.  76  centimètres  et  le  poids  à  53  kilos. 

Quoiqu'ils  aient  l'œil  bridé  et  oblique,  on  voit  parfois  parmi  les  jeunes 
gens  des  deux  sexes  de  fort  jolis  spécimens  :  leur  peau  est  moins  jaune 
que  celle  des  Annamites:  dans  les  endroits  les  plus  protégés,  surtout 
chez  les  femmes,  au  niveau  des  cuisses,  le  tégument  est  celui  d'une  brune 
de  chez  nous. 

Les  cheveux  sont  lisses  et  souples,  parfois  très  beaux:  beaucoup  sont 
chatain-foncé  et  peu  des  échantillons  que  je  possède  ont  la  coloration 
franchement  noire  qu'on  observe  dans  les  races  voisines. 

Les  dents  sont  bonnes  et  souvent  laquées. 

Le  vêtement  des  hommes  se  compose  d'un  turban  qui  s'enroule  très 
artistiquement  autour  de  la  tète  :  les  cheveux,  également  enroulés,  sont 
préalablement  nattés  chez  les  Thais  blancs:  chez  les  Thaïs  noirs  ils  sont 
ramenés  en  un  chignon  bas  soutenu  par  le  turban. 

Une  veste  large  et  un  pantalon  descendant  à  mi-jambe,  en  cotonnade 
bleue,  complètent  le  costume.  —  Ordinairement  pieds  nus,  les  Thaïs, 
quands  ils  ont  des  chaussures,  portent  des  souliers  chinois. 

Quant  aux  femmes,  elles  s'enroulent  les  cheveux  autour  du  crâne  et 
mettent  un  turban  de  cotonnade  ou  de  soie  foncée,  chez  les  Thaïs  blancs  ; 
chez  les  Thaïs  noirs,  elles  partagent  leurs  cheveux  en  une  raie  bien 
apparente  sur  le  milieu  de  la  tête,  les  ramènent  ensuite  en  les  lissant 
sur  les  régions  pariétales  et  les  tordent  en  un  chignon  postérieur  qui  est 
haut  chez  les  vierges  et  qui  doit  être  en  situation  plus  basse  chez  celles 
qui  ont  eu,  avec  le  sexe  mâle,  des  rapports  légitimes. 


I'.   noix.   —  NOTE  KTIIMXUiAPIlIQrF.  SUR  LES  PEri'LAORS  Dl"  IlAUT-TONKrN       1 5<.) 

Dans  les  deux  variétés,  les  femmes  portent  un  petit  corsage  et  une 
jupe  (le  couleur  bleu  foncé.  Mais  c'est  là  leur  costume  de  travail  el  de 
tous  les  jours  :  les  jours  de  fête,  elles  revêtent  une  grande  robe  ample  et 
sans  taille  qui  les  couvre  du  cou  aux  pieds.  11  est  tn^'s  rare  de  voir  une 
femme  porter  des  chaussures. 

L'ouïe  et  la  vue,  dans  celte  race,  sont  excellentes  :  seule  la  variole, 
malgré  les  tournées  de  vaccination,  détermine  encore  trop  d'infirmes  ou 
d'aveugles. 

b)  Caractères  intellectuels.  —  Le  Thaï  est  intelligent,  courageux,  honnête, 
et  je  tiens  à  souligner  cette  dernière  qualité  qui  ne  court  pas  le  monde  : 
il  est  franc,  ce  qui  se  rencontre  rarement  chez  l'Annamite  :  il  est  bon  et 
aimable.  Ce  n'est  pas  à  dire  pour  cela  qu'il  n'ait  pas  de  défauts  :  il  est 
paresseux,  mais  élégamment  paresseux  :  j'entends  par  là  qu'il  n'est  pas 
comme  le  nègre  de  la  Côte  Ouest  de  Madagascar  qui,  pour  sa  nourriture 
fondamentale,  le  riz,  jette  la  semence  dans  un  bas-fond,  le  fait  piétiner 
par  ses  bœufs  et  attend  tranquillement  la  maturité  de  cette  plante  qui  va 
pousser  en  compagnie  d'autres  végétaux  qui  ne  peuvent  que  nuire  à  la 
récolte  :  le  Thaï  n'en  est  pas  là  :  il  ne  compte  pas  autant  sur  la  nature  :  il 
lutte  contre  elle  mais  n'en  lire  pas  tout  ce  qu'il  pourrait  :  ses  rizières  sont 
belles,  mais  il  n'y  fait  qu'une  récolte  alors  qu'il  pourrait  dans  maints 
endroits  en  retirer  deux  :  il  aurait  l'occasion  de  vendre  cher  ses  volatiles 
à  la  ville  voisine,  mais  il  préfère  les  garder  pour  lui  :  son  grand  travail 
de  l'année,  travail  pénible,  est  la  préparation  de  la  rizière.  La  moisson 
n'est  plus  qu'un  amusement.  Après  quoi  le  Thaï  ilàue  insouciant,  fume 
des  pipes  d'opium  et  ne  dédaigne  pas,  les  jours  de  fête,  de  boiie  de  l'alcool 
de  riz  jusqu'à  l'état  d'ébrïété  la  plus  complète. 

La  femme,  en  tout  temps,  est  une  ménagère  modèle  :  les  enfants,  la 
cuisine  et  la  basse-cour  sont  l'objet  de  ses  soins  dévoués  :  elle  seule, 
lorsque  la  rizière  est  unie  et  aplanie,  procède  au  repiquage  du  riz. 

J'ai  toujours  entendu  dire  que  les  Thaïs  sacrifiaient  à  un  vice  qui  fui 
en  honneur  autrefois  dans  la  Grèce  antique  :  on  prétend  même  que  la 
fréquence  des  cas  d'inversion  sexuelle  observée  chez  eux  tiendrait  en 
partie  à  la  difficulté  qu'ils  éprouvent  à  trouver  des  épouses.  Il  ne  m'a  pas 
été  permis  de  me  faire  une  opinion  à  ce  sujet  et  il  me  paraît  qu'en 
l'absence  de  données  certaines  sur  la  question,  il  y  a  lieu  de  faire  béné- 
ficier cette  race  d'un  doute  bien  légitime  et  de  ne  pas  la  charger  d'un  vice 
honteux  qui,  chez  les  Chinois,  s'affiche  au  contraire  avec  une  impudence 
inouïe. 

La  lange  thaï  est  la  langue  siamoise  :  mais  j'ai  déjà  dit  que  beaucoup 
de  Thaïs  comprenaient  et  parlaient  le  chinois  et  l'annamite  :  l'écriture 
de  la  race  est  aussi  l'écriture  siamoise  :  mais  je  n'ai  jamais  rencontré, 
dans  le  Territoire,  un  chef  qui  pût  l'écrire  assez  couramment  :  les  carac- 
tères chinois  représentent  leur  véritable  écriture. 

c)  Religion.  — Rites  funéraires.  —  La  religion  de  la  race  est  le  Bouddhisme, 
mais  combien  tiède  et  peu  pratiqué.  11  n'y  a  d'abord  pas  de  prêtres  :  les 


160  -2  M  A  us  VM\ 

honzes,  si  nombreux  au  (lainbodgc,  sont  ici  inconnus  :  un  vioillarJ,  s'il 
est  nécessaire,  se  charge,  lors  de  certaines  cérémonies,  de  prononcer 
(jucUiucs  paroles  rituelles  à  l'adresse  de  la  Divinité.  11  n'y  a  de  pagodes 
nulle  i>iirl  :  h  peine  quelques  pagodons,  où  l'on  met  parfois  des  baguettes 
d'encens,  ou  certains  bois  sacrés  que  l'on  réserve  au  milieu  d'une  rizière 
et  où  l'on  porte  des  offrandes.  Je  fus  témoin,  à  Ba-Xat,  d'un  élan  de  foi 
bouddhique  dans  les  circonstances  suivantes  :  une  tigresse  rôdait  depuis 
plusieurs  nuits  auprès  du  village  et  avait  déjà  emporté  plusieurs  cochons  : 
les  habitants,  pris  de  terreur,  se  rendirent  au  bois  sacré  voisin  et  trou- 
vèrent des  immondices  sur  un  petit  autel  bouddhique  qu'il  avaient  édifié 
au  pied  d'un  arbre  superbe,  étendant  au  loin  ses  branches  entremêlées  de 
lianes,  et  dont  des  orchidées  étaient  venus  panser  d'une  touffe  de  verdure 
toutes  les  cicatrices.  On  nettoya  l'autel  :  de  retour  au  village  on  mangea, 
on  but  surtout  beaucoup  en  criant  et  tapant  sur  des  instruments  aussi 
culinaires  que  musicaux  :  la  tigresse  disparut  :  le  chef  fut  content  de 
Bouddha  et  de  sa  toute-puissance. 

La  véritable  religion,  le  véritable  culte,  c'est  celui  des  ancêtres.  Les 
souvenirs  de  l'Inde,  de  la  Chine  et  de  l'antiquité  classique  vous  reviennent 
sans  cesse  en  mémoire  quand  on  étudie  la  race  thaï  à  ce  point  de  vue. 
Dans  toute  maison,  en  face  de  la  porte,  un  autel  est  dressé.  Des  baguettes 
y  brûlent  en  permanence  :  on  le  pare  au  moment  de  certaines  fôles,  en 
particulier  à  l'occasion  du  Têt. 

Le  père  ou  le  fils  aîné  possèdent  les  tablettes  de  famille  et  ne  manquent 
pas  de  faire,  en  temps  opportun,  les  évocations  et  les  prières  voulues 
devant  l'autel  familial. 

Les  rites  funéraires  sont  intimement  liés  au  culte  précédent.  Mais  un 
grand  point  sépare  les  Tha'i's  blancs  des  Tha'i's  noirs.  Ces  derniers  brûlent 
leurs  morts  et  enterrent  ensuite  les  résidus  de  la  crémation.  Les  autres 
Thaïs  ont  adopté  exactement  la  pratique  chinoise  :  arrivés  à  un  certain 
âge,  ils  achètent  leur  cercueil  ;  on  le  met  en  évidence,  à  côté  de  la  porte 
ou,  dans  la  cour,  sous  un  abri.  Il  est  d'un  bois  blanc  et  odorant,  assez 
analogue  à  notre  pitchpin,  dont  on  fait  un  grand  commerce  dans  la 
région  :  son  prix  varie  de  7  à  30  piastres  suivant  le  galbe,  l'épaisseur  des 
planches  et  les  caractères  ou  sculptures  dont  il  est  orné.  L'aïeul  n'éprouve 
aucune  peine  à  voir  ces  préparatifs  :  il  lui  est  doux  de  penser  qu'on 
s'occupera  de  lui  après  sa  mort  et  que  son  àme,  loin  d'être  isolée  et 
d'errer  en  effrayant  les  vivants,  recevra  aux  jours  fixés  au  moins  l'image 
d'une  nourriture  substantielle,  et  viendra  se  joindre  à  celle  des  ancêtres 
pour  protéger  les  descendants  qui  entourent  leur  mémoire  de  soins  pieux 
et  entendus. 

Mais  le  jour  des  funérailles  est-il  arrivé?  Des  cris  retentissent  par  toute 
la  maison,  des  femmes  échevelées  gémissent  désespérément  et,  si  l'on  est 
pauvre,  le  corps  du  décédé  est  conduit  au  cimetière  dans  une  natte  en 
répandant  sur  la  route  des  papiers  dorés,  symbole  de  richesse,  et  jetant 
sur  sa  tombe  des  objets  en  papier  rappelant  ceux  que  le  mort  aimait  et 
qui  constituaient  son  opulence  relative. 


i'.  mux.  —  NMTK  ETiiNor.HAPiiinrE  -^ni  i.i:>  i'Eiim.auks  ur  ii ait-T(inkin     l'il 

Si  un  riche  vient  i  mourir,  il  se  passe  de  longs  jours  avant  qu'on  le 
conduise  au  champ  du  repos  :  on  embaume  le  corps,  avant  de  le  mettre 
dans  son  cercueil;  on  dresse  une  sorte  de  catafalque  dans  l'appartement 
central;  des  bougies  sont  allumées  ou  des  lampes  à  huile  :  des  oiTrandes 
sont  apportées  constamment  et  l'on  récite  des  prières,  avec  accompagne- 
ment d'un  fifre  à  son  plaintif  et  d'un  instrument  improvisé  avec  une 
caisse  mélalli(iue.  C'est  un  vacarme  de  jour  et  de  nuit,  avec  un  pseudo- 
bonze recouvert  d'ornements  sacerdotaux,  coille  d'une  sorte  de  mitre, 
qui  fait  le  tour  du  cercueil  en  psalmodiant  d'une  voix  de  fausset  ses  lita- 
nies boui]dlii(|nes.  La  foule  accourt  sans  cesse  et  admire  respectueusement 
les  honneurs  rendus  au  mort  et  tout  l'attirail  de  victuailles,  de  fruits,  de 
chevaux,  de  chiens  et  de  bulÏÏes  en  papier  qui  entourent  le  cercueil. 

Ne  demandiv  pas  à  un  Thaï  ce  qu'est  l'àme  :  il  ne  saurait  vous  la 
définir  ;  mais  tandis  ([u'un  médecin  célèbre  ne  l'avait  jamais  rencontrée 
au  bout  de  son  scalpel,  le  Thaï  sait  fort  bien  ou  croit  savoir  fort  exacte- 
ment que  le  mort  une  fuis  en  terre  ne  meurt  pas  tout  entier:  pourquoi 
accorderait-il  tant  d'importance  à  tourner  la  tête  du  décédé  du  côté  du 
Soleil  Levant,  à  l'inhumer  dans  un  cercueil  aussi  épais  que  possible,  s'il 
ne  voulait  pas  que  quelque  chose  de  lui  repose  en  paix  dans  cette  terre  et, 
comme  on  le  dit  encore  de  nos  jours  en  employant  une  réminiscence 
latine,  que  "  la  terre  lui  soit  légère  ».  Comme  le  héros  de  Virgile,  il 
enferme  une  Ame  dans  le  tombeau:  une  autre  plane  sur  l'autel  domes- 
tique, une  troisième  enfin  monte  vers  les  cieux,  vers  Bouddha  :  c'est  la 
moins  importante  :  les  deux  premières  seules  sont  à  prendre  en  considéra- 
tion en  raison  des  maléfices  auxquels  peut  conduire  un  culte  qui  leur  serait 
maladroitement  rendu. 

L'n  Thaï  fort  intelligent,  avec  lequel  je  causais  souvent,  prétendait  que 
les  femmes  avaient,  après  leur  mort,  9  âmes,  et  les  hommes  7. 

Comme  il  me  fut  impossible,  quoiqu'il  parlât  français,  de  me  faire 
expliquer  la  destination  de  ces  âmes  supplémentaires,  je  m'en  tins  aux 
trois  dmes  dont  je  parlais  ci-dessus  et  de  l'existence  desquelles  ce  jeune 
homme  était  assuré. 

Les  âmes  des  gens  qui  n'ont  pas  de  sépulture  errent  sans  cesse  autour 
de  ceux  qui  les  ont  abandonnées  :  ce  sont  des  fantômes,  des  revenants, 
les  «  Mâ-Kôui  »  des  Annamites,  les  «  Siâô-Koui  »  des  Chinois,  les  «  Phî  » 
des  Thaïs. 

d)  La  famille.  —  Le  mariage.  —  Situation  des  enfants,  des  femmes,  des  vieil- 
lards. —  La  famille  est  solidement  constituée  :  le  père  en  est  le  chef 
écouté  :  à  son  défaut,  la  puissance  passe  aux  descendants  mâles  par  ordre 
de  primogéniture.  Comme  les  mâles  seuls  sont  admis  à  célébrer  le  culte 
des  ancêtres,  on  conçoit  quelle  importance  le  père  attache  à  avoir  un  fils: 
celui-ci  vivant,  le  repos  port  mortem  du  père  est  à  jamais  assuré.  —  Le  chef 
de  famille  thaï  est  respecté  de  façon  étonnante  :  chacun  lui  obéit  sans 
murmurer,  et  cependant  son  autorité  est  douce,  silencieuse,  peut-être 
parce  qu'il  ne  rencontre  pas  d'opposition.  S'il  veut  marier  son  fils,  celui-ci 

soc.  d'antuuûp.  l'JOo  41 


162  2  M  Alt  s  mo:; 

Ml'  lui  iVra  ijin'  rarement  des  reinonlrances  au  sujet  de,  son  chuix  :  un 
catleau  est  fuit  au  père  de  la  liancée  qui  l'utilisera  pour  couvrir  les  frais 
de  la  noce,  car  les  invités  doivent  être  bien  traités  et  il  importe  qu'ils 
jugent  l'hospitalité  de  leur  hôte  à  la  layon  dont  ils  auionl  satisfait  leurs 
appétits  gastriques. 

La  jeune  épouse  passe  ainsi  ;i  une  autre  famille  dont  elle  respectera  les 
ancôtres  :  ses  aïeux  ne  lui  sont  plus  rien;  en  elle  se  fonde  l'espoir  d'une 
grossesse  masculine  ([ui  l'attachera  encore  plus  aux  mânes  de  son  nouveau 
foyer. 

Il  ne  faudrait  cependant  pas  croire  que  le  mariage  thaï  se  réduise  tou- 
jours à  des  pourparlers  pratiques  entre  les  deux  familles  intéressées  et  h. 
des  démarches  un  peu  brutales  dont  le  sentiment  semblerait  exclu. 
L'amour  fleurit  aussi  chez  les  Thaïs  noirs:  ils  n'ignorent  pas  les  fiançailles 
et,  au  dire  du  colonel  Diguet,  on  les  voit  passer,  les  fiancés  exotiques,  la 
main  dans  la  main  ou  plus  étroitement  enlacés  encore,  se  murmurant  des 
phrases  qui  doivent  être  des  mots  d'amour  et  n'ignorant  certainement 
pas  les  éléments  du  baiser. 

A  une  époque  oii  rien  ne  faisait  présager  notre  expansion  coloniale,  on' 
nous  avait  accoutumés  à  considérer  comme  des  Barbares  ces  gens  d'Ex- 
trême-Orient qui,  nous  disait-on,  donnaient  leurs  enfants,  et  tout  au 
moins  leurs  filles,  à  manger  aux  pourceaux.  Cette  légende  a  vécu  :  le 
Thaï,  comme  le  Chinois,  adore  ses  enfants  ;  il  s'en  occupe  beaucoup  et  les 
pèresou  les  grand-pères  se  promènent  joyeux  devant  leurs  demeures  tenant 
leurs  enfants  dans  les  bras.  Lorsque  ceux-ci  grandissent  les  signes  exté- 
rieurs de  l'affection  sont  cependant  moindres  que  chez  nous,  à  cause  de  la 
suppression  des  caresses  et  des  embrassements  et  aussi  parce  que  les  fils, 
comme  les  filles,  fondent  de  bonne  heure  une  nouvelle  famille. 

La  polygamie  est  permise,  surtout  si  aucun  enfant  mâle  n'est  issu 
d'une  première  union.  L'autorité  du  chef  de  famille,  sans  violence,  main- 
tient les  femmes  dans  un  parfait  accord  et  la  plus  âgée  vaque  aux  soins 
du  ménage  lorsque  la  plus  jeune  partage  encore  avec  l'époux  la  couche 
nuptiale. 

Les  thaïs  se  marient,  en  général,  entre  eux  :  les  hommes  ne  dédaignent 
pas  de  prendre  parfois  une  épouse  annamite  mais  il  est  rare  qu'une  jeune 
fille  Thaï  épouse  un  homme  d'une  autre  race. 

Arrivés  a  la  vieillesse,  vers  60  ans,  les  vieillards  sont  dispensés  des 
plus  durs  travaux:  si  besoin  est,  ils  gardent  même  un  repos  complet. 
Le  fils  nourrit  son  vieux  père  sans  acrimonie  et  sans  récrimination.  C'est 
la  coutume  héréditaire.  La  propriété  est  indivise  dans  chaque  commune  : 
chaque  famille  ou  groupe  de  familles  cultive  les  terrains  qui  lui  sont 
dévolus  :  on  partage  ensuite  la  récolte  proportionnellement,  sans  oublier 
les  infirmes,  les  veuves  et  les  parents  dont  le  fils  est  dans  les  troupes 
régulières  ou  dans  les  milices  créées  par  les  Français. 

Les  questions  de  justice  sont  maintenant  soumises  à  la  juridiction 
française  :  avant  notre  arrivée,  les  chefs,  à  divers  degrés,  rendaient  la 
justice  dans  les  provinces,  les  cantons  et  les  communes.  Leur  justice  était 


p.   UUI  A.   —  NilTl-:  KTlINotllt  Vl'linjl  K  Sl'U   LKS  l'KlI'I.VDRS  Dl     llAT  T- loNKIN        |(;S 

parfois  excessive  et  leurs  pénalilés,  lerribles  :  la  femme  adultère,  par 
exemple,  avait  le  cou  tranché  ainsi  qm  son  amant.  Depuis  la  réduction 
des  peines,  prononcées  par  nos  tribunaux,  les  Thaïs  se  plaignent  que 
leurs  femmes  sont  moins  fidèles  et  accusent  notre  administration  de  ce 
relâchement  dans  les  nidiui's. 

e)  Alimentation  — Boissons.  — L'alimentation  fondamentale  est  consti- 
tuée par  le  riz  :  le  cochon  est  la  viande  véritablement  nationale  ;  les  poulets, 
les  canards  et,  accessoirement,  lebufilesont  aussi  très  recherchés  de  cette 
population.  Pour  certaines  fêtes,  pour  le  Tét  en  particulier,  pour  les 
mariages  comme  pour  les  décès,  on  fait  des  hécatombes  de  volatiles.  Les 
oignons,  les  salades  représentent  les  légumes  ;  les  fruits  sont  nombreux 
et  divers,  oranges,  mandarines,  bananes,  ananas,  lelchis,  papayes,  pam- 
plemousses, etc. 

L'eau  ou  le  thé  sont  la  boisson  ordinaire  ;  mais,  dans  une  famille 
(jui  se  respecrte  on  boit,  par  petites  lasses,  l'alcool  de  riz,  ainsi  que  le  font 
les  Chinois. 

Au  total,  le  Thaï  vit  à  son  aise  et  si,  d'aventure,  comme  il  m'est  arrivé, 
vous  faites  manger  un  chef  à  la  française,  so3'ez  assuré  qu'il  aura  tôt  fait 
de  troquer  ses  baguettes  contre  une  fourchette  et  une  cuillère  etqu'il  saura 
faire  honneur  au  repas  que  vous  lui  servez.  Il  ne  dédaignera  surtout 
pas  le  vin,  car  il  est  persuadé  que  ce  liquide  nous  rend  colorés  et  puissants. 

L'industrie  chinoise  fournit  aux  Thaïs  tous  leurs  ustensiles  de  cuisine  : 
grandes  et  petites  marmites  en  fonte,  tasses  de  divers  modèles,  théières. 

f)  Habitations.  —  Deux  modèles  :  tantôt  la  case  est  à  môme  le  sol, 
tantôt  le  plancher  ou  plutôt  les  bambous  écrasés  qui  en  tiennentlieu  sont 
à  1  m.  rjO  au-dessus  du  terrain.  L'espace  libre  sert  alors  de  remise  ou 
d'écurie.  Les  maisons  sont  parfois  fort  grandes  :  de  superbes  bois  durs 
en  constituent  la  charpente.  Les  parois  sont  de  bambou  écrasé  et  tressé, 
le  toit  est  en  chaume,  en  tuiles  de  bambous  ou  en  feuilles  de  latanier. 

Dans  une  maison  bien  tenue  il  y  a  au  moins  deux  compartiments  :  le 
premier  avec  une  table  et  de  petits  tabourets  en  rotin  :  c'est  la  salle  de 
réception;  le  second  est  la  cuisine  et  le  gynécée. 

Les  lits  sont  des  lits  de  camp  recouverts  d'une  natte.  Ils  sont  à  l'abri  des 
regards,  derrière  des  cloisons  de  bambous. 

L'habitation,  comme  celui  qui  l'habite,  est  propre:  mais  tout  autour, 
surtout  les  jours  de  pluie,  c'est  une  mare  fétide  constituée  par  les  eaux 
ménagères  et  le  fumier  des  animaux,  surtout  des  buffles  qui  dispensent 
abondamment  leurs  énormes  excréments. 

g)  Industrie  —  Arts  —  Parure.  —  La  race  thaï  s'cccupe  surtout  d'agri- 
culture: Aussi  l'industrie  y  est-elle  seulement  représentée  par  le  lissage 
des  vêtements  de  colon,  confectionnés  au  moyen  d'un  métier  élémentaire 
et  teints  ensuite  avec  l'indigo.  —  Tout  ce  qui  est  poterie  vient  de  Chine 
ou  d'Annam. 

Les  arts  n'existent  qu'à  l'état  rudimentaire  :  la  musique  vocale  s'exécute 


104  -2  MAHs  1905 

sous  forme  de  mélopées  plaiiilivos  chantonnées  à  l'occasion  des  fêles  ou 
des  décès  el  la  musique  insirumenlale  consiste  essenliellemenl  dans  une 
sorle  de  biniou  n'cmellant  que  quelques  notes  ou  dans  une  guitare  à 
3  cordes  dont  le  dessus  est  ordinairement  recouvert  d'un  fragment  de  peau 
de  ssrju'nt. 

Les  enfants  et  les  femmes  portent  volontiers  des  colliers  en  argent  mas- 
sif, des  agrafes  de  corsage  et  des  boutons  de  môme  métal:  mais,  le  plus 
souvent,  ces  objets  sont  confectionnées  par  des  artistes  chinois. 

,Ymji«î.  —  Ce  sont  des  habitants  de  la  plaine,  comme  les  précédents  avec 
lesquels  ils  se  partagent  les  basses  vallées.  Ils  paraissent  plus  petits  que 
les  Thaïs;  nus,  il  affectent  des  formes  moins  robustes. 

Dix-neuf  sujets  que  j'ai  pu  examiner,  m'ont  donné,  comme  moyenne, 
0  m.  76  centimètres  de  périmètre  thoracique  et  156  centimètres  comme 
taille. 

Leur  teint  est  celui  des  Thaïs  :  il  y  a  parmi  eux,  et  surtout  parmi  les 
femmes,  de  forts  jolis  types.  Ils  m'ont  toujours  apparu  comme  une  réduc- 
tion de  Chinois  d'autant  qu'ils  en  portent  la  coiffure  et  le  costume.  C'est 
dire  que  le  pantalon  flottant  est  porté  par  la  femme  et  qu'elle  cache  son 
buste  sous  une  veste  longue,  bleue,  bordée  de  noir,  qui  est  d'un  effet 
charmant. 

Le  Niân  est  calme,  tranquille,  point  guerrier,  un  peu  paresseux  et  tout 
ce  que  nous  avons  dit  du  Thaï  s'applique  exactement  à  lui. 

Il  a  un  dialecte  spécial,  mais  il  parle  couramment  la  langue  chinoise 
usuelle  et  emploie  les  caractères  dans  sa  correspondance. 

Nhùnf/s. — Au-dessusdes  précédents,  dansla  basse  montagne,  les  Nhùngs 
ont  élu  domicile  :  mais  il  habitent  surtout  dans  la  partie  du  Territoire 
située  k  l'Est  du  Fleuve  Rouge. 

Leur  périmètre  thoracique,  d'après  l'examen  de  8  sujets,  serait  de 
75  centimètres  et  leur  taille  de  1  m.  58.  Les  hommes  sont  habillés  comme 
des  Chinois  et  portent  la  tresse,  les  femmes  ont  des  vêtements  qu'on  ne 
trouve  dans  aucune  autre  race  :  la  tète  est  entourée  d'une  bande  de  coton- 
nade bleue  qui  cache  les  cheveux  et  sur  laquelle  est  plaquée,  à  la  région 
occipitale,  une  grosse  rondelle  d'argent.  Un  petit  boléro  et  une  jupe 
plissée,  demi-longue,  de  couleur  foncée,  complètent  cet  ensemble  qui 
devient  ainsi  très  pittoresque  surtout  lorsqu'elles  se  coitïentde  leur  grand 
chapeau  de  campagnardes. 

C'est  une  race  petite,  mais  résistante  ;  la  flgure  présente  les  traits  carac- 
téristiques de  la  race  mongole. 

Mêmes  défauts,  qualités  et  mœurs  que  les  Thaïs  blancs. 

Dialecte  spécial,   mais  usage  courant  du  Khoùan-hoùa. 

Mans  ou  Yàos.  —  Race  montagnarde,  stationnée  entre  500  et  1,000  mètres 
environ  ;  on  distingue  deux  variétés  :  les  M;\ns  Lan  Tén  et  les  Mans  Ta  Pàn. 
Ce  sont  surtout  les  costumes  des  femmes  qui  les  différencient  :  femmes  à 
pantalons,  toutes  deux,  mais  la  femme  Lan  Tén  a  une  sorte  de  coiffe  bre- 


l'.    aOUX.   —  N<»TK  ETHNOlîRAPHIglE  SUU  LES  PEUPLADES  DIT  IIAIT-TO.NKIX       165 

tonne  dont  l'ornenientation  consiste  en  une  tresse  do  coton  blanc  et  noir 
qui  passe  sur  le  sommet  du  cr;\ne  pour  pendre  ensuite  de  cliariue  cùté 
jusqu'au  niveau  du  cou  :  sa  veste,  longue  et  son  pantalon  sont  bleu  foncé  ; 
quelquefois  une  garniture  en  soie,  broderie  primitive,  se  remarque  sur 
les  extrémités  de  ces  vêtements. 

La  femme  Màn  Ta  l'An  porte  comme  coiiïure  une  bande  de  coton  rouge 
vif  qui,  après  lui  avoir  enserre  la  tète  sous  forme  de  capeline,  est  ensuite 
rabattue  d'avant  en  arrière  et  descend,  flottante,  jusqu'au  niveau  de  la 
nuque.  Sa  tunique,  dont  le  fond  est  bleu  indigo,  est  rehaussée  de  bro- 
deries il  la  soie  dans  le  dos  et  sur  le  pourtour  des  manches  et  du  bord 
inférieur  :  des  flots  de  coton  rouge,  agrémentés  de  perles  noires  et  blan- 
ches, pendent  en  arriére  du  col.  Le  pantalon  est  de  même  étolTe  et  pré- 
sente des  broderies  analogues  à  son  extrémité  inférieure. 

Les  hommes  sont  vôtus  de  toile  bleue  façonnée  en  veste  ample  et  en 
pantalon  ;  ils  s'enroulent  les  cheveux  autour  de  la  tête  et  portent  un 
turban  de  cotonnade  bleue. 

Les  Mans  m'ont  paru  plus  grands  et  plus  forts  que  leurs  voisins  :  ils 
sont  assez  jaloux  de  leur  liberté,  mais  fréquentent  cependant  beaucoup 
les  marchés  de  la  plaine  et  viennent  même  faire  des  rizières  sur  les  bords 
du  Fleuve  Houge^  ce  qu'on  ne  voit  jamais  chez  les  Méos. 

En  tant  qu'agriculteurs,  ils  cultivent  le  riz,  le  maïs,  la  patate,  l'indigo. 
L'altitude  à  laquelle  certains  d'entre  eux  habitent  leur  permet  d'avoir  des 
arbres  fruitiers  d'Europe  et,  en  particulier,  des  pêchers  dont  les  fruits 
sont  très  beaux  mais  peu  agréables  au  goût.  Ils  les  mangent  d'ailleurs 
verts,  comme  les  Annamites,  pour  ne  pas  les  voir  attaqués  par  les  insec- 
tes et  aussi  parce  que  les  fruits  trop  mûrs,  d'après  eux,  donnent  de  la 
diarrhée. 

Tandis  que  les  tribus  de  la  plaine  font  presque  exclusivement  des 
rizières  de  plaine,  c'est-à-dire  des  rizières  irriguées,  le  MAn  s'adonne  sur- 
tout à  la  rizière  sèche  dite  rizière  de  montagne.  11  choisit  un  beau  bois  de 
bambous  ou  d'autres  espèces  d'arbres,  y  met  le  feu  et  lorsque  cette  terre 
est  suffisamment  fécondée  par  ces  résidus  de  combustion,  toute  la  famille 
bêche  avec  ardeur  ce  sol  nouveau,  y  jette  la  semence  et  la  laisse  ensuite 
germer  envoyant  de  temps  en  temps,  jusqu'au  moment  de  la  moisson, 
des  émissaires  qui  viennent  surveiller  le  champ  pendant  le  jour. 

Les  M;\ns,  si  on  n'y  prenait  garde,  auraient  tùt  fait  de  dévaster  le  pays 
et  de  le  rendre  semblable  aux  pentes  nues  et  tristes  du  Yu-Xan  où  se 
trouvent  encore  nombre  de  gens  de  leur  race.  C'est  une  peuplade  nomade 
qui  change  facilement  de  pays  et  ne  s'attache  pas  au  sol. 

Ils  ont  un  dialecte  spécial  et  ont  beaucoup  de  peine  à  se  faire  com- 
prendre sur  les  marchés  de  la  i)laine.  Ils  sont  illettrés,  sauf  (|uolque.s 
notaiy.es  et  chefs  (jui  possèdent  quehiucs  caractères. 

Ils  ne  s'allient  jamais  aux  peuplades  voisines. 

Mim.  —  Avec  les  Méos  nous  arrivons  à  la  peuplade  qui  habite  les  plus 
hautes  altitudes,  de  1,000  à  2,000  mètres,  qui  s'attache  au  sol  plus  que 


I'»t>  2    M  A  II  s    1905 

la  raccmànel  qui  ne  descoiid  jamais  dans  les  basses  altitudes,  prétendant 
que  la  plaine  leur  est  funeste  et  qu'ils  s'y  infectent  de  paludisme. 

Les  Méos  sont  plu  lot  petits,  mais  très  robustes  :  ils  ont  le  teint  beau- 
coup moins  jaune  que  les  Thaïs,  l'angle  interne  de  l'œil  souvent  bridé 
mais  la  fente  palpt'-brale  peu  oblique.  Ils  sont  lestes,  durs  à  la  fatigue  et 
placent  en  général  leurs  villages  dans  des  endroits  difTiciles  h  aborder. 
Doux,  hospitaliers,  mais  un  peu  sauvages,  ils  sont  de  grands  chasseurs 
de  cerfs,  de  tigres  et  de  panthères  et  forgent  eux-mêmes  leurs  fusils  : 
ceux-ci  se  composent  dun  long  canon  de  fer  et  d'une  toute  petite  crosse 
analogue  à  une  crosse  de  revolver  qu'ils  assujétissent  sur  la  joue  pour 
viser  :  un  chien  primitif  et  un  silex  complètent  cette  arme  de  chasse. 
Leur  poudre,  à  gros  grains,  est  fabriquée  par  eux. 

Les  costumes  des  Méos  sont,  avec  ceux  des  Mans,  les  plus  curieux  de 
la  région.  L'homme  porte  la  tresse  enroulée  autour  delà  tète  :  celle-ci  est 
coiffée  d'un  turban  de  cotonnade  bleue,  affectant  des  dimensions  bien 
plus  considérables  que  dans  les  autres  races  et  ayant  une  vague  ressem- 
blance avec  certaines  coiffures  indiennes.  La  veste,  bleu  foncé,  est  courte, 
dégageant  le  cou  et  s'arrètant  h.  la  ceinture;  un  pantalon  de  même  couleur 
descendant  au  mollet  est  retenu  à  la  taille  par  une  ceinture  de  coton 
rouge  et  des  bandes  molletières  bleues  complètent  ce  costume  très  seyant 
et  très  coquet  quand  il  est  porté  par  des  jeunes  gens.  En  costume  de 
travail,  la  femme  méo  a  un  grand  turban  de  toile  blanche  ou  noire,  une 
petite  veste  de  toile  blanche  et  une  jupe  blanche  plissée,  arrivant  à  peine 
au  mollet  et  qui  se  meut  autour  de  sa  personne  plutôt  dodue  de  façon 
fort  comique.  Les  mollets  sont  le  plus  souvent  emprisonnés  dans  des 
bandes  molletières.  Enfin  un  grand  col  marin,  h  fond  blanc,  agrémenté 
d'appliques  rubanées  rouges  et  bleues  qui  le  bordent,  descend  du  cou  sur 
le  dos  et  les  épaules.  Lors  de  certaines  fêtes,  le  costume  se  complique 
d'un  turban  plus  précieux,  bleu  et  blanc,  et  d'une  ceinture  où  sont  ébau- 
chées quelques  primitives  broderies  de  soie. 

Les  maisons  des  pauvres  sont  de  chaume  :  les  paysans  plus  aisés  ont 
des  murs  en  argile  ou  en  pisé. 

Le  Méo  brûle  les  forêts,  comme  le  MAn,  pour  planter  :  mais  il  cultive 
mieux  son  terrain  et  dépense  beaucoup  de  travail  el  de  temps  pour  amé- 
nager, sur  les  pentes  de  ses  montagnes,  des  rizières  à  irrigation  :  il  cul- 
tive aussi  le  maïs,  le  chanvre  qu'il  fait  rouir  et  dont  il  se  sert  pour  tisser 
ses  costumes.  C'est  lui,  ainsi  que  le  MAn,  qui  possède  les  poulinières  de 
cette  race  chevaline  tonkinoise,  dont  la  taille  moyenne  est  de  1  m.  20, 
mais  qui  est  si  précieuse  pour  les  Européens  à  raison  de  sa  vigueur,  de 
sou  endurance  et  de  son  agilité. 

Les  Méos  ont  un  dialecte  spécial,  mais  parlent  couramment  le  chinois. 
Je  m'arrèle.  Messieurs,  car  cefte  communication  me  paraît  déjà  bien  lon- 
guepour  appuj-er  la  modeste  collection  etbnographiquequeje  vous  apporte. 
Je  reviendrai  ultérieurement,  avec  plus  de  détails  anthropométriques, 
sur  la  race  annamite  et  sur  la  race  thaï. 


YVES  GUYOT.  —   LA  IMPILATION  ET  LES  SUBSISTANCES  KV 

LA  POPULATION  ET  LES  SUBSISTANCES 

l'Ait  M.  Yves  Glyot. 


Messieurs  et  chers  collègues, 

Hue  la  ((uestion  de  l'alimentation  doive  être  étudiée  à  la  Société 
d'Anlhropolot^ie,  je  crois  que  je  n'ai  pas  besoin  de  le  démontrer,  car,  à 
coup  sur,  dans  l'évolution  humaine,  elle  est  de  tous  les  facteurs  scien- 
tifiques celui  qui  a  joué  et  joue  le  plus  grand  rôle. 

Que  la  Société  d'Anthropologie  doive  se  préoccuper  des  problèmes 
contemporains,  je  crois  que  je  n'ai  pas  non  plus  besoin  d'insister  sur 
cette  nécessité  :  elle  est  d'autant  plus  grande  que  nous  voyons,  en  France 
et  en  Allemagne,  des  écrivains  présenter,  sous  le  nom  de  systèmes  anthro- 
pologiques, d'audacieuses  fantaisies,  et  il  est  peut-être  regrettable  que 
nous  n'ayons  pas  abordé  quelquefois  ici  des  problèmes  agités  dans  des 
discours  et  des  livres  retentissants  pour  en  déterminer  les  données 
exactes. 

Précisément,  dans  l'étude  suivante,  je  vais  essayer  de  montrer  comment 
se  pose  la  question  de  la  Population  et  des  Subsistances,  question  qui  joue 
un  aussi  grand  rôle  dans  le  budget  quotidien  de  chaque  individu  que 
dans  la  vie  économique  des  peuples,  dont  tout  le  monde  parle  à  tout 
hasard  et  qui  donne  si  souvent  lieu  à  l'exploitation  des  préjugés  par  des 
intérêts.  Tout  progrès  scientilique  élimine  quelques-unes  des  duperies 
dont  l'ignorant  est  victime. 

Ici,  comme  partout,  intervient  tout  d'aboid  la  question  de  méthode, 
car  il  s'agit  de  savoir  quelles  sont  la  quantité  et  la  nature  des  subsis- 
tances nécessaires  à  l'homme. 

Donc,  mon  travail  est  divisé  en  deux  parties  : 

l»  Détermination  de  la  Ration  type. 

2°  .\pplication  de  cette  mesure  aux  groupes  humains  cl  aux  ressources 
alimentaires. 

La  ration  ti/pe. 

.Uix  Etals  L'iiis,  yO/ficeof  Jicperinienl  Station  d'i  Di'jiartnirnloflltr  Ai/ricul- 
ture  a.  commencé,  sous  la  direction  de  M.  A.  C.  True,  il  ya  unn  dizaine 
d'années,  une  enquèle  sur  la  valeur  nulrilive  des  divers  aliments  et  de 
leur  prix  de  revient.  Ces  enquèles  ont  été  dirigées  par  M.  W.  O.  .\twater, 
professeur  de  chimie  à  la  Wesleyan  University  de  Middletown,  entouré 
de  collaborateurs  de  premier  (M'dn;. 

-M.  At\Yaler  donne  les  évaluations  suivantes  pour  les  rations  néces- 
saires : 


ir.S  2  .MAii>    1005 

Matières  [trot(5iquos 
Total  digcstivos        Calories 

grammes  grammes 

Homme  sans  exercioe  musculaire.  .. .  90  83  -2150 

Avec  exercice  modéré 112  103  3050 

Avec  exercice  modéré  actif 125  115  3400 

Avec  Iraviiil  musculaire  dur 150  138  4150 

Avec  travail  musculaire  vie  dure 175  161  5500 

D'après  des  expériences  faites  en  Ecosse  sur  des  prisonniers  employés 
il  casser  de  la  pierre  et  travaillant  huit  heures  par  jour,  le  docteur  Dunlop 
trouve  que  3,700  calories  constituent  le  minimum  nécessaire  pour  un 
adulte  ne  faisant  qu'un  travail  modéré  actif. 

On  peut  donc  considérer  (}ue  la  ration  type  donnée  par  M.  Atwater 
pour  Tadulte  homme  faisant  un  travail  modéré  actif  de  3, 400  calories  est 
un  minimum. 

En  temps  de  paix,  la  ration  du  soldat  français  est  de  750  grammes  de 
pain,  300  grammes  de  viande,  sans  compter  les  légumes,  le  sucre,  le  café. 
En  dehors  du  pain  de  table  distribué  en  nature,  il  y  a  le  pain  de  soupe, 
distribué  au  taux  de  425  grammes  par  soupe  deux  fois  par  jour.  La  ration 
est  ainsi  portée  à  1  kilogramme;  mais  le  pain  de  soupe  peut  être  rem- 
placé par  des  substituts. 

La  ration  de  viande  est  la  ration  non  désossée  et  crue,  au  taux  de 
300  grammes  par  jour.  Mais,  d'après  le  règlement  sur  la  gestion  d'ordi- 
naire, il  faut  déduire  du  poids  total  I/o  ou  20  0/0  d'os.  Le  cahier  des 
charges  exige  un  rendement  en  viande  bouillie,  os  compris,  de  46  0/0. 

Voici  les  résultats  pour  une  livraison  de  viande,  le  24  février  1905  à 
l'Ecole  militaire  de  Saint-Cyr  :  viande  de  première  qualité  de  Paris  (bas 
morceaux,  collier,  bas  de  la  cuisse  jusqu'au  jarret,  un  peu  de  bajoues  dé- 
sossées, plat  de  côtes)  : 

Poids  brut  45  kilos,  se  décomposant  en  viande  crue,  37  kilos  100;  os 
crus,  7  kilos  UOO.  Viande  cuite,  26  kilos,  os  cuits,  5,100.  Le  rendement 
est  de  57  0/0.  Dans  le  service  de  choix  auquel  j'emprunte  cet  exemple, 
on  estime  que  le  rendement  moyen  est  de  55  00.  On  peut  donc  évaluer 
le  rendement  ordinaire  à  50  0/0;  Atwaler  n'estime  les  déchets  de  la  viande 
qu'entre  16  et  20  0/0. 

La  viande,  en  moyenne,  contient  15  0  0  de  matières  protéiques  qui, 
multipliées  par  300  grammes,  nous  donnent  45  grammes. 

Le  pain  ou  son  substitut  :  10  hectogrammes  X  9,  2  ;=  92  grammes, 
soit  un  total  de  137  grammes  de  matières  protéiques  absorbées.  Nous 
sommes  un  peu  au-dessus  du  chirTrc  d'.Vtwaler;  mais  nous  sommes  au- 
dessous  si  on  lient  compte  de  la  difTérence  de  l'évaluation  du  déchet. 

Quant  aux  calories,      3(KJ  grammes  de  viande  —.        666 
1.000  gram.  de  pain  blanc  rr    2.660 

_      3  326 
0  kil.  010 

i.e  quart  de  la  ration    tie  sucre  . — ■ —  =    0.025 

4 


YVES  (ÎLVOT.    —    LA  Pnl'l  I.ATION  ET  LES  SLIISISTANCES  469 

donne  pour  i.7oO  calories  par  livn>  anglaise,  9  calories. 

Il  faut  ajouter  quelques  Icgmiies.  Mémo  en  ne  tenant  pas  compte  du 
déchet,  on  arrive  péniblement  au  chiffre  de  3,400  calories,  qui  doit  être 
considéré  comme  plutôt  au-dessous  qu'au-dessus  du  nécessaire. 

Dans  son  essai  d'Arithmétique  poli(iqi(e  sur  les  premiers  besoins  intérieurs 
de  la  République,  publié  en  I7*JG,  le  célèbre  mathématicien  Lagrange  avait 
pris  comme  base  d'appréciation  la  ration  des  troupes  qui,  pour  chaque 
soldat,  était  de  28  onces  de  pain  (une  livre  trois  quarts)  et  d'une  demi- 
livre  de  viande;  puis  il  avait  n'duit  la  population  de  23  millions  à  20  mil- 
lions, soit  d'un  cinquième,  pour  tenir  compte  de  la  ration  plus  faible  des 
enfants,  des  femmes  et  des  vieillards. 

Suivant  l'exemple  de  Lagrange,  je  prends  comme  type  la  ration  du 
soldat  en  temps  de  paix.  Pour  opérer  la  réduction  que  comporte  la 
moindre  consommation  des  enfants  au-dessous  de  13  ans,  des  femmes  de 
i5  à  39  ans  exclusivement,  et  des  vieillards  au-dessus  de  60  ans,  je  répar- 
tis, par  grandes  masses,  la  population  à  ses  différents  Ages  d'après  les 
recensements  de  i87t)  à  1891)  '.  J'exagère  le  chiffre  des  individus  à  con- 
sommation réduite.  Ainsi  sur  i.OOO  personnes,  je  porte  à  20  pour  1.000, 
tandis  qu'il  n'est  ({ue  de  16,  le  chiffre  des  enfants  au-dessous  d'un  an. 
Pour  1.000  personnes  des  deux  sexes,  on  a  : 

.\u-dcssous  dun  an ■2<' 

D'un  an  à  14  ans  révolus 260 

De  15  ans  à  59  ans GOO 

.\u-flcssus  (le  60  ans. .      . 120 

Total 1.000 

Des  physiologistes  estiment  que  l'alimentation  d'une  femme  représente 
les  3  3  de  celle  d'un  homme;  que  l'alimentation  d'un  vieillard  peut  être 
assimilée  à  celle  d'une  femme;  que  l'alimentation  d'un  enfant  représente 
les  3/4  de  celle  d'une  femme;  j'en  déduis  complètement  l'alimentation  des 
enfants  au-dessous  d'un  an.  Dans  ces  conditions  je  trouve,  pour  1,000  ha- 
bitants, les  chiffres  de  rations  alimentaires  suivants  :  pour  les  hommes, 
300;  pour  les  femmes  et  les  vieillards,  313  ;. pour  les  enfants,  193;  au  total, 
810;  c'est-à-dire  les  quatre  cinquièmes  exactemenf,  soit  la  même  propor- 
tion que  celle  adoptée  par  Lagrange. 

Je  vais  plus  loin.  Evaluant  la  population  de  la  France  à  40  millions 
d'habitants,  j'abaisse  au  quart  la  proportion  du  cinquième  et  j'ai  un  total 
de  30  millions  de  rations. 

Voilà  la  méthode.  Maintenant,  quels  résultats  donnet-ellecomnie  appli- 
cation? Ouelles  sont  les  ressources  alimentaires  qui  coirospondent  au 
besoin  ainsi  déterminé? 


'  V.  Levasseur.  —  La  population. 


170  -2  MAU>  1U05 

Lu  m  lion  réf/élalc  eii  France. 

D'après  la  vieille  fornuilc,  trop  forlc,  mais  admise  dans  le  tarif  des 
doiianes,  100  kilos  de  blé  produisent  100  kilos  de  pain.  Kn  France,  de 
1893  à  1902,  la  récolte  a  clé,  année  moyenne,  de  8.800.000  tonnes  de 
froment.  D'après  M.  Garola,  les  semences  en  ont  exigé  1.000.000  :  restent 
7.800.000  tonnes.  3G0  kilos  de  pain  X  30.000.000  =  10.800.000  tonnes; 
reste  un  déficit  de  4  millions  de  tonnes  de  froment,  soit  de  2\)  0/0. 

H  est  insuffisamment  comblé  par  les  importations.  La  farine  est  comptée 
dans  les  importations  de  blé  au  taux  de  70  kilos  par  quintal  de  blé,  le 
poids  de  1  hectolitre  de  blé  étant  évalué  à  75  kilos. 

1897-1898 2.287.000  tonnes. 

1901-1902 228.000      - 

1903-1904 337.200      - 

Voici  maintenant  la  production  des  grains  inférieurs  qu'on  peut  regarder 
comme  des  succédanés  : 

1902.  —  Seigle 1.159.000  tonnes. 

Orge 947.000      — 

Sarrasin 578.000      — 

On  doit  y  ajouter  les  pommes  de  terre  dont  la  récolte  en  1902  a  été  de 
11.200.000  tonnes,  dont  5  millions  pour  usage  industriel,  l'alimentation 
des  animaux,  la  distillerie,  la  semence.  Alais,  d'après  le  tableau  donné 
par  M.  Armand  Gautier,  sur  100  parties  fraîches  les  blés  donnent  en 
moyenne  12,6i  de  matières  albuminoïdes,  les  pommes  de  terre  1,3.  En 
un  mot,  pour  obtenir  l'équivalent  des  substances  protéiques,  là  oii  il  fau- 
drait 1  million  de  tonnes  de  froment,  il  faudrait  9.720.000  tonnes  de 
pommes  de  terre. 

En  1902,  on  estime  aux  chiffres  suivants  la  récolte  des  principaux 
légumes  : 

Haricots 96.000  tonnes. 

Lentilles 84.000      — 

Pois 53.000      — 

Fèves 92.000      — 

Total 325.000  tonnes. 

Tous  ces  légumes,  sans  compter  leurs  déchets,  contiennent  une  énorme 
quantité  d'eau. 

Donc  nous  pouvons  conclure  qu'il  y  a  en  France  pour  la  nourriture  vé- 
gétale un  déficit  qui  ne  s'élève  pas  à  moins  de  2  millions  de  tonnes,  soit 
20  O/Ô  ou  un  cinquième. 

Le  blé  dans  le  monde. 

Je  vais  examiner  maintenant  les  ressources  en  blé  qu'otïre  le  monde 
çntier. 


YVES  GUYOT.    —    LA   l'Ol'LLATION  KT  LKS  SLltSISTANCES  171 

Lo  Ihdtctin  des  Halles  a  donne'  en  heclolilro.s  la  moyonne  annuelle  de  la 
production  en  froment  dans  le  monde  pendant  la  période  décennale  1^94- 
l'JOli,  et  en  1904.  Je  les  convertis  en  tonnes  au  taux  de  T.j  kilos  pour  un 
hectolitre  et  je  trouve  : 

Production  moyenne 

189  i  190;!  I90i 

Tonnes  Tonnes 

Europe 40.800.000  39.400.000 

Antres  continents  : 

Amérique lO.OOO.iKJO  20.000. 000 

Asie  8.200.000  11 .500.000 

Afrique 1.200.000  1.400.000 

Total "g9. 200. 000  72.600.000 

La  production  pour  l'Europe  compte  donc  pour  5i)  0  0  de  la  production 
mondiale. 

Mais  la  population  de  l'Europe  est  de  411.000.000,  d'après  l'évaluation 
donnée  par  M.  Levasseur  dans  VAnniiaircdu  JJitrraudcs  Longitudes.  Uéduitc 
d'un  quart,  elle  a  h  sa  disposition  124  kilos  de  blé,  soit  236  en  moins  que 
la  ration  type. 

Voici  comment  se  répartit  l;i  production  du  blé  entre  les  grands  pays 
européens  : 

189't-190i  190'» 

Tonnes  Tonnes 

UusMe 10.700.000  10.800.000 

France 8.800.000  7.800.000 

Autriche-Hongrie...  5.000.000  4.o00.000 

Italie 3.300.000  3.600.000 

Allemagne 3.200.000  3.800.000 

Kspagoe 2.700.000  2.500.000 

Roumanie 1. 600.000  1.300.000 

Angleterre 1. 500. 000  1.000.000 

Déduisons  la  Russie  d'Europe  et  ses  116  millions  d'habitants;  il  reste 
30  millions  de  tonnes  pour  300  millions  d'habitants,  diminués  d'un  quart, 
soit  135  kilos  par  habitant,  ou  28."i  kilos  en  déficit  de  la  ration  type. 

Si  on  prend  la  récolte  de  1904,  la  population  de  l'Allemagne  est  estimée 
à  59  millions.  Diminuée  d'un  quart,  elle  n'a  donc  que  67  kilos  de  froment; 
déficit,  293  kilos. 

Les  habitants  du  Iloyaume-rni,  qui,  en  1904,  sont  de  42  millions  et 
demi,  n'ont  que  23  kilos;  déficit,  337  kilos. 

L'Europe,  même  sans  la  Russie,  produit  plus  de  froment  que  le  reste 
du  monde.  Cependant  ^a  proJuclion  est  loin  de  suffire  même  à  son  ali- 
menlion  actuelle  si  insuffisante  qu'elle  soit.  Elle  ne  compte  qu'un  grand 
pays  exportateur,  c'est  la  Russie  ;  et  c'est  le  moins  avancé  en  évolution. 

La  Russie  exporte  80  0  0  du  froment  qu'elle  produit.  Le  paysan  russe, 
mange  du  seigle, 


m  2  M A us  1005 

Sur  It's  132  millions  et  demi  d'iicclaros  labourés  dans  la  Ilussie  d'Eu- 
rope, la  surface  consa(:r('e  au  froment  n'occupe  que  12  millions  el  demi 
d'hectares  :  un  peu  moins  du  double  de  li  surface  qui  y  est  consacrée  en 
France. 

La  surface  emblavée  en  seigle  est  de  28.700.000  hectares. 

Toute  la  zone  du  Tchcrnozem,  la  terre  noire,  est  cultivée  et  son  aire  ne 
peut  (.Hre  étendue.  Si  féconde  qu'elle  soit,  avec  son  épaisseur  qui  varie 
de  0,30  cenlinuHres  à  1  mètre,  la  culture  extensive  qui  y  est  pratiqu('e 
n'en  obtient  que  4  ou  5  grains  de  froment  par  semence.  La  récolte  actuelle 
monte  à  environ  5  hectolitres  à  l'hectare,  tandis  que  la  moyenne  de  la 
France  est  de  18.  dette  culture,  qui  gaspille  la  semence  et  obtient  une  ré- 
colte si  faible,  est  due  à  l'ignorance  et  à  la  pauvreté  du  paysan. 

Le  plus  souvent,  le  blé  apporté  sur  le  marché  ne  vient  pas  directement 
du  paysan.  Il  a  été  saisi  et  est  vendu  par  le  fisc. 

Le  cultivateur  ne  peut  se  procurer  de  machines  agricoles  ;  les  hauts 
tarifs  les  lui  interdisent  et  il  n'a  pas  d'animaux  de  trait  pour  s'en  servir. 

Pendant  les  trois  dernières  années,  les  récolles  de  la  Russie  ont  été 
d'une  richesse  exceptionnelle,  mais  déjà,  en  lîJOi,  elles  sont  moins  bonnes. 
Elles  sont  le  jouet  des  accidents  météorologiques. 

En  1902,  le  professeur  Lenz  disait  dans  son  rapport,  au  nom  de  la 
Commission  impériale  d'enquête  :  «  Les  cultivateurs  russes  vivent  sur 
leur  capital,  c'est-à-dire  sur  les  éléments  fertiles  du  sol,  système  de  cul- 
ture qui  doit  conduire  à  l'épuisement  du  sol.  » 

D'après  M.  Lucien  Wolfï,  on  peut  prévoir  l'épuisement  des  terres  à  blé. 
Dans  le  cours  d'une  génération,  la  fertilité  des  terres  noires  a  diminué  de 
27  p.  0/0. 

Par  conséquent,  on  ne  peut  compter  sur  une  quantité  illimitée  du  fro- 
ment venant  de  Russie.  Les  charges  nouvelles  qui  résulteront  de  la 
guerre,  au  lieu  de  développer  la  production  du  froment,  la  retarderont. 
Les  jacqueries  ne  contribueront  pas  à  la  prospérité  de  la  culture.  Si  un 
meilleur  régime  transforme  le  développement  économique  de  la  Russie, 
les  cultivateurs,  habitués  à  un  état  de  disette,  mangeront  un  peu  plus  du 
blé  qu'ils  cultivent. 

Après  l'Europe  vient  l'Amérique  au  point  de  vue  de  la  production  du 
blé;  mais  sa  culture  est  concentrée  dans  trois  contrées  : 

1903  1904 

Tonnes  Tonnes 

Elals-Unis 16.000.000  14.000. 000 

République  Argentine...          2.000.000  3. 200.000 

Canada 1.700.000  2.400.000 

La  population  de  la  République  Argentine  est  évaluée  à  la  fin  de  1903 
à  5.200.000  habitants.  Chacun  a  donc  à  sa  disposition  768  kilos  de  blé, 
soit  308  kilos  d'excédent. 

pans   le  Canada,  la  population    dépasse  açiuellement  le  chiffre  de 


YVES  GlYOT.  —  I.A  POPri.ATIiiN  ET  LES  SUBSISTANCES  173 

5.500.000.  Chacun  a  h  sa  disposition  535  kilos  de  blé,  soit  175  kilos  d'ex- 
cédent. 

En  dehors  de  ces  deux  pays,  partout  nousjconsta tons  un  déficit.  Mais  sur  la 
production  mondiale,  en  lV«Oi,  de  7:2.(>00.0OO  tonnes,  leur  production  ne 
représente  que  5.000.000  tonnes,  soit  1,~-  0  0. 

L'Australie  a  produit,  en  1904,  l.GOO.OOO  tonnes,  soit  2.2  p.  0/0. 

Certes  la  production  du  froment  a  subi  de  grands  accroissements  depuis 
un  demi-siècle  ;  mais  il  ne  faut  pas  croire  qu'elle  suive  une  ligne  ascen- 
dante continue. 

.\ux  Etats-Unis,  depuis  1875,  la  superficie  des  terres  à  blé  a  passé  de 
26. 381.000  acres  ik  4U.i04. 000  acres  en  1903.  Mais,  en  1904,  elle  a  été 
ramenée  à  44.224.000  acres  (17.600.000  hectares). 

De  même,  dans  certains  Etats,  grands  producteurs  de  blé,  la  produc- 
tion a  subi  les  plus  violentes  oscillations.  L'indiana,  qui  avait  produit 
53  millions  de  bushels  en  1891,  40  millions  en  1892,  n'en  a  plus  produit 
que  35,5  en  1902  et  24  en  1903.  L'IUinois,  qui  en  avait  produit  38  mil- 
lions en  1890,  n'en  a  produit  que  16,5  en  1903.  Le  North  Dakota  qui,  en 
1891,  avait  produit  52  millions  de  bushels,  n'en  a  produit  que  28  en  1898, 
13  en  1900.  Il  est  vrai  qu'il  est  remonté  à  55  millions  en  1903.  A  l'ex- 
Iréme  ouest,  la  Californie,  l'Oregon,  Washington  ont  vu  leur  production 
diminuer  de  50  p.  0/0  dans  ces  dernières  années. 

En  moyenne,  la  proportion  par  acre  n'a  pas  augmenté  depuis  1875. 
Elle  était  alors  de  11,1  bushels.  En  1902  et  1903  elle  a  été,  en  moyenne, 
de  9,  soit  8  hectolitres  à  l'hectare.  En  1904,  la  production  a  été  de  12,47, 
soit  10  hectolitres  63.  En  France,  pour  les  cinq  années  1900-1904,  la 
moyenne  a  été  de  18  hectolitres  à  l'hectare. 

Les  Etats-Unis  ont  une  étendue  de  7.500.000  kilomètres,  mais  la  pro- 
duction du  froment  n'y  est  pas  plus  uniformément  répandue  que  sur  les 
9.820.000  kilomètres  de  l'Europe.  Les  12  Etats  de  l'Ouest  central  pro- 
duisent de  60  à  65  0/0  du  froment  et  du  maïs.  Tout  ce  qui  est  vendu  en 
provient.  Les  Etats  du  Nord-Est,  la  Nouvelle-Angleterre,  New-York,  New- 
Jersey,  la  Pensylvanie,  les  Etals  du  Sud  et  ceux  des  Montagnes  Rocheuses 
ne  produisent  pas  une  quantité  de  froment  suffisante  à  leur  consomma- 
tion, et,  cependant,  elle  est  au-dessous  de  ce  qu'exige  la  ration  normale. 

La  consommation  par  tète  n'a  pas  augmenté  entre  les  recensements  de 
1890  et  de  1900  :  elle  est  de  5,29  bushels  ou  193  litres.  Si  nous  l'aug- 
mentons d'un  quart,  par  suite  de  la  déduction  des  enfants,  des  femmes 
et  des  vieillards,  nous  avons  241  litres  ;  mais,  en  supposant  que  l'hectolitre 
pèse  75  kilos,  nous  revenons  au  chilfre  de  193  kilos  par  tète  et  par  an, 
au  lieu  des  360  kilos  de  la  ration  type.  Déficit,  126  kilos.  Quand  l'Améri- 
cain devrait  manger  100  kilos  de  blé,  il  n'en  mange  que  68. 

Pendant  les  5  années  1900-1904,  la  surface  emblavée  aux  Etats-Unis  a 
été  de  47  millions  d'ares,  soit  de  18.800.000  hectares. 

En  France,  pendant  les  cinq  dernières  années,  l'étendue  emblavée  en 
froment  a  été  de  6.500.000  hectares. 

Tandis  que  la  surface  des  Etats-Unis  est  à  celle  de  la  France  comme 


171  2  MMt<   1".m5 

l.riOO  csl  à  100,  la  surface  emblavée  en  froment  n'est  que  comme  289  est 
à  100. 

Le  rendement  moyen  tic  la  France  a  (Hé,  de  1900  h.  4904,  de  8.800.000 
tonnes.  Celui  des  Klats-Unis  a  été,  de  1901  à  1904,  de  17  millions  de 
tonnes.  Quand  la  P^rance  a  produit  100  hectolitres,  les  Etats-Unis  en  ont 
produit  190. 

Est-ce  que  cet  écart  est  proportionné  à  celui  qui  existe  entre  la  super- 
ficie des  Etats-Unis  et  celle  de  la  France? 

Les  agrariens  européens  dénonçaient  en  1876  le  péril  des  blés  améri- 
cains. Or,  l'exportation  ne  s'est  élevée  à  70.500.000  hectolitres,  soit 
rj.iJSO.OOO  tonnes,  qu'en  1892;  depuis  cette  année  elle  n'a  dépassé  ce 
chitTre  que  quatre  fois,  avec  un  maximum  de  5.800.000  tonnes  eu  1902. 
.Mais,  en  1904,  elle  est  tombée  a  1.700.000  tonnes,  et,  en  1905,  on  prévoit 
aux  Etats-Unis  une  importation  de  234.000  tonnes. 

L'Inde  est  considérée  comme  devant  donner  une  énorme  réserve  de 
blé.  Ses  exportations  ont  commencé  en  1873.  Dans  la  période  quinquen- 
nalle  finissant  en  1877-78,  elles  avaient  atteint  en  moyenne  34.400 
tonnes;  elles  ontateint  1.515.000 tonne?;  en  1891-92;  mais, en  1900-01. elles 
sont  tombées  a  2.500  tonnes;  en  1901-02,  elles  se  sont  relevées  à  3GG.000 
tonnes  et  en  1902-03  à  315.000  tonnes.  Ce  grenier  n'est  pas  toujours 
plein. 

Mais  quelle  est  la  part  de  l'exportation  relativement  à  la  production? 
Elle  a  été  en  moyenne  pour  les  cinq  années  de  1897-98  à  1902  03  de 
6.300  000  tonnes,  soit  de  plus  de  2  millions  de  tonnes  inférieure  h  la  pro- 
duction fran(;aise.  Pendant  cette  période,  la  France  a  produit  140  tonnes 
de  blé  quand  l'Inde  n'en  a  produit  que  100,  et  elle  n'exporte  que  8  0/0  de 
sa  production.  La  surface  emblavée  est  en  moyenne  de  8  millions  d'hec- 
tares; mais  en  1902  03  elle  n'a  été  que  de  7.440.000  hectares. 

La  population  est  très  pauvre  et  se  nourrit  mal  :  1  livre  739  par  jour 
de  grains  de  toutes  sortes^  y  compris  le  riz.  Cependant  elle  absorbe  déjà 
plus  de  90  0/0  du  blé  qu'elle  produit. 

De  1872  à  1901,  le  recensement  indique  une  augmentation  de  74  mil- 
lions d'habitants;  mais  Sir  G.  A.  EUiot,  en  éliminant  un  certain  nombre 
de  causes  d'erreurs,  la  ramène  à  33  millions  1/2.  Seulement  sans  les 
famines  de  1876-78,  de  1896  97,  de  1899-1900,  elle  eût  été  de  plus  de 
41  millions  d'habitants. 

Voici  les  chilTresdes  importations  de  l'Angleterre  pendant  les  dernières 
années  : 

Pays  étrangers  Possessions  britanniqpies 

tonnes  tonnes                        tonnes 

1902 5.400.000  4.120.000  1.270.000 

1903 5.830.000  4.200.000  1.600.000 

1984 4.930.000  2.500.000  2.100.000 

Les  importations  se  répartissent  de  la  manière  suivante  entre  les  pos- 
sessions britanniques  : 


YVES  GUYHT.   —  I.A   Pur'l  I.  vTlnN  F.T   l,ES  SUBSISTANCES  175 

1902  1903  ^90i 

Canada 175.000  540  OdO  iUO.OOO 

In,le 110.000  850.000  1.270.000 

Australie 220.000  000.000  530.000 

L'appoint  de  rinde  a  augmenté  de  plus  de  300  0/0,  mais  l'Australie 
a  fait  complètement  défaut  en  1903  ;  les  importations  du  Canada  ont  baissé 
de  -40  0  0,  et  elles  représentent  moins  du  quart  de  celles  de  l'Inde. 

Les  grands  pourvoyeurs  de  l'Angleterre  sont  : 

190'i  1903  1904 

Russie 3.030.000  8.060.000  1.300.000 

Ktals-Unis... 2.160.000  700.000  350.000 

République  Argentine.  215.000  701). 000  I.IOU.OOO 

En  11(04,  les  exportations  des  Etats-Unis  sont  tombées  de  83  0/0. 
Entre  i'JOi  et  la  moyenne  des  années  1893-1894,  l'augmentation  de  la 
production  du  blé  dans  le  monde  a  été  de  : 

72.000.000  tonnes 
69.200.000      — 

3.400.0C0      —       soit   4,9  ou   moins   de  5  0/0. 

Or,  le  ministère  de  l'Agriculture  de  Hongrie  calcule  que  depuis  1898 
la  consommation  a  augmenté  de  11  0/0.  L'augmentation  de  la  pro- 
duction est  donc  plus  lente  dans  la  proportion  de  0  0  0. 

Si  nous  divisons  ces  72.600.000  tonnes  de  froment  par  les  1 .600  millions 
d'habitants,  réduits  d'un  quart,  qui  peuplent  le  globe,  nous  trouvons 
6  kilogrammes  par  tète  et  par  an.  La  ration  type  est  de  360.  Le  froment 
ne  surabonde  donc  pas  dans  le  monde.  Il  est  inconnu  pour  des  populations 
considérables,  comme  les  Chinois,  qui  mangent  du  riz.  Le  paysan  russe 
qui  récolte  du  blé  mange  du  seigle.  Dans  les  Etats-Unis,  le  maïs  remplace 
le  blé  dans  une  grande  mesure.  Ce  n'est  que  la  minorité  des  êtres  humains 
qui  mange  du  blé.  L'évolution,  disait  le  docteur  Gaétan  Delaunay,  est  en 
raison  de  la  nutrition;  mais  la  nutrition  est  aussi  en  raison  de  l'évolution. 
Tout  progrès  de  l'humanité  se  manifeste  par  une  augmentation  de  con- 
sommation. Les  surfaces  qui  peuvent  être  emblavées  en  blé  ne  sont 
pas  indéfinies.  La  culture  du  froment  ne  tient  qu'une  petite  place  dans  le 
monde.  En  Europe,  dans  le  Nord  de  l'Allemagne,  elle  est  remplacée  par  le 
seigle;  dans  l'autre  hémisphère,  il  faut  descendre  jusqu'à  l'Australie  méri- 
dionale et  la  République  Argentine  pour  la  retrouver. 

La  culture  extensive  a  jusqu'ici  prévalu  aux  Etats-Unis,  en  Russie,  aux 
Indes.  Le  cultivateur  demande  tout  au  sol  et  ne  lui  rend  rien.  Il  l'épuisé 
et  il  cessera  d'obtenir  des  récoltes  ou  bien  il  devra  reconstituer  la  fertilité 
de  la  terre  par  les  amendements  et  les  engrais  des  cultures  savantes.  Il 
devra  engager,  chaque  année,  des  frais  pour  une  somme  de  plus  en  plus 
forte  par  hectare,  et  la  légende  de  la  fertilité  des  pays  neufs  sera  finie. 


170  2  MA  us   l'JOo 

Lu  ration  imiinali'  m  France. 

.M;iinl(MiaiiL  jo  vais  tHudierla  ration  animale. 

Kn  France,  pour  la  viande,  la  Slalinlique  agricole  annuelle  ne  donnant 
pas  la  moyenne  de  la  viande  de  boucherie  produite,  je  prends  les  cliill'res 
fournis  par  la  Slatistigue  agricole  de  1892  (p.  304  et  suiv.). 

IViids  net  on  viande  des  animaux  indigènes  livrés  à  la  boucherie  : 

Hace  bovine 720.810  tonnes 

Hace  ovine   125.868      — 

8 10.678  tonnes 

Kn  chifTres  ronds,  850.000  tonnes. 

Or,  nous  avons  à  pourvoir  à  300  grammes  de  viande  non  désossée 
pendant  300  jours  pour  30  millions  d'habitants. 

300  X  300  gr.  :=  108  kilogrammes  par  an  ; 

Pour  30.000.000  de  personnes  : 

30.000.000  X  108  =  3.2i0.000  tonnes  de  viande. 

La  race  bovine  et  ovine  nous  donnent  :  850.000  tonnes  de  viande. 
Déficit  :  2.390.000  tonnes. 

Il  faut  y  ajouter  la  viande  de  porc  :  401.000  tonnes.  En  temps  de  paix 
la  ration  militaire  de  porc  salé  est  de  240  grammes  par  jour;  mais  aux 
461.000  tonnes  qui  représentent  le  porc  frais,  nous  ne  devons  pas  faire 
subir  cette  réduction. 

Donc  nous  avons  : 

Viande  de  boucherie 846.000  tonnes 

A^iande  de  porc 461 .000      — 

Total 1.307.000  tonnes 

Nous  avons  à  pourvoir  à 3.240.000  tonnes 

Déficit 1.930.000  tonnes  ou  59  p.  100 

En  un  mot,  quand  il  faudrait  100  kilos  de  viande,  nous  en  avons  41. 

Lagrange  estimait  que  la  consommation  totale  de  la  viande  en  France 
était  de  80  livres  par  habitant,  soit  de  40  kilos.  Au  bout  de  plus  d'un 
siècle,  nous  arrivons  au  chiffre  de  : 

1.308.000   tonnes 
30  000.000 =  ^^  ^''-  ^'  P"'"  ^'^*^^°^- 

Le  progrès  de  la  consommation  de  la  viande  est-il  en  rapport  avec  les 
progrès  de  la  civilisation  réalisés  depuis  un  siècle? 

Les  5.000  à  0.000  tonnes  de  viande  de  l'espèce  caprine,  les  12.000  tonnes 
de  viande  de  cheval,  les  30  millions  d'animaux  de  l'espèce  galline,  les 
10  millions  d'oies,  de  canards,  de  dindes,  de  pintades  et  de  pigeons,  les 
15  millions  de  lapins,  comblent  les  quantités  que  j'ai  négligées  et  ne 
sauraient  modifier  le  pourcentage  de  plus  de  2  ou  3  0/0. 

Ajoutons  l'appoint  du  poisson  dans  l'alimentation  animale.  D'après  la 


YVKS  lUYOT.    —   LA  POPII.ATION  ET  LKS  SL'IISISTANCES  177 

statistique  des  pèches  pour  1899,  1900,  1901,  1902,  les  produits  des  di- 
verses pùches  maritimes  varient  entre  2(t0.000  et  280.000  tonnes;  en  y 
ajoutant  les  pèches  d'eau  douce  et  les  pêches  dont  les  produits  ne  sont 
pas  connus,  nous  obtenons  environ  300.000  tonnes. 

Il  faudrait  déduire  de  ce  chifTre  environ  40.000  tonnes  exportées,  dont 
28.000  de  morues.  On  peut  donc  dire  que  l'adjuvant  apporté  par  le  poisson 
ne  dépasse  guère  230  000  tonnes.  Si  on  compte  largement,  si  on  évalue, 
malgré  la  quantité  d'eau  que  contient  la  chair  du  poisson  frais,  qu'elle  a 
une  valeur  nutritive  égale  à  celle  de  la  viande,  nous  avons  1.608.000 
tonnes  de  nourriture  animale.  La  ration  nécessaire  est  de  3  240.000 
tonnes;  le  déficit  est  donc  de  1.632.000  tonnes  ou  de  53  0/0.  Quand  il  faut 
100  kilos  de  nourriture  animale,  nous  n'en  avons  que  47. 

La  Statistique  agricole  de  1892  évalue  le  produit  d'une  poule  k  80  œufs 
par  an  et  à  2.885.000.000  d'œufs  la  production  totale  des  poules  de  France 
(p.  316».  Si  on  estime  le  poids  de  l'œuf  à  60  grammes  (coquille  comprise), 
nous  avons  pour  l'ensemble  de  la  France  173.000  tonnes  d'œufs. 

M.  Armand  Gautier  estime  que,  de  1890  à  1899,  la  consommation 
moyenne  des  œufs,  par  chaque  Parisien,  sans  distinction  d'âge  ni  de  sexe, 
a  été  de  10  kilos  d'œufs.  Si  on  fait  entrer  dans  chacune  des  3  240.000 
rations  animales  10  kilos  d'œufs,  le  déficit  de  l'alimentation  en  matière 
animale  serait  encore  de  près  de  moitié. 

Lagrange  ajoutait  le  fromage  comme  succédané  h.  la  viande  h  raison 
d'une  demi -livre  de  fromage  pour  une  livre  de  viande;  c'est  une  pro- 
portion trop  faible  quand  il  s'agit  des  fromages  secs,  mais  trop  forte,  au 
point  de  vue  des  matières  proléiques,  quand  il  s'agit  des  fromages  frais. 

En  1802,  la  production  du  fromage  a  été  de  136.650  tonnes;  ne  comp- 
tant pas  les  quantités  exportées,  je  double  ces  136.650  tonnes  et  je  les 
ajoute  à  la  ration  de  viande  et  de  poisson,  soit  273.000  tonnes. 

Je  ne  parle  pas  du  beurre  qui,  très  riche  en  graisse,  donc  en  calories, 
ne  contient  pas  de  matières  protéiques. 

Nous  pouvons  dire  d'une  manière  générale  qu'en  France  nous  n'avons 
pas  la  moitié  de  la  nourriture  animale  nécessaire. 

Symptôme  grave,  j'ai  fait  une  enquête  auprès  d'un  certain  nombre  de 
grandes  villes  :  la  consommation  de  la  viande  n'a  pas  suivi  l'augmentation 
de  la  population. 

A  Paris,  d'après  le  recensement  de  1876,  la  population  était  de 
1.988.000  habitants,  et  la  consommation  de  la  viande  de  boucherie  était 
de  149.600  tonnes,  soit  79  kilos  par  tète.  En  1903,  pour  une  population 
de  2.657.000  habitants,  la  consommation  n'(>st  que  de  161.762  tonnes» 
60  kilos  par  tôle,  soit  une  diminution  de  24  0/0. 

L'augmentation  de  la  consommation  de  porc  et  de  charcuterie,  de 
poisson  a  été  plus  lente  que  l'augmentation  de  la  population.  Seule  celle 
de  la  volaille  et  du  gibier  a  augmenté  plus  vite. 

La  ration  animale  annuelle  du  Parisien  adulte  n'est  que  de  87  kilos 
au  lieu  des  108  kilos  du  soldat.  Il  n'y  a  pas  eu  progrès,  il  y  a  eu  recul. 

Dans  l'enquête  que  j'ai  faite  auprès  des  maires  de  seize  grandes  villes 
soc.  d'anthrop.  1905.  12 


178  2  MAio   1905 

(le  France,  sauf  à    Aiigoulême,   la   consoninialion  do  la  viande  n'a  aug- 
menté (jne  là  où  elle  était  très  faible  en  1880. 

Sauf  à  Bordeaux,  à  Angouléme  et  iMines,  nulle  pari  la  consommalion 
n'atteint  pour  l'adulte  les  108  kilos  de  la  ration  type. 

Lu  ration  animale  en  Angleterre. 

L'Anglais  a  la  réputation  d'être  grand  mangeur  de  viande. 

D'après  l'enquête  faite  par  un  comité  nommé  en  novembre  1900  par  la 
lloijal  slatistical  Societi/,  la  production  de  la  consommation  de  la  viande 
dans  le  Hoyaume-l'ni,  dans  les  cinq  années  finissant  au  ai  mai  1903, 
donnent  les  chiffres  suivants  : 

Tonnes 

Bœuf  et  veau 662.520 

Mouton 313.822 

Porc  et  jambon 269.578 

Total 1.245.920 

La  population  du  Royaume  Uni  dépasse 41  millions  d'habitants.  Réduits 
d'un  quart,  s'ils  n'avaient  d'autre  ressource  que  la  production  nationale, 
ils  n'auraient  par  an  et  par  lêle  que  38  kilos  220  de  viande  au  lieu  des 
108  de  la  ration  type. 

Mais  le  total  de  la  viande  importée  est  de  962.000  kilos,  ce  qui  donne 
un  total  de  2.207  000  tonnes;  la  ration  de  l'Anglais  est  ainsi  relevée  à 
69  kilos,  et  dépasse  celle  du  Français  de  plus  de  25  kilos. 

Cependant  ces  2.207.000  tonnes  laissent  un  déficit  de  plus  d'un  mil- 
lion de  tonnes.  Ces  chiffres  montrent  que  les  Anglais  ont  raison  d'aug- 
menter la  surface  de  leurs  prairies. 

Le  second  rapport  du  Comité  montre  la  consommation  de  viande  par 
tête  en  Angleterre  pour  certaines  catégories  de  personnes  : 

LiTre8de463gr. 

par  tôte  et 

par  an 

Groupe  L     —  Ouvriers,  mécaniciens,  ouvriers  de  la  ferme, 107 

Groupe  II.    —  Petite  bourgeoisie 122 

Groupe  III.  —  Population  aisée 182 

Groupe  IV.   —  Population  riche 300 

Encore  faudrait-il  distinguer  dans  l'intérieur  de  ces  groupes,  mais  il 
est  évident  que  ce  sont  les  hommes  qui  ont  le  plus  besoin  de  dépenser  de 
la  force  musculaire  qui  la  réparent  le  moins.  Ils  n'ont  pas  69  kilos  de 
viande,  et  la  ration  du  soldat  français  est  de  108.  Ils  n'ont  pas  la  ration 
minimum  nécessaire. 

Par  conséquent  leur  réputation  de  grands  mangeurs  de  viande  n'est 


VVK>  ClYdT.    ~    I.V   l'Ol'LI.VTln.N   1;t  I.KS  SI  llSISTAN(:ii>  |7<J 

pas  justifiée  pour  la  grande  inajorilé  des  Anglais;  mais  elle  prouve  que, 
si  la  majorité  îles  Anglais  ne  mange  pas  assez  de  viande,  les  peuples  qui 
leur  ont  donné  celte  qualification  en  mangent  encore  moins. 

La  viande  dans  le  monde. 

Je  prends  dans  le  rapport  de  M.  Levasseur  sur  les  Procédés  de  la  Stntis- 
(iqxic  agricole^  le  t-ihleau  suivantdes  animaux  deferme;  etje  le  compareau 
nombre  des  lialiilants  des  divers  pays  tel  qu'il  est  indiqué  par  les  statis- 
tiques faites  autour  de  l'année  1900 

Tauleau  coMi'ArtATiF  de  la  moyenne  décennale  (1891-1900)  des  animaux  de 
ferme  (^en  millions  de  têtes). 


^iranJe-Brelagne 

Irlande 

i*ays-I3as 

IJelgique 

France 

Kmpire  allemand 

.\ulriche 

Hongrie 

Italie 

IJounianie 

Hussic  (d'Ulurope) 

Suède. 

Norvt'-ge 

Danemark 

Klals-Unis    (d'après   le    Cevsiis 
de  1900 


Habilauls 

Bêle»  à  cornes 

Moutoni 

Porcs 

Millions 

6,6 

27,0 

2,5 

» 

4,4 

4,3 

1,3 

41 

1,5 

0,7 

1,1 

5 

1,5 

0,24 

1,0 

7 

13,3 

21,1 

6,2 

39 

18,3 

11,4 

14,5 

56 

9,0 

2,9 

4,1 

» 

6,7 

8,1 

7,3 

45,4 

5,0 

6,9 

1,8 

33 

2,5 

5,0 

0,9 

6 

30,3 

47,2 

11,2 

100 

2,5 

1,3 

0,7 

5 

1,0 

1,2 

0,1 

2 

1,7 

1,2 

0,1 

2,5 

67,8 

61,6 

62,9 

80 

172,1  200,14  116,7  422 


Ouelles  sont  les  ressources  alimentaires  (}u'indiquent  ces  chiffres  glo- 
baux? Quelle  quantité  de  poids  vif  de  viande  représente  chacun  de  ces 
.mimaux?  Le  Comité  de  la  Royal  Statistical  Society,  après  une  enquête 
minutieuse,  est  arrivé  aux  conclusions  suivantes  :  un  bœuf  vaut  660  livres 
(do  453  gr.j  (300  kilos)  de  viande,  un  veau  95  livres,  un  mouton  65,  un 
agneau  40  et  un  porc  135. 

Mais  les  produits  anglais  sont  d'une  qualité  de  beaucoup  supérieure  h 
celle  des  autres  pays.  De  plus,  les  bœufs  et  les  veaux  sont  confondus;  il 
en  est  de  même  pour  les  moutons  et  les  agneaux.  Pour  avoir  le  poids 
moyen,  je  réduis  donc  d'un  quart  le  poids  donné  par  le  comité  pour  le 

*  Institut  international  de  statistique,  t.  XIII,  2"  livraison,  p.  85,  1902.  On  y  troii- 
vcTii  l'indication  des  ùlèmenls  avec  lesquels  co  tableau  a  éti-  composé. 


180  2  M  A  us  1905 

I  élail  cl  les  moulons  anglais,  Pour  les  porcs,  je  me  borne  à  déduire  un 
cinquième  en  forçant  un  peu  le  chiffre. 
Nous  arrivons  aux  chiffres  suivants  : 

Poids  Millions  Tonno» 

kilos  de  lôtes  de  viandes 

Bôles  !\  cornes 224        X        172  38.528,000 

Moutons 21,5    X        200  4.200.000 

Porcs 50        X        il<J  5,800,000 

Mais  celte  quantité  n'est  pas  disponible  annuellement.  Il  faut  compter 
cinq  ans  pour  le  bœuf,  quatre  ans  pour  le  mouton,  deux  ans  pour  le 
porc  *,  ce  qui  donne  : 

Bœufs 7.700,000  tonnes  annuelles 

Moutons 1.080.000  — 

Porcs 2.900.000 — 

Total 11,680.000  tonnes  annuelles 

Nous  devons  déduire  un  quart  des  422  millions  de  têtes  de  population 
comptées  dans  le  tableau  ci-dessus,  soit  105.  Nous  avons  donc  : 

Tonnes  de  viande 11.600.000.000  kil. 

— =r  36  kilos. 

Nombre  des  habitants 317.000.000 

kilos 36 

— — — -  z=z  100  grammes  par  jour. 
Nombre  drt  jours 360 

Je  rappelle  que  la  ration  militaire  française  est  de  300  grammes  ;  le 
manquant  est  donc  de  200  grammes. 

Si  je  prends  les  chiffres  donnés  au  nom  du  Comité  de  la  Royal  Statistical 
Society  ^ ,  je  trouve  le  tableau  suivant  de  la  consommation  moyenne  de 
viande  et  de  produits  de  la  laiterie  dans  divers  pays  : 

PAY5  Viande  Lait  Fromage  Beurre 

—  Lbs  Gallons  Lbs  Lbs 
(453  gr.)      (litres  4,b4) 

Royaume-Uni 122  15  10,5  18,5 

Danemark 75  40»  —  20,0 

France 80  16^  8,2  5,9 

Allemagne 99  —  —  — 

Saxe _  46  —  33,0 

Belgique 70  —  —  25,0 

Hollande .  —  —  11,0  13,0 

Suède 62  40^  4,6  15,8 

Etats-Unis 150  25  3,7  20,5 

Australie 262  —  3,5  16,7 

Nouvelle-Zélande 212  —  4,4  17,8 

'  Vermorel.  —  Aide-Mémoire  de  l'ingénieur  agricole. 

2  24  juin  l'J04. 

3  Coiiiprcnaut  la  cronie  et  le  lait  à  moitié  écrémé. 

4  Galciilce  sur  la  production  totale  après  déduction  du  fromage  et  du  beurre. 


YVES  GUYOT.    —  LA  l'Ol'LI.ATION  KT  LES  SlUSISTANCEs  181 

Le  cliill'ro  de  150  livres  de  viande  [)oui'  les  Etats-Unis  nous  donne 
t)7  kilog.  5.  Augmenté  d'un  quart  pour  obtenir  le  chiffre  de  la  ration  de 
l'homme  adulte,  nous  avons  84  kilog.  I>  pur  au  au  lieu  de  108  kilos  de  la 
ration  type.  Ce  chilîre  n'est  dépass(''  qu'en  Australie  et  en  Nouvelle-ZfMande. 
Pour  l'Australie  nous  avons  118  kilos  qui,  augmentés  d'un  quart,  donnent 
156  kilos  par  ration  d'adulte. 

Rapport  de  la  population  et  des  subsistances. 

Quel  est  le  rapport  de  la  population  et  des  subsistances? 

En  Angleterre,  le  major  (Iraigie,  le  président  de  la  Royal  Statistical 
Society  en  1903  et  1904,  a  attiré  l'attention  de  ses  collègues,  sur  l'énorme 
augmentation  de  la  population  du  monde.  Elle  n'a  pas  doublé  en  vingt- 
cinq  ans,  mais  il  estime,  avec  la  plupart  des  autres  statisticiens,  qu'elle 
a  h  peu  prés  doublé  dans  les  soixante-dix  dernières  années,  passant  de 
850  millions  à  1000  millions,  chiffres  de  MM.  Levasseur  et  Bodio. 

Population  aux  environs  de 

1830  1900 

—    en  millions   — 

Europe 216  400 

Asie 480  868 

Afrique 109  178 

Amérique 40  148 

Océanie 2  6 

La  population  de  la  Russie  est  comprise  dans  le  chiffre  de  la  popula- 
tion européenne.  Sa  population  aurait  augmenté  de  150  0/0  en  soixante- 
dix  ans,  et  celle  du  reste  de  l'Europe  de  67  0/0;  mais  en  réalité,  jusqu'en 
1897,  elle  n'a  pas  été  soumise  à  un  recensement  auquel  ou  puisse  ajouter 
loi. 

La  Russie  déduite,  la  population  de  l'Europe  a  augmenté  de  plus  de 
moitié. 

Pouï  100 
1830      4900    en  70  ans 

Royaume-Uni 24,4  41,6  70,5 

France 32,5  38,9  19,7 

Allemagne 30,0  56,4  88 

Aulricbe-Uongrie 30,0  45,4  57,3 

Italie  et  Suisse 23,2  35,8  51,3 

Kspagne  et  Portugal 14,2  23,1  62,7 

Suéde,   Norvège,  Danemark,  Belgique,  Hol- 
lande   12,4  21,7  75 

166,7  262,9  57,7 

Nous  avons  vu  que,  malgré  les  progrès  de  l'agriculture,   les  subsis- 


\H2  2  MAU>  l'jor. 

lances  sont  de  beaucoup  iiiféiicures  à  la  ration  de  I "adulte  telle  (ju'elle 
est  di^terminée  dans  l'armée  fran(;aisc. 

Je  conclus  donc  : 

1°  ijne  la  production  du  froment  et  de  la  viande  dans  le  monde  est  de 
beaucoup  inférieure  à  la  ration  nécessaire,  telle  que  l'ont  déterminée  les 
travaux  des  pbysiologistcs,  et,  en  dernier  lieu,  d'Atwater; 

2"  Hue  l'augmentation  de  la  population  dans  les  soixante-dix  dernières 
années  en  Europe  a  été  telle  que,  sans  les  importations  de  froment  et  de 
viande  des  autres  continents,  elle  serait  à  l'étal  de  disette  ; 

3"  Que  beaucoup  de  ceux  qui  ont  le  plus  besoin  d'une  alimentation 
réparative  n'ont  qu'une  alimentation  insuffisante; 

4°  Que  les  grands  pays  exportateurs  de  blé,  la  Russie,  les  Etats-Unis, 
le  Canada,  l'Inde,  l'Australie,  la  République  Argentine  n'offrent  pas  pour 
l'avenir  des  réserves  inépuisables;  que  le  développement  des  récolles 
n'y  suit  pas  une  ascension  continue;  que  la  fertilité  de  certaines  terres 
s'épuise  et  devra  être  renouvelée  par  une  culture  savante;  que  la  consom- 
mation de  ces  pays  se  développera  en  raison  des  progrès  de  la  civilisation. 
Leurs  cultivateurs,  au  lieu  de  cultiver  pour  les  étrangers,  cultiveront 
pour  eux  et  leurs  compatriotes  :  phénomène  déjci  réalisé  aux  Etats-Unis 
et  aux  Indes. 

Certains  optimistes  font  croire  aux  naïfs,  qu'il  y  a  dans  le  monde  des 
terres  qu'il  suffit  de  gratter  avec  la  charrue  pour  qu'elles  rapportent  indé- 
finiment les  moissons  promises  jadis  dans  le  pays  de  Chanaan.  Certains 
pessimistes  afiirment  aux  mêmes  naïfs  que  les  récoltes  y  sont  tellement 
abondantes  et  reviennent  à  un  prix  si  bas,  que  les  cultivateurs  de  l'Eu- 
rope doivent  cesser  de  cultiver  leurs  terres,  s'ils  ne  leur  opposent  des  bar- 
rières douanières.  Cependant  l'Europe,  même  sans  compter  la  Russie, 
représente  59  0/0  du  total  de  la  récolle  du  blé  dans  le  monde.  La  culture 
exlensive  sur  les  territoires  dits  vierges  deviendra  de  plus  en  plus  res- 
treinte et  de  plus  en  plus  précaire;  et  loin  qu'elle  puisse  assurer  l'alimen- 
tation des  générations  futures,  si  la  population  suit  un  développement 
semblable  à  celui  qu'elle  a  suivi  en  Europe,  aux  Etats  Unis,  dans  l'Inde, 
elle  devra  être  remplacée  partout  par  la  culture  intensive,  dont  la  puis- 
sance n'a  d'autre  limites  que  les  progrès  de  la  science. 


CEAULES  LEJKINE     —  l'iIOMME  DAN^  l'iNIVEHS  183 

LA    PLACE    DE    L'HOMME    DANS    L'UNIVERS    ET    DANS    LA    SERIE    ZOOLOGIQUE 

Pau  m.  Charles  Lejelnb. 

Le  D'  Alfred-Russel  Wallacc,  le  célèbre  l'-mulc  de  Ch.  Darwin,  après 
avoir  scandalisé  les  astronomes  au  début  de  Pannée  1904  en  réhabilitant 
l'ancienne  cosmogonie,  qui  faisait  tle  l'homme  le  roi  de  l'univers,  a 
répondu  h  ses  contradicteurs  dans  un  livre  (lui  porte  ce  titre:  Mans  Place 
in  tfie  Univers.  M.  H.  Château  a  fait  de  cette  œuvre  une  très  complète 
analyse  dans  le  numéro  de  La  Grande  Revue  portant  la  date  du  15  oc- 
tobre 1904. 

M.  Héné  Quinton,  qui  s'est  fait  remarquer  par  des  communications  à 
l'Académie  des  Sciences  et  à  la  Société  de  Biologie,  vient  de  publier  un 
important  ouvrage  qu'il  intitule  :  L'Eau  de  mer,  Milieu  organique.  —  Cons- 
tance du  Milieu  marin  originel,  comme  Milieu  vital  des  cellules,  à  travers  la 
.série  animale.  L'auteur  avait  déjà  fait  paraître  une  partie  de  son  travail 
dans  le  numéro  de  La  Bévue  des  Idées  du  15  janvier  1904.  Il  conteste  à 
l'homme  le  droit  de  se  considérer  comme  le  dernier  terme  et  le  plus  élevé 
des  vertébrés. 

II  m'a  paru  intéressant  de  signaler  ces  deux  ouvrages  tendant  parleurs 
conclusions:  le  premier,  k  relever  la  place  de  l'homme  dans  l'univers,  et 
le  second,  sinon  à  l'abaisser,  au  moins  à  le  vieillir  en  reculant  l'époque 
de  son  apparition  dans  la  série  zoologique.  Je  n'ai  pas  la  prétention 
d'avoir  les  connaissances  astronomiques  ou  zoologiques  sulïisantes  pour 
discuter  à  fond  ces  deux  thèses  qui  m'ont  frappé  par  leur  antagonisme  et 
leur  intérêt  anthropologique,  mais  j'ai  voulu  les  rappeler  dans  l'espoir 
qu'elles  pourraient  servir  de  base  à  nne  discussion  sérieuse  entre  ceux  de 
nos  collègues  dont  les  connaissances  spéciales  permettent  de  discuter  ces 
théories. 

Nous  allons  résumer  brièvement  les  principaux  arguments  de  ccï?  doux 
s.ivants. 

/<a  Place  de  l'Homme  dans  l'univers. 

Le  D''  Wallace  divise  l'histoire  de  l'astronomie  en  trois  cp^iues  : 
l"  D'Anaximandre  à  Copernic,  Ïicho-Brahé,  Kepler  et  Galilée.  La  terre 
était  le  centre  du  monde,  l'univers  n'existait  que  pour  la  terre  et  ses 
habitants. 

2°  L'Aslrono:nie  moderne  s'arrête  à  1800,  ;\  la  découverte  de  l'analyse 
spectrale.  La  te-  re  ne  se  distingue  des  autros  planètes  par  aucune  supé- 
riorité de  grandeur  ni  de  position,  pourquoi  les  autres  p'anètes  ne 
seraient-elles  par  habitées?  W.  Hersch-I,  .1.  Taylor  et  Arago  adoptèrent 
la  théorie  de  Fonlenelle  sur  la  pluralité  des  mondes  habités.  Ce  n'est 
qu'en  1833  que  le  D'  Wewell  la  co  nba'lit  en  émett:int  celte  proposition 
que  :  Vorbite  de  la  terre  est  la  zone  tempérée  du  si/stème  solaire,  permettant 


184  2  MAits  ioo:j 

scult'  CCS  varialiuns  modcivcs  de  fiuid  et  «le  chaleur,  de  s<'clieressc  et 
d'Iiuiniditc  nécessaires  à  la  vie  animale.  M;irs  pourtant  lui  semble  hahi- 
tal»le,  Itien  que  les  condilions  de  lemiiéialure  h  sa  surface  ne  puissent 
permettre  que  l'existence  d'animaux  de  type  inférieur  tels  que  les  Sau- 
riens et  les  Iguanodons  de  rr-oUthique,  mais  il  ajoute  que  la  préparation 
de  l'homme  sur  notre  terre  ayant  exigé  des  milliers  d'années,  il  est  inutile 
de  discuter  de  la  présence  d'êtres  intelligents  sur  la  planète  Mars,  jusqu'à 
preuve  contraire. 

3»  La  troisième  époque  date  de  la  découverte  merveilleuse  de  Kirchoff 
et  Bunsen,  L'analyse  spectrale  a  permis  de  constater  l'unité  et  l'évolution 
du  système  solaire. 

Il  est  généralement  admis  que  la  Galaxie  a  la  forme  d'un  vaste  anneau 
irrégulier  de  section  approximativement  circulaire.  Les  étoiles  sont  beau- 
coup plus  nombreuses  dans  la  voie  lactée  et  ses  abords,  et  la  partie  la 
plus  dense  de  l'univers  est  aplatie  entre  les  pôles  galactiques.  Les  nébu- 
leuses sont  au  contraire  abondantes  en  dehors  de  la  Galaxie,  mais  elles  en 
sont  des  parties  connexes  et  l'on  est  ainsi  conduit  à  concevoir  l'unité  du 
système  stellaire. 

L'auteur  s'appuie  sur  M.  Faye  pour  rejeter  la  théorie  cosmogonique  de 
Laplace  et  admettre  la  théorie  météorique  de  l'origine  des  étoiles  et  des 
nébuleuses.  Il  considère  comme  probable,  avec  Newcomb  et  Cambell,  que 
les  systèmes  binaires  ou  multiples  sont  beaucoup  plus  nombreux  que  les 
étoiles  simples. 

Newcomb  de  Washington  dans  Les  Étoiles  (1902)  dit  que  l'univers  est 
d'étendue  limitée,  car  si  les  étoiles  s'étendaient  à  l'infini,  les  cieux  tout 
entiers  seraient  d'une  lumière  éblouissante  comme  le  soleil,  or  la  lumière 
des  étoiles  n'est  que  la  six  millionième  partie  de  celle  du  soleil. 

Si  l'on  admet  l'infini  stellaire,  deux  causes  peuvent  seules  expliquer 
cette  quasi-extinction:  l°oula  perte  de  la  lumière  à  travers  l'éther,  qui  est 
sans  valeur  parce  que  les  étoiles  les  plus  brillantes  ne  sont  généralement 
pas  les  plus  rapprochées,  ainsi  que  le  prouve  le  peu  d'amplitude  de  leurs 
mouvements  propres  et  l'absence  de  parallaxe  mesurable;  2"  ou  l'arrêt 
de  la  lumière  par  des  étoiles  sombres  ou  des  poussières  météoriques  dif- 
fuses ;  or  Monck  établit  dans  la  revue  ang'aise  Knowledge  de  1903,  que  la 
lumière  de  la  pleine  lune  ne  dépasse  pas  un  trois  cent  millième  de  celle 
du  soleil  et  que  si  les  étoiles  obscures  étaient  cent  cinquante  mille  fois 
aussi  nombreuses  que  les  brillantes,  le  ciel  entier  devrait  briller  autant 
que  la  partie  éclairée  de  l.i  lune,  tandis  que  la  partie  la  plus  brillante 
de  la  Galaxie  n'a  pas  la  centième  partie  de  la  lumière  de  la  pleine  lune. 
Le  D""  Wallace  nie  l'infinité  parce  que  les  perfectionnements  du  téles- 
cope et  de  la  photographie  n'auraient  pas  accru  le  nombre  des  étoiles 
connues  et  parce  qu'il  y  a  dans  la  voie  lactée  des  espaces  vides  qui  n'exis- 
teraient pas  si  d'innombrables  étoiles,  trop  petites  individuellement, 
existaient  au  delà. 

Le  système  sidéral  étant  considéré  comme  fini,  on  le  regarde  de  plus 
en  plus  comme  un  sphéroïde  ayant  pour  équateur  la  Galaxie  très  proba- 


CHARLES  LEJEUNE.   —  I.'llOMMK  HANS  1,'lMVERS  185 

bl(?ment  circulaire  et  en  rotation  pour  avoir  pu  se  former  et  se  conserver. 
Et  comvie  la  voie  lactée  nie  de  ta  terre  divise  la  sphère  céleste  en  deux  parties 
égales,  le  plan  de  ce  cercle  doit  passer  par  la  terre.  Si  la  terre  était  plus  ou 
moins  éloignée  du  centre  de  ce  plan,  nous  découvririons  plus  ou  moins 
vile  Texcenlricité  de  notre  situation.  Gomme  nous  ne  pouvons  la  consta- 
ter, nous  devons  appartenir  h  quelque  groupe  d'étoiles  en  rotation  lente 
autour  de  ce  centre  et  nous  devons  bénéficier  de  tous  les  avantages 
pouvant  provenir  d'une  position  centrale  dans  le  système  sidéral  tout 
entier. 

Il  arrive  ainsi  aux  propositions  suivantes  :  «  1"  L'univers  slellaire 
n'est  pas  infini;  2"  notre  soleil  est  situé  dans  le  plan  de  la  Galaxie;  3<>il 
est  également  situé  pn'-s  du  centre  de  ce  plan  ;  A"  nous  sommes  en- 
tourés d'un  groupe  d'étoiles  d'étendue  inconnue,  qui  occupe  une  place 
peu  éloignée  du  centre  du  plan  galacli(iue  et  proche,  en  conséquence,  du 
centre  de  notre  univers  sidéral.  » 

La  plupart  <les  étoiles  de  ce  groupe  ont  un  spectre  de  type  solaire,  elles 
sont  de  la  même  constitution  chimique  générale  et  à  la  même  période 
d'évolution. 

On  objecte  que  si  le  soleil  occupe  actuellement  une  position  quasi  cen- 
trale, c'est  sans  importance,  car  dans  vingt  ou  cent  millions  d'années, 
étant  donnée  sa  vitesse  de  translation,  il  aura  traversé  l'univers  d'un 
bout  h  l'autre.  Et  M.  Wallace  répond  qu'il  est  admis  par  les  mathémati- 
ciens que  dans  un  grand  système  de  corps  soumis  à  la  loi  de  gravitation, 
il  ne  peut  exister  de  mouvement  en  ligne  droite  de  l'un  de  ces  corps,  de 
même  que  l'action  de  la  gravitation  seule  ne  peut  entraîner  une  masse 
quelconque  hors  du  système.  11  ajoute  que  si  le  soleil  n'est  pas  exactement 
au  centre  de  gravité  de  l'Univers,  on  peut  supposer  que  sa  direction 
trace  une  orbite  autour  de  ce  centre. 

Après  la  question  de  position,  Wallace  passe  à  celle  de  l'hahitahililé  des 
planètes,  dont  la  solution  est  subordonnée  aux  lois  de  la  vie  organique. 
((  L'une  des  plus  merveilleuses  découvertes  dues  au  speclroscope  est 
celle  de  l'unité  des  éléments  et  des  composés  matériels  de  la  terre  et  du 
soleil,  des  étoiles  et  des  nébuleuses;  celle  également  de  l'identité  des  lois 
physiques  et  chimiques  qui  déterminent  les  formes  et  les  états  présentés 
par  la  matière.  » 

lien  coucha  que  la  nature  animale,  végétale  et  minérale  est  la  môme, 
au  miiins  p:jur  tout  l'univers  que  nous  connaissons.  11  affirme  (pie  la  loi 
de  la  gravilalinn  s'élcnil  à  loul  riinivcrs  physique  etqu'il  en  est  de  môme 
pour  les  lois  de  la  lumière,  de  la  i.haleur,  de  l'électricité  et  du  magnétisme. 
Les  éléments  et  les  lois  étant  les  mêmes,  les  ôtres  vivants  organisés  ont 
partout,  d'après  la  biologie,  un<>  unit''  I.MiilanicMtale  de  sub>t;ince  et  de 
structure. 

La  base  physique  de  tout  organisme  vivant  est  un  protoplasme  com- 
posé essentiellement  d'azote,  d'hydrogène,  d'oxygène  et  de  carbone  et  la 
plupart  des  phénomènes  biologiques  ne  s'opèrent  qu'à  une  température 
variant  de  O'^  à  40°. 


ISO  2  MAH.>  \\m 

Les  conditions  physiques  nécessaires  au  développement  el  au  maintien 
de  la  vie,  sont  :  1"  des  variations  légères  de  température;  2''  une  quan- 
tité suffisante  de  chaleur  et  de  lumière  solaire;  3°  l'eau  en  abondance  et 
distribuée  universellement  ;  4"  l/ne  atmosphère  de  densité  suiïisantc  et 
comi>osée  des  gaz  essentiels  à  la  vie  végétale  et  animale;  5°  et  des  aller- 
natives  de  jour  et  de  nuit. 

L'auteur  dit  que  l'habitabilité  d'une  planète  dépend  de  sa  dislance  au 
soleil  el  que  les  trop  hautes  ou  trop  basses  températures  sont  également 
contraires  à  la  vie.  Considérant  l'extrômesensibililé  du  protoplasme  et  le 
degré  de  coagulation  de  l'albumine,  il  croit  pouvoir  aflirmer  que  nous 
sommes  situés  dans  la  zone  tempérée  du  système  solaire  et  qu'un  grand 
changement  dans  notre  position  actuelle  mettrait  la  vie  en  péril. 

L'obliquité  de  l'écliplique  joue  également  un  rôle  de  premier  ordre  en 
produisant  la  variété  des  saisons.  L'eau  régularise  la  température  et  si 
la  proportion  des  océans  et  des  continents  était  renversée,  la  plus  grande 
partie  de  la  terre  serait  probablement  inhabitable. 

L'atmosphère  doit  être  d'une  densité  et  d'un  volume  déterminés  qui 
dépendent  de  la  masse  de  la  planète  el  de  la  température  moyenne  <i  sa 
surface,  pour  remplir  les  diverses  conditions  exigées  par  la  biologie.  Mer- 
cure et  Mars  seraient  impropres  à  la  vie  comme  incapables  de  retenir  la 
vapeur  d'eau,  sinon  peut-être  une  vie  végétale  assez  rudimentaire  pour 
Mars  dont  la  température  serait  presque  constamment  très  au-dessous 
de  0°. 

Dans  Vénus  dont  la  rotation  sur  l'axe  coïncide  avec  la  révolution  au- 
tour du  soleil,  on  trouve  comme  température  une  face  intensément  froide 
et  l'autre  intensément  chaude,  dans  des  conditions  qui  ne  permettent 
guère  l'existence  du  protoplasme. 

Si  la  vie  se  manifeste  sur  la  terre  parmi  les  neiges  arctiques  comme 
sous  l'équateur  brûlant,  dans  l'air  comme  dans  l'eau,  cela  ne  prouve  pas 
que  la  vie  aurait  pu  se  manisfester  dans  un  monde  offrant  partout  ces 
conditions  extrêmes. 

Enfin  les  grandes  planètes  Saturne,  Jupiter,  Uranus  et  Neptune  sont 
de  densité  si  faible  qu'elles  doivent  être  presque  entièrement  gazeuses. 

Parmi  les  quatre  petites  planètes  dont  la  densité  est  proportionnée  à 
la  grosseur,  la  terre,  qui  est  la  plus  grande  et  la  plus  dense,  peut  seule 
conserver,  à  cause  de  son  éloignement  du  soleil,  une  grande  quantité 
d'eau  à  l'état  liquide  et  elle  a  toujours  eu  depuis  l'apparition  de  la  vie  une 
température  égale.  Nulle  autre  planète  n'a  possédé  ces  avantages  dans  le 
passé  et  ne  les  possédera  dans  l'avenir.  L'avis  contraire  des  astronomes 
et  notamment  de  Proctor  ne  repose  sur  aucune  donnée  sérieuse,  car  la 
durée  tout  entière  de  notre  soleil  a  été  utilisée  pour  l'évolution  biologique 
jusqu'à  l'homme  et  les  cinq  à  six  millions  d'ans  qu'on  lui  accorde  encore 
sont  bien  peu  de  chose  en  comparaison  de  sa  durée  dans  le  passé. 

En  résumé  le  U""  Wallace  considère  comme  évident  que  la  terre  est  la 
seule  planète  habitée  de  tout  le  système  solaire.  Déjà  l'astronome  Gore 
{The  icorlils  of  space)   pensait  que  chaque  étoile  n'offrait  qu'une  planète 


CHAKLE>  LFJEINE. 


l.'lInMMK   liAN-    I.  I  MMU-  187 


présentant  les  conditions  favorables  pour  entretenir  la  vie.  Mais  Wallace 
élimine  tous  les  soleils,  qui  n'ayant  pas  la  masse  du  notre,  ont  moins  de 
chaleur.  Il  rejette  tous  les  astres  sis  dans  la  voie  lactée  comme  exposés 
h  d'elïrayantes  collisions.  Il  n'admet  de  systèmes  planétaires  possibles 
qu'au  groupe  d'étoiles  dont  fait  partie  notre  soleil,  il  en  exclut  les  étoiles 
les  plus  brillantes,  qui  étant  moins  denses  auront  une  moindre  durée,  et 
le  nombre  des  étoiles  pouvant  engendrer  la  vie  devient  ainsi  très  limité. 
Puis  comme  il  n'y  aurait  presque  pas  d'étoiles  simples,  qui  seules  pa- 
raissent aptes  h  entretenir  la  vie,  notre  soleil  seul,  peut-être  avecdeuxou 
trois  autres,  serait  capable  de  maintenir  la  vie  sur  une  de  ses  planètes. 
Si  ces  deux  ou  trois  autres  existent,  nous  ne  savons  pas  s'ils  possèdent 
des  planètes  et  encore  moins  si  elles  réunissent  toutes  les  conditions  de 
cet  équilibre  délicat  que  présente  la  terre. 

Enlin  Wallace  pense  que  notre  position  centrale  ;i  permis  le  maintien 
de  la  chaleur  solaire  par  agrégation  de  matières  diffuses  venues  des  ré- 
gions extérieures  à  la  Galaxie  avec  des  vitesses  si  élevées  qu'elles  ont  pu 
maintenir  pendant  les  périodes  géologiques  le  pouvoir  calorique  et  lumi- 
neux de  notre  soleil. 

Après  avoir  résumé  le  livre  de  l'éminent  naturaliste,  M.  II.  Château  se 
déclare  frappé  par  le  caractère  systématique  de  ses  conclusions.  Mais  il 
ajoute  qu'il  a  poussé  l'analogie  jusqu'cà  ses  plus  extrêmes  limites  et  a  été 
ainsi  conduit  à  des  déductions  d'une  trop  grande  rigueur. 

«  De  ce  que,  dit-il,  tout  l'univers  est  partout  constitué  des  mêmes  élé- 
ments matériels  et  sujet  aux  mêmes  lois  physico-chimiques,  faut-il  con- 
clure à  l'absolu  des  conditions  climalériques,  par  exemple,  qui  ont  pré- 
sidé à  l'évolution  biologique?  Mais  certaines  expériences  de  laboratoire, 
en  favorisant  la  théorie  de  l'origine  extra-terrestre  de  la  vie,  viennent 
saper  quelques  unes  des  conclusions  du  D""  Wallace.  .\-t-on  oublié  les  expé- 
riences de  M.  Allan  Macfadyen  sur  les  basses  températures?  Exposées  à  la 
température  de  l'air  liquide  (—  190')  les  bactéries  phosphorescentes  de- 
viennent obscures  et  retrouvent  leur  luminosité  après  avoir  été  dégelées. 
L'n  résultat  identique  est  obtenu  à  la  température  de  l'hydrogène  liquide 
(—  ioO^l  Les  mêmes  organismes  retrouvent  leur  vitalité  après  une  im- 
mersion de  six  mois  dans  l'air  liquide.  Rien  ne  s'oppose  maintenant  à 
l'adoption  de  l'hypothèse  de  Helmhollz  et  Lord  Kelvin,  relative  à  l'ori- 
gine cosmique  de  la  vie,  puisque  les  organismes  résistent  aux  grands 
froids  intersidéraux.  11  est  vrai  que  le  D'  Wallace  accorde  h  un  petit 
nombre  de  planètes  des  possibilités  de  vie  élémenlaire,  mais  la  rigueur  de 
ses  déductions  s'accorde  mal  avec  l'incertitude  de  nos  connaissances 
actuelles  sur  les  conditions  de  la  vie  à  la  surface  des  planètes  de  notre 
système,  et  il  semble  bien  que  la  théorie  relative  à  l'improbabilité  de 
l'existence  de  planètes  appartenant  à  quelqu'autre  soleil  manque  de 
base  scientifique  sérieuse.  » 

J'ajouterai  à  ces  justes  remarques  les  considérations  suivantes  : 

On  peut  objecter  au  D'  Wewell  prétendant  que  la  vie  animale  n'a  pu  se 
développer  sur  la  planète  Mars  parce  qu'elle  ne  serait  pas  dans  la  zone 


188  -2  MAit>   11)05 

teinpéive  du  syslt^'ino  bolairo  peniullaiil  seule  ces  varialions  modérées  de 
froid  et  de  chaleur,  de  sécheresse  ol  dMiumidilé  qui  lui  sont  nécessaires, 
que  c'est  dans  la  zone  équalorlah;  terrestre  nianijuanlde  froid  et  de  séche- 
resse, que  cette  vie  est  la  plus  intense.  Il  est  tiès  probable  que  la  tempé- 
rature de  la  terre  était  à  peu  prés  partout  uniforme  quand  la  vie  orga- 
ni(jue  y  a  fait  son  apparition.  Il  suflit  que  la  vie  ait  été  possible  à  un 
moment  donné  pour  (|u'on  ne  puisse  allirmer  que  les  êtres  n'aient  pu 
s'adapter  aux  modifications  du  milieu  dans  lequel  ils  existaient  et  y  pro- 
gresser, car  les  nudifications  ont  dû  être  partout  légères,  progressives  et 
continues,  si  nous  en  jugeons  par  ce  qui  s'est  passé  sur  la  terre. 

On  peut  répondre  à  Newcomb,  qui  s'appuie  sur  l'obscurité  relative  des 
cieux  pour  limiter  l'étendue  de  l'univers,  que  l'éloignement  des  étoiles  par 
rapport  à  la  terre  peut  expliquer  la  perle  de  lumière  et  de  chaleur  qu'elles 
subissent  pour  nos  sens  par  leur  rayonnement  dans  l'espace.  On  doit  con- 
sidérer aussi  que  la  lumière  et  la  chaleur  émises  par  les  étoiles  diffèrent 
selon  leur  état  d'évolution,  les  blanches  étant  en  pleine  activité  et  les 
rouges  étant  en  train  de  s'éteindre. 

Les  espaces  vides  que  nous  constatons  dans  la  voie  lactée  n'infirment 
pas  davantage  l'infinité,  car  la  répartition  des  étoiles  n'étant  pas  régulière, 
ils  peuvent  se  trouver  eux-mêmes  devant  d'autres  espaces  vides.  D'ailleurs 
la  puissance  de  nos  instruments  d'optique  ou  de  photographie  a  certaine- 
ment des  limites.  Ce(iuile  prouve,  c'est  que  la  photographie  nous  révèle 
des  étoiles  que  ne  découvre  pas  le  télescopé,  ce  qui  indique  bien  que  la 
lumière  se  perd.  Et  ce  fait  peut  expliquer  que  les  étoiles  nous  paraissent 
diminuer  en  nombre  à  mesure  qu'elles  diminuent  de  grandeur.  Enfin 
l'espace  ne  pouvant  être  considéré  comme  fini,  d'innombrables  systèmes 
stellaires,  comme  des  archipels  dans  un  océan,  peuvent  être  raisonnable- 
ment supposés  dans  cet  infini,  à  des  distances  hors  de  toute  proportion 
avec  la  portée  de  nos  instruments  d'investigation. 

A  propos  de  l'habitabilité  des  planètes  de  notre  système  solaire,  l'eau, 
la  terre  et  l'air  ayant  précédé  la  vie.  celle-ci  s'est  organisée  selon  le  milieu 
où  elle  devait  exister  et  nous  ne  pouvons  affirmer  que  là  où  l'atmos- 
phère était  plus  ou  moins  dense,  où  l'eau,  ou  un  liquide  analogue,  a  pu 
être  plus  ou  moins  abondante,  une  organisation  différente  de  la  vie  que 
nous  connaissons  n'a  pas  pu  se  produire.  Si  toutes  les  planètes  doivent 
suivre  les  lois  de  la  terre,  toutes  seraient  aptes  à  entretenir  des  organismes 
vivants  semblables  ou  dissemblables.  Le  jour  où  l'on  aura  trouvé,  sans  con- 
testation possible,  des  débris  d'êtres  organisés  dans  les  aérolithes,  cela 
pourra  confirmer  l'unité  des  lois  biologiques  sur  lesquelles  se  fonde  Wal- 
lace,  mais  ruinera  sa  théorie  de  la  terre  seule  habitable. 

Pour  ^■énus,  sans  parler  de  la  chaleur  intérieure  qui  a  dû  avoir  une 
grande  influence  sur  la  production  de  la  vie  sur  toutes  les  planètes,  entre 
ses  deux  faces,  l'une  brûlante  et  l'autre  glacée,  il  peut  y  avoir  une  région 
relativement  tempérée,  maintenue  par  l'atmosphère  et  qui  serait  plus 
favorable  au  maintien  de  la  vie.  Quant  à  la  partie  qui  regarde  le  soleil, 
en  admettant  que  la  chaleur  qu'elle  reçoit  soit  un  obstacle  au  dévelop- 


CIIAHI.KS  I.KJFINK.   —    l.'lliiMMi:  I)AN<  l.'r.NIVKHS  189 

pc:nont  di'  la  vie,  celle-ci  [)niiiia  ralli'a[iei'  le   temps  penlu  ([naiiil  l'éclat 
de  noli'c  soleil  aura  diminué. 

Sans  m'arréter  ;i  la  plus  giande  densité  de  la  terre  ([ui,  en  admettant  la 
commune  origine  de  tout  le  système,  devrait  être  intermédiaire  entre  les 
grandes  et  les  petites  planètes,  comme  elle  l'est  par  sa  masse  et  sa  dis- 
tance au  soleil,  les  planètes  les  plus  éloignées  devraient  pouvoir  retenir 
encore  une  plus  grande  quantité  d'eau  à  l'étal  liquide. 

Les  petites  planètes  ont  dû  avoir  une  évolution  plus  rapide  et  ont  pu  se 
trouver  plus  tôt  dans  des  conditions  favorables  à  la  vie  organique,  la- 
quelle a  pu  s'adapter  aux  modifications  qui  se  sont  produites.  Le  milieu 
terrestre  a  beaucoup  varié  aussi  puisque  les  palmiers  ont  abondé  aux 
pôles  pendant  les  temps  primaires. 

Il  parait  y  avoir  une  contradiction  dans  l'opinion  du  D""  VVallace  qui 
considère  que  la  chaleur  de  notre  soleil  est  un  obstacle  h  l'existence  de  la 
vie  sur  certaines  planètes  et  qui  refuse  aux  soleils  de  moindre  masse  ou 
d'évolution  plus  avancée  la  faculté  d'entretenir  la  vie  parce  qu'ils 
n'émettent  pas  assez  de  chaleur  et  de  lumière. 

Pour  les  collisions  auxquelles  peuvent  être  exposés  tous  les  astres  de 
la  voie  lactée,  on  peut  bien  admettre  qu'une  partie  au  moins  a  dû  échap- 
per à  ce  danger,  ce  qui  ruinerait  encore  un  de  ses  arguments. 

L'agrégation  de  matières  diffuses,  qui  seule  aurait  pu  maintenir  la  cha- 
leur solaire,  pourrait  être  invoquée  comme  un  argument  en  leur  faveur 
par  ceux  qui  attribuent  l'apparition  de  la  vie  sur  la  terre  h  la  chute  de 
matières  venues  de  l'extérieur.  Cette  dernière  théorie,  fût-elle  vérifiée, 
ne  ferait  que  déplacer  la  question,  car  si  la  vie  sur  notre  terre  vient  du 
dehors,  il  a  fallu  (ju'elle  se  produisît  sur  une  autre  planète,  et  alors  pour- 
quoi ne  serait-elle  pas  née  sur  la  terre? 

Puisque  chaciue  étoile  de  la  voie  lactée  est  un  soleil,  n'est  il  pas  bien 
plus  probable  qu'il  a,  comme  le  nôtre,  des  planètes  qui  ont  pu  évoluer 
d'une  façon  tantôt  moins  favorable,  mais  tantôt  aussi  plus  favorable  au 
développement  de  la  vie  sur  leur  surface.  Nous  ne  savons  rien  du  volume 
de  ces  soleils  ni  de  leurs  planètes  et  l'on  suppose  que  notre  système  so- 
laire serait  presque  le  seul  sur  lequel  la  vie  aurait  pu  se  manifester  et  se 
développer.  N'est-il  pas  plus  naturel  de  supposer  que  les  autres  systèmes 
ont  aussi  des  êtres  organisés  ou  analogues  à  ceux  de  la  terre  ou  différents, 
puisque  nous  ne  savons  pas  par  quelles  phases  ont  passé  ces  mondes 
inconnus.  L'unité  de  matière  et  de  lois  constatée  dans  l'univers  doit  faire 
penser  que  les  mômes  phénomènes  ont  dû  s'y  produire.  Nous  ne  savons 
pas  même  quelle  est  la  constitution  de  notre  soleil  et  nous  voulons  juger 
de  ce  qui  ce  passe  dans  les  autres  sylèmes  solaires  !  On  sait  combien  le 
milieu  a  d'importance  au  point  de  vue  de  la  nature  animale,  végétale  et 
minérale,  or  que  pouvons  nous  savoir  du  milieu  des  planètes  de  l'univers, 
quand  nous  ignorons  certainement  une  partie  des  lois  qui  agissent  sur 
notre  terre  ? 

Les  lois  scientifiques  que  nous  croyons  les  mieux  établies  peuvent  être 
d'un  jour  à  l'autre  modifiées  par  de  nouvelles  découvertes.  M,   Perrine 


100  2  MARS  1905 

viont  de  découvrir  à  l'Observatoire  de  Lick  un  sepli(^ine  satellite  de  Jupiter, 
dont  le  mouvement  apparent  est  un  mouvement  direct,  contraire  à  celui 
du  satellite  récemment  découvert.  Ce  nouveau  satellite  promet  d'être 
parmi  les  corps  les  plus  intéressants  du  système  solaire.  Vouloir  juger 
des  lois  gouvernant  les  mondes  qui  sont  à  peine  perceptibles  à  nos  ins- 
truments d'optique  les  plus  perfectionnés,  paraît  être  une  prétention  qui 
n'est  pas  encore  justifiée  parles  données  de  la  science. 

Est-ce  au  moment  où  l'on  admet  une  fouie  de  radiations  encore  incon- 
nues, où  la  découverte  des  rayons  X  a  révélé  des  actions  qu'on  ne  soup- 
çonnait pas  et  où  l'on  discute  la  réalité  des  rayons  N,  est-ce  surtout  au  len- 
demain delà  découverte  du  radium,  dont  les  propriétés  paraissent  devoir, 
sinon  révolutionner,  du  moins  modifier  tout  ou  partie  des  lois  générales 
que  l'on  croyait  les  mieux  établies,  qu'il  est  prudent  d'étendre  nos  pré- 
leudues  lois  terrestres  à  tout  l'univers?  On  a  toujours  tort  de  trop  géné- 
raliser surtout  quand  il  s'agit  de  faits  qui  échappent  en  grande  partie  à 
l'expérimentation. 

M.  II.  Château  paraît  partager  cette  opinion  quand  il  dit  que  ce  livre 
vient  peut-être  un  peu  tôt,  mais  qu'il  est  un  résumé  brillant  de  l'évolu- 
tion organique  et  inorganique. 

Il  ajoute  :  «  Il  n'y  faut  point  vofr  une  tentative  de  réhabilitation  des 
vieilles  erreurs  géocentriques  et  anthropocentriques.  Tout  au  plus  lui 
accorderons-nous  d'apporter  une  contribution  sincère  à  quelque  vague 
spiritualisme,  sans  rites  et  sans  dogmes;  la  croyance  à  quelque  Dessein 
infini  parmi  l'immensité  des  choses.  » 

Nous  rendons  justice  au  savoir  et  à  la  sincérité  du  grand  naturaliste 
anglais,  mais  nous  ferons  remarquer  que  c'est  le  plus  souvent  saos  s'en 
rendre  compte  que  le  savant  se  trouve  porté  à  faire  des  hypothèses  daas 
un  sens  plutôt  que  dans  un  autre  et  l'esprit  religieux,  si  profondément 
ancré  dans  les  cerveaux  anglo-saxons,  peut  bien  n'avoir  pas  été  étranger 
au  choix  de  l'hypothèse  défendue  par  le  D'"  Wallace  et  en  faveur  de 
laquelle  il  a  accumulé  les  raisons  et  les  opinions  qui  peuvent  lui  être 
favorables  et  qui  tendent  à  conserver  à  l'homme  son  titre  de  roi  de  la 
nature. 

Nous  reconnaissons  d'ailleurs  que  les  tendances  spiritualistcs  sont  de 
tous  les  pays.  C'est  ainsi  que  chez  nous,  M.  Camille  Flammarion,  un 
savant  doublé  d'un  poète,  à  soutenu  la  thèse  diamétralement  opposée  à 
celle  de  M.  Wallace,  car  il  a  remplacé  les  paradis  déchus  par  une  migra- 
tion des  âmes  dans  des  planètes  de  plus  en  plus  éthérées,  tant  l'esprit 
humain  a  de  peine  à  se  détacher  d'une  croyance  sans  la  remplacer  par 
une  autre. 

La  place  de  l'Homme  dans  la  série  zoologique. 

M.  René  Quinton  établit,  dans  le  volume  que  nous  avons  cité  et  qui 
résume  ses  travaux,  que  la  vie  animale  apparue  h.  l'état  de  cellule  dans 
les  mers,  a  toujours  tendu  à  maintenir,  au   cours  de  son  évolution,  les 


CHARLES  LEiBlXE.    —  I.lIiiMMi:  DANS  l'lNIVERS  191 

cellules  composant  chaque  organisme  dans  un  milieu  marin,  en  sorte  que, 
sauf  quelques  exceptions  chez  des  espCîces  inférieures  et  déchues  :  (ctout 
organisme  aninral  est  un  véritable  aquarium  marin,  où  continuent  h 
vivre,  dans  les  conditions  aipiatiquesdes  origines,  les  cellules  qui  le  cons- 
tituent. «  Mais  si  la  concentration  saline  des  mers  actuelles  est  de  33  gr. 
de  chlorure  de  sodium  par  litre,  celle  des  mers  dans  lesquelles  la  vie 
apparut  était  d'environ  8  à  [)  gr.  et  c'est  ce  milieu  des  cellules  originelles 
que  les  organismes  les  mieux  doués  ont  tendu  à  maintenir  Ji  travers  les 
âges.  C'est  ainsi  que  le  milieu  marin  intérieur  des  Mammifères  n'est 
concentré  qu'à  6  gr.  8  et  celui  des  Oiseaux  à  7  gr.  :2. 

Avant  d'entrer  dans  celte  démonstration,  l'auteur  pose  les  principes 
d'une  Loi  de  constance  thermique  originelle  qui  nous  arrêtera  davantage 
et  qu'il  formule  ainsi  :  «En  face  du  refroidissement  du  glohe,  la  vie  ap- 
parue à  l'état  de  cellule  par  une  température  déterminée,  tend  à  maintenir 
pour  son  haut  fonctionnement  cellulaire,  chez  des  organismes  indéfini- 
ment suscités  h  cet  effet,  celte  température  des  origines.  » 

Voici  les  différents  faits  sur  lesquels  s'appuie  cette  théorie  : 

i"  La  température  du  milieu  marin  dans  lequel,  à  l'état  de  cellule,  la 
vie  animale  fit  son  apparition  sur  le  globe  était,  comparativement  ii  celle 
de  l'époque  présente,  une  température  élevée.  Cela  est  prouvé  par  les 
faunes  et  les  llores  fossiles  et  concorde  avec  les  théories  astronomiques  et 
géologiques. 

2°  A  quelque  organisme  qu'elle  appartienne,  la  cellule  animale  ne  peut 
vivre  au-dessus  d'une  température  de  44  ou  45°.  C'est  dans  le  voisinage 
de  cette  température,  de  41  à  45"  que  la  vie  est  la  plus  intense.  Il  en  résulte 
que  la  vie  cellulaire  animale  n'a  dû  se  manifester  sur  le  globe  que  lors- 
que la  température  des  mers  fut  tombée  ;\  44  ou  45"  et  qu'elle  dût  y  ap- 
paraître à  ce  moment  même,  cette  température  étant  la  plus  favorable  à  sa  mani- 
festation. La  géologie  confirme  la  physiologie  dans  l'appréciation  de  ce 
degré  thermique  pour  les  mers  précambriennes  dans  lesquelles  la  vie 
animale  apparat. 

3°  De  l'état  de  cellule  la  vie  passe  a  l'état  organisé.  La  diversité  de 
de  ses  faunes  est  immédiatement  extrême:  presque  tous  les  groupes  ani- 
maux sont  déjà  représentés  dans  la  faunecambriennc.  Toutes  les  j  ormes  ani- 
males qui  composent  la  faune  primaire  sont  dépourvues  du  pouvoir  d'élever  la 
température  de  leurs  tissus  au-dessus  de  celle  du  milieu  ambiant.  Un  fait  décou- 
vert par  Langlois  (,1901),  tendrait  même  ù  prouver  que  les  reptiles  ont 
acquis  la  faculté  de  faire  du  refroidissement  quand,  grâce  au  rayonne- 
ment solaire  plus  direct  à  l'époque  primaire,  la  température  s'élevait  au- 
dessus  de  41".  Cette  faculté  indique  bien  le  sens  du  besoin  imposé  par 
l'époque. 

Lorsque  le  globe  se  refroidit,  la  cellule  conserve  la  température 
de  son  milieu,  l'animal  passe  d'époque  Ji  époque  à  un  état  de  r/edeplus  en 
plus  ralentie.  Le  règne  animal  tout  entier  est  soumis  à  ces  conditions  sauf 
les  classes  des  Mammifères  et  des  Oiseaux. 

En  effet,  dans  l'embranchement  des  Vertébrés,  la  vie  acquiert,  par  une 


1<J2  -2    MAKS    lOO.J 

(.(jinbustion  interne,  le  pouvoir  de  créer  de  la  chaleur  et  de  maintenir  la 
lenipéralurede  ses  tissus  dans  l'étal  thermique  qui  permet  leur  aclivilé 
maxima,  c'est-à-dire  dans  la  température  originelle.  A  mesure  que  le 
globe  se  refroidit  d'un  ou  de  plusieurs  degrés,  apparaissent  des  mammifères 
nouveaux  qui  ont  le  pouvoir  d'élever  leur  température  d'un  pareil  nom- 
bre de  degrés.  Lorsque  le  globe  se  fut  refroidi  de  4°,  soit  une  tempéra- 
ture de  40.  les  organismes  nouveaux  eurent  la  faculté  d'élever  leur  tem- 
pérature interne  de  4°,  et  de  maintenir  ainsi  leur  maximum  de  44'.  Mais 
ceux  qui  avaient  paru  lorsque  la  température  du  globe  était  de  43,  42,  41, 
400,  contiimôrent  à  ne  pouvoir  élever  leur  température  spécifique  que  de 
1,  2,  3  ou  4  degrés. 

L'embranchement  des  Vertébrés  est  donc  constitué  par  une  série  de 
formes  dont  les  plus  récemment  apparues  possèdent  toujours  une  tempé- 
rature interne  de  443;  les  au'res,  de  moins  en  moins  récentes,  ne  possé- 
dant plus  que  des  températures  de  43,  42,.  40,  ....35,  ...30  ...25  degrés 
(ces  derniers  chiffres  dépendant  de  l'état  de  refroidissement  du  globe),  les 
dernières  enfin,  celles  du  type  le  plus  ancien  (Reptiles,  Batraciens,  Pois- 
sons) ayant  simplement  pour  température  de  leurs  tissus  celle  du  milieu 
extérieur. 

Ainsi  tout  l'écart  thermique  que  rOrnithorynque  peut  maintenirentre  la 
température  de  ses  tissus  et  celle  du  milieu  ambiant  est  de  5°.  Il  s'accuse 
par  là  comme  étant  d'une  époque  du  monde  où  la  température  moyenne 
était  d'environ  39'  (39  +  ^  =  ^'*)-  Sa  température  spécifique  étant  de  25° 
la  moyenne  de  la  température  ambiante  aurait  diminué  de  19"  depuis 
son  apparition  (39  —  19  —  20). 

M.  II.  Quinton  se  propose  d'établir  dans  un  ouvrage  ultérieur  l'ordre 
d'apparition  des  espèces,  au  moins  dans  ses  plus  grandes  lignes,  par 
l'anatomie,  l'embryologie  et  la  paléontologie  combinées.  Or  l'observation 
des  températures  spécifiques  montrera  qu'elles  échelonnent  justement  les  espèces 
selon  l'ordre  de  leur  apparition,  les  plus  anciennes  apparues  h  température 
spécifique  très  basse  :  Ornitorynque(Monotrème)  25°;  Sarigue  (Marsupial)  ' 
33";  Tatou  (Edenté)  34*';  etc.  -•  les  espèces  plus  récentes,  à  température 
spécifique  déjà  plus  élevée  (Mammifères  de  presque  tous  les  ordres  de  la 
classe,  mais  limités  comme  habitai  aux  régions  chaudes  de  la  terre) 
de  35  à  37°  environ  ;  exemples:  Hippopotame,  35°, 3;  Vampire  35°, 5  ; 
Eléphant  35°,  9  —  premiers  Oiseaux,  Raliles,  Aptéryx  37°  —  Pri- 
mates ;  Homme  37°2  —  les  dernières  apparues  enfin,  aux  températures 
spécifiques  les  plus  hautes  en  même  temps  qu'à  l'habitat  le  plus  froid  : 
Mammifères  carnivores  et  ruminants  39  à  41",  Oiseaux  carinates40  à  44°. 

C'est  sur  ces  faits,  qui  viennent  d'clre  exposés  presque  littéralement, 
que  l'auteur  établit  sa  Loi  de  constance  thermique  originelle  dont  nous 
avons  donné  plus  haut  la  formule, 

M.  Quinton  fait  remarquer  que  l'Homme,  situé  dans  le  groupe  des  Pri- 
mates, est  un  animal  tropical.  «  Une  vit  à  l'état  de  nature  que  dans  les  ré- 
gions avoisinantl'équateur.  Son  habitat  sous  les  latitudes  plus  hautes  est 
secondaire  et  tout  à  fait  artificiel.il  ne  le  maintient  que  grâce  à  des  vête- 


t:ilAULKS   LKJKINK.   —   l.'lInMMK  l)\NS   l.'rNIVEU>  I '.».'{ 

monts  protecteurs  qui  ménagent  son  rayonnement  et  ;i  l'usage  du  feu,  par 
lL'.|Ut'Iil  élève  la  température  du  milieu  ambiant.  Comme  les  végétaux  des 
trùpi(|ue.s  qu'il  cultive  induslrieusemenl  riIom:ne,  sous  nos  latitudes  et 
plus  de  dix  mois  de  l'année,  ne  vit  qu'en  serre  chaude. 

Il  ajoute  :  «  Cet  ordre  d'apparition  quant  à  l'Homme  et  à  l'Oiseau,  heurte 
toutes  les  idées  reçues,  il  est  cependant  l'ordre  réel. 

«  l°L'IIomme  n'est  aucunementce  qu'ilaété  considéré  jusqu'ici,  le  der- 
nier terme  et  le  plus  élevé  de  l'embrancliernsnt  des  Vertébrés.  Aucun  de 
ses  caractères,  anatomiques,  embryologiques,  physiologiques,  géogra- 
phiques, ne  permetdelui  assigner  ce  rang.  Tous,  au  contraire,  parfaite- 
ment archaïques,  le  situent  à  la  place  qui  vient  de  lui  être  martiuée. 
Nous  le  démontrerons  longuement  par  la  suite.  L'Homme,  avec  l'ordre 
entier  auquel  il  appartient  (l'rimates) est  apparu  à  une  époijue  ancienne 
du  globe,  antérieure  à  l'épanouissement  des  deux  ordres  les  plus  récents 
et  les  plus  élevés  des  Mammifères,  les  Carnivores  et  les  Ongulés.  Aucun 
douta  ne  pourra  subsister  à  ce  sujet. 

«  2"  De  même  la  classe  Oiseau,  loind'étreantérieureetinférieureàlaclasse 
Mammifère,  comme  elle  a  été  considérée  universellement  jusqu'ici,  lui  est 
postérieure  et  supérieure  org  uiiipiement.  Tout  le  démontre:  l'apparition 
des  premiers  Mammifères  au  début  de  l'époque  secondaire,  celle  des  pre- 
miers Oiseaux  vers  la  tin  stmle  de  cette  époque;  —  l'extension  maxima 
de  la  classe  Mammifère  à  l'époque  tertiaire,  le  rôle  subordonné  qu'à  cette 
époque  jouait  la  classe  Oiseau  (espèces  fossiles,  Mammifères,  3.200;  Oi- 
seaux, 500).  —  L'état  de  régression  actuel  de  la  classe  Mammifère,  l'ex- 
tension actuelle  de  la  classe  Oiseau  (espèces  actuelles,  Mammifères2.380; 
Oiseaux  10  000).  —  Les  différences  anatomiques  considérables  réalisées 
dans  l'étendue  de  la  classe  Mammifères,  preuve  des  temps  lointains  depuis 
lesquels  le  type  évolue  ;  l'homogénéité  frappante  au  contraire  de  toute 
la  classe  Oiseau,  voisine  encore  de  son  type  ancestral  ;  —  la  supériorité 
anatomique  et  physiologique  de  la  classe  Oiseau  sur  la  classe  Mammifère 
(anatomie  à  division  supérieure  du  travail  physiologique  chez  l'Oiseau; 
organes  et  appareils  nouveaux,  etc.). 

«  Au  sujet  de  l'Homme,  faisons  simplement  remarquer  que,  pour  le 
situer  au  sommet  de  l'échelle  des  êtres,  la  science  n'a  jamais  invoqué  que 
la  supériorité  de  son  intelligence.  Or,  l'intelligence  n'est  pas  un  caractère 
classilicaleur.  Aucun  zoologiste  ne  se  permettrait  de  faire  servir  à  la  clas- 
sification des  Carnivores  ou  des  Proboscidiens,  parmi  les  Vertébrés,  l'in- 
telligence spéciale  dont  témoigne  le  Chien  ou  l'Eléphant.  C'est  cependant 
à  celte  seule  intelligence  humaine  que  les  Primates  doivent  leur  premier 
rang  dans  la  classification.  De  même  le  fait  que  l'Homme  est  sans  fossiles 
avant  le  quaternaire  est  d'une  indication  nulle  quant  à  sa  date  d'appa- 
rition :  1'^  l'ordre  des  Primates  est  d'abord  un  des  plus  anciens  parmi  tous 
les  Mammifères  placentaires  (apparition  :  premiers  terrains  tertiaires); 
:2^  des  ordres  entiers  sur  l'antiquité  desquels  aucun  doute  n'est  possible, 
-ont  sans  fossiles  connus  (.Monotrèmes;  tous  les  Marsupiaux  d'Australie; 
Mégachiroptères,  Hiracoïdes,  etc.,  etc.).  » 

soc.  d'antiihûp.  ^'JOo  <3 


\\)[  û  MA  us  v.m 

M.  II.  Oninton  formule  ainsi  sa  Loi  générale  de  constance  originelle 
marine,  thermitiue,  osmolique  et  peut-être  lumineuse  : 

t(  En  face  des  variations  de  tout  ordre  que  peuvent  subir  au  cours  des 
âges  les  ditVérents  habitats,  la  vie  animale,  apparue  à  l'état  de  cellule 
dans  des  conditions  physiques  et  chimiques  déterminées,  tend  à  main- 
tenir, pour  son  haut  fonctionnement  cellulaire,  à  travers  la  série  évolu- 
tive, ces  conditions  des  origines.  » 

Il  en  conclut  que  la  vie  est  un  phénomène  assujetti  à  des  conditions 
assez  étroitement  déterminées. 

Enfin  il  fait  ressortir  le  rôle  à  part  et  supérieur  du  Vertébré.  Tandis 
que  tout  le  reste  du  règne  animal  subit  les  modifications  du  milieu,  les 
Vertébrés  seuls  en  face  de  la  concentration  des  mers,  comme  du  refroi- 
dissement du  globe,  maintiennent  la  concentration  et  la  température  ori- 
ginelles et  optimas. 

«  On  remarquera  encore  que  l'Homme  cesse  d'occuper  dans  la  nature 
la  place  isolée  qu'il  semblait  y  tenir  jusqu'ici.  Au  milieu  du  monde  phy- 
sique qui  l'enveloppe,  l'ignore  et  l'opprime,  il  n'est  pas  le  seul  insurgé, 
le  seul  animal  en  lutte  contre  les  conditions  naturelles,  le  seul  tendant  à 
fonder  dans  un  milieu  instable  et  hostile  les  éléments  fixes  d'une  vie  supé- 
rieure. Le  simple  Poisson,  le  simple  Mammifère  qui  réalisent  dans  une 
eau  surconcentrée  ou  un  habitat  glacé  le  déséquilibre  osmotiqueou  ther- 
mique que  l'on  sait,  tiennent  en  échec  les  lois  physiques  essentielles.  Quand 
l'Homme  s'attaque  aux  forces  naturelles  qui  l'entourent,  pour  les  dominer 
dans  ce  qu'elles  ont  d'ennemi,  il  participe  d'abord  du  génie  du  Vertébré.  » 

Je  répondrai  à  cette  dernière  remarque  qu'il  y  a  cependant  une  difl'é- 
rence  entre  l'adaptation  inconsciente  de  la  cellule  animale  et  humaine 
à  un  milieu  qui  se  modifie  et  la  lutte  voulue  contre  les  forces  hostiles  de 
la  nature  ou  leur  utilisation  intelligente. 

Dirons-nous  aussi  de  M.  R.  Quinlon  que  le  choix  de  sa  théorie  qui,  con- 
trairement à  celle  du  D''  Wallace,  fait  descendre  l'Homme  du  piédestal 
qu'il  s'était  érigé,  a  pu  être  déterminé  par  sa  mentalité?  Cela  n'est  pas 
impossible,  mais  cela  ne  diminue  en  rien  le  grand  intérêt  qu'il  y  a  à  exa- 
miner les  faits  scientifiques  sur  lesquels  s'appuient  ces  deux  savants.  Je 
n'ai  pas  la  compétence  nécessaire  pour  discuter  des  conclusions  qui  pa- 
raissent reposer  sur  des  bases  très  sérieuses  et  je  laisse  aux  spécialistes 
le  soin  d'en  faire  la  critique. 

Cependant  on  pourrait  répondre  que  si  l'intelligence  n'est  pas  un  carac- 
tère de  classification,  il  n'en  est  pas  de  même  du  cerveau  qui  est  son  or- 
gane. Il  est  admis  que  le  perfectionnement  graduel  consiste  à  avoir  des 
organes  successivement  plus  compliqués  et  plus  associés,  qui  rendent  les 
relations  avec  le  monde  extérieur  plus  délicates.  Or,  il  me  paraît  difficile 
de  contester  que  dans  la  série  des  Vertébrés  le  cerveau  humain,  par  la 
complexité  de  sa  structure  et  les  associations  de  toute  espèce  dont  il  est  le 
siège,  ne  doive  être  considéré  comme  ayant  un  caractère  de  classification. 
Cela  reviendra  au  même,  car  si  ce  n'est  plus  l'intelligence,  ce  sera  l'or- 
gane qui  l'a  produit  qui  servira  de  caractéristique. 


iilUETS    OFFERTS  195 

802'  StANCK.   —  10  Mars  190.Ï. 

PUBSIDENCE  DK    M.    SÉBILLOT. 

Elections.  —  M.  le  I)""  Paul  Longhois,  chirurgien  de  l'IIùtel-Dieu  de  Joîgny. 
iiii'inhre  «le  la  Société  des  Sciences  liistoriqucs  et  naturelles  do  l'Yonne  est 
iioninié  membre  titulaire. 

M.  UF.  Hak  est  désigné  pour  reni[)lHcer  M.  (iiroilet  déiiiissioniiiiirc  dans  la 
<  oniniission  des  linances. 

M.M.  VixsoN  et  DE  Bar  sont  désignés  pour  remplacer  MM.  Vauvillé  et  Schmidt 
démissionnaires,  dans  la  Commission  d'examen  de  la  bibliothèque  et  des 
collections. 

Nécrologie.  —  M.  b-  !>'  Taitai.v,  secrétaire  général  de  la  Guinée  française. 

OBJETS   OFFERTS 

0.  VAUvn.LÉ.  —  Voici  un  silex  imitant  un  tranchet,  il  m'a  été  remis  hier  par 
le  baron  de  Baye,  il  a  été  trouvé  sur  un  tas  de  silex  sur  une  place  publique  de 
Paris. 

Vax  examinant  cetti'  pièce  on  i)eut  la  prendre  d'un  côté  pour  un  tranchet, 
mais  si  on  la  retourne  on  voit  que  c'est  un  simple  éclat. 

Premières  origines  des  OmbroLatins  et  du  peuple  de  Rome.  —  Dans  la 
Revue  scientifique  du  18  février  1905,  par  M.  Zaborowski. 

Les  caractères  historiquement  bien  connus  des  Ombro-Latins.  par  leur  con- 
traste avec  ceux  des  Gaulois,  des  Germains,  sont  une  des  plus  grosses  difficultés 
il  résoudre  pour  établir  scienlitiquement  la  parenté  originaire  des  peuples  de 
langue  aryenne.  J'ai  dû  donner  de  ces  caractères  une  explication  conforme 
avec  ce  que  nous  savons  des  caractères  protoaryens.  Nous  avons  des  raisons 
archéologiques  et  linguistiques  pour  affirmer  que  les  habitants  des  terramares 
sont  les  ancêtres  directs  des  Ombro-Latins,  et  qu'en  même  temps  il  étaient  des 
indigènes  de  lEurope.  d'abord  sans  mélange  avec  des  Asiatiques.  Leurs  carac- 
tères n'étaient  jias  ceux  des  Bomains  de  l'histoire.  Mais  alors  nous  devons  trou- 
ver dans  les  vicissitudes  qu'ils  ont  traversées  et  les  mélanges  qu'ils  ont  subis, 
la  raison  de  leur  transformation.  Nous  la  trouvons  en  elTet.  Et  le  rôle  des 
Etrusques,  des  Ligures  et  des  Vénètes,  dans  le  passé  de  l'Italie,  est  si  considé- 
raiile  que  le  triomphe  des  langues  latines  dans  la  péninsule  est  un  vrai  miracle. 
Il  est  dû  à  l'action  des  (irecs  au  sud  et  des  Gaulois  au  nord  contre  ses  éléments 
anaryens.  peut-être  autant  qu'aux  Umbro-Latins  eux-mêmes. 


lîic.  le.  MMo  1905 

contribution  a  l'anthropologie  physique  de  la  sicile  enéolithique 
Par  m.  Zaborowski. 

M.  (iiiilVrida  lUiggiori  vient  de  fournir  une  importante  contribution  h 
l'anthropologie  préhistorique  de  la  Sicile.  Et  j'aurais  été  heureux  de  pou- 
voir en  signaler  plutôt  l'intérêt. 

Dans  un  premier  mémoire  (Matériel  palelhtwlofjigue  d'une  caverne  naturelle 
lihnello,  près  (^efalu,  cote  nord  de  la  Sicile,  1902j,  il  a  étudié  cinq  crânes 
dont  quatre  complets,  qui  provenaient,  avec  beaucoup  d'autres  fragments, 
d'une  caverne  sépulcrale,  celle  de  Fico,  dans  la  vallée  d'Isnello,  dans  les 
Madonie. 

Cette  caverne  renfermait  les  objets  caractéristiques  suivants  :  1°  Deux 
fragments  de  cuivre  de  la  grandeur  d'un  centime,  mais  de  forme  hexa- 
gonale irrégulière;  2°  Six  fragments  de  couteaux  ou  de  racloirs  en  obsi- 
dienne; 3'^  Huit  vases  en  calcaire  grossièrement  travaillé,  sans  traces  d'or- 
nement. Des  vases  de  ce  genre  ont  été  trouvés  avec  de  l'obsidienne,  non 
seulement  dans  les  Madonie,  mais  à  Pantellaria  et  à  Capri;  4°  Menus 
objets  en  pierre,  ornements;  5°  Restes  de  mandibule  et  dents  de  chèvre. 
Un  pareil  matériel  se  rapporte  à  un  âge  de  cuivre.  On  l'appelle  cepen- 
dant énéolilhique.  Des  stations  qui  lui  correspondent  à  peu  près,  chrono- 
logiquement, ne  renferment  pas  toujours  du  métal. 

Les  cinq  crânes  en  assez  bon  état  qu'accompagnait  ce  maigre  mobi- 
lier funéraire,  ont  les  indices  suivants  : 

2.580      2.581      2.582      2.583      2.584 

Céphalique....  73,1  68,6  75,2  76            » 

Ôrbitaire 79,4  87,5  78,9  »  84,6 

Nasal 54,3  43,6  52,1  »  43,3 

Facial 47  53,4          »  »  48,4 

M.  Giuffrida  Ruggieri  remarque  que  ces  cinq  pièces  présentent  une 
grande  uniformité,  sous  le  rapport  de  la  forme  du  crâne  ellissoïde,  ou  oval 
allongé;  mais  que  pour  la  face  cette  uniformité  est  rompue.  En  effet,  la 
face  de  trois  d'entre  eux  a  été  mesurée  et  sous  ce  rapport  ils  se  classent 
chacun  dans  un  groupe  différent,  le  premier  étant  censément  à  face  large, 
cameprosope,  le  second  à  face  étroite  leptoprosope,  le  troisième  à  face 
moyenne,  mésoprosope.  Sous  le  rapport  de  l'indice  nasal,  ils  se  classent, 
deux  parmi  les  plalyrhiniens,  et  deux  parmi  les  leptorhiniens.  Sous  le 
rapport  de  l'indice  ôrbitaire,  ils  sont  l'un  ipsiconque,  l'autre  cameconque, 
le  troisième  mésoconque.  Ce  classement  ne  répond  pas  à  notre  système 
classique  de  subdivision  en  microsème,  mésosème  et  mégasème. 

M.  Giuffrida  Ruggieri  a  fait  le  relevé  (p.  20)  des  autres  crânes  siciliens 
préhistoriques  mesurés  jusqu'ici  (19).  Ils  présentent  dans  leur  ensemble 


ZAUOROWSKI.    —   I.ANTllll01>l»U:ir.IK  IMlVSInCE  liR  L\  SICIMC   K\r;oMTIIIijrE         i[)l 

un  ontrecroiseiiient  pareil  des  caraclùres  faciaux.  Il  rappelle  aussi  que 
26  cnlnes  masculins  de  l'Arj^ar  (Kspagne),  qui,  sous  le  rapport  de  l'indice 
céiihalique,  ne  présenlenl  pas  un  écart  de  11  unités,  se  répartissent  néan- 
moins en  0  leptorhiniens,  0  mésorhiniens  et  7  platyrhiniens;  en  18  came- 
conques,  4  ipsiconques  et  3  mésoconques,  présentant  de  telles  différences 
dans  les  caractères  des  orbites  et  du  nez  que  le  D""  Jacques  a  reconnu  en 
eux  trois  éléments  ethniques.  Enfin  M.  (liulïrida  Ruggieri  reproduit  mes 
observations  .\  propos  des  crûnes  égyptiens.  Les  plus  anciens  crânes  égyp- 
tiens, tels  que  ceux  de  Heït-.MIan,  sont  étroitement  unis  par  leurs  indices 
céphaliques.  Kt  j'ai  dû  reconnaître  que  pour  les  caractères  de  la  face,  ils 
n'offraient  pas  la  même  homogénéité.  Cette  constatation  impliquait,  on  Ta 
penst',  l'action  il'une  influence  perturbatrice  extérieure  sur  la  race  des 
primitifs  égyptiens. 

M.  Giuiïrida  Ruggieri  cependant,  en  constatant  les  mêmes  variations 
morphologiques  sur  ses  cr;\nes  siciliens,  conclut  qu'ils  représentent 
une  race  homogène.  «  Il  est  bien  plus  vraisemblable  et  plus  simple,  dit-il, 
d'admettre  que  les  oscillations  des  indices  orbitaire  et  nasal  sont  les  élé- 
ments de  la  variabilité  inhérente  au  type  des  dolicho-mésocéphales  sici- 
liens »  (p.  22). 

La  conclusion  a  de  la  gravité.  Mais  nous  trouvons-nous  réellement  en 
présence  d'oscillations  d'une  amplitude  telle  qu'elles  dépassent  les  limites 
des  variations  individuelles  et  qu'il  soit  interdit  de  leur  dénier  une  valeur 
ethnique?  Les  termes  descriptifs  employés  en  raison  desquels  les  crânes 
se  trouvent  séparés  en  des  catégories  distinctes,  impliquent  souvent  des 
différences  qui,  à  voir  les  choses  de  près,  n'existent  pas  toujours. 

Ainsi  dans  la  petite  série  d'Isnello,  il  y  a  un  crâne  (2581)  remarquable 
par  l'ensemble  harmonique  de  ses  caractères.  Très  long  absolument,  avec 
un  indice  céphali(iue  très  bas  de  68,6,  il  a  une  face  relativement  symé- 
tri(|ue  avec  sa  voûte.  Elle  est  absolument  moins  large  et  plus  longue  que 
celle  des  autres  crânes.  Son  nez,  sans  être  bien  moins  large,  a  plus  de 
hauteur.  W  est  bien  franchement  leptorhinien.  Il  l'est  avec  un  autre,  le  4", 
Et  tous  deux  font  sous  ce  rapport  un  contraste  évident  avec  les  deux  pla- 
tyrhiniens. En  môme  temps  c'est  lui  qui  a  les  orbites  à  la  fois  les  plus 
larges  absolument  et  les  plus  hautes.  Or  il  est  qualifié  d'ipsicongue,  de 
crâne  à  orbites  étroites,  le  seul  dans  la  série.  En  r.'a'.ilé  ses  orbites  sont 
carrées,  la  différence  entre  leur  hauteur  et  leur  largeur  est  plus  faible  et 
c'est  pourquoi,  son  indice  orbilairc  s'élève  davantage.  Il  reste  néanmoins 
mésùsème  pour  nous.  Sous  ce  rapport  encore,  il  se  joint  au  crâne  n"  2.580, 
le  leptorhinien  mentionné  à  l'in-stant,  également  mésosème.  Je  séparerais 
donc  volontiers  les  crânes  d'Isnello  en  deux  types  différents  sous  le  rap- 
port de  la  f;ice,  plulùt  (juc  de  conclure  à  des  oscillations  étendues  des 
caractères  du  nez  et  des  orbites  dans  une  race  homogène  de  Siciliens  pré- 
historiques. 

J'avais  dit  à  propos  des  oscillations  de  ces  mômes  caractères  chez  les 
anciens  Egyptiens  :  Ce  n'est  guère  que  parmi  nos  dolichocéphales  néo- 
lithiques qu'on  retrouve  à  côté  de  crânes  à  nez  étroit,   leptorhiniens,  des 


11>8  K".  MAit>   11)05 

crAnes  à  nez  largo,  plalyrliiiiions,  coinine  cela  se  présente  dans  la  série 
de  Beït-Allan. 

Il  n'y  a  toutefois  jamais  dans  nos  séries  d'Europe  autant  de  pla- 
tyrhiniens  (p.  G05). 

Citant  celle  phrase  M.  GiulTrida-Ruggieri  ajoute  :  Il  n'est  pas  étonnant 
donc  (jue  nous  trouvions  do  la  platyrhinie  dans  nos  crAnes  do  Siciliens. 

11  fait  ainsi  un  rapprocheiuont  qui  niôritc  toute  l'attention.  Les  crAnes 
siciliens  rappellent  les  Egyptiens  anciens,  un  peu  au  moins,  par  les  va- 
riations de  leurs  caractères  faciaux.  Ils  les  rappellont  aussi  par  ces  ca- 
ractères mêmes,  du  moins  certains  d'entre  eux,  comme  la  forme  carrée 
des  orbites  des  deux  crânes  leplorhiniens  dont  il  vient  d'être  question. 
Celte  forme  est  en  efTet  justement  celle  que  j'ai  signalée  comme  explica- 
tive des  indices  orbitaires  élevés  de  beaucoup  d'Egyptiens,  indices  en 
rapport  avec  l'étroilesse  des  visages  plus  qu'avec  une  grande  hauteur  des 
orbites. 

Y  aurait-il  parmi  les  Siciliens  énéolithiques  au  crâne  assez  délicat  (Nuovo 
materiale  scheletrico  délia  caverna  di  Isnello,  1903,  p.  9)  et  aux  membres 
robustes  de  marcheur,  pâtre  et  chasseur,  un  élément  identique  à  celui  de 
l'Egypte  d'il  y  a  sept  mille  années? 

Une  seconde  grotte  sépulcrale  a  été  découverte  à  proximité  de  la  même 
localité  d'Jsnello,  dans  lesMadonie.  Elle  e^t  connue  sous  le  nom  de  grotte 
de  Chiusilla.  Son  matériel  archéologique  était  du  même  genre  et  de  la 
même  époque  :  couteaux  d'obsidienne,  objets  d'ornement  en  pierre,  vases 
d'argile  grossièrement  travaillée  à  la  main,  pointe  de  lance  en  cuivre  brut^ 
lame  ou  couteau  avec  trous  pour  les  fixer  au  manche,  et  tige  carrée  de 
même  métal.  Bien  que  la  grotte  ait  été  violée  et  bouleversée  par  les  cher- 
cheurs de  trésors,  la  récolte  en  pièces  osseuses  utilisables  y  a  été  assez 
fructueuse  :  elle  comprend  8  crAnes  complets  ou  à  peu  près  et  o  boîtes 
crâniennes  ou  calottes  en  plus  ou  moins  bon  état,  sans  parler  des  os 
longs  et  des  mandibules. 

Les  os  longs  parmi  lesquels  abondent  les  fémurs  à  pilastre  et  les  tibias 
platycnémiques,  ont  fourni  à  M.  (iiuiïridaRuggieri  la  matière  d'une  étude 
d'où  il  résulte  que  les  tailles  de  ces  Siciliens  énéolithiques  s'élevaient  pour 
24  sujets  hommes  de  1  m.  575  à  1  m.  796,  et  pour  10  sujets  femmes  de 
1  m.  541  à  1  m.  660.  11  y  avait  donc  de  grandes  tailles,  en  raison  des- 
quelles la  moyenne  s'élevait  pour  les  hommes  à  Im.  686  et  pour  les 
femmes  à  1  m.  59.  Ces  grandes  tailles  existent  encore,  paraît-il,  mais  en 
proportion  moindre,  dans  la  population  actuelle,  car  Livi  a  trouvé  pour 
la  taille  moyenne  du  canton  de  Cefalu,  1  m.  613.  M.  Giuiïrida-Ruggieri  a 
le  droit  de  conclure  que  la  population  préhistorique  des  Madonic  (il  n'a 
pas  eu  en  mains  d'os  longsd'autres  parties  delà  Sicile)  était  grande;  plus 
grande  même  que  celle  des  Berbères  (taille  moyenne,  1  m.  (57)  dont  il  la 
rapproche.  {Terzo  contribut)  alT  antropologia  fisica  dei  Siculi  eneolitici, 
1905,  p.  43-47). 

Des  mesures  en  nombre  ont  pu  être  prises  sur  12  crânes  ou  calottes 
crâniennes,  et  sur  les  visages  de  neuf  de  ces  pièces. 


TIIIKI'LLKN.   —   sut  1J.>   l'Ii:UI(K>   TAILLKES  ANTI-CLASSIQUES  l'.CJ 

Le  plus  allongé  d'entre  eux  {D.  A.  P.  197)  présente  une  saillie  considé- 
rable des  arcades  sourcilières  (N"  2756).  Son  indice  céphaliquc  est  de  75,6. 
Son  visage  est  plutôt  court  et  large,  ses  orbites  basses  (h.  29)  sans  être 
très  larges  (indice  orb.  74, -i)  ;  son  nez  moyen  (ind.  47)  le  classe  h  la  limite 
de  la  leptorbinie.  Il  rappelle  le  type  de  Cro-iMagnon  et  est  des  plus  inté- 
ressants. Il  ne  me  semble  pas  d'ailiours  isolé  dans  la  série. 
Pres(]ue  tous  leurs  indices  sont  ceux  de  la  dolicbocéphalie  francbc. 
Cependant  l'un  d'eux  s'écarte  du  type  commun.  Son  indice  d«  80,  le 
rapprocbe  de  la  brachycépbalie  et  une  autre  calotte,  par  sa  brièveté  dans 
le  sons  antéro-postérieur,  se  i-ange  sans  doute  avec  lui  (N"27G1).  Et  enfin 
une  autre  calotte,  classée  sous  le  N"  2766  est  certainement  brachycéphale, 
appelée  spbénoïde,  d'après  Sergi.  A  part  ces  pièces  M.  GiulTrida-Ruggieri 
pourrait  dire  de  celte  série  de  Cbiusilla,  ce  qu'il  a  dit  de  celle  de  la  grotte 
de  Fico,  qu'elle  est  homogène  au  point  de  vue  des  caractères  de  la  boîte 
crânienne.  Il  ne  tient  cependant  pas  assez  de  compte  de  la  présence  de  ces 
trois  pièces. 

Au  contraire,  pour  les  caractères  du  visage,  M.  Giutïrida-Ruggieri  croit 
retrouver  en  elle  la  môme  variabilité  que  dans  la  précédente  série?  L'écart 
entre  les  indices  de  bauteur  de  la  face  est  cependant  un  peu  moindre,  car 
elle  ne  comprend  pas  d'individus  à  face  allongée,  comme  le  N°2o81  de  la  série 
de  Fico.  Ils  sont  mesoprosopes.  peut-on  dire.  Dans  la  population  actuelle 
il  y  a  des  faces  très  longues.  Elles  sont  exceptionnelles,  et,  paraît-il,  attri- 
buables  aux  Arabes,  car  les  Berbères  ne  présentent  pas  une  dolichopro- 
sopie  aussi  accentuée.  Pour  l'indice  orbitaire^  l'écart  est  plus  grand  au 
contraire  que  précédemment,  car  dans  cette  série  de  Cbiusilla  nous  avons 
l'indice  vraiment  faible  du  crâne  2756,  du  type  do  Cro-Magnon. 

Mais  si  nous  nous  en  tenons  à  notre  classification,  celle  de  Broca,  ce 
microsème  n'est  pas  seul.  Nous  trouvons  dans  la  série  4  microsèmes  contre 
trois  mésosèmes  et  pas  un  seul  mégasème.  Ces  variations  ne  nous  appa- 
raissent donc  pas  comme  aussi  étendues  qu'à  M.  Giufïrida-Ruggieri. 


sur  les  pierres  taillees  anti-classiques 

Pau  m.  'I'iiiklli.kn. 
Messieurs, 

Au  mois  de  juin  de  l'année  dernière,  j'ai  eu  l'avantage  de  faire,  à  la 
Société  d'Emulation  d'Abbevillc,  grâce  à  la  bienveillante  invitation  de  son 
président,  M.  Vayson,  un  exposé  démonstratif  de  quehiues-unes  de  mes 
pierres  taillées  anti-classiques. 

J'ai  l'bonneur  de  déposer  ici  le  compte  rendu  de  cette  séance,  mémorable 
pour  moi,  puisque  j'ai  eu  la  grande  satisfaction  de  pouvoir  mettre 
sous  les  yeux  des  honorables  membres  de  cette  Société,  si  longtemps  pré- 


200 


10  MM(^  l'.in") 


sidt'c  par  IJoiicher  de  l'erllies,  la  [liècc  irn'fulaljlc  (|ui  léiJiiit  ii  néant,  une 
fois  pour  luiilos,  les  soupçons  injuri<'ux,  l'-inis  el  propai^'és  ;i  la  lég«''re,  sur 
la  lucidité  de  l'iliuslre  inventeur  de  la  i'réhistoire.  à  propos  des  pierres 
figures  à  retouches  intentionnelles  (ju'il  présentait  i\  l'examen  de  ses  con- 
temporains. 

Personne,  en  eiïet,  après  examen  de  mon  petit  oiseau  de  pierre,  n'a 
élevé,  que  je  sache,  le  moindre  doute  sur  l'authenticité  d<'S  retouches  in- 
tentionnelles qu'a  reçues  ce  silex  ligure. 


Uuant  aux  quelques  préhistoriens  oiïîciels  enferrés  trop  avant  dans  leurs 
raisonnements,  leur  attitude  est  plus  que  singulière.  De  l'oiseau,  ils  ne  souf- 
llent  mot,  la  question  n'a  du  reste  que  peu  d'importance  à  leurs  yeux,  passe- 
temps  d'amateurs,  disent-ils  ;  et  puis  pourquoi  n'a-t-on  pas  encore  rencontré 
la  figuration  d'animaux  disparus,  mammouth,  singe  ou  autres?  Ils  fei- 
gnent ainsi  d'ignorer  qu'en  ce  temps  là,  la  nature  était  l'unique  créatrice 
des  ébauches  auxquelles  l'homme  paléolithique  ne  participait  —  et  pas  tou- 
jours —  que  pour  quelques  retouches  données  aux  bons  endroits  :  yeux, 
nez,  oreilles,  bouche,  bec,  museau,  etc.;  aussi  ces  représentations  sont- 
elles  souvent  plus  fantaisistes  qu'exactes.  De  plus,  la  nature,  très  fan- 
tasque dans  ses  manifestations,  a  très  bien  pu  donner  à  un  silex  de 
la  craie  l'aspect  du  bonnet  phrygien,  d'une  lorgnette  ou  même  la 
silhouette  de  Rochefort,  le  polémiste,  telle  qu'en  effet  la  voici,  recueillie 
par  moi  à  Paris,  dans  le  diluvium  do  la  rue  Lecourbe  (carrière  du  iMam- 


TIIIEII.I.KN.    —  SI»   LKS  I'IF.UHES  T.Vlt.LKKS  A.NTI-iILASSUjUES  :Î01 

moulh  et  du  llenne)  et  avoir  négligé  la  figuialion  du  uianiuiuuili  .1  ,lu 
singe,  ce  (|ui  loulefois  n'est  pas  ccilain. 

«  Les  primitifs,  aflirme  M.  llutot,  n'ont  rien  vu.  ni  rien  '  reconnu,  dans 
«  les  rognons  ni  dans  les  éclats  zoomorphes,  qu'ils  utilisaient  comme  tous 
«  les  autres.  Nous  seuls,  actuellement,  voyons  (|uelque  chose  dans  les 
«  pierres  figures  par  suite  de  l'éducation  de  notre  œil.  » 

.\  l'appui  de  sa  thèse,  le  distingué  géologue  belge  présente  des  consi- 
dérations (ju'il  prétend  irréfutables,  mais  qui  maintenant  sont  devenues 
sans  valeur.  Inditîérente  aux  conceptions  humaines,  la  nature  n'obéit  qu'à 
ses  lois.  Devant  le  fait  brutal  il  faut  s'incliner,  et  les  plus  beaux  raison- 
nements du  monde  ne  sont  que  phrases  creuses. 

Geoffroy  St-Hilaire  écrivait  le  9  juin  1859  à  Boucher  de  Perthes  :  La 
science  aide  à  prouver;  mais  trop  souvent  elle  empêche  de  comprendre. 
«  Elle  a  ses  idées,  j'allais  dire  ses  préjugés,  et  les  ig)wrauts  comme 
a  vous,  vont  plus  loin  parfois  que  les  savants  :  vous  l'avez  montré 
«  par  votre  découverte  que  les  savants  ont  mis  vingt  ans  à  accepter  »,  et 
ils  se  sont  plu  pendant  oO  ans,  pouvons  nous  ajouter,  à  nier  et  à  railler 
sans  raison  l'existence,  aujourd'hui  démontrée,  de  vos  pierres  figures  à 
retouches  intentionnelles,  à  propos  desquelles  ils  vous  ont  traité  d'hal- 
luciné. 

Cette  autre  lettre,  écrite  par  Boucher  de  Perthes  et  qui  m'a  été  obli- 
geamment communiquée  par  M.  Ch.  Cauët,  bibliothécaire  adjoint  à  la 
Société  Linnéennc  d'Amiens,  ne  me  semble  pas  ici  hors  de  propos  : 

Abbevillc  le  20  o.tobre  18G0. 
.1  Monsieur  Victor  Chatel. 
«  Monsieur, 

«  A  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire  le  17  courant, 
«  était  jointe  l'épreuve  imprimée  d'une  autre  lettre  que  vous  avez  l'inten- 
«  tention  de  m'adresser,  je  la  trouve  intéressante  en  tout  point,  et  sa 
«  publication  ne  peut  que  faire  ressortir  vos  découvertes.  Mais  il  n'en 
«  serait  pas  de  même  si  j'y  ajoutais  quelque  chose;  elle  semblerait 
«  avoir  été  .écrite  sous  mon  inspiration  et  d'accord  avec  moi.  Il  faut 
«  que  le  mérite  de  vos  utiles  travaux  reste  à  vous  seul,  et  si  je  fais 
«  paraître  quelque  chose  sur  la  question,  c'est  en  ce  sens  que  j'en  par- 
«  lerai. 

«  Ce  n'est  certes  pas  chose  facile  que  de  faire  admettre  une  vérité.  Le 
«  bon  sens  dit  que  les  peuples  primitifs  qui  faisaient  des  haches  et  des 
"  outils  ont  pu  faire  des  figures,  et  l'on  n'a  pas  encore  rencontré  un  peu- 
«  pie,  quelque  brute  qu'il  fût,  qui  ne  l'ait  tenté.  Ce  besoin  d'imiter  ce  qui 
ft  nous  frappe  est  si  bien  dans  la  nature,  que  les  enfants  de  tous  les  pays. 
«  sans  qu'on  le  leur  enseigne,  dessinent  ou  modèlent  aussit(jt  qu'ils  peu- 
«  vent  trouver  un  crayon  ou  un  morceau  de  pûte. 

«  Il  y  a  plus  de  vingt  ans  que  j'écrivais  :  «  Je  n  aurais  pas  trouvé  une 


20i  K;  mau>  1!)(J5 

«  seule  (le  ces  fiyiire$,  que  je  dirais  encore  qu'il  y  en  a  cl  qu'on  en  trouvera  dans 
«  le  diiuvium,  comme  on  y  trouve  des  haches,  lorsqu'on  en  cherchera.   » 

«  Dt^s  1841,  j'en  soumottriis  des  spi'ciinens  à  l'Institut  et  j'en  publiais 
«  les  dessins  en  184G  dans  mon  premier  volume  des  Antiquités,  qui  a 
a  paru  à  celte  époque  sous  le  titre  de  «  l'Industrie  primitive  ».  Depuis  ce 
«  temps,  ma  collection  a  été  ouverte  à  tout  le  monde  et  visitée  par  presque 
«  tous  les  géologues  et  archéologues  célèbres  de  l'Europe.  Il  m'a  fallu 
«  près  de  vingt  ans  pour  faire  croire  aux  haches  non  polies  où  l'on  ne 
«  voulait  voir  que  des  accidents. 

«  Quant  aux  .symboles  et  figures,  bien  que  j'en  ai  recueilli  des  types 
«  dont  on  voit  chez  moi  jusqu'à  50  analogues,  oîi  le  travail  humain  est 
«  évident,  je  n'ai  converti  que  bien  peu  de  personnes,  et  dans  le  nombre 
a  pas  un  seul  .\nglais.  Pourquoi,  me  disaient-ils,  ôtes-vous  le  seul  qui 
((  trouviez  de  ces  figures?  En  a-t-on  jamais  vu  ailleurs  qu'à  Abbeville, 
«  et  citez  une  collection  autre  que  la  vôtre  où  l'on  en  montre? 

«  Aujourd'hui,  Monsieur,  on  citera  aussi  la  vôtre. 

K  Je  ne  dis  pas  que  j'aurai  encore  gagné  mon  procès,  mais  la  vérité 
«  aura  fait  un  pas  de  plus,  et  frappera  davantage,  en  venant  de  deux 
«  côtés... 

«  Dans  votre  exhibition  à  Paris,  soyez  sévère  dans  vos  choix,  n'exposez 
«.  que  les  morceaux  où  la  main  humaine  est  manifeste.  Méfiez-vous  des 
«  profils;  j'en  ai  trouvé  par  centaines,  mais  après  un  examen  attentif, 
«  j'ai  reconnu  que  les  trois  quarts  n'étaient  que  des  accidents.  Les  létes 
«  d'oiseau  fourmillent,  mais  beaucoup  aussi  sont  des  empreintes  ou  des 
«  jeux  de  la  nature.  L'œil  convenablement  placé  est  un  signe  certain  de 
«  l'intention;  lorsque  les  deux  yeux  y  sont,  il  y  a  certitude,  mais  c'est 
«  rare...  » 

«  Ce  n'est  certes  pas  chose  facile  que  de  faire  admettre  une  vérité  » 
écrit  B jucher  de  Perthes;  il  y  a  des  moments,  pour  ma  partj  où  je  suis 
tenté  de  croire  que  c'est  impossible. 

Un  des  principaux  historiens  de  la  Préhistoire  m'écrit  : 

«  Je  n'ai  jamais  douté  de  l'existence  de  silex  taillés  et  utilisés  qui  ne 
«  sont  pas  en  possession  des  siç/nes  classiques,  seulement  je  ne  sais  pas  les 
«  reconnaître,  et  ceux  qui  croient  les  reconnaître  ne  m'ont  pas  con- 
«  vaincu.  » 

Autrement  dit  :  Puisque  je  ne  sais  pas,  personne  ne  saura  jamais;  donc  rien 
à  faire,  chercher  c'est  perdre  son  temps.  » 

Ce  sont  là  faux-fuyants  destinés  à  donner  le  change  pour  motiver 
une  inertie  inexcusable.  (Jue  de  choses  semblent  au  premier  abord  impos- 
sibles à  qui  ne  veut  ni  tenter,  ni  persévérer  quelque  temps  :  lire,  écrire, 
parler  une  langue  étrangère.  déchilTrer  la  musique,  calculer  la  distance 
de  la  Terreau  Soleil,  prédire  les  éclipsesà  jour  fixe,  à  l'heure,  à  la  minute, 
etc.,  etc. 

Nombreux  sont  les  préhistoriens  qui  n'ont  des  yeux  que  pour  les  belles 
pièces;  le  reste  ne  les  intéresse  pas. 

Un  maître  es  pierres  taillées,  croyant  probablement  me  faire  une  con- 


nuiX.    —   LA  l'ItiiSTITlKE  JAPONAISE  AL'  TONKIN  '203 

cession,  se  contente  de  me  dire,  ;\  propos  do  mes  pierres,  qu'il  ne  repousse 
rien  a  priori,  ce  tiui  est  prudent,  mais  insufllsanl  pour  faire  avancer  d'un 
pas  la  question. 

Tout  autre  semble  être  le  rùle  d'un  chef.  C.'lui  qui,  par  situation  oili- 
cielle,  a  le  devoir  de  chercher  dans  l'étude  de  la  Préhistoire  autre  chose 
que  des  satisfactions  de  collectionneur,  n'attend  pas  tranquillement  que 
les  preuves  et  documents  nouveaux  viennent  le  trouver,  il  va  au-devant, 
prend  à  tAche  de  les  découvrir,  de  les  reconnaître,  de  les  contrôler,  sous 
leurs  divers  aspects,  s'il  y  a  lieu. 

Pour  le  moment,  c'est  à  qui  se  dérobera,  et  ce  sont  précisément  les  plus 
intéressés  à  se  renseigner  qui  se  refusent  à  le  faire.  Les  leçons  du  passé 
ne  leur  ont  donc  rien  appris?  L'homme  s-rait-il,  par  nature,  plus  sensible 
à  l'erreur  qu'îi  la  vérité? 


LA  PROSTITUEE   JAPONAISE   AU   TONKIN 

Par  .m.  le  Docteur  Roux. 


Depuis  treize  mois  une  guerre  sanglante  pratique  une  large  saignée 
aux  flancs  de  deux  grands  peuples  et  les  nations  européennes,  un  peu 
infatuées  de  leur  supériorité,  ont  constaté  avec  étonnement  l'évolution 
surprenante  des  Japonais  pendant  ces  dernières  années  :  surprenante,  en 
elTet,  car  les  évolutions  sont  d'ordinaire  lentes  et  progressives  et  n'ont 
pas  pour  habitude  de  procéder  par  bonds  :  «  Natura  non  facit  sallus.  » 

En  présence  du  développement  si  rapide  de  l'intellectualité  japonaise 
et  de  cette  assimilation  intensive  de  nos  sciences  et  de  leurs  applications, 
l'anthropologiste  doit  chercher  dans  la  psychologie  du  peuple  Nippon, 
dans  ses  coutumes  et  ses  mœurs  le  «  pourquoi  »  et  le  «  comment»  de 
celte  évolution. 

.\  ce  titre  il  ne  faut  dédaigner  aucun  document  ethnographique  se  rap- 
portant à  cette  race  :  c'est  pourquoi  j'ai  cru  intéressant  de  vous  entrete- 
nir des  prostituées  japonaises  que  j'ai  soignées  et  étudiées  au  Tonkin, 
car  il  m'a  paru  qu'elles  présentaient,  dans  leurs  habitudes  et  dans  leurs 
caractères,  des  difl'érences  qui  les  séparent  radicalement  des  prostituées 
européennes  et  qui  les  classent,  en  tant  que  moralité,  bien  au-dessus  de 
celles-ci. 

Je  laisserai  de  coté  la  prostituée  japonaise  «  chez  elle  »,  par  la  raison 
(jue  je  ne  l'ai  pas  observée  dans  son  pays  natal  et  que  des  livres  fort 
documentés  nous  ont  apporté  successivement,  dans  ces  derniers  temps, 
tous  les  renseignements  voulus  sur  le  Yoshiwara  et  sur  la  prostitution, 
en  général,  dans  les  îles  du  Soleil  Levant.  Je  m'en  tiendrai  exclusivement 
h  l'étude  de  la  prostituée  japonaise  au  Tonkin,  de  la  «  déracinée  »  japo- 
naise, dirais-je  volontiers,  en  employant  un  mol  qui  a  fait  fortunée  son 


204  10  MAiis  IDO") 

heure  et  qui  semble  hieii  applicable  à  ces  inousmés  qui  quillenl  pour  plu- 
sieurs années  leur  sol  natal  afin  d'aller  exercer  leur  dangereux  métier 
dans  un  pays  si  différent  du  leur  par  le  climat,  les  mœurs,  les  habitants. 
La  Japonaise  a  dès  lonj^temps  envahi  les  ports  de  l'Extrême-Orient  : 
le  Tonkin,  depuis  l'occupation  française,  a  attiré  l'attention  des  tenan- 
ciers et,  actuellement,  les  maisons  de  prostitution  s'élèvent  jusqu'à  la 
frontière  de  (Ihine,  dans  tous  les  centres  où  se  trouve  une  agi^lomération 
européenne  suffisante.  D'où  proviennent  ces  Japonaises?  Comment  sont- 
elles  venues  au  Tonkin?  Quel  est  leur  exode  dans  ce  pays  d'adoption? 
Quelle  vie  y  mènent-elles?  Autant  de  questions  que  nous  allons  mainte- 
nant étudier. 

i"  Recrutement.  — Mise  en  route.  —  Répartition.  — Un  a  dit  et  répété 
que  les  prostituées  japonaises  qui  vont  chercher,  en  dehors  de  leur  pays 
d'origine,  le  droit  d'exercer  leur  industrie  spéciale^  visaient  à  se  consti- 
tuer une  dot  pour  rentrer  ensuite  dans  leur  pays,  y  choisir  un  époux  et 
se  consacrer  exclusivement,  par  la  suite,  aux  devoirs  du  foyer,  à  l'édu- 
cation des  enfants  qu'elles  peuvent  concevoir.  La  vérité  n'est  pas  con- 
forme, en  général,  à  celte  opinion.  La  Japonaise  du  Tonkin  est  issue  de 
famille  pauvre  :  elle  est  devenue  l'esclave  d'un  tenancier  parce  qu'elle 
s'est  engagée  pour  une  somme  fixée  par  contrat  et  dont  le  montant  doit 
venir  en  aide  à  ses  malheureux  parents  :  elle  contracte  ainsi  une  dette 
qui  va  devenir  l'origine  de  stratagèmes  sans  nombre  de  la  part  de  son 
créancier  pour  qu'elle  ne  parvienne  jamais  à  l'éteindre  et  il  est  probable 
qu'elle  mourra  à  la  peine,  si  un  ami  généreux  ne  vient  un  jour  solder  cet 
arriéré  et  lui  rendre  sa  liberté.  Dans  d'autres  cas,  une  famille  pauvre  a 
permis  à  des  voisins  d'adopter  un  de  ses  enfants  :  si  c'est  une  fille  et  si 
ses  parents  adoplifs  veulent  en  tirer  parti,  ils  l'engagent  dans  une  maison 
de  thé.  Enfin  les  déceptions  amoureuses,  la  crainte  de  la  colère  paternelle, 
les  offres  alléchantes  des  tenanciers  racontant  que  la  vie  est  plus  facile  et 
le  mariage  plus  commode  de  l'autre  côté  des  mers,  sont  autant  de  causes 
qui  agissent  sur  l'esprit  des  jeunes  .filles  pauvres  pour  permettre  aux 
agents  de  prostitution  de  pratiquer  à  leur  aise  la  traite  des  jaunes.  Le 
paupérisme,  ici  comme  ailleurs,  est  donc  à  la  base  de  la  prostitution  : 
mais  un  caractère  original  doit  être  retenu  qui  dérive  du  système  d'adop- 
tion des  enfants  et  de  la  piété  filiale  envers  les  parents  poussée  jusqu'à 
l'engagement  des  jeunes  filles  comme  caution  d'une  avance  d'argent. 

Ces  recrues  féminines,  accompagnées  de  l'agent  (jui  les  conduit,  arrivent 
ainsi  à  Ilaïphong  où  elles  sont  reçues  ii  la  maison  publique  de  la  ville  et 
où  se  trouve  l'agent  général  de  la  prostitution  japonaise  au  Tonkin.  Les 
nouvelles  arrivées  rencontrent,  de  la  part  de  leurs  camarades  qui  les  ont 
précédées  dans  la  région,  un  accueil  enthousiaste  et  les  conversations 
vont  leur  train  sur  le  pays  natal  auquel  on  pense  toujours.  Mais  la  répar- 
tition commence  :  il  serait  peu  pratique  de  laisser  improductif  ce  capital 
précieux  :  et  les  sous-maitresses,  qui  dirigent  ailleurs  des  maisons  secon- 
daires, viennent  chercher  leurs  pensionnaires  pour  les  conduire  jusqu'à 


Houx.   —  LA   PIIOSTITIKE  JAPONAISE  W  ïdNKIN  ^05 

Ilanuï,  Ven-Bay,  l.ao-Kay  ot  Mong-Tsé.  Ce  dernier  posle  fui  en  cllel  créé 
au  milieu  de  l'année  llXIi. 

Celle  réparlilion  n'est  pas  délinilive  :  si  la  niousnié  du  Haut-Tonkin 
est  fatiguée  par  le  climat,  on  la  fera  descendre  dans  une  région  plus 
saine,  de  môme  que  les  femmes  contaminées  d'Haïphong  et  d'Hanoï 
essayeront  parfois  un  voyage  dans  le  Haut  Fleuve  Rouge  pour  échapper 
à  la  surveillance  médicale  du  lieu  et  constater  si  le  médecin  de  leur  nou- 
velle résidence  aura  la  même  sévérité  que  son  collègue  du  Delta. 

2"  Mode  d'existence .  — Etude  somatique  et  psychique.  —  l.ii  prostitution 
japonaise,  en  Indo-Chine,  est  élroilement  réglementée.  Les  femmes  sont 
enfermées  dans  une  maison  bdlie  en  un  quartier  spécial  et  ordinairement 
dirigée  par  une  ancienne  courtisane  (]ui  j(»uil  d'une  grande  autorité  sur 
ses  pensionn'iires  et  qui  intervient,  dans  tous  les  cas,  comme  responsable, 
vis-à-vis  de  l'Administration.  Elle  s'est  substituée  au  tenancier  d'Haïphong 
qui  lui  a  passé  ses  créances,  sans  aucun  doute  majorées  :  les  jeunes  femmes 
qu'elle  a  recrutées  lui  obéissent  très  exactement,  sans  jamais  murmurer 
et  la  traitent  avec  déférence.  Elle-même,  quoique  sachant  rire  à  propos, 
garde  une  tenue  très  décente  et  ne  se  commet  jamais  avec  les  clients.  Elle 
dirige  la  maison  au  point  de  vue  domesticiue,  exige  que  les  chambres  soient 
d'une  propreté  rigoureuse,  surveille  l'alimentation  et  s'ingénie  à  entourer 
ses  élèves  d'un  cadre  spécial  qui  leur  donne  l'illusion  d'une  maison 
de  là-bas  :  c'est  ainsi  que  leur  papier  à  lettres,  leurs  livres,  les  étoffes, 
tout  vient  du  Japon  et  elles  augmentent  d'autant  plus  leurs  dettes  qu'elles 
se  confectionnent  davantage  de  kimonos  voyants  et  de  ceintures  de  soie. 
Elle  ne  sortent  guère  que  le  jour  de  visite  médicale,  une  fois  par  semaine 
ou  plus  souvent  si  le  docteur  le  prescrit  :  revêtues  de  leurs  plus  belles 
toilettes,  se  dandinant  sur  leurs  «  gétas  »  de  bois,  elles  se  rendent  ainsi  en 
groupe  jusqu'au  dispensaire  où  toutes,  même  les  plus  jeunes,  se  laissent 
examiner  sans  récrimination,  trouvant  au  contraire  très  naturel  qu'en 
protégeant  la  société  on  les  protège  elles-mêmes  contre  des  maladies  dont 
elles  connaissent  fort  bien  les  graves  conséquences. 

La  dette  qui  les  lie  à  la  tenancière  est  en  moyenne  de  150  piastres.  Si 
un  Européen  veut  en  solder  le  prix,  la  prostituée  est  libre  :  elle  se  louera 
alors  à  son  nouveau  maître  pour  30  piastres  par  mois  et  deviendra  une 
maîtresse  de  maison  sur  le  zèle  de  laquelle  on  peut  absolument  compter. 
Ce  n'est  que  de  cette  faeon  qu'elle  peut  arriver  à  faiie  des  économies  et 
revoir  le  pays  natal  :  car,  dans  la  maison  de  prostitution,  les  tenanciers 
ne  songent  que  rarement  à  exécuter  l'article  30  de  la  loi  japonaise  de  1896 
disant  :  «  En  traitant  avec  les  courtisanes,  les  tenanciers  tâcheront  de  les 
ramènera  une  vie  plus  vertueuse  et  les  empêcher  de  gagner  de  l'argent 
de  pareille  manière.  »  —  L'âge  de  ces  Japonaises  est  très  variable  :  il  va 
de  14  à  30  ans.  Mais  le  plus  grand  nombre  des  recrues  est  aux  environs 
de  la  dix-huitième  année.  La  loi  japonaise  interdit  la  prostitution  régle- 
mentée au-dessous  de  16  ans. 

Ces   femmes   sont   en   général   petites  et   mal    faites    :    le   buste   est 


20(5  in  MAHs  1905 

long,  mais  deux  de  ses  éléments,  la  poitrine  et  le  bassin,  sont  mal  pro- 
portionnés; les  épaules  sont  fuyantes,  la  taille  peu  marquée  et  le  bassin, 
par  contre,  s'élargit  en  un  évasenient  très  évident  qui  fait  entrevoir  des 
conditions  anatomiques  favorables  .'i  la  reproduction  de  l'espèce.  Les 
cuisses  sont  fortes  et  solides  comme  le  bassin;  les  jambes  courtes,  par  rap- 
port à  l'ensemble  du  membre  pelvien  et  souvent  cagneuses.  Au  total  ces 
prostituées  sont  en  général  bracbyskèles  et  on  note,  comme  caractéris- 
tique, la  prédominance  des  parties  qui  avoisinent  le  système  génital. 

Les  seins  sont  piriformes  :  mais  ils  se  conservent  peu  de  temps,  ne 
tardent  pas  à  fuir  plus  que  normalement  vers  les  aisselles  et  diiïèrent  en 
cela  étrangement  des  organes  homologues  des  prostituées  annamites  qui 
gardent  jusqu'à  un  Age  assez  avancé  la  forme  et  la  consistance  des  seins 
de  jeunes  filles. 

Le  système  pileux  est  assez  développé  :  nous  n'observons  pas  ici  la 
transmission  héréditaire  de  l'opulente  toison  des  Aïnos  :  mais  les  jambes 
sont  souvent  couvertes  de  poils  très  apparents  et  le  mont  de  Vénus  est 
fourni  assez  abondamment,  beaucoup  plus  que  chez  les  Annamites. 

Les  cheveux  sont  longs,  épais  et  ramenés  en  des  torsades  savantes  qui 
représentent  un  grand  travail  :  aussi  la  Japonaise  tient  elle  h  sa  coiffure 
et  dort-elle,  la  nuit,  le  cou  appuyé  sur  un  oreiller  en  forme  de  fer  à  repasser, 
de  façon  à  ne  pas  déranger  cet  édifice  capillaire  péniblement  et  laborieu- 
sement échafaudé. 

Les  yeux  sont  parfois  très  bridés  :  quelques-uns  ont  une  expression 
très  douce. 

Du  côté  de  l'appareil  génital,  les  petites  lèvres  font  saillie,  entre  les 
grandes,  mais  sans  exagération;  le  clitoris  est  bien  développé;  les  caron- 
cules myrtiformes,  vestiges  d'une  virginité  périmée,  sont  très  visibles  et 
témoignent  de  l'existence  antérieure  d'un  hymen  assezvolamineux. 

A  propos  du  système  génital,  il  convient  de  dire  combien  les  Japonaises 
sont  propres  et  soignées  :  de  toutes  les  prostituées  que  j'ai  examinées, 
en  différents  pays,  je  n'en  ai  jamais  rencontré  qui  arrivent  à  l'examen  du 
médecin  sous  un  aspect  de  propreté  aussi  parfait. 

Quant  a  l'anus,  il  est  à  l'ordinaire  normal,  avec  des  plis  radiés  très 
réguliers  que  n'ont  déformé  ni  les  hémorroïdes,  ni  des  pratiques  vicieuses. 
—  L'intelligence  est  vive,  éveillée,  elles  sont  curieuses  de  rapprocher  les 
mœurs  de  leurs  pays  des  nôtres  et  questionnent  volontiers  sur  nos  habi- 
tudes et  nos  usages.  Toutes  celles  que  j'ai  examinées  savaient  lire  et 
écrire  :  et  leurs  moments  de  loisir  se  passaient  à  coudre,  à  lire  ou  à  écrire 
à  leurs  parents. 

Elles  apprennent  assez  facilement  le  français  ou  l'annamite  et  sont  douées 
de  beaucoup  de  mémoire. 

Il  est  courant  d'entendre  nier  la  sensibilité  chez  la  proslituée  japonaise 
et  il  est  convenu  de  dire  que  c'est  une  femme  de  marbre  :  mais  cette  réserve 
dans  les  ébats  amoureux,  dont  on  lui  fait  un  reproche,  pourquoi  l'enfrein- 
drait-elie?  Elle  exerce  un  métier,  par  raison,  par  nécessité  :  de  quel  droit 
exige-t-on  du  sentiment  dans  une  occasion  où  il  n'a  que  faire?  La  Japo- 


IliiLV.  LA   l'HôSTITl  Kl-:  JM'oNAlSE  AL'  ToNKIN  iO~ 

naise  sait  qu'elle  esl  la  prêtresse  d'un  sacrifice  indispensable  par  lequel 
elle  conliibue,  dans  une  certaine  mesure,  a  l'assouvisseaienl  de  cef  ins- 
tinct sexuel  par  lequel  nous  sommes  nés,  pour  lequel  nous  vivons  et  au 
moyen  duquel  nous  assurons,  volens  aut  nolens,  la  pérennité  de  l'espèce. 
Elle  prête  son  corps  :  elle  ne  loue  pas  son  cœur. 

Mais  si  un  protecteur  paye  ses  dettes  et  la  libère  de  sa  tenancière,  il  ne 
larde  pas  à  constater  que  celte  poupée  orientale  ne  craint  pas  de  faire  du 
sentiment  et  que,  autant  parafîection  que  par  reconnaissance,  elle  lui  témoi- 
gnera son  contentement  par  des  caresses  et  des  étreintes  passionnées.  — 
En  cas  de  maladie,  elle  se  transforme  en  une  infirmière  dévouée,  qui  est 
aux  petits  soins  pour  son  malade  et  fait  exécuter  à  la  lettre  les  prescrip- 
ptions  du  médecin. 

Enfin,  même  dans  la  maison  commune,  ses  sentiments  atïectifs  trouvent 
à  s'épancher  dans  de  longues  lettres  quelle  écrit  très  régulièrement  à  sa 
famille  et  dont  elle  attend  la  réponse  avec  impatience. 

La  Japonaise  rit  facilement,  mais  se  fâche  très  yite.  Elle  a  son  caractère, 
je  veux  dire  qu'elle  est  têtue.  Dans  le  genre  des  petites  ménagères  de 
chez  nous,  elle  aime  l'ordre,  la  propreté  et  tient  à  régir  de  très  près  tout 
ce  qui  ressortit  à  une  femme,  dans  l'administration  d'une  maison  :  n'allez 
pas  déranger  une  série  de  mouchoirs  :  vous  auriez  à  coup  sur  une  scène  : 
faites  des  observations  aimables  sur  le  repassage  défectueux  de  votre 
veste  blanche  :  vous  auriez  sans  cela  à  subir,  pendant  quelque  temps, 
l'ennui  relatif  d'un  mutisme  complet. 

Il  faut  que  cette  femme,  comme  tant  d'autres,  fasse  sentir  sa  volonté 
de  temps  en  temps  :  à  défaut  d'un  client  ou  d'un  protecteur,  c'est  aux 
serviteurs  annamites  qu'elle  s'en  prend,  car  elle  a  le  plus  profond  mépris 
pour  cette  race,  qu'elle  considère  comme  une  race  de  boys,  et  les  Anna- 
mites ne  sont  pas  reçus  dans  les  maisons  de  prostitution  où  sont  employées 
les  Japonaises. 

Mais  le  coté  le  plus  intéressant,  à  mon  avis,  de  la  prostituée  japonaise, 
réside  dans  sa  morale.  Tout  au  moins  dans  les  premières  années  de  sa 
réclusion,  la  courtisane  ne  pense  pas  que  son  métier  puisse  être  taxé 
d'infamie  :  ses  jours  de  sortie,  promenée  dans  son  pousse-pousse,  elle  ne 
cherche  pas  à  éveiller  l'attention  des  passants,  bien  différente  en  cela  des 
«  maison  Tellier  »  que  Ton  voit  parfois,  en  province,  se  faire  voiturer 
lapageusement  dans  des  costumes  criards.  Et  pourquoi  serait-elle  hon- 
teuse d'elle-même?  Son  métier  la  force  à  changer  de  mâle  très  souvent  : 
il  l'expose  à  subir  des  maladies  dont  elle  est  la  première  à  pàtir  :  mais, 
en  somme,  elle  n'est  pas  une  dégénérée  génitale  :  les  rapports  qu'elle 
autorise  sont  conformes  à  la  loi  naturelle  et  les  érotomanes  n'ont  rien  à 
faire  h  ses  côtés.  Combien  de  nos  pauvres  filles  de  la  ville,  prostituées, 
pourraient  se  montrer  sous  cet  especl,  alors  que  la  plupart  d'entre  elles 
se  prêtent  à  toutes  les  exigences  de  personnes  déséquilibrées  et  oublient 
si  facilement  l'usage  physiologique  de  certains  de  leurs  organes? 

Ce  fonctionnement  génital  normal,  quoique  hyperactif,  lié  à  un  état 
psychique  héréditaire,  explique,  à  mon  sens,  que  la  prostituée  japonaise 


2(iH  ir.  MAit-  i!»u:) 

conserve  des  ijualilr'S  inoi'ales  (jiie  nous  ne  liuuvuns  sans  duule  pas  au 
miîme  degtv  parmi  les  autres  races.  L'honntHelé,  par  exemple,  est  fort 
en  honneur  chez  elle,  sous  ses  diverses  formes  :  le  prix  convenu,  dans 
une  maison,  n'est  jamais  majoré  :  si  le  médecin  a  reconnu  une  femme 
malade  et  lui  ordonne  de  garder  la  chambre,  il  est  absolument  certain 
que  la  femme  malade  n'aura  aucun  rapport,  malgré  les  olfres  les  plus 
tentantes,  avant  que  le  docteur  ait  levé  l'interdit  qui  pèse  sur  elle  :  et 
j'insiste  sur  celle  observation,  qui  est  à  coup  sûr  peu  banale,  et  que  j'ai 
eu  l'occasion  de  faire  plusieurs  fois. 

.Mais  le  patriotisme  de  ces  jeunes  femmes  est  aussi  un  trait  bien  origi- 
nal de  leur  vie  psycliique  :  nous  irions,  dans  une  maison  de  prostitution 
française,  calomnier  et  insulter  un  de  nos  hommes  d'Etat  les  plus  en  vue, 
(jue  les  pensionnaires  s'en  soucieraient  probablement  fort  peu  et  met- 
traient ces  paroles  acerbes  sur  le  compte  d'une  douce  folie  sans  intérêt 
pour  elles.  N'allez  pas  proférer  des  injures,  dans  une  maison  japonaise 
du  Tonkin,  à  l'adresse  du  Mikado  et  mettre  en  doute  sa  supériorité  intel- 
lectuelle :  vous  seriez  très  mal  reçu  et  M"»  Chrysanthème  aurait  tôt  fait 
de  vous  mettre  à  la  porte  si  vous  ne  reveniez  bientôt  à  des  sentiments 
plus  japonophiles  et  à  l'observance  plus  stricte  des  convenances  et  des 
égards  que  vous  lui  devez.  —  La  guerre  russo-japonaise  la  passionne  : 
elle  est  assurée  de  la  victoire  et  ne  peut  pas  comprendre  qu'on  soit  d'un 
avis  contraire  El  on  réfléchit,  en  constatant  cette  foi  dans  l'avenir  et 
cette  confiance  si  grande  dans  le  cœur  de  ces  prostituées,  que  ces  sen- 
timents doivent  être  exaltés  dans  toute  la  population  du  Japon,  qu'un 
peuple  intelligent  et  courageux  qui  a  une  pareille  force  morale  est  sus- 
ceptible de  grandes  choses  et  devient  un  ennemi  redoutable. 

Je  n'ai  pas  de  renseignements  personnels  en  ce  qui  concerne  l'espion- 
nage pratiqué  par  ces  prostituées.  Mais  ce  que  j'ai  dit  de  leur  patriotisme 
peut  faire  présumer  que  les  tenanciers  japonais  doivent  être  des  auxiliaires 
précieux  pour  leur  gouvenemenl  et  les  journaux  ont  prétendu  qu'à  Port- 
.\rlhur,  en  particulier,  le  zèle  de  ces  industriels  avait  certainement  été 
mis  à  contribution  pour  renseigner  les  gens  intéressés  sur  les  défenses 
de  cette  place  forte. 

3"  Patholofjie.  —  Les  maladies  vénériennes  sont  forcément  fréquentes 
chez  la  prostituée  japonaise  :  la  blennorragie,  d'abord,  grève  lourdement 
son  budget  pathologique  et  se  traduit,  comme  ailleurs,  par  la  série  des 
accidents  urélhraux,  vésicaux  et  utérins.  Ces  femmes  prennent  cependant 
des  précautions,  ne  vont  pas  avec  n'importe  qui  et  ne  dédaignent  pas, 
quelquefois,  d'avoir  de  la  méfiance  et  de  passer  une  visite  élémentaire  de 
celui  qui  brigue  leurs  faveurs.  Mais  ne  savons  nous  pas  que  la  gonococcie 
est  de  toutes  les  maladies  la  plus  sournoise  et  qu'un  homme  qui  paraît 
sain  peut  contaminer  une  femme  alors  même  qu'il  a  clé  infecté  il  y  a 
longtemps  et  qu'il  se  croit  guéri?  La  blennorragie,  sauf  dans  sa  période 
aiguë  et  subaiguë,  est  donc  une  affection  difficilement  évitable  pour  la 


biscifssioN  509 

Japonaise  :  elle  si'  [ji'.'sorve  par  cunlre  plus  facilement  ilii  oluinci'c  mou 
et  de  la  syphilis. 

Le  chancre  mou  iHanl  la  maladie  des  prosliluées  sales,  vous  ne  serez 
point  étonnés  qu'il  sévisse  peu  sur  les  femmes  que  nous  éludions  :  il  abonde 
au  contraire  ciioz  les  Annamites,  réglementées  ou  non  réglementées.  Quant 
à  la  syphilis,  elle  m'a  paru  rare  chez  elles  :  je  n'en  ai  pas  observé  parmi 
mes  clientes,  soit  qu'un  vaccin  héréditaire  les  ait  immunisées  soit  que 
leurs  mœurs  spéciales  les  aient  mis  ;i  môme  d'éloigner  un  amoureux 
suspect. 

Dans  le  Haut  Tonkin,  elles  paient  un  large  tribut  à  l'endémie  palustre  : 
dans  les  premiers  mois  l'anémie  est  rapide  :  les  muqueuses  se  décolorent, 
le  teint  se  fane  et  elles  essayent  vainement  de  le  relever  en  mettant  du 
rose  à  leurs  pommettes  ou  en  se  carminant  les  lèvres.  Les  cheveux,  tombent 
aussi  et  c'est  là  un  de  leurs  déboires  les  plus  douloureux,  car  la  coiiïure 
joue  un  grand  rùle  dans  lu  vie  de  ces  courtisanes.  Enfin  quelques-unes 
meurent  là-haut  de  cachexie  palustre  ou  d'accès  pernicieux  :  mais  d'autres 
viennent  les  remplacer  et  ces  remplaçantes  continueront  de  monter  vers 
ces  pays  lointains  tant  que  le  Japon  sera  trop  petit  pour  ses  habitants  et 
que  le  peuple  y  sera  voué  à  la  misère. 

J'ai  terminé,  Messieurs^  et  je  pense  que  cette  brève  causerie  n'aura  pas 
été  sans  vous  intéresser  quelque  peu  à  cette  femme  d'Extrême-Orient  qui 
conserve  de  la  vertu  jusque  dans  son  métier  vicieux  et  à  laquelle  peut 
s'appliquer,  avec  un  peu  d'indulgence,  cette  pensée  japonaise  :  «  Le  lotus, 
dont  les  racines  plongent  dans  la  boue,  ne  produit-il  pas  d'admirables 
lleurs?  » 

Discussion. 

M.  PvciLLACLT.  —  Les  faits  que  nous  expose  notre  collègue  sont  très 
intéressants,  c'est  de  la  psychologie  ethnique  et  de  la  meilleure.  Il  me 
permettra  seulement  de  ditTérerun  peu  de  son  avis  sur  leur  interprétation. 

La  courtisane  japonaise  ne  pense  pas  que  son  métier  puisse  être  taxé 
d'infamie.  Je  ne  vois  pas  dans  ce  sentiment  une  grande  supériorité  mo- 
rale sur  l'Européenne.  Il  prouve  au  contraire  que  l'hélaïrisme  est  admis 
au  Japon  comme  une  manifestation  légitime  de  la  vie  sociale.  La  famille 
continue  à  coiTespondre  aiïectueusement  avec  la  prostituée,  sans  con- 
damner, sans  soupçonner  même  son  ignominie.  Je  sais  bien  que  de  pa- 
reilles mœurs  sont  communes  à  beaucoup  de  peuples  et  ne  sont  pas 
extrêmement  rares  en  Europe.  Il  me  sera  cependant  permis  de  souhaiter 
qu'elles  ne  se  gén(''ralisent  pas,  et  que  les  victoires  des  Japonais  ne  nous 
enthousiasment  pas  pour  eux  jusqu'à  les  imiter  dans  cette  absence  de 
sens  moral. 

Le  patriotisme  de  ces  prostituées  est  un  trait  également  intéressant  du 
caractère  japonais,  mais  je  ne  crois  pas  non  plus  qu'on  puisse  y  voir 
une  grande  supériorité  intellectuelle.  Le  sentiment  qu'elles  éprouvent  en- 
vers le  Mikado  est  purement  religieux.  Une  européenne,  dans  une  maison 

Sûc.  ii'anthiiùp.  19ûo.  a 


210  0  Avitii.  iw:; 

publique,  prend  peu  d'inlércH  à  lu  vie  politique  de  son  pays,  je  l'accorde 
hien  volontiers  à  mon  honoré  l'olièguc,  mais  beaucoup  de  prostituées 
seraient  froissées  si  on  insultait  le  Christ  devant  elles.  Or  l'irritation  de  la 
japonaise  est  exactement  du  môme  ordre,  avec  cette  dilTérence  que  son 
culte  s'adresse  a  un  homme  vivant,  et  non  à  un  être  mythique  idéalisé  par 
20  siècles  de  mysticisme.  Le  Japonais  atteint  actuellement  le  stade  social 
du  llomain  ijui  adorait  Auguste  et  lui  élevait  des  temples.  Je  n'éprouve 
aucun  élan  d'enthousiasme  pour  cet  état  mental.  Je  ne  refuse  pas  de  recon- 
naître il  ce  peuple  des  qualités  très  remarquables,  mais  je  crains  qu'on 
ait  quelque  tendance  actuellement  à  les  exagérer. 

M.  DE  L.v  M.uELiÈRE  partage  entièrement  l'opinion  du  Docteur  Papillault 
et  considère  que  le  respect  professé  par  la  femme  japonaise  pour  le  Mikado 
est  en  grande  partie  dil  à  des  sentiments  religieux. 

Deux  fois  par  an  le  Mikado  absout  ses  sujets  de  leurs  fautes  et  les  lave 
de  leurs  souillures  par  la  célébration  du  grand  office  de  la  PuriGcation 
générale.  Le  Mikado  est  le  descendant  et  le  représentant  sur  la  terre 
d'Armaterasu,  la  déesse  du  soleil.  Le  sanctuaire  de  la  déesse  est  à  Yamada- 
en-se  et  ce  sanctuaire  est  si  sacré  que,  pour  avoir  soulevé  de  sa  canne  le 
voile  blanc  du  porche,  le  vicomte  Mori,  ministre  de  l'Instruction  publique, 
fut  assassiné  à  Tokio  le  jour  de  la  proclamation  de  la  Constitution  en 
1889.  Pendant  des  mois  la  foule  ne  cessa  d'aller  visiter  la  tomb3  de 
l'assassin  et  d'y  déposer  des  offrandes. 

MM.  Deniker,  Bloch  et  Manouvrier  prennent  également  part  à  la  dis- 
cussion. 


803e  SÉANCE.   -   6  Avril  1905. 

Présidence  de  M.  Sébillot. 

M.  Manouvrier  présente  une  table  des  couleurs  de  la  peau  (Hautfarben  tafel) 
envoyée  à  la  Société  par  le  professeur  Von  Luschan  de  Berlin  et  comprenant 
23  morceaux  de  verre  opaque  ordonnés  en  série.  Ils  complètent  la  table  établie 
par  le  professeur  Martin  de  Zurich,  pour  la  couleur  des  yeux. 

Discussion 

M.  DE  MoRTiLLET  pcusc  quc  lo  brillant  de  ces  plaques  empêche  de  les  com- 
parer avec  la  couleur  mate  de  la  peau.  Il  faudrait  de  la  peau  de  gant  teintée. 

M.  Pai'illaii,ï  insiste  sur  les  diflicultés  de  ces  recherches.  Les  couleurs  éta- 
lons changent  avec  la  fabrication;  il  craint  que,  lorsque  les  300 exemplaires  du 
professeur  Luschan  seront  épuisés,  on  en  fasse  de  nouveaux  qui  soient  de  teintes 
un  peu  différentes.  De  plus  la  couleur  de  la  peau  varie  beaucoup,  chez  un  même 
individu,  dans  les  diverses  régions  du  corps,  et  les  voyageurs  spécifient  bien 
rarement  la  région  qu'ils  ont  observée.  Enfin  on  n'a  pas  encore  trouvé  le  moyen 
d'évaluer  quantitativement  les  intensités  variables  de  pigmentation,  de  sorte 


en.    LEJELNE.   UM'I'OllT  IlF.  I.\  i:i).MMI>SliiN  l)'i:\  WIKN   1>1:  1.  \   lUIll.ln  IIlKnll-;     '2\  [ 

i|ue  les  numéros  d'ordre  de  toutes  les  tables  que  l'on  a  proposées  jusqu'à  pré- 
sent ne  représentent  rien  de  préois  à  lespril. 

M.  FouRDRiGMBR  fait  également  quelques  observations. 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION   D'EXAMEN  DELA    BIBLIOTHEQUE  ET  DU   MU^EE 
l'.\H  M.  Charles  Lejeinb. 

La  commission  d'examen  de  la  Bibliothèque  et  du  Musée,  composée  de 
MM.  Vinson,  président,  Ch.  Lejeune  et  de  Bar,  membres,  s'est  réunie  plusieurs 
fois  pour  remplir  la  mission  dont  elle  avait  été  chargée.  GrAce  à  l'obligeance 
de  nos  conservateurs,  elle  a  pu  se  rendre  un  compte  exact  de  la  situation  de 
notre  bibliothèque  et  de  nos  collections. 

Les  changements  d'agents  de  la  Société  ont  nécessité  de  la  part  de  notre 
bibliothécaire  M.  Zaborowski  et  de  nos  conservateurs  MM.  A.  de  Mortillet  et 
Cuver,  un  surcroît  de  travail  qui  a  été  courageusement  accepté  par  tous,  mais, 
malgré  leurs  efforts,  ils  n'ont  pu  empêcher  qu'il  n'y  ait  eu,  par  ce  fait,  quelques 
erreurs  de  classement  qu'ils  s'emploient  activement  à  réparer. 

Bibliothèque.  —  Les  livres  d'entrée  des  livres,  brochures  et  périodiques  ainsi 
que  les  liches  sont  régulièrement  tenus. 

Nous  avons  reçu  pendant  le  cours  de  l'année  dernière  217  livres  et  brochures 
et  985  périodiques. 

Le  registre  de  sortie  et  de  rentrée  des  volumes  prêtés  nous  a  permis  de  cons- 
tater que  le  temps  pendant  lequel  les  livn^s  sont  conservés  est  en  général  d'une 
durée  normale. 

Notre  bibliothécaire  s'est  occupé  avec  succès  de  faire  rentrer  les  volumes  qui 
n'avaient  pas  été  rendus  depuis  longtemps  et  le  nombre  des  livres  rentrés  s'est 
considérablement  accru  depuis  l'année  dernière.  Les  ouvrages  importants,  sur 
la  restitution  desquels  on  ne  pouvait  plus  compter,  ont  été  rachetés  moyennant 
une  somme  relativement  minime  de  50 .francs  environ  et  le  reste  doit  être  con- 
sidéré comme  à  peu  près  perdu. 

M.  Zaborowski  est  en  train  de  réviser  la  lisle  des  brochures,  qui  ne  sont  sou- 
vent que  des  tirages  à  part  des  articles  publiés  par  les  Bulletins  et  Mémoires 
de  notre  Société  et  de  l'Kcole  d'Anthropologie,  mais  qui  contiennent  aussi  des 
travaux  originaux,  souvent  fort  importants  et  qu'on  trouverait  difficilement  ail- 
leurs. 

Nous  rappelons  que  l'usage  s'était  établi  de  prélever  sur  les  tirages  à  pari 
lieux  fascicules  qui  étaient  déposés  parmi  les  brochures  de  la  Bibliothèque  de 
notre  Société,  mais  que  notre  dernier  agent  a  oublié  de  le  continuer.  Nous  enga- 
geons donc  nos  collègues  à  déposera  la  Bibliothèque  les  fascicules  de  leurs  der- 
niers tira-es  h  part,  qui  ne  l'auraient  jias  été  et  .'i  s'assurer,  pour  l'avenir,  que 
le  prélèvement  a  été  elTectué,  car  il  nous  paraît  avantageux  de  continuer  l'an- 
eienne  pratique. 

Nos  catalogues  de  la  Bibliothèque  remontant  ,'i  l'année  1891,  il  est  regrettable 
que  nous  ne  puissions  nous  rendre  compte  îles  nond)reux  ouvrages  qui  sont 
venus  l'enriehir  par  dons,  échanges  ou  achats  depuis  quinze  ans,  notamment 
par  le  legs  de  notre  regretté  collègue  M.  le  U'  Ch.  Letourneau.  Nous  émettons 


21-2  r.  Avmi.  l'.tii:; 

le  viiii  t|m'  l'on  fasse  les  sacrilii^os  nrressairos  pour  «juc  ims  catalogiios  soient 
mis  .'III  ••Diii'iiiit .  soil  au  niovoii  d'im  siip[ilrin('iit.  suit  par  un  rcmaniiMUPnt  com- 
pii'«. 

Nous  i)osst''(l(uis  dans  nos  ivsim'vcs  un  ;,'rau(l  noniltro  daniuk's  couiplrlcs  de 
nos  nullfliiis  ou  de  niMiK'ros  <U''par('iili''s  dans  nos  cinq  séries,  on  dehors  des  six 
volumes  1881  à  1880  mis  liors  eolleelion  el  ofïerls  gratuitement.  Nous  souliai- 
lons,  dans  rintérêt  tie  la  Soeiélé.  «pie  nos  collègues  el  les  amis  des  snicncos 
anlliropologitjues  complètent  leurs  rollections  en  achetant  le  plus  grand  nombre 
possible  de  volumes  et  de  fascicules. 

Nous  appelons  l'atlontion  sur  le  petit  iioiiil)rc  de  photographies  (122  planches 
et  6  photographies)  qui  ont  été  déposées  au  cours  de  Tannée  li)04,  parce  que, 
si  ces  dépôts  ne  peuvent  avoir  rien  de  régulier,  il  est  possible  que  certains 
oublis  nous  privent  de  documents  intéressants. 

Nous  émettons  aussi  le  vomi  que  les  rejtroductions  de  gravures  el  de  photo- 
graphies, que  nous  insérons  dans  nos  Hulletins.  soient  plus  soignées,  car  nous 
avons  eu  trop  souvent  à  constater  leur  imi)erl'eclion  pour  ne  pas  dire  davantage. 

Sur  le  crédit  de  600  francs  volé  à  la  HiMionièqiie  pour  l'exercice  1904,  il  n'a 
été  dépensé  que  248  fr.  65,  ce  qui  ne  poiinail  <|ii'ètre  approuvé  par  une  com- 
mission des  finances.  Mais  dans  l'intérêt  de  la  Hibliothèque,  nous  insistons  sur 
l'utilité  qu'il  y  aurait  à  choisir  et  à  acheter,  parmi  les  publications  qui  se  mul- 
tiplient, celles  qui  viendraient  le  mieux  eu  aide  à  nos  travaux  et  nous  engageons 
nos  collègues  à  les  signaler  à  notre  bibliothécaire. 

Collections  du  Musée.  —  M.  A.  de  Mortillct  continue  avec  ardeur  à  se  livrer 
i\  un  classement  méthodique  de  nos  richesses  archéologiques  et  ethnogra- 
phiques, ce  <iui  est  un  travail  considérable.  En  elTet.  un  grand  nombre  d'objets 
de  tout<;  provenance  avait  été  entassé  avec  plus  ou  moins  d'ordre  dans  des 
caisses  d'où  il  est  obligé  de  les  tirer  successivement  en  les  classant  par  âges,  par 
séries  el  par  nationalités.  11  s'emploie,  le  plus  souvent  avec  succès,  grâce  à  son 
expérience,  <i  retrouver  les  noms  des  donateurs  et  les  lieux  de  provenance  en 
compulsant  les  Hulletins  de  la  Société,  en  comparant  les  écritures,  en  faisant 
appel  à  SOS  souvenirs  personnels  et  à  ceux  de  nos  collègues  qui  peuvent  encore 
le  l'enseigner  à  ce  sujet  et  nous  avons  été  heureux  de  constater  que  la  plus 
grande  partie  de  nos  collections  a  pu  être  ainsi  classée  et  numérotée  avec  des 
vernis  indélébiles,  de  couleurs  ditrérentes  selon  la  nature  des  objets. 

De  son  côté.  M.  Cuyer  a  fait  le  même  travail  avec  autant  de  soins  et  de  réus- 
site pour  nos  collections  anatomiques. 

Le  classement  de  l'arriéré  pourra  être  l'ait  dans  un  temps  relativement  pro- 
chain et  la  majeure  partie  <le  nos  collections  ayant  alors  trouvé  sa  place  soit 
dans  les  vitrines,  soit  dans  les  meubles  «pie  nous  possédons,  on  pourra  procé«ler 
il  la  pose  des  étiquettes  sur  les  tiroirs,  ce  qui  facilitera  des  recherches  actuel- 
lement bien  dilllcilos  sans  le  secours  des  conservateurs,  qui  s'y  prêtent  d'ailleurs 
toujours  avec  la  meilleure  volonté. 

Il  serait  à  désirer  que  l'on  pût  aussi  teriiiim'i' ce  long  travail  par  rétablisse- 
luenl  «iiiii  catalogue  «les  objets  du  Musée  et  d'un  registre  mentionnant  les 
entrées  el  les  sorties  des  pièces  prêtées  pour  l'élude. 

Le  classement  des  phono'.M-ammes,  qui  ont  été  récemiiMMit  annexés  au  Musée, 
nous  a  paru  parfaitement  établi  par  M.  .\zoulay. 

Nous  n'avons  pu  que  constater  avec  regret  que  le  défaut  «le  place  et  pour  la 
lilliliotlièrpie  el  pour  le  Musée  ren<l  bii'ii   dilhcile  le   l'iassemen!   «les   livres  et 


cil.    I.F.JRI  NK.   —    ISAl'I'iiItT  HK  I.A   t;uMM1S>|o.N  DKS  KINANCK^ 


213 


r.'\pnsilinii   <l.s  .(.llections  et  nous  n-nouvelims  les  vœux  qui  sont   .•xin-iiiiés 
(•liHi]ue  année  iioiir  THmclioratioii  de  ici  étal  île  ilioses. 

Nous  terminerons  ce  rapport  en  adressant  tous  nos  remei-ciemcnls  à  nos 
(lévom'-s  eoll.'Kii»'^^  >'M-  Zal'orowski,  A.  de  Mortillel,  Cuver  et  Azonlay  p<mr  le 
dévouement  persévérant  et  le  travail  assidu  qu'ils  eonsaerent  an  classement 
et  à  la  conservation  d.'  nos  livr.'s  rt  d.'  nos  colletions. 


rapport  de  la  commission  des  finances 
Par  m.  Cii.  Lfjeine. 

La  commission  de  vérification  tics  comptes  de  l'année  1904,  désignée 
par  !e  sort,  s'est  trouvée  composée  de  MM.  (iiovanetti,  président, 
Ch.  Lejeune  et  de  Har,  membres. 

Ce  n'est  pas  sans  une  certaine  inquiétude  que  nous  avons  accepté  la 
mission  d'examiner  les  comptes  et  le  rapport  qui  vous  a  été  présenté  par 
notre  trésorier.  Des  événements  peu  éloignés  nous  ont  prouvé  l'inefficacité 
d'un  contrôle  exercé,  môme  avec  le  secours  d'un  expert,  par  des  person- 
nes souvent  incompétentes,  qui  se  trouvent  un  peu  déroutées  en  pré- 
sence d'une  comptabilité  en  partie  double,  qui  est  peu  en  usage  parmi 
les  membres  d'une  société  scientifique. 

Nul  ne  nous  accusera  de  manquer  de  confiance  dans  nos  trésoriers  dont 
le  dévouement,  tout  désintéressé,  a  été  quelquefois  pénible  et  toujours 
laborieux  et  nous  n'oublions  pas  que  c'est  à  notre  trésorier  actuel  que 
nous  devons  la  cessation  d'un  état  de  choses  si  regrettable  à  tous  égards 
et  que  nous  espérons  ne  plus  voir  se  représenter.  Malheureusement  nous 
savons  trop  que  plus  on  est  honnête  plus  on  est  exposé  à  être  victime 
parce  que  l'on  ne  soupçonne  pas  le  mal. 

C'est  pour  parer  à  ce  danger  que  M.  le  D""  Iluguet  a  modifié  les  anciens 
errements  pour  rendre  le  retour  de  pareils  accidents  presque  impossible. 
Nous  n'avions  qu'un  seul  agent  ayant  la  gestion  de  la  caisse  et  de  la 
tenue  des  livres  avec  la  responsabilité  sous  la  surveillance  du  trésorier. 
Aujourd'hui  c'est  M.  le  13^  Iluguet  lui-même  ([ui  concentre  entre  ses 
mains  les  divers  éléments  du  livre  de  caisse  et  qui  marque  de  sa  griffe  les 
notes  importantes,  et  toute  la  comptabilité  est  mise  à  Jour  par  un  comp- 
table de  profession,  M.  Carlier,  qui  nous  a  prouvé  sa  compétence  par 
l'apurement  des  comptes  des  dix  dernières  années.  Enfin  il  n'est  plus 
remis  à  l'agent  que  de  petites  sommes  en  compte  courant,  pour  les  besoins 
journaliers  du  service  et  il  en  rend  compte  au  trésorier.  C'est  ainsi  que 
nos  valeurs  et  nos  fonds  sont  toujours  déposés  à  notre  compte  de  la 
Socii'ié  générale  ou  entre  les  mains  de  notre  trésorier. 

Celte  nouvelle  organisation,  qui  n'est  pas  seulement  pour  le  trésorier 
une  affaire  de  surveillance,  mais  qui  lui  impose,  en  dehors  de  la  respon- 
sabilité, tout  au  moins  morale,  un  travail  très  important,  nous  parait 
devoir  rendre  désormais  bien  improbable  le  renouvellement  des  abus  de 


'21-2  ti    AVIML    l'JO.'i 

conliance  dont  nous  avons  soulîert,  car  elle  constitue  un  contrôle  réci- 
proque et  il  faudrait  supposer  ou  rincompétence,  sur  laquelle  veille  le 
Coniilé  central,  ou  la  complicité  des  diverses  personnes  qui  se  partagent 
le  travail.  Elle  a  déjà  mis  fin  aussi  ;i  diverses  pratiques  qui,  sous  forme 
de  remise  par  les  fournisseurs  ou  autrement,  venaient  grossir  encore,  au 
détriment  de  notre  Société,  le  bénéfice  des  actes  frauduleux  que  com- 
mettait notre  ancien  agent  et  qui  lui  ont  valu,  malheureusement  par 
coutumace,  une  condamnation  par  la  Cour  d'assises  de  la  Seine  à  dix  ans 
de  réclusion  et  h  quinze  ans  d'interdiction  de  séjour. 

Dans  ces  conditions  il  nous  a  paru  que  nous  pouvions  nous  dispenser 
du  concours  d'un  expert.  M.  le  D""  lluguet  et  M.  Carlier  nous  ont  donné 
avec  la  plus  grande  obligeance  tous  les  renseignements  et  explications 
que  nous  leur  avons  demandés  et  nous  avons  mis  toute  notre  attention  k 
l'examen  de  la  comptabilité  et  du  rapport  sur  notre  situation  financière. 

Nous  nous  sommes  fait  représenter  les  factures,  les  quittances  et  les 
divers  livres  de  comptabilité,  nous  avons  collationné  entre  eux  les  plus 
important*  articles  de  ces  documents  et  nous  n'avons  relevé  aucune  irré- 
gularité dans  les  écritures. 

Le  compte  de  la  Société  générale  est  bien  d'accord  avec  le  carnet  de 
celte  banque. 

Le  livre  de  cotisations  est  régulièrement  tenu. 

Enfin  le  bilan  de  la  situation  de  la  Société  présenté  par  notre  trésorier 
nous  a  paru  parfaitement  exact. 

Dans  le  Rapport  sur  la  situation  financière  à  la  fin  de  1904,  M.  le  tré- 
sorier s'est  efforcé  de  satisfaire  au  vœu  qui  avait  été  exprimé  de  donner 
dans  son  résumé  des  détails  plus  complets  que  les  années  précédentes. 
Il  a  cherché  à  imiter  les  exposés  financiers  des  grands  établissements  de 
crédit  dans  l'énuméralion  : 

1°  Des  opérations  financières  de  l'année  1904; 

2"  De  l'inventaire  de  notre  avoir  à  la  fin  de  ladite  année. 

Le  montant  de  nos  valeurs  en  portefeuille  composé  de  3,135  francs  de 
rente  françaises  0/0  figure  sur  le  compte  au  prix  d'achat  pour 96,873,09. 
Leur  valeur  au  cours  de  la  Bourse  du  31  décembre  dernier  (97,80)  aurait 
donné  un  capital  de  102,201  francs,  ce  qui  fait  une  plus  value,  qui  serait 
encore  accrue  aujourd'hui,  de  5,327,91.  Nous  vous  signalons  le  fait  sans 
l'apprécier,  car  la  méthode  contraire  ne  nous  paraissait  pas  avoir  d'in- 
convénient. 

Vous  remarquerez  aussi  que  le  montant  du  détournement  Lerouge 
figure  pour  solde  au  chiffre  de  9,290  francs.  Notre  trésorier  a  estimé  que 
notre  situation  était  assez  prospère  pour  que  nous  n'ayons  pas  à  tenter 
de  masquer  par  un  artifice  de  comptabilité  le  résultat  d'une  série  de 
méfaits  imputables  à  notre  ancien  agent  en  échelonnant  cette  somme  sur 
une  série  d'an  m'es. 

Une  autre  modification  consiste  dans  l'insertion  au  Rapport  de  1904 
du  budget  de  prévision  pour  l'année  1905,  ainsi  que  le  font  d'autres 
sociétés.  C'est  une  innovation  qui  paraît  n'avoir  que  des  avantages. 


cil.   LEJEL'NE.     —   UAPPiJHT  l»R  LA  OtMMISSIoX  DES  FINANCES  Hi 

En  ce  qui  concerne  les  legs,  s'olevaiit  cm  iiiif  pi'opric'lé  à  130,000  fr., 
faits  par  noire  ancien  collègue  et  généreux  duiialeur  M.  Louet,  à  qui  nous 
devons  tant  île  reconnaissance  pour  le  don  cl  pour  rexenijile  (ju'il  a 
donné,  notre  société  a  été  autorisée  à  les  accepter  par  arrêté  préfec- 
toral en  date  du  30  juillet  190i,  transmis  h  M"  Cottin,  notaire,  et  notre 
trésorier,  qui  suit  celle  affaire  avec  tout  rinlérèl  (ju'elle  mérite,  espère 
bientôt  être  en  mesure  de  signer  les  actes  d'acceptation  et  de  délivrance 
de  ces  legs. 

Certains  de  nos  collègues  ayant  manifeslé  le  désir  :  i"  de  connaître 
exactement  le  nombre  des  membres  ayant  payé  leur  cotisation  dans 
l'année  courante;  2<*  et  de  savoir  le  prix  exact  de  revient  de  chaque 
fascicule  du  Bulletin,  voici  ces  renseignements  : 

1.  —  Cotisations  versées  en  1904. 

Cotisations  des  titulaires  (2U2  sur  23(5) 6.210  » 

—  d 'admisision  (12) 240  » 

—  antérieures  régularisées  (21) 030  » 

Rachats  efTectuês  : 

MM.  Tommasini  (.André),  fin  de  rachat 100  »  1 

Azoulay,                              il.            100  »  f 

Masbrenier,  les  deux  premiers  termes 200  »  /           '         * 

Hivet,  rachat  complet 300  »  ] 

Total 7.780    » 

Nous  sommes  heureux  de  constater  la  régularité  que  mettent  nos  col- 
lègues dans  le  versement  de  leurs  cotisations. 

Pour  les  cotisations  arriérées  qui  s'élèvent  à  3,040  francs,  M.  le  Tré- 
sorier propose  à  la  Société,  pour  en  terminer  d'une  façon  définitive  avec 
ce  compte  qui  risque  de  rester  toujours  pendant,  de  le  supprimer,  parce- 
que  ses  moyens  de  contrAle  sont  insuffisants  et  ne  peuvent  lui  permettre 
une  réclamation  fondée  auprès  de  nos  collègues  présumés  retardataires. 

Cette  (luestion  devra  être  tranchée  par  décision  du  comité  central,  en 
vertu  de  l'article  10  de  notre  Règlement. 

II.  —  Friiis  de  publication  : 

Les  règlements  effectués  dans  le  courant  de  l'exercice  de  1904  ont  per- 
mis à  notre  trésorier  d'établir  le  tableau  suivant  relatif  au  prix  de  revient 
des  publications  réglées  dans  le  courant  de  cet  exercice. 

1  et  :2.  Four  les  factures  de  papier  et  de  gravure,  les  sommes  ont  été 
reportées  proportionnellement  au  noml)re  de  feuilles  de  chaque  bulletin. 
Si  l'on  tient  compte  des  deux  fascicules  manquant,  la  dépense  totale  pro- 
portionnelle pour  le  bulletin  complet  de  l'année,  table  comprise,  s'élèverait 
à  4,411  fr.  7o,  soit  un  prix  de  revient  moyen,  par  feuille,  de  4  fr.  65 
environ. 


■2\Ct 


n  A  vu  M.  loo.n 


NATURE 

lies  iliJpensos 

Totaux 

Fascicule  V. 

t90< 

bfouil.,950cx. 

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3:^<« 
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Impriiiierie     .     .     .     . 
Surchages 

t.;.71  60 
480  oO 
2'.8  20 

239  30 
> 

36  20 
loG     . 

90     » 

279  70 
125     . 

38  30 
15C     .. 

90     » 

62  75 

3i     > 

26    .1 

I) 

172  75 
90  50 
40  40 
!»1     « 
52  55 

•i08  55 

23     . 

46  20 

233  70 

133  75 

408  55 

2i2     n 

53  10 

F'ire  Clairon  (papier).  * 
»     Uuckerl  (gravures)' 

896  40 
500  05 

233  70 
133  75 

Totaux    .     .     .     . 

;!.69t;  75 

521  50 

689     » 

122  75 

447  20 

845  20 

1.071   10 

3  &9 

0  53 

0  725 

0  128 

0  47 

0  89 

1   15!7 

Les  surcharges  ont  été  de  480  fr.  50,  soit  une  augmentation  de  frais 
d'impression  de  trente  et  demi  pour  cent,  dépense  exceptionnelle,  qui  a 
été  explicjuée  en  séance  par  notre  trésorier  (^correction  s  nombreuses 
imposées  surtout  par  les  tableaux  du  très  important  mémoire  de  notre 
savant  collègue  M.  Volkov). 

Nous  pensons  que  ces  explications  achèveront  de  vous  éclairer  sur 
notre  situation  financière  bien  exposée  dans  le  Rapport  de  M.  le  D""  Iluguet. 

Avant  de  terminer  nous  rappellerons  que  notre  trésorier^  avec  l'appro- 
bation du  Bureau  et  du  Comité  central  a  pu,  l'année  dernière,  faire  pro- 
céder à  la  remise  à  neuf  de  la  salle  des  séances.  Cet  important  travail  de 
réparation  n'avait  pas  été  effectué  depuis  de  nombreuses  années.  Grâce 
à  la  coopération  de  l'Ecole,  qui  a  bien  voulu  participer  pour  la  somme 
de  cinq  cents  francs  aux  modifications  des  locaux,  nous  avons  pu  obtenir 
une  salle  de  séance  plus  convenable.  Nous  remercions  l'Ecole  de  nous 
avoir  aidés  dans  cette  circonstance. 

Enfin  nous  renouvellerons  le  vœu  que  la  publication  de  nos  Bulletins 
ne  continue  pas  à  éprouver  des  retards  aussi  considérables. 

En  résumé,  la  commission  de  contrôle  a  l'honneur  de  vous  proposer  : 

D'approuver  les  comptes  de  l'exercice  de  1904  présentés  par  notre 
trésorier  ; 

D'adresser  à  M.  le  D""  Iluguet  nos  sincères  remerciements  pour  le 
dévouement  et  le  travail  qu'il  consacre,  sans  compter,  à  la  bonne  admi- 
nistration des  finances  de  noire  Société; 

Et  de  continuer  votre  confiance  à  M.  Carlier,  le  seul  employé  qui  nous 
reste  provisoirement. 


CHARLES  LEJEUNE.   —   l'iIOMMR  DANS  l'lNIVERS  :2IT 


LA   PLACE   DE  L'HOMME   DANS   L'UNIVERS   ET   DANS   LA  SERIE    ZOOLOGIQUE 

{Suite  ri  fin). 

Pau  -M.  Charles  Lejeune. 

I,'anllirop(»li»gio  considère  (jue  l'homnie  n'existe  (luo  depuis  l'époque 
qualernaiie  et  que  nos  ancêtres  du  tertiaire,  et  à  plus  forte  raison  ceux 
di'S  épO(iues  antérieures,  ne  méritent  que  le  nom  de  précurseurs.  Elle  fonde 
cette  manière  de  voir  sur  les  changements  profonds  qui  se  sont  produits 
dans  la  forme  et  la  dore  de  ces  deux  époques  et  aussi  sur  les  variations 
(les  animaux,  qui  sont  d'autant  plus  rapides  que  leur  organisation  est 
plus  com[»lexe.  .J'avoue  ({ue  je  n'ai  jamais  été  (ju'un  partisan  très  peu 
convaincu  de  cette  distinction.  En  effet,  l'évolution  animale  a  partout  été 
lente,  progressive  et  continue  dans  son  ensemble  et  nos  divisions  et  subdi- 
visions ne  sont  que  des  méthodes  de  classification,  qui  facilitent  nos  tra- 
vaux, mais  que  la  nature  ne  connaît  pas. 

i(  En  partant  du  principe  de  sélection  naturelle  avec  divergence  de 
caractères,  dit  Ch.  Darwin,  il  ne  semble  pas  incroyable  que  les  animaux 
et  les  plantes  se  soient  formés  de  (juclque  forme  inférieure  intermédiaire. 
Si  nous  admettons  ce  point  de  départ,  il  faut  admettre  aussi  que  tous  les 
êtres  organisés,  qui  ont  jamais  vécu,  peuvent  descendre  d'une  forme  pri- 
mordiale uni(]ue.  «  Et  M'""  Clémence  Koyer  fait  observer  que  le  nombre 
des  germes  produits  fut  immense,  mais  que  sans  aucun  doute  ils  furent 
tous  semblables.  «  Ce  serait  donc  bien  d'un  type,  d'une  forme,  d'une  espèce 
unique,  mais  non  d'un  seul  individu  que  tous  les  organismes  seraient  suc- 
cessivement formés.  >» 

On  a  rejeté  avec  raison  les  graTides  révolutions  du  globe  et  les  créations 
successives  de  Cuvieret  depuis  les  beaux  travaux  de  Ch.  Darwin  sur  l'Ori- 
gine des  Espèces,  d'E.  Ilœckel  sur  La  Création  naturelle,  de  A.  (iaudry 
sur  Les  Enchainements  du  Monde  animal,  et  de  leurs  disciples,  j'estime 
qu'on  doit  admettre  de  plus  en  plus  une  transformation  graduelle  des 
espèces  en  vertu  de  laquelle  il  n'y  a  pas  eu,  dans  le  temi)S,  de  solution  de 
continuité  entre  l'homme  quaternaire  et  ses  précurseurs  des  précédentes 
époques  géologiques.  Je  ne  suis  donc  pas  choqué  de  l'opinion  de  M.  lia 
Uainton  ([ui  vieillit  l'Iiomme  au  delà  de  ce  que  nous  nous  sommes  jamais 
permis  en  anthropologie.  Il  me  semble  que  l'évolution  du  monde  animal 
s'oppose  à  ce  que  nous  puissions  fixer  le  moment  précis  où  notre  espèce  a 
mérité  d'être  appelée  humaine  en  dehors  d'un  intérêt  de  classification. 
Si  j'admets  qu'on  lui  refuse  cette  qualification  avant  le  quaternaire,  c'est 
\  la  condition  qu'on  reconnaisse  que  notre  ancêtre  du  tertiaire  n'en  dilTé- 
rait  que  par  des  nuances  imperceptibles,  .le  ne  pense  pas  que  la  découverte 
du  Pithécanthrope  faite  à  Java  par  M.  le  l)""  Dubois  vienne  infirmer  ce 
point  de  vue,  car  c'est  un  anneau  de  la  grande  chaîne  ininterrompue  de 
l'humanité,  qui  prend  sa  place  dans  l'évolution  générale  du  règne  animal. 


soc.    DANTHROP.     190ij. 


■2iH  ^\  Avitii   l'.io:; 


NOTE  SUR   UN   CAS   D'INVERSION   SEXUELLE  CHEZ   UNE  COMORIENNE 


Pau  iM.  Lk  D'  Roux. 


J'ai  eu  l'occasion  d'observer,  en  iDOO,  dans  l'île  de  Mainlirano,  sur  la 
côte  Ouest  de  Madagascar,  un  cas  d'inversion  sexuelle  qu'il  nie  paraît 
intéressant  de  vous  communi(]uer  à  cause  de  sa  rareté  et  de  la  présen- 
tation des  pièces  qui  servaient  à  cette  femme  pour  essayer  de  réaliser  des 
actes  normalement  dévolus  au  sexe  mâle. 

On  a  déjà  signalé  à  Madagascar,  soit  en  Emyrme,  soit  en  pays  Sakalave, 
une  sorte  de  secte  désignée  du  nom  générique  de  Sekatra  et  dont  les 
membres  répondent  au  nom  de  sarimbavy  (sary,  ayant  l'apparence  de..., 
vavy,  femme).  Mes  collègues  des  colonies,  MM.  Lasnet  et  flencurel,  nous 
ont  décrit,  en  1899  et  1900,  cette  perversion  sexuelle  dont  les  adeptes  se 
recrutent  tantôt  parmi  des  jeunes  gens  présentant  un  type  infantile,  tantôt 
parmi  des  adolescents  robustes  et  bien  constitués.  Ils  s'habillent  comme 
des  femmes,  fréquentent  ces  dernières  sans  désirs  génésiques,  exécutent 
les  mêmes  travaux  et  recherchent  les  faveurs  des  hommes,  qu'ils  sont 
parfois  obligés  de  payer,  en  laissant  pratiquer  sur  eux  rarement  la  pédé- 
rastie, plus  souvent  le  coït  inguino-crural  ou  encore  le  coït  dans  une  corne 
de  bœuf  fixée  entre  les  cuisses  et  remplie  au  préalable  de  graisse. 

Aujourd'hui  c'est  d'une  sarindahy  que  je  veux  vous  parler,  c'est. à-dire 
du  cas  précisément  inverse  des  précédents,  d'une  femme  qui  avait  la 
tournure,  les  vêtements  et  les  désirs  d'un  homme  (sâry,  ayant  l'appa- 
rence... lâhy,  homme). 

En  1900,  Fatima  était  une  vieille  femme  d'environ  tiO  ans  qui  avait  été 
mariée  et  avait  perdu  son  mari  vers  1890  :  c'est  à  partir  de  ce  moment 
qu'elle  se  rasa  la  tète,  se  coiffa  de  la  calotte  Comorienne,  revêtit  la  grande 
robe  blanche  qui  est  l'apanage  des  hommes  Comoriens  et  rechercha  les 
faveurs  des  femmes  sakalaves  qu'elle  payait  largement. 

Elle  s'était  confectionné  un  membre  viril  en  ébène  dont  la  base  était 
percée  d'un  canal  transversal  où  elle  faisait  passer  une  corde  qui  s'atta- 
chait à  sa  ceinture  et  les  testicules  étaient  représentés  par  un  petit  frag- 
ment de  rafia  pourvu  d'une  rainure  antéro-postérieure  et  muni  d'une 
cheville  qui  permettait,  le  cas  échéant,  de  l'enlever  facilement  ou  de  le 
remettre  en  place. 

Mais  Fatima  épuisa  rapidement  ses  ressources  pécuniaires  et  ses  jeunes 
amantes  disparurent  du  même  coup  :  elle  se  maria  alors  avec  une  femme 
âgée^  qu'elle  faisait  vivre  et  auprès  de  laquelle  elle  remplissait  avec  moins 
déplaisir  son  rôle  masculin.  Elle  abandonna  même  le  costume  des  hommes 
et  ne  conserva  que  la  coutume  de  se  raser  la  tète. 

Enfin,  en  1899,  Fatima  a  complètement  cessé  les  pratiques  vicieuses 
auxquelles  elle  se  plaisait  jadis  :  plus  instruite  que  la  majorité  des  habitants 


itlVRAC.K    iiKKKItT  219 

du  pays,  on  lui  passait  volontiers,  en  1U(X>,  les  erreurs  génésiques  tfe  son 
âge  niCir  et  en  entourait  sa  vieillesse  d'une  certaine  considération. 

Je  vous  présente  la  verge  postiche  de  Fatiuia  :  c'est  un  document  etli- 
nographique  rare,  assurément,  et  qu'il  m'a  été  fort  diiricile  de  me  pro- 
curer. La  vieille  tenait  à  ce  souvenir  auquel  elle  attachait  une  grande 
importance.  C'est  avec  la  coinplicité'd'un  (ttlicier  (jui  causait  couramment 
le  uialgache  et  (jui  connaissait  parfaitement  les  habitants,  que  j'ai  pu  sans 
violence  me  faire  donner  ce  phallus  de  bois  précieux,  promettant  i\  sa 
pruprit'faire  que  je  l'emporterais  bien  loin  et  (pi'il  valait  mieux,  pour  sa 
réputation,  être  débarrassée  de  cet  objet  compromettant. 

Discussion. 

.M.  Zaboro\v>ki.  —  En  ce  (jui  concerne  les  cas  d'inversion  et  de  perver- 
sion sexuelles  observés  à  .Madagascar,  nous  sommes,  comme  le  dit 
M.  lloux,  fort  bien  et  depuis  longtemps  renseignés.  Son  observation  sur 
les  habitudes  d'une  Comorienne  qui  pendant  de  longues  années  a  joué, 
auprès  d'autres  femmes,  le  rôle  de  l'homme,  elle  est  nouvelle  en  tant  qu'il 
s'agisse  du  lieu  où  elle  a  été  faite.  .Mais  les  habitudes  de  cette  Comorienne 
nous  sont  bien  connues  comme  étant  fort  répandues  sur  la  côte  orientale 
de  l'.VfrJque,  de[>uis  le  pays  des  Somalis.  C'est  de  cette  région-là,  de  tout 
temps  en  comnmnication  avec  Madagascar,  qu'est  venue  aux  Comores, 
l'habitude  observée  par  M.  Roux,  Des  détails  circonstanciés  ont  été  donnés 
sur  elle,  avec  les  instruments  en  ivoire  simples  ou  doubles,  auxquels  ont 
recours  les  femmes  entre  elles,  dans  la  Zeitschrift  fiir  Ethnologie.  C'est  de 
cette  région  là  d'ailleurs  aussi,  je  crois  devoir  le  rappeler,  que  s'est 
réj)andue  la  pratique  de  l'infibulation  des  filles  et  femmes  (V.  mon  mémoire 
sur  la  (Avconcision). 


804"  SEANCE.  —20  Avril  1905. 


Présidence    de    M.    Sébillot. 


OUVRAGE  OFFERT 


M.  PiKTREMENT.  —  Ma  convalcsccnco  d'une  maladie  du  C(Rur  m'engageanl  en- 
core à  ne  pas  sortir  de  chez  moi  avant  les  beaux  jours  de  l'été,  j'ai  l'iionnour 
d  offrira  la  Société  par  rintcrniédiaire  fie  notre  obligeant  collègue  le  docleur  Pa- 
pillault,  un  exemplaire  du  tirage  à  part  de  mon  mémoire  inlitidé  :  Lps  races 
chevalines  dans  le  temps  et  dans  Fespace. 


•2-20  :20  Avitii.   1<.»()5 

(.f  iiiéinoii'o  ayaiil  déjà  juiru  ilans  ims  Ihdlrdns  de  I  Miiiit'c  l'JUl.  pai^^cs  A['2 
W  43G,  ji'  rappellerai  seulement  ceci  : 

lin  rédigeant  ce  mémoire,  j'ai  tenu  à  faire  connaître  et  à  laire  apprécier  à 
leur  juste  valeur  les  principaux  résultats  des  études  spéciales  de  mon  ami  le 
professeur  André  Sanson  sur  le  sujet,  aussi  l)ien  ijuc  ceux  de  mes  propres  re- 
cherciu's. 

On  peut  également  v  constater  (|uc  par  le  raiiprocliemcnt  de  certaines  cou- 
naissances  ap|iarteuant  à  Sanson  avec  il'aulres  qui  m'étaient  personnelles,  je 
suis  |iarvenu  à  élucider  beaucoup  de  questions  plus  ou  moins  intéressantes  dans 
mon  ouvrage  intitulé  :  Lfs  chevaux  dans  les  temps préhisfonques  et  historiques, 
dont  i  ai  offert  un  exemplaire  à  la  Société,  dans  la  séance  du  7  décembre  1882. 


LES  LÉSIONS  BREGIWATIQUES  DES  CRANES  DES  ILES  CANARIES  ET  LES  MUTILATIONS 
ANALOGUES  DES  CRANES  NÉOLITHIQUES  FRANÇAIS 

Par  m.  Robert  Lehmann-Nitsche. 


Dans  une  publication  ancienne,  mais  néanmoins  très  importante  sur 
les  anciens  habitants  des  tles  Canaries*,  je  viens  de  trouver  le  nom  du  chro- 
niqueur à  qui  nous  devons  quelques  renseignements  intéressants  sur  la 
médecine  et  la  chirurgie  des  anciens  Guanches  de  la  GrandeCanarie,  ainsi 
que  les  notes  sur  ce  point  dont  s'est  servi  évidemment  M.  Chil  y  Naranjo  ' 
et  que  j'ai  reproduites,  d'après  ce  dernier,  dans  les  Bulletins  et  Mémoires 
de  notre  Société  '.  Elles  se  trouvent  dans  le  livre  de  Fray  Juan  Abreu 
Galindo  écrit  en  1632  et  imprimé  en  1848  k  Santa-Cruz  de  Tenerife  ^ 
dont  l'Ecossais  George  Glas  publia  déjà  en  1764  une  traduction  presque 
littérale  anglaise^.  Voilà  comment  les  cite  M.  Berthelot  : 

«  Pour  la  guérison  de  douleurs  aiguës  ils  scarifiaient  la  partie  affectée 
avec  des  pierres  tranchantes,  ou  bien  ils  appliquaient  le  feu,  et  pansaient 
ensuite  la  plaie  avec  du  beurre  de  chèvre.  » 

•  Berthelot.  —  Mémoire  sur  les  Guanches.  Mémoires  de  la  Société  Ethnologique. 
Tome  I,  1841,  spéc.  p.  129-231.  p.  151,  159. 

'  Chil  y  Naranjo.  —  Mémoire  sur  l'origine  des  Guanches  ou  haljitants  primitifs 
des  îles  (Canaries.  Coni/rès  international  des  Sciences  antliro/tolof/i(/i/es,  tenu  à  Paris 
du  16  au  21  août  iSlH,  p.  107-250,  spéc.  p.  178. 

3  Lehmann-Nitsche.  —  Notes  sur  les  lésions  de  crânes  des  îles  Canaries  ana- 
logues à  colles  du  cràtic  de  Menouville  cl  leur  interprélation  probable.  Bulletins  et 
Mémoires  de  la  Société  d'Antliro/mlof/ie  de  Pai-is,  1903,  p.  492-494.  —  Voir  aussi 
Manouvrier,  ib.  p.  4it4-/i98;  Bertholou,  ib.  19U4,  p.  55-b6;  Manouvrier,  ib.  1904  p.  67-73 
et  fiev.  mens,  de  l'Ec.  d'Anthr.  1908,  p.  431-436. 

4  Juan  Abreu  Galindo.  —  Historia  de  la  conquista  de  las  siete  islas  de  Gran- 
Canaria,  1632.  Ed.  1848.  à  Santa-Cruz  de  Tenerife. 

5  George  Glas.  —  The  history  of  the  discovery  and  conquest  of  the  Canary  islands, 
London,  1764. 


LEHMANN-MTSCHE.    —    LÉSIONS  BnKGMATIOrES   DES  CRANES  DES   ll.ES  CANARIES       221 

M.  Cliil  y  Naranjo,  sans  citer  le  nom  de  (ialimlo,  s'exprima  de  la  ma- 
nière suivante,  comme  nous  l'avons  déjà  reproduit. 

Dans  ces  volumineuses  éludes  liistoriijues,  climalologiiiues  et  patholo- 
giques des  îles  Canarif^s  ',  M.  ("Iiil  dit  ee  (pii  suit;  ce  sont  toujours  les 
notes  de  (ialiudo  ; 

M  Cuando  sufrian  dolores.  practicaban  escarilicaciones  sobre  la  piel, 
en  el  punlo  afectado,  cou  sus  cuchillos  de  pedernal,  llamados  'A/toHfl.v, 
y  ademas  empleaban  la  sangria  cuando  tenian  sofocaciones,  la  (|ue  prac- 
ticaban  con  lancelas  de  pedernal  apropiadas  i  este  objelo.  Curàbanse  las 
heridas  con  manteca  de  cabras  hirviendo;  mojaban  en  ella  unosjuncos 
niajados,  y  despues  los  pasaban  por  encima,  produciendo  uua  cauteri- 
zaciôn  '  ». 

Les  notes  ({ue  nous  venons  de  citer  se  réfèrent  aux  (luancbes  de  la 
(Irande  Canarie;  voici  ce  que  dit,  selon  le  même  M.  Ghil  ',  Fray  Alonso 
de  Espinosa  ^  sui'  les  (iuanches  de  Ténérife  : 

«  Para  curarse  del  dolor  de  coslado  enfermedad  que  padecian  vulgar- 
nienle  segun  Espinosa,  se  sangraban  de  los  brazos,  cabeza  à  frente,  con 
una  tabona,  como  lo  bacian  en  Gran-Clanaria  •'.  » 

J'ai  cru  devoir  compléter  mon  travail  antérieur  par  cette  petite  com- 
munication, car  la  découverte  et  l'interprétation  des  cicatrices  bregma- 
tiques  de  crAnes  néolitlu(iues  français,  faite  par  M.  Manouvrier,  est  très 
importante  pour  la  connaissance  de  la  médecine  préhistorique. 


•  Chil  y  Naranjo.  —  Estudios  liist«jricos,  climatologicos  y  palolôgicos  de  las  istas 
Canarias.  Toino  I,  Las  Paluias  de  Gran-Canaria,  187G,  p.  618. 

'  Lorsqu'ils  avaient  des  douleurs,  ils  faisaient  des  scarifications  sur  la  peau  de  la 
partie  malade  avec  leur  couteau  en  silox  appelé  «  Tabonas  .,  et  après  ils  employaient 
iii  saignée  quand  ils  avaient  des  suffocations,  qu'ils  pratiquaient  avec  des  lancettes  en 
sil.'x  adnptèes  à  cet  usage.  Ils  soignaient  la  blessure  avec  de  la  graisse  de  chèvre 
bouillante,  et  trempaient  dans  la  graisse  des  joncs  réunis  et  après  les  frottaient  en 
produisant  une  cautérisation. 

3  Chil  y  Naran.iu.  —  Tomo  II.  Las  l'aimas  di;  (iraii-Ganaria,  18S0,  p.  8o. 

'»  Alonso  de  Kspinosa.  —  Del  origen  y  milagros  de  Ntra.  Sra  de  Candel.iria  que 
apareiôenlaisla  de  Tencrife,  con  la  descripcion  de  esta  isla.  Sevilla,  1S'J4.  Réimprimé 
i\  Santa-Cruz  de  Tenerife,  1848. 

5  Pour  guérir  de  la  douleur  decôlé,  maladie  d(jiit  ils  pâtissent  fiécpieiiimi'iil  li'apres 
Espinosa,  ds  se  saignaient  dans  le  bras,  dans  la  (èle  il  sur  le  front  avec  un  «labona  » 
comme  ils  le  faisaient  dans  la  Grande-Ganaric. 


222  :20  avril  1905 

chronologie  céramique 

Vases  Susiens.  —  Poterie  dolmenique   —   Anciens  procédés  de  fabrication 
Pau  m.  Edoiaud  Kourdrignier  K 

La  céiami(iu('  a  pris  une  place  tellcmenlimpurlanle  dans  les  recherches 
archi-ologiques,  que  désormais,  dans  nos  découvertes,  nous  avons  à  en 
tenir  compte  et  que  le  moindre  tesson  de  vase  n'est  plus  à  négliger. 

liien  que  son  rùle  comme  auxiliaire  ne  fut  pas  méconnu,  par  suite  de 
considérations  historiques  mal  interprétées,  longtemps  on  fut  attaniépar 
une  chronologie  erronée  des  vases  de  la  période  classique.  C'est  même, 
comme  conséquences  f;\cheuses,  cette  erreur  de  date  qui  retenait  la 
confiance  et  divisait  historiens  et  archéologues. 

l'^n  elfel,  tandis  que  les  uns,  se  basant  sur  des  mobiliers,  des  restes 
d'industrie,  proposaient  une  date,  d'autres,  s'appuyant  sur  les  textes,  en 
présentaient  une  autre.  Les  synchronismes  que  l'on  tentait  ne  concordant 
pas,  le  doute  persistait,  on  ne  pouvait  s'entendre.  Il  fallut  les  grandes 
exploitations  qui  se  sont  poursuivies  ces  dernières  années  dans  diverses 
contrées  de  l'Ancien  Monde  classique,  pour  avoir  des  révélations  capi- 
tales et  mettre  tout  le  monde  d'accord. 

Or  ces  faits  nouveaux,  aussi  positifs  qu'inattendus,  sont  dus  en  ma- 
jeure partie  à  la  céramique:  des  fragments  de  vases  ont  tout  expliqué.  Ces 
faits  nouveaux  sont  tels,  qu'ils  modifient  d'une  façon  profonde  ce  qui,  il  y 
a  quelques  années,  paraissait  soutenable  alors  en  chronologie  comme  en 
origine. 

L'importance  de  la  céramique  étant  bien  démontrée  maintenant  pour 
l'Ancien  Monde  classique,  il  ne  peut  en  être  autrement  pour  les  civili- 
sations qui  lui  sont  en  dehors. 

Si  la  plupart  de  nos  poteries  n'ont  qu'un  intérêt  artistique  bien  relatif 
etque,  trop  souvent  recueillies  en  fragments,  tout  imprégnées  de  terre, 
leurs  quelques  ornements  et  même  leur  forme  soient  peu  reconnaissa- 
bles,  malgré  celte  apparente  grossièreté  nous  n'avons  pas  à  les  dédaigner. 
Ce  n'est  pas  seulement  pour  nous  la  preuve  d'une  industrie  lointaine: 
mais  bit'n  dei  témoins  conlempurains  d'Innomés  dans  l'Histoire  dont  ils 
détiennent  tout  au  moins  la  tradition.  Un  jour  peut-être,  si  nous  savons 
les  interroger,,  fidèlement  il  nous  répondront. 


La  fabrication  delà  poterie  est  une  des  industries  les  plus  lointaines 
de  l'humanité  puisque,  bien  avant  la  connaissance   des  métaux,  du  fer, 

1  Travail  piéseulé  dans  la  séance  du  IG  février  i'.iQ.j  (rnaiiascrit  remis  en  retard). 


EDOUARD  Fornnnir.MEn.  —  les  ét\pes  de  i.a  cÉruMrnrE  dans  L'AMinrin;     :223 

du  bronze  elle  fui   iluii  usage  courant    [MMulanl   tdiilc   la    pi'riodo   néoli- 
thi(jU('. 

Ouelques  observations,  encore  isolées  il  est  vrai,  tendent  à  faire  remon- 
ter cette  industrie  tout  au  moins  à  la  fin  du  quaternaire.  Ainsi  M.  Ed.  Piette 
dit  avoir  <•.  recui'illi  de  très  raies  et  très  [)elils  fragments  de  |iuterie  gros- 
sière et  mal  cuite  »  à  l'intèriinir  de  la  grotte  du  Mas-d'.\/.il  '.  Plusieurs 
archéologues  belges  aHirmaient  même  récemment,  du  moins  pour  leur 
région,  que  des  dt'bris  de  |iolerie  s'étaient  rencontrés  associés  avec  de 
l'industrie  paiéolitbiciue  -. 

L'intérêt  qui  réside  surtout  pour  nous  dans  la  poterie  :  c'est  que  comme 
toutes  les  autres  industries,  elle  a  subi  l'inlluence  des  milieux  et  des  épo- 
ques. La  céramique  en  est  comme  un  rellel  annexe  :  elle  aussi  s'y  est  parti- 
cularisée, suivant  cette  loi  d'unité  dans  l'œuvre  humaine  où,  par 
les  mômes  phases,  à  leurs  débuts  toutes  les  populations  ont  passé.  Telle- 
ment, que  si  nous  rappi'ochons  nos  plus  anciennes  poteries  de  celles  bien 
plus  récentes  du  l'érou,  du  Mexique,  du  continent  Africain,  nous  y  recon- 
naissons une  identité  qui  nous  surprend  dans  les  formes,  dans  les  orne- 
ments, dans  une  tecbnitiue  commune. 

Peut  être  même,  (lu'encore  aujourd'hui,  [»ar  delà  (juelques  îles  perdues 
de  rOcéanie,  quelques  sauvages  façonnent  de  ces  mêmes  vases,  les  inci- 
sent et  les  décorent  de  traits,  de  chevrons  tout  aussi  naïfs. 


II 


A  son  origine,  la  céraniiciue  n'eut  d'autre  but  que  d'être  utilitaire, 
comme  pour  la  conservation  des  graines,  des  liquides,  la  cuisson  des 
aliments.  La  surface  molle  de  l'argile,  qui  rceoit  si  facilement  les 
empreintes,  dût  bien  vite  tenter  pour  y  faire  (juciqucs  traits,  quelques 
enjolivures  brisant  la  monotonie;  peut-être  même  quebjues  marques  in- 
diquant leur  contenu  ou  leur  usage. 

Si  ces  dessins  naïfs  tout  d'abord  n'eurent  aucune  intention,  aucune 
pensée  artistique,  c'est  pourtant  avec  eux  qu'a  pris  naissance  cet  art  décoratif 


'  F"ii  F'iETTE.  — Etif/i-  Vf.  Xo/in/ix  rtir/iplr/zii-ii/airps  si/r  rAsi/Unn.  Kxlrail  do 
l'Anl/irapoIftgip.  —  Tome  XIV,  190:5,  pag.-  'i.'iO. 

'  -Vu  Goii;,'rt'\s  de  la  Fi'di'vation  arch<''olfKjique  el  Itis/orir/i/i'  île  /li-li/ii/ur  nn\  eut  lion 
l'an  dfrnier  à  Moris,  une  dos  questions  avait  été  réservée  pour  la  poleiif;  rpiaternair.'. 
Dans  la  ."^éanct!  dn  ai  juillet  V.iO'i,  .M.  Rutot  a  cité  des  débris  de  poterie  cxlrémcnieiit 
roiig>';\tre,  à  intérieur  grisàtro,  recueillis  avec  des  ossements  humains  et  de  l'indus- 
trie paléolithi(jue.  Cette  céramique  a  bien  été  cuite  au  feu  et  aurait  été  faite  avec  le 
limon  niesriiiii'n:  o-  qui  serait  bien  la  preuve  certaine  d'une  fabrication  quaternaire 
puisque  ce  limon  mrsrinien,  par  suite  de  faits  géulogiqnes,  avait  disparu  avant  l'épo- 
que néolithique.  —  M.  le  D'  Jacques  a  signalé  également  de  celte  poterie  rougcâlre 
trouvée  près  de  Mons  dans  la  Carrière  Ilclin  neilcmcnl  caractérisée.  —  M.  Ilouzcau 
à  son  tour  fait  connaître,  qu'il  possède  mémo  un  vase  complet  provenant  du  cette 
station.  —  M.  Hublard  et  d'autres  membres  du  Congrès  ont  pris  part  à  celle  discus- 
sion, tous  admettent  la  connaissance  du  feu  au  quaternaire  cl  l'usage  de  la  poterie. 


2-24  20  AviuL  1905 

céramique  ayaiU  |»r(Miuilc(>s  v(''iital)les  chefs-d'œuvre  qui  font  notre  admi- 
ratitm.  Jamais  copoiidaut,  dans  toute  l'antiiiuit*',  le  but  utilitaire  n'a  été 
perdu  de  vue.  Le  vase  ayant  seulement  une  ad'ectatiun  [)Ui'einent  déco- 
rative, ti'llc  (juf  nous  la  eiini|treni)ns  uuioiiid'liui,  est  une  conception  re- 
lativement récente.  Dans  l'intéiieur  des  habitations  ce  que  l'on  recher- 
cliait  surtout  :  c'était  le  décor  mural,  puis  l'espace  et  la  facilité  pour  se 
rassembler,  se  mouvoir.  va([iier  ;i  ses  occupations  librement,  sans  être 
encomhn''  de  tout  ce  meublant  moderne  d-evenu  pour  nous  une  nécessité. 

Pendant  l'antiquitt'  les  salles  étaient  presque  vides,  tout  comme  encore 
en  Orient  :  (luehiues  tapis,  quekjues  sièges  et  c'était  tout.  Les  jours  de 
réceptions,  on  allait  clicrcher  dans  d'autres  chambres  servant  de  magasins 
ce  dont  on  avait  besoin.  C'est  ce  qui  explique  les  dispositions  intérieures 
des  palais  explorés  en  Crète,  en  Argolide,  en  Chaldée,  en  Egypte  *. 

Fendant  toute  la  belle  époque  des  vases  grecs  qui  comportent  les  scènes 
les  plus  diverses,  pour  tous,  toujours  on  a  songé  à  une  destination  utili- 
taire :  l'fenochoé  réservée  pour  le  vin,  l'hydrie  pour  l'eau,  l'aryballe 
pour  l'huile  des  athlètes,  les  amphores  pour  la  conservation  des  liquides, 
leur  exportation  ou  môme  pour  contenir  les  huiles  données  en  prix, 
comme  dans  les  fêtes  panalhénaïques.  Si  sur  la  stèle  des  tombeaux  on 
retrouve  des  vases^  c'était  pour  y  placer  les  offrandes  des  morts;  ou, 
comme  en  Egypte  les  canopes,  y  conserver  les  viscères  des  momies. 

Si,  nous  éloignant  de  l'antiquité  classique,  nous  nous  reportons  dans 
notre  Europe  occidentale,  toujours  nous  retrouvons  dans  les  sépultures 
ce  but  utilitaire  évident.  Dans  les  inhumations,  beaucoup  en  effet  de 
ces  poteries  conservent  des  ossements  d'animaux,  reliefs  de  repas  funé- 
raires symboliques  disposés  pour  les  morts. 


III 


Il  faut  encore  retenir  qu'en  archéologie  et  surtout  pour  la  céramique, 
quand  elle  touche  à  l'art,  ce  n'est  pas  seulement  l'histoire  de  la  forme, 
des  ornements  que  nous  avons  à  y  étudier,  mais  bien  celle  plus  élevée, 
l'Histoire  des  Idées.  Chaque  époque,  chaque  contrée,  chaque  milieu 
laissent  toujours  son  empreinte. 

Ainsi,  considérons  ces  gravures,  ces  peintures  des  grottes  de  la  Dor- 
dogne,  ces  dessins  incisés  sur  ossements,  sans  doute  qu'il  faut  admettre 
là  un  spontané.  Mais,  quelque  soit  le  sentiment  naturel  et  artistique  de 
ces  chasseurs  de  rennes,  ce  troublant  réalisme,  une  unité  de  manière 
aussi  étonnante  n'a  pu  s'acquérir  sans  préparation  :  nous  ne  pouvons 
que  préjuger  comment  ils  y  sont  arrivés. 

On  possède  ({uelques  pièces  paraissant  des  études  qui  prouvent  que 
depuis  longtemps  di'jà  ce  spontané  était  cerlain(îment  aidé  et  entraîné. 


'  Cnurs  de  l'École  du  Louvre,  loron  rlii  23  février  l'JO.J  professée  par  M.  Ed.  POTTIER 
à  propos  (les  palais  de  Knossos. 


KDOUARD  FOURDRIGXIER.   —  LES   ÉTAPES  DE  LA  CÉRAMluLE   DANS   l'aNTHJLITÉ       225 

Nous  connaissons  en  effet  dans  la  collection  de  notre  si  estimable  collègue, 
M.  Kd.  I^ielte,  une  gravure  sur  pierre  provenant  de  (îourdan,  puis" une 
autre  gravure  sur  os  provenant  de  Lorlhet  où  l'on  remarque  des  ligures 
d'animaux  superposées.  Ces  dessins  enchevêtrés  font  songer  à  un  papier 
buvard  avec  le(|U(>l  on  aurait  épongé  successivement  plusieurs  dessins  îi 
l'encre  '. 

Nous  nous  sommes  expliqué  ces  superpositions  en  supposant  que  ces 
plaques,  enduits  d'une  matière  adhérente,  servaient  à  silliouetter  des 
ébauclies(|ue  l'on  incisait  ensuite  profontlément  jusqu'à  entamer  la  surface 
dure,  quand  on  était  satisfait  de  l'esquisse.  Après,  on  égalisait  h  nouveau 
la  surface  de  matière  adhérente  quand  on  voulait  faire  une  nouvelle 
épreuve.  IN'ut-élre  même,  était-ce  une  manière  d'apprendre  à  inciser  à  la 
pointe  sur  matière  dure,  en  s'exerrantà  suivre  un  dessin  dont  les  contours 
étaient  amorcés. 

Quoiciu'il  en  soit,  ce  serait  peut-être  là  une  preuve  que  toutes  ces  gra- 
vures n'étaient  pas  obtenues  seulement  gr.\ce  à  une  facilité  artisli(jue  de 
race,  mais  plutôt  par  l'enseignement  d'une  école,  par  un  apprentissage 
donnant  l'habileté. 

Dans  cet  art  si  longtemps  ignoré,  on  a  voulu  voir  des  rapports  avec 
notre  art  réaliste  moderne,  légalement,  à  propos  d'une  petite  léle  en  os 
sculpté  provenant  de  Menton,  à  cause  de  son  genre  de  coiffure,  on  a 
songé  aussi  à  une  pensée  égyptisante  -.  il  en  a  été  de  même  pour  cet  art 
mycénien  tout  aussi  réaliste.  Serait-ce  donc  parce  que  l'on  voit  (juehiues 
ressemblances  qu'il  y  aurait  à  croire  à  une  unité?  Il  y  a  kà  comme  un  mi- 
rage où  il  y  aurait  crainte  de  trop  s'arrêter. 

Comme  le  disait  si  justement  avec  son  autorité  M.  Edmond  Pottier':  «S'il 
u  yaunt'  solidarilt'  ([iii  unit  le  passé  au  présent  et  queconstamment  nous  la 
«  retrouvons,  il  est  intéressantdebienenvoir  leursorigines.En  art,  pas  de 
a  progrès,  mais  comme  le  disait  llenan  :  il  n'y  a  que  des  (lux  et  rellux. 
«  C'est  un  éternel  recommencement.  Nous  appelons  ait  nouveau  ce  qui 
«  était  connu  il  y  a  plus  de  4  000  ans  :  ce  ne  sont  (pie  des  formules  de 
«  décorations  retrouvées.  Il  y  a  des  recommencements,  ce  qui  prouve 
((  l'unité  de  l'esprit  humain...  Avant  de  conclure  il  faut  songer  que  l'art 
«  est  un  langage,  les  moyens  graphiques  ne  sont  pas  illimités  :  ils  se 
«  retrouvent  à  toutes  les  époques.  » 

Il  y  a  en  effet,  dans  l'esprit  humain,  une  unité  trop  constante  pour  ne 
pas  s'y  arrêter.  Elle  est  d'autant  plus  palpable  et  saisissante  à  l'origine, 


'  Ed.  I'iette  — Classification  tlps  sédiments  formés  dans  los  cai^ei^ies  pcmlanl l'âge 
du  renne,  \of  art.  Kvtrait  de  VAnthritpoloijie.  Tome  XV,  l'.i04,  page  KiT  li^,'.  60  avec 
chamois  et  équidt's;  pape  171  fig    04  avec  cerfs  et  éqnifiés. 

'  Kd.  l'rKTTE.  —  (iranire  du  Mas  d'.lcil  i-l  slalurtirs  ili-  Mrnion.  l'.vlr.  ihs  Liul.  et 
Mrin.  de  l.i  Soe.  d'.Viilli.  WM'l  [yj..  :).  —  S.vloMon  Heinacii  —  Cours  du  Lourre,  \eroa 
du  17  fév.   19U5. 

•■'  Kcole  du  LouviiE.  —  EoMOND  PoTTiER.  —  L'c.oiis  du  li  janvier  lltU-J  sur  les 
fouilles  Cretoises. 


226  20  A  vu  II,  190.") 

iiux  (l<U)uls  d'une  industrie,  d'un  art,  que  ce  sont  généralement  les  ni(^ines 
moyens  (jui  sont  ;i  lu  disposition. 

A  part  lu  dilTérence  des  climats,  des  matières  ouvrables  plus  ou  moins 
faciles,  quand  des  précédents  et  les  inilucnces  font  défaut,  dans  les  résul- 
tats il  y  a  toujours  une  grande  analogie  de  main  d'œuvre.  Mais  s'il  y  a  à 
accepter  ce  spontané  qui,  un  peu  partout  est  à  l'étal  sporadique,  s'il  est 
à  songer  à  cette  loi  d'unité  dans  l'œuvre  humaine,  il  y  a  également  à 
considérer  qu'elle  évolue  pourtant  mitigée  par  cette  autre  loi  des  flux  et 
reflux.  D'où  il  résulte,  qu'une  œuvre,  ayant  des  apparences  semblables  à 
une  autre,  a  pu  être  conçue  avec  une  toute  autre  direction  et  qu'alors: 
c'est  l'Histoire  des  Idées  dont  il  faut  surtout  tenir  compte. 

C'est  surtout  pour  la  céramographie  qu'il  y  a  lieu  de  ne  pas  perdre  de 
vue  ces  inlluences. 

Quand  on  attribuait  encore  h  la  céramique  qu'une  importance  relative» 
on  ne  voyait  que  peu  d'intérêt  à  étudier  l'ensemble  des  régions  par  rap- 
port il  une  autre.  C'est  ce  qui  existait  surtout,  pour  cette  vaste  région  de 
l'Europe  centrale  et  occidentale,  en  dehors  des  régions  classiques.  On  ne 
soupçonnait  pas  qu'un  vase  grec,  une  coupe  étrusque  d'un  art  autrement 
avancé  puissent  être  de  quelqu'utilitépour  toute  celte  poterie  relativement 
grossière. 

Pourtant  il  était  rationnel  d'admettre,  qu'un  lécythe  attique,  qu'une 
hydrie  de  Corinthe,  qu'une  amphore  campanienne,  durent  passer  par 
bien  des  phases  avant  de  posséder  des  formes  si  heureuses,  des  peintures 
si  remarquables  et  enfin  d'atteindre  une  telle  perfection.  On  proposait 
bien,  comme  ancêtre,  cet  art  déjà  si  avancé  du  mycénien,  mais  il  laissait 
pressentir  une  technique,  des  procédés  fort  différents  et  même,  déjà  d'ail- 
leurs, lui-même  était  considéré  comme  la  fin  d'une  époque  très  longue 
déjà  en  décadence. 

Pour  arriver  à  nos  origines  il  fallait  aller  plus  loin,  car  nous  avions 
besoin  de  connaître  d'autres  commencements  moins  compliqués;  quand 
on  ignorait  encore  la  manière  d'épurer  les  terres,  l'emploi  du  tour,  la 
cuisson  au  four,  le  moyen  de  fixer  les  couleurs  par  le  feu. 

Ce  sont  les  découvertes,  les  travaux  faits  depuis  plusieurs  années  dans 
diverses  contrées  de  l'ancien  monde  classique  qui,  par  les  faits  nouveaux 
qu'ils  ont  révélés  permettent  aujourd'hui  de  mieux  nous  rendre  compte  de 
la  situation.  Avec  les  modifications  qui  sont  résultées  pour  la  chronologie 
des  vases,  nous  pouvons  maintenant  tenter  certains  synchronismes  ayant 
trait  il  la  céramique  de  notre  Occident.  L'intérêt  de  ces  observations  est 
assez  considérable,  pour  arrêter  notre  attention. 


IV 


Ce  furent  les  fouilles  pratiquées  de  1885  à  1889  à  l'acropole  d'Athènes 
qui  suscitèrent  les  premières  modifications  dans  la  chronologie  des 
vases.  On  constata,  que  sous  les  ruines  de  l'ancienne  ville  brûlée  et  dé- 


KDOUARD  FOURDRIGMER.  —  LES  ÉTAPES  DE  L\  CÉRAMIQUE  DANS  l'aNTIQUITK      227 

truite  en  i80  par  Xerct^s,  dans  les  dt-conibres  antérieurs  à  ce  désastre,  on 
rencontrait  de  très  nombreux  fragments  de  vases  peints,  à  iigures  rouges 
sur  fond  noir  et  (jue  ces  découvertes  étaient  faites  dans  un  sol  où  U\  terrain 
avait  été  niveli'>  au  temps  d(;  Pliiilias,  pour  i-econstruire  à  nouveau. 

Un  availdonc  làune  preuve  décisive,  cpie,  la  fabrication  de  ces  vazes  à  fi- 
gures rougesélait  bien  antérieure  à  480.  Or  jus(]ue  là,  on  admettait  que  ces 
vases  n'avaient  commencé  (jue  vers  environ  ^rjO:  il  y  avait  donc  une  djlfé- 
rt'iic»'  de  plus  de  deux  siècles. 

De  ce  fait.  Imite  la  cbronologie  des  vases  grecs  fut  entièrement  modiliée 
f'I  les  séries  plus  archaïques  qui  étaient  rationnellement  établies  furent 
descendues  à  leur  tour.  Comme  on  le  pense,  ces  changements  ne  furent 
acceptés  qu'après  bien  des  controverses. 

Ce  furent  justement  ces  graves  discussions  qui  confirmèrent  encore  la 
réalités  des  faits  ;  car,  en  rentrant  dans  les  détails,  ce  premier  résultat  fut 
pour  ainsi  dire  dépassé.  En  voici  une  preuve  assez  curieuse. 

En  étudiant  une  hydrie  à  figures  rouges  trouvée  à  Ilhodcs,  conserv>3e 
au  Musée  de  Constanlinople  ',  M.  Salomon  Reinach  fit  observer  que  la 
ville  de  Rhodes  ayant  été  fondée  en  408  et  le  commerce  d'Athènes  ruiné 
en  404,  ce  vase  de  fabrication  attique  devait  être  placé  entre  ces  deux 
dates  extrêmes  et  que  l'artiste  céramiste  qui  l'avait  signé  avait  nécessai- 
rement vécu  en  250. 

A  ce  propos,  A.  S.  Murray,  conservateur  au  Musée  Britannique,  mort 
récemment,  avait  déjà  signalé  antérieurement  un  vase  du  Musée  de  Madrid 
signé  ANAOKIAllï  vivant  au  commencement  du  y"  siècle,  artiste  cjui  avait 
praticpié  les  deux  manières  de  peindre  les  vases  :  la  première  avec  figures 
noires  sur  fond  rouge  et  la  suivanli»  avec  figures  rouges  sur  fond  noir. 
Or,  plusieurs  de  ses  œuvres  possèdent  ces  deux  manières^. 

Dans  la  plus  ancienne,  celle  des  vases  à  figures  noires  sur  fond  rouge, 
les  contours  des  dessins  sont  incisés  à  la  pointe  ft  les  traits  ressorlent  en 
clair  selon  la  couleur  de  l'argile  avivée.  l*ùur  les  vases  à  figures  rouges 
sur  fond  noir,  les  détails  intérieurs  sont  faits  au  pinceau  à  la  couleur  noire. 
Celte  seconde  manière,  aurait  été  justement  inventée  par  le  céramiste  cité 
plus  haut,  AndoLidi-a,  ^\\l'\,  pour  ol>tenirces  traits  si  déliés  se  servaitd'une 
petite  plume  tiri'e  sous  les  ailes  de  la  bécasse  et  aussi  d'autres  oiseaux 
aquatiques.  Cette  petite  plume  porte  le  nom  de  plume  des  Peintres,  penna 
dei  pittori  ^.  Elle  e^t  bien  connue  par  les  miniaturistes  qui,  il  y  a  quelques 
années,  en  faisaient  encore  usage. 


'  Salomon  Reinach.  —  La  nnissnncc  di'  P/oulos  sur  un  rase  décourt-rt  à  Rhodes, 
19<X),  article  de  la  /{rr.  Arrh. 

■  A.  S.  MuKRAY.  —  .1  f/uidc  lu  thc  dr/t.  ()['  (jrrck  and  roman  anHijuitics  in  Ihe  Bri- 
lish  Muséum,  ib'J'.l,  |i.  158. —  Voir  rncore  l'.  voN  BlEUKowSKi.  —  Zu-oi  altisclic  Am- 
/j/torrit  in  Madrid,   \'.)02. 

^  I'.  M.vRïwiG.  —  Die  anirrrdunfi  drr  /■'rdi-rfalmi-  liri  dm  f/rirc/iischeii  Vaspnma- 
lern:  Jalirbuch,  Arch.  Inst.  XIV,  189!i,  p.  l'iT-l<',7,  pi.  IV.  —  Kn.  Pottikr.  —  drece 
et  Japon:  Jour,  des  B.-A.,  I8J0,  II,  p.  U2. 


2-28  20  AVRIL  1905 

On  voit  comhion  ces  discussions  ont  àlé  profitnhlos  pour  faire  connaître 
l'origine  de  divers  procédés  ouldiés,  et  surtout,  pour  él.iblir  une  chro- 
nologie écjuitable  à  la  céramique. 

On  se  souvient  al<»rs,  que  dans  plusieurs  grandes  sépultures  découvertes 
dans  les  pays  rhénans  et  dans  la  n'-gion  champenoise,  quelques  vases  de 
facture  italio-grecque  y  avaient  été  signalés.  Mais  alors,  sous  la  foi  de 
céramographcs  très  écoutés,  comme  on  acceptait  pour  ces  vases  à  (igures 
rouges  sur  fond  noir  leur  ap|»ariliun,  seulement  à  partir  de  la  seconde 
moitié  du  m'"  siècle  :  bien  que  Ion  soit  conduit  par  d'autres  considérations 
à  attribuer  à  ces  mobiliers  une  date  plus  antérieure,  entre  autres  dans 
les  sépultures  marniennes  par  la  négation  des  monnaies,  par  la  pré- 
sence réitérée  de  vases  de  bronze,  d'cenochoès  de  style,  dit  étrusque,  du 
VI»  siècle,  malgré  ces  indications  assez  contradictoires,  on  passa  outre. 
On  admit  que  ces  sépultures,  comme  à  Rodenbach,  à  Courcelles-en-Mon- 
tagne,  puis  comme  pour  celle  de  Somme-Bionne  '  elles  ne  pouvaient  être 
descendues  au  plus,  que  vers  250*. 

Les  fouilles  de  l'Acropole  d'Athènes  amenèrent  la  conciliation,  par  l'évi- 
dence du  fait  nouveau  qui  se  révéla  et  mit  tout  le  monde  d'accord. 

Il  en  est  résulté  que  pour  les  grandes  sépultures  de  Vépoque  marnienne, 
où  des  vases  grecs  à  figures  rouges  y  ont  été  découverts,  nous  avons  une 
date  précise  bien  déterminée,  le  commencement  du  v^  siècle. 


Un  autre  fait  nouveau  qui,  il  est  vrai,  ne  se  rattache  qu'assez  indirec- 
tement à  la  céramographie,  est  encore  dû  à  des  fouilles  très  méthodiques 
et  n'est  la  suite  que  des  observations  auxquelles  elles  ont  donné  lieu.  Ce 
sont  les  fouilles  d'Ulympie  faites  par  l'École  Allemande  de  1874  à  1880^. 
Elles  révélèrent  la  présence  de  trépieds  en  bronze  identiques  à  ceux  trouvés 
à  Ilallstatt,  puisa  celui  bien  connu  de  la  Haute-Bourgogne  trouvé  en  1832 
dans  le  tumulus  de  Sainîe-Colombe  près  de  Châtillon-sur-Seine  ^. 

Ces  trépieds  d'Ulympie  étant  positivement  datés  du  vi"  siècle,  il  était 
difficile  de  les  reporter  au  pillage  du  temple  de  Delphes  de  279,  ni  même 
à  la  bataille  de  l'Allia  de  390.  Ils  étaient  donc  contemporains  des  sistes 
à  cordons  et  d'autres  parties  mobilières  de  ces  sépultures. 


•  LÉON  MoREL.  —  Album  des  Cimetiét'es  de  la  Marne,  \"  livre,  1876.  —  H.  Mazard. 
—  La  Céramique  du  Musée  de  ^int-Germain,  \Hl^i.  —A.  Bertrand—  Archéologie 
celtique  et  gauloise,  2"  éd.,  1869.  —  J.  Dechelette.  —  Le  Hradischt  de  Slradonic  en 
Bohême  et  lis  fouilles  de  Dibracte,  1901. 

'  Ed.  Fourdrignier.  —  L'âge  du  fer  Hallstatt  —  Le  Marnien  —  La  Tène,  Confé- 
rence-proriienade  au  Musée  des  Antiquités  .\ationales  de  Saint-Germain,  Paris,  1904, 
\  pi.,  18  fig.  —  Douille  sépulture  gauloise  de  la  (iorge-Meillet,  1878. 

3  Salomon  Reinach.  —  Le  mirage  oriental,  1890.  —  Cours  de  l'École  du  Louvre, 
1903-1904. 

4  Edouard  Flonest.  —  Notes  pour  servir  à  l'étude  de  la  haute  antiquité  en  Bour- 
gogne, 4»  fasc.  Les  Tumulus  des  Mousselots,  1876. 


h)DOrAUU  FOURDRinNIE».   —    LES  KTAI'ES  DE   I,A   CKHAMInlE  DANS  I.  ANTKjI  ITK       2:Î9 

Là  encore,  avec  celte  concordance,  certains  vases  purent  ;i  leur  tour  être 
mieux  datés  :  leur  chronologie  nous  servira  bientôt  ;i  d'autres  identidca- 
lions. 


Une  nouvelle  impulsion  fut  encore  donnée  par  les  découvertes  récentes 
faites  dans  l'île  de  Crète,  à  Knossos,  sur  l'ancien  emplacement  attribué 
au  jjalais  du  roi  Minos,  le  Labyrinthe  homérique.  11  faut  également  dire 
que  d'autres  travaux  de  la  même  importance  avaient  précédé  ces  fouilles 
de  Crète  et  ont  été  poursuivis  aussi,  prcsqu'en  môme  temps,  dans  l'Ile  de 
Crête,  dans  les  fies  de  l'Archipel,  puis  sur  le  continent,  dans  l'Argolide, 
la  liéotie,  en  Asie-Mineure  où  les  recherches  si  heureuses  commencées 
par  le  D*"  Schliemann  furent  reprises  avec  de  nouveaux  succès'. 

Des  savants  éminents  des  écoles  anglaise,  allemande,  grecque,  italienne 
et  française  s'y  sont  mis  avec  ardeur,  tous  ont  rivalisé  pour  éclairer  ces 
graves  (juestions  :  mais  c'est  surtout  aux  belles  recherches  de  M.  Arthur 
Evans,  faites  à  Knossos,  que  nous  devons  les  plus  magnifiques  résultats. 

I)'>puis  lî>00  et  encore  ces  derniers  temps,  toute  une  bibliographie  com- 
prenant de  nombreux  mémoires,  des  rapports  et  des  articles  variés  a  paru 
sur  ces  émouvantes  découvertes.  Parmi  les  savants  français  qui  se  sont 
surtout  intéressés  à  la  question  Cretoise  nous  devons  citer  MM.  Ed.  l'ottier, 
et  S.  lleinach,  professeurs  à  l'Ecole  du  Louvre  puis  AL  Ilené  Dussaud,  un 
de  nos  savants  collègues  qui,  dans  leurs  cours  et  par  leurs  publications, 
veulent  bien  nous  tenir  au  courant  de  ces  travaux,  la  plupart  faits  à 
l'étranger.  Toutes  ces  révélations  y  sont  présentées  avec  un  tel  attrait 
({u'elles  sont  palpitantes  d'intérêt  '. 

C'est  qu'en  effet,  comme  par  un  bond  prodigieux  dans  l'obscurité  sécu- 
laire, de  cette  époque  homérique  où  timidement,  vers  le  xv«  siècle,  on 
cantonnait  le  mycénien,  on  a  pu  reculer  à  plus  de  2.000  ans  en  arrière, 
une  longue  période  historique  méconnue,  éclairée  maintenant  par  des 
témoignages  contemporains  de  l'haraons  d'Egypte  de  la  xii"  et  x"  Dynastie. 

Et  ce  n'est  pas  tout.  Sous  ces  couches  maintenant  historiques,  d'autres 
plus  profondes  ont  été  atteintes   venant  se  relier  entre  elles,  au  del.\  de 


•  DoERPFELD.  —  Troja  und  Illun,  J903. 

*  Edmond  Pott'ER.  —  Voir  Revue  de  Paris  et  lierue  ilc  l'Art  nitrien  l'I  xuidcnie, 
190'2. —  Conférence  du  \  juillet  1!>01  à  la  Soriéti^  ftour  l'Enrourayemeitt  des  Éludes 
grecques.  —  Cours  do  l'École  du  Louvre,  lî)03-l'JDi. 

SaLOMON  Reinach.  —  Voir  sus  arlicles  dans  V.iitlliropolor/ie,  l902-l'J03-1901i.  — 
ICcoIr  du  Louvre,  Le<;on  professée  le  12  juin  190'J.  —  La  Crde  avant  l'Histoire,  1902- 
1904.  —  La  déesse  aux  ser/jenls  au  palais  de  t.'nosse  (Crète).  Gaz.  des  Beaux-Art?, 
juillet  1904,  p.  13  à  23. 

René  Dussaud.  —  La  Civilisalion  iinjcénienne  et  les  récentes  découvertes  en  Crète, 
conférences  faites  à  l'Ecole  d'AnthroiJOlogie  en  novembre  et  décembre  1904.  Voir  arti- 
cles Questions  mijcéniennes  dans  la  Revue  de  l'Histoire  des  Religions,  1904.  —  Revue 
de  l'Anthropologie  :  La  Troie  homérique,  fév.  1905. 


230  20  Avnii.  1905 

lauroiM'  lies  iniHaiix,  par  une  épo(Hie  néolithique  où  bientôt,  une  curieuse 
ccrainiiiue  nous  renseignera  pour  nous  j^uiiler  encore  plus  avant. 

C'est  sur  reusoniblc  tie  tous  ces  faits  nouveaux  que  nous  aurions  besoin 
de  nous  arrêter,  pour  à  notre  tour,  tenter  quelques  rapprochements, 
([uolqucs  synchronisnies  avec  celte  céramique  compliquée  de  ranti(juité 
classi(|ue  et  nos  poteries  bien  plus  modestes  de  rEuro[je  Occidentale. 

iJien  (|ue  ces  diverses  civilisations  paraissent  très  en  dehors  les  unes 
des  autres,  avec  les  éléments  de  cette  chronologie  nouvelle  il  pourrait  se 
faire  que  nous  y  trouvions  aussi  un  intérêt  nouveau. 


VI 

Depuis  déjà  longtemps  différentes  recherches  avaient  été  faites  en  Crète, 
parce  que  l'on  considérait  cette  île,  comme  ayant  été  le  foyer  d'une  civi- 
lisation très  ancienne.  Ce  sont  les  fouilles  de  M.  .Vrlhur  l-lvans,  com- 
mencées à  Knossos,  sur  l'emplacement  d'un  ancien  palais  attribué  au  roi 
Minosqui,  par  des  révélations  capitales  pour  l'Histoire  et  l'Archéologie, 
ont  confirmé  ces  présomptions. 

Poursuivies  avec  fruit,  l'ensemble  de  ces  découvertes  de  Knossos  est 
comme  le  résumé  de  toutes  celles  qui  ont  été  faites. 

Voici,  d'après  M.  .\rlhur  Evans,  une  coupe  qui  en  présente  la  stratifi- 
cation '. 

A  partir  de  la  surface,  couche  d'environ  80  centimètres  avec  indu>trie 
mycénienne  : 

Dessous  couche  de  près  de  3  mètres  où  il  y  avait  deux  palais  super- 
posés. Celui  du  dessus,  le  plus  récent  (laie  palace),  compris  dans  environ 
20  centimètres  serait  celui  du  roi  Minos.  Celui  du  dessous,  le  plus  ancien 
(early  palace)  avait  une  épaisseur  de  60  centimètres.  C'est  dans  cette 
couche  que  se  trouvait  celte  industrie  créloise  ignorée  du  minoen  et  du 
frécrélois. 

Enfin,  sous  ces  palais^  une  dernière  couche  de  7  à  8  mètres  reposant 
sur  le  sol  vierge,  avec  industrie  néolithique,  silex,  obsidienne  et  poterie 
primitive. 

Ces  différents  étages  ne  sont  pas  superposés  directement,  car  ils  sont 
espacés  par  des  couches  plus  ou  moins  épaisses  d'humus,  de  terres  battues 
qui  dénottent  que  l'occupation  n'a  pas  été  constante  et  qu'il  y  a  même  eu, 
après  quelques  désastres,  un  abandon  du  sol,  peut-être  pendant  plusieurs 
siècles. 

Ainsi  il  est  acquis,  qu'après  la  couche  du  mycénien  crétois,  l'abandon 
a  été  définitif  et  ce,  depuis  le  jiif  siècle.  Pendant  le  mycénien,  après  la 


'  .\rthur  Evans.  —  riio  m'olilhir  seltlenionl  al  Knossos  (M(in)  1902.  -  Thr  palace 
of  Knossos.  ReprincU'l  from  Uie  aiinual  oltlie  brilish  Scool  at  Atlicns  u°  VIII  l'JOI- 
1902-1908.  —  (Jours  de  l'Ecole  ihi  Lourvc .  Ed.  PoTTIER,  loçoii  du  \t  janvier  1905 
sur  les  fouilles  de  Crète. 


.KDOIARD  FOURDUKlNlEn.    —  I.F.>  KTvl'ES   1>K  I.A  CKlIAMIulK  DANS    I.'ANTIoriTl*.       "231 

tlestruclion  du  palais  de  Minos,  les  ruines  ont  élé  visitées  poury  rep-endre 
ce  que  Ton  pouvait  utiliser.  Ce  palais  n'aurait  été  lui-même  construit  sur 
le  précéd.'ut  .[uo  longtemps  après.  Entre  ce  premier  palais  précrétois  et 
l'époque  néolithique  il  y  avait  eu  déjà  un  long  espace  de  temps  qui  s'était 
écoulé.  Tous  ces  faits  semblent  démontrer  qu'à  Knossos,  il  s'est  passé  de 
très  graves  événements  politiques,  des  luttes  de  peuples,  de  races  dont 
nous^'ne  pouvons  que  seul.Mu.Mil  piviu^er.  Le  xii»  siècle  correspond  avec 
l'invasion  dorienno. 

D'autre  part,  ce  .[ui  a  été  constaté  ,î  Knossos  s'est  également  passé  sur 
plusieurs  autres  points  de  la  Crète,  à  Phaitos,  à  Karamès,  à  Zakro.  Cette 
civilisation  crétoise  se  retrouve  aussi  dans  d'autres  fies  de  l'archipel,  puis 
à  llhodes  etjusiiu'en  Chypre,  où  il  y  a  eu  des  importations  Cretoises,  qui 
certainement  sont  antérieures  au  commerce  maritime  des  Phéniciens  *. 

Après  les  observations  suscitées  par  ces  découvertes,  la  chronologie 
([ui  était  admise  a  di^  subir  des  modifications  importantes.  Il  en  a  été  de 
même  pour  la  classilication  des  vases  et  des  poteries. 

Ce  n'est  pas  .seulement  en  Crète  que  l'on  a  trouvé  le  néolithique,  mais 
aussi  sur  plusieurs  points  de  l'archipel, à  Théra  dans  l'île  Santorin,  à  Phy- 
lakopi  dans  l'île  de  Milo  où  l'obsidienne  y  a  été  exploitée.  Schliemann  en 
a  retrouvé  à  llissarlik  puis  d'autres  en  Mésopotamie,  en  Susiane,  enlin 
.MM.  J.  de  Morgan,  Amelineau  et  Flinders  Pétrie  ont  reconnu  tout  un  ;Vge 
(le  la  pierre  à  l'époque  de  l'Egypte  préhistorique. 

Fait  déjà  à  retenir,  c'est  que  la  plupart  de  ces  auteurs  sont  d'accord 
pour  comprendre  ce  néolithique  entre  7  à  8.000  et  3.000  ans,  sauf  en 
Egypte,  où  cet  étage  serait  à  descendre,  peut-être  de  2.000  ans.  Mais  en 
plus,  c'est  que  si  l'on  compare,  pour  chacune  de  ces  contrées,  les  stra- 
lilications  des  époques  qui  se  sont  superposées,  on  remarque  que  l'épais- 
seur de  la  couche  totale,  à  partir  de  3.000,  est  généralement  trois  fois, 
quatre  fois  moins  profonde  (jue  (elle  qui  concerne  l'âge  de  la  pierre.  Ce 
ipii  viendrait  bien  indiquer  la  longue  durée  de  celle  période,  d'autant 
plus  qu'il  y  a  ;i  songer,  qu'aux  époques  primitives,  les  constructions  en 
pierre  ne  semblent  pas  avoir  été  en  usage,  et  qu'alors  les  matériaux  des 
temps  plus  récents  ont  dû  fournir,  comme  remblais,  des  épaisseurs  autre- 
ment considérables. 

Cette  première  industrie  de  la  pierre  parait  assez  uniforme  dans  tous 
ces  centres,  à  part  quelques  variantes  régionales  pour  la  matière:  silex, 
haches  en  serpentine,  en  hématite,  des  lames   d'obsidienne. 

Ouant  à  la  poterie  elle  est  faite  avec  une  terre  mal  épurée  mélangée 
intentionnellement  de  petites  pierres.  Le  tour  n'est  pas  encore  connu. 
La  foruie  générale  est  celle  du  vase  ouvert  sans  pied  :  des  bols,  des  tasses 
avec  seulement  quelques  ornements  linéaires  incisés  ou  encore  des  dépres- 
sions  digitales.  La  cuisson  est  fort  irrégulière. 


>  Il  y  aurait  donc  à   faire  niainteuanl   des   réserves  sur  la   llièse  si  attrayante  de 
M.  Victor  Berard.  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée,  1902, 


-y\-2  2')  Avim.  11)05 

Kii  «Irèleoldans  l'Airliipol  '  on  rclrotivc  celle  puleric  fuinigée  d'un  noir 
mal  ((ui,  ;\  ne  pas  douter,  est  connue  le  précurseuf  du  buirhcro.  Or,  dans 
l'Europe  cenlrale  el  occidentale,  aussi  bien  sur  tout  le  littoral  océanique, 
depuis  lo  l'orlugal  *  jnsipren  Bretagne,  dans  les  Charentes  comme  en 
Hongrie,  en  Hohènie,  en  (kraine,  ce  type  céramique  à  incisions  profondes 
y  est  bien  connu  :  mais  il  est  plus  récent  et  va  jusqu'à  l'Age  du  fer. 

Il  semblerait  donc  acquis,  qu'entre  8.000  el  .'Î.OOO,  tout  au  moins  dans 
les  régions  de  l'ancien  monde  classique,  il  y  a  eu  une  civilisation  néoli- 
thique universelle  et  prestiue  identique. 

C'est  seulement  à  l'apparition  des  métaux  que  commence  la  diversité 
dans  les  produits  et.  peut-être,  la  diffusion  ethnique. 

VII 

C'est  entre  le  néolithique  et  le  mycénien,  c'esl-à-dire  entre  .'Î.OOO  et 
1.500,  que  se  place  la  période  Cretoise,  divisée  en  précrétois  et  minoen. 

Le  précrétois  ou  l'egéen  s'étage  entre  3.000  et  2.000.  Il  est  caractérisé  par 
une  céramique  monochrome  et  polychrome  ayant  des  blancs,  des  rouges, 
dos  pourpres  qui  sont  peints  sur  engobe  noir.  Le  type  fumigé  est  mainte- 
nant supérieur:  c'est  le  bucchero  nero  dont  on  avait  attribué  l'invention 
aux  Etrusques  du  vmi^  et  ix«  siècle.  La  terre  est  assez  soignée  :  mais  dans 
la  tranche  des  cassures  on  remarque  encore  au  centre,  une  zone  plus 
sombre  que  l'argile  clair  qui  persiste  là,  comme  souvenir  de  cette 
ancienne  technique  qui  demandait  un  lit  de  petits  graviers  entre  les  deux 
épaisseurs  de  terre.  L'usage  du  tour  est  connu  :  mais  les  formes  restent 
simples.  Le  cornet  apparait. 

Le  dessin  est  encore  géométrique  :  mais  déjà  on  trouve  la  plante,  le 
coquillage.  Puis  la  couleur  noire  sans  être  encore  brillante,  est  maintenant 
d'un  mat  supérieur. 

Une  date  a  pu  être  précisée  par  la  découverte  dans  le  premier  palais  de 
Knossos,  d'une  statue  en  diorite  avec  une  inscription  égyptienne  delà  xiii« 
ou  \n*^  Dynastie.  Puis  en  Egypte,  à  Kahoun,  M.  Flinders  Pétrie  a  retrouvé 
aussi  des  vases  précrétois  dans  un  milieu  également  de  la  xii"  Dynastie, 
de  par  conséquent  environ  vers  2500  '. 

On  désigne  aussi  ce  précrétois  par  poterie  de  Kamarès,  grotte  près  du 
Mont  Ida  de  Crète,  où  ce  type  archaïque  polychrome  s'est  surtout  localisé  ^. 


'  DuNC.VN  M.vCKENSiE.  —  The  pottcrij  of  Konssds  1903.  —  BoSANQUET  dans  Mail. 
Les  excavations  de  Phylakopi  l'JO'i. 

*  Em.  Cauthailac.  —  -^{fes  pi-éhistoviques  de  l'Espagne  et  du  Portufjal,  188(3  page 
'il'ù  lig.  'jUl,  iOii,  403.  —  Voir  pour  les  Charentes  G.  Chauvet,  puis  J.  Dechelette 
pour  la  céramique  de  l'Europe  Centrale. 

'  Flinders  Pétrie.  —  The  Eyypt  exploration  fuund,  lllahuii,  Kolmn  and  Gurub 
1892.  —  E.  ToRR  puis  Cecil  SMrru  dans  classiral  Heview  1892. 

4  IIOGARTH  el  Welch  —  Primitive  painted  potevy  in  Crète  1901.  —  Potery  of 
Zahro  dans  Man  1903. 


KDOUAIU)  KOl'RDRIGMF.U.    —    LES   KTAPES   DE   I.A  CKItA.MInl  K  DANS  I.'aN Tlyn TK       233 

Nous  arrivons  inaiulenaiit  au  Miuoen,  ainsi  noinnu'  parce  que  l'industrie 
qui  le  caracti'rise  SI' trouvait  ilans  lo  palais  |(liis  n'-ront  attriliu/'  au' roi 
Minos.  Celte  construction  est  beaucoup  plus  importante  (jue  la  précédente, 
l'agencement  intérieur  des  chambres  plus  compliqué  :  c'est  b\  que  l'on 
iroit  reconnaître  l'ancien  Labyrinthe. 

Nous  avons  bien  ici  le  précurseur  du  Mycénien.  Le  vase  polychrome  ne 
se  rencontre  plus  :  mais  nous  trouvons  un  type  monochrome  supérieur 
avec  un  beau  lustre  ilont  la  terre  est  mieux  soignée. 

Nous  remaniuons  de  grandes  jarres  k  provision,  le  pithos,  supportant 
comme  décor  des  reliefs  imitant  des  cordages  et  de  la  sparteric.  Au  lieu 
d'incisés,  nous  avons  une  peinture  à  dessins  géométriques  où  les  plantes, 
les  animaux  marins  sont  stylisés  comme  le  lys,  le  poulpe,  le  buccin.  La 
forme  des  vases  est  presque  celle  que  nous  retrouverons  au  Myc<'nien  : 
mais  si  l'amphore  à  trois  anses  est  déjà  une  imitation  de  vases  métalliques, 
le  vase  à  étrier  ne  se  révèle  pas  encore. 


Le  vase  caractéristique  du  Minoen  :  c'est  le  type  cornet,  le  /.îpx;  des  Grecs . 
Une  peinture  retrouvée  sur  un  mur  du  palais  de  Minos  représente,  presque 
grandeur  naturelle,  un  jeune  homme  à  la  taille  cambrée  qui  porte  un  de 
ces  cornets.  Cette  forme  de  vase  nous  était  déjà  connue  par  les  fresques 
de  llekhmara,  à  Thèbes,  où  l'on  voit  des  envoyés  du  paysdeKefti,  vêtus  à 
la  mycénienne,  qui  apportent  des  tributs  à  Thoutmès  III,  un  des  derniers 
rois  de  la  xvin»  Dynastie. 

Dans  ce  même  palais,  on  a  aussi  recueilli  le  couvert  d'un  vase  en  albâtre 
portant  le  cartouche  d'un  roi  Hyksos,  du  nom  de  Khiani,  de  la  xvii«  Dy- 
nastie que  l'on  date  du  xix»  siècle  avant  notre  ère.  C'est  sous  ces  obser- 
vations que  l'on  a  placé  le  Mi)ioen,  ce  crétois  précédant  le  mycénien,  entre 
2.000  et  1. 500 '. 


'  Il  y  aurait  à  faire  copendant  cTlaines  réserves  pour  ces  synclironismes  ;  car  pour 
l'K^'yplo,  CCS  dates  ne  sont  pas  absolues.  Les  chronologies  proposées  par  Bœckli, 
par  Lepsius,  puis  par  Mariette,  ne  sont  pas  toujours  d'accord.  M.  Maspero  qui  reste 
dans  une  prudente  réserve,  ne  compte  que  par  Dynasties  et  règnes  de  rois.  D'après  un 
article  de  M.  Ed.  Meyer  de  Berlin  {.Eyi/plisrhe  C/ironolof/ie  lOOi)  toutes  ces  dales 
seraient  à  revoir  et  à  rajeunir  :  ce  qui  modifierait  alors  la  ciironologie  Cretoise  puis- 
qu'elle se  base  surtout  sur  la  xu"  Dynastie  qui  descendrait  de  2.500  à  •J.OOO.  Les 
dynasties  des  Rois  l'asteurs,  les  Hyi<sos,  seraient  comprises  en  1680  et  4580.  Ces  écarts, 
commo  on  le  voit,  sont  assez  sensibles;  mais  la  question  est  trop  délicate  pour 
pouvoir  dès  maintenant  prendre  fait  et  cause  pour  l'un  des  partis,  c'est  pourquoi 
nous  accepterons  encore,  pour  la  clironologie,  les  indications  précédentes.  Il  est  a 
remarquer  ici,  que  pour  la  vraie  préliisloriqu'>  qui  semble  contempora-ne  du  precre- 
tois  du  plus  ancien  |>alais  de  Knossos,  M.  Doerpfeld  pro[iose  les  dates  de  2  bilOi'i  2.0iiO 
(Troja  une!  Ilion)  tandis  que  le  précrétois  préhistorique  se  terminerait  vers  3.(100 

'  FcRTWENGLER  et  LoESCHKE.  Mijkpnischc  Vasen,  1880.  —  Salomon  Heina«:ii. 
Apnlln.  Hiittnire  rjpnérnlc  (les  arts  plnaliquox,    tOO'i. 

SOCi   D'ANTUnOP.   1905.  "' 


234  -20  AVRIL  1905 


Mil 


Après  celle  loiiguo  jx'Tiode  créloise  :  c'est  le  mycénien  qui  lui  succède, 
sans  grande  transilion  apparente  en  Crète.  On  le  place  de  1500  à  1000, 
comprenant  les  temps  homériques.  C'est  l'ère  du  végétal  stylisé  qui  s'épa- 
nouit, tout  en  restant  très  réaliste,  ayantcomme  une  sorte  d'aversion  pour 
la  ligne  droite  '. 

Plus  de  vases  polychromes,  mais  des  figures  noires  sur  fond  clair  avec 
ce  beau  lustre  brillant,  qui  désoniiais  persistera  pendant  toute  la  période 
hellénique.  Quoique  le  secret  pour  obtenir  ce  beau  noir  soit  encore  à 
retrouver,  l'analyse  a  indiqué  que  sa  base  était  un  oxyde  de  fer  avec 
trace  de  manganèse. 

La  forme  est  maintenant  élancée,  très  heureuse.  Si  le  type  cornet  a  fait 
son  temps,  on  trouve  des  coupes  montées  sur  des  pieds  déliés  fort  élégants, 
des  lasses,  des  urnes  avec  anses  délicates  qui  sont  bien  ici  la  copie 
d'oeuvres  métalliques. 

Son  fossile-directeur  c'est  le  vase  à  étrier,  généralement  de  petite  dim- 
mension,  8  à  10  centimètres,  ainsi  nommé  à  cause  de  la  double  anse  qui 
le  surmonte.  C'est  l'ancêtre  de  l'œnochoé  classique  qui  naît  puis  disparait 
avec  le  mycénien. 

L'époque  mycénienne  de  1500  à  1000  comporte  deux  subdivisions  :  le 
mycénien  crétois  ou  insulaire  et  le  mycénien  continental  ou  de  l'Argolide. 

On  y  a  été  amené  par  les  fouilles  de  Knossos.  En  effet,  on  a  remarqué 
que  sur  le  continent,  certains  motifs  décoratifs  y  avaient  perdu  le  sens 
qu'ils  avaient  à  leur  origine.  xVinsi  la  double  hache,  la  bipenne  votive  des 
crétois,  sur  le  continent  a  été  stylisée  d'une  telle  manière  qu'on  ne  la 
reconnaît  qu'avec  hésitation.  Puis,  d'autres  considérations  étaient  encore 
à  faire  valoir. 

En  Crète,  le  Mycénien  est  comme  une  décadence  du  Minoen,  quoique  la 
technique  du  dessin  y  soit  supérieure.  Les  algues,  les  poulpes,  les  pois- 
sons, les  oiseaux  aquatiques  qui  décorent  les  vases  y  ont  comme  un 
grouillant  de  la  vie.  Mais  là  s'arrête  l'effort  pour  atteindre  plus  haut.  Le 
Mycénien  crétois  s'arrête  alors,  vers  le  xii°  siècle. 

Transporté  sur  le  continent,  à  Argos,  h  ïirynthe,  à  Mjxènes',  ce  pre- 
mier mycénien  insulaire  y  prend  comme  un  nouvel  e?sor  dans  ce  milieu 
nouveau  et  va  s'élever  en  reproduisant  l'animal,  puis  enfin,  la  personnalité 
humaine.  C'est  bien  une  succursale  de  l'art  crétois  qui  a  été  arrêté,  dans 
son  élan,  par  quelques  faits  historiques. 

Miais  ce  qui  surprend  dans  ce  mycénien  continental  :  c'est  de  voir  la 
sculpture  de  ses  bas-reliefs,  des  stèles  de  ses  tombeaux  si  peu  avancée. 


♦  A  Mycènes,  on  a  retrouvé  des  plaques  de  terre  émaillèe  avec  cartouche  d'Ame - 
nophis  III,  roi  appartenant  à  la  fin  de  la  XYIII*  dynastie,  donc  de  vers  le  milieu  du 
XV*  siècle  avant  notre  ère,  date  toujours  très  concordante. 


•KDOLARU   KnlllDRIiiN'lF.R.    —   LES   KTAl'ES  DE  LA  CÈRAMIOrE  DANS  l'aNTKjUITK       235 

comparativemeiU  ;i  l'ait  de  ses  œuvres  en  inrtal,  tels  (jue  ses  poignards 
damasquinés,  sa  vaisselle  d'or  si  abondante  h  Mycènes  et  ces  goblets  si 
curieux  tle  N'aphit».  Il  semble  (ju'il  y  a  là,  comme  deux  éléments  distincts 
et  que  l'industrit'  cérami(|ue  a  plutôt  di^i  s'inspirer  de  cet  art  supérieur. 

Ce  qui  est.'i  remarquer,  au  point  de  vue  anthropologie,  dans  cet  art  Cre- 
tois et  au  mycénien  :  c'est  cette  manière  de  représenter  le  corps  humain. 
I.a  cambrure  exagérée  de  la  poitrine,  ces  membres  élancés,  cette  taille 
svelte  et  trapézoïdale  présentent  un  type  très  dilTérent  de  celui  que  nous 
connaissons  pour  l'époque  hellénique.  Il  nous  a  fait  plusieurs  fois  songer 
à  ce  type  basque  si  bien  décrit  et  étudié  par  notre  savant  collègue  M.  le  D' 
Collignon  '. 

Le  costume  du  mycénien  est  fort  différent  de  celui  des  (irecs.  Le  torse 
est  nu,  les  reins  et  le  haut  des  cuisses  sont  seulement  entourés  d'une 
étoffe.  La  chaussure  pointue  monte  jusqu'à  mi-jambe  :  elle  rappelle 
celle  des  Hittites  de  l'Asie-Mineure  et  aussi  celle  des  Etrusques  (le  tombeau 
Lydiens).  La  chevelure  longue  est  rejetée  sur  le  dos.  La  barbe  est  toujours 
rasée.  Cependant  aux  masques  d'or  de  Mycènes  '  la  barbe  et  les  mous- 
taches sont  bien  indiquées.  Mais  ces  tombes  sont  de  l'époque  plus  récente 
que  certainement  les  goblets  de  Vaphio  '  qui  semblent  plutôt  au  type  Cre- 
tois si  bien  caractérisé  au  vase  de  Phaestos  •*. 

C'est  en  comparant  ces  diverses  œuvres  d'un  art  réaliste  si  avancé, 
(jue  l'on  voit  qu'ti  la  fin  du  mycénien,  du  continental,  le  type  devient  plus 
trapu  et  s'éloigne  de  celui  si  élancé  de  l'époque  Cretoise. 

Pour  les  femmes  :  elles  portent  une  jupe  à  volants  qui  retombe  en  cloche, 
une  partie  du  corps  est  comme  dans  un  corset  laissant  les  seins  nus.  Les 
cheveux  sont  abondants,  ébouriffés,  retenus  par  des  rubans  flottants^. 


IX 


A  partir  du  mycéni(Mi  qui  prend  lin  vers  l'an  1.000,  à  part  les  modifi- 
cations subies  après  les  fouilles  de  l'acropole  d'Athènes,  la  chronologie 
céramique  est  restée  ce  qu'elle  était  depuis  une  dizaine  d'années. 

Sous  l'influence  dorienne  nous  voyons  renaître  le  style  géométrique 
avec  son  caractère  particulier.  Avec  le  tijpe  du  Dipi/lon  qui  commence  un 
peu  avant  la  fin  du  mycénien,  vers  le  xii""  siècle,  d'abord  ce  sont  des  vases 
à  dessins  couvrant  toute  la  surface  et  prcsqu'cxclusivement  rectilignes. 


D'  René  Collignon.  Indices  céphaliques  des  populations  franraises. 

'  H.  ScHLiEMANN.  —  Mycénes  1879. 

'  TsouNDAS.  —  Les  vases  de  Vaphio.  Eph.  188'J, 

♦  '^fonurnenti  antichi, et  voir dsinsla.  liecue  ArchéologifjueJomel.  1904,  lerésumèdes 
fouilles  italiennes  dans  un  article  de  M.  R.  Weill,  le  vase  de  Phaestos  (F.  Halb-herr, 
Orsi,  Ravignoni  etc  ) 

*A.  Evans  — op.  laud.  —  Lastatuette  de  bronze  du  musée  de  Berlin  dite /a p/eurewse. 


-)3(i  ^0  Avuii.   1905 

l'uis  ce  sont  df  .:;i''i'>J^  vases  culossuls  avec  dos  scènes  navales,  funéraires 
où,  jusqu'aux  personnages  très  nombreux,  tout  y  est  stylisé. 

Ue  ToO  à  «OO,  c'est  le  type  archaùiue  de  Hliodcs,  de  Corintke  avec 
ses  ligures  noires  opaques  d'animaux  stylisés,  disposés  en  zone  sur  fond 
jaune.  Il  y  a  des  rehauts  blancs,  violets,  et  surtout  au  Corinthien,  des 
incisés  pour  donner  le  trait  de  force  au  dessin. 

Au  vu"  siècle  c'est  l'école  attique  qui  prend  définitivement  position  avec 
ses  vases  à  figures  noires  sur  fond  rouge  obtenues  sur  un  engobe  masquant 
l'aririle. 

A  la  (in  du  vi"  siècle  la  technique  se  retourne  :  ce  sont  des  figures  rouges 
sur  fond  noir.  La  pointe  pour  les  incisés  est  délaissée  pour  le  pinceau 
avec  le(juel  les  traits  les  plus  déliés  sont  obtenus,  comme  sur  les  lécythes 
attiques  à  fond  blanc,  où  des  scènes  funéraires  sont  rehaussées  par  toute 
une  gamme  polychrome. 

Puis,  après  les  'guerres  du  Péloponèse,  au  iv»  siècle,  l'industrie  des 
vases  peints  se  transporte  dans  Tltalie  méridionale  et  la  décadence  com- 
mence. Enfin,  cet  art  si  remarquable  au  iii«  siècle  prend  fin,  quand  les 
vases  à  reliefs  les  remplacent. 

Mais  ces  vases  à  reliefs  du  iu«  siècle  avaient  déjà  une  origine  plus 
ancienne  :  car  nous  les  voyons  très  florissants  au  vn«  et  vi^  siècles  en 
Etrurie  où,  au  moyen  de  cylindres  et  d'empreintes,  l'estampage  était 
œuvre  courante.  Ces  vases  étrusques  à  surface  noire  et  lustrée  n'étaient 
eux-mêmes  que  les  succédanés  d'un  type  bien  plus  ancien,  le  bucchero 
nero,  ces  fumigés  italiotes  que  l'on  admettait  du  ix^  siècle  au  moins. 
Par  les  découvertes  de  Crète  nous  connaissons  maintenant  une  autre 
origine  que  l'Etrurie.  Elle  est  en  effet  bien  plus  lointaine,  puisque  ces 
fumigés  sont  très  antérieurs  au  précrétois  de  3.000  et  se  rencontrent  dans 
la  partie  haute  de  la  couche  néolithique. 


Bien  que  toute  cette  chronologie  céramique  de  l'ancien  monde  classique 
ne  soit  ici,  que  seulement  amorcée  à  grands  traits  et  qu'elle  demanderait 
un  tout  autre  développement,  on  peut  cependant  avoir  un  aperçu  des 
avantages  que  nous  pouvons  en  retenir.  Beaucoup  de  rapprochements 
sont  désormais  à  tenter  avec  notre  céramique  occidentale  qui,  quoique 
bien  plus  modeste,  maintenant  peut  nous  donner  de  sérieux  résultats. 
Autrefois,  on  délaissait  trop  cette  poterie,  elle  aussi  cependant  possède  sa 
valeur. 


X 


La  plupart  d'entre  nous  se  rappellent  les  fouilles  si  remarquables,  faites 
en  Susiane  par  M.  Jacques  de  Morgan,  ainsi  que  la  visite  que  nous  fîmes 


KDOUARD  l-OlRDRir.NIER     —  f.ES    KÏAI'ES  DE  LA  (:i':RAMInIK  DANS  L'ANTIurilK        237 

en  1902  de  sa  superbe  culleclion  '.  Il  vuiikil  bien,  avec  une  bunne  giAce 
donlnous  lui  savons  gré,  nous  faciliter  l'élude  de  plusieurs  poteries  très 
anciennes,  en   nous  les  mettant  en  main. 

Nous  fûmes  assez  surpris,  en  remarquant  (juc  certains  fragments  avaient 
une  telle  dureté,  qu'à  peine  étaient  ils  rayables  à  la  pointe  d'acier.  Celte 
résistance  était  d'autant  plus  étonnante,  (|U(>  pour  obtenir  de  tels  produits, 
ftMn|»arables  à  de  la  jtAle  de  verre,  surtout  quand  les  matières  employées 
-nul  peu  viliiliables,  il  avait  été  nécessaire  de  les  exposer  dans  un  foyer 
caloriijuf  1res  intense  et  certaincinent  supérieur  ;i  celui  cprexigela  porce- 
laine. 

Comme  une  aussi  haute  température  ne  [)eut  èlic  atteinte  (ju'avec  nuire 
outillage  moderne,  il  y  avait  donc  lieu  d'être  assez  intrigué  puur  savoir 
comment,  à  une  époque  si  reculée,  on  s'y  était  pris  pour  y  arriver. 

Depuis  ces  observations,  la  lecture  de  difîérents  textes  anciens  nous  a 
fait  songer  à  une  explication  assez  plausible,  que  nous  pouvons  mainte- 
nant vous  proposer. 

On  sait  que  c'est  dans  cette  partie  de  l'Asie,  située  entre  la  MerCaspienne 
et  le  Golfe  Persique  qui  comprenait  autrefois  l'Assyrie,  la  Médie,  la  Su- 
siane  et  la  Perse,  que  de  tout  temps  il  a  existé  de  ces  feux  naturels  prove- 
nant de  l'inflammation  de  liquides  ou  de  gaz  souterrains  à  la  surface  du 
sol.  Pline,  à  propos  du  monde  et  de  ses  éléments,  nous  a  laissé  des  rela- 
tions fort  curieuses  de  ce  que  l'on  connaissait  de  son  temps  sur  ces  foyers 
étranges  *. 

Il  cite  sur  la  cote  de  Lycie,  près  de  Phasélis,  une  montagne,  la  Chimère, 
qui  jetait  des  flammes.  Puis  les  monts  lléphestiens  qui  prenaient  feu  à 
rapproche  d'une  torche  enllammée,  tellement  qu'en  brûlaient  les  pierres 
des  ruisseaux  et  le  sable  dans  les  eaux  elles-mêmes  :  ticdajlammanietacti, 
fhigranladeo,  ut  lapides  quoque  rivorum  et  arenœ  in  ipsis  aquis  ardeant. 

Si  quelqu'un  allumant  un  bâton  à  cette  flamme  liiiuide,  en  traeail  des 
sillons  sur  la  terre,  on  voyait  comme  un  ruisseau  de  feu  qui  en  suivait 
les  traces.  En  Bactriane,  un  mont  Cophante  brûle  la  nuit  :  il  en  était  de 
même  en  .Médie  et  dans  la  partie  de  la  Perse  (pii  y  confine  \ 

N'oici  un  autre  passage  (jui  concerne  tout  particulièrement  les  fouilles 
en  Susiane  :  A  Suse,  vers  la  Tour  blancltf,  le  feu  sort  dt^  (juinze  foyers;  le 
plus  grand  flambe  même  pendant  le  jour  :  Sitsis  qitidi'in  ad  harim  albnm 
r  quiudi'ciin  caminis  :  mnximo  eonim,  et  iiiterdiii  ''.  (Juelle  était  cette  tour 
blanche'^  Sans  doute  le  reste  d'un  monumeui  de  l'Acropole  ou  de  l'.Apa- 
dana. 

Ces  feux  naturels  étaient  parfois  considérables,  puisque  plus  loin  Pline 
nous  dit  encuie  :  Dans  les  environs  de  Dabvlone,  des  flammes  sortaient 


•  J.  DE  MORGAN.  —  Mission  Scientifique  en  Perse  (1889-1891).  Vol.  IV.  Archéologie 
iii-4o,  iioinbrouses  plaach  s  ot  fi^'ures.  i'aris,  1902. 

-  PLINE.  —  Nul.  llis.  Liv.  I[  De  muntio  et  elcmcnlix  et  sitlrrihux  ;  ç,\\.  nyt  De  sr m per 
nvilentiljus  loris. 

'  Pline.  —  Op.  rii.,  passini. 

^  PLiNE.  —  Op.  cit.,  passim. 


-2:^8  -20  AVRIL  190.". 

aussi  (l'un(>  piscine  do  la  i^iandi'ur  d'un  arpont:  Campus  /inhijhniœ  flagat 
qmUlnm  vcliili  piscind,  jii(/eri  maijniUuline  '.  l.e  jufierum  pouvait  avoir  3  à  4 
hectares  carrés. 

Nous  savions  déjà  (jue  chez  les  Perses,  comme  aussi  chez  les  Parlhes,  on 
se  servait  de  l'huile  de  naplite  pour  s'éclairer  et  se  chauiïer.  Les^exploita- 
tions  actuelles  de  pétrole  dans  le  Caucase  et  près  de  la  Mer  Caspienne  en 
sont,  sans  doute,  un   vivant  témoignage. 

Ces  phénomènes  terrifiants  di'iient  impressionner  d'une  façon  profonde 
ces  peuples  primitifs  qui  ne  savaient  se  les  expliquer,  qu'en  y  voyant 
une  manifestation  divine.  C'est  là,  que  se  trouve  l'origine  de  ce  culte  du 
feu,  si  répandu  autrefois  dans  tout  l'Orient  bien  avant  le  Mazdéisme,  bien 
avant  les  Sectateurs  de  Zoroastre. 

Ce  culte  du  feu,  qui  a  été  pratiqué  aux  époques  les  plus  reculées  de 
l'humanité,  avant  d'être  advenu  une  religion  aussi  compliquée  et  aussi 
philosophique  que  celles  des  Parsis,  des  Mages  et  des  doctrines  védiques; 
qu'avant  que  le  feu  ne  soit  considéré  comme  étant  l'élément  primordial 
de  la  vie  et  qu'en  l'adorant,  c'est  adorer  le  véritable  ancêtre  du  genre 
humain  ;  qu'avant  que  le  feu  ne  soit  le  symbole  vivant  d'un  seul  Dieu 
lumineux,  base  du  bien  et  du  mal,  ce  culte  du  feu  a  dû,  à  son  origine, 
avoir  une  forme  beaucoup  plus  simple. 

Nous  possédons  un  témoignage  que  celte  origine  est  bien  antérieure 
à  toutes  ces  civilisations:  car,  dans  la  plupart  de  leurs  religions  pourtant 
si  différentes,  où  la  multiplicité  des  Dieux  ne  peut  se  compter,  toujours 
on  y  retrouve  comme  une  part  à  ce  premier  culte  du  feu. 

Chez  les  Mèdes,  comme  chez  les  Perses;  dans  l'Inde  où  le  feu  était 
d'origine  céleste  et  arpii  le  feu  terrestre;  chez  les  Phéniciens,  comme  dans 
les  cultes  chaldéens  qui  reposaient  sur  l'adoration  des  forces  naturelles^ 
la  divination  des  astres  et  du  feu  se  confondant  avec  l'éclair  et  le 
soleil,  il  en  est  de  mèm. 

Enfin,  jusque  chez  les  Hébreux  où  nous  retrouvons  le  feu  purificateur 
dans  le  sacrifice  d'Abraham  ;  puis  au  temple  de  Jérusalem,  édifié  suivant 
les  instructions  de  Moïse,  où  l'on  distinguait:  le  saint  des  saints  où  Jéhovah 
rendait  ses  oracles,  le  sanctuaire  pour  les  objets  sacrés  et  le  Parvis  où  se 
faisaient  les  sacrifices  et  où  était  entretenu  le  feu  sacré. 

Partout,  dans  toutes  les  religions  des  peuples  indo-européens,  on 
retrouve  un  usage  symbolique  du  feu  dans  les  cérémonies  du  culte,  en 
môme  temps  que  les  libations,  les  sacrifices,  les  offrandes  pour  implorer 
la  Divinité  ou  conjurer  sa  clémence. 

Ce  sont  ces  considérations  qui  précèdent  où,  comme  nous  l'avons  vu 
à  Suse,  près  de  la  Tour  blanche,  ad  turriiu  alham,  quinze  de  ces  foyers 
naturels  flambaient,  semper  ardentibus^  qui  nous  ont  fait  songer  que  là,  il 
y  avait  eu  quebjues  cérémonies  de  ce  culte  du  feu  où  des  offrandes  avaient 
été  déposées;  que  ces  poteries,  dont  la  dureté  nous  avait  surpris,  pou- 


'  Pline.  —  Op.  cit.,  liv.  Il;  ch.  lOG. 


ÉDdlARD  FOUnDRir.MEn.  LES  ÉTAPES  DE  I.A   CKHAMIQUE  DANS  i/aNTIOITTÉ        239 

valent  être  (luehjues  restes  de  ces  ex-voto:  ou  bien,  si  l'on  récuse  une 
intention  religieuse,  les  reliques  d'une  utilisation  qui  nous  est  ignorée  de 
ces  foyers  naturels,  autronicnt  inti'ns(?s(}ue  ceux  que  l'on  pourrait  obtenir 
artificiellement. 

XI 

Nous  nous  appuyons  encore  ici  sur  i'aulorili'  di'  IMiiic  qui  nous  apprend, 
à  propos  d'une  céranii(|ue  tout  ii  fait  particulière,  ou  peut-être  bien  une 
p;\te  de  verie,  pioduil  sur  leipiel  nous  tenons  à  faire  les  plus  gi-andes 
réserves  :  que  les  vases  {ou  pierres)  iniirrhins  vii'ii tient  de  l'Orient  :  Oriens 
myrrhina  miUil.  Puis  plus  loin  il  dit  encore:  on  pense  (jue  c'est  une  sécré- 
tion solidiliée  sous  terre  par  la  cbaleur  :  humorem  pidant  sub  terra  calore 
detisari  '. 

(Juoique  Pline  ici  place  les  vases  murrhins  dans  les  pierres  précieuses 
naturelles,  il  est  acquis  par  les  relations  de  plusieurs  auteurs  du  i»""  siècle, 
que  ces  vases,  comme  ailleurs  Pline  le  dit  lui-même,  étaient  bien  une 
production  industrielle.  A  cette  époque,  sous  l'empereur  Néron,  il  en 
existait  des  collections  :  plusieurs  de  ces  vases  furent  même  estimés  des 
prix  considérables. 

Nous  ne  pouvons  du  reste  insister  sur  cette  question  des  vases  mur- 
rhins, mais  retenir  ici,  qu'en  Orient  ils  étaient  obtenus,  la  matière  au 
moins,  par  la  chaleur  terrestre,  sub  terra  calore. 

Ces  poteries  de  Susiane,  en  plus  de  leur  dureté,  se  distinguent  encore 
par  leurs  ornements.  Sur  la  terre  grisâtre  il  y  a  des  dessins  linéaires,  des 
chevrons  formés  par  des  bandes  alternant  qui  sont  séparées  par  des  inci- 
sions assez  profondes.  Ces  bandes,  les  unes  sont  piquetées,  les  autres  lisses 
avec  tracés  très  visibles  de  couleur  rouge.  Certains  fragments  ont  aussi 
de  petits  annelels  incisés;  d'autres  ont  en  même  temps  des  tiges  de  plantes 
et  l'un  d'eux  la  silhouette  incisée  d'un  animal  cornu.  Or  cette  poterie  a 
été  recueillie  dans  la  coucheà  silex  taillés,  à  obsidienne  et  à  cachets  ronds. 
Au  dessus,  la  poterie  est  bien  plusgrossière  :  c'est  après  (}ue  l'on  rencontre 
les  tablettes  archaïques  avec  écriture  indéchiffrable  que  M.  de  Morgan 
estime  antérieures  à  4.000  '. 

D'après  la  coupe  qu'a  bien  voulu  nous  donnei'  M.  de  Morgan,  c'est  dans 
les  3  mètres  du  haut  de  la  couche  préhistorique,  ayant  elle-même  10  mè- 
tres d'épaisseur,  que  cette  poterie  se  rencontre.  Dessus,  la  poterie  plus 
grossière,  puis  la  couche  élamite  de  G  mètres  et,  avec  la  |)oteric  émaillée, 
4  à  5  mètres  pour  la  période  sassanide  et  achéménique;  puis  enfin,  la 
surface  moderne  avec  industrie  arabe. 

'  Pline.  —  Xat.  Hist.,  liv.  XXXVIK  Cnntinelur  orir/o  gemmaruni  :  ch.  II.  De 
gpntmis  et  de  natiirn   inijrrhinuruiii 

•  J.  DR  Morgan.  —  //istoire  de  l'EInni  d'npvrs  les  innli-riaiir  l'nurnis  /l'ir  les 
fouilles  à  S  use  de  iS97  a  i90'2.  Paris.  1902,  pago  33.  Ln  dèlégatimi  m  l'me  du 
Ministère  de  l'Instruction  Publitjue,  Paris,  1902,  page  3. 

Ed.  FouRDRiGNiER.  —  Les  fouilles  de  S  use  et  le  Préhistorii/w.  Paris,  1902. 


i>'iO  20  Avitii.   1005 

Si  l'on  veut  bien  se  reporter  maintenant  aux  fouilles  de  Crète,  à  Knossos, 
on  pont  y  ren^arquer,  (ju'au  pr/'crétois  qui  succéda  aussi  à  la  couche 
néulilhi(|uo,  c'est  d'abord  une  céramique  polychrome  qui  domine  :  elle  dis- 
paraît au  Miii(ifn,pour  rester  monochrome.  Sans  doutequ'à  la  période  Cre- 
toise, ou  expli(iue  cette  disparlion  par  le  peu  de  résistance  de  celte  poly- 
chromiequi,  n'étant  pas  bien  lixée  au  feu,  ne  résistait  pas  à  l'eau  chaude. 
Mais,  quoi(iu'il  en  soit  d'envisager  le  fait  par  un  cùté  pratique,  il  n'en 
reste  pas  moins  qu'en  Anzan,  en  Susiane  comme  dans  la  Crète  préhisto- 
rique, la  céramique  polychrome,  qui  paraît  pourtant  plus  conjpliquée,  a 
précédé  la  céramique  monoclirume. 

Sans  préjuger  outre  mesure,  il  y  aurait  j)cul-étre  lieu  à  ne  pas  se  piu- 
noncer,  avant  d'être  certain  que  les  couleurs  que  nous  ne  retrouvons  plus 
étaient  peu  durables  et  qu'alors,  par  suite  d'un  défaut  industriel,  en  con- 
clure que  la  polychromie  avait  été  abandonnée.  Car  en  effet,  à  l'époque 
hellénique,  où  la  technique  était  ])ourlanl  ariivée  à  son  apogée,  nous 
trouvons  parfois  des  vases  peints  sur  lesquels  on  voit  des  personnages 
jetés  dans  le  champ,  avec  des  altitudes  assises,  ou  s'appuyant  sur  un 
quelque  chose  qui  autrefois  était  peint,  indiqué,  dont  maintenant  il  ne 
reste  aucune  trace  appréciable. 


Pour  ces  grands  événements  qui  ont  eu  lieu,  aussi  bien  en  Orient  qu'en 
Occident  et  se  sont  passés  avant  la  guerre  de  Troie ,  avant  l'Invasion 
dorienne,  on  leur  a  attribué,  d'une  manière  un  peu  trop  absolue,  des 
causes  qui  souvent  ont  été  bien  indépendantes  des  intentions  humaines. 

Saris  doute,  s'il  y  a  à  tenir  compte  pour  ces  déplacements  de  peuples, 
de  l'accroissement  de  la  population,  du  désir  de  conquêtes  de  quelques 
belliqueux  uKjnarques,  il  y  a  eu  aussi  d'autres  faits  graves  et  très  impor- 
tants qui  les  ont  forcé  à  abandonner  parfois,  contre  leur  gré,  les  régions 
qu'ils  occupaient.  De  grands  cataclysmes  géologiques  se  sont  produits 
depuis  l'époque  quaternaire,  des  bouleversements  considérables  ont  mo- 
difié des  contrées  entières,  semant  partout  les  ruines,  rendant  inhabi- 
tables les  pays  naguère  les  plus  fertiles. 

Tout  récemment  encore,  nous  avons  vu  un  de  ces  tristes  et  lamentables 
exemples  dans  ce  désastre  de  la  Marlinicpie.  L'ensevelissement  des  villes 
d'Jlerculanum  et  de  Pompéï  ne  sont  (jue  des  épisodes  de  ces  grands  dra- 
mes du  globe  terrestre,  dont  la  liste,  donnée  par  les  historiens,  est  déjà 
si  longue.  Combien  s'en  est-il  passé  d'autres  depuis  l'aurore  de  l'huma- 
nité^ à  jamais  oubliés  dans  la  nuitdes  temps.  A  peine  quelques  nébuleuses 
légendes  restent-elles,  pour  cependant  des  événements  qui  pourraient 
tant  nous  instruire. 

C'est  surtout  en  Orient  que  des  bouleversements  considérables  ont  été 
produits  par  les  tremblements  de  terre  qui  duraient  jusqu'à  plusieurs 
mois  :  comme  celui  du  v®  siècle  de  notre  ère  à  Conslantinople  précédé  de 
ceux  du  ni'î  et  iv"  siècle  où,  surtout  sur  la  côte  d'Asie-Mineure,  les  villes 


EDOUARD  FOURDRIGNIER.  —  LES   KTAPKS  DE  LA  CKRAMIOfE  DANS  l'aNTIQUITÉ      241 

s'effondraient.  Sous  (iallien,  en  Lyhie,  la  mer  l)alayc  toute  la  cote;  sous 
Dioclt'tien,  Tvr,  Sidon,  la  cùte  de  Syrie  ne  forment  plus  qu'une  rui.ne; 
puis  à  Antioche,  h  Ephèse,  à  Nioée  en  Hithynie,  la  mer  se  retire  et  la 
ville  se  trouve  dans  une  campagne  voisine.  Des  nations  entières  dispa- 
raissent. Hn  T'ri,  en  Kgypte  et  en  Orient,  six  cents  villes  sont  détruites 
en  une  seule  nuit,  ^'oilà  déjà,  pris  au  hasard,  des  désastres  historiques  ' 
qui  expliquent,  hien  aulremenl  que  par  la  main  de  l'homme,  la  destruc- 
tion de  tant  de  monuuuMils.  de  tant  de  citi's  populeuses  dont  le  nom  est 
déjà  même  oublié. 

Nous  connaissons  par  les  récits  bibliques  cet  elfondrement  di's  villes 
de  Sodonie  et  (iomorihe  (jue  recouvre  maintenant  la  Mer  .Moite.  Abraham 
avait  visité  ces  cités  qui  disparurent  de  son  temps.  iJans  celle  légende, 
on  ri'trouve  le  récit  d'un  grave  événement  volcanique,  (jui  ne  parait  pas 
seulement  avoir  été  ressenti  en  Palestine,  mais  dans  tout  le  monde 
entier. 

(juand  ce  patriarche  quittait  les  environs  d'IIour  et  d'.Vgané  de  Chal- 
dée  pour  aller  sur  les  rives  du  Jourdain,  il  était  lui-même  entraîné  dans 
ce  grand  remous  de  peuples  venant  de  l'Est  de  l'Asie  qui  se  jetèrent  par 
l'isthme  de  Suez  en  Egypte,  et,  pendant  près  de  cinq  siècles,  y  fondèrent, 
sous  le  nom  d'Hyksos,  les  XV%  XVI«  et  XV!!"  dynasties.  On  admet  cette 
invasion  comme  ayant  eu  lieu  vers  le  xxiii"  siècle  avant  notre  ère. 

C'est  encore  sensiblement  vers  cette  époque,  que  par  des  éludes  faites 
à  l'île  Santorin  au  point  de  vue  géologique,  on  a  été  amené  à  dater  un 
désastre  volcanique  qui  a  fait  disparaître  une  grandi;  partie  de  cette  île 
et  où,  à  Théra,  sous  une  couche  de  lave,  on  a  retrouvé  de  nombreux 
vestiges  de  premiers  occupants  tout  à  fait  ignorés  de  l'histoire'. 

Tous  ces  grands  événements  qui  se  sont  déroulés  vers  le  xxni"  siècle, 
comme  encore  l'invasion  élamile  eu  Chaldée  (pie  dirigeait  le  roi  Kudur- 
Nakliunla,  tous  ces  faits  importants  ont  de  grandes  relali(jns.  (]ar  ces 
guerres  ne  furent  provoquées  que  par  des  dé|)laceinents  de  peuples 
obligés  de  fuira  la  suite  des  révolutions  volcaniques  qui  avaient  ravagé 
les  pays  qu'ils  occupaient. 

C'est  de  là,  et  même  déjà  à  la  suite  d'autres  faits  semblables  et  fort 
antérieurs  *,  que  cette  grande  diffusion  des  races  s'est  accentuée  après  les 
temps  néolithiques.  < l'est  ce  que  nous  a  fait  connaîlre  les  découvertes  de 
l'égyptologue  Mariette  .à  Saqqarah,  où  des  inscriplions,  datant  du  Pharaon 
Papi  l''^  de  la  VP'  dynastie,  d'environ  3.700,  relatent  une  première  tenta- 
tive d'invasion  en  Egypte  par  des  populations  nomades. 

Maintenant,  quoique  l'existence  de  Zoroastre  soit  assez  contestée,  en 

'  Voir  les  auleurs  anciens  :  PriNE,  Tacite,  Sthabon,  FOusèue. 

*  FoUQUÉ.  —  Sanlorin  et  ses  èrup/ious, 

Sonvcnons-noiis  oncoro  ici  de  colto  tradilion  d'un  didn^'f  univprsfi  que  l'on 
r<  trouve  un  peu  pnilont  chez  Inus  h-s  peuples;  c'est  cerlninonient  la  suite  d'un  grand 
cjitaclysnie  cpii  a  dû  influencer  gravenuni  pour  les  migrations.  La  disparition  de 
ci'Ite  lerrc  des  .\li mies,  les  colonnes  d'Hercule  et  tant  d'autres  que  l'on  pourrait 
citer. 


-42  20  AVRIL  1905 

admettant  suivant  les  indications  du  grammairien  Suidas,  qu'il  ait  fondé 
sa  doctrine  au  xvn'"  siècle  :  c'est  en  rassemblant  et  coditiant  bien  d'autres 
éléments  antérieurs,  r(>latifs  au  culte  du  feu  alors  très  répandu.  Une  reli- 
gion, et  surtout  (juand  il  s'agit  de  celles  de  l'antiquité,  ne  s'établit  pas  seu- 
lement par  le  fait  d'un  bomme,  mais  bien  comme  déduction  et  à  la  suite 
de  tout  un  ensemble  de  dogmes  consacrés  par  les  siècles. 

Ces  synchronismes  poui-  l'Orient  sont  aussi  en  concordance  avec  ceux 
de  nos  contrées  d'Europe  :  le  précrétois  d'avant  le  roi  Minos  de  3000  à 
2000,  puis  noire  époque  du  bronze,  (jui  s'arrête  vers  800,  après  l'époque 
homérique,  quand   l'usage  du  fer  est  définitivement  répandu. 

(restée  (pie  nous  indique  déjà  celte  céramique  polychrome  déjà  avancée 
que  l'on  retrouve  dans  les  couches  préhistoriques  de  Susiane,  de  Crète 
et  des  îles  de  l'Archipel.  Comme  nous  la  voyons  suivie  par  celle  d'une 
couche  superposée,  où  alors  la  poterie  devient  plus  grossière  :  la  fin  du 
néolithique  parait  donc  marquée  par  un  arrêt  assez  net  dans  son  élan 
industrie  pour  retomber  dans  la  barbarie. 

Si  les  données  historiques  nous  font  défaut,  c'est  hien  la  céramique 
(}ui  nous  renseigne, 

XII 

Maintenant,  voici  un  autre  fait  qui,  selon  nous,  mérite  encore  une  cer- 
taine attention.  Il  s'agit  d'une  terre  particulière  avec  laquelle  des  poteries 
assez  résistantes  peuvent  se  fabriquer  sans  le  secours  du  feu. 

Il  y  a  déjà  quelque  temps,  en  faisant  des  recherches  dans  un  milieu 
dolmenique  situé  près  de  Carnac,  dans  le  Morbihan,  on  découvrit  un 
dépôt  assez  considéiable  d'une  terre  noire,  à  aspect  brillant,  qui  ne  laissa 
aucun  doute  pour  avoir  été  fait  dans  un  but  intentionnel. 

Cette  découverte  est  d'autant  plus  heureuse  qu'elle  est  due  à  notre  dis- 
tingué collègue,  M.  G.  d'Ault  du  Mesnil  et  qu'il  ne  peut  y  avoir  aucun 
doute  sur  son  authenticité.  Ce  dépôt  était  tout  proche  d'une  habitation 
peut-être  bien  de  l'âge  du  fer.  Il  pensa  de  suite  que  cette  terre  spéciale 
avait  éié  préparée  pour  faire  de  la  poterie  :  c'est  pourquoi  il  en  préleva 
plusieurs  échantillons  afin  dans  faire  une  analyse. 

A  cet  effet,  il  en  a  été  remis  une  certaine  quantité  à  l'Ecole  des  Mines 
où  l'étude  s'y  poursuit.  M.  d'Ault  du  Mesnil  voulut  bien  également  m'en 
confier  quelques  fragments  afin  d'en  apprécier  la  plasticité.  En  même 
temps,  il  me  remit  aussi  des  débris  de  vases  recueillis  non  loin  de  ce  dépôt, 
restes  de  poterie  paraissant  avoir  été  obtenue  avec  cette  terre  spéciale. 

Au  premier  as|)ect  on  reconnaît  que  celte  terre  et  la  poterie  ancienne 
sont  identiques  :  même  couleur  noire  lustrée,  petites  parcelles  brillantes 
de  mica  broyé,  disséminées  dans  la  masse. 

Comme  manipulations,  nous  avons  d'abord  essayé  un  malaxage  après 
avoir  laissé  détremper  dans  l'eau.  Nous  n'avons  obtenu  qu'une  matière 
poisseuse  que  nous  n'avons  pu  utiliser  ni  par  le  modelage,  ni  par 
l'estampage. 


EDOUARD  FODRDRir.NIER.  —  LES  KTAPES   DE  F.A  (^ÉRAMIQIE  DANS   l'aNTIOIITÉ       243 

Nous  avons  alors  broyé  au  mortier.  Notre  pulvérisé  avait  pris  l'appa- 
rence de  la  cemJie  de  bois.  Ballu  i\  la  spatule,  en  y  ajoutant  lrr'>;  peu 
d'eau  ordinaire,  nous  avons  pu  avoir  alors  une  matière  assez  agglutinée, 
mais  trop  pAteuse  pour  un  modelage  au  doigt  ou  à  l'ébauchoir.  Repoussé 
dans  un  moule  en  pl;\tre,  après  (juelques  iieures  pour  l'absorption  de 
l'humidité,  très  facilem.'nt  notre  relief  est  sorti  du  creux. 

Déjà,  comme  on  peut  s'en  rendre  compte  par  les  dilTérentes.  pièces 
d'essai  (|ue  nous  mettons  sous  les  yeux,  l'aspect  noir  et  brillant  est  le 
même  ipie  puur  la  [loterie  ancii-nne  :  on  rccunnait  encore  If  mica.  Mais 
comme  nuus  avons  broyé  plus  lini-iin'iil,  les  prliles  [tarcelles  brillantes 
sont  moins  apparentes. 

Pour  la  résistance  elle  est  telle  ,que  la  surface  se  raye  difficilement  k 
l'ongle  ou  à  la  pointe  de  bois.  11  faut  un  certain  cfTort  pour  rompre  un 
morceau.  La  tranche  de  la  cassure  a  le  môme  aspect  que  celui  de.s  frag- 
ments des  poteries  anciennes  du  gisement. 

Nous  avons  alors  employé  une  méthode  usitée  en  Irlande  qui  consiste  à 
se  servir  du  lait  pour  humecter  la  terre.  On  dit  même  que  c'est  un  genre 
de  fabrication  très  ancien.  Notre  produit  a  déjà  été  supérieur  car  :  si 
l'aspect  est  encore  le  même,  mais  au  toucher  un  peu  poisseux,  la  résis- 
tance, est  telle  qu'un  essai  jeté  plusieurs  fois  d'une  certaine  hauteur  ne 
s'est  pas  brisé. 

D'autre  part,  nous  nous  sommes  souvenu  de  la  solidité  des  briques 
crues  des  anciens  Egyptiens  et  aussi  de  celle  des  tablettes  à  inscription 
de  la  tlhaldée  et  de  l'Anzan  que  l'on  agglutinait  en  mélangeant  à  l'argile 
de  la  paille  de  blé  ou  de  graminées  *;  puis  aussi,  de  cette  manière  sans 
doute  très  ancienne  pour  faire  des  murs  en  pisé.  Nous  inspirant  de  ces 
méthodes  nous  avons  fait  une  décoction  de  paille  de  blé  et  nous  nous  en 
sommes  servi  pour  malaxer  notre  terre  broyée. 

Le  résultat  a  été  tout  ;i  fait  supérieur,  comme  on  peut  en  juger  par  nos 
produits.  L'homoi;éi)éité  esl  parfaite.  Le  retrait  de  la  terre,  assez  marqué 
avec  l'emploi  de  l'eau  pure,  devient  presque  nul.  Puis,  avantage  à  ne  pas 
méconnaître,  c'est  que  la  terre  se  dessèche  cl  durcit  sans  la  moindre 
craquelure,  ce  que  nous  n'avions  pas  toujours  pu  éviter  avec  le  premier 
moyen.  Quant  à  la  solidité  elle  est  très  belle,  sous  un  choc  la  terre  sonne  : 
ce  qui  indique  bien  que  la  pièce  entière  forme  une  masse  compacte  *. 

.Mors,  nous  avons  pris  des  fragments  de  poteries  anciennes,  de  celles 
considérées  comme  dolmeniques.  Nous  avons  encore  broyé  au  mortier 
et  fait  subir  les  mêmes  manipulations.  Les  produits  obtenus  sont  à  con- 
fondre les  uns  avec  les  autres. 

Déjà  ces  premiers  résultats  étaient  pour  nous  très  significatifs,  nous 
avons  alors  passé  à  l't'mplui  du  feu. 


•  Il  est  aussi  queslioii  dans  la  Genèse  de  briques  avec  de  la  paille,  fabriquées  par 
les  Hébreux  quand  ils  étaient  en  Egyple,  donc  au  mo  n>  du  temps  de  .Moïse,  vers 
environ  le  xvii»  sied  ■  avant  notre  ère. 

'  On  peut  encore  ajouter,  qu'au  lieu  d'une  décoctioa  de  paille  de  blé,  une  solution 
à  2  ou  3  0,0  de  tanin  donne  le  même  résultat. 


244  20   vvnir.   100." 

Sonl(^incnl  d/'i^ourdio  sur  un  f(nirneau  à  cliarhon  de  l)ois,  ou  môme  au 
foyer  d'une  chi'ininée.  celle  lerre  ne  se  brise  plus(jue  dinicilemenl,  même 
en  f'tanl  jetf'e  h  (erre.  L'aspect  noir  pai'liculier  n'esl  pas  modifié. 

Nous  avons  alors  poi'léune  de  nos  épreuves  dans  un  four  spécial  et  là, 
nous  avons  cherché  à  lui  donner  ce  (pie  l'on  appelle  un  coup  de  fou.  Un 
des  côtés  a  suhi  le  rouge  ceri.^e,  tandis  ipic  les  autres  parties  restaient  à 
la  température  couleur  sombre. 

Le  résultat,  comme  on  peut  le  voir,  est  assez  cuiieux.  Le  c(jup  de  feu 
a  fait  passer  la  partie  surchaufTce  à  la  couleur  rouge  brique  et,  toute 
celte  pièce  possède  un  beau  lustre,  presqu'une  glaçure  vitreuse. 

il  s'agissait  aussi  de  savoir  ce  (jue  devenaient  ces  produits  à  l'humidité. 
A  cet  effet  nous  en  avons  exposé,  d'abord  sous  une  pluie  prolongée.  Ceux 
(jui  avaient  subi  l'action  du  feu  n'ont  pas  varié.  Pour  les  autres,  celui  à 
décoction  de  paille  a  résisté  le  plus  longtemps,  mais  tous  se  sont  ramol- 
lis, délités  et  en  persistant  ils  se  sont  effondrés,  ne  laissant  plus  (}u'une 
boue  noire.  Noyés  dans  l'eau  il  en  a  été  de  même. 

Cependant,  si  avant  d'attendre  une  désagrégation  complète,  ces  mor- 
ceaux sont  replacés  dans  un  endroit  sec,  ils  se  raffermissent  et  reprennent 
consistance  :  mais  le  lustré  de  la  surface  érodée  devient  terne. 

Comme  on  peut  le  remarquer  par  les  échantillons  que  nous  présentons, 
pour  ceux  d'entre  nous  qui  ont  recueilli  sur  le  terrain,  au  moment  des 
fouilles,  des  poteries  anciennes,  ils  reconnaîtront  bien  vite  un  aspect  iden- 
tique à  celui  de  certains  débris,  quand  ils  sortent  d'un  milieu  humide.  Car, 
dans  beaucoup  de  découvertes,  sur  place  on  n'a  aucun  doute  que  l'on  a  là 
une  preuve  que  c'est  de  la  poterie,  de  la  terre  qui  a  été  travaillée  ;  mais  on 
n'y  distingue  plus  déforme.  Et,  quand  on  veut  loucher  à  ces  morceaux, 
ils  se  réduisent  en  miettes. 

Nous  avons  encore  observé,  que  les  essais  obtenus  avec  la  terre  dol- 
ménique,  quand  ils  ont  subi  l'humidité  ne  peuvent  être  confondus  avec 
les  vases  provenant  des  sépultures  marniennes. 

Ces  derniers,  au  sortir  des  fouilles  ont  un  aspect  tout  différent.  La 
lerre  travaillée,  après  un  long  séjour  dans  des  milieux  humides  s'est  beau- 
coup ramollie,  elle  est  comme  du  chocolnf  mouilli',  pour  se  servir  d'une  com- 
paraison (jui  indiipie  bien  leur  consistance.  Mais  pour  ces  poteries,  la 
forme  s'y  est  maintenue,  même  quand  les  vases  sont  déjà  fragmentés. 
Il  suffit  de  les  retirer  avec  soin,  de  les  placer  à  l'c  mbre,  afin  de  leur  faire 
perdre  leur  eau  lentement,  sans  transition  brusque.  Bientôt,  en  quelques 
heures  à  peine,  ils  redeviennent  solides. 

Mais  pour  les  autres,  du  moins  avec  la  terre  spéciale  qui  nous  a  servi, 
tout  ce  qui  en  reste  après  avoir  été  mouillés,  puis  séchés  à  nouveau,  ce  sont 
des  fragments  extrêmement  friables  que  l'on  ne  peut  arriver  à  restaurer. 

D'après  ces  essais  et  les  résultats  obtenus,  nous  admettons,  qu'en  em- 
ployant une  terre  de  ce  genre,  la  fabrication  de  poterie  sans  le  secours  du 
feu,  n'est  pas  plus  difficile  que  de  se  servir  du  plâtre. 

Ces  vases  pouvaient  fort  bien  être  utilisés  pour  conserver  des  graines 
et  des  matières  sèches.  Enduits  de  graisse  ou  de  cire  ils  pouvaient,  à  la 


KUOLAIID  l-«»rRDRIi;MKK.   —   LES  KTaI'ES  DE  I.A  CKIlAMInlE  DANS    i/a.NTKJIMTK       245 

rigueiu',  contenir  des  liquides.  Avec  une  cuisson  légère,  alors  ils  deve- 
naient très  résistants.  Mais  placés  dans  un  milieu  défavorable,  à  l'hu- 
midité prolongée,  bientôt  leur  désagrégation  devient  complète,  sans  même 
parfois  laisser  de  trace  :  car  la  matière  boueuse  qui  en  reste  peut  facile- 
ment être  confondue  avec  la  terre  où  ils  avaient  été  déposés. 

Nous  pensons  que  désormais  il  y  aurait  lieu  de  faire  certaines  réserves, 
(|uand  dans  des  fouilles,  on  ne  rencontre  pas  de  poterie.  Si  l'on  ne  con- 
teste plus  celte  industrie  au  néolithique,  nous  savons  encore  par  des  dé- 
couvertes faites  en  Belgique,  dans  des  conditions  exceptionnelles  pour 
la  conservation,  qm»  dt^s  poteries  ont  aussi  été  recueillies  dans  un  milieu 
positivement  paléolithique.  Des  faits  de  ce  genre  ne  peuvent  être  isolés 
et  n'appartenir  seulement  qu'à  une  région. 

Il  serait  peut  «Hre  excessif,  cpiand  dans  une  exploration  on  n'a  pas 
retrouvé  de  poteiies,iranirmer  qu'il  n'y  en  a  jamais  eues,  (lar,  sion  n'en 
a  pas  reconnu  de  traces,  c'est  qu'elles  ont  pu  fort  bien  disparaître. 

XIII 

Les  vases  sont  des  documents  sûrs  et  les  plus  nombreux,  car  leur  fabri- 
cation est  la  plus  répandue  et  la  plus  ancienne  des  industries  humaines  •. 

L'homme  primitif  ne  copiait  pas  seulement  ce  qu'il  voyait  :  C'est  de  son 
cerveau  qu'il  tirait  ses  ornements,  suivant  là  une  loi  d'unité  dans  l'œuvre 
humaine,  qui  fait  qu'à  leurs  débuts,  c'est  par  les  mêmes  phases  que  toutes 
les  populations  ont  passé. 

Si  l'art  est  bien  un  langage,  par  contre  les  moyens  graphiques  sont 
limités.  Il  faut  retenir  encore,  que  le  passé  a  une  constante  solidarité 
avec  le  présent.  Quand  dans  les  vases  grecs  et  crétois,  nous  reconnais- 
sons des  documents  d'art  et  d'histoire,  dont  les  peintures  éclairent  l'obs- 
curité des  textes  et  la  vie  réelle  des  anciens;  dans  les  poteries  plus  pri- 
mitives et  plus  grossières  en  dehors  du  monde  classique,  il  n'en  réside 
pas  moins  un  vif  intérêt  pour  nous  renseigner  sur  une  fabrication,  une 
technique,  des  formes,  des  détails  qui,  eux  aussi,  sont  inhérents  aux  cul- 
tures civilisatrices  qui  les  ont  produites. 

Les  poteries  sont  comme  le  rellet  de  toutes  les  autres  industries;  de 
simples  fragments  peuvent  dire  à  quelle  époque  ils  se  rapportent.  En 
archéologie,  la  céramique  est  un  guide  indispensable  :  car  le  moindre 
tesson  appartient  à  l'Histoire  de  l'Humanité. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  crois  devoir  souligner  l'intérêt  de  la  com- 
munication de  notre  collègue,  car  elle  a  surtout  trait  à  une  idée  qui  m'est 
chère  :  l'application  de  V expérimentation  à  la  science  préhistorique  et  h 
l'une  des  industries  humaines  les  plus  anciennes.  C'est  en  procédant  ainsi, 
je  ne  cesse  de  le  répéter,  que  désormais  on  réalisera  les  plus  indiscu- 
tables et  les  plus  notables  progrès. 

•  Edmond  Pottier.  —  Catalogue  des  vases  antiques  de  terre  cuite  du  Musée  Natio- 
nal du  Louvre.  Paris,  1896,  t.  I,  p.  13. 


^46  ^20  AVRIL  1905 

Je  suis  1res  hcuroux  aussi  de  voir  défendu  par  M.  Koudrignier  un  autre 
principe,  (jui  me  guidn  dans  mes  li-avaux  :  celui  de  Vimporlauce  des  phé- 
twmi'iies  j]i'olo(fiijHcs  actuels  par  rapport  aux  restes  préhistoriques.  Ils  cons- 
tituent de  réels  chronouK^'lres,  dont  jusqu'à  présent  on  a  trop  négligé 
l'étude  au  moins  en  France.  Et  ce  qui  a  eu  lieu,  2000  av.  .1.  C,  sur  les 
bords  du  Tigre  et  de  l'Euphrale,  a  di'l  avoir  son  pendant  sur  nos  côtes  de 
Bretagne  et  de  Vendée  ;  aussi  cela  doit  nous  rendre  attentifs  à  tout  ce  qu'on 
écrira  désormais  sur  l'Atlantide  et  l'Orcanie,  qui  ne  sont  sans  doute  pas 
aussi  légendaires  qu'on  le  croit  encore. 

La  question  de  l'origine  de  la  poterie  reste,  certes,  des  plus  obscures, 
car,  jusqu'à  présent,  nous  n'avons  pas  en  mains  les  débuts  vrais  de  la  céra- 
mique. Mais  il  est  probable  qu'elle  remonte  au  moins  au  commencement 
mèmedela  période  néolithique.  Cequ'il  ya  decerlain,  en  tout  cas,  c'estque 
nombre  de  poteries  (/o//wt'n«gM<'A' indique  encore  une  industrie  dans  l'enfance, 
tellement  elle  est  grossière.  Mais,  dès  les  mégalithes  pourtant,  on  trouve 
de  la  belle  céramique,  qui  montre  les  progrès  industriels  déjà  réalisés. 

Discussion. 

0.  V.\uviLLÉ.  —  Les  fouilles  de  l'allée  couverte  de  Montigny  l'Engrain  ' 
(Aisne)  et  celle  d'une  habitation  néolithique,  sur  le  territoire  d'Erondelle  - 
(Somme),  m'ont  fait  découvrir  de  nombreuses  poteries  néolithiques  de 
diverses  formes. 

Les  poteries  en  question,  dont  un  certain  nombre  ont  été  présentées  à 
la  Société,  dans  les  séances  du  l*""  décembre  1887  et  du  5  mars  1891, 
étaient,  lors  de  leur  découverte,  par  suite  de  l'humidité,  devenues  d'une 
pâte  molle,  au  point  qu'il  fallait  les  recueillir  avec  soin  pour  ne  pas  les 
détruire  complètement;  aprèsavoirétéséchéesà  l'air  ou  au  soleilel  les  rede- 
vinrent dures  et  résistantes  comme  si  elles  avaient  été  durcies  au  feu. 

On  peut  donc  croire  que  si  des  poteries  existaient  avant  l'époque  néo- 
lithique, on  devrait  trouver  des  restes  de  vases,  de  pâte  molle,  comme  sur 
Montigny-l'Engrain  et  Erondelle,  qui  étant  recueillis  avec  beaucoup  de  pré- 
caution reprendraient,  après  séchage  complet,  une  résistance  convenable. 

Au  sujet  de  ce  que  vient  de  dire  notre  collègue  M.  Baudouin,  pour  des 
cendres,  trouvées  avec  des  sépultures,  qui  pourraient  être  comparées  à  la 
terre  présentée  par  M.  I^'ourdrignier,  je  crois  devoir  rappeler  à  la  Société 
que  lors  de  mes  fouilles  de  Montigny-l'Engrain,  j'ai  constaté  avec  certi- 
tude de  nombreuses  cendres  et  charbons  de  bois,  trouvés  vers  le  milieu 
d'un  groupe  important  de  52  squelettes  humains  *. 

Les  corps  avaient  été  inhumés  sur  quatre  couches  bien  régulières,  les 
tètes  ayant  été  placées  tout  le  tour  à  l'intérieur  du  monument  funéraire, 
les  pieds  vers  le  centre  où  étaient  les  cendres  et  charbons  de  bois. 

1  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1887,  p.  710. 
*  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1891,  p.  176. 
3  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1887,  p.  712. 


l'Ail.   I)'KNJ(tV.    —    PKN.VI.ITKS  CHINOISES  '2i~ 

PENALITES    CHINOISES 
Peines   et    supplices.   —   Sursis    et    revision. 

I'au  m.    1*.\i  I,  ii'I"]njov. 
I.    —    Coiisiilrratious  génrrtdrs. 

Les  peines  que  prévoit  le  Code  chinois,  coinine  cliAlimeiits  légaux  de 
ceux  qui  sont  convaincus  d'avoir  transgressé  ses  prescriptions,  sont  nom- 
breuses et  diverses.  Chacune  d'elles  se  subdivise  en  degrés,  qui  permet- 
tent de  graduer  la  pénalité,  en  tenant  compte  des  circonstances  de  la 
cause.  Alors  que  nous  nous  larguons,  non  sans  quelque  vanité  —  car, 
la  soumission  de  tous  à  la  loi  n'est-elle  pas  une  chose  élémentaire?  — 
du  principe  proclamé  par  notre  Législation,  qui  consacre  l'égalité  devant 
la  Justice,  le  législateur  chinois  aiïecte,  au  contraire,  avec  une  sorte  de 
complaisance,  de  sérier^  pour  chaque  crime  ou  délit,  les  peines  qu'il  juge 
adéquates  à  la  répression  de  la  faute  commise.  Tandis  que  dans  notre 
Code  pénal,  chaque  article  interpelle  invariablement  quiconque,  manifes- 
tant ainsi  sa  volonté  inllexihle  de  soumettre  tous  les  coupables,  quels 
qu'ils  soient,  au  joug  rigoureux  de  la  loi,  le  Code  chinois,  après  avoir 
décrit  la  nature  du  délit,  édicté  avec  soin  les  pénalités  spéciales  qui  lui 
sont  applicables,  ayant  le  souci  constant  de  baser  son  échelle  de  peines 
sur  l'Age,  le  sexe,  la  situation  du  coupable,  ses  liens  de  parenté  ou  ses 
rapports  avec  la  victime,  recherchant  par  avance  le  détail  des  circons- 
tances atténuantes  ou  aggravantes  de  chaque  faute,  de  manière  à  ne  rien 
laisser  qui  soit  imprévu.  .Mlénualion  ou  aggravation,  excuses  ou  charges, 
tout  est  nu'ticulcuseincnt  iiuli!  dans  le  texte,  tout  est  pri'vi-i,  (ixé,  catalo- 
gué en  quelqu(^  sorte,  si  bien  que  le  mandarin,  quand  son  opinion  est 
faite  sur  la  matérialité  des  faits,  n'a  plus  à  rendre,  pour  l'apjjlication  de 
la  peine,  qu'une  sentence  pour  ainsi  dire  mathématique. 

C'est  là,  non  seulement  par  certains  cotés,  une  précaution  [)rise  contre  la 
faiblesse  du  mandarin  que  circonviendraient  des  gens  habiles,  entre  autres 
les  intermédiaires  ou  avocats  que  la  loi  traite  avec  mépris  d'experts  en  pro- 
cès, apitoyant  à  tort  le  juge  ou  l'excitant  à  trop  de  rigueur,  suivant  les  inté- 
rêts en  cause;  mais  encore  et  surtout,  un  moyen  d'élever  la  justice,  bien 
au-dessus  du  fonctionnaire  qui  a  mission  de  la  faire  intervenir;  c'est  la 
placer  hors  des  atteintes  des  parties,  dans  une  souveiMinelé  sereine;  c'est 
mettre  la  personnalité  du  juge  en  dehors  de  la  sentence  qu'il  prononce, 
puisque  le  jugement  de  chaque  cas  spécial  est  d'avance  porté  dans 
la  loi. 

C'est  aussi,  —  il  faut  le  reconnaîln»  —  la  volonté  arrêtée,  la  préoccu- 
pation incessante,  la  hantise,  pour  ainsi  dire,  de  consacrer  rigoureusement 
l'application  des  principes  supérieurs  de  justice  et  d'équité. 

Si  l'égalité  devant  la  loi  était  entendue,  en  effet,  de  cette  façon  que  la 
peine  dût  être  uniforme  pour  tous  les  coupables  du  môme  crime  ou  du 
même  délit,  sans  distinguer  entre  les  responsabilités  diverses,  ne  serait-ce 


-2 4 M  :20  AVHii.  ll>Or) 

pas  fausser  odieusement  ces  principes  el  consacrer  ipso  facto  la  suprême 
injustice?  Siummum  jus,  snmma  injiirin,  disail-on  on  droit  romain.  I>a  vraie 
justice  doit  iHre  humaine  et  non  scienliliiiue.  Il  ni;  lui  faut  pdinl  de  rai- 
deur, mais  de  la  souplesse,  bille  doit  suivre  la  nature  humaine  dans  ses 
replis  les  plus  tortueux  et  porter  le  cautère  plus  au  fond  des  plaies  qu'.à 
leur  surface.  C'est  pourquoi  elle  ne  doit  pas  être  égale  pour  tous.  La  vraie 
justice  est  celle  qui  chAtie  proportionnellement  à  la  responsabilité,  d'au- 
tant plus  sévOrement  que  le  ronpahle  (>sf  plus  haut  placé,  dure  aux 
|)uissants,  miséricordieuse  aux    l'ailil.-,  la  justice  (jui  frappe  ;i  la  tète. 

L'égalité  devant  la  loi  n'est  en  réalité,  dans  notre  (iode  —  il  faut  hien 
le  dire  —  qu'une  étiquette  placée  en  façade,  sans  autre  portée  qu'une 
déclaration  de  principe  visant,  d'une  façon  générale,  l'application  de  la 
loi  h  tout  le  monde.  Le  législateur  français,  pour  ne  pas  cesser  d'être 
juste,  a  dû  rompre  avec  cette  règle  quand  il  a  abordé  le  fond  et  établir, 
comme  le  législateur  chinois,  à  l'occasion  de  chaque  crime  et  de  chaque 
délit,  une  échelle  de  peines,  une  graduation  ;  mais,  au  lieu  d'être  com- 
pliquée comme  l'échelle  chinoise  et  de  comprendre  autant  de  degrés  qu'en 
comportent  les  possibilités  pénales  de  chaque  infraction,  sa  graduation 
se  chifïre,  avec  une  simplicité  quelque  peu  excessive  peut-être,  par 
un  minimum  et  un  maximum,  entre  lesquels  évolue  le  libre  arbitre 
du  juge. 

De  telle  sorte  qu'en  France  —  pour  citer  un  fait  vulgaire  —  un  indi- 
vidu qui  vole  un  pain,  encourt,  en  vertu  de  l'article  401  du  Code  pénal, 
une  peine  de  prison  à  arbitrer,  sauf  circonstances  atténuantes  à  la  dispo- 
sition du  magistrat,  entre  un  et  cinq  ans  de  prison  ;  et  que,  s'il  avait, 
dans  les  mêmes  conditions,  dérobé  un  million,  il  n'aurait  pas  eu  à  redou- 
ter un  autre  texte  plus  sévère. 

En  Chine,  il  n'en  est  pas  ainsi,  parce  que,  en  plus  des  circonstances 
ordinaires  du  délit,  par  exemple,  la  ruse  et  l'audace  (vol  furtif)  et  maintes 
autres  considérations,  telles  entre  autres  que  la  saison  où  le  fait  a  été 
commis  (—  certaines  rigueurs  de  température  ne  sont-elles  pas  de  mau- 
vaises conseillères?  — )  le  Code  a  dosé  sa  pénalité  sur  la  valeur  du 
produit  illicite.  Le  grand  voleur,  le  plus  grand  escroc  sont  beaucoup  plus 
châtiés  que  les  auteurs  de  petits  larcins.  Il  y  a  place,  dans  les  textes,  entre 
dix  coups  de  fouet  et  la  peine  de  mort,  avec  ou  sans  sursis  ;  il  y  a  des 
culpabilités  relatives  et  des  culpabilités  absolues  ;  il  y  a  des  fautes 
rachetables  cl  d'autres  sans  rémission. 

En  France,  le  juge  tient  compte  évidemment  des  circonstances  de  la 
cause,  comme  on  dit  au  Palais,  quand  il  fixe  le  chifTre  de  la  pénalité  ; 
mais  il  n'en  est  pas  moins  libre  de  sa  décision.  Souverainement  il  appré- 
cie l'effet  des  charges  et  des  atténuations  sur  le  quantum  de  la  peine, 
sans  avoir  à  justifier  autrement  la  condamnation  qu'il  arbitre,  pourvu 
qu'il  se  tiennedans  les  limites  du  minimum  au  maximum.  Le  mandarin, 
au  contraire,  est  lié,  comme  nous  l'avons  dit,  par  le  Code  qui  détermine 
lui-même  la  pénalité.  Il  ne  jouit  à  cet  égard  d'aucune  latitude  ;  ce  n'est 
pas  lui,  c'est  la  loi  qui  juge. 


[■Ali.  d'rnjov.    -   pi':\Ai.rn:>  chinoises  :>i",) 

l'uui-  cmljiassLT  une  si  vusle  élenduo  cl  délimiler  iin  aussi  gran.l 
nombre  de  cas,  il  va  sans  dire  que  la  législation  chinoise  comprend  un.' 
immense  colleclion  d'édils  et  que  le  nombre  de  ses  dispositions  est  consi- 
dérable. Chaque  dynastie  a  tenu  à  honneur  de  refondre  les  lois  anciennes, 
de  les  compléter,  de  les  mettre  en  harmonie  avec  les  mœurs  nouvelles,' 
de  telle  sorte  que  le  Code  chinois  est  devenu  comme  le  recueil  de  tous  les 
genres  de  crimes  et  .1.- délits  ((ui  aient  été  observés  en  Chine  depuis  quatre 
mille  ans.  C'est  à  vrai  dire  une  histoire  de  la  criminalité  à  .travers  les 
Ages,  une  compilalion  .l'arréts  d'espèces,  une  colleclion  Dalioz,  si  Ton 
veut,  de  (|uatre  millénaires. 

On  conçoit,  dans  ces  conditions,  que,  s'il  est  vrai,  à  raison  du  principe 
idéographique  des  caractères  chinois,  de  dire  qu'un  lettré  de  Chine 
apprend  à  lire  durant  toute  sa  vie,  on  peut  également  avancer  qu'il  y  ail 
quelque  dilliculté  à  rencontrer  dans  le  Céleste  Empire  un  jurisconsulte 
possédant  à  fond  la  science  juridique  de  son  pays.  Mais  la  connaît-on 
jamais  parfaitement,  même  ailleurs  (ju'à  Pé-Kin  ?  J.a  législation,  c'est  la 
vie  et  la  vie,  qui  oserait  prétendre  en  pénétrer  tous  les  secrets?  Prolée 
lui-même  est  moins  complexe  que  l'homme. 

Ces  considérations  faites,  nous  allons  examiner  d'une  façon  générale, 
en  elles-mêmes,  pour  ne  pas  entrer  dans  la  forêt  inextricable  des  textes 
et  nous  y  égarer,  les  diverses  peines  prévues  parle  Code  chinois. 

Ces  peines  sont  de  deux  sortes  : 

r.es  unes,  principales,  c'est  à  dire  infligées  à  titre  de  chAtimént  direct 
pour  l'infraction  commise;  les  autres,  accessoires,  s'annexant  aux  pre- 
mières comme  leurs  dépendances  dans  certains  cas  déterminés. 

II.  —  Peines  principales. 

Les  peines  principales  sont  au  nombre  de  huit  :  Le  fouet  ou  baguette  ; 
la  bastonnade;  la  détention  avec  travail  pénible;  la  transportation  ; 
l'exil  ;  la  déportation  avec  servitude  militaire;  la  cangue  et  la  peine  de 
mort. 

Les  deux  premières  et  les  deux  dernières  sont  des  supplices. 

Le  supplice  du  fouet  est  infligé  au  condamné,  à  l'aide  d'une  petite 
baguette  de  rotang  ou  de  jonc  très  flexible,  de  2  pieds  7  pouces  5/10  au 
moins  et  de  2  pieds  7  pouces  G/10  au  plus  (dimension  rigoureuse).  Il  est 
appliqué  aux  fautes  légères.  Les  coupables  sont  citiglés  ou,  pour  mieux 
dire,  fouettés  publi.juement.  Le  sentiment  surlequel  est  basée  cette  peine, 
disent  les  textes,  est  surtout  la  honte  ({ue  le  coupable  en  épiouve.  On  le 
corrige  légèrement  pour  faire  naître  dans  son  cœur  le  regret  de  sa  faute. 
C'est  un  avertissement  ou,  pour  traduire  exactement  le  terme  chinois: 
une  correction. 

Elle  est  donnée,  par  exemple,  à  l'auteur  de  coups  par  imprudence,  à  la 
condition  que  les  blessures  n'aient  pas  été  graves,  ou  encore  au  <-,omplice 
de  vol  furtif,  sous  la  réserve  que  le  produit  illicite  ne  dépasse  pas  la  valeur 
d'une  once  d'argent. 

soc.  d'anthrop.  1905.  ^7 


2r,0  :iO  AViui.  iîior. 

Ell.M-oinpurt.'cin.i  (L-grôs  drcimuiix,  .le  10  à  50  coups.  IJe  nos  jours, 
son  maximum  li  (H.'  porL' jusqu'à  100  coups,  mais  avec  obligation  pour 
le  mandarin  de  convertir  le  fouet  en  bastonnade,  à  raison  d'un  coup  de 
bAt.)n  pour  .Unix  coups  de  fouet.  Le  bîVton  remplace  donc  actuellement 
lancienne  llagellation  tombée  en  d.-suélude. 

La  bastonnade  commence  à  60  coups  et  s'élève  par  dizaines  jusqu'à 
100  coups,  chiffre  maximum    Elle  comprend  par  conséquent  cinq  degrés 

décimaux. 

Ce  supplice  est  infligé  à  l'aide  d'une  latte  en  bambou,  longue  de 
•2  pieds  8  pouces  et  dont  la  circonférence  doit  être  comprise  entre  1  pouce 
•2  10  au  plus  et  1  pouce  1 ,10  au  moins.  Il  est  édicté  notamment  pour  le 
vol,  lorsque  le  produit  illicite  ne  dépasse  pas  40  onces  d'argent.  Une  once 
comporte  60  coups;  10  onces  70  coups;  20  onces  80  coups;  30  onces 
90  coups  et  40  onces  100  coups,  soit  le  maximum  de  bastonnade. 

Ce  maximum  est  immédiatement  atteint  par  le  voleur,  et  pour  5  onces 
seulement  de  produit  illicite,  s'il  est  employé  de  l'Etat,  sans  compter  la 
peine  accessoire  de  la  marque. 

Le  même  châtiment  de  100  coups  de  bâton  est  prévu  contre  ceux  qui, 
chargés  d'un  travail  pour  l'Etat,  se  sont  fait  suppléer. 

La  détention  avec  travail  pénible  comporte  une  durée  minima  d'un  an 
et  maxima  de  trois  ans.  Le  condamné,  convaincu  de  fautes  assez  graves 
pour  entraîner  cette  pénalité,  est  envoyé  dans  les  relais  de  courriers  de  sa 
province  à  litre  de  détenu,  pour  y  être  assujetti  à  tous  les  travaux  que 
l'administration  locale  juge  convenable  de  ne  pas  faire  exécuter  par  les 
prestataires.  Comme  disent  les  textes,  cette  peine  consiste  en  un  esclavage 
temporaire.  Pour  un  temps,  elle  saisit  le  corps  et  le  cœur. 

Autrefois,  quand  le  gouvernement  percevait  les  impôts  en  grains  bruts, 
les  condamnés  étaient  plus  particulièrement  occupés  à  décortiquer.  On 
les  employa  ensuite  à  draguer  les  canaux,  à  réparer  les  routes  manda- 
rines. En  somme,  ils  font  des  corvées. 

Il  y  a  cinq  degrés  de  détention  avec  travail  pénible,  basés  sur  la  durée 
delà  peine  qui  peut  être,  suivant  les  cas,  d'un  an,  de  18  mois,  de  30  mois 
ou  de  3  ans,  maximum. 

Cette  pénalité  est  appliquée  à  certains  faits  de  corruption,  aux  vols 
commis  par  les  gardiens  surveillants  des  biens  de  l'Etat,  aux  blessures 
graves.  Elle  atteint  aussi  les  vols  commis  par  personnes  ordinaires,  dont 
le  produit  dépasse  40  onces  et  les  vols  avec  violences,  au  premier  degré. 
La  transporlation  est  un  châtiment  dont  les  effets  sont  à  peu  près  ceux 
du  domicile  forcé.  Ce  domicile  doit  être  fixé  en  un  lieu  situé  à  plus  de 
mille  lis,  c'est-à-dire  à  environ  300  kilomètres  (444  k.  390  exactement) 
de  la  résidence  du  coupable. 

Dans  la  pratique,  cette  peine  est  remplacée  par  deux  ans  de  détention 
avec  travail  pénible. 

L'exil  comporte  l'obligation  de  résidence  comme  la  peine  précédente; 
mais  il  en  diffère  en  ce  sens  que  d'une  part,  il  n'est  pas  tombé  en  désué- 
tude et  que,  d'autre  part,  la  distance  du  domicile  forcé  n'est  pas  comptée 


PAIL  U  ENJOY.   —  l'K.NAMTKS  CHINOISES  1251 

en  prenant  pour  base  la  résidtMice  originaire  du  condamné.  Il  ne  faudrait 
pas  non  plus  entenilre  par  exil  (]uo  le  condamné  est  expulsé  de  la  pairie 
chinoise.  Tout  au  contraire,  le  lieu  assigné  est  toujours  un  point  du  terri- 
toire soumis  à  la  domination  impériale.  Les  Chinois  (pii  n'ont  pas  de 
colonies  exilent  aux  provinces-frontières. 

Les  dépôts  de  convicts,  qu'ils  ont  installés  dans  leui's  marches  uK-ii- 
dinnales  notamment,  étaient  naguère  les  récipients  oii  puisaient  les 
aventuriers  qui  infestaient  de  leurs  bandes  malfaisantes  les  montagnes 
du  Tonkin.  Les  pavillons,  noirs  ou  jaunes,  que  d'aucuns  croyaient  être 
des  réguliers  chinois  en  rupture  de  casernes,  n'étaient  certes  pour  la 
plupart  que  des  exilés  refoulés  au  Yun-Nam  ou  au  Quan-Si. 

En  résumé,  la  peine  chinoise  do  l'exil  correspond  ;i  notre  relégation. 
Elle  peut  être  tixée  à  :2,000,  !2,;')00  ou  3,000  lis;  c'est-à-dire,  en  chiffres 
ronds  à  900,  1,100  ou  1,300  kilomètres. 

L'exil  est  perpétuel. 

La  loi  pénale  obtient  deux  degrés  de  plus,  en  fixant,  d'une  part,  un 
minimum  d'exil  h  2,000  lis,  sans  adjonction  de  100  coups  accessoires  de 
bAton,  tandis  que  pour  les  trois  autres  cas,  cette  peine  accessoire  est  obli- 
gatoire ;  et  en  ajoutant,  d'autre  part,  à  l'exil  de  3,000  lis,  pour  former  le 
56  degré  ou  maximum,  une  peine  de  trois  ans  de  détention. 

Il  y  a  donc  5  peines  d'exil  : 

A  2,000  lis,  sans  peine  accessoire  ; 

A  2,000  lis,  avec  100  coups  de  bâton  ; 

.\  2,500  lis,  avec  100  coups  de  bâton  ; 

A  3,000  lis,  avec  100  coups  de  bâton  ; 

A  3,000  lis,  avec  100  coups  de  bâton  et  3  ans  de  détention. 

Pour  connaître  l'origine  des  distances  fixées  et  en  comprendre  l'appli- 
cation, il  faut  remonter  <\  l'édit  de  l'empereur  Nghiôu,  qui  divisa  l'Empire 
en  5  zones  concentriques  de  500  lis  chacune. 

Les  3  dernières  zones  sont  les  marches  assignées  aux  criminels  exilés 
ou  pour  mieux  dire,  relégués. 

Pour  les  Tarlares  des  Bannières,  la  peine  de  l'exil  est  commuée  en  celle 
de  la  cangue. 

La  déportation  avec  servitude  militaire  est  une  peine  de  fondation 
relativement  récente.  Elle  a  été  créée  pour  ceux  qui  doivent  être  châtiés 
plus  sévèrement  encore  que  par  l'exil,  et  qui,  cependant,  ne  méritent  pas 
la  mort.  Tandis  que  l'exil  consiste  simplement  en  une  déportation  dans 
une  région  où  l'exilé  vit  en  liberté,  sous  la  n;serve  de  ne  pouvoir  quitter 
la  zone  déterminée,  la  déportation  avec  servitude  militaire,  comme  son 
nom  l'indique,  comporte,  non  seulement  l'éloignement  aux  frontières, 
mais  encore  la  privation  de  la  liberté.  Le  déporté  est,  en  effet,  obliga- 
toirement incorporé  dans  des  corps  de  troupes  analogues  à  certains  de 
nos  régiments  d'Afrique. 

Ce  sont  des  sortes  de  compagnies  de  discipline  pour  condamnés  de 
droit  commun. 

Les  déportés,  conduits  en   servitude  militaire,  sont  convoyés  par  déta- 


2:r2  20  Avmi.   11K)5 

clioiiuMils  (le  ciiK}  au  plus,  cliaryôs  de  cliaines  et  soumis  au  poil  de  la 
cangue  durant  tout  le  trajet.  Des  peines  rigoureuses  sont  prévues  contre 
les  gens  de  l'escorte  qui  se  départiraient  de  ces  consignes  sévères  à  l'égard 
des  condamnés  dont  ils  ont  la  garde. 

La  cangue  est  un  instrument  de  supplice,  formé  de  deux  pièces  de  bois 
sec,  longues  chacune  de  4  pieds  7  pouces,  qu'on  a  pris  soin  de  polir  et 
qui  sont  réunies  à  leurs  extrémités  par  des  traverses  de  bois  doublées  de 
fer,  de  manière  à  ce  que  l'appareil  forme  une  sorte  de  cadre  lourd.  Le 
centre,  où  doit  être  enfermé  le  cou  du  patient,  est  également  limité  par 
deux  traverses,  dont  l'une,  mobile,  fait  oflice  de  fermeture. 

L'ensemble,  rigide,  pèse  environ  10  kilos.  Le  poids  doit  en  être  d'ailleurs 
gravé  sur  le  cadre  et  les  règlements  s'opposent  à  ce  que  le  chiffre  précité 
soit  dépassé. 

Cette  peine  consiste  pour  le  condamné  à  avoir  le  cou  rivé  à  ce  lourd 
appareil  d'infamie  et  à  être,  de  la  sorte,  obligé  de  le  porter  jusqu'à  ce 
que  l'expiration  de  la  peine  l'en  fasse  délivrer.  Elle  comporte  8  degrés, 
basés  sur  la  durée,  qui  peut  être  d'un  mois,  de  40  jours,  de  2  mois,  de 
3  mois,  d'un  an,  de  2  ans,  de  3  ans  ou  môme  perpétuelle. 

Enfin,  la  peine  de  mort  est  un  supplice  (jui,  en  Chine,  peut  être  appli- 
qué de  5  façons  différentes.  C'est-à-dire  (}uc  celte  pénalité  comporte 
5  degrés. 

Ces  degrés  sont  : 

1°  L'exécution  sur  le  cadavre. 

2°  La  strangulation. 

30  La  décapitation. 

4°  lie  pilori. 

5»  La  mort  lente. 

L'exécution  sur  le  cadavre  a  lieu,  lorsque  le  condamné  à  mort  décède 
d'une  manière  naturelle  avant  le  jour  fixé  pour  son  supplice.  Si  le  crime 
commis,  quoique  grave,  n'offre  pas  de  caractère  particulièrement  odieux, 
on  dit  que  la  justice  du  ciel  a  frappé  et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'aller  au 
delà.  Mais  si,  au  contraire,  le  forfait  mérite  une  sanction  exemplaire,  on 
se  saisit  du  cadavre  et  on  exécute  la  sentence  comme  si  le  condamné  était 
vivant. 

La  strangulation  est  opérée  à  l'aide  d'une  cordelette  de  soie;  la  déca- 
pitation, par  un  coup  de  hache  que  le  bourreau  lance  horizontalement  à 
la  volée,  tandis  que  le  condamné  est  agenouillé,  les  mains  liées. 

Quant  à  la  peine  du  pilori,  elle  consiste,  après  la  décapitation  du  cou- 
pable, à  fixer  sa  lèle  au  bout  d'une  perche  qui  supporte  un  écriteau  sur 
lequel  sont  marqués  le  nom  du  supplicié  et  les  circonstances  de  son 
crime. 

La  perche-pilori  est  placée  bien  en  vue  dans  un  carrefour  de  quartier 
populeux. 

Cette  peine  dont  l'origine  remonte  au  xi^  siècle  avant  Jésus-Christ, 
porte,  en  Chine,  le  nom  d'un  oiseau  qui,  d'après  la  légende,  dévorerait 
ses  auteurs  et  placerait  ensuite  leur  tête  au  bout  d'une  branche. 


PALI.   u'eNJiiV.   —    l'K.NAl.lTKS  CHINOISES  253 

C'est  une  aggravation  de  la  peine  de  la  décapitation. 

Enfin  la  mort  lente  est  le  su[)plice  le  plus  horrible  qu'édicté  la  législa- 
tion chinoise.  Elle  consiste  en  les  cruautés  suivantes  :  d'abord  on  enlève 
par  lambeaux  la  peau  du  pnlii^nl  jusi^u'à  ce  qu'il  ait  le  corps  entièrement 
écorché.  Ensuite,  si  c'est  un  lioiumc  nii  lui  tranche  les  organes  sexuels  ; 
si  c'est  une  femme,  on  lui  ouvre  If  \r\\[ro  et  on  en  retire  les  intestins. 
Kniln,  on  termine  cette  abominable  lnuicherie  par  l'arrachement  des 
membres,  la  section  des  articulations  et  le  broiement  des  os. 

C'est  la  peine  réservée  aux  parricides  et  aux  régicides. 

Ouand  on  connaît  les  sentiments  humanitaires  qui,  dès  la  dynastie  des 
ll.\N.  ont  fait  exclure  du  Code  chinois  toutes  les  peines  de  mutilation,  on 
s'étonne  de  trouver  encoi'e  de  ni»s  jours,  dans  la  législation  chinoise,  le 
plus  barbare  et  le  plus  horrible  de  tous  les  supplices.  Mais,  pour  être 
jiisti,',  il  faut  ajouter  que  cette  peine  n'est  plus  (pi'un  é(touvantail.  La 
mort  lente,  quoiijue  inscrite  dans  le  Code,  est  heureusement,  dans  la  pra- 
li(jue,  tombée  en  désuétude. 

m.  —  Peines  accessoires. 

Les  peines  accessoires  sont  la  bastonnade  et  la  inarque,  soit  deux  sup- 
plices. 

La  bastonnade,  au  chiffre  de  100  coups,  accompagne  toujours  la  con- 
damnation à  l'exil,  sauf  pour  le  degré  minimum.  Elle  est  aussi  l'adjonc- 
tion obligatoire  de  la  peine  de  la  détention,  dans  les  conditions  suivantes  : 

fiO  coups  pour  un  an  de  détention  ; 

70  coups  pour  un  an  et  demi  de  détention  ; 

80  coups  pour  deux  ans  de  détention  ; 

90  coups  pour  deux  ans  et  demi  de  détention  ; 

100  coups  pour  trois  ans  de  détention. 

La  marque  ou  fer  est  appliquée  aux  voleurs,  dans  certains  cas  déter- 
minés. Sur  le  bras  du  condamné  sont  imprimés  trois  caractères  idéogra- 
phiques, couvrant  chacun  un  pouce  et  demi  de  côté.  Chaque  trait  de 
caractère  est  large  d'un  quinzième  de  pouce. 

Les  signes  marqués  spécifient  le  vol  commis. 

Telles  sont  les  peines  prévues  |)ar  la  législation  chinoise,  peines  dont 
la  variété  et  la  divisibilité  permettent,  on  le  voit,  de  nuancer  d'une  façon 
minutieuse  les  divers  degrés  de  culpabilité  et  les  diverses  natures  d'infrac- 
tions. Cette  diversité  apparaîtra  mieux  encore  quand  on  saura  que  les 
pi'ines  susvisées  sont  non  seulement  appliquées  avec  les  nombreux  degrés 
iiu'elles  comportent  mais  combinées  entre  elles  par  graduations;  (jue  la 
loi,  d'autre  pari,  ordonne,  dans  certains  cas,  et  sous  des  réserves  qu'elle 
|>rend  soin  de  spécifier,  soit  de  surseoir  à  certaines  condamnations  ou 
fractions  de  condamnations,  soit  de  rendre  ces  condamnations  ou  cer- 
taines parties  de  ces  condamnations  facultatives  par  le  paiement  de  cer- 
taines sommes  d'argent,  de  commuer  une  peine  en  une  autre  et  même  de 
racheter  jusqu'à  la  peine  capitale. 


254  4  MAI  1905 

IV.  —  Sursis  et  revision. 

Il  est  intéressant,  on  terminant,  de  noter  que  la  condamnation  à  mort 
peut  èlve  ordonnée  avec  ou  sans  sursis  et  c'est  là  une  distinction  des  plus 
importanes. 

En  effet,  si  la  peine  est  prononcée  sans  sursis,  l'arrêt  est  exécuté  aussi- 
tôt après  qu'il  a  été  confirmé  par  le  Ministère  de  la  Justice,  Hing-Pou  et 
l'Empereur,  auxquels  toutes  les  sentences  capitales  doivent  être  soumises 
et  qui  disposent  du  droit  de  grâce. 

Si  la  peine  est  prononcée  avec  sursis,  le  condamné  est  gardé  en  geôle 
jusqu'aux  assises  d'automne.  \  cette  é[)oque  de  l'année  se  réunit  le  Tri- 
bunal spécial  dit  des  Trois  Règles,  qui  est  composé  du  Ministre,  du  Grand 
Censeur  et  d'un  magistral  pris  parmi  les  membres  du  Conseil  des  appels 
à  la  Justice  du  souverain. 

Cette  juridiction  évoque  l'affaire.  Scrupuleusement  et  inspirés  du  désir 
de  contrôler  rigoureusement  la  sentence  qui  leur  est  déférée,  les  trois 
hauts  délégués  de  l'Empire  étudient  de  nouveau  la  cause,  examinant  la 
portée  et  la  valeur  des  charges  retenues  contre  le  condamné,  recherchent 
si  des  faits  nouveaux  se  sont  produits  depuis  la  première  décision  et 
rendent  enfin  un  arrêt  qui  est  soumis  également  au  Ministère  de  la  Justice 
et  à  l'Empereur. 

Sur  cet  arrêt  est  pris,  soit  l'ordre  définitif  d'exécution  —  c'est  la  confir- 
mation de  la  sentence  du  premier  juge  —  soit  une  décision  de  prolonga- 
tion de  sursis  :  dans  ce  cas,  un  doute  est  né  sur  la  culpabilité  du  con- 
damné. Sa  cause  reviendra  donc  aux  assises  de  l'automne  suivant,  pour 
être  examinée  de  nouveau  et  ce  jusqu'à  certitude  de  culpabilité  ou  d'inno- 
cence. 

C'est  la  revision,  mais  une  revision  beaucoup  plus  efficace  que  celle 
introduite  hier  dans  notre  Code,  une  revision  préventive,  en  quelque 
sorte,  qui,  à  la  différence  de  notre  procédure,  provoque  le  fait  nouveau, 
l'appelle,  l'attend  au  besoin. 

Ainsi  sont  évitées  des  erreurs  judiciaires  que  l'exécution  des  condamnés 
eût  rendues  irrémédiables. 


805"  SEANCE.   —  i  Mai   1905. 
Présidence    de    M.    Skbillot. 

OBJETS    OFFERTS 

I»""  Fki.ix  liEGNAULT.  —  La  mo7'phogénip  osseuse  expliquée  par  Vanatomie 
l)afh()l(iriiij}ie  dans  la  Revue  générale  des  sciences  pures  et  appliquées,  15 
mars  lî)05. 


CIlAftVlI.IlAT.   —  ANATUI.K  lilUJuf   1841-1904  255 

J'ai  riiniinciir  lie  ilniiin'i'  Il  1,1  l{ilili(illi('(iiii'  (le  la  Socii-to  un  article  siir  la 
ninrpli()i:t''iiie  osseuse  où  j'ai  résuiné  le  résultai  de  liies  rechen-hcs  laites ileiiuis 
douze  ans  dans  les  musées  anatonio-palliologiques  et  [larues  m  ilivi-is  ncuiil^ 
aux  Sociétés  de  biologie,  anatomique  et  anthropologique. 

Je  ne  veux  pas  expliquer  ici  pourquoi,  ti  l'inverse  de  WolIV.  jf  lais  jouer  dans 
la  forme  des  os  une  part  eonsidéralde  ;i  l'aelion  directe  des  muscles  :  eoux  qui 
voudront  s'en  rendre  eompte  n'auront  (ju'à  lire  mon  travail. 

Je  veux  simplement.  i\  l'oeeasion  de  cet  article,  insister  sur  I  importance  d'une 
bonne  méthode  pour  éclairer  ces  questions  encore  si  controversées. 

Il  i'aut  d'abord,  quand  on  tente  une  explication,  avoir  toujours  présent  à  la 
mémoire  la  structure  liistologique.  pAcmple  :  un  organe  s'imprime  sur  l'os,  le 
D""  Papillault  '  admet  (pie  le  simple  contact  produit  cette  impression.  Mais  le 
périoste  est  fcu'iné  rl'une  couche  profonde  vasculaire,  peu  dense,  ostéogéne,  et 
il'une  couche  superflcielle.  dure,  libreuse.  (pii  ne  participe  pas  à  la  formation  de 
l'os.  Le  simple  contact  de  l'organe  avec  cette  couche  fibreuse  ne  peut  donc  agir 
sur  la  couche  ostéogéne.  il  faut  qu'il  y  ait  pression. 

Le  même  auteur  admet  que  la  dépression  des  os.  à  l'insertion  de  certains 
muscles,  est  ilue  à  une  lutte  entre  ces  deux  tissus,  lutte  où  le  tissu  musculaire 
a  le  dessus.  Mais  cette  lutte  ne  peut  avoir  lieu,  comme  nous  l'avons  montré  ici- 
inème  *.  puisque  le  muscle  s'insère  toujours  au  périoste  par  l'intermédiaire 
d  un  tendon,  celui-ci  fùl-il  minime  et  seulement  visible  au  microscope. 

l'ne  autre  cause  d'erreur  est  due  h  ce  que.  plus  ou  ou  moins  consciemment, 
nombres  d'auteurs  invoquent  les  causes  finales.  Le  muscle  creuse  l'os  à  son  inser- 
tion parce  que  cela  lui  est  avantageux,  .\ussi  M.  Manouvrier  admet  que  les  besoins 
d'un  muscle  fibial  postérieur  très  volumineux  amènent  l'excavation  de  sa  sur- 
face d'insertion  sur  le  tibia  aplati  des  races  préhistoriques.  Or,  la  théorie  des 
causes  finales  est  ajuste  titre  com[)lètement  abandonnée. 

Je  crois  que.  lorsque  les  divers  chercheurs  se  seront  mis  d'accord  sur  la  (|ues- 
tion  de  méthode,  lisseront  bien  près  de  s'entendre. 

M.  Zahorowski  présente  des  données  statistiques  sur  l'origine  du  mouvement 
actuel  des  grèves  en  Russie  qui  remonte  j'i  1882  et  a  eu  son  [loinl  île  départ  à 
Vilna. 

M.  RoHi.N  fait  quelques  observations. 

-M.  ZAH0R0\v>iKi  fait  une  communication  sur  les  derniers  travaux  et  les  décou- 
vertes préhistoriques  touchant  l'origine  des  Lithuaniens. 
(Manuscrit  non  remis). 


•  Mt^m.  Société  Anthrop.  Paris,  T.  II.  3o  série,  fascicule  189C,  p.  lOG. 
«  Bull.  Soc.  Anthrop  ,  1901.  p.  165. 


256  4  MAI   1905 

ANATOLE  ROUJOU    1841-1904. 
Pau  i.e  1)''  Charvii.iiat. 

Le  l  i  (It^cembre  1904  s'éteignait  brusquement  ;i  Clermont-FeiTand  un 
homme  qui  fut  un  anthropologiste  de  très  grande  valeur  et  un  naturaliste 
des  plus  distingués,  Anatole  Armand  Saint  Ange  Roujou,  docteur  ès- 
sciences,  ancien  cliargé  do  cours  à  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont- 
Ferrand. 

Né  le  10  octobre  1841,  à  Choisy-le-Roi,  A.  Roujou  montra  de  très  bonne 
heure  les  plus  heureuses  dispositions  pour  l'étude.  Les  sciences  naturelles 
surtout  l'attiraient, :  cette  intelligence  d'élite  se  complaisait  dans  l'observa- 
tion, dans  l'expérimentation,  et  toutjeune  encore,  presque  un  enfant,  il  pos- 
sédait déjà  un  nombre  considérable  de  connaissances  scientifiques.  Il  fut 
d'ailleurs  admirablement  dirigé  et  guidé  dans  ses  études  par  un  homme 
d'une  érudition  profonde  et  d'un  grand  savoir,  son  père,  François  Armand 
Roujou,  docteur  en  médecine  de  la  Faculté  de  Montpellier.  Aussi  savant 
que  modeste,  il  exerça  longtemps  à  Clioisy  sa  pénible  profession  avec  le  plus 
completdésinléressemenls'oubliant  lui  mèmepour  ne  songer  qu'aux  autres,, 
qu'à  ceux  de  ses  malades  qui  lui  semblaient  les  plus  humbles  et  les  plus 
malheureux.  11  mourut  accablé  de  fatigue,  blessé  dans  une  chute  pendant 
une  épidémie  de  diphtérie  qui  faisait  dans  la  localité  de  terribles  ravages. 
Après  sa  mort,  la  population  de  Ghoisy  se  souvint  de  cet  homme,  victime 
du  devoir  qui  avait  été  pendant  de  si  longues  années  son  bienfaiteur  et 
lui  éleva  au  cimetière  un  monument  funèbre  attestant  ainsi  les  services 
qu'il  avait  rendus. 

Au  décès  de  son  père,  A.  Roujou  se  trouva  avec  des  ressources  très 
limitées;  sa  mère  dont  la  santé  était  profondément  affaiblie,  perdit  le  peu 
qui  lui  restait  dans  les  tristes  événements  de  1870-1871. 

Dès  18G3,  il  fut  obligé  tout  en  poursuivant  ses  études  et  ses  recherches 
avec  cette  ardeur  et  cette  persévérance  au  travail  qui  ne  l'abandonnèrent 
jamais,  tout  en  suivant  les  cours  du  Muséum  d'histoire  naturelle  et  d'autres 
grandsétablissemenls  scientifiques,  de  chercher  à  se  créer  des  moyensd'exis- 
tence  et  de  subvenir,  aussi  bon  fils  que  travailleur  acharné,  aux  besoins 
de  sa  mère  dont  la  santé  devenait  de  plus  en  plus  délicate.  A  cette  époque 
nous  le  trouvons  donnant  des  leçons  et  travaillant  dans  une  administra- 
tion. En  1807,  il  entra  comme  géologue  de  la  Ville  de  Paris,  au  bureau 
de  M.  Relgrand,  inspecteur  des  ponts  et  chaussées.  Pendant  sept  ans,  il 
fit  ce  service  souvent  pénible  qui  consistait  à.  relever  des  coupes  géolo- 
giques;! l'aris  et  dans  le  bassin  de  la  Seine,  à  recueillir  des  fossiles  et  des 
roches,  à  faire  un  certain  nombre  d'observations  météorologiques  et  à 
vérifier  des  instruments  de  précision. 

Dans  les  excursions  et  les  explorations  (|u'il  fit  dans  des  carrières  et 
des  galeries  de  mines,  il  fut  atteint  de  rhumatismes  et  plusieurs  fois  blessé 
par  suite  d'accidents.  Bachelier  es  lettres  en  1800,  es  sciences  en  1862, 


CHARVILIIAT.   —   ANATOLE  ROUJOU  1841-1  00  i  257 

licencié  en  1873,  il  fui  reçut  eu  1874  à  .Muulpellier,  Docteur  es  sciences 
naturelles  avec  deux  thùses,  l'une  ayant  pour  titre  :  Recherches  sur  les 
races  humaines  de  la  France.,  l'autre  intitulée  :  Etude  sur  les  terrains 
quaternaires  du  hassin  do  la  Seine  et  de  quelques  autres  bassin.s. 

La  même  année,  eut  lieu  sa  nomination  comme  chargé  de  cours  à  la 
Faculté  des  sciences  de  Clermont.  Il  devait  occuper  ses  fonctions  fort  peu 
rétribuées,  jusqu'à  la  fin  de  l'année  18HH.  Trofesseur  consciencieux  et 
entièrement  dévoué  'i  ses  élèves  etîi  la  science,  A.  lloujou  s'elîorya  d'être 
utile  à  tous.  Il  fit  des  conférences  dans  h?  département  sur  des  ques- 
tions intéressantes  pour  les  agriculteurs  (phylloxéra),  ne  négligeant 
aucune  occasion  de  rendre  service  ausssi  bien  dans  les  campagnes  qu'à 
la  ville.  Il  organisa  des  excursions  de  botanique  et  de  zoologie,  et  fit 
surtout  lies  recherches  anthropologiques  dans  ce  pays  si  riche  à  ce 
point  de  vue  et  avant  lui  sous  ce  rapport  si  peu  étudié.  On  peut  dire  (juc 
Roujou  fut  le  premier  qui  s'occupa  d'une  façon  sérieuse  de  ranlhropolo- 
giedu  Puy-de-Dùme  et  du  plateau  central,  et  le  fit  connaître. 

Toutes  ces  recherches,  tous  ces  travaux  devaient  forcément  attirer  sur 
lui  ralteiition  publitiue.  Dans  un  pays  aussi  béotien,  on  s'elTraya  de  vuir 
un  homme  travailler  quand  tant  d'autres  ne  faisaient  rien.  On  di-nalura 
tous  ses  actes  et  voulant  se  défaire  à  tout  prix  de  celui  qui  avait  Tin- 
croyable  audace  d'aimer  la  science  [)Our  elle  mèuie  et  de  lui  consacrer 
son  existence,  on  l'accabla  de  reproches  injustifiés,  on  lui  lit  mille  vexa- 
tions, mille  miséies.  A  C.lermont,  A.  Roujou  ne  fut  jamais,  jusqu'au  der- 
nier jour  de  sa  vie,  qu'un  persécuté  et  un  proscrit.  .\vec  cette  philosophie 
sereine  qui  faisait  le  fond  de  son  caractère,  il  supporta  tout  sans  se  plaindre 
ne  l'encontrant  de  consolation  que  dans  le  travail  et  quand  brisé  par  les 
luttes  qu'il  eutà  soutenir  bien  plus(piepai"  la  maladie,  la  mort  vint  brusque- 
ment le  surprendre,  c'est  un  manuscrit  inachevé  que  tenait  encore  sa  main 
raidie  et  sur  lequel  s'inclina  pour  la  dernière  fois  le  noble  front  du  labo- 
rieux vieillard. 

A.  Roujou  a  publié  un  nombre  considérable  de  brochures  et  de  mé- 
moires, la  plupart  se  rapportant  à  l'anthropologie  et  l'archéologie  pré- 
hislori(iue,  ses  sciences  préférées,  celles  qu'il  s'ellorça  durant  toute  sa  vie 
de  faire  connaître  et  de  vulgariser.  Nous  citons  seulement  : 

Hecherclti'n  et  études  sur  les  sépi/ltKres  celtiques  des  environs  de  Choisij-lc' 
roi.  —  Paris  I8G;{. 

Recherches  et  éludes  sur  l'ài/e  de  la  pierre  quaternaire  dans  les  environs  de 
Choisij-le-roi.  —  Paris  18G5. 

Du  type  primitif  des  mammifères.  —  Paris  1870. 

Crânes  gallo-romains,  découverts  à  Saint-Germain,  près  de  Corbeil.  —  Bul- 
letins de  la  Société  d'Anthropologie,  1HG3. 

Station  de  l'âf/e  de  la  pierre  polie,  découverte  à  Villen''uve-Saint-Geor(jes,  par 
M.  Roujiiu.  —  id.  même  année. 

De  la  jierftclihililé  des  unimau.r.  —  id.  1866. 

ÎSote  sur  des  foyers  antéhistoriques  découverts  dans  le  hess  des  environs  de 
Choisy-le-roi.  —  id.  1866. 


258  4  MAI  1905 

Note  sur  un  s(juelette  humain  de  l'àf/e  de  la  pierre  polie,  découvert  à  Ville- 
neure-Saint-Georges  par  MM.  de  Mortillelel  Roujou.  —  id.  1866. 

Remarques  sur  des  foyers  anléhistoriques  de  V illeneuve-Saint-Georges ,  et  sur 
l'esistence  de  traces  d'anthropophagie  aux  âges  de  la  pierre  polie  et    du  bronze 

—  id.  18G7. 

Considérations  sur  rhomme  miocène.  --  id.  1869. 

^'ote  sur  une  station  de  l'âge  de  la  pierre  polie  déC"Uverte  par  MM.  Wac- 
quer  et  Roujou,  à  Athis.  —  id.  1869. 

La  Terramare  des  Champs  Parlards,  âge  du  hronze,  près  de  Choisq-le-roi. 

—  id.  1870. 

Recherches  sur  les  terrains  quaternaires  et  post-quaternaires  des  environs  de 
Paris.  —  id.  1870. 

Note  sur  des  stries  observées  sur  des  grès  de  Fontainebleau,  des  meulières  de 
la  Bi  ie,  des  silex,  etc.,  etc.,  engagés  dans  les  divers  diluriums  des  environs  de 
Paris,  par  MM.  Roujou  et  Julien.  — id.  1870. 

Note  sur  des  galets  striés  trouvés  dans  le  limon  des  plateaux  entre  Monde- 
ville  et  la  Padôle,  par  MM. Roujou  et  Julien.  —  id.  1870. 

Note  sur  un  silex  taillé  du  type  du  Moustier  découvert  par  M.  Roujou  à  la 
base  du  limon  des  plateaux,  près  de  Metun,  dans  une  formation  antérieure  à  la 
faune  à  Elephas  meridionalis.  —  id.  1872. 

Nouvelles  observations  sur  les  couches  à  blocs  anguleux,  le  dtluvium  rouge,  le 
limon  des  plateaux  et  les  alluvions  fluviales  des  environs  de  Paris.   -  id,  1872. 

Note  sur  le  type  primitif  des  mammifères.  —  id.  1872. 

Note  sur  quelques  crânes  humains  récents  découverts  dans  les  environs  de 
Paris  et  appartenant  à  des  races  inférieures,  par  M.  Roujou.  id.  1872. 

Phénomènes  glaciaires  du  bassin  de  la  Seine,  id.  1872. 

Note  sur  quelques  types  humains  observés  en  France.        id.  1872. 

Note  sur  les  cailloux  striés  des  diluviums  de  la  Seine,  par  MM.  Roujou  et 
Julien.  Bulletin  de  l'Académie  des  Sciences,  séance  du  25  avril  1870. 

iJu  type  primitif  des  mammifères,  par  M.  Roujou.  —  Bulletins  de  l'Aca- 
démie des  Sciences   1870. 

Recherches  histologxques  sur  la  structure  des  fibres  musculaires.  —  Bulletins 
de  l'Académie  des  Sciences,  1875. 

Diverses  observations  d'archéologie  et  de  géologie.  —  Congrès  d'Anthropo- 
logie de  Paris,  1867. 

Note  sur  les  stations  anléhistoriques  des  environs  de  Paris.  —  Congrès  de 
Copenhague,  1868. 

Note  sur  les  teri-ains  quaternaires.  —  Congrès  de  Bologne. 

Note  sur  quelques  sépultures  celtiques  des  environs  de  Choisy-le-roi.  — Revue 
d'Archéologie,  1863 

Cimetière  des  Champs  dolents  appartenant  à  l'époque  gallo-romaine  et  décou- 
vert près  de  Corbeil .  —   id.   1863. 

Note  sur  les  sépultures  du  premier  âge  de  ftr,  découvertes  par  M.  Roujou, 
près  de  Choisy-le-Roi,  au  lieu  dit  :  la  butte  du  trou  d'enfer.  —  Bulletin  des  an- 
tiquaires de  France,  1863. 

JL'homme  miocène,  réponse  à  M.  deMortillet.  Société  d'Anthropologie^  1873. 


r,.   PAPILI.ALLT.    —  CRANES  d'aHYOOS  259 

Note  sur  une  bande  d'Ursari  Serbes  (Dal mates),  observée  /<)v<;  dr  Choisi/ Ir- 
Roi,  en  juillet  1813.  —  Société  d'Anthropologie,  1S73. 

Du  développement  des  poils  chez  l'homme  ou  point  de  vue  palhuluniquc  et  au 
point  de  vue  ethnique.  —  id.  1873. 

De  quelques  instruments  de  pierre  encore  en  usage  dans  les  montojines  du 
centre  et  du  midi  de  la  France.  —  id.  1874. 

Note  complémentaire  sur  quelques  races  et  sous  races  observées  en  Frame.  — 

Etude  sur  les  races  humaines  du  plateau  central  de  la  France.  —  id.,  de  1875 
à  1H7('). 

De  la  persistance  de  l'inlerma-nllaire  chez  quelques  montagnards  du  centre  de 
ta  France.  —  id.  IHTti. 

Taille  plus  f/rande  de  quelques  mammifères  actuels  pendant  làge  de  la  pierre 
polir.  —  id.  1873. 

Grande  longueur  de  l'humérus  et  brièveté  du  fémur  chez  quelques  montagnards 
du  centre  de  la  France,  id    1876. 

Photographies  me.vicaines  établissant  l'e.rislence  dans  ce  pays  de  Mongoloïdes 
et  d'Australoides.  —  id.  i873. 

Catalogue  des  lirhens,  des  algues  et  des  champignons  inférieurs,  observés  dans 
le  départrmcnt  du  Pug-de-Dùme.  —  Assucialioii  rranr-aise  pour  l'avancement 
des  sciences.  Ciermonl-Ferrand,  1876. 

Influence  de  la  situation  de  la  graine  sur  les  piaules  qui  en  proviennent.  — 
id.  1876. 

Quelques  mots  sur  l'analomie  des  yeux  composes  et  de  l'œil  réputé  simple.  —  (le 
même  travail  avec  de  nouveaux  développements  dans  les  Bulletins  de  la 
Socié'éde  Boda  1877.) 

Note  sur  les  rapports  de  l'Anthropologie  et  de  la  Zoologie.  —  id.  1876. 

Influence  des  phénomèn/'S  géologiques  sur  les  migrations  humaines.  — id.  1876. 

Quelques  7nots  sur  les  spermatozoïdes.  —Mémoires  do  la  Société  des  sciences 
naturelles  do  Saùnc-et-Loire. 

Les  (Colonies  cellulaires.  — id.  1876. 

Note  sur  quelques  phénomènes  météorologiques  et  les  moyens  de  les  étudier  avec 
précision.  —  id. 

Etude  sur  la  faculté  du  langage  et  sur  l'intelligence  chez  les  animaux.  —  Re- 
vue internationale  des  sciences  biologiques. 

De  l'archéologie  et  de  quelques  monuments  préhistoriques  du  Puy-de  Dôme  et 
des  régions  voisines.  —  Congrosarcliéologiquede  France,  Clermont  Ferrand 
1895. 

Races  humaines  du  plateau  central  et  des  régions  avoisinantes.  —  Bulletins 
de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéologique  do  la  (]orrèze. 

Note  sur  un  humérus  humain,  portant  une  apophyse  particulière,  déjà  signalée 
par  Otto  comme  une  très  rare  anomalie.  —  id. 

Quelques  mots  sur  rindu-ilne  du  fer,  ses  origines,  ses  transformations,  les  aciers 
elles  trempes.  —  id.  1901. 

Des  tremblements  de  terre,  de  leurs  causes  et  des  moyens  d'atténuer  en  partie 
leurs  effets.  —  Clcrmont-Ferrand,  1903. 

Etc.,  etc. 


260 


4  MAI  lOOri 


CRANE6  D'ABYDOS 


l'Ait     M.     <i.     I'aI'ILLVL'LT. 

.1  ai  riioiiiK'ur  de  vous  prûscnlor  les  ossements  que  IM.  Ainélineau  a 
bien  voulu  m'apporler  et  qui  proviennent  des  fouilles  qu'il  a  exécutées 
à  Al)ydos,  avec  la  compétence  (|ue  vous  lui  connaissez.  Ils  présentent  un 
intérêt  scientifique  considérable,  malgré  la  faiblesse  des  séries  que  j'ai 
pu  former  avec  les  crftnes.  Leur  antiquité  reculée,  remontant,  d'après 
M.  AimMineau,  aux  t<'mps  prébisluri(|ut's  a  rendu,  en  effet,  leur  tissu 
tellement  friable  que  plusieurs  me  sont  arrivés  dans  un  état  qui  lendait 
impossibles  ou  incertaines  les  mensurations.  Douze  d'entre  eux  seule- 
ment étaient  suffisamment  intactes  pour  être  bien  observés;  encore  ai-je 
dû  mettre  hors  série  un  sujet,  atteint  de  nanisme. 

Les  11  crânes  qui  restent  se  divisent  selon  toutes  les  probabilités  en 
7  masculins  et  4  féminins,  nombre  tout  à  fait  insuffisant  pour  une 
moyenne  représentant  le  type  de  la  population,  d'autant  plus  que  l'on 
trouve  des  écarts  considérables  entre  les  individus.  Cependant  il  ne  pa- 
raîtra pas  inutile  de  les  comparer  h  2  séries  de  crânes  très  anciens  étudiés 
déjà  par  des  auteurs  dont  la  technique  est  exactement  comparable  à  la 
mienne;  les  crânes  de  Sakkarah  mesurés  par  Broca,  et  ceux  d'El  Khozan 
observés  dernièrement  par  M.  Chantre  '.  J'emprunte  à  ce  dernier  les 
chiffres  que  je  transcris  à  côté  des  miens,  dans  les  Tableaux  I  et  IL 

Tableau  I 


EL-KIIOZAN 

SAKKAHAH 

ABYDOS 

H. 

F. 

H. 

F. 

H. 

F. 

Nombre 

24 

11 

31 

20 

7 

4 

1.  Diamètre  anléro-post.-max.. 
II.         —         Transvers.  inax. . . 

III.  —         Basilo-Brcgmatiq. 

IV.  —         Frontal  minimum. 

V.         —         Bizygomatique  . . . 

VI    Hauteur  Naso'-alvéolaire 

VII.         —       Naso-spinale 

VIII.  Largeur  du  nez 

cm 

18,2 

13,3 

13.0 

9,2 

12,1 

» 
4,8 
2,5 
2,4 
3,8 

Q    9 

0,~ 

cm 
17,8 
13,3 
12,8 

9,1 

11,7 
» 
4,8 
2,4 
2,4 
3,7 
3,3 

cm 
18,5 
14,1 
13,7 

9,5 

13,1 
» 
5,2 
2,4 
2,4 
3,8 
3,3 

cm 
17,4 
13,6 
13,9 

9,2 

12,2 

)) 
4,9 
2,4 
2,2 
3,G 

q  o 

cm 
18,4 
13,8 
13,2 

9,3 

12,9 
7,3 
5,2 
2.5 
2,4 
3,8 
3,5 

cm 
17,1 
13,4 
12,2 

9,2 

12,1 
6,9 

4,7 
2,4 

IX.         —       l3iorl)iiaire  interne. . 
X.  Orbile  :  Largeur 

2,2 
3,5 

XI.       —        Hauteur 

3,5 

i  Recherches  anthrnpolofiiques  en  Egi/ptc,  par  E.  Chantre.  Lyon,  1804,  p,  57. 


lî.   PAPILLAll.T. 


CltANi;-    Il  AKVIMI 


201 


On  peut  constater  au  premier  coup  d'ieil  uni'  ceilaine  rcsseinlilance 
entre  les  ctiillVes  des  trois  séries  surtout  si  on  laisse  de  côté  les  ft'uinies 
dont  les  (luaiitités  sont  [dus  laihles  el  par  suite  les  moyennes  moins  sta- 
bles. Les  3  indices  crAiiieus  ne  montrent  pas,  dans  le  sexe  masculin,  des 
écarts  dé()assant  tiois  unités,  mais  la  face  nous  révèle  des  oscillations 
beaucoup  plus  fortes. 

L'indice  nasal  varie  de  la  loptorhinie  de  Sakkarah  (40, ij  à  la  mésor- 
binie  d'KI-Kliozan.  La  forme  de  l'orbite  est  encore  plus  variable,  elle  est 
mésosùme  ;i  El-Kbazan  avec  un  indice  de  84,  elmégasèmei\  Abydosuù  elle 
atteint  93. 

Ces  variations  nous  prouvent  ipu;  les  baliilaiils  de  la  vieille  Egypte  ne 
constituaient  pas  une  race  pure.  Un  peut  fort  bien  admettre  que  ces  chif- 
fres tendraient  à  converger  si  les  séries  devenaient  plus  nombreuses, 
mais  cette  hypothèse,  en  se  réalisant,  prouverait  simplement  que  les  élé- 
ments ethniques  étaientà  peu  près  uniformément  répartis  àEl-Kliozan,  à 
Sakkarah,  à  Abydos.  Ces  moyennes  seraient  la  synthèse  arlilicielle  de  plu- 
sieurs groupes,  elles  ne  seraient  pas  l'expression  numérique  d'une  race 
fortement  unifiée  par  la  parenté  et  les  croisements  pendant  une  très 
longue  suite  de  générations. 

Tableau  II 


INDICES 

Céphalique  II/I 

Hauteur  largeur  IH/II. 
Hauteur  longueur  III/l 

Facial  VI/V 

.Nasal  VIII/VII 

OrbitaireX[/.\ 


EL-KIIOZAN 


H. 


7.S 

97,7 

71,4 

» 
52,1 
84,2 


74,7 
%,2 
71,9 

» 
50,0 
89,2 


SAKKARAH 


H. 


76,2 

97,2 
74,0 

)) 
40,1 
86,8 


78,1 

102,2 

79,9 

» 
48,9 
88,9 


ABYDOS 


95,0 
71,7 
56,5 
48,5 
93 


F. 


78,8 
91 

71,3 
56,6 
50 
100 


L'observation  de  cas  individuels  vaconfirmer  celte  première  impression. 
Le  tableau  III  nous  révèle  (jue  l'indice  céphalique  va  de  la  dolichocéphalie 
extrême  jusqu'à  la  sous-brachycéphalie.  Les  autres  indices,  aussi  bien  du 
crâne  que  de  la  face,  varient  dans  des  proportions  aussi  fortes  et  nous 
placent  devant  le  dilemne  suivant  :  ou  les  mensurations  n'ont  plus  aucune 
signification^  ou  il  faut  bien  admettre  que  le  peuple  égyptien  a  été 
formé  par  des  races  différentes. 


-2i\-2  4   MAI  1905 

Tahleai    III.    —   Indio'S  scrii's  })(ir  unlri'  lie  croissance. 


r^p-ialiquu 

llautoui  largeur 

Haut    longiirur 

Orbilairo 

Nasal 

Progoalliisme  « 

(;ti 

SI 

H8 

8!» 

II 

77 

7;{ 

•.(2 

08 

90 

44 

87 

71 

U2 

()0 

02 

45 

87 

75 

•••2 

72 

94 

48 

87 

70 

03 

72 

97 

48 

88 

7S 

03 

73 

100 

48 

88 

78 

•13 

73 

lOO 

49 

92 

79 

!).l 

74 

10(1 

50 

93 

80 

101 

74 

108 

50 

94 

80 

108 

76 

125 

56 

96 

81 

" 

» 

129 

61 

96 

Il  ne  sulTil  pas  de  prouver  qu'il  y  a  plusieurs  éléments  ethniques  en 
présence  dans  la  composition  de  l'Egypte  ancienne,  car  ce  premier  résul- 
tat ne  peut  qu'exciter  notre  curiosité.  Quelles  sont  ces  races?  D'où  venaient- 
elles?  Dans  quelle  proportion  se  trouvaient-elles  sur  les  bords  du  Nil? 
Quel  rôle  a  joué  chacune  d'elles  dans  la  création  de  cette  civilisation  si 
ancienne  et  si  brillante?  Autant  de  questions  qui  resteront  sans  réponse 
tant  que  nous  n'aurons  pas  à  notre  disposition  un  très  grand  nombre 
d'ossements.  J'ai  essayé  cependant  déclasser  mes  crânes  d'après  l'ensemble 
des  caractères  morphologiques  que  l'œil  peut  saisir,  et  j'ai  pu  ainsi  facile- 
ment former  trois  groupes  assez  nettement  différenciés  pour  que  plusieurs 
épreuves  faites  a  des  époques  éloignées,  aient  toujours  été  concordantes. 
Ces  trois  types  répondent  fort  bien  a  ceux  que  décrit  le  D'"  Verneau  *.  Le 
premier  a  une  forme  pentagonale  très  marquée,  due  à  une  saillie  consi- 
dérable des  bosses  pariétales,  le  sous-occipital  est  saillant  et  globuleux.  Ce 
sont  les  crânes  marqués  de  la  lettre  P  dans  le  tableau  IV.  C'est  un  type 
très  particulier  et  qui  se  distingue  facilement  des  races  méditerranéennes 
que  je  connais.  Je  n'en  dirais  pas  autant  du  deuxième  groupe  dont  les 
bosses  pariétales  et  frontales  sont  effacées,  la  courbe  antéro-postérieure 
régulière  (crânes  E  du  même  tableau). 

Enfin  un  seul  crâne,  peut  être  deux,  restaient  à  part  (F.  l'abt.  IV).  Les 
bosses  frontales  et  pariétales  sont  complètement  effacées,  le  frontal  est 
long,  les  apophyses  zygomaliques  beaucoup  plus  marquées  que  chez  les 
autres;  la  mâchoire  est  forte,  la  voûte  palatine  très  peu  profonde.  On  le 
mêlerait  à  des  mésalicéphales  français  (son  indice  est  de  78)  que  je  ne 
me  chargerais  sûrement  pas  de  le  retrouver. 

Avons  nous  à  faire  â  de  véritables  groupes  ethniques,  ou  à  des  varia- 
tions individuelles?  Je  ne  saurais  le  dire.  J'ai  du  moins  essayé,  par  des 

*  Le  prognathisme  est  calcule  en  prenant  comme  point  de  départ  l'union  du  vomer 
avec  l'apophyse  basilaire  et  en  comparant  cp.tre  elles  les  distances  qui  le  séparent 
du  nasioM  et  du  point  alvéolaire. 

*  Hulletins  de  la  Société  d'Anthrop.  Paris,  189S  p.  615. 


•  ;.    l'Al'Il.LVlLT. 


r.nAXES  D  AHYDUS 


■2{\:] 


ordinations  variées,  de  découvrir  i|iieliiuos  rappuits  enlro  ces  groupes  el 
des  mesures  craniologiques.  Or  le  tableau  l\'  uie  paraît  i^rouverque 
ces  rapports  existent,  et  que  de  grandes  séries  les  mettraient  faiMlcment 
en  évidence,  [.es  cr;\nes,  ordonnés  suivant  la  valeur  dt-croissante  du  dia- 
mètre fnuital  niiiiiiniiui,  se  séparent  nettement  en  trois  groupes,  répon- 
dant à  ceux  queji'  viens  de  décrire.  Le  cr;\ne  V  est  seul  en  léte,  et  le  douteux 
est  au  3»  rang,  puis  viennent  les  crânes  pentagonaux,  puis  les  crAnes 
elliptiques  dont  le  frontal  est  le  plus  étroit.  Le  diamètre  transverse  di- 
minue aussi  d'une  façon  générale  bien  qu'il  ne  faille  pas  s'attendre  h  une 
régularité  qu'on  ne  rencontre  jamais  dans  les  sériations.  dépendant  on 
peut  dire  que  les  crAnes  elliptiques  sont  plus  étroits  dans  leur  ensemble 
que  les  autres. 

Tableau  IV 
Crânes  ordonnés  suivant  leur  diamètre  frontal. 


Diam. 

Diam. 

Diam. 

Largeur 

Hauteur 

Indice 

Indice 

Frontal 

biinas- 

bialvéo- 

minimum 

Tiansv. 

toidien 

laire 

longueur 

Prognalh . 

céphal. 

cm 

cm 

cm 

fin 

cm 

cm 

cm 

6   F 

10,0 

14,1 

12,3 

55 

73 

88 

78 

6  P 

î),i) 

14,4 

12,0 

53 

G8 

96 

"iA 

6  P.....? 

9,8 

14,5 

13,0 

56 

73 

87 

79 

Ç   1» 

!),5 

1:5,2 

11,5 

50 

» 

93 

76 

$  p 

y,  3 

14,8 

12,0 

53 

74 

91 

81 

9  p 

9,2 

13. G 

12,3 

52 

72 

.  88 

78 

9  1' 

9.2 

13.  r, 

11,0 

51 

76 

87 

80 

9  K ? 

9.  G 

13,6 

11,0 

50 

68 

87 

80 

6  K 

8,9 

13,6 

12.0 

52 

h9 

96 

75 

6   E 

8,7 

12,8 

11,8 

51 

74 

i  i 

73 

9    E 

8,4 

12,6 

12,3 

56 

72 

92 

66 

Il  est  a  remarquer  que  la  base  du  cr;\ne  est  très  indépendante  de  la 
voûte.  Le  diamètre  bimastoïdien  ne  diminue  guère,  surtout  si  on  laisse  de 
côtelés  crânes  féminins,  et  le  diamètre  transverse  du  maxillaire  supérieur, 
pris  au  niveau  du  bord  alvéolaire,  paraît  être  également  assez  indiiférent. 
Les  indices  bauteur,  longueur  et  prognatbisme,  (lue  je  donne  à  la  suite  ii 
titre  d'exemple,  n'ont  pas  avec  cette  classification  des  rapports  assez 
étroits  pour  être  démontrés  par  la  petite  série  que  nous  possédons.  De 
grands  nombres  pourraient  seuls  nous  révéler  les  constances  que  nous 
cherchons. 

Tels  qu'ils  sont  nos  chiiïres  montrent  :  1°  que  nous  avons  pu  trouver 
trois  types  que  M.  Verneau  avait  définis  il  y  a  quelques  années;  2°  que 
ces  types  ne  sont  pas  une  simple  apparence,  mais  ont  des  rapports  qui 
ne  paraissent  pas  niables  avec  certaines  dimensions  du  crâne. 

Les  origines  de  ces  variétés  ethniques  me  sont  parfaitement  incon- 
nues. 


■2(\i 


A  MAI  mon 

(.rnnc  dit  «  il'Osiris. 


M.  Amôlincau  m'a  remis  ctî  cr.\ne  dont  il  dt-cril  ailleurs  la  découverlp, 
pour  (juc  je  l'éludie  loul  parliculirremcnt,  et  surtout  que  je  fasse  le  dia- 
gnostic du  sexe  auquel  il  appartient.  C'est  là  une  tâche  assez  délicate  : 
il  est  généralement  fai:ilo  do  détci'miner  le  sexe  probable  d'un  crAne.  il  est 
extrêmement  ardu  de  faire  un  diagnostic  cfrlnin.  La  description  (|ui  va 
suivre  en  sera  la  démonslration. 

Ce  crAnc  est  très  détérioré  et  réduit  à  sa  voiite.  Il  a  en  outre  sul)i  une 
déformation  posthume  qui  diminue  légèrement  ses  dimensions  transver- 
sales ;  je  les  donne  cependant  dans  le  Tableau  V,  car  elles  sont  suflisam- 
nient  exactes  pour  la  compaiaison  que  je  veux  établir  entre  elles  et  les 
moyennes  obtenues  plus  haut. 

On  voit  de  suite  que  ce  crAnc  est  très  petit.  A  part  son  diamètre  antéro- 
poslérieur,  qui  dépasse  un  peu  la  moyenne  des  femmes,  mais  reste  beau- 
coup inférieur  à  celle  des  hommes,  toutes  les  autres  dimensions  sont 
beaucoup  plus  petites  que  chez  les  femmes. 

Ta  lî  LE  Al    y. 


DIAMÈTRE 

INDICES 

Anléro- 
postérieur 

Transverse 
max. 

Frontal 
minimum 

Bi- 

mastoïdien 

cépbalique 

Crâne  «  d'Osiris  »., 

176 
171 
184 

129 
134 
138 

86 
92 
93 

102 
116 
122 

73,2 

78 

75 

(  Femmes 

Moyennes     } 

(  Hommes 

Ce  crâne  très  petit  n'était  pas  celui  d'un  enfant.  La  forme  générale  n'a 
aucun  caractère  infantile,  les  os  sont  bien  développés;  à  la  face  interne 
du  crâne  la  suture  coronale  commence  à  se  souder,  sans  que  rien  per- 
mette d'anirmer  que  cette  synostose  ail  été  prématurée.  Ce  crâne  très 
petit  a  donc  appartenu  à  un  adulte. 

Ce  premier  point  établi,  il  nous  reste  encore  plusieurs  problèmes  à 
résoudre.  Trois  types  dindividus  peuvent  avoir  un  crâne  petit  :  des 
hommes  de  taille  normale,  mais  microcéphales,  des  hommes  très  petits 
et  des  femmes.  Ce  crâne  a,  il  est  vrai,  le  frontal  très  étroit  et  les  bosses 
frontales  très  rapprochées.  Cependant  il  n'a  pas  appartenu  à  un  microcé- 
phale de  taille  normale,  car  les  insertions  musculaires  sont  très  faibles, 
les  apophyses  mastoïdes  très  petites,  les  apophyses  frontales  externes  très 
grêles,  et  le  rebord  orbitaire  mince  et  fragile. 

Reste  le  dernier  problème  que  nous  avons  posé  :  est-ce  une  femme  ou 


DISCUSSION  ^(îri 

un  homme  tn^s  petit,  très  faible,  au  cerveau  peu  volumineux,  en  un  mut  uu 
nain  bien  proportionné?  Il  me  paraît  impossible  de  lui  lionner  actuelle- 
ment une  solution  catégorique.  Mais  si  la  cei'tilude  absolue  est  rare  en 
science,  il  est  permis  de  rechercher  les  opinions  les  plus  probables.  Or 
dans  l'alternative  qui  se  présente  à  nous,  il  y  a  une  solution  répondiint 
à  un  cas  rare,  c'est  celui  d'un  nain  bien  constitué,  ne  portant  aucune 
trace  pathologi(iuc  sur  sa  voûte  crânienne.  Nous  avons  vu  (|iir  tel  est 
bien  le  cas  du  crAne  d'Osiris  :  il  a  les  bosses  pariétales  un  peu  saillantes, 
mais  c'est  manifestement  un  caractère  de  race  qui  le  rapproche  du 
groupe  des  crAnes  penlagonaux.  L'épaisseur  que  la  voiHe  présente  par 
endroits  se  rencontre  assez  souvent  chez  la  femme,  comme  je  l'ai  montré 
autrefois  dans  mon  mémoire  sur  la  Suture  métopique.  Nous  sommes 
donc  en  droit  d'admellre  la  conclusion  suivante  :  Le  cr.lne  «  d'Osiris  »  a 
très  probablement  a[)parlenu  à  une  femme. 

Huil  me  soil  permis,  en  lerminaiit,  d'adresser  à  M.  Amélineau,  nos 
plus  vifs  remerciements,  pour  la  collection  si  rare  des  crAnes  qu'il  a  bien 
voulu  me  conlier,  alin  de  vous  les  présenter.  La  l;\che  qu'il  a  accomplie 
en  Egypte  mérite  toutes  les  félicitations  et  tous  les  encouragements  de  la 
Société  d'Anthropologie. 

Discussion. 

M.  Verneau.  —  La  communication  que  vient  de  nous  faire  M.  Papillault 
présente  un  intérêt  très  réel,  malgré  le  nombre  un  peu  restreint  de  pièces 
dont  se  compose  la  série  qu'il  a  étudiée.  Parmi  les  trois  tètes  qu'il  nous 
met  sous  les  yeux,  il  en  est  deux  qui  diffèrent  tellement  l'une  de  l'autre 
qu'il  est  impossible  de  ne  pas  les  regarder  comme  représentant  deux  élé- 
ments ethniques  distincts.  La  troisième  correspond  peut-être  à  un  autre 
type;  on  pourrait  également  voir  dans  ses  caractères  les  résultats  d'un 
croisement.  Je  me  bornerai  à  présenter  quelques  observations  au  sujet  des 
deux  premiers  crânes. 

M.  Papillault  a  bien  voulu  me  citer  au  cours  de  sa  communication.  Les 
deux  formes  crâniennes  dont  il  nous  a  entretenu  me  sont,  en  effet,  bien 
connues  ;  je  vous  en  ai  dit  quelques  mots  lorsque  M.  Zaborowski  nous  a 
rendu  compte  du  travail  de  mon  vieil  ami,  le  D''  Daniel  Fouquet,  sur  les 
crânes  anciens  recueillis  en  Egypte  par  M.  J.  de  Morgan  •.  Dans  plusieurs 
autres  circonstances  j'ai  eu  l'occasion  d'y  faire  allusion.  Permettez-moi  de 
vous  rappeler  que,  en  étudiant  avec  M.  Lapicque  les  crânes  que  celui-ci 
nous  a  rapportés  d'Abyssinie,  nous  avons  été  frappés  de  l'existence  de 
deux  types  bien  caractérisés,  en  laissant  de  C(jté  les  pièces  à  caractères 
mixtes  que  renfermait  sa  collection.  L'un  d'eux  est  un  type  très  dolicho- 
céphale, très  développé  en  hauteur,  â  uorma  verticalis  franchement  ellip- 
tique et  à  face  mégasème.  Le  second,  moins  allongé,  offre  un  certain  sur- 
baissement  de  la  voûte  et  une  norma  verticalis  pentagonale.  La  même 
forme  pentagonale  se  note  d'une  façon  bien   nette,  quand  on  regarde  la 

•  Cf.  Bull,  de  la  Soc.  d'Anthr.,  4»  série,  t,  IX,  séance  du  ib  décembre  1898. 
soc.  u'anthhop.  1905.  18 


:>i;(l  \   MAI    lî»05 

tôle  en  anioir;  elle  csl  due  à  la  saillie  cuiibidéiuble  des  bosses  pariélales. 
La  face,  dans  le  deuxième  ly|>'*.  est  sensiblement  moins  allongée  que  dans 
le  premier. 

Nous  avions  été  amenés  à  comparer  nos  crAnes  abyssins  aux  séries 
d'anciens  crAnes  égyptiens  que  possède  le  Muséum  et  nous  avions  retrouvé 
dans  ces  nombreuses  séries  les  deux  formes  céphaliques  que  nous  a  mon- 
trées M.  Papillault. 

La  piédouiinance,  en  Abyssinie,  du  type  étroit,  elliptique,  très  développé 
verlicalenienl  nous  avait  conduits  à  le  regarder  comme  le  véritable  type 
éthiopien.  Pour  le  second,  nous  n'osions  guère  nous  prononcer  sur  son 
origine,  (^r,  M.  Papillault  vient  de  nous  dire  que  c'est  lui  qui  l'emporte 
numériquement  de  beaucoup  sur  les  autres  dans  la  collection  de  tètes 
récoltées  à  Abydos  par  M.  Amelineau.  Et  si,  vraiment,  ces  têtes  remontent 
à  une  très  haute  antiquité,  on  sera  amené  à  se  demander  s'il  ne  repré- 
sente pas  l'un  des  types  primitifs  de  l'Egypte.  La  question  de  l'origine 
des  Egyptiens  ne  serait  pas  encore  résolue  s'il  était  démontré  que  l'élé- 
ment pentagonal  fût  le  plus  ancien  de  la  région;  mais  on  aurait  tout  au 
moins  une  base  sérieuse,  qui  pourrait  servir  de  point  de  départ  à  des 
comparaisons  précises. 

De  toute  façon,  les  constatations  de  M.  Papillault  doivent  être  soigneu- 
sement enregistrées.  Elles  corroborent  et  complètent  très  heureusement 
celles  que  j'avais  faites  moi-même  avec  M.  Lapicque.  Au  milieu  des 
mélanges  qui  se  sont  produits  dans  tout  le  nord-est  de  l'Afrique,  on  voit 
se  dégager  au  moins  deux  éléments  ethniques,  qui  ont  vécu  côte  à  côte  et 
qui  ont  émigré  de  compagnie,  puisque  nous  retrouv'ons  les  deux  formes 
crâniennes  qui  les  caractérisent  jusque  chez  les  Peulh  ou  Foulbé.  Or  l'un 
de  ces  éléments  semble  correspondre  au  type  éthiopien  et  l'autre,  comme 
vient  de  nous  le  dire  notre  collègue,  paraît  représenter  l'un  des  plus  anciens 
types  égyptiens.  Il  convient  de  noter  le  fait  et  de  rechercher,  avant  de 
conclure  définitivement,  si  l'examen  de  collections  plus  nombreuses  nous 
fournira  de  nouvelles  preuves  en  faveur  de  cette  manière  de  voir. 

M.  Zabohowski.  —  Ce  qu'il  y  a  de  plus  particulièrement  nouveau  dans 
la  communication  de  M.  Papillault,  c'est  la  proportion  vraiment  bien 
grande  de  crAnes  du  type  pentagonal  qu'il  a  observée.  Si  la  série  qu'il  a 
étudiée  est  tout  entière  préhistorique,  ce  fait  n'est  pas  sans  troubler  quelque 
peu  nos  idées  sur  les  primitifs  Egyptiens,  car  je  ne  sache  pas  qu'une  pro- 
portion pareille  ait  été  observée  dans  d'autres  séries  préhistoriques. 

Nous  savons  bien  que  dans  la  primitive  Egypte  des  types  différents  se 
sont  uionlrés,  el  d'après  des  documents  indiscutables  les  plus  anciens 
Egyptiens  eux-mêmes  se  présentent  avec  deux  figures  principales  dis- 
tinctes: une  figure  large  à  nez  court,  et  une  figure  allongée,  symétrique 
avec  le  crAne,  aux  orbites  étroiles,  au  nez  haut,  convexe  ou  busqué.  Mais, 
comme  vient  de  le  dire  M.  Verneau  lui-même,  deux  races  différentes,  deux 
types  différents  ne  peuvent  pas  avoir  pris  naissance  côte  à  côte.  Il  faut  une 
aire  géographique  distincte  pour  chaque  race  particulière.  Et  de  toute 


DISCUSSION  2fl7 

nécessité,  il  y  a  eu  d'abord  dans  la  primitive  Egypte  un  seul  élément  indi- 
gène. Quel  était  cet  élément?  Voilà  la  question.  J'y  ai  |)Our  mon  compte 
répondu  conformément  aux  faits  les  plus  nombreux  et  les  plus  certains, 
l/indigéne  est  l'Egyptien  i\  face  étroite,  appelé  par  moi,  proto-sémite, 
(l'est  en  elïet  celui-là  qui,  le  plus  nombreux,  le  seul  nombreux  dans  les 
plus  anciennes  séries,  survit  à  tous  les  autres  d'âge  en  Age.  Troublé  dans 
sa  traminille  possession  du  sol  égy|tlii'n,  :\  loulos  Ifs  époques  et  dés^  les 
plus  reculées  peut-être,  dès  la  IV  dynastie,  tout  au  moins,  par  des' peu- 
ples venus  du  dehors,  il  les  a  plus  ou  moins  vite  et  plus  ou  moins  com- 
plètement assimilés.  Sa  permanence  sur  ce  sol  est  unanimiMiient  reconnue. 
Et  cette  permanence  comme  sa  force  indéniable  d'absor[)tion  à  l'égard  de 
tant  d'autres  peuples,  sont  en  soi  des  preuves  suffisantes  de  son  indi- 
génat.  Je  reconnais  volontiers  au  type  à  crâne  pentagonal  la  qualité  d'in- 
digène de  r.\frique  du  Nord  ;  mais  pour  cela  justement  et  pour  bien 
d'autres  raisons,  il  n'apparaît  nullement  comme  particulier  à  l'Egypte. 

M.  PapillauU  nous  présente  les  trois  crânes  de  sa  série  d'Abydos  qui 
offrent,  à  leur  plus  haut  degré  d'accentuation,  les  trois  types  qu'il  a  ob- 
servés. De  sorte  que  ni  l'un  ni  l'autre  ne  constitue  l'Egyptien  moyen,  ne 
représente  la  masse  du  peuple  existant  alors  en  Egypte.  Le  crâne  mésa- 
ticéphale  est  le  témoin  d'influences  asiatiques,  plus  ou  moins  immédiates. 
Personne  ne  le  conteste.  Il  n'y  a  donc  de  discussion  à  établir  que  pour 
les  deux  autres. 

Celui  à  aspect  pentagonal  n'est  pas  pour  moi,  je  le  répète,  l'autochtone. 
Mais  le  troisième,  à  forme  ovale  allongée,  ne  réalise  pas  non  plus  tout  à 
fait,  avec  ses  orbites  trop  hautes,  le  type  classique  de  l'Egyptien.  Il  serait 
toutefois  nécessaire  que  je  voie  cette  série  entière  de  crânes  d'Abydos, 
que  j'hésiterais  à  classer  définitivement  parmi  les  prépharaoniques,  pour 
me  prononcer  avec  une  assurance  suffisante. 

L'indice  nasal  compris  entre  42  et  54,7  révèle  la  présence  côte  à  cote 
dans  un  même  petit  groupe,  de  leptorhiniens,  de  mésorhiniens,  de  platy- 
rhiniens.  Mais  en  réalité,  sur  sept  indices,  quatre  relèvent  de  la  leptorhi- 
nie,  un  de  la  mésorhinie  et  deux  de  la  platyrhinie.  Ces  différences  dans 
l'indice  nasal  ne  semblent  pas  correspondre  à  des  différences  dans  l'indice 
céphalique.  L'indice  nasal  le  plusbas(42)appartientàun  crAne  d'un  indice 
céphalique  de  73,3  ;  et  l'indice  nasal  le  plus  élevé  (54,7)  appartient  à 
un  crâne  dont  l'indice  céphalique  est  de  72,2  et  qui  est  des  plus  longs 
absolument.  M.  Giuffrida-Iluggieri  a  donc  raison  d'admettre, sous  ce  rap- 
port, une  variabilité  assez  étendue  chez  les  Siciliens  préhistoriques. 
Puisque  dans  la  première  série  de  ses  crânes,  celle  de  la  grotte  de  Fico, 
nous  avons  relevé  des  écarts  du  même  genre.  Mais  chez  les  Egyp- 
tiens anciens,  par  exemple,  ce  n'est  pas  la  leptorhinie  qui  domine- 
comme  chez  les  Siciliens,  ce  serait  plutôt  la  platyrhinie.  La  dif- 
férence est  notable.  Ht  dans  cette  série  de  Chiusilla  la  présence  d'un 
élément  modificateur,  perturbateur,  est  irrécusablement  attestée  par 
trois  pièces.  De  l'une  d'elles,  la  calotte  n"  2766,  M.  Giufi'rida-Huggieri 
nous  dit  (p.  17)  que  son  type  sphénoïde,  très  rare  aujourd'hui  en  Sici'e, 


:>(i.s  4  mm  11  mi:; 

(-Hiiit  luoiiis  raie  parmi  It-s  j)ll■l^i^^lul  i<iiii's.  Il  est  liés  cuiumuii  aujuuid  liui 
parmi  les  Eurasiates.  C'est  celui  du  crâne  globuleux  aux  bosses  parié- 
tales rentlées  (Serfp.  Arii  et  Jtalici,  p.  428,  Sfenoide  rolondo)  commun 
chez  les  Slaves.  Des  crAnes  brachycéphales  du  même  genre  ont  été  trou- 
vés en  Sicile  parmi  les  piéhisloriques  du  Monte-Bradoni,  près  Vollerra, 
de  Villafrali,  prés  Termini-lmeresc,  à  Salinas,  près  Palerme,  à  Orsi  au 
sud  de  l'ile  {Maleriale  pali-lnuluf/ico,  l'J02,  p.  i9).  C'est  cet  élément  bra- 
chycéphale  (jue  l'on  a  donné  comme  repiésenlanl  l'élément  sicule  des- 
cendu de  I  Europe  le  long  du  littoral  occidental  de  l'Italie.  Mais  quelle 
preuve  a-t-on  qu'il  n'est  pas  venu  en  Sicile  directement  de  l'Asie? 

Nous  ne  voyons  pas  en  somme  parmi  les  Siciliens  un  élément  sûrement 
asiatique  en  dehors  de  lui.  Nous  n'y  voyons  môme  pas  d'élément  sûre- 
ment protoégyptien  en  dehors  de  rares  individus  aux  orbites  carrées. 

M.  Atgier.  —  Autant  qu'il  est  possible  de  comparer  des  crânes  à  des 
types  vivants,  je  puis  dire  que  les  crânes  d'Abydos  qui  nous  sont  pré- 
sentés par  mon  excellent  ami  le  D""  Papillault  ne  me  paraissent  pas  prove- 
nir de  races  disparues. 

En  effet,  ces  crânes  qui  n'ont,  de  par  leurs  indices,  rien  de  négroïde  me 
rappellent  les  principaux  types  que  j'ai  observés  parmi  les  Touareg  du 
Sahara. 

Ce  terme  de  Touareg  ne  doit  pas,  suivant  mes  observations,  être  pris 
dans  le  sens  de  race  berbère  ou  autre,  mais  dans  celui  de  population,  il 
n'a,  en  conséquence,  pas  plus  de  valeur  ethnique  que  le  terme  d'Algérien 
ou  même  d'Européen. 

Le  peuple  touareg,  autant  que  j'ai  pu  m'en  rendre  compte  par  les  types 
dont  j'ai  étudié  la  tète  et  la  face,  est  un  peuple  complexe,  c'est-à-dire  com- 
posé d'éléments  ethniques  très  différents  les  uns  des  autres. 

Un  de  ces  éléments  ethniques  est  représenté  par  le  l»""  crâne  d'Abydos, 
présenté  aujourd'hui,  conlinant  à  la  brachycéphalie,  mais  s'en  écartant 
par  des  traces  de  métissage  qui  lui  ont  valu  de  la  part  de  notre  distingué 
collègue  M.  Verneau,  le  terme  de  pentagonal. 

Un  2®  est  représenté  parle  2«  crâne  d'Abydos,  plus  ou  moins  apparenté 
à  celui  de  Cro-Magnon,  caractérisé  par  une  dolichocéphalie  accentuée, 
un  faciès  étroit  et  ovalaire,  un  crâne  idem. 

Un  3°  est  représenté  par  le  3°  crâne  d'Abydos,  offrant  les  caractères 
de  métissage  des  deux  premiers  et  confinant  à  la  mésaticéphalie. 

Un  40  est  représenté  par  la  brachycéphalie  proprement  dite,  analogue  à 
celle  que  nous  trouvons  en  Bretagne  et  en  Auvergne. 

Un  5"  est  représenté  par  la  dolichocéphalie  de  nos  Ibéro-Berbères  ac- 
tuels. . 

Un  6«  enlin  est  le  produit  du  métissage  de  ces  deux  derniers. 

En  outre  de  ces  six  types  différents,  tous  les  autres  éléments  ethniques 
rencontrés  chez  les  Touareg  sont  nègres  ou  négroïdes  et  vivent  côte  à 
côte  avec  les  Touareg  dont  ils  partagent  le  genre  de  vie  et  le  langage  ; 
si  donc  les  Touareg  sont,  de  par  leur  dialecte,  classés  parmi  les  Berbères 


L.   CAPITAN.   —  CIIAVIERS    Ol'ATERNAIItKS    KK   LA    lU'R    DE   RENNES  209 

au  point  de  vue  lin,iciiisti(|ii(',  celle  |)n|)iil;ili(jn  nciinade  (jue  nous  avons 
connue  par  les  prisoniiieis  faits  lors  des  razzia,  est,  au  contraire,  des 
plus  hétérogènes  au  puinl  de  vue  i-Umique  et  oiTre  un  vaste  champ 
d'étude  des  plus  intéressantes  aux  anthropologistes  des  populations 
Sahariennes. 

Lu  primiliri'  Ki/i/plf  et  ses  races.  -  Dans  la  Science  au  A'A"  siècle,  du 
15  janvier  11)05,  par  .M.  Zaborowski. 

Il  s'agit  d'un  court  article  de  vulgarisation  publié  ;\  l'occasion  de 
l'apparition  de  l'ouvrage  de  M.  E.  Chantr»».  Il  m'a  siilli  di;  faire  reproduire 
trois  des  photographies  de  momies  i|in'  iloime  M,  Chantre  pour  faire 
ressortir  les  rapports  évidents  (jui  unissent  la  race  égyptienne  au  pur 
type  sémite,  rapports  en  raison  descjuels  j'ai  justement  qualifié  de  proto- 
sémites les  protoégyptieos.  Le  portrait  d'une  jeune  fille  copte  placé  à  côté 
de  ces  photographies  montre  à  l'évidence  combien  on  exagère  en  disant 
que  la  race  égyptienne  s'est  maintenue  avec  tous  ses  caractères  essentiels 
i\  travers  les  Ages  jusqu'à  maintenant.  Les  Egyptiens  actuels  sont  un 
mélange  bien   complexe. 


806°  SÉANCE.  —  18  Mai  1905. 

Présidence  de  M.   Skuillot. 

M.  ilKitvÉ  ih-pose  sur  le  iiiireau  un  pli  i'acli('t("  dcslinr  ;'i  èlrc    oiiv<'r(  et  roui- 
riiiini«|iii-  i-n  séance  sur  l.i  iJeiiiaïKlc  de  Tauleur.  La  .Société  accepte  le  dépôt. 


RECHERCHES    DANS   LES    GRAVIERS    QUATERNAIRES    DE    LA    RUE    DE    RENNES 

A    PARIS 

Par  m.  L.  Cai'Itan. 

■l'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  une  dent  de  rhinocéros  lichorinus 
recueillie  par  M.  Thieulen  et  une  dent  de  mammouth  recueillie  par  moi. 
Elles  proviennent  de  la  couche  de  graviers  quaternaires  du  fond  de  la 
vallée  que  traverse  le  souterrain  du  Métropolitain  actuellement  en  cons- 
truction sous  la  rue  de  Rennes.  Ces  graviers  présentent  toujours  le  même 
aspect  qu'on  retrouve  dans  Paris  et  aux  environs  :  graviers  assez  gros 
à  la  base,  plus  lins  au-dessus,  et  enfin  sable  assez  fin  à  la  partie  supérieure. 
lUie  de  Rennes,  vers  la  place  Saint-Germain-des-Prés,  le  tout  était  agglo- 
MK-ré  en  un  calein  extrêmement  dur. 

J  ai  soigneusement  examiné  ces  graviers  à  maintes  reprises,  en  jdace 
dans  le  souterrain  et  sur  les  énormes  tas  qui  avaient  été  faits  en  certains 
points  de  la  surface  du  sol.  J'ai  recueilli  quelques  rares  lames  et  éclats 
a  bulbe,  mais  pas  une  pièce  bien  retouchée  ;  jvis  de  coup  de  i)oing.  Par 
contre  les  éolithes  se  trouvent  en  certain  nombre.  Leur  étude  et  leur  déter- 


270  IS  MM  lî^OS 

minalion  technologique  sont  toujours  fort  délicates.  Mais  un  certain 
nombre  de  pièces  paraissent  neltcniont  porter  des  traces  d'usage,  voire 
même  de  retouches  et  dadaptation.  .Vai  l'honneur  de  vous  présenter  deux 
percuteurs  pointus  à  manche  naturel  comme  il  y  en  a  en  Belgique  (c'est 
undeslypesdeHutoD.On  les  retrouve  identiques  en  MgypteiSchweinfurth). 
Il  y  a  aussi  des  percuteurs  arrondis  et  d'autres  tranchants,  des  racloirs 
usagés,  en  général  façonnés  sur  le  bord  d'un  grand  éclat  obtenu  par  cas- 
sure naturelle  ou  arlilicielle.  Il  y  a  aussi  des  outils  à  piquer  ou  percer 
cumine  la  pièce  pointue  que  je  présente  façonnée  à  grands  coups  et  ù  base 
avec  son  cortex.  Cette  pièce  est  identique  aux  poignards  des  Belges. 

Ces  pièces  ne  sont  pas  extrêmement  nombreuses,  si,  comme  il  est  indis- 
pensable de  le  faire  dans  les  recherches  de  ce  genre,  on  prend  soin  d'éli- 
miner les  pièces  hypothétiques,  celles  dont  les  fractures,  écrasements  ou 
esquillements  naturels  pourraient  en  imposer  pour  des  traces  d'usage 
ou  de  retouches  humaines.  Cette  sélection,  —  d'ailleurs  assez  délicate,  car 
elle  nécessite  une  assez  grande  habitude  de  ces  recherches  — étant  faite,  il 
ne  reste  qu'un  nombre  assez  restreint  de  pièces  dont  ainsi  la  valeur  docu- 
mentaire est  réelle.  Ce  sont  celles-ci  que  nous  vous  présentons  sans  vouloir, 
en  aucune  façon,  généraliser  la  question  et  entrer  dans  un  débat  quel- 
conque touchant  la  question  d'ensemble  des  éolithes,  dont  on  parle 
beaucoup  saus  souvent  la  connaître  pratiquement. 

Discussion. 

M.  A.  DE  MoRTiLLET.  —  Cc  n'était  vraiment  pas  la  peine  de  déployer 
autant  d'ardeur  qu'en  a  mis  notre  collègue  à  combattre  les  silex  éolithi- 
ques  du  gisement  tertiaire  si  intéressant  de  Thenay,  pour  venir 
aujourd'hui  présenter  comme  des  outils  des  cailloux  aussi  grossiers  que 
ceux  que  nous  avons  sous  les  yeux.  D'autant  plus  que  ces  cailloux  pro- 
viennent d'alluvions  appartenant  à  une  époque  où  l'on  savait  déjà  pro- 
duire de  beaux  coups  de  poing  de  formes  souvent  élégantes  et  des  grands 
éclats  à  bords  très  coupants.  Les  alluvions  en  question  ayant  assez  fré- 
quemment fourni,  dans  Paris  même,  des  pièces  parfaitement  caractérisées, 
il  est  au  moins  inutile  de  s'attarder  à  des  fragments  informes. 

11  serait  peut-être  imprudent  de  nier  d'une  façon  absolue  que  quelques- 
uns  de  ces  silex  aient  pu  être  employés  aux  temps  préhistoriques,  mais  il 
est,  à  coup  sur,  bien  autrement  téméraire  d'alTirmer  qu'ils  ont  été 
utilisés. 

Je  n'ai  en  aucune  façon  l'inlenlion  d'entamer  ici  une  discussion  sur  la 
question  des  éulilhes.  Je  tiens  simplement  à  mettre  en  garde  les  palelh- 
nologues  contre  celle  théorie  (]ui  consiste  à  voir  dans  une  foule  de  silex 
ébréchés  de  tout  i\ge  et  de  tout  aspect  des  instruments  appropriés  et  uti- 
lisés par  l'homme. 

Les  pierres  du  genre  de  celles  qui  nous  sont  présentées  ne  peuvent 
qu'encombrer  inutilement  les  collections  et,  ce  qui  est  plus  grave,  discré- 
diter les  études  préhistoriques. 


M.   BAUDOUIN.   —  nKryirVEUTK  I)"l  N  MKMIIIl   ToMUl":  SOUS  LES  HUNES  271 

DECOUVERTE   D'UN   MENHIR  TOMBE  SOUS    LES   DUNES   ET  D'UNE   STATION   GALLO- 
ROMAINE  AUX  CHAUMES  DE  SAINT-HILAIRE-DE-RIEZ,   VENDEE  l^7//^     «. 

PAK 

M.  le  D'  Marcel  BAUDOUIN. 

C>:  qui  l'ail  l'iiilértH  île  cette  (rouvaille,  coiiiine  repère  précis  de  chrono- 
loilie  f>réltis(nri({Hi',  ce  n'est  pns  seulement  sa  présence  au  milieu  des  dunes 
et  suus  lesalil"';  mais  le  fait  (pi'il  s'agit  ici  de  dimpu  nasez  anciennes,  n(t\.\.Q- 
muni  (inlé-ro mai nex,  et  nullement  comparables  à  celles  de  la  parti(î  ouest 
de  la  forôt  d'Olonne,  qui  bordent  encore  à  l'heure  présente  l'Océan  atlan- 
tique. Kn  cette  région,  au  contraire,  il  s'agit  de  dunes  spéciales,  situées 
désormais  au  milieu  du  Marais  de  Mont,  c'est  à-dire  n'étant  jdus  en  rap- 
port direct  avec  la  côte.'Elles  correspondent,  en  réalité,  à  des  amas  de  sable 
qui  se  constituèrent  à  l'époque  où  cette  partie  de  la  commune  de  Saint- 
Ililaire-de  Riez  était  encore  un  ilôt  spécial,  et  où  le  golfe  de  Mont  s'éten- 
dait jusqu'aux  Chaumes.  Elles  formaient  alors  la  limite  ouest  de  cette 
île,  bien  exposée  aux  vents,  comme  le  rivage  actuel  qui  lui  est  parallèle, 
mais  est  reporté  aujourd'hui  à  plus  d'une  lieue  à  l'Occident! 

Cette  formation  remonte  évidemment  aux  premiers  temps  de  l'existence 
de  l'île,  qui  n'était  pas  sans  doute  dessinée  à  l'époque  néolithique,  car  Riez 
faisait  alors  partie  du  continent.  Elle  a  été  la  conséquence,  d'abord,  deVef- 
fondrement  de  la  plaine  calcaire  qui  est  devenue  le  golfe  de  Mont  avant  l'épo- 
que romaine  *,  puis  du  retrait  pr-ofjressif  des  eaux,  qui  a  constitué  le  Marais 
de  Mont  et  qui  paraît  contempprain  du  début  du  Moyen  Age. 

Au  point  de  vue  des  modifications  du  sol,  on  remarquera  (jue  la  pierre 
repose  directement  sur  les  sables  cénomaniens,  sans  qu'il  y  ait  la  moindre 
parcelle  de  sable  quaternaire  ou  de  terre  végétale,  au-dessus  d'eux.  Il  faut  en 
conclure  que  le  menhir  —  si  menhir  il  y  a,  —  a  été  érigé  sur  ces  sables, 
avant  la  formation  des  dunes  en  cette  contrée  d'une  part,  et  que,  d'autre 
part,  il  est  tombé  également  avant  cette  période,  c'est-à-dire  avant  l'arrivée 
des  Romains  sur  nos  côtes. 

N.^TURE  DE  LA  PiERHE.  —  Ou  pcut  admettre  deux  hypothèses,  à  propos 
de  la  l'ierre  du  Trou  d'Argent.  C'est  ou  bien  un  bloc  naturel,  en  place  ou 
erratique;  ou  bien  une  pierre  apportée  là  par  les  hommes,  c'est-à-dire  un 
mégalithe  vrai. 

a)  Bloc  naturel.  —  Nous  ne  pouvons  croire  à  un  bloc  naturel,  formé  là 
sur  place,  ou  à  un  bloc  erratique,  car  il  serait  le  seul  de  son  espèce  dans 
tout  le  pays  '.  Certes,  ce  n'est  pas  impossible  à  la  rigueur,  en  raison  de 

'  Voir-  le  début,  sôanc ^  «lu  19  jinvicr.  p.  12d-loi. 

^  V.n  co  point  pr(*cis  des  côtos  do  VonJéc,  relTomlroinu.il  parait  antérieur  h  l'éro 
chrétioniK';  il  semble  au  con^raiiia  postérieur,  entre  lilc  de  îlont  et  l'Il  î  d'Yen. 

'  La  pierre  repose  sur  un  sol  cénotnanien.  Or,  d'ordinaire,  les  blocs  de  grùs  céno- 
maniens non  erratiques  se  trouvent  nu  milieu  des  sables  roug.s  de  cette  époque. 

Quant  aux  blocs  erratiques  de  cette  sorte,  ils  se  trouvent  sur  des  rlépôls  rjuatcr- 
naires  (Apremont,  sud  de  la  Vendée  maritime,  etc.). 


27£>  18  MAI  1905 

sa  silunlion  sur  les  sables  cônoinaniens,  dont  les  dépôts  supt'ripurs  ont 
pu  être  enlevés  par  la  mer,  puisqu'il  .semble  être  en  grés  de  celle  époque; 
mais  ce  n'est  guère  probable  pour  les  raisons  que  nous  allons  énumérer 
maintenant. 

b)  Mégalithe.  —  Nous  croyons,  en  effet,  à  l'existence  d'un  bloc  mégali- 
thique: 1"  en  raison  de  la  Légende  du  Trésor;  2"  îi  cause  de  la  présence  d'une 
source  '  (on  sait  que  souvent  il  y  a  des  menhirs  prés  des  fontaines  à  su- 
perstitions); 3°  en  raison  de  la  /o/j»e  de  la  pierre,  qui  j)araît  avoir  été 
choisie  h  dessein  pour  sa  régularité  et  de  ses  duneusions  mêmes  *;  4**  à 
cause,  enfin,  de  l'existence  de  quelques  petits  blocs  décalage  '•^,  du  coté  de 
la  base,  c'est-à-dire  à  l'est. 

Nous  pensons,  de  plus,  (ju'il  s'agit  d'un  menhir  tombé  (il  ne  peut  être 
question,  en  effet,  ici  d'un  pilierdedolmen  ou  (rall(''e  couverte),  parce  que, 
dans  la  contrée,  il  yaeu  et  ily  aencore  denombreuxnienhirsdecetle  sorte, 
c'est-à-dire  à  faces  Irèsaplaties  {ininifurs plats),  orientés  defaçon  identique, 
c'est-à-dire  h  grand  axe  nord-sud,  et  calés  de  cette  manière. 

On  pourrait  peut-être  émettre  d'autres  hypothèses:  celle  d'unepierreà  sa- 
crifices, entr'autres,  etc.  Maisdiscuter davantage,  quand  on  manque  debase, 
est  inutile  ;  elil  nous  semble  que  nous  en  avons  déjà  assez  dit  pour  prouver 
que  toutes  les  chances  sont  bien  décidément  en  faveur  de  la  théorie  d'un 
petit  menhir  tombé,  à  laquelle  nous  nous  arrêtons  jusqu'il  nouvel  ordre. 

Trouvailles  PRÉHISTORIQUES.  —  Nous  avons  recherché,  dans  les  mémoires 
des  archéologues  locaux,  si  l'on  avait  déjà  trouvé  dans  l'ancienne  île  de 
Riez  d'autres  vestiges  néolithiques,  en  dehors  du  mégalithe  que  nous  ve- 
nons de  décrire.  Malgré  une  lecture  approfondie,  en  particulier  des  tra- 
vaux de  M.  Charles  Mourain  de  Sourdeval  sur  cette  contrée,  qu'il  connais- 
sait bien  S  et  de  l'abbé  Baudry,  nous  n'avons  rien  découvert. 

a)  Hache  polie.  —  Toutefois,  on  nous  a  raconté,  en  1902,  qu'un  M. Billon 
avait  trouvé,  autrefois,  non  loin  des  Chaumes  ^,  c'est-à-dire  assez  près  de 
notre  pierre,  une  hache  polie,  qui  aurait  été  cédée  ;i  un  M.  Garet,  habitant 
les  environs  de  Nantes  (?).  Cette  hache  aurait  été  rencontrée  à  l'ouest 

•  Dans  la  Forêt  d'Olonne,  la  Couche  des  Trois  Dames,  lieu  dit  prèliistorique,  est 
voisine  de  la  Fontaine  des  tt^ois  Dames.  A  Avrillé,  près  de  la  fontaine  de  Saint-Gré,  il 
y  a  un  menhir,  cic.  [Voir  :  Murcel  Baudouin,  Les  Fontaines  qui  guérissent  en 
Vendée.]. 

-  Debout,  ce  munhir  avait  à  peu  près  2  mètres  de  haut;  ce  qui  est  une  hauteur 
sufKisante. 

3  Ce. dernier  argument  a,  pour  nous,  une  valeur  considérable;  en  effet,  pour  main- 
tenir dressés  les  menhir.s  et  les  support  de  dolmen?,  on  est  toujours  obligé  de  les 
caler  avec  de  la  pierraille. 

^  Gh.  Mourain  de  8ouni>EVAL.  —  L'//r  de  Iii<-:  —  Mi^m.  di-  la  Soriélr  des  Anti- 
quaires d<-  f  Ouest,  Poitiers,  i86"J[l870J,  p.  101-2-29. 

5  II  est  probable  que  les  Chaumes  dont  nous  non-;  occupons  sont  les  «  Chaume.s  de 
la  dueule  de  Be.s.se  >,  cités  dans  un  acte  de  17  44  par  M.  Ch.  M.  de  Sourdeval  {Loc.  cit. 
p.  227).  —  A  celle  époque,  c'était  un  «  terrain  de  sable,  inculte,  et  de  nulle  valeur.  » 


M.   BAUDOUIN.   —  DKCOUVEnTE  d'uN   MF.MIIII  TOMBÉ  SOUS    LES  DUNES  273 

près  des  riranges  (commune  (11'  Riez),  à  l'ouest  de  la  >■  hourrine  »  de  M.  bro- 
chet; mais  ne  nous  pouvons  gaivinlir  li  véracité  (le  ce  renseignement,  [tour- 
tant  important  au  point  de  vue  de  la  détermination  delà  pierre  du  Trou 
d'Argent  '. 

b)  Faux,  su.ex.  —  Jusqu'à  présent,  en  dehors  de  ce  dm-nier  objet,  la  com- 
munede  Sl-llilaire  de-Riez  ne  paraît  avoirprésentéaucun  autrereslepréliis- 
toriqueV  Nous  devons  déclarer,  toutefois,  qu'on  nous  a  apiiorté  du  lieudit 
les  lioiii's,  (pii  se  trouve  prés  du  l'issot,  c'est-à-dire  à  la  base  de  la  pres- 
(]u'ile  sablonneuse  des  Malles,  formée  par  d'anciennes  dunes  <pii  sont 
la  continuation  au  nord  de  celles  des  tlhaumes,  des  morceaux  de  silex 
cassés,  qui  nous  ont  beaucoup  étonné  tout  d'alx^rd,  parce  (pie  le  sol  ne 
renferme  aucune  roche  de  celte  nature. 

Après  examen  attentif,  nous  reconni'imes  d'abord  (pi'il  ne  s'agissait  pas 
de  vrais  silex  préhistori(iues  ;  et,  après  en(piéle  sur  place,  nous  ei^inies  la 
clé  du  problème. 

Autrefois  il  y  avait  aux  Roues  un  moulin  h  vent,  dont  le  cerne  est, 
paraît-il,  indiqué  au  cadastre;  et  les  débris,  recueillis  dans  la  vigne  qui 
désormais  occupe  le  cerne  par  le  cultivateur  qui  nous  les  apporta,  ne  sont 
en  somme  que  les  morceaux  de  la  dernière  meule  utilisée  dans  ce  moulin, 
et  cassée  après  démolition  de  la  construction  '■^'l 

C'est  la  une  cause  d'erreur,  importante  à  souligner  pour  tous  les  dépar- 
tements maritimes,  où  il  y  a  encore  beaucoup  de  moulins  à  vent. 

Découverte  de  squelettes.  —  On  nous  avait  signali'  tpi'à  une  ciiupian- 
taine  de  mètres  à  l'oMes^  de  la  pierre,  au  niveau  iriin  monticule,  mais 
toujours  dans  la  sapinière  qui  occupe  aujourd'hui  le  champ  n"l253,  sec- 
lion  C,  du  cadastre,  on  avait  trouvé  jadis,  par  hasard,  sur  le  sable  de  la 
dune,  et  au  milieu  des  pommes  de  pin  tombées  à  terre,  des  débris  osseux, 
paraissant  provenir  d'un  crâne  humain,  qu'on  supposait  avoir  été  déterré 
par  les  lapins,  pullulant  en  ces  parages,  et  dont  M.  Fromenly  lui-même 
avait  vu  quelques  morceaux. 

1"  Fouille  de  1902.  —  Nous  nous  fîmes  alors  conduire  au  lieu  précis 
de  cette  rencontre:  et,  grâce  à  deux  terrassiers,  y  fîmes  pratiquer  une 
fouille  méthodique,  qui  fut  assez  fructueuse. 

En  effet,  dès  les  premiers  coups  de  pelle  dans  ce  sable  très  meuble,  on 
apereut,  à  0  m.  45  ou  0  m.  50  au-dessous  des  débris  végétaux  jonchant  le 


*  M.  BiTTON  {Doc.  inédits)  prétend  qu'on  a  trouvé  des  silex  taillés  à  N.  I).  de 
Riez;  mais  il  n'indique  rien  pour  Sainl-Hdaire-dc-Riez. 

*  On  connaît,  près  ilo  Maltes,  entre  le  Pvé-au.v-Bœufs  l-1  les  Tovves  lildiiches,  nn 
roclii-r  qui  se  trouve  ilans  un  pré  «it  qui  porte  le  non  de  Hoche  Gar/nifjnl  —  Il  s'a^'it 
d'un  pdintemi-nt  de  c  ilcaire,  c'est-à-ciire  d'une  roche  naturelle. 

•'  .Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumère.  —  Découverte  frune  station  de  silex 
taillés  (le  l'ppotjiie  moustérienne  au  Moulin-fJa.ssé  de  Saint-MarlindeBreni{\  endée). 
Revue  du  Bas  Poitou,  1903.  —  Tiié  à  part,  Lafolye,  in-8o,  11^.,  \\W6. 


^"^  "     is  Mvi  i90r 


sol,  des  fragments  d'os  humains,  d'aspect  très  poreux,  et  de  colornliMnlrAi 
jaune. 

Ue  fines  racines  les  pénélraienl  de  (ouïe  pa,(,  indi,,uanlmanifeslemen( 
ve;t  B,      slTninTT?  "•'='-»"' P»'«npl'-'ce^  ils  avaient  «é  bo„le- 

Voici  la  liste  des  seuls  /ragmeiîls  J'os,  q\ic  noiïs  avons  pu  alors  extraire  ; 
ils  désignent  d'aiHeurs,  par  leur  volume,  un  sujet  plutôt  j>j/w^. 

a)  Extrémité  suplérileure  du  fémur  droit,  sans  tôle  et  sans  grand  tro- 
chanler,  et  dont  Iç  col  fait  uri  ^nisle  l^és  ouvert  avec  le  corps. 

à)  Tête  fémorale  du  coté  gauche,  isolée; 

c)  Extrémité  inférieure  du  fémur  /jauche,  sans  lescondyles; 

d)  Tête  humérale  isolée; 

c)  Extrémité  supérieure  de  l'humérus,  sans  la  tête; 

/)  hxtrénlité  inférieure  de  l'humérus  gauche,  avec  cavité  olécrànienne 
(Jrofdnde,  mais  non  perforée. 

g)  Moitié  supérieure  du  tibia  gauche,  sans  la  surface  articulaire.  Cet 
os  QSi  assez  aplati  latéralement  (2«'"X3<''"^5). 

t")  Fragments  divers  cE'^o^  ilKic|;ue,.  d:e  vertèbres  (apophyses  el  arcs),  de 
GÔtes^,.  de  phalangës;  ëtc". 

Tous  ces  ossements,  qui  étaient  remplis  de  gable  fin  {ce  qui  indique  biem 
qm'il'  s-'agil.  d'un  enfouissement  postérieur  à  la  formation^  de  la  dune),. 
éiàieni  d'âY\ê  friabilité  telle  qu'il  a  été  presque  impossible  de  les  con- 
server. En  ies  lavant,  ils  tombaient  en  morceaux.  Ils  n'avaiewt  pti&  da 
tout  la  solidité  ries  ossements  trouvés  dans  les  dolmens  a  sol  granilique,. 
ossements  qui  sont  cependant  bien  plus  fragiles  que  ceux  des  n?cga>- 
lithes  à  sol  calcaire. 

Cela  prouve  que  le  sable  des  dunes  et  des  plages  est  un  Irè»  mauvais 
milieu  pour  la  conservation  des  squelettes,  qui  s'j'  altèrent  vile;  et  cela 
f^st  certainement  dû  à  ce  qu'il  est  exclusivement  cotiiposé  de  fins  grams» 


de  quartz.  '■mensions  de  tous  les  os  consei'vés,  il  faut  con- 

En  raison  des  faibles  u..^  ^^^^^^^^^^  ^^^^  ^^^ .^e  contrée  on 

dure  à  un  .uiei  jeune    II   "  «^f  P^-;  ■        ^-  ,,,  ,.     ^  ,^,^^,,^  ^as  d'inhu- 
^it  affaire  à  un  crime  ou  t^  UU  suitiut.  &  f 

mation  avec  cercueil,  en  pleine  dune.  r         «    -   trou- 

■    En  elTet,  le  squelelte  n'était  pas  très  profondément  en  oui  et  se        ^^ 
vait,  sans  aucun  mobilier  funéraire,  au  miUeu  même  du  sable  de  la  dune 
non  pas  au-dessous  de  la  dune.  A  notre  sens,  on  peut  admetlie,  a 
rigueur,  que  le  cadavre  ne  fut  pas  à  proprement  parler  enterre  dans  le 
sable.  Tombé  sur  la  duue,il  a  dû  plutôt  avoir  été  ultérieurement  recouvert 
d'une  façon  spontanée,  par  une  certaine  couche  de  sable  f  "fP«;^^    P/;^ 
le  vent,  avant  la  plantation  de  sapins  qui  fut  faite  bien  plus  tard  en  ce^ 
dunes,  car  les  sapinières  y  sont  toutes  modernes.  ,,,;^„^. . 

'     En  tout  cas,  il  ne  s'agit  certainement  pas  \h  ^'ossements  prehtstonque^ , 


M.   K.UUi.LlN.    —  DKCOlVEUTi:  D  IN  MENlllU  T.JMUK  SULS  LES  UUNES  273 

et  ces  restes  nunl,  h  notre  avis,  aucun  rapport  avec  une  sépulture  .jucl- 
conque  et  surtout  avec  la  Pierre  des  Chaumes. 

2-  Trounulles  nouvelles  de  1005.  -  Ces  ligues  étaieul  écrites,  quan.l 
M  Fromeuty  nous  tit  part  de  nouvelles  trouvailles  faites  le  11  janvier 
1903  dans  le  même  champ  u»  253,  et  à  peu  près  iv  l'endroit  ou  nous 
avions  fouillé  en  1902,  en  réalité  dans  un  i;f;^on  eVune  douzaine  de  mètres 
à  peine. 

En  arracUan*;^  ^igg  sapins,  ses  ouvriers  ont  découvert,  à  peine  à  0  m.  30 
.^e  Pi"^'':bndeur  :  1°  Une  douzaine  de  aidacrca,  dont  8  cr;\nes  ^oiil  bien 
Conservés,  surtout  "l'un  d'eux  auquel  aucune  dent  ne  manque  ; 

2"  4  vasesi  en  terre  rouge,  dont  deux  en  très  bon  étal;  tous  étaient  com- 
plèler.ent  vides;  plus  un  fond  de  jiot  routai»,  en  terre  grise; 

3"  Une  sorte  de  menk,  paraissant  roiitainc: 

4"  Enfin  deux  anneaux  de  métal  (pdvre  ou  broniè}^ 

Y  compris  les  anneaux,  nous  avx^ns  pu  examiner  toutes  ces  pièces, 
fort  intéressantes,  tes  cl'.'iuee  cadavres  plaident  tout  à  fait  en  faveur  de 
Sa  théorie  ém\^è  |^l\)s  haut  (sujets  tombés  sur  la  dune),  quoique  la  pré- 
sence des  vm^  s'explique  assez  peu  par  celte  hypothèse.  Mai!>,  ay^nt 
de  riea  'préjuger,  il  est  indispensable  d'étudier  de  près  les  osseifto'ïi'ts  et 
surt*:,ut  les  poteries,  qui  nous  donneront  une  date  assez  précise  et  des  rfift- 
seignements  précieux. 

Kn  tout  cas,  voici  lout  ce  que  nous  savons  actuelleweBa  sur  1=^  uécou- 
verte  de  notre  ■ami  Fromenly. 

A)  Squelettes.  -^  Les  dou^e  ïifiieieUes  ont  été  tous  trouvés  à  la  même 
Iprotondeur,  soil  Ocn.  30  h'Q  ihM,  au  milieu  di  gable  de  la  dune,  comme 
celui  que  nou.s  avons  déci^ii  plus  haut, 

Ils  étaient  »>\acés  dav,s  un  rayon  d'une  douzaine  de  mètres  autour  .les 
ossements  exhU>*.<3s  en  1902.  Tous  les  .squelettes  étaient  disposés  sur  des 
lignes  paraHciDs  a  environ  1  mètre  .-^O  les  uns  des  autres.  Dix  squelettes 
cuir;,.t,pr^squ'au  sud  de  la  fouille  de  1902;  deux  seulement  à  l'ouest. 

'Les  \etes  étaient  toutes  à  Vouest,  et  les  pieds  à  l'.'st;  mais,  chose  très 
'CUiVeuse,  les  faces  regardaient  toutes  du  coté  de  la  terre.  Autrement  dit, 
tous  les  cadavres  ont  été  ensablés,  couchés  sur  le  ventre.  Ce  qui  semble 
indiquer  un  dépôt  spontané  de  cadavres,  plutôt  que  des  sépultures 
vraies  (sauf  pour  rf^w.r  sujets),  c'est-à-dire  des  cadavres  abandonnés. 

Les  ossement.s  n'étaient  nullement  enchevêtrés  les  uns  dans  les  autres 
et  les  douze  squelettes  étaient  bien  isolés';  il  ne  s'agit  donc  pas  d'un 
ossuaire. 

D'après  une  renuirque  de  .M.  Kru.n..nty,  ces  cadavres  n'or..[  certainement 
pas  ete  placés  dans  un  cercueil,  avant  d'être  enterrés. 

Lu  dehors  des  huit  cnlnes  mis  décote,  on  a  retrouvé  beau.:oup.le  libia's 
e  de  lemurs,  d'humérus,  de  radius  et  de  cubitus,  qui  ont  été  conservés 
étudi'  '  Vf ''  "^'^  "^'^^^'^^  Pet'^s  ^s  ^^  fragments  osseux,^  gtqui  seronf 


276  18  MM  1005 

li.  Vases.  —  a)  V^  srpullitri'.  —  Trois  des  vasos  ont  été  trouvf's  à  côté 
des  parties  d'un  squelette  spécial,  isolé.  Ils  correspondent  donc  bien  h 
une  sépulture.  Ils  étaient  absolument  vides  (pas  de  charbon,  ni  de  mon- 
naie); nous  savons  qu'ils  ne  présentent  pas  de  dépôts  intérieurs. 

Deux  sont  do  même  forme,  mais  de  grandeur  difTérente.  Le  troisième 
est  plusgrandj  et  n'a  d'ailleurs  aucune  ressemblance  avec  les  deux  autres. 

Ces  trois  vases  sont  en  terre  rouf/e  samienne.  Les  deux  premiers  sont 
guillochés  sur  une  certaine  partie  et  d'une  forme  difTérente  du  troisième. 

Ce  dernier  a,  peintes  sur  toute  sa  surface  externe,  des  sortes  de  fleurs, 
analogues  aux  «  Marguerites  »  (Bellis  ]ierennis,  L.),  bien  ouvertes,  ainsi 
que  nous  avons  pu  le  consialei-  sur  un  croquis  que  M.  Fromenly  nous  a 
envoyé  (Fig.  4). 


Fig.  4.  —  Vase  galln-romain,  à  col  brisé.  —  Légende  :  F.  fond  du  vase;  M.  corolles 
peintes;  b,  b'  6"', guillochures  du  col  C;  A,  insertion  sur  la  panse  de  l'anse  brisée. 

D'après  cette  aquarelle,  il  s'agit  d'un  vase,  en  forme  de  sphère,  dont  le 
col  et  le  goulot,  très  étroits,  sont  cassés,  ainsi  que  l'anse.  Il  a  un  petit 
fond  et  une  large  panse,  comme  les  cruches  gallo-romaines  de  la  nécro- 
pole de  Bernard.  En  dehors  des  corolles,  peintes  à  la  surface  {Firj.  4,  M),  il  y 
a  au  niveau  du  col  une  sorte  de  triple  anneau  de  guillochures  (/>,  b'  b''). 
Sa  hauteur  est  de  0  m.  485:  .son  plus  grand  diamètre  0  m.  180;  il  est 
donc  presque  sphérique.  Il  a  beaucoup  de  galbe;  et  il  s'agit  certaine- 
ment d'une  cruche  d'un  certain  prix  '.  Ce  vase  semble  avoir  été  fait  en 
Gaule,  à  Tépoque  romaine.  Mais  il  a  un  cachet  or(V/i7a/ indiscutable;  et 
ce  pourrait  bien  être  une  poterie  importée. 

B)  2^  sépulture.  —  Un  quatrième  vase  a  été  trouvé,  à  côté  d'un  autre 
squelette.  Il  correspond  donc  à  une  seconde  sépulture.  Il  est  en  terre 
rouge  comme  les  précédents  et  a  été  aussi  trouvé  vide. 


<  i'our  la  Nécropole  de  Troussepoil,  l'abbé  Baudry  n'en  a  pas  publié  ayant  même 
allure,  à  notre  avis  (Puits  funéraires  du  Bernard,  1873). 


M.    llAIDOriN, 


DKCiHS'EIIIK   It  1  N   MllMIIIt    inMlli:   nui  s   i,i.;>   DIN» 


l'TT 


C)  Aniu'iius.  —  Les  anneaux  uni  élé  dt'cuuvcils  à  (ni('lijiio.s  nièlres,  envi- 
ron 2  ou  'A,  des  squelettes,  l'ar  suite,  ils  ne  font  peul-ùlre  pas  partie  d'un 
mobilier  funéraire  et  d'une  sépulluie.  Ils  ne  paraissent  pasprovenii'  non 
plus  d'un  vôtemont  qui  aurait  pu  recouvrir  un  cadavre,  et  ressemblent 
plutùtà  des  A;vz<y/c/i- cassés  ;  mais  ils  sont  vraiment  bien  petits  pour  n^présen- 
ter  des  objets  de  celte  nature,  à  moins  qu'il  ne  s'a^isse  d'une  parure 
d'enfant;  ce  sont  tous  deux  des  anneaux  nou  fermt's. 

Antu'uu  l.  —  liO  premier  anneau,  un  peu  déformé,  a  une  extrémité 
brisée  de  façon  indiscutable  {Fiii.  5,  I,  A);  l'autre  (I,  li),  écartée  de  ^1  centi- 
mètres environ,  est  intacte,  pointue,  et  aplatie  en  queue  de  serpent,  avec 
une  sorte  de  V,  très  allongé  et  couché,  tracé  en  pointillés  à  sa  face  externe 
(I,  B'C).  L'anneau  a  un  diamètre  moyen  de  4  centimètres.  Il  est  formé 
d'une  tige  métallique,  dont  la  coupe  représente  une  moitié  d'ovale,  à  sur- 
face interne  aplalie,  et  qui  a  4  millimètres  de  haut  sur  2  millimètres 
d'épaisseur.  Les  deux  surfaces  sont  unies,  sans  ornements  d'aucune  sorte. 
Il  pèse  9  gr.  50. 

// 


Fig.  5.  —  Anneaii.v  mélaliiqnt'S,  en  hraiise. 

Anneaii  II.  —  A  peu  près  de  mômes  dimensions  que  le  précédent,  cet  an- 
neau qui  est  aussi  ouvert,  avec  une  extrémité  très  aplatie,  brisée  (Fif/.  ~), 
il,  A),  au  niveau  d'un  œillet  (A'C,  ABC)  (jui  devait  exister  pour  la  ferme- 
ture du  bracelet,  et  rendait  cette  partie  très  fi-agile,  tellement  il  était  large 
par  rapport  au  volume  de  l'anneau.  I/ouverlure  est  de  2  centimètres;  et 
l'autre  extrémité  intacte  se  termine  en  boulon  arrondi  (II,  B). 

Cet  anneau  a  aussi  4  centimètres  de  diamètre,  mais  ne  pèse  que  6  gr. 
Ce  qui  lient  à  ce  qu'il  est  formé  d'une  tige  métalli(]ue  n'ayant  que  3  mil- 
limètres de  hauteur.  Il  est  semi-ovalaire  à  la  coupe.  La  face  interne 
est  aplalie;  mais  il  n'est  pas  uni  à  l'extérieur  :  il  présente  une  série  de 
godrons,  qui  occupent  toute  la  face  externe  et  ont  chacun  2  millimètres 
de  large,  si  bien  que  nous  avons  pu  compter  43  annelures,  avec  celle 
correspondant  à  l'œillet  d'articulation  {Fuj.  .7,  II,  1-43). 

Si  ces  deux  anneaux  sont  bien  des  bracelets  ',  il  ne  peut  s'agir,  évidem. 
ment,  que  de  parures  d'enfunts,  car  leur  diamètre  est  de  4  centimètres  au 
maximum!  On  les  a  crus  en  cuivre,  lors  de  la  trouvaille;  mais  ils  ont 


*  L'abbé  Baudry  n'a  pas  ligure  d'objeis  analogues  dans  son  ouvrage. 


27 R  18  MM  IDO:') 

bien   l'appanMici-  du  hronze.  de    l'avis  de   loutos   les   personnes  compé- 
tentes '. 

lU  doivent  (Hre  contemporains  des  vases  trouvés.  (|ui  sont  tous  gallo- 
iiunains.  (|uoi  (|u'ils  r.'ss.Midil-'id  ass(>z  à  certains  bracelets  du  premier 
;\ge  du  IVm-. 

Conclusions.  —  En  présence  de  ces  dernières  trouvailles,  il  est  dillicile 
de  conclure;  et  nous  ne  le  ferons  pas  juscju'à  plus  ample  informé. 

Très  probablement,  il  s'agit  d'une  station  fialloroDuiine  i\u  n*' ou  ni»  siècle 
après  .l.-C,  d'après  les  vases  et  les  anneaux  ;  et  celte  hypothèse  concorde 
bien  avec  nos  idées  sur  l'époque  de  formation  de  la  dune,  qui  est  pour 
nous  préromaine,  puisque  ces  objets  ont  été  trouvés  à  0  m.  30  seulement 
du  sol  actuel,  et  par  consé(juent  presqu'à  la  surface  du  dépôt  sablonneux. 
Mais  c'est  tout  ce  qu'on  peut  avancer. 

(luant  à  savoir  si  les  ossements  sont  des  squelettes  de  soldats  morts  sur 
un  champ  de  bataille  et  abandonnés  là  à  la  merci  de  la  dune,  ou  bien  des 
cadavres  de  naufragés,  abandonnés  par  la  mer  sur  l'ancien  rivage  de  l'île 
des  Chaumes',  ou  bien  au  moins  pour  deux  d'entre  eux  des  restes  d'inhu- 
mations raisonnées.il  est  inqjossible  de  le  dire  actuellement.  Mais,  cepen- 
dant   c'est  à  l'hypothèse  de  naufragés  (jiic  nous  nous  rallions  désormais. 

La  présence  des  vases  semblerait  indiquer,  certes,  au  moins  deux  véri- 
tables sépultures;  mais  la  situation  des  cadavres,  placés  face  contre  terre, 
et  surtout  sur  la  dune,  est  bien  extraordinaire  dans  cette  hypothèse,  que 
l'existence  des  bracelets  (enfants)  ne  vient  pas  confirmer. 

Laissons  en  tout  cas  à  l'avenir  et  à  l'anatomie  le  soin  de  résoudre,  si 
possible,  ce  problème,  très  important  d'ailleurs  pour  l'histoire  de  la 
Vendée  maritime,  car  c'est  la  première  fois  qu'on  se  trouve  en  présence 
d'une  découverte  aussi  difficile  a  débrouiller  et  aussi  considérable  dans 
le  Marais  du  Mont  \ 


'  Peut-être  s'agit-il  de  bracelets  de  femmes  cassés,  et  transformés  en  bracelets 
d'enfants. 

*  A  l'époque  romaine,  les  Chaumes  se  trouvaient,  en  effet,  former  le  rivage  de  l'Ile 
do  Riez  dans  le  golfe  de  Mont. 

3  Dans  riiypottièse  du  naufrage  d'une  barque  d'origine  éliangére,  la  présence  des 
vases  et  des  bracelets  peut  très  bien  s'expliquer. 


IMITAltl).    —   IMl.l  RNt:E  UK  r.A  TAII.I.K   StU    L  INDICE  GÊPHAMgUE  :2T!» 


INFLUENCE   DE  LA  TAILLE  SUR  L'INDICE  CEPHALIQUE  DANS  UN  GROUPE  ETHNIQUE 

RELATIVEMENT   PUR 

Pau  m.  KniKNE  Pittaru. 

l/iiitluonce  de  la  taille  sur  la  valfur  ilc  l'iiidico  c(^jthali(|UO,  en  laiil 
(lu't'\|jri'ssion  d'un  caractère  gém'ral,  n'osl,  pas  cncoïc  l)i«Mi  conmie.  Le 
principal  ubslaclo  h  la  connaissance  exacte  de  cette  iniluencc  provient  du 
faitcjue  l'un  a  travaillé  surtout  avecdessériesd'Européens,  c'est-à-dire  avec 
des  populations  en  général  très  mélangées,  et  d'autre  part  aussi,  avec  des 
séries  trop  petites.  On  sait  que  le  mélange  d'individus  de  «  races  »  diverses, 
dans  des  séries  anthropométriques,  est  une  cause  d'erreur.  Certaines  cor- 
rélations anatomiques  peuvent  être  masquées  par  le  défaut  d'homogé- 
néité ethni(iue  d'une  série,  l 'ne  cause  peut  agir  pour  inlluencer  un  caractère 
anatomique  de  tel  groupe  humain  alors  qu'elle  n'aura  aucune  inlhience 
ou  que  son  influence  sera  dilTérente  sur  un  autre  groupe  humain. 

Dans  son  mé'moiresurlesrapportsanthropométriques  en  général,  M.  Ma- 
nouvrier  '  a  fait  remarquer  les  inconvénients  qu'il  y  a  à  opérer  avec  des 
séries  hétérogènes  quant  à  la  race  et  quant  au  sexe  et  à  l'Age.  lia  montré 
qu'il  y  en  avait  môme  dans  certains  cas  à  mélanger  des  classes  sociales 
ou  encore  certaines  professions. 

Pour  la  série  dont  nous  apportons  l'étude,  ces  inconvénients  sont  ré- 
duits h  leur  minimum. 


.\u  cours  de  jdusieurs  voyages  dans  la  Péninsule  des  lîalkans,  priiici- 
l»alemenl  dans  la  Dobrodja,  nous  avons  recueilli  de  nombreux  documents 
anlhropométrifiucs  notamment  sur  les  Tsiganes.  Cette  po[)ulation  est 
restée  relativement  pure.  Nous  l'avons  montré  par  les  chifîres  de  l'indice 
céphalique.  *  Elle  doit  la  conservation  de  cette  pureté  relative  h.  la  noma- 
disalion  qu'elle  poursuit  encore  ou  à  la  demi-nomadisation.  liUe  la  doit 
aussi  au  mépris  (ju'éprouvent  pour  eux  les  autres  populations  au  milieu 
desquelles  ils  vivent.  liCS  Turcs,  les  Roumains,  les  Bulgares,  etc.  ont  en  gé- 
néral une  répugnance  véritable  à  s'allier  avec  un  Tsigane. 

Notre  matériel  anthropométrique  est  représenté  ici  par  1.205  indivi- 
dus. Tous  ont  été  mesurés  par  nous  même.  Sur  ces  1.205  Tsiganes  adultes 
il  y  a  775  hommes  et  430  femmes. 


'  L.  Manouvrier.  —  Etude  sur  les  rapports  atifhropomélrùjucs  en  général  et  sur  les 
priiiripali-s  proportions  du  corps.  Bull,  et  niéiiioiros  Soc.  d'AnIhropologie  Paris,  1ï)02. 

-  Eugène  Pittard.  —  Voir  en  particulier,  /'indice  céphalique  chez   les  Tsiganes 
di' la  Prninsule  des  ISalkans   (1261  individus  des  deux  se.ves)  Bull.  Soc.   Anthrop 
Lyon.  190'». 


l'so  im  mm  iî)o:i 

.M.  .Maiioiivrier,  en  ulilisaiil  U's  liclies  ilc  ;i.()Tl  hoiumes  de  21  à  44  ans, 
lUL'suivs  à  l'aii.s.  par  lo  piuci''(lé  <l(.'  .M.  Heitilloii^  et  en  les  ordonnant  selon 
la  taille  a  Iroiivf"  leschUîres  suivants  : 


ibro  (l'iDdiviilu< 

Taille 

indice  céphaliquo 

21 

1"'40 

83.1 

128 

1"'51 

82.5 

522 

l'"56 

82.2 

1.U45 

l'"61 

82.2 

1.177 

l'"(i54 

82.3 

800 

1"'70 

82.4 

313 

ln>75 

82.1 

65  " 

1-^80 

81.1 

M.  Manouvi'ier,  constatant  les  faibles  chani^^enients  qui  s'opèrent  dans 
la  valeur  de  l'indice  céphalique,  au  fur  et  a  mesure  que  la  taille  augmente, 
n'insista  pas  sur  ce  caractère. 

L'influence  de  la  taille  paraît  cependant  manifeste.  Pourtant  une  ré- 
serve importante  est  à  faire.  La  population  de  Paris  est  très  hétérogène 
quant  à  la  «  race  ».  C'est  un  mélange  de  tous  les  groupes  humains  qui 
peuplent  la  France.  Et  chacun  sait  que  dans  ce  pays  on  distingue  au 
moins  trois  «  races  »  :  celtique,  kymrique  et  méditerranéenne.  Or  a  priori, 
cette  hétérogénéité  ethnique  peut  influencer  considérablement  les  résul- 
tats exposés.  Il  y  a  des  brachycéphaies  de  grande  taille  (les  Savoyards 
par  exemple)  et  des  dolichocéphales  de  petite  taille  (Méditerranéens).  Sur 
les  13  départements  français  caractérisés  par  la  brachycéphalie,  six  pré- 
sentent en  même  temps  des  individus  qui  sont  h  la  fois  les  plus  brachy- 
céphaies et  les  plus  grands. 

Il  résulterait  néanmoins  des  chiffres  ci-dessus  que,  dans  une  popula- 
tion quelconque,  même  fortement  mélangée,  l'indice  céphalique  diminue 
au  fur  et  à  mesure  que  la  taille  augmente. 

Une  autre  réserve  est  encore  à  exprimer  ;i  propos  de  ce  tableau.  Le 
premier  et  le  dernier  groupe  sont  constitués  par  de  petites  quantités 
d'individus.  Si  nous  éliminons  ces  deux  termes  extrêmes,  le  changement 
éprouvé  par  l'indice  céphalique  au  fur  et  à  mesure  de  la  taille  accrois- 
sante, devient  presque  inappréciable.  Au  surplus,  on  remarquera  que  le 
chilîrede  l'indice  correspondant  à  la  taille  de  1  m.  70  est  exactement  celui 
(il  un  dixième  près)  qui  correspond  à  la  taille  de  i  m.  51.  On  comprend 
pourquoi  M.  Manouvrier  n'a  pas  insisté  sur  les  chitTres  de  l'indice  cépha- 
lique. 

(^ent  cinquante  femmes  mesurées  également  au  service  d'identification 
anthropométrique  de  Paris  ont  fourni  les  chiffres  que  voici  : 


ambre 

Taille 

Indice  céphalique 

40 

1^483 

83.3 

70 

1"'556 

83.4 

40 

l'"602 

83.1 

E.   PITTaRD.    —  IXKLUBNCE  DE   LA   TAILLE  Sllt    L'lM>ir.E  GKPHALIQUE  ^281 

Ce  résultat  est  le  intime  que  celui  fourni  par  les  lioniuK^.  Mais  la  (jues- 
tion  ne  nous  parait  pas  tranchée  par  l'examen  de  ces  deux  laMeaux.  Loin 
delà.  I.a  constitution  même  des  groupes  humains  ipii  onlservià  MM.  Uer- 
tillon  et  Munouvrier  peut  porter  en  elle  des  causes  d'erreurs,  il  se  peut 
parfaitement  que  la  variali«tn  observée  entre  la  taille  et  l'indice  céphu- 
lique  se  répèle  dans  des  jiroupi's  seiuhlalileuient  composés  ;  mais  il  n'est 
pas  (iémontré  qu'elle  soit  applicable  à  tous  les  groupes  humains. 

Il  nous  paraît  donc  légitime  de  continuer  les  recherches  en  vue  de  dé- 
terminer les  corrélations  qui  peuvent  exister  entre  la  taille  et  l'indice  cé- 
phalique  —  nous  nous  bornons  i\  celles  là  pour  le  moment. 


Nous  avons  déjà  dit  que  le  matériel  dont  nous  disposons  est  relative- 
ment pur.  Il  peut  fournir  en  tous  cas  des  résultats  plus  probants  que  ceux 
obtenus  sur  des  séries  d'Européens  quelconques. 

En  même  temps  que  nous  chercherons  le  rapport  de  cet  indice  cépha- 
lique  à  la  taille,  nous  indiquerons  les  rapports  des  deux  diamètres  du 
crâne  qui  servent  à  obtenir  l'indice  céphalique  (D.  A.  P.  et  D.  T). 

Tout  d'abord  la  série  des  hommes.  Nous  avons  fait  dans  les  chiffres  de 
tailles  quatre  coupures.  Pour  les  plus  basses,  nous  avons  admis  une 
différence  de  10  centimètres  afin  d'avoir  une  série  assez  forte. 

Taille  Nombre  d'individus    Indice  céphalique 

de  1™50  à  \^m  (exclusivement).  130  78.88 

—  1>^60  à  11=65  —  .  250  78.69 

—  1^60  à  1°>70  —  230  77.79 

—  1™70  et  au-dessus 165  77.77 

Il  y  a  entre  le  premier  groupe  et  le  dernier  une  différence  de  plus  d'une 
unité  dans  l'indice  céphalique.  On  voit  que  la  dolichocéphalic  augmente 
au  fur  et  à  mesure  de  la  croissance  de  la  taille. 

En  examinant  la  série  des  femmes,  nous  faisons  la  môme  observation. 
Elles  sont  classées  selon  la  nomenclature. 

Taille  Nombre  d'individus     Indice  céphaliqun 

de  1 '"40  à  1  "'52 200  79.91 

—  l'^SS  à  1"'57 140  79.76 

—  1>"58  et  au-dessus 90  79.12 

La  variation  est  moins  grande.  Elle  n'atteint  pas  une  unité  en  passant 
du  premier  groupe  au  dernier.  Les  femmes  sont  moins  influencées  par  les 
causes  modificatrices.  Au  surplus  on  voit  qu'elles  sont  moins  dolichocé- 
phales que  les  hommes.  Cela  peut  tenir  à  un  moindre  développement  re- 
latif de  la  région  glabellaire.  On  le  verra  plus  loin. 

90C.  n'ANTHflOP.  OOd.  ^^ 


-2H2  18  MAI  1905 

Nuus  avons  mis  on  regard  de  la  taille  accroissante  les  chiffres  des  deux 
diamètres  A.  P.  et  T.  et  nous  avons  cherché  leurs  rapports  : 
iJ'abord  chez  les  hommes  : 

D.  A.  P.  D.  T. 


Taille 

U.A  P. 

I).  T. 

Taillo 

Taille 

l'»56H 

187"""55 

147""":i8 

11.98 

9.42 

1"'62U 

]88"'n'48 

148- "'07 

11.63 

9.13 

l'''608 

190"'"'43 

148"""16 

11.41 

8.87 

l'"734 

l«Jl"'n'7 

148mm94 

11.05 

8.58 

On  voit  que  les  grandeurs  D.  A.  F.  et  D.  ï.  croissent,  d'une  manière 
absolue,  au  fur  et  à  mesure  que  croît  la  taille. 

\u  contraire,  on  voit  que  les  rapports  de  ces  deux  grandeurs  h.  la  taille 
diminuent  au  fur  et  à  mesure  que  cette  dernière  s'élève. 

La  dolichocéphalie  plus  accentuée  des  individus  les  plus  grands  pour- 
rait provenir  soit  d'un  plus  grand  développement  relatif  de  D.  A.  P.  soit 
d'un  plus  grand  raccourcissement  relatif  de  U.  T. 

Les  chiffres  ci-dessus  nous  renseignent. 

En  cherchant  les  rapports  des  deux  termes  extrêmes  de  D.  A.  P.  et  de 
D.  T.  à  la  taille,  nous  trouvons  pour  le  premier  0.922;  pour  le  second 
0.910. 

Nous  voyons  donc  que  D.  A.  P.  diminue  moins  vite  que  U.  T.  au  fur  et 
à  mesure  que  la  taille  s'élève. 

La  dolichocéphalie  plus  accentuée  des  individus  de  haute  stature  n'est 
donc  pas  due  à  un  raccourcissement  relatif  de  D.  T. 

Voici  maintenant  les  chiffres  des  femmes  : 


D,  A.  P. 

D.  T. 

Taille 

D.  A.  P. 

D.  T. 

Taille 

Taille 

1^486 

177mm8 

142mm2 

11.96 

9.56 

l'"553 

ISl^ml 

143n.m5 

11.66 

9.24 

1^612 

182mni8 

144mD.5 

11.34 

8.96 

Nous  faisons  les  mêmes  constatations  que  ci-dessus  pour  les  diamètres 
absolus.  Ce  sont  d'ailleurs  des  faits  connus. 

Les  rapports  des  deux  termes  extrêmes  de  D.  A.  P.  et  de  D.  T.  à  la  taille 
sont  0.948  et  0.937.  Ils  imposent  les  mêmes  conclusions  que  pour  les 
hommes. 

Si  maintenant,  nous  comparons  entre  eux  les  chiffres  des  rapports 
ci-dessus  dans  les  deux  sexes  ils  nous  fournissent  des  résultats  qui  ne 
manquent  pas  d'intérêt. 

Ainsi  en  bloquant,  dans  les  deux  sexes,  les  chiffres  des  rapports  de 
D.  A.  P.  et  de  D.  T.,  h  la  taille,  nous  trouvons  : 

HOUMES  FEMMES 

r.  D.  A.  P.        r.  D.  T.  r.  D.  À.  P.  r.  D.  T. 

11.52  9  11.65  9.25 


E.    PITTAUn.   —  INKLIENCE    DE  LA    TAir.LE  SIR   l'iNDIOE  CÉE'HALIOIE  283 

Il  en  résulte  que  les  diamètres  horizontaux  du  crAne,  D.  A.  P.  t-t  I):  T., 
sont  plus  grands,  relativement  à  la  taille,  chez  les  femmes. 

Celles-ci  ont  donc,  dans  ce  sens-là,  un  crâne  relalivi'im'nt  |)liis  déve- 
loppé. 


(Jette  question  des  dilTérences  sexuelles  est  importante.  Aussi  nous  avons 
cherché  à  établir  d'autres  rapports  que  ceux  ci-dessus. 

Nous  avons  entre  autres  calculé  la  valeur  de  l'indice  céphalique  ;\  l'aide 
du  diamètre  métopique  pour  pouvoir  la  comparer  à  celle  obtenue  à  l'aide 
de  D.  A.  P.  Les  chiffres  que  nous  avons  trouvés  sont  les  suivants,  les 
groupes  étant  toujours  sériés  selon  la  taille  accroissante  : 

Chez  les  hommes  : 

Indice  céphalique  à  l'aide  de  : 

D.  A.  r.  D.  M.  Différence 

78.88  79.76  +  0.88 

78.69  79.60  -f  0.91 

77.79  78.95  +  1.16 

77.77  79.08  +  1.31 

Chez  les  femmes  : 

79.71  80.50  -4-  0.5!) 

79.96  80.04  +  0.28 

79.12  79.18  -j-  0.06 

Il  résulte  de  ces  chiffres  que  D.  A.  P.  étant  plus  grand  ((ue  1).  M.  donne 
un  indice  plus  faible  que  ne  le  donne  I).  M.  Et  ces  relations  se  conservent, 
en  fonction  de  la  taille. 

Mais  au  fureta  mesure  que  la  taille  s'élève,  cette  relation,  chez  les 
femmes,  s'atténue.  Les  grandes  femmes  arrivent  presque  a  uniformiser 
les  chiffres  de  l'indice,  que  celui-ci  soit  calculé  h  l'aide  de  D.  .\.  P.  ou  ;i 
l'aide  de  D.  M.  Chez  les  plus  grandes  la  différence  est  devenue  insensible 
{-{-  0.06).  Chez  les  petites  femmes,  au  contraire,  la  diiïérence  est  évi- 
dente (4-  o.:i9). 

(ihez  les  hommes,  c'est  le  contraire  qui  existe.  Plus  la  taille  s'élève, 
plus  les  rapports  présentent  de  différences  (tandis  que  chez  les  femmes 
plus  ils  s'égalisent). 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  intervienne  ici  un  fait  de  hasard.  Notre  série 
est  composée  de  forts  contingents:  d'autre  part,  le  groupe  ethnique  est 
relativement  pur,  ce  qui  assure  au  caractère  différentiel  relevé,  une  plus 
grande  valeur. 

On  peut  essayer  de  se  représenter  cette  importante  différence  sexuelle 
sous  la  forme  suivante  un  peu  simpliste  : 

Si  nous  admettons  que  la  croissance  de  D.  T.  suit  une  marche  régulière 


284  18  MAI  1905 

•H  que  vis-à-vis  de  1).  A.  1'.  et  de  [).  M.  elle  soit,  en  quelque  sorte,  une 
quanlit»''  relativement  iinniualjle,  on  constate  : 

1"  (Jue  chez  les  hommes  et  chez  les  femmes  le  L).  M.  diminue  par  rap- 
port il  1).  T.  au  fur  et  à  mesure  que  la  taille  s'élève  ; 

2"  Oue  cette  diminution  n'est  pas  la  intime  dans  les  deux  sexes; 

3°  Qu'elle  est  plus  grande  chez  les  femmes. 


i/indice  céphalique  est  considéré  comme  étant  d'une  indilTérence  remar- 
quable au  point  de  vue  physiologique,  (l'est  même  ce  qui  lui  assure  sa 
grande  valeur  en  ethnologie.  Cela  nous  parait  plutôt  un  dogme  qu'une 
réalité,  car  on  ne  voit  pas  la  raison  pour  la(|uelle  il  serait  inaccessible 
aux  induences  qui  font  varier  certaines  régions  du  corps. 

Nous  venons  de  démontrer  que  celte  résistance  n'est  pas  absolue.  L'in- 
dice céphalique  est  d'autant  moins  élevé  que  la  taille  s'élève.  On  avait 
coutume  de  dire  «  qu'un  chapelier  ne  sait  pas  pourquoi  des  tètes  de  même 
grandeur  sont  plus  ou  moins  larges  relativement  à  leur  longueur,  et  que 
l'anthropologiste  non  plus  ne  le  sait  pas  ».  Cette  proposition  n'est  plus 
complètement  juste. 

Cette  question  de  l'influence  de  la  taille  sur  la  valeur  de  l'indice  cépha- 
lique est  intéressante  pour  d'autres  raisons  encore  que  des  raisons  mor- 
phologiques. 

On  sait  que  certains  sociologues  ont  vu  dans  l'indice  céphalique  un 
moyen  de  séparer  les  hommes  en  supérieurs  et  en  inférieurs,  presque  en 
purs  et  en  impurs.  Les  dolichocéphales  blonds  de  grande  taille,  chasseurs 
et  guerriers  qui  auraient  autrefois  dominé,  sinon  domestiqué,  les  bra- 
chycéphales  passifs  et  laborieux,  seraient  appelés,  de  par  leur  forme 
crAnienne  (et  en  sachant  se  sélectionner  entre  eux  avec  intelligence) 
aux  plus  brillantes  destinées. 

On  a  supposé^  d'autre  part,  que  les  villes,  qui  constituent  les  centres 
intellectuels  élevés  exerçaient  une  sorte  d'attraction  sur  les  populations 
des  campagnes  en  attirant  à  elles  (les  villes)  les  meilleurs  éléments  anthro- 
pologiques. Ceux-ci  seraient  déjà,  ethniquement,  d'une  origine  supé- 
rieure et  seraient  ainsi  naturellement  portés  à  renforcer  les  éléments 
urbains.  Il  va  sans  dire  que  ces  meilleurs  éléments  ruraux  sont  carac- 
térisés principalement  par  la  dolichocéphalie,  les  cheveux  blonds,  une 
taille  relativement  élevée. 

RI.  Manouviier  a  fait  justice  de  celte  pseudo-sociologie.  '  Il  a  montré  que 
la  moyenne  de  l'indice  céphalique  doit  s'abaisserdanstoute  agglomération 
de  quelque  importance,  parce  que  la  population  d'une  ville  n'est  formée 
qu'en  partie  iriiabitanls  originaires  de  la  région.  Ces  étrangers  diffèrent 
en  bloc,  pai-  leur  indice,  leur  couleur,  elc,  de  la  région  considérée.  Plus 


•  L.  Manol'vrier.  —  L'indice  rrphalii/uc  et  /a  pseudo-sociologie.  Rev.  Ecole  d'An- 
thropologie, Paris,  18'J9. 


E.   r-lTTARD.    —  INFLUENCE    DE  L.K  TAU. LE    Sin   l'iNDICE   CÉPHALIQUE  285 

la  population  des  campagnes  sera  uniforme,  plus  ces  caractères  étrangers 
interviendront  avec  intensité. 

A  ces  raisons,  toutes  de  composition  ethnique,  nous  ajoutons  celles  qui 
ilécoulent  du  travail  que  nous  avons  présenté. 

Klles  nuiis  permettent  de  dire  que  dans  une  région  pcjuplée  de  dolicho- 
céphales, les  contres  urhains  présentent  néressairemenl  un  indice  cépha- 
lique  moyen  indiquant  une  plus  grande  dolichocéphalie. 

Kn  effet,  nous  connaissons  rinlluence  socio-physiologique  des  villes 
sur  ledévelop[)ement  de  la  taille.  Les  urbains  soumis,  dans  la  lutte  pour 
l'existence,  à  des  travaux  exigeant  moins  de  rudesse  que  les  ruraux,  dé- 
velopperont mieux  leur  taille  (moindre  écrasement  du  corps  des  vi-rtèhres, 
obliquité  plus  grande  du  col  du  fémur,  etc.),  de  môme  qu'en  moyenne  ils 
raccourciront  leurs  pieds  et  leurs  mains. 

Or,  nous  avons  montré  que  la  taille  influence  la  valeur  de  l'indice  cépha- 
lique.  Les  urbains  étant  plus  grands  seront  aussi  plus  dolichocéphales 
que  les  ruraux. 

Et  maintenant,  si  l'on  considère  une  région  peuplée  d'éléments  mixtes, 
l'influence  de  la  taille  sera  plus  manifeste  encore.  Les  dolichocéphales 
urbains  auront  un  indice  plus  faible  que  les  dolichocéphales  ruraux  et 
les  brachycéphales  urbains  auront  aussi  un  indice  plus  faible  que  les 
brachycéphales  ruraux.  Et  cela,  parce  que  tous  les  deux  seront  en 
moyenne  plus  grands. 

D'un  autre  ciMé,  au  fur  et  à  mesure  qu'une  population  rurale  se  trans- 
forme en  une  population  urbaine,  en  subissant  les  modifications  de  tous 
genres  qu'entraîne  cette  transformation,  elle  deviendra  plus  grande.  Elle 
aura  aussi  un  indice  céphalique  moins  élevé,  puisque  D.  \.  P.  tend  à 
augmenter  relativement  plus  que  I).  T.  au  fur  et  à  mesure  que  la  taille 
s'élève. 

Ainsi  disparaîtrait  par  l'exposé  d'une  simple  loi  de  corrélation  anato- 
mique,  tout  un  échafaudage  de  pseudo  anthropologie  sociologique,  dont 
on  s'est  beaucoup  trop  occupé,  certains  auteurs  s'étant  mépris  sur  les 
causes. 

Conclusions. 

La  taille  .semble  avoir  une  influence  manifeste  sur  la  valeur  de  l'indice 
céphalique. 

La  dolichocéphalie  s'accentue  au  fur  et  h  mesure  que  la  taille  s'élève. 

Les  diamètres  A.  I'.  et  T.  qui  permettent  d'obtenir  cet  indice  croissent 
d'une  manière  ahsulue  au  fur  et  à  mesure  que  croit  la  taille. 

•Mais  cette  croissance  n'est  pas  dans  des  relations  identiques.  D'autre 
part,  en  cherchant  le  rapport  de  D.  A.  P.  et  de  D.  T.  à  la  taille,  on  cons- 
tate que,  au  fui-  et  à  mesure  que  la  taille  s'élève  la  grandeur  relativede  IJ. 
\.  P.  et  de  D.   T.  diuiiiiue. 

Mais  le  rappm  t  de  D.  A.  P.  ;\  la  taille  diminue  moins,  au  furet  à  mesure 
que  la  taille  s'élève^  que  le  rapport  de  D.  ï.  à  la  même  grandeur. 


286  iS.MAilOOo 

Donc  raccroissement  du  dianiùlre  antéro-postérieur  du  crAne  semble 
•Hre  plus  proportionnel  îi  l'accroissement  de  la  taille  que  l'accroissement 
du  diamètre  transverse. 

Autrement  dit,  la  dolicliocéphalie  plus  accentuée  chez  les  individus  de 
haute  taille  provient  d'une  augmentation  relativement  plus  grande  du 
diamètre  anléro  postérieur,  et  non  d'un  raccourcissement  relatif  du  dia- 
mètre transverse. 

Dans  un  groupe  elhiiiiiue  formé  d'individus  dolichocéphales  ce  sont  les 
plus  grands  qui  seront  les  plus  dolichocéphales. 

Si  le  groupe  ethnique  est  composé  de  hrachycéphales,  les  plus  grands 
sont  aussi,  en  moyenne,  les  moins  hrachycéphales. 

Les  constatations  ci-dessus  détruisent  les  suppositions  échafaudées  ces 
dernières  années  sur  la  prétendue  attirance  dos  villes  pour  les  individus 
de  haute  taille  et  à  dolichocéphalie  plus  marquée.  Celle  prétendue  sélec- 
tion sociale  s'explique  tout  simplement  par  l'existence  simultanée  de  ces 
deux  caractères  :  le  développement  plus  grand  de  la  taille  dû  aux  con- 
ditions de  la  vie  urbaine  et  l'abaissement  de  l'indice  céphalique  lié  à 
cette  augmentation  de  la  taille. 

L'indice  céphalique  n'a  pas  l'indifférence  physiologique  marquée  que 
l'on  supposait. 

Les  faits  ci-dessus  se  vérifient  aussi  bien  dans  les  séries  féminines  que 
dans  les  séries  masculines.  (Nous  rappelons  que  nous  avons  travaillé  avec 
un  groupe  ethnique  relativement  pur).  Cependant,  à  taille  égale,  la  femme 
semble  présenter  un  crâne  mieux  développé  dans  les  deux  sens  horizon- 
taux que  l'homme.  Les  rapports  du  diamètre  anléro-postérieur  et  du  dia- 
mètre transverse  à  la  taille  diminuent  plus  vite  chez  l'homme  que  chez  la 
femme. 


807«  SEANCE.  -  8  Juin  1905. 

Présidence   de   M.    Sébillot. 

Une  délégation  est  accordée  ;i  M.  Volkov  pour  accomplir  un  voyage  d'explo- 
ration anthropologique  dans  les  Carpalhes. 

M.  Emile  Cartailhac  à  propos  du  savant  mémoire  sur  les  Céraunies, 
publié  par  M.  Baudouin  dans  le  Bulletin  de  la  Société,  rappelle  qu'il  a  pu- 
blié lui-même  un  ouvrage  sur  ce  sujet  en  1878:  L'âge  de  la  pierre  dans  les 
souvenirs  et  les  superstitions  populaires.  Il  a  donné  une  série  de  suppléments 
dans  ses  Matériaux  pour  l'histoire  del'hommeK  Ces  anciennes  publications 
ont  été  fréquemment  reproduites  en  partie  ou  résumées.  En  général,  les 
auteurs,  notre  regretté  confrère  le  marquis  de  Nadaillac  par  exemple,  ont 
eu  l'amabilité  de  citer  la  source  des  renseignements.  M.  Baudouin  s'est  sou- 
vent servi  de  ces  reproductions  et  il  les  indique  avec  son  soin   bibliogra- 

1  M.  Emile  Cartailhac  a  communiqué,  en  1892  et  1903,  à  l'Académie  des  Sciences 
de  Toulouse  des  cliapitres  d'une  seconde  édition  qu'il  prépare. 


(ÎIilVANETTr.    —    CRANES    DE    LA    SAHDAIGNE.  -yH! 

phiqno  ordinaire.  Mais  M.  Carlailhac  désirerait  que  l'on  n'oublie  pas,  ai-nsi 
«|ue  l'a  fait  M.  Baudouin,  la  |iarl  qu'il  piil  à  ces  inléressanteSfHu  des  his- 
toriques. 

-M.  Ikiudoin,  induit  en  erreur  par  les  copistes,  a  vainement  cherché 
dans  l'Ime  une  curieuse  citation.  Dans  «  l'Age  de  la  pierre  »  M.  Carlailhac 
indique  qu'il  s'agit  d'un  texte  de  Suétone,  Vie  de  Galba  VIII.  «  Non  mullo 
post  in  Canlabri.f  lacum  fulmen  decidit:  reperlJt'que  sunt  duodecim 
secures  liaud  anibigunni  suinmi  iniperii  signum.  »  L'empereur  (ialba 
inaugurait  peut-être  ainsi  les  recherches  d'antiquités  lacustres.  Mais  où 
donc  est  le  lac  en  t}ueslion? 

M.  .Mauckl  Baldiii  in,  —  Je  n'ai  jamais  eu  l'intention  de  ne  pas  citer, 
de  parti  pris,  M.  Carlailhac,  dont  je  suis  le  premier  à  admirer  le  talent 
trorateur  et  les  beaux  travaux  scientifiques.  Si  je  n'ai  pas  mentionné  son 
livre,  c'est  que  je  ne  faisais  (jue  la  hiblmjvaphie  de  première  mai»  (qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  celle  de  seconde),  et  que  je  n'avais  aucune  critique 
à  faire  sur  les  appréciations  de  l'auteur  :  ce  qui  est  un  éloge,  en  l'espèce. 

.le   ne   puis  comprendre   la    remarque   terminale   de  M.    Carlailhac  : 

.M.  Baudouin  a  rainetnenl  cherché...,  etc.  »  Je  n'ai  pas  vainement 
cherché,  puisque  j'ai  trouvé,  tout  seul  (en  bibliograhe  de  première  main), 
le  fameux  passage  de  Suétone  (Vie  de  Galba)! 

La  preuve,  c'est  qu'il  est  reproduit  en  entier  à  la  page  547  (addendum), 
de  mon  mémoire.  —  Je  reconnais  toutefois  que  c'est  en  lisant  Suétone, 
et  non  pas  M.  Carlailhac,  que  j'ai  fait  cette  trouvaille,  d'ailleurs  après  la 
rédaction  de  mon  travail.  —  Cela  prouve  seulement  que  les  travailleurs 
—  comme  les  beaux  esprits  —  se  rencontrent  parfois,  au  cours  de  leurs 
excursions...  dans  le  passé,  et  préhistoriques! 


QUELQUES  OBSERVATIONS    ET    CORRECTIONS   SE   REFERANT   AU    TRAVAIL 
DE  M.    MEREJKOWSKY  SUR   LES   CRANES   DE   LA    SARDAIGNE 

(Bulletin  (/f  la  Société  d'Anthropologie,  année   1882). 
Par  m.  (îiovanetti. 

J'ai  l'honneur  de  faire  remarquer  que  dans  la  relation  publiée  par 
M.  Merejkowsky  sur  lescr;\nes  de  la  Sardaigne  (publication  et  relation 
qui  se  trouvent  à  la  page  164  du  Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de 
l'année  1882),  dans  la  table  qui  se  trouve  à  la  page  169  du  même  volume 
il  y  a  des  indices  soit  céphaliques,  suit  nasaux-faciaux  et  orbitaires  faux. 
J'ai  fait  le  calcul  plusieurs  fois  et  j'ai  trouvé  une  grande  différence  de  don- 
nées que  je  propose  dans  une  petite  note  insérée  au  volume  à  la  fin  de  la 
relation  de  Merejkowsky  de  modifier  de  manière  que  le  tableau  soit 
complètement  juste.  Il  est  bon  que  les  indices  se  trouvent  bien  à  leur  place 
et  que  tout  soit  d'accord  pour  qu'aucune  faute  ne  soit  commise  par  les 
anlhropologisles  à  venir. 

Les  erreurs  dans  les  indices  pourront  évidemment  confirmer  les  conclu- 
sions de  l'auteur  sur  la  morphologie  de  ces  crânes. 


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DIAMKTHE  AXTÉBO-POSTÉRIKUR  MAXIMUM 

DIAMKTRK  TRANSVEH.SE  MAXIMUM 

DIAMKTHE  VERTICAL  (DASILO-BREGMATIQUE) 

DIA.MKTHK  FllONTAI,  MAXI.MI  M   DK  UROC.A 

DIAMÈTRE  FRONTAL  MINIMUM 

DISTANCE  DU  NASION  AU  BASION 
(LIGNE  NASOBASILAIRE) 

DISTA.NC.E  DU  BASION  AU  POINT  ALVÉOLAIRE 
(LE  PLUS  SAILLANT  EN  .\V.\NT) 

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LONGUEUR  DE  LA  FACE  OPHRYO-ALVÉOLAIHE 
(DEPUIS  L'OPHRYO.N) 

LONGUEUR  DE  LA  FACE  NASO-ALVÉOLAIRE 
(DEPUIS  LE  NASION) 

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DIA.MÈTRE  BIZYGOMATIQUE  MAXIMU.M 
OU  LARGEUR  DE  LA  FACE 

DISTANCE  MAXIMA  DU  MAXILLAIRE  SUPÉRIEUR 
(LA  PARTIE  LA  PLUS  INFÉRIEURE  DE  LA  SUTURE 
MAXILLO-MALAIRE  AU  MILIEU  DE  LA  CRÊTE) 

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LONGUEUR  DU  NEZ   (HAUTEUR) 

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INDICE  CÉPHALIQUE 

62.72 
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59.83 

66.38 

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INDICE  FACIAL 

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INDICE  NASAL 

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LARGEUR  DES  ORBITES 

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HAUTEUR  DES  ORBITES 

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INDICE  ORBITAIRE 

SEXE 

AGE  APPROXIMATIF 

m.    V(»r,KiiV.    —  VllYACiES   KN   liAI,|i:iK  OIIIKNTAI.K   F.T   KV   IllKiiVIM  ->^^^ 


RAPPORT  SUR   LES   VOYAGES   EN   GALICIE  ORIENTALE   ET    EN   BUKOVINE 
EN   1903   ET  1904. 


Pau  m.  Th.  \'olkov. 

[.'annôe  passée,  cominn  l'annoe  précédente.  la  Société  d'Anthropolop;!*; 
de  Taris  a  bien  voulu  ui'iionorer  do  sa  délégation  pour  les  études 
anthropologiques  on  Galicie  Orientale  et  en  Bulcovine.  Je  viens  de  rem- 
plir ina'niission  et  Je  demande  la  permission  d'en  rendre  (compte- et  de 
communi<pier  à  la  Socié'lé  les  principaux  résultats  (jue  j'ai  pu  obtenir, 
grâce  au  bon   ai^cueil  (pie  j"ai  trouvé  partout  en  qualité  de  votre  délégué. 

.\rrivé  en  VM^  à  Léopol  (Lember":)  la  capitale  de  la  (ialicie  Orii-nlali', 
j'ai  cil  l'bunninir  d'être  présenté  à  S.  E.  le  Comte  A.  Polocki,  le  slatllialler 
ib;  la  (ialicic.  .M'ayanl  reçu  avec  beaucoup  de  bienveillance,  ce  premier 
dignitaire  du  [)ays  a  bien  voulu  m'accorder  une  lettre  de  légitimation 
m'autoiisant  à  faire  mes  recbercbes  antbropulogiques  et  me  recomman- 
dant aux  administrateurs  de  tous  les  districts  que  je  voulais  visiter.  Muni 
de  ce  document  nécessaire'et  de  la  mission  anthropométrique  de  la  part 
de  la  Société  scientifique  de  Chevtchenko  à  Léopol,  je  suis  parti  immé- 
diatement à  Pérémychle  (Przemysl  en  polonais)  oiî  M.  le  Commandant  de 
la  forteresse  m'a  permis  de  prendre  les  mensurations  sur  les  soldats  de 
l'Hôpital  militaire  de  cette  ville.  Après  avoir  fait  ce  travail  à  l'aide  de 
M.  le  l)""  M.  Kos  et  de  mes  deux  collaborateurs,  iMM.  Harmatiy  et  M.  Rous- 
sov,  j'étais  admis  aussi  à  faire  mes  recherches  dans  l'hôpital  civil  où 
j'ai  eu  l'avantage  de  mesurer  les  femmes.  Ces  travaux  achevés,  je  me 
transportai  à  la  ville  de  Kolomya  (Kolomea)  où  j'ai  obtenu  l'autorisation 
de  mesurer  les  malades  de  l'hôpital  civil,  les  détenus  de  la  maison  d'arrêt 
et  les  soldats  delà  garnison  locale  dans  leurs  casernes.  Grâce  au  concours 
très  aimable  des  pouvoirs  civils  et  militaires  et  de  mon  excellent  collabo- 
rateur M.  le  professeur  J.  Ilakovsky,  j'ai  pu  faire  ce  travail. avec  le  succès 
le  plus  complet.  Parti  ensuite  dans  les  montagnes  des  Carpathes  (du 
district  de  Kossov),  j'ai  eu  l'avantage  de  passer  plus  de  dix  jours  dans 
la  maison  hospitalière  de  M.  le  curé  Ivan  Popel  à  Dovhopole.  Cet  ecclé- 
siastique aussi  éclairé  qu'aimable  m'a  facilité  beaucoup  ma  tâclie 
en  participant  à  mon  travail  et  en  encourageant  la  population  ruslicpio  à 
se  prêter  ;i  mes  oi)érations.  Après  avoir  visité  Kouly  j'ai  quitté  la  (ialiric 
Orientale  pour  l;i  Biikovinc  Ai-rivéà  Tchernovtzi  (Czernowiz)  j'étais  reçu 
par  M.  le  l)""  l"'ilippovilcb,  le  savant  directeur  de  l'Hôpital  central  du 
pays,  qui  m'a  lai.ssé  toute  la  liberté  de  travailler  dans  ce  grand  établisse- 
ment, ayant  mis  à  ma  disposition  tous  les  locaux  nécessaires  et  en 
autorisant  ses  deux  assistants,  MM.  les  !)'«  Chaniael  Piolrovsky.  à  m'aider 
dans  mes  travaux.  De  Tchernovtzi  je  suis  rentré  à  Léopol  pour  y  mettre 
en  ordre  les  résultats  de  mes  recherches. 

En  été  de  1904,  je  me  suis  proposé  de  changer  un  peu  la  direction  de  mes 
soc.  d'antuiiop.  VM'i.  "20 


^90  H  ji  IN  luor^ 

travaux  ot  an  Im'ii  de  chercher  à  faire  mes  éludes  dans  les  grands  établis- 
sements où  on  peut  trouver  ensemble  les  grandes  quantités  des  représen- 
tants de  tous  les  districts  de  la  Galicie  Orientale,  j'ai  trouvé  plus  efficace 
de  m'occuper  spécialement  des  montagnards  ruthènes  en  les  visitant  dans 
leurs  demeures,  ce  cjui  pourrait  donner  pour  mes  mensurations  des  séries 
plus  homogènes  et  me  permettrait  des  études  éthnngraphi(|ues  beaucoup 
plus  amples.  Muni  de  nouveau  de  l'autorisation  officielle  tiès  obligeam- 
ment acordée  par  l'intermédiaire  de  M.  W.  Zaleski,  conseiller  de  la  Cour, 
j'ai  eu  une  heureuse  occasion  départir  dans  ma  première  excursion  dansle 
pays  de  Hoïki's  du  Nord  en  compagnie  de  M.  le  l)""  Iv.  Kranko,  écrivain  ('mi- 
nent et  ethnographe  bien  émerite,  qui  se  rendait  dans  le  même  pays 
comme  délégué  du  Musée  d'Ethnographie  autrichienne  de  \'ienne.  Pen- 
dant notre  séjour  assez  prolongé  dans  les  villages  de  Mchanel/  et  de 
Dydiowa  dans  la  vallée  de  San,  j'ai  pu  faire  beaucoup  de  mensurations  et 
de  photographies,  ainsi  que  visiter  plusieurs  localités  voisines,  les  foires, 
les  pâturages  dans  les  montagnes  et  faire  beaucoup  d'observations  ethno- 
graphiques. Grâce  à  l'aimable  concours  de  M.  le  Chambellan  de  Wolko- 
wicki,  j'ai  fait  aussi  quelques  études  intéressantes  à  Lokot  près  de  Dydiowa. 
Séparé  de  M.  le  D""  Franko  je  me  dirigeai  en  compagnie  de  M.  Kuziela, 
élève  très  distingué  de  M.  le  prof.  M.  lloernes,  notre  savant  collègue 
viennois,  dans  la  vallée  de  Stryi  et  de  son  afiluent  Smorjanka,  en  passant 
par  les  villages  de  Tarnava,  Sokolyky,  Tourotchky,  Borynia,  Vysitchky 
(Wysocko)  Komarnyki,  Matkov,  Smorjé,  Toukholka  et  Kainé  jusqu'à 
Lavotchna  (Lawoczna),  en  longeant  aussi  les  sommets  de  la  grande 
chaîne  des  Carpathes  faisant  la  frontière  de  la  Hongrie.  De  Lavotchna 
nous  nous  dirigeâmes  par  la  vallée  d'Opir  (Opor)  en  s'arrètant  presque 
à  chaque  station  de  chemin  de  fer  et  en  faisant  des  excursions  dans  les 
villages  voisins.  Après  avoir  visité  ainsi  Slavsko,  Toukhia,  Hrebeniv, 
Skolé,  Synevidsko,  Kortchine  et  Krouchelnytzia,  nous  entrâmes  à  Léopol 
pour  mettre  en  ordre  les  résultats  de  nos  recherches. 

Quelques  jours  après,  je  suis  parti  en  compagnie  de  M.  Riabko,  un  de 
mes  élèves  à  l'Ecole  des  Sciences  sociales  à  Paris,  pour  étudier  les  llout- 
zoules  de  la  Bukovina.  A  Tchernovtzi  (Czernowitz)  avec  l'aimable  concours 
de  M.  le  D'  Popovitch,  Inspecteur  général  des  Ecoles  ruthènes  du  pays, 
j'ai  obtenu  l'autorisation  du  gouvernement  de  faire  mes  recherches,  ainsi 
que  les  recommandations  aux  maîtres  d'école  de  toutes  les  localités  de 
mon  itinéraire.  Après  avoir  passé  presqu'une  semaine  à  l'Hôpital  de 
M.  le  Dr  Philipovitch  où  de  nouveau  j'ai  pu  étudier  à  mon  aise  une  assez 
grande  quantité  de  personnes,  et  après  l'excursion  à  Chypyntzi  (Schype- 
nitz)  célèbre  par  ses  trouvailles  de  l'époque  prémycénienne,  nous  som- 
mes arrivés  li  Brodyna  où  la  population  est  déjà  houtzoulo-ruthène  et  où 
j'ai  pu  prendre  d'assez  nombreuses  mensurations  et  faire  une  petite 
excursion  ethnographique  à  Chypote.  En  me  dirigeant  après  cela  dans  la 
vallée  de  Poutylivka,  j'ai  visité  les  villages  de  Ploska,  Serguiyi  (Sergie), 
Storonetz-Poutyliv,  Dykhtyntzi  et  Oust-Poutyliv  (Putilla).  Là,  j'ai  quitté 
la  Bukovine  et  après  avoir  traversé  le  Tcheremoche  blanc,  je  suis  rentré 


ni.    Vii|.Ki»V.   SiiYAiîKS   KN  liVl.lCIK  nUIl'.M  Al.l!   Kl     KN  III  KiiVINK  li'.ll 

dans  la  (i.ilit'ii'  Orientale  où  j'ai  visité  de  nuiiveaii  Dovliopoli'- et  en  me 
transportant  ensuite  dans  la  vallée  de  Tchérénioclie  noir,  les  villages 
^  asseniv,  Krvvorivnia  et  enfin  Jahié,  réputé  comme  la  capitale  du  [lays 
des  lloiit/.oules.  Dans  cette  dernière  lui-alilé,  gi-ice  à  rhiis|)italité  amical*' 
de  M.  le  !)■■  Doboszynski  et  de  son  ami  M.  Maszkowsivi,  artiste-peintre  de 
talent  [len  onlinaire,  j'ai  pu  mesurer  et  photographier  plusieurs  personnes 
dans  rili'ipital  syphililique  diiigt'  avec  heaiicoiip  de  |)ersévérance  par  le 
premier  de  ces  messieurs.  Rentré  ensuite  à  Ddvliupoléje  me  dirigeai  |)ar 
W'vjnytzia  (Wi/nilz)  .à  Knlomya,  d'où,  après  tiuelques  jours  de  travail 
avec  M.  le  professeur  UalvovsUy  je  suis  rentré  à  Li'-opol. 

Les  résultats  scientiliques  de  mon  voyage,  sont  assez  considérahles 
grAce  au  concours  de  la  Société  scientifiiiuc  de  Chevtchcnko  à  Léopol 
(pii  a  subventionné  très  largement  l'expédition,  et  à  l'amabilité  e\trème 
de  son  président  M.  le  professeur  M.  Hrouchevsky,  ainsi  que  de  mes 
savants  collahorateurs.  J'ai  réussi  à  mesurer  pendant  deux  vacances  jus- 
qu'à 700  sujets,  de  faire  une  assez  grande  collection  d'échantillons  de 
cheveux,  et  de  faire  plus  d'un  mille  de  photographies  anthropologiques 
(portraits  en  face  et  en  profil)  et  ethnographiques  (constructions,  costu- 
mes, industrie  locale,  etc.).  En  outre  j'ai  pris  encore  une  assez  grande 
quantité  de  photographies  de  nus  et  j'ai  recueilli  une  collection  assez 
importante  d'objets  ethnographiques,  dont  quelques  échantillons  plus 
intéressants  j'ai  l'honneur  de  faire  passer  ici  devant  la  Société. 

(Juant  aux  résultats  purement  anthropométriques,  mes  calculs  n'étant 
pas  encore  complètement  achevés,  je  les  communiquerai  ;i  la  Société  plus 
tard  dans  un  mémoire  spécial.  Pour  le  moment  je  ne  peux  présenter  que 
quebiues  chifTres  généraux  concei'nant  la  taille,  l'indice  céphalique  et  la 
couleur  de  cheveux  etd'yeux  des  Houtzoulsde  la  Bukovine  et  de  Ia(îalicie 
Orientale  et  des  Boïki's. 

L'examen  des  chiffres  du  tableau  ci-j(jint  nous  démontre  avant  tout  (jue 
tous  les  montagnards  ruthènes  en  (juestion  ont  la  taille  assez  élevée  et  que 
ce  sont  les  lloutzoules,  surtout  de  la  (îalicie,  qui  l'ont  la  plus  haute,  l'armi 
les  Boïki's,  les  habitants  des  enviions  de  Toukhla,  comme  c'était  démontré 
parles  mensurations  de  Kopernicki,  ont  la  plus  haute  taille;  leurs  voisins 
de  la  vallée  de  Stryi,  désignés  chez  nous  sous  le  nom  de  Bo'iki's  orientaux, 
ont  la  taille  moyenne,  tandis  que  les  Boïki's  du  Nord  ont  la  taille  relative- 
ment moins  élevée  quoique  l(jujours  au-dessus  de  la  moyenne.  Des  chiffres 
concernant  l'indice  céphalique  il  résulte  que  tous  nos  montagnards  ru- 
thènes sont  franchement  brachycéphales.  Ce  caractère  atteint  son  maxi- 
mum chez  les  lloutzoules  de  la  Bukovine,  dont  l'indice  céphalique  moyen 
est  le  plus  élevé  (85,1),  et  la  proportion  des  brachycéphales  est  la  plus 
grande  (66, :2  G  0).  Les  lloutzoules  de  la  (îalicie  ne  diffèrent  pas  beaucoup 
de  leurs  congénères  de  la  Bukovine,  quoique  leur  indice  céphalique  soit 
un  peu  plus  faible.  Parmi  les  Boïki's  ce  sont  ceuxde  Toukhla  qui  sedislin- 
guent  parla  brachycéphalic  la  [)lus  prononcée  et  dont  l'indice  céphalique 
est  plus  élevé  que  celui  des  Houtzoules  en  général.  Mais  les  Baïki's  du  Nord 
ont  ce  caractère  un  peu  atténué,  tandis  que  les  Jioïki's  orientaux  les  plus 


0(J^ 


H  JUIN  1905 


avancés  dans  la  [)lainf  de  la  (ialir.ie  suiil  seulemeiil  sous-l)rachycéphalcs. 
Quoique  noire  chinVe  les  concernant  coïncide  presque  coinpiôtenieiit  avec 
celui  de  Kopernicki,  nous  croyons  (juand  même  qu'étant  donné  le  nombre 
assez  restreint  des  sujets  mesurés,  il  peut  bien  cbanger  un  peu  après  les 
recherches  ultérieures.  En  ce  qui  concerne  la  couleur  des  cheveux  et  des 
yeux,  les  lloutzoules,  surtout  de  la  (Jalicie,  se  distinguent  par  la  coloration 
la  plus  foncée.  Les  IJoïki's  ont  les  cheveux  plus  clairs,  surtout  ceux  de 
Toukhla,  tandis  que  les  Boïki's  Orientaux  sont  plus  bruns  et  ont  les  yeux 
plus  foncés  en  comparaison  avec  leurs  voisins  de  TouUhIa  et  les  Boïki's 
du  Nord. 


TAILLE 

INDICE  CÉPUALIQUE      . 

moy 

en  ne 

S 

moyen 

<D 

p^ 

<D 

o 
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3 
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00 

3 
O 

.o 

ta 

Houlzoulos  de  la  Buko- 

.':!() 

VI ne  ,    .    . 

1695 

» 

85,1 

1) 

3,3 

10,7 

20,0 

66,6 

—        dt'laGalicie. 

1689 

1686 

84,2 

84,5 

1,2 

12,0 

27,6 

56,7 

8-2 

—        en  général . 

1691 

» 

84,4 

)) 

» 

» 

» 

» 

112 

Boïki's  de  Toukhla  .    . 

1658 

» 

84,7 

84.6 

1,4 

7,8 

23,5 

66.6 

bl 

—       orientaux .    .    . 

1654 

» 

?i;lî  «^.«î 

5,2 

15,7 

46,9 

31,5 

20 

—       du  iXord.  .    .    . 

1633 

1635 

;) 

12,5 

30,3 

57,1 

b6 

—       en  général 

1646 

» 

83,8 

» 

» 

» 

» 

1-26 

1 

30 

82 

112 

51 

20 

56 

126 


Houtzonles  de  la  Bukovinr 

—  de  la  GaJicic  . 

—  en  général .    . 
Boïki's  de  Toukhla   .    .    . 

—  orientaux  .... 

—  du  Nord 

—  t'ii  géïK'Pal.    .    . 


COULEDR 

DES  CHEVEUX 


16,7 

3,5 

5,8 

» 
2,3 


3,3 

11,0 
^8,5 

21,'0 
19,  (i 
21,4 


80,0 

85.0 

85 

(-.8,0 

78,9 

76,8 

73,8 


COULEDR 

DES    YEUX 


p 
o 

■2 
S 

13,3 

26,7 

25,5 

18,2 

22,0 

20,5 

31,3 
21,0 

19,6 
5,2 

30,3 
29,3 

17,8 
16.  ù 

60,0 
55,9 
58,2 
47,0 
73,6 
48,2 
51,5 


En  confrontant  tous  ces  caractères,  nous  sommes  disposé  à  croire  que 
les  lloutzoules  de  la  Bukovine  et  ceux  de  la  Galicie  constituent  un  seul 
groupe  anthropologique,  divisé  administrativement.  Les  Boïki's  de  Tou- 


TH.    VOLKOV.   —   VOVAC.ES   F.N  (lAl.ICIK  ORIENTALE  ET  EN  BrKOVIN'E  293 

khia  ont  beaucoup  de  caraclères  qui  les  rapprochent  des  Houl/.oules,  ce 
qui  donne  lieu  ;\  une  supposition  qu'ils  ne  représentent  qu'un  groupe 
intermédiaire  entre  les  Iloutzoules  et  les  Boïki's,  quoique  la  couleur  plus 
claire  de  leurs  yeux  indique  un  autre  mélange  assez  prononcé.  Les  Boïki's 
Orientaux  par  la  couleur  de  leurs  cheveux  et  surtout  de  leurs  yeux  se  rap- 
prochent des  Iloutzoules.  ([uoiipie  leur  indice  céphalique  soit  beaucoup 
plus  faible. 

Au  point  de  vui'  flhnographique  la  comparaison  di;  nos  deux  branches 
de  Uuthènes  montagnards,  les  Iloutzoules  et  les  Boïki's,  est  très  intéres- 
sante, étant  donné  surtout  (ju'au  premier  regard  elles  dillèrent  1res 
sensiblement,  mais  l'étude  plus  approfondie  démontre  à  mon  avis  que 
cette  dilVérence  n'est  qu'apparente.  Dans  ce  rapport  très  abrégé  je  ne  peux 
pas  donner  les  détails  que  je  communiquerai  plus  tard,  et  à  présent  la 
Société  me  permettra  de  me  borner  à  des  indications  générales.  Les 
Iloutzoules  sont  les  vrais  montagnards  dont  le  sol  ne  permet  pas  de  s'oc- 
cuper d'agriculture,  ils  sont  pasteurs  et  ils  achètent  le  mais  pour  leur 
koult'cha  (espèce  (Uj  polenta)  dans  la  plaine.  Les  Boïki's  habitent  les  monta- 
gnes moins  élevées,  où  l'agriculture,  quoique  assez  maigre  (ils  ne  se  nour- 
rissent pour  la  plupart  que  d'avoine  et  de  pommes  de  terre),  est  possible. 
L'accès  des  éléments  ethniques  étrangers  dans  le  pays  des  Houtzoules  est 
plus  difficile  (|ue  dans  celui  des  Boïki's  et  enfin  les  Iloutzoules  ne  ces- 
saient jamais  d'être  libres  et  relativement  plus  aisés,  tandis  que  les 
Boïki's  étaient  toujours  assujettis  h  la  noblesse  polonaise  et  supportaient 
jusqu'à  I84H  toutes  les  conséquences  du  servage.  De  là,  croyons-nous, 
la  diiïérence  ethnographique  entre  ces  deux  tribus  qui  saute  aux  yeux,  à 
la  première  comparaison.  Mais  si  nous  regardons  de  plus  près  les  nuances 
de  l'archileclure  des  Iloutzoules  en  commençant  par  leurs  maisons  parse- 
mées ça  et  là  sur  les  hauteurs  et  dont  toutes  les  dépendances  sont  réunies 
avec  la  maison  dans  un  môme  enclos  tout  fermé  et  sous  un  seul  toit,  et  en 
finissant  jiar  les  maisons  ouvertes  enlourées  des  services  séparés  dans 
les  vallées  et  si  nous  comparons  ces  constructions  avec  celles  de  Toukhla 
et  du  pays  des  Boïki's  du  Nord,  nous  y  retrouverons  toutes  les  formes 
transitoires  qui  nous  amèneront  aux  maisons  allongées  des  Boïki's  où 
tous  les  services  sont  également  sous  un  seul  toit,  mais  alignés  dans 
une  seule  construction  avec  la  maison,  conformément  à  la  situation  des 
villages  dans  les  vallées  étroites  et  à  la  nécessité  de  tourner  toutes  les 
façades  des  maisons  au  soleil. 

Nous  trouvons  les  mômes  transitions  dans  le  costume  et  dans  les 
objets  d'ornement.  Le  kiptar  des  Iloutzoules,  espèce  de  gilet  en  peau 
de  mouton,  qui  dans  sa  forme  la  plus  primitive  ne  présente  (pi'une  peau 
avec  un  trou  pour  la  tôle,  se  transforme  chez  les  Boïki's  de  Toukhla  en  un 
vêtement  souvent  avec  des  manches  et  les  pans  courts,  qui  chez  les 
autres  Boïki's,  ainsi  que  dans  la  plaine  de  la  Galicie  et  de  la  Bukovine,  se 
développe  successivement  en  un  gikl  en  drap  et  enfin  en  colon  d'un  cùté 
et  d'autre  côté  en  un  vêlement  long  à  manches  en  peau  pour  l'hiver  et  en 
drap  ou  môme  en  toile  pour  l'été.  Les  objets  d'ornement  se  transforment 


0(>/j  1.')    JlIN     lilOo 

aussi.  Hiclics  cl  nonibroux  chez  les  Honlzoulcs,  ils  deviemifiit  pauvres  et 
rares  chez  les  IJdïki's.  Mais  toutes  les  séries  des  formes  transitoires  laissent 
à  croire  que  les  lloulzoules  et  les  Boïki's  ne  sont  qu'un  seul  peuple  diiïc- 
rencié,  nuMiie  anthropologiquement,  sous  l'inlluence  des  causes  que  nous 
venons  d'indiquer. 

Quant  à  mes  travaux  de  celle  année,  pour  les(iuels  je  demande  encore 
une  fois  la  délégation  de  notre  Société,  je  crois  que  le  plus  intéressant 
serait  de  finir  les  éludes  sur  les  Iloulzoules  en  ajoulanl  les  recherches  sur 
les  Iloulzoules  de  la  Hongrie  et  d'explorer  la  partie  des  Carpalhes  entre 
les  chemins  de  fer  de  Lemberg-Lavolchna-Munkacs  et  de  Slanislau-Mara- 
maros-Szighet,  occupée  aussi  par  la  population  rulhène. 


808"  SÉANCE.  —  lo  Juin  «905. 
Présidence   de   .M.    Séhillot. 

Nécrologie.  —  Akerman,  ministre  de  Suède,  associé  étran^'cr  depuis  1901. 

Élections.  —  Sont  élus  memliros  titulaires  : 

M.  1)1  HiiKi  il-Chamh.\ri)EL,  présenté  par  .MM.  Le  DiMibif.  Manouvrier,  Sébillot. 

M.  l*.\Li  S.vuj.MON.   présenté  par  .MM.  I"iiiiiiii.  .M;iii(tiivriei\  Sébillot. 

M.  Cuver  oITre  à  la  Société,  do  la  part  de  .M.  .Mi.\(:.\rn.  un  moulage -de  la  tète 
(l'mi  supplicié. 

M    MiMivii.i.  pi-ofessem-  de  nié(lçcine  léi^ale  à  Bucarest,  assiste  à  la  séance. 

y\.  .Mareel  iJ.xinoui.N.  —  Comme  Secrétaire  général  du  Comité  d'organisation 
du  Congrès  préhistorique  de  France,  jai  l'iionneur  de  déposer  sur  le  bnreau  de 
laSocietedAnthropologie.au  mmi  de  ce  Comité,  un  exemplaire  des  diverses 
circulaires  relatives  à  ce  Congrès  et  déjà  publiées. 

,1e  signale  que  ce  Congrès  aura  lieu  en  1905  à  Périgueux  du  26  septembre  au 
loî"  octobre,  et  qu'il  sera  suivi  d'exeiirsions  dans  la  région    des   Kvzies. 

.OUVRAGES   OFFERTS   TENDANT    LE    PREMIER   SEMESTRE 

IiE.\uvAis  (J.).  —  Notes  archéologiques  sur  K'ing-Yuan-Fou.  (Ext.  «  Toung- 
pao  ».  —  In-S".  15  p.  avec  fig.  Leidc,  1905. 

H.  C.  —  Note  sur  M.  Kdoniird  l'ielte.  —  ln-8".  8  p.  avec  port.  Vannes.  19U3. 

Leh.m.\.n.\-I\itsch£.  —  .Mtpalagoniscbe.  angeblicb  sypbilitiscbc  Knochen  aus 
deni  Muséum  v.w  \a\  l'iata.  {Aiia  ilcr  Zeitschrift  fiir  Ethnologie).  —  ln-8o, 
10  p.  avec  fig.  lleft  G,  1904. 

I.EH.MA.\N-rs'iTSCHE.  —  Sauinilunif  l'xiggiani  vmi  indiaiiertypen  ans  dem  zenlra- 
len  SiidameriUn.  [Ans  der  Zeitschrifl  fur  l-:ihn'>lo;jii-).  —  ln-8",  5  p.  lleft,  1904. 

.Mmllkr  (M.  11.).  —  Unebpu's  notes  frEIbnograjihie  alpine.  —  ln-8",  27  p.  avec 
fior.  Grenoble.  1905. 


OI'VRAr.ES   OFFEni>  i95 

PiKTHEMK.tT  (C.  A.).  —  l.i's  raccs  clu'valiiies  ilans  les  tiMiips  iH  dans  l'ospace. 
ln-8°,  28  p.  Paris.  11)05. 

IMkttk  (Ed.)-  —  l-os  rnusosdfs  irrandos extensions  i^laciaires  an\  Itnnps  IMeis- 
tiKt'iies.  (Kxtr.'des  Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  d' Anthropologie  de 
Paris).  —  In-8",  10  p.  Paris.  1!)02:  —  CJassilication  des  Sédiuionts  loMnés  dans 
les  cavernes  pendant  l'Aire  du  Henné.  (Extr.  de  l'Anthro/joloffie).  —  In-8°.  48  p. 
avec  fig.  Paris.  1904. 

Z.MionowsKi  (S.).  —  Les  Lolos  cl  les  populatioi>s  du  Sud  de  la  C.liine  d'aprùs 
les  nuvrajjfs  eliinois.  (Ext.  Retvte  de  l' Erole  d' Anthrojiohnjie).  —  lu-S".  12  p., 
avee  li^'.  Paris,  1905. 

.SÉBii.LOT  (P.).  —  Ij>s  traditions  populaires  en  .Vnjou. 

I)""  GiiKFRin.\-|{ir,r,iEiu.  —  Etat  actuel  d'une  question  di-  l'al.lhuolo^'it'  russe. 

—  ln-8o.  7  p.,  Paris.  1903. 

Z.AHOROwsKi.  —  Le  cheval  domestique  en  Kur(q)i'  et  les  Protoarvens.  (Ext. 
des  Comptes-rendus  de  l'Assor.  franr.  pour  l'av.  des  Se).  —  Conférés  d'An- 
gers. 1903.  ln-8".  18  p..  Paris. 

r.CMTE  DE  Charexcev.  —  Lcs  nouis  des  points  de  l'espace  chez  les  peuples  Celto- 
italiques  et  Germains. 

Le  F)ouble  (A.).  —  .\  propos  de  deux  crêtes  occipitales  externes  a poph^'saires 
humaines. 

Delort.  —  Sépulture  gauloise  des  hois  ('elles,  près  Meussargues  (Cantal),  dans 
laquelle  on  retrouve  des  traces  de  la  civilisation  de  Nécropoles  de  Tirvnthe. 
Halltatt.  Este  et  la  Tène. 

Zaborowski.  —  Comment  est  résolue  la  ipicslion  d'origine  des  peuples  aryens 
de  l'Asie.  (Ext.  des  Comptes  rendus  de  l'Assoc.  franr.  pour  l'aranr,  des  Sr.) 

—  Congrès  d'Angers.  1903.  In-8".  7  p..  Paris. 

L)''  Caimta.v.  —  L'imlustrie  reutélo-mesvinienne  dans  les  sablières  de  Chelles, 
Sainl-Aclieul.  Monlières,  et  les  graviers  de  la  Haute-Seine  et  de  l'Oise. 

I'evro.nv.  —  Stations  préhistoriques  du  Pech-de-Bertrou,  près  les  Eyzies  (Dor- 
dognc). 

Ed.  FoiRDRKj.MEK.  —  lus.  riptious  et  symboles  alphabéliformes  des  mobiliers 
franc  et  mérovingien. 

L.  Manoivrier.  —  L'individualité  de  l'.Vnthropologie.  (Ext.  Rev.  de  l'Ec. 
dAnthr.  de  Paris,  septembre  1903).  —  In-8o,  13  p..  Paris,  1903. 

Er.nest  Chantre.  —  L'industrie  pré-clielléenne  ou  éolithique  dans  la  vallée 
moyenne  du  Nil. 

I)r  .Vtiukr.  —  Maure.  Ibère  et  Berbère,  origine  et  signilieations  diverses  de  ces 
expressions  elbnifjues.  (Extr.  des  Bull,  et  Mém.  Soc.  Anthrop.  de  Paris. 
décembre  1903  et  lévrier  1904).  —  In-S-,  8  p..  Paris  1904. 

C.  BniLA-NGER.  —  Le  mobilier  funéraire  Cailo-Homain  et  Franc  eu  Picardie  el 
en  .Vrtr)is.  —  5  fasc.  in-4''  avec  pi.  Saint-Oueulin. 

Yacmviu.  —  Sur  la  médecine  populaire  en  Transeaucasie. — 111-4".  121  p.. 
Titlis,  1904. 

François  (..amhert.  —  Bcitrag  zur  Théorie  des  Torsions  des  llunnrus  (inau- 
gural dissertation).  I>ausanne.  1904. 

I)""  E.-T.  Mamv.  —  Cites  et  Nécropoles  berbères  de  ITlnliila,  Timisie  moyenne 
(étude  ethnograp.  et  archéologique).  [Ext.  du  Bull,  de  Géographie  hisf.  et 
descriptire].  —  In^".  40  j».,  Paris,  1904:  —  Documents  relatifs  à  un  projet 
d'expéditions  h)intaines  présenté  à  la  Cour  de  Franee  en  15/0.  (i^xt.  /////. 
Géogr.  hisf.  et  descriptive  de  I>aris).  —  In-8'\  12  |i..  Paris.  1901;  —  Quelques 


2i)(î  i:.  jiiN  nion 

observations  sur  los  Tuiiiiilus  de  la  valltH;  do  la  (iaiiiliie.  (Acadé/tiie  des  Ins- 
criptions et  lielles  Lettres  de  Paris).  lii-S",  10  p..  l'aris,  1905;  —  La  Tunisie 
au  débuf  du  XX-  siècle,  ln-8".  27  p..  Paris,  1901. 

Mlle  i)r  l>Ki,i,KTii;«.  —  L'Kelio  de  la  piMisée  et  la  parole  intérieure.  (Kxt.  du 
Ihill.  de  l'Institut  Général  Psyvhnhxjiijue).  —  In-H",  23  [t.,  l'aris,  1904. 

\.  LissAi'ER.  —  Lrsier  liericht  ùber  die  Tatiykeil  der  voii  der  Dcutschen 
aiitliro[»ologiselien  Gesellschafl  Gowikhlten  Kouiniissioii  lïir  praliistorische  Typen" 
karten.  (Erstaltet  aiif  der  35.  Alli/e/nei/ien  Versammtiinf/  in  Geifswadl 
am  4.  Auy liste,  1904.  Merlin);  —  X'erwallungsberichl  l'iir  das  Jalir  l'.l04;  — 
Scliadel  <'incs  SchoUleng  aus  Santa  Calliarina,  Hrasilien  {Xeitsrhrift  fiir  Etli- 
noloyie,  lleft  6,  1904). 

HouzÉ.  —  Les  ossements  humains  D'Vorlan  Kelembo.  (Kxt.  (\\i  Bull.  'Soc. 
d'Anthrop.  de  Bruxelles,  \\\,  1902-1903).  ln-8o.  10  j)..  Bruxelles,  1904;  — 
Présentation  d'un  Mierocé[)liale.  Hérédité  microcéphaliqn(,'.  (Hxt.  du  Bull.  Soc. 
Anthropolof/ie  de  Bru. relies,  Tome  XXII,  1903-190'i).  ln-8«,  3  p..  Bruxelles. 
1904. 

D.  MoNFALLET.  —  Bibliographie  abrégée,  des  infecticms.  —  In-B".  65  jj.,  l'aris 
cl  Santiago.  1903. 

DoTT.  Neli.o  Pucciom.  —  helle  deformazioni  e  mulilazioni  arliliciali  etnichc 
più  in  uso.  —  In-8°,  19  p..  Firenzo.  1905. 

M.  Anthony.  —  The  évolution  of  the  human  l'oot.  —  In-8".  IB  p..  Washing- 
ton. 1904. 

Capt.  F.  Brinkley.  —  Primerai  Japanese.   iFrom  the  Sniithsotiian  report, 

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Menton.  (ExI.  Bul.  et  Méni.  de  la  Société  d'anthropologie  de  Paris,  séance  du 
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Mienlaires  sur  lasylien.  Eludes  d'ethnographie  préhistorique.  (Ext.  de  l'An- 
thropologie, T.  XIV).  In mS',  l;;  p.  avec  fig.,  Paris,  1904;  —  Classification 
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expliqiii'c  par  rXii.ilnuiie  pal liologique. 

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ln-4'\  115  y.  avec  pi.,  Sloekolm.  1905. 

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LÉvi  (Hf  Ridolfo).  —  Antropometria  mililare.  Parte  II:  Dati  ilomogralici  e 
biologici.  —  In-4".  228  p.  avec  pi..  Roma.  1905. 

ScH.\EKFER  (Chas.).  —  Additions  to  the  coleoplera  of  the  uniteij  slates  with 
notes  on  sonie  Known  s])ecies.  (The  Muséum  of  tke  Brooklyn  inslitule  of  arls 
and  sciences  science  bulletin,  vol.  1.  n"  6).  — In-8o,18  p..  New-York,  mars  1905 

S.M.\Li.woo[)  (Mabel  E.).  — The  .Sall-Marsh  amphipod  orcheslia  Palustris. — Cold 
spring  llarboor  Monographs.  {Publi.sled  hy  tb'  braoklyn  institute  of  arts  and 
sciences).  —  In-8o.  18  p.  avec  pi.,  New-York,  mars  11X15. 

M.  Marcel  Baudocin.  —  .l'ai  riionnenr.  ,iii  num  de  M.  Léon  Dubreuil. 
licencié  es  lettres,  d'olfrir  à  la  Bibliothèque  de  la  Société  dAnIhroplogie  un 
ouvrage  que  cet  auteur  vient  de  publier  récemment  et  qui  a  pour  titre  :  Mono- 


ARTICLES    A    sn.NM.KIl    li\.NS    I.KS    l'KUlODigUES  i[)\) 

grapltii'  ih'  lu  lom/nuin'  <h'  liotiin  (  NiMult-e).  SaiiciM'iv,  Pi^'clol.  in  8".  1ÎIU5.  — 
C.'i'sl  là  (III  cxft'llonl  travail,  roiiniiiiir' par  la  Socit'lé  «les  AgrinilliMirs  île  Kraiice. 
où  les  Anlliro|t()lo^is(es  (roiiveri)iit  une  l'unie  de  doiiiinonls  «{'nnli'i'  «léniogra 
pliii|iit»  t'I  t''<oii(inii(|iio.  —  il  serait  à  smiliailer  (jut'  ici  exi'iiiiilr  IVit  suivi  pour 
les  autres  nuiiiiiuiios  de  notre  pavs.  car.  avee  île  telles  m(in(i;.'rapliii's.  il  serait 
L'iilin  possible  d'avoir  des  hases  sérieuses  pour  îles  études  d  iiisiinMe. 

J'insiste  sur  ee  l'ait,  très  spécial,  que  {{(iiiin  est  la  seule  ciiiiiiimin'  de  I  aiii  ieiiiie 
iledeeenoiii.  ipii  est  aujourd'hui  soudée  au  eniitineiit  :  ee  ipii  expliipn  reitaiiis 
des  faits  relaies  |iar  M.  I,.  nulireuil. 

ARTICLES    A    SIGNALER    DANS    LES    HKRIoniQlES    REÇUS    PENDANT    LE    PREMIER 

SEMESTRE. 

Aii/ia/fs  ilti  Musée  Gtii/nef.  lniin'  \M.  1  vol.  iyU4. —  ('.hauli^  Vki.i.av  :  Le 
culte  et  les  tètes  d'Adonis-ïhaiumouzdaiis  l'Orient  Anfiiiue: 

C.onlërenees  au  musée  (iuimet  1903-1904.  —  Svi.valn  Lévi  :  l.a  transmission 
des  Ames  dans  les  croyances  hindoues. 

Antiales  du  Muséf  Guimet.  tome  XVII.  1  vol.  1905.  —  Svi.valn  Lévi  :  F.e 
.Népal,  l'tude  historique  d'un  royaume  hindou. 

liulletin  de  la  Société  d' Anthropologie  de  Ayo/f,  janvier-décembre  1904,  tome 
.\.\.\lll.  ^  Lksbhe  et  l'oKGEOT  :  Etudes  des  circonvolutions  cérébrales  dans  la 
série  dés  iiiammilères  domestiques;  —  Le  capitaine  Richo.mme  :  Note  complé- 
mentaire sur  les  dessins  rupestres  d'Kl-lLidj-Mimoun  :  —  Ernest  Chantre  :  Les 
.Soudanais  orientaux  émigrés  en  Ej:ypte  ;  L'industrie  préchelléenne  ou  éoli- 
thique  dans  la  vallée  moyenne  du  .Ml;  Nouvelles  observations  sur  le  dépôt 
quaternaires  acheuléo-moustérien  de  Villerraiiihe-sm-Saùne  ;  Observations 
sur  les  deux  microcéphales  aztèques  Maximo  et  Marlhola;  Recherches  anthro- 
pologiques en  Egypte;  —  Elgè.ne  i'rrrAHo  :  L'iinliee  ceiilialiliquc  chez  les  Tziga- 
nes de  la  péninsule  des  lialkans. 

Bullettino  di  Palet iinhKjid  Italiana.  série  III.  loiiie  X.  1904.  —  C'.ollm  :  La 
C.ivillà  i|(d  broiizo  in  llalia.  II.  Sieilia  ;  I'aruikm  :  l'.oriii  di  emiseei-azione 
iiulla  prima  et  à  del  l'erro  europea. 

KiTui'  de  l'Ecole  d' Anthropologie  de  Paris,  mars  lUdij.  —  .Suiihaihii  I'.)  :  l.e 
iiiniide  russe;  —  Zahohowski  :  Ia'S  Lotos  et  les  populatiiuis  du  .Sud  de  l,i  Cliiiir 
d'après  les  ouvragi's  ehinois  ;  —  Caimtan  etdwEix:  Elude  pétrograpliifiuedes  ma- 
tières employées  pour  la  l'abrication  des  vases  en  pierre  préhistoriques  égyptiens. 

Revue  de  l'histoire  des  religions,  lome  L.  n"3.  novembie-décemlpie  1904.  — 
Kevox  (.m.)  :  Le  .Shinntoïsme. 

Twentg-second  annual  report  of  the  liureau  of  Anirrira/i  h'th/ioloi/g.  19(l0- 
1901.  -^  .\lick  ('..  Klktcheh  :  The  llaho  :  A  l'awiiee  ceremony. 

Association  française  pour  l'aranrement  des  Sciences,  Angers.  1903.  — 
M'  V.  Dki.i^i.i;  ;  Le  préhistori*iiie  dans  les  aiiuiidissemenls  de  Néiae  (Lot-et-Ga- 
ronne et  de  C.oiidom  Mîers). 

Vero(f.  des  yiederldnd-lieiihsniusfuins  fur  \'idLri-l,undi\  Ser.  11.  ii°  3.  — 
(i.  A.  Koeze  :  ('.rallia  ethiiiea  l'hilippiiiira. 

lier ue  scient ifii/ue,  i\t'frin\ni'  1994.  —  If  MniDnr  :  Les  miisejes  di  jdaisir. 
—  (l'hysioliigiei. 

I.a  Géographie  de  Paris,  noveinhre  lîiOl.  —  Duor  :  Noies  sur  le  li.nd  Daho- 
mey (avee  12  lig.  dans  le  texte). 

Jlevue  de  l'iiole  d'Anthropologie,  deeeinltre  1904.  —  .1.  Higiet  :  (.ontrilin- 
tion  à  l'étude  sociologique  des  l'emmes  sahariennes. 


300  15  jtiN  1005 

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niHinos. 

Arch.  fier  Anf/iiof).  e  la  /:t/io/o;/i(i.  Kiiciizc.  19<Ji.  —  l'.  Mantégaza  :  .Niiovi 
falti  in  appofiio  dclla  l'aiigencsi  di  Dni-wiii.  Sfcomia  Conlriltiizioiie;  —  D""  Maria 
MoNTKssfini  :  Siii  l'aratlfri  aiilropoiin-triri  in  rclazioiic  allctrerarchio  intoUet- 
tuali  ili'i  ranciulli  lu'llc  sciiolo. 

T/tt'  Joiirn.  nf  Anatumij  and  l'/n/sio.  /lurnuil  and  AnthrupDloijiral,  IlKinan 
and  comparative.  Londres.  .lamiarv,  lî'OS.  —  J.  T.  W'iiaopi  M.  A.  :  Two  cases 
of  fourtli  niolar  leftli  in  tlir  SUiills  of  an  Aiishnlian  and  a  Ncw-Calodnnian. 
(Plal.'s  WIV-X.W). 

A7ia/ps  ili's  Miisfo  .yacifinal  dr  liwnos  Aires.  n°  7,  l'J04.  —  Floiœnti.no  Amk- 
CHiNo  :  Kt'clicrclit's  di'  Mnrijliolo^^de  l'iivlngriu'tiqnt'  snr  les  molaires  supérieures 
des  ongulés. 

A?'c/i.  fiir  Anf/irnpnlof/ie  liraunschireiij,  llt'l't  2,  lUOl.  —  N.i'..  Macnamara: 
Beweissolirin  helndlcnd  die  genicinsaine  Ahstaniinung  derMensehenundder  An- 
thropoidenAIVon;  —  C.H.  StuatzcI  E)""  1)i:.\  IIaag:  Das  Verhaltniszwischondosiclists- 
undGeliirnsohiidel  hoini  Meusolien  und  AlTen;  —  G.  Sergi  :  Die  Variationeni  des 
menschlichen  Sclmdels  und  die  Klassifikation  der  Rassen  ;  —  Marie  Andrée-Eysn  : 
Die  Perchlen  ini  Salzburgischen;  —  Karr  \agel  :  Die  Aulstellung  von  Schàdel- 
kalotton;  —  Woi.KfiAXc.  Wahda  :  Antliropologisches  ûber  Goctlies  aubères  Ohr. 

Corresp.  Blat.  li)04.  —  Heuh  (i.  Schwalre  :  Bericlit  liber  die  Tli;Uigkeit  iler 
Commission  fïir  eine  plivsiscli-anthropologische  Untersuchung  der  Deutscben 
Reiches;  —  D'  Walkhoff  :  Das  Fémur  der  Menschen  un<l  der  Anthropomor- 
phen  in  Seiner  functionellen  Gestalt. 

Société  d'Emulation  d'Abbeville.  Paris,  1904.  —  A.  Thiellle.n  :  Etude 
Préhist.,  Paris.  1903  :  Le  Mamouth  et  le  Renne  à  Paris.  Hommage  à  Boucher 
de  Perthes. 

Arch.  fûrAnthrop.  Band.  III.  Heft  2.  Draunscfureig,  1904.  — Karl.  Nagel  : 
Die  AuPstellung  von  Schadelkalntten  ;  —  Czeka.nowski  :  Ziir  Ilnhenmes^ung  des 
Schadels.  Band.  \.  Helt  4. 

Revue  des  Traditions  populaires,  décembre  1904.  —  Marie  Vyk  :  Contes 
populaires  des  nègres  de  Surinam  d'après  le  W  Van  Capelle;  —  J.  A.  Decour- 
DEMANCiiE.  :  Do  Certains  êtres  extra-luimains  dans  la  religion  musulmane;  — 
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The  American  Antii/uarian  and  Oriental  Journal,  novembre  et  décembre 
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l'abbe  IL  l'.RKiu,  :  Les  pciulures  et  gravures  murales  des  cavernes  pyré- 
néennes: —  Sauj.mon  Bei.nacii  :  (Juelquos  tombes  mycéniennes  explorées  en 
Crête; —  D^  E.  Ruelle  ;  Notes  anthropologiques,   ethnographiques  et  sociolo- 


ARTICLES    A    SKÎNALEU    DANS    I.KS    PKRlODlglES  301 

f,'ii|iii's  sur  <iiu'l(|ues  populations  noiivs  «lu  2°  tcrriloire   militaire  <li'    1  Alriciut' 
ociiilcnlalo  Iraucuisc^  (suilt^  et  lin). 

Revue  Tunisienne,  janvier  1905).  —  Klskuk  Vas-ki.  :  La  littérature  populaire 
des  Israélites  tunisiens  (suite);  —  Beutholo.n  :  Origine  de  la  langue  berbère 
(suite). 

/ier.  Ecole  d' A/if/iru/).  de  Paris,  janvier  1905.  —  .Michkl  Bhkal  :  .\ndré  Le- 
fèvre;  —  S.  Zauouuwski  :  L'aulochtonisnie  des  Slaves  en  Europe.  Ses  premiers 
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thropologique et  archéologique  de  l'Egypte,  d'après  le  récent  livre  de  M.  Chantre 
(avec  9  lig.);  —  A.  m-:  Moutii.i.kt  :  Crottes  à  peintures  «le  rAniéri((iie  du  Sud 
(avec  9  lig.). 

The  fimeriraii  luitui-nlist  Caiiiliridge,  .Mau..  nnvendii'e-décenilire  1904.  — 
W.  h.  Mattiikw  :  The  Aihnreal  Aneesirv  oT  Ihe  Maninialia.  —  The  Anii-ritan 
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IIelgi-ero  :  Determinazione  délia  grandezza  e  della  forma  degli  organismi  in 
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Les  tendances  actuelles  de  la  morphi»logie  et  ses  rapports  avec  les  autres 
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Uber  die  Anschauungen  und  Gebriiuche  einiger  Megerstamme.  —  R.  H.  Ma- 
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Peabody  Muséum  de  Cambridge,  décembre  1904.  —  Zelia  Mi  ttall  :  A  peni- 
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Revue  de  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris,  février  1905.  —  R.  Di-.ssaud  : 
La  Troie  homérique  et  les  récentes  découvertes  en  Crète  (avec  7  fig.);  —  P.-G- 
Mahouueau  :  L'aurochs  et  le  bison,  confusion  de  leurs  noms.  (Cours  d'anthro- 
pologie zoologique)  ;  —  L.  Caimtan  :  L'homme,  le  mammouth  et  le  rhinocéros 
à  l'époque  quaternair.'.  sur  l'emplacement  de  la  rue  de  Rennes  (avec  9  fig.) 

Revue  des  traditions  populaires,  Paris,  janvier  1905.  —  René  Basset  :  Un 
recueil  de  contes  d'Australasie. 

Société  royale  belge  de  Géographie  de  Brucelles,  juillet-adiil  1904.  — 
D"-  Vedy  :  Ethnographie  congolaise.  Les  A-Babuas  (suite  et  lin). 

Soc.  royal  belge  de  Géographie  de  Bru.velles,  septembre-octdbie  1904.  — 
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Revue  Tunisienne,  mars  1905.  —  Bekthûlon  :   Origine  et   formation   de  la 


30-2  Ki  ji  IN  idd:; 

lanjiuo  licrliiTr  (siiitf)  :  —  K.  A.mau  :  l.r  n'-giiiu'  dr  la  vi'iij.'f.'inc<'  privi-c:  ilii  ta- 
lion cl  lies  compdsiUdiis  chez  li's  Aralios  avant  cl  depuis  l'islarii  (lin). 

The  American  Antiquarian  and  Oriental  Journal.  —  S.  Wakk  :  M^tlio- 
Jogy  ol  Ihe  plains'  Indians;  —  Fkkdkrick  Stauh  :  Antliropcilogy  at  thc  Sainfc- 
I.Muis  Exposition;  Ancicnt  t'.ily  and  sacriiicial  towcr  disi-ovorod  in  .Mexico. 
ExTHACT  KHo.M  THii  CiiicAco  (Ihronuii.k  :  —  JoMN  \.  Hn;K  :  Thc  lotcni  inounds  ol" 
\Visc(insiii. 

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Analt's  ilcl  M  asm  Narional  de  Mexico  (novembre  et  décembre  1904).  — 
Nii;oi-\s  Léox  (l)')  :  Los  Tarascos. 

L' Anthropologie  (janvier-février  1905).  —  Ed.  Piette  :  Les  écritures  de  l'âge 
glyptique;  —  Hugues  Oheh.maver  :  La  station  paléolithique  de  Krapina;  — 
.1.  Peciielette  :  Notes  sur  ([uelques  crAnos  du  2®  territoire  militaire  de  l'Afrique 
occidentale  française;  —  Lei'hi.nce  :  Note  sur  les  Mancagnes  ou  Rranies. 

Archivio  per  l'Antropologia  e  la  Etnologia  (XXXIVo  vol.  fasc.  3,  1904).  — 
Ugo  Giovaxxozzi  :  Crani  arabi  del  Musco  autropologico  di  Firenze;  —  Aldobran- 
DLxo-MocHi  :  Lo  scheletro  d'un  daucalo  di  Assale;  —  Nei.i.o  l'uccioxi  :  Dolle 
deformazioni  e  niutilazioni  arliliciali  ettiche  più  in  uso. 

Memoirs  of  the  A?neriran  Muséum  ofXatural  Ilistory,  décembre,  1904..  — 
Carl  Lumholtz  :  Décorative  Art  of  the  Iluichoi  Indians. 

Revue  de  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris,  avril  1905.  —  Etiex.ne  Kabaud  : 
La  folie  et  le  génie.  —  Ulysse  Dumas  :  La  grotte  Nicolas,  commune  de  Sainte- 
Anastasie  (Gard). 

Bulletin  de  l'Institut  Général  psychologique  (mars-avril  1905).  —  Nayrac  : 
Exposé  d'une  théorie  physiologique  de  l'attention. 

Journal  of  the  anthropological  Tnstitute  of  Great  Britain  and  Ireland  (Vol. 
XXXIV.  1904).  —  D'"  .1.  Dexiker  :  Les  six  races  composant  la  population  actuelle 
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Rev.  W.  O'Kerhall  :  Native  Stories  from  Santa  Cruz  and  Rcef  Islands;  —  R. 
E.  Latcham  :  Notes  on  some  Ancient  Chilian  SkuUs,  and  other  Remains;  —  H. 
R.  Tate  :  Further  notes  on  the  Kikugu  Tribe  of  Rritish  East  Africa;  —  John 
Beddoe,  m.  d.,  F.  R.  S.  ;  AMethodof  Estimating  SkuU-Capacity  from  Peripheral 
Measures.  With  a  Reply  to  professor  Pearson;  —  R.  H.  Mathews,  L.  S.  :  The 
Wiradyuri  and  other  Languages  of  New  South  Wales;  —  Nixa  Fr.\xces  Layard  : 
Further.  Excavations  on  a  Palo'olithic  Site  in  Ipswich;  —  Charles  Hill  Tout  : 
Ethnological  Report  on  the  Stseëlis  and  Sk'aûlits  Tribes  of  the  llalkômêlem 
division  of  the  Salish  of  British  Columbiâ. 

Revue  Tunisienne.  — Organe  de  l'Institut  de  Carthage.  — Bertholox  :  Origine 
et  formation  de  la  langue  berbère. 

L'Anthropologie  (1905,  n°  2.)  —  Breuil  (l'abbé)  :  L'âge  du  bronze  dans  le 
bassin  de  Paris  (suite;;  — Déchelette  (Joseph)  :  Les  perles  de  verre;  —  Decorse 
(D"'  J.)  :  Le  tatouage,  les  nuitilations  ethniques  et  la  parure  chez  les  populations 
du  Soudan;  —  Relnach  (Salomon)  :  Le  serpent  et  la  femme. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  (1905,  n"  5).  —  R.\bot  (Charles)  :  La 
distribution  de  la  population  de  la  Suéde  en  fonction  de  la  constitution  géolo- 
gique du  sol  (avec  six  (ig.  dans  le  texte). 


l'MI.  SAl.oMoX.    —  DKMMUl'riiiN    d'i'N   |(i|:TI>    M'.lliiNlHliilM.ASK  'A()'.\ 

Ihilh'lin  ih'  l<i  Sucir/t'  nn/ah-  behji'  i/i'  (ién(/ra/i/ilr  lîH»!.  n"  (}).  —  Siuis-licu- 
liMi.'iut  Ti.AMMK  :  lU'ginii  (lu  lac  Allx-it  (.\.-<».)  t'I  <lii  llaiil-Nil  ;  -  IIkuma\t(IM  : 
Kvdiulion  ('innoiiiiqiu'  ot  soriali'  ilc  rrrlaiin's  pcuplailes  ilc  rAiiii'ri«|ui"  ihi  Noiil 

(suite). 

Mitteiliiiif/ni  (h'r  Anthrupolmiisiltrn  <ivsellsrlKtft  in  \\  ii-n  ^11.  uii.l  III.  iic|.l. 
19()5).  _  11i:h.m.v.\  (<>.):  /ur  Fra^'e  •l(?s  inagyai-isclifu  Tvpus  (4  Aliljil«lunj;cu  iiii 
'|\.xt,.);  Wkishac.h  (  .V.)  :   i*i''   Si'i'lxtk-rnali'ii    Kioatifiis  uml  Slawouicns  (Mil 

.rialH'il.-ii). 

J!,-riii-  (h'  ri'.ri,!,-  ,l.\iif/iin/iafi>;/ir  ih-  Paris  (mai  1905,  V).  —  Hkhiii.  (II.)  : 
Niiuvi'lirs  liiruiatious  du  .Mainiiioulli  yiavci-s  sur  us  (.V  propos  (rolijcls  d'url 
il.Touvorls  à  Saiiil-.Miliifl  (,M(Miso)  [avec  19  lig.]  ;  —  I'htaiu)  (K.)  :  Pierres  per- 
cées «les  ciiui'lières  lalars  dans  le  Dobroudja  (avec  1  liy.);  —  Sciie.\k(A.)  :  Note 
sur  u«  crAne  humain  ancien  trouvé  au  Tennessee,  près  James-Town  (Klals- 
Unis)  [avec  3  tig.]  ;  —  Sifkre  (I)''  A.)  :  Les  caractères  .le  la  ilcnt  carnivuic  chez 
riiiimmc  ef  les  anthropoïdes  (avec  18  lig.) 

Thr  AiiK-iicdii  A/itif/uarioa  and  Orienta!  Journal  iMan  h  aail  Apiil,  r.)05. 
„o  2).  —  Blackiston  (A.  II.)  :  l'rehistnric  ruins  ol'  ndiliiciii  Mexico;  —  Pkkt 
(Sleplien  D.)  :  Secret  societies  ami  sacred  mvsterics. 

Zeitsclirif't  fur  Murplwlogie  und  Ant/irojtolngic  (liand  Vlll.  Heft  2,  mai 
iy05).  —  ToRi'K  (Aurel  V.)  :  Neue  unlersuchungeu  iiher  die  Dolichocephalie; — 
Wei.nbekc  (Richard)  :  Die  Gehirnt'oriu  der  Polcn. 

Atti  (h'ila  societù  romuna  di  aulropologiu  {(ni^cAlAU.  1905).—  Boxich  (G.  J.): 
Contriljuto  allô  studio  niorrolugico-clinico  e  anli'0[)«d()j.'ico  dei  dolinquinti; — 
Frassetto  iF.)  :  Appunli  siilla  scalbcelalia  patologica;  —  Frassetto  (F.)  : 
Appunli  sulla  trigonocelalia;  —  (iiuFFRiDA-RuGGERi  (V.)  :  Un  cranio  acrocefa 
li,.,,  ;  _  Vham  (U.  G.)  :  Asservazioni  anlropologichc  nel  Monténégro. 


description  d'un  fœtus  achondroplase. 

Par  I'al'l  Salomiin. 

En  éliidiant  un  fœlus  achondroplase  de  la  collection  du  Musée  de 
Lille,  mon  allenlion  fui  allirée  sur  certaines  particularités  analomiques 
communes  aux  achondroplases  en  général  et  aux  monstres  phocomèles. 
Ces  particularités  m'ont  paru  dignes  d'être  signalées,  en  raison  de  l'obscu- 
rité qui  règne  sur  la  genèse  de  cette  dernière  catégorie  de  monstres 
ectroméliens. 

Observation  (personnelle).  —  Le  sujet  de  celte  observation  est  un  enfant 
mort-né,  presque  à  terme,  du  sexe  masculin.  Il  (igurail  depuis  l86-i  dans 
la  collection  Dareste  sous  la  dénomination  de  Phocomèle. 

Ce  qui  frappe,  au  premier  abord,  chez  cet  enfant,  c'est  le  développe- 
ment excessif  et  l'épaisseur  du  système  cutané;  la  peau,  doublée  d'une 
épaisse  couche  de  graisse,  paraît  trop  large  pour  le  corps  qu'elle  revêt. 
La  tète,  très  grosse,  semble  implantée  directement  sur  le  tronc,  la  région 
du  cou  étant  a  peine  distincte. 


;{(»'j  i:;  jiiN  iî)0r; 

I^a  face  est  boullic,  le  nez  aplati,  li'  venti'c  /'nonne.  On  ne  conslate  pas 
sur  Ii;  tliorax  de  cliapelet  rachiliciiic,  ni  de  dévialion  de  la  colonne  vcrU'î- 
biale,  mais  les  pieds  et  les  mains  présentent  du  ■pemphiyus  sijjthililique. 

Les  viscères  n'offrent  de  particulier  (ju'un  développement  énorme  du 
foie. 

Les  membres,  surtout  les  inférieurs,  sont  remarquablement  courts 
dans  toutes  leurs  parties.  I^es  membres  supérieurs  sont  en  pronation,  la 
main  offre  un  type  très  net  d(>  la  main  m  trident  de  Marie,  le  pouce  est  for- 
tement porté  en  dedans. 

Les  os  du  bras  et  de  l'avant-bras  sont  d'une  brièveté  extrême,  les 
diaphyses  ossitîées,  les  épiphyses  cartilagineuses  et  énormes.  L'humérus 
est  incurvé  en  dedans,  le  radius  présente,  vers  son  tiers  supérieur,  une 
coudure  brusque  à  sommet  postérieur. 

Un  reconnaît,  à  la  dissection,  tous  les  muscles  de  l'anatomie  normale, 
mais  par  suite  de  la  brièveté,  des  segments  osseux  qui  leur  donnent 
attache,  leurs  rapports  sont  notablement  modifiés  et  leurs  insertions  se 
confondent  plus  ou  moins  en  se  perdant  sur  le  revêtement  cartilagineux 
des  os.  Le  long  supinateur  et  les  radiaux  sortent  de  dessous  le  deltoïde, 
celui-ci  très  développé.  Les  extenseurs  de  la  main  sortent  entre  le  triceps 
et  le  long  supinateur.  Les  muscles  des  couches  profondes  de  l'avant-bras 
sont  enchâssés  dans  les  gouttières  antérieure  et  postérieure  produites  par 
le  radius  et  le  cubitus  déformés. 

Les  os  et  muscles  de- la  main  sont  normaux,  mais  ils  sont  courts 
et  épais. 

Les  membres  inférieurs  sont  fortement  incurvés  en  dedans.  Extérieure- 
ment on  ne  distingue  nettement  que  deux  segments  :  le  pied  et  la  cuisse. 
La  dissection  montre  cependant  que  muscles  et  os  sont  au  complet. 

Les  os,  courts  et  épais,  diffèrent  du  type  classique  de  Tachondroplasie. 
Le  fémur  est  aplati  d'avant  en  arrière,  dans  toute  sa  longueur,  et  forte- 
ment incurvé  en  dedans.  Le  tibia  est  aplati  latéralement  et  incurvé 
suivant  un  jdan  antéro-postérieur;  le  péroné  a  une  forme  analogue,  en 
lame  de  sabre. 

Tous  les  muscles  de  l'anatomie  normale  existent,  mais  ils  sont  encore 
plus  condensés  qu'au  membre  supérieur.  Ceux  de  la  région  interne  de  la 
cuisse  ont,  sur  l'os  iliaque,  des  insertions  distinctes,  ils  se  confondent 
plus  ou  moins  en  bas  sur  le  bord  interne  concave  du  fémur.  Ceux  de  la 
face  postérieure  de  la  cuisse  sont  très  gros  et  très  courts,  leurs  insertions 
sont  normales.  Le  quadriceps  fémoral  est  très  puissant.  Les  muscles  de 
la  jambe  sont  enchâssés  en  avant  et  en  arrière,  dans  les  profondes  gout- 
tières formées  par  le  tibia  et  le  péroné. 

Les  os  et  muscles  du  pied  ne  présentent  d'anormal  que  leur  brièveté. 

Remarque  I.  —  L'observation  précédente  montre  d'abord  que  Ton  a 
bien  affaire  à  un  fœtus  achondroplasique  (aspect  extérieur,  épaississe- 
ment  du  système  cutané,  localisation  des  malformations  sur  les  membres 
seuls,  raccourcissement  de  ces  membres,  forme  caractéristique  des  oSj 


l'Ail.  SAI.dMclN     -      DKSCltlITlMN   It'lN   IiH:1I  S    ACIluMilH  (l'I.  \>|,  ;{();i 

surlùulceus.  ile>  iiiriuhrcs  su|M''rieurs,  etc.).  Ellefail  Ijicii  vuir aussi  (fue  le 
système  uuisculaire  des  achondiopla.ses  n'est  presque  pas  aiiuriual.  Les 
muscles  sont  seulement  plus  courts,  plus  gros,  plus  serrés. 

Les  caractères  assez  particuliers  du  membre  inférieur,  et  aussi  la  prç- 
sence  sur  le  fœtus  de  stigmates  sy[jliilili(pies  (pempliigus)  pourraient 
cependant  faire  l'oltji't  dt;  (•onsidéralidiis  spéciales,  mais  tpii  snitiraient 
du  cadre  de  celte  f'tiidi".  Dans  le  cas  actuel,  ces  parlirularili's  luonlrcnl 
surtout  un  exemple  des  variétés  nombreuses  que  pn'senle  le  type  clas- 
sique de  l'acbondroplasie.  l'armi  ces  variétés  il  en  est  qui,  bien  (|ue  rares, 
méritent  de  fixer  l'attention,  ce  sont  les  suivantes  :  1"  un  cas  de  Ilegnault  ' 
où  l'acbondroplasie  était  limitée  aux  humérus  seuls;  2°  un  cas  plus 
récent  de  Nobécourt  et  Paisseau  *,  où  les  membres  inférieurs  seuls  pré- 
sentaient un  raccourcissement  et  des  malformations  caractéristiques; 
30  le  cas  de  Leblanc  ^  observé  chez  un  veau  fiato,  dont  les  segments 
supérieurs  des  membres  étaient  réduits  presque  à  leurs  épi[ihyses,  les 
segments  inférieurs,  carpe,  tarse,  phalanges,  étant  normaux. 

En  somme,  certains  types  d'achondroplasie  semblent  montrer,  dans 
les  malformations  qui  les  caractérisent  :  1°  une  tendance  à  la  réduction 
de  plus  en  [ilus  complèle  de  la  diaphyse  des  os  longs,  avec  une  intégrité 
relative  du  système  musculaire;  2"  une  tendance  à  la  localisation  des 
malformations  sur  les  segments  supérieurs  des  membres.  On  sait  d'ail- 
leurs que  l'achondroplasie  de  l'adulte  est  surtout  rhizomélique. 

Remarque  If.  —  Les  monstres  ectroméliens  phocoméles  paraissent  pré- 
senter un  type  de  structure  comparable  à  celui  des  achondroplases. 

il  n'y  a  évidemment  jtas  lieu  de  s'arrêter  longuement  sur  les  ressem- 
blances extérieures  qui  sont  de  peu  d'importance.  On  conçoit,  en  effet, 
qu'un  achondroplase,  par  suite  du  raccourcissement  des  segments  supé- 
rieurs de  ses  membres,  puisse  ressembler  à  un  pliocomèle.  L'observation 
exposée  dans  celte  note  en  est  un  exemple,  et  bien  des  monstres  dénommés 
phocomèles  par  les  auteurs  anciens,  seraient  aujourd'hui  classés  parmi 
les  achondroplases. 

Sous  le  rapport  de  la  structure  interne,  il  convient  de  rappeler  les 
exemples  cités  plus  haut  (cas  de  Reguault,  de  Nobécourt,  de  Leblanc), 
où  l'on  voit  certains  achondroplases  qui,  par  la  seule  considération  des 
membres,  sont  de  véritables  phocomèles. 

Mais  ce  sont  là  des  cas  rares  et  discutables.  Les  véritables  analogies  de 
structure  entre  les  membres  des  achondroplases  et  ceux  des  phocomèles, 
envisagées,  à  un  point  de  vue  général,  sont  mieux  mises  en  évidence  par 
certaines  remarques  tirées  des  descriptions  anatomiques  des  monstres 
phocomèles  publiées  jusqu'à  ce  jour. 


1  Regnault.  -  Bull,  et  Mém.  Soc.  Anal  ,  Paris,  1901. 

*  Nobécourt  et  paisseau.  —  Un  cas  d'achondroplasie  fruste.  Soc.  de  Pediat.,  -1003. 
'  Leblanc.  —  Achondroplasie  cliez  le  veau.  Bull,  et  Mém.  Soc.  se.  vétérin.,  Lyon, 
1902. 

soc.  d'anthrop.  190o.  21 


306  1.)  Ji  IN  l'.tori 

On  sait,  en  ellel,  ijue  les  phocomèles  sont  caractérisés  par  l'avortement 
plus  ou  moins  complet  (et  non  par  l'absence)  de  segments  de  membres 
intermédiaires  entre  In  main  ou  le  pied,  et  le  tronc.  Il  subsiste  donc  géné- 
ralement des  segments  avortés,  des  traces  plus  ou  moins  importantes, 
représentées  par  des  parties  osseuses  et  par  des  muscles. 

Or,  ces  restes  de  portions  avortées  ne  sont  pas  (juelconques. 

1°  Les  parties  osseuses.  —  Fréquemment  les  os  longs  sont  représentés 
par  leurs  épiphyses  ou  mieux  par  les  parties  qui  s'ossifient  en  dernier 
lieu.  On  trouve  |iîu-  exem|)le  un  rudiment  de  fémur  comprenant  infé- 
rieurement  les  condyles,  et  supérieurement  un  petit  os  arrondi  homolo- 
guable  à  la  tète  fémorale  (cas  de  Dumas)  ',  ou  bien  un  fémur  réduit  à  sa 
portion  trochantérienne  (GomLault  et  llalbi-on)  -,  ou  encore  un  humérus 
réduit  à  sa  lète  (Sentex)  '. 

D'autres  fois,  ces  portions  d'os  longs  sont  profondément  déformées 
et  ne  peuvent  être  rapportées  avec  certitude  à  une  région  déterminée  du 
membre,  que  par  la  considération  de  leurs  connexions  (Cas  de  Van  Der 
Hoven,de  Collineau,  de  Humel)", 

2*  Les  muscles.  —  Les  muscles  ne  subissent  pas  une  réduction  propor- 
tionnelle à  celle  des  os  des  mêmes  segments.  Leurs  insertions,  leur  forme, 
leur  volume,  s'adaptent  en  quelque  sorte,  le  mieux  possible  à  la  place 
restreinte  qu'ils  doivent  occuper.  Ils  subsistent  même  parfois  presque  au 
complet  alors  que  les  parties  osseuses  correspondantes  ne  sont  plus  qu'à 
l'état  de  vestiges  inappréciables.  L'étude  des  cas  de  phocomélie  cités  plus 
hautel  d'autres  cas  analogues  viennent  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir  ^. 

On  est  ainsi  amené  à  émettre  par  les  considérations  anatomiques  précé- 
dentes cette  hypothèse  (jue  la  réiliniion  el  les  anomalies  du  système  muscu- 
culaire  dans  les  segments  de  membres  avortés  des  phocomèles,  sont  probablement 
secondaires,  comme  le  sont  certainement  les  anomalies  de  forme  et  de 
rapports  de  muscles  chez  les  achondroplases. 

Cette  remarque,  qui  met  en  évidence  le  plus  important  caractère  mor- 
phologique commun  aux  achondroplases  et  aux  monstres  phocomèles 
permettrait,  si  elle  pouvait  être  vérifiée  parla  suite,  de  ne  plus  considérer 
la  phocomélie  comme  un  arrêt  simple  de  développement,  car  cet  arrêt  de 
développement  aurait  pour  point  de  départ  un  trouble  très  précoce  de 
l'ostéogénèse  comparable  à  celui  qui  produit  les  malformations  caracté- 
ristiques des  membres  chez  les  achondroplases. 

*  J.  Grynfelt.  —  Anatomie  d'ua  monstre  ectromèlien.  D'aprè-s  un  manuscrit  du 
professeur  J.  Farges.  Oas.  hehd.  des  se.  méd.,  Moiilpellier,  1885. 

*  GOMBAULT  et  Halbron.  —  Un  cas  de  pliocomùlie  et  hèiniraùli  >.  .V.  /con.  de  la 
Salpétrière, 

'  Sentex.  — Quelques  mots  sur  deux  cas  de  tératologie   Ann.  d'hyg.,  Paris,  1894. 

*  Van  der  Hoven  —  L...  Over  phocomele,  Nederl  tijdschv.  V.  Genesk.  Amst.  1881; 
Collineau.  — Sur  un  cas  de  phocomélie  thoracique  unilatérale,  ^erwe^/'^;(//iro/3c//o- 
gie,  1878  ;  Hummel  I.  C.  —  Observatio  de  monstro  oui  nomen  Phocomelus,  Lt;yde,  1849. 

3  Ghantreuil.  — Note  sur  un  monstre  phocomélien,  Bull.  Soc.  anat.  Paris.  1868. 


DlSClSSIitN  ;^()7 

Jr  m<^  piupuse (le compl/'loi' ci'ttf  ('tinlc  li.iiis  un  prucliam  inf^iuoin^ en  pré- 
cisant davantage  le  rôle  qm-  [wMit  jouer  l'alTeclion  connue  sous  le  nom 
d'acliuiidrupldsif  dans  la  pnMluolion  des  niohshfs  frtnnui'lii'ns  iihoronu-les . 

Je  dois  ajouter  que  N  ii-clidw,  eu  I8'JS,  s'a(>puyant  sur  des  considérations 
un  peu  différentes,  avait  déjà  aUiiV'  r.iltention  des  anatomistes  sur  cette 
question  '. 

Discussion. 

M.  Makcei.  IJai  douin.  —  La  coinniunication  de  notre  collègue  montre  une 
fois  de  plus  la  justesse  des  idées  de  ceux  qui  ne  voient  dans  la  tératologie  des 
vionslirs  simples,  (ju'un  chapitre  de  pathologie  chirurgicale  ou  médicale. 
—  On  peut,  d'ailleurs,  dès  aujourd'hui,  aller  plus  loin  et  ajouter  (ju'il  est 
préjudiciable  aux  intérêts,  d'une  part,  de  la  Science  et  d'autre  part  de  la 
Pratique  médicale,  de  maintenir  cette  scission  entre  deux  sciences,  dont 
la  première  est  en  réalité  une  subdivision  de  la  seconde.  La  vraie  térato- 
logie est  la  Diplotéralologie,  c'est-à-dire  la  tératologie  des  monstres  doubles  ou 
plutôt  itiiiltiplt's.  11  y  aurait  dès  maintenant  intérêt  à  rendre  à  César  ce 
qui  lui  appartient,  d'autant  qu'on  y  sera  contraint  très  rapidement  par 
suite  du  progrès  de  nos  conaissances  en  matière  d'étiologie  et  de  patho- 
génie des  prétendues  anomalies,  qui  ne  sont  eu  réalité  que  la  résultante 
de  processus  pathologiques  f<etaux,  dans  certains  cas,  pouvant  continuer 
à  évoluer  dans  l'enfance  et  à  l'âge  adulte. 

M.  Hervh;  maintient  la  distinction  entre  la  tératologie  et  la  pathologie 
infantile.  Les  différences  dans  les  manifestations  organi(iues  sont  trop 
grandes  pour  qu'il  n'y  ail  pas  intérêt  à  séparer  les  deux  domaines. 

M.  Marckl  Baudouin.  —  (Juoi  qu'en  pense  M.  Hervé,  il  n'y  a  pas  de  dif- 
férence entre  la  pathologie  fœtale  et  la  pathologie  infantile.  L'une  n'est  que 
la  suite  de  l'autre.  —  Ce  qui  m'a  fait  dire  ailleurs  -  que  la  spécialisation 
chirurgicale,  appelée  clinique  chirurgicale  infantile,  était  non  seulement 
une  inexactitude  technique,  mais  même  une  absurdité  pratique,  la  nais- 
sance d'un  être  qu'un  incident,  sinon  un  accident,  de  son  évolution  biolo- 
gique. 

Il  est  bien  entendu  qu'en  tératologie  des  monstres  simples,  comme 
eu  diplotératologie,  il  n'y  a,  en  réalité,  ni  genres  ni  espèces,  et  que  ce 
ne  sont  là  que  des  moyens  mnémotechniques  ou  des  procédés  artifi- 
ciels de  classement.  En  répétant  le  mot  de  Peler,  on  peut  dire  qu'il  n'y  a 
pas  en  réalité  de  types  tératologiques  et  qu'il  n'y  a.qucdes  monstruosités  t 
On  observe,  en  effet,  tous  les  intermédiaires.  Mais  ce  n'est  pas  sur  ce  point 
que  nous  discutons.  Ce  que  je  prétends,  c'estque  ces  formes  pathologiques, 
constatées  à  la  naissance,  ne  doivent  pas  être  séparées  des  formes  ana- 


»  ViRCHOW.  R.   -  Zeitschrift  fiir  Ethnologie.  1898. 

*  La  clinique  de  rhit .  ait.  fie  Reims.  —  Arrh.  pror.  de  rhir.,  lOori,  juillet. 


:{()H  i:\  jiiN  iùor. 

Jogues  et  de  même  naluif  |>aUi(ii;t''iii(|uo  observées  aux  dilTérents  âges, 
et  constituer  une  science  spéciale  :  la  Tératologie  des  monstres  simples. 
Celle-ci  doit  être  englobée  de  suite  parla  pathologie. 

M.  Atgier.  —  ('omme  nos  distingués  collègues  je  ne  puism'empècher  de 
reconnallro  (|ue  plus  la  tératologie  est  approfondie  plus  elle  se  désagrège 
au  bénéfice  de  la  pathologie. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  ici  dans  un  précédent  mémoire  ' 
et  maint  autre,  nombre  d'anomalies  et  difformités  du  crâne,  des  membres, 
des  régions  et  des  organes,  loin  d'être  des  jeux  du  hasard  de  la  naissance 
ou  de  la  nature,  sont  dues  à  des  maladies  ou  des  Iraumatismes  ayant  causé 
des  troubles,  des  écarts,  des  excès,  des  défauts  ou  des  arrêts  de  déve- 
loppement survenus  pendant  la  vie  fœtale  ou  pendant  les  diverses  phases 
de  l'évolution  humaine. 

M.  Fapillallt.  —  A  propos  d'un  projet  de  classification  des  sciences 
biologiques  que  nous  a  présenté,  il  y  a  quelques  années,  notre  collègue, 
M.  Deniker,  j'avais  proposé  d'unir  étroitement  la  tératologie  à  la  patho- 
logie. Je  suis  donc  convaincu  depuis  longtemps  des  rapports  nombreux 
qui  existent  entre  ces  deux  sciences.  Mais  je  ne  voudrais  pas  aller  trop 
loin  dans  cette  voie  et  conclure  à  une  similitude  complète,  comme  le  fait 
M.  Baudouin. 

J'incline,  en  effet,  à  admettre  que  les  causes  tératogènes  sont  patholo- 
giques et  très  semblables,  sinon  identiques,  aux  causes  pathologiques  qui 
frappent  plus  tard  l'individu;  mais  les  effets  sont  profondément  différents. 
A  ce  point  de  vue  on  peut  reconnaître  que  ce  n'est  pas  la  naissance  qui 
marque  une  scission  profonde  dans  l'ontogenèse,  c'est  la  fin  de  la  crois- 
sance, l'apparition  de  la  maturité.  Les  causes  pathologiques,  à  cette 
époque,  atteignent  seulement  les  tissus  dans  leur  vitalité,  mais  elles  ne 
peuvent  plus  créer  de  monstres. 

Au  contraire,  tant  que  dure  la  croissance,  une  cause  pathologique  peut 
troubler  la  prolifération  des  tissus,  l'accroître  ou  l'arrêter  et  causer  une 
modification  profonde  dans  les  proportions  de  l'organisme,  qui  devient 
un  monstre.  Mais  cette  monstruosité  a  des  degrés,  qui  ne  varient  pas  seu- 
lement en  proportion  de  l'intensité  des  causes  pathologiques,  mais  surtout 
avec  l'âge.  Plus  les  organes  ont  encore  à  croître,  plus  leur  trouble  peut 
être  profond,  et  c'est  pourquoi  la  tératologie  fœtale,  l^ien  qu'ayant,  comme 
point  de  départ,  des  causes  pathologiques  banales,  présente  des  troubles 
si  intenses,  des  malformations  si  monstrueuses  qu'elle  constitue  un  do- 
maine de  recherches  tout  particulier. 


'  Oxycèphalie  et  Scaphocéplialie  sur  le  vivant.  Bull,  et  Mém.  dé  la  Soc.  d'Anth. 
1901,  pages  'Jô  et  143.  Anomalies  humaines  comparées,  in-S"  br. 


NÉCROLOGIE  309 


809"  SEANCE.  —  fi  Juillet  190"^. 
Phésidenge  de  m.   Sébillut. 

Nécrologie.  —  Ki.isrci:  Recms.  Diroclour  de  rinsliliit  f,M'ogr!i|.liiiiiir  Ul- 
Knix.ll.s.  Mriiil.iv  liliilfiin"  .l."[.iiis  188!).  .\  ••••  propos.  M.  le  l'rL'si<lfiit  proiioncf 
les  parnirs  suivantes  : 

J'ai  le  cef.'i'et  «le  vous  annoncer  la  niorl  ilun  île  nos  plus  illustres  rollèpues. 
Kliséo  Reclus,  qui  est  (léeéclé  avant-hier  aux  environs  de  Bruxelles  à  l'i^'e  de 
76  ans.  —  Klisée  Reclus  faisait  partie  de  noire  société  depuis  1889,  mais  dans 
plusieurs  de  ses  ouvrages  antérieurs  il  a  cité  les  recherches  laites  par  nos  col- 
lègues. Tous  ses  lecteurs  savent  d'ailleurs  (pie  la  géographie  d'un  pays  ne  lui 
paraissait  complète  que  si  elle  était  aceoin[>agnée  de  son  anthropologie.  C'est  là, 
parmi  tant  d'autres,  une  des  raisons  pour  lesipielles  son  oeuvre  sera  durable.  Il 
aura  eu  la  satisfaction  de  la  voir  achevée,  puisque  V Homme  et  la  Terre,  qui 
forme  la  synthèse  de  ses  innombrables  monographies,  était  terminée  quelques 
mois  avant  sa  mort. 

La  Société,  sur  la  proposition  de  son  Président,  vote  des  remerciements  à 
M.  de  Morgan  qui  lui  a  adressé  une  invitation  collective  pour  visiter  ses  collec- 
tions de  Mésopotamie. 

M.  .Anthony  présente  et  oITre  à  la  Société  de  la  part  de  leurs  auteurs  une  bro- 
clnire  intitulée  ; 

V.  CiioLLET  KT  11.  .Nkuville  :  Xote  préliminaire  sur  des  mégalithes  observés 
dans  le  Soddo.  IJull.  Soe.  Philomath,  de  Paris  1905. 

Au  cours  diin  voyage  d'étude  accompli  avec  M.  de  Rothschild  en  .Xbyssinie 
méri.iionale.  les  auteurs  ont  eu  l'heureuse  fortune  de  pouvoir  observer  des 
monuments  mégalithiques  dont  la  présence  dans  celte  région  encore  très  peu 
connue  est  intéressante  à  signaler.  Ces  monuments,  constitués  en  ihyolites  lor- 
tement  aei(les.  sont  recouverts  de  signes  i)articuliers  (représentations  anthro- 
pomorphes. représiMilalioiis  d'obji'ls  usuels.  n-|)r('sciilalioiis  proiiableiiient  idéo- 
graphiques). 

La  note  <le  M.M.  V.  ChoUel  et  11.  Neuville,  illustrée  de  20  ligures,  représentant 
les  mégalithes  sous  leurs  dilïérents  aspects,  constilue  une  importante  contri- 
bution il  la  eonnaissance  du  préhistorique  en  Afrique. 


;{lu  (i  jni.i.KT  11)05 


LES   GRAVURES  SUR  OS   DE   L'EPOQUE  GALLO-ROMAINE  A  LA   NECROPOLE 
DE  TROUSSEPOIL,   AU    BERNARD    VENDEE). 


Pah  m.  Marcel  Baudouin. 

Les  gravures  sur  us  d'animaux,  à  répoque  de  la  piene  taillée  et  polie, 
sont  connues  depuis  Joly  Leterme  (1852)  et  les  bâtons  de  commandement, 
etc.  Dans  ces  dernières  années,  Massénat,  et  surtout  Pielte  ',  en  par- 
ticulier, en  ont  publié  de  nombreux  exemples,  des  plus  importants 
d'ailleurs. 

Mais  il  a  fallu  arriver  à  ces  temps  derniers  pour  découvrir,  sur  des 
05  de  Vépoque  (jallu-romaine,  des  graffiti,  plus  ou  moins  comparables,  mais 
en  tous  cas  beaucoup  moins  artistiques  et  bien  moins  faciles  à  inter- 
préter. 

Nos  premières  trouvailles  personnelles  datent  d'août  1902',  et  remontent 
à  nos  fouilles  de  début  dans  les  fosses  sépulcrales  de  la  nécropole  de 
Troussepoil,  au  Bernard  (Vendée).  Aussi  ne  fûmes-nous  pas  très  étonné 
quand,  fin  4903,  notre  excellent  collègue  et  ami,  E.  Rivière,  nous  fit  part 
de  ses  découvertes  à  la  nécropole  du  Hameau,  à  Paris.  Nous  reconnûmes 
de  suite  des  faits  exactement  comparables  à  ceux  observés  par  nous 
plusieurs  mois  auparavant  ^ 

Avant  de  donner  quelques  indications  générales  sur  la  signification  de 
ces  gratrili,  je  crois  devoir  énumérer  les  principaux  ossements,  indiscuta- 
blement travailles,  que  nous  avons  découverts,  mon  collaborateur,  M.  G. 
Lacoulounière,  et  moi,  au  cours  de  nos  campagnes  archéologiques  de 
1902  et  1903.  Je  n'insisterai  d'ailleurs  pas  pour  l'instant  sur  les  cas  dou- 
teux et  susceplil)les  d'être  interprétés  autrement  que  comme  graffiti  exé- 
cutés avec  intention,  en  particulier  sur  ceux  qui  pourraient  rentrer,  comme 
je  le  montrerai  plus  loin,  dans  la  catégorie  des  encoches  ou  des  incisures 
de  dépeçage  d'animaux. 


Les  os  à  graffiti  ont  été  trouvés,  d'abord,  dans  des  fosses  sépulcrales,  en 
1902  et  en  1903;  puis,  en  1903,  dans  un  puits  funéraire.  Jusqu'alors,  tous 
ceux  qui,  de  1859  k  1902,  avaient  fouillé  la  nécropole  de  Troussepoil, 
n'avaient  jamais  songé  à  examiner  les  os  d'animaux  trouvés;  par  suite 


'  PiETTE.  —  Classi /irai ion  des  sédiments  fnniirs  dans  les  cavernes  pendant  l'âge  du 
renne.  —  Anlhropulof/ie,  1904,  t.  XV.  mari-avril.  —  'l'iii'î  à  part,  Masson,  1904,  in-S", 
nombreuses  ligures. 

*  M.  Baudouin.  —  Itev.  scient.,  Paris,  i903,  5  septembre,  p.  290. 

■'  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anthropologie  de  Paris.  —  1903.  —  Voir  séance  des 
IG  avril  et  7  mai. 


M.   RACDOIIN.  —   l,ES  liltWIRES  SIU  iiS  DT  (.'kPOOLE  GALLO-ROMAINK  311 

ils  n'avaient  jamais  vu  lie  telles  giavures,  qui  sont  pourtant  iiion  visibles, 
et  assez  fmiuenles,  ([uand  on  veut  se  donner  la  peine  de  les  rechercher. 

I.  Fosse  n°  1.  —  La  fosse  n"  1,  fnui  11*^6  en  1902,  no  nous  a  donné  que 
de  rares  os  a  mahoies.  Ils  étaient  très  peu  intéressants  d'ailleurs  et  au 
nombre  de  trois  seulement  pour  cette  fosse. 

I.  Le  premier  constitue  une  [larlie  d'un  os  des  membres  de  chèvre  (Çrt/>ra 
hiiriis,  L.)  '  cassé;  on  y  voit  une  encoche,  assez  pi'ofunde,  sui-  les  bords  du 
fragment,  avec  une  incisiire,  légère  et  peu  nette,  ;\  un  centimètre  de  l'enco- 
che; h  une  extrémité,  une  autre  encoche,  profonde,  mais  également  dou- 
teuse. 

2°  A  l'extrémité  d'un  autre  os  des  membres  d'une  chèvre  {Capra  hirctis, 
L.)  probablement  un  métacarpien,  il  y  a  une  sorte  de  V  et  une  érallure; 
mais  il  est  possible  que  cette  dernière  ait  été  produite  par  une  racine 
d'arbre  ayant  rongé  l'os  en  ce  point.  Une  partie  de  l'os  paraît  un  peu 
rongée  (épiphyse).  Tant  qu'au  V,  il  semble  bien  net. 

3"  Un  morceau  de  cote  de  bœuf  (Dos  taurus,  L.)  présente  deux  grandes 
encoches  parallèles,  qui  ressemblent  \i  des  traces  de  dépouillement  ;  et,  à 
côté,  il  y  a  une  êrajlnre  involontaire,  due,  peut-être,  à  la  pointe  d'un  ins- 
trument. 

J'insisterai  ailleurs  sur  la  signification  de  ces  marques,  qui  ne  sont  pas 
ici  de  véritables  .9rai'?<res,  sauf  le  V  indiqué. 

IL  Fosse  n°  2.  —  La  fosse  n"  2  a  fourni  des  os  .\  marques  de  divers 
ordres.  Ce  sont,  comme  d'habitude,  soit  des  encoches,  soit  des  hicisures, 
soit  des  éraflares.  —  Citons  seulement  les  principaux  débris,  et  surtout 
certaines  gravures,  qui  sont  indiscutables. 

A.  Bœuf,  a)  Une  tête  de  fémur  âxi  bœuf,  à  nombreuses  ératlures,  plus  une 
encoche  profonde.  Il  nous  semble  qu'en  outre  on  peut  y  lire,  en  chiffres 
romains  :  IX  ou  IV,  puis  XI  ou  VI  ou  IX,  et  entin  VII.  Mais  cela  est 
assez  douteux. 

b)  Sur  un  tibia  (?)  (extrémité  inférieure),  ou  lit  le  chiffre  romain  VII, 
assez  net;  il  paraît  précédé  d'un  trait  veilical,  sur  lun  des  bords. 

c)  Une  côte  présente  une  érallure,  parallèle  au  bord  inférieur,  sur  la  face 
interne,  un  peu  au-dessous  du  milieu  de  la  cote. 

d)  Une  côte  présente  une  encoche  sur  toute  la  face  externe,  en  forme 
de  V,  perpendiculaire  aux  bords,  et  deux  autres  sur  le  bord  inférieur. 

e)  Une  côte  et  deux  petites  incisares  sur  la  partie  supérieure  de  la  face 
externe. 

/)  Une  6'ô/<^  possède  une  encoche  sur  le  bord  supérieur  au  niveau  du  tiers 
postérieur;  plus  trois  longues  incisures,  semblent  former  un  dessin,  à  la 
face  interne  de  l'os. 

g)  Une  autre  côte  possède  une  encoche  sur  la  face  interne. 


*  J'expliquerai,  daus  un  autre  mémoire,  pourquoi  je  dis  toujours  Chèvre  et  non 
Mouton,  quoique,  anatomiquement  parlant,  il  soit  irniiosible  de  pré.  iser,  comme  !<; 
savent  tous  les  palèonlologisles. 


31-2 


(')  ji  1 1.1,1: 1'  iKon 


a)   Une  encoche. 


|{.  (jlièvre.  a)  Un  calaineum  piôsi'nle  de  petites  incisures,  nombreuses, 
et  très  difficiles  à  débrouiller  sur  l'une  des  faces  de  l'os  et  au  niveau  du 
bord  inférieur. 

III.  Fosse  n»  3.  —  La  fosse  n°  3  a  donné  quelques  05  marqués.  Les 
marques  sont  de  trois  ordres  :  des  encoches,  des  incisures,  et  des  traits, 
d'origine  inconnue. 

\.  Encoches.  On  en  voit,  en  les  rangeant  par  ordre  ascendant  d'ini- 
por  la  ne: 

1  côte  declu'vre  :  très  petite  sur  le  bord  supérieur; 
1  apophyse  épineuse  de  vertèbres  :  sur  le  bord  infé- 
rieur ; 

1  corne  de  chèvre  :  sur  le  bord; 

2  métatarsiens  de  chèvre  :  courtes; 
i  fragment  d'ilion  de  chèvre  (?)  :  profonde  et  courte; 
1  métatarsien  de  chèvre  :  très  profonde  et  grande  ; 
7  phalanges  :  peu  marquées. 

i  côte  de  bœuf  C^)  :  assez  longue,  au  bord  inférieur; 
Us  long  :  profondes. 
Petit  calcanéum  :  deux  peu  marquées; 
Omoplate  de  bœuf  :  nettes. 
Côte  de  bœuf  :  assez  nettes  : 
Calcanéum  de  chèvre  :  très  petites  et  très  courtes. 

On  en  reconnaît  plusieurs  sur  deux  côtes  d'un  Bovidé 
(bœufj;  elles  sont  presque  perpendiculaires  à  Taxe  de  l'os  et  se  trouvent 
sur  les  deux  faces. 

C.  Traits  de  nature  spéciale  :  Gravures.  —  On  ne  les  dislingue  bien  en 
général  qu'en  mouillant  l'os;  on  les  voit  alors  se  détacher  en  noir  d'une 
façon  assez  nette. 

a)  Fragment  de  petit  os  long  :  multiples  éraflures . 

b)  Côte  assez  large  (chèvre)  :  plusieurs  traits  en  I  et  en  \ . 

c)  Un  petit  os  long  (chèvre  ?)  :  le  chilTre  romain  VIII,  mal  tracé  et 
peu  net. 

d)  Un  gros  os  (bœuf)  :  le  chiffre  romain  VIII,  avec  au-dessus  un  V 
renversé,  et  d'autres  traits  au  voisinage. 

Jusqu'à  plus  ample  informé,  j'admets  que,  pour  ces  deux  derniers  os, 
trouvés  en  août  1902,  il  s'agit  sans  nul  doute  àc  gravures,  en  forme  du 
chiffre  romain  VIII,  car  ces  graffiti  sont  tout  ii  fait  comparables  à 
ceux  décrits  par  M.  E.  Rivière,  quoique  les  traits  soient  bien  moins  mar- 
qués que  sur  les  ossements  trouvés  à  Paris  en  1903. 

Pour  les  autres  marques,  signalées  jusqu'à  présent,  je  crois  prudent 
d'être  moins  affirmatif. 

y  V.  Fosse  n°  0.  —Cette  fosse  n"6  n'a  donné  en  1903  qu'un  seul  ossement 
à  gravure;  mais  il  y  avait  en  même  temps  de  nombreux  débris  d'os  d'ani- 
maux, sans  traces  dignes  de  remarques. 


6)  D^wa;  encoches. 

c)  Trois  encoches. 
B.  fncisures.  - 


M.   lIAL'IlOriN. 


I.KS  (IHAVIURS  sru  OS  DE  I,  KPOOTE  TiAM-iVllOM  AINE 


313 


Il  s'agit  (le  rextit'miU'  infôrimire  d'un  radius  tli'  l)HHif.  Sur  l'un  de  >ies 
l)()rds,  surtout,  on  note  la  présence  de  signes  gracrs  ;  mais  il  y  en  a  encore 
un  grand  nombre  sur  l'une  des  faces  de  la  surface  de  l'os,  impossibles  à 
déchifîrer,  en  raison  de  l'usure. 


Fig.  1.  —  Hadius  de  liniif  avec  gravures.  Légende  :  Ac,  cxtrémilé  arlioulaire; 

a  à  m,  traits  gravés. 

Nous  avons  noté  une  sorte  de  trait  vertical,  analogue  à  I,  puis  un  N 
majuscule  qui  est  peut-être  aussi  un  "V,  précédé  d'un  I  très  rapproché] 
{Fif).  1).  Il  faut  noter  qu'ici,  dans  cet  1\  ou  IV  ,  la  partie  V  a  chaque 
jambage  formé  de  deux  petits  traits  parallèles  très  ilistincts  et  très  rocon- 
naissables  ' .  —  Sur  b;  reste  de  l'os,  on  voit  plusieurs  V,  droits  ou  renversés 
(au  moins  trois),  un  iiail  ()ljli(jae,  une  sorte  d'X.  et  une  figure  formée 
par  un  trait  et  une  sorti.'  de  crosse.  La.  surface  articulaire  de  l'os  présente 
un  V  et  plusieurs  inci^^ures,  l'essetiiblant  assez  à  des  caractères  cunéi- 
formes. 

y.  Côtes  d'un  puits  funéraire.  —  Enlln,  en  août  1!)'):i.  ilan^  le  piiit^  liiin'' 
raire  que  nous  avons  fouillé  (n°XXXI[  de  la  nécropole  i,  nous  avons  trou v('', 
dans  des  conditions  que  nous  spécifierons  dans  un  ;tiilre  mémoire,  des 
eûtes  de  bieuf  {Bus  taurus,  />.),  dont  quelques-unes  présentent  des  f/i'a/fiti 
indiscutables,  mais  dont  les  autres  paraissent  soit  intactes,  soit  pourvues 
seulement  de  traits  sans  intérêt  apparent. 

(les  côtes  ét.iient,  toutes  ensemble,  rassemblées  en  une  sorte  de  faisceau, 
qui  fut  trouvé  jusqu'au  fond  du  puits,  à  côté  d'une  tète  entière  de  lios 
taurus,  enfouie,  elle,  en  chair,  comme  nous  avons  pu  le  prouver  par  un 
examen  très  attentif  de  la  pièce. 

Ces  ossements  étaient  placés  à  la  partie  supérieure  dr*  la  cujiulc  ii'imi- 


'  A  Aprenionl  (Vende'),  au  lieu  dit  la  Haie,  nous  avons  tiouvé  un  fiaginont  de 
polerie,  d'apparence  {.(••"•J-'oniaiiic,  ayant  une  marque  en  \'  anaJoguu.  Chaque 
brandie  du  V  est  au<si  formée  de  deux  traits,  très  rapprochés  [Voir  M.  Baudouin  et 
G.  Lacouloumère.  Le  Pn-historique  à  Apremont  (Vendéej.  Ann.  de  la  Soc.  d'Emul.  de 
a  Vendée.  La  Roclie-sur-Yon,  1905.  —  (Sous  pres&e). 


314 


(1    Jl  II.I.KT     lUOo 


uale,  au  dessus  de  la  couche  la  plus  élevée  des  vases  à  lii|uides  et  des 
vases  funéraires,  à  une  profondeur  d'environ  9  inélres;  ils  étaient  disposés 
à  plat,  i\  côté  d'autres  objets  trouvés  dans  la  boue  qui  comblait  la  sépul- 
ture, depuis  la  profondeur  de  3  m.  oO  (Fiy.  2,  C). 


i«^  Caloltr  ^lïcrrcs 


Terre  Ditrj^air  L_   S  \ T»"^°^  "^  Chemin.  £. 

-  pi»».- «„^  ;^  ,,,._. J,5 

Lvnon.        I      ".0$       ~  "' 

des  (tod  .if\,-' 

Roc      _J 
Scnùrtcs        £fç^c»«Esi 

Sericitz 


jB^'-;' 


.éTve  nxfire 


ij_  i^tP  i  Joitr.iÀoûKmajsU soir) 
j    ?  ?7^  '.iTOuche.  de  pierres 

■^       ê»^*  Couche  dcpierrcj 

^'■ 

'?Tzp2^'our^Aoùl  (mercredi) 
•  i3!I}£<uJfïoeau.  de  L'eau 


^fm"r&> 


fffiom 


é'^o^  3f  Couche,  de  pierres 
'  3tipur=6 AoCu  (  jeudi l 

1 

^9K    ïi37^.o_klour=J  AoCtt  (vendredi) 

—  iKetrecisscTncni 
^T.6(L^f/aur=8Aoù/.  (samedi,) 

i  O: 

=  ■,  °» 

^1  ^'^ 

"jDr'^o  fi'jour-^W  ÂoûtfhtndL) 
=  /<  .O.CoucAe.  de.  pierres 


EcKeHe. 


£> 


Fig.  2.  - 
Iraiit  la 

côtes. 


cliéma  du  Puita  funéraire  gallo-romain  «<>  XXXII,  vu  en  cf 

ace  où  fuient  trouvées  les  cotes  t^rovées.  Légende:  C,  emplc 


coupe ,  mon- 
acenient  des 


Ces  côtes  de  bœuf,  trouvées  toutes  ensemble,  dans  la  matinée  du  mardi 
il  août,  étaient  au  non)bre  de  dix.  Elles  sont  longues  et  larges,  brunes, 
et  parfois  cassées  à  une  extrémité. 

Quatre  d'entre  elles,  qui  présentent  des  grarures,  certes  un  peu  frustes  et 
usées,  mais  indiscutables,  doivent  élre  décrites  avec  détails. 

La  plupart  des  traiis  sont  gravés  sur  la  face  interne;  au  dehors,  il  n'y  a 
guère  que  des  encoches  ou  des  incisures.  Pour  bien  voir  ces  dessins,  il 
faut  mouiller  l'os  modérément;  et  alors  une  ligne  noire  apparaît  nette 
sur  le  fond  brun  '  de  la  côte. 

a)  Côte  n"  I.  —  La  côte,  à  la(|aelle  nous  donnons  le  n"  1,  est  l'une  des 
plus  intéressantes.  Elle  présente,  à  la  face  externe,  au  niveau  du  bord 
inférieur,  deux  petites  incisions.  Mais  la  face  interne  est  couverte  de  lignes, 
comme  le  montre  le  schéma  ci-joint  {Fig.  3). 


*  Coloration  due  à  un  séjour  dans  la  boue  et  comparable  à  celle  des  es  des  pale- 
fittes . 


M.    UAinOUIN.    —    r,ES  r,aAVl-RE>  sir  os  de  L'kPOQIE  <:AM.O-Un.\|.\lNK  315 

On  y  (lislingue  un  Ion:,'  trait  hoiizunlal,  couj).-  par  (rauln-s  li-nos,  avec 
une  surtL'  d'X,  liorizuiilal.Mnciit  j.lac'  au-dessous  et  au  milieu  de  l'os. 
A  noter  un  signe,  en  crosse,  analogue  à  celui  de  Tes  de  la  fosse  n"  r». 

b)  Côte  n»  3.  —  La  côte  n°  -2  est  la  plus  curieuse.  Sa  face  externe  pré- 
sente de  nombreuses  encoches,  surtout  au  niveau  de  son  bord  supérieur. 
A  la  face  interne  [Fig.  -4),  on  voit  soit  une  ébauche  de  tète  .l'animal, 
soit  le  col  d'une  poterie  très  allongée,  soit  tout  autre  chose,  un  diagnostic 
précis  étant  impossible.  Il  y  a  aussi  plusieurs  signes  en  V,  ou  VV;  deux 
sortes  d'X,  .'l  des  traits  horizontaux,  obliques  ou  courbes,  qui  ne  res- 
semblent nullement  à  des  caractères  oghamiques.  On  y  trouve  aussi  une 
sorte  de  pied  d'Equidé  (cheval). 


^  •ij^^i'^  ^.'\ 


Fif/.  .V.  —  Sclit'iii!!  (le  la  Cote  n'  1  (Face  iiili me). 
Fin.  i  ■  —  Schima  de  la  <U)te  n"  2  (Face  interne). 
Fi(i.  .7.  —  Schéma  «le  la  Côte  if  3  (Face  interne). 
Fig.  0.  —  Sèiiéma  de  la  Côte  n"  4  (Face  interne). 

c)  Cnte  n"3.  —  La  côte  n°  3  a  .«a  face  interne  couverte  également  de  traits 


31  fi  ♦!  ji  ii.i.Ki    ll»05 

{Fig.  ô).  A  noter  de  longs  Irails  horizimlaux,  coupés  par  des  lignes  obli- 
ques, deux  V,  une  sorte  de  or(jcliel,  un  S  allongé,  des  traits  en  I  obliques, 
etc.,  etc. 

A  la  face  externe,  deux  incisinres  parallèles. 

d)  Côten°4.  —  Celle-ci  est  la  moins  intéressante,  parmi  celles  qui  méritent 
d'être  figurées  (Fig.  0).  Notons  seulement  la  présence  de  trois  traits,  plus 
ou  moins  borizonlaux,  coupés  par  des  lignes  presque  verticales  et  droites. 

Les  autres  cotes  ne  présentent  guère  que  de  grands  et  longs  Irails  a  leur 
face  interne,  et  ça  et  là  quelques  encoches. 

A  notre  sens,  on  doit  considérer  ces  côtes  gravées  comme  des  sortes  de 
tablettes,  ensevelies  avec  le  mort,  parce  qu'elles  avaient  dil  jadis  lui  servir 
h  écrire  ou  h  noter  ses  idées.  Ces  «  papyrus  osseux  »  sont,  par  suite,  très 
précieux,  parce  qu'ils  se  sont  conservés  facilement  dans  les  puits;  et  on 
peut  prévoircertainement  désormais  la  découverte  de  nouveaux»  manus- 
crits sur  os  »,  du  même  genre,  quand  on  fera  de  nouvelles  fouilles  dans 
les  nécropoles  à  puits  funéraires. 

Ces  remarques  montrent,  d'une  part.quelgrand  intérétilyaa  poursuivre 
ces  travaux,  et,  d'autre  part,  ({uelles  perles  la  science  a  subies,  quand  on  a 
fait  disparaître  tous  les  ossements  d'animaux,  extraits  par  l'abbé  liaudry 
des  sépultui'es  de  Troussepoil,  au  Bernard,  de  18o9  à  1877! 

Toutes  les  côtes,  actuellement  desséchées,  ne  semblent  pas  intéressantes  ; 
mais  les  signes  qu'elles  présentent  nous  ont  pourtant  frappés  de  suite,  à 
leur  sortie  du  puits,  parce  que  ces  os  étaient  alors  tout  humectés  de  boue 
et  furent  lavés  (c'est-à-dire  mouillés)  immédiatement  après  leur  mise  au 
jour.  —  Cela  prouve  que,  pour  bien  apercevoir  et  pour  pouvoir  étudier 
ces  graffiti,  il  faut  humecter  avec  une  éponge  ou  un  linge  mouillé  la  face 
interne  des  os  principalement. 

Il  est  indispensable  d'ailleurs  de  ne  pas  répéter  trop  souvent  celte  expé- 
rience, car  les  frottements  répétés  sous  l'eau  semblent  amener  une  certaine 
diminution  dans  la  visiWililé  des  traits  gravés;  en  etTet,à  l'heure  actuelle, 
les  signes  notés  sont  L)ien  moins  apparents  que  lors  de  leur  mise  au  jour 
en  août  190li,  aussi  l)ien  sur  les  côtes  du  puits  (jue  sur  les  ossements 
trouvés  dans  les  fosses.  Cela  tient  à  ce  qu'on  enlève,  par  les  lavages  suc- 
cessifs, l'espèce  de  matière  colorante  noire  (venant  piobablemenl  de  !a 
terre  noire  de  la  sépulture),  ([ui  remplit  les  traits  de  gravure,  d'ailleurs 
très  légers  eux-mêmes. 


1°  CR.JkFFiTF.  —  On  peut  résumer  de  la  façon  suivante  les  trouvailles 
précédentes^  en  fait  ûe  graffiti  indiscutables. 

A.  Caractères  eh  chiffres  —  l"  Chiffres  ressemblant  à  un  V.  —  1  exem- 
plaire sur  os  de  chèvre  (Fosse  n'^  1);  plusieurs  autres  sur  os  de  bœuf 
(Fosses  no*  3  et  6,  Fig.  2);  plusieurs  exemplaires  sur  côtes  de  bœuf  (n"  2 
et  n"  3  du  puits  funéraire). 


M.  IIAl-'OiHIN.      -    I.ES  CIUVIUES  Si;i<  IIS  1)K   I.KroyilK  (iAI.Lit-UoMAINK  '.\\~ 

i"  Chiffre  rrgsnnblaul  à  unVJ.  —  I  rxcmplaiiv  sur  ttU»!  il»'  ft'iiiurtlc  Ij-iiul' 
(Fosse  M"  -2),  rt'sstMuliliiiil  aii>si  au  cliilVio  nuiiain  \l,  à  la  ri:.Mi»Mir  (.'IVar.'- 
nient  de  la  partie  inférieure). 

3"  Chiffres  ressemblant  à  nu  VU.  —  1  sur  tibia  de  hùnif  (Fosse  ii'^  2); 
1  sur  tiîle  de  fémur  de  bœuf  (^Fosse  n°  2). 

i"  Chiffre  ressemblant  à  un  VIII.  —  1  sur  os  Imii;  de  ebèvre  (^Fossen^Si; 
I  sur  os  de  banif  (l'^osse  n"  3). 

5°  Chiffre  ressonbhntl  à  u»  I\. —  t  i'xrni|ilaii  e  pouvant  èlre  un  IV,  sur 
tète  de  fémur  de  iiœuf  (Fosse  n°  "2). 

6"  Une  sorte  de  lettre  I\'.  sur  radius  tle  i)n'uf  ^^Fosse  n"  fi,  Fig.  i'r,  pou- 
vant être  aussi  le  chilfre  IV,  ou  un  V,  précédé  d'un  trait. 

7°  Des  sortes  d'.V,  à  branches  très  allongées  et  contournées  parfois 
(Côtes  n"»  1  et  2  du  puits  funéraire). 

8°  Une  sorte  de  caractère  en  crosse,  accompagné  d'un  trait  unique.  — 
\  exemplaire  sur  radius  de  bœuf  (Fosse  n"  6,  Fiy.  2)\  1  exemplaire  sur 
côte  n'^  1,  {Fig.  3)  du  puits  funéraire. 

lî.  Divers  dessins  gravés,  dont  les  plus  nets  sont  un  pied  de  cheval  et  une 
espèce  de  col  de  vase  (?)  ou  de  lète  d'animal  (Côte  n»  2  du  puits  funéraire). 
(Fig.  4). 

M.  E.  Rivière  n'a  guère  signalé  pour  Paris  que  des  chiffres,  tandis  que 
nous  avons  des  sortes  de  dessins  très  spéciaux,  formés  de  longues  lignes 
plus  ou  moins  droites  et  d'essais  de  flgures  (pied  de  cheval,  tète  d'ani- 
mal, etc.). 

De  plus  les  os  de  l*aris  sont  gravés  assez  profondément  ;  les  nôtres  au 
contraire  ont  des  traits  très  fins,  exécutés  d'une  façon  très  légère  :  ce  qui 
les  rend  difficiles  à  dépister  en  général,  et  les  différencie  nettement  de 
ceux  trouvés  à  Paris,  qui  sont  véritablement  creusés  flans  la  substance 
osseuse. 

Peut-on  se  faire  aujourd'hui  une  idée  nette  de  la  signification  des  graffiti, 
représentant  les  chiffres  ou  les  caractères  cités,  et  ressemblant  plus  ou 
moins  à  des  chiffres  romains?  Je  ne  le  crois  pas.  Mais,  on  peut  faire  — 
ce  qui  sera  bien  permis  —  quelques  rapprochements  avec  d'autres  faits 
connus. 

On  peut,  certes,  soutenir  que  la  gravure  F  est  vraiment  le  chitfre  romain  ' 
5  (cinq)  ;  mais  cela  n'est  pas  certain  cependant.  11  me  semble,  en  effet, 
qu'on  peut  y  voir  aussi  un  caractère  d'écriture,  qui  n'est  sans  doute  pas 
notre  v  ou  un  u,  mais  qui  peut  être  cependant  une  lettre  d'un  alphabet 
quelconque,  à  rapprocher  en  particulier  de  ceux  publiés  par  Piette,  et 


'  Les  v  des  os  gravés  se  retrouvent,  à  peu  près  avec  la  même  forme,  sur  quelques 
poteries  trouvées  dans  les  puits  de  la  Nécropole  de  Troussepoil.  Pour  s'en  reudre 
compte,  il  suflît  de  jel.r  un  coup  d'œil  sur  les  Ggures  91,  92,  <66  de  l'ouvrage  de 
l'abbé  Bnudry  (Les  puits  funéraires  gallo-romains  de  Troussepoil).  Mais,  dans  ces  faits, 
il  parait  bien  s'agir  de  chiffres  romains  vrais,  comme  dans  ceux  figurés  par  Habert 
{Les  poteries  antiques  parlantes,  Atlas,  pi.  XXXVI). 


;{|.s  <■>  Ji  ii.i.KT  1'JÛ5 

m(}ino  (If  ci'ilaiiis  raractùi'cs  o.;li.iiiiitiiies  allures  par  des  inlliiences  iiini- 
ques  ou  autres. 

Je  me  base,  pour  éuiellre  ci'llc  liypolhèso,  sur  la  loiinc  cJes  lettres  de 
l'inscription  dite  de  la  Madeleine,  (igurée  par  Piette,  dont  quelques-unes 
ressemblent  à  ce  V  renvers»^  soit  a- 

Fiette  y  voit  l  de  ralpliabel  lycicn  ou  la  go  cypriote;  mais  je  me  gar- 
derai bien  ilulItM  aussi  loin,  .b;  remarque  seulement  qu'on  trouve  aussi 
un  V,  dans  l'inscriplion,  dite  de  Uocbcbertier,  qui  est  aussi  de  l'Ago  de  la 
pierre.  Cette  dernière,  d'aulri-  pari,  fournit  plusieurs  sortes  d'X,  très 
comparables  aux  grands  X  qu'on  trouve  sur  l'os  de  la  Kosse  n"  ti  et  sur 
les  côtes  du  puits  funéraire  '. 

Certes,  cela  ne  veut  pas  dire  que  les  os  gravés  de  la  nécropole  gallo- 
romaine  du  Bernard  portent  des  caractères  réellement  anciens,  et  non 
pas  des  chiffres  romains.  Mais  ces  rapprochements  montrent  qu'avant 
de  formuler  une  opinion,  il  faut  toujours  être  prudent  en  ces  matières. 

C'est  ce  que  je  ferai,  je  crois,  en  concluant  seulement  que  ces  graffiti  res- 
semblent à  des  chiffres  romains^,  mais  que  nous  ignorons  jusqu'à  présent 
s'ils  en  sont  réellement,  malgré  les  découvertes  de  M.  E.  Rivière,  qui  sem- 
blent bien  prouver,  pourtant  que  celte  hypothèse  est  la  bonne,  de  même 
que  les  remarques  déjà  anciennes  de  M.  Ilabert  '. 

Il  ne  s'agit  certes  pas  d'inscriptions  vraies,  mais  de  signes  isolés  ou 
groupés,  sans  ordre  apparent. 

En  tout  cas,  ces  gravures  sont  certainement  en  rapport  avec  une  cou- 
tume ancienne,  antérieure  à  l'introduction  de  la  civilisation  romaine  importée 
en  Vendée;  et  il  s'agit  là,  cela  n'est  pas  douteux,  de  la  persistance  d'une 
habitude,  qui  remonte  peut-èire  très  haut.  Aussi  y  aurait-il  lieu  de  voir 
si  l'on  ne  retrouverait  pas  de  tels  os  à  gravures  dans  les  sépultures  mar- 
niennes  (La  Tène  I)  et  du  Beuvraysien  (La  Tène  II)  ;  il  sera  donc  utile  de 
les  rechercher. 

2"  Incisures  et  encoches.  —  En  décrivant  les  ossements  à  marques  des 
fosses,  nous  avons  dit  qu'un  nombre  d'entre  eux  présentent  des  incisures, 
des  traits,  et  des  encoches,  plus  ou  moins  profondes,  disposés  sans  ordre  et 
sans  caractères  nets. 

Dans  le  nombre,  il  en  est  qui  sont  certainement  des  traces  de  dépeçage  ^, 


»  LUBBOCK.  dans  son  livre  classique  (t.  I.  fig.  3,  p.  10)  a  représenté  des  os  de 
l'époque  de  la  Madeleine  présentant  des  graffîli  en  forme  de  V  et  de  X. 

U  n'est  pas  probable  que  ces  X  aient  un  rapport  quelconque  aAec  le  signe  de  la 
croix  (+)  ;  ils  semblent  plutôt  dériver  du  V. 

»  Sur  les  poteries  on  trouve  très  souvent  des  chifïres  romains,  en  graffiti  indiscu- 
tables ;  par  exemple  les  chiffres  XÎII,  XVIII,  etc.,  etc. 

»  Habert  {Loc.  cit.,  pi.  XXXVIj  a  représenté  des  graffiti,  sur  objets  divers  gallo- 
romains,  qui  ont  beaucoup  d'analogie  avec  ceux  dont  nous  parlons;  mais  il  n'a  pas 
parlé  des  graffiti  sur  os,  à  ce  que  je  sache. 

*  Il  est  facile,  au  Bernard  tout  au  moins,  de  constater  que  les  ossements  d'ani- 
maux placés  en  chair  dans  los  sépultures,  ne  présentent  jamais  d'encoches  ou 
de   traces   de  dépeçage,  pas  plus  d'ailleurs  que    de  graffiti;    cela  ne  pourrait  pas 


M.    llAIDnllN.    —   l,i:>  (lit  W  IUKS  SL'It  OS   DE  i/kPO^TE  (iAl.l.o- lluM.VlNi;  'A\\\ 

<•[  rcpréscritenl  l'action  il  un  iiistiiiincul  Ifaiiclianl,  érallanl  ou  allaiiunul 
los,  sans  iilôe  (lirci'liicf. 

Mais  d'autres  seinbliMit  rouf^cs  '  p  irdos  clHt'ns^o.i  pcut-ètro  [)ai'  l'iiuniMir. 

D'un  autre  cùlé,  certains  traits  ne  p  naissent  [)as  avoir  les  caractères 
il.'  traces  d'attaques  accidentelles;  et  on  peut  se  demander  ci'  qu'ils  S;igni- 
lient.  l'renons,  par  ex.em,de,  ces  longues  lignes  droites,  ou  légèrement 
courbes,  ({ui  sont  sur  la  face  interne  des  eûtes  Ju  puits  funéraire. 

Ce  ne  peuvent  être  des  incisions  de  dépeçage;  et  on  est  tenté  de  les  rap- 
procher de  suite  des  lignes  sur  lesquelles  on  traçait  les  caractères  ogkamiqiies, 
daulanl  plus  qu'elles  sont  elles  mêmes  surchargées  de  traits  obliques. 

blnlin,  quand  il  s'agit  d'encoches  profondes,  analogues  . a  celles  qu'on  voit 
sur  certains  os  longs,  on  ne  peut  s'empêcher  de  les  comparer  aux  entailles 
des  os  de  la  période  paléolithique,  signalées  par  tous  les  classiques  '.  Et 
cela  est  surtout  vrai  pour  certaines  pièces  trouvées  à  Paris  par  M.  E.  Ili- 
vière,  dans  la  nécropole  du  Hameau,  très  analogue  ii  celle  du  IJernard. 

M.  E,  Cartailhac  *  a  écrit  récemment  à  ce  propos  ce  qui  suit  : 


sVxpliquer  (l'aill«îurs.  Or,  à  côté  de  ces  ossements  intacts,  on  en  trouve  de  marqués, 
de  grarés,  etc.  Cela  prouve  bien  (jiron  mettait,  dans  Irs  fosses  et  puits,  à  ciUé  d'ani- 
maux entiers,  d'iuic  part  des  animaux  dépecés,  et,  d'autre  part,  des  os  desséchés, 
qui  avaient  été  travaillés  au  préalable. 

*  On  connaît  des  os  à  marques  d'origine  purement  paléonlologique  indépendants 
ds  la  présence  de  l'tiomme,  quoi  que  on  ait  dit,  tels  les  os  rayés  ou  incisés  des 
falluns  de  l'époque  tertiaire,  trouvés  à  Chavagnes-les-liaux  et  à  Pouancé  (M.  et  L.) 
par  l'abbé  DolauuHy.  Tournouer  et  Farge,  parmi  lesquels  on  peut  citer  des  frag- 
ments d'humérus  et  de  côtes  d'IIalilherium,  avec  entailles.  On  explique  désor- 
mais ces  rayures  par  l'action  des  dents  en  scie  de  Carcharodon  Megalodon,  par 
exemple  [.Musée  de  Saint  Germuin,  n*  3210.  —  Voir  :  abbé  Delaunay  (Pontlevoy). 
—  Trace  de  l'homtne  sur  les  ossements  d'Halithcvium  fossiles  de  Pouancé.  Congrès 
Préh.,  Paris,  1867,  p.  74]. 

De  plus,  dans  les  terrains  mioccne.s  de  Monle-.Vi>erto,  on  w  trouva  des  ossements 
semblables  (rayures  de  squale).  En  effet,  .■Capellini,  au  Monte  Aperto,  dans  l'.Artien 
de  Toscane,  a  ol)servé  des  os  de  /jaleino])tércs,  présenlanl  des  traces  de  morsures, 
qui  ont  même  origine  et  qui  ne  sont  pas,  d'après  G.  do  Mortillet,  l'œuvre  de  l'homme 
comme  l'a  prétendu  Gapellmi. 

En  1869,  Delfortrie,  a  signalé,  dans  les  laluns  de  Léognan  ^Gironde),  des  osse- 
ments d'animaux  marins  présentant  des  stries  et  des  entailles  ;  elles  ont  été  pro- 
duites par  des  carnassiers  marins,  et  peut-être  par  le  Sargus  Serratus. 

Voir  au  Musée  do  Saint-Germain,  salle  n'  11  (n*  28,  375),  une  entaille  analogue 
sur  une  apophyse  épineuse  de  vertèbre  lombaire;  on  dirait  une  encoche  d'écoreage. 
Voir  aussi  les  n"  23,  376  et  23,  874  du  même  Musée. 

*  On  a  signalé  assez  souvent  des  os  rongés  au  Bernard  ;  et  on  a  découvert  au  cours 
de  fouilles  faites  ailleurs. 

Les  castors,  les  hyènes,  les  chiens,  les  porcs-épics,  les  écureuils,  les  rats  peuvent 
ronger  des  os  dans  des  dolmens,  dans  des  grottes,  etc. 

«Walter  Houoh.  —  Arch.  Field  Work  in  Northwestern  Arizona.  Rep.  Smith 
Instit..  1903)  a  figuré  un  os  à  encoche  (PI.  56),  dont  les  encoches  sont  placées  sur  le 
bord,  et  qui  fut  trouvé  à  Stone  Axe;  pi.  81,  il  y  a  aussi  une  pierre  à  encoches,  qui 
est  figurée.  —  Ces  pièces  sont  à  rapprocher  de  celles  dont  je  veux  parler  ici. 

*  Catailhac.  —  Les  stations  des  Bruniquel  sur  le  bord  de  l'Aveyron.  —  L'Anthro- 
pologie, 1903,  tome  XIV,  n"  3,  mai-juin,  p.  2i5  [Voir  p.  30G). 


320  t>  jiir.iKT   l'.Ki:; 

i<  l^a  liiotlt^  (lu  Courln-l  a  livif-  à  M.  de  Laslic  une  série  d'os,  garnis  dV» 
tailles,  courtes  el  parallè'lcs.  (|ui  rappellent  les  «  marques  »,  les  «  tailles  » 
de  nos  boulangers,  et  autres    fournisseurs  de  nos  ménages.  J'ai  vu  aussi 
les  Ariégeois  de  Bethmale.  j(juant  aux  caries,  marquer  la  table  d'échan- 
crures  analogues 

«  A  propos  des  spécimens  de  ce  genre  livrés  par  la  grotte  des  Baluts,  j'ai 
rappelé  l'explicalion  qu'a  donnée  de  ces  entailles  M.  (i.  de  Morlillet.  Elle 
est  sans  doule  applicable  à  un  certain  nombre  de  cas  ;  mais  comment  dis- 
tinguerons-nous les  coches  ;i  signification  de  celles  qui,  sur  des  manches 
d'outil,  ont  pour  but  de  les  empêcher  de  glisser  dans  les  doigts?  On  obser- 
vera que  les  petits  traits  des  os  de  Bruniquel  n'ont  pas  dans  deux  objets 
surtout  la  simplicité,  la  profondeur  que  cette  destination  pratique  récla- 
merait. Quelle  nécessité  dans  ce  cas  de  bifurquer  le  trait  en  forme  d'Y I 
Ce  détail,  très  net  a,  ce  ine  semble,  son  importance.  Nous  observons 
ainsi  que  cet  os  a  un  petit  volume  et  peut  être  enfilé.  Nous  pourrions  con- 
clure à  une  simple  ornementation  ou  les  rapprocher  de  ce  que  nous  voyons 
chez  les  sauvages  Khas  et  Lolos  indo-chinois.  Leurs  règles  de  bois  à  enco- 
ches sont  d'un  fréquent  usage  dans  les  affaires  importantes,  telles  que  le 
contrat  de  fiançailles,  la  déclaration  de  guerre;  on  les  emploie  même 
comme  message.  » 


De  ce  qui  précède,  on  est  obligé  de  conclure  qu'en  réalité  nous  ne 
sommes  pas  encore  fixé  sur  la  vraie  signification  de  ces  traits  et  de  ces 
signes,  de  cesincisures  et  de  ces  encoches.  Nous  n'avons  pas,  d'autre  part, 
aujourd'hui  d'éléments  suffisants  pour  les  classer  et  les  bien  différencier 
les  uns  des  autres.  Il  ne  faut  donc,  pour  l'instant,  que  pe  borner  k  les 
enregistrer  avec  le  plus  de  fidélité  possible  el  ;i  les  décrire  minutieusement, 
sans  se  lancer  dans  des  hypothèses  qui  pourraient  être  nuisibles  à  la 
science. 

Mais  il  faut  surtout  ne  jamais  négliger  l'examen  approfondi  des  ossements 
préhistoriques,  qu'il  s'agisse  de  l'homme  ou  des  animaux,  car,  au  moment 
où  l'on  s'y  attend  le  moins,  il  peut  fournir  des  données  tout  à  fait 
iuîprévues,  comme  ce  fut  le  cas  pour  les  os  d'animaux  de  l'époque  gallo- 
romaine,  que  nous  avons  trouvés  au  Bernard  dès  1902. 


RitUX.   —   KTIHK    vNTimnpOI.nillOIF:  I)K  I.'aNNvMITF  Ti»NKINi>I^  '^-2\ 


CONTRIBUTION   A  L'ETUDE  ANTHROPOLOGIQUE  DE  L'ANNAMiTE    TONKINOIS 

V\l{  M.    LE  Dr   IU»UV 

(Médecin    de    l'Arrnoe). 

Kii  qiiitlant  la  France,  en  septembre  190:2,  pour  nous  rendre  au  Tonkiii. 
nous  avions  l'intention  bien  arrêtée  de  mettre  à  profit  ce  voyage  olliiicl 
pour  récolter,  cbemin  faisant,  tout  ce  (jue  nous  pourrions  glaner  de  docu- 
cumt'nts  ayaiil  IimiI  ,iiix  indigènes  au  milieu  des(|uels  nous  aurions  l'oc- 
casion de  résider.  Le  sort  nous  ayant  désigné  pour  le  Haut-Kleuve  Rouge, 
et  nos  fonctions  se  rapportant  essentiellement  à  des  tournées  de  postes  au 
cours  desquelles  il  n'était  guère  possible  de  prati(]uer  efficacement  des 
recherches  anlhropomélriques,  il  en  est  résulté  que  nous  avons  surtout 
étudié,  au  point  de  vue  ethnographique,  les  populations  du  Haut-Tonkin 
et  que  les  .\nnamilcs,  iuqiortés  en  cette  région,  nous  ont  fourni,  avec  les 
Thaïs,  les  seules  bases  des  recherches  plus  diMaillées  (|ue  nous  commen- 
cerons à  exposer  dans  cette  note. 

Il  importe  au  plus  haut  point  qu'un  observateur  consciencieux,  en 
anthropologie,  indique  clairement  les  conditions  dans  lesquelles  ses 
observations  ont  été  faites  :  il  ii'iuq)orte  pas  moins,  au  risque  de  se  voir 
reprocher  quelques  longueurs,  qu'il  insiste  sur  la  manière  dont  il  a  pro- 
cédé à  ses  mensurations  et  à  ses  relevés  anthropométriques,  pour  que  l'on 
sache  quel  crédit  il  convient  de  lui  accorder,  dans  quelle  mesure  ses 
résultats  peuvent  être  rapprochés  des  recherches  antérieures  et  si  les 
notations  originales  qu'il  a  pu.  inventer  méritent  par  quehjue  côté  la 
confiance  et  sont  l'expression  de  faits  anatomiques  ou  physiologiques  inté- 
ressants. 

C'est  ainsi  que  notre  étude  sur  les  .\nnamites  porte  exclusivement 
sur  des  militaires  indigènes  :  c'est  donc  une  sélection  d'individus  et  il  va 
de  soi  que  les  renseignements,  qui  ressortiront  de  l'examen  des  chiffres 
que  nous  avons  recueilllis,  seront  moins  intéressants  que  si  nous  avions 
étudié  le  même  nombre  d'adultes  pris  au  hasard  dans  un  village  annamite  : 
notre  excuse  sera  (jue  nous  ne  pouvions  faire  autrement.  A  tout  prendre, 
d'ailleurs,  il  semble  qu'il  ne  soit  pas  indilïérent  de  pouvoir  établir,  en 
quelque  sorte,  un  critérium  somatique  du  Tonkinois  considéré  successive- 
ment dans  les  gens  de  taille  et  de  constitution  moyennes,  dans  les  grantles 
tailles  et  enfin  dans  ceux  ([ui  réunissent  au  maximum  les  conditions  de 
robuslicité.  Laséiialion  de  nos  indigènes  en  tirailbiurs,  artilleurs  et  sapeurs 
du  génie  répondra  ;i  cette  division  et,  a  défaut  du  type  moyen  de  la  po- 
pulation considérée  dans  sou  ensemble,  nous  obtiendrons  ainsi  le  type 
moyen  tonkinois  correspondant  à  ces  armes  différentes. 

Les  aitilleuis  et  les  hommes  du  génie,  en  particulier,  nous  représen- 
teront, dans  la  race  annamite,  la  robuslicité  maxima. 

Nous  avons  regretté  de  nous  être  éloigné  de  Paris  sans  avoir  eu  l'occa- 

SOC    DANTHHOP.  -1905.  2'2 


322 


r»  jrii.i.Ki    iUO.-'t 


sion  de  nous  initier  h  la  prati-iue  anlhropométrique  sous  les  auspices  de 
M.  Manouvrier  qui  dispense  si  largement,  h  ceux  qui  ont  recours  k  son 
obligeance,  ses  conseils  éclairés  et  les  ressources  de  son  laboratoire.  Mais 
les  travaux  de  ce  maîlre,  ceux  de  l'illustre  fondateur  de  notre  Société,  les 
livres  de  M.  Topinard  et  le  travail  si  intéressant  de  M.  Papillault',  que 
nous  reçûmes  au  Tonkin,  nous  ont  permis  peut-être  d'exécuter  nos  men- 
surations suivant  les  règles  adoptées  en  France,  ce  qui  nous  était  d'ailleurs 
facilité  par  nos  études  anatomiques  et  surtout  ostéologiques. 

Nous  avons  d'ailleurs  soumis  nos  documents  à  M.  Manouvrier  et  n'avons 
pas  hésité  à  rejeter  toutes  les  observations  qui  ne  présentaient  pas  un 
caractère  d'exactitude  suffisant.  C'est  ainsi  que  les  diamètres  crâniens 
antéro-postérieur  et  transverse  maxima  n'avaient  pas  été  pris  d'une  main 
suffisamment  exercée  :  nous  les  avons  négligés,  quoique  cette  omission 
soit  un  peu  dommageable  k  celui  qui  essaye  de  représenter  par  des  chiffres 
la  morphologie  d'un  type  exotique  et  nous  mette  dans  la  posture  d'un 
sculpteur  qui  exposerait  une  étude  d'homme  en  l'amputant  de  toute  la 
région  crânienne  :  mais  nous  savons  que  l'indice  céphalique  de  la  popu- 
lation tonkinoise  a  été  déterminé  à  diverses  reprises  par  des  anthropolo- 
gistes  très  expérimentés. 

Enfin  bien  d'autres  mesures  intéressantes,  particulièrement  en  ce  qui 
concerne  le  membre  supérieur,  le  thorax  ou  le  bassin,  n'ont  pu  être  prises 
faute  d'instruments  assez  précis  ou  assez  grands  pour  embrasser  cer- 
taines longueurs  :  car  nous  professons  une  médiocre  estime  pour  les 
mensurations  dérivées  de  l'application  du  ruban  métrique  et  il  n'est  sans 
doute  pas  téméraire  d'affirmer  (jue,  dans  le  diagnostic  chirurgical,  on 
gagnerait  en  exactitude  par  la  substitution,  k  celui-ci,  des  instruments 
anthropométriques. 

M.  Manouvrier  et  M.  le  D^  P.  Raymond,  dont  le  souvenir  restera  lie  à 
notre  initiation  anthropologique,  nous  excuseront  d'avoir  répondu  si  mo- 
destement aux  espérances  qu'ils  avaient  peut-être  fondées  sur  nous  :  il 
nous  suffira  de  leur  promettre  de  nous  livrer,  dans  l'avenir,  à  des  recher- 
ches mieux  conduites  et  de  redire  ici,  ce  qu'ils  savent  déjà  :  que  la  vie 
du  médecin,  sous  les  tropiques  ,est  parfois  très  assujétissante,  que  la 
sévérité  du  climat  déjoue  les  meilleurs  projets  et  qu'il  est  rare  de  ren- 
contrer sur  sa  route  des  gens  qui  favorisent  les  études  anthropologiques. 
Du  temps  d'Aristote,  au  dire  de  M.  Topinard,  on  appelait  anthropo- 
logues ceux  qui  dissertaient  sur  l'homme  :  espérons  qu'à  cette  époque 
lointaine  ce  mot  ne  possédait  pas  un  sens  péjoratif  que  des  esprits 
bornés  lui  ont  appliqué  depuis  :  car,  lorsque  Broca,  en  1859,  fonda  notre 
Société,  combien  d'adhérents  se  pressèrent  autour  de  lui?  On  les  compta  : 
nos  Bulletins  ont  conservé  leurs  noms.  A  cette  époque,  en  effet,  on  se  deman- 
dait quels  étaient  ces  gens  qui  se  réunissaient  pour  disserter  sur  l'homme 
et  on  pressentait  que  le  pouvoir  et  les  croyances  de  l'époque  ne  sortiraient 


»  Dr  Papillault.  —  L'homme  moyen  à  Paris.  In  Bulletins,  1902. 


aul'X.  KTIDK  ANTHHdl'Ol.iHîliJlE   UK  I," ANNA.MI TK  T<»NKINtiI.- 


323 


pas  indemnes  de  celte  dissection  analomitjiic,  intellectuelle,  morale  et 
sociale.  De  nos  jours,  dans  certains  milieux,  on  se  méfie  encore  de  nous 
et  c'est  11  cette  méfiance  injustifiée  que  nous  devons  de  n'avoir  pu  apporter 
à  la  Société  plus  de  documents  et  surlout  des  pièces  ostéologiques.  Ce  fait 
est  significatif.  Il  n'était  pas  inopportun  de  le  signaler. 

Dans  ce  travail,  nous  étudierons  successivement  les  chapitres  suivants  : 

I.  —  Données  icouographi(jues. 
M.  —  Données  anthropométriques  et  anatomicjues. 
m.  —  Données  physiologiques  et  psychologi(iues. 
I\'.  —  Données  pathologiques. 

C».\i'iTuii  1.  — ■  Données  iconogr.\phiques. 

Nous  aurions  voulu  donner  plus  d'étendue  à  ce  chapitre,  dans  lequel 
nous  reproduisons  des  photographies  deTonkinois,  car  nous  estimons  ([ue 
ces  photograpiiies  valent  mieux  que  toutes  les  descriptions  et  ({u'elles 
appuient  très  clairement,  pour  des  yeux  exercés,  les  considérations  anato- 
mi(]ues  dans  lesquelles  nous  entrerons  plus  tard.  Grâce  à  la  publicité  de 
nos  lUilletins,  elles  dolent  nos  collègues  d'une  collection  qui  a  son  intérêt 
au  point  de  vue  ethnique  et  leur  permettent  de  faire,  avec  des  reproduc- 
tions d'autres  types,  des  comparaisons  instructives.  Nous  regrettons  seu- 


1  2  1  '■2 

1.  Sapeur  du  génie,  .'ia  ans.  Taille  :  l'n6o.  Buste  :  0.87  cm.  Membre  inférieur  :0.78  cm. 
Périmèlre  Ihoracique  :  0.79  cm    Mollet  :  0.33  cm,  Biceps  :  UMj  cm. 

2.  Sapeur  du  génie,  29  ans.  Taille  :  l"'y9.  Buste  :  0.87  cm.  Membre  inférieur  :  0.72  cm. 
Périmèlre  Ihoracique  :  0.77  cm   Mollet  :  0.3i  cm.  Biceps  :  0.27  cm. 


324  •'»  Ji  M.i.KT  lyO.*) 

lement  que  des  raisons  mat<^rioIlos  no  nous  permettent  pas  do  faire  tirer 
aillant  (r(''|)roiives  (jiic  nous  l'aurions  dôsir*^  et  nous  nous  en  titMidrons  à 
10  types  présentés  de  face  et  de  profil.  I^es  principales  mensurations  affé- 
rentes h  ces  types  accompagneront  leur  photographie. 


Chapitre  II.  —  Don.nées  anthropométriques  et  an.itomiques. 

Nos  examens  ont  porté  sur  70  sujets  :  mais  30  de  ces  indigènes  seule- 
ment ont  pu  être  examinés  à  loisir  et  nous  avons  pratiqué  sur  eux  33 
observations  ou  mensurations;  le  groupe  restant,  composé  de  20indiviilus, 
ne  nous  a  donné  que  des  mensurations  réduites.  Nous  indi(iuerons  donc 
par  un  numéro,  en  regard  de  chacun  desparagraphes  suivants,  le  nombre 
de  sujets  auxquels  se  rapporte  telle  ou  telle  observation,  et  il  va  de  soi 
que,  lorsque  nous  ferons  des  comparaisons  entre  différentes  mesures,  elles 
ne  s'appliqueront  qu'au  premier  groupe  de  50  unités  dans  lequel,  sauf 
pour  le  poids,  les  mesures  homologues  ont  pu  être  prises  pour  chaque 
individu  de  la  série. 

j[ge.  —  N"  70  .  —  L'âge  moyen  est  de  27  ans,  avec  un  minimum  de  21 
et  un  maximum  de  38.  Parmi  les  hommes  du  génie,  surtout,  se  rencontrent 
des  gens  atteignant  ou  dépassant  la  trentaine,  qui  en  sont  à  leur  deuxième 
ou  troisième  rengagement  11  ne  faudrait  pas  voir  là  une  tendance  natu- 
relle, de  la  part  de  l'Annamite,  à  rechercher  le  métier  des  armes  :  il  l'a 
au  contraire  en  horreur;  mais  le  corps  du  génie  est  celui  où  on  fait  le 
moins  d'exercices  proprement  dits,  où  l'indigène  vit  de  sa  vie  naturelle 
qui  est,  si  l'on  peut  dire,  en  grande  partie  aquatique,  ou  il  continue  son 
métier  de  charpentier,  d'ouvrier  en  fer,  et  dans  lequel,  enfin,  tout  en 
travaillant  pour  une  retraite  future,  il  arrive,  avec  des  suppléments  de 
solde,  et  avec  le  bénéfice  de  l'habillement,  à  gagner  des  journées  aussi 
rémunératrices  que  celles  qu'il  pourrait  avoir  dans  son  village. 

Taille.  —  N°  69.  —  Cette  mesure  a  été  prise  le  sujet  complètement  nu, 
reposant  sur  un  sol  cimenté  bien  horizontal;  les  talons,  joints,  touchaient 
une  règle  graduée  par  nos  soins,  et  appliquée  contre  un  mur  dont  la  ver- 
ticalité avait  été  au  préalable  reconnue.  l'ne  équerre  libre  nous  permet- 
tait de  lixer  la  hauteurdu  vertex,  procédé  qui  nous  a  paru  plus  exact  que 
l'équerre-glissière  habituelle  dont  le  jeu,  nécessaire  à  sa  mobilité,  peut 
entraîner  de  sensibles  écarts  de  son  côté  utile  avec  l'horizontale. 

La  taille  moyenne  est  de  162  cent.  28.  On  voit  que  ce  chiffre  se  rapproche 
beaucoup  de  celui  qu'ont  donné,  en  18î)0,  MM.  Deniker  et  Laloy,  après 
mensuration  de23Tonkinoisdont21  militaires.  Ilestsupérieur  à  la  moyenne 
de  Breton  (1  m.  57  j  et  de  Mondière  (1  m.  59).  Mais  il  ne  faut  pas  oublier 
que  nos  hommes  se  composent  de  tirailleurs,  d'artilleurs  et  d'hommes 
du  génie,  qu'ils  représentent  par  conséquent  les  meilleurs  éléments, 
à  la  suite  d'une  sélection  étendue,  des  moyennes  et  des  grandes  tailles. 
Retenons  donc  ce  chiffre  pour  ce  qu'il  vaut,  c'est-à-dire  comme  résultant 


mil\.   —  KTIUE  ANTHIliilMILOGIQUE  DE  I.'aNNAMITE  TONKINOIS  325 

de  l'examen  de  la  taille  de  gens  choisis.  Nous  donnons  ci-dessous  quelques- 
uns  des  facteurs  ijui  enlrenl  ilans  la  coinposiliûii  de  celte  moyenne  : 

Taille  Nombre 

1^51 1 

1     52 1 

1     53-1  °>  57 S 

1     57-1     fiO 11 

1     tiO-1     H5 .26 

1     G5-1     70 17 

1     70-1     75 5 

Total fi9 

Poids.  —  N"  32.  —  Le  poids  moyen  est  de  52  kil.  200  gr.  avec  un 
minimum  de  46  chez  un  liiailieur  et  un  maximum  de67  kil.  520  chez  un 
artilleur.  Le  poids  moyen  des  tirailli'urs  est  de  o2  kil.  09  :  celui  des 
artilleurs  :  37  kil.  07. 

Bustf.  —  N'^  09.  —  Cette  mesure  a  été  prise  le  sujet  étant  assis  sur  un 
tabouret  de  trente  centimètres  de  hauteur,  adossé  h.  la  toise  qui  nous  ser- 
vait pour  la  taille.  Dans  cette  position,  le  corps  droit,  les  jambes  verti- 
cales, les  cuisses  ne  servent  nullement  de  point  d'appui  et  la  hauteur 
ischio-bregmatique  est  obtenue  facilement  en  soustrayant  du  chiffre 
marqué  par  l'équerre  la  hauteur  du  siège  qui  sert  à  faire  asseoir  l'exa- 
miné. 

L'ensemble  de  ces  observations  donne  une  moyenne  de  87  cent.  57  dont 
les  éléments  les  plus  importants  sont  indiqués  ici  : 

Longueur  du  buslo  Nombre 

0">80 1 

0    85-0™  90 46 

0    90-0    93 20 

0    93 2 

Total 69 

Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  ces  chiffres  pour  étudier  les  rap- 
por.s  de  la  taille  avec  ses  éléments  composants,  à  propos  du  membre 
inférieur,  ce  (jui  nous  conduira  à  noter,  dans  laraceannamito,  les  propor- 
tions relatives  de  la  brachyskélie  et  de  la  macroskélie. 

Périmètre  thoracique.  —  N"^  70.  —  Nous  n'attachons  pas  à  cette  mensu- 
ration l'importance  que  certains  auteurs  lui  avaient  attribuée,  alors  qu'ils 
l'avaient  appliquée  au  recrutement  du  soldat  français  et  qu'ils  avaient 
essayé  d'en  déduire  mathématiquement  un  coefficient  de  robusticité.  Mais, 
jointe  k  d'autres  mesures,  comparée  à  la  taille,  aux  éléments  composants 
de  celle  ci,  aux  diamètres  bi-acromial  et  bisiliaque,  elle  contribue  à  nous 
donner  de  précieux  renseignements  sur  les  proportions  du  corps  et  doit 


.■i2(>  6    JUILLET    l;»O.J 

retenir,  sur  ce  point,  l'attention  de  raiilliropolugislc.  Le  riiljan  mt-lrique, 
dans  nos  observations,  passait  exactement  au-dessous  des  mamelons  et 
lechifTreretenureprcsentail  l'observation  pendant  uneexpiration  ordinaire. 
Le  périmètre  thoraci(iuo  moyen  était  de  79  cent.  o'J,  moyenne  condi- 
tionnée par  les  fluctuations  suivantes  : 

•  le  75-80 35 

.le  80-84 [       35 

Tntal 70 

Tour  de  laitle.  —  IN"  (iU.  —Nous  avons  tenu  à  prendre  celte  mesure 
parce  qu'elle  nous  paraît  exprimer  un  caractère  intéressant  de  la  morpho- 
logie de  l'.Annamite.  C'est  la  circonférence  minima  de  la  taille  de  .M.  Ma- 
nouvier  prise  entre  les  dernières  côtes  elle  bord  supérieur  de  l'os  coxal. 

La  moyenne  a  été  de  6o""':20  avec  : 

59-GOcra 1 

60-65         ....                23 

65-70         :     ;     .  28 

70-75         17 

Total "69" 

Bi-spinal  iliaque.  —  No  37.  —  Pour  donner  une  idée  plus  exacte  du 
tronc  annamite,  le  bisiliaque  maximum  eût  été  désirable  :  mais  nos  instru- 
ments ne  nous  ont  permis  de  prendre  que  le  bi-épineux,  qui,  variant  pro- 
portionnellement au  précédent,  marque  l'écartement  des  crêtes  iliaques. 
La  ditricullé  consiste  à  bien  délimiter  le  centre  des  épines  iliaques  anté- 
rieures et  supérieures  :  lorsqu'on  est  placé  dans  un  bon  jour,  on  les  voit 
mieux  qu'on  ne  les  sent  au  doigt  et  il  devient  alors  facile  d'en  marquer 
à  l'encre  le  centre  apparent,  les  extrémités  mousses  du  compas  d'épais- 
seur étant  ensuite  appliquées  sur  ces  repères. 

La  moyenne  de  nos  observations  donne  un  bi-spinal  iliaque  de 
24  cent.  27  avec  un  minimum  de  22  cent.  4  et  un  maximum  de  26  centi- 
mètres. 

Avant  de  poursuivre  plus  avant  notre  étude  anthropométrique,  essayons 
de  dégager  des  données  précédentes  la  morphologie  d'ensemble  du  tronc 
de  l'Annamite.  Il  e?t  regrettable  que  nous  n'ayons  pu  prendre  le  bi-acro- 
mial  qui  nous  eût  donné  le  diamètre  maximum  supérieur;  mais,  de  la 
comparaison  des  circonférences  sous-mamelonnaireet  minima  de  la  taille, 
peuvent  déjà  naître  des  déductions  utiles  à  connaître  et  confirmant 
mathématiquement  l'impression  qu'emportent  les  Annamites  des  gens 
étrangers  à  la  science. 

Contrairement  à  certains  observateurs  nous  estimons  en  elfet  que 
l'Annamite  est  plutôt  élégant  et  que  ce  qui  fait  le  galbe  de  son  buste 
réside  dans  la  hauteur  de  celui-ci  et  dans  la  finesse  de  la  taille  par  lap- 
port  à  la  poitrine.  L'Annamite  attache,  à  se  faire  une  taille  de  guêpe, 
une  importance  considérable  et  il  ne  faudrait  pas  se  laisser  illusionner 


nOVX.  —  KTIDE  ANTHriOPOLOr.IQUE  DE  L  ANNAMITE  TONKINOIS  Ml 

par  son  vêtement  ample  et  llottant  pour  dire  ([iie  TAnnamite  «  n'a  pas  de 
taille  »  '.  Ka  plupart,  au  contraire,  se  serrent  la  taille  au  moyen  d'une  cein- 
ture pour  la  rendre  plus  fine  :  mais  nos  chifTres  montreront  sans  doute 
qu'il  y  a  \h  un  caractère  ethnique  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  notre  série 
d'Européens. 

Nous  avons  examiné  à  ce  sujet  20  militaires  européens,  Français,  dont 
l'âge  moyen  était  de  "25  ans  et  dont  le  tronc,  à  la  simple  inspection,  ne 
présentait  pas  cette  finesse  .le  taille  que  l'on  remarque  chez  l'Annamite. 
La  moyenne  du  périmètre  thoracique  a  été  chez  eux  de  82  cent.  35  : 
la  moyenne  de  la  circonférence  minima  de  la  taille  de  75  cent.  15.  Pour 
établir  entre  ces  deux  mesures  une  proportionnalité  commode  à  apprécier, 
on  peut  multiplier  celle-ci  par  100  et  diviser  par  le  périmètre  moyen  :  ce 
qui  nous  donnera  un  indice  exprimant  la  circonférence  de  la  taille  en 
centième  du  périmètre.  On  obtient  ainsi,  pour  les  Européens,  91.25. 

La  même  opération,  pratiquée  sur  les  moyennes  des  circonférences 
sous-mamelonnaires  et  minima  de  la  taille  chez  les  Annamites,  nous  donne 
le  chiffre  de  81.1)4.  On  voit  tout  de  suite  combien  est  différent  ce  rapport, 
chez  des  gens  d'âge  sensiblement  égal  et  entraînés  aux  mêmes  exercices. 
La  taille  élégante  des  Annamites  n'est  donc  pas  une  illusion  :  bien  qu'ils 
l'exagèrent,  en  se  serrant  au  moyen  d'une  ceinture,  elle  est  chez  eux 
l'expression  d'une  disposition  anatomique  naturelle  :  c'est  un  caractère 
de  race  qu'il  convient  de  retenir. 

Crâne.  —  Nous  rappelons  que  nous  ne  donnerons  pas  ici  les  résultats 
de  nos  recherches  sur  l'indice  céphalique.  Indiquons  seulement,  pour 
mémoire,  que  findicc  moyen  des  Tonkinois  (76  sujets)  a  été  fixé  à  83,7 
(Breton,  Deniker  et  Laloy). 

a)  Front.  —  N"  49.  —  Prise  au  ruban,  celte  mensuration  n'est  peut- 
être  pas  d'une  précision  anthropométrique  extrême,  mais  il  nous  a  semblé 
qu'elle  donnait  un  renseignement  intéressant  sur  le  visage  annamite  consi- 
déré de  face  et  c'est  à  ce  titre  que  nous  l'avons  recueillie. 

De  la  racine  des  cheveux  au  point  le  plus  saillant  de  la  glabelle. 

La  moyenne  est  de  7  cent.  4  millimètres  :  et,  en  traduisant  en  chiffres 
l'impression  que  donnent  les  fronts  des  indigènes  tonkinois,  suivant 
qu'ils  sont  petits  ou  grands,  on  voit  que  les  premiers  vont  de  54  milli- 
mètres à  65  millimètres  et  les  seconds  de  87  à  95  millimètres. 

b)  Bi-orbitaire  externe.  —  N°  50.  -  Pris  avec  le  compas  glissière,  mo- 
dérément serré,  immédiatement  au-dessus  de  la  suture  fronto-malaire, 
facile  à  apprécier  sous  les  téguments.  La  moyenne  a  été  de  11  cent.  53 
avec  un  minimum  de  10  cent.  8  (deux  cas)  et  un  maximum  de  12  cent.  4. 

Face.  —  a)  Nasio-alvéolaire.  —  N°50.  -  La  pointe  supérieure  du  com- 
pas glissière  remontant  sur  le  dos  du  nez  jusqu'à  la  suture  naso-frontale, 
la  pointe  inférieure  est  amenée  entre  les  deux  incisives  médianes  supé- 


'  ZiNQUETTl.  —  In  Archives  de  médecine  militaire, 


1864. 


:i-28  0  jtiLLET  1905 

riourt's,  au  nivrau  de  leur  collet.   Muyonne    :   C»  cenl.    '^'^.   Minimum    : 
r»  ct'ul.  1).  Maxiuunn  :  7  cent.  8. 

b)  Bi-nnijulairc  externe.  —  N»38.  — Distance  rejx'Tée  au  compas-glissière 
et  comprise  entre  les  angles  externes  des  deux  yeux.  Moyenne  :  9  cent.  2i. 
Minimum  :  8  cent.  8.  Maximum  :  iO  cent.  7. 

c)  lii-nni)iilaire  interne  (Papillaull),  on  inieroadaire  (Manouvi'ier).  — 
N°  38.  —  l'ris  au  compas-glissière,  outre  les  angles  internes  des  yeux, 
après  clTacomenl  de  la  bride  falciforme  do  la  paupière  supérieure  qui 
cache,  dans  certains  yeux  mongols,  une  partie  do  cet  angle.  —  Moyenne  : 
3  cent.  46.  Minimum  :  2  cent.  9.  Maximum  :  4  centimètres. 

d)  Bizyfjomatique.  —  N"  50.  —  Ecartement  maximum  des  zygomas, 
obtenu  avec  le  compas  d'épaisseur.  Moyenne  :  13  cent.  98.  Minimum  : 
12  cent,  8.  Maximum  :  44  cent.  9. 

Le  diamètre  bi-malaire,  qui  joue  un  grand  rôle  dans  le  faciès  mongo- 
lique,  ne  sera  pas  noté  ici  faute  de  repères  suffisants  pour  le  déterminer 
avec  certitude. 

e)  Bi-fjoniaque.  —  N»  38.  —  Pris  sur  la  face  externe  de  la  mandibule, 
au  niveau  de  l'angle,  le  masséter  au  repos,  avec  les  grosses  branches  du 
compas-glissière,  modérément  serrées. 

La  moyenne  est  de  10  cent.  64. 

Cette  mesure  a  sans  aucun  doute  son  importance  dans  la  reconstitution 
d'une  face  tonkinoise  :  mais  elle  est  toujours  inférieure  h  la  quantité 
qu'on  serait  tenté  de  lui  attribuer  de  prime  abord,  avant  l'application  du 
compas  :  l'illusion  provient,  comme  nous  nous  en  sommes  assuré  plu- 
sieurs fois,  de  ce  que  le  faciès  de  «  batracien  »,  observé  chez  quelques 
indigènes,  tient  plutôt  à  un  développement  exagéré  des  massélers  qu'à 
une  véritable  éversion  do  l'angle  du  maxillaire. 

ï)  Nez.  —  N"  70.  —  Nous  avons  pris,  en  ce  qui  concerne  celte  obser- 
vation anthropométrique  importante,  deux  ordres  de  chiffres,  de  façon 
à  pouvoir  calculer  l'indice  nasal  transversal  et  l'indice  antéro-postérieur. 

Indice  transversal.  —  La  hauteur  du  nez  a  été  prise  en  faisant  remonter 
la  pointe  supérieure  du  compas  jusqu'au  nasion  tandis  que  la  glissière 
était  amenée  langentiellement  à  la  sous-cloison,  sa  pointe  butant  contre 
la  partie  inférieure  de  l'épine  nasale.  La  largeur  était  mesurée  au  compas- 
glissière,  suivant  le  maximum  d'écarlement  des  ailes  du  nez. 

L'indice  moyen,  obtenu  en  prenant  l'indice  des  moyennes,  est  de  73.60. 
En  prenant  simplement  l'indice  des  sommes  des  facteurs,  on  obtient  le 
chiffre  de  73.61,  plus  exact  que  le  précédent  puisqu'il  représente  moins 
de  décimales  négligées  dans  deux  opérations  préliminaires. 

Cet  indice  classe  nus  Tunlvinuis  dans  le  groupe  des  mésorhiniens.  Sur 
ce  point  nous  sommes  en  désaccord  avec  MM.  Denilccr  et  Laloy  qui,  de 
l'examen  de  23  Tonkinois,  liraient  un  indice  nasal  de  86.2  et  classaient 
ainsi  leurs  sujets  parmi  les  plalyrhiniens  modérés.  Ces  Messieurs  ajoutent 
cependant  :  «  Sauf  un  cas  d'hyperplatyrbinie,  il  y  a  dans  la  série  autant 
de  méso  que  de  plalyrhiniens.  »  (Oeniker  et  Laloy,  loc.  cit.) 


ROL\.    —  KTUDE  ANTIIUUlMiUHWQrE   DE  l'aNXAMITK  TONKINOIS  329 

Indice  tinté) 0  postérieur.  —  Ia'  diam.Hrt!  transversal  rosl;'.nl  11-  même,  le 
iliaraèlre  antéio-poslérieur  a  été  pris  au  moyen  du  C(jmpas-glissière  :  «  Dis 
tance  entre  les  deux  plans  verticaux,  passant,  l'un  par  la  face  antérieure 
de  la  ItH-re  supérieure,  dans  la  [)artie  la  plus  élevée,  l'autre  par  le  point 
médian  le  plus  saillant  du  bout  du  nez  '.  » 

Le  rapport  centésimal  de  la  saillie  ;i  la  largeur  donne  le  cliilVre  de 
iT  cent.  03,  chill're  bien  inférieur  à  celui  des  Européens,  mais  supérieur  Ji 
celui  que  M  Topinard  paraît  attribuer  à  la  race  jaune.  «  Sur  les  Nègres 
et  les  Mongols  il  s'abaisse  et  peut  aller,  pensons-nous,  au-dessous  de  30. 
N'ayant  mesuré  que  peu  de  vivants, nous  n'osons  préciser.  -  » 

La  saillie,  mesurée  comme  nous  l'avons  fait,  représente  bien  le  déve- 
loppement du  nez  en  hauteur,  car,  en  dehors  de  quelques  nez  à  peu  près 
droits,  les  autres  sont  généralement  aplatis  et  c'est  bien  au  niveau  du  point 
où  appuie  la  branche  antérieure  du  compas  que  se  manifeste  le  diamètre 
antéro-postérieur  maximum. 

Nous  ne  relevons  qu'un  nez  en  lorgnette.  Nous  verrons  plus  tard  qu'il 
est  associé  à  des  malformations  dentaires  et  que  l'hérédo-syphilis  n'est 
sans  doute  pas  étrangère  à  son  ellondrement. 

g)  Oreilles.  —  N"  70.  —  Mesures  prises  au  compas-glissière,  la  hauteur 
suivant  un  axe  légèrement  oblique  partant  de  la  convexité  de  l'hélix  pour 
aboutir  à  la  pointe  du  lobule,  la  largeur  entre  les  deux  portions  les 
plus  distantes  de  la  courbe  de  l'hélix.  —  La  moyenne  des  largeurs  est  de 
3  cent.  02;  celle  des  hauteurs  de  5  cent.  05.  —  L'indice  auriculaire, 
calculé  d'après  ces  chitfres,  est  de  33.85.  —  D'une  façon  générale,  on  peut 
dire  que  les  Tonkinois  ont  des  oreilles  fines  et  bien  constituées.  Nous  ne 
relevons  qu'une  oreille  en  anse,  cinq  lobules  soudés  et  un  tubercule  de 
Darwin  peu  accusé. 

h)  Bouche.  —  Nous  examinerons  ici  successivement  les  particularités 
relatives  aux  lèvres  et  au  système  dentaire. 

Uvres.  — N°  02.  —  M.  A.  Bloch  a  bien  montré  l'importance  que  pou- 
vaient avoir,  au  point  de  vue  anthropologique,  les  observations  se  rap- 
portant il  l'orifice  buccal  '.  C'est  d'après  ces  idées  que  nous  avons  relevé, 
chez  nos  Annamites,  la  hauteur  et  la  longueur  des  lèvres.  Les  pointes  du 
compas-glissière  étaient  appliquées  à  l'union  de  la  muqueuse  et  de  la 
peau,  les  lèvres  étant  rapprochées  normalement,  sans  contraction,  telles 
qu'elles  apparaissent  à  un  observateur  qui  les  note,  surtout  dans  leur 
hauteur,  comme  un  des  éléments  importants  de  la  physionomie. 

La  moyenne  des  hauteurs  a  été  de  2  cent.043  ;  celle  des  longueurs  de 
i  cent.  77.  Que  si  nous  prenons  l'indice  labial,  qui  nous  exprimera  la 
hauteur  en  centièmes  de  la  longueur,  nous  arrivons  au  chiffre  de  42.77. 


*  r)""  Papili.ailt.  —  L'homme  moyen  à  Paris,  1902. 

*  D'  Topinard.  —  L'Anl/iropologie,  p.  367. 

'  A.  Bloch.  —  Discussion  sur  les  lèvres  au  point  (h-  vu»>  unllirupologiqu'^.  In  0»l- 
lelins,  1898. 


330 


•  »    JLILLKT     l'JUo 


^         ...  ~:r~:~       ~ 

.;  '    ■      4"  3  4 

3.  Sapeur  du  génie,  27  ans.  Taille  :  d^es.  Buste  :  0.91  cm.  Membre  inférieur  :  0.77  cm. 
Périmètre  thoracique  :  0.84  cm.  Mollet  :  0  44  cm.  Biceps  :  0.27  cm. 

4.  Sapeur  du  génie,  31  ans.  Taille  :  ■l'»64.  Buste  :  0.90  cm.  Membre  inférieur  :  0.74  cm. 
Périmètre  thoracique  :  0.80  cm.  Mollet  ;  0.33  cm.  Biceps  :  0.26  cm. 

Mais  il  n'est  pas  indifférent  de  connaître  approximativement  les  éléments 
qui  conditionnent  la  moyenne  des  hauteurs,  celles-ci  correspondant  aux 
petites,  moyennes  et  grosses  lèvres  du  langage  courant.  Nous  avions 
pris  soin  de  noter  les  lèvres  de  nos  Annamites,  d'après  ces  dénominations, 
et  les  chiffres  nous  ont  rendu  compte  assez  exactement  de  nos  impres- 
sions en  nous  donnant  pour  les  petites  lèvres  (réunies)  de  14-19  mm.  de 
hauteur,  pour  les  moyennes  de  20  à  23  et  pour  les  grosses  de  24  à  26 
inclus. 

En  employant  cette  notation,  la  proportion  des  unes  et  des  autres  est, 
dans  nos  obser^^ations  : 

Lèvres  petites 22 

Lèvres  moyennes 33 

Lèvres  grosses     7 

Total 62 

Pour  donner  une  portée  ethnique  aux  chiffres  précédents  et  mieux  en 
apprécier  la  valeur,  nous  avons  pris  des  observations  homologues  sur 
un  groupe  de  20  Européens,  militaires,  dont  l'âge  moyen  était  de  25  ans. 
La  hauteur  des  deux  lèvres  accolées  a  été  de  1  cent.  42  et  la  longueur, 


U(U\.   —  KTt  IIK  AMMHnl'uLiK.Kjll-:  HK.  I.ANN  WIITF.  TnNtlNOIS  ;{."{ I 

mesurée  suivant  l'axe  buccal  hdiizonlal,  «le  5  cent.  Kj  *.  Les  deux  ilinien 
sions  envisagées  ont  donc  varié  ici  en  raison  inverse  des  quantités  établies 
chez  nos  Annamites  :  ce  qui  nous  fait  présumer  que  l'indice  lahial  sera 
forcément  moindre,  le  dividende  ayant  diminué  alors  que  le  diviseur  a 
augmenté.  Le  calcul  attribue  h  ce  groupement  de  Français  un  indice  de 
27.57. 

Les  Annamites  occupent  donc,  h  ce  point  de  vue,  comme  pour  l'indice 
nasal,  une  place  intermédiaire  entre  la  race  blanche  et  la  race  noire. 

Dents.  —  [>es  amateurs  de  jolies  dents  ne  reçoivent  pas  une  satisfac- 
tion immédiate  dans  l'observation  des  dentures  annamites  :  et  l'on  est 
porté  à  attribuer  aux  Annamites  des  dents  de  mauvaise  qualité  lorsqu'on 
aperçoit  ces  organes  plus  ou  moins  noircis  et  sans  cesse  souillés  par  la 
chique  sanglante  du  bétel.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'une  observa- 
lion  plus  attentive,  question  de  coloration  mise  à  part,  permet  au  con- 
traire de  constater  que  ces  dents  sont  bonnes  et  bien  supérieures  à  celles 
de  la  plupart  des  Européens. 

Mais  nous  tenons  à  nous  expliquer  tout  d'abord  sur  la  coloration  des 
dents  annamites  de  façon  à  écarter  définitivement,  s'il  se  peut,  une  ques- 
tion qui  a  été  plusieurs  fois  à  l'ordre  du  jour  de  notre  Société,  que  d'au- 
cuns ont  fort  bien  exposée,  mais  que  d'autres  auteurs  n'ont  pas  vue  sous 
son  véritable  aspect.  <c  L'usage  continu  du  bétel,  dit  Morice  ',  de  l'arec  et 
de  la  chaux  de  coquillage  blanche  ou  rose,  qui  forme  la  chique  habi- 
tuelle, colore  les  dents  en  noir,  les  carie  et  les  déchausse.  »  M.  Atgier, 
dans  une  étude  sur  la  crAniomélrie  comparée  de  crânes  mongoloïdes  ^ 
parle  aussi  du  «  laquage  des  dents  dû  à  l'usage  du  bétel.  »  Ces  deux 
opinions  concordent  donc  pour  exprimer  une  chose  (jui  n'est  pas  con- 
forme a  la  réalité  :  le  b'Hel  n'entraîne  au  :une  coloration  dentaire  chez  les 
populations  qui  ont  soin  de  leurs  dents  i  Indiens,  Comoriens,  Sakalaves)  : 
tout  au  plus  leur  donne-t-il  une  teinte  sale  chez  i<>s  Annamites  qui  iw  les 
nettoyent  pas;  mais  li  coloration  noire  plus  ou  moins  foncée,  le  «  la- 
quage »  des  Annamites  et  des  Thaïs,  provient  de  toute  une  série  de  ma- 
nœuvres ayant  i)our  objet  d'entourer  la  dent  d'un  enduit  imperméable 
qui  dure  plusieurs  années,  ne  s'exécute  qu'a  certaine  saison  et  a  pour 
but,  au  dire  des  indigènes,  de  préserver  leurs  dents  de  la  carie.  Cette 
coutume  est  fort  répandue  puisque  nos  70  observés  avaient  tous  les  dents 
laquées. 

Notre  manière  de  voir  est  d'ailleurs  celle  de  tous  ceux  qui  ont  habité 
l'Indo-Chine  pendant  un  espace  de  temps  suffisant  pour  y  pouvoir  observer 
à  l'aise  :  déjà  Mondière  ''  avait  fait  très  exactement  la  même  observation  : 


*  M.  Testut  donne  comme  moyenne,  chez  l'homme  de  race  blanche,  bS""  et  chez  la 
femme  47.  Ce  dernier  chiffre  est  celui  de  nos  indigèni.s. 

'  Morice.  —  Sur  l'aulhi-opolo^ie  do  l'Indo-Chine.  In  Bulletins,  1875. 
3  D'  Atgier.  -  In  Bulletins,  190'j,  p.  391. 

♦  Mondière.  —  Monographie  do  la  femme  de  Cochinchine.  lu  Bulletins,  1878. 


33-2  r,  ji  iij.KT  1005 

il  avait  lappurlô  les  drogues  (jui  servent  au  laquage  et  en  avait  indiqué 
très  clairement  l'emploi. 

Par  la  suite,  M.  Paul  d'Knjoy  *  est  revenu  sur  cette  question  et,  avec  sa 
compétence  toute  particulière  des  questions  indo-chinoises,  aboutit  au 
même  résultat  que  l'auteur  précédent. 

Laciuagi'  ou  qualité  ethnique?  Lequel  tle  ces  deux  facteurs  peut  expli- 
quer la  l)onne  denture  des  Annamites? 

Peut-être  tous  deux  entrent-ils  pour  une  part  dans  cette  disposition  hé- 
réditaire. —  Sur  nos  70  .Annamites,  dont  l'âge  moyen  est  27  ans,  avec 
un  minimum  de  21  et  un  maximum  de  38,  nous  ne  relevons  que  9  caries, 
en  tenant  compte  des  dents  avulsées  :  ce  qui  nous  donne  1  '12«  de  dent 
cariée  par  bouche.  Comme  terme  de  comparaison  nos  20  Européens 
nous  fournissent  presque  4  dents  cariées  par  double  mâchoire,  exactement 
3.8o.  Ce  dernier  chiffre  est  encore  inférieur  à  celui  de  l'armée  française 
qui  accuse  4,14  dents  altérées  par  individu,  et  de  l'armée  allemande  qui 
.  en  relève  5,9  '. 

Les  9  caries  observées  se  répartissent  ainsi  : 

Molaires  inférieures  droites 4 

Molaires  supérieures  droites 1 

Prémolaires 3    . 

Incisive  supérieure 1 

Total 9 

Ces  indigènes,  à  32  dents  par  bouche,  auraient  dû  fournir  un  total  de 
2.240  dents,  tandis  que  nous  n'en  comptons,  dans  nos  relevés,  que  2,194. 
Il  y  a  donc  un  déficit  de  46  dents  dont  4  cariées,  qui  ont  été  enlevées,  et 
42  non  poussées  dont  2  incisives  et  40  dents  de  sagesse.  Le  retard  d'ap- 
parition des  dents  peut  se  noter  ainsi  au  point  de  vue  de  l'âge  : 

11  sujets  de  22-25  ans  inclus     ....       20  dents  en  retard 

12  sujets  de  2()-30  ans  inclus     ....       12  — 
6  sujets  de  31-38  ans  inclus     ....       10  — 

Total      ...       42 

Un  des  plus  âgés  (36  ans  présente  une  incisive  et  deux  dents  de  sagesse 
en  relard.  Nous  avons  déjà  signalé  son  nez  «  en  lorgnette  ». 

Nous  avons  remarqué  souvent  l'étroitesse  des  maxillaires  par  rapport 
aux  dents  inci-ives  qui  sont,  suivant  les  cas,  excessivement  serrées  et 
j)  irfois  transposées  en  avant  ou  en  arrière  du  plan  normal.  I^es  canines 
sont  en  général  peu  saillantes  :  les  grosses  molaires  diminuent  de  surface 
utile  d'avant  en  an  ièi'<'. 

Membre  supérieur.  —  Nous  avons  réduit  au  minimum  les  observations 
prises  sur   le  membre  supérieur,   [(référant  mériter  le  reproche  d'avoir 


"  Paul  n'ENJOY.  —  Coloration  dcutairc  des  Annamites.  Jôid.,  1S08. 
'  P''  RicHTER.  —Deutsche,  militar.  Zeitsch.,  yanvier  ^904. 


Uor\.  Kll  UE    A.NrilUul'ill.iMJIulK   m;   l.  aNNAMITK    lnNKlNii|>  XV.] 

fourni  ;i  ce  sujot  des  docuineiils  peu  iuiporlaiils  [tlulùl  (|ue  de  cuiiiif  le 
rist]uo  de  présenter  des  chilïres  inexacls.  Nous  in'gligerons  donc  nos 
rerliorelii'S  sur  le  pouce,  les  l'""  el  H"  iMél;ic;ii|>h'ns,  pour  ulilisrr  seule- 
ment les  relevés  se  rapportant  ii  la  circonférenci!  du  bras  (au  niveau  du 
biceps),  à  la  largeur  niaxima  de  l'Iunnérus  et  ii  deux  dimensions  de  la 
main. 

a)  (Urconférence  du  bras  au  nivi'au  du  biceps.  — l*rise  au  ruhan  métrique, 
au  point  culniiiianl  di-  lu  saillie  hicépitale,  l'avant-bras  ll/'idii  à  angle 
droit  sur  Iiî  bras.  Celte  mesure  otVre  un  cerlain  intérêt,  car  elle  est  d'ordi- 
naire eu  rapport  avec  la  robusticité,  avec  le  développement  musculaire 
(II-  l'individu,  surtout  luisipn',  comme  chez  l'Annamite,  le  tissu  graisseux 
est  peu  accusé.  Kt  il  était  au  moins  curieux,  d'essayer  une  comparaison 
entre  ces  soldats  indigènes  et  nos  Européens,  les  premiers  étant  taxés  de 
débiles  par  des  observateurs  inexpérimentés  alors  que  les  seconds  parais- 
sent au  contraire  réaliser  des  conditions  maxima  de  vigueur  et  de  mus- 
culature. 

Chez  nos  Annamites,  la  moyenne  de  la  circonférence  maxima  du  bras 
a  été  de  25  cent.  17,  avec  un  minimum  de  20  et  un  maximum  de  30  cen- 
timètres. Ce  dernier  chitfre  a  été  relevé  chez  un  homme  du  génie  qui 

représente  un  des  plus  beaux  spécinîens  de  notre  série. 

Nos  vingt  européens,  formant  un  choix  d'hommes  d'infanterie  et  d'ar- 
tillerie, nous  donnent  une  circonférence  moyenne  de  27  cent.  5,  avec  26 
comme  minimum  et  30  comme  maximum.  Celui-ci  est  seul  dans  la  série 

et  correspond  ii  un  homme  superbe. 
On  voit  donc  que,  chez  l'Annamite,  les  écarts   sont  beaucoup  plus 

sensibles  que  chez  les  Européens,   mais  que  la  moyenne  est  cependant 

encore   assez  forte   et   témoigne  d'un    développement    musculaire    plus 

accentué  qu'on  ne  le  croit  d'ordinaire, 
h)  Epilrochléo-épicondt/lien.  —  N"  50.  —  Celle  mesure  marque  la  largeur 

maxima  de  l'humérus  obtenue  en  encadrant  entre  les  branches  mousses 

du  compas-glissière  les  points  les   plus  saillants  de  l'épicondyle  et  de 

l'épitrochlée. 

La  moyenne  est  de  64  mm.  0(3,  avec  un  minimum  de  57  millimètres  et 

un  maximum  de  70  millimètres. 

c)  LoïKjueur  de  la  main.  —  N*"  50.  —  Déterminée  avec  la  glissière,  la 
main  en  pronation,  les  doigts  réunis,  appuyée,  ainsi  que  l'avant  bras, 
sur  une  table.  On  repère  le  point  inférieur  de  la  stylo'ide  radiale,  le  bord 
antérieur  de  la  tète  cubitale  :  une  ligne  droite  joint  ces  deux  points.  Une 
pointe  de  la  glissière  est  au  milieu  de  cette  ligne,  l'autre  appuyé  légère- 
ment contre  la  pulpe  du  médius.  La  moyenne  obtenue  est  de  18  cent   01. 

d)  Largeur  delà  main.  —  N»  50.  —  Les  doigts  réunis,  la  main  posée  à 
plat,  suivant  la  saillie  des  tètes  métacarpiennes.  La  moyenne  est  de 
7  cent.  75  avec  un  minimum  de  7  et  un  maximum  de  8  cent.  8. 

La  main  annamite  donne  en  général  l'impression  d'une  main  longue 
et  élégante  :  le  poignet  est  petit,  les  doigts  maigres,  parfois  termmés  par 
des  ongles  très  longs  et  recourbés,  surtout  au  petit  doigt.  Et  cependant. 


3a i  r.  jiri.i.KT  \[)0o 

en  comparant  encore  aux  Amiainitfs  nuire stMiedMOuropéens,  nous  voyons 
que  les  premiers  n'ont  pas  une  main  beaucoup  plus  fine  que  les  seconds, 
ce  qui  tendrait  ;i  prouver  que  la  main  «  aristocratique  »  en  Indo-Chine, 
comme  en  France,  est  une  main  de  riche  qui  se  rencontre  rarement 
parmi  les  travailleurs  manuels. 

En  comparant,  en  eiïet,  la  largeur  de  la  main  à  la  longueur,  les  Anna- 
mites nous  donnent  un  rapport  centésimal  de -43.04  tandis  que  la  largeur 
de  la  main,  évaluée  en  centièmes  de  la  longueur,  trouve  son  expression, 
chez  nos  Européens,  dans  le  chifTre  de  45.69. 

Membre  inférieur.  —  a")  Longueur.  —  N"  09.  —  F^a  moyenne  du  membre 
inférieur  est  de  74  cent.  86.  Cette  mesure  est  obtenue  en  soustrayant  la 
taille  assise  (buste)  de  la  taille  debout.  Elle  n'a  d'intérêt  que  par  les  com- 
paraisons auxquelles  elle  peut  prêter  :  nou'^  ne  retiendrons  que  la  compa- 
raison au  buste  qui  a  une  valeur  morphologique  très  importante  ainsi 
que  l'ont  établi  les  travaux  de  M.  Manouvrier. 

La  moyenne  du  buste  étant  de  87  cent.  57,  en  rapportant  à  cette 
moyenne  :  100  la  longueur  moyenne  du  membre  inférieur,  on  obtient  le 
chiffre  de  85  cent.  4  :  ce  qui  donne,  poar  l'ensemble  de  nos  Annamites, 

g 

un  rapport  -j,-  qui  les  classe  dans  la  catégorie  des  brachyskèles.  Nous 
savons  que  la  taille  moyenne,  déduite  de  nos  recherches,  est  de  1  m.  62. 

Mais  il  était  sans  doute  instructif  d'interpréter  quelque  peu  ce  chiffre 
et  de  vérifier  quelle  modification  lui  était  apportée  suivant  que  l'on  con- 
sidérait les  tirailleurs  (tailles  moyennes),  les  artilleurs  (grandes  tailles) 
ou  les  hommes  du  génie  (les  plus  résistants  et  les  plus  robustes). 

Sur  les  69  Annamites  observés  : 

19  tirailleurs  donnent  :   ^ 87.2 

32  artilleurs        —         -g- 85.6 

18  hommes  du  génie         ^    .....     .  82.8 

On  voit  que  tous  ces  indigènes  sont  brachyskèles  :  ce  sont  tous  des 
paysans,  adonnés  depuis  l'enfance  aux  travaux  de  la  campagne,  n'ayant 
jamais  mené  une  vie  sédentaire,  ce  qui  paraît  conditionner,  pour  une 
part,  la  morphologie  que  nous  leur  reconnaissons.  Les  chilTrcs  ci-dessus 
démontrent  aussi  que  des  hommes  de  grande  taille  ne  le  sont  pas  forcé- 
ment et  seulement  par  leurs  membres  inférieurs  et  que  les  gens  les  plus 
robustes  sont  aussi  les  plus  brachyskèles,  ce  qui  est  sans  doute  en  rapport 
avec  un  fonctionnement  musculaire  plus  considérable  qui  a  réglé,  dans 
ce  sens,  l'évolution  des  différentes  parties  du  corps. 

b)  Mollet.  —  N'^  69.  —  Circonférence  maxima  de  la  jambe  prise  au 
ruban  métrique.  Le  mollet  est  très  développé  chez  l'Annamite.  Nous 
trouvons  pour  nos  69  sujets  une  circonférence  moyenne  de  33  cent.  21 
avec  un  minimum  de  28  et  un  maximum  de  44.  Notre  série  d'Européens 
nous  donne  une  moyenne  plus  considérable,  34  cent.  7,  mais  le  chiffre 
maximum  ne  dépasse  pas  38  cent,  5. 


IIOIX.   —   KTlIiE  ANTIlIUil'or.iH'.IQlE  l»K  I.ANNAMIii:    riiNKI.N(il>  335 

c)  Pied.  —  TU.  —  I.argL'ur.  Au  compas-glissiAn-  suivant  la  ligne  t[ui 
réunit  les  ttUt's  inôtalarsicnnes.  Moyenne  :  9  eent.  H-2.  .Miniinnm  :  ',>  cenli- 
mP'tres.   Maximum:   11  cent.  3. 

Lonijueiir.  —  Calculé  sur  l'empreinte  planlaire  '  suivant  deux  droites 
dont  une  part  du  point  nitMlien  postérieur  du  talon  pour  passer  par  le 
milieu  de  la  ligne  ijui  joint  les  têtes  métatarsiennes  et  atteint  une  droite 
transversale  menée  par  la  partie  la  [dus  anli-rieure  du  pied.  La  seconde, 
issue  du  même  point  postérieur,  forine  un  angle  avec  la  première  et  se 
dirige  vers  la  [»artie  la  plus  antérieure  du  gros  orteil,  passant  par  son 
milieu.  Les  résultats  de  ces  deux  modes  de  procéder  sont  les  suivants  : 

Longueur  du  pied. 

Suivant  l'aie  du  pied  Suivant  l'axodu  gros  orteil 

Moyenne 24^-"'84  24c'n95 

Minimum      ....  22     7  22    8 

Maximum     ....  27     5  27     5 

On  voit  que  les  chilïres  fournis  par  ces  deux  méthodes  sont  très  com- 
parables, à  quelques  millimètres  près  qui  traduisent,  pour  la  seconde, 
la  plus  grande  obliquité  de  la  ligne  suivant  laquelle  on  calcule  la  lon- 
gueur du  pied.  • 

Avant  de  terminer  ce  paragraphe  nous  entrerons  dans  quelques  consi- 
dérations sur  un  caractère  tiré  de  l'examen  de  l'empreinte  plantaire  qui 
est  regardé,  jusqu'à  présent,  par  les  ethnologues,  comme  particulier  à  la 
race  annamite.  Nous  voulons  parler  de  Técartement  du  gros  orteil  des 
autres  doigts  du  pied  :  d'où  le  nom  de  peuple  de  Giao-Chi  (gros  orteil 
écarléi  atliihué,  dans  les  temps  légendaires,  aux  ancêtres  des  Annamites 
actuels.  Legrand  de  la  Liraye,  '  le  docteur  Thorel  ^  ont  insisté  sur  ce  ca- 
ractère ethni(jue  qui  a  fait  l'objet  d'une  communication  intéressante  de 
M.  Dumontier  parue,  en  1890,  dans  l'Anthropologie  '. 

Mais,  des  figures  reproduites  dans  ce  mémoire,  la  première  seule  repré- 
sente bien  le  type  de  contour  plantaire  observé,  chez  l'Annamite,  dans 
une  proportion  que  nous  fixerons  tout  à  l'heure  :  les  trois  autres  sont,  à 
notre  avis,  des  déformations  pathologiques  qui  doivent  reconnaître  pour 
cause  le  déterminisme  habituel  de  l'hallux  varus. 

Chez 50  de  nos  Annamites,  nous  avons  étudié  la  longueur  relative  des 
deux  premiers  orteils  et  l'écartement  observé  entre  eux  :  nous  avons 
trouvé  : 


'  Le  contour  du  pied  est  obtenu,   suivant   la   tecimiiiue   hatiiluelle,   au  moy(-ii   du 
crayon  dédoublé. 
*  Notes  historiques  sur  la  nation  annamite. 
'  Voyage  d'exploration  en  Indo-Chine,  Tome  II. 
i  DuMOUTlER.  —  lo  Anthropologie,  1890,  p.  651. 


'S'M\  »■>  ji  ii.i.F.T  ii»or> 

I.c  grus  urli'il  plus  long  (\uo  le  second  :  '.V.^  lois,  soil  (10  Vo 

Lo  gros  orteil  et  le  second  de  in(>me  longueur  :  (i  lois,  soil  12  % 

I.e  deuxième  orteil  jiliis  long  (|ue  lo  prciTiier  :  11  fois,  soit  22  % 

Le  gros  orteil  écarté  du  second  ;  13  l'ois,  soit  26  % 

Le  maximum  d'écartement  des  deux  orteils,  mesuré  au  niveau  de  la 
partie  postérieure  de  l'espace  interdigital,  était  de  14  millimètres.  Dans 
ces  cas  il  existe  une  homologie  évidente  entre  la  main  et  le  pied  :  celui- 
ci  devient  alors  préhenseur. 

Le  caractère  indiqué,  pour  le  pied  des  Annamites,  est  donc  réel  :  mais 
n'existe-t-il  que  chez  eux?  Inutile  de  rechercher  ce  signe  chez  nos  Euro- 
péens dont  les  pieds,  déformés  par  la  chaussure,  présentent  presque  tous 
de  l'hallus  valgus  et,  par  suite,  de  l'eiïacement  du  premier  espace  inter- 
digital. Mais  les  Thaïs  et  les  Chinois,  qui  marchent  pieds  nus,  nous 
donnent  des  renseignements  qui  valent  la  peine  d'être  notés.  Chez  50 
Thaïs,  en  procédant  aux  mêmes  mensurations  que  ci-dessus,  nous  avons 
trouvé  : 

Le  gros  orteil  plus  long  que  le  second  :  38  fois,  soit  76  % 

Le  gros  orteil  et  le  second  de  même  longueur  :  2  fois,  soit  4  % 
Le  deuxième  orteil  plus  long  que  le  premier  :  10  fois,  soit  20  % 
Le  gros  orteil  écarté  du  second  :  10  l'ois,  soit  20  % 

Le  maximum  d'écartement  était  de  14  millimètres. 

Pour  être  un  peu  moins  fréquent  que  chez  l'Annamite,  on  voit  que  cet 
écartement  du  gros  orteil  appartient  aussi,  à  n'en  pas  douter,  h.  la  race 
Thaï. 

Chez  20  Chinois,  travaillant  aux  terrassements  de  la  voie  ferrée  en 
construction,  nous  relevons  : 

Gros  orteil  plus  long  que  le  second  :  13  fois,  soit  65  % 

Deuxième  orteil  plus  long  que  le  premier  :  7  fois,  soit  35  % 

Gros  orteil  écarté  du  second  :  3  fois,  soit  15  % 

Mais  cet  écartement  est  bien  moins  marqué  que  chez  le^;  Thaïs  et  les 
Annamites. 

Système  pileux.  —  C'est  un  fait  bien  connu  que  les  races  d'Extrême- 
Orient  se  font  remarquer  par  leur  abondante  chevelure  et  par  la  rareté 
des  poils  il  la  figure  et  sur  le  reste  du  corps.  iNous  avons  relevé,  chez  nos 
.Vnnamites,  les  particularités  relatives  à  ces  deux  caractères  descriptifs. 

Cheveux.  —  De  coloration  foncée,  mais  souvent  parsemés  de  mèches 
plus  claires,  tirant  vers  le  châtain.  Lisses,  mais  assez  fins.  L'Annamite  en 
a  un  soin  tout  particulier  et  ne  les  coupe  que  jusqu'à  la  douzième  année, 
tant  qu'il  est  «  bécon  »,  c'est-à-dire  petit  garçon.  Dans  la  suite,  il  est  très 
orgueilleux  de  l'abondance  et  de  la  longueur  de  ses  cheveux  et  les  tord 
en  un  chignon  qui  occupe  l'occiput  et  dans  lequel  il  plante  un  peigne  de 
bois  ou  d'écaillé. 


nof\.  —  KTiDE  ANriiiini'iii.MiiniK  DK  I.' annamui-:  TuNKiNni-  ;^37 

La  longueur  «les  clieveux  (If  nus  Aunamitcs  vari;iiltleoO-8'J  contiuiètics. 

Ces  organes  diminuent  avec  l'Age,  mais  moins  vite  que  chez  nous  :  il 
est  rare  de  rencontrer,  au  pays  d'Annain,  des  adultes  possédant  des  crAnes 
ravagés  par  la  calvitie.  Ils  conservent,  d'ailleurs,  les  cheveux  arrachés 
j)ar  le  peigne  et  en  fout  di's  tresses  auxiliaires  (|ui  vienm'iit,  en  temps 
utile,  renforcer  leur  cuill'ure  :  les  femmes,  cuuiuie  ailleurs,  si)ut  particu- 
lièrement expertes  dans  la  confection  de  ces  postiches,  en  usent  et  en 
ahuseiit. 

La  calvitie  parait  |>lus  tard  que  chez  nous. 

l'oils.  —  On  note  l)ien  (]uelqutfs  poils  de  moustache  ou  de  harhe  au 
menton.  Mais  ils  sont  toujours  isolés  et  ne  sont  jamais  assez  conlluents 
pour  arriver  à  produire  une  harhe  assyrienne  ou  une  moustache  gauloise. 
Les  Annamites  ont  d'ailli^urs  pour  habitude  de  raser  les  poils  de  ces 
régions. 

Au  puhis,  les  poils  sont  à  peu  près  constants  et  assez  abondants  :  ils  ont 
atteint  leur  développement  normal  vers  24  ans.  Dans  l'ordre  de  fréquence 
décroissant  viennent  ensuite  les  aisselles  et  les  mollets.  Sur  la  poitrine  et 
l'abdomen  nous  n'en  avons  jamais  noté. 

Nous  arrêterons  là  les  renseignements  anthropométriques  ressortissant 
à  nos  Annamites  :  le  tableau  suivant  servira  de  conclusion  à  ce  chapitre 
en  reproduisant  les  |irincipales  mensurations  permettant  d'apprécier  la 
robusticité  des  tirailleurs,  des  artilleurs  et  des  hommes  du  génie  : 

Moyennes  chez 


Mensurations 

19  tirailleurs 

18  sapeurs 
liu  génie 

'6'2  artilleurs 

Taille 

IGl^-^Sl 

1G0'='"41 

163"'40 

Busle 

80 

25 

87 

01 

87     80 

MoMilire  inférieur  .     .     . 

75 

21 

72 

77 

75     18 

l'iTiiiii-ti-e  fliorariqiie  .      . 

70 

i5 

7!) 

05 

80    08 

("irtdiilV'rfiKN'  (le  inollel  . 

31 

i:5 

33 

01 

33     IS 

<',irconlV'reiu*'  hiripilale  . 

23 

92 

26 

05 

25    81 

CHAPiruK  111.  —  Données  phvsiolociques  et  psychologiques. 

Après  avoir  observé,  dans  que'(jues-uns  de  ses  détails,  l'anatomie  du 
Tonkinois,  il  faut  maintenant  étudier  (îettc  machine  humaine  en  action 
dans  l'accomplissement  des  différentes  fonctions  qui  assurent  la  vie  de 
l'individu  et  ses  rapports  avec  ses  semblables. 

Nous  pourrons,  ici,  entrer  dans  des  considérations  plus  générales  que 
précédemment,  n'é'tant  pas  astreint  h  prendre  comme  champ  d'études 
nos  seuls  Annamites  mesurés  et  pouvant,  s'il  en  est  besoin,  noter  les  par- 
ticularités spéciales  au  sexe  féminin. 

Acclimatement.  —  Dans  le    Delta,    l'Annamite  est  bien  acclimaté   :   il 
résiste,  en   particulier,  victorieusement  au  s(jleil,  si  dangereux  pour  nos 
cerveaux  européens.  .Mais,  dans  le  Ilaut-Tonkin,  les  conditions  météoriques 
soc.  d'antiihop.  190;j.  2;^ 


338 


()   Jl  ll.LET   1905 


el  lelluritjiH's  riiupressioniicii!  IVirU'ini'iil  cl  nous  vorfons,  dans  un  autre 

chapitre,  (juel  trihut  il  paye  à  la  murbidilé  cl  à  la  mortalité  de  la  région. 

En  tout  cas,  à  travail  ct;al,  il  résiste  beaucoup  mieux  «lue  l'Européen. 


0  6  5  0 

5.  Tirailleur,  30  ans.  Taille  :  l^e'}.  Buste  :  0.89  cm.  Membre  inférieur  .  0.74  cm  Péri- 
mètre :  0  79  cm.  Mollet  :  0.32  cm    Biceps  :  0.25  cm. 
6    Artilleur,  27  ans.  Taille  :  l^'O.  Buste:  0.90  cm.  Membre  inférieur  :  0  80  cm.  Péri- 
mètre :  0.82  cm.  Mollet  :  0.3i  cm.  Biceps  :  0.27  cm. 

Force  musculaire.  —  Nous  n'avons  pu,  faute  d'instruments  en  temps 
opportun,  la  mesurer  au  dynamomètre.  Mais  l'observation  de  tous  les 
jours  apprend  que  si  la  force  «  manuelle  »  n'est  pas  très  considérable, 
la  force  «  rénale  »  est  très  développée  :  on  voit  partout  des  Annamites 
portant,  au  moyen  de  bambou  ou  de  tiges  de  bois,  sur  l'épaule,  des  far- 
deaux très  lourds  :  la  femme  ne  paraît  pas  être  inférieure  à  l'homme  sous 
ce  rapport.  Contrairement  k  ce  qui  se  passe  en  Europe,  la  femme  a  même 
une  tendance  à  rechercher  les  travaux  les  plus  durs  :  terrassière,  porte- 
faix, on  la  voit  aussi  s'atteler  au  rouleau  écraseur  de  façon  à  permettre 
aux  dandys  d'Hanoï  et  d'ilaïphong  de  se  prélasser,  le  soir  venu,  dans 
leurs  charrettes  anglaises  sur  un  macadam  bien  uni. 

Digestion.  — On  peut  dire  que  l'Annamite  est  végétarien  :  la  viande  de 
porc  entre  bien  dans  son  alimentation,  mais  en  petite  quantité  :  le  riz, 
les  légumes,  les  fruits  et  la  chair  de  poisson  sont  la  base  de  ses  repas. 
L'indigène  a,  en  général,  un  excellent  appétit  et  mange  plusieurs  fois  par 
jour.  Repas  de  courte  durée,  mais  pendant  lesquels  il  n'aime  pas  être 


UOrX.  —  KTIIiE   \NTHn(iI'ti(.(ii;i(jUK  DE  I.'aNN'AMITE  ToNKnS'Ul>  :{3',) 

dérangé,  estimant  que  le  repos,  inséparable  d'uno  collation  utile,  duit  être 
scrupuleusement  respecté.  Il  préfère  les  mets  épicés  et  adore  un  condi- 
ment d'odeur  fort  désagréable,  le  «  niôc-màm  <  dont  il  fait  une  grande 
consommation.  Cette  nourriture  n'est  pas  sans  déterminer  quelques  irri- 
tations gastriques  auxquelles  il  faut  attribuer,  peut-être,  les  éructations 
sonores  dont  les  Annamites,  comme  les  Chinois  et  les  Arabes,  vous  gia- 
tifient  après  un  bon  repas. 

Les  petits  enfants  ont,  d'ordinaire,  l'abdouien  proéminent  :  cette  dis- 
position anormale  peut  tenir  à  des  troubles  intestinaux,  liés  à  des  vices 
d'hygiène  alimentaire,  romme  aussi  ;i  des  organes  spléniques  hypertro- 
phiés il  la  faveur  du  paludisme. 

L'intestin  est  souvent  le  siège  de  lombrics,  très  fréquents  en  ce  pays, 
et  le  foie  renferme,  dans  de  nombreux  cas,  des  douves  qui  ne  traduisent 
par  aucun  symptôme  leur  parasitisme  obscur  et  qu'une  autopsie  seule 
permet  de  déceler. 

Respiration.  —  Nous  n'avons  rien  noté  de  spécial  de  ce  côté. 

Ciiculaliun  —  Les  pulsations  ne  nous  ont  pas  semblé  différer  quantita- 
tivement de  celles  de  l'Européen  :  de  conserve  avec  la  température,  elles 
s'élèvent  sous  l'influence  de  la  fièvre  ou  à  la  suite  des  émotions.  Celles-ci, 
comme  l'absorption  d'une  certaine  dose  d'alcool,  mettent  en  évidence  des 
phénomènes  vaso-moteurs  au  niveau  de  la  face  dont  les  joues  prennent 
une  teinte  spéciale  et  bien  caractéristique. 

Appareil  génital.  —  L'homme  adulte,  nous  l'avons  dit,  a  un  pubis  dont 
le  système  pileux  est  assez  développé  :  chez  la  femme  le  mont  de  Vénus 
est  moins  bien  doté  sous  ce  rapport. 

L'organe  mâle,  au  repos,  est  en  général  de  petit  volume,  le  gland  lar- 
gement découvert  :  nous  ne  notons  qu'un  phimosis  sur  70  observations  '. 

La  puberté  apparaît  chez  la  femme  vers  14  ans,  chez  l'homme  vers 
46  ans.  Les  seins  de  la  femme  se  développent  tardivement,  mais  se  con- 
servent longtemps.  Un  a  l'occasion  fréquente  de  voir,  dans  les  villages, 
des  femmes  de  35  à  40  ans  dont  les  seins  pointent  sous  la  légère  étoffe 
qui  sert  à  les  voiler,  sans  que  ces  organes  aient  besoin,  pour  garder  cette 
situation,  de  l'instrument  antihygiénique  qui,  sous  prétexte  d'utilité,  met 
en  évidence,  chez  nos  femmes  d'Europe,  les  deux  attributs  les  plus  appa- 
rents de  leur  sexualité.  Chez  des  femmes  de  maison  publique,  nous  avons 
aussi  constaté  combien  les  seins  conservaient  une  forme  juvénile  malgré 
la  débauche  dans  laquelle  ces  femmes  vivaient  depuis  plusieurs  années. 

La  durée  de  la  gestation  est  de  9  mois  lunaires  :  les  accouchements 
gémellaires  sont  rares  :  il  est  exceptionnel  d'observer  plus  de  deux  enfants. 

Organes  des  sens.  —  La  vue  est  très  bonne  :  il  est  rare  d'observer  des 


'  La  circoncision  n'existe  pas,  en  tant  que  pratique  génirale  et  rituelle,   chez  lea 
Annamites. 


340  fi  jiii.LET  1905 

maladies  de  l.i  lôfrai-lioii.  —  L'ouïe  est  excellente,  l'odorat  elle  goiU  nor- 
maux (juoi(]ue  hén'ditaireinrnl  dirigés  vrrs  la  récolle  d'impressions  dif- 
férenles  de  celles  que  nous  reclierclions  d'habitude. 

Voix.  —  Les  voix  mdles,  telles  que  nous  en  obseivons  chez  nous,  sont 
rares  :  dans  le  chant,  l'Annamite  détone  constamment,  ce  qui  ne  l'empêche 
pas  d'arriver  à  éinetlie  juste  la  dernièie  note  dont  il  a  retenu  la  hauteur 
et  la  portée.  .Mais  les  ureilles  dt'dicates,  dont  le  lynq^an  sensible  est  oi'ienté 
pour  recueillir  les  impressions  musicales,  feront  bien  de  se  tenir  à  l'écart 
d'un  groupe  de  chanteurs  annamites. 

Langage.  —  Il  ne  débute,  chez  l'enfant  annamite,  pas  plus  tôt  que  chez 
les  nôtres  :  sa  taille  moindre,  son  ensemble  plus  gracile  ont  probable- 
ment induit  en  erreur  les  observateurs  qui  ont  cru  que  l'Annamite  était 
plus  précoce  pour  parler. 

Fondions  inlellecliielles.  Moralité.  Qualilt'-s.  Vices  et  défauts.  —  a)  Intelligence. 
—  Tous  ceux  qui  ont  écrit  sur  la  race  annamite,  après  avoir  été  en  contact 
avec  elle,  s'accordent  à  reconnaître  que  les  unités  de  ce  groupement  eth- 
nique sont  douées  d'une  vive  intelligence.  Nous  savons  bien  que  celte 
faculté  psychique  est  diverse  et  qu'il  conviendrait  encore  de  l'étudier, 
chez  le  Tonkinois,  dans  ses  différents  modes  :  mais,  puisque  nous  avons 
affaire  à  des  gens  du  peuple  et  à  des  soldats,  issus  de  la  même  origine, 
il  suffira  de  constater  qu'ils  ont  celte  intelligence  générale  qui  consiste 
à  saisir  vite  et  bien  les  explications  qui  concernent  les  choses  de  la  vie 
ordinaire  et  qu'ils  font  preuve  d'invention  et  d'adresse  en  exécutant 
ensuite  un  travail  ou  un  mouvement  parfois  mieux  que  ne  le  concevait 
l'Européen  qui  en  a  donné  l'ordre. 

On  voit  souvent  des  hommes  de  race  blanche  s'emporter  contre  des 
Tonkinois  et  se  laisser  aller,  devant  leurs  physionomies  immobiles,  à  de 
violentes  colères,  sous  prétexte  que  ces  gens  exécutent  mal  un  exercice  : 
dans  la  majorité  des  cas,  les  fautes  proviennent  de  ce  qu'ils  comprennent 
mal  ou  ne  comprennent  pas,  à  cause  d'un  interprète  défectueux  ou  à 
raison  de  son  absence  même;  et  l'Européen  a  grand  tort  de  s'acharner 
vainement  à  réveiller,  chez  ses  administrés,  des  images  auditives  ou 
visuelles  qui  seraient  furt  en  peine  de  s'associer  à  des  images  motrices, 
les  premières  n'ayant  jusqu'alors  jamais  impressionné  sous  cette  forme 
le  cerveau  annamite. 

Mais  loi'stjue  l'Annamite  comprend  le  français,  ou  lorsqu'on  a  un  bon 
interprète,  on  se  loue  de  sa  facilité  à  apprendre.  Un  soldat  se  dresse  en 
peu  de  temps  cl  relient  rapidement  le  maniement  ou  le  montage  de  son 
arme.  Et  rien  n'est  même  curieux  comme  de  voir  ceux  de  ces  indigènes 
qui  parlent  notre  langue  ;i  côté  des  soldats  de  l'infanterie  coloniale  ou  de 
la  légion;  en  général  ceux-ci  leur  sont  inférieurs  tant  au  point  de  vue  de 
l'élégance  physique  que  de  raffinement  intellectuel. 

La  mémoire  est  très  développée  ;  et  cette  qualité  se  remarque  surtout  à 
l'occasion  d'actes  ou  de  fonctions  se  rapportant  à  des  choses  qui  leur  étaient 


»iU\.    KTIhE  ANTimopKl.or.KjlE   l»K  l."\N\\\im:    n>NKIMi|>  'Ml 

complèlemenl  ôtraiii^ères  avant  noire  occupation,  l'n  cuisinier  vtiit  faire 
un  plat  à  la  française  :  il  le  répétera  de  façon  exacte,  àquclque  temps  de 
là.  Le  maître  d'hôtel  auquel  on  a  appris  à  lleurir  imk-  table,  à  oiïrir  une 
gerbe  de  Heurs  aux  dames  invitées,  à  mettre  d'une  certaine  manière  le 
couvert,  conserve  précieusement  emmagasinés  dans  son  cerveau  tous  ces 
menus  détails  et  exécute  son  service  avec  une  adresse  n'inanjuable.  . 

On  pourrait  reprocher  au  Tonkinois  île  maïupier  un  peu  d'initiative, 
délie  lio|»  souvent  un  copiste  lidèle,  un  imitateur  étonnant  :  mais  cela 
provient  sinlmil  de  rr  que  ses  mœurs  sont  dilTérenles  des  nôtres  et  qu'il 
sait,  par  expérience,  ipiaiid  il  est  au  service  d'européens  qu'il  n'a  pu  encore 
étudiera  loisir,  que  son  initiative  est  parfois  peugoiU(''e  et  lui  attire  souvent 
des  désagréments.  Car  le  Tonkinois  est  très  observateur  :  il  a  tôt  fait 
d'analyser  un  Européen  et  de  connaître  ses  défauts  :  ces  derniers  servent 
à  alimenter  les  conversations  entre  camarades  :  la  moquerie  est,  chez  eux, 
sans  cesse  ;i  Torilre  du  jour. 

b)  Sensibilité.  —  Les  sentiments  affectifs  sont  moins  développés  que  chez 
les  races  blanches  :  peut-être  nous  restent-ils  plus  cachés  en  raison  de  ce 
fait  qu'ils  trouvent,  moins  souvent  que  chez  nous,  leur  expression  phy- 
sique dans  des  jeux  de  physionomie.  Les  sentiments  envers  les  parents,  et 
surtout  envers  le  père,  sont  cependant  très  développés  :  mais  la  religion 
des  ancêtres  intervient  pour  fortitier  ce  penchant  naturel. 

Quant  à  la  joie  et  à  la  douleur,  elles  se  traduisent  par  des  rires  joyeux 
ou  par  des  cris  perçants  et  douloureux  :  ceux-ci  sont  surtout  de  mise  à 
l'occasion  des  enterrements  et  augmentent  d'intensité  avec  le  degré  de 
parenté  et  le  rang  du  décédé.  Mais^  s'ils  viennent  à  cesser,  on  est  tout 
éionné  de  ne  constater  sur  ces  visages,  tout  à-l'heure  contractures  parla 
tristesse,  aucun  indice  de  larmes.  Ce  fait  s'observe  non  seulement  chez  les 
pleureuses  de  profession  mais  encore  chez  les  parents  ou  à  l'occasion  de 
souffrances  physiques. 

La  sensibilité  h  la  douleur  est-elle  moindre  chez  le  Tonkinois  que  chez 
nos  races  d'Europe?  Exception  faite  pour  certaines  individualités,  on  peut 
dire  que,  chez  eux  comme  chez  nous,  la  résistance  à  la  douleur  est  plus 
grande  dans  les  classes  pauvres  que  dans  les  classes  riches  :  les  gens  de 
la  campagne,  au  Tonkin,  présentent  souvent  cette  hypoesthésie  relative. 
Nous  la  retrouvons  aussi,  chez  nous,  dans  la  même  catégorie  sociale  :  et  on  ne 
compte  plus  les  cas  de  paysans  sur  lesquels  on  taillade  un  phlegmon  diffus 
sansqu'ils  profèrent  uneplainle  ou  les  jeunes  soldats  auxquels  nous  enle- 
vonsdes  dents  trop  cariées  et  cependant  douloureuses  sans  une  défense 
effective  de  leur  part. 

Nous  n'osons  donc  pas  affirmer  que  l'Annamite  est  moins  sensible  a  la 
douleur,  comme  le  font  délibéreinment  tant  de  gens  qui  débarquent  en  ce 
pays  comme  en  terrain  conquis  et  se  croient  obligés  de  parler  à  leurs 
serviteurs  avec  le  rotin,  n'ayant  pas  assez  d'intelligence  ou  de  volonté 
pour  entreprendre  l'étude  de  la  langue  et  essayer  de  se  faire  comprendre 
avec  leur  cerveau. 


34-2 


6   JUILLET    190."» 


c)  Volonté.  —  Cflle-ci  est  très  développée,  souvent  soutenue  par  la 
fierté  et  l'amour-propre  qui  la  conditionnent  fréquemment.  Il  est  heureux 
qu'elle  s'exerce  parfois  pour  de  bonnes  causes  ;  mais  ce  n'est  pas  le  cas 
général  :  on  la  voit  trop  souvent  lutter  contre  les  idées  du  maître  :  le  ser- 
viteur ou  le  soMat  annamite  est  têtu  :  il  s'essaye  à  applicjuer  ses  idées 
personnelles  :  c'est  la  revanche  de  son  assujettissement.  Cette  volonté, 
soutenue  par  un  amour-propre  très  répandu,  mêmechezlesjeunes,  explique 
en  partie  leur  stoïcisme  devant  la  souffrance  ou  devant  la  mort.  Mais, 
dans  ce  cas,  ils  se  sont  le  plus  souvent  suggestionnés  par  l'obsession  d'une 
idée  fixe  qui  élimine  tout  autre  fonctionnement  de  centres  cérébraux:  tel 
ce  cas  d'un  prisonnier^  soigné  dans  une  ambulance  indigène^  que  nous 
avons  vu  s'amputer  la  région  antérieure  de  la  langue  d'un  coup  de  dent, 
plutôt  que  de  retourner  dans  une  prison  où  l'attendaient  l'inanition  et  les 
mauvais  traitements.  Tel  encore  cet  indigène  illuminé  prétendant  que  le 
«  mà-qui  »  (fantùme)  l'empêchait  de  travailler  et  subissant  à  deux  reprises 
jusqu'au  sang,  la  bAtonnade  d'un  maître  imbécile  et  cruel  avant  de 
reprendre  sa  tâche  habituelle.  La  maladie,  cependant,  a  parfois  raison  de 
leur  volonté  :  car,  dans  le  Ilaut-Tonkin,  l'Annamite  du  Delta  ne  se  sent 
pas  chez  lui  :  il  est  fréquemment  atteint  de  mal  du  pays  et  cette  asthénie 


7.  Tirailleur,  <iU  ans.  Taille  :  ln>oG.  Busle  :  88  cm.  5.  Membre  inférieur  :  0.78  cm.  Péri- 
mètre :  0.78  cm.  Mollet  :  0  30  cm.  Biceps  :  0.23  cm. 

8.  Tirailleur,  27  ans.  Taille  :  lo'62.  Baste  :  0.87  cm.  Membre  inférieur  :  0.75  cm.  Péri- 
mètre :  0.77  cm.  Mollet  :  0.28  cm.  Biceps  :  0.20  cm. 


noix.   —    KTIPE   ANTHUnroi.iKiluCE  HE  I.' A  VN  VMITE  TuNKlMMS  '^V^ 

nerveuse  est  préjudiciable  au  jeun»'  soldat  qui  pay»^  alors  rapidi'ui«'nl  sou 
tribut  ;\  l'endémie  palustre.  La  lièvre  bilieuse  h<''moglobinurii|ii(',  en  par- 
ticulier, dont  ils  n'ignorent  pas  la  gravité,  abat  les  plus  courageux. 

«  Ce  peuple  de  tJiao-Cbi,  dit  Luro,  était  léger,  changeant...  »  l/esprit 
de  suite,  en  elîet,  n'est  pas  fréquent  oht'z  le  Tonkinois.  Inventif,  nous 
l'avons  dit,  mais  se  dégoûtant  vile  d'un  travail  assidu,  insouciant  et 
prompt  à  la  colère,  (lelle-ci,  en  particulier  chez  les  femmes,  dégénère  en 
colloques  rageurs  au  couis  desquels  les  injures  et  les  gestes  obscènes 
trouvent  souvent  leur  place  et  se  termine  par  des  corps  à  corps  où  les 
mains  dt'roulent  et  tiraillent  les  longues  chevelures  noires. 

d  )  Religiosité.  —  En  prenant  ce  mol  dans  son  acception  la  plus  étendu^, 
on  peut  dire  que  l'.^nnamite  possède  héréditairement  l'aspiration  psy- 
chique h  laquelle  il  s'applique.  Les  tii-ailleurs,  lorsque  la  nuit  arrivait, 
allumaient  des  torches  pour  continuer  la  route  :  les  cris  de  joie  de  la 
journée  avaient  cesse  :  il  parlaient  bas,  car  ils  avaient  la  crainte  du  tigre 
qui,  Ji  celte  heure  tardive  et  dangereuse,  est  appelé  «  Monsieur  le  Tigre  ». 
La  nuit  est  favorable  aux  «  mà-qui  »  Ames  errantes,  privées  de  sépultures, 
sournoises  et  qu'il  faut  apaiser  à  tout  prix.  En  traversant  les  endroits 
dangereux,  lorsque  les  rivières  ont  grossi  et  ne  sont  pas  guéables,  les 
Tonkinois  brfilent,  s'ils  le  peuvent,  des  baguettes  d'encens  pour  se  rendre 
favorables  les  mauvais  génies.  F^e  long  du  Fleuve  Rouge,  au  niveau  des 
principaux  rapides,  ils  ont  édifié  sur  terre  ferme  de  petits  pagadons.  Par- 
tout enfin,  en  face  de  la  nature  (jui  riqipriiiic  et  (|u'il  craint  de  ne  pas 
vaincre,  l'indigène  a  peur,  se  fait  petit  et  respectueux.  Il  est  plutôt  ani- 
miste et  fétichiste  que  bouddhiste  :  le  culte  de  (jakyà-.Mouni  ne  l'intéresse 
que  médiocrement. 

Nos  militaires  indigènes  sont  admis  dans  les  formations  sanitaires  que 
nous  avons  fondées,  lorsqu'ils  sont  malades  :  c'est  le  règlement  :  c'est 
bien  aussi,  parfois,  h  leur  corps  défendant,  Car,  bien  que  les  médecins 
soient  là,  comme  presque  partout,  les  représentants  d'une  humanitf'  (|ui 
ne  connaît  pas  de  races,  les  patients  auraient  préféré,  si  on  les  avait 
laissé  faire,  s'en  aller  vers  un  sorcier  quelconque  qui,  revêtu  d'ornements 
quasi  sacerdotaux,  et  au  bruit  d'un  orchestre  cacophonique,  aurait  sûre- 
ment débarrassé  son  organisme  de  ce  mauvais  génie  qui  a  constitué  la 
maladie  en  se  glissant  en  lui. 

(•)  l'diriotisme.  ~  Ce  serait  mal  connaître  les  Annamites  que  de  sus- 
pecter leur  patriotisme  :  ils  ont  prouvé,  d'ailleurs,  au  cours  des  siècles, 
combien  ils  tenaient  à  leur  indépendance  et  qu'un  empire  aussi  puissant 
que  la  Chine  nt-tait  pas  toujours  capable  de  refréner  chez  eux  ce  senti- 
ment intime.  Il  faut  voir  avec  q_uelle  joie  le  soldat  du  flaut-Tonkin  des- 
ci'nd  dans  le  Delta,  avec  quel  sourire  de  satisfaction  il  parle  d'Hanoï  qui 
est  pour  lui  la  ville  rêvée,  la  capitale  glorieuse.  Dans  le  Ilaut-Tonkin,  qui 
était  anciennement  comme  un  Etat-tampon,  une  «  Marche  »  entre  le  Ton- 
kin  et  la  Chine,  tout  est  mauvais  k  son  avis  :  l'eau,  le  riz,  l'alimentation 
quelle  qu'elle  soit.  Le  Delta  restera  toujours  à  ses  yeux  le  pays  idéal,  la 


W-H  (t  jui.i.KT  1905 

terre  promise  et  elTectivement  occupée  par  sa  race  qui,  de  là,  s'est  essai- 
niée  on  bandes  guerrières  et  conquérantes  vers  l'Annam  et  la  Cochinchine. 
Ils  ont  d'ailleurs  conservé  précieusement  le  culte  des  deux  héroïnes  qui 
luttèrent,  aux  temps  légendaires,  pour  leur  indépendance,  contre  les 
Chinois,  et  la  Pagode  des  Uames,  aux  environs  d'Hanoï,  perpétue  ce  sou- 
venir  patriotique. 

11  n'y  a  {)a.s  si  longtemps  que  le  vénérable  l'IiAnh-Thành-Giang,  qui 
fut  chef  de  l'ambassade  annamite  à  l^aris  en  4863,  préféra  mourir  en 
s'ouvrani  les  veines  plutcH  que  de  voir  les  Français  s'emparer  des  pro- 
vinces dont  il  avait  la  garde. 

L'Annamite  est  donc  patriote  et  il  ne  peut  venir  à  l'idée  de  quiconque 
réfléchit  sérieusement  de  penser  qu'il  est  dévoué  à  la  France. 

Il  obéit  maintenant  parce  qu'il  a  peur  :  mais  il  se  tournera  contre  nous 
il  la  première  occasion.  Ce  sont  là  des  choses  qu'il  est  d'usage  de  cacher 
en  disant  bien  haut  que  le  Tonkinois  supporte  non  seulement  notre  civi- 
lisation mais  la  reçoit  avec  plaisir  et  comprend  la  grandeur  de  notre  mis- 
sion chez  lui.  Nous  adressant  à  des  collègues  qui  ont  pour  habitude  de 
réfléchir  et  qui  représentent  une  élite  intellectuelle,  sachant  par  avance 
et  non  sans  plaisir  que  ces  lignes  ne  s'égareront  pas  sous  les  yeux  de  ce 
qu'on  est  convenu  d'appeler  le  Grand  Public,  nous  n'avons  aucune  raison 
de  ne  pas  nous  départir  de  la  prudente  réserve  que  leur  situation  impose 
aux  fonctionnaires  qui  gèrent  notre  colonie  d'Extrême-Orient.  Et  on  com- 
prendra sans  peine  que  l'Annamite,  tout  en  reconnaissant  notre  supério- 
rité, ne  nous  aime  pas;  la  guerre  a  ravagé  ses  provinces  que  nous  avons 
conquises  :  comment  aurait-il  oublié  cette  blessure  qui  date  à  peine  de 
20  ans?  Nous  avons  modifié  ses  mœurs,  réformé  son  administration  et 
sa  justice  pour  y  mettre  plus  de  droits  et  plus  de  liberté  ;  soit  :  mais  il  ne 
nous  en  a  aucune  reconnaissance  :  il  tient  tellement  k  ses  anciennes 
mœurs  qu'il  préférait  ses  chefs  prévaricateurs  et  sa  justice  cruelle. 
Comme  Montaigne,  Paris,  il  aime  sa  patrie  «  jusque  dans  ses  ver- 
rues ». 

Quelle  prétention  enfantine  et  ridicule,  d'ailleurs,  que  de  vouloir  en  si 
peu  de  temps  façonner  à  noire  image  une  race  si  difTérente  de  la  nôtre 
alors  que,  pendant  des  milliers  d'années,  les  Chinois  n'ont  pu  l'absorber, 
quoique  la  dominant  par  les  belles-lettres,  la  religion  et  les  mœurs  fami- 
liales qu'ils  lui  ont  transmises? 

f)  Vertus  domestiques.  —  On  retrouve  chez  le  Tonkinois  l'ensemble  des 
coutumes  que  l'on  connaît  à  la  famille  d'Extrême-Orient  et  sur  lesquelles 
nous  avons  insisté,  dans  un  précédent  travail,  à  l'occasion  de  la  race 
Thaï. 

Rappelons  simplement  l'autorité  du  père  de  famille,  la  déférence  des 
enfants  ;i  son  égard,  les  soins  accordés  aux  vieillards  et  aux  infirmes, 
l'écuelle  toujours  prête  pour  le  pauvre  qui  passe,  le  droit  au  gile  accordé 
au  voyageur  qui  le  demande. 

g)  Moralité.  —  Il  est  courant  d'entendre  dire  que  les  Annamites  sont 


IliH  \.  —   KTI  liK  AMIIIliil'dl.iHilulK  liK  l.'vNWMITK  TdNKlNOIS  3  If) 

des  voli'urs;  eu  vuici,  entre  autres,  une  afiirmation  r'crite  :  «  Ils  possèdent 
tous  le  germe  du  vol,  ce  mut  (Hanl  pris  dans  un  sens  ahsolu,  et  ce  germe 
éclol  à  la  premièie  occasion...  Le  caï  ou  chef  d'i''(|uipe  pr*'lève  son  grain 
de  riz,  sur  la  ration  des  travailleurs...  li'liuinnu'  du  peu[)l<.'  dcrobt'  C(;  (pi'il 
peut  »  '.  Nous  avons  à  peine  besoin  d'ajouter  (pir  ccltL'  opiuioii  est  par 
trop  absolue;  les  militaires  indigènes  (pu;  nous  avons  connus  ne  méri- 
taient aucunement  cette  accusation  inl'amaute  :  ils  faisaient  même  fort 
bonne  figure,  en  tant  (pi'liouu(Heté,  auprès  des  lidupes  européennes  (pii 
se  trouvaicut  à  proximité.  Ou  dira  sans  doute  ipie  la  discipliue  militaire 
les  rendait  piudents;  il  se  peut  :  mais  nous  savons,  qu'eu  France  même, 
le  gendarme  est  pour  beaucoup  de  gens  la  uieilleuic  sauvegarde  de'  leurs 
défaillances  morales. 

Nous  ne  pensons  pas,  d'ailleurs,  que  le  paysan  aniiaiuile,  (pii  repré- 
sente la  grande  majorité  de  sa  race,  ditfère  beaucoup  de  notre  paysan 
sous  le  rapport  de  l'honnêteté  :  tous  deux  ont  une  morale  spéciale  et  con- 
sidèrent comme  de  droit  bien  des  menus  larcins  qu'un  propriétaire  trop 
rigoureux  classerait  dans  les  délits  à  poursuivre. 

Nous  nous  expliquons  surtout  la  mauvaise  opinion,  que  les  Européens 
emportent  de  l'honnêteté  des  Annamites,  par  les  raisons  suivantes  :  d^On 
juge  trop  souvent  de  l'ensemble  d'après  les  serviteurs  ou  les  aides  immé- 
diats ;  inteprètes,  chefs  d'équipe,  etc.;  or  ceux-ci  ont  été  déformés  déjà, 
moralement,  dans  les  villes  qu'ils  ont  habitées  après  le  départ  de  leur 
village;  2°  Ce  ne  sont  pas  toujours  les  meilleurs  d'entre  les  paysans  qui 
briguent  ces  fonctions  spéciales,  surtout  lorsqu'il  s'agit  d'une  colonne, 
d'une  expédition  ou  d'une  ascension  dans  le  Haut-Tonkin;  3°  Les  Euro- 
péens, par  paresse,  leur  donnent  parfois  trop  de  liberté  et  les  exposent  à 
des  tentations  désastreuses.  Témoin  cet  Européen  qui  confiait  h  son  boy 
la  clé  de  son  coffre-fort;  -i"*  Les  mœurs  licencieuses  de  certains  de  nos 
compatriotes  les  maintiennent  difTicilement  dans  une  voie  vertueuse  et 
leur  inculquent  mal  un  respect  qui  ne  nous  est  dû  que  si  nous  le  méri- 
tons. 

(Juant  à  la  franchise  on  ne  saurait  en  faire  une  (jualité  courante  de 
l'Annamite.  Le  nn-nsonge  est  un  de  ses  défauts  les  plus  communs.  Nous 
aurons  l'occasion  de  constater  le  contraire  dans  la  race  Thaï.  11  nous  a 
paru  difficile  de  discerner  le  pourquoi  de  ce  mensonge  perpétuel  C'est 
peut-être  parce  qu'ils  ont  peur  de  nous  et  iju'ils  escomptent  sans  doute  le 
bénéfice  d'un  mensonge  accepté  alors  qu'ils  n'ont  qu'une  médiocre  con- 
fiance dans  l'immunité  d'un  aveu.  Il  serait  intéressant,  à  ce  sujet,  de 
savoir  s'ils  mentent  aussi  couramment  entre  eux;  nous  avons  tout  lieu  de 
penser  qu'il  en  est  ainsi.  Pris  sur  le  fait,  ils  opposent  une  dénégation 
formelle  à  l'interrogation  qu'on  leur  adresse.  En  voici  un  exemple  :  deux 
tirailleurs,  dans  une  maison  indigène,  étendus  sur  un  lit  de  camp, 
fumaient  béatement  des  pipes  d'opium,  plaisii"  défendu  et  poursuivi  dans 
les  régiments  indigènes.  A  travers   les  ais  d'une  porte  disjointe  nous 


'  Paris.  —  I '.\niminito.  Si'S  caractères  etlinifjues.   In  Anthropolor/ie.  1891,  t.  II. 


340 


fi    Jl  II.I.F.T    100." 


observions  leur  manf'^ge  ;  hruscjiicuu'nl,  l'ami  (jui  nous  accompagnait 
ouvi'o  la  porlc  :  nous  p/'iicHrons  aussitôt  :  les  deux  coupabies,  drossés  sur 
leur  lit  de  camp  cl  saluant,  assurent  (ju'ils  ne  fument  pas,  cependant  (juc 
leur  [)ipe  vient  rouler  devant  nous  et  (jue  nous  avons  sous  les  yeux  la 
diMUonslration  évidente  de  leur  funeste  passion. 

b>  Vires.  -  Jeu.  —  Ou  a  granil'peiue  à  empèclier  li.'s  militaires  tonki- 
nois d'aller  à  la  maison  de  jeu  :  celle-ci  existe  encore  dans  certains  terri- 
toires et  les  enfants,  dès  l'Age  où  ils  ont  f|uelques  sous,  la  fréquentent 
assidûment.  Les  Annamites  sont  d'ailleurs  d'excellents  joueurs,  calmes, 
froids,  impassibles  et  les  maisons  de  jeu  retentissent  rarement  de  disputes 
ou  d'altercations  violentes. 


•J  10  'j  li: 

9.  Tirailleur,  22  ans.  Taille  :  ["'bô.  Fkistc  :  0.80  cm.  Membre  iiilcrifur  :  0.75  cm.  I^éri- 
mèlre  :  0.76  cm.  Mollet  :  0.33  cm.  Biceps  :  0.25  cm. 

10.  Tirailleur,  2'i  ans.  Taille  :  1">;j6.  Buste  :  0.8b  cm.  Membre  inférieur  :  0.71  cm.  Péri- 
mètre :  0.8-2  cm.  Mollet  :  0.?.l  cm.  Biceps  :  0.25  cm. 

Opium.  —  C'est  un  danger  croissant  et  l'on  se  rend  compte  de  l'attrait 
de  cette  drogue  en  constatant  combien  il  est  diiricile  d'en  préserver  nos 
indigènes.  Dans  les  petits  postes  surtout,  où  l'homme  s'ennuie,  où  il 
regrette  le  pays  natal  et  la  famille,  il  cherche  avidement  l'oubli  dans  la 
précieuse  pipe  qui  détériore  son  organisme  et  le  livre  encore  plus  facile- 
ment à  la  rigueur  du  climat.  Les  jeunes  soldats  sont  vite  dominés  par  ce 
sinistre  poison;  on  les  voit  alors  fréquenter  la  salle  de  visites,  hâves, 
pâlis,  exténués,  les  membres  brisés,  les  pupilles  dilatées,  ce  qui  donne  h 
leur  regard  un  éclat  et  un  aspect  tout  particulier. 


noix.    —   KTLDK  AMllHOi'nl.udlijLK   DE  l.A.NNAMUK   loNKINnlS  'Ml 

Pédérastie.  —  I/alluro  eiïf^minée  des  Annamites,  lours  longs  c1h'v<'UX, 
une  certaine  similihuJe  clans  les  vêtements  des  deux  sexes,  sont  des  rai- 
sons suflisantes  pour  expliquer  que  beaucoup  d'Européens  aient  tendance 
à  les  accuser  de  ce  défaut.  En  tout  cas  ce  vice   n'est  pas  en  honneur 
comme  chez  les  Chinois,  où  des  mignons  sont  entretenus  par  tous  ceux 
qui  peuvent  se  payer  ce  Inxe.  Nous  pensons  même  (jue  la  pédérastie  est 
rare  à  la  campagne.  A  la  ville  elle  devient,  comme  dans  nos  grandes 
villes,  le  prix  des  passions  séniles  ou  des  appétits  des  dégénérés  sexuels. 
Chez  les  soldats  in.ligénes  du  llaut-Tonkin,  malgré  les  enquêtes  aux(iuelles 
nous  nous  sommes  livré  et  les  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis, 
il  nous  a  été  impossible  de  la  mettre  en  évidence.   .Mais  il  ne  paraît  pas 
improbable  que,  comme  dans  les  groupements  analogues  d'Europe,  cer- 
taines individualités  ne  se  livrent  h  cett<;  aberration  sexuelle.  Nous  nous 
basons,  pour  soutenir  cette  opinion,  sur  ce  (pie  les  .\nnamites,  très  ama- 
teurs des  femmes  de  leur  race,  en  sont  privés  dans  le  llaut-Tonkin  ou  ne 
fréquentent  [)as  les  maisons  publiques  qui  en  renferment.  Les  visites  de 
santé,  en  nous  révélant  de  très  rares  cas  de  contagion  vénérienne,  par 
rapport  aux  troupes  européennes  voisines,  nous  autorisent  à  penser  que 
nos  militaires  tonkinois  dévient  leur  instinct  génésiipie  ou  s'astreignent  à 
une  chasteté  qui  paraît  un  peu  prnblématitiue. 

Nous  arrêtons  là  cette  étude  de  psychologie  et  de  morale:  mais  nous 
en  avons  assez  dit  pour  démontrer  que  cette  race,  tout  comme  une  autre, 
si  elle  a  ses  défauts  a  aussi  ses  qualités.  Et  il  n'est  pas  sans  intérêt  de 
signaler  celles-ci  car  les  ethnographes  ont  eu,  il  nous  semble,  trop  de 
tendance  à  exagérer  ceux-là. 

CiiAPiTitK  IV.  —  Données  i'Athologiques. 

Ceci  ne  saurait  être  un  chapitre  de  médecine  :  mais  il  semble  cepen- 
dant que  des  renseignements  généraux  sur  la  pathologie  de  nos  Anna- 
mites rentrent  dans  le  cadre  de  cette  étude,  car,  suivant  le  mot  de  Térence, 
rien  de  ce  qui  louche  à  l'homme  ne  sauraitdemeurer  étranger  àl'anlhro- 

pologiste. 

Les  maladies  du  Délia  ne  sont  pas  celles  du  Haut-Tonkin  :  dans  cette 
dernière  région  le  paludisme  sévit  avec  plus  d'intensité  et  la  mortalité 
est  plus  considérable  :  et  il  convient  de  retenir  que  les  Annamites  envi- 
sagés faisaient  leur  service  inililaire  dans  ce  pays,  en  bordure  delà  fron- 
tière de  Chine.  Voici,  à  titre  de  document,  la  morbidité  «  hospitalière  » 
qualitative  et  quantitative,  d'une  compagnie  de  tirailleurs  stationnée  à 
Pho-Moï,  prèsdeLao-Kay,  en  1902.  L'elTectif  moyen  était  de  170  hommes  : 

.4.  Pathologie  médicale  : 

a)  Paludisnii-  :  Kii'vre  paluiléeum-    ....        57 

1 
Aices  iiernnicux '■ 

Anétnie  pahuléenne     ......         i*^ 

Cachexie  paludéenne 

Bilieuse  hcmoglobinuriquc  .     .     .     •  '1 


.•^18 


6   JlIl.LET    1905 


h)  Appai-fil  n's|»iralniiT  :  Lai'.viii.'itp  aigiir 

IJntiH'liitt'  sim|ilt' 

l'ncuindiiit' 

Broiwhit»'  cliroiiiciiif 

TiihorculDSO  |nilm<»iiair('  .  .  .  . 
f)  Appart'il  (lii;estir  :  Ictèn'  calarrlial  .  . 
f/)  Svstt'mc  nt'i'vciix  :  S(iatiqut«     .      .      .      . 

Mvt'litt'  aiiiut' 

r)  Malailii's  jiéiiéralt's  :  Orfilloiis. 

Dysenterie 

/■)  Parasites  :  Td'nia 

Tctal 


2 

s 
1 

7  (lubciculosc  probable) 

2 

1 

1 

1 

9 


1 

112 


R.  Paf/iii/of/ic  rhiriirf/icale  ■• 

a)  l'i-aumatisines  :  l'Iaies  des  nicinhres  inlé- 
rieurs  

Morsiire  de  chien 

('-ontusion  vertébrale 

Subluxation  vertébrale     .... 
6)  Face  :  Conjonctivite 

Otite 

Pohpes  de  l'oreille 

Polypes  du  nez 

c)  Tissu  cellulaire  :  Furoncles 

Anthrax 

Phlegmon 

.\dénite 

fi)  Fistule  anale 

Total 


29 


C.  Maladips  rritèriftines  : 

blennorragie . 
Orchite'.     . 


Total 


D.  Maladïps  ih-  In  peau  : 


Gale.      ...      . 
Herpès  circiné 


Total 


Il  ne  faut  pas  oublier  que,  dans  ce  relevé,  les  malades  à  la  chambre 
nous  échappent  et  (lu'ils  constituent  cependant  un  appoint  pathologique 
considérable.   Les    malades  graves   ou    chroniques    seuU    sont  hospita- 


lises. 


Dans  la  statistique  que  nous  venons  de  donner  nous  arrivons  donc  a 
un  total  de  146  hospitalisations,  représentant  85  0  U  du  chiffre  de  l'effectif  : 


norx.   —   KTUDE  A NTHROPOLOCiIQUE  DE  l'annamite  TONKINOIS  .\\\) 

le   paludisme,   sous  ses  diverses  formes,   coniplo  pour  50  0/0   dan.s   U: 
nouibre  des  enlrées  à  l'hùpital. 

Le  paludisme  est  donc  la  maladie  duuiiiiaiile,  moins  cependant  que  dans 
les  troupes  européennes  où  olle  atteint  facilement  70  0/0  du  chiIVre  global 
des  maladies.  De  plus  TAnnamile  y  résiste  mieux  que  nous  quand  vilam. 
Mais  il  ne  présente  jamais  contre  cette  infection  une  immunité  absolue  :  il 
jouit  seulement  d'une  immunité  relative  qui  est  réelle  et  (jui  a  été  constatée 
par  tous  ceux  ((ui  ont  vu  et  décrit  le  paludisme  de  ce  pays.  Les  nouveaux 
arrivés  payent  rapidement  l«'ur  Iribul  h  l'endémo-épidémie  régnante  : 
ceux  qui  y  résistent  peuvent  ensuite  rester  dans  le  pays  ûa  longues 
années  et  il  font  alors  plutôt  du  paludisme  chninique  que  du  paludisme 
aigu.  (Certains  postes  du  Haut- Tunkin  possèdent  des  tirailleurs  (}ui  sont 
dans  la  région  depuis   {]  ou  7  ans. 

La  bilieuse  liémoglobinurique  elle-même  ne  paraît  pas  les  atteindre 
avec  l'acuité  qu'elle  présente  chez  les  Européens  :  il  semble  que  ces  gens, 
de  tempérament  différent  du  nôtre,  ne  réagissent  pas  contre  ces  deux 
maladies  de  la  même  faeon  que  noiis.  D'ailleurs,  sous  le  nom  de  bilieuse 
hémoglobinurique,  on  comprend  actuellement  des  états  morbides  fort 
divers,  et  il  faut  attendre  d'être  plus  exactement  fixés  sur  cette  maladie 
pour  en  apprécier  la  distribution  géographique. 

Nous  n'avons  jamais  observé  de  fièvres  éruptives  :  la  variole  existe 
cependant  souvent  dans  la  population,  mais  nos  militaires  en  sont  pré- 
servés par  les  mesures  préventives  représentées,  en  temps  opportun,  par 
les  vaccinations  et  les  revaccinations. 

Les  populations  au  milieu  desquelles  vivent  nos  soldats  sont  fréquem- 
ment atteintes  de  goitre  :  nous  n'en  avons  jamais  observé  chez  les  .\nna- 
mites  immigrés. 

La  fièvre  typhoïde  est  rare  :  le  rhumatisme  articulaire  aigu,  presque 
inconnu.  Il  faut  avouer  que  le  «  froid  »  humide  est  cependant  en 
permanence,  l'hiver,  dans  la  région  :  mieux  vaut  dire  que  l'organisme 
annamite  est  réfraclaire  ou  l'agent  infectieux,  encore  inconnu,  peu 
virulent. 

Nous  n'avons  observé,  en  :20  mois,  aucun  cas  d'appendicite.  Allaire  de 
race,  d'alimentation  ou  de  climat?  Nos  soldats  européens,  qui  en  sont 
déjh  atteints  moins  souvent  en  Algérie  qu'en  France,  en  ont  été  aussi 
indemnes  durant  la  même  période. 

Les  diarrhées  sont  moins  fréquentes  qu'en  Cochinchine.  La  dysenterie 
est  souvent  constatée  :  de  1897-1903  les  registres  de  l'ambulance  de  Lao- 
Kay  avouent  lf»9  cas  avec  :24  décès. 

Les  plaies  aux  jambes  dites  «  plaies  annamites  »  représentent  une 
affection  fréquente  chez  des  gens  qui  ont  souvent  les  mollets  nus,  d'où 
exposition  aux  piqûres  et  aux  excorations.  On  a  écrit  des  volumes  sur 
ces  ulcères  et  chacun  a  exposé  des  modes  de  traitement  variés  et  divers. 
Après  une  expérience  de  plusieurs  années  nous  pensons,  connue  nous 
l'avons  décrit  ailleurs  : 


350  •'»  jni.i.KT  1905 

1"  ijno  le  paiisoincnl  sec,  applniiu;  sur  ces  plaies,  au  début,  est  une 
mamvuvre  mauvaise  et  anlicliiruigicale. 

û°  Que  le  pansement  humide,  fait  suivant  ecilaines  règles,  avec  l'appli- 
cation éventuelle  de  topi(pies  modificateurs  et  temporaires,  est  la  méthode 
éectuHs. 

:{"  Hui'  ti>ufe  piaii'  "  annamite  »  qui  ne  guérit  pas  ainsi  est  justiciable 
en  outre  de  l'iodure,  à  moins  qu'il  ne  faille  en  même  temps  relever  l'état 
général  (cachexie). 

Maladies  simulées.  —  b'n'Mjuentes  et  de  même  ordre  que  celles  observées 
chez  les  Européens  :  mais  rien  ne  vaut  l'Annamite  pour  se  donner  un  air 
souffrant  et  tragique,  avec  ses  longs  cheveux  dénoués  et  emmêlés,  ses 
yeux  qu'il  s'est  bien  gardé  de  libérer  de  la  chAssie  nocturne  et  son  visage 
crispé  quand  il  implore  le  médecin  d'une  voix  tremblante.  Les  iluctuations 
du  chiffre  des  visiteurs  médicaux  sont  directement  proportionnelles  au 
travail  exigé,  ici  comme  ailleurs. 

Maladies  provoquées.  —  Assez  fréquentes,  allant  jusqu'à  la  mutilation. 
Dans  les  derniers  mois  de  notre  séjour,  nous  avons  vu  deux  soldats 
annamites  qui,  pour  échapper  à  un  chef  de  poste  qu'ils  redoutaient,  se 
sont  tiré  une  balle  dans  la  jambe  gauche  :  l'un  eut  le  mollet  emporté; 
l'autre  un  fragment  de  tibia  de  0.10  centimètres. 

—  Nous  n'avons  pu,  faute  de  temps,  prendre  à  Hanoï  les  renseigne- 
ments démographiques  que  nous  voulions  recueillir  :  mais  le  fait  est  que 
la  race  annamite  augmente  sans  cesse,  malgré  toutes  les  vicissitudes 
qu'elle  a  été  contrainte  de  traverser.  Les  vaccinations,  les  mesures  d'hy- 
giène pour  la  première  enfance  et  l'hygiène  générale  sont  de  nature  h 
favoriser  l'accroissement  de  la  population,  car,  en  ce  moment,  si  nous 
exploitons  le  pays,  nous  ne  le  peuplons  pas  et  le  danger  ne  saurait  venir, 
pour  l'Annamite,  que  de  ce  côté.  Mais  l'horizon  politique  est  loin  d'être 
serein  :  souhaitons  à  nos  protégés  qu'ils  n'aient  pas  à  changer  de  maître 
pour  recevoir  des  occupants  ayant  non  seulement  besoin  d'argent  mais 
de  terres.  Ils  disparaîtraient  alors  rapidement  et  pourraient  répéter  la 
phrase  de  la  vieille  namaquoise  de  Barrow  :  «  En  ce  temps-là  on  ignorait 
ce  que  c'est  que  d'avoir  le  ventre  vide  :  h  peine  aujourd'hui  peut-on 
se  remplir  la  bouche!  »'. 


<   [il  ToPlNARD.  —  L'Anthropologie,  page  '129. 


\r<;iEI<.   —    I.V   VIENNE  AlA  TK.Ml'S  l'UÉlIlSTitllInl  1>.  351 

LA  VIENNE  AUX   TEMPS   PRÉHISTORIQUES. 
I'aK    m.    LK    I)''    AiiJlKU. 

Au  cours  df  ni;iiiil(?  oxpluralion  dans  tous  les  cantuns  du  département 
de  la  Vienne,  pendant  l'année  \H\}'2  et  pendant  l'année  IH'.tT,  nous  avons 
recueilli  de  nombreuses  notes  sur  les  restes  des  temps  préhistoriques, 
notes  provenant  de  nos  observations  personnelles  d'une  par»  et  prove- 
nant d'autre  part  de  tous  les  documonis  écrits  ou  verbaux  i|ui'  nous  avons 
pu  recueillir  cbemin  faisant. 

Ces  notes  forment  un  chapitre  du  manuscrit  *  récompensé  en  1895  par 
la  Société  d"Anllinj[)uliii;ie  de  l'aris  au  concours  pour  le  prix  (iodard.  Sur 
le  désir  de  ([uekiues-uns  de  nos  collègues  et  amis  de  la  N'ienne  nous  ve- 
nons les  résumer  ici. 

Avant  d'entrer  en  matière,  quelques  mots  sur  la  topographie  du  dépar- 
tement paraissent  nécessaires. 

Dans  ce  département,  la  N'ienne  a  un  cours  de  H6  kilomètres,  son  point 
d'entrée  dans  le  département,  situé  près  la  colline  de  Prun,  voisine  de 
rfle  Jourdain,  esta  :233  mètres  d'altilude. 

Son  point  de  sortie,  proche  du  coiilluent  de  la  Creuse  avec  la  Vienne, 
est  de  35  mètres. 

La  dilTérence  d'altitude  de  ces  deux  points  est  donc  de  200  mètres  envi- 
ron. Cette  différence  de  niveau  montre  que  le  sol  du  pays  est  assez  acci- 
denté, ce  qui  le  rend  pittoresque  bien  qu'il  ne  soit  pas  précisément  mon- 
tagneux. 

Il  possède  des  bois,  des  forêts,  des  collines,  des  plateaux  élevés,  de,  fort 
jolies  vallées,  la  plupart  très  encaissées,  dont  un  exemple  nous  est  fourni 
par  la  petite  vallée  fertile  du  Clain  à  Poitiers,  atïluent  qui  se  jette  dans  la 
Vienne  à  Ciiàlellerault. 

Cette  vallée  à  Poitiers  est  bordée  d'une  part  par  la  colline  de  1 15  mètres 
sur  laquelle  est  bùtie  cette  ville  ancienne  et  d'autre  part  par  les  énormes 
falaises  taillées  h  pic  qui  se  trouvent  sui'  la  rive  droite  et  portent  dans 
le  pays  le  nom  de  dunes. 

A  l'entrée  de  la  rivière,  dans  le  déparlement  au((uil  elle  donne  son 
nom,  le  sol  est  granitique  couimeon  le  voit  à  l'île  Jouidain  où  d'énormes 
blocs  arrondis,  en  granité,  gisent  depuis  des  siècles  attendant  que  le 
cours  de  la  rivière  reprenne  sa  puissance  d'autrefois  pour  pouvoir  les 
mobiliser,  les  rouler,  les  entre-choquer  et  les  arrondir  davantage. 

Dans  la  région  de  Poitiers  le  .sol  est  du  calcaire  jurassique  et  les  bords 
du  Clain  montrent   aux  yeux  étonnés  du   géologue  et  du  touriste  des 

•  Anthropologie  de  la  Vienne  et  statistique  ethnique  de  l'Indre,  Angers,  1895,  ms 
233  p  ,  in-f»  avec  cartes  et  tableaux. 

'Rivière  qui  prend  sa  source  au  plateau  central,  dans  le  dèparlomcnl  de  laCorrèze, 
à  9o4  mètres  d'altitude. 


352  <)  Jiii.i.r.T  1905 

falaises  on  calc;iiii'  (iiii  dopassent  en  liautour  i^cllos  de  nos  bords  de 
l'oct^an. 

Dans  la  it'gioii  de  Luiulun  el  de  Chàlelleraull  le  sol  est  du  calcaire 
crayeux  dont  la  blancljeur  éblouil  les  yeux  des  nouveaux  venus  dans  les 
quartiers  récemment  conf-truits  de  ces  deux  villes. 

Telle  est  en  deux  mots  la  physionomie  d'ensemble  du  département 
dans  lequel  nous  allons  retrouver  les  traces  des  races  humaines  préhisto- 
riques. 

1.     —     KPilOlR    (^IIATEUNAIUE    OU    PALÉOLrrHIyUE. 

■l"^  P  l'y  iode  humide  et  chaude. 

Industrie  chélléenne.  —  lîace  humaine  dite  de  Néaiiderlhal. 
Af/e  du  mammouth. 

La  N'ienne  a  été  de  toutes  parts,  l'habitaldela  race  humaincprimilivc, 
dite  de  Néandertlial,  spéciale  à  celte  période  chaude  de  l'époque  qua- 
ternaire. 

Si  aucun  ossement  de  cette  race  n'a  été  rencontré  dans  ce  département 
l'existence  de  celle  ci  ne  nous  en  est  pas  moins  démontrée  de  tous  cotés 
par  l'instrument  de  son  industrie,  l'instrument  chelléen  uniforme. 

Celte  race  humaine  n'avait  pas  encore  pris  possession  des  grottes  natu- 
relles, si  nombreuses  en  cette  région  el  dont  nous  parlerons  plus  loin,  ne 
se  trouvant  pas  encore,  avec  son  unique  instrument  de  pierre,  suffisam- 
ment outillé  et  armé  pour  disputer,  sans  corps  à  corps^  ces  grottes  aux 
grands  fauves  qui  en  avaient  fait  leur  repaire. 

Voici  pourquoi,  au  lieu  de  retrouver  l'instrumeut  chelléen  dans  les 
nombreuses  grottes  du  département,  nous  ne  le  retrouvons  que  sur  les 
hauts  plateaux,  couverts  alors  sans  aucun  doute  d'immenses  forêts  plus 
ou  moins  impi-nétrahlcs,  offrant  une  végétation  tropicale  à  l'homme  primitif 
qui  devait  vivre  à  l'état  sauvage  dans  des  huttes  ou  dans  des  arbres, 

La  disparition  de  la  race  de  Néanderthal  dans  cette  région  est  trop 
lointaine  pour  que  l'atavisme  y  ait  des  représentants,  après  tant  d'inva- 
sions à  la  suite  desquelles,  selon  les  lois  de  la  nature,  la  race  la  moins 
privilégiée  finit  par  s'éteindre  au  contact  d'envahisseurs  plus  civilisés, 
comme  le  fait  a  lieu  encore  de  nos  jours  chez  les  Peaux-Rouges,  les 
Canaques,  les  Australiens  dont  les  races  s'éteignent  peu  à  peu  au  contact 
de  la  civilisation  européenne. 

Si  l'atavisme  complet  n'a  pas  laissé  se  perpétuer  le  type  de  Néanderthal 
dans  la  N'ionne,  l'atavisme  partiel  nous  a  conservé  certains  traits  irrégu- 
liers el  disséminés,  comme  nous  avons  été  à  même  de  le  juger  en  mainte 
circonstance. 

Chez  l'un  c'est  un  front  bas  et  fuyant,  chez  l'autre  c'est  une  saillie 
anormale  des  arcades  sourcilières,  chez  un  troisième  c'est  un  menton 
fuyant  et  effacé  rappelant  la  mandibule  de  la  Naulette,  chez  d'autres  enfin 
c'est  un  prognathisme  plus  ou  moins  accentué. 


MOIKK.   —    I.A    vrKNNK   Al'\   TKMI'>   l'UKIIISTnlUul»  '.\^V,^ 

domine  nous  l'avon.s  «lit.  c'est  surtout  sur  les  plati'.iux  que  l'instruim.'nl 
chelléen  se  retrouve.  Les  plateaux  des  enviions  ilc  (lliAli'Ueraull,  (snrlnut 
à  Sommières,  canton  de  (iençay),  ceux  des  en  virons  île  l'oiliers  et  de 
Civi'ay  ont  été  fertiles  en  découvertes  irinstruineiits  clielléeiis  par  milliers 
en  particulier  sur  le  [ilateau  de  IJeaumont. 

Le  pays  était  tout  indiipn'  |)imr  li  faliiication  de  ces  iii^lniin-'iils  ;i 
cause  de  la  fré(|uence  flu  silex  dans  son  calcaire  crayeux. 

Il  possède  en  outre  des  carrières  de  jaspe  (pii  ont  été  utilisées  pour 
l'inslrumi'nl  i-lii'lli'en. 

La  plus  Ijclli'  iiilli'i-tinn  d'in^lruments  clielléens  (jne  nous  aj'ons  visitée 
dans  la  Vienne,  outre  cdli'  du  musée  de  la  ville  de  Poitiers  et  celle  de  laSo- 
ciélédesanli(piairesde  l'ouest,  eslcellede  M.  l)(;mairé,  pi'ésident  du  Irihunai 
<le  Montinoiillon,  quia  eurexlrèine  obligeance  de  nous  montrer  lui  même 
les  plu?  heaux  types  de  son  musée  itrovenantde  tous  les  points  du  dépar- 
tement et  en  particulier  de  la  région  di'  C.li.Vti'lIcraull  et  de  Monlmo- 
rillo^i. 

(le  petit  musée  prt'liist(jri(iuc  n'est  pas  l'œuvre  d'un  collectionneur 
accumnlant  des  spécimens  sans  en  connaîtri;  la  valeur  et  l'origine,  il 
est  l'œuvre  d'un  savant  connaisseur,  heureux  de  communiquer  ses  décou- 
vertes à  ceux  qui  savent  les  apprécier  et  les  faire  apprécier  à  ceux  qui 
ne  connaissent  pas  encore  cet  instrument  ingénieux  retrouvé  dans  les 
deux  mondes. 

2'^  Période  glaciaire, 
{//ifluslrif  mouslrriennc)  Rare  Iminainc  dite  di'  l'Ohiia  {.{(je  du  ipdnd  ours). 

La  race  humaine  de  cette  époque  dans  le  département  de  la  Vienne  ne 
nous  est  révélée  par  aucun  ossement  humain. 

En  revanche  l'instrument  mouslérien  a  été  trouvé  disséminé  de  toutes 
p'irls  dans  le  département;  les  arrondissements  de  Poitiers,  Chàtelleraull, 
Montmorillon  en  ont  fourni  une  ample  moisson. 

.Nous  avons  eu  la  bonne  fortune  d'explorer  dans  la  commune  de  Nellèches 
(arrondissement  de  Chàtelleraull)  en  compagnie  de  notre  excellent 
collègue  et  ami  le  !)■■  l'apillault,  flans  le  voisinage  de  sa  jolie  villa  de 
La  lUonnerie,  une  carrièie  qui  fut  jadis  un  atelier  de  fabri(;ation  d'instru- 
ments niouslériens. 

Llleest  située  près  l'abbaye  de  Fontmaure  ou  Foumeure,  la  pieire  est 
un  joli  jaspe  brun  et  blanc  dont  la  cassure  ressemble,  comme  nuance,  à 
une  tranche  fraîche  de  jambon. 

Celte  station  a  été  bien  étudiée  par  notre  collègue,  le  \y  Capilan,  qui  en 
conserve  de  beaux  spécimens. 

A  Biard  près  Poitiers,  à  Montmorillon  même,  des  instruments  mouslé- 
riens  ont  été  découverts.  De  beaux  (échantillons  sont  aussi  conservés  dans 
le  musée  de  M.  Demairé  à  Montmorillon  et  dans  les  musées  susdits. 

La  plupart  sont  des  perçoirs  ou  poinçons  usités  sans  aucun  doul<' a 
soc.  h'asthikjp.  'yOo  '^* 


35-4  •')  jiii.i.KT  r.tor; 

percer  et  romlrc  li'-  |><'aux  traniiii.'ni\  ilonl  la  fumriire  fui  indispensable  h 
l'hommo  pendant  cfllf  jtf'iiiMli'  ;\  climat  lif'sri'oid. 

Les  autres  types  d'instruments  sont  dos  racloirs  usités  aussi  pour  la 
préparation  des  peaux  destinées  h  servir  de  vêtement,  genre  de  fourrures 
que  l'homme  de  l'Olmo  avait  à  disputer  au  Mammouth,  au  ilhinocéros 
velu  et  autres  fauves  pour  pouvoir  suj)porler  comme  eux  les  rigueurs  du 
climat. 

L'homme  eut  à  disputer  les  habitations  du  grand  ours  des  cavernes, 
ici  comme  ailleurs,  pour  pouvoir  lui  aussi  s'abiiter  contre  les  froides 
intempéries. 

Les  nombreux  ossements  d'animaux  mêlés  h  l'instrument  moustérien 
et  trouvés  dans  toutes  les  cavernes  de  la  Vienne  nous  montrent  que  celles 
ci,  situées  presque  toutes  sur  les  bords  des  vallées  encaissées,  ont  servi 
d'habitation  à  l'homme  de  ce  temps. 

Les  grottes  de  cette  époque  qui  ont  été  le  mieux  étudiées  sont  les 
suivantes. 

La  Grotte  de  l'IIermitage,  près  Lussac-les-Chàteaux,  a  été  explorée  pour 
la  première  fois  par  M.  Aniédée  Brouilletqui  en  a  donné  une  description 
savante  et  richement  illustrée  '. 

Les  instruments  moustériens  de  cette  grotte  étaient  en  silex  calcédo- 
nieux;  les  autres  grottes  à  Troglodytes  de  cette  époque,  au  point  de  vue 
de  l'industrie,  sont  les  grottes  de  la  Bussière  et  de  l'île  Jourdain  situées 
sur  les  bords  de  la  Vienne. 

Les  bords  de  la  Dive,  afïluent  voisin,  nous  ont  révélé  l'existence  des 
grottes  de  i'Hommaizé  et  de  Verrières. 

Nous  trouvons  aussi  dans  le  département  de  la  Vienne,  quoique  situées 
sur  les  bords  d'un  méandre  de  la  Charente,  les  grottes  intéressantes  de 
Lamartinière  près  i^harroux  (arrondissement  de  Civray),  du  Chafîaud,  de 
Malmort,  de  Rochemeau,  de  Frédoc  et  de  Cantes. 

La  première  de  ces  cavernes  a  été  explorée  pour  la  première  fois  par 
M.  Amédée  Brouillet  qui  en  a  fait  une  description  dans  l'ouvrage  susdit 
et  l'a  complétée  dans  un  autre  ouvrage  plus  récent  *. 

Citons  encore  comme  terrain  renfermant  des  instruments  moustériens 
l'étage  inférieur  de  la  grotte  des  Cottes  située  sur  les  bords  pittoresques  de 
la  Gartempe  près  Saint-Pierre  de-Maillé,  dans  l'arrondissement  de  Montmo- 
rillon,  rivière  afïluent  de  la  (h"euse  à  La  Roche-Posay. 

Cette  grotte  des  Gottés  a  été  judicieusement  étudiée  par  M.  Raoul  de 
Rochebrune  qui  a  publié  le  compte  rendu  de  ses  fouilles  dans  un  mémoire 
très  richement  illustré  d'eaux-fortes  par  lui-même  et  par  son  père 
M.  Octave  de  Rochebrune  aqua-fortiste  aussi  distingué  que  regretté  •''. 

La  valeur  de  ce  mémoire  est  dû  en  outre  à  ce  que  l'auteur  a  voulu  que 
son  autorité  fiU  corroborée  par  l'autorité  éminente  de  Gabriel  de  Mortillet. 


•  Epoque  antédiluvienne  du  Poitou.  Poitiers  iSGS. 

*  Matériaux  pour  servir  à  l'histoire  de  l'homme,  n*  de  mai  1865. 

3  Les  Troglodytes  de  la  Gartempe.  Foiilenay  le  Comte^  I8S1.  2  vol.  in  4»  illustrés. 


ATlilKH. 


r.A  VIRNNK   Al  A  TKMI'-   l'UKIIISTORIQUES 


Les  bonis  tie  la  (iarhMnpe,  l;i  grolle.  tous  les  inslniniciils  di-coiiviM-ts 
l'n  (|uanlilé  cunsid/'rahle.  sont  rcprésenlés  par  des  eaux-forles  arlisti- 
quos  du  plus  bel  olVel. 

Ces  bords  nous  ont  révélé  l'existence  de  nombreuses  grottes  de  troglo- 
dytes situées  entre  Moiitinorillon  et  La  Uoche-Fosay,  telles  que  les  grottes 
de  liadoué,  la  Tuilerie,  .lutreau,  \  leux  Cottes,  Collés  (susdilsi,  Saint- 
Pierre-de-Maillé,  Uoche-à-Gué,  La  Guilière,  La  Bussière. 

Sur  raflluiMil  noninn'  l'Anglin  existaient  aussi  les  grottes  de  Dousse, 
llemerlé  et  Moisdicbon. 


I.KGENDE  .  C.  I.  Civray.  GII. 

ChaiTOUx.     .  .     .     .     . 

1.  (M-otleiiu  Chaffand:  2.  G. 

/Il'  la  Baionièro  ;  '•>.  G.  il'S 

Mal()it'rros  .  4.  G  rj»;  la  Mur- 

tinit  re;  6.  G    de   Malmorl; 

H.  G.  «le  Rocheiiieau;  7.  G. 

de   la    Rochi'    de   Frédoc; 

8.  G.  des  Gantes;  '.).  G.  de 

Gretrier;  10    G.   de  Boric; 

11.  G   du  Biis  dos  Cades; 

i'2.   G.   du    bois  dAiiiour; 

13  G.  de  la  Roche;    l'i.  G. 

du  bois  do  Gorce.     .     .     . 


LÉGENDE  :  R.  La  Roche  Po- 
say.  Vicq.  V.  A.  Angles.  P. 
St-Pierre  de  Maillé   .     .     . 

1.  Grotte  de  Badoué  :  2.  G.  de 
Dousse;  3.  G.  de  la  Tuile- 
lio:  4.  G.  de  llemerlé; 
ri.  G.  deJiitreau;  <>  G.  des 
Vieux  Goiti'is;  7.  G.  îles 
Goltés;  8.  G.  de  Boisdi- 
chon;  9.  .G.  de  St-Pierre- 
de  Maillé:  10.  (trotte  de 
Roche  à  Gué;  i\.  G.  de  la 
Guitière;  12  G.  de  la  Bus- 
sière     


LÉGENDE  :  C.  Ghauvigny.  L. 
Lussac.  G.  Gouca.  l.  Isle 
Jourdain.  A.  Availles     .     . 

I.  (îrotte  de  Jioux  ;  2.  G.  de 
l'Hommaizé;  3.  G.  des 
Verrières;  4,  G.  des  Fa- 
dets;  5.  G.  de  rHeniii- 
tage;  0.  Grolte  de  la  Bus- 
sière ;  7.  Grotte  de  l'Isle 
Jourdain 


Par  les  diverses  énuniéralions  ci-dessus  il  est  facile  dese  rendre. compte 
combien  celle  région  était,  h.  celle  époque,  peuplée  de  troglodytes 
dont  nous  retrouvons,  sinon  les  ossements  conservés  par  les  siècles, 
du  moins  les  instruments  les  plus  divers  el  les  nombreuses  habitations 
souterraines. 

3-^  Période  post-glaciaire  et  à  températures  extrêmes. 
{Industrie  nuif/dalénienne).  (/iace  humaine  mcerfaint').  (Age  du  renne). 

Nous  ne  parlons  pas  ici  de  l'industrie  solulréenne  dont  il  n'existe  pas  de 
restes  dans  la  Vienne  el  qui  est  resiée  localisée  à  certaines  régions  de  l'Lu- 
rope  pendant  le  premier  quart  de  celle  période. 


;{;j(j  i\  ji'iLLKT  1905 

Nous  possédons  au  cunUaire  ilc  iioml)rcuse  preuves  de  l'exislence  de 
riionime  pendant  les  trois  derniers  i|uailsde  celle  période  correspondant 
à  l'industrie  magdalt'-nienne. 

Aucun  reste  humain  de  cette  période  n'a  été  rencontré  dans  la  Vienne. 
Aucune  preuve  non  plus  n'existe  qu'une  nouvelle  race  ait  existé  à  cette 
époque;  aucune  jireuve  que  les  hommes  d'alors  fussent  autres  que  ceux  des 
deux  races  susdites,  hien  que  les  crânes  de  Cro-.Mngnon  et  de  Furfooz  aient 
été  altrihués  au   quaternaire  sans  certitude. 

Les  animaux  avec  lesquels  l'homme  avait  à  combattre  étaient  encore  le 
Mammouth,  cet  immense  éléphant  velu  qu'on  ne  retrouve  aujourd'hui  qu'à 
l'état  fossile  ;  le  Henné  dont  les  l)ois,  la  peau  et  les  os  devaient  être  d'une 
très  grande  utilité  dans  l'industrie  déjà  plus  raffinée  et  hien  d'autres  ani- 
maux encore. 

Aucun  vestige  de  religiosité,  de  culte  des  morts,  de  sépultures  rituelles, 
ne  nous  est  resté  de  l'homme  de  cette  période  qui,  à  en  juger  par  ses  restes, 
devait  être  chasseur,  pêcheur,  nomade,  ignorant  de  l'agriculture  à  demi 
encore  sauvage. 

La  Vienne  nous  a  offert  des  preuves  de  l'existence  de  l'homme  et  de 
son  industrie  magdalénienne  dans  la  grotte  des  Fadets  près  Lussac-les 
Châteaux,  explorée  par  M.  Broullet ',.  grAce  aux  nombreux  instruments 
que  cette  grotte  à  révélés  aux  chercheurs. 

Le  silex  est  en  partie  détrôné  pour  les  instruments  fins  et  remplacé  par 
l'os,  l'ivoire,  le  bois  de  renne,  servant  à  la  fabrication  de  javelots,  sagaies, 
flèches,  harpons,  etc. 

L'homme  est  devenu  plus  industrieux,  les  armes  à  longue  portée  le 
prouvent  suffisamment. 

Le  second  étage  de  la  grotte  des  Cottes  a  fourni  une  ample  moisson 
d'instruments  magdaléniens*. 

Les  plus  célèbres  des  grottes  de  la  Vienne  ayant  fourni  des  armes  à 
longue  portée  sont  les  5  grottes  du  Chaffaud  près  Civray,  sur  les  bords 
de  la  Charente  '. 

Des  harpons  à  deux  rangées  de  pointes  y  ont  été  découverts  ainsi  que 
des  instruments  encore  peu  connus  en  os  représentant,  gravés  en  relief, 
des  dessins  d'hommes  ou  animaux. 

Le  premier  de  ces  os  gravés  trouvé  par  M.  Brouillé  père  a  été  déposé 
au  musée  de  Cluny.  Après  lui  MM.  Vibraye  et  Gaillard  de  la  Dionnerie 
y  ont  aussi  rencontré  de  nombreux  objets  d'art  de  cette  époque,  re- 
présentant des  profils  d'hommes  et  animaux,  dessinés  sur  os  ou  sur 
pierre. 

M.  Joly-Lelerme  trouve   en  1853,  dans  la  grotte  de  Savignè,  des  os 


'   Kpnqui-,  aiiléhisloiiijiic  du  l'oitou. 
ï  Jôid.,  L'o  /ifiit. 

'■>  L"s  (roKlodytes  de  la  Gardompe,  fouilles   de  la   Grotte   des   Cottes,  par  Raoul  de 
Roehobrune,  in-4<>  broché.  Fonteiiay,  1881,  avec  atlas  d'eaux  fortes,  gr.  in-4'>. 


A.  DA  COSTA  FERRFÎIRA      —  I.A   CAPACITK  CUAMENNE  'A")1 

sculptés  représentant  des  ruminants  ;  il  les  dt'-pose  aussi  au  musée. de 
t;iuny. 

I^a  collection  Dt'main'  à  .MdiitmnrilJMii  pii'scMti'  de  cui-iriix.  s|i('ciiiicns  de 
silex  artisticpn-s.  rcpi'oiiuisaul  des  sillnun'tli's  d'hoiiimi-s  et  d'animaux 
tels  ([ue  chien,  clnnal.  etc. 

.Nous  n'avinns  «'ncore  vu  nulli'  pail  mcniidn  de  découvertes  de  ce 
irt'uri'.  il  a  fallu  l'u'il  exercé  d'un  aiitln-nlo^ui'  poui'  découvrir  cos  curieux 
prniils;  un  rap|)Oit  circonstancié  sur  la  décun verte  et  l'interprétation  de 
tes  silex  hizarres  serait  appelé  à  bien  élucider  cette  question. 

Outre  les  grottes  citées  plus  haut,  !em(''andre  en  question  de  la  (Ihaiente 
,1  fourni  lesgrottes  suivantes  de  l'époque  du  .Moustriei-etde  laMagdeleine  : 

1°  d'un  côté  (versant  sud)  grottes  de  La  IJaroniére,  des  Malpierres,  de 
Grellier  de  Borie,  du  bois  des  Caves,  de  la  Hoche. 

2"  de  l'autre  côté  (versant  nord)  grotte  de  Malmorf,  de  Rocherneau,  de 
la  Iloche-à-Frédoc,  des  Canles,  du  bois  dWmour  ou  du  bois  de  Corce. 

Les  bords  de  Ia\'ienne  ont  fourni  également  lesgrottes  magdaléniennes 
suivantes  : 

1"  DeGioux  près  Chauvigny. 

2»  Entre  Lussacet  Availles,  la  grollc  de  lllermitage,  les  3  grottes  dt-  la 
[Jussière,  les  2  grottes  de  l'île  Jourdain. 

Entln  le  petit  alfluent  de  la  Vienne,  (jui  s'y  jette  entre  Chauvigny  et 
Lussac,  a  sur  ses  bords  les  3  grottes  de  l'IIonimaizé  et  les  H  grottes  de 
Verrières. 

Telles  sont  Ips  traces  qu'a  laiss-ées  l'homme  primitif  dans  cette  région, 
restes  bien  .'•uffisants  pour  prouver  son  existence  pendant  ces  trois  pé- 
riodes prélustoriques  quaternaires. 


LA    CAPACITE    CRANIENNE,    CHEZ    LES    CRIMINELS    PORTUGAIS 
l'Ali    .V.     I)a    CdSTA-b'ERRKUtA. 

Il  y  a  des  profondes  divergences  entre  les  auteurs  au  sujet  île  la  capacité 
crânienne,  chez  les  criminels.  Les  uns  veulent  que  la  capacité  du  criminel 
soit  inférieure  à  celle  de  l'homme  normal  :  les  autres,  au  contraire,  lui 
attribuent  une  capacité  supérieure.  Les  uns  et  les  autres  présentent  des 
raisons  et  des  documents  à  l'appui  de  leur  opinion. Toutefois  les  résultats 
ne  peuvent  être  comparés  entre  eux,  le  modus  facicndi  du  cubage  n'étant 
pas  toujours  le  même,  alors  que  le  contraire  est  indispensable  ;  et  ils  ne 
sauraient  être  discutés  sérieusenuMit,  du  moment  <pie  l'on  ne  considère 
que  les  valeurs  de  la  capacité  crânienne,  et  qu'on  ne  possède  aucune 
indication,  tout  au  moins  sur  la  stature,  ou  sni'  U-  volume  du  tronc, 
facteurs  principaux  de  la  vai'ialion  de  la  capacili'  du  ci;\n<!. 

l'our  uuus,  comme  pour  Ladame  cité  par  Dallemagne  :  SUhiikiIcs  una- 
(oiuiyues  de  la  criminalité.  (Encyclopédie  des  aide-mémoires),  «  il  n'existe 


:{:i8  r.  ji  n.t.n  ton:; 

.•iiicuru'  .iiKtinalic  consl.inlc  diins  la  capacitt'  cianionno  dos  criminols.  «Il 
011  est  lie  c<'  caiaoïr'if  cmumc  de  hoaiicoup  d'aulros  :  sa  valeur  n'est  ni 
spéciale  ni  coiislanlo.  Kii  oliuliant  les  variations  d'un  caractère  anthro- 
p()li»!;i(|u<'  sur  une  série  do  dc'linquanls,  on  trouvera  fatalement  des  va- 
leurs normales  et  des  valeurs  anoi'malos. 

I.e  crime  est  un  attentai  contre  les  luis  et  les  usages  établis,  dans  une 
cerlame  région  el  à  un<!  ceilaiiu'  épu(|ue.  Il  varie  avec  la  latitude  et  avec 
If  temjis.  Il  y  a  des  actes  qui,  dans  li'ur  essence,  sont  paifailoment  égaux, 
au  poiiil  de  vue  scienti(i(iuo,  et  (jui,  loutefois,  en  conséquence  de  prin- 
ci[)os  établis,  sont  tellotnonl  dilîéionls.qiic  les  uns  sont  considérés  comme 
normaux, et  même  dignes  d'admiration,  tandis  que  les  autres  sont  réputés 
condamnables  et  criminels.  Cependant  tous  impliquent,  parfois,  le  même 
fond  somati(iue,  la  même  constitution,  la  même  organisation,  le  même  ca- 
ractère ;  ce  sont  des  formules  dynamiques  du  même  individu  ;  ce  n'est 
que  la  convention  qui  les  sépare. 

Combien  de  fois  ces  formules,  ces  manières  de  procéder  ne  sont-elles 
pas  propres  à  des  organisations  anormales  et  dégénérées  !  Cependant  la 
plupart  des  anthropo-criminalistes,  induits  en  erreurs  par  la  conception 
juridique  du  crime,  chercbent  en  vain  à  les  différencier. 

Au  contraire,  que  d'actes,  considérés  d'ailleurs  comme  criminels, 
peuvent  être,  et  sont  commis  aussi  bien  par  des  êtres  anormaux  et 
atypiques  que  par  des  individus  normaux  et  bien  constitués! 

Un  acte  criminel,  l'infraction  d'un  principe  social  établi,  peuvent  être 
déterminés  par  des  causes  infiniment  variées. 

11  y  a  des  individus  qui  figurent  dans  nos  statisti(iues  comme  nonnaux, 
el  dont  (juelquefois,  cependant,  la  constitution,  le  substractum  propre, 
est  capable  de  les  pousser  ou  de  les  contraindre  au  crime.  Il  ne  leur 
manque  que  l'occasion,  le  réactif;  ou  bien  alors  on  laisse^  ou  l'on  fait 
passer  pour  des  faits  sans  importance,  des  actes  d'une  signification  sus- 
pecte commis  par  ces  individus,  actes  qui,  en  réalité,  sont  souvent  de 
magnifiques  stigmates  pour  l'orientation  d'une  prognose,  ou  pour  l'appli- 
cation d'une  méthode  prophylactique. 

Et  puis,  la  môme  action  criminelle  peut  avoir,  tantôt,  la  signification 
d'un  acte  physiologique,  tantôt,  celle  d'un  fait  pathologique.  Un  principe 
établi  peut  être  enfreint  ou  violé  par  ignorance,  par  fatalité,  et  même  par 
supériorité  ou  avancement. 

I.a  justice,  aujourd'hui,  ne  considère,  pour  ainsi  dire,  que  le  crime;  il 
vaudrait  bien  mieux  qu'elle  ne  considérât  que  le  criminel,  et  en  même 
temps,  qu'au  lieu  de  se  préoccuper  de  classifier  l'acte,  elle  portAt  toute 
son  attention  sur  la  valeur  dos  causes  (jui  l'ont  détei'miné. 

Nous  sommes  encore  bien  loin  du  temps  où  cette  justice  sera  une  chose 
sérieuse  et  juste. 

Nous  trouvons  à  la  page  8i  d'un  opuscule  du  l)""  Forraz  de  Macedo 
[Os  criminosos)  une  série  d'exemples  qui  confirment  et  élucident  notre 
manière  de  voir,  et  démontrcnl  d'une  façon  pittoresiiue  le  ridicule  de  la 


A.    Il  V   COSTA    KKItlîr.lllA.  I.V  CAI'ACITK  CUVMKNNE  3."n 

IliérapiMitiqu»^  iTiiuiinMIc  do  dos  jours:   l.i  prison  il\  iirimisro,  comin»'  dit 
K.  Feiri. 

Mais  toutes  ces  considérations  sont  venues  à  propos  de  la  capacité 
crânienne.  C'est  qu'en  étudiant  une  statistique  que  nous  a  envoyée  de 
Lisljonne,  le  savant  anlliropouii'triste  et  criininaliste  portugais,  notre 
cher  et  illustre  ami  M.  le  U'  Ferraz  de  Macedo,<iui  possède  les  plus  riches 
archives  anthropologiques  de  Portu£;al,  statistique  où  se  trouvent  consi- 
gnées les  valeurs  de  la  capacité  du  crAne  calculée,  chez  des  normaux,  des 
assassins  et  des  voleurs  portugais  (vivants),  nous  avons  vu  qu'il  est 
impossible  de  délinir  un  type  criminel  d'après  la  capacité  crânienne.  On 
trouve  chez  les  normaux,  aussi  bien  (lue  chez  les  criminels,  presque  toutes 
les  nuances  de  la  capacité,  et  les  limites  de  variation  sont  également 
presque  aussi  larges  dans  les  uns  que  dans  les  autres.  Il  y  existe  néanmoins 
«juelques  différences.  La  moyenne  des  capacités  prises  sur  2o  normaux 
est  de  l(>i-i  c.  c;  elle  est  de  1708  c.  c.  sur  26  assassins,  et  de  <634  sur 
25  voleurs.  La  capacité  atteint  la  valeur  la  plus  élevée  chez  les  assassins 
et  les  voleurs;  c'est  aussi  dans  ces  deux  groupes  de  sujets  qu'elle  s'abaisse  le 
moins  La  proportion  des  grands  crAnes  est  de  40  0  0  chez  les  normaux, 
de  61  0  0  chez  les  assassins,  ol  de  48  0/0  chez  les  voleurs;  celle  des  petits 
crânes  est  de  i6  0/0  chez  les  normaux,  de  3  0/0  chez  les  assassins,  et  de 
8  0  0  chez  les  voleurs.  La  moyenne  de  6  cubages  faits  directement  sur 
))  crAnes  d'assassins  portugais,  parmi  lesquels  figurent  celui  de  Francisco 
Mattos  Lobo  (crAne  normalement  constitué)  et  celui  de  Diogo  Alves  (crAne 
plein  d'anomalies)  a  donn<'  le  chilîrede  1565  c.  c.,chilTre  inférieur  àcelui  de 
la  moyenne  générale  de  nos  crAnes  (1572  c.  c).  Mais  celte  série  est  petite 
et  encore  y  figure-t-il  le  crâne  d'un  Gallicien  :  Diogo  Alves.  Ce  qu'il  y  a 
di'  plus  curieux  à  noter  c'est  ijuc  le  calcul  des  capacités  kormique-i 
moyennes  (capacités  du  tronc)  dans  les  normaux,  les  homicides  et  les 
voleurs,  démontre  que  le  tronc  est  plus  développé  chez  les  assassins 
(jue  chez  les  voleurs,  et  plus  grand  dans  ces  deux  classes  (juc  chez  les 
normaux.  Le  tronc  le  plus  volumineux  appartient  à  un  assassin;  le  plus 
petit  il  un  normal.  Enfin  les  troncs  les  plus  grands  se  trouvent  plus  fré- 
quemment chez  les  assassins,  et  les  plus  petits  chez  les  normaux. 

Ln  résumé,  il  nous  semble  que  l'on  peut  conclure  : 

1°  Hue  les  criminels   portugais  possèdent  généralement  une  capacité 
plus  grande  que  celle  des  normaux; 

2°  (jue  les  premiers  sont  également  plus  corpulents  que  les  seconds; 

3°  (Jue  la  corpulence  doit  étie  le  facteur  princi[)al  de  l'élévation  de  la 
capacité  crânienne  cbez  les  criminels; 

4"  Que  l'on  trouve,  aussi  bien  chez  les  homicides  que  chez  les  voleurs, 
des  crAnes  d'une  capacité  égale  ;i  celle  des  normaux  ; 

5°  (Jue  les  limites  de  variation  s'écartent  ^encore  plus  chez  ceux-là  que 
chez  ceux-ci; 

6'^  Qu'il  est  impossible  de  définir  le  type  du  eriminel  d'après  la  capacité 
crânienne. 


300 


()    Jl  II.I.KT    1U05 


Tahleali  a.  —   Mui/i'niies,  ma.rimn,  mi  ni  mu  «>l  umplitude  des  lariations  cra 
nii'iiiif.s  i^nilciitées)  chez   ilrs  iioniKtu.r  l't  des  rrimiiK'l.s  iiurliifinis.  {\Y  Forraz 
»li'  .Miici'ilu.  ) 

Moyennes  Maxiniuui  Minimum      Ahi|ililudede  vjiialiun 

Ntiniiaiix  Ml  J. 
Ildiiiiriilfs  17(IS 
Voleurs  1()34    .... 

TahlkaI'  |{.   —  (^'ipiicilés  rulrulees  de  ht  lèle  et  du  Iroiic  de  ijueUfiies  nurmnux  et 
de  (j/irhjnes  criminels  jioylntjms  '.  (  I)''  Kcnaz  de  .Mac(iilu.  ' 


15)35 

i;!41 

594 

208(J 

1414 

642 

2003 

1342 

751 

Capacité  calculéu  du  Iruuc 
ot  do  la  [iU. 


Têto 


1()32 
1431 
1935, 
1423 
1504 
1(107. 
1550. 
1101. 
1545. 
l(i().S. 
17;'.  l. 

ir>(;(). 

1535. 
1()88. 

i(;5<;. 

17S5. 
14S3. 
1311. 

17:>7. 
1  .'():>. 

15'.)() 
1707, 
187(i 
iS'.Ki, 
1521. 


Tronc  (ij 


10104 
11475 
14351 

14020 

15048 

11553. 

1102!), 

14474 

10327. 

10125. 

l()8lo. 

I  1083. 

13772 

15108. 

IIGOI. 

17254. 

15083. 

l::0!8, 

152')8, 

Mi  181. 

2(i394 

12305. 

I(;'5'> 

17012. 

13010. 


204 

000 
002 
071 
000 
000 
214 
742 
108 
000 
050 
741 
i)C)8 
813 
18(; 
2S5 
250 
130 
f'53 
850 
211 
C35 
v{\{\ 
528 
303 


Troue  (lij 


ll'.)50 

8425 

11278, 

11212 

11748 

1Î455, 

10205, 

11102. 

15258. 

10800. 

11501. 

0011. 

0523 

10321. 

io82(; 

15433. 
13042. 

0292 
132' 4. 
10495. 
15127. 

917). 
11078. 
13670. 
10548. 


372 
9^8 

i!;o 

542 

000 
714 
380 
785 
314 
OOO 
020 
919 
021 
100 
32! 
0('(l 
575 
940 
010 
520 
707 
785 
571 
971 
040 


IIIIMICIUES 


Capacité  calculée  du  tronc 
et  do  la  tète. 


Tèlo 


1595 
1493 
1519 
1444 
1093 
1801 
1080 
1075 
151!) 
1050 
1703 
1748 
2074 
1787 
1!)10 
l  159 
1024 
1730 
108!» 
1701 
1003 
2080 
1!)12 
1S83 
1582 
1091 


Tronc  ^^1) 


17!)38, 
148!)0 
10215 
14908 
14525, 
19620 

23  22719, 

,21 I 10408, 

.55  17507, 

,45  17575. 
12  17020, 

,50ll0o70. 

,71 I 10219. 

,73  20351. 

31 '2 1306. 

10  14050. 

,00 120134. 

,î)0  15932. 

33  10102. 

85110717. 


Tronc  (Uj 


908  1340(>, 
007112003. 


712 
600 
758 
017 
982 
75!) 
142 
845 
312 
714 
509 
785 
075 
118 
i)(il 
812 
800 


17022 
17i»70 
1!)738 
ll»2î)3 
19^93 


25  10602. 


12292 
11099 
11049 
l5o23 
19520 
12221 
13130 
13844 
14027 
1303!) 
13183 
14870, 
17077 
I07i)4 
10024, 
13180, 
12396 
050 113930, 
î)2ij  13522 
250  14143, 
(•.87,15874, 
4:^8 115022 
187,17(108 
075  128-:4. 


250 
042 
550 
642 
509 
285 
!)03 
552 
357 
323 
343 
404 
794 
371 
0()8 
875 
068 
781 
600 
875 
2!)!i 
750 
500 
747 
801 
025 


Cipacilé  calculto  du  tronc 
et  do  la  léto. 


Télo 


1740 
1751 
1722 
1546 
1727 
1590 
1579 
1719 
1577 
14!)!) 
1852 
1707 
1050 
1599 
1590 
1702 
17(54 
1433 
1802 
1515 
164!) 
!343 
1605 
169!) 
1478 


.37 
.07 
.34 

!»7 
.14 
.16 
.92 
.44 
.08 
.!I0 
.50 
.02 

(J7 
.  !)4 
.17 

5!) 
.73 
.25 
.53 
.25 
.61 
.15 
.13 
.78 
.52 


Tronc  (1) 


15545.200 

20!)30.00 

185<^4.86 

17623.23 

15309.82 

17588.71 

1(5783  64 

1<)022.36 

15754.14 

10219.90 

19)73.69 

16854.51 

14!)73.71 

156!j9.94 

17008.97 

10188.86 

13420.11 

17051.55 

15387.43 

14439.19 

16082.38 

1C836.76 

17001.64 

1!)570.70 

14G0G.81 


Tronc  (11) 


12392.37 
10509. G3 
l'i714.76 
13365.00 
10999.75 
13132.27 
12921.50 
11280.10 
12417.97 
12876.53 
15886,04 
13119.80 
10l65.i5 
11578.12 
14087.17 
12812.57 
9787.88 
12101.10 
11877.77 
10799.40 
11843.57 
11!)!)3.31 
14404.17 
15523. 5(i 
11348.34 


1014.67 


15298.(593  11505.138 


708.88 


17(543.586  13990.633 


1(534.48,16751.93 


12665.13 


'  L'-  \)\rn\ii:\  niilicr  h-'iriiiiiitn-  ;t  tU^'  uIjIi'iiu  c;i  pri  liant  Ir  |iroJiiit  di.'s  troio  di  i- 
inèires  :  a)  ilislanco  dus  doii.v  iiciomion.s,  h)  du  .sîerruini  au  rachis,  c)  du  point 
de  jonctioa  des  clavicules  au  pubis;  et  le  second,  en  prenant  le  produit  des  trois  dia- 
mètres :  fl)  du  point  de  jonction  des  clavicule^;  au  pubis,  h)  du  st:riium  au  rachis, 
c)  et  la  plus  grande  distance  transversale  de  cote  à  côte. 


I.     MWmI  VltlKlt.    —  Clt.VNIO  l»K  I.'kIMUjII;  MKUdVlNGlKNNE  MW 


Discussion 

D''  (j.  Pai'Ii.i.mlt.  — .le  suis  heuri'iix  df  (in-senlci-  à  la  Suciél»''  lo  travail 
fort  intoressanl  df  mon  excellent  ami  le  l)""  I)a  (losla-Ferreira.  ('/est  une 
lieureuse  conliiljution  à  la  grande  eni|uèle  bio-sociale  du  crime  qui  se 
fait  de  nos  jours  dans  tous  les  pays  du  niimd<!,  et  constitur  un  des  côtés 
les  plus  intéressants  de  l'Anlluopologie.  Le  crime,  dans  sa  plus  large 
acception,  est  la  violation  d'un  tabou  social  respecté  par  la  grande  ma- 
jorité du  grouj»e  envisagé.  Ceux  (pii  (b'fendiMil  et  lespectenl  ce  tabou,  et 
ceux  (pii  ont  des  tendances  à  le  violer  forment  deux  sous-groupes  dont  les 
caractères  distinctifs,  variables  peut-être  suivant  les  peuples  et  suivant 
la  nature  des  tabous,  ne  seront  jamais  assez  étudiés,  car  leur  connais- 
sance seule  peut  nous  conduire  à  cette  thérapeutique  sociale,  scientifi- 
(luement  aiq»li(iuée,  (jui  est  le  but  ultime,  la  cause  finale,  pourrais-je 
dire,  des  recherclies  anthropologitjues. 

Des  critiques  stériles  ou  des  idées  '/  priori  ne  feront  point  avancer  la 
science  d'un  pas.  Elles  la  font  même  rétrograder  en  décourageant  les 
chercheurs.  J'aime  infiniment  mieux  une  hypothèse  hardie,  une  induc- 
tion aventureuse  et  anticipée,  une  erreur  même  dans  les  rechercLes,  car 
elles  suggèrent  une  réponse  et  des  observations  rectificatives.  C'est  la 
discussion,  la  lutte,  la  vie,  le  progrès. 

Le  travail  de  M  i)a  Gosta-Ferreira  ne  rentre  pas  dans  cette  dernière  ca- 
tégorie. 11  nous  présente  les  mensurations  de  notre  savant  collègue  le 
l>  Ferra/  de  Macedo  dont  la  compétence  est  bien  connue.  On  pourra  sans 
crainte  utiliser  des  matériaux  aussi  solides,  et  nous  ne  pouvons  ipie  re- 
gretter de  n'en  pas  recevoir  plus  souvent  de  ce  consciencieux  observateur. 


CRANES   DE   L'EPOQUE   MEROVINGIENNE 

M.  L.  .MA.\nLviui:ii.  —J'ai  l'honneur  d'olîrir  à  la  Société,  au  nom  de  noire 
collègue  M.  C.  IJouLANGER,  de  Péronne,  cinq  crAnes  recueillis  par  lui  dans 
des  fouilles  récentes  et  qu'il  désigne  comme  il  suit: 

«  Les  numéros  I  et  :2  proviennent  du  cimetière  mérovingien  de  Cléry, 
canton  de  Péronne,  [y\°  siècle). 

Les  numéros  3,  4  et  .5  proviennent  du  cimetière  mérovingien  de  Maure- 
pas,  canton  de  Cambly  (Somme,  arrondissement  de  Péronne).  Les  numé- 
ros 3  et  4  se  trouvaient  dans  la  partie  du  cimetière  que  j'estime  être  du 
vin«  siècle,  et  le  n"  .^i  dans  la  partie  que  je  crois  pouvoir  dater  approxima- 
tivement du  xi"  ou  xn®  siècle  ». 

.M.  Boulanger  devant  publier  à  ce  sujet  une  notice  dans  le  Bulletin 
ankéolo.jiqiie  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  m'a  prié  d'examiner  ces 
crânes. 


:U)2  r.  ji  iii.KT  i!io:; 

Il  m'a  paru  inutile  de  les  mesurer,  parce  que  ce  sont  des  crAnes  isolés 
in'a|»al>Io.s,  pour  et;  nidlif,  do  fournir  des  renseignements  utilisables  pour 
l 'Klluiolugie. 

Lorsqu'il  s'af,it  des  époques  préhistoriques  il  n'en  est  pas  de  même. 
La  rareté  des  crAnes,  jointe  à  leur  antiquité,  nous  oblige  à  tirer  parti  de 
tout  document,  et  il  y  a  un  intérêt  scientifique  très  grand  à  étudier  minu- 
tieusement même  un  spécimen  unique. 

Les  restes  squelettiques  du  vu»  au  xii"  siècle  sont  à  étudier  dans  les 
conditions  exigibles  pour  l'époque  moderne,  dans  la  mesure  où  les  besoins 
d'une  statistique  valable  peuvent  être  satisfaits,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse 
de  cas  spéciaux  d'un  intérêt  particulier. 

Parmi  ces  crânes  en  question,  trois  sont  féminins  (n°s  1,  2  et  3),  deux 
masculins. 

L'âge  de  chacun  n'importe  pas  davantage  à  l'Ethnologie. 

Il  n'y  a  point  parmi  eux,  de  type  ethnique  bien  caractérisé.  Leur  indice 
céphalique  se  rapproche  plus  ou  moins  de  la  dolichocéphalie. 

Mais  un  de  ces  crânes  se  trouve  être  remarquable  individuellement. 
Son  prognathisme  très  fort,  la  forme  en  (j  de  ses  mâchoires  et  sa  forme 
générale  lui  donnent  un  aspect  australoïde  que  corrigent  seulement  les 
caractères  de  la  région  nasale. 

Ouand  bien  même  cette  exception  n'existerait  pas,  je  n'attribuerais  pas 
à  ce  crâne  une  origine  ethnique  extraordinaire  ou  même  seulement  parti- 
culière. Il  se  peut  qu'il  appartienne  au  même  mélange  ethnique  que  les 
autres  crAnes  recueillis  en  même  temps  que  lui,  mélange  qui  comporte  des 
proportions  infiniment  diverses,  régionales  et  familiales. 

.Mais  la  forme  probablement  très  exceptionnelle  qu'il  présente  est  sans 
doute  elle  même  résultante  de  conditions  ethniques  familiales  et 
indiv^iduellcs  qui  ont  donné  lieu  à  la  réalisation  d'un  ensemble  morpholo- 
gique rappelant  un  état  commun  chez  les  ancêtres  quaternaires. 

L'ensemble  réalisé  dans  ce  cas  particulier  rappelle  assez  bien  la  forme 
des  crânes  du  Néanderthal  etdeSpy  en  ce  qui  concerne  la  voûte  crânienne, 
mais  les  rebords  orbilaires  supérieurs  s'éloignent  de  cette  forme,  et 
comme  en  même  temps  la  face,  qui  est  entière,  présente  un  progna- 
thisme total  très  considérable,  il  s'ensuit  un  aspect  général  rappelant 
non  sans  atténuation,  le  type  australien,  La  robustesse  squelettique  du 
sujet  a  certainement  contribué  h  engendrer  cet  aspect  grossier. 

Si  l'on  rapproche  de  ce  cas  ceux  dans  lesquels  on  a  observé  des  res- 
semblantes plus  ou  moins  réussies  avec  d'autres  types  exotiques  (aspect 
négroïde,  mongoloïde),  on  trouve  dans  ces  réalisations  morphologiques 
parfois  assez  complètes  un  argument  en  faveur  de  l'hypothèse  monogé- 
niste. 


CMMIW    Kl    l'AI'll  I   \ll.l  .    —   l.'iKK.M  llliIvriiiN  IH     CUiWIlK    l>K   l'Ail,  JnN|.>        :{().'{ 

810"  SEANCE.  —  Jll  Jiiilld  \m 
l'i<K>i  DK  m:e    !»[•:     .M.     S  lui  i.i,<»  r. 

M.    KuritltlUlINIKH   ntlV.'   ili-    l.l     |iMll     <\r     l.l     Sdriilc     di's     Idililirs     ;il-cht'()l(l^'i(|lieS 

tout  (.-e  i|iii  a  Irait  à  raiilliin|.M|ni,'ii'  daiissuii  i'\|MisiliMii.  Le  l'rési'l<'ii(  riMiicrcie 
au  miiii  (If  la  Sofii'lt'-. 


L'IDENTIFICATION    DU    CADAVRE    DE     PAUL    JONES    ET    SON     AUTOPSIE     113    ANS 

APRÈS  SA   MORT 


V\[{   MM.   L.  Cai'itan  et   Pai'ILLault. 

On  sait  que  tout  récemment  le  (iouvernement  américain  a  envoyé  une 
escadre  chercher  à  l'aris  en  grande  pompe  le  cadavre  de  l*aul  Jones, 
M  le  père  de  l;i  in.irine  américaine  »  pour  l'emmener  solennellement  en 
Amérique  et  lui  donner  une  sépulture  nationale. 

Deux  mots  d'historique  d'ahord  sur  cet  inqiortant  personnage. 

Né  en  1747  à  Arhigland  (Ecosse),  Paul  Jones  ayant  pris  du  service  dans 
la  marine  américaine,  reçut  du  Congrès  le  commaiidemenl  d'une  Hotte 
envoyée  contre  l'Angleterre,  En  177i),  il  s'ein[)ara  d'un  navire  anglais 
d'une  force  douhle  du  sien.  Louis  X\  I  lui  uUVil  une  épée  d'honneur  à  poi- 
gnée d'or.  Après  la  paix,  il  entra  au  service  (h;  la  Russie,  fut  nommé 
contre-amiral  pu-  (lalherine  II  et  partit  avec  l'olemkin  pour  la  mer  Noire. 
Mais  il  se  hrouilla  avec  lui  et  tut  ohligé  de  (h'iuissioiiner.  Il  séjourna 
quelipie  temps  (mi  Hollande,  puis  en  Suède  et  vint  à  Paris  où  il  eut  les 
honneurs  d'une  si'ance  de  la  Convention.  Mais  il  ne  put  répomJre  aux 
discours  de  félicitation  étant  déjà  atteint  d'une  alfection  pulmonaire 
assez  grave.  Il  succomha,  en  ellV't,  (]uel([ue  temps  après  à  des  accidents 
pathologiques  sur  lesquels  nous  reviendions  plus  loin.  Il  mourut  à  Paris 
en  17'J2,  et  fut  enterré  le  20  juillet  (d'après  l'acte  d'inhumation  découvert 
par  M.  Charles  llead  avant  les  incendies  de  1871)  dans  le  cimetière  des 
protestants  étrangers,  rue  (irange-aux-Belles.  Le  colonel  Hlakden,  le  der- 
nier ami  de  Paul  Joncs,  écrivit  à  ce  moment  à  la  sœur  de  l'amiral,  miss 
Taylor  à  Dumfries,  une  lettre  que  l'on  possède.  Ii  lui  disait  qu'il  avait 
placé  le  cadavre  dans  un  cercueil  de  plomb  en  prenant  toutes  h  s  précau- 
tions nécessaires  en  vue  d'un  transport  ultérieur,  lorsque  sa  patrie  ferait 
revenir  les  restes  de  son  illustre  enfant. 

Depuis  plusieurs  années,  le  général  Porter,  ambassadeur  des  Ltats- 
l'nis  et  le  cûlon^l  liailly  Blanchard,  secrétaire  de  la  même  ambassade, 
recherchaient  activement  la  sépulture  de  Paul  Jones. 

Comme  on  ignorait  absolument  en  quelle  partie  du  cimetière  des  pro- 


'MM  -20  ji  ii.i.KT  1905 

lestants  (étrangers  Paul  Jones  avait  été  enterré,  il  fallait  le  fouiller  systé- 
ni;tti(|ueinent,  et  comme  son  emplacement  bien  établi  par  le  plan  de  Ver- 
ni(|iii'l  est  acluelleiiienl  recouvert  de  maisons,  il  fallait  procéder  au  moyen 
de  galeries  souterraines  combinées  de  fii-iii)  à  pouvdir  sonder  complète- 
ment tout  le  teirain. 

I/amiral  Porter  obtint  alors  du  piéfd  de  la  Seine  (|ue  le  p<;rsonnel  du 
service  des  carrières  du  département  (!e  la  Seine  serait  mis  à  sa  disposi- 
tion, sous  la  diiection  biérarchiqu-j  de  M.  Wickersheimer,  chef  du  service 
des  carrières  du  département  de  la  Seine  et  sous  la  direction  effective  de 
.M.  Wejss,  inspecteur  dudit  service.  IM.  Weiss  lit  exécuter  à  5  mètres  de 
profondeur  plus  de  850  mètres  de  galeries  de  mine  mesurant  2  mètres 
environ  de  hauteur  sur  autant  de  largeur. 

A  5  mètres  environ  de  profondeur,  sous  une  maison,  on  rencontra  deux 
cercueils  placés  l'un  sur  l'autre  et  déformés  par  la  pression  des  terres. 
Celui  de  dessus  renfermait  un  squelette  en  mauvais  état.  Celui  de  dessous 
avait  été  primitivement  placé  dans  un  cercueil  en  bois  dont  on  reirouvait 
les  débris  vers  les  pieds.  Il  ne  portait  aucune  indication  contrairement 
auî  précédents.  11  est  probable  que  les  fossoyeurs  au  moment  où  ils  enter- 
rèrent le  cercueil  de  dessus  avaient  enlevé  et  déiobé  la  plaque  qui  devait 
exister  sur  le  cercueil  inférieur.  A  la  partie  supérieure  de  celui-ci,  à  peu 
pi'ès  au  niveau  de  la  tète,  on  constatait  l'existence  d'un  petit  orifice  qui 
avait  été  bouché  ultérieurement  par  un  morceau  de  plomb  soudé. 

En  écartant  le  plomb  un  peu  fendu  du  cercueil  au  niveau  de  la  tête, 
après  avoir  enlevé  la  paille  et  le  feuillage  bourrant  le  cercueil,  on 
aperçut  une  tète  parfaitement  conservée,  avec  ses  cheveux,  et  semblant 
momifiée. 

Le  9  avril,  à  l'Ecole  pratique  de  la  Faculté  où  avait  été  transporté 
le  cercueil,  on  procéda  à  son  ouvertuie  en  présence  de  M.  Bailly  Blan- 
chard, des  représentants  de  l'ambassade,  de  M.  Weiss  et  de  nous  deux. 
Le  cadavre  apparut  alors  complètement  entouré  de  paille  bourrant  absolu- 
ment le  cercueil.  Celte  paille  noire  brunâtre  était  imbibée  du  même  liquide 
que  celui  qui  baignait  le  cadavre.  Ce  cadavre  se  présenta  à  nous  admi- 
rablement conservé  avec  ses  longs  cheveux,  ses  poils,  ayant  l'aspect  d'une 
momie  brun  noirâtre  mais  avec  tissus  encore  assez  mous  et  par  consé- 
quent loin  d'être  aussi  rétractés  que  ceux  d'une  momie  desséchée.  L'as- 
pect et  l'odeur  étaient  ceux  d'une  vieille  macération  anatomique  dans 
l'alcool. 

liC  cadavre  «Hait  coiffé  d'un  bonnet  de  toile  à  fond  circulaire  rapporté, 
vêtu  d'une  chemise  et  entouré  d'un  linceul.  Un  examen  attentif  permit  à 
madinnc  Weiss  de  découvrir  sur  le  devant  de  la  chemise  une  marque 
formée  d'un  .J  et  dun  1*  associés  en  un  seul  chifïre  pouvant  se  lire  dans 
les  lieux  sens. 

11  fallait  alois  lentei-  riderilili-alion  du  cadavre.  Celle  idcnlificalion 
basée  sur  les  caractères  pbysujues  a  iililisé  deux  sources  de  documents  : 
quelques  détails  historiques  sur  lliabitus  extérieur  de  l'amiral  et  deux 


i:aI'1TAN  KT  l'Al'Il.LAlI.T.   —    l.'lliKNririi:\TlnN  Dl    CADAVUK.  I)K   l'Ali.  JoNI>        'M\"> 

bustes  du  personnage  ;iUril)ués  ;i  lloutlun.  Nous  allons  les  exainiiicr  suc- 
cessivement. 

I.  _  Documents  historirjurs.  —  Ils  sont  malheureusement  très  succincts. 
On  sait  que  Jones  est  mort  à  (juarante  cimj  ans,  que  ses  cheveux  étaient 
bruns,  et  que  sa  taille  était  île  1  m.  70. 

L'examen  du  sujet  a  été  en  accord  avec  ces  données:  ses  cheveux  bruns, 
letat  des  dents,  la  présence  de  quelques  cheveux  blancs  montrent  que 
l'âge  de  la  maturité  est  atteint.  Quant  à  la  taille,  dont  l'importance,  comme 
moyen  d'idenlilication,  n'a  pas  besoin  d'être  soulignée,  nous  avons  trouvé 
1  m.  71  c'esl-à-dire  un  cmtimètre  en  plus;  mais  il  devait  en  être  ainsi.  En 
effet,  sans  (jue  la  relation  historique  soit  explicite  surce  point,  il  esta  peu 
près  certain  que  la  taille  de  l'amiral  avait  été  prise  debout,  or  la  position 
couchée,  redressant  les  courbures  du  rachis,  et  accentuant  la  voussure  du 
pied,  accroît  toujours  d'un  centimètre  au  moins  la  longueur  totale  du  corps. 

En  résumé  les  données  écrites  et  nos  observations  se  corres[)ondent 
donc  d'une  façon  très  satisfaisante. 

H.  —  Busle  de  Houdon.  —  L'un  appartient  au  marquis  de  Biron,  l'autre 
au  Musée  de  Philadelphie,  l'n  moulage  de  ce  dernier  existe  au  Musée  du 
Trocadéro.  Nous  n'avons  pas  utilisé  le  buste  du  marquis  de  Hiron,  car  il 
montre  une  certaine  négligence  dans  le  modelé  ;  de  plus  il  est  plus  petit 
que  de  nature.  Celui  de  Philadelphie  est,  au  contraire,  un  chef-d'œuvre  de 
vérité  et  de  vie.  Les  comparaisons  que  nous  avons  pu  faire  avec  lui  sont  de 
deux  sortes.  Les  unes  ont  trait  aux  caractères  morphologiques  dont  l'aspect 
dépend  faiblement  des  parties  molles,  les  autres  reposent  sur  des  mensu- 
rations : 

1°  Caractères  morphologiques.  —  Implantation  des  cheveux,  forme  du 
front,  saillie  des  arcades  sourcilières,  os  malaires,  racine  du  nez,  progna- 
thisme générale  de  la  face  et  prognathisme  particulier  de  la  mandibule, 
forme  du  menton,  disposition  très  particulière  des  cartilages  de  l'oroillle, 
toutes  ces  régions,  comparées  avec  le  plus  grand  soin,  ont  montré  une 
ressemblance  frappante. 

2°  Mensuration.  —  Nous  avons  pu  releversix  mesures  comijarables  surle 
busle  et  le  cadavre  momifié,  ce  sont  les  suivantes: 

Busle  Ho 
Philadelphie.  Caiiavre 

llaul.Mir  .lu  visage  (racine  de  ehevcux  a   iiient..ir).  .  .  .  l'.>.'"'5  19,'-'"5 

Hauteur  de  racine  des  cheveux  à  point  sous-nasal. . .  12.  ~  12.  fl 

Hauteur  .lu  point  sous  nasal  à  menton '•  ^  '■  ^ 

Hauteur  .le   la  lèvre  supérieure  (du  point  sous   nnsal 

an  boni  des  incisives  supérieures) 2.  4  2.  5 

Hauteur  de  la  l.'vre  inférieure  et  .lu  menton 4.  6  4.  fi 

Largeur  minirii.i  .lu  front    l''- 

L'identité  des  résultats  est  tout  à  fait  extraordinaire;  ils  sont  sunisants 


:m\  -jo  jrii.i.KT  1905 

pour  iilcntilior  le  suict,  r,\r  los  vnriations  de  la  faco  chez  l'homme  sont 
t''nurMio>  :  \)onv  uiicliHe  (run  voliimo  donné  chacune  des  parties  du  visage 
peut  varier  d'au  moins  un  tiers.  .Nous  ne  ferons  pas  un  calcul  des  proha- 
iités,  convaincu  que  ses  aj'plicalions  à  la  hiologiesont  parfaitement  vaines. 
Nous  citei'onsle  fait  suivant  (jui  prouvera  mieux  la  valeur  démonstrative 
de  nos  observations  :  sur  100  cadavres  adultes  masculins  pris  au  hasard 
nous  avons  trouvé  à  peine  une  di/aine  de  sujets  dont  la  taille  équivalaità 
celle  de  V.  Jones,  à  :2  centimètres  près.  3  seulement  avaient  les  cheveux 
de  couleur  brune.  Sur  ces  trois,  aucune  dimension  de  la  face  ne  coïncidait. 
On  peut  voir  quelle  quantité  de  sujets  se  trouve  éliminée  par  les  six  dimen- 
sions concordantes  de  la  face  et  par  les  caractères  morphologiques  passés 
en  revue. 

Incidemment  nous  appellerons  l'attention  sur  la  méthode  de  travail  de 
Houdon,  qui  dépasse  en  précision  celle  de  tous  les  statuaires  anciens  et 
modernes  qu«^  l'un  de  nous  (Papillault)  a  observés. 

Enlin  la  cliniipie  et  ranalomi(3  pathologique  nous  ont  fourni  une  troi- 
sième source  de  documenlsd'idenlilication.  Un  sait  que  Jones  avait  présenté, 
à  diverses  reprises,  des  accidents  pulmonaires  assez  graves,  particuliè- 
rement vers  la  fin  de  sa  vie  et  surtout  localisés  dans  le  poumon  gauche. 
C'est  ainsi,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  que  lors  de  sa  réception  à  la 
séance  de  la  Convention,  il  ne  put  répondre  aux  discours  qui  lui  étaient 
adressés  à  cause  des  troubles  pulmonaires  dont  il  souffrait.  Les  rensei- 
gnements de  l'époque  nous  apprennent  également  que  vers  la  fin  de  sa 
vie  il  eut  de  l'hydropisie  du  poumon  gauche. 

D'autre  part,  quelque  temps  avant  sa  mort,  il  avait  eu  de  l'œdème  des 
membres  inférieurs  ayant  débuté  par  les  pieds  et  étant  remonté  ensuite 
jusqu'à  l'abdomen.  Ceci  indiquait  bien  l'existence  d'une  alïection  rénale 
grave. 

Or  l'autopsie  du  cadavre  nous  a  montré  des  viscères  encore  imprégnés 
d'Un  liquide  alcoolique,  rétractés,  brunâtres,  ayant  l'aspect  des  vieilles 
pièces  anatomiques  conservées  pendant  fort  longtemps  dans  l'alcool. 

Nous  avons  constaté  d'abord  quelques  adhérences  à  la  surface  des 
poumons,  surtout  du  gauche.  Sur  une  coupe  on  pouvait  voir  dans  l'in- 
térieur des  deux  poumons  et  surtout  dans  le  gauche  quelques  petites 
masses  indurées  ayant  bien  l'aspect  de  noyaux  de  broncho-pneumonie.  A 
l'intérieur  et  à  l'extérieur  des  deux  poumons,  il  existait,  en  assez  grand 
nombre,  des  amas  blanchâtres  assez  durs  du  volume  d'un  grain  de  mil  à  un 
grain  de  blé  et  que  nous  avions  un  moment  considérés  comme  pouvant  être 
des  tubercules.  Mais  leur  existence  également  sur  les  membres  inférieurs 
nous  fit  éliminer  prescjue  aussitôt  cette  idée.  On  verra  d'ailleurs  plus  loin 
leur  véritable  nature. 

Quant  aux  reins,  tout  en  faisant  la  part  de  la  rétraction  due  à  la  macé- 
ration dans  l'alcool,  ils  nous  parurent  plutôt  petits  et  nous  donnèrent  l'im- 
pression que  l'un  de  nous  (Capitan)  exprima  immédiatement  qu'il  pourrait 
bien  s'agir  de  reins  atteints  de  néphrite  interstitielle. 

Il  s'agissait  alors  de  tenter  l'examen  histolûgique  de  ces  divers  viscères. 


ni>(:i  ssiitN  ;UiT 

Le  professeur  Cornil,  avec  son  extrême  et  coutumière  complaisance,  vou- 
lut bien  se  charger  de  cotipiM',  colorer  et  oxaminor  ces  divers  viscères.  Il 
en  lit  de  reniar(|uaijlos  pr/'parations  qui  furent  admirahleinenl  phologra- 
phiées  par  nuire  ami  Muniiillard,  (jui  avait  éyalcmeiil  [)liologrititliii''  le 
cadavre. 

.\  notre  élonncinenl  à  tous  et  au  sien,  le  professeur  (lornil  nous  lit  cons- 
tater que  ces  coupes  étaient  presque  identiques  à  celles  de  viscères  pro- 
venant de  l'autopsie  d'un  sujet  actuel.  Sur  les  coupes  du  poumon,  on  voit 
de  petits  noyaux  fortement  colorés  et  entourés  d'une  zone  scléreuse  ayant 
tout  à  fait  l'aspect  des  petits  foyers  de  hroncho-pneumonie  chronique.  Le 
professeur  (lornil  a  cherché  soigneusement  s'il  n'existait  pas  de  cellules 
géantes;  il  a  recherché  également  les  bacilles  de  Koch.  Cette  double  re- 
cherche a  éti-  infructueuse.  Il  ne  s'agit  donc  pas  de  lésions  tuberculeuses. 

Les  coupes  des  reins  ont  montré  un  grand  nombre  de  petites  masses 
arrondies  entourées  d'une  zonede  sclérose,  correspondant  à  des  glomérules 
dégénérés.  Quelques  vaisseaux  ont  également  leurs  parois  épaissies.  Il  y 
a  donc  là  l'indication  d'une  néphrite  interstitielle  avancée.  Le  foie  est 
sain,  les  coupes  en  sont  fort  jolies. 

Les  lésions  histologiques  cadrent  donc  parfaitement,  on  le  voit,  avec 
les  signes  clinicjues  présentés  vers  la  fin  de  sa  vie  par  Jones.  Ces  multiples 
constatations  tant  anthropologiques  qu'anatomiques  nous  ont  donc  permis 
de  conclure  à  l'identillcation  du  cadavre  que  nous  avons  examiné  à  celui 
de  l'amiral  Paul  .Jones,  (^est,  croyons-nous,  la  première  fois  que  l'identi- 
fication d'un  cadavre  est  réalisée  au  moyen  de  ces  diverses  méthodes, 
113  ans  après  la  mort  du  sujet. 

Discussion. 

M.  M.v.NOUVRiER.  —  L'idendité  du  cadavre  de  Paul  Jones  me  paraît  être 
incontestable,  comme  je  l'ai  déjà  dit  à  toutes  les  personnes  qui  m'ont 
posé  des  questions  A  ce  sujet. 

Indépendamment  des  concordances  que  M.  Capilan  vient  de  nous 
exposer  et  qui  seraient  suffisantes,  il  y  a  une  ressemblance  entre  l'aspect 
des  traits  du  visage  qui  échappent  aux  mensurations  et  l'aspect  des  mêmes 
traits  sur  les  portraits  qui  ne  laisse  aucun  doute  h  l'anatomiste. 

Cette  ressemblance  est  peut-être  plus  frappante  si  l'on  considère  le 
buste  de  llomlon  de  trois-quarts  ou  le  médaillon,  si  bien  que  lorsijue  je 
vis  une  grossière  reproduction  de  celui-ci  dans  un  journal  je  pensai  (|u'il 
s'agissait  d'un  portrait  reconstitué  d'après  le  cadavre  que  j'avais  vu 
quelques  semaines  avant.  Cela  tient  à  ce  que  la  vue  de  côté  met  plus  en 
valeur  certains  caractères  squelettiques  importants  dans  la  physionomie. 

Au  contraire,  la  comparaison  des  photographies  est  très  peu  convain- 
cante à  elle  seule,  si  bien  qu'elle  disposerait  plutôt  au  doute  les  specta- 
teurs insuffisamment  informés.  Le  visage  du  cadavre  et  celui  du  buste 
ont  paru  tout  a  l'heure  à  plusieurs  de  nos  collègues  être  de  types  plutôt 
opposés.  Ceci  tient  d'abord  h  ce  que  le  nez  paraît  être  mince  et  aquilin 


•M\S  -JO  Ji'il.l.KT    l'JU.'i 

sur  It'  cadavre  en  raison  df  la  rtHraclion  des  cartilages,  tandis  qu'il  est 
droit  et  lai'ge  sur  le  buste,  ensuite  à  ce  (|uc  l'ensemble  du  visage  paraît 
relativement  large  sur  le  busle.  Il  n'est  pas  impossible,  du  reste,  (jue  le 
sculpteur  ail  élargi  un  peu  le  visage,  volontairement  ou  non. 

Je  me  demande  si  la  mesure  de  la  largeur  bizygomati(jue  a  donné  des 
chiiïres  aussi  concordants  que  celle  des  dimentions  longitudinales. 

Pour  mon  édification  personnelle  et  pour  la  sécurité  de  l'identification, 
cela  importe  peu. 

.\ux  concordances  des  mesures,  combien  d'autres  s'ajoutent  (jui  sont 
tout  aussi  probantes  .«-ans  pouvoir  être  exprimées  par  des  chiiïres;  par 
exemple  la  forme  des  soarcils.  la  forme  non  moins  complexe  du  menton, 
la  courbure  longiludinale  du  front,  sa  courbure  transversale,  etc. 

Mais  si  notre  conviction  est  faite  ainsi  que  celle  du  public  scientifique, 
et  si  celte  conviction  doit  entraîner  celle  du  grand  public,  ce  n'est  pas  une 
raison,  à  mes  yeux,  pour  négliger  la  satisfaction  intime  que  i)eut  ressen- 
tir chaque  citoyen  américain  en  acquérant  par  le  témoignage  de  ses 
propres  yeux  une  conviction  égale  à  la  notre;  surtout  si  cette  conviction 
risque  de  se  trouver  affaiblie  par  une  impression  défavorable  à  la  vue 
des  photographies  et  si  des  doutes  lui  sont  suggérés  par  quelque  écrivain 
les  ayant  conçus  pour  son  propre  compte.  Le  sentiment  populaire  est 
extrêmement  vif  aux  Etats-Fuis  à  l'égard  de  Paul  Jones  comme  à  l'égard 
de  tous  les  grands  hommes  américains. 

Or  les  doutes  se  sont  déjà  produits  et  sous  une  forme  des  plus  violentes. 
Une  dame  américaine  m'a  communiqué  il  y  a  deux  jours  un  article  d'un 
journal  de  New-York  oli  l'ambassadeur  des  Etats-Unis  à  Paris  est  formel- 
lement accusé  d'avoir  sciemment  fabriqué  un  faux  Paul  Jones  avec  les 
restes  de  qne\que  convict  français  cl  des  témoignages  de  complaisance.  La 
violence  de  l'article  et  l'inanité  de  ses  assertions  indiquent  trop  l'intention 
de  nuire  a  l'ambassadeur  pour  que  celui-ci  ait  besoin  de  répondre.  C'est 
une  simple  curiosité;  peut-être  môme  un  simple  «pétard  »  de  réclame.  Mais 
si  le  journaliste  eût  pu  exploiter  la  dissemblance  superficielle  dont  je 
viens  de  parler,  il  est  plus  que  probable  que  son  attaque  eiU  produit  sur 
beaucoup  de  lecteurs  un  effet  regrettable. 

Pour  prévenir  des  effets  possibles  de  ce  genre  et  pour  éviter  aux  excel- 
lents .Américains  des  doutes  pénibles,  il  y  aurait  peut-être  un  moj'en.  Ce 
serait  :  1"  de  mouler  la  tête  du  cadavre  en  entier  après  avoir  disposé  la 
chevelure  comme  elle  l'esl  sur  les  portraits  de  marbre  ou  de  bronze  ;  2"  de 
confier  a  un  anatomiste  expérimenté  tel  que  M.  le  D""  A.  Spitzka,  par 
exemple,  assisté  d'un  sculpteur  habile,  le  soin  d'effacer  autant  que  possi- 
ble, sur  ce  moulage,  les  altérations  cadavériques,  mais  en  respectant  avec 
le  plus  grand  soin  tous  les  traits  fournis  par  le  squelette. 

La  restauration  de  la  forme  des  parties  molles  serait  faite  sons  cette 
expresse  condition,  d'après  le  busle  et  la  médaille  anciens  et  la  critique  de 
l'anatomiste. 

De  cette  façon  pourrait  être  obtenu  un  document  exposable  dans  les 


Mvltlt;  Kl  M.    l'KI.I.KTlKll.     —   illl  \Mi;i:  inMlK  Kl   UKilKNK»  ATlitN  OSSKUSE  [Wj 

musées  cuiimi''iii(iialirs,  iidinltit.'ux.  aux  l>l;tls-l  iiis,  à  cùlé  des  représen- 
tations amieiHii's  d'ajiiés  natiiic 

Kxécuti'  dans  les  conditions  <|n(' je  vii-ns  de  dire,  un  l)uste  en  plAtie.  en 
niailiie  "iii  l'ii  lnonze.  nionlrerail  à  tons  les  yenx,  en  nn'nie  [t'm[ts  que  les 
resseniltlani'es  exprimâmes  en  eliillVes.  des  réalités  que  les  altistes  auteurs 
des  poitrails  oriitinaux  ont  pu  saisir  et  rendre,  mais  (|ue  leur  coni[ilt'xit('' 
rend  inaccessibles  à  l'antliropoimHrie  et  inex|)rimal>les  même  par  des 
.■ntaines  de  chilTres. 

Pour  plus  de  sécurité  encore,  l'exécution  du  j)rojet  ci-dessus  pourrait 
être  conliée  à  deux  anatomistes  et  à  deux  artistes  qui  travailleraient  simul- 
tanément, mais  séparément,  sur  le  moulage  cadavéri(|ue  tiré  à  plusieurs 
exemplaires.  Mais  ce  serait,  je  crois,  superflu,  étant  donné  que  le  degré 
de  certitude  actuellement  acquis  sullit  largement  aux  personnes  coiufié- 
tentes  et  qu'il  s'agirait  seulement  de  donner  une  garantie  plus  tangible  et 
une  satisfaction  de  plus  à  la  noble  sentimentalité  patriotique  du  peuple 
iméricain. 


CRANIECTOMIE   ET   REGENERATION  OSSEUSE 

Par  le  1)''  Maiue,  Médecin  en  chef  des  Asiles 
ET  LE  [)'   .Madelelne  I'elletier,    Interne  des  Asiles. 

La  calotte  crânienne  que  j'avais  l'honneur  de  vous  présenter  est  celle 
d'un  de  nos  anciens  malades  décédé  dans  le  service  et  dont  l'observation 
(i  été  publiée  en  / 903  par  MM.  .\.  .Marie  et  Buvat  dans  un  travail  intitulé 
•  Epilepsie  et  Trépanation.   » 

Sch...  (Jacques).  di\-liuil  ans,  de  nationalité  autrichienne,  entre  à 
Vdlejuif  en  février  i900,  venant  de  Bicèlre  où  il  était  depuis  1894.  C'est 
un  idiot  :  il  porte  sur  le  cr;\ne  les  cicatrices  d'une  cràniectomie  dans  la 
région  fronto-pariélale  gauche,  il  a  une  cicatrice  antéro-postérieure  de 
13  cent.;  aux  deux  extrémités  de  la  cicatrice,  on  voit  deux  autres  lignes 
d'incision  perpendiculaires  ;i  la  première,  d'une  longueur  de  -4  centimètres. 

Nous  ne  savons  rien  sur  les  antécédents  personnels  et  héréditaires  du 
malade  qui  n'est  pas  visité.  C'est  un  microcéphale,  les  diamètres  crâniens 
sont  les  suivants:  .\.  P.  172,  142;  angle  facial  04;  circonférence 
crânienne  0,oi. 

La  trépanation  n'a  eu  aucun  efTet  et  sur  l'état  mental  et  sur  les  crises 
convulsives. 

Autopsie.  —  Faite  25  heures  après  la  mort. 

.\specl  extérieur  :  léger  œdème  périma Iléolaire.  Aspect  un  peu  bron/.é 
de  la  peau,  mais  la  teinte  est  très  légère,  elle  se  retrouve  au  visage. 

Crâne  :   épaisseur  normale,   sauf  ;i   l'endroit  de  l'opéiiation,   sur  une 

soc.  b'ANTUHÛP.   "IQOo.  "In 


370 


■20  ji  lU.KT  VM\ 


liaridr  lU'  liiiit  Ji  dix  ceiitimi'lics  de  llln^l^l'lll^   .m  iiivcaii  de    lu  scissure 
lenipoio-parit'tiilt'. 

Ouelijut^s  adlicTences  de  la  duic-inèie  au  cràin' ;  la  pie-mùre  n'adhère 
pas  à  la  substance  cérébrale,  mais  est  très  mince  et  ditlicile  à  détacher 
par  ce  fait  même.  Il  y  a  quelques  adhérences  aux  lobes  occipitaux. 

Rien  à  signaler  au  cerveau,  si  ce  n'est  le  peu  de  développement  des 
circonvolutions  frontales,  qui  sont  très  peu  larges  ;  les  sillons  nombreux 
et  très  profonds,  les  plis  de  passage  effacés. 

Rien  aux  coupes  de  Pitres. 

Cervelet  et  bulbe  normaux. 

Poids  :  hémisphère  droit  (sans  les  méninges,  490  grammes); 
—  —  gauche  (sans  les  méninges,  480  grammes);' 

(Cervelet  et  isthme  :  160  grammes). 

L'intérêt  de  la  calotte  crânienne  au  point  de  vue  anthropologique 
consiste  en  ce  que  la  régénération  osseuse  a  été  à  peu  près  complète, 
malgré  l'étendue  considérable  de  l'exérèse. 


'r    t 


__J 


D'après  la  plupart  des  anatomistes,  les  os  de  la  voûte  crânienne 
présentent  en  effet  relativement  aux  autres  la  particularité  de  ne  pouvoir 
se  régénérer  au  moyen  du  périoste.  Il  suffit,  dit  Tillaux,  de  jeter  un  coup 
d'oeil  sur  les  nombreux  crânes  trépanés  que  contient  le  Musée  Dupuytren 
pour  constater  que  les  rondelles  d'os  enlevées  depuis  nombre  d'années 
n'ont  été  nullement  remplacées  par  un  os  nouveau;  l'orifice  ne  se 
rétrécit  que  par  une  sorte  de  rapprochement  des  bords.  La  non  régéné- 
ration des  os  de  la  voûte  crânienne  a  été  rapprochée  par  les  auteurs  du 
fait  que  le  décollement  du  périoste  externe  n'entraîne  pas  la  nécrose  de 
l'os  sous-jacent,  et  ils  en  ont  conclu  à  une  certaine  indépendance  entre 
Tos  et  le  périoste  de  la  voûte  du  crâne,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu 
pour  les  os  de  cartilage 


MaHII;  Kl    M.   l'KI.I.KlIKIt.   —  r.llANlKi' luMlK  Kï   UKCKNKU  A  lIoN    (ISSEISE  'M  \ 

(lertcs  los  faits  allcsltîs  |)ar  li's  aiialomisli's  t'I,  l.-s  cliinirgii'iis  suiil 
iiiconleslaLdes  et  iioinlue  flo  In'panalioiis  ancionnt's  ne  piésHiiU-ril  [)as  la 
iiioiinliv  trace  (If  i('g(''iiér atimi  ;  oei)eiiilaiit  le  fait  (jiie  iit)iis  apporluns  ici 
n'en  i-st  pas  moins  patent,  et  il  e>t  en  oppnsilion  manifeste  avec  les  faits 
signalés  pnisipie,  comme  vous  le  voyez,  la  rét,'(''uération  est  à  peu  près 
complète.  Des  cas  iilentiipies  ont  été  également  signalés  cliez  des  idiot^ 
cianiectomiés,  |)ai-  M    li>  i)""  Bourncville. 

A  notre  avis  lu  solution  est  en  ce  que  les  trépanations  attciennes  por- 
taient sur  des  individus  trop  avancés  en  Age  pour  faire  de  l'ostéogénèse 
ou  hien  (pie  les  chirurgiens  avaient  eidevé  le  périoste  avec  la  rondelle 
osseuse  ou  bien  encore  avaient  eu  (juelques  accidents  sceptiques,  d'où 
naturellement  l'absence  de  régénération;  l'un  et  l'autre  cas  sont  possibles 
et  peuvent  même  être  combinés,  tandis  qu'ici  nous  devons  avoir  all'aireà 
une  craniectomie  sous-périostée  et  aseptique,  ce  qui  fait  que  l'os  s'est 
régénéré  tout  comme  il  se  régénère  après  les  résections  sous  périostées 
des  os  de  cartilage,  d'autant  plus  (pi'il  s'agisssait  d'un  enfant  à  l'époipje 
de  l'opération. 

Ainsi  lorsque  l'on  prend  la  précaution  de  laisser  leur  périoste  et  que 
ITlge  et  l'absence  de  suppurations  en  assurent  l'action  osléogène,  les  os  de 
la  voùle  du  crAne  se  régénéreraient  tout  aussi  bien  que  les  autres.  Quant 
au  rù\e  de  chacun  des  deux  périostes,  périoste  externe  et  périoste  interne 
dans  cette  régénération,  ce  n'est  qu'un  examen  liistologique  de  la  portion 
régénérée  qui  pourrait  le  déterminer,  mais  macroscopiquement  les  deux 
tables  interne  et  externe  semblent  s'être  r<>générées  paralèllement,  et  l'ac- 
tion du  diploë  peut  suppléera  celle  du  périoste  interne. 

D'après  les  auteurs,  le  périoste  interne  ou  feuillet  externe  de  la  dure- 
mère  n'aurait  d'ailleurs  aucun  r(jle  puis<|u'il  ne  serait  pas  un  périoste,  et 
aurait  simplement  pour  but  tout  comme  le  feuillet  interne  de  protéger 
l'encéphale. 

Mais  des  faits  comme  celui  que  nous  apportons  semblent  montrer  (jue 
>ur  ce  point  les  études  n'ont  pas  été  suffisamment  a|iprofondics,  et  il  y 
aurait  lieu  de  demander  à  l'histologie  de  nous  renseigner  exactement. 

Une  autre  particularité  intéressante  de  cette  pièce  est  que,  ainsi  que 
vous  le  voyez,  la  suture  coronale  semble  bien  elle  aussi  s'être  régénérée. 
.\insi  dans  tous  les  points  où  il  y  avait  de  l'os  et  au  niveau  de  la  suture 
il  a  régénéré  la  membrane  suturale  suivant  un  processus  identique  à 
celui  de  la  formation  de  la  voûte  crânienne,  c'est-à-dire  par  ossitica- 
tion  convergeante  des  deux  feuillets  périostique  formant  fontanelle  et 
engrènement  tinal  des  travées  osseuses  opposées.  Si  la  craniectomie 
sous-périostée  avait  été  pratiquée  à  un  Age  plus  avancé  ,  la  régénération 
aurait-elle  été  osseuse?  Mais  comme  le  sujet  était  encore  jeune,  son  périoste 
crùnien  était  constitué  de  telle  sorte  qu'au  niveau  de  la  suture  il  ne  pouvait 
régénérer  de  l'os  que  par  minéralisation  de  la  membrane  suturale  sui- 
vant le  processus  ordinaire. 

-Vinsi  It's  sutures  n'ont  pas  un  nMe  passif,  ce  ne  sont  point  les  sim[des 
moyens  d'union  entre  les  os  du  cr;\ne;  leur  rtjle  est  au  contraire  très  aciif 


'M'I  -20  jiii.i.KT  190.-; 

et  elles  constituent  les  voies  d'expansion  «lu  la  voiHe  crânienne  luut 
comme  le  cartilag»^  de  conjugaison  est  la  voie  daccroisseraent  des  os  du 
squelette. 

Entin  l'observation  du  sujet  montre  l'inanité  de  la  craniectomie  comme 
moyen  thérapeutique  de  l'idiotie. 

Certains  psychiAlres  ont  pensé  et  pensent  encoie  (}ue  chez  les  idiots  à 
petits  crAnes  l'insuffisance  du  développement  cérébral  Ment  à  la  synos- 
tose  prématurée  des  sutures  de  la  voûte  crânienne  ;  le  cerveau  ne  se  déve- 
lopperait pas  parce  qu'il  se  trouverait  comprimé  dans  un  cnlne  trop 
étroit.  Ils  préconisent  donc  la  trépanation,  afin  de  permettre  au  cerveau 
de  s'accroître. 

En  réalité  entre  le  crâne  et  le  cerveau  il  y  a  des  relations  intimes,  et  si 
le  crâne  est  petit  c'est  parce  qu'il  n'a  à  contenir  qu'un  petit  cerveau.  Il 
est  des  cas  où  la  synostose  prématurée  des  sutures  peut  tenir  à  un  pro- 
cessus pathologique  intéressant  seulement  l'os,  mais  alors  l'expansion  de 
la  boite  crânienne  se  fait  d'un  autre  côté,  et  on  a  un  crûne  déformé  et  non 
un  crâne  microcéphale.  D'ailleurs  chez  nombre  de  microcéphales  il  n'y  a 
aucune  trace  de  synostose  prématurée  (Bourneville). 

Discussion. 

M.  II.  Anthony.  —  Le  crâne  que  nous  présente  les  D'*  Marie  et  M.  Pelletier 
constitue  en  effet  un  bel  exemple  de  régénération  crânienne.  La  plupart  des 
chirurgiens  et  des  médecins  ont  considéré  jusqu'à  ce  jour,  nous  disent-ils, 
que  le  crâne  ne  se  régénérait  pas.  Cela  tient,  à  mon  avis,  simplement  à  ce 
que  dans  les  craniectomies,  ils  ont  négligé  de  conserver  le  périoste,  et  ont 
dû  opérer  sur  des  sujets  trop  âgés. 

Dans  des  expériences  faites  ces  dernières  années  à  la  Station  physiolo- 
gique du  Collège  de  France  dans  le  but  d'étudier  la  genèse  de  la  forme 
du  crâne  j'ai  été  amené  à  pratiquer  sur  des  jeunes  chiens  des  craniecto- 
mies. Ces  opérations  étaient  faites,  soit  le  jour  même  de  la  naissance,  soit 
dans  les  deux  ou  trois  jours  suivants,  et  j'ai  toujours  eu  le  soin  de  conserver 
le  périoste.  J'ai  obtenu  ainsi  des  régénérations  crâniennes  dont  l'aspect 
était  très  voisin  de  celle  qu'on  nous  présente  aujourd'hui.  J'ai  signalé  ces 
résultats  au  moment  où  je  les  ai  obtenus  dans  les  comptes  rendus  de 
l'Académie  des  Sciences  et  dans  les  comptes  rendus  du  Congrès  de  r.\sso- 
ciation  française  pour  l'avancement  des  sciences.  Les  pièces  expérimen- 
tales sont  déposées  dans  les  collections  de  la  Station  physiologique,  et  je 
les  montrerai  à  la  Société. 

Avant  moi,  d'ailleurs,  Ollier,  en  opérant  sur  un  jeune  mouton,  avait 
obtenu  une  régénération  crânienne  (Ollier,  La  régénération  des  os,  Encycl. 
des  Aides-Mémoires,  G.  Masson,  édit  ,  pages  51-52). 

M.  M.\NOUvniiiR.  —  Nous  connaissions  bien  la  possibilité  d'une  réparation 
des  pertes  de  substance  des  os  de  la  voùle  du  crâne  parosléogéniepérios- 
tique,  d'après  divers  cas  publiés  et  les  expériences  de  M.  Anthony. 


[..   CAPITaN.   —  PnKSENTATION  DR  SILEX  DE  (iUKRVlI.LE  373 

Nous  connaissions  aussi  le  rôle  des  sutures  dans  l'arcroissfinent  des  os 
crâniens  ainsi  que  l'erreur  qui  a  donné  lieu  à  l'opération  de  la  cranieclo- 
mie  comme  moyen  curatif  de  la  microcéphalie.  Cette  erreur  était  manifeste 
«•t  ne  manqua  pas  il'êlre  relevée  dés  l'invention  de  ce  singulier  procédé 
thérapeutique  depuis  longtemps  discrédité.  Mais  la  pièce  présentée  n'en 
est  pas  moins  intéressante  et  mériterait  en  elfet  une  étude  approfondie. 

('equ'il  yade  nouveaudans  lacommunication  qui  vientdenousélre  faite, 
c'est  l'assertion  relative  à  la  régénération  d'une  portion  de  suture  enlevée 
par  la  craniectomie.  Ce  fait  me  paraissait  a  priori  très  surprenant,  et 
j'avoue  aussi  ne  point  parvenir  h  comprendre  l'explication  qu'en  donnent 
los  présentateurs. 

Mais,  après  avoir  vu,  je  suis  obligé  de  dire  que  le  fait  en  question  me  pa- 
raît inexistant. La  portion  prétendue  régénérée  delà  suture  coronale  qu'on 
nous  montre  occupe  un  lambeau  de  crâne  qui  semble  n'avoir  pas  été  enlevé, 
mais,  Hu  contraire,  contourné  par  le  chirurgien,  comme  ci  celui-ci  eût  voulu 
conserver  précisément  et  préserver  le  plus  possible  la  suture  coronale, 
comme  moyen  d'agrandissement  du  crAne.  Là  où  cette  suture  a  été  cou- 
pée par  la  craniectomie,  elle  n'existe  plus. 

M.  Anthony.  —  Je  suis  de  l'avis  de  M.  Manouvrier;  on  ne  voit  sur  la 
pièce  présentée  aucune  réparation  de  la  suture  coronale. 


PRESENTATION    DE   SILEX  DE    GUERVILLE  PRÈS  MANTES 
fpseudo-éolithes.) 

Par  m.  L.  Capitan. 

On  sait  combien  la  question  des  éolithes  passionne  actuellement  les  pré- 
historiens. Après  des  études  très  prolongées  dans  les  gisements,  après 
l'examen  minutieux  de  milliers  de  pièces  de  ce  genre,  j'étais  arrivé  à  la 
conviction  très  ferme  que  j'ai  plusieurs  fois  eu  l'occasion  de  formuler  et 
qui  est  la  suivante  :  En  VHat  actuel  de  nos  connnissnncfs  sur  la  taille  et 
l'emploi  du  silex  d'une  part,  d'autre  part  sur  le  rôle  que  jouent  les  agents 
naturels  dans  la  fracture  et  l'écaillement  d'un  nombre  considérable  de  silex, 
il  me  parait  impossible  <rexpli([uer  autrement  que  par  une  action  voulue, 
intelligente,  toute  une  série  de  fractures,  d'éclatements  et  de  retouches 
tpie  l'on  peut  constater  sur  un  grand  nombre  de  pièces  depuis  celles  du  Puy- 
Courny  jusqu'aux  séries  de  certaines  stations  néolithiques  de  Belgique  et 
de  Krance.  Je  ne  parle  pas  des  silex  de  Thenay  au  sujet  desquels,  mal- 
gré nos  recherches  et  celles  de  Uoussay,  mon  opinion  n'a  pas  changé 
depuis  la  publication  de  notre  note  avec  Mahoudeau  (Revue  de  l'Ecole 
d'Anthropologie).  Pour  nous  ces  silex  sont  purement  naturels. 

•  M- un  fait  nouveau  vient  de  se  produire;  il  moditie  profondément  et 
d'une  façon  expérimentale  les  données  que  nous  avions  jusqu'ici  sur  les 


374  -20  jiii.r.ET  1905 

elTels  des  actions  mécaniques  non  volontaires  sur  les  silex.  Il  ôiail  donc 
de  la  plus  grande  importance  d'étudier  soigneusement  ce  fait  nouveau  et 
d'examiner  comment  il  pouvait  chanijçer  nos  opinions  au  sujet  des  éoli- 
Ihes. 

(l'est  à  M.  Lavilie  qu'on  doit  cette  découverte.  Depuis  longtemps  déjà, 
il  avait  remarqué  à  l'usine  de  ciment  de  Guerville  près  Manies  (Seine-et- 
Oise)  les  grands  malaxeurs,  cuves  profondes  de  I  m.  40  et  larges  de 
5  mètres,  dans  lesquelles  tournent  à  la  vitesse  île  5  mèlres  à  la  seconde 
des  herses  en  fer  qui  brisent  et  mélangent  au  milieu  de  masses  d'eau 
courante  les  blocs  d'argile  et  de  craie  pour  en  former  une  p;\te  qui,  cuite, 
donnera  le  ciment  hydraulique.  Naturellement  la  craie  renferme  des 
rognons  de  silex,  ceux-ci  roulent  donc  entraînés  dans  le  malaxeur,  se 
choquent  et  s'entrechoquent  di;  mille  fa^-ons  durant  les  31  heures  que 
dure  l'opération.  Ouand  alors  on  vide  les  malaxeurs,  on  en  extrait  une 
couche  de  50  centimètres  environ  de  silex  dont  l'étude  est  du  plus  vif 
intérêt. 

M.  Lavilie  s'était  contenté  de  signaler  le  fait  dans  la  «  Feuille  des  Jeunes 
Naturalistes  »  (1905,  p.  110).  11  cominuni(iua  ses  observations  au  profes- 
seur Boule  et  le  conduisit  h  Mantes.  Celui-ci  lit  aussitôt  une  communi- 
cation à  l'Académie  des  Sciences  (séance  du  i2(i  juin  1905).  Il  a  publié 
également  sur  le  même  sujet  un  très  intéressant  mémoire  avec  belles 
photo-gravures  dans  l'Anthropologie  tome  XVI,  fascicule  3. 

Au  commencement  de  ce  mois,  conduit  par  mon  ami  Obermaier,  j'allai 
à  mon  tour  à  Guerville  et  y  passai  avec  lui  deux  journées.  Grâce  à 
l'extrême  amabilité  du  directeur  M.  CoifTu  et  au  très  empressé  concours 
du  contremaître  M.  Lambert  et  du  chimiste  M.  Bezomhes,  j'ai  pu  d'abord 
recuellir  avec  Obermaier  une  très  nombreuse  série  de  silex  provenant  des 
énormes  tas  où  on  dépose  toutes  les  31  heures  les  silex  sortis  des 
malaxeurs,  puis  ensuite  faire  toutes  les  deux  heures  environ  un  prélève- 
ment dans  chacun  des  trois  malaxeurs  ([u'on  arrêtait  dans  ce  but.  J'ai 
donc  pu  recueillir  des  séries  de  toute  l'opération  de  deux  heures  en  deux 
heures. 

C'est  (juelques-unes  de  ces  pièces  que  je  montre  aujour'l'bui  à  la 
SociiHé.  On  peut  remartiuer  que  les  bords  de  toutes  sont  en  général  plus 
ou  moins  écrasés,  ou  au  moins  usés.  Huant  aux  cassures  et  écaillures 
simulant  assez  bien  les  éclatements  d'usage  et  même  les  retouches  (sur- 
tout les  retouches  d'avivement  di;  llutol),  elles  sont  très  nombreuses  et 
fort  curieuses  sur  nombre  di  pièces.  Elles  peuvent  simuler  des  percu- 
teurs de  divers  ty|)eSj  des  racloirs,  ries  grattoirs,  voire  même  des  perçoirs. 
Je  présente  ici  une  série  de  ces  pièces  et  en  même  temps  quelques  silex 
des  graviers  quaternaires  (jue  je  considérais  jusqu'ici  comme  deséolithes 
et  qui  présentent  la  plus  grande  similitude  avec  les  silex  de  Guerville. 
D'autre,  part,  je  montre  aussi  une  série  d'autres  éo!ithes  qui  au  contraire 
se  diiïérencient  assez  facilement  des  silex  de  Guerville  et  enfin  des 
pièces  très  grossières,  simples  fragments  de  silex  retouchés,  mais  sur 
lesquelles  tout  le  monde  est  d'accord  pour  reconnaître  un  travail  humain. 


DISCUSSION  375 

Tout  coci  pour  montror,  pièces  on  main,  comment  à  mon  puint»!»'  vue 
je  consiilère  (]ue  le  fait  nouveau  de  l'usine  de  .Mant«'s  doit  mudilier  notre 
opinion  sui-  les  éolilhes.  l'our  une  grande  part  (mettons  un  tiers,  peul- 
tHre  mt''me  moitié)  des  éolithes  (jue  je  pensais  porter  la  trace  d'un  travail 
volontaire  je  les  considérerai  dorénavant  comme  pouvant  tout  aussi 
bien  avoir  été  produits  par  des  causes  naturelles  qu'utilisés  ou  façonnés 
par  un  être  intelligent.  Mais  pour  le  reste,  leur  étude  technologique  minu- 
tieuse ne  me  permet  pas  de  les  ranger  dans  la  môme  catégorie  et  jusqu'h 
nouvel  ordre  —  tant  que  je  n'aurai  pas  pour  eux  une  démonstration  de 
leur  fabrication  naturelle  comparable  h  celle  des  silex  de  Mantes,  — je  con- 
tinuerai à  les  considérer  comme  ayant  tous  les  caractères  d'instruments 
ou  d'armes  vraisemblablement  utilisés  ou  façonnés  par  un  être  intel- 
ligent. Tel  sera  le  cas  par  exemple  pour  un  bon  nombre  de  silex  du  Puy- 
Courny. 

D'autre  part,  je  dirai  que  ces  silex  présentant  une  extrême  ressemblance 
avec  les  silex  utilisés  ou  même  taillés,  classiques,  il  s'en  suit  qu'on  peut 
considérer  comme  possible,  peut-être  même  probable  l'existence  d'un 
être  intelligent  (homme  ou  hominien),  contemporain  des  couches  où  nous 
trouvons  les  dits  silex,  quel  que  soit  d'ailleurs  l'âge  de  ces  couches.  Mais 
la  leçon  de  Guerville  doit  nous  rendre  très  prudents  et  je  n'affirmerai  rien, 
considérant,  une  fois  de  plus,  que  sur  bien  des  points  de  la  préhistoire, 
nous  devons  nous  contenter  d'hypothèses  déduites  scrupuleusement  des 
faits,  et  souvent  très  vraisemblables,  mais  néanmoins  révisables  et  modi- 
fiables lorsque  (le  nouvelles  observations  ne  permettent  plus  de  les  consi- 
dérer comme  valables. 

Discussion. 

A.  DoiGNEAU.  —  Je  vous  demanderai.  Messieurs,  la  permission  de  dire 
quelques  mots  sur  les  outils  de  la  période  colilhique.  Comme  vous  le  savez, 
le  mot  lui-môme  est  de  Gabriel  de  .Mortillet  '  et  il  a  été  admis  sans  contes- 
tation aucune  par  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  préhistorique,  parce 
que,  suivant  l'expression  môme  que  vient  d'employer  M.  le  D''  Capitan, 
«  nier  Véolithe  serait  nier  le  soleil  ». 

Je  rappellerai  également  à  ce  sujet  ce  tpie  disait  en  1898  notre  très 
regretté  Président  Letourneau  -  à  propos  de  silex  présentés  par  M.  ThieuUen. 

'<  Les  outils  classiques  se  ramènent  tous  à  quelques  formes  typiques 
«  et  universelles  parce  que  l'expérience  du  genre  humain  les  a  reconnues 
«  comme  étant  les  plus  avantageuses,  les  plus  utiles;  mais  on  ne  saurait 
«  admettre  (jue  les  ouvriers  primitifs  aient  trouvé  du  premier  coup  ces 
«  formes  avantageuses;  elles  doivent  forcément  résulter  de  nombreux 
«  essais  et  tAlonnements.  » 


'  Gabriel  de  Mortillet.  —  Le  Préhistorique,  l"  édilion,  1883,  p.  22. 
•  Bulletin  de  la  Sociétr  d'Anthropologie  de  Pari:*,  i898.  p.  :^)6. 


MTn  fîo  jni.i.F.T  loor; 

(liHte  manière  de  voir  de  notre  ('iiiincnt  pn-sident  s'impose  à  tout  esprit 
impartial,  l/niilil  ('liciléen,  en  clVel,  le  c  coup  de  poin,:;  »  de  (îabriel  de 
Moililiil,  ne  [i.'ui  pis  iivoir  été  fabriqué  sans  que  noire  ancêtre  ne  s'essayAt 
dans  ili's  l'haiiclii's  s'en  ra[)proeliant  plus  ou  moins  l'I  ririsliMinicnt  en 
amande,  im^ine  le  plus  grossier,  reprc'sente  une  somme  d'ellorls  (pie  nous 
ne  saurons  jamais  trop  apprécier. 

Plus  anciennement  encore,  il  est  de  toute  évidence  (]ue  le  primitif, 
homm»;  au  pn-curseur,  a  d'abord  utilisé  le  caillou  tel  qu'il  a  pu  se  le 
procurer,  puis  il  a  di'l  remarquer  qu'en  se  brisant  à  la  suite  de  cbocs 
répétés,  ce  caillou,  au  lieu  d'être  inutilisable  devenait,  au  contiaire,  grâce 
au  vif  de  ses  arêtes,  un  outil  pouvant  lui  rendre  [)lus  de  services. 
C'est  ainsi  que  notre  ancêtre  apprit  à  casser  intentionnellement  un  caillou 
et  fut  amené  à  fabriquer  le  coup  de  poing  chelléen.  C'est  aujourd'hui 
presque  banal  de  le  dire,  ici  surtout,  et  je  ne  l'aurais  pas  rappelé  si  les 
éolithes  qui  sont  les  produits  industriels  de  la  période  de  tâtonnement 
préchelléenne  ne  venaient  d'être  niés  ici  même  d'une  façon  catégorique. 

Et  avant  d'arriver  au  type  de  Cbelles  combien  de  cailloux  qui  sont  en 
somme  les  primitifs  outils  n'ont-ils  pas  été  utilisés  simplement  ou  éclatés 
intentionnellement  sans  forme  préconçue.  Ce  sont  justement  ces  pièces  qui 
constituent  ce  que  nous  sommes  convenus  d'appeler  les  éolithes  et  à  la 
recherche  desquelles  s'était  consacré  dernièrement  d'une  façon  toute  par- 
ticulière M.  Rutot.  Maintenant,  le  savant  géologue  belge  avait-il  trouvé  le 
critérium  absolu  qui  nous  permette  de  déterminer  rigoureusement  les 
éolithes  et  de  les  distinguer  des  cailloux  éclatés  naturellement?  Si,  hier 
encore  la  question  pouvait  être  douteuse,  il  n'est  plus  permis  maintenant 
de  suivre  M.  Rutot,  après  la  très  intéressante  communication  de  M.  le 
D'"  Capitan  et  les  travaux  de  l'éininenl  professeur  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle,  .M.  Marcelin  lîoule. 

Il  est  de  toute  évidence  (|uc  les  silex  (jui  nous  sont  présentés  et  qui 
proviennent  de  la  fabi'i(jiie  de  ciment  ressemblent  beaucoup  à  ceux  trouvés 
dans  le  diluvium.  l'ourlant  l'un  de  ces  derniers  considéré  par  M  Capitan 
comme  douteux  se  rapproche  considérablement  du  faciès  chelléen  infé- 
rieur. 

Maintenant  si  une  exlrêuK;  prudence  s'impose  plus  que  jamais  et  si 
dans  IV'tal  actuel  de  nos  connaissances  nous  ne  sommes  pas  encore  en 
possession  du  critérium  absolu  tant  désiré,  ce  n'est  pas  une  raison  pour 
que  nous  renoncions  à  poursuivre  l'éclaircissement  de  la  question. 
Convaincus  de  l'existence  des  éolithes  nous  devons,  au  contraire,  en  pour- 
suivre l'étude  et  chercher  le  secret  de  leur  détermination. 

M.  Veuneau.  —  La  communication  que  vous  venez  d'entendre  vous 
prouve  qu'il  ne  faut  jamais  se  laisser  aller  h  l'emballement  quand  il  s'agit 
de  questions  scientifiques.  Je  m'explique,  d'ailleurs,  la  vogue  dont  ont 
joui  les  éolithes.  Lorsqu'on  se  trouve  en  présence  d'instruments  en  pierre 
aussi  bien  travaillés  (}uc  les  haches  de  Saint-Acheul,  on  se  dit  qu'ils  ne 
représentent  pas  les  premières  ébauches  industrielles  de  l'être  humain. 


niscrssiON  377 

Avant  qne  l'ouvrier  no  possédAt  l'ijabilolé  l<'chni([n(^  révéléi^  par  ces  outils, 
il  avait  "lu  travoisor  um-  louj^uc  iicrioili'  de  lAloiini'uifut.  (Ii-,  ou  nous 
montrait  les  produits  de  (••tle  période  ,'l  l'cspril  drvail  l'Iie  salisl'ail- 
AujounThui,  il  est  iK'cessaire  de  se  tenir  sur  une  prudent"'  rést-rvt'. 

Notre  eollègue,  M.  (lapitan,  avec  une  bonne  foi  (pii  lui  fait  honneur  — 
et,  jtour  ma  part,  je  n'attendais  rien  moins  de  lui  —  vous  a  exposé  les 
faits  avec,  tiélails.  Vous  inc  permettrez  d'ajouter  quehjues  mots,  car  j'ai 
longuement  examiné  la  belle  collection  de  pseudo  éolithes  que,  en  cpiel- 
ques  heures,  MM.  Boule,  Cartailhac  et  Obermaier  ont  récoltée  lorsque 
M.  Laville  les  a  conduits  k  (iuerville,  auprès  de  Mantes.  Dans  cette 
collection  se  trouvent  tous  les  ty[)es  décrits  par  M.  llutot  :  on  y  voit  le 
percuteur'double,  le  retouchoir,  le  racloir  ou  grattoir  à  dos,  le  grattoir 
à  tranchant  transversal,  le  grattoir-rabot,  le  disque,  etc.  Mais  on  y  ren- 
contre aussi  des  objets  qui  rappellent  une  phase  industrielle  bien  plus 
avancée,  par  exemple,  un  grattoir  à  extrémité  semi-circulaire  ipii  fait 
songer  a  l'époque  de  la  Madeleine,  et  des  pièces  qui  se  sont  elles-mêmes 
retouchées  fmement  sur  trois  de  leurs  bords,  et  sur  une  seule  face.  On  y 
découvre  mieux  encore  :  je  veux  parler  d'une  certaine  lame  à  encoches, 
qui  oiïre  une  apparence  de  travail  si  soigné  qu'on  serait  tenté  de  la  placer 
au-dessus  de  la  plupart  de  nos  outils  quaternaires.  Par  ses  deux  encoches 
situées  presque  en  face  l'une  de  l'autre,  par  ses  fines  et  multiples  retouches, 
elle  m'a  fait  songer  à  quelques  belles  pièces  du  nord  de  rAfrifjue  (pie  j'ai 
étudiées  il  y  a  peu  de  mois  et  dont  la  description  va  paraître  prochaine- 
ment dans  l'ouvrage  de  M.  Foureau. 

Or,  nous  savons  comment  se  sont  faites  les  retouches  sur  l'objet 
recueilli  à  (îuerville  :  l'ouviier  a  été  lemplacé  par  un  tourbillon  liquide. 
.M.  Roule,  qui  va  bientôt  publier  ses  observations,  a  calculé  (|ue,  à  la 
périphéiie  des  cuves  dans  Icsipielles  on  délaye  la  craie,  l'eau  n'est  pas 
animée  d'une  vitesse  de  4  mètres  à  la  seconde,  c'est-à-dire  que  cette 
vitesse  atteint  ii  peine  celle  de  nos  grands  (louves  pendant  les  périodes 
des  fortes  crues. 

Ainsi,  pour  produire  des  retouches  que  M.  llutot  déclare  ne  pouvoir  être 
attribuées  qu'à  une  action  humaine,  il  suffit  qu'un  cours  d'eau  soit  animé 
d'une  certaine  vitesse  et  qu'il  entraîne  des  cailloux  (|ui  se  heurtent  \ei--  uns 
contre  les  autres.  Et  ce  ne  sont  pas  seulement  des  «  écaillures  »,  comme 
disait  .\.  de  Quatrefages,  qui  peuvent  en  résulter;  on  observe  des  plans 
de  frappe,  dos  conchoïdos  de  percussion,  etc.  Une  des  pièces  deGuerville, 
bien  plus  fruste  que  la  lame  a  encoches  dont  je  viens  de  parler  ou  cer- 
tains grattoirs  que  m'a  montré  M.  Boule,  offre  néanmoins  un  caractère 
intéressant:  ses  deux  bords  les  plus  longs,  légèrement  concaves,  pré- 
sentent des  apparences  de  retouche;  mais,  d'un  côté  les  éclats  se  sont 
détachés  sur  une  face,  et  sur  le  bord  opposé  c'est  l'autre  face  qui  semble 
avoir  été  travaillée.  Vous  n'ignorez  pas  qu'on  a  attaché  une  grande 
impoitrtnce,  au  point  de  vue  flu  travail  intentionnel,  k  cette  distribution 
des  relouches. 

Si  un  tourbillon  d'eau  est  capable  de  produire   de  tels  phénomènes 


3TS  5  ucToitUE  1905 

lorsijuc  l<^  dt^placoment  du  li([iii(l»'  est  inférieur  h  -4  mètres  pnr  seconde, 
on  se  deinandi;  ce  que  piMil  faire  un  torrent  quand  il  i-oule  avec  une 
rapidité  vertigineuse. 

Les  observations  faites  au|)rès  dr  Mantes  déniuntient,  je  le  répèle  après 
M.Capitan,  qu'il  faut  élie  d'une  extrême  prudence  luisqu'on  se  trouve  en 
face  de  soi-disant  éolithes.  Elles  prouvent  que  tous  les  caractères  auxquels 
les  piéhistoriens  croyaiont  reconnaître  une  action  inttntitinnelle  sur  un 
silex  dont  la  foiine  n'était  pas  lji(;n  définie,  peuvent  résulter  de  chocs 
accidentels. 

Est-ce  à  dire  que  tous  les  éolithes  qui  ont  été  recueillis  par  une  foule  de 
chercheurs  doivent  leur  origine  à  des  phénomènes  naturels?  M.  Capitan 
ne  le  croit  pas  et  je  partage  son  opinion.  Je  ne  pense  pas  me  tromper  en 
avançant  que  M.  Boule  ne  prétendra  pas  non  plus  fjue  parmi  les  ohjets 
en  pierre  qui  ont  été  regardés  comme  des  outils  rudimentaires,  il  n'en  est 
aucun  que  l'on  puisse  considérer  comme  ayant  été  travaillé  ou  utilisé  par 
un  être  intelligent.  Mais,  encore  une  fois,  il  ne  faut  se  prononcer  qu'avec 
réserve  puisqu'il  n'existe  pas  un  caractère  auquel  on  puisse  reconnaître 
avec  certitude,  sur  de  tels  objets,  un  travail  intentionnel  ou  une  utilisation. 

L'étude  de  la  question  doit  être  reprise  en  s'aidant  des  données  nou- 
velles que  nous  possédons  maintenant.  Il  faudra,  à  mon  sens,  lorsqu'on 
rencontrera  quelques  pierres  offrant  des  apparences  de  retouches,  s'assurer 
tout  d'abord  qu'elles  n'ont  pas  pu  être  entraînées  par  un  de  ces  courants 
d'eau  rapides  qui  sont  capables  de  leur  imprimer  des  caractères  auxquels 
les  archéologues  les  plus  experts  sont  susceptibles  de  se  laisser  prendre. 


81i«  SÉANCE.  —  ri  Octobre  1905. 

Présidence  de   M.   Sébilf.ot. 

Elections.  —  Le  D""  A.  Fort,  ancien  démissionnaire  deinando  sa  réintégra- 
lion  cuinnio  membre  titulaire  de  la  Société.  —  Adoptr. 

M.  Pic.  présente  par  MM.  Zahorowski,  Sébillot.  DeniUer,  est  élu  membre 
associé  étranger. 

PRÉSENTATIONS 

.M.  Z.vuoHowski  Hltirc  riilti'ution  sur  Fouvrage  de  M.  l'ic.  Cechy  na  tis'vite 
Dejin  na  caklade  pra'historirke  cbirh;/  musea  Kral.  ceskeho.  Zvazek.  3.  — 
Prague,  1900,  in-4«  avec  100  planches. 

Il  est  spéciaioraeni  consacré  ii  l'élude  des  cimetières  à  incinération,  des 
champs  d'urnes,  qui  ont  tant  d'importance  pour  la  détermination  des  migra- 
tions venues  du  sud,  des  mélanges  des  races,  et  du  peuplement  par  les  slaves. 

M.  Pic  a  d'ailleurs  consacré  un  cliapiln;  spécial  à  l'étude  de  l'origine  des 
slaves,  et,  comme  il  était  inévitable,  à  lexemple  de  tous  les  palethnologues 


DISCUSSION  .^79 

qui  ont  h  traiter  rlos  plus  rtVonIs  Ai^'cs  pn'liistnriqiif's,  djins  lo  contro  cl  io  nonl. 
la  question  dos  orifîinos  arvcnues  a  aussi  |iarti<ulit'rfMnent  lixô  son  atlentinu. 
lu  résumé  frau(;ais  de  ce  Ih'I  (luvrai^i".  serait  liifii  m-rcssaire. 

M.  ZAïKiitnwsKi  .itlin-  .■••;;ili'tiMiil  l;il  Iciil  imm  mit  \r  Iniisinti.'  voiuuii-  de 
l'ouvra^'e  rousidérable  (|ue  M.  Wiuiiiier,  mi  des  l'iuidateurs  de  la  seieiiee  des 
runes,  a  ennsaeré  au  relevi-.  à  la  desi  liption  el  au  déihinVenieul  de  tous  les 
uinuuuieuls  ruuiiiues  du  Danemark. 

Winmier  (Lud\ .  l".  A.i  :  Dr  i/ttns/,r  liiiiii-iniinlcsmui'rlyfr.  liedje  Hiiid,  l  v.  t. 
Copenhague,  1004-1905. 

M.  liKMKKit.  invsenle  l;i  Iradiirtiou  eu  hul-are  par  M.  V.  Zlalarskv.  de  son 
artirlo  :  «  les  Huljrares  el  les  Macédunieiis.  »  [»uldié  dans  le  n"  4  des  liulletins 
pt  Mémoires  dp  la  Soriété  d' Anthropolonip.  Celle  traduetion  jtorte  le  titre  : 
<<  IM-iuos  K'm'  Autrnp(d(>j.dleli(>sk(il(i  l/.oulclivane  lia  Hlgaritie  »  {Contrihnlion 
à  l'étude  (inf/iro/iolof/ii/Kf  île  la  fhdf/arip)  el  a  paru  dans  le  «  IVrioditohesko 
Çpi(;auie  «  {/{i-rueil  /icrioili</iif'  de  So/ia,  I.   C\(]). 

LES   PYGMEES   DE   L  AFRIQUE  CENTRALE 

M.  Demker  enl relient  la  Sociélé  des  l'ygmécs  de  l'Afriiiue  centrale  qu'il 
a  eu  l'occasion  d'examiner  au  mois  de  juillet,  pendant  une  heure  h  leur 
domicile  à  Londres,  où  on  les  exhibait  à  l'ilippodrome.  11  a  pu  constater 
sur  les  -4  sujets  niAles  qui  composaient  la  troupe,  tous  les  caractères  des 
pygmées.  Sur  le>  deux  femmes,  une  ne  lui  paraît  pas  ôtre  pygmée.  L'Ins- 
titut anthropologique  d'Angleterre  a  nommé  uncî  commission  qui  a  étudié 
celle  intéressante  troupe  et  qui  va  faire  paraître  bientôt  les  résultats  de 
ses  travaux.  Aussi  M.  Deniker  ne  veut-il  pas  s'arréler  plus  longtemps  sur 
celle  question  afin  de  ne  pas  déflorer  le  sujet  d'études  de  nos  collègues 
d'Oulre-Manche.  Il  se  contente  de  signaler  quelques  particularités  qui 
l'ont  fiappé. 

Discussion. 

.M.  Ver.nkai.  —  Les  Pygmées  (pie  .M.  Dcnikei'  a  pu  voir  à  Londres,  ont 
fait  l'objet  d'un  arlicliMpii  vient  de  paraitie  dans  LaNalure  iw"  du  1(5  sep- 
tembre lîtO:>  i.  L'auteur  de  cet  arlicb;  ne  |)arail  jias,  d'ailleurs,  très  au 
courant  de  la  fpiestion  des  Négrilles  et  il  ignore,  notamment,  les  belles 
recherches  de  Schweinl'urtb  et  de  tous  ceux  ipii  onl  précédé  Stanley  ;  mais 
il  connait  le  travail  de  sir  llarry  Johnston  sur  les  Wa-Mbutté  ou  Ouam- 
bonlti.  C'est,  en  efTet,  à  la  description  publiée  en  1902  |)ar  Sir  Harry 
Johnston  iju'il  l'iiquonle  ses  documents. 

I)'a|)rès  cet  auteur,  ce  qui  frappe  le  plus  dans  la  physionomie  des 
Pygmées,  c'est  la  forme  du  nez  et  de  la  lèvre  supérieure.  Le  ne/-  esta 
peine  saillant  el  démesurément  large;  son  extrémité  est  i-iUiée  presque 
sur  le  même  plan  que  ses  ailes.  Ouant  à  la  lèvre  supérieure,  elle  est  plus 
longue,  plus  «  protubérante  »  et  plus  tombante  que  chez  les  autres  nègres. 
Sir  Ilurry  Johnston  note  aussi  la  brièvelé  et  la  fuite  du  menton,  le  peu  de 
longueur  du  cou,  la  belle  musculature  des  jambes,  trop  courtes  pour  la 
taille,  la  grandeur  des  pieds,  qui  tendent  à  rentrer  en  dedans.  Il  nous  dil 


•i80  5  oCTi.ituK  11)05 

que  la  peau  n'est  pas  très  noire  et  que  les  cheveux,  très  crépus,  présentent 
(les  rellets  rougeAtres.  Il  ajoute  que  la  barbe  est  bien  fournie  et  qu'elle 
peut  alleiniire,  chez  certains  de  ces  petits  hommes,  50  centimètres  de 
longueur.  Kiiliti  U's  deux  sexes  auraient  le  corps  couvert  d'un  fin  duvet 
ruussAtre  formé  par  des  poils  droits  analogue  aux  poils  follets  de  nos 
enfants  de  race  blanche. 

•le  ne  suis  pas  en  mesure  d'apprécier  l'exactitude  de  cette  description, 
quoique  je  possède  un  bon  nombre  de  documents  inédits  sur  les  Négrilles 
de  l'Afrique  équatoriale,  documents  que  je  dois  à  divers  voyageurs;  mais 
je  puis  dire  deux  mots  des  J'ygmées  qu'on  exhibe  en  ce  moment  à  Londres 
en  me  basant  sur  les  bons  portraits  qu'en  a  donnés  La  Nature.  11  semble, 
à  première  vue,  que  leur  type  ne  soit  pas  parfaitement  homogène  et  je 
ne  serais  pas  surpris  que  leur  indice  céphalique  présentât  ces  éf^arts  sur 
lesquels  j'ai  insisté  autrefois  '. 

Ce  qui  frappe  de  suite,  c'est  la  largeur  de  la  face  au  niveau  des  pom- 
mettes et  son  rétrécissement  considérable  en  bas  :  il  en  résulte  une  forme 
triangulaire  très  accusée  du  visage.  Le  nez  offre  non  seulement  les  carac- 
tères que  lui  assigne  sir  Ilarry  Johnston,  mais  il  est  en  même  temps  d'une 
étroitesse  remarquable  en  haut  et  la  racine  en  est  sensiblement  déprimée. 
Un  des  sujets  —  le  plus  grand  et  le  plus  corpulent  —  a  le  menton  saillant. 

Quant  à  la  lèvre  supérieure,  elle  est  très  courte  chez  ce  dernier;  mais 
chez  les  trois  autres  sujets  masculins  et  chez  les  deux  femmes,  elle  est 
longue  et  tombante.  Aucun  des  sujets  n'a  les  lèvres  charnues,  volumi- 
neuses du  Soudanais;  elles  sont  plutôt  fines,  surtout  celle  du  haut.  Par- 
fois la  tête  paraît  enfoncée  entre  les  épaules,  parfois,  elle  est  supportée 
par  un  cou  assez  long. 

Cinq  individus  ont  le  front  bombé  et  les  bosses  frontales  proéminentes. 
Les  arcades  sourcilièrcs  font  une  notable  saillie,  de  sorte  que  les  yeux 
semblent  un  peu  enfoncés  dans  leurs  orbites. 

Il  est  impossible  de  se  rendre  compte  du  développement  du  système 
pileux  car  les  sujets  de  l'un  et  l'autre  sexe  sont  vêtus  depuis  le  cou  jus- 
qu'aux chevilles;  l'un  des  hommes  porte  toutefois  une  légère  moustache, 
qui  semble  rare.  Les  cheveux,  courts  et  extrêmement  crépus,  sont 
implantés  tantôt  très  haut,  tantôt  très  bas. 

Je  signalerai  un  dernier  caractère  qui  est  singulièrement  accusé  chez 
deux  Pvgiiiées  masculins  :  c'est  l'écartemenl  du  gros  orteil  des  autres 
doigts  du  pied. 

Telles  sont  les  quelques  observations  que  suggère  l'examen  des  por- 
traits. Je  regrette  que  M.  Deniker  n'ait  pas  pu  pratiquer  de  mensurations 
sur  ces  nains:  mais  il  est  à  espérer  que  nos  collègues  anglais,  qui  les  étu- 
dient actuellement,  nous  fourniront  bientôt  d'intéressants  renseignements 
sur  les  six  nains  de  la  forêt  d'Ituri. 


*  R.  Verneau.  —  De  l.i  i.lmalilé  des  Ivpcs  ethniques  chez  les  Négrilles,  L'Anthro- 
pologie, t.  Vir,  18tt6. 


l'UKSKNTATION.s  IJ81 

8I2"  SÉANCK.  —  19  Oclol.ic  m^. 

PrÉSIUKNCE    de    .m.     SliUILLUT. 

M.  i)K  Bah  l'.iit  ilnu  il'ini  silrx  ,'i  l.i  Sncii-h'. 

M.  Lkjkink  signale  rintérOt  d'iiiit'  lii'ocliiirc  iiitil iil<'i'  :  l.;i  iiuu'îiIc  cl  la  liiUe 
pour  la  vie.  par  .M"''  M.  l'elleliLM-. 

M.  C.Ai'iTAN  préseiile  (les  pièces  pi-('iiistiu'i(|iies  pi-nvciiaiit  du  Moiislici- cl  (ioiine 
la  topographie  ilo  la  région. 

PRÉSENTATIONS 

M.  Paul  Skuiluit  présente  le  tome  11  iln  Folk-Lorc  do  France.  Il  comprend 
deux  grandes  divisions  :  I.  La  Mer.  11.  Les  Eaux  douces.  La  première  partie 
traite  successivement  des  oiigines  légen<laircs  de  la  mer,  des  êtres  surnaturels 
qui  se  montrent  à  sa  surface  ou  ipii  habitent  s<'s  profondeurs,  desenvaliissements 
des  flots  et  deslégendes  de  villes  englouties.  M.  .Séhillot  ;i  traité  avec  plus  d'am- 
pleiu- que  les  autres  celles  de  la  ville  d'is,  non  seulement  en  raison  de  sa  célé- 
lirité,  mais  aussi  de  ce  qu'tui  peut  la  suivre  dans  ses  étapes  successives.  Les  îles, 
la  ceinture  des  rivages,  les  sai)les,  etc.,  sont  aussi  l'objet  de  mouograijhies  dé- 
taillées, ainsi  que  les  grottes  de  mer  naguère  enc(ue  habitées  par  des  espèces 
de  fées  locales,  familières  avec  les  marins  et  les  prêteurs.  Celle  partie  se  termine 
par  les  chapitres  des  .\avires  léf/endaires,  parmi  Icsipiels  on  retrouve  le  bateau 
chargé  de  lrans[iorter  les  morts,  et  celui  du  cullr  (li:-<  eau.r.  La  seconde  partie 
est  consacrée  aux  Eau.r  douces,  et  elle  est  beaucoup  plus  volumineuse  que  la 
première,  puisqu'il  elle  seule  elle  occupe  plus  de  ."iOU  |)ages.  Llle  débute  par  les 
origines  légendaires  des  fontaines,  leurs  hantises,  leurs  particularités;  un  cha- 
pitre entier  parle  de  la  puissance  des  sources  privilégiées,  des  pèlerinages  publics 
ou  clandestins,  des  observances  singulières  dont  elles  sont  l'objet.  Les  puits,  les 
rivières  et  les  eaux  douces  sont  envisagées  aux  uu'mes  j)oinls  de  viu'  ((ue  les 
fontaines.  Ce  second  volume  termine  le  Folk-Lore  du  monde  [)hjsique;  il  con- 
tient beaucoup  plus  d'observances  médicales  que  le  i)remier,  et  nos  collègues 
y  trouvent  noudire  de  renseignements  qui  intéressent  directement  l'Anthropo- 
logie. 

.M.  Mahcel  lUuDouiN.  — J'ai  riKumcui' de  ivnicltre  sur  le  Bureau  de  la  Société 
({Anthropologie  le  travail  très  comi)let  (}ue  j'ai  publié  dans  la  Revue  de  Chi- 
rurgie, en  1905.  sur  une  Luxation  préhistorique  de  l'atlas  sur  l'axis,  dont 
j'ai  eu  l'occasion  de  parler  dans  cette  enceinte  même  et  dont  j'ai  montré  ici 
la  pièce  anatomo-pathologique. 

Je  ne  crains  pas  de  faire  remarquer  que  cette  affection  est  la  première  de 
celte  nature  qui  ait  été  signalée,  et  qu'elle  n'a  pu  cire  constatée  «pie  grAce  à 
l'emploi  dune  technique  spéciale  au  cours  d»>s  fouilles  des  sépultures  préhisto- 
riques :  le  .tiiicator/e  en  place  et  en  nia.9se  des  ossemmls  découverts.  C'est  une 
méthode  que  je  me  permets  de  recommander  tout  spécialenamt  aux  fouilleurs 
qui  travaillent  actuellement  d'une  fa(;on  véritablement  scientiliqu(î. 


M.  Maucki.  Maihoixn.  —  J'oUVc  à  la  Sociôlr  irAnlliropohif^k'  au  nom  de  mon 
(  ullalidi-alt'iir.  M.  (1.  LAroULotMKHt,  «'I  an  mi<>ii  un  lin-  à  \niv\  «If  la  .'Société  /tré- 
fiis/<iri</iif  (If  l'idiicf  intiliilt'  :  Ih'rnan'rti-  d'un  mèpalit/u'  fuiu-nnii'  smis- 
fuiiniliis  au  Mo/f/fii/fn/i  dr  Saint-Miirtin  ili-  limit  (Vi'iidéf). 

Dans  ccllf  |>la(|in'llr  csl  ili'cril  un  mégalitho  nouveau,  eu  rormc  ilc  dcmi- 
cromlcrk.  i]ui  navail  rucuif  élé  ni  siimah'  ni  (''ludit'.  Ou  y  a  trouvé  inic  s(''|»ul- 
ture  di'  rt''pO(|U('  nt''olillii(|iu^  tout  î\  l'ail  typique,  qu'on  peut  rapprocher  dans 
une  rerlaine  mesure  des  sépultures  mé<(alitliiques  de  Brelayne.  (Jn  j  a  récolté 
en  eiïet.  di's  haches  polies  très  belles,  de  petites  haches  polies  perforées,  des  • 
outils  en  >il('x  du  Grand-Pressigny  très  beaux,  etc.  Les  auteurs  ont  fait  des 
études  très  complètes  de  mituumenls  et  de  sou  c(uitenu  et  sont  arrivés  ci  des 
conclusions  intéressantes  au  moins  pour  la  Vendée. 

M.  Maucei,  Ualdoii.n.  —  J'ai  l'honneur  d'oll'rir  à  la  Société  d'.Vnthropologie, 
en  mon  ncuii  et  en  celui  de  mon  collaborateur.  M.  G.  Lacoulou-mère,  une  bro- 
chure intitulée  :  Lp  Ptr/iisfori'/uc  à  Aprpmnnt  (Vendée).  La  Roche-sur-Yon. 
1905.  in-8". 

On  y  trouvera  toutes  les  données  relatives  aux  trouvailles  d'ordre  préhisto- 
rique laites  dans  cette  commune  de  Vendée  qui  n'avait  jamais  été  étudiée  à  ce 
point  de  vue.  Bornons-nous  à  indiquer  ici  qu'on  ne  connaît  pas  encore  d'objets 
paléolithiques  qui  en  proviennent.  Par  contre,  on  y  a  rencontré  des  haches 
polies  et  M.  Baudouin  y  a  découvert  un  menhir,  resté  inconnu  jusqu'à  ses 
recherches,  le  menhir  de  la  Fricamirre.  Ce  mégalitlnise  trouve  au  milieu  d'un 
centre,  dit  celli(pie.  en  Vendée,  appelé  le  FouUef,  et  ayant  beaucoup  d'analogie 
avec  ce  qu'on  désigne  dans  l'ouest  sous  le  nom  de  Luc. 

Ce  travail  renferme,  en  outre,  le  récit  des  fouilles  faites  par  les  auteurs  aux 
environs  d'nn  faux  mégalithe  La  Pierre  dressée  de  la  haie,  qui  n'est  qu'un 
rocher  naturel  de  pegmatite.  On  y  a  découvert  d'ailleurs  une  petite  station,  soit 
romaine,  soit  moyenAgeuse. 

Oltes  (Félix  K.).  —  La  Edad  de  la  piedra  en  Patagonia.  Estudio  de 
arqueologia  comparada.  1  vol.  gr.  in-8°,  Buenos-Aires.  1905,  (avec  un  résumé 
français  cl  206  fig.  intercalées  dans  le  texte). 

.M.  ZAHoKOwsKi.  en  présentant  cet  ouvrage  eu  signale  l'intérêt  particulier  et 
riiMpurlance.  Il  rassemble  et  résume  pour  la  pi-emière  fois  les  documents 
réunis  dans  une  région  sur  laquelle  nous  n'avions  que  des  renseignements  bien 
vagues.  M.  Outes  énumère  huit  gisements  paléolithiques  sur  une  aire  géogra- 
phique qui  s'étend  entre  le  43"  45  et  le  49°  50  de  latitude. 

La  plupart  de  ces  gisements  se  trouvent  sur  les  plateaux  presque  à  la  surface. 
Les  silex,  dont  M.  Outes  donne  des  figures  sont  des  haches  acheuléénnes  incon- 
testablement, leur  ressemblance  avec  les  silex  des  dépôts  synchromiques  de 
l'Amérique  du  Nord,  est  complète. 

L'époque  récente  de  la  pierre  dans  la  même  région  se  subdivise  en  trois 
phases  archéologiques.  La  première  n'est  qu'un  développement  du  paléolithique 
et  se  caractérise  jtar  une  diversité  un  peu  plus  grande  des  fornies.  La  seconde 
phase  n'est  à  son  tour  qu'une  suite  le  la  preinière.  La  spécialisation  des  ins- 
truments taillés  y  est  plus  marquée. 

Ce  n'est  qu'à  la  troisième  phase,  évidemment  peu  ancienne,  qu'il  y  a  intro- 
duction d'une  civilisation  nouvelle  qu'ont  peut  qualifier  de  néolithique,  Son 
matériel  consiste  eu  pierres  polies,  de  «  balas  »,  de  «  manujas  »,  mortiers, 
pilons.  Cette  civilisation  a  été  brusquement  arrêtée  dans  son  évolution  par  des 


IIM'UUIIN  KT   I.ACnl'I.itlMKllK.    —   I.K  iml.MKN   KE  i/kCIIaKKaIIi  DU  l'I.ESSIS  ÀH'i 

iiiviisioiis    iioiivflli'S.    Kllf   iillVi'    la    |)liis    j^M'aiulc   siiiiililiiile  iivi-r-    le    ni.ilfjiri 

ifciifilli  ilaiis  les  Etats  do  losl  cl  du  sud-est  «les  Ktals-l'nis.  D'après  M.  Outes, 

l«'s  dolichocéphales  de   la  région  patagouioniic  y  sont  vçuus  par  le  iiunl-cst  cl 
les  Ijrarhyri'phalos  par  li"  nord-ouest. 


LE  DOLMEN    DE   L'ECHAFFAUD  DU   PLESSIS   AU   BERNARD  i VENDEE  . 
DECOUVERTE,   DESCRIPTION    ET   FOUILLE. 


M.  LE  1)'"  .Marcel  Baidoufx,  et  M.  G.  Lacouloumère, 

SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL  ANCIEN  INSPECTEUR  DES  BEAUX-ARTS, 

DE  LA  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQl-E  DE  FRANCE.  SOUS-PRÉKET. 

Découverte.  — .\u  dt'bul  d'aoùl  1903,  à  la  lin  de  la  campagne  de  fouilles 
de  cette  année,  l'un  de  nous  alla  visiter  un  amas  de  pierres,  qui  lui  avait 
été  indi(|ué  comme  intéressant,  l'année  précédente (1902),  par  M.  (îaudin, 
riiislilutt'ur  du  Bernard,  notre  zélé  correspondant  et  collaborateur.  Il 
n'eut  pas  de  peine  à  reconnaître  de  suite  qu'on  avait  alTaire  à  des  restes 
d'un  dolmen,  peu  important  il  est  vrai,  mais  très  caract'ristique. 

L'année  suivante,  en  août  1904,  nous  avons  pu  louiller  ce  monument, 
dont  nous  avons  été  obligés  de  déplacer  légèrement  la  table  et  les  piliers; 
et  c'est  à  la  description  de  ces  travaux  de  restauration  que  sera  consacré 
ce  court  mé-moire. 

Nous  avons  donné  à  ce  mégalithe  le  nom  de  Dolmen  de  VÉchalJ'aud  du 
Plessia.  en  raison  de  sa  forme  et  de  sa  situation.  Il  se  trouve,  en  elfet,  au 
voisinage  du  village  du  Plessis  au  Bernard  (Vendée),  et  tout  proche  des 
grands  menhirs  de  ce  nom,  désormais  bien  connus,  car  nous  les  avons 
étudiés  il  y  a  plusieurs  années  déjii  '. 

Historique.  —  (Ihose  très  extraordinaire,  nous  n'avons  pas  trouvé  la 
moindre  mention  de  ce  monument  dolménique  dans  les  mémoires  des 
auteurs  (jui  ont  écrit  sur  le  préhistorique  de  la  commune  du  Bernard.  Un 
n'y  fait  pas,  en  eiïet,  la  moindre  allusion  dans  les  travaux  de  Uelange 
(1836)  et  de  Léon  Aude  (4840)  *.  L'abbé  F.  Baudry  lui-même  n'a  pas  eu 
connaissance  de  cette  station  mégalithique,  car  il  n'en  a  jamais  parlé  :  ce 
qui  nous  étonne  beaucoup,  bien  peu  des  monuments  anciens  de  N'endée 
ayant  échappé  à  son  esprit  investigateur  et  patient,  surtout  dans  sa 
propre  commune  ! 

C'est  donc  une  découverte  nouvelle,  réelle  et  indiscutable,  des  missions 


•  Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumkre.  —  Le.s  Menhirs  du  J'Ies.sisau  Bernard 
(Ven<léo).  Homme  prélii.ilorùjue.  Paris,  1004.  t.  Il,  N"  2.  —  Tiré  à  part,  Scldeiclier  et 
O',  Paris,  l'JO'i,  2-2  p..  /ig. 

*  Il  n'y  a  aucune  indication  sur  la  Carte  celtique  de  cet  auteur. 


;{S4  li>  (icntiiitK  1905 

archéologiques  df  VV'iuli'c.  (|iii  lui  cnregisliée  <mi  d903,  et  doiil  le  inéiile 
revient  un  peu  ;i  .M.  (îaudin,  (|ui,  le  premier,  nota  Texislence  de  ces 
piei  res  aux  cours  îles  excursions  (ju'il  lit  dans  la  région  du  IMessis,  à 
noire  instigation  d'ailletirs,  ii  |»ailir  di'  l'.)02  '. 

Folklore.  —  Malgré  toutes  nos  investigations,  nous  n'avons  pas  retrouvé 
la  moindre  trace  d'une  légende  relative  .à  ce  mégalithe.  Et  cette  raison 
est  sullisante,  ii  notre  sens,  pour  expliquer  comment  il  a  pu  échapper  à 
la  sagacité  de  l'abbé  Baudry,  toujours  à  l'alîut  des  vieux  récits  vendéens 
et  des  contes  de  fées. 

Eli/inolofiie.  —  Nous  nous  sommes  expliqués  ailleurs  sur  l'i-tymologie 
du  mot  Plessis  :  nous  i^'y  l'eviendrons  pas  *. 

Ouant  ;i  la  significalion  du  terme  Échajfaud,  il  est  assez  difficile  de  se 
prononcer  de  façon  catégorique. 

Certes,  il  se  pourrait  que  ce  terme,  V Echajfaud;  qui  ne  peut  être  que 
moderne,  soit  en  rapport  avec  ce  fait  qu'on  ait  vu  là  jadis  un  «  autel  à 
sacrifices  pour  les  Druides  »,  et  par  suite  quelque  chose  d'analogue  à 
l'ÉcIta/faud,  qui  fit  tant  parler  de  lui  en  Vendée  à  l'époque  de  la  Révo- 
lution. Mais  cela  est  peu  probable. 

'l'outefois,  pour  nous,  jusqu'à  nouvel  ordre,  il  s'agit  vraisemblablement 
d'une  altération  de  dénomination  «  VEchajfaud  »,  pour  le  i(.  Chaffaud  ». 

En  eiïet,  en  réalité,  chnjjaud  est  un  vieux  mot  français  ((jui  d'ailleurs  a 
donné  plus  lard,  par  prononciation  vicieuse,  csikaffand),  très  analogue  à 
l'anglais  scaffold"\  Or,  d'après  Toubin,  il  signifierait  :  haute  plate  forme''; 
ce  qui  correspondrait  très  bien  à  l'existence  d'un  dolmen,  pourvu  d'une 
large  table,  comme  c'est  le  cas  ici  '•>. 

Voie  d'accèa.  —  Pour  gagner  ce  monument,  il  suffit  de  prendre  au  Ber- 
nard la  route  des  Moutiers-les-Mauxfaits,  puis  de  tourner  à  l'est  sur  la 

1  La  dénomination  du  lieu-dit  du  cadastre  lui-même  ne  signalait  pas,  tout  d'abord, 
à  l'atlention  l'existence  de  grosses  pierres  en  ce  point;  la  découverte  n'est  donc  due 
en  réalité  qu'au  hasard.  —  Toutefois  nous  croyonssavoirque  le  propriétaire  du  champ, 
M.  Martin,  qui  a  été  pour  nous  la  complaisance  même,  on  connaissait  l'existence  et 
lésa  indiquées  à  M.  Gaudin.  Mais  il  faudra  prêter  désormais  allention,  maintenant 
que  la  preuve  est  faite,  à  tout  lieu-dit  appelé  A'£'r/(a/7"a«^A 

'  Voir  notre  mémoire  sur  les  Menhirs  du  Plessis  [Loc.  cit.,  p.  a,  note  6). 

3  Ce  mot  an;,'lais,  qui  possède  deux  /',  explique  très  bien,  à  noire  sens,  l'orthogra- 
phe :  L'Echaffauil  du  Pleasis  (nvec  d^ux  F),  tandis  que  le  nom  commun  français 
t  échafaud  »  ne  s'écrit  qu'avec  un  seul  F.  —  Cette  difTéronce  d'orthographe  plaide 
d'ailleurs  en  faveur  de  notre  seconde  hypothèse. 

■4  D'après  Tuubin,  de  Escha/'.  Ce  mot,  au  dire  do  cet  auteur,  représenterait  la  racine 
sanscrite  Skale,  i:[a.ynv,  ficher.  D'après  nous,  Eschaf  vient  d'un  terme  celtique,  inter- 
médiair.',  aujourd'hin  inconnu,  siguiliant,  plus  ou  moins,  <-  plateforme  ».  Sans 
doute,  on  y  ajouta  la  racine  Alt  (Alt  gaélique;  Allt,  welsch),  signifiant,  lieu  élevé 
(latin,  altus).  Chaffaud  est  donc  un  vieux  mol  dérivé  du  celtique.  —  Ce  terme  est  à 
rapprocher  A'e.icabeau  (évidemment  scabellium  en  latin). 

3  Si  cette  théorie  est  exaite,  il  faudra  donc  désormais  rechercher  des  mégalithes 
dans  les  lieux  dits  qui  portent  co  nom,  comme  nous  l'avons  indiqué  déjà  plus  haut. 


IIALKOriN   Kl    I.Ailolt.Ol'MKHK.   —   I.K  Dnl.MKN   DK  I.  KCHAKFAIII   Dl"  I'LE>SI< 


:i85 


route  ilu  Plessis.  On  atteint  alors,  après  avoir  pénétré  dans  l'intérieur  de 
ce  village,  le  Chemin  dfs  Tnidivières  ',  qui,  dans  la  direction  de  l'ouest, 
mène  aux  menhirs  du  Plessis  [Fiy.  1,  C,  E,  llK 


/■'it/.  1.  —  Décalque  fin  Cadastn?  du  Bernard,  aux  environs  du  Dolmen  fie  rEciialTauJ 

cf  du  Village  du  Plessis. 

[Kclielle  :  1/50U0;  réduction  do  moitié  du  cadastre.] 

Légende  :  D,  dolmen,  avec  ses  trois  élémenls  I,  2,  .(  (table  et  piliers)  :  o',  o",  blocs 

voisins  indépendants  du  niégalillie;    M,  petit  menhir  du  Plessis;  A  B  C  D,  chemin 

vicinal  actuel  (nouveau  tracé  de  B  A  D)  fia  Bernard  au  Plessis;  C,  E,  H,  chemin  des 

Tarfliviéres  :  a,  b,  /),  chemin  d'accès  du  mégalithe  (voie  princi()ale)  ;  c,  voie  accessoire 

(en  traversant  le  n»  \'M).  —  Les  flèche.t  indiquent  les  voies  d'accès  au  dolmen  les  plus 

praticables. 

S'engageant  dans  cette  voie,  c'est-à-dire  vers  l'ouest,  après  avoir  passé 


'  C'est  le  premier  chemin  f^i'on  rencontre  à  gauche,  après  avoir  dépassé  le-;  pre- 
mières maisons. 

soc.    D'aNTHROP.    l'JOn.  2.) 


3g6  19    OCTnllItl".    lî>0."i 

au  carrcfuiii-  '  nù  l'on  cruisi'  un  autre  eh. 'min  notil-smi,  on  laisse,  à  gauche 
(c'est-à-dire  an  sud),  ileux  champs  (n"  135  et  n"  134  du  cadastre),  et 
tro\ive,  en  entrant  iniuiédiatement  dans  le  champ  qui  suit  (n"  133),  un 
routin  («,  h)  pour  les  charrettes,  «lirigé  du  nord  au  sud.  On  le  suit  pendant 
250  mètres  environ  ;  et,  en  longeant  les  terriers  qui  le  séparent  d'abord 
du  n"  134,  puis  du  n"  132,  on  arrive  hientùl  dans  le  champ  n"  130  et  h 
une  trentaine  de  mètres  plus  loin  sur  le  monument,  qui  se  trouve  au  mi- 
lieu d'un  buisson  du  côté  de  l'est  (Fig.  i,  D). 

Situation.  —  Le  dolmen,  à  moitié  détruit,  est  situé  sur  la  limite  même 
des  champs  n°  132  et  130,  mais  dans  la  pièce  n"  132  de  la  section  B  du 
cadastre,  qui  porte  le  nom  d'EcItaff'aud  du  Plessis  et  appartenait  à  M.  Martin 
en  1904. 

Cela  correspond  à  environ  300  mètres  au  sud  du  petit  menhir  du  Pies- 
sis,  soit  à  270  mètres  environ  au  sud  du  Chemin  des  ïardivières  (n°  118) 
du  Plessis. 

Les  blocs  constituants  sont  ;i  peu  près  tous  cachés  dans  les  broussailles 
du  vieux  terrier,  avec  arbres  anciens,  du  champ  132.  La  partie  la  plus 
méridionale  du  monument  correspond  à  00  mèties  environ  au  sud  de  la 
limite  nord  du  champ  132  *,  et  à  29  m.  30  sud  de  la  limite  nord  du  champ 
n°  130  (appelé  Le  Goulipeuu). 

Le  terrier  en  question,  qui  a  une  hauteur  d'environ  2  mètres,  était 
jadis  large  de  près  de  3  m.  50  au  niveau  du  dolmen.  Son  existence  semble 
très  ancienne,  en  raison  des  arbres  qui  s'y  trouvent;  et  il  paraît  notable- 
ment antérieur  à  la  confection  du  cadastre  (1830). 

Le  terrier  a  été  certainement  éditié  en  ce  point,  parce  qu'il  y  avait  là  un 
mégalithe;  et  il  est  probable  qu'on  a  à  dessein  tracé  la  limite  des  champs 
132  et  130  de  cette  façon,  pour  éviter  la  formation  d'un  chiron  '. 

Les  coordonnées  géographiques  et  Vallilude  sont  à  peu  près  les  mêmes  que 
pour  les  menhirs  encore  debout  du  Plessis.  Nous  les  rappelons  ici  seule- 
ment pour  mémoire. 

Longitude  ouest  :  3H7  (4g20'30"). 

Latitude  nord  :  46'>27'30"  (51?61'). 

Altitude  :  30  mètres  environ. 


I  A  ce  carrefour  correspond  l'ancien  chemin  rural  du  Plessis,  élargi  en  ce  point;  la 
nouvelle  roule  a  été  reportée,  en  ellct,  vers  l'est. 

*  Le  champ  n'  132  allait  autrefois,  du  côté  de  l'est,  jusqu'à  la  route  du  Bernaril  au 
Plessis;  mais,  aujourd'hui,  cette  pièce  de  terre  a  été  divisée  en  deux  parties  par  un 
buisson,  courant  du  sud  au  nord. 

II  résulte  de  là  qu'on  peut  aussi  atteindre  le  mégalithe,  en  s'arrèlant  sur  la  route 
(avant  d'arriver  au  Plessis),  en  face  le  champ  i32  et  on  traversant  directement,  de 
l'est  à  l'ouest,  les  deux  subdivisions  actuelles  du  n'  13i!;  il  n'y  a  (ju'une  barrière  à 
franchir  (Fig.  1,  c). 

3  Un  fuit  analogue  s'est  produit,  nous  en  sommes  sûrs,  à  la  Friconnière  d'Apre- 
mont  pour  le  menhir  que  nous  }•  avons  découvert  (V^oir  :  M.  Baudouin  et  G.  Lacou- 
loumère-  Le  Préhistorique  à  Apremotit.  Ann.  de  la  Soc.  d'Emul.  de  la  Vendée  •1904, 
La  Roche-sur- Yon.  —  Tiré  à  part,  lOOS,  in-S»,  fig.). 


HAUUtlLlN  ET   I.Ai:ull.<il  MKUK. 


I.K  Itiil.MKN   1)K  l.'ÉCHAKKAUD  Dl'  l'LESSI^  387 


Elal  aurifii.  —  (Jiiaïul  nous  lavons  découvert,  cl  encon',  en  aoiH  1904, 
ce  dulmeii  élail  engagé  dans  le  terrier  recouvert  par  un  buisson  épais, 
qui  forme  la  séparation  des  champs  132  et  130  et  il  en  faisait  partie  inté- 
grante. Du  côté  de  l'ouest  (Fig.  2),  on  voyait  vers  le  sud  la  table  incli- 
née :  ce  qui  lui  donnait  une  forme  île  Cvnptvid  :  et,  au  nord,  apparaissait 
l'un  des  piliers,  sur  lequel  elle  reposait  dans  une  étendue  de  20  centimètres 
environ. 


Fi(j.  2.  —  Etat  dans  lequel  se  trouvait  le  Dolmen  de  l'EchafTaud  du  Plessis,  au  Ber- 
nard (Vendée),  aidant  les  Fouilles  d'août  1904.  —  Vue  du  côté  Ouest. 
[Pholograpliie  faite,  à  l'ouest,  dans  le  ciiamp  n»  130]. 
On  distingue  nettement  le  tei-rier,  qui  sépare  le  n*  130  du  n*  \21.  On  voit  la  table 
inclinée  au  sud,  au  milieu  de  ce  terrier,  et  les  deux  blocs  adventices,  situés  au  nord, 
et  placés  sur  le  coté  du  terrier. 


Du  côté  de  l'est,  par  contre,  on  distinguait,  au  milieu  des  ronces,  ce 
même  pilier  nord  et  un  autre,  situé  plus  a  l'est,  ijui  deviendra  notre  pilier 
sud. 

Le  second  pilier,  situé  en  réalité,  au  nord-est  de  la  table,  et  recouvert 
par  elle  d'environ  .")0  centimètres,  n'était  distant  du  pilier  nord  que  de 
10  centimètres  environ. 

Le  long  du  buisson,  au  nord  du  monument  lui-même  et  du  côté  de 
l'ouest,  se  trouvaient  en  outre  deux  frfUjmenls  de  pierres,  assez  volumineux 
{Fig.  2),  ne  faisant  pas  partie  du  dolmen,  comme  nous  le  diluons  tout  à 
l'heure. 

Les  champs  n"  122  (Le  Goulipeau)  et  130  (Le  Tloulipeau ),  qui  se  trouvent 
à  l'ouest  du  n"  132,  étaient  jadis  couverts  de  blocs  de  pierre,  qui,  à  l'heure 


:i,S«  1'.)    MCTnHHK    lUO.'i 

présente,  sont  ou  l'nteny.s  (comme  on  raconte  (jue  cela  a  et»'"  fait  autrefois 
dans  le  champ  n'^  122),  ou  transportés  du  côté  de  la  limite  sud  du  champ 
n»  130,  et  mis  en  dépôt  le  long  du  terrier  correspondant. 

Les  pierres,  qui  persistent  et  que  nous  avons  pu  voir  dans  le  n°  130, 
ont  un  volume  variable,  car  nombre  d'entr'elles  ont  été  brisées  à  la  mine 
ou  autrement;  mais  les  plus  grosses  n'atteignent  pas  un  mètre  cube.  Or, 
ce  sont  certains  de  ces  blocs  qui  ont  fourni  les  deux  morceaux  de  pierre, 
déposés  le  long  du  buisson  de  la  limite  ouest  du  n"  132,  et  que  nous  avons 
trouvés  placés  près  du  dolmen. 

Ils  sont  tous  constitués  par  des  fragments  de  granulite  :  ce  qui  semble 
prouver  qu'ils  proviennent  du  sous-sol  même  *,  recouvert  seulement  en 
ces  champs  par  la  couche  de  terre  arable  et  une  certaine  épaisseur  de 
limon  des  plateaux*. 

Fouilles.  —  Au  début  d'août  1904,  nous  avons  consacré  deux  journées 
à  quatre  hommes,  pourvus  de  notre  matériel  habituel,  aux  fouilles  et  à 
la  restauration  partielle  de  ce  mégalithe. 

On  commença  d'abord  par  abattre  toutes  les  ronces  et  tous  les  arbustes 
qui  cachaient  les  pierres  {Fig.  2),  de  façon  à  bien  les  dégager  pour 
l'élude  ;  puis  on  coupa  à  peu  près  complètement  le  terrier  au  nord  et  au  sud 
du  dolmen,  de  façon  à  l'isoler  complètement.  Du  coté  nord,  on  dut  enlever 
à  la  serpe  une  grosse  racine  d'arbre  et  un  tronc  mort'. 

Cela  fait,  on  dégagea  le  pilier  nord,  qui  était  renversé  vers  le  sud-ouest, 
et  sur  lequel  la  table  reposait  légèrement.  On  le  plaça  à  peu  près  verti- 
calement, mais  sur  le  flanc,  avec  la  base  à  l'est,  grâce  à  quelques  coups 
de  crics.  On  le  consolida  ensuite  au  nord,  en  reconstituant  le  terrier  de 
ce  côté. 

Immédiatement  après,  pour  dégager  le  pilier  nord-est,  tombé  sous  la 
table,  on  fit  basculer  celle-ci  sur  son  bord  ouest,  à  l'aide  de  crics,  de  façon 
à  ce  qu'elle  reposât  sur  ce  côté,  au  lieu  d'appuyer  sur  son  extrémité  sud. 

De  cette  façon,  on  déblaya  l'espace  qu'elle  recouvrait  et  qui  correspon- 
dait jadis  au  centre  du  monument. 


*  Nous  ne  croyons  pas,  en  effet,  qu'ils  correspondenl  à  d'anciens  cromlechs  ou 
uliynements,  aujourd'hui  détruits.  Toutefoi?,  celle  hypothèse,  que  n'est  venue,  jus- 
qu'ici, confirmer  aucune  découverte,  n'est  pas  insoutenable,  en  raison  de  l'épaisseur 
notable  du  limon  des  plateaux  en  ces  points. 

'  L'ètymologie  de  «  Goulipeau  »  est  didicile  à  élucider.  Certainement  ;  il  faut  voir  li\ 
le  radical  tjoule  (si;.,nii(îant  aujourd'hui  en  patois  <■  la  bouche  »),  dérivé  d'un  vieux 
ternie  celtique,  inconnu.  A  rapjiroch<^r  du  sanscrit  rjal,  manger,  et  du  persan  gfioul, 
ogre.  —  Le  fioulipeau  était  peut-être  l'habitation  des  Ogres,  autrement  dit  d'un  Gar- 
gantua quelconijue.  Si  cette  hypothèse  était  prouvée,  il  faudrait  peui-étre  ne  pas  voir 
dans  les  i)ierres  du  Goulipeau  des  rochers  naturels,  mais  de  véritables  vestiges  méga- 
lithiques, —  A  noter  que  Goulipeau  est  un  nom  propre  de  famille,  assez  fréquent  en 
Vendée. 

'  A  ce  moment,  on  y  trouva,  sousles  ronces,  une  vieille  serrure  en  fer  et  des  débris 
de  bouteilles  modernes. 


HAlDOriN  ET  l.ACOlLOlîMKRE.   —    I.E  DOLMKN  l»K   I,  KCIIAKK.M  I»   |i|     n.l  s>|> 


:iHî> 


Il  fut  alors  facile  de  creuser  une  |)elile  Irnnclnv  dirii^i'-e  de  l'est  ;i  l'ouesl, 
au-tlessous  de  celte  table  et  au  milieu  di'  la  tei're  grisAtre,  Irùs  sèche,  (|ui 
fui  rencontrée  en  ce  point.  Son  aspect  seul  indiquait  un  milieu  In^-s  défu- 
vurable  à  la  conservation  des  ossements;  et,  de  fuit,  on  ne  trouva  gui^'re 
|;i,  —  et  pres<|ue  à  la  surface  du  sol,  —  que  de  très  rares  débris  d'os  très 


9^'' 


itta 


/■'it/.  3.  —  Kl.it  aciiicl  tlu  iJoliiicn  île  l.'KcljalV;.ud  du  l'iessis,  au  HeriianJ  (Vendée;. 

(Aoiil  19u4j. 

Vue  Ouest,:  TaMe  penchée  de  ce  cbic/Fare  mifn'rieurcj.  —   Pilier  nord  visibl.;. 

[Pliulpgraiiliie  cardinal"  (Ouest)  équidislante] 

friables,  quelques  poteries,  et  des  fragments  de  charbon.  A  rinspection 
du  terrain,  il  était  facile  de  constater  d'ailleurs  que  tout  avait  Hé  bouleversé, 
et  que  la  sépulture,  qui  avait  certainement  existé  en  ce  point,  avait  été 
attaquée,  lorsqu'on  avait  démoli  le  mégalithe  ou  élevé  le  terrier. 

Dans  le  sol,  on  découvrit  des  blocs  calcuires  en  grande  quantité,  dont 
(|uel(jues-uns  pi-ésenlaienl  des  fossiles  reconnaissables.  C'étaient  certai- 
nement des  jiii'nrs  rapportées  et  ayant  fait  partie  du  (/filf/al,  très  abondant, 
qui  autrfftii<  se  trouvait  autour  du  monument.  Ce  calcaire  était  tantôt 
Irns  t.-ndre,  lanlùl  qréseur  :  ce  qui  indi(|ue  bien  sa  provenance  (bassin 
liasiqut'  du  lieinaid,  silu"!'  au  sud  du  monument  i. 

I.a    tranchée  terminée    et    comblée,    on   s'occupa   du    pilier    nord-est 
Pifl.  '/),  et  on  le  plaça  de  champ,  avec  base  îi  l'ouest,  de  façon  à  pouvoir 
-oulenir  de  ce  coté,  le  côté  est  de  la  table,  maintenue  soulevée. 

Aspect  actuel.  —  \  l'heure  présente  (1904),  le  mégalithe,  tout  à  fait 
dégagé  et  très  visible,  ressemble  à  un  Dohuen  en  Crapaud  (Fifi.  o',  à  table 


•M)0 


\\\   im;|(i|ii;K    i'.td." 


inrliii<'<>,  reposant  sur  le  sol  ;\  l'ouest.  Le  bor-l  nord  de  ce  f,'ros  bloc  est  calé 
par  le  pilier  nord,  qui  est  placé  de  liane  {Fuj.  'i),  et  qui  est  saidant  de 
1  mètre  ;  et  son  bord  sud  s'appuie  sur  le  pilier  nord-est,  devenu  pilier 
sud.tjui  est  placé  de  champ  é^'ah^nenl  cl  (jui  dépasse  aussi  d'un  mètre  le 
milieu  du  terrier. 


Fîg.  4.  —  lilat  acluel  du  Dolrnon  de  rÉcliaffaud  (Aoùl  l'JOi). 

Vue  Est  :  Table  soulevéïi  de  ce  côté  [Face  inférieure).  —  Vue  de  la  face  interne  du 

pilier  sud  ei  de  la  face  externe  du  pilier  nord.  —  Entre  les  piliers,  partie  fouillée. 

[IMiotographie  cai-dinalc  (Est)  équidistante]. 

La  table,  relevée  à  l'est,  laisse  entrevoir  le  centre  du  monument  {Fig.  U) 
qui  a  près  de  trois  mètres"  nord-sud  et  où  la  fouille  a  été  faite,  si  bien 
qu'une  seconde  tentative  d'exploration  serait  encore  parfaitement  possible, 
si  le  besoin  s'en  faisait  sentir  un  jour.  Le  dolmen  semble  avoir  désormais 
son  entrée  à  l'est;  mais  ce  n'est  là  qu'une  apparence,  qui  résulte  de  la  posi- 
tion nouvelle  donnée  aux  piliers  lors  des  fouilles,  et  dont  il  faudra  bien  se 
rappeler  l'origine,  pour  éviter  plus  lard  des  interprétations  erronées. 

Architecloniqiie.  —  Les  blocs  qui  restent  de  ce  monument  sontau  nombre 
de  trois  :  1»  La  table;  2"  Le  pilier  placé  au  nord;  3'^  Le  pilier  placé  au 
sud.  —  Il  nous  reste  h  les  décrire,  de  même  que  les  blocs  existant  au 
voisinage. 

1"  Table.  —  La  table  reposait  au  milieu  du  buisson  sur  son  bord  sud  ; 
elle  avait  son  extrémité  nord,  la  plus  irrégulière,  relevée  et  appuyée  sur 
le  pilier  nord  renversé. 

Actuellement,  elle  est  couchée  sur  son  côté  ouest  {Fig.  3)  :  son  bord 
est,  épais  et  régulier,  recouvert  de  lichens  {Fig.  'i),  est  élevé  et  bien 
visible. 


ItArDiiriN  ET  t.ACiill.DIMKIlK. 


I.K  IHII.MEX  DE  I,  KC.II AI  TM'I»   Itl"  l'I.KS>b 


:wi 


La  roche  coiisliluaiilr  est  de  la  <iifinuliU\ 

De  forme  h  peu  prvs  (iua(Jrilatrre,  elle  présente  sur  S(tii  bord  nord  une 
sorte  d'appendice  saillant,  bien  visible  sur  l'une  de  nos  fiiçures  (F»</.  ^  ^<  6). 

Ses  dimensions  sont  les  suivantes  ;  H  m.  <)()  de  l'est  ;i  l'ouest,  2.  m.  40 
du  nord  au  sud  ;  mais  le  bord  sud  \  a  à  !{  lu.  Son  épaisseur  moyenne  est 
deO  m.  i");  mais  file  a  dfspuiids  faibles  (0  m.  40)  et  d'autres  plus  épais 
(0  m.  a:i). 

On  peut  admettre  par  >iii|e  ((iiinne  surface:  2  m.  U)  ^  :2  m.  (50  = 
»»  m.  :2i  :  et,  eimime  cube  :  (>  m.  2i  x  0  m.  i.*i  -=  2  me.  ^<00  ;  soit  environ 
3  me.  —  Cela  donne,  si  l'on  prend  le  cliiiïre  .'{  comme  densité  de  la  granu- 
lile,  un  poids  d'environ  O.OOO  kilogr. 


Fi;i   .').  —  b'oniUe  lia  DjIiiicii    —  /'hast-  innijenne  des  Travaux. 
V\\o{o<^vi\\\\w  faite,  à  l'Iist,  dans  It!  champ  n*  132]. 
On  voit  If  iiilicr  nord  dégagé  et  rcilressc.  —  On  commence  à  rolovcr  la  (a[)le  vers 
l'c>t.  —  Le  pilier  sud  est  dégagé  aussi   et   bien    vit^ible,  mais   encore   couche.  —  Un 
ouvrier  vient  de  trouver  un  objet  au-dessous  de  la  table. 


Nous  n'avons  absolument  rien  remanjué  sur  les  faces  inférieure  et 
supérieure  de  cette  table.  La  face  supérieure,  vers  son  extrémité  sud  et 
lu  coin  est,  était  recouverte  de  lichens  assez  abondants  {Fig.  5),  comme 
ses  bords  osl{Fifi.  U)  et  ouest  i¥\(j.  3),  jadis  les  plus  exposés  aux  pluies 
et  aux  vents.  La  face  inférieure,  protégée,  était  très  lisse,  sans  un  lichen  : 
ce  qui  indique  qu'il  y  avait  fort  longtemps  (prelle  n'était  plus  léchée  par 
l'air. 

Pendant  les  manœuvres  qui  furent  imprimées  îi  la  table,  la  partie 
adventice  (F/V/.  i'>,  x)  placée  au  côté  nord,  actionnée  trop  vivementpar  les 
crics,  s'est  fendillée,  en  raison  de  la  friabilili-  de  la  roche  et  de  l'existence 


;i9-2 


10  ocTdiinE  1905 


(lune  f<Mure  on  ce  point  (Fiff  il).  C'est  ce  ciui  nous  a  empi^ché  d'essayer 
(le  renïonlcr  tout  à  fait  la  table  sur  les  deux  piliers,  que  nous  avions  à 
notre  disposition,  ci  notis  a  forcé  à  la  laisser  s'appuyer,  inclinée,  sur  eux. 
2"  Pilier  nord.  —  Le  pilier  nord  élail  en  réalité  couclié  au  nord-ouest. 
Une  fois  liien  dégagé  du  terrier,  il  [>ul  être  mesuré.  Sa  longueur  totale 
est  de  1  m.  'JO  (ce  qui  correspoml  bien  ii  la  hauteur  d'un  vrai  |jllier),  sa 
largeur  île  1  u\.  20.  et  son  épaisseur  de  0  m.  30  en  uutyeiine  {Fifi-  (h- 


/■/Su 


m    yV^^yy 


Fi(j.  6.  —  ScliLMiia  (le  la  siluation  du  Dolmen  au  milieu  du  terrier  et  constitution  du 
mègaiitlie  avant  les  fouilles. 
[Eciu'lle  i  cm  par  mètre.] 
Légende  :  I,  table;  X,  son  appendice;  II.  pilier  nord  ;  III,  pilier  nord-csl,  devenu 
pilier  sud;  A  et  B,  blocs  voisins,  indépendants  du  nKigali'he. 

Sa  base,  c'est-à-dire  la  partie  la  plus  large,  était  au  nord,  et  sa  partie 
la  plus  elïilée  au  nord-ouest,  sjous  la  table,  sur  une  longueur  de  0  m.  20; 
il  est  probable  que  ce  bloc,  situé  exactement  au  nord,  s'est  effondré  par 
glissement  de  la  table  vers  le  sud,  et  s'est  renversé  sous  elle  vers  l'ouest. 

Actuellement,  il  est  placé  de  champ,  avec  base  à  l'est  et  repose  direc- 
tement sur  le  sol  [Fig.  U). 

3"  Pilier  sud.  —  Ce  pilier  était  i)rimitivement  au  nord-est,  à  0  m.  10  du 


BAUDOIIN  ET   LACOl-LOl'MÈRE.  LE  POLMEN   DE  I.'ÉCll AKI-'Ani   Itf  IM.ESSrs  301^ 

précédent.  En  raison  de  la  situation  dans  la(|ut'lle  on  l'a  trouvé  (base  au 
nord-est,  pointe  sous  la  table  d'environ  0  m.  'Mj,  il  a  di^i  tomber  du  côté 
sud,  et  être  entraîné  au  sud-ouest  par  le  glissement  de  la  table. 

Il  a  la  ménie  longueur  totale  que  le  pré('édent,  c'i'st-à-«lirc  I  m.  00,  une 
lai'geur  de  1  mètre  .'i  la  hase,  et  de  0  ni.  30  au  sominet.  Son  extriMnité 
pointue  est  épaisse  et  atteint  0  m.  40,  tandis  «luil  n'a  (jue  0  m.  20  d'épais- 
seur à  la  base. 

Aujourd'hui,  il  est  aussi  placé  de  champ,  avec  sommet  à  l'est  et  repose 
sur  le  sol  môme  {Fig.  //). 

Comme  on  le  voit,  les  dimensions  de  ces  piliers  concordent  avec  tout  ce 
que  l'on  sait  de  l'architectonique  mégalithique  ;  et  il  est  probable  que  les 
piliers  détruits  au  sud  et  à  l'ouest  devaient  être  analogues. 

Partant,  la  table  devait  être  élevée  de  1  m.  30  à  1  m.  40  (1  m.  90  — 
0  m.  oO  d'enfouissement  maximum  =  1   m.  40\  comme  d'ordinaire. 

4°  Blocs  voisins.  —  Les  deux  blocs  de  granulite.  signalés  à  l'ouest, 
n'ont,  comme  nous  l'avons  dit,  rien  à  voir  avec  le  dolmen.  On  nous  a 
raconté,  en  elTet,  dans  le  village,  qu'on  se  rappelait  avoir  vu  le  cultivateur 
du  champ  n"  130  les  déposer  là,  après  avoir  miné  une  grosse  pierre  qui 
se  trouvait  au  milieu  de  ce  champ;  et  on  peut  voir  d'ailleurs  encore  deux 
moitiés  d'un  trou  de  mine  manifeste  sur  ces  deux  fragments,  dont  le  plus 
méridional  correspond  à  peu  près  ii  un  mètre  au  nord  de  la  table.  L'autre 
distant  de  1  m.  10  vers  le  nord,  a  environ  1  m.  ."iO  de  long  sur  0  m.  30 
de  hauteur  {Fig.  6). 

La  roche  qui  constitue  ces  débiis  de  blocs  est  d'ailleurs  une  graiiKhti'  n 
grains  un  peu  plus  fins  que  celle  des  éléments  dolméniques  :  ce  qui  indique 
bien  que  les  pierres  n'ont  pas  la  même  origine  et  partant  la  même  signi- 
lication.  Mais  il  est  impossible  d'aller  plus  loin  et  de  dire  de  quoi  il  s'agit  : 
restes  mégalithiques  ou  rochers  naturels. 

Pétrographie.  —  La  roche,  constituant  tous  les  éléments  du  dolmen  qui 
persistent,  est  en  elTet  de  la  granulite  typique  à  gros  grains  de  feldspath. 
C'est  donc  la  même  que  celle  des  grands  menhirs  voisins.  Evidemment, 
les  blocs  du  mégalithe  de  l'ÉchafTaud  proviennent  du  même  point  et  sans 
doute  du  même  gisement  que  ces  derniers;  aussi  nous  renvoyons  à  ce 
que  nous  avons  déjà  dit  sur  l'origine  de  ces  pierres,  choisies  à  dessein 
parmi  les  nombreux  rochers  libres  de  granulite,  t\n\m  rencontre  dans  les 
vallées  voisines,  au  nord  du  Plessis. 

Il  serait  peut-être  exagéré  de  conclure  de  celte  similitude  dans  la 
nature  de  la  roche  (juele  dolmen  est  à  peu  près  de  l'époque  des  menhirs, 
ou  plutôt  que  les  dits  menhirs  sont  contemporains  de  cette  st''|>iilture 
mégalithique.  Mais  cette  similitude  constitue  une  [»résomption  réelle:  et 
nous  avons  cru  bon  de  la  souligner  ici,  sans  insister  davantage  sur  la 
signification  de  ces  menhirs,  qui,  par  rapport  à  ce  dolmen  et  à  l'allée 


-.VM  19  i.cToHHE  1905 

couverte"  de  la  Krélxmchère  vuisine,  sont  peut-être  des  pierres  indicatrices 
(le  sépultures  '. 

Géotoffie.  —  Le  sous-sol  est  exactement  le  nièine  que  pour  les  menhirs 
(lu  IMessis,  tout  |ir<»clies.  Il  coi-iespond  ;i  peu  j)rè.s  au  bord  du  terrain  pri- 
mitif, qui  limite  au  nord  la  bande  liasique  du  Bernard. 

La  roche,  sous-jacente  au  limon  des  plateaux,  qu'on  a  trouvé  sous  ce 
dolmen  et  (pii  est  assez  peu  l'pais  en  celte  contrée  -,  est  la  granulite 
irAvrillé. 

En  cette  région,  cette  roche  pointe  vers  le  sud,  sous  forme  d'un  cap  se 
dirigeant  vevsUi  Fré/juucltère,  entre  un  alUuentdu  Troussepoil,  le  Jabriau, 
à  Test,  et  l'Alliaire  (ruisseau  du  Bois-Renard),  h  Touest.  Dans  la  partie 
centrale  de  ce  cap,  le  limon  des  plateaux  *  forme,  en  divers  points,  des 
dépôts  assez  importants  pour  qu'on  ait  dû  les  figurer  sur  la  carte  géolo- 
gique *. 

Le  Dolmen  de  l'KchafTaud  est  le  seul  de  la  commune  du  Bernard,  qui 
repose  sur  un  sol  i:;ranuliti(]ue,  tous  les  autres  étant  sur  sol  calcaire.  C'est 
là  une  notion  qu'il  importait  de  souligner,  car  elle  a  son  intérêt  dans 
l'étude  des  restes  de  la  nécropole  mégalithique  agglomérée  sur  ce  terri- 
toire. 

IVatuhe  or  MOiNUMR.NT  —  Pour  nous,  il  s'agit  là  d'un  petit  dolmen  assez 
comparable  à  celui  du  Terrier  de  Savatole.  quoiqu'un  peu  plus  ancien; 
les  deux  tables  sont,  en  effet,  très  comparables  •'. 

(^e  monument  funéraire,  qui  devait  être  sous  tumulus,  et  recouvert  d'un 
très  important  ^a/^ra/  en  pierres  calcaires  du  voisinage,  a  été  attaqué  aune 
époque  impossible  à  préciser.  On  a  dii  enlever  d'abord  les  piliers  du  sud, 
puis  ceux  d'e  l'ouest,  c'est-à-dire  ceux  correspondant  au  fond  ''.  Ceux  que 
nous  avons  appelés  piliers  nord  et  sud,  parce  que  c'est  la  place  qu'ils 
occupent  désormais,  étaient  en  effet  sous  la  table,  le  premier  couché  au 
nord-ouest  et  le  second  tombé  au  nord-est.  Il  est  probable  que  ce  dernier 
était  renversé  au  niveau  même  de  Ventrée  du  dolmen. 

Lors  de  l'attaque,  la  table  a  glissé  vers  le  Sud,  entraînant  dans  son  dé- 


'  Marcel  Baudouin.  —  De  la  sionifica/ion  des  Menhirx.  —  Bull,  de  la  Soc. 
préhist.  de  France,  1004,  avril.  -  Tiré  à  part.  Paris,  i9U4,  1.  B.  S.,  iii-S",  1  fig. 

'  A  l'ouest  du  monument,  le  llinoD  des  plateaux  forme  une  mas.se  assez  importante 
et  constitue  une  bande  allongée  nord-sud,  assez  puissante  pour  qu'on  ait  dû  l'indiquer 
sur  la  carte. 

'  Ce  limon  semble  résulter  ici  de  la  décomposition  de  la  partie  superficielle  de  la 
roche,  granuliliquo,  et  par  suite  est  très  siliceux. 

i  G.  Vasseur.  —  Carte  géologique  de  France  (Feuille  des  Sables  d'Olonne),  au 
1/8O.0O0. 

5  Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumère.  —  Les  Mégalithes  de  Savatole  [Voir 
Congrès  préhistorique  de  France,  Périgueux,  I90ôj. 

6  Ce  qui  tendrait  à  le  prouver^  c'est  que  c'est  de  ce  côté  qu'ont  été  trouvés  les 
ossements  humains  et  en  particulier  le  fragment  de  cubitus,  un  débris  de  poterie, 
et  un  morceau  de  charbon. 


HAffinl  IN  RT   I.AiIdri.OIMKRK.   —   I.K  imr.l.EN  l)K  I.'kc.H  vriAII)  ni'   l'I.RSS|s  HOri 

placement  les  deux  pilicTs  nonl-uiiest  et  nord  osl,  (jui  sunl  tombas  vers  le 
sud,  c'est-à-dire  ;i  l'intérieur  même  du  mégalillif. 

Orientation.  —  .Mais  il  est  impossible,  en  réalil»'-,  d'inili(|iirr  l'orienUition 
qu'avait  ce  nn'-galitbe  et  le  point  où  se  ti'ouvail  l'entrée  vi-ritable,  si  tant 
qu'il  y  en  ait  eu  une,  car  le  monument  était  sans  doute  de  forme  très  ar- 
rondie. Par  suite,  d'une  part,  de  la  disparition  di-  plusieurs  piliers  à 
l'ouest  et  au  sud  et  de  l'efTondiemenl  di's  autres  :  f'f.iiil  donné,  d'autre  jiart, 
l'absence  de  tout»*  trouvaille  caractéristique  pouvant  lixer  les  idées  à  ce 
point  de  vue,  nous  n'avons  aucun  élément  précis  d'appréciation  ;  et  il  est 
plus  scientifi(jue  de  déclarer  (jue  ce  pioblème  demeure  aujourd'hui  inso- 
luble, plutôt  que  d'émettre  une  liy[>otbése,  n'ayant  aucune  base  si'rieuse. 

Toutefois  le  fait  (jiie  la  table  était  tombée  du  coté  sud,  par  ablation 
de  piliers  de  ce  côt»'-,  et  que  les  ossements  ont  été  trouvés  à  l'ouest  semble 
bien  indiquer  que  l'entrée,  c'est-à-dire  la  partie  dépourvue  de  piliers,  était, 
comme  d'ordinaire  en  ces  contrées,  plutôt  du  côté  de  l'Orient,  et  même 
peut-être  au  nord-est.  (lomme  la  disposition  actuelle  des  blocs  quiontété 
remaniés,  pourrait  induire  en  erreur  les  observateurs  à  venir,  nous  insis- 
tons à  nouveau  sur  le  fait  que  l'orientation  actuelle  ne  prouve  rien  di'sor- 
mais,  en  raison  des  remaniements  opérés. 

TiiouvAU.LRs.  —  Etant  donné  la  nature  du  sous-sol  du  nu-galithe,  tout 
à  fait  exceptionnelle  pour  la  commune  du  Hernard,  nous  nous  attendions 
bien  à  ne  pas  trouver  d'ossements  humains  abondants;  de  plus,  le  dolmen 
ayant  été  jadis  complètement  boulever.sé,  de  façon  indiscutable,  il  était 
à  présumer  que  le  mohilirr  funéraire  avait  été  enlevé  ou  dispersé  à  cette 
occasion. 

En  effet,  au  cours  des  recherches  faites  sous  la  table,  pendant  qu'on  la 
déplaçait,  et  en  remuant  les  deux  piliers  restants,  nous  n'avons  découvert 
que  de  très  rares  débris,  dignes  de  remarques.  Ce  sont  les  suivants  : 

1'^  Churbon  de  bois.  —  Un  très  petit  morceau  de  charbon  de  bois  a  été 
trouvé  sous  la  tal)le  du  côté  de  l'ouest.  Il  ne  dépasse  pas  le  volume  d'une 
noisette.  Peut-être  est-il  préhistori(|ue.  car  il  a  été  renconlré  à  côté  d'un 
débris  de  vase?  Mais  cela  n'est  pas  certain. 

2"  Poteries.  —  Il  n'y  a  îi  signaler  que  trois  fragments  de  poteries,  appar- 
tenant à  /roj.s  vases  différents.  Rien  n'indique  que  ces  débris  soient  de  l'âge 
du  dolmen;  mais  c'est  cependant  probable. 

a)  Poterie  à  grains  de  qu  irlz  fins,  rouge  des  deux  côtés,  avec  partie 
noire  centrale  au  niveau  de  la  tranche  (fragment  de  quelques  centimètres 
carrés)...  Peut-être  est-ce  le  seul  débris  intéressant,  au  point  de  vue  pré- 
historique ?  C'est,  en  tout  cas,  le  plus  caractéristi(jue  de  tous  ceux  trouvés. 

b)  Poterie  analogue,  rouge  à  la  face  extérieure,  présentant  des  pail- 
lettes brillantes  de  couleur  jaune  ;  face  interne  noire,  semblant  recouverte 
d'un  dépôt,  donnant  la  dite  coloration. 

c)  Fragment  de  poterie  grossière,  indéterminable, 


31H)  19  ncronuK   ll>Or> 

En  ivalit*',  ces  iJél)ris  sunl  pit'S(|ii'iiiiililis;ililo.s  pour  iino  (lélonninalion 
pn'-cise  (r(''puqiii»  cl  il  esl   linicilc  df  dire  s'ils  sont  iié(jlitlii(iu(.'s. 

'.\°  (hsi'itienls  irdinmaK.r.  —  I"  Fragment  d'un  os  long  (partie  inférieure 
d'un  métatarsien  d'un  oiseau),  rencontré  sur  le  sol,  h  côté  d'un  autre 
df'bris  analogue.  Sans  doute  tn^'s  moderne. 

2°  Dt'bris  de  parties  sjjongieuses  d'os  de  Jio.s,  itidélerminables,  rencon- 
trés également  sur  le  sol,  à  coté  de  parcelles  osseuses  compactes  de  la 
mf^ine  espèce.  Ces  ossements  ne  paraissent  pas  non  plus  préhistoriques. 

4°  Ossements  huniinna.  —  Ils  ne  sont  qu'au  nombre  de  (jualre  fragments  ; 
mais  ils  sont  imliscutables;  et  leur  diagnostic  ne  nous  parait  pas  douteux, 
malgré  leur  petitesse. 

1°  Péroné  droit.  Extrémité  inférieure,  cassée  au  niveau  de  la  fracture 
habituelle  de  cet  os.  Ce  fragment  uiesure  H  cent.  1  2  de  long.  La  malléole 
est  entière  et  très  reconnaissable. 

Cet  05  devait  être  très  gros  et  volumineux,  si  l'on  en  juge  par  les  dimen- 
sions du  débris.  La  facette  articulaire  de  la  malléole^  en  elTet,  a  3  cent.  1/2 
t! .;  hauteur  et  une  base  supérieure  de  2  cenlimètres.  La  circonférence  de 
coite  e.Nlrémilé  atteint  8  centimètres:  et  le  péroné,  au  niveau  de  la  cassure, 
a  :in  diamètre  de  io  millimètres.  Les  impressions  ligamenteuses  susarti- 
c  Maires,  de  même  que  la  gouttière,  sont  des  plus  maïquces. 

2"  Rotiileâii  coiéili'oit  IVagment  supérieur  seulement,  mais  assez  grand 
pour  quà  la  face  posléiieure  on  reconnaisse  la  situation  réciproque  des 
lieux  facettes  articulaires,  et  pir  consér|uenl  puisse  faire  le  diagnostic  du 
cùté  auquel  correspond  l'ossement. 

Rotule  assez  petite  en  réalité,  puisque  le  diamètre  transverse  ne  parait 
pas  dépasser  3  cent,  i/2  *;  la  facette  extérieure  a  2  cent,  i/2  de  large, 
l'interne  1  centimètre  seulement. 

3°  Cubitus.  —  Fragment  du  tiers  moyen  d'un  cubitus,  à  peine  déter- 
minable,  avec  des  points  de  coloration  noirAlre,  et  faisant  certainement 
partie  de  la  sépulture  primitive,  comme  le  péroné.  Sa  longueur  n'est  que 
de  6  centimètres.  Son  diamètre  est  de  i  centimètre  au  maximum. 

Rien  ne  permet  de  préciser  le  côté  ;  mais  il  semble  bien  qu'il  s'agit  du 
côté  droit. 

4»  Phalangette.  —  Une  troisième  phalange  de  la  7nain,  qui  nous  paraît  bien 
être  humaine,  mais  dont  cependant  la  détermination  absolue  est  discu- 
table. En  eiïet,  elle  parait  très  effilée.  Elle  est  longue  de  2  cent.  1/2  et 
large,  au  milieu,  do  8  millimètres.  Elle  correspond  sans  doute  au  doigt 
annulaire  (?);  mais  ce  n'est  pas  certain. 

On  notera  que  la  nature  du  sous-sol  explique  dans  une  certaine  mesure 
la  rareté  des  ossements  humains.  En  effet,  nous  sommes  ici  sur  un  terrain 
primitif,  comme  en  Bretagne,  tandis  que  dans  le  reste  de  la  commune  du 
Bernard,  on  est  sur  sol  secondaire,  c'est-à-dire  calcaire.  Rien  d'étonnant. 


»  Larolule  rl'un  adulte  ordinaire  a  4  cm.  i/2  de  large  [Sappey^ 


XI.LOClTIilN    1)1      l'UKSIDK.Nl  397 

dt^s  lors,  à  ce  ijiie  los  os  se  soient  mal   conservés,  el  ;iii'til  uni'  .i[i|i.ii-i'nct' 
un  peu  spongieuse. 

Conclusions.  —  Il  e.*l  tlillicile,  en  raison  des  iMres  décoiiverles  f;iites  dans 
ce  dolmen,  <!e  formuler  des  conclusions  très  précises;  el  il  esl  impossible, 
en  tout  cas,  de  dire  .-upielle  époque  approximative  remonte  ce  mégalithe. 

Les  seuls  faits  acquis  sont  les  suivants  : 

1"  Il  s'agit  indiscutablement  d'un  mégalithe  ;i  scpidtiur,  du  type  dolmm 
proprement  dit,  puiscpi'on  y  a  trouvé  des  ossements  lut nmi us  anciens,  indis- 
cutables, quoique  très  rares. 

•2"  Le  ihegalitbe  paraît  relalivement  vieux  et  a  l'aspect  des  dolmens 
de  \a  période  «('o/(7/</(^w  proprement  dite,  en  raison  de  son  architectonique 
même,  l'ar  exception  pour  la  région,  il  repose  sur  un  sol  granulilique, 

3°  Il  paraît  contemporain  des  Menhirs  du  Plessis,  très  voisins,  situés 
exactement  au  nord  et  même  de  l'Allée  couverte  de  la  Frébouchère,  placée 
au  sud-ouest,  ((u'il  semble  relier  à  ces  menhirs. 

4'  Il  est  beaucoup  plus  ancien  que  l'Allée  couverte  de  la  Pierre  folle  du 
Plessis',  qu'on  trouve  à  quelques  centaines  de  m.Mres  au  sud-ouest,  car 
celle-ci  est  probablement  du  début  de  l'âge  du  bronze  et  que  certains  des 
mégalithes  de  Savatole,  tous  situés  sur  sol  calcaire. 

.">"  11  a  été  alta([U(''  à  une  épo([U('  inconnue,  détruit  en  parlii\  d  proba- 
blement violé  au  point  de  vue  du  mobilier  funéraire. 


%IP  SEANCE.  —  Novciiiln'c  1905. 

.  Présidence    de    M.    Séiui.lot. 

M.  le  Président  entretient  la  société  de  l'hommaye  qui  vient  d'être  rendu  îi 
la  mémoire  de  Gabriel  de  Morlillet.  et  comnuini(|iie  rallocution  iinil  a  prononcée: 

Le  nom  de  Gabriel  de  Mortillel  est  inséparable  de  celui  de  la  Société 
d'Anthropologie;  aucun  de  ses  membres  n'y  a  joué  un  rôle  plus  impor- 
tant, plus  long,  plus  utile.  Depuis  l'année  180."),  date  de  sa  réception  jus- 
qu'en 18'J8,  il  y  fait  de  nombreuses  communications,  qui  souvent 
éclairent  quelque  point  de  la  science  préhistori(|ue  dont  il  fut  un  des 
fondateurs.  Il  intervient  aussi  fréquemment  dans  les  discussion-^,  soit 
pour  critiquer,  soit  pour  a[)prouver,  ou  mettre  au  point  les  opinions 
émises.  Elu  président  en  1876,  il  remplit  avec  autorité  cette  fonction 
délicate.  Il  collabora  aussi  activement  a  l'organisation  de  la  section 
anlhropologitjue  aux  Expositions  universelles  de  1877  et  de  188'.). 

•  Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumère.  —  L'Allée  couverte  de  Pierre  folle  du 
Plessis  au  Bernard  { Vendée).  —  L'Honnne  prchistor.,  Paris,  1904.  —  Tiré  à  part,  Paris, 
Schleicher  et  C'o,  1904,  in  8*,  fig. 


;{•»«  2   NuVKMItUK    11)05 

Ces  multiples  services  rendent  son  souvenir  cher  à  la  Société  d'Anlhro- 
pol(igi(',  t'I  elle  f'st  aujourd'hui  heureuse  et  fière  de  saluer,  dans  ces 
antiques  an-nes  de  Lutèce,  le  monument  élevé  à  la  mémoire  du  savant 
dont  les  patientes  recherches  ont  si  puissamment  contrihué  t^  recons- 
tituer rhisluire  lointaine  des  premiers  âges  de  l'humanité. 


PRESKNTATIONS 

M.  Kené  DrssAi'D.  —  J'ai  l'honneur  d'oll'rir  à  la  Société,  au  nom  de  M.  Fré- 
déric Maclcr,  les  Contes  Arméniens.  Paris.  Leroux,  1905.  qu'il  a  traduits  de 
l'arménien  moderne.  Os  vingt  et  un  contes,  auxquels  il  faut  joindre  les  quatre 
contes  publiés  dans  la  Revue  des  traditions  populaires  et  dans  la  Revue 
Chrétienne  de  1904,  oui  clé  extraits  d'un  recueil  composé  au  siècle  dernier  par 
un  prêtre  arménien  originaiio  de  Van.  En  dehors  des  traits  du  l'olkloi'c  local, 
ces  coules  révèlent  une  t'itrlc  inllucuce  arabe  et  persane  qui  s'est  l'ail  sentir 
principalement  par  le  chemin  des  caravanes. 

Salnian  et  Rostoni  sont  prequ'aussi  populaires  en  Arménie  qu'en  Perse.  La 
mention  du  peuple  de  "^'adjoudj  et  Madjoudj  (tiog  et  Magog),  celle  de  Zoulficar. 
le  sabre  fameux  i|U('  Mahomet  donna  à  son  gendre  .\li.  et  les  noms  propres 
géographiques  indiquent  assez  la  part  de  l'élément  arabe. 

Dans  la  même  collection  de  contes  et  chansons  populaires  éditée  parla  maison 
Ernest  Leroux.  M.  F.  .Macler  a  déjà  donné  un  volume  de  Contes  syriaques, 
traduction  de  la  version  syriaque  de  l'Histoire  de  Sindban  le  marin.  Il  faut 
remercier  M.  Macler  du  soin  qu'il  prend  de  rendre  accessible  au  lecteur  français 
ces  témoins  des  littératures  orientales  si  précieux,  en  particulier,  pour  les 
folkloristes. 

M.  le  D""  Marcel  Baudouin.  —  J'ai  l'honneur  de  remettre  à  la  Société  d'An- 
thropologie, pour  la  Bibliothèque,  le  «  Manuel  de  Recherches  préhistoriques  i). 
qui  vient  de  paraître. 

Conçu  par  le  Bureau  de  la  Société  préhistorique  de  France,  cet  ouvrage  est, 
avec  le  Premier  Congrès  préhistorique,  qui  s'est  tenu  en  septembre  dernier  à 
Périgueux,  l'une  des  manifestations  les  plus  importantes  de  cette  jeune  et 
intéressante  Société. 

Il  est  inutile,  je  pense,  d'attirer  tout  spécialement  votre  attention  sur  l'im- 
portance d'une  pareille  publication,  la  première  de  ce  genre  ;  sur  les  services 
que  cet  ouvrage  est  appelé  à  rendre  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de  préhisto- 
torique:  aux  débutants  avides  de  savoir,  comme  aux  savants  avides  d'ensei- 
gner. Les  uns  et  tfes  autres  y  trouveront,  nous  en  sommes  convaincu,  toute 
satisfaction  pour  leurs  études  et  leurs  enseignements. 

Les  savants  techniciens  qui  l'ont  rédigé,  les  éditeurs  qui  l'ont  publié,  ont 
l'honneur  de  faire  partie  presque  tous  de  la  Société  d'Anthropologie.  Ainsi 
présenté,  le  «  .Manuel  de  Recherches  préhistoriques  »  recevra  certainement  de 
vous  tous  l'accueil  qu'il  me  semble  mériter,  et  sur  lequel  on  comprendra  que 
je  puis,  moins  que  personne,  insister. 

M.  Dbniker  présente  un  album  d'éolitbes. 

M.  le  D""  Marcel  Baudouin.  —  Qu'on  me  permette  de  rappeler  que  j'ai  publié 


M.   ItAl  1)01  IX.    —  MAHllI.I.AilE  I)F>  iiUJET^  l'llKHlSTnniui-K>.  ',\W 

vi-tn^iuuK'iii  '  mil'  iiolo  sur  li's  o/Ç*yV/.s  «  f'on/ies  hutiidi/irs,  à  i»n>|iijs do  AvVt'o.-  si/nu- 
la/it  dis  /tieds  d'/iomnifs,  que  jo  iio  consitlore  que  roniim.'  dos  liisus  nafunt'. 
J'ai  puldio  la  photogiv-iphio  d'une  de  ces  pièces,  (|ui  fif^'ure  au  Musée  île  La 
Roi'he-sur-Von  (Vendée).  (Juant  h  la  seconde  pièce,  ipii  était  do  roi'uie  soni- 
hlaMo  à  la  prouiière,  je  l'ai  vue  se  délaclier,  sous  mes  jeux,  de  la  partie  (('w- 
trale  d'un  yi'os  i)ioc  de  i-ali-aire  à  hAlir  provenant  dos  carrières  des  Cliarentes. 
Il  i\y  a  dono  pas  do  doide  ;  il  s'agissait  bien  d'un  silex  absolinnent  naturel 
ayant  ligure  d'une  région  du  corps  humain. 

Ces  laits  sulfisent  i\  prouver  quil  faut  se  métier  des  pir ries- /if/ ares,  au 
moins  quand  elles  ne  portent  aucune  trace  de  taille  inlenliomielle  ou  de 
cassure. 


MAQUILLAGE   DES  OBJETS   PREHISTORIQUES 

M.  Maucel  Baluoli.n.  — Je  signale  à  la  .Sooiolé  d  Antlinipulugie  un  article  de 
M.  .\.  Dayot'qui.  mal  interprété  par  un  cnllaboraleur  dune  autre  Revue-', 
a  pu  laisser  croire  que  Boucher  do  l'crtlies  avait  voulu  tromper  ses  collègues 
en  ce  qui  concerne  la  mâchoire  humaine  du  moulin  Quignon.  Il  y  a  intérêt  à 
no  pas  laisser  saccrédiler  une  tidio  légemie.  qui  peut  porter  iiréjudice  aux 
sciences  préhistoriques,  et  je  me  permets  de  vous  demandor  do  vous  piononcer 
on  ce  qui  oiuicerno  l'an'aire  Boucher  de  Porthes. 

Dun  autre  coté,  M.  Dayot  parle  d'antiquités  celtiques  du  Poitou  qui  aui-.iiiiit 
été  truquées.  Je  liens  à  déclarer  à  ce  propos  que  les  accusations  autrefois  lor- 
nnilées  relativement  à  certaines  trouvailles  du  Bernard  (Vendée)  sont  fausses 
et  calomnieuses  ;  cela,  évidominont,  parce  que  la  Vendée  fait  partie  du  Poitou  ! 
Tout  ce  qiu^  labhé  Baudry  a  publié  est  vrai,  et  on  n'a  pas  le  droit  de  mettre  en 
doute  sa  bonne  foi  '». 


*  Marcel  Baudoin.  —  Les  Curiosités  de  la  nature:  Lusus  luitune.  —  La  Viihiu- 
risation  scientifii/ue,  Paris,  1905,  p.  218,  1  figure. 

■A.  Dayot.  —  Le  Matjuillage  des  œuvres  d'art.  — Je  .mis  tout.  Paris,  1(103,  15  oclo- 
bre,  p.  im. 

*  Intermédiaire  des  chercheurs  et  des  curieux.  Paris,  1904.  30  octobre. 

*  D'après  cette  discussioQ,  les  choses  ont  été  remises  au  point  dans  les  numéros  de 
novembre  (10  et  20)  de  Vfntentiédiaire  des  chercheurs  et  des  curieu.i-,  à  la  suite  des 
réponses  faites  pur  M.  Marcel  Baudouin,  conformément  au  vicu  émis  en  la  séance 
du  2  novembre  190.j  par  la  Société  d'Anthropologie. 


400  -2    NilVKMKItK     lUO.'i 


LE  PROBLÈME  ANTHROPOLOGIQUE   DES    PARIAS  ET  DES  CASTES   HOMOLOGUES 
CHEZ   LES    DRAVIDIENS 

Pau  m.    L(ii  is  LAi'iCgUE. 

J'ai  été  dans  l'Imle  en  l'J03-U»04,  chargé  d'une  mission  du  Ministère 
de  l'Instruction  pulili(iue,  pour  essayer  de  déterminer  quelle  a  pu  être  la 
population  primitive  de  la  péninsule.  A  cette  question  se  rattache  d'une 
façon  essentielle  l'étude  des  basses  castes  dravidiennes,  des  Parias,  si  l'on 
veut  prendre  comme  nom  générique  d'un  type  de  population  le  nom  par- 
ticulier de  l'exemple  le  plus  souvent  cité. 

Castes  ta  moules. 

Parias  proprement  dits. 

Ce  que  sont  les  Parias  n'apparaît  clairement  dans  aucune  des  publications 
que  je  connaisse:  on  a  souvent  donné  à  ce  mot  une  compréhension  énor- 
mément plus  grande  que  son  sens  primitif  et  on  l'a  employé  pour  désigner 
par  toute  l'Inde  les  classes  inférieures  méprisées  comme  impures. 

Mais  même  si  l'on  s'en  tient  au  sens  précis  et  si  l'on  désigne  par  ce 
mot  simplement  une  caste  tamoule,  on  trouve  que  nos  connaissances 
réelles  sur  cette  caste  devenue  presque  légendaire  sont  singulièrement 
limitées. 

Qu'est-ce  qu'est  le  mot  d'abord? 

Le  Recensement  {Censiis)  de  l'Inde  en  i901,  vaste  répertoire  élaboré 
par  des  spécialistes  éminents  de  la  sociologie  et  de  l'anthropologie  indienne, 
Vécril  Pn rail/an.  Cette  orthographe  officielle  correspond  assez  bien,  pour 
des  Anglais,  à  la  façon  dont  on  le  prononce  dans  le  pays.  J'écrirais 
Paraien  (en  nasalisant  presque  à  la  française  la  dernière  syllabe);  au  plu- 
riel on  dit  Paraier  ;  telle  est  la  désinence  de  toutes  les  castes  en  tamoul  ;  en, 
au  singulier;  <?r,  au  pluriel.  Le  mot  est  d'origne  inconnue;  Caldwell 
l'écrit  Pareiyas,  et  le  fait  venir  du  mot  Parei,  mot  tamoul  qui  veut  dire 
tambour, 

«  spécialement  le  grand  tambour  dont  on  se  sert  aux  funérailles;  le 
«  nom  de  Pareiya  est  en  fait  le  nom  d'une  occupation  héréditaire,  les 
('.  Pareiya  étant  la  classe  de  gens  généralement  employés  dans  les  céré- 
«  monies  et  spécialement  dans  les  funérailles  comme  joueurs  de  tambours. 
«  Il  est  vrai  que  leur  nombre  est  maintenant  si  grand  que  beaucoup 
«  d'entre  eux  ne  sont  jamais  employés  ainsi,  et  que  l'unique  emploi  de  la 
«  grande  majorité  est  celui  d'ouvriers  agricoles.  Mais  partoutet  toujours, 
«•  quand  on  entend  le  bruit  du  parei,  on  peut  assurer  que  la  personne 
(f  engagée  pour  taper  dessus  est  un  Pareiya.  Comme  toute  la  caste,  quoi- 
«  que  peut-être  la  plus  nombreuse  dans  la  série  des  basses  castes,  est 


I.olls   I.Al'ICulK.    —   I.K  l'IKIlILKMK   .\.\Tllltii|'uLn.;|.jlK  DKS  l'AI(|\s  \()\ 

.<  (lôsigntV  par  ce  n..in,  il  ,K,rai[  prolul.lo  (lue  b.illro  du  t.iinlM.ur  .'.|,iiï  h 
>'   l'oriirino  son  prim-ipal  ompidi  '  ,.. 

J'aicit.:-  te.vluelle.noi.tcetteopinionde  la  plus  graiulo  a.ilorUé  en  matière 
.liMvidienne  pour  donner  tout  de  suite  l'impression  ({ue  nous  avons 
l.esoin  de  nouvelles  recherches.  F.es  Parias  sont  en  elîet  au  nombre  de 
:2.i:;o OOO,  d'après  le  Crusus  qui  les  définit  «  la  grande  caste  d'ouvriers 
agricoles  dans  le  pays  tanioul  ...  VA  comme  les  Tamouls  sont  en  tout  au 
nondjre  de  1-4  millions,  l'homme  le  moins  averti  éprouve  une  répugnance 
à  admettre  une  telle  proportion  de  tambourinaires.  L'opinion  de  Cald- 
well,  pour  afnrmalivr  .|ir,"ll.-  s.. il,  repose  sur  une  simple  ressemblance  de 
radical,  et  l'on  sait  combien  ces  ressemblances  son  parfois  fallacieuses; 
aucun  document  n'établit  la  dérivation;  les  anciens  textes  ne  contiennent 
aucune  mention  des  Parias.  On  rencontre  le  nom  pour  la  première  fois 
dans  une  in.scription  du  xi«  siècle  de  l'ère  chrétienne,  sans  aucun.-  expli- 
cation et  tel  qu'il  existe  aujourd'hui  -. 

Au  point  de  vue  social,  il  faut  écarter  tout  de  suit.;  uik;  err.nir  assez 
répandue,  c'est  à  savoir  (|ue  les  Parias  sont  constitués  par  des  hommes 
exclus  des  autres  castes  pour  une  raison  quelconque.  Ils  constituent  une 
caste  parfaitement  définie  au  même  titre  que  toutes  les  autres  castes.  Je 
ne  peux  pas  entrer  dans  l'essence  de  la  discussion  de  la  caste  hindoue, 
mais,  pour  les  Parias  comme  pour  les  autres,  la  naissance  seule  fait  la 
caste;  on  ne  peut  pas  plus  devenir  Paria  que  devenir  Brahmane;  on  est 
Paria  quand  on  est  né  d'un  père  et  d'une  mère  parias.  La  caste  a,  comme 
toutes  les  grandes  castes,  ses  divisions  fondées  aussi  sur  la  naissance,  et 
dans  aucune,  un  oui  cast  ne  peut,  au  moins  théoriquement,  trouver  place. 

Pour  la  religion  brahmanique  les  Parias  sont  impurs;  leur  contact,  ou 
même  leur  approche,  souille  les  individus  des  castes  pures  ;  voilà  le  fait 
qui  a  avant  tout  frappé  les  sociologues  et  les  ethnographes,  mais  on  ne 
l'a  pas  expliqué.  Il  n'y  a  même  pas,  je  crois,  d'explication  théologique 
formelle.  D'ailleurs  on  peut  dire,  d'une  façon  générale,  que  lorsqu'il  s'agit 
des  Dravidiens,  toute  recherch<"  dans  la  tradition  aryenne  ne  fait  qu'obs- 
curcir laquestion;  le  système  brahmanique,  quelle  qu'ait  pu  être  sa  signi- 
fication dans  .son  pays  d'origine,  est  ici  dans  le  sud  de  l'Inde  entière- 
ment inadéquat,  et  les  Brahmanes,  voulant  à  toute  force  l'appliquer,  ont 
été  amenés  à  des  assimilations  presque  absurdes. 

fl  faudrait  reprendre  l'observation  directe  en  faisant  complètement 
abstraction  de  toute  théorie;  cette  observation  je  ne  l'ai  pas  abordée 
systemati(|uement,  car  mon  programme  ne  comportait  d'abord  que  l'étude 
des  ribus  de  la  montagne  et  c'est  par  le  pays  tamoul  que  j'ai  commencé 
mon  voyage,  à  un  moment  où  je  ne  pen.sais  pas  avoir  à  m'occuper  des 
castes  de  la  plaine. 


Robert  Caldweli..  —  A  comparalice  grainmar  nf  Iho  iJvaridian  or  Soulh-Imlidu 
family  nf  Lnnyiuii/es,  London,  1875.  -2o  édition,  p.  :i49. 
«D'après  (J/os:«ar!,orCa!i/s.  Trih,'<  mvl  Rares,  Mn'lnis  l'rrsidmr,/,  Cmisiis  R.'i.u.t 

soc.  DANTaHoi'.  1905.  27 


M^i  -2  NdVKMiiKi;  I'.)0:i 

M;iis  il  y  ;i  (li's  i'Iidsos  <|U('  Ih  voyageur  noie  en  passant. 

Dans  une  ville,  il  fsl  inipussihle  (Je  reconnaître  un  Paria  ni  à  ses  vète- 
menls,  ni  à  ses  allui'es  ou  aux  allures  di;  ceux  i[u\  l'appiuclienl,  ni  à  sa 
constitution  physique,  dette  remarque  pourrait  d'ailleurs  s'appliquer  aux 
castes  en  général  ;  celles  que  l'on  peut  diagnostiquer  du  dehors,  pour 
ainsi  dire,  sont  l'exception.  La  caste  n'est  qu'une  affirmation  généalo- 
gique :  voila  l'impression  que  l'on  en  ressent  tout  d'abord,  et  il  semble 
qu'iln'y  ait  là  rien  de  plus  réel  que  les  titres  de  noblesse  à  l'heure  actuelle 
en  France. 

Les  Parias  sont  la  seule  classe  presque  qui  puisse,  en  raison  des  pres- 
criptions rituelles,  entrer  au  service  domestique  des  Européens;  dans  ce 
pays  pauvre  gouverné  par  des  Anglais  à  gros  traitements,  où  la  roupie 
est  pour  l'indigène  ce  qu'iHail  chez  nous  autrefois  l'écu,  tandis  qu'elle 
n'est  pour  l'Anglais  guèie  plus  d'un  shelling,  ces  situations  domestiques 
sont  une  véritable  source  de  richesse.  J'ai  fréquenté  surtout  les  Parias  qui 
sont  tenanciers  des  Unlibumjalons,  sortes  d'auberges  de  poste  officielles. 
Le  bungalow  n'étant  pas  ouvert  aux  indigènes,  le  tenancier  fait  observer 
sa  consigne  vis-à-vis  des  gens  de  toute  caste  avec  l'insolence  classique  du 
fonctionnaire. 

Quand  ils  sont  enrichis,  rien  ne  les  empêche  de  s'acheter  des  terres  et 
des  maisons;  ils  portent  les  vêtements  les  plus  recherchés.  Cette  réelle 
respectabilité  sociale  ne  s'accorde  guère  avec  le  mépris  dans  lequel  est 
tenue  leur  caste,  niéi)ris  qui  n'est  pas  limité  pourtant  au  domaine  théo- 
logique, car  eux-mêmes  n'avouent  pas  volontiers  qu'ils  sont  Parias. 

J'ai  eu  comme  homme  de  confiance  et  interprète  pendant  toute  la  durée 
démon  voyagi;  un  Hindou  de  l'ondichéry,  citoyen  français  par  conséquent 
et  parfaitement  conscient  de  sa  dignité  civique;  il  est  du  petit  nombre 
de  ceux  qui  ne  laissent  pas  mettre  leur  vote  aux  enchères  pai^  les  entre- 
preneurs de  corruption  électorale;  il  a  beaucoup  voyagé,  a  résidé  à  Paris 
et  possède  une  certaine  lecture.  Même  quand  nous  fûmes  bons  camarades, 
comme  on  le  devient  quand  on  a  couru  la  brousse  quatre  mois  ensemble, 
jamais  il  ne  voulut  m'avouer  qu'il  était  Paria,  ce  que  je  savais  d'autre 
part;  et  quand  je  lui  demandais  quelle  était  sa  caste,  il  se  réfugiait  dans 
de  longs  discours  sur  l'absurdité  du  système  des  castes. 

A  la  campagne,  on  trouverait  sans  doute  les  difTérences  sociales  plus 
marquées,  et  c'est  là  ce  que  je  regrette  de  n'avoir  pas  examiné;  mais  il 
n'y  a  rien,  je  pense,  d'extrêmement  caractéristique.  Les  Parias  habitent, 
dit-on,  des  hameaux  distincts  du  village  où  demeurent  les  castes  plus 
hautes.  En  tous  cas,  ces  hameaux  ne  s'imposent  pas  à  l'attention  par  une 
misère  particulière,  et  j'ai  vu  des  cabanes  d'une  même  pauvreté  habitées 
par  des  gens  de  castes  différentes,  des  Parias  et  des  Vellalas. 

Vellalas. 

La  caste  des  Vellalas  est,  tout  à  l'encontre  de  celle  des  Parias,  la  caste 
agricole  la  plus  haute  en  pays  tamoul.  Elle  est  assimilée  par  les  Brah- 


I.OIIS  I.Al'ICglE.   —    I.K  l'IlnIlLKMK  AMlIllnl'ol.uClijrE  DKS  l'AUlAS  103 

mant's  sfiilfiiuMit  à  la  i*  des  castes  ili'  Maiiuu,  collo  fies  Suuilras  :  mais  en 
|iayslaimtiil  lesSuuilras  consliluenl  (jiiasi  une  nol>lesse  ;  il  n'y  a  piatique- 
nienl  aucun  inlerniéiliaii'e  cntie  eux  e(  Il-s  Uialnuancs  :  i-n  luul  cas  les 
>ellalas  sont  n-lii^ieuscnient  purs;  les  Braliniam.'s  peuvent  reci'voir  l'eau 
(le  leurs  mains.  Kntre  les  N'ellalas  et  les  Parias  s'étend  au  contraire  le 
fdssé  infranchissable  de  la  pollution.  Eli  hicn,  (piand  on  voit  des  travail- 
leurs des  champs,  on  ne  peut,  en  général,  pas  dire  d'après  leur  aspect  si 
ce  sont  des  N'ellalas  ou  des  l'arias.  Les  Vellalas  seront  souvent  proprié- 
taires du  champ  iju'ils  cultivent,  mais  ils  peuvent  aussi  être  de  simples 
journaliers  agricoles  comme  les  Parias  :  les  uns  et  les  autres  sont  vêtus 
dans  ce  cas  de  la  même  manière  sommaire;  les  uns  et  les  autres,  brûlés 
du  soleil,  sont  d'une  même  couleur  très  foncée,  parfois  de  ce  noir  absolu 
qu'on  a  comparé  avec  exactitude  au  ton  du  charbon  de  bois. 

Mais  leur  mentalité  se  révêle  dilTérente.  Lorsque  sur  le  point  de  (juilter 
le  pays  tamoul,  je  voulus  collectionner  rapidement  qui'hjues  mesures 
sommaires  sur  ces  castes,  je  parcourais  les  environs  de  Coïmbatour  avec 
un  peon,  sorte  d'huissier  indigène  mis  à  mon  service  par  l'administration, 
dont  le  baudrier  à  pKuiue  me  conférait  un  prestige  officiel.  Aucun  de  ces 
licoits  ne  pouvait  discernei-  ;i  première  vue  la  caste  des  gens;  ils  devaient 
les  interroger;  mais  (|uand  on  avait  alfaire  à  des  Parias,  ceux-ci  se  lais- 
saient en  général  mesurer  docileiucnl,  <[uoique  souvent  avec  crainte,  et 
recevaient  avec  satisfaction  quelque  menue  monnaie.  Les  Vellalas  exi- 
geaient en  général  quelque  diplomatie,  refusaient  parfois  de  se  laisser 
aucunement  approcher,  et  d'autres  fois  repoussaient  fièrement  après  la 
mensuration  rotIVe  d'un  petit  cadeau;  parfois  aussi  venaient  en  l'absence 
de  témoins  chercher  leur  bakchich. 

Bref,  la  dilférence  de  ces  deux  castes  paraît  exclusivement  morale  et 
les  faits  d'aujourd'hui  ne  l'expliquent  point. 

Palier. 

A  cùté  de  la  caste  des  Parias  proprement  dits,  la  caste  des  Palier  se 
présente  comme  très  analogue.  Dans  le  district  de  Coïmbatour,  on  place 
les  Palier  au  rang  social  immédiatement  supérieur  à  celui  des  Parias. 
Mais  il  faut  bien  se  rendre  compte  que  dans  la  hiérarchie  des  castes  eiïec- 
tives,  une  dillérence  d'un  degré  c'est  la  quasi-égalité;  les  castes  sont  en 
nombre  très  considérable  et  l'esprit  hindou  exige  un  classement  sur  une 
seule  ligne;  aucune  caste  n'est  supposée  égale  à  une  autre,  elle  doit  tou- 
jours se  placer  au-dessous  d'une  caste  supérieure  et  au-dessus  d'une  caste 
inférieure.  En  réaliti',  les  Parias  habitent  surluut  la  zone  septentrionale 
du  pays  tamoul  ;  les  Palier  me  paraissent  èlre  leurs  homologues  de  la 
zone  méridionale,  les  régions  de  Maduraelde  Tinnevelly.  Dans  le  district 
de  Coïmbatour,  j'ai  opéré  surtout  au  voisinage  de  la  montagne,  dans  une 
région  dont  le  peuplement  est  relativement  récent;  comme  on  se  trouve 
là  à  peu  près  à  la  hauteur  du  milieu  du  [»ays  (amoul,  les  populations  des 
deux  zones  viennent  s'y  juxtaposer  et,  dans  la  hiérarchie  hindoue,  leurs 


404  ^2    NOVEMBRE    1905 

castes  s'entrecroisent  par  des  siipeipositions  éminemment  convention- 
nelles. Il  est  fréquent  de  voir  une  caste  récriminer  au  sujet  du  ran^  qui 
lui  est  assii;né  ;  l(>s  récriminations  soni  fondées  sur  des  arguments  tradi- 
tionnels et  ptiilosoplii(]ues,  appuyés  au  besoin  par  des  coups  de  h<Vton  à 
défaut  de  coups  de  fusil.  La  raison  de  la  prééminence  relative  donnée  aux 
Pallei- sur  les  Parias  m'est  inconnue;  d'après  la  régie  la  plus  ordinaire, 
il  faudi'ait  la  chercher  vraisemblablement  dans  des  mœurs  un  peu  plus 
conformes  aux  prescriptions  brahmaniques. 

Comparaison  physique  des  trois  castes  ci-dessus. 

Les  Palier  smit,  d'-ipiés  le  Census,  au  numbre  de  825,000;  les  Parias, 
comme  je  l'ai  dit,  2,452,000.  elles  Vellalas  2,379,000.  Des  castes  aussi 
nombreuses  répandues  sur  un  grand  pays  n'y  restent  pas  d'un  bout  à 
l'autre  identiques  à  elles-mêmes;  pour  les  comparer  entre  elles,  il  est 
nécessaire  de  prendre  les  documents  sur  l'une  et  sur  l'autre  au  même 
endroit.  Les  chiffres  que  je  vais  donner  sont  tirés  du  district  de  Coïmba- 
tour,  et  plus  spécialement  de  la  petite  ville  de  Pollachi  entre  Coïmbatour 
et  les  monts  d'Anémalé.  A  Madras,  Thurston  a  trouvé  pour  les  Parias  et 
pour  les  Vellalas  des  indices  céphaliques  plus  bas:  j'ai  moi-môme  observé 
pour  les  Pallei"  près  de  Tinnevelly  un  indice  cépbalique  plus  élevé. 

Le  type  physique  de  ces  trois  castes  est  essentiellement  le  même;  j'ai 
fait  remarquer  déjà  que  l'on  ne  pouvait  d'après  les  traits  diagnostiquer 
la  caste  d'un  individu;  le  type  général  est  celui  qu'on  a  souvent  décrit 
comme  type  dravidien.  Les  descriptions  des  divers  auteurs  ne  sont 
d'ailleurs  pas  tout  à  fait  d'accord  entre  elles;  elles  insistent  plus  ou 
moins  sur  le  caractère  négroïde,  mais  toutes  sont  d'accord  pour  faire  du 
dravidien  quelque  chose  d'intermédiaire  entre  les  blancs  et  les  nègres. 
Huxley*  les  rapproche  des  Australiens;  Haeckel  *  en  fait  une  espèce, 
VHomo  dravida  «  probablement  très  voisine  de  la  forme  ancestrale  des 
Euplocamiens  »,  c'est-à-dire  des  Nubiens  et  des  Méditerranéens;  Grawfurd  ^ 
avait  déjà  affirmé  leur  ressemblance  avec  les  Abyssins.  Les  deux  traits 
que  l'on  retrouve  dans  toutes  les  descriptions  sont  :  la  peau  noire  et  les 
cheveux  lisses  ou  ondes,  ce  qui  revient  à  la  constatation  d'Hérodote  sur 
les  nègres  à  cheveux  lisses  de  l'armée  de  Xerxès. 

Mais,  pour  la  forme  du  nez,  Haeckel  le  décrit  comme  saillant  et  étroit, 
d'autres  comme  plus  ou  moins  camus;  Schmidt  *  distingue  une  sous- 
race  platyrrhinienne  et  une  sous-race  lepturrhinienne.  En  réalité,  dans  les 
trois  castes  que  nous  considérons,  il  y  a  à  la  fois  des  leptorrhiniens  et 


•  Huxley.  —  Anatomy  of  Vevichrated  animait. 

*  Haeckel.  —  Histoire  dp  la  création  des  êtres  organisés,  trad.  Letoiirneau,  Paris, 
19û;i  p.  L»24. 

'  J.  Grawfurd.   —  Hllniolotm  of  Af/i/ssinia.   Trans.  of  tlie  Ethuolog.   Society  of 
London,  t.  VI,  1867. 
4  ScHMiDT.  —  Die  Anthro/i.  Indiens;  Globus,  t.  LXl,  1892. 


r,(tri>  i.viMi:ijrE.  —  i.k  l'itnm.K.MK,  ANTiiKni'ni.uciun',  iik>  i'AiiiA>  iOri 

des  platyrrliinieiis,  il  y  a  des  individus  qui,  vus  de  fa  e  et  les  cheveux 
lachéspar  leur  turban,  donnent  loul  à  fait  l'impression  de  nègresafrioains. 
Comme  toujouis,  les  enfants  paraissent  relativement  p'us  nègres  ([ue  les 
adultes.  Ces  types  négroïdes  se  rencontrent  surtout  chez  les  Parias  et  les  l'al- 
ler'; il  y  a  d'autre  part  des  individus <|ui  avec  un  nez  fin,  saillant,  doimenl 
l'impression  d'un  blanc  à  peau  noire;  ce  type  se  rencontiv  plus  tréiiuem- 
ment  chez  les  Vellalas,  mais  on  le  trouve  aussi  dans  les  d<Mi\  autres  castes, 
de  même  qu'il  y  a  des  Vidlalas  négroïdes.  I.a  plupart  des  individus  des 
trois  castes  réunies  rappellent  rerlainemcnt  li'  muhVtre,  en  donnant  h  ce 
mot  son  sens  ordinaire,  c'est-;i-dire  métis  d'Européens  et  de  nègres 
d'.\friqu<'.  Par  rapport  aux  vrais  mulâtres  pourtant,  cette  population  pré- 
sente les  deux  dilTérences  suivantes  :  I"  le  teint  est  toujours  foncé,  dans 
la  gamme  des  bruns  soutenus  et  ne  tourne  jamais  vers  l'olivâtre,  2°  chez 
des  mulâtres  présentant  des  traits  négritiques  aussi  marqués,  on  obser- 
verait une  forte  proportion  de  chevelures  crôpelées  qui  font  ici  défaut. 

Je  me  servirai  pour  le  moment  de  trois  mesures  seulement  : 

l-'  L'indice  nasal;  cet  indice  traduira  en  chiffres  un  des  traits  les  plus 
importants  de  la  physionomie  négroïde  saisissable  à  l'œil  ;  nous  verrons  se 
révéler,  par"  la  dilîérence  des  moyennes,  un  fait  qui  apparaît  à  l'observa- 
tion attentive,  non  des  individus  mais  de  groupes  d'individus;  c'est  à 
.sivoir  (jue  les  Palier  et  les  Parias  sont  plus  négroïdes  que  les  Vellalas. 
.l'ai  pris  la  dimension  verticale  du  nez  suivant  la  technique  de 
M.  Papillault  ',  c'est-à-dire  la  limite  supérieure  à  la  mture  naso  frontale 
palpée  à  travers  les  téguments.  Celte  technique  a  l'avantage  de  laisser 
moins  dindécision  dans  la  mesure,  mais  il  faut  tenir  compte  que  par 
rapport  à  l'indice  nasal  tel  que  l'indique  Topinard,  elle  donne  des  valeurs 
sensiblement  moins  élevées  dans  le  type  nègre,  tandis  qu'elle  ne  change 
pas  sensiblement  les  valeurs  dans  le  ty|ie  blanc;  il  en  résulte  que  la  dif- 
férence d'un  type  à  l'autre  est  atténuée. 

:2"  L'indice  céphalique  horizontal,  rapport  largeur  longueur  suivant 
les  procédés  classiques. 

3°  La  taille  debout;  haul-nir  du  verl<'x  au-<lessus  du  sol. 

Tous  les  sujets  dont  je  me  servirai  dans  le  présent  travail,  en  en 
donnant  chaque  fois  le  nombre,  sont,  sauf  mention  contraire,  des  mâles 
adultes;  les  femmes  m'ont  pour  certaines  castes  fait  complètement  défaut, 
et  pour  d'autres,  se  sont  présentées  en  nombre  insullisant. 

Voici  les  moyennes  obtenues  pour  les  trois  castes  que  je  range  dans 
Tordre  des  préséances  sociales. 


»  Dans  la  plundie  ci-joinlv  les  3  Parias  (Fiy.  1}  muiitntit  hi.ii  le  mélange  de  types  : 
l'individu  du  milieu  esl  assez  fortement  néyroïilo.  L  ■  j.uuo  PolU-r  (Fif/.  :ij  paraîtrait 
très  négroïde  sans  ses  cheveu.^  roides. 

»  G.  Papill.\ULT.  —  L'homme  mni/en  <i  Paris.  RiilLliiis  et  Mémoir.  s  de  la  Socié'é 
d'Anthropologie  de  Paris,  1902. 


iO()  -2    NdVKMItltK     lilO.") 

Indico  nasal     Indico  céplialiiiuo  Taille 

23  V.-lliil.is 75  7S.2  160,6 

l\)  l'all.'f 77  77.3  101 

2;î  l'.iiias 78  7('..  1  16;J,7 

l*oiir  l'indice  nasal,  nous  l'elruuvons  dans  ce  cas  particulier  une  véri- 
fication très  nette  de  la  loi  de  llisley,  ;i  savoir  (|ue  l'indice  nasal  s'accroît 
(juand  on  descend  l'échelle  des  castes;  il  est  remaniuahli-  (|ue  la  petite 
dilïérence  sociale  établie  entre  les  Palier  et  les  Parias  concorde  avec  une 
petite  dilïérence  de  l'indice  nasal. 

Il  est  encore  plus  remarquable  qu'en  ordonnant  les  castes  simplement 
au  point  de  vue  social,  on  les  ait  du  même  coup  ordonnées  par  rapport  aux 
trois  valeurs  anthropométriques  choisies.  L'indice  céphalicjue  dans  un 
cas  tel  que  celui-ci  ne  se  révèle  en  rien  à  l'observation  directe  et  les 
chiffres  seuls  peuvent  montrer  une  loi  de  variation  systématique.  Ces 
valeurs  moyennes  correspondent  sûrement  à  une  réalité  et  non  ;i  un 
hasard  de  série  comme  on  peut  le  voir  par  la  répartition  des  cas  indivi- 
duels. Je  donnerai  ici  seulement  les  cas  extrêmes  de  chaque  série;  pour 
l'indice  céphalique,  ce  sont  chez  les  Vellalas  73,3  et  85,8;  chez  les  Palier 
72,2  et  83,3;  chez  les  Parias  71,5  et  81,3.  Pour  la  taille,  ce  sont  chez  les 
Vellalas  145  et  174;  chez  les  Palier,  153  et  177  ;  chez  les  Parias  155  et  181. 

.l'ajoute  que  j'ai  observé  nombre  d'exemples  du  même  fait  :  pour  moi, 
il  n'y  a  pas  de  doute  qu'à  la  division  en  castes  correspond  une  différencia- 
tion ethnologique. 

Castes  du  Mal.xbar. 

Poulayer  et    Cheroumas. 

Mais  le  cas  du  paria  tamoul  n'offre  pas  des  conditions  favorables  à 
l'étude.  A  tous  les  points  de  vue  le  pays  tamoul  ne  présente  des  choses 
dravidiennes  qu'une  image  estompée;  c'est  un  pays  qui  a  été  soumis  à 
trop  de  vicissitudes  politiques.  Le  Malabar,  sur  la  côte  opposée  de  la  Pé- 
ninsule, prc'sente  comme  institutions  et  comme  races  les  formes  anciennes 
beaucoup  mieux  conservées  et  par  suite  beaucoup  plus  faciles  à  com- 
prendre, car  elles  sont  restées  dans  la  logique  d'un  système. 

Dans  le  Malabar,  il  y  a  bien  des  Parias,  mais  en  petit  nombre.  A  part 
ceux  qui  occupent  un  emploi  auprès  des  Européens,  ils  sont  très  misé- 
rables, habitant  des  huttes  isolées  dans  les  endroits  écartés,  parfois 
nomades;  ils  vivent  de  menus  métiers  tels  (pie  li  vannerie  et  la  sorcel- 
lerie. Ils  ne  font  pour  ainsi  dire  pas  partie  de  la  société  régulière  et 
donnent  l'impression  de  quelque  chose  d'adventice.  Ce  sont,  je  pense,  des 
descendants  de  Parias  tamouls  jadis  réfugiés  en  !)lalabar. 

La  classe  d'ouvriers  des  champs  ici  est  composée  de  véritables  serfs 
attachés  à  la  glèbe;  dans  le  nord  (Malabar  britannique^  on  les  appelle 
Cheroumas  ;  dans  le  sud  (royaumes  indigènes  de  Travancore  et  deCochin), 


40»; 


/'//.   /.  —  Truis  (Liiins  lamouls,  de  l'ollarli 


/'/'/.  l\  —  F.niiillr    [luuhiyrr,    de  Mali.iloiir. 


^'U-  ^-  —  Jeune  l'aller. 


F/y.  L.  —  Xayer,  de  Malialour, 


LOi:iS  LAl'ICOl  E.   —   I.K  l'IinllI.K.Mi:  AM  llll'il'ul.oiilol  K  |»KS  l'MllAs  U)7 

on  los  appelle  />iii(l(ii/rr.  Voici  le  sens  de  ces  (lénmniiialitjns  :  INjulayer 
dérive  de  Ponln,  poliulioii  ;  c'est  le  sens  qui  existe  dans  l'esprit  des  gens; 
ce. n'est  point  une  deiivalion  théorique.  Les  gens  des  castes  libres,  (juand 
ils  disent  Poul'ii/i'i\  pensent  i  éoliement  ^^/rt'S  im/>Mr5.  Les  Foulayer  eux- 
inOnies  ne  se  donnent  jamais  ce  nom  ,  iinaiid  im  lem-  deinande  Umm-  caste, 
ils  répondent  qu'ils  sont  Puller. 

Il  me  sennble  que  ce  mot  de  Poulayer  a  été  t'alni(|iit''  systi'iiialiqiienient, 
|)ar  une  déroiinalidii  voulue,  puur  être  nue  injure.  Il  parait  ipie  la  dt'-ri- 
vjition  phoni-lique  n'est  [)as  possil)le  de  l'til/rr  à  h)ul(ii/er:  mais  (juand  il 
s'agit  de  noms  propres,  on  trouve  part(»ut  dans  l'usage  populaire  des 
calembours  ou  des  à  peu  près  du  genre  d(i  celui-UV.  En  tout  cas,  il  est 
curieux  tle  reti'ouver  ce  nom  de  l'aller  dans  la  bouche  de  pauvres  diables 
sans  aucune  instruction,  ne  voyageant  jamais,  et  qui  n'ont  peut  être 
aucune  idée  des  Palier  tamouls. 

Le  mot  de  t'herouma  est  un  mot  spécial.  M.  et  M""=  Watts,  tous  deux 
.\nglais  de  race  pure,  mais  nés  dans  le  Travancore  et  ayant  passé  toute 
leur  vie  dans  ce  pays,  m'ont  donné  le  rcnseigricment  suivant  :  ce  serait 
la  désignation  (jue  les  l'oulayer  appliquent  ii  leurs  enfants,  clierouma  pour 
les  garçons,  cher  mi  pour  les  filles;  c'est  un  mot  qui  n'est  pas  malayalam 
ni  lainoul.  Dans  une  partie  du  pays,  il  aurait  donc  été  emprunté  par  les 
castes  supérieures  et  appliqué  ;i  la  caste  inférieure  avec  une  extension 
analogue  à  celle  du  mot  f/arron  chez  nous  ou  boif  en  anglais. 

Dans  toutes  les  parties  du  Malabar  que  j'ai  vues  (Cochin,  Travancore 
l'I  .Malabar  britannique),  Cheroumas  et  Poulayer  se  ressemblent  beaucoup, 
•le  fonderai  ma  description  sur  mes  souvenirs  du  Travancore,  le  pays  le 
plus  typique 

Lorsque  passant  sur  une  roule  on  voit  de  loin  de  petites  créatures  qui 
se  précipitent  derrière  les  buissons  pour  s'y  cacher,  ou  bien,  parmi  les 
rizières,  s'écartent  jusqu'à  50  mètres  du  chemin,  piétinant  dans  la  boue  à 
mi-jambe,  on  reconnaît  des  Poulayer  qui  se  rangent  pour  éviter  aux 
passants  le  voisinage  de  leur  impureté.  Il  faut  de  l'insistance  et  parfois 
une  certaine  contrainte  pour  ((u'ils  s'approchent  ou  qu'ils  vous  laissent 
approcher,  et  alors  ils  s'inclinent,  parfois  même  se  prosternent  et  se 
tiennent  devant  vous  dans  une  posture  humble  et  craintive  leurs  deux 
mains  jointes  sur  leur  bouche*.  Les  hommes  comme  les  femmes  n'ont 
qu'un  vêlement  sommaire  autour  des  reins;  les  hommes  ont  généralement 
les  cheveux  coupés  ras;  la  petitesse  de  la  taille  est  frappante;  les  visages 
n'ont  rien  de  particulièrement  négritique;  la  couleur  de  la  peau  est  extrê- 
mement foncée. 

Voici  quelle  est  leur  condition  matérielle  et  sociale.  Ils  habitent,  en 
général,  dans  la  rizière  même  qu'ils  cultivent,  des  huttes  de  paille  extrê- 
mement sommaires,  parfois  plus  basses  que  la  hauleur  d'un  homme,  et 
ne  contenant  d'autre  moltilier  que  quelques  écuelles  de  terre  :  j'ai  rare- 


'  Voir  dans  la  pluuclie  la  fif^iu-u  '■2;  la  pose  reprcseutée  oal  le  iiiiiiiuiiun  (radoralioii 
que  j'ai  pu  obleuir  de  celle  famille. 


i08  2    NOVEMItRE    1005 

menf  vu  de  sauvages  avec  un  logis  aussi  misérable.  Ils  sont  propriété  du 
possesseur  do  la  toi-re,  vendus  ou  loués  avec  celle  terre,  quelquefois  loués 
séparénienl  ctunuie  travailleurs  pour  les  plantations  eurup<''ennes;  ils  ne 
reçoivent  aucun  salaire,  sont  nourris  avec  la  moins  bonne  partie  de  la 
récolle  et  les  cadavres  des  bestiaux  morts  de  maladie.  Le  droit  de  pro- 
l»riélé  sur  leurs  personnes  est  formel  et  pif'cis  dans  les  lois  et  coutumes 
iudigr-nes;  il  s'appelle  U;  Djcumam  ;  le  propriétaire  ou  Djentni  pciû  les  faire 
poursuivre  et  ramener  s'ils  s'enfuient  de  sa  terre.  Les  Anglais  ont  théo- 
riquement aboli  cet  esclavage  et  feignent  d'ignorer  qu'il  s'est  maintenu 
en  fait;  tous  les  indigènes  en  parlent  sans  embarras.  J'expliquais  à  un 
Djenmi,  en  lui  demandant  de  mcnsurer  ses  serfs,  que  je  cherchais  la 
diirérence  de  caste  entre  les  races,  et  que  la  petite  taille  des  Poulayer 
m'intéressait  à  ce  point  de  vue;  il  me  répondit  froidement  :  «  S'ils  sont 
petits,  ce  n'est  pas  la  race;  ils  ne  grandissent  pas  parce  qu'ils  Iravaillent 
trop  jeunes  et  ne  mangent  pas  assez.  »  De  leur  côté,  les  Poulayer  parais- 
sent avoir  le  sentiment  intime  de  leur  inférioi'ité,  et  accepter  sans  résis- 
tance leur  abjection  à  laquelle  ils  n'ont  d'ailleurs  guère  le  moyen  pratique 
de  se  soustraire.  Au  voisinage  des  communautés  chrétiennes  ou  musul- 
manes pourtant,  il  en  est  qui  se  convertissent,  et  ainsi  devenus  Môplns, 
défendus  au  besoin  par  leurs  nouveaux  frères,  ils  échappent  à  leurs 
maîtres. 

Les  Cheroumas  du  Malabar  britannique  ne  s'écartent  de  celte  descrip- 
tion que  par  des  nuances  :  le  Census  donne  comme  synonymes  les  deux 
mots  Gherouma  et  Poulayer,  il  a  néanmoins  compté  les  uns  et  les  autres 
à  part,  suivant  l'indication  des  fiches  de  recensement;  il  indique  pour  le 
terriloire  britannique  253.000  (Iheroumas  et  3.000  Poulayer.  Pour  les 
états  deTravancore,  206.000  Poulayer-et  seulement  700  Cheroumas  (dans 
Cochin,  il  donne  59.000  Poulayer  et  il  ne  mentionne  pas  les  Cheroumas). 
Ce  qui  revient  à  constater  que  les  serfs  agricoles,  sensiblement  homo- 
logues dans  tout  le  Malabar,  portent  deux  dénominations  différentes  sui- 
vant la  région  considérée. 

Travancore  et  Cochin  réunis  présentent  une  population  d'environ 
3.800.000  personnes;  si  l'on  en  retranche  900.000  chrétiens  et  250.000 
musulmans  (Môplas^  parmi  lesquels  les  distinctions  de  castes  sont  effacées, 
nous  voyons  que  les  Poulayer  forment,  dans  ces  royaumes,  un  dixième 
de  la  société  hindoue. 

L'aspect  physique  des  Poulayer  et  des  Cheroumas  m'a  paru  essentielle- 
ment le  même  dans  tout  le  Malabar;  à  part  la  petite  taille  il  ne  présente 
d'ailleurs  rien  de  particulier;  comme  chez  les  castes  lamoules  que  nous 
avons  examinées,  il  rappelle  avec  de  grandes  variations  individuelles 
le  mulâtre  par  beaucoup  de  traits  et  en  diffère  par  quelques  autres. 
Les  mensurations  que  j'ai  faites  sur  divers  groupes  de  Poulayer  et  de 
t^heroumas  en  des  localités  diirérentes  m'ont  fourni  des  chitîres  diver- 
gents. 

Voici  ces  séries  : 


Indice 

Indice 

nasal 

cf^phaliquo. 

Taille. 

7(i 

7(;.n 

154,0 

7S 

71.(1 

155,0 

80 

75.7 

155.2 

78 

72,8 

159 

7ti 

73.8 

153,8 

r.OnS    I.APIC.yLE.   —  I.K  l'UOm.KMK  ANTIIllilPOLOr.IQUE  DES   l'AlU.XS  iOO 


l(i  l'diil.ivtT  il  .Mali.itiiiir 

10  PimlHVcr  ;i  AnjL'.iiii.ili 

18  C-heroumas  à  Trii-liniir 

0  C.hei'ounias  à   INnildupatli 

12  l'oulavei-  à  Kalpclla 

il  [(L'iil  y  avuii",  il  y  a  niônni  presque  corluiiiemeiil  dans  ces  t'carts,  une 
part  qui  revient  à  des  hasards  de  séries  un  peu  courtes;  c'est  ainsi  que 
la  moyenne  extraordinaire  obtenue  pour  l'indice  céphalique  sur  les  l'ou- 
layer  d'Angamali  n'est  pas  vériliée  par  une  petite  série  de  femni(>s  du 
môme  groupe.  Je  mets  ici  ji  titre  de  comparaison  les  3  séries  de  femmes 
(jue  j'ai  récollées  dans  cette  caste  : 

Indice  Indice 

nasal.        cc'phaliquo.  Taille. 

8  9    l'oiilay.M-  à  Maiialdiir 07,1  70.9  142,3 

G  9    Poulayer  Angainali 74,3  74,8  140,7 

19  9   Cherounias  à  Tiirliour 75,4  76  144,6 

Les  femmes  sunl  en  moyenne,  comme  c'est  la  règle  dans  ces  popula- 
tions, moins  plalyrrhiniennes  et  moins  dolichocéphales,  mais  les  varia- 
tions d'une  localité  à  une  autre  ne  se  suivent  pas  dans  les  deux  sexes. 

Néanmoins  je  pense  qu'il  y  a  des  différences  l'éelles  d'une  localité  ;i 
une  autre.  Il  n'y  a  aucune  raison  pour  que  celte  caste  présente  une  unité 
anthropologique.  Les  Poulayer  sont  nécessairement  très  sédentaires, 
presque  parqués  :  il  doit  y  avoir  peu  de  communications,  si  même  il  y 
en  a,  entre  les  l'oulayer  de  deux  agglomérations  s 'parées.  .Vu  contraire, 
ils  doivent  subir,  comme  toutes  les  populations  socialement  inférieures 
(et  ceci  a  lieu  aux  Indes  comme  ailleurs,  malgré  les  barrières  rituelles), 
l'influence  des  populations  qui  les  entourent  et  qui  ont  avec  leurs  femmes 
des  relations  irrégulières.  Voici  un  exemple  de  cette  influence. 

Entre  Maliatour  et  Angamali,  il  n'y  a  qu'une  petite  distance  :  2  heures 
de  pirogue,  plus  3  heures  de  charrette;  mais  iMaliatour  est  le  dernier  vil- 
lage proprement  travancoréen,  au  bord  même  de  la  montagne  et  de  la 
jungle  où  viventdes  populations  demi-sauvages  qui  sont  relativement  bra- 
chycéphales  (absolument  parlant,  elles  sontsous-dolichocéphalesj.  Anga- 
mali est  tout  à  fait  en  plaine,  et  les  populations  libres  de  cette  plaine  sont 
extrêmement  dolichocéphales.  Ainsi  s'éclaire  la  dilférence  dans  l'indice 
céphalique  des  Poulayers  des  deux  localités. 

C'est  à-(lire  que  les  l'oulayer  et  Cheroumas  ne  i)résentent  pas  une  ma- 
tière anthropologique  bien  favorable  pour  élucider  la  question  d'une  race 
primitive  dont  ils  seraient  les  descendants.  Même  leur  petite  taille,  qui 
est  seule  assez  constante,  peut  très  bien  n'être  pas  un  caractère ancestral, 
et  l'explication  physiologique  donnée  par  le  Djenmi,  à  savoir  un  arrêt 


440  2  NOVEM»HE    1905 

de  développemonl  par  los  mauvaises  conditions  do  la  vie,  paraît  avoir 
une  certaine  n'alili'. 

Ia\  cirt'l,  18  l'arias  du  I  ravancore  qui  uul  une  existence  encore  plus 
misérable  que  celle  des  l'oulayer,  et  sont  d'ailleurs  considérés  par  ceux- 
ci  comme  inférieurs,  m'ont  donné  une  taille  moyenne  de  151,4  (le  maxi- 
mum étant  HJU  et  le  mininmm  141);  cest  12  centimt'tres  de  moins  que 
les  Parias  tamouls  dont  iU  descendent  vraisemblablement:  et  de  tous  les 
éléments  étrangers  (jui  ont  ont  pu  s'introduire  dans  la  race,  aucun  n'est 
aussi  petit. 

Mais  ces  Poulayer  permettent  au  moins  de  compiendre  ce  que  le  Paria 
a  dû  être  primitivement  au  point  de  vue  social.  Les  relations  qui  existent 
entre  eux  et  les  propriétaires  du  sol  sont  les  relations  qui  existent 
fn'Hjuemmenl  de  maître  à  esclave,  et  dont  nous  trouvons  chez  des  gens 
de  notre  race  des  souvenirs  encore  vivants;  telles  ont  été,  aux  Antilles 
et  dans  l'Amérique  du  Nord,  les  relations  entre  nègres  et  planteurs. 
Dans  cet  exemple,  il  est  vrai,  et  dans  les  traces  qu'il  a  laissées,  intervient 
la  question  de  couleur,  c'est-à-dire  une  différence  de  race  très  marquée. 
En  est-il  de  même  aux  Indes?  C'est  notre  question  même,  et  c'est  une 
question  que  les  intéressés  ne  semblent  pas  se  poser  actuellement;  d'ail- 
leurs leur  opinion  n'aurait  pas  grande  valeur.  Nous  avons  vu  pour  les 
les  Parias  tamouls  une  certaine  indication  anthropologique  en  ce  sens. 
Dans  le  Malabar,  le  Poulayer  qui  est  resté  bien  nettement  un  serf,  n'est 
pas  resté  un  Negrito  ni  un  Nègre  caractérisé;  il  peut  rentrer  dans  la  défi- 
nition générale  du  Dravidien  et  se  conformer  à  toutes  les  interprétations 
contradictoires  qu'on  a  donnné  de  ce  type.  Mais  son  maître  présente,  lui, 
quelque  chose  de  particulier,  et  dans  certains  cas  se  dislingue  vivement 
de  la  race  des  esclaves. 

Nayer. 

La  classe  des  propriétaires  du  sol  dans  la  Malabar  est  constituée  essen- 
tiellement par  la  caste  des  Naijey.  Cette  caste  est  célèbre.  Dès  le  xyi^  siècle 
nous  en  Iro  .vons  une  mention  pompeuse  dans  le  poème  de  Camoëns  qui 
les  dépeint  tout  semblables  à  nos  barons  du  moyen  Age.  Les  Radjahs 
actuels  appartiennent  à  la  caste  des  Nayer.  Propriétaires,  guerriers,  chefs 
d'état  :  c'est  donc  une  caste  qui  apparaît  comme  exactement  homologue 
aux  Ksalrias  de  Manou.  Pour  les  Brahmanes  pourtant,  ils  sont  seulement 
Soudras,  comme  les  Vellalas  tamouls,  et  comme  du  côté  tamoul  aussi,  les 
Soudras  sont  considérés  comme  une  caste  noble  et  pure.  Les  Brahmanes 
sont  ici  assez  nombreux,  surtout  dans  Cochin,  mais  ils  sont  superposés  k 
la  société  dravidienne  et  se  présentent  comme  des  immigrés,  presque  des 
étrangers.  On  pourrait  suivre  encore,  sans  doute,  les  procédés  par  lesquels 
ces  envahisseurs,  ;i  la  fois  mendiants  et  arrogants,  se  sont  imposés  par 
un  prestige  purement  spirituel  aux  belliqueux  et  puissants  Nayer,  leur 
accordant  comme  une  faveur  de  les  assimiler  à  la  plus  basse  classe  de 


I.OIIS  LAPICOUE.   I.I-;   l'Itnitl.KMK  ANTIlIltd'ol.ni.lulE  DK>  l'AHl.VS  411 

leur  iialion.  (tn  trouvorait  l;i,  acliu'lloin<.'iU  vivant,  le  processus  de  l'inva- 
sion aryenne. 

Les  Nayer,  c'est  un  fait  hien  eunnu,  ont  une  des  formes  de  constitution 
(!.'  la  faniillc  et  de  la  [iroi»riiHé  (jue  l'on  a  classi'e  sous  le  nom  de  mnlrinrail  : 
ils  suivent  la  loi  du  mavumakhittaijnm  dans  le(|uel  le  hien  detamille  forme 
un  majorât  ijui  se  transmet  de  mère  à  fille.  Il  est  d'usage  que  l'époux  de 
!a  lill."  ain»'e  des  grandes  l'amill.'s  nayer  soit  un  Brahmane;  ce  mariage, 
d'ailleurs,  parait  tHre  parfois  purement  rituel,  <'t  ne  donner  au  mari  au- 
cun droit  sur  la  personne  de  l'épouse.  Je  ne  puis  pas  dire  quelle  a  été  l'in- 
lluence  réelle  de  cette  coutume  sur  le  mélange  des  deux  races;  mais,  en 
fait,  on  peut  reconnaître  un  type  nayer  et  un  type  hrahmanique.  l/étude 
précise  de  ces  deux  types  demanderait  une  connaissance  profonde  de  la 
société  malahare  et  toute  une  série  de  précautions  fort  délicates;  une 
telle  recherche  n'est  pas  à  la  portée  du  voyageur  qui  passe  quelque  se- 
maines dans  un  pays. 

I  11  type  Nayer  s'est  dégagé  [jour  moi  des  observations  fortuites  et  un 
|).'ii  sommaires  ipie  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  dans  Travancore  et  Cochin. 
.).'  n'attribuais  à  cette  conception  qm;  la  valeur  dune  hypothèse  provi- 
-oire,  d'une  de  ces  directions  intuitives  ijue  le  naturaliste  peut  accepter 
coinmi*  amorce  de  recherches  rigoureuses,  en  se  gardant  de  la  formuler 
prématurément.  .Mais  comme  j'ai  obtenu  plus  tard  une  véiilication  très 
frappante  de  la  réalité  de  ce  type,  je  peux  l'indiquer  ici. 

!/élément  etlini(iuc  caraclérisli(|ue  chez  les  Nayer  est  grand,  franche- 
ment leplorrhinien,  clair  de  peau,  très  dolichocéphale,  avec  des  cheveux 
noirs  fins  et  ondi-s  et  un  développement  remanjuable  du  système  pileux 
sur  tout  le  corps. 

Le  type  brahmanique  qui  se  rapproche  de  ce  type  i)ar  certains  traits  (ce 
sont  tous  deux  des  Blancs),  s'en  distingue  par  quelques  caractères  assez 
visibles;  il  est  beaucoup  moins  dolichocéphale  et  peut  même  être  appelé 
mésaticéphale.  La  forme  de  son  crAne  est  facile  à  constater,  car  les  Brah- 
manes ont  la  tète  rasée  et  ne  portent  pas  de  coilTure.  Le  raccourcissement 
'le  la  partie  postérieure,  la  chute  très  rapide,  presque  verticale  de  la 
•ourbe  occipitale  attirent  l'attention  dans  ce  pays  de  crânes  très  allongés. 
Les  mesures  des  auteurs  (je  n'en  ai  pas  moi-même  pris  sur  cette  caste), 
donnent  toujours  pour  les  Brahmanes  un  indice  plus  élevé  que  ceux  de  la 
population  du  même  pays  *.  Le  nez  n'a  pas  le  naême  dessin  que  dans  le 
type  Nayer:  chez  celui-ci  il  est  aquilin  et  rappelle  le  nez  des  plus  beaux 
types  sémites;  chez  le  Brahmane  il  est  plus  obtus  et  ressemble  à  la 
moyenne  des  nez  de  l'Europe  Occidentale.  Il  est  bien  entendu  que  je  parle 
p'Hilement  du  Brahmane  tel  qu'il  se  présente  dans  le  sud  de  l'Inde. 

«Juant  au   Nayer,  c'est  sur  quelques  individus  seulement  que  s'était 


'  Thurston.   —    lirnhiniin.t,   KniiiiiHiluns,   PnlU.s   and  Pciriahs   of  Marlras   City, 
Madras  «jovernmcnl  Muséum  Bulletin,  181)0.  Fasc.  i. 
Fawcett.  —  Soles  onsome  of  the  peopie  of  Malabar.  —  Ibid.,  1900.  Fasc.  I. 
Ku  outre,  divers  documents  inédits  obligeanunenl  coiuniuniiiués  par  .M.  Thui'stou. 


\[-2  2    NOVEMBItK    inO."» 

fondée  ma  conception  avec  une  certaine  part  d'arbitraire  dont  je  m'excuse 
encore  une  fois,  priant  qu'on  me  fasse  crédit  jusqu'à  une  publication  ulté- 
lieure  où  le  rapprocbement  avec  les  Todas  des  Nilghiris  sera  ma  justifica- 
tion. 

Je  n'ai  mesuré  que  14  Nayer  ;  je  ne  les  avais  ni  choisis  ni  cherchés  : 
ils  se  sont  présentés  à  moi,  comme  j'opérais  sur  toutes  les  castes  du 
ïravancore;  je  ne  pouvais  évidemment  établir  de  préférences,  sous  peine 
de  m'exposer  à  des  déclarations  fausses.  Ces  14  sujets  mesurés  à  Maliatour 
donnent  les  moyennes  suivantes:  indice  nasal,  75;  indice  céphalique, 
73,  2  ;  taille,  163.  Il  n'y  a  rien  dans  ces  chifTres,  sauf  la  taille,  qui  dilTé- 
rencie  nettement  les  Nayer  des  Poulayer.  Mais  il  était  évident  a  priori 
qu'une  série  ainsi  recueillie  ne  pourrait  pas  accuser  le  type  primitif  de  la 
caste.  En  effet  : 

1*  Le  Census  accuse  plus  d'un  million  de  Nayer  ;  521  mille  pour 
Travancore,  112  mille  pour  Gochin,  410  mille  pour  le  Malabar  britan- 
nique ;  les  maîtres  seraient  ainsi  presque  en  nombre  double  de  celui  de 
leurs  esclaves,  .\ussi  le  Glossaire  des  castes, dans  le  KapportduCensuspour 
la  Présidence  de  Madras,  donne  fort  justement  ceci  comme  commentaire 
au  mot  Naijer  :  «  c'était  originellement  une  caste  militaire,  mais  le  terme 
Nayer  est  maintenant  si  généralement  adopté  par  des  personnes  de  toutes 
sortes  de  professions  et  employé  si  h  la  légère,  qu'il  n'est  plus  guère  qu'un 
titre.  » 

2°  Même  pour  les  Nayer  qui  descendraient  authentiquement  d'an- 
ciennes familles,  il  ne  faudrait  pas  s'attendre  a  leur  trouver  un  type  pur, 
pas  plus  qu'il  ne  faudrait  chercher  le  type  pur  des  Européens  chez  les 
créoles  des  Antilles. 

Sur  mes  14  Nayer  ou  soi-disant  tels,  une  bonne  partie  présentait  en 
effet  l'aspect  mulAtre  banal  chez  les  Dravidiens.  Mais  quelques-uns  m'ont 
frappé  comme  des  phj-sionomies  que  je  n'avais  point  encore  rencontrées 
aux  Indes,  et  cette  physionomie  particulière,  qui  sort  du  mélange  ordi- 
naire et  qui  n'est  pas  non  plus  le  Brahmane,  ne  pouvait  pas  manquer  de 
s'imposer  à  l'attention  '.  (Juanl  à  l'extrême  dolichocéphalie  du  type  à  qui 
appartient  cette  phj-sionomie,  je  ne  l'appuie  pas,  bien  entendu,  sur  l'ob- 
servation de  spécimens  choisis  pour  leur  dessin  du  visage  ;  les  crânes  les 
plus  dolichocéphales  n'appartiennent  pas  aux  mômes  individus  que  les  nez 
les  plus  fins.  Mais  je  l'appuie  sur  les  remarques  suivantes  : 

1"  Toute  la  population  du  Malabar  est,  en  moyenne,  plus  dolichocéphale 
que  la  population  correspondante  examinée  dans  le  district  de  Coïm- 
batour.  La  muyenne  générale  de  tous  les  sujets  que  j'ai  mesurés  dans  le 
sud  de  l'Inde  est  d'environ  76;  les  trois  castes  examinées  à  Coïmbatour 
sont  au-dessus  de  76,  les  Paryas  en  étant  tout  près  ;  tous  les  groupes 
examinés  dans  le  Malabar  sont  au-dessous  (excepté  les  Poulayer  de 
Maliatnur  (jui   dépassent  ce  cbilTre  de  9  dixièmes,  et  j'en  ai  donné  la 


'  Voir  dans  la  planclie  fig.  4. 


LOUIS  LAPIOMlE.  —  LE  PROItl.KME  AN THHni'til.or.lyrK  UKS  l'ARlAS  413 

raisonV  Les  castes supériouros,  à  (".uïinliatuur,  sonl  moins  tlolichun'phuk's 
(jue  les  castes  inférieures;  clans  le  Malabar,  elli-s  sont  plus  tlolicliucé- 
pluiles:  73,  2  pour  les  Nayer  «le  Maliatour  contre  7(i,  9  pour  les  PouUyer 
(lu  même  lieu.  Il  apparaît  donc  au  moins  C(mime  probable  (pie  si  ces  castes 
proviennent  de  races  ditrérentes,  la  race  originelle  du  \ayer  était  la  {ilu« 
dolicbocéphalique  de  toutes. 

2"  La  distribution  des  14  cliilVres  individuels  tjue  j'ai  recutMllis  sur  les 
Nayerdans  un  seul  et  môme  village  est  curieuse:  il  y  en  a  •>  en  un  petit 
groupe  serré  de  r»7,T  ;i  71,4;  leur  moyenne  est  69,7;  les  H  autn^s,  laissant 
entre  eux  et  les  premiers  un  intervalle  de  prés  de  '.i  unités,  s'éclielonm-nt 
de  74  à  79;  leur  moyenne  est  75,8,  c'est-à-dire  précisément  la  moyenne 
banale,  le  cbilVre  aux  enviiims  duquel  on  trouve  un  maximum  à  [mmi  pivs 
dans  tous  les  groupes  d'bomnn's  que  j'ai  mesurés  dans  b-  sud  df  l'Iiidr. 
L'élément  caractéristique,  spécial  de  cette  petite  série  de  .Nayer,  c'est 
donc  ce  groupe  de  6  byperdolichocépbales. 

Le  problémk  etunologiqle. 

En  résumé,  les  l'arias,  pris  dans  un  sens  général,  nous  apparaissent, 
dans  le  stade  archa'ique  représenté  par  les  l'oulayf^r  du  Travancore, 
comme  des  esclaves  agricoles.  Mais  appartiennent-ils,  i»u  plubM,  appar- 
tenaient-ils primitivement  à  une  race  dilTérenle  de  celle  de  b'urs  maîtr.-s? 
Dans  l'état  actuel  de  ces  populations  de  la  plaine,  l'analyse  anthropo- 
logique paraît  incapable  de  donner  une  réponse  ferme.  Il  y  a  des  indi- 
cations, simplement,  d'une  dilïéience  pbysiqu<\  L'byiM.lbé.sc  dune  race 
noire  primitive  réduite  en  esclavage  par  une  race  blanclu'.  hypothèse 
souvent  faite,  peut  rendre  compte  des  faits  observés  ;  elle  est  acceptable 
mais  elle  ne  s'impose  pas,  La  solution  du  problème  nécessite  la  connais- 
sance d'autres  faits;  ces  autres  faits,  nous  irons  les  chercher  dans  les 
montagnes.  .Mais  pour  que  les  tribus  de  montagne,  débris  d'humanité 
réduits  parfois  à  quebiues  centaines  d'individus,  prennent  leur  valeur  de 
témoins  dans  une  théorie  ethnogénique  de  l'Inde  .Iravidimne,  \\  faut 
poser  avec  toute  la  netteté  possible  le  problème  des  Parias,  en  b-nant 
compte  des  documents  de  toute  nature.  In  tel  sujet,  par  certains  côtés, 
serait  complètement  en  dehors  de  ma  compébmce;  je  vais  onquimler  .'i 
Caldwell  un  exposé  extrêmement  bien  fait  qu'il  a  mis  en  appendice  à  sa 
célèbre  grammaire  '.  La  citation  sera  un  peu  longue,  mais  j.'  pense  être 
utile  aux  anthropologistes  français  en  traduisant  c  travail  qui.  peut-être 
parce  qu'il  est  dans  un  ouvrage  essentiell-Mneiit  philolugi.pi.',  n.-  paraît 
pas  avoir  pris  la  place  à  laquelle  il  a  dmil.  D'ailleurs,  j'ai  besoin  de  -et 
exposé  pour  ma  discussion,  et  il  est  encore  phis  simple  do  transcn-r  i- 
passages  essentiels  que  de  les  paraphraser. 

Je  réserverai  mes  observations  pour  la  lin. 


I    Robert   Caldwell.   -   Les  Pareiyas  du  sud  de   l'Inde  sont-ils  Dravidiens, 
ouvrage  cité,  p.  545. 


•iJi  -2   NuVKMHItK    l'.tO.""» 

Exposé  dr  (.'(ililii  f/l. 

u  Ayant  débarrassô  lii  ([ucsIiDii  «les  cireurs  pupulaires  et  des  matières 
étrangères,  nous  en  arrivons  à  la  (jueslion  elle-même.  Les  Pareyas  sont- 
ils  Dravidiens?  Kst-ce  que  les  tribus  des  forêts,  les  basses  castes,  et  les 
prétendus  «  outcast  '•  qui  parlent  les  langues  dravidiennes,  spéci;ilement 
les  Farialis  Tamouls  (piu|)renHMiL  Pareyas),  les  Malas  Telugu,  et  les 
Puleyas  Malayalain  Kjui  peuvent  être  pris  comme  les  types  de  la  classe) 
sont  de  la  même  origine  et  de  la  même  race  (jue  les  Dravidiens  des  hautes 
castes?  Tandis  que  les  deux  classes  ont  droit  à  être  appelés  Hindous  *, 
est-ce  que  les  hautes  cables  seules  sont  Dravidiennes,  Tamiliennes,  Ma- 
layalis,  etc.?  Et  les  l\ircyas  et  gens  de  semblable  caste  doivent-ils  être 
regardés  comme  appartenant  à  une  race  différente.  » 

«  A  tout  prendre,  je  crois  qu'il  est  plus  probable  que  les  l'areyas  sont 
Dravidiens;  néanmoins,  la  supposition  qu'ils  appartiennent  à  une  race 
différente,  qu'ils  sont  descendus  des  véritables  aborigènes  du  pays  —  une 
race  plus  ancienne  que  les  Dravidiens  eux-mêmes  —  et  qu'ils  ont  été 
réduits  en  servitude  par  les  premiers  Dravidiens,  n'est  pas  dépourvue  de 
probabilité.  On  peut  concevoir  que,  de  même  que  les  Aryens  ont  été  pré- 
cédés par  les  Dravidiens,  les  Dravidiens  peuvent  avoir  été  précédés  par 
une  race  plus  ancienne,  plus  barbare,  et  peut-être  plus  noire,  dont  les 
DomselautresChandalas  de  l'Inde  du  nord,  ainsi  que  les  Pareyas  et  autres 
basses  tribus  de  la  Péninsule  sont  les  représentants  actuels.  » 

«  Si  cette  race  primitive  existait  avant  l'arrivée  des  Dravidiens,  il  a  dû 
arriver  nécessairement  que  les  uns  se  soient  enfuis  des  envahisseurs 
dans  les  montagnes  difficiles  et  les  jungles  pestilentielles,  comme  les 
Ragis  ou  Dùms  de  l'Himalaya,  les  Weddas  de  Geylan  et  les  Mala  (y)  arasas 
du  GhAts  méridionales,  tandis  que  les  autres,  probablement  la  majorité 
de  la  race,  seraient  réduits  en  servitude  perpétuelle,  comme  les  Pareyas, 
Puleyas  et  Pallas.  L'histoire  de  l'assujettissement  des  Soudras  préaryens 
de  l'Inde  du  Nord  formerait  ainsi  le  pendant  et  le  complément  de  l'histoire 
de  l'assujettissement  d'une  race  encore  plus  ancienne.  Tout  cela  peut  se 
concevoir  comme  possible,  et  il  n'y  a  là  contre  aucune  improbabilité 
a  priori;  mais  il  convient  de  relever  les  circonstances  et  considérations 
qui  apparaissent  comme  de  nature  à  appuyer  cette  hypothèse.  » 

«  1"  Les  Pareyas,  les  Puleyas  et  les  Pallas  et  diverses  autres  tribus  de 
basse  caste  sont  généralement  esclaves  des  autres  castes  et  la  plupart 
d'entre  eux  semblent  avoir  été  toujours  dans  une  condition  servile  :  et  il 
est  plus  naturel  de  supposer  qu'ils  ont  été  réduits  en  esclavage  par 
conquête,  que  de  supposer  des  tribus  entières  tombant  en  esclavage  par 
le  jeu  de  causes  sociales  ordinaires.  Si,  alors,  les  castes  en  question 
étaient  un  peuple  qui  a  été  subjugué,  il  faut  que  ce  peuple  ait  été  établi 


'  D'après  les  définitions  données  précédemmont  par  Galdwell. 


unis  I.Al'Ii'.Ul'E.   —  LK  Pllnni.KMK   ANTHHtt|'i»r.ni;in(|-:  |»KS  l'AlUA^  il.*» 

dans  If  [)ays  à  un»'  pôiiodi'  plus  ancitMine  (|iio  s(>s  con(|ii<'iaiils  .  cl   pio- 
bableinenl  il  appartenait  à  une  rare  dillëieiile:  » 

«  ^0  Les  habitants  de  basse  caste  du  sud  de  llnde  sont  séparés  de  la 
catégorie  enlière  dos  hautes  castes  par  des  marques  très  nettes,  sans 
erreur  possible,  d'hilulisme  social. 

«  Le  titre  de  Soudra  qui  a  généralement  été  pris  par  les  hautes  castes  ou 
qui  leur  a  été  conféré  par  les  brahmanes  est  refusé  aux  basse  castes.  Il 
ne  leur  est  pas  permis  de  pénétrer  dans  l'enceinte  des  temples  :  DU 
mnjorum  ijenliitm  :  de  plus,  partout  où  les  vieux  usages  Indous  survivent 
inéhranlés,  comme  dans  les  étals  indigènes  protégés  de  Travancore  et  de 
Cochin,  il  est  interdit  ou  il  l'était  jusqu'à  tout  dernièrement  aux  femmes 
de  ces  castes  de  porter  leur  étoffe  sur  leurs  épaules  ;  elles  étaient  obligées 
délaisser  le  buste  entier  à  découvert  en  signe  d'infériorité  sociale.  On  peut 
dire  que  des  distinctions  de  classe  fortement  marquées  comme  celles 
ci-dessus  (|ui  séparent  les  gens  de  10  ou  20  dilVérentes  castes  ou  tribus 
du  reste  de  la  population  sont  incompatibles  avec  la  supposition  d'une 
identité  originelle  de  races. 

.(  3'^  Il  y  a  diverses  traditions  répandues  parmi  les  Pareyas  tendant  ;\  éta- 
blir que  la  position  occupée  dans  la  société  indigène  à  quelque  |)ério(le 
antérieure  était  bien  différente  de  ce  qu'elle  est  maintenant  et  beaucoup 
plus  honorable.  Wilks  remarque  qu'il  y  a  une  tradition  que  les  l'areyas 
Canarais  étaient  jadis  un  peuple  indépendant  avec  des  rois  à  eux;  les 
Pareyas  tamils  prétendent  quelquefois  qu'à  une  ancienne  période  ils 
étaient  la  caste  la  plus  distinguée  du  pays.  Ils  disent  qu'ils  ont  été  réduits 
à  leur  |tosition  présente  en  punition  des  mauvais  traitements  que  leurs 
ancêtres  tirent  subira  ([uclque  ancien  roi,  et  c'est  en  cette  occasion  que 
les  Vellalas  ou  caste  des  cultivateurs  qui  sont  maintenant  appelés  Tamiran' 
ou  Tamiliens,  jinr  excellence,  ont  été  élevés  à  la  position  qu'ils  avaient 
d'abord  occupée  eux-mêmes.  Il  y  a  une  semblable  tradition  que  les  Kou- 
rawasou  Bohémiens  fabricants  de  paniers,  étaient  jadis  rois  de  la  contrée 
montagneuse  dans  le  sud.  » 

«  ¥  En  diverses  parties  du  pays,  des  Pareyas  et  des  membres  de  castes 
similaires  jouissent  de  privilèges  particuliers  spécialement  dans  les  fêtes 
religieuses;  ainsi  au  festival  annuel  d'P^gatlal,  la  mère  unique,  une  forme 
de  Kali  et  déesse  titulaire  de  la  ville  noire  de  Madras,  quand  un  Tali  ou 
collier  de  mariage  correspondant  à  notre  anneau  de  mariage  était  noué 
autour  du  cou  de  l'idole  au  nom  de  la  communauté  entière,  il  était  d'usage 
quun  Pareya  fiU  choisi  pour  représenter  le  peuple  comme  fiancé  de  la 
déesse.  De  semblables  privilèges  appartiennent  aux  Pareyas  en  d'autres 
parties  dé  la  contrée,  spécialement  dans  le  culte  de  divinités  inférieures 
telles  que  les  Ammàs  ou  mères  de  village,  et  les  gardiens  des  bornes. 

«  5»  Le  plus  fort  argument  qui  peut  être  [troduil  à  l'appui  de  l'origine 
prédravidienne  des  Pareyas  et  castes  similaires  consiste  en  cette  circons- 
tance que  le  nom  national  des  Tamiliens,  Malayalis,  Kannadis,  etc.,  leur 
est  refusé  par  Vnsiis  loqunuU  des  langues  dravidiennes  et  attribué  exclu- 


416  2   NOVEMIIIIK    11)05 

sivciiu'nl  aux  liantes  caslos.  tjuand  une  personne  est  appelée  Tuniirnn  ou 
Tamilien,  cela  signilie  que  ce  n'est  ni  un  Brahmane,  ni  un  membre  de 
quelqu'une  des  castes  inférieures,  mais  un  Soudra  dravidien.  Il  est  entendu 
que  ce  nom  indique,  non  la  langue  parlée  par  la  personne  en  question, 
mais  la  nation  à  laquelle  elle  appartient,  et  comme  les  basses  castes  ne 
sont  jamais  désignées  par  ce  nom  national,  cela  semblerait  impliquer 
qu'elles  n'appartiennent  pas  à  la  nation,  bien  qu'elles  parlent  sa  langue, 
mais  appartiennent,  comme  les  IJrabmanes  et  les  Mahométans  qui  parlent 
tamil  à  une  race  différente.  » 

«  Les  circonstances  et  arguments  qui  viennent  d'être  allégués  en  faveur 
de  l'origine  non  dravidienne  des  basses  castes  sont  indubitablement  d'un 
grand  poids,  mais  je  vais  montrer  qu'elles  ne  sont  pas  parfaitement  con- 
cluantes et  qu'elles  sont  dans  une  certaine  mesure  contre-balancées  par 
des  considérations  que  l'on  peut  apporter  de  l'autre  côté.  » 

«  4°  L'argument  qui  est  tiré  de  la  condition  servile  des  Pareyas  est 
insuffisant  pour  établir  la  conclusion,  car  il  est  certain  qu'il  y  a,  en  diverses 
parties  du  monde,  bien  des  esclaves  qui  ne  diffèrent  point  de  leurs  maîtres 
par  la  race  s'ils  en  diffèrent  par  la  condition. 

«  2"  Les  traditions  qui  ont  été  mentionnées  plus  haut  concernant  la  po- 
sition honorable  occupée  autrefois  par  les  Pareyas  n'établissent  pas  le 
point  en  question.  A  supposer  qu'elles  reposent,  et  ce  n'est  pas  ce  qu'il 
semble,  sur  un  fondement  historique,  elles  prouvent  non  une  différence 
originelle  de  race,  mais  seulement  l'ancienne  liberté  des  Pareyas,  et  la 
respectabilité  de  leur  rang  social  avant  leur  réduction  en  esclavage.  »  • 

((  3°  La  circonstance  que  le  groupe  entier  des  basses  castes  comprenant 
les  Pareyas  est  séparé  des  hautes  castes  par  les  marques  d'une  distinction 
sociale  et  qu'on  lui  dénie  les  noms  nationaux  de  Tamiliens,  Malayalis, 
etc.,  est  un  fait  auquel  il  faut  reconnaître  un  grand  poids;  mais  si  cet 
argument  est  très  fort,  il  ne  semble  pas  être  absolument  concluant,  car  il 
est  du  génie  de  la  législation  hindû  de  punir  la  pauvreté  par  des  incapa- 
cités civiles  et  sociales  et  l'orgueil  des  hautes  castes  pourrait  naturelle- 
ment prendre  la  forme  d'une  appropriation  exclusive  même  du  nom 
national.  Nous  trouvons  un  usage  de  termes  analogue  dans  les  S'âstras 
sanscrits  dans  lesquels  les  nations  qui  sont  considérées  par  ces  Sastras 
comme  Chalria  d'origine,  par  exemple  les  Yavanas  et  les  Chinas,  sont 
appelées  Mléchchas,  non  en  conséquence  d'une  différence  de  races,  mais 
seulement  en  conséquence  de  leur  abandon  des  rites  brahmaniques.  I!  y 
a  un  parallèle  encore  plus  étroit  dans  la  loi  de  Manou,  à  savoir  que  les 
brahmanes  qui  se  sont  établis  dans  la  contrée  dravidienne,  probablement 
forêt  sauvage  au  temps  de  Manou,  doivent  être  regardés  comme  Mléch- 
chas. » 

«  4"  Il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  quoi  que  ce  soit,  dans  le  physique  des 
Pareyas,  dans  leurs  traits  ou  dans  la  couleur  de  leur  peau,  qui  nous 
permette  de  supposer  qu'ils  appartiennent  à  une  race  différente  de  leurs 


LOUIS  LA Pli:yLK.   I.E  PUUBLKMK  ANTMlOil'dLiMÎIgLE  DES  l'ARlA>  -417 

viùsins  de  haute  caste.  I.eiir  teint  relaliveiin'nl  foiii/-  a  comliiil  quelques 
personnes  ;i  les  supposer  descendus  d'une  race  de   Négritos  al  •origines, 
mais  cette  hypotlx-se  paraît  inutile.  Le  leint  sombre,  non  seulement  des 
Pareyas,  mais  encore  des  l'oulaya  de  la  contrée  .Malayalam,    une  caste 
encore  plus  noire,   peut  (itre  rapporté  h  ce  qu'ils  sont  continuellement 
employés  depuis  une  longue    période  en   iilcin   air,  exposés  à   toute   la 
force  du  soleil  vertical.  Si  les  Fellah  ou  laboureurs  et  les  Bédouins  ou  ber- 
gers nomades  d'Egypte  sont  admis  comme  Arabes  de  pur  sang,  malgré 
le  brun  foncé  de  leur  teint,  il  semble  inutile  de  supposer  que  les  Pareyas 
qui  travaillent  sous  un  soleil  plus  brûlant  que  (-elui  dhlgyijle  sont  d'une 
race  dillerenle  du  reste  des  Dravidiens  dans  le  but  d'expliquer  C(»mmenl 
leur  leint  est  d'un  degré  plus  foncé.  Dans  aucun   pays  du  monde,  on  ne 
voit  des  traits  et  des  couleurs  de  visage  aussi  variés  qu'aux  Indes,  mais 
la  caste,  Irllr  (ju'elle  existe  aux   Indes,  et  spécialement  telle  qu'elle  s'a[)- 
plique  aux   basses  casti's,  est   inconnue  dans  tout  autre  pays  du  monde. 
Sépart'z  pour  toujours  de  la  société  de  leurs  conq)ali'iotes  une  classe  de 
liavailleuis  ou  de    serfs  agricoles;    interdisez-leur  les   unions  avec  les 
familles  de  conditions  plus  aisées;  faites-les  vivre  dans  des  huttes  misé- 
rables, rejetées  à  longue  distance  du  village  habité  par  des  fermiers  res- 
pectables; obligez-les  à  travailler  dur  toute  l'année  en  plein  airdans  un 
climat  interlropical,  dans  un  pays  où  le  soleil  passe  deux  fois  par  an  juste 
au-dessus  de  la  tète;   prévenez  toute  possibilité  pour  eux  de  s'élever  à 
une  meilleure  condition  ou  d'obtenir  un  emploi  sédentaire  à  l'ombre';  pro- 
hibez l'éducation,  ne  leur  payez  pas  de  gages,  nourrissez-les  parcimo- 
nieusement, et  habillez-les  encore  moins;  encouragez-les  à  s'enivrer  et  à 
manger  de  la  charogne,  interdisez  aux  femmes  de  s'habiller,  même  au 
simple  point  de  vue  de  la  décence;  traitez-les,  en* un  mot,  pendant  vingt 
siècles,  comme  les  Brahmanes  et  les  hautes  castes  dravidiennes  ont  traité 
les  Pareyas  et  autres  basses  castes,  et  il  ne  sera  pas  nécessaire  d'avoir 
recours  à  la  théorie  de  leur  mélange  avec  une  race  primitive  d'Africains 
ou  de  Négritos  pour  expliquer  leurs   traits  grossiers,  leur  petite  taille  et 
leur  peau  noire.  .Malgré   tout  cela  si  les  Pareyas  et  les  l'ouleyas  en  lant 
que  classe  sont  plus  noirs  ([ue  n'importe  ([uelle  autre  classe  dans  le  sud, 
nous  trouvons  parmi  eux  une  tout  aussi  grande  variété  de  couleur  que 
parmi  les  autres  classes  d'Hindous,  et  accidentellement,  nous  pouvons 
remarquer  des  teints  aussi  clairs  que  ceux  des  hautes  castes  accompa- 
gnant une  grande  régularité  de  Irait.  (Juand  les  l'areyas  ont  acquis  une 
position  d'aisance  et  de  confort  et  ipie  les  Soudras  ont  été  ruinés  et  obligés 
de  travailler  dur  au  soleil  tout  le  jour,  leur  carnation  est  luodifiée  aussi 
bien  que  leur  position  sociale  et  on  dit  qu'en   quelques  générations,  le 
Soudra  devient  noir,  et  le  Pareya  devient  clair.  » 

«  J'admets  que  les  traits  des  Pareyas  dillV-rent  quelque  peu  de  ceux  de 
la  caste  plus  haute  de  celle  de  V'ellalas  ou  cultivateurs,  comme  les  traits  de 
toute  caste  aux  Indes  dilfèrenl  de  ceux  quelque  autre  caste.  Mais  il  n'y  a 
pas  de  dilîérence  entre  le  cultivateur  et  le  Pareiya  pour  la  forme  de 
de  leur  tète.  Non  seulement  par  leurs  particularités  de  traits  et  de  vét-?- 
soc.  d'anthrop.  1905  -^ 


448  2  novemurk  1*.H)5 

nu-nts,  mais  encore  par  la  loiine  cl.'  leurs  I.Hes,  nous  sommes  t^énérale- 
nient  en  étal  de  distinguer  les  Tamiliens  uu  les  Telougous,  des  Maho- 
métans,  Afghans  ou  Turco-Tarlares.  Mais  si  l'on  regarde  la  forme  des 
têtes  seules,  et  qu'on  laisse  de  côté  le  teint  et  les  traits  il  est  impossible 
de  distinguer  un  Tamilien,  ou  un  Dravidien  de  haute  caste  d'un  Pareya 
ou  de  quelque  autre  membre  des  basses  castes.  La  dilîérence  de  physio- 
nomie est  de  peu  ou  de  point  d'importance  dans  celte  (jueslion,  car  il  est 
notoire  qu'il  y  a  des  castes  qui  procèdent  de  la  même  origine  à  la 
fois  dans  la  physionomie  et  le  caractère,  aussi  fortement  que  s'ils  habi- 
taient des  contrées  différentes  et  éloignées.  Les  castes  de  soldats  ou  de 
voleurs  des  Kallas  et  des  .Maravas,  diffèrent  aulanl  des  hautes  castes  par 
leurs  ligures  que  les  Pareyas  et  dans  leurs  habitudes  d'esprit  plus  encore; 
néanmoins  ils  prétendent  être  considérés  comme  de  purs  Tamiliens.  » 

«  5»  L'unité  essentielle  de  tous  les  dialectes  dravidiensestun  argument 
pour  l'unité  de  race,  les  basses  castes  comprises.  L'origine  mélangée  des 
Hindous  des  provinces  de  Gaura  peut  être  conjecturée,  non  seulement 
d'après  des  renseignements  historiques,  mais  encore  par  un  examen  des 
éléments  qui  composent  les  langues  vernaculaires  du  Nord.  Dans  ces  ver- 
naculaires,  nous  pouvons  signaler  l'existence  de  deux  courants,  l'un  Aryen 
et  l'autre  non  Aryen  luttant  l'un  contre  l'autre.  Mais  dans  aucun  dialecte 
des  langues  dravidiennes,  on  ne  peut  découvrir  de  telles  traces  dequelque 
idiome  étranger  d'un  caractère  différant  de  la  masse  de  la  langue.  Toutes 
les  formes  grammaticales  de  première  importance  dans  tous  les  dialectes 
dravidiens  se  tiennent  ensemble  et  forment  un  système  harmonieux.  Si  les 
Pareyas  et  les  autres  castes  serviles  étaient  supposés  d'une  race  différente 
des  Dravidiens  et  seuls  descendants  survivants  des  vrais  aborigènes,  il 
serait  nécessaire  de  regarder  les  tribus  montagnardes  isolées,  les  Todas, 
les  Gonds,  etc.,  comme  des  restes  de  la  même  race  d'aborigènes,  et  si  celte 
théorieétait  correcte,  lelangagedecestribusisoléesdevrait  se présenteravec 
des  différences  essentielles  du  Telougou  et  du  Tamil.  Au  contraire  on  n'y  a 
pas  découvert  de  différences  essentielles  dans  la  structure  grammaticale  ou 
dans  les  noms  d'objets  les  plus  importants.  Les  dialectes  Gond,  Ku,Tudaet 
Kola  appartiennent  évidemment  h  la  même  famille  que  les  langues  dravi- 
diennesplus  cultivées.  Il  faut  remarquer  aussi  que,  bien  que  les  Pareyas  et 
les  autres  castes  serviles  de  la  plaine  vivent  dans  deshameaux  particuliers 
à  une  distance  considérable  des  villages  dans  lesquels  résident  leurs 
maîtres  des  hautes  castes,  il  n'y  a  pas  trace  parmi  eux  d'aucune  diffé- 
rence idiomatique  de  mots  particuliers  ou  déformes  particulières  de  lan- 
gage. La  seule  difïérence  apparente  consiste  dans  leur  prononciation 
incorrecte  des  mots  dérivés  du  sanscrit,  ce  qui  tient  à  leur  défaut  général 
d'éducation,   et  dans  bien  des  cas  cette  différence  môme  n'existe  pas.  )^ 

<(  Donc,  en  résumé,  la  supposition  que  les  basses  castes  des  provinces  dra- 
vidiennes  appartiennent  à  une  race  différente  des  hautes  castes,  m'apparaît 
comme  insoutenable.  Il  paraît  plus  certain  que  toutes  les  tribus  indigènes 
trouvées  par  les  Aryens  dans  le  sud  de  l'Inde  appartenaient  en  principe 


1..M  Is  I.Vl'hlijIK.  —   I.K  l'ItuItl.KMK    Wl'HltMl'nl.uilInl  K  UK^   I'AHIa-.  il'.l 

à  une  seult.'  cl  intMue  race.  Il  est  assez  proljaljleciue  les  Uravidiens  étaient 
divisés  en  tribus  avant  l'émigration  aryenne  et  que  les  distinctions,  non 
seulement  entn>  riches  et  |)auvre-:,  mais  aussi  entre  maîtres  et  esclaves, 
étaient  déjà  en  usage  parmi  eux.  Ces  distincliuiis  doivent  avoir  formé  le 
fond  du  système  îles  castes  qu'élevèrenl  ceux  (|ui  leur  apportaient  la  civi- 
lisation hralimanique  et(|ui  fut  cuiiii''  point  |)ar  point  ;\  l'image  du  système 
des  castes  de  l'Inde  du  .Nord.  >' 

OusKRVATlitNS. 

\  la  suite  de  mes  recherches  sur  place,  que  j'ai  exposées  sommairement 
a  l'Académie  des  sciences'  et  sur  lesijuelles  je  reviendrai  avec  plus  de 
détails,  je  pense  pouvoir  démontrer  la  conclusion  opposée  ;i  celle  de 
C.aldwell.  Je  n'ai  donc  point  d'objections  à  faire  i\  la  première  .séi-ie  d'ar- 
guments, celle  qui  conclut  à  la  dilTérence  de  race  entre  les  Parias  et  les 
vrais  Dravidiens  ;  je  remarque  seulement,  avec  l'auteur,  que  ces  faits  ou 
raisonnements  sont  de  très  inégale  valeur.  Dans  la  série  contraire,  j'cC- 
cepte,  en  conséquence,  les  n"*  1  et  2,  qui,  précisément,  critiquent  les 
moins  valables  des  premiers  arguments.  Sui;  le  3*^,  je  suis  encore  du  même 
avis  que  Caldwell  :  le  fait  que  les  hautes  castes,  qui  s'appellent  de  noms 
dravidiens,  refusent  ces  noms  à  leurs  l^arias,  est  à  la  fois  très  important 
et  non  péremploire. 

Le  paragi-aphe  4  est  le  plus  directement  anthropologique.  Déjà  par  un 
examen  systématique  des  castes  en  question,  nous  avons  vu  une  indica- 
tion, sinon  une  preuve^  de  dilTérence  ethnique.  Caldwell  paraît  avoir  été 
très  fi'appé  de  ce  que  la  forme  de  In  tète  est  toujours  la  même  ;  il  désigne 
ainsi,  évidemment,  l'indice  céphali(|ue  horizontal;  toutes  ces  populations, 
en  effet,  sont  dolichocéphales  ;  mais  elles  ne  sont  pas  uniformément  doli- 
chocéphales ;  et  nous  avons  vu  qu'il  y  a  variation  de  l'indice  céphali(jue 
en  fonction  du  rang  social,  llisley  ayant  déjà  mis  en  évidence,  aux  Indes, 
en  général,  la  variation  de  l'indice  nasal  dans  les  mêmes  conditions,  nous 
avons  retrouvé  ce  fait  entre  les  castes  dravidiennes.  Or,  il  est  difficile  de 
voir  dans  ces  caractères  une  adaptation  physiologique  à  des  conditions 
dilTérentes,  comme  il  est  permis  de  le  faire  ijuand  il  s'agit  de  la  taille  ou 
de  la  couleur  de  la  peau. 

L'étude  des  tribus  de  la  montagne,  rapprochée  de  l'étude  de  ces  castes 
de  la  plaine,  m'a  fourni,  il  me  semble,  des  preuves  démonstratives  de  la 
dilVérence  de  race  postulée  ici. 

Mais  il  me  faut  tout  de  suite  répondre  au  dernier  paragraphe,  où 
Caldwell,  sur  son  terrain  îi  lui,  sur  le  terrain  philologi<jue,  déclare  que 
«  l'unité  essentielle  de  tous  les  dialectes  dravidiens  est  un  argument  pour 
l'unité  de  race,  les  basses  castes  comprises.  » 

[1  importe,  pour  la  critique  du   raisonnement  et   l'interprétation   des 

*  L.  Lapicque.  Recherches  sur  l'ethnogénie  des  Dravidiens,  Comptes  rendus  île 
l'Acadèinit  des  Sciences,  juin  ft  juillet  l'.iUô. 


'»-2()  Û    NuVKMI.Itl     1905 

faits,  {l'introdiiire  une  distinction  très  importante.  Caldwell  confond  dans 
un  môme  groupe  ios  castes  scrviles  de  la  plaine  et  les  tribus  monla- 
gnardes,  et  cet  ensemble  représente  pour  lui  au  môme  titre  les  aborigènes 
hypothéticjues.  Mais  nous  verrons  que  dans  les  tribus  montagnardes, 
il  y  a  de  tout;  et  c'est  le  cas  général.  En  ethnologie,  on  a  commencé, 
presque  toujours,  par  considérer  les  montagnards  d'une  région  comme 
représentants  du  type  primitif  de  la  population  et.  ensuite  une  étude 
précise  a  montré,  dans  des  vallées  voisines^  des  types  divers  et  parfois 
opposés  ;  chacune  des  vagues  successives  d'invasion  peut  avoir  laissé  là 
un  témoin.  Le  Caucase,  pour  l'Europe  Orientale,  est  un  bel  exemple  (Je  cette 
évolution  dans  les  idées.  Dans  le  sud  de  l'Inde,  pareillement,  constater 
qu'une  tribu  de  montagne,  actuellement  bien  isolée,  parle  une  langue 
dravidienne,  n'est  point  trouver  une  preuve  que  les  premiers  habitants 
étaient  dravidiens;  il  faut  déterminer  d'abord  à  quoi  cette  tribu  de  mon- 
tagne se  rattache.  Les  Todas,  par  exemple,  sont  incontestablement 
dravidiens  ;  mais  cela  ne  tend  nullement  à  démontrer  qu'il  n'y  a  pas  eu 
de  Frédravidiens,  puisque  rhypothèse  du  rrédravidien  est  fondée  sur 
l'examen  d'autres  groupes  ethniques. 

Reste  donc  l'argument  :  dans  ces  groupes  ethniques  mêmes  que  certains 
phénomènes  sociaux  tendent  à  faire  considérer  comme  descendants  d'une 
race  plus  ancienne,  on  ne  trouve  aucune  forme  verbale  indiquant  une 
langue  différente  de  la  langue  actuelle. 

D'abord,  il  y  aurait  peut-être  quelques  réserves  à  faire  sur  le  caractère 
absolu  de  cette  négation.  Chez  les  Pareyas  et  les  Palier  du  pays  tamoul, 
que  Caldwell  a  plus  spécialement  étudiés,  il  peut  fort  bien  en  être  ainsi. 
Mais  je  me  demande  si  l'enquête  a  été  suffisante  pour  les  Poulayer  du 
Travancore.  J'ai  déjà  signalé  le  mot  Ckerouma  qui  sert  à  désigner  la  caste 
homologue  dans  le  Malabar  britannique  et  qui  est  employé,  m'a-t-on  dit, 
par  les  Poulayer  de  Travancore  pour  désigner  leurs  enfants.  Les  mêmes 
personnes  qui  m'ont  fourni  ce  renseignement,  Européens  de  race  pure  nés 
là-bas  ayant  passé  toute  leur  vie  dans  la  région,  parlant  couramment  le 
Tamoul  et  le  Malayalam  comme  leur  langue  maternelle,  m'ont  affirmé 
que  les  Poulayer  avaient,  entre  eux,  un  langage  inintelligible  pour  les 
Malayalis.  Il  y  aurait  là  des  recherches  intéressantes  pour  un  philologue. 
Mais  même  si  le  fait  n'est  pas  exact,  s'il  ne  s'agit  que  d'un  dialecte,  d'un 
patois  essentiellement  dravidien  sans  mélange  de  formes  verbales  plus 
anciennes,  comme  le  pense  Caldwell,  je  ne  vois  pas  ce  que  cette  unité 
fondamentale  de  langage  prouverait  par  rapport  à  la  question  posée. 

Est-il  donc  sans  exemple  que  la  langue  des  vaincus  disparaisse  devant 
la  langue  des  vainqueurs?  Mais  c'est  la  règle,  au  contraire.  Je  vais  en 
emprunter  une  démonstration  à  Caldwell  lui-même  : 

«   Les  Aryens  étaient  un  peuple  si  dominateur,  avec  une  si  haute  con- 
ception de  leur  origine  divine  et  de  l'excellence  de  tout  ce  qui  leur  appar- 
tenait que  partout  où  ils  se  sont  établis,  ils  ont  tout  organisé  autour  d'eux. 
«  Il  n'y  a  pas  d'exemple  ni  de  souvenird'un  langage  aborigène  gardant 
son  terrain  en  face  d'une  occupation  aryenne.  Dans  l'Inde  du  Nord  et  de 


DISCUSSION  421 

r< )uesl.  ainsi  que  (lans  lo  lieiigale  et   l'Orissa,  les  anciens  vernaculaires- 
ont  si  complf''li'intMil  (iisparii  que  c'est  maintenant   un  pttint  discuté  de 
savoir  s'il  y  en  a  (juelques  traces  survivant  dans  la  structure  ou  le  voca- 
bulaire de  la  langue  des  colons  aryens  ».  Caldweil,  op.  cit.,  p.  576,  et 
plus  loin,  p.  578,  je  trouve  la  phrase  suivante  : 

'<  La  langue  des  habitants  priuiilifs  de  Ceylan  a  disparu  laissant 
extr»}menient  peu  de  trace;  même  la  langue  parlée  par  les  Veddas  a  été 
reconnue  comme  étant  essentiellement  aryenne  ». 

Les  Veddas  sont  bien  considérés,  pourtant,  comme  représentant  une 
race  antérieure  à  la  colonisation  aryenne;  on  a  môme  énormément  exa- 
géré l'ancienneté  et  surtout  la  pureté  de  leur  type  primitif. 

Si  donc  les  Aryens  ont,  en  fait,  détruit  des  langues  non  aryennes  chez 
les  peuples  qu'ils  ont  soumis,  pourquoi  les  Uravidiens  n'en  ont-ils  |)as 
fait  autant'*  Les  Dravidiens,  tels  qu'ils  m'apparaissent,  semblent  tout 
aussi  dominateurs  que  les  Aryens,  quoi([ue  par  des  moyens  différents. 
La  philologie  ne  fournit  rien  en  faveur  de  l'existence  des  Prédravidiens, 
mais  elle  n'établit  rien  en  sens  contraire. 

Ainsi,  la  distinction  de  race  que  nous  avons  vu  s'esquisser  entre  les 
hautes  et  basses  castes  dravidiennes  peut  s'accorder  avec  les  données  de 
tout  ordre  dont  se  compose  l'ethnologie.  Mais  elle  n'est  pas  démontrée.  La 
démonstration  nécessaire  est  fournie  par  l'étude  systématique  des  tribus 
montagnardes  et  de  leurs  relations  avec  les  castes  de  la  plaine. 

Discussion 

.M.  Adolphk  Bloch.  —  Notre  collègue,  M.  Lapicque,  conclut  de  ses 
recherches,  sur  l'ethnogénie  des  Dravidiens  actuels,  que  ceux-ci  ont  eu  des 
ancêtres  plus  noirs  qu'eux-inèm»;s,  mais  distincts  des  Négritos  dont  l'in- 
dice céplialique  est  ditférent.  De  mon  côté,  je  rappellerai  que  je  me  suis 
également  occupé  de  l'origine  des  Dravidiens  dans  une  communication  à 
la  Société  en  1902,  à  proposde  l'exhibition,  au  .Jardin  d'acclimation,  d'un 
certain  nombre  d'Indous  de  la  côte  du  Malabar*. 

Mes  conclusions  sont  les  mêmes  que  celles  de  M.  Lapicque,  en  ce  sens 
que  j'attribue  des  ancêtres  noirs-négroides  aux  Dravidiens,  élimination 
faite  des  Négritos  que  je  n'ai  d'ailleurs  pas  mentionnés  dans  ma  commu- 
nication. 

Mais  notre  collègue  cx[tli({ue  l'origine  des  Dravidiens  en  disant  : 
l"que  \e-i  pn'draridien.<i  étaient  de  type  nègre;  2'  que  les  prolodruvidiens 
appartenaient  au  type  blanc  ;  3"  ([ue  ceux-ci  sont  venus  dans  l'Inde  avant 
les  Indo-Aryens,  et  se  sont  mél.mgés  aux  noirs  réduits  par  eux  en  escla- 
vage, d'où  l'origine  de  la  population  di'avidienne  actuelle'. 

Ici,  nous  nous  séparons  de  M.  Lapi(-ijue  lorsqu'il  s'agit  d'interpréter  le 


'  Bloi;ii.  —  Quelqutis  remarques  sur  l'anllimpolo^'io   d<s  Fndous  oxlnhùs  au  Judin 
d'acclimatation.  Bull.  Soc.  Anl/tr.  lOûâ.  p.  780-787. 
'Note  présentée  à  l'Académie  des  sciences.  Séance  du  10  juilkt  l'JOi. 


422  Ifi    I.KCKMItllK     fÛO") 

modo  (le  formation  ilf  la  laci'  tiravidienue,  car  nous  ne  croyons  pas  au 
mélange.  En  eiïel,  commtMit  M  Lapiccjin'  a-l  il  f'iudii?  l'elhnogénio  des 
Dravidieiis?  Parla  m<Mno  mi'lliudc  antlirupolo^nquc  (juc  j'ai  em[)loyt';c  dans 
le  cas  actuel,  et  (juc  j'emploie  toujours  Itjrsfpie  je  reclierclie  lf*s  origines 
des  diverses  races  humaines,  c'est-à-dire  en  étudiant  certains  caractères 
anlhropolo^Mques  que  j'ai  désignés  sous  le  nom  de  cnracléres  ataviques, 
parce  (juils  rajipellent  le  type  de  la  race  ancestrale. 

.l'ai  particulièrement  signalé  sous  ce  rapport  le  rellet  jaunâtre  de  la 
sclérotique,  la  grosseur  des  lèvres,  la  pigmentation  de  la  muqueuse  buc- 
cale, et  la  gracilité  du  mollet  chez  les  Indousdu  Jardin  d'acclimatation. 

M.  Lipicque  s'est  surtout  occupé  de  l'indice  nasal,  de  l'indice  cépha- 
lique,  de  la  frisure  des  cheveux,  de  la  taille  et  des  proportions  du  corps, 
et  c'est  ainsi  qu'il  a  reconnu  qu'il  existe  encore  dans  l'Inde  d'assez  nom- 
breuses tribus  véritablement  négritiques,  dont  la  survivance  vient  con- 
firmer la  thèse  que  j'ai  soutenue,  c'est-à-dire  l'origine  négroïde  des 
Dravidiens,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'y  adjoindre  un  mélange  quel- 
conque. 


8U«  SÉANCE.   —  16  Novembre  1905. 

Présidence   de   M.    Sébillot. 

La  Société  a  veçvi  nno  circulaire  annonçaut  que  la  X1II°  session  du  Congrès 
international  d'anthr()}tologie  et  d'archéologie  préhistoriques  se  tiendra  à 
Monaco,  sous  le  haut  patronage  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  P"",  du  16  au 
21  avril  190G.  Ci-joint  la  liste  des  questions  proposées  par  le  Comité: 

PREMIÈRE    l'ARTIE 

Le  Préhistorique  (fans  la  région  de  Monaco. 

1^  (jrotte  des  lîaoussé-nousso  (Stratif/raphic  et  iialéoip'aphie : paléontolof/ie, 
anthropologie  et  archéologie).  —  Le  type  luiiuain  de  (irimaldi  (négroïde)  et 
ses  survivances. 

2"  L'épopée  néolithique. 

3"  Les  enceintes  dites  ligures. 

DEUXIÈME  PARTIE 

Questions  générale?,. 

1"  Kluile  (les  [tierres  dites  utilisées  nu  travailléesauxteinps  préquarternaires. 
2"  Classilication  des  temps  quaternaires  au  triple  point  de  vue  de  la  stratl- 
graphie^  de  la  paléontologie  et  de  l'archéologie. 
•3°  Docimients  nouveaux  sur  l'art  de;!-  f^avernes. 


PAPILLATLT.  (jrEsTlilNNAlIlE  DE   SOCIOLOGIE  i-2'A 

4"  Etuilt' fies  U'iups  iiiti'niit'iliaircs  fiitr»'  If  |iair'itlitlii(|iic  d  le  néolithique. 
5°  Oi'igiiif  lit'  la  rivilisation  iit'(ilillii(|in'.  I.cs  pn'iiiicros  (('rainifiiH-s. 
(i«  Géographii'  des  (Mvilisations  de  Mallstalt  et  de  La  Tciie. 
7"  Los  civilisaliniis   prolo-liistoriquos   dans    les   deux  bassins  de    la  Méditer- 
ranée (Egéen,  Minuen,  Mycénien,  etc.). 
8°  Les  industries  de  la  pierre  en  Asie,  en  Arritiin-  et  en  Amérique. 
9"  Unilication  des  mesures  anthropologiques. 


Commission  pour  la  rédaction  d'un  nouveau 
QUESTIONNAIRE  DE  SOCIOLOGIE 

M.  Papiij-ailt  expose  que  la  seconde  édition  du  questionnaire  de  sociologie 
est  sur  le  point  d'être  épuisée  et  qu'il  serait  regrettable  qu'on  procédât  à  sa 
réimpression  sans  lui  faire  subir  des  modilleations  importantes.  Il  ne  faudrait 
pas  interpréter  cette  proposition  comme  une  critique  de  l'œuvre  accomplie  par 
l'ancienne  Commission  et  en  particulier  par  Letourneau.  Elle  a  rendu  de  très 
grands  services  à  l'anthropologie  ;  les  réponses  qu'elle  a  suscitées  et  qui  ont 
été  publiées  dans  nos  Bulletins  en  sont  la  preuve,  et  cependant  elles  ne  repré- 
sentent qu'une  bien  faible  part  des  travaux  que  ce  questionnaire  a  suggérés.  Il 
a  attiré  l'attention  des  voyageurs  sur  des  problèmes  qu'ils  ne  soupçonnaient  pas 
et  les  a  lancés  dans  des  recherches  qui  n'auraient  pas  été  entreprises  sans  lui. 
Son  iniluence  a  été  ainsi  beaucoup  plus  grande  qu'on  ne  pourrait  le  soupçonner 
au  premier  abord.  Combien  de  rebilions  de  voyage  n'ont  pas  revêtu  la  forme 
de  réponse  et  doivent  pourtant  k  ce  guide  les  meilleures  de  leurs  observations! 

Mais  il  a  vieilli,  précisément  parce  que  son  action  a  été  féconde.  Les  ques- 
tions qu'il  posait  en  ont  engendré  d'autres,  auxquelles  il  n'avait  pu  songer; 
les  problèmes  se  sont  élargis  et  précisés  ;  des  coups  de  sonde  heureux  ont 
ramené  des  profondeurs  du  monde  social  des  formes  insoupçonnées  dont  il 
faut  poursuivre  l'étude.  Siu*  toutes  ces  nouveautés,  il  faut  attirer  l'attention 
des  observateurs  et  diriger  leurs  rerherehes  suivant  une  méthode  siire  et  autant 
que  possible  uniforme.  C'est  là  un  travail  difficile  pour  lequel  une  Commission 
est  nécessaire.  La  Société  entière  est  d'ailleurs  invitée  à  y  collaborer,  chaque 
membre  pouvant  adresser  à  la  Commission  une  liste  des  questions  qui  lui 
semblent  les  plus  intéressantes. 

-MM.  Capitan,  Yves  Guyot,  Hervé.  Mauss,  Papillault,  Sébillot,  Verneau, 
Vinson.  Zaborowski  sont  désignés  par  la  Société. 


'r2i  i«i  N.iVKMHiu-.  1905 

RAPPORT   PRESENTE  AU    NOM    DE   LA   COIVIiyiISSION    DU    PRIX   FAUVELLE' 
l'Mt    .M.     l'hlEN.NK     IIaHAHI). 

La  commission  chargée  d'attriliufr  le  prix  Fauvolle.  en  1905,  s'est 
trouvée  en  présence  de  trois  ouvrages  très  différents.  Ce  sont  : 

l'n  travail  manuscrit  de  M.  Paul  Wintrebert,  «  Sur  les  relations  du  sys- 
tème nerveux  avec  les  processus  embryonnaires.  >' 

Un  ouvrage  de  M.  Eug.  Bernard-Leroy,  sur  le  Langage, 
l'n  ensemble  de  mémoires  ayant  trait  aux  névrites  périphériques. 
La  commission  a  pensé  que,  pour  diverses  raisons,  ces  dernières  publi- 
cations ne  répondaient  ni  h  la  lettre  ni  à  l'esprit  de  la  fondation;  elles  les 
a  écartées  de  prime  abord. 

Elle  restait  donc  en  présence  du  travail  de  M.  Wintrebert  et  de  celui  de 
M.  Eug.  Hernard-Leroy.  La  comparaison  entre  eux  était  rendue  diiilicile 
par  leur  dissemblance.  La  commission  a  où.  tenir  compte  des  qualités 
générales,  mettant  en  balance  le  degré  d'originalité  d'une  part,  cl  d'autre 
pari  la  portée  des  conclusions. 

A  ce  point  de  vue,  le  travail  de  M.  Winirebert  se  place  incontestable- 
ment au  premier  rang.  M.  Wintrebert  a  repris  à  pied  d'œuvre  la  question 
si  controversée  de  l'intervention  du  système  nerveux  dans  les  processus 
morphogéniques  et  histogéniques,  ainsi  que  dans  les  phénomèmes  de  régé- 
nération. Il  l'a  reprise  par  la  voie  longue  et  diflicile  de  l'expérimentation 
sur  les  organismes  très  jeunes.  Le  manuscrit  tout  entier  repose  sur  plu" 
sieurs  séries  d'expériences  se  contrôlant  les  unes  les  autres,  corroborées 
en  outre  par  l'examen  hislologique,  seul  capable,  en  dernière  analyse, 
d'affirmer  que  les  sections  ou  destructions  ont  effectivement  libéré  l'orga- 
nisme de  l'influence  de  l'axe  cérébro-spinal  parfois  à  peine  différencié. 
L'auteur  est  ainsi  conduit  à  conclure  que  le  développement  embryonnaire 
d'un  individu  privé  denerfsdepuis  la  plus  lointaine  origine  ne  se  comporte 
pas  autrement  qu'un  individu  normal  du  même  Age.  Celte  conclusion  est 
complétée  par  une  découverte  intéressante,  celle  de  l'existence  d'une  sensi- 
bilité primitive,  indépendante  des  voies  nerveuses,  à  localisation  ectoder- 
mique.  Celle  e.xcilibabililé  cutanée  permet  de  concevoir  l'existen'^e,  avant 
toute  intervention  nerveuse,  d'éliuiles  corrélations,  associant  intimement 
entre  elles  les  cellules  pour  i'édilicalion  de  l'embryon.  —  1^'indépendance 
des  processus  de  mélamorphose  el  de  régénération  vis-;i-vis  du  système 
nerveux  est  également  mise  en  lumière  par  un  nombre  considérable 
d'expériences. 

De  ces  faits,  importants  en  eux-mêmes,  découlent  d'importantes  consé- 
quences. Sans  insister  sur  la  conlirmation  que  reçoit  la  Ibéoiie  de  l'origme 

*   La  coiiimissioij  élait  romposôo  iju  MM.  Denik^r,  président,  l'apiilanlt,  Anthony, 
Loisel  et  Rabaud,  rapporteur. 


KTIK.NNK  UAIIAlIl.    —    ItVl'I'OliT   MK   LA   i;n.\IMI»lnN    IH     nt|\    FAL'VELI.K  425 

conlrale  ilos  iiorl's,  nous  relèvt'fons  t\ue  l;i  thèse  de  rinlhicnce  du  syslèine 
nerveux  sui'  la  piuduclion  des  sli^inales  de  la  dégt'iu'Tescence  se  trouve 
contredite  et  compromise.  Ajoutons  enlin  (|ue  l'existence  de  nerfs  tro- 
phiques  ne  paraît  pas  conciliable  avec  la  cicatrisation  lapidc  des  plaies 
chez  les  individus  énervt's,  ni  avec  les  régénérations  successives  d'organes 
rt-ndiis  indépiMidanls  de  l'axe  céréhro-spirial. 

("..■t  iiii|iiiitanl  travail,  (-lairement  exposé,  accompagné  de  schémas  et 
df  planches  phutitgraphi(|ues  est  une  (cuvre  purement  personnelle, 
résultant  d'un  elViut  soutenu  durant  plusieurs  années. 

L'ouvrage  de  .M.  Eug.  Bernard-Leroy  tient  davantage  de  l'érudition  que 
de  la  recherche  originale.  Celle-ci,  cependant,  n'est  pas  absente  et  l'on 
sent  bien  que  l'auteur  l'réiiuente  assidCimiMil  les  services  de  la  Salpèti"ière. 
il  ne  nous  apporte  pas  sans  doute  beaucoup  de  faits  nouveaux,  mais  il  a 
contrôlé  la  plupart  des  faits  connus.  C'est  l'étude  psychologique  du 
langage  à  ses  divers  points  de  vue  que  M.  Eug.  Bernard-Leroy  a  abordée 
et  traitée  presque  complètement.  Il  fait  appel  à  tous  les  instruments  de 
recherche  que  la  science  moderne  met  à  la  disposition  du  psychologue  ; 
il  s'aide  de  la  logique,  de  la  grammaire  et  en  particulier  de  la  sémantique 
utilisée  au  point  de  vue  des  causes  intellectuelles  ([ui  ont  présidé  à  la 
transformation  de  nos  langues;  il  s'aide  également  des  phénomènes 
pathologiques  de  divers  ordres,  aphasies,  certains  délires.  Tous  •  es  moyens 
concourent  à  l'élude  des  signes  du  langage,  de  leur  perception  et  de  leur 
intelligence;  et  cela  conduit  à  examiner  les  [)hénomènes  d'élaboration 
préalable  du  langage,  la  façon  dont  l'individu  pense  les  paroles  et,  d'une 
faeon  plus  générale,  les  signes  utilisés  pour  le  langage. 

A  cette  élude  fait  logiquement  suite  l'élude  psychologique  de  l'émission 
des  signes. 

L'auteur  constate  la  liaison  serrée  qui  existe  entre  les  systèmes  verbaux 
d'images  auditives  el  kineslésiiiues,  entre  la  parole  entendue  et  la  parole 
répétée,  entre  la  parole  inlérieure  et  l'aniculation  inlérieure.  A  un  point 
de  vue  plus  géni'-ral,  l'auteur  s'efforce  de  placer  la  fonction  langage  dans 
son  cadre  normal,  dans  ses  connexions  avec  Ten^enible  des  phénomènes 
psychologicjues  ;  il  montre  par  quelles  racines  profondes  le  langage  tient 
à  tout  le  mécanisme  psychologique. 

C'est  en  somme  une  fort  intéressante  mise  au  point  d'un»;  grande 
question,  faite  avec  le  concours  de  l'observation  personnelle. 

Néanmoins  la  contribution  originale  ne  tient  pas  une  place  prépondé- 
rante. Aussi  la  commission,  tenant  compte  de  la  valeur  intrinsèque  de 
l'ouvrage  et  de  sa  valeur  relative,  touten  lui  accordant  une  partie  du  prix 
l-'auvelle.  a  cru  devoir  marquer  une  diiïérence  entre  cet  ouvrage  et  le 
précédent  ;  elle  [iropose  donc  de  diviser  le  prix  en  donnant  : 

A  M.  Winlreberl,  une  somme  de 1 .400  fr. 

A  M.  Eug.  Bernard-Leroy,  une  somme  de ^)0n  — 


4:26  16  NovKMiuiK  IU05 


CONTRIBUTION   A  L'ETUDE   DE  LA  GEOGRAPHIE  ANTHROPOLOGIQUE 
DU    DEPARTEMENT    DU    RHONE 

I'au  mm    lks  I)">  HorcHEHEAi  ET  L.   Mavet.  (le  Lijon. 

Notre  but  n'est  pas  (l'cntrepreinli-e  ici  une  étuih;  antliropologique  et 
ethnique  de  la  population  du  département  du  Rhône,  mais  simplement 
d'apporter  un  certain  nombre  de  documents  qui  pourront  être  utilisés  un 
jour  pour  celte  étude.  L'ne  partie  de  ces  documents  a  été  recueillie  par 
nous  personnellement  dans  les  différents  cantons  du  département  lors  de 
la  tournée  du  conseil  de  revision  :  l'autre  partie  provient  de  recherches 
statistiques  faites  avec  les  relevés  ofïiciels  ot  portant  sur  une  période  de 
temps  très  étendu^,  pour  réduire  au  minimum  les  causes  d'erreur  prove- 
nant de  l'imperfection  de  ces  dernières  publications. 

Exception  faite  pour  une  faible  étendue  comprise  dans  les  vallées  de  la 
Saône  et  du  llhùne,  le  déparlement  du  Rhône  représente  une  région 
montagneuse,  constituée  par  une  série  de  fragments  de  la  chaîne  des 
Cévennes  :  les  Monts  du  Lyonnais  et  du  Reaujolais 

L'érosion  a  découpé  plus  ou  moins  profondément  les  terrains  cristallins 
et  calcaires  de  ces  montagnes,  creusant  des  vallées  plus  ou  moins  étroites 
où  coulent  l'Azergues,  la  Brévenne,  le  Gier,  l'Yzeron,  laGrusne,  etc.  et  où 
ruissellent  une  infinité  de  torrents  et  de  ruisseaux. 

Dans  ces  vallées,  sur  ces  montagnes,  la  population  est  nombreuse.  En 
lyOI  :  843.179  habitants,  pour  une  superficie  de  285.934  hectares.  Il  faut 
se  hâter  de  dire  (jue  l'agglomération  lyonnaise  entre  dans  ce  chiffre  pour 
plus  de  500.000  habitants- et  contribue  à  élever  considérabiemenl  la  den- 
sité do  la  population  par  kilomèire  carré.  Celle-ci  était  : 

En  1801,  ûe    <j6,5     avec  une  population  de  299,390  habitants. 
En  1851,  de  201  —  574,745         — 

En  1901,  de  294,9  —  843,179         — 

Une  série  d'autres  centres  urbains  y  contribuent  aussi  :  Villefranche- 
sur-Saône  (14.793  h.)  Tarare  (12.  334  h.)  (Jivors  (12  132  h.)  Amplepuis 
(7  097  h.)  Cours  (5.493  h  )  Thizy  (4.797  h.)  Bourg-de-Thizy  (4.667  h.),  etc. 

Tout  autour  de  Lyon,  une  ceinture  de  communes  non  moins  impor- 
tantes :  Villeurbanne  (29  220  h.)  Caluire  et  Cuire  (10.926  h.)  OuUins 
(9.343  h.)  Saint-Fons  (4.983  h.)  La  Demi-Lune  (4.056  h.)  La  Mulatière 
(3.628  h.)  Pierre-Bénite  (3.161  h.)  Sainte-Foy  (3.106  h.). 

Il  nous  a  semblé  y  avoir  quelque  intérêt  à  rechercher  quelle  était 
dans  le  déparlement  du  Rhône  la  répartition  de  ces  caractères  ethniques 
importants  :  la  taille,  l'indice  céphalique,  la  couleur  des  yeux. 

Ce  senties  résultats  que  nous  avons  obtenus  qui  font  l'objet  du  présent 
mémoire. 


BOUCHEREAl    Kl    MAVET.    —   KTri>K   l>K  I,  A   CKcM'.ltMMlK  ANTHHOl'OLttlilyL  K 


miir 


Nous  avons  pu  relever  l;i  taille  de  Ions  les  jt'uncs  ,i;ens  examinés  aux. 
séances  du  Conseil  de  levisimi  du  di'parli'nient  du  Kliùm' rn  l'.)(>5,  dans 
les  divers  cantons.  Us  fournissent  une  moyenne  tli'  taille  de  1  m.  660 
pour  l'ensendjle  du  dépailemcnt.  I^es  six  arrondissements  de  la  \  ille 
de  l>yon  dounnU  une  moyenne  de  1  m.  665,  sensiblement  plus  élevée 
(pie  la   moyenne   des  21    cantons  extra-urbains,  qui  est  de  1  m.  657. 

Le  détail  en  est  donné  par  le  tableau  suivant  : 

Tableau  tiuii(/ua/if  h'  ilctail  de  la  moyenne  de  la  faille  dans-  le  dé/iarfement 

du  Rhône. 

I.    .    .    .    \'ii.i.K  iiK  Lyon  : 


CLASSEMENT 


ARRONDISSEMENTS 


TAILLE  MOYENNE 


1 I  I«  Bellecour-Perrachc 1,674 

Vie  Brotteaux l,G67 

Vo  Saône  (Kive  droit.') 1.660 

m»  Cuillotiére 1,658 

IV"  Croix-Rousse 1,658 

I«  Terreaux 1,655 


II. 


Autres  Cantons  : 


Classement        Cantons 

Taille  innypnno 

C.lassoinont        Cantons 

Taille  moyenne 

1.    .      Bellevillc.    .    . 

1,680 

13.    . 

('.(iMiirii'u  .    .    .    . 

1 ,652 

o 

Heaujou   .    .    . 

1 ,675 

14.    . 

Tarare  .    .    .    .    . 

1,652 

3. 

Neuville  .    .    . 

1,670 

15.    . 

St.-Symphorien- 

4. 

Anse 

1,670 

s.-Coise.    .    . 

1,651 

5. 

Mousols    .    .    . 

1 ,670 

16.    . 

VMiif.^neray  .    . 

1.650 

6. 

Villorranrhc.   . 

1,668 

17.    . 

Aiiiiili'piiis   .    ,    . 

1,650 

7. 

Limoucst.    .    . 

1 ,666 

18.    . 

Nillcnrhanne  . 

1,647 

8. 

Cilvors  .... 

1,661 

10.    . 

MornanI  .    .    . 

1,647 

9. 

Thizy 

1,660 

20.    . 

Lo  Bois  d'Oingt 

1,6.38 

10. 

"     LWrhresIc   .    . 

1 ,660 

21.    . 

St. -Laurent -de  - 

11. 

Lainuro    .    .    . 

1.680 

Chaniousset. 

1.638 

12. 

St-(ionis-Laval 

1,654 

Il  peut  y  avoir  quelque  intérêt  à  compléter  ce  tableau  par  le  suivant, 
indiquant  la  fréquence  des  grandes  tailles  dans  le  départennent  du  lUione, 
par  cantons  ; 


i-28 


H)    M IV  KM  HUE    l'.>05 


/'/■(t/ti)/-/ lu/1  (/fs  ;//(iiii/fx  f(ii(/r.s  :  l  m.  7:i  cl  ait  i/t'là. 
I.    .    .    .   Vii.LK  DE  Lyon. 


CLASSEMENT 

1 

2.     ....     . 

ARRONDISSEMENTS 

.    .         Il"  Bcllccoui-I't'iraclic.    .    . 
.    .        I"""  Terreaux 

PROPORTION 
pour  tuât  examinés. 

...           20 
...           17 

3. 

.    .       V|o  Brotlreaux 

15,3 

4 

.    .        Ili"  (iiiillotièro         .... 

14,5 

5 

6 

.    .        V'e  .Saône  (Hive  droite).    .    . 
.    .       VI«  Croix-Housse 

...           12 
...           11 

II.    .    .  Autres  cantons. 


Classoment        Cantons 

l'rop.  pour  iOO 

Classement         Gantons 

Prop.  pour  100 

1.    . 

Anse 

24,0 

12.    . 

L'Arbresle.   .    .    . 

13 

2.    . 

Linionest.    .    . 

19,7 

13.    . 

St.-Sjmphorien- 

3.    . 

Belleville.    .   . 

19 

s.  Coise.   .    .    . 

12 

4.    . 

Auiplepuis  .    . 

17,2 

14.    . 

Condrieu  .... 

11,8 

5. 

Beau) eu   .    .    . 

16. 6 

15.    . 

Givors  

11,7 

6.    . 

Lainure    .    .    . 

15,9 

10.    . 

Villeurbanne  .   . 

11,4 

7.    . 

-Neuville   .    .    . 

15.7 

17.    . 

St.-Genis-Laval  . 

11,3 

8.    . 

Villelranche.  . 

15,6 

18.    . 

Monsols    .... 

9.2 

9.    . 

Thizy 

15,1 

19.    . 

Mornant  .... 

7,9 

10.    , 

St. -Laurent-  de 

- 

20.    . 

Tarare  

7,2 

Ciiainousset. 

15.1 

21.    . 

iioisdOingt.    .    . 

4,2 

11.  . 

Vaugnerav.   . 

13.3 

Les  petites  tailles  (au-dessous  de  1  m.  oi)  sml  assez  rares  dans  le 
département.  Pour  la  viHe  de  Lyon  la  proportion  pour  cent  des  petites 
est  de  4  dans  le  1"''  arrondissement.  Pour  les  cantons  extra-urbains,  la 
môme  proportion  maxiina  est  de  7  dans  le  canton  de  St-Laurent-de- 
(Ihamousset;  les  cantons  de  Limonestet  du  Bois  d'Oingt  viennent  ensuite 
avec  5  0/0.  Certains  cantons  n'ont  pas  présenté  déjeunes  gens  ayant  une 
taille  inférieure  à  1  m  54  :  ce  sont  ceux  de  Belleville,  Thizy,  et  Monsols. 

Compararaison  de  In  taille  et  du  poids.  —  L'usage  est  aujourd'hui  établi 
d'apprécier  1 1  valeur  physique  des  conscrits  par  la  comparaison  du  poids 
avec  la  taille.  L'excès  des  décimales  de  la  taille  sur  les  chiiïres  du  poids 
qui  sert  généralement  de  comparaison,  est  un  procédé  arbitraire  et  man- 
quant de  précision;  il  faut  considérer  le  rapport  centésimal  du  poids  à 
la  taille. 

Pour  une  bonne  conformation,  ce  rapport  doit  être  au  minimum  de  35. 
C'est-;\-dire  qu'il  faut  en  moyenne  35  kilogrammes  de  poids  pour  1  mètre 
de  taille. 


DOl'CHEnEAU  ET  MAYET.    —   KTIDE  DE  LA  r.KdilllAPMIK   ANTlIRitPOLôlîrOlE         -420 

A  Lyon,  dans  le  II"  arrondissemiMif,  nous  trouvons  une  taille  nioy(M)nc 
lie  1,G74  et  un  poids  moyen  de  .')<>. nOO  gr.,  ce  (jui  correspond  ;i  l'in- 
dice 35,5. 

Dans  le  IVe  arrondissement,  à  un  poitls  moyen  de  57,r300  gr.  corres- 
[lond  une  taille  de  1,1)58  et  l'indice  descend  à  'M,V),  au-dessous  de  la 
moyenne  désirabke. 

Les  c(»nsé(juences  <|ui  en  résultent  pour  le  iccrulement  do  l'armée  se 
traduisent  par  les  résultats  suivants  : 


IV.IN 

Classés 



dans  les  sorvicos 

IV'a  Arroiiii'^secneiil 

Inscrits 

Exompl-. 

auxiliairos 

Ajourni^s 

Bons 

Année  1904.     .      .      . 

273 

20 

21 

01 

171 

\iMire  1905.     .      .      . 

288 

25 

3(1 

78 

149 

Si  l'on  reporte  aux.  eliilVn's  doiuK-s  par  les  Ciimjilcs  rcinhis  du  Sercice  du 
Fiecvutemeul  de  l'Armée,  il  ressort  avec  évidence  que  les  moyennes  de 
la  taille  des  vingt  dernières  années  s'élèvent  par  un  accroissement  pro- 
gressif dans  le  département  du  Rhùne  : 

En  1873,  la  taille  moyenne  était  de  1  m.  040;  en  1-875,  de  1  m.  650; 
en  1890,  de  1  m.  658;  en  1903  (classe  1902)  de  1  m,  000,  alors  que  la 
moyenne  de  la  France  entière  est  de  l  m.  ()48. 

A  titre  documentaire  voici  la  répartition  des  tailles  dans  le  départe- 
ment du  Rhùne  durant  les  trois  années  1901,  190-2  et  1903  : 

Taille  do  :  1901  vm  1903 

Moins  de  1T54 .      ...  Ô^)  100  iTs 

1,54  à  1,62  .     .     .  1.191  1.442  1.341 

1,63     ...     .  236  293  272 

1  64          ...  298  295  320 

l'65     .     .     .     .  341  392  403 

1,66     ...     .  322  337  319 

1,67' A  1,69  .     .     .  914  936 


1.680 

863 

Inconnu 233  109  368 


1,70  à  1,72  .     .     .  850  804 

1,73  et  au-dessus.     .  698  807  863 


ToTAi 5.182  5.515  5.679 

En  1905,  la  répartition  de  la  taille  est  à  peu  près  la  même,  avec  une 
moyenne  identiijue  :  i  m.  660. 

Pour  l'appréciation  des  chitTres  fournis  par  les  Comptes  reudus  du  recru- 
tement, il  est  bon  de  faire  remarquer  que,  depuis  vingt  ans,  diverses 
modifications  ont  été  introduites  dans  le  mode  de  recrutement  ainsi  que 
dans  les  subdivisions  territoriales  de  la  région,  l'arrondissement  de  Ville- 
franche  n'étant  rattaché  au  département  du  Rhùne  que  depuis  quelques 
années.  Enfin,  les  moyennes  ne  comprennent  pas  l'ensemble  du  contin- 
gent :  les  engagés  volontaires  ainsi  que  les  hommes  exempts  de  service 


i;iU  m    NnVKMHIU:     11^)5 

n'y  lii^uronl  pas  el  cos  ûliininalions  sonl  susccplibles  de  inodilicr  dans 
une  certaine  mesure  les  résultats. 

Ces  n'-servcs  faites,  nous  admcltons  n<'iii)moins  qu'il  s'est  produit, 
depuis  une  vingtaine  d'années,  une  auginentalion  dans  la  moyenne  de 
la  faille  de  la  population. 

La  taille  est  .''Icvéo  dans  toute  la  i-('',irion  !Vorl-Ksl  du  déparlement,  dans 
la  ré.nion  du  Heaujolais  et  dans  la  vallée  de  la  Saône.  Le  maximum  de  la 
taille  se  trouve  dans  le  canton  di'  l'.rlhnilhî  et  le  miniumm  dans  les  can- 
tons de  Sainl-l.aiirenl-de-Cliamoiissel  et  du  Bois-d'Uingl,  qui  appartien- 
nent à  des  régions  agricules  et  montagneuses. 

En  gé.iéral.  0:1  conslale  une  (limiiiulion  de  la  lailh;  en  allant  du  Nord 
au  Sud  du  déparleme  il  Le  canton  de  Lamure,  malgré  le  nombre  élevé 
de  ses  goitreux,  occupe  cependant  un  assez  bon  rang  au  point  de  vue  de 
la  taille. 

Dans  la  Ville  de  Lyon,  les  moyennes  de  la  taille  offrent  des  difîérences 
notables,  les  moins  favoi-isés.  sont  le  l*^""  et  le  i°  arrondissements. 

Les  elïets  fAcheux  dr  ^ul•bani^me  paraissent  surtout  s'exercer  sur  la 
population  suburbaiîic,  à  Villeurbanne  (l^yon)  et  sur  certains  centres 
industriels  tels  que  Tarare.  Celle  inlluence  de  l'urbanisme  se  traduit 
d'une  façon  encore  plus  manifeste  avec  le  rapport  centésimal  du  poids  à 
la  taille  et  par  des  décbets  de  près  de  50  0/0,  dus  au  défaut  d'aptitude 
physique  des  jeunes  conscrits,  comme  cela  a  lieu  dans  le  IV^  arrondisse- 
ment de  Lyon. 

Une  bonne  conformation  physique  exige  nécessairement  un  rapport 
proportionnel  entre  le  poids  et  la  taille,  et  l'insuffisance  de  l'un  doit 
entraîner  rapidement  l'insuffisance  de  l'autre.  Mais  le  poids  est  par  lui- 
même  un  facteur  inconstant,  sujet  à  de  nombreuses  causes  de  variations 
passagères,  qui,  le  plus  souvent,  n'ont  d'autre  effet  que  d'apporter  un 
simple  retard  au  complet  développement  physique  des  jeunes  gens  des 
villes. 

Les  influences  multiples  d'un  centre  d'agglomération  humaine  aussi 
important  que  la  ville  de  Lyon  agissant  sur  le  milieu  urbain  lui-même 
aussi  bien  que  sur  son  voisinage  rend  très  difficile  l'appréciation  de  la 
valeur  ethnique  de  la  taille  dans  le  département;  mais  il  nous  a  semblé 
que  celle-ci  était  subordonnée  bien  plus  aux  conditions  de  milieu  qu'aux 
influences  de  race.  Il  est  superllu  de  rappeler  combien  la  taille  s'élève 
dans  les  régions  où  la  popoulation  a  le  plus  d'aisance,  où  la  vie  est  plus 
facile  —  cela  quelle  que  soit  l'origine  ethnique  de  la  population. 

Il  nous  paraît  intéressant  et  non  sans  utilité  de  jeter  rapidement  un 
coup  d'oeil  sur  quelques  uns  des  travaux  d'ensemble  ayant  pour  objet 
l'étude  de  la  taille  en  France  et  d'apporter  ici  le  résultat  des  recherches 
que  nous  avons  faites  personnellement  sur  le  même  sujet. 

Nous  vérifierons  ainsi  la  place  occupée  dans  notre  pays  par  le  départe- 
ment du  Rhône  au  point  de  vue  de  la  taille. 

En  1885,  Jacques  Bertillon  a  publié  dans  le  volume  consacré  au  25*  an- 


IlOl'CMEHKAI'  HT  MAVET.    —   KTIDE  HK  I.A   HliiilU  AlMIlK    vM  IIUc>l'ii|.(t(i|n(  K  i:\\ 

iiivei'sairc  Ac  la  Sorirtr  de  Slatistiiiuc  tli-  l'uiis  une  i.i)|iitil:iiitc  l'imli'  «iii-  la 
Taille  de  l'Homme  en  Fuanck. 


leS  TAILLES  EN  FRANCE 

PAR  Jacques  BERTILLON 
oiir  MS  TMnu>  sunnigoB  n  u  nui  h  nui 


_.,^!»<*T„\ 


ia  ébtUtt  ioiOÊB  tétftul  b  ffé&Kt  éHbÊ  ij/fB  it  Ub 

Uvfmlmié^iMfKKi'Bfeantémteanfa 


lECENOE 


\  ras  11-^ 


40^ 


C^iêi^ 


Fiqurc  i.  —  Urpartilioti  dos  tailles  en  Fraii'^c  (d'après  J.  Beiiillon). 

Nous  reproduisons  ici  la  carie  qui  résume  les  recherches  de  J.  Bertil 
Ion  sur  1»  répartition  géographique  de  la  taille  en    France.    Plusieurs 
régions  s'y  trouvent  délimitées  ; 

1*>  ...  La  région  du  Nord-Est,  où  la  taille  médiane  est  relativement 
élevée  et  varie  entre  1  m.  06  et  1  m.  65. 

2°  ...  Le  Centre  de  la  France,  où  la  taille  est  au  contraire  très  basse 
(taille  médiane  de  1  m.  61  à  1  m.  64). 

3°  ...    La  Bretagne,  où  la  taille  est  également  basse. 

4"  ...  Le  Midi  (Gascogne,  Languedoc,  Provence)  où  elle  est  un  peu 
plus  élevée.  L'examen  de  la  carte  {Fuj.  1)  permet  de  se  rendre  compte 
de  leur  étendue  respective. 

Topinard,  dans  son  Anthropologie  générale  a  reproduit,  d'après  Broca, 
une  carte  de  la  taille  en  France,  ayant  pour  base  les  exemptions  par 
défaut  de  taille  pendant  la  période  trentcnaire  1831-1860. 

Nous  résumons  ici  {Fig.  i^)  cette  carte  de  Topinard,  <|ui  vient  à  l'appui 
de  sa  conclusion  générale  suivante  : 

«  Il  existe  en  France  une  race  de  haute  taille,  qui  prédomine  dans  le 
Nord;  une  race  relativement  petite  dans  le  centre  de  la  France,  le  centre 
de  la  Bretagne  et  les  Alpes  françaises;  et  une  race  plus  petite  sans  doute, 


4:^: 


1(>    NiiVRMIinK     iOOn 


<|in'  li^s  slalistiqiips  de  tailU'  ne  peuvent  ;i  elles  seules  dégager,   dans  le 
Midi,  chez  les  liasqucs  par  cxenr\ple  ». 


/  "^..c:- •-**•«-. 


DIAPASON  DES  TEINTES 


vinocr 


1 

2 

',jtuUICI<Tl^^|^B|^ 

Ék^"-^j3 

IHI 

3 

mT....^ 

UH.. 

«02. 

"j,>-  ---ï^-""v-  ***  . 


Figure  2.  —  Carte  de  la  taille  cri  France.  Exemptions  pour  défaut  de  taille  pendant 
la  période  Irentenaire  1831 -1800  (d'après  Broca-Topinard).  —  Blanc  :  (ail/es  les 
plus  grandes  —  Gris  :  tailles  intermédiaires.  —  Noir  :  tailles  les  plus  petites. 

Bien  antérieurement,  Boudin  {Traité  de  Géographie  et  de  Statistique  médi- 
cales, 1857)  avait  indiqué  la  môme  répartition  des  exemptions  pour  défaut 
de  taille  pour  la  période  1831-1849.  Les  chiffres  de  Boudin  sont  intéressants, 
il  n'est  pas  aisé  de  les  retrouver...  aussi  pensons  nous  devoir  les  repro- 
duire ici  en  groupant  les  départements  suivant  l'ordre  du  coefïicient  que 
cet  auteur  avait  attribué  à  chacun  d'eux. 


Proportion  des  Exemptions  pour  défaut  détaille  pour  1000  examinés,  pendant 
la  période  1831-1849) 


(d'après  Boudin.) 


Doiibs  .  . 
Jura  .  .  . 
Côte  dOr 
Nord.  .  . 
Somme 
Ardenues. 


23 

31 

33,5 

33,8 

34 

37,1 


Marne  (  Haute 
Saône  (  Haute 
Pas-de-Calais 
Seine-et-.Marne 
Bas-Rhin. 
Aisne    .... 


37,6 
37,7 
37,8 
39 

40 


llorCIlKUEAI    KT   MAVKT.   —  KTUUE  UE  L\   ÙKuiiU  \nilt    \  M  llUnl'iH.ntilnl  K         i;î3 


41 

.  .  .  4;{,i 

.    .    .  44,3 

.    .   .  44,5 

.   .   .  4:^ 

...  4G 

...  47 

.    .    .  48,5 

.    .    .  4<S,8 

.    .    .  49,3 

.    .    .  40,8 

...  50 

...  52 

.    .    .  53,0 

.    .   .  53,8 

.    .    .  54,2 

l>rùiiR« r)4,2 


Mann'  ...... 

I  )ise 

M, .s,. 11,.. 

^"'^b'-'=* 

.\ube 

MiHICllOS-ilu-IUl()IU' 

Mliône 

IhMix-Sf'vrcs    .    .    . 
S('ini^-t't-(tist^  .    .    . 

.\in 

Isère 

Calvados 

Nièvre  

Eure-et-Loir   .    .    . 

Eure 

Vaucluse 

Pyrénées  (.Hautes) . 


M.'urllio 

Ihnit-Uliin  (Ik'HorI) 

Yonne  

(".harenti'-lnlerieure 
Maine-et-Loire   .    . 

\  ar 

(ianl 

Manche 

Orne 

Vcniiée 

Hérault 

<iaronne  (Haute)  . 
Seine-Inférieure .  . 
Lot-et-Garonne  .    . 

Ciironde 

(iers 

Loiret 

Aude 

Sarthe 


54.5 

55,5 

55,8 

55,9 

50 

56,1 

58,2 

58,8 

58,9 

00 

63,4 

03,7 

63.8 

64 

67 

7v> 


70 


.Saùne-et-Loirf        .    . 

(  '.reuse 

Vienne 

Loire 

Landes 

Loire  Inférieure.    .    . 
Ilaule-Loire  (Haute). 
Tarn-et-(iaronne    ,    , 
Pyrénées-Orientales 
Pyrénées  (Basses) ,    . 

Seine , 

Corse 

Mayenne  

.\veyron 

Loir-et-Cher    .    .    . 

Indre 

Alpes  (Hautes)    .    . 

Morbihan 

Cantal 

Meuse 

lUe-et- Vilaine.    .    . 

Ariège 

Alpes  (Basses).    .    . 
Cher 


Tarn.  .... 
.Vrdéche  .  .  . 
Lozère  .... 

Lot 

.\llier  .... 
Charente .  .  . 
Finistère  .  .  . 
Indre-et-Loire. 
Cotes-du-Nord 
Dordogne.  .  . 
Puy-de-Uùnie  . 
Vienne  (Haute) 
France.    .    .    . 


77.7 
77,9 
77,9 
79,2 
79,3 
79,3 
80 
81 

8-2,4 
82,9 
85 
87 
91 
94 
95 
97 
98,5 
98,6 
98,9 
100 
100,5 
101,4 
101,5 
103,7 
103,8 
105 
110 
112 
113 
114,5 
114,6 
117 
125 
131 
149 
176 
76,9 


Personnellement,  nous  apportons  les  renseignements  suivants  obtenus 
parle  classement  des  jeunes  gens  examinés  aux  Conseils  de  revision  pen- 
dant les  années  1889-1896,  soit  les  chiffres  accumulés  de  dix  années  pour 
la  France  entière. 

Les  documents  auxcjuels  nous  avons  dû.  avoir  recours  nous  ont  été  très 
aimablement  communiqués  par  M.  Victor  Tunjuan,  ancien  directeur  du 
Service  de  Statistique  générale  de  la  France  et  nous  tenons  à  lui  exprimer 
ici  notre  sincère  reconnaissance. 

Il  ne  rentre  pas  dans  le  cadre  de  cette  communication  d'en  donner  tout 
le  développement.  Nous  retiendrons  simplement  les  données  extrêmes 
relatives  aux  tailles  inférieures  à  1  m  oi  età  celles  supérieures  à  1  m.  73. 
soc.  u'antuhop.  1905.  29 


AU 


[Ci    NuVKMHllK     l'.JO") 


Elles  se  trouvent  rôsuim^es  par  les  tieux  cartes  ci-jointes  (Fig  3  et  4)  et 
par  les  deux  laltleaux  servant  de  légende  h  ces  caries. 

Tableau  iiuliqitnnt  ht  /irojtortiun  (les  hommes  ayant   moins  de  1  m.  54  de 
taille  /loiir  looO  e.vaminés  durant  la  période  1887-1890. 


i-'"^^  -:é^    s.^-— .-^^^f 


•tuirnii^-*.. 


2^^ 


Ai' 


Lucien    MATET 


Figure  3  —  Carlo  indiquant  ia  répartition  des  tailles  inférieures  à  i  m.  54  -.  n 
France.  Proportion  pour  1000  dans  la  France  entière  :  30  pour  iOOO.  Déparlements 
teintés  :  ceux  au-dessus  de  cette  moyenne. 

Proportion  pour  1000  Déparloments. 

9  à  10 Ain. 

10  à  15 Ardennes,     Côte -d'Or,    Eure,    Jura,    Haute-Marne. 

Meurthe-et-Moselle,  Oise,  Ilaule-Saône. 

15  à  20 Allier,  Aube,   Meuse,    Nord,  Pas-de-Calais,   Hellort, 

.Saône-et-Loire,  Seine-et-Marne,  Yonne. 

20  à  25 Aisne.    Clier.   Creuse,   Eure-et-I^oir,  Gers,    Gironde, 

Hérault,  Indre.  Isère,  Loir-et-Cher,  Loire-Infé- 
rieure, Marne.  Nièvre,  Orne.  Savoie,  Haute-Savoie, 
Seine,    Seine-et-Oise,  Deux-Sèvres,    Var,    Vienne. 

25  à  30  Ardt'che.  Aude,  Doubs,  Gard,  Lot-et-Garonne,  Maine- 

et-Loire.  Mlidiii-.  Seine-inl'érioure,  Somme.  Vau- 
cluse. 

30  à  35 Calvados,    Cantal.     Corse,     Indre-et-Loire,     Loiret, 

liasses  -  Pyrénées,  Hautes  -  Pyrénées,  Tarn -et- Ga- 
ronne, Vosges.  France  entière. 


UOl'CHKHEAr  ET  MWET.    —    KTUItE  DR  LA   liKuiilt Al'IllK  AN TlinnlMiljjC.KjUE        43o 
l'ioporlion  pour  l(i()0.  D(^parlomcii(s. 

35  à    10 \I|MS  Miiiiliiiics.    Avcvron.    Ifinnic.    Loii-f.    M.iiuhr. 

l'vn'iiccs-dcioiiliilcs. 
40  à  45 \ri(''f,'(',    Hoiiclics  -  ilii  -  Hlioiir,    (  li.iiTiilr  -  liilV'iifiii'c. 

H)iut('-(jaroniu',  L-iiuirs,  lltiulc-Loirc,  SaïUie. 
45  il  50 Massi's-Alpos.    Cliiin'iil(\     (■.(jtes-dii-.\ord.     Finislùrc, 

l.nl,  Lozùn*,  Tarn,  N'omlrc. 

50  à  55 .M.iyt'iint^,  l'iiy-dc-Dùinc. 

55  à  GO lloi-(i()j,'iiiv 

00  à  (55 Ilaiilcs-Alpcs,  llc-cl-N  ilaiiic,  .Mmliiliaii. 

65  .'i  70 Ilault'-Vioimo. 

70 r.oiTùzc. 

Kha.nck  cnlitTC.    .    .    .         30  ponr  100(1. 

Tableau  indit/iuinf  la  /iraportion  (/i'.<t  hom/ncs  ayant   I  m.  7:i  et  iih('< 
lie  taille  pnur  lOOO  e.raminés  drraiit  la  périotle  ISS7 ■  ISUa. 


Figure  -t.  —  Carte  in(li(jiiaiit  la  ivparlition  des  tailles  rlo  1  m.  73  et  au-dessus,  en 
Frano".  Proportion  pour  la  France  entière  :  10'2  pour  \fS(SQ.  Départements  teintés  : 
reu.r  nu-flessus  de  celte  moyenne. 


Proportion  pour  1000. 

32  à  35   

35  à  4() 

40  !\  50 

50  à  60  


Départoinoiits. 

HérauK,  Landes. 
Corrèze.  Côtes-du-Nord. 

Haulos-Alpes,  Dordogno.  llle-el-^'ilaine.  Nièvre. 
Corso.     Finistère,    Mayenne,     l'vrènées  -  Orientales. 
Savoie,  Tarn. 


\'M\  l()    NnVK.MlillI      l'.IOr» 

t)()  à  70 t  .liJirciitf,  .Morl)iliaii.  l'iiN -ili'-hiiiiii'.  ll.iiilt's-l'yrt'nécs. 

75  A  SO Hassos-Alpos,  Avevron.  ('.aiit.il,  Haiite-Loire,  Manche, 

Sarlho.  Vendée. 

80  h  î>0 Alpes-.Marilinies,    Ardèche.    Ariège.    Charente-Inlé- 

rieure.  Drôiiie.  Euro-cl-Loir,  Gard,  Haute-Garonne, 
(;irt>nde.  Indre-et-Loire.  Lot,  Lot-et-Garonne, 
Maine-et-Loire. 

90  A  05 <;iier.  Basses-Pyrénées,  Deux-Sèvres. 

95  à  100 Aude,    Creuse,    (iers.    Loir-et-Cher,   Loiret,    Lozère, 

Haute- Vienne. 

100  à  1(15 Allier,     Calvados.     Isère.     Loire-Inférieure,     Orne. 

Franck  entière. 

105  à  110 Houches-du-Rhùne.  Indre.  Loire,  Vaucluse. 

110  à  130 Itoiiiis,  Nord,  Haute-Saùne.  Var,  Vienne, 

130  à  140 \isne.  Meurnie-fl-Moselle.    Kliùne.   Seine,  Seine-et- 
Marne. 
140  h  160 Ain,  Aube,  Eure,  Marne.  Haute-Marne.  Meuse.  Haute- 
Savoie,  Seine-et-Oise. 

160  à  180 Côte-d'Or.  Pas-de-Calais,  Bel  fort. 

180  à  190.    .    .   ,   .    .        Ardenues. 

190 Jura. 

209 Oise. 

Fr.-vxce  entière.    .    .   .         102  p.  1000. 

Essayer  d'indiquer  aussi  schématiquement  qu'il  a  été  fait  par  la  plu- 
part de  nos  prédécesseurs  la  répartition  détaillée  à  la  surface  du  territoire 
des  groupes  ethniques  formant  la  population  française  en  se  fondant  sur 
la  taille,  serait  méconnaître  profondément  l'influence  considérable  du 
milieu  et  du  genre  de  vie  sur  ce  caractère  fort  variable  —  même  dans 
une  seule  famille  —  et  surtout  vouloir  demander  aux  documents  statistiques, 
dont  nous  pouvons  actuellement  disposer,  beaucoup  plus  qu'ils  ne  peu- 
vent donner. 

Nous  en  voulons  pour  preuve  la  constatation  suivante  : 

En  isolantles  chiffres  concernant  le  déparlement  du  Rhône  des  tableaux 
qui  indiquent  la  proportion  de  chaque  taille  dans  chacun  des  déparle- 
ments, nous  avons  pu  tracer  le  diagramme  {Fig  5)  qui  indique  la  façon 
dont  se  groupent  les  différentes  tailles  (proportion  pour  iOOO). 

Ce  qui  frappe,  si  on  vient  à  comparer  cette  courbe  à  celle  de  certains 
autres  départements  —  la  Lozère,  par  exemple  —  ce  sont  les  nombreux 
accidents  qu'elle  présente. 

Lans  la  Lozère  {Fig.  (j),  la  courbe  est  extrêmement  régulière.  Il  n'existe 
qu'un  seul  groupe  de  taille,  très  homogène,  ayant  pour  moyenne  i  m.  63. 
(Peut-être  en  analysant  de  très  près  la  courbe  ainsi  tracée  arrive-t-on  à 
constater  un  léger  accident,  en  B,  qui  indiquerait  un  groupement  minime, 
mais  distinct  du  précédent,  et  se  plaçant  autour  de  la  taille  de  1  m.  65  ) 

Dans  le  Rliùne,  il  y  a  trois  groupes  de  taille.  L'un,  très  important,  ayant 
pour  centre  la  taille  de  1  m.  65  qui  dépasse  comme  fréquence  70  pour 
iOOO;  le  second,  bien  moindre,  ayant  pour  centre  la  taille  de  1  m.  71  ;  le 
troisième  a^l  encore  plus  réduit  et  correspond  à  la  taille  de  i  m.  63. 


BOLilHEREW  ET   MWET. 


KTCliE  ItE   I.A   liKiMJU  Vl'IllK   AM'IlIKlPdl.nClul-E 


i37 


Il  esl  livs  iiili-ressant  île  voir  rcs  résullats,  lii-diiils  (II-  la  scuIl*  ('tiult' 
lliéori(iue  île  la  cuurlie  <!•'  la  laill»'  ilaiis  h'  (ir-paili'iiHMil  ilii  lUiùiit',  vt'iiiià 
l'appui  tk's  données  acquises  ;i  Taiil.'  ili-  recln'iiln's  de  naUiit'  loiili'  ililVé- 
I i.Mite  el  aussi  de  voir  conlii  iiiei'  par  elles  les  leidierolu's  jti l'iiiièies  rie  nii(>- 
lelel  et  de  .1.  Meililloii  dans  un  ordre  tl'idées  luil  analo^ue. 

"  Deux  ly[ii'sile  taille  —  l'un  supéiieur  à  I  m.  <)'.>,  l'aulie  de  1  ni.  (U — , 
dit  ce  dernier  auteur,  coinnie  eonclusion  |»rineipale  de  son  travail,  évo- 
luent dans  tout  le  Nord-l'^sL  de  la  France...  >  Nous  venons  de  voir  que  le 
département  ilu  llhône  se  rattache  à  cette  région  du  .\ord-Est,  intermé- 
diaire à  cette  zone  de  tailles  élevées  dont  le  pays  du  Jura  est  un  des 
centres,  et  au  IMateau  Central,  zone  de  tailles  peu  élevés. 


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Figui-f   5.  —  UiaMiiiiiiiiiti   iiulii|uant  lo  gruiiiieiiniil    tics  dillfreiites    tailles  dans   le 
dèparlemeiil  du  Kliôiio  (l'rupurti.jii  pour  lOon.  .Moyenne  de  10  ann<;"es). 

Nous  pouvons  nous  rendre  compte  de  linlluence  des  régions  avoisi- 
nantes  sur  la  taille  —  comme  d'ailleurs  sur  Tindice  ccphalique  «(ue  nous 
aurons  à  envisager  plus  loin  —  en  étudiant  les  migrations  intérieures  de 


438 


Ifi    NoVKMItRK    lOOo 


la  Franco  d'après  los  résultats  statistiques  fournis  parles  dernieis  dénom- 
brements. 


Figure  6.  —  Diagramme  (superposable  à  celui  de  la  figure  5)  indiquant  le  groupe- 
ment des  difTércntes  tailles  dans  le  département  de  la  Lozère.  (Moyenne  de  dix 
années).  —  A.  Taille  moyenne  :  1  m.  63.  —  B.  Taille  moyenne  :  1  m.  65. 

Quelle  est  l'origine  des  liabitants  du  département  du  Rhône? 

Le  Elhùne  est  un  des  départements  qui  comptent  le  plus  d'immigrés. 

En  1901  :  537  immigrants  pour  1000  habitants  nés  dans  le  département. 

En  1891,  le  recenseme  nt  avait  relevé:  500.  "tîo  habitants  nés  dans  1p  dépar- 
tement; 270.3  l-i  nés  dans  un  autre  département;  18.707  nés  à  l'étranger. 

En  1890  :  520.040  liabitants  nés  dans  le  département;  300.198  nés  dans 
un  autre  département:  16  115  nés  h  l'étranger. 

En  1901  :  ...  des  <"liill'res  du  recensement  de  1901  concernant  le  dépar- 
tement du  Rhône  n'ont  pas  encore  été  publiée  par  le  service  du  recense- 
ment au  Ministère  du  Commerce  ..) 

On  se  rend  facilement  compte  du  brassage  intense  que  subit  la  popu- 
lation d'un  déparlement  coiïime  le  Rhône  du  fait  de  son  immigration  et 
de  son  émigration. 


rnUClIKUKM     Kl    MAVKl".    —  KTUDK  HK  I.A  (iKiMiU  Al'IllK  A  M  llllofoLOCIgL'K        439 


L'immigration  souli'  doit  nous  préoccuper  ici. 

L'allraclion  exerct!'c  parlcilépartLMin'nldu  llliùnc  d  plus spi'cialcmcnl  par 
l'agglouiéraliuii  lyonnaise  se  l'ail  surluul  sonlir  sur  les  régions  liniilruplies. 

Cela  esl  bien  mis  en  évidence  par  la  carti'  i  /m//.  7)  que  nous  avons  tracée 
d'après  les  résultais  du   dénuinhniiiriit  d^'   1H!)| .  Ceux  dr   189o  auraient 


2452 


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•Q'  -0...."^  236,  '150;- 1?,?.  3  \-.^nfi.,     >63*>.^-^-'-''  ^^^  ^^^ 


.560   ""y,.». .   -*'  ,  ,^35   ^ 
224   335V   "o..  \ 


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341  fçô"""  -  ^^~^^;-: 


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356 


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"460 


Fif/itifi  7.  —  Carlti  nioiilrniit  l'immigration  ilans  le  (i<^,p:irl(Miii'nt  du  Rhône.   Nombre 

«li-s  ori^jinaires  de  chaque  déparlemcril  |irési;uts  dan.s  le  Hbône. 

\'>ir  :  plus  de  SOOO.   Cris  foncé:  4000  à.  8000.  Gris  clair  :  1500  à  4000. 

lilaiic  :  autres  départements. 

également  pu  être  utilisés.  Les  départements  qui  euvoionl  le  plus  d'émi- 
grants  dans  le  llhnne  sont  les  suivants  : 

DEPARTEMENTS  1!^!>1  1^96 

Isère     .     .".      .     .     .  57.118  61.610 

Ain 34.'.»37  34.785 

Loire    32.874  34.877 

Sa.iiie-ot-Loii-f     .      .      .  17.086  18.143 

Aniéehe 16.4S3  19.108 

Savoie 13.2'.I3  15.955 

Savoie  (Haute)      .      .      .  7.835  î).6(;6 

Dnune 7.527  8.57!) 

.lura 5.942  6.460 

Puv-de-Dùine.      .      .      .  5.735  0.081 

Loire  (Haute).      .      .      .  5.579  5.972 

etc..  etc. 


440 


m  NHVE.MnnK  1905 


Il  csl  ais('  (le  const.iler  les  inlluciiccs  f'lliiii(|in's  i|iii  voiil  s'exercer  — 
ilii  r.iil  (Je  ces  iiiigr.ilioiis  iiiléiicures  —  stir  lu  popiiliilinii  du  <l<'[)arloineiit 
du  llirtri.'.  En  ce  (iiii  coiirtMiie  la  taille,  oii  peut  curislater  iju'd  subira 
siirloiil  I  inlluenee  des  régions  de  l'Kst,  oiî  la  taille  est  élevée;  l'iiilluence 
de  la  réf;i(»;i  du  l'iateaii  Central  est  Niin  d'être  négligeable  et  introduira 
dans  le  dé|)ari»'iii.'iil  du  Itbùne  des  l'iéinenls  de  petite  taille  :  nous  avons 
constaté  plus  haut  la  iralil.-  de  l'une  «-l  de  l'autre  de  ces  deux  influences. 

Indice  céphalomctrique  '. 

il  nous  a  paru  intéressant  de  mesurer  les  deux  diamètres  crâniens 
antéro-postérieur  maximum  et  transverse  maximum  chez  les  hommes 
que  nous  avons  pu  examiner. 

On  sait,  en  eiïet,  combien  est  grande  la  place  occupée  dans  le  domaine 
de  l'anthropométrie  par  lindice  céphalique. 

Nos  observations  ont  porté  sur  la  plus  grande  partie  du  département  du 
Rhône  et  seuls  les  quatre  cantons  de  Condrieu,  Mornant,  Limonest  et 
Anse  ont  échappé  à  noire  examen. 

A  Lyon,  les  jeunes  gens  examinés  appartenaient  au  deuxième  arrondis- 
sement. 

Nous  avons  recherché  l'indice  céphalométrique  chez  les  conscrits  qui 
nous  ont  été  présentés  sans  tenir  compte  de  la  décision  prise  par  le  conseil 
de  revision.  Seuls  les  ajournés  des  annt'es  précédentes  ont  été  éliminés  de 
de  la  statistique  afin  d'écarter  tout  sujet  ayant  subi  une  sélection  quel- 
conque. 

Comme  résultats,  nous  avons  obtenu  pour  la  ville  de  Lyon  : 

Indice  céphalique  moyen:  83,82  (Max.  :  89,94;  min.  :  77,08)  avec  un 
diamètre  antéro-postérieur  maximum  moijen  de  188  m/m.  compris  entre  les 
dimensions  extrêmes  201  m/m.  et  179  m/m.  et  un  diamètre  transverse 
maximum  moyen  de  159  m/m.  compris  entre  les  dimensions  extrêmes  : 
167  m/m.  et  148  m  /m. 

La  mise  en  série  des  indices  recueillis  nous  a  donné  le  tableau  suivant  : 


50  Indices  céphalométriques  de  la  Ville  de  Lyon  {2°  arr.). 


Nombre 


4. 
2. 
»  . 
6. 
8. 
2. 
8. 
Total . 


Indice 

Non 

77 

5.      . 

7 

3  .      . 

79 

4.     . 

80 

4.     . 

81 

3.     . 

82' 

1  .     . 

83 

)'  . 

50  indices 

Indice  moyen 

Indice 

8*4 
85 
86 
87 
88 
89 
90 
83,22 


'  Le  terme  inJice  rr/)hrtlitjue  est  employé  dans   le  cours   do  cette  communication 
comme  synonyme  de  indice  céphalométrique. 


BOrCIIERE.VU   ET  MAVKT.    —   KTIMIE  [)K  LA   (iKiKJK AI'IIIK  A\ THUUPOLOGIyLE        441 

l/iiri  <lt'  riMiis  ',  au  cimiis  iIi'  i  fi'lnMclH's  |toiii>ui\  irs  il  y  a  mn'  ilizaiiie 
d'années  irlalivi-ini-nt  à  l't'tuJe  aiillii()|)nloi;i(|ii<'  do  la  j>u()nlatiun  lyon- 
naise, avait  réuni  une  série  de  3i>.S  indices  d'habilanls  de  Lyun  (Lyonnais 
de  Lyon,  Lyonnais  d'origine  diverses...)  ayant  donné  comme  indice 
moyen  :  82,35. 

L  indice  cjjlin/iijue  <{>•  In  pnpuInliDn  /i/oinifiise,  cunliiiné  par  ces  deux 
groupes  d'observations,  faites  dans  des  milieux  très  dilTérenls,  a  une  ten- 
ilmur  (les  plus  wllesù  la  brachijcéiihnlii'.  Il  est  j rnnchement  sous-brachycèphale  : 
82-83. 

L'agglomération  lyonnaise  représente  bien  une  grande  partie  de  la  po- 
pulation du  Ilhùne  (en  11)01  :  459.01)1)  b.  sur  843.179  b.),  mais  la  popu- 
lation des  autres  cantons  du  département  est  peut-être  plus  intéressante 
à  étudier  en  ce  sens  qu'elle  est  peut-être  moins  influencée  par  les  incessants 
croisements  qui  résultent  des  migrations  intérieures  de  la  population  et 
de  l'attraction  par  les  grands  centres  ur!  ains  do  la  population  rurale  de 
régions  souvent  fort  éloignées. 

L'indice  céphaliijue  moyen  de  l'ensemble  des  cantons  du  riépartement 
du  Hbone  (Ville  de  Lyon  et  les  quatre  cantons  de  Condiieu,  Mornant, 
Anse.  Limonest  exceptés)  nous  a  été  donné  {)ar  T-2'.l  indices.  11  est  de 
84,80. 

Le  tableau  ci-ilessous  iiidifjue  sa  répartition  : 

7:^.'^  Indices  Ci'iikdlum  Iritjitcs  (lr.<i  cantons  ruraii.r  du  département  il u  Hhône. 


Nombre 


liiilico 


Nombre 


Imlice 


1 .    . 

74 

109 .      .     . 

85 

2.     . 

75 

82.      .     . 

m 

2.     . 

7() 

54.     .      . 

87 

7.      . 

77 

44.     .      .     . 

88 

15  .      . 

78 

24.     .     . 

89 

23.     . 

79 

24.     .     . 

90 

35.     . 

8(J 

15.     .     .     . 

91 

52.      . 

81 

9.     .     . 

92 

55.     . 

82 

1  .     .     . 

93 

88.     . 

83 

1  .     .     .     . 

94 

86.     . 

84 

». 

95 

PAI,. 

729  indices 

liiilii't'  iM()y(Mi. 

84,80 

Le  pour  cent  de  brachycéphalie  est  de  49,  dont  7  environ  d'byperbra- 
chycéphalie  (ind.  de  90  et  au-dessus);  de  mésaticéphalie,  5;  de  dolicho- 
céphalie  (au-dessous  de  78),  1,6. 

Le  tableau  suivant  indique  le  classement  des  cantons  d'après  le  degré 
de  brachycéphalie. 


*  Mayet  (Lucien). 
I8.'',i. 


L'indice  céphalii|ue  Jtjs  épilepliques    Lyon  Médical,  octobre 


442 


in    MlVKMItltK     1905 


CANTONS 


1.  Lk'aujt'u 

2.  Bellovillo 

3.  Lo  Bnisd'Oiiif;! 

4.  Laiinin' 

5.  Ani|ilt'|iuis. . . . 

6.  Tliizy 

7.  St- Laurent  (lo- 

Cliamousset . 

8.  Monsols 

î).  Taian- 

10.  Villolrarirhe  .  . 

11.  -\ouvill(- 

12.  Vaugneray  . . . 

13.  St-Syinplioricn 

sur-(".oise..  . . 

14.  Villeurltanne. . 

15.  L'Arhrosle. . . . 
10.  St-Genis- Laval 
17.  Givors 

Moyenne  totale. . . 


INDICES 

moyen. 

max. 

Ht>,33 

92,27 

85,79 

92 

8.-),  02 

93,25 

X5.00 

90,28 

85,58 

92,90 

85,57 

91,99 

85,36 

92,61 

85,35 

92,34 

85,05 

91,70 

84,92 

92,09 

84,02 

94,99 

84.45 

87,77 

84,28 

89,41 

83,70 

90 

83,60 

91 ,25 

83.20 

92.43 

83,10 

90,52 

84,80 

.S2.()l 
80,20 
79,(15 
77.55 
80,02 
79,48 

78,94 
78.35 
76.20 
74,01 
75,38 
81.90 

79,16 
75,24 
70,19 

78,40 


DIAM.   ANT.-POST 


moyen,     max.    min 


184,2 
183,1 
183,7 
\Ki,H 
181.0 
180 

184,5 

184 

184,7 

184,4 

187,1 

185 

180 

180,5 

185,3 

187.7 
187,3 


185.4 


200 
195 

i;t3 

r.io 
lii't 

199 

197 

198 
198 
204 
201 


194 
202 
194 
200 
201 


172 
109 
173 
175 
173 
171 

171 
109 
173 
170 
109 


177 
171 
175 
178 
175 


DIAM.  TU ANSVEKSE    W  ,„ 


moyen. 


159 

157,3 

157,8 

158,2 

158 

159 

l57,5 

1.07 

157,1 

157,0 

158,4 

156,2 

156,9 
156,1 
159.4 
150,2 
155,0 


157,2 


170 
109 
107 
170 
185 
171 

109 
169 
168 
160 
171 


109 
171 
107 
171 
10!) 


min 


148 
148 
140 
149 
148 
150 

139 
147 
144 
143 
140 


144 
144 
144 
140 
440 


40 
1>5 
35 
40 
50 
00 

50 
45 
50 
51 
/lO 
20 

40 
50 
30 
51 
50 


729 


A  ce  tableau  correspond  la  carte  {Fig.  8]  par  laquelle  nous  avons 
résumé  l'ensemble  des  résultats  auxquels  nous  sommes  arrivés. 

L'indice  céphalique  moijen  pour  le  déparlement  du  Rhône  peut  être 
fixé  à  84  (Ind.  céphalométrique  s'entend)  avec  le  maximum  de  vérité,  nous 
semble-t-il. 

Ce  chiffre,  est  plutôt  un  peu  au-dessus  de  la  réalité^  parce  que  l'indice 
de  la  Ville  de  Lyon  —  83,22  —  est  pris  dans  le  2^^  arrondissement,  dans 
lecentremème  de  l'agglomération  urbaine,  où  la  population  est  plus  stable 
que  dans  les  autres  arrondissements  excentriques.  De  nombreux  faits 
semblent  attester  que  les  agglomérations  ont  d'autant  plus  de  tendance  à 
la  dolichocéphalie  qu'elles  sont  plus  llotlanles  et  de  création  plus  récente. 
Nous  rappelons  que  d'autres  recherches,  portant  sur  l'ensemble  de  la 
population,  nous  ont  donné  antérieurement  un  indice  plus  faible  —82,35 
—  ce  qui  est  une  confirmation  de  ce  qui  vient  d'être  dit. 

Nous  avons  pu  noter  pour  quelques  cantons  les  variations  de  l'indice 
dans  les  communes;  elles  sont  parfois  très  grandes.  Dans  le  canton  de 
Villefranche,  la  population  de  la  ville  a  un  indice  céphalifjue  de  83,33 
avec,  comme  diamètie  185  et  155,  tandis  que  la  population  rurale  a  un 
indice  de  85,70  avec  des  diamètres  de  184  et  157,7.  Dans  le  canton  de 
Thizy,  la  population  de  Thizy-ville  a  un  indice  de  85  ;  à  ïhizfy-bourg  — 
centre  ind'istriel  de  récente  création  et  situé  dans  le  voisinage  immédiat 
de  Thizy-ville  —  l'indice  moyen  descend  à  84,18.   Pour  les  autres  com- 


noicii 


EUEAl'  ET  MAYET.    —   KTIOE  DE  I.A  OÉonilAIMIIE  ANTlIUOl'OLOr.IQUK         i43 


mîmes  la  population  est  en  sramli'  partie  agricole,  l'indice  céphaliquc  est 
de  HM.Ori. 


LOIRE 


Figure  8.  —  Carte  iiuliiiuant  la  n5|iartition  (lel'indico  céphalique  par  cantons  dans  le 
déparlemenl  du  Khône.  Les  cliiffres  correspondent  au  tableau  de  la  paRC  442.  En 
noir  les  cantons  hracliyccpliales. 

l'ar  son  indice  céphali([ue  moyen  de  H4,  le  département  dn  llliône  se 
place  parmi  les  régions  à  tendance  brachycéphaie. 

Cetle  tendance  est  surtout  manifeste  dans  le  massif  montaj^neux  du 
Beaujolais  et  son  maximum  s'observe  dans  le  canton  de  lieaujeu.  Oe  cette 
région  considérée  comme  centre  d'irradiation,  la  brachycéphalie  s'étend 
en  diminuant  [trogressivement  du  Nord-Est  au  Sud-Ouest,  jusqu'au  can- 
ton de  Sainl-Laurenl-de-Cbamousset.  Son  extension  est  interrompue  par 
une  zone   constituée   par  les   cantons   de  l'Arbresle   et  de   Tarare,   ou 


444 


10    NdVEMllllK     I1K)5 


rinduenco  des  eon(i-ns  irniiisliicls  se  fait  sentir  ilans  le  sons  de  la  dolicho- 
céphalio. 

C'est  en  petit  l'.e  quon  observe  pour  l'airondissemenl  de  Saint-Etienne, 
enclave  sous-dolichocéphale  i8^,^)  dans  le  massif  hrachycéphale. 

Rappelons  avec  M.  OiMiiker  '  d'après  les  remarquables  et  quasi  définitifs 
travaux  de  Collignon  -  pour  l'ensemble  île  la  France  et  de  nombreux 
autres  auteurs  pour  les  régions  isolées  (Cf.  Ueniker,  loc.  cit.),  que  le  mas- 
sif hrachycéphale  couvre  la  partie  montagneuse  de  la  France  presque  en 
totalité  et  la  courbe  de  oOO  mètres  d'altitude  en  maniue  la  limite.  Il  forme 
un  triangle  dont  le  sommet  répond  aux  IJasses-l^yrénées,  aux  Landes, 
aux  Hautes-Pyrénées,  à  la  Haute-Caronne  (cela  partiellement);  la  base 
s'appuie  sur  la  frontière  de  l'Est  de  Vouziers  à  Barcelonnetle.  La  carte 
{Fiq.  9)  que  nous  avons  tracée  d'après  celle  de  M.  Ueniker  donne  une  idée 
d'ensemble  de  la  répartition  du  massif  hrachycéphale  français. 


iMCimn    HUlTVT 


Figure  9.  --  L'i  massif  l)iaL-bycé|)h;ili-  fnui(,'.us,  d'aprùs  Dcinkir.  -  Xoir  ;  lly|)'r- 
br.iciiycéphalos  :  88-60.  Gris  /'once  :  Biacliycf'-iili.il:  s  :  8Û-84  G?'is  clair  :  S)iis  bni- 
chycèphales  :  82-83.  Blanc  :  Dèpartenn'iits  où  (loniiin'  l.i  tlulicliocoptialii'. 

Nos  recherches  confirment  la  place  attribuée  par  nos  prédécesseurs  au 


*  Deniker.  —  L'indice  céplialiquo  en  Europe.   Association  française  de  l'avance- 
ment des  sciences.  Saint-Élienne,  1897. 

*  Collignon.  —  Indice  céphalique  des  populations  françaises.  L'Anthropologie,  1890, 


HOlCIIEltKAl"  Kl    MAVKr.   —  KTIIIK  l)K    r.A    iIKiMiUAl'llli;  ANTHUul'iil.iMlIyl  K        -4  l."l 

dé|)arleinent  du   Hhùno,  zone  de   moindre  bracliycéphalie  entre  N^s  deyx 
massifs  très  brachycéphales  du  IMaleau  Central  et  de  l'Est. 

La  ville  de  Lyon  a  comme  indice  moyen  (82,33-8;i,2:i).  (l'est  un  des 
indices  les  plus  faibles  du  département,  bien  inférieur  à  la  moyenne  des 
indices  cantonaux  et  pour  cette  raison  il  n'est  pas  possible,  au  point  de 
vue  de  l'indice,  de  considérer  le  cbef-lieu  d'un  département  comme  un 
centre  où  viendraient  s'égaliser  toutes  les  dilTérences  régionales. 

Ce  que  nous  avons  dit  au  sujet  des  migrations  intérieures  de  la  France 
concernant  le  département  du  Rhône  en  donne  facilement  la  raison,  en 
montrant  la  diversité  des  éléments  (|ui  entrent  en  jeu  dans  ces  migrations. 

L'instinct  migrateur  grandit  de  plus  en  plus,  guidé  par  des  aspirations 
nouvelles,  par  les  nombreux  besoins  que  développent  sans  cesse  les  pro- 
grès de  la  (.'ivilisalion  et  se  fait  senlii"  particulièrement  sur  la  population 
rurale  au  prolit  dt;  la  population  urbaine. 

Prenons  Lyon  comme  exemple  :  la  pupuialion  a  passé  de  177,190  habi- 
tants en  1851  à  459,099  en  1901,  alors  que  les  naissances  y  compensent 
péniblement  les  décès  —  et  encore  pas  toujours.  —  Sans  parler  de  l'in- 
llucDce  exercée  par  l'élément  étranger  fixé  et  assimilé,  l'émigration  rurale 
semble  pousser  vers  les  agglomérations  urbaines,  par  une  sorte  de  sélec- 
tion régionale,  tous  les  éléments  dolichoïdes  tandis  qu'au  contraire  les  élé- 
ments brachycéphales  paraissent  plus  sédentaires  et  immobilisés  dans 
leur  milieu,  .\insi  semblent  s'être  formés  les  centres  industriels,  à  faible 
indice  céphalique,  de  Bourg-de-Thizy,  de  Cours,  aux  dépens  des  com- 
munes et  des  villages  voisins  qui  se  sont  en  partie  dépeuplés,  tout  en 
conservant  leur  caractère  de  brachycéphalie. 

L'élément  étranger  auquel  il  vient  d'être  fait  allusion  comporte  une  série 
d'éléments  secondaires  dont  il  est  assez  malaisé  d'apprécier  exactement 
^e  rôle  et  la  valeur  dans  l'assemblage  urbain.  Il  n'est  pas  négligeable 
puisqu'on  a  relevé,  dans  le  département  du  Hhône,  pour  10.000  habitants, 
en  1851  :  258  étrangers;  en  i87G  :  201  étrangers;  en  1901  :  138  étran- 
gers. Et  nous  ne  pensons  pas  être  contredit  dans  cette  opinion  que  cet 
élément  étranger  ne  peut  que  contribuer  à  abaisser  l'indice  céphalique, 
comme  il  est  facile  de  s'en  convaincre  en  jetant  les  yeux  sur  la  carte  de 
la  répartition  de  l'indice  céphalique  en  Europe  de  M.  Deniker. 

Immigration  étrangère  et  surtout  immigration  intérieure  dans  les  villes, 
ont  en  tous  cas  ce  résultat  certain  d'abaisser  l'indice  céphalique.  Témoin 
Givors-ville  oîi  l'indice  descend  à  80,00  alors  que  la  moyenne  du  canton 
est  de  83,10;  \'illéfranche-sur-Saùne  qui  a  un  indice  moyen  de  83,33,  les 
autres  communes  du  canton  atteignant  85,70. 

D'autres  influences  plus  obscures  s'exercent  qui  sont  encore  à  indiquer. 

L'accroissement  rapide  des  centres  urbains  s'accompagne  d'une  ten- 
dance manifeste  à  la  dolichocéphalie.  C'est  ce  qui  peut  expliquer  en 
partie  le  faible  indice  céphalique  de  la  périphérie  de  l'agglomération 
lyonnaise,  notamment  ;i  N'illeurbanne  qui  est  comme  le  centre  d'accrois- 
sement de  la  population  lyonnaise,  relativement  aux  quartiers  plus  cen- 
traux de  la  ville. 


iiO 


K»    NOVKMIIHK    11>05 


I/;il|ilii(lo  moindre  des  villes,  établies  le  plus  habituellemenl  dans  les 
vallées,  peu!  iniluer  aussi  sur  la  brachycéphulie  originelle  pour  l'allénuer. 

l.a  laille,  tpii  pour  certains  auteurs  serait  en  corrélation  avec  l'indice 
cépbali(|ue,  nous  paraît  n'avoir  aucune  influence  sur  l'élévation  ou  l'abais- 
sement de  celui-ci.  Dans  le  déparlement  du  lUiône,  les  deux  cantons  qui 
présentent  le  maximum  et  le  niiiiiimiin  île,  laille  oui  l'un  <,'l  l'autre  un 
indice  cépbalique  très  élevé. 

Entin,  —  et  c'est  là,  nous  semble-t-il,  une  des  influences  les  plus  intenses 
—  il  faut  tenir  compte  de  la  vie  plus  cérébralemeul  active  dans  les  centres 
urbains.  Ils  sont  de  puissants  modificateurs  etbniques  en  influant  non 
seulement  sur  le  développement  physique  de  la  population,  mais  encore 
bien  davantage  sur  le  développement  de  son  activité  cérébrale.  Or  le 
crâne  se  moule  sur  le  cerveau  sous-jacent  et  à  un  fonctionnement  difîé- 
rent  du  cerveau,  semblent  bien  correspondre  des  modifications  de  forme 
de  son  enveloppe  crânienne... 

Mais  ce  serait  sortir  du  cadre  de  celte  étude  très  limitée  de  l'indice 
cépbalique  dans  le  département  du  Rhône,  que  d'entrer  dans  le  dévelop- 
pement d'une  telle  (juestion. 

Couleur  des  yeux. 

En  ce  qui  concerne  la  couleur  des  yeux  dans  les  divers  cantons,  nos 
recherches  ont  porté  exclusivement  sur  les  yeux  de  nuance  foncée  et  les 
yeux  de  nuance  claire,  c'est-k-dire  facilement  différenciables.  Nous  avons 
éliminé  les  yeux  de  couleur  indécise,  intermédiaires  ou  mixtes,  ces  der- 
niers ordinairement  foncés  au  centre,  dépigmentés  à  la  périphérie  et 
d'observation  fréquente  dans  la  région. 

Classement  des  cantons  d'après  le  degré  de  nigrescence  des  yeux. 


CA^iTONS 


St-Genis-Laval  . 

Neuville 

Villeuiitanne 
St-l.aurenl-de-Chanioussel 

Taiare 

Thizy 

Bellèville 

lieaujeu 

Amplepuis    .... 

Lauiure 

St-Sympliorien-sur-Coisé 
Le  l'Jois  il'Oin^t . 
Monsols 

Moyenne  lotale 


POUR  CENT 
des  yeux 


clairs      foncés 


35 

30 

34 

40 

36 

40 

42 

50 

42 

45 

48,5 

53.3 


41 


41 

40 

31 

24 

30 

21 

20 

17,5 

24 

15 

17,5 

20 

13,3 


EXCES 

des 

clairs  ou  foncés 


24 


-|-  16  foncés 

5     (1° 

1       ). 

+  10  clairs 

10     d" 

15     d" 

20    i\° 

24.5(10 

26  d» 

27  <l" 
27.5  (f« 
28.5  d» 
40     d" 


INDICE  CEPHAL 
des  yeux 


clairs 


4-  16  clairs 


84,11 
84,63 
84,00 
86.29 
85,14 
86,08 
85,09 
85.93 
85.65 
85,14 
84,78 
86.15 
85,03 


foncés 


85,33 


83,52 
85,21 
83, 2() 
85,28 
85.44 
85,50 
85,03 
87,30 
85,60 
86,34 
84,66 
85,59 
86,45 


INDICE 

du 
Canton 


85,00 


83,20 

84,62 

83,70 

85,36 

85,05 

85,57 

85.79 

86,33. 

85,58 

85,60 

84,28 

85,62 

85.35 

85,08 


H(»l  i:ili:itK\l     Kl    \I\VK.T.  KTIPI"  HE   I.A  i;Kni;RAl'IIIK  ANTHHOPOI.OCIOI'K         4  iT 


A  Lyon  (2"  an'OiiilissiMneiili  li's  ymix  de  niiam-t'.  claire  —  gris  nu  fran- 
chement lileus  —  sont  dans  la  pn»portion  de  'M  O/Qet  les  yeux  fonci'sde 
'M  0/0.  Soit,  donc,  uni.  dillerence  de  <>  0/0  en  faveur  des  yeux  clairs. 

I/indico  ci'phnliqur  pour  les  yeux  de  nuance  claire  est  83,10,  pour  les 
yeux  ronc'S  8:i.()l  il  pour  les  yeux  de  couleur  intermédiaire,  que  nous 
citons  ici  simplement  pour  mémoire,  84,05. 

Pour  les  autres  cantons  du  ilt'partement  du  Rlione,  les  résultats  de  nos 
observations  sont  résumées  par  le  tableau  précédent. 

Nous  avons  noté  aussi  les  courbes  d'indices  de  l'indice  correspondant  à 
la  coloration  des  yeux  et  obtenu  : 

(liiitrbes  di'  l'indice  correspondant  à  In  coloration  des  i/eu.r. 


Tolaux 

Indices 

7  S 

76 

-7 

78 

79 

80  81 

82 

83 

84 

8.n 

86 

87 

88 

89 

90 

91 

92 

93 

9  5 

Yeux  apigmODU's  .     . 

" 

• 

;! 

^ 

(> 

7   18 

■17 

2f) 

29 

35 

23 

12 

2(» 

9 

11 

6 

4 

1 

'• 

228 

—     JiileriiH'iiiuires 

i 

i 

3 

2 

9 

12  12 

9 

23 

22 

30 

28 

18 

9 

8 

7 

2 

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196 

—     foncés         .     . 

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4 

6 

3 

1 

1 

153 

Le  degré  de  nigrescence  de  la  population,  en  ce  qui  concerne  la  colora- 
lion  des  yeux,  est  notablement  plus  manifeste  dans  les  centres  tels  que 
Lyon,  Tarare,  Givors...  et  c'est  par  les  villes  que  semble  se  faire  la  péné- 
tration de  l'élément  brun  dans  la  contrée. 

Lyon  pourrait  être  regardé  comme  le  principal  centre  de  dispersion  des 
bruns  dans  le  département  —  cela  bien  entendu  de  façon  tout  à  fait 
théorique  —  car  il  semble  que  le  degré  de  nigrescence  des  cantons  est  en 
raison  inverse  de  leur  éloignemenl  du  chef-lieu.  Le  canton  de  Monsols,  le 
plus  éloigné  de  Lyon,  est  aussi  celui  où  les  yeux  de  teinte  claire  atteignent 
leur  fréquence  maximum. 

La  proportion  des  yeux  apigmentés  s'associe  à  la  brachycéphalie  et 
augmente  d'une  façon  sensible  en  allant  du  sud  au  nord  du  déparlement. 
Dans  la  région  nord,  la  fréquence  des  yeux  apigmentés  s'associe  h  la  bra- 
chycéphalie; dans  le  sud,  au  contraire,  ainsi  que  dans  les  villes,  la  ten- 
dance à  la  dolichocéphalie  s'accompagne  en  général  «le  prédominance  des 
yeux  foncés. 

Dans  tout  le  département  du  lUiùnc,  les  conscrits  aux  yeux  de  nuance 
claire  ont  un  indice  céphalique  plus  élevé  que  la  moyenne  de  la  popula- 
tion ;  ils  présentent  en  outre  une  proportion  de  40  0/0  d'hyperbrachycé- 
phales  alors  que  cette  proportion  n'est  que  de  6,8  0/0  pour  l'ensemble. 
Us  semblent  donc  représenter  le  type  adapté  aux  conditions  ethniiiues  du 
milieu,  dont  le  caractère  essentiel  est  la  brachycéphalie;  l'élément  aux 
yeux  foncés  à  prédominance  urbaine  serait,  au  contraire,  d'immigration 
récente  dans  la  contrée. 


\\H  7    IiKCKMlUtK    iOO?) 

l'ois  sont,  brièvement  ei[)usés,  lesTait*,  les  (iocumenls  et  les  considéra- 
tions qui  nous  ont  paru  présenter  quelque  intérêt  pour  l'étude  anthropo- 
logique du  dép;irleinent  du  lUiùni; 

Il  nous  eût  été  aisé  de  transci-iie  ici  une  partie  des  Uches  que  nous 
avons  (K'puis  longtemps  rassemblées  relativement  à  ces  trois  grandes 
questions  :  Taille,  indice  cépliali<]ue,  couleur  des  yeux...  et  de  transfor- 
mer ce  court  exposé  en  un  Ir.ivail  [)lein  d'érudition.  Mais  nous  avons  cru 
préférable  de  ne  pas  noyer  les  résultats  de  recherches  personnelles  sous 
le  flot  d'une  stérile  compilation. 


8I5«  SEANCE.  —  :  Detciiibre  1905. 

Fhksidence  de  m.  Sébillot. 

Election   tour  le  Bureau  de  190G. 

Le  Président  donne  lecture  du  règlement.  Le  dépouillement  du  vote  par 
correspondance  est  fait  par  M.  Delisle. 

On  tire  au  sort  les  noms  de  trois  membres  cbargés  de  l'aire  le  dépouillement 
du  scrutin  :  MM.  Baudouin,  Daveluv  et  Weisgerber  sont  désignés. 

Sont  élus  (nombre  de  volants  94)  : 

Président Hamy,  85  voix. 

i^r  Vice-Président Zaborowski,  88  voix. 

2"  Vice-Président Cltkr,  93  voix. 

Secrétaire-général Ma.nolvbier,  89  voix. 

Secrétaire-général-adjoitit     ....  G.  Papillault.  86  voix. 

Secrétaire  du  Comité  Central     .     .     .  Paul  Boncour,  93  voix. 

.\nthoxy,  89  voix, 


Secrétaires  des  Séances in  no      • 

Rabaud,  93  vorx 

_  ,  j      ^  I,    ,•  \       Delisle.  92  voix. 

Conservateurs  des  Collections     .     .     {  ,,  on      • 

\         DE  MOHTILLET,  89  VOIX. 

Bibliothécaire-archiviste d'Echerac,  92  voix. 

Ti'ésorier HucrET.  92  voix. 

in'AuLT  DU  MESxa,  92  voix. 
Demker.  93  voix. 
SÉBILLOT,  93  voix. 

Nécrologie.  —  M.  Lionel  Boxnemkre  membre  titulaire  de  la  société  depuis 
1880. 

C'est,  dit  M.  Sébillot.  comme  Président  de  la  Société  d'.Vntbropologie,  et  aussi 
comme  Secrétaire  général  de  la  Société  des  Traditions  populaires  que  je  viens 
adresser  un  suprême  adieu  à  un  collègue  avec  lequel  j'ai  entretenu  pendant 
trente  ans.  des  relations  cordiales. 

Lionel  Bonnemère  a  été  un  membre  très  actif  de  ces  deux  compagnies.  A  la 
Société  d'Anthropologie,  il  a  fait  nombre  de  communications,  parfois  étendues, 


sur  ilt's  i|iii'slkiiis  (II'  |in'liisl(irii|ii('  l'I  d'.irt  |M>|iiil;iirt'.  l'I  il  ,v  a  lunulic.  m  les 
ac<-'i>iii|)aj.'niirit  iriiiliTOssaiils  CKiniiuMilain's  i|iii'li|iii's-mifs  «k's  |ii<!'rfs  «le  sa  piv- 
rii'iist'  i-dllccliiiii  irdriit'inciils  nistit|iifs  cl  ilaimili'llcs.  — Il  a  aussi  fu'is  j»lusicui--s 
luis  lu  paroli'  aux.  irunions  ili-  la  Sorit-lt-  des  Tradiliuiis  |Mi|iulaii'i's,  i'(  diuiné  à 
sa  ri'vuc  des  arliidcs  sur  IfS  chausons.  les  loutuuics  et  It's  su|it'istilious  de  l'Ati  jou 
son  pavs  ualal.  ri  di-  la  Hiria^Mi'.  i|ui  l'dail  pnurlui  uur  si-coiidi'  cl  clicro  poUle 
l»alric.  Liuucl  Houncuicic  lucUail.  avi  r  |icauc(iu|i  de  bonne  grâce,  ses  nulcs  cl 
si's  colicrlions  à  la  disposilicui  i\f  n-ux  i|ui  s'adressaient  à  lui  jjnin-  des  rensei- 
LTiicincnls  sur  les  siiccialilés  ijuil  avait  ctuiliées.  Il  ne  comptait  rjuc  des  amis 
dans  CCS  deux  sociétés,  et  tous  ceux  (|ui  ont  été  en  rapport  avec  lui  garderont 
le  souvenir  de  ses  ([ualilés  d'iiuuiiiie  et  de  son  aniahilili'  enuiplaisaulc  île  savant. 

OUVRAGES    OKF'ERTS 

M.  r.ii.  Lkjkcne.  —  .lai  l'honneur  d'olTrir  i\  la  Société  une  brochure  intitulée  : 
/.(i  fjiies(it)ii  t/p.\-  Races.  (Les  peujiles  inférieurs  ont-ils  des  droits?)  ^  dans 
laquelle,  après  avoir  rapidement  passé  sur  les  origines  de  l'humanité,  j'ai 
parlé  des  rapports  du  cerveau  avec  rinlelligencc  et  des  raisons  ipii  me  font 
croire  <pn_>  l'on  a  peut-être  accordé  trop  d'importance  au  poids  et  au  volume  du 
cerveau,  qui  n'mil  presque  pas  augmenté  depuis  l'Age  de  la  pierre  4>olie.  Passant 
ensuite  à  rexamen  de  la  mentalité  des  races  intérieures  et  supérieures,  j'ai 
cru  ()ouvoir  établir  que  les  reproches  adressés  aux  premiers  ne  leur  sont 
pas  spéciaux  et  ne  sont  jias  de  nature  à  em[>écher  leur  civilisalioii.  Killërents 
l'ail-;  pei-metteiit  de  prévoir  que  le  long  espace  de  temps  ipie  1  du  supposait 
nécessaire  pour  qu'une  race  s'élève  intellectuellement  pourrai!  bien  se  trouver 
abrégé  dans  des  proportions  considérables  pour  les  nouvelles  conditions  de 
milieu  qu'ont  a|)porlées.  sui'  luule  la  lerre,  la  l'réquence  et  la  l'apidité  des  re- 
lali(»ns  inlerualionales. 

Je  suis  ainsi  amené  à  examiner  la  valeur  de  cette  civilisation  européenne 
dont  nous  sommes  si  liers  et  dont  le  progrès  ne  réside  pas  tant  dans  la  puis- 
sance des  moyens  de  production  que  dans  l'amélioration  des  sentiments  effec- 
til's.  de  la  justice,  de  la  moralité,  de  l'intelligence  et  d'un  altruisme  londé  sur 
la  lompréhension  de  l'universelle  solidarité. 

J'en  arrive  à  conclure  que  les  peuples  civilisés  ont  encore  beaucoup  de-chemin 
.\  l'aire  pour  accepter  ces  idées  et  les  mettre  en  pratique  et  que  jusque  là,  nous 
aiu'ons  il  réclamer  pour  les  peuples  inférieurs  des  procédés  moins  barbares  et 
plus  justes  et  le  respect  d'une  liberté  qui  leur  permettra  de  vivre  en  paix,  de 
s'instruire  et  de  faire  lu'ogrcsser  leur  cerveau.  Les  civilisés  n'auront  le  droit  de 
tirer  vanité  de  leur  intelligence  que  lorsqu'ils  ne  remploieront  qu'à  îles  leuvres 
utiles  à  rensemble  de  l'humanité. 


'  A.  Jacquiu,  éditeur  à  Polij/ny  (.liira).  Prix  :  0  fr.  ."»0. 


soc.  d'anthbop.  1903. 


-ioO  21    bÉCKMBKK    190o 

8lti«  StANCt.  —  21  Décembre  1905. 

Présidence  de  M.  Sébillot. 

Elections.  —  D""  Vahiot.  méilecin  des  hôpitaux.  Hmien  //lembre  titulaire  tk' 
la  Société  est  réintégré  sur  sa  demande. 

Prince  Viasemsky,  présenté  par  MM.  Anthony.  Manouvrier,  Volkov;  — 
M'"'  Varujaku.  présentée  par  MM.  Anthony.  Capitan,  Manouvrier,  sont  nommés 
membres  titulaires. 

OUVRAGES   OFFERTS   PENDANT    LE   DEUXIÈME   SEMESTRE 

Boas  (Franz).  —  The  Jesup  North  Pacific  Expédition.  [Reprinted  from  the 
Transactions  of  the  International  ('ongress  of  Americants,  1902).  —  In-8, 10p. 

Chlamys  FM.icata  bv  Ella  Mahion  Bnioas. —  The  Lile  History  ol"  Case  Bearers. 
I.  (Cold  Spring  Harbor  Monographs,  IV).  —  In-8",  11  p.  avec  pi.  et  fig.. 
Brooklyn,  N.-Y.,  marchs,  1905. 

Chollet  (lieutenant  V.)  et  Neuville  (H.).  —  Note  préliminaire  sur  des  Méga- 
lithes observés  dans  le  Soddo  (Abyssinie  luéi'idionale).  [Ext.  du  Bull,  delà  Soc. 
Philomathique  de  Paris,  1905j.  —  In-8°,  15  p. 

Farabee  (WilUam  C).  —  Inheritance  of  Digital  malformations  in  man. 
(Papers  ofthe  Peabody  Muséum  ofamerican  A  rchaeologg  and  Ethnotogy  Harvard 
university,  Vol.  III,  n°  3|.  —  In-8o,  11  p.  avec  fig.,  Cambridge,  1905. 

HAECiatL  (Ernest).  —  Der  Kampf  um  den  Entvvickelungs-Gedankem.  (Drei 
Vortrfige,  gehalten  am,  14.  16  und  19,  aprii  .1905.  ini  Caale  der  Cin-Akademie 
zu  Berlin).  —  ln-8.  112  p.  avec  fig.,  Berlin,  1905. 

Mauss  (M.).  —  L'origine  des  pouvoirs  magiques  dans  les  sociétés  australiennes. 
[Ecole  pratique  des  Hautes-Etudes.  Section  des  sciences  religieuses).  —  In-8°, 
85  p..  Paris  1904. 

Nassa  Obsoleta  by  Camp  Dimon  (Abigail).— The  Mud  Snail.  (Cold Spring  Har- 
bor Mùnographs,y.).  —  In-S».  48  p.  avec  fig..  Brooklyn,  N.-Y.,  march,  1805. 

Penka  (Karl).  —  Die  Flutsagen  der  arischen  Vôlker.  {Souderdruck  ans  der 
Politisch  antropologichen  Revue). —  In-S",  9  p.,  Leipzig.  1905. 

PoLAK  (A.  J.).  —  Die  Harmonisierung  indischer,  tûrkischer  un  japonischer 
melodien.  (Neue  Beitrage  zur  Lehre  von  den  Tonempfindungen).  —  In-8°,  107 
p..  Meipzig.  1905. 

ToRÔK  (Aurt'lV.).  — Neue  l'ntersuchungen  ùber  die  Dolichocephalie.  Ein  Bei- 
trag  zur  nikhsten  Aufgabe  der  Rassenforschung.  (Séparât  Abdruck  ans  der 
ZeitschriftfUr  Morphologie  und  -Anthropologie,  band  VIII).  —  In-B*^,  24  p.  avec 
pi.,  Stuttgart,  1905. 

Zabohowski  (S.).  —  Le  commerce  et  les  noms  de  l'ambre,  anciennement, 
(Ext.  de  la  Revue  de  l'Ecole  d'Anthrop.  de  Paris,  juin  1905).  —  In-8,  5  p., 
Paris,  1905. 

CoLOcci  (M'^  Adrien).  —  L'origine  des  Bohémiennes.  Essai  critique.  —  In-4°. 
24  p.  avec  vignettes.  Cittâ  di  Castello,  1905. 


OUVRAGES   OFFERTS  451 

FoNTAi.NK  (Arthur).  —  Oirootion  fin  travail  au  Miiiish'M'o  du  Coimnorco  :  Sla- 
listiquo  di's  prèvos  et  fies  recours  h  la  conciliation  et  k  l'arbitraf^'e  survenus 
pendant  l'année  IIKH.  —  In-S»,  778  |».,  Paris.  1905. 

Laville  (A.)  :  Note  de  1  p.  in-S"  sur  les  percuteurs  du  tvpe  Keutelien  «l'ori- 
gine Sénonienne.  de  Maulas  (Seine-et-Oise). 

Lepesqieir  (Parfaiir.liarles).  —  La  France  et  le  Siam.  (Coinnnunication  faite 
à  la  Société  Aiadéiuique  Indo-Cliinoise  de  France  dans  sa  séance  du  31  octo- 
bre 1877).  —  In-S".  89  p..  Paris.  1897. 

SÉBiLLOT  (Paul).  —  Le  Folk-Lore  de  France.  T.  Il  :  La  mer  et  les  eaux  douces. 

—  ln-8»,  478  p..  Paris.  1905. 

Ilespublica  sive  Status  Regni  Poloni-T,  Lituania».  Prussiae.  Livoniae,  etc. 
diversorum  Autorum.  —  ln-8".  467  p..  Lugduni  Batavorum.  Ex  OfTicina  Elze- 
viriana,  anno   1G27. 

PiERPONT  (F),  de).  —  Congrès  de  Dinant.  organisé  par  la  Société  .\rchéolT)gique 
de  Namur.  —  2  vol.  in-8».  522-956  p.,  Naniur.  Ad.  Wesinael.  Charlier.  1904. 

Sal.\s  (Carlos-P.).  —  Demogralia  ano  1900.  —  In-8o.  92  p..  La  Plata,  Taller 
de  Publicaciones.  1905. 

(iouDARO  (FMiny-Karle).  —  The  Morphology  o(  the  Hupa  Language.  [flnirpr- 
sitij  of  Califoniia  Publications  American  Archapolofjij  and  Ethnology. 
vol.  111).  —  ln-8°,  344  p.,  Berkeley.  The  University  Press,  .lune.  1905. 

Vasconcellos  (.L  Leite  de).  —  Religioes  da  Lusitania  na  parte  que  principal- 
mente  se  réfère  a  Portugal.  —  Vol.  IL  In-8°.  372  p.,  Lisboa,  1905. 

ScHLAr.iNHAiFEN  (Otto).  —  Das  Hautleistensystein  der  Primatenplanta  unter 
Mitherneksichtigung  der  Palnia  mit  194  Figuren  iin  Text.  (Morphol.  Jahrliuch, 
Hd  XWllI.  II.  4.  u.  B.l.  \X\1\.  II.  1).  —  In-8o.  126  p..  Leipzig  Wilhem-Rngel- 
luann. 1905. 

Regalia  (E.)  e  Stasi  Paom»  (F.).  —  Grotta  Romanelli(Cas//v/.  Terra  d'Otronfo), 
Seconda  Nota.  Due  Risposte  ad  una  Critica.  —  In-8<»,  64  p.,  Ronia. 

Castle  (W.-K.).  —  Meredify  of  Coat  Clmracters  in  Guinea-Pigs  and   Hahtiils. 

—  In-80,  84  p.,  Published  by  the  Carnegie  Institution  of  Washington.  February, 
1905. 

Harrison  Schlll  (George).  —  Stages  in  the  developpment  of  Sium  Cicutaefo- 
lium.  —  In-8\  28  p..  Washington.   1905. 

Macdouoal.  —  Mutants  and  llyhrids  of  llie  oKnollieros.  —  ln-8".  58  p.. 
Washington,  Published  by  tlie  Carnegie  Instituti(ui.  1905. 

Ohft  (Hermann).  —  Ein  Muséum  fiir  Landerkunde.  Vorirag  zu  Al|dions 
Stùbels  Gedàchtnis.  —  In-8".  Teubner.  Leipzig. 

BouLAXOER.  —  Le  Gai  de  Gauchin.  (Bulletin  de  la  Société  d'Anthro/iologie 
de  Paris,  t.  X.  4®  série),  l'aris. 

G.  Sc.hwai.he  —  Ueber  Zwergrauen-Pygmàen  und  ihre  Beziehungen  zur 
■Vorgeschichte  des  .Menschen.  —  In-8''.  6  p.,  Strassburg,  19u5. 

G.  ScHWALBE.  —  Ueber  Ballen,  Linien  und  Leisten  der  Hand.  (Aus  der 
Strassburger  medicinischen  Zeitung,  2  Heft,  1905. 

Leh.man.\-Nitsche  (R.).  —  El  Congresso  de  Americunistas.  XIX»  Sesion.  Stultgard, 
1904.  [De  la  Ilerista  de  la  rnirersidad  de  IhienosAyrcs,  1905.  tome  III).  — 
In-8'>,  52  p  ,  Buenos-Ayrcs,  lOO-j. 

LuMHOLTz  (Cari).  —  Décorative  Art  ol  Ibe  llui.hol  Indians.  {Me/noirs  of  the 
American  .\fuseuin  of  Xatural  Histonj.  Vol.  111.  —  New- York,  décembre  19')4. 

LoRTET  (DO  et  (Jailkard  (M.-C).  —  La  Faune  momifiée  de  l'Ancienne  Egypte. 
2»  série.  330  p..  tig..  Lyon.  Henri  Georg.  1905. 


15-2  21   DKCKMnuK  1905 

AiiACiii  (l»'  Himlaro)  cl  Adaciii  (M"'"  Yiiso).  —  Oii'  llandUnnilicii  <1it  .l;i|)iiii('i'. 
—  In-8".  20  |...2()  li^'..  ToUio.  li)05. 

Tkhua  (M.ixiiiiili.iii  df).     -   Mi'ili-;ii.'('   /ii    riinr  0(loiil(»j,'i'a|iliii'  dcr  .MtMisilhu 
vnsm'ii.  {Ans  i/i'f/i  .\nf/irii/ti>/(if/iscfir/i  iHsIiftil  <lcr  rnivcrsilàt   Zurich.    Iiiaii- 
{^iiral  DisstM-talioii  vm  ll.'ini  l'n»!'.  I>r.   1!     M.iiliii).  —  lri-8",  302  p..  l'arcliim  i. 
M.  hrurk  voii  II.  Frcisc.  1905. 

C.o.NdUKs  DKS  SociKTKs  Savantk's  A  Ai.iiKi».  —  Disci iiii's  prniiDiKM's  ;'i  la  scaiicc 
générale  ilu  Congrès,  le  2()  avril  11)0").  —  ln-8'^.  44  p..  Paris.  Iiiipriiiierie  Natio- 
nale, 1905. 

CoMiTK  DKS  Travaix  11 isTOHiniKS  ET  SciK.NTiKiguEs.  —  Liste  <les  Membres 
titulaires  honoraires  et  non  résidanls  du  (".oniilé,  ete.  —  In-S».  148  p..  Paris. 
Imprimerie  Nationale.  1905. 

OuTEs  (Kélix-F.).  —  La  Kdad  de  la  Piedra  en  Patagonia  Esludio  de  Arqueolo- 
gia  Comparada.  —  Gr.  in-8'',  574  p.    206  fig.,  Buenos- Ayres,  1905. 

Pklletieh  (I)'"  Madeleine).  —  La  Morale  et  la  Lutte  pour  la  vie  (édition  de 
r  CE  livre  Xourelle),  Paris. 

Pu;  (.l.-L.).  —  <'-eelij  na  usvile  dejin.  1  vol.  in-4f.  planehes.  Prague.  1903-1905. 
Di-MONT  (Arsène).  —  LAge  du  Mariage.  [Bnllftiti  de  la  Société  d'Anthropo 
logie  de  Paris,  7  avril  1902).  Paris.    , 

PoMMEROL  (.M.-F.i.  —  Origines  du  Culte  des  Vierges  Noires.  {Bulletin  de  la 
Société  d'Anthropologie  de  Paris,  l'as.  1,  1901),  Paris. 

Kay  (Ch.  de).  —  On  a  bronze  buddba  iii  tlie  l_'.  S.  National  Muséum.  (Smith- 
sonian  Institution),  \\'asliinglon. 

DuBUs  (A.).  —  Fonds  de  cabanes  néolithiques.  {Bulletin  de  la  Société  Géolo- 
gique de  Normandie).  —  In-S",  3  p.,  planches,  Le  Havre,  1905. 

DuRUs  {\  ).  —  Découverte  de  silex  éolithiques.  {Bulletin  de  la  Société  Géolo- 
gique de  Normandie).  —  In-8",  7  p..  planches.  Le  Havre.  1905. 

Bertholox.  —  L'année  anthropologique  nord-africaine,  1904-1905.  {/{crue 
tunisienne).  —  In-8'.  10  p.,  Tunis.  1905. 

Fourdrignier  (Edouard).  —  Les  Eta[)es  de  la  Cérami(pie  dans  l'antiquité. 
{Extrait  des  Bulletins  de  la  Société  d'Anfh/(>/)ologiedeParis}.—  \n-S",2C)\).. 
Paris,  1905. 

Wim.mer  (Ludwig  F. -A.).  —  De  Danske  runemindesmaerker.  Tredje  hind. 
1  vol.  fol.  de  328  p.  avec  fig..  Copenhague,  19U4-1905. 

Schneider  (I)''  0.).  —  Muschgeld-Studien.  1  vol.  gr.  in-8",  avec  fig.  et  pi., 
Dresde,  1905. 

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llit'prinl  riuiii  //ir  Juiintti/  ni'  Ihi-  Actnfrutij  »/'  Xafiiraf  siii-/icrs  nf  l'/iilmli-l 
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fur  Ethnologie.  Heft  5.  1905). 

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Jenkins  (G.  J.):  (>ranio-cerebral  Topograpby;  —  Machae  .\itkex  (I>.)  :  .\  note 
on  tbe  variations  of  the  Tibia  and  .Vstragaltis;  -  HKKTMEi.iir  (.M.)  :  tin  tbo 
Eirnits  si' tbe  sensibility  to  odours  and  ol'tbe  .Melbods  oJdeti'cting  Emanations; 

—  Fhawcett  (Ewanl)  :  .\bslract  ol"  Paper  on  Ossiliealion  ol'  tbo  Eowor  .law  ol 
Man. 

The  Journal  of  the  Polijnexian  Sorietij.  W^'lliiigton  1905.  n"  55  ;  —  Gituceo.v 
(Lieul.  Col.)  :  .Maori  Religion. 

The  Journal  o/'  tlte  Anthro/tttlof/ical  Inulitute  o/  (heat  Britin  and  IrcUtnd. 
Eondon.  1905.  vol.  .\.\.\V.  —  Pakso.ns  (F.  G.)  :  and  Box  (C.  R.)  :  Tbo  relation 
of  the  cranial  sutures  to  âge.  — Thomas  (j\.  VV.)  :  Australian  Canoës  andRafts  ; 

—  Mvers  (Charles  S.)  :  Contributions  to  Egyptian  Anlhropometry.  II;  —  Tbe 
comparative  Anthropometry  of  the  most  ancient  and  modem  inhabilants  ;  — 
Gann  (T.  W.)  :  Tbe  ancien!  monuments  of  .Northern  Honduras  and  the  adjacent 
Parts  of  Yucatan  and  Guatemala,  tbe  former  civilisation   in  thèse   Parts,   and 


/,;;(;  :.'!    dici-.miiiu    190.') 

I|ii>  iliifl'  cliuraclcristifs   ol    llie   Karcs  imw  inlialiiliri;.'  Ilirm;    willi  an  Amiiiiit 
<ii  a  Msit  (il  tli)-  Kin  liramlr  Kuiiis. 

l'hr  American  Anfit/iiarian.  Cliiiafs'o.  May  ami  .lune.  lîKJo.  —  \\  .  \.  Mkki»  : 
riif  Ni'^M-ilos  vicwcd  as  l'yyuiifs.  Siipt-rsliliuiis  oT  lin-  liulians.  Solcitcil. 

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Giviidlili'.  «lécombro  1904.  N"»  3  <>t  4.  —  Ari)Ki»RAND  (('.ninniaiulant)  :  Genèse  et 
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(lu  elit'val.  Cnup  il'd'il  siii-  l;i  ilisi  rilmlioii  des  rares  «le  ilievaiix  sur  la  siirlair 
I  erres!  ri'. 

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L'Anthropologie.  Paris.  1905.  n"  3.  —  Boule  (Marcellin)  :  L'origine  des 
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l^iissi,.;  — AvELOT  (Lieutenants.)  :  La  musique  chez  les  Pahouins.  les  Ba-Kalai. 
les  Eshira,  les  Iveïo  et  les  Ba-Vili  (Congo  Français);  —  .Selbat  ((i.-L.)  :  Les 
engins  de  pèche  des  anciens  Paumotu:  —  Bouchct  (D"^)  :  Les  sépultures  de  l'âge 
du  bronze  dans  la  grotte  de  Courchapon  (Doubs): 

Id.,  n^s  4-5.  —  Ohermaieb  (Hugues)  :  Les  restes  liuiiiains  (pialernaires  dans 
l'Europe  centrale;  -  Viré  (Armand)  :  Crotte  préhistorique  de  Laeave  (Lot:  — 
Cartah-uac  (E.)  et  Breihl  (Abbé  .\.)  :  Les  peintures  et  gravures  murales  des 
cavernes  pyrénéennes;  —  Anthony  (B.)  et  Hazahd  (A.)  :  Notes  sur  la  myologie 
d'un  nègre  de  l'Oubangui:  —  Hecorse  (Dr  .L)  :  La  chasse  et  l'agriculture  chez 
les  populations  du  Soudan:  —  Seurat  (L.-  C.)  :  Les  Marae  des  lies  Orientales 
de  l'anhipel  desTuamotu:  —  Monteil  (Cli.)  :  Considérations  générales  sur  le 
nombre  et  la  numération  chez  les  Mandés. 

Revue  de  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris,  juin  1905.  —  Mahoudeau  (Pierre 
G.)  :  Documents  pour  servir  à  lEthnologie  de  la  Corse  ;  —  Hl-guet(J.)  :  Le  pays 
de  Laghouat  (avec  6  lig.);  —  Zaborowski  (S.)  :  Le  commerce  et  les  noms  de 
lambre  anciennement;  —  Capitan  (L.)  :  Etudes  dune  série  de  pierres  recueil- 
lies par  M.  Amélineau  (avec  11  fig.). 

Id..  juillet  1905.  —  Mortuj.et  (A.  de)  :  Les  lumulus  du  bi-onze  et  du  fer  en 
France  (Cours  de  technologie  ethnographique)  (avec  10  lig);  —  .Ma.nolyrier  (L.)  : 
L'Anthropologie  à  l'Exposition  de  Saint-Louis (U.  S.  A.)  en  1904;  —  Capitan  (D'). 
Bbelil  et  Pevrony  :  Figurations  du  lion  et  de  l'ours  des  Cavernes  et  du  rhinocé- 
ros tighorhinus  sur  les  parois  des  grottes  par  Ihomme  de  l'époque  du  Benne; 

—  Kelleb  (Ch.)  :  Le  Poulpe  de  l'allée  couverte  de  Lufang  (Morbihan) 
(avec  7  lig.). 

Id..  août  1905.  —  PAPiLi.AULT(^i.)  :  Cours  de  Sociologie  :  Méthodes  générales. 
Application  aux  Australiens;  —  Schenk  (A.)  :  Les  palafitles  de  Cudrefin  (Vaud); 

—  Lac  de  Neufchatel.  —  Age  du  bronze  (avec  15  fig.).  —  Capitan  (L.)  el 
Papii.lault  (G.)  :  L'identification  du  cadavre  de  Paul  Jones  el  son  autopsie 
113  ans  après  sa  mort;  —  Capitan  (L.)  :  Les  éolitbes  d'après  Bulot(avec  13  fig.). 

Id..  septembre  1905.  —  Her\-é  (G.)  :  Les  Alsaciens  sous  le  rapport  moral  et 


AUriCLKS    A     MCNAl.Kll  At'il 

intelleclufl  (avoo  9  lif:.);  —  Cai-itan  .-l  D'Agnol  (A.)  :  |{a|.ii..ils  .!..■  IK^vp!.'.  cl 
.1»'  la  (îaulo  il  rt'puqiu'  néolitliiciue  (avec  12  fig.). 

Id.,  ootohiv  1905.  —  Ukrvé  («1.)  :  Les  Alsaciens  sons  le  rapport  moral  (Cours 
rl'othnologie);  —  Mortillkt  (A.  de):  La  trouvaille  Morgienne  de  Tdoniel  (Cotes- 
du-.\ord)  (avec  12  lii:.);  —  Cuaubonneau-Lassy  (L.)  :  L'abri  sous  roche  et  les 
quartz  taillés  de  Saint-Laurent-sur-Sèvre  (Vendée),  (avec  4  lig.). 

/(/..  novembre  1905.  —  Hi'cji'et  (J.)  :  Cours  d'ethnographie  générale  :  Su- 
perstition. Magie,  Sorcellerie  en  Afrique;  —  I^oisel  (G.)  :  L'œuf  femelle  :  — 
PiTTAKD  (G.)  :  La  couleur  des  veux  et  des  cheveux  et  la  forme  ilu  nez. 

f(l.,  décembre  1905.  —  Schk.nk  (A.)  :  Etude  d'ossements  et  crAnes  humains 
provenant  di'  Palalittes  di'  l'Age  de  la  pierre  polie  et  de  l'Age  du  bronze.  Lai- 
de Neufchatel.  Lac  Léman:  —  Schhaukr  (F.)  :  Sur  les  conséquences  physiques 
rt  historiques  du  retrait  des  anciens  glaciers.  Derniers  travaux  sur  l'Anthropo- 
logie des  P'inlandais.  Découverte  d'une  sépulture  néolithique  A  Marligny.  près 
Vendôme  (Loir-et-Cher).   Le  mélange  des  races  an  Congo  Français. 

Journal  de  la  Société  des  Américanistes  de  Paris.  1005.  j».  177.  —  ItivKr 
(IV)  :  Les  Indiens  Colorados.  récit  de  voyage  et  étmle  ethnologique. 

Revue  Scientifique,  Paris,  23  novembre  1905.  —  Lowenthal  (Dr)  :  Ktul  sani- 
taire et  démographie  comparés  des  villes  de  Paris  et  de  Berlin. 

Archiv  fur  Anthro/.olo</ie,  Draunschweig.  1905,  Band  III,  Ileft  4.  —  IIoeunks  : 
Die  Hallstatt  période.  Mit  30<;,  Abbildungen  in  23  Grui.pen:  —  Melhis  :  .Neue 
neolilhische  Fumle  aus  mittelrbeinischen  Niederlassungen. 

Id.,  Band  IV.  Ileft  1.  —  BuiKNER  (D')  :  Beitriige  zur  Kassenanatomie  der  Ghi- 
neseii.  Mit  Tafeln  I  his,  XX  und  13  Abbildungen;  —  Barwi.nkel  (D^)  :  Die  Kor- 
p.'rgrosse  der  WebrpHirhtigen  der  Unterherrschaft  des  Fiirstentums  Schwarz- 
burg-Siindersliausen.  Mit  3  Kartenskizzen  ;  —  Soi.herc.  (D'  0.)  :  Uber  die 
Bàhos  der  Hopi.  Mil  Tafeln  XXI  his  XXIII  uml  M  Abbildungen:  —  Ohermaier 
(I)"-  Hugo)  :  Zur  Eolithenfrage.  Mit  Tafeln  XXIV  bis  XXXI  und  1  Abbildung. 

Internationales  Archiv  fur  Ethnographie,  Leiden,  1904,  Band  XVI,  Ileft  6. 

—  Krb  (D--  J.)   :    Ein   Fund  von   Steinwaffen  in  Sud,   Sumatra  (Mit  4  Abb.); 

—  ScHELLi.oNr;  {D'  (>.)  :  Einige  Bemerkungen  iiber  die  Fahrzeuge  (Kanus  der 
l'apuas  von  Kaiser  Wilhemsland  etc.  (Mit  5  Abb.);  —  Sch.meltz  (Dr  J.-D.-E.)  : 
Beitriige  zur  Ethnographie  von  Neu-Guinea. 

Zeilschrift  fiir  Ethnologie.  —  Organ  der  Berliner  Gesellschaft  fiir  Anthropo- 
logie, Ethnologie  und  Urgeschichte,  heft  II  et  III,  1905;  —  Appert  (G.)  :  Die 
Gottheiten  der  Indier. 

Heft5.PAssAR(;E(S.):  Das  Okawangosumpfand  und  seine  Bewohner  (46 Textabb.) 

Zeitschrift  fiir  Morphologie  und  Anthropologie,  Stuttgart.  Band  VIII. 
Ileft  3.  —  \Vei.\ukr(;  (Hicliardj  :  Die  (Jehiruform  der  l'olen,  2  llulfte.  Mit  Tafel 
XVlll-XVll:  —  Freind  (Ludwig)  :  Das  fernum  von  Ilolicore  dugong.  Mit  Ta!'el 
XXVllI  und  XXIX  und  1  ligur  im  te.xt;  —  BiE.v  iGerlrud)  :  Ein  Fall  von  bila- 
teral-symmetrischer  Spaltung  der  grossen  Zehe.  Mit  3  Textfiguren. 

Band  IX.  Ileft  1,  15  october  1905.  —  Frédéric  :  Zur  Kenntnis  der  Ilautfarbe 
der  Neger:  —  Kraise  (Budolf)  und  Klë.mp.ner  (S.)  :  Untersuchungen  ûber  den 
Bau  des  Zentalnervensystenis  der  Affen:  —  Buaukohd-Bodes  .Ir  (Charles)  :  The 
(horaeie  Index  in   the  .\egro. 

Zeitschrift  fiir  Démographie  und  Slatislik  der  juden,  Berlin,  juin  1905.  — 
Kri'iN  (l)r  Arthur):  Das  Wachstum  der  judicebeu  Bovolkerung  in   Preussen. 

Id..  Octobre.  —  Goluberg  (B.)  :  Die  luden  nnter  der  slâdtiseben  Bevolkerung 
Kusslands.  —  Novembre  :  Fishberi;  (Dr  Maurice)  :  Beitràge  zur  pbysischen 
Anthropologie  der  nordafrikanischen  luden. 

soc.  d'anthrop.  IQlo.  31 


4:iS  21   DicKMBiii:  1905 


LE  TRUQUAGE   DES   MONSTRUOSITES   DOUBLES    HUMAINES. 
UN    FAUX   DERODYME. 

M.  Marcel  Baudoiin.  —  Jusqu'à  présent,  quoique  spécialisé  depuis 
quinze  ans  dans  l'élude  des  monstres  doubles,  qui  constitue  une  science 
trùs  spéciale,  la  Diplotérnfologie,  n'ayant  rien  à  voir  avec  la  Tératologie 
ordinaire,  ou  étude  des  monstres  simp'es,  c'e.^t-àdire  des  vulgaires  ano- 
malies analoiniques,  je  n'avais  jamais  rencontré  dans  les  cirques,  music- 
halls,  foins,  etc.,  que  je  fréquente  pourtant  assidûment  en  France  et  à 
l'étranger,  une  oionstruosité  double,  lium  line  ou  animale,  exposée  vivante, 
qui  ait  él('  truquée,  comme  un  simple  tour  de  prestidigitation.  —  Jusqu'à 
ces  dernières  années,  quand  on  nous  montrait  dans  des  baraques  de  places 
publiques  ou  ailleurs,  des  veaux  à  deux  lèles  ou  à  cinq  ou  huit  pattes, 
•  les  cochons  à  six  pattes  et  des  chats  à  (Jeux  queues,  etc  ,  il  s'agissait  tou- 
jours de  véritables  monstres  animaux,  qu'on  avait  réussi  à  élever  ou  au 
moins  ii  conserver  dans  l'alcool;  a  fortiori,  quand  il  s'agissait  de  monstres 
doubles  humains  vicants! 

Or,  récemment,  au  cours  d'un  voyage  dans  l'ouest  de  la  France,  j'appris 
par  hasard,  qu'une  «  femme  à  deux  tètes  »  était  exhibée  dans  une  grande 
ville  des  bords  de  la  Loire.  A  lire  Tairiche  de  cette  attraction  sensation- 
nelle, un  spécialiste  averti  ne  pouvait  songer  qu'à  un  Xiphodi/me  du  genre 
des  sœurs  Rilta-Christina,  bien  co  mues  des  savants,  ou  des  frères  Tocci, 
(fui,  je  crois,  vivent  encore  en  Italie,  après  avoir  parcouru  le  monde  entier, 
en  faisant  une  petite  furtune]  ;  où,  à  la  rigueur,  à  un  Dérodijme,  quoiqu'on 
ne  connaisse  pas  encore  de  Dérodyme  humain,  ayant  atteint  un  Age  avancé. 

Inutile  d'ajouter  que  je  fus  très  intrigué  et  que  je  fis  l'impossible  pour 
approcher  de  près  le  phénomène,  qui  me  semblait  inédit  et  en  tout  cas 
m'était  tout  à  fait  inconnu  :  ce  qui  ne  manquait  pas  de  m'intriguer,  étant 
donné  que  je  suis  sans  cesse  à  l'affût  de  semblables  nouveautés.  Malheu- 
reusement, ce  me  fut  impossible;  le  barnum  m'échappa.  Mais  je  le  suivis 
à  la  piste  et  j'appris  bientôt  qu'il  était  toujours  dans  une  ville  voisine. 

Je  déléguai,  pour  le  visiter,  un  docteur  en  médecine  qui  est  un  de  mes 
vieux  amis,  et  il  se  dévoua,  avec  un  zèle  scientifique  admirable^  à  la 
tâche  que  je  lui  avais  imposée.  Voici  ce  qu'il  m'écrivit  alors,  ce  confrère, 
dont  je  ne  cite  pas  le  nom,  uniquement  pour  ne  pas  lui  causer  d'ennuis 
possibles  de  la  part  de  l'impressario. 

«  Dans  un  théâtre  obscur,  sur  une  scène,  à  parois  tendues  de  noir^  on 
voit  une  jeune  fille  de  14  ans.  —  Elle  semble  présenter  deux  têtes.  Mais, 
en  regardant  attentivement,  on  s'aperçoit  que  les  deux  têtes  ne  sont  pas 
sur  le  même  plan.  Celle  de  gauche  paraît  plus  reculée  et  moins  éclairée; 
On  y  distingue  certains  reflets.  Quand  c'est  cette  tête  de  gauche  qui  parle, 
la  voix  paraît  plus  lointaine.  Il  s'agit  simplement  de  deux  personnes  diffé- 
rentes, l'une  vue  en  entier  sur  la  scène;  l'autre  dissimulée  et  invisible, 
mais  dont  la  tête  se  trouve  projetée  au  niveau  du  cou  de  la  personne  en 


MAKCEI.   Il\l mu  IN.    —   TRol>  CAS   h' Al.lUMSMR  l'AUTIEL  459 

scAne,  par  un  eiïct  de  glaces.  On  avoue  du  reste,  :\  la  longue,  (jue  c'est 
un  truc  optique.  » 

('.'e?t  la  première  fois  qu'à  ma  connaissance  on  à  recours  ;i  un  truc  sem- 
blable, pour  ligiiror  une  monstruosité  double  humaine  de  cette  nature. 
Certes,  soienliliiiuement,  cela  n'a  pas  grand  inlér(}t,  puisque  le  premier 
médecin  venu  est  susceptible  de  dépister  la  supercherie!  Mais,  évidem- 
ment, ce  n'est  h\  qu'un  commencement  et  on  poussera  bientôt  les  choses 
plus  loin.  Pour  s'en  faire  une  idée,  il  suffit  de  songer  aux  greffes  d'animal 
entier  ou  de  parties  d'animal,  qui  ont  été  tentées  dans  ce  but  (sans  parler 
des  rats  à  trompe  de  Paul  Ûert,  etc.). 

Certes,  s'il  est  bien  réussi,  le  truc  est  intéressant  et  montre  ce  que 
peuvent  donner  les  jeux  de  miroir!  Mais  il  ne  faudrait  cependant  pas 
Ircftiiper  le  public  de  la  sorte  et  lui  faire  prendre  deux  jeunes  filles  dis- 
tinctes pour  un  Dérodijme,  c'est-à-dire  une  seule  jeune  fille  à  deux  tètes 
sur  deux  cous  isolés.  En  tous  cas,  les  savants  sont  désormais  prévenus, 
et  c'est  le  principal. 


TROIS  CAS   D'ALBINISME   PARTIEL 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Au  cours  du  mois  de  décembre  dernier,  s'exhi- 
bèrent, dans  un  music-hall  parisien,  trois  acrobates  femmes,  très  habiles 
et  très  agiles,  qui  furent  présentées  au  public  sous  le  nom  des  Trots  Grâces 
tup-ées.  Il  s'agit  lîi,  en  réalité,  de  trois  cas  d'albinisme  partiel  chez  des 
négresses,  originaires  de  l'.Xmérique  du  Nord,  où  l'on  sait  que,  dans  la 
partie  méridionale  surtout,  vit  -une  grande  quantité  de  nègres,  importés 
d'Afrique  après  la  découverte  de  l'Amérique. 

Ce  n'est  pas  là  ce  qu'on  a  appelé  jadis  le  Nègre  blanc,  mais  le  Nègre  pie; 
et  il  n'est  vraiment  pas  de  mot  plus  juste. 

Cette  sorte  d'albinisme  n'est  pas  très  rare,  comme  on  le  sait,  au  moins 
ians  la  race  noire;  et  on  a  décrit  un  grand  nombre  de  faits  analogues. 
Le  D""  Trélal,  dans  son  article  du  Dict.  encycl.  des  Se.  méd.,  raconte  qu'il 
jadis  vu  des  albinos  se  donner  en  spectacle. 

Ce  qui  fait  l'intérêt,  au  point  de  vue  anthropologique,  de  l'exhibition 
quia  eu  lieu  à  l'Olympia,  c'est  d'abord  qu'elle  confirme  cette  remarque 
<l'après  laquelle  l'albinisme  présente  son  maximum  de  fréquence.,  chez 
les  nègres,  parmi  les  individus  du  sexe  féminin.  De  plus,  la  répartition 
des  taches  albines  est  des  plus  curieuses,  en  particulier  pour  ce  qui  a 
trait  à  la  figure  et  surtout  à  la  chevelure. 

Il  est  inutile  de  décrire  ici  minutieusement  ces  taches;  mais  il  faut 
remarquer  l'aspect  vraiment  curieux  de  ces  plaques  de  cheveux  crépus, 
<l'une  blancheur  neigeuse,  correspondant  presque  toutes  à  la  partie  anté- 
rieure et  médiane  du  crâne. 

Il  serait  fort  intéressant  d'étudier  a  fond  l'état  de  la  peau  du  corps  chez 


I 


460  21    DÉCEMBUE   1905 

ces  trois  femmes,  de  haute  stature,  et  d'une  constitution  véritablement 
athlétique.  Mais  ce  serait  là  chose  presqu'impossible,  à  moins  de  dispo- 
ser d'influences  toutes  spéciales... 

Bornons-nous  h  ajouter  que  cette  exhibition  démontre,  une  fois  de 
plus,  la  vérité  de  cette  affirmation  d'un  médecin  albinos  connu.,  à  savoir 
que  cette  anomalie  cutanée,  qui  est  bien  toujours  d'origine  congénitale  à 
notre  avis,  quoiqu'en  ait  dit  Ulysse  Trélat,  peut  s'accompagner  d'un  état 
intellectuel  des  mieux  équilibrés,  et  qu'elle  ri'indi<{ue  pas  du  tout,  comme 
on  l'a  cru  parfois,  un  développement  incomplet  du  système  nerveux.  11 
suffit  d'avoir  vu  à  l'œuvre  les  Trois  Grâces  tigrées,  qui  sont  des  équili- 
bristes  remarquables,  pour  en  être  convaincu. 

M.  .MANorviuEU  fait  une  communication  sur  les  Crânes  et  Ossements , re- 
cueillis dans  les  Sépultures  néolithiques  de  Pocancy  et  de  Menouville.  (Manus- 
crit non  remis). 

M.  VoLKov  fait  une  communication  sur  V Anthropologie  des  h'arpalhcs. 
(Manuscrit  non  remis). 


TABLK    DtS    DONS 

A     LA     SOCllÎTl':      1)'aNTIIK()1>(jL0(j  IR 


Dons  a  la  Sociétk  :   3,    101,    102, 
195,  2U>,  204.  295.   290,  297, 
299.   mK  301.  381,   382.   398 
450.  451.  452.  453,  454,  455. 

Adachi  [u''  U.j. 

.\DAr.(ll  (.Mnio    V.). 
.\LI.E.N    (J.-T.). 

.\M)RIa.n  (F.  von). 

AnTH'INY  (d""  R.). 
ATtilKR  (d''  E.). 

IIai.four  (11.). 
ItAR  (i:.-F.-L    d^). 

liAL'DOUlN    (d'   .m.). 

Oayk  (iJaron  J.  de). 
Okal'vais  (J). 

ItKRTHOLON  (D""  L.). 

i!.>As  ,r.). 

lioULANGKU   [C). 
IJRIfiGS  (K.    M.). 

Hri.nkley  (F.). 
Hapitan  (d""  I-.). 
Castelfrango  (P.). 
Castlk  (b:.-\V.). 
Chantre  (E). 
Charencey  (Comte  de). 
Chauvet  (G.). 
<;hesneau  (G  ). 
Chollbt  (V.). 

CuLl.lNEAU. 

Coi.occi  (Marquis  A.). 
Dkloht. 

Deniker  (d""  J.). 
Klbheuil  (L.). 
Dcnus  (A.). 
l>rMONT  (A.). 
Fahabee  (\V.-C.). 
loi.u.N  (ll.-L). 
F01..MAR  (!).). 
Fontaine  (A.), 

FuURbRIGNIKH  (K.). 

FuUHKAU  (F.). 

Krani;ois. 

Caii  lard  (.M.-C). 

Girard  le  Uialle. 

«ilUFFRIDA   RcGGIERI   (V.). 
GOBY  (P.). 
GODDARD  (P. -F.). 
GUKBHARD  (H.). 
llAEr.KKL  (E.). 

Hamy  (d-^  E.-T.). 
Héuer  (F). 

soc.  u'anturùp.  i9û5. 


150.    IIennëbico  (L.) 
298,    1Iirth(F.].  ~ 
449,    Holmes  (VV  -11.). 

llouzÉ  (n'). 

IIrducka  (Aies). 

IIulbicrt  (H.-U.). 

Jakole  (d""  C). 

Je.nks  (A.-E.). 

.locGHE  (E.  de). 

Kay  (Ch.  de). 

Kate  11.  Ten). 

Klaatsch  (11.  von). 

Kroeber  (A.-L.). 

Eacol'lolmkhe  (G.). 

Lambert  (F.). 

i.ASTEYRIE  (H.  de). 

Laville  (A.). 

Le  Double  (A. -F.). 

Lejeune  (Ch.). 

Lepesql'kl'r  (P.-Ch  ). 

Leroy  (or  E.-B.), 

LlSSAUKR   (d'  a.) 

Livi  (Df  K.). 

LORTET  (d--). 

Llmholtz  (C). 
Macdol'gal. 
Macler  (F.). 
Manouvbier  (d""  L.). 
Mauss. 

Mayet  (d""  L.). 
Mksser.sch.midt  (d'  L.). 
Meumann. 

MiNGAUD. 
MONFALLET  (D   ). 
-MOORE  (CI.-B). 
Mih.ler  (.m. -IL). 
.Nery  Dklgado. 
Neuville  (IL). 
Ohft. 

OUTES  (F.). 

I'ai'illaclt  (d''  g.). 
Pelletier  (x)'-  M.). 
Peyrony. 
Pic  (J.-L.). 
PlERPONT  (E.  de). 
PlÉTRB.MENT  {(].-\.). 
PlETTE  (E.). 

puLAK  a.-.i.). 

Po.\IMEROL  (.M. -F.). 
l'tICCIONI   (N.). 
PUTNAM  (F.-W.l. 


42 


462 


TABLES    nE>    DONS 


Hegalia  (E.). 
Rkgnal'i.t  (d^  F.)- 
Reinach  (S.). 
Retzius  (G.). 
Rivière  lE.). 
Salas  (C.-P.). 
Schi.aginhal:fkn  ((), 
ScHMiDT  (von  E.). 
Schneider  (d''). 

SchûKFFKR  (Ch.). 
Sr.HOEMBS  (l)'l. 

Schwalbe  (G,). 
Smalwood  (M.-E.). 
Stratz  (d'  C.-H.)- 


Thrha  (M.  (Je), 

Thiot  (L.). 

Thomas  (C). 

Thomas  (N.-W.). 

ToROK  (Aurel  von). 

Vasgoncellos  (.1    l.eito  de). 

Vauvillb  (O.). 

VoLKov  (Th.). 

Wagner  (d''  P.). 

Weisbach  (d'  a.). 

WlEDMANN  (d'  a.). 
WiMMKR  (L.-F.-A). 

Yachvili  (Dr). 
Zaborowski  (S.). 


TABLE  DES  FIGURES 


Fig.  I  à  -l.i.  —  Héraldisation  de  la    mar- 
que   de    propfiétc    et    les    origines 
du  blason,  p.  100,  fig.  l-t,  armoiries  de    Y'va. 
la  famillo    von  Dransfeld  ;  fi;,'.  'l-V,  armoi- 
ries (le  la  l'aiiiillo    Giseloi'  von    Miiudon  ; 
fig.    8-1),    amnirios    de    la    famille    von 
Plosse;  fi.  \'2.    1H,    1 },  sceaux  d'Andri^  el    Fig. 
Ilans  Miuideniaiin;  fig.    lo-17,    sceaux   de 
la  famille  Spockbotol  ;  fig.  18-19,  marques 
relovées  à  Krturt;  fig.   ".iO,  armoirio  prin-    Fig. 
cipalo  de  M.  T&uji:  fig.  24-!2;>,  armoiries 
secondaires  do  M.  Tsuji,  p.  109. 

Fig.  24  à  26.  —  Découverte  d'un  menhir 
tomhé  sous  les  dunes  et  d'une  sta- 
tion gallo-romaine  aux  (Jhaumes  de 
Saint  ■  Hilaire  de  -  Riez  (  Vendée), 
fig.  1.  état  des  lieux,  p.  126;  fig.  2,  Creux 
d'argent,  p.  130;  fi'.;.  A,  tare  supérieure, 
p.  m. 

Fip    27  à  29.  —  Sépultures    néolithiques 

de     Montigny  ■  l'Engrain      (Aisne),     Fig. 
fig.  1,  ensemble  de  nouvelle  galerie  cou- 
verte, p.  ISl  ;  fig   2,  croquis  du  plan  d'un 
groupe  de  sépultures,  p.  152;  fig.  ;^,  coupe 
des  sépultures,  p.  I.W. 

Fig.  80.  —  Sur  les  pierres  taillées  anti- 
classiques, fig  ,  oiseau  de  pierre,  p.  200. 

Fig.  31  à  32.  —   Décoîiverte  d'nn  menhir 

tombé  sous  les  dunes  et  d'une  sta-  Fig. 
tion  gallo-romaine  aux  (Chaumes 
de  Saint  Hilaire  de-Riez  (  Vendée), 
fig.  '♦,  vase  gallo  romain,  à  col  lirisé,  p. 
276;  fig.  n,  anneaux  métalliques,  en 
bronze,  p  277. 

Fig.  83  à  37.  —  Gravures  sur  os  de  l'épo- 
que çallo-romaine,  fig-  I.  radius  de 
bœuf  avei-  gravures,  p.  313  ;  fig.  2,  schéma 
de  puits  funéraire  gallo-romnin  ;  fig.  3-6, 
schémas  do  côtes  de  bœuf,  p.  313. 
Fig.  38  à  47.  -  FAude  anthropologique 
de  l'Annamite  Tonkinois,  fig.  1,  sa- 
peur du  génin,  ilo  ans;  fig.  2,  sapeur  du 
génie,  29  ans,  p.  323;  fig.  3,  sapeur  du 
cénie,  27  ans  :  fig.  4,  sapeur  du  grnic, 
31  ans,  p.  330;  fig.  S,  tirailleur.  30  ans  ; 
fig.  6,  arliliour,  27  ans,  \k  •"«3S;fig.  7, 
tirailleur, 26  ans;  fig.  8,  tirailleur, 27  ans. 


p.  342  ;  fig.  9,  tirailleur.  22  ans;  fig.  10 
tirailleur,  ".^4  ans,  p    3i6. 

18.  —  La  Vienne  aux  temps  préhis-^ 
riques,  carie  préhistori(jun  do  la  Vienne, 
p.   3o5. 

49.  —  Craniectomie  et  régénération 
osseuse,  fig.,  p.  370. 

SO  à  56.  —  Dolmen  de  l' Echaffaud 
du  Plfssis  au  Bernard  {Vendée), 
fig.  1,  décalque  du  cadastre  du  Bernard, 
p.  385;  fig.  2,  état  du  dolmen  avant  les 
fouilles  d'août  1905,  —  vue  du  côté  Ouest, 
p.  387;  fig.  3,  état  actuel  du  Dolmen,  vue 
Ouest,  p.  389;  fig.  !•,  état  actuel  du  Dol- 
m  n,  vue  Est,  p.  390;  fig  5,  fouille  du 
Dolmen,  phase  moyenne  îles  travaux, 
p.  391;  fig.  6,  schéma  de  la  situation  du 
Dolmen  et  constitution  du  niégalillie  avant 
fouilles,  p.  392 

.  57  à  60.  —  Problème  anthropologi- 
que des  Parias  et  des  castes  homo- 
logues chez  les  Dravidiens,  fig.  1, 
trois  Parias  tamouls  do  Pollachi  p.  406 
bis  ;  fig.  2,  famille  Poulayor  de  Maliatour, 
p.  406  bis;  fig.  3,  jeune  Palier,  p.  406 
bis;  fig.  \,  Nayer,  de  Maliatour,  p.  40fj 
bis. 

61  à  6!).  —  Etude  de  la  géographie 
anthropologique  du  département 
du  Rh'ine,  fig.  \.  répartition  de.s  tailles 
en  France  \\.  431  ;  fig.  2,  rarte  do  la  taillo 
en  France,  exemptions  p  lur  défaut  do  taille 
do  1831  à  1860,  p.  '»32;  fig.  3,  carte  indi- 
quant la  répartition  des  tailles  inférieures 
à  l"";)'*  (n  France,  p.  i3'i;  fig.  4,  carte  in- 
diquant la  répartition  dos  tailles  do  1"'73 
et  au-dessus,  en  France,  p  i:'>o;  fig.  5, 
diagramme  indiquant  lo  groupement  des 
différentes  tailles  dans  lo  Rhône,  p.  437  ; 
fig.  6,  diagramme  indiquant  lo  gioupe- 
ment  des  dilTérontes  tailles  dans  la  Lozère, 
p  438;  fig.  7.  carte  moiitran!  l'immigra- 
tioii  dans  le  l'iliônc,  p.  '»3!i  lig.  8.  carte 
iiidi<piant  la  répartition  do  l'iiidiro  c^phii- 
Jique  par  cantons  dans  le  Ithône,  Ji.  453; 


fig.     ^> 
p.  i'tl. 


lassif    brachycéphalo     français. 


TABLE    DES    AUTEURS 


Anlliony  (I)'  R.).  309,  372,  373. 
Atgior  (D'),  li3,  lifi,  308,  351. 
Bau.louin  (Marcoll.  A.  125,  -lih,  271, .307, 310. 

38I,3S2,  383,  398,  399,  458,  't59. 
Beilholon  (D  ),  141,  1  i5. 
Blocli(D'),  210  421. 
Bouchereau  (D'),  426. 
Capilan  (L.;,  269,  363,  373,  381. 
Carlailhac  i  Kmilo),  286. 
Charvillal  iD^-j,  256. 
Costa  Fcrreira  (A.  Da),  3.57, 

Demonet  (D"-  E),  5. 

Denikpr  (J  ),  1,  210,  379,  398. 

Doignoau  (A.),  375. 

Dussau  l  (Roné).  398. 

Knjoy  (Paul  d"),  217. 

Fourilrignior  (Edouard),  211,  222. 

Giovanelti  (N.  <;.),  287. 

(;uvot  (Yves).  167. 

Hervé  iD'-  G),  307. 

Hugupt  (D^),  138. 

Lacouloumèro  (G  ),  383. 

Lapicquo  (Louis),  400. 

LehmannNitsche  (H.),  220. 

Lejeune  (Charles),  183,  211,  213,  381,  449. 


Manouvrier  (L.),   3,  135,  210,  361,  367.  372, 

460. 
Marie  (D^),  369. 
Mayet  (l)^  L.).  426. 
Mazcllière  (Marquis  de  I.a),  210. 
Morliilct  (A.  do).  210.  270. 
Papillault  (D-),  101,  209,  210,  260.  308.  361, 

3C3,  423. 
Pelletier  (D'  Madeleine),  36'J. 
Piètrement  219. 
Pittard  (Eugène),  279. 
Rabaud  (D'  Et.),  424. 
Regnault  (Dr  Félix),  25». 
Robin,    255. 

Roux  (D'  Paulj,  loo,  203,  218,  321. 
Salomon  (Paul),  303. 
SébiUot  (Paul),  1,  3,  101,  IW,  309,  381,  31)7, 

448. 
ThieuUonlA.),  112,  199. 
Van  r.ennep  (Arnold),  103. 
Vauvillé(0.),  151,  195,  246. 
Veineau  (D'),  265,  376,  379. 
Volkov  (Th.),  101,  289,  460 
Zaborowski  (S.),  102,  195.  219,255,  266,26;), 

378,  379. 


TABLE   DES   THAYVIX    OlîKiINAUX 


DES   l'HIXCII'AI.FS   COMMrMCATlO.XS 


AiV.^EE    iiior. 


AFCilKR   (l)')    ....        I.;i  Vieillie  aux  (eiii|is  |»réliislorii|iieH,  iSiil. 

BAUDOUIN    (Marcel).     .       Découverte    ii"nn    iiieiiliir  tonilié    ihoiis   U-s  iliines  cl  d'uuo 

•station    ^-nlhi-roiiiaiiie    aux  Cliauiiios  ilo  St-Hilairc-dc- 

Riez  (Vendée),  \-2:,,  -271. 

—  Les  gravures  sur  os  do  r('iiO(iuc  ijallo-romaino  à  la  nécropole 

de  Troiisse|ioll,  au  Bernard  fVeodéo),  310. 

—  Le  trii«|iiaKe    des  mon.slruosilés   doubles  humaines.   In   faux 

tléro«l>ine,  io8. 

—  Trois  cas  d'albinisme  partiel,  io!). 

I-.AUDOUIN  iMarccl,  cl  LACdULOU.MÈRE  (G.j.  I.o  dolmen  de  IKeliaÉTaud  du  Plessis 
au  Bernard  (Vendée,  di^couvcrle,  description  et  fouille,  383. 

liKRTIIOLON  (Dr).     .     .       \ote  sur  le  nom  do  <   Maures  ...   l'd. 

—  .\ote  sur  les  noms  de  Ibères,  Kerbèr«'sct  Ai'rieains,    l'iS. 
BOUCHEREAU  (D';  cl  MAYET  (D''  L.).    Contribution   à    l'étude  do   la  };<''«»K''«pl"C  au- 

tliro|iolo»i(|ue  du  département  du  Rhône,  't'iit. 

CAPITAN  (L.) Kfceliereiies  dans  les  graviers  quaternaires  do  la  rue  de 

Rennes,  à  Paris,  269. 

—  Présentatiou  de  silex  de  Ciuerville,  près  Mantes,  373. 

'  ATITAN  {L  )  et  PAPILLAULT.  L'Identiiieation  du  cadavre  do  Paul  Jones  et  son 
autopsie  113  ans  après  sa  mort,  363. 

CIIARViLHAT  (Dr)    .     .       Anatole  Itoujou  18il-1894,  2S7. 

COSTA  FERREIRA  (A.  Dai.  La  capat'ilé  crânienne  chez  les  erimiiifls  portugais,  3H7. 

DEMONET  (D'  E.  )  .  .  Keeliereiies  sur  la  eapaeité  vitale  alisolue  et  relative 
suivant  le  sexe  et  suivant  certaines  dimensions  du  corps,  î». 

l.NJÔY  (Paul  d')    .     .     .       Pénalités  chinoises.  2'f7. 

FOURDRIGNIER  (Ed.j   .       Les  étapes  do  la  eéramique  dans  l'auliquité,  22'2. 

GIOVANETTl  (N.  G.) ,  .  Quelques  observations  et  corrections  se  référant  au  travail 
do  .>l.  Merejkwosltj  sur  les  crânes  de  ki  Sardaigne,  287. 

GL'YOT  (Yves).     ...       La  population  et  les  subsistances,   167. 

LAPICQUE  (Louisi  .  .  Lo  proî.lèmo  anthropologique  des  Parias  et  des  castes  homo- 
logues chez  les  Dra\ldiens,   500. 

LEHMANN-NITSGEIE  (Robert).  Les  lissions  breKinatiqiieB  des  crânes  des  Iles 
Canaries  et  les  niiililatioiis  analogues  des  crânes 
néolithiques  fraBçais,  220. 

LEJEUNE(Lliarlesj  .  .  La  placo  de  liiomme  dans  runiver*  et  dans  la  série  ïooIo- 
giquc,  183. 


inC»  TltAVAlX   nlthlINAlX    Kl    IMIlNCIl'Al.r-   i:uMMI MCATIONS 

MANOUVRIER  (Li.     .     .       fràues*  de  lV|io(| m'Tovlnîflciiiie,  36t. 

MARIE  (D'i  ol  PELLETIER  (D<-  Madoloimi      CraiiitM-loinic  clrt'géiiératlon  osseuse. 

MAYETiL.)  ol  IJOUCIIEIIEAU  il)').     Oiiliiliulioii  à  rétiid«>  de  la  ^éoifrapliie  authro- 

|toloKii|iie  du  dëpartement  du  Rhôae,  ii>i. 

PAPILLAULTlG.)      .     .       Crftiies  d' Al.j.Ios.  :?fiO. 

PAI'ILLAULT  oMUPITAN  (L.).     L'ideiilififatioii    du    cadavro    de    Faul    .loues    et  son 

aiilopsie  113  an$  ajirès  sa  uiort,  Mi'S. 

PELLETIER  (D' Madeleine;  &  MARIE  (Dn.  Cranieetoiuie  et  régénération  osseuse,  369. 

PITTARD  (Eugèoej    .     .       Influence    do   la   taille  sur  l'indice  céphalique   daos  un 

groupe  pllinique  rolatiTeniont  pur,  27!). 

ROl]X(D'i Nulc  EtiinoKi'apliique   sur  les  peuplades  du  Uaut-Touiiiu, 

\  •:>■>. 

—  Li  prostituée  Japonaise  au  Tojiiiin,  203. 

—  \ote   sur  un  cas    d'inversion    se:iuelie   chez  une  C'omo- 

rienne,  SIS. 

—  Conlribuliou    à  l'étude    anthropologique    de  lAnnainite 

Tonkinois  3*21. 

SALOMON  (Paulj  .     .     .       Description  d'un  Tietus  acliondroplase,  303. 
THIEULLEN  (A.)  .     .     .       Eolitlics  et  autics  silex  taillés,  112. 

—  Sur  les  pierres  taillées  anti-classiques,  109. 

VAN  GENNEP  (Arnold;.       \otes  sur  l'Iiéraldisation  de   la   marque  de    proprii'té  el  les 

origines  du  hlason,    103. 
VAUVILI.É  (0  )     .     .     .       Sépultures  néolitliiques  do  Montigny-l'Engrain  fAisne\  151. 
VOLKOV  (Tli.i.     .     .     .       Rapport  sur  les  voyages  en  Galieie  Orientale    et  en  Bu- 

kovineen  1!)03ot  IOd'k  289. 
ZABOROWSKI  ....       Contribution   à    l'anthropolos^ie    physique    de    la    Sielle 

cnéolithiqué.    196. 


WmM  AiNALYllOl  K   II     \LI>II  AlîKllOl  K 


<lt's  iiiali«>r<>s  coiiliMiiirs  «la;iH  et*  \«»iiiiiii* 


1*AU  M.  D'I-lr.HicaAr^ 


I  »  <» ."; 


ALBINISME  (Trois  cas  il  —  iiartiel),  459. 

Annamites  tonkinois.  Eluilo  anthropolo- 
gique, ',\i\  :  Doniites  iconographiques.  3:j;i: 
(lonnt'os  anlhropouuHriques  et  anatoiniques, 
ftgc.  taille.  ;^-24  ;  Poids,  busto,  périmètre  tho- 
rariquo,3:2o;Tourile  taille,  bi-spinal  liliaquo, 
H'26:  Criiie,  frout,  face,  'd'il;  Imiice  trans- 
versal, ;t-28,  Anléro-postérieur,  oreilles,  bou- 
che, lèvres,  8-29;  Dents,  USi  ;  Membre  supé- 
rieur, ;H32;  Inférieur.  8;U;  Système  pileux, 
cheveux,  3:^6;  Acclimatement,  3.37;  Force 
musculaire,  dit^estion,  338:  licspiration, 
circulation  appareil  génital,  organes  des  sons, 
339;  Voix,  lanu-age.  fonctions  inlellocluolles, 
3Ul;  Sensibilité,  .Ul  ;  Volonté,  3i'2:  Reli- 
giosité; Patriotisme,  3i3;  Vertus  iloines- 
tiques,  moralité,  344;  Vice,  jeu,  opium,  3i6; 
Pédérastie,    données  pathologiques,  347. 

ANTHROPOLOGIE  physique  do  la  Sicile  énéo- 
lithique,  19K. 

ARTICLES  à  signaler  pendant  le  premier  se- 
mestre 190'-),  ::>99;  —  pendant  le  deuxième 
semestre  1903,  iaS. 

Bulgares  et  Macédoniens.  Présentation  de 
l'article  do  M.  Donikor,  379. 

CAPACITÉ  vitale,  absolue  et  relative,  suivant 
le  soxe  et  suivant  certaines  dimensions  du 
corps,  ">;  Définition,  8;  Spirométrio,  9; 
Indications  bibliographiques,  13:  Technique 
de  la  spirométrie,  li:  La  dialhèse  syphili- 
tique n'influence  pas  la  — ,  ni  la  i;rosscsse, 
Le  corset  la  diminue,  Ifi;  Choix  d'un 
spiromètre,  17;  Ordination  d'aprè<  la  capa- 
cité vitale  :  choi  l'homme,  "20:  chez  la  femme, 
57:  D'après  la  taille,  h.  2.:.  f.  r,0;  D'après  la 
longueur  du  buste,  h.  28,  f.  63;  D'ajiri-s  la 
longueur  des  membres  inférieurs,  h.  .12,  f.  65-  ; 
D'après  le  rapport  8  B,  h.  34.  f.  66;  D'après 
la  largeur  bi-acromiale,  h.  38,  f.  69;  D'après 
la  longueur  du  steroum.  h.  41,  f.  71  ;  D'après 
le  poids,  h.  13,  b.  73;  D'après  l'indice  do 
corpulence  de  Bouchard,  h.  }6,  f  7a:  D'après 
la  circonférence  thoracique,  h.  48,  f.  77  ; 
D'après  l'indice  de  mégasomio,  h.  .^0,  f.  79; 
D'après  l'indice  d'ourypiastie  approchée, 
h.  •">4,  f.  82;  Résumé  et" conclusion,  98. 

CÉRAMIQUE.  Poteries  néolithiques  d'ErondclIcs 
^Sominej,  I5t;  Chronologie  céramique,  vasos 


susiens,  poterie  dolménique,  anciens  procédés 

do  fabrication,  !222. 
CI-.RAUNIES.  —  Observations  de  M.  Ca.  tailhac 

à   propos  d'un   travail   do  M.   le  D"^  Marcel 

Raudouin  sur  les  —,  et  réponse  de  celui-ci, 

28*;,  287. 
CIMETlF.RE    ;i    INCINÉHATION.    —    (  hamps 

d'urnes,  présentation  do  l'ouvrage  de  M.  Pic, 

378. 

Congrès  international  d'aiilliropologio  et  d'ar 
chéologio  préhistorique  so  tiendra  à  Monaco 
du  16  au  21  avril  I90(i.  Le  préhistorique  dans 
la  région  de  Monaco,  questions  générales,  422. 

COULEUR  DE  LA  PEAU.  Table  comprenant 
23  morceaux  do  verre  opaquo  ordonnés  en 
série,  discussion,  210. 

CRANES  d'Abidos,  260;  Variations  prouvant 
que  les  habitants  do  la  vieille  Egypte  no 
constituaient  pas  une  race  pure,  2tjl  ;  Indices 
sérJés  par  ordre  décroissance.  262;  —  ordon- 
nés suivant  leur  diamètre  frontal,  26i,  — 
dit  d'Osiris,  2(j'f  ;  Discussion,  2i^*);  Observa- 
tions sur  les  —  do  la  Sanlaigno,  287  ;  —  de 
l'époque  méiovingienne,  361. 

CRANIECTOMIE  et  RÉGÉNÉRATION  OSSEUSE. 
La  trépanation  n'a  aucune  ellet  sur  l'état 
montai  <t  sur  les  crises  convulsives,  3'i!): 
Discussion,  372. 

Criminels  /portugais.  (Lacipacité  crânien- 
ne chez  les  — ),  357;  —  jinssèdent  générale- 
ment  une  capacité  plus  grande  que  colle  dos 
normaux,  3')9;  Discussion,  361. 

DÉPÔT  par  le  D'  Hervé  d'un  pli  cacheté  dos- 
tiiié  à  être  ouvert  en  séance,  26'J. 

DOLMEN  do  l'Écliafaud  du  Plessis,  au  Rornard 
( Vendée )  historique,  38;',;  Folklmo,  ély- 
mologie.  voie  d'accès,  ASi  :  Situation,  alti- 
ludo,  386;  Fouilles,  3s8  :  Aspect  aetuoi,  389; 
Géologie,  nature  du  monumoiil.  39  V;  Trou- 
vailles, 39.". 

ÉLECTIONS. 

—  -  Membre  titulaire  :  M    Déchelotte. 

—  Associés  étrangers  :  MM.  Cunninghatii  et  Hol- 

mes 

—  Correspondant  étranger  :  xM.  Ingenole  Sinilh 

—  Commission  de  vérification  des    comptes'   : 

MM.  Giovanetli,  Girod,  Lejeune. 


408 


TATUr    ANAI.YTIOIT.    F.T    AI.I'IIAllKTIOI'F 


—  Commission  <i'oxaineu  île  la  Biblioth^quo  et 

(les  coUoclioii»  MM.  Scliuii.U,  Anthony, 
Vauvillé.  I'!'.. 

—  Moinhro  titiilairo  :  M.  lo  D""  l'aul  LonRhois. 

—  M.  (le    Bar   remplace  M.   Giro  let  ilans    la 

Commission  des  Bnances  :  MM.  Vinson  et 
«leBar  romplaconl  MM.Vauvilli'ctSrhinidt 
dans  la  Commission  d'examen  do  la  Hi- 
bliolhèquo  et  des  collections,  19:.. 

—  Mombrc.s  liiulairps  :  MM.  L»uliiouil,  Cliam- 

liardtl,  Paul  Sa'.omou,  :294. 

—  MM.  le  D>-A.  Fort,  Hc,  :n8. 

—  Questionnaires  de  sociolopic  :  M. M.  Caj.ilan, 

Yves   Guvot,    Eer\6,    Mauss,   Papilhmll, 
Sobillot,  Vcrneau,   Vinson,   Zabnrnwski, 
'iiia.— Bureau  de  i90«.— Di-Variot,  Piinco 
Viasemsky,  M™"  Varigard,  nommrs  mc.n- 
bros  titulaires,  450. 
ÉOLITHES  et  autres  silex  taillds,  112. 
ETHNOGBAPHIE     Los     peuplades   du    Haut- 
Tonkin,    In";;    Poulahs.   Thaïs,    137  ;  Carac- 
tères physiques  des  —,  InS;  InlelloclnoU, 
relig.on,   rites  funéraires,  Iîi9;  La  famille; 
lo  nraria^o  :  situation  dos  enfants,  des  fonimos, 
des  vioiilards,  l(il  ;  Alimentation,  boissons, 
habitations,    industrie,    art,    parures,    16:^  ; 
Niâns,  Nhungs,    Maus  ou  Y^os,  164;  Méos, 
I6r5. 
Fauvel.  Rapport  présenté  au  nom  de  la  Com- 
mission du  prix,  i2i. 
FOETUS  achondrnplase.  Le  sujet  est  un  enfant 
mort- né  presqu'à  terme,  du  sexe  masculin, 
308;  Les  monstres  ectroméliens  phocomèles 
paraissent  présenter  un    type  de   structure 
comparable  à  celui  des  adi  ,305;  Discussion, 
307. 
FOLKLORE   de  France.   Tome  II.  La  Mer,  les 

Eaux  douces,  381  i Présentation). 
GRAVIERS  quaternaires  de  la  rue  de  Rennes, 

269;  Discussion,  270. 
GRAVURES  sur  os  (D'  Marcel  Baudouiûj,  310. 
HÉRALDISATION  de  la  marque  de  propriété 

et  origines  du  blason,  103. 
HOMME.  Sa  place  dans  l'univeis,  183,  217. 
INDICE  Cf'PHALlQUE    Inllucnce  de  la   taille 
sur  r  —,  279;  La  taille  semble  avoir  une 
influence  manifeste  sur   l'indice  cépbalique, 
283. 
INVERSION  sexuelle  chez  une  comononno,218. 
LÉSIONS  brogmatiques  dos  crânes  dos  Canaries 
et  mutilations  analogues  dos   crânes  néoli- 
thiques français,  220. 
LUXATION  préhistorique  do  l'atlas  sur  l'axis, 
381  (Présentation). 

Maures.  Note  sur  le  nom  des  —,  "i'il;  Dis- 
cussion, 143:  Ibères,  Berbères  et  Atiicains, 
14li;  Discussion,  146. 
MENHIR  Tombé  sous  les  dunes,  et  station 
"alto  romaine  aux  chaumes  de  Si  Hilaire-de- 
Riez  (Vendée);  Découverte,  125;  Fouilles, 
126;  Folklore,  127;  Historique,  128;  Situa- 
tion, 1-29;  Description,  1.50,  131,  132,  133; 
D.^côuverlo  d'ossements,  273;  De  douze  sque- 
Icltos,  275:  De  vases,  276;  D'anneaux,  277. 
MONliMENTS  RllNIQUES  DU  DANEMARK. 
Pié.«ontaliun  de  3  volumes  do  l'ouvrage  de 
M.  Wimmer,  379. 


MONSTRUOSITÉS.   Truquage,    un  faux    déro- 

dyme,   158. 
Mortillet  ((labriol  de).  Hommage  à  la  mémoire 

de  —,  397. 
NÉCROLOGIE.  Mort  dn  D^  Collincau,  ICI  :  Mort 

do  M Capitan,   do   MM.    Girard  do   Rialle 

(allocution),  li'.t;  D' Tautain,  195,    Anatole 
Roujoii,  256;  Akerminn.  29i  ;  Elisée  Reclus, 
309  ;  Lionel  Bonnemère  i48. 
OUVRA(.ES   ET   OBJETS  OFFERTS.   Docteur 
Yachvili  'médecine  populaire  en   Transcau- 
casioj,  101;  Photographies    de   Lolos,    102; 
Portrait  d'Aboi  Hovo'acque,  14!  ;  Silex  imi- 
tant un  tranchot,  195:  Mémoire  do  M.  l'iétre- 
menl  sur  les  races  chevalines  dans   le  temps 
et  dans  l'espace.  219;  Morphologie  osseuse 
expliquée  iiar    l'anatomie  patholo;;ique.  mé- 
moire de  M.  le 'J'  Rcgnault,  254;  Liste  des 
ouvrages  offerts  pendant  le  premier  .semestre. 
^i9i;    Note   préliminaire   sur  les  méi;alitlies 
observés   dans   le  Soddo  de  MM.  Chollet  et 
Neuville,  309;  Crânes  de  l'époiiue  mérovin- 
gienne, offerts  par  M.  C.  M.  Boulanger,  361  ; 
Pièces  qui  ont  trait  à  l'anthropologie    dans 
l'exposition  de  la  société  des  fouilles  archéo- 
giquos  par  M.    Foudrignier,   3(;3;  Un    silex 
par  M.  de  Bar,  381  ;  Découverte  d'un  méga- 
lithe funéraire  sous-lumulus  au  Mégaillon  de 
St-Martin-dc-Brom  (Vendée).  MM.  Baudouin 
et  Lacouloumèro  ;   Lo  préhistorique  à  Apre- 
mont  (Venlée),  MM.  Baudouin  et  Lacoulou- 
mèro ;  La  edad  do  la  piedraen  Patagonia,  382  ; 
M .  Outes  :  Contes  arméniens,  Frédéric  Mac  1er  ; 
Manuel  de   recherches   préhistoriques,  398; 
Question  des  races,  Ch.  Lejeuiie,  4i9;  Liste 
générale    des  ouvrages   offerts    pendant    le 
deuxième  semestre  1905,  450. 
Parms  et  castes  homologues   chez  les  Diavi- 
diens,  400;  Villalas.  40-2;  Palier,  403;  Com- 
paraison physique  des  trois  castes  ci  dessus, 
40i;  Poulayer  et  Choroumas,   406;    Nayer, 
410;  Problème   ethnologique,    413;    Exposé 
do  Caldwell,  414;  Discussion,  421. 
Paul  Jones,   identification  de  son  cadavre  et 
son  autopsie  113  ans  après  sa  mort,  363  ;  Do- 
cumsnts  historiques;  Buste   de  Houdon  :  Ca- 
ractère morphologique:   Mensuration,    363; 
Discussion,  367. 
PÉNALITÉS  chinoises,  247;  Peines  principales 
au  nombre  de  huit,  249;  Peine  de  mort  ap- 
pliquée de  cinq   façons,  252;  Peines   acces- 
soires, 253;  Sursis  et  révision,  254. 
PIERRES  TAILLÉES  anticlassiques  (Thieullen), 

199. 
POPULATION  ET  SUBSISTANCES.  La  ration 
type  167;  La  ration  végétale  en  France,  Le 
blé  dans  le  mon  lo,  170;  La  ration  animale 
on  France,  176;  En  Angleterre,  178;  La 
viande  dans  le  monde,  179. 
PROSTITUÉE  japonaise  au  Tonkin,  203;  Re- 
crutement, mise  en  route,  répartition,  204; 
Modo  d'existence,  étude  somatique  et  psy- 
chique, 205;  Ces  femmes  sont  généralement 
petites  et  mal  faites  ;  Seins  piriformes  ;  Sys- 
tème pileux  développé;  Cheveux  longs  ot 
épais  ;  Yeux  très  bridés  ;  Les  petites  lèvres  font 
saillie:  Anus  normal  ;  Intelligence  vive,  20b; 
Leur  morale,  207:  Pathologie;  Maladies 
vénérieuues  fréquentes,  208  ;  Discussiou,  209. 


TAHi.K  ANAi.vrign-:  i:t  alphmiktiuik 


iC,[) 


l'YGMÉKti  Dt  LAlliiyUE  CKNTKALi:.  Di,- 
cussion,  :',T.), 

HAPI'URT  (lo  M.  ManouvriiM-,  scci-(5lairo  "éiu^rul 
sur  l'aniiro  l'JUl.  135;  —  do  M.  Ilut-uct,  lié- 
sorior,  l.{8:  l5iblioilK''qiio  et  inuMS\  -Jli;  _ 
(Je  la  Couiiiiissioa  tlos  linances,  5il3. 

Rhône.  CoDlril.ulion  à  TiMule  <lo  la  Ri^>-ra- 
phio  aiilhropologiquo  du  drpait-jinoDl  du'"  — 
ii'ii;  Moyenne  do  la  taille,  4^7;  Comparaison 
de  la  taille  et  du  piids,  -i-JS;  Kxemption  pour 
défaut  do  taillo.  4;!->;  Iiitlu.  iice  dos  régions 
sur  la  taille,  VM  ;  Origine  dos  habitants  du 
département  du  —,  4;!8:  Injjro  eéplialo-mé- 
Irique,  HO,  Couleur  des  yeux,  4t6. 


SÉPULTUIIE   néolithique   de    Monlij;ny-L'i:n- 
grain  (Alsnoi.  Nouvelle  galerie,  1;il. 

SILiX  de  Cuervillo,  près  Minlos.  Question  dos 
(^^^ohthes.    Faits    nouveaux,  ii?;^  ;  Discussion 
;!7.')  ;  —  du  Moustier,  asi. 

IVmmc'  (la)  aux  temps  préhistoriques,  ,151; 
rério  lo  glaciaire  O'i-lustrio  moustérieiinoi ' 
Uaco  huniaino  dite  de  l'OImo,  W.VA  ;  i'éiiode 
post-glaciairo  et  à  températures  extrêmes; 
Inluslrio  magdah'nionno;  Race  humaine  in- 
cortiino,  ■AYiVi. 
VOYAGE  on  (Jalicie  orientale  et  en  Hukovine, 
iS!t;  —  d'exploration;  Délégation  donnée  à 
M.  Volkov,  28(i. 


ERRATUM.  -  P.  2(i7  :  Reporter  le  dernier  alinéa  à  la  paye  m  pour  continuer  farticlo 
La  pnmilirc  Egypte  el  sfs  rar,'s,  du  même  auteur. 


soc.  d'anthrop.  190o. 


33 


H  U  L  L  E  T  I  NS 

KT  MÉMOIRKS 

DE   LA   SOCIÉTÉ 

D'ANTHROPOLOGIE 

DE    PARIS 


y,  Imp.  Lalfray  lils  &  gendre 


BU  LLETl NS 


ET  MEMOIHKS 


DE    LA 


f  r 


SOCIETE  D'ANTHROPOLOGIE 


DE    PARIS 


TOMI-:  si:itii:mk.  —  v--  si:iîiI' 


1906 


I>\111S-YI^ 

A    LA    SOCIÉTÉ    d'aSTHROPOLOGIE.    RUH    DE    l"ÉCOLE-DE-MÉDECINE,    I3 
ET    CURA    \l\\.     MASSO.X    FT     CK'j     I.IItnAIRCIS    DE     l'aCADÊHIE     I»E     MÉDECI.VE 

120,    BOULEVARD   SAl.NT-t.EB.MAIN 
19  0  0 


SOCIiriK    D'ANTHROPOLOGIE 

1)1-:  l'Aïus 

(fondée  en  1859,  RKCONXiE  d'utilité  publique  en  1864) 
15,  rue  de  l'École-de-Médecine,  15 

STATUTS 


TITRE  PREMIER.  —  but  et  organisatkjn  de  la  socIl':T^';. 

Akticlr  i"'.  —  La  Société  il'Antliropologie  de  Paris  a  pour  init  l'étude 
bcieiitilique  des  races  humaines. 

Akt.  2.  —  Elle  se  compose,  on  nombre  illimité,  de  membres  titulaires  de 
meiubres  honoraires,  de  membres  associés  étrani^jers  et  de  corresponcUmls. 

Aui".  ."1  —  Tous  les  membres  et  correspoinhinfs  de  la  Société  sont  nommés 
par  voie  d'élection,  sur  la  prop(jsition  de  trois  membres,  sauf  l'exception 
indiquée  à  l'article  11. 

Akt.  4.  —  Un  Comité  central  do  trente  membres,  se  recrutant  lui-même 
par  voie  d'élection  parmi  les  membres  titulaires,  est  chargé  de  veiller  aux 
intérêts  matériels,  moraux  et  scientifiques  de  la  Société.  Les  membres  du 
Comité  central  peuvent  seuls  voter  sur  les  modiflcations  des  statuts  et 
règlement.  Les  menil)res  du  Bureau  et  de  la  Commission  de  publication  ne 
peuvent  être  choisis  que  parmi  les  meml)res  du  Comité  central. 

Akt.  5  '.  —  Le  Bureau,  élu  par  la  Société  en  séance  publique,  se  compose 
d'un  président,  de  deux  vice-présidents,  d'un  secrétaire  général,  d'un  secré- 
taire général  adjoint,  de  deux  secrétaires  annuels,  d'un  archiviste,  d'un 
trésorier  et  d'un  conservateur  des  collections.  La  Commission  de  publica- 
tion se  compose  de  trois  membres.  Tous  ces  fonctionnaires  sont  élus  pour 
un  an,  à  l'exception  du  secrétaire  général,  dont  les  fonctions  sont  trien- 
nales. Tous  sont  rééligibles,  à  l'exception  du  président,  qui  ne  peut  être 
réélu  qu'après  une  année  d'intervalle. 

AiiT.  6.  —  La  Société  est  représentée  par  le  Bureau. 

TITRE  II.  —  CANDIDATURES  ET  NOMINATIONS. 

Art.  7.  —  Los  titres  de  membre  titulaire  et  de  correspondant  national  ne 
peuvent  être  conférés  qu'aux  personnes  qui  ont  fait  acte  de  candidature. 
Les  membres  honoraires,  les  associés  et  correspondants  étrangers  peuvent 
'  ire  nommés  directement  par  la  Société. 

Art.  8.  —  Les  conditions  à  remplir  jtour  devenir  membre  titulaire  ou 
pour  obtenir  le  titre  de  correspondant  national  sont  ;  1°  d'être  présenté  par 
trois  membres,  f[ui  inscrivent  leur  proposition  sur  le  grand  registre  et  y 
apposent  leur  signaturo;  2"  d'adresser  an  président  une  demande  écrite; 
3°  d'obtenir  au  scrutin  secret  la  majorité  des  sulTrages  des  membres  présents. 
Ce  scrutin  a  lieu  dans  la  séance  qui  suit  l'inscription  de  la  candi<lature. 

Art.  9.  —  Les  associés  étrangers  et  les  correspondants  étrangers  sont 
nommés  individuellement  et  au  scrutin  secret,  à  la  demande  de  trois  mem- 
bres, qui  inscrivent  leur  proposition  sur  le  grand  registre  et  y  apposent  leur 
signature.  Le  scrutin  a  lieu  à  la  majorité  absolue  des  membres  présents, 
dans  la  séance  qui  suit  l'inscription  de  la  candidature. 

■  Modifié  couforméruent  au  décret  du  2  octobre  iUGl. 


VI  STATUTS 

Art.  10.  —  Tout  membre  ayant  ronipli,  pendant  cinq  ans  au  moins,  les 
fonctions  de  membre  du  Comité  central  (ou  de  niem})re  titulaire,  antérieure- 
ment à  la  création  du  (lomité  i-entral,  et  ayant  fait  partie  de  la  Société 
pendant  dix  ans  au  moins  en  qualité  do  nieniltre  titulaire,  (ou  de  meml)re 
associé  national,  antérieurement  à  la  création  du  Comité  ct',ntral),  pourra, 
sur  sa  demande,  être  élu  membre  lionoraire,  en  séance  publique,  à  la 
majorité  absolue  des  meml)res  présents.  11  cessera,  dés  lors,  d'être  soumis  à 
la  cotisation  en  continuant  à  jouir  de  tous  les  droits  des  membres  titulaires 
et  à  recevoir  gratuitement  toutes  les  publications  de  la  .Société. 

Aht.  11.  —  La  Société,  sur  la  proposition  de  cinq  membres,  confère  direc- 
tement le  titre  de  meml»re  bonoraire  à  des  savants  })ris  hors  de  son  sein, 
et  ayant  rendu  des  services  éminents  à  la  science.  Les  présentateurs  ins- 
crivent leur  proposition  sur  le  grand  registre  et  y  apposent  leur  signature. 
L'élection  a  lieu  à  la  majorité  altsolue  des  membres  présents,  dans  la  séance 
qui  suit  l'inscription  de  la  condidature. 

TITRE  IIL  —   ADMINISTRATION. 

Art.  12.  —  Les  ressources  de  la  Société  se  composent  : 

lo  Du  revenu  des  biens  et  valeurs  de  toute  nature  appartenant  à  la 
Société  ; 

2"  Du  droit  d'admission  pour  les  membres  titulaires  et  pour  les  corres- 
pondants nationaux.  Ce  droit  est  fixé  à  20  francs; 

3"  De  la  cotisation  payée  par  tous  les  memlires  titulaires,  résidants  ou 
non  résidants.  Le  montant  en  est  Jixé  par  la  Société,  suivant  ses  besoins; 

40  Des  amendes  encourues  suivant  qu'il  sera  statué  par  le  règlement; 

5°  Du  produit  des  publications; 

6°  Des  dons  et  legs  que  la  Société  est  autorisée  à  recevoir; 

7°  Des  subventions  qui  peuvent  lui  être  accordées  par  l'Etat. 

Art.  13.  —  Les  fonds  libres  sont  placés  en  rentes  sur  l'Etat. 

Art.  14.  —  Les  délibé>rations  du  Comité  central  relatives  à  des  aliénations, 
acquisitions  ou  échanges  d'immeubles  et  à  l'acceptation  de  dons  ou  legs, 
sont  subordonnées  à  l'approbation  du  gouvernement.  Elles  ne  peuvent  être 
prises  qu'après  une  convocation  spéciale,  et  à  la  majorité  des  deux  tiers  des 
membres  du  Comité  qui  assistent  à  la  séance. 

AuT.  15.  —  Les  livres,  ])rocliures,  cartes,  crânes,  plâtres,  pièces  d'ana- 
tomie,  objets  d'art  et  d'industrie,  dessins,  photographies,  etc.,  qui  composent 
les  collections  de  la  Société,  ne  peuvent,  en  aucun  cas,  être  vendus;  mais  la 
Société  pourra  compléter  son  musée  par  voie  d'échanges.  Ces  échanges  ne 
pourront  porter  que  sur  des  objets  possédés  à  plusieurs  exemplaires.  Ils  ne 
pourront  avoir  lieu  qu'entre  le  musée  de  la  Société  et  d'autres  musées 
d'une  importance  reconnue,  et  ils  devront  toujours  être  indiqués  sur  le 
catalogue. 

TITRE  IV.  —  DISPOSITIONS  générales. 

Art.  16.  —  La  Société  s'interdit  toute  discussion  étrangère  au  but  de  son 
institution. 

Aht.  17.  —  Un  règlement  particulier,  soumis  à  l'approbation  du  ministre 
de  l'instruction  publique,  détermine  les  conditions  d'administration  inté- 
rieure et,  en  général,  toutes  les  dispositions  de  détail  propres  à  assurer 
l'exécution  des  statuts. 

Art.  18.  —  Nul  changement  ne  peut  être  apporté  aux  statuts  qu'avec 
l'approbation  du  gouvernement. 

Art.  19.  —  En  cas  de  dissolution,  il  sera  statué  par  la  Société,  convo- 
quée extraordinairement,  sur  l'emploi  des  biens,  fonds,  livres,  etc.,  apparte- 
nant à  la  Société;  toutes  les  pièces  du  musée  deviendront  de  droit  la  pro- 
priété du  Muséum  d'histoire  naturelle,  à  moins  que  la  Société  n'en  dispose, 
par  un  vote  régulier,  en  faveur  d'un  autre  établissement  public  ou  d'une 
société  reconnue  par  l'Etat.  —  Dans  cette  circonstance,  la  Société  devra 
toujours  respecter  les  clauses  stipulées  par  les  donateurs  en  prévision  du 
cas  de  dissolution. 


REGLEMENT  Vil 

RÈGLEMENT 

I  Hrvisi'  ni    r.KlIi 


Tri'IlI!    PREMIP'R.  —    DES  SÉANCES   PUBLIQUES. 

AitTif.i.K  l''"".  —  Les  séuiH't's  publiques  ont  lieu  le  premier  et  le  troisième 
jeudi  de  chaque  mois,  de  trois  à  ciiK]  lifures  de  l'après-midi.  Il  pourra  être 
tenu  des  séances  extraordinaires  sur  la  proposition  du  Bureau  et  [»ar  ilèci- 
sion  de  la  Société. 

Aht.  •*.  —  La  périodicité  des  séances  pourra  être  climi^rée  par  une  simple 
décision  de  la  Société,  à  la  majorité  absolue  des  membres  présents.  [>ourvu 
■  jue  la  Société  en  ait  été  prévenue  une  séance  à  l'avance  par  son  président, 
t  que  tous  les  membres  aient,  en  outre,  été  convoqués  à  domicile. 

Akt.  3.  —  La  Société  prend  ctiaque  année  deux  mois  de  vacances,  en 
loût  et  septembre 

TITIUI    II.   —  FONCTION    DU    BUREAU. 

Art.  4.  —  Le  président  dirige  les  séances,  proclame  les  décisions  de  la 
Société  et  les  noms  des  membres  élus  et  nomme,  après  avoir  pris  l'avis  du 
Bureau,  les  commissaires  chargés  des  rai)ports  et  des  travaux  scienlificjues. 

Aht.  5.  —  En  l'absence  du  président  et  des  vice-présidents,  le  plus 
ancien  membre  préside  la  séance. 

Art.  6.  —  Le  secrétaire  général,  élu  pour  trois  ans  et  rééligible,  re»^oit, 
dépouille  et  rédige  la  correspondance.  11  prépare  l'ordre  du  jour  des  séances 
lie  concert  avec  le  président.  11  a  la  parole  immédiatement  après  l'adoption 
du  procès- verbal,  pour  communiquer  à  la  Société  les  i)iècos  de  la  corres- 
pondance. Il  est  chargé  de  la  publication  des  Bulletins  el  Mémoires  sous 
la  direction  du  Comité  de  publication,  avec  le  concours  des  secrétaires 
animels.  Il  est  adjoint  de  droit  à  la  Commission  de  publication  et  tous  les 
travaux  destinés  à  cette  Commission  sont  d'abord  déposés  enire  ses  mains. 
Il  est  suppléé  dans  ces  dilïérentes  fonctions  par  le  secrétaire  général  adjoint. 

Art.  7.  —  Les  secrétaires  sont  chargés  de  la  rédaction  des  procès-ver- 
baux. Pour  concourir  à  cette  rédaction  des  procès-verbaux,  la  Société 
pourra  élire,  en  dehors  du  Comité  central,  deux  secrétaires  adjoints  piùs 
parmi  les  membres  qui,  étant  titulaires  pendant  plus  d'une  année,  ont  fait 
à  la  Société  une  communication  scientifique. 

Art.  8.  —  L'archiviste  est  chargé  de"la  conservation  des  manuscrits,  des 
dessins,  des  livres  et  gravures,  des  paquets  cachetés,  des  lettres  adressées 
\  la  Société.  Il  date  et  paraphe  toutes  ces  pièces  le  jour  de  l«ur  réception. 
Les  pièces  anatomiques,  les  moules  et  tons  les  objets  olïerls  à  la  Société 
ou  acquis  par  elle  sont  mis  sous  la  garde  du  conservateur  des  coUectioiis. 
Tous  deux  dressent  un  catalogue  et  un  inventaire  des  objets  de  tout  genre 
qui  leur  ont  été  coniiés  et  en  rendent  compte  tous  les  aus  à  une  Commission 
spéciale. 

Art.  9.  —  Le  trésorier  reçoit  le  montant  des  cotisations  et  des  droits 
d'admission,  tient  toutes  les  écrilun-s  ndutives  à  la  comptabilité,  signe,  de 
concert  avec  le  président,  les  baux  et  les  bordereaux  des  dépenses,  solde  les 
frais  de  publication,  touche  chez  les  libraires  le  proiluit  de  la  vente  des 
Bullelins  el  Mémoires,  et  rend,  chaque  année,  compte  de  sa  gestion  à  une 
Commission  spéciale. 

TITRE  III.  —  DU  COMITÉ  central. 

Art.  10.  —  Les  questions  administratives,  personnelles,  règlcinontaiies 
et  eu  général  toutes  les  questions  qui  ne  sont  pas  purement  scientifiques. 


VIII  HKr.r.KMKNT 

exception  faite  de  celles  qui  sont  mentionnées  dans  les  arlicles  32,  *iS  et  7'i, 
sont  examint'es  et  résolues  dans  les  séances  du  tloinité  central. 

Aht.  11.  —  Les  réunions  ilu  Comité  ne  sont  pas  puhli(iues,  et  n'ont 
jamais  lieu  le  même  jour  <]ue  les  séances  de  la  Société.  lOllessont  annoncés 
liuit  jours  à  l'avance  par  le  président,  en  séance  publique.  Les  membres 
du  Comité  sont  en  outre  avertis  à  domicile.  Tous  les  membres  de  la  Société 
ont  le  droit  d'assister  à  ses  réunions. 

Aht.  12.  —  Les  membres  du  (lomité  central  qui,  sans  justifier  de  leur 
absence,  manqueront  à  quatre  séances  consécutives  du  Comité,  seront 
considérés  comme  ne  faisant  plus  partie  du  Comité.  Celte  dispo.sition  ne 
concerne  pas  les  anciens  présiaents  de  la  Société. 

AuT.  13.  —  Dans  ces  réunions,  tous  les  membres  de  la  Société,  indis- 
tinctement, ont  toujours  voix  consultative.  Les  membres  du  Comité  seuls 
ont  voix  délibérative. 

Aht.  14.  —  Le  bureau  ilu  Comité  est  le  même  que  celui  de  la  Société. 
Toutefois,  le  Comité  |iourra,  à  la  demande  des  secrétaires,  charger  un  de 
ses  membres  de  rédiger  les  procès-verbaux  de  ses  séances. 

Art.  15.  —  Les  procès-verbaux  des  séances  du  Comité,  n'étant  pas  des- 
tinés à  être  publiés,  sont  transcrits  par  les  soins  du  secrétaire  sur  un 
registre  spécial  ijui  reste  toujours  déposé  dans  les  archives. 

Art.  10.  —  Les  séances  du  Comité  ont  lieu  régulièrement  :  1°  en  janvier, 
dans  la  quinzaine  qui  suit  la  séance  d'installation  du  Bureau;  2"  dans  la 
première  quinzaine  d'avril;  S°  dans  la  première  quinzaine  de  juillet; 
4°  dans  la  première  quinzaine  de  novembre. 

Art.  17.  —  Le  Bureau  a  en  outre  le  droit  de  provoquer  une  réunion  du 
Comité,  toutes  les  fois  qu'il  le  juge  nécessaire. 

Art.  18.  —  Lorsqu'une  ou  plusieurs  places  sont  vacantes  dans  le  sein  du 
Comité,  le  Comité  nomme  une  (Commission  de  cinq  membres  chargée  de  lui 
présenter  une  liste  de  candidats.  Les  personnes  portées  sur  cette  liste 
devront  appartenir  à  la  Société  depuis  au  moins  un  an  en  qualité  de  mem- 
bres titulaires. 

Art.  19.  —  La  présentation  de  cette  liste  doit  être  motivée  par  un  rapport 
écrit  qui  est  lu  et  discuté  séance  tenante.  Le  vole  suit  immédiatement  la 
discussion,  et  l'élection  a  lieu  à  la  majorité  absolue  des  membres  qui  y 
prennent  part.  Mais  elle  n'est  valable  que  lorsque  le  candidat  élu  obtient 
au  moins  douze  voix. 

Art.  20  —  Le  Comité  peut  élire  plusieurs  membres  dans  la  même  séance 
et  à  la  suite  du  même  rapport.  Ces  élections,  qui  ont  lieu  par  scrutins  suc- 
cessifs et  individuels,  ne  peuvent  dépasser  le  nombre  de  trois  dans  la  même 
séance. 

Art.  21.  —  Le  Comité  central  nomme  chaque  année  une  Commission 
permanente  de  cinq  membres,  qui  est  chargée  d'examiner  les  candidatures 
au  titre  de  correspondant  étranger  ou  d'associé  étranger.  Avant  d'inscrire 
une  de  ces  candidatures  sur  le  grand  registre,  les  présentateurs  doivent  sou- 
mettre à  cette  Commission  les  titres  anthropologiques  ou  autres  de  leur  can- 
didat. Le  jour  de  l'élection,  le  président  de  la  Commission  annonce,  avant 
le  scrutin,  que  la  candidature  est  présentée  avec  ou  sans  l'appui  de  la  Com- 
mission. 

Art.  22.  —  Cette  Commission  est  chargée  en  outre  d'étudier  la  liste  des 
membres  étrangers  au  point  de  vue  des  changements  d'adresse,  des  va- 
cances par  décès  ou  par  démission,  et  des  lacunes  à  combler,  suivant  les 
besoins  de  la  Société. 

Art.  23.  —  Les  résultats  des  séances  du  Comité  sont  annoncés  par  le 
président  dans  la  plus  prochaine  séance  de  la  Société,  soit  publiquement, 
soit  eu  Comité  secret,  et  sont  consignés,  s'il  y  a  lieu,  dans  les  Bulletins  et 
Mémoires.  Cette  communication  ne  peut  donner  lieu  à  aucune  discussion. 

TITRE  IV.  —  RECETTES  ET  DÉPENSES 

Art.  24.  —  Le  droit  d'admission  est  fixé  à  20  francs  pour  les  membres 
titulaires  et  pour  les  correspondants  nationaux.  Les  membres  honoraii-es. 


REr.LEMENT  IX 

los  associps  ôtrangers  et  les  correspondants  (étrangers  sont  admis  t,M-atui- 
tetuent. 

Art.  ■,'."».  —  Lt!s  nuMulires  titulaires  fournissent  chaque  annét^  une  cotisa- 
tion «le  80  iranfs.  qui  jieut  f'fre  laclieti-e  par  le  versement  d'une  somme 
de  o(»0  francs  dont  le  paiement  pourra  être  elTectué  en  trois  anniiiiés  uon- 
si'ciilin's  de  10(1  francs.  Ils  reroivent  gratuitement  un  exem[>laire  de 
toutes  les  puldications  de  la  Sociidé.  f.es  memlires  nouvellement  l'-lus  ont 
droit  aux  fascicules  déjà  puldit'-s  des  liiiUclina  ci  Mémoires  de  l'aiint'ie. 

AuT.  2ij.  —  Le  recouvrement  des  cotisations  des  membres  titulaires  ijui 
ne  résident  pas  dans  le  département  de  la  Seine  s'etVectue  à  domicile  aux 
frais  de  la  Société.  Toutefois  les  membres  (jui  résident  hors  de  France  doi- 
vent désii,'ner  à  Paris  une  [jersonne  ciiargée  de  verser  leur  cotisation. 

AuT.  2/.  —  Tout  membre  qui  aura  laisse  écouler  une  année  sans  acijuil- 
ter  le  montant  de  ses  cotisations,  sera  averti  une  première  fois  par  le  tréso- 
rier, une  seconde  fois  par  le  président;  si  ces  avertissements  sont  sans 
elTet,  il  sera  considéré  comme  démissionnaire  et  perdra  ses  droits  à  la 
propriété  des  objets  appartenant  à  la  Société. 

Art.  28.  —  Les  memlires  iionoraires  élus  directement,  les  membres  as- 
sociés étranj,'ers  et  les  correspondants,  n'étant  soumis  à  aucune  cotisation, 
n'ont  aucun  droit  à  la  propriété  dos  objets  a|»partenant  à  la  Société. 

Aht.  2d.  —  Les  recettes  provenant  de  la  vente  des  publications  de  la 
Société  seront  encaissées  jjar  le  trésorier  aux  échéances  convenues  avec  les 
libraires  chargés  de  la  vente. 

Aht.  oO.  —  Les  frais  de  locations,  do  iiureau  et  d'administration  seront 
réglés  par  le  Bureau  et  acquittés  par  le  trésorier,  sur  le  visa  du  président. 

Art.  4i.  —  Les  frais  de  publication  sont  réglés  par  la  Commission  de 
publication  ;  ils  sont  acquittés  par  le  trésorier,  sur  le  visa  du  président. 

Art.  62.  —  Le  trésorier  présente  ses  comptes  dans  la  première  séance 
lie  février.  Une  Commission,  composée  de  trois  membres  tirés  au  sort, 
fait  un  rapport  écrit  sur  ces  comptes  dans  l'une  des  trois  séances  suivantes, 
en  comité  secret.  La  Société  vote  sur  le  rapport  et  le  président,  s'il  y  a 
lieu,  donne  ensuite  décharge  au  trésorier. 

Art.  33.  —  Dans  la  première  séance  de  février,  une  Commission  de  trois 
membres  tirés  au  sort  est  chargée  d'examiner  le  catalogue  de  tous  les  ob- 
jets dont  l'arcliivistc  et  le  conservateur  des  collections  sont  dépositaires. 

Cette  Commission  fait  son  rapport  dans  l'une  des  trois  séances  suivantes. 

TITRL    V.    —   l'UBUCATRJNS. 

Art.  '-'/i.  —  La  Société  publie  des  L'u/lalins  et  Ménioires  originaux. 

Art.  /JO.  —  Tous  les  mémoires  manuscrits  lus  ou  communiqués  à  la  So- 
ciété, tous  les  rapports  scientifiques  et  généralement  tous  les  travaux  qui 
ne  figurent  pas  dans  les  procès-vcrljaux  des  séances  seront  rerais  à  la 
Commission  de  publication. 

.\rt.  3G.  —  Les  Bulletins  el  Mémoires  sont  publiés  par  le  secrétaire  gé- 
néral, sous  la  direction  du  Comité  de  i)ublication,  avec  le  concours  des 
Necrétaires  annuels,  et  se  composent  :  1"  des  procès-verbaux  des  séances; 
".'•'  des  travaux  renvoyés  par  la  Commission  de  publication  pour  y  paraître 
textuellement,  ou  en  extraits,  ou  en  analyses. 

Aur.  37.  —  La  Commission  de  publication  se  compose  de  trois  membres 
élus  chacjue  année  au  scrutin  de  liste  et  à  la  majorité  absolue  des  votants. 
Ils  sont  rèéligibles  et  ne  i>euvent  faire  jiartie  du  Bureau  I^e  secrétaire  général 
est  adjoint  lie  droit  à  cette  Commission. 

-VRr.  .jX.  —  Cette  (Commission  dirige  la  publication  des  Itullelins  el  Mé- 
moires de  la  Société.  Ses  droits  sont  absolus  et  ses  décisions  sans  appel. 
Elle  décide,  ajourne  ou  refuse  l'impression  «les  travaux  qui  lui  sont  ren- 
voyés et  détermine  l'ordre  de  leur  publication;  elle  s'entend  avec  les  auteurs 
pour  les  modilicalions.  les  coupures  et  les  suppressions  qui  lui  paraiss«!nt 
iipportunes,  ou  pour  la  rédaction  des  extraits  qu'elle  juge  utile  de  puldier 
I  lu  place  «les  mémoires  primitifs. 

Art.  30.  —  Les  frais  de  gravure  ou  de  litliograpliie  et  généralement  tous 
les  frais  de  composition  supplémentaire  qui  ne  seront  pas  compris  dans 


\  RÈGLEMENT 

les  conventions  passées  avec  le  libraire  sont  snpportés  par  les  auteurs,  à 
moins  (jnn  la  Soi-iéto,  sur  la  proposition  de  la  < '.onimission  de  publication 
et  sur  l'avis  du  Irt'sorier,  ne  décide  qu'elb;  prend  ces  frais  à  sa  cliarge. 

AuT.  'lO.  —  Tous  les  travaux  im-dits  lus  ou  a<lressés  à  la  Sociélé  devien- 
nent sa  propriété  et  ceux  (jui  ne  sont  pas  i)ubliés  textuellement  sont  dé- 
posés aux  arcliives  avec  les  formes  ollicielles  destinées  à  en  déterminer  exac- 
tement la  date.  (leux  (jui  émanent  de  i)ersonnes  étrant,'éres  à  la  Société  ne 
peuvent,  en  aucun  cas,  être  repris  par  b's  auteurs.  Ceux-ci,  toutefois,  ont  le 
droit  d'en  faire  prendre  copie  aux  archives.  Les  planches,  dessins,  pièces 
anatomi(iues  ou  moules  peuvent  être  repris  par  ceux  qui  les  ont  présentés; 
mais  la  Société  se  réserve  le  droit  d'en   ronserver  la   copie,  la   photogra- 

f>hie  ou  la  reproduction  par  tout  autre  i»rocédé,  à  la  condition  de  ne  point 
es  détériorer. 

Anr.  41.  —  Tout  manuscrit  émanant  d'un  membre  de  la  Société  (jui  ne 
serait  pas  publié  dans  le  délai  d'un  an,  ou  dont  il  n'aurait  été  publié  «lu'un 
extrait,  ou  qui  serait  déposé  aux  archives,  sera  remis  à  l'auteur  sur  sa  de- 
mande. 

Art.  'i'2.  —  Les  auteurs  des  travaux  publiés  dans  les  Bulletins  et  Mé- 
utoires  reçoivent  gratuitement,  sur  leur  demande,  vingt-cinq  exemplaires 
d'un  tirage  à  part  sans  remaniement;  ils  ont  le  droit  de  faire  à  leurs 
frais  un  tirage  à  part  supplémentaire. 

TITRE  VL  —  COMMISSIONS  et  travaux  scientifiques. 

Art.  43.  —  Tout  travail  inédit  présenté  par  une  personne  étrangère  à  la 
Société  est  renvoyé  à  une  (Commission  de  trois  membres  désignés  par  le 
président,  sur  l'avis  du  iiureau  La  Commission  pourra,  suivant  l'impor- 
tance du  travail,  faire  un  rapport  verbal  ou  écrit;  mais  toutes  les  fois 
qu'elle  présentera  des  conclusions  soumises  au  vote  de  la  Société  il  fau- 
dra que  le  rapport  soit  écrit  et  signé  des  commissaires. 

Art.  'j4.  —  Quoique  les  Commissions  ordinaires  ne  se  composent  que  de 
tro  s  membres,  on  [)eut,  si  on  juge  utile,  adjoindre  un  ou  plusieurs  mem- 
bres de  plus  à  certaines  Commissions. 

Art.  45.  —  Les  ouvrages  imprimés  adressés  à  la  Société  sont  renvoyés  à 
une  Commission,  si  les  auteurs  en  font  la  demande;  dans  le  cas  contraire, 
le  renvoi  à  une  Commission  est  facultatif,  et  le  président  peut  ne  désigner 
qu'un  seul  commissaire. 

Art.  46.  —  Dans  toute  Commission  scientifique,  les  pièces  sont  remises 
au  commissaire  nommé  le  premier.  Il  en  accuse  réception  sur  un  registre 
spécial  dont  l'archiviste  est  ilépositaire  et  c'est  lui  qui  est  chargé  de  con- 
voquer la  Commission.  11  garde  le  travail  pendant  huit  jours  pour  en  pren- 
dre connaissance,  après  quoi  il  le  transmet  à  ses  deux  collègues,  qui  ont  éga- 
lement huit  jours  ciiacun  pour  prendre  connaissance  du  travail.  Au  bout 
de  trois  semaines,  la  Commission  se  réunit  et  désigne  son  rapporteur.  La 
durée  des  préliminaires  ne  pourra  être  aljrégée  que  pour  les  rapports  d'ur- 
gence, sur  l'invitation  du  président. 

Art.  47.  —  Les  commissaires  en  retard  seront  avertis  tous  les  trois 
mois  par  le  président. 

TITIIE    VIL    —    DÉLÉGATIONS    SCIENTIFIQUES. 

Art.  48.  — La  Société,  pour  faciliter  les  recherches  en  pays  étrangers,  peut 
confier  de-;  missions  temporaires  à  des  voyageurs  nationaux  ou  étrangers, 
qui  reçoivent  à  cet  effet  des  délégations  spéciales  sur  parcliemin.  Ces  délé- 
gations, essentiellement  différentes  des  diplômes  de  correspondants,  indi- 
quent la  date,  la  durée  et  la  nature  de  la  mission.  Elles  portent  la  signa- 
ture du  président  et  du  secrétaire  général,  Leur  durée  sera  déterminée 
d'après  la  nature  de  la  mission. 

Elles  sont  renouvelables. 

Art.  'iO.  —  Nul  ne  [leut  obtenir  une  nouvelle  délégation  avant  d'avoir 


HKiiLEMENT  XI 

coinumiii-im'"  ou  transmis  à  la  Socioti;  les  résultats  scieiititiques  dp  la  dé- 
It'^'atiuii   |)n''L'i'(leiite. 

Akt.  "iO  —  Toute  personne  qui  désire  obtenir  une  délectation  doit  f-n faire 
la  demande  écrite  et  être  présentée  par  trois  nieniljresde  la  Société,  qui  ins- 
oriveat  la  proposition  sur  un  rej^Mstre  spécial. 

La  Société  peut  voter  sé;inc»^  ti-nante  sur  cette  proposition. 

Akt  51.  —  l-.n  cas  d'urgence  motivée  par  le  prompt  départ  du  voya- 
C'fur  et  par  ridoigncinent  de  la  première  séance,  le  Bureau  peut  donner  une 
délégation  dont  la  durée  n'e.xcéde  pas  un  an. 

Aux.  •>{.  —  Le  Comité  central  pourra  décerner  des  médailles  aux  per- 
-onnes  qui  se  seront  aciiuiltées  de  leurs  missions  à  la  satisfaclinii  (le  la  So- 
ciété. 

TITRE    VIII.    —  ORDKE   DES    SÉANCES. 

Art.  53.  —  L'ordre  du  jour  est  réglé  par  le  président,  après  avis  du  se- 
crétaire général.  Ni-anmoins.  sur  la  proposition  de  trois  membres,  la  So- 
liété  peut  modifier  cet  ordre  du  jour. 

.^HT.  5'i.  —  Toute  personne  étrangère  à  la  Société  peut  s'inscrire  pour 
une  lecture  ou  une  communication  orale. 

AiiT.  55.  —  Les  personnes  étrangères  à  la  Société,  ne  pouvant  obtenir 
la  parole  sur  la  rédaction  du  procès- verbal,  seront  toujours  invitées  à  ré- 
sumer elles-mêmes  par  écrit  leurs  communications  orales  et  à  remet- 
tre, dans  un  délai  de  3  jours,  leurs  notes  au  secrétaire.  Si  elles  ne  ré- 
pondent pas  à  cette  invitation,  elles  ne  seront  admises  à  élever  aucune 
réclamation  sur  la  manière  dont  le  secrétaire  aura  rendu  dans  son  procès- 
verbal  leurs  paroles  ou  leurs  o[)inions.  Le  secrétaire  aura  même  le  droit  de 
ne  faire  aucune  mention  de  leurs  communications. 

-Vkt.  5«j.  —  lies  lectures  et  conmiunications  émanant  de  membres  de  la 
Société  sont  discutées  immédiatement,  ainsi  (jue  les  rapports.  Lorsqu'il  y 
a  des  conclusions  à  voter,  le  rapporteur  a  le  droit  de  prendre  la  parole 
le  dernier. 

Aht.  57.  —  La  parole  est  accordée,  dans  le  cours  d'une  discussion,  à  tout 
membre  qui  la  demande  pour  rétablir  la  question,  pour  proposer  la  cl<Hure 
ou  l'ordre  du  jour  pour  un  fait  personnel. 

Art.  58.  —  Le  président  rappelle  à  l'ordre  quicoufiue  dépasse  les  limites 
«les  discussions  scientifiques,  et  à  la  «juestion  tout  orateur  qui  s'éloigne  de 
l'objet  de  la  discussion. 

Art.  50.  —  Le  prési<lent  ne  peut,  de  sa  propre  autorité,  interrompre 
ou  terminer  une  discussion,  proposer  la  clôture  ou  l'ordre  du  jour;  il  ne 
peut  consulter  la  Société  à  cet  égard  (jue  si  la  clôture  ou  l'ordre  du  jour, 
proposé  par  un  membre,  est  appuyé  par  deux  autres  membres  au  moins. 
Toutefois,  dans  le  cas  où  l'ordre  ne  pouiTaitêtre  rétabli,  le  président,  après 
avoir  consulté  le  Bureau,  a  le  droit  de  lever  la  séance. 

TlTl'iL  IX.  —  élection  du  bureau  et  des  commissions. 

Art.  00.  —  La  Société  renouvelle  son  Bureau  dans  la  première  séance 
de  décembre,  par  voie  d'élection,  conformément  à  l'article  8  des  statuts.  Le 
nouveau  Bureau  entre  en  fonctions  dans  la  première  séance  de  janvier. 

.Vnr.  01.  —  Les  élections  du  Bureau  et  de  la  (commission  de  publication 
ont  lieu  à  la  majorité  absolue  des  volants.  Tous  les  membres  titulaires  sont 
appelés  à  prendre  part  au  vote. 

Anr.  0-2  —  Tout  membre  titulaire,  qu'il  réside  à  Paris  ou  liabite  la  pro- 
vince ou  l'étranger,  peut  voter  soit  en  déposant  son  bulletin  dans  l'urne, 
soitpar  correspondance,  suivant  les  furn'es  indiquées  dans  les  articles  64 
et  6o. 

Art.  O;;.  —  Le  Comité  central,  dans  sa  réunion  de  novembre,  dresse  la 
liste  des  candidats  (ju'il  propose  pour  les  diverses  fonctions. 

Art.  6'i.  —  Cette  liste,  avant  d'être  envoyée  à  tous  les  membres  titu- 


Xn  REGLEMENT 

laires,  est  communiqut''0  k  la  Socirté  par  lo  président,  dans  la  seconde 
séance  de  novenilire.  Toute  candidaluro  proposée  par  cinq  membres  est  de 
droit  ajoutée  à  la  listi-,  jjourvu  qu'elle  soit  conforme  à  l'article  4  des  statuts, 
et  transmise  au  secrétaire  p;éneral  dans  les  trois  jours  qui  suivent  cette 
séance  ))uMique. 

Aux.  Oô.  —  Au  terme  de  ces  trois  jours,  le  secrétaire  {général  adresse  à  tous 
los  momhres  titulaires  une  circulaire  renfermant  ;  l"  les  articles  flu  réj^de- 
mtMit  relatifs  aux  élections;  iJ"  la  liste  «les  candidats  proi)Osés  par  cinq 
membres:  8°  l'indication  du  jour  on  le  scmtin  sera  dépouillé;  'i"  un  bulle- 
tin de  vote  imprimé,  sur  lequel  les  diverses  fonctions  vacMUtcs  sont  énu- 
niérées;  5"  une  enveloppe  imprimée  et  numérotée,  dans  huiuelle  lebulietin, 
if-mpli  et  non  si^jné,  doit  être  renvoyé  au  secrétariat. 

A  ni-  r,(3.  —  i_,e  jour  du  scrutin,  le  président  tire  au  sort,  parmi  les  mem- 
bres présents,  le  nom  d'un  commissaire  scrutateur.  Ce  commissaire  dicte 
aux  secrétaires  les  numéros  d'ordre  des  enveloppes.  Lorsque  l'énuméralion 
est  terminée  et  qu'il  est  constaté  quels  sont  les  membres  qui  ont  voté,  le 
scrutateur  décacheté  et  dépose  un  à  un  les  bulletins  dans  l'une.  Les  mem- 
bres présents,  qui  n'ont  pas  voté  par  correspondance  déposent  ensuite  direc- 
tement leur  vote  dans  l'urne.  Le  président  procède  alors  au  dépouillement 
du  scrutin  suivant  les  formes  ordinaires. 

Art.  07.  —  Les  candidats  qui  obtiennent  la  majorité  absolue  des  suffrages 
exprimés  sont  déclarés  élus.  Les  billets  blancs  sont  annulés. 

Art.  68.  —  Lorsque,  pour  une  ou  plusieurs  fonctions,  il  n'y  a  pas  eu  de 
majorité  absolue,  un  scrutin  de  ballotage  a  lieu  dans  la  seconae  séance 
de  décembre.  Dans  les  cinq  jours  qui  suivent  la  première  séance  de  décem- 
bre, il  est  adressé  à  tous  les  membres  titulaires  une  nouvelle  circulaire  les 
invitant  à  opter,  pour  chaque  fonction  vacante,  entre  les  deux  candidats 
qui  ont  réuni,  au  premier  tour,  le  plus  grand  nombre  de  sufTrajres.  Le 
nombre  de  voix  obtenu  par  chacun  des  deux  candidats  est  indiqué  sur  la 
circulaire.  En  cas  de  partage,  l'ancienneté  de  titre  d'abord,  ensuite  l'an- 
cienneté d'âge,  décident  entre  les  deux  candidats. 

TITRE    X.  —  COMITÉS  SECRETS. 

Art.  69.  —  Sauf  le  cas  d'urgence  absolue,  le  Comité  secret  est  annoncé 
une  séance  à  l'avance  par  le  président,  et  annoncé  do  nouveau  par  lui  im- 
médiatement après  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  du  jour. 

Art.  70.  —  Les  Comités  secrets  commencent  à  quatre  heures  et  demie. 
Les  décisions  y  sont  prises  à  la  majorité  absolue  des  votants  et  sont  vala- 
bles, quel  que  soit  le  nombre  des  membres  qui  prennent  part  au  vote,  sauf 
l'exception  indiquée  dans  l'article  74. 

Art.  7L  —  Lfs  (Comités  secrets  peuvent  être  provoqués  de  deux  maniè- 
res :  1"  par  le  président  au  nom  du  Bureau;  2"  sur  la  proposition  de  cinq 
membres  de  la  Société  qui  en  font  au  président  la  demande  écrite,  en 
indiquant  l'objet  de  leur  proposition.  Le  président,  après  avoir  pris  l'avis 
du  Bureau,  accorde  ou  refuse  le  Comité  secret;  dans  ce  dernier  cas,  les  mem- 
bres signataires  de  la  demande  peuvent  faire  appel  à  la  décision  du  Bu- 
reau de  la  Société. 

Art.  72.  —  S'il  arrive  (ju'une  circonstance  grave  paraisse  de  nature 
à  motiver  l'examen  de  la  conduite  d'un  membre,  la  Société  pourra  lui  de- 
mander des  explications  et  prononcer  son  exclusion.  Mais  cette  mesure 
ne  l'ourra  être  prise  que  de  la  manière  suivante  :  1°  une  demande  motivée 
sera  déposée  sur  le  bureau  et  réclamera  en  même  temps  un  Comité  secret, 
qui  ne  peut  avoir  lieu  moins  de  liuit  jours  après  et  qui  est  précédé  d'une 
convocation  spéciale;  2''  le  jour  du  (lomité  secret,  le  membre  visé  est  ap- 
pelé à  donner  des  explications  (jui  lui  sont  demandées,  et  il  a  toujours  le 
droit  de  parler  le  dernier.  Il  se  retire  ensuite,  et  la  Société  délibère.  Le  vole 
n'est  valable  que  s'il  réunit  les  deux  tiers  des  sutTrages  exprimés. 


RÈGLEMENT  \III 


TITRE    XI.    —    REVISION    DU    RÈGLEMENT. 

AuT.  73.  —  Touto  proiiositioii  tiMiduiit  à  roviser  1»;  ivi^'lomeiit  devra  ^tre 
-itîiK'e  par  cinq  ineninres  au  moins,  dt-posc'-e  sur  le  bureau  et  renvoyée  au 
(lomité  central  ([ui  la  fait  oxaniinor  par  une  Commission,  (letto  Commis- 
sion fait  son  rapport  et  la  pro])Osition  est  discutt'o  immédiatement  après; 
tous  les  membres  tle  la  Société  peuvent  prendre  part  à  cette  discussion; 
mais  les  membres  du  Comité  seuls  sont  ajipelés  à  voter  sur  la  modilication 
proposée,  ainsi  qu'il  est  dit  en  l'article  4  des  statuts.  'J'ous  les  membres  du 
Comité  doivent  être  convoqués  à  domicile. 

A  HT.  74.  —  Par  exception  aux  dispositions  précédentes,  la  revision  des 
articles  1  et  3  du  règlcraeut  s'effectuera  suivant  les  règles  indiquées  en  l'ar- 
ticle 2. 


LISTE  l)i:S  MKMHIŒS 


ANNEE  1906 


ABRÉVIATIONS  :    Hon.,  membre  honoraire.  —  Ae,  associé  étranger. 

Ce,  correspondant  étranger.  —  Cn.  correspondant  national.  —  T,  membre  titulaire. 

—  T  R,  cotisation  rachetée. 


Albert  I^r  de  Monaco  (S.  A.  S.  le  Prince),  Gorre.'ip.  de  l'Inst.  —  10,  avenue 

du  Trocadéro,  Paris,  XVI.  —  18^3.  T. 
Alezais  (Henri),  D  M,  Clief  des  trav.  anatom.  à  l'Ec.  de  Médecine  —  3,  rue 

d'Arcole,  Marseille  (B.-du-Rh.)  —  1886.  T. 
Almeras  (J.-J.),  D  M,  ex-Gliirurg.  en  chef  de  l'Hôp.  d'Etampes  —25,  route 

d'Harfleur,  Montivilliers  (Seine-Inf.)  —  1862.  T. 
Amar  (Jules),  Lie.  es-sc.  —  62,  boulevard  St-Germain,  Paris,  V.  —  1903.  T. 
Ambrosetti  (Juan  B.),   à  l'Institut  géogr.  —  Buenos-Aires  (Rép.  Arg.)  — 

1899.  Ce. 
Andrian-Wekburg  (Freih.  Ferdinand  von),  Priisident  der  Wiener  Anthro- 

polog.  Gesellsc.  —7,  Burgring,  Wien,  I  (Autriclie)  —  et  villa  Mondigu- 

ren,  Nice  (Alpes-Maritimes).  —  1901,  Ae. 
Anoutghine  (Dmitri  N.),   Prof.  d'Anthropologie  —  Musée  polytechnique, 

Moscou  (Russie).  —  1893.  Ae. 
Anthony  (Raoul),  D  M,  Prép.  au  Muséum  d'Hist.  nat.  —    13,  rue  Ghevert, 

Paris,  VII.  —  1899.  T. 
Antonowitgh  (Wladimir),  Prof,  à  TUniv.  —  Kiev  (Russie).  —  1899.  Ae. 
Aranzadi    (Telesforo  de),  DM,  Gatedratico  en  la  Faculdadde  Farmacia  — 

Barcelona  (Espagne).  —1893.  T. 
Arbo  (G.  O.  E  )  D  M,  Brigadliikare  —  55  bis,  Munkedamsvei,  Ghristiania 

(Norwége).  -  1880.  Ce. 
Aristoff,  Médecin  de  la  marine  russe.  —  1893.  Ae. 
Arnaud  (F.),  Notaire,  Gorresp.  du  Min.   de  l'Inst.  Pul)l.  —  Barcèlonnette 

(Basses-Alpes.  -  1888.  T.  ' 


'  MM.  les  Membres  de  la  Société  sont  priés  de  vouloir  bii.'ii  signaler  au  Secrétariat 
lys  lacunes  ou  inexactitudes  relatives  aux  noms,  prénoms,  professions  et  adresses. 


LISTE    DES    MEMBRE!^  XV 

Aj^pemn  (Prof.  Jolian-R.)  —  Ilelsinu'fors  (Finlan.le).  —  1H',>0.  Ae. 

Atoier  (Kiiiilo),  Mc'd.  (le  la  Poudrerie  Nationale.  —  20,  rue  de  l'aris,  Li.vry 

(Seine  etoise).  —  187S.  T. 
AuBERT (Louis),  Mêd.-maj.  de  P«  cl  ,  Hiip mil.  Villt-iiianzy  —  Lyon(Hliùije). 

—  1887.  Cn. 

Ai;lt-du-Mesnil  (G.  d'),  —  2-.2.S,r.du  faub.  St-Honoré,  Paris,  VllI.  —  1881.  T. 

AvEBUUY  (Lord).  —  G,  St-.Iames  Square,  Londou.  —  1867.  Ae. 

Aya,  D  m  —  188;">.  T  R. 

AzoiL.\Y  (Léon),  D  M  —  72.  rue  de  l'Abbé-Groult,  Paris,  XV.  —  1800.  T. 

Bajenoff  (Dalgoraukowsky),  pérécoulok.  maison  Labatchelï.  —   Moscou 

(Russie).  —  1905.  Ae. 
Balfour  (Henry).  Esq.  Anthropological  department  Muséum  —  11,  Norham 

(iarden.s,  O.xford  (Angleterre).  —  ISO'.t.  Ce. 
Bar  (E.-F.-L.  de)  —  i5,  rue  Boissière,  Paris,  XVI.  —  190'}.  T. 
Barber  (E.-A.),  Maître  ès-arts  de  l'Univ.  —  4007.  Chesnut  st.  Philadelphia, 

Pa.  (U.  S.  Am.)  —  1886.  Ce. 
BARRET(Paul),  DM  —  villa  Mesléan,.luan-les-Pins,  (Alpes-Marit,)  — 1889.  T. 
Barthélémy  (François)  —  2,  place  Sully,  Maisons-Laffitte  (Seine-ot-Oise) 

—  1894.  T. 

Bassano  (Duc  de)  —9,  rue  Dumont-d'Urville,  Paris,  XVI.  —  1888.  T. 
Baudouin  (Marcel),  DM-  Secrétaire  Général  de  la  Société  Préhistorique  de 

P>ance  —  21,  rue  Linné,  Paris,  V.  —  1901.  T. 
Baye  (Baron  Joseph  de),    Corres}).  du  Min.  de  l'Inst.  publ.  —  58.  av  de  la 

Grande-Armée,  Paris  XVII.  —  1873.  T  R. 
Beaunis  (H.-E.),  Prof.  hon.  à  la  Fac.   de  Méd.  de  Nancy  —  Direct,  bon. 

du  Lab.  de  Psychol.-physiol.  de  la  Sorbonne, —  villa  Sainte  Geneviève, 

promenade  de  laCroisette,  Cannes  (Alpes-Mar.).  —  1863.  T. 
Beauvais,   Interprète  chancelier  du   Consulat  de   France  à  Long-Tcheou 

(Chine)  —  7,  rempart  de  l'Est,  Angoulême  (Charente).  —  1896.  T. 
Beddoe  (John),  Esq.  Vice  Président  of  tlie  Anthropological  Institute  of  G.-B. 

—  The  Chantry,  Bradford-on-Avon,  Wilts.  (Angleterre).  —  1860.  Ae. 
Medot  (Prof.  Maurice),  Dir.  du  Musée  d'Hist.  nat.  —  Genève  (Suisse).  — 

1896.  T. 
Belluggi  («lomni.  Prof   Giuseppe),  Rettore  dell' Univ.   —  Perugia  (Italie). 

—  1893.  Ae. 

Bé.nédikt  (Moriz),  I)  M,  Prof,  fiir  Xervenpathologie  an  der  Univ.  — 5,  Fran- 

ziskaner  Platz,  Wien  (Autriche).  —  1893.  Ae. 
Brr  (Théodore)  —  Lima  (Pérou).  —  1876.  Cn. 
Bertholon  (Lucien),  D  M,  Corresp.    du  Min.   de  l'Inst.  puld.    —   14,   rue 

St-Charles,  Tunis  (Tunisie)  —  1896.  T. 
Bertillon  (Alphonse),  Chef  du  service  anthropométrique  à  la  Préfecture  de 

police  —  36,  quai  des  Orfèvres,  Paris,  I.  —  1880.  T. 
Bertrand  (Georges),  Doct.  en  Droit  —  8,  rue  d'Alger,  Paris,  I    —  188^j.  T  R. 
Bestion,  d  m,  Méd.  de  l"""  cl.  de  la  marine  —  rue  St-Roch,  Toulon  (Var).  — 

1879.  Cn. 
Bezançon  (Paul),  D  M.  —  51,  rue  Miroraesnil.  Paris,  VHI.  —  1892.  T. 
Bianchi  iM^e  M.)  —  6,  rue  Jean  Goujon,  Paris,  VIII.  —  1900.  T. 
BiNKT  (Edouard).  D  M  —  33,  Bd  Henri  IV,  Paris,  IV.  —  188i.  T. 
Blanchard  (Raphaël),  D  M,  membre  de  l'Acad.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fac.  de 

Méd.  -  22<s  Bd  St-Germain,  Paris,  VII.  —  1^82.  T  R. 


XVI  SOCIETK    n  ANTHROPOI.OGIF.    DE    PARIS 

Blogh  (A-lulphL'),  U  .M  —  2'i,  rue  trAuiiiale    Paris,  IX.  —  1878   T. 

Boas  (Franz),  Prof.  Natiiral   History   .\[iiseiiiii   .\iithro|)ology  —  New-York 

(F.  S.  \iu.)  -  18"J9.  Ce 
HoBAN  (lMi^,'<'n»^-A.),  Aiili«|uain'  —  IS.  rin;  Tliiliaiid.  l'ari--.  XIW    -    ISSI.  T. 
li<ini!i.\sKOY  ((.;oint(!  Altïxis  .V.)   —   l'rrsidcnl  de  la  (^)iuiiiissi<tii    arcliéolo- 

^,'i<liie,  5S,  Galernaïa,  St-P('tersl)oiir{,r  (Kussie).  —  l'.K.>l.  Ce. 
BoisjosLix  (.1.  de)  —  8>,  ruo  de  la  Pompe.  Paris,  XVJ.  —  1808.  T. 
BoNAi'AUTK  (Prince  Boland)  —  lU,  av.  d'Iéiia,  Paris,  XVI.  —  188'».  T  R. 
Bo.NNAHb  (Paul',  -\vocat,  A'^v.  de  Philos.  —  (iO,  avenue  Kléljer,  Paris.  XVI. 

-  1888.tr. 
lîONXEL  DK  Mk/.ikrks  lAlhcrt)  —  08,   rue  JoufTroy.  Paris,  XVII.  —  1890.  T. 
Bonnet  (Andri-),  Paléontologue  —  55,  IW  St-Michel,  Paris,  V.  —  188!t.  T  R. 
BoKDiER  (Arthur),  DM,  Direct,  de  l'Ec.  de  iiiéd.  — Grenoble  (Isère).--  1876.  T. 
Bosteaux-Paris  (Charles),  Maire  de  Cernay-les-Reims (Marne).  —  1890.  T. 
BouDiER  (Victor)  —  Cambo  (Basses-Pyr.).  —  189''j.  T. 

Boulanger((  ;.),  ancien  Notaire  —  Péronne  (Somme). — 1899.  T.  Préhistorique. 
BouTEQUOY,  DM  —  Chàtillon-sur-Seine  (Côte-d'Or)   —  1878.  T. 
Brabrook  (E.-W.),  Esq.  Président  of  Folklore  Society  —  178,  Bedfort  Hill. 

Balham,  London,  S.  W.  (Angleterre).  —  1880.  Ae. 
Bretkuil  (M'\de)  —  10,  avenue  du  Bois  de  Boulogne,  Paris,  XVI.  — 1906.  T. 
Broga  (Auguste),  D  M,  Agr.  de  la  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hôp.  —  5,  rue 

de  i'Université,  Paris,  VII.  —  1880.  T  R. 
Brouardel  (Paul),  D  M,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  membre  de  l'Acad.  des  Se. 

et  de  l'Acad.  de  Méd.  —  68,  rue  de  Bellechasse,  Paris,  VII.  —  1875.  T. 
BuscHAN  (Georges),  DM  —  K.  Marine-Stabsarzt,  18,  Friedrich-Carlstrasse, 

Stettin  (Allemagne).  —  1891.  Ae. 
Butureanu  (Gr.),  Prof,  au  Lycée  —  Str.  Pàcurari.  Jassy  (Roumanie).  - 

1898.  T. 
Gabred  (Domingo),  D  M,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.  —  Hospicio  de  los  Mercedes 

Buenos-Aires  (Rép.  Arg.)  —  1888.  T. 
Galonge  (Belisario),  DM  —  Truxillo  (Pérou),  —  1861.  Ce. 
Cambillard  (A),  DM  —  Précy-sous-Thil  (Côted'Or).  —  1897.  T. 
Gapellini  (Giovanni),  Prof,  di  geologia  ail'    Univ.  —    Bologna  (Italie).  — 

1874.  Ae. 
Capitan  (Louis),  DM,  Prof,  à  l'Ec.  d'Anthropologie  —  5,  rue  des  Ursulines. 

Paris,  V.  —  1881.  T. 
Gapus  (Guillaume),  Direct,  de  l'Agriculture  —  Saigon  (Cochinchine  fran- 
çaise) et  18,  rue  Nicole,  Paris,  V.  —  1888.  T.  R. 
Carr  (Lucien),   Peabody  muséum.   —  Cambridge,   Mass.  (U.S.  Am.)  — 

1879.  Ae. 
Carrière  (Gabriel),  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  Publ.  —  5,  rue  Montjardin, 

Nîmes  (Gard).  -  1894.  Cn. 
Carrow,  DM  —  Canton  (Chine).  —  1879.  Ce. 

Cartailhac  (Emile)  —  5,  rue  de  la  Chaîne,  Toulouse  (Hte-Gar.)  —  1869.  T. 
Castelfranco  (Pompeo),  Ispettore  degli  scavi  e  monumenti  d'antichità  — 

5,  via  Principe  Umberto.  Milauo  (Italie).  —  188i.  Ae. 
Cauderlier  (G.),  Ingénieur —  221,  Chaussée  Vleurgat,  Bruxelles  (Belgique) 

1901.  T.  —  Démographie. 
Gazalis  de  Fondouge  (Paul),  Lie.  ès-Sc,  Ingénieur,  Corresp.  du  Min.  de 
l'Inst.  Publ.  —  18,  rue  des  Etuves,  Montpellier  (Hérault).  -  1865.  T. 


I.ISTK    l>KS    MEMHUKS  \VII 

CÉLEVUAN  (Tai'Ié  de),  D  M  —  (>.  Tuo  St-Floreiiliii.  Paris,  I.  —  In'.k;.  T. 

l 'ELr.K  (Eu^'ène),  DM—  Saii-Fraiicisco,  Californie  (U.  S.  Aiu.)    -  1811:2.  Cn, 

'iHAi^LiN  (William),  Ingénieur  —  Plac  J.  Labonle,  Tananarive  (Mailas^as- 

car).  -  mr-'y.  T. 
< '.HARViLHAT.  1)M  —  'i,  ruL'  lUatin,  lllerniont-I-'orrand  (Puy-de-Dôme).  — 

Il  10;-!.  T. 
Chassin,  1)  M  —  Vera-Cruz  (Mexique),  —  1X70.  Cn. 
CHATELLiKR(Paul  <lu),  (  lorresp.  du  Miu.  do  l'Inst.  |iiiM.  —  Kornus,  par  l'out- 

rAbl).-(Finisl.-re).  —  1890.  T. 
Chaimkt  (Kdmond),  DM  —  lOi.  rue  d'Assas,  Paris,  VI.  —  19()t;.  T. 
Chauvet  (Gustave),  Notaire,  Gorresp.  du  Min.  «le  l'Inst.   Pulil.    —  RulTec 

(Charente).  —  1875.  T. 
Cheuvin    (Arthur),  D  M,  Direct,  de  l'Institut  des  bègues  —  82.  av.    Victor 

Hugo,  Paris,  XVI.  —  1877.  T  R.  —  ])emogniphie. 
Choidens  (Joseph  de),  D  M  — Porlo-Rico  (Antilles).  —  18G1.  Ce. 
<;laine  (Jules).  —  Consul  de  France  à  Rangoon  (Birmanie).  —  18'.i!.  Cn. 
Cli':ment-Rubbens  —  27,  quai  St-Michel,  Paris,  V.  —  1890.  T. 
Clodd  (Edward),   Esq.  —  19,  Carleton   road,  Tufnell   Park,   London,  N 

(Angleterre).  —  1901.  Ce. 
Closmadelc  (G.  de),  dm  —  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  Publ.  et  de  l'Acad. 

de  Méd.  —  Vannes  (Morbihan).  — 1884.  T. 
CoGCHi  (Igino),   Prof,  à  l'Inst.  des   études    super.    —  Firenze  (Italie).  — 

1872.  Ae. 

CoLLiGNON  (René),  DM,  Méd.-uiaj.  de  l''^  cl.  au  25e  d'inf.,  Corresp.  du  Min. 
de  l'Inst.  Publ.  —  0,  rue  de  la  Marine,  Cherbourg  (Manche).  —  1880.  T. 

CoLLiN(Êmile).— 35,  r.  des  Petits-Champs.  Paris.  I — [S^.T.  PaIeth?iolo(/ie. 

CoLLi.Nuwooij  (J. -Frederick),  Esq.  — 5,  Irène  Road,  Parson's  Green,  Lon- 
don, S.  W.  (Angleterre).  —  1864.  Ae. 

CoLocr  (Mis)  _  Catane  (Italie).  ^  1905.  T. 

CoRA  (Prof.  Guido),   Dirett.   del  Cosmos  —  2,  via  Goito,  Roma  (Italie).  — 

1873.  Ae. 

Corne,  Consul  au  Japon.  —  1879.  Cn. 

CoRNiL  (Victor),  D  M.  —  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  membre  de  l'Acad,  de  Méd. 

—  19,  rue  St-Guillaume,  Paris,  VU.  —  18(37.  Hon. 

Costa  Ferreira  (Antonio  A.  da),  1).  M.  —  Museu  antropologico.  —  Rua  Sa 

da  Bandeira,  Coimbra  (Portugal).  —  1902.  T. 
Costa-Simùes  (A.  A  da.),  Prof,  à  l'Univ.  —  Coïmbra  (Portugal)  —  18(3(3.  Ce. 
CoLRiARD  (Alfred),  DM  —  Grande-Koniuchenui,  St-Pétersbourg    Russie). 

—  1875.  Ce. 

CouRTY  (Georges)  —  35,  rue  Compans,  Paris,  XIX.  —  1VH)1.  T. 

Gréqui-Montfort  (Comte  de) —  58,  rue  de  Londres,  Paris,  VIII.  —  1903,  T. 

Clmont  (Georges),  Avocat  —  19,  rue  de  l'Atjueduc,  Saint-Gilles.  Bruxelles 
(Belgique).  -  1901.  Ae. 

CuNNiNGHAM,  Prof.  of  Anatomv  in  the  University  of  Edinburg.  —  19(15.  Ae. 

CuYER  (Edouard),  Prof,  suppl.  à  l'Éc.  des  Beaux-Arts  —  8,  quai  Dobilly, 
Paris,  XVI.  —  1880.  T. 

Daleau  (François)  —  Bourg-sur-Gironde  (Gironde).  —  1875.  T.  Préhisto- 
rique, ethnof/raphie. 

Daltok  (Ormonde  M.)  —  Esq.,  British  muséum.  —  Bloomsbury,  London, 
W.  C.  (Angleterre).  —  1901.  Ce. 


XVIII  SOniETK    n  ANTUnnl'itl.oniE    DK    PARIS 

DARi.iNri  (W.),  Prof,   d'aiiatoluie  aux    Uiiiv.  de  New-York  et  Vermont  — 

New-York  (U.  S.  Ara.)  —  1877.  Ce. 
Daveluy  (Charles),  Direct,  gén.    iioii.  des  Contributions    directes   et  du 

Cadastre,  Sous  Directeur  de  l'I'k-.  d'Anthropologie  —  107,   Bd  Brune, 

Paris.  XIV.  -  1««0.  T. 
Deghflettk  (.Joseph;.  Cunservatour  au  Musc'e  do  Roanne  (Loire).  —  1905.  T" 
DKOL.vriGNY  (Louis)    -  11,  rue  Biaise-Pascal,  Piouen  (Scine-lnférieure)  — 

1897.  T  R. 

Dfi.isi.e  (l'ernand),    D   M,  Prépar     au  Lab.  dWnthropologie  du  Muséum 

d'Hist.  nat.  -  Hô,  rue  de  l'Arbalète,  Paris,  V.  —  1883.  T. 
Delm.vs  (Louis  H.),  D  1\I  —  La  Havane  (Cubai.  —  1878.  Ce. 
Delvincuurt,  Archéologue  —  17,  rue  des  Telliers,  Crécj'-sur-Serre  (Aisne). 

—  1901.  T. 

Deniker  (Joseph),  Doct.    ès-Sc,  Bibliothécaire  du  Muséum  d'Hist.  nat. 

8,  rue  de  Bufïon,  Paris,  V  -  1881.  T  R. 
Demonet  (E.).    I>  M,  Méd.  aide-major,  Hôpital  Militaire  —  Aumale  (Alger) 

—  1904.  T. 

Derizans  (Benito),  D  M  —  Larangeiras  (Brésil).  —  1876.  Ce. 
Desgamps  (Auguste)  —  1,  Bd  Beauséjour,  Paris,  XVI.  —  1897.  T. 
Despréaux  (P.),  DM  —  11,  rue  Littré,  Paris,  VI.  —  1895.  T  R. 
Destruges  (Alcide),  DM  —  Guayaquil  (liquateur).  —  1863.  Ce. 
Deyrûlles,  Lie.  ès-sciences, Méd.  aide-major,  48e  Rég.  d'Inf.  —  Guingamp 

(Côtes-du-Nord).  —  1904.  T. 
Dharvent  (Isaï),  Archéologue,  —  Béthune  (Pas-de  Calais).   —    1902.   T. 

Préhisto)nqî(e. 
DiAMAXDY  (Georges),  Député  au  Parlement  roumain.  —  Bucarest  (Roumanie). 

—  1893.  T. 

DoiGNEAU   (Albert)  —   71,  rue  de  la  Madeleine,  Noisy-le-Sec  (Seine).   — 

1898.  T.  Palethnologie. 

Donner  (Otto),  Prof,  à  l'Univ.   -  Helsingfors  (Finlande).  —  1899.  Ce. 

DoRSEY  (George  A.).  —  Curator  Field  Colombian  Muséum  Ethnologie. 
Chicago.  —  1904.  Ce. 

DouGLASS  (Andrew^  E.),  de  New-\"ork,  chez  M.  Leroux,  Editeur  —  28,  rue 
Bonaparte,  Paris,  VI.  —  1887.  T  R. 

Dubois  (Eugène),  D  M  —  45,  Ziljweg,  Haarlem  (Hollande).  —  1895.  Ae. 

Dubreuil-Chambardel  (Louis),  DM  —  3,  rue  .Jeanne  d'Arc,  Tours  (Indre- 
et-Loire.  —  1905.  T. 

DucHESNE  (E.-L.),  D  M,  Lie.  en  Dr.  —  15,  rue  Pigalle,  Paris,  IX.  — 
1885.  T. 

DucKw^ORTH  (VV.  L.  H.)  Esq.  Lecturer  on  Physical  anthropology.  Jésus 
Collège  —  Cambridge  (Angleterre).  —  1901.  Ce. 

DuHOUSSET  (Colonel  E.)  —6,  rue  de  Furstenberg,  Paris,  VI  —  1863.  On. 

DuNANT  (P.-L.),  D  M  —  Genève  (Suisse).  -  1868.  Ce. 

Dupont  (Edouard),  Membre  de  l'Acad.  des  Se.  de  Belgique,  Direct,  du  Musée 
d'PIist.  nat.  de  Bruxelles  —  Villa  du  Lac,  Boitsfort  (Belgique).  — 
1872.  Ae. 

DUPORTAL  (Henry),  Inspecteur  gén.  des  Ponts  et  Chaussées  —  4,  villa  Mont- 
morency, Paris,  XVI.  —1868.  T. 

DussAUD  (René)  —  133,  avenue  Malakoff,  Paris,  XVI.  —  1900.  T. 

DuTAiLLY  (Gustave),  Député  —  84,  rue  du  Rocher,  Paris,  VHI.  —  1887.  T. 


LISTE    I>KS   MEMI»UE^  XIX 

r)i_VAL  (.Mrttlii:is),  I)  M,  iiit'iulire  de  l'Aoail.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fac.  de 
Méd.,ù  l'Éc.  d'Anthropologie  et  à  l'Éc.  des  Beaux-Arts  —  U,  cité  Maies- 
lierbes,  rue  des  Martyrs,  l'aris,  IX.  —  IS;:}.  T  R. 

DvBOWSKi  (Jean),  Direct,  du  .lardiii  il'essai  colonial  —  Vincennes  (Seine). — 
1894.  Cn. 

EcHÉR.\G  (M.  L)'),  Inspecteur  lion,  de  l'Assistance  publique  —  2*.),  rue  de 
Condt',  Ta  lis.  VI  —  et  G,  chemin  des  Coutures,  Sèvres  (S.-et-t).).  — 
i88().  T. 

EiGHTHAi.  i^Louis  t)')  —  Les  Bézards,  par  Xoj^ent-sur-Vernisson  (Loiret).  — 
1881.  T. 

Enjoy  (Paul  d')  Substitut  du  Procureur  de  la  République  —  19,  rue  de  Chilou, 
Le  H;\vre  (Seine-Inf.)  —  1894.  T  R. 

EssLiNf}  (Prince  d"),  —  8,  rue  Jean  (ioujon,  Paris.  VIII.  —  18"/ 1,  T. 

Evans  (SirJohn)  —Nash  Mills,  Heniel  llempstead,  Herts.  (Angleterre).  — 
1877.  Ae. 

Eallot  (A.),  D  M,  Prof,  à  l'Éc.  de  Méd.  —  1C7,  rue  de  Rome,  Marseille 
(B.-du-Rh.).  —  1879.  T. 

Fauvellk  (Hené),  DM  —  U,  rue  de  Médicis,  Paris,  VI.  —  1893.  T. 

Fknkhlv-Effendi,  I)  M,  Prof,  à  l'École  de  Méd.  —Constantinople  (Turquie). 
—  18G5.  Ae. 

FÉnÉ(Gharles),DM,  Méd.deBicf^re— 22,Av.  Bugeaud,  Paris,XVl.  — I878.T. 

Fkrnandès  (A. -F.),  DM  —  Rio-de-Janeiro  (Brésil).  —  1861.  Ce. 

FeurazdeMacedo  (F.),  D  M  —  Calçada  do  Monte,  1,  Lisboa  (Portugal).  — 
1888.  T. 

FiAVx  (Louis),  DM  —  22,  rue  Tocqueville,  Paris,  XVII.  —  1S78.  T. 

Firmin  (A.),  avocat  —  Cap-Haïtien  (Haïti).  —  1884.  TR. 

Fischer  (Henri),  Chef  desTrav.  géolog.  à  la  Fac.  des  Se.  —  51,  Bd  St-Michcl, 
Paris,  V.  —  1893.  T. 

l'f.AMAND  (C.  B  M),  chargé  de  cours  à  l'Ec.  Super,  des  Se.  —  0,  rue  Barbés, 
Mustapha-Alger  (Algérie).  —  1900.  T. 

FoNTAN  (.Vlfred)  —  Mazamet  (Tarn).  —  IStJd.  Cn. 

FoxTARCE  (A.  Trumet  de),  D  M  —  5,  Cité  Montiiicrs,  Paris,  IX.  —  18<S2.  T. 

Fort  (J.-A.),  D.  M.  —  Villa  Caries,  Menton  (Alpes-Maritimes).  —  1880.  T 

Fouju  (Gustave),  Palethnologue,  33,  rue  de  Rivoli,  Paris,  IV.  —  1896  T  R. 

FouRDRiGNiEu(Ed.),  Corresp.  du  Min.  de  l'Inst.  publ.  —  119,  rue  du  Cherche- 
Midi,  Paris,  VI.  —  1879.  T. 

Fraipont  (J.),  d  m,  Membre  de  l'Acad.  des  Se.  de  Belgique,  Prof,  de  pa- 
léontologie à  rUniv.  —  35,  Mont  Saint-Martin,  Liège  (Belgique).  — 
1896.  Ae. 

FRVER(Major),  Commissaire  du  gouvernement  anglais  —  Calcutta  (Indes  an- 
glaises). —  1877.  Ce. 

FiîMOUZE  (Victor),  DM  —  78,  rue  du  Faub.-St-Denis,  Paris,  X.  —  187  J.  T. 

(tADEau  de  Kervillk  (Henri),  Homme  de  sciences  —  7,  rue  Dupont,  Rouen 
(Seine-Inf.)  — 1886.  T. 

Galdo  (Manuel.!,  de).  Présidente  délia  .\cademia  Medico-Quirurgica  Espa- 
iiola  —  Madrid  (Espagne).  —  1865.  Ce. 

Gallard  (Frank),  D  M  —  Biarritz  (Basse.s-Pyr.)  —  1892.  T. 

Garcia  Lopez  (Eduardo)  —  Abogado.  Calle  63,  no  518.  Mérida  (Mexique). 
1903.  T. 

Garsok  (,Tohn-G.),  D  M,  Esq.  Instructor  on  the  metric  System  of  identifi- 
cation —  14,  Stratford  Place,  London,\V.  (Angleterre)  —  1893.  Ae. 


X\  vO<:lKTK    n  ANTIinOl'Ol.OC.IE    DE    l'ARI> 

(jkukfhov  (.Iules),  U  M  —  15,  luo  «lo  Hambourg,  Paris,  Vlll.  —  18T'J.  T. 

Georges  (Maximilieu),  Architecte  -  l48,rueLecourbe,  Paris,  XV.  —  1893. T. 

GiGLiOLi  (Prof.  Eiirii.0  H.),  Direttore  del  R.  Museo  zoologico  (aniraali  vor- 
tebrati  —  4,  Via  Fariuata  degli  Uberti.    Firenze  (Italie).  —  1882.  Ae. 

GiovANErri  (Nobile  (iiulio),  Étudiant,  —  7,  place  du  Collège  de  France, 
Paris,  V.  -  1002.  T. 

Girard  (H.),  Prof,  à  l'Kc.  de  naéd.  navale.  —  Bordeaux  (Gironde).  —  1002.  T. 

GiRAUX  (Louis)  —  0  his,  av.  Victor-Hugo,  Saint-Mandé  (Seine).  — 1898.  TR. 

GiROD(Paul),  Prof,  à  la  Kac.  des  Se.  et  à  l'Ec.  de  Méd.  -  26,  rue  P.latin, 
Cb^rmoiit-Fcrrand  (Puy-de-Dôme).  —  1900.  T. 

GiUFFRiDA-RuGGiERi  (V.),  D.  M,  Docente  di  antropologia  neila  R.  Uni\ ., 
26,  via  del  CoUegio  romano,  Roma  (Italie).  —  19U1.  Ce. 

Glaimont  (G.)  Percepteur  —  Fleurance  (Gers).  —  1889.  Cn. 

GoDEL  (Paul)  —  Grenoble  (Isère).  —1802.  Cn. 

GoDiN  (Paul',  D  M,  Méd. -Major  do  l-^o  classe  —  Avenue  Chancel,  Montpel- 
lier (Hérault).  -  189<3.  T. 

Gordon  (Antonio  de),  D  M,  Président  de  l'Acad.  de  Méd.  et  Se.  phys.  et 
nat.  —  Habana  (Cuba).  —  1897.  Ce. 

GoRODicHZE(Léon),  D  M  —  35,  rue  delà  Bienfaisance,  Paris,  VIII,  —  1902,  T. 

Gouuari  (David),  DM  —  Eiskoié  Oukreplenie,  District  de  Rostolï-sur-le- 
Don  (Russie).  —  1890.  T. 

Gromoff  (M™®  Anna).  —  Petrovka,  maison  Korovine.  —  Moscou  (Russie). 

1900.  Ce. 

Gross  (Victor),  DM  —  Neuveville,  canton  de  Berne  (Suisse).  —  1882.  Ae. 

Guébuard  (A.),  Agrégé  (géologie)  de  Fac.  Méd. —St-Vallier-de-Thiey( Alpes- 
Maritimes).  —  1902.  T  R. 

GuELLiOT  (Octave),  D  M,  Ghir.  des  Hôp.  —  9,  rue  du  Marc,  Reims  (Marne). 
-  1899.  T. 

GuiBERT,  DM—  St-Brieuc  (Gôtes-du-Nord).  —  1888.  T. 

Guida  (Salvatore),  Lient. -colonel  médecin  —  Roma  (Italie).  —  1894.  Ae 

GuiMET (Emile)  —  1,  place  de  la  Miséricorde,  Lyon  (Rhône),  —  et  Musée 
Guimet,  avenue  d'Iéna,  Paris,  XVI.  —  1877.  T  R. 

GuYOT  (Yves),  ancien  Ministre  —  95,  rue  de  Seine,  Paris,  VI.  — 1874.  Hon. 

Haddon  (Alfred-Cort).— Prof.  F.  r.  s. Inisfail.HillsRoad— Cambridge  (Angle- 
terre). —  1901.  Ae. 

Haeckel  (Prof.  Ernsl)  —  lena  (Allemagne).  —1002.  Hon. 

Hagen  (A.),  d  m  —  2  6is,  place  Gambetta,  Toulon  (Var).     -  1894.  Cn. 

Hamy  (Ernest),  D  M,  membre  de  l'Acad.  des  Insc.  et  B.-L.  et  de  l'Acad.  do 
Méd.  Prof.  d'Anthropologie  au  Muséum  d'Hist.  nat.  —8,  rue  de  Buffon. 
Paris,  V.  -  1867.  T. 

Haxotte  (Maurice),  D  M  —  6,  rue  de  la  Trémoille,  Paris,  VIII.  —  1899.  T. 

Haynes  (Henry-W.),  Prof,  à  l'Univ.  —  239,  Beacon  street,  Boston,  Mass. 
(U.  S.  A).  —  1878.  Ce. 

HEGER(Franz),Leiter  dor  Anthropol.-ethnographischen  amk.k.  naturhistor. 
Hofmuseum  —  1,  Rasumaffskygasse,  Wien,  III  (Autriche).  —  1901.  Ce. 

Heger  (P.)  D  M.  Prof,  de  Physiologie  à  l'Univ.  —  -35,  rue  des  Drapiers, 
Bruxelles  (Belgique).  —  1884.  Ce. 

Heierli  (Jakob)  —  Dozent  fiir  Urgeschichte  an  der  Univ.  —  Zurich  (Suisse). 

1901.  Ce. 


LISTE    DES    MEMltRK-  ^^^ 

IlKiKKr.  (Axel-0.)  -  IIelsint,'lors  (FiiilaiidcV  -  ISU'.i.  Ce. 

1Iknnuykr(A  ),  imprimeur-rditeur— 7,nieDar.;tït,  Paris,  XVII.  —  1K81.  TR. 

Herbert  (Joseph-Ainan.l),  Coinuiaii.laiit   du   -^n-nie  en   retraite.   —  U»,  rue 

Hautefeuille,  Paris,  VI  —  ivWl.  T. 
Hervé  (Geor^îes),  D  M.  Prof,  à  VÈc.  d'Anthropologie   —  8,   rue  Je   Berlin. 

Paris,  IK.  —  18»».  T. 
Hernandez  (Fortuuato),  D  M,  Inspecleurdes  Consulats. —  Mexico.  Mexique. 

v.m.  T. 

Hii.DEBRAND  (Haus-U.),  D  M,  Uiksautikvarie,  K.  Vittt-ihets-Historie  ocli 
Antikvitets  Akademien  —  Stockholm  (Suéde).  —  187'i.  Ae. 

HoELDRR  (H.  von),  Ober-Modi/inalrat  —  Marienstrasse,  81,  Stullt,'art  (Alle- 
magne). —  188:2.  Ae. 

HoERNEs(Prof.Moriz),Custos-adjunctaniK.Iv.XaturhistoriclienHofmuseum 

—  Ungargasse,  27.  Wien,  III  (Autriche).  —  lÛOi.  Ae.  Préhistorujue. 
HoLBÉ,  Pharmacien  —  Saigon  (Gochinchine  française).  —  190.'1  T. 
Holmes  (W.  H.),   Prof.,   Head  Curator  National   Muséum    Anlhropology, 

Washington.  —  VM)'>   Ae. 
HouGH  (Walter),   Curator  of  tlie  U.  S.   National  Muséum   (Ellmology)  — 

Washington  (U.  S  Am.  —  1899.  Ce. 
HouzÉ  (E.j,  D  M,  Prof.  d'Anthropologie  à  l'Univ.  —  89,  Bd  de   Waterloo, 

Bruxelles  (Belgique).  —  1893.  Ae. 
HovELACuUE  (M"io  veuve  Abel)  —  38,   rue  du  Luxembourg,   Paris,  VI.   — 

189C.  T  R. 
HovEL.\cuUE  :.\ndré)  —38,  rue  du  Luxembourg,  Paris-VI.  —  19()1.  T  R. 
HovoRKA(Oskar  V.),  D  M  — Hacicevaulica,  19,  Agram  (Hongrie).  -  ISvXt.  Ce. 
HoYOS  Saixz  (Luis  de),  Catedratico  del  Instituto  —  Dos  Codos,  9,  O  Sille- 

ria,  1,  Toledo  (Espagne).  —  1892.  T. 
HRDLicKA(Ales),  D  M,  Sous-direct,  du  Lab.  d'Anthropologie  U.  S.  National 

Muséum  —  Washington.  —  1904.  Ce- 
Hubert  (Henri)  -  74,  r.  Claude-Bernard,  Paris,V.- 1900.  T.  Préhistorique. 
HuGUET  (.J.  J.  A.)  DM—  Prof.  adj.  à  rp:cole  d'Anthropologie,  —  11,  rue 

Violet,  Paris,  XV.  —  1902.  T. 
Inqersoll  (Smith),   Sous-Direct,  des  Collections  Anthropologiiiues  et  du 

Labor.  d'Anth.    Natural  history  Muséum.  —  New- York.  —  1905.  Ce. 
IssEL  (Arturo),  Prof,  di  geologia  ail'  Univ.  —  Genova  (Italie).  —  1901.  Ae. 
IvAXOVsKY  (Al.),  Secrétaire  de  la  Section  d'.Vnthropologie  de  la  Société  des 
Amis  des  Sciences,  Musée  historique.  —  Moscou  (Russie).  —  1879.  Ce. 
Jacques  (Victor),  D  M,  Prof,  à  l'Univ.  —  3G,  rue  de  Ruysbroeck,  Bruxelles 

(Belgique;.  —  1893.  Ae 
Jalouzet,  vice-Consul  de  France  —  Belfast  (Irlande).  —  ISS-i.  On. 
Javal  (Emile),  D  M,   membre  de  l'Acad.   de   Méd.  —  0.    Bd  de  la  Tour. 

Maubourg,  Paris,  VIL  —  1872.  TR. 
JouRDAN  (Emile),  D  M  —  3,  rue  Ampère,  Paris.  I.  -  1897.  T  R. 
JouRON  (L.).  —  Avize  (Marne).  —  1901.  Cn. 

Jousseaume  (F.),  D  M  -  29,  rue  de  Gergovie,  Paris,  XIV.  —  18Gt.;.  T  R 
JuGLAR  (Mme  Joséphine)  —  58,  rue  des  Mathurins,  Paris,  VIII.  —  1881.  T  R. 
Julien  iPierre),  Etudiant  —  40,  place  Jaude,  Clermont-Ferraiid.  —  l''i'3.  T. 
Kate  (Hermann  ten),  DM  —  Batavia.  —  Java.  —  1879.  T. 

soc.    DiXTHKOP.    i!)06.  " 


X\II  SOCIETE   D  ANTlllH)l'OI,(ir.IE    DE    l'AIUS 

Keank  (Aujjiustus  11.)  —  Esq.  Late  Vicc-Prcsidciit  Aiitliropolo^fical  lustitule 
(i.  B.  et  Ir.  —  Araiu-(Jah,  7\),  Broadliurst  Gardens,  South  Hampstead, 
N.W.  (Anj^letei-re).  —  1902.  Ce. 
Kelleh,  Ingôiiieur  —  77,  rue  du  Moiilot,  Nancy  (Meurthe-et-M.)  —  1900.  T. 
Kesslkr  (Kr.),  nianufacluricM-,  Soultzmatl  (Alsace).  —  1883.  T  R. 
KHANENKi)(Bohdan)  —  Kiev  (Russie).  —  1902.  Ce. 

KoLLMANN  (Julius),  Prof.  de  Zoologie  à  l'Univ.  —  Biïle  (Suisse),  —  1893.  Ae. 
KovALEwsKi (Maxime)—  villaBatava,  Beaulieu(Alpes-Maritinies).  —  1894. T. 
Labadie  Laohave  (P^éfléric),    13  M,  Méd.  des  Hûp.    —  8,   av.    Montaigne, 

Paris,  VIII.  —  1869.  T. 
Lagassagne  (A.),  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  Corresp.  de  l'Acad.  de  Méd.  — 

1,  place  Raspail,  Lyon  (Rhône).  —  1869.  Cn. 
Lagrené  (de),  Consul  de  France  -  Moscou  (Russie).  —  1879.  Cn. 
Lalayantz  (Ervand),  Séminaire  Nersissian  —  Tiflis  (Russie).  —  1895.  Ce. 
Laloy  (L.),  D  m,  Bibliothécaire  de  la  Fac.  de  Méd.  —  Bordeaux.  — 1902.  Cn. 
LaMazellière  (Marquis  de).  —  40,rucBarbet-de-Jouy,  Paris,  VII.  —  1904.  T. 
Landry,  Prof,  à  l'Univ.       Québec  (Canada).  —  1861.  Ce. 
Lannelongue  (O.  M.),  membre  de  l'Acad.  des  Se.  et  de  l'Acad.  de  Méd. 

Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.—  3,  rue  François  le"-,  paris,  VIII.  —  1877.  T. 
Lapicque  (Louis),  DM  —  Maître  de  (Conférences  à  la  Fac.  des  Se.  —  6,  rue 

Dante,  Paris,  V.  —  1892.  T. 
La  Tour  (de),  DM— 16,  rue  Cortambert,  Paris,  XVI.  —  1902.  T. 
Launois.  —  12,  rue  Portails,  Paris,  VII.  —  1904.  T. 
La  VILLE  (André),  Préparateur  à  l'Ec.  des  Mines  — 39,  avenue  des  Gobelins, 

Paris,  XIII.  — 1897.  T. 
Lebougq  (H.),  D  M,  Prof.   d'Analomie  à  l'Univ.  —  Gand   (Belgique).  — 

1884.  Ce. 
Le  Coin  (Albert),  D  M  —  15,  rue  Guénégaud,  Paris,  VI.  —  1873.  T. 
Lécuy'er,  d  m  —  Beaurieux  (Aisne).  —  1887.  Cn. 
Le  Double  (A.  F.),  D  M,  Prof.  d'Anatomie  à  l'Éc.  de  Méd.,  Corresp.  de  l'Acad. 

de  Méd.  —  29,  rue  Nicolas-Simon,  Tours  (Indre-et-Loire).  —  1876.  T. 
Lehmann-Nitsghe  (Robert),  D  M,  et  D.  es  Se.  nat.  et  en  médecine.  Jefe  de 

la  seccion  antropologica  del  Museo  de  La  Plata.   -    La  Plata  (Répub. 

Argentine).  —  1897.  T. 
Leite  de  Vasgongellos  (José).    —  Director  do  Museu  Ethnologico  portu- 

guès.  —  Bibliotheca  nacioual,  Lisboa  (Portugal).  —  1899,  Ae. 
Lejars  (Félix),  D  M,  Agr.  delà  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hôp.  —  96,  rue 

de  la  Victoire,  Paris,  IX.  — 1889.  T. 
Lejeune  (Charles),  Avocat  — 12,  rue  Soufflot,  Paris,  V,  — 1896.  T  R.  —  Reli- 
gions et  Sociologie. 
Lesouef  (Aug.-A.)  —  109,  boulevard  Beaumarchais,  Paris  III.  —  1877.  T. 
Lesquizamox  (D.  Juan-Martin),  Ministre  du  gouvernement  de  la  province  de 

Salta  (Rép.  Arg.).  —  1877.  Ce. 
Letourneau  (Gustave),  Avocat  —  56,  rue  N.-D.  des  Champs  —  Paris,  VI. 

—  1902.  T. 
Levasseur  (Emile),  membre  de  l'Institut,  Prof,  au  Collège  de  France—  26, 

rue  Monsieur-le-Prince,  Paris,  VI.  —  1881.  T. 
Lissauer,  d  m,  Prof.,  Vice-Président  de  la  Soc.  d'Anthropologie  de  Berlin 

Alleniague  —  1904.  Ae. 
Livi  (Ridolfo),  D  M,  Maggiore-Medico  —  9,    via  Sommacampagna,  Roma 

(Italie).  —  1894.  Ae. 


LISTE   DES   MEMItRES  \XIII 

LoisEL  (Gustave),  D  M  ,  <;hc'f  du    I.ul).  (rilistologio  ù  la   Fac.  di;   Mrd.  — 

6,  rue  de  l'Kcole  de  Mt'deoine,  Paris,  VI.  —  VM2.  T. 
LoNGBOis  (Paul),  Doct   en  Mtnl.  de  la  Fac.  de  Paris,  Ghir.   <\t>  l'ilotel-Uieu 
de  Joi}.;ny,  Membre  de  la  Soc.  des  Se.  hist.  et  nat.  de  l'Yonne.  —  I W.'i.T. 
LouBAT  (duc  de)  —  47,  rue  Duniont-d'Urville,  Paris,  XVI.  —  IH'X,.  T  R 
LouYs  (Pierre)  —  211,  rue  de  Boulainvilliers,  Paris,  XVI.  —  1900.  T. 
LuGOL  (Edouard),  Avocat —  11,  rue  de  Ti-héran,  Paris,  VIII.  —  1800.  T. 
LuMHOLTz  (Cari),  Consul  général  de  Suède —  New- York  (U.  S.  Âm.).  — 

1880.  Ae. 
I.isf.HAN  (Félix  von),  1)  M,  .\ssistent  ani  k.  Miisciini   fiir  V.ilkeikundtï    — 

Friedenan  l»ei,  Berlin  (.Mieniai^ne).  —  1H7S.  Ae. 
Maciui'aut  (Emile)  —  71,  IJd  Bon-Accuoil,  Alger.  —  l'.HJU.  T. 
Mac  Curdy  (George-Grant),  Instructor  of  Pi-ehistoric  Anthropology  — 237^ 

Church  Street,  New  Haven,  Conn.  (U.  S.  Am.).  —  1890.  T. 
Magalhaens   (José   de),    1).   M.    —  8,   rue  de   la    Sorbonne,    Paris,  V.  — 

loas.  T. 

Magnan  (V.),   1)  M,  membre  de  l'Acad.  de  Méd.  Médecin  de  l'Asile  Sainte- 
Anne.  —  1,  rue  Cabanis,  Paris,  XIV.  —  1876.  T. 
Mahoudeau  (P. -G  ),  Prof.  d'.Vnthropologie  zoologique  à  l'Éc.   d'Anthropo- 
logie —  188,  avenue  <lu  Maine,  Paris,  XIV.  —  1887.  T. 
Malief  (N.-M.),  Prof.  d'Anatomie  à  l'Univ.  —  41,  Souvarowsky  prospect, 

St-Pétersbourg  (Russie^  — 1882.  Ae. 
Manouélian  (J.)  —  57,  rue  Falguière,  Paris,  XIV.  —  1900.  T. 
Manouvrier  (Léonce),  D  M,  Directeur  du  Lab.  d'Anthropologie  de  l'Éc 
des  Hautes  Études,    Prof.  d'Anthr.  physiologique  à  l'Éc.  d'Anthropo- 
logie —  15,  rue  de  l'École-de-Médecine,  Paris,  VI.  —  1882.  T  R. 
Mantegazza  (Prof.  Paolo),  Direttore   del  Museo  Nazionale  d'.\iitropologia 

•    Firenzc  (Italie).  —  1863.  Ae 
Marin  (Louis)  —  13,  av.  de  l'Observatoire,  Paris,  VI.  —  1898.  T  R. 
Marmottan  (Henri),  D  M,  — 31,  rue  Desboi'des-Valmore,  Paris,   XVI.    — 

1875.  T. 
Martin,  (A.),  D  M.  —Alger  (Algérie).  —  1879.  Cn. 
Martin  (Rudolf),  D  M,  —  Prof,  fiir  Anthropologie  an  der  Univ.  -■•  Zurich 

(Suisse).  —  1901.  Ce. 
Marty  (J.),  DM,Méd.  princ.  à  l'Hôp.  Mil.  —  7,  rue  do  la  Paillette,  Rennes 

(Ille-et-Vilaine).  —  1899.  T.  R. 
Masbrenier  (.Jean),  DM — 24,  av.Thiers,  Melun  (Seine-et-.Marne).  — 1902.  T. 
Mason  (Otis-T.),  Curator  of  the  U.   S.   National-Muséum  (Ethnology).  — 

Washington  (U.  S.  Am.)  —  1893.  Ae. 
Massignon  (F.)  —93,  rue  St-Honoré,  Paris,  I.  -  1883.  T. 
Masson  (Pierre),  éditeur  —  120,  Bd  St-Germain,  Paris,  VI.  —  1900.  T. 
Mathews  (Robert  H.)  —  Hassall  Street,  Parramatta  (N.  S.  W.)  -  18!»!».  Ae. 
Matiegka  (Henry),  Prof,  à  l'Univ.  —  Prague  (Bohème)  —  1901.  Ce. 
Maurel  (Edouard),  D  M.  Prof,  de  pathol.  expér.  à  l'Ec.  de  Méd.  —  K»,  Bd 

Carnot,  Toulouse  (Haute-Garonne)  —  1877.  T. 
Mauss,  Prof,  à  l'Ecole  des  Hautes-Etudes  (section  des  Sciences  Relig).  — 

31,  rue  Saint-Jacques,  Paris,  V.  —  1905.  T. 
May  (Georges),  Banquier  —  2,  Avenue  Hoche,  Paris,  VIII.  —  1904.  T. 
Mayet  (Lucien),  D  M  —  80,  avenue  de  Saxe,  Lyon  (Rhône)  —  IQf))  T.  An- 
thropologie générale.  Anthropologie  criminelle. 


,^y,V  MIC.IKTK    l)  ANTlIROPnl.uC.IK    DE    l'ARIS 

Mkuka  (Eug.-mO.  1>  M  -  3.  Palescapa,  Milan  (llalio).  —  1908.  T. 

Médina  lOabriel)  —  9,  rue  d'Oran,  Tunis  (Tunisie)  —  !896.  T. 

Menaud  (Saint-Yves),  DM,  Membre  de  l'Acad.de  Méd.,  Direct,  de  l'Institut 

de  vaccine  animale  —  8,  rue  Ballu,  Paris,  IX.  —  1887.  T. 
Meveh  (A..-B.),  Director  des  K.  Zoologischen  uiid  anthropoloyisch.ethnogra- 

phischen  muséums  —  Dresden  (Allemagne)  —  1890.  Ae.  Anthrupolo- 

f/ie  générale. 
Meyeh  (Théodore)  —98,  rue  deNeuilly,  Gagny  (Seine-et-Oise)  —  1900.  TR. 
MiNKOv  (Théodore),  In^/éiùeur,  ancien  Secrétaire  de  la  Section  asiatique  de 

l'Exposition  russe  <le  1900,  -  28.  boni.  St-Marcel,  Paris,  V.  —  l'.MJl.  Ce. 
MiNOVici  (Mina),  1)  M,  Prof,  de  Méd.  légale.  Direct,  de  l'Institut  médico- 
légal.  —  Bucarest  (Roumanie).  —  1902,  T. 
MiNOvici  (Nicolas),  D  M,  Direct,  adj.  de  l'Institut  médico-légal.  —  Bucarest 

(Roumanie).  —  1902.  T. 
MiREUR  (Hippolyte),  DM—  1,  rue  de  la  République,  Marseille  (Bouches-du- 

Rhùne)  —  1890.  T. 
MOHYLIANSKV   (Nicolas)  —  Vassilievsky  ostrov,  7e  ligne,   no  60,  log.   11, 

St-Pétersbourg  (Russie)  —  1897.  T. 
MoLiNiER,  Pharmacien  —  1878.  Cn. 
MoNGELON  (Léon)  —  Ygrande  (Allier)  —  1886.  T  R. 

MoNTANO  (Joseph),  DM  —  Gémil,  par  Montastruc  (Hte-Gar.)  ~  1879.  Cn. 
MoNTELius  (Oscar),  D  M,  Conservateur  du  Musée  royal  d'archéologie,  -  - 

Stockholm  (Suède)  —  1874.  Ae. 
MoREL  (Léon),   Receveur  des  finances,  en  retraite,  Corresp.  du  Min.  de 

l'Inst.  publ.  —  3,  rue  de  Sedan,  Reims  (Marne)  —  1880.  T. 
MoRÉNO  (Francisco  P.),  Direct,  du  Musée  de  La  Plata(Rép.  Arg.)  — 1893.  Ae. 
MoRENO  Y  Maiz  (Th.),  D  M  —  Lima  (Pérou)  -  1864.  Ce. 
Morris  (J.  P.)  —  Ulverston  (Angleterre)  —  1867.  Ce. 
MoRSELLi  (Enrico),Prof.  di  Neuropatologia  nella  Univ.  —  46,  via  Assarotti, 

Genova  (Italie)  —  1874.  Ae. 
MoRTiLLET  (Adrien  de).  Prof,  à  l'Ec.  d'Anthropologie,  Président  delà  Société 

d'Excursions  scientifiques  —  10,  bis,  av.  Reille,  Paris  XIV.  —  1881.  TR. 

Préhistorique,  ethnographie. 
MuGH  (D*"   Matthïius),    Konservator  der  Kunst.-u.    histor.    Denkmale   — 

Penzingerstrasse,  84,  Wien  (Autriche)  —  1878.  Ae. 
MûLLER  (Sophus),   Directeur   du   Musée    des    Antiquités  —  Copenhague 

(Danemark)  —  1899.  Ae. 
MuNRO  (Robert),  Esq.,  Secretary  of  Society  of  Antiquaries  of  Scotland  — 

48,  Manor  Place,  Edinburgh  (Ecosse).  —  1899.  Ae. 
Musgrave-Clay  (R.  de),  DM—  villa  Viviane,  Salies-de-Béarn  (Basses-Pyr.) 

— 1889.  T. 
Myrial  (M'n^  Alexandra)  —  villa  Mousmé,  La  Gaulette,  Tunisie  — 1900.  T. 
Myres  (J.-L.),  Esq.  Secretary  of  Anthropological  institut  of  G.  B.  andir.  — 

Christ  church,  Oxford  (Angleterre)  —  1901.  Ce. 
Neis  (Paul),  D  M,  Méd.  de  l'"^  cl.  de  la  marine  —  Saigon  (Gochiuchine  fran- 
çaise) —  1881.  Cn. 
Nicolaïevsky  (Constantin)  — 95,  av.  de  Versailles,  Paris,  XV  —  1900   Ce. 
NiEDERLE(Lulior).  DM.Prof.  d'Anthropologie  à  l'Univ.  —  Taborska  ul.  1045 
II,  Prague  (Autriche)  —  1893.  Ae. 


IJSTK    DES    MEMBRES 


NovARO  (BartlioloiiKio),  i)  .M,   l'rof.  à  l;i  Fac.  des  Se.  —  Bueiios-Aires  (Rôp. 

Arg.)  -    1878.  Ce.  . 

NoviKOFF  (J.)  —  6,  rue  de  la  Poste,  Odessa  (Russie)   -  1891.  T. 
Obolonrki  (Nicolas),  DM,  Prof,  à  l'Univ.  —  Kiev  (Russie).  —  1880.  Ae. 
OuvAROFF  (Comtesse),  Présidente  de  la  Société  archéolo^Mr|ue  do  Moscou, 

—  Musée  historique,  Moscou  (Russie).  —  18tXt.  Ae. 
i'AOLiANi  (Lui^^i),  Prof,  à  l'IJuiv.  — ■  Toriiio  (Italie)  —  1877.  Ce. 
Pahillault  ((ieorges),  D  M,  Direct,  adj.  du  Lab.  d'Anthropologie  de  l'Éc.  des 

Hautes  Etudes,  Prof,  à  l'Kcole  d'.Vrithropologie.   —  3,  i[uai  Malaquais, 

Paris,  VI.  -  189;].  T. 
Pahîs  (Gustave),  D  M  —  Luxeuil  (liaute-Saôiie)  —  1880.  T. 
Patl-Boncour  ((Teorges).  DM  —  l(>i,  rue  du  faul)   St-Honoré,  Paris,  VIII. 

—  189'i.TR. 

Pkchdo  (J.),  d  m  —  Villefrauclie  (Aveyron)  —  1878.  T. 

Pêne  (X.),  —  Ozon  Park  Woodaven,  New-York,  L.  I.  (U.  S.  Am.)  -  1884.  T. 

Pknnetirr  (Georges),  D  M,  Prof.de  pliysiologie  à  l'Ec.  deMéd.— 9,  impasse 

de  la  Corderie,  barrière  St-Maur,  Rouen  (Seine-Inf  )  —  1868.  T. 
Perkra  (Prof.  Amlrcws)  —  Slave-Island,  Colombo  (Geylan)  —  1882.  Ce. 
Pétrini  (Michel),  D  M  —  Direct,  du  Service  de  Santé,  Bucarest  (Roumanie) 

—  1874.  Ae. 

P[c  (Dr  J.-L.).  Directeur  du  Musée  Archcologi({ue  —  Prague  (Bohôme).   — 

1905.  Ae. 
PiCHARDO  (Gabriel)  —  La  Havane  (Cuba)  —  1878.  Ce. 
PiCHON,  D  M  —  Ch;\teau  des  Faverolles,  par  Couches  (Eure).  —  1872.  Cn. 
PiÉRON  (Henri),  D  M,  Prép.  à  l'Éc.  des  Hautes-Études  —  96,  rue  de  Rennes, 

Pari.s,  VI.  —  1902.  T. 
PiETKiEwiGZ  (Valérius),  D  M  —  79,  Bd  Ilaussmann,  Paris,  VIII.  —  1878.  T. 
Piètrement  (G. -A.),  Vétérinaire  militaire  en  retraite  —  141,  Bd  St-Michel, 

Paris,  V.  -  1874.  T. 
Piette   (Edouard),  .Juge   honoraire,   Corrosp.    du  Min.  de  l'Inst.  publ. — 

Rumigny  (Ardennes)  —  1870.  T. 
PiGNÉ,  DM  —  San  Francisco,  Californie  (U.  S.  A  m  )  —  1863.  Cn. 
PiGOHiNi  (Prof.  Luigi),  Dirett.  del  Museo  nazionale  proistorico  cd   etnogra- 

lico  —  Collegiaromano,  Roma  (Italie)  —  18S1.  Ae. 
Pinot  (abbé),  missionnaire  —  FortGood  Hope,  Rivière  Mac-Kensie(Canada) 

--  1872.  Ce. 
Pittard  (Eugène),  prof,  au  Collège  de  Genève.  30  Florissant.  Ce. 
PoKRovsKi  (Alexandre),  Lie.  ès-Sc.  nat..  Privât  docent  à  l'Univ.  —  Kliarkov 

(Russie)  —  1894.  T. 
PoRNAiN(Léon),  DM  — 107,  Bd  Saint-Germain.  Paris,  VI.  —  188s.  T.  R. 
PosADA  Akaxgo  (prof.  A.).  D  M  —  Médelline  (Colombie)  —  1870.  Ce. 
PouTiATiNH  (prince  Paul)  —  Ligofka,65,  St-Pétersbourg  (Russie)  —  1896.  Ce. 
Pozzi  (Samuel),  D  M,  memb.  de  l'Acad.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd., 

Chirurg.  des  Hôp.  —  47,  av.  d'Iéna,  Paris,  XVI  —  1870.  T. 
pRENGni;KBEU  (A.),  D  M,  Méd.   do  colonisation  —    Palestro   (Algérie)   — 

1881.  Cn. 
pRiKiiK  (Albert;,  D  M  —  1,  place  des  Vosges.  Paris  IV  —  1892.  T. 
pROKiLLET  (R.  P.),  missionnaire  ci  Haïti.  —  18(;'i.  Ce. 
PuT.NAM  (Prof.   l-'.-W.),  Cnrator  ni  llio   |»eai)ody   muséum    —  Cami>i'idge, 

Mass.  (U.  S.  Am.)  —  1882.  Ae. 


WVI  SOniETK    D  ANTHIKH^iiLOGlE    DE    PARIS 

Rabald  (Etienne),  DMetD.  es  Se,  Prof.  a.lj.  à  l'Ecole  d'Anthropologie 

—  8,  rue  Vauquclin,  Paris.  V.  —  19(_I2.  T. 

Raffeoeau  (Donatien).  D  M  —  9,  av.  des  Pages.  Le  Vésinet  (S.-et-O.)  — 

18S9.  T. 
Ramadikh,  |)  m,  Direct   de  l'Asile  des  aliént-s —  Roilez  (Aveyron)  —  18iM.Cn. 
Rangabé  (Alexandre),  membre  de  la  Soc.   d'archéologie  —  Athènes  (Grèce) 

—  1865.  Ce. 

TUnke   (Johannes),  Prof,  de  Zoologie  à   l'I^^niv.  —  25,  Brienner  Strasse, 

Miinchen  (Allemagne)  —  1882.  Ae. 
Ras/avktow  (\V.),  ancien  Prof,  de  chirurgie —  Moscou  (Russie)  —  1888.  Ce, 
Raymond  (Paul),  D  M,  Agrégé  à  la  Fac.  de  Méd.  de  Montpellier  —  .'34,  av. 

Kléber,  Paris,  XVI.  —  18t)2.  T. 
Reao  (Charles  H.),  Esq.  Keeperof  British  and  Mediœval  Antiquities  and  Eth- 

nography,   British  Muséum  —  22,  Carlyle  Square,  Chelsea,   London 

(Angleterre)  —  1901.  Ae. 
Reboul  (Jules),  D  M,  Cliirurg.  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu  —  1,  rue  d'Uzès,  Nîmes 

(Gard)— 1893.  T. 
Regalia  (Ettore),  R.  Istituto  di  Studi  Superiori  —   3,   via  Gino  (  lapponi, 

Firenze  (Italie)  —  1893.  Ae. 
Regnault  (Félix),  D  M,  anc.  Int.  des  Hôp.  — 185,  houl.  Murât,  Paris,  XVI. 

—  1888.  T  R. 

Regnv-Bey  (de),  <;hef  du  serv.de  Statistique — Alexandrie  (Egypte)  — 1874.Ce. 

Retzius  (Prof.  Gustaf)  —  Stockholm  (Suède)  —  1878.  Ae. 

Revnier  (J.-B.),  D  M  —  Sisteron  ( Basses- Alpesj  —  1886.  T. 

Reynjer  (Paul),  Agr,  à  la  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hôp.  —  12  bis,  place 

Delaborde,  Paris,  VIII.  —  1883.  T. 
Ribbixg  (Lœnnard  de)  —  Lund  (Suède)  —  1898.  T. 

Ribemonï  (Alban),    D   M,  membre   de   l'Acad.  de  Méd.,  Agr.  à  la  Fac.  de 

Méd.,  Accoucheur  des  Hôp.  —10,  BdMalesherbes,  Paris,  VIII.—  1876.T. 

RiBOT  (Th.),  Prof,  au  Collège  de  France,  Direct,  de  la  Revue i^hilomphiquc, 

-^  Librairie  Alcan,  108,  Bd  St-Germain,  Paris,  VI.  —  1880.  T. 
RiCHEi'  (Charles),  D  M,  Membre  de  l'Acad.  de  Méd.,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd. 

—  15,  rue  de  l'Université,  Paris,  VII.  —  1877.  T. 
Ripley  (William  Z.),   Lecturer  on   Anthropology  at  Columbia  Univ.   — 

New  York  (U.  S.  Am.).  -  1901.  Ce. 
RiPOCHE  Y  Torrens  (Diego),   Fondateur  du  Museo    Canario  —  148,  rue 

Rroca,  Paris,  XIII.  —  1895.  Ce. 
Rivet,  I)  M,  Méd.  de  lu  mission  géodésique  française  de  la  Rèp.  de  l'Equa- 
teur. —  Guyaquil.  —  1902.  T. 
Rivett  Carnac  (le  Colonel  .T.  H.),  aide  de  camp  de  S.  M.  le  Roi  d'Angle- 
terre —  40,  Green  street.  Park  Lane,  London  (.Angleterre)- et  château 
de  Wildeck,  Aargau  (Suisse)  —  1883.  Ae. 
Rivière  (Emile),  Direct,  de  Lubor.  au  Collège  de  France  —  03,  rue  de  Bou- 

lainvilliers,  Paris,  XVI.  —  1874.  T. 
Robin  (Paul)  —5,  passage  du  Surrnolin,  Paris,  XX.  -  1881.  T  R.  Anthro- 

po>nélri.e  enfantine. 
Robin-Mas.sé  (Paul),  D  M,  chirurgien  de  rHùpital  Pèan  —  tï,  rue  Castellane, 

Paris,  VIII.  —  1901.  T. 
Roche  (Jules),  Député  —  Square  Monceau,  84,  Bd  des  Batignolles,  Paris, 
XVII.  -  1899.  T. 


LHTK    nES    MfcMBRES  WVII 

Rocher  (Emile;,  Corresp.  du  Miii.  df   l'Inst.  Piilil.,  (:oii!>ul  «li-   France  — 

Liverpool  (Angleterre)  —  1881.  Cn. 
Rothschild  (haron  Edmond  de) —  41,  rue  duFaub.-St-Honoré,  Paris,  VIII. 

—  1875.  T. 
Rothschild  (baron  Gustave  de),  consul  général  d'Autriche  —  2S,  av.  Mari- 

gny,  Paris,  VIII  —  1875.  T. 
RoussELET  (Louis),  Archéologue   —   126,   Bd   St-Gerniain,    Paris,    VI.    — 

1872.tr. 
RouviLRE  (lient. -colonel  de),  au  ministère  de  la  Guerre,  —  Paris,   VII.    — 

1867.  Cn. 
Roux,  D  M,  Méd.  major,  -  12,  Bd  Henri  IV,  Paris,  IV.  —  Hm.  T. 
RowE  (Léo  Stanton),  Prof..  Univ,  of  Pennsylvania  —  Philadelphia  (U.  S. 

Am.)  —  1801.  Ce. 
RiDLEH  (F.-W.),  Esij..  Vice-Président  of  the  Anthropological  Institute  — 

2."»,  Mornington  Crescent,  London,  N  W.  (Angleterre).  —  1881.  Ce. 
Ruelle  D  M,  Médecin  de  l'Armée  Coloniale,  eu  mission  —  1905.  Cn. 
RuTOT  (A.)  -  Conservateur  du  Musée  d'hist.  natur.  —  177,  rue  de  la  Loi, 

Bruxelles  (Belgique).  —  1901.  Ce. 
Saint-Pail  ((t.),  L)  m,  Méd.  major  au  24°  B""  de  chassour.->.  —  Villa  Laups, 

Villefranche-sur-Mer  (Alpes -Maritimes).  —  1902.  T. 
Saintu  (Octave),  D  M  —  61,  rue  de  Maubeuge,  Paris.  IX.  —  1890.  T. 
Sakhokia  (Théodote),  Homme  de  lettres.  —  1905.  Ce. 
S.vlomox  (Çaul),  D  M  —  Saint-Thomas  (Antilles  Danoises).  —  1905.  T. 
Saville  (Marshall  H.)  American    muséum    of   natural   history  —  8"'  av. 

&  west  77»''  Street,  New-York  City.  (U.  S.  Am  )  —  1895.  T  R. 
ScHENK  (Alexandre),  Prof.  agr.  d'Anthropologie  à  l'Univ.  —  31,  rue  Mar- 

theray,  Lausanne  (Suisse)  —  1899.  Ce. 
Schleicher  (Adolphe),  libraire-éditeur  —  15,  rue  des  Sts-Pères,  Paiùs,  VI. 

—  1801. T. 

ScHLEiCHER  (Charles),  libraire-éditeur  —  15,  rue  des  Sts-Pères.   Paris,  VI. 

-  1897.  T. 

ScHMiDT  (Oscar),  palethnologue —  86,  rue  de  Grenelle,  Paris,  VII.  —  1805.  T. 
ScHMiDT  (Waldemar),  Prof.  d'EgyptoIogie  à  l'Univ.  —  Copenhague  (Dane- 
mark) —  187.5.  Ae. 
ScHMiT  (Emile),   Pharmacien  —  24,    rue   St-Jacques,   Ch;\lons  sur-Marne 

(Marne)  -  1892.  T. 
ScHRADER  (Franz),  Prof,  à  l'Éc.  d'Anthropologie  —  75,  rue  Madame,  Paris, 

VI.  — 1892.  T. 
Schwalbe  (G.),  DM,  Prof.  Director  des  anatomischen  Instituts  des  Univer- 

sitats  —  Schwarzwaldstrasse,  39,  Strassburg  f  Alsace)  — 1901.  Ae. 
Sébillot  (Paul),  Membre  de  laConim.  des  Monum.  mégal.  —  80,  Bd  St-Mar- 

cel.  Paris,  V.  —  1878.  T.  Littéralure,  folklore,  traditions  populaires. 
Sée  (Marc),  membre  del'Acad.  de  Méd.,  .\gr.  à  la  Fac.  de  Méd.  —  126,  Bd 

St-Germain,  Paris,  VI.  —  1859.  Hon. 
Seeland  (N.),  d  m,  Médecin  en  chef  de  la  province  de  Semirietschensk  — 

Viernyi  (Russie)  —  188(').  Ce. 
Séglas(J.),  DM,  Médecin  des  Hnp.  —  96,  rue  de  Rennes,  Paris,  VI.  —  i<SSi.  T. 
Second  (Paul),  D  M,  Agr.  à  la  Fac.  de  Méd.,  Chirurg.  des  Hôp.  —  11,  quai 

d'Orsay,  Paris,  VII.  —  1872.  T. 


XXVIII  SOCIKTK    Ii'aNTIII\o1'iiM)0IE    DE    PARIS 

Srlys-Longchamps  fliai-oii  Walllier  de)  —  Cliùteau  d'Ualloy,  Ciiiey  (Belgi- 
que)— 1877.  T.  R. 

Sénkchaldeia  (iHANGK(Kiig«'Mp)  — 5»i,  rue  (le  Londi-ps,  Paris,  VIII.  —  1903.T. 

Seugi  ((iiuseppe).  Direttore  dt-l'  Instituto  antropologico  dell'  Uiiiv.  — 
Roma  (Italie)  -  18W  Ae. 

Skhieux  (Paul),  D  M,  Méd.  de  la  maison  do  sauté  de  Ville  Evrard  —  Neuilly- 
sur-Marue  (S.-et-O.)  -  1891.  T. 

Sehkano  (Matias-Nieto),  D  M,  Secrétaire  de  la  R.  Acad.  de  Méd.  —Madrid 
(Espagne).  —  1865.  Ae. 

SiFFRE  (Achille),  DM,  —  97,- Bd  Saint-Michel,  Paris,  V.  —  19(>;.  T. 

SiGERsoN(G.),DM,Prof.d'hist.  nat.  à  l'Univ.  —  3,<  llare  st.,  Dublin  (Irlande) 

—  1887.  Ce. 

SiNRTY  (comte  Louis  dej,  DM  —  14,  place  Vendôme,  Paris,  I.  —  1884.  T. 
Sommier  (Comm.  Steplien),   Segretario  délia  Soc.    italiana  d'antropologia 

—  3,  via  Gino  Capponi.  Firenze  (Italie).  -  1893.  Ae. 

SnuRY  (Jules),  Direct.  d'Études  à  l'Éc.  des  Hautes-Études—  6,  rucMézières, 

Paris,  VI.  -  1903  T. 
Stanley  (Davis-Charles-Henry),    DM—  Meridon,  Conn.,  (U.  S.  Am.).  — 

1878.  Ce. 

Starr  (Frédéric,  Prof,  à TUniversité  — Chicago,  111.  (U.  S.  Am.).  -  1899.  Ce. 
Stephenson  (Franklin-Bache),  D.  M.,  Médical  Inspector  in  the  U.  S.  Navy 

—  Portsmouth,  N.  H.  (U.  S.  Am.).  -  1878.  T  R. 

Stirda  (Ludwig),  Prof.  d'Anatomie  àl'Univ.  —  Kœnigsberg  (Allemagne)  — 

1879.  Ae. 

Stoenesgo  (Nicolas),  D  M,  Institut  médico-légal,  32,  rue  Isvor,  Bucarest 

(Roumanie)  —  Paris,  VI.  —  1902.  T. 
SuMANGALA,   Principal  du  collège  de  Vidyodaya,  —  Colombo  (Ceylan)  - 

1882.  Ce. 
Syamour  (Mmo  Marguerite),  statuaire— 6,  rue  du  Val-de-Grâce,   Paris,  V. 

—  1888.  T. 

SzoMBATHY    (Josef),    Custos    am    kk.    naturhistorischen    Hofmuseum    — 

8,  Sigmundsgasse,  Wien  VII  (Autriche)  —  1901.  Ce. 
Tarnowski  (Mm°  Pauline),  DM  —  lO'i,  quai  de  la  Moïka,  St-Pétersbourg, 

(Russie).  —  1890.  T. 
Taté,  paléo-ethnologue  —  9  bis,  rue  Micliel-Ange,  Paris,  XVI.  —  1897.  T. 
Tavano,  d  m  —  Rio  de  Janeiro  (Brésil)  —  1878.  Ce. 
Terrier  (Félix),  D  M,  Prof,  à  la  Fac.  de  Méd.,  membre  de  l'Acad.  de  Méd., 

Chirurg.  des  Hôp.  —  U,  rue  de  Solférino,  Paris,  VII.  -  1871.  T. 
Testut  (Léo),   D  M,   Prof.    d'Anatomie  à   la  Fac.   de  Méd.,   Corresp.  de 

l'Acad.  de  Méd.  —  3,  av.  de  l'Archevêché,  Lyon  (Rhône).  —  1883.  T  R. 
Thane  (Georges  D.),  Prof,  of  anatomy  in  University  Collège  —  Gower  street, 

London  W  G.  (Angleterre)  —  1901,  Ce. 
Thieullen  (Adrien)  —72,  rue  d'Assas,  Paris,  VI.  —  1883.  T. 
Thomas  (J.),  DM  —  3,  place  Pereire,  Paris,  XVII.  —  191)1.  T. 
Thomas  (N.  W.),  Curaior  of  the  Library  of  the  anlhropol.  Inslitute  of  G.-B. 

and  Ir.  —  London  (Angleterre)  —  1901.  Ce. 
Thomson  (Arthur),   Ksq.,  Prof,  of  human  Anatomy  in    the   Univ.  —  The 

Muséum,  Oxford  (Angleterre).  —  1895.  Ae. 
THOREL(Glovis),  D  M  —  1,  place  Victor-Hugo,  Paris,  XVI.  —1876.  T. 


LISTE    UK>    MEMBRES  \XIX 

Thuijé  (Henri),  D  M,  Directeur  de  l'Kc.  d'Anliiropologie  —  37,  Bd  Beausé- 

jour,  Paris,  XVI.  —  1866.  T. 
Thursto.v  (Edgar),  Superintendant  MadrasGovernnient  Muséum  —  Egmore, 

Madras  (Indes  Anglaises)  —  18iVi.  Ce. 
TiCHOMiuov  (V.-A.),  prof,  de  Zool.  à  l'Univ.  —  Moscou  (Russie)  —  1879.  Ce. 
TociLEscr  (rirégoire),  Pi'of.  d'archéologie  à  l'Univ  —  Bucarest  (Roumanie) 

—  18'J8.  T. 

ToMMASiNi  (André)  —  Avapesa,  par  Nuro  (Corse).  —  1002.  T. 

TopiNARD  (Paul),  DM—  28,  rue  d'Assas,  Paris,  VI.  —  1860.  T  R. 

ToRDK  (Aurel  von),  D  M,  Prof.,  Direktor  des  Anthropologischen  Muséums 

—  Budapest  (Hon^;rie)  -  180.'-!.  Ae. 

TojiREs  (Melchior),  Agr.  à  l'Éc.  de  Métl.    —  Buenos-Aires  (Rép.  Arg.).  — 

1879.  Ce. 
TouRNAiRE  (Albert)  —  48,  Bd  du  Temple,  Paris.  XI.  —  1903.  T. 
Troutovsky  (Wladimir  C),  Conservateur  du  Musée  des  Armes  —  Moscou 

(Russie)  -  1888.  Ce. 
TuRNER(sir  William),  Prof,  of  Anatoniy  in  the  Univ.  —  6,  Eton  Terrace, 

Edinburgh  (Angleterre).  —  1878.  Ae. 
Tylor  (Edward-B.),   Prof,    of  Anthropology   —   Musoum   House,    Oxford 

(Angleterre).  —  1880.  Ae. 
Valenzuela  (Théodore),  anc.   Ministre  plén.  de   Colombie  —  Bogota    — 

1875.  T  R. 
Vanderkindèrk  (Léon),  Membre  de  l'Ac.  des  Se.  de  Belgique,  Prof.  àl'Univ. 
libre  de  Bruxelles  —  51,  av.  des  Fleurs',   Uccle  (Belgique;  —  1874.  Ae. 
Van  Gennep.  —  4.  rue  du  Moulin  de  Pierre,  Clamart  (Seine).  —  1904.  T. 
Varigard  (M™»)  —  4,  BdFlandrin,  Paris,  XVJ.  —1905.  T. 
Variôt  (G),  DM,  Médecin  de  l'Hôpital  des  Enfants-Malades  —  1,  rue  de 

Chazelles,  Paris,  XVII.  —  1888.  T. 
Vaschide  (Nicolas),  Chef  de  trav..  au  Lab.  de  Psychologie  expér.  de  l'Ec. 

des  Hautes  Etudes,  —  56,  rue  N.-D.  des  Champs,  Paris,  VI.  —  1898.  T. 
Vasgon'cellos-Abreu  (G.  dk)  —  Coïmbra  (Portugal)  —  1875.  Ce. 
Vauchez  'P^mmanuel)  —  Les  Sables-d'()lonnc(Vendée)  —  1888.  T  R. 
Vauvillé  (U.\  Archéologue  —  17,    rue  de    <  Ihristiani,    Paris,    XVIII.    — 

1890.  T. 
Verneau  (R.),  DM,  Assistant   au  Mus('uin  d'IIist.  iiat.  —  lii,  rue  Ferrus, 

Paris!  XIV.  —  1875.  T. 
Vkron  (Mn>e  veuve  Eugène) —  cliàli-t  de  l'Épée,  chemin  de  Puits  à  Antibes, 

(Alpes-Maritimes)  —  1891.  T. 
ViGN'ON  (Louis),  Prof,  à  l'Êc.  coloniale,  —  4    rue  Gounod.  —  lUO'i,  T. 
ViLLARD,  D  M—  Verdun,  (Meuse)  —  1897.  Cn. 
ViANNA,  DM  —  Pernambuco  (Brésil)  —  1877.  Ce. 
Vi.\sEM>KV  (Prince),  Secrétaire  de  l'Ambassade  Impériale  de  Russie  —  79, 

rue  de  Grenelle.  Paris,  VIL  —  19(t5.  T. 
Vielle  (Alexandre),  .Juge  de  paix  —  Ecouen  (S.-et-U.)  —  1^85.  T. 
ViNsoN  (Julien),  Prof,  h  l'Éc.  des   langues  orientales  vivantes  —  58,  rue 

de  l'Université,  Paris,  VIL  —  1877.  T  R. 
ViRft  (Armand),  Doct.  és-Sc.  nat.  —21,  rue  Vauquelin,  Paris,  V.  —  1892.  T. 
VooT (Victor)  —  75,  Bd  Si-Michel,  Paris,  V.  —  1890.  T. 
VoLKOv  (Th.),  Lie.  es  Se.   nat.  —  Musée  d'Imper.   .Mexandre  III.  Section 

d'Ethnographie,  Saint-Pétersbourg  (Russie).  —  1895.  T. 


XX\  SOCIÉTÉ    d'aNTHROPOLOOE    DE    PARIS 

WAt-iHCYKH,  l'rof.  Docteur,  56,  r.uiseiistrassc.  Anatoiniche  Austalt.—  Berlin, 
(Allemagne).  —  liX)'..  Ae 

Wai/i'HKU  (Charles),  ex-.M<'(l.  iii>-pi''t.  do  la  inariin;  —  Seuilly  (Indre-et- 
Loire)  —  18«>5.  Cn. 

Wkiii.in,  I)  M  —'■•1,  ruedi-  l'aris,  Claiiuirt  (Seiiiel  —  1884.  T  R. 

Wkishach  (Augustin),  \)  M,  Cieneral-Stabsar/.t  —  Sparhorsbaohgasse,  41 
Gratz,  II  (Autriche)  — 

Weisgerber  (Ch.-Uenri),  D  M  — (32,  rue  de  Frouy,  Paris,  XVII.  -  188U.  T. 

VViENEa  (Gh.)  —  6,  rue  Margueritte,  Paris,  XVII.  —  1878.  Cn. 

WissENDOHKK  (Hpiirv),  —  Serguievskaïa,  813,  St-P»Hersbourg  (Russie)  — 
1886.  T  R. 

WoRMs  (René),  Doct.  ès-Lett.  Agr.  des  Facultés,  Direct,  de  la  Revue  In- 
tern.  de  Sociologie  —  115,  Bd  St-Gerraain,  Paris,  VI.  —  1893.  T  R. 

Zabouowski  (S.)  —  Thiais  (Seine)  —  1874.  T  R.  Elhnoloc/ie. 

Zoghak(N.  de),  D  M,  Prof,  de  Zoologie  et  Anatomic  à  l'Univ.  —  Moscou 
(Russie)  —  1879.  Ce. 


LISTE    DES   MEMBRES  ^^^' 


Sociétés  savantes,  Bibliothèques  et  Recueils  scientifiques 


qui  reçoivent  les  publications  de  la  Société. 

••  envoi  direct  du  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

*  envoi  par  lintermédiairo  du  Ministère  (service  des  (^changes). 

PARIS 

Académie  de  Médecine  —16,  rue  Bonaparte. 

Anthropologie  (1')  —  Masson  et  Cif,  èdil..  120,  Bd  St-Germain. 

Association  générale  des  étudiants  —  -ii,  rue  des  Ecoles. 
'  Bibliothèque  de  l'Arsenal  —  /,  rue  de  Sully. 
'  —  Mazarine  —  23,  quai  de  Conti. 

r  _  Ste-Géneviève  —  Place  du  Panthéon 

'  —  de  l'Université. 

'  —  des  Sociétés  Savantes. 

*  Commission  des  monuments  mégalithiques  —  .9,  rue  de  Valois. 
Ecole  d'anthropologie—  15,  rue  de  l'École-de- Médecine. 

Ecole  des  Hautes  études.  —  Laboratoire  d'anthropologie  —   15,  rue  de 
l'École  de  MMecine. 

*  Ecole  normale  supérieure  —  Laboratoire  de  zoologie  —  rue  d'Ulm. 
Institut  psychologique  international—  14,  rue  Coudé. 

'•  Ministère  des  Colonies,  (.\nnales  d'hygiène  et  de  médecine  coloniales). 
"  Ministère  do  la  (iuerre.  (.\rchives  de  médecine  et  chirurgie  militaires). 

*  Ministère  do  la  Marine,  (.\rchives  de  médecine  navale). 

*  Musée  d'Ethnograpliie  —  Tfocadéro. 

*  Musée  Guimet  —  Place  d'Iéna. 

*  Muséum  d'histoire  naturelle  (Bibliothèque)  —  8,  rue  de  Buffon. 

*  Muséum  d'hist.  nat.  Laljoratoire  d'anthropologie  —  61,  rue  de  Buffon. 
Progrès  médical —  /■/,  rue  des  Carmes. 

Revue  de  psychiatrie  —  Z)""  Toulouse,  Villejuif  (Seine). 

Revue  scientifique  —  41  bis,  rue  de  Chùleaudun. 

Revue  des  traditions  populaires  —  M.  P.  Sébillot,  80,  Bd  St-Marcel 

Société  des  Américanistes  —  61,  rue  Buffon. 

*  Société  nationale  d'acclimatation  de  France  —  41,  rue  de  Lille. 

*  Société  anatomique  —  15,  rue  de  l'Érole-de-Mêdecine. 

*  Société  des  Antiquaires  de  France  —  Musée  du  Louvre. 

*  Société  de  biologie —  15,  rue  de  l'École  de-Médecine. 

*  Société  d'ethnographie  —  28,  rue  Mazarine. 

*  Société  d'Excursions  scienHûquen— 9  bis,  av.  Victor  Hugo,  St-Mandé  (Seine). 

*  Société  géologique  de  France  —  28,  rue  Serpente. 

*  Société  de  géographie  de  Paris  —  184,  Bd  Sttiermain. 

*  Société  zoologique  de  France  —  14,  rue  deCondé, 


\XXII 


SOCIKTK    D  ANTHROpiir.nr.lF.    DE    PARIS 


DÉPARTEMENTS  ET  COLONIES. 


Abbeville **  Socii'-té  d'émulatiuii. 

Api'H    **  Bihliothéqup. 

Am1elys{Les). ...     *  Société  normande  d'études  préliistoriques. 
Anpers  **  Société  d'apricuUure,  sciences  et  arts. 

—       *  Société  d'études  scientifiques  —  iplace  des  Halles. 

Arras    **  Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Auttin **  Société  éduenne. 

—     *  Société  d'histoire  naturelle. 

Auxerve *  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles. 

Beaiivais **  Société  acad.  d'archéologie,  sciences  et  arts. 

Belfovt *  Société  l)elfortaine  d'émulation. 

Besançon **  Société  d'émulation  du  Doubs. 

Bône *  Académie  d'Hippone. 

Bordeaux  ......  **  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

—        **  Société  archéologique  de  la  Gironde. 

—  *  Société  de  géographie  commerciale  —  à  la  Bourse. 

—         *  Société  de  médecine  et  chirurgie. 

—         *  Société  des  se.  phys.  et  naturelles  —  Palais  des  Facultés. 

Boulogne-sur-M .  **  Société  académique. 

Boîirg **  Bibliothèque. 

Bourges *  Société  des  antiquaires  du  Centre. 

Caen **  Société  des  antiquaires  de  Normandie. 

Chalon-sur-Saône    *  Société  des  sciences  naturelles  de  S.-et-L. 

Chambéry *  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie. 

Chdteaudun  ....       *  Société  dunoise  d'archéologie,  sciences  et  arts. 

Cherbourg **  Société  des  sciences  naturelles  et  mathématiques. 

Constantine *  Société  archéologique. 

Dijon **  Commission  des  antiquités  de  la  Côte-d'Or. 

Douai **  Bibliothèque. 

Draguignan **  Bibliothèque. 

Dunherqve *  Société  dunkerquoise. 

Épinal *  Société  d'émulation  des  "Vosges. 

Gannat *  Société  des  sciences  médicales. 

Grenoble *•  Académie  delphinale. 

—        •*  Bibliothèque. 

—        *  Société  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie. 

Guérel *  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques. 

Hanoi(Tonkin) . . .     *  Ecole  française  d'Extrême-Orient. 

Havre  (Le) *  Société  havraise  d'études  diverses. 

Laon *  Société  académique. 

Lyon ♦  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

— Archives  d'Anthropologie  criminelle —  1,  Place  Raspail. 

—  •  • **  Muséum  d'histoire  naturelle. 

— *  Société  d'anthropologie  —  Palais  St-Pierre. 


KCHANGES  \XXiri 

Mdcon **   AcadtMilie  «les  sciences,  arts  ef   helles-lettres. 

Mtms  (Le) **  Société  d'u},'!-.,  sciences  et  arts  «le  la  Sartlie. 

Marseille **  Acailémie  des  sciences,  lettres  et  beaux-arts. 

—       *  Muséum  d'histoire  naturelle. 

—         *  Société  de  iiiéd.  sanitaire  marit.  —  29,  cours  Lieutaud. 

Muntbeliiird *  Société  d'émulation. 

Montpellier **  Bibliothèque. 

—  **  Société  archéologique. 

—  **  Société  de  médecine  et  chirurgie  pratique. 

Moiili>is *  Société  d'ém.  et  des  beaux-arts  du  Bourbonnais. 

Nancy *  Académie  de  Stanislas. 

Nantes **  Société  de  Médecine. 

—      **  Société  académique. 

—       *  Société  des  se.  nat.  de  l'Ouest  de  la  France. 

Ximes . .  **  Académie  de  Nîmes. 

—       **  Bibliothèque. 

—       *  Société  d'études  des  se.  nat.  —  0,  quai  de  la  Fontaine. 

Niort **  Société  de  statistique,  sciences  et  arts. 

Poitiers **  Bibliothèque. 

—       *  Soc.  des  antiquaires  de  l'Ouest  —  rue  des  Grandes-Ecoles. 

Retins **  Académie  nationale. 

Rouen.. . .  : **  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

—     *  Société  des  amis  des  se.  nat.  —  -JO  bis,  rue  St-Lô. 

— **  Société  de  Médecine. 

St-Denis  (Réunion)..    *  Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

St-Omer **  Soc.  des  antiquaires  de  la  Morinie  —  5,  rue  Caventou. 

St-Quentin *  Société  académique. 

Senlis *  Comité  archéologique. 

Sens **  Bil)liothéque. 

Soissons *  Société  archéologique,  iiistori«iue  et  scientifique. 

Sousse  (Tunisie).         Société  archéologie. 

Toulon **  Bibliothèque. 

Toulouse **  Société  d'histoire  naturelle. 

—       *  Société  archéologi(jue  du  midi  de  la  France. 

—       **  Société  de  médecine,  chirurgie  et  pharmacie. 

Tou)-s *  Société  de  géographie. 

Troyes *  Société  académique  d'agric,  sciences  de  l'Aube. 

Tunis. *  Institut  de  Carthage  —  rue  de  Russie. 

Vannes *  Société  polymathique  du  Morbihan. 

Vendôme ♦  Société  archéologique  et  scient,  «lu  Vend«5mois. 

Versailles *  Commission  des  Anti«|uités  de  Seine-et-Oise. 

Vienne **  Bibliothèque. 


WMV 


SOCIKTK    n  ANTHROPOLOC.IF.    DE    PARIs 


ÉTRANGER 


Alleii)ii{;iie. 

Berlin *  /^;its(•||I•ift  filr  l)omo;,rtapliic  umi  stalistik  der  Juden. 

R(  rliii-Haleiisop,  Gf'ort,'Willienibtrassp,  22. 
Berlin  {S.  W.)  ..  .     *  HerliiMM    Aiithropolo<ïische    Gesellschaft     (Zeitschrift 

fiir  Ethnologie)  —  120,  Kôniggràtzer  Slrasse. 
Braanschweiy.. .     *  Deutsche  Gesellschaft  fur  Anthropologie  (Archiv  fUr 

A  nthropoloyif)  —  F.  Vietveg  und  Sohn,  édit. 

Dresden *   Verein  f'iir  Knlkunde  —  Kl.  Briidergasse,  2i. 

Kunigsberg *  Physikaliscl»  -  Œkonomische  Gesellschaft  —    Lange- 

lieihe,  4. 

Leipzig *  Vereiii  fur  Krdkunde  —  ^,  Beethovenslrasse. 

Mûnchen *  Mi'inchener  Gesellschaft  fur  Anthropologie  (Beiirdg. 

zur  anthropologie). 

—       *  Bayerische  Akademie  der  Wissenschaften. 

Ntirnberg •  Naturliistorische  Gesellschaft. 

Stettin  (I) Internationales    Gentralblatt    fiir   Anthropologie    — 

D""  G.  Buschan,  Fricdrich-Carlstrasse,  7 . 

Alsace-Lorraine. 

Cohnar *  Société  d'histoire  naturelle. 

Strassburg Zeitschrift     fiir     Morphologie     und    Anthropologie. 

Prof.  G.  Schwalbe,  Srhuarztvaldsti'asse,  59. 

Angleterre  et  colonies. 

Dublin *  Royal  Irish  Acadeniy  —  19,  Dawson  street. 

Edinburgh *  Collège  of  Physicians. 

—         *  Society  of  Antiquaries  of  Scotland  —  Queen  street. 

—  ....     *  Royal  Society  —  Mound-Princes  street. 

London *  Anthropological    Institute    of     Great     Britain     and 

Ireland  —  3,  Hanover  square. 

—      Journal  of  Anatomy  and  Physiology  —  Griffin,  édit., 

Exeter  street,  strand. 

—      Nature  —  Macmillan  and  C",  édit.,  St-Martin's  street.  W.  C. 

Boynbay  (India).     *  Anthropological  Society. 

Calcutta.      —  *  Asiatic  Society  of  Bengal  —  57,  Park  Street. 

Madras.       —  *  Madras  Government  Muséum. 

Sydney  (N.  S.  W.)    *  Anthropological  Society  of  Australasia.  —7,Lincoln's 
Inn  Charniers,  Elizabeth  street. 

—      *  Royal  Society  of  New  South   Wales  —  5,  Elizabeth 

street  north. 
Toronto(Canada)    *  Canadiau  Institute  —  58,  Richmond  Street  East. 
NewPlymouth(N.Z.)    *  Polynesian  Society. 

Autriche-Honsrie. 


Agram  (Zagreb). 
Budapest 


Cracovie. 


*  Jugoslavenska  Akademija  Znanosti. 

*  Ethnographische  Abtheilung  des  Ung.  National  mu 

seums  —  Csillag-utcza,  15. 

*  Académie  des  Sciences.   (Materialy  antropologiczuo- 

archeologiczne). 


ECHANGE- 


\X\V 


Lemhei  (j  (A"-o  ') 

l'rag  (Praha) . .  . 

Sarajevo  

Trieste 

Wien  (/) 


liru.celles 


*  Towarzystwo  hulozuawcze  — m/.  Zimorowkza,  7. 

*  Société  stMoiitifiqiUMle  Chevtchetiko — Qfy^rueCzarnccki. 

*  Naroflopisiir  Muséum  (  leskoslovanské  — PrJAo/vj/,  12. 

*  Muséum  Kralovstvi  Oského  {Pamalhj  nrrhaeologirke) . 

*  Bosiiisch-IIerzegoviuisclies  Lauiles-Museuiu. 

*  Museo  civico  di  Storia  naturale. 

*  Anthropologische  (îesellschaft—  Burqring,  7. 
lieographie  (Tesellscliaft  —  ia  Wien  W'allzeile,  33. 

BeiKiqae. 

*  Académie  royale  de  Belgique.  Palais  des  Académies. 

*  Musée  de  l'Ktat  iudépeudaut  du  Congo  iO,  vuedeNamur. 

*  Société  d'anthropologie. 

*  Société  d'archéologie —  tl,  rue  Raceinstein. 

*  Société  de  géographie  —  liO,  rue  de  la  Limite. 

*  Société  de  géologie  —  39,  place  de  l'Industrie. 


Brésil. 

Rio-de-Janeiro. . .     *  Museo  nacional. 

Chili. 
Santiago *  Société  scientifique  du  Chili  —  Casilla  12  D. 


Séoul. 


Copenhague. 


Le  Caire- . 


Madrid. 


Boston  {Mass.). .. 
Cambridge(Mass.) 


Chicago  {III. 
New-York. . 
Philadelphia{Pa 


St-Louis{Mo.). 
Salem  (Mass.). 


Corée 

*  Asiatic  Society,  Korea  branch. 

Danemark. 

*  Société  royale  des  antiquaires  du  Nord. 

Egypte. 
"  Institut   Égyptien. 

Espagne. 

*  R.  Sociedad  geografica  —  2i,  Galle  del  Léon. 

États-Unis. 

*  Boston     Society    of    Natural    History    —    Berkeley, 

Boyleston  street. 

*  Muséum  of  Comparative  Zoôlogy. 

*  Peabody  Muséum  of  american  Archaeology. 
The  American  Naturalisa 

The  American  Antiquarian. 

*  American  Muséum  of  Natural  History. 

*  Academy  of  natural  Science  —  Logan  square. 

*  American  Philosophical  Society,  i04,  South  Fifth  st. 

*  Free  Muséum  of  Science  and  Art. 

*  Numismaticand  Antiq.  Society,  708, S.  Washington, Sq. 

*  Academy  of  Sciences  —  Corner  slreet  16. 

*  Essex  Instituts. 


WXVI  SÙC.IÉTK    I)  ANTlIROl'dLOfirE    DE    PARIS 

^V<lxkin(Jlon{D.C.)       Amencaii  AiitlirupoIo},'ist.  ^U  h\\V.Hodgp,t333  I'  Street. 

—         Bureau  of  Aincricaii  Etiiiiology. 

—  ....     •  Siuithsoiiiaii  Institution. 

—  ....     "U.S.  Geological  Survey. 

Grèce. 

Athènes  . .       ....     *  Socit't»"'  historique  et  ethnologique. 

Hawaï. 

Honnlulu *  Bernice  Fauahi  Bisliop  Muséum. 

Hollande  et  Colonies. 

Atiislei'ddt/i *  K.   nederlandscli  Aardrijkskundig Genootschap. 

Leiden luttunationales  Archiv  fur  Ethnographie.  —   Rapen- 

buig,  09. 
Batavia  {Java).. .     *  Bataviaasch  Genootschap  van    Kunsten   en    Weten- 

schappen. 

."Morvège. 

Trondhjem Société  de  Videnskaber  Selskabs. 

Italie. 

Firenze. .'. *  Società  italiana  d'antropologia,  —  3,  via  Gino  Capponi. 

Palevmo La  Scienza  sociale.  —  Prof.  Fr.  Cosentini,  Via  Palazzo 

Monteleone. 

Milano *  Società  italiana  di  scienze  naturali.  —  Nuovo  Museo 

civico,  Corso  Venezia. 

Napoli *  Società  reale. 

Rotna Bullettino  di  Paletnologia  italiana  —Prof. L. Pigorini, 

Collegio  Romano. 

—     Cosmos  di  Guido  Gora — 2,  via  Goito. 

Roma *  Società  geografica  italiana  —  i02,  Via  del  Plebiscito. 

—       *  Società  romana  di  antropologia  —  26,  via  del  Collegio 

romano. 
Torino *  Accademia  di  medicina. 

Japon. 

Tokyo *  Anthropological  society  —  5,  Rokuchomc  Hongo. 

—      *  Asiatic  society  of  Japan  —  17,  Tsukijy. 

~      *  Impérial  University  (Teikoku  Daigaku)  —  Hongo. 

Mexique. 

Mexico *  Museo  nacional. 

Portugal. 

Lisboa *  Sociedade  de  geographia  —  rua  de  Sanio  Antào. 

—      G  archeologo  português  —  Bibliotheca  nacional. 

Porto Portugalia  —  548,  rua  de  Codofeita. 


ECHANGES 


XXXVII 


Kc'itiibliiiiio    .\rt;entiiio. 

Buenos-Airi'n  . . . .  *  Instituto  geografleo  -  Flondu,  l.'iO. 

—  ...  *  Museo  nacional. 

Cordoba    *  Acadeniia  iiacioiial  de  Gieiicias. 

La  Platd *   Miisco  de.  La  Plata. 

Roiiinanie. 

'iissy ...     *  Société'  des  uirdei.iiis  et  des  naturalistes. 

—       *  Societatea  stiintiûca  si  literara. 

Russie. 

Ekatevinbouvg . . .     *  Société  ouralienne  des  naturalistes. 
H''lsingforsi Finlande)  *  Société  finiio-ougrionne. 

—  .....     *  Suomeii  Muiiiaisinuistohdistys. 

Kdzan Société  archéolo^'iiiue,  histor.  et  ethnographique. 

Kiev *  Université  impériale  de  St-Wladimir. 

_         .\n-heologitcheskaïa   Liétopis  Yujnoi   Rossii  — 

M.  Bielachpwsky,  directeur. 

Miechotr. Bi})liothé(jue  et   musée  universel  —  M.  StCzarnovski, 

directeur. 
Moscou *  Société  des  amis  des  sciences  naturelles. 

—  . . . , liousskiy  antropologhitcheskiy  .Journal. 

_         Etnografitcheskoïé  Obozrienié  —  Musée  polytechnique. 

—         *  Société  impériale  des  naturalistes. 

y orti Alexandrin.        Annuaire    géologique  «le   la  Russie —  M.  S.  Krijch- 
tafovitch,  directeur. 

St-Pëtembourij.  .       *  Société  impériale  de  géographie. 

..."  Société  d'anthropologie — Académie  de  Médecine  mili- 
taire. 

Varsovie Swiatowit  — E.  Majewski,  rue  Zlota,  01. 

Suède. 

Siorkholin *  K.   Vitterhets  Historié  och  Antikvitcts  Akademion. 

_         *  Svenska  Siillskapet  for  Antropologi  och  Geografi. 

SuiHse. 

Bn.<<el *  Naturforschende  Gesellschaft. 

Genève *  Société  de  géographie  —  à  l'Athénée. 

Lausanne *  Société  vaudoise  des  sciences  naturelles. 

Xeucfuitel "  Société  neuchàteloise  de  géographie. 


soc.  u'anthrop.  190b. 


WXVIII 


SOCIÉTK  d'aNTHRi»1'OL0IÎIE  DE  PARIS 


BUREAU  DE  1906 


Prësi(h'nl M^ï 

1er  Vice-Présidf'nt 

2P  Vice-Président 

Secrétaire  général 

Secrétaire  général  adjoint. 

Secrét'tires  dfx  séances  .... 

Conservateurs  des  collections.    . 

Archiviste 

Trésorier 


ILVMY. 

Zaborowski. 

Ed.  CUYER. 
MANOrVRIER. 

Papillault. 
l  Anthony. 
}  Paul-Boncour. 
(  Rabaud. 
)  Delisle. 
i  a.  de  mortillet. 

d'Échkrac. 

HUGUET. 


COMITÉ  CENTRAL. 

MM.  Anthony.  —  Azoulay.  —  Collignon.  —  E.  Collin.  —  Cuyer.  — 
Daveluy. —  Delisle.  —  D'Echérac.  —  Férk.  —  Fourdrignier.  —  Maxiini- 
lion  Georges.  —  Huguet.  —  Laville.  —  Loisel.  —  Mahoudeau.  —  Manou- 
vrier.  —  A.  DE  Mortillet.  —  Papillault.  —  Paul-Boncour.  — Rabaud. 

—  Raymond.  —  E.  Rivière.  —  Topinard.  —  Vinson.  —  Viré.  —  H.  Weis- 
GERBER.  —  Zaborowski. 

Comme  anciens  Présidents  :  MM.  Bordier.  —  Gapitan.  —  <  Ihervin.  — 
d'.\ult  du  Mesnil.  —  Deniker.  — Mathias  Duval.  — Yves  Guyot.  — Hamy. 

—  Hervé.  —  Pozzi.  —  Paul  Sébillot.  —  Thulié.  —  Verneau. 


COMMISSION  DE  PUBLICATION 


MM.    d'Ault  du   Mesnil.    —    Deniker.   —   Paul   Sébillot. 


DILÉGDÉS  AU  COMITÉ  D'ADMINISTRATION  DE  L'ASSOCIATION  POUR  L'ENSEIGNEMENT  DES  SCIENCES 


MM.  Vinson.  —  Verneau. 


l'IUX    nKCEIIXKS    l'AK    I.A     StlClÉTK  \\\l\ 

PRIX  DÉCKRiNÉS.PAU  LA  SUCIÊTÉ.    " 

DISPOSITIONS      RÉGLEMENTAIRES      COMMUNES 
AUX        PRIX        GODARD,         BROCA         ET        BERTIULON 


Les  membres  (|ui  composent  le  Oomit/'  central  de  la  Socii'-ti-  d'antliropolo- 
gie  sont  seuls  exclus  des  concours. 

Tout  travail  qui  aurait  été  couronin'  par  une  autre  Société,  avant  son  dé- 
pôt à  la  Société  d'anthropologie,  est  exclu  des  concours. 

Le  jury  d'examen  comprendra  cinq  membres  élus  au  scrutin  de  liste  par 
les  membres  du  Comité  central,  choisis  dans  son  sein  et  à  la  majorité  ab- 
solue des  membres  (jui  le  composent. 

Ce  jury  fait  son  rapport  et  soumet  son  jugement  à  la  ratilication  du  Co- 
mité central. 

Le  jury  d'examen  sera  élu  ([uatre  mois  au  moins  avant  le  jour  où  le  prix 
doit  être  décerné. 

Tous  les  travaux,  iiupriiiiés  uu  manuscrits,  adressés  à  la  Société  ou  pu- 
bliés après  le  jour  où  le  jury  d'examen  aura  été  nommé,  ne  pourront 
[•rendre  part  au  concours  (|ue  pour  la  période  suivante. 

Dans  le  cas  où,  une  année,  le  prix  en  concours  ne  serait  pas  décerné, 
il  serait  ajouté  au  prix  qui  serait  donné  au  concours  suivant. 


DISPOSITIONS      SPÉCIALES      AUX      DIVERS      PRIX 

PRIX   GODARD 

FONDÉ  EN    1862    PAR  LE  DOCTEUR  ERNEST  GODARD. 

Extrait  du  testament.  —  «  Ce  pi'ix  sera  donné  au  meilleur  mémoire  sur 
un  sujet  se  rattachant  à  l'Anthropologie;  aucun  sujet  de  prix  ne  sera  pro- 
posé. » 

RÈGLEMENT 

1.  —  Le  prix  Godard  sera  décerné,  tous  les  deux  ans,  le  jour  de  la 
séance  solennelle  de  la  Société. 

2.  —  Ce  prix  est  de  la  valeur  de  500  francs. 

3.  —  Tous  les  travaux,  manuscrits  ou  imprimés,  adressés  ou  non  à  la  So- 
ciété, peuvent  prendre  part  au  concours. 

Voir  les  dispositions  cotmniines  à  divers  prix. 

Le  prochain  concours  aura  lieu  en  1907. 


PRIX    BROCA 

FONDÉ  EN  1881  PAR  Mn'e  BROCA. 

«  Ce  prix  est  destiné  à  récompenser  le  meilleur  mémoire  sur  une  question 
d'anatomie  humaine,  d'anatomie  comparée  ou  de  physiologie  se  rattachant 
à  l'Anthropologie.  » 

RÈGLEMENT 

1-  —  Le  prix  Broca  sera  décerné,  tous  les  deux  ans,  le  jour  «le  la  séance 
solennelle  de  la  Société. 


\|.  SCCIÉTK    I)  ANTlIRoPol.UIWE    DK    I'AIII> 

■^.  —  (le  prix  est  de  la  valeur  de  l.fjOt  francs. 

S.  —  Tous  les  mémoires,  manuscrits  ou  im|»rim»^s,  adressés  à  la  Société 
peuvent  prentlrc  part  au  CDiicours;  toutefois  les  auteurs  des  travaux  impri- 
més ne  pourront  prendre  part  au  concours  qu'autant  (ju'ils  en  auront  for- 
mellement exprimé  l'intention. 

Voir  les  dispositions  communes  à  dir>ers  prix. 

Le  prnchdin  concours  aura  lieu  en  1906. 
PRIX  BERTILLON 

FONDÉ  EX  188;j  PAU  MM.  HEKTILLON  FHÉRES, 
CONFOHMÉMENT  A  LA  VOLONTÉ  DE  LEUR  PÈRE,  ADOLPHE  BERTILLON. 

«  [.e  prix  Bertillou  sera  décerné  sans  distinction  de  sexe,  de  natio- 
nalité ni  de  profession,  au  meilleur  travail  envoyé  sur  une  matière  con- 
cernant   l'anthropologie,    et,  notamment,  la  démographie.  » 

RÈGLEMENT 

1.  —  Le  prix  Bertillon  sera  décerné,  tous  les  trois  ans,  le  jour  de  la  séance 
solennelle  de  la  Société. 

2.  —  Ce  prix  est  d'une  valeur  de  500  francs. 

3.  —  Tous  les  mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  adressés  à  la  Société, 
pourront  prendre  part  au  cohcours;  toutefois,  les  auteurs  des  travaux  im- 
primés ne  pourront  prendre  part  au  concours  qu'autant  qu'ils  en  aiLrout 
formellement  exprimé  rintentiou. 

Voir  les  disjjosilions  communes  à  divers  prix. 

Le  prochain  concours  aura  lieu  en  1907. 


PRIX    FAUVELLE 

FONDÉ  EN  1895  PAR  LE  D""  FAUVELLE  (lOUIS-JULES) 

RÈGLEMENT 

1.  —  Le  prix  Fauvelle  sera  décerné  tous  les  trois  ans,  au  mois  de  décembre. 

2.  —  ("e  prix  consiste  en  une  somme  de  2,000  francs. 

3.  —  Toute  personne,  sans  exception,  pourra  concourir. 

4.  —  Les  mémoires  susceptibles  d'être  couronnés  devront  traiter  un  su- 
jet d'analomie  ou  de  yjhysiologie  du  système  nerveux. 

5.  La  Commission  d'examen  sei-a  composée  de  cinq  membres  élus  par  la 
Société  au  scrutin  de  liste  et  choisis  dans  son  sein,  à  la  majorité  des 
membres  présents,  quatre  mois  au  moins  avant  la  proclamation  <lu  résultat. 
Les  auteurs  des  mémoires  ne   pourront  pas  faire  partie  de  la  commission. 

6.  —  Le  rapport  sera  rédigé  par  écrit  et  soumis  à  la  Société,  qui  jugera  le 
concours  et  distribuera,  s'il  y  a  lieu,  les  récompenses  ou  les  encouragements. 

7.  —  Les  travaux  adressés  à  la  Société  par  leurs  auteurs  devront  être  dé- 
posés au  secrétariat  avant  le  jour  de  la   nomination  de  la  Commission. 

8.  — Toutes  les  œuvres,  manuscrites  ou  imprimées,  adressées  ou  non  à 
la  Société  et  traitant  un  sujet  conforme  aux  conditions  de  l'article  4, 
pourront  être  admises  au  concours  par  la  commission. 

9.  —  Si  le  prix  en  concours  n'était  pas  décerné,  la  somme  non  distri- 
buée ferait  l'objet  d'un  autre  concours  l'année  ou  les  années  suivantes. 

Le  prochain  concours  aura  lieu  en  1908 


ANT.IKN-    rUl.>ll>i;M>    DE    \.\    SilCIKTK 


ANCIENS  PRÉSIDENTS   DE  LA  SOCIÉTÉ 


.\I.M.  (  18.7.1;  Maktin-Magron.  —  (1860)  Isi(iore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

—  (ISOl)  Héci.ahd.  —  (i8G--2)  Boudin.  —  (ISCCJ)  DE  (JUATUEFAGEs.  —  (18«iii 
(tkatiolet.  —  (18(iô)  PRUNKR-IiKY.  —  (hSijd)  Pérfer.  —  (1867)  Gavarret. — 
(1868)  Bertrand. --(1869)  Lartet   —  (187U-71)  Gaussin.  —  (1872)  Lagneai;. 

—  (1873)  Bertillon.  —  (1874)  Faidherbe.—  (1875)  Dai.ly.  —  (1876)  de  Mor- 
TH.i.Eï.  —  (1877)  DE  Ranse.  —  (1878)  Henri  Martin.  —  (1879)  Sanson.  — 
(18H())Ploix.  —(1881)  Parrot.  -  (1882)  Thui.ié  —(1883)  Proust.  —  (18&4) 
Hamy.  — (188.-)H)rRKAr.  —  (188*;)  Letourneau.  (1887)  Magitot.  —  (1888) 
Pozzi.  —  (1889)  Matliias  Dlval.  —  (1890)  Hoyelacuie.  —  (1891)  Laborde. 

—  (1892)  BoRDiER.  —  (1893)  Pli.  Salmon.  —  (189'i)  Dareste.  —  (1895) 
Issaurat.  —  (1896)  Aiulré  Lefkvre.  —  (1897)  Ollivier-Beauregard.  — 
(189S).  Hervé   —  (1899).  Capitan.  —  (1900)  Yves  Guyot.  —  (1901)  Chervin, 

—  (1902)  Verne.au.  —  (1903;  D'Ault-du-Mesnil.  —  (1904)  Deniker.  — 
(190.5)  Paul  Sébillot. 


ANCIENS  SECRÉTAIRES  GÉNÉRAUX 


MM.  Broc  A  (Paul),  1859-1880. 

TopiNARD(Paul),  1881-1886. 
Letourneau  (Charles),  1887-1902. 


PRINCIPAUX  DONATEURS 


MM. 
1862.  —  Eroest  Godard  (Prix). 
1881.  —  Madame  Paul  Broca  (Prix). 

1884.  —  J.  H.  A.  DES  RoziERs  (Legs) 

1885.  —  Adolplie  Iîertillon  (Prix). 
1853.  —  Jules  Delahaye  (Legs). 
1895.  —  Jules  Fauvelle  (Prix). 
1897.  —  F.  J.  Audifred  (Legs). 

1900.  —  Auguste  Dethorre  (Legs). 

1901.  —  Pierre-Frriest  Lamy  (Legs). 

1902.  —  Charles  Letourneau  (Legs). 

1903.  —  A.  J.  E.  LouET  (Legs). 


SI?"  SEANCE.  —  4  JiiiiNicr  VM. 

Frésidenck   i)k  m.   Il  a. m  y. 

INSTALLATION     DU     BUREAU 
pour  1906. 

Allocution  de  M.  Sébillot,  Président  sortant. 

Mes  (;heks  Collègues, 

Avant  'le  (|iiilltM'  la  présiflence,  je  dois  vous  n'iiiorcier  «le  la  (•oiislante 
iiit'iiveillaiiLe  t|iie  vous  m'avez  témoignée  ;  je  vous  en  suis  iirolonili'mi'nl  recon- 
naissant, car  vous  avez  reniln  ainsi  ma  lAehe  agréable  el  l'acile. 

L'année  qui  vient  de  s'écouler  a  été  signalée  par  des  communications  du  [jIus 
:.'rand  intérêt,  et  votre  nouveau  bureau,  de  concert  avec  l'ancien,  s'est  préoc- 
'  iipé  des  moyens  à  employer  pour  les  rendre  en  190G.  plus  nombi'euses  et  plus 
variées.  Il  sera  puissamment  secondé  par  votre  nouveau  président.  Ses  travaux 
sont  trop  connus  ici.  el  dans  tout  le  monde  scientillque,  pour  (pie  j'aie  à  en  parler. 
Mais  il  m'est  permis  de  constater  ipie  son  dévouement  à  notre  compagnie 
remonte  à  une  époque  déjà  lointaine,  el  (pi'il  ne  s'esL  jamais  démenti.  Les 
tables  de  nos  bulletins  attestent  la  part  active  qu'il  a  prise  à  nos  discussions. 
Son  année  de  présidence  l'ut  une  des  plus  fécondes  que  noti'c  société  ait 
connues;  et  je  suis  persuadé  que  sous  son  impulsion,  secondée  par  ses  dévoués 
collaborateurs,  nos  séances  seront  aussi  lirillaiitcs  «praux  plus  belles  époques 
de  notre  bisloire  scienlilique. 

C'est  avec  confiance  que  je  remets'  mes  pouvoirs  au  docteur  llamy.  et  que  je 
le  convie  à  prendre,  pour  la  seconde  fois,  place  dans  ce  fauteuil,  qu'il  a  déjà  si 
dignement  occupé. 

Allocution  de  M.  Hamy,  Président  pour  1906. 

Mes  ghers  Collègues, 

Je  vous  suis  extrêmement  reconnaissant  de  l'iionueur  exceptionnel  iiuc  vous 
m'avez  conféré  en  m'appelant  une  seconde  fois  à  présider  vos  séances.  Dans  les 
rirronstances  particulièrement  pénibles  où  vous  avait  placé  la  mort  inopinée  du 
président  désigné  de  1906,  vous  avez  jugé  bon  de  faire  appel  à  la  vieille  c\p('- 
rience  de  l'un  des  anciens  de  la  Société  et  vous  avez  désigné  pour  prendre  la 
place  du  cber  défunt  l'un  des  deux  survivants  de  votre  Comité  central  de  18G(S 
(l'autre  est  mon  vieil  ami  De  Ranse),  votre  président  de  1884  rappelé  au  fau- 
teuil au  bout  de  22  ans.  Cette  périodicité  à  long  terme  ne  donnera  d'ombrage 
à  personne,  je  l'espère:  le  nombre  de  ceux  de  mes  successeurs  qui  pourront 
suivi-c  cet  exemple  ne  sera  jamais  bien  grand  (22  ans,  c'est  presque  une  car- 
rière) et  la  tàcbe  est  fort  utile  à  mon  sens,  qu'ils  pourront  remplir  de  temps 
en  temps,  au  milieu  des  plus  jeunes,  en  évoquant  la  tradition  des  premières 
années  de  notre  compagnie. 

Lorsque  j'ai  été  nommé  membi-e  titulaire  le  21  mars  1867  (il  y  foua  bientôt 
soc.  d'anthrop.  i906.  t 


-_>  i   j\N\ii;it    l'.tIXl 

39  Hns)  il  v  a\ait  dt'ja  plusieurs  HnMfOs(|ui'  je  suivais  assidùnieul  clia<|ue  ijuiiizaine 
les  séanees  de  la  Société.  Nous  étions  quatre  auditeurs  derrière  la  jietite  barrière 
(ie  bois  (jui  limitait  reinpiacenicnt  du  public  à  la  salle  «le  la  rue  de  l'Abbavo  ; 
un  otudianl  en  droit  de  mes  amis,  l'oncle  de  Damaschino  qui  servait  de  secré- 
taire à  Prùner-Bey  et  un  amateur  inconnu  qui  marquait  assez  mal  et  ()u'on  a 
su  plus  tanl  èti-e  le  délégué  de  M.  le  Prélct  de  police. 

Devant  nous,  assis  à  deu.\  rangs  de  petites  tables  disposées  en  double  équerre, 
tout  un  personnel  d  élite  que  Broca  avait  su  intéresser  à  son  œuvre;  des  explo- 
rateurs comme  Martin  de  Moussy  et  Carlier,  des  historiens  et  des  archéologues 
romme  Henri  Martin  et  Alexandre  Bertrand.  Mortillet  etLeguay,des  naturalistes 
roinuii'  (Jualrel'ages  et  Larlet,  <les  linguistes  couinie  (laussin,  des  etbnograpbes 
riiinme  Malaillard  et  surtout  des  médecins,  médecins  de  l'armée  ou  de  la  marine, 
méilecius  litlérateiu's  et  médecins  journalistes,  médecins  aliénistes.  sociologisles 
et  statisticiens,  Périer,  Boudin,  Daily,  Brière  de  Boismont.  Delasiauve,  Berlillon. 
Letourneau  et  bien  d'autres  que  je  ne  saurais  nommer,  mais  ilont  r\o?^  Biif le/ in.s 
nous  ont  conservé  la  mémoire. 

Et  au  milieu  de  cet  auditoire  curieusement  composite  et  remaïquable- 
ment  assidu,  les  deux  antagonistes  toujours  en  présence.  Broca  et  Priiner-Bey. 
deux  natures  aussi  opposées  que  possible  à  quelque  point  de  vue  que  ce  IVit  : 
instruction  très  étendue  de  part  et  d'autre,  mais  profondément  différentes, 
méthodes  scientifiques  à  peu  près  inverses,  exposition  aussi  lourde  chez  l'un 
qu'elle  était  aisée  chez  l'autre,  convictions  égales,  amour  égal  de  nos  études, 
même  désir  de  servir  la  science  et  notre  compagnie. 

Ainsi  constituée,  presque  dès  ses  débuts,  la  Société  d'Anthropologie  ne  pouvait 
manquer  de  prendre  des  développements  qui  la  valent  amenée  à  compter,  quand 
j'y  entrai,  le  chiffre  respectable  de  335  membres  dont  222  titulaires,  llélas  ! 
elle  s'est  presque  entièrement  renouvelée  depuis:  et  il  ne  reste,  je  le  constate 
avec  mélancolie,  sur  le  tableau  des  membres  publié,  en  janvier  dernier,  que /mi7 
de  nos  collègues  de  l'année  1867.  Si  le  personnel  a  changé,  l'esprit  aussi  s'est 
profondément  modifié.  Comme  dans  toutes  les  sociétés  similaires,  l'analyse  des 
laits  a  pris  ie  pas  sur  les  <liscussions  générales,  tandis  que  de-ci  de-làsur  l'arbre 
de  la  science  poussaient  de  nouveaux  rameaux. 

Il  n'en  est  pas  qui  ait  plus  rapidement  bourgeonné  et  fleuri  que  cette  greffe, 
d'origine  étrangère,  qui  porte  le  nom  de  folklore.  Il  faut  avoir  tenté,  comme 
tout  jeune  je  l'ai  fait,  d'aborder  l'examen  de  certains  problèmes  relatifs  aux 
traditions  populaires,  pour  savoir  dans  quel  abandon  on  en  avait  laissé 
l'étude.  Champfleury  allait  presque  jusqu'à  leur  x-efuser  l'existence  et  je  me 
rappelle  avec  quelle  surprise  et  quelle  joie  je  recueillis  dès  1861  certaines 
légendes  locales,  certains  chants  anciens  de  ma  vieille  province. 

Vous  avez  voulu  faire  honneur  à  ces  études  nouvelles  en  appelant  à  vous 
présider  l'an  dernier  l'un  des  hojnmes  qui  ont  le  plus  activement  travaillé  à  les 
développer  dans  notre  pays.  Je  veux  parler  de  notre  savant  et  aimable  collègue 
Sébillol.  qui  consacre  la  lin  d'une  longue  et  laborieuse  carrière  à  la  publication 
d'un  vaste  ouvrage  d'ensemlde  sur  la  tradition  nationale.  Je  le  salue  en  votre 
nom.  en  le  remerciant  de  tout  ce  qu'il  a  fait  pour  la  Société  pendant  la  prési- 
dence qu'il  abandonne  et  en  le  félicitant  d'avoir  édifié  à  la  science  qu'il  connaît 
si  bien  le  monument  que  nous  admirons  tous. 

.l'appelle  .MM.  les  vice-présidents  et  secrétaires  élus  pour  1906  ù  prendre 
place  au  bureau. 


illJKlS   DE   I,  Ai;E  UK  l'IEltllK 


OUVRAGES  OFFERTS 


M.  Il.\\i\  r.iil  linmiii.ii;!'  ;'i  la  Suriclc  irnii  vnliiinc  i|iril  vient  lir  Imhi'  |iiir.ii(n' 
sous  ce  litre  :  Jnsfph  Ihtinht'i/,  /iif'derin.  nahtffi/i.stt',  arc/iètiliiijitr,  i'.i:/i/iira(et()- 
du  Pérou,  du  Chili  et  du  Brosil  (1"781785);  sa  rie,  son  irurrr,  sa  corres- 
/tondauce,  iwet-  un  elioix  ilo  pièces  relatives  à  sa  mission,  une  carti-  ol  <inq 
|iiani'lios  li(»rs-(oxle  (l*aris,  (inilniolu.  lîKiri.  1  vol.  in-1^'^  «le  cviii-ISI  |»  ).  — 
Jose|)li  Ditinbev.  dont  ce  livre  lait  eonuaili'e  la  vie  el  les  niallii'iiis.  n'a  pas  clé 
stMilenienl  un  uatui'alisU'  l'orl  instruit,  qui  a  enriehi  «le  iléeouverles  ini|)orlanles 
la  ininéraloiîie.  la  zooloffie  ot  siirtoiil  la  liotauiipu'  ilescriptive  el  appliipii'e.  Il 
lui  aussi  le  londaleur  de  ri>tlinoi:raphi(^  péruvienne  el  ee  sont  ses  touilles  soil  à 
C.liareav.  soil  |dulol  encore  à  l'aeliaraniai  et  Tarma  ipii  ont  apporté  aux  an- 
tliropologistes  les  premiers  éléments  d'une  étufle  ellinoiïraphi(pie  de  l'ancien 
l'érou.  Ces  découvertes  ont  montré  nettement  l'existence  de  deux  civilisalions 
parallèles,  localisées  l'une  aux  hords  du  l'aciliipie,  laiilre  dans  l'Kntra-Sierras. 
KUes  ont  permis,  en  outre,  de  se  rendre  oomjite  du  de^'ré  d'avancement  de  ces 
peuplades  au  point  de  vue  des  transacti(Mis  commerciales  et  de  la  perfection 
qu'avaient  atteintes  chez  eux  certaines  industries  artistiques.  Un  a  sjnfjulière- 
ment  accru  depuis  lors  ces  premières  connaissances,  mais  il  faut  admettre  en 
bonne  justice  cpie  Dombey  en  fid  le  véritable  initiateur.  Ces  découvertes  sont 
exposées  en  détail  dans  l'étude  bio^Mapliique  «pii  est  en  tète  du  volume  et  cette 
partie  du  texte  est  accompagnée  île  trois  gravures  et  d'une  carte  qui  dcnine  les 
itinéraires  du  voyageur  au  Pérou. 

M  M.  Baudouin  i»résente.  en  son  nom  el  en  celui  de  son  collaborateur 
.M.  (i.  Lacouloumère.  une  brochure  intitulée  :  />-  Menhir  de  Saint-Martin  de 
Brem  (Vendée). 

Ce  travail  «ontii'ut  la  description  absolumenl  complète  du  nieiibir  de  la  Cru- 
lière,  anciennement  connu,  et  li'un  menhir  inédit,  celui  de  la  l'lanç()nnière, 
découvert  par  M.  lîauilouin.  Les  aut(*urs  donnent  ce  mémoire  i-omme  un  typi' 
et  engagent  les  préhistoriens  à  étudier  toujours  les  menhirs  de  celle  façon,  (in 
notera  en  particulier  ce  qui  a  trait  à  la  idiotographie  lardinale  éqiiidislanle  de 
ces  mégalithes,  et  A  leur  pétror/raphie,  ainsi  que  la  discussion  des  gisements 
d'origine  de  ces  pierres.  Le  tout  est  accouq»agni''  de  dessins  très  précis  et  de 
pholograph-ies  des  [toints  d'origine  ries  blocs,  et  d'hypothèses  sur  les  sépultures 
correspondant  à  ces  monuments  indicateurs  de  néci-apole.  d'après  la  théorie 
que  défend  M.  Marcel  Baudouin. 

Objets  de  l'âge  (de  pierre  trouvés  aux  environs  de  Kayes  iHaut-Sénégah. 

M.  Hamv  communique  un  extrait  d'une  lettre  (jue  lui  a  adressée  de 
Kayes  M.  Fr.  de  Zeltner  à  la  date  du  2ij  novembre  dernier. 

•M.  Fr.  de  Zeltner  faisait  partie  de  la  mission  du  Bourg  de  Bozas, 
avant  d'entrer  dans  l'adnninistiation  coloniale  et  il  a  acquis  pendant  son 
voyage  en  Ethiopie  et  au  (ionial  une  expérience  consommée  en  matière 
d'archéologie  préhistorique.  Il  a  rapporté  de  cette  expédition  des  colleo- 
tions  foit  importantes  qui  sont  en  ce  moment  ii  l'étude  au  Muséum. 

A   Kayes,  oii  M.  de  Zeltner  est  actuellement  foncHionnaire,  n'ayant  que 


\H  jANVM-it    \\HM\ 

peu  diiislaiils  à  consacrer  h  ses  recherches  favorites,  il  cominonco 
cependant  à  trouver  des  traces  d'un  âge  de  pierre,  qu'il  nous  fuit  connaî- 
tre en  ces  termes  : 

«  Ces  pièces,  écrit-il,  sont  en  schiste  dur  ou  en  une  sorte  de  porpliyre 
rouge...  J'ai  trouvé  un  atelier  avec  pierres  finies,  nucléus  et  percuteurs. 
Ce  qui  me  surprend  c'est  de  voir  que  ces  rencontres  se  font  surtout  sur 
les  pentes  douces  qui  avoisinenl  les  tleuves  et  qui  sont  formées  d'allu- 
vions  paraissant  peu  anciennes  ;  sur  les  montagnes  je  n'ai  jamais  rien 
trouvé.  Il  est  vrai  qu'elles  sont  formées  d'un  grès  très  friable  et  qui  se 
divise  en  une  foule  de  cailloux  arrondis  :  les  recherches  n'y  sont  pas 
faciles  et  bien  des  choses  ont  pu  m'échapper. 

«  Avec  les  instruments  de  pierre  je  n'ai  retrouvé  aucune  pièce  de 
mobilier,  sauf  des  fragments  de  poterie,  identiques  aux  vases  actuels,  et 
un  morceau  de  bracelet  en  pierre  dont  le  modèle  n'est  plus  en  usage  ici. 
Je  ne  sais  si  des  fouilles  donneraient  de  meilleurs  résultats  :  en  attendant 
que  j'en  puisse  faire,  je  vais  explorer  encore  les  parties  montagneuses  h 
proximité  de  Kayes.  » 

M.  Anthony.  —  L'adaptation  du  sternum  chez  les  vieillards.  (Manuscrit 
non  remis). 


8188  SÉANCE.  —  18  Janvier  1906. 

Présidence  de  M.  Hamy. 

M.  Debhiger  fait  un  envoi  de  photographies  de  crânes  trouvés  dans  des  ter- 
rains quaternaires  d'Algérie.  M.  Delisle  est  chargé  de  leur  examen. 

Compte-rendu  du  Secrétaire  Général  pour  l'année  1905. 

M.  L.  Manouvrier.  —  Messieurs  et  chers  Collègues,  l'année  qui  vient  de 
s'écouler  a  été  assez  satisfaisante  pour  noire  Société,  c'est-à-dire  ijue  celle-ci  a 
pu  continuer  paisiblement  son  travail  ordinaire  et  remplir  sa  fonction  scien- 
tifique sans  tracas  ni  inquiétude. 

Elle  a  eu  naturellement  ii  déplorer  le  décès  do  (jiicliiues-uns  de  ses  membres 
et  ses  pertes  de  ce  côté  renouvellent  comme  toujours  notre  regret  quand,  à  la 
lin  de  l'année,  il  en  faut  faire  la  triste  addition.  Nous  avons  vu  disparaître  cette 
année  d'abord  le  D'^  Collineau,  puis  Elisée  Reclus,  l'illustre  géographe  et  en 
dernier  lieu  notre  excellent  et  sympathique  Lionel  Bonnemère.  Il  convient 
d'ajouter  h  ces  pertes,  celle  du  professeur  Roujou,  bien  (ju'il  ne  lïl  plus  partie 
de  notre  Société,  parce  que  nous  savons  qu'il  y  était  resté  très  attaché  de  cœur. 

La  Société  a  eu  aussi  le  regret  de  perdre  deux  de  ses  associés  étrangers  : 
M.  Akerman,  .Ministre  de  Suède  à  Paris  et  le  D'  Adolf  Bastian,  l'éminent  direc- 
teur du  Musée  rfEthnographie  de  Berlin. 

Les  nouveaux  membres   titulaires  acquis  en  1905  ont  été  assez  nombreux. 


RAPPORT  DU  SECRÉTAIRE  GÉNÉRA!.   POUR   l'aNNKE    1906  5 

.N'cur  ont  él»'  iiouvt'llt'iiionl  »'liis  ••!  lii-iix  anrions  iléinissionnain-s  ont  ileiiiandé 
lour  réinlégralioH,  ce  <jui  nous  porim-l  d'espérer  le  reluiir.  dans  l'avenir,  de 
<iuelqiies-uns  des  démissionnaires  récents. 

(k's  derniers  s(int  au  nond)re  de  six  aiix(|uels  il  laul  ajouter  i|uel(|ues  nieni- 
lires  raves  pour  défaut  de  pavement  de  la  cotisation  au  n<unlire  de  six.  —  Le 
Comité  central  est  de  lein[is  eu  temps  obligé  de  sanctionner  ainsi  l'inellicacité 
des  invitations  du  trésorier  lorsqu'elle  [tarait  être  définitive. 

.Vu  total,  la  Société  a  perdu  douze  membres  et  en  a  reçu  onze.  Elle  reste 
donc,  au  point  de  vue  nuiuérii|ue  à  cet  étal  iloscillations  minimes  que  Ion 
jteut  appeler  slationnaire. 

Ainsi  se  trouvent  conlirmées  cette  année  encore  les  prévisions  que  votre  secré- 
taire général  opposait  il  y  a  quatre  ans  à  certaines  afïirmations  pessimistes  et 
qu'il  basait  du  reste  sur  l'étude  d'une  courbe  annexée  à  son  rapport.  La  possi- 
bilité d'une  diminution  sensible,  comme  celle  d'une  augmentation  du  nombre 
actuel  des  membres  titulaires,  n'en  persiste  pas  moins.  Mais  pour  le  moment, 
aucune  de  ces  éventualités  ne  se  réalise. 
Il  tant  considérer  maintenant  le  travail  scien(ili([ue. 

Les  Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  dans  les  trois  années  précédentes  ont 
été  non  pas  en  diminution,  mais,  au  contraire,  en  accroissement  très  notable 
relativement  aux  années  antérieures,  et  cette  augmentation  est  surtout  due,  il 
importe  de  le  noter,  à  la  publiration  d'excellents  travaux  anthropologiques.  Ce 
n'est  pas  à  dire  (pie  nous  n'ayons  plus  rien  à  désirer.  Il  s'en  l'aut  de  beaucoup, 
car  nous  devons  aussi  comparer  le  travail  anthropologi(juc  effectué  en  France 
à  celui  qui  se  fait  dans  les  pays  dont  la  production  est  plus  active. 

Nous  avons  incontestablement  à  souhaiter  que  des  travaux  originaux  en  plus 
^M'and  nombre  soient  a[iportés  à  notre  Société  qui  leur  assure  d'ailleurs  une 
édition  convenable  et  une  très  large  dilTusion  dans  les  milieux  où  ils  ont  le  plus 
de  chances  d'être  appréciés  et  utilisés  selon  leur  valeur. 

Le  nombre  des  membres  assidus  aux  séances  a  été  cette  année  sullisant  en 
général  et  plusieurs  fois  très  satisfaisant,  mais  il  a  été  aussi  quelques  fois  trop 
faible.  Il  y  aurait  certainement  intérêt  pour  la  Société  h  ce  que  ses  membres 
parisiens  fissent  quelque  etlort  d'assiduité. 

11  est  bien  rare  que  h;  dérangement  qu'on  s'impose  pour  cela  soit  sans  com- 
pensation, car  les  membres  assidus  ont  le  bénéfice  inhérent  aux  présentations 
de  pièces.  Or.  ces  présentations  sont  Ireijuentes  et  l'examen  n'en  est  que  très 
imparfaitement  reiiijtlae/'  parla  lecture  di'  ce  qui  est  publié  à  leur  sujet  dans 
le  Bulletin. 

D'un  autre  côté,  les  présentateurs  ont  intérêt  à  rencontrer  le  plus  grand 
nombre  possible  de  collègues^  capables  d'émettre  séance  lenanle  des  avis  com- 
pétents sur  les  objets  présentés. 

La  présence  aux  séances  est  donc  pi'olitatde  fi  la  fois  aii\  |ireseiii;iieiii>.  aux 
assistants,  à  la  science  et  à  la  Société. 

Les  deux  conférences  annuelles  n'ont  pas  été  laites  en  1905.  [tar  suite  d'em- 
pêchements [lersonnels  des  conférenciers  désignés,  mais  la  conférence  Broca 
et  la  conférence  transformiste  préparées  l'une  et  l'autre  pour  1900  vont  être 
faites  très  prochainement  sans  préjudice  pour  celles  de  1  année  présente. 

La  Société  a  reçu  en  1905,  deux  invitations  collectives  dont  beaucoup  dé 
membres  résidents  ont  [)u  profiler  avec  plaisir  et  dont  il  convient  de  faire  ici 
une  mention  reconnaissante.  La  première  a  été  adressée  par  M.  de  Mnri;an  qui 
a  bien  voidu  faire  eu  personne  à  la   Société  d'.Vuthrtjpologie.  les  honneurs  des 


Q  18    JANVIHU     1006 

noiiYcllos  salli's  'lu  Musi-f  ilii  I.oiivn'  i|iii  ri'iiIVriiu'iil  rinrs(imal)l('  proiluil  ilc 
SCS  missions  on  Perse,  et  rela  le  jour  iiu-iiie  do  l'inauguration  officielle  de  ces 
salles.  La  .leuxiènio  invitai iun  nous  est  venue  do  notre  Président  actuel  M.  le 
ProfessciM-  llaiiiy  qui  nous  a  ina^Mstralonienl  nionti'é  au  Musée  du  Troradéro 
les  récentes  acquisitions  relatives  à  I  IMiuioî.M-aidiie  «les  Ksquirnaiix. 

liie  autre  occasion  a  i-éuni  en  livs  i/raud  nombre  les  membres  do  la  Société, 
tous  ceux  i|ui  iren  élaieiil  pas  emi.érlié  par  leur  éloignomonl  de  Paris,  ('/est 
rinauguralion  du  mcuiument  élevé  dans  les  Arènes  de  Lnlèce  à  la  mémoire 
de  ('.altriel  de  Morlillet.  La  Société  y  était  daillours  orficiellemeni  ropré 
sentée  par  son  |u-ésident.  M.  Sébillol.  dont  le  <liseours  inséré  dans  les  Bidlotins 
ne  laissera  certainomeni  rien  à    désirer  aux  plus  lervenls   disciples  du  maitre, 

disparu. 

Il  peut  être  permis  île  placer  ici  un  souvenir  qui  n  v  sera  pas  hors  de  propos, 
car  c'est  un  souvenir  do  secrétariat.  l*ar  son  assiduité  remanpiablc  et  sa  com- 
pétence hors  lijrne.  (iabriel  de  Mortillej  attirait  certainomeni  à  nos  séances 
beaucoup  di''colléguos  et  de  présonlalions.  Sou  absence  a  produit  sons  ce  rap- 
port «le  laltirance  un  olïol  sensible. 

Lu  outre,  il  ne  se  bornait  [tas  à  donner  sur  ciiafiue  «jin-sliou  louchant  à  son 
dtunaino  une  appréciation  orale.  Toujours  une  note  écrite  suivait  de  près  et  le 
secrétaire  était  sûr  d(>  la  voir  arriver  la  première.  Cette  manière  d'agir  qui 
caractérise  l'argumentateur  vraiment  compétent  et  sérieux,  est  évidemment 
à  imiter,  car  c'est  un  point  de  la  conduite  à  tenir  dans  la  discussion  scienti- 
fique, qui  est  l'un  des  nio\ons  par  lesquels  une  société  contribue  à  l'avancement 
de  la  science. 

Il  me  reste,  Messiom-s,  à  remercier  la  Société  pour  le  haut  témoignage  qu'elle 
vient  de  me  donner  en  me  confiant  [)0ur  une  nouvelle  période  de  trois  ans  le 
poste  de  secrétaire  général.  La  lâche  qui  mincombe  était  celle  que  Broca 
s'était  on  quelque  sorte  réservée.  Je  trouve  dans  ce  souvenir  plus  qu'une  satis- 
faction damour-propre  :  celle  do  penser  que  la  conformité  de  mes  sentiments 
avec  ceux  que  jai  connus  h  mon  maître  me  porte  tout  naturellement  à  m'oc- 
ciipor  lies  intérêts  de  la  Société  dans  le  mémo  esprit  que  lui. 


LA    TAILLE     DES    CHEVAUX     CHEZ    LES    GERMAINS 
ET  DANS  L'EUROPE  PREHISTORIQUE. 

Pau  m.  Zaborowski. 

Dans  nos  Bulletins  et  Mémoires  de  1904,  p.  412,  a  paru  le  mémoire  que 
M.  Piètrement  nous  avait  annoncé  à  la  suite  d'une  discussion  engagée 
avec  moi.  [Les  races  chevalines  dans  le  temps  et  dans  l'espace).  J'ai  répondu 
verbalement  à  ce  mémoire,  très  brièvement.  J'ai  eu  tort  de  ne  pas  donner 
le  manuscrit  de  cette  réponse'. 

Depuis,  en  effet,  je  n'ai  pas  été  peu  surpris  de  lire  dans  un  compte 


'  M.  l'iélromeul  ne  pouvant  prendre  aucune  part  à  des  discussions  orales,  m'avait 
demandé  d'attendre  la  publication  de  son  mémoire.  C'est  cette  raison  'qui  m'a  fait 
d'abord  nlarderina  répon.«:e. 


ZAHliriilWSKI.    —    I.A   TAir.l.E   |)K>   ClIEVAIV  CHRZ    I.KS  liF.HMAIN-  7 

ren<lu  du  im-moiie  de  M.  l'irUcmL'iil  que  (.'clui-ci  avait  deiiiuiilié  la 
fausseté  de  mon  opinion  sur  la  taille  des  chevaux  germains.  Kn  réalité 
M.  Fiélroinont  a  soutenu  une  opinion  (lilTt-rcnte  do  la  niionne,  comme 
c'est  son  droit,  mais  sans  infirmer  la  mienne,  comme  pouriaient  le  faire 
croire,  il  est  vrai,  certaines  de  ses  expressions.  I"U  je  ne  voyais  pas  beau- 
coup d'inconvénient  à  laisser  la  (juestion  en  l'état,  puisqu'il  déclare  lui- 
même  son  opinion  irréductible.  Xolnî  dissidence  portait  essenliellcment 
sur  l'interprétation  d'un  texte  de  César.  Là  où  M.  i'iéli-emciil  a  lu  :  prnra 
nlquo  defonnia,  j'ai  lu  :  parvn  atquc  dcfonnitt,  et  cela  non  pas  dans  une 
édition  choisie  ii  ma  convenance,  mais  dans  une  bonne  édition  classique 
quelconque  des  plus  répandues.  Il  n'y  a  pas  eu  choix  de  ma  part,  pas  eu 
préméditation.  M.  Piètrement  me  dit,  p.  42;i  :  x  J'ignore  absolument 
combien  il  y  a  soit  de  manuscrits  latins  soit  d'éditions  latines  de  UxGuerre 
des  Gaules,  où  se  trouve  le  mot  parva,  petits.  Mais  y  aurait-il  dix  ou  vingt 
fois  plus  de  ces  manuscrits  ou  de  ces  éditions  que  des  autres  manuscrits 
ou  éditions  dont  la  leeon  est  au  contraire  le  mot  pra va,  que  je  n'en  per- 
sisterais pas  moins  à  affirmer  que,  dans  le  manuscrit  original  de  la  Guerre 
des  Gaules,  il  y  avait  le  mot  prava.  » 

Devant  cette  déclaration,  je  n'avais  pas  à  essayer  de  changer  l'opinion 
de  M.  Piètrement.  D'autant  plus  (jue  je  ne  veux  nullement  élever  la  même 
prétention  que  lui  et  déclarer  son  opinion  insoutenable.  Je  persiste  seu- 
lement dans  la  mienne  d'abord  pour  une  raison  que  M,  Piètrement  recon- 
naît qui  est  que  «  prara  est  synonyme  de  deformia  ».  Je  ne  vois  pas  pour- 
quoi César,  (]ui  ne  perdait  pas  son  temps  en  paroles  inutiles,  aurait  dit, 
en  la  circonstance,  deux  fois  la  même  chose.  La  suite  du  même  passage 
indique  d'ailleurs  pour  moi  que  les  chevaux  en  question  étaient  plutôt 
petits.  ((  Us  mettent,  dit  César  des  Suèves,  souveut  pied  à  terre  dans  les 
combats,  puis  remontent  sur  leurs  chevaux,  qui  sont  accoutumés  à 
demeurer  à  leur  place  en  les  attendant,  n  Je  ne  vois  pas  comment  les 
Su'^.ves  auraient  pu  se  livrer  à  un  pareil  exercice,  continuellement,  au 
cours  d'une  bataille,  si  lorsqu'ils  étaient  pied  à  terre,  leurs  chevaux  par 
leur  taille  les  avaient  gênés  dans  leurs  mouvements  et  empêchés  de  faire 
face  à  l'ennemi. 

.M.  Piètrement  cite  Tacite  pour  appuyer  son  interprétation  du  passage 
de  César;  mais  d'une  façon  incomplète.  Voici  le  passage  intégralement  : 
«  Leurs  chevaux  ne  sont  remarquables  ni  par  la  vitesse  ni  par  la  beauté, 
ni  dressés  h  tourner  en  tous  sens  comme  les  nôtres.  Us  ne  savent  que  les 
porter  en  avant  ou  les  jeter  court  à  droite,  en  maintenant  leur  escadron 
si  serré  que  personne  ne  reste  derrière.  Comme  leur  infanterie  en  (jénéral 
vaut  mieux  que  leur  cavalerie,  ils  ont  le  soin  de  les  mêler  »  (^VI).  Etc. 

Parlant  du  sol  de  la  (Jermanie,  il  avait  dit,  au  paragraphe  prècf'dent  : 
•  Assez  propre  au  blé,  point  du  tout  aux  arbres  fruitiers,  il  est  fécond  en 
troupeaux,  mais  dont  l'espèce  est  ordinairement  petite...  I^es  (îermains  se 
dédommagent  de  la  petitesse  par  le  nombre.  » 

Ces  passages  justifient  bien  plus  mon  interprétation  que  celle  de  \[.  JMé- 
trement.  Comment  en  elTet  des  fantassins,  des  piétons,  auiaienl-ils  pu  iHie 


8  l.S    JANVIF.R     IWfi 

iiuMés  ulilt'inent  aux  cavaliers,  si  ceux-ci  avaient  été  montés  sur  des  che- 
vaux de  la  taille  de  ceux  d'aujourd'hui?  Au  milieu  decavaleries  comme  les 
nùlrcs,  ils  n'auraient  pu  faire  aucun  mouvement  utile;  ils  auraient  été 
écrasés,  annihilés.  La  description  de  Tacite  corr(;^pond  parfaitement  a 
celle  de  (lésar  et  nous  donne  bien  le  cheval  des  Germains,  lourdaud,  petit, 
dilTiMiiie  et  résistant,  comme  le  descendant  de  noire  cheval  néolithique 
resté  encore  sauvage,  en  (îermanie  même. 

Les  autres  citations  de  >L  l'iétrement  ne  prouvent  de  même  ni  plus  ni 
moins  et  ne  corroborent  en  rien  ses  affirmations.  Il  s'appli(|ue  bien  à 
démontrer  que  les  Germains  étaient  des  hommes  de  grande  taille.  Ce 
n'est  pas  moi  (jui  ai  jamais  songi'  à  é'iever  de  contestations  à  ce  sujet. 
."Mais  qu'est-ce  que  cela  prouve  |»our  la  taille  de  leurs  chevaux?  Nous 
voyons  tous  les  jours  des  Arabes  de  grande  taille  se  pavaner  allègrement 
sur  des  ânes  si  petits,  que  leurs  pieds  traînent  à  terre. 

\  lire  M.  Piètrement,  on  croirait  vraiment  que  je  me  suis  contenté  du 
texte  ci-dessus  de  César  pour  affirmei'  que  les  chevaux  indigènes  de 
l'Europe  étaient  petits.  Or  je  ne  l'ai  moi-même  cité  qu'en  raison  de  sa 
conformité  avec  d'autres  textes,  celui  d'Hérodote  en  particulier,  qui  décrit 
si  bien  les  chevaux  indigènes  de  l'Europe  centrale.  Il  n'a  pour  moi  qu'une 
importance  infime.  Et  il  n'existerait  pas  que  mon  opinion  n'en  serait  en 
rien  changée.  Je  cite  en  effet  des  documents,  ossements  recueillis  depuis 
la  Russie  méridionale  jusqu'au  nord  de  l'Italie,  dans  lesTerramares,  mors 
de  chevaux,  qui  valent  bien  un  texte  discuté.  De  ces  documents  si  positifs 
et  témoignant  de  la  petitesse  du  cheval  indigène  de  l'Europe,  et  de  sa 
survivance,  M.  Piètrement  ne  souffle  mot. 

Nous  avons  des  chevaux  représentés  par  exemple  sur  un  fourreau  d'épée 
de  Hallstadt.  Les  cavaliers  de  ces  chevaux  toucheraient  aisément  terre, 
s'ils  n'avaient  pas  les  jambes  repliées.  Ils  paraissent  très  grands  par  rap- 
port à  leurs  chevaux. 

Nous  avons  des  représentations  de  chevaux  de  l'âge  du  bronze  sur  des 
rochers  de  la  Suède.  Ils  sont  tellement  bas  sur  jambes,  que  leur  tête  vient 
tout  juste  à  la  taille  des  hommes  placés  à  côté  d'eux.  Et  ils  sont  tous  uni- 
formément petits  et  de  corps  allongé. 

Nous  avons,  sur  les  mêmes  rochers,  des  cavaliers  de  l'âge  du  fer,  aux 
contours  fort  bien  tracés  (Monlelius  —  Sur  les  sculptures  de  rochers  de  la 
Suède,  p.  5,  H  et  15).  Le  cheval  est  bien  plus  haut  sur  jambes.  Il  reste 
petit  par  rapport  au  ca\ali^r.  Celui-ci,  assis  par  terre,  avait  le  sommet  de 
sa  tête  à  peu  près  au  niveau  de  la  croupe  de  son  cheval. 

Sur  la  ?itule  de  Watsch  au  contraire,  où  nous  avons  affaire  k  des  gens 
d'origine  asiatique,  les  chevaux  sont  notablement  plus  grands  comparés 
à  leurs  cavaliers.  Sur  une  situle  de  Cerlosa,  les  cavaliers  paraissent  tout 
petits  sur  leurs  chevaux. 

Avec  des  faits  de  cette  nature,  et  surtout  avec  les  ossements  recueillis, 
je  puis  bien  me  passer  d'un  texte,  fùt-il  de  César,  bien  que  je  considère 
celui  lie  Tacite  comme  très  probant. 

M.  Piètrement  me  reproche  d'appeler  grand  le  cheval  asiali(]uc.  .le 


ZABOROU'SKI.    —    I.\   TAU. LE  1)E>  CIIKVAI  \   CHF.Z   I.ES  (ÎERMAINS  y 

m'en  suis  tenu  à  la  nomenclalurc  d<;  Sanson.  Et  ce  n'est  pas  à  moi  h 
régler  le  différend  qui  existait  entre  celui-ci  et  M.  Piètrement  (jui  tient  à 
établir  l'existence  en  Asie  de  deux  races  chevalines,  l'une  ari/cniu',  l'autre 
monrjoliqne.  L'existence  d'une  race  chevaline  arijenni'  est  pour  lui  un  élé- 
ment de  preuve  pour  ces  fameuses  migrations  mi/i'imes  que  personne  n'ad- 
met plus.  Je  n'ai  jugé  de  la  taille  du  cheval  introduit  de  l'Asie  que  par 
ses  ossements  comparés  à  ceux  du  cheval  indigène.  Lors(]ue  ce  che- 
val est  introduit  en  Europe  en  effet,  on  l'a  reconnu  aussi  bien  dans  la 
Russie  méridionale  que  dans  l'Europe  centrale.  J'ai  signalé  ces  faits  tant 
de  fois  (|u"il  me  parait  superllu  de  les  reproduire.  Je  conlinuf^rai  donc  à 
appeler  grand  le  cheval  asiatique  introduit  de  l'Asie,  qui  n'ost  pas  néces- 
sairement pour  moi  la  race  spéciale  appelée  asiatique  par  M.  Piètrement, 
parce  qu'en  effet  il  se  distingue  par  sa  taille  plus  élevée.  Mais  je  n'ai 
nullement  pris  la  mesure  de  sa  taille  et  alfirmé  qu'il  avait  1  m.  56  ou 
i  m.  70  au  garrot.  Maison  peut  voir  dans  l'ouvrage  de  M.  Piètrement  lui- 
même  I  p.  360),  des  citations  abondantes  d'où  il  résulte  que  le  cheval 
asiatique  dont  j'ai  parlé  et  dont  j'ai  signalé  les  os,  celui  qu'on  élevait  en 
Médie  et  en  Arménie  pour  les  armées  Perses,  était  «  grand  »  comme  le  dit 
déjà  Hérodote,  et  était  très  apprécié  de  toute  l'anliiiuitè  comme  le  montre 
M    Piètrement  tout  le  premier  (p.  362). 

M.  Piètrement  reconnaît  lui-même  que  toutes  nos  races  quaternaires, 
s'il  y  en  avait  plusieurs,  étaient  petites  (p.  428  de  son  mémoire). 

Elles  avaient  1  m.  35  à  1  m.  40  au  gaiTot.  Elles  étaient  sensiblement 
plus  petites  que  celles  introduites  d'Asie,  de  son  propre  aveu.  Il  me  chi- 
cane donc  par  pur  dilettantisme  si  ce  n'est  pour  rompre  une  dernière  lance 
en  faveur  de  ces  fameuses  migrations  aryennes. 

Ces  petites  races  occupaient  seules  l'Europe  centrale  à  l'époque  néoli- 
thique. Leurs  restes  se  retrouvent  dans  les  alluvions  et  jusque  dans  les 
lombes  protohistoriques,  toujours  si  semblables  à  eux-mêmes,  qu'on  ne 
peut  pas  distinguer  les  animaux  récents  des  animaux  ancien?,  ni  les  ani- 
maux sauvages  des  animaux  domestiques'.  C'est  cet  animal  que  les  plus 
anciens  peuples  de  langue  aryenne  en  Europe  ont  connu,  chassé,  mangé, 
domestiqué.  Les  Aryens  ne  se  présentent  pas  en  Europe,  tout  d'abord, 
avec  un  cheval  introduit  d'Asie.  Voilà  ce  que  j'ai  voulu  démontrer  et  que 
j'ai  démontré  sans  m'arréter  à  des  déterminations  de  races  trompeuses  et 
dans  la  circonstance  sans  objet.  .M.  JMétrement,  qui  a  soutenu  que  la 
patrie  protoaryenne  se  localisait  près  du  lac  Balkach,  ne  me  contredit  pas. 

Il  lui  incombait  de  démontrer  que  son  cheval  aryen,  domestiqué  à 
l'ouest  de  l'Alatau  !  (p.  116),  avait  été  introduit  en  Europe  par  le  peuple 
des  dolmens!  (p.  572).  Mais  cela  lui  est  impossible  ..  Sa  thèse  est  du  do- 
maine du  roman. 

Après  avoir  reconnu  fp.  428j  que  u  certaines  races  chevalines  euro- 


'  V.  Congrus  ilc  l'Association  française  pour  ravanccincnl  dos  sciences,  Grfinnbliî. 
VM'i.  L'origine  des  animaux  domestiques  en  Europe,  p.  1039. 


10  \H    JANVIER     1900 

pt'enncs  paraissent  avoir  Joiilili'  de  volume  et  de  poids  depuis  l'époque 
de  leur  domestication  >k  il  veut  me  démontrer  l'influence  considérable 
que  la  nalui'e  du  climat  el  du  sol  a  exercée  sur  la  taille  des  populations 
chevalines.  Ce  n'est  pas  à  moi  que  celte  leeon  s'adresse,  mais  à  lui-même 
et  aux  zoologistes  de  l'école  «le  Sanson  qui  croient  à  la  fixité  des  races  et 
alïirmenl.  devant  l'inerédulifé  générale,  que  nos  races  de  chevaux  exis- 
taient dès  l'époque  (piaternairc  (p.  117,  123). 

Il  afTirme  ensuite  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  croisement  entre  les  races 
indigènes  de  l'Kurope  et  les  chevaux  plus  grands,  mieux  faits,  importés 
d'Asie  (jue  l'Anliijuité  nous  a  signalés.  Or  dès  qu'on  fait  de  l'élevage,  les 
croisements  sont  le  moyen  le  pli:s  rapide  et  le  plus  sûr  d'améliorer  les 
races.  Tout  le  monde  sait  bien  que  nos  meilleures  races  sont  le  produit 
d'habiles  croisements.  Pourquoi  doncles  Gaulois  auraient-ils  payé  si  cher 
des  chevaux  étrangers  comme  le  dit  César  (iv,  i  i,  si  ce  n'avait  pas  été 
pour  les  croiser  avec  les  leurs?  M.  Piètrement  me  demande  de  lui  citer 
des  traces  subsistantes  de  ces  croisements  (p.  430).  Vraiment  il  abuse. 

Je  cite  M.  Piètrement  lui-même  h  propos  de  crânes  du  lac  de  Hienne, 
de  l'âge  du  bronze  et  attribués  par  Sanson  à  sa  race  asiatique  que  M.  Piè- 
trement appelle  race  aryenne.  Et  je  donne  le  numéro  de  la  page.  Seule- 
ment ce  numéro,  à  l'impression,  a  été  retourné  :  de  573  il  est  devenu 
375,  et  l'on  sait  combien  sont  fréquentes  de  telles  erreurs  qui  échappent  à 
l'attention,  .\lors  iM.  Piètrement,  gravement,  de  me  rectifier  :  c'est  page 
573,  me  dit-il. 

J'avais  bien  dit  :  5  ou  6  crânes  du  lac  de  liienne.  M.  Piètrement  me 
rectifie  encore  :  j'ai  donné  des  renseignements  non  pas  sur  5  ou  6,  mais 
sur  10  crAnes.  Fort  bien.  Mais  en  fait  de  crânes  provenant  du  lac  de 
Bienne,  il  n'y  en  a  que  cinq  ou  six  si  on  compte  le  crâne  provenant, 
d'après  M.  Piètrement  lui-même,  non  du  lac  même,  maisd'une  tranchée  de 
Hageneck,  près  du  lac.  Les  crânes  trouvés  dans  le  lac  de  Bienne  m'ont 
paru  ofïrir  un  ensemble  d'un  âge  à  peu  près  certain.  Je  les  ai  cités  en 
raison  de  cette  garantie  que  n'offrent  pas  tous  les  autres  et  parce  qu'ils 
viennent  de  stations  lacustres.  Je  les  ai  cités  fort  exactement. 

Pourquoi  donc  M.  Piètrement  se  donne  l-il  l'air  de  me  rectifier? 

Pourquoi  donc,  au  lieu  d'attaquer  de  front  la  thèse  que  j'ai  démontrée, 
cherche-t-il  à  laisser  croire  qu'elle  manque  de  solidité  en  relevant  de  ces 
inexactitudes  imaginaires? 

Sur  la  question  du  cheval  monté  c'est  lui  que  j'ai  suivi  principalement. 
Car  il  s'est  appliqué  à  démontrer  que  son  emploi  dans  les  guerres  a  été  tar- 
dif en  Europe  (p.  304).  Mais  il  me  dit  que  les  Bretons,  du  temps  de  César, 
avaient  de  la  cavalerie,  et  qu'il  l'a  prouvé.  Or  le  passage  de  César  que 
cite  M.  Piètrement  lui-même,  p.  585  de  son  livre,  prouve  péremptoire- 
ment que  les  Bretons  montaieflt  des  chars  presque  exclusivement.  Je 
reproduis  le  passage  tel  que  le  donne  M.  Piètrement  :  »<  Cassivellaum, 
désespérant  de  nous  vaincre  en  bataille  rangée,  renvoya  la  plus  grande 
partie  de  ses  troupes,  ne  garda  guère  que  quatre  mille  hommes  montés 
sur  des  chars,  et  se  borna  à  observer  notre  marche.  »  l'n  peu  plus  loin, 


A.  BLOCH.   —  nOULEl'K  DES  VEIN   ET  DES  CHEVEIX  1  1 

il  est  vrai.  M.  Piétreinont  cile  un  autre  passage  de  César  où,  avec  les 
chariots,  il  cite  la  cavalerie  des  Bretons.  César  parle  deux  fois  de  la  cava- 
lerie des  Bretons,  mais  jamais  indépendamment  de  leurs  chariots.  Jai 
donc  en  elVet  été  peut-être  un  peu  trop  loin  en  aflirniant  que  l'usage  de 
n<'  coiuhaltre  qu'avec  des  chariots  attelés  s'était  conservé  en  Bretagne 
jusqu'au  temps  de  César  (p.  858).  Et  pourtant,  dans  sa  Vie  (VAqricola  dé- 
crivant les  mœurs  des  Bretons,  Tacite  ixn)  s'exprime  ainsi  .  «  Leurs 
forces  consistent  en  infanterie.  (Juelquesuns  de  ces  peuplrs  montent  aussi 
sur  des  chars,  où  le  [ilus  distingué  tient  les  rênes...  »  Il  n'est  (|uestion  de 
cavalerie  qu'en  un  passage  obscur.  Les  Bretons  comhattaienl  déjà  au  lemps 
de  (lésar,  montés  aussi  parfois  sur  des  chevaux,  .le  suis  d'aulanl  plus  dis- 
posé à  l'admettre  que  dans  les  sculptures  sur  rocher  de  l'âge  du  bronze  de 
la  Suéde,  il  y  a  des  hommes  montés  sur  chars  et  sur  chevaux. 

Donner  cette  satisfaction  à  >L  Piètrement  ne  me  coûte  vraiment  rien, 
d'ailleurs.  Car,  encore  une  fois,  en  quoi  ce'a  touche-t-il  à  la  démonstra- 
tion (|ue  j'ai  déjà  faite?  I-es  protoaryens,  ai-je  dit,  sont  si  peu  venus 
d'Asie  en  Europe  en  conquérants,  en  cavaliers  fringants  et  tumultueux, 
qu'ils  ne  connaissaient  pas  vraisemblablement  l'usage  du  cheval  monté, 
tout  en  connaissant  fort  bien  celui  du  chariot.  Or,  César  ei  Tacite,  en 
nous  apprenant  que  les  Bretons,  encore  à  leur  époque,  ne  se  servaient 
guère  que  de  chars  de  guerre,  nous  fournissent  du  fait  une  démonstration 
vraiment  remarquable.  Car  ces  Bretons  conservaient  ainsi  un  très  vieil 
usage  abandonné  ailleurs.  Peu  importe,  en  l'espèce,  qu'ils  aient  su  dès 
lors  monter  à  cheval.  L'essentiel  c'est  la  constatation  de  la  survivance 
du  vieil  usage  du  char,  attestée,  encore,  d'après  d'Arbois  de  Jubainville, 
par  la  plus  ancienne  épopée  de  l'Irlande  (Mon  mémoire,  p.  836). 


COULEUR    DES  CHEVEUX   ET   DES  YEUX   DE  12,015   FRANÇAISES. 

TAILLE    DE  11,704    FRANÇAISES   ET   DE  491    ETRANGERES  (PROSTITUEES), 

d'après  le  Di'  Parent-Duchatelet. 

Pah  .m.   AixiLi'HK  Blucii  '. 

Je  ne  sache  pas  qu'il  existe,  dans  la  science,  une  série  aussi  forte 
de  femmes  françaises,  sur  lesquelles  on  ait  mesuré  la  taille  et  étudié  la 
couleur  des  cheveux  et  des  yeux. 

Pour  la  taille,  en  particulier,  les  documents  publiés  jusqu'à  ce  jour  sont 
assez  rares  en  ce  qui  concerne  la  femme,  ou  du  moins  ils  ne  rapportent 
que  des  séries  relativement  faibles,  en  comparaison  de  celles  que  four- 
nissent chez  l'homme  les  opérations  du  recrutement  militaire. 

Aussi  croyons-nous  bien  faire  en  communiquant  ii  la  Société  les  rensei- 


'  Goimuunieatiou  faite  à  la  séance  du  4  janvier  l'tOii. 


1-2  18  jA.NviKit  iDor. 

^in'iiit'nls  (|iie  nuus  avons  Irouvi's,  à  ce  sujet,  dans  If  célèbre  ouvrage  du 
doeleur  l'arenl-Dufhatelel  sur  In  l'nislUudon  thius  In  rillc  ih'  Vnris,  contenant 
des  documents  slalisliques  |)uisés  dans  les  archives  de  la  l'réfeclure  de 
police  '. 

CuMinie  riii<li(|ur  le  [iln>  «le  cet  ouvrage  il  ne  s'agit  que  de  femmes 
prostituées,  mais  il  n'existe  pas  de  caractère  anthropologique  qui  dis- 
tingue ces  femmes  des  autres,  et  si  l'on  peut  découvrir,  chez  un  certain 
nombre  d'entre  elles,  des  anomalies  organiques,  celles-ci  ne  ditlèrent  pas 
des  anomalies  (pie  Ton  peut  rencontrer  chez  les  dégénérés  en  généial. 
il  n'y  a  pas  d'anomalie  propic  aux  femmes  prostituées,  pas  plus  qu'aux 
délinquants. 

]y[me  Tarnowsky,  qui  étudia,  .-ous  ce  rapport,  150  prostituées  russes, 
remarque  cependant  qu'elles  avaiepl  souvent  les  yeux  gris  ou  verts  pail- 
letés de  jaune  *,  mais  Parent  ne  signale  pas  cette  particularité  chez 
aucune  des  12,600  prostituées  françaises  ou  étrangères,  dont  il  est  ques- 
tion dans  son  livre. 

La  taille  peut  néanmoins  se  ressentir  de  l'hérédité  morbide  qui  occa- 
sionne les  anomalies  chez  les  dégénérés;  ainsi,  elle  peut  être  extraordi- 
nairementou  trop  grande  ou  trop  petite  chez  ces  derniers,  ainsi  que  nous 
l'avons  montré  dans  nos  recherches  sur  l'Hérédité  morbide  dissemblable  ', 
mais  dans  toutes  les  statistiques  lelatives  à  la  taille,  quel  que  soit  le  sexe, 
se  trouvent  compris  des  individus  dont  les  antécédents  héréditaires  sont 
plus  ou  moins  suspects. 

Pour  tAclier  de  se  rendre  compte  de  l'influence  du  climat  sur  la  couleur 
des  cheveux  et  des  yeux,  ainsi  que  sur  la  taille  chez  les  Françaises,  Parent 
divisa  la  l'rance  en  trois  parties,  une  du  nord,  une  du  centre  et  une 
du  midi. 

Ces  trois  zones,  dit-il,  sont  séparées  par  deux  lignes  ;  une  qui  partirait 
de  Saint-Malo  et  viendrait  aboutir  au  lac  de  Genève,  laissant  dans  la  zone 
du  milieu  les  départements  d'ille-et- Vilaine,  de  la  Mayenne,  de  la  Sarthe, 
de  Loir-et-Cher,  du  Cher,  de  la  Nièvre,  de  Saone-et-Loire  et  du  Jura; 
l'autre  parlant  de  Bordeaux  et  arrivant  à  Chambéry,  laissant  encore  dans 
la  zone  du  milieu,  la  Charente,  la  Haute-Vienne,  la  Creuse,  le  Puy-de-Dôme, 
le  Rhône  et  l'Ain. 


*  l'ARENT-DuCHATELET.  —  De  la  prostitulion  dans  la  ville  de  Paris,  eonsidériie 
sous  le  rapport  de  l'hygiène  publique,  de  la  morale  et  de  l'administration.  Paris  iS'oT, 
2  vol.  3»  édition  compkHée  par  des  ilocumenis  nouveaux  et  des  notes  par  Trébuchet 
chef  du  bureau  sanitaire  etc,  et  Poirat-Duval,  chef  de  bureau  à  la  Préfecture  de 
Police.  (Nous  avons  également  consulté  les  deux  premières  éditions  de  l'auteur  seul, 
où  se  trouvent  aussi  les  statistiques  do  la  Préfecture). 

*  Tarnowsky  (D^  Pauline).  -  Etudes  anthropométriques  sur  les  prostituées  et  les 
voleuses.  —  Paris  ISS'J. 

»  Comnninic.à  l'Assoc.  fr  p.l'Avanc.  des  sciences  1893.  —  .Xalurc  et  jKithoyéniedp  la 
scrofule. 


A.   BMIGK.  —  COULEIR   DKS  YEI\   F.T  DES  CURVEIA  J  li 

La  promii'T*'  do  ces  zones  '  eom|>iciiil  '2\)  <l<'|»ail<'nii'iils 
La  seconde  —  :i7  — 

La  troisième  —  :2î<  — 

[ia  (lorso  n'y  (ignre  pas. 

I^c  lolal  di's  feimncs  t'xaniinét's  est  de  l:î,rt(lT,  insofites  à  la  Préfecture 
de  police,  du  16  mais  IHKIaul^l  avril  \X'A\. 

Avant  l'année  18:28  il  pouvait  arrivi-r  (|iu'  des  lilics  de  10  à  \:\  ans  aient 
été  inscrites  i-oinnie  ^u'ostiluécs,  mais  ;i  partir  de  celte  épotjue  il  ('■(ail 
nécessaire  d'avoir  lîJ  ans  révolus,  constatés  par  l'extrait  de  naissance 

L'Age  extrême  de  ces  femmes  allait  j,usqu';i  65  ans  d'après  les  tableaux 
de  Parent. 

Huant  au  lieu  de  naissance  des  Françaises  on  arrivait  toii|(iiirs  à  le 
connaître  exactement  en  même  temps  que  l'âge. 

Il  est  rare,  dit  notre  auteur,  qu'une  fille  qui  se  présente  pour  être  ins- 
crite sur  les  registres  des  piostituées,  ait  avec  elle  son  acte  de  naissance; 
elles  ne  conservent  presque  jamais  les  passe-ports  qu'on  leur  donne  pour 
venir  à  Paris,  si  toutefois  elles  en  prennent.  Pour  remédier  à  cet  inconvé- 
nient l'administration  a  pris  le  parti  de  s'adresserdirectement  aux  maires. 
Les  réponses  aux  lettres  arrivent  toujours.  Lorsque  la  réponse  d'un  maire 
prouve  qu'une  fille  n'est  pas  connue  dans  le  lieu  qu'elle  a  indi(|ué,  on  la 
mande  pour  lui  faire  subir  un  nouvel  interrogatoire  et  l'on  finit  toujours 
par  découvrir  la  vérité  *. 

En  ce  qui  concerne  la  nationalité  des  étrangères,  il  y  en  avait,  parmi 
elles,  de  toutes  les  parties  de  l'Europe,  ainsi  que  des  Américaines,  des 
.\fricaines  et  des  Asiatiques. 

Voici  d'abord  le  résultat  des  recherches  de  Parent  sur  la  couleur  des 
cheveux  et  des  yeux,  avec  les  remarques  de  l'auteur. 

Particularités    que  présentent   tes  prostituées    de  Paris   sous    le   rappo't 
de  la  couleur  de  leurs  cheveux,  de  leurs  yeux  et  de  leurs  sourcils. 

Les  cheveux. 

Sur  M,  600  filles  venues  de  Paris,  de  toutes  les  villes  et  de  tous  les 
pays,  il  s'en  est  trouvé  ayant  des  cheveux  : 

CliAlains G.73U  ou  1  sur       1,87  ou  534,20  sur  1  .UUO 

Bruns 2.642  -            4,77  —  209,68          - 

Blonds 1.G91  —            7,43  —  134,44          — 

Noirs 1.486  —            8,47  —  117,92          — 

Roux 48  —        262,50  —        3,80          - 


S 


M  de  cette  population,  nous  retranchons  toutes  les  filles  étrangères, 


*  Rappelons  que  c'était  avant  1870. 

'  ParENT-Duchatelet.  —  Loc.  cit.  T.  I*  p.  553-057. 


li  l«  nswFM  190fi 

t't  si,  en  n'examituinl  qut!  ks  l-'iani^aibes,  nous  éludions  successivement 
colles  tiui  sonl  venues  des  dillV'renles  zones  que  nous  avons  admises,  et  qui 
forment  un  total  de  12,015  individus,  peut-être  découvrirons-nous,  sous  le 
rapport  de  la  couleur  des  cheveux,  une  influence  quelconque  du  climat; 
ce  travail  lait,  nous  trouvons  pour  chacune  df  ces  zones: 

Zntif  (lu  nord.    -  Populnlian  10.855. 

Hrnns 2.2riU  ..iilsui-      4,82  ou  207,17  sur  1  .(XMI 

ChiUains 5.811  -            1,86  —  535,32          — 

Blonds 1.502  —            7,22  —  138,30          — 

Noirs l  .24!»  --            8,09  —  115, OC          - 

Koux 43  —        252,44  —        :{,%          — 

Zone  du  milieu    —  Population  960. 

ChiMaiiis 480  un  1  sur  2,00  o^i  500,00  sur  1 .000 

Hnins 239          —  4,01  —  248.95          — 

Noirs 138          —  G. 95  —  143,75          - 

Blonds 100          —  0,96  -  104,16          — 

Boux    3          —  320,00  —        3,12          — 

Zone  du  midi.  —  Population  200. 

Chiltains 101  ou  1  sur  2,00  ou  5(15  sur     1.000 

Bruns 56          —  3,57  —  280            — 

Noirs 29          —  6,89  —  145            — 

Blonds 14          —  14,28  —  70            — 

Boux 0          —  0,00  —  00            — 

Quelque  peu  tranchés  que  soient  les  résultats  de  ces  différents  tableaux, 
ils  semblent  cependant  nous  indiquer  : 

1"  Que  les  cheveux  noirs  et  les  cheveux  châtains  deviennent  plus  fré- 
quents à  mesure  qu'on  descend  du  nord  au  midi  ; 

2°  Que  les  cheveux  bruns  prédominent  moins  dans  le  nord  : 

3°  Que  ceux  d'un  ton  blond  se  font  d'autant  plus  souvent  remarquer, 
qu'on  remonte  du  midi  au  nord  ; 

4°  Enfin  que  la  couleur  rousse  suit  la  même  loi  que  la  couleur  blonde, 
et  ne  se  retrouve  plus  dans  la  zone  des  départements  méridionaux. 

Voilk  pour  les  zones  ou  régions.  Examinons  maintenant  quelle  peut 
être  sur  cette  couleur  de  cheveux  l'influence  des  villes  et  des  campagnes; 
il  nous  suffira  pour  cela  de  réunir  la  population  de  tous  les  chefs-lieux 
et  des  sous  préfectures,  de  mettre  à  part  celle  des  campagnes,  et  de  faire 
sur  ces  deux  groupes  les  mêmes  opérations  que  nous  avons  faites  sur  les 
populations  fournies  par  les  différentes  zones. 


\.    III.OCII.    —  Oill.Kllt   liK>   VKl A  Kl    l>i:s  CIIKVKI  \  |., 

l'opuUilion  jjKiieiiitiil  lies  vilh's  S.'jtJ'J. 

l.lMlaiiis 4.584  mi    1  sur       l..S()  dii  r)34,'.»5  sur  1  .UUO 

ISiui.s 1.787  —            4,;U  -  208,51          — 

lUoii.ls 1.15U  —            7,45  —  13l,2)t          — 

Noirs 1.015  —            8,44  —  118,45          — 

H.m\ 33  —        259,66  —  3.85 

Pojinlatiun  iiror,'ii(iiit  ilfs  caiHpdifues   'd.'i^tli. 

r.iiiilaiiis 1.808  un   1   sur  l.!)(»  nu  524,60  sur  1 .0!)0 

l'.ruMs 758           —  1,5.}  —  2r.>,!'G 

iJlon.is 406           -  7,3S)  —  I35.2.S 

.Noirs 401           —  8,59  —  1 10,30          — 

n.Mix 13          —  265,77  —        3,77          — 

Ces  nouveaux  délalU  seuibleiU  (lémoiilior  que,  sous  le  rapporl  de  la 
couleur  des  cheveux  les  populations  des  villes  el  celles  des  campagnes  ne 
diffèrent  pas  les  unes  des  autres... 

J'ai  fait,  sur  les  diiïérentes  fouleurs  des  sourcils,  un  travail  analogue 
il  celui  que  je  viens  de  présenter  pour  les  cheveux  ;  mais  comme  il  résulte 
de  ce  travail  que  la  couleur,  des  uns  et  des  autres,  est  presque  toujours 
semhlahle  chez  les  mêmes  individus,  je  crois  devoir  n'en  pas  parler. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  diiïérentes  nuances  (jue  nous  olVrent  le  . 
yeux;  ce  sujet  est  encore  neuf,  el  me  parait  digne  de  piquer  la  curiosité. 

Lea  yeux. 

Le  noir,  le  hrun,  le  gris,  le  hleu  et  le  roux  sont  les  cinq  nuances  qu'on 
remarque  le  plus  ordinairement  dans  les  yeux,  et  que  je  trouve  dans  les 
signalements  qui  me  sont  communiqués. 

Sur  1:2,454  filles,  appartenant  à  toutes  les  villes  et  .\  tous  les  pays,  et  dont 
la  couleur  a  été  signalée  avec  soin,  ces  organes  ont  été  trouvés  : 

(Iris 4.612  -  ou  1  sur  2,69  ou  870,32  sur  1 .000 

Bruns 3.529          —  3,52  —  283,36          — 

lih'us. 2.878          —  4,32  —  231,09          — 

Houx 730          —  17,20  —      58,61          — 

Noirs 705          —  17,66  —      56,00          —  ' 

Si  dans  l'examen  de  cette  nouvelle  question,  et  en  T'cartant  toutes  les 
prosUtuées  étrangères, nous  divisons  par  légion  la  population  particulière 
sur  laquelle  nous  opérons,  il  nous  viendra  : 

Zone  du  nord.  —  Population  10.833. 

Gris 4.061  ou  1  sur  2,66  ou  374,87  sur  1000 

Bruns 3.015          —  3,59  -  278,31           — 

Bleus 2.527          -  4,28  -  233,26          - 

Roux 641           —  16,90  —  59.17          - 

Noirs 589          —  18,39  —  54,37          — 


46  18   JANVIER    19Ufi 

Zôue  (lu  milieu.  —  Population  939. 

Gris 325  on   1   sur  2.88  ou  346,01  sur  l.(M)<i 

Bruns 301          —  3.11  —  320,55          - 

Bleus 191          —  4,91  —  203,40          — 

Noirs 66          —  14,22  —  70.28          — 

Roux 56          -  16,76  —  59,64          — 

Zone  du  midi.  —  Population  200. 

Bruns 78  ou   l  sur  2,56  ou  390.00  sur  1 .000 

Gris 541          —  3,92  —  255,00          — 

Bleus 41          —  4,87  —  205,00         — 

Houx 16          —  12.50  —      80.00          — 

Noirs 14          —  14,28  —      70,00          — 

De  ces  diiïérenls  tableaux  nous  devons  tirer  celte  conclusion  : 

i''  Que  la  couleur  grise  des  yeux,  considérée  sur  toute  la  population 
que  nous  examinons  est  celle  qui  se  fait  remarquer  plus  souvent  sur  toutes 
les  autres  ; 

2°  Que  la  couleur  brune  vient  ensuite  ; 

3<*  Que  la  couleur  bleue  suit  immédiatement  la  brune; 

4"  Enfin,  que  la  noire  et  la  rousse  se  rencontrent  quatre  ou  cinq  fois 
plus  rarement  que  toutes  les  autres. 

Que,,  si  pour  reconnaître  quelle  peut  être  sur  cette  couleur  des  yeux 
l'influence  du  climat,  nous  examinons  les  populations  fournies  par  les 
différentes  zones  que  nous  avons  admises,  nous  trouverons  que  les  diffé- 
rences que  présentent  les  populations  sont  si  minimes,  qu'on  ne  peut  en 
tirer  aucune  conclusion  relativement  à  la  question  que  nous  voulons 
éclaircir. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  examiner  l'iniluence  des  villes  et  des  cam- 
pagnes ;  abordons  cette  nouvelle  question  : 

Population  venant  des  villes,  8.536. 

Gris 3.100  ou  1  sur  2,75  ou  363,16  sur  1.000 

Bruns 2.495          —  3.42  —  292,29          — 

Bleus 2.009          —  4,24  —  235,35          — 

Noirs 488          —  17,49  —  57.16          — 

Boux 444          —  19,22  —  52.01          ~ 

Population  venant  des  campagnes,  3.U36. 

Gri.s 1337  ou  1  sur  2,56  ou  389,11  sur  1.000 

Bruns 899          —  3,82  —  261,64          — 

Bleus  750          —  4,53  —  218,27          — 

Roux 269          —  12,77  —  78,28          — 

Noirs 181          —  92.55  —  52.67          — 


A.   HLOCII.   —  COULEIH   DKS  YEIA   ET  DES  CllKVEIA  17 

Ici  l'iirenl  ne  fait  [)as  de  i"oniar(ni(>s,  mais  rappi'Ions  (|ue  relies  qui  pré- 
cèdent sùnl  de  lui  V 

La   hiille. 

Parent,  dans  un  tai)leau  que  nous  reproduisons  plus  loin,  nous  fait 
connaître  ensuite  la  taille  des  prostituées. 

Ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  il  indique  à  part,  celle  des  Parisiennes, 
celle  des  Mlles  qui  étaient  nées  dans  les  sous-préfectures,  el  celle  des  pros- 
tituées nées  dans  les  villages  du  département  de  la  Seine. 

Puis  la  taille:  1"  dans  la  zone  du  nord  ;  ^^  dans  la  zone  du  centre;  3°  dans 
la  zone  du  midi,  en  inscrivant  séparément  la  taille  dans  les  chefs-lieux 
de  départements,  dans  les  sous-préfectures  et  dans  les  villages  de  cha- 
cune des  différentes  zones. 

Ensuite  la  taille  des  étrangères  seules,  celle  des  Françaises  el  des  étran- 
gères réunies,  celle  des  femmes  de  chacune  des  trois  zones,  les  villes 
el  les  villages  étant  réunis. 

Enfin  la  taille,  dans  les  villes  seules  el  dans  les  villages  seuls  de  toute 
la  France. 

Mais  l'auteur  ne  donne  que  les  chiffres  hruls,  depuis  la  taille  de  1  m.  15 
jusqu'à  celle  de  \  m.  85,  sans  aucune  remarque  h  la  suite,  el  nous  avons 
di^l  calculer,  puis  faire  contrôler,  par  un  calculateur  de  profession,  les 
sommes  des  différentes  tailles,  et  les  moyennes  de  toutes  les  séries,  que 
nous  avons  ensuite  rassemblées  dans  un  tableau  récapitulatif  (p.  20) 
qui  résume  le  grand  tableau. 

Quelle  méthode  devons-nous  employer  de  préférence,  celle  des  séries 
ou  celle  des  moyennes,  pour  exposer  dans  le  cas  actuel  les  résultats  que 
donne  la  compai'aison  des  nombreux  chiffres  de  ce  tableau  ? 

La  sériation.  en  donnant  le  maximum  <Je  fréquence,  est  utile  lorsqu'on 
a  un  grand  nombre  d'observations  à  analyser,  tandis  que  le  calcul  des 
moyennes  est  une  méthode  de  synthèse,  qui  est  préférable  surtout  lors- 
(ju'on  n'a  qu'un  petit  nombre  de  chiffres  à  sa  disposition. 

Ici  nous  avons  des  séries  qu'on  a  rarement  l'occasion  de  voir  aussi 
fortes  pour  les  recherches  anthropologiques  ;  néanmoins  nous  employe- 
rons  les  deux  méthodes  l'une  après  l'autre,  afin  de  pouvoir  les  comparer 
entre  elles. 

L'on  peut  remanpier,  sur  ce  tableau  *,  (]u'il  y  a  chez  les  Parisiennes  un 
maximum  de  fréquence  à  1  m.  50,  qui  est  de  39i  ;  qu'il  y  a  chez  les  filles 
publiques,  nées  dans  les  chefs-lieux  de  déparlements  de  la  zone  du  nord 
un  maximum  de  fréquence  à  1  m.  60,  qui  est  de  148,  et  chez  les  filles 
nées  dans  les  sous-préfectures  de  la  même  zone  un  maximum  de  fréquence 
122  pour  la  même  taille,  tandis  que  chez  les  femmes,  nées  dans  les  vil- 
lages de  celte  zone  du  nord,  le  maximum  de  fréquence 259  est  à  1  m.  54. 


'  Loc.  rit.  :  T.  l".  190-196. 

*  Nous  avons  di'i  y  ruclilier  trois  erreurs  de  cliiUros. 

soc.  D'ANTimOP.   1906. 


18 


18    JANVIKK     1900 


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sa.Tnpaj 
-ojd-snos 


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SMlî.l 


A.    nLOCII.    —  COtLElR    HKS  YEIX   ET  l»ES  CHEVEL'X 


19 


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•20  18  jANviKH   1906 

Dans  le  total  général  de  toutes  les  prostituées,  françaises  et  étrangères, 
le  maximum  de  fré([uence  1H)3  se  rapporte  à  la  taille  de  1  m.  54,  et  il  en 
est  de  même  pour  les  h'raiiraises  seules  rzz  Hl\),  ainsi  que  pour  les  Fran- 
çaises de  la  zone  du  nord,  y  compris  le  département  de  la  Seine  —  793. 

Il  va,  de  plus,  deux  autres  maximums  de  fréquence  (plus  petits  que 
le  maximum  principal)  pour  chacune  de  ces  deux  dernières  catégories 
(total  général  et  zone  du  nord  seule),  l'un  correspondant  à  la  taille  de  i  m. 50 
et  l'autre  h  celle  de  1  m.  60.  Ce  sont  les  chiffres  829  et  806,  dans  la 
colonne  du  total  général,  et  les  chiffres  712  et  677  dunsia  colonne  de  la  zone 
du  nord. 

Dans  la  colonne  des  villes  de  France  le  maximum  de  fiéquence  686 
correspond  à  la  taille  de  4  m.  50,  tandis  que  dans  la  colonne  des.  cam- 
pagnes le  maximum  300  correspond  à  une  taille  plus  grande  1  m.  54. 

Enfin,  remarquons  que,  dans  les  diiïérentes  séries,  les  maximums  de 
fréquence  les  plus  nombreux  se  rapportent  à  la  taille  de  1  m.  54.  Ce  sont: 
i"  les  villages  du  département  de  la  Seine  ;  2°  les  villages  de  la  zone  du 
nord  ;  3°  les  préfectures  de  la  zone  du  centre  ;  4°  le  total  général  ;  5°  la 
zone  du  nord  avec  la  Seine;  6°  les  villages  de  France. 

Somme  toute  la  taille  de  1  m.  54  est  fréquente  dans  les  villes  comme 
dans  les  campagnes. 

Quant  aux  autres  maximums  de  fréquence  du  tableau,  ils  oscillent 
entre  1  m.  50  et  1  m.  60  sans  sortir  de  ces  limites. 

Voyons  maintenant  notre  tableau  des  moj'ennes. 

T.\BLEAc  des  moyennes  suivant  les  seines  totalisées. 

nÉGIONS  Nombre  do  sujets     Moyenne  de  la  taille 

Paris 4.266  ln'o26 

Sous-prrtV'clures  de  la  Seine. .  39  1,553 

Villages 233  1,538 

Zone  (lu  Nopfl  (préfectures) ...  1 . 804  1 ,  544 

—  (sous-préreet.)..  1.382  1.551 

—  (villages) 2.836  1,541 

Zone  du  Nord  entière 6.022  1 .  544 

Zone  (lu  fcntre  (préfectures)..  480  1.548 

—  (sous-prèf.) . . .  214  1,537 

—  (villîiges) 251  1.510 

Z(ine  (lu  Midi  (préfeeliires).  . .  110  1,5.53 

—  (sous-préfect.)  .  37  1,547 

—  (villages) 52  1,548 

Zone  (lu  .Nord  avec  le  départe- 
ment de  la  Seine 10.560  i,.537 

Zone  du  Centre •.  .  .  915  1 ,  .544 

Zone  du  Midi 199  1 ,  551 

Toute  la  France 11.704  1,538 

Villes  de  France 8.332  1,535 

Villages  de  France :{.372  1,511 

i:iranger 491  1 ,  505 


A.   HLOCll.   —  I.A  Cori.EIR  DKS  YEl'X   ET  DES  CHEVEUX  21 

L'un  peut  oltsorver  ([ue  l.i  luoyi.'iinc  de  la  taille  oscille  entre  I  m.  526 
t;t  1  m.  553,  la  plus  petite  se  trouvant  ii  Paris,  et  la  plus  forte  dans  les 
sous-préfeclnres  de  la  Seine  (sur  39  cas  seulement)  et  dans  les  préfectures 
de  la  zone  du  midi  (sur  ItO  cas)  ;  mais  si  nous  défalquons  Paris  qui  se 
trouve  dans  des  conditions  spi^ciales,  ainsi  qu'on  va  li;  voir,  et  si  nous 
prenons  la  moyenne  la  plus  petite  qui  vient  ensuite,  I  m.  537,  nous  cons- 
tatons (jue  la  moyenne  en  l'rance  n'oscille  plus  qu'entre  1  m.  337  et 
1  m.  553. 

En  effet,  si  la  moyenne  de  Paris  n'est  que  de  1  m.  526  c'est  iju'on 
y  comprenait  un  certain  nombre  de  filles  dont  la  croissance  n'était  pas 
encore  terminée,  ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  sur  le  tableau  de  Parent, 
où  l'on  observe  que  les  tailles  les  [>lus  petites  se  rapiioitent  aux  Pari- 
siennes seules. 

F^a  raison  en  est  que  les  toutes  jeunes  prostituées  de  Paris  se  trouvant 
sur  place,  n'écbappaienl  que  diflicilenient  ;\  la  surveillance  et  a  l'ins- 
cription, tandis  que  les  filles  publiques,  venant  des  déparlements  et  de 
l'étranger,  n'avaient  sans  doute  pas  toujours  les  ressources  nécessaires 
ni  la  facilité  pour  (juitler  sitôt  leur  pays. 

Par  suite  les  prostituées  arrivant  du  dehors  avaient,  en  moyenne,  une 
taille  plus  élevée  et  dépassant  même,  dans  certaines  zones,  la  moyenne 
trouvée  dans  d'autres  pays,  pour  des  femmes  non  prostituées. 

L'on  peut  s'expliquer  ainsi  pourquoi  la  moyenne  de  toute  la  France 
n'est  que  de  1  m.  538,  à  cause  de  l'adjonction  des  Parisiennes  h  la  série 
totale  II  en  est  de  même  de  la  zone  du  nord  réunie  au  déparlement  de  la 
Seine,  qui  n'a  que  1  m.  337,  et  des  villes  de  France  qui  n'ont  que  1  m.  535. 
Par  contre  la  zone  du  nord,  sans  le  département  de  la  Seine,  atteint 
le  chilTre  de  1  m.'544,  et  la  totalité  des  villages  de  France  1  m.  541. 

Or  ce  chiffre  1  m  544  correspond  presque  exactement  à  la  moyenne 
trouvée  par  M.  Manouvrier  (1  m.  543)  pour  une  série  de  230  Françaises 
de  20  à  45  ans,  prise  au  hasard  parmi  les  fiches  du  service  d'identifica- 
tion anthropométrique  de  M.  Berlillon,  à  la  Préfecture  de  Police  '. 

Rappelons  que  le  maximum  de  fréquence,  se  rencontre  six  fois  pour  la 
taille  de  1  m.  54,  dans  le  tableau  de  Parent-Duchalelet. 

Signalons  aussi  ce  fait  inattendu  que  les  plus  fortes  moyennes  s'ob- 
servent dans  le  midi,  mais  ici  les  séries  sont  faibles. 

Enfin  la  moyenne  des  étrangères  est  de  1  m.  563,  mais  la  série  est  com- 
posée de  sujets  venus  de  toules  les  parties  du  monde. 

D'après  M'""  Tarnowsky  la  taille  moyenne  de  150  piosLiluées,  natives 
des  gouvernements  habités  par  lesGrandes-Hussiennes,  était  de!  m.  535 
et  celles  de  130  femmes  honnêtes  des  mômes  régions  de  1  m.  556.  Donc  les 
prostituées,  dit-elle,  sont  en  général  plus  petites.  (Rappelons  que  d'antres 
auteurs  l'avaient  déjà  constaté  auparavant  —  Riccardi  et  Marro  en  1885 
et  1889). 


•  Manouvribr.  —  Elude  sur  les  rapports  anthropométriques  on  général  ot  sur  les 
principales  proi.ortioua  du  corps.  Métn.de  la  Soc.  d'anthr.  Paris  1902,  p   80. 


22  1^  j\Nvii;it    IIIOC) 

Mais  celle  diminution  de  la  taille  chez  les  prostituées,  si  elle  esl  réelle, 
peut  aussi  s'expliquer  par  ce  fait  (juc  la  plupart  de  ces  filles  sont  issues 
des  classes  pauvres,  chez  lesquelles  la  taille  moyenne  des  deux  sexes 
est  plus  petite  que  dans  les  classes  aisées,  ainsi  que  l'avaient  déjà  dé- 
montré Villermé,  en  1829,  pour  les  conscrits  de  certains  arrondissements 
de  Paris,  puis  d'autres  observateurs  ultérieurement,  pour  le  sexe  fémi- 
nin. 

Ainsi  Pfitzner  a  constaté  (jue  la  taille  moyenne  de  la  femme  adulte 
est  plus  petite  dans  les  classes  sociales  les  moins  favorisées  de  la  popu- 
lation '. 

Dans  la  série  des  Parisiennes  le  maximum  de  fréquence  est  à  1  m.  50. 
et  la  moyenne  à  \  m.  520.  Ur  il  ne  semble  cependant  pas  que  ce  dernier 
chiffre  soit  trop  faible,  car  en  1869,  un  médecin  militaire,  le  docteur 
Champouillon  a  trouvé  une  moyenne  encore  plus  petite.  En  elîet,  il  a  pu 
réussir  à  faire  passer  sous  la  toise  un  certain  nombre  de  Parisiennes  de  18 
à  2-2  ans  (non  prostituées)  et  il  résulte  de  ses  chiffres  malheureusement 
difficiles  en  dehors  des  ateliers,  dit-il,  c'est  que  dans  les  A\  12%  19" 
et  20*  arrondissements  de  Paris,  la  taille  moyenne  est  de  1  m.  46.  Mais 
lauteur  n'indique  pas  le  nombre  de  femmes  qu'il  a  mesurées  -. 

(Juanth  notre  moyenne  de  1  m. 538,  pourles Françaises,  elleserapproche, 
de  très  près,  de  la  moyenne  trouvée  par  M.  Tschepurkowsky  '  sur  une 
série  importante  de  femmes  russes  (non  prostituées)  des  gouvernements 
de  Saint-Pétersbourg,  de  Novgorod,  de  Poltava,  de  Twer  et  de  Jaroslaw. 
Cette  série  se  composait  de  637  sujets  dont  la  taille  a  été  mesurée,  et  qui 
présentaient  deux  types  diff'^rents,  l'un  du  type  blond  dont  la  moyenne 
était  de  1  m.  5339,  chiffre  peu  éloigné  de  celui  des  Françaises  (1,538), 
et  l'autre  du  type  foncé  dont  la  moyenne  était  de  1  m.  5255,  chiffre  presque 
égal  à  celui  de  nos  Parisiennes  (1  m.  526). 

i'our  d'autres  pays  comme  lEspagne*  et  l'Italie  (Lombardieet  Emilie), 
la  taille  moyenne  de  la  femme  est  de  1,53  comme  chez  les  Françaises  de 
notre  tableau.  Dans  la  province  de  Rome,  dans  les  Marches  et  les 
Abruzzes  %  elle  n'est  que  de  1  m.  52  comme  chez  nos  Parisiennes. 

En  Alsace  (région  de  Strasbourg),  elle  esl  de  1,5463,  à  peu  de  chose 
près  comme  dans  la  zone  nord  de  la  France  '^. 

En  1901,  M"'e  Teumin  mesura  100  femmes  étudiantes  de  l'Université 
de  Zurich,  dont  elle  a  fait  connaître  la  taille  dans  sa  thèse  de  doctorat  \ 


i  Pfitzner.  —  Social,  anthrop.  Studien  Zeitschrift.  f.  Morphol.  u  Anthr.  T.  I,  III 
et  IV,  1899  et  1901. 

*  Champouillon.  —  Recueil  de  mémoires  de  méd.  et  de  pharm.  milit.  Paris  1869. 

s  Tschepurkowsky.  —  Znr  anthr.  der  russ.  Frau  Moscou  1904.  Analyse  dans  Arcli. 
f.  Anlh.1906. 

4  Olobiz  y  Aguiler.\.  —  La  talla  umaua  en  Espâoa.  Madrid,  1896,  p.  27. 

3  S.  PaGLIAnl  —  Italia.  Torino,  1896,  p.  107. 

6  Pfitzner.  —  Loc.  cit.,  T.  I". 

"  Teumin.  —  Untcrsuch.  ûber  die  Propoiiionsveihàlt.  des  weibliche  Korpers. 
Brauiischweig,  1901. 


A.    III.OCII.    —  I.A  CiM  I.KI  II  DKS   VKL\   KV  {)K<  CMKVEIA  23 

Il  y  avait  parmi  oUos  i"  juives  dont  31  l'etites-llussiennesol  Ki  Polonaises, 
32  Kussi's,  14  l'oldimist's,  3  Lilluianiennes,  3  Allemandes  et  1  Arménienne, 
Agées  de  IH  à  33  ans.  Klle  a  trouvé  pour  les  juives  Peliles-Hussiennes 
1  m.  54  en  moyenne,  et  pour  les  Polonaises  1  m.  oo.  Mais  pour  toutes  les 
étudiantes  réunies  la  moyenne  était  de  1  m.  57. 

Il  seiait  important  de  savoir  aussi  ;i  (juelle  époque  la  croissance  est  ter- 
minée chez  la  femme,  car  l'on  sait  ipie  le  iléveloppement  du  squelette  y 
est  plus  vite  achevé  que  chez  l'homme. 

D'apiés  Ffilzner  ce  serait  déjà  entre  15  et  20  ans.  Selon  .M.  Oloriz  à 
Madrid,  le  redoublement  de  la  croissance,  qui  a  lieu  à  la  [)ul)erté,  parait 
terminé  ;i  l'Age  de  16  ans  chez  la  femme  espagnole  •. 

H  est  certain  <|ue  cette  époque  doit  varier  suivant  les  races  et  suivant 
les  tempéraments,  comme  aussi  avec  les  climats  ;  ainsi  chez  la  femme  ita- 
lienne le  développement  serait  complet  entre  19  et  20  ans.  d'après 
f..  Pagliani. 

Du  reste  la  croissance  des  filles  ne  suit  pas  les  mômes  phases  que 
celle  des  gai-çons  dans  les  diverses  périodes  du  développement.  En  effet, 
d'après  Bowditch  '  (jui  mesura  un  grand  nombre  de  tilles  et  de  garçons 
des  écoles  de  Boston  et  des  environs,  les  filles  de  11  ;i  14  ans  seraient 
plus  grandes  que  les  garçons  du  même  Age.  (Les  tableaux  et  courbes 
de  croissance  qui  indiquent  cette  particularité  ont  été  représentés  dans 
le  livre  de  .M.  Topinard  sur  V Anthropologie  générale,  d'après  les  chiffres  de 
l'auteur  américain). 

Maintenant  quelle  dilTérence  moyenne  y  a-t-il  entre  la  taille  de  la  femme 
et  celle  de  l'homme? 

M.  Topinard  '  pense  que  l'écart  est  de  7  0  0,  c'est-à-dire  de  12  centi- 
mètres environ. 

Pfilzner  *  et  M.  Papillault  *  ne  comptent  que  11  centimètres  de  diffé- 
rence, mais  sur  le  cadavre. 

Voyons  quelques  chiffres  à  ce  sujet  dans  certains  pays. 

Dans  la  République  .\rgenline  la  différence  ne  serait  que  de  8  centi- 
mètres sur  le  vivant,  d'après  le  docteur  (Jache  (1  m.  70  pour  l'homme 
et  1  m.  62  pour  la  femme)  ;  dans  l'Uruguay  dont  la  population  est  de  môme 
origine  et  de  môme  constitution  ethnique,  dit-il,  il  n'y  a  que  6  centi- 
mètres d'écart  (1  m.  70  et  1  m.  lU). 

Dans  le  Venezuela  11  n'y  en  a  plus  que  5  (1  m.  70  et  1  m.  65). 

Au  Mexique  11  y  en  a  9  (1  m.  70  et  1  m.  61). 

Au  Pérou  l'on  remarque  une  différence  de  nouveau  beaucoup  plus 
grande,  12  centimètres  (1  m.  62  et  1  m.  50). 


'  Oloriz  y  Aguilera.  —  Loc.  cit. 

'  Bowditch.  —  On  tlic  growlh  of  chiidren.  Boston,  d877 

3  Topinard.  -  Eléments  d'anthropologie  générale.  Paris  1885,  p.  459. 

*  Ffitzner.  -  Morphol.  Arheiten,  T.  VII,  lena.  1896. 

*  Papillault.  —  L'homme  moyen  à  Paris.  Variations  suivant  le  sexe  tt  la  taille. 
Bull.  Soc    Anth    «902,  p.  42t3. 


l'i  is  jANviKii  \\m 

Si  nous  passons  en  Asie  nous  voyons  qu'en  l'ersf.  par  cxem[»lt',  l'écart 
est  (le  ^20  centimètres  (1  m.  70  et  1  ni.  50).  d'après  une  communication 
écrite  du  docteur  Schneider  à  l'auteur  que  nous  citons  ;  mais  ici^  di( 
M.  Schneider,  les  femmes  sont  généralement  petites  et  grasses,  à  cause 
de  leur  vie  sédentaire  et  de  l'habitude  qu'elles  ont  de  se  marier  <\  12  ans. 
A  peine  mariées,  elles  ont  plusieurs  enfants,  ce  qui  les  épuise. 

11  serait  intéressant  de  comparer  la  taille  de  l'homme  avec  celle  de  la 
femme  pour  d'autres  régions  du  globe,  mais  nous  nous  sommes  déjk 
quelque  peu  écarté  de  notre  sujet,  et  nous  renvoyons  pour  cette  étude  au 
mémoire  ilu  docteur  Gâche  •  qui,  dans  un  ouvrage  sur  la  fécondité  de  la 
femme,  a  ajouté  les  moyennes  de  la  taille,  dans  les  deux  sexes,  pour 
70  pays  dilTérents  des  cinq  parties  du  monde. 

Discussion. 

M.  Uknikkr.  —  La  communication  de  M.  Hloch  est  intéressante  parce 
qu'elle  donne  pour  la  première  fois  les  chiffres  relatifs  à  la  taille  de  la 
femme  en  France.  Chez  nous,  comme  dans  la  plupart  des  autres  pays,  les 
chiffres  de  la  taille  sont  fournis  presque  exclusivement  par  les  mesures 
sur  les  hommes,  à  cause  des  facilités  que  procure  la  mensuration  obliga- 
toire des  conscrits.  Pour  la  France,  à  part  les  chiffres  donnés  par 
Manouvrier  et  la  série  de  100  cadavres  de  «  parisiennes  »  publiés  par  notre 
collègue  Papillault,  je  ne  connais  aucune  autre  donnée  sur  la  taille  des 
femmes.  Il  en  est  de  même  pour  l'Italie,  car  les  mesures  citées  par  M.  lîloch 
sont  données  sans  indication  des  détails,  la  Suède  et  plusieurs  autres  pays 
dans  lesquels  on  a  mesuré  les  hommes  par  dizaines  et  centaines  de  mil- 
liers. 

Toutefois  il  ne  faut  pas  regretter  outre  mesure  l'absence  de  ces  données 
car  il  existe  une  relation  fixe  et  constante  entre  la  taille  de  l'homme  et  de 
la  femme.  Cette  relation  a  été  établie,  il  y  a  30  ans,  par  notre  collègue 
P.  Topinard,  qui  a  formulé  cette  règle  :  pour  avoir  la  stature  des  femmes 
d'une  population  donnée,  il  faut  déduire  12  centimètres  de  la  stature  des 
hommes.  Cette  formule  empirique,  basée  alors  sur  la  comparaison  des 
séries  trop  faibles  reste  vraie  encore  aujourd'hui.  Dans  mon  livre  «  Les 
Races  et  les  Peuples  de  la  Terre  »,  paru  en  1900,  je  donne  les  résultats 
quej'ai  obtenus  sur  35  nouvelles  séries  plus  fortes.  Ces  résultats  nedillerent 
presque  pas  de  ceux  de  Topinard. 

Depuis,  j'ai  réuni  d'autres  séries  qui  m'ont  donné  le  même  résultat, 
confirmant  grosso  modo  la  règle  formulée  par  notre  collègue.  Je  me  pro- 
pose de  revenir  sur  ce  sujet  dans  une  des  prochaines  séances  de  la  Société. 

M.  Hervé  prend  également  la  parole. 


*  Gâche.  -  La  fécondité  de  la  femme  dans  70  pays.  (Communication  au  2' congrès 
médical  latino-américain  de  Buenos-Ayros,  1904). 


Il  Ml  l.l  s  l»K  I.A   liAMUIK  25 


TUMULUS   DE   LA  GAMBIE 


I'au  m.  le  (;,i|iilaini'  Diiiiikniin. 


Au  cours  d'un  i/'cnit  s<'j(Mir  au  Sénégal  de  1903  à  1905,  je  fus  chargé 
par  M.  le  Gouverneur  (Jénéral  Koume,  de  procéder,  de  concert  avec  une 
Mission  Anglaise,  à  l'abornemenl  des  frontières  de  l' Afriiiuc  Occidentale 
Française  et  de  la  (lambie  Anglaise. 

La  petite  colonie  britannique  se  réduit,  comme  cliaeiin  sait,  à  une  mince 
bande  de  territoire  de  part  et  d'autre  de  la  (îambie.  C'est  un  long  boyau 
qui  s'étend  jusqu'il  325  kilomètres,  îi  vol  d'oiseau,  de  la  mer,  mais  dont 
la  largeur  ne  dépasse  jamais  30  à  40  kilomètres.  Elle  serait  sans  valeur 
si  elle  ne  contenait  une  des  plus  remarquables  vuies  de  pénétration  de  la 
Côte  occidentale  d'Afrique. 

La  Gambie,  en  effet,  est  un  véritable  canal  maritime.  Son  entrée  est 
largement  ouverte  sur  l'Océan  et  ne  présente  aucune  des  difficultés 
d'accès  que  l'on  rencontre  ailleurs  sur  cette  côte;  son  lit  profond  et  libre 
d'obstacles  permet  à  la  navigation  maritime  de  s'exercer  en  toutes  sai- 
sons jusqu'il  200  kilomètres  de  l'Océan:  quant  à  la  navigation  fluviale, 
elle  peut  s'exercer  toute  l'année  jusiju'aux  extrêmes  limites  de  la  colonie 
anglaise,  et  môme  au  delà  sous  certaines  conditions  de  tirant  d'eau.  C'est 
une  voie  commerciale  de  premier  ordre  dont  rinllueiice  se  fait  sentir  bien 
au  delà  des  frontières  conventionnelles;  elle  est  l'artère  essentielle  d'une 
vaste  région  et  a  servi  de  base  pour  définir  la  frontière  Franco-Anglaise  : 
d'après  la  Convention  du  10  août  1889,  celle-ci  doit  se  maintenir  à  une 
distance  invariable  de  10  kilomètres  des  rives  du  lleuve,  distance  mesurée 
jusqu'à  la  rive  la  plus  proche. 

Les  opérations  d'abornement  dont  nous  étions  chargés  nous  ont  amenés 
à  traverser  fré(]uemnient  les  deux  versants  de  la  vallée,  de^iuis  le  fleuve 
jusqu'à  la  frontière;  nous  avons  même  poussé  nos  itinéraires  jusqu'à 
10  et  15  kilomètres  au  delà,  de  façon  à  meubler  un  peu  les  blancs  que 
présentaient  jusqu'ici  les  cartes  de  cette  parlie  de  l'Afriijue. 

C'est  au  cours  de  ces  allées  et  venues,  de  part  et  d'autre  de  la  frontière, 
pendant  deux  voyages  de  six  mois,  que  j'ai  remarqué  les  monuments 
mégalithiques  dont  je  vais  vous  entretenir. 

Je  me  propose  de  vous  présenter  tout  d'abord  quelques  observations 
générales  sur  les  caractères  particuliers  de  la  région  qui  les  contient,  de 
vous  décrire  en  quelque  sorte  l'habitat  de  ceux  qui  les  ont  construits;  je 
résumerai  ensuite,  en  décrivant  ces  enceintes  de  monolithes,  les  obser- 
vations notées  au  hasard  de  mes  découvertes,  et  vous  exposerai  en  termi- 
nant les  résultats  de  fouilles  qui,  bien  que  peu  abondants,  nous  fixent 
cependant  sur  la  nature  funéraire  de  es  monuments  et  sur  la  l'ace  de 
ceux  qui  y  sont  ensevelis. 


IH    JSNVIKK     1 '.>()(•. 


mCflK.MlN.  Il  Ml  l.l  <  I)K  ',V  liAMItlK  27 

Nous  tenions  la  brousse  depuis  limix  mois  el  (Hions  (jarvcnus  ii  environ 
125  kilomètres  de  la  mer,  sur  la  frontière  Nord,  quand  j'aperçus,  [»our 
la  première  fois,  un  de  ces  cercl-s  de  pierre?,  au  cours  d'une  reconnais- 
sance dans  les  environs  de  Passy  N'Gayen  :  une  enceinte  composée  de 
13  monolilhes  taillés  en  forme  de  colonne  se  dressait  dans  la  hrousse  à 
quelques  mètres  du  sentier. 

Vivement  intrigué  par  ce  monument  dont  j'ignoi"ais  encore  la  nature, 
j'interrogeai  le  chef  indigène,  un  Wolof,  qui  m'aecompagnait  dans  ma 
tournée;  mais  il  me  fut  impossible  d'en  tirer  aucun  éclaircissement. 

Nous  ne  savons  rien  de  ces  pierres,  me  dit-il,  elles  ont  toujours  tHé  lii  ; 
il  y  en  a  beaucoup  dans  le  pays;  les  hommes  àgt's  les  dul  toujours  vues 
là  et  leurs  pères  aussi  ! 

l'^t  i\  ma  demande  s'il  n'existait  pas([uelque  légende,  q  ichjue  tradition, 
transmise  de  père  en  (ils,  au  sujet  de  ces  pierres,  il  me  répondit  que  ces 
pierres  n'avaient  aucun  caractère  spécial  aux  yeux  des  indigènes,  et 
(|u'aiii-une  légende  n'avait  cours  dans  le  pays  à  leur  sujet. 

A  partir  de  ce  moment,  je  recommandai  aux  indigènes  de  me  signaler 
en  cours  de  route  tous  ceux  de  ces  monuments  dont  ils  auraient  connais- 
sance. C'est  ainsi  que,  dans  la  suite,  je  [)us  relever  l'emplacement  d'une 
quarantaine  de  gisements  plus  ou  moins  impoilants;  mais  il  eu  existe 
un  nombre  bien  plus  considérable  que  seule  une  exploi-alion  m(lliodi([ue 
de  la  région  aurait  permis  de  découvrir. 

J'ai  également  interrogé  tous  les  chefs  indigènes  dont  j'avais  h  traver- 
ser les  cantons  :  VVolof,  Mandingues  ou  Peuhis;  tous  m'ont  répondu 
comme  le  premier  :  Nous  ne  savons  rien  de  ces  pierres  qui  ont  toujours 
été  lii;  aucune  légende  ne  nous  a  été  transmise  à  leur  sujet. 

L'indilVérence  des  populations  à  leur  égard  est  d'ailleurs  manifeste; 
elles  n'inspirent  ni  le  respect,  ni  la  crainte;  autrement  on  ne  verrait  pas 
des  villages  établis  à  quelques  mètres  d'un  gisement,  ou  des  champs  de 
mil  ou  d'arachides  englober  plusieurs  tombes  dont  le  centre  seul  n'est 
pas  utilisé  pour  les  cultures. 

Mais,  si  les  recherches  que  j'ai  poursuivies  partout  où  les  opérations 
de  la  mission  nous  conduisaient,  ne  m'ont  pas  appris  ii  quelle  peuplade 
de  l'Afrique  il  convient  d'attribuer  ces  monuments,  du  inoins  m'onl-elles 
permis  de  déterminer,  à  peu  près,  les  frontières  de  la  zone  (|u'elle  a 
occupée  sur  le  versant  Nord  de  la  Gambie;  ce  sont  presque  des  frontières 
naturelles;  ce  sont  en  tout  cas  des  frontières  isolantes. 

La  vallée  de  la  Gambie  est  uniformément  plate  dans  sa  partie  inférieure  ; 
puis  îi  hauteur  du  grand  coude  de  Kaoïir-Balangar,  qui  se  trouve  à 
120  kilomètres  de  la  mer,  cette  uniformité  est  rompue  par  des  lignes  de 
stratifications,  d'un  relief  de  plus  en  plus  accusé  à  mesure  qu'on-s'avance 
vers  l'Est,  donnant  au  pays  l'aspect  d'une  région  qui  s'est  affaissée  en 
laissant  de  place  en  place  des  témoins  de  son  niveau  antérieur. 

Les  escarpements  que  couronnent  ces  strates  plongent  toujours  du  côté 
du  fleuve;  la  vallée  se  décompose  ainsi  en  une  suite  de  cuvettes  irrégu- 
lières, aux  bords  très  aplatis  et  fortement  ébréchés  par  le  ruissellement 


28  1«    JANVIEIt    ^'M\ 

(le  l'époque  quaternaire,  au  travers  desquelles  la  (iambie  et  ses  allluents 
ont  dessiné  leurs  méandres. 

Le  chapelet  de  cuvettes  que  traverse  le  collecteur  principal,  peut  être 
assimilé  à  un  long  plissement  anticlinal  dont  le  fond  est  incliné  vers  le 
Sud-Uuest;  lu  rivière  se  trouve  ainsi  constamment  ramenée  contre  les 
escarpements  de  la  rive  sud;  il  en  résulte  que  le  versant  Sud  est  court, 
à  pente  relativement  accentuée,  tandis  que  le  versant  Nord  est  beaucoup 
plus  large,  particulièrement  dans  la  haute  vallée  où  aboutissent  des 
thalwegs  prenant  naissance  dans  le  voisinage  du  Sénégal  entre  Bakel 
et  M  a  ta  m. 

En  arrière  du  bord  Sud  de  VAnliclinal,  s'étend  un  plateau  de  latérite 
dont  l'uniformité  n'est  interrompue  que  par  deux  crevasses  parallèles  à 
la  direction  générale  du  cours  de  la  Gambie  :  l'une,  étroite,  débouche  sur 
le  ileuve  au-dessous  du  grand  coude  de  Kaour-lîalangar;  les  escarpe- 
ments de  sa  rive  Sud  rejettent  la  Gambie  dans  la  direction  de  l'Ouest; 
c'est  le  Sofaniama  ;  l'autre,  plus  large,  débouche  parallèlement  à  la  Gambie 
dans  la  partie  uniformément  plate  de  la  vallée,  c'est  la  rivière  de  Bintang 
qui  rejoint  ensuite  le  lit  principal. 

En  dehors  de  ces  deux  crevasses,  on  ne  trouve  ni  terre  cultivable,  ni 
eau;  c'est  un  désert  de  pierres  et  de  bambous  où,  pendant  six  mois  de 
l'année,  on  chercherait  en  vain  un  brin  d'herbe  ou  une  feuille  verte;  tout 
est  grillé  par  le  soleil  et  réduit  à  l'état  d'amadou;  les  animaux  sauvages 
eux-mêmes  abandonnent  le  pays  pour  se  rapprocher  de  l'eau.  Pendant 
l'hivernage,  au  contraire,  c'est  un  excellent  terrain  de  pâturages;  des 
mares  se  forment  de  place  en  place;  les  Peuhis  nomades  et  pasteurs  y 
conduisent  leurs  troupeaux;  le  gibier  y  abonde  :  antilopes,  biches,  san- 
ghers,  et  même  éléphants,  lions  et  panthères.  C'est  le  Firdou  ou  Foula- 
dougou. 

Ainsi,  sur  la  rive  Sud,  d'une  part,  la  rivière  ramenée  constamment 
vers  le  Sud  par  la  pente  générale  du  sol  ne  laisse  que  peu  d'espace  culti- 
vable entre  sa  rive  gauche  et  le  pied  des  escarpements  rocheux,  d'autre 
part,  le  sol  du  plateau  de  latérite  qui  se  prolonge  vers  le  Sud  au  delà  des 
escarpements,  n'est  apte  à  aucune  culture. 

Le  versant  Nord  de  la  vallée  offre  des  conditions  bien  plus  favorables 
aux  établissements  des  hommes  :  une  large  bande  de  terres  cultivables 
s'étend  entre  la  rive  droite  du  tleuve  et  les  escarpements  Nord  de  l'Anti- 
clinal; c'est  là  que  se  sont  accumulés  les  limons  de  la  rivière  au  temps 
où  elle  coulait  dans  son  lit  majeur  et  les  terres  entraînées  depuis  par  le 
ruissellement  des  pluies  d'hivernage. 

De  nombreux  thalwegs  rompent  l'uniformité  du  plateau  qui  s'étend 
en  arrière  vers  le  Nord,  thalwegs  sans  cours  d'eau  permanent  à  ciel 
ouvert,  mais  où  l'eau  se  rencontre  à  une  faible  profondeur.  Enfin  le  sol 
même  du  plateau  Nord  offre,  en  maint  endroit,  aux  cultures  diverses, 
une  couche  de  terre  végétale  suffisante,  le  banc  de  latérite  n'affleurant  que 
de  place  en  place,  principalement  dans  le  voisinage  des  escarpements. 

Cependant,  ces  caractères  favorables  ne  persistent  pas  au  même  degré 


DUCnEMI>'.   —  TIMIUS  ItE  I.A  r.AMUlK  29 

sur  tout  le  versant  Nord  de  la  vallre  ;  à  mesure  qu'on  s'élève  vers  le  Nord, 
le  pays  change  peu  .'i  peu  d'aspect  et  l'on  arrive  au  Ferlo  désertique 
comparable  au  Firdou  du  versant  sud;  vers  l'est  également  les  espaces 
déserts  et  incultes  sont  plus  étendus  et  plus  proches  du  lleuve;  c'est  le 
Ouli  occupé  par  des  Peulhs  pasteurs  et  plus  ou  moins  nomades;  vers 
l'Ouest  enfin  la  plaine  qui  s'étend  jusqu'à  l'Océan  sans  aucun  relief,  est 
généralement  marécageuse  et  malsaine, 

La  région  particulièrement  saine  et  fertile,  comprise  entre  ces  diil'é- 
rentes  zones  désertiques  ou  peu  peuplées,  est  celle  où  nous  avons  trouvé 
ct^s  nombreux  gisements  de  mégalithps;  elle  s'étend  sur  la  rive  droite  de 
la  Gambie  depuis  la  rivière  jusqu'au  parallèle  de  Malem  qui  marque  à 
peu  près  la  limite  Sud  du  Ferlo;  elle  englobe  la  partie  du  versand  Nord 
couiprise  <mtre  le  pays  plat  à  l'ouest  de  Malem  et  de  Médina  et  le  ruisseau 
de  Touba-Kouta  qui  sépare  le  Sandougou  du  Ouli. 

Un  cercle  de  pierres  a  pourtant  été  découvert  sur  la  rive  gauche  du 
llouve,  à  Kouanko,  par  M,  Todd,  médecin  colonial  anglais;  il  est  possi- 
ble qu'il  en  existe  quelques  autres  sur  cette  rive,  aux  points  où,  comme 
à  Kouanko,  la  rivière  s'écarte  sensiblement  des  escarpements. 

La  répartition  des  gisements  dans  celte  zone  correspond  assez  exacte- 
ment, comme  densité  et  comme  importance,  à  la  densité  actuelle  et  à  l'im- 
portance des  villages  :  nous  trouvons  presque  toujours  un  village  à  pro- 
ximité d'un  gisement  et  les  gisements  importants,  sauf  exception,  sont 
dans  le  voisinage  des  plus  gros  villages. 

De  cet  exposé  nous  pouvons  conclure  à  une  prédilection  marquée  par 
les  constructeurs  de  mégalithes  pour  une  région  fertile  et  saine,  et  pour 
ime  vie  agricole  et  pastorale  semblable  à  celle  que  mènent  de  nos  jours  les 
peuplades,  dernières  venues  dans  la  région  :  Wolofs,  Mandingues,  Peuhls 
et  Sarracolets  paraissent,  en  effet,  être  les  continuateurs  de  leurs  devan- 
ciers, occupant  les  mêmes  emplacements  de  villages  et  cultivant  les  mêmes 
champs. 

Les  Mandingues  sont  établis  dans  le  lit  majeur  de  la  rivière,  sur  les 
deux  rives.  C'est  dire  que  leurs  établissements  de  la  rive  Nord  sont  plus 
nombreux  et  plus  importants  que  ceux  de  la  rive  sud. 

L'arrière-pays  sur  le  versant  Nord  est  occupé  par  les  Wolofs  à  l'Ouest  et 
les  Peuhis  à  l'Kst  ;  ces  derniers  nomadisenl  dans  toute  la  vallée  :  ils  s'éloi- 
gnent de  la  rivière  pendant  les  pluies,  s'en  rapprochent  pendant  la  saison 
sèche  et  la  franchissent  même  avec  leurs  troupeaux  pour  chercher  de 
nouveaux  pâturages. 

Sur  le  versant  Sud  l'arrière-pays  est  à  peu  près  désert  jusf|u'ai  versant 
Nord  de  la  Casamance;  on  y  remarque  cependanldeuxoasisqui  tranchent 
par  leur  prospérité  sur  le  pays  environnant  :  le  NyaminaSarracoletqui  s'est 
développé  aux  abords  de  lu  partie  navigable  duSofaniama,  et,dans  leKan- 
tura,  un  giuupe  de  villages  également  Sarracolets,  récemment  établis  sur 
les  deux  rives  du  Shima  petit  ruisseau  d'eau  courante.  Quelques  petits 
villages  Sarracolets  .'ont  disséminés  sur  la  rive  droite  du  fleuve,  au  milieu 
des  établissements  mandingues. 


30  iH  jANviKit  1900 

(le  sont  principaloincnl  des  Mandinmics;  que  nous  trouvons  éîal)lis  de 
nos  jours  dans  la  région  qu'occupaient  les  constructeurs  de  mégalithes; 
nous  savons  par  les  récits  des  voyageurs  qu'ils  occupaient  déjà  les  rives 
de  la  iJainhie  au  xvii<"  siècle.  Mais  il  n(î  semble  pas  (pj'ils  soient  autoch- 
tones; ils  déclaient  eux-mêmes  ètie  venus  de  l'Est,  et  pour  qu'ils  aient 
conservé  la  mémoire  d'une  migration,  il  faut  qu'elle  ne  soit  pas  très  éloi- 
gnée. Ont-ils  él(''  les  surcesseurs  iinuK'diats  des  conlruelrurs  de  méga- 
lithes? on  peut  en  douter  (|uand  on  considère  qu'ils  ignorent  luul  de  ces 
vestiges,  jusqu'à   leur  nature. 

Puisque  le  souvenir  d<;  ce  pe  i|ile  semltle  avoir  disparu  de  la  mémoire 
des  hommes,  peut-èlre  pourra  ton  l'identifier  par  les  rapprochements 
que  suggérera  une  description  d -s  vestiges  qu'il  a  laissés. 

Les  tombeaux  sont  dispersés  dans  les  limites  indiquées  piécédemment; 
on  les  rencontre  soit  isolés,  soit  accolés  deux  par  deux,  soit  assez  fré- 
quemment par  groupes  de  5  ou  6,  soit  enfin,  mais  plus  rarement,  en 
groupes  encore  plus  nombreux. 

Les  uns  disposés  sur  un  terrain  légèrement  bombé,  à  l'abri  des  inon- 
dations, sont  parfaitement  conservés  :  d'autres,  moins  bien  situés,  sur 
une  pente  ou  près  d'un  thalweg  ont  souffert  des  affouillements  des  pluies 
d'hivernage:  leurs  pierres  sont  renversées,  parfois  brisé-es  et  dispersées, 
il  est  probable  que  quelques-uns  ont  disparu  sous  l'accumulation  des 
alluvions. 

Ces  gisements  ne  sont  pas  homogènes  ;  on  y  distingue  2- types  de  tom- 
beaux :  l'un  caractérisé  par  une  enceinte  de  monolithes  sans  tumulus  cen- 
tral, l'autre  caractérisé  par  un  tumulus  sans  enceinte  de  monolithes;  on 
trouve  aussi  quelques  spécimens  ayant  un  tumulus  au  milieu  de  l'enceinte. 
Les  uns  et  les  autres  sont  précédés  d'une  rangée  de  monolithes  taillés, 
placée  à  l'Est  de  la  tombe  perpendiculairement  à  son  diamètre  Est-Ouest. 

Le  tombeau  à  enceinte  est  circulaire;  il  se  compose  de  8  à  22  mono- 
lithes, espacés  régulièrement  sur  la  circonférence  d'un  cercle  de  6  à  10 
mètres  de  diamètre.  Les  monolithes  sont  taillés  en  forme  de  cylindres 
presques  réguliers;  on  reconnaît  aisément  qu'ils  ont  été  d'abord  décou- 
pés en  forme  de  parallélipipèdes  rectangulaires  dont  on  a  ensuite  abattu 
les  arêtes.  Ils  ont  de  1  m.  80  à  3  mètres  de  hauteur  et  de  0  m.  70  à  1  mètre 
de  diamètre.  Ils  sont  enfoncés  en  terre  de  1  mètre  à  1  m.  50,  et  légère- 
ment penchés  en  arrière. 

Ils  ont  été  pris  dans  les  parties  dures  et  compactes  des  bancs  de  latérite' 
qui  affleurent  sur  le  boid  des  escarpements  dont  il  a  été  question; 
l'extraction  et  le  transport  des  inonolilhes  devaient  être  facilités  par  cette 
disposition  du  terrain  qui  permettait  de  faire  rouler  le  bloc,  une  fois  ter- 
miné, au  bas  de  la  pente  formée  parles  éboulis,  puis  de  le  traîner  jusqu'à 

*  La  latérite  est  le  résultat  de  l'aUération  cliiraiquo  dos  roches  superficielles  sous 
l'acliou  des  influences  aliiiosplièri(jues.  Elle  se  présente  sous  des  asptcls  fort  divers, 
graviers  mouvants,  roche  friable,  roche  dure,  tantôt  caverneuse,  tantôt  compacte  et 
vitrifiée,  toujours  ferrugineuse, 


ni'CHEMIN.   —  TIMUMS   DE   I.A   r.AMUIE  'M 

l'emplacement  du  tombeau  gént'ralemenl  situô  en  contre-bas  de  la  falaise 
<[ui  servait  de  carrière. 

Le  tombeau  ;\  tumulus  a  l'aspect  d'un  mttnticuie  haut  de  0  m.  80  à 
1  niHtre,  large  de  8  ;i  10  mt^'lres,  et  rccouviMl  de  nombreux  di'-bris  de 
pierres. 

Un  certain  nombre  de  tumulus  oui  di'i  être  rasés  par  les  indigènes  ou 
nivelés  par  les  pluies,  car  on  aperçoit  parfois  au  milieu  des  cultures  ou 
dans  la  brousse  des  lignes  de  2  ou  3  monolithes  qui  proviennent  sans 
doute  des  lignes  frontales  placées  à  l'Est  de  tumulus  disparus. 

L'iirienlation  des  lignes  frontales  n'est  pas  toujours  strictement  Nord- 
>ud,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  sur  le  relevé  du  gisement  de 
Kodiam,  fait  à  la  planchette  déclinée  et  à  l'alidade  olométrique  ;  on  peut 
supposer  que  ces  lignes  ont  été  orientées  par  rapport  à  la  direction  du 
>oleil  levant  au  moment  où  elles  ont  été  établies. 

Les  tombeaux  à  enceintes,  accolés  deux  par  deux,  présentent  un  dispo- 
sitif spécial  :  les  centres  des  2  enceintes  sont  placés  sur  une  ligne  Nord- 
Sud  il  une  distanrc  de  iO  mètres  ;i  12  mètres  l'un  de  l'autre  ;  les  encein- 
tes ne  sont  généralement  pas  du  même  diamètre,  ni  composées  du  même 
nombre  de  pierres  ;  les  pierres  placées  en  ligne  sur  le  front  Est  sont  plus 
hautes  et  d'un  plus  grand  diamètre  que  celles  des  cercles. 

Nous  avons  observé  plusieurs  spécimens  de  ce  type,  entre  autres  k 
N'iîayen  où  les  2  enceintes  ont  chacune  13  pierres;  dans  le  gisement  de 
Keur-Sam  où  les  2  enceintes  ont  respectivement  21  et  22  pierres,  près 
du  village  anglais  de  Palol,  enfin  ,\  Dialato  où  les  enceintes  ont  8  et 
10  pierres. 

Le  plus  grand  rinnilirc  des  gisements  comprend  plusieurs  tombes;  le 
diamètre  des  enceintes  et  le  nombre  fies  pierres  varient  dans  un  même 
groupe,  mais  celles-ci  sont  toujours  d'un  type  uniforme  pour  le  même 
tombeau. 

Les  relevés  de  gisements  importants  comme  ceux  de  Kf^ur-Sam  et  de 
Kodiam  font  ressortir  la  disposition  des  tombes  en  groupes  alignés;  mais 
l'orientation  de  ces  lignes  paraît  être  quelconque. 

Un  tombeau  à  enceinte  a  été  fouillé  en  1904,  à.Maka;  c'est  Monsieur  du 
Laurens,  administrateur  du  cercle  de  Maka  (^oulihentan  qui  a  procédé  à 
cette  opération  ;  il  a  bien  voulu  me  communiquer  les  résultats  de  ses 
recherches;  ils  sont  tout  ;i  fait  analogues  h  ceux  que  j'ai  obtenus  en  1905 
à  Dialato,  où  j'ai  fouillé  deux  tombeaux  accolés. 

A  .Maka,  entre  le  poste  et  le  village,  on  remarque  deux  tombeaux  et 
quelques  pierres  éparses  provenant  sans  doute  d'une  ligne  de  monolithes 
placée  sur  le  front  des  tombeaux. 

Les  enceintes  ont  7  mètres  et  5  mètres  de  diamètre  et  se  composent 
chacune  de  18  pierres  de  2  m.  20  de  hauteur  et  0  m.  50  de  diamètre. 

Les  pierres  sont  enlisées  sur  les  2  3  de  leur  longueur,  daps  un  sol  dur 
et  compact  formé  de  terre  rouge  silico-argileuse. 

.\  1  m.  10  de  profondeur  on  a  trouvé  des  fragments  de  poterie  gros- 
sière. A  1  m.  80  gisaient  2  squelettes,  l'un  orienté  à  peu  près  suivant  la 


32 


18  jANviKit  loon 


direction  Ksl-Ouesl,  la  t(Mt' à  l'Kst,  r.iiitn' suivant  nnc  direftidn  faisant  un 
angle  de  'AO",  avec  celle  du  preniici'. 

Les  os  tombaient  en  poussière;  on  ne  put  extraire  (ju'un  cr;\no  très 
fragile,  mal  conserv»^,  mais  dont  difïï'rents  caractères  indiquent  une  ori- 
gine purement  nigriti(|u('. 

Aucun  ohjct  n'a  ('•(('  trouvé  dans  la  tombe. 


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Fkj.  2. 

—  Les  deux  tombeaux  fouillés  à  Dialato  sont  situés  sur  le  bord  d'un 
plateau,  au  Sud  d'un  ravin  peu  profond  à  pentes  douces.  Une  légère 
dépression  part  du  voisinage  immédiat  des  tombes  et  aboutit  au  ravin; 
au  confluent  de  cette  dépression  et  du  ravin  se  trouve  une  large  excava- 
valion  ovale  de  40  mètres  sur  30.  orientée  dans  le  sens  de  la  dépression 
à  laquelle  elle  se  rattache  par  un  plan  incliné  ;  cette  excavation  sert  pen- 
dant l'hivernage  d'abreuvoir  aux  troupeaux  des  environs;  mais  il  est  peu 
probable  qu'elle  ait  été  creusée  pour  cet  usage  ;  il  semble  plutôt  que  ce  soit 
l'emplacement  de  la  carrière  d'où  ont  été  extraits  les  monolithes  des  tom- 
beaux. L'excavation  e<-t  profonde  et  son  rebord  n'est  pas  proportionné  aux 
déblais  qui  ont  dû  en  sortir.  Il  n'y  a  pas  d'escarpement  rocheux  dans  les 
environs.  Les  2  tombeaux  sont  sur  une  ligne  Nord-Sud,  à  12  m.  SOTun  de 
l'auti'e,  de  centre  à  centre;  leurs  enceintes  ont  G  mètres  de  diamètre  et  ne 
contiennent  pas  de  tumulus. 

L'enceinte  Nord  se  compose  de  10  monolithes  à  peu  près  cylindriques, 
ayant  0  m.  80  de  diamètre  et  1  m.  80  de  hauteur;  les  pierres  font  une 
saillie  de  0  m.  75  et  sont  légèrement  penchées  en  arrière. 

Une  ligne  de  4  monolithes  plus  élevés  que  ceux  de  l'enceinte  est  placée 
k  2  m.  ,')0  à  l'Est  du  cercle  perpendiculairement  au  diamètre  Est-Ouest. 

L'enceinte  Sud  se  compose  de  8  pierres  de  0  m.  60  à  0  m.  70  de  diamètre 
et  1  m.  70  de  hauteur,  faisant  une  saillie  de  0  m.  70  a  0  m.  75. 

A  2  mètres  à  l'Est  se  trouve  une  ligne  de  3  monolithes  h  peu  près  rec- 
tangulaires, ayant  0  m.  80  de  diamètre  et  faisant  une  saillie  de  1  m.  30. 


DUOHEMIN.    —  TUMULUS  DE  LA  rtAMBIE 


33 


Fouille  (lu  tombeau  Sud.  —  Aqiiohiues  ctMitimètn's  dt-  la  surface,  au  centre 
du  cercle,  on  elécouvre  un  i,Mand  pol  en  terre  cuite,  pus('  l'ouverture  en  bas. 

Après  l'avoir  dégagé  complètement,  on  le  retire  de  la  fosse  et  l'on 
constate  alors  qu'il  est  plein  d'une  terre  rouge  semblable  à  la  terre  qui 
constitue  le  sol  environnant,  mais  moins  compacte. 

I.a  poterie  est  fendue  et  se  brise  dès  qu'elle  est  vidée  ;  la  terre  qu'on  en 
a  retirée  ne  contient  absolument  aucun  débris,  ni  fragment  quelconque. 

La  poterie  est  très  ordinaire  et  ne  dilfère  pas  de  celles  que  l'on  trouve 
de  nos  jours  chez  les  diverses  peuplades  de  l'Afrique  Occidentale. 


i   • 


I 


(j-    I  Strue.n't-s     ^ m.     fvrrtbt 


à     7\4*rt*>/ui  ■ 


Fig.  3. 
Une  tranchée  est  ensuite  ouverte  suivant  le  diamètre  Est-Ouest.  A  l'ex- 
trémité Ouest,  à  0  m.  55  de  profondeur,  on  découvre  un  fragment  de 
crâne  :  la  botte  crânienne  seulement,  les  os  de  la  face  ont  disparu.  A 
1  m.  60,  à  peu  près  au  centre  de  la  tombe,  on  découvre  quelques  osse- 
ments, tibias,  péronés,  ossements  de  la  main  sans  consistance;  ces  osse- 
ments ne  sont  pas  disposés  dans  un  ordre  naturel,  ni  dans  une  direction 
normale  par  rapport  au  fragment  de  crâne  trouvé  précédemment. 

La  tranchée  est  approfondie  jusqu'à  1  m.  80  sans  qu'on  y  découvre 
autre  chose. 

La  terre  est  extrêmement  compacte;  c'est  à  peine  si  le  pic  peut  y  péné- 
trer. 

Fouille  (ht  tombeau  Nord.  —  A  0  m.  10.  au  centre  de  l'enceinte,  on  dé- 
couvre un  grand  pot  renversé,  dont  la  forme  est  un  peu  différente  de  celle 
du  premier  :  l'ouverture  est  évasée  et  ornée  d'un  décor  grossier. 

Nous  ouvrons  une  tranchée  Est  Ouest. 

A  l'extrémité  ouest,  à  1  m.  lO  de  profondeur,  on  découvre  quelques 
ossements  enchevêtrés  appartenant  h  un  pied,  puis  divers  ossements  d'un 
squelette  qui  paraît  orienté  N.E -S.O.  :  il  faut  élargir  la  tranchée  pour 
suivre  les  ossements  qui  sont  nombreux  et  inégalement  conservés  :  les 
uns  réduits  à  l'état  de  dentelles,  l»'s  autres  encore  pleins,  mais  très  fra- 
giles; il  est  évident  qu'il  y  a  l;i  phi>  d'un  squelette 

soc.  o'aithhop.  190ti.  "^ 


;{i  IH  jwviKli    lîHMi 

En  élargissant  encore  la  fosse  vers  le  .Nord,  on  découvre  enfin  deux, 
crûnes  placés  l'un  a  côlé  de  l'autre.  Il  est  inipossihle  de  les  dcga.y;er  sans 
les  briser.  J'ai  pu  cependant  reconstituer  en  partie  l'un  de  ces  crûnes  ;  il 
présente  les  mômes  caractères  que  celui  de  Maka  :  prognatisme,  dolicho- 
céphalie  et  aplatissement  des  parois  latérales,  qui  dénotent  la  même  ori- 
gine nigritique. 

Les  deux  crânes  étaient  de  1  m.  ^20  de  profondeur;  les  st|U('leltes  occu- 
paient une  longueur  de  1  m.  75  à  1  m.  8U  environ. 

A  Dialato  comme  à  Maka,  nous  n'avons  découvert  aucune  trace  de  mo- 
bilier funéraire,  d'armes  ou  de  parures. 

En  résumé  :  dans  le  tombeau  Sud,  quelques  fragments  de  squelettes  à 
des  profondeurs  différentes  ;  dans  le  tombeau  Nord,  deux,  squelettes  enche- 
vêtrés au  point  qu'on  ne  peut  distinguer  leurs  ossements  respectifs  que 
par  une  différence  notable  dans  leur  état  de  conservation;  ce  désordre 
s'explique  aisément  si  nous  admettons  que  les  cadavres  ont  subi  une  pre- 
mière inhumation  provisoire,  pendant  le  temps  nécessaire  a  la  préparation 
de  la  tombe  définitive,  temps  qui  devait  être  assez  long,  puisqu'il  fallait 
tailler  les  pierres  de  l'enceinte  et  les  amener  sur  place. 

Je  noterai  enfin  que  le  parfait  état  des  deux  pots  trouvés  au  centre  des 
enceintes  de  Dialato  est  une  preuve  (|ue  ces  deux  tombes  n'ont  jamais 
été  violées;  si  dans  l'une  de  ces  tombes,  nous  n'avons  retrouvé  que  des 
fragments  épars,  c'est  parce  qu'elle  n'a  jamais  contenu  autre  chose. 

Voilà,  Messieurs,  les  quelques  observations  que  j'ai  pu  faire;  n'étant 
pas  compétent  en  ces  matières,  je  ne  puis  en  tirer  de  conclusions,  et 
laisse  aux  hommes  de  science  le  soin  de  faire  des  rapprochements  s'il  y  a 
lieu. 


LES  GAULOIS.  L'INDUSTRIE  DITE  DE  LA  TENE   EST  PUREMENT  GAULOISE. 

les  bastarnes 
Par  .m.  Zaborowski. 

A  la  suite  de  la  présentation  par  M.  Volkov  de  documents  photogra- 
phiques rapportés  par  lui  des  Carpathes  orientales,  et  relatifs  aux  Hou- 
zoules,  j'ai  intervenu  pour  donner  quelques  explications  sur  les  origines 
probables  de  ces  lïouzoules. 

Mon  intervention  a  provoqué  une  discussion  qui  s'est  généralisée  et  au 
cours  de  laquelle  des  questions  d'archéologie  et  d'ethnologie  ont  été  sou- 
levées au  sujet  des  Gaulois.  Gq  n'est  pas  sans  surprise  que  j'ai  entendu 
élever  des  contestations  sur  les  caractères  et  la  patrie  originaire  des 
Gaulois  qui  nous  sont  bien  connus.  Je  ne  crois  pas  avoir  à  traiter  à  fond 
des  problèmes  parfaitement  résolus,  et  sur  les  données  desquels  chacun 
peut  s'éclairer  à  loisir  dans  une  foule  d'ouvrages.  Je  veux  seulement  ici 
présenter  en  un  tout  coordonné  les  réponses  que  j'ai  faites  aux  questions 


ZAItOKinV^KI.    —  LES  (ÎAULOtS  3o 

ijui  molli  été  posées,  aux  objeclioiis  qu'on  ui'a  opposées  au  cours  de  deux 
séances  consécutives. 

l  — lai  depuis  longtemps  répété  à  satiété  combien  c'était  pour  nous  un 
embarras  que  l'emploi  du  nom  de  Celtes  dans  un  sens  spécial  qu'on  pourrait 
(lualifier  de  craniologique.  Jamais  k  l'étranger  on  n'emploie,  on  ne.  peut 
.•in[iloyer  ce  nom  dans  le  même  sens  que  nous  sans  être  obligé  de  le 
délinir,  sans  le  faire  suive  de  ces  mots  :  Desanthropolotiistes  frtuirais.  Certes 
Hroca  avait  bien  le  droit  de  prendre  un  nom  de  l'bistoire  pour  l'appliquer 
i\  un  peuple  déterminé  pbysiquement.  El  il  a  appliqué  le  nom  de  Celtes 
aux  babilanls  de  la  (Celtique  de  César  après  avoir  défini  ceux-ci,  sur  des 
informations  trop  sommaires,  comme  brachycéphales  et  bruns.  Dans  cette 
Celtique,  circonscription  administrative  assez  mal  circonscrite,  en  Auvergne 
même,  dans  la  Bretagne,  il  y  a  des  descendants  de  Gaulois  blonds  encore 
aujourd'hui  bien  reconnaissables.  Mais  là  n'était  pas  la  question  essentielle. 
Le  choix  de  Broca  aurait  pu  être  accepté,  sanctionné  à  tout  hasard,  si  le 
nom  de  Celtes  n'avait  pas  eu  un  sens  historique  déterminé.  Mais  il  en  a, 
il  en  a  toujours  eu  un.  Et  ce  qu'il  y  a  de  plus  grave,  c'est  que  jamais,  au 
cours  de  l'histoire,  il  n'a  été  appliqué  à  un  peuple  brun  brachycéphale.  Son 
emploi  technique  en  anthropologie  n'a  pu  changer,  ni  faire  abandonner 
son  usage  en  histoire.  De  sorte  ([u'il  signifie  deux  choses  différentes  et  con- 
Iradieloires,  selon  qu'on  s'en  sert  en  France  parmi  nous  ou  que  les  savants 
étrangers  y  ont  recours.  Il  est  devenu  un  mot  dangereux,  source  perpétuelle 
d'obscurités  et  de  confusions.  Voilà  donc  pas  mal  de  temps  que  pour  mon 
compte  j'ai  dû  le  mettre  de  côté.  J'ai  montré  que  dans  l'Europe  centrale 
et  jusqu'à  la  Baltique,  c'était  surtout  le  nom  historique  des  Venèdes  qui 
était  lié  à  la  propagation  de  la  brachycéphalie.  En  Occident,  c'est  surtout 
celui,  également  historique,  des  Ligures,  cela  jusqu'en  Grande-Bretagne, 
malgré  les  contestations  auxquelles  donne  lieu  la  prédominance  actuelle 
de  bruns  dolichocéphales  dans  l'ancienne  Ligurie.  Mais,  bien  entendu, 
ces  noms  s'appliquaient  à  des  peuples  plutôt  qu'à  des  races. 

Partout  à  l'étranger  le  nom  de  Celtes  est  employé  comme  synonyme  de 
celui  de  Gaulois,  et  c'est  là  en  etîet  son  sens  historique.  Alors  ici,  en 
France,  je  ne  puis  plus  employer  que  celui  de  Gaulois. 

Anthropologiquement  l'épithéle  de  cellique  y  est  l'équivalent  de  hrun 
hiaclii/cépliule,  alors  que  les  (Jaulois,  dont  nous  avons  des  portraits,  beau- 
coup de  crânes  et  des  descriptions  très  précises,  étaient  grands,  decarnati(m 
claire,  dolichocéphales  et  blonds  originairement  iV.  Strabon,  IV,  ch.  iv, 
1,  2  «  Les  Celtes,  ou  Gaulois,  sont  tous  des  hommes  de  haute  taille.  Nous 
pouvons  nous  représenter  ce  (ju'ils  étaient  anciennement,  par  ce  (ju"on 
raconte  des  moeurs  actuelles  des  Germains,  car,  physiquement  et  [)oliliqne- 
ment,  les  deux  peuples  se  ressemblent  et  peuvent  passer  pour  frères... 
VII,  ch.  I,  2  :  «  Comparés  aux  Celtes  ou  Gaulois,  les  Germains  olïrent 
bien  quelques  petites  ditïérences,  mœurs  plus  sauvages,  taille  plus  élevée. 
cheveux  plus  blonds,  mais  à  cela  près,  ils  leur  ressemblent  fort.  »  Folyli<'. 
n.  ch.  m.  parle  de  la  grandeur  et  de  la  beauté  de  corps  des  (ianlois  cis- 


36  18    JANVIEH     \m\ 

alpiDs,  t'I  les  riiiiisal|)ins.  dil-il,  ne  sont  pus  une  naliun  diiïé rente  des 
Gauluis,  de  ceux  qui  avaient  pris  llonie  en  390. 

Le  nom  de  Celte  semble  avoir  été  emploj'é  le  premier  '.  Mais,  comme  le 
dit  César  lui-même,  c'est  celui  que  les  Gaulois  employaient  encore  de  son 
temps  de  préférence  pour  se  désigner  eux-mêmes.  «  Ils  s'appellent  en 
leur  langue  Celtes,  et  nous  les  appelons  en  la  nôtre  Gaulois.  »  Tel  est  le 
sens  du  premier  paragraphe  de  son  premier  chapitre.  Et  il  ne  fait  pas  de 
différence  entre  Celtes  et  Gaulois,  lorsqu'il  dit  par  exemple  des  Suisses 
qu'ils  étaient  les  plus  puissants  d'entre  les  Celtes.  Des  Belges,  «  les  plus 
vaillants  parce  qu'ils  sont  les  plus  éloignés  du  luxe  et  du  commerce  de 
Rome  »,  i!  fait  la  troisième  partie  de  la  Gaule  (n,  1 1,  et  il  semble  en  même 
temps  les  distinguer  des  Celtes,  mais  pour,  quelques  lignes  plus  loin, 
appeler  Gaulois  les  Celtes  de  la  frontière  des  Belges.  Il  emploie  cou- 
ramment le  nom  de  Gaulois  sans  nullement  par  là  désigner  des  peuples 
différents  des  Celtes  (iv,  I,  v,  5,  6,  vi,  2).  La  description  qu'il  donne  des 
mœurs  des  Gaulois  s'applique  à  ceux  de  la  Celtique  comme  aux  autres, 
même  à  ceux  de  la  Grande-Bretagne  (vi,  2). 

Mais  il  sépare  nettement  les  prêtres  et  les  guerriers  du  menu  peuple 
asservi  qui  était  le  peuple  conquis  («  On  ne  l'appelle  point  aux  délibéra- 
tions publiques,  et  la  plupart  se  voyant  chargés  de  dettes  et  d'impôts,  ou 
opprimés  par  la  violence  des  grands,  se  mettent  au  service  des  autres  qui 
ont  le  même  pouvoir  sur  eux  que  les  maîtres  sur  leur  esclaves  »,  vi,  2). 

Tous  les  auteurs  anciens  les  plus  sérieux,  Appien,  Pausanias,  Polybe, 
Strabon,  ont,  comme  César,  formellement  attesté  que  Celtes  et  Gaulois 
(forme  latine)  ou  Galates  (forme  grecque),  c'était  la  même  chose,  que  ces 
noms  désignaient  les  mêmes  peuples,  de  caractères  physiques  semblables, 
et,  je  puis  ajouter,  de  langues  étroitement  parentes. 

Or,  quoiqu'on  ait  pu  écrire  en  France,  les  savants  étrangers  font  au- 
jourd'hui comme  ces  auteurs  anciens. 

IL  —  Auv"  siècle,  avant  notre  ère,  Hérodote  plaçait  les  sources  de  l'Ister 
ou  Danube,  dans  le  pays  des  Celtes  (II,  33).  «  Il  commence  dans  le  pays 
des  Celtes,  auprès  de  la  ville  dePyrène...  »  Peu  importe  que  dans  son  igno- 
rance des  régions  occidentales  de  l'Europe,  il  se  trompe  sur  les  contiguïtés 
de  ce  pays  des  Celles.  Comme  il  n'y  a  dans  son  texte  aucune  ambiguïté 
au  sujet  de  l'Ister  (jui  est  connu  de  beaucoup  de  monde,  dil-il,  traverse 
l'Europe  par  le  milieu  et  se  jette  dans  le  Pont-Euxin,  il  résulte  que  les 
anciens  Grecs  ont  su  parfaitement  que  le  Haut-Danube  appartenait  h  la 
patrie  des  Celtes  ou  Gaulois,  ce  dont  nous  trouvons  une  confirmation  dans 
Dion  Cassius  (170-235;  qui  fut  gouverneur  de  la  Pannonie*  (Lagneau, 


<  Pausanias.  —  Description  de  la  GrèceAtiique.  Ch.  III,  p.  22,  trad.  Clavier:  »  Le 
nom  de  Galales  ne  prévalut  que  très  tard.  Auciennement  les  Gaulois  portaient  celui 
de  Celles  que  les  autres  peuples  leur  donnaient  aussi.  » 

'  «  Dans  les  temps  les  plus  reculés,  les  habitants  des  deux  côtés  du  Rhin  portaient 
le  nom  de  Celtes.  » 


ZAnOROWSKI.    —   LES  OAl  L(llS  37 

p.  639).  Il  en  résulte  aussi  que  le  gros  île  la  nation  gauloise  occupait 
encore,  au  v^  siècle,  la  patrie  prtniiière,  Badi',  Wurtemberg,  Souabe,  Ba- 
vière, Franconie,  Thuringe,  jusiju'au  Weser,  Bohème. 

D'ailleurs,  le  rapprochement  que  fait  Hérodote  entre  une  ville  Pyrène, 
peu  après  connue  d'après  Aristote,  pour  être  la  chaîne  des  Pyrénées,  et  les 
sources  du  Danube,  n'est  pas  aussi  absurde  (ju'il  paraît.  Il  a  du  moins  une 
signification  qui  n'est  pas  absurde.  Il  correspond  à  une  réalité.  Il  y  avait, 
dès  lors,  en  elîet,  des  Celtes  à  proximité  des  Pyrénées  et  au  delà.  Des  ren- 
seignements recueillis  par  Hérodote,  il  ressortait  que  des  Celtes  se  trou- 
vaient en  même  temps  sur  le  Danube  et  dans  la  région  des  Pyrénées.  H 
a  donc  rapproché  la  montagne  du  fleuve  dont  il  ignorait  l'éloignement, 
alors  qu'il  n'y  avait  de  relations  qu'entre  les  deux  peuples  qui  occupaient 
l'un  et  l'autre.  Les  contradictions  apparentes  des  anciens  sur  la  présence 
de  Celtes  ou  de  (îaulois,  en  des  contrées  très  différentes,  s'expliquent  de  la 
même  fa^on  :  elles  sont  l'expression  d'une  réalité,  à  savoir  :  l'expansion 
dans  tous  les  sens,  ;i  travers  lEurope,  dans  les  Carpathes,  sur  le  Danube, 
en  Asie-Mineure  *,  en  Gaule,  en  (irande-Bretagne,  en  Italie,  même  en 
Espagne,  de  tribus  gauloises  conquérantes.  Cette  expansion,  qui  ne  fut  en 
bien  des  cas  qu'une  dispersion  de  pillards  vagabonds,  n'est  plus  mise  en 
doute  par  personne,  autant  que  je  sache. 

Des  auteurs  aussi  positifs  que  César  et  Strabon  auraient  pu  suffire  à 
nous  éviter,  à  cet  égard,  des  discussions  stériles  (César,  \'I,  2,  Tacite,  28). 

Plusieurs  fois,  dans  mes  levons,  j'ai  insisté  sur  le  grand  rôle  que  les 
conquérants  gaulois  du  iV^  siècle  ont  joué  sur  le  Danube.  (V.  Bullet.,  1904, 
p.  692)  d'après  l'archéologie  et  l'ethnologie.  Strabon  nous  donne  les  ren- 
seignements les  plus  précis  sur  les  Scordisques  et  Taurisqueset  il  connais- 
sait fort  bien  les  caractères  des.  Gaulois  du  Danube,  comme  le  montre  ce 
qu'il  dit  des  Japodes,  «.  nation  semi-celtique,  semi-illyrienne.  »  (VII 
c.  m,  2  et  c.  v,  2.) 

Les  mouvements,  en  sens  différents  des  Gaulois,  ne  furent  possibles  et 
ne  sont  explicables  qu'en  raison 'de  leur  position  au  cœur  de  l'Europe 
centrale.  Et  c'est  aussi  en  raison  de  leur  présence  en  celte  région  sur  le 
Haut-Danube,  que  les  (îermains  furent,  comme  nous  l'avons  constaté, 
séparés  par  eux  des  influences  méditerranéennes,  jusqu'après  l'intro- 
duction du  fer.  Cette  donnée  archéologi([ue  est  (jn  ne  plus  conforme  à  ce 
(|ue  nous  venons  de  dire  des  renseignements  recueillis  sur  eux  par  Héro- 
dote au  v»  siècle. 

La  Bohème  tient  son  nom  de  Gaulois,  les  Boiens,  qui  avaient  envoyé 
de  leurs  bandes  jusque  sur  le  Po,  d'après  Polybc  (II,  8),  au  moins  dès  le 
iv"  siècle  avant  notre  ère  et  jouaient  encore  un  grand  rôle  sur  le  Danube 
peu  avant  Strabon.  Les  aifluenis  de  droite  du  Rhin  ont  des  noms  d'ori- 
gine gauloise.  Tels  étaient  aussi  les  noms  des  montagnes,  entre  la 
Bavière  ot  la  Bohême,  de  la  fortH  hercynienne,  occupée  par  les  Boïens  lors 


'  PoLYBE.  —  Le.  I.  Défaits  à  Dt-Iphes  ('21  i  av.)  les  Gaulois  se  jc(èienl  en  .\sie. 


38  18   JANVIF.H    lOOfi 

(ir^  la  grando  invasion  dos  Cimbros,  au  ii"  si<"'cle  avant  notre  ôre;  tels  sont 
h's  noms  de  dillÏTcnles   villes,  Hanibcrp;,  llatisbonne. 

I.c  nom  du  Hliin  lui-ni(^mc  est  d'origine  gauloise;  et  les  Gaulois  l'ont 
ti-ansporté,  sur  le  l'ù,  d'une  part,  et  en  Irlande  de  l'autre. 

I.a  forme  primitive  de  ce  nom  était  Reinos.  El  il  est  passe  sous  cette 
forme  aux  (iermains,  donc  ii  une  époque  assez  reculée,  d'après  d'Arbois 
de  Jubainville  •. 

Les  Gaulois  avaient  remplacé  la  diphtongue  ei  par  c  avant  d'envoyer 
des  bandes  conquérantes  dans  le  nord  de  l'Italie  d'une  part  et  de  l'autre 
peut-être  jusqu'en  Irlande.  Le  nom  de  la  ville  de  Bologne  en  Italie  vient 
du  gaulois  Bononia,  traduction  du  nom  plus  ancien  de  Felsina.  Or,  auprès 
de  Bologne  se  trouve  encore  une  rivière  qui  porte  le  nom  de  Reno.  Ce 
même  nom,  dans  l'irlandais,  a  le  sens  de  grande  étendue  d'eau  et  s'ap- 
plique à  la  mer.  Or,  les  Gaulois  étaient  dans  le  nord  de  l'Italie  au  moins 
au  v  siècle.  Nous  avons  pour  la  prise  de  Rome  par  eux  la  date  très  sûre 
de  390  avant  notre  ère,  Polybe  nous  ayant  conservé  des  détails  circons- 
tanciés sur  la  lutte  entre  Romains  et  Gaulois.  Nous  avons  une  date  plus 
ancienne  pour  l'émigration  de  Gaulois  en  Grande-Bretagne,  mais  peut- 
être  un  peu  moins  sûre. 

Dans  les  mots  où  entraient  la  consonne  q,  les  Gaulois  ont  remplacé 
celle-ci  à  une  certaine  époque  par  ;).  Ce  changement  dans  la  prononciation 
était  déjà  opéré  lorsque  certaines  de  leurs  bandes  franchirent  les  Pyrénées 
vers  le  v^  siècle.  Car  dans  les  noms  géographiques  espagnols  d'origine 
gauloise,  le  q,  d'après  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  est  remplacé  par/).  Or, 
en  Irlande,  en  Ecosse,  l'usage  de  q  s'est  maintenu  et  le  nom  primitif  de 
Bretagne  était  Qretanis.  Encore  au  vi*'  siècle,  les  Pietés  d'Ecosse,  dont  on 
a  une  chronique  latine  du  x"  siècle,  s'appelaient  Cruithne,  forme  voi- 
sine de  Qretanis.  Ce  sont  des  immigrants  venus  postérieurement  à  ceux 
refoulés  en  Irlande  et  en  Ecosse,  qui  de  Qretanis  ont  fait  Prêtants.  Les  pre- 
miers émigrants  gaulois  de  la  Grande  Bretagne  y  sont  donc  venus  avant 
le  v«  siècle  ;  ils  y  sont  venus  plusieurs  siècles  avant. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville  parle  du  xi»  siècle  et  des  archéologues 
(Munro]  rapportent  à  l'Age  du  bronze,  entre  12  à  500  avant  notre  ère,  les  plus 
anciennes  migrations  celtiques.  D'autre  part,  le  vieux  nom  gaulois  du 
fer,  isarno  pour  aiz-arno,  passé  dans  les  langues  germaniques,  se  retrouve 
dans  le  Kymrœg  haiarn  et  l'irlandais  iarn.  Il  ne  s'ensuit  pas  néces- 
sairement (juc  les  plus  anciens  émigrants  gaulois  en  (îrande-Bretagne 
ont  connu  le  fer.  Ils  auraient  pu  le  recevoir,  avec  son  nom,  d'émigrants 
venus  après  eux. 

Il  y  a  apparence  cependant  que  les  migrations  gauloises  en  Grande- 
Breta^gne,  ayant  laissé  trace  dans  la  langue  et  l'histoire,  sont  postérieures 
à  la  connaissance  du  fer  sur'  le  Haut-Danube.  Cette  connaissance  re- 


•  Personne  n'a  critiqué  plus  Yivem-!nt  que  moi  les  fragiles  échafaudages  construits 
par  M.  d'Arbois  de  Jubainville.  Il  n'en  serait  pns  moins  fort  injuste  de  considérer  ses 
travaux  comme  non  avenus. 


ZAHitRn\V>KI  I.K>  li\I  t.(»IS  39 

monte  d'ailleurs  là  au  déhul  de  IV'pu((ue  lialUlaiilicnne,  à  800  ans  avant 
notre  ère  environ.  Toulel'ois,  des  communautés  lexiques  existaient  déjà 
au  moment  de  ces  migrations,  entre  le  gaulois  et  le  germanique,  comme 
le  prouve  )»•  vieil  irlandais  fid,  «  ai-ljrc  »,  gaulois  uwht,  vieil  allemand 
nitu  :  l'irlandais  iHhnr  «  cuir  ",  allemand  Av/<?/;  etc.  Ces  communautés 
lexiques  n'ont  pu  s'établir  qu'alors  que  les  Gaulois  occupaient  le  sud  de 
r.Mleuiagne. 

l'dur  le  point  de  départ  <le  tout  Cf'  qui  est  gaulois,  suit  d'un  coté,  soit  de 
Tautre,  nous  sommes  donc  ranien»^s  invai'iablemenl  au  Khin  l't  au  Haut- 
Danube. 

III.  —  Lindustrie  du  fer  de  l'époque  de  la  Tène  est  gauloise.  Elle  s'est 
it'pandue  dans  tous  les  sens  autour  de  cette  même  région  et  sa  diffusion 
ménïc  ne  s'explique  (ju'en  raison  de  son  existence  dans  cette  région,  comme 
centre  de  rayonnement.  Elle  a  pénétré  de  là  en  Scandinavie,  et  partout 
ailleurs,  elle  a  marqué  l'inlluence,  le  passage  ou  l'établissement  de  (îau- 
lois  :  dans  les  Carpathes  orientales,  comme  en  Gaule:  sur  le  Danube  et 
sur  le  Pu  comme  en  Angleterre. 

J'ai  consacré  une  leçon  à  exposer  (1004-1005,  lee.  Il)  que  de  nom- 
breux peuples  gaulois  s'étaient  signalés  pour  leur  travail  du  fer  long- 
temps avant  la  conquête  romaine  :  Tels  sont  les  Eduens,  les  Arvernes, 
les  Bituriges,  les  Prétocoriens  du  Périgord,  les  Belges,  les  Nerviens,  les 
Bellovaques,  les  Helvètes,  etc. 

Dans  une  leeon  sur  le  passé  préhistori(}ue  du  Danemark,  je  me  suis 
étendu  sur  l'introduction  du  fer  dans  ce  pays  et  en  Scandinavie. 

Je  viens  de  dire  que  le  vieux  nom  gaulois  du  fer,  isarno  pour  aiz-arno 
<  cuivre  fort  »,  est  encore  employé  au  fin  fond  de  l'Irlande  sous  la  forme 
i(ini,  kymrœg,  hainrn.  Nous  le  retrouvons  dans  le  vieux  nordique  isurn,  le 
gothique  eisarn,  le  v.  haut  allem.  isarn,  l'anglo-saxon  isem.  Tous  ces 
mots  dérivent  bien  d'une  forme  unique,  et  cette  forme  est  bien  gauloise, 
iiDw  n'ayant  de  sens  qu'en  (ïaulois.  VA\c  est  passé(;  chez  les  Germains 
alors  que  ceux-ci  parlaient  encore  une  langue  à  peu  près  commune.  Kt 
nous  savons  (ju'en  elîet  quelques  siècles  antérieurement  à  notre  ère, 
surtout  au  iv^  ou  au  v«  (date  (ixée  par  les  archéologues  pour  l'introduc- 
tion du  fer),  les  Germains  sur  le  pourtour  occidental  de  la  Baltique  devaient 
parler  la  même  langue.  Les  objets  usuels  ont,  depuis  ces  temps  reculés, 
changé  bien  des  fois  de  forme,  les  plus  anciens  ayant  été  remplacés  par 
les  nouveaux  pi  us  commodes,  mieux  fabriqués,  que  le  commerce  apportait. 
Leur  nom  a  changé  en  même  temps.  C'est  ainsi  que,  malgré'  la  très 
grande  ancienneté  de  l'épingle  et  de  l'agrafe,  notre  mot  français  lui- 
même,  u  épingle  »,  vient  du  latin  «  spina  »,  u  spinula  »,  épine,  epiniflc, 
lequel  se  retrouve  même  dans  le  polonais»  szpilka»,  épingle,  et  sans  doute 
dans  le  vieux  h.  allem.  spnnr/a,  fibule,  épingle.  L'irlandais  delj,  épine, 
bioche  ou  agrafe,  (((rniipie  flslr,  est  sans  doute  le  même  mot  que  le 
vieux  nordique  dalb-.  Celte  communauté  lexi(jue  a  pris  origine  à  l'épo- 
que de  la  Tène.  Elle  ne  peut  pas  être  d'origine  plus  tardive.  .Vous  avons 


10  18    JANVIKR    1906 

su  que  les  fibules  ont  été  avec  les  agrafes  de  ceinture,  les  premiers  objets 
en  fer  importés  en  Danemark.  Le  nom  gaulois  a  été  introduit  avec  la 
chose.  Encore  an  temps  do  Tacite,  celte  tibule  étaif  l'objet  essentiel  delà 
toilette  des  Germains:  «  L'habillement  de  la  nation,  dit-il  (c.  xvii)  ne 
consiste  que  dans  une  saie  (le  petit  manteau  gaulois),  attachée  avec  une 
agrafe  ou  faute  d'agrafe  avec  une  épine  »  C'est  alors  que  s'est  introduit 
un  autre  nom  d'origine  latine  ayant  aussi  le  sens  d'agrafe  et  d'épine. 
Nous  ne  vo3'ons  pas  d'autre  origine  possible  à  spanga,  v.  h.  allem.,  et  à 
l'allemand  s/jaji^^' signifiant  encore  aujourd'hui  agrafe. 

Nous  avons  vu  quel  rôle  jouait  la  lance  chez  les  Gaulois,  tout  d'abord 
h  Hallstadt.  Les  fers  de  lance  sont  très  abondants  dans  leurs  stations.  Ils 
sont  abondants  en  particulier  à  la  Tène.  Et  les  anciens  Gaulois  ont  bien 
marqué  leurs  préférences  pour  cette  arme  qu'ils  fabriquaient  à  leur 
manière.  Aussi  les  Romains  leur  ont  emprunté  leur  nom  de  la  lance.  Le 
v.  gaulois  gaison,  ou  gaisos,  irlandais  actuel,  gae,  et  ce  même  nom  latinisé 
gœsiim  signifient  arme  à  hampe  de  fer  gauloise,  et  il  est  passé  dans  le  grec 
gaisos  (yanoç),  avec  le  sens  de  lance  gauloise  à  hampe  en  fer.  Or  la  lance  fut 
aussi  communément  employée  par  les  Germains.  Nous  retrouvons  donc 
son  nom  gaulois  dans  les  langues  germaniques  :  v.  nordique //^is/  «  bàlon  », 
geir,  lance,  v.h.all.etv.angl.  sax.^ar,  qui  se  présenlf  souvent  en  compo- 
sition :  Ger-hast,  —  Ger-trui,  etc.  devenus  des  noms  propres. 

Cela  exposé,  je  me  borne  à  reproduire  ici  ce  que  dit  M.  Sophus  Millier, 
dans  son  ouvrage  classique  :  Nordische  altertumskunde  (éâïL  àW.  Strasb. 
1898,  2  vol.  in-S").  Vercingetorix  assiégé  dans  .Vlesia  (Alise  Sainte- 
Reine.  —  Côtes  d'Or)  par  César,  fut  secouru  par  une  armée  de  248.000 
Gaulois,  dont  8  000  cavaliers. 

Les  Romains  pour  se  défendre  à  la  fois  contre  Vercingetorix  et  contre 
cette  armée,  durent  creuser  une  double  ligne  de  retranchements.  L'empla- 
cement de  ces  retranchements  a  été  retrouvé  et  on  y  a  recueilli  une  quan- 
tité d'objets  abandonnés  par  les  Gaulois:  Par  exemple  des  umbos  de  bou- 
cliers, en  fer,  des  épées  h  deux  tranchants  dans  un  fourreau  de  métal  à 
bout  large,  des  épingles  à  arc.  Tous  ces  objets  sont  semblables  à  ceux 
trouvés  dans  les  tombeaux  danois.  On  connaît  bien  d'ailleurs,  par  les 
descriptions  des  anciens,  le  bouclier  gaulois  avec  son  ombilic,  bosse 
métallique  à  pointe  conique,  destiné  à  protéger  l'avant  bras. 

Il  est  souvent  question  dans  les  Commentaires  de  César,  de  Bibracte,  la 
capitale  des  Eduens.  L'emplacement  de  cette  ville  existe  près  d'.Vutun 
(C'est  le  mont  Beuvray;.  Et  entre  les  anciens  murs  et  fossés  qui  l'entou- 
raient, on  a  mis  au  jour  de  nombreuses  assises  de  ses  maisons.  Or,  au 
milieu  de  ces  ruines,  il  y  avait  beaucoup  de  ces  épingles  à  arcs  des  tom- 
beaux danois,  et  la  ressemblance  entre  ces  deux  séries  de  pièces  va  par- 
foisjusqu'à  l'identité  la  plus  complète. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  qu'à  Alesia  comme  ;i  Bibracte,  nous  avons  bien 
affaire  aux  Gaulois  de  l'histoire. 

Mais  nous  avons  déjà  montré  des  objets  semblables,  la  même  industrie, 
en  ditîérents  points  de  l'Europe  centrale.  Nous  retrouvons  cette  indus- 


ZABOROWSKI.    —    LKS  GAULOIS  41 

trie  non  spulement  en  Gaule,  m.iis  partout  ou  l'iiisfoire  nous  a  signalé 
des  invasions  de  (Jaulois  Elle  ost  donc  bien  gauloise  aussi  dans  l'Europe 
centrale.  Des  Gaulois  ont  été  maîtres  du  nord  de  l'Italie.  Or,  dans  des 
cimetières  étrusques,  on  trouve  des  tombeaux  de  guerriers  dont  le  contenu 
rappelle  absolument  celui  di'.^  plus  anciens  tombeaux  danois,  l'industrie 
d'Alesia,  de  Hil)ractt'. 

Ces  tombeaux  se  classent  entre  400  et  200  avant  notre  ère,  époque 
où  la  région  où  ils  se  trouvent    est  tombée  sous  la  domination  romaine. 

On  a  trouvé  à  Marzabotto,  près  Bologne,  une  fibule  à  arc  pareille  àdeux 
fibules  recueillies  dans  un  vase  avec  des  os  brûlés,  à  lUbjerg,  district 
de  Viborg,  Danemark. 

Des  Gauloi.s  du  Danube  sont  allés  s'établir  jusque  sur  le  littoral  de 
r.\driati(iue,  se  superposant  à  une  population  brûlant  tous  ses  morts. 
Nous  avons  montré  cette  su|)erposition  en  plusieurs  cimetières.  {y.Bullet., 
1904,  p.  692). 

Près  d'.Ulelsberg  en  Carniole,  à  Saint-Michaël,  à  coté  de  tombes  halls- 
tadtiennes,  sont  des  tombes  de  l'époque  de  la  Tène.  Celles-ci  contenaient 
des  fibules  à  arc,  des  épées  à  deux  tranchants  et  à  un  tranchant  légère- 
ment courbe,  comme  celui  du  Danemark. 

A  ces  observations  de  Sopbus  Mùller^  j'ajoute  celles  faites  récemment 
en  Bohême.  M.  Pic  a  donné  lui-même  deux  fibules  en  fer  de  Stradonice 
(Cechy  na  usvite  Dejin.  Zwazek,  2,  pi.  III,  fig.  32  et  33)  qui  sont  à  peu 
près  identiques  aux  fibules  danoises. 

Sans  discuter,  sans  connaître  ces  trouvailles  d'ailleurs  récentes,  de 
Stiadonice,  M.  Sophus  Millier,  pouvait  cependant  dire,  il  y  a  déjà  huit  ou 
neuf  ans  (p.  31 1  :  «  Nous  avons  suivi  les  principales  formes  celtiques  des 
antiquités  trouvées  en  Danemark,  a  travers  l'Europe  Centrale,  de  l'ouest 
à  l'est,  et  discuté  leur  première  origine.  Elles  se  laissent  suivre  de  la 
Hongrie,  de  la  Bohême,  jusqu'à  la  Baltique.  Sur  toute  cette  étendue  le  long 
de  laquelle  la  nouvelle  culture  a  gagné  le  nord,  on  a  trouvé  de  nombreux 
échantillons  d'une  fabrication  semblable.  Ces  trouvailles  attestent  le  fait 
historique  que  les  (Celles  (M.  Sophus  Millier  emploie  inditîéremment  les 
noms  de  Celtes  ou  de  Gaulois  comme  tous  les  autres  savants  étrangers), 
le  fait  est  historique,  que  les  Gaulois,  aux  iv«et  m"  siècles,  occupaient  dans 
l'Europe  Centrale  une  place  considérable.  De  là  leur  industrie,  leur  goût, 
leur  style  ont  acquis  une  pleine  domination  sur  les  peuples  habitant  au 
nord  de  leur  pays  jusqu'au  sud  de  la  Scandinavie  et  jusqu'en  Angleterre. 
De  puissantes  tribus  gauloises  apparurent  dans  la  vallée  du  Danube  dans 
tout  leur  développement.  Pillant  et  volant,  elles  parcoururent  la  plus 
grande  partie  de  l'Italie,  de  la  Grèce,  de  l'Asie-Mineure...  Ce  grand 
déploiement  de  force,  sur  le  terrain  politique,  correspondit  naturellement 
à  un  développement  puissant  et  original  de  l'industrie  et  du  style, comme 
nous  l'observons  encore,  lors  du  deuxième  grand  mouvement  de  peuple, 
celui  des  invasions  germaniques.  Cette  époque  de  la  domination  celtique 
est  désignée  sous  le  nom  d'époque  de  la  Tène  ou  du  récent  Age  du  fer  dans 
le  centre  de  l'Europe.  Les  éléments  de  cette  nouvelle  culture  comprennent 


.1-2  1^    JANVIKM    l'.tOli 

une  partie  de  ceux  ilu  plus  vieil  âge  du  fer  ou  de  llallstadt  et  quelques-uns 
de  ceux  des  pays  classiques.  Où  il  y  a  des  antiquités  celtiques,  il  y  a  aussi 
des  proiUiils  d'industrie  grecque  et  étrusijue.  Notamment  dans  la  région 
danubicnnnf  au  miliou  de  riches  trouvailles,  il  y  avait  de  beaux  vases 
de  bronze  etd'autres  objets  de  m^tal  d'un  travail  classique,  à  côté  de  pro- 
duits de  l'industrie  des  (leltes.  En  Danemark  aussi  on  a  découvert  quatre 
vases  de  bronze  d'un  travail  classique,  qui  sont  du  dernier  siècle  avant 
Jésus-Christ.  Ils  ont  sans  doute  été  pris  en  Italie  par  les  guerriers  gaulois 
et  sont  parvenus  dans  le  nord  après  de  longs  détours.  En  tout  cas  ils 
appartiennent  aux  monuments  de  la  puissance  des  Celtes.  » 

Les  observations  de  M.  Sophus  Miiller  sur  l'âge  du  fer  danois,  les 
relations  certaines  qu'il  démontre  entre  lui  et  la  civilisation  gauloise,  sont 
restées  inconnues  ici  ou  à  peu  pr^s.  Leur  importance  décisive  a  été  igno- 
rée. Mais  elles  n'étonneront  pas  ceux  qui  ont  suivi  mes  leçons.  Et  je  n'ai 
qu'à  rappeler  ce  que  j'ai  dit  encore  il  y  a  peu  de  temps,  pour  en  faire 
saisir  toute  la  portée.  C'est  l'archéologie  même  qui  parle  par  l'organe  de 
Sophus  Millier. 

Or,  l'archéologie,  sans  rien  connaître  des  recherches  poursuivies 
loin  de  son  domaine,  nous  affirme,  nous  démontre,  que  ce  sont  les 
Gaulois  qui  ont  introduit,  sur  la  Baltique,  le  fer,  les  premiers  objets  fabri- 
qués en  fer.  Pendant  ce  temps,  d'un  autre  côté,  les  linguistes,  ignorant  ces 
résultats,  découvrent  que  dans  les  langues  germaniques,  les  noms  du  fer 
el  d'objets  fabriqués  en  fer,  ne  sont  pas  germaniques  d'origine,  mais 
gaulois.  Encore  aujourd'hui,  au  fin  fond  de  l'Irlande,  le  nom  du  fer  des- 
cendant du  nom  vieux  gaulois,  est  étroitement  parent  du  nom  gothique, 
des  noms  germaniques,  en  général,  du  nom  vieux  h.  ail.  {Revue  de  l'Ecole 
d'Anthrop.,  1904,  p.  217).  N'est-ce  pas  là  une  concordance  frappante  et 
n'avons-nous  pas  dans  cette  concordance  même  une  base  d'une  solidité 
à  toute  épreuve,  pour  la  détermination  précise  des  origines  gauloises  et 
germaniques?  Toutes  les  élucubrations  inventées  pour  expliquer  ces 
origines,  tous  les  romans  de  migrations  et  de  pérégrinations,  ne  tom- 
bent-ils pas  à  plat  devanl-elle  ?  Qu'en  résulte-t-il  en  effet?  Uue  les 
(laulois  étaient  sûrement  établis  dans  la  zone  centrale  de  l'Europe,  des 
Carpathes  au  Rhin,  au  moins  avant  la  première  pénétration  du  fer  dans 
cette  région,  avant  l'époque  de  liallstadt,  et  que  les  ancêtres  des  Germains 
au  contraire  étaient  déjà  éloignés  alors  de  toute  région  où  le  fer  était 
connu,  notamment  de  la  mer  Noire  sur  le  littoral  de  laquelle  les  métaux 
pénètrent  ensemble  avant  le  xii®  siècle  avant  notre  ère.  Ils  étaient 
cependant  à  proximité  de  territoires  gaulois.  Les  Germains  n'auraient  pu 
recevoir  le  fer  et  ses  noms  des  Gaulois,  s'ils  avaient  été,  a  l'époque  halls- 
tadtienne,  ailleurs  que  sur  le  pourtour  occidental  de  la  Baltique.  Nous 


'  Schrader  cite  bien  Sophus  Miiller,  mai?  entre  l'opinion  qui  fait  de  Hallstadt  une 
station  préceltiqno,  ot  cell*^  qui  i'attrihin^  aux  Gaulois  Taurisques,  il  ne  se  prononce 
]>as{l,  174).  Et  il  déclare  ne  pas  savoir  si  les  Gaulois  ont  emprunté  leur  art  national 
du  ft-r  aux  Grecs  de  Marseille  ou  à  l'Italie  du  nord. 


ZABOROWSKI.   —  r.ES  fiAILOIS  43 

savons,  d'autre  part,  que,  en  Suède,  en  Norvège,  en  Danemark,  la  popu- 
lation est  resiée  à  peu  près  identique  à  elle-même  depuis  la  (in  de  l'âge 
de  pierre.  Et  nous  verrons  plus  tard  que  tout  le  pourtour  occidental  de  la 
Balti(ju<\  à  partir  d'une  ligne  voisine  de  la  rive  gauche  de  l'Oder,  forme 
une  même  province  arcliéolugique.  (.es  ancêtres  des  (iermains  occupaient 
donc  cette  petite  partie  de  l'Europe,  dès  le  moment  où  y  apparaît  la  belle 
industrie  de  la  fin  de  l'Age  de  pierre.  Et  ils  y  sont  restés  conlinés  absolu- 
ment jusqu'aiirès  le  commencement  de  l'époque  de  la  Tène,  ou  époqui' 
gauloise  du  centre  de  l'Europe.  Avant  cette  époque  d  aill'Mirs  leur 
langue  était  déjji  bien  distincte  du  (iaulois.  El  ils  parlaient  une  seule  et 
même  langue. 

I\'.  —  Retournons-nous  maintenant  du  coté  de  rextiênie-ouest . 

E«^s  Romains  trouvèrent  les  habitants  de  la  (îrande-Brelagne  armés 
de  très  longues  épées  en  fer  sans  pointe  (Tacite,  Vie  d'Agricola,  xxxvi), 
et  faisant  usage  pour  monnaies,  d'anneaux  de  ïer  (César,  De  hel.  gai., v, 'S). 
Us  savaient  bien  que  des  (îaulois  l'avaient  |)euplée  et  que  ceux-ci  restaient 
fidèles  à  leurs  origines,  car  ils  nous  disent  que  les  Bretons  avaient  sou- 
tenu constamment  leurs  congénères  de  la  Gaule  contre  eux  (César,  iv,  3). 
Les  Gaulois  de  la  côte  gardaient  encore  leur  nom  pour  la  plupart  au 
temps  de  César  (v,  3).  En  général,  on  doit  présumiT,  dit  Tacite  {Vie 
d'Agricola^  m)  que  des  Gaulois  se  sont  établis  dans  une  contrée  dont  leur 
pays  n'est  séparé  que  par  un  bras  de  mer.  Tout  favorise  cette  idée.  Extrême 
rapport  entre  les  deux  langues,  même  culte  religieux,  égal  attachement 
aux  mêmes  superstitions,  etc.  Confirmant  cette  opinion, Strabon  nous  dit: 
<•  11  y  a  quatre  points  sur  le  continent  d'où  s'effectuent  habituellement  la 
traversée  dans  l'île  de  Bretagne.  Ce  sont  les  bouches  du  Rhin,  du  Séqua- 
nas  (Seine),  du  Liger  (I^oiiej  et  du  (îarounas.  Toutefois  quant  on  part  des 
provinces  rhénanes,  ce  n'est  pas  aux  bouches  mêmes  du  Rhin  qu'on 
s'embarque,  mais  sur  la  cAle  de  Morinie  attenante  au  pays  des  Ménapes 
où  se  trouve  Itium  où  le  divin  César  réunit  ses  llolles.  »  C'est  donc  par  la 
cote  de  .Morinie  qui  comprenait  Bononia,  Boulogne, que  les  Gaulois  venus 
du  Rhin,  ont  passé  en  .\ngleterr('.  I^es  mines  de  fer  exploitées,  alors 
connues,  étaient  situées  principalement  sur  la  cote  (César,  v,  3).  On  a 
trouvé  des  preuves  d'une  très  ancienne  exploitation  de  mines  de  fer  dans 
les  forèls  du  Sussex,  sur  le  littoral,  contre  le  Kent  dont  parle  César  comme 
peuplé  de  gens  ne  différant  guère  des  Gaulois  en  cruilumes.  On  en  a  trouvé 
aussi  à  l'intérieur  dans  la  forêt  de  Gloucester,  qui  est  aussi  riche  en 
mines  de  houilles  qu'en  mines  de  fer.  Introducteurs  du  fer  en  (jrande- 
Brelagne,  du  nom  et  de  la  chose,,  les  Gaulois  y  ont  installé  l'industrie  qui 
s'y  rapporte.  On  connaît  quelle  importance  les  chariots  avaient  dans  la 
vie  guerrière  des  Gaulois,  par  la  place  qu'ils  occupent  dans  les  tombes 
de  la  Marne.  César  a  retrouvé  ces  chars  en  usage  chez  les  Bretons  (V,  iv), 
et  Tacite  semble  dire  que  ceux-ci  combattaient  à  pied  ou  dans  ces  chariots, 
plutôt  qu'.-i  cheval  (Vie  d'Agricola,  xii). 

Aussi,  dans  son  ouvrage  récent  :  Préhistoric  Scotlaud  and  ils  place  iv 


44  18  JANVIER  1906 

Europenn  ririlisntion.  Edimbur-g.  IHî)!>,  in-S",  M.  Munro,  l'archéologue 
anglais  ijui  jouit  aujourd'hui  do  hi  phis  grande  autorité,  appelle  l'Age  du 
fer  en  (îrande-Hretagne,  période  celtique  (récent  celtique).  L'industrie 
de  cette  période,  dit-il,  est  d'un  style  unique,  f|ui  est  celui  des  Celtes  ou 
(raulois  (p.  235j. 

Chose  peut-être  encore  plus  significative,  les  Gaulois  qui,  au  v»  siècle, 
envahirent  la  Haute-Italie,  n'avaient  pu  y  introduire  le  fer  qui  y  était 
employé  depuis  bien  des  siècles.  Ils  y  introduisirent  cependant  une  indus- 
trie sidérurgique  particulière.  Et  ils  l'y  ont  conservée  en  face  des  civilisa- 
tions italiennes  supérieures.  Elle  florissait  encore  du  tenaps  des  empereurs  : 
Bergame  et  Brixia  en  étaient  les  centres. 

C'est  donc  bien  indubitablement  dans  leur  patrie  d'origine  que  les 
Gaulois  ont  appris  h  travailler  le  fer.  Et  détail  fort  curieux  à  noter,  comme 
on  le  voit  par  les  citations  que  je  viens  de  faire,  de  Sophus  Millier,  de 
Munro,  par  celle  que  je  pourrai  faire  de  Pic,  il  n'y  a  plus  qu'en  France 
qu'on  refuse  à  l'industrie  de  la  Téne,  le  nom  qui  lui  appartient,  à'indtisti-ie 
gauloise. 

Les  Trévires  qui  habitaient  l'Eifel  et  les  bords  du  Rhin,  furent  juste- 
ment célèbres  dans  l'antiquité  pour  la  fabrication  de  leurs  armes.  L'Eifel 
est  une  région  montagneuse  volcanique  au  nord  de  la  Moselle  inférieure, 
entre  cette  rivière  et  le  Rhin  où  elle  débouche.  Aix-la-Chapelle,  (loblentz, 
Trêves,  sont  à  ses  trois  extrémités  angulaires.  Les  mines  y  sont  nom- 
breuses, et  on  y  trouve  beaucoup  de  scories  témoignant  d'une  exploitation 
très  ancienne.  Aux  environs  même  d'Aix-la-Chapelle,  il  y  a  des  traces 
de  plus  de  cent  exploitations  anciennes.  On  en  a  trouvé  aussi  en  Belgique, 
en  Suisse.  Dans  ce  dernier  pays,  des  scories  de  mines  se  présentent  dans 
de  telles  conditions  qu'un  de  ceux  qui  les  ont  les  premiers  observés 
(Quiquerez),  fit  remonter  leur  exploitation  à  un  âge  très  reculé.  Il  est 
vraisemblable  cependant  que  ces  mines  ont  été  exploitées  par  les  contem- 
porains des  habitants  de  l'oppidum  de  la  Tène,  lui-même. 

Les  habitants  de  Hallstadt,  où  les  inhumateurs  étaient  tous  de  purs 
Gaulois  (dolichocéphales  et  grands),  travaillaient  déjà  le  fer.  Ils  fabri- 
quaient surtout  des  pointes  de  lance  mais  aussi  des  épées  de  fer,  dès  le 
vrii'  siècle  avant  notre  ère.  Et  la  tradition  de  cette  fabrication  s'est  conser- 
vée dans  la  région,  depuis  lors.  Car  à  l'époque  romaine  et  même  encore 
après,  les  belles  épées  de  fer  venaient  de  la  Norique. 

Les  archéologues  tchèques  comme  le  conservateur  du  musée  de  Prague, 
M.  Pic  (Prœhistoricke  Lebky  v  Cechach.  Pragues,  1899,  p.  4)  appellent 
aujourd'hui  l'époque  de  la  Tène  en  leur  pays,  «  époque  gauloise,  »  je  le 
répète. 

En  Bohême,  on  a  découvert,  parmi  200  oppidums,  des  stations  d'une 
richesse  incroyalile  appartenant  a  la  seconde  partie  de  cette  époque, 
à  cette  période  où  les  bandes  conquérantes  des  Gaulois  s'étaient  déjà 
répandues  de  tous  côtés  en  s'emparant  d'un  butin  considérable  Tel  est 
l'oppidum  ou  Hradisch  de  Stradonice  au  N.  de  Prague  (V.  Déchelettes, 
Pic  et  ma  leçon  sur  la  Pénétration  des  Slaves  en  Bohême.  Revue  de  l'Ecole, 


ZABOROWSKI.   —  LES  (lAlLUIS  45 

l«'janvier  1900,  p.  75).  La  trouvaille  qui  l'a  signalé  k  l'atlentiou  est  celle 
faite  on  1877  de  deux  cents  monnaies  d'or  gauluises.  Ces  monnaies  classent 
Stradonice  auprès  de  l'ancieune  Bibracte,  la  ville  du  mont  Beuvray,  non 
loin  d'Autun,  qui  était  aussi  un  centre  de  fabrication  métallurgique. 
Dans  les  deux  stations,  cependant  bien  distantes,  on  a  recueilli  des  clous 
en  bronze  émaillé.  A  la  ïène,  il  y  avait  des  clous  en  fer  émaillé. 

Les  Gaulois  connaissaient  donc  l'art  de  l'émailleur.  Et  ils  ne  l'avaient 
nullement  emprunté  à  l'étranger.  Leurs  émaux  sont  rouge  sanguin 
(Déchelettes,  23).  L'invention  de  l'étamage  a  été  aussi  attribuée  à  une 
peuplade  gauloise,  les  Biluriges. 

Les  Gaulois  ont  exploité  anciennement  des  mines  de  fer  même  au  delà 
de  la  Bohême,  en  Silésie.  Des  Ciothins  qui  l'habitaieiit  encore  au  temps 
de  Tacite,  celui-ci  dit  (XLIII)  :  «  Ils  parlent  la  langue  gauloise;  il  est 
visible  qu'ils  ne  sont  pas  Germains...  Et  d'ailleurs  pour  comble  d'oppro- 
bre, ils  sont  employés  aux  mines  de  fer.  » 

Les  Gaulois  employaient  sans  doute  aux  mines  les  prisonniers  qu'ils 
faisaient  en  grand  nombre.  Lorsque  les  Germains  furent  maîtres  de  leur 
ancienne  patrie,  ils  les  contraignirent  à  leur  tour  ;i  ce  travail  qu'ils  avaient 
sans  doute  fait  eux-mêmes,  puisqu'ils  sont  devenus  les  introducteurs  et 
propagateurs  de  l'industrie  du  fer  sur  le  littoral  oriental  de  la  Baltique. 

Devant  les  preuves  linguistiques  du  grand  rôle  des  Gaulois  sur  un 
immense  espace,  des  auteurs  comme  d'Arbois  de  Jubainville,  ont  admis 
l'existence  d'un  empire  celtique  également  immense.  Les  conquérants 
gaulois  sont  restés  en  relations  entre  eux  comme  le  prouvent  les  richesses 
accumulées  dans  leurs  camps  ou  oppidums  de  la  Bohême  et  les  objets 
précieux  qu'ils  ont  disséminés  jusqu'en  Danemark,  après  les  avoir  ramas- 
sés dans  leurs  pillages  du  noird  de  l'Italie  et  en  Grèce.  Mais  un  lien  poli- 
tique durable  n'a  pu  subsister  longtemps  entre  eux.  Ils  n'avaient  d'ailleurs 
qu'une  organisation  politique  bien  sommaire.  L'existence  d'un  immense 
empire  celtique,  au  sens  propre,  est  sans  doute  un  mythe.  Et  nous  avons 
vu  les  Gaulois  du  Danube  perdre  assez  rapidement  leur  personnalité  en 
se  fondant  avec  les  indigènes. 

D'autre  part,  en  voyant  les  historiens  anciens,  à  commencer  par  Héro- 
dote, mentionner  des  Celtes  ou  Gaulois  en  tant  d'endroits  dill'érents  et  sur 
des  teiritoires  aussi  considérables,  des  auteurs  ont  supposé  que  ces  noms 
n'avaient  eu  qu'un  sens  géographique  et  avaient  été  appliqués  à  des 
peuples  très  différents.  C'est  là  une  supposition  gratuite,  contredite  non 
seulement  par  la  linguistique,  mais  par  les  faits  très  matériels  d'ordre 
archéologique  énumérés  plus  haut.  Elle  est  contredite  aussi  par  l'ethno- 
logie. Les  Gaulois  de  l'histoire  sont  bien  des  peuples  sortis  d'une  race 
unique  un  peu  partout  en  voie  de  mélange,  mais  ayant  encore  des  carac- 
tères physiques  peu  variables,  parlant  des  dialectes  parents  de  môme  ori- 
gine, ayant  des  mœurs  et  une  industrie  semblables,  qui  d'un  centre  unique, 
se  sont  répandus  à  travers  l'Europe,  jusqu'en  Asie  d'une  part,  jusqu'en 
Irlande  de  l'autre.  Et  cette  immense  dispersion  n'a  rien  de  plus  extraor- 
dinaire que  celle  des  Goths  qui  du  Gothland,  sont  allés  fonder  un  empire 


\{\  \H  jwvii-it  i'.»(»r. 

sur  la  mer  Noire,  puis  en  Italie,  et  furent  un  instant  les  maîtres  de  toute 
l'Espagne  et  de  la  moitié  de  la  Gaule  :  elle  n'a  rien  de  plus  extraordinaire 
que  celle  des  Germains  qui  l'a  suivie,  et  que  celle  des  Normands,  qui,  par 
les  rivières,  ont  pénétré  jircsque  jusqu'au  c<eur  de  notre  continent  et, 
partis  de  la  Norvège,  sont  allés  fonder  des  royaumes  jusqu'en  Sicile. 

Ai-je  besoin  de  rappeler  (jue  les  préhistoriques  de  l'Allemagne  du  sud 
sont  presijue  exclusivement  dolichocéphales?  Un  les  a  tous  confondus  et 
il  y  a  des  germaniques  dans  le  nombre. 

Mais  les  inhumateurs  gaulois  de  llallstadt  étaient  tous  exclusivement 
de  la  i,M"ande  race  dolichocéphale.  Les  crAnes  tchèques  des  tombes  à  sque- 
lettes repliés  antérieurs  à  l'époque  de  la  Tène  sont  presque  exclusivement 
très  allongés.  Sur  86  crânes,  74  ont  un  indice  au-dessous  de  75  et  qui  des- 
cend à  65,  à  62,  îi  60.  l'n  seul  est  vraiment  large  et  quatre  seulement 
sont  de  type  brachycéphale.  (Pic  :  Proekistoricke  lebkjj  r  Cechacit.  Praha 
1899,  p.  35.)  A  l'époque  de  la  Tène  (tabl.  3  et  6  et  p.  92)  cette  situation 
est  peu  changée,  bien  que  les  brachycéphales  fassent  d'avantage  sentir 
leur  intluence.  Sur  38  crAiies  \H  ont  un  indice  de  75  et  au-dessous,  et  10 
un  indice  de  80  à  85.  V.  en  outre  les  mesures  que  j'ai  données  :  Revue 
Ecole  ,rAnth.  \90i].\i.l. 

V.  —  Du  côté  de  l'orient,  j'ai  signalé  il  y  a  longtemps,  des  trouvaillesde 
pièces  faitesdans  des  tombeauxdu  Uniestre  (Rakowkont),  qui  se  rapportent 
aussi  à  l'industrie  de  la  Tène.  J'ai  signalé  des  trouvailles  récentes  de  tom- 
beaux à  tumulus  du  Dniestre  où.  avec  une  pointe  de  lance  en  bronze  du 
type  de  Hallstadt,se  trouvait  une  pointe  de  lance  en  fer  du  même  modèle. 

Ces  trouvailles  ont  été  et  sont  peut-être  encore  l'objet  d'interprétations 
que  j'ai  autrefois  acceptées  moi-môme,  et  que  je  suis  bien  obligé  de 
dénoncer  comme  erronées.  On  voyait  en  elles  des  preuves  d'un  passage, 
de  migrations  de  Gaulois  se  répandant  en  Europe  déjà  armés  du  fer. 

Or  les  ancêtres  des  Gaulois  étaient,  dès  l'époque  de  la  pierre,  là  même 
où  nous  trouvons  les  Gaulois  des  époques  de  Hallstadt  et  de  la  Tène,  sur 
le  haut  Danube. 

Voilà  à  quelle  occasion  je  me  suis  occupé  des  Houzoules  et  des  Bas- 
tarnes.  .l'ai  montré  dans  une  de  mes  leçons  le  portrait  d'un  Houzoule 
publié  par  la  Zeitschrift  fiir  Ethnologie  (1893)  qui  rappelle  trait  pour  trait 
les  figures  de  Gaulois  à  cheval,  d'un  fourreau  d'épée  de  Hallstadt. 

J'étais  donc  fondé  à  dire  qu'on  devait  retrouver  parmi  les  Houzoules 
des  descendants  de  Gaulois.  Dans  la  série  de  photographies  rapportées 
par  M.  Volkow,  il  y  a,  pourrait-on  dire,  un  peu  de  tout. 

Mais  le  grand  intérêt  des  recherches  sur  cette  population  serait  de 
reconnaître  parmi  elle,  des  traces  de  Gaulois.  Leur  pays  a  été  occupé 
pendant  de  longs  siècles  par  les  Bastarnes.  Or  il  est  inadmissible  que 
ceux-ci  aient  pu  disparaître  sans  laisser  de  traces,  alors  qu'il  nous  est 
encore  facile  de  retrouver  des  descendants  plus  ou  moins  altérés  des  (Gau- 
lois au  sud-ouest  du  Danube,  du  côté  de  l'Adriatique. 

On  a  voulu,  il  est  vrai,  voir  des  Germains  dans  les  Bastarnes,    pour 


Z\llilllO\V^KI.      -    l,F.<  r.Alt.dl»  47 

appuyer  l'Iiypolhèse,  que  je  déclare  une  l'ois  de  plu^  absuluuienl  insoute- 
nable avec  les  savants  Scandinaves  et  allemands  au  couianl  di-  ta  scii'-m-e. 
d'une  origine  orientale  des  Germains. 

Les  Bastnrnes  ne  penvenl  pus  avoir  été  des  Uerinains.  Les  restes  archéo- 
logiques anciens»  se  rapportant  à  leur  présence,  sont  de  répocjue  de 
Hallstadt  ou  de  la  Tène.  Ils  ne  sont  pas  tfcrmantquvs.  Il  n'y  a  aucune  trace 
ijuelconque  d'une  mif^iatiun  i/ennaniqui'  ijuclrnnqun  |)uur  répo(jnt'  r^'culée 
où  les  Bastarnes  s'installent  autour  et  au  nuid  des  (larpathes  orientales. 
C'est  d'ailleurs  probablement  en  raison  de  leur  présence  que  les  anciens 
ont  qualitié  la  population  de  cette  région  de  celto-sci/the,  d'après  une  indi- 
cation relevée  dans  Strabon  (XI  c.  vi,  p.  2).  Et  ils  étaient  en  elTet  établis 
dans  la  Galicie  orientale  dès  la  fin  du  iv"  siècle,  au  moment  de  la  grande 
expansion  des  Gaulois  sur  le  Danube.  Tacite  nous  dit  expressément 
(Germ.  iti)  que  leurs  chefs,  s'étant  alliés  par  des  mariages  avec  les  Sar- 
mates,  ont  introduit  chez  eux  quelque  chose  de  l'habillement  de  ces 
derniers  et  que  cela  contribue  à  les  défigurer.  Il  n'avait  pas  toutefois  de 
renseignements  sur  eux  et  il  ne  les  nomme  qu'incidemment.  Il  dit  :  «  Je  ne 
sais  s'il  faut  compter  au  nombre  des  (îermains  ou  des  Sarmates  les  Heu- 
cins,  lesVénèdeset  les  Kennes. 

Les  Feucins,  que  quelques-uns  nomment  aussi  Bastarnes,  ont  la  langue 
et  l'habit  des  Germains....  » 

(Jn  a  supposé  qu'alors  les  Bastarnes  étaient  déjà  mêlés  de  Germains. 
.Mais  cela  est  peu  vraisemblable.  Car  au  temps  de  Tacite  les  Goths  étalent 
encore  sur  la  Baltitjue.  Et  comme  Tacite  les  énumère  avec  deux  autres 
peuples  qui  n'étaient  ni  Sarmates,  ni  Germains,  bien  qu'il  semble  déclarer 
qu'ils  doivent  être  l'un  ou  l'autre,  nous  n'avons  pas  h  faire  état  de  son 
choix,  visiblement  arbitraire. 

Près  d'un  siècle  avant  Tacite,  Strabon  avait  dit  (VU  c.  n  p.  15)  :  «  Près 
des  bouches  de  l'Ister  est  une  grande  île  appelée  Peucé.  Ce  sont  des  Bas- 
tarnes qui  l'occupent  actuellement,  et  ils  en  ont  pris  le  nom  de  Peucins  ». 

En  réalité,  d'après  un  renseignement  conservé  par  Plutarque,  un  con- 
temporain de  Tacite  (Lagneau,  Anthropologie  de  France,  p.  093),  les 
Bastarnes  se  donnaient  eux-mêmes  comme  Gaulois.  Et  Polybe  semble 
bien  confirmer  ce  renseignemment,  car  lui-même  il  les  appelle  des  Gau- 
lois. Dans  le  courant  du  in«  siècle,  pendant  le  règne  de  Philippe  V  en 
.Macédoine  (220-179),  les  Bastarnes  avaient  été  lesalliés  de  ce  prince  conli»' 
les  légions  romaines  et  contre  les  Dardîiniens,  anciens  habitants  du  sud 
de  la  Serbie  actuelle.  Ils  furent  aussi  quelque  temps  les  alliés  de  son  sijc- 
cesseur  Persée.  Les  Dardaniens  envoyèrent  alors  des  ambassadeuis  ;i 
Home.  «  Us  informèrent  le  sénat,  dit  Polybe,  (L-  20  frag.  vn),  (|ue  leur 
province  était  inondée  d'une  multitude  de  Bastarnes,  peuple  d'une  gran- 
deur gigantesque  et  d'une  valeur  extraordinaire,  avec  lequel,  comme  avec 
les  Gaulois,  Persée  avait  fait  un  traité  d'alliance » 

Il  s'agit  des  autres  Gaulois  du  Danube,  des  Scordisques  établis  au 
nord  de  la  Serbie,  qui  se  répandirent  jusqu'en  Dalnuitie  et  avec  qui  les 
Bastarnes  qui  les  comprenaient,  vivaient  en  alliés  naturels. 


48  >H   JANVIEH    i90fi 

Un  ptHi  plus  truii  sif^cle  apiAs,  Slruljoii  pla(;iiit  dtîs  lifislarnesà  l'embou- 
chure  du  Uamibe.  Plus  tic  (Jeux  siècles  après,  ils  se  répandaient  furl  loin 
au  nord  des  Carpalhes,  d'après  les  indications  de  Tacite. 

La  descente  des  Goths  sur  la  m<ir  Noire,  les  a  rejetés  un  peu  plus  au 
sud,  sur  la  Dacie  à  la  tin  du  ii"  siècle  de  notre  ère. 

Au  ni*'  siècle  ils  vont  attaquer  les  Romains  au  delà  du  Danube.  Les 
Goths  les  ont  refoulés  et  absorbés.  Car  il  n'en  est  plus  question  h  partir  du 
iv«  siècle.  Us  n'en  ont  pas  moins  été  établis  autour  des  Carpathes  orien- 
tales d'une  façon  permanente  pendant  plus  de  600  ans. 

Tout  ce  qui  est  germanique  dans  la  région  de  la  mer  Noir,  et  en  parti- 
culier l'art,  dit  barbare,  avec  ornementation  animale,  est  postérieur  aux 
Goths,  autant  que  je  sache.  Et  la  période  archéologique  des  Goths  est 
bien  datée  là  par  la  présence  de  produits  de  la  culture  romaine.  L'industrie 
de  la  Tène  y  est  représentée  par  des  pièces  d'un  âge  antérieur,  fort  dis- 
tinct. L'industrie  de  la  Tène  étant  partout  indiscutablement  gauloise,  les 
Bastarnes  qui  l'on  introduite,  puisqu'ils  étaient  là  au  m'  siècle  avant  notre 
ère,  au  plus  tard,  étaient  donc  Gaulois.  Le  nom  des  Boïens  se  retrouve 
encore  aujourd'hui  dans  les  Carpathes  (Boïki).  II  y  avait  encore  des  Gau- 
lois en  Silésie  au  temps  de  Tacite  {les  Gothins).  Dans  les  Carpathes  se 
sont  conservés  jusqu'ici,  dans  le  vêtement,  les  motifs  de  décoration,  les 
broderies,  même  des  traces  manifestes  de  l'inlluence  de  la  civilisation 
hallstadtienne.... 

VI.  —  Protoaryens  et  Gaulois. 

J'ai  plusieurs  fois  comparé  aux  Gaulois  les  Protoaryens,  pour  bien 
faire  comprendre  la  position,  et  la  nature  du  rôle  et  de  l'expansion 
de  ceux-ci.  La  langue-mère  aryenne  a  pris  naissance  dans  la  zone 
mitoyenne  de  l'Europe  centrale.  Et  de  ce  qui  s'est  passé,  cette  langue 
une  fois  formée,  nous  avons  en  effet  un  tableau  fort  exact  dans  ce  qu'ont 
fait  les  Gaulois  sur  ce  même  territoire  ou  plutôt  à  sa  limite  occidentale. 
Ils  ont  porté  leur  langue  jusque  dans  l'Asie  Mineure  et  jusqu'au  fin  fond 
de  l'Irlande,  et  cela  en  quelques  siècles  seulement,  en  l'espace  de  trois  à 
cinq  siècles  au  plus,  du  vni«  jusqu'au  iv*  et  m^  siècle  avant  notre  ère. 
Etablis  en  Asie  Mineure  au-delà  de  la  Phrygie  et  entre  celle-ci  et  la 
Cappadoce,  depuis  272  avant  notre  ère,  leurs  descendants  y  parlaient 
leur  langue,  400  ans  après  notre  ère,  d'après  Saint  Jérôme.  Ils  ont  donc 
implanté  cette  langue  dans  un  territoire  limité,  une  région  hostile,  assez 
fortement  pour  qu'elle  s'y  soit  maintenue  plus  de  600  ans,  en  dépit  des 
influences  adverses.  Ils  ont  laissé  des  traces,  reconnaissables  encore,  de 
leur  domination  ou  de  leur  présence,  dans  les  Carpathes,  sur  le  Danube, 

dans  la  Haute  Italie,  au  cœur  de  la   France Des  dialectes  de  leur 

langue  qui  a  couvert  à  la  fois  pendant  un  temps,  l'Allemagne  du  Sud,  la 
Gaule,  le  nord  de  l'Adriatique,  de  l'Italie,  de  l'Espagne,  la  Grande 
Bretagne,  sont  encore  parlés  en  France,  en  Angleterre,  en  Ecosse,  en 
Irlande. 


DISCUSSION  49 

L'expansion  des  peuplades  parlant  la  langue-mère  couicnune  à  la  lin 
de  l'époque  néolithique,  des  peuplades  protoaryennes  en  un  mot.  n'a 
absolument  rien  de  plus  miM'vcilUMix  (pie  la  leur.  Accomplie  de  2.000 
à  1.500  ans  environ  à  travers  des  territoires  souvent  à  moitié  vides 
d'habitants  où  ils  ne  rencontraient  pas  l'obstacle  de  fortes  organisations 
politiques,  comme  en  ont  rencontré  les  (xaulois,  elle  n'est  de  proportion 
plus  vaste  ((u'en  apparence.  El  ses  résultats  ne  paraissent  si  gi'ands 
aujourd'hui  qu'en  raison  des  événements  politiques  qui  les  ont  à  la 
longue  développés  et  consolidés. 

Les  protoaryens  avaient  les  mœurs  des  (iaulois,  les  progrés  industriels 
dont  ceux-ci  ont  bénéficié  misa  part.  Ltces  mœurs  nous  les  avons  retrou- 
vées encore  en  partie  chez  les  Germains  de  Tacite.  Ils  n'élaient  donc  pas  plus 
sédentaires,  pas  mieux  tixés  au  sol  (pie  ces  derniers.  .\u  contraire.  Ils  ne 
formaient  pas  un  grand  état.  Leur  organisation  politique  était  encore  plus 
simple,  moins  solide  que  celle  des  Gaulois.  Pas  plus  que  ces  derniers,  ils 
n'ont  créé  de  vaste  ompii't\  bien  qu'ils  aient  enraciné  leur  langue  en  des 
régions  très  distantes  l'une  de  l'autre. 

Discussion. 

.M.  .Manolvrier.  —  .le  n'ai  aucune  opinion  personnelle  à  formuler  au 
sujet  des  origines  et  des  migrations  des  Celtes  ou  des  Gaulois  et  je  m'en 
rapporte  vaguement  là  dessus  à  l'érudition  d'autrui.  .le  suppose  seulement 
que  la  diversité  des  opinions  tient  à  ce  que  l'on  désigne  sous  ces  noms 
tantôt  des  peuples,  tantôt  des  bandes  guerrières.  Lorsqu'il  s'agit  non 
plus  d'histoire  ou  de  linguistique  mais  de  caractérisation  anatomique 
et  par  conséquent  de  races,  alors  la  question  me  semble  être  tranchée 
parfois  un  peu  arbitrairement.  Tout  à  l'heure  M.  Zaborowski  paraissait 
admettre  cemme  certaine  une  différence  anatomique  des  Gaulois  et  des 
Celtes  que  je  crois  très  contestable  ainsi  que  l'association  naturelle 
devenue  trop  classique  de  la  doliehocéphalie  avec  les  cheveux  blonds,  les 
yeux  bleus  et  une  haute  taille,  de  la  brachyçéphalie  avec  la  couleur 
brune  et  une  taille  peu  élevée.  Ces  derniers  caractères  seraient  ceux 
des  Celtes  de  César  (Gaulois  habitant  enlie  la  Seine  et  la  Garonne) 
tandis  que  les  premiers  auraient  été  ceux  des  Belges  de  César  (Gaulois 
habitant  entre  le  Seine  et  le  Hhin).  (^et  essai  louable  de  caractérisa- 
lion  ethnique  pouvait  être  admissible  en  1839  lorsqu'il  fut  tenté  par 
Broca,  mais  les  documents  sur  la  taille  et  sur  l'indice  céphalique  en 
France  étaient  fort  insuffisants  à  cette  époque.  Nous  voyons  bien  encore 
aujourd'hui  qu'il  semble  exister  en  Europe  une  race  du  Nord,  une 
race  du  Midi  périméditerranéenne  et  une  race  occupant  surtout  la  zone 
centrale.  Nous  reconnaissons  aussi  ces  trois  races  au  nord,  au  centre 
et  dans  le  Midi  de  la  France  malgré  des  mélanges  très  profonds.  Mais 
nous  ne  pouvons  plus  associer  h  la  brachyçéphalie  ni  la  couleur  brune, 
ni  la  taille  petite  par  contraste  avec  l'association  de  la  coub'ur  claire  et 
soc.  d'antbrop.  1906.  4 


50  1^  jwvii-ii   r.tdii 

de  lii  tailli-  (•levée  avec  la  dulichuci'pliiilie  dans  la  race  septentrionale  de 
l'Europe. 

Dans  un  mémoire  publié  ici  même  en  190:2,  j'ai  exposé  '  des  chiffres 
éloquents  à  ce  sujet.  Sur  les  13  départements  français  présentant  les  plus 
hautes  moyennes  pour  la  taille,  0  ont  une  moyenne  d'indice  céphalique 
indiquant  la  brachycéphalie,  et  sur  les  13  départements  qui  présentent 
le  maximum  de  brachycéphalie  (moyennes)  6  accusent  une  moyenne  de 
taille  supéiieure  à  la  moyenne  génf'i-ale  de  la  France. 

Les  faits  analogues  ne  manquent  pas  dans  le  reste  de  l'Europe.  On  y 
trouve  maints  pays  où  la  brachycéphalie  s'associe  à  une  taille  élevée.  Et 
plusieurs  de  ces  pays  ne  sont-ils  pas  précisément  de  ceux  dont  on  parle 
lorsqu'il  s'agit  des  Gaulois? 

Rien  ne  prouve  du  reste  que  les  Gaulois  fussent  une  race  particulière 
et  que  l'on  puisse  attribuer  ou  refuser  h  lois  ou  tels  la  ([ualilé  de  Gaulois 
en  vertu  de  caractères  anatomiques. 

Au  temps  de  César  on  nommait  la  Gaule  tout  le  pays  compris  entre  le 
Rhin,  les  Pyrénées  et  les  Alpes  sans  compter  la  Gaule  cisalpine,  et  les 
Gaulois  de  César,  qui  devait  bien  les  connaître,  étaient  tous  les  habitants 
de  ce  pays.  Mais  César  distinguait  parmi  les  Gaulois  de  sa  Gaule  tran- 
salpine (la  nôtre)  des  Belges  au  nord,  de  Celtes  au  centre  et  des  Aquitains 
au  sud-ouest.  Il  y  avait  donc  dans  cette  (Jaule  Gaulois  et  Gaulois,  comme 
dans  la  France  actuelle,  il  y  a  Français  et  Français.  S'il  en  était  ainsi 
dans  un  pays  auquel  les  Galls  envahisseurs  avaient  donné  leur  nom,  il 
n'en  était  sans  doute  pas  autrement  dans  les  autres  pays  plus  ou  moins 
Gaulois  selon  les  historiens. 

Après  l'invasion  des  Galls,  il  y  eut  celle  des  Kymris,  autres  Gaulois  dit- 
on.  Mais  si  ce  nom  de  Gaulois  est  un  peu  vague  déjà  historiquement,  il 
est  certain  (jue  les  caractères  analomi(|ues  capables  de  caractériser  une 
«  race  gauloise  »  ne  sont  rien  moins  que  sûrs. 

En  ce  qui  concerne  l'indice  céphalique,  nous  savons  (ju'il  y  avait  dans 
notre  pays,  aux  temps  néolithiques  des  brachycéphales,  mais  beaucoup 
plus  de  dolichocéphales  d'après  les  documents  que  nous  possédons,  et  la 
taille  moyenne  était  faible.  Gomme  je  le  disais  dans  ma  récente  commu- 
nication sui'  des  ossemenls  préhistoriques,  il  semble  que  les  invasions 
postérieures  aient  introduit  chez  nous,  si  c'est  à  elles  que  sont  dûs  les 
changements,  une  augmentation  moyenne  de  la  brachycéphalie. 

Mais  cette  remarque  ne  saurait  trancher  une  question  sur  la  complexité 
de  laquelle  j'ai  voulu  attirer  l'attention  une  fois  de  plus. 

MM.  Atgier,  de  Mortillet,  Hauy,  Hervé  et  Fourdrignier  prennent  égale- 
ment la  parole. 


•  Etude  sur  les  rapports  anthropométriques  e,i  général  et  sur  les  principales  pro- 
portions du  corps.  (Mémoires  de  la  Sociélù  d'Antliiopologie  de  Paris,  .S"  série  t.  II, 
chap.  vir,  p.  ''iS  et  suiv.) 


VAllKiT  KT  i;HAlMKI'.    —   TAlILES  DE  r.a(i|>SANnE  DES   ENIANTS  l'AUISlEN-  -il 

TABLES   DE  CROISSANCE  DES   ENFANTS   PARISIENS  DE   I   A   16  ANS 

Dressées  en  1905  par  MM.   Variot  et  Chalmet. 

Ces  tables  ont  été  établies  d'après  les  mensurations  île  t  100  enfants  des  deux  sexes. 
Pour  arriver  à  des  moyennes  stables,  ont  a  enregistré  la  taille  et  te  poids  d'au 
moins  cent  enfants  de  cha</ue  se.re,  />unr  une  anm'e  d'àr/e.  Ce  rhiff're  de  cent  a  et'' 
{jénéraleinenl  di-fiassi-. 

Nous  avons  riionneur  »lo  présenter  à  la  Société  d'Anlbropologie  lo 
résultat  do  nos  reclierches  inélhudinues  sur  la  taille  et  le  poids  des  enfants 
parisiens  des  deux  sexes.  L'an  dernier,  l'un  de  nous  a  été  conduit  par  ses 
recherches  sur  Yhijpolrophic  infantile  à  faire  construire  un  instrument  spé- 
cial, un  pédiomètre.  (jui  permet  d'enregistrer  prcsciue  simultanément  le 
poids  et  la  taille  des  enfants. 

C'est  cet  instrument  très  précis  qui  nous  a  servi  à  faire  toutes  nos  men- 
surations. 

Il  n'existe  pas  en  France,  à  proprement  parler,  de  tables  de  croissance, 
-auf  celles  dressées  par  les  accoucheurs  pour  la  première  année  de  la  vie, 
et,  en  particulier,  celles  de  Houchaud,  généralement  acceptées. 

On  s'en  réfère  encore  de  un  à  15  ans  aux  tables  de  Quételet  qui  ont  été 
établies,  il  y  a  plus  d'un  demi-siècle,  à  Bruxelles,  surdos  enfants  d'une 
race  un  peu  ditïérente  de  la  nôtre. 

Nous  avons  donc  entrepris  un  travail  île  pédiométrie  nécessaire,  en 
nous  plaçant  dans  les  conditions  d'observations  les  plus  rigoureuses  pos- 
sibles. 

'loules  nos  mensurations  ont  été  faites  à  Paris  avec  le  mémo  insli  iiment, 
par  la  même  personne;  elles  n'ont  une  valeur  réelle  que  pour  les  enfants 
parisiens  en  1905;  mais  elles  pourront  servir  de  type  de  comparaison 
pour  d'autres  mensurations  du  même  genre,  pratiquées  ultérieurement 
dans  les  diverses  parties  do  la  France. 

D'ailleurs,  la  plupart  des  enfants  que  l'on  rencontre  dans  les  écoles  de 
la  Ville  de  Paris  ne  sont  pas  de  vrais  Parisiens;  ils  sont  nés  de  parents 
provinciaux  qui  ont  immigré  dans  la  capitale.  Nous  avons  soigneusement 
éliminé  de  nos  moyennes  les  étrangers  et  les  très  rares  enfants  difformes 
ou  anormaux. 

Nuus  nous  sommes  astreints  a  mesurer  les  enfants  dans  des  milieux 
variés,  autant  que  possible. 

M.  de  Selves.  préfet  de  la  Seine  et  M.  Bédorez,  nous  ont  autorisés  à 
pénétrer  librement  dans  les  écoles  municipales  du  IX«  arrondissement  ' 


*  Liste  des  écoles  et  établissements  divers  où  nous  avons  mesuré  les  enfants 

KctiLKS  MATERNELLES  Rue  du  Retrait. 

Rue  liu  Ttilèi^Mapiie. 
Rue  Jls  .Martyrs.  Ru«  de  la  Cuui  des  .Noues 

Rue  RoJier.  Rue  dts  Mùiiers, 


32  IS  jvNVini    \\MH\ 

{^Oiiern.  [Kumlalion  aisée)  el  dans  celles  tlii  \X*  {Belleville,  population 
ouvrière),  nous  avons  utilisé  les  écoles  maternelles,  les  consultations  des 
dispensaires  et  des  hôpitaux,  les  Crèches,  pour  les  enfants  les  plus  jeunes; 
nous  avons  eu  la  facilité  de  mesurer  les  enfants  assistés,  les  enfants  de 
quelques  orphelinats  et  aussi  les  enfants  des  écoles  primaires  supérieure 
el  professionnelle  de  la  Mlle  de  Paris  Edgar d-Quinet ,  Sophie  Germain ,  filles); 
(Diderot,  garçons).  I.a  plupart  de  nos  mesures  de  13  à  16  ont  été  prises 
dans  ce  dernier  milieu,  peut-être  im  peu  différent  du  milieu  des  fau- 
bourgs; les  enfants  reçus  dans  ces  écoles  après  concours  appartiennent 
h  la  classe  riioyenne  de  la  population  *. 

Tous  les  enfants,  avant  de  passer  sous  la  toiso,  quittaient  leurs  chaus- 
sures et  il  a  été  tenu  compte,  aussi  exactement  que  possible,  du  poids  de 
leurs  vêtements,  qui  a  été  défalqué  du  poids  total  enregistré. 

Sauf  pour  les  petits  enfants  des  (Irèches  (entre  1  et  2  ans)  qui  ont  été 
étendus  sur  le  plateau  mobile  du  pédiomètre  et  mesurés  dans  le  décubitus 
dorsal,  tous  les  autres  enfants  ont  été  toisés  debout.  Pour  les  filles,  on  fai- 
sait glisser  le  curseur  du  pédiomètre  sous  les  cheveux,  afin  d'afïleurer  le 
verlex.  Un  nous  a  objecté  qu'il  eût  été  plus  rigoureux  de  mesurer  la  taille 
de  tous  les  enfants  couchés.  Mais,  il  paraît  bien  difficile  d'atteindre  une 
précision  absolue  dans  les  opérations  de  ce  genre;  d'ailleurs,  les  mesures 
prises  dans  la  station  debout  sont  toutes  comparables  entre  elles,  ce  qui 
est  l'essentiel  ;  de  plus,  elles  peuvent  être  mises  en  parallèle  avec  celles 
dressées  par  les  auteurs  des  tables  de  croissance  à  l'étranger,  qui  ont  aussi 
toisé  les  enfants  debout. 


Rue  fie  Tourtille. 

Rue  de  Lesseps.  Écoles  de  Filles 

Boulevanl  de  Bellevillc 

Rue  de  Vaugirard,  140  Rue  Buffault. 

Rue  des  Cendriers.  Rue  Clauzt^l. 

Rue  des  Balkans.  Rue  de  Lesseps. 

Lazaret  des  enl'anls  assistés.  Rue  du  Télégraphe. 

Rue  Milton. 

Enfants  Assistés. 
ÉcuLES  DE  Garçons  Sophie  Germain,  Ecole  suiiérioure  de  iilles. 

Edgard  Quioet,  Ecole  supérieure  de  filles. 
Rue  ïurgot.  Orphelinat  des  sœurs  de  Ménilmonlant. 

Rue  Milton.  Crèche  Furtado -Heine. 

Rue  Henri  Chevreau.  Crèche  de  la  Santé. 

Rue  Pelleport.  Crèche  du  Télégraphe. 

Boulevard  de  Bdleville.  Crèche  passage  Pékin. 

Rue.de  Lesseps.  Crèche  Sainte- Amélie  et  de  Gharonne. 

Ecole  professionnelle  Diderot.         .  Consultation  externe  des  Enfants-Malades, 

Enfants  Assistés.  Consultation  de  l'Hôpital  Trousseau. 

Orphelinat  des  sœurs  de  Ménilmonlant.      u  Goutte  de  Lait  »  de  Belleville. 

*  Nous  devons  f.iire  observer  qu'aux  mêmes  âges,  le  milieu  mensuré  est  exactement 
le  même  daus  les  deux  sexes  et  que  par  conséquent  les  dittérences  observées  pendant 
la  durée  de  la  croissance  au  moment  de  la  puberté  en  particulier  conservent  toute 
leur  valeur. 


VAIUUT  ET  CHAIMKT     —  TAHLKS  l>K  .:Ui.l»AM.K  Dl.^   KNIANTS    l'AmSIKN>  "VA 

A  Paris,  tout  au  moins,  pour  (1rs  raisons  de  fonvenance  sur  lesquelles 
il  est  superflu  d'insisler,  il  sérail  assez  malaisé  de  faire  acc-pler  la  men- 
>uration  dans  le  décubitus  dorsal  par  les  jeunes  lilles. 


(ç  c     ni         'ï        -ni        -ni        -oj        -tj        ■<ï         n»        'Ti        -nj        -^         m        -i^         tï 

-«.««CN  f>o  J.  u-,  io  (^  Qo  «T)  es  ^  ISj'"^  ~i-  >-o 

Ages 

Fi;/.  1.  -  Courbe  générale  de  la  croissance  de  l  à  16  ans  (Taille  et  poids^. 


54  1«  JANVIER   1906 

C'est  un  travail  plus  long  et  plus  dilficile  qu'on  ne  pourrait  le  supposer, 
d'enregistrer  le  poids  et  la  taille  de  plusieurs  millieis  d'enfants,  même 
avec  un  instrument  aussi  couimod».*  et  aussi  précis  que  le  pédiomèlie.  11 
faut  compter  avec  les  obligations  administratives,  les  exercices  scolaires; 
mais  la  bonne  volonté  des  directeurs  et  directrices  dans  les  écoles  muni- 
cipales nous  a  facilitt''  notre  tâche. 

Nous  eussions  désire  mesurer  les  jeunes  filles  dans  un  lycée,  mais  le 
recteurdc  l'Université  de  Paris,  M.  Liaid,  pour  des  raisons  qu'il  ne  nous 
a  pas  fait  connaître,  s'y  est  opposé. 

Par  contre,  sur  la  recommandation  d<'  M.  Amliroise  Rendu,  M""^  la 
Supérieure  générale  des  filles  de  la  Charité  nous  a  autorisés  a  pénétrer 
dans  les  orphelinats  de  Saint-Vincent-de-Paul,  pour  poursuivie  nos 
recherches. 

Sur  les  conseils  de  M.  Manouvrier,  professeur  à  l'École  d'anthropologie, 
dont  la  compétence  est  grande  dans  ces  questions,  nous  avons  adopté  le 
chilTre  minimum  de  100  pour  chaque  année  d'Age,  et  pour  chaciue  sexe, 
afin  d'arriver  à  une  moyenne  à  peu  près  stable.  Très  généralement,  ce 
chiffre  do  100  a  été  dépassé  ol  nos  calculs  de  moyenne,  pour  une  année, 
ont  porté,  le  pins  souvent,  sur  loO  et  même  180  sujets. 

Les  chiffres  que  nous  donnons  d'une  année  à  l'autre,  de  1  à  2,  d?  2  à 
3  ans,  etc  ,  pour  la  taille  aussi  bien  que  pour  le  poids,  n'ont  aucune  pré- 
tention àla  précision  mathématique  ;  ils  exprimentsimplementla  moyenne 
de  la  taille  et  du  poids  des  enfants  nés  dans  le  courant  d'une  même  année. 

Leur  approximation  la  plus  grande  se  rapporte  à  )a  demi-année,  puisque 
no>  mensurations  ont  porté  sur  des  sujets  nés  à  tous  les  mois,  sans  dis- 
tinction. Mais  cette  approximation  n'est  pas  d'une  exactitude  stricte 
puisque  nous  n'avons  pas  absolument  le  même  nombre  d'enfants  pour 
chaque  mois.  A  supposer  qu'il  soit  utile  de  dresser  des  tables  de  croissance 
aussi  précises,  il  faudrait,  pour  établir  une  moyenne,  toiser  et  peser  au 
moins  cent  enfants  de  chaque  sexe  par  mois,  soit  au  moins  2.400  par 
année  d'âge,  soit  plus  de  30.000  de  un  an  à  15  ans.  On  a  commencé  à 
l'étranger  des  recherches  de  ce  genre,  mais  nous  nous  demandons  si  leur 
intérêt  égalera  l'énorme  somme  de  travail  matériel  qu'elles  exigeront. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  pouvons  affirmer  qu'il  n'existe  pas  en  France 
de  tables  de  croissance  d'ensemble  pour  les  enfants  des  deux  sexes  dres" 
sées,  suivant  une  méthode  scientifique  rigoureuse,  comparable  à  celle  que 
nous  avons  adoptée  et  nous  croyons  que  nos  tables  sont  celles  qui  s'ap- 
prochent le  plus  de  la  réalité. 

Il  n'sulte  de  la  lecture  de  ce  tableau  et  des  courbes  très  démonstratives 
qu'il  est  aisé  de  construire  avec  ces  séries  de  chiffres,  que  la  taille  à  partir 
de  1.1  à  12  ans  chez  le>  filles,  134,4,  l'emporte  sur  celle  des  garçons  133,4 
et  que  cette  supériorité  temparaire  se  prolonge  jusqu'à  13  et  14  ans,  où 
la  taille  est  réciproquement  de  148,6  pour  les  filles  et  de  iAoA  pour  les 
garçons.  L'année  suivante,  de  14  à  15  ans,  les  garçons  passent  à  153,8  et 
les  filles  se  laissent  distancer  à  152,9.  A  partir  de  là,  la  taille  restera  plus 
élevée  chez  les  sarcons. 


VAitior  KT  ciiAiMKT    —  rAiiLi;>  1)1-:  i;iiiii>^  wck  I)1>  km  am-  i'aiii>ii;.v-       oo 


Moijeiitirs  ilu  pDiils  i'I  de  la  Inillr  lif  la  prrmii'ie  l'i  la  seizième  nnnée,  irnprè.'i 
^t.UOO  mensurations  dans  les  Ecoles  de  la  Ville  et  dans  les  crèches,  dispi-nsaires 
et  consultations  externes,  etc. 

Ces  moyennes  sont  calculées  sur  des  séi'ies  de  100  a  190  individus 
pour  chaque  année  d'âge  et  pour  chaque  sexe. 

Tableat  a 


TAILLE  EN  CENTIMÈTRES 


Ages 

Garçons 

Filles 

Garço 

ns 

Fi  Mo 

Diffé- 

r>iffé- 

Diffé- 

Diffé- 

1   H       2 

74  2 

rence 

73.6 

ronco 

•).500 

rence 

9.300 

rence 

•>  à     3 

82.7 

8.5 

81.8 

8.2 

11.700 

2.2 

11.400 

3.1 

3  à     4 

SO.I 

6.4 

88.4 

6.6 

13.000 

1.3 

12.500 

1.1 

4  à     5 

96.8 

7.7 

95.8 

7.4 

14.. 300 

1.3 

13.900 

1.4 

5  à     6 

103.3 

6.5 

101.9 

6.1 

15.900 

1.6 

15.200 

1.3 

6  à     7 

109.9 

6.6 

108.9 

7.0 

17.500 

1.6 

17.400 

2.2 

7  H     8 

114.4 

4.5 

113.8 

4.9 

19.000 

1.5 

19.000 

1.6 

8  à     9 

119.7 

5.3 

119.5 

5.7 

21.1(10 

2.1 

21.200 

2  2 

9  à  10 

125.0 

5.3 

124.7 

4.8 

23.800 

2.7 

23.900 

2.7 

10   A    11 

130.3 

5.3 

129.5 

5.2 

25.(JO0 

1,8 

26.600 

2.7 

il  à  12 

133.6 

3.3 

134.4 

4.9 

27 . 700 

2.1 

29.000 

2.4 

12  ;i  13 

137.6 

4.(1 

141.5 

7.1 

30.100 

2.4 

33.800 

3.8 

13  à  14 

145.1 

7.;.) 

148.6 

7.1 

35.700 

5.6 

38.300 

4.5 

15  il  15 

153  8 

8.7 

152.9 

4.3 

41.900 

6.2 

43.200 

4.9 

15  ;i  16 

159.6 

5.8 

154.2 

1.3 

47.500 

5.(1 

46.000 

2.8 

POIDS  EN  KILUGRAMMES 


l'our  les  variations  du  poids,  suivant  les  sexes,  il  résulte  de  nos  tables 
que  dès  l'Age  de  9  à  10  ans,  les  tilles  préparent  leur  accroissement  plus 
précoce  que  celui  des  garçons,  vraisemblablement  en  rapport  avec  l'ap- 
proche de  la  puberté. 

De  9  à  10  ans,  le  poids  des  tilles,  jusque-là  presque  égal  à  celui  des 
garçons,  s'élève  à  23  k.  900,  au  lion  i\o  -23  k.  800.  De  10  .^  I  L  le  poids  est 
pour  les  lilles  de  26  k.  liflO  au  li.'u  de  2:>  k.  60(1.  puis  de  1 1  à  12,  d<'  29  k. 


5« 


18    JANVIKM     1906 


au  lieu  de  27  k.  70().  puis  de  !->  à  13,  de  33  k.  800  au  lieu  de  30  k.  100, 
de  13  à  U,  de  38  k.  300  au  lieu  de  3o  k.  700;  de  14  à  15,  de  43  k.  200  au 
lieu  de  41  k.  UOO  et  enfin  de  15  à  U\,  les  garçons  reprennent  le  dessus 
avec  47  k.  500  au  lieu  de  ifi  k.  pour  les  filles.  La  supériorité  temporaire 
du  poids  des  filles  sur  le  poids  des  garçons  a  donc  duré  six  années. 

Centimètres 
o      —     rocAj-F^cncn^oocD 


Fig.  2.  —'^Accroissement  annuel  rie  la  taille  de  2  à  16  ans. 


VAltniT  ET   CHAI  MKl.   —    lAItl.KS  l)K  CUOISSANCE  DES  ENFANTS  PAKISIENS  .M 

L'élude  de  ces  chillVes  démontre  bien  l'eiTeuf  dans  laquelle  est  tombée 
iM.  Comby  ',  lorsqu'il  a  voulu  calcuIiM-  parjuno  formule  mathématique  le 


Kilogs. 
ro     04     -f^     en     <D     vj 


^  'mmmmm 


Fig.  3,  —  Accroissement  annuel  du  poids  de  2  à  16  ans. 


'   Traiffj  ries  maladies  de  l'eiifnnce,  public  par  MM.  (jraiicher  et  Goiiiby,  loiiie  I. 


58 


18   JA.NVIKR    1906 


poids  réciproque  des  gai\;ons  »3t  des  lilles,  en  parlant  du  poids  de  nais- 
sance un  peu  plus  faible  de  ces  dernières.  Il  dit  que  le  poids  des  garçons 
à  15  ans  sérail  de  4»3  kilos  et  celui  des  filles  de  31)  kilos  seulement.  Or, 
ces  dernières,  de  14  à  15  ans,  pèsent  43  k.  200  et  les  garçons  seulement 
41  k.  900.  L'écart  des  chilîres  fournis  par  l'observation,  de  ceux  donnés 
par  des  calculs  théoriques,  est  assez  considérable  pour  être  relevé. 

Tables  comparatives  de  rroissanre  (taille)  contenant  les  résultats  de  Variât  et 
Chaiimet  {Paris),  ceux  de  (Juételet  {Bruxelles),  de  Bowditch  {Etat  de  Massa- 
chussets),  de  Rotch  [Boston). 

Tableau  B 


GARÇONS 

FILLES 

Tailles 

At;6s 

Tailles 

Ages 

Quételol 

1 

Bow- 
ditch 

Morgan 
Rotch 

Variot 

et 

Chaumet 

Quételot 

Bow- 
ditch 

Morgan 
Rotch 

Variot 

«t 

Chaumet 

1  à     2 

69.8 

74.0 

73.8 

74.2 

1   à 

2 

69.0 

70.8 

74.1 

73.6 

2  à    3 

79.1 

83.4 

84.5 

82.7 

2  à 

3 

78.1 

80. 2 

82.3 

81.8 

3  à    4 

86.4 

92.1 

92.6 

89.1 

3  à 

4 

85.4 

90.6 

90.7 

88.4 

4  à     5 

92.7 

100.3 

98.2 

96.8 

4  à 

5 

91.5 

97.4 

97.0 

95.8 

5  à    6 

98.7 

105.6 

103.9 

103.3 

5  k 

6 

97.4 

104.9 

103.2 

101.9 

6  à    7 

104.6 

111.1 

109.3 

109.9 

6  à 

7 

103.1 

110.1 

108.3 

108.9 

7  à    8 

110.4 

116.2 

114.3 

114.4 

7  k 

8 

108,7 

115.6 

113.8 

113.8 

8  à    9 

116.2 

121.3 

119.4 

119.7 

8  à 

9 

114.2 

120.9 

118.9 

119.5 

9  à  10 

121.8 

126.2 

124.2 

125.0 

9  à 

10 

119.6 

125.4 

123.4 

124.7 

10  à  11 

127.3 

131.3 

129.2 

130.3 

10  à 

11 

124.9 

130.4 

128.3 

129.5 

11  à  12 

132.5 

135.4 

133.3 

133.6 

11  à 

12 

130.1 

135.7 

133.5 

134.4 

12  à  13 

137.6 

140.0 

137.7 

137.6 

12  à 

13 

135.2 

141  9 

139.7 

141.5 

13  à  14 

142.3 

145.3 

143.0 

145.1 

13  à 

14 

140.0 

147.7 

145.4 

148.6 

14  à  15 

146.9 

152.1 

149.7 

153.8 

14  à 

15 

144.6 

152.3 

149.8 

152.9 

15  à  16 

151.3 

158.2 

» 

159.6 

15  à 

16 

148.8 

155.2 

» 

154.2 

•  Quételct  ayant  mesuré  lis  mêmes  sujots,  fii  très  petit  nomlire,  d'année  en  année, 
le  résultat  ab.solu  ne  peut  l'tri-  comparé  aux  antres  tables,  qui  sont  dressées  sur  de.-; 
individus  compris  entre  deux  années  consécutives  :  1  à  2,  2  à  3,  etc. 


VAlUOT  ET  CHAL'MET. 


TAULES  DE  CROISSANCE  DES  ENFANTS   PARISIENS 


59 


N'ûici  iniinlenant  un  tableau  coniparatif.  tt'l.ilaiil  mis  rtsuHaU,  n-ux 
de  Quételet,  de  Bowditch  et  de  Holch. 

I^es  chilTres  que  nous  avons  obtenus  par  le  calcul  de  nos  moyennes, 
d'une  année  k  l'autre,  sont  bien  comparables  à  ceux  de  Bowditch  et  de 
Rotch  en  Amérique,  mais  non  à  ceux  de  Quételet,  qui  ont  fait  autorité, 
cependant,  jusqu'à  ces  dernirires  années,  parmi  nous. 

Huételet  mesurait  ses  sujets  à  ilate  fixe,  après  une  année  entière  révolue  ; 
il  ne  dit  pas  d'ailleurs  exactement  sur  combien  d'enfants  portaient  ses 
mensurations,  en  général,  il  prenait  dix  ou  vingt  sujets  types.  Mais  ce  que 
n«jus  savons,  c'est  qu'il  a  mesuré  des  enfants  belges  à  Bruxelles  et  que 
les  cbilVres  qu'il  a  notés  ne  sont  pas  rigoureusement  applicables  à  des 
enfants  parisiens,  ni  à  des  l'rancais. 

Tableau  C 

hiiUquaut  ini  centimètres)  les  yna.ritna  et  minima  de  In  tnillr  dans  les 
inensin-ations  dr  Variât  et  Chnumel. 


(.ARÇONS 

FILLES 

Af!f-S 

Minima 

Maxima 

Moyennp 

Minima 

Maxima 

Moyenne 

1  i\     2 

68 

84 

74.2 

65 

84 

73.6 

2  à    3 

72 

93 

82.7 

71 

92 

81.8 

3  à    4 

81 

101 

89.1 

75 

99 

88.4 

4  à    5 

8r. 

107 

96.8 

84 

111 

95.8 

5  à    6 

91 

117 

103.3 

88 

117 

101.9 

6  à    7 

95 

125 

109.9 

94 

123 

108.  i) 

7  à    8 

99 

127 

114.4 

95 

128 

113.8 

8  fi    9 

102 

132 

119.7 

107 

133 

119.5 

9  à  10 

111 

141 

125.(1 

111 

142 

124.7 

10  à  11 

118 

141 

130.3 

115 

145 

129.5 

11  à   12 

121 

151 

133.6 

119 

151 

1.34.4 

12    ri     13 

122 

155 

1.37.6 

121 

159 

141.5 

13  à  14 

128 

166 

145.1 

128 

167 

148.6 

14  ;.    15 

136 

171 

153.8 

131 

167 

152.9 

15  h  Ifi 

IH» 

181 

159.6 

142 

l(i7 

154.2 

m 


is  jA.wiKii  l'.ioi; 


Taille.  —  Gamnis.  — 


<te  1  à  '2 

(le  2  à  ;i 

de  .S 

;i   i 

de  i  à  ;i 

do  . 

'>  à  6 

de  t 

à7 

de  7 

à  8 

de  8  à  y 

ans 

ans 

aits 

ans 

ans 

ans 

ans 

ans 

<  22  sujets 

lOti  sujets 

iOli 

ujets 

•174  sujets 

16o 

sujets 

iS6  sujets 

176 

sujets 

491  sujets 

£  2 

o 

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e 

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'  ^ 

B 

— 

5 

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z 

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z 

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Z 

z 

68 

7 

72 

1 

82 

4 

86 

1 

92 

3 

100 

2 

102 

4 

104 

3 

70 

16 

74 

3 

84 

4 

88 

5 

94 

3 

102 

7 

104 

4 

106 

2 

72 

21 

76 

3 

86 

14 

90 

8 

96 

12 

104 

16 

106 

6 

108 

4 

74 

27 

78 

6 

88 

15 

92 

19 

98 

12 

106 

20 

108 

14 

110 

3 

76 

16 

80 

16 

90 

12 

94 

22 

100 

12 

108 

29 

110 

15 

112 

10 

78 

12 

82 

12 

92 

10 

96 

31 

102 

28 

110 

26 

112 

20 

114 

13 

80 

15 

84 

25 

94 

16 

98 

24 

104 

26 

112 

18 

114 

26 

116 

17 

82 

5 

86 

18 

96 

14 

100 

23 

106 

30 

114 

19 

116 

25 

118 

18 

84 

3 

88 

15 

98 

11 

102 

23 

108 

21 

116 

7 

118 

24 

120 

30 

9(1 

5 

100 

6 

104 

8 

110 

10 

118 

9 

120 

17 

122 

23 

92 

2 

102 

1 

106 

5 

112 

3 

120 

2 

122 

11 

124 

21 

108 

5 

114 
116 

118 

2 
2 

1 

122 

1 

124 
126 
128 

4 
4 
2 

126 
128 
130 
132 

23 

13 

8 

3 

VAlIliiT  KT  lUIAL'MET.    —    l  Alil.KS   l»E  CKnlSSA.NCE  DES  KNFA.M>  I'AU1>IEN>  Gl 

Composition  (les  Sénés. 


de  9  à  10 
1")<i  sujols 


112 

114 

116 

118 

120 

122 

124 

126 

128 

130 

132 

134 

136 

138 

140 

1  2 


19 

18 

23 

19 

17 

18 

10 

3 

5 

1 

3 

1 


lie  10  à  11 

ans 
159  sujols 


h- 

.o 

■  — 

= 

f- 

118 

') 

120 

5 

122 

fi 

124 

11 

126 

19 

128 

22 

130 
132 
134 
136 
138 
140 
142 
144 


30 
22 
18 
8 
9 
3 
3 
1 


Je  11  à  l2 

ans 
Uii  sujets 


122 
124 
126 
128 
130 
132 
134 
136 
138 
140 
142 
144 
146 
148 


■> 
2 

10 
15 
11 
23 
20 
27 
16 
15 
7 

10 
5 
1 


■  lo  12 

à  1:5 

ans 

l(>6  sujets 

1 

■S 

s 
S 
7r. 

122 

1 

124 

2 

126 

5 

128 

4 

130 

7 

132 

9 

134 

17 

136 
138 
140 
142 
144 
146 
148 
15(1 
152 
154 


25 
19 
12 

26 
20 
10 

7 
(I 
l 
l 


do  l.'U  14 


16,1  sujets 


12^ 

130 

132 

134 

136 

138 

140 

142 

144 

146 

148 

150 

152 

154 

156 

158 

160 

162 

164 

166 


do  lia  lo 

ans 
ton  sujets 


M 

19 

14 

18 

14 

17 

11 

4 

7 

2 

3 

2 

l 


136 

1 

138 

1 

142 

•> 
2 

144 

4 

146 

't 

148 

8 

150 

11 

152 

12 

154 

17 

156 

.S 

158 

9 

1()() 

1 

162 

3 

164 

«,1 

166 

4 

168 

2 

170 

1 

do  iuà  li> 

ans 
100  sujets 


148   3 
150 


152 

154 

156 

158 

160 

162 

164 

166 

168 

17U 

172 

174 

176 


11 
3 

10 
12 
12 
10 
10 
10 

(; 


62 


|H  JxNviF.n   l'»Ofi 


Taille.  —  Filles.  — 


de  1 

à!2 

de  2  à  .1 

Je  :<  à  4 

(lo  4  à  !) 

de  b 

;i  6 

(le  6  à  7 

(le  7 

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VARIOT  ET  CHaIMET.   TAlU.E-   HF.  CROISSANCE  DE»    ENFANTS  PARISIENS  t>3 

Composition  des  Séries. 


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64  IH  J\NviEit  p.>on 

Les  tables  tle  (Juélelet  doivent  èlre  cuiisidéiees  comme  inexactes  dans 
les  années  (jui  précùdent  la  puberté,  aussi  bien  chez  les  filles  que  chez  les 
garçons.  Il  y  a,  h  ce  moment,  une  poussée  brusque  de  croissance,  qu'il  a 
méconnue,  parce  qu'il  était  dominé  par  des  idées  théoriques  sur  la  régu- 
larité uniforme  des  manilestations  de  cette  force. 

En  jetant  un  coup  d'œil  sui-  les  chiffres  obtenus  par  Bowditch  et  par 
llûtch,  on  verra  t(ue  nos  chilîres  de  10  à  i5  ans  se  rapprochent  sensible- 
ment de  ceux  déjà  relatés  par  ces  obsiM'vateurs,  quoi(ju"il  apparaisse  que 
la  poussée  de  la  puberté  soit  plus  précoce  et  plus  forte  dans  nos  climats. 

Nous  donnons,  dans  deux  tableaux,  la  composition  de  nos  séries;  le 
maximum  de  fréquence  avoisinant  généralement  la  moyenne  obtenue  par 
le  calcul,  on  pourra  juger  rapidement  si  la  taille  d'un  enfant  s'éloigne 
plus  ou  moins  de  la  normale  parle  nombre  des  sujets  qui  appartiennent 
à  sou  groupe 

Four  rendre  la  lecture  plus  facile,  nous  a^vons  pris  comme  module  de 
sériation  ileuu-  centimètres. 

Discussion. 

Di"  Papillault.  —  Les  résultats  auxquels  sont  parvenus  MM.  Variot 
et  Chaumet  sont  fort  intéressants,  mais  il  est  regrettable  que  la  même 
technique  n'ait  pas  été  suivie  dans  toute  la  série  ;  en  effet,  les  enfants  les 
plus  jeunes  ont  été  mesurés  couchés  et  les  autres  debout.  Les  résultats  ne 
sont  plus  comparables  entre  les  deux  groupes. 

Je  m'efforce  d'ailleurs  de  répandre  le  plus  possible  la  technique  que 
j'ai  préconisée  il  y  a  plusieurs  années,  dans  mon  mémoire  :  ïHomme 
moi/en  à  Paris.  Notre  collègue,  M.  Lapicque,  l'a  adoptée  depuis  lors, 
et  M.  Viola,  à  Padoue,  l'emploie  également  dans  ses  recherches  d'anthro- 
pométrie appliquée  à  la  clinique.  Quand  un  procédé  est  mauvais,  on  ne 
doit  pas  s'y  tenir,  sous  prétexte  qu'il  y  a  déjà  de  nombreuses  moyennes 
fondées  sur  lui,  puisque  ces  moyennes  elles-mêmes  ont  une  faible  valeur 
et  j'ai  suffisamment  démontré  quelles  fausses  indications  donnent  la  taille 
debout,  pour  que  j'y  revienne  ici.  En  chimie  on  remplace  un  procédé 
d'analyse  par  un  nouveau  dès  que  ce  dernier  semble  plus  précis,  sans  se 
préoccuper  du  nombre  d'observations  prises  sur  le  premier.  Le  progrès 
est  à  cette  seule  condition. 

M.  Manouvrier.  —  Un  est  obligé  de  mesurer  les  cuiavres  couchés  et  il 
peut  être  avantageux  dans  certaines  occasions  ou  pour  l'élude  de  certaines 
questions  de  mesurer  aussi  les  sujets  vivants  dans  cette  position  couchée. 
Mais  ce  n'est  pas  une  raison  pour  abandonner  la  position  debout  adoptée 
jusqu'à  présent  dans  la  technique  anthropométrique. 

Il  y  a  des  avantages  et  des  inconvénients  dans  tous  les  systèmes.  Il  ne 
faut  pas  sans  nécessité  introduire  dans  une  technique  enseignée  depuis 
50  ans  et  suivie  par  une  foule  d'investigateurs  des  changements  qui,  pour 
être  favorables  à  un  certain  uombie  de  comparaisons,  en  gêneront  d'autres 


L.   (JAPITAN.    —  l'NK  ColCHK  DE  S[I.E\  TAILLÉS  fj." 

l'n  beaucoup  plus  grand  nouibre.  Les  nécessib's  de  la  slatisti(|ue  iinposenl 
une  grande  réserve  dans  l'innovation  en  anthropométrie. 

J'ai  insisté  quelque  peu  là-dessus  il  y  a  quelques  années  dans  la  Revue 
•  le  l'Ecole  d'Anthropologie  i  Généralités  sur  t'Authroponn'trie,  1900).  J'ai 
'xposé  vers  la  même  époque  les  résultats  de  quelques  recherches  person- 
nelles sur  la  différence  entre  la  taille  debout  et  la  taille  couchée,  ainsi  que 
l'allongement  volontaire  momentané  de  la  taille  '  par  redressementdes 
courbures  du  tronc  qui  s'etïacent  plus  ou  moins  dans  le  décubitus  dorsal. 
i'e  sont  des  indications  sur  la  question.  Je  rappelle  aussi  que  M.  Godin, 
au  début  de  ses  importantes  recherches  sur  la  croissance  ^  imagina  d'adop- 
ter la  position  couchée  (en  18yfii  mais  qu'il  y  renonça  après  un  essai 
-l'-iieu.v  puui'  levenii"  à  la  pusiliun  classique.  A  uiuu  avis  aucune  position 
n'est  il  sacrifier  ,111  protil  de  l'autre.  Il  y  a  des  cas  et  des  recherches  pour 
lesquelles  la  position  couchée  est  nécessaire  ou  utile.  En  général  la  posi- 
position  debout  est  à  conserver. 

M.  Hluch.  —  Je  dois  rappeler  que  la  taille  mesurée  sur  un  sujet  debout 
n'est  pas  égale  à  celle  qui  est  mesurée  lorsqu'il  est  dans  la  position 
horizontale.  Ainsi  Plitzner,  comme  d'autres  observateurs  avant  lui,  indi- 
quait une  dilTérence  de  I  à  2  centimètres  en  plus  pour  la  lonaueur  du 
corps  prise  sur  l'homme  vivant  couché  à  plat. 

11  en  est  de  même  sur  le  cadavre  qui  a  fait  l'objet  principal  de  ses 
mensurations  '. 

Il  s'agirait  maintenant  de  savoir  si  un  phénomème  semblable  se  produit 
chez  les  enfants. 


UNE  COUCHE  DE  SILEX  TAILLÉS,  USÉS,  SUR  LA  TERRASSE  MOYENNE  DU  MOUSTIER 

Par   L.   Capitan. 

Depuis  les  fouilles  anciennes  de  Lartet  et  Christy,  de  de  Vibraye, 
Massénat,  etc  ,  la  station  classique  du  Moustier  ne  fournissait  plus  sur  ses 
terrasses  que  des  pièces  erratiques.  Les  fouilles  exécutées  au  commence- 
ment de  cette  année  par  le  lieutenant  Bourlon,  sur  la  terrasse  moyenne, 
en  avant  de  l'ancien  abri  lui  ont  fourni  un  nombre  considérable  de  pièces 
et  lui  ont  permis  de  constater  l'existence  de  plusieurs  foyers  superposés 
avec  industries  variables.  (Y.  Société  préhistorique  de  France,  juin  i905). 

Dans  le  fond  de  la  tranchée,  .M.  Bourlon  avait  signalé  une  petite  couche 
de  silex  roulés,  et,  d'après  lui,  sans  formes  définies,  ni  caractères  de  taille, 
parfois  agglomérés  en  brèche  assez  dure.  Or,  au  mois  de  septembre  de  cette 

'  Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  1897. 
»  Paris,  Maloino,  1903. 

*  Pfitzner.  —  Social  aathr.  Studien.  Zeitschrift  f.  Morpli.  a.  Ant/tr.,  1901. 
aoc.  û'antorop.  4906.  u 


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IH  j\.\vii:ii  iîxh; 


.iiiiicf,  jai  |tu  cunslalei',  dans  une  nouvelle  lruncli<'e  exéculéepar  mon  éiôve 
et  ami  le  docteur  Clerj^'eau,  la  superposition  suivante,  identique  h  celle  que 
Peyrony,  observant  avec  le  lieutenant  Bourlon,  avait  relevée  au  com- 
mencement de  l'année;  (très  analogue  d'ailleurs  à  celle  publiée  par 
Bourlon). 


0,80  c 


Sable  rouge  avec  industrie  magdalénienne  (renne  et  cheval). 


0.10  c. 


Couche  sableuse  brun  clair  ;  puintes  inoustériennes  à  retouches 
très  lines. 


0,40  c. 


Couche  brun  foncé  sableuse  avec  industrie  moustérienne  typique 
très  développée;  grands  et  beaux  racloirs,  pointes  fines,  disques  et 
plusieurs  belles  haches  de  type  acheuléen. 


(1.50 
à  0.80  c. 


Magma  de  silex  très  usés,  souvent  agglomérés  en   une   hrèch. 
rougeàtre  compacte. 


0,10  r. 


.'^abI»'  brun    foncé  avec   petits    instruments;   nombreux  éclats 
d'usage  et  quelques  haches  en  amande  (renne  et  cheval). 


0.10  c. 


Sable  gris-clair  (même  industrie  que    dans  la  couche  sus-ja- 
cenle). 


Je  ne  m'occuperai  ici  que  de  la  couche  de  silex  usés. 

Parmi  ces  silex,  il  en  est  un  grand  nombre  qui  sont,  en  effet,  des  frag- 
ments informes  de  silex  noir  local,  très  usés,  rarement  en  rognons. 
Mais  en  examinant  soigneusement  un  grand  nombre  de  ces  cailloux,  on 
peut  arriver  à  constituer  une  série  de  pièces  plus  ou  moins  usées  mais  qui 
sont  tantôt  des  éclats  simplement  écaillés,  rappelant  les  silex  des  malaxeurs 
de  Mantes,  tantôt  des  éclats  authentiques  avec  bulbes  très  nets  et  parfois 
retouches  évidentes.  Enfin,  pour  quelques  pièces,  il  s'agit  de  véritables 
instruments  (pointes,  disques  ou  racloirs,  souvent  bien  retouchés,  tous 
indiscutables  et  tous  usés  plus  ou  moins).  C'est  là,  en  somme,  un  dépôt  de 
foyer  très  analogue  aux  autres  sus  et  sous  jacents  et  non  des  cailloux  roulés 
.venus  de  loin.  Par  places,  ces  silex  mélangés  de  quelques  pièces  pas  ou 
à  peine  usées  et  de  fragments  osseux,  sont  réunis  par  un  ciment  calcaire 
fort  dur  et  le  tout  constitue  une  vraie  brèche.  Les  silex  des  couches  au 
dessus  et  au  dessous  ne  sont  nullement  usés. 

Comment  expliquer  cette  particularité  curieuse?  La  première  hypothèse 
que  l'on  peut  faire,  c'est  que,  dans  une  de  ses  crues,  la  Vézère  est  montée 
jusqu'à  ce  niveau  (lïî  mètres  environ  au  dessus  de  son  niveau  actuel),  et 
que,  c'est  elle  qui  a  usé  ainsi  ces  silex  faisant  partie  de  foyers  alors  à  la 


I..   l'.Al'lTAN.    —  UNE  ilolCHE  DE  sILEV  TAlLLé>  (17 

surfact,'  (lu  sol,  «-n  les  malaxant,  les  frottant  et  les  usant  avec  le  sable  en 
suspension. 

Mais  il  n'est  pas  possible  d'admellie  que  la  Vézère  ait  pu  avoir  pareille 
crue,  à  moins  toutefois  qu'elle  n'ait  coulé  à  cette  époque  à  un  niveau  nola- 
blotnent  plus  élevé  qu'aujourd'hui.  On  reviendrait  ainsi  h  l'opinion  dos 
anciens  auteurs  qui  considéraient  le  creusement  de  la  vallée  de  la  Vézère 
comme  non  complètement  terminé  à  l'époque  moustérieone.  Et  alors  on 
expliquerait  ce  fait  dobservatiun  déjà  ancienne,  à  savoir  que  tous  les 
gisements  moustériens  de  la  vallée  de  la  Vézère  sont  toujours  à  une  assez 
grande  hauteur  :  au  moins  10  à  1:2  mètres  au  dessus  du  niveau  actuel  de 
la  Vézère  et  souvent  bien  plus  hauts.  L'observation  de  ces  silex  de  foyers, 
usés  par  le  passage  d'une  eau  courante  chargée  de  sable  corroborerait 
donc  cette  hypothèse.  C'est  celle  qui  paraît  la  plus  vraisemblable. 

Il  y  a  pourtant  une  objection.  Il  est  po.ssible  qu'à  cette  époque  deux 
phénumènes  locaux  aient  pu  se  produire.  Dans  le  premier,  les  choses  se 
seraient  passées  ainsi  :  un  cours  d'eau  souterrain  a  pu  se  faire  jour  à  une 
petite  distance  de  ce  point  qui  faisait  peut-être  alors  partie  d'une  caverne 
ou  d'un  abri  surplombant,  aujourd'hui  démantelé.  Ce  cours  d'eau  pas- 
sant sur  les  silex  de  ce  foyer  a  pu  les  ussr,  les  rouler  et  leur  donner  cet 
aspect.  C'est  Ik  une  particularité  qu'on  observe  dans  maintes  cavernes  de 
la  région.  Rien  pourtant  dans  l'observation  des  lieux  ne  démontre  le  bien 
fondé  de  cette  hypothèse. 

Dans  une  seconde  hypothèse,  on  pourrait  admettre  que  dans  la  petite 
vallée  latérale  qui,  précisément  s'ouvre  en  ce  point,  il  existait  à  l'époque 
moustérienne  un  cours  d'eau  torrentiel  ayant  pu  produire  ces  modifica- 
tions de  la  surface  des  silex  ;  mais  dans  cette  hypothèse  encore,  il  fau- 
drait admettre  un  niveau  de  la  vallée  latérale  beaucoup  plus  élevé 
'|u'aujourd'hui. 

En  somme,  on  le  voit,  la  constatation  de  cette  couche  de  silex  taillés, 
si  usés,  intercalée  entre  les  foyers  intacts  de  la  terrasse  du  Moustier, 
constitue  un  intéressant  petit  problème  et  permet  d'émettre  l'hypothèse 
d'un  niveau  élevé  de  la  Vézère,  dont  ce  point  serait  un  témoin  et  consti- 
tuerait une  terrasse  quaternaire  moyenne  de  la  Vézère.  D'ailleurs  les  phé- 
nomènes de  creusement  et  d'alluvionnement  quaternaires  de  la  Vézère  sont 
fort  compliqués.  Cette  conclusion  ne  serait  nullement  en  désaccord  avec 
ce  i]ue  montre  leur  observation. 

MM.  uE  Mijhtillkt.    Hamy  et  Atgier  font  quelques  remarques  à  ce  sujet. 


lis  l®"^    I  KVltlK.lt     l'.KKi 

819e  SÉA^CR.  —  le'  Pévrier  1906. 
FnÉSIDENCE  DE  M.  Hamy. 

M.  Vem.neai  donne  quelques  renseignements  supplémentaires  sur  le  Congrès 
d'Anthropologie  et  d'Archéologie  préhistoriques  de  Monaco. 

M.  Ke.nk  Woh.ms  invite  les  membres  ilo  lu  Société  à  participe!"  aux  travaux, 
du  quatrième  Congrès  colonial  français,  qui  doit  se  tenir  en  juin  1906.  à 
l'Ecole  des  Hautes  Etudes  Commerciales  (108,  boulevard  Malesherbes,  Paris), 
sous    la    présidence  de  M.  François  Deloncle,  député  de  la  Cochinchine. 

Ce  Congrès  comprend  notamment  une  sedion  de  sociologie  et  d'ethnographie 
coloniales,  qui  a  cette  année  pour  président  d'honneur  M.  K.r.  Hamy.  pour 
président  M.  René  Worms,  pour  vice-président  M.  Adrien  de  Morlillet.  Elle  a  mis 
à  l'ordre  du  jour  ilc  ses  séances  de  1906  l'étude  des  populations  indigènes  de 
Madagascar. 

MON  OPINION  VRAIE  SUR  UN    POINT  DE  MORPHOGÉNIE  OSSEUSE 
Par  le  D»  G.  Papillault. 

J'ai  publié  en  1901  dans  la  Hevue  de  l'Ecole  d'Anth7'opolo(iie  un  article 
intitulé  :  Essai  sur  les  modifications  fonctionnelles  du  squelette.  J'y 
signalais  particulièrement  l'abus  que  l'on  a  fait  en  morphogénie  osseuse 
des  explications  purement  mécaniques  ;  jusqu'alors  la  traction  musculaire 
expliquait  toutes  les  saillies  osseuses,  la  pression  déterminait  toutes  les 
fossettes.  Je  choisis  un  certain  nombre  d'exemples  où  les  rapports  étaient 
renversés,  des  tractions  musculaires  continues  s'exerçaient  précisément 
en  des  points  où  la  surface  osseuse  était  déprimée. 

L'existence  de  ces  fossettes  ne  pouvant  s'expliquer  par  des  causes 
mécaniques,  j'invoquai  des  actions  bio-chimiques  exercées  par  le  muscle 
sur  l'ossitication.  Mais  ici  ma  pensée  a  été  mal  comprise. 

Le  D'-  Regnault  {Bull.  Soc.  Anth..  1901,  p.  614  et  1905,  p.  255), 
m'objecte  que  le  muscle  ne  s'insère  pas  directement  sur  l'os  et  le 
D'  Anthony,  dans  un  article  où  j'ai  le  plaisir  de  lui  voir  accepter  mes 
principales  conclusions  {Bull.  Soc.  Anth.,  1903,  p.  125)  me  fait  la  même 
objection,  k  Le  muscle,  écrit-il,  n'est  donc  jamais  en  contact  avec  les  os. 
et  la  phagocytose,  par  conséquent,  ne  peut  rien  expliquer. 

On  semble  donc  admettre  que  j'ai  basé  ma  théorie  sur  une  action 
directe  de  la  substance  du  muscle  en  contact  immédiat  avec  l'os.  On 
comprendra  que  je  ne  puis  laisser  passer  cette  interprétation,  puisque 
j'avouerais  avoir  cru  à  des  rapports  complètement  erronés  entre  le  muscle 
et  l'os  où  il  s'insère.  Je  cite  donc  le  passage  essentiel  de  mon  travail 
p.  78,   pour  empocher  qu'une  légende  défavorable  se  forme  sur  lui. 


G.    PAPILI.AULT.    —    MURPHOI.KME  OSSEISK  HU 

..  Toutes  les  cellules  de  l'organisme  sont,  selon  l'expression  de  W. 
lioux,  en  lutte  perpétuelle  les  unes  contre  les  autres.  Celles  qui  pré- 
sentent les  échanges  les  plus  actifs  prennent  largement  leur  place  aux 
dépt-ns des  autres.  Ce  sont,  comme  partout,  les  plus  fortes  (jui  l'emportent  ; 
mais  la  force  n'est  pas  ici  une  substance  mécanique,  les  plus  forte-  sont 
les  plus  vivantes,  les  plus  actives,  celles  dont  les  composés  albuminoïdes 
subissent  les  compositions  et  les  décompositions  les  plus  rapides  et  les 
plus  intenses. 

«  Cette  activité  intracellulaire  peut  avoir  des  causes  pathologiques  et 
constituer  dans  l'organisme  un  accident  destructeur.  Qu'un  épithélium 
se  mette  ainsi  à  proliférer,  il  engendrera  des  éléments  jeunes  qui  dévore- 
ront tous  les  autres  tissus.  De  même,  si  le  tissu  cellulaire  est  irrité  par 
im  agent  quelconque,  que  ce  soit  une  infection  générale  comme  la 
syphilis,  li"  rhumatisme,  etc.,  ou  que  ce  soit  une  cause  locale,  un  corps 
étranger,  un  anévrisme,  une  fracture,  des  éléments  jeunes  se  forment, 
qui  vivent  aux  dépens  des  cellules  normales,  et  les  font  disparaître  bientôt. 

a  Si  maintenant  nous  envisageons  un  organisme  normal,  nous  consta- 
tons que  ces  ditTérents  tissus  ont  une  activité  propre  très  différente,  sui- 
vant laquelle  on  pourrait  les  sérier  assez  facilement.  L'os,  les  cartilages, 
les  tendons,  les  aponévroses,  tout  ce  qui  forme  en  un  mot  le  squelette, 
possède  une  activité  fonctionnelle  très  faible.  Leur  fonction  est  de  sup- 
porter, de  soutenir  les  autres  éléments,  autour  desquels  ils  se  disposent 
et  qui  les  plient  à  leurs  besoins.  Les  fibres  musculaires  ont  au  contraire 
des  échanges  extrêmement  intenses.  Constamment  excitées  par  les  influx 
nerveux,  qu'elles  soient  en  état  de  tonicité  ou  de  contraction,  elles  agissent, 
elles  absorbent,  elles  dépensent  dans  des  proportions  énormes;  on  peut 
donc  être  certain  que  leur  présence  seule  suffira  pour  empêcher  le  tissu 
osseux  de  se  former. 

«  Or,  nous  avons  vu  que  les  faisceaux  supérieurs  du  masséter  ont  une 
longueur  rigoureusement  déterminée  par  le  mouvement  de  la  mandibule  ; 
leurs  extrémités  resteront  donc  en  contact  avec  l'os,  »ii  plutôt  arec  If  périoste . 
Klles  agiront  vis-à  vis  de  lui  comme  un  tissu  .Millammé  agirait  sur  les  fibres 
musculaires  elles-mêmes,  elles  absorberont  les  sucs  nutritifs,  apiiaurri- 
ront  les  éléments  actifs  du  périoste,  affaibliront  d'autant  sa  fonction  ostéofjène,  el 
l'os  ne  présentera  à  leur  niveau  qu'un  accroissement  très  faible  ou  même 
quelquefois  nul.  >^ 

.le  mets  en  italiques  les  passages  les  plus  expressifs.  Ils  convaincront 
Mûrement  mes  deux  collègues  que  ma  pensée  était  bien  la  suivante  :  Le 
uuisole  étant  parfois,  pour  des  raisons  que  j'ai  déterminées,  en  contact 
avec  le  périu^te  par  une  de  ses  extrémités,  agit  sur  la  couche  osféogène 
de  ce  dernier,  et  imbibe  son  action  ossifiante.  Les  produits  chimi(|ues 
décrétés  par  ce  muscle  et  déversés  par  lui  dans  le  milieu  voisin,  traversent 
facilement  soit  par  exosmosc,  soit  par  les  voies  circulatoires,  la  couche 
nitreuse  du  périoste,  et  vont  troubler  les  éléments  ostéogènes  voisins. 

•l'ai  émis  cette  hypothèse  pour  expliquer  des  faits  sur  lesquels  jai  été 
le  premier,  je  pense,  a  attirer  l'attention.  Personne  n'a  pu,  à  ma  connais- 


70  \"  FKvniF.R   1006 

sance,  en  donner  une  autre  explication.  J'ignore  quel  sort  lui  réserve 
l'avenir,  mais  il  nie  semble  que  beaucoup  de  faits  parlent  en  sa  faveur. 
Les  sucs  des  glandes  thyroïdes  et  pitaitaires  modifient  à  de  grandes  dis- 
lances la  croissance  des  squelettes,  on  comprend  a  fortiori  que  les  poison-^ 
sécrétés  par  le  muscle  agis.sent  sur  l'os  dans  un  voisinage  immédiat, 
quand  ce  ne  serait  même  que  les  substances  acides  dont  la  présence  em- 
pêcherait les  dépôts  calcaires  de  se  former  localement. 

.le  ne  sais,  je  le  répète,  comment  cette  hypothèse  supportera  l'épreuve 
des  expériences  futures,  je  tenais  du  moins  à  bien  préciser  sa  portée, 
puisque  je  n'avais  pas  su,  dans  mon  premier  article,  la  rendre  suffisam- 
ment claire  à  ceux  (]ui  m'ont  fait  l'honneur  de  la  discuter. 


contribution  a  l'histoire  des  megalithes 
Par   m.  g.  Hervé. 

-M.  (i.  Hervé  entretient  la  Société,  dans  une  brève  communication,  d'un 
document  ayant  jusqu'ici,  semble-t-il.  passé  inaperçu,  encore  que  de 
nature  à  appeler  l'attention  des  préhistoriens  et  des  traditionnistes  pour 
qui  ce  que  l'on  peut  appeler  la  .survivancp  des  cultes  tnégalithiques  est  sujet 
d'intérêt. 

Les  faits  relatés  dans  ce  document,  et  qui  remontent  au  xv^  siècle,  nous 
fournissent  tout  d'abord  une  des  premières  mentions  précises  que  l'on 
possède  de  monuments  mégalithiques,  définis  a  la  fois  par  leur  situation 
et  par  leur  espèce.  Or,  on  sait  combien  sont  rares,  antérieurement  au 
xvn"  et  presque  même  au  xv!!!"^  siècle,  les  observations  de  ce  genre;  car 
les  canons  des  plus  anciens  conciles  (vio-viiio  siècle)  se  bornent  d'une 
façon  générale  à  jeter  l'interdit  sur  les  pierres  qu'honorait  la  superstition 
ou  auxquelles  elle  acquittait  des  vœux,  mais  ils  n'en  spécifient  ni  l'em- 
placement ni  les  caractères. 

D'autre  part,  si  le  Folk  Lore  français  est  intiniment  riche  en  traditions 
où  les  pierres  consacrées  par  la  foi  populaire  se  trouvent  associées 
à  l'existence  des  lutins  et  des  fées,  au  culte  du  diable,  à  la  présence  et  la 
recherche  de  trésors  cachés,  ce  que  Ion  connaît  de  ces  croyances,  de  ces 
pratiques  superstitieuses,  a  presque  toujours  été  rapporté  par  ouï-dire, 
après  avoir  passé  de  bouche  en  bouche  durant  des  séries  de  générations  ; 
et  l'on  compterait  les  cas  oii  des  témoins  oculaires,  bien  plus  encore  les 
acteurs  eux-mêmes  sont  venus  raconter  les  scènes  et  cérémonies  secrètes 
auxquelles  ils  ont  pu  ou  assister  ou  prendre  part. 

C'est  précisément  un  récit  fait  dans  de  telles  conditions  que  nous  livre 
la  procédure  suivie  à  Nantes,  en  1440,  contre  Gilles  de  Laval,  maréchal 
de  France  et  sire  de  Rays. 

La  légende,  qui  s'est  emparée  de  bonne  heure  de  ce  sadique  et  effroyable 


c.  HERVK.  — t:(»^f^n[B^Tlo^•  \  i.  iiisthihk  uk<  MKUALirtiK-  71 

personnage,  lui  a  sans  doiilf  lipauroup  pi-ôlé.  Peut-être  succomba-t-il, 
ainsi  que  M.  S.  Heinach  l'a  récemment  soutenu,  sous  des  acuisalians 
que  la  justice  n'avait  pas  été  seule  à  inspirer.  Toujours  est-il  que  ses 
avHux  mémps  pt  ceux  fie  sps  complices,  s'ils  n'ont  point  été  dénaturés, 
nous  le  montrent  dûment  convaincu  d'opérations  de  sorcellerie,  de 
magie,  de  démonolàtrie.  Comme  beaucoup  de  ses  contemporains,  Gilles 
de  Laval  croyait  à  l'action  des  puissances  infernales;  il  entretenait, 
attachés  à  sa  personne,  des  astrologues,  des  nécromants  et  invocateurs 
(dont  le  plus  célèbre  fut  l'Italien  François  Prelati,  de  Florence);  il  se  livrait 
en  leur  société  à  l'évocation  des  démons  et  à  la  poursuite  de  l'or. 

Un  de  ses  complices  et  artidés,  condamné  avec  lui  et  qui  avec  lui  subit 
le  supplice,  Etienne  Cornillaut  dit  Pontou,  fit  à  ce  sujet,  devant  le  tribunal 
présidé  par  Pierre  de  l'Hospital,  grand  juge  de  Bretagne,  des  déclarations 
circonstanciées.  Elles  ont  été  recueillies,  et  nous  donnent  à  lire,  entre 
■tutres,  ce  qui  suit  : 

«  —  Ne  iùtes-vous  pas  témoin  (I'huIits  in.iléliics  et  invocations  diaboliques? 
demanda  le  président  de  Bretagne. 

«  —  Si  fait,  messire  ;  car  monseigneur  (Gilles  de  Rays)  ordonnait  que  je 
restasse  le  plus  possible  à  ses  côtés...  Jetais  en  peine  dassister  à  une  invoca- 
tion, pt  priai  maître  François  (Prelati)  de  m'avertir,  ce  qu'il  fit  de  l'aveu  de 
monseigneur.  Une  nuit,  par  un  grand  vent,  monseigneur  et  maître  François 
eurent  fantaisie  d'invoquer  certain  démon  qui  tient  sous  sa  puissance  les  trésors 
rachés  :  nous  partîmes  de  Macheooul  vers  la  mi-nuit,  rouverts  de  <^.apes  de  pluie, 
oar  il  viMitait  o\  pleuvait  à  merveille  ;  nous  allâmes  ainsi  pn  an  pré  où  sont 
rlr  f/randes  pierres  levées.  Maître  François  traça  un  cercle  magique  avec  un 
nutelas  trempé  dans  le  sang,  et  planta  ledit  coutelas  au  milieu,  la  pointe 
<\\  haut  ;  après  quoi  il  nous  dit  de  venir  dans  le  cercle,  pour  éviter  l'atteinte 
lies  démons,  et  il  alluma  une  torche,  en  appelant  Barion  et  autres  diables. 
J'eus  merveilleuse  peur  à  ces  cris,  et  j'aurais  fait  le  signe  de  la  croix,  si  mon- 
seigneur et  maître  François  ne  m'eussent  eonjun-de  n'en  rien  faire,  sous  peine 
de  nous  perdre  tous.  Barion  el  les  autres  ne  vinrent  pas  loutefois  à  l'appel, 
i-l  maître  François  prétendit  que  c'était  moi  qui  les  en  empèrbais.  eoiiime  ayant 
liaiiie  et  rancune  contre  eux.  Donc,  je  ne  vis  et  ir<'nteiidis  rien,  si  ce  nest 
le  tonnerre  et  la  pluie  qui  redoublaient.  Mais.  T'iaiil  sorti  du  ceicb'  et  avant 
éteint  la  torche,  je  sentis  un  grand  cliien  qui  passait  dans  mes  jambes,  et  qui 
me  lit  presque  choir.  Maître  François  assura  que  ce  cliien  n'était  autre  <|ue 
Harion.  et  qu'un  trésor  devait  exister  caché  dans  ce  pré...  »  '. 

En  résumé,  il  y  a  là,  raconté  par  un  assistant,  un  cas  type  de  cérémonie 
mégalithique  :  scène,  un  lieu  désert,  planté  de  menhirs,  de  pierres  levées; 
la  cérémonie  s'adresse  au  diable  ;  la  découverte  d'un  trésor  caché  en  est 
|p  but. 

Reste  l'authenticité  du  document.  .M.  Hervé,  naturellement,  s'en  est 
préoccupé.  Quoique  les  textes  cités  par  Paul  Lacroix  (P.-L.  Jacob)  repro- 


•  P.-L.  Jacob.  —  fJuriosités  de  l'histoire  de  France  (2«  série,  Procès  célèbres),  1858. 
p.  84. 


72  1"    FKVRIKIÎ     lOOfi 

duisent  «  la  copie  qu'Anne  de  Bretagne  avait  fait  faire  dans  les  archives 
de  Nantes,  et  qui  existe  encore  h  la  Biblioth<^que  (Nationale),  n"  8357 
de  l'ancien  fonds  »  ;  quoi  qu'ils  aient,  en  outre,  pour  garant  «  un  extrait 
fait  avi^c  soin  sur  les  originaux,  détruits  en  partie  à  l'époque  de  la  Révo- 
lution, et  beaucoup  plus  circonstancié,  beaucoup  plus  fidèle  aussi,  que 
la  rédaction  abrégée  due  aux  secrétaires  d'Anne  de  Bretagne  '  »,  une 
demande  a  été  adressée,  grâce  ii  l'obligeance  de  M.  Paul  Sébillot,  à  M.  l'ar- 
chiviste de  la  [joire-lnférieure.  qui  a  bi^n  voulu  promettre  de  vérifier  sur 
les  pièces  originales. 

Discussion 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  me  permets  de  faire  remarquer  que  les  cita- 
lions  de  Mégalithes  dans  les  documents  historiques  ne  sont  peut-être  pas 
aussi  rares  qu'on  le  croit.  .J'en  ai  découvert  en  assez  grand  nombre  déjà, 
principalement  dans  les  vieilles  chartes;  on  en  trouvera  d'autres.  Les 
mentions  de  cet  ordre  deviennent  plus  fréquentes  encore  dans  les  relevés 
de  pi-opriétés  à  partir  du  xviie  siècle.  Il  suffit  d'y  chercher  avec  soin. 

La  trouvaille  de  M.  Hervé  est  fort  intéressante;  mais  il  est  probable 
que  les  «  grandes  pierres  levées  »  en  question  devaient  être  assez  éloignées 
de  Machecoul,  situé  d'ailleurs  sur  le  bord  d'un  marais  où  il  ne  peut  y  avoir 
de  mégalithes  S  puisqu'il  est  de  formation  post-romaine  (Marais  Breton, 
ancien  golfe  de  Machecoul).  En  eiïet,  on  n'en  connaît  pas  aujourd'hui 
dans  celte  commune  à  ce  que  nous  sachions;  et  M.  P.  de  l'Ile  du  Drenem 
n'en  cite  aucun  dans  son  ouvrage  classique  ■''.  Il  est  vrai  que  ces  pierres 
(menhirs  ou  dolmens),  ont  pu  être  détruits  depuis  l'époque  de  Gilles  de  Retz. 
Il  y  a,  par  contre,  des  mégalithes  dans  les  communes  voisines  (Ste-Pa- 
zanne,  Port  St  Père,  etc. 

xM.  IIionvÉ  dit  que  la  légende  de  Barbe-Bleue,  aussi  bien  que  la 
validité  des  accusations  portées  contre  (îilles  de  Rays,  reste  étrangère 
à  sa  communication.  Toute  la  question  est  de  savoir  si  la  scène  de  l'évo- 
cation dans  un  champ  de  pierres  levées  a  été  exactement  rapportée  par 
P.  Lacroix;  rien,  jusqu'à  présent,  ne  permet  d'en  douter.  (Juant  à  la  dif- 
(Irullé  de  retrouver,  aux  environs  de  Machecoul,  un  lieu  répondant  à  la 
dcsonptiijn,  il  faut  bien  reconnaîtra  que  les  pierres,  depuis  quatre  siècles 
et  plus,  ont  eu  le  temps  d'être  détruites. 

M'.  Paul  SÉbiLLOT.  —  La  communication  de  M.  le  U'  Hervé  est  fort  inté- 
ressante :  elle  ajoute  une  mention  relativement  ancienne  à  celles  assez 
rares  qui  s'appliquent  avec  certitude  à  des  dolmens,  des  menhirs  ou  des 


*  Op  cit ,  p.  .3. 

-  Il  est  dit  :  «  Pierres  levées  dans  un  pré  ».  Mais  ce  pré  ne  devait  pas  être  dans  le 
Marais. 

3  P.  DE  l'Ile  du  Drenem.  —  /)/rf.  du  Hi-ii.  Avchénl.  de  la  Loirc-Inferieure,  a 
Nantes,  ihiST,  iii-8',  toine  1. 


DESPLAGNES.   —   [.E  PLATEAl    CENTRAL  NIGÉRIEN  73 

alignements.  Les  écrivains  antérieurs  à  la  lin  du  xvui"  siècle  qui  parlent 
des  superstitions  et  des  cultes  qui  s'attachent  aux  pierres,  ne  s'expriment 
pas  toujours  avec  assez  de  clarté  pour  que  l'on  sache  au  juste  s'il  s'agit 
de  mégalithes  véritables  ou  de  gros  blocs  naturels  qui  sont  l'objet  de 
croyances  très  apparentées,  parfois  même  identiques.  D'autre  part,  si  les 
réunions  de  sorciers  et  de  sorcières,  leurs  danses  où  leurs  divers  ébats  se 
tiennent  assez  fréquemment  dans  le  voisinage  des  pierres  légendaires,  les 
opérations  de  sorcellerie  du  genre  de  celle  qui  est  décrite  dans  le  passage 
dont  il  vient  d'être  donné  lecture,  sont  à  ce  point  rare  que  dans  les  nom- 
breuses recherches  rétrospectives  que  j'ai  faites  pour  réunir  les  matériaux 
du  Folk-Lorp  dr  France,  dans  le  dépouillement  du  traité  de  démonologie  et 
de  sorcellerie,  je  n'ai  pas  rencontré  d'exemple  aussi  caractérisé  que  celui 
qui  est  rapporté  dans  le  procès  de  Gilles  de  Retz. 


LE  PLATEAU  CENTRAL   NIGERIEN 

I'ar  .m.  le  Lieutenant   Desplagnes. 

Dans  la  partie  moyenne  de  son  cours,  après  avoir  reçu  le  Bani  sorti 
comme  lui  des  plateaux  de  la  (iuinée  et  du  Libéria,  le  Niger  décrit  un 
grand  arc  de  cercle  vers  le  Nord,  autour  d'un  haut  massif  rocheux  véri- 
table plateau  central  soudanais. 

Ce  sont  les  contreforts  N.-E.)  de  ce  plateau  que  le  fleuve  a  rompu  et 
franchi,  ditïicilement  dans  la  branche  orientale  de  son  cours  pour  se 
frayer  un  chemin  vers  le  golfe  de  Guinée  au  Sud;  tandis  que  ses  eaux 
s'étaient  librement  el  largement  étalées  dans  la  plaine,  à  TOuest,  au  pied 
des  falaises  rocheuses  avant  d'atteindre  le  point  culminant  de  sa  course 
dans  le  Nord  vers  ïombouctou. 

Dans  cette  immense  [)laine  symétriquement  et  de  chaque  côté  de  son 
lit  principal,  les  inondations  emplissent  les  cuvettes  du  sol  et  forment 
deux  belles  régions  lacustres  qui  retiennent  les  eaux  fertilisantes. 

Dès  la  première  année  de  notre  installation  dans  le  Nord'de  la  Boucle 
après  la  prise  de  Tombouclou  la  région  lacustrp  du  Nord -Ouest  dont 
Goundam  occupe  le  centre  fut  rapidement  connue,  étudiée  et  relevée  car- 
tugraphiquement,  nos  colonnes  ayant  été  obligées  de  la  parcourir  en  tous 
sens  pour  assurer  la  soumission  des  Touaregs. 

Au  contraire,  pendant  cette  période  de  conquête  et  d'organisation,  la 
région  lacustre  du  Sud-Est  s'étendant  au  pied  du  plateau  de  Bandiagara, 
fut  un  peu  négligée  car  elle  faisait  partie  des  États  d'un  de  nos  grands 
tributaires,  le  fama  de  .Maçina. 

Aussi,  jusqu'à  ces  dernières  années,  elle  n'était  que  vaguement  connue 
par  les  itinéraires  de  Barth  et  les  reconnaissances  de  quelques  officiers. 
Chargé  par  l'.Vcadémie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  rechercher 


~\  1"    KKVMIKR    19()fi 

les  vestiges  il'une  anliquf  civilisaliun  pr/'hisliMinue  dont  les  munumenls 
s'élèvent  nombreux  ilans  lonle  celle  région  Nord,  j'ai  pu,  pendant  ces 
trois  dernières  années,  relever  topographiquement  ce  bassin  lacustre 
ainsi  que  le  plateau  rocheux  qui  en  lorme  le  rebord  Sud,  et  pendant  ce 
voyage  d'étude  j'ai  recueilli  quelques  documents  intéressants  tant  au 
point  de  vue  géographique  qu'ethnographique  et  économique;  aussi, 
vais-je  résumer  rapidement  les  dillérenls  aspects  de  cette  région  afri- 
caine. 

Le  système  montagneux  du  massif  central  de  l;i  boucle  nigérienne 
se  trouve  constitué  par  un  énorme  soubassement  de  grès  généralement 
ferrugineux  orienté  S.-U.  N.-E.  faisant  suite  aux  plateaux  granitiques  du 
Haut-Dahomey  et  dont  les  ramifications  vont  dans  le  N.-E.  se  ressouder 
aux  plateaux  de  l'Adrav  oriental  en  plein  Sahara. 

Au-dessus  de  ce  soubassement  se  dressent  des  séries  de  plateaux,  mas- 
sifs rocheux,  tables,  pitons,  séparés  les  uns  des  autres  par  de  profondes 
cassures.  Ils  dominent  de  4  à  600  mètres  les  plaines  environnantes,  for- 
mant de  véritables  masses  chaotiques  érigeant  brusquement  dans  le  ciel 
clair  leurs  silhouettes  découpées,  leurs  rochers  monstrueux  et  leurs  pics 
isolés. 

Toutefois,  le  rebord  des  grands  plateaux  se  présente  le  plus  souvent 
sous  la  forme  de  murs  abrupts  surplombant  une  série  d'éboulis  escarpés 
d'où  le  nom  de  Falaises  de  Bandiagara,  de  Hombori,  etc,  qui  leur  a  été 
donné. 

La  partie  supérieure  de  ces  plateaux  est  traversée  par  de  fortes  rides 
rocheuses  toutes  dirigées  vers  le  N.-E.  au  pied  desquelles  coulent  des  tor- 
rents dans  des  ravins  encaissés. 

L'aspect  général  de  ces  provinces  montagneuses  rappelle  assez  bien  nos 
causses  du  Quercy. 

Tout  ce  massif  délimite  le  rebord  sud  de  la  grande  cuvette  lacustre 
nigérienne,  reste  d'une  mer  intérieure  dans  laquelle  se  jetaient  les  grands 
Oueds  sahariens  ainsi  que  le  démontrent  les  documents  rapportés  par 
M.  E.  F.  Gautier  au  rdour  de  son  récent  voyage  (Planclie  1,  n"  2,  aspect 
de  la  montagne). 

Actuellement,  le  Niger  ayant  rompu  ses  digues  naturelles  et  s'étant 
creusé  un  lit  à  travers  les  seuils  rocheux  de  l'Est,  il  ne  reste  de  ce  primitif 
bassin  intérieur  que  la  double  série  des  grands  lacs  nigériens  au  Nord  et 
au  Sud  du  fleuve  qui  prolongent  et  retiennent  une  partie  de  l'inondation 
au  milieu  des  sables. 

En  effet,  seul  le  Niger  avec  ses  inondations,  ses  dérivations  et  ses 
déversoirs,  constitue  tout  le  régime  stable  des  eaux  de  la  région  ;  car  les 
masses  liquides  jetées  dans  le  pays  par  les  tornades  de  l'hivernage  n'ar- 
rivênt  pas  à  i;onstituer  un  régime  régulier.  Elles  forment  des  mari- 
gots torrentueux  dans  la  montagne,  s'épandant  brusquement  dans  la 
plaine  où  elles  se  voient  absorbées  par  les  terrains  sablonneux,  ou  rete- 
nues temporairement  par  les  cuvettes  naturelles  formant  des  mares  de 
peu  de  durée. 


DESPLAGNES.   —   I.E  l'I.ATEAl    (.ENTKAL   NIGÉRIEN  75 

Toutes  ces  eaux  d'orages  sont  divisées  par  le  plateau  centrai  nigérien, 
qui  leur  sert  de  ligne  de  partage,  entre  les  deux  branch<'>  du  Nigt^T  -.mi 
Nord  et  à  l'Est  et  la  V'olta  au  Sud. 

Dés  la  fin  de  septembre,  grossi  du  Bani  collecteur  des  torrents  d'eau 
que  l'hivernage  a  déversé  dans  la  région  forestière,  le  Niger  couvre  de 
ses  inondations  toutes  les  provinces  riveraines  de  la  région  qui  ressem- 
blent alors  k  de  vastes  prairies  d'où  émergent  sur  les  îlots  de  sable  les 
paillotles  des  villages  entourés  de  leurs  palmiers  de  Thébaïque. 

Kii  novembre  et  en  décembre  l'eau  se  cherche,  par  d'innombrables 
canaux  entre  les  dunes,  un  chemin  vers  les  bas-fonds  dp  la  cuvette  et 
forme  alors  îles  chapelets  de  lacs. 

En  janvier  la  crue  se  termine  et  les  eaux  refluent  vers  le  Niger,  laissant 
à  découvert  des  terrains  immédiatement  cultivables  ;  autour  d'une  réserve 
d'eau  qui  subsistera  toute  l'année. 

Dans  la  région  Sud,  au  pied  de  la  Falaise,  ces  lacs  sont  au  nombre 
d'une  douzaine  formant  deux  groupements  principaux  ayant  chacun  leurs 
canaux  de  remplissage  particuliers.  Cependant  ils  sont  reliés  entre  eux 
par  un  large  marigot,  le  Foko. 

Ces  lacs  sont  d'abord  le  Kararou,  l'Oumi,  l'Haougondou,  le  Nyamga'i  et 
le  Dû  qui  forment  le  premier  groupement  lacustre  au  pied  de  la  Falaise, 
recevant  dès  octobre  les  premières  eaux  de  la  crue;  dès  que  son  remplissage 
est  terminé,  au  milieu  de  décembre,  il  se  déverse  par  le  Foko  dans  le 
second  groupement  (Bado,  (îarou-Gakoré,  Tinguéré,  Titolaouen,  Kabongo, 
Haribongo,  etc  ..)  qui  lui-même  était  en  relation  avec  le  grand  fleuve  et 
la  zone  inondée,  aux  environs  d'El-Oualdji  près  de  Tombouctou. 

Malheureusement  le  régime  des  eaux  du  Niger  étant  très  instable,  ces 
immenses  cuvettes  ne  sont  complètement  remplies  qu'aux  années  de 
grandes  inondations.  Aussi,  lorsque  la  crue  vient  a  manquer,  ces  lacs  ne 
sont  pas  réalimentés,  et  peu  à  peu  comme  les  «  Daouna  «  du  nord  de 
(joudam,  ils  se  dessèchent  complètement  et  sont  perdus  pour  l'agriculture 
jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle  grande  crue  vienne  les  féconder.  (Plancy  1, 
n"  3,  types  de  pécheurs  Bozos,  descendants  des  primitifs  nigériens.) 

Malgré  cette  instabilité,  l'immense  plaine  nigérienne  toujours  bien 
irriguée,  merveilleuse  zone  de  pâturages,  et  riche  terre  à  céréales,  fut  de 
fout  temps  un  puissant  attrait  pour  les  peuples.  Aussi  cette  région  afri- 
caine parait  avoir  été  très  peuplée  dès  la  plus  haute  antiquité. 

A  l'âge  de  la  pierre  polie  africaine,  une  brillante  et  dense  civilisation 
régnait  dans  toute  cette  région  :  de  nombreux  monuments  mégalithiques, 
une  grande  quantité  d'armes  et  d'instruimmts  en  pierre  témoignent 
amplement  de  l'industrie  avancée  de  ces  populations  ii  cett>^  époque 
primitive. 

l/observation  des  monuments  mégalithiques  qu  ils  nous  ont  laissés, 
l'étude  des  objets,  instruments  et  ossements  recueillis  dans  leurs  tombeaux, 
enfin  les  dilTérents  produits  de  leur  industrie  paraissent  devoir  nous 
donner  l'indication    de  rechercher  vers  l'Est  l'origine  première  de  ces 


Tfi  i"'  FévHiF.n   !906 

aborigènes  tous  proches  parents,  saii>  doute  des  ancêtres  de  populations 
éthiopiennes  actuelles  Gallas-Somalis. 

J'ai  pu  recueillir  une  belle  série  de  ces  documents,  témoignage  d'une 
époque  lointaine.  Actuellement  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  cette 
collection  tigurera  en  partie  à  l'Exposition  de  Marseille  et  au  Musée 
d'Ethnographie  du  Trocadéro  avec  les  objets  en  métal  recueillis  dans  les 
tombeaux  de  ces  primitifs. 

Car  bieu  avant  notre  ère,  ces  populations  connurent  l'art  de  travailler 
les  métaux,  de  tisser  les  étoffes,  de  fabriquer  des  poteries,  et  nous  en 
trouvons  de  multiples  témoignages  dans  les  gigantesques  tumuii  que  ces 
populations  riveraines  du  fleuve  élèvent  dans  toute  cette  vallée  nigérienne 
pour  servir  de  tombeaux  à  leurs  chefs. 

Mais  les  populations  nomades  et  pastorales  sahariennes  refoulées  du 
Nord  par  l'arrivée  des  peuples  nouveaux  furent  sans  cesse  attirées  vers 
ces  beaux  pâturages  toujours  irrigués.  De  même  les  tribus  sauvages  des 
forêts  du  Sud  cherchèrent  de  tout  temps  à  se  faire  jour  vers  les  clairières 
du  Nord,  terres  à  céréales  et  à  élevage.  Tous  ces  peuples  nouveaux  se 
jetèrent  sur  le  Soudan  en  formant  de  grandes  confédérations  politiques, 
ils  créèrent  des  clans  de  tribus  prenant  des  noms  d'animaux  comme 
emblème,  et  successivement  chacun  d'eux  chercha  à  établir  sa  suprématie 
dans  la  vallée  du  fleuve.  Mais  les  uns  et  les  autres,  pasteurs  et  chasseurs 
venus  des  déserts  du  Nord,  cultivateurs  et  trappeurs  sortis  des  forêts  du 
Sud,  étaient  également  inaptes  aux  travaux  de  l'industrie,  de  la  construc- 
tion et  des  arts.  Aussi  réduisirent-ils  en  servage  les  primitifs  en  formant 
avec  eux  une  sorte  de  caste  de  serfs  industriels,  gens  non  libres,  supé- 
rieurs aux  esclaves,  mais  avec  lesquels  les  membres  du  clan  vainqueur 
ne  devaient  pas  s'allier.  C'est  ainsi  que  nous  trouvons  dans  les  forgerons, 
les  tisserands,  pêcheurs,  potiers,  griots,  une  grande  partie  des  primitifs 
asservis,  alors  que  quelques-unes  de  leurs  tribus  arrivaient  à  conserver 
leur  indépendance,  leurs  coutumes  et  leurs  traditions  en  se  réfugiant  soit 
dans  les  îles  du  fleuve  (Sorkos),  soil  dans  les  sites  escarpés  des  mon- 
tagnes (Habbès).  {Planche  II,  n"»  4,3;  Planche  I.  n"  1  et  Planche  IJI,  n»  2. 
Tumuii,  Inscriptions). 

Ces  Habbès  ne  constituent  pas  actuellement  une  race  particulière,  car  au 
courant  des  siècles  ils  se  sont  métissés  avectousles  groupements  noirsqui, 
chassés  de  la  plaine  fertile  par  l'arrivée  de  nouveaux  conquérants,  venaient 
demander  un  refuge  et  la  liberté  aux  escarpements  des  plateaux  rocheux. 
Cependant  leurs  traditions,  coutumes,  mœurs,  habitations,  industries, 
idées  religieuses  les  différencient  complètement  des  populations  noires  de 
notre  Soudan  occidental  et  même  de  leurs  frères  asservis  dans  les  pJaines 
qui  ont,  en  grande  partie,  adopté  le  langage,  les  coutumes  et  la  religion 
des  derniers  envahisseurs. 

En  général  grands,  de  teint  très  noir,  la  face  presque  orthognate,  ces 
indigènes  se  sont  construit,  sur  les  flancs  des  falaises  au  sommet  des 
éboulis,  des  villages  fortifiés  avec  de  véritables  maisons  ne  ressemblant 
en  rien  aux  agglomérations  de  paillottes  et  de  huttes  des  noirs  soudanais. 


KFSPI.AiiNKS.   —   LE   PI.ATF.Ar  CENTKAl,  Nir,KRIE\  77 

Habitations.  —  Les  maisons,  généraleriit-nl  à  l'tages,  sont  construites 
soit  en  briques  rectangulaires,  soit  en  pierres  posées  les  unes  sur  les 
autres  avec  un  art  véritable;  elles  rappellent  les  maisons  de  Tombouctou 
et  de  Djenné  dont  les  constructeurs  appartenaient  à  leur  race.  Les  cham- 
bres à  coucher  sont  au  premier  étage  et  on  y  accède  le  plus  souvent  par 
une  échelle  faite  d'une  grosse  fourche. 

Les  toitures  sont  en  terrasses  et  l'écoulement  des  eaux,  de  la  saison  des 
pluies  y  est  assuré  par  de  petites  gargouilles  en  bois. 

I..es  cases  des  chefs  et  des  notables  sont  décorées  sur  la  fat^ade  exti'- 
rieure  d'une  ornementation  en  terre  ou  en  brique  foiinée  de  colonnades 
ou  d"ogives  superposées  d'un  elfet  décoratif  des  plus  inattendus  ;  de  même 
les  serrures,  les  panneaux  des  portes  et  les  volets  sont  souvent  sculptés 
trt^s  originalement. 

Dans  cliaque  famille  les  récultes  sont  enfermée>  dans  des  greniers  en 
l'orme  de  tour,  également  ornementés,  et  dans  les  villages  en  bordure  dès 
la  plaine  du  Sud  ces  «  Kroukrousà  mil  »  sont  coiffés  de  grands  chapeaux 
de  paille  qui  leur  donnent  un  aspect  pittoresque  de  clochers. 

Entin,  au  dessus  des  villages,  dans  les  parois  verticales  des  rochers  ou 
dans  les  sites  escarpés  des  pics  sont  accrochées  aux  aspérités  de  la  mon- 
tagne^ d'innombrables  petites  constructions  en  briques  ou  en  maç^-onnerie, 
auxquelles  on  ne  peut  souvent  accéder  que  par  des  crampons  de  fer  plan- 
tés dans  le  roc  et  en  se  hissant  par  des  cordes.  {Planche  IV,  n"^  1,  2,  3; 
Planche  II,  n"  2;  Planche  III,  n°  i.  Villages  et  constructions.) 

(higines.  —  Les  légendes  attribuent  ces  constructions  aux.  premiers 
habitants  de  la  région,  ancêtres  des  populations  actuelles,  des  hommes 
rouge-cuivré  venus  du  Nord  et  les  alliés  aux  noirs  pécheurs  primitifs  et 
aux  nains  des  montagnes.  Ces  petites  cases  paraissent  avoir  été  habitées 
et  avoir  servi  les  unes  de  retraite  contre  les  envahisseurs,  les  autres  de 
greniers  pour  mettre  en  sûreté  les  provisions  de  l'éservc,  enfin  d'autres 
de  tombeaux  pour  les  ancêtres. 

doutumes.  Organisation  sociale.  —  Parmi  les  plus  curieuses  coutumes  qui 
se  sont  le  mieux  conservées  chez  ces  populations  subsistent  les  restes 
d'une  organisation  sociale  des  plus  inattendues  chez  ces  primitifs  noirs. 

Alors  que  chez  toutes  les  populations  voisines  nous  voyons  se  créer  de 
véritables  féodalités  dès  qu'elles  ont  cherché  à  perfectionner  l'organisa- 
tion anarchique  du  village,  souvent  simple  groupement  de  familles  indé 
pendantes,  nous   trouvons   au    contraire  chez    les  Habbès  un   véritable 
régime  théocratique  électif. 

Hogon.  —  En  effet,  dans  chaque  groupe  de  village  composé  de  gens  de 
la  même  famille,  ou  d'une  même  origine,  les  chefs  de  famille  âgés, 
vieillards  prudents  et  sages,  interprètes  des  génies  familiaux,  véritables 
esprits  des  ancêtres  nomment,  à  l'élection  généralement,  un  chef  nommé 
u  Hogon  »  (cependant  dans  les  petits  groupements  familiaux,  le  pouvoir 


78  !•'■  iKVKiK»   I90H 

de  Hogoii  nnienl  île  droit  au  vieillard  ji-  plus  Agé  de  la  liilni,  grand  prêtre 
naturel  des  esprits  ancestraux). 

Tous  ces  llogons  de  cantons  réunis  désignent,  en  grande  assemblée, 
l'un  d'entre  eux  comme  grand  chef  suprême  de  la  confédération,  prési- 
dent du  conseil  des  vieillards. 

Aujourd'hui  ce  Har  Hogon  n'a  plus  qu'une  vague  puissance  religieuse, 
mais  autrefois  son  pouvoir  était  ahsolu  comme  grand  chef  politique,  jus- 
ticier et  religieux.  Toutefois,  quoique  le  chef  de  la  guerre  fût  sous  ses 
ordres  directs,  le  Hogon  n'eut  jamais  entre  les  mains  la  puissance  mili- 
taire, car  il  est  de  son  strict  devoir  de  vivre  seul  dans  la  retraite,  sans  se 
déplacer,  auprès  des  autels  de  la  patrie.  En  revanche,  gr<\ce  à  son  carac- 
tère religieux,  il  jouissait  en  temps  de  guerre  d'une  immunité  complète  et 
sa  personne  restait  intangible  même  dans  une  ville  prise  d'assaut. 

Aussi  dans  les  siècles  passés  son  autorité  morale  s'étendit  très  loin  dans 
toute  la  boucle  nigérienne  el  l'un  d'eux  vit  même  sa  renommée  parvenir 
en  Europe. 

En  effet,  les  Portugais  eurent  un  moment  l'idée,  vers  la  fin  du  \v*  siècle, 
d'adresser  une  ambassade  au  Hogon  qui  gouvernait  alors  les  Moschis  et 
dont  l'existence  leur  avait  été  révélée  par  le  Wolof  Bemoy. 

Idées  reli(/iei(ses.  —  Cette  organisation  sociale  imprévue  a  pour  origine 
la  conception  particulière  que  ces  peuples  se  sont  faite  de  la  Divinité  et 
des  Êtres  supérieurs  qui  sont  censés  peupler  l'univers. 

En  général  ces  Habbès  croient  à  l'existence  d'une  Divinité  toute  puis- 
sante nommée  Amba,  Amma,  Ammo,  souveraine  dispensatrice  des  événe- 
ments heureux  et  malheureux;  mais  ce  Dieu  résiderait  dans  les  immen- 
sités célestes,  très  loin  des  infimes  événements  humains,  dont  il  s'occupe 
fort  peu.  En  revanche,  comme  la  majorité  des  populations  soudanaises 
d'ailleurs,  ces  montagnards  sont  convaincus  de  l'existence  d'une  foule 
d'êtres  supérieurs  d'importance  et  de  puissance  variables  qui  ont  en 
apanage  les  différents  sites  terrestres  près  desquels  ils  habitent.  Ces 
génies  du  lieu  sont  de  caractères  indépendants  mais  en  général  bien- 
veillants, ils  protègent  les  humains  établis  sur  leur  apanage  terrestre, 
qui  se  sont  acquis  leur  protection  spéciale  et  qui  les  honorent  habituelle- 
ment par  des  sacrifices  et  des  libations.  Un  des  caractères  les  plus  curieux 
de  cette  protection  est  qu'elle  se  trouve  exclusivement  réservée  à  l'homme, 
à  la  famille  ou  au  groupement  qui  le  premier  a  fait  alliance  avec  cette 
puissance  divine,  et  avec  qui  il  a  été  échangé  un  signe  de  reconnaissance 
(nommé  par  nous  improprement  Gris-Gris  comme  les  amulettes).  Ce 
signe  sacré  est  le  seul  lien  qui  réunit  extérieurement  la  divinité  à  son 
protégé  ou  à  ses  descendants  et  seule  la  possession  de  cet  objet  peut 
obliger  «  le  Dieu  »  à  révéler  sa  puissance  et  à  intervenir  en  faveur  de  ses 
protégés. 

Par  suite,  les  «  Gris-Gris  »  du  village  et  des  familles  sont  soigneusement 
cachéset  jalousement  gardés.  Seuls  les  vieillardsconnaissent  leur  cachette; 
le  Hogon  les  garde  généralement  près  des  autels  de  la  patrie  et  des  malé- 


DESl'I.AdNES.  —   I.K  l'I.ATKM'  CK.NTHVl.  M<;KK1KN  7*1 

(licliuns  terribles  sont  à  craindre  pour  ceux  «(ui  s'approclieiit  ilii  li.Mi  mi 
on  les  a  placés,  car  leur  vol  ou  leur  perle  enlèverait  tout  droit  à  la  pro- 
tection divine. 

Plusieurs  faits  historiques  sont  en  concordance  avec  cette  croyance, 
.^u  Mossi  dans  la  plupart  des  révolutions  nous  voyons  les  compétiteurs 
chercher  immédiatement  à  s'emparer  des  x  Gris-(iris  »  protecteurs  avant 
môme  de  tenter  la  lutte. 

dette  idée  d'alliance  personnelle  avec  la  tlivinilé  locale  et  les  pro- 
priétaires du  sol  obligea  souvent  les  conquérants  envahisseurs  à  faire 
montre  d'une  certaine  modération  envers  les  vaincus,  car  il  est  admis 
que  si  le  maître  maudit  le  sol  celui-ci  reste  improductif. 

Cependant  ce  pays  ayant  été  malgré  tout  le  théâtre  de  nombreuses 
luttes,  une  partie  de  sa  population  dut  disparaître  ou  émigrer  et  géné- 
ralemenl  on  croit  qu'un  grand  nombre  de  ces  djinns  (génies)  furent 
abandonnés  de  ce  fait  par  leurs  serviteurs  et  laissés  sans  culte. 

Devenues  vindicatives  et  méchantes,  ces  divinités  s'acharnèrent  depuis 
sur  les  humains,  suscitant  les  accidents,  semant  les  maladies  et  la  mort 
en  réclamant  des  offrandes. 

Laggam.  —  Naturellement  un  intrigant  est  né  pour  exploiter  cette  idée: 
c'est  le  Laggam,  espèce  de  sorcier  qui  est  censé  être  l'intermédiair»^  sur 
naturellement  désigné  entre  les  divinités  malfaisantes  et  le  village.  Soit- 
disant  en  relation  avec  les  génies,  il  leur  olîre  des  sacrifices  au  nom  de  la 
tribu  pour  les  écarter  et  les  apaiser. 

En  principe  soumis  au  Hogon,  il  reste  cependant  inamovible,  car  sa 
nomination  ne  se  fait  que  trois  ans  après  la  mort  de  son  prédécesseur  et 
lorsque  les  divinités  l'ont  frappé  de  signes  divins  pour  faire  connaître 
leur  choix. 

Les  animaux  sacrés  doivent  aller  coucher  près  de  lui  qui  est  tenu  de 
découvrir  un  collier  et  les  insignes  de  sa  fonction  cachés  dans  la  mon- 
tagne par  les  vieillards,  enfin  en  des  crises  d'hystérie  mystique  il  doit 
prophétiser  devant  la  foule  et  tomber  en  catalepsie. 

Très  craint  des  noirs,  il  habite  seul  au  sommet  de  la  montagne  dans  un^ 
case  très  ornementée  de  sculptures  et  de  bas-reliefs.  Personne  ne  devant 
le  toucher,  il  ne  pénètre  dans  les  villages  que  pour  les  fêtes  religieuses 
afin  de  sacrifier  sur  les  autels  des  divinités  en  les  priant  de  ménager  les 
récoltes. 

A  sa  mort,  seuls  les  gens  du  village  voisin  viennent  l'enterrer  pendant 
la  nuit  et  le  placent  toujours  assis  face  au  nord  dans  une  chambre  funé- 
raire, sous  un  gros  tumulus  dans  la  plaine,  ou  dans  une  fente  de  rochers 
de  la  montagne. 

Tout  ce  qui  lui  a  appartenu  est  sacrifié  ou  brisé  sur  sa  tombe;  sa  mai- 
son et  ses  champs  sont  abandonnés.  {^Planche  F,  n^'  let  3.  Chefs.) 

Avec  ces  génies  locaux  plus  ou  moins  bienveillants,  chaque  famille 
honore  et  prie  les  Esprits  des  Ancêtres  considérés  coumie  des  divinités 
protectrices  et  tutélaires  servant  d'intermédiaires  entre  les  membres  ter- 


HO  !'■'■    KKVKIFR     190fi 

resli'ps  t]c  la  famille  et  le  hiul  puissant  «  Ainha  ».  Un  [irélend  inêni<'  (jue 
ce  sont  eux  qui  se  réincarnent  dans  la  famille  pour  prolonger  la  race  ; 
aussi  chaque  foyer  a  son  autel  des  Ancêtres,  pierre  conique,  devant  lequel 
le  chef  de  famille  oiïre  des  libations  et  des  sacrifices,  à  chaque  événement 
important,  aux  fêles  et  chaque  fois  que  l'on  a  une  requête  à  présenter. 

Le  vieillard  le  plus  Agé  de  la  tribu,  nommé  Kasanna,  considéré  comme 
le  grand  prêtre  des  Esprits  des  .\ncêtres  a  des  honneurs  tout  particuliers 
et  le  plus  souvent  il  cumule  les  fonctions  de  Hogon. 

D'après  cette  conception  de  la  divinité  et  de  ses  relations  avec  les 
humains,  on  comprend  combien  pour  ces  primitifs  la  personne  du  Hogon 
devient  sacrée  et  par  suite,  de  quels  respects  ils  entourent  les  vieillards 
chefs  de  famille  et  le  pins  Agé  d'entre  eux. 

donseil  des  Aneicnt;.  —  Hoi/on.  —  Toutes  les  affaires  du  pays  et  la  jus- 
tice sont  du  domaine  du  Conseil  des  vieillards  que  préside  et  rassemble 
le  Hogon.  Celui-ci  a  pour  premier  devoir  de  faire  exécuter  les  décisions 
de  ce  ('onseil,  et  son  pouvoir  est  tel  en  cette  circonstance  qu'il  lui  suffit  de 
dresser  son  bâton  de  commandement  devant  la  case  du  coupable  pour 
qu'elle  soit  démolie  immédiatement  et  celui  qui  l'habite  banni.  En  vertu 
de  son  caractère  religieux  d'intermédiaire  de  la  divinité,  le  Hogon  est 
chargé  de  la  garde  exclusive  des  «  Gris-Gris  »  protecteurs  et  des  autels 
de  la  cité,  puis  il  offre  les  sacrifices  aux  grandes  fêtes  des  Semailles,  des 
Moissons  et  des  Ancêtres.  Ces  fêtes  ont  lieu  en  public  avec  le  concours  de 
tout  le  peuple,  contrairement  au  mystère  dont  s'entourent  les  cérémonies 
cultuelles  chez  les  Bambaras  et  les  Soudanais  de  l'Ouest. 

Fêtes  religieuses.  — Au  jour  fixé,  le  Hogon,  accompagné  de  tous  les  vieil- 
lards, suivi  par  la  foule  et  les  joueurs  de  trompe  et  de  tambours,  se  rend 
dans  les  rochers  à  l'entrée  de  la  grotte  qui  servit  de  première  habitation 
à  leurs  pères. 

Là  il  fait  sacrifier  un  bouc  noir  et  un  poulet  noir  dont  les  cendres  sont 
jetées  au  vent,  tandis  qu'il  invoque  l'esprit  des  ancêtres;  pendant  cette 
cérémonie  le  peuple  garde  un  silence  religieux. 

Ce  sacrifice  terminé,  le  Hogon  se  rend  à  l'autel  de  la  cité  fait  de  trois 
pierres  coniques,  où  le  Laggam  vient  le  saluer.  (Planche  V/,  n*»  1,  2,  3. 
Autels). 

On  ofïre  alors  aux  divinités  prolectrices  des  libations  et  les  prémices 
des  récoltes  ou  les  graines  à  ensemencer,  puis  on  sacrifie  sur  l'autel  des 
animaux  blancs  :  moutons  ou  bœufs,  dont  la  chair  est  partagée  entre  les 
chefs  de  famille  avec  beaucoup  de  bière  de  mil  préparée  d'avance. 

La  foule  chante  et  danse  pendant  le  sacrifice  et  la  fête  se  prolonge  fort 
tard  dans  la  nuit. 

L'n  grand  nombre  de  jeunes  gens  exécutent,  masqués  et  travestis,  des 
danse-  rituelles,  ils  sont  censés  représenter  l'Esprit  des  Ancêtres.  D'ail- 
leurs, chaque  famille  doit  entretenir  et  orner  plusieurs  de  ces  travestis- 
sements dans  les  associations  des  jeunes  gens.  (Planche  Vil,  n°^  1,  2,  3^ 
Autels.) 


DKSl'l.  \iiNK>.    —   l.K   l'I.VIKM     i:i:Nllt\l.    MiiKItlKN  81 

Association  de  jeunes  tjens.  —  En  olVet,  dans  toute  ci'tte  cuntri'e,  dès  que 
les  garrons  peuvent  se  passer  des  soins  de  leur  mère,  ils  iiuittent  la  maison 
paternelle  et  vont  vivre  par  associations  dans  des  maisons  qu'ils  cons- 
truisent en  dehors  du  village;  toutefois  ils  ont  encore  le  devoir  de  cultiver 
la  propriété  de  famille,  mais  en  revanche,  ils  ont  droit  à  la  nourriture 
fournie  par  la  maison  paternelle. 

Ces  jeunes  gens,  hors  la  saison  des  cultures,  chassent,  pèchent,  font 
du  commerce,  tissent  des  étoffes  ou  fahriqucnt  des  instruments  en  fer, 
car  toutes  les  professions  et  tous  les  métiers  sont  également  libies  et 
honorés  chez  ces  montagnards.  Ils  cherchent  ainsi  ;i  augmenter  leur  for- 
tune personnelle  et  s'organisent  avec  le  secours  dos  camarades  de  l'asso- 
ciation une  maison  pour  installer  leur  ménage  à  la  première  occasion. 

Les  lillettes  vivent,  en  principe,  dans  la  maison  paternelle  s'occupant 
de  la  préparation  des  repas  et  aidant  leurs  frères  aux  travaux  des  champs. 
Mais,  dès  l'Age  de  10  ans,  elles  se  choisissent  toutes  des  amoureux  dans 
le  clan  des  jeunes  gens  de  leur  Age  et  chaque  jour  elles  vont  passer  la 
soirée  auprès  d'eux  échangeant  des  cadeaux.  A  ce  petit  jeu,  elles  gagnent 
facileinent  un  enfant  (jui  est  accueilli  avec  la  plus  grande  joie  par  leur 
mère,  car  en  se  montrant  féconde,  elles  onl  la  certitude  d'être  demandées 
en  mariage  dans  le  plus  bref  délai. 

Quant  à  ce  premier  enfant,  il  est  offert  par  la  mère  à  sa  fan)ille  puni- 
l'honorer,  et  son  oncle  maternel  devient  son  père  légal. 

Mariages.  —  Les  mariages  ont  lieu  généralement  en  décembre  après 
les  récoltes.  Le  jeune  homme,  après  avoir  obtenu  le  consentement  de 
sa  fiancée,  fixe  le  jour  de  la  cérémonie,  puis,  aidé  par  les  jeunes  gens  de 
son  clan,  prépare  vivres  et  boissons  pour  la  fête,  enfin  il  se  rend  généra- 
lement accompagné  d'un  ami  chez  le  père  de  la  jeune  fiancée  et  lui  annonce 
>;on  accord  avec  la  jeune  fille  pour  fonder  une  famille. 

Le  jour  du  mariage,  les  jeunes  gens  donnent  une  grande  fête  à  la(]uelle 
tout  le  village  assiste  excepté  les  parents  de  la  future  mariée.  Au  milieu 
des  danses,  les  amis  du  mari  enlèvent  à  ses  compagnes  la  jeune  fiancée 
et  l'emportent  au  domicile  de  son  époux. 

Le  premier  jour  favorable  qui  suit  l'enlèvement,  le  mari  rassemble  ses 
luiis,  et  fait  prier  le  vieillard  le  plus  Agé  du  village  de  venir  consacrer 
^on  nouvel  autel  des  ancêtres,  demandant  d'attirer  la  protection  divine 
sur  le  nouveau  couple. 

Le  mari  sacrifie  lui-même  les  victimes  sur  l'autel,  sa  femme  en  prépare 
immédiatement  un  repas,  dont  le  vieillard  offre  les  prémices  h  la  divinité, 
enfin  tous  festoient  en  l'honneur  des  ancêtres  et  de  la  continuation  de 
la  famille. 

Après  ce  repas  tous  les  hommes  vont  saluer  le  père  du  mari  chef  de 
famille,  qui  offre  en  général  un  cadeau  au  jeune  ménage,  de  là  le  nouveau 
marié  se  rend  chez  son  beau-père  et  lui  porte  une  offrande,  celui-ci  en 
l'acceptant  doit  également  faire  un  cadeau  à  sa  fille. 

Car  les  biens  des  deux  époux  sont  absolument  indépendants  les  uns  des 

soc.   D*ANTUaOP.   190b.  6 


H-1  l-f  iKvmi;»    I90(i 

aiili"''^,  '"l  l'i  r«'iiiiiir  cnriMTvt'  fil  loiil''  |nopii(''f •'  sa  IV)iIiiim'  iH'isiinnelIc 
dont  ell«î  «lispose  CDtniiuî  elle  reiilenJ. 

A  la  mort  de  leurs  parents,  les  garçons  héritent  exclusivement  du  père, 
les  lilles  de  la  mc^re,  excepté  pour  la  propriété  de  famille  qui  revient  de 
droit  au  plus  âgé  des  lils  avec  la  maison  contenant  l'autel  des  ancêtres. 

En  général,  ces  mariages  sont  très  stables  quoique  ces  indigènes  soient 
tous  polygames.  Ils  donnent  comme  raison  principale  de  leur  polygamie 
la  coutume  qui  les  oblige  à  cesser  toute  relation  avec  Une  femme  mère 
pendant  l'allaitement  de  l'enfant,  temps  qui  se  prolonge  souvent  jusqu'à 
18  mois  ou  deux  ans. 

Divorce.  —  Cependant  le  divorce  existe  dans  les  coutumes,  la  stérilité 
d'une  union  surtout  en  est  la  cause  la  plus  fréquente.  En  principe  il  ne 
peut  avoir  lieu  qu'avec  le  consentement  du  mari.  Alors  le  mariage  se 
rompt  par  un  sacrilice  devant  l'autel  des  ancêtres  Toutefois  la  femme,  si 
son  mari  s'oppose  au  divorce,  a  toujours  la  ressource  de  se  faire  enlever, 
car  dés  qu'elle  s'est  placée  sous  la  protection  des  ancêtres  du  ravisseur 
en  franchissant  le  seuil  de  sa  maison,  le  premier  époux  perd  tout  droit 
sur  elle. 

A  côté  de  ces  coutumes  et  de  ces  fêtes  qui  accompagnent  le  mariage  on 
est  étonné  que  la  naissance  et  l'adolescence  ne  donnent  lieu  à  aucune 
cérémonie  spéciale  autre  que  quelques  sacrifices  sur  l'autel  des  ancêtres  ; 
on  peut  remarquer  seulement  que  c'est  après  leur  circoncision^  vers  9  ou 
10  ans  que  les  jeunes  garçons  offrent,  dirigés  par  leur  père,  le  premier 
sacrifice  sur  l'autel  des  ancêtres  et  qu'au  contraire  les  femmes  ne  sacrifient 
à  la  divinité  que  mariées  et  en  présence  du  mari,  car  dans  la  montagne 
elles  ne  sont  pas  excisées  comme  dans  l'Ouest  du  Soudan. 

Funérailles.  —  En  revanche  les  rites  funéraires  nous  montrent  un  grand 
nombre  de  cérémonies  des  plus  curieuses.  Elles  varient  un  peu  entre  la 
plaine  et  la  montagne  et  naturellement  entre  une  personne  jeune  et  un 
vieillard. 

Plus  une  personne  est  âgée  plus  on  l'honore  et  plus  les  cérémonies  mor- 
tuaii'es  seront  brillantes,  puisque  c'est  presque  un  ancêtre  qui  rejoint 
l'autel  de  famille,  maison  le  pleurei'a  bien  moins  qu"uii  jeune  homme  car 
il  a  vécu  entièrement  sa  vie  et  accompli  sa  destinée. 

En  général,  dèsqu'une  personne  meuit  dans  un  villagede  la  montagne, 
les  femmes  qui  l'entouraient  poussent  de  grandes  clameurs,  annonçant 
dans  toutes  les  directions  que  les  génies  malfaisants  et  féroces  ont  arraché 
un  être  à  la  vie.  Aussitôt  tous  les  hommes  se  précipitent  sur  leurs  armes, 
puis,  criant,  hurlant,  il  tirent  des  coups  de  fusil  et  lancent  des  tlèches 
contre  le  ciel  en  cherchant  à  mettre  en  fuite  les  esprits  cruels  mangeurs 
de  vie  humaine,  et  en  insultant  les  divinités  impassibles. 

Le  Laggam,  qui,  lui,  a  été  impuissant  à  écarter  le  malheur  prend  une 
crise  d'hystérie  pour  montrer  la  volonté  supérieure  des  Génies. 

Pendant  ce  temps  la  famille  en  signe  de  deuil  se  rase  la  tète,  se  couvre 


DESPLAGNES.   —  LE  PI.aTF.AI'  tlKNTRAl.   NIGIÎRIEN  83 

de  cendre  et  déchire  ses  vêtements,  les  femmes  ne  pourront  pas  quitter  la 

maison  avant  six  mois  ou  un  an.  Installées  avec  les  pleureuses  sous  la 

vérandah  de  la  case,  elles  clament  les  vertus  du   mort  en  demandant  : 

Mon  frère  le  généreux  qu'en   a-t-on   fait  puisqu'il  n'est  plus?...    Mon 

époux  fort  comme  le  taureau,  courageux  comme  le  lion,  qu'en  a-t-on 

fait  ?  »  et  la  foule  des  pleureuses  répond  :  »  Il  dort  là-haut,  là-haut  dans 

les  rochers.  » 

Dès  que  les  gens  des  villages  voisins  sont  accourus,  le  corps,  après  avoir 
été  lavé,  coloré  en  rouge  et  roulé  dans  un  grand  linceul  ouvert  sur  la 
bouche,  est  placé  sur  une  civière  de  bois  que  l'on  grimpe  dans  la  monta- 
gne jusqu'aux  petites  cases  sépulcrales  placées  sous  les  fentes  de  rochers. 
Arrivée  la-haut,  la  foule  se  retire  après  avoir  insulté  encore  une  fois  la 
mort  aveugle  el  les  divinités  malfaisantes. 

.Seuls  les  camarades  du  mort  le  placent  dans  le  tombeau  de  gens  de  son 
Age,  l'étendant  sur  le  sol  ou  l'asseyant  la  face  au  Nord  suivant  son  rang 
ou  ses  fonctions.  Puis  ils  referment  le  tombeau,  le  murant,  en  laissant 
loutefois  une  légère  ouverture.  Devant  celle  ouverture  ils  brisent  le  vase 
qui  contenait  l'eau  apportée  pour  façonner  le  ciment,  el  placent  un  petit 
tabouret  de  bois  sur  le  rocher. 

Ue  même  ils  disposent  des  libations  devant  l'autel  des  ancêtres  et  sur 
les  sentiers  qui  mènent  de  la  maison  mortuaire  au  tombeau,  pour  que 
l'Ame  puisse  se  reposer  et  s'abreuver  pendant  ses  voyages  entre  son  corps 
périssable  et  l'autel  anceslral  qu'elle  va  habiter. 

Pendant  une  semaine  tous  les  soirs  les  camarades  se  rendent  auprès  de 
l'autel  de  famille  du  mort,  y  déposent  des  offrandes  et  avec  ses  parents  le 
pleurent  en  mimant  toute  son  existence  avec  force  danses  et  festins  ;  à  la 
lin  du  dernier  jouron  fête  son  entrée  dans  le  royaume  des  ancêtres. 

Les  tribus  habitant  les  plaines  de  l'Est  ont  des  cérémonies  funéraires  à 
peu  près  semblables  :  toutefois  chez  elles  le  mort  esl  assis  ou  couché  dans 
une  petite  chambre  funéraire  sous  un  lumulus  entouré  d'une  foule  de 
cadeaux  qu'on  lui  confie  pour  remettre  aux  parents  défunts.  (P/aHcAe  VIII, 
fombeaux. 

En  présence  de  ces  coutumes  antiques,  de  ces  monuments  étranges,  de 
ces  curieuses  inscriptions  encore  indéchilTrées,  de  ces  tombeaux  et  de  ces 
abris  sous  roches  renfermant  tant  d'instruments  de  l'âge  de  la  pierre 
p  ilie  dont  cette  région  soudanaise  esl  si  abondamment  fournie,  on  com- 
prend facilement  combien  l'esprit  de  l'Européen  se  sent  attiré  par  l'inconnu 
de  ce  problème  :  l'existence  de  ces  primitifs  noirs  et  de  ces  peuples  d'hom- 
mes rouge  cuivre,  premiers  conquérants  civilisés  de  la  région  dont  par- 
lent les  traditions  locales  (s'identifianl  probablement  avec  les  Ethiopiens 
rouges  de  nos  classiques  anciens).  Les  traces  nombreuses  laissées  par  ces 
constructeurs,  déjà  signalées  par  le  D'  Ruelle  à  travers  le  Mossi  jusque 
dans  la  haute  (^ùte  d'Ivoire,  viennent  d'être  retrouvées  par  .M.  l'.Adminis 
trateur  .Arnaud  de  la  Mission  Coppolani  en  pleine  Mauritanie  dans  le 
Sahara  occidental. 


Si  I"  i-KViiiKii  iKoi; 

Coitiitii'ict'.  — (iepeiidaiil  actnelltiinciil,  gr;\ce  ù  la  sf'rurilô  (juo  nous  avons 
su  imposer  au  |)ays,  ces  populations  trop  resserrées  sur  les  plateaux  des- 
cendent de  plus  en  plus  dans  les  plaines  apportant  une  vi^ueuc  nouvelle 
k  leurs  frères  de  race  tmHisse  et  soumis  aux  envahisseurs. 

Seuls  les  aînés  restent  encore  dans  ces  montagnes  qui  leur  ont  si  long- 
temps servi  de  refuge,  et  conservent  jalousement  avec  l'autel  des  an- 
cêtres leur  vieilles  coutumes  et  traditions. 

(Jette  émigration  n'a  fait  (jue  donner  une  activité  nouvelle  aux  échanges 
entre  les  populations  riveraines  du  tleuve,  pécheurs,  cultivateurs,  les 
pasteurs  nomades  des  plaines  et  les  cultivateurs  industriels  des  montagnes; 
aussi  depuis  ces  dernières  années  un  grand  progrès  s'est  réalisé.  De  gros 
marchés  d'échanges  ont  surgi  aux  pieds  du  plateau  rocheux  à  la  limite 
de  la  zone  d'inondation  sur  les  hords  du  Bani  et  du  Niger.  Actuellement 
il  n'est  pas  rare  de  voir  rassemblées  aux  grands  marchés  de  Korienza,  de 
Fatouma,  Sampara,  et  de  Kaka,  près  de  6  à  7.000  personnes.  Ces  marchés 
ou  plutôt  ces  foires  hebdomadaires  dépendent  économiquement  des  deux 
antiques  métropoles  commerciales  du  Soudan  Djenné  et  ïombouctou 
qui  restent  toujours  les  grands  entrepôts  indigènes  et  même  le  centre 
d'activité  des  maisons  commerciales  européennes.  Là  surtout  habitent 
toujours  les  familles  des  courtiers,  commissionnaires,  banquiers  noirs  et 
marocains,  des  entrepreneurs  de  transports,  tous  gens  qui  font  la  Bourse 
soudanaise  donnant  le  cours  journalier  aux  marchandises  et  accordant  le 
crédit  aux  petits  commerçants  et  colporteurs. 

Devant  les  résultats  acquis  en  si  peu  de  temps  dans  cette  colonie,  et  si 
nous  songeons  que  nous  avons  ici  comme  auxiliaires  les  descendants  des 
peuples  qui  ont  créé  Dienné,  Tombouclou,  Gao,  villes  commerciales  si 
célèbres  dans  le  monde  au  xMoyen  Age  qu'elles  excitèrent  jusqu'il  nosjours 
la  curiosité  et  l'imagination  de  l'univers,  nous  devons  envisager  avez  beau- 
coup d'espoir  l'avenir  en  restant  persuadés  que  nous  pourrons  continuer 
à  appliquer  le  proverbe  arabe  : 

«  Contre  la  gale  du  chameau  emploie  le  goudron 
«  et  contre  la  misère,  un  voyage  au  Soudan.  » 


DKSI'I.AiINKS.    —    LE  l'I.ATKAl    CENTKAI.  NKIKIUKN  S;") 

Discussion 

M.  Zaborowski.  —  Nous  remercions  vivement  M.  Desplagnes  de  sa  très 
intéressante  coniinunication.  Vous  nous  avez  apporté,  une  des  contribu- 
tions les  pins  richement  documentées  que  nous  ayons  reçues  depuis  long- 
temps. Permettez-moi  de  vous  féliciter  de  l'abondance,  de  la  précision  et 
de  la  nouveauté  de  vos  observations. 

.M.  Papillault.  —  Je  m'associe  bien  volontiers  aux  félicitations  de 
M.  Zaborowski,  car  certaines  observations  de  M.  Desplagnes  sont  de  toute 
première  importance. 


86  1"  FKvniER   1006 


LEGENDES  nE>  PLANCHES 

PInurhe  I 

1°  Tuinulus  do  la  Région  de  Goundam  (Killi). 
'l'  Monts  Onallo.  Types  de  la  monlagno. 
3-  Types  de  pécheurs  Bozos. 

Plauche  II 

1"  Groupes  de  pierres  levées  Tondidarou,  près  de  Niafunkè  (lac  Takadji). 
'l'  Village  de  Kikera  sur  la  pente  Nord  du  plateau  de  N'  Dalla. 
'iP  Inscriptions  de  Songo  (1o  kil.  N.-K.  Bandiagara). 

Planche  III 

I"  Grenit  r  à  mil  avec  orneinetUalion  en  haut  relief  (Kroukrous). 
•2*  Tuiiiulus  dTI-Oualedji  et  résultais  des  fouilles. 

Planche  IV 

1*  Une  maison  de  Kori-Kori. 

-2'  Maison  de  Toure  avec,  sur  la  droite  de  la  porte,  laulel  du  chef  de  village. 

3*  Ruines  d'un  village  de  refnge  dans  leis  jiarois  verticales  d'une  falaise. 

Planche  V 

1"  Gogouna  chef  «le  Kani  (a  été  envoyé  à   Tornbouctou  par  Amahdou  Scheickou, 

amir,  roi  des  Foulbés  d'Hamdalahi,  pour  oidonn»  r  aux  gens  de  la  ville  de 

renvoyer  le  docteur  Barth,  185n). 
2*  Bankassi.  Abri-repos  du  village  de  Bankassi  dans  la  plaine.  (Emblème  de  tribu 

femelle). 
3o  Le  Hgoon  de  Bankassi  devant  sa  maison  (plaine  Sud). 

Planche  VI 

V  Autel  sur  le  plateau  des  Haroua  (Harou)  (tribu  mâle  des  Oiseaux). 
2'  Autrd  au  pied  do  la  Falaise  du  Sud  de  Bandiagara. 

3*  Autel  à  (rois  pomles  sur    lequel  le  Hogon  fait   des  sacrifices    pnur  la    triad>' 
divine. 
1"  Amma  le  (iiand  Tout  laissant.  2°  Le  principe  mâle,  oo  Le  principe  femelle. 

Plnnrhe  VII 

1°  Danse  religieuse  dans  une  tiibu  du  clan  des  Oua  (Oiseaux)    et  des  Buftles  ou 

Antilopes. 
2"  l'ne  danse  de  jeunes  gens  pour  accompagnnr  le  chef  religieux. 
3*  Nama,  entretenu  par  chaque  famille,  se  promenantdans  les  champs  au  mument 

de  la  fête  des  semailles. 

Planche  VIII 

I*- Tombeaux  du  ravin  de  Kani-B/.on. 

2*  Case  funéraire,  abri  sous  roche  Monls-Dalla. 

']•  Case  sépulcr.ile.  Tombpaux  du  Mont  Boubani-Kaui. 


Pi.wc.m:   I 


Planche  II 


^J^MM  ■'>■»■*:;-■ 


l'i.ANCiii:   III 


-♦- 


^!*^'* 


Pi.v.nCiii:  IV 


Pl.AM.llK    \ 


U 


Pi.ANCiii-:  VI 


•^^i 


Pi.wr.iii     \'ll 


■SU 


•^C.^'^JÏI 


l'i.ANClli;   \lll 


PAI  I,  n'KNJiiV.   —  l,K  ^l'lUiri>MK  EN  illlM.  HT 

W0«  SÉANCE.    —  lo    Février    l'.IOti. 

F*RÉS1DENCK    DE    M.    CtîTEH. 

Elections.  —  M.  1''  Mairiuis  hk  hHKrKiiL.  pn-scnlr  par  MM.  Hervé.  Deniker. 
^  vos  Gu.vot.  Séhillot  ;  M.  A.  Sii-kke.  [)rostMilf'  par  MM.  Capilan.  MahniiHpau, 
Manouvrifr.  soni  iioinmés  memhrps  fifii/nirfs. 

M.  le  I.iptitfnîiiit  I)k^ci,ai..nes.  pn-stMil»'  par  MM.  Hamy.  Vorneau.  Delisle, 
Horvf  •'(  l'apillaiill.  fsl  mimmé  rorrpxpo/irfa/if  iifitinnal. 


LE     SPIRITISME     EN     CHINE 

Par  m.  Paul  d'Enjoy. 

Les  Esprits  jouent  dans  l'imagination  populaire  chinoise,  qui  en  peuple 
le  monde,  un  rôle  des  plus  importants.  11  n'est  pas  d'événement  heureux 
ou  malheureux,  qui  ne  soit  attribué  par  le  vulgaire  à  l'influence,  bien- 
veillante, malicieuse  ou  cruelle,  d'une  puissance  occulte  et  cette  croyance 
est  tellement  répandue,  elle  répond  si  exactement  au  besoin  de  mysticisme 
qu'éprouve  le  Chinois,  qu'elle  a  gagné  jusqu'aux  classes  instruites  de  la 
nation. 

Les  lettrés,  imbus  des  idées  morales  et  positivistes  de  l'illustre  Kon- 
Phoii-Chéou,  ce  philosophe  pratique  pai-  excellence,  qui  excluait  de  sa 
doclrine.  comme  fliscussions  superlhies,  spécieuses,  vaines,  toutes  les 
questions  purement  théoriques  ou  spéculatives  et  n'admeltail  de  débats 
philosophiques  que  ceux  qui  déterminent  des  applications  réelles,  ne 
croient  évidemment  pas  à  ces  intervcmlions,  au  moins  en  tant  (ju'émanées 
de  puissances  démoniaques.  Ce  sont,  j\  leur  sens,  des  fantaisies  gros- 
sières, de  nature  superstitieuse  et  soties.  Fidèles  au  Vou-Kiao,  ils  ont  foi 
en  l'existence  d'un  principe  supérieur  de  vie,  indépendant  de  la  matière, 
ipii  l'anime,  la  vivifie;  en  un  mot.  ils  croient  à  l'àme,  comme  entité 
vitale;  mais  leur  doute  naît  pour  ce  cjui  suit  là  mort  physique.  Un  point 
d'interrogation  se  pose  dans  leur  esprit,  relativement  à  la  conséquence 
du  (iivorce  consiuiimé  entre  l'ilme  et  le  corps.  Ils  ne  savent  quoi  penser 
de  l'existence  du  principe  subtil  de  vie  et,  par  conséquent,  des  manifes- 
tations sensibles  de  cet  élément  spirituel  dans  le  monde  matériel,  lorsqu'il 
a  dépijuillé  son  enveloppe  charnelle,  qu'il  a  abandonné  le  corps  pour  le 
livrer  à  l'œuvre  du  néant. 

Kon-Phou-Chéou,  interrogé  sur  ce  point  par  un  de  ses  disciples,  le 
célèbre  Ki-Lou,  qui  s'inquiétait  de  ce  que  devenait  l'Ame  après  la  mort, 
lui  répondit  :  ^  Frère  aimé,  comment  oserions-nous  scruter  les  mystères 
"   de  la  mort,  nous  qui  n'avons  pas  pu  pf-nctrer  encore"  les  secrets  de  la 


88  i:i  KKvniKit   1006 

"  vif"?  »  Et  comme  Sé-Kon,  un  autre  disciple  cher  au  philosophe,  insis- 
tait auprès  (Je  lui  pour  savoir  au  moins  si  les  m;\nes  pouvaient  avoir 
connaissance  de  ce  qui  se  passe  sur  terre,  le  maître  s'exclama  :  «  A  (juoi 
((  hon  me  demander  ce  que  tu  apprendras  certainement  un  jour  par  toi- 
i<  même?  » 

Kon-Phou-Chéou  ne  voulail-ii  pas  ou  hien  ne  pouvait-il  pas  répondre 
k  ces  questions,  intéressantes  au  premier  chef  pour  un  peuple  dont  tout 
l'édifice  social  repose  sur  l'unité  de  la  Famille,  constituée  en  dogme?  Les 
lettrés  sont  divisés  sur  ce  point.  Aucun  n'ose  affirmer,  nul  n'ose  nier 
que  les  morts,  comme  le  croient  les  gens  du  peuple,  ne  vivent  autour  de 
nous  d'une  vie  spirituelle  sans  doute,  mais  agitée  des  mêmes  désirs,  mue 
par  les  mêmes  passions,  soumise  aux  mêmes  entraînements  des  sens, 
en  proie  aux  mêmes  émotions.  Qui  sait?  disent  les  sages,  en  hochant  la 
tête.  La  forèi  des  pinceaux  frémit,  jusque  dans  ses  profondeurs,  des 
mêmes  angoisses  à  l'égard  des  Esprits  que  le  vaste  et  onduleux  champ 
populaire,  car  il  est  bien  vrai  ce  vieux  proverbe  chinois  : 

Les  pefilfs  IV-uilles  (|ui  Irciiihlcnt  l'ont  vii)rer  le  prros  tronc. 

Après  la  mort,  ([ue  devient  l'âme?  Où  vont,  où  sont,  que  font  les  mânes 
des  ancêtres?  (Jrave  problème,  qu'on  n'agite  qu'en  frissonnant etqu'on  ne 
résout  jamais  de  quelque  incertitude  qu'on  soit  saisi,  qu'en  s'abrilanl 
derrière  les  rites  cultuels,  comme  pour  y  chercher  u;i  refuge  au  trouble 
de  l'esprit  (jui  interroge.  Les  mânes,  concluent  les  lettrés  qu'on  presse, 
doivent  survivre  puisqu'on  les  évoque;  ils  s'intéressent  sans  doute 
à  la  vie  puisque  les  rites  prescrivent  en  leur  honneur  des  cérémonies 
familiales  et  que  ces  cérémonies  ont  précisément  pour  but  d'établir, 
notamment  au  retour  de  l'an,  une  communion  mystiijue  entre  les  morts 
et  les  vivants.  A  quoi  tendraient  les  formules  d'invocations,  particulières 
à  chaque  foyer,  qui  se  transmettent  pieusement  de  père  en  fils,  si  les 
àmes  évoquées  ne  pouvaient  les  entendre?  Pourquoi  les  convier  à  des 
festins  rituels,  si  elles  n'épiouvenl  plus,  dans  le  monde  immatériel  où 
elles  llùttent,  les  appétences  des  aliments?  Les  Esprits  de  la  Famille  ne 
viennent-ils  pas  aspirer  les  fumées  des  cassolettes  où  se  consument  l'en- 
cens, le  bois  de  santal  et  ks  feuilles  d'eucalyptus?  Ne  se  complaisent  ils 
pas  au  parfum  des  baguettes  de  fiente  de  buffle  ou  de  chameau,  impré- 
gnées d'essenccî  balsamiques?  Pourquoi  leur  fait-on,  s'ils  n'ont  pas  de 
besoins,  des  oITrandes  d'or  et  d'argent,  en  brûlant  devant  les  tablettes  où 
est  gravé  le  chiffre  de  la  Famille,  des  papiers  recouverts  d'une  mince 
couche  de  ces  métaux,  représentative  des  barres  d'or  et  d'argent  qui  leur 
sont  données  pour  satisfaire  aux  nécessités  de  leur  vie  spirituelle?  Pour- 
quoi enfin  confectionne-l-on  à  leur  intention  des  vêtements  complets  en 
papi.r  de  soie,  des  maisons  de  carton,  des  temples  en  miniature,  qu'on 
incinère  cérémonieusement  dans  des  braseros  p'acés  au  pied  des  autels 
dédiés  au  culte  ancestral,  si  les  Esprits  ne  visitent  jamais  les  toits  qui 
abritent  leur  descendance,   si  les  défunts  ne  survivent  pas  à  la  mort 


PAUL  d'eNJOV.    —   I.K  SPIRITISME  EN  CHINE  f^O 

physique  d'uno  manière  immatôrit'llf  mais  concrète,  s'ih  ne  peuplent  pas 
l'espace  qui  nous  environne,  si  leurs  ombres  n'errent  pas  sans  (;esse  «lans 
les  endroits  qui,  de  leur  vivant,  leur  étaient  familiers? 

Telles  sont  les  incertitudes  troublantes  qui  agitent  l'esprit  des  lettrés 
chinois  et  qu'ils  laissent  volontiers  en  suspens,  alTectant  une  attitude  com- 
plaisante aux  superstitions  populaires.  Le  peuple,  avec  son  apprécialion 
simpliste,  n'hésiste  pas  dans  sa  foi  robuste.  Le  bouddhisme  d'ailleurs  est 
venu,  sous  la  dynastie  des  llan,  lui  donner  le  goût  des  divi^iités  tangibles. 
Pour  le  vulgaire,  la  mort  n'all'ranchit  pas  des  passions.  Les  Ames,  puis- 
qu'elles existent,  procèdent  de  l'être  qu'elles  continuent  après  la  mort. 
Klles  aiment  t'I  li;iïssent  surtout  terriblement  et  c'est  là  ce  qui  motive  la 
terreur  superstitieuse  du  peuple,  avec  une  violence  que  décuple,  pour 
ainsi  dire,  leur  délivrance  des  contraintes  charnelles. 

Elles  souffrent,  elles  gémissent,  elles  crient,  elles  effraient  les  humains 

par  leurs  plaintes  sinistres.  Que  signifient  le-;  hululements  qu'on  entend 

parfois,  dans  le  silence  d'une  nuit  calme,  plus  particulièrement,  d'après 

"opinion  commune,  aux  carrefours  déserts,  sinon  qu'un  Esprit  se  plaint 

les  angoisses  de  la  faim?  Pourquoi  perçoit-on,  aux  époques  voisines  du 

louvel  an,  des  gémissements  étouffés  qui  semblent  provenir  du  milieu 

ouffu  du  bois  sacré  d'une  pagode,  sinon  que  des  mânes  n'ont  plus  de 

imille  vivante  pour  entretenir  leur  culte  ou  que  leurs  descendants  les 

égligent,  qu'elles  pâtissent  du  froid,  de  l'abandon,  du  man(iue  de  nour- 

iture,  de  la  misère  spirituelle  enfin,  si  proche  de  la  misère  humaine?  Et 

Is  petites  llammes  bleues  qui  sautillent  le  long  des  ruisseaux  herbeux, 

Is  feux  follets  errant  autour  des  tombes,  ces  phénomènes  physiques 

i^us  de  l'humidité,  qui  ont  tant  tmublé  nos  paysans  franeais,  sont,  pour 

U  Chinois,  les  corps  lumineux  des  Esprits,  l'âme  elle-même  dégagée  de 

s>  liens  physiques,  le  principe  subtil  par  excellence. 

L'immense  majorité  du  peuple  affirme  catégoriquement  que  les  divers 
plénomènes  mystérieux  de  la  nature  ne  constituent  que  les  manifestations 
p;-  lesquelles  les  Esprits  se  révèlent  à  nous  ;  et  ce  qui  angoisse  le  Chinois, 
c'tt  cette  opinion  (pie  les  bons  et  les  mauvais  génies,  car  il  y  eut  toujours 
sui  terre  de  bonnes  et  de  mauvaises  gens,  hantent  les  abords  de  sa 
deieure  et  que,  s'il  n'a  guère  à  espérer  l'intervention  des  Esprits  bien- 
veiants,  en  dehors  des  époques  rituelles  où  il  les  convie  à  prendre  place 
à  su  foyer,  il  a,  à  tout  instant  du  jour,  et  surtout  de  la  nuit,  à  redouter 
que]ue  fâcheuse  entreprise  d'un  gnome  pernicieux,  tout  réjoui  du  mal 
(pi'i  s'ingénie  îi  causer.  Ce  que  craint  l'homme  du  peuple,  ce  sont  les 
visés  cruelles  des  Esprits  malins,  des  Ma-Koua"i",  ces  diables  maudits  qui 
voi  en  sarabandes  folles  à  travers  monts  et  vallées,  toujours  en  quête  de 
quî'que  mauvais  sort  à  jeter. 

Acette  suggestion^  le  Chinois  pâlit  et  tremble  comme  un  de  nos  enfants 
à  qui  on  annoncerait  la  venue  de  Croquemitaine. 

feo  Se,  un  philosophe  contemporain  de  Kon-l'hou-Chéou,  qui  a  laissé 
en  Uiine  un  souvenir  des  plus  populaires.,  a  cru   devoir  sacrifier,  à  ces 


90  15  fKVRiF.n   190R 

tenHanrps  mystiques  du  peuple  chinois  ol  a  imaginé,  pour  lui  complaire, 
Imite  une  doctrine  spiritiste. 

A  son  sens,  la  question  des  Esprits  ne  fait  pas  de  doute  :  Les  Esprits 
existent.  Mais  qui  sont-ils?  Ils  sont  les  mânes  des  morts,  survivant  spiri- 
tuellement il  l'anéantissement  physi'jue. 

Ces  esprits  sont  disposés,  par  ordre  de  mérite  et  selon  ce  qu'ont  été 
lours  actions  durant  leur  vie  humaine,  en  cinq  classes,  dont  les  deux 
fxtrèmes  sont  l'assemhlée  des  génies,  Chen-Sien  et  la  secte  des  démons, 
Kouaï-Sé. 

Les  Chen-Sien,  comme  leur  nom  l'indique,  ont  acquis  par  leurs  vertus 
une  situation  privilégiée  :  ce  sont  des  dieux.  Entièrement  libérés  de  tout 
souci  terrestre,  ils  habitent  un  Eden  merveilleux.  Leur  àme  a  usé  par  son 
ascétisme,  son  détachement  des  plaisirs  et  sa  graduelle  indifférence  des 
biens  de  ce  monde,  les  liens  qui  la  rattachaient  à  la  terre.  Elle  s'est 
envolée,  telle  une  goutte  d'éther  qui  s'évapore,  vers  le  séjour  enchanteur 
des  Trois-lles,  demeure  des  bienheureux. 

Ces  Iles  s'appellent  Pon-Laï,  Ton-Chan  et  Yn-Chéou.  Elles  sont  situées) 
h  700  lieues  environ  du  rivage  chinois,  au  milieu  de  la  mer  Jaune,  vers! 
l'Orient,  et  on  peut  avoir  une  idée  de  leur  beauté  en  regardant  le  soleil 
jaillir  des  flots  un  matin  de  printemps.  Il  est  inutile  d'ailleurs  de  chéri 
cher  à   les  découvrir.  Leur  situation  mystérieuse  ne  saurait  être  cunnu| 
qu'après  la  mort  et  on  n'y  peut  aborder  que  si  on  a  conquis  le  droit  d'^ 
résider. 

Un  sorcier,  nommé  Soun  Ché,  aurait  bien  un  jour,  à  ce  qu'il  paraij 
arraché  à  l'Esprit  qui  le  visitait,  le  secret  de  la  situation  géographiqi 
de  Trois-lles  et  se  serait  empressé  de  le  révéler  à  l'Empereur  Che-Kouai 
Ti  qui  régna  219  ans  avant  Jésus-Christ;  mais  l'expédition  qu'ava^ 
aussitôt  envoyée  ce  monarque,  quoique  composée  de  l'élite  de  la  Sociéi 
chinoise,  jeunes  gens  les  plus  instruits  et  jeunes  filles  les  plus  belles  ji 
Céleste-Empire,  ne  fît  qu'entrevoir  au  loin  l'atmosphère  nimbée  de  rqe 
de  cet  Eden.  Un  vent  violent  s'était  élevé  tout  à  coup,  qui,  gonflM 
furieusement  les  flots,  avait  rejeté  la  flottille  profane  sur  les  côtes  ^u 
Pé-Chi-Li 

Les  âmes  trouvent,  dit-on,  dans  les  Trois-lles,  une  herbe  fine  et  odor^te 
dont  elles  sont  friandes.  Elles  se  nourrissent  aussi  de  fruits  raerveill^x, 
de  pierres  précieuses,  de  perles  et  de  diamants.  Elles  déjeunent  du  ]^r- 
fum  d'une  rose  ;  goûtent  d'un  rayon  de  soleil,  soupent  d'un  air  de  musijue. 
Elles  boivent  des  gouttes  de  rosée  dans  le  calice  des  fleurs  et  se  plor^ent 
dans  un  torrent  de  nectar  qui  jaillit  d'un  rocher  de  jade.  Ces  lots, 
pétillants  et  sucrés  comme  un  vin  fermenté,  donnent  une  ivresse  qui 
confère  la  jeunesse  éternelle  :  c'est  une  sorte  de  fontaine  de  Jouvéne 

La  vie  des  génies  s'écoule  dans  un  perpétuel  enchantement.  Ils  voi:  où 
leur  fantaisie  les  pousse,  soutenus  par  une  brise  parfumée  qui  leur  cbéit, 
montés  sur  des  cigognes  roses  qu'ils  chevauchent  à  volonté.  Ils  réafeent 
leurs  désirs  aussitôt  qu'ils  les  conçoivent  :  en  un  mot,  ils  vivent  daR  un 
rêve  prestigieux. 


PAII.  n'ENJOY.   t.R  sriUlTI'NMF.  EN  CKINF,  91 

Essentiellement  bons  et  mispricnrdieux,  niioique  enclins  aux  sérénitps 
passives,  lf>>  Chen-Si^n  écoutent  volontiers  les  prières  que  |pur  adressent 
dévotement  les  humains  vtMtueux.  On  les  respecte,  on  les  vénèrp  au  titr^ 
de  protecteurs.  L'un  d'eux,  qui  est  considéré  en  Chine  comme  l'ange  du 
foyer,  est  un  petit  gnome  à  face  réjouie  qui  est  représenté  gambadant 
follement,  la  cigarette  aux  lèvres,  la  bouche  largement  fendue  par  le  rire. 
On  place  son  image  auprès  du  feu.  C'est  le  génie  du  Bonheur  domestique  ; 
quelque  chose  comme  les  dieux  lares  des  Romains. 

Il  y  a  aussi  la  déesse  Ma-Sou,  qui  est  l'emblème  de  la  piété  filiale.  De 
son  vivant,  elle  était  la  fille  de  pauvres  pécheurs  de  Sin-Houa.  Un  jour, 
elle  s'endormit  sur  les  vêtements  qu'elle  était  occupée  à  raccommoder, 
tandis  que  son  père  et  ses  deux  frères  étaient  en  mer.  Dans  son  sommeil, 
elle  rêva  qu'une  tempête  mettait  les  barques  de  ses  parents  en  péril.  Les 
malheureux  allaient  être  engloutis,  lorsque  Ma-Sou  put  saisir  avec  cha- 
cune de  ses  mains  les  deux  bateaux  montés  par  ses  frères,  et  avec  ses 
dents,  la  nef  où  se  trouvait  son  père.  Elle  les  ramenait  ainsi,  en  nageant, 
jusqu'au  port;  mais,  avant  de  toucher  terre,  elle  entendit  la  voix  de  sa 
mère  qui  l'appelait.  Sans  songer  au  résultat  de  son  imprudence,  elle 
répondit  à  cet  appel  et  sa  bouche  ouverte  laissa  retomber  la  barque  de 
son  père  qui  s'engloutit  dans  la  mer. 

A  la  vision  de  ce  malheur,  Ma-Sou  se  réveilla.  Elle  fut  heureuse  de 
constater  que  cette  aventure  n'était  qu'un  cauchemar.  Cependant  sa  poi- 
trine demeurait  oppressée  et  elle  redoutait  un  malheur.  Son  rêve  était, 
en  effet,  un  avertissement.  Elle  apprit  bientôt  qu'une  tempête  avait 
assailli  les  barques  de  ses  parents;  que  ses  frères  avaient  été  sauvés 
presque  miraculeusement  de  la  mort;  mais  que  son  père  avait  été  ravi 
par  la  mer  en  furie. 

Alors,  prise  de  désespoir,  elle  résolut  de  s'immoler  en  expiation  de  sa 
légèreté  et  mourut  pour  conjurer  les  mânes  irritées  de  son  père. 

.Ma-Sou  est  devenue  un  génie;  elle  a  ses  temples  et  ses  fidèles.  Les 
marins  l'ont  choisie  pour  prolectrice  ;  ils  l'implorent  quand  la  tempête 
fait  rage.  La  première  étoile  qui  paraît  le  soir  dans  le  zénith  est  son 
àme  inquiète  qui  surveille  la  chute  du  soleil  dans  la  nuit  pour  ne  s'éloi- 
gner qu'au  nouvel  aurore. 

Les  Kouaï-Sé,  au  contraire,  sont  des  esprits  essentiellement  mauvais, 
issus  d'êtres  humains  pervers  el  méchants  par  nature,  dont  la  vie  a  été 
malhonnête  et  scandaleuse.  En  expiation  de  leurs  crimes  —  beaucoup  ont 
été  décapités  sur  terre—  ils  sont  condamnés  à  errer  éternellement,  tou- 
jours attirés  par  les  lieux  qu'ils  fréquentaient  de  leur  vivant.  Seuls,  agités, 
maudits  et  redoutés,  ils  ne  savent  qu'imaginer  pour  faire  du  mal.  Leur 
nature,  mauvaise  en  soi,  s'irrite  chaque  jour  davantage  à  la  souffrance  de 
leur  existence  précaire,  et  leur  méchanceté  s'aiguise  s  ir  le  malheur  qui  leur 
est  échu.  Ce  sont  des  démons.  Point  n'est  besoin,  hélas  !  de  les  invoquer 
pour  qu'ils  s'occupent  des  gens.  Us  ne  cherchent  que  l'occasion  d'inter- 
venir dans  les  affaires  humaines,  pour  les  embrouiller,  faire  naître  des 
discordes,  provoquer  des  catastrophes  :  ils  sont  les  ferments  du  mal. 


92  15  KKViuKH  1906 

KouaT,  leur  ntmi  2;pnéri(jii(',  csl  une  expression  ijui  signifie  à  la  fois 
tortue  et  diable.  Dans  la  cosmogonie  chinoise,  la  tortue  abjecte,  a  con- 
sommé avec  le  serpent,  être  odieux,  le  premier  adultère.  Elle  est  consi- 
dérée dans  cet  ordre  d'idées  comme  une  biHc  maudite,  emblème  de  l'infi- 
délité la  plus  méprisable. 

Ce  sont  les  Kouaï  quon  entend  ricaner  ;i  travers  la  tempête  et  qui  se 
poussent,  en  hurlant  dans  le  vent,  les  jours  d'orage.  Leurs  plaintes  et 
leurs  malédictions  se  répandent  à  la  surface  de  la  terre  où  elle  font  des 
bruits  terrifiants. 

Pour  les  conjurer,  le  peuple  place  aux  endroits  qu'ils  fréquentent  habi- 
tuellement de  petites  tablettes  peintes  en  blanc,  sur  lesquelles  un  sorcier 
écrit  des  formules  d'exorcisme  en  caractères  cabalistiques,  faits  de  traits 
noirs  et  rouges. 

Plusieurs  fois  par  an,  surtout  dans  les  campagnes,  on  leur  offre  des 
sacrifices.  Des  animaux  sont  immolés  à  la  terre,  qu'on  laisse  s'imbiber 
du  sang  des  victimes.  Il  semble  que  les  esprits  malins  en  soient  avides; 
«  Recevez,  ô  Esprits!  »  dit  le  sacrificateur.  Les  Esprits  reçoivent  par  le 
sol  qui  boit. 

Tandis  que  les  génies  se  complaisent,  quand  ils  visitent  la  terre,  dans 
la  lumière  éclatante  du  soleil,  les  Kouaï  s'environnent  toujours  d'ombre. 
Us  se  cachent,  durant  le  jour,  pour  se  répandre  au  milieu  des  êtres  vivants, 
lorsque  la  nuit  étend  ses  voiles,  protectrices  de  leur  hideur.  Plus  les  ténè- 
bres sont  épaisses,  plus  le  lieu  est  désert,  plus  leur  audace  est  grande. 
Ils  organisent  des  courses  vagabondes  dans  les  forêts,  évitant  soi- 
gneusement de  traverser  les  clairières  ou  de  couper  un  rayon  de  lune. 
Us  composent  des  farondoles  qu'on  entend  passer  dans  les  airs  avec 
grand  bruit  et  à  l'effroi  des  paysans  chinois.  Leurs  refuges  préférés  sont 
les  bois  profonds,  les  entrecroisements  de  route,  les  ponts,  les  fondrières, 
les  carrières  abandonnées,  les  ruines  et  les  tombes. 

Entend-on,  dans  le  silence  de  la  nuit,  le  cri  sinistre  de  la  hulotte  ou  la 
plainte  de  quelque  autre  animal  nocturne?  Aussitôt  on  lui  donne  la  signi- 
fication d'un  mauvais  augure.  C'est  l'oiseau  aux  Sept-Tètes  qui  appelle  un 
malade;  c'est  le  quadrupède  Ke-Lin,  qui  brame  à  la  mort.  Si  un  voisin 
est  souffrant,  chacun  y  voit  le  présage  de  son  décès  prochain.  Qu'il  meure 
et  c'est  la  confirmation  de  la  conjecture.  Qu'il  survive,  la  superstition  n'est 
pas  atteinte  par  cet  échec  :  le  cri  n'était,  sans  doute,  pas  destiné  au  village 
qui  l'a  perçu,  ou  bien  le  sort  a  été  conjuré  par  l'intervention  opportune 
d'un  ancien  bonze,  parent  du  malade,  dont  la  piété  a  laissé  dans  la 
contrée  des  souvenirs  impérissables. 

D'après  l'Y-Kin,  genèse  du  monde  physique,  les  génies  procèdent  du 
principe  mâle  de  la  vie.  Yn,.  l'éclair,  la  force  indivisible.  Les  Esprits 
malins  sont  issus  de  l'ombre,  Yan,  principe  femelle,  que  l'éclair  illumine, 
traverse  et  féconde.  Pour  représenter  ces  deux  entités,  on  a  recours  à  de 
simples  traits  de  pinceau.  Une  ligne  droite  continue  figure  Yn;  une  ligne 
coupée  en  deux  sections  égales,  scindée  en  son  milieu,  donne  l'idée  de 
Yan.  En  combinant  ces  deux  schémas,  on  obtient  les  huit  Koua  ou  tri- 


l'Ail.  DKNJOY.   —    I.K  ^l'IKITI-MK  KN  CHINE  i>3 

Kiammcs  de  l"'o-lli,  qui,  rangés  dans  le  ceivl»'  initial  «lu  ni-anf,  runslilii.'ul 
la  ligure  idéale  de  la  création. 

Ces  diverses  Iransformalions,  phases  d'où  est  issu  le  inonde  inatéri.'l, 
sont  ainsi  transcrites  :  trois  traits  nulles  pour  Téther;  trois  traits  femelles 
puur  la  terre;  un  trait  femelle  et  deux  traits  in;\les  pour  le  llui  le  liquide 
pur.  un  trait  femelle  entre  deux  traits  nu\les  pour  le  feu  pur;  un  tiail 
mâle  et  deux  traits  femelles  pour  le  tonnerre;  deux  traits  mAles  et  un  Ir.iil 
femelle  pour  le  vent;  un  trait  m;\te  entre  deux  traits  femelles  puur  l'eau  ; 
enfin  deux  traits  femelles  et  un  trait  m;\le  jujur  les  montagnes. 

Le  fonds  et  le  tréfunds  de  la  terre  sont  peuplés  d'êtres  surnaturels. 
C'est  Yn-Van-Sé,  le  composé  de  deux  principes  de  vie,  qui  préside  au 
t.'inp-.  l>émon  au  visage  mi-partie  noir,  mi-partie  blanc,  il  est  le  maître 
du  présent  et  de  l'avenir.  11  y  a  aussi  le  grand  diable  blanc,  Chan-lMn- 
Kouaï,  aux  yeux  ronds  qui  sortent,  sanglants,  de  leurs  orbites,  aux  che- 
veux emmêlés  semblables  à  un  nid  de  serpents  en  furie,  à  la  langue 
pendante  apte  à  happer  une  proie  imprudente,  et  Aï  Pa-Kouaï,  le  petit 
lulin  noir,  gnome  ditlorme,  tout  velu,  dont  la  langue,  fine  comme  une 
épée,  semble  une  vipère  prête  à  s'élancer.  11  y  a  toute  une  théorie  de 
démons  cornus  à  l'eavi,  grimaçants  jusqu'à  l'horrible,  en  tout  semblables 
aux  diables  de  l'enfer  du  christianisme. 

Dans  les  Pagodes,  les  bonzes  montrent  au  visiteur  qui  les  en  prient,  de 
longs  Kimonos  sur  lesquels  des  artistes  se  sont  complus  à  figurer  des  scènes 
épouvantables  des  supplices  infernaux.  On  y  voit  des  Esprits  maudits  à 
tête  d'oiseaux,  de  chevaux,  d'Anes  ou  de  porcs,  torturer  des  humains  de 
toutes  les  façons  les  plus  odieuses  que  puisse  supposer  une  imagination 
en  délire.  Ce  sont  des  malheureux  embrochés  et  grillés;  des  patients  livrés 
aux  tortures  de  la  roue  qui,  en  tournant,  arrache  avec  chacun  de  ses 
crochets,  un  lambeau  de  leur  chair.  Ce  sont  des  condamnés  au  pilon  qu'un 
gnome  manœuvre  en  riant  d'une  façon  sardonique,  tandis  que  le  supplicié 
se  fait  tout  petit  et  cherche,  mais  en  vain,  à  se  garer,  en  se  serrant  contre 
les  parois  du  mortier  où  il  est  placé,  des  coups  terribles  qui  broient  son 
corps.  Ce  sont  des  individus  suspendus  par  des  crampons  plantés  dans  la 
peau  du  ventre,  à  des  potences  incandescentes  d'où  ruisselle  de  l'eau 
bouillante;  des  hommes  lentement  sciés;  des  femmes  éventrées  dont  les 
intestins  s'enroulent  sur  des  poulies  hérissées  de  pointes.  Ceux-ci  servent 
de  cibles  à  d'ignobles  farfadets  à  tête  de  serpent,  au  corps  de  porc,  aux 
pieds  de  canard  qui  les  criblent  de  fièches;  ceux-lh,  liés  à  des  poteaux, 
sont  éborgnés  par  des  démons  à  face  de  vessie  gontlée  de  graisse  et  à  corps 
de  bouc,  qui  se  servent  des  yeux  de  leurs  victimes,  comme  de  boules  pour 
jouer  au  tonneau  et  les  jettent  dans  la  gueule  ouverte  d'un  hideux  lézard. 
Les  uns  sont  plongés  dans  des  cuves  d'huile  bouillante;  les  autres  dans 
des  tonneaux  emplis  de  poix  entlammée.  Ici  on  arrache  la  langue  d'un 
homme  avec  des  tenailles  ;  là  on  coupe  les  bras  et  les  jambes  d'une  femme  ; 
là-bas  on  écorche  un  enfant.  Dans  cet  angle,  à  l'aide  d'énormes  blocs  de 
pierres,  on  lapide  de  pauvres  gens  qui  se  cramponnent  à  un  démon  sar- 
castique  dont  le  rôle  infâme  consiste  à  les  protéger  et  à  les  attirer  d'une 


()4;  15    l-KVHII-.ll    19(18 

main,  tamlis  ([n'il  leur  Jelt*-  <le  l'iiiUrf  du  {liouili  foiulii  «lans  la  gorge. 
(>  sont  aussi  Jes  scènes  hideuses  de  porcs,  de  boucs  et  de  serpents  accou- 
plés où  s'anichent  des  procédés  pornographiques  et  scatologiques.  Tout 
cela  s'agite,  se  lord,  se  convulsé  au  milieu  des  llammes  tourbillonnantes 
qui  lèchent  les  suppliciés,  sans  jamais  les  consumer. 

Voici  d'autres  sites  de  désolation.  Après  le  feu,  la  glace.  Eclairés  vague- 
ment par  une  lune  falote,  d'iiuiuenses  glaciers  sont  figurés  dans  une 
région  aux  horizons  bas,  au  ciel  de  nuit.  Là,  trône  une  sorte  de  déesse, 
que  les  artistes  des  pagodes  s'elfurcent  de  représenter  sous  les  apparences 
d'un  être  à  la  beauté  fatale,  aux  regards  voluptueux,  aux  gestes  attirants  : 
c'est  la  fascination  du  mal.  Elle  est  assise  au  haut  d'un  arbre  hérissé 
d'épines.  Tout  autour  d  elle,  captivée  par  ses  séductions,  grouille  une 
loule  en  rut  (ju'une  niégèir  dépouille  de  ses  vêlements.  Hideux  de  passion 
besUale,  les  malheureux  ne  paraissent  pas  s'inquiéter  du  froid  intense  qui 
bleuit  leurs  chaiis.  Ils  ne  vivent  que  pour  la  luxure.  Tout  leur  être  est 
tendu  vers  la  femme  convoitée.  Ils  se  ruent  à  l'assaut,  se  pressent  contre 
l'arbre  «^ui  porle  la  déesse  et  s'immolent  d'eux-mêmes  sur  ses  épines  qui 
les  transpercent,  tant  et  en  si  grand  nombre  qu'un  démon  prévoyant  est 
fort  occupé  à  arracher  ces  grappes  humaines  dont  le  sang  est  exprimé 
sur  le  tronc  infâme,  pour  les  jeter  dans  un  fleuve  gluant  qui  coule,  vis- 
queux non  loin  de  là  et  va  se  perdre  dans  la  nuit. 

Que  ne  feraient  les  Chinois  pour  conjurer  ces  monstres,  éviter  leurs 
embûches,  échapper  à  leur  damnation?  Ils  en  ont  une  telle  frayeur,  qu'ils 
tremblent  à  l'idée  même  de  prononcer  leur  nom  et  cette  terreur  se  conçoit 
aisément  quand  on  songe  que  les  pauvres  gens  croient  fermement  à  la 
réalité  de  ces  supplices.  11  leur  semble  que  les  démons,  sans  cesse  en  quête 
d'une  victime,  soient  attirés  par  le  seul  fait  que  leur  nom  est  proféré  dans 
une  conversation,  si  banale  qu'elle  soit  et,  pour  rien  au  monde,  ils  ne 
voudraient  les  avoir  suscités. 

Comme  les  Esprits  sont  mus  par  des  sentiments  exactement  semblables 
aux  sentiments  humains,  il  y  a,  quand  ils  s'acharnent  sur  une  personne 
vivante,  deux  moyens  de  les  conjurer  :  la  prière  ou  la  menace. 

Seules  certaines  personnes,  douées  d'un  pouvoir  surnaturel,  peuvent 
leur  en  imposer,  les  effrayer,  les  tenir  en  respect  et  même  les  mettre  en 
déroute.  Ces  êtres  privilégiés  ne  sont  pas,  comme  on  pourrait  le  croire, 
des  prêtres,  mais  bien  de  simples  gens  du  peuple,  individus  à  la  vérité 
quelque  peu  étranges,  dont  les  allures  bizarres  révèlent  une  communion 
liabituelle  avec  un  génie. 

Ces  personnages  ont  le  regard  égaré,  la  figure  émaciée,  la  voix  rauque  : 
ce  sont  des  sociers. 

Pour  quelque  menue  monnaie,  ils  consentent  à  se  mettre  en  communi- 
cation avec  la  puissance  occulte  qui  leur  est  familière  et  au  milieu  d'une 
mise  en  scène  extravagante  que  les  plus  sceptiques,  gagnés  par  l'effroi, 
regardent  sans  riie,  ils  chassent  le  démon. 

Leur  intervention  est  surtout  recherchée  dans  le  cas  où  une  maladie 
résiste  aux  traitements  lies  médecins.   D'après  les  croyances  populaires, 


l'Ail.  It  KNJOY.    —    t.r.  >l'IHiri>MK  KN  CHINE  95 

mil'  «It'S  fiiciilt<''s  (les  l^lspritss  malins  consiste  ;i  se  g;lit-ser  sournoiscmenl 
dans  le  corps  des  èlres  vivants  pour  y  causer  des  désordres,  provo(juer 
des  malaises,  susciter  des  maladies  et  metlie  en  péril  la  vie  même  «If 
leurs  victimes.  Chaque  maladie  a  son  démon.  La  langueur,  l'anémie,  Ks 
pâles  couleurs  sont  dues  à  des  gnomes,  (jui  ont  ouvert  les  pores  de  la 
peau  pour  faire  fuir  par  degrés  la  chaleur  vitale.  La  fièvre  e^t  apportée 
des  régions  souterraines  par  un  farfadet  qui  souille  dans  la  tête  du  malade 
un  des  tisons  soustraits  au  foyer  infernal.  Il  n'y  a  pas  jusqu'aux  maladies 
contagieuses  et  épidémiques,  comme  la  variole,  le  choléra,  la  peste,  qui 
ne  soient  attribuées  à  la  malignité  des  démons.  En  un  mot,  l'état  de 
maladie,  c'est  la  possession  par  l'esprit  du  mal. 

Kn  vertu  du  pouvoir  que  lui  confère  le  génie  bienfaisant  dont  il  est 
animé,  le  sorcier  va  droit  au  mal  et  l'exorcise. 

L'opération  spiritiste  se  fait  toujours  de  nuit,  afin  <ju'on  soit  certain 
d'être  en  présence  de  l'esprit  maudit,  dont  les  ténèbres  favorisent  l'action 
délétère.  C'est  dans  sa  toute  puissance  même  qu'il  faut  le  frapper. 

Le  sorcier,  bizarrement  accoutré,  la  tète  surmontée  d'un  bonnet  pointu, 
la  ligure  maquillée  de  manière  à  lui  donner  une  expression  effrayante, 
les  sourcils  allongés  et  relevés  vers  les  tempes,  les  lèvres  cerclées  de 
lignes  blanches  et  noires,  pénètre  dans  la  demeure  où  il  a  été  convié  et 
prend  place  dans  une  antichambre  voisine  du  malade.  Il  s'assied  tout 
d'abord  devant  une  petite  table  recouverte  d'un  tapis  d'autel,  sur  laquelle 
brûlent  deux  bougies  et  où  fume  un  brùle-parfums.  Il  demeure  un  instant 
[lensif  ;  mais  il  ne  tarde  pas  à  s'agiter,  comme  la  Pythie  sur  son  trépied. 
lUenlùt  ses  mouvements  s'accentuent,  il  se  meut  comme  s'il  galopait  sur 
un  cheval  fougueux:  il  fait  des  bons  désordonnés  que  rythment,  pour 
ainsi  dire,  des  exclamations  rauques  et  gutturales.  Sa  poitrine  est  oppres- 
sée, ses  yeux  s'enllamment,  on  voit  croître  en  lui  une  émotion  intense  : 
c'est  le  génie  qui  vient. 

Enfin  le  possédé  se  calme  un  peu.  Il  parait  transliguré  et  ses  gestes 
semblent  embrasser  l'horizon.  Il  parle;  mais  les  mots  (jue  scandent  ses 
lèvres,  appartiennent  à  un  langage  mystérieux  que  nul  ne  comprend. 
Parfois  cependant  cet  ignorant,  cet  homme  du  peuple  illettré,  surprend 
ses  auditeurs  en  s'exprimant  correctement  en  langue  mandarine,  en  Couaii- 
Houa.  Mais  sa  voix,  d'abord  posée,  devient  bientôt  saccadée.  Ses  paroles 
sont  entrecoupées  de  hoquets  nerveux  ;  ses  mains  s'agitent  de  nouveau 
d'une  façon  désordonnée.  Il  tend  les  bras  et  par  une  mimique  expressive, 
explique  qu'il  désire  un  objet  tranchant,  pour  sa  bouche.  Le  geste  est 
compris  par  les  assistants  qui  lui  tendent  un  sabre.  Aussitôt  il  s'en  saisit, 
le  porte  à  ses  lèvres  et  d'un  coup  sec,  se  fait  une  incision  sous  la  langue. 
Le  sang  qui  s'échappe  de  cette  blessure  est  recueilli  dans  un  bol.  Le 
sorcier  s'en  sert  comme  d'encre,  pour,  à  l'aide  d'un  pinceau  ordinaire, 
tracer  sur  des  feuilles  de  papier  jaune  des  signes  cabalistiques  qui,  aux 
dires  des  croyants,  constituent  des  injonctions  impérieuses  contre  les 
Esprits  malins. 
Taudis   qu'il  écrit    en   bat-*,    les  assistants    nhésitenl  pas   à   dérober 


m»  in  iKvitiKK  iiMjr. 

t|Ut.'l(|UL's-unes  de  ces  IViiillcs  pivcieuses  pour  leur  usage  personiiel.  Ce- 
pendant, le  sorcier  à  fini  de  gritTonner.  Alors,  se  saisissant  de  toutes  les 
feuilles  miculées  de  son  s;ing,  il  se  It^ve  et  passe  dans  la  chambre  du  ma- 
lade. Celui  ci  a  ('lé  étendu  ;i  terre;  sur  une  natte.  (Jn  a  placé  auprès  de  lui 
deux  grands  candélabres  dans  lesquels  brûlent  des  cierges  rouges.  Tout 
autour  de  sa  couche,  on  a  jeté  des  [)apiers  d'or  et  d'argent,  on  a  jonché  le 
solde  feuilles  de  prières. 

Gambadant  comnie  un  fou,  autour  du  patient  immobile,  les  mains 
croisées  sur  la  poitrine,  le  soicier  hurle  à  pleine  voix  ;  il  jette  une  à  une 
ses  formules  d'exorcisme,  dans  une  sarabande  échevelée,  fait  un  tapage 
extraordinaire. 

Pour  accroître  la  puissance  de  son  exorcisme,  des  gens  s'évertuent  en 
même  temps  à  frapper  à  coup-  redoublés  sur  des  tam-tam,  des  gongs,  des 
cymbales,  sur  tout  objet  sonore  quelqu'il  soit,  et  celte  cacophonie  sauvage, 
que  complètent  les  cris  poussés  à  qui  mieux  mieux  par  les  assistants 
qu'entraîne  le  démoniaque  sorcier,  n'a  d'autre  but  que  de  mettre  en  fuite 
l'Esprit  malin,  en  l'épouvantant. 

Enfin,  épuisé,  ses  forces  vaincues,  l'exorcisle  pousse  un  grand  cri  aigu 
spasmodique,  se  raidit  et  tombe  à  la  renverse. 

La  cérémonie  est  terminée.  On  fait  cependant  boire  au  malade,  par 
excès  de  précautions,  les  cendres  des  papiers  jaunes  sur  lesquels  ont  été 
écrites  les  formules  d'exorcisme,  en  les  mêlant  à  une  potion  faite  d'alcool 
de  riz  et  d'une  infusion  déplantes  balsamiques. 

Si  la  guérison  ne  survient  pas  dans  les  jours  qui  suivent,  c'est  que  le 
mauvais  Esprit  est  plus  tenace  et  plus  pervers  encore  qu'on  ne  le  suppo- 
sait. Le  danger  n'en  apparaît  que  plus  grand  pour  le  malade.  On  recom- 
mencera donc,  de  semaine  en  semaine,  les  exorcismes  jusqu'à  ce  que 
le  malade  guérisse  ou   meure. 

En  temps  d'épidémie,  lorsque  le  mal  s'étend  sur  toute  une  aggloméra- 
lion,  on  procède  de  faeon  dilïérente.  La  puissance  néfaste  est  manifeste- 
ment trop  forte  pour  qu'on  songe  à  la  violence.  On  emploie  alors  la 
douceur. 

Dans  les  villages  pauvres,  on  se  contente  de  fabriquer  un  petit  radeau 
sur  lequel  on  entasse  des  victuailles,  principalement  du  porc  dont  les  esprits 
sont,  paraît-il,  friands,  des  gâteaux,  des  fruits,  du  vin  de  palmes.  On 
orne  ce  radeau  comme  un  autel:  on  le  surmonte  de  petits  étendards  mul- 
ticolores en  papier  de  soie  ;  on  y  allume  des  baguettes  d'encens  ;  on  y  dé- 
pose des  sapèques  d'élain  et  de  cuivre.  Enfin,  on  le  porte,  en  grande 
pompe,  auprès  du  fleuve  voisin.  Après  avoir  attiré  les  Esprits  malins  de 
la  région  par  toutes  sortes  de  paroles  aimables,  d'invitations  déférentes, 
de  captieuses  promesses,  on  les  convie  à  goûter  ce  festin  offert  par  la 
commune.  Quand  on  suppose  .que  les  génies  du  mal  ont  été  circonvenus  et 
que.  glouton.^-,  ils  se  hâtent  de  se  repaître  sans  prendre  garde  au  piège 
qui  leur  est  tendu,  on  abandonne  doucement  le  radeau  au  cours  du  fleuve 

C'est  une  façon  polie  de  mettre  le  fléau  à  la   porte  ou  plutôt  de  l'en- 


PAll.  DK.NJOY.     -    I.K  SI'iniTISME  EN  IMIINK  97 

voyer  —  ce  qui  n'est  guère  charitable  pour  le  voisin  —  exercer  ses  ntialé- 
lices  ailleurs. 

Dans  les  communes  plus  riches  et  lorsque  l'épidémie  ou  la  calamité 
exigent,  pour  être  conjurées,  de  plus  grands  sacrifices,  on  procède,  à  des 
cérémonies  somptueuses  dans  les  pagodes.  Ce  sont  les  l*ou-ïou,  rites  pro- 
pitiatoires, si  la  colère  des  Esprits  est  seulement  appréhendée  et  qu'on 
veuille  éloigner  tles  malheurs  futurs,  ou  expiatoires  si  le  mal  règne  et 
qu'on  lente  de  désarmer  les  courroux  des  démons. 

Les  cérémonies  de  Pou-Touont  lieu  la  nuit  au  milieu  d'un  grand  con- 
cours de  peuplo,  en  présence  des  autorités  de  la  région.  Elles  durent  quatre 
jours  etcomporlent  des  illuminations  publiques  qui  consistent  en  éclai- 
rage des  rues,  des  maisons  particulières,  des  édifices  publics  et  des 
[)agodes  avec  des  lanternes  de  papier  colorié.  alTectant  des  formes  d'ani- 
maux extraordinaires. 

Durant  toutes  les  cérémonies,  les  bonzes  officient,  revêtus  de  leur 
l(jngue  toge  de  soie  jaune,  ayant  à  leur  tête  celui  d'entre  eux  qui,  par 
rimposilion  du  feu  sur  le  crAne,  a  été  proclamé  saint  et  dès  lors  jouit  du 
privilège  exclusif  de  porter  une  mitre  dorée,  semblable  à  celle  des 
évèques  catholiques. 

Le  premier  soir,  ont  lieu  les  cérémonies  d'invitation.  On  apporte 
d'abord  un  petit  sujet  en  carton  qui  représente  un  homme  à  cheval.  Un 
bonze  écrit  en  chantant  une  formule  de  politesse  sur  une  feuille  de  papier 
jaune  qu'il  roule  ensuite  et  passe  dans  la  main  du  fantoche.  Muni  de  ce 
libelle,  le  cavalier  est  jeté  dans  un  brasero  où  il  est  incinéré  avec  sa  mon- 
tuie.  Ce  personnage  représente  l'ambassadeur  que  la  ville  délègue  auprès 
ilu  trône  de  You-Houan,  le  dieu  de  Jade,  pour  l'inviter  à  la  cérémonie. 
Les  mandarins  du  lieu  vont  ensuite  se  prosterner  au  pied  des  autels,  y 
déposent  des  baguettes  de  santal  qu'ilsallumentet  font  chacun,  lentement, 
neuf  génuflexions  respectueuses.  On  apporte  alors  cinq  tuiles,  qu'on  place 
à  terre,  cote  h  côte,  et  qui  figurent  les  régions  infernales.  Sur  chacune 
d'elles  sont  jetées  pèle-mèle  des  silhouettes  en  papier,  simulant  dt»s  Esprits. 
Un  bonze  tourne  autour  d'elles  en  psalmodiant,  brise  tour  à  luur,  à  coups 
de  maillet,  les  cinq  tuiles  et  emporte  les  silhouettes.  Ce  rite  a  pour  objet 
de  détruire  les  obstacles  rocheux  qui  pourraient  empêcher  les  divinités 
conviées  de  (juitter  les  entrailles  de  la  terre  pour  émerger  sur  le  sol  de  la 
Commune. 

Afin  (i"indi(iuer  aux  Esprits  la  route  à  suivre  pour  venir  à  la  Pagode, 
on  hisse,  de  loin  en  loin,  aux  arbres  des  environs,  des  globes  lumineux  sur 
lesquels  sont  inscrits  îles  signes  cabalistiques.  Y  a-t-il  un  lleuve  dans  les 
enviions?  On  se  rend  en  procession  sur  ses  bords  et  on  dépose  sur  ses 
eaux  de  petits  vases  en  forme  de  fleurs,  qui  portent  des  lampions  et  qui 
constitueront  les  nefs  sur  lesquelles  les  Esprits  pourront  prendre  place. 

La  seconde  soirée  est  affectée  à  la  réception  des  Esprits.  Les  invités  sont 
arrivés.  On  brûle  en  leur  honneur  des  monceaux  d'encens  ;  on  incinère 
des  liasses  de  papiers  dorés  et  argentés.  Tout  autour  du  temple,  on  a 
dressé  des  boutiques  en  miniature  oii  trônent  des  mannequins  en  car  ton, 

suc.   b'AMllUul'.    l'JOti.  7 


!»S  i:»   II'. VII II: Il    lîKUi 

patrons  ot  commis  de  ces  magasins  fictifs,  (l'est  là  que  les  Ksprils  sont 
censés  aller  s'approvisionner  de  tout  ce  qui  leur  est  nécessaire.  Ils  y 
trouvent  tailleurs,  chemisiers,  cordonniers,  coilTeurs,  barbiers,  ))Pdicures. 
On  leur  uiïre  des  vêtements  complets,  du  linge,  des  chapeaux,  des  chaus- 
sures, le  tout  liguré  en  papier  et  mis  en  étalage  dans  les  boutiques  de 
carton. 

On  les  comble  aussi  de  victuailles.  Ce  ne  sont  sur  des  rayons  superpo- 
sés qu'entassements  de  fruils,  de  viandes  hachées,  de  poissons  salés  et 
fumés,  pyramides  de  gAleaux  île  riz,  montagnes  de  pains  dorés,  échafau 
dages  de  pAtes  molles  multicolores. 

On  veille  à  leurs  plaisirs,  en  leur  consacrant  une  fumerie  d'upiun»  et 
une  maison  de  jeux,  également  en  carton. 

Dans  un  coin  retiré  de  la  Pagode,  derrière  des  stores  pudiquement 
baissés,  on  leur  a  ménagé  des  appartements.  D'un  côté,  les  hommes  ;  de 
l'autre,  les  femmes.  Ces  réduits  contiennent  des  nattes  de  paille,  des 
oreillers  de  carton,  des  couvertures  de  chiffons.  On  y  a  aussi  déposé 
des  jarres  pleines  d'eau  pour  les  ablutions  et  des  feuilles  de  papier  qui 
doivent  faire  office  de  serviettes. 

Le  troisième  soir,  a  lieu  la  réception  proprement  dite.  C'est  le  jour  du 
banquet.  Les  idoles  de  la  Pagode  y  assistent,  placées  en  cercle  autour 
de  la  table  que  servent  les  bonzes,  ayant,  en  la  circonstance,  les  fonctions 
de  maître  d'hôtel.  Le  festin  est  des  plus  soignés.  Tout  ce  que  peut  fournir  de 
plus  raffiné  la  cuisine  chinoise,  y  est  apporté.  Les  Chinois  se  surpassent 
en  extravagances  culinaires  pour  arriver  îi  capter  les  Esprits  qu'ils  veulent 
se  concilier. 

Après  la  consécration  du  festin,  qui  se  fait  à  l'aide  de  prières  el  de  can- 
tiques, on  allume  un  immense  bûcher  sur  lequel  on  incinère  toutes  les 
offrandes,  au  bruit  des  feux  d'artifice,  au  crépitement  des  pétards  l't  à  la 
lueur  des  fusées  multicolores. 

Enfin  lequalrième  jour, on  donne  un  second  repas,  mais  plus  modeste, 
aux  Esprits  retardataires  et  aux  impotents,  qui  n'ont  pu  assister  aux 
agapes  de  la  veille. 

Les  mêmes  oITrandes  sont  faites.  Toutefois  leur  quantité  est  moins 
grande  et  il  y  a  lieu  de  remarquer  que  cette  fois,  on  multiplie  les  sauces 
et  les  bouillies,  attention  délicate  pour  les  Esprits  fatigués  qui  ne  pour- 
raient goûter  aux  mets  relevés  et  pour  ceux  des  gnomes  qui,  décapités 
de  leur  vivant  sur  la  terre,  ne  peuvent  qu'ingurgiter  dans  leur  cou  béant. 
des  coulis  et  des  purées. 

C'est  ainsi  que  les  maux  sont  conjurés,  les  épidémies  "vaincues,  les 
catastrophes  évitées.  Si  les  Esprits  sont  satisfaits  de  la  réception  (jiii  leur 
a  été  faite,  ils  retournent  à  leur  domaine  infernal  et  le  bonheur  renaît 
dans  la  commune  qu'ils  ont  cessé  d'infester. 

Excessivement  prompts  à  relever  ce  qu'ils  croient  être  une  injure  à  leur 
puissance,  les  Esprits  sont  aussi  éminemment  jaloux  du  bonheur  des 
humains.  C'est  pourquoi  il  faut  se  bien  garder  de  faire  étalage  de  richesses 
ou  seulement  se  féliciter  d'être  heureux.  Voici  un  père,  qui,  fier  de  l'en- 


l'Ai  (,    d'iONJOV.    —    l,K  >l'll!ll  I^MK   KN   CIIINi:  91) 

r.iiil  (|iii  lui  L'sl  né,  v;u)tt'  [»;itloiit  sa  uifïfc  II  lui  a  iloiiiii'  un  |)n'iinm 
aiinal)lL'.  Il  l'appollc  diamant,  rusée,  aiirurc,  boulon  dr  lolus,  giaino  dur, 
perle  fine,  par  exemple.  0"''lle  sollise  !  (lette  imprudi'nre  siifTil  ;i  exciter 
la  jalousie  d'un  démon  (|ui,  a|ti)ccnant  Ir  bonheur  de  cdlf  famille, 
s'acharne  aussitôt  sur  elle,  y  sème  la  discorde  et  les  nialadies,  y  propage 
la  mort. 

Aussi  voit-on  nombre  de  personnes  prudentes  donner  aux  nouveau  nés 
des  noms  de  mépris  ou  des  appellations  dégradantes.  Ce  sont  des  laideurs, 
di's  chagrins,  des  pestes.  Kn  temps  d(!  choléra,  le  prénom  de  dysenterie 
est  des  mieux  appropriés  :  on  le  considère  comme  une  sorte  de  talisman. 

(In  criminel  est-il  exécuté  sui-  la  place  publique?  Aussitôt  que  sa  tête 
est  décollée,  les  spectateurs  s'empressent  de  pousser  des  cris  discordants 
pour  faire  fuir  sa  vilaine  Ame.  C'est  évidemment  un  esprit  malin  de  plus, 
puisqu'il  a  commis  un  crime  puni  de  la  peine  capitale  et  il  y  a  tout  lieu 
i\o  craindre  qu'il  ne  hante  maintenant  ces  lieux  pour  y  faire  des  malé- 
fices. 

Dans  les  régions  infestées  de  tigres  ou  de  serpents,  on  élève  de  petits 
temples  à  ces  animaux  divinisés.  Ce  sont  des  chapelles  de  bois  en  forme 
di'  niches,  placées  au  pied  de  grands  arbr<'s,  dans  lesquelles  on  dépose 
quelques  ossements  de  ces  êtres  redoutés.  Soigneusement  les  bonzes  de 
la  Pagode  voisine  y  entretiennent  des  feux  d'encens  et  chaque  passant 
jette  une  pierre  contre  l'arbre,  de  telle  sorte  (|ue  bientôt  le  petit  temple 
est  entouré  d'une  véritable  pyiamide  de  cailloux. 

In  moyen  d'apaiser  les  Esprits  malfaisants  consiste  à  leur  immoler  des 
volailles.  On  prend  un  poulet,  on  lui  ficelle  les  pattes  et  on  le  suspend, 
la  tète  en  bas,  au  bout  d'une  perche  fichée  en  terre.  Ceci  fait,  on  se  met 
à  le  plumer  tout  vif,  en  invoquant  les  démons  auxquels  on  fait  complai- 
samment  l'éloge  de  la  chair  de  la  victime.  Quand  on  a  suffisamment 
excité  la  convoitise  de  l'Esprit  et  que  l'animal  est  entièrement  plumé,  on 
lui  tranche  le  cou  et  on  laisse  le  sang  dégoutter  sur  le  sol. 

litres  humains  dégradés  et  damnés,  animaux  sauvages  et  féroces,  bétes 
apocalypli(|ues,  tout  un  monde  grouillant  de  créatures  maliaisantes 
habite,  selon  la  croyance  populaire,  dans  les  entrailles  de  la  terre  et  ;i  sa 
surface.  Le  peuple  chinois,  comme  un  enfant  maladif,  imagine  les  démons 
les  plus  hideux,  serpents  à  mille  tètes,  lézards  à  gueules  eiïroyables, 
éléphants  et  mastodontes  épouvantables.  Le  ciel  lui-même  est  peuplé  par 
son  cauchemar  d'animaux  fantastiques  dont  il  croit  voir  les  formes  dans 
les  nuages.  Il  divinise  jusqu'il  la  pluie  et  au  vent,  dont  il  fait  le  dragon 
et  le  phénix. 

Le  dragon,  en  ei'i'el,  repr<''scnl(i  la  pluie.  On  le  figure  comme  un  animal 
à  tête  de  tigre  et  au  corps  de  serpent.  La  gueule  ouverte  laisse  échapper 
des  trombes  d'eau  et  des  tourbillons  de  fumée  noire.  Il  a  des  dents  mons- 
trueuses, longues  et  acérées,  des  yeux  en  boules  semblables  à  ceux  des 
homards,  qui  lancent  des  éclairs  et  se  meuvent  comme  des  projecteurs 
éleclriques.  Il  porte  sur  le  front  deux  cornes  giratoires  qui  tournent  en 
sifllant  lorsqu'il  est  en  colère.  Son  corps;  souple  et  ondulcux,  se  compose 


100  15  i-i:vuiKit   ll»Or) 

de  mille  anneaux  fiiniunls,  qui  se  lordenl  au  milieu  de  flammes  bleuâtres. 
Il  glisse,  il  rampe  ;i  travers  les  nuages  et,  s'il  est  irrité,  il  avance  par 
bonds,  en  se  servant  tantôt  de  ses  deux  courtes  pattes  aux  cinq  grifîes 
crochues,  tantôt  de  ses  ailes  en  forme  de  nageoires.  Alors,  c'est  le  typhon. 
Humide  et  suant,  il  passe  dans  une  trombe  et  ses  mugissements  sont  ceux 
de  la  mer  en  furie. 

Le  dragon  est  le  dieu  des  nuées.  C'est  à  lui  que  le  peuple  adresse  des 
prières  durant  les  périodes  de  sécheresse.  C'est  lui  également  qui  a  les 
honneur-;  de  la  procession  annuelle  du  premier  jour  de  l'an;  au  cours  de 
laquelle,  dans  l'espoir  de  pluies  bienfaisantes,  on  promène  avec  pompe,  à 
travers  les  rues  populeuses,  son  image  en  carton  et  toile  |teinte,  soutenue, 
agitée,  secouée  par  mille  coolies  en  délire,  aux  applaudissements  de  la 
foule  joyeuse. 

Le  phénix  est  un  oiseau  au  riche  plumage.  Ses  plumes  sont  teintes  des 
cinq  couleurs  chinoises  fondamentales  :  noir,  rouge,  azur,  blanc  et  jaune. 
Cet  animal  a  un  chant  mélodieux,  comparable  au  son  de  la  flûte.  Il  est 
infiniment  doux  et  bon  par  nature,  mais  très  susceptible.  Contrarié,  il 
appelle  le  dragon  et  tous  les  deux,  s'unissanl,  déchaînent  des  tempêtes. 
Au  calme,  le  phénix  représente  la  brise;  à  l'étal  de  mécontentement,  c'est 
le  vent  plus  ou  moins  violent;  dans  l'irritation,  c'est  le  cyclone. 

Par  flatterie,  on  assimile  l'empereur  de  Chine  au  dragon  et  l'impéra- 
trice au  phénix. 

Telles  sont,  dans  leurs  principaux  traits,  les  superstitions  chinoises, 
issues  du  panthéisme  déformé  de  Kon-Phou-Chéou,  du  Laoséisme  aggravé, 
du  Bouddhisme  matérialisé  et  de  toutes  sortes  de  pratiques  de  sorcellerie. 
Il  faudrait  écrire  dt.'s  volumes  —  et  ce  serait  une  œuvre  fastidieuse  —  si 
l'on  voulait  noter  toutes  les  croyances  spiritistes  de  ce  peuple.  Ces  fan- 
taisies sont  si  nombreuses  et  si  confuses  qu'elles  se  contredisent  les  unes 
les  autres  :  mais  le  vulgaire  les  accueille  toutes,  avec  la  même  faveur,  les 
yeux  fermés.  Il  aime  ces  inventions  macabres,  en  savoure  le  mysticisme 
puéril  et  frissonne  à  l'évocation  de  ce  monde  imaginaire,  parce  que  son 
esprit  vieillot  s'accommode  mieux  de  la  légende  que  de  la  vérité  et  que, 
comme  pour  les  êtres  humains  dans  leur  individualité,  il  est  un  âge  où  les 
peuples  reviennent  à  l'enfance. 

l-a  Chine  est  bien  vieille!  Renaitra-t-elle  comme  le  Phénix? 


I,^;^,Y.    —   PIERRES  LEVKES  ET  FIGURES  HUPESTRES    IH'  TAf.ANT  101 

PIERRES   LEVÉES   ET    FIGURES    RUPESTRES   DU   TAGANT 

I'ah  m.  E.-T.  Hamy. 


M.  Robert  Arnaud,  qui  .'liiit  attaché  à  la  mission  qui  vient  d'explorer 
une  partie  de  la  Mauritanie,  a  recueilli,  chemin  faisant,  dans  le  Tagant, 
quelques  observations  ethnologiques  (ju'il  a  bien  voulu  me  communiquer 
.'t  dont  l'intérêt  m'a  paru  considérable.  D'une  part,  en  effet,  il  a  relevé 
des  alignements  de  mégalithes  fort  curieux  et  d'une  autre  part,  il  a  pho- 
tographié un  certain  nombre  de  figures  rupestres  qui  marquent  la  limita 
orientale  et  méridionale  de  cette  épigraphie  particulière. 


1 


Les  mé>,'alithes,  observés  par  M.  Robert  Arnaud,  se  dressent  dans  le 
iieu  dit  Zirt-el-Ilaïch,  entre  les  restes  de  construction,  désignés  sous  le 
de  Ksar-el-Rarca  et  le  passage  de  Dikel  dans  la  barrière  du  Tagant.  Ce 
sont  des  dalles  de  grès,  sorte  de  stèles  grossières,  arrondies  au  sommet  et 
(jui  mesurent  en  moyenne  \  m.  20  de  hauteur  au-dessus  du  sol,  1  mètre  de 
largeur  et  0  m.  40  d'épaisseur.  Leur  face  regarde  le  Sud,  elle  est  à  peu 
près  lisse  et  ne  porte  aucune  trace  de  caractères.  Huit  de  ces  pierres  sont 
plantées  en  une  sorte  de  quillier  aux  pièces  équidistantes  (on  mesure 
environ  2  m.  50  d'une  pièce  à  l'autre)  auquel  manquerait  celle  du  Nord- 
Ouest  reportée  en  avant  et  au  milieu  de  la  face  occidentale.  Entre  cette 
dernière  pierre  ainsi  fichée  à  2  m.  50  au-devant  delà  médiane  et  celle  qui 
marque  l'angle  Sud-Ouest,  on  en  voit  une  neuvième,  a  demi-tombée  et  que 
notre  observateur  es!ime  avoir  été  charriée  là  par  les  eaux.  Ine  dixième 
et  dernière  pierre,  de  même  forme  et  de  mêmes  dimensions  que  les  neuf 
premières,  gît  à  4  mètres  dans  le  Nord  juste  au  milieu  de  la  rangée  cor- 
respondante. 

Cet  ensemble  de  pierres  debout,  qui  parait  ancien  et  au  sujet  duquel 
notre  informateur  n'a  rien  recueilli  de  particulièrement  instructif,  m'a 
rappelé,  dans  une  certaine  mesure,  les  S'nobs  des  Denhadja  que  ces  mon- 
tagnards dressaient  encore  naguère  dans  un  certain  ordre  sur  les  hauteurs 
qui  séparent  l'Oued  Aïn  el  'Haleb  de  l'Oued  Khamis,  et  que  leurs  voisins 
les  Ouled-Meçaoud  et  les  Hazelsa  s'acharnaient  à  renverser  et  à  précipiter 
dans  les  ravins,  quand  ils  étaient  vainqueurs  de  ces  adversaires,  réputés 
des  Djouhala,  des  pa'i'ens. 

Aussitôt  la  paix  rétablie,  les  Denhadja  s'empressaient  de  relever  leurs 
pierres  sacrées  et  Sergent  auquel  j'emprunte  ces  renseignements  a  encore 
vu  en  1870  un  certain  Snob  Gossem,  érigé  par  ces  indigènes  en  l'honneur 


!•>-  In  FKViiiKii    IHOd 

de  leur  ancéliv  le  plus  c<Mèbre  el  qui  dressait  au  milieu  de  leur  cimetière 
sa  masse  enfoncée  de  0  m.  30  el  qui  atteignait  1  ni.  20  au-dessus  du  sol  '. 


II 

Les  roches  peintes  ou  gravées  que  M.  Robert  Arnaud  a  découvertes  et 
photographiées,  s'accumulaient  au  voisinage  des  sources  de  l'Oued- 
Garaoual.  Le  ruisseau  qui  porte  ce  nom  sort  d'une  gorge  très  étroite  entre 
d'immenses  roches  verticales  el  ses  eaux  abondantes  se  précipitent  sous 
bois  de  bassin  en  bassin  jusqu'à  la  plaine  d'Aflout.  Cl'est  sur  ces  hautes 
parois  de  pierre  naturellement  dressées  que  le  voyageur,  qui  allait 
rejoindre  par  ce  chemin  dilficile  ses  compagnons  parvenus  à  El-Haous- 
sinia,  a  reconnu  la  présence  de  ligures  nombreuses  et  variées,  plus  inté- 
ressantes, il  faut  bien  le  reconnaître,  parleur  situation  géographique  que 
par  leurs  caractères  intrinsèques.  On  n'y  distingue,  en  effet,  que  des 
représentations  déjà  connues  ailleurs  et  parmi  lesquelles  je  retrouve  tout 
d'abord  un  bouclier  dans  le  genre  de  celui  (ju'a  vu  Nachtigal  ;i  l'enn^^ii 
Oudèno,  près  du  Val  Bardai,  au  Tibesti  *;  la  croix  à  double  contour 
est  remplaeée  ici  par  un  large  pointillé. 

Trois  ou  quatre  guerriers,  représentés  isolément  sur  la  même  roche 
de  Garaoual,  sont  armés  de  boucliers  analogues  et  brandissent  im  javelot 
au  bout  d'un  bras  démesurément  allonsé. 


'f      "      \] 


^t  if  4 


Figures,  rupestres  des  sources  de  Garaoual. 
(D'après    les    photographies    de    M.    R.    Arnaud.; 

Des  cavaliers  figurent  sur  la  même  pierre,  montés  sur  des  quadrupèdes 
que  le  cou  allongé  et  les  jambes  très  longues  feraient  prendre  au  premier 
abord  pour  des  chameaux,  mais  que  l'absence  de  bosse  et  certains  détails 


•  Cf.  Bull.  Soc.  d'Anthrop.,  2o  sér.  T.iV.,  p.  54-5;..  1870. 

'  D'  G.  Nachtigal.  .S'o/ifl/Y/  et  Soudan,  trad  Ir.  T.  I,  p.  178-179.  Paris,  18«l,  iu-8». 


IIAMY.   —   l'IKIlHKS  I.KVKES  KT  KKilllKS  III  PESTIIKS  l»l    ■rA(iAM  |(IM 

(le  l;i  tête  ou  de  la  queue  inonlrenl  bien  tUre  des  équidés.  L'un  de  ces  uni- 
maux  de  trait  porte  une  selle  d'une  forme  encore  restée  dans  le  pays.  ■ 

Je  vois  encore  sur  la  photographie  de  M.  11.  .Arnaud  une  autruche  bien 
re'.'onnaissable;  un  ovale  orné  d'une  croix,  canlonnée  de  quatre  points  et 
encadré  d'abord  d'un  bord  strié,  puis  d'un  large  cercle  pointillé  :  notre 
explorateur  croit  y  retrouver  l'image  de  la  tortue  terrestre,  de  môme  qu'il 
rapproche  du  caïman  (|ui  abonde  dans  les  bassins  de  r()ued  une  singu- 
lière ligure  oclopode  formée  d'un  corps  cylindii(|ue  d'où  partent  des 
deux  côtés  des  traits  obliques  en  avant,  puis  en  arrière.  Ces  rapproche- 
ments me  paraissent  malheureusement  (JiHiciles  à  admettrt\  je  ciois  i|iri| 
vaut  mieux,  pour  l'instant,  s'abs!enii'  de  commentaires. 

.\ucun  signe  ne  rappelle  dans  tout  cet  ensemble  de  ligures  les  al|>liabt'ts 
berbères,  anciens  ou  actuels. 

.le  le  répète,  en  terminant  cette  courte  note,  ces  dessins  rupestres  de 
roued-tîaraouel  sont  surtout  intéressants  par  l'emplacement  où  ils  ont 
été  rencontrés.  On  ne  connaissait  jusqu'à  présent  aucune  figuration  de  ce 
genre  au  Sud  des  itinéraires  du  rabbin  Mardochée  dans  le  Sous-.Maro- 
cain  '.  M.  K.  .\rnaud  a  donc  marqué  les  étapes  les  plus  méridionales  des 
auteurs  de  ces  décorations  rupestres  dont  M.  Foureau  limitait  récemment 
l'aire  géographique  au  puits  de  Taghazi  et  à  l'Oued -Tidek  dans  le  Sahara 
Central,  tandis  que  le  lieutenant  Luigi  Talainonti  fixait  en  Erythrée  celte 
même  frontière  vers  Culliléet  Dinaé  dans  la  basse  vallée  de  Baica  *. 


'  Cr.  H.  DuvEYRiKK.  ScuJ/)lures  antiques  de  la  prorince  marocaine  de  Sous, 
(lécourei-tes  jtar  le  rabbin    Mardochée  (Bull.  Soc.  de  Géoqr.  VI'  sér.  T.  XFI,  p.   129, 

*  F.  Foureau.  D'Alger  au  Congo  par  le  Tchad.  Paris,  11)02,  1  vol  in-S»,  p.  151- 
136.  —  CONTI  KOSSINI  CarLO.  Docunienti  per  iarcheologia  erilrea  iwlla  bas.sa 
rallf  del  Barra.  Koina,  H.  Ace.  ili  Liiicoi,  1003,  br.  in-8',  p.  'i,  .S  .t  10. 


ml  iï)  KKvmi;»   i'.KJ») 

SURVIVANCES    ETHNOGRAPHIQUES 
L'écorçoir  dans   les  Ardennes,  l'Indre  et  l'Yonne. 

l'Ait    M.    .).     IlliliEMr, 
lnspeel''ur  au  Miisr---  d  lillino^irapliie  du  Trocaderu. 

Dans  une  courle  cominunicilion,  .uJressée  à  la  Société  d'Anthropologie 
lie  Bruxelles,  le  29  décembre  IHDJ,  M.  le  tlapitaine  Delvaux  décrivait  un 
instrument  d'un  caractère  très  primitif  qu'il  avait  vu  manier  quelques 
années  auparavant  par  des  hii  ;herons  dans  le  bois  d'IIavré,  près  de  Mons. 
C'était  un  radius  de  cheval,  détaché  du  cubitus,  et  taillé  en  biseau  à  un 
tiers  de  l'extrémité  distale.  Une  lame  de  couteau  en  fer  se  trouvait  em- 
manchée à  2  centimètres  environ  sous  le  bord  de  l'articulation  huméro- 
radiale.  M.  Uelvaux  n'avait  pu  que  dessiner  exactement  l'exemplaire  qu'il 
avait  vu  et  en  construire  un  identique  pour  sa  démonstration  à  la  Société 
belge  d'Anthropologie,  en  substituant  toutefois  une  lame  de  couteau  en 
silex  à  la  lame  de  fer  pour  restituer  dans  son  état  primitif  l'instrument 
préhistorique. 

Le  Musée  d'Ethnographie  du  Trocadéro  montre,  dans  une  des  vitrines 
de  sa  section  française,  une  collection  d'outils  exactement  semblables  à 
celui  d'Havre  venant  de  la  forêt  des  Ardennes;  suivant  M.  Mélard,  qui 
nous  envoyait  le  premier  en  1888,  ils  sont  tombés  en  désuétude  vers 
1870.  A  l'appui  de  sa  lettre  d'envoi  M,  Mélard  joignait  quelques  mots 
extraits  du  «  Cours  d'exploitation  des  bois  »  par  H.  Nanquette,  Nancy, 
1859. 


ilSS^: 


Morvan. 


#■ 


Indre. 
«   Dans  les  taillés  des  Ardennes.  dont  les  écorces  sont  renommées,  on 


HKftFJa.   —  vi'RVIVANr.ES  ETIINur.RAPlIIOrES  105 

procède  avec  beaucoup  ilo  soin  à  l'exlraclion  «le  l'écorce.  I /ouvrier  se 
u  sert  à  ct'l  elVel  tl'un  iiisliiiinonl  en  us  ({ui  se  lompuPt'  d'un  libia  de 
('   cheval  taillé  en  hiseau  par  l'une  de  ses  oxlrétnités,  el  armé  tJ'une  lame 

courte,  forte  et  hien  tranchante  à  l'aulre  extrémité,  elc  ,  etc.  <> 

(]'est  donc  un  écorroir,  appelé  »  pi-lone  »  en  langage  wallon  des  Ardennes, 
d'aprt's  les  renseignements  fournis  par  M.  le  (lommandant  W'aulliier, 
par  l'entremise  duipicl  M.  l'acut  a  olVeit  un  nouvel  instrument  en  1889. 

Les  autres  ont  été  envoyés  en  1888  au  Musée  par  M.  Durocher,  Conser- 
vateur des  forêts  ;i  Charir'ville. 

Nous  avons  donc  à  notre  disposition  G  instruments  venant  tous  des 
.Vrdennes  formés  de  4  radius  gauciies,  et  de  2  droits.  La  longueur  varie 
de  25  à  35  centimètres,  la  largeur  de  0,07  cent,  à  0,095  mill.,  une  des 
extrémités  taillée  en  chanfrein,  de  manière  à  opposer  le  biseau  à  la  cour- 
bure de  l'os.  La  longueur  de  la  partie  polie  varie  de  0,08  cent,  à  0,H5 
mill.,  la  largeur  de  0,046  mill.,  à  0,06  cent.,  à  la  tranche.  Le  biseau  est 
taillé  sous  un  angle  variant  de  \8"  à  25<'. 

La  partie  supérieure  de  l'os  est  armée  d'une  lame  de  fer,  probablement 
d'un  couteau,  placée  plus  ou  moins  obliquement,  la  saillie  de  l'os  est  cou- 
pée droit,  le  fer  apparent  est  de  0,03  à  0,04  centimètres  de  longueur,  et 
de  0,016  à  0,022  mill.  de  largeur,  cassé  carrément  sur  3  outils,  en  pointe 
triangulaire  sur  2,  et  arrondi  sur  1.  Ces  lames  de  fer  sont  maintenues  par 
une  sorte  de  gomme  dans  deux  instruments,  sur  un  autre  la  lame  est 
tenue  par  un  morceau  de  cuir.  Les  autres  fers  sont  enfoncés  à  force;  dans 
l'un  d'eux,  la  soie  dépasse  et  est  rivée  sur  l'os,  et  le  fer  a,  dans  toute  sa 
longueur,  0,105  mill. 

Ces  outils,  débarrassés  des  saillies,  taillés  el  limés,  sont  bien  en  main. 

Il  est  intéressant  de  constater  que  cette  industrie  primitive  ne  se  ren- 
contre pas  exclusivement  dans  l'ancienne  forêt  des  Ardennes.  On  a  en 
effet  signalé  des  engins  analogues  dans  les  Cotes-du-Nord,  où  l'oscorn 
ffliV  servait  encore  tout  récemment  au  décorticage  des  jeunes  chênes  '. 
.M.  Doré-Delente  a  signalé  des  pi'loirs  à  écorce  employés  naguère  dans  les 
forêts  de  Dreux,  de  ChAteauneuf-en-Thimerais  et  de  Seneuches  *. 

En  voici  enfin  deux  encore,  l'un  venant  de  l'Indre,  l'autre,  de  l'Yonne, 
où  déjà  M.  Salmon  en  avait  vu  de  pareils  ^ 

L'instrument  de  l'Indre  dépourvu  de  fer,  sert,  d'après  M.  Reauvais  son 
donateur,  «  à  faire  de  l'écorce  au  printemps,  el  se  nomme  leverette  ou 
chevrette  ».  Il  est  plus  petit  que  ceux  des  Ardennes.  La  longueur  est  de 
0.21  cent.,  la  largeur  de  0,065  mill.,  la  longueur  du  biseau  est  de  0,07 
cent.,  la  largeur  de  0,038  mill.,  et  un  angle  de  20". 

L'instrument  de  l'Yonne  aussi  en  os,  beaucoup  plus  petit  et  de  forme 


'  P.  AuBRY.  —  Ecorçoiv  moderne  en  os.  Bull.  Soc.  d'Anthrop  ,  IV  série,  t.  IV, 
p.  201,  1893. 
*  Dore-Delente.  —  Erorçoir  en  os.  Ibid  ,  t.  III,  p.  199,  1892. 
'  Ibid.,  p.  \m. 

soc.  d'anthhop.  190G  8 


406 


15   Kf^IVRIkR   1906 


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E.-T.   IIAMV.  —   IJL'ELUIES  MoTS   Slh  M.   Cil.    l'IKlREUKNT  lOT 

un  peu  dill'éreiite  a  élt^  doiiiié  au  Musée  par  M.  Landrin  et  vient  du  Moi- 
van.  La  longueur  est  de  0,175  luill.,  la  largeur  0,03i  luill.;  la  longueur 
du  biseau  de  0,1-2"»  inill.,  la  largeur  de  0.02'J  niill.,  et  un  angle  irrégulier 
d'environ  10". 

Je  joins  à  cett.'  euiirte  note  un  pîtit  tableau  (jui  réunit  les  diverses 
mesures  de  ces  buit  outils  aux  allures  prébistoriques  et  deux  ligures  qui 
reproduisent  les  dernières  de  ces  pièces,  les  autres  répétant  exactement 
celle  que  M.  le  Capilaiii.'  D.'lvaux  a  figurée  dans  le  lUilb'tin  de 
Uruxell.'s. 


m' sÉ.wc!-:.  —  I''  Mars  lyui). 

PuKSHtKNr.E  i)i;  M.  IIamv. 

QUELQUES    MOTS    SUR    M.    CH.    PIETREMENT 

Wkh  m.  K.  t.  Hamv. 
Président  de  la  Société. 

La  Société  d'Anlbropologie  vient  de  faire  une  perle  très  sensible  en  la  personne 
de  M.  Charles-Alexandre  I'iétrement.  ancien  vétérinaire  eu  1*^  au  5"  régiment 
d'artillerie,  ancien  président  de  la.  Société  Centrale  de  Médecine-Vétérinaire, 
membre  honoraire  de  llnslitut  égyptien.  Chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, etc. 

Le  regretté  défunt  a  succombé  le  15  février  à  l'âge  de  81  ans,  après  avoir 
fait  partie  de  notre  Compagnie  pendant  près  de  trente-deux  ans.  Il  avait  été 
nommé  membre  de  notre  Comité  central  dès  1885. 

Ce  collègue  très  aimé  et  très  estimé  est  demeuré  jusqu'à  la  lin  de  ses  jours 
un  de  nos  membres  les  plus  fidèles  et  les  plus  assidus  et,  malgré  son  grand  Age, 
il  présentait  encore,  il  y  a  quelques  mois  à  peine.  îi  la  Commission  de  publica- 
tion un  mémoire  d'une  certaine  étendue  imprimé  dans  notre  avant-dernier 
volume. 

Les  Bulletins  de  la  Société  d'Anthropologie  cdiitienn.  ni  un  grand  nutiibre 
de  travaux  dus  ;"»  sa  plume  infatigable  et  consacrés  pour  la  plupart  à  l'his- 
toire du  cheval,  depuis  la  note  qu'il  rédigeait  sur  les  ossements  de  Solutré 
en  1874  jusqu'il  ce  mémoire  de  1905  que  je  viens  de  rappeler  et  (jui  étudie  les 
races  cherali/tes  dans  l'espace  et  dans  le  tem/js. 

Piètrement  a  été  le  savant  et  persévérant  historien  des  (;bevaux  ;  il  s'occupait 
déjà  de  ces  études  aux  lanciers  de  la  garde  sous  le  second  Kmpire  et  c'est  un  [)eu 
avant  la  guerre  qu'il  a  donné  son  premier  livre  sur  les  Origines  du  cheral 
domestique.  Il  faisait  paraître  les  années  suivantes  deux  mémoires  curieux  siu-  les 
Chevaux  dans  les  textes  védiques  ;  en  1872.  il  éditait  ses  recherches  sur  V Intro- 
duction du  cheval  en  Chine,  insérait  en  1875  au  Recueil  de  Médecine  cétèri- 


408  1*^^  M  vit-  i'.>on 

nairt'  srs  y'nurrau.r  ducunu'iils  sur  i/Uf'/(jucs  poinls  ih'  ihislnire  du  cheval 
depuis  les  temps  p(ilf'iut(ol<if/i</ut-s,  ciilin  <'l  siirloul  il  ri-siimait  vingt  longues 
unnt't's  tlf  lîiln'urs  dans  <  i-  vnlnniinrux  (luvi-uge  île  77<)  pages  que  connaissent 
et  |tralit|nent  Ions  les  lii|i|ii)|(igiies  el  (|iii  es!  intitulé:  Les  cheraur  dans  les 
temps  prehistiiriques  et  /listu/ii/ues  (ISS.'ij. 

Léniilition  |iarlieuiière  île  l'ictirmrnt  éliiil  vraiment  exre|iliunnelk*  el  ses 
éeril>  spéciaux  (ii'nieiirei'nnl  penilanl  luniileiniis  iiassii|ues. 

I.'inhuniation  de  notre  regrellé  collègue  ayant  eu  lieu  dans  lu  plus  stricte 
inliniilé.  votre  Président  n'a  pu  coninie  il  l'ei'it  désiré,  rendre  un  public 
lionnnage  à  sa  niénioire.  Mais  votre  bureau  s'est  fait  votre  interprète  auprès 
de  sa  veuve  en  lui  adressant  l'expression  des  plus  vils  regrets  et  des  plus 
respectueuses  synipatliies. 

M.  le  Président  annonce,  en  outre,  la  mort  de  M.  Jan.-Nep.  Woldrich,  doc- 
teur en  philosophie,  professeur  de  géologie  et  de  paléontologie  et  ancien  doyen 
de  la  Faculté  de  Philosophie  de  l'Université  Charles-Ferdinand  de  Prague, 
membre  d'un  granil  nombre  de  sociétés  d'Anthropologie  et  notamment  de  celle 
de  Paris  dont  il  avait  été  nommé  associé  étranger  dès  1878.  M.  AN'oldrich  a 
succombé  le  3  janvier  dernier  à  l'âge  de  72  ans  et  le  Sénat  de  l'Unniversité 
lait  part  officiellement  de  cette  perle  à  notre  Compagnie. 


LES   FOUILLES  RÉCENTES  DANS   LES  CYCLADES  ET  EN  CRETE 

Par  m.  René  Dussaud. 

{Communication  à  la  Société  d'Anthi-opoloyie  le  15  février  1906  ) 

J'ai  visite  en  Crète,  au  printemps  i905,  le  site  de  Cnosse  rendu  célèbre 
par  les  découvertes  de  M.  Arthur  Evans  et  de  ses  collaborateurs  (Mackensie, 
llogarth,  elc.j,  membres  de  l'Ecole  anglaise  d'Athènes,  les  sites  de  Phaeslos 
et  de  Ilaghia  Triada  fouillés  avec  un  égal  succès  par  la  mission  italienne 
dirigée  par  M.  llalbherr  avec  la  collaboration  de  MM.  Pernier,  Savignoni 
et  Paribeni.  J'ai  étudié  les  objets  conservés  au  musée  de  Candie  et  confiés 
aux  soins  éclairés  de  MM.  Hadzidakis  et  Xanthoudidis.  Les  vases  en 
métal,  pierre  ou  terre  cuite,  les  sculptures,  fa'iences,  fresques,  bijoux, 
armes,  sarcophages,  tablettes  inscrites,  cachets  ou  empreintes,  etc.,  de 
l'époque  préhellénique,  réunis  dans  ce  musée  incomparable,  proviennent 
des  fouilles  de  Cnosse  (Evans),  Phaestos  et  Haghia  Triada  (Halbherr), 
(journia  imiss  Boyd),  Zakro  (Hogarth),  Praesos  et  Palaekastro  (Bosan- 
quet),  {laghios  Onouphrios  (Evans),  Koumasa,  Axos,  Artsa  et  Mouliana 
(Xanthoudidis),  de  la  grotte  du  Dicté  près  Psykro  (Hogarth),  de  l'antre  de 
l'Ida  (Syllugue  de  Candie,  publication  par  Halbher  et  Orsi),  de  la  grotte 
de  Kamarès  sur  le  versant  sud  de  l'Ida,  etc..  On  trouvera  (es  noms  de 
lieux  sur  la  carte  que  nous  avons  dressée  (Fig.  1). 

Je  n'ai  pas  l'intention  dans  cette   note  de  revenir  sur   l'exposé   des 


«     DL?SALD. 


LE.>  KOLILLEs   RECENTES  DAN?    I-Ei   i;Vi;L.\IjE^  ET  EN  CIIKTE 


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fouilles  ',  ni  sur  la  description  dôtaillcc  des  nionumenls.  Il  me  sullira 
d'en  faire  passer  (luelques-uns  devant  vous  '  au  cdurs  d'un  rapide  exposé 
chronologique  et  de  dégager  ensuite  les  grands  faits  qui,  dès  maintenant, 
s'imposent. 


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fig    i_  _  Lii.E  PE  Crètk.  —  Sites:  I,  Antre  do  Zoiis  Ilaio,;  1.  Grollc  do  Kaiinrès; 
3.Haglii03  Ononfrios;  4,  llagliia  Triada;  u,  Grotte  du  Diclô(l'sykTO^  ;  fi,  8pinalonga  ; 

7,  Hagliios  Nicoluos,  à  dislingutT  d'une  localité  du  nicme   nom  près  raliokostro; 

8,  Vasdiki  ;  U,  Uolfc  de  la  Sude;  10,  Milalo;  11,  Arklianès. 

Aux  révélations  fournies  par  la  Crète  avaient  préludé  les  découvertes 
de  Phylacopi  dans  l'île  de  Milo.  Ducs  à  ri':cole  anglaise  d'Athènes,  elles 
ont  fourni,  pour  la  première  fois,  une  série  complète  des  céramiques 
égéenne,  minoenne  et  mycénienne,  en  un  mot  de  tout  l'àgc  du  bronze 
dans  les  Cyclades.  Trois  villes  superposées  ont  été  reconnues  sur  le  site 
de  Phylacopi.  La  première  a  été  édifiée  vers  la  Un  de  l'époque  énéoli- 
Ihiqae;  la  deuxième  pendant  le  plein  ;\ge  du  bronze,  c'est  à-dire  à  la 
belle  époque  crétuiseou  minoenne;  la  troisième  ville  est  d'époque  mycé- 
nienne. J'uis  le  site  fut  déserté  et  cessa  d'èire  occupé  '. 

Les  Cyclades  n'ont  pas  été  habit-'es  à  lépoque  néolithique  ou,  du 
moins,  à  cette  époquo,  ipielqurs  familles  suffisaient  pour  exploiter  les 
gisements  d'obsidienne  dans  l'iji'  de  Milo  et  pour  approvisionn<M'  un  com- 
merce restreint.  L'usage  des  couteaux  en  obsidienne  s'est  développé  k 
l'époque  énéolitbique  et  s'est  perpétué  pendant  tout  l'Age  du  bronze. 

A  rencontre  de  ce  qui  s'est  produit  pour  les  Cyclades,  la  Crète  donna 
asile  à  l'homme  dès  répoijue  néolithique.  Le  site  de  Cnosse  a  fourni  une 


<  Col  exposé  a  été  f.iit  avec  autoril.' par  .\I.  Salomon  REiNACudans  V Anthropologie. 
particulièrement  depuis  1002.  Voir  du  mùuio  savant,  Apollo.  i-  l<.;oii.  M.  K  Imond 
POTTIEK  a  Irailt'î  do  ces  découvorlos  dans  la  /{crue  île  Paris  cl  la  Revue  de  l'art  an- 
rien  et  moderne  de  1002.  Consulter  ét^alemeni  rexcollonle  otudo  do  nolr^  colloque, 
M.  Edouard  Fourdrignier,  Les  étapes  de  la  céramirjuf-  dans  Vnntiquitè,  dans  nos  Bul- 
letins et  Mémoires,  1903,  p.  2*'2-2'i.'5. 

'  Une  trentaine  de  projections  ont  permis  do  monti-  r  lo.s  sites  cl  les  niMunnionls 
les  plus  remarquables. 

'  Pour  plus  do  détails,  nous  nous  perm  .tlous  do  renvoyer  à  noire  arliolo  sur  La 
cirilisation  prehelh-nique  dans  les  Ci/clades.  dans  Revue  de  l'Ecole  d'Anilirnnoln,,io, 
1906. 


110 


1"    MAlt<    1900 


couchr  de  débris  nt'(»lilhi(]uos  qui  alleint  jusqu'il  8  mètres  par  endroit. 
La  céramique  mal  cuite,  faite  à  la  main,  est  décorée  de  traits  et  de  points 
incisés,  parfois  avec  insertion  de  matière  blanche  (Fig.  2).  Ce  dernier 


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Fig.  2 .  —  Céramique  néolithique  de  Gnossc.  Musée  de  Candie.    Croquis  de  l'auteur. 

détail  se  rencontre  surtout  dans  le  néolithique  moyen.  Parmi  les  objets 
découverts  il  faut  signaler  une  statuette  primitive  féminine  de  type  sléa- 
topige  avec  des>in  incisé  {Fifj.  S)  et  dans  la  pose  assise  des  statuettes  bien 
connues  de  Hagiar  Kim  ;i  Malle  '. 

Les  Cyclades  furent  colonisées  à  l'époque  énéolithique  qui  corresj^ond 
au  début  de  l'époque  minoenne.  Les  tombc^ 
signalées  à  l'aros,  Oliaros,  Amorgos,  Milo, 
Siphnos  sont  du  type  connu  par  ailleurs  : 
fosse  peu  profonde,  revêtue  de  six  dalles,  le 
corps  posé  sur  le  côté  et  accroupi.  Le  mobi- 
lier très  simple  consiste  en  vases  de  marbre, 
pierre  ou  terre  cuite  grossière  polie  ;i  la  main 

Fiij.  3.  —  Slatneties  iroiiyèes    gj  incisée  de  dessins  géoméirinues.  On  v  a 
.lans  la  couche  ncolilhiquH.    .    .    ^    .  ,.,  ,    .j.  ,•,,', 

àCnosse.  C-llede  gfiuihe  en    jomt  des  oul\ls  en  obsidienne,  des  inolcs  dr- 

uiarbre,  celle  de  droite  en         jg  |^  ^q^^q  dite  en  violon  jusqu'à  la  statuette 

tinrccuite.  Musée  de  Gindie.     '  •*      ^ 

Croquis  de  l'auteur.  figurant  unedéesse  aux  bras  croisés,  rarement 

des  armes  de  bronze.  Ces  tombes  s'étendent  pendant  toute  l'époque  énéo- 
lithique jusqu'aux  débuts  de  la  céramique  peinte,  c'est-à  dire  jusque  dans 
les  premiers  temps  de  l'âge  du  bronze.  Les  tombes  de  Syra,  où  les  dalles 
posées  de  champ  sent  remplacées  par  de  petits  murs  en  pierres  sèches 
posées  en  encorbellement,  appartiennent  à  l'époque  la  plus  récente. 

On  a  découvert  dans  l'e.Ktrème  est  de  la  Crète,  près  de  Pa!aekastro,  a 
Hagliios  Nikolaos  une  grotte  à  inhumation  qui  remonte  à  l'époque 
énéolithique  et  à  Houssolakkos  un  ossuaire  un  peu  plus  récent.  En  ces 
deux  points  on  a  pu  étudier  le  type  de  l'ancienne  race  dite  méditer- 
ranéenne. M.  Duckworlh  a  calculé  que  la  taille  moyenne  des  représen- 
tants de  cette  race  était  de  I  mètre  623  '. 

Avec  l'âge  du  bronze  proprement  dit,  nous  trouvons  en  Crète  et  dans 
les  Cyclades  les  premières  constructions  en  pierre.  Le  bronze  sert  à  fabri- 
quer <les  poignards  h  lame  courte  et  encore  triangulaire.  Le  décor  peint  sur 
engobe  apparaît  en   céramique,  mais  il  reste  géométrique.  Un  des  rcsul- 


«  WelCH.  —  Annu'il  nf  the  Bristixh  Srhnnl,   Vf.  p.  Sil  —   KvanS.  —  Mnn,   1901, 
p.  184  et  s. 
2  British  School  Annual,  I.X,  p.  330. 


R.    Dl'SSALD.   —  LE>    Knl  n.LK>  HKCENrES  DANS  LES  CVCLADES  ET  EN  CHÈTE        I  I  I 

tats  les  plus  imporlanls  des  fouilles  de  Phylacopi  est  d'avoir  montré  que, 
bien  avant  le  style  mycénien,  on  avait  pratiqué  un  décor  géomélriquc 
l>eint  (]ui  transpose  et  compliijue  le  primitif  décor  incisé  de  l'âge  énéoli- 
thique.  La  première  ville  de  Phylacopi  pendant  la(]aelle  apparaît  le  décor 
géométrique  peint  est  de  peu  postérieure  à  la  deuxième  ville  d'Ilissarlik 
(Trftie  préhistorique). 

M.  Evans,  dont  nous  suivrons  la  classilicalion,  divise  les  couches  archéo- 
logiques du  site  de  Cnosse  faisant  suite  au  néolithique,  en  trois  grandes 
époques  :  Minoen  ancien,  Minoen  moyen,  Minoen  récent.  Chacune  de  ces 
époques  est  divisée  en  trois  périodes  marquées  par  l^s  chiffres  romains, 
I.  Il,  III. 

Le  .Mi.voEN  ANciE.N  I  n'*'sl  aude  que  rénéolilhicjue.  M.  l'Jvans  le  croit 
contemporain  de  la  première  dynastie  égyptienne. 

Le  .MiM)EN  ANciK.N  II  Voit  apparaître,  dans  les  par[i(^s  les  plus  anciennes 
du  dépAt  de  Haghios  Onoufrios,  les  sceaux  en  marbre,  ivoire  ou  pierre 
tendre  de  forme  conii|ue  ou  cylindri(]ue.  Le  décor,  souvent  spiraliforfiie, 
imite  le  décor  des  scarabées  égyptiens  très  anciens. 

Il  faut  classer  à  cette  époque  une  des  plus  remarquables  dc'couvertes 
lie  la  missirin  italienne  à  Haghia  Triada  :  une  tombe  circulaire  sous  voûte 
dite  en  forme  de  Iholos  '.  Son  diamètre  est  d'environ  neuf  mètres  et  on  y 
accédait  par  un  cduiI  ih-onms.  ilurs  de  la  tholo>,  mais  en  co.nmtinicatioi) 
avec  elle  par  le  moyen  du  dromos,  on  a  mis  à  jour  un  groupe  de  dix 
pf-tits  réduits.  Tholos  et  ri'duils  étaient  remplis  de  squelettes  littérale- 
ment entassés  les  uns  sur  les  autres.  Les  ossements  étant  extrêmement 
friables,  ce  n'est  qu'approximativement  qu'on  a  compté  deux  cents  sque- 
lettes dans  la  tholos  et  une  cinquantaine  dans  les  réduits.  Ils  ap[)arle- 
naient  à  des  hommes,  h  des  femmes  et  à  des  enfants.  Fait  à  noter,  l'usage 
de  sarcophages  en  terre  cuite  a  été  constaté  dès  celle  époque  reculée, 
l'après  AL  llalblierr,  ce  serait  à  l'imitation  des  pratiques  égyptiennes.  Il 
est  certain  que  les  sarcophages  en  teri'C  cuite  sojil  imoiinus  à  I  ancienne 
civilisation  cycladique. 

La  trouvaille  a  fourni  un  grand  nombre  rie  coquillages  déposés  pour 
servir  de  nourriture  aux  défunts.  La  vaisselle  (vases  en  marbre,  sléalile, 
granit,  terre  cuite)  et  les  armes  de  bronze  (lames  de  poignards  la  plupart 
triangulaires  I  sont  en  partie  semblables  à  celles  des  tombes  primitives  des 
Cyclades  et  d'.Amorgos.  La  décoration  des  objets,  particulièrement  celle 
des  cachets,  évoijue  le  décor  on  faveur  sous  l'ancien  empire  égyptien. 
I  n  lot  important  de  cachets  en  ivoire,  os,  stéatite,  pâte  blanchâtre  et  terre 
cuite,  confirme  les  conclusions  tirées  par  M.  Evans  dans  la  trouvaille 
d'Haghios  Unoufrios  :  les  dessins  sont  imités  des  cachets  en  forme  de 


'  Halbherh.  —  Rapporta  ..  sugli  scavi  e^egniti  dalla  Missione  avvh.  italiana  ad 
Haghio  Triada  et  n  Fesfo  upW  anno  1904,  dans  Mémoire  del  lî.  /nstituto  lombarde, 
XXI,  fasc.  V,  Milan,  lOOo. 


112  r^  MAiv^  lUOG 

lioiilons  liouvés  dans  les  dépôts  égyptiens  delà  IV"  dynastie  cl  suivantes. 
l*anni  les  slaluoltes  en  stéalite  et  alabastre,  une  série  s'écarte  du  type 
des  Cyclades  pour  se  rapprocher  des  figurines  trouvées  dans  la  Haute 
Egypte  et  les  tombes  libyques;  elles  ont  l'aspect  de  momies.  On  a  trouvé 
peu  d'or,  quelques  objets  d'argent,  des  ornements  de  colliers  en  ivoire, 
stéalite,  cristal  de  roche;  enfin,  une  grande  quantité  de  lames  d'obsi- 
dienne. Mieux  que  toutes  les  découvertes  faites  jusqu'ici  cet  ensemble 
funéraire  allesle  l'influence  de  l'Egypte  sur  les  débuts  de  la  civilisation 
Cretoise. 

Au  MiNOEN  ANCIEN  III  apparlicnncnl  les  objets  les  plus  récents  du  dépôt 
de  Ilaghios  (3noufrios.  Les  cachets  sont  le  plus  souvent  triangulaires  et 
en  pierre  tendre.  On  y  relève  des  signes  pictographiques  d'un  type  pri- 
mitif. 

Le  MiNOEN  .MOYEN  correspond  au  plein  .'Igc  du  bronze,  ci  la  deuxième 
ville  de  Phylacopi  et  à  l'époque  la  plus  brillante  de  la  civilisation  Cretoise. 
Il  rst  caractérisé  par  l'emploi  de  la  polychromie  en  céramique.  L'orange, 
le  vermillon  elle  blanc  sont  posés  sur  un  fond  noirâtre;  le  décor  est 
angulaire  ou  spiraliforme,  souvent  aussi  emprunté  au  règne  végétal.  Ce 
sont  les  beaux  vases  aux  formes  et  au  décor  extrêmement  variés  dits 
vases  de  Kamarès  parce  que  les  premiers  exemplaires  ont  été  découverts 
dans  la  grotte  de  ce  nom  sur  le  mont  Ida.  L'écriture  pictographique  de 
l'époque  précédente  prend  dans  le  Minoen  moyen  une  forme  convention- 
nelle dite  hiéroglyphique. 

M.  Evans  caractérise  le  Minoen  moyen  II  par  la  construction  des  premiers 
palais  de  Cnosse  et  de  Phaestos.  Quelques  objets  égyptiens  trouvés  à  ce 
niveau,  ainsi  que  l'imilation  par  les  artistes  crétois  de  motifs  égyptiens, 
établissent  que  le  Minoen  moyen  II  est  contemporain  de  la  Xll°  dynastie 
égyptienne  '.  C'est  la  belle  époque  des  vases  de  Kamarès  faits  d'une 
argile  très  fine  prenant  à  la  cuisson  un  ton  jaune  clair.  Le  décor  est 
posé  en  divers  bruns  et  rouges,  aussi  en  blanc,  sur  le  fond  d'un  noir  plus 
ou  moins  franc.  Parfois  le  jaune  clair  de  l'argile  cuite  est  réservé. 
Le  céramiste  ne  craint  pas  de  combiner  le  relief  avec  le  décor  poly- 
chrome dans  un  procédé  à  la  barbotine.  Les  pièces  les  plus  abondantes 
sont  des  gobelets  ii  une  anse.  Il  faut  signaler  les  belles  aiguières  à  trois 
anses  et  des  vases  à  deux  anses  larges  et  peu  profonds  aux  bords  déli- 
catement ondulés.  La  richesse  et  la  variété  de  ce  décor  sont  tout  à  fait 
remarquables.  Le  Minoen  moyen  II  prend  fin  sur  une  catastrophe  qui 
amène  la  ruine  des  premiers  palais  de  Cnosse  et  de  Phaestos. 

Le  Minoen  moyen  III  voit  élever  les  seconds  palais  de  Cnosse  et  de 
Phaestos  {Fiy.  //),  ceux  dont  les  ruines  remaniées  sont  aujourd'hui  dé 

♦  On  sait  que  le  septième  roi  de  la  XII«  dynastie  régnait  vers  1876-1872  avant 
notre  ère. 


•      n.   DL»AII).    —   l-K>   nu  1LI.K>   HKCKMKS  DANS  LES  GYt:LM»E,'>  KT  KN  iMllMK        113 

blayëes'.  La  crrainiijue  pol><"hromo  se  transforma  :  l'urange,  le  vermillon, 
le  carmin  |.Mi<l.'nt  A  disparailre  et  font  place  ;ui  «l-'-.or  blanc  sur  fond  lilas 
ou  mauve. 


/Viy.  7,  —  Couloir  iiiiiicipal  du  l'aluis  du  l'iiaubluû. 


Au  second  palais  de  Cnosse  appartiennent  les  plus  anciennes  sculptures 
misps  au  jour  par  les  fouilles  de  M.  Evans;  en  particulier  une  série  d'objets 
en  faïence  fabri(jués  dans  le  palais  même  et  qui  prennent  rang  parmi 
les  œuvres  d'art  les  plus  reinanjuables  découvertes  en  Crète.  L'une  d'elles 
est  déjh  célèbre  sous  le  nom  de  «déesse  aux  serpents  ».  J'ai  essayé  ailleurs 
de  démontrer  qu'il  n'était  pas  probable  que  ce  fût  une  idole  '. 


'  Nous  avons  spécialement  Irailé  de  l'arcbiteclure  ininoenne  dans  noire  élude:  La 
Troie  homérique  et  les  récentes  découvertes  en  Crète  dans  Revue  de  l'Ecole  d'Anth  , 

I90r;,  p.  ;(T-55. 

'  Questions  ini/cénirnnes  dans  Iteriiede  l'Histoire  tirs  Religions,  \,  p.  40(1005,  p.  27 
du  tirage  à  pari).  Dans  FurKvaengler,  Aeyinn,  Heilifjtuw  des  Aphaia,  Municti,  \'M), 
p.  372,  M.  H.  ïliiersch  a  apporté  un  argument  nouveau.  Le  bronze  mycénien  de 
Berlin  [ibidem,  fig.  2%;  Perrot  el  Chipiez,  Hist.  de  l'art,  vi,  fig.  359  ot  350),  femme 
faisant  le  geste  d'adoration,  est  du  type  de  la  «  déesse  au.x  serpents  ».  En  effet,  trois 


114  l^r   y^ns    |<J06 

Notre  tigiire  ."»  montre  qu('l(|ucs  produits  des  fouilles  de  Cnossc,  la  plu- 
part à  rapporter  ;\  cette  épo(|ue.  A  gauche  une  télé  de  lionne  en  marbre 
sorte  de  vase  ou  rhyton  à  ajouter  à  la  liste  nombreuse  des  vases  en  forme 
de  tète  d'animaux.  Au-dessous,  des  lampes  en  pierre.  On  remarquera  le 
style  égyptien  de  la  plus  haute.  A  droite  de  beaux  vases  en  pierre  et  au- 
dessus  un  de  ces  coquillages  à  usage  funéraire  ou  votif  car  si  les  uns  sont 
naturels  d'autres  sont  dos  imitations  en  pierre. 

Les  progrès  faits  dans  la  technique  du  bronze  conduisent  aux  poignards 
à  lame  allongée  qui  annoncent  les  épées  de  l'époque  suivante.  Vers  la 
fin  du  Minoen  moyen  III,  une  écriture  linéaire  apparaît  à  côté  de  l'écri- 
ture hiéroglyphique. 

I.e  MiNMEN  I!i';i;e.nt  I  est  ilUi.stré  par  les  belles  trouvailles  de  la  mission 
italienne  à  llaghia  Triada  dans  le  voisinage  de  Phaestos.  Trois  vases  en 
stéatite  oiïrent  des  reliefs  du  plus  haut  intérêt.  Le  plus  connu  représente 
une  procession  de  moissonneurs. 

Quant  aux  deux  autres,  l'un  sera  décrit  plus  bas,  l'autre  est  de  forme 
conique,  haut  de  45  centimètres  et  décoré  en  quatre  zones.  La  première, 
en  commençant  par  le  haut,  figure  des  guerriers;  les  scènes  sont  séparées 
par  des  colonnes  qui  s'évasent  vers  le  bas  et  portent  des  chapiteaux  rec- 
tangulaires. I\iis  vient  une  course  de  taureau  ou  une  chasse  au  taureau 
du  type  des  gobelets  de  Vaphio  (homme  projeté  en  l'air).  La  Iroisiènae 
zone  est  décorée  de  guerriers  dont  la  tète  est  couverte  d'un  casque  aux 
gardes-joues  rabattues;  des  colonnes  séparent  les  scènes.  La  dernière 
zone  offre  également  des  scènes  de  pugilat,  mais  ici  le  casque  est  différent 
et  laisse  le  visage  à  découvert. 

Nous  ne  pouvons  signaler,  même  rapidement,  toutes  les  particularités 
de  ce  vase.  Jl  en  est  deux  cependant  qu'il  faut  noter.  D'abord  la  forme 
des  colonnes  qui  confirme  certaines  fresques  de  Cnosse  et  montre  qu'à 
côté  du  type  a  la  base  plus  mince  que  le  sommet,  type  en  bois  et  déri- 
vant du  pieu,  on  utilisait  la  colonne,  sans  doule  en  pierre,  s'évasant  vers 
le  bas.  D'autre  part,  on  sait  quelles  discussions  ont  suscité  les  casques 
mycéniens  et  homéri(jues.  Or,  au  moment  où  M.  Ilelljîg  s'avouait  vaincu 
et  se  ralliait  aux  théories  de  Heichel  ',  voici  que  le  vase  conique  en  stéa- 
tite de  Phaestos  nous  fournit  un  casque  minoen  très  voisin  du  casque 
corinthien  ancien.  Les  découvertes  de  Crète  mettent  singulièrement  à 
l'épreuve  la  sagacité  des  archéologues. 

De  leur  parenté  avec  le  vase  en  stéatite  de  Phaestos,  on  concluera  que 


serpents  enlacent  son  cor,JS.  Celte  remarque  de  M.  Thiersch  écarte  en  même  temps 
le  rapprochement  fait  par  MM.  Furtwaengler  et  Collignon  avec  le  tN-pe  des  pleureuses. 
Sur  la  valeur  religieuse  de  ces  représentations  voir  ci-après,  p.  19-20. 

'  Reichel.  —  Ueber  homerische  Waffen,  -2'  édit.,  p.  102  et  s.,  avait  fait  admettre 
par  tout  le  monde  (S.  Reinscti,  L'Anthropologie.  1896,  p.  274  et  s.;  Helbi?.  Sur  les 
attributs  des  Saliens,  p.  29)  :  1°  Que  le  casque  mycénien  n'était  pas  en  métal,  mais  en 
cuir  couvert  de  plaques  métalliques;  2"  qu'il  formait  bonnet  et  ne  couvrait  pas  la 
figure  comme  le  CMsque  corinthien. 


R.   DISSAID.    >-     LE.>   rmiLLES  HKCEMES  DANS  LES  CYCLMlES  ET  EN  CRETE 


ii; 


les  fameux  gohelols  en  (ir  de  \aphi(»  ne  sont  pas  de  beaucoup  postérieurs 
et  qu'ils  peuvent  avoir  été  fal;rii|ués  en  Cvvlc.  Les  fresques  du  palais  de' 
llai^hia  Triada  sont  de  brillantes  enluminures  d'un  dessin  habile. 

l/épée  de  bronze  est  entrée  en  usage.  Sur  un  des  vases  en  stéatile  de 
llaghia  Triada,  on  voit  un  jeune  chef  appuyé  sur  un  long  sceptre  et  devant 
lui  un  oflicier  tenant  l'épt-V  —  au  port  d'arm<\  Le  niveau  corespondant  du 
palais  de  Cnosse  a  fourni  un  lot  de  vases  en  liroiize  arlisHijuiMinMil  (ra- 
yai liés  au  repoussé. 


/•iij,  .->.  —  Ohji.'ls  provenant  des  finiillcs  de  Ciiosso.  Musée  de  Candie. 


L'écriture  hiéroglyphique  est  définitivement  remplacée  par  l'écriture 
linéaire  dite  de  la  classe  A  et  qui  se  distingue  de  la  classe  B  en  ce  qu'elle 
contient  encore  quelques  signes  hiéroglyphiques.  On  a  trouvé  des  tablettes 
couvertes  de  cette  écriture  à  Haghia  Triada,  à  Gournia,  à  Falaekastro.  On 
saisit  donc  sur  place  l'évolution  de  l'écrilure  minoenne.  Dès  l'instant 
qu'elle  devient  une  écriture  linéaire,  elle  ressemble  à  d'autres  systèmes 
linéaires  ;  mais  ce  serait  u  n  anachronisme  violent  que  de  comparer  l'écriture 
linéaire  Cretoise  contemporaine  de  la  xviiio  dynastie  égyptienne  avec  l'écri- 
ture des  vases  archaïques  d'Abydos  et  de  Negadah  antérieurs  aux  premières 


10 


l«r    .MAH>    t'.lOf) 


dynaslics  nieinpliites  ou  en.'orc  avoc  récriture  préhistorique  do  nos  régions 
signalée  par  M.  l'ielte  '. 

Pn^'s  de  Palaekastro,  à  Zakro,  ou  a  recueilli  de  cette  époque  un  lot  im- 
portant d'empreintes  sur  argile  aux  types  fantastiques.  On  [)eut  suivre 
la  transformation  de  ces  représentations  et,  h  travers  la  fantaisie  du  gra- 
veur qui  assemble  des  lôtes  d'animaux  à  des  corps  humains  ou  donne 
des  mamelles  h  des  oiseaux  portant  des  jupes,  on  pressent  un  folk-lore 
très  riche  dont  il  ne  nous  a  été  conservé  que  des  lambeaux  comme  la 
légende  du  Minotaure.  On  constate,  en  tout  cas,  l'idée  de  communauté  de 
nature  entre  liommes  et  animaux,  (|ui  est  à  la  base  des  croyances  primitives 
et  populaires. 

Le  MiNOEN  RKCENT  II  cst  Caractérisé  par  un  remaniement  des  seconds 
palais  de  Cnosse  et  de  IMiaestos.  Des  synchronismes  très  nets  ont  été 
établis  entre  la  civilisation  Cretoise  de  cette  époque  et  la  civilisation  égyp- 
tienne de  la  xvni"  dynastie.  Ainsi,  dans  le  tombeau  de  Rekhmara,  grand 


Fi  g.  G.  —  Tombe  royale  près  Cuosse. 


'  PfETTE.  —  Bulletin   de  la  Société  d'Anthi-opologie  de  Paris,   série  iv.  t.  VIII, 
p.  248  el  L'Anthropologie,  1905,  p.  i-H. 


•R.   ni'SSAUD.  —   I.F.>  FnllI.I.F.S  IIKCENTKS  PANS  LES  CYCI.AUFS  ET   EN  CItKTE         117 

vizir  df  la  xviii"  ilyiiaslie,  sont  peintes  des  fresques  liguraiil  des  Koltioii 
iippùrlaiil  les  présents  des  Ues,  On  y  reconnaît  la  vai>st'lle  minuenne. 

Au  nord  de  Cnosse,  M.  Kvans  a  découvert  un  cimetière  minoen  au 
lieu  dit  Zafer  l'apunra.  Ine  cnilaiin'  de  tombes  ont  été  ouvertes  en  1904. 
A  deux  milles  au  nord  de  ce  ciinctiéie,  le  savant  explorateur  a  déblaye 
une  tombe  royali'  avecdromos.  Malbeureusenn'nl  la  fosse  ipii  contenait  le 
cadavre  avait  été  violée  dans  ranli(|iiilé.  I  ne  luiii;ne  t'pingle  d'oi-,  des 
fragments  de  deux  vases  d'argent  et  un  grand  miroir  de  bronze  témoignent 
cependant  de  la  ricbessc  de  cette  sépulture.  On  a  relevé  aussi  des  em- 
preintes de  cacbels  sur  argile  donnant  probablement  le  sceau  royal,  un 
vase  de  porpbyre,  de  nombreux  alabiistni  importés  d'Egypte,  des  perles  de 
lapis-lazuli,  etc..  '.  La  forme  du  mausolée  avec  sa  cbambre  carrée  est 
remarquable;  mais  le  plan  carré, du  moins  pour  les  chambres  secondaires 
des  sépultures,  n'est  pas  inconnu.  Notre  figure  6  donne  une  vue  de  celte 
tombe  royale  et  j)arliculièremcnt  du  dromos.  Le  corps  était  déposé  dans 
une  fosse  qu'on  aperçoit  en  partie  en  avant  et  à  gauche. 

Dans  le  second  palais  remanié  de  Cnosse,  on  a  trouvé  de  grands  et 
beaux  vases  en  terre  cuite  au  décor  déjà  stylisé  que  M.  Evans  désigne 
sous  le  nom  de  stijle  du  palais  (Palace  style)  parce  (juc  les  mêmes  éléments 
du  décor  se  retrouvent  sur  les  fresques  qui  décorent  les  murs  du  palais. 
La  plupart  des  fresques  découvertes  à  Cnosse  appartiennent  à  cette  épo- 
que. Les  sujets  sont  très  variés  :  défilés  de  personnages,  scènes  animées 
dans  une  foule,  sous  des  arbres  ou  autour  des  palais,  courses  de  taureaux, 
animaux  divers,  entr'autres  une  fresque  de  dauphins  et  de  dorades 
{fig.  7)  fortement  restaurée.  A  signaler  encore  de  grands  dépôts  de  ta- 
blettes en  argile  portant  l'écriture  linéaire  (Firj.  10)  dite  de  la  classe  B. 

Au  second  palais  remanié  de  Cnosse  appartient  dans  la  région  des  ma- 
gasins un  appartement  avec  cuisine  dont  la  pièce  principale  est  dite  salle 
du  [rùnc  {Fig.  S).  Uecevantle  jour  par  en  haut,  elle  est  munie  de  bancs  le 
long  des  murs  et,  entre  ces  bancs,  se  dresse  un  siège  à  dossier  en  gypse. 
La  forme  ogivale  du  dossier  a  beaucoup  surpris.  Cependant  une  forme 
analogue  s'était  déjà  rencontrée  dans  une  statuette  (harpiste  assis)  de 
Kéros  dans  les  Cyclades  *.  Four  une  salle  du  trône  cette  pièce  est  vraiment 
trop  exiguë.  Nous  devons  considérer  plutôt  l'ensemble  comme  l'apparte- 
ment du  grand  intendant  du  palais  situé  à  proximité  des  magasins. 

A  la  fin  de  cette  période  les  palais  de  Cnosse  et  de  Phaestos  sont  défi- 
nitivement détruits  par  un  incendie  d'autant  plus  violent  que  les  parties 


•  KvANS.  —  Bfitish  Srhool  Annual,  t.  X,  p.  ».  L'uisciiiblo  doit  faire  l'objet  d'une 
publication  spéciale  de  M.  Evans,  The  Minnan  Tombs  uf  Knossos. 

*  Le  siège  de  la  figurine  de  Kéros  est  du  type  en  X  que  bien  des  civilisations  ont 
naturellement  imaginé.  11  n'y  a  donc  pas  lieu  de  conclure  avec  M.  Blinkenberg,  Méin. 
des  antiquaires  du  Sovd,  1896,  p.  2i),  à  un  rapport  enire  la  statuette  du  barpiste 
assis  de  Kéros  et  les  statues  de  Goudéa.  Si  l'on  voulait  cbercber  des  analogues  au 
décor  du  siège  de  Cnosse  dit  tri'jne,  on  les  trouverait  en  Egypte  sur  certains  escabeaux; 
cf.  Spiegelberg,  Gesch.  der  ùgyptischen  Kuiisl,  p.  M,  flg.  lo. 


lis 


l-^r    MU(s    \\){){\ 


sujuTieures  <lo  ces  édilices  étaient  construites  en  bois.  La  catastrophe  qui 
s'abattit  alors  sui'  la  Cr<''le  ;i  (b'-linilivcinent  lirisc  sa  puissance. 


fiy.  7 .  —  Fr.'sqiie  Ju  i^alais  de  Cliùsso. 


La  deuxième  ville  de  Phylacopi  (Milo)  a  prospéré  pendant  le  Minoen 
naoyen  et  le  commencement  du  Minoen  récent.  Les  vases  de  Kamarès  et 
les  vases  en  stéatite  originaires  de  Crète  trouvés  dans  la  deuxième  ville 
de  Phylacopi  comme,  d'autre  part,  les  vases  fabriqués  à  Milo  trouvés 
dans  le  palais  de  Cnosse,  attestent  des  échanges  actifs.  Les  ruines  préhel- 
léniques de  Théra  (Santorin)  ont  été  recouvertes  par  le  tuf  ponceux  vers 
le  début  du  Minoen  récent. 

M.  Evans  attribue  au  Minoen  récent  11  les  tombes  à  fosse  de  l'Acropole 
de  Mycènes.  Cette  date  est  sans  doute  un  peu  basse,  mieux  vaut  classer 
ces  antiquités  à  l'époque  précédente. 

Avec  le  Minoen  récent  111,  l'hégémonie  passe  sur  le  continent.  Cette 
période  est  le  mycénien  proprement  dit.  Dans  la  troisième  ville  de  Phy- 
lacopi qui  date  de  ce  temps,  l'inlluence  Cretoise  est  remplacée  par  l'in- 
fluence continentale;  ainsi  le  palais  est  du  type  mycénien  continental. 

La  décadence  de  la  puissance  Cretoise  est  soulignée  par  une  réoccupa- 
tion partielle  du  palais  de  Cnosse  à  la  fin  du  Minoen  récent  IlL  La  petite 
chapelle  du  palais  de  Cnosse  et  celle  de  Gournia  avec  leurs  figurines  datent 
de  ce  temps.  Également  un  curieux  groupe  en  terre  cuite  de  Palaekastro 
composé  de  femmes  paraissant  danser  une  ronde  autour  d'une  joueuse 
de  lyre.  Nous  reproduisons  (Fig.  9)  cette  dernière  car  on  l'a  publiée  à 


.    R.  DUSSAl'D.   —  LES  F(U  ll.l.KS   l(Kt  ENTES  1>\N-   I.K<  CYl'.I.AliES  ET  EN  i:IU:TE         119 

lort  comme  une  déesse  aux  serpents  '.  La  lyre  est  du  type  qu'on  voit,  pur 
oxemple,  sur  les  sarcophages  peints  de  Hagliia  Tri.ida. 


fiij,  s.  —  Sallfilitu  lin  tiôiii".  l'jl.iis  iJo  Ctio>;se. 

Au  xi°  sièclf  avant  notre  ère,  l'invasion  dorienne,  apportant  l'induslrie 
du  fer,  anéantit  sur  le  continent  et  en  Crète  la  civilisation  de  l'âge  du 
lironze  qui  avait  jeté  un  tel  éclat  pendant  le  second  millénaire.  Doréna- 
vant, les  ruines  du  palais  de  Cnosse  resteront  hantées  par  la  légende 
du  Minotaure  et  du  Labyrinthe.  Ce  dernier  mol  remonte  h  l'époque  de 
Minos  puisque,  labri/s  signilianl  bipenne  dans  les  dialectes  égéens,  ce 
terme  de  labyrinthe  parait  avoir  désigné  le  «  palais  de  la  bipenne  ». 

Avec  le  fer,  la  fibule  devient  d'usage  courant,  l'incinération  remplace 
l'inhumation,  l'art  perd  ses  traditions  et  la  céramique  revient  au  décor 
géométrique.  Celle  décadence  laissera  le  champ  libre  à  une  forte  influence 
orientale. 

Des  sondages  elTectués  dans  la  cour  ouest  du  palais  de  Cnosse  a  permis 
à  M.  Evans  de  fixer,  dans  cette  région,  la  hauteur  des  diverses  couches-. 
Nous  donnons  ses  mesures  dans  le  tableau  suivant. 


MINOEN  ANCIEN  =1"'33. 


NKÛLITIIKjLi:,   6"'43. 

I.  0™33.  Enéolilliiqiie. 
If.  0"'56.  IV«  dynastie  égyptienne. 
111.  U'n44. 


»  British  Srhool  Anitual,  X,  p.  217  et  suiv. 
*  Evans.  —  Biitish  Srhool  Annual,  X,  p.  19. 


•20 


MINtilVN  \u,\E\  --t1"50 


MlNor.NmkKM— 2"'50. 


I.  (Manque  t'ii  ce  point). 
il.  Oi"50.   l'roinicrs  palais  lic  Cnosse  i-t  di'  l'Iiaostus. 

.Ml"  dynastie  égyplienn»'. 
III.   1  m.     Seconds  palais  de   Cnosso  el   de   Phaeslos. 
Xlllo  dynastie  égyptienne. 
1.   Hagliia  Tiiada. 
il.   Hnnanienient   des  seconds  palais  de  Cnosse  et  de 

IMiaeslds.  .Wlll"-"  dynastie  éf^yplienne. 
III.   .Mycénien.  Wlll  \i\"  dynastie  égyptienne. 


Ces  découvertes  étendent  et  dépassent  celles  de  Schliemann  ;  elles 
renouYellent  toutes  nos  connaissances  sur  les  anciennes  civilisations  du 
bassin  de  la  Méditerranée. 

Parmi  les  faits  nouveaux,  le  plus  inattendu,  le  plus  important,  est 
l'usage  très  répandu  d'une  écriture  dont  on  avait  relevé  quelques  indices 
à  Troie  sur  les  fusaïoles,  à  Mycènes  sur  des  vases,  à  Théra  sur  un  bloc  de 
lave.  La  sagacité  de  M.  Evans  avait  formellement  reconnu  cette  écriture 
sur  les  pierres  gravées  avant  que  des  milliers  de  tablettes  inscrites  aient 
obligé  à  renoncer  définitivement  au  dogme  d'une  civilisation  préhellénique 
muette.  Les  textes  attendent  le  déchiffrement,  mais  M.  Evans  a  reconnu 
que  la  numération  était  décimale.  Et  déjà,  les  théories  admises  sur  l'in- 
vention et  la  diffusion  de  l'alphabet  sont  battues  en  brèche  de  toutes 
parts. 
En  deux  mots,  voici  où  en  est  la  question  de  l'alphabet. 
On  s'accordait  à  dériver  l'alphabet  phénicien,  et  par  suite  tous  les 
alphabets  connus,  de  l'écriture  égyptienne.  Cependant, 
les  rapprochements  établis  sont  devenus  de  moins  en 
moins  probants  à  mesure  qu'en  a  connu  des  formes  plus 
anciennes  des  lettres  phéniciennes.  Pour  un  grand 
nombre  de  lettres  l'écart  avec  le  prototype  est  tel  qu'on 
est  obligé  de  renoncer  à  établir  une  filiation.  On  a  donc 
proposé  (J.  Halévy,  Lidz-barski)  d'admettre  que  les 
Phéniciens  auraient  emprunté  quelques  lettres  el  qu'ils 
auraient  inventé  eux-mêmes  les  autres.  Cette  invention 
acceptable  pour  un  très  petit  nombre  de  lettres  c'est- 
à-dire,  pour  des  lettres  complémentaires,  ne  l'est  pas 
pour  le  grand  nombre  qu'on  suppose.  Car  la  difficulté 
de  l'invention  de  l'alphabet  ne  réside  pas  dans  l'in- 
vention de  signes,  mais  dans  la  décomposition  de  la 
parole  en  consonnes  et  en  voyelles,  dans  la  percep- 
tion des  sons  simples.  Certains  peuples,  comme  les  Chinois,  n'en  ont 
même  pas  eu  conscience.  D'autres,  comme  les  Egyptiens,  avaient  imaginé 
des  signes  alphabétiques  à  côté  des  signes  syllabiques.  C'est  certainement 
d'un  de  ces  derniers  systèmes,  par  élimination  des  signes  syllabiques, 


Fi  g.  9.  —  Terre 
cuite  de  Palaekas- 
tro  (Crète  orien- 
tale). 


■    II.  ULSSAID.    —  LES  FolII.LES  IIKCENTES  DANS  LES  CYCLAUES  ET  EN  CRÈTE        IH 

ijiie    l'alphalifl   a  tH»'-    lire.    L'invention    do   l)iit  rn    hlanc    est  inadmi;^- 
sible. 

Kst  ce  de  r/MTÉlure  égyptienne  qu'ont  été  extraits  les  signes  alphaljtHi- 
ipies  i  Les  comparaisons  tentées  ne  sont  pas  favorables  à  cette  hypothèse. 
.\ussi  M.  Lvans  et  à  sa  suite  .M.  Saloinon  lleinach,  pensent  (juc  les  carac- 
tères alpliahétiques  dérivent  plutôt  de  l'écriture  égéenne  ou  Cretoise.  Les 
Philistins  en  éinigrant  de  la  mer  Egée  en  Syrie  l'auraient  apportée  avec 
eux  et,  à  leur  contact,  les  Phéniciens  auraient  procédé  au  travail  élimina- 
toire d'où  est  sorti  l'alphabet.  Ici,  la  comparaison  de  l'alphabeL  phénicien 
le  plus  ancien  avec  les  caractères  de  l'écriture  linéaire  Cretoise,  est  favo- 
rable à  l'hypothèse.  Mais  la  démonstration  ne  pourra  être  établie 
que  le  jour  où  l'on  connaîtra  la  valeur  des  signes  du  linéaire  crétois. 

Toutefois,  si  la  question  d'origine  reste  en  suspens,  nous  possédons 
des  documents  suffisants  pour,  dans  bien  des  cas,  résoudre  la  question 
de  dilfusion,  ce  ({ui  nous  ramènera  indirectement  à  la  question  d'origine. 
.\yant  eu  l'occasion  d'étudier  l'origine  des  alphabets  de  l'Arabie  méri- 
dionale (alphabet  dit  minéen,  sabéen  ou  himyarite),  j'ai  été  amené  à 
conclure  que  l'alphabet  sabéen  ne  pouvait  être  dérivé  de  l'alphabet 
phénicien  tandis  que,  d'autre  part,  il  présentait  avec  certains  alphabets 
grecs  archaïques  des  affinités  si  étroites  qu'un  emprunt  entre  ces  deux 
termes  s'imposait  '. 
En  l'état  de  nos  connaissances  et  sous  réserve  de  nouvelles  découvertes, 

il  paraît  très  vraisemblable  que  l'alpha- 
bet sabéen  a  été  tiré  dès  le  ix«  siècle 
avant  notre  ère  d'un  alphabet  grec  ar- 
chaïque. Dans  ces  conditions,  on  peut  se 
Fiy.  îO.  —  Itisciiiiiion  du  type  li-  demander  si  l'alphabet  type  ne  serait 
..è.nre  B  sur  un  piUios  de  Phacs-     p^g  p'utôt  de  l'invention  des  Grecs.  Ils 

l'auraient  extrait  du  linéaire  crétois  avec 
des  variantes  soit  phonétiques  soit  purement  grapliiques  qui  explique- 
raient la  multiplicité  des  alphabets  grecs  archaïques  *. 


Celte  substitution  de  l'activité  Cretoise  à  ractivitc  phénicienne,  à  une 
haute  époque,  doit  se  poursuivre  sur  d'autres  terrains.  On  ne  peut  plus 
admettre  aujourd'hui  que  la  civilisation  mycénienne,  ni  celle  de  la  Ci-ète 
(minoenne),  ni  celle  des  Cyclades  (égéenne)  soient  d'origine  phénicienne. 
Le  rôle  des  Phéniciens  et  des  Cariens  dans  la  mer  Egée  est  postérieur  h 
l'invasion  dorienne.  Hien  avant  l'apparition  des  Phéniciens  dans  les 
Cyclades,  ces  îles  ont  été  dominées  par  la  Crète  et  il  faut  accepter  les 
traditions  grecques  qui  reconnaissent  un  souvenir  de  la  thalassocratie  de 

'  Nous   développerons  ces  conclusions  dans  une  élude  inlilulée  :  La  pénéiralion 
fies  éléments  arabes  en  Syrie  avant  l'Islam. 
*-  Voir  Journal  Asiatique,  190^;,  I,  p.  ^57-361. 

soc,  d'anturop.  1900.  ^ 


m  l'f  MAii>  lOOG 

Mioos  dans  le  terme  de  Minoa  appliqué,    par   i-xemple,   ;i   Amorgos,  à 
l'aros,  à  Siphnos  ol  iiKÎinc  h  la  ville  philisliiie  de  (îa/,a. 

i'iiisqiio  ni  les  IMiéiiiciens  ni  les  Cariens  n'ont  été  les  initiateurs  de  la 
civilisation  Cretoise,  quel  est  le  peuple  qui  a  stimulé  cliez  les  néolithiques 
de  Cn'^te  le  goiH  des  arts?  Nous  avons  vu  que  l'inlluence  égyptienne  s'est 
fait  fortement  sentir  dans  l'ile  dès  une  haute  épo(|ue.  11  n'est  pas  douteux 
qu'elle  a  déterminé  le  prodigieux  essor  révélé  depuis  peu. 

Il  est  im|)ortant,  à  ce  i)oint  de  vue,  d'établir  que  la  marine  égyptienne 
a  sillonné  de  bone  heure  la  Méditerranée  et  que  la  marine  égéenne  a  été 
construite  sur  le  modèle  des  navires  de  course  égyptiens  '. 

Mais,  si  les  Cretois  primitifs  ont  emprunté  à  l'Egypte  la  technique 
de  la  peinture  à  fresque  -,  l'art  de  la  faïence,  nombre  de  motifs  déco- 
ratifs ',  etc.,  leur  activité  propre  a  été  telle  qu'on  doit  leur  attribuer  une 
grande  part  d'invention. 

Il  est  remarquable  que  les  palais  de  Cnosse  et  de  Phaestos  soient  d'un 
type  local  sans  aucune  imitation  directe  des  monuments  égyptiens  ou 
mésopolamiens.  Le  type  crélois  du  mégaron  avec  supports  dans  l'axe 
du  bâtiment  et  une  profondeur  moindre  que  la  largeur,  n'est  pas  sans 
relation  avec  le  méga.'on  continental  tel  qu'il  apparaît  dès  la  deuxième 
ville  de  Troie  ni  avec  certains  édifices  de  la  sixième  ville  (Troie  homé- 
rique), mais  la  formule  définitive  a  été  élaborée  en  Crète.  Ainsi  s'affirme 
la  communauté  de  civilisation  dans  le  bassin  de  la  mer  Egée  ^. 

La  position  géographique  des  Égéens  devait  les  soumettre  non  seulement 
à  des  infiuences  diverses,  mais  aussi  à  des  apports  de  population  extrême- 
ment variés.  A  l'époque  classique,  la  Crète  passait  pour  être  divisée  en 
un  très  grand  nombre  de  peuples  parlant  des  dialectes  différents.  Trois 
inscriptions  de  l'époque  classique,  en  caractères  grecs,  trouvés  dans  l'est 
de  la  Crète,  la  rîgion  des  Etéocrétois  ou  vrais  Crélois,  se  rapportent  à  un 
dialecte  inconnu  et  n'ont  pu  être  déchifTrées.  On  doit  donc  prendre  garde 
que,  sous  l'unité  de  civilisation  que  nous  constatons  en  Crète  et  dans  les 
Cyclades,  se  cache,  dès  l'époque  minoenne,  une  grande  diversité  de  groupes 
ethniques.  Toutefois,  l'élément  dominant  ou  dominateur,  l'élément  achéen, 
est  a  rattacher  aux  Indo-Européens. 


Les  inestimables  documents  religieux  fournis  par  les  fouilles  de  Crète 
u  vrent  un  chapitre  nouveau  de  Ihistoire  des  religions  ;  ils  rej)lacent  la 


*  Reçue  de  l'Ecole  d'Anthropologie,  •1906. 

*  Nolaminont  la  convenliori  de  peindre  en  blanc  le  corps  des  femmes  et  en  rouge 
le  corps  des  hommes. 

3  Cf.  le  sphinx,  imitation  Cretoise  d'un  modèle  égyptien,  trouvé,  dans  une  sépulture 
de  Haghia  Triada,  Paréi)Ciii,.Vo/u/w.  ant.  dei  Lincei,  XIV,  2,  p   7l9  ci  s.,flg.  4i  ft  45. 

*  lievue  de  l'Ecole  d'Autliropoloffie,  1900,  p.  51  et  s.  Noter  dès  la  deuxième  villa 
de  Troie  la  division  en  appartement  des  hommes  et  appartement  des  femmes. 


■    II.  Dis^Ai  I».  —  i.Ks  i(irii.i.i->  ni':cRNTRs  dans  m:s  cYCi.vnF.s  et  en  orkte      1ii3 

mylhulogie  créluise  élans  la  ivalilé  tloù   les  conleuis  l'avaient  tirée,   l.i'. 
gendes  et  tnonii'.nonls  s'éclairoiil  mutuellement. 

Les  Minuens  n'ont  pas  connu  le  temple.  Les  fouilles  île  IMmestos  ont 
dégagé  le  sanctuaire  (pii  a  servi  au  i»renner  palais  (Minoen  moyen  11) 
contemporain  df  la  xii"  dynastie  égyptienne.  Il  se  composait  de  trois 
petites  pièces  conligurvs  '.  Dans  l'une  on  a  trouvé  une  fosse  à  sacriûces 
et  l'emplacement  du  foyer.  La  pièce  la  plus  reculée  (3  m.  G3  X  -  m.  OO), 
ipii  fut  plus  tard  recouverte  par  la  terrasse  du  second  palais,  consti- 
tuait la  chapelle.  Des  bancs  de  pierres  très  bas  s'appuient  contre  trois  des 
murs.  Une  table  à  libation  en  terre  brune  fichée  dans  le  sol  occupait 
le  centre  de  la  chapelle.  Cette  table  a  libation  oiïre  un  creux  vers  le 
milieu;  deux  des  bords  sont  décorés  de  spirales  doubles,  fes  deux  autres 
moitié  (h  spirales,  moitié  de  taureaux.  Le  palais  de  Phaestos  avait  déjà 
fourni  une  table  à  libation  en  terre  cuite  des  plus  curieuses  avec  s[)irales 
doubles  et  au  centre  une  série  de  vases  tenant  à  même  à  la  table. 
D'autres  tables  à  libation  ont  été  trouvées  en  Crète,  notamment  dans  la 
grotte  du  Dicté. 

Ce  sanctuaire  du  premier  palais  de  l'haeslos  ne  contenait  aucun  vestige 
mycénien,  toute  la  céramique  peinte  était  du  type  de  Kamarès,  Signalons 
encore  un  de  ces  grands  coquillages  qui  figurent  dans  les  sanctuaires 
Cretois  et  qu'on  déposait  également  dans  les  tombes,  une  empreinte  de 
cachet  rappelant  les  cachets  égyptiens  de  la  .\u«  dynastie,  diverses  coupes 
en  pierre. 

Les  ruines  de(iournia  et  celles  du  palais  de  Cnosse  ont  également  fourni 
de  petites  chapelles,  mais  d'une  époque  moins  ancienne.  On  a  trouvé  en 
jilace  sur  un  autel  en  forme  de  banquette  les  idoles,  les  figures  votives 
et  les  attributs  divins  :  cornes  de  consécration  et  hache  double.  Devant 
l'autel  étaient  placés  un  trépied  bas  et  des  vases  divers. 

Les  cornes  de  consécration,  l'ustensile  sacré  le  plus  répandu  du  culte 
minoen,  sont  le  symbole  du  dieu-taureau.  On  s'explique  dès  lors  l'impor- 
tance du  taureau  de  Crète  dans  la  mythologie  grecque.  Le  caractère  divin 
de  cet  animal  est  nettement  marqué  dans  les  légendes  d'Europe  '  et  de 
l'asiphaé,  variantes  d'un  même  mythe  crétois.  Souvent  la  bipenne,  autre 
symbole  du  grand  dieu  crétois,  est  associée  aux  cornes  de  consécration  ; 
elle  est  plantée  enlre  les  deux  cornes. 

Il  se  peut  que  cet  attribut  de  la  hache  double  ait  contribué  à  faire  iden- 
tifier, par  un  groupe  itali(jue,  le  Zeus  crétois  de  Phaestos  avec  Vulcain  ^ 

*  Peunieh.  —  Monumenti  anl.  dei  Lincei,  XI V,  ±,  p.  iOG  cl  s. 

*  Dans  nos  Sûtes  de  Mythologie  syrienne,  p.  b"-88,  nous  avons  essaye  de  montrfr 
que  le  mylhe  d'Kiiropc  ne  pouvait  être  un  mjllie  phénicien.  Le  caractère  crétois  est 
assuré  par  le  parallèle  de  Pasiphaé. 

'  .\  Pliacstos  le  dieu  porte  l'épilhéle  de  FeX/.xvo;  =  étrusque  Velkanu  =  Volcu' 
nus.  Quant  à  l'élément  italique  il  parait  attesté  par  lis  trois  te.\tcs  indccliilTrés  do  la 
région  de  l'raesos  (Ktéocritois).  Dans  son  élude  Sur  les  attributs  des  Saliens, 
•M.  Helbig  a  appLlé  l'attenlion  sur  les  rapports  entre  la  civilisation  niinocnne  et 
l'ancienne  civilisation  italique. 


1-21  i"'  M  A 11^  \m\ 

Un  aulif  alUiltiit.  ou  symbole  du  Dieu  est  le  bouclier  dit,  à  cause  de  ses 
t'i-bancrurcs,  le  bouclier  en  8.  Sur  une  bague  d'or  (leMycènes(F»5.  11),  le 
dieu  est  représenté  de  telle  sorte  que  son  corps  disparaît  derrière  le  bou- 
clier. On  s'explique  le  nomlirc  de  boucliers  votifs,  particulièrement  en 
ivoire,  qui  ont  t'-lé  trouvés  dans  les  fouilles.  La  bague  de  Mycènes  représente 
le  dieu  armé  (Cf.  Zens  opiusmins)  que  les  Gurùtes  miment  dans  leur  danse. 


Fif/.  11.  —  Bague  en  or  de  Mj'cènes,  agrandie  au  double. 

(Juand  on  eut  perdu  le  sens  rituel  de  cette  danse,  on  prétendit  que  les  Curetés 
avaient  voulu  étouffer,  par  le  bruit  de  leurs  armes  entre-choquées,  les 
vagissements  de  Zeus  nouveau-né.  Au-dessous  du  registre  céleste  —  où 
figurent  le  dieu  armé,  son  symbole  la  double  hache  ',  le  croissant  lunaire, 
le  soleil  ou  une  étoile  et  la  voie  lactée.  —  se  place  le  registre  terrestre.  On 
a  voulu  reconnaitre  une  déesse  dans  la  femme  assise  à  l'ombre  de  l'arbre 
sacré,  c'est  plutôt  une  prétresse  du  dieu  qui  reçoit  les  offrandes,  fleurs  et 
fruits. 

Le  Zeus  crétois  ou  Zeus  Krétagénès  a  conservé  dans  la  mythologie 
grecque  des  traits  particuliers.  Les  légendes  Cretoises  exaltent  non  sans 
raison  son  enfance  et  sa  jeunesse,  car  le  Zeus  crétois  n'est  pas  l'auguste 
maître  de  l'Olympe,  mais  un  dieu  jeune  et  imberbe.  C'est  un  dieu  céleste. 
Sur  une  gemme  mycénienne,  il  se  révèle  dans  une  apparition  céleste  aune 
adorante^  qui  fait  le  geste  d'adoration.  Sa  naissance  dans  une  caverne 
est  analogue  à  celle  d'autres  dieux  lumineux,  tel  Apollon.  A  Gorlyne,  il 
porte  l'épithète  d'Aslérios  qui  se  rapporte  à  sa  nature  céleste  et  il  est  clair 
que  le  roi  Astérion,  qui  dans  le  mythe  d'Europe  devient  l'époux  de  la 
déesse,  n'est  qu'une  forme  anthropomorphe  du  dieu-taureau. 


'  On  a  prétendu  que  lu  double  hache  pouvait  représenter  aussi  la  déesse;  nous  ne 
le  pensons  pas.  Les  femmes  des  moules  de  Palaekastro  (Karo,  Archiv  fur  Religion- 
icissenschaf't,  lOO'i,  p.  14C,  fig.  27-30)  dont  l'une  brandit  des  bipennes  et  l'autre  des 
Heurs  ou  pavois  fout  comme  ici,  sont  simplement  des  prêtresses  du  dieu  et  non  des 
déesses.   Voir  Revue  de  l'histoire  des  Religions,  1905,  I,  p.  2(J-27   l'p.  -i-B  du  tirage  à 


part). 


n.   DISSAIO.    —   LES  liiriLI.ES  RKCENTES  DANS   LES  CVtM.ADES  ET  EN  CUKTE        1:2"» 

Dans  les  récils  de  1  opoque  i^recque  Minos  a  souvent  pris  la  place  du 
dieu;  il  en  est  plus  spécialement  la  inanifestatiou  anlliropomorphe.  l*ar 
exemple,  dans  ses  rapports  avec  Uritomarlis  dont  Prucris  n'est  qu'une 
Il  y  posta  se. 

Le  dieu  céleste  dispense  la  pluie,  donc  la  fertilité  et  la  fécondilé.  C'est 
là  le  sens  primitif  de  toutes  les  légendes  amoureuses  soit  du  dieu-taureau, 
soit  di'  Minos  considéré  comme  liyposlase  du  dieu.  Naturellement,  à  me- 
sure que  l'esprit  grec  tendra  vers  une  forme  divine  supérieure,  ces 
légendes  paraîtront  vides  de  sens  et,  avec  la  complicité  des  conteurs, 
Iles  tourneront  ;i  l'aventure  scandaleuse. 

D'autre  part,  le  Zeus  cnHois  est,  en  quelque  sorte,  un  dieu  de  la  végé- 
tation. Vénéré  sous  la  forme  de  bétyles,  de  cornes  de  consécration,  île 
doubles  haches,  de  boucliers  en  8,  il  avait  aussi  ses  arbres  sacrés;  tout 
comme  h  Dodone,  le  /eus  épouxde  Dioné  rcndaitdes  oracles  par  l'intermé- 
diaire d'un  chêne  sacré.  Le  Zeus  créloisest  un  dieu  qui  naît  et  qui  meurt, 
ce  qui  caractérise  généralement  les  dieux  agraires.  11  naît  de  la  Terre-mùre 
dans  une  caverne,  il  est  confié  aux  mains  dos  nymphes,  des  cérémonies 
rituelles  sont  pratiquées  par  les  Curetés  sanj  doute  pour  aider  la  renais- 
sance annuelle  de  la  nature.  Par  contre,  on  montrait  sur  le  mont  louktas, 
au  sud  de  Cnosse,  la  tomlie  de  Zinis. 

On  s'explique  ainsi  que  les  monnaies  de  Phaeslos  représentent  le  dieu, 
au  corps  juvénile  et  h  la  face  imberbe,  assis  sur  un  tronc  d'arbre,  entoure 
de  buissons  et  de  plantes  tandis  qu'au  revers  est  figuré  le  taureau. 

Il  ne  faut  pas  oublier  un  détail  de  la  monnaie  de  Phaestos  :  le  jeune 
dieu  porte  un  coq  sur  les  genoux.  Dans  le  culte  minoen,  un  oiseau  — 
colombe  noire  suivant  les  uns,  corbeau  ou  aigle  suivant  d'autres,  —  est 
en  relation  avec  le  dieu.  Notamment  sur  le  sarcophage  peint  d'ilaghia 
Triada,  dont  nous  parlons  plus  loin,  l'oiseau  est  posé  sur  la  double  hache. 
11  est  possible  que  l'oiseau  attribut  ait  diiïéré  suivant  les  régions.  Car,  si 
nous  ne  pouvons  retenir  que  les  caractères  généraux  du  dieu,  il  ne  faut 
pas  perdre  de  vue  l'existence  de  variétés  locales. 

la  déesse  est  de  définition  moins  aisée.  A  la  vérité,  on  p-^ut  discerner 
deux  déesses  dont  la  seconde  n'est  qu'un  reflet  de  la  première  et  finit 
par  se  confondre  avec  elle.  Les  légendes  mentionnent  Hhéa.  Elle  est  la 
Mr-.r^p  opzit]  créloise  désignée  sous  le  nom  de  i  l'îa'^x,  la  déesse  de  l'Ida, 
ou  de  A'/.T'jvva,  la  déesse  du  Dicté  '.  C'est  la  Terre-mère,  la  Déméter.  Une 
genune  la  montre  debout  sur  la  montagne,  entre  deux  lions  affrontés, 
tandis  qu'un  fidèle  placé  plus  bas  fait  le  geste  d'adoration.  On  peut  donc 
lui  attribuer  foutes  les  figures  de  femmes  entre  deux  lions  aiïrontés.  Par- 
fois la  di'esse  est  remplacée  par  un  autel  entre  les  lions,  c'est  le  motif 
-ulpté  en  bas  relief  au  dessus  de  la  porte  aux  lions  de  .Mycènes. 

La  Terre-mère  est  la  mère  des  animaux  comme  des  humains.  Tous  les 


*  CeUc  explication  de  Diclyniia  est  de  Wernioke.  dans  Pauly-Wi.sîowa,  Hml  En- 
n/clopedie.  H,  p.  l.Srî'),  q  u  conjecture  que  dans  l'égéen  primitif  la  racine  Sut  avait 
le  sens  de  monlasuo. 


12\]  i"    MAIO     l'.IOC 

aniinaux  lui  sonl  consacrés,  parliculièrcmenl  les  lions,  mais  aussi  la 
colombe  qui  pose  sur  la  lèle  d'une  idole  levant  les  bras  en  signe  de  béné- 
diction (chapelle  de  Cnosse)'. 

Le  serpent,  animal  chlonien  par  excellence,  est  en  relation  intime  avec 
la  déesse.  A  (iournia,  une  chapelle  a  fourni  une  idole  de  la  déesse  iden- 
tique à  celle  de  la  chapelle  de  Cnosse,  à  ce  détail  près  que  la  colombe 
manque,  mais  que  des  serpents  enlacent  son  buste  et  ses  bras.  Auprès 
d'elle  étaient  rangés  des  vases  autour  desquels  rampaient  des  serpents, 
l'rinias,  entre  l'banslos  et  Cnosse,  a  fourni  des  idoles  et  des  vases  iden- 
tiques -. 

De  même  (jue  le  dieu  était  conru  sous  la  forme  d'un  homme  ou  d'un 
taureau,  la  déesse  ajiparaissait  comme  femaie  ou  comme  serpent.  Il  est 
tentant  de  l'econnailre,  dans  les  charmeuses  de  serpent  signalées  plus 
haut  ',  des  femmes  ou  des  prêtresses  accomplissant  un  rite  religieux. 
Pour  poursuivre  la  comparaison  avec  le  dieu,  nous  aurions  là  un  exercice 
semblable  aux  courses  de  taureau  qui,  primitivement  du  moins,  ont  dû 
constituer  de  véritables  cérémonies  religieuses'*. 

Il  vint  un  temps  où  ces  figures  de  déesse  et  de  femmes  aux  serpents 
ne  furent  plus  comprises.  Elles  provoquèrent  alors  la  légende  d'après 
laquelle  Minos,  tenant  ici  la  place  du  dieu,  n'avait  pu  engendrer,  du  fait 
des  sortilèges  de  Pasipbaé,  que  des  reptiles,  des  vipères. 

Il  semble  qu'à  côté  de  Hhéa,  dclaM/^rr^p  ôp;ir,,  se  place  une  déesse  jeune 
qui  s'unit  au  dieu.  Telle  Coré  (Proserpine)  auprès  de  Démêler  (Cérès). 
Toutefois,  cette  déesse  jeune  ne  devait  pas  diiïérer  essentiellement  de  la 
grande  déesse  puisque  les  Grecs  de  l'époque  classique  les  ont  confondues. 
La  déesse  jeune  est  Britomartis  (la  douce  ou  la  bonne  vierge)  identifiée 
h  Arlémis  et  que  poursuit  Minos;  elle  est  Europe  qu'enlève  le  taureau 
divin  ou  encore  Pasipbaé  qui  se  donne  à  lui.  La  légende  de  Britomartis  a 
été  dénaturée  par  l'identification  tardive  de  cette  déesse  avec  Dictynna. 


"  Voir  neviie  de  l'Hisl.  des  lielif/ionx,  1905,  I,  p.  20-21,  /i.g.4  et  ô. 

2  Les  vases  .sont  des  ustensiles  du  culle  comme  le  prouvent  les  cornes  de  consé- 
cration que  portent  les  vases  de  Gournia  Mais  l^s  terres  cuilos  aux  bras  levés  repré- 
.sentent  bien  la  déesse.  L'îs  objections  formulées  pnr  IF.  T.'iierscli  dans  .Egina,  Ilei- 
lifjluin  dcr  Aphaia,  p.  '371  et  par  Paribeni,  Monumenti  aniichi  dei  Lincei,  XIV,  2, 
p.  741  et  s.,  ne  sont  pas  décisives.  Le  geste  de  lever  les  deux  bras  est  bien,  à  celle 
haute  époque,  un  geste  de  la  divinité;  Cf.  Rev.  Jlist.  des  Relifjions,  1905,  I,  p.  h't 
(p.  22  du  tir.  à  part).  D'autres  terres  cuites  assez  voisines,  du  moins  comme  facture, 
mais  ne  levant  pas  les  bras  représent  nt  dos  adorantes  ou  do-  déesses.  On  peut  s'as- 
surer au  Musée  de  C/»n  lie  que  la  basa  cylindrique  constituant  le  corps  aa-dcssous 
de  la  tiille  s'inspire  des  robes  en  cloche.  Une  slatuclle  de  Hagliia  Triada  porte  sur 
sa  robe  une  décoration  en  cônes  qui,  à  première  vue,  pourraient  être  pris  pour  d';s 
mamelles;  Cf.  Monitm.  nnt.  dei-Lincei,  XIV.  2,  j».  725,  flp:.  2'j.  Notons  encore  que 
l'idole  de  la  chapelle  de  Cnosse  (Cf  Revu?  Ilist  des  Rel..  lO^a,  L  p.  2%  fi^'.  4  h)  n'a 
pas  co;nme  on  l'a  dit  une  main  ouverte  et  l'autre  fermée;  toutes  deux  sont  ouvertes, 
la  pauclio  se  présentant  de  iirofil. 

3  Cf.  p.  6.- 

4  S.  Reinach.  —  L'AnlItropologie,  1U04,  p.  270-273. 


.     II.   nL>>M'n.   —    I.KS   lut  ILI.KS  ItKCK.NTKS  OANS   |,i:>  CYCI,  \I)KS  El'  KN  CUKrE  I2i 

Une  rcprésenlalion  parallèle  ;i  celle  du  Zous  crétois  est  fournie  par  le 
Dionysos  crétois  ou  Uionysos-Zagrens.  Plus  tard,  on  racontera  que  ce 
dernier  est  né  de  l'union  de  Zeus  avec  Déméter  ou  encore  avec  Corc.  Celle 
juirenté  trahit  simplement  une  ressemblance.  Le  taureau  e»l  une  des 
formes  de  Dionysos  aussi  l)ien  que  du  Zeus  crétois.  Le  couple  Dionysos- 
.\riane  équivaut  au  couple  Zeus-I3rilomarlis. 

Pour  les  Orphiques,  l)ii)nysos  symbolisait  l'Ame  universi'lle;  c'était  un 
développement  de  la  conception  de  Dionysos  en  tant  qu'cs|)rit  de  la  végé- 
tation, dieu  agraire.  On  peut  se  demander  si  les  cultes  bacchiques  ne . 
rt-munlenl  pas  ;i  r<'poqm'  minoenne,  notamment  le  sacrifice  du  taureau 
divinist'  dont  les  inilii's  m;ing('aient  la  viande  crue  lomophagie)  pour 
communier  dans  le  corps  du  dieu,  les  sarabandes  extatiques  qui  résul- 
taient de  celle  possession  du  lidùle  par  le  dieu,  les  déguisements  ou  mas- 
carades religieuses.  On  cx[)liquerail  ainsi  bien  des  scènes  ligurées  sur  les 
fresques  ou  les  pierres  gravées. 

.Nous  avons  signalé  les  principaux  objets  de  culte  découverts  dans  les 
fouilles.  11  n'y  a  j)as  lieu  de  ranger  dans  celle  catégorie  les  piliers  décou- 
verts dans  le  p  liais  de  Cnosse  bien  qu'ils  portent  le  signe  de    la  double 


Firj.  12.  —  Trois  cach '(s  en  sloiilit'î  pi'ovcnant  do  C'ùte. 

hache,  .l'ai  essayé  de  montrer  ailleurs  que  la  colonne;  figurée  entre  les  lions 
sur  la  porle  aux  lions  de  Mycènes,  de  même  que  les  piliers  de  Cnosse, 
n'avait  aucune  valeur  religieuse'.  En  visitant  les  ruines  du  palais  de 
.Minos,  j'ai  pu  constater  que  les  marques  gravées  sur  les  blocs  de  gypse  se 
répr-tent  dans  le  sens  de  la  hauteur.  On  a  ainsi  marqué  naturellement 
d'un  même  repère  les  blocs  qui  constituent  les  fameux  piliers.  De  plus, 
pour  éviter  qu'on  n'engageât  ces  blocs  dans  un  mur,  pour  indiquer  aux 
maçons  que  toutes  les  faces  devaient  être  libres,  on  a  repété  le  repère  sur 
toutes  ces  faces. 

Au  point  de  vue  religieux,  les  gemmes  mycéniennes  nous  oflVenl  de 
précieuses  scènes  religieuses,  malheureusement  assez  difïlcilesà  interpré- 
ter. Nous  en  avons  déjà  fait  usage.  Nous  reproduisons  trois  cachets  en 


«  Reçue  de  l'Histoire  dea  Religions,  l'JOÔ.  I,  p.  32et  miv.  (p.  10  etsuiv.  du  lir.  à  part. 


1:28  l«r  M^n^   jcjoo 

slcjitile  on  noire  possession.  Sur  l'un  on  voit  un  poulpe,  sur  l'autre  pro- 
hahleinonl  des  signes  (IT'criluredont  un  bouclier  en  8.  Knfin  le  troisième 
nionlre  une  femme  devant  un  autel  avec  corne  de  consécration.  Au-des- 
sous de  l'autel  le  croissant  lunaire,  au  dessus  un  rameau  sacré'. 

Signalons  encore  un  petit  monument  trouve  dans  une  tombe  à  Haghia 
Triada;  une  curieuse  amulette  en  or  ayant  une  forme  de  cœur  et  portant 
en  relief  :  une  main,  un  scorpion,  un  serpent,  un  scarabée  et  une  spirale 
ou  serpent  enroulé  *.0n  sait  que  ces  mômes  symboles  se  retrouvent  beau- 
coup plus  tard  sur  les  mains  panthées. 

Les  lieux  de  culte  les  plus  anciens  et  les  plus  vénérés  étaient  les 
cavernes  (antre  de  Zeus  sur  l'Ida,  grottes  de  Kamarés  et  du  Dicté)  dont 
quelquosunesconservèrentleur  vogue  jusqu'au  triomphe  du  christianisme. 
Les  fouilles  pratiquées  en  ces  points  ont  le  mieux  établi  le  lien  qui  rattache 
les  légendes  Cretoises  à  l'époque  minoenne. 

D'autres  sanctuaires,  figurés  sur  les  gemmes,  étaient  constitués  par  de 
petits  enclos  entourés  d'un  mur  bas.  C'est  la  disposition  qu'on  trouve  à 
Mycènes  autour  des  tombes  de  l'Acropole^.  Le  rapprochement  est  justifié 
par  le  fait  que  le  culte  des  morts  paraît  en  relation  étroite  avec  le  culte 
des  dieux  —  sans  vouloir  préjuger  par  là  de  la  question  d'origine.  Le 
célèbre  sarcophage  peint  de  Haghia  Triada  confirme  ce  point  de  vue. 
La  scène  principale  représente  une  scène  de  sacrifice  en  l'honneur  du 
mort. 

Celui-ci  se  tient  debout  dans  son  linceul,  sorte  de  manteau  blanc  à 
franges,  devant  un  édicule  qui  peut  représenter  la  tombe,  mais  aussi 
la  demeure  terrestre  du  défunt.  Devant  le  mort  se  dressent  un  arbre  et  un 


*  Ce  dernier  cachet  a  étépublié^  mais  imparfaitement,  par  M.  Evans,  The  Mycena' 
ean  Tree  and  Pillar  Cuit,  p.  86-87,  fig.  50  et  reproduit  d'après  ce  dernier  par  Karo, 
Arrhir.  f.  Rcligionicisa,,  1904.  p.  148,  fig.  .3  >.  Quand  M.  Evans  en  a  pris  un 
croquis  rapide,  ce  cachet  faisait  partie  d'un  lot  d'objets  découverts  à  Ligortyno, 
el,  depuis,  entrés  an  Musée  du  Louvre  par  les  soins  de  M.  Clormont-Ganneau. 
Ces  objets  ont  été  publiés  par  Savignoni,  Momumenti  antichi  dei  Lincei,  XIV,  2, 
p.  6ô8-6.yj.  A  ce  propos,  nous  indiquerons  rapidement  les  objets  crétois  conservas 
au  Louvre.  Dans  la  salle  des  Origines  comparées  (Céramique,  salle  A)  on  étudiera 
la  trouvaille  de  Ljgorlyno  :  vases  divers  en  terre  cuite,  un  coquillage  (toîtwv),  un 
vase  en  forme  de  tête  de  taureau,  un  trèt/icd.  A  coté  de  plusieurs  cachets  en  sléa- 
tilc  on  verra  quelques  fragments  de  grands  vases  peints  (stylo  du  palais),  plus 
loin  un  sarcophage  en  terre  cuite  rapporté  par  M.  Clermont-Ganneau.  Les  terres 
cuites  de  Pisesos  sont  d'époque  gr^.-cqiie.  Au  milieu  de  l'escalier  Daru  sont  posés  de 
part  el  d'autre  d'un  sarcophage  étrusque  deux  pithoi  provenant  des  premières  fouilles 
tcntt'>es  à  Cnosso  par  Miiios  Kalokerinos.  Dans  la  salle  des  peintures  antiques  (grande 
vitrine  des  verres  antiques),  un  fragment  de  fresque  donnera  une  iilée  de  la  mer- 
veilleuse ligure  du  musée  de  Candie  surnommée  «  la  Parisienne  »  ;  Cf.  Edm.  Poltier 
Vasrx  antiques  du  Lourre,  p.  21,  pi.  19,  A  480,  2-7  «t  Héron  de  Villefosse,  DuUotiii 
des  Antiquaires  de  Fvnnre,  l'JOô,  p.  147-lol.  Enfin,  signalons  au  Cabinet  des  mé- 
dailles quelques  belles  pierres  gravées  provenant  de  Crète  dans  la  vitrine  l'auverl  de 
la  Chapelle  n"  1-6  et  peut-être  n»  72;  cf.  le  catalogue  de  M.  Babilon. 

*    Paribeni.  —  Monum.  ant.,  XIV,  2,  p.  736  et  suiv. 

'  Cf.  Rev.  hist.  des  Religions,  1905,  I,  p.  28  et  suiv.  (p.  0  et  suiv.  du  tir.  à  part). 


•     n.  Di>>Mn.  —  i.i>  rmii.i.Ks  ni';i;i:Mi'.s  hvns  i.ks  cyclades  i:t  i;n  cukik       li',) 

priil  .iiilol.  Tioi-^  liommes  apportent,  lim  une  soilf  de  giamlc  oornc,  les 
autres  do  jtninos  veaux  passés  sous  le  bras,  l/aulrc  inoitié  rie  la  uK^mefaco 
ligure  une  libation  :  deux  poteaux  peints  en  vert  sont  lirhrs  surdos  bases 
on  pierre  peintes  en  rougo  et  blanc.  Des  bases  semblables  avaient  été 
trouvées  dansb's  l'uuilles  sans  (ju'on  piU  jusipiMci  déterminer  leur  usage. 
Ces  poteaux  portent  cbacun  à  leur  soniinel  une  double  liacbo  sur  la(|uello 
pose  un  oiseau.  Kntre  les  deux  poteaux  on  bois  est  un  batiuet,  dans 
|e,piel  une  fenune  verso  le  liipiide  d'un  vase.  Derrière,  se  tient  une 
l'euinie  coiiïée  d'un  cbapoau  avec  loulTe  semblable  à  celui  que  portent 
•■rtains  spbinx  mycéniens.  Cette  femme  soutient  au  bout  dune  barre 
de  bois  deux  vases  semblables  à  celui  que  vide  la  preniiére  femme. 
Derrière,  un  liomme  vêtu  en  femme  joue  de  la  lyre  a  sept  cordes.  La 
face  opposée  du  sarcophage  représente  le  sacrilice  d'un  taureau.  On  y 
voit  un  édifice  surmonté  de  quatre  cornes  de  consécration,  un  poteau 
avec  une  hache  double  portant  un  oiseau,  un  joueur  de  double  fhUe 
habillé  en  femme  à  ce  qu'il  semble. 

Ainsi  les  symboles  usités  pour  le  culte  des  morts  sont  les  mêmes  que 
dans  le  culte  des  dieux.  Les  découvertes  faites  par  Schliemann  dans  les 
lombes  de  IWcropole  de  Mycènes  en  tirent  une  signification  nouvelle. 
Les  bractées  d'or  figurant  une  double  hache  entre  les  cornes  d'un  taureau 
sont  des  endjlèmes  religieux.  Les  morts  étaient  enterres  avec  leurs  vêle- 
ments les  plus  somptueux,  leurs  bijoux,  leur  vaisselle  d'or,  d'argent  et  de 
cuivre,  dans  l'idée  qu'ils  continuaient  à  jouir  de  leurs  richesses,  avec  leurs 
armes  et  le  diadème  pour  leur  assurer  l'usage  de  leur  puissance,  avec  des 
images  du  palais  pour  leur  perpétuer  une  demeure  digne  d'eux  ',  tandis 
que  les  oiïrandes  consenties  leur  procuraient  la  nourriture  nécessaire. 

On  a  constaté  à  Milo  ',  à  Egine  el  à  Cnosse,  la  pratique  d'enterrer  les 
enfants  morts  en  bas-t^ge  dans  des  jarres  et  sous  le  sol  des  maisons. 
Les  fouilles  récentes  de  Palestine  ont  révélé  le  même  usage  dont  on  a 
niaint  exemple  en  Egypte.  On  sait  qu'à  l'époque  classique,  en  Grèce,  les 
enfants  morts  à  la  mamelle  n'étaient  pas  incinérés  mais  inlnm)és. 

En  Crète,  le  mort  était  placé  accroupi  dans  les  cuvos  funéraires  en  terre 
cuite  ou  en  calcaire  (sarcophage  peint  de  Ilaghia  Triada  décrit  plus  haut 
et  un  autre  exemplaire  du  mémetypc).  Nous  avonsrcncontré,  a  une  haute 
époque  dos  enlassements  de  cadavres,  provenant  sans  doute  d'inhuma- 
tions secondaires. 


Celte  civilisation  minoenne  et  mycénienne  fut  trop  brillante  elde  durée 
trop  longue  pour  avoir  disparu  sans  laisser  do  survivances.  Devant  l'in- 
vasion   dorienne  elle  se   replia  sur   l'Oiiont    où,   tout  en  subissant   les 


'  Hnue  de  l'hist.  des  religions,  190.^,  I,  p.  30-31  (.t  12  (p.  8'.i  (t  :20  du  lir.  h  l'arlj. 
*  Ejxavations  al  Phylacapi,  p.  15. 


130  lo'  MAits  l'jon 

inlliiences  locales,   elle  se   perpétua   longlcnips,    surtout   îi    Illiodes  et 
à  (ihyprc. 

I.es  archéologues  classiques  reconnaissent  que  l'art  ionien  a  Jcs 
attaches  lointaines  avec  l'art  mvc<''nien.  D'autre  part,  C(;  sous-mycénien 
oriental  s'est  propagé  vers  l'ouest.  Il  a  p(''nétré  au  viii'^  siècle  en  Sicile  et, 
peu  après,  en  Kspagnc.  Le  décor  en  usage  dans  la  céramique  ihérique 
est  «  la  suite  ah.Uardie  du  mycénien  ^  ». 

Discussion. 

y\.  'I'atk  —  Je  relève  dans  la  connnunicalion  de  .M,  Diissauil  le  mot  de 
murs  en  «  gypse  »  ou  pierre  à  pl.Ure. 

.le  crois  que  c'est  la  première  fois  que  l'on  signale  dans  ces  monuments 
antiques  «  le  gypse  »  employé  comme  pierre  à  biUir,  alors  que  partout 
on  rencontre  la  pierre  à  hàlir  en  carbonate  de  chaux,  grès,  granits  etc. 

J'en  ai  fait  la  remarque  à  M.  Dussaud  qui  me  confirme  que  pour  lui 
aussi  c'est  le  seul  exemple  qu'il  connaisse.  Il  serait  intéressant  de  le  con- 
trôler. 

Cet  emploi  du  «  gypse  »,  me  permet  d'émettre  une  autre  opinion  con- 
cernant la  destruction  de  l'étage  supérieur,  que  l'on  suppose  avoir  été 
construit  en  bois. 

En  elfet  si  toute  la  construction  était  en  gypse  le  résultat  a  pu  être  le 
môme  :  car  si  le  fui  a  pris  au  plancher  de  l'étage  supérieur  le  feu  à  dû 
cuire  le  «  gypse  »  et  le  changer  en  plAtre,  ce  qui  n'a  rien  d'excessif 
comme  résultat  puisque  la  déshydratation  du  gypse  ou  sa  transformation 
en  plâtre  s'opère  au-dessous  de  150°  centigrades.  On  comprendra  facile- 
ment dans  ces  conditions  l'écrasement  et  l'écroulement  des  murs  au-des- 
sus du  plancher  de  l'étage;  le  vent  et  les  intempéries  se  sont  facilement 
chargés  de  disperser  ces  restes  ayant  subi  l'action  du  feu. 

Je  pense  qu'il  y  aurait  toujours  intérêt  à  relever  la  nature  des  maté- 
riaux employés,  aussi  bien  pour  la  maçonnerie,  que  pour  relier  les  pierres, 
comme  également  les  enduire.  Comme  on  le  voit  ici,  on  pourrait  en  tirer 
quelquefois  des  déductions  permettant  des  solutions  très  simples. 

MM.  Delisle,  IIervk,  Deniker  et  Z.^noaow^Ki  prennent  également  la 
parole. 

'  Kdm.  Pottieh.   —  Journal  des  Savants,  1005,  p.  TiSS. 


i'oiiE>Tir.a.  —  i.i;>  o-skments  i'Ariioij»iiin(F.>  131 


LES    OSSEMENTS     PATHOLOGIQUES    DU    CIMETIERE     DE     L'ANCIENNE    EGLISE 

D'AIX   EN   SAVOIE. 

Par  \.k  \y  l'oaESTiRR. 

Au  mois  (Je  janvier  (iL-niioi-  dos  travaux  (IT'ilililô  ont  nécessité  le 
nivcllcmont  du  terrain  sur  lequel  s'élevait  l'ancienne  église  d'Aiven- 
Savoic.  Pondant  le  déblaiement  j'ai  pu  recueillir  un  grand  nombre 
il'ossemenls  pathologiques  dans  la  masse  de  ceux  mis  à  jour  par  les 
louillos.  Frappé  du  nombre  de  pièces  vertébrales,  je  me  demandai  si  celte 
proportion  plutôt  considérable  de  celles-ci  était  le  fait  de  malades  venus 
aux  eaux  d'Aix-en-Savoie,  dans  le  cours  des  2  ou  3  derniers  siècles  et, 
y  ayant  décédé.  Jo  parlai  de  la  chose  à  M.  le  docteur  Capitan,  que  je 
savais  avoir  étudié  les  ossements  des  catacombes  de  l'aris.  Son  opinion 
fut  que  la  proportion  des  ossements  pathologiques  vertébraux  était  cxcep- 
lionnellc  et  devait  dépondre  d'une  particularité  locale. 

M.  Capitan  me  suggéra  alors  aimablement  de  faire  la  présentation  de 
ces  ossements  à  la  Société  d'Anthropologie  et,  c'est  ainsi  que  j'ai  l'hon- 
neur de  vous  faire  une  brève  communication  sur  ce  sujet. 

Comme  vous  le  voyez  toutes  ces  pièces  sont  des  vertèbres  à  l'exception 
do  trois,  une  ankylose  radio  cubitale  du  coude,  un  condyle  fémoral  avec 
l''sions  d'ostéo-arlhritc  et  une  tumeur  osseuse  indéterminée. 

Parmi  les  17  pièces  vertébrales,  i  sont  constituées  parades  segments  de 
3  vertèbres  soudées  ensemble  :  vertèbres  lombaires  présentant  à  la  face 
antérieur  du  corps  vertébral  des  productions  osseuses  ostéophytiques. 
Il  s'agit  là  de  lésions  correspondant  à  ce  que  l'on  appelle  aujourd'hui 
.^jwmlylose  a nhijlom nie. 

Trois  autres  pièces  présontenl  des  vertèbres  tassées,  cunéiformes,  évidées 
et  correspondent  vraisemblablement  à  des  lésions  de  tuberculose  verté- 
brale ou  Mal  de  Polt. 

Les  autres  vertèbres  pathologiques  otïrent  des  lésions  d'ostéo  arthrite, 
qu'on  ne  peut  confondre  avec  les  altérations  purement  séniles  dont  il  y  a 
ipiel(iues  spécimens. 

Il  y  aurait  des  considérations  pathologiques  intéressantes  à  faire  sur 
ces  lésions  vertébrales,  mais  ce  n'est  pas  ici  leur  place. 

Au  point  de  vus  anthropologique  et  historicjue,  qui  seul  est  à  envisa- 
ger un  peut  se  demander  si  les  lésions  vertébrales  sont  en  plus  grand 
nombre  que  d'habitude.  M.  le  docteur  Capitan  admet,  m'a-t-il  dit,  qu'il 
y  a  là  une  proportion  très  supérieure  à  celle  (|u'il  a  renoontréo  dans  les 
cim?lièros  parisiens. 

En  ce  cas,  il  faudrait  admettre  que  le  cimetière  d'Aix  aurait  reou  une 
classe  de  malades  sprc.aux.  par  ce  fait  que  la  réputation  des  Eaux  d'Aix 
dans  les  siècles  derniers  y  aurait  attiré  toute  une  série  d'infirmes  grave- 
ment alleinls. 


132  1"  M.uo  iUOC 

Les  registres  mortuaires  de  la  paroisse  font  fui  que  les  ensevelissements 
se  faisaient  au  déhut  du  wii''  sit'^cle  dans  le  sol  mthne  de  l'église,  et  se  sont 
aussi  faits  jusqu'en  178o.  Les  ossements  seraient  donc  vieux  de  trois 
siècles  peut-être  et  d'un  siècle  au  moins. 

Discussion. 
-M.M.  MANoLvuiiin,  l'Aruj.ALLT  et  Uelisle  font  fjuelques  observations. 


THNOGENIE  DES  PEUPLADES  HABITANT   LE  BASSIN   DE  L  OGOOUE. 

Par  m.  le  Lieutenant  Avelot. 

Selon  le  désir  que  m'a  exprimé  M.  le  docteur  Hamy,  je  viens  aujour- 
d'hui vous  comnmniquer  sommairement  le  résultat  de  mes  recherches 
sur  l'ethnogénie  des  peuplades  habitant  le  bassin  de  l'Ogôoué.  Je  suis 
trop  heureux  de  pouvoir  m'acquitter  —  oh!  bien  faiblement  —  d'une 
partie  de  la  dette  que  j'ai  contractée  envers  M.  le  docteur  Ilamy,  et  de 
pouvoir  lui  témoigner  ici  toute  ma  reconnaissance  pour  l'aide  et  l'appui 
qu'il  a  bien  voulu  me  prêter  dans  mes  modestes  travaux. 

Les  premiers  habitants  du  Congo,  comme  d'ailleurs  de  toute  l'Afrique 
équatoriale,  furent  les  Pygmées,  les  Négrilles.  Il  est  inutile,  surtout  ici, 
d'insister  sur  ce  fait  bien  connu.  Inutile  également  de  rappeler  que  l'aven- 
turier anglais  Battel  les  a  connus  au  xvii^  siècle  sous  le  nom  de  Malimha, 
dans  le  bassin  du  Kwilou,  où  ils  portent  encore  aujourd'hui  le  nom  de 
Marimba. 

Fait  moins  connu  :  la  priorité  de  l'occupation  du  sol  par  ces  Négrilles 
est  confirmée  par  la  tradition  :  les  noirs  les  considèrent,  et  eux-mêmes  se 
donnent  comme  les  propriétaires  légitimes  de  la  foret;  les  indigènes  de  la 
Likwala  leur  attribuent  l'invention  du  feu,  ceux  de  Fernand-Vaz,  l'inven- 
tion de  la  métallurgie.  Un  noir  de  Bâta  dit  en  parlant  d'eux  :  «  Ce  sont  eux 
qui  étaient  au  commencement,  et  ils  ont  gardé  la  science  des  choses 
cachées.  Ih  sont  à  la  racine  du  monde.  » 

Quels  furent  les  premiers  éléments  ethniques  qui  se  superposèrent  aux 
Pygmées?  Nous  n'avons  que  des  indices  à  ce  sujet:  les  Shéké,  Shékiani 
ou  Boulou,  les  Ba-kota,  les  Ba-njavi  sont  fortement  métissés  de  sang 
négrille,  et  leur  installation  dans  le  bassin  de  l'Ogôoué  est  antérieure 
à  l'arrivée  des  Européens,  et  même  à  celle  de  toutes  les  autres  tribus  dont 
nous  allons  nous  occuper. 

Les  premières  données  précises  que  nous  possédions  sont  celles  concer- 
nant l'extension  de  la  race  flotte  au  xvi«  siècle  :  Dapper  nous  apprend  que 


AVEf.f'T.    ^  KTIlNiMiKME  1>V>  I'Rri'I,\ItK>  IIAIUTANT  I.F,  ll\>>IN  DE  r.'ur.ùurK         \M 

les  ri'pivsoiilaiils  de  coite  r;ice  porlaienl  d'abonl  le  iiuiu  (Je  Uramn  :  ce  duiu 
(jui  uest  autre  que  l'ethnique  Rama.  |iréc»''dé  du  prolixe  ha  marque  d.u 
pluriel  (Ba  rama)  est  encore  porté  jcir  une  Iribu  à  l'ouosl  du  Ngounyé. 
Ces  Barama  vivaient  d'aliord  *'n  triltus  sauvages  et  cannil)alos,  ne  subsis- 
tant que  do  la  chasso;  ils  furent  organisés  en  royaume  jiar  .Mani-Lovango 
(le  chef  Locanijo). 

D'aprrs  une  autre  tradition  recueillie  par  l'infurluné  de  Behagle,  les 
Flottes  seraient  venus  du  sud-est  en  faisant  halte  dans  la  région  de  San- 
Salvador.  Le  grand  Foumou-Congo  {roi  du  Congo),  qui  résidait  en  celte 
ville,  avait  deux  fils  :  Ca-Congo  {le  petit  Congo)  et  Mani-Lovango  {le  roi 
Luiango),  qui  organisèrent  en  royaume  la  région  au  nord  du  Zaïre. 
Uuarte  Lopez  dit  (jue  ce  royaume  s'étendait  jusqu'au  cap  Lopez  inclus. 

En  fait,  la  bande  de  terrain,  qui,  sur  la  cote,  va  du  Gap  Sainte-Catherine 
à  la  rivière  Coanza,  et  s'enfonce  dans  l'intérieur  sur  une  profondeur  de 
iOO  à  «)00  kilomètres,  est  habitée  par  une  race  aujourd'hui  une  par  la 
langue  ot  les  caractères  ethniques;  c'est  la  famille  flotte  du  rameau  ban- 
tou,  du  mot  fiot  qui  veut  dire  noir.  Un  sous-groupe  de  celle  famille, 
le  sous-groupe  ivili,  a  môme  envoyé  une  de  ses  colonnes  par  le  Ngounyé 
jusqu'à  rOgôoué  où  ses  descendants  se  sont  gabonisés. 

Les  relations  du  wii*^  siècle  nous  parlent  d'un  grand  empire  d'Anzico, 
Anzichi,  Anzicana,  qui,  aux  temps  où  florissait  le  royaume  du  Loango, 
avoisinait  ce  royaume  à  l'est.  Anzico,  ou  mieux  Nzèké,  c'est  tout  simjtle- 
ment  l'inlérieur,  et  le  litre  que  portail  son  roi,  Ma-koko,  signifie  tout 
bonnement,  chef  du  fleuve.  Mais,  du  fait  que  plusieurs  chefs  batéké  por- 
taient encore  récemment  le  titre  de  Makoko,  on  peut  déduire  que  les  Batéké 
occupaient  leur  emplacement  actuel  dès  le  xvii»  siècle. 

C'est  à  peu  près  dans  le  même  temps  que  les  Mpongwé  arrivèrent  au 
•  iaboii,  se  taillant  la  meilleure  place  dans  les  forêts  occupées  par  les  She- 
kiani  ou  Boulou;  l'événement  est  placé  par  l'amiral  Fleuriot  de  Langle 
à  une  date  peu  éloignée,  par  le  Rév.  M.  Haug  au  xvii*'  siècle.  Il  est  impos- 
sible de  mieux  préciser  :  Artus  a  bien  laissé  un  court  vocabulaire  du  lan- 
gage pailé  au  cap  Lopez  vers  l'an  1000,  mais  ce  n'est  qu'un  sabir  lusitanien 
qui  est  au  portugais  ce  que  sont  le  petit  nègre  au  français  et  le  pigeon- 
eniiUsIt  à  l'anglais. 

n'après  la  tradition  conservée  encore  aujourd'hui,  ces  Mpongwé  seraient 
originaires  du  Haut-Ngounyé;  il  auraient  descendu  cette  rivière  jusqu'à 
son  confluent,  puis  l'Ogùoué,  où  se  seraient  établies  les  tribus  oroungou  et 
galoa;  les  Mpongwé  proprement  dits  .seraient  arrivés  au  Gabon  par  le 
Vambi,  le  Rhamboé  et  la  rivière  3Iafouga. 

Quant  au  sous-groupe  nkomi,  son  exode  serait  plus  récent,  et  il  ne 
serait  arrivé  dans  la  région  de  Fernan-Vaz  (ju'au  début  du  xix^  siècle;  ils 
auraient  asservi  les  Flottes  Gama,  premiers  habitants  du  sol  auxquels  ils 
ont  imposé  leur  langage. 

Bowdich,  qui,  en  1817,  séjourna  quelques  semaines  au  Gabon,  est  un 
des  premiers  voyageurs  qui  aient  su  questionner  ;  grâce  aux  renseigne- 


i34  I"  MAH>  lOOG 

ments  recueillis  pai'  lui,  renseignemenls  que  complotent  les  traditions 
encore  vivaccs  aujourd'hui,  j'ai  pu  tracer  le  domaine  de  clui({ue  grou- 
pement impoitunt  au  commencement  du  siècle  dernier;  c'est  là  l'objet 
de  ma  première  carie. 

Nous  y  voyons  le  littoral  au  nord  du  Gabon  peuplé  par  les  Benga.que 
pressent  en  arrière  les  nombreuses  tribus  kombé,  occupant  la  majeure 
partie  des  bassins  cotiers.  l.es  Jieiiga  venus  du  nord-est  sont  apparentés 
aux  Ba-kalai  et  non  aux  Okandé,  comme  l'a  dit  de  (lompiègne.  Les  Kombé 
sont  apparentés  aux  Shekiani. 

Le  cours  moyen  de  rOgùouc  est  occupé  par  la  famille  adouma-okota, 
apparentée  à  la  famille  flotte;  les  lia  kota  descendus  du  nord  est  par  la 
voie  de  TOkano  se  sont  établis  à  l'est;  les  Adouma  à  l'est.  Les  commu- 
nications entre  eux  furent  interrompues  par  l'irruption  de  la  famille 
okanda-apingi-eshira,  ([ue  les  Pahouins  venaient  de  déloger  du  haut 
Ivindo. 

Ceux-ci  étaient  en  effet  en  marche  ;  leurs  têtes  de  colonne  arrivaient 
d'une  part,  sur  le  haul-Bénito,  d'autre  part,  au  coniluent  du  Lazio  et 
de  rugôoué,  où  ils  touchèrent  pour  la  première  fois  le  grand  lleuve 
en  1825. 

Entre  eux  et  les  populations  colières  sont  comprimées  dans  les  bassins 
du  Mouni,  du  Como  et  de  l'Abanga,  de  grosses  agglomérations  ba-kalai. 

Ici  se  pose  la  question  de  l'origine  de  ces  Ba-kalai  et  de  ces  Pahouins 
qui,  par  leur  grande  taille,  leur  peau  claire,  leur  système  pileux  très 
développé,  contrastent  si  fortement  avec  les  populations  fiolles,  mpongvvé, 
Adouma. 

D'abord  les  Ba-kalai,  Ba-ngomo  ou  Ba-ngoué.  Ils  sont  aujourd'hui 
dispersés  par  petits  paquets  sur  une  immense  étendue  de  terrain  du 
Gabon  à  la  Sanga^  du  Fernand-\'az  ta  la  Passa.  Où  est  leur  berceau?  Quels 
chemins  ont-ils  suivis?  Les  traditions  sont  peu  nombreuses  et  contradic- 
toires. 

J.  de  Brazza  a  trouvé  un  petit  groupe  de  Ba-ngomo  près  des  sources 
de  la  Likwala  ;  il  a  vu  là  le  centre  d'origine  des  Ba-kalai. 

Barrât,  adoptant  celte  donnée,  dit  que,  partis  de  la  rivière  Sébé,  ils  ont, 
après  avoir  fait  un  détour,  occupé  le  bas-Ogôoué,  le  Rhamboé,  le  Como 
et  le  Gabon. 

Braouezec  les  fait  originaires  de  la  rive  gauche  de  l'Ogôoué. 

Serval  dit  qu'ils  se  sont  avancés  vers  le  milieu  du  .tviiio  siècle  par 
le  lac  Zonangué  sur  le  fleuve  Ogùoué,  d'où  un  de  leurs  corps  déboucha 
dans  le  Gabon  par  le  Rhamboé. 

D'après  Lenz,  ils  seraient  venus  du  sud-est,  le  long  du  Ngounyé,  disper- 
sant devant  eux  les  Shekiani. 

Enfin  M.  Haug  rapporte  qu'ils  sont  établis  dans  le  bas-Ogôoué  depuis 
un  nombre  de  siècles  impossible  à  évaluer,  mais  en  tout  cas  anlérieure- 
ment  à  l'arrivée  des  Mpongwé,  donc  au  xvii<=  siècle;  ils  auraient  occupé 


.    AVF.f.itT.  —  ETHNOr.KXIE  DRS  PKIPI,  ADES  IIvIHTaNT  I.K  Iî  \-^>in  i»r.  i/oiiùiin':      135 

pi'iniitivemeiil  l'espace  compris  enlre  le  lac  Azingo  et  l'Abanga  diiiie 
part,  et  la  rivii^TO  Ofùoué  d'autre  pari. 

Oue  croire? 

l^QS  renseignements  si  précis  de  Bowdich  nous  prouvent  qu'on  se 
trompe  en  plaçant  des  iii-kalai  sur  le  bas-OgO>oué  avant  le  xix°  siècle;  les 
données  de  Koelle,  de  du  Cliaillu  et  de  Serval  sont  aussi  alTirnialives  en  ce 
(pii  concerne  la  non-présence  des  Ba-kulai  dans  la  bouche  de  lOgùoiié. 
.Mais  un  argument  décisif  est  fourni  par  du  Chaillu  :  les  Ha-kalai  auraient 
émigré  du  nord  vers  le  lac  Zonangué  et  ne  seraient  arrivés  sur  l'Ovenga 
i|ue  -20  ans  avant  le  passage  de  l'explorateur,  donc  vers  1843;  ils  se  seraient 
ensuite  répandus  sur  les  bords  du  Ngounyé. 

Il  faut  donc  admettre  que  si  les  Ba-Kalai  ont  leur  berceau  dans  la  llaute- 
Likwala,  ils  ont  d'abord  émigré  vers  l'est  par  l'Okano  et  l'Abanga;  ils 
formaient  au  début  du  xix°  siècle  un  groupe  compact  entre  l'Okano,  le 
Mouni  et  le  Campo.  Ce  ne  serait  qu'entre  1820  et  1843  que  poussés  par  le 
Ilot  pabouin,  ils  auraient  franchi  lOgùoué  vers  Samkila  et  de  là  bifurqué 
d'une  part  vers  le  l'ernand-Vaz,  d'autre  part  vers  le  haut-Ogooué. 

Les  traditions  sont  mieux  établies  en  ce  qui  concerne  les  Pahouins,  et 
cela  grùce  aux  travaux  de  l'amiral  Fleuriot  de  Langle,  du  P.  Trille  et  de 
M.  Largeau. 

Leur  pays  d'origine  serait  proche  des  plateaux  séparant  le  lîahr-el- 
Ciazal  du  haut  Quelle  ;  ils  en  furent  chassés  dans  le  courant  du  xviu^  siècle 
p:ir  les  liemvou,  dont  les  descendants  peuplent  encore  le  Ilaut-Arouhimi; 
leur  exode  vers  l'est  aboutit  ù  Koumaza,  au  conlluenl  de  la  Kadeï  et  delà 
Matoui  (liaute-Sangha),  cl  de  là  ils  envahirent  toute  la  partie  nord  de 
notre  colonie,  les  Osyeba,  ou  Fan  Makeï  ou  .Makina  formant  partout 
l'avant-garde,  les  Fan  Dedzi  ou  .Mazouna  les  suivant,  poussés  à  leur  tour 
par  les  Fan  Dzem  ou  Dzimou. 

La  deuxième  de  mes  cartes  représente  la  Gabonie  en  1864.  Les  princi- 
paux changements  sont  marqués  par  les  progrès  de  l'invasion  pahouine 
et  l'entrée  en  ligne  des  Ba-kola. 

Les  Pahouins  ont  atteint  les  vallées  supérieures  des  rivières  cotières, 
oi'i  les  a  rencontrés  du  Chaillu;  du  coté  du  Como  et  du  Ilhamboé,  ils  ont 
pénéti'é  comme  un  coin  dans  le  bloc  akalai  qu'ilsont  séparé  en  deux  frag- 
ments inégaux  :  le  plus  petit  reste  autour  du  Gabon;  le  plus  considérable 
a  été  refoulé  sur  la  rive  gauche  de  l'Ogoùué,  ne  laissant  sur  la  rive  droite 
que  des  arrière-gardes  entre  les  confluents  de  l'Okano  et  du  Ngounyé. 
Kn  amont  du  confluent  de  l'Okano,  jusqu'au  confluent  du  Lazio,  ils  ont 
bordé  toute  la  rive  droite  du  fleuve,  mais  ils  ignorent  tout  de  la  naviga- 
tion ;  de  plus,  les  fiers  Okandé,  qui  les  avaient  d'abord  bien  accueillis,  leur 
déclarèrent  la  guerre  vers  1860  pour  cause  de  règlement  de  dot;  aussi  ne 
purent-ils  forcer  le  passage  de  l'Ogooué,  et  les  derniers  arrivés,  poussés 
sans  cesse  par  de  nouvelles  tribus,  sont  obligés  de  s'écouler  vers  l'aval. 

A  l'est  des  Pahouins  s'effectuait  à  la  môme  époque  et  dans  le  même 


inr,  1*^^'  M  Ali-  mon 

sens  une  imporlaiile  inigraliun  de  liihus  lolaleinenl  dilîérenles  mais  for- 
mant un  grou|>e  au.>si  homoir^ne  <'l  peul-<Hre  aussi  nombreux,  (".'étaient 
les  lia-rabemba,  .Mi-mb.Hé  cl  Ha-kola  tb»  l'est,  (ju"il  ne  faut  pas  confondre 
avec  les  Hii-kola  de  l'ouest,  apparentés  aux  Adouma.  D'après  les  renseigne- 
ments recueillis  par  -M.M.  l'onel  etClo/A'l,  cette  famille,  (jne  son  langage 
rapproche  des  liatéké,  habitait  au  commencement  du  xix'»  siècle  le  bassin 
supérieur  de  la  Sangha,  à  côté  des  Pahouins;  ils  en  furent  chassés  vers 
AH'AO  par  un  clan  des  IJaya,  les  Yangéré,  (jue  poussaient  eux-mêmes  les 
Foulbé  musulmans,  et  ils  se  mirent  en  marche  vers  le  sud,  mais  ils  ne 
devaient  arriver  à  l'Ogùoué  que  vers  1870. 

Ma  troisième  carte  représente  la  (Jabonie  en  1884.  Les  Pahouins  ont 
poursuivi  leurs  progrès;  ils  avaient  atteint  Libreville  en  1805;  dix  ans 
plus  tard,  ils  arrivaient  enfin  àli  mer  entre  le  Gabon  cl  le  delta  de  l'Ogùoué 
séparant  ainsi  les  Mpongwé  de  leurs  frères  Ouroungou  ;danslehautOgùoué, 
grâce  aux  fusils  fournis  par  les  Européens,  ils  avaient  brisé  la  résistance 
des  Okandé,  et,  franchissant  le  fleuve  sur  des  radeaux  de  comho-combo 
ils  avaient  envahi  la  rive  gauche,  en  1869,  d'après  de  Brazza,  en  187:2, 
d'après  Compiègne.  Les  Okandé  forment  encore  un  groupe  assez  homo- 
gène de  2  à  3.000  individus  dans  60  villages,  mais  les  Bakola  de  l'ouest 
cernés  dans  les  îles  du  fleuve  ne  comprennent  plus  que  quelques  villages 
et  sont  réduits  pour  vivre  à  la  pèche  et  au  pillage  des  épaves. 

Parallèlement  aux  Pahouins,  les  tribus  ba-kola  de  l'est,  ba-mbemba, 
mi-mbété  ont  comme  eux  poursuivi  leur  marche  envahissante,  et  cela 
d'autant  plus  facilement  qu'elles  n'étaient  pas  gênées  par  notre  influence; 
déjà  leurs  tètes  de  colonne  n'étaient  plus  qu'à  deux  jours  de  marche  du 
Kwilou.  Les  débris  de  la  famille  anzicani,  Mi-ndoumbo,  Aoumbo,  Ba  ka- 
niké,  qui  occupaient  antérieurement  le  haut  bassin  de  l'Ogôoué  ont  été 
obligés  comme  les  Ba-kota  de  l'Ouest  de  chercher  un  refuge  dans  les  îles 
du  fleuve. 

Enfin  ma  dernière  carte  représente  l'état  actuel  de  notre  colonie. 

La  période  actuelle  est  caractérisée  par  la  disparition  à  peu  près  complète 
des  races  primitives,  par  l'extension  déplus  en  plus  grande  des  Pahouins 
et  des  Ba-kota  orientaux  et  aussi  par  la  formation  à  notre  contact  d'un 
nouveau  type  ethnique. 

Les  Benga,  Kombé,  Bonlou,  Mpongwé  atteignent  à  peine  le  nombre  de 
100.000,  les  Ba-kalai  celui  de  25.000;  les  Pahouins  bordent  presque  par- 
tout le  littoral  du  Campo  à  l'Ogôoué,  et  ils  débordent  largement  sur  la 
rive  gauche  de  ce  fleuve;  les  Ba-kota  de  l'est  ont  atteint  le  Kwilou,  et,  si 
nous  n'y  mettons  obstacle,  ils  arriveront  eux  aussi  à  la  côte,  submergeant 
les  derniers  Flottes.  En  même  temps  se  constituent  autour  de  nos  princi- 
paux établissements,  à  Libreville,  Lambaréné,  Ndjolé,  Loango,  de  grosses 
agglomérations  où  se  forme  un  type  nouveau,  que  j'appellerai  le  type 
néo-gabonais,  résultante  du  mélange  des  Pahouins,  des  Mpongwé,  des 
Flottes,  des  Yakoma,  des  Indo-Chinois,  des  noirs  de  toute  la  cote  occi- 
dentale, et  même,  faut-il  le  dire,  des  Européens. 


DISCUSSION  i^l 

Aussi,  et  je  in'arrt^lerai  sur  ce  vœu,  serait-il  furl  h  souliailer  (|u'(jn  se 
lu\le  de  recueillir  le  plus  de  documenls  anthiopologiqaes  possibles  sur 
les  populations  primitives,  avant  leur  complète  disparition.  Les  Henga 
n'ont  plus  que  deux  villages^  au  cap  Saint-.loan  et  ;i  Corisco,  et  n(jus  ne 
possédons,  que  je  sache,  de  mensurations  complètes  pour  aucun  individu 
de  leur  race. 

Discussion.  < 

M.  IIa.my  frlicito  .M.  le  Lieutenant  Avelot  de  son  intéressante  communi- 
cation. 


M.  I'apillailt.  —  La  forme  du  thorax  chez  les  Ilovaset  chez  les  nègres 
africains  et  Malgaches  (contribution  à  l'élude  de  l'indice  tboracique)  '. 

Discussion. 

.M.  C.  Lejeune.  —  Je  suis  porté  à  croire  (juc  l'indice  tboracique  plus 
grand  chez  la  femme  que  chez  l'homme  est  un  nouvel  exemple  des  carac- 
tères qui  rapprochent  la  femme  de  l'enfant  et  des  races  inférieures. 

Peut-être  pourrait-on  en  trouver  l'explication  dans  ce  fait  que  la  femme, 
en  raison  de  sa  faiblesse  musculaire,  a  été  traitée  dans  là  suite  des  siècles 
et  presque  jusqu'à  nos  jours  chez  les  civilisés  et  l'est  encore  chez  la  plu- 
part des  peuples  sauvages  et  barbares,  comme  une  bote  de  somme  char- 
gée des  plus  durs  travaux.  L'habitude  de  porter  sur  le  dos  les  éléments 
d'une  tente,  les  outils,  les  ustensiles  de  ménage  et  les  jeunes  enfants 
gênait  sa  respiration,  ce  qui,  d'après  les  observations  de  M.  PapillauU, 
produit  un  thorax  plus  bombé.  C'est  probablement  cette  longue  domesti- 
cation qui  a  conservé  chez  la  femme  des  caractères  d'infériorité  physique 
cl  ([ui,  intellectuellement,  l'a  rendue  plus  attachée  à  la  religion  et  a  tourné 
son  esprit  vers  la  ruse  qu'elle  considérait  comme  les  meilleurs  moyens  de 
se  défendre  contre  la  tyrannie  du  plus  fort. 

MM.  HuGUET,  Anthony  et  Manouvrier  prennent  également  la  parole. 


*  Paru  dans  la  Itevue  de  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris,  février  190C. 


soc.  d'anthrop.  i906. 


10 


i38 


1"   MARS    1906 


RAPPORT  DU  TRESORIER  POUR  L'EXERCICE  1905 

Messieurs, 

Conformément  à  l'article  31  du  règlement,  j'ai  l'honneur  de  vous  sou- 
mettre les  résultats  de  la  gestion  de  votre  trésorier,  pour  l'année  échue  le 
31  décembre  1905. 

Comme  précédemment  je  les  ai  résumés  en  deux  tableaux. 

Tableau  A.  —  Opérations  linanciùres  de  1905. 

Tableau  li.  —  Inventaire  de  notre  Cortiine  à  la  fin  de  ladite  année. 

A.  —  Résumé  des  opérations  financières. 

RECETTES 

Droits  d'admission 


100 
100 


Cotisations 


5.520    )) 

40     » 

1.149  60 


Rachats  de  cotisations.    . 

échues    .... 

exercice  courant.    . 

Recouvrements  de  tirages  à  part 

Vente        l  à  la  Société  . 

de  (chez    MM.    Masson 

publications  [  et  C'» 

Subvention   de  l'Etat 1.000     » 

Intérêts  des  fonds  placés 10  50 

Bénéfices  divers 61  50 

Arrérages  de  valeurs 3.072  50 

Total  des  recettes 11.054  10 


390     » 
5.130     » 

202  35 

947  25 


DEPENSES 


Prix  Fauvelle 


Ordinaires  : 

!h  MM.  Demonet 
leD'"Launois 
le  D^  Roy     . 
àxMM.Wintrebert  . 
E.  Bernard  . 
Frais  généraux  : 

Appointements.  Gratifications. 
Affranchissements.  Convocations 

Chauffage 

Eclairage 

Papeterie 

Frais  de  bureau.  Entretien   , 
Frais  de  recouvrement     . 

Droits  de  garde 

Divers    .... 


600 
450 
450 
1.400 
600 


2.340  40 

628  23 

81  30 

103  45 

365  20 

211  30 

45  30 

9  05 

5     » 


1.500    » 


2.000     » 


3.795  23 


A  reporter 


7.295  23 


rappurt  nr  trksorfer  phir  i.'vsmk   \[HK\  139 

/{rport     ....     7.2'»:;  -23 

Augmentation  de  la  culloction '»'•     » 

.\chals  <lo  livres 23i  4."» 

Frais  (Je publication 3.68i  55 

Ertraordituiin's  : 


Autopsie  Girard  de  Rialle.      .      .  40  10 

Transport  de  momies  ....  34  58 

Uéfection  de  la  salie  des  st'ances.  131      » 

Installalitjnd'unesallede  Inilletins  885  i>5 


l.O'JT  03 


Total  des  dépenses   ....      12.357  8!) 
Si  du  total   des   dt'penses    nous  rapprochons   celui    des 
receltes,  soit 11.054  10 


Nous  constatons  un  excédent  de  dépenses  de     ...      .       1 .303  76 

Cet  excédent  de  dépenses,  malgré  le  chiffre  des  frais  généraux  peu 
■levé  pour  l'exercice  et  l'économie  réalisée  sur  le  cha|titre  des  publica- 
•  alions.  s'explique  par  les  raisons  suivantes  : 

1"  Le  montant  des  prix  décernés  celle  année  s'élève  à  3.500  francs, 
chiffre  supérieur  à  la  totalité  des  arrérages  des  valeurs  en  portefeuille. 

2'  Le  montant  des  dépenses  extraordinaires,  dont  la  presque  totalité  a 
été  absorbée  par  l'installation  d'une  salle  pour  nos  collections  de  bulle- 
tins. Cette  dépense  qui  était  de  première  urgence  s'élève  à  883  fr.  95. 

3"  En  dernier  lieu,  je  dois  attirer  votre  attention  surlechilTre  des  coti- 
sations qui  de  0.870  francs  en  1904  (chiffre  de  la  moyenne  normale)  ne 
ligure  plus  pour  cet  exercice  que  pour  5.520  francs,  dans  le  montant  de 
nos  recettes,  soit  une  diminution  dans  le  prélèvement  de  nos  cotisations 
de  1.350  francs,  chiffre  qui  est  représenté  par  des  reçus  récents  qui  seront 
très  vraisemblablement  portés  dans  l'exercice  1900,  pour  la  presque  tota- 
lité. 

Si  de  notre  avoir  disponible  au  l'^'"  janvier  1905  : 

lléserve  disponible 1.415  42  ) 

F^rovision  pour  prix 3.584     »  j       ' 

Nous  déduisons  : 

Le  montant  du  déficit  de  l'exercice 1.303  76 


Nous  constatons  que  notre  reliquat  liquide  est  encore  de  .  3.095  00 

Se  décomposant  comme  suit  : 

Réserve  disponible 1.779  01  i  „ 

Provision  pour  prix 1.916  05  j  ^.090  66 


140 


l^f  MAn>  190G 


Tableau  //  —  Bilan  au  31  décembre  1905. 


ACTIF 

Espèces  entre  les  mains  du  trésorier. 
Fonds  placés  à  la  Société  Générale   . 
Créance  chez  MM.  Massun  et  C'^. 
l'ortefeuille  (au  prix  d'achat)  '  : 
Valeurs  disponibles     .      .     45.093  09 
—       indisponibles.     .     51.780     » 


PASSIF 

Capital  : 

Fonds  destinés  aux  prix. 

Droits  d'admission 

Rachats  de  cotisations. 

Dons  et  legs 

Réserve  : 

Disponible 

Capitalisée . 

Provision  pour  prix    .... 


285  82 

2.462  59 

947  25 

96.873  09 


51 . 780     » 

5.530  95 

16.800     » 

14.672  90 

1.779  01 
8.089  24 
1.916  65 


Budget  provisoire  pour  1906. 


Ressources  : 
Droits  d'admission  . 
Rachats  de  cotisations. 


Cotisations 


échues .     1 . 200 

courantes.  0.200 

Vente  de  )  Société  .  300 
publications  |  Masson  .         900 

Subvention  de  l'Etat  . 

Arrérages  de  valeurs  . 

Bénéfices  divers.     .  .     ,     , 


:i 


200 
600 


7.400     » 


1.200     » 


1.000 

3.135 

50 


13.585     » 


100.568  75 


100.568 


13.585    » 


*  Notre  portefeuille  de  valeurs  en  bourse  à  l'estimation  du  31  décembre  1905  avait 
une  valeur  de 103.611  7û 

Son  prix  d'achat  pour  lequel  nous  le  faisons  figurer  dans  notre  inven- 
taire étant  de 96.873  09 

Il  en  ressort  donc  une  plus-value  de 6.738  6iî 


illVRAGE>    OFFERTS 

Charges  : 

J  Broca     .      .      .     1.500     »  )  ^.OOO 
*^"     j  fîodaid  .      .      .         500     ..  ) 
Frais  généraux  : 

Appointements.  (Iratilications.   .  2.500 

Aiïranchisscments 000 

Chaulîage.  Eclairage  ....  250 

Papeterie 350 

Frais  de  bureau 200 

—    de  recouvrement     .      .      ,  150 

Bibliothèque  et  collection.  500 

Publications.  Impression.      .      .  4.200 

Reliure  et  gravure 800 

Travaux  d'entretien  et  ri'|iaralions.  300 

Dépenses  imprévues  ....  200 


Soit  un  excédent  de  recettes  de 


lil 


2.000     » 


>7     10.0.50 


d2.050 

i.5:î5 


82:!«  SEANCK.   —  lo    Mars    1906. 
Présidence  de  M.  Hamy. 

OUVRAGES   OFFERTS 


M.  Edoiard  Ci'TER.  —  .l'ai  l'honneur,  au  nom  de  M.  le  D'  Laurent,  ancien 
médecin  en  chef  des  asiles  publics  d'aliénés  et  des  hôpitaux  de  Kouen,  d'offrir 
à  la  Société  un  ouvrage  dont  il  est  l'auteur,  ouvrage  ayant  pour  titre  «  Pliysin  ■ 
nomie  et  mimique  chez  les  aliénés.  »  Ce  travail,  qui  a  paru  dans  les  Annales 
iin'ilico-psyrliologiipies.  est  une  addition  à  un  mémoire  di'jà  ancien,  compose 
en  18G2  el  puhlir  .-n  1863  dans  les  mêmes  Annales.  Le  but  du  travail  actuel  a 
été  surtout  diiisisler  sur  <pielques  idées  particidiéres  qui.  ne  ressortant  pas 
sullisammenl.  avaient  alors  été  méconnues. 

M.  le  Df  Laurent  a  [>ris  pour  point  rie  dépari  lonvrage  que  j'ai  publir  sui-  la 
Mimique  en  UK)2.  et  \c  premier  rbapitre  lui  est  exclusivement  consacré. 

r.'est  dans  le  troisième  chapitre  que  sont  développées  les  idées  originales  de 
l'auteur  :  1°  que  dans  les  diflérentes  formes  de  folie,  il  y  a  un  syndrome 
phfisionomif/ue  commun  qui  liadiiil  précisément  une  altération  conumme  à 
ces  formes  :  l'état  de  folie  •>  ;  2"  l'extériorisation  de  ce  syndrome  se  manifes- 
terait de  la  façon  suivante  :  «  Le  rapport  existant  entre  Vœil  et  les  centres 
mimiques  faciaux  oculaire  et  buccal  est  modifié  de  faron  à  présenter  un 
aspeit  plus  ou  moins  caractéristique  qui.  au  milieu  des  parties  situées  autour 
de  cette  expression  physionomique,  se  manifci^lc  par  une  désbarmonie  spéciale 


ii2  15  .M.\n>  11)06 

plus  ou  uidins  «{iparonlc.  Il  v  a  <lans  co  nouveau  rapport  (pitilcjut.'  chose  de 
|iarli<ulit'r  ipii  sonihle  se  rallachcr  surtout  à  l'expression  fournie  par  l'œil.  » 
Teih'ssoui  les  idées  rondanii-ntiili-s  de  n- rnéiiioirc.  idées  émises  pai-  l'auteur  il 
V  a  (piaraute  trois  ans. 

Itapptdanl  (pie  les  mouvements  produits  à  l'extérieur  font  suite  à  un  cert^ain 
nouil)re  d'aeles  efTeetués  à  l'intérieur.  M.  le  I)'"  Laurent  se  trouve  entraîné  dans 
l'examen  du  mécanisme  de  la  physionomie  et  la  recherche  du  centre  directeur 
lies  mouvements  physionomi<|ues  do  la  face;  avec  Beohterew,  il  place  ce  centre 
dans  lescoiiêlies  opli(jues. 

Mettant  à  profit  les  travaux  d'.\nthropologie.  il  fait  remarquer  que  le  sys- 
tème nerveux  de  Ihomme  est  particulièrement  caractérisé  par  son  extraor- 
dinaire centralisation. 

.\prés  l'exposé  de  considérations  psycho-plijsiologi(iues  intéressantes,  il  conclut 
«  que  par  suite  de  la  concentration  dos  éléments  organiques  d'association,  se 
forme,  en  une  sorte  de  réseau  conncctif,  un  lien  anatomique  incontestable  pour 
l'union  fonctionnelle  des  actes  de  la  vie  intellectuelle  et  la  constitution  des 
rapports  fondamentaux  nécessaires  à  notre  unité  substantielle.  » 

Uevonant  à  l'examen  des  signes  extérieurs.  M.  le  D'  Laurent  s'occupe  de 
l'innervation  do  la  face  et  du  fonctionnement  dos  nerfs  (|ui  se  rendent  à  celle 
région.  A  ce  propos,  il  traduit  un  passage  d'un  mémoire  du  physiologiste  russe 
Sikorsky.  Il  s'arrête  ensuite  à  l'examen  du  regard.  11  signale  un  contour  ?nimi- 
que  à  cachet  spécial  comme  caractéristique  chez  le  fou. 

En  résumé,  le  travail  de  AL  le  IV  Laurent  est  lo  résultai  d'une  savante  expé- 
rience, une  étude  clinique  en  même  temps  que  l'exposé  d'une  manière  de  voir 
originale  qui  témoigne,  en  môme  temps,  d'une  profonde  érudition. 

La  Démence  par  le  D'"  Marie,  Médecin  en  Chef  à  l'Asile  de  Villejuif. 

C'est  un  essai  de  psychologie  expérimentale  appliquée  à  la  démence  sous  ses 
divers  aspects.  (Démences  précoces,  d.  paralytiques,  d.  séniles.  etc.) 

L'auteur  tonte  \me  psycho-palhologie  générale  des  démences  fondée  sur 
l'autonomie  cellulaire  consécutive  aux  alléralions  endo  cl  péricellulaires  diver- 
ses des  neurones  corticaux.  II  établit  un  parallèle  entre  ces  alléralions  histolo- 
giques  et  les  lacunes  psychologiques  diverses  mises  en  lumière  par  les  méthodes 
d'enregistrements  variées,  chronométrie  et  mesures  des  temps  de  réactions, 
application  des  tests,  etc.  Les  recherches  toutes  récentes  relatives  à  l'anatomo- 
cliniquc  dos  drmoncos  précocos  sont  l'objet  do  développemonts  intéressants, 
basés  sur  les  rochorches  cliniques  et  nécropsiques  de  l'auteur  complétées  par 
les  préparation  hislologiques  du  D""  Klippel.  Les  problèmes  de  l'étiologie  des 
démences  précoces  et  paralytiques  et  de  leur  terrain  dégénératif  sont  chemin 
faisant  abordés  ainsi  que  celui  du  mécanisme  des  insonescences  démentielles. 
L'auteur  termine  par  un  aper(.-u  généi-al  des  [)roblèmes  biologiques,  sociaux, 
et  juridiques  qui  se  posent  à  l'occasion  do  la  démence  ainsi  que  par  des  données 
générales  démographiques  statistiques  et  d'assistance. 


ULHaKLlL-i;il\MlIAltUEL.   —   DKS  DKVIATluNS   I.ATKIIAI.KS  l»fc;.>  lJ(tl(ii,> 


liii 


DES   DEVIATIONS   LATERALES   DES   DOIGTS 
(L'Index   Varus). 

Tau  m.   i.e  I)""  Louis  DuBREiiL-CiiAMUAnDEL,  de  Tours. 

I.'obsorvalioii  tie  «luelques  fails  curieux  de  dévialions  latérales  des 
doigts,  et,  d'autre  part,  les  divergences  d'opinions  qui  ont  été  émises  sur 
cette  question  d'anatomie,  m'ont  engagé  à  présenter,  sur  ce  sujet,  une 
courte  note  devant  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris. 

Il  convient,  tout  d'abord,  de  s'entendre  sur  les  qualifications  à  donner 
aux  déviations  latérales  des  doigts,  et,  nous  basant  sur  l'homologie  des 
li'sions  qui  ont  été  depuis  longtemps  observées  aux  orteils,  nous  nom- 
merons vavHS  les  déviations  vers  le  bord  radial  de  la  main,  et  vaUjus  les 
déviations  vers  le  bord  cubital. 

Ceci  dil,  il  importe  de  remarquer  iju'il  existe  normalement  une  dévia- 
tion des  doigts,  c'est  ce  que  F.  Uegnault  '  a  clairement  démontré.  «  Cette 
incurvation  se  fait,  dit-il,  suivant  un  mode  constant;  le  second  doigt  se 
courbe  latéralement  vers  le  troisième;  le  quatrième  et  le  cinquième  éga- 
lement vers  le  troisième,  celui-ci  est  légèrement  courbé  vers  le  qua- 
trième. » 

Ces  déviations,  surtout  celles  de  l'auriculaire,  sont  constantes,  et, 
d'après  nos  recherches,  se  rencontrent  chez  75  pour  400  des  sujets;  mais 
elles  sont,  le  plus  souvent,  très  légères,  ne  dépassant  pas  un  angle  de 
170  degrés.  Parfois,  cependant,  elles  peuvent  s'exagérer,  et  lorsqu'elles 
forment  un  angle  moindre  de  170*',  constituent  une  anomalie  véritable.  Ce 
fait  s'observe  surtout  pour  la  phalangette  du  5"  doigt  fortement  inclinée 
vers  l'axe  de  la  main,  au  point  qu'on  penserait  a  une  subluxalion. 

Ces  anomalies  sont  rares.  Ayant,  à  l'efTet  d'en  étal)lir  la  proportionna- 
lité, examiné  2.o00  sujets  tourangeaux,  c'est-à-dire  5.000  mains,  nous 
avons  obtenu  les  chiffres  suivants,  qui  ne  concernent  que  les  déviations 
formant  un  angle  de  moins  de  170". 


POUCE 


V«rus 


Valgus 


Varus 


Vali'us 


15 


MKIHUS 


Varus 


Valgus 


ANNfl.MRE 


Varus 


Valgus 


AUUlCULAmE 


Varus 


14 


Valgus 


Depuis  Ilegnault  (1894),  plusieurs  auteurs  se  sont  occupés  des  dévia- 


»  F.  Regnault.  —  Courbures  des  doigts  de  la  main  et  mouvement  d'opposition. 
Revue  Scienlifique,  1894.  Toiuc  1°',  p.  801. 


{ii  i.-i  M  A 11-  i'.»ort 

lions  de  rauriculaiie  varus.  Nous  citerons  surloul  les  travaux  de  Ch.  Veré  ' 
et  de  M"'«  Derscheid-Dclcourt  *. 

Pauly  a  publié  en  1902  un  cas  d'index  valgus  '. 

Dans  tous  ces  faits,  il  s'agissait  donc  d'une  anomalie  consistant  dans 
l'exagération  d'une  disposition  normale. 

1.03  déviations  latérales  du  pouce  ont  été  i)lus  souvent  signalées  par 
HolTa  *,  Werner  Kunimel  ',  Joachimsthal  ^  Kirmisson  ",  etc.  Mais,  il  est 
à  remarquer  que  ces  déviations  du  pouce  se  rencontrent  fréquemment 
sur  des  mains  présentant  d'autres  anomalies,  telles  que  la  polydactylie 
ou  la  syndaclylie.  Nous  en  avons,  pour  noire  part,  deux  obser^^ations  très 
nettes,  encore  inédites,  et  au  sujet  desquelles  nous  comptons  présenter 
ultérieurement  une  note. 

Avant  notre  communication  à  la  Société  Médicale  d'Indre  et-Loire  '**  du 
12  janvier  190G,  on  n'avait  pas  signalé  de  cas  d'Index  Varus.  C'est  là  une 
déviation  d'une  nature  diiïérente  des  précédentes.  Il  ne  s'agit  plus,  en 
efïet,  de  l'exagération  d'une  disposition  normale,  mais  d'une  déviation 
en  sens  contraire  de  la  disposition  normale.  C'est  ce  qui  fait  l'intérêt  des 
deux  observations  que  nous  donnons  plus  loin. 

Très  exceptionnellement,  on  rencontre  une  déviation  totale  des  doigts, 
nous  n'en  avons  aucune  observation  personnelle.  La  déviation  ne  porte 
liabiluellement  que  sur  les  deux  phalanges  distales  et  le  plus  souvent, 
seule,  la  phalangette  est  déviée. 

Les  déviations  des  doigts  sont  pres.]ue  toujours  bilatérales.  Les  faits 
publiés  par  Feré,  Pauly,  Derscheid-Delcourt  et  la  plupart  de  nos  obser- 
vations personnelles  le  prouvent  abondamment.  Mais  un  point  sur  lequel 
on  n'a  pas  encore,  croyons-nous,  attiré  l'attention,  et  qui,  pour 
les  déductions  pathogéniques  qu'on  en  peut  tirer,  a  une  très  grande 
importance,  est  le  fait  de  la  coïncidence  fréquente  aux  orteils  de  déviations 
homologues.  Nous  avons  noté  plusieurs  fois  cette  coïncidence  dans  nos 
observations. 

•  Charles  Feré  et  .1.  Perrin.  —  Xote  xitr  lex  nnomalies  des  doiç/ts  et  en  parlicu- 
lie?'  du  petit  doif/t  valgus.  Revue  de  Cliiriir^ie,  1905,  pngc  GG. 

Charles  Fere  —  Note  sur  une  anomalie  drs  doif/ls  et  en  particulier  du  petit 
doigt  dévié.  Id  ,  19G6,  p.  d8o. 

*  Derscheid-Delcourt.  —  Un  cas  de  doigt  varus  double  congénital  et  héréditaire. 
Journal  Médical  do  Bruxelles,  11^03.  page  3.{. 

3  Pauly.  —  Doigts  en  valgus.  Revue  de  Médecine,  l!l).3,  p.  1078. 

4  HOFFA.  —  Deutsche  Zeitschrift  ftir  Ortliop.  Chirurgie,  1873.  Bd.  II,  Ilelfl  4.  Lehi- 
b'ich  der  Orlhop.  Chirurgie.  189'i. 

5  Werner  Kummel.  —  In  Kirmisson. 

'j  .JoACHi.MSTHAL  —  Cfjer  augeboreiie  Seitlic/ie  Deviationea  der  Finger  phalangen. 
Vcihandl.  dor  Berliun-  med.  Gcsellsch.  IBJ,  T.  S.  2B8. 

Id.  —  L'eber  congé. ninle  Fi:i(jer-  anomilien.  Zjitschr.  fiir  Or  lup.  C'iir.  DJ.  Il,  Il'jlfl 
8.  1892. 

'  Kirmisson.  —  Traité  des  maladies  chirurgicales  d'origine  congénitale,  1898. 
Masson  et  G''",  Pari?. 

«  Dubreuil-Chambardel.  —  De  l'inde.v  varus  et  des  déviations  latérales  des 
doigts,  Gazelle  Médicale  du  Cenlrc,  lOOtJ,  pa^e  55. 


DinRELIL-IJIlA.MIl.UiDKt..   —  HKS  DKVIATluNS  LA TKltALKS  KES   IXtlC.TS  1  i"> 

Lîi  déviation  la  plus  accentuée  que  nous  ayons  rencontrée  a  été,  dans 
un  cas  d'Index  \arus,  de  i'M'\ 

L'examen  radiographiijue  de  ces  dévialiitus,  ainsi  que  le  squeletl»' 
d'une  main  présentant  cette  même  dilYormifé,  nous  permettent  de  bien 
étu^'ier  les  déformations  t[ue  subissent  les  phalanges. 

Le  corps  de  l'os  ne  subit,  en  général,  aucune  déformation  et  un  ne 
constate  aucune  courbure  anormale.  II  n'est  pas  atrophié.  Dans  (juelques 
cas,  cependant,  le  corps  de  la  phalangine  est  un  peu  diminué  de  longueur; 
le  doigt  est  donc  un  peu  plus  court  qu'à  l'état  normal.  C'est  ainsi  que  dans 
ciM(jC\s  d'inde.K.  varus,  la  déviation  étant  i-éduite,  rexirémité  du  doigt 
arrivait  à  peine  au  niveau  de  rextrémito  supérieure  de  la  phalangette 
du  médius  '. 

Les  déformations  portent  essentiellement  sur  les  extrémités  articulaires 
des  phalanges  et  plus  particulièrement  sur  les  extrémités  inférieures. 

Les  condyles,  externe  ou  interne,  des  extrémités  distales  de  la  phalange 
et  de  la  phalangine  sont  comme  atrophiés,  ce  qui  fait  que  les  plateaux 
des  deux  condyles  externe  et  interne  ne  sont  plus  suivant  un  même  plan 
horizontal.  Les  condyles  internes  ne  sont  cependant  pas  augmentés  de 
volume,  ou  du  moins  de  façon  peu  sensible. 

Uu  côté  des  extrémités  supérieures  de  la  phalangine  et  de  la  phalan- 
gette, on  constate  une  légère  augmentation  de  volume  de  la  portion 
externe. 

Par  suite  de  ces  légères  déformations,  il  se  produit  comme  une  sorte 
de  subluxation  et  la  région  articulaire  paraît  augmentée  de  volume. 

Du  coté  des  parties  molles,  nous  n'avons  rien  à  signaler,  si  ce  n'est  la 
l)résencede  bourses  séreuses  supplémentaires  au  niveau  des  articulations. 
Ces  bourses  séreuses  sont  très  susceptibles  ;i  s'enflammer.  Nous  noterons 
aussi  que  les  doigts  déviés  possèdent  des  mouvements  de  latéralité  par- 
fois assez  étendues. 

L'hérédité  joue  un  rôle  très  important  dans  l'étiologie  des  déviation 
latérales  des  doigts.  On  sait,  d'ailleurs,  et  c'est  un  fait  d'observation 
courante,  qui  a  été  souvent  étudié  et  dont  la  démonstration  est  aujourd'hui 
bien  établie,  (|ue  les  déformations  digitales  sont  essentiellement  hérédi- 
taires et  familiales.  Je  n'insisterai  pas  davantage  sur  ce  point,  qui  est 
traité  longuement  dans  tous  les  ouvrages  de  pathologie  générale. 

Les  déviations  latérales  des  doigts  ne  contredisent  pas  à  cette  règle  et 
la  confirment,  au  contraire.,  de  façon  très  nette,  comme  vont  le  montrer 
les  observations  suivantes,  qui  nous  sont  personnelles. 

'  Celle  même  constalalion  a  élu  faile  par  .M.  Charles  Fcré  dans  le  cas  d'auriculaire 
vnrus  [op.  cil.  et  .Vole  sur  l'oUtjodactylie  cubitale.  Soclét6  de  Biologie,  1894,  p.  021). 
C.;l  auteur  iIoudî  à  c-tlc  disposition  le  nom  d'oligodactyiie.  «  L'anomalie  osseuse  si' 
caiaclérisc  p.ir  une  atrophie  di  la  plnlanginc  qui  est.  |)]us  courte  en  général  et  sur- 
loui  en  dtfaut  du  côté  externe  du  plateau  articulaire  contigii  à  la  phalangette.  ' 
(Revue  de  Chirurgie,  i'JOl}).  Il  nous  semble  que  ce  mot  d'oligodaclylie  est  mal  cho.^i. 
Il  s'oppose,  en  elTet,  à  celui  de  polyJaclylic  cl  indiiiuerait  une  diminution  du 
nombre  des  doigts  plutôt  qu'une  diminution  de  longueur  d'un  doigt. 


146  i;i  .M\i;^  i'.ior> 

(  )  U  s  E  n  V  A  T  1  (J  N     I 

Index  Vnnts. 

Kamillo  IJjud...,  dcineuranl  à  Tours,  rue  Lcgras.  M.  ]i...,  ouvrier 
niaron,  a  un  index  varus  très  prononcé  de  la  main  droite.  La  plialange 
forme  avec  la  phalangine  un  angle  de  135  degrés.  L'index  de  la  main 
gauche,  amputé  il  y  a  dix  ans,  présenlait,  paraît-il,  une  déviation  aussi 
accentuée.  Les  seconds  orteils  des  deux  pieds  sont  fortement  déviés  en 
varus. 

De  son  mariage  avec  M'i"  C...  sont  nés  onze  enfants,  dont  six  sont 
actuellement  vivants.  11  nous  a  été  donné  d'examiner  ces  six  enfants  le 
15  septembre  1905. 

Ilippolyte,  15  ans.     Index  varus  à  droite  de  150".  Index  varus  à  gauche 

de  150°.  Rien  de  bien  net  aux  orteils. 
Louise,  14  ans  .  .     Pas  de  déviations  appréciables. 
Emile,  11  ans.  .  .     Index  varus  à  droite  de  170°. 

Index  varus  à  gauche  de  170'^.  Léger  varus  du  2«  or- 
teil à  gauche. 
Joseph,  10  ans  .   .     Index  varus  à  droite  de  160". 

Index  varus  à  gauche  de  lOS".  Rien  aux  orteils. 
Marie,  4  ans  .  .   .     Index  varus  à  droite  très  léger. 

Index  varus  à  gauche  de  172".  Déviations  légères  aux 
deux  orteils. 
Jeanne,  née  le  31  août  1905.  Index  varus  à  droite  de  154°. 

Index  varus  à  gauche  de  138°. 

2"  orteil  gauche,  varus  de  170°. 

2"  orteil  droit,  varus  de  170'. 

Sur  les  cinq  enfants  qui  sont  morts,  deux,  parait-il,  présentaient  de 
très  notables  déviations  latérales  des  index.  L'un  des  deux,  Gustave,  mort 
à  18  mois,  présenlait  à  sa  naissance  deux  index  varus  aussi  accentués 
que  ceux  de  la  petite  Jeanne  et  avait  également  les  orteils  en  varus. 

D'après  les  renseignements  qui  nous  sont  donnés,  le  père  de  M.  lî...  et 
un  de  ses  frères  olfraient  aussi  de  beaux  exemples  d'index  varus. 

Voici  donc  une  famille  dans  laquelle  nous  pouvons  suivre  la  même 
déviation  latérale  de  l'index  pendant  trois  générations  successives.  Sur 
les  dix  sujets  porteurs  de  ces  déviations  les  difformités  étaient  bilatérales, 
et,  sur  presque  tous,  coïncidaient  avec  des  déviations  aux  orteils. 

.Observation   II 

Index  varus. 

Famille  Kad. . . ,  demeurant  à  Tours,  rue  Saint-Pierre-des-Corps.  M™"  R  •• 


uLiiitKiiL-i:ii.\MiiAiu>i.i..  —  iiK>  i»i;viATi"iN>  i,Mi,u.\r,i;s  iJK>  Diiicrs         t  i7 

a  à  chaque  main  un  index  varus  de  170",  il  n'y  a  pas  de  déviations  aux 
seconds  orteils.  Son  mari,  aujourd'hui  décéd(S  n'avait  aucune  déviation". 
Trois  enfants  vivants  tml  tous  trois  la  mémo  dilTormité. 

.Ii'ai)'.  17  ans  ....     Index  varus  droit  de  172". 

Index  varus  gauche  df  Ki.")". 
(liibrielle.  iri  ans.   .     Index  varus  droit  de  170\ 

Index  varus  gauche  de  1G3". 
.Marcel,  8  ans.   .   .   .     Index  varus  droit  de  17")°. 

Index  varus  gauflu'  do  102°. 

Kieo  à  signaler  aux  orteils. 

Dans  ces  quatre  cas,  les  déviations  comprenaient  les  deux  dernières 
phalanges  de  chaque  index. 

Observation  III 
Auriculaire    varus. 

M.  B...,  à  Tours,  présente  à  chaque  main  une  déviation  lat'-ralede  l'au- 
riculaire en  varus.  Le  degré  de  la  déviation  est  d'environ  165°.  M.  B... 
ignore  si  son  père  présentait  la  même  malformation,  mais  deux  de  ses 
oncles,  encore  vivants,  ont  également  un  varus  assez  accentué  des  deux 
auriculaires. 

Dans  ces  trois  cas,  la  déviation  latérale  n'intéresse  que  la  phalangette. 

Plusieurs  auteurs  ont  également,  avant  nous,  signalé  le  rôle  joué  par 
l'hérédité. 

Diverses  théories  ont  été  proposées  pour  expliquer  la  palhogénie  de 
ces  anomalies  digitales. 

M"'*  Derscheid-Delcourt  y  voit  la  conséquence  d'une  mauvaise  attitude 
(lu  fœtus  dans  la  cavité  uttMine  et  signale  la  «  pression  exercée  pendant 
la  vie  intra-utérine  sur  la  phalangine  par  suite  de  la  fermeture  exagérée 
du  poing  du  f(clus.   » 

M.  Ch.  Feri',  dans  sa  note  de  1903,  accepte  cette  exi)licalion.  «  Comme 
le  fœtus  dans  l'utérus,  dit-il,  a  la  main  fermée,  on  peut,  peut-être,  admettre 
que  ce  trouble  d'ossification  est  dû  à  une  fermeture  exagérée  de  la  main 
du  fœtus  et,  par  suite,  à  une  pression  exagérée  portant  sur  l'épiphyse 
inférieure  de  la  phalangine.   » 

dette  théorie  n'explique  pas  la  bilatéralité  de  l'anomalie,  son  caractère 
héréditaire  et,  surtout,  pourquoi  on  rencontre  aux  orteils  des  déviations 
homologues.  Nous  ne  l'acceptons  donc  pas. 

Boix  '  explique  la  pathogénie  de  la  déviation  en  coup  de  vent  de  tous 
les  doigts  par  l'insullisance  de  l'aponévrose  palmaire.  Nous  ne  pensons 
pas  que  cette  théorie  puisse  s'appliquer  aux  cas  qui  nous  occupent. 

'  E.  Boix.  —  Déviations  des  doigts  en  coup  de  vent  et  insuffisance  de  l'aponévrose 
palmaire  d'origine  congénitale.  Nouvelle  Iconographie  de  la  Salpêlriére,  1897,  p.  180. 


148  ir;  MAio  1906 

Tous  cos  auteurs  accusent  la  position  anormale  en  flexion  des  doigts. 
Mais  cette  position  qui  pourrait,  peut  <Hre,  exagérer  les  déviations  nor- 
males des  doigts,  n'aurait  aucune  action  pour  provoquer  les  déviations 
de  l'index  varus. 

Il  est  évident  que  dans  les  cas  qui  nous  occupent,  on  ne  saurait  faire 
intervenir  l'influence  des  muscles. 

Le  fait  sur  lequel  nous  avons  insisté,  h  savoir  : 

1°  Bilatéralité  de  l'anomalie; 

2"  Coïncidence  de  déviations  homologues  aux  orteils  ;  nous  permet  d'en- 
visager l'hypothèse  d'une  localisation  corticale.  Y  a-t-il  un  centre  cortical 
déterminant  le  développement  du  squelette?  l'ne  lésion  de  ce  centre  ne 
pourrait-elle  pas  provoquer  un  arrêt  de  développement  des  points  homo- 
logues des  phalanges  des  doigts  et  des  orteils? 

Faut-il  faire  de  ces  déviations  des  stigmates  de  criminalité,  de  démence 
ou  de  dégénérescence?  M.  Ch.  Feré  paraît  assez  disposé  à  répondre  pour 
l'affirmative.  Sur  i-SO  aliénés  il  aurait  observé  des  déviations  de  l'auricu- 
laire sur  70,  c'est-à-dire  sur  88,88  0/0;  et  seulement  19  fois  sur  100  sujets 
normaux.  Mais  M.  Ch.  Feré  n'indique  pas  le  degré  des  déviations  qu'il  a 
observées;  il  ne  nous  est  donc  pas  possible  d'accepter  sa  statistique,  d'au- 
tant plus,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  qu'il  existe  une  déviation  nor- 
male de  l'auriculaire  que  nous  avons  rencontrée  sur  75  0/0  des  sujets. 

Pour  notre  part,  ayant  examiné  deux  groupes  également  nombreux, 
l'un  de  pensionnaires  de  l'asile  d'aliénés  de  Tours,  l'autre  de  sujets  nor- 
maux, nous  n'avons  trouvé  entre  les  deux  aucune  dilTérence  sensible. 

Les  sujets  chez  lesquels  nous  avons  rencontré  ces  déviations  au 
maximum,  ne  présentaient  aucune  tare  héréditaire  pathologique,  ni 
aucun  trouble  de  démence,  et  étaient  parfaitement  sains. 

Les  déviations  latérales  des  doigts  ne  constituent  donc  pas,  pour  nous, 
un  caractère  de  criminalité  ou  de  dégénérécence. 

Discussion. 

M.  C.  Lejeu.ne.  — Je  ne  sais  si  le  fait  que  je  vais  citer  rentre  dans  la 
communication  de  M.  Dubreuil-Chambardel,  le  voici  :  Mon  père  avait  la 
dernière  phalange  des  deux  pouces  d'une  longueur  réduite  de  moitié 
environ.  Cette  particularité  s'était  produite  au  moins  pendant  un  certain 
temps  dans  la  famille  de  sa  mère  qui  s'appelait  Vigreux,  car  on  disait 
couramment  :  u  c'est  le  pouce  des  Vigreux.  »  11  avait  un  oncle  et  une 
cousine  germaine,  (jue  j'ai  connus  et  qui  présentaient  ce  même  pouce 
réduit.  Je  regrette  de  ne  pouvoir  citer  des  détails  plus  précis,  mais  c'est 
une  confirmation  de  l'hérédité  des  malformations.  J'ajoute  qu'au  point  de 
vue  de  l'intelligence,  mon  père  était  un  très  modeste,  mais  très  remar- 
quable jurisconsulte. 

M.  Blocu.  —  Je  dois  observer  que  l'incurvation  du  petit  doigt  vers 


DISCUSSION  449 

l'axe  de  la  main  a  été  particulièrement  signalée  chez  des  enfants  idiuls 
par  Telford  Smilh  ',  S.  P.  West  »  et  Bournevillc'. 

.Mais  West  a  également  remarqué  celle  distinction  de  laiiricuiaire  sur 
des  enfants  normaux. 

.M.  l\\rii.i.\ri T.  —  La  communication  dr  .M.  DubifMiil-i lliambardel  est 
fort  intéressante,  mais  il  me  semble  (lu'elle  doit  être  poussée  plus  loin. 
Elle  s'arrête,  en  somme,  sur  une  constatation  négative  :  il  n'y  a  pas  plus 
souvent  de  flexion  latérale  des  doigts  chez  les  aliénés  que  chez  les  normaux. 
Noire  collègue  trouve  que  la  théorie  de  I.ombroso  est  en  défaut,  et  semble 
satisfait.  <Ju'il  me  permette  de  lui  faire  remaïquer  (ju'il  est  en  trop  bonne 
voie  pour  s'en  tenir  à  celte  critique  stérile,  et  qu'il  se  doit  de  nous  appor- 
ter des  faits  plus  positifs.  Déjà,  en  effet,  il  a  découvert  que  la  déviation 
frappait  parfois  d'une  fayon  remar(]uable  les  extrémités  digitales  homo- 
logues des  pieds  et  des  mains.  Il  faut  donc  une  cause  profonde  pour  frapper 
des  organes  aussi  éloignés,  et  il  le  sent  si  bien  qu'il  va  jusque  dans  les 
centres  corticaux  en  chercher  le  point  de  départ.  Je  ne  choisirai  pas  entre 
les  théories  explicatives  dont  il  nous  fait  l'hislorique.  Ce  sont  des  hypo- 
thèses qui  ne  sont  vérifiables  que  par  des  faits  nouveaux.  Or  il  ne  faut 
pas  s'en  tenir  à  ces  rapports  très  généraux  que  nous  révèlent  les  statis- 
tiques :  elles  établissent  de  vagues  concomitances  entre  telle  malformation 
et  des  étals  aussi  mal  définis  que  la  santé,  la  maladie,  la  dégénérescence, 
la  criminalité,  la  folie.  Ces  recherches  ont  été  utiles,  quoiqu'on  en  ait  dit, 
mais  il  faut  maintenant  les  pousser  plus  loin,  et  établir  des  concomitances 
plus  étroites  entre  ces  malformations  et  des  faits  plus  précis,  tels  que 
caractères  morphologiques  de  la  main,  des  membres,  etc.  La  communi- 
cation de  notre  collègue  me  fait  espérer  qu'il  nous  apportera  bientôt  la 
découverte  d'une  de  ces  relations  qui  seule  peut  jeter  de  la  lumière  sur 
la  genèse  encore  si  obscure  de  ces  «  stigmates  de  dégénérescence  », 


'  Telford  Smith  —  A  peculiarely  in  Ihe  shape  of  llio  lian  lin  Idiots  of  llic  mongol 
typo  (.1/W*.  of  Ped.,  189C). 

'  West  (S.  P.  A.).  —  Note  on  Iho  lilllc  fin^fcr  of  llic  niongolian  Miols  and  of  nor. 
mal  children  {Arch.  of  Ped.,  1001). 

3  UoLRNFA'iLLE.  —  Rech.  clin,  et  Iftérap.  sur  Viipilcpsie,  l'hystérie  el  l'idiotie,  19U1 
et  1902.  Traité  de  méd.  de  Drouardel  et  Gilbert.  T.  IX,  1902. 


150  ^•"»  M^'^"  ^^0^> 


LES   FAUX    EOLITHES 


Par  m.  Au.  Thieullen. 


Messieurs, 

Plusieurs  d'entre  vous,  je  suppose,  ont  eu  connaissance  d'un  article  : 
«  Oriiiine  des  éolithes  »,  publié  dans  l'Anthropolojie  (mars-avril  1905)  par 
M.  MarceUin  Boule,  professeur  de  paléontologie  au  Muséum. 

L'auteur  nous  dit  avoir  été  conduit  par  M.  Laville  dans  une  usine  de 
ciment,  à  Mantes.  Là,  dans  une  cuve,  une  roue  horizontale  armée  de 
herses  en  fonte  fait  seize  tours  à  la  minute  pendant  vingt-neuf  heures 
dans  un  mélange  d'argile  et  de  craie,  cette  dernière  empâtant  un  certain 
nombre  de  rognons  de  silex, 

«  Entraînés  dans  un  mouvement  tourbillonnaire,  comparable  à  la 
«  vitesse  du  Rhône  en  temps  de  crue,  ces  rognons  de  silex,  écrit  M.  Boule, 
«  sont  donc  soumis,  pendant  une  période  de  vingt-neuf  heures,  à  des 
«  milliers  de  choc  naturels  dont  on  perçoit  parfaitement  le  cliquetis,  ana- 
«  logue  au  bruit  d'un  torrent  qui  roule  des  pierres.  La  plupart  de  ces 
«  cailloux  sont  devenus  des  galets  roulés  identiques  à  ceux  de  nos  ballas- 
«  tières;  mais,  comme  dans  toutes  les  alluvions  anciennes  à  silex,  qu'elles 
«  soient  oligocènes,  miocènes,  pliocènesou  pléistocènes,  il  y  a  ici  un  grand 
«  nombre  d'échantillons  qui  présentent  des  «  retouches  ».  11  va  sans  dire 
«  que  je  ne  parle  pas  seulement  d'éclats  distribués  un  peu  partout,  comme 
«  au  hasard,  mais  d'éclats  localisés  sur  une  seule  face  du  silex,  groupés 
«  sur  tels  ou  tels  points,  comme  dans  un  but  intentionnel,  c'est-à-dire  de 
«  véritables  retouches,  au  sens  donné  à  ce  mot  par  les  partisans  de  la 
«  théorie  des  éolithes... 

«  Nous  possédons  des  pièces  tout  à  fait  semblables  à  celles  que  M.  Ilutot 
«  désigne  sous  le  nom  de  percuteurs,  racloirs,  grattoirs,  retouchoirs,  silex 
«  àencoches.  Certains  échantillons,  d'une  perfection  véritablement  extra- 
«  ordinaire,  paraissent  avoir  été  l'objet  d'un  travail  fini,  de  «  retouches 
«  méthodiques  et  plusieurs  fois  répétées.  » 

Je  passe.  Messieurs,  sur  les  détails  intéressants  donnés  par  l'auteur, 
pour  en  arriver  de  suite  à  ses  conclusions. 

(f  Je  ne  prétends  pas,  écrit-il,  que  tous  les  éolithes  soient  d'une  origine 
«  naturelle...  On  pouvait,  en  se  basant  sur  les  éolithes,  admettre  comme 
«  possible  l'existence  de  l'Homme  dans  nos  pays  pendant  l'ère  tertiaire, 
«  on  n'avait  pas  le  droit  de  l'affirmer. 

«  Comme  paléontologiste,  je  crois  fermement  à  l'existence  de  l'Homme 
«  tertiaire;  je  ne  doute  pas  qu'on  trouvera  un  jour  ses  traces  sur  quelque 
«  point  du  globe;  mais,  pour  être  irrécusables,  ses  traces  devront  avoir 
«  une  valeur  tout  autre  que  celle  des  éolithes.  » 

Pendant  la  lecture  de  ce  travail  sur  l'origine  des  éolithes,  j'ai  attendu 


Ail.  TiiiKn.i.EN.  —  r.F.s  FAr\  koi.itiie?  d54 

inutilement  le  moment  où  M.  Houle  allait  nous  apprendre  qu'avant  de 
conclure  il  avait  tenu  à  voir,  à  étudier  les  importantes  collections  d'éolithes 
du  Musée  royal  de  Bruxelles,  afin  d'en  faire  la  comparaison  avec  les 
éûlithes  fabriqués  mécaniquement.  Il  garde  le  silence  le  plus  complet  à  ce 
sujet  et  ne  cite  même  pas  le  nom  d'un  préhistorien  qui,  après  examen 
sérieux  de  ces  collections  de  Fielgique,  soit  resté  fermement  incrédule  sur 
l'intervention  de  la  main  humaine  dans  le  faciès  des  éolithes  helges. 

Si  je  me  permets,  quoique  tardivement,  pour  cause  de  maladie,  de 
donner  mon  avis  dans  une  (jnestion  préhistorique  de  cette  importance, 
c'est  que  non  seulement  j'ai  vu  les  éolithes  helges,  mais  que  j'ai  examiné 
aussi  une  vingtaine  des  éolithes  de  Mantes  que  AI.  Lavillcaeu  rohli,i:;cance 
démettre  à  ma  disposition.  Disons  de  suite  que,  parmi  ces  éolithes  de 
fabrication  mécanique,  il  en  est  deux  ou  trois  que  l'on  croirait  vraiment 
intentionnels,  ;i  ce  point  (}u'un  instant  j'ai  eu  la  pensée  qu'ils  avaient  pu 
tomber  de  la  surface  du  sol  et  s'être  trouvés  accidentellement  mélangés 
à  la  craie. 

Mais,  de  ce  fait  (ju'une  machine  peut  parfois  donner  mécaniquement  à 
des  silex  un  faciès  éolilhique,  s'ensuit-il  nécessairement  que  les  éolithes 
humains  soient  condamnés  ti  rester  éternellement  douteux  et  qu'il  soit 
impossible  de  les  distinguer  jamais  des  éolithes  accidentels? 

Ce  serait  vraiment  trancher  bien  prestement  une  question  préhistorique 
.pii,  par  son  importance,  mérite  tout  au  moins  d'être  étudiée  minutieuse- 
ment à  l'aide  de  tous  les  renseignements  possibles. 

l'armi  les  éolithes  de  fabrication  mécanique  que  j'ai  eus  sous  les  yeux, 
ici  a  l'École  des  mines,  je  n'ai  vu  que  des  rognons  de  silex  et  pas  une 
seule  plaquette  à  retouches  d'utilisation,  comme  il  s'en  trouve,  si  j'ai 
bonne  mémoire,  un  grand  nombre  dans  les  collections  de  Belgique. 

Que  d'observations  à  faire,  que  d'essais  5  tenter  avant  de  conclure  si 
précipitamment  ! 

Dans  nos  régions  les  courants  quaternaires,  ;i  l'époque  de  Chelles, 
n'ont  jamais  eu  la  violence  que  M.  Boule  veut  attribuer  aux  courants 
tertiaires  dont  il  compare  les  effets  à  ceux  d'une  roue  horizontale  munie 
de  herses  en  fonte,  et  faisant  pendant  vingt-neuf  heuresseize  tours  dans 
une  espace  limité. 

Certains  objets  de  forme  très  fragile  :  haches,  couteaux,  coquillages,  et 
certains  silex  naturels,  restés  intacts  dans  leur  fragilité,  démontrent  sura- 
bondamment que  les  courants  n'avaient  pas  alors  le  caractère  de  brutalit(' 
dont  M.  Boule  les  gratifie  avec  tant  d'assurance.  Dans  quel  état  devieu- 
draienl  ces  pièces  fragiles  des  alluvions,  si  elles  étaient  exposées  vingt- 
enuf  heures  au  régime  tourbillonnaire  de  ces  moulins  armés  de  herses  en 
fonte  et  faisant  seize  tours  à  la  minute?  M.  Boule  devrait  bien  en  faii'e 
l'expérience. 

Que  deviendrait  le  faciès  de  ces  silex  de  Mantes  si,  au  lieu  d'être  bras- 
sés mécaniquement  durant  vingt-neuf  heures,  ils  l'étaient  pendant  des  mois, 
des  années  et  des  siècles  ? 
Ces  silex  qui  se  trouvent  dans  les  cuves  sont-ils  tous,  sans  exception, 


452  |j  MAit>  i'J06 

plus  ou  moins  ébréchés  après  les  vingl-neuf  heures  de  traitement'?  Il  con- 
viondrait  d'on  noter  exacleincnt  le  faciès  à  l'entrée  et  à  la  sortie  de  la 
cuve. 

Si  ces  roues  de  moulins  à  craie  ne  portaient  pas  Je  herses  en  fonte, 
quels  aspects  prendraient  les  silex  soumis  pendant  vingt-neuf  heures  au 
seul  mouvement  giratoire,  plus  en  rapport,  semble-l-il,  avec  les  courants 
qui  ont  déposé  les  alluvions  ? 

Les  pierres  emportées  dans  un  mouvement  tourbillonnaire  ne  devien- 
nenl-elles  pas  des  galets  très  arrondis,  comme  le  sont,  en  eiïet,  les  pierres 
qui  reposent  au  fond  des  marmites  des  géants? 

Si  l'on  en  juge  par  les  dessins  qu'en  a  donnés  J.  Prestwich,  les  éolithes 
du  Kent  ont  des  faciès  très  différents  de  ceux  des  éolithes  provenant  des 
terrains  belges.  A-t-on  comparé  les  éolithes  anglais  à  ceux  de  fabrication 
mécanique? 

Bien  d'autres  recherches  seraient  à  faire,  avant  de  formuler  un  juge- 
ment, qu'on  présente  comme  définitif  et  sans  appel,  sur  une  question 
il  peine  ouverte.  Une  simple  visite  au  Musée  royal  de  Bruxelles,  où  il 
serait  facile  de  mettre  en  comparaison  les  spécimens  les  mieux  réussis 
des  éolithes  de  production  mécanique  avecles  puissantes  collections  des 
éolithes  récoltés  par  M.  Rutot  dans  les  terrains  belges,  permettrait  peut- 
être  à  M.  Boule,  après  examen,  de  conclure  tout  autrement  qu'il  n'a  fait, 
en  se  basant  sur  quelques  pièces  prises  isolément. 

J'ai  lu  dernièrement,  dans  un  numéro  du  Correspondant  (:25  décembre 
■190o)un  article  de  M.  de  Lapparent,  ayant  pour  titrai:  alaFableéolithiquc  ». 
C'est  avec  un  gr.indintérètquej'ai  prisconnaissancede  ces  pages  littéraires 
et  humoristiques,  au  cours  desquelles  l'auteur  mefaitl'honneurdeciter  mon 
nom,  à  propos  des  pierres  figures  à  retouches  intentionnelles,  «  une  des 
«  idées,  écrit-il,  qui  avaient  hanté  le  cerveau  de  Boucher  dePerthes,  vers 
«  la  fin  de  sa  carrière,  idée  reprise  par  M.  ThieuUen  '.  »  Puis  le  savant 
géologue,  après  avoir  transcrit  fidèlement  les  théories  que  M.  Rutot  a  cru 
bon  d'établir  à  ce  sujet,  se  garde  bien  de  faire  connaître  son  opinion  sur 
une  question  qu'il  n'a  probablement  jamais  eu  le  loisir  ni  le  désir  d'exa- 
miner sérieusement.  Aussi  «OMS  laisse  t-il  aux  prises  M .  Rutot  et  moi,  en 
citant  ce  gai  propos  de  la  servante  de  Molière  : 

Qu'ils  s'accordent  entre  eux  ou  se  gourment,  qu'importe  ? 


1  Boucher  de  Perthes  jusqu'aux  derniers  jours  de  sa  vie,  conserva  intacte  sa  pleine 
lucidité  d'esprit,  comme  en  témoigne  la  clarté  de  ses  derniers  écrits  ;  il  est  mort  à 
quatre-vingts  ans.  Que  de  personnes  parlent  de  lui  sans  le  connaître  !  Il  est  évident 
que  M.  de  Lapparent  ignore  complètement  la  haute  valeur  intellectuelle  de  l'homme 
éminentdont  il  ne  parle  que  par  ouï-dire.  Aussi  lejuge-t-il  sur  les  racontages  mis 
en  circulation  par  des  gens  qui,  honteux  de  ro])po?ition  acharnée  que  pendant  vingt 
ans  ils  avaient  faite  ouvertement  et  sans  raison  à  la  découverte  géniale  du  Père  de 
l'archéologie  préhistorique,  ont  cru  atténuer  leur  responsabilité  en  faisant  planer 
sur  la  belle  intelligence  du  Maître  d'ineptes  suspicions  accueillies  sans  contrôle  et 
colportées  inconsidérément  par  ce  gros  public  toujours  disposé  à  admettre  avec  em- 
pressement les  imputations  calomnieuses,  si  insensées  qu'elles  soient. 


Al>.  TIIIEl  I.I.E.N.   —   LES  KAIV   Kdl.ITlIKS  iljS 

Malheureusemenl  la  inîinc  prudence,  à  propos  des  éolitlies  do  15r  uxelles, 
n'a  pas  été  observée  par  M.  de  Lapparent,  qui,  n'ayant  jamais  vu  et  par 
conséquent  jamais  étudié  les  superhes  collections  réunies  au  Musée  royal, 
ne  craint  pas  cependant  de  porter  un  jugement  définitif  qui  condamne 
les  éolilhes,  et  cela,  sur  les  dires  de  M.  Boule,  qui  lui  aussi  n'a  pas  été 
voir  ces  collections  belges,  pas  plus  du  reste  que  M.  Lavillc 

Est-ce  bien  là  un  procédé  scientifiiiue?  Un  peut  en  douter,  quoi(ju'il 
ait  été  employé  par  le  célèbre  géologue  académicien  Klie  de  Beaumont  h 
l'égard  de  la  découverte  géniale  de  Boucher  de  Perlb(»s.  Juger  sans  voir, 
à  dislance,  par  ouï-diro,  semblait  être  une  métliude  d(''linilivcment  aban- 
donnée; a-t-elle  donc  l'ail  école'/ 

Sans  être  grand  prophète,  on  peut  prédire  ((uo  le  jugement  rendu  sera 
cassé  pour  insuflisj'.nce  d'information,  lui  elfet  (jueNjues  l'ares  témoins 
ont  été  entendus,  les  aulres  n'ont  pas  été  appelés;  les  accusés  eux-mêmes 
n'ont  été  ni  vus  ni  interrogés  par  les  juges  qui  les  ont  condamnés  à  la  peine 
de  mort.  Mais  si  ces  Messieurs  croient  bonnement  avoir  tué  les  éolithes, 
c'est  qu'ils  ont  l'illusion  facile.  Ils  ont  fait,  au  contraire,  sans  le  vouloir,  la 
meilleure  réclame  en  faveur  de  l'existence  de  ces  premiers  outils  humains, 
en  obligeant  les  préhistoriens  soucieux  de  se  renseigner  exactement 
sur  la  (juestion,  de  se  rendre  à  Bruxelles  pour  visiter  les  collections  si 
probantes  du  .Musée  royal  ;  ce  qui  n'empêche  pas  d'être  prudent,  et  tout 
parliculièrement  à  l'endroit  des  théories  bizarres  auxquelles  les  éolithes 
ont  donné  lieu. 

L'arlicle  de  M.  de  [.apparent  n'élant  qu'une  réédition  agrémentée  de 
la  brochure  de  M.  Boule,  je  n'ai  rien  à  ajouter  aux  observations  que  j'ai 
présentées  ii  propos  de  V  «  Origine. des  éolithes  »,  observations  qui  s'ap- 
pliquent tout  aussi  bien  àla«  Table  éolithique  ».  Les  deux  auteurs  sont  en 
accord  parfait. 

Pour  votre  agrément,,  .Messieurs,  je  veux  vous  citer  les  deux  paragra- 
graphes  littéraires  qui,  sous  forme  d'actions  degi'àce,  terminent  joyeuse- 
ment la  «(  Fable  éolithique  »  ;  ils  m'ont  procuré  une  douce  gaieté  que  vous 
partagerez,  je  suppose  : 

"  Espérons  que  l'expérience  de  Guerville,  écrit  .M.  de  Lapparent,  sera 
«  jugée  décisive,  et  que  non  seulement  Beutel,  mais  Thenay  et  les  autres 
«  gisements  du  même  genre  sont  enlisés  pour  toujours,  en  compagnie  de 
«  l'homme  tertiaire,  au  sein  de  la  bouillie  du  malaxeur. 

«  Merci  donc  aux  industriels  qui  nous  ont  procuré  ce  bénéfice  !  Il  vaut 
«  bien  l'absolution  pour  le  petit  dommage  que  leurs  usines  peuvent  avoir 
«  causé  au  paysage  mantois.  Merci  surtout  aux  connaisseurs,  comme 
«  M.  Laville  et  M.  Boule,  qui,  n'ayant  jamais  capitulé  devant  le  mirage 
(c  éolithique,  ont  su,  si  à  propos,  lui  opposer  la  triomphante  réponse  des 
«  silex  façonnés  par  entre-choquement  mutuel.  Encore  un  triomphe  de 
«  ce  mutualisme,  aujourd'hui  si  fort  à  la  mode  ! 

«  Jadis,  l'habile  et  spirituel  crayon  de  Grandville  dotait  l'art  français 
«  d'un  livre  qui  a  joui  en  son  temps  d'une  vogue  légitime  et  qui  s'appe- 
«  \ai\\.  les  Animaux  peints  par  eux-mêmes.  Aujourd'hui,  par  la  grAce  des 
soc.  d'aithrop.  1906.  H 


154  iîj  M  A  us  1906 

«  cailloux  de  Mantes,  un  nouvel  ouvrage,  celui-là  écrit  au  tout  au  moins 
<(  inspiré  par  des  hommes  de  science  et  susceptible  d'être  enrichi  de 
«  photographies  parlantes,  pourrait  venir  s'ajouter  avec  avantage  au 
«  catalogue  de  la  littérature  à  la  fois  instructive  et  joyeuse;  c'est  le  livre 
«  qui  aurait  pour  litre  :  les  Sile.r  taillés  par  eux-mêmes  ». 

Et  voilà  la  question  définitivement  jugée,  condamnée,  enterrée  ad  vilam 
seleniam.Yoxis  venez  d'entendre  l'oraison  funèbre  des  éolithes  :  Requiescant 
in  pace  ! 

J'ai  reçu  tout  dernièrement  de  Belgique  une  brochure  de  M.  Georges 
Engerrand,  professeur  à  l'Institut  des  hautes  études,  tes  Éolithes  et  ta 
logique,  u  II  est  évident,  écrit  l'auteur,  qu'on  peut  toujours  imaginer  un 
«  ensemble  de  circonstances  particulières,  ayant  abouti  à  la  production 
«  d'un  éolithe  naturel  ou  même  d'un  instrument  plus  compliqué.  Cepen- 
«  dant  ce  sont  là  des  cas  tout  ii  fait  spéciaux,  qu'un  homme  raisonnable 
«  ne  se  refuse  pas  à  envisager,  mais  auquels  il  serait  tout  à  fait  ridicule 
«  d'attribuer  les  milliers  d'éolithes  que  l'on  rencontre  en  position  strati- 
«  graphique.  »  C'est  la  même  idée  que  bien  des  fois  j'ai  exprimée,  en 
déplorant  la  manie  que  l'on  a  trop  souvent  de  vouloir  généraliser  et  con- 
clure sur  des  pièces  isolées  et  non  sur  un  ensemble.  «  Il  faut  souhaiter, 
«  écrit  M.  Engerrand,  que  M.  Boule,  après  tant  d'autres,  se  décide  à  venir 
«  étudier  les  éolithes  et  qu'ainsi  il  apprenne  à  les  reconnaître  des  cailloux 
«  sortant  des  agitateurs.  » 

J'ai  reçu  de  M.  Laville  une  note  parue  dans  la  feuille  des  jeunes  natu- 
ralistes et  dans  laquelle  notre  collègue  donne  la  description  de  quelques 
fragments  de  silex  qu'il  a  recueillis  en  Eure-et-Loir  dans  une  couche 
d'argile  à  silex. 

Ce  sont  bien,  comme  M.  de  Lapparent  l'avait  prévu,  des  silex  taillés  par 
eux-mêmes,  puisqu'ils  ont  été  extraits,  paraît-il,  du  centre  de  rognons 
fendillés,  c'est-à-dire  de  l'endroit  même  où  ils  ont  pris  naissance,  et  que, 
chose  assez  inattendue,  ils  portent  ce  que  M.  Laville  appelle  des  fausses 
retouches,  ce  qui  fait  que  le  malaxeur  de  Mantes  devient  inutile:  les 
éolithes  se  produisant  par  génération  spontanée,  tes  chocs  ne  sont  plus 
nécessaires. 

Je  me  suis  empressé  d'aller  examiner  les  pièces  originales.  Ce  sont  des 
fragments  informes  de  silex  avec  quelques  petites  échancrures.  D'après 
M.  Laville,  l'un  simule  une  lame  rompue  paléolithique  ou  néolithique  avec  plan 
de  frappe  et  conchoide;  un  autre  a  l'aspect  à'un  large  racloir  mousléricn;  un 
troisième  ressemblerait  à  un  grattoir  concave  avec  fausses  retouches.  Il  en  est 
un  qui  est  usé  à  certains  endroits,  etc.,  etc.  Quelle  que  soit  la  cause 
occulte  de  leurs  ébréchures,  ces  débris  de  silex  ne  présentent  vraiment  rien 
d'assez  caractéristique  qui  permette  de  les  assimiler,  même  de  loin,  aux 
éolithes  que  j'ai  vus  au  Musée  royal  de  Bruxelles.  Quant  à  ces  fragments 
à  l'aspect  moustérien,  ils  n'auraient  rien  de  curieux,  selon  M.  Rutot  qui  a 
toujours  soutenu  que  ce  type  moustérien  avait  existé  de  tout  temps,  et 
qu'il  se  trouvait  fréquemment  parmi  les  éclats  naturels  de  silex. 
M.  Laville  est  un  chercheur  intrépide  de  pièces  classiques,  mais  il  ne 


AD.  THIEn.I.F.N.  —  I.F-  1- \l  \  KDMTHE^  153 

s'intéresse  nulloment  aux  collections  (lu'il  sait  ùtre  composées  de  pièces 
en  dehors  des  types  reconnus  par  l'École,  comme  j'ai  pu,  à  nouveau  le 
constater,  par  l'indilTérence  (jue  mettait  notre  collègue  à  regarder  une 
cinquantaine  de  petits  silex  anticlassiques  que  je  lui  montrais.  J'appelais 
son  attention  sur  îles  échantillons  très  l'cinarquahles,  je  lui  signalais  des 
tailles  bien  supérieures,  comme  intention  éviilenle,  ;i  tout  ce  que  l'HcoIe 
admet,  l'engageant  à  les  examiner  à  la  loupe.  C'est  à  peine  s'il  y  jetait  un 
rt'gartl  distrait;  il  semblait  gêné,  comme  s'il  eût  craint  d'y  voir  la  condam- 
nation des  idées  préconi^'ues  qu'il  partage  avec  nombre  de  préhistoriens, 
.le  ne  crois  pas  trop  m'avancer  en  disant,  qu'étant  occupé  à  l'Ecole  des 
mines,  à  l>i  porte  du  Luxembourg,  il  n'a  jamais  eu  l'idée  de  consacrer  une 
heure  à  rechercher  quelques-uns  de  ces  intéressants  petits  silex  taillés  dont 
II'  sable  de  ce  jardin  m'a  fourni  une  si  ample  moisson.  Se  déjuger,  recon- 
n.n'lre  son  erreur,  quauil  on  s'est  ti'ompé,  est-ce  donc  au-dessus  des  forces 
humaines*  Il  semble  (|ue,  plus  on  apporte  de  preuves  décisives  (M1  faveur 
d'un  fait  nouveau,  moins  la  partie  ailverse  est  disposée  ;i  entendre  raison 
et  à  se  rendre  à  l'évidence. 

En  résumé,  l'existence  des  éolilhes  intentionnels  n'a  rien  à  redouter  des 
productions  mécaniques  et  accidentelles,  malgré  les  parrains  bénévoles  de 
ces  contre-façons. 

De  même  n'est  nullement  compromise  la  prodigieuse  longévité  de  ces 
inlinis  milliards  de  silex  taillés  qui  sont  enfouis,  ignorés,  dans  le  diluvium, 
et  dont  je  recueille  chaque  jour,  depuis  plus  de  vingt  ans,  de  curieux 
spécimens,  partout  où  je  me  trouve,  malgré  les  dénégations»  sarcasmes 
et  lins  sourires  de  bonnes  gens  qui,  ingénument,  s'imaginent  qu'ils  sont 
les  détenteurs  patentés  des  secrets  de  la  Préhistoire,  et  qu'il  ne  peut  exis- 
ter de  silex  taillés  intentionnellement,  sans  leur  permission. 

Il  devrait  être  interdit,  sous  peine  d'être  taxé  de  déloyauté,  à  toute 
personne  s'occupant,  tant  soit  peu  sérieusement,  d'une  science  quelconque, 
de  formuler  des  affirmations  pour  ou  contre  une  question  en  litige,  sans 
avoir  préalablement  épuisé  toutes  les  sources  de  renseignements  possibles, 
afin  d'être  moins  souvent  exposée  à  méconnaître  une  vérité  ou  à  propager 
une  erreur.  Il  est  si  facile  de  se  taire  et  d'attendre,  lorsqu'on  est  insuffi- 
samment documenté!  Malheureusement,  nombre  de  gens  ont  la  manie 
incurable  de  vouloir  conclure  avant  d'avoir  étudié  une  question  à  fond,  à 
l'aide  de  tous  les  documents  connus;  et  pourtant  l'expérience  du  passé  est 
là  qui  devrait  leur  imposer  prudence  et  discrétion. 

Discussion. 

M.  M.wiMiLiEN  Georges.  —  Dans  celle  question  des  éolilhes  si  contro- 
versée et  encore  si  obscure,  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des  observations, 
à  mon  point  de  vue  si  judicieuses,  que  notre  collègue,  M.  Thieullen,  nous 
a  faites  ici,  et  auxquelles  je  vous  demanderai  de  vouloir  bien  joindre  les 
quelques  réflexions  qui  vont  suivre,  que  me  suggèrent  les  actions  méca- 


456  i5  M  MIS  iH06 

niques  ijut'  l'on  met  en  cause  pour  la  produclion  des  soi-disanl  faux 
éolilhes  qui  sortent  des  cuves  d'une  fabrique  de  ciment,  signalés  par 
M.  Laville.  Mes  observations  ne  porteront  donc  absolument  que  sur  ces 
actions  mécaniques  comparées  à  ce  qui  se  passe  dans  le  lit  d'un  torrent 
ou  d'un  neuve,  puisque  celte  comparaison  a  été  faite. 

D'après  M.  Marcellin  Boule,  h  qui  j'emprunte  les  renseignements  tech- 
niques qui  suivent,  on  vcise  dans  une  cuve  de  5  mètres  de  diamètre  et 
1  m.  40  de  profondeur  un  mélange  d'eau,  d'argile  et  de  craie  que  l'on 
malaxe  pendant  une  trentaine  d'heures  à  l'aide  d'une  roue  horizontale 
armée  de  herses  en  fonte,  qui  marche  ;i  la  vitesse  de  4  mètres  par  seconde, 
à  la  périphérie. 

J'ai  cherché  à  me  rendre  compte,  par  le  calcul,  du  genre  de  travail  qui 
se  produit  dans  ces  conditions  particulières  dans  la  cuve,  et  aussi  de  celui 
qui  peut  se  produire  dans  un  fleuve  à  régime  torrentueux,  pour  les  masses 
de  cailloux  et  de  sable  qu'il  transporte;  mais  je  vous  préviens,  et  pour 
ne  pas  y  revenir,  que  tous  ces  calculs  sont  très  approximatifs  —  il  ne 
peut  d'ailleurs  en  être  autrement. 

Voici  donc  pour  la  cuve  ce  qui  doit  s'y  passer  : 

La  vitesse  moyenne  de  la  masse  liquide  qu'elle  contient  mise  en  mou- 
vement par  les  herses  est  approximativement  de  2  mètres  par  seconde; 
car  si  cette  vitesse  est  de  4  mètres  à  la  périphérie  elle  est  presque  nulle 
vers  le  centre. 

Tout  ce  contenu  tourne  avec  ensemble,  car  une  masse  liquide  soumise 
à  une  action  dynamique  de  ce  genre  est,  après  un  certain  temps  de  mar- 
che, animée  du  même  mouvement  que  le  système  entraînant. 

On  doit  cependant  réduire  un  peu  celle  vitesse  pour  la  masse  pâteuse 
par  ce  fait  que  la  cuve  étant  alimentée  d'eau  courante  le  passage  de  cette 
eau  oppose  un  peu  de  résistance  au  mouvement  d'ensemble.  Il  faut  tenir 
compte  aussi  de  ceci,  qui  a  beaucoup  plus  d'importance  :  Les  bras  des 
herses  tournent  à  0  m.  20  au-dessus  du  fond  et  lorsque  l'opération  est 
finie  on  retire  (d'après  M.  Capitan)  une  couche  de  silex  d'environ  0  m.  TiO 
d'épaisseur  qui  repose-sur  ce  fond,  et  que  je  suppose  n'avoir  été  intro- 
duite dans  la  cuve  que  progressivement.  Celte  énorme  quantité  de  cailloux 
(près  de  10  mètres  cubes)  occasionne  par  son  frottement  contre  le  fond 
et  les  parois  un  ralentissement  dans  le  mouvement  de  la  masse  liquide. 
Donc  celte  vitesse  de  2  mètres  par  seconde  devrait  être  encore  réduite. 

Je  trouve,  en  calculant  1res  largement,  que  les  herses  font  un  trajet 
circulaire  moyen  d'une  dizaine  de  mètres  qui,  à  raison  de  16  tours  par 
minute,  donne  un  parcours  de  160  mètres  par  minute,  pour  60  minutes 
9.600  mètres,  et  pour  30  heures  288.000  mètres  ou,  plus  approximative- 
ment encore,  300  kilomètres. 

Dans  celle  masse  en  mouvement  composée  d'eau,  d'argile,  de  craie  et 
de  cailloux,  j'ai  la  conviction  qu'il  ne  peut  se  produire  aucun  choc  capable 
de  faire  éclater  des  silex,  car  ils  ne  subissent  d'autre  pression  que  celle  de 
leur  propre  poids,  très  réduit  dans  cette  masse  pâteuse  dont  la  densité, 
il  ne  faut  pas  l'oublier,  est  approximativement  de  la  moitié  de  la  leur; 


niscL'ssiuN  157 

ils  roulent  tous  entraini's  les  uns  sur  les  aulrcs  dans  ce  mouvement  lour- 
billonnaire,  en  somme  pas  Irùs  puissant,  où  ils  ne  font  (jue  se  frôler  sans 
pouvoir  se  choquer  au  point  de  produire  des  éclats;  car  il  faut  bien  se 
rendre  compte  de  ceci  :  pour  obtenir  un  éclat  sur  un  silex  il  faut,  ou  le 
frapper  d'un  coup  assez  violent  ou  lui  faire  subir  une  forte  pression. 

On  ni'  pourrait  admettre  ces  phénomènes  d'éclatement  que  si  ces 
cailloux  pouvaient  être  serrés,  coincés  assez  fortement  les  uns  contre,  les 
autres,  mais  il  ne  peut  en  être  ainsi  dans  un  milieu  d'une  densité  pareille 
et  animé  d'un  tel  mouvement  d'ensemble.  A  plus  forte  raison,  à  mon 
p jint  de  vue,  il  ne  peut  se  produire  rien  de  semblable  à  ce  que  l'on  cons- 
tate sur  les  silex  qui  ont  ce  faciès  particulier  à  ceux  reconnus  comme 
ayant  réellement  reçu  une  taille  intentionnelle. 

Ne  voyant  rien  qui  puisse,  dans  ces  conditions,  nous  expliquer  comment 
se  sont  produits  les  éclats  que  l'on  constate  sur  ces  silex  après  leur  sortie 
de  la  cuve,  j'en  arrive,  avec  M.  ThieuUen,  à  me  poser  cette  question  : 
Ces  éclats  n'existaient-ils  pas  dessus  avant  leur  introduction  dans  la  cuve? 
I^our  ma  part  je  crois  devoir  y  répondre  par  l'affîrmative.  Sans  cepen- 
dant prétendre  qu'il  ne  puisse  jamais  s'en  produire,  ce  qui  serait  vouloir 
[)0usser  mon  raisonnement  jusqu'à  l'absurde;  mais  s'il  s'en  produit,  ce 
ne  peut  être  que  de  rares  exceptions  et  sur  les  parties  des  cailloux  les 
plus  faibles. 

Maintenant,  examinons  ce  ([ui  doit  se  passer  dans  un  lleuve  ;i  courant 
rapide  tel  que  le  Rhône,  par  exemple.  (Comment  la  masse  caillouteuse 
qui  constitue  son  lit  se  meut-elle? 

Cette  masse  subit  probablement  un  mouvement  constant  très  lent  dans 
tout  son  ensemble  sous  la  pression  continuelle  du  courant  dont  la  vitesse 
et  la  puissance,  surtout  en  temps  de  crue  n'ont,  évidemment,  aucun  rap- 
port avec  ce  qui  se  passe  dans  la  cuve  dont  nous  venons  de  parler.  Le 
courant  détruit  une  berge  d'un  côté,  ravine  lentement  un  banc  de  cailloux 
de  l'autre,  remplit  et  exhausse  des  bas-fonds,  pour  recommencer  toujours 
le  même  travail  sans  trêve  ni  arrêts.  Mais  la  non  plus  il  ne  doit  pas  se 
produire  de  chocs  capables  de  faire  sur  des  silex  des  éclats  du  genre 
lie  ceux  qui  nous  occupent,  car  tous  ces  mouvements  se  passent  plus  ou 
moins  lentement  dans  l'eau  qui  amortit  tous  les  chocs,  ou  dans  ces  masses 
sableuses  dont  la  pression,  qui  est  considérable,  s'exerce  dans  tous  les 
sens. 

l'our  la  durée  du  trajet  employée  par  le  lleuve  je  propose  l'hypothèse 
suivante  :  Les  déplacements  des  bancs  de  sable  et  de  cailloux  peuvent 
être  pour  l'ensemble,  d'une  trentaine  de  mètres  en  moyenne  par  année, 
ce  qui  fait  que  le  Rhône  mettrait  10  siècles  à  leur  faire  effectuer  le  par- 
cours de  Lyon  à  la  mer,  qui  est  d'au  moins  300  kilomètres. 

Y  a-t-il  un  rapprochement  possible  à  faire  entre  ce  qui  se  passe  dans 
les  malaxeurs  de  l'usine  de  ciment  et  ce  qui  se  passe  dans  le  fleuve?  Je  ne 
le  crois  pas. 

Néanmoins,  puisque  l'on  a  voulu  voir  une  analogie  entre  ces  deux 
mouvements,  admettons-la  et  regardons  quel  en  est  le  résultat  pour  le 


158  i->  MAit>  ^^06 

neuve  :  un  immense  apport  à  l'aval,  de  cailloux  roulés  dans  lesquels  il 
serait  diiïicile,  je  pense,  de  trouver  beaucoup  d'éolilhcs. 

.le  crois  devoir  vous  citer  aussi  l'exemple  suivant  de  brassage  de 
cailloux  dans  l'eau  :  c'est  ce  qui  se  passe  au  bord  de  la  mer,  sur  les 
grèves  ou,  surtout  pendant  les  tempêtes,  des  masses  de  galets  sont  sou- 
levées par  les  vagues  pour  retomber  ensuite  avec  fracas,  sans  cependant 
produire  de  silex  taillés  comme  ceux  qui  nous  intéressent. 

Ue  tout  ce  qui  précède  je  conclus  donc  que  la  cuve  ne  fabrique  pas 
d'éolithes  et  que  la  nature  elle-même,  à  part  de  rares  exceptions,  dans 
ses  torrents,  sur  ses  grèves  ou  dans  ses  fleuves  ne  produit  pas  de  silex  de 
ce  senro. 


SUR   LA  TAILLE,  L'ENVERGURE,  LE   PERIMETRE  THORACIQUE 

ET  LA  HAUTEUR  DU    BUSTE  CHEZ  LES  POPULATIONS  DE  L'INTÉRIEUR 

ET    DES  COTES  DE   LA  NORVÈGE 

Par    m.    le  Diuectelh   A.    Daae   et   le    \)^    II.    Daae, 

Médecin-majov  de  1'°  classe  deinnnée. 

Par  une  lettre  du  14  ayril  1902  émanée  de  la  Société  de  Médecine  Mili- 
taire et  adressée  aux  médecins  militaires  des  différents  détachements  de 
l'armée,  ceux-ci  furent  invités  à  procéder  pour  chacun  de  ses  hommes,  et 
conformément  à  une  instruction  de  détail,  à  la  mensuration  de  la  taille, 
de  l'envergure,  du  périmètre  thoracique  et  de  la  hauteur  du  buste. 

Pareille  invitation  fut  encore  en  1903  adressée  aux  médecins  militaires 
d'un  certain  nombre  de  détachements  militaires.  Au  cours  de  ces  deux 
années  on  a  reçu  en  tout  des  résultats  de  mansuration  concernant  5.776 
personnes  nées  en  Norvège.  Les  personnes  mensurées  étaient  originaires 
de  toutes  les  préfectures  ;  pour  la  préfecture  de  Tromso  il  n'y  en  avait  tou- 
tefois que  5,  toutes  originaires  de  la  ville  même  et  aucune  appartenant 
aux  districts  ruraux. 

Sur  les  o.T'G  personnes  mensurées,  on  mit  à  part  toutes  celles  plus 
âgées  ou  plus  jeunes  que  la  23"  classe  d'âge.  On  fit  en  outre,  dans  la  23* 
classe,  abstraction  d'un  certain  nombre  de  personnes  dont  on  ne  connais- 
sait pas  avec  certitude  le  lieu  de  naissance.  On  écarla  ainsi  un  total  de 
1.821  personnes,  et  il  n'en  resta  que  3.955,  dont  les  mensurations  furent 
utilisées. 

Sur  ce  nombre  3.529  étaient  originaires  des  campagnes. 
426  des  villes. 


3.955 


Comme,  lors  du  recensement  du  3  décembre  1900,  le  nombre  total  des 


A.   DAAE   ET  H.  DAAE.    —   LA  TAILLE  CHEZ   LES  POPULATIONS  KE    LA   NORVÈGE       159 

hommes  de  22  à  28  ans  était  pour  les  districts  ruraux  de  1 1.39;),  le  chiffre 
de  3.529  représente  pour  tout  le  pays  31  0  0  de  total  des  ruraux  de  22  îi 
23  ans. 

Pour  toute  la  Norvège  In  tniUc  moyenne  est  de  172.132  '.  La  moyenne 
maximum  est  celle  de  la  préfecture  de  Jarlsberg-Larvik,  qui  est  de  173.451  ; 
le  minimum  se  rencontre  dans  la  préfecture  de  Finmarken,  où  il  est  de 
16S..Vil. 

Tour  toute  la  Norvège  l'envergure  moyenne  est  do  178.243.  La  moyenne 
maximum  est  celle  de  la  préfecture  de  Hedemarken,  qui  est  de  179.579, 
et  le  minimum  174.32tî  se  rencontre  dans  la  préfecture  de  Finmarken. 

La  moyenne  du  rapport  entre  l'envergure  et  la  taille  est  pour  toute  la 
Norvège,  si  on  pose  la  taille  =  100,  de  103.550.  Les  chifîres  les  plus 
élevés  concernent  les  préfectures  de  Hratsberg  et  de  Hedemarken  avec 
10i.7-l0et  10i.32.S;  le  miniuium  est  accusé  par  celle  de  la  préfecture  de 
lîergenhus-Sud,  102.228. 

domnie  on  le  sait,  renrerriure  est  presque  toujours  un  peu  supérieure  à  la  taille. 
Ku  règle  générale  onpeul  admettre,  que  plus  est  grand  Iccartentre  l'enver- 
gure et  la  taille  plus  est  grande  aussi  la  longueur  des  bras,  et  inversement, 
que  moins  cet  écart  est  grand,  moins  grande  est  la  longueur  des  bras. 

Pour  toute  la  Norvège  l'écart  moyen  est  de  6.11.  Les  chifîres  maxima 
sont  fournis  par  la  préfecture  de  Bratsberg  et  la  préfecture  de  Hedemar- 
ken, 8.11  et  7.45.  Dans  la  sous-préfecture  de  Solor^  près  de  Kongsirnger, 
au  voisinage  de  la  frontière  suédoise,  l'écart  moyen  atteint  même  9.39. 

Le  minimum  d'écart  est  accusé  par  la  préfecture  de  Bergenhus-Sud, 
3.91.  Dans  cette  préfecture  les  cantons  suivants  :  Sund  et  Austevold,  Fjeld, 
.Vlversund,  Manger  et  Herlo  ont  ensemble  une  envergure  ne  dépassant  la 
taille  que  de  1.04.  La  population  de.  ces  cantons  s'occupe  essentiellement 
d'un  bout  de  l'année  à  l'autre  à  la  pèche,  qui  a  lieu  avec  des  bateaux  à 
rames.  11  semble  donc  que  l'usage  constant  des  rames  pendant  des  géné- 
rations contribue  à  raccourcir  les  bras. 

La  hauteur  moyenne  du  buste  est  pour  toute  la  Norvège  de  91.19;  le 
maximum  est  fourni  parla  préfecture  de  Ncdenœs  91.87,  le  minimum 
90.13  par  celle  de  la  préfecture  de  Finmarken. 

.^i  l'on  pose  la  taille  --=  100,  la  hauteur  moyenne  du  buste  est  pour 
l'ensemble  de  la  Norvège  de  52.98.  La  moyenne  maximum  est  dans  les 
préfectures  de  Trondhjcm-Nord  et  de  Finmarken,  53. Gl  et  53.47  ;  on 
trouve  le  minimum  dans  la  préfecture  de  .larlsberg-Larvik,  52.40.  La 
hauteur  du  buste  relative  a  son  minimum  dans  toutes  les  préfectures 
cMières  depuis  la  préfecture  de  Jarlsberg-Larvik  jusqu'à  la  préfecture  de 
Kumsdal,  à  l'exception  de  la  Bergenhus-Nord. 

Ensouslrai/nnt  la  hauteur  du  buste  de  la  taille  totale,  on  trouve  la  longueur 
approximative  des  jambes. 


'  Toutes  les  mesures  sont  indiquées  en  cenlimôtres. 

'  Los  préfecUu-cs  f.\mt)  se  divisent  en  sous-profeclurcs  (Fogdori)  et  ccll-s-ci  en  can- 
tons ^Thiuglagj; 


160  i:,  MAio  1000 

l'uur  l'oiiseinblo  de  la  .Norvège  la  longueur  moyenne  des  jambes,  ainsi 
calculée,  est  de  80.94.  Le  chillre  moyen  maximum  est  fourni  par  la  pré- 
fecture de  .larlsberg-Larvik  8:2.-40,  le  minimum  par  la  préfeclurede  Fin- 
marken  78.42.  Le  rapport  moyen  entre  lu  longueur  des  jambes  et  la  taille, 
celle-ci  étant  posée  =:  100,  est  pour  l'ensemble  de  la  Norvège  47.02;  le 
chiffre  maximum  est  accusé  par  la  préfecture  de  Jarlsberg-Larvik  47.54, 
le  minimum  parles  préfectures  de  Trondlijem-Nordet  de  Finmarken  46.39 
et  46.53.  Si  l'on  excepte  ces  deux  préfectures,  on  trouve  que  la  population 
des  préfectures  cùlières  a  toujours  les  jambes  relativement  plus  longues 
que  celle  des  préfectures  de  l'intérieur. 

Le  périmètre  moyen  thorucique  est  pour  l'ensemble  du  pays  de  87.35; 
le  moyen  maximum  se  constate  dans  les  préfectures  de  Trondhjein-Xord 
et  de  Bergenlius-Nord  89.59  et  89.03,  le  minimum  dans  les  préfectures  de 
Finmarken  et  de  Bratsberg,  86.20  et  86.22. 

Le  chiffre  moyen  du  rapport  entre  le  périmètre  thoracique  et  la  taille 
est,  lorsqu'on  pose  celle-ci  =  100,  de  51.04  pour  l'ensemble  de  la  Nor- 
vège, avec  maximum  dans  les  préfectures  de  Trondhjem-Nord  et  de 
Bergenhus-Nord  52.52  et  51.81,  et  minimum  dans  la  préfecture  de  Jarls- 
berg-Larvik, 50.15. 

Il  est  rare  qu'on  trouve  à  la  fois  une  large  envergure  et  un  grand  péri- 
mètre thoracique,  c'est  ce  qui  est  pourtant  le  cas  dans  la  préfecture  de 
Bergenhus-Nord.  .\u  contraire  la  règle  est  de  trouver  une  envergure  consi- 
dérable associée  à  un  périmètre  thoracique  peu  considérable. 

Le  périmètre  thoracique  est  d'une  façon  générale  un  peu  supérieur  ù  la  moitié 
de  la  taille.  L'écart  entre  le  périmètre  moyen  thoracique  et  la  moitié  de  la 
taille  est  pour  toute  la  Norvège  de  1.78  en  faveur  du  périmètre  thoracique. 
Cet  écart  atteint  son  maximum  dans  la  préfecture  de  Trondhjem-Nord  et 
dans  celle  de  de  Bergenhus-Nord  4  30  et  3.11,  le  minimum  est  fourni  par 
la  préfecture  de  Jarlsberg  Larvik  0.25. 

Le  périmètre  thoracique  est  presque  toujours  un  peu  inférieur  ù  la  hauteur  du 
buste.  L'écart  entre  la  hauteur  moyenne  du  buste  et  le  périmètre  moyen 
thoracique  accuse  pour  toute  la  Norvège  un  déficit  de  3.34  pour  le  péri- 
mètre thoracique;  le  délicit  minimum  est  fourni  par  la  préfecture  de 
Trondhjem-Nord  1.80,  le  maximum  se  rencontre  dans  les  villes  etdansla 
préfecture  de  Iledemarkcn  4.64  et  4.58. 

La  distinction  entre  les  populations  côtières  et  celles  de  l'intérieur  est 
basée  sur  le  genre  d'occupations  de  ces  populations.  11  nous  fallait 
cependant  instituer  encore  un  troisième  groupe,  que  nous  appelons 
populations  intermédiaires.  Elles  habitent  des  districts  où  l'on  ne  vit 
qu'en  partie  de  la  mer;  ce  sont  esseniiellement  l'intérieur  des  fjords  et 
la  majeure  partie  de  la  côte  sud. 

Nous  avons  autant  que-possible  dans  cette  répartition  laissé  les  villes 
en  dehors  de  notre  statistique. 

La  carte  VIII  résume  la  répartition  de  ces  districts. 


.A.   liAAE  ET  11.   UAAE. 


LA    lAll.l.E  ClIKZ  LES  l'nl'l  LAilO.NS  HE  LA   .NuUVEiiE 


101 


Kn  faisant  abstrarlion  dos  villes,  la  inovi'ime 

est  itour  les  3.529  individus  considérés   . 
Sur  ros  indiviiius,  il  y  en  a  : 

2.077  piiii'  riiitc'iii'iir 

857  pour  les  districts  inlenu(''<liairos 
595  pour  la  côte 


172. 1S8 

172__U8' 
172.999 
171.  196 


178.183 

178.8(10 


178.481 
177.()55 


9  3  ■« 

a  ca  3 


91.22 

-91.21 
91.30 
91.12 


88.04 

.S7.71 
88.73 
88.17 


Ecart  entre  le  périmètre  thoracique  et  la  demi-taille  : 


histricls  de  l'intérieur. 
Histricts  intermédiaires 
Districts  cùtiers. 


55.5" 


87.714 
88.735 
88.173 


86.059 
86.500 
85  748 


1.655 
2.235 
2  425 


Longueur  moyenne  des  jambes  {différence  entre  la  taille  el  la  hauteur  du  buste) 


1 
Taille 

t-5 

Si 

tD£. 

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o   « 
^   <v 

■a 

histricls  de  l'intérieur.      .            

Distriits  intermédiaires 

histricls  cùtiers 

172.118 
172.999 
171.496 

91.212 
91.305 
91.116 

80.906 
81.()94 
80.380 

"i  l'on  po.se  la  taille  =:  100,  on  trouve 


102 


i:\  M  Alt  s  1900 


£ 

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«-  2 

a  <n 
2  ? 

s  — 

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.ES 

=  2 
te* 

a  ^ 

Districts  do  rinlôrifiir 

103.882 

52.094 
52.778 
53. 130 

50.962 
51.292 
51.414 

47.000 

Disliicts  inteniR'fliairfs 

Dislricls  côliers 

10:3.109 
Kia.ryji 

47.222 

40.870 

On  lire  de  là  les  conclusions  suivantes  : 

1.  Que  les  diatricts  intérifiirs  ont  le  maximum  absolu  iVenverfjure. 

2.  Que  toutes  les  autres  mesuii's  absolues  maxima  sont  accusées  par  les  dis- 
tricts intermédiaires  sauf  en  ce  qui  concerne  l'enienjure  {longueur  des  bras). 

3.  Que  les  districts  côliers  ont  toutes  les  mesures  absolues  minima,  sauf  en  ce 
qui  concerne  le  périmètre  thoracique. 

Si  l'on  pose  la  taille  ^  400  : 

1.  On  trouve  le  maximum  d' envergure  dans  les  districts  intérieurs. 

2.  Le  maximum  de  la  longueur  des  jambes  dans  les  districts  intermédiaires. 

3.  Fa  le  maximum  de  hauteur  du  buste  et  du  périmètre  thoracique  dans  les 
districts  côliers.  , 

Les  mesures  qui  caractérisent  les  districts  intermédiaires  s'étendent  dans 
la  contrée  au  delà  des  limites  adoptées  à  l'origine  pour  ces  districts. 
Pour  pouvoir  dire  avec  quelque  précision  à  quelle  distance  vers  l'inté- 
rieur s'étendent  ces  districts  intermédiaires,  il  faudrait  qu'on  disposât 
d'un  nombre  de  mensurations  bien  autrement  grand  que  celui  [qu'il  nous 
a  été  donné  d'utiliser.  La  limite  tracée  par  nous  est  en  conséquence  plus 
ou  moins  arbitraire. 

Nous  comptons  comme  intermédiaires  les  9  préfectures  côlières  depuis 
et  y  compris  ce!le  de  Nordiand  jusques  et  y  compris  celle  de  Nedenœs. 
Les  parties  de  ces  préfectures,  qui  ont  été  comptées  comme  districts 
côtiers,  sont  conservées  par  nous  comme  tels;  le  reste  est  compté  comme 
«  intermédiaires  ».  Gomme  intérieur  nous  comptons  dans  leur  entier  les 
7  préfectures  du  Sud  (voir  la  carie  IX). 

Si  en  dehors  des  villes,  on  fait  abstraction  de  la  préfecture  de  Finmar- 
ken,  où  la  population  par  sa  petite  taille  et  le  grand  développement  de  son 
buste,  se  distingue  si  nettement  du  reste  de  la  population,  les  résultats 
énumérés  plus  haut  ne  sont  guère  modiflés,  sauf  que  toutes  les  moyennes 
augmentent  un  peu,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  districts  côtiers. 

Pour  les  3.440  individus  restants,  les  résultats  sont  comme  suit  : 


'  Les  chiffres  soulignés  d'un  long  Irait  sont  les  maxima,  d'un  court  trait  sont  les 
chiffres  moj'ens  ;  les  chilTres  non  soulignés  sont  les  minima  des  résultats  pour  les 
3  groupes  :  dislricls  de  riiUérieur,  intermédiaires  et  côtiers. 


\.    DAAE  KT  H.  UAAK.    —   LA    I  Vll.l.b:  CHEZ   LES  l'Ul'L  L  V  I  lO.NS  UE  L\   NORVEGE        iO^i 


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l'dur  Ips   (   pn'h'iM lires  <!•■  1  inté- 

rieur (1569  personnes)  ,     .     . 

171.901 

179.015 

91.14 

87.33 

1.38 

80.76 

Pour  les  districts  intermédiaires, 

c'est-à-dire    les    9   préfectures 

côtières  ;\  l'exception  des  dis- 

tricts considérés  dès  l'origine 

comme  C(Miers(13ri6  personnes) 

172.872 

178.225 

91.36 

88.77 

2.33 

81.51 

Pour  les  districts  entiers  (505  per- 

sonnes)  

171.937 

178. 16G 

91. 20 

88.59 

2.62 

80.68 

^^^ 

Si  l'on  pose  la  taille  -~  100,  les  différentes  proportions  seront  comme 
suit  : 


1 

B 

3  "m 

O    3 

3-« 

^    3 

—  -a 

"   3 

S. H" 

Il  • 

m 
3  .a 

ec.5, 
c 

o    03 

-3 

l'uur  les  7  pri/roolures  dt;  l'intérieur. 

ioi.ir,4 

53.02 

52.85 

53.08 

50.80 

51.35 
51.53 

4(J.99 

l'our  les  districts  intermédiaires,  les 
9  préfectuies  cùtièi'cs,  moins  les  dis- 
tricts cùtiers 

Pour  les  districts  cùtiers 

103.097 
103.623 

47.15 
46.92 

On  voit  ainsi  que  que  les  0  préfectures  côtières,  prises  ensemble  et  défal- 
«alion  faite  dos  districts  considérés  dès  l'origine  comme  cùtiers,  accusent 
le  maximum  de  mesures  absolues  sauf  pour  lenverfiure,  qui  atteint  son  maximum 
(tans  les  7  préfectures  de  l'intérieur. 

l'ar  rapport  à  la  taille,  ce  sont  les  districts  cùtiers  qui  ont  le  maximum  de 
hauteur  du  buste  et  du  périmètre  thoracique.  Les  districts  intermédiaires,  c'est- 
îi-dire  les  9  préfectures  cùtières,  abstraction  faite  des  districts  côtiers,  ont 
la  longueur  maximum  des  jambes  et  les  7  préfectures  de  l'intérieur  ont  le  maxi- 
mum d'cmergure  {lonqueur  de  bras)  cl  le  périmètre  thoracique  minivium. 


i<»i  15  MAILS  v.m 

La  portion  exinhne  de  la  cote  vers  la  mer  du  Nord,  l'Océan  Atlanti(jue 
cl  l'Océan  (llacial  a  une  population  chez  qui  la  taille  est  généralement 
moins  élevée,  les  jambes  plus  courtes  et  la  poitrine  plus  large  que  le 
reste  du  pays. 

Dans  les  districts cùtiers  intérieurs  —  ceux  que  nous  avons  appelés  dis- 
tricts intermédiaires  —  la  taille  va  en  croissant,  et  avec  elle,  toutes  les 
mesures  absolues  sauf  l'envergure.  Mais  ce  surcroît  de  dimensions  s'étend 
en  outre  plus  loin  vers  l'intérieur,  ce  qui  semble  indiquer,  qu'il  n'est  pas 
motivé  exclusivement  par  les  occupations  maritimes,  mais  aussi  par  un 
climat  plus  doux,  une  meilleure  nourriture  et  la  vie  dans  un  terrain  acci- 
denté, exigeant  un  usage  plus  développé  des  différents  muscles  du  corps  ; 
il  va  sans  dire  aussi  que  l'air  vivifiant  de  la  mer  doit  exercer  son  influence 
bienfaisante  jusque  assez  loin  vers  l'intérieur. 

Discussion. 

-M.  Papillault.  —  Les  faits  anlhromélriques  que  nous  résument  MM.  Daae 
sont  sans  aucun  doute  bien  établis,  car  il  est  présumable  que  les  divers 
opérateurs  ont  employé  la  même  technique;  mais  il  est  bien  difficile  d'in- 
tsrpréter  ces  faits  avec  quelque  probabilité;  on  n'a  utilisé  que  quelques 
mesures,  et  les  rapports  qu'elles  révèlent  sont  d'ordre  si  général  qu'on 
pourrait  indéfiniment  discuter  sur  leur  genèse.  Je  pense  du  moins  qu'il 
faut  se  défier  des  facteurs  immédiats  et  que  la  race  joue  un  rôle  que  des 
mensurations  plus  nombreuses  auraient  sans  doute  mis  en  relief. 

M.  Zaborowski  insiste  également  sur  le  facteur  ethnique  trop  négligé 
par  les  savants  norwégiens. 


ORGANISATION  SOCIALE    DE  QUELQUES  TRIBUS  AUSTRALIENNES 

Par  R.  h.  Mathews  L.  S. 
Associé  étranr/er  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris. 

{Traduit  par  M.   Oscar  Schmidt). 

En  1901  j'ai  contribué  à  la  Société  un  article  contenant  quelques  remar- 
ques rudimentaires  sur  l'état  social  des  Yungmunni  et  quelques  tribus 
qui  leur  sont  alliées  et  qui  occupant  une  région  étendue  du  plateau  sépa- 
rant les  sources  des  rivières  Roper  et  Daly  du  Territoire  du  Nord,  nom 
donné  aux  parties  septentrionales  etcenlralesde  l'Australie  Méridionale  '. 

Depuis  cette  époque  j'ai  pu  me   procurer  des  détails  beaucoup  plus 

*  Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris,  lonie  IL  Série  V,  pages  41b  à  419» 


■MATHEWS.  —  unr.ANISATION  SOdrAl.E  DE  OfEf.QrES  TRinUS  AUSTRAUEXXES  Ki;", 

complets  sur  la  sociologie  des  tribus  indigènes  en  (juestion  ([iie  je  consi- 
di're  comme  un  devoir  de  communiquer  ;i  la  Socicli'. 

Des  occujialions  plus  urgentes  m'ayant  empêché  de  me  irndrc  person- 
nellement dans  ces  trihus,  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  faire  la  connaissance 
(le  pruprii'laiies  cl  de  gérants  de  plusieurs  «  liinis  »  -  de  cette  partie  de 
l'Australie.  Je  leur  ai  envoyé  dos  listes  bien  précises  de  tous  les  sujets  sur 
lesquels  je  désirais  étr(>  informé  en  leur  donnant,  en  même  temps,  des 
indications  sur  la  manière  de  procédera  leui's  investigations.  La  confiance 
(jue  m'inspircmt  mes  cori'ospondants  et  la  connaissance  personnelle  que 
j'ai  du  sujet  me  permettent  d'affirmer  que  les  renseignements  contenus 
dans  cesp:iges  peuvent  être  acceptés  en  toute  sécurité. 

Tour  donner  plus  de  clarté  au  sujet,  je  suis  obligé  de  rappeler  au 
lecteur  la  Table  1  dé  mon  précédent  mémoire,  reproduit  à  la  page  415.  La 
seule  dilTérencc  entre  la  Table  actuelle  et  la  précédente  c>t  que  la  colonne 
«  Epouse  »  est  placée  en  premier  et  celle  du  u  Mari  »  après.  Cet  arran^-e- 
ment  fait  mieux  ressortir  le  cycle  des  femmes. 

La  tribu  enlière  est  divisée  en  huit  sections  ayant  chacune  un  nom 
distinct,  ce  qui  permet  de  reconnaître  facilement  les  membres  de  chaque 
division;  l'identification  est,  de  plus,  facilitée  par  la  forme  masculine  ou 
féminine  de  chacun  de  ces  huit  noms. 


Table  1 


Cïclo 


Epouse 

Inlcagalla 
Imballaree 
Imbawalla 
Imbongarec 


Mari 

Eemitch 
l'nmarra 
Uwannee 
Tabachin 


Fils 

Uwallaree 
Urwalla 
Uwungarec 
Yungulla 


Fillo 

Imballaree 
Imbawalla 
Imbongaree 
Inkagalla 


B. 


Immadenna 
Tabadenna 
I  m  ban née 
Inganmarra 


Yungalla 
t'w  un  garée 
Urwalla 
Uwallaree 


Tabachin 
L'wannee 
Unmarra 
Eemitch 


Tabadenna 
Imbannee 
Inganmarra 
Immadenna 


La  table  ci-dessus  nous  montre  la  mère,  le  père,  le  fils  et  la  fille  sur  la 
même  ligne  de  gauche  à  droite.  Il  est  à  remarquer  que  les  huit  sections  de 
femmes  sont  classées  en  deux  séries  distinctes  que  nous  avons  dénom- 
mées «cycles  »,  chaque  cycle  comprenant  (juatre  catégories  déterminées  de 
femmes  se  répétant  perpétuellement  comme  il  suit. 

Examinons  la  moitié  supérieure  de  la  Table  :  le  cycle  A.  Nous  trouve- 
rons que  les  femmes  des  colonnes  «  Epouse  »  et  «  Fille  »  se  reproduisent 
dans  un   certain  ordre  déterminé.    Par   exemple  :    Inkagalla  est  mère 


*  t  Run  »  est  le  terme  consacré  pour  dérinir'un   Icrritoirc   servant  à   l'élevage  de 
toutes  sortes  de  bêle. 


466 


i:\    MARS    <906 


d'Imballaree  et  celle-ci  a  comme  (illf  Imbawalla  ;  Imbawalla,  h  son  lour, 
protluil  Imboni;arec  qui  devient  inèrc  d'inkagalla;  or  lokagalla  est  le 
nom  de  section  par  lequel  nous  avons  débuté.  Cette  série  se  répète  indé- 
finiment n'importe  avec  quel  nom  nous  commençons.  Désignons  cette 
série  de  femmes  comme  le  «  cycle  A  ». 

Si  nous  prenons  les  femmes  de  la  moitié  inférieure  de  la  Table  I 
(cycle  B)  nous  trouvons  que  Immadennaest  la  mère  de  Tabadenna;  Taba- 
denna  produit  Imbannee  et  la  lille  de  celle-ci  est  Inganmarra;  Ingan- 
marra,  h  son  tour,  produit  Immadenna  et  cette  série,  que  nous  dénom- 
mons le  «  Cycle  B  »,  se  répète  indéfiniment  comme  la  première. 

Revenons  à  la  Table  I:  Eemilch  épouse  Inkagalla,  Unmarra  épouse 
Imbaltaree  et  ainsi  de  suite  pour  tous  les  autres.  Ce  sont  là  les  alliances 
normales  et  générales  et  peuvent,  en  conséquence,  être  désignées  comme 
niariaiJ[e  «  tabulaires  ».  Mais  des  reclierches  plus  minutieuses  sur  les  lois 
matrimoniales  de  cette  tribu  ont  démontré  ({u'un  liomme  d'une  section 
quelconque  est  qualifié  à  se  marier  dans  trois  autres  sections  de  femmes 
qui  viennent  s'ajouter  à  ou  plutôt  remplacer  celles  mentionnées  ci- 
dessus. 

Pour  faire  ressortir  tous  les  mariages  possibles  entre  sections,  il  nous 
faut  étabir  une  autre  Table  qui  démontrera  que  les  quatres  sections  de 
femmes  dans  lesquelles  un  homme:  Eemitch,  par  exemple,  peut  se 
marier,  peuvent  être  également  réclamées  par  trois  autres  sections  d'hom- 
mes, savoir  par  :  Uwannee,  Urwalla  et  Yungalla,  aussi  bien  que  par  ce 
même  Eemitch.  La  table  suivante  indique  une  catégorie  de  quatre  sec- 
tions de  femmes  parmi  lesquelles  quatre  catégories  spéciales  d'hommes 
sont  tenues  de  prendre  leurs  femmes,  conformément  aux  règlements  que 
nous  expliquerons  en  détail  dans  les  Tables  III  et  IV. 

Table  II 


Pliraliio 


Maris 

Eemitch 
Uwannee 
Urwalla 
Yungalla 

Unmarra 
Tabachin 
Uwungarec 
Uwallaree 


Epouses 

Inkagalla 
Imbawalla 
Imbannee 
Immadenna 

Iniballaree 
Imbongaree 
Tabadenna 
Insan  marra 


Prosér.ilure 


Les  enfants  de  chaque 
femme,  prise  indivi- 
duellement, sont  les 
mêmes  qu'à  la  Table 
I,  sans  aucun  égard 
au  nom  du  mari. 


Dans  tous  les  cas,  c'est  de  la  mère  dont  dépend  irrévocablement  le  nom 
de  section  à  laquelle  appartiendra  sa  progéniture.  Si  Eemitch  épouse 
Inkagalla,  ses  enfants  sont  Uwallavee  et  Imballavee;  s'il  épouse  une 
Imbannee,  ils  seront  Unmarra  et  Inganmarra;  s'il  prend  une  Imbawalla, 
ils  seront  Uwangaree  et  Imbongaree  et  s'il  s'allie  à  une  Immadenna,  ils 


•  MATHEWS.  —  iiRtiANISATION  Siii.lAl.E  DE  gUELQUES  TRIBUS  Al'STUAI.lENNK-  1«'»7 

seront  Tabachin  et  Tabadenna.  Voir  à   la    Talilt'  I    l<'  nom  dos  enfants  de 
chacune  et  de  toutes  les  sections  de  femmes. 

Une  femme  donnée  de  la  colonne  «  Epouse  -)  de  la  Table  11  pouvant 
tHre  épousée  par  un  membre  quelconque  d'une  des  quatre  sections 
d'hommes  de  la  colonne  x  .Maris  »,  il  est  évident  que  le  nom  du  père  de 
son  enfant  sera  indillrrcnt.  car  il  dépendra  d'une  des  (jualre  sections  où 
elle  l'aura  pris. 

Par  exemple,  prenons  l  wallaree,  le  premier  des  noms  de  la  colonne 
«  Fils  »  lie  la  Table  I.  Si  sa  mère.  Inkagalla,  avait  épousé  Eeinitch,  celui-ci 
serait  le  père  direct  ou  <'  Piemier  Père  »  dTwallaree  (voir  Tables  III 
et  IV).  Si,  au  contraire,  Inkallaga  épousait  Twannee,  celui-ci  devien- 
drait le  père  alternatif  ou  w  Second  l'ère  )i  d'L'wallavee.  Si  elle  se  mariait 
avecUrwalla,  celui-ci  serait  le  «  Troisième  Père  »  et  si  enfin,  avec  Yun- 
gulla,  ce  dernier  serait  le  i>  Uuatrième  Père  »  d'Uwallaree.  Ce  (jui  revient 
à  dire  iju'il  importe  peu  lequel  de  ces  quatre  maris  Inkagalla  aura  choisi 
—  son  iils  restera  quand  même  lAvallaree. 

-Admettons  provisoirement  le  terme  «  Phratrie  »  poui- désigner  chacune 
des  catégories  ou  assemblage  de  femmes  figurant  àla  colonne  «  Epouses» 
de  la  Table  II.  On  remarquera  que  les  hommes  de  la  colonne  «  Maris  »  de 
Phratrie  A  produisent  les  hommes  de  la  colonne  de  Phratrie  B,  sous  la 
réserve  que  cette  filiation  est  limitée  par  celle  que  nous  avons  qualifiée 
de  «  Premiers  Pères  »  que  nous  trouvons  sur  la  môme  ligne  de  gauche  à 
droite.  Les  k  Epouses  »  d'une  des  colonnes  Phratrie  produisent  également 
les  «  Epouses  »  de  l'autre,  sans  aucune  limite,  la  descendance  dans  cha- 
que se.'îtion  étant  réglée  parles  mères.  11  est  donc  manifeste  que  tout  en 
s'alternant  une  phratrie  reste  apparentée  à  l'autre. 

Nous  avons  montré  dans  une  page  précédente  que  bien  qu'un  homme 
ne  puisse  avoir  (ju'un  père  réel,  le  nom  de  section  de  ce  père  dépendait 
de  celui  qu'aura  épousé  sa  mère.  11  s'ensuit  qu'un  homme  d'une  section 
(luelconque  peut  avoir  différents  grands  pères  paternels.  Mais,  en  retra- 
çant la  filiation  de  plusieurs  familles,  grâce  au  concours  de  correspon- 
dants dignes  de  confiance  qui  ont  habité  le  district  pendant  des  années, 
je  trouve  qu'il  y  a,  pour  ainsi  dire,  quatre  sortes  d'hommes  dans  chaque 
section  ;  par  exemple,  il  y  a  quatre  Eemitches  de  descendances  différentes 
que  nous  distinguerons  sous  les  N°5  1,  2,  3  et  4. 

Examinons  la  Table  111.  Nous  trouvons,  à  gauche,  que  le  père  d'Eemitch 
N"  1  est  Uwallaree  et  que  le  u  l'^''  Père  »  d'Uwallaree  est  Eemitch.  Eemitch 
N»  1  épouse  comme  «  1'"''  femme,  »  Inkagalla,  fille  de  Tabachin  qui  est  le 
fils  de  la  sœur  de  son  «  Premier  Père;  »  ou  bien,  il  épouse,  comme 
«  2«  femme,  »  Imbannee,  fille  de  Tabadenna,  fille  de  la  sœur  de  son 
«  Premier  Père.  » 

Conlinuons  la  Table  111  et  prenons  Eemitch  N*'  2  avec  une  descendance 
différente  :  il  épouse,  comme  «  1^°  femme,  »  Imbawalla,  fille  du  fils 
d'Imbannee,  sœur  d'Uwannec  son  «  2e  Père  »,  ou  père  alternatif;  ou 
bien,  il  épouse  comme  «  2"  femme  »,  Iramadenna,  tille  de  la  fille  d'Im- 
bannee, sœur  d'Uwannee,  son  «  2"  Père.  » 


168  io  Mvns  im\ 

Prenons  maintenant,  Table  IN',  Komilch  N°  3,  fils  d'Uwallarec  qui,  k 
son  tour,  a  Urwalla  coinuie  «  3»  Père;  »  prenons  également  Eemitch 
N"  4,  fils  d'IJwdllaree  dont  le  «  A"  Père  »  est  Vungulla.  Les  autres  détails 
sont  les  mêmes  que  ceux  donnés  dans  notre  explication  de  la  Table  III. 

I/examen  de  ces  deux  Tables  démontre  que,  quelle  que  soit  l'une  des 
quatre  femmes  qu'il  soit  permis  à  un  boinme  d'une  section  donnée 
d'épouser,  celte  femme  lui  est  toujours  apparentée  bien  que  la  filiation 
soit  dilîérente. 

Si,  Table  III,  j'ai  réuni  Eemitch  et  Uwannee  comme  grands-pères  c'est 
parce  qu'en  se  reportant  à  la  Table  I  nous  trouvons  que  ces  hommes, 
tout  en  appartenant  a  deux  sections,  prennent  leurs  épouses  directement 
et  normalement  dans  le  même  Cycle  de  femmes.  J'ai,  pour  les  mêmes 
raisons,  réuni  l'rwalla  et  Yungalla  comme  grands-pères  dans  la  Table  IV. 

A  la  Table  III  nous  voyons  Eemitch  N*^  1  épouser  une  Inkagalla  ou  une 
Imbannee  comme  l"""  ou  2"=  femme.  Eemitch  N»  2  prendra,  de  la  môme 
façon,  une  Imbawalla  ou  une  Immadenna.  Eemitch  N"  3  (Table  IV), 
épouse  une  laibannee  ou  une  Inkagalla  et  Emitch  N°  4  s'allie  à  une 
Immadenna  ou  à  une  Imbawalla  L'examen  attentif  des  Tables  III  et  IV 
démontre  que  chacun  des  quatre  Eemitch  de  notre  exemple  peut  épouser 
sa  «'  première  femme  »  parmi  celles  du  Cycle  A,  Table  I,  et  sa  «  seconde 
femme  »  du  Cycle  B  de  cette  même  Table. 

Il  existe  cependant  quelques  extensions  ou  variations  coutumières  à  ce 
dernier  paragraphe.  Un  Eemitch  peut,  par  exemple,  épouser,  dans  cer- 
tains cas,  une  Inkagalla  comme  «  première  »  femme  et  une  Imbawalla 
comme  «  seconde  »  femme;  dans  ce  cas  les  deux  femmes  seraient  prises 
dans  le  même  cycle  (Cycle  A,  Table  I). 

Bien  que  chaque  section  comporte  quatre  catégories  d'hommes  — 
quatre  Eemitch  par  exemple  —  ils  se  réduisent,  de  fait,  h  deux,  suivant 
qu'ils  épousent  des  femmes  du  Cycle  A  ou  qu'ils  les  prennent  au  Cycle  B, 
ce  qui,  en  réalité,  réduit  chaque  section  à  deux  parties  au  lieu  de  quatre. 

Dans  toutes  les  tribus  australiennes  les  enfants  appellent  les  frères  de 
père  du  même  nom  que  ce  père.  Grâce  à  cette  coutume,  l'Eemitch  de  nos 
exemples  pourrait  faire  remonter  sa  filiation  à  travers  l'un  des  frères  de 
son  père  qui  aurait  un  «  Père  N^  2  »  ce  qui  en  modifierait  les  détails. 

A  la  Table  III  nous  avons  indiqué  qu'Eemitch  N°  1  épouse  Inkagalla, 
c'est-à-dire  que  si  Tabachin  s'allie  à  Imbongavee,  comme  dans  la  Table  II, 
sa  fille  sera  Inkagalla  et  pourra  être  considérée  comme  sa  fille  «  tabu- 
laire. »  Mais,  supposons  que  ce  même  Tabachin  épouse  une  des  trois 
autres  femmes  de  la  Phratrie  A,  sa  fille  pourrait  être  Imbawalla,  ou 
Imbannee,  ou  Immadenna;  cette  fille  serait  donc  «  Première  femme  " 
d'Eemilch.  La  même  variante  se  produirait  pour  la  «  Première  Femme  » 
des  Eemitch  N'^^  2,  3  ou  4.  D'autres  variantes  pourraient  être  citées,  mais 
le  principe  fondamental  demeure  immuable  pour  toutes. 

Cependant  bien  que  les  phratries  se  reproduisent  mutuellement,  elles 
ont  ce  caractère  particulier  de  ne  pas  se  marier  entre  elles.  Prenons,  par 
exemple,  les  «  Maris  »  et  les  «  Epouses  »  de  Phratrie  A^  Table  II.  Leurs 


V\THE\V^.  —  .in.:\M>ATI(.\  -M.iALK  DE  yUEr.ulR^  THIlilN  Ar^TRAI.IEN'NE-  169 

Fils  ..  el  ..  Filles  »  deviennent  les  «  Maris  »  et  «  Epouses  »  de  Phratrie  B, 
mais  ils  se  marient  exclusivement  entre  eux.  Leur  progéniture  devient,  à 
son  tour,  les  ..  Maris  ..  et  les  .  Epouses  ..  de  la  Phratrie  A  et  se  marient 
entre  eux  exactement  ..umme  lavaient  fait  leurs  parents.  Il  n'y  a  donc  pas 
de  mariage  étranger  pussihj,..  ni  dans  les  sections,  ni  dans  les  Phratries, 
si  nous  adoptons  la  Table  II. 

Kevenant  à  la  Table  I,  il  est  clair  qu'Ecmitch  p..urra  épouser  Inkagalla 
u.i  Imbawalla  du  Cycle  A,  ou  il  peut  prendre  pour  femme  Imbannee  ou 
hnmadenna,  ces  unions  étant  réglées  comme  nous  l'expliquons  dans  les 
Tables  III  et  l\  .  C'est-à-dire  qu'Eemitch  cherchera  sa  femme  dans 
l'un  des  deux  cycles,  coutume  qui  exclut  péremptoirement  toute  exogamie 
ou  mariage  étranger. 

Si  nous  poursuivons  l'examen  de  la  Table  I  il  nous  révèle  ce  fait  inté- 
ressant que,  pris  dans  leur  ensemble,  les  quatre  sections  de  la  Colonne 
«  Mans  ..  du  Cycle  A,  peuvent  se  marier,  en  moyenne,  avec  toutes  les 
huit  sections  de  femmes  de  la  colonne  «  Epouse  ».  Il  en  est  de  même  pour 
une  moyenne  de  quatre  hommes  du  Cycle  B  qui  peuvent,  de  la  même 
favon,  prendre  femme  dans  toutes  les  huit  sections  de  la  môme  table  La 
conclusion  qui  s'impose  donc,  c'est  que  le  mariage  étranger  n'existe  pas 
dans  aucune  des  tribus  dont  il  est  question  dans  cet  article. 

Les  pages  qui  précèdent  font  ressortir  la  manière  dont  se  pratique  et 
se  perpétue  le  mariage  dans  les  différentes  sections.  Etablies  sur  celte 
base,  les  unions  entre  deux  personnes  données  sont  réglées  par  un  système 
de  liançailles  qui  a  lieu  à  la  naissance  d'un  enfant  et,  assez  souvent 
avant  cet  événement.  Le  choix  d'une  femme  ou  d'un  mari  est  fixé  par  les 
grands  parents  des  futurs  conjoints. 

Les  graphiques  généalogiques  qui  suivent  donnent  un  abrégé  ,,iii 
permettra  au  lecteur  de  suivre  mon  exposé. 

Ln  abrégé  sommaire  de  la  succession  des  «  totems  >>  n'est  pas  sans 
mterêt.  Les  traditions  de  ces  tribus  sont  remplies  de  contes  fabuleux 
concernant  les  ancêtres  de  chaque  totem.  Tandis  que  .luelques-uns  d'entre 
eux  ressemblent  aux  hommes  et  aux  femmes  de  notre  épo.jue,  d'autres 
sont  des  êtres  fabuleux  créés  par  la  légende  indigène.  Dans  les  temps 
recules,  comme  de  nos  jours,  les  ancêtres  des  totems  formaient  des 
familles,  ou  des  groupes  de  familles,  possédant  chacune  leur  terrain  de 
chasse  dans  une  partie  du  territoire  delà  tribu.  Nés  dans  une  localité 
déterminée,  ils  l'occupaient  par  droit  de  naissance.  Les  uns  étaient 
désignés,  par  exemple,  comme  des  cygnes,  d'autres  comme  des  chiens, 
ou  des  kangourous,  ou  des  serpents,  ou  des  corbeaux  et  ainsi  de  suite' 
Les  membres  de  chacun  de  ces  groupes  de  familles  étaient  répartis  dans 
les  mêmes  huit  .sections  qui  existent  parmi  eux  aujourd'hui. 

Uuelques-unsde  ces  totems  tiaditionnelsétaint  in  vestis  d'une  plus  grande 
j  autorité  que  d'autres,  comme  le  sont  les  chefs  de  quelques  groupes  toté- 
I  iniques  de  nos  jours.  Certains  de  ces  territoires  fabuleux  élaienl  grands, 
!  d'autres  petits.  Lorsque  la  mort  enlevait  un  de  ces  hommes  légendaires,' 
,  son  esprit  était  censé  s'établir  dans  quelque  endroit  bien  connu  de  son 
soc.  d'anthrop.  -1906.  ,o 


i:o 


15  .MAU>  I90G 


lorrain  de  chasse,  tel  iiiriin  rocher,  ou  un  arbre,  ou  une  colUne,  ou  une 
mare,  ou  hicn  s'enfoncer  sous  l-'rre.  Il  pouvait  aussi,  en  vertu  de  son  pou- 
voir surnaturel,  ahanJonner  i|uelques  parcelles  de  son  esprit,  en  guise  de 
don  spécial  à  sa  lignée,  dans  diderenls  endroits,  tels  que  les  lieux  où  il 
avait  campé,  ou  accompli  une  action  d'éclat,  ou  célébré  quelque  céré- 
monie d'invocation,  et  ainsi  de  suite.  Les  lieux  consacrés  par  ces  faits 
étaient  disséminés  dans  dill'érents  endroits  di-  la  localité  (|nil  avait 
habités. 

taiu.e  m 


Twannee       Kemilch 

»°    (UTO  i"    p'IO 


Immadenna 


Uwallaree 


labachin      labadenna 


Eemitch  .■ppusc   Inkagalla      Imbannee 

1"  l'pouse  2'  opousc 


Imbannee 


Unmarra      Inganmarra 


Imbawalla      immadenna 


i"  épouse 


cpouse 


Table  IV 


Yungalla 

'.'  pjro 


Urwalla 

3°  pire 


Imbawalla 


Inkagalla 


Uwallaree        IJwungaree  Imbongaree       T'wallaree        Imballaree 


Eemitch  épouse  Imbannee      Inkagalla        Immadenna       Imbawalla 

1'=  épouse  î*  cpouso  1"  épouse  2'  épouse 

Tous  les  membres  de  sa  famille  possédaient,  naturellement,  des  droits 
pareils  sur  les  mêmes  terrains  de  chasse  et  leurs  esprits  hantaient, 
h  leur  tour,  de  la  même  manière,  certains  lieux.  A  la  suite  de  nom- 
breuses générations,  tous  les  campements,  toutes  les  mares,  tous  les 
grands  rochers,  les  sources,  les  collines,  les  arbres  remarquables,  etc.,  de 
ce  territoire  étaient  comblés,  saturés,  pour  ainsi  dire,  d'esprits.  Il  y  avait 
ainsi  des  «  bandicouts  »  dans  certains  endroits,  des  serpents,  des  porc- 
épics,  etc  ,  dans  d'autres.  Quelques-uns  de  ces  animaux,  plus  nombreux 
que  d'autres,  laissaient  une  nombreuse  progéniture  d'esprits,  tandis  que 
d'autres,  plus  rares,  n'avaient  qu'un  nombre  limité  de  représentants. 
L'emplacement  exact  de  chacun  de  ces  sites  célèbres  est  parvenu  par 


MaTlIF.SVS.    —  onr,  \NISATION  SOCIALE  DE  OLEL(H'E>  TRIRUS  AlNTRAl.IENNE-  171 

Irailition  orale  à  tous  les  indigènes  acluels  (jui  ii<'  manifuenl  pas  d'orner 
les  hauts  faits  de  ces  ancOtres  île  toutes  les  vertus  (jui'  peut  inventer  leur 
imagination. 

(Ju'ils  aient  forme  luimaiin'  on  ([ue  ce  soient  des  monstres,  ces  créatures 
fantasques  ou  exagérées  de  liuspii-ation  intligéno  possèdent  des  pouvoirs 
surnaturels.  Les  uns  faisaient  jaillir  des  sources  ou  des  ruisseaux,  d'au- 
tres soulèvent  des  collines  et  des  rochers  dans  certains  lieux  historiques. 

Toutes  les  tribus  indigènes  croient  fermement  à  la  réincarnation  des 
uinhres  de  leurs  ancêtres,  la  première  phalange  des  esprits,  pour  ainsi 
dire,  s'incarnant  perpétuellement  d'un  humain  à  l'autre.  Ces  indigènes 
ignorent  les  lois  naturelles  de  la  procréation  et  sont  convaincus  que  la 
conception  est  tout  à  fait  indépendante  il'un  concours  sexuel.  F.orsi|u'une 
femme  a  senti,  pour  la  pi-iMuière  fois,  l'enfant  remuer  dans  sein,  elle  se 
rappelle  spécialement  l'endroit  où  le  fait  s'est  produit,  et  l'annonce  aux 
peisounes  présentes.  On  croit  alors  que  c'est  l'esprit  ou  l'Ame  d'un  as- 
cendant défunt  qui,  à  ce  môme  instant,  est  entré  dans  le  corps  de  la 
femme.  Celte  entrée  a  pu  s'effectuer  par  un  des  orifices  naturels  ou  par 
une  partie  quelcontiue  de  la  peau. 

Lorsque  lenfant  est  né  on  lui  donnera  le  nom  tolémi(|ue  de  l'ancèlre 
mysti(}ue  attribué  à  cette  localité  spéciale.  Si,  par  exemple,  le  fœtus  a 
remué,  pour  la  première  fois,  près  d'un  rocher  remanjuable,  ou  près 
d'une  colline,  d'une  mare,  d'un  campement,  connu  pour  être  hanté  par 
l'esprit  de  l'oiseau  «  galah  »,  l'enfant  appartiendra  au  «  totem  galah  »,  à 
part  du  totem  de  son  père  et  de  sa  mère. 

Il  e>t  important  de  se  rappeler  en  ce  qui  concerne  la  succession  des 
totems,  que  dans  toutes  nos  tribus  indigènes  la  femme  est  emmenée  dans 
le  groupe  familial  ou  «  triblet  »  de  son  mari  et  qu'elle  parcourt  son  pays 
avec  lui.  Si,  par  exemple,  il  est  «  corbeau  »  il  passera  une  grande  partie 
do  son  temps,  avec  sa  femme,  dans  les  endroits  particulièrement  hantés 
pur  son  ancêtre.  Lorsque  sa  femm3  reconnaît,  pour  la  première  fois, 
iprelle  est  enceinte,  elle  se  trouvera,  très  probablement,  dans  un  lieu 
consacré  à  quelque  corbeau  des  temps  passés,  parce  qu'elle  habite  le  pays 
des  «  hommes-corbeaux  ».  Dans  ce  cas  l'enfant  deviendra  «  corbeau  » 
comme  son  père. 

Si,  au  contraire,  le  fœtus  remue  pour  la  première  fois  lorsqu'elle  se 
trouve  en  visite  chez  les  siens,  c'est-à-dire  dans  le  district  où  elle  est  née 
et  où  elle  a  grandi,  il  est  très  probable  que  le  fait  sera  rattaché  à  un  de 
ses  propres  ancêtres;  mettons  (jue  celui-ci  soit  «  porc-épic»,  l'enfant  sera 
«  porc-épic  »  comme  sa  mère.  Si,  à  ce  moment  critique,  elle  se  trouvait 
sur  un  terrain  de  chasse  hanté,  plus  particulièrement,  par  des  esprits 
«  pigeons  »,  son  enfant  deviendra  «  pigeon  ».  Il  se  pourrait  donc  que 
!  quelques-uns  de  ses  enfants  soient  voués  à  des  totems  différents;  cepen- 
dant comme  leurs  parents  habiteront  toujours,  de  préférence,  le  pays 
«  corbeau  »,  comme  nous  l'avons  dit,  il  est  plus  que  probable  quela  majorité 
de  leur  progéniture  sera  ■<  corbeau  ».  C'est  donc  par  erreur  que  d'autres 


oxplurateursont  pu  prélen.liv  -iiir  hi  liliuUun  de^  totems  s."  faisait  par 

le   père. 

Certains  lieux,  tels  .lu'un  rocher,  une  source,  un  arbre,  etc.,  sont 
censés  hantes  par  les  esprits  d'animaux  d'espèces  très  rapprochées  qu'ils 
fréquentent  ensemble  comme  ils  le  faisaient  de  leur  vivant.  Si  une  mère 
ressentait  le  premier  muiivemenl  de  son  fœtus  dans  un  tel  endroit  il  serait 
impossible  de  décider  leqii.-l  des  esprits  aurait  pénétré  dans  son  corps  et 
il  devient  très  dillicile  aux  vieillards  de  la  tribu  de  décider  à  quel 
u  totem  »  l'enfant  appartiendra. 

La  place  que  vous  voulez  bien  m'accorder  dans  votre  journal  étant 
Umitée,  je  suis  obligé  de  clore  cet  intéressant  sujet.  Qu'il  me  soit  permis, 
avant  de  finir,  de  rappeler  que  dans  de  précédents  articles  j'ai  déjà  essayé 
de  prouver  que  !'«  exogamie  »  le  mariage  étranger,  n'existe  pas  dans  les 
tribus  australiennes.  Traitant,  en  1894,  des  lois  du  mariage  dans  la  tribu 
des  Kamilaroi  j'ai  fait  ressortir  que  bien  qu'une  femme  Butha  était 
l'épouse  habituelle  d'un  homme  de  la  section  Murri,  un  Murri  pouvait 
aussi  épouser  une  Matha  \  c'est-à-dire,  qu'un  homme  de  la  section  pouvait 
prendre  femme  indilleremment  dans  l'une  ou  l'autre  u  Phratrie  ».  Kn 
4897  j'ai  de  nouveau  appelé  l'attention  sur  une  coutume  établie  dans  les 
tribus  Kamilaroi  et  Wirraidyuri  permettant  à  un  homme  de  se  marier 
dans  ces  deux  phratries  '.  11  est  donc  évident  que  l'exogamie  ne  peut 
exister  chez  les  Kamilaroi,  Wirraidyuri,  Ngeumba,  ou  autres  tribus  sem- 
blables de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

En  1898,  j'ai  décrit  la  sociologie  des  ^  Dippil  et  autres  tribus  occupant 
plus  de  la  moitié  du  Qaeensland.  Dans  cet  article  j'ai  indiqué  qu'un 
liomme  Barràng  épousait  une  femme  de  la  même  section.  Depuis,  j'ai 
poursuivi  mes  recherches,  dans  tout  le  Queensland,  parmi  les  principales 
tribus  et  j'ai  pu  affirmer  sérieusement,  dans  d'autres  rapports,  que  l'exo- 
gamie n'y  existait  pas. 

En  1904,  j'ai  également  fait  connaître  une  série  de  faits  concernant  la 
sociologie  des  tribus  indigènes  de  laîSouveile-iiallesdu  sud  et  de  Victoria 
qui  réfute,  incontestablement,  l'existence  de  l'exogamie  dans  ces  deux 

états  '. 

Si  mes  articles  précédents  sur  cet  important  sujet  sont  rapprochés  du 
présent  exposé,  nous  ne  pouvons  qu'en  déduire  une  seule  conclusion, c'est 
que  l'exogamie  est  tout  à  fait  impossible  dans  les  tribus  indigènes,  soit 
du  Territoire  Septentrional,  soit  de  la  Nouvelle-Galles  du  sud,  de  Victoria, 
du  nueenslanduu  de  l'Australie  Occidentale.  Il  se  dégage  donc  ce  fait  que 


»  «    Le  syslème  de  classes  chez  les  Kamilaroi  ».  Proc   Société  Roy.  Géog.  de  Bris- 
bane,  v.  x,  page  24, 

2  «  Divisions  totéiniques  dos  tribus  australiennes  ».  Juuni.  Société  Roy.  N.  S.  Walen, 
vol.'xxxi,  pp.  l5ti-17iJ. 

3  «  Divisions  des  Tribus  du  Queensland  »  Proc.  de  la  Société  Philos.   Amer,  de 
Philadelphie,  F.    U  ,  vol.  XXXVII,  pp.  328-380,  avec  carte  du  Queensland.  ^ 

■J  .  .Notes  etliuoiogiques  sur  les  Tribus  indigènes  de  la  Nouvelle-Galles  du  sud  e 
de  Victoria,  »  pp.  li-lS  et  pp.  84-103. 


DISCUSSION  \  73 

daprès  toutes  les  recherches  que  j'ai  poursuivios  il  n'existe  auruiH'  trace 
fJ'exMgainie  parmi  les  tribus  indigi-nes  do  loule  lAusiiali''. 

L'étude  que  j'ai  faite,  pendant  de  nombreuses  années,  de  la  sociulugie 
australienne  m'a  convaincu  que  ni  la  promiscuité  sexuelle,  ni  ce  qui  a  été 
appelé"  mariage  dégroupa  ,.  aicnl  Jamais  existé  parmi  les  tribus  austra- 
liennes. Je  suis  également  si"ir  qm-  l.^s  divisions  on  cycles,  phratries  et 
sections  n'nnt  pas  été  institué-os  pour  einpôdior  di\s  mariages  consan- 
guins, mais  (|u'olles  so  sont  dévoloppi'cs  grddu<'llpmi'nl  <(ims  l'influiMici' du 
milieu. 

Spencer  et  (iillon  dan-;  leur  «  Tribus  Septonlrionalfs  de  rAusIralio 
Centrale  <)  (11104)  ont  dress;  dos  Tables  de  tribus  dont  la  sociolo'..;ie  res- 
semble à  celle  des  Yungmunni,  qui  divisent  leur  tribu  en  huit  sections. 
Les  Tables  publiées  par  ces  deux  auteurs  ne  peuvent  donner  aucune  idée 
d'une  répartition  pratique  des  sections  en  cycles,  phratries  ou  en  quoi  que 
ce  soit  et  ne  sont  qu'un  mélange  confus  et  héléroclite.  C'est  une  erreur 
d'affirmer,  comme  ils  le  font.  (|ui'  la  filiation  des  sections  s'opère  par  les 
hommes  et  ils  se  trompent  tout  à  fait  en  déclarant  (|iie  la  communauté 
est  divisée  en  u  deux  groupes  exogamiques.  » 

Dans  son  livre  sur  les  -'  Tribus  indigènes  du  sudcst  de  l'Australie  « 
M.  .\.-W.  Ilowitt  prouve  qu'il  n'entend  rien  aux  principes  élémentaires 
de  la  Sociologie  Australienne  lorsqu'il  prétend  que  «  toutes  les  tribus 
australiennes  sont  divisées  en  doux  moitiés  et  qu'il  est  défendu  à  chacune 
de  ces  moitiés  de  se  marier  dans  son  propre  milieu.  »  II  se  trompe  aussi 
complètement  on  parlant  de  la  «  division  de  la  communauté  en  deux 
moitiés  exogamiques.  » 

Discussion. 

M.  I'ai'illai  i.i.  —  J'avoue  ne  pas  très  bien  cumpienilrc  l'i^xposition  de 
M.  M.tlhews,  peut-être  parce  qu'il  a  donné  une  form3  trop  concise  à  sa 
pensée.  (Juoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  des  phrases  qui  semblent  contra  Jicloires 
ou  tout  au  moins  difficilement  conciliables  :  «.  liien  que  les  phratries, 
dit-il,  se  reproduisent  mutuellement,  elles  ont  ce  caractère  particulier  de 
ne  pas  se  marier  entre  elles.  »  Mais  «  les  quatre  sections  de  la  colonne 
mari  du  cycle  A  peuvent  se  marier  avec  toutes  les  huit  sections  de  femmes 
de  la  colonne  épouse?  »  ('omment  dès  lors,  lo  choix  d'une  femme  ou  d  un 
mari  est-il  lixé  par  les  grands  parents  des  futurs  conjoints? 

L'auteur  ajoute  un  peu  plus  loin  que  l'exogamie  ou  mariage  l'I ranger 
n'existe  pas  dans  les  tribus  australiennes.  Est-ce  de  l'exogamie  d(^  pbi-a- 
Irie  dont  il  veut  parler  seulement,  ou  de  l'exogamie  de  clan  en  même 
temps  ? 

Tout''  celle  exposition  est  donc  très  obscure,  et  comme  les  renseigne- 
ments sont  de  seconde  main,  fournis  par  des  éleveurs  dent  l'érudition 
sociologique  doit  être  assez  faible,  il  me  sera  permis  de  trouver  les  con- 
clusions de  M.  Mathews  vraiment  trop  tranchantes,  llowill  n'onlond  ri'-n 
aux  principes  élémentaires  de  la  sociologie  australienne  ! 


174  5  Aviiii.  lOOr. 

(iillen  cl  Spencer  ont  des  tables  qui  ne  sont  «  qu'un  mélange  confus  et 
hél('ro(Mile  »!  J'aurais  préféré  une  discussion  point  par  point  avec  ces 
éuiinents  sociologues,  dont  j'avais  admiré  toujours  la  conscience  et  la 
pénétration. 

Au  fond,  je  pense  môme  que  M.  Malhews  n'est  pas  loin  de  partager 
mon  estime  envers  eux.  En  eiïet,  tout  ce  qu'il  nous  raconte  sur  la  suc- 
cession des  totems,  sur  la  fécondation  des  femmes  par  des  esprits,  sur 
l'ignorance  si  curieuse  où  les  Australiens  sont  encore  des  lois  les  plus  élé- 
mentaires de  la  fécondation,  est  longuement  développé  par  Spencer  et 
(iillen,  qui,  avec  Roth,  sont  les  premiers  qui  aient,  à  ma  connaissance, 
attiré  notre  attention  sur  cet  ensemble  de  faits. 

Mais  ici  encore,  M.  Mathews  ne  compare  pas  les  observations  de  ses 
correspondants  avec  celles  si  complètes  de  ses  prédécesseurs  :  il  oublie 
même  de  les  citer... 


8i>3«  SEA^CC.  —  n  .^viil  1906. 

PnKSIDENCE    DE    M.     IIaMY. 

Elections.  —  MM.  u'Echérac,  Van  (Iennep  et  Weisiikhueh  sont  nommés 
iiiL'iiil>res  de  la  Commission  de  Contrôle  des  finances. 

MM.  Oscar  Schmiut  et  Verxeau  sont  nommés  délégués  de  la  Sociélc  au  Con- 
grès de  Monaco. 

les  troglodytes  de  l'extrème-sud  tunisien 
Par  m.  Emile  Macquart. 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

Vous  avez  eu  la  grande  bienveillance,  il  y  a  trois  ans,  lors  de  mon 
départ  pour  l'Algérie,  de  me  confier  la  mission  de  recueillir  des  documents 
dans  les  pays  que  je  parcourrais.  Mon  état  de  santé  ne  m'a  malheureuse- 
ment permis,  à  mon  vif  regret,  de  n'efîectuer  qu'une  petite  partie  de  ce 
que  j'aurais  voulu  y  faire.  Je  n'en  ai  pas  moins  parcouru  quelque  chose 
comme  huit  mille  kilomètres  à  travers  nos  possessions  de  l'Afrique  du 
Nord,  de  la  mer  au  Sahara,  et  de  la  frontière  du  Maroc  à  la  frontière  tri- 
polilaine.  Je  n'ai  pas  la  prétention  d'avoir  rien  découvert;  mes  voyages 
n'eurent  en  aucune  façon  le  caractère  d'explorations.  Ils  m'ont  cependant 
fourni  l'occasion  de  voir  et  d'observer,  notamment  dans  l'Exlrcme-Sud 
tunisien,  des  choses,  sinon  inconnues,  du  moins  fort  peu  connues  et 
extrêmement  curieuses,  et  dont  je  vais  avoir  l'honneur  de  vous  entre- 
tenir. 


E.   MACylART.   LES  TROGLODYTES  UE  lVaTRÈNIR-SID  Tl-.NISIEN  175 

Je  (lois  d'abord  définir  rExtn'me-Sud  tunision. 

Cl'  que  nous  appelons  TExtrihiie-Sud  tunisien,  c'est  la  partie  la  plus- 
reculée  de  la  llégcnce,  nommée  par  les  indigènes  la  «  Grande  Province  >», 
qui  s'étend  de  la  ligne  des  Chotts  à  la  frontière  tripolilaino. 

Celte  région  comprend  deux  contrées  bien  distinctes  :  au  sud  d<>s 
Chotls,  \eNefzaoua:  au  sud  de  Gabôs,  le  pays  des  Ourfjhnmmn. 

Le  iXefzaoua,  qui  constitue  le  versant  sabarion  de  rKxlréme-Sud  tuni- 
sien, ne  présente  pour  nous  rien  de  particulièrement  caractérisliciue;  c'est, 
à  tous  les  points  de  vue,  le  môme  «  sud  »  que  celui  de  nos  provinces 
algériennes,  et  en  particulier  (jue  celui  de  la  province  de  Conslantine.  Je 
n'en  parlerai  plus. 

Le  pays  des  Oarfihnmnnt,  (pii  constitue,  lui,  le  versant  méditerra- 
néen de  l'Kxtrème  Sud  tunisien,  est  au  contraire  une  contrée  essentiel- 
lement montagneuse,  dont  les  parties  les  moins  tourmentées  ne  sont  pas 
sans  analogie  avec  les  plus  sauvages  des  paysages  kabyles,  à  cela  près 
qu'on  n'y  voit  pas  de  verdure  et  encore  moins  d'babitants.  Ce  pays,  — 
dans  leiiuel  j'englobe  les  villages  du  Mahnala  qui  géograpbiquement. 
d'ailleurs  en  font  parlie  bien  qu'adminislrativemenl  ils  relèvent  du  Cercle 
de  Kebilli  (Nffznowt)  —,  ne  compte  pas  plus  en  cITet  de  cinquante  cinq 
mil'e  babitants,  pour  une  immense  étendue  de  vingt-quatre  mille  kilo- 
mètres carrés. 

Sur  ces  cinquante  cinq  mille  babitants,  les  gens  de  la  Confédération  des 
Oiiifihamma  entrent  pour  une  (juarantaine  de  mille,  répartis  à  peu  près 
également  entre  cinq  tribus  complètement  indépendantes  :  les  Accarn, 
les  Kliezour,  les  Toiiazine,  les  Ouderna  et  les  DjebcUia,  qui  se  subdivisent 
elles-mêmes  en  un  assez  grand  nombre  de  fractions. 

Ces  Oiiffihamhia  sont  un  mélange  d'Arabes,  d'Arabes  berbérisés  et  de 
Bi-rbères,  ces  derniers  en  constituant  d'ailleurs  l'élément  prédominant. 

Les  Malmnti,  dont  le  nombre  ne  dépasse  pas  une  quinzaine  de  mill<', 
constituent  au  contraire  une  tribu  berbère  d'une  remarquable  bomogé- 
n«'ilé. 

Mais,  Onrffhammu  ou  MalnKtli,  tous  les  babitants  de  celle  partie  de 
1  Kxtréine-Sud  tunisien,  la  bande  littorale  cxce|)tée,  poss("'(lent  un  carac- 
l'-re  Cduimun  qui  en  fait  un  groupement  d'une  originalité  absolument 
uni(pie  au  monde.  Tous  en  effet  sont  des  troglodytes  :  troglodytes  sou- 
l'-rrains  à  Kalaa-Matmala,  troglodytes  «  grimpeurs  »  dans  la  région  de 
Foum  Talaboiiine,  et  troglodytes  <>  artificiels  »,  si  j'ose  ainsi  m'exprimer, 
il  Médenine  et  Melameur. 


Kalaa-Melmata  est  situé  à  um;  cincjuantaine  de  kilnmrlres  au  sud  de 
Gabès.  Ce  grand  village  (il  compte  plus  d'une  centaine  de  maisons)  pré- 
sente la  singularité  d'être  complètement  invisible 

Lorsqu'on  y  arrive  de  Gabès,  après  une  chevauchée  de  sept  à  huit 


176 


f)    VVltlI. 


1000 


heures  d'une  (écrasante  monotonif,  dp  aperçoit  soudain,  à  un  tournant 
brusque  de  la  piste,  une  luosqut'e  en  miniature  sur  le  sommet  d'un  ma- 
melon. (Quelques  minutes  ensuite  c'est,  à  un  second  crochet  de  la  route, 
l'apparition  encore  presque  sondainf'  des  coupoles  basses  d'une  petite 
zaouin.  Vn  peu  plus  luin  et  un  peu  jdus  haut,  sur  le  flanc  d'une  colline 
bordant  la  piste  à  droite,  le  bAliment  modeste  des  «  Affaires  Indigènes  » 
met  une  tache  d'un  l)Ianc  sale.  l'U  c'est  tout.  Aucune  autre  construction 
n'est  en  vue.  On  est  en  plein  centre  du  village  et  rien  ne  le  décèle,  'l'out 
le  village  est  renfermé  sous  cette  plaine  jaune  (pii  déroule  à  perte  de  vue 
jusqu'aux  montagnes  environnantes  son  inextricable  réseau  de  dos  d'ànes 
et  de  ravins. 


Inlérieur  de  la  cour  delà  maison  du  Clieikli  Kalaa-Matmala. 


Cependant,  si  l'on  s'écarte  légèrement  de  la  route,  on^distingue  bientôt 
un  grand  trou  à  peu  près  circulaire  de  quatre  à  cinq  mètres  de  diamètre, 
puis  un  second,  un  troisième...  On  dirait  d'énormes  puits.  Ce  sont  des 
«trous  de  cours  »  de  maisons  souterraines  des  troglodytes  de  Matmata. 

Je  dis  bien  :  maisons  :  les  Matmati  en  effet  n'habitent  pas  des  cavernes, 
mais  de  véritables  maisons,  spacieuses  et  relativement  confortables,  et 


u 


Ft(j.  1.  —  Mèdenine.  Les  vieilles  t  Khorlas  ». 

fig.  i\  —  Intérieur  de  la  cour  de  la  maison  souterraine  de  Si  Abd-AUab, 

chaouch  de  Kalaa  Matmata. 


E.   MAiJjlAUr.   —   LE>  TROGLODYTES   DE   l'eXTHKME  >V0  Tt'NISIEN  ITT 

((110  rien  d'essentiel  m-  dill'Menrie  de  la  maison  aralx-  classique;  Cùnniii' 
•die-ci,  la  maison  du  Matmali  est  composée  d'un,  de  deux,  même  de 
dois  éta£;es  de  chambres  entourant  une  cour  à  ciel  ouvert;  mais,  tandis 
f|ue  la  maison  arabe  ordinaire  est  construite  sur  le  sol,  la  maison  malmati 
>t  creusée  doux  le  sol,  ce  qui  fait,  soit  dit  «mi  iia>?,iiit,  i|iie  son  rez-de- 
chaussée,  en  somme,  c'est  son  toit. 

.l'ai  déjà  dit  que  toute  la  plaine  (|ui  conli^nl  le,  villagt;  de  Kalaa-Mal- 
mala,  se  présente  sous  la  forme  d'un  inextricable  ri'>eau  do  dos  d'Anes  et 
de  ravins;  il  faut  ajouter  (|ue  ces  ravins  sont  étroits,  profonds  et  très  rap- 
proché?;, et  que  tniit  h'  li'rrain  (pji  constitue  celte  plaine  est  une  espèce  de 
terre  gypseuse,  compact^  et  imperméable,  (l'est  la  réunion  de  ces  deux 
conditions  :  la  forme  et  la  nature  spéciales  du  terrain  qui  a  permis  la 
construction,  autrement  impossible,  de  ces  maisons  originales. 
Voici  comment  procède...  jp  n'ose  pas  dire  le  maron  matmali. 
Lorsqu'il  a  fait  choix  d'un  mamelon  pour  y  établir  sa  demeure,  il  le 
décapite  de  manière  à  In  transformer  en  une  espèce  de  cône  tronqué  pré- 
sentant une  section  de  (juatre  à  cinq  mètres  de  diamètre  et  plus.  Il  évide 
ensuite  le  petit  plateau  ainsi  formé  jusqu'à  ce  qu'il  ait  creusé  une  sorte 
de  puits  aux  parois  verticales  d'une  profondeur  variable,  qui  atteint  et 
dépasse  môme  parfois  dix  mètres,  et  qui  est  toujours  calculée  de  façon  à 
ce  que  le  puits  puisse  être  réuni  à  l'un  des  ravins  bordant  le  mamelon 
par  un  couloir  en  pente  légère,  —  cela  pour  permettre  l'écoulement  des 
eaux  de  pluie.  C'est  ce  couloir  unique,  parfois  très  court  et  même 
inexistant  (dans  ce  cas  c'est  une  ouverture  de  chambre  qui  débouche  di- 
rectement à  liane  de  coteau),  parfois  au  contraire  d'une  longueur  déme- 
surée quand  le  profil  du  sol  l'exige,  qui  assurera  les  communications  de 
l'intérieur  avec  la  campagne.  Puis  on  creuse  les  chambres.  La  terre  pro- 
venant de  ces  travaux  est  amoncelée  à  l'extérieur  tout  autour  de  l'orifice 
du  puits  qui  devient  ainsi  à  peu  près  invisible  tant  que  l'on  n'a  pas^  c'est 
le  cas  de  le  dire,  «  le  nez  dessus  »,  ainsi  que  devant  l'ouverture  du  couloir 
où  elle  simule  des  accidents  de  terrain  destinés  à  en  masquer  Vdnivôe. 

Les  chambres,  généralement  très  vastes^,  sont  uniformément  taillées  en 
ogive,  ce  qui  est  une  condition  de  solidité.  Elles  donnent  toutes  sur  la 
cour  intérieure  par  une  ouverture  unique,  la  plupart  du  temps  très  exiguë, 
et  qui  alïecte  les  formes  les  plus  dissemblables  :  carrée,  rectangulaire, 
ovale,  triangulaire,  «  gothique  »,  etc.  ;  parfois  cette  ouverture  est  boisée, 
môme  maçonnée.  Les  plus  bel'cs  chambres  sont  naturellement  habitées 
par  l'Indigène  ;  les  moins  confortables,  celles  du  bas  généralement, 
servent  de  greniers  et  même  d'écuries;  l'une  d'elles  sert  de  cuisine. 

Bien  entendu,  nulle  part  il  n'existe  d'escaliers;  des  saillies  ménagées 
dans  les  parois  de  la  cour  permettent  d'accéder,  non  sans  difficulté,  aux 
étages  supérieurs.  Inutilo  de  dire  aussi  qu'aucun  local  n'a  été  prévu  pour' 
l'usage  que  vous  savez... 

J'ajouterai  encore  que  le  sol  de  la  cour  est  non  pas  plat  mais  convexe, 
sur  un  plan  légèrement  incliné  du  côté  du  couloir  (cela  pour  faciliter 
l'évacuation  des  eaux);  au  centre  de  la  cour  sont  dressés  d'immenses 


\'^  5  A VII II.   lÙOO 

paniers  en   forme  d'amiiliures,  lissés  avec  du  ^w^-tZ/wM  variété  dV/rtZ/a)  qui 
conliennonl  i^énéralcinent  de  l'orge. 

Un  peut  se  demander  quels  sont  les  motifs  qui  ont  bien  pu  déterminer 
les  montagnards  malmati  à  se  terrer  ainsi  dans  ces  maisons  singulières. 
La  raison  en  est  très  simple  :  ces  habitations  sont  saines  et  agréables. 
Contrairement  à  ce  que  l'on  pourrait  croire,  elles  ne  sont  pas  du  tout 
liuniides.  (iiAce  .-i  leur  situation  souterraine,  elles  présentent  l'avantage, 
inappréciable  dans  ces  pays  à  temjiéralures  extrêmes  et  à  écarts  brusques 
et  violents,  d'être,  relativement,  chaudes  en  liiver  et  fraîches  en  été,  et 
uniformément  douces  de  jour  comme  de  nuit. 


Les  «  troglodytes  artificiels  »,  —  ou  du  moins  les  Indigènes  auxquels 
je  me  suis  permis  de  donner  ce  nom  — ,  sont  principalement  groupés  k 
(Jacer  '  Médenine,  grand  village  de  deux  mille  habitations,  situé  à  GO  kilo- 
mètres à  l'Est  de  Kalaa-Matmata  et  ù  80  kilomètres  au  Sud-Est  de  Gabès, 
ainsi  qu'à  Qacer  Mctameur,  petite  agglomération  éloignée  de  Médenine 
de  5  à.  G  kilomètres  au  plus,  au  pied  du  djebel  Tadjera. 

Ce  qui  fait  l'originalité  tout  à  fait  extraordinaire  de  ces  deux  villages 
et  en  particulier  de  Médenine,  c'est  le  type  d'architecture  unique,  stupé- 
tîant,  incompréhensible,  de  leurs  habitations,  les  «  Rhorfas  ». 

Il  est  extrêmement  difficile  de  donner  de  ces  «  Rhorfas  »  une  description 
qui  permette  de  se  les  représenter;  mais  il  serait  peut-être  encore  plus 
malaisé  d'en  fournir  une  explication  rigoureusement  satisfaisante.  La 
supposition  qui  m'a  paru  la  moins  invraisemblable  est  que  leurs  construc- 
teurs, ancien  troglodytes  (et  d'une  espèce  rudimentaire,  comme  ceux  que 
nous  allons  retrouver  tout  à  l'heure  dans  la  région  de  Foum-Tatahouine), 
lorsqu'ils  ont  transporté  leurs  demeures  à  la  surface  du  sol,  leur  ont  con- 
servé, par  la  force  de  l'habitude,  leur  forme  souterraine.  Je  ne  donne  cette 
hypothèse  que  pour  ce  qu'elle  vaut.  Je  dois  signaler  cependant  qu'elle 
emprunte  une  singulière  force  au  fait  suivant  :  dans  toute  la  région  des 
«  troglodytes  grimpeurs  »,  des  «  Rhorfas  »  en  plus  ou  moins  grand 
nombre,  mais  toutes  relativement  récentes,  avoisinent  les  cavernes  habi- 
tées par  les  Indigènes  ou  même  les  desservent  directement;  dans  ce  der- 
nier cas  en  particulier,  on  est  frappé  de  voir  la  forme  et  la  disposition  des 
deux  pièces  aussi  remarquablement  analogues. 

Quoiqu'il  en  soit,  je  vais  m'efforcer  de  donner  une  idée  de  ce  qu'on 
appelle  une  «  Rkorfa  »,  et  de  l'aspect  général  de  Qacer  Médenine. 

Une  «  Rhorfa  »  est  essentiellement  une  longue  construction  voiVtée,  en 
•pierres  sèches,  et  dont  voici  les  dimensions  habituelles  :  largeur,  2  à 

*  Qacer  ou  t)àsr,  pluriel  Qçouv,  signifie  village. 

En  Algérie,  où  l'on  parle  un  arabe  corrompu,  les  Indigènes  prononcent  et  les  Euro- 
péens écrivent  Ksar;  dans  le  Sud-Oranais,  on  prononce  même  Gçar. 


E.   MACMl  AIIT.   —  l,KS  TUDiK-ODYIF.S   PU   i/kXTUKM l'-Sll)  TINISIKN  17!) 

3  inèlrcs;  longueur,  H  à  l'i  m'Hies;  liaulcur,  û  m  Mies  nu  f)liis.  Cellf  cons- 
liuclion  est  percée  h  l'une  de  ses  cxtréinilés  d'une  ouverture  dont  les 
lignes  suivent  assez  exactement  celles  de  la  fa(;ade,  et  qui  est  close  par 
une  porte  en  planches  mal  jointes.  Celte  ouverture  est  toujours  très  basse; 
il  en  existe  même  qui  ont  tout  juste  iO  cenliim^tres  de  large  sur  .'JOde  haut  ; 
elle  est  généralement  ilan(|uée  de  deux  trous  un  peu  plus  gros  que  le  poing 
et  qui  sont  des  fenêtres. 

Ces  logis  l»i/.arres  ne  sont  pas  isolés;  au  contraire,  ils  sont,  et  en  grand 
nombre,  collés  les  uns  contre  les  autres  et  entassés  les  uns  sur  les  autres, 
de  Forte  que  les  «  lihvfn'i  »  se  pn-scnlenl  sous  la  forme  inattendue  et 
déconcertante  d'un  extraordinaire  amoncellement  de  deux,  trois,  et  même 
cpiatre  étages  de  séries  de  cavernes  voûtées,  semblable  à  quelque  immense 
b;\timent  sans  portes,  mais  percé  d'une  multitude  de  fenêtres  rapprochées, 
et  dont  d'étroits  escaliers  sillonneraient  obliquement  la  façade. 

Je  dois  ajouter  ici  (}ue  les  «.  Rhorfas  n  ne  sont  pas  des  chambres,  mais 
i|u'elles  constituent,  au  contraire,  chacune  une  demeure  particulière, 
totalement  indépendante  de  celle  îi  laquelle  elle  est  superposée,  qu'elle 
avoisine  ou  qu'elle  soutient. 

Disposons  maintenant  ces  «  Bhorfas  »  en  cercle,  et  imaginez  une  quan- 
tité de  ces  cercles  communiquant  entre  eux  par  de  courts  boyaux,  et  vous 
aurez  une  idée  de  l'aspect  général  de  la  ville.  Médenine  est  en  effet 
presque  exclusivement  composée  d'une  quantité  de  places  n'ayant  en 
général  qu'une  voie  d'accès.  Toutes  les  façades  des  «  Rkorfas  »  donnent 
uniformément  sur  ces  places;  le  coté  de  la  campagne  est  solidement  muré. 
Chaque  place  constitue  ainsi  comme  une  espèce  d'immense  cour  intérieure 
commune  parfois  à  plusieurs  centaines  d'habitations. 

Les  «  Rhorfns  »  sont  à  peine  habitées;  tout  le  qacer  est  d'ailleurs  désert 
d'une  faeon  à  j)cu  près  permanente  ;  les  Khezour  (tribu  de  la  Confédération 
des  Ourgliamma)  qui  habitent  le  territoire  du  Cercle  de  Médenine,  comp- 
tent, en  effet,  une  très  petite  minorité  de  sédentaires;  leurs  «  Rliorfas  » 
leur  servent  surtout  de  greniers  et  de  garde-meubles  :  et  cela  ajoute 
encore  à  l'étrangeté  de  cette  cité  singulière,  qui,  selon  l'heure  à  laquelle 
on  y  arrive,  apparaît  au  voyageur  comme  uns  immense  ville  endormie, 
ou  comme  une  interminable  et  lugubre  nécropole. 

Metameur,  ipii  est  habité  par  une  fraction  de  la  Iribu  des  h'Iieznur,  les 
ilariiizn,  est  un  petit  .Médenine.  moins  pittorescjue,  mais  plus  vivant. 


La  région  des  «  troglodytes  grimpeurs  »  commence  au  très  curieux 
petit  village  de  (Ihouinrassen,  qui  est  situé  à  une  quarantaine  de  kilo- 
mètres environ  de  .Médenine,  dans  la  direction  S.-S.-O.  Elle  s'étend 
jusqu'au  sud  de  Foum-'l'atahouine.  Celte  région,  qui  est  horriblement 
accidentée,  renferme  un  très  granJ  nombre  de  villages,  dont  la  plupart 
sont  d'ailleurs  en  ruines;  ces  villages,  qui  sont  calqués  sur  un  modèle 
unique,  de  sorte  qu'en  décrire  un,  c'est  les  décrire  tous,  présentent  le 


180  5  AVHir.  1900 

caractère  tout  h  fait  original  d'être  toujours  situés  précisément  là  où  vous 
n'imagineriez  jamais  qu'ils  puissent  être  :  au  sommet  des  pilons  les  plus 
élevés  et  les  plus  inaccessibles;  et  cela  à  un  point  tel  que,  chaque  fois  que 
dans  renchevètrement  de  collines  abruptes  qui  bossellent  constamment 
l'horizon  vous  distinguez  une  créle  pirticulièrement  aigu(\  vous  pouvez 
affirmer  hardiment  qu'un  (Jacer,  habité  ou  non,  y  est  juché. 

Pour  comprendre  pourquoi  les  malheureux  Djebalin  qui  peuplent  celte 
contrée  ont  pu  avoir  l'idée  de  s'installer  ainsi  dans  de  véritables  nids 
d'aigles,  alors  qu'il  était  si  simple  et  si  commode  d'habiter  les  vallées  ou 
môme  les  lianes  de  leurs  montagnes,  à  proximité  de  leurs  jardins  et  dps 
rares  points  d'eau,  il  faut  se  rappeler  qu'il  y  a  quinze  ans,  vingt  ans  tout 
au  plus,  ce  pays  sur  lequel  nous  n'avons  étendu  que  progressivement 
notre  dominalion  pacilique,  élail  encore  continuellement  bouleversé  et 
ensanglanté  pai-  d'alroccs  luttes  de  «  rof  »  '  et  par  les  incursions  et  les 
razzias  des  hordes  nomades  du  Sahara  (l'pst  la  nécessité  de  se  mettre  k 
l'abri  des  exactions  et  des  pillages  qui  poussa  ces  sédenlaires  à  jucher 
sur  les  pilons  les  j)lus  élevés  et  les  plus  inaccessibles  de  leurs  montagnes, 
leurs  q<;our,  qui  consliluent  ainsi  de  véritables  acropoles.  A  leur  sommet 
se  tenaient  conslamnienl  des  veilleurs,  prêts  à  faire  retentir  le  tambour 
de  guerre  si  quelque  bande  suspecte  apparaissait  à  l'horizon;  et  l'on 
conçoit  que  ces  pics  isolés  dont  l'escalade  pénible  n'est  possible  qu'à  la 
queue-leu-leu,  constituaient  comme  autant  de  forteresses  naturelles  que 
viiigt  hommes  pouva"ent  défendre  viclorieusement  contre  l'assaut  de 
centaines  d'agresseurs. 

(l'est  ainsi  que  des  villages  entiers  existent  ou  existaient  jadis,  incrus- 
tés dans  le  roc,  sur  la  cime  de  presque  toutes  les  collines  en  falaise,  de 
Ghoumrassen  jusqu'au-delà  de  Foum-Tatahouine.  Leurs  maisons  consistent 
généralement  en  deux  pièces  :  l'une,  la  pièce  intérieure  où  se  tient  la 
famille,  est  une  caverne  creusée  dans  le  tuf  séparant  deux  bancs  calcaires; 
l'autre,  la  pièce  extérieure  où  sont  logées  les  provisions,  est  une  construc- 
tion en  pierres  sèches  mal  jointes,  voûtée  comme  les  «  Rhorfas  »  de 
Médenine  ou  de  Metameur. 

Il  est  superflu  de  dire  que  rien  ne  subsiste  plus  aujourd'hui  des  raisons 
qui  ont  motivé  la  création  de  ces  véritables  nids  d'aigles.  Dans  tout 
l'Extrème-Sud  Tunisien,  la  sécurité  des  personnes  et  des  biens  est  absolu- 
ment complète,  aussi  complète  que  dans  nos  campagnes.  Cependant, 
c'est  à  peine  si  l'on  commence  ii  noter  une  tendance  de  la  part  de  ces 
montagnards  à  déserter  leurs  anciennes  demeures;  ils  bâtissent  bien  des 
«  Rhorfas  »  aux  lieu  et  place  de  leurs  cavernes,  mais  ils  ne  se  décident 
pas  à  descendre  vers  la  plaine;  les  exceptions  sont  individuelles  et  rares. 
J'ai  cru  comprendre  qu'ils  gardaient  comme  une  «  arrière-crainte  »  d'un 
retour  oITensif  des  nomades. 

En  dehors  de  Ghoumrassen,  les  qçour  les  plus  intéressants  de  la  région 


*  'foules  les  tribus  indigènes  sont  divisée?  en  deux  partis  rivaux  appelés  »  çof  », 
pluriel  «  cfouf  » , 


K.   MArOUART.   —  J.K-  TU(ir.r,nliY  lh>  I»K  1 'l- XTltlMi:-!!»  TIVHIK  \  \X\ 

des  '<  truglodyles  grimpeurs  »  sont  :  Clueruiessu,  qui  se  présente  sous  la 
forme  d'une  énorme  tour  crénelée  évasée  à  sa  base;  Chenini,  dont  le 
rocher  pyramidal,  du  moins  vu  du  côté  par  lequel  y  l'ai  abordé,  est 
llanqué  d'une  mosquée  dont  le  minaret  s'incline  comme  la  fameuse  t(jur 
de  Fise;  Douirel,  is^vund  village  zénète  qui  compte  un  bon  millier  d'babi- 
lations  souterraines  dont  certaines  sontétagées  par  séries  du  plus  étrange 
aspect  de  la  base  au  sommet  du  piton  qui  les  renferme;  enfin,  lîeni-IJaika 
qui  dresse  au-dessus  des  collines  environnantes  sa  silhouette  rébarbative 
d'ancien  chdteau-fort  écroulé. 

Tous  ces  Orour  entourent  notre  grand  poste  militaire  le  plus  avancé  de 
l'Kxtréme-Sud  Tunisien,  b'ouinTalahouine.  Les  trois  premiers  n'en  sont 
pas  éloignés  di,"  plus  de  vingt  à  vingt-cinq  kilomètres,  Guermessa  au 
nord-ouest;  Chenini  à  l'ouest;  Uouiret  au  sud-ouest.  Bciii-Barka  n'en  est 
guère  situé  qu'à  cinq  kilomètres,  au  sud. 

tjuant  à  Koum  Talahouinc  môme,  ce  rudiment  de  village  ne  figure 
nième  pas  sur  la  carte  de  reconnaissance  au  200  000c  jn  service  géogra- 
phique de  l'armée,  où  il  occupe  à  peu  de  chose  près  le  point  marqué 
(t  Kr.  Mgeubla  »,  a  cin(juanle  kilomètres  à  vol  d'tjiseau  exactement  au 
sud  de  Qacer  Médenine,  au  jiied  du  djebel  Abiud. 


J'ai  dit  (jue  tous  les  habitanls  de  celte  partie  de  l'Extréme-Sud  tunisien, 
littoral  excepté,  qui  comprend  le  pays  des  Ourfjhamma  et  le  pays  des 
Matmad,  possédaient  un  caractère  commun  :  celui  d'être  des  troglodytes; 
ils  possèdent  un  autre  caractère,  encore  jilus  commun,  si  j'ose  dire  :  celui 
d'être  des  malheureux.  Ces  gens  sont  en  eiïct  horriblement  misérables, 
et  on  peut  à  peine  s'imaginer  qu'ils  aietit  pu  l'être  davantage.  Cela  est 
pourtant  vrai;  il  y  a  quelques  années,  avant  notre  occupation,  ils  atten- 
daient encore  avec  espoir  les  vols  de  sauterelles,  parce  (|ue,  les  sauterelles 
c'était,  pour  quelques  semaines,  la  nourriture  assurée! 

C'est  que  ce  pays  est  essentiellement  le  «  pays  du  caillou  »  ;  on  n'y  voit 
que  du  caillou,  et  rien  que  du  caillou;  sauf  quehiues  maigres  loulVes  de 
graminées  sahariennes,  rien  n'y  pousse,  tellement  sa  climatologie  est  dure 
et  son  eau  rare  et  mauvaise.  Un  détail  :  les  officiers  du  poste  deMédenine 
doivent  aller  faire  chercher  à  dix-liuil  kilomètres  de  là,  à  Bir  El-Ahmeur, 
l'eau  qu'ils  boivent. 

Et  cependant,  à  force  de  persévérance  et  d'ingéniosité,  les  Indigènes 
sont  arrivés  à  faire  pousser  quelque  chose  sur  celte  terre  inhospitalière, 
l'our  utiliser  le  plus  d'eau  possible  des  pluies  rares  et  torrentielles,  ils 
ont  imaginé  d'établir,  à  toutes  les  tètes  d'oued  où  ils  ont  pu  le  faire,  des 
barrages  de  hauteurs  décroissantes,  dont  les  espaces  intercalaires,  comblés 
soigneusement  avec  de  la  terre  végétale,  constituent  comme  autant 
d'immenses  gradins.  El,  sur  ces  gradins,  ils  ont  planté  un  palmier,  plus 
souvent  un  figuier  ou  un  olivier,  quand  ils  n'y  cultivent  pas  quelque 
céréale,  principalement  de  l'orge.  11  est  presque  inutile  d'ajouter,  que, 


lfi-2  n  Avnir.  1000 

cuDlrc  un  travail  forcené,  ces  malheureux  n'obtiennent  jamais,  pour 
meilleure  récolte,  qu'un  rendement  qui  serait  considéré  chez  nous  comme 
un  désastre. 

Oiiand  le  (lommantlant  Foucher  fut  nommé  il  y  a  quelques  années, 
conuuandant  supérieur  du  Cercle  de  Médenine,  avant  de  créer  la  pépi- 
nière vraiment  merveilleuse,  et  (jui  lui  fait  le  plus  grand  honneur,  qui 
entoure  les  glacis  du  camp,  il  songea,  pour  améliorer  la  situation  des 
Indigènes,  h  leur  inculquer  (pieUjucs  notions  d'agriculture  européenne. 
El,  pour  frapper  un  grand  coup,  il  décida  d'employer  la  méthode  expé- 
rimentale; il  clioisit  un  champ,  le  laboura  profondément,  le  fuma  soigneu- 
sement (pn  sait  que  ce  que  tout  le  monde  en  général  et  nos  agronomes 
officiels  et  superficiels  en  particulier  reprochent  à  l'Indigène,  c'est  ses 
«  semblants  de  labour  »  et  sa  «  non-restitution  »),  et  y  sema  de  l'orge. 

Cette  orge  vint  admirablement.  Elle  jioussa  si  drue  et  si  serrée  que,  de 
dix  lieues  à  la  ronde,  on  accourut  voir  le  champ  d'orge  du  commandant 
Foucher. 

Mais  il  arriva...  ce  qui  arrive  toutes  les  années;  la  pluie  manqua  de  tom- 
ber en  temps  opportun  (quand  je  passai  à  Médenine,  en  avril  1905,  il  y 
avait  cinq  mois  qu'il  n'y  avait  pas  plu;  or  il  n'y  pleut  jamais  que  l'hiver... 
quand  il  y  pleut);  tous  les  épis  du  champ  du  commandant  Foucher  dessé- 
chèrent sur  place,  et  il  n'en  relira  pas  un  grain.  Cependant  les  Indigènes, 
qui  n'avaient  fait,  eux,  que  gratter  la  terre  et  ne  s'étaient  pas  soucié  de  la 
fumer,  obtenaient,  sans  doute  leur  mauvaise  récolte  habituelle,  mais  une 
récolte  tout  de  même. 

Le  commandant  Foucher  recommença  cette  expérience  à  plusieurs 
reprises,  toujours  avec  le  même  succès. 

Je  tiens  le  fait  du  commandant  roucher  lui-même,  qui  me  le  conta 
avec  une  certaine  mélancolie,  un  soir  que  nous  causions  de  l'avenir  de 
l'Extrême-Sud  tunisien. 

C'est  surtout  de  leurs  troupeaux  que  les  indigènes  retirent  le  plus  clair 
de  leurs  ressources  ;  ces  troupeaux,  encore  peu  importants  i^ils  se  seraient 
accrus  dans  d'énormes  proportions  au  cours  de  ces  dernières  années), 
comprennent  sensiblement  plus  de  chèvres  que  de  moutons,  Sans  leur 
lait,  leur  viande  et  leur  toison,  l'Indigène  ne  pourrait  pas  vivre. 

Bien  entendu,  nulle  part  rien  n'existe  qui  mérite  le  nom  d'industrie. 
Comme  partout  dans  le  Sud,  les  femmes  filent  et  tissent.  A  Matmata,  elles 
fabriquent  en  outre,  avec  le  yuedim  (variété  d' fiai  fa),  des  nattes  à  dessins 
variés,  et  de  grands  paniers  en  forme  d'amphores,  qui  sont,  en  partie, 
envoyés  à  Gabès.  A  Douiret,  elles  brodent  de  jolis  voiles,  les  tadjira,  qui 
sont  vendus  sur  le  marché  de  Foum-ïatahouine. 

Quant  au  commerce,  il  est  entièrement  entre  les  mains  d'Israélites  et 
de  Djerbiens.  Je  dois  signaler  à  ce  sujet  que  le  Juif  indigène,  en  tout  cas 
dans  le  sud,  ne  m'a  pas  paru  en  aucune  façon  être  le  commerçant  exploi- 
teur et  sans  scrupules  dont  il  a  la  réputation.  Je  n'ai  pas  remarqué  non 
plus  qu'il  fut  pour  les  Musulmans  l'objet  de  mépris  qu'on  s'accorde  à 
reconnaître  en  lui. 


E.   MAC.il-ART.  —  LES  TROOLODYTES  DE  I.'fA  ^a^^IE  >ID  TfNISIEN  183 


ïaiulis.iue  les  Matinati  coiisliliu-nl  un  groupement  berbère  d'une  rc- 
inar.]uable  hoiuo^'énéil.',  les  (lurgbamma  au  conlrairc,  sont  formés  d'un 
mélange  d'Arabes,  d'Arabes  berbériscs  et  de  Berbères,  ceux-ci  en  consli- 
luant  d'ailleurs  l'élément  prédominant.  On  estime  que  sur  quarante  mille 
Ourgbamma  environ,  il  peut  exister  iî.rJOO  Arabes  purs,  4.(XK)  Arabes  ber- 
bérisés,  et  34.000  Berbères  purs. 

On  rencontre  naturellement  dans  l'une  et  l'autre  iVaction  les  types  les 
plus  dissemblables;  cependant  si  je  pouvais  me  basarder  à  donner  un 
élément  de  comparaison,  je  dirais  (jue  rOurgbamma  ra|»pclle  plutôt  le 
Kabyle,  tandis  que  le  Matmali  rappellerait  plutôt,  lui,  Ibabilantdu  Mzali. 
Kt  encore  cela  est-il  très  exagéré;  car  le  Matmali  n'a  ni  la  p;\leur  niali". 
ni  la  barbe  nuire  courte  et  frisée  du  Muzabite,  ni  son  obésité.  Mais  il  en  a 
l'allure  lourde,  l'aspect  trapu,  la  taille  moyenne,  et,  comme  lui,  il  a  les 
muscles  des  jambes  généralement  très  développés. 

L'Ourgbamma  est  habituellement  plus  grand,  plus  élancé,  très  muscl«'' 
également,  mais  d'une  façon  moins  épaisse;  le  type  blond  y  est  au  moins 
aussi  fréquent  sinon  plus  que  chez  le  Matmati,  où  il  l'est  autant  que  chez 
le  Kabyle.  Je  signalerai  ici  que  toutes  les  femmes  que  j'ai  pu  apercevoir, 
—  je  dois  convenir  que  j'en  ai  vues  fort  peu  —,  étaient  de  couleur  beau- 
coup plus  foncée  que  la  plupart  des  Indigènes  mâles. 

il  est  bien  entendu  (jue  tout  cela  n'a  que  la  valeur  d'une  indication. 
Mais  voici  un  point  sur  lequel  j'attirerai  votre  attention  : 
On  est  tout  étQnné,  lorsqu'on  arrive  dans  ce  pays  de  Berbères,  d'y 
constater  l'existence  de  toute  la  hiérarchie  arabe  ;  chaque  douar  a  à  sa 
tète  un  cheihk  ;  chaque  tribu  un  KItalif'i;  chaque  fraction  importante  un 
Caid.  J'en  ai  eu  l'explication  :  cette  hiérarchie,  c'est  nous  qui    l'avons 
créée  de  toutes  pièces;  elle  n'existe  là  que  depuis  quinze  ans.  Auparavant, 
dans  ce  pays,  comme  encore  en   Kabylie,  c'est  par  des  Assemblées  de 
notables  {djamaa,  viiad)  qu'était  exercé  le  pouvoir. 

Comme  dans  tous  les  pays  berbères,  la  femme  occupe,  dans  l'Extréme- 
Sud  tunisien,  une  situation  sociale  et  morale  infiniment  supérieure  à  celle 
de  la  femme  arabe. 

Des  voyageurs,  parce  qu'ils  ont  rencontré,  par  exemple  en  Kabylie, 
un  homme  commodément  assis  sur  un  bourricot  qui  trottine,  tandis 
que,  derrière,  la  femme,  horriblement  chargée,  suit  péniblement  son 
«  seigneur  et  maître  »,  en  ont  conclu  que  la  femme  berbère  était  traitée 
par  son  mari  comme  une  véritable  bète  de  somme.  Je  puis  affirmer  qu'en 
tout  cas  pour  ce  qui  concerne  l'tlxtrème-Sud  tunisien  où  C3  spectacle  est 
de  tous  les  jours,  cette  interprétation  est  complètement  erronée.  La 
vérité,  c'est  que  la  femme  indigène  met  tout  son  honneur  à  être  capable, 
prciiiièrement  d'eiïectuer  les  plus  longs  trajets  chargée  des  plus  lourds 
fardeaux;  deuxièmement,  de  faire  le  plus  grand  nombre  d'enfants.  Far 
dessus  tout,  la  femme  de  l'Extrème-Sud  tunisien  est  fièrede  deux  choses  : 


48 1  fi  Avini    I'JOi; 

lie  su  lurot.'t'l  df  su  fi-comlili''.  Cela  lésulle  et  de  faits  ([lie  j'ai  pu  (jltseiver 
inui-nit}me,  et  de  toutes  les  inlorinatiuiis  que  j'ai  pu  recueillir. 

Quant  à  son  influence,  elle  est  tellement  considérable  qu'elle  est  la 
plupart  du  temps  nettement  prédominante,  non  seulement  dans  les 
afTaiies  de  son  ménage,  mais  dans  celles  de  sa  tribu.  Je  pourrais  citer 
plusieurs  cas,  —  et  si  je  ne  précise  pas,  c'est  parce  que  je  n'en  ai  pas  le 
droit  — ,  où  des  ofllciers,  ayant  conclu  des  accords  avec  certains  chefs 
indigènes,  virent  ceux-ci  revenir  sur  les  engagements  pris  sous  prétexte 
(jue  leur  tribu  n'avait  pas  voulu  les  ratifier.  Et,  pressés  de  dire  pourquoi 
la  tribu  se  refusait  maintenant  à  souscrire  à  des  engagements  que  pres- 
que chaque  indigène  avait  approuvé  individuellement,  d'où  leur  venaient 
ces  scrupules  intempestifs,  ces  objections  baroques,  ces  doutes  inattendus, 
dont  jamais  au  cours  des  pourparlers  il  n'avait  été  question,  chaque  fois, 
—  il  s'agit  d'officiers,  d'indigènes,  d'années  et  de  lieux  dilTérents  — ,  ils 
finirent  par  convenir,  ce  qui  fut  d'ailleurs  vérifié  par  la  suite,  qu'ils 
avaient  dû  céder  devant  l'opposition  des  femmes. 

Celte  opposition  des  femmes  se  manifeste  constamment  de  la  façon  la 
plus  réactionnaire,  à  propos  de  tout  et  à  propos  de  rien,  de  parti-pris.  Un 
officier  supérieur  de  la  plus  haute  valeur^  que  je  ne  puis  malheureuse- 
ment pas  nommer,  résumait  ainsi  l'opinion  qu'il  venait  de  me  formuler 
h  ce  sujet  :  «  En  somme,  ce  qui  nous  sépare  radicalement  de  l'indigène,  ce 
n'est  pas  tant  ses  mœurs,  son  ignorance,  sa  langue  ou  sa  religion  ;  c'est 
sa  femme!  »  —  Et  il  ajoutait  sur  un  t(jn  comique  en  levant  les  bras  au 
ciel  «...  et  sa  mère  donc  !  » 

Cela  est-il  une  conséquence  de  ceci  '?  En  tout  cas,  dans  l'Extréme-Sud 
tunisien,  la  monogamie  est  la  règle.  Toutefois,  étant  donnée  l'effroyable 
misère  des  habitants,  il  serait  peut-être  hasardé  d'en  induire  qu'ils  sont 
monogames  par  goût.  En  fait,  ils  ne  le  sont  que  par  nécessité.  Tous  ceux 
qui  «  en  ont  le  moyen  »  —  il  est  vrai  qu'on  les  compte  —  ont  plusieurs 
femmes. 

Comme  partout  en  pays  musulman,  les  indigènes  se  marient  très 
jeunes;  cependant,  et  contrairement  à  une  légende  trop  accréditée,  le 
mari  attend  toujours,  pour  posséder  sa  femme,  qu'elle  soit  pubère.  Ils  ont 
un  très  grand  nombre  d'enfants  ;  mais  la  mort  fait  dans  leurs  rangs  de 
terribles  ravages.  Cela  lient  certainement  en  majeure  partie  à  la  misère, 
au  manque  de  soins  et  de  propreté,  mais  cela  tient  aussi  à  certains  pré- 
jugés bizarres.  Ainsi,  par  exemple,  il  est  admis  partout  sans  discussion 
qu'au-dessous  d'un  certain  âge,  un  enfant  ne  souffre  pas  du  froid.  Voici, 
ù  ce  sujet,  ce  qui  m'est  arrivé,  une  après  midi,  àQacer  Douiret. 

Comme  nous  devisions,  accroupis  sur  des  rochers,  en  face  de  la  vallée 
qui  s'ouvre  devant  le  village,  un  vent  vif  se  leva.  Et,  comme  je  relevais 
le  col  de  mon  manteau,  je  vis  mes  compagnons  s'enrouler  frileusement 
dans  les  plis  de  leur  burnous,  ou  pour  plus  exactement  parler,  dans  la 
longue  pièce  d'étoiïe  brune  appelée  ouzera  (jui  remplace  dans  ce  pays  le 
burnous  de  nos  Algériens.  Cependant  deux  enfants  qui  jouaient  autour 
de  nous,  l'un  de  quatre  ou  cinq  ans  vêtu  d'une  mauvaise  cotonnade, 


E.    MACgLAUT.    —  I.K>    rUO(if.i»inTE.N   DE  l.'lCMHKMK  SI  I)  TlMslEN  iSîJ 

l'aulrc  une  lilIoUe  plusjeuiioet  complùloment  luio,  élaienl  vtînusse  serrer 
autour  de  l'un  des  liuinnies  «[ui  m'entouraient,  leur  père  •'■videniment. 
.le  lui  dis  :  -<  Pouniuoi  ne  couvres-lu  pas  ces  enfants:'  Ils  vont  prendre 
du  mal.  >'  —  Il  me  répondit  en  haussant  les  épaules  :  «  C'est  petit;  ça  ne 
sent  pas  le  froid  !»  —  Et  tout  le  monde  de  hocher  la  ItHe  en  signe  d'as- 
sentiment, et  tic  sourire  en  me  regardant  comme  si  j'avais  dit  une  sot- 
tise. 

Puisque  j'ai  parli'  de  pn-jugés,  j'en  signalerai  encore  un  autre  : 
On  rencontre  assez  fréquemment  dans  l'Extrème-Sud  tunisien,  en  outre 
de  tout  un  iminde  de  scorpions  blancs  ou  noirs  et  de  serpents  variés,  un 
grand  lézard  ijui  atteint  et  dépasse  même  un  mètre  de  long,  et  que  les 
indigènes  appellent  «  ourane  ».  Cet  ournne  a  la  réputation  de  frapper 
d'impuissance  tout  homme  qu'il  louche  de  sa  queue,  aussi  les  indigènes 
en  ont-ils  une  peur  intense,  et  détalent-ils  à  toutes  jambes  dès  qu'ils  en 
aperçoivent  un.  Je  n'ai  pu  parvenir  à  savoir  sur  quelle  légende  reposait 
ce  préjugé. 

L'ourane  a  encore  la  réputation  d'être  très  friand  de  lait.  Tous  les  indi- 
gènes m'ont  certifié  à  l'envi  qu'il  satisfait  couramment  sa  gourmandise 
en  tétant  à  même  les  chèvres,  lesquelles  se  laisseraient  faire  bénévole- 
ment. Mais  aucun  d'eux  ne  put  ni'afïirmer  avoir  constaté  le  (ail  de  visu. 
.le  ne  dirai  qu'un  mot  de  la  question  du  vêtement. 
Celui  des  femmes  est  le  même  que  partout  ailleurs  dans  le  sud.  Il  con- 
siste essentiellement  en  deux  bandes  de  cotonnade  indigo  appliquées  l'une 
sur  le  dos,  l'autre  sur  la  poitrine,  et  dont  les  pointes  sont  réunies  immé- 
diatement au-dessus  des  seins  jiar  deux  grandes  épingles  d'une  forme  et 
d'un  système  de  fermeture  particuliers,  les  «  bzaim  ».  Ces  bandes  ne 
tombent  pas  plus  bas  que  le  genou!  Une  simple  corde  les  fixe  à  la  cein- 
ture. 

Comme  cette  corde  est  plus  ou  moins  lAche  et  que,  la  plupart  du  temps, 
ces  malheureuses  n'ont  pour  tout  vêtement  que  ces  deux  minces  bandes 
d'élutTe  bleue  qui  flottent,  elles  sont,  lorsqu'on  les  voit  passer  de  profil, 
prali(juemenl  nues,  ce  qui  m'a  permis  de  constater,  en  même  temps  (\\iq 
la  coloration  généralement  très  foncée  de  leur  p3au,  dont  j'ai  parlé  tout 
h  l'heure,  la  pureté  et  la  beauté  réellement  admirables  de  leurs  formes 
et  de  leurs  proportions,  même  quand  il  s'agissait  de  mères  de  famille, 
c'est-à-dire  de  femmes,  relativement  vieilles  pour  ces  pays,  de  vingt  à 
vingt  cinq  ans.  J'ai  été  particulièrement  frap|)é  par  la  finesse  tout  à  fait 
remarquable  de  leurs  attaches. 

Le  vêtement  des  hommes  se  distingue,  comme  je  l'ai  déjà  indiqué,  de 
celui  de  leurs  correligionnaires  des  autres  parties  de  nos  possessions  de 
l'Afrique  du  Nord,  par  la  substitution  au  burnous  de  nos  Algériens  d'une 
longue  pièce  d'étolTe  brune  tissée  par  les  femmes,  Vouzera,  dans  laquelle 
ces  Indigènes  se  drapent  et  s'enveloppent  complètement  des  pieds  à  et  y 
compris  la  tète. 

Tous  les  hommes  portent  régulièrement,  comme  la  plupart  des  Musul- 
mans, une  longue  toulfe  de  cheveux  au  sommet  du  crâne  soigneusement 
soc.  d'anturop.  <906.  13 


m)  ■;  Aviui.  iDOc. 

rasé.  Mais,  à  l'cnconlre  des  Marocains,  ils  la  dissimulent,  je  dirais  presque  : 
avec  pudeur.  Chaque  fois  que  j'ai  tenté  d'avoii- une  explication  à  ce  sujet, 
ils  ont  iinni/'dialeiuent  détourné  la  conversation. 

Ce  qu'on  voit  de  la  coilTure  des  femmes,  —  car  elles  ont  toujours  la  léte 
couverte  d'une  troisième  bande  de  leur  éternelle  étoiïe  bleue,  —  permet 
de  constater  qu'elles  sont  coiiïées  «  à  la  chien  ».  Mais,  au  lieu  de  laisser 
tomber  naturellement  leurs  cheveux  sur  leur  front,  elles  les  frisent  et  les 
enroulent  de  façon  à  en  former  une  série  de  rangs  serrés  de  petits  cordons 
tout  reluisant  d'huile,  qui  leur  tombent  jusque  sur  les  yeux. 

La  coutume  du  tatouage  est  très  répandue,  beaucoup  plus  à  mon  avis 
que  dans  les  autres  régions  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie,  sauf  peut-être 
dans  le  Djerid  (^Gafsa,  Tozeur,  Nefta).  Ce  n'est  pas  tant  du  reste  les  visages 
qui  sont  ainsi  décorés  que  le  dos  des  mains  et  le  bas  des  jambes.  Les 
hommes,  tout  au  moins,  d'après  le  petit  nombre  d'observations  que  j'ai 
pu  faire,  seraient  sensiblement  plus  tatoués  que  les  femmes,  alors  que 
le  contraire  paraîtrait  plus  normal.  J'en  ai  vu  un  entre  autres  dont  les 
mollets  n'étaient  qu'un  dessin.  Tous  ces  tatouages  représentent  unifor- 
mément, —  du  moins  ceux  que  j'ai  vus,  —  des  figures  géométriques. 

Je  me  propose  de  parler  ultérieurement  des  bijoux,  dans  une  commu- 
nication particulière,  au  cours  de  laquelle  j'aurai  l'honneur  de  vous  pré- 
senter la  collection,  incomplète,  mais  assez  curieuse,  que  j'ai  rapportée 
de  l'Extrôme-Sud  tunisien. 


Je  manquerais  à  un  devoir,  qu'il  m'est  infiniment  agréable  de  remplir, 
si  je  terminais  cette  communication  sans  exprimer  ma  gratitude  —  à 
vous-mêmes,  mes  chers  collègues,  pour  le  grand  honneur  que  vous  m'avez 
fait  en  me  confiant  votre  délégation,  et  aux  personnalités  tant  civiles 
que  militaires  qui  ont  préparé  et  facilité  mon  voyage,  qui  furent  pour 
moi  des  informateurs  précieux,  des  conseillers  sûrs,  ou  des  hôtes  char- 
mants. 

Je  citerai  spécialement  : 

A  Tunis,  MM.  L.  Grandury,  chef-adjoint,  et  Emile  Violard,  attaché  au 
Cabinet  de  M.  S.  Pichon,  Résident-Général  de  France,  et  surtout  M.  le 
Commandant  Brunck,  Directeur  du  Service  des  Affaires  Indigènes  à  la 
Division  d'Occupation,  à  qui  la  France  doit  la  pacification  de  l'Extréme- 
Sud  Tunisien. 

A  Gabès,  MM.  le  Colonel  Pujat  et  le  Capitaine  Tribalet,  du  Bureau  des 
Affaires  Indigènes,  ainsi  que  le  Contrôleur  civil,  M.  Theller. 

A  Médenine,  M.  le  Commandant  Foucher,  Commandant  Supérieur  du 
Cercle. 

A  Foum-Talahouine,  le  Lieutenant  Ilarlé,  chef  de  poste. 

A  Kalaa-Matmata,  le  Lieutenant  Tardy,  chef  de  poste  également. 

Qu'il  me  soit  permis  de  leur  renouveler  ici  l'expression  de  ma  recon- 
naissance. 


t^H.  LEJEINE.   —   I.  nRir.INE  DES  «SCIENCES  ET  LA   RELIGION  IST 

Discussion. 

MM,  IIir.rtT  el  IIamv  font  i]ut.'I(]iirs  remarques  sur  les  oltservalions  de 
M.  Macquarl. 


L'ORIGINE   DES  SCIENCES   ET  LA   RELIGION 

Pau  m.  Charles  Lejeine. 

Dans  !e  dernier  numéro  de  l'année  1905  de  L'Anthropologie,  M.  Salomon 
IJeinacli  s'esl  proposé  de  di'monlrer  que  hi  relif/ion  a  été  In  noiirrio'  et 
l'i'duculion  de  l'humanile. 

M.  S.  Ueinach  a  sur  luules  choses  des  vues  toujours  originales  et 
atlrayanles,  s'appuyant  sur  la  plus  vaste  érudition  et  il  les  exprime  dans 
un  style  littéraire  (lui  ajoute  au  charme  de  la  pensée.  C'est  presque  à 
regret  que  l'on  est  amené  à  discuter  ses  opinions,  mais  nous  pensons  que 
c'est  rendre  hommage  à  un  auteur  que  de  présenter  avec  sincérité  les 
objections  qui  nous  viennent  à  l'esprit  en  lisant  ses  ouvrages. 

M.  S.  Reinach  affirme  que  le  blé  n'est  pas,  comme  on  l'a  dit,  d'origine 
babylonienne,  car  la  plante  d'où  est  sorti  le  blé  parait  avoir  existé  en 
Europe  dès  le  quaternaire  et  les  survivances  de  son  culte  sont  telles  en 
Europe  qu'il  ne  peut  s'agir,  pas  plus  que  pour  le  chêne,  d'une  plante 
importée.  11  n'y  a  pas  en  Europe  de  culte  du  maïs  et  de  la  pomme  de 
terre,  mais  nous  avons  encore  pour  le  bh'  et  le  pain  un  respect  supersti- 
tieux. Les  textes  nous  montrent  non  seulement  le  culte,  mais  l'adoration 
et  l'exaltation  de  l'épi  de  blé. 

Je  ne  veux  pas  entrer  dans  la  discussion  de  l'origine  du  blé  que  .M.  (i. 
de  .Mortillet  fait  apparaître  en  Arménie  et  M.  Zaborowski  en  Mésopotamie, 
car  il  y  a  pour  le  blé  comme  pour  les  hommes  une  question  de  polygé- 
nisme  et  de  monogénisme.  Tous  les  blés  ne  sont  pas  nécessairement 
sortis  d'une  seule  gra minée,  nous  en  avons  encore  plusieurs  sortes  et  il 
est  plus  probable  qu'il  y  a  eu,  comme  pour  les  hommes,  différents  centres 
d'apparition  et  de  culture  mais  on  comprend  qu'il  lui  ait  été  rendu  par- 
tout des  honneurs  en  rapport  avec  son  utilité.  Les  mystères  d'Eleusis  ont 
emprunté  aux  institutions  et  aux  dogmes  de  l'Egypte.  M.  Lenormant  dit 
que  la  symbolique  éleusienne  s'éclaire  par  le  rituel  funéraire  égyptien. 
L'Egypte  elle-même  a  été  en  relation  presque  constante  avec  la  Chaldée, 
on  discute  encore  sur  le  point  de  savoir  quelle  est  la  plus  ancienne  de  ces 
deux  grandes  civilisations  et  nous  voici  reportés  à  une  origine  chaldéenne 
possible  du  culte  du  blé. 

En  somme  il  est  naturel  que  l'homme  ait  vénéré  partout  la  plante  (jui 
le  nourrissait,  comme  il  a  honoré  partout  le  feu  qui  lui  rendait  la  vie 
meilleure.  .Xprès  avoir  célébré  le  grain  qui   nourrit  le  corps,  les   idées 


i,S8  r;  Aviui.  luoG 

s'élevant,  on  a  pu  le  considérer  comme  le  symbole  de  la  science  (jiii  nour- 
rit l'esprit  cl,  le  renouvellement  de  la  nature  étant  infini,  comme  la  pro- 
messe d'une  résuri-eclion  après  la  mort.  L'esj)iil  humain  s'étant  développé 
sous  toutes  les  latitudes  d'une  façon  analogue,  ce  qui  explique  l'évolution 
parallèle  des  institutions  sociales  et  des  rc.'ligions  chez  les  diiïérents 
peuples,  les  cultes  de  la  nourriture  comme  ceux  du  feu  se  sont  si  bien 
pénétrés  au  contact  les  uns  des  autres,  que  César  identifiait  les  dieux  de 
la  (laule  avec  ceux  de  Rome,  que  les  Espagnols  reconnaissaient  le  culte 
catholique  dans  celui  des  Mexicains  et  que  M.  S.  lleinach  a  raison  de  voir 
dans  le  rite  chrétien  de  la  communion  un  emprunt  fait  aux  mystères  dont 
certains  comportaient  l'exaltation  d'une  substance  divine  par  le  prêtre  et 
son  absorption  par  les  fidèles.  On  a  prêté  partout  aux  .Molochs,  aux  Teu- 
tatès,  aux  Mexitlis  les  goûts  sanguinaires  des  primitifs  qui  les  avaient 
imaginés;  un  peu  plus  tard  les  victimes  gorgées  de  nourriture  et  rassasiées 
de  plaisirs  sensuels  ont  été  traitées  comme  des  dieux  avant  d'être  mangées 
selon  les  rites  et  c'est  plus  tard  encore  que  la  victime  humaine  fut  rem- 
placée par  un  bœuf  ou  un  agneau  et  que  celui-ci  fît  enfin  place  à  un 
gâteau  passé  au  rang  de  dieu. 

On  peut  contester  que  la  religion  soit  à  l'origine  de  la  culture  des  cé- 
réales et  de  l'élevage  car  l'expérience  seule  a  pu  enseigner  aux  hommes 
à  bêcher  et  à  labourer  la  terre  pour  en  accroître  la  fécondité.  11  a  suffi 
de  remarquer  qu'une  graine  tombée  dans  un  terrain  remué  levait  plus 
vite  et  que  sa  proximité  de  matières  en  décomposition  favorisait  sa  crois- 
sance, pour  le  faire  volontairement  sur  une  plus  grande  échelle.  Des 
chasseurs  ont  dû  ramener  près  de  leur  hutte  et  enclore  de  jeunes  animaux 
vivants  pour  s'en  nourrir  le  jour  où  la  chasse  n'aurait  rien  produit.  Il  n'en 
a  pas  fallu  davantage  pour  faire  naître  la  culture  et  l'élevage.  On  ne  peut 
refuser  aux  hommes  ces  facultés  d'observation  et  d'application  quand 
nous  voyons  des  fourmis,  à  qui  nous  n'attribuons  pas  de  religion,  semer 
et  récolter  et  élever  des  pucerons  qui  sont  pour  elles  de  véritables  ani- 
maux domestiques. 

Au  commencement  de  l'humanité,  comme  aujourd'hui,  les  grandes 
découvertes  sont  dues  surtout  à  l'observation  et  à  l'expérimentation  et  les 
primitifs,  comme  les  enfants,  sont  de  bons  observateurs.  Nous  ne  pou- 
vons savoir  si  ces  observations  ont  été  faites  avant  qu'il  y  eût  des  sorciers, 
mais  ceux-ci  plus  intelligents  peut-être,  ne  sont  pas  d'essence  particulière 
et  il  me  parait  plus  probable  que  les  humbles  débuts  deces  sciences,  dont 
le  développement  devait  être  si  important  pour  l'humanité,  doivent 
remonter  à  une  époque  assez  lointaine  pour  que  l'on  n'eût  pas  encore 
pensé  à  constituer  une  religion  organisée. 

La  greH'e  qui  est  très  ancienne  et  se  produit  naturellement  dans  les 
forêts  par  le  contact  des  branches,  est-elle  à  l'origine,  un  rite  religieux, 
une  sorte  de  mariage  sacré?  Je  ne  le  pense  pas,  parce  que  pendant  de 
longs  siècles  l'union  entre  les  hommes  ne  méritait  pas  le  nom  de  mariage, 
parce  que  pendant  bien  longtemps  on  ne  se  demanda  pas  comment 
l'enfant  naissait  de  la  femme  et  que  lorsqu'on  se  le  demanda,  on  crût  et 


CM.    I.EJKINK.    —    t,'olil(ilNI-:  IiES  SCIENCES  ET  LA  IIEI.KIION  ISO 

l'on  croit  encore  à  des  esprits  fécondant  les  vierges.  Ce  fût  probablement 
lorsqu'on  voulut  faire  do  l'tMevageque  l'on  commenf-a  à  se  rendre  compte 
de  la  nécessili''  du  m;\le  pour  féconder  la  femelle  et  c'est  à  celte  époque 
(pie  doit  remonter  le  culte  du  pballus  qui  célèbre  l'importante  découverte 
lie  son  nMe  d;ins  la  génTalion.  Il  était  plus  facile  d'observer  la  grelfe 
nUurelle  et  de  la  reproduice. 

t^est  encore  pour  les  mêmes  raisons  qu'il  ne  me  parait  pas  possible 
d'affirmer  (jue  les  premiers  hommes  qui  ont  recueilli  et  entretenu  le  feu 
liaient  des  magiciens.  On  ne  s'explique  pas  un  culte  pour  un  objet  qu'on 
n'eiU  pas  cri*!  ulib'  r-t  l'ulililé  se  démontre  par  l'expi-ricinee.  [^es  .\uslraliens 
ne  sont  dé'jà  plus  les  primitifs  des  premiers  A'^cs  et  cependant  ils  ne 
peuvcntètre  considérés  comme  adorant  le  feu.  Ils  le  conservent  cependant 
avec  granl  soin  pour  s'éviter  la  p^ine  de  le  rallumer  parce  qu'ils  en  con- 
naissent l'ulililé  cl  ils  cliarjjent  la  femme  d'entretenir  le  tison  qu'elle 
transporte,  avec  le  reste  du  mobilier,  dans  tous  les  déplacements  de  la 
liibu.  Je  veux  bien  que  ce  soit  là  le  germe  d'où  sont  sortis  le  culte  du 
foyer  et  l'instilution  des  Vestales,  mais  je  n'y  vois  pas  le  magicien. 

Il  est  bien  cerlain  (jiie  riuimanilé  piiniilive  n'arriva  pas  du  premier 
coup  h  l'utilisation  industrielle  des  métaux,  car  elle  est  restée  de  si  longs 
siècles  il  l'âge  de  pierre  qu'elle  n'a  su  d'abord  qu'imiter  en  cuivre  ses 
armes  de  silex.  Tous  les  progrès  ne  se  font  qu'avec  une  extrême  lenteur 
et  s'il  est  très  probable  que  l'on  a  d'abord  recueilli  le  métal  nalifqui  frap- 
pait les  regards  par  son  éclat  et  intéressait  par  sa  malléabilité,  il  n'est  pas 
sûr  qu'il  ait  été  plutôt  employé  comme  talisman  que  comme  parure.  Chez 
les  oiseaux,  qui  ne  paraissent  pas  avoir  de  féliches,  le  mâle  sait  parfaite- 
ment faire  la  roue  ou  étakr  les  plumes  brillantes  qui  forment  fon 
vêtement  de  noces  pour  plaire  à  la  femelle  et  l'on  sait  qu'il  en  est  qui 
parent  les  abords  de  leur  nid  de  fleurs  et  de  cailloux  remarquables. 

Mais  quel  q  l'ait  été  l'emploi  du  métal  natif,  il  y  a  loin  de  sa  récolte 
à  l'extraction  des  métaux  de  leur  minerai  et  à  leur  mélange  et  rien  ne 
prouve  que  celte  conquête  de  l'homme  ait  été  le  résultat  d'opérations 
magiques. 

Si  les  hasards  heureux  n'ont  pas  tout  fait,  ils  ont  dû  contribuer  pour 
une  notable  partie  aux  découvertes  les  plus  importantes.  On  a  dit,  pour  la 
poterie,  qu'une  empreinte  de  pied  dans  l'argile  ayant  conservé  l'eau  de 
la  pluie,  avait  pu  donner  l'idée  de  façonner  des  vases.  Si  l'on  ne  peut 
accc[)ler  scienliliquement  la  légende  de  l'origine  du  verre  racontée  par 
IMine,  il  n'en  ressort  pas  moins  rpie  la  découverte  de  ce  produit,  (pii  a  aussi 
une  grande  importance  dans  l'inilusliie,  était  attribuée  au  hasard  par  les 
anciens.  On  pouirail  citer  des  découvertes  de  premier  ordie  (pii  n'ont  pas 
eu  fl'autre  eau>e.  La  recherche  de  la  pierre  philosophale  a  créé  la  chimie 
et  on  prétend  (juc  c'est  grAce  à  un  bouillon  de  culture  laissé  ensemencé 
pendant  quelques  jours  de  vacances,  que  Pasteur  a  trouvé  le  principe  des 
sérums  qui  ont  révolutionné  notre  thérapeutique.  Ces  hasards  ne  se  pré- 
sentent qu'aux  chercheurs  et  aux  observateurs,  mais  il  y  en  a  eu  de  tout 
temps. 


IDO  5  A  vil  H.  1900 

J'ai  déjà  coml)aUu  »  l'idée  que  la  religion  est  tout  au  début  de  l'huma- 
nité et  si  j'ai  signalé  dans  lu  Jtelifiion  à  inné  du  Tienne  *  les  gravures  et 
peintures  des  cavernes  qui  sont,  d'après  M.  S.  Heinach,  une  œuvre  de 
magie  destinée,  par  la  représentation  de  l'animal^  à  amener  le  gibier 
au  chasseur,  je  n'en  ai  parlé  que  comme  d'une  opinion  digne  de  discus- 
sion. 

!.a  religion  est  sortie  de  l'association  et  des  sociétés  secrètes,  qui  furent 
le  premier  eiïort  pour  arriver  à  une  organisation  sociale,  mais  dans  le 
principe,  les  primitifs  ne  pensaient  pas  encore  à  remonter  aux  causes,  ce 
qu'ils  n'ont  pu  faire  qu'avec  le  temps  et  une  tranquillité  relative.  Le  chef 
guerrier,  le  plus  fort  de  la  bande,  a  dû  précéder  le  chef  religieux,  ce  n'est 
que  lorsque  ce  dernier  fut  devenu  une  puissance,  que  ces  deux  forces  ont 
compris  l'avantage  de  s'associer  pour  dominer  et  les  chefs  de  la  tribu 
réunirent  souvent  les  deux  pouvoirs.  Je  vais  lâcher  de  justifier  cette 
manière  de  voir  par  l'examen  des  sauvages  et  des  enfants. 

Les  peuples  sauvages,  qui  se  sont  perpétués  jusqu'à  nos  jours,  repré- 
sentent un  stade  déjà  un  peu  supérieur,  mais  très  comparable  à  celui  des 
premiers  hommes.  Or,  M.  J.  Vinson  constate  dans  :  les  Religions  actuelles, 
que  des  témoignages  indiscutables  ont  appris  qu'un  certain  nombre  de 
groupes  humains  non  seu'cmcnt  ne  connaissent  aucun  dieu,  non  seule- 
ment n'ont  aucune  idée  de  quelque  chose  de  surnaturel  et  d'extérieur  au 
monde  visible,  mais  même  sont  absolument  réfractaircs  à  toute  conception 
religieuse. 

C'est  surtout  en  Afrique  que  les  athées  abondent  et  il  est  toujours  utile 
de  rappeler  aux  intelligences  qui  se  sont  élevées  jusqu'à  la  conception  du 
bien  et  du  mal  absolus,  d'une  âme  immortelle  et  d'un  bon  dieu  d'ailleurs 
toujours  doublé  d'un  mauvais,  les  réponses  si  pleines  de  franchise,  de  fine 
observation  ou  de  bon  sens  qui  ont  été  faites  par  certains  chefs  aux  mis- 
sionnaires qui  voulaient  les  convertir.  D'après  les  témoignages  rapportés 
par  M.  J.  Vinson,  l'un  de  ces  chefs,  disait:  «  Le  ii>»j,  c'est  quand  je  prends 
la  femme  d'un  autre,  le  mal,  c'es-t  quand  on  prend  la  mienne,  Cammoro 
répondait  à  S.  W.  Baker  qu'on  déterrait  les  os  des  morts  parce  que  c'est 
une  coutume  transmise  par  les  ancêtres.  Il  ajoutait  :  J'ai  peur  des  élé- 
phants et  des  autres  animaux  quand  je  suis  dans  les  bois  la  nuit,  mais  je 
n'ai  peur  de  rien  autre.  —  lions  et  méchants,  tous  doivent  mourir.  — 
Beaucoup  de  gens  sont  mauvais;  s'ils  sont  forts,  ils  dépouillent  les  faibles. 
Tous  les  bons  sont  faibles;  ils  sont  bons  parce  qu'ils  ne  sont  pas  assez 
forts  pour  être  mauvais.  —  El  comme  Baker  lui  démontrait  la  vie  future 
par  la  métaphore  de  Saint  Paul  sur  le  grain  mis  en  terre  qui  renaît:  — 
(]e  n'est  pas  le  grain  orbjinal  qui  se  relève  ;  celui-ci  pourrit  comme  un 
homme  mort  et  comme  lui  est  fini  ;  le  fruit  produit  n'est  pas  le  grain  même 
qu'on  a  enterré,  mais  le  produit  de  ce  grain.  Ainsi  de  l'homme,  je  meurs 
et  je  me  dissous  et  suis  fini  ;  mais  mes  enfants  poussent  comme  le  fruit 

1  Bulletins  cl  Mémoires  de  la  Société  d'Antliropolorjie  de  Paris,  année  1902,  p.  107. 
*  Bulletins  —  —       '  année  1903,  p.  629. 


cil.   LEJEINE.    —    l'origine  DES  S(:IEXi;KS  F,T   I,A   IIKI.ICKiN  191 

(lu  grain.  Beaucoup  d'hommes  n'ont  pas  d'cnfanls  et  beaucoup  de  grains 
périssent  sans  donner  dt^  fruits;  ils  sont  finis  pour  jamais  les  uns  cl  loS 
autres. 

Lcvaiilant  parlant  des  grands  Namaquois,  qu'il  avait  visites  avant  l'ar- 
iivée  des  missionnaires,  s'exprime  ainsi  :  «  Pour  ce  qui  est  de  la  religion' 
du  culte,  des  pnUres,  des  temples,  de  l'idée  d'une  Ame  immortelle,  tout 
cela  est  nul  pour  eux  ;  sur  ce  point,  ils  sont  ce  que  sont  tous  les  autres 
sauvages,  leurs  voisins;  ils  n'en  ont  pas  la  plus  légi^rc  idée.  Campbell 
ajoute  :  «  Ils  croient  qu'ils  jneurent  tout  entiers,  comme  des  botes.  » 

MCh.  I.clourneau  dans  VEroliilion  relifjicnse  rapporte  un  certain  nombre 
de  récits  de  voyageurs  ou  de  missionnaires  des([uels  il  résulterait  que  les 
Vcddahs  de  Ceylan,  les  Tasmanicns,  les  Australiens,  les  JJoschimans, 
ilollentots  et  Cafres  seraient  dépourvus  de  toute  idée  religieuse  et 
M.  Abel  Hovelacque  fait  la  même  constatation  dans  les  Ihiccs  liumainrs. 

MolVat,  le  beau  père  de  Livingstone  désirait  trouver  (pielque  idée  reli- 
gieuse qui  lui  donn;\t  accès  aujirés  des  limtous,  mais  aucune  idée  de  ce 
genre  n'avait  jamais  traversé  leur  esprit.  Ses  discours  sur  un  créateur 
provoquaient  des  éclats  de  rire.  —  L'homme,  disaient-ils,  n'est  pas  plus 
iumiurlel  que  le  bœuf  et  l'Ane.  —  On  ne  voit  pas  les  Ames. 

'1  Toutes  leurs  facultés,  dit  Livingstone,  sont  absorbées  par  les  besoins 
(Ju  corps  et  il  en  est  ainsi  depuis  que  cette  race  existe.  » 

l'n  chef  proposait  au  missionnaire  de  les  battre  pour  les  faire  croire. 

Cependant  .M.  Ch.  Letourneau  reconnaît  (|ue  la  plupart  de  ces  peuples 
ont  des  illusions  animiques  plus  compliquées  qu'on  ne  l'avait  cru  Cer- 
tains Cafres  abandonnent  dans  la  foret  le  corps  de  leurs  parents  pour 
qu'ils  soient  dévorés  par  les  animaux  sauvages  et  l'on  s'ippose  qu'ils 
pensent  ainsi  empocher  leurs  esprits  de  revenir.  D'autres  les  inhument 
et  foulent  bien  la  terre  sur  le  corps,  peut-être  pour  -(lue  le  double  ne 
s'échappe  pas.  L'abandon  des  cidavres  est  pratiqué  aussi  chez  les  Esqui- 
maux. 

Il  ajoute  que  la  croyance  aux  fétiches  et  à  la  magie,  cette  aberration 
mentale  de  l'humanité  sauvage,  pour  être  extrêmement  répandue,  n'est 
pas  constante.  D'ailleurs  :  «  les  gris-gris,  les  talismans,  les  fétiches  en 
général  ne  sont  pas  des  esprits  ni  des  objets  logeant  des  êtres  spirituels, 
distincts  de  la  matière  :  ce  sont  simplement  des  corps  vivants  ou  inanimés, 
capricieusement  choisis  dans  le  monde  ambiant  et  aux(|uels  ou  attribue 
certains  pouvoirs  magi(|ues.  » 

>»  Le  fétichisme,  dit  M.  .).  N'inson,  est  certainement  une  étape,  une 
phase  de  l'évolution  religieuse  de  l'humanité,  mais  je  ne  crois  pas  qu'on 
paisse  l'appeler  une  religion.  Il  ne  saurait  y  avoir  une  religion,  à  mon 
sens  du  uioins,  sans  une  cM'tainc  conception  m-Haphysique,  sans  une 
croyance  à  un  être,  ;i  une  puissance  extérieure  A  la  nature  ambiante, 
à  une  personnalité  extra  humaine  qui  se  manifeste  par  des  phéno 
mènes  matériels,  en  un  mot  sans  la  croyance  à  une  cause  invisible 
d'eiïels  visibles.  Or  les  peuples  qm  en  sont  encore  au  fétichisme,  ne 
sortent  pas  des  limites  de  la  nature,  Burton  est  très  catégorique  a  cet 


lOfï  T)  AVitu.  loor, 

égard,  et  il  a  bien  raison  de  faire  remarquer  que  les  Africains,  quand  ils 
témoignent  leur  vénération  à  leurs  fétiches,  n'adorent  pas  ces  objets 
comme  des  types,  des  mythes,  des  émanations  divines,  des  personnifica- 
tions d'une  divinité  :  ils  les  adorent  pour  eux-mêmes.  » 

Le  commandant  Toulée,  dans  son  livre  Du  iJaliomé  au  Salidra  dit  que  : 
«  les  habitants  du  Dahomé  font  en  général  rebelles  au  sentiment  reli- 
gieux, sauf  les  Peuls,  qui  sont  d'intelligence  supérieure.  On  ne  trouve  pas 
un  teiiq)le  du  4°  au  14"  et  si  Ton  rencontre  quelques  idoles  en  terre  cuite, 
peut-on  les  appeler  dieux  ou  ne  sont-ce  que  des  mystifications  de  sorciers 
jiour  agir  sur  les  esprits?  »  Ceci  rappelle  ce  que  le  llév.  F.  W.  Farrar 
disait  en  18G4  ;i  la  Société  d'Anthropologie  de  J>ondres,  après  avoir  cité 
bon  nombre  de  peuples  qui  n'ont  pas  de  religion  :  «  ces  témoignages 
ne  seraient  pas  affaiblis  par  des  cas  comme  celui  des  Pionniers,  qu'on 
suppose  croire  à  une  intelligence  supérieure  parce  (ju'ils  considèrent  le 
monde  comme  fait  par  un  grand  animal  et  le  soleil  par  un  lapin  habile!  » 
M.  le  D''  L.  Lapicque  a  constaté  dans  son  récent  voygage  en  Asie  que 
les  négritos  andamanites  ont  un  vague  sentiment  de  survivance  de  leurs 
ancêtres  qu'ils  manifestent  en  suspendant  à  leur  cou  un  fragment  de 
côte  des  déc(';dés  et  en  le  gardant  tant  qu'ils  s'en  souviennent;  mais  au 
bout  de  quelques  semaines,  do  deux  ou  trois  mois  au  plus,  ils  s'en  débar- 
rassent, ne  sachant  plus  ce  qu'il  représente.  C'est  un  commencement  du 
culte  des  ancêtres  qui  n'absorbe  pas  beaucoup  leurs  pensées  et  qui  n'a 
probablement  pas  même  toujours  existé. 

Il  y  a  surtout  dans  ces  usages  fétichistes  qui  ont  persisté  jusqu'à  nous, 
une  question  de  tradition  et  d'habitude  et  j'espère  qu'une  partie  au  moins 
des  civilisés  qui  continuent  à  porter  des  médailles,  des  croix,  des  cœurs, 
des  ancres,  ou  des  cochons,  de  la  corde  de  pendu  et  des  trèfles  à  quatre 
feuilles,  n'ont  pas  plus  de  confiance  dans  ces  porte-bonheur  que  le  nègre 
qui  jette  son  fétiche  pour  en  prendre  un  autre  quand  il  a  constaté  son 
impuissance  à  le  préserver  du  danger  qu'il  redoutait. 

M.  J.  Vinson  fait  remarquer  que  :  «  dans  le  culte  des  ancêtres  des 
Chinois  et  des  autres  peuples  il  n'y  a  rien  d'immatériel,  on  croit  encore 
à  une  âme  matérielle,  on  leur  porte  des  aliments  et  l'on  ne  saurait  expli- 
quer ni  justifier  autrement  la  matérialité  vu'gaire  des  peines  et  des 
récompenses  de  la  rie  future  ». 

Si  nous  passons  à  l'étude  de  l'enfant,  il  me  semble  qu'on  peut  y  trouver 
la  confirmation  de  l'absence  d'idée  religieuse  au  début  de  l'humanité.  J'ai 
déjà  cité  '  des  observations  personnelles  qui  me  permettent  d'aflirmer 
que  l'enfout  à  qui  il  n'a  jamais  été  parle  de  divinité,  de  survivance 
après  la  mort,  d'àme  immorîelle,  n'en  a  aucune  idée,  mais  j'ai  constaté 
aussi  que  parmi  les  mentalités  infantile-:,  les  unes  ont  une  tendance  à 
croire  au  surnaturel,  tandis  que  les  autres  y  sont  réfraclaires;  certains 
enfants  admettent  volontiers,  sans  los  discuter,  toutes  les  affirmations  qui 
leur  sont  faites  et  d'aulrcs  se  refusent  absolument  à  croire  ce  qu'ils  ne 

'  Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris,  année  1902,  p.  iOl. 


CM.   LEJEINE.   —   l.'niiiiiiM-;  HKS  SCIENCES   ET  t,\  KKI.KiinN  103 

compronnont  pas  ou  ;'i  la  rraliliî  lie  co  qu'ils  nr  voiml  pas.  Ino  petite 
lille  de  cin<j  ans  se  refusail  à  croire  au  b(jn  Dimi  lar)l  qu'on  ne  le  lui 
aurait  pas  montré,  (les  divergences  de  dispositions  proviennent  probable- 
ment d'un  instinct  transmis,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  par  les 
anci'lrcs  de  ces  enfants. 

(ju'un  enfant,  rarement  laissé  seul,  soit  abandonné  par  une  nuit  sonibn; 
dans  un  endroit  (pfil  ne  connaît  pas,  il  est  tout  naturel  ipril  ('-prouve 
une  certaine  crainte,  car  il  peut  se  heurter  ;\  des  objets  qu'il  ne  voit  pas, 
labandon  auquel  il  n'est  pas  liabilué  dépi-imera  son  esprit  et  il  aura 
je  s.Mitiment  \yn<  mi  ninin<^  va^'U(>  ([n'il  peut  cuurir  un  danger.  |/aiii- 
iiial  lui  même  a  pi'ur  de  ^lm^onnu.  .Mais  si  l'on  n'a  jamais  [)arlé  à  cet 
enfant  de  loups-garous  ou  de  voleurs,  si  on  ne  lui  a  pas  conté  des  his- 
toires de  fées  bonnes  et  mauvaises,  s'il  ne  connaît  ni  dieu  ni  diable,  sa 
crainte  n'aura  rien  d'exagéré.  11  est  malheureusement  bien  peu  d'enfants 
dont  on  n'ait  pas  surrexcité  l'imagination  par  des  récits  de  nourrices,  des 
prières  à  Dieu  et  des  menaces;  c'est  un  des  grands  défauts  de  notre 
éducation,  dont  l'influence  se  fait  sentir  souvent  pendant  toute  la  vie. 

Il  en  est  de  même  de  la  peur  du  tonnerre  et  de  la  mort,  elle  peut  par- 
faitement ne  pas  exister  si  l'enfant  ne  l'a  jamais  constatée  chez  les  per- 
sonnes qui  l'entourent,  mais  c'est  une  circonstance  qui  se  présente  rare- 
ment et  on  ne  peut  lui  demander  d'être  plus  raisonnable  que  les  grandes 
personnes.  On  m'a  dit  que  dans  mon  jeune  Age  j'avais  répondu  que  je  ne 
voulais  pas  mourir  parce  qu'on  ne  mangeait  plus.  L'enfant  ne  s'effraie 
pas  d'un  danger  qu'il  ne  comprend  pas. 

La  tendance  animiste  existe  incontestablement  chez  tous  les  enfants, 
mais  c'est  le  plus  souvent  par  imitation  et  par  jeu  plutôt  que  par  con- 
viction. In  petit  garçon  fera  du  premier  bâton  venu  un  cheval  et  une 
petite  tille  une  poupée,  mais  ils  ne  se  font  aucune  illusion  sur  la  réalité 
de  l'objet.  Tous  les  enfants  s'amusent  à  marcher  sur  les  ombres  des  per- 
sonnes qui  se  promènent,  mais  c'est  encore  là  un  jeu  qui  n'implique  pas 
que  l'enfant  croit  à  une  émanation  de  la  personne,  il  n'en  cherche  pas 
si  long.  Knlin  en  ce  qui  concerne  les  songes  les  enfants  bien  portants 
D'en  conservent  pas  ordinairement  le  souvenir. 

L'enfant  ramasse  les  cailloux  brillants  ou  des  objets  de  forme  originale 
auxquels  il  donnera  un  nom  qui  lui  sera  suggéré  par  une  ressemblance 
quelconque,  il  les  gardera,  il  y  tiendra  et  considérera  leur  perte  comme 
un  malheur;  qu'il  lui  arrive  un  accident  au  moment  de  cette  perte  il 
pourra  croire  ([ue  l'un  est  la  conséquence  de  l'autre  et  voilà  une  des  ori- 
gines du  fétichisme. 

La  religion  a  joué  dans  l'évolution  des  sociétés  un  njle  considérable,  mais 
son  effet  ne  s'est  fait  réellement  sentir  qu'avec  'es  sorciers  et  les  magiciens 
précurseurs  des  prêtres  et  des  alchimistes.  Lorsque  l'humanité  se  distin- 
guait à  peine  de  l'animalité,  les  premiers  hommes  cherchaient  d'abord  à  se 
nourrir  et  à  se  garantir  le  plus  souvent  par  la  fuite,  contre  les  grands 
phénomènes  de  la  nature,  mais  ils  ne  pensaient  pas  encore  à  s'expliquer 
ces  phénomènes,  l'eu  à  peu  des  gens  se  sont  trouvés  qui  ont  prétendu 


iO-4  5  A  vit  II.  1006 

connaître  l'organisation  du  monde  et  avoir  sur  lui  un  pouvoir  spécial. 
On  les  a  crus  sur  parole  comme  le  font  encore  beaucoup  de  petits  et  de 
grands  i.'nfanls.  (Iliaque  fois  qu'une  grande  découverte  h  été  faite,  ils  s'en 
sont  cmpaivs  pour  en  tirer  parti  et  les  inventeurs  légondairesont  été  impo- 
sés i»ar  eux  comme  des  dieux  o;i  des  envoyés  de  la  divinité.  La  légende 
d'Oannès  nous  montre  trè^  proljahlcment  l'invasion  d'un  peuple  plus 
civilisé  venant,  [)ar  mer^  apporter  à  de  plus  primitifs  des  rudiments 
d'agriculture,  de  céramique,  de  métallurgie,  d'organisation  sociale  où  le 
civil  et  le  divin  se  mêlaient  étroitement.  On  a  expliqué  partout  par  le 
surnaturel  la  découverte  du  feu,  les  commencements  de  la  culture,  les 
principes  de  la  métallurgie  et  ce  n'est  qu'après  cette  explication  que  le  feu, 
le  blé  et  les  métaux  sont  devenus  divins. 

Les  sorciers  ont  été  partout  d'babiles  interprètes  des  événements,  si 
ceux-ci  étaient  beureux,  ils  étaient  dus  à  leurs  conjurations;  s'ils  étaient 
malheureux,  c'était  un  signe  de  la  colère  des  esprits,  mais  dans  un  cas 
comme  dans  l'autre  c'était  toujours  d'offrandes  qu'il  s'agissait  pour  re- 
mercier ou  se  faire  pardonner.  L'art  de  tous  les  pays  nous  représente  des 
(Idèles  oITrant  et  implorant  et  des  prêtres  recevant  et  bénissant,  et  comme 
il  n'y  a  rien  qui  >e  conserve  plus  longtemps  que  les  rites  religieux,  le 
spectacle  n'a  pas  cbangé  jusqu'à  nos  jours.  Les  fidèles  sont  peut-être  de- 
venus un  peu  moins  nombreux,  mais  la  crédulité  du  plus  grand  nombre 
est  la  même  et  les  fanatiques  n'hésitent  pas  à  croire  que  les  tremblements 
de  terre,  les  incendies,  les  accidents,  les  épidémies,  les  maladies  de  la 
pomme  de  terre  et  de  la  vigne  sont  des  punitions  du  bon  Dieu  et  l'on  se 
demande  ce  que  le  mauvais  aurait  pu  faire  de  pire. 

Pour  accaparer  les  découvertes  utiles  à  l'humanité,  les  religions  ont 
employé  depuis  la  plus  haute  antiquité  les  moyens  dont  elles  se  servent 
encore  de  nos  jours.  La  fable  de  Lourdes  parait  avoir  été  suggérée  à  une 
hystérique  de  douze  ans  par  une  dame  qui  y  trouvait  le  moyen  de  dégui- 
ser la  légèreté  de  sa  conduite.  Ce  n'est  que  lorsque  la  légende  se  fut  ré- 
pandue que  les  prêtres  s'en  emparèrent  pour  l'exploiter  à  leur  profit.  Il  a 
dû  en  être  de  même  pour  une  grande  partie  des  croyances  qui  lorment  le 
fond  des  cultes  et  sur  lesquelles  ont  été  établis  les  rites  religieux.  Le 
prêtre  est  dans  de  mauvaises  conditions  pour  faire  des  découvertes  scien- 
tifiques, car  il  n'aime  pas  le  changement,  travaille  peu  en  général  et  vit 
d'autant  mieux  que  l'instruction  est  moins  répandue.  Pour  avoir  le  blé  et 
les  autres  produits  de  la  terre,  il  fallait  qu'ils  fussent  des  dons  de  la 
divinité,  qu'ilspûssent  augmenter  ou  diminuer  parleurs  paroles  magiques 
et  que  l'on  eût  intérêt  à  leur  en  offrir  les  prémisses  et  les  dîmes  pour 
s'assurer  de  bonnes  récolles.  Il  en  fût  de  même  pour  les  poteries^  les 
métaux,  les  animaux,  môme  pour  les  femmes  quand,  pour  en  imposer  à 
la  multitude,  ils  se  condamnaient,  en  apparence,  au  célibat  et  je  ne  parle 
pas  de  la  santé.  Enfin  quand  les  dons  volontaires  extorqués  par  la 
crainte  des  enfers  nesufiisaient  pas.rentente  aveçlebras  séculieramenail 
tout  le  monde  à  composition. 


en.   LEJEUNK.   —    l'oHKJINE  CES  SCIENCES  ET  I.A    IlKI.lClnN  10') 

M.  G.  Papillaulf,  dans  son  cours  de  sociologie  de  celte  année,  considère 
que  iM.  S.  Ileinach  exagère  et  généralise  ti'op  en  disant  que  tout  a  pris" 
une  forme  religieuse  chez  les  inférieurs  et  que  toutes  les  grandes  décou- 
vertes dont  nous  avons  parlé  ont  une  origine  purement  religieuse.  11  cite 
à  ce  propos  les  associations  des  peuples  primitifs  du  Mexique,  dont  la 
partie  sociale  était  bien  religieuse,  mais  (jui,  en  dehors  de  la  Faculté, 
avaient  des  irrégulieris,  des  chamans,  qui  guérissaient  aussi  avec  des 
simples  et  des  paroles  magiques  et  qui  étaient  naturellement  très  mal 
vus,  comme  tous  les  concurrents.  11  fait  ronnrquer  (pie  les  effets  de  la 
coca  ont  été  conMalés  [ym  iiin'  cxpi'rimental'un  (|iii  n'était  pas  religieuse, 
au  moins  au  début. 

Kn  résumé  la  religion  a  été  un  puissant  moyen  de  diffusion  et  de  con- 
sjrviition  des  connaissances  acquises,  mais,  conservatrice  par  essence, 
elle  a  constamment  été  en  retard  sur  la  civilisation,  elle  a  toujours  persé- 
cuté les  savants  et  les  novateurs  qui  n'étaient  pas  d'accord  avec  ses 
dogmes  et  rien  n'autorise  à  penser  (jue  ce  soit  à  elle  que  l'humanité  soit 
redevable  de  toutes  ses  grandes  conquêtes  sur  la  nature.  Il  me  parait 
résulter  des  observations  qui  précèdent  que,  dans  l'antiquité  la  plus 
reculée  comme  aujourd'hui,  l'observation  et  l'expérimentation,  qui  ne 
sont  ignorées  ni  du  sauvage,  ni  de  l'enfant,  ont  contribué  pour  une  part 
plus  ou  moins  importante  aux  grandes  découvertes  qui  ont  fait  pro- 
gresser l'humanité. 

Ce  point  de  départ  admis,  je  suis  tout  disposé  à  reconnaître  qu'à  partir 
de  la  constitution  des  grandes  religions,  l'histoire  de  l'humanité  est, 
comme  le  dit  M.  S.  Ileinach,  celle  d'une  laïcisation  qui  est  loin  d'être 
accomplie.  Je  souscris  également  à  :  k  l'enseignement  du  respect  des 
religions,  tout  en  persuadant  aux  hommes  qu'elles  ont  fait  leur  temps, 
partout  du  moins  où  l'origine  purement  humaine  peut  en  être  reconnue 
et  démontrée  »  parce  qu'il  s'agit  ici  de  la  liberté  des  consciences  et  qu'il 
ne  me  parait  plus  possible^  après  les  travaux  des  E.  Renan,  E.  Ilavet, 
A.  Lefèvre,  C.  Lelourneau,  Girard  de  Rialle,  J.  Vinson,  A.  Réville, 
M.  Vernes,  S.  Reinach  et  autres,  d'en  contester  l'origine  purement 
humaine. 

Tous  les  savants  doivent  reconnaître  avec  M.  S.  Reinach  que  :  x  le 
courant  qui  descend  de  la  religion  au  rationalisme  n'emporte  pas  à  la  fois 
et  d'une  vitesse  égale  toutes  les  fractions  de  l'humanité,  ni  toutes  les 
parties,  toutes  les  classes  d'un  même  peuple.  »  Son  explication  de  la 
décadence  de  la  Grèce  et  de  Rome  est  pleine  d'intérêt  et  de  vérité  et  il  a 
raison  de  faire  remarquer  que  si  le  christianisme  était  un  progrès,  «  il 
n'était  pas  exempt  de  tabous  gênants,  de  pratiques  abêtissantes  et  oppres- 
sives. »  Je  ne  suis  cependant  pas  certain  (jue  le  grand  mouvement  de  la 
Réforme,  «  en  adoptant  une  forme  plus  stricte,  c'est-à-dire  moins  évoluée 
du  christianisme,  étouffa  le  rationalisme  renaissant,  »  car  l'autorisation 
d'interpréter  individuellement  la  Bible,  me  parait  avoir  favorisé  l'essor 
du  libre  examen  et  de  la  liberté  de  penser. 
J'admets  encore  que:  u  la  réaction  religieuse  qui  remplit  une  bonne 


1%  ri  Avitii.  lonr, 

pnrlip  du  XIX"  siècle,  fût  prépai^'c  par  la  llévoUition,  qui  avait  fermé  ses 
temples.  >•  (Cependant  ces  éléments  arriérés,  qui  prirent  le  dessus  sur  les 
autres,  c'était  le  jjcuple  qui  se  battait  pour  la  défense  des  Droits  de 
l'homme  et  c'était  bien  1;»  une  conquête  de  la  raison  qu'il  a  si  largement 
contribué  h  répandi-e  dans  le  monde.  l*ar  contre  la  compression  du  second 
empire  a  préparé  le  triomphe  partiel  du  rationalisme,  qui  prend  une 
extension  toujours  croissante  dans  les  masses  profondes. 

Enfm  ce  que  je  veux  retenir  encore  de  l'article  de  M.  S.  Reinach,  c'est 
que  partout  où  la  partie  lationalisl"^  d'une  nation  se  trouve  submergée 
par  un  flot  de  gens  superslilieux,  il  n'y  a  pas  régression  comme  on  le  dit 
souvent,  mais  mélange  et  que,  grAce  au  livre,  à  l'école  laïque,  aux  levons 
de  la  science  et  de  la  critique,  h;  progrès  du  rationalisme  est  appelé  à 
s'étendre  indéfiniment.  C'est  une  pensée  consolante  de  pouvoir  se  dire 
que  rien  ne  se  perd  des  idées  justes  et  que  les  semences  de  liberté,  de 
vérité  el  de  raison  lèvent  tùl  ou  tard  pour  le  progrès  indéfini  de  notre 
humanité  toujours  en  tiavail  pour  la  pensée  plus  haute  et  la  vie  plus 
heureuse. 

Discussion. 

M.  Papill.\ult.  —  J'aurais  beaucoup  à  dire  sur  la  communication  de 
M.  Lejeune  dont  j'estime  particulièrement  le  libéralisme  éclairé,  mais 
dont  je  ne  partage  pas  toutes  les  idées  en  sociologie.  Je  me  permettrai 
seulement  de  donner  mon  avis  sur  quelques  points.  Je  pense  en  effet,  que 
M.  Salomon  Reinach,  dans  ses  études  si  captivantes  sur  l'origine  des 
religions,  leur  a  prêté,  pour  certaines  découvertes,  un  rôle  qui  ne  me 
«emble  pas  démontré.  La  religion  est  un  phénomène  essentiellement 
social,  dont  les  causes,  la  raison  d'être,  sont  sociales.  Si  les  hommes  se 
sont  livrés  à  l'animisme  et  à  la  magie  avec  une  sorte  de  frénésie,  s'il  n'y  a 
pas  de  société  un  peu  compliquée  sans  phénomènes  religieux  intenses, 
c'est  évidemment  qu'il  existe,  à  un  stade  donné  de  l'évolution,  un  rapport 
étroit  et  nécessaire  entre  ces  diverses  manifestations  de  l'activité  des 
groupes  humains.  Cette  constatation,  qui  me  parait  évidente,  me 
permet  de  prendre  place  entre  les  opinions  de  M.  Lejeune  et  celles  de 
M.  Reinach. 

Je  pense  qu'une  découverte  positive  est  en  partie  seulement  un  fait 
social  ;  par  ce  côté  elle  dépend  de  l'état  de  culture,  des  traditions,  des 
mœurs  et  de  la  religion.  Mais  elle  est  aussi,  pour  une  part  importante,  un 
résultatde  l'effort  individuel,  et  c'est  sous  cette  forme  surtout  qu'elle  se 
manifeste  quand  elle  se  réalise.  Or  ce  côté  n'entre  pas  nécessairement 
dans  le  domaine  religieux  quelqu'étendu  qu'il  puisse  être.  Je  pousserai 
la  concession  jusqu'à  admettre  que  la  religion  peut  être  occasionnellement 
un  facteur  de  cet  elTort  individuel,  mais  je  ne  puis  accepter  qu'elle  le 
détermine  et  même  le  constitue  à  elle  seule.  La  forme  religieuse  enveloppe 
les  conceptions  qui  sont  susceptibles  d'une  discipline,  d'une  uniformisa" 
tion  ;  la  découverte  est  le  contraire,  une  originalité  de  pensée,  un  acte 


A.MIIu.NV.    —    KTI  Lie  DK  LA    Itl'.tlKM'.UATIiiN  itsSKUSE  Dl    CUANK  107 

(lindiscipline  qui  alliro  souvent  sur  son  auteur  un  ili.Uuiienl  ilu  corps 
social  ligué  contre  lui. 

Mais  d'un  autre  côté,  je  trouve  (jur  M.  LejeuiK!  nionlre  trop  de  ten- 
dances avoir  dans  la  religion  un  simple  accident. 

J'ignore  à  (piel  stade  de  l'évolution  elle  est  apparue,  mais  je  sais  que 
les  Australiens  ont  une  niyllutlogie  compliqu('e  tout  en  ayant  des  carac- 
tères morphologiques  qui  les  placent  ;i  peine  au  niveau  de  la  race  de 
Spy,  et  je  tais  aussi  que  la  liste  des  peuples  sans  idées  religieuses  dimi- 
nue tous  les  jours  et  est  bien  |)rés  de  se  réduire  h  zéro.  La  religion  a  joué, 
il  faut  le  reconnaître,  un  rùle  énorme,  et  si  l'on  peut  acquérir  des  doutes 
sur  sa  por-lée  future,  ce  n'est  pas  en  scrutant  le  passé  de  l'humanité  ou 
ses  bas  fonds,  c'est  en  observant  ses  sommets  les  plus  lumineux. 


821-^  SEANCE.  —  19  avril  I90(i. 

PHKSn>EN(:E  DE  M.   ZAlumOU'SKI. 

La  Sociélé  (l'Emulation  d'Abbevillc  ayant  invité  la  Société  d'Anlbropologie  iï 
lui  donner  son  concours  pour  l'érection  d'une  statue  k  Boucher  de  l'erthes.  «  à 
Abbevillc,  près  des  carrières  de  [cailloux  où  Boucher  de  Perthes  fit  ses  décou- 
vertes géniales  ".  un  don  de  200  francs  est  voté. 

M.  le  Président  annonce  la  présence  de  deux  savants  étrangers,  M.M.  Ferraz 
«le  Macedo,  de  Lisbonne,  et  Ivan  Bloch,  de  Berlin.  Au  nom  de  la  Société,  il 
leur  souhaite  la  bienvenue. 

M.  Manouvrier.  —  Sur  la  capacité  crânienne  des  criminels. 
(Manuscrit  non  remis). 


contribution  a   l'étude  de  la  régénération  osseuse  du  crane 
Pau  m.   K.  A.nthonv. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  ;i  la  Société  un  crâne  de  chien  dunt  j'ai 
rejjrésenté  dans  la  ligure  1  une  portion  de  la  Norma  verticalis. 

Dans  le  but  d'étudier  le  mécanisme  de  la  régénération  osseuse  crânienne 
et  d'autres  questions  connexes,  j'avais  à  la  Station  physiologique  du  Col- 
lège de  France  fait  subir  à  cet  animal  une  craniectomie  sous-périostée 
intéressant  à  la  fois  les  pariétaux^  le  frontal  et  l'interpariétal.  Cette  opé- 
ration avait  été  faite  le  jour  môme  de  la  naissance,  le  31  août  1902. 

Le  10  juillet  1903,  ranimai  a  été  sacrifié.  Sa  paroi  crânienne  s'était 


198 


do  Aviui.  lonr. 


régénérée  en  1res  graiiJe  i»ailio  et  présenlail  alors  l'aspect  de  la  figure  \, 
c'est-à-dire  celui  d'une  surface  osseuse  formée  de  parties  assez  nombreuses 
se  réunissant  suivant  des  lignes  compliquées,  paraissant  quelconques, 
n'ayant  rien  de  commun  en  tous  cas  en  tant  que  topographie  avec  les 
sutures  normales.  11  convient  de  se  reporter  ii  la  légende  de  la  figure  1. 


Fig.  1.  —  Représentation,  d'après  une  photographie,  de  la  paroi  crânienne  régé- 
nérée d'un  jeune  chien  craniectomisè  le  3!  août  1902  à  la  Station  physiologique  du 
Collège  de  Franco  ;  /),  limite  de  la  craniectomie  ;  s,  emplacament  des  sutures  vraies 
(pointillé);  /",  fausse  suture  secondaire;  e,  espace  non  encore  envahi  pas  le  tissu 
osseux  régénéré  (fausse  fontanelle);  P,  Os  pariétal;  F,  Os  frontal;  /,  interpariétal. 

Le  crâne  en  question  fait  partie  des  collections  de  la  Station  physiolo- 
gique du  Collège  de  France. 

J'avais  simplement  signalé,  en  temps  opportun,  au  cours  d'une  com- 
munication à  l'Académie  des  Sciences  ',  le  résultat  de  celte  expérience. 

Il  ne  me  paraît  pas  inutile  aujourd'hui  d'y  insister  davantage  :  i°  Au 
point  de  vue  spécial  de  la  question  de  la  régénération  des  os  du  crâne; 
2"  Au  point  de  vue  des  connexions  des  parties  osseuses  régénérées  les 
unes  avec  les  autres. 


I 


La  régénération  de  la  substance  osseuse  crânienne  n'est  pas,  comme 
l'on  sait,  généralement  admise  par  les  Chirurgiens  et  les  Médecins. 
Elle  est  néanmoins  bien  loin  d'être  impossible  et  l'expérience  actuelle 
suffirait  à  le  prouver,  si  tant  d'auteurs  qui  ont  obtenu  des  résultats  aoa- 


*  Anthony.  —  De  l'action  morphogénique  des  muscles  crotaphyles  sur  le  crâne  et 
le  cerveau  des  Carnassiers  et  des  Primates.  C.  R.  Acad.  Se.  1904. 


ANTHONY.    —    KTIDR  DK  I.A   ni'cf.NKR  \  TlnN  OSSF.l'SR  Df  C.HANK  100 

logucs  sur  riiomino  et  les  animaux  lOllier'  nulaininciU  ijui  a  expi'-ri- 
menté  sur  le  iiioulon)  n'en  avaient  (Ji''j:\  pris  le  soin. 

Celte  opinion  île  beaucoup  de  Chirurgiens  considérant  que  la  régéné- 
ration osseuse  crAnienne  ne  se  produit  pas  et  (jue  le  pcriosle  des  os  du 
crAne  ne  joue  (ju'un  rùlc  restreint  dans  Imir  nutrili(jn  lient  à  mon  avis, 
aux  deux  raison.s  suivantes  : 

1°  Parce  qu'ils  ne  prennent  peut-être  pas  assez  de  soins  de  conserver 
ce  périoste  ; 

-2"  Parce  qu'ils  pratiquent  Imirs  craniectomies  le  plus  souvent  sur  de.s 
sujets  déjà  Agés  et  chez  lesquels  le  périoste  ne  fonctionne  plus  guère. 

Ce  qui  semble  prouver  que  l'insuccès  des  chirurgiens  est  bien  dû  à  ces 
causes,  c'est  (prollier,  moi  même,  et  tant  d'autres  en  prenant  bien  soin 
de  conserver  le  périoste,  et,  en  opérant  sur  des  animaux  suffisamment 
jeunes,  avons  obtenu  de  superbes  régénérations  crAniennes.  Le  périoste 
du  crAne  jouit  donc  absolument  des  mêmes  propriétés  que  celui  des  autres 
os. 

H 

Comment  d(jil-on  inlerpréler  les  lignes  sinueuses  suivant  lesquelles,  sur 
un  crAne  réparé,  se  réunissent  les  parties  osseuses  régénérées?  Doit-on 
les  considérer  comme  de  véritables  sutures?  Evidemment  non,  et,  nous 
allons  voir  pourquoi.  Mais  il  est  indispensable  de  rappeler  auparavant 
ce  qu'est  une  suture  et  comment  se  produit  normalement  l'agrandisse- 
ment du  crAne. 

Oq  sait  qu'il  son  premier  stade  de  développement  le  crAne  est  membra- 
neux, l'n  peu  plus  tard,  les  partiesniembraneuses  de  la  base  sont  rem- 
placées par  du  cartilage,  la  voiUe  continuant  à  rester  membraneuse. 
Dans  cette  dernière,  l'ossification  se  fait  directement,  c'est-à-dire  sans 
(ju'elle  soit  précédée,  comme  cela  se  passe  pour  la  base,  par  un  stade  car- 
tilagineux. 

La  membrane  du  crâne  |)rimilif  est  constituée  de  deliors  en  dedans 
par  trois  couches  : 

1"  Couche  superficielle  qui  deviendra  le  périoste  du  crAne  adulte; 

2»  Couche  moyenne; 

3»  Couche  profonde  qui  sera  la  dure-mère. 

La  couche  moyenne  joue  dans  le  développement  de  la  voûte  le  rùlc  du 
cartilage  dans  celui  des  autres  os.  C'est  dans  son  sein  que  se  développe  le 
tissu  osseux,  et,  sur  les  crAnes  un  peu  plus  Agés,  c'est  elle  qui  forme  la 
membrane  oblitérante  des  fontanelles.  Lorsque  les  crAnes  sont  plus  Agés 
encore,  et  que  les  os  qui  les  constituent  semblent  se  toucher  s'engrenani 
les  uns  dans  les  autres  suivant  ces  lignes  compliquées  que  l'on  appelle 
des  sutures,  la  membrane  moyenne  semble  ne  plus  exister;  il  en  persiste 
cependant  un  reliquat  dans  la  suture  elle-même,  c'est  là  membrane  suturale 

'  Ollier.  —  La  régénération  des  os.  Encycl.  des  AiJe-Mémoires,  p.  Sl-52. 


200 


i{)   AVIUL   1900 


qui  joue  vis-à-vis  des  os  du  cràiie  le  rôle  dos  cai'lilagcs  de  conjugaison 
vis-à-vis  des  os  à  formation  carlilagineuse  comme  ceux  des  membres  per- 
mettant l'agrandissement  de  la  boîte  crânienne  par  l'augmentation  de 
surface  des  os  suivant  leurs  bords.  Une  coupe  de  la  paroi  du  crâne  peut 
être  schématiquement  représentée  à  ce  moment  de  la  façon  tigurée  (voy. 
fig.  2).  A  unûge  plus  avancé  encore,  la  membranedisparaît  tout  comme  les 
cartilages  île  conjugaison  disparaissent,  il  n'y  a  plus  de  suture  et  la  boîte 
crânienne  ne  peut  plus  s'agrandir'. 


fifj,  2.  —  Coupe  tiansvirsale  scliémaliquc  d'une  suture  crânienne;»,  Paroi  osseuse 
crânienne;  .v.  Périoste  (couche  superficielle  du  crâne  membraneux)  ;  m.  s.  Membrane 
suturale  'couciie  moyenne  de  crùne  membreux)  ;  />,  Dure- mère  ('couche  profonde  du 
crine  membraneux). 

Etant  donné  ceci,  qu'arrivera-t-il  donc  lorsqu'une  craniectomie  sous 
périostée  intéressant  une  suture  aura  été  pratiquée  ?  C'est  précisément 
le  cas  de  l'expérience  dont  je  vous  apporte  ici  les  résultats.  La  membrane 
suturale  aura  été  détruite  et  on  ne  conçoit  pm  qu'elle  puisse  régénérer.  Le 
périoste  conservé  continuera  à  produire  de  l'os  suivant  la  périphérie  de 
l'orifice  pratiqué,  suivant  aussi  d'autres  points  de  sa  surface,  et  ces  dif- 
férentes zones  néo-osseuses  s'agrandissant  peu  à  peu  finiront  par  arriver 
au  contact  les  unes  des  autres  suivant  des  lignes  sinueuses,  quelconques, 
qui  rappelleront  parleur  aspect  des  sutures  mais  qui  en  différeront  essen- 
tiellement, d'abord  parce  que  leur  topographie  n'aura  rien  de  commun 
avec  celle  des  sutures  normales,  ensuite  parce  qu'elles  ne  posséderont 
pas  comme  elles  de  membrane  suturale,  et,  que  pour  cette  raison,  elles 
souderont  presque  immédiatement  aussitôt  leur  apparition.  On  peut  les 
appeler  des  fausses  sutures;  sur  la  pièce  que  je  vous  présente  on  voit  des 
traces  de  ces  fausses  sutures  déjà  synostosées. 

Une  suture  véritable  n'est  donc  pas  seulement  la  ligne  suivant  laquelle 
s'accolent  deux  os  du  crâne,  mais  elle  est  avant  tout  caractérisée  ;  l"^  par 


*  Il  résulte  de  tout  ceci  qu'il  n'est  pas  exact  de  considérer,  comme  on  le  fait  dans 
tous  les  livres  d'uncnlomie,  les  sutures  crâniennes  comme  des  articulations  et  les  os  du 
crâne  comme  des  individualités  osseuses.  Les  sutures  crâniennes  sont  analogues  aux 
sutures  qui  dans  les  fémurs  jeunes  par  exemple  séparent  la  tète  du  corps,  et,  les 
os  du  crâne  n'ont  en  réalité  par  rapport  les  ulis  aux  autres  que  la  signification  des 
difièrcnts  points  épiphysaires  delà  léle  du  fémur  entre  eux. 


DISCUSSION  201 

la  pn-sence  de  la  membrane  suturale.  2*  par  son  emplacement  propre 
(|ui  failque  les  tlillerenles  sutures  sont  dénommées  .sfl//<7/rt/é',  tv>/o«a/c,  etc.." 

Pour  iju'une  suture  se  régénère  i\  faudrait  donc  supposer  :  1°  une  recons- 
titution de  la  membrane  suturale,  ce  (]ui  parait  a  priori  difïicile  à 
admettre;  ^^  l'interventiun  d'un  facteur  quelconque  et  bien  spécial  qui 
forait  naîlre  celte  membrane  suturale  de  néo-formation  précisément 
à  Tendroil  même  où  existait  la   membrane  suturale  détruite. 

Les  lignes  de  séparation  des  os  que  l'on  voit  sur  les  crAnes  répan-s  ne 
sont  en  réalité  que  des  fausses  sutures  et  c'est  le  hasard  ou  une  production 
égale  de  tissu  osseux  suivant  les  bords  de  la  plaie  osseuse  lorscpie  cette  der- 
nière est  symélri(iue  par  rapi)ortà  une  suture,  qui  leur  fait  prendre  par- 
fois la  direction  df  suliucs  véritables. 

A  noire  séance  du  20  juillet  11(05,  il  nous  a  été  apporlfi  la  calotte  crâ- 
nienne d'un  individu  ayant  él<''craniectomisé  et  qui  aurait  présenté  d'après 
les  auteurs  '  :  1°  une  régénération  de  la  substance  osseuse  ;  2°  une  régé- 
nération partielle  de  la  suture  coronale. 

La  régénération  de  la  substance  osseuse  n'était  pas  discutable.  C'est 
donc  simplement  là  une  observation  qui  vient  s'ajouter  à  tant  d'autres. 

l'ar  contre,  il  nous  a  été  aussi  impossible  qu'à  M.  Manouvrier  de  voir 
sur  le  crâne  qui  nous  a  été  présenté  quelque  chose  qui  puisse  être  inter- 
prété comme  une  suture  régénérée.  Au  surplus  si  cette  régénération  de 
la  suture  coronale  avait  existé  réellement,  cela  eût  été,  pour  les  raisons 
exposées  plus  haut,  dénature  à  nous  surprendre  au  delà  de  toutes  mesures. 

Je  compte  reprendre  incessamment  ces  expériences  sur  la  régénération 
du  crâne  en  m'atlacbant  plus  spécialement  maintenant  à  l'examen  histo- 
logique  des  tissus  régénérés. 

Station  phijxiolof/iquc  du  Collège  de  France.  IS  avril  1900. 
Discussion. 

M.  I'ali.  Boncouu.  —  Je  n'ai  pas  assisté  à  lacomiuunicalion  de  M.  Marie 
et  de  M"e  Pelletier:  ils  ont  cité  parmi  ceux  qui  sont  d'avis  que  la  régéné- 
ration osseuse  est  possible  M.  liourneville.  En  eilet  j'ai  vu  chez  ce  dernier 
des  crânes  d'enfants  craniectomisés  extrêmement  intéressants,  où  la  régé- 
nération osseuse  est  évidente:  et  d'aillears  depuis  de  longues  années 
M.  Bourneville  attirait  l'attention  sur  ce  fait  (Voir  comptes  rendus  de 
Bicétrej.  Mais  je  ne  suis  pas  d'avis  que  la  régénération  des  sutures  soit 
possible.  M.  Anthony  vient  de  donner  ses  arguments;  à  mon  tour,  je  cite- 
rai un  crâne  bien  connu  au  musée  Bourneville,  où  la  suture  coronale  a  été 
touchée  par  la  craniectomie.  Or  le  résultat  a  été  une  synostose  complète 
de  la  suture,  c'est-à-dire  la  disparition  des  diMitelures  (jui  existaient  avant 

*  Marie  et  Pelletier  :  Grauieclomie  et  Régénération  osseuse.  Bull.  Soc.  Anlhrop. 
Paris  1905. 

soc.  d'anthrop.  <906.  li 


20-2  <y  Avnii.  19(M> 

l'inlervention  opératoire.  C'est  là  une  véritable  expérience  que  je  signale 
à  l'attention  de  M.  Anthony. 

M.M.  M.\NOuvRiER  et  Zaborowski  font  également  quelques  remarques  k  ce 
sujet. 


LA  PRÉTENDUE  SYPHILIS  PREHISTORIQUE 

I'ar  le  D''  Ivan  Hlogh  (de  Berlin). 

M.  le  professeur  Manouvrier  a  bien  voulu  m'inviter  à  vous  faire  une 
communication  sur  mes  recherches  concernant  la  prétendue  syphilis 
préhistorique.  Arrivé  récemment  à  Paris,  je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  voir 
les  squelettes  préhistorisques  qui  ont  été  décrits  par  Parrot  comme  syphi- 
litiques. Lorsque  je  les  aurai  examinés,  j'ajouterai  quelques  observatioDS 
à  ma  communication  présente. 

Celle-ci  est  extraite  de  mon  second  volume  sur  l'origine  de  la  syphilis. 
Le  premier  volume  parut  il  y  a  cinq  ans',  le  second  est  sous  presse. 
M.  le  professeur  Bayet  de  l'Université  de  Bruxelles  en  a  donné  une  analyse 
détaillée  dans  plusieurs  numéros  du  «  journal  médical  de  Bruxelles  ».  Il 
a  l'intention  de  traduire  ou  faire  traduire  l'ouvrage  entier  en  langue 
française  après  la  publication  du  second  volume. 

Le  premier  volume  contient  l'histoire  critique  de  l'origine  historique  de 
la  syphilis  pour  l'ancien  monde.  Dans  cet  ouvrage  j'ai  réfuté  les  nom- 
breuses erreurs  et  surtout  les  étonnantes  falsifications  sur  lesquelles  se 
fondait  l'opinion  que  la  syphilis  était  aussi  ancienne  que  l'homme  lui- 
même.  J'ai  alors  prouvé  qu'elle  avait  une  origine  autochtone  de  mérne 
que  la  lèpre,  le  choléra,  la  petite  vérole,  la  fièvre  jaune,  etc.  M'appuyant 
sur  de  nouvelles  sources  littéraires,  j'ai  encore  décrit  l'introduction  de  la 
syphilis  en  Espagne  à  la  fin  du  quinzième  siècle  et  sa  propagation  dans 
l'ancien  monde,  dans  les  divers  pays  de  l'Europe,  de  l'Afrique,  de  l'Asie. 
Le  résultat  de  mes  recherches  est  que  la  syphilis  est  une  maladie  spéci- 
fique du  nouveau  monde,  spécialement  de  l'Amérique  centrale.  Elle  n'a 
pas  existé  du  tout  dans  l'ancien  monde.  Cette  opinion,  fondée,  comme 
vous  savez,  il  y  a  à  peu  près  deux  cents  ans,  par  votre  célèbre  compa- 
triote Astruc,  a  été  vivement  contestée  et  défendue  de  part  et  d'autre. 
Aujourd'hui  la  plupart  des  savants  allemands  et  français  partagent 
l'opinion  d'Astruc,  et  il  est  bien  caractéristique  quesurtout  les  spécialistes 
en  dermatologie  et  syphiligraphie  les  plus  éminents  comme  par  exemple 
M.  Alfred  Fournier,  M.  Unna,  M.  Blaschko  et  beaucoup  d'autres  ont  affirmé 
leur  conviction  de  l'origine  moderne  de  la  syphilis  dans  l'ancien  monde. 

La  question  serait  décidée  au  moment  où  l'on  trouverait  dans  l'ancien 

*  Ivan  Bloch.  —  Der  Ursprung  der  Syphilis.  lena,  1901. 


IVAN  ni.iM^H.  —  r.A  l'RKTENDLE  SYPIIILIs  PRKHISTORlQrR  203 

monde  des  os  sypliililiques  antérieurs  ;i  la  découvorle  de  rAméritjne. 
(.^esl  éiçalemenl  le  grand  mérile  de  plusieurs  savants  français  d'avoii' 
reconnu  les  premiers  la  grande  inipoitance  des  recherches  sur  les  osse- 
ments dos  temps  préhistoriques  et  de  l'antiquité,  et  c'était  surtout  dans 
votre  société  qu'ont  eu  lieu  plusieurs  discussions  très  intéressantes  sui'  la 
syphilis  préhistorique.  Je  suis  donc  heureux 'd'avoir  l'occasion  de  faire 
également  une  (;umiiuiMicaliun  sur  ce  sujet  dans  la  Société  d'Anthropologie 
de  Paris. 

Le  résultat  de  mes  recherches  sur  la  syphilis  osseuse  préhistorique  se 
résume  en  deux.  mots.  Il  n'y  a  ni  syphilis  préhistorique,  ni  syphilis 
antique  dans  ranoien  monde.  î'n  seul  fait  curieux  suffit  à  lendre  scepti- 
(pie  au  sujet  de  la  prétendue  syphilis  préhistoricjue.  On  a  hien  truuvé 
quelques  cri\nes  ou  d'auti'es  parties  de  squelette  de  provenance  préhisto- 
riipie,  mais  il  y  a  une  grande  lacune  entre  ces  temps  préhistoriques  et  les 
temps  modernes  dans  les  trouvailles  des  os  syphilitiques  des  temps  de 
l'antiquité  ou  du  moyen  ;\ge.  Il  fallait  les  trouver  en  grand  nomhre,  si  la 
syphilis  av;iit  existé  dans  l'anti(iuit('.  Mais  la  plujkart  des  os  anciens  ([ui 
ont  été  décrits  comme  syphilitiques  appartiennent  à  l'époque  préhistorique. 
C'ostétonnant  et  très  peu  favorahleà  la  théorie  de  l'antiquité  de  la  syphilis. 

On  connaît  ladilhculté  du  diagnostic  anatomiquc  de  la  syphilis  osseuse 
sur  les  pièces  fraîches.  Que  dire,  dès  lors,  de  pièces  remontant  à  une 
antiquité  aussi  reculée,  qui  a  peut-être  connu  des  maladies  aujourd'hui 
disparues  dont  l'action  pouvait  comme  celle  de  la  syphilis  amener  des 
lésions  des  os.  11  convient  donc  d'apporter  dans  un  tel  diagnostic  les  plus 
expresses  réserves.  De  plus  il  y  a  beaucoup  d'altérations  osseuses  pseu- 
dosyphilitiques que  l'on  doit  connaître  pour  éviter  de  graves  erreurs.  Je 
dois  rappeler  brièvement  l'état  vermoulu  du  crâne  qui  caractérise  la 
nécrose  syphilitique,  mais  qui  peut  être  produit  par  l'action  de  racines  de 
plantes  ou  de  petits  vers,  comme  Virchow  l'a  démontré  sur  un  crâne  de 
Porto-Uico,  et  je  dois  rappeler  également  les  recherches  intéressantes  de 
M.  le  professeur  Manouvrier  sur  les  cautérisations  artificielles  du  crâne 
comme  action  thérapeutique.  De  même  nous  savons  que  beaucoup  de 
maladies  peuvent  déterminer  sur  les  os  des  lésions  très  voisines  comme 
aspect  macroscopiciue  de  celles  qui  dérivent  de  la  syphilis.  Il  y  a  des 
exosloses  et  des  hyperostoses  d'origine  héréditaire,  traumatique,  arthri- 
tique et  nerveuse  qui  ne  peuvent  pas  être  distinguées  des  exostoses  et  des 
hyperostoses  syphilitiques.  D'après  .M.  Fournier  un  simple  traumatisme 
suffit  parfois  à  produire  des  exostoses  tout  à  fait  comparables  aux  exos- 
loses spécifiques.  De  même  la  fièvre  typhoïde  produit  de  semblables 
exosloses  pseudosypbilitiijues,  et  on  trouve  également  au  voisinage  des 
ulcères  variqueux  des  hyperostoses  tibiales  simulant  des  lésions  syphili- 
tiques. La  nécrose  des  os  par  l'induence  du  phosphore  et  l'ostéoporose 
sénile  sont  aussi  des  véritables  lésions  pseudosyphilitiiiues  des  os.  Il  y  a 
en  réalité  peu  de  marques  certaines  qui  facilitent  et  justifient  le  diagnostic 
de  la  syphilis.  C'est  surtout  la  nature  des  cicatrices  produites  par  la  carie. 
Ces  cicatrices  syphilitiques  ont  une  excavation  centrale  de  couleur  blanche 


504  19  witii.  loor. 

cl  (le  constriictiim  radiairc,  [»eii(lanl  que  luuironlour  est  épaissi  cl  s'élt*'ve 
en  fornit'  d'une  liyiieiostuse  (!(-'  coultnii  un  peu  plus  obscure.  Jusciu'ù 
niainlenanl  on  n'a  Irouvé  aucune  cicatrice  de  Iclle  nature  sur  des  os 
préliisloiicjues  ou  anlinues.  Oulre  ces  cicatrices  bien  caractéristiques  il  y 
a  une  liypcroslose  partielle  du  frontal  ou  du  nasal  que  lJi-oca  a  di'claré 
être  une  preuve  certaine  de  la  syphilis.  J'ai  vu  un  crùne  japonais  dans  le 
musée  elhno,i;rapliique  de  Berlin  montrant  une  semblable  byperoslose  du 
nasal  d'un  centimètre  d'épaisseur. 

Il  va  cinq  ans,  j'ai  fait  des  recherches  scrupuleuses  dans  les  collections 
dn  Musée  Hunier  à  Londres  où  il  y  a  un  grand  nombre  de  squelettes  de 
l'époque  ancienne  et  médiévale  provenant  des  fouilles  et  d'^s  cimetières 
d'Angleterre.  Mais  je  n'ai  pas  trouvé  un  seul  os  avec  des  lésions  spéci- 
fiques. Il  n'en  existe  également  ni  dans  les  collections  du  Musée  South 
Kensinglon  à  Londres  ni  dans  celles  du  Musée  d'histoire  naturelle  à 
Cambridge,  ni  dans  un  aucun  musée  allemand. 

Il  faut  donc  en  arriver  à  celte  conclusion  que  la  syphilis  n'a  existé  ni 
dans  les  temps  préhistoriques,  ni  dans  l'antiquité.  Il  n'y  a  pas  de  syphilis 
préhistorique.  C'est  une  maladie  moderne  pour  l'ancien  monde. 

Je  ne  veux  pas  toucher  aujourd'hui  la  question  intéressante  de  la 
syphilis  osseuse  précolombienne  dans  le  nouveau  monde,  parce  que  je 
n'ai  pas  encore  fini  mes  recherches.  Vous  en  trouverez  tous  les  détails 
dans  mon  livre.  Du  reste,  c'est  une  question  secondaire  pour  l'existence 
ou  la  non-existence  de  la  syphilis  préhistorique  en  Europe. 

En  somme,  je  suis  persuadé,  absolument  persuadé  que  plus  l'on  con- 
tinuera les  recherches  sur  la  syphilis  préhistorique  dans  l'ancien  monde 
plus  on  arrivera  à  celte  certitude  qu'elle  n'existe  pas. 

P.  S.  —  Je  n'ai  trouvé  ni  au  Musée  Broca,  ni  au  Musée  anthropologique 
du  Jardin  des  Plantes,  les  ossements  décrits  par  Parrot. 

Probablement,  ils  ont  été  transférés  avec  d'autres  parties  du  squelette 
dans  un  galetas  de  l'I^colc  antliropologique,  où  l'on  en  a  réuni  un  grand 
nombre  par  manque  de  place.  Je  n'ai  vu  que  le  crâne  du  dolmen  de  l'Au- 
mède  (collection  Prunières  17  349  n"  199)  présentant  deux  exosloses  de 
l'occipitale  qui  sont,  d'après  mon  opinion,  loin  d'être  caractéristiques 
pour  la  syphilis,  opinion  partagée  déjà  par  Broca  (Séance  de  la  Société 
d'Anthropologie  de  Paris  du  16  mars  1876).  Egalement  les  lésions  d'un 
crAne  de  Bray-sur-Seine  (M.  Lorillon,  n"  9  du  musée  Broca)  ne  sont  pas 
de  nature  syphilitique. 

Selon  M.  Manouvrier,  il  s'agit  d'une  ou  plusieurs  larges  cautérisations 
du  cuir  chevelu,  probablement  pratiquées  avec  des  moxas^  à  la  façon  des 
anciens  Guanches,  et  sur  le  sujet  jeune.  Ces  cautérisations  difficiles  à 
régler  et  nécessairement  irrégulières  ont  atteint  le  périoste,- et  sur  tous 
les  points  où  le  périoste  a  été  endommagé,  la  croissance  des  os  en  épais- 
seur a  été  compromise  tandis  que,  sur  les  points  où  le  périoste  n'a  pas  été 
atteint  par  la  cautérisation,  l'épaisseur  des  os  est  devenue  normale.  De 
là,  les  enfoncements  irréguliers  que  nous  constatons. 

Malgré  le  résultat  négatif  des  recherches  sur  les  os  préhistoriques  pré- 


IVAN  Itl.nCII.     -       I.V   l'UKTKNDI'E  SYPHILIS  PHKIllSTOlU'Jli:  20."> 

toiiilups  svpliiliti^liies,  on  <^l(,>it  roconn.iilro  l'nirol  (•()iiuno  ('('liii  (|iii  ,i  lo 
pi'.'ini'M-  li.iilt"  ainplemoiil  colle  questiuii,  ri  m  ilgr.;  ses  crrtîiiis  il  lui  roslc 
le  in-Mile  dîivûir  reconnu  l'imporlancc  da  pioltlème  scienlirniue.  Il  <:oin- 
iiT'nra  ses  recherohes  (mi  1877,  mais  Ircize  ans  avanl,  en  180 i  il  y  avait 
iJ.'jà  une  liiscussion  sur  le  même  sujel  dans  la  Société  d'anlliro[»rjlogie  de 
Londres.  Le  président,  M.  James  Ilunl.  déclara  (ju'il  n'avait  jamais  ren- 
conliv  des  lésions  syphilitiques  sur  un  ancien  cnVne,  mais  qu'il  les  avait 
vu'.'S  fré([uemmenl  sur  les  cr;\ncs  modernes  postérieurs  à  la  découverlc 
(le  l'Amérique.  Plus  lard  d'autres  anlhropologistes  comme  Viridiow, 
M.  von  Lusclian,  .M.  Manouvricr,  ont  confirme  cette  expérience. 

Broc.i,  qui  défendait  la  théorie  de  l'existence  ancieanc  de  la  syphilis, 
-  ■  déclara  cependant  prudemment  sur  la  syphilis  osseuse  préhistorique  à 
l'occasion  de  la  démonstration  d'exostoses  crâniennes  des  Dolmens  de 
r.\um''de,  p?ndant  que  de  Ojilivfases  et  Topinar  1  affiiin  lient  l'origine 
moderne  de  la  sy()hilis. 

Hiianl  au\  travaux  de  Farro!,  ils  sont  plus  vastes  (ja'exacts,  et  ses  opi- 
nions ont  été  vivement  comhattucs  par  les  anthropulo-^i^tes  et  syphili- 
graphes  français,  p  irce  qu'el'es  sont  trilîs  peu  critiques.  Par  exemple  il 
regarde  les  exostoses  tihiules  du  squelette  de  Solulré  exhumé  par  l'ahhé 
Ducrost  en  1872  comme  syphilitiques,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  d'autres 
l.'sions  sur  les  autres  os  et  (juoique  ces  exo^tos-s  tihiales  n'aient  rien  de 
spé':ilique.  Encore  plus  douteuses  sont  les  opinions  de  Parrut  sur  les  signes 
de  la  syphilis  héréditaire  du  crAne.  Son  «  craniotahi  s  congénital  peri- 
hregmaliipie  »  qui  se  trouve  symétriquement  sur  les  frontales  et  parié- 
tales le  long  de  la  suture  sagittale  est  inconle.-tahlement  d'origine 
lacliitique.  De  même  les  hosscs  piriétalcs  et  la  soi-disante  dé  ormation 
naliforuv;  du  crAne  dans  la  région  de  hi  grande  fontanelle  sont  des  mar 
ques  biensc  mnues  de  rachitisme.  E-iîln  l\irrot  a  distingué  d'une  manière 
subtile  une  fu  ilc  de  dJformalions  dentaires  (\  l'i!  croit  être  de  nature 
liérédo  syphilitique,  comme  par  exempb  une  "  alioplii(!  iu[)uIiriM'me  >> 
des  dents,  une  «  drophie  sulciforme  »,  une  «atrophie  cuspi  lionne  »,  une 
«  atrophie  en  hache  ».  On  sait  que  ces  déform  itions  ppuvent  être  pro- 
duites par  l'eclampsie  infantile,  par  le  rachilism«',  la  scrofulose  et 
d'autres  maladies  ;  au  contraire  elles  ne  se  trouvent  dans  la  syphilis  que 
1res  rarement  et  alors  on  peut  toujours  démontrer  la  coexistence  d'une 
de  ces  autres  maladies.  Ainsi  l'atrophie  sulci'"orni  .•  d-'s  (lent<  il'un  crûnc 
iTiM-ovingien  du  cimetière  de  Hrény  n'est  pas  du  tout  v.nr  preuve  cerl  line 
de  la  syphdis  comme  Parrot  le  suppose. 

Sur  ro:cipitale  dun  cvCum-.  du  dolm:;ii  de  Cauquenos,  trouvaille  du 
Dr.  Prunières,  Parrot  a  décrit  ileux  perforations  «  identiques  à  celles  que 
produit  le  craniolabes  syphilitique  »  mais  il  ajoute:  «  Autour  d'elles,  la 
table  interne  est  un  peu  poreuse,  comme  il  est  habituel  de  la  trouver  chez 
les  rachitiques  ».  Le  résumé  (ju'il  donne  de  ses  recherches  est  très 
remarquable  et  d'après  mon  opinion  une  réfutation  méni'?  de  l'ancienneté 
de  la  syphilis.  Car  Parrot  prétend  que  la  >y[diilis  préhistorique  était  d'un 


206  JO  AvuiL  1900 

caractère  très  lionin  cl  (ju'il  est  i)ruljal»lc  que  les  compagnons  de  (lolomb 
avaient  introduit  un  virus  exotique  beaucoup  plus  toxique. 

On  trouve  une  excellente  critique  des  hypothèses  de  Parrot  dans  une 
thèse  de  Paris  que  M.  Le  Biron  a  publiée  en  1881  sur  les  «  lésions 
osseuses  de  l'homme  préhistori(iue  en  France  et  en  Algérie.  »  Il  y  décrit 
cent  vingt  et  un  os  avec  des  lésions  pathologiques  dont  il  trouvait  un 
seul  suspect  de  syphilis.  C'est  le  fragment  d'un  tibia  du  dolmen  de  Léry 
où  se  trouve  une  liypertrophie  vers  le  milieu  de  la  crête.  Mais  je  ne  crois 
pas  que  cette  unique  hyperostose  soit  suffisante  pour  le  diagnostic  de  la 
syphilis.  Du  reste  M.  Le  Baron  prononce  l'opinion,  que  la  syphilis  était 
«  relativement  rare  dans  les  temps  anciens  »,  opinion  très  remarquable 
si  l'on  se  souvient  que  les  mœurs  n'étaient  pas  meilleures,  mais  proba- 
blement plus  mauvaises  que  les  mœurs  des  temps  modernes. 

Assez  longtemps  après,  encore  deux  savants  français,  Fouquet  et 
Zambaco  ont  remis  de  nDuveau  en  jeu  la  question  de  la  syphilis  préhis- 
torique. 11  s'agit  des  squelettes  des  nécropoles  de  Negadah,  Karwamil, 
El-Amrah  en  Egypte.  Zambaco  a  fait  une  conférence  sur  les  lésions  patho- 
logiques de  ces  os  dans  la  séance  du  3  juillet  1900  de  l'Académie  de 
Médecine  de  Paris.  Il  y  décrit  un  squelette  de  la  nécropole  de  Karwamil, 
dont  les  lésions  constituent  d'après  mon  opinion  un  cas  typique  d'ar- 
thrite déformante.  En  effet  les  diaphyses  sont  toujours  intactes  ;  et  ni  la 
diaphyse  des  os  longs,  ni  la  crête  antérieure  du  tibia  ni  les  côtes,  ni  le 
sternum,  ni  la  clavicule  ne  présentent  des  lésions  hyperostosiques.  Enfin 
la  symétrie  des  lésions  est  une  preuve  contre  leur  nature  syphilitique. 
Egalement  MM.  Gangolphe,  Fournier  et  Bayet  se  sont  prononcés  très 
vivement  contre  l'hypothèse  de  lésions  syphilitiques  des  os  de  Karwamil. 
tJne  commission  a  laquelle  appartenaient  MM.  Fournier,  Perrier,  Filhol, 
Cornil  et  Lannelongue,  fut  chargée  par  l'Académie  de  Médecine  de  faire 
des  recherches  sur  la  syphilis  osseuse  préhistorique.  Mais,  comme  je  l'ai 
appris  par  M.  Fournier,  cette  commission  n'a  jamais  commencé  ses  tra- 
vaux. Dix  ans  avant  M.  Eve  avait  déjà  démontré  dans  la  Société  patholo- 
gique de  Londres  de  semblables  lésions  des  os  de  l'ancienne  Egypte  h 
celles  décrites  par  M.  Zambaco,  mais  il  en  avait  nié  avec  raison  la  nature 
spécifique. 

Discussion. 

M.  Fa.  Fkrraz  de  Macedo.  —  Quand  je  faisais  mes  recherches  anthro- 
pologiques (188o)  sur  l'encéphale  humain  à  la  Faculté  de  Médecine  de  la 
Ville  de  Rio  de  Janeiro,  j'eus  l'occasion  d'examiner  une  grande  quantité 
d'ossements  d'indigènes  [caboclos).  Quand  j'étudiais  anthropométrique- 
ment  la  grande  série  de  crânes  d'indigènes  brésiliens  des  cavernes,  des 
simbaquis  (koekenmoedings)  et  contemporains  —  exposés  au  Muséum 
.\ational  de  Rio  de  Janeiro  — .j'examinai,  en  détail,  pcut-clre  plus  de 
500  exemplaires  anciens  et  modernes  de  ces  habitants  primitifs  du  Brésil. 


DEL 


Vl.MXirUT   KT  HAIDRT.    —    lH»l  ULE   TltKl'AN  A  rin.N    IIIIHI  -  I  nHlIjLE  207 


Dans  tous  ces  ext'mplaires,  j>  ne  me  rappelle  pas  nvinr  rencontre  qneh^ie 
trace  révélatrice  de  syphilis. 

Toutefois,  il  faut  ilire  quo  mon  allenlion  ne  s'est  jamais  tixée  spécia- 
lement sur  cet  objet. 

MM.  Manol VRIE»,  DE  MoRTiLLET  ct  AiGiER  font  également  quelques  re- 
marques. 


DECOUVERTE    D'UNE    DOUBLE    TREPANATION    PRÉHISTORIQUE   A   MONTIGNY-SUR- 
CRECY,   CANTON    DE    CRECY-SUR-SERRE  (Aisne). 

Pau  m. m.  Delvixcolrt  et  Baudet. 

MM.  Delvincourt  et  Baudet,  membres  de  la  Société  académique  de  Saint- 
(juentin,  communiquent  aux  membres  de  la  Société  d'.Vnthropologie  deux 
crAnes  trouvés  dans  une  sépulture  néolithique  à  Montigny-sur-Crécy, 
arrondissement  de  Laon. 

La  sépulture  creusée  dans  la  craie,  avait  la  forme  d'une  excavation 
rectangulaire  soigneusement  délimitée  par  des  grès  assez  volumineux  dont 
deux  véritables  monolithes,  elle  renfermait  67  individus,  hommes,  femmes 
et  beaucoup  d'enfants,  orientés  inditVéremment  du  nord  au  sud  ou  du  sud 
au  nord,  brachycéphales,  qu'accompagnait  un  riche  mobilier  funéraire  se 
décomposant  comme  suit  : 

3  haches  polios  avec  emmanchure  en  corne  de  cerf  polie. 

1  emmanchure  en  corne  de  cerf  polie. 

1  emmanchure  en  corne  de  cerf  non  polie. 

2  poinçons  en  os. 

i  collier  formé  de  rondelles  en  nacre,  schiste  et  os. 

P^t  d'environ  100  silex  taillés  et  non  taillés. 

Deux  crânes  méritent  une  mention  particulière  : 

Le  premier  porte  deux  trépanations  :  la  première  est  sincipilale  et 
semble  présenter  qu.M(iue5  traces  de  guéri.son;  la  seconde  intéresse  le 
pariétal  droit  et  la  portion  écailleuse  du  temporal  et  parait  avoir  été 
suivie  de  la  mort  de  l'individu. 

Le  second  crAne  a  appartenu  comme  le  premier  h  un  individu  de  .jO  a 
60  ans,  il  porte  sur  le  sinciput  la  trace  d'une  altération  osseuse  probable- 
ment due  ;i  une  cautérisation  pratiquée  ou  à  une  blessure  reçue  pendant 
la  période  de  l'adolescence. 

Discussion. 

M   Manouvrier  pense  que  les  deux  trépanations  ont  été  faites  après  la 
mort  de  l'individu. 
M.  .\.  DE  MouTiLLET  au  Contraire  est  d'avis  que,  si  une  des  trépanations 


208  I")  Aviui.  1006 

est  ccrlainemcMil  poili'rioiiro  à  la  mort  du  sujet,  r.uiln'  peut  très  bion  avoir 
Ole  faite  de  son  vivant  (juoi(|iM'  le  sujet  ne  semble  pas  avoir  survécu  long- 
t<;nips  il  l'opération.  Kn  outre  il  croit  la  sépulture  de  Monligny-sur-ilréry 
être  un  dolmen  dont  la  table  supérieure  serait  disparue. 

l)'a[irès  M.  llaudet,  la  situation  de  la  Sf'pulture,  la  présence  d'un  fossé 
que  précède  une  sorte  de  tremplin  pour  faciliter  l'intromission  des  corps 
dans  l'excavation  entourée  de  grès,  confirment  l'opinion  de  M.  A.  de 
Mortillet.  L'enlèvement  de  la  table  du  dolmen  à  une  époque  plus  ou  moins 
reculée  pourrait  même  être  la  cause  de  la  dénomination  bien  significative 
du  lieu  dit  où  se  trouve  la  sépulture  :  le  Champ  à  Fosse. 

Ensuite  un  rapprochement  est  fait  par  M.  Delvincourt  entre  la  sépul- 
ture de  Montigny  et  une  sépulture  analogue  découverte  et  publiée  à  Uibe- 
mont  par  M.  J.  Pillay.  A  Ribemont  le  corps  et  les  objets  de  la  sépulture 
ont  été  anéantis  par  le  feu  ;  au  contraire  à  Montigny-sur-Crécy  les  sque- 
lettes étaient  d'une  parfaite  conservation  ;  aucun  des  objets  composant  le 
mobilier  funéraire  n'a  subi  l'action  du  feu.  Cependant  une  mince  couche 
de  cendres  a  été  remarquée  au  fond  de  la  sépulture. 

Le  cr;\ne  bilrépané  fait  partie  de  la  collection  Pol  Baudet,  îi  Crécy-sur- 
Serre,  Aisne. 

U.  Vauvillk.  —  Les  sépultures,  comprenant  67  squelette?  humains,  dont 
il  vient  d'être  question,  paraissent  cire  de  même  époque  et  de  même  genre 
de  monument  funéraire  que  ceux  du  département  de  l'Aisne,  dont  j'ai 
entretenu  la  Société  dans  les  séances  de  la  Société  du  i''^  décembre  1887  ' 
sur  :  Montigny  l'Engrain,  V'ic-sur-Aisne  et  Saint-Christophe  à-Berry 
(canton  de  \'ic  sur-Aisne i;  de  celles  de  Serches  -  (canton  de  Braisne);  et 
des  allées  couvertes  de  l'Oise  de  :  Coui'lieux,  Saint-Pierre-les-Bitry  '  et 
une  autre  découverte  en  lU03sur  Saint-Etienne  du  Croutoy ''•(canton  d'At- 
lichy). 

Des  sépultures  du  même  genre  ont  été  aus'i  découvertes  h  Saint-Gobain  ^ 
La  constatation  des  cendres  de  bois  avec  les  sépultures  de  Montigny- 
sur-Crécy,  est  intéressante  à  faire  remarquer.  Lors  de  mes  fouilles  faites 
en  1887,  à  l'allée  couverte  de  Montigny-l'Engrain,  j'ai  constaté  vers  le 
centre  des  quatre  groupes  din"érents  des  sépultures  fouillées,  beaucoup 
de  cendres  et  de  charbons  de  bois  '\  Ce  fait  m'avait  permis  de  conclure 
que  ces  cendres  cl  charbons  devaient  provenir,  très  probablement,  du 
feu  fait  pour  désinfecter  l'endroit  avant  d'y  déposer  de  nouveaux  cadavres. 
La  constatation  faite  aussi  de  cendres  dans  les  sépultures  de  Montigny- 
sur-Crécy,  paraît  confirmer  mon  opinion. 


'  Bull,  de  la  Socirté.  1887,  p.  723  et  vol.  ISOi?,  p.  ii7i. 

-  Kl.  1892,  p.  57i). 

3  id,  1887,  p.  724  et  1892,  j..  575. 

*  id.  l'J03.  p.  171. 

5  Annuaire 'lu  département  de  l'Aisne,  1828,  p.  40. 

•^  id.  ■1887,  p.  712. 


L.   . MANilVltlF.il.    —    l.!'>inN  SVnill.ITl'.'l  1-   l>I-  ClîWK  l'Ill  IlIMnlilMl  K  -J(l<.) 

().  Wvt  vii.i.K.  —  Il  n't'st  |ns  admissihli'  coiiiint'  li'  pi'ii^i'  M.  \.  «I'-  .Mi'i- 
lillot.  que  It'S  ossements  des  sépultures  aient  (''|.''  diaii^i's  di-  place  pour 
los  fouilles  tpie  j'ai  fail<'.<.  Kn  eiïet,  j'ai  lii'Mi  constaté  (lan>;  les  divers 
j^roupes  de  .Montigny  l'Kngrain,  malgré  la  très  mauraisp  owsennlion  ilrx 
ossrmriils,  ipi.'  tous  les  s(iuelettes  étaient  bien  rangés  méthodiquement  et 
qu'ils  se  trouvaient  cneore  l)ien  dans  leur  position  analomi([ue. 


^ly  SK.\.\CL   -  ù  .Mii  l'.iOll. 
Présidence    dp:    .M.    Z.miuikiwski. 

Nécrologie.  —  Cu'i.mknt  Ri'buens,  membre  titulaire  (le(iiiis  1800  ilonl  lu 
|irts.ini-  assiiiUio  à  nos  séances  sera  vivement  regrettée  <lc  tous  nos  collègues. 

OUVRAGE  OFFERT 

M.  EnoiT.MU»  C.rYKU.  —  J'ai  l'iinniieur  d'ollVii'  i'i  l.i  Société,  au   nom  ilc  M.  le 

.qMlaiiio    l'arJier.  réeeninient  encore   professeur  dliistoire  et  de  géographie  à 

1  Kcolc  Militaire  de  larlillerie  et  du  génie  de  Versailles,  un  ouvrage  dont  il  est 

laulcur,  ouvrage  ayant  pour  titre  :  Méthode  tlecartfxj rapide,  cartes  à  main 

levée  et  de  mémoire.  Tracés  rapides. 

\.i\  méthode  de  .M.  le  capitaine  l'arlier  reiiose  non  scidcmciil  sin-  les  dnuuces 
fournies  par  la  conslitiiliou  physique  du  glohe.  mais  encore  sur  un  rapport 
iicKemenl  et  rigoureusement  établi  entre  les  princii>es  généraux  qui  sont  la 
Imsc  de  l'enseignement  du  dessin  et  l'indication  des  divers  cléments  que  com- 
portent, ilans  leurs  représentations,  les  cartes  géographiques. 

Il  y  a  là  une  association  des  plus  intéressante  et  sur  laquelle  je  me  féliriic 
de  pouvoir  attirer  votre  attention. 


LA   PRETENDUE  LESION  SYPHILITIQUE  DU  CRANE  PREHISTORIQUE 
DE  BRAY-SUR-SEINE 


VWK    .M.    L.    M.VNOUVIUE». 

Le  crâne  en  question  est  loin  d'être  un  nouvel  arrivant  dans  notre 
Musée.  Il  s'y  trouve  depuis  de  nombre.ises  années  et  jouit  même  d'une  assez 
grande  notoriété,  car  c'est  une  des  rares  pièces  sur  lesquelles  s'appuya 
l'opinion  que  la  syphilis  existait  chez  nous  à  l'époque  néolithique,  dette 
opinion  émise  par  le  professeur  Parrot  parut  contestable  à  I5''0ca,  mais 
comme  aucun  autre  diagnostic  plus  certain  no  s'imposait,  la  question  resta 
pendante. 


•2\0  3  MM   1900 

Le  crAnt'  de  |{i\iy-siir-Seinc  inc  fui  présenté  ces  temps  derniers  d'abord 
par  notre  collègue  le  l)""  Raymond  puis  par  le  C  Ywan  Bloch,  de  Berlin, 
nôgaleur  tle  la  syphilis  préhisloriijue  et  venu  d'Allemagne  exprès  pour 
examiner  les  pièces  invoquées  à  l'appui  de  l'opinion  contraire. 

Je  (lois  avouer  que  si  j'avais  examine  ce  crâne  il  y  a  dix  ans,  c'est-à- 
dire  avant  (l'avoir  pu  idenlilier,  au  moyen  d'une  série  de  pièces  successi- 
vement découvertes,  les  lésions  crâniennes  produites  par  des  cautérisations 
chirurgicales  et  avant  d'avoir  pu  indiquer  la  façon  dont  ces  lésions  se  pro- 
duisent conséculivement  aux  caut(''risalions,  je  n'aurais  pas  été  moins 
embarrassé  que  mes  confrères  et  prédécesseurs.  J'aurais  pensé  que  Parrot 
avait  pu  se  tromper  mais  qu'après  tout  il  avait  peut-être  eu  raison  de 
considérer  les  lésions  très  étendues  et  vraiment  bizarres  du  crâne  de  Bray- 
sur-Seine  comme  un  résultat  de  la  syphilis  en  attendant  un  diagnostic 
plus  vraisemblable. 

Mais  je  crois  être  en  mesure,  aujourd'hui,  de  faire  ce  diagnostic  en  rap- 
prochant ce  crâne  des  divers  autres  sur  lesquels  j'ai  montré  le  résultat  de 
cautérisations  soit  en  forme  de  T  sincipital  complet  ou  incomplet,  soit 
punctiformes,  soit  en  plaques  plus  ou  moins  larges.  Les  lésions  dans  le 
cas  en  question,  sont  seulement  plus  étendues  que  dans  tous  les  autres 
cas,  mais  elles  peuvent  recevoir  la  môme  explication  qui  est  la  suivante  : 

Destruction  du  périoste  sur  certaines  parties  de  la  voûte  crânienne  par 
la  cautérisation  pratiquée  pendant  l'enfance  du  sujet.  Arrêt  consécutif  de 
la  croissance  du  crâne  en  épaisseur  sur  les  points  dépourvus  de  leur 
périoste  pendant  que  les  parties  respectées  ont  acquis  leur  épaisseur  nor- 
male. En  définitive  des  creux  linéaires,  punctiformes  ou  à  surface  plus  ou 
moins  large  et  irrégulière  sur  le  crâne  devenu  adulte  partout  où  le  périoste 
a  été  détruit. 

En  d'autres  termes,  les  lésions  chirurgicales  au  moment  de  leur  pro- 
duction étaient  limitées  au  périoste;  elles  étaient  profondes  pour  le  cuir 
chevelu,  mais  n'atteignaientque  très  superficiellement  le  crâne.  Dansquel- 
que  cas  cependant  l'os  lui-même  pouvait  être  atteint  à  l'endroit  où  la  cau- 
térisation avait  agi  le  plus  profondément  et  dans  ces  cas  l'on  voit  une 
petite  perforation  crânienne  au  fond  de  la  fosse  qui  semble  être  une  perle 
de  substance  produite  sur  le  crâne  adulte.  Mais  ce  n'est  pas  une  perte  de 
substance,  c'est  un  simple  défaut  d'accroissement  en  épaisseur  des  parties 
où  le  périoste  a  été  attaqué  par  le  cautère. 

11  n'existe  aucune  ressemblance  entre  ces  perforations  et  les  trépana- 
tions. 

Ce  qui  est  particulier  au  crâne  de  Bray-sur-Seine  c'est  l'étendue  consi- 
dérable des  parties  atteintes,  de  sorte  que  toute  la  région  sincipitale  ne 
présente  que  creux  et  bosses. 

Il  est  probable  que  nous  voyons  ici  l'effet  de  brûlures  irrégulières 
produites  par  plusieurs  moxas  appliqués  sur  la  tête  de  l'enfant,  tandis 
que  les  crânes  qui  présentent  un  T  sincipital  à  branches  droites  et  régu- 
lièrement creuses  indiquent  l'opération  soigneuse  faite  au  moyen  d'un 
cautère  conduit  par  une  main  experte. 


DISCISSION 


2H 


Il  f.'xisle  diirn;  à  piv'sciil  iiiu'  explication  i)l;uisii)li'  des  lésions  du  ciAno 
de  Bray-sur-Seine,  explicalion  appuyée  par  la  série  de  mes  cr;\nes  caulé- 
lisés  etilonnant  le  niéc;inisine  même  suivant  le(|uel  sont  réalisées  de  telles 
lésions.  11  n'y  a  donc  plus  lieu  de  faire  intervenir  la  syphilis,  explication 
absolument  vague  «[ui  n'<Hail  appuyée  par  aucune  comparaison  satisfai- 
sante et  ne  possédait  en  si  faveur,  je  le  n'-pète,  (jue  le  défaut  d'une  autre 
••x|»lication  mieux  justifiée. 

•le  ferai  observer,  que  l'explication  ci-dessus  peut  être  scindée.  Il  n'est 
jias  nécessaire  d'y  faire  entrer  la  cautérisation  volontaire  ou  chirurgicale 
pour  (jue  le  crAne  do  Uray  sur-Seine  ne  soit  plus  considéré  comme  syphi- 
lili.pie.  Au  lieu  de  celle  opération  curalive,  on  peut  imaginer  tout  acci- 
dent susceptible  de  léser  le  périoste  sur  un  crAne  en  voie  de  croissance 
et  de  produire  consécutivement  les  creux  ici  constatés. 

La  syphilis  ainsi  écartée,  la  nature  chirurgicale  et  non  pas  accidentelle 
de  la  lésion  primitive  est  mise  en  évidence  par  le  rapprochement  des 
diverses  pièces  présentées  dont  l'une  (la  calotte  crânienne  de  Menouville) 
montre  réunies  les  diverses  formes  de  cautérisation  dont  j'ai  parlé  y 
compris  celle  qui  est  identique  aux  altérations  du  cnlne  de  Bray-sur- 
Seine. 

Discussion. 

M.  Cai'itan  émet  (]uclques  doutes  sur  la  pathogénie  invoquée  par 
M.  Manouvrier. 

M.  Manolviuer.  — Je  crois  avoir  répondu  d'avance  à  l'objection  de 
M.  Capitan.  Il  dit  que  la  lésion  primitive  du  périoste  pourrait  avoir  été 
produite  par  une  maladie  du  cuir  chevelu  ou  un  arrachement  par  les 
grifîes  d'un  animal  féroce  aussi  bien  que  par  une  cautérisation.  Nous 
sommes  d'accord  là-dessus.  On  peut  imaginer  aussi  bien  une  chute 
malheureuse,  une  vaste  brûlure  accidentelle  et  en  général  tout  accident 
capable  de  détruire  le  périoste  crânien  sur  une  large  surface.  Cela  ne 
contredirait  en  rien  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  dans  mon  explication  anatomo- 
palhologique. 

Mais  je  ferai  observer  que  mon  hypothèse  relative  à  la  cautérisation 
chirurgicale  possède  sur  les  autres  hypothèses  imaginables  une  supério- 
rité qui  consiste  à  n'être  pas  une  hypothèse  hasardée  ou  en  l'air.  Le 
crAne  de  Bray-sur-Seine  entre  très  naturellement  dans  la  série  des  crAnes 
néolithiques  trouvés  comme  lui  sur  les  rives  de  la  Seine  et  portant  des 
lésions  sincipitalcs  dont  l'origne  thérapeutique  est  devenue  de  plus  en 
plus  incontestable  à  mesure  que  les  cas  se  sont  multipliés. 

M.M.  IkcuET,  i)K  MoiiriLLET  et  Antmonv  prennent  également  la  parole. 

M.  .\  VAN  (Jexxep  —  Pusicurs  de  nos  collègues  ayant  fait  allusion  en 
termes  généraux  aux  mulilntions  d'un  caractère  cérémoniel,  il  ne  sera 
pas  inutile  de  citer  des  cas  précis  de  blessures  volontaires  à  la  tète. 


212  3  MM   11(00 

Se  frappiM'  la  U'W  coiifri>  un  mur.  contr.^  dos  pierres,  de,  est  un  rite 
funéraire  fort  répand u  clioz  les  demi-civilisés  ;  mais  c'esl  d'ordinairo  le 
Iront  ou  ['uccipiil  (|iii  sont  alors  Idessés. 

Chez  les  Australiens  centraux,  la  région  atteinte  est  précis(''inent  celle 
qui  présente  (ies  malformations  si  intéressantes  sur  les  crAnes  présentés 
|)ar.M.  Manouvrier.  Lors  de  la  mort  dun  mari,  toutes  les  femmes  qui 
se  trouvent  par  rapport  au  di'funt  dans  une  relation  détermin'ie  de 
parente  ont,  entre  autres,  à  se  frapper  l'une  l'autre  sur  le  dessus  de  la 
tête  avec  leur  bâtons  à  déterrer  les  racines  {dù/fjinj-slich).  Ces  bâtons 
sont  en  bois  dur;  et  les  blessures  sont  telles  que  le  sang  coule  à  flots  sur 
les  visages.  (Spencer  et  Gillen,  The  Native  Tribes  of  Central  Australia, 
Londres,  1899,  p.  507).  Il  ne  s'agit  pas  ici  de  simulacres  :  car  le  but  du 
rite  semble  être  de  rougir  de  sang  le  petit  monticule  élevé  sur  l'un  des 
cùlés  de  la  tombe. 

Ce  même  rite  est  exécuté  par  les  femmes  en  cas  de  mort  de  l'une  d'elles  : 
h  un  moment  donné  toutes  les  femmes  apparentées  se  jellenl  sur  la  tombe 
et  se  frappent  mutuellement  de  leurs  btUons  (c'est  leur  unique  arme  et 
oulil)  de  manière  h  faire  couler  le  sang  à  flots.  «  Chacune  d'elles  avait 
apporté  son  b;\lon  à  déterrer  les  racines  dont  elle  se  servait  pour  se  don- 
ner à  elle-même  et  aux  autres  des  coups  bien  assénés  sur  la  tête,  aucune 
ne  tâchant  de  les  éviter,  bien  au  contraire  :  s'oiïrant  à  eux  »  (Ibidem, 
p.  509). 

On  peut  voir  une  cicatrice  î'ésuUant  de  coups  de  ce  genre  dans  le 
deuxième  volume  de  Spencer  et  Gillen  {The  Northern  Tribes  of  Central  Aus- 
tralia,  Londres  i90o);i  la  W^.  18  qui  représente  une  vieille  femme. 

A  signaler  encore  que  le  coup  sur  le  dessus  de  la  tète  est  une  punition 
répandue  dans  i'.Vustralie  centrale  et  dans  le  Queensland,  tant  pour  les 
hommes  que  pour  les  femmes  (Cf.  entre  autres  W.  E.  Rolh,  North  Queens- 
land Eihnographtj,  lîullelin  n^S,  1906,  section  13).  Le  nombre  des  coups  ;i 
recevoir  varie  avec  la  gravité  de  l'o.Tense:  il  sont  assénés  soit  par  un 
guerrier  délégué,  soit  par  une  sorte  de  bourreau  attitré,  avec  le  plus  de 
force  possible  ;  l'instrument  est  tantôt  un  boumerang.  une  massue  ou 
même  un  tomahawk.  Les  quelques  Européens  qui  ont  assisté  à  des  scènes 
de  ce  genre  se  sont  émerveillés  de  la  force  de  résistance  des  crânes  austra- 
liens â  des  coups  qui  nous  assommeraient  net. 

Malheureusement,  il  est  difficile  de  savoir  si  ces  coups  sont  donnés  à 
un  endroit  déterminé  du  sommet  de  la  tète  ou  au  liasard. 

En  tous  cas,  comme  des  coups  de  ce  genre  sont  reçus  par  des  individus 
des  deux  sexes  d'âge  variable  et  non  pas  seulement  par  ceux  qui  sont 
d'un  âge  avancé,  on  peut  suppos3r  que  des  traces  doivent  en  rester  non 
pas  seulement  sous  forme  d^  cicairrices  du  cuir  chevelu  mais  que  la  partie 
osseuse  doit  présenter  également  des  malformations  dans  le  genre  de  celles 
qui  rendent  si  remarquables  les  crânes  présentés  par  ^L  Manouvrier. 

Il  ne  s'agit  plus  ici,  on  le  voit,  de  cas  accidentels,  mais  de  rites  intéres- 
sant des  générations  et  des  communautés  tout  entières,  c'est-à-dire  de 
l'élément  d'appréciation  que  M.  Manouvrier  considère  à  juste  titre  comme 


U.   Dl'SSAUD.   —  I.A   MATKHlAl.lSATIiiN  HK   I.A   l'IUKItK  KN  (tHIKNT  2IM 

le  plus  iniporlant,  j>uis(|iie  ce  n'est  pas  un  crAne  isolé,  mais  loiile  une 
série  (le  crAnes  piéhisturiipies  (jui  se  distinguent  par  des  uialioi  inatinns 
>emblables  entre  elles. 


la  matérialisation  de  la  priere  en  orient 

Pau  m.  IUxb  Dussaud. 
(Conimuiiicalinii  à  la  SocitHé  d'Anlliropologie  le  S  mai  1900.) 

On  n'a  pas  fait  à  la  matérialisation  de  la  prière  la  place  qui  lui  revient 
dans  les  préoccui»alions  religieuses  populaires.  ,Ius(iu"ici,  on  n'en  a  signalé 
des  exemples  que  chez  les  Indiens  d'Amérique  depuis  le  Pérou  jusqu'en 
(lalifornie.  Nous  nous  proposons  de  montrerque  la  prière  matérialisée  n'est 
pas  inconnue  aux  peuples  de  l'Urient.  Nous  limitons  nos  recherches  à  ce 
groupe,  mais  la  diversité  des  éléments  qui  le  composent  aussi  bien  que  la 
diiïusion  des  pratiques  sur  lesquelles  nous  nous  appuierons,  permettront 
aisément  de  généraliser  nos  conclusions  si  elles  sont  admises. 

Le  problème  posé  e.^l  le  suivant  :  il  s'agit  pour  l'individu  de  transmettre 
par  ses  propres  moyens  une  prière  (naturellement  une  prière-demande)  à 
une  puissance  invisible. 

La  jxirole  est,  certes,  un  moyen  très  efficace.  Une  formule  usuelle  des 
anciennes  inscriptions  sémitiques  —  phéniciennes  aussi  bien  qu'ara- 
méennes  —  est  le  remerciement  du  fidèle  à  la  divinité  «  parce  qu'elle 
a  entendu  sa  voix  ».  Mais  il  est  un  procédé  non  moins  en  faveur  (\u'\  peut 
se  définir  ainsi  :  la  puissance  invisible  se  matérialisant  ou,  si  l'on  veut, 
s'incorporant  dans  certains  objets,  ïl  suffira  de  matérialiser  la  prière  et  de 
mettre  en  contact  les  deux  objets  pour  que  la  prière  atteigne  ou,  comme 
nous  disons,  touche  la  puissance  invisible. 

Ce  schéma  secompliquedepratiquessurérogatoires,  pratiques  d'offrande 
ou  de  contrainte,  qui  augmentent  les  chances  de  réussite;  mais,  quand  les 
faits  sont  bien  observés,  on  n'a  pas  de  peine  h  reconnaître  le  caractère 
secondaire  de  ces  praticjues  superposées. 

L'exemple  le  plus  net,  parce  qu'il  utilise  des  moyens  qui  nous  sont 
familiers,  est  fourni  par  les  Juifs  de  Palestine.  Un  procédé  très  en  faveur 
pour  obtenir  une  guérison  ou  l'accomplissement  d'un  vœu  quelconque, 
consiste  à  rédiger  une  supplique  et  e\  la  glisser  par  un  trou  ad  Aoc  jus- 
qu'aux tombeauxd'Abraham,d'Isaac,de  Jacobet  de  leurs  saintes  épouses. 
La  tradition  place  les  tombes  de  ces  patriarches  dans  la  mosquée  d'IIébron. 
M.  Frédéric  Macler  a  publié  plusieurs  de  ces  missives  '  qui  constituent 

•  Fr.  Macler.  —  Correspondance  épislolaire  arec  le  ciel.  Lettres  adressées  par 
les  Juifs  d'Hébron  et  des  environs  aux  patriarches,  tratluitos  de  l'hébreu  ol  annotée.'?, 
d^m  Revue  des  Traditions  populaires,  février-mars  190j,  p.  65-82.  M.  Macler  rap- 
proche justement  ces  pratiques  de  celles  qui  ont  cours  chez  nous  dans  le  culte  de 
Saint  Antoine  de  Padoue. 


■2ïi  :<  MM  I !>•-)('. 

des  types  de  priôres-domandes  et  dont  le  pi-ucédé  d'envoi  rappelle  celui 
des  labellic  devolionis  antiques.  Mè'me,  certaine  de  ces  lettres  demandant 
que  les  concurrents  du  fidèle  soient  mis  en  état  d'infériorité  respire  un 
paifum  de  ilcrotio. 

Le  Juif  de  Palestine  n'est  pas  un  indigène.  Pour  étudier  les  pratiques 
locales  dans  leur  forme  primitive,  il  faut  observer  les  paysans  devenus 
musulmans.  Sous  celte  enveloppe  moderne,  M.  Clermont-Clanneau  a  par- 
faitement mis  en  évidence  le  conservatisme  de  leurs  croyances. 

«  Non  seulement  les  fellahs,  comme  Robinson  le  pressentait  déjà,  ont 
conservé,  par  l'érection  de  leurs  qoubhês  musulmanes  et  grûce  à  leur  féti- 
chisme pour  certains  grands  arbres  isolés,  l'emplacement  et  le  souvenir 
de  ces  sanctuaires  que  le  Deutéronome  signale  à  l'exécralion  des  Israélites 
entrant  dans  la  Terre  promise  et  leur  montre  couronnant  les  hauts  som- 
mets, surmontant  les  collines  et  s'abrilant  sous  les  arbres  verts;  mais  ils 
rendent  presque  le  même  culte  que  leur  rendaient  aloi's  les  adorateurs  deg 
Elohims,  ces  kouffars  (villageois  :  par/ani)  chananéens  dont  ils  sont  les 
descendants.  Ces  magoms,  —  c'est  ainsi  que  les  appelle  le  Deutéronome, 
—  que  Manassé  construisit  encore,  contre  lesquels  les  prophètes  épuisent 
en  vain  leurs  invectives  grandioses,  ce  sont,  mot  pour  mot,  chose  pour 
chose,  les  maqnms  arabes  de  nos  (/oïms  modernes  recouverts  par  ces  petites 
coupoles  qui  ponctuent  si  pittoresquement  de  leurs  taches  blanches  les 
horizons  montagneux  de  l'aride  Judée  '.  )i 

Naturellement,  ces  antiques  lieux  de  culte  sont  devenus  la  dernière 
demeure  d'un  ancêtre  vénéré  {chaikh),  d'un  saint  [icéii),  d'un  prophète 
(nébi)  ou  do  telle  entité  mythique  plus  ou  moins  lloltante  comme  Kliidr 
souvent  identifié  à  Saint  Georges.  Dans  toutes  les  religions  monolhéistes 
les  croyances  populaires  trouvent  un  refuge  dans  le  culte  des  morts  ou  des 
saints.  Aussi,  le  caractère  propre  de  ces  cultes  locaux  est  de  rompre  les 
cadres  des  religions  officielles  et  de  réunir  dans  une  même  vénération  les 
confessions  les  plus  diverses.  Juifs,  Chrétiens,  Musulmans  et,  suivant  les 
régions,  Druzes  ou  Nosairis,  viennent  au  même  lieu  accomplir  les  mômes 
rites  :  prières,  vœux,  offrandes,  sacrifices.  Et  tandis  qu'on  ne  laisse  péné- 
trer qu'à  regret  l'étranger  —  quand  on  l'y  autorise,  —  dans  une  mosquée, 
on  ne  lui  refuse  jamais  l'accès  du  maqâm,  simple  enclos  renfermant  un 
cénotaphe  que  recouvre  souvent  une  petite  bâtisse  carrée  surmontée  d'une 
coupole.  C'est  que  sous  le  nom  juif,  chrétien  ou  musulman,  on  continue 
à  y  adorer  le  Genius  loci. 

Un  exemple  suffira  à  le  prouver.  En  Syrie,  à  l'est  du  Djebel  IlaurAn, 
sur  le  limes  syrien,  l'ancien  fortin  romain  qui  a  nom  en-Nemàra,  possède 
un  soi-disant  tombeau  de  Chaikh  Nemàr.  Les  Druzes  du  Djebel  llauràn  le 
vénèrent  à  l'égal  des  nomades.  A  peine  avions-nous  mis  pied  à  terre  pour 
visiter  la  ruine  que  notre  guide  arabe  se  rendit  pour  prier  sur  le  soi- 


*  Glermont-Ganneau.  —  La  Palestine  inconnue,  Paris,  ISTO,  p.  49-50. 


R.   DUSSAl'D.    —   I.A  M  VTl';lt[\I.IS\TluN   \)V.   \.\    IMtli-.RK  KN  uHlKNT  21;') 

disant  lûinheau.  La  prière  finie,  il  déposa  une  pi.'rie  sur  la  loml..'  <>t  se 
relira. 

Le  nom  d'en-NeniAra  rsl  ancien  puisqu'il  apparaît  dans  les  textes 
safaïtiques  du  début  de  notre  ère.  Chaikh  Nen);\r  est  une  véritable  entité 
mythique;  c'est  l'éponyme  du  lieu,  le  Genius  loci.  Mais  c'est,  si  l'un  peut 
dire,  un  Genius  loci  à  compétence  étendue,  en  somme  un  dieu  local.  Car, 
il  faut  mettre  à  un  degré  inférifur  le  simple  Genius  loci  innumé,  le  simple 
sdhib  el-tnahdn  i^  \e  mi\\[vc  du  lieu  >.  (lue  les  Arabes  imaginent  en  tout 
endroit,  mais  dont  le  pouvoir  est  forcement  limité  puisque,  n'ayant  pas 
de  nom,  il  ne  peut  être  invoqué  ipi'au  lieu  même. 

L'indigène  vient  au  inminm,  prie  et  dépose  une  pierre  sur  le  mur  du 
sanctuaire  ou  dans  uiu'  l'enb'  (|iianil  il  ne  déchire  pas  un  boutde  son  vête- 
ment jiuur  le  glisser  par  la  l'enèlre  ou  l'attacher  à  une  des  branches  de 
l'arbre  qui  abrite  le  sanctuaire.  Ces  pratiques,  souvent  décrites,  ne  son t  pas 
spéciales  à  l'Orient,  mars  c'est  en  Orient  et  dans  l'Afrique  du  nord  qu'elles 
ont  peut-être  conservé  le  plus  d'intensité.  Récemment,  M.  Edmond  Doulté 
les  a  étudiées  à  nouveau  au  cours  de  ses  recherches  dans  le  sud  du  Maroc. 
Sa  monographie  est  un  modèle  du  genre  et  elle  n'a  pas  manqué  d'attirer 
l'attention.  Le  savant  explorateur  voit  dans  ces  pratiques  une  transfor- 
mation du  jet  de  pierres  sous  l'influence  de  l'Islam  et  plus  particulière- 
ment du  maraboutisme.  Il  se  rallie  à  l'explication  de  M.  Frazerpar  l'expul- 
sion du  mal,  avec  celte  nuance  que  l'islamisation  tend  à  convertir  le  rite 
en  un  geste  d'oITrande  '. 

A  notre  avis,  il  y  a  lieu  de  distinguer  nettement  le  jet  de  pierre  destiné 
à  chasser  le  mauvais  esprit  ou  même  dans  certains  cas,  comme  pense  notre 
M.  van  (Jennep,  à  lever  le  tabou,  d'avec  le  dépôt  d'une  pierre  ou  d'un  bail- 
Ion  sur  la  tombe  d'un  saint.  Encore  moins  est-on  autorisé  à  dériver  l'un  de 
l'autre.  Ces  deux  rites  n'ont  de  commun  que  l'usage  des  pierres,  mais 
comme  la  pierre  n'agit  pas  par  ses  vertus  propres,  le  rapprochement  est 
tout  superficiel.  Si  le  premier  rite  s'explique,  entr'autres,  par  l'expulsiun 
du  mal,  cette  explication  ne  convient  pas  au  second. 

Prenons,  comme  exemple,  le  cas  où  l'individu,  venant  dans  le  mnqàni 
demander  ^nGenins  loci  une  bonne  récolte,  dépose  près  du  cénotaphe  un 
peu  de  terre  de  son  champ,  quelques  grains  serrés  dans  un  bout  d'élolfe 
ou  une  écuelle  contenant  de  la  farine.  Il  est  difficile  d'admettre  que  le 
rite  tende  à  l'expulsion  du  mal. 

Toutefois,  M.  Doutté,  a  la  suite  de  M.  Frazer,  s'efforce  de  l'établir  :  «  Si 
l'on  met  dans  un  nouet  de  la  terre  d'un  champ  cultivé,  que  l'on  veut  voir 
fertile,  c'est  que  la  pensée  primitive  était  de  concentrer  dans  celle  petite 
portion  du  champ  tout  ce  qui  peut  y  avoir  de  mauvais  en  lui;  même  sens 
primitif  dans  l'acte  de  celui  (jui,  pour  se  procurer  une  bonne  récolte, 


'  Voir  Jaussen.  —  Revue  Biblique,  1906,  p.  97. 

*  Ed.  Doutté.  —  Les  tas  de  pierres  sacrés  et  quelques  pratiques  conne.res  dans  le 
sud  du  Maroc,  extrait  do  Voyages  d'études  au  yfaroc.  Analyse  par  M.  Salomon 
^ziSKZVi,  L'Anthropologie,  \9QZ,  p.  226  et  suiv. 


21 6  :\  Mai   1«»U6 

porte  au  maiabuuL  un  fluuel  rempli  ilo  grains  d'uige,  ou  qui,  pour  proté- 
ger ses  troupeaux,  va  déposer  clans  le  sanctuaire  du  saint  des  toulîes  de 
laine  de  ses  moutons  '  ». 

Le  raisonnement  est  ingénieux;  mais  il  ne  s'appuie  pas  sur  des  faits 
précis,  il  est  simplement  le  fruit  d'une  généralisation  *.  Nous  essaierons 
de  montrer  ci-après,  par  des  analogies  bien  constalées,  (]ue  le  dépôt  de 
terre,  de  grains  ou  de  farine  sur  la  tombe  d'un  saint  a  un  tout  autre  sens. 

La  dilTiculté  d'expliquer  le  rite  par  le  transfert  du  mal  est  encore  plus 
grande  dans  le  cas  où  l'on  demande  un  bon  voyage  ou  (juand  on  accom- 
plit le  rite  au  moment  de  pénétrer  sur  le  territoire  du  Geniiis  loci. 

Ce  territoire  est  naturellement  défini  par  le  rayon  visuel  '  et  c'est  là  une 
dos  raisons  qui  font  choisir  un  point  élevé  pour  le  sanctuaire.  Dès  (|u'on 
aperçoit  le  mur  du  muqntn  ou  la  coupole  du  wili,  on  a  le  sentiment  d'être 
sur  le  terrain  du  génie  du  lieu  *.  A  ce  moment,  dans  les  exemples  correc- 
tement rapportés,  les  Voyageurs  signalent  que  les  indigènes  s'arrêtent, 
font  une  prière  ^  et  déposent  une  pierre  sur  un  tas  qu'ils  supposent  en 
relation  avec  le  génie  du  lieu. 

En  somme,  le  dépôt  d'une  pierre  dans  un  maqâm  est  d'une  autre  nature 
que  le  jet  de  pierres;  la  ditTérence  essentielle  tient  à  ce  que  ce  dernier 
n'est  pas  accompagné  d'une  prière.  Le  premier  rite  ne  peut  donc  être  une 
islamisation  du  second.  Et  cela  était  évident  a  priori  puisque  ces  deux 
rites  se  retrouvent  également  chez  les  peuples  les  plus  divers  et  dans  les 
civilisations  les  plus  distantes. 

Quand  un  indigène  dépose  une  pierre  sur  le  mur  du  maqâm  ou  sur  un 
tas  qui  passe  pour  être  en  relation  avec  le  Genius  loci,  quand  il  noue  un  ' 
lambeau  d'étoiïe  à  une  branche  de  l'arbre  qui  abrite  le  sanctuaire,  il 
accompagne  toujours  son  acte  d'une  prière.  Si  on  l'interroge  adroitement, 


*  DOUTTÉ.  —  L.  c,  p.  35. 

*  II.  UsENER,  Archiv.  fur  Religionsirissenschaft,  l9o4,  p.  2/5,  repousse  également 
celte  théorie.  Il  suggère,  dans  le  cas  du  dépôt  de  terre,  une  consécration  du  champ 
à  la  divinité  (pars  pro  toto)  qui  doit  en  assurer  la  fertilité.  Mais  une  consécration 
s'accomi)agne  de  rites  significatifs.  De  plus,  par  le  fait  qu'elle  ne  s'appliiiue  que 
dans  un  cas,  celte  explication  est  insuffisante.  M.  Henbi  Hubert,  Année  sociolo- 
gi(/ue,  VU,  p.  300-301  a  également  noté  l'insuifisanoe  de  l'explication  par  l'expulsion 
du  mal. 

3  Cette  conception  du  territoire  délimité  par  le  rgard  est  formellement  exprimée 
dans  Genèse,  XIII,  9-11  et  11-15. 

4  Non  loin  d'En-Nemâra,  dans  la  Rouhbé,  plaine  fertile  près  du  Safà,  Chaikh  Seràq 
est  un  Genius  loci  fort  redouté,  l'héritier  de  Zeus  Safathènos;  Cf.  R.  Dussi.UD  et 
Fr.  Macler.  —  Voyage  archéologique  au  Safà,  p.  40-43.  Tandis  .que  nous  chemi- 
nions dans  la  Rouhbé,  un  de  nos  guides  avisa  une  outre  oubliée  sur  le  bord  du  sen- 
tier et  s'en  empara.  Mais,  en  remontant  à  cheval,  il  aperçut  le  petit  sanctuaire  de 
Chaikh  Seràq.  Aussitôt,  il  abandonna  son  larcin,  car  Chaikh  Seràq  l'avait  vu. 

5  Les  voyageurs  négligent  souvent  de  mentionner  la  prière  qui  accompagne  le 
geste.  C'est  le  cas  pour  la  Zàwiga  marocaine  de  Moulay  Ibrahim  où  seuls  d'entre  les 
auteurs  cités  par  Doutté.  /.  c,  p.  10,  Dali,  et  Hooker  mcnlionnent  la  prière  avant 
le  dépôt  de  la  pierre. 


R.  nr>>\ri).  —  i.\  \i  \Ti:iti\r.i-AThiN  iie  i.\  i'Uikiif.  r\  hiuf.nt  'û\1 

il  ost  aisé  di'  disconi»'!'  un  cas  l)ien  (li'lonnim''  ilr  luali'riali.salion  di'  la 
|iri<"-ii'. 

A  Aïii-l''i(IJ''',  l  .iiicit'iiiiL'  ll',;^',  |)rL'S  de  iJainas,  une  iKiysaiiiie  priait 
s'adivssanl  ii  l'ail)!'.'  du  luè/i  de  Chaikh  Uîhàn  comme  elle  se  f(H  adressée 
à  Dieu.  Inleriogée  par  .M"'"  Crawford  de  Damas,  elle  répondit  (lu'clle 
s'adressait  à  Dieu  tout  en  parlant  ;i  l'arbre  et  elle  expliqua  (|u'elle  atia- 
iiail  un  (liilVon  à  l'arhre  dans  le  but  d'obtenir  (jue  sa  prière  fiH  exaucée', 
lia  voit  qu'il  n'est  nullement  ((uestion  d'expulsion  du  mal. 

D'ailleurs,  les  explications  fournies  par  les  Marocains  h  M.  DduIIi'  ne 
dilTèrent  pas  sensiblement.  La  pierre  dé'posée  serait,  d'après  eux,  u  une 
.sorte  de  gage  du  vœu  qui  a  été  fait  ».  «  Le  dépôt  d'une  pierr(!  est  sur- 
tout ell'eclué  |)ar  ceux  (jui  ont  une  grâce  à  demander  au  saint  *  ». 
D'une  farnn  plus  prtjcise  c'est  une  matérialisation  de  la  prière- 
demande.  On  met  la  prière  matérialisée,  pierre  ou  cbilTon,  en  contact 
avec  le  Genius  loci,  matérialisé  lui-même  par  soncénotapbe,  par  tout  cequi 
le  touche  ou  l'approche  comme  le  mur  du  ninqâm  ou  l'arbre  qui  l'abrite. 
.Souvent,  l'esprit  divin  est  plus  spécialement  matérialisé  par  le  linteau, 
le  montant  ou  le  seuil  de  la  porte  d'entrée.  C'est  pourquoi  quand  on  sacri- 
fie en  son  honneur,  on  enduit  le  linteau,  les  montants  ou  le  seuil  du 
sanctuaire  avec  le  sang  de  la  victime  tout  comme  les  anciens  Syriens 
enduisaient  de  sang  le  bétyle.  C'est  pourquoi  encore  les  prêtres  de  Uagon 
sautaient  par-dessus  le  seuil  du  temple. 

(Juand  au  lieu  d'une  pierre  ou  d'un  cliilîon,  on  dépose  de  la  terre  de 
son  champ  ou  un  paquet  de  grains,  c'est  pour  mieux  exprimer  l'objet 
du  vœu.  Les  Juifs  modernes  de  Palestine  pensent  que  l'écriture  est  plus 
efficace. 

Le  rite,  nous  l'avons  dit,  peut  se  compliquer  d'une  offrande  ou  d'une 
formule  de  contrainte  ^.  L'idée  de  contrainte  perce  dans  l'acte  de  nouer 
un  cbilïon  à  l'arbre.  L'idée  d'expulsion  du  mal  est  réelle  dans  le  cas  où  le 
malade,  avant  de  la  déposer,  se  frotte  le  corps  avec  la  pierre.  Mais  ces 
notions  ne  font  que  se  superposer  à  la  matérialisation  de  la  pierre. 

Il  nous  faut  parer  à  une  objection  grave.  Nous  avons  établi  (juc  la  ma- 
térialisation de  la  prière  était  pratiquée  actuellement  par  les  indigènes 
d'Orient.  Mais  celte  conception  est-elle  primitive? 


'  Rapporté  par  Curtiss  —  Ursemilische  lldirjion,  p.  98.  Nous  signalons  tout  par- 
liculièrement  cet  cvt'ajplc,  car  il  se  présente  flans  des  conditions  d'ol)servalion  excel- 
lentes :  une  femme  indigène  interrogée  dans  sa  langue  par  une  femme  liabitant  li' 
pays  et  lui  répondant  en  toute  confiance.  La  fenimo  indigène  ne  distinguait  plus  entre 
le  Saint  et  Dieu.  La  conception  de  l'arbre  incorporant  la  divinité,  si  nettement  expri- 
mée, peut  s'illustrer  par  les  scène.«  qui,  dans  les  civilisations  les  plus  diverses, 
figurent  l'adoration  d'un  arbre  ou  encore  être  comparée  aux  anciennes  expressions 
grecques  de  Entendros,  Dendritès  ou  Dendrilis  appliquées  à  telle  ou  telle  divmilè. 
De  nombreuses  légendes  peuvent  aussi  être  rapprochées. 

*  DOUTTÉ.  —  L.  c,  p.  l.j. 

'  DouTTÉ.  —  L.  c,  p.  36-87,  cite  une  de  ces  formules. 

soc.  d'a.nthrop.  190G.  I-'» 


518  n  MAI  lOOG 

Nous  n'Iit'ï^iluns  pas  à  l"aniiinor  et  nous  croyons  pouvoir  le  démontrer 
par  comparaison  avec  les  observations  de  prière  matérialisée  faites  en 
Amérique,  cntr'autres  par  M.  Soll)ergcliez  les  Indiens  llopi  de  l'Arizona '. 
Ces  Indiens  emploient  le  hAlonnct  de  prière  qu'ils  appellent  baho.  Ils  le 
préparent  suivant  des  rites  compliqués,  avec  des  cérémonies  purificatrices 
(jui  en  font  un  objet  sacré.  Au  balw  sont  toujours  attachées  des  plumes  des- 
tinées à  porter  la  prière.  En  réalité,  ce  sont  les  plumes  qui  matérialisent 
la  prière.  Elles  correspondent  au  chiffon  ou  à  la  pierre  des  indigènes 
d'Orient,  tandis  que  le  hAlonnel  est  l'intermédiaire  snxré  qui  répond  h. 
l'arbre  ou  au  mur  des  maqâms  d'Orient.  Souvent,  pour  préciser  la  demande 
d'une  bonne  récolte,  les  Indiens  Hopi  joignent  au  bAtonnet  muni  de 
plumes,  un  petit  sac  en  feuilles  de  maïs,  rempli  de  graines  ou  de  farine. 
Ou  encore,  ils  peignent  des  cercles  noirs  sur  le  bAtonnet  de  prière  pour 
obtenir  la  pluie;  ils  peignent  le  bâtonnet  en  vert  pour  faire  croître  les 
plantes,  etc.  En  un  mot,  ils  pictographient  leur  prière. 

Il  apparaît  que  le  rite,  encore  si  vivace  dans  l'Afrique  du  nord  et  en 
Orient,  est  de  tout  point  comparable  au  rite  des  Indiens  Ilopi  de  l'Arizona. 
La  seule  dilTérence  réside  dans  l'intermédiaire  qui  incorpore  ou  matéria- 
lise l'esprit  divin.  Ici,  l'objet  est  fabriqué,  mais  on  lui  confère  par  des 
cérémonies  appropriées  le  caractère  sacré  tandis  qu'en  Orient,  ce  carac- 
tère résulte  naturellement  du  contact  de  l'arbre  ou  du  mur  avec  l'esprit  du 
Saint  enterré  auprès. 

Nous  avons  vu  que  les  Juifs  de  Palestine  matérialisaient  leur  prière 
par  l'écriture.  Entre  cette  pratique  d'un  ordre  relativement  élevé  et  les 
matérialisations  grossières  des  paysans  de  Syrie,  il  y  a  des  degrés  tels  que 
la  représentation  figurée  du  désir  par  la  pictographie  ou  même  en  nature. 
Étant  donné  son  caractère  très  primitif,  on  peut  conjecturer  que  la  maté- 
rialisation de  la  prière  a  joué,  à  côté  d'autres  procédés  magiques  déjà 
signalés',  un  rôle  important  dans  les  manifestations  d'art  primitives  et 
dans  l'élaboration  des  écritures  pictographiques.  Certains  objets  néoli- 
thiques à  caractères  pictographiques,  particulièrement  les  bâtonnets 
d'ivoire,  pourraient  être  des  prières-demandes  matérialisées.  Peut-être 
aussi,  les  soi-disants  bâtons  de  commandement. 

Nous  répétons,  en  terminant,  (]u'il  serait  facile  de  relever  dans  les  civi- 
lisations les  plus  diverses  des  survivances  de  prière  matérialisée.  Ainsi, 
le  cierge  que  l'on  met  —  c'est  l'expression  consacrée^  —  àNotre-Dame-des- 
Victoires  n'est  qu'une  matérialisation  de  la   prière-  qui  équivaut  h  la 


>  0.  SoLBERG.  —  Archiv.  fur  Anthropologie,  1905,  p.  48  et  s.;  résumé  du  D'  L.\LOY, 
L'Anlhropologie,  i90li,  p.7||-71"2. 

-  En  parliculier  par  M.  Salortnon  Reinach,  l'Art  et  la  Magie,  dans  Cultes,  Mgthes 
et  Religions,  1,  p.  l-2o-I3l  el  par  notre  collègue  M.  le  D-^  Capilan. 

»  Voici  le  texte  de  la  prière  qui  accompagne  le  dépôt  d'un  cierge  el  l'expression  du 
désir  devant  l'image  de  Notre-Dame-des-Victoircs.  On  remarquera  la  curieuse  formule 
de  contrainte  du  début:  «  Souvenez- vous,  ù  très  miséricordieuse  Vierge  Marie,  que 
l'on  n'a  jamais  entendu  dire  qu'aucun  de  ceux  qui  ont  eu  recours  à  votre  sainte  pro- 


pierre  ou  au  rhiiïon  ries  Orionlaux.  Par  col  exemple  on  saisira  mieux 
l'erreur  dans  huiuclle  on  lomlje  t|uan(l  on  l'allaclie  au  jet  de  pierres  lo 
dépôt  d'un  objet  sur  la  tombe  d'un  ^ainl  musulman. 

Discussion. 

M.  Ed.  FounDRir.NiKR.  —  A  propos  des  cierges  de  N.-D.  des  Victoires,  il  y 
aurait  peut-être  lieu  ici  de  rappeler  que  cet  usage  de  brûler  des  cierges, 
encore  trè.-^  répandu,  a  conservé  des  souvenirs  populaires  permettant  de 
fixer  une  date  assez  précise  sur  son  origine  et  son  inlroduotion  dans  les 
cérémonies  du  cuUe. 

Ainsi,  àArras,  en  .\rtois,  il  existe  comme  objet  de  vénération  celui  de 
la  Saintr-CliaïKlcIle.  D'après  la  tradition  ce  serait  un  cierge  miraculeuxqui 
aurait  été  déposé  dans  la  nuit  du  2G  mai  1105  aux  pieds  de  l'autel  de  N.-U. 
(le  l'Aurore  situé  dans  la  Cathédrale.  A  celte  époque  une  peste  désolait  la 
n'-gion;  c'est  ;i  la  suite  de  prière  publi(]ues  pour  conjurer  celte  calamilé 
(ju'eurent  lieu  plusieurs  miracles.  Pour  perpétuer  leur  .souvenir  des  pèle- 
rinages furent  établis,  tels  que  :  à  Cambrai  celui  de  N.-D.  de  Grâce  ;  à  l.illc 
celui  deN.-l).  de  la  Treille;  à  Valenciennes  celui  dcxN.-D.  duSiint  (^3rJon, 
etc....  Tous  ces  faits  se  rapportent  au  xi"  et  xn«  siècle. 

N[ais  pour  l'u-sage  des  cierges  il  [>  irait  plutôt  remonter  aux  premiers 
siècles  .lu  christianisme  et  nous  èlre  venu  de  l'Orient. 

Dins  la  célèbre  mosquée  de  Cordoue,  commencée  en  786  par  le  calife 
Abdérame  sur  l'emplacement  d'une  première  église  chrétienne  du  temps 
desCîoths.  précédée  elle-même  par  un  ancien  temple  à  Janus,  parmi  le 
nombre  considérable  de  luminaires  que  l'on  y  employait,  il  y  avait  aussi 
un  cierge  colossal  en  cire  qui  brûlait  près  de  l'Iman.  Celait  un  des  nom- 
breux emprunts  des  Arabes  au  culte  chrétien  d'Orient  et  d'Egypte  par 
imitation  au  cierge  (fue  l'on  plaçait  dans  les  églises  primitives  près  du 
•lubé,  sans  doute  pour  écliirer  l'o'.ïiciant  quand  il  lisait. 

«>r,  d'après  les  auteurs,  ce  fui  à  Bagdad,  au  temps  du  calife  .\lmanzor> 
que  l'on  commença  ;i  faire  usage  dans  l'éclairage  de  la  cire  qui  se  substi- 
tua à  l'huile  employée  antérieurement. 

Si  d'après  ces  relations,  l'usage  des  cierges  dans  les  cérémonies  du 
culte  remonterait  en  Orient  au  viiic  siècle,  cette  innovation  pourrait  bien 
avoir  une  origine  touti^  occidentale  et  autrement  loinlaine. 

On  sait  qu'en  ce  qui  concerne  la  cire,  pour  le  moulage  et  la  fonte  de 
pièces  très  délicates  en  bronze,  puis  aussi  pour  l'éclairage,  déj.\  depuis 
des  temps  fort  reculi'^  les  peuples  Scandinaves  n'en  ignoraient  aucun 
secret. 

Il  est  assez  curieux  de  constater  dans  l'hisloire  des   peuples,  commrnt 

lecJionailëlè  jamais  abandonné.  Remplie  et  animée  d'une  pareille  confiancf,  ô  Mère 
des  mères,  j'aocours  et  je  viens  à  vous.  Je  me  prosterne  ù  vos  piodscl  vous  prie  d'ixau- 
cer  ma  prière.  Sainte  Vierge  Marie,  ayez  pilié  de  moi  ;  Sainte  Vi-.rgc  Uu\>\  :^y  ^  j"'''^' 
de  moi;  sainte  Vierge  Marie,  exaucez  ma  prière.  » 


220  3  MAI  lono 

des  coutumes  religieuses  longtemps  accréditées  ont  perdu  maintenant 
toute  signilication  et  au  contraire,  comment  des  pratiques  fort  simples 
ont  pris  une  place  considérable  dans  les  croyances.  Tels  sont  les  cierges 
matérialisant  la  prière  et  pouvant  par  leurs  flammes  faire  obtenir  des 
grAccs  particulières. 

M.  C.  Lejeune.  —  La  prière  est  essentiellement  un  acte  intéressé,  do  ut 
des,  c'est  un  contrat  qui  se  conclue  par  la  prononciation  de  paroles  ma- 
giques qui  obligent  inéluctablement  la  divinité  ou  son  émanation  envers 
celui  qui  a  accompli  les  rites,  gestes  et  récitation  de  formules. 

Le  dépôt  d'un  objet  matériel  dans  l'endroit  consacré  au  Genius  loci  me 
paraît  être  l'équivalent  de  la  signature  d'un  contrat,  c'est  lui  qui  constate 
l'accomplissement  du  rite  et  qui  doit  rappelerà  l'être  divin  qu'il  se  trouve 
engagé  vis-à-vis  du  postulant. 

Ceci  ne  contredit  en  rien  la  théorie  de  noire  collègue  M.  Dussaud,  dont 
la  compétence  nous  est  bien  connue  et  dont  nous  suivons  toujours  avec 
ntérêl  et  profit  les  substantielles  conférences  et  les  remarquables  com- 
munications. 

MxM,  ViNsoN,  Atgier,  IIkjuet,  lîi.ocii  et  Manolviuer  prennent  également 
la  parole. 

M.  R.  Duss.^uD.  —  Les  observations  présentées  par  nos  savants  collègues 
constituent  de  précieuses  confirmations  des  considérations  que  je  viens 
d'émettre  devant  vous  et  qui  n"onl  d'autre  but  que  d'appeler  l'attention 
sur  les  pratiques,  encore  en  usage,  de  prière  matérialisée.  A  ma  connais- 
sance, cette  notion  n'avait  pas  été  appliquée  aux  pratiques  religieuses 
de  l'ancien  monde  et  elle  fournit  l'explication  cherchée  des  gestes  supers- 
titieux tels  que  le  dépôt  de  pierres  ou  chiffons  sur  les  tombes  de  saints. 
Même  dans  le  cas  où  le  dépôt  revête  le  caractère  d'une  offrande,  l'idée 
essentielle  est  la  matérialisation  de  la  prière.  Sur  ce  point,  je  crois  que 
nous  sommes  tous  d'accord. 

Je  n'aurai  qu'une  réserve  à  faire  au  sujet  des  ex-voto  qu'on  doit  éviter 
de  confondre  avec  la  prière-demande  matérialisée,  dans  la  plupart  des 
cas  tout  au  moins  car  leur  forme  varie  à  l'infini.  En  général,  l'ex-voto 
sert  à  acquitter  un  vœu,  c'est  une  action  de  grâces.  J'écarterai  aussi,  parmi 
les  rapprochements  qui  ont  été  présentés,  les  fétiches  en  général,  les 
porte-bonheur,  le  buis  bénit,  car  ils  ne  rentrent  pas  dans  les  termes  exacts 
du  problème  tel  qu'il  a  été  posé  en  débutant. 

Je  crois  avec  ftL  Lejeune  que  la  pierre  déposée  sert  à  prolonger  la 
prière;  mais,  précisément,  cela  exige  que  cotte  pierre  soit  considérée  comme 
une  matérialisation  de  la  prière.  De  plus,  on  ne  peut  négliger  le  soin  que 
l'indigène  apporte  à  assurer  le  contact  de  la  pierre  avec  l'esprit  di\in 
matérialisé.  On  sait  toutes  les  conséquences  que  les  piimiiifs  et  le  popu- 
laire tirent  du  contact  et  toutes  les  précautions,  toutes  les  interdictions 
dont  ils  l'entourent.  Dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe,  c'est  le 
contact  qui  est  efficace. 


M.    ItAllinl  IN.  —  I  N  Nul  VEAl'  MONSTllE  DKLIJLE  VIVANT  221 

8:^0"  SFANXE.  —  Il  mai  lOflf.. 

Présidence  hk  .M.  Z.jituuowsKi. 

M.  IIamv  soxciiso  «le  no  pouvoir  iirr^idcr  los  séances  «le  la  Sociolé  jusqu'aux 
vacances,  élanl  retenu  loin  «le  Paris  |nMidanl  l'es  i|iii'l(|nes  mois. 

OUVRAGES    OFFERTS 

y\.  Maiu;kl  liAiiMii  i.\.  —  J  ai  I  linum-iir  d'otlrir  à  la  Hililiolliriiuf  de  la  Sofirti- 
ilAnlbrupologie  un  travail  que  je  viens  de  publier  sous  le  litre  :  «  Le  (îelasi- 
mus  Tanyeri.  rrustacë  d' Andalousie,  Mœurs  et  chasses,  etc.  (Kxtrail  des  A  un. 
des  Sr.  Xat..Zool  ,  Paris,  1906.  n"  1)  ».  —  J'ai  déjà  eu  l'occasion  de  parler  des 
faits  que  signalent  ce  mémoire  ici  même  ';  je  crois  donc  de  mon  devoir  d'olTrir 
h  la  .Société  mon  travail  dans  toute  son  étendue.  On  y  trouvera  relatée  une 
coutume  andalouse  fort  curieuse  et  des  détails  sur  l'aulolomie  et  la  régénéra- 
tion des  pinces  d'un  Crustacé.  particulier  îi  ce  pays. 

M.  Chervi.n.  —  Au  nom  de  M""^  Soldi,  mère  de  notre  ancien  collègue  récemment 
décédé,  M.  Chervin  a  l'honneur  d'offrir  à  la  Société  une  collection  complète  des 
travaux  fl'Emile  Soldi  publiés  sous  le  titre  général  de  la  Langue  sacrée  sur  les 
origines  de  l'iiomme  et  <le  la  civilisation.  Les  volumes  parus  sont  au  nombre  de 
quatre,  format  grand  in-S"  : 

1°  Le  mystère  de  la  création,  origine  des  religions.  Un  volume  de  677  pages 
avec  900  dessins  réunis  dans  400  figures. 

2"  L'origine  de  l'art.  Un  volume  de  299  pages  avec  230  figures. 

3»  Origine  de  l'écriture  et  de  l'alphabet;  évolution  de  la  lettre  S.  Un  volume 
de  158  pages  avec  136  figures. 

4"  Tableau  général  de  l'origine  de  l'alphabet;  évolution  des  lettres  teth  et 
zaïn.  Trois  fascicules  faisant  168  pages  avec  187  figures. 

Otte  publication  reste  malheureusement  inachevée.  Mais  Soldi  laisse  de  nom- 
breux manuscrits  à  peu  près  terminés  et  il  faut  espérer  que  les  élèves  qu'il  avait 
formés  :  MM.  Hesson.  Delifis.  .lourd'liriiil.  Le  Poil.  Viry  et  d'autres  continueront 
son  œuvre. 

Un  nouveau   Monstre  double  vivant.  Le  second  Thoracoxiphopage 

du   Brésil. 

•M.  .Maucel  Baudouin.  —  Au  nom  de  mon  ami,  .M.  le  D''  Chapot-l'révost 
(de  Uio-de -Janeiro),  j'ai  l'honneur  de  pré.senler  à  la  Société  la  photogra- 
phie d'un  nouveau  monstre  double,  actuellement  vivant  au  Brésil.  Il 
s'agit  d'un  second  cas  de  27torrtfat//>//o/)a7iV,  observe  par  ce  chirurgien, 
qui  a  déjà  été  cité  par  lui  dans  un  journal  local  *. 

Ce  cas  me  parait  être  tout  ii  fait  superposible  à  celui  qu'a  iléjà  opéré 

'  Bull.  Soc.  d'Anthrop..  Paris,  1905,  n*  5,  p.  551. 

*  Chapot  Prévost.  —  .Voco  leralojiaf/o  Oraci/eiro  ciro.  Brazil  .Med.,  Rio  de- 
Jaiieiro,  m'a,  XIX,  iicli. 


222  17  MM    mOfi 

M.  (Ihapot-l'révosf,  R,osalina-M;iri;i  '.  Il  est  acluellement  ùgé  d'un  an  et 
demi.  La  radioscopie  a  prouve  (jne  les  foies  sont  largement  unis,  et 
qu'il  y  a  inversion  des  cortirs  :  ce  qui  était  ;i  prévoir,  car  cette  inversion  du 
cœur  me  pai-ait  tout  à  fait  caractéristique  de  la  thoracopagie. 

Je  ne  peux  pas  donner  de  plus  amples  détails  sur  ce  fait,  pour  ne  pas 
déllorer  les  recherches  en  cours  de  M.  Chapot-Prévost;  mais  j'ai  tenu  à 
vous  faire  part  de  l'existence  de  ce  monstre,  qui  sera  aussi  opéré  un  jour 
et  je  l'espère  avec  un  double  succès. 

Séparation  chirurgicale  des  deux  sujets  composant  le  monstre  double 
Pygopage  Rosa-Josepha   Blazek. 

M.  Marcel  Iîaudouin.  —  Je  viens  d'app.endre  par  un  journal  étranger 
{The  Sh'tclt,  1906,  17  janvier)  que  le  pygopage  Hosa-Josepha  H'azek  vient 
d'èlre  opéré  avec  succès  par  M.  le  I)''  Kukula,  aux  Etats-Unis. 

N'ayant  pas  de  détails  sur  celte  opération  sensationnelle,  je  ne  puis 
insister;  el  je  me  borne  à  vous  signaler  que  j'ai  été  le  premier  en  France 
à  décrire  ce  sujet  en  1801  et  que  j'ai  déjà  traité  la  question  de  Vopéra- 
bilite  de  ce  monstre  dans  deux  publications  assez  considérables,  auxquelles 
je  renvoie  '.  La  seconde  -^  surtout  est  à  consulter. 

Je  profile  de  la  circonstance  pour  vous  présenter  des  photorjrapliies  à  dif- 
férents âges  de  Rosa-Josepha  Blazek,  photographies  qui  serviront  à  illus- 
trer un  travail  que  je  prépare  sur  la  Croissance  des  monstres  doubles.  Ce 
pygopage.  je  le  rappelle,  est  né  le  20  janvier  1878. 


M.  CiFERvix  offre  à  la  Société  pour  son  musée  trois  léles  momifiées  pro- 
venant des  fouilles  faites  en  1905  par  M.  Gayet  a  Antinoë  (Egypte).  Dans 
le  cas  où  il  paraîtrait  utile  à  la  Société,  pour  faciliter  les  éludes  de  trans- 
former ces  tètes  momifiées  en  crânes  secs,  M.  Chervin  donne,  d'avance, 
sa  pleine  autorisation  à  cette  opération. 


Discussion 

M.  Zaborow.>ki.  —  ^'ous  n'avez  sans  doute  pas  oublié,  Messieurs,  que 
sur  les  propositions  et  l'intervention  de  notre  collègue  dévoué,  M.  Four- 
drignier,  une  partie  des  collections  exposées  par  M.  Gayet  au  Petit  Palais 
des  Champs-Elysées  au  nom  de  la  Société  des  fouilles  archéologiques  dont 

'  Chapot-Prévost.  —  Chirurgie  des  Tératopages.  Paris,  I    B.  S.,  1!>)l,  iii-8*. 

*  Marcel  Baudouin.  —  Les  Monstres  doubles  opérables.  Revue  scient  if.,  Paris, 
<893   t.  I,  73  78,  3  lig. 

3  Marcel  Baudouin.  —  Les  Monstres  doubles  autoritaires  opérés  et  opérables. 
Revue  de  Chirurgie,  190i,  mai,  XXV,  p.  513-577,  16  ligures. 


K.-r.   irvMY.    —    ICilNtiCIlAl'IlIK  .MKH.ITtoNl.sTF  ■2-2'A 

notre  ancien  collègue  défunt  Sokli  l'tail  le  secrétaire  général,  a  été  otTerte  à 
notre  Société.  Je  nie  suis  rendu  au  Petit  Palais  et  j'y  ai  fait  choix  pour 
notre  musée  de  momies  conservées  intégralement.  Elles  y  sont  exposées, 
l^n  outre  de  ces  pièces  de  choix,  M.  (îayet  nous  a  adressé  des  caisses 
contenant  des  débris  de  toutes  sortes,  quelques  cr.\nes  et  autres  os,  des 
lambeaux  de  vêtements. 

M.  Manouvrier  a  récolté'  poui-  son  laboratoire,  la  plupart  des  pièces 
osseuses.  I>a  plupart  des  autres  débris  n'étaient  pas  conservables  ou  ne 
méritaient  pas  d'être  conservés.  On  est  souvent  frappé  en  observant  toutes 
ct'S  relii|ues  du  modernisme  de  traits,  de  mœurs  et  de  la  plupart  des  vélo- 
nii'nls  des  habitants  irAntiiioi"-.  .Ainsi  voilà  un  cràn(^  C(jill'(''  d'un  bonnet 
de  (li'ap  rouge  ra|i|»L'iant  la  coilliiic  de  nos  /.oiiavi's,  (jiii  est  la  véritable 
CÀi'chia  actuelle  avec  cordons  de  couleur  faisant  le  tour  de  la  tète.  Les 
chaussures  (Haient  bien  conservées.  Et  elles  ne  dillèrenl  pas  des  nôtres. 
\oici  un  pied  portant  encore  un  chausson  de  laine. 

Ce  modernisme  dans  le  vêlement,  la  toilette,  l'allure,  est  pres(|ue  une 
caracléristiipie  dans  les  villes  égyptiennes  où  a  fleuri  la  civilisation 
greco-romaine. 

Antinoë,  d'ailleurs,  fondée  par  Adrien,  empereur  romain  de  M7  à  1.38 
après  Jésus  Christ,  sur  Tancienne  ville  de  Besa,  en  mémoire  de  son  favori 
Antinous  qui  s'était  noyé  dans  le  Nil  (130),  n'est  pas,  pour  l'ensemble, 
sensiblement  antérieure  à  la  première  phase  de  l'époque  byzantine.  On  a 
trouvé  dans  ses  ruines  un  papyrus  rédigé  en  l'an  453. 


827«  SÉANCE.  —  7  Juin  lOOfi. 

l'itKSIDENCE  MV.  M.    ZaBOUOWSKI. 

Election.  —  M.  le  I)"- SI-.Mauti.\.  présenté  par  MM.  Aiillionv.  Aliiier.  Manon- 
Mi'  r  csl  clii  ini'inbre  tilulaire. 

Nécrologie.  —  Edoiahd  I'iktti:.  membre  (ilulairp  (le|iuis  1S7(). 
(Une  nulirt'  hiograpliiciuo  paraîtra  dans  la  prochaine  séance  rédigée  parnoire 
vice-présiiienl  M.  Zaborowski  sur  cet  éminent  archéologue.) 

ICONOGRAPHIE  ABOLITIONISTE 

Présentation  par  iM.  E.  T.  IIa.my. 

J'ai  décrit  rapidement,  en  passant,  dans  1/1  ?i</jrofo/o(/ie  de  1895  (p.  544) 
le  sceau  modelé  par  Hackwood  pour  la  Société  pour  l'abolition  de  la  traite  et 
(le  l'esclavage  à  la  demande  de  Josiah  Wedgwood  (1787).  On  sait  que  celle 
figure  représente  un  nègre,  le  genou  droit  en  terre,  levant  au  ciel  ses 
bras  chargés  de  chaînes  avec  la  devise  : 


f>2t  7  jriN  1000 

AM    I    NOTK    A    M  AN    A  M)    A    ItltOTHEK? 

Elle  a  éli^  propagée  sous  les  formes  les  plus  diverses  par  les  abolilionisles 
anglais;  l'historien  de  W'edgwood,  Eliza  Meteyard,  nous  apprend  nola-n- 
nient  que  le  célèbre  céramiste  en  a  fait  faire  un  bois  pour  servir  de 
fronlispioe  à  l'une  des  brochures  de  Clarkson.  Or,  ce  bois  a  passé  la 
Manche  el  est  devenu  la  vignette  qu'on  voit  en  Icte  de  plusieurs  des  bro- 
chures de  la  Société  des  Amis  des  Noirs  de  l'aris,  avec  la  légende  francisée  : 

NE    SUIS-JE    PAS    TON    FRÈRE? 

On  trouve,  par  exemple,  cette  adaptation  du  dessin  de  Ilackwood  dans 
letitredes  publicalionssuivantes,que  j'airéussiàme  procurer,  bien  qu'elles 
soient  devenues  très  rares  et  que  je  présente  à  la  Société  :  Adresse  à  l'Assem- 
blée Nationale  pour  l'Abolition  de  la  Traite  des  Noirs  par  la  Société  des  Amis 
des  Noirs  de  Paris.  Février  1790.  Paris,  Potier  de  Lille,  br.  in-S**  de  22  p. 

—  Discours  sur  la  Traite  des  Noirs  par  M.  Petion  de  Villeneuve,  Membre 
de  l'Assemblée  Nationale^  Paris,  Desanne,  etc.  Avril  1790,  br.  in-8°  de  80  p. 

—  M.  Lamiral  réfuté  par  lui-mêmejOu  Réponse  aux  opinions  de  cet  auteur,  elc^ 
par  un  ami  des  Blancs  et  des  Noirs.  Paris,  Potier  de  Lille,  4790,  br.  in-S^ 
de  80  pages... 

Cependant  la  manufacture  de  Wegdvvood  exécutait  des  plaquettes  et 
des  camées  ?i  relief  noir  sur  fond  clair  reproduisant  le  nègre  agenouillé, 
qui  devenait  bientôt  la  figure  centrale  d'un  token  de  29  mm  ,  qui  porte  à 
l'avers  la  composition  de  Hackwood  et  sa  légende  et  au  revers  deux  mains 
serrées  avec  cette  invocation  : 

MAY    SLAVERY    ET    OPPRESSION    CEÂSE   THROUGHOUT    THE    WORLD  '. 

Le  petit  esclave  enchaîné  devint  aussi  cachet,  anneau,  épingle,  bouton 
de  chemise,  bouton  d'habit,  etc.,  etc.,  et  c'est  sous  cette  dernière  forme  que 
mon  ami  M.  Blanchet,  le  numismaste  bien  connu,  me  l'a  tout  dernièrement 
offert.  C'est  un  large  bouton  de  cuivre,  tout  à  fait  plat,  de  35  mm.  de 
diamètre,  qui  porte  encore  des  traces  de  dorure  dans  les  contours  du  per- 
sonnage central  et  des  lettres  de  l'exergue;  il  reproduit  la  douloureuse 
exclamation  du  pauvre  captif.  A7n  1  note  a  man  and  a  brother? 

Je  rappelerai  en  terminant  cette  courte  note  que  l'image  symbolique 
créée  par  Hackwood  a  aussi  franchi  l'Atlantique,  mais  toutefois  en  chan- 
geant de  sexe.  Vattemare  nous  a  fait  connaître,  en  effet,  une  médaille  fort 
rare,  frappée  aux  Etats-Unis,  où  se  voit  une  petite  négresse.  Le  genou  droit 
en  terre,  les  bras  levés  couverts  de  chaînes,  elle  prononce  ces  paroles  : 
AM  I  NOTE  A  woMAN  AND  A  siSTER?  Nc  suis-je  pas  Une  femme  et  une  sœur.  On 
trouvera  un  exemplaire  de  cette  pièce  au  Cabinet  des  Médailles  de  la  Biblio- 
thèque Nationale.  {Coll.  Vattemare,  n"  89). 

•  .M.  Ilamy  montre  un  exemple  de  ce  token.  .Je  n'ai  pas  encore  réussi,  ajoule-t-i!,  à 
me  procurer  le /oA'e/j  plus  grand  (33™™)  qui  porte  au  revers  l'inscriplion  :  whatsoever 

\E  WOUI-D  THAT  MEN  SHOULD  DO  TO  YOU,  DO  YE  EVEN  80  TO  ÏHEM. 


ATr.IEIl.    —   I-nKSENTATION  DE  KRAr.MENTs   DE  POTEHIR  T.At  UHSK 


i':2;> 


PRESENTATION    DE   FRAGMENTS   DE   POTERIE  GAULOISE 
l'\U    M.    AïiilKll. 

Je  présente  à  la  sociëlé  deux  échantillons  de  poterie  gauloise,  antérieure 
à  répoi|ue  gallu-roniaine  : 

l-^  FragmtMils  Aun  vase  uni  en  Icnc  nuir«'  argileuse  au  nouibrt'  de 
(|uatit',  se  rapportant  au  même  vase  et  offrant  les  particularités  suivantes  : 

—  Cassure  absolument  noire  comme  du  charbon. 

—  Paroi  interne  présentant  une  surface  unie,  offrant  un  semblant  de 
vernissage  et  des  stries  circulaires  furnianl  un  léger  relief  tout  autour  du 
vase. 

—  Paroi  externe  mate,  présentant  des  stries  circulaires  régulières  légè- 
rement en  creux,  ne  correspondant  pas  avec  les  stries  en  relief  de  l'extérieur, 
montrant  néanmoins  que  la  poterie  est  faite  au  tour. 

Ces  fragments  ont  été  trouvés  dans  une  tranchée  faite  dans  les  sables 
calcaires  du  département  de  la  Vienne  à  Lancloître. 


2°  Fragments  d'un  vase  en  terre  noire  argileuse  au  nombre  de  deux, 
se  rapportant  tous  deux  à  un  même  vase  et  oiïiaut  les  [)articulaiit('s 
suivantes  : 

—  Cassure  absolument  noire  comme  du  charbon. 

—  Surface  interne  unie,  presque  vernissée,  offrant  également  des  stries 
circulaires,  formant  un  très  léger  relief  et  se  continuant  tout  le  tour  du 
vase. 

—  Surface  externe  présentant  des  signes  plus  nets  d'industrie  quoique 
rudimenlaire  encore.  Des  lignes  creuses  formant  des  cercles  réguliers  et 
superposés  au  nombre  de  3  tout  autour  du  vase  montrant  que  la  poterie 
a  dû  être  fabriquée  au  tour. 

Deux  petits  mamelons  formant  relief  semblent  avoir  dû  servir  d'anses 
rudimentaires  mais  suffisant  |)our  éviter  la  brùlui'e  des  mains  en  retirant 
I''  vase  du  feu. 

Ces  fragments  ont  été  trouvés  par  moi-même  dans  une  tranchée  faite 
dans  le  sol  crayeux  en  Normandie  aux  environs  de  Gaillon. 


soc.   D'ANTUnOP.    lOOli. 


16 


•2-2i)  1  JiiN    l'""' 


Discussion. 


M.  iiK  MuKTiLLET  fait  (iiii'li|iii's  lemaïques  siii-  la  présentation  de 
M    Algicr. 

M.  (>.  Vaivillk.  —  Les  poteries  gauloises  de  l'op|ii(inni  de  Pommiers 
(Noviodunum  des  Suessionsj  ont  été  failes  à  l'aide  du  tour.  Les  nombreuses 
poteries  que  j'ai  présentées  à  la  Société,  dans  la  séance  du  lo  mars  1894', 
en  sont  une  preuve  certaine. 

A.  DE  MoRTiLLET  parle  des  poteries  gauloises  marniennes  qui  ont  été 
faites  à  la  main. 

U.  V-i^uviLLÉ.  —  Je  suis  d'accord  avec  M.  A  de  Morliliet,  les  poteries  des 
sépultures  dites  marniennes,  comme  celles  que  j'ai  présentées  à  la  Société 
dans  la  séance  du  19  décembre  1893-,  venant  d'une  fouille  faite  sur 
Mercin,  à  la  distance  d'environ  2.200  mètres  de  l'oppidum  de  Pommiers, 
ont  été  faites  à  la  main. 

Au  contraire  toutes  les  poteries  usuelles  de  l'enceinte  de  Pommiers  ont 
été  faites  avec  le  tour,  dans  la  dernière  époque  gauloise  se  rapprocliant 
de  la  conquête  romaine. 

Cependant  l'oppidum  de  Pommiers  a  pu  être  occupé  longtemps  avant, 
car,  vers  1840,  le  nommé  Denis  Ilenriquet  a  découvert,  en  extrayant  des 
pierres,  vers  l'est  de  la  lettre  N  du  plan  de  l'enceinte  produit  dans  les 
bulletins  de  la  Société,  vol.  1894,  page  268,  une  sépulture  humaine  sur 
char,  dont  on  a  retrouvé  ies  fragments  de  roues. 


RECHERCHES  ANTHROPOLOGIQUES  SUR  LA   CROISSANCE  DES  ÉLÈVES    DE  L'ÉCOLE 

militaire  de  s.  a.  r.  le  prince  de  bulgarie,  a  sofia 

Par  le  D""  N.  Kirkoff. 
Ancien  Médecin  en  chef  de  l'École  Mililaii'e. 

Résumé  par  l'auteur  de  son  article  publié  dans  VOulchilichten  Pregled,  1905, 
présenté  par  M.  J.  Deniker. 

Pendant  trois  ans  de  service  à  l'Ecole  Militaire  de  Sofia,  nous  nous 
sommes  trouvé  en  bonnes  conditions  pour  entreprendre  des  recherches 
anthropométriques  sur  la  croissance  des  élèves.  Comme  médecin  de  la 
dite  école  il  a  été  de  notre  devoir  non  seulement  de  préserver  la  santé  des 
élèves  par  tous  les  moyens  hygiéniques  in  usage,  mais  en  plus,  de  suivre 
de  près  leur  développement  physi(jue.  Dans  ce  but,  il  était  nécessaire 
d'avoir  des  mesures  anthropométriques,   comme  bise  pour  l'apprécia- 


»  Bull,  de  la  Société,  v.  1894,  p.  281. 
*  Bull,  de  la  Société,  v.  189."),  p.  7i0. 


\.    KIKKoll'.    — >  IIECHEHCIIKS   AMIlUol'OMKTRiyUES 


227 


liuiidu  iléveloppemenl  dos  sujets  oxamiin's.  Des  recherches  de  cet  ordre 
n'avaient  pas  été  encore  faites  en  lîulgarie  sur  des  sujets  de  1 1  à  20  ans,  et 
les  données  (juc  nous  avons  pu  trouver  dans  la  littérature  étrangère  ne 
pouvaient  être  utilisée-!  telles  quelles  à  cause  de  difTérence  de  race  et  des 
particularités  des  conditions  du  milieu.  Nous  avons  doncentrcpiisd'étahlir 
ces  données  par  nos  recherches  personnelles.  .\ous  avons  pu  mesurer 
les  mêmes  élèves  régulièrement  tout  les  trois  mois  pendant  une  période 
de  trois  ans;  les  mesures  que  nous  avons  obtenues  pour  les  diiïérents 
Ages  représentent  donc  la  marche  générale  de  la  croissance  h  laquelle 
pourra  être  com[)arée  très  exactement  la  croissance  individuelle  d'une 
antK'c  à  l'auln',  comme  l'a  bien  dit  M.  le  j)rofesseur  Manouvrier. 

Munis  (le  l'autorisation  bienveillante  du  chef  de  l'Ecole,  le  Général 
SavolV,  nous  avons  commencé  les  mensurations  périoiliques  des  élèves  en 
août  l'JOO.  En  trois  années  consécutives  nous  avons  pu  faire  en  tout 
4.874  séries  de  mensurations,  dont  nous  donnons  les  résultats  dans  le 
tableau  suivant. 


AGE 

DES  ÉLÈVES 
mosur-'s 


annuel 
annuel 


11  a  12  ans. 
.Xccroisscnicnt 

12  ;'i  13  ans  . 
Aceroissenienl 

13  à  14  ans . 
.Vf-rmissi'iiii'iil 

14  à  15  ans  . 
Arcroissonn^il 

15  à  16  ans  . 
A((  r(»isspni('nt 

10  à  17  ans  . 
.\c<  roisscniiMit 

17  à  18  ans  . 
Accroissement 

18  à  10  ans. 
AieroisscnienI 

V.)  à  20  ans  . 

Total... 


annuel 
annuel 
annuel 


annuel 
annuel 
annuel 


i)2 
315 
791 
995 
915 
7G6 
621 
294 

8.-) 


Ëa  milliinèlrcs 


4874 


1378 

42 

14-20 

.-a 

1474 

67 
1541 

oi'i 
1596 

45 
1641 

56 
1677 

26 
1703 

13 
1715 


642 

.36' 

67S 

r>4 

712 

S.-) 

700 

2S 

793 

.7/ 

824 

26 

850 

2.7 

87:5 

12 

885 


726 

56 

7<;2 

2/ 

78:'! 

.77 

820 

5') 

853 

22 

87: 
n 

892 
/.) 
905 
7 
912 


307 

54 

341 

26' 

363 

57 

424 

6o 

m) 

41 

rm 

-,8 

571 

.12 

606 

26 

m2 


1400 

200 
1600 

200 
1800 

ÔOO 
2100 

400 
2500 

500 
2800 

500 
3100 

.500 
3'i(H) 

.700 
3700 


FORCE 
musculaire 

(le  la 
maÏD  droite 

en  kilos 


18 
2 

20 

4 
24 

6 
29.5 

5 
35 

5 
40 

3 
43 

.5 
'i5.7 

48.5 


28 

6 
34 

7 
41 

// 
51.9 

7 
59 

9 
67.5 

6 
74^ 

7 
81 

5 
80.2 


MESURES 

de  la  tête 

en  millimètres 

Diamètres 


'ëô 

o 
1 

'3 

u 

o 

C 
<e 

170 

2?3 

02 

04 

172 

227 

0.1 

0/ 

175 

228 

03 

03 

180 

233 

02 

0.7 

182 

236 

00 

02 

182 

236 

02 

0.5 

184 

24! 

Oi 

02 

185 

243 

145 

05 

148 

02 

150 

00 

150 

00 

150 

02 

152 

00 

152 

01 

153 


Voici  les  conditions  dans  lesquelles  ces  mensurations  ont  été  prises  : 
Chaque  année  il  entre  h  l'école  150  à  200  élèves,  suivant  le  nombre  de 
places  déclarées  vacantes  par  le  ministère  de  la  guerre.  Les  candidats  doi- 


■2-2H 


7   JlIN    llHKl 


vi'iil  avoir  |-J  à  IH  ans  et  il(Mni;  sonl  ailinisaii  concoiirs  seuls  les  candidats 
donl  l'aptitude  pli^sit|U('.  a  été  conslatée  apivs  un  examen  im-dical  minu- 
tieux. Après  leur  admission  i\  l'école,  (tn  eonsliliiail  une  liche  indivi- 
duelle |M»ur  cliacpn;  élève;  celte  (iclie  portail  les  indications  suivantes  : 
l'Age  de  l'élève,  les  dates  aux(piellcs  il  a  été  mesuré,  et  les  mensurations 
faites  cliaijue  fois,  i.es  moyennes  du  tableau  ont  été  obtenues  de  la 
manière  suivante:  les  chllfres  indiquant  les  diirérenles  mesures  ont  été 
extraits  des  fiches  et  classés  selon  les  Ages  auxquels  ils  corres|)ondaient  ; 
le  total  de  chaipie  m(isui"e  a  été  divisé  par  le  noniltrc  di-s  individus 
mesurés. 

Nous  n'avions  pas  l'intention  de  publier  les  résultats  de  nos  recher- 
ches avant  d'avoir  poursuivi  la  croissance  des  élèves  pendant  une  période 
de  5  années  au  moins;  mais  à  noire  grand  regret,  ayant  été  nommé  h  un 
autre  poste,  il  nous  a  été  impossible  de  réaliser  ce  projet.  Nous  publions 
donc  les  résultats  de  nos  observations  de  trois  années  seulement,  dans 
l'espoir  que  quelqu'autre  chercheur  pourra  les  compléter. 

Les  chiffres  du  tableau  de  nos  mesures  montrent  que  la  taille,  la  cir- 
conférence thoracique,  le  membre  inférieur  et  le  poids  du  corps  subis- 
sent des  variations  assez  notables  dans  leur  accroissement  d'un  âge  à 
l'autre,  et  que  le  maximum  de  cet  accroissement,  pour  presque  toutes  les 
mesures,  se  trouve  a  l'Age  de  14  à  15  ans,  c'est-à-dire  à  l'époque  qui 
précède  immédiatement  la  puberté. 


I.  — La  comparaison  de  nos  mensurations  avec  celles  que  l'on  connaît 
chez  d'autres  populations  nous  donnent  les  résultats  suivants  : 

ACCROISSEMENT  _  AGE 

(le  la  taillo  en  millim.  chez  los  élèves      i'ii\     14-15    15J6     16-17  Total         Moyenne 

Belges  (Quételet) 58  60  51  40  =  209/4  r=  32 

Russes  (Dik) 48  64  57  24  =  193/4  =  48 

Allemands  (Ketelmann) 57  54  74  53  —  238/4  =  59 

Anglais  d'Oxfoi-d  (Maklaren)  .  68  57  51  50  =  226/4  z=  56 

Anglais  (lioherts) 51  56  67  39  r=  213/4  =  53 

Ilaii.Mis  (l'agliani) 25  86  26  02  =  139/4  =  .55 

Franrais  (Oodin) 46  57  46  35  =  184/4  =  46 

Bulgares  (Kiik. .11) 51  67  55  45  —  221/4  =  55 

AGE 

TTÎS^TS^  Total  Moyenne 

Belges  (Uuételet) 10  15  =:  234/6  =    39 

Allemands  (Kelclniann) 15  15  —  238/6  =     39.6 

Anglais  (Boheris) 19  18  —  250/6  =:     41 .6 

llaiiens  (l'agliani) 29  17  —  185/5  :=  ■  31 

Bulgares  (Kirkoir) 36  20  =  283/6  =    47 

Pour  la  période  de  13  à  17  ans  l'accroissement  de  la  taille  des  élèves 
bulgares  est  inférieur  à  celui  des  Anglais  d'Oxford  et  des  Allemands,  mais 
il  est  supéi-ieur  à  celui   des  Italiens,   des  Français,    des  Russes  et  des 


N.    KIllKiil-l'.   —   UECIIEUCIIKS   ANTIIItnl'iiMI.  lltlnlK-  229 

Belges  et  des  autres  An^iais.  D-inslcs  années  suivantes  (17-11>),  l'accrois- 
sement tle  la  taille  des ('li'vos  ludgaies  surpasse  l'accroissement  des  autres 
nations  (Belges,  Allemands,  Anglais,  Italiens),  prises  comme  terme  de 
comparaison. 

Les  observations  des  auteurs  ont  établi  ([ue  la  taille  et  le  périmètre 
lhoracii|m'  enVcliK'tit  leur  ai-i-roisscMuonl  niaxiuuiin  |)i'ndant  la  [)ériode 
i|)ii  pri'i-.Mlt'  iiniu<''(li;iiciii('iil  la  pul)iMl<'',  <'t  coiilinuciit  h  croître,  mais 
moins  vite,  au  cniirs  de  la  [lubrrl"',  lauijis  que  le  poiils  i-éalise  son  princi- 
pal accroissi'ment  au  moment  de  la  [(ubfMté  et  que  cette  augmentation 
durr  aillant  (|tir  la  péiituln  de  puberté  elle-même  (D'  P.  Godin  ').  L'accrois- 
sement principal  de  la  taille  des  élèves  bulgares  s'est  ed'ectué  de  L3  h 
ii  ans  ainsi  ([ue  celui  du  périmètre tlioracitiue;  tandis  que  l'accroissement 
du  poids  a  pris  son  maximum  dans  l'année  suivante.  Les  résultats  que 
nous  avons  obtenus  pour  les  Bulgares  ne  font  donc  pas  exception  à  la 
règle  générale. 

MM.  Carlier  et  (Jodin  ont  trouvé  que  Taccroissemant  de  la  taille  à  15  ans 
est  supérieur  de  il  millimètres  de  l'accroissement  réalisé  à  14  et  àlGans; 
pour  les  mêmes  années  nos  résultats  ont  donné  13  et  12  millimètres. 

Il,  —  ia  circonférence  Ikoracique.  —  Nous  avons  pris  la  circonférence 
Ihoracique  au  niveau  des  mammelles  en  avant,  et  sous  les  angles  spinaux 
des  omoplates  en  arrière,  après  expiration  ordinaire,  les  bras  étant 
abaissés  sur  les  cotés  du  tronc. 

L'accroissement  annuel  du  périmètre  tboraciiiue  de  nos  élèves  aug- 
mente de  13  à  13  ans,  puis  diminue  jusqu'à  20  ans,  assez  régulière- 
ment (Voy.  le  tableau).  L'accroissement  ressort  à  30.3  m/m  en  moyenne 
par  année. 

La  comparaison  avec  les  autres  peuples  conduit  aux  résultats  suivants  : 


[i  15  It)  17  Total       Moyoïmo 


Belges  (Qiiétdot) 22 

Busses  (i)ik) 20 

AlIcMiarids  (Ketelinanri) 39 

Anglais  (Maklarcn) 20 

—      (Bùhei-ts) 4.S 

Français  (l'.  (Jufiin^ 38 

Bulgares  (Kirkoll'i 34 


Bfl-i'S  (Uiirlclcl) 

Allemands  (Ivclolin.iiin) 

Anglais  (Bubcrls) 

Bulgares  (KirkolT) 


22 

24 

28 

zr 

9(5  :  4  =:  24 

42 

42 

23 

■zz. 

133  :  4  =  .7.5 

42 

32 

.'57 

rr: 

150  :  4  =  37 

(12 

74 

.fl 

— 

13G  :  4  =  .74 

3!) 

37 

41 

= 

105  :  4  =  41 

38 

3S) 

23 

z=. 

138  :  4  m  34 

53 

28 

31 

=: 

140  :  4  =:  ,7C 

AGIi 

18 

V.» 

Total     Moyenne 

2t 

21 

■=     138  : 

G   =r  23 

l.'j 

10 

=  1 

75  : 

G  —  29 

32 

18 

=    2 

1.5  : 

0  =  36 

20 

23 

=  195  : 

0  =  32 

*  P.  GoniN.  —   n''cherr/iesan/hropomélri'/ues  sur  fa  croissance.   Paris   (Maloinf>\ 
1903,  212  p. 


-2'M)  7  ji  IN    lULlC» 

La  moyenne  de  l'accroisseinenl  |miiii-  la  j)i''i'ioil('  dr  14  à  I!)  ans  nionlre 
que  cliez  les  ('lèves  l»uli,Mi"es,  la  puiliine  se  dévrloppi'  plus  faililenient  ([ue 
chez  les  Anglais,  mais  pluh  forlemenl  que  chez  les  Allemands  el  les  Helges. 

Jusqu'à  17  ans,  le  développement  de  leur  périmrde  llioiacniue  n'est 
dé|)assé  que  chez  les  Anglais  et  les  Allemands. 

III.  —  Pour  la  mensuration  des  membres  inférieurs,  nous  avons  pris  la 
longueur  de  l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure  et  la  pointe  de  la 
malléole  externe.  L'accroissement  annuel  moyen  est  de  23  m/m. 

Le  memhie  inférieur  effectue  son  accroissement  maximum  de  14  à 
15  ans  et  de  12  à  13  ans;  à  partir  de  la  16«  année,  son  accroissement 
diminue  progressivement.  M.  le  D""  Godin  a  trouvé  dans  ces  recherches 
sur  les  Français  que  l'accroissement  annuel  moyen  est  27.2  m/m;  pour 
ces  mêmes  périodes  (14  à  17  ans;,  nos  mesures  ont  donné  une  moyenne 
annuelle  d'accroissement  de  28.2  m/m.  L'accroissement  de  nos  élèves 
pour  les  4  premières  années  (13  à  16  ans)  est  de  127  m/m.  ;  tandis  qu'il 
est  de  59  m   m.  seulement  pour  les  4  dernières  années  (17  à  20  ansj. 

De  la  comparaison  de  cet  accroissement  du  membre  inférieur  pendant 
les  deux  périodes,  il  ressort  que  l'augmentation  générale  de  la  taille  est 
due  à  l'accroissement  du  membre  inférieur  jusqu'à  lu  15'  année,  et  qu'à 
partir  de  celle  année  l'augmentation  de  la  taille  est  due  plutôt  à  rallon- 
gement du  tronc. 


IV.  —  Le  poids  du  corps  a  été  reconnu  comme  un  élément  de  grande 
valeur  pour  apprécier  la  force  physique  des  sujets;  dans  beaucoup  de 
pays,  il  a  été  adopté  par  les  médecins  des  conseils  de  révision  comme  cri- 
térium de  l'aptitude  dos  conscrits  au  service  militaire.  Le  rapport  du  poids 
à  la  décimali^  de  la  taille  sert  d'index  du  développement  physique  et  de  la 
force  des  consciùls. 

Plus  le  chitTre  du  poids  (en  kilos)  se  rapproche  de  celui  des  décimales 
de  la  taille,  plus  robuste  est  le  sujet;  le  résultat  est  encore  plus  favorable 
si  le  chitïre  du  poids  dépasse  celui  des  décimales  de  la  taille,  exception 
faite  des  gens  obèses  (Dr  E  Tartière  ').  Nos  recherches  sur  les  élèves  dans 
ce  sens  ont  montré  que  le  cliiiïrc  du  poids  était  inférieur  à  celui  de  la 
décimale  de  la  tail'e  de  7  h  12  unités;  vers  la  20''  année,  la  diiïérence  était 
de  8  unités. 

Le  principal  accroissement  du  poids  de  corps  s'effectue  pendant  les 
15«,  14",  et  Ifie  années;  pendant  les  années  suivantes,  il  diminue  progres- 
sivement. 

L'accroissement  total  pour  les  8  années  est  de  32.5  kilos,  par  consé- 
quent 4  kilos  00,  en  moyenne,  par  année. 

En  comparant  cet  accroissement  du  poids  avec  ceux  (jui  ont  été  donnés 
pour  les  autres  nations,  nous  trouvons  : 


•  D'  E.  Tartikue.  —  De  l'aptitude  des  conscrits  au  sercice  militaire  dèti-i-minèe 
par  la  relation  de  la  taille  et  du  poids  des  homjties:  Caducée  (lOOi),  n*  15. 


N.   KIHKiilK.    —  UKi:ilEUi;ilK-«  AN  lllltn|'i)MKTIUnUKS  'l'M 

ACE  

POIDS  EN  KILOS  "TT        "io  ^    It)  \^  IH  Total  Moyen 

B.'lîi.>s  ((Jtu'ï^l.'l) J.l  l.t)  (i.O  3.2  5.0  =  23.5:5=4.7 

Alleinan.ls  (Kftclmaim].  4.'.)  4.7  3.4  8.0  0    =21.0:5  =  4.2 

Italiens  (l'.ii;liaiii) 1.3  G. 3  2.4  1.3  1.5  =  12.8:5  =  2.5 

Fianrais  ((io.liii) 3.8  4.8  6.2  4.(3  =19.4:4  =  4.8 

HuigaiTs  (.Kirkoll) 2.0  5.7  0.5  4.7  3.8  =  23.3:5=4.7 

V.  —  pniii'  inesiitvr  la  force  musciilaiii',  nous  nous  sommes  servi  du 
dynaniomèlre  de  CuUin  et  nous  avons  mis  ;i  l'épreuve  les  sujets  à  la  pres- 
sion et  à  la  traction  avec  la  main  droite. 

Le  maximum  de  l'accroissement  de  la  force  musculaire  se  manifeste 
entre  la  i4°  et  la  15"  année.  M.  le  D""  Ouetelet  a  donné  pour  les  Belges  en 
moyenne  4.4  d'accroissement  par  année,  tandis  que  nous  avons  trouvé 
pour  les  élf''ves  bulgares  en  moyenne  4.7,  pour  les  5  premières  années 
(de  13  à  17  L 

VI.  —  Pour  la  mensuration  de  la  tête,  nous  nous  sommes  servi  du  compas 
de  Broca;  dans  le  tableau  général,  nous  donnons  les  mesures  de  trois 
(liamMres  :  fronlo-occipital,  menlo-occipital  et  bi-pariétal.  De  ces  trois 
diamèlres,  le  mento-occii)ital  a  subi  le  principal  accroissement  d'une 
année  à  l'autre,  tandis  que  les  deux  autres  se  sont  agrandis  très  peu.  Le 
diamètre  fronlo-occipital,  dans  la  période  de  12  à  20  ans  accuse  un  accrois- 
sement total  de  lo  m/m.;  pour  menlo-ocoipital,  cet  accroissement  a  été 
2  m/m.  et  pour  le  bi-pariétal  8  m/m.  seulement.  Ceci  montre  que  la  tète 
a  di"»  effectuer  son  accroissement  principal  avant  l'âge  de  12  ans. 

Nous  pensons  (pie  les  résullals.  au^piels  nous  ont  conduit  nos  recher- 
ches sur  les  élèves  sont  probablement  bien  près  des  rapports  réels  et  sont 
une  image  assez  (idèle  du  développement  des  adolescents  Bulgares,  parce 
(pie  les  mesures,  les  accroissements  respectifs  que  nous  avons  obtenus 
sont  déduits  de  mensurations  régulières  faites  sur  les  mêmes  individus,  qui 
ont  pas«é  conséculivement  d'un  Age  à  l'autre  pendant  la  période  de  nos 
observations.  Celte  dernière  condition  est  d'une  haute  importance  pour 
la  valeur  des  données  anthropométriques,  comme  il  a  été  bien  établi  par 
le  professeur  .Manouvrier  :  «  Si  l'on  étudie,  dit-il,  la  marche  de  la  crois- 
sance individuelle  sur  100  sujets,  dont  chacun  sera  mesuré  régulièrement 
chaque  année  ou  tous  les  six  mois  depuis  sa  nais.sancc  jusipi'à  dix  ans, 
ou  de  dix  ans  cà  vingt  ans,  on  connaîlra  les  cent  croissances  particulières 
dont  la  moyenne  générale  représentera  la  marche  moyenne  de  la  crois- 
sance. A  celle  ci  pourra  être  comparée  très  exactement  la  croissance  de 
chaque  individu,  et  la  série  totale  pourra  être  soumise  aux  divers  pro- 
cédés d'investigation  (pie  comporte  la  méthode  des  moyennes  indépen- 
damment de  l'examen  des  cas  iii<liviiliiels.  » 

Discussion. 
M.  Demkeh.  —Il  existe,  comme  vous  le  savez  bien,  deux  procédas  pour 


2n:i  7   jiiN    l'.lO(î 

étudier  la  croissance  des  oiifanls.  I^c  jircinier  consiste  à  mesurer  en  une 
seule  fois  des  sujets  il'î\;^e  dilTérenls  cl  coui|)arer  ensuite  les  mesures  d'un 
i\gG  h  l'autre;  le  deuxième  procédé  comporte  les  mensurations  des  mêmes 
individus  suivis  pendant  plusieurs  années. 

Jus(]u'à  ces  derniers  temps,  priîsque  tous  les  travaux  sur  la  croissance 
ont  été  faits  d'après  la  première  méthode,  beaucoup  plus  facile  et  expédi- 
tive  que  la  seconde.  A  part  des  mesures  de  petites  séries  par  Quetelet, 
DiilTuei-,  Carlier  el  Landsbcrger,  il  n'existait  aucun  travail  de  ce  genre 
jusqu'à  la  i)uljlicalion  du  mémoire  du  13'"  (îodin,  auquel  notre  Société  a 
décerné  le  prix  Broca,  il  y  a  trois  ans. 

Le  travail  du  D""  Kirlcoff  est  comparable  à  celui  de  notre  lauréat.  Comme 
lui,  il  a  pris  les  enfants  d'une  école  militaii-e,  venus  de  tous  les  points 
du  pays  et  soumis  à  leur  entrée  à  une  sélection  assez  semblable; 
et  si  le  nombre  de  mesures  est  moindre  chez  le  D""  Kirkoff  que  chez 
le  D""  Godin,  le  nombre  de  sujets  est  plus  grand  et  ils  ont  été  suivis 
jusqu'à  un  Age  plus  avancé.  Quant  à  la  classe  sociale  dont  proviennent 
les  sujets,  malgré  les  différences  locales,  on  peut  dire  que  ce  sont  des 
classes  plutôt  aisées  dans  les  deux  cas,  et  comme  le  régime  alimentaire 
et  en  général  le  genre  de  vie  sont  à  peu  près  égaux  dans  les  deux  cas,  on 
arrive  à  peu  près  aux  mêmes  résultats. 

Ainsi,  les  élèves  de  17  ans  ont,  dans  les  deux  cas,  déjà  presque  la  taille 
des  sujets  adultes,  telle  qu'elle  ressort  des  mesures  sur  les  conscrits  de 
^0  h  21  ans  en  France  ou  des  soldats  de  21  à  24  ans  en  Bulgarie  *.  Notons 
aussi  que  les  mesures  ont  été  prises  d'après  la  même  méthode. 

Toutefois^  il  faut  rappeler  que  M.  Kirkofï  n'a  pas  suivi  tout  à  fait  le 
même  système  que  M.  Godin  :  il  n'a  poursuivi  les  mesures  sur  les  mêmes 
élèves  que  pendant  quatre  ans  et  a  confondu  dans  ses  séries  par  âge,  ces 
élèves  avec  ceux  qui  n'ont  été  mesurés  que  pendant  trois,  deux  et  une 
seule  année. 

Mais  si  la  comparaison  des  mesures  de  M.  Kirkofï  avec  celles  de  M.  Godin 
est  tout  à  fait  légitime  et  profitable,  on  ne  peut  pas  en  dire  autant  pour  la 
comparaison  avec  les  résultats  des  autres  chercheurs  que  cite  le  savant 
docteur  bulgare. 

Ainsi,  les  Italiens  de  Pagliani,  étaient  des  pensionnaires  d'une  colonie 
agricole  pour  les  enfants  très  pauvres,  el  ceux  qu'avait  mesurés  lloberts 
en  Angleterre  provenaient  en  grande  partie  aussi  des  écoles  primaires  où 
sont  les  enfants  des  classes  sociales  plutôt  pauvres  qu'aisées.  Seuls,  les 
Allemands  de  Kctelmann  se  rapprochent,  au  point  de  vue  des  conditions 
sociales,  des  cadets  de  M.  Kirkoff.  Ce  sont,  en  effet,  les  élèves  du  Johan- 
neum  de  Hambourg,  sorte  de  lycée  où  sont  les  enfants  de  la  bourgeoisie 
de  cette  ville  libre.  Je  ne  connais  pas  les  conditions  sociales  des  enfants 


*  Taille  des  «  cadets  »  de  M.  Kirkoff  de  17  à  20  ans  :  1  m.  715  ;  celle  des  soldats  bul- 
gares :  1  m.  G65.  (Voy.  Wateff,  Bull.  Soc.  Aulhrnpol.,  1004,  p.  4"J7)  ;  taille  des  «  en- 
faols  de  troupe  »  do  M.  Godin  à  17  ans  et  demi  :  1  m.  U3ij  ;  taille  moyenne  des  cons- 
crits français  :  1  m.  640. 


I,.    I.Al'IC.urK.    —    I.KS  NKlillKS   l)'\>IK   KT   I. A    IIACK  NWillK    KN    C.KNKItAI,  iîl53 

qu'uni  iiK'sini'S  l)ik  ri  Malclaii'ii  ;  iiu.iiil  h  niiclclcl,  on  sail  iju'il  (.Iniisissait 
SCS  sujels. 

D'ailleurs,  la  liste  tles  aulcuis  (|iii  (lal  mesiiii'^  les  eiifaiils  n'rsl  pas 
épuisée  avec  ces  cilaliuiis  :  il  y  a  pins  de  viii,i,'l  aulri's  oiivfages  donl  il 
faudrait  coiii[tar(M'  soii^Mieuseuieiil  les  données  |)uuf  arriver  à  des  rompa- 
raisons  ayant  une  portée  au  p(»int  de  vue  etimiipu'. 

Oiioi  ipi'd  en  soil,  II'  travail  di-  .M.  KirUoiï  est  uni'  cuMlriludion  di'  pre- 
mier ordre  dans  ce  ^cnri'  iliHudes  et  surtuid  ilans  la  série  des  ohserva- 
tions,  ti'op  peu  nondinnises  encore,  laites  sur  les  mêmes  sujets  pendant 
phrsieiirs  années  de  suite.  A  ec  litre,  il  mérite  toute  noire  atti.'Mlion. 

M.  I'ai'ili.ai  i;r  exprime  le  regret  qm?  M.  KiriiolV  n'ait  [»as  suivi  1  i 
morne  technique  (pi'eii  France  dans  ses  mensuiMtions.  Il  ajoul(!  (ju'il  serait 
désirable  de  porter  mainlenant  l'investigation  sur  des  mensurations  plus 
particulières  que  eell<'s  (jui  ont  été  employées.  Il  est  entendu  ([u'à  l'époque 
de  la  puberté,  la  taille  augmente  d'une  façon  considérable,  «lue  la  face 
augmente  plus  que  le  crâne  cérébral,  etc.  Ces  résultats  ont  été  trouvés 
aussi  bien  chez  les  nègres  que  chez  les  blancs;  c'est  vers  des  faits  nouveaux 
que  des  chercheurs  dévoués  à  la  science  comme  M.  KirkolT  devraient 
tourner  leurs  investigations. 

M.  Sm'khe  fait  une  communication  sur  la  troisième  molaire  du  gorille. 
(Manuscrit  non  remis). 


LES    NÈGRES  D'AStE   ET    LA   RACE   NÈGRE  EN   GÉNÉRAL  >. 

P.\n  M.  INOUÏS  L.\picQUE 
Maître  de  Conférences  à  la  Sorbonnc. 

Mesdames,  Messieurs, 

La  Société  d'Anthropologie  m'ayant  fait  l'honneur  de  me  charger  cette 
année  de  la  Conférence  Broca,  j'ai  eu  l'audace,  dont  je  dois  m'excuser 
tout  d'abord,  de  prendre  un  sujet  très  vaste  et  plein  de  pierres  d'achop- 
pement. 

Je  vais  être  amené  à  formuler  des  opinions  contraires  aux  idées  cou- 
rantes. De  cela,  je  ne  songerais  pas  à  m'excuser  dans  ce  milieu  de  libre 
criti(iue.  Mais  voici  ce  qui  est  grave  :  dans  le  cours  de  cette  Conférence, 
en  une  heure,  je  n'aurai  pas  le  temps  de  confronter  mes  allirmations 
avec  les  affirmations  contraires,  de  signaler  et  de  discuter  les  objections. 
Je  suis  oblige  de  m'en  tenir  presque  à  l'exposé  unilatéral  d'une  thèse  per- 


•  Cunfvrencc  annuelle  Bvnca,  faite  h  la  Société  d'Antliropologic  do  Paris,  le  8  mars 
1906,  avec  projections. 


'2M  7  ji  IN   1  !»()() 

sonnelle.  Je  vous  prie  de  n'y  voir  aucun  parti-pris  sommaire;  il  y  a 
douze  ans  que  j'ai  commencé,  sur  le  terrain,  l'élude  de  ces  questions,  et 
c'est  peu  i\  peu,  par  la  pousséi;  des  faits,  que  j'ai  été  amené  au  point  de 
vue  (pi"' jt'  Viiis  vous  suUMicltrt'. 

(Jii't'st-if  qu'un  Nèijre?  —  Posons  la  notion  du  nèfjip  dans  le  sens  de  la 
langue  courante,  du  nègre  tel  qu'il  existe  dans  notre  imagination  avant 
toute  analyse  scientifique. 

AVr/o',  c'pst  le  mot  latin  Nii/cr:  cela  veut  dire  )wi)\  L'appellation  est 
donc  tirée  d'un  premier  caractère,  en  efîet  très  frappant  :  la  couleur  de  la 
peau.  Mais  en  histoire  naturelle,  il  ne  faut  pas  attribuer  un  trop  grand 
crédit  à  la  coloration.  Ne  nimis  crede  colori,  disait  le  fondateur  de  notre 
classification  des  êtres  vivants. 

Il  y  a  en  effet  des  hommes  qui  sont  noirs,  ft  (pii.  de  prime  abord,  se 
distinguent  des  Nègres;  par  exemple,  les  habitants  du  Sud  de  l'Inde, 
que  nous  aurons  tout  à  l'heure  à  examiner.  Dans  l'impression  intuitive 
que  nous  essayons  de  préciser  en  ce  moment,  il  entre  assurément  autre 
chose  que  la  nuance  foncée  de  la  peau.  Un  dessin  schématique  ou  une 
photographie  avec  des  valeurs  totalement  faussées,  peut  évoquer  un 
Nègre  par  la  conformation  du  visage  et  l'aspect  de  la  chevelure. 

Pour  répondre  à  la  notion  élémentaire  du  Nègre,  il  faut  donc,  outre  la 
couleur,  certains  traits  et  une  chevelure  particulière. 

Celte  chevelure  caractéristique  est  crépue;  quand  elle  est  très  crépue, 
on  la  compare  à  la  laine  du  mouton.  Les  cheveux,  recourbés  en  petites 
spires  extrêmement  serrées,  s'accrochent  entre  voisins  pour  former  des 
touffes,  ou  bien  s'emmêlent  tous  uniformément  en  une  espèce  de  feutrage. 
Une  telle  toison  diffère  nettement  de  la  chevelure  des  Européens,  même 
frisés. 

Parmi  les  traits  du  visage,  le  plus  différent  par  rapport  aux  nôtres  est 
la  forme  du  nez,  qui  est  large  et  plat. 

En  second  lieu,  la  bouche  est  saillante,  avec  des  lèvres  épaisses,  dont 
la  muqueuse  se  rejoint  plus  ou  moins  largement  de  la  supérieure  à 
l'inférieure,  empâtant  le  dessin  des  commissures.  Tout  le  bas  du  visage, 
d'ailleurs,  vient  en  avant,  est  profpintlte ;  le  terme  d'origine  savante  est 
passé  dans  la  langue  ordinaire  pour  traduire  une  observation  banale, 
moins  fondamentale  pourtant  que  celle  du  nez  camus. 

Un  Nègre  est  donc  un  homme  qui  a  la  peau  noire,  les  cheveux  crépus 
et  le  nez  camard. 

Ou  trouve-t-on  des  Nègres?  —  Pour  l'antiquité,  où  le  type  que  nous 
venons  d'esquisser  était  nettement  perçu  et  exprimé,  le  Nègre  était 
l'Africain.  La  découverte  d'u-n  monde  plus  grand,  il  y  a  cinq  siècles,  a 
révélé  dans  des  contrées  éloignées  de  l'Afrique  de  nouveaux  Nègres  que 
les  voyageurs  ont  immédiatement  reconnus  comme  tels. 

Jetons  un  coup  d'œil  sur  l'Océan  Indien. 

Gest  un  vaste  demi-cercle,  que  l'Equateur  traverse  à  peu  près  à  mi- 
hauteur;  largement  ouvert  au  Sud,  irrégulièrement  dentelé,  il  est  borné 


I,.   I.Al'lCnlK.    —   I.KS  NKdllKS  DASIK  Kl    I.  \   UAi;i.  NKilUK  KN   l'.X.NKIl  Al.  '2'M) 

au  Nord  par  les  rives  inériilionules  de  l'Asie;  à  l'Oiiost.  c'est  rAfri(iue  ;  h 
lEst,  les  archipels  océaniens. 

L'Afrique  et  l'Ocivinie  sont  les  deux  duinaincs  n^-gres  classi-jucs,  se 
faisant  pendant  à  ilroitc  et  à  gauche  du  tahleau:  l'Afrique,  dont  les 
hahilaiits  ont  révélé  le  Nègre  à  notre  antiquité;  l'Océanie,  dont  une 
division  porte  ce  nom  caractéristique,  Mélauésin,  iles  des  Noirs. 

l'ne  mer  large  de  deux  mille  lieues  sépare  ces  deux  domaines,  mais 
sa  rive  nord  dessine  de  l'un  à  l'autre  comme  une  arche  de  pont.  Sur 
celte  rive,  parmi  des  races  absolument  diiïérentes,  nous  trouvons  des 
hommes  qui  ressemhL'iit  à  des  nègres  :  les  Ilindoiis,  d'abord,  [lupiilation 
nombreuse  à  caractères  ambigus;  Hérodote  les  appelait  des  Elhiopiens  à 
cheveux  lisses,  tandis  qu'lleckel  y  voit  des  Méditerranéens  à  peau  noire; 
et  puis  de  petites  liibus  éparses,  aux  îles  Andaman  (golfe  du  Bengale), 
dans  la  péninsule  de  Malacca.  Ce  sont  des  sauvages  noirs,  crépus,  camus, 
et  comme  ils  sont  de  petite  taille  on  les  a  appelés  Negritos,  pclils  nèrjrës, 
du  nom  donné  par  les  Espagnols  aux  cclianlillons  trouvés  dans  les  IMii- 
lippines. 

Ailleurs  dans  le  monde,  il  n'y  a  point  de  nègres,  il  n'y  a  point  de 
noirs.  Ceux  d'Amérique  ne  peuvent  être  pris  ici  en  considération;  nous 
savons  commenl  nos  ancêtres  les  ont  arrachés  à  leur  sol  natal;  ils  rentrent 
donc,  pour  l'hisluiie  naliirelle,  ilans  les  nègres  africains. 

Si  nous  considérons  les  origines  géographiques,  nous  ne  trouvons  par 
tout  le  globe  terrestrf,  d'hommes  a  peau  noire  iju'autour  de  l'Océan 
Indien. 

Ainsi  les  Noirs  du  sud  de  l'Asie,  jalonnant  une  communication  inter- 
rompue des  nègres  d'Afrique  aux  nègres  d'Océanie,  apparaissent  non 
seulement  comme  une  curiosité  en  eux-mêmes,  mais  comme  un  document 
primordial  pour  la  connaissance  de  toute  une  partie  de  l'humanité.  Existe- 
l-il  une  race  nègre  avec  des  modalités  diverses,  ou  bien  des  races  nègres 
n'ayant  entre  elles  qu'une  ressemblance  superficielle?  Les  Noirs  d'Asie 
sont  la  clef  du  problème.  Il  faut  voir,  en  les  confrontant  aux  Nègres 
d'Orient  et  d'Occident,  s'ils  peuvent  se  ramener  avec  ceux-  i  à  un  type 
commun,  établissant  du  même  coup  l'unité  d'habilat,  c'est-à-dire  toutes 
les  conditions  d'une  race,  ou  si  l'on  veut  d'une  espèce,  déterminée. 

Nègres  africains;  races  mixtes  en  bordure.  —  Toute  la  partie  médiane  de 
l'Afrique  est  le  pays  nègre  par  excellence,  l'origine  du  prototype  de  la 
notion.  Il  n'y  a  donc  qu'il  en  regarder  quebjues  spécimens. 

Mais  deux  dépendances  de  cette  région  vont  n(tus  oiïrir  l'ocasion  de 
remarques  générales  qu'il  est  utile  de  présenter  tout  de  suite. 

Madagascar,  ii  bien  des  points  de  vue,  est  distincte  de  l'Afrique  dont 
elle  est  voisine  :  sa  llore  et  sa  faune  lui  donnent  mi  caractère  particulier; 
mais  son  anthropologie,  encore  insuflisamiiniil  (tudiée,  la  rattache  sur- 
toutà  l'Afrique.  L  i  généralité  des  Malgaches  présentent  un  aspect  négro'ide 
liés  marqué.  D'autre  part,  on  lésait,  deséléments ethniques  tout  dilïérents 
lui  sont  venus  de  la  Malaisie,  bien  loin,  de  l'autre  coté  de  l'Océan  Indien. 


236  7  jiiN  IIIOC. 

C'est  que  riionune  est  un  animal  tcnililement  voyageur;  les  mers  ne 
rarrôtent  pas,  môme  quand  il  resté  aux  stades  rudimenlaires  de  l'ins- 
trumentation nautitiue.  Un  bras  ile  mer  étroit,  mais  ancien,  peut  séparer 
deux  faunes  terrestres;  l'humin*!  sort  de  sa  patrie  quelles  (jue  soient  les 
harrir-res  (|ui  l'entourent.  Il  franchit  les  montagnes  comme  les  mers  ;  il 
peut  changer  de  climat,  car,  ses  conditions  de  vie,  il  les  modifie  dans  une' 
large  mesure;  il  emporte  avec  lui  une  paitie  de  son  milieu,  s'en  recrée 
une  autre;  il  s'assuie  ain«-i  une  marge  énorin*'  d'adaplahilité. 

Il  a  des  races  <pii  ainn'iil  Ir  changfmriil,  et  ilonl  les  colonies  aven- 
tureusi's,  successivemenl  essaimées  durant  des  milliers  d'années,  peuvent 
avoir  parcouru  toute  l'étendue  des  terres,  bien  avant  (jue  les  Espagnols 
et  les  Anglais  n'aient  fait  pareille  dissémination  sous  les  yeux  de  l'His- 
toire. D'autres  races,  il  est  vrai,  semblent  attachées  à  la  terre  nourricière 
et  s'étendent  à  peine  de  proche  en  proclie  quand  les  conditions  leur 
sont  favorables;  mais  les  migrateurs  les  traversent,  les  bousculent,  les 
refoulent  ou  les  emmènent  en  captivité. 

De  sorte  que  les  cartes  ethnologiques,  au  lieu  de  présenter,  comme 
elles  font,  des  teintes  plates  en  larges  espaces,  devraient,  pour  rendre 
compte  des  origines,  constituer  une  mosaïque  à  petit  point,  avec  de  vastes 
jonchées  pour  certaines  couleurs. 

-Mais  une  telle  mosaïque  ne  correspondrait  pas  à  l'anthropologie  phy- 
sique. Il  s'établit  toujours  des  relations  sexuelles  entre  les  populations 
qui  viennent  en  contact.  Aucune  haine  nationale,  aucune  interdiction 
religieuse,  aucune  distinction  de  caste  n'empêche  ce  mélange. 

Et  comme  il  n'y  a  qu'une  espèce  humaine,  ou  s'il  y  a  plusieurs  espèces, 
que  les  croisements  de  ces  espèces  sont  indéfiniment  féconds,  il  se  crée 
des  races  mixtes.  On  peut  même  dire  qu'il  n'existe-  h  peu  près  pas  de 
race  pure.  Il  n'y  a  presque  jamais  non  plus  de  limite  tranchée  entre 
deux  races.  Par  dessus  les  frontières  politiques,  sociales,  linguistiques, 
les  mélanges  font  des  dégradations  insensibles;  seuls,  les  hasards  de 
l'histoire  découpent,  dans  cette  série  continue,  des  groupements  artificiels, 
transitoires,  qui  s'appellent  eux-mêmes  des  peuples,  et  se  croient  des  races. 

Ni  l'affirmation  patriotique,  ni  la  philologie,  ni  l'ethnographie  ne 
doivent  être  pris  pour  le  signe  d'une  race.  Tous  les  bâtards  veulent  être 
nobles;  les  mulâtres  s'appellent  créoles;  et  les  Français  du  Nord,  descen- 
dants authentiques  de  Gaulois  et  de  Germains,  opposent  aux  Anglais  et 
aux  Allemands,  leurs  frères  par  le  sang,  la  solidarité  des  races  latines. 

Après  une  guerre  de  conquête,  comme  au  cours  d'une  infiltration 
pacifique,  vainqueurs  et  vaincus,  autochtones  et  immigrants,  s'unissent 
et  se  fondent.  Celle  fusion  est  un  nouveau  conllit  dans  lequel  la  puissance 
sociale  et  la  puissance  zoologique  de  chaque  race  interviennent  presqua 
indépendamment  l'une  de  l'autre.  Deux  appellations  nationales,  deux 
langues^  deux  civilisations  se  confrontant,  celle  qui  correspond  au  degré 
inférieur  d'organisation  peut  disparaître  devant  l'autre;  mais  ce  que  sera 
la  population  dépend  du  nombre  et  de  la  capacité  prolifique  des  généra- 
teurs, comme  aussi  de  certains  caractères  physiques  qui  marquent  chez 


L.    I.MMCnrE.    —   I.K»  Nir.nES   n'.VSIi:  KT   la   HM'.E  SVMWF.   F.S  (iKNK«AL  237 

lis  int'lis  la  ivssoml)laticc  pivdoininanli' d'un  lios  lypos,  loules  choses  (|ui 
n'ont  pas  de  rapporl  avec  la  supôriorilc  sociale.  De  sorte  (juc  le  nom 
.pu  subsistera  s'appliquera  généralement  ;\  un  type  anthropologique  diffé- 
rent de  celui  ([u'il  désignait  à  l'origine,  parfois  à  un  type  tiV-s  voisin  de 
celui  des  [leuples  qui  est,  «mi  apparence  anéanti. 

Pour  les  Malgaches,  on  ne  pouvait  s'y  tromper  Les  plus  noirs  des  Sa/v/Aar.v 
ou  des  Belsimisarahes,  encore  mieux  les  Baras  ont  beau  parler  uniformé- 
ment une  langue  malayenne,  on  ne  peut  les  confondre  avec  les  Hovas, 
qui  se  distinguent  nettement  par  leur  type  physique  et  leur  situation  tant 
géographi(iue  que  sociale.  On  voit  tout  de  suite  (lu'il  y  a  k\  deux  éléments 
essentiellement  distincts.  Mais  c'est  que  les  Ilovas  sont  venus  à  une  époque 
relativement  récente  et  pourtant  déjà  la  plupart  d'entre  eux  sont  forte- 
ment négrilisés,  môme  parmi  les  plus  nobles. (le  ijue  nous  voyons  mainte- 
nant, c'est  la  fusion  en  train  de  se  faire,  et  on  [)eul  se  représenter  ce 
qu'elle  donnerait  dans  peu  de  siècles,  livrée  à  elle-même  :  une  population 
négro-mongoliiiue,  à  caractère  africain  prédominant,  avec  une  langue  et 
certaines  coutumes  malaises. 

Les  anthropologistes  me  paraissent  avoir  tenu  un  compte  insuffisant 
du  phénomène  capital  mis  en  relief,  pourtant,  déjà  par  les  poètes  grecs  : 
Aphrodite  se  plaisant  à  mêler  la  race  des  dieux  et  celle  des  bergers. 
Us  cherchent  à  définir  un  certain  nombre  de  types  humains,  et  paraissent 
considérer  ces  types  comme  autonomes  ;  on  ne  voit  dans  leurs  classifica- 
tions les  races  mixtes  que  comme  des  cas  particuliers  peu  importants. 
Je  pense,  au  contraire,  que  c'est  le  cas  le  plus  général. 

L'Afrique  nous  en  présente  un  exemple  qui  me  paraît  aussi  net  que 
méconnu,  et  qui  offre  un  intérêt  spécial  pour  notre  sujet. 

A  l'angle  oriental  de  ce  continent,  le  groupe  ethnique  formé  des  Abyssins 
ou  Éthiopiens,  des  Danakil  et  des  Somali,  est  généralement  considéré 
comme  constituant  une  race  distincte.  Sous  le  nom  équivoque  de  Hamites, 
on  les  sépare  formellement  des  nègres  leurs  voisins  du  sud  et  de  l'ouest. 
Ils  sont  pourtant  noirs,  ils  ont  les  cheveux  si  frisés  qu'on  pourrait  les 
dire  crépus,  mais  ils  ont  des  visages  moins  camus.  Ces  visages,  en  réalité, 
si  on  considère  une  série  suffisante  d'individus  parcourent  toute  la  gamme 
qui  va  du  vrai  Nègre  au  pur  Sémite  dont  la  patrie  est  toute  voisine  à  l'est; 
la  plupart  des  Éthiopiens  se  tiennent  vers  le  milieu  de  celte  gamme,  à 
mi-distance  du  Nègre  et  du  Sémite.  C'est  là  un  exemple  de  ces  transitions 
qui  s'observent  à  peu  près  constamment  lorsqu'on  examine  les  hommes 
suivant  leur  répartition  topographique.  Entre  deux  types  tels  que  le  Nègre 
et  l'Arabe,  si  nettement  tranchés  à  l'état  pur,  s'intercale  géograp'iique- 
ment  une  population  à  caractères  mixtes. 

Comment  y  aurait-il  lieu  d'admettre  une  race  distincte  pour  ces  inter- 
médiaires? Il  faut  supposer  ou  bien  évolution  d'un  type  extrême  à  l'autre 
extrême  en  passant  par  ceux-là,  ou  bien  un  mélange  des  deux  types 
extrêmes  qui  sont  venus  en  contacta  une  époque  ancienne*.  Pour  le  cas 

'  .le  ne  dis  pas  que  ces  types  extrêmes  sont  les  seuls  éléments  du  mélange. 


•2:\H  7  JIIN    i*.»(»ti 

parlic,uli(M'  «les  lilliiopions,  (fcst  celle  (Ituixièiiie  liypullii''se  (jui  s'impose, 
piiis(jue  nou<<  avons  la  preuve  de  l'inlluence  sémitique  sur  l'Abyssinie. 

Les  Océaniens.  —  Les  Nègres  pioprein<Mit  liils  (l'Afrique,  ipii  se  pré- 
sentent en  masse  compaele,  peuvent  sans  dout<'  être  subdivisés  en  varié- 
lés  diverses,  mais  tous  ont  du  moins  une  ordonnance  générale  identique 
dans  les  traits  de  leurs  visages  ;  tous  répondent,  avec  des  nuances,  au 
schéma  i^énéral  que  nous  eu  avons  tracé. 

l'our  les  nt»gres  d'Ooéanie,  il  n'en  va  pas  de  môme.  iJ'abord  leur  habitat, 
morcelé  déjà  par  sa  nature  d'archipel,  est  tout  semé  d'enclaves  apparte- 
nant à  une  race  bien  distincte,  les  Polynésiens,  qui  sont  |)lutot  des  blancs. 
El  puis,  leur  apparence  très  diverse  les  a  fait  séparer  en  plusieurs  groupes 
que  les  classifications  placent  même  souvent  en  des  chapitres  différents. 
Il  y  a  les  Aiisiraliens,  qui  ne  sont  évidemment  pas  des  nègres  typi(|ues, 
mais  qui  sont  loin  aussi  d'être  homogènes,  et  beaucoup  d'entre  eux  sont 
décidément  négroïdes.  11  y  a  les  Mélanésiens  dont  on  distingue  encore  tout 
un  ensemble  sous  le  nom  de  Papous.  Ce  dernier  mot  est  une  corruption  du 
mol  malais  Pouapoua,  qui  veut  dir^e  crépu;  cette  désignation  met  en  relief 
un  car'actère  nègre  qui  marche  avec  la  couleur  ti'ès  foncée  de  la  peau, 
mais  beaucoup  d'auteurs,  donnent  comme  signe  propre  du  Papou,  un  nez 
saillant  et  aquilin. 

Il  y  a  en  elïet  à  la  Nouvelle-Guinée  (et  j'ai  eu  occasion  de  le  retrouver 
aux  îles  de  la  Sonde  Orientale  qui  en  sont  le  plus  proches),  un  nez  très 
particulier,  en  bec  d'oiseau  de  proie,  ornant  certains  faciès  dont  le  reste 
est  assez  négr^oïde.  Mais  dans  les  fies  de  la  Sonde,  au  moins  Flor'ès,  Solor, 
Timor,  j'ai  vu  cet  appendice  nasal  voisiner  dans  une  même  tribu,  dans 
une  même  fariiille,  avec  des  nez  fortement  aplatis.  Les  chevelures  se  pré- 
sentent de  leur  coté  en  assortiments  fort  étendus.  J'ai  photographié  dans 
un  villège  de  Florès  un  gr^oupe  de  G  sujets,  l'assemblés  par  le  hasard,  qui 
présentent  une  gamme  complète,  depuis  le  cheveu  frisé  à  petites  boucles, 
presque  crépu,  jusqu'au  cheveu  à  peine  ondulé. 

Sur  toutes  les  photographies  que  j'ai  eu  l'occasion  de  voir,  on  retrouve 
pour  les  Papous  la  même  impression  de  mélange,  quoique  la  proportion 
de  sang  noir  y  paraisse  en  génér\al  plus  considérable  que  dans  les  îles  de 
la  Sonde,  où  naturellement  s'accuse  davantage  l'inlluence  des  races  de  la 
Malaisie,  Malais  proprement  dits  ou  Indonésiens. 

Les  Mélanésiens  autres  que  les  Papous  donnent  aussi  une  impression 
de  métissage  ;  parmi  les  collections  de  photographies,  il  faut  chercher 
pour  trouver  des  gr-oupes  où  le  caractère  nègre  soit  franchement  marqué 
sirrlous  les  sujets.  .Vlors,  c'est  sensiblement  du  Nègr'e  tel  que  nous  l'avons 
délini,  mais  encor'e  un  peu  atténué. 

Par  exemple,  la  classique,  chevelure  en  vadrouille,  caractéristique  des 
Papous,  nous  la  connaissons  ailleui's  comme  produit  d'un  métissage 
certain  entre  nègres  africains  authentiques  et  diver'ses  autres  l'aces  '. 

*  Je  note,  en  passant,  que  la  chevelure  des  Abyssins,  si  l'on  fait  abstraction  d'un 
mode  d'arrangctTient  arlificipl,  est  tout  à  fait  comparable  à  la  vadrouille  des  i'apous. 


I,.   I.Xl'ICiJl  K.    —  l.t;>  NKiiUKS  d'asIK   Kl"  I.  \   lUCK  NKilllK  1:N  ilKNKIlAr.  'IM) 

Sur  la  s<'rio  assez  noinhrciiso  di»  siincleilos  niôlanésions,  appaib'iiaiU 
aux  collecliuiis  du  Mus(''uin,  (Ui  peut,  paralliMeiuonl  aux  faits  ci-dessus, 
noler  le  inan(|ue  d'homogénéité  dans  les  faces  osseuses  ;  il  y  a  des  faces 
bien  nègres,  d'autres  (jui  le  sont  à  peine. 

En  résumé,  je  ne  sais  où  trouver  le  nègre  d'Océanie  ;  il  y  a  du  nègre 
partout  dans  i-ette  région,  mais  partout  il  l'Sl  métissé.  Aclutdlemont,  le 
noyau  de  population  noire  le  plus  important  est  la  Nouvelle  (Juinée,  dont 
le  nom  est  assez  significatif.  Vers  l'Est,  il  y  a  un  éparpillement  irrégulier 
dans  les  archipels.  Vers  l'Ouest,  il  y  a  des  po[)ulati<ins  mixtes,  dont  le 
caractère  négrilique  s'atténue  progressivement,  et  (jui  forment  ainsi  la 
transition  vers  la  Malaisie. 

Nègres  de  Malnisie;  Nef/ritos.  —  La  Malaisie  est  essentiellement  un  archi- 
pel. Mais  la  péninsule  de  Malacca,  ou  péninsule  malaise  qui,  d'ailleurs  n'est 
rattachée  au  continent  asiatique  que  par  une  langue  de  terre  étroite  et 
basse,  de  formation  relativement  récente,  ne  peut,  au  point  de  vue  ethno- 
logique comme  au  point  de  vue  géographique,  être  séparée  de  Sumatra 
et  des  îles  voisines.  Nous  la  comprendrons  dans  la  région  que  nous 
appellerons  Malaisie,  qui  se  trouve  ainsi  à  cheval  sur  la  limite  ordinaire- 
ment tracée  entre  l'Asie  et  l'Océanic. 

Cette  région,  comme  son  nom  l'inditjue,  est  censée  la  pairie  des  Malais, 
race  dont  on  fait  souvent  une  des  divisions  importantes  de  l'humanité. 

En  réalité,  la  population  de  la  Malaisie  est  fort  peu  homogène;  il  ne 
serait  même  pas  possible  d'en  donner  une  diagnose  générale.  Au  sens 
propre,  les  Malais  ne  sont  qu'une  petite  partie  de  celte  population  ;  les 
Javanais  et  les  Soudanais  en  sont  bien  dislincls  ;  les  tribus  barbares  de 
Bornéo  et  de  Sumatra  en  ont  été  séparées  avec  raison,  dans  les  classifica- 
tions récentes,  et,  sous  le  nom  d'/ndouésiens,  rapprochés  des  Blancs.  Aux 
Philippines  on  a,  dès  les  premières  éludes,  décrit  des  groupes  ethniques 
divers.  Et  dans  la  péninsule  malaise,  en  arrière  des  Malais  qui  peuplent 
ses  rivages  et  ses  basses  vallées,  les  montagnards  offrent  des  types 
variés. 

Il  y  a  pourtant  un  trait  commun  aux  Malais  et  à  presque  toute  la  popu- 
lation de  la  Malaisie  :  c'est  la  présence,  en  proportion  jdusou  moins  forte, 
du  sang  manifestement  mongolique. 

Je  considère  les  Malais  et  tous  les  peuples  intriqués  dans  leur  domaine, 
comme  des  races  mixtes.  Un  grand  courant  d'Asiatiques  jaunes  est  des- 
cendu dans  la  direction  du  Sud-Est  ;  les  traces  de  cette  immigration  sont 
faciles  à  relever.  L'n  autre  mouvement  entraînait  des  Asiatiques  blancs, 
de  l'Ouest  à  TEsl.  Ces  deux  éléments  se  rencontrant,  se  sont  mélangés 
à  des  degrés  divers,  et  suivant  b^s  proportions  du  mélange  ont  formé  les 
types  variés  que  l'on  constate. 

Mais  il  faut  y  ajouter  un  troisième  élément  :  la  population  primitive  de 
ce  coin  du  globe  n'était  ni  blanche,  ni  jaune;  elle  était  noire,  et  elle  a  laissé 
son  empreinte  sur  les  populations  actuelles;  c'est  d'elle,  je  pense,  que  les 
Malais  tiennent  leur  forte  pigmentation,  leur  couleur  d'un  brun   chaud 


'2iO  7  jiiN  1U0() 

<|ni  va  parfois  jusqu'à  la  imaiice  cliucolal.  l/cxislonci?  de  la  raco  noire 
primitive  est  (léinontrée  par  des  léinoins  peu  nombreux,  mais  très 
Irappanls. 

C'est  aux  IMiilip|)im-s  qu'on  l(!s  a  liouvés  d'abord,  et  les  voyageurs  espa- 
gnols. d(''s  une  époque  ancienne,  leur  ont  donné  le  iioiu  très  expressif  de 
Nrgrilox  drl  monte  (petits  nT'gres  de  la  montagne). 

Tn  objet  de  cui-iusilé  plus  extraordinaire  encoi'e  fut  découvert  aux  îles 
dans  le  golfe  du  Jiengale;  un  pi'lil  arcbipel  entièrement  peuplé  de  Nègres, 
entre  l'Inde  et  l'Indo-Cbinr! 

Ii;i,  aux  Andamans,  c'est  une  population  bouiogène,  jture,  si  ce  mot  a 
un  sens  en  etbnologie^  du  moins,  isolée  de  toute  autre  race  humaine 
depuis  une  époque  extrêmement  reculée;  elle  peut  donc  avoir  conservé 
le  tjpc  d'une  race  fort  ancienne. 

Or,  ces  Andamanais  sont  indiscutablement  des  Nègres;  qu'on  en  pré- 
sente un  spécimen  quelconque  à  un  naturaliste  érudit  ou  à  un  simple 
matelot  ayant  touché  les  ports  d'Afrique,  le  premier  coup  d'œil  amènera 
la  même  réponse  :  «  C'est  un  Nègre.  » 

Us  ont  la  peau  parfaitement  noire,  les  cheveux  crépus  au  maximum, 
et  le  visage  camard. 

Ilssontpeu  ou  point  prognathes,  il  est  vrai,  et  ils  se  distinguent  en 
outre,  parles  deux  caractères  suivants  : 

10  Ils  sont  petits  ;  1  m.  50  pour  les  hommes,  1  m.  40  pour  les  femmes, 
voilà  en  chiffre  rond  les  moyennes  de  mes  mensurations  qui  concordent 
au  centimètre  près  avec  celles  des  autres  auteurs.  Les  nègres  africains  ou 
océaniens  sont  en  général  grands. 

20  Ils  sont  soiisbrachi/céphales;  les  nègres  africains  ou  océaniens  sont  en 
général  franchement  dolichocéphales^. 

Ce  dernier  caractère  n'intervient  dans  l'apparence  extérieure  que  d'une 
façon  presque  insaisissable;  il  n'est  guère  révélé  que  par  les  mesures,  et 
constitue,  par  suite,  uncaraclôre  que  l'on  peut  appeler  ais/rai'/.  Mais  on  lui 
fait  jouer  un  rôle  de  premier  ordre  dans  les  classifications  anthropolo- 
giques. 

Considérant  donc  la  sous-brachycéphalie  et  la  petite  taille  commune 
aux  Andamanais,  et  aux  Negritos  des  Philippines,  les  auteurs  ont  créé 
une  section  spéciale  dans  les  races  noires  pour  ces  deux  groupes  humains, 
et  en  ont  constitué,  sous  le  nom  générique  de  Negritos  une  race  opposée 
aux  nègres  d'Afrique  d'une  part  et  aux  Papous  de  l'autre. 


*  Le  crànc  luimain,  vu  par  en  haul,  dessine  un  ovale  plus  ou  moins  allongé;  on 
peut  exprimer  avec  précision  l'allongement  de  cet  ovale  en  comparant  sa  longueur 
à  sa  largeur.  Il  existe  une  nomenclature  qui  répartit  en  catégories  les  crânes  déter- 
minés à  ce  point  de  vue.  Quand  la  largeur  est  moindre  que  les  trois  quarts  de  la 
longueur  (75  centièmes),  on  dit  que  le  crâne  est  <'/o//r/iOfe;j/ia/e;  quand  elle  dépasse 
les  cinq-sixièmes  (83  centièmes),  on  dit  que  le  crâne  est  bvachijcéphale.  Le  rapport  ou 
indice  crânien  hori  sont  al  aiieinl  pour  les  Andamanais  en  moyenne  82  centièmes; 
une  série  de  nègres  d'Afrique  a  donné  72;  une  série  de  Papous,  71. 


I,.  i.Ai'ir.ijiK.  —  i.Ks  NK(;i(E>  d'asik  i;r  i.a  uack  M:i;ni':  kn  (;i:nkrai.        '2ii 

i.u  notion  de  AV^/w'/o  ainsi  comprise  doit  (Hre  rapportée  à  Crawfurd  (1848). 
Aux  deux  témoins  ci-dessus  désignés,  Crawfurd  en  ajoutait  un  troisième, 
situé  entre  les  deux  premiers,  la  péninsule  malaise.  Il  avait  vu,  sur  la  côte, 
un  jeune  garçon  [irovenanl  (Je  l'intérieur,  et([ui,  dit-il,  ressemblait  exac- 
tement aux  Andamanais.  Un  de  ses  amis  avait  vu  aussi  un  sauvage  de  la 
même  région,  et  (jui  était  -(  un  vrai  Xègre,  mais  avec  une  taille  de  4. pieds 
1)  pouces  seulement,  bien  (pi'il  fiU  adulte.  •• 

En  1893,  on  n'avait  recueilli  encore  que  des  données  fragmentaires  et 
assez  confuses  sur  ecs  petits  Nègres  de  la  péninsule,  lorsque  je  réussis  à 
en  visiter  deux  tribus  bien  caracté>risées.  Les  Mrnlks  de  la  haute  vallée  du 
Pévuk  sont  brun  foncé,  camus  et  crépus;  leur  indice  céphaliiiue  moyen  est 
79.  Mes  observations  conlirmôrent  la  conception  du  Negrito,  car  cette 
station  intermédiaire,  une  fois  ])ien  établie,  montre  que  toute  la  région 
doit  avoir  été  peuplée  par  les  ancêtres  de  ces  petits  noirs  '. 

Kn  elTet,  partout  où  on  trouve  les  témoins  actuels,  ils  apparaissent  net- 
tement comme  la  population  la  plus  ancienne,  aulochlone,  si  l'on  veut  bien 
prendre  ce  mot  dans  un  sens  relatif.  C'est  ce  que  démontre  leur  situation, 
tant   sociale  que   lopographique,  par  rapport  à    leurs   voisins. 

Nègres  de  l'Inde.  —  Dravidiens  et  prédavidiens.  —  L'Inde  est  aussi  une 
péninsule  rattachée  ;i  l'Asie  depuis  une  époque  géologique  récente^  par 
les  alluvions  du  Gange  et  de  l'Indus.  Au  Nord  de  ces  alluvions  se  dresse 
l'Himalaya  (jui  ferme  d'une  muraille  quasi  infranchissable  les  communi- 
cations avec  le  continent. 

D'autre  part,  sa  structure  est  dessinée  à  grands  traits  simples;  elle 
présente  de  vastes  plaines,  large  plateau  de  faible  altitude;  elle  n'a  de 
montagnes  un  peu  élevées  que  doux  petits  massifs  accouplés  vers  la  pointe 
sud;  elle  n'a  d'annexé  insulaire  notable  que  Ceyian. 

L'Intle,  dépendance  adventice  de  l'Asie,  est  donc  une  région  naturelle, 
à  la  fois  bien  distincte  et  relativement  homogène. 

Cette  région  est  habitée  par  une  population  très  nomljreuse,  200  mil- 
lions d'individus  en  chiffre  ronds,  qu'il  faut  nécessairement  considérer 
dans  son  ensemble,  car  d'un  bout  à  l'autre,  les  divers  éléments  qui  la 
composent  ont  réagi  les  uns  sur  les  autres.  Néanmoins,  tout  le  monde 
admet  que  c'est  une  population  mixte;  car  ici  la  masse  réagissante  est 
tellement  grande  qu'aux  deux  extrémités,  malgré  une  pénétration  réci- 
proque très  ancienne,  se  sont  inainienues  deux  apparences  physiques 
impossibles  ;i  confondre.  Et  puis,  tout  c(;  qui  se  révèle  aux  savants  qui 
élu  lient  riiumanili'  dans  les  documents  écrits,  la  [)hilologie,  les  tradi- 
tions, rhist(ure,  montrent  des  premiers  occupants  et  des  envahisseurs. 


'  La  raco  Ni';,'rilo  ot  sa  dislribiilion  {^èogiMpIiiinc,  Annnlos  île  géof/raphie,  Paris, 
1"i  juillet  IS'JtJ  Daiiscc  ruomoiro,  sous  rinlliiciicc  lics  iloclriii'^s  classiquus  cl  nolam- 
Mient  des  écrits  de  Qualniages,  el  n'ayant  pis  encore  analyse  comme  je  vais  le  faire 
les  proportions  du  corps  et  des  nnembres  je  m'étais  beaucoup  exagéré  ladiflérenciation, 
des  Negritos  par  rapport  aux  autres  Nègres. 

soc.  d'antukûp.  IDOG  <7 


■2\'l  7  jiiN   lUOO 

On  suit  qu'un  peuple  p.iili  ilu  Vcninh.  e'csl-à-dinMh!  l'angle Nord-Oucsl, 
s'est  irradié  en  conquéiunl  \eis  1  Est  cl  le  Sud-Ksl,  ;i  travers  toute  la 
région,  (^e  peuple,  ce  sont  les  Àri/ns,  définis  par  leur  langue  apparentée 
aux  langues  européennes  actuelles,  définis  aussi  par  une  religion  et  des 
coutumes  particulières.  l'Iiysiquenient  ce  peuple  était  blanc,  cniicasiqiic, 
si  l'on  veut  bien  revenir  à  l'ancien  mol  qui  avait  l'avantage  de  com- 
prendre un  ensemble  de  traits.  Les  Aryas  rencontraient  devant  eux  un 
autre  peuple,  (|u'on  désigne  aujourd'hui  du  nom  de  Draridiens.  Ce  terme 
s'applique  à  une  notion  essentiellement  philologique;  il  désigne  une 
famille  de  langues  profondément  diUV'renles  des  langues  aryennes.  On 
retrouve  les  langues  dravidiennes  parlées  aujourd'hui  encore  par  plu- 
sieurs dizaines  de  millions  dhonmies  dans  l'Inde,  localisés  de  deux  façons  : 
d'abord  un  groupe  compact  occupant  lo;il  le  sud  de  la  péninsule,  c'est-à- 
dire  le  coin  le  plus  éloigné  du  point  de  départ  des  Aryas  '  ;  ensuite,  un 
peu  plus  au  nord,  et  dans  l'est,  un  certain  nombre  d'îlots  qui  correspon- 
dent aux  régions  accidentées  les  moins  facilement  accessibles  à  une  inva- 
sion. Cette  distribution  est  typique;  nous  connaissons  la  marche  des 
Aryas  par  leurs  histoires  légendaires  qui  ont  été  beaucoup  étudiées  en 
Europe,  mais  nous  pourrions  la  reconstituer  rien  que  par  carte  linguis- 
tique. 

Au  physique,  partout  où  on  les  trouve,  les  hommes  qui  parlent  des 
langues  dravidiennes  présentent  une  couleur  de  peau  plus  foncée  que  Icg 
Aryens.  Dans  l'ensemble  de  l'Inde,  la  pigmentation  va  en  augmentant  dans 
le  sens  de  la  migration  aryenne,  c'est-à-dire  que  les  Indous  du  Sud  et  de 
l'Est  sont  plus  foncés  que  ceux  du  Nord-Uuest;  et  là  où  se  rencontrent  des 
îlots  dravidiens  en  pays  aryens,  les  tribus  ou  castes  dravidiennes  sont 
plus  noires  que  leurs  voisins  d'alentour. 

On  admet  donc  que  les  Hindous  (au  sens  large  du  mot)  sont  le  produit 
du  mélange  en  proportion  diverse  d'une  race  blanche  et  d'une  race  noire. 
Quelle  est  celte  race  noire?  Voilà  maintenant  notre  problème. 

On  considère  généralement  que  celte  race  est  représentée  par  les  Dravi- 
diens actuels,  c'est-à-dire  par  les  Hindous  qui  parlent  une  langue  dravi- 
dienne,  et  on  en  conclut  que  s'ils  sont  noirs,  ils  ne  sont  pas  nègres,  car 
ils  ont  les  cheveux  lisses  ou  simplement  ondulés,  et  ils  ont  souvent  le  nez 
fin  et  droit.  Sur  ce  dernier  trait,  les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord,  et  fina- 
lement, quelques  anthropologistes  ont  trouvé  nécessaire  de  diviser  les 
Uravidiens  en  deux  sous-races,  l'une  à  nez  fin,  l'autre  à  nez  camus. 

Pourtant,  un  anlhropologiste  anglais  qui  a  recueilli  aux  Indes  un 
nombre  énorme  de  mensurations,  Hisley,  a  établi  depuis  bien  des  années 
déjà  que  la  forme  du  nez  présente  une  gradation  régulière  dans  l'ensemble 
de  la  population. 

1  Geylan,  plus  au  sud  encore  que  la  pointe  de  l'Inde,  est  aryanisêe,  mais  les 
légendes  nous  apprennent  que  les  Aryas  y  sont  venus,  de  loin,  par  mer  ;  et  nous 
savons,  en  oITet,  d'une  t'aroii  générale,  que  les  migrations  vont  plus  vite  et  plus  loin 
par  mer  que  par  terre. 


I..    I.Al'lCglK.   —  I.KS  M;i;UE>   D 'a«-IE  et  I,\    UACE  NKCIIE  EN  (lÉNKllAr.  :i43 

Sociali'iMcnl.  ci'llt'  [iiipulalinii  est  liivisi'e  en  castiy,  c'est-à-dire  en 
classes  basées  sur  la  naissance  et  entre  lesquelles  le  mariage  n'est  pas 
permis,  nuehjues-unes  de  ces  castes  sont  criùhres  en  Kurope,  sans  y 
(Hre  d'ailleurs  lôujours  bien  comprises.  Par  exemple,  la  caste  des  lirnh- 
iiKines,  de  lai|Melle  sortent  les  pnMr-es  des  grands  temples,  casie  qui  jouit 
du  plus  haut  di'yré  de  respectabllil*'-  sociale;  et  la  caste  des  Parias,  qui 
est  au  contraire  l'objet  du  mépris  universel;  ses  membres  sont  voués  aux 
besognes  pénibles  et  rebutantes  ;  on  leur  dénie  presque  la  qualité 
d'bommes. 

Entre  les  deux,  il  existe  un  très  grand  nombre  de  castes  dont  la  dilïé- 
rence  est  professionnelle,  religieuse,  philologique,  topographique,  etc. 
Mais  quelle  que  soit  l'origine  de  la  dilTérence,  et  que  ces  castes  habitent, 
sans  se  mcMer,  aux  mêmes  endroits,  ou  qu'elles  habitent  des  territoires 
voisins,  elles  sont  soumises  entre  elles  à  un  ordre  de  préséance  formel; 
un  homme  d'une  caste  donnée  sait  toujours  clairement  quelles  sont  les 
castes  qui  lui  sont  supérieures;  Aryens  et  Dravidiens  sont  compris  dans 
la  môme  hiérarchie. 

Eh  bien,  si  on  établit  avec  un  nombre  de  sujets  suffisants,  la  forme 
moyenne  du  nez  dans  les  castes  ',  et  qu'on  range  les  castes  d'après  cette 
forme,  les  nez  les  plus  lins  en  hauteur  de  l'échelle,  les  nez  les  plus  camus 
en  bas,  l'ordre  ainsi  établi  correspond,  sauf  de  faibles  écarts,  à  l'ordre 
de  préséance  sociale. 

Dans  la  région  où  il  y  a  des  Parias,  ce  sont  eux  qui  possèdent  en 
moyenne  le  nez  le  plus  large. 

Cette  loi,  établie  par  Ilisley  dans  le  Centre  et  l'Est  de  l'Inde,  où  Aryens 
et  Dravidiens  s'entremêlent,  se. vérifie  parfaitement  dans  le  Sud,  au  sein 
d'une  masse  compacte  de  Dravidiens.  Ces  Dravidiens  sont  donc  eux-mêmes 
une  race  mixte,  de  même  que  la  population  de  l'Inde  dans  son  ensemble. 
Ils  ont  une  plus  foile  proportion  de  sang  noir  que  les  Aryens,  mais  ils  ne 
sont  pas  la  race  noire  primitive.  La  constatation  ainsi  faite  sur  la  varia- 
tion de  la  forme  du  nez  avec  la  position  sociale  ne  peut  s'expliquer  que 
si  la  race  noire  soumise  par  les  concjuérants  caucasiques  avait  originelle- 
ment le  nez  tout  à  fait  camus. 

C'est  donc  un  trait  nègre  que  nous  retrouvons  avec  la  couleur  foncée  de 
la  peau;  mais  l'ancêtre  qui  possédait  ce  trait  avait-il  aussi  l'autre  carac- 
tère nègre  essentiel,  le  cheveu  crépu? 

Dans  les  montagnes  des  Niighirris  et  d'Anémulé,  les  seules  vraies  mon- 
tagnes de  la  péninsule,  situées  au  cœur  de  la  contrée  dravidienne,  on  a 
signalé  depuis  longtemps  des  petits  sauvages  crépus,  qu'on  a  même  pensé 
pouvoir,  sur  des  documents  insuiïisants,  identifier  avec  les  Negritos. 


'  La  forme  du  n.z.  priso  (i.ins  un  certain  SMi.s,  s'exprimo  |)ar  un  chiffre,  qui  est 
Vindice  nasal.  C'est  le  rapport  de  la  largeur  à  la  hauteur.  Ouaiifl  le  nez  est  très 
camus,  Il  lirgcnr  est  à  peu  près  éjralc  à  la  hauteur,  ie  rapjiort  est  égal  k  100  cen- 
tièmes. Quand  le  nez  est  très  fin,  la  largeur  n'est  ipio  la  moitié  de  la  hauteur;  le 
rapport  ou  indice,  égale  50  centièmes. 


2\\  7  jii.N   I9CW'. 

Kn  réalité,  il  n'existe  pas  dans  ces  montagnes,  ni  probablement  nulle 
part  dans  l'Inde,  un  témoin  de  la  race  primitive  comparable,  comme 
pureté,  aux  Andamanais  ni  même  aux  autres  Negritos.  Ce  (jue  l'on  trouve 
là,  c'est  simplement,  mais  c'est  fort  précieux,  une  population  métisse 
qui  continue  au-del;i  du  Paria  la  série  générale  de  l'Inde.  Au  bord  de  la 
forêt  vierge  ou  dans  les  collines  partiellement  défrichées,  il  y  a  des  castes 
demi-Parias,  demi-sauvages.  La  hiérarchie  sociale  les  classe  au-dessous 
du  Paria;  leur  nez  est  plus  camus  en  moyenne  que  celui  du  Paria;  on 
peut  même  trouver  des  groupes  où  le  faciès  nègre,  nettement  dessiné,  est 
tout  à  fait  prédominant. 

Eh  bien,  dans  ces  groupes,  les  chevelures  sont  en  général  frisées,  et  on 
en  observe  quelques-unes  qu'on  peut  même  appeler  crépues. 

Un  a  donc  le  moyen  de  prolonger  par  rimagination  la  série  des  castes 
indiennes  jusqu'au  type  primitif  qui  était  (nous  n'avons  plus  qu'un  pas 
à  faire  pour  le  reconstruire),  un  petit  nègre. 

Il  faut  reconnaître  que,  par  rajiport  à  l'intensité  des  autres  caractères 
nègres  observés  chez  les  Dravidens  les  plus  noirs,  on  trouve  les  cheve- 
lures plus  lisses  qu'elles  ne  le  seraient  chez  des  métis  de  nègre  africain 
possédant  la  même  proportion  de  sang  noir. 

Par  exemple,  les  Abyssins,  dont  les  traits  présentent  avec  ceux  des 
Dravidiens  une  ressemblance  depuis  longtemps  signalée,  ont  en  général 
une  chevelure  remarquablement  frisée. 

Il  serait  difficile  de  considérer  comme  une  objection  grave  une  telle  ques- 
tion de  plus  ou  de  moins  dans  des  matières  où  notre  méthode  et  nos  con- 
naissances sont  encore  si  peu  précises. 

Mais  le  hasard  m'a  fourni  un  fait  qui  a  presque  la  valeur  d'une  expé- 
rience et  qui  répond  directement  à  l'objection  possible. 

Aux  Andamans,  j'ai  vu  une  femme,  de  la  pure  race  indigène,  avec  des 
cheveux  extrêmement  crépus  comme  tous  ses  congénères;  cette  femme 
avait  deux  enfants  d'un  père  inconnu,  probablement  Hindou;  ces  deux 
enfants  avaient  les  cheveux  soyeux  comme  ceux  des  Blancs  et  des  Hindous, 
à  peine  ondulés  chez  l'un,  frisés  à  grandes  boucles  chez  l'autre. 

Ainsi  un  demi-sang  de  Negrito  ne  laisse  plus  apparaître  le  caractère 
nègre  de  la  chevelure.  Ce  caractère  chez  les  Negritos  est  donc  relative- 
ment récessif.  Et  les  Negritos  sont  les  nègres  géographiquement  les  plus 
proches  de  l'Inde. 

Nous  sommes  arrivés  à  reconstituer  les  traits  nègres  d'un  type  disparu 
en  prolongeant  une  série  graduée  de  métis.  Par  la  même  méthode  nous 
pouvons  déterminer  théoriquement  la  forme  du  crâne  de  ce  type.  Avec 
une  assez  grande  certitude,  je  puis  aiïirmer,  après  de  nombreuses  mesures 
systématiques,  que  le  nègre  primitif  de  l'Inde  él&il  sous-dolichocéphale  avec 
un  indice  moyen  de  73  ou  76. 
Sa  taille,  plus  difficile  à  préciser,  car  les  conditions  de  vie  modiflent 

*  Voir  au  Louvre  les  monuments  reportés  par  .M.  Marcel  Dieulatoy  et  notamment 
la  frise  lies  A7C fiers. 


L.  LAPicgrE.  —  r.Es  nècres  d'asie  et  la  i«a«;e  ni;(;he  en  (iKM:iiAi,        2i') 

ce  caracUVe,  devait  iHre  pi'lito,  plus  liaulo   pmirtanl  ijuc  celle  des  Anda- 
manais. 

Quant  au  nom  qu'il  convient  de  lui  altrihuer,  la  discussion  des  faits 
sociaux  et  linguistiques  sur  lesquels  est  fondée  la  notion  de  Dravidien  per- 
met d'élaMir  que  ce  nègre  était  antérieur  aux  Dravidiens;  il  faut  donc 
l'appeler  Preilrnridicn,  ou  si  nous  voulons  lui  dounerun  nom  qui  ne  soit 
pas  relatif  A  uno  atitrc  population,  on  pi'ul  l'appeler  Ni'';iir  l'uriu. 

De  l  Inde  <)  lu  Mir  /^*/^/'^  —  l'our  r.'joindre  ces  nègres  de  l'Inde  à  ceux 
de  l'Afriqu'N  il  faudrait  trouver  quelque  témoin  ancien  au  milieu  des 
populations  iraniennes  ou  sémitiques  qui  occupent  aujourdliui  l'inter- 
valle. Ce  témoin,  je  l'ai  vainement  clicrché  tout  le  long  du  rivage  nord 
du  golfe  d'Oman  et  du  golfe  Persique.  Les  documents  archéologiques  de  la 
Suzianne  établissent  peut-être  qu'il  y  avait  aux  temps  reculés  qui  ont  vu 
bàlir  ces  monuments  dans  la  région  du  Cliott-EI  Arah,  des  hommes  à 
visage  noir,  mais  ceux-ci  étaient  en  tout  cas  non  des  Nègres,  mais 
des  métis.  Et  puis  les  documents  sont  vraiment  d'une  signification  dou- 
teuse. 

Aujourd'hui  tous  les  rivages,  de  l'Inde  à  la  Mer  Rouge,  présentent  en 
abondance  des  traces  de  sang  nègre;  on  y  trouve  même  des  Nègres  très 
purs.  Mais  ceux-ci  viennent  directement  d'Afrique.  La  traite,  qui  n'est 
probablement  pas  encore  totalement  arrêtée,  sévissait  d'une  façon  osten- 
sible quand  j'ai  visité  ces  pays  il  y  a  une  douzaine  d'années. 

Les  esclaves  noirs  ont  été  en  grande  quantité  amenés  de  Zanzibar  et 
des  c6tes  voisines  dans  toutes  les  tribus  arabes  ;  et,  avec  les  mœurs  musul- 
manes, l'assimilation  et  le  métissage  sont  très  rapides. 

Au  point  de  vue  (jui  nous  occupe,  ces  noirs  sont  donc  sans  intérêt,  et  je 
n'ai  rien  vu  d'autre.  Il  faut  remarquer  que  ces  pays  sont  nus,  peu  fertiles, 
(}u'il  serait  bien  diflicileà  une  race  primitive  de  s'y  maintenir  d'une  façon 
indépendante;  d'autre  part,  l'infusion  permanente  de  sang  noir  africain 
par  la  traite  ne  permet  pas  de  retrouver  la  descendance  d'ancêtres  noirs 
autochtoïK's;  enfin,  l'histoire  et  surtout  la  préhistoire  de  ce  coin  du  globe 
nous  est  peu  connue.  La  lacune  peut  donc  s'expliquer  par  une  disparition 
totale  sur  laquelle  nous  ne  pouvons  nous  prononcer;  elle  ne  constitue  en 
tout  cas  nullement,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  un  fait  qu 
doive  entrer  en  ligne  de  compte. 

Race  iiPfivc  unirjue.  —  .\in^i,  de  l'un  à  l'autre  di"^  domaines  nègres  clas- 
siques, nous  avons  trouvé  les  traces  de  Nègn-s  aujourd'hui  conservés  à 
l'état  de  faibles  spéoimens  isolés  au  milieu  d'un  flot  d'envahisseurs,  ou  bien 
fondus  dans  de  grandes  races  mixtes.  Nous  concevons,  dans  une  époque 
ancienne,  une  population  nègre  continue  tout  autour  de  l'Océan  Indien, 
et  celte  population  est  bien  nègre  au  sens  que  nous  avons  défini  en  com- 
mençant. 

Assuréuient,elle  n'a  jamais  été  identique  à  elle-même  d'un  bouta  l'autre 
(le  cette  immense  aire  de  dispersion,  mais  y  a-t-il  lieu  de  la  diviser  en 


246  7  juN  l'.inn 

l>lnsiciirs  races?  I*]xamiiinns  les  laisoiis  pour  lesquelles  les  nt''i,M('s  ont  été 
ainsi  partagés  dans  la  classilicaliun  et  voyons  si  ces  raisons  subsistent. 

l''  Les  Nègres  océaniens  ont  été  séparés  des  Nègres  africains  surtout 
parce  ([u'on  n'a  pas  songé  à  les  rapprocher  à  travers  la  distance.  Mais 
on  n'a  jamais  établi  entre  eux  une  uill'érence  physique  si-rieuse.  Ces 
Nègres  océaniens  sont  tous  diversifiés  par  des  métissages;  si  on  en  prend 
les  traits  communs  essentiels,  le  type  abstrait  constitué  par  ces  traits 
revient  au  type  abstrait  du  Nègre  africain  ; 

■2°  Les  Negritos  ont  été  séparés  des  Nègres  précédents  en  raison  de  deux 
caractères  différentiels,  la  taille  et  l'indice  céphalique. 

L'indice  céphalique  est  certainemenl  un  très  bon  caractère  héréditaire; 
ni  a  priori,  ni  a  posteriori,  il  ne  paraît  influeneé  par  l'adaptation,  et  il  est 
très  utile  })Our  suivre  des  filiations  et  des  métissages  dans  un  intervalle 
de  temps  de  quehjues  siècles.  Mais  peut-il  servir  de  b-ise  à  une  classifica- 
tion? D'abord,  toute  classification  faite  sur  un  caractère  est  artificielle; 
mais  ce  caractère  en  particulier  serait  mal  choisi  pour  cet  usage.  Dans 
tous  les  grands  groupes  humains  naturels,  c'est-à-dire  reposant  sur  un 
ensemble  de  caractères,  on  trouve  h  la  fois  des  brachycéphales  et  des 
dolichocéphales. 

Et  puis,  on  ne  peut  plus  séparer  les  Nègres  en  deux  portions  nettement 
tranchées  par  la  différence  d'indice.  Entre  les  chiffres  classiques  des 
Papous  et  des  Africains,  71  et  72,  d'une  part,  et  celui  des  Andamanais,  83, 
d'autre  part,  viendraient  se  ranger  d'autres  Africains  qui  sont  plus  ou 
moins  relativement  bracliycéphales,  et  dans  le  cycle  que  nous  venons  de 
parcourir,  les  Ménihs  de  la  l*cninsule  Malaise  avec  79,  et  les  Nègres  parias 
de  l'Inde  avec  76.  Nous  avons  une  série  continue,  non  plus  deux  groupe- 
ments Opposés. 

La  taille,  elle,  est  abandonnée  depuis  longtemps  comme  caractère  de 
race  ;  on  sait  combien  les  conditions  de  vie  la  font  varier.  Notamment, 
les  animaux  des  îles  sont  en  général  plus  petits  que  ceux  des  continents. 
Or,  il  est  digne  de  remarquer  que  tous  les  Negritos,  et  à  côté  d'eux  les 
nègres  Parias,  habitent  soit  des  îles,  soit  des  terres  qui  furent  autrefois  des 
îles. 

Les  Negritos  apparaissent  donc,  non  plus  comme  une  espèce  (ou  une 
race)  distincte  se  r.-ipprochant  des  autres  Nègres  par  plusieurs  caractères, 
mais  bien  comme  un  rameau  d'une  race  nègre  unique,  ayant  légèrenvent 
varié  dans  un  certain  sens. 

Si  l'anatomie  ne  fournit  pas  de  raison  de  diviser  les  Nègres  comme  on 
l'a  fait,  en  fournit-elle  pour  les  fondre  en  une  race  unique? 

l'ne  classification  naturelle  doit  tenir  compte  de  tous  les  caractères. 
Une  classification  est  toujours  établie  sur  quelques  caractères  seulement, 
et  par  conséquent  artificielle  quant  à  son  établissement;  mais  elle  se  révèle 
bonne,  correspondant  à  la  nature  des  choses,  quand  un  caractère  impor- 
tant qui  n'a  pas  été  considéré  h  l'origine  vient  concorder  avec  ceux  qui 
ont  servi  de  base. 

Nous  avons  défini  le  Nègre  par  la  couleur  de  la  peau,  le  nez  et  le  che- 


r,.   I.AIMCQIF,     —   r.ES  NktillES  n'ASIE  ET  I.A   HAf.E  NÉf.HE  ES  tiKNKUAI.  '2  iT 

veu.  Mais  dans  les  proportions  du  corps  el  des  membres,  il  y  a  ([uel([ue8 
particulariU'S  qui  sont  connues  pour  caractériser  le  Nègre  africain;  telles 
sont  la  longueur  de  l'avant-hras  et  l'étroitesse  des  hanches.  Ces  parti- 
cularités sont  imporlantcb,  non  seulement  parce  ([u'elles  diiïérencifiit  de 
toutes  les  races  blanches,  jaunes,  rouges,  les  Nègres  étudiés  jusqu'ici, 
mais,  en  outre,  parce  qu'elles  paraissent  manni.-i-  mi  slade  intermédiaire 
dans  la  descendance  zoologique  de  l'homme,  l'ar  son  curps  comme  par 
sa  face,  le  Nègre  manpie  un  degré  (h;  rapprochement  vers  les  singes. 

Nous  n'avons  pas  jusqu'ici  fait  entrer  dans  notre  question  cette  confor- 
mation du  cori)s,  et  les  anthropologistes  ne  l'ont  pas  étudiée  au  point  de 
vue  de  la  comparaison  entre  les  diverses  races  nègres  qu'ils  ont  créées. 

En  ce  qui  concerne  les  Nègres  d'.Vsie,  j'ai  fait  cette  étude  sur  deux 
groupes  de  Negrilus  et  sur  les  castes  de  l'Inde  les  plus  proches  du  Nègre 
paria  théoritiue.  J'ai  observé  que  le  type  nègre  considéré  i\  ce  point  de 
vue  nouveau  se  reliouve  d'une  façon  bien  marquée. 

Cette  similitude  m'était  apparue  autrefois  très  incomplètement,  parce 
que  je  n'avais  pas  tenu  compte  d'une  correction  qui  s'impose  pour  des 
raisons  d'anthropologie  générale.  Quand,  dans  une  même  race  aussi  ho- 
mogène que  p()ssd)le,  on  pas.se  d'un  groupe  d'individus  grands  à  un 
groupe  d'individus  petits,  il  y  a  une  variation  systématique  de  proportion 
du  corps  et  des  membres. 

Chez  les  individus  petits,  les  membres  sont  relalurmcnl  plus  courts,  et 
le  corps  relativement  plus  large. 

Si  donc  nous  comparons  des  Nègres  afiicains  d'une  taille  de  175  centi- 
mètres à  des  Negritos  de  150  centimètres,  nous  devons  retrouver,  entre 
eux.  si  les  Negritos  cl  les  Nègres  apparlienuenl  au  même  type  physlipie, 
une  dilTérence  de  ce  genre. 

Le  caractère  nègre  étant  d'avoir  des  bras  longs  et  les  hanches  étroites, 
ce  caractère  sera  moins  mar.pié  che/Jes  Nègres  petits  que  chez  les  Nègres 
grands,  non  parce  ([u'ils  sont  moins  nègres,  mais  [)arce  rju'ilssont  petits. 
En  fait,  le  Negrilo  garde  encore  par  rapjtort  au  litanc  de  taille  moyenne, 
c'est-à  dire  beaucoup  plus  grand  (pic  lui,  une  forme  de  corps  nettement 
nègre. 

Iwlice  rndio-pclvicn.  —  Je  ne  donnerai  de  chiffres  que  sur  un  seul  rap- 
port, qui  me  parait  tout  particulièrement  caractéristique.  L'avant-hras 
étant  chez  le  nègre  nMali  veinent  long  et  les  hanches  relativement  étroites, 
j'ai  pensé  (pi'on  trouverait  une  expression  saisissante  de  son  anatomie 
spéciale  en  établissant  le  rapi)ort  <le  la  première  mesure  à  la  seconde. 
C'est  ce  que  je  propose  d'appeler  indice  radio  pd vif n  '. 

Il  ne  sera  question  ici  que  du  sexe  masculin. 

Pour  le  Blanc  (européen),  je  trouve,  en  calculant  d'après  la  nombreuse 
série  de  M.   l*a[>illault  sur  cent  Parisiens,  un  indi'-e  radio-pelvien  de  80 


•  Le  rapport,  en  ci-mièmes,  de  la  longueur  du  radius  au  diamètre  Iransvetse  oxlcrnc 
du  bassin  (pelvixj. 


248  7  JiiN  1006 

(avec  une  taille  de  iOl).  Les  .'{0  plus  pdits  donnenl  une  valeur  de  .S3  fi 
(taille,  l('.l). 

Pour  le  n^^re  d'Afriiiiie,  2  Soudanais  rencontrés  en  Abyssinie  m'ont 
donné  une  moyenne  de  \'2Î'}  (taille  ITO);  9  Sénégalais  mesurés  en  Europe 
m'ont  donné  107  (taille,  18:2). 

J'ai  examiné  systématiquement  à  ce  point  dr  vue  les  collections  ostéo- 
loijiques  de  Paris. 

Sur  le  squelette,  on  voit  à  priun  ipioii  doit  obtenii'  des  chiiïres  plus 
élevés  que  sur  le  vivant  ou  le  cadavre  entier,  la  mesure  du  radius  étant  k 
peu  près  la  même,  tandis  que  la  largeur  des  hanches  est  diminuée  de 
l'épaisseur  des  parties  molles. 

9  squelettes  de  Français,  au  Musée  de  l'Ecole  d'Anthropologie,  donnent 
la  valeur  87. 

Les  squelettes  de  Nègres  les  plus  anciens  dans  nos  musfies  sont  quel- 
quefois étiquetés  Nègre  sans  autre  indication,  ou  d'autres  fois,  Nègre  mort 
à  Paris.  Or,  après  avoir  passé  une  heure  à  essayer  de  démontrer  que  tous 
les  Nègres  se  valent,  je  suis  obligé  de  remarquer  ici  qu'il  y  a  Nègre  et 
Nègre.  Les  Nègres  américains,  malgré  leur  origine  africaine  bien  connue, 
présente  une  atténuation  manifeste  du  caractère  en  question. 
Ce  qui  peut  s'expliquer  très  naturellement  par  du  métissage. 
Ainsi,  dans  mes  mesures  prises  au  Muséum,  voici  les  Nègres  purement 
africains,  —  2  Mozambique,  109  et  114  —  1  Malinké,  118  —  1  Haut 
Ogooué,  109  —  1  Fernand-\az,  112  —  1  Pahouin,  110,  Moyenne,  112. 

Et  d'autre  part,  2  Mozambique  esclaves  au  Brésil,  91  et  97  —  1  Guade- 
loupe, 100. 

Enfin  2  Nègres  morts  à  Paris  donnent  l'un  101,  l'autre  110. 
Les  15  squelettes  de  Nègres  de  l'Ecole  d'Anthropologie,  parmi  lesquels 
il  ne  m'a  pas  été  possible  de  faire  le  départ  des  provenances,  donnent 
comme  moyenne  générale  105. 

11  faut  donc  choisir,  parmi  ces  collections,  et  c'est  le  chiiïre  de  112  qui 
doit  être  provisoirement  adopté. 

On  voit  quelle  différence  s'accuse  du  Blanc  européen  au  Nègre  africain. 
Ces  chiiïres  ont  besoin  d'être  précisés  par  de  nouvelles  études,  mais  il 
est  évident  (lu'il  y  a  une  différence  considérable  entre  les  deux  types.  Et, 
par  une  heureuse  coïncidence,  l'un  est  au-dessus  de  l'unité,  et  l'autre  au- 
dessous. 

Voici  quelques  chiiïres  se  rapportant  à  des  types  qui  ne  sont  ni  des 
Noirs  ni  des  Blancs  européens,  chiiïres  que  j'ai  recueillis  sur  les  squelettes 
du  Muséum. 

4  Japonais,  86  —  2  Tonkinois,  90  —  2  Tagal,  93—2  Dayaks,  97  — 
2  Maoris  de  la  Nouvelle-Zélande,  91  —  2  Hawaï,  92  —  5  Péruviens  an- 
ciens, 85  —  2  Eskimos,  82  —  2  Fuegiens,  90. 

(^es  séries  sont  certainement  trop  courtes  pour  donner  la  valeur  de 
l'indice  radio-pelvien  dans  les  races  correspondantes;  mais  tandis  que 
les  Nègres  purs  se  tiennent  tous  au-dessus  de  100,  aucun  de  ces  chiiïres 


I,.    LAI'ICQIE.   —  LES  NKGHES  Ii'aSIE  ET  L\   IIACE  NÉCIIE  EN  CKNÉUM.  fî  ii) 

n'approche  de  100,  excepté  celui  des  Dayak-;,  dont  la  signification  serait 
à  discnliT,  s'il  était  conllrmi'. 

J'ajoiitt'  (|ne  de  t'tus  les  siinclelles  nionli's  du  .Mii^'''nni.  un  si.'ul  cas  indi- 
vidnel,  en  drhors  des  Noirs,  allrinl  UK).  (iV'st  nn  Siamois  (?) 

il  y  a  donc  là  un  caractère  (jui  iind  les  .N'è^i'cs  afiicains  à  part  des  autres 
types  humains.  Nous  pouvons  maintenant  rechercher  ce  caractère  chez 
les  autres  Noii's. 

Pour  les  Mélant'siens,  ITi  squelettes  du  Muséum,  (Nouvelle-Hrelagne, 
Nouvellfs-lléhrides,  Nouvelle  tialédonie),  m'ont  donné  une  moyenne  de  1)8 
pour  l'indice  radio-pelvien.  Ce  qui  correspond  bien  à  l'idée  du  métissage 
(|ue  nous  avons,  pour  des  raisons  dilTérentes,  admis  dans  ces  régions. 

3  Australiens  donnent  iOJ. 

Sur  le  vivant,  une  série  nombreuse  d'Ethiopiens  mesurée  par  moi  me 
donne  le  chiiïre  de  96  pour  l'indice  radio-pelvien  (avec  une  taille  de  108). 

La  moyenne  de  diverses  castes  hindoues,  où  le  type  du  Nègre  paria,  sans 
être  pur,  loin  de  là,  est  très  a|)parent.  atteint  100  (avec  une  taille  de  160). 

l'our  les  Andamanais.  les  plus  purs  des  Negritos,  j'ai  malheureusement 
perdu  un  cahier  de  notes  contenant  les  chiiïres  qui  m'auraient  servi  pour 
ce  calcul;  d'après  les  silhouettes  des  [)hotographies.  je  pense  que  l'indice 
en  question  aurait,  sur  le  vivant,  une  valeur  voisine  de  l'unité. 

3  squelettes  de  Negritos  des  Philippines,  au  iMuséum,  donnent  lOi. 
A  F.ondres,  au  Collège  des  Chirurgiens,  j'ai  examiné  (i  squelettes  non 
montt's  d'Andamanais.  Je  n'avais  pas  d'instrument  de  mesure;  mais^  par 
la  superposition  directe,  j'ai  constaté  que  dans  les  6  cas,  le  radius  était 
plus  grand  ([ue  le  plus  grand  diamètre  du  bassin. 

Si  l'on  lient  compte  que  les  .\ndamanais  sont  très  petits,  le  caractère 
nègre  semblera  ici  bien  marqué. 

Les  Ménili  de  la  péninsule  malaise,  Negritos  métissés,  doimcnt  Uo  ^avec 
une  taille  de  152). 

.V  titre  de  comparaison,  voici  le  chifTre  que  me  donne  une  tribu  de 
./(//■f)/<H5,  sauvages  de  l'intérieur  de  la  Péninsule  malaise,  géographique- 
menl  voisins  des  .Ménik,  race  très  mélangée,  mais  bien  malaise  (au  sens 
large)  par  la  prédominance  du  sang  mongolique  :  indice  radio-pelvien,  84 
(avec  une  taille  de  lo-4). 

Il  y  a  donc  une  conformation  particulière  du  corps,  résumée  en  un 
chilTre  par  l'indice  radio-pelvien,  qui  se  retrouve  chez  tous  les  Noirs  et 
rien  tjue  chez  les-Noirs.  (le  caractère  n'a  nullement  été  visé  dans  les  pré- 
misses de  notre  classification  ;  il  pourrait  constituer  à  lui  seul  une  déîini- 
tion  d'une  race;  or,  sous  la  réserve  de  sa  variation  avec  la  taille,  qu'ime 
formule  'ff/ //oc  pourrait  facilement  éliminer,  il  suit  exactement  les  carac- 
lèri's  sur  lesquels  nous  nous  sommes  basés,  s'altiTiuanl  comme  eux  par 
le  métissage. 

C'est  donc  une  preuve,  en  quelque  sorte  cruciale,  (jue  la  race  des 
hommes  à  peau  noire  est  fondamentalement  une,  comme  nous  amène  à 
le  penser  toute  l'ijtude  soulevée  par  la  question  des  Noirs  d'Asie. 


250  21  JUIN  1906 


8:'8"  SEANCE.    -  :^l  Juin  lîlOD. 


Présidence    de    M.    /vhouuwski. 

Election.  —  M.  !•■  lapitaiiic  I'ahuer.  lucsciitt'  par  MM.  Cuver.  Hervé,  Zabo- 
luwski.  est  élu  iiK.'iiibre  de  la  Suciélé. 


OIJVKAGES  OFFERTS 

BAUuoriN  (D'  Marcel)  et  Lacoiloumère  (G.).  —  Les  Menhirs  <le  Saint-Martin 
de  Hrera  (Vendée).  24  p.  Sccrétarial  Général  di'  la  Société  Préhistorique  de 
France.  Paris,  1905. 

Boas  (Franz).  —  Tho  Iluntinglon  California  Expédition.  Antliroponictrv  of 
central  California.  {Bulletin  of  Ihe  American  Muséum  of  Naluval  Hislory, 
vol.  XVIL  part.  I\',  pp.  317-380).  New-York,  november  4,  1905. 

Hamy  (D""  E.-T.).  —  .loséph  Donibey.  médecin,  naturaliste,  archéologue,  explo- 
rateur du  Pérou,  du  Chili  et  du  Brésil  (1778-1785).  —  Sa  vie.  son  œuvre,  sa 
correspondance,  avec  un  choix  de  pièces  relalives  à  sa  )nission,  une  carte 
et  cinq  plancfies  liors  texte;  in-8'\  434  p.,  5  pi.,  1  carte.  Paris.  Guilmoto,  1905. 

Paiw  (L.  de)  et  WiLLEMSKN  (G.).  —  Note  sur  les  cétacés  échoués  dans  l'Escaut 
en  1577.  (Extrait  des  Annales  du  Cercle  Archéolof/ique  du  pays  de  ^yaes. 
Tome  XXUI,  liv.  2).  12  p.  .Saint-Nicolas,  Imp.  J.  Edom,  1905. 

GiiDO-CoHA  (Prof.).  —  Contriliuzionc  alT  etnografia  délia  Croazia  e  dclla 
Serbia.Kelazionedel.  — (Estratto  dagli  Atlidel  V.CongressoGeoyrafico  Italiano 
tenuto  in  Napoli  dal  6  a  11  aprile  1001,  Volume  2",  Sezione  I,  Scientilica 
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pierre  saharien.  (Extrait  des  Documents  scientifiques  de  la  Mission  saha- 
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du  Rhin.  Encore  les  pierres-figures  nouvelles  d'Egvpte.  (Extraits  du  Bulletin 
de  la  Société  d'Anthropologie  de  Bruxelles:  Tome  XXllI.  1904).  In-8»,  16  p. 
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Nord.  Sur  de  nouvelles  découvertes  faites  dans  le  Cantal.  Encore  l'homme  de 
Krapina.  (Extraits  du  Bulletin  de  la  Société  d'A?ithropolbgic  de  Bruxelles. 
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quaternaire,  du  limon  dit  «  des  hauts-plateaux  ».  (Extrait  du  Bulletin  de  la 
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Belge  de  Géologie,  de  Paléontologie  et  d'Hydrologie  (Bruxelles).  Tome  XIX. 
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ilIVUMiKS    (tl'I'KIlTS 


2:;i 


|:..\viiin:ii  («lliailrs-l'.).  —  Mcxicai»  ami  Conlral  A ri«aii  Anli<|iiilies,  Cul.'iidar 

Svsk'iiis.  auil  llisldry  Tw.-nlv  loiir  Papers  hy  KiluanI  Scier.  K.  Forsli-iiianii. 
l'aiil  S.ln'llhas,  Cari  Sappor  aii.l  K.  1*.  Di.'selilt.rlV  Ti-anslatorl  l'ium  (lie  (ierinan 
iindoi-  (lie  supervision  <.r  t.liarlos  I'.  Mo\v(iit<li.  (Smilhaunùin  Institution 
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Missions  du  Ministère  de  l'instiuction  Pulili(|ue  et  des  Beaux-Arts.  .\XX1-16  p. 
Paris,  E.  Leroux,  1902. 

SoLDi-CoLBERT  DE  Beaulieu  (Emile).  —  La  langue  sacrée.  IV«  volume,  fasci- 
cule 2.  Les  armes  magiques.  Le  signe  do  la  croix.  Première  partie:  L'enveloppe 
universelle.  La  lettre  Teth.  Missions  du  Ministère  de  l'Instruction  l*ublique  et 
des  Beaux-.\rts.  76  p.  Paris.  E.  Leroux.  1903. 

SoLui-CoLBERT  DE  Beaui.ieu  (Emile).  —  La  langue  sacrée.  IV"  volume,  fasci- 
cule 3.  Les  armes  magiques.  Le  signe  de  la  croix.  Seconde  partie  :  Le  divin 
sacrilice  de  la  messe  égyptienne.  L'Arc  solaire.  La  lettre  Zaïn  (Z).  Missions  du 
.Ministère  de  l'Instruction  IMiblique  et  des  Beaux-Arts.  16S  p.  Paris.  E.  Leroux. 
1903. 

L.\NGLET  (D"").  —  La  Population  de  Vitry-lo-François  et  de  son  Arrondissement, 
1773-1901.  ln-8°.  78  p.  Reims,  Imp.  Matot  Braine,  1905. 

(iuEBHARD  (D'"  Adi'ion).  -^  Essai  d'inventaire  des  Enceintes  prohisloriques 
(Castolars)  du  déparliMiicnt    (hi   Var.   (Extrait  du    Compte-rendu    du    premier 


OL'URACES    0|-h'EnT->  -?>  ' 

.oii-ivs  luvliislonqiie  do  V\-\w;\  IVTii;ii.'ii\,  1905).   In-8«.  04  p.  Le  Mans,   liiip. 

Mniiiiuv.T.  tnoo. 

MoHsti.i.i  (l'ntl".  Kiirico).  Crsart!  Lniultrnsd  »•  l'Autniiiologia  (it'iiorali'.  (Ksir. 
«  l.'ojtora  ili  Ci'sare  Lcmiliroso  iiella  S<i«'iiza  o  iicllo  sik;  applicaziuui  »).  31  p. 
Toiiiio,  Vincfiizo  Ifuiia.  11)06. 

M.\THU6KN  (A.).  —  Tellurn  llollamlsclit'  W'ooi-dciilijsl  mol  iSt-knoplc  SpraaU- 
kuiisl  (W-rliaiiilL'liiiiLrfii  van  licl  Mataviaasrh  (u'iinolschap  van  Kimsti-n  on 
W.'l.'nscliapp.-n  K.vl  I.Vl.  2'>  Stuk).  l:î8  p.  lîalavia.  Alluvclit  d  Cif  S  lla^.'.  M. 
.Nijlioir.  lîMXi 

ScHWAitz  (.1.  Alli.  T.)  en  Ai.iiiAM  (.\.).  —  ll.'l  V.ili.i.il  van  .lrn  (Jnlzigaard  in 
h.'t  Tdnl.'nilioanscli.  San^iicoscli  en  Haro'i'.  TcUst,  vi-ilalin^' en  aantot'konin;,n'n 
niL't'-îovcn  ilnor.  (Ncrliainlt'liniri'n  van  lict  Halaviaasrli  (icnoolsiliap  van  KnnsU'n 
.•nW('tons<-liap|.on  Doel  I.Vl,  3"  Slnk).  7:2  p.  lîalavia.  Alluclil  cl  C'« 'S  (Iraven- 
hage  M.  MjliotV.  1900. 

NiTTAi.î.  (Zelia).  —  Tlie  oarliest  historical  Relations  belween  Mexico  and  Japan 
IVoui  original  docnnuMils  prescrved  in  S[iain  and  Japan.  {Universily  o/' Cali- 
l'oi-niu  Publicdlions  Aniei-ican  Ai'cliai'ology  and  lllhnology.  Vol.  4,  n"l).48p. 
{{."[•kfloy.  The  rniversily  Press.  April  1000. 

.Mi.MSTEHiK  \'an  BiN.NK.M.ANnscKK  Zakkn.  —  Hijks  Kl luiograpliisfli  Muséum  te 
l.eidon.  \erslag  van  dcn  niredonr  ovcr  liel  lijdvak  van.  1  oit.  1904,  30  sept. 
1905.  02  p.  'S  Gravonhagc,  1900. 

Klkkck  (K.-S.  dk).  —  De  .lava-Oorlog  van  1825-30.  (L'itgegeven  door  liet  IJata- 
viaasrli  (ienoolsdiap  van  Kunsten  en  Wolcnschappen  met  medewerking  van  de 
Nedorlandscli-indisflie  Uegeering  Vierde  Deel.)  906  [).  Batavia  Landsdrnkkorij, 
•S  liage  M.NijholV,  1905. 

Annual  Report  ot  tlic  Roard  ol"  Régents  ci"  tlie  Smitlisonian  Institution, 
showing  the  Opérations.  Expenditures.  and  Condition  ol"  the  Institution  for  the 
vcaronding  jnne  30.  li)04.  Hepoi-t  oftlie  U.  .S.  .National  Muséum,  780  [i.  Wasliing- 
Inn.  (iovcrnment  l'rinling  (Mlicc  1900. 

Rif;HNER  (Louis).  —  Force  et  matière.  Traduit  sur  la  17e  édition  allemande 
ol  précédé  d'une  notice  bio-bibliographique  par  Victor  Dave,  327  p.  Paris. 
Schleicher  frères.  19(}0. 

—  Les  idées  rationalistes  de  1860  à  1905.  Penseurs,  philosophes,  savants. 
(Trente  six  portraits  et  biographies.  Préface  de  Krnest  llaeokel).  81  [t.  Paris, 
Schleicher  frères.  1906. 

Manocvrieu  (L)r  L.).  —  Une  application  anlhroi)ologi(iiic  à  l'art  militaire.  Le 
classement  des  hommes  et  la  marche  dans  l'infanterie  {Revue  d'Infanterie  y 
T.  38.  1905).  94  p.  Paris.  Cbarles-Lavauzelle  (Henri).  1905. 

Debi<L(;f.  (A.).  Mougie.  —  Comptc-rcmlu  des  fouilles  faites  en  1901.  [Recueil 
des  Notices  et  Mc)noires  de  lu  Société  Archéolofi'Kine  de  Constant ine,  \'ol. 
X.\.\I\.  année  1905.) 

MinistP;re  des  Finances.  —  Commission  extraparlementaire  du  cadastre  ins- 
tituée an  Ministère  des  Finances  (Décret  du  30  mai  1891).  Procès-verbaux.  Fas- 
cicule no  8  (mars  1903  à  mars  1904).  800  [i.  Paris.  Imprimerie  Nationale,  1904. 
Ministère  des  Finances.  —  Commission  oxlraparlcmentaire  du  cadastre  ins- 
tituée au  Ministère  des  Finances  (Procès-verbaux.  Fascicule  no  9  ('mais  1900  à 
mars  1905).  910  p.  Paris,  imprimerie  Nationale.  1905. 

Il.xMPEi.  (.Iose[)h).  —  Altertbùmer  des  friihen  Mittelalters  in  Lfngarn  —  bes- 
chrieben  und  erlilutert  von  —  In  drei  IJanden  : 

soc.  d'anthrop.  1906.  ^8 


258  -M   Ji  IN   1 '•><»•'• 

KrsU'i"  Haml  Svslt'riiiitisrlic  lùldiIrniiiL'.  In  8".  853  \>.  Itr.iniisrliwcii:.  \\-. 
Vif'wc;.'  und  Sohn.  1005. 

Zwoitor  Kand  rimillicscln-filiiiiir.  In-8".  10(l(î  |i.  lîi'.niiisclnvi-i^.  l'r.  N'icweg 
nnd  SoliM.  litO") 

DrilU'r  liaiid  Atlas-ciilliallriid  r),{!(  l'arcln.  Hriiimsiliwcig.  I"r.  \ir\vr}j;  und 
Sohn,  1905. 

Haei-kel  (Krnsl)  (Icna).  —  Svst(Miialisclie  IMivIogonic  <lcr  Prniiston  und 
Pllanzen  von.  —  ErslcM"  Tlit'il  des  Kntwurfs  oinor  sysleuiatisolicn  l'iivlogenie, 
400  p.  lîcriin.  (loorg  Iteinier.  1894. 

ll.xECKEi.  (Ki-nsl).  — SvsU'nialisclic  IMivIoi^'fnic  der  W'irhtdloscn  Tliicro  (Inver- 
tcbrata)  von.  —  Zwoilcr  Thoil  des  lùilwni-rs  ciner  syslenialisclien  l'iivlogenie. 
720  p.  Berlin,  (îeorg  Ucinier.  1890. 

IIaeckei.  (Ernst).  —  Sysleniatiselie  Pliylri<,'eni('  der  W  iilMllIiicre  (N'erlehrata) 
Dritter  Tlieil  «les  Kidwiiids  ciner  syst('niiitis(  lim  l'li\  In^'cnie.  66U  p.  Hrrlin, 
Georg  Reiiner,  1895. 

Lehmann-Nitsche  (Robert).  —  Paliioantliropologie.  Ein  Beitrag  ziir  Enleilung 
des  antliropologischen  Disziplinen.  (Bd  LXWIX.  N'"  14  des  Globus),Z  p.  Brauns- 
chweig.  Vieweg  und  Sohn,  1906. 

MiNCAUu  ((ialien).  —  Epingles  de  lépoipie  du  hronze  découvertes  à  Vers 
(fiard).  (Extraildu  Bullelin  Archéologique,  1005.  In-8o.  8  p.  Inipriiuerie  iN'alio- 
nale,  1906. 

ARTICLES    A    SIGNALER    DANS   LES   PÉRIODIQUES 

Revue  de  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris,  janvier  1906.  —  Zaborowski 
(S.)  :  Fénélralion  des  Slaves  et  transformation  céphalique  en  Bohême  et  sur  la 
Vistule:  —  UrGiEï(J.)  :  Recherches  sur  les  habitants  du  Mzab.  —  Livres  et  revues: 
—  DiBOis  (l)""  P.)  :  Les  Psvchonévroses  et  leur  traitement  moral;  —  Lejeine 
(Ch.)  :  La  question  des  races. 

Id.,  février  1906.  —  Rabaud  (Etienne)  :  La  forme  du  crâne  et  le  développe- 
ment de  l'encéphale  (cours  d'anthropologie  anatomique);  —  Brecil  (H.)  :  Les 
Cottes.  Une  grotte  du  vieil  tige  du  Benne  à  St-Pierre  de  Maillé  (Vienne)  (avec 
11  lig.);  —  Papillai:i.t  (G.)  :  La  forme  du  thorax  chez  des  Hovas  et  chez  des 
Nègres  Africains  et  Malgaches.  Contribution  à  l'étude  de  l'indice  thoracique;  — 
Capitan  et  Arnaud  d'Agnel  :  Un  curieux  mode  d'importation  de  silex  taillés 
d'Orient  en  Finance  (avec  9  llg). 

Id.,  mars  1906,  —  Peredolskv  (\V.)  :  Dessin  figuratif  sur  une  poterie  de 
l'époque  néolithique  (avec  6  fig.);  —  Mortii.let  (A.  de)  :  Le  grand  menhir  de 
Glomol  (Cùtos-ilu-Nord)  (avec  9  fig);  —  Manoivrier  (L.)  :  Une  application 
anthropologi(jue  à  l'art  militaire;  —  IIuguet  (J.)  :  Les  Oulad  NaïK  Nomades 
Pasteurs. 

Id.,  avril  1906.  —  Dussalu  (R.)  :  La  civilisation  préhellénique  dans  les 
Cyclades  (avec  18  fig.);  —  Hervé  (G.)  :  De  Charles  Estienne  et  de  quelques 
recettes  et  superstitions  médicales  au  XVl"  siècle.  De  la  maison  rustique.  Con- 
grès international  d'Anthropologie  et  d'Archéologie  préhistoriques. 

Id.,  mai  1906.  —  Kuppel  (M.)  et  Rabaud  (Etienne)  :  Hémimélie  thoracique 
droite  (avec  3  fig.);  —  Landrieu  (M.)  :  Lamarck  et  ses  précurseurs;  —  Bardon 
(L.)  et  BouYSSONiK  (J.  et  A.)  :  Outils  écaillés  par  percussion.  Livres  et  revues. 

Id.,  juin  1906.  —  Mahoudeau  (Pierre-G.)  :  Documents  pour  servir  à  l'Ethno- 
logie de  la  Corse;  —  Capitan  (L.).  Breuil  (IL).  Bourinet  et  Perony  :  L'Abri  Mège, 


AUTICI.ES    A    SMNAI.F.lt    MANS    l.Rs    l'KItti ilHuUES  îilid 

une  station  m.iL'<l;ili'iii.iiiiii<'  à  T.vj.il  (I)cii<Iojl;ih');  —  (',ai>itan  (I-.)  :  l.o  Mil" 
Congrès  iiitornalioiiHl  (l'Aulluuitolugii'  l'I  d'Airliéolof^ie  préliislori(iues. 

Bulletin  de  l'Institut  Egyptien,  Le  Caire,  6  mars  1905,  l'asc.  no2.  —  Loktet 
(!)"■)  :  Momies  de  sin^^es  et  nécropole  du  Dieu  Tliot. 

The  American  Ndluralist,  Hoslon,  l'idiniarv.  IDUG.  —  \vi:ns  (IM-  Il  )  ;  Tiio 
V(\\[y  ol"  liie  (iiiatlmslome  Type. 

Atti  delld  Societu  lioniana  di  Aniropolufjia,  iloma.  \  (d.  \11,  lasc.  II. — 
Krassetto  (F.)  :  Sopra  ilue  crani  rinvciiuli  ncll'  aiitico  sepolcrclo  di  hovolone 
veroiiese  allribuito  ai  Icrramariroli.  ('rani  rinveniili  in  l(jmbe  etrusche;  — 
('iiiKKuinA-Ki(;r.Kiu  (V.)  :  Kleneo  de!  inalcrialc  schelelrico  [ireislorico  e  prolos- 
torico  d(d  La/io;  —  Vuam  (L'.-C.)  :  I''raninienti  sclieletrici  in  tombe  erisliane 
presse  NiUsii  (Monténégro).  Melodo  [ter  dclerminare  lindinazione  del  l'orbila- 
Ski«i!I  (G.)  :  Conlributo  ail'  antropolof^ia  amcricana. 

Coxmos  diGuido  Cora,  Roma.  Sér.  Il,  \'(d.  13.  —  Gontribuzione  ail"  clno- 
^ralia  délia  Croazia  c  délia  Scrbia. 

Zi'ilHchrifl  fin'  D.nnof/niphie  und  Slalislik  do'  luden,  Berlin,  janvier  1!I06. 

—  lUi'i'i.N  (!)"■  .\rlbnr)  :  Die  nissiclien  Imlen  narb  d(>r  N'oiksziiblnnf,'  von  1897. 
Id.,   lévrier  l!)0(j.  —  Jirpi'iN  (IK  .\rlluir)  :    Die   russisclicn  ludcn   nach  der 

N'olks/iibhini,'  von  1897.    II.    Scbulbesueh  ebrisllieUer  und  jùdiselier  Kinder  im 
Winterlialbjabr  19U4  in  lierlin. 
/(/.,  mars  19(JG.  — Jacohs  (Joscpii)  :    Die  luden   in  don  Verciniglcn   Slaalen  ; 

—  Rii'i'iN  (D'  .\rtbur)  :  Die  russi(dicn  luden  uarii  dci-  Volksziililuni,'  von  1897. 
III  (lin);  —  lii.ocK  (ilans)  :  Die  KindiM-slerblichkcil  in  Krakau. 

Id.,  avril  et  mai  190G.  —  Elkinu  (I)'"  .Vrkadius)  :  .\ntbropologisehe  Untcrsu- 
clningen  (iber  die  rnssiseli-polnisclien  luden  und  der  Wert,  diescr  Unlersuelmn- 
gen  fur  die  .Vnlbropologie  im  allgemeinen. 

Arrhii:  /'iir  Anthropologie,  Mrauus(  bweig.  190G.  liand  l\.  Ilell  4,  — 
.V.NKEH.MA.NN  (if  DiMiiliard)  I  Uber  dcii  -('i.'cu\v;irligen  Stand  der  IHbnograpbie 
.1er  Sùdhairte  .Mrikas.  Mit  17  Abbildungen  und  Tafel  X.\XV  bis  .\X.\IX;  — 
.Mehlis  (l'rof.  D'  C.)  :  Der  Bronzezeilfund  von  Klingenmùnstcr  i.  d.  Pfalz  und 
der  «  Goldene  Ilut  »  von  Scliifrersladt.  Mit  10  Abbildungen;  —  Koch-Ghunbeik; 
(Tbcodor)  :  Die  Maskentiinze  d(u-  Indianer  des  obereu  Rio  Negro  und  Yapura. 
-Mit  5  .Vbitildungen;  —  Ohekmaier  (Di"  Hugo)  :  Reitrage  zur  Kcnnlnis  des  Quar- 
lars  in  den   Pyrenacu.  Krster  Teil.  Mit  5  Abbildungen  und  Tafel  XL  und  XLL. 

La  Géographie,  Paris,  Masson,  XII,  n»  6.  Les  Rochimans  du  Kalaharl. 

Id.,  \\\\,  n"  1.  —  Gautiek  (K.-F.)  :  Du  Touat  au  Niger  {avec  une  figure 
dans  le  texte);  —  Roule  (Marcellin)  :  Lémuriens  et  Lémurie. 

Id  ,  n»  2.  —  Desi'la(,xes  (M.)  :  Une  mission  arcliéologique  dans  la  vallée  du 
Niger  [avec  quatre  figures  dans  le  texte);  —  Demkek  (J.)  :  Les  récentes  publi- 
calions  sur  Lhassa  et  le  Tibet  (avec  neuf  figures). 

Mitteilungen  der  Anthropologischen  Gesellschaft  in  Wien,  Wien,  1906, 
XXXVI  Band.  1.  und  II  Ileft.  —  IIehman.v  (Otto)  :  Zum  Solutréen  von  Miskolcz 
(mit 4  .Vbbildiingen  im  Texte). 

Mitteilungen  der  Kais.  Konigl.  Gcographisclicn  Gescllscjuift  in  Wien, 
Wien,  1906  Raiid  XLIX,  n"  3  u.  4.  —  Lasch  (R.)  :  Rin  u.Mier  Beilrag  zur  Kun<le 
der  Eingeborenen  Westaustraliens. 

Ymer,  Stockholm,  1905.  Hait  4.  —  Kjei.i.mauk  (Knul)  :  Une  nécroimle  di'  la 
dernière  |)ériode  de  l'âge  du  l'cr  près  dAs  en  .lenlland;  —  Kùust  (C.-M.)  :  Les 
squelettes  humains  trouvés  dans  la  nécropole  indiquée  ci-dessus  ;  —  Skottsiierg 


260  -21  JUIN  VM\ 

(C.)  :  Soiiit'    ri'iiiiirks   iiiion  llie  googruithiinl   (lislriliuli<Hi   df  vo{.'clatioii  in  tin.- 
colder  Soutb(M'n  Hcmispliore. 

Bullellino  di  Palclnologia  Ilnliana.  l'arma.  1905.  N.  i  7-12.  —  Pkhmer 
(Luigi)  :  Tombe  (Mioolilliiolio  dcl  \'ileibose;  —  Jatta(A.):  Un  sepolcro  primitivo 
ad  .Vndria  o  ICneolitico  ncll  .\pulia  Barese  ;  —  Culi.m  ((j.  .\jigelo)  :  Necropoli 
a  grotte  artiliciali  scoperta  dal  Prof.  A.  Taramelli  nel  territorio  di  Alghero 
(Sassari). 

Transactiona  of  the  Dcparltnent  of  Archaeology.  Free  Muséum  of  Science 
and  Art.  Vol.  I.  Part  III.  1005;  —  Oordo.x  (George  Byron)  :  The  Serpent  Motive 
in  the  ancient  Art  of  Central  .\nu'rica  and  Mexico. 

Journal  0/  Analomy  (Uid  J^liysiology,  London.  .\pril  1906.  —  WiLSON(Pror. 
.1.  T.)  :  On  the  Anatomy  of  the  Calamiis  Région  in  the  Hnman  Biilb;  witii  an 
Account  ol"  a  hilhertho  undes  cribed  «  Nurlcus  Postremus  ».  Part  I  ;  —  Parsons 
(F.  G.)  :  Notes  on  Ihe  Coronal  Suture  :  —  Svminc.ton  (Prof.  Johnson)  :  .V  Note 
on  the  Topographioal  Anatomy  of  the  Capul  Gyri  Hippocampi. 

Transactions  of  the  Asiatic  Society  of  Japan,  december  1905;  —  Lloyd 
(Rev.  A.)  :  Notes  on  Japanese  Village  Life. 

L'Anthropologie.  Paris.  1905.  n»  6.  —  Hamy  (D""  E.-T.)  :  Notes  sur  un  gise- 
ment de  labradorites  taillées,  découvert  par  le  D'  Maclaud  au  confluent  de  la 
Féfiné  et  du  Rio  Grande  (Guinée  portugaise):  —  Bkelil  (.\bbé  H.)  :  Prétendus 
manches  de  poignards  sculptés  de  l'âge  du  renne;  —  Dichemi.n  (Capitaine)  ;  Les 
mégalithes  de  la  Gambie  (lettre  à  M.  le  professeur  Hamy);  Decorse  (L)f  J.)  : 
L'habitation  et  le  village  au  Congo  et  au  Chari. 

Archives  d' Anthropologie  criminelle,  Lyon,  15  mars  190ô.  —  Locard  (E.)  : 
Les  services  actuels  d'identification  et  la  fiche  internationale. 

Revue  Scientifique,  Paris.  26  mai  1906.  —  I.ngegnieros  (José)  :  D'une  classi- 
fication des  criminels  fondée  sur  la  psychopalhologie. 

Id.,  16  juin  1906.  —  Sir  Archibald  Geikie  :  La  géologie  au  début  du  xix^  siècle, 
Lamarck  et  Playfair. 


Nécrologie 
EDOUARD    PI ETTE 

Par  m.   Zaborowski. 


Je  viens  seulement  d'apprendre  la  perte  considérable  que  viennent  de  faire  la 
science  et  notre  société  dans  la  personne  de  M.  Edouard  Piette.  Faire  complète- 
ment connaître  cette  grande  et  curieuse  figure  de  louilleurémérite  et  de  savant, 
et  donner  une  analyse  même  succinte  de  ses  travaux  est  nne  tâche  que  je  ne 
suis  pas  en  mesure  de  remplir.  Elle  ne  peut  d'ailleurs  être  remplie  par  personne 
au  pied  levé.  Mais  nous  ne  saurions  laisser  passer  l'événement  de  sa  dispari- 
tion, sans  exprimer  notre  respect  ému  pour  l'homme,  pour  l'ardeur  désinté- 
ressée qu'il  n'a  cessé  de  montrer  malgré  la  maladie  et  le  poids  des  ans,  et 
toute  notre  gratitude  pour  l'œuvre  qu'il  a  accomplie, 

M.  Louis-Edouard-Stanislas  Piette,  né  à  Aubigny  (Ardennes),  le  11  mars 
1827.  est  mort  à  Rumigny  (Ardennes)  au  château  de  la  Cour  des  Prés,  le  5  juin 


ZAHOROWSKY.   —   KDOlAIll)  l'IETTK 


-261 


1906.  «laiis  sa  SO"  année.  11  a  ôlt-  entfiiv  à  Hmiiiu'iiy  le  U  juin,  date  où  la  nou- 
velle nous  est  parvenue. 


Dans  le  rourant  de  riiivoi- ilerniei'  il  ma  lait  un  envoi  ijui  iii"aji(iarait  bien 
aujounlhui  eomme  la  dernière  attention  dun  homme  qui  sent  sa  fin  prochaine, 
et  comme  une  précaution  pour  l'avenir  des  idées  qui  lui  tenaient  le  plus  au 
cœur. 

Dans  cet  envoi,  avec  sa  carte,  était  comprise  une  notice  sur  lui-même  conte- 
tenant  un  portrait.  Cette  notice,  à  mon  prand  regret,  ne  nous  apprend  presque 
rien  de  sa  vie.  Il  y  est  dit  seulement  que.  «  juge  honoraire,  il  a  pris  sa  retraite 
au  pays  natal,  à  Rumigny,  après  une  carrière  durant  la(iuelle  sa  fermeté,  son 
impartialité  et  sa  loyauté  de  magistrat  ne  furent  pas  sans  lui  susciter  de  graves 
ennuis  ».  Elle  contient  après  cela  une  simple  nomenclature  des  travaux  (ju'il  a 
publiés  sm- ses  fouilles,  ses  études  et  les  questions  prèhisioricpies  qui  s'y  lal- 
tachent.  Cette  nomenclature  comprend  57  numéros.  Le  premier  de  ces  travaux 
que  M.  Piette  lui-même  a  jugé  à  propos  de  rappeler,  date  de  1869  et  est  consa- 
cré aux  sépultures  de  Chassemy.  Le  dernier  qu^il  mentionne  est  son  grand  ou- 
vrage suvVArf  pendant  l'df/e  du  renne,  qui  comprend  100  planches  en  chromo- 
lithographie, paru  en  IDOO.  Depuis  celte  dernière  date.  M.  IMette  a  publié  d'autres 
mémoires  et  uolamnient  dans  la  Revue  V Anthropologie  en  1904  et  en  lî)05. 
La  dernière  communieation  tpi'il  nous  a  faite  date  de  .1902.  Klle  est  relative  ;i 
des  gravures  du  Mas  d'Acit  et  à  des  statuettes  provenant  d'une  des  grottes 
de  Menton.  11  s'était  fait  admettre  comme  membre  titulaire  de  notre  société  le 
17  février  1870,  étant  juge  .le  paix  à  Craonne  (.\isni').  Il  avait  été  présenté  par 
Dureaii.  l'nini'r-Hey  et  Lartel.  Dès  l'année  suivante,  en  1871,  il  a  donné  dans 
nos  bulletins,  son  premier  mémoire  sur  la  grotte  de  (loiu-dan.  Kl  ses  fouilles  de 
Gourdan  sont  justement  dignes  de  figurer  au  premier  rang  dans  son  o'uvre 
personnelle  et  au  premier  rang  des  fouilles  les  plus  méthodiquement  eonduiles 
qui  nous  ont  fait  pénétrer  le  plus  avant  dans  la  connaissance  des  mieurs  de 
l'Age  du  renne  de  notre  midi. 


202  2\  jiiN   l'.tdC» 

llaltitiiiil  coiistiiiiiimiil  1)1  iirovinco  nii  il  riait  rctonu  \»iv  su  charge;  de  juge 
(If  ji.iix,  il  n'a  |iii  prcnilrc  i»i(Mi  rr(''(|iiciimii'iit  pari  à  nos  «lisciissions.  Il  osl  venu 
ro|MMiilaiit  iha(|iio  l'ois  nous  l'aire  coiiiiailrc  ses  <lécouv('rtes  rapilalcs:  <'<'llcs 
lin  Mas  (lA/.il  avor  ses  galcls  coloriés  (1895)  qu'il  a  fait  (''dilor  par  la  revue 
VAitt/iropolof/ie  (25  jdanciies  in-4"  189G);  celles  de  IJrasseinpouv  avec  ses  éton- 
nantes sculptures  féminines  (1894,  1895),  qu'il  a  données  également  à  l'An- 
ihrnpologie  (année  1898,  i.'B  pages  avec  37  figiu'es  dans  le  texte).  Il  a  fait  de 
ciiaciitie  de  ces  grandes  stations  pyrénéennes  une  étude  si  complète  et  si  minu- 
tieuse qu'il  a  su  en  tirer  des  renseignenicnls  extrêmement  alxmdanls  qui  nous 
ont  ouvert  des  vues  nouvelles  sur  la  civilisation  des  troglodvtes  artistes  de  notre 
midi.  Chacune  d'elles,  Gourdan,  IcMasd'Azil,  Brassempouy,  restera  comme  un 
type  de  culture,  nous  fournissant  des  points  de  repère  très  surs  et  des  termes 
de  comparaison  pour  nous  guidei-dans  les  temps  quaternaires. 

Comme  tous  les  inventeurs  (jui  s'absorbent  dans  leurs  découvertes,  il  n'a  pas 
su  résister  à  la  tentation  de  légiférer.  11  a  voulu  faire  une  classification  k  lui 
des  temps  préhistoriques,  subordonner  l'ensemble  des  observations  acquises  aux 
résultats  de  ses  observations  personnelles.  Il  a  changé  et  remplacé  des  termes 
usuels  avec  lesquels  tout  le  monde  était  familiarisé.  Il  a  créé  des  termes  nou- 
veaux, toute  une  nomenclature  nouvelle.  VA  comme  il  est  resté  presque  seul  à  l'em- 
ployer, il  n'a  pas  en  s'en  servant,  atigmenté  la  claretédans  l'exposition  de  son 
œuvre.  Il  ne  s'en  est  pas  tenu  là.  Il  a  poussé  le  besoin  de  réforme  jusqu'à  s'en 
prendre  à  l'orthographe.  Il  a  écrit  de  ses  études,  ses  titres  de  mémoires,  en  or- 
thographe simplifiée,  pourchassant  les  h:  notre  ph,  au  profit  des  f.  Et  il 
a  consacré  plus  d'une  brochure  à  exposer  et  à  défendre  ses  classifications  nou- 
velles: Nomenclature  de  l'ère  antro pique  (sic) /;/■««? /^/re  (in-S"  1889);  Fases 
successives  de  la  civilisation  pendant  l'dye  du  renne  dans  le  midi  de  la 
France  fAss.  fr.  1892);  l'époque  éburnéenne  et  les  races  humaines  de  la  pé- 
riode glyptique  (1894)...,. 

Les  pièces  importantes,  et  il  y  en  a  dont  l'importance  est  capitale,  qu'il  a  dé- 
couvertes, par  suite  des  préoccupations  dont  elles  étaient  incessamcnl  l'objet  de 
sa  part,  ont  fini  par  prendre  dans  son  esprit  un  relief  obsédant.  11  voyait  un  peu  le 
reste  de  l'univers  à  travers  ce  qu'elles  lui  apprenaient.  Elles  se  suffisaient  et  elles  lui 
suffisaient  pour  trancher  les  questions  les  plus  difficiles  et  les  plus  complexes. 
C'est  ainsi  que  nous  l'avons  vu  pendant  de  nombreuses  années,  décider  de  lapré- 
sence.  du  caractère,  des  affinités  de  races  humaines  diverses  avec  de  rares  petites 
figurines  souvent  informes,  alors  qu'il  nous  est  si  difficile  de  déterminer  avec  cer- 
titude ces  mêmes  races  quand  nous  en  avons  de  nombreux  débris  osseux.  Ainsi  il 
croyait  qu'une  seule  statuqtte  féminine  de  Brassempouy,  aux  fesses  proéminentes 
et  à  parties  sexuelles  plus  ou  moins  exagérées  suffisait  pour  établir  la  présence  de 
la  race  bochimano  dans  celte  station.  Il  a  écrit  dans  nos  FiuUetins  mêmes  (1902, 
f».  773.  774):  «  La  figuration  des  organes  sexuels  des  statuettes,  m'a  fourni  une 
des  preuves  les  plus  évidentes  de  la  présence  delà  race  bochimane  aux  temps 
glyptiques  dans  les  cavernes.»  Et  il  est  arrivé  à  se  persuader  que  ti-ois  races 
dilférentes,  très  distantes  l'une  de  l'autre,  ont  vécu  en  même  temps,  dans  ces 
mêmes  cavernes.  Il  le  dit  textuellement  («6/c/.,  p.  776;  :  «  Il  est  donc  à  peu 
près  certain  que  notre  race  fut  aussi  l'une  de  celles  qui  vivaient  dans  les  ca- 
vernes à  l'Age  glyptique.  Ainsi  la  race  de  Néandcrthal,  celle  des  Somalis  et  la 
notre  sont  représentées  par  des  statuettes  de  Brassempouy  et  de  Menton.  » 

Le  respect  que  nous  inspiraient  son  grand  âge  et  ses  longs  travaux  nous  ont 
fermé  la  bouche  devant  ces  étranges  déclarations.  Son  imagination  restée  vive» 


ZAIumowSKI.   KDiHAHIt  l'IKTIK 


:>03 


sost  donnée  rours  mm  iiii>iiis  lihrciiKMit  h  propos  des  galets  colorés  du  Mas 
dAzil. 

Pour  lui  d'abord  les  lar^'es  lijjjnes  peintes  sur  ces  galets  étaient  tout  au  plus 
fffs  symboles,  et  môme  cependant  aussi  des  formules  de  morale  et  de  piété. 
■•  Ils  pouvaient,  nous  dit-il,  représenter  des  objets,  des  mots,  et  peut-être  même 
des  pbrases  entières  »  (fiullet.,  1897,  p.  284).  Mais  il  est  arrivé  à  croire  que  ces 
sipnes  f,'rossiers  avaient  fourni  des  éléments  des  plus  anciens  alpbabets  liislo- 
ri<pi.s.  IN  Les  si,i,Mies  asvliens  ont  traversé  l'AjE^e  ilu  bronze,  nous  dit-il  (ifjid., 
p.  280).  On  les  retrouve  eu  partie  sur  les  l'usaïoles  de  la  ïroaile.  dans  le  sylla- 
baire cb.vpriod'.  dans  l'écriture  égéenne.  Ils  sont  plus  nombreux  encore  dans 
les  alpbabets  des  IMiéniciciis.  des  Crées  et  des  Italiotcs.  On  s'est  étonné  des/es- 
senddanccs  de  certains  caraelères  runiques  avec  ceu\  de  l'alpbabet  étrusque, 
l-es  peuples  du  nord  et  i-eux  de  l'Ilalie  ont  [tuisé  à  un  niènie  loiid  curiiiniin  d.- 
siL'ues  |irébistoriques.  » 

Les  runes  sont  une  imitation  des  lettres  romaines,  sans  aucun  doute  possible. 
Kl  leur  intervention  est  postérieure  à  notre  ère.  On  voit  par  celaseul.  de  quelle 
laible  portée  sont  les  vagues  ressemblances  dont  se  contentait  M.  Piellequi  ne 
semble  pas  dailleurs  avoir  connu  les  découvertes  si  importantes  des  vieilles 
écrilures  ibériques,  dont  il  aurait  pu  tirer  avantage.  Son  langage  si  étrange- 
ment li.irdi  a  cependant  eu  de  l'écho.  Des  années  ai)rès  l'avoir  tenu,  il  en  déve- 
lojqiait  la  même  idée.  Dans  deux  de  ses  derniers  articles,  il  montrait  d'abord,  en 
réiluisant  les  signes  peints  des  galets  à  des  lignes  régulières,  que,  après  ce  chan- 
gement complet  d'aspect,  plusieurs  d'entre  eux  offraient  ime  ressemblance  avec 
des  caractères  phéniciens  et  grecs  {Notions  corn  pi  émeut  aires  sur  l'asi/lien.  L'.Vn- 
fhropologie,  1901),  et  parlant  ensuite  délibérément  d'inscriptions  quaternaires 
<le  Courdan.  de  Lourdes,  de  la  Madeleine,  etc.,  des  Écritures  de  l'âge  ijlyp- 
tique  (L'.Vntbropologie.  1905).  il  exposait  qu'entre  la  date  de  ces  écritures  qua- 
ternaires formées  de  caractères  pictographiques,  et  celle  des  signes  graphiques 
di-s  poteries  .l'.Vbydos  et  de  Négadah.  iiy  avait  une  dislance  «le  4.500  à  5.000  ;ins. 
Cette  distance  pour  lui  n'était  pas  une  dillicullé.  ou  un  obstacle  à  la  possibilité 
de  la  transmission  des  Pyrénées  à  l'Egypte,  de  signes  symboliques  :  «  Cétait 
le  temps  nécessaire  à  une  écriture  pictographique  pour  se  former,  évoluer  et 
aboutir  à  une  écriture  cursive  ».  Il  dé<ouvn(  (l'.iilleurs  une  «  écriture  cursive  » 
même  à  (lourdan  (1.  c.  p.  9). 

Kn  réalité,  rien  ne  prouve  que  les  inscriptions  <piaternaires  de  M.  Pietle 
soient  toujours  autre  chose  qiicdes  motifs  de  «lécoralions.  Il  s'y  mêle  peut-être  des 
signes  de  sorcier,  plus  ou  moins  cabalistiques  ou  mnémotechniques.  11  n'y  a 
rien  de  plus  probablement.  VA  ce  n'est  pas  par  fantaisie,  c'est  en  raison  d'obser- 
vations précises  et  nondjreuses  que  nous  réduisons  ainsi  la  valeur  de  ces  soi-di- 
sant écritures  à  peu  de  chose.  Elles  ont  été  l'objet  des  dernières  préoccupations 
de  M.  Piette.  Il  embellissait  par  elles,  en  la  relevanl.  la  vie  des  hommes  qu'il 
avait  étudiés  pendant  plus  de  trente  ans.  Là  nu  il  ny  avait  que  des  tribus  de 
chasseurs  aux  goiils  artistiques  d'ailleurs  siniiren;inls.  elles  lui  faisaient  voir 

tout  un  mond 'i  le  llambeau  de  notre  civilisation  actuelle  s'allumait,    mon.le 

cependant  biei dé.  puisipiil  y  trouvait  jusqu'à  <|es  P.ochimans.  De  telles  illu- 
sions sont  pardonnables  à  làge  où  il  était,  sous  le  verre  grossissant  de  son 
amour  pour  ces  vieux  troglodytes  dont  il  lui  siMublait  |)resque  partager  l'exis- 
tence. 

Quelques  années  avant  île  mourir,  il  a  pris  des  mesures  pour  que  ses  vues 
générMies  sur  les  à-es  .piat. -maires   fuss-'ul   <-onnues  de  tous  el    s'imposnsseni . 


264  21  jiMN   IllOO 

Il  il  l'ail  ilciii  i\o  sa  roUcction  ontirro  ipii  t'sl  sans  jn-ix.  riant  données  siiilcinl 
lt>s  nierveilios  d'art  (nialornairo  (jnelle  rontonne,  au  musée  do  Saint-iicrniain. 
il  la  fait  sous  certaines  conditions.  M.  Salomon  Keinach  a  l'ait  connaître  ces 
conditions  dans  une  note  de  la  Revue  archéologù/ue.  Cette  collection  ne  pourra 
jamais  être  divisée  et  dispersée.  Elle  restera  assemblée  dans  la  même  salle  por- 
tant le  nom  du  donateur  et  exposée  suivant  Vordre  .stratif/raphir/ue,  confor- 
mé/lient à  1(1  classification  et  à  la  terminolofjic  adopff^es  par  lui.  M.  l'iette 
s'est  réservé  pour  dix  ans  le  droit  d'emporter  temporairement,  de  l'aire  dessiner 
et  pliolofTiapliier  tous  les  ohjols.  PeiUlanl  ces  dix  ans.  aucun  île  ces  olijets,  saut 
ceux  publiés  par  lui  tlepuis  plus  d'un  au.  ne  pourra  être  photographié,  ilessiné 
ou  moulé,  si  ce  n'est  par  lui-même  ou  ses  ayants-droit  après  sa  mort. 

La  collection  IMelte  restera  longtemps  et  peut-être  toujours  une  des  grandes 
attractions  pour  les  visiteurs  prévenus  du  musée  de  Saint-(iermain. 

On  s'est  l)eaucoup  étonné  qu'après  ce  don  magnifique,  qu'au  moins  après  ce 
don.  son  auteur  honorant  à  la  l'ois  la  science  et  son  pa^s.  n'ait  point  été  l'objet 
d'une  distinction  officielle  marquée.  Le  fait  peut  être  apprécié  diversement. 

Je  ne  connais  pas  quels  furent  les  sentiments  personnels  de  M.  Piette. 

En  réalité,  nos  gouvernements  no  sont  point  avares  de  ces  distinctions 
Ils  se  donnent  ii  eux-mêmes  force  et  prestige,  lorsqu'ils  les  accordent  au 
mérite  éclatant  et  au  désintéressement.  Mais  beaucoup  de  philosophes  et  de 
savants  pensent  que  leur  action  est  en  dehors  et  au-dessus  de  la  compétence 
des  fonctionnaires  des  administrations  si  haut  placés  qu'ils  soient.  Et  il  nous  est 
bien  agréable  en  tout  cas  de  compter  l'iette,  qu'au  surplus,  les  sociétés  savantes, 
les  mieux  qualifiées  pour  le  juger,  ont  comblé  d'honneurs,  parmi  les  grands 
serviteurs  de  cette  science  indépendante  qui  donne  tout  ce  qu'elle  récolte  d'une 
main  prodigue,  aussi  dédaigneuse  dos  sanctions  d'apparat  que  des  récompenses. 


M.  le  Df  ^larcel  Baidoiin,  secrétaire  général  du  Comité  d'organisation  du 
5*  Congrès  histovi<jue  de  France,  annoncé  à  la  Société  qu'en  1906  le  Congrès 
préhistorique  se  tiendra  à  Yannc^s  du  21  au  26  août,  sous  la  présidence  de 
M.  A.  de  Mortillet. 

Les  Compagni(;s  de  chemins  de  for  ont  accordé  les  réductions  d'usage  et  trois 
journées  seront  consacrées  à  de  grandes  excursions.  La  première  aura  lieu 
dans  la  mer  du  Morbihan,  où  l'on  pourra  étudier  les  etfets  de  la  mer  sur  les 
mégalithes  des  îles,  et  les  autres  dans  la  région  do  Çarnac  et  de  Quiberon. 

11  y  a  urgence  à  se  faire  inscrire  le  plus  tôt  possible  pour  ces  excursions. 


M.   IIekvk  présente  à  la  Société  des  phologra|ihios  représentant  des  types 
négroïtlos  rencontrés  parmi  les  populations  aciuclles  du  Var. 


ETTE.   —   VASE   l'KINT  l'IKtVKNANT  OKS  SKPI'LTI'UKS  UK  ST-IIII,AlltK-I>l  -IIIK/.    '205 


DEGHEI 


SUR   UN   VASE   PEINT    PROVENANT    DES   SÉPULTURES    DE   SAINT-HILAIRE-DU    RIEZ. 

l'A»  M.   Dkciiei.ktte. 

A  propos  lie  l'arlii-lo  d.;  M.  Mar.<'l  P.amlouin  sur  les  sépultures  de 
Sainl-llilaire  d.'-Hiez  ',  je  crois  ulile  de  vous  faire  parvenir  queliim'simli- 
calidiis  sur  l'atlribution  chronoloiAi'iue  du  vase  peint,  reiieuiiliV'  .laiis 
cclll'   t'iniillc. 

11  ap|.arlieiil  à  un."  s.'mk"  dunl  l.-s  .ix..-inplaires  sont  rares,  mais  (jui  peut 
.Mre  flass.'e  avi'c  cerlitu  le  aux  m"  et  iv«  siècles  de  notre  ère. 

J'ai  décrit  comme  suit,  dans  mon  récent  ouvrage*,  ces  poteries  peintes 
-allo-romaines,  dont  j'avais  constaté  la  présence  dans  la  région  de 
l'oiliers,  c'est-à-dire  dans  un  département  limitrophe  de  la  Vendée,  où 
M.  Marcel  Baudouin  a  recueilli  ce  nouveau  spécimen  :  «  11  faut  encore 
classer  dans  la  série  qui  nous  occupe  [vases  en  forme  de  figurines,  un 
modèle  de  cruche  assez  répandu,  dont  le  col  représente  la  forme  d'une 
tète  humaine,  ordinairement  féminine.  L'exemplaire  que  reproduit  la 
pi.  VllI  (Fi;i.  3)  provient  de  Jazcneuil  (Vienne),  et  se  trouve  déposé  au 
Musée  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  à  Poitiers.  C'est  un  type  céramiipie  des 
\n''-n"  siècles,  qui  apparaît  dans  la  plus  récente  des  deux  n(''ciopoles 
d'Andernach  (Musée  de  lionn).lJn  exemplaire,  provenant  de  la  région  de 
Worms  et  conservé  au  Musée  de  Mayence,  a  été  publié  par  M.  Lindenschmit 
fils,  sur  une  planche  en  couleurs  du  tome  IV  des  Allerihiimer  {VI.  IV, 
Fi;/,   'i). 

Ces  vases  ne  sont  pas  rares  en  Allemagne;  mais  on  les  trouve  aussi  en 
Angleterre  et  dans  le  Nord  de  la  Caule,  notamment  au  Musée  de  Bou- 
logne et  jusqu'cà  Poitiers.  La  panse  de  plusieurs  exemplaires  (Voir  : 
/'/.  Vin,  Fig.  2)  est  engobée,  comme  le  vase  de  Jazeneuil,  d'une  couverte 
rouge-brun,  tachetée  d'étoilures  {)lus  claires,  décor  très  caractéristique 
obtenu,  sans  doute,  au  moyen  d'enlcvages  au  pinceau  ou  à  l'éponge. 

L'âge  de  la  nécropole  d'Andernach  a  pu  être  déterminé  avec  une 
entière  précision.  Située  dans  la  vallée  du  Rhin  entre  Coblentz  et  Ander- 
nach,  elle  a  été  explorée  en  1870  par  les  soins  du  Musée  de  Bonn,  où  se 
trouve  déposé  le  produit  des  fouilles.  Les  périodes  pré-romaine,  romaine 
et  franque  y  sont  représentées. 

Les  tombes  romaines  constituent  deux  groupes  bien  distincts,  dont  le 
premier  est  contemporain  d'Auguste  et  de  ses  premiers  successeurs  jus- 
qu'à Néron,  tandis  que  le  second  ne  débute  qu'au  iii"  siècle  '. 

Je  vous  remets  ci-joint  un  calque  du  dessin  de  l'exemplaire  que  j'ai 
publié. 


»  Bull,,  l'.'Oô,  p.  271. 
*  Les  vases  céramiques,  II,  fp.  324-325). 
Cf.,  ibid.,  p.  62. 


■2m  21  jiiN  inoti 

Le  col  (lu  vase  de  Saint-llilaire.  .n  Inniio  de  buste  féminin,  ne  s'est  pas 


conservé  ;  néanmoins,  el  quoique  la  description  donnée  par  M.  Baudouin 
soit  incomplète,  le  rapprochement  que  je  propose  me  semble  fondé. 

Discussion. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  suis  très  reconnaissant  à  M  Décheletle  d'avoir 
bien  voulu  apporter  la  preuve  technique  que  le  vase  décrit  par  moi  est 
bien  fjnllo-romain,  et  du  ni"-iv°  siècle.  J'avais  écrit  ii"-!!!"  siècle,  lors  de  la 
rédaction  de  mon  travail  ',  alors  qus  je  n'avais  sous  les  'jeux  qu'une  aquarelle 
de  celte  pièce.  Mais  j'ai,  lin  1903,  vu  le  vase  lui-môme,  et  pu  le  photo- 
graphier. Sa  description  complète  paraîtra  dans  un  mémoire  ultérieur,  avec 
celle  des  squelelles  recueillis  en  même  temps.  Aussi,  dès  aujourd'hui,  je 
crois  devoir  le  rajeunir  d'un  demi-siècle  au  moins  :  ce  qui  fait  que  je  suis 
tout  il  fait  de  l'avis  de  mon  collègue  (pour  d'autres  raisons,  purement 
/ocrt/cs,  c'est-à  dire  vendéennes,  d'ailleurs). 

Il  est  évident  (jue  le  rapprochement  proposé  par  M.  Déchelette  peut  se 
soutenir,  même  dans  les  circonstances  présentes,  c'est-à-dire  l'absence  de 
col  en  forme  de  buste  féminin.  Toutefois,  je  n'oserais  pas  être  aussi  affir- 
matif  que  cet  auteur,  car  je  trouve  des  dilférences  notables,  surtout  au 
niveau  de  la  base  du  col  qui,  dans  mon  vase,  est  très  petite,  et  n'a  pas  la 
forme  d'un  cou  de  femme.  J'ajoute  qu'il  est  plus  ventru  et  moins  haut  que 
celui  décrit  ci-dessus.  Les  analogies  résident  donc  surtout  dans  la  déco- 
ration de  la  panse.  Je  n'oserais  affirmer  qu'elle  soit  sulfisante  pour  pouvoir 
conclure  à  une  identité  de  forme. 


*  Loc,  cit.,  |).  lo'j. 


AVELOT. 


I,E  JEU   DES  r.ODETS  267 


LE    JEU     DES    GODETS 
Un   jeu    africain   à   combinaisons    mathématiques. 

I'ah   m.    Avei.ot 
Lieulonant  il  Iiifuiilerie. 

Co  jeu  est  parliciilièronn.'iil  iiilôfcssanl  en  ce  sons  qu'il  est  exclusivement 
africain  ',  et  qu'il  s'est  répandu  dans  tout  le  continent  à  l'exclusion  de  la 
rf'Lîion  méditerranéenne. 

Dans  sa  fortiie  primilive,  il  se  compose  d'une  pièce  de  bois  dur  en  forme 
de  prisme  reclangulaiie  d'environ  un  mùtre  de  longueur;  sur  une  des 
faces  douze  petites  cuvettes  ont  été  creusées  en  deux  rangs  parallèles 
de  six;  à  chaijue  extrémité  se  trouve  une  case  beaucoup  plus  grande 
•'l  plus  profonde,  qui  contient  les  graines  dont  on  se  sert  en  guise  de 
jetons. 

Ce  jeu  est  praticjué  : 

Par  les  Peubis,  les  Yolofs  et  les  Mandingues  qui  l'appellent  ouii  :  ils 
utilisent  comme  jetons  les  graines  de  baobab  -  ; 

Par  les  Krou  du  Cavally,  (pii  l'appellent  oura,  et  y  jouent  avec  des 
graines  de  la  liane  ouvaloii  ^  ; 

Par  les  Agni  de  la  Cùte-d'I voire,  ipii  rappellent  anarc,  et  y  jouent  avec 
des  graines  appelées  aic<i)c-l,ivin  '^■, 

Par  les  .Vsluuili,  (pii  l'appellent  vora  '^  ; 

Par  les  Accra  de  la  Cùte-d'Or,  qui  l'appell.Mit  lami '^  ;  Monrad  y  a  vu 
jouer  des  négresses,  qui  se  servaient  comme  jetons  de  noix  ondées  de 
couleur  grise  ;  ces  noix,  encbassées  dans  de  l'or,  se  portaient  suspendues 
à  des  chaînes  de  cou  "  ; 

Par  les  Dahoméens,  chez  lesquels  le  jeu,  nommé  adjilo.  a  huit,  dix  ou 
douze  godets  '^  ;  l'exemplaire  représenté  par  Foa  est  artistement  travaillé 
et  orné  de  statuettes  en  bois  ; 

Par  les  Nogo  du  Vorouba  et  les  Minas  des  Popos,  (pii  Tapp^^llent  (tijo  ''; 


'  D'après  Bow.licli,  ce  j<'u  serait  aussi  connu  en  Syri<'  ;  malgré  des  recherches 
alleutivcs  je  n'ai  pu  conirùler  celte  assertion. 

'  iiOh\iV.\iiC{.  —  Fragment  d'un  royar/e  m  Afrii/uc.  Paris,  IT'JI,  t.  II,  p.  /iSO  et  sq. 

3.1  lu  PIQUET.  —  Le  Bri.sCfirall!/  français  (liuli.  Coin.  Afr.  franc,  l'JOS.  Suppl. 
n-  II,  p.  2S;i). 

'»  M.  I)El.Aros.SE.  —  h's.iai  de  manuel  de  la  lanr/ue  ar/ni.  Paris,  I!)  >l,  i'    2',). 

5  Edw.  BowniCH.  —  Misxian  from  Cape  Coasl  Cas/le  te  Ashantee.  Lond.,  I«19. 

6  Renseign< ment  personnel. 

"  II. -C.  Monrad.   -  Gemalde  dm-  Kiïste  von  Guinea.  Tiail.  du  danois,  182^. 

■<  .John  Duncan.  —  Trarels  in  weslern  A/'rira,  Lond.  1S17,  l.  1,  i).  l'tO.  -  F..  FOA. 
—  Le  Dahnmeji.  Paris,  i89o,  p.  249-50. 

J  Abbé  Pierre  Bouche.  —  Sept  ans  en  Afrique  Occidentale.  La  Cote  des  Esclaves 
pl  le  Dahomei/.  Paris.  IS8.Ï,  p.  10M03.  -  A.-L.  u'Albéca.  —  La  France  au  Daho- 
mey, Paris,  18'Jb,  p.  166. 


268  i>l  jiiN  100») 

Par  les  Mpongwé  du  (iahon,  (jiii  rapjtellcnt  cihérhè,  et  y  jouent  avec  les 
tckongé,  petits  fruits  verts  semblables  à  des  olives;  chez  eux  le  jeu  a  tou- 
jours douze  cases  '  ; 

Par  les  Kadches  d'entre  Tchad  et  Bt-nuué  *; 

Par  les  N'iam-Niam  ou  Azandé,  qui  lont  enseigné  à  toutes  les  peuplades 
du  Hahr-el  (iazal,  sauf  aux  Momboullon  qui  y  sont  restés  réfractaires  '  ; 
les  Niaui-Niam  l'appellent  nhnmja,  les  Bongo,  lohi,  les  Diour  ou  Shillouk, 
mtM  ;  les  Nubiens  eux-mèuies  l'ont  adopté,  et  lui  ont  ïlonné  le  nom  de 
manfjala  ou  monnijalu  '",  mot  arabe  dérivé  de  nagn/,  qui  signifie  «  déplacer, 
transporter  d'un  lieu  à  un  autre  »  ;  chez  les  Niam-xNiam  le  jeu  a  seize 
fossettes;  il  en  a  dix-huit  chez  les  Nubiens;  les  uns  et  les  autres  emploient 
de  petits  cailloux  comme  jetons  '•' ; 

Par  les  Kimboundas,  qui  l'appellent  Islicla  ;  chez  eux  le  jeu  a  cjuaranle 
trous  ''  ; 

Par  les  nègres  de  l'Ouroua,  qui  le  nomment  kisolo,  et  se  servent  des 
graines  masoko  ^; 

Par  les  Ilottentots,  qui  l'appellent  «  jeu  du  tigre  et  de  l'agneau  »,  et 
y  jouent  avec  des  crottes  de  brebis  dans  des  trous  faits  en  terre  au  nombre 
de  vingt  à  quarante  '■'  ; 

Enfin  aux  îles  Comores,  où  il  s'appelle  m'yaântsou  *". 

De  tous  les  voyageurs  qui  ont  signalé  cejeu,  quatre  seulement  en  ont 
donné  la  règle  :  (îolberry,  l'abbé  Bouche,  Foa  et  d'Albéca.  Schweinfurth 
se  contente  de  dire  que  chaque  joueur  est  pourvu  d'environ  deux  dou- 
zaines de  petits  cailloux,  qu'il  faut  adroitement  faire  passer  d'une  pochette 
dans  une  autre,  et  Bowdich  avoue  humblement  qu'il  ne  put  comprendre 
le  vora. 

Les  règles  données  par  les  quatre  voyageurs  sont  assez  compliquées  et 
donnent  lieu  à  des  combinaisons  intéressantes.  Les  dflTérences  qu'elles 
présentent  sont  considérables.  Je  les  donne  ci-après,  en  les  faisant  suivre 
de  la  règle  du  jeu  tel  qu'il  est  joué  au  Gabon  ;  cette  dernière  est  elle-même 
différente  des  quatre  autres,  mais  se  rapproche  cependant  un  peu  de  la 
règle  du  jeu  nago. 


•  Renseignements  personnels. 

î  D'après  l'autorité  de  Schweinfurth,  Au  cœur  de  l'Afrique.  Paris,  i875,  t.  II, 
p.  ys,  mais  je  n'ai  trouvé  nulle  part  ailleurs  de  mention  de  cette  tribu  des  Kadches. 
'  Schweinfurth.  —  Loc.  cit. 

*  Schweinfurth.  —  Linguistische  Ergebnisse  einer  Reise  nach  Cenfralafrika. 
Berlin,  1873,  passim. 

5  Mangala  dans  Au  Cœur  de  l'Afrique,  moungala  dans  Linguistische  Ergebnisse. 

6  Schweinfurth.  —  Au  Cœur  de  l'Afrique,  t.  Il,  p.  28. 

7  P.  Bouche.  —  Loc.  cit.  Mérpe  observation  que  pour  les  Kadches.  Il  s'agit  proba- 
blement des  Kimboundas,  nom  sous  lequel  les  nègres  de  Beuguéla  désignent  les 
nègres  sauvages  de  l'intérieur  (Serpa  Pinto). 

8  V.-L.    Cameron.  —  A  trarers  l'Afrique.  Paris,  1878,  Append  ,  p.  542-o43. 
3  Le  Vaillant.  —  Second  voyage  en  Afrique,  ISOS,  t.  II,  p.  325. 

*o  J,  Repiquet.—  Op.  cit. 


AVKI.uT.    —   l.E  JEl    DES  liODETS  269 

Règle  nr  jeu  sknkcki.ais  '.  —  (!li;ii|U('  join'iii'  a  vin^l-t't-iim'  lioiilrsii 
placiM";  les  coups  sont  allornalifs,  cl  la  piimaulô  se  lire  au  sort.  Il  faut 
(ju'à  la  fin  do  la  partie,  les  six  cases  de  ehacfue  coté  aient  été  employées; 
qu'à  la  sixième  case,  les  vingl-et-une  houles  aient  iHé  toutes  placées  ; 
et,  par  la  combinaison  de  ce  jeu,  le  gain  de  la  partie  apparlieut  à  celui 
(|ui  a  mis  son  adversaire  dans  l'impossibiliti'  de  jouer  son  dernier  coup, 
en  observant  les  règles  du  jeu  qui  varient  suivant  certaines  circonstances 
de  la  partie,  et  suivant  le  nombre  pairet  impairdes  premièies  boules  placées. 
Par  exemple,  si  celui  qui  a  gagné  la  primauté  débute  par  ne  placer  qu'une 
boule,  son  ailversaire  est  forcé  par  la  règle  du  jeu,  d'en  placer  au  moins 
deux;  mais  il  peut  aussi  en  placer  trois.  Celui  qui  a  joué  le  premier,  et 
qui  va  jouer  son  second  coup,  est  forcé  de  placer  un  nombre  pair  de 
boules,  soit  au-dessus  du  nombre  trois,  soit  au-dessous.  L'intrigue  et  la 
combinaison  de  ce  jeu  consistent  à  mener  la  partie  de  manière  qu'au  der- 
nier coup  à  jouer  il  soit  resté  dans  la  main  de  l'adversaire  un  nombre  de 
boules  qui  ne  soit  pas  conforme  à  la  circonstance  de  la  partie  et  aux 
règles  du  jeu.  Si  cela  arrive  à  celui  qui  a  eu  la  primauté,  il  a  perdu,  et 
l'adversaire  est  dispensé  déjouer  son  dernier  coup;  si  cela  arrive  ii  l'ad- 
versaire, la  partie  est  perdue  pour  lui;  mais,  si  celui-ci  a  joué  de  manière 
qu'il  arrive  aussi  à  son  dernier  coup  avec  un  nombre  déboules  conforme 
aux  conditions  et  aux  règles  du  jeu,  la  partie  est  nulle.  L'ouri  a  plus  de 
combinaisons  que  le  jeu  de  dames  ;  et  cependant  les  femmes  seules  le 
jouent,  et  les  hommes  ne  s'en  s'amusent  jamais. 

Rkt-.LR  DU  JEU  D.xfioMÉEN  ^.  —  Les  deux  joueurs  ont  chacun  une  rangée. 
Au  début,  on  met  dans  chacun  des  trous  trois  graines  fort  dui'es.  Le  jeu 
consiste,  en  changeant  successivement  les  graines  de  place,  à  arriver  à 
mettre  la  dernière  seule  dans  un  trou  vide  en  face  d'un  de  ceux  de  l'ad- 
versaire bien  plein  ;  on  a  ainsi  le  droit  de  tout  prendre.  On  ne  doit  pas 
sauter  de  trou  ;  c'est  celui  qui  a  pris  le  plus  de  graines  à  l'autre  qui  a 
gagné  la  partie. 

Règle  du  jeu  nago  '.  — Chacun  des  deux  joueurs  a  vingt-quatre  graines 
servant  de  jetons,  distribuées  quatre  par  quatre  dans  les  trous  de  son  côté; 
chacun  à  son  tour  prend  les  jetons  d'une  case  dans  la  rangée  du  vis-à-vis, 
et  les  place  un  par  un  dans  les  cases  suivantes,  en  allant  de  gauche'  à 
droite;  celui  qui  rencontre  dans  les  cases  de  son  adversaire  un  ou  deux 
jetons  seulement  s'en  empare,  et  la  partie  continue  jusqu'à  ce  que  l'un 
des  deux  ait  tout  pris  à  l'autre.  «  Les  combinaisons  de  ce  jeu,  souvent  fort 
compliquées,  exigent  une  grande  tension  d'esprit  ». 


'  D'après  Golberry. 

'  D'après  Foa. 

'  D'après  r&bbé  l\  Bouche  et  d'Albéca. 


270  -M   J'  IN  1'.»0<) 

Wmi.E  DU  JEU  r.AHONAis  '.  —  L'crhén-  est  placé  onlrc  les  deux  joueurs, 
chacun  ayant  à  sa  gauche  la  case  dans  laquelle  il  placera  son  gain,  et 
chacun  ne  devant  jouer  qu'avec  les  tchougé  placés  dans  la  rangée  de  son 
côté.  La  jtailie  se  dispute  en  plusieurs  luanciies. 

1'°  Manche.  —  Après  avoir  j)lacé  quatre  tchongé  dans  chaque  trou,  on 
tire  au  sort  à  qui  commencera  ;  le  joueur  désigné  prend  les  tchongé  placés 
dans  un  godet  quelconque  de  son  côté,  et  les  dépose  un  à  un,  sans  sauter 
de  case,  dans  chaque  godet,  en  allant  de  la  gauche  à  la  droite  dans  la 
rangée  de  son  coté,  puis,  s'il  y  a  lieu,  de  la  droite  à  la  gauche  dans  la 
rangée  de  son  adversaire  (en  d'autres  termes,  en  sens  inverse  des 
aiguilles  d'une  montre).  A  cha(iue  coup,  quand  le  dernier  tchongé  placé 
complète  à  deux  ou  quatre  les  nombre  des  tchongé  qui  se  trouvent  déjà 
dans  le  godet,  le  joueur  les  ramasse;  il  ramasse  également  les  tchongé  des 
godets  immédiatement  voisins,  si  ces  tchongé  sont  au  nombre  de  deux  ou 
quatre;  ces  gains  ne  peuvent  se  faire  que  dans  la  rangée  de  l'adversaire. 
La  partie  se  continue  jusqu'à  ce  que  l'un  des  joueurs  n'ait  plus  un  seul 
tchongé  dans  sa  rangée. 

2"  Manche.  —  Le  joueur  gagnant  place  dans  sa  rangée  vingt-quatre 
tchongé,  quatre  par  quatre,  les  tchongé  gagnés,  en  surplus  restant  dans  la 
case  à  ce  destinée.  Le  joueur  perdant  place  les  tchongé  qui  lui  restent, 
également  quatre  par  (juatre,  dans  les  godets  de  sa  rangée,  en  commen- 
yant  par  la  gauche,  le  dernier  godet  pouvant  ne  contenir  que  un,  deux 
ou  trois  jetons;  les  cases  restées  vides  sont  «  brûlées  »,  c'est-à-dire  qu'on 
les  saute  pour  jouer.  On  joue  alors  de  la  même  façon  que  précédemment 
jusqu'à  ce  qu'un  joueur  n'ait  plus  un  seul  tchongé  dans  sa  rangée. 

La  partie  se  continue  ensuite,  s'il  y  a  lieu,  par  une  troisième,  une 
quatrième  manche,  jusqu'à  ce  qu'un  joueur  n'ait  plus  un  seul  tchongé. 

Discussion. 

MM.  HuGUÊT  et  Hervk  font  quelques  remarques  sur  la  communication 
précédente. 

M.  Z.\BOROWSK[.  —  L'existence  de  ce  jeu  a  été  constatée  déjà  au 
xvii«  siècle  en  Afrique?  Il  est  donc  ancien,  et  c'est  cette  ancienneté  qui 
explique  sa  diffusion  si  grande.  Les  Pahouins  ne  le  connaissent  pas? 
Leur  arrivée  au  Gabon  est  en  eftet  récente.  Mais  ce  jeu  n'était  donc  pas 
connu  dans  leur  pays  d'origine  qui  est  plus  ou  moins  oriental,  du  moins 
par  rapport  à  leur  habitat  actuel?  Le  fait  a  quelque  apparence  contradic- 
toire. Je  crois  volontiers  que  les  nègres  ne  sont  pas  les  inventeurs  du  jeu 


'  Jo  donne  celte  rè^,'le  telle  qu'elle  m'a  été  enseignée  par  mon  hôtes.se  de  Libreville, 
Miss  Kate  Luttcrliold,  mais  conime  Miss  Kate  est  originaire  d'Accra,  il  se  peut  que 
juie  appris  en  réalité  le  jeu  de  la  Cote  d'Or;  je  ne  le  crois  cependant  pas. 


E.-T.  IIAMV.    —    r.KS  <:ENT  01  AllANTK  NICCRES  IJE  M.    d'aVaIA  :>71 

des  godets  et  qu'il  leur  est  venu  de  la  cote  orientale.  Mais  je  ne  crois  jxas 
([u'il  y  ait  lieu  de  parler  à  celte  occasion  des  Malais.  Les  seuls  introduc- 
teurs possibles  sont  les  Arabes  ou  des  nriclis  d'Arabes  anciens.  Il  y  a  d'ail- 
leurs du  santr  arabe  jusque  chez  les  Cafres  qui  sont  venus  du  N.-E. 
Je  n'en  conclus  pas  d'ailleurs  que  les  Arabes  sont  de  même  nf'cessairomfnt 
les  inventeurs  du  jeu  en  question. 


LES  CENT  QUARANTE  NEGRES  DE  M.    D'AVAUX   A  MUNSTER  i1644). 
Anecdote  ethnologique  racontée 

Pau    m.     E.    T.    Hamy, 

Piésideiil  de  la  Société. 

Jamais  le  luxe  habituel  aux  ambassades  du  Hoi  de  France  ne  s'est  étalé 
avec  plus  d'ostentation  que  dans  les  conférences  qui  réunirent  h  Miinster 
et  à  Usnabriick  les  plénipotentiaires  qui  devaient  traiter  de  la  paix  avec 
l'Empire.  L'ambassadeur  français,  M.  d'Avaux,  dont  l'agent  Sainl-Komain 
préparait  les  logements  à  Munster  dès  septembre  IG43  ',  arrivait  dans  cette 
cité  le  17  mars  suivant  *  et  le  faste  qu'il  faisait  paraître  à  son  entrée  rem- 
plissait d'admiration  Contarini  et  le  maf/istrat  de  la  ville,  bien  qu'il  n'eût 
encore  dit  Saint-Romain,  qu'une  pnrlia  de  son  monde  à  sa  suite. 

\  lui  seul,  écrivait  qutilques  jours  plus  tard  le  même  agent  au  baron  de 
Uorté,  autre  ambassadeur  du  Roi  «  estant  maintenant  à  Embden  »,  à  lui 
seul  M.  d'Avaux  a  autant  et  plus  de  train  «que  les  cinq  Austricbiens 
ensemble  »  et  il  conte  à  ce  propos  à  son  correspondant  une  anecdote  qui  a 
your  des  anthropolof/istes  une  saveur  particulièrement  piquante. 

La  Semaine  Sainte  est  survenue,  et  les  Ambassadeurs  font  publique- 
ment les  démonstrations  religieuses  accoutumées  :  les  Espagnols  entrent 
au  Dôme  de  Miinster  et  le  trouvent  envahi  déjà  par  les  gens  de  M.  d'Avaux. 

(Jui  croirait  que  dans  ce  cortège  figuraient  cent  quarante  n/'i^res  ?  Le  té- 
moignage de  Saint-Romain  est  pourtant  formel,  les  Espagnols  eurent  hor- 
reur à  cet  asjwct  et'  s'en  allèrent  faire  leurs  dévotions  ailleurs,  et  notre  brave 
agent  se  réjouit  de  cet  échec,  le  second  qu'ait  déjà  subi  la  vanité  des 
Impériaux  depuis  l'arrivée  des  Français.  Je  transcris  in-extenso  la  lettre 
de  Saint-Romain  à  Rorlé  qui  renferme  ce  curieux  dfUail  liien  fait  pour 
étonner  les  anthropologistes. 

Nous  savions,  en  elTet,  qu'il  venait,  bien  avant  cette  date,  des  nègres 
(Moros)  en  Europe  et  dès  la  fin  du  xV-'  siècle,  les  comptes  de  René  d'Anjou 
font  soigneusement,  la  distinction  entre  le  more  blanc  du  bon  Roi,  quelque 


*  Bibl.  de  l'Inst.  Fonds  Godefroy.  T.  273,  l"  56.  Lettre  de  SaiiilHoiiiaiii  à  Uorté  du 

septembre  1G43. 

'  Ibid.,  f  128.  Lettre  du  19  mars  16'»i. 


•21^2  '2\  JiiN  1906 

berbère,  arabe  ou  lurcsaiis  ibnile,  el  ses  autres  x/ojv.s  qui  devaient  (Hrc  des 
gens  de  couleur  '.  Mais  qui  ib)  ncjus  eût  soupçonné  qu'un  anihassadeur  de 
France  traînerait  à  sa  suite  en  mars  1(>44  de  La  Haye  ù.  Munster  «  cent 
qniiraiile  m'-gres  pour  le  moins  ><  couiuie  l'assure  la  lettre  (jue  l'on  va  lire. 

A  M.  le  baron  de  Horté. 
Monsieur. 

Voici  la  rcsponsi'  tio  Monsieur  !\  la  lellrede  M.  Siil\ius(|ne  vous  biy  envoyastes 
par  la  poste  impériale,  nous  sonnnos  dans  les  dévotions  el  je  n'ay  rien  à  vous 
diresinon  que  Monsiem-flAvanx,  eslanl  liieid.insle  Donie,  les  trois  .\mbassadein's 
(ri''spa}i[ne  pensaient  y  venir  à  rol'liee,  nuiis  estans  entrés  dans  l'église  ils  aper- 
ceurenl  Monsieur  avee  une  suite  de  cent  quarante  nègres  pour  le  moins  Ils 
eurent  borreur  à  cet  aspect  el  ressorlirent  par  une  autre  porte  un  peu  confus  et 
allèrent  l'ère  leur  dévotion  ailleurs.  C'est  la  seconde  l'ois  qu'ils  cèdent  publique- 
ment. .\  la  venue  de  M.  le  Nunce  ils  avoicnt  concerté  avec  les  hiipériaux  den- 
vover  au  devant  de  luy  et  d'unir  leurs  forces  pour  nous  faire  alTront,  M.  d'.Vvaux 
me  commanda  de  monter  à  cbeval  et  d'aller  avec  vingt  de  ses  gentilsbonunes  sur 
le  cliemin  (juc  tenoit  led.  Nunce  pour  prendre  garde  que  ceux  qu'il  envoioit  à  sa 
rencontre  tinssent  partout  leur  rang.  Les  Inipéiiau.x  nous  virent  sortir  de  leur 
fcnestres  et  après  plusieurs  consultations  quittèrent  la  partie  et  les  bnpériaux 
envoyèrent  seuls  i\  la  rencontre  du  Nunce.  Cela  est  rçmarquable  à  Munster  d'oii 
vous  connoissez  la  partialité.  Il  y  a  d'ailleurs  cinq  Ambassadeurs  de  la  Maison 
d'Autricbe*  et  M.  d'.\vaux  y  est  seul  de  l'autre  part;  fier  est  de  faire  belle  res- 
ponse  et  d'estre  bien  accompagné.  Monsieur  d'Avaux  a  autant  et  plus  de  train 
seul  que  les  cinq  Autricbiens  ensemble.  11  ne  leur  veut  pas  insulter  pour  cela; 
nous  sommes  en  termes  de  reconciliation,  il  faut  accommoder  nostre  langage  au 
temps  et  à  ce  pieux  dessein  et  ne  point  faire  les  braves,  mais  vous  n'avez  que 
faire  de  cet  avis.  M.  d'Avaux  vous  baise  les  mains  et  moy  je  demeure  toujours, 

Votre  bumble  et  obéissant  serviteur. 
S.M.NT  Romain. 

Lorsque  vous  viendrez  ici,  j'espère  que  je  serai  en  estât  de  loger  votre  personne 
et  Monsieur  le  veut  ainsi;  et  l'on  verra  si  l'on  pourroit  acconmioder  votre  équi- 
page ailleurs  que  dans  une  bostellerie,  cela  sera  diflicile. 

Les  négociations  pour  la  paix  que  des  questions  de  préséance  entravaient 
à  chaque  instant  comme  elles  avaient  fait  à  Vervins  (15'98)et  à  Boulogne 
(1600),  duraient  encore  en  Août.  Nous- ignorons  si  les  i40  nègres  engagés 
pour  la  circonstance,  sont  demeurés  au  service  de  M.  d'Avaux,  quand  il 
s'est  transporté  à  Osnabnick  à  la  fin  d'avril  1644.  Combien  il  eût  été  inté- 
ressant desavoir  quelque  chose  de  leur  destinée  ultérieure  I  Ne  serait-ce 
pas  un  des  leurs,  par  exemple  que  l'on  voit  moulé  en  plâtre  et  peint  en 


*  et.  A.  Lêcoy  de  la  Marche.  Extraits  des  comptes  et  mémoriaux  du  Roi  René  pour 
servir  à  l'histoire  des  arts  au  XV'  siècle.  (Documents  historirjues  publiés  par  la 
Société  de  l'Ecole  des  Chartes.)  Paris,  1873,  ia-8,  pass 

*  MM.  le  Comte  de  Nassau,  Kriui,  le  Comte  d'Auersberg,  M.  de  Neuhof  et  encore 
un  autre. 


DISCUSSION  273 

noir  dans  cette  curieuse  gravur»^  imprimée  en  IlMo  de  VArt  de  conna lire  1rs 
llonwies^  seize  ans  seulement  après  Miinstcr. 

Celle  planche  représente  un  vieux  savant,  orné  de  la  longue  barbe  (|ue 
portaient  les  médecins,  la  létecoilTée  d'un  bonnet  fourré,  le  corps  enveloppé 
d'une  ample  robe  à  longues  manches  retombantes.  C'est  Cureau  de  l.a 
(Miambre  ;  il  mesure  de  la  main  gauche  avec  une  sorte  de  compas  un  buste 
en  pUltre  posé  devant  lui  sur  une  table,  tandis  qu'un  registre  sur  Itquev 
la  main  droite  appuie,  attend  le  cliilïre  que  l'observateur  va  inscrire.  Une 
image  pi(iuée  au  mur  montre  de  face  une  figure  en  pied  sur  laquelle  sont 
imliipiés  par  des  fiches  un  certain  nombi'c  de  jioiiUs  sini/ulios:  au  dessus 
sur  une  lablette  grimacent  trois  autres  phVtres,  dont  une  tète  de  nèyre  par- 
faitement reconnaissable,  celle  peut-être  d'un  des  cent  quarante  serviteurs 
du  fastueur  M.  d' A  taux! 

Discussion. 

M.  G.  Hervk  fait  suivre  celte  très  curieuse  anecdote  de  quelques  considé- 
rations sur  le  rôle,  peu  connu,  de  l'élément  nègre  dans  l'ethnogénie  de 
certains  peuples  européens. 

Si,  en  ce  qui  concerne  la  F'rance,  ce  rôle  est  tout  hypothétique,  — 
quoiqu'il  ne  semble  pas  impossible  que  les  courses  elVectuées  durant  plu- 
sieurs siècles  par  les  Sarrasins,  jusqu'au  cœur  du  pays,  lui  ait  permis  de 
s'exercer,  —  nous  sommes  mieux  renseignés  en  ce  qui  concerne  les 
contrées  du  midi,  Espagne  et  Portugal. 

Dans  ce  dernier  pays,  d'après  les  recherches  historiques  et  anthropo- 
logiques du  Df  Ferraz  de  Macedo,  du  sang  nègre  aurait  été  infusé  en 
quantité  considérable,  et  cela  bien  avant  les  grands  voyages  maritimes  des 
Portugais.  La  dilution  et  l'absorption  progressives  qu'il  a  subies  n'empê- 
cheraient pas  d'en  reconnaître  les  traces,  notamment  chez  les  populations 
de  l'Algarve  et  de  l'Alenlejo. 

En  Espagne,  l'existence  du  royaume  maure  de  Grenade  et  ses  longues 
relations  avec  les  Etats  barbaresques  furent  cause,  pareillement,  de 
l'introduction  prolongée  d'un  nombre,  probablement  très  élevé,  de  nègres 
esclaves. 

M.  Hervé  cite,  à  ce  sujet,  le  passage  suivant,  tiré  de  VUtstoire  du  régne 
de  Philippe  II,  par  W.  II.  Prescott,  et  relatif  à  la  période  comprise 
entre  la  capitulation  de  Grenade  et  l'expulsion  définitive  des  Musulmans 
d'Espagne  : 

«  La  première  loi  importante,  concernant  les  Mores,  date  de  1500^ 
année  oii  les  Cortès  de  Caslille  présentèrent  une  adresse  h  la  couronne, 
pour  réclamer  contre  la  liberté  laissée  aux  infidèles  de  se  servir  d'esclaves 

'  J'ai  reproduit  cette  curieuse  figure  dans  mon  mémoire  ititilulé  ;  Recherches  sur 
les  origines  de  l'enseignement  de  l'anatomie  humaine  et  de  i anthropologie  au  Jardin 
des  Plantes.  {Nouv.  Archiv.  du  Muséum,  3"  Sér.  T.  VII,  p.  10,  1895.) 

soc.  d'anthbop.  1906.  19 


27-4  :il   Ji  IN  i9Û() 

ni'grcs,  (jiii,  assun'mciil  t'Icvrs  \m\\  leurs  niaîlics  dans  1rs  [iiiiicipi's  du 
mahûinclisiiie,  i^rus&issaienl  la  p(»i>iilali('n  anlicInrlicniiL'  du  pays  (Mar- 
mol,  Ili'bi'lion  de  los  Moriscos,  1,  13"));  une  pragmatique  royale  fut  donc 
publiée,  qui  défendait  au  peuple  de  (îrenade  d'employer  des  esclaves 
africains.  Celte  interdicliun  causa  un  grand  méconlenlcMncnt.  car  la 
classe  aisée  était  dans  l'habitude  de  recruter  ses  domestiques  parmi  ces 
nègres,  qui,  dans  les  campagnes,  étaient  en  grand  nombre  chargés  des 
travaux  agricoles.  »  (Op.  cit.,  Irad.  française  de  Rensun  et  Itbier,  t.  IV, 
p.  110).  On  peut  se  flemander  si  là  ne  serait  pas  l'explication  de  certains 
caractères  anthropologiques  propres  aux  pitimlalioiis  aiidalouses,  et  ({ui 
font  nettement  contraste  avec  ceux  des  autres  jiDpnlalions  ilȎri(]ues. 

M.  Marcel  Iîaudouin.  —  La  remarque  faite  sur  la  jisijcholofiie  des  Portugais, 
en  ce  qui  concerne  les  rapports  des  Blancs  et  des  Nègres  dans  ce  pays,  est 
corroborée  parce  qu'on  observe  encore  de  nos  jours  en  Amérique  du  Nord, 
dans  les  régions  où  il  y  a,  d'une  part,  des  nègres  (partie  sud  :  Washing- 
ton, Nouvelle-Orléans,  Floride,  etc.)  et,  d'autre  part,  des  Chinois  (Port- 
land,  San-Francisco,  voire  même  New-York).  Je  n'insiste  pas  ;  ce  sont 
des  faits  bien  connus  de  tous  ceux  qui  ont  habité  ces  pays. 

M.  Deniiver.  —  Il  y  a  beaucoup  d'anthropologistes  en  Portugal  qui  ne 
partagent  pas  les  idées  de  M.  Ferraz  de  Macedo.Je  me  souviens  qu'il  y  a 
de  cela  6  ou  7  ans,  xMM.  Fonseca  Cardoso  et  M.  Rocha  Peixoto,  les  deux 
distingués  rédacteurs  de  l'excellent  recueil  ethnographique  et  anthropolo. 
gique  «  Portugalia  »,  m'ont  écrit  de  longues  lettres  pour  protester  contre 
l'assertion  émise  jadis  par  Elisée  Reclus  et  qu'ils  ont  retrouvée  dans  un 
article  de  notre  collègue  M.  Zaborowski,  à  savoir,  que  les  caractères  de 
race  nègre  se  rencontrent  fréquemment  dans  la  population  portugaise 
actuelle. 

Ils  affirment  que  l'observation  directe  ne  révèle  rien  de  semblable,  et 
que,  si  dans  quelques  ports  les  esclaves  ou  domestiques  nègres  importés 
du  xv°  au  xvu*^  siècle  pouvaient  peut-être  influencer  la  population  d'alors, 
le  sang  nègre  n'a  jamais  pénétré  dans  l'intérieur  du  pays.  D'ailleurs,  les 
vestiges  de  cette  altération  ont  disparu  aujourd'hui  même  dans  les  ports. 
Le  nombre  de  nègres  était  insignifiant  pour  produire  une  modification 
profonde  même  si  l'on  admet  les  unions  mixtes  malgré  le  préjugé  de  race 
et  de  classes  sociales  hostile  à  ce  genre  d'unions. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  J'ai  parcouru  jadis  toute  l'Aniérique  du  Nord 
et  ait  visité  des  régions  à  Peaux-Rouges.  Il  est  certain  que  les  Blancs 
Yankees  ne  deviennent  pas  ro'uges  par  le  seul  fait  qu'ils  habitent  les  régions 
où  il  y  a  eu,  où  il  y  a  encore  des  Peaux-Rouges  !  Le  milieu  n'a  jamais  agi 
à  ce  point  sur  les  individus,  dans  de  telles  conditions  I  Ce  sont  là  théo- 
ries absolument  fantaisistes. 

M.  Zaiîorowki.  —  Il  est  difficile  de  trouver  des  témoignages  positifs 
dans  les  auteurs  portugais  d'aujourd'hui  sur  la  présence  de  nègres  en 


DISCUSSION  275 

Purliigal  anciennement.  Ils  mcllt'nl  un  ceilain  ani(iui-|ii"opre  à  nier  tonle 
infusion  de  sang  noir  sur  le  sol. 

Maison  sait  bien  qu'autrefois,  les  mêmes  répugnances  n'existaient  pas. 
Dans  la  (luinée  des  noirs  portent  de  grands  noms  portugais  et  ont  indu- 
bitablement de  purs  Portugais  parmi  leurs  ancêtres.  Comme  je  l'ai  dit 
dans  ma  notice  très  écourtée  sur  la  raco  en  Portugal  (Le  Porliif/al,  l  vol. 
gr.  in-8'\  l'aris,  I8!>9)  des  métis  sont  nécessairement  venus  s'établir  sou- 
vent dans  le  pays  de  leur  générateur,  malgré  l'absence  de  témoignages 
positifs  à  cet  égard.  Les  Portugais  qui  étaient  des  négriers,  des  marchands 
d'esclaves,  ont  nécessairement  aussi  pris  des  nègres  dans  leur  domesticité. 
M.  Hervé  vient  de  dire  ((ue  jadis  Lisbonne  était  pleine  de  nègres.  .l'ai 
des  raisons  de  croire  qu'il  fut  un  lenqjs  où  tous  les  petits  métiers  de  la 
rue  à  Lisbonne,  comme  nous  le  voyons  un  peu  à  Alger,  cireurs,  mar- 
chandes de  galettes,  de  poissons,  d'orange,  etc  ,  étaient  remplis  surtout 
par  des  noirs. 

>L  u'l^cuEu.\c.  —  Dans  la  petite  ville  de  l5oniiy-sur-Loire  on  rencontre 
parmi  les  vieillards,  les  adultes  et  même  les  enfants  de  véritables  niu- 
lAlres  plus  ou  moins  atténués. 

Chez  la  plupart  d'entre  eux  la  coloration  de  la  peau  est  revenue  au 
blanc  jaunAtre  ;  mais  les  cheveux  sont  restés  crépus,  le  nez  épali;  et  les 
lèvres  lippues. 

Ces  descendants  d'une  race  noire  sont  issus  d'un  nègre  qui  s'appelait 
Zenon  et  (jui  avait  été  ramené  de  l'île  lîourbon,  par  M.  de  C...,  pro- 
priétaire du  chAteau  de  la  Sablonnière,  conseiller  au  Parlement  de  Paris. 

/énon  était  fort  laid  et  de  plus  il  était  manchot.  Néanmoins  les 
filles  du  village  le  reciierchaient  parce  qu'il  passait  pour  riche  et  promet- 
tait une  partie  de  sa  succession  à  toutes  celles  qui  consentaient  à  avoir 
pour  lui  des  bontés. 

Ses  conquêtes  furent  donc  nombreuses  et  c'est  pourquoi,  à  l'heure 
présente,  se  voient  encore  à  IJonny  et  aux  environs  des  traces  de  ses 
bonnes  lortunes. 


M.  Capitan  résume  devant  la  Société  les  travaux  du  Congrès  d'Anthro- 
pologie et  d'Archéologie  préhistoriques  tenu  à  Monaco  en  avril  dernier. 

Discussion. 

M.  ^Larcel  Bai  dolin.  —  .Je  suis  très  étonné  d'apprendre  que,  d'après 
M.  Capitan,  on  n'a  pas  encore  trouvé  en  Italifunc  hache  polie  en.v^Ve.r  .'Tou- 
tefois, je  rappelle  qu'Aldovrandi  ctMercatus,  savants  italiens,  qui  ont  décrit 
il  y  a  longtemps  les  haches  polies  des  anciens  Musées  d'Italie,  —  et  en  parti- 


276  'il  Ji  IN  l'.dir» 

culior  Mercaliis,  (|iii  ii  j);irlé  des  haches  polies  qui  existent  encore  au  Musée 
du  Vatican  à  llouie  — ,  ont  écrit,  comme  je  l'ai  public  ici  même  '  : 

iMercatis  :  w  (Juam  ctiam  ob  causam  eos  chalybe  percussos  scinlillKs 
emiltrre  credun[  »;  c'est-à-dire  :  <•  Us  croient  même  que,  si  on  frappe  ces 
pierres  avec  un  morceau  d'acier,  elles  déj^aujent  des  étincelles.  » 

Aldovjiandi  :  ««  Ht  durissimu's  erat  silici  vulgari  simihs,  et  ex  ipso, 
chalybe  adhibito,  iflnis  educebatur  »  ;  c'est-à-dire  :  «  Très  dure,  elle  res- 
semble au  i'»7('.r  vulgaire,  et  on  en  [dit  jtiillir  dn  feu  avec  du  fer.  »  (Musée 
de  Bologne). 

J'avais  cru  jusqu'à  présent  qu'il  s'agissait  là  du  silex,  (jue  nous  connais- 
sons tous. 

11  y  aurait  un  moyen  de  vérilier  au  mnins  la  citation  de  Mercatus;  ce 
serait  d'examiner  les  haches  (juisonl  encore  au  Vatican.  La  chose  en  vaut 
la  peine.  Et  un  examen  microscopique  ne  serait  peut-être  pas  inutile. 

M,  Zaborovvski.  —  Je  remercie  M.  Capilan  des  renseignements  qu'il  vient 
de  nous  donner  sur  les  résultats  du  congrès  de  Monaco  et  de  ses  visites 
en  Italie.  Le  préhistorique  italien  n'est  pas  connu,  en  effet,  intégralement 
ici.  Son  âge  néolithique  a,  comme  vient  de  le  dire  M.  Gapitan,  une  phy- 
sionomie propre.  Il  est  marqué  de  bonne  heure  par  une  iniluence  à  dis- 
tance de  peuples  connaissant  déjà  les  métaux.  Aussi  les  palelhnologues 
italiens  l'ont-ils  divisé  depuis  longtemps  en  période  néolithique  proprement 
dite  et  en  période  énéolithigue.  Au  cours  de  cette  dernière,  le  cuivre  se 
montre  inégalement,  et  à  la  suite  un  âge  du  cuivre  s'est  manifesté  avec 
une  netteté  qu'on  n'observe  pas  ailleurs. 

M.  BouDiER  fait  une  communication  sur  l'Ère  du  Bon  sens. 


'  Marcel  Baudouin  el   L.  Bonnemére.  —  Les  haches  polies  dans  l'histoire.  — 
Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Authroj).,  Pari.s,  19Uo,  !2I  juillet,  passim. 


ZABkRmWSKI.    —  l'ATlUKS   PRdniCKItM  \MhI  K  K.r  l'HUTn aHYKNNF,  Z  I  I 

PATRIES     PROTOGERMANIQUE     ET     PROTOARYENNE. 
Réfutation    des    opinions    de    MM.    Kossinna    et    Penka. 

Pau  m.   /AltOROWSKT. 

/.'/  t/i''se  ilo  M.  Kossinna.  —  Lfs  léf/enr/fs  du  iléliii/f.  —  La  connaissance  et  les  noms 

de  la  mer,  de  l'ani/m'lle.  du  ser/>eiit.  du  saumon,  du  hêtre,  de  l'if. 

Les  detui/es  en  Dimeniarix  et  en  Hntlande. 

1.  —  Au  l'oiif.s  des  discussions  (|ii('  j'ai  souleiuics  ici  au  >ujet  des  origines 
ai'yeiines,  j"ai  été  accuse  de  confondre  les  ancêtres  communs  des  peuples 
de  langue  aryenne  avec  les  ancêtres  païUiculiers  des  (îermains,  de  les 
faire  descendre  de  la  souche  giM'manifjue  ou  de  les  faire  venir  de  la  patrie 
progermanitjue.  Je  dis  accusé;  car,  en  effet,  c'est  une  véritable  accusation 
et  presque  une  accusation  scandaleuse  qu'on  entendait  faire  peser  sur 
Ynoi.  Elle  devait  discréditer,  dans  lopinion  de  ceux  qui  la  formulaient, 
la  thèse  que  je  soutenais  contre  la  théorie  asiatique^  l'hypothèse  des 
grandes  migrations  venues  de  l'Asie  par  le  nord  de  la  Caspienne  pour 
|)eupler  l'Europe  à  l'aurore  de  l'histoire.  Or  ce  faisant,  on  m'a  attribué  des 
idées  que  je  n'ai  jamais  professées.  J'ai  toujours  dit  que  les  ancêtres  com- 
muns des  peuples  de  langue  aryenne,  se  confondaient  avec  nos  grands 
dolichocéphales  néolithiques  de  l'Europe  Centrale.  Je  ne  connais  pas  les 
caractères  extérieurs  des  hommes  de  cette  race.  Ils  étaient  à  coup  sur 
à  téguments  clairs.  Je  n'ai  rien  dit  de  plus.  Et  je  croyais  même  que  les 
idées  qui  m'étaient  attribuées  n'étaient  plus  en  réalité  soutenues  par  per- 
sonne, après  les  travaux  de  cr'S  dernières  années,  mon  enseignement,  mes 
publications. 

Je  me  trompais  d'ailleurs,  et  c'est  la  ce  que  je  veux  montrer.  Ces  opinions 
qu'on  m'attribuait  en  les  ridiculisant,  apparaissent  encore  comme  si  peu 
excentriques,  en  .Mleinagne,  (|u'un  grand  nombre  de  savants  de  ce  pays, 
prenant  à  la  lettre  le  nom  usuel  d'indo-gennanique,  pour  désigner  les 
|teuples  de  langue  aryenne,  les  tiennent  pour  l'expression  môme  de  la 
vérité.  El  j'ai  constaté  cette  année  même,  non  sans  (|uelque  étonnement 
d'ailleurs,  que  parmi  eux  se  trouve  un  anthropoiogiste  qui  nous  touche 
de  près,  notre  collègue,  le  docteur  Buschan.  Le  recueil  anthropologique 
le  plus  autorisé  en  Allemagne,  IdZcilschri/l  fiir  ellnwluyie  a  publié  en  1902 
(p.  161)  un  très  long  mémoire  de  M.  Kossinna  :  La  (jueslion  indo-f/ermu- 
nique  résolue  par  l' archéologie ,  où  celui-ci  prétend  résoudre  délinilivement 
la  question  de  la  patrie  protoaryenne,  à  l'aide  des  dernières  études  archéo- 
logiques. Il  faut  lire  ce  mémoire  pour  se  rendre  compte  de  l'état  d'esprit 
qui  règne  en  Allemagne  où  l'on  admet  comme  un  doyme  (ijrannique  doui 
se  plaignent  quelques-uns,  que  la  patrie  des  protoaryens  et  celle  des 
progermains  se  confondent,  et  que  ces  derniers  sont  comme  la  souche  de 
tous  les  aryens,  il  faut  lire  ce  mémoire  pour  comprendre  aussi  la  situation 
que  j'occupe  dans  le  débat.  J'en  ai  fait  longuement  la  critique  dans  une 


278  2!   jiiN   l'.tOO 

(If  mes  lerons.  .le  ih'  iiui>  pas  iiu^  dispenser  de  vous  en  donnei'  au  moins 
les  conclusions.  Il  n'y  a  plus  aujtjurd'hui  aucun  savant  ayant  un  nom, 
dit  M.  Kosssinna,  qui  soutienne  encore  la  Ihéurie  orientale  dans  la  question 
des  origines  aryennes.  C'est  fort  bien.  Et  la  même  chose  a  été  proclamée 
par  d'autres.  «  La  patrie  des  Germains,  dit-il  encore,  est  le  pourtour  occi- 
dental de  la  i{alti(jue,  sur  toute  l'étendue  où  se  retrouve,  avec  les  construc- 
tions mégalilliiques  et  la  céramique  qui  s'y  rapporte,  à  l'Est  jusqu'à 
l'eudiouchure  de  l'Oder,  au  sud  jusqu'à  l'Aller  et  la  région  de  Magde- 
bourg.  ^'.J'ai  dit  aussi  cela  ici-même  et  l'ai  écrit  déjà  en  1900.  Je  l'ai  bien 
établi  dans  mes  cours.  Mais  c'est  de  cette  même  patrie  des  Germains  que 
M.  Kossinna  fait  venir  tous  les  aryens,  et  voici  en  quels  termes  dont  le 
ton  absolu  et  péremptoire  m'a  un  peu  scandalisé  (p.  212). 

«  Au  cours  d'une  des  plus  n'ccntes  périodes  de  la  pierre^  mais  cepen- 
dant au  commencement  du  3^  millénaire,  il  yaeu,du  centre  nordique,  deux 
courants  d'ïndo-Germains  vers  le  sud,  du  coté  de  l'ouest,  le  long  de  l'Elbe 
et  de  la  Saal,  par  la  Thuringe,  et  du  côté  de  l'est  en  remontant  r()der. 
De  leurs  tribus  occidentales,  est  sorlie^en  Thuringe,  Hesse,  sud-Allemagne), 
à  la  fin  du  3«  millénaire,  par  mélange  avec  les  migrateurs  du  sud-est  de 
l'Europe  de  l'époque  de  la  Bandhernmik\  une  dégénérescence  des  Indo- 
Germains.  De  ce  mélange  se  sont  développés,  en  2000,  deux  peuples  : 
Les  Italiens  et  les  Celtes  (commencement  du  bronze).  Pareillement  vers 
2000,  se  sont  répandus  de  la  Saale  et  de  l'Elbe,  à  travers  la  Bohême, 
la  Moravie,  la  Basse-Autriche,  des  peuples  d'où  sont  immédiatement  sortis 
les  Illyriens  et  les  Grecs,  ces  derniers  ayant  pénétré  dans  leur  patrie  rela- 
tivement tard.  Lorsque  vers  1600,  les  Grec-Illyriens  parurent  à  l'intérieur 
de  la  Hongrie,  les  Thraces,  de  leurs  territoires  dispersés,  se  réunirent  en 
un  groupe  compact.  Plus  loin  à  l'est,  les  Indo-Iraniens  ont  quitté  avec  les 
Slaves  l'.VlIemagne  Orientale,  déjà  au  début  du  3e  millénaire.  Pour 
les  .\ryens  nous  sommes  en  situation  de  mettre  nos  recherches  en  rap- 
port avec  des  dates  historiques.  Les  vues  extravagantes  sur  l'âge  des 
Indiens  dans  l'Inde,  au  sujet  duquel  Jacobi,  avec  des  calculs  astrono- 
miques basés  sur  une  indication  des  Vedas,  a  surpris  le  monde,  ont  été 
réfutées  par  Oldenbourg  et  d'autres.  L'an  1000  avant  Jésus-Christ  se 
présente  comme  la  date  la  plus  vraisemblable  de  la  conquête  de  l'Inde  par 
les  Indo-Germains.  Beaucoup  plus  anciens  sont  les  témoignages  des 
inscriptions  cunéiformes  sur  des  peuples  indiens  de  la  Mésopotamie.  » 

M.  Kossinna  continue  sur  ce  ton,  tranchant  avec  la  même  désinvolture 
toutes  les  questions  pendantes  d'origine. 

Tout  n'est  pas  faux  dans  ce  qu'il  avance.  Et  nous  savons  bien,  par 
exemple,  aujourd'hui  que  les  Aryens  n'ont  pénétré  en  Asie  que  vers  1500 
avant  notre  ère,  ce  que  j'ai  exposé  longuement,  il  y  a  plus  de  quatre  ans. 
Mais  nous  savons  aussi  que  les  événements  de  la  dispersion  des  Aryens 
et  de  leur  pénétration  dans  leurs  résidences  historiques,  ne  se  sont  pas 
accomplis  avec  celte  simplicité  schématique  qui  caractérise  les  solutions 
de  xM.  Kossinna.  A  l'encontre  de  ces  solutions  viennent  d'ailleurs  tous  les 
renseignements,  ceux  tirés  de  l'archéologie  qu'invoque  particulièrement 


ZAïJonowsKr.  —  pvn!ii>  i'Unr(ii,i:ii.M\MMi  i.  i.i  pitiii..\iai  \m.  :27'.I 

>r.  Kossinna,  comme  les  autres,  (jue  nous  avons  dès  mainlenanl,  sur  le 
passé  et  les  résidences  successives  de  cliacun  des  peuples  aryens,  les 
(iermains  mis  à  part.  Ces  solutions,  ce  tableau  de  migrations  îi  partir  du 
centre  nordiiiue,  tiu'on  peut  rap|trocher  des  anciennes  légendes  sur  les 
mijjraliims  asiali«piés,  ne  mérite  donc  peut-être  pas  une  réfutation  en 
régi.'.  Mais  il  ."-t  impossible  de  ne  pas  s'arrêter  aux  arguments  de  faits 
aboutissant  à  Incaliseï-  la  patrie  proto-aryenne  dans  le  centre  nordique  ou 
-ermatiKiue.  Des  arguments  précis  de  ce  geni'e  sont  encore  produits,  ot 
d  importe  de  savoir  si  nous  devons  les  laisser  dans  la  science,  y  apporter 
le  troid)le  ou  tout  au  moins  l'incertitude. 

II.  —  Le  savant  qui  peut  passer  pour  le  premier  inventeur  du  dogme 
do  la  localisation  de  la  patrie  proto-aryenne  sur  le  pourtouroccidental  de 
la  Ualtique,  de  l'identification  de  la  souche  commune  aryenne  avec  la 
souche  germanique,  est  sans  doute  M.  Penka.  J'ai  pour  ce  savant  la  con- 
sidération la  plus  grande,  je  dois  le  dire,  car  d'abord  ce  n'est  pas  un 
dogme  nouveau  qu'il  entendait  ériger,  mais  une  protestation  contre  le 
dogme  ancien  dont  nous  avons  longtemps  souffert,  de  l'origine  asiatique 
de  tous  les  peuples  aryens.  Et  j'avoue  d'ailleurs  que  je  croyais  qu'après 
les  derniers  travaux  parus  en  Allemagne  même,  ceux  si  remarquables 
d'Otto  Schradcr,  il  ne  se  tenait  plus  à  cette  localisation  étroite,  et  déjîi 
suspecte  d'inexactitude  en  raison  de  cette  étroitessc  même.  Je  me  trom- 
pais. Encore  l'année  dernière,  il  y  a  peu  de  mois,  M.  Penka,  sachant  bien 
sans  doute  trouver  ici  des  lecteurs  attentifs,  nous  a  envoyé  un  travail  : 
Die  Flulsar/en  di-r  arischen  Voilier  (^Sondcrdruck  aus  dcr  politisch-anthropo- 
gischen  Revue,  f^eipzig,  1905)  dans  lequel  il  produit  des  arguments  nou- 
veaux en  faveur  de  la  provenance  ouest-baltique  des  protoaryens.  Quelle 
que  soit  la  portée  de  ces  arguments,  ils  ne  sont  pas  à  dédaigner  du  mo- 
ment surtout  qu'ils  viennent  de  lui. 

Ils  se  fondent  bml  d'abord  sur  les  légendes  relatives  à  un  déluge  (pii 
.luraientété  conservées  par  tous  les  Aryens.  Il  existe  en  effet  des  légendes 
relatives  à  des  déluges,  un  peu  partout. 

La  plus  connue  et  la  plus  répandue  est  celle  rapportée  par  la  Genèse. 
Elle  s'est  propagée  par  contact  entre  les  peuples.  Cependant  on  peut  jus- 
tement contester  que  cette  légende  sémitique  ait  été  la  source  de  toutes 
les  autres.  Les  légendes  du  déluge  existant  chez  les  Perses,  les  Indiens, 
n'aurai(>nt  pas  une  origine  biblique.  De  plus  la  légende  biblique  elle-même 
n'est  (pie  le  fruit  de  vieilles  traditions  babyloniennes.  Mais  celles-ci  corres- 
pondant à  d'émouvantes  réalités,  ont  eu  sans  aucun  doute  un  retentisse- 
ment, des  répercussions  dont  nous  ne  pouvons  mesurer  la  portée,  ni  la 
durée.  En  relevant  l'existencedelégendesdu  délugeche/Jespeuplesaryens, 
M.  Penka  ne  peut  donc  réfuter  l'opinion  de  Lenormant,  de  Darmesteter 
qui  admettent  des  relations  entre  les  légendes  persanes,  indiennes  et  sé- 
mitiques par  exemple,  ni  mêiue  ce!b3  qu'il  rapporlf!  d'ailleurs  conscicn- 
cieusementdeL'nsener(^DieSundllutsagen,l}oun,  181)11),  pour  qui  la  légende 
grecque  de  Deucalioa  elle-même  est  d'origine  séiniliipie  et  les  légendes 


280  21  jiiN  r.»on 

lilhuaniennes,  d'inspiialion  biblique  ou  chrétienne.  Quand  on  considère 
(|uo  des  b'^gendcs  semblables  existent  jusque  cliez  les  sauvages  tels  que  les 
Indiens  de  l'Auiériiiue  du  Sud,  en  consé(juence  du  cheminement  inaperçu 
des  récits  plus  ou  moins  altérés  des  missionnaires  chrétiens,  on  est  certes 
bien  enclin  à  donner  raison  à  Unsener.  D'autre  part,  il  y  a  eu  de  tout 
temps  des  déluges  locaux.  Et  il  y  en  a  encore.  Lorsqu'on  voit  les  ravages 
qu'entraînent  les  grandes  inondations,  les  désastres  elTroyables  causés 
par  les  ras  de  marées  qui,  tout  dernièrement  encore,  anéantissaient  au 
Japon  des  milliers  et  des  milliers  d'existences  en  quelques  heures,  on  peut 
légitimement  su  imposer  que  bien  des  déluges  locaux  d'autrefois  ont  été 
plus  qu'impressionnants  et  ont  donné  naissance  à  des  légendes  indépen- 
dantes les  unes  des  autres.  Or  la  simple  constatation  de  leur  existence 
isolée  chez  des  nations  étrangères  l'une  h  l'autre,  a  pu  fort  bien  inspirer 
l'idée  d'un  phénomène  quasi  universel.  Ce  rapprochement  entre  des 
légendes  relatives  à  de  grands  phénomènes  locaux,  est  peut-être  mémo 
une  des  sources  de  l'idée  d'un  déluge  universel.  Celle  idée  a  été  corroborée 
singulièrement  par  l'explication  donnée  encore  au  xix<^  siècle  |)ar  les 
savants  eux-mêmes,  sur  la  présence  de  coquilles  marines  jusque  sur  les 
montagnes. 

Si  donc  M.  Penka  voulait  utiliser  les  légendes  du  déluge  existant  chez 
les  peuples  aryens,  pour  déterminer  la  patrie  protoaryenne,  il  aurait  dû 
d'abord  prouver  que  tous  les  peuples  aryens  possèdent  de  ces  légendes, 
cela  depuis  très  longtemps,  avant  leur  dissémination  ou  en  tout  cas 
avant  leurs  relations  avec  les  peuples  mésopotamiens,  indépendamment 
de  toute  influence  sémitique  et  surtout  avant  la  propagande  chrétienne. 
Or  celte  démonstration,  il  ne  l'a  pas  faite,  et  je  crois  bien  d'ailleurs  qu'elle 
ne  peut  pas  être  faite.  Il  n'est  pas  démontré  donc  que  tous  les  peuples 
aryens  possèdent  sur  un  même  déluge  des  légendes  anciennes  et  il  est 
encore  moins  démontré  que  les  légendes  existantes  chez  eux  ont  toutes  la 
même  origine,  ou  plus  exactement,  sont  toutes  des  exemplaires  dispersés 
d'une  seule  et  unique  légende  qu'ils  auraient  emportée  avec  eux  de  leur 
commune  patrie. 

M.  Penka  ne  produit  m^me  pas  à  ce  sujet  d'afTirmations  explicites,  se 
contentant  d'appuyer  les  auteurs  qui  ne  veulent  voir  dans  certaines 
légendes  ar^-ennes,  aucun  élément  sémitique  ou  chrétien.  Les  Ougro-fin- 
nois,  nous  dit-il  par  exemple,  ont  subi,  tant  dans  leurs  caractères  physi- 
ques que  dans  leur  langue  et  leurs  mœurs,  une  profonde  influence  des 
Aryens  qui  déjà  aux  temps  préhibtoriques,  se  sont  répandus  par  infiltra- 
tion sur  leur  vaste  territoire.  Or  si  l'on  considère  que  les  légendes  du 
déluge  font  défaut  dans  le  no;d  et  l'Asie  centrale,  on  admettra  sans  peine 
que  les  légendes  du  déluge  relevées  chez  les  Vogouls  par  Réguly,  y  ont 
été  introduites  par  les  Aryens. 

M.  Penka  croit-il  avoir  démontré  par  cette  observation,  la  seule  qu'il 
fournisse,  l'ancienneté  de  la  légende  du  déluge  chez  les  Aryens?  Si  oui, 
il  se  trompe  à  tel  point  qu'on  peut  s'en  montrer  surpris.  Les  .Aryens  dont 
il  parle  en  la  circonstance  sont  les  lUisses    Si  ce  ne  sont  pas  les  llusses, 


ZAII-)Ri)W>KI.  —   PATIUK>  l'IlMTnlîEnMAMurF.  F.T  l'HOTdAUVENNE  '2H\ 

il  faudrait  le  montrer  et  montrer  aussi  (juc  les  légendes  en  question  sont 
d'origine  scythique.  Mais  si  ce  sont  les  liasses,  nous  pouvons  allirnvM-  que 
ces  mêmes  légendes  sont  d'origine  chrétienne. 

Car  les  Russes  n'avaient  pas  encore  probablement  atteint  le  p;iys  des 
\ogouls  lorsque  le  christianisme  s'enracinait  chez  eux.  Ne  savons-nous 
pas  d'ailleurs  (jue  des  légendes  chrétiennes  figurent  déjà  dans  le  vénérable 
Ktilernla,  recueil  de  la  plus  ancienne  lillératun'  ptipulaire  on  Finlande? 

Voilà  de  quoi  se  contente  M.  Fenka  comme  point  de  di'part.  Sans  autre 
preuve,  il  afRrme  que  les  légendes  du  déluge  aryennes  ont  un  fond  com- 
mun et  qu'elles  sont  indépendantes  des  sémiti(iues.  l'uis  il  raisonne 
ainsi  :  (c  S'il  est  établi  que  sur  le  territoire  de  la  palrio  protoaryenne  de 
vastes  étendues  ont  été  englouties  par  les  Ilots  déjà  à  l'âge  de  pierre, 
nous  n'avons  aucune  raison  d'ordre  clironologiiiue  pour  ne  pas  rapporter 
à  cet  événement  naturel  les  légendes  du  déluge  des  peuples  aryens.   » 

M.  Penka  va  donc  rechercher  dans  les  territoires  qu'il  a  déjà  désignés 
pour  être  ceux  de  la  patrie  protoaryenne,  s'il  s'est  produit  ou  simplement, 
s'il  a  pu  se  produire  des  invasions  de  la  mer  ou  des  inondations...  Et  si 
(le  tels  phénomènes  ont  eu  ou  ont  pu  avoir  lieu,  il  nous  donnera  l'exis- 
tence de  légendes  du  déluge  d'origine  quelconque  chez  les  peuples  aryens, 
comme  une  preuve  sérieuse,  solide,  de  la  localisation  qu'il  a  faite  de  la 
patrie  protoaryenne.  On  sent  bien,  sans  que  je  le  dise,  combi^^n  une 
semblable  manière  de  raisonner  est  faible,  combien  môme  elle  est  insuffi- 
sante. 

J'ai  donné,  dit  M.  Penka,  le  sud  de  la  Scandinavie  ou  le  haut  Danemark 
comme  VVrlieimat  aryen,  le  territoire  dans  lequel  les  ancêtres  des  peuples 
aryens  formaient  une  unité  sans  mélange,  par  la  langue,  par  la  culture, 
par  le  type  physique,  <!t  d'où  la  langue  et  la  culture  aryennes  se  sont 
répandues  sur  l'Europe  continentale  et  la  Scandinavie.  Cette  vue  repose 
sur  des  données  de  l'anthropologie  physique,  de  l'archéologie  préhisto- 
rique, de  la  géologie,  de  la  géographie  dos  plantes  et  des  animaux,  do  la 
linguistique,  de  l'histoire.  Et  celles  d'ordre  géologi(iue  et  géographique 
sont  d'une  importance  particulière.  » 

Après  cette  déclaration  impressionnante  .M.  Penka  discute  les  données 
d'ordre  géographique.  11  a  besoin  de  les  dégager  des  critiques  sous  les- 
quelles leur  valeur  s'éclipsait. 

111.  -  Les  protoaryens  ont  connu  la  mer.  Cela  résulte  d'une  commn.uité 
de  mots  qui  embrasse  à  la  fois  le  latin,  le  gaulois,  le  vieil  irlandais,  le 
gothique,  le  vieux  slave,  lo  lithuanien.  Ce  mot  ne  se  relouve  pas  dans  le 
vieux  perse  et  le  sanscrit.  M.  Penka  passe  surcctte  dillicullé  et  en  arguant 
que  tout  argument  ex  silentio  est  caduc.  Et  il  raisonne  ainsi  :  Les  ancêtres 
des  Germains  au  moins,  comme  l'admettent  les  archéologues  (Montelius), 
ont  gagné  la  piesqu'île  Scandinave  au  temps  néolithi(|uc,  en  un  temps 
où  leur  langue  était  proche  de  la  langue  mère.  Là,  leur  langue  influencée 
et  enrichie  par  les  langues  des  autres  Aryens  continentaux,  s'est  déve- 
loppée en  langue  germanique  particulière  fortement  dilTérenciée.  Là,  ils 


282  -21  jiiN  11)00 

sont  restés  isolés  dos  autres.  Cependant  le  germanique  lui-même  a  un 
nom  de  la  mer  commun  avec  le  lalin,  le  gaulois,  le  vieux  slave.  Il  faut 
donc  que  ce  mol  ait  a[>p;utenu  à  la  langue  mère.  Le  peuple  proloaryen  a 
donc  aussi  connu  l'idée  et  la  chose  (]u'il  exprime. 

Ine  fois  isolés  dans  leur  patrie  reculée,  les  (iermains  n'ont  pu  établir 
aucune  communauté  nouvelle  entre  leur  vocabulaire  et  celui  des  autres 
langues,  (le  raisonenient  n'est  pas  tout  ii  fait  inallaijualjie,  car  on  sait 
bien  qu'un  môme  mot,  nous  l'avons  vu  pour  le  nom  du  fer,  peut  se  ré- 
pandre avec  une  même  chose  chez  des  peuples  diiïérenls  et  éloignés.  Un 
auteur  dont  l'opinion  est  de  poids,  Kretschmer  a  môme  soutenu  que  la 
communauté  du  nom  de  la  mer  était  due  à  une  série  d'emprunts  faits  aux 
Gaulois.  Je  ne  le  crois  pas. 

Les  protoaryens  ont  ciïeclivement  connu  une  mer.  Mais  quel  mer? 
La  mer  Noire?  M.  Penka  pense  que  ce  ne  peut  être  ni  la  mer  Noire, 
ni  la  mer  Caspienne,  que  ce  ne  peut  être  que  la  mer  Baltique  et  la  mer 
du  Nord.  Ici,  il  omet  une  circonstance  des  plus  graves,  sur  laquelle  il 
eût  dû  s'expliquer.  Les  protoaryens  n'ont  pas  connu  les  marées.  Les  Grecs 
anciens,  sans  parler  des  Romains,  n'en  avaient  aucune  idée  jusqu'au 
iv°  siècle  avant  notre  ère  et  aucun  mot  [pour  les  exprimer. 

M.  Penka  conteste-t-il  ce  fait?  S'il  ne  le  conteste  pas,  il  ne  peut  pas  légi- 
timement faire  venir  les  proaryens  de  la  mer  du  Nord.  Mais,  dit-il,  ceux- 
ci  ont  connu  deux  poissons  qui  n'existent  pas  dans  les  fleuves  se  déversant 
dans  la  mer  Noire.  Ces  deux  poissons  sont  le  saumon  et  l'anguille.  Sur  ce 
fait  encore,  malheureusement  pour  lui,  il  trouve  des  contradicteurs 
obstinés. 

Lui-même  d'abord  ne  peut  pas  citer,  en  dépit  du  raisonnement  qu'il 
tenait  l'instant  d'avant,  un  nom  germanique  de  l'anguille  qui  soit  commun 
aux  autres  aryens.  D'où  il  devrait  conclure  d'après  le  raisonnement  que 
je  rappelle,  que  le  nom  germanique  n'est  pas  d'origine  protoaryenne.  Il 
devrait  conclure  que  les  Germains  étaient  dans  leur  patrie,  à  l'époque 
néolithique,  étaient  séparés  des  autres  Aryens  alors  que  l'anguille  n'était 
encore  connue  ni  des  uns,  ni  des  autres.  Il  devrait  conclure  en  un  mot 
juste  le  contraire  de  ce  qu'il  fait,  à  savoir  :  que  la  connaissance  aryenne 
de  l'anguille  n'a  pas  été  acquise  sur  les  rivages  de  la  mer  du  Nord,  et 
qu'elle  n'est  d'ailleurs  pas  primitive.  M.  Penka  raille  ceux  qui,  comme 
Schraâer,  ont  donné  le  nom  de  l'anguille  commun  au  grec,  au  latin,  au 
lithuanien,  au  slave,  comme  un  diminutif  de  celui  du  serpent  :  «  Anguille, 
petit  serpent  ».  Les  anguilles  sont  plus  longues  que  les  serpents  d'Europe, 
dit-il. 

La  chose  est  vraie  quoique  non  constante.  Aussi  la  question  ne  se  pose- 
t-elle  pas  comme  on  l'a  posée.  Ce  qu'il  faut  se  demander  c'est  ceci  d'abord  : 
quel  est  celui  de  ces  deux  animaux  qui  fut  le  plus  familièrement,  le  plus 
généralement,  le  plus  anciennement  connu?  Or  c'est,  sans  contestation 
possible,  le  serpent. 

Les  langues  aryennes  sont  riches  en  noms  de  serpents  et  en  noms  qui 
leur  sont  communs.  Or  tel  n'est  pas  le  cas  pour  l'anguille.  Le  nom  ger- 


/.Ait<ino\v>hi.   —  iv\Tiiii:>  l'Uurn.iKitMAM'jrK  k.t  imiotoaiiyesnf  283 

1,1,1111, [lie  (le  ranguilli',  '//,  est  d'origine  inconnue  et  ne  se  retrouve  pas 

ilans  les  autres  langues.  Leudui  germanique  du  «  serpent  >-,  v.  nordique 

..  simuie  »,  est  ."videmiu.'nt  i<l(Mitique  (juant  à  son  origine,  au  latin  miuuis, 

litiuianirn  ai>;iis,  sanscrit  âhi,  grec  ly.i,  irlandais  esain<j,  slave  onzi.   Kl 

les  relations  de  ces  noms  avec  ceux  <le  l'anguille  «ont  plus  (nrévi<lenles. 

Le  germani(]iie   lui  ui.^me  .s7rt»//'',  v.  h.    allem.  shutnu  (allem  ,  srhhmfie) 

correspond  à  un  procellique  slmifiio.  Or  celui-ci  a  le  sens  d'anguille. 

De  m(\ine,   le  grec  £/•.;  «  vipire  a,  est  bien  le  générateur  d(î  ^'f/tr-»^, 

anguille  .>.  Comme  le  latin  muiuis,  «  serpent  n,  est  le  générateur  iVan- 

Huiiln,  anguille;   le  lithuanien   nufiis,   serpent,   le  générateur  d'un<ii,ni.'<, 

V.  prussc  auf/uyiiis,  anguille. 

D'un  passage  d'Homère  (jue  cite  Otto  Sclirader,  il  résulterait  que  les 
anciens  (irecs  distinguaient  absolument  l'anguille  des  poissons.  Ce  n'était 
pas  un  poisson  pour  eux. 

Nous-mêmes  ne  connaissons  pas  encore  bien  ses  mœurs.  (Ju'elle  ait  été 
longtemps  confondue  plus  ou  moins  avec  le  serpent,  il  n'y  a  en  cela  rien 
qui  ne  soit  parfaitement  naturel.  Nous  ne  devons,  au  surplus,  pas  perdre 
<le  vue  que  les  Proloaryens  ne  recouraient  pas,  en  général,  à  la  pèche 
pour  leur  alimentation,  qu'ils  ne  devaient  pas  bien  connaître  les  diiïérentes 
sortes  de  poisson.  Le  saumon,  l'anguille,  rien  qu'en  raison  de  celte  cir- 
constance, leur  étaient  mal  connus,  sinon  inconnus. 

L'argumentation  de  M.  PenUa  se  retourne  donc  finalement  contre  lui. 
Des  noms  employés  pour  l'anguille,  il  résulte,  en  elTet,  que  les  Protoa- 
ryens ne  l'ont  d'abord  pas  connue.  Ils  ne  lui  ont  même  pas  donné  de  nom 
propre,  particulier,  sauf  les  Germains.  Et  cette  circonstance  désigne  le 
bassin  du  Danube,  où  elle  ne  s(;  trouve  pas,  comme  leur  patrie  originaire. 
L'argumentation  de  M.  Penka  en  ce  qui  concerne  le  nom  du  saumon 
n'est  pas  moins  désastreuse  pour  lui.  Il  nous  dit  que  le  saumon  a  le  même 
nom  dans  l'anglo-saxon,  len.r,  dans  le  v.  h.  allem.  lahs,  dans  le  lithuanien 
lasziszn,  v.  prusse  lasasso,  dans  le  lette  lasis,  dans  le  polonais  Insos.  Il 
s'abstient  de  nous  dire  que  cette  communauté  de  noms  ne  s'étend  à  aucune 
autre  bingne  avijenne,  ni  au  latin,  ni  au  grec,  pas  même  au  gaulois.  Car  il 
lui  est,  en  effet,  impossible  d'expliquer  cette  circonstance,  d'où  il  résulte 
et  cela  plus  clairement  que  pour  l'anguille,  que  les  Protoaryens  n'ont  pas 
connu  le  saumon  dans  leur  patrie  originaire.  Or  cette  circonstance  si 
embarrassante  pour  lui  est  au  contraire  pour  nous  une  démonstration 
décisive.  Le  saumon  ne  se  trouve,  en  elîet,  ni  dans  le  Danube,  ni  dans 
aucun  des  fleuves  qui  débouchent  sur  la  mer  Noire.  Il  se  trouve,  au  con- 
traire, dans  ceux  ijui  se  déversent  dans  la  lîallirpie.  ,\insi  on  ne  le  voit 
pas  dans  le  Dnicpre  et  on  le  voit  dans  la  Vislule,  l'Oder,  IKlbe,  le  Itbin. 
Ce  n'est  que  lorsijuc  les  (iaulois  ont  été  établis  sur  le  Rhin,  (ju'ils  l'ont 
connu  et  nommé.  Piine  désigne  le  saumon  du  Itbin  sous  le  nom  (Yesox, 
que  nous  retrouvons  dans  le  proceltique  e^nks,  le  kymrœg  eog,  comique 
choc,  breton  eok,  irlandais  eo.  Les  Germains  de  môme  n'ont  connu  le  sau- 
mon qu'une  fois  sur  l'LIbe  et  la  Baltique.  VA  ils  l'ont  nommé  de  leur  côté. 
(  )r  c'est  d'eux,  de  leur  langue,  non  de  la  langue  protoaryenne  que  les  rive- 


284  i^l   JiiN   l'.>Ot) 

rains  dos  autres  lleuvcs  voisins  de  la  Halliquc,  liorusses,  Litliuaniens, 
tiennent  leur  nom  du  saumon.  Nous  on  sommes  d'autant  plus  certains 
(juo  ceux-ci  ont  emprunté  aux  (îermains  ((îoths)  bien  d'autres  choses  et 
bien  d'autres  noms,  en  particulier  des  noms  de  poissons  de  la  liallique, 
ce  qui  est  bien  naturel. 

M.  Penka  nous  dit  que  l'emprunt  du  nom  du  .saumon  aux  Germains 
n'est  pas  récent  en  raison  de  ce  ((ue  son  nom  originaire  se  terminant  par 
la  palatale  germanique  hh,  est  transformée  en  dentale  sibilante  .v  (progerm. 
Lakh,  letle  lasis)  il  y  a  longtemps.  Soit.  Mais  j'ai  surabondamment  dé- 
montré que  slaves  et  lithuaniens  n'étaient  pas  sur  la  li.illique  ou  a  pro- 
ximité depuis  peu  de  temps  seulement. 

IV,  —  M.  Penka  revient  enfin  sur  celle  fameuse  question  du  bétre. 

«  A  la  végétation  protoaryenne,  dil-il,  appartenait  deux  arl)res  qui 
n'existent  pas  dans  l'Europe  orientale  et  les  parties  voisines  de  l'Asie, 
à  cause  de  leur  climat  continental  :  le  «  hêtre  «  Nangl.  hok,  v.  h.  ail.  biiohha, 
latin  fàgus,  grec  otjvo;,  ce  dernier  signifiant  «  fruit  à  manger],  et  1'  «  if  » 
(lat.  taxus,  grec  toçov,  «  arc  »,  le  bois  de  1'!/"  étant  préféré  pour  faire  les 
arcs,  angl.  ir,  ijr).  La  limite  orientale  du  hêtre  en  Europe  s'étend  de 
Kônigsberg  vers  Lemberg  et  les  bouches  du  Danube.  De  même,  les  limites 
de  l'if,  »  Ces  limites  excluraient  de  la  patrie  protoaryenne,  en  effet,  les 
territoires  avoisinant  l'Asie.  Mais  h  part  cela,  le  hêtre  a  une  vaste  exten- 
sion. On  le  trouve  fort  bien  au  sud  de  la  Russie,  en  Crimée,  au  Caucase, 
au  sud  de  la  mer  Noire,  en  Asie-Mineure,  dans  les  montagnes  de  la  Grèce 
et  jusque  dans  celles  de  la  Sicile.  Par  contre,  il  n'existait  pas,  justement 
dans  la  patrie  protoaryenne  de  M.  Penka,  dans  le  nord  du  Danemark,  h. 
l'époque  protoaryenne,  llildebrand  lui  en  a  fait  l'observation  depuis  bien 
longtemps. 

Le  hêtre  qui  est  très  commun  en  Danemark  depuis  l'époque  romaine 
au  moins,  était  absolument  éliminé  par  le  pin,  puis  par  le  chêne,  à  l'époque 
de  la  pierre.  Car  on  ne  le  rencontre  pour  ainsi  dire  pas  dans  les  tour- 
bières :  ce  sont  de  nouvelles  conditions  climatériques  défavorables  au 
chêne  qui  lui  ont  donné  son  essor  actuel.  Que  répond  M.  Penka  à  cette 
constatation  brutale?  Que  le  hêtre  existait  en  Suisse  à  l'époque  néolithique, 
qu'en  Danemark  le  climat  est  devenu  alors  maritime,  que  le  même  chan- 
gement climatérique  qui  y  a  favorisé  le  développement  de  la  civilisation 
y  a  attiré  le  hêtre  et  que  celui-ci  a  dû  y  pénétrer  dès  le  commencement 
du  néolithique  d'après  des  trouvailles  des  tourbières. 

De  tels  raisonnements,  de  si  vagues  assertions  ne  suppléent  pas  des 
constatations  de  faits  absentes.  Ils  sont  plus  qu'insuffisants  pour  nous 
faire  admettre  que  les  noms  aryens  du  hêtre  proviennent  de  la  région 
du  Danemark.  Les  Germains  y  ont  apporté  son  nom  d'autre  part.  Ils  ont 
connu  et  nommé  le  hêtre  avant  leur  installation  sur  le  pourtour  occidental 
de  la  Baltique. 

Cet  arbre  n'a  d'ailleurs  joué  aucun  rôle  particulier  au  temps  de  la  com- 
plète unité  protoaryenne.  Le  nom  grec  ot^yo;,  qui  correspond  au  v.  h,  ail. 


/.AltoIlnWSKI.    —    l'ATItlKS  IMlnTOilKUM  \Nlnl  K  Kl    l'HiiTnAllVENXE  ÛH^'i 

hiinhhn,  n'a,  rn  elïel,  pas  dë>igné  le  liètre.  Il  s'est  «le  tout  temps  aijplicpié 
au  cliL^ne  à  glands  comestibles,  peut-être  au  chAtaignier.  El  comme  les 
(jreos  ont  puur  le  kèlre  un  nom  tout  à  fait  à  pari,  o;ja,  ipii  est  ancien,  on 
pourrait  sup[)0ser  qu'ils  n'ont  connu  cet  arbre  (pra|)rès  leur  séparation 
d'avec  les  (iermains  et  les  Latins.  On  pourrait  niAme  peut-iHre  soulenii- 
(jue,  de  même  tpnî  or,-,'o;,  le  germ.  bnulilm,  et  le  latin  /anus,  s'appliijuaienl 
d'abord  aussi  au  chêne  à  glands  comestibles.  Le  ra[)purt  de  ot.yo;  avec 
•iaYc'.v,  ic  manger  »,  indique  qu'on  ne  pourrait  en  ellet  désigner  sous  ce 
nom  qu'un  arbre  à  fruits  abondants  et  à  production  régulière  comme 
le  chêne  (pii  a  de  luul  leni[)s  joué  un  si  grand  rôle  dans  l'alimentation, 
et  non  le  bôtre  dont  les  /nlncs  ne  peuvent  êlre  une  ressource  sérieuse  que 
tous  les  quatre  ou  cinci  ans.  A  combien  de  peuples  s'étend  au  surplus  cette 
communauté  de  noms  supposée  proloaryennc?  M.  Fenka  ne  peut  citer 
(jue  les  (Iermains,  les  Latins,  les  llrecs.  .Nous  ne  connais.sons  pas  en  effet 
de  nom  gaulois  du  hêtre.  Les  Slaves  ont  un  nom,  bulc,  récemment  em- 
prunté à  l'Allemagne;  les  Lithuaniens  ont  un  nom  tout  à  fait  à  part  : 
skirp-slas,  qui  sendjle  s'être  appliqué  d'abord  à  l'orme,  v.  prusse  skerptus. 
Les  Finnois  n'ont  pas  de  nom  du  tout. 

On  a  peine  vraiment  à  comprendre,  dans  de  telles  conditions,  que 
M.  Penka  ait  songé  à  fonder  une  argumenlationen  faveur  de  sa  thèse,  sur 
les  noms  aryens  du  hêtre.  L'//' semble  avoir  été  l'objet  d'une  connaissance 
plus  précise,  peut-être  plus  générale  aussi.  Le  nom  latin  tiuus,  correspond 
au  grec  -o^ov,  «  arc  ».  Et  c'est  bien  l'arbre  qui  a,  en  eiîet,  donné  son  nom 
à  l'arc.  Car  le  vieux  nordique  ijr,  et  l'irlandais  ibhar,  signifient  en  même 
temps  ((  if  »  et  «  arc  ».  Le  nom  grec  de  l'if,  7aiXa;,  ar|jnXo?,  est  de  même  en 
rapport  avec  ^[jl'.Xti,  outil  pour  tailler  ou  sculpter,  le  bois  d'if  étant  excel- 
lent pour  sculpter  et  tourner. 

Nous  n'avons  pas  une  communauté  de  noms  particulière  entre  le  groupe 
germanique  et  le  groupe  greco-romain.  Le  nom  le  plus  commun  est  l'an- 
célre  de  notre  nom  français.  Peut  êlre  en  rapport  avec  le  bas-latin  ivus,  il 
se  retrouve  dans  le  kymrœg  yv,  comique /iiu<'«,  bret.  /rùt.dansle  v.  h.  ail. 
ina,  angl.  sax.  iw ;  dans  le  vieux  prusse  invis,  le  lilb.  jeaa  ;  dans  le  slave 
ira,  saule.  On  remanpiera  le  horusse  invis  «  if  »,  en  raison  surtout  de  cette 
circonstance  que  les  limites  de  l'if  à  l'P'sl  sont  les  mêmes  (pie  celles  du 
hêtre.  Elles  restent  en  deçà  delà  patrie  actuelle  des  Lithuaniens,  sinon  de 
celle  des  Horusses.  D'où  un  indi'^e  de  plus  de  la  présence  ancienne  des 
Lithuaniens  sur  le  Dniester  et  la  mer  Noire.  Comme  le  hêtre,  l'if  existe  le 
long  de  (a  mer  Noire,  jusqu'au  Caucase,  en  dehors  des  steppes.  Il  y  a 
aussi  en  russe  un  nom  slave  commun,  lisii.  Usé,  pour  l'if.  Et  ce  serait 
là,  si  nous  en  avions  besoin,  encore  un  indice  de  la  provenance  occiden- 
tale et  danubienne  des  Slaves.  Car  il  est  probablement  en  rapport  avec  le 
vieux  slave  tcsati,  «  tailler,  sculpter  »,  comme  tuiXot  avec  oixili). 

Mais  que  peut-on  trouver  dans  ces  faits  qui  désigne  particulièrement 
le  Danemark  comme  la  patrie  proloaryennc?  M.  Penka  ne  le  dit  pas  et 
pour  cause. 

On  a  trouvé  des  traces  assez  nombreuses  de  l'emploi  de  l'if,  dans  l'ou- 


286  21  jiMN  i90() 

lillagp,  Jès  l'Age  de  In  |tierre.  M.iis  où?  Kn  Suisse.  Les  donnéi's  archéolo- 
giques concordent  encore  remarijuahlenient  en  ceci  avec  les  données  lin- 
guisliques  et  les  renforcent.  Car  dans  les  plus  anciennes  palafiltes  suisses 
on  a  trouvé  justement  des  arcs,  des  couteaux,  des  peignes,  des  armatures 
de  scies,  de  silex  et  d'autres  outils,  en  bois  d'if. 

Mais  tout  cet  ensemble  de  documents  et  d'observations  que  M.  Penka 
invoque  encore  maintenant  on  faveur  de  sa  thèse,  exclut  justement  toute 
idée  d'un  territoire  étroitement  limité,  pour  la  patrie  proloaryenne,  toute 
idée  d'une  localisation  de  celle-ci  dans  le  centre  progermanique  en  parti- 
culier. 

V.  —  Cela  étant,  le  Danemark  n'étant  pas  par  avance  désigné,  il  n'y  a 
plus  de  raisons  de  rapporter  les  légendes  du  déluge  aryennes,  aux  événe- 
ments qui  ont  eu  lieu  sur  le  pourtour  occidental  de  la  Baltique,  .\dmettons 
cependant  le  contraire  un  instant.  Admettons  ainsi  qu'il  y  a,  depuis 
l'époque  de  la  pierre,  une  tradition  relative  à  des  déluges  parmi  tous  les 
peuples  aryens,  tradition  qui  leur  soit  particulière,  chose  que  n'a  nulle- 
ment prouvée  M.  Penka,  et  qu'il  ne  pourra  jamais  prouver,  d'ailleurs. 

Avons-nous  dans  l'histoire  passée  du  Danemark,  des  événements  géo- 
logiques assez  considérables  pour  qu'ils  aient  donné  naissance  nécessai- 
rement à  l'idée  d'un  déluge  universel? 

M.  Penka  s'est  souvenu  que  d'après  un  renseignement  conservé  par 
l'histoire,  une  des  premières  invasions  des  Cimbres  aurait  été  provo- 
quée par  une  inondation  du  sol  du  littoral  nord-oriental  de  r.\llemagne, 
par  une  grande  marée. 

Et  c'est  ce  renseignement  sans  doute  qui  lui  a  inspiré  cette  idée  un  peu 
inattendue,  de  rattachera  la  presqu'île  du  Jutland  la  légende  relative  à  un 
déluge  universel.  Il  n'y  a,  je  le  crains,  pas  autre  chose  comme  point  de 
départ  et  fondement  à  son  mémoire. 

Il  nous  cite  une  station  de  la  pierre  à  Husum,  au  milieu  d'une  forêt 
aujourd'hui  au-dessous  du  niveau  de  la  mer.  Il  s'agit  là  d'un  affaissement 
tout  local.  Depuis  l'époque  des  Kjukkenmuddings,  on  le  reconnait  à  la 
distance  de  ceux-ci  du  littoral  actuel,  il  y  a  eu  plutôt  un  relèvement  du 
sol  du  Danemark. 

Une  partie  du  pays  des  Cimbres,  nous  dit  M.  Penka,  a  été  recouverte  de 
la  mer  par  suite  d'un  affaissement,  de  350  à  3G0  av.  J.  Ch.  Il  s'agit  d'un 
affaissement  brusque  où  nombre  d'hommes  auraient  trou  vé  la  mort,  affaisse- 
ment qui  ne  rentre  pas  dans  le  cadre  des  phénomènes  ordinaires.  Or  écou- 
tons Strabon  (vu,  c.  ii,  1)  :  «  Comment  admettre  que  les  Cimbres  aient  été 
chassés  de  la  Chersonèse,  leur  primitive  demeure,  par  une  grande  marée 
de  l'Océan,  et  que  ce  soit  là.  la  cause  qui  a  fait  d'eux  un  peuple  de  bri- 
gands et  de  nomades,  quand  nous  les  voyons  aujourd'hui  encore  occuper 
les  mêmes  lieux  qu'ils  habitaient  naguère.  Il  est  constant  que  l'ambas- 
sade qu'ils  ont  envoyée  à  Auguste  pour  lui  offrir  en  présent  ce  qu'ils 

avaient  de  plus  cher  et  de  plus  précieux, venait  de  la  Chersonèse  et  y 

est  retournée Je  ne  crois  pas  non  plus  ce  que  nous  dit  tel  historien, 


ZABOllOWSKI.    —    l'ATniK>   l-IlitTliCFllMAMnir.  F.T    l'IlnTiiARYENNE  287 

(juc  It'S  (liinltics  menacent  cl  repoussent  de  leurs  aimes  le  Ilot  qui  monte, 
ni  ce  qu'avance  Epliore  au  sujet  des  Celles  ou  Gaulois,  (|ui,  pour  s'çxercer 
à  ne  rien  craindre,  regardent  tranquillement  la  mer  détruire  leurs 
hahilalions,  se  contentant  de  les  rebAlir  après,  et  que  les  inondations  ont 
toujours  fait  chez  eux.  plus  de  victimes  que  la  guerre.  Si  ces  historiens 
eussent  lélléchi  à  la  régularité  des  marées  et  à  celte  circonstance,  que  des 
peuples  habitant  les  bords  de  lOcéan  devaient  connaître  la  limite 
atteinte  par  le  Ilot,  ils  n'eussenl  pas  assurément  écrit  de  semblables 
absurdités.  » 

Je  pourrais  laisser  M.  Penka  en  face  de  ct^  texte.  .Mais  tenant  pour  cer- 
taine l'inondation  dont  parle  Slrabon,  M.  l'enka  ajoute  : 

«  De  pareilles  inondations  ont  pris  quelquefois  le  caractère  d'un  vrai 
déluge;  Tel  le  Ilot  de  1277  (jui  a  déterminé  la  formation  du  golfe  de  Dol- 
larl  à  l'emboucliure  de  l'Ems  et  englouti  43  paroisses  et  80.000  hommes  ; 
telle  la  «  grande  buvée  d'hommes  »  du  S  sept.  1362  où  disparurent 
30  paroisses  et  des  parties  du  sol  des  îles  de  Sylt  et  de  Fôhr.  Tel  encore 
le  déluge  de  1717  où  dO.328  hommes  et  DO. 000  pièces  de  bétail  furent 
noj'és.  Ces  chiffres  rappellent  ceux  des  Indes  orientales.  Le  Zuiderzée  qui 
a  aujourd'hui  3.139  kil.  carrés,  était  autrefois  un  lac  de  1.375  kil.  carrés 
appelé  Fleio  par  les  Romains.  Ses  rives  nord  ont  été  englouties  par  les 
ilols  au  commencement  du  xiii^  siècle,  lia  acquis  son  contour  actuel  en 
1287  où  80.000  honmies  doivent  avoir  péri.  Pas  moins  de  14.760  kil. 
carrés  du  territoire  de  la  Hollande,  sont  au-dessous  du  niveau  de  la  mer 
dont  les  irruptions  sont  arrêtées  par  des  œuvres  d'art.  Ainsi  trouve  son 
explication  la  formation  des  légendes  du  déluge  chez  les  peuples  aryens; 
ainsi  ;i  leur  tour,  celles-ci  sont  une  nouvelle  preuve  de  la  justesse  de  l'hy- 
pothèse de  l'urigiue  sud-scandinave  des  aryens.  )> 

M.  Penka  mêle  et  confond,  pour  aboutir  à  cette  conclusion,  des  choses 
différentes  qui  n'ont  pas  de  rapports  avec  elle,  du  moins  des  rapports 
nécessaires. 

La  Hollande  est  un  don  des  grands  tleuves  qui  viennent  encore  se 
répandre  chez  elle  en  canaux  innombrables,  et  un  don  récent.  La  mer  aban- 
donne ou  reprend  les  molles  et  mouvantes  alluvions  de  son  sol,  suivant 
que  les  dunes  qu'elle  forme  elle-même,  sont  plus  ou  moins  consistantes. 
ici  les  terres  se  consolident;  là  elles  se  délitent  et  s'affaissent.  Il  n'y  a  pas 
de  mouvement  général,  soit  de  relèvement  soit  d'abaissement. 

Et  loin  que  la  Hollande  ait  été  autrefois  plus  étendue  et  plus  sure,  elle 
n'a  jamais  été  aussi  habitable  qu'aujourd'hui.  Il  n'y  a  pas  eu  dans  son 
passé  brusque  changement  d'état  par  catastrophe  violente  d'invasion  des 
eaux.  Et  au  contraire,  c'est  peu  à  peu,  par  le  travail  patient  de  l'homme, 
préparé  par  les  apports  incessants  des  fleuves,  qu'elle  a  été  retirée  pour 
ainsi  dire  de  dessous  les  nappes  liquides  qu'entretenaient  les  rivières  et 
les  pluies  sur  une  grande  étendue.  Les  invasions  de  la  mer  y  furent,  y 
sont  encore  un  événement  de  tous  les  jours,  une  menace  permanente. 
Elles  n'ont  jamais  eu  rien  d'inattendu.  Elles  n'ont  donc  jamais  eu  un 
caractère  cataclystique.  Et  ce  n'est  que  dans  les  temps  modernes  qu'elle  a 


288  1*1   Ji  IN  iy06 

pu  causer  les  désastres  que  rappelle  M.  Penka,  puisque  les  territoires  de 
formation  récente  où  elles  se  produisent,  n'étaient  pas  habitables  autrefois, 
ne  furent  jamais  habitables  avec  sécurité  et  ne  le  seraient  pas  encore 
sans  l'œuvre  accomplie  longuement  par  un  peuple  bien  organisé. 

Personne  n'a  prouvé,  M.  Penka  ne  prouve  pas  que  sur  ces  territoires, 
sujets  à  des  inondations  maritimes,  des  cités  préhistoriques  ont  été  englou- 
ties. Ils  n'étaient  pas  habités  en  des  temps  reculés.  Ils  ne  l'étaient  pas 
surtout  à  l'époque  néolithique.  Et  M.  Penka  lui-môme  ne  nous  parle  pas 
d'eux  comme  patrie  des  .\ryens.  Il  a  placé  celle-ci,  dans  le  sud  de  la 
Scandinavie  et  en  Danemark.  O  n'est  pas  la  même  chose  apparemment. 
Ce  que  iM.  Penka  nous  donne  comme  des  preuves,  sont  des  faits- à  côté^ 
en  dehors  de  la  question  à  résoudre.  Et  dans  toute  son  argumentation 
nous  ne  trouvons  rien  de  solide.  Elle  ne  renferme  que  des  à  peu  près  et 
des  apparences. 

En  se  contentant  d'à  peu  près  pareils,  d'apparences  légèrement  prises 
au  sérieux,  on  perpétue  stérilement  les  discussions  et  les  divergences. 
Entre  savants  de  bonne  foi,  les  contradictions  n'ont  en  effet  leur  source 
que  dans  des  observations  incomplètes,  ou  mal  faites,  ou  illusoires,  dans 
des  lacunes  de  la  connaissance.  Une  révision  rigoureuse  de  tous  les 
arguments  de  faits  invoqués  peut  suffir  à  les  faire  disparaître.  Or  nous 
devons  les  faire  disparaître. 

Si,  après  la  critique  que  je  viens  d'en  faire,  il  ne  reste  rien  dans  la 
science  des  arguments  de  M.  Penka,  ce  sera  un  bien,  je  suis  obligé  de  le 
déclarer. 


Discussion. 


M,  Atgier.  —  Je  suis  étonné  de  voir  invoquer  des  documents  linguis- 
tiques aussi  incertains  que  des  étymologies  de  noms  d'animaux  quelcon- 
ques, pour  juger  du  foyer  d'origine  d'une  race,  quand  on  sait  combien  révo- 
lution de  la  linguistique  est  peu  en  rapport  avec  celle  de  l'ethnologie, 
quand  on  sait  que  certaines  races,  que  certains  peuples  ne  parlent  plus 
leur  langue  d'origine,  mais  celle  de  leurs  conquérants  ou  celle  du  milieu 
ethnique  dans  lequel  ils  se  sont  confondus. 

L'hypothèse  que  la  race  blonde  est  originaire  de  la  Scandinavie,  parce 
que  c'est  là  que  le  type  s'y  est  conservé  le  plus  pur,  ne  tient  pas  debout. 

Si  la  race  blonde  s'est  conservée  plus  pure  dans  celte  région,  c'est  parce 
que  cette  région  est  une  limite  de  migration,  d'une  part,  et  d'autre  part, 
parce  qu'elle  n'est  pas  sur  le  passage  des  invasions  comme  le  fut  l'Europe 
Centrale  de  l'est  ;i  l'ouest,  comme  le  fut  jadis  la  France  du  Rhin  aux 
Pyrénées. 

La  race  blonde,  lorsqu'elle  eut  pénétré  à  l'époque  néolithique 
en  Scandinavie,  n'ayant  plus  été  envahie  et  pénétrée  par  d'autres 
migrations  humaines^  il  n'est  pas  étonnant  qu'elle  s'y  soit  conservée  plus 


OUVRAlîES    OFFERTE  289 

pure.  Cette  pureté  n'est  donc  pas  un  argument  h  invoquer  pour  prétendre 
que  la  race  blonde  est  orii;inaire  de  Norvège  ou  du  nord  d'Allemagne 
lorsque  tant  de  laits  militent  en  faveur  d'un  berceau  asiati(|ue,  bien  (lue 
ce  berceau  soit  envalii  aujouid'luii  par  les  Mongols  de  la  Tarlarie. 


81)9^  SÉANCK.  —  ,ï  Jiiillol  lOOli. 
Présidence  de  M.  Zaborûwski. 


Élections.  —  Sont  ikiiiiiik's  membres  titulaires  : 
M.  AvELOT.  pioseiilc  pMi'  MM.  llainy,  llci'vt'  d  W'rneaii. 

M.  .ScHWEKTZ.  ik'  Ziiiirli,  [ircsenté  |i.ii'  MM.  Zaborowski.  MaiioiiviiiT  cl 
l'apiliault. 

OUVRAGES   OFFERTS 

liO  D""  F.  llKiiN.xuLT  oITre  à  la  Société  :  L'évo/ulion  de  lu  prostitution.  Flam- 
marion, éditeur,  prix  :  3  fr.  50. 

(!e  livre  envisage  la  f)rostilulion  à  tous  ses  points  de  vue  si  diiïérents, 
etbnograpbi(pie,  bislorique,  médical^,  liygiènique  et  social. 

La  prostitution  est-elle  un  retour  de  l'atavisme  dans  nos  sociétés 
actuelles?  La  promiscuité  a-t-on  dit,  était  la  règle  chez  le  primitif.  Asser- 
tion dénuée  de  preuves  et  que  vient  même  contredire  la  vie  actuelle  des 
sauvages:  ceux-ci  ont  des  lois  matrimoniales  très  rigoureuses  bien  que 
différant  profondément  des  nôtres. 

Si  actuellement  la  prostitution  fleurit  chez  la  plupart  des  peuples  sau- 
vages, c'est  qu'elle  leur  a  été  apportée,  et  même  trop  souvent  imposée  par 
les  européens;  en  effet  les  peuplades  qui  ne  sont  pas  fréquentées  par 
eux,  ignorent  ce  fléau. 

Un  mot  sur  la  proslilulion  religieuse  :  les  prêtres  furent  les  premiers 
ijui  imaginèrent  de  tirer  profit  de  la  fornication.  Tant  il  est  vrai  que  le 
sentiment  religieux  n'impli([U3  pas  forcément  et  toujours  l'idée  morale. 
Quand  Solon  ouvrit  à  Athènes  les  premières  maiso;is  publiques  ou  dicte- 
rions, il  ne  fit  que  substituer  dans  l'exploitation  de  ces  dernières  l'Etat 
au  clergé. 

Ce  qui  intéresse  le  plus  dans  l'histoire  de  la  prostitution  est  le  dernier 
stade  de  son  évolution,  l'actuel.  A  l'inverse  de  ceux  qui,  s'occupant  d'évo- 
lution, restent  confinés  dans  le  passé,  j'ai  jugé  qu'il  importe  surtout 
d'étudier  les  transformations  qui  s'opèrent  de  nos  jours. 

Les  maisons  publi([ues  disparaissent;  on  a  beaucoup  épilogue  sur  ce 
soc.  d'anthuop.  ^'Mii  iO 


â90  5  jriM.RT  lyOfi 

fait  ;  il  est  (\\\  simplement  au  changement  des  mœurs.  Les  lois  empochent 
actuellement  les  tenanciers  de  se  livrer  a  la  traite  des  blanches,  ils  ne 
peuvent  prendre  que  des  lilles  majeures,  par  suite  non  aptes  à  la  servi- 
tude. 

Aussi  les  maisons  fermées  se  tiansformenl-elles  en  maisons  de  ren- 
dez-vous où  la  fille  plus  libre  n'est  pas  logée  et  où  elle  participe  aux 
receltes. 

Dans  les  villes  à  quartier  réservé,  comme  Marseille,  existe  une  transfor- 
mation analogue  :  la  maison  fermée  devient  maison  ouverte,  c'est-à-dire 
n'est  qu'un  garni  en  quartier  réserve. 

L'état  sanitaire  des  maisons  fermées  et  des  maisons  de  rendez-vous 
s'est  beaucoup  amélioré  :  la  syphilis  y  devient  rare,  tout  simplement 
parce  que  ces  étahlissomonts  sunl  IfMiiis  de  ne  prendre  (jtie  des  filles  ma- 
jeures. Or  les  prostituées  attrapent  presque  toutes  la  syphilis  au  déhul  de 
leur  carrière,  et  elles  débutent  mineures.  Aussi  sont-elles  en  général 
vaccinées  quand  elles  entrent  majeures  en  maison. 

Passons  à  la  réglementation  policière,  tous  la  critiquent.  Certains  veu- 
lent la  supprimer,  mais  la  plupart  ne  demandent  qu'à  l'améliorer.  Dans 
quel  sens  doit-on  porter  ces  modifications?  La  réglementation  sanitaire, 
telle  qu'elle  est  comprise  au  Danemark  et  en  Norvège,  mériterait  de  fixer 
davantage  l'attention  de  nos  législateurs.  Elle  fait  rentrer  les  prostituées 
sous  la  loi  commune,  les  mesures  sanitaires  sont  prises  vis-à-vis  des 
vénériens  comme  vis-à-vis  des  autres  maladies  contagieuses,  il  n'y  a 
plus  de  souveraineté  policière.  C'est  le  médecin  ou  la  commission  sani- 
taire qui  est  chargée  de  faire  respecter  la  loi,  et  la  police  est  à  ses  ordres. 
Partant  plus  de  mise  en  cartes,  plus  d'inscriptions  arbitraires,  plus  d'ho- 
pital-prison. 

Comme  tout  vénérien  des  deux  sexes,  la  prostituée  est  obligée  de  se 
soignera  domicile  ou  à  l'hùpital. 

Elle  y  est  internée  d'office  si  elle  constitue  un  danger  social  et  ne  peut 
en  sortir  qu'avec  l'autorisation  du  médecin. 

D'autre  part  il  imports  d'améliorer  notre  système  d'assistance:  nos  con- 
sultations et  notre  service  d'hospitalisation  réclament  des  réformes  urgen- 
tes. Inutile  de  les  rappeler  ici. 

La  meilleure  prophylaxie  dérivera  de  la  science  elle-même.  Peut-être 
le  temps  n'est  pas  loin  où  on  pourra  se  préserver  de  la  syphilis. 

Certains  sociologues  admettent  que  le  jour  où  les  maladies  vénériennes 
disparaîtraient  totalement,  nos  conceptions  morales  changeraient,  et  la 
débauche  serait  considérée  comme  légitime.  On  ne  saurait  trop  s'élever 
contre  celte  théorie.  Sans  doute  la  morale  n'est  pas  une  entité  absolue; 
sont  réputés  moraux  les  actes  favorables,  et  immoraux  les  actes  défavo- 
rables à  la  société. 

Mais  si  les  maladies  vénériennes  étaient  supprimées,  la  débauche  reste- 
rait encore  nuisible. 

Elle  le  serait  de  par  les  contagions  morales  qui  subsisteraient  toujours. 
Car  elle  exerce  sur  ceux  qui  s'y  adonnent  une  in  fluence  démoralisatrice, 


OUVRAGES   OFFERT><  ^'M 

foussantàla  paresse,  aux  dépenses  exagérées,  favorisant  ralcoolisine, 
faisant  éclore  les  aberrations  sexuelles. 

En  dehors  des  maladies  vénériennes,  elle  sullit  i\  altérer  la  santi'  : 
riioinme  (jui  s'adonne  aux  plaisirs  vénériens  ne  sait  pas  garder  une 
juste  mesure,  il  abuse  comme  abuse  tout  être  qui  cède  ;\  une  passion.  (Jr 
rien  de  plus  déprimant  que  les  luttes  d'amour  qui  l'ii  outre  s'accompa- 
gnent trop  souvent  de  veilles  répétées  et  d'excès  de  table  et  de  boisson. 

La  débauche  ne  tue  pas  seulement  ses  adeptes,  elle  frappe  les  géné- 
rations à  venir:  les  anc-iens  le  savaifiit  qui  nqiri'st'ntaicnl  la  N'imus  liber- 
tine écrasant  ilu  pieil  un  fœtus. 

Admettons  |iar  hypothèse  ((ue  la  ih'hauche  n'ait  aucun  df  ces  inconvé- 
nients. Elle  garderait  toujours  un  défaut  capital  d  irrémédiable,  inhé- 
rent à  sa  nature;  elle  avilit  notre  idéal:  elle  est  la  négation  d'un  des 
sentiments  les  plus  élevés  que  puisse  éprouver  l'être  humain,  l'amour, 
elle  le  réduit  à  un  besoin  sensuel,  rendant  rhominc  bestial  et  avilissant 
la  femme. 

Kt  pourtant  l'humanité  est  encore  loin  de  voir  disparaitn'  h'  hideux 
Iléau.  Si  nous  pouvons  concevoir  la  société  de  l'avenir  (pii  ne  soulTrira  plus 
des  maladies  vénériennes,  il  nous  est  impossible  d'imaginer  celle  si  loin 
de  nous  qui  ignorera  la  prostitution. 

M.  Uegn.xli.t  présente  en  outre  à  la  société  des  photographies  de  terres 
luites  grecques  et  expose  ses  idées  sur  le  déboisement  au  point  de  vue 
social. 

M.  V.vN  Genepp.  —  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  un  ouvrage 
que  je  viens  de  publier  chez  l'éditeur  E.  Guilmoto,  iniilulé  M ytkes  et  Légen- 
des d'Australie,  études  d'ethnographie  et  de  sociologie.  Ce  livre  est  formé  de 
deux  parties  :  d'abord  une  Introduction  de  cent  pages  environ  ;  puis  un 
Recueil  de  récits  traditionnels.  Chaque  récit  est  accompagné,  soit  de  ren- 
vois à  l'introduction,  soit  de  notes  explicatives  ou  critiques.  Parmi  ces 
notes,  je  vous  signalerai  celles  de  la  Légende  n"  I;  elle  précise  à  quels 
phénomènes  d'ordre  géologique  et  géographique  fait  peut-être  allusion 
cette  légende  qui  est  de  type  évolutionnisle,  ainsi  que  les  suivantes. 
Dans  une  note  de  la  légende  n"  XXVII,  je  crois  démontrer  que  nuralie,  et 
dans  une  note  de  la  légende  n"  LXVI,  que  baijamie  ne  sont  pas  des  noms 
propres,  comme  on  l'a  cru  jusqu'ici,  mais  des  noms  collectifs  et  désignent 
une  catégorie  d'Êtres  analogues  aux  Mnramura  des  Dieri  et  aux  Ancêtres 
de  VAlcheringa  des  Arunta.  (Juant  aux  textes  mêmes  je  les  ai  choisis  de 
telle  manière  qu'ils  servent  en  quelque  sorte  d'illustration  vivante  à 
l'introduction  théorique. 

Celle-ci  est  formée  de  dix  chapitres  où  j'étudie  successivement  :  d'abord 
les  rapports  entre  le  type  somatique  et  le  type  culturel  des  Australiens. 
Vous  savez  quelles  controverses  ont  suscitées  les  théories  de  l'école  anthro- 
posociologi(pie,  dont  les  protagonistes  ont  à  diverses  reprises  soutenu 
qVil  existe  un  véritable  lien  de  causalité  entre  la  race  et  la  civilisation. 


-2'.t-2  5  ji  ii.i.KT  1900 

Vn  cxcmpli'  i'(''C('nl,  d  îles  plus  iiilt'rcss.iiils,  do  rapplicaliun  de  celle 
théorie  a  été  donné  par  M.  Wollmann  dans  son  étude  sur  le  rôle  des 
(lermains  dans  la  Henaissanco  Italienne.  De  même,  mais  sans  être  un 
anlliroposociologue  à  outrance,  M.  Itidgeway,  d'Oxford,  a  pensé  pouvoir 
expliijuer  la  superposition,  dans  la  Grèce  ancienne,  de  deux  formes  de 
civilisation,  par  la  superposition  de  deux  races  distinctes.  J'ai  voulu  voir 
à  quel  résultat  conduirait  l'élude,  à  ce  point  de  vue,  d'une  agglomération 
sutTisamnient  homogène  de  trihus  demi-civilisées,  l'^n  gros,  on  jieut  dire 
(jue  les  dilïérentes  civilisations  auslraliennes  ne  correspondent  pas  à  des 
races  distinctes.  11  est  vrai  que  la  définition  de  ces  formes  culturelles  ne 
laisse,  malgré  les  puhlications  descriptives  récentes  de  Spencer  et  Gillen, 
de  llowitt,  de  Koth,  etc.,  et  malgré  les  éludes  com|taralives  préliminaires 
de  Grœbner  et  de  N.  W.  Thomas,  d'être  assez  dilTicile.  Je  crois  d'ailleurs 
que  la  méthode  slatistique  ne  saurait  en  ces  matières  conduire  à  des  résul- 
tats utiles  qu'après  une  application  rigoureuse  de  la  méthode  biologique. 

Dans  le  deuxième  chapitre,  je  montre  que  les  discussions  sur  les  sys- 
tèmes de  filiation  sont  caduques  pour  cette  raison  qu'on  n'a  pas  démontré 
encore  l'antériorité  de  l'un  de  ces  systèmes  par  rapport  à  l'autre;  dans 
une  Note  additionnelle,  je  recherche  si  on  a  le  droit  de  traiter  les  Arunta 
de  primitifs  ou  de  sociologiquemenl  anormaux. 

Le  quatrième  chapitre  est  d'ordre  sociologique  :  j'y  anal^'se  le  méca- 
nisme des  modifications  sociales  dans  les  sociétés  australiennes  et  l'impor- 
tance du  rùle  joué  par  l'individu. 

Dans  les  chapitres  1\'  et  V  j'étudie  les  idées  des  Australiens  sur  la  con- 
ception et  la  réincarnation,  et  je  prends  parti  pour  M.  Frazer  et  contre 
M.  Lang  à  propos  de  la  théorie  sur  ï origine  conceplionniste  du  totémisme. 

Enfin  les  (juatre  derniers  chapitres  traitent  :  des  deux  doctrines  reli- 
gieuses (exotérique  et  ésotérique)  et  du  rhombe  sacré;  de  l'idée  de  puis- 
sance magico-religieuse;  des  rapports  du  mythe  et  du  rite;  et  du  contenu 
des  légendes  :  un  certain  nombre  d'entre  elles  ont  une  valeur  historique. 

Enfin,  je  signale  aux  préhistoriens  les  notes  (p.  XVIl-XIX  de  l'Intro- 
duction) sur  l'industrie  de  la  pierre  en  Australie,  notes  en  partie  de  portée 
méthodologique  générale;  et  ma  discussion  des  théories  de  Klaatsch, 
Schœtensack,  Enolenius,  Grœbner  et  Ankermann  qui  admettent  un  lien 
de  parenté  entre  les  civilisations  australiennes  actuelles  et  celles  de  l'Europe 
et  de  l'Afrique  préhistoriques  et  protohistoriques. 


(}.  VARMT.  —  srn  LA  Pr.AfilOCKPHAr.IE  ET  LE  GRAXIOTABES  293 

SUR  LA  PLAGIOCÉPHALIE  ET  LE  CRANI0TABE3 
V\[\  M.  <i.   Variot. 

Noire  (''iniiienl  secrétaire  gt-iiéral,  M.  .M.inoiivrier,  ino  disait  réçeinnifiit 
(jne  le  iiiéoaiiisine  do  la  plagiocéphalif,  cetti'  déionnalion  crânienne  si 
fréquente  n'était  pas  encore  entièrement  élucidé;  que,  à  son  avis,  on 
avait  fait  jouer  un  r»Me  trop  important  à  la  pesanteur,  et  que  des  obser- 
vations nouvelles  sur  ce  sujet,  faites  dans  le  premier  Age  de  la  vie  étaient 
encore  nécessaires. 

Soit  à  l'hôpital  des  Enfants  malades,  soit  à  la  Goutte  de  lait  de  Relleville, 
je  surveille  l'élevage  d'un  très  grand  nombre  de  nouveau-nés,  que  j'ins- 
pecte régulièrement  chaque  semaine,  il  m'a  donc  été  aisé  de  saisir  dès 
l'origine,  cette  anomalie  plus  ou  moins  prononcée  dans  l'accroissement 
et  dans  le  développement  du  crâne. 

11  est  très  commun  de  constater  chez  les  bébés,  à  partir  de  trois  ou 
quatre  mois,  une  légère  asymétrie  crânienne  qui  passe  toujours  inaperçue 
si  on  ne  la  recherche  pas  en  examinant  le  crâne  de  haut  en  bas  :  on 
remarque  alors  une  proéminence  peu  accusée,  mais  bien  nette,  de  l'une 
des  bosses  frontales,  avec  une  dépression  correspondante  du  même  côté 
dans  la  région  pariéto-occipitale.  Les  cheveux  étant  clair-semés  et  peu 
épais,  à  cet  âge,  la  forme  générale  du  crâne  n'est  nullement  masquée  : 
ce  n'est  que  chez  les  chauves  ou  dans  la  vieill<.'sse  (jue  l'appréciation  de 
la  plagiocéphalie  redevient  aussi  facile. 

Le  plus  ordinairement  la  bosse  frontale  droite  est  plus  saillante  que  la 
gauche;  mais  la  disposition  inverse  n'est  pas  rare. 

A  ce  faible  degré,  l'asymétrie  crânienne  m'a  paru  exister  chez  un  tiers 
environ  des  enfants  (jne  j'ai  examinés  :  mais  ce  n'est  l.-Kju'une  impression 
générale,  car  je  n'ai  pas  tenu  un  compte  exactde  toutes  mes  observations. 

La  plagiocéphalie  vraie,  avec  déformation  très  apparente,  est  peu 
commune,  et  chez  une  douzaine  d'enfants  de  trois  à  neuf  mois,  je  l'ai  vue 
coexister  avec  cette  altération  singulière  de  la  paroi  crânienne  qui  a  reçu 
le  nom  de  craniolabes. 

Ce  trouble  d'ossi(icati(tii  si-  caractérise  par  un  amincissement  de  la  paroi 
crânienne,  à  la  partie  postérieure  du  pariétal  et  dans  la  région  de  la  su- 
ture pariéto-occipitale,  tel  qu'elle  se  déprime  sous  la  pression  des  doigts 
comme  une  lame  de  parchemin.  Il  n'est  donc  pas  surprenant  (juc  le  poids 
de  la  tête,  dans  le  décubitus  latéral  droit  ou  gauche,  suffise  à  aplatir  cette 
lame  osseuse  si  mince  dans  la  région  pariéto-occipitale,  et  que,  par  com- 
pensation,.la  région  frontale  proémine  sous  l'influence  de  la  pression 
continue  transmise  par  l'hémisphère  cérébral  correspondant. 

Mais  il  n'est  pas  douteux  que  dans  ces  cas,  si  la  pesanteur  exerce  son 
action  déformante,  au  point,  comme  on  l'a  dit,  que  le  crilne  paraisse  subir 
un  mouvement  de  rotation  autour  de  son  axe  vertical,  il  n'est  pas  douteux, 


294  5  jiiu.KT  1906 

(Jis-jc,  que  riiilliK'iici'  du  (li-ciihitiis  se  manifeste  à  cause  de  la  dystrophie 
anléc(''(lentc'  (jiii  a  tlimimn''  la  résistance  liabiluellc  du  tissu  osseux. 

(letlc  dyslropliio  reconnaît  d'ailleurs  des  causes  multiples  :  C'est  à  tort 
qu'un  observateur  aussi  éminent  que  l'arrot,  dominé  par  des  idées  sys- 
tématiques, ;\  i>u  annoncer  (jue  le  craniotabes  était  une  lésion  syphili- 
tique. 

On  la  renittnlrc,  il  est  vrai,  au  cours  de  la  syphilis  héréditaire,  ou 
ronime  un  accident  |»arasyphiliti(iue,  suivant  l'expression  de  M.  Fournier, 
mais  le  craniotabes  n'est  pas  une  lé'sion  spécili(|ue  de  la  syphilis,  puis- 
qu'on le  voit  bien  plus  souvent  sous  la  dépendance  du  rachitisme  seul,  ou 
chez  les  prématurés,  ou  encore  dans  d"autres  circonstances  moins  com- 
munes. 

La  syphilis  est  une  maladie  très  répandue  surtout  dans  les  grandes 
villes,  mais  le  rachitisme  causé  par  une  alimentation  défectueuse,  atteint 
un  bien  plus  grand  nombre  d'enfants  dans  la  classe  populaire. 

Or,  le  rachitisme  agit  spécialement  sur  tout  le  squelette  dont  il  trouble 
la  nutrition  et  l'accroissement  ;  plus  d'un  tiers  des  enfants  du  peuple,  à 
l'époque  du  sevrage,  offrent  des  vestiges  de  cette  dystrophie  soit  aux 
épiphyses,  soit  au  thorax.  Il  est  très  vraiseml^lable  que  l'asymétrie  crâ- 
nienne que  l'on  observe  si  communément  à  un  faible  degré,  est  due  à  la 
pesanteur  qui  manifeste  son  action  continue,  lorsque  la  résistance  du  tissu 
osseux  est  plus  ou  moins  abaissée  sous  l'inlluence  du  rachitisme. 

Au  contraire  lorsque  la  nutrition  est  normale  chez  le  jeune  enfant, 
lorsqu'il  ne  présente  pas  de  tare  héréditaire,  lorsqu'il  n'est  pas  né  préma- 
turément, la  croissance  et  le  développement  du  crâne  sont  réguliers,  le 
décubitus  ne  produit  pas  de  déformation  ni  même  d'asymétrie  apparente. 

Discussion 

M.  le  D'  Delisle.  —  Que  le  craniotabes  ait  une  action  dans  la  production 
de  la  plagiocéphalie,  cela  s'explique,  mais  tous  lesplagiocéphales  ne  sont 
pas  d'origine  craniolabélique.  Il  est  vrai  que  les  observations  que  vient  de 
rapporter  notre  Collègue  le  Docteur  Variot  sont  prises  dans  un  milieu  très 
favorable  au  développement  de  cet  état  pathologique. 

Mais  il  y  a  autre  chose  dont  il  faut  tenir  grand  compte  dans  le  dévelop- 
pement de  la  plagiocéphalie  et  depuis  longtemps  signalé  par  Guéniot, 
c'est  le  mode  de  couchage  des  enfants, 

il  arrive  souvent  que  les  enfants  sont  couchés  dans  un  berceau  placé 
toujours  dans  le  même  local,  au  même  endroit,  recevant  la  lumière  dans 
une  direction  invariable.  Que  se  produit-il  alors?  L'enfant  très  bien  por- 
tant, chez  lequel  il  n'y  a  d'influence  craniotabétique,  cherche  à  voir  le 
jour,  tourne  un  peu  la  tète  du  côté  lumineux  et  assez  rapidement,  étant 
donné  la  flexibilité  des  régions  pariétales  postérieures,  il  se  jiroduit  un 
léger  aplatissement  origine  de  la  plagiocéphalie,  et  comme  la  famille  n'y 
porte  aucune  ationtion,  les  sutures  se  complètent  et  la  malformation 
devient  définitive  et,  suivant  les  sujets,  plus  ou  moins  accentuée. 


DISCUSSION  295 

Cette  inattention  de  la  mt^re  est  souvent  accentuée  par  des  pratiques  qui 
invulontaii-einent  arrivent  à  provoquer  de  véritables  déformations  arti- 
licielles  qui  >iuiulenl  cet  aplatissement  du  crâne  qu'on  retrouve  au  Pérou 
.■l  dans  certaines  régions  de  la  Colombia  River  sans  arriver  urdinaiiemenl 
aux  cas  exagérés  obtenus  par  de  vérilaiiles  pratiques  déformantes. 

11  t'st  louti'fuis  possible,  en  agissant  à  temps,  de  modérer  le  développe- 
ment de  cette  plagiuccpbalie  passive  en  modifiant  les  conditions  du  cou- 
rbage  et  de  permettre  au  crâne  de  récupérer  un  pou  de  la  forme  qu'il 
tarait  eue  normalement. 

Une  autre  cause  dedéveloppomeiitd."  la  plagiocéplialie,  c'est  la  tendance 
à  la  production  de  synostoses  prématurées  ((ui,  par  cela  seul,  ont  pour 
conséquence  une  malformation.  11  se  produit  là  un  fait  pathologique  qui 
peut  être  en  rapport  avec  un  état  craniotabéti<iue  nun  reconnu,  lleste  îi 
savoir  si,  par  des  conseils  opportuns,  les  mères  des  enfants  sauront  et 
voudront  aider  le  pathologiste  qui  les  conseille. 

En  résumé,  le  craniotabes  peut  faciliter  la  production  de  la  plagiocé- 
phalie,  mais  dans  le  cas  où  on  ne  cherche  pas  à  atténuer  son  action  par 
un  couchage  logique  tantôt  sur  un  côté  du  corps,  tantôt  sur  l'autre;  il  y  a 
d'autres  causes  qui  aident  à  la  formation  de  la  tète  plagiocéphale. 

M.  Marcel  liAUDoiiN.  —  Le  cas  des  jumeaux  cité  par  M.  le  D""  Delisle  n(3 
prouve  pas  grand  chose.  En  effet,  ces  jumeaux  étant  de  même  sexe,  peuvent 
provenir  d'un  seul  œuf  et,  par  suite,  avoir  une  dystrophie  osseuse  congé- 
nitale du  crâne,  siégeant  de  côté  opposé  (c'est  un  fait  d'observation  (jue, 
chez  les  sujets  composant  les  monstres  doubles,  souvent  les  lésions  sont 
ainsi  symétriques). 

Cela  étant,  ces  deux  jumeaux  auraient  eu  de  la  plagiocéphalie  du  côté 
primitivement  atteint.  Ce  cas  est  donc  plutôt  en  faveur  de  la  théorie  sou- 
tenue par  M.  Variot  et  moi  en  nous  basant  sur  la  clinique  (existence  d'une 
pn''dispositiijn  osseuse),  qu'en  faveur  de  la  théorie  de  M.  Delisle,  qui 
admet  C()inme  suffisante,  une  action  mécanifjue.  Pour  nous,  l'action  méca- 
nique n'est  (lue  secondaire  et  accessoire;  la  cause  primordiale  est  une 
dystrophie  congénitale,  encore  indéterminée. 

M.  Vaiui.t.  —  Je  ne  suis  pas  surpris  que  d'autres  observateurs,  avant 
moi,  aient  cherché  à  établir  les  rapports  qui  existent  entre  le  craniotabes 
et  la  plagiocéphalie,  et  M.  Guéniut,  en  particulier,  avait  un  excellent 
terrain  d'étude  à  l'hospice  des  Enfants  assistés;  j'ai  simplement  voulu 
apporter  un  stock  d'observations  pour  servir  à  élucider  le  mécanisme  de 
cette  dt'-furuuition  crânienne  sur  lequel  on  discute  encore. 

Il  me  semble  difficile  d'accepter  roi)inion  un  [)eu  exclusive  de  M.  D.'lisle, 
qui  voit  dans  l'action  de  la  pesanteur,  dans  le  décubitus,  le  facteur  uni- 
que qui  intervient  pour  produire  la  plagiocéphalie. 

Pour  que  celle-ci  apparaisse  il  ne  suffit  pas  que  l'enfant  soit  couché 
toujours  sur  le  même  côté,  il  faut  encore  une  prédisposition  qui  consiste 
dans  une  dystrophie  osseuse  causée  par  des  états  morbides  tels  (pie  la 


296  5  jTiM.F.T  1906 

syphilis  ou  le  rachitisme.  Je  suis  très  heureux  d'ôtre  sur  ce  point  d'accord 
avec  notre  collègue  M.  Baudouin.  Huant  îi  l'induence  de  l'hérédité  sur 
la  production  du  craniolahes  elle  est  hien  probahle,  soit  qu'il  s'agisse  de 
la  syphilis,  soit  qu'il  s'agisse  du  rachitisme. 

M.  Manoivrieu  prend  également  la  [tarole. 


LES  GROUPES   ETHNIQUES  DU  BASSIN   DE  LA  RIVIERE  CLAIRE 
(Haut  Tonkin  et  Chine  Méridionale). 

Par    m.    le     Commandant    Bonifacy, 
de  l'Infanterie  Coloniale. 

Généralités. 

Dans  la  partie  inférieure  de  son  cours,  la  Rivière  Claire  arrose  un  pays 
peuplé  exclusivement  d'Annamites,  mais  dès  qu'on  pénètre  dans  les  mon- 
tagnes qui  s'élèvent  sur  ses  rives  et  dans  lesquelles  prennent  naissance 
ses  nombreux  affluents,  les  villages  annamites  se  font  rares  et  ne  tardent 
pas  à  disparaître  complètement,  pour  laisser  place  aux  hameaux  des  Mon- 
tagnards. 

Certains  voyageurs,  de  nombreux  administrateurs,  civils  ou  militaires, 
ont  voulu  opposer  ces  Montagnards  aux  Annamites  du  Delta,  en  prêtant 
à  ceux-là  toutes  les  qualités  physiques  et  morales  qu'ils  déniaient  à 
ceux-ci.  Il  résulte  des  observations  que  nous  avons  faites  pendant  un 
séjour  de  près  de  12  années  dans  ces  régions,  qu'en  réalité  les  Monta- 
gnards sont  les  très-proches  parents  des  Annamites.  On  retrouve  chez  les 
uns  et  chez  les  autres  les  mêmes  caractères  physiques,  les  mêmes  coutumes 
ethniques,  le  même  système  de  langue.  Placés  dans  un  milieu  différent, 
forcés  par  la  nature  du  sol  à  demeurer  isolés  ou  à  ne  former  que  des 
groupements  restreints,  leurs  sociétés  se  sont  moins  développées  que  chez 
les  habitants  du  Delta,  et  ils  sont  généralement  restés  h  un  stade  infé- 
rieur de  civilisation. 

Nous  nous  proposons  dans  celte  élude,  non  pas  de  décrire  complète- 
ment les  divers  groupes  ethniques  du  bassin  de  la  Rivière  Claire,  mais  de 
les  énumérer  simplement,  en,  donnant  quelques  uns  des  caractères  qui  les 
différencient.  Cette  simple  énumération  a  toujours  présenté  quelques 
difficultés,  tenant  aussi  bien  au  grand  nombre  de  groupes  et  de  tribus, 
qu'aux  divers  noms  (ju'on  leur  donne  suivant  les  lieux;  pour  cette  der- 
nière raison,  les  groupes  paraissent  encore  plus  nombreux  (ju'ils  ne  le 
sont  réellement.  D'ailleurs  les  figures  que  nous  donnerons  dans  le  texte, 


noNiFACV.  —  cnorpEs  ethniqies  nr  bassin  de  i,a  rivière  i.i.aire         2\)~ 

|iormeltront  il''  distinguer  l'apidement  les  individus  des  di(T»'rentsgroupes. 
haiis  chacun  d'oiix,  en  etVct,  les  femmes  ont  toujoiu-s  conservé  un  costume 
particulier,  dont  la  couleur,  la  forme,  a  souvent  donné  le  nom  ii  la  tribu. 
Qu'il  nous  soit  permis  de  remercier  ici  un  de  nos  plus  précieux 
collaliorateurs,  le  sergent  Hoyer  de  l'Infanterie  coloniale,  qui  a  visité  avec 
nous  toutes  les  tribus  de  la  Uivière  Claire,  et  (jui  a  mis  son  beau  talent  de 
jiliotographe  ;\  notre  disposition  pour  produire  les  clichés  qui  serviront  à 
nos  démonstrations,  clichés  dont  les  éprouves  ont  été  faites  par  M.  Hau- 
douin,  photographe  à  Marseille. 

Caractères  somatiques. 

Entraînés  par  leur  sympathie  pour  les  Montagnards,  les  administrateurs 
et  voyageurs  dont  nous  parlions  ci-dessus,  ont  cru  souvent  reconnaître 
chez  eux  des  caractères  appartenant  aux  races  aryennes.  Cette  opinion  a 
été  soutenue  tantôt  en  ce  qui  concerne  les  Mèo,  tantôt  en  ce  qui  concerne 
les  Mân,  tantôt  en  ce  qui  concerne  les  Thai  ',  en  réalité,  les  individus  de 
ces  groupes  ne  sont  pas  plus  rapprochés  des  Indo-européens  que  les 
Annamites,  auxquels  ils  ressemblent  beaucoup.  Placés  dans  des  conditions 
d'existence  plus  dures,  ils  sont  jdus  petits,  moins  forts  et  en  même  temps 
moins  aiïinés  que  ces  derniers,  bien  qu'on  ait  soutenu  précisément  le 
contraire. 

Tous  ces  groupes  ethniques  paraissent  formés  de  races  différentes;  on  voit 
chez  tous  des  individus  aux  yeux  non  bridés,  au  nez  droit,  aux  cheveux 
légèrement  ondulés,  tandis  que  d'autres  présentent  les  caractères  du  type 
dit  mongolique.  La  masse  des  individus  oscille  entre  ces  deux  types 
extrêmes,  tout  en  présentant  de  grandes  variétés  individuelles.  Dans  les 
photographies  debuste  que  nous  donnons  de  face  et  de  profil,  nous  avons 
cherché  à  choisir  dans  chaque  groupe  les  types  extrêmes.  Pour  que  les 
yeux  ne  soient  pas  égarés  par  la  difï'érence  des  costumes,  nous  avons 
pris  nos  modèles  parmi  les  soldats. 

Plancht'  V,  fuj    i.  —  Aiinamites  du  Delta,  Kiuli  ou  Kèo. 
Fiij.  2.  —  Lt'S  mémos,  de  profil. 

Nous  savons  que  les  mesures  anthropométriques,  prises  par  des  ama- 
teurs, sont  fort  sujettes  à  caution,  nous  croyons  cependant  qu'il  est  utile 
de  donner  ici  les  moyennes  de  celles  que  nous  avons  relevées.  La  concor- 
dance de  ces  moyennes  avec  celles  obtenues  par  M.  le  docteur  Denikci',  en 
ce  qui  concerne  les  Annamites  du  Tonkin,  rassurera  un  peu  sur  leur 
valeur.  Dans  tous  les  cas,  comme  les  mômes  erreui's  se  sont  sans  nul  doute 


'  Nous  écrivons  liiai  pour  nous  conformiM-  à  ru-saj^i',  inai.s  nous  faisons  obsi-rver 
qu'en  Chioo  et  qu'au  Tonicin  io  t  nesl  pas  aspiré  et  l'a  e?!  bicl',  en  quôc  ngu  anua- 
mite,  on  doit  écrire  tày. 


298  5  jcii.LET  1906 

reproduites,   les  moyennes,  m<Mnes  erronées,  ne  serviront  pas  moins  à 
différencier  relativement  les  différents  groupes.  Parmi  ces  moyennes,  nous 
ne  donnons  que  les  plus  essentielles. 
Annamites  du  Delta,  soixante  un  hommes mensurés,  presque  tous  soldats. 

Taille 1.594 

Indice  céphaliquc 8:2.5 

Indice  nasal 87.9 

Les  Annamites  du  Delta  forment  certainement  le  groupe  où  les  diffé- 
rences individuelles  sont  les  plus  accusées. 

/'lainlic  VI,  li(j.  1   —  Thaï,  Thù  noirs  de  Baolac. 
Fig.  2.  —  Les  mêmes,  de  piulil. 

G'estsans  doute  sur  les  groupes  thai  du  Tonkin  que  les  renseignements 
les  plus  controuvés  ont  été  donnés.  Sans  parler  de  leurs  qualités  morales, 
qui  ont  été  exagérées  d'une  façon  hyperbolique,  leurs  caractères  somati- 
ques  mômes  ont  été  embellis,  amplifiés,  on  en  a  fait  une  race  supérieure, 
non  seulement  aux  Annamites,  mais  même  aux  Français  comme  taille, 
vigueur,  endurance;  or,  voici  quelles  sont  les  moyennes  des  Thai,  les 
individus  qui  les  ont  fournies  sont  pour  la  plupart  des  soldats,  exempts 
de  tares  physiques;  ils  appartiennent  aux  sous-groupes  Thô  noir,  Thù 
blanc,  Nông  an,  Giày. 

Deux  cent  un  hommes  mensurés. 

Taille 1.572 

Indice  céphalique 81.1 

Indice  nasal 94.9 

La  taille  est  donc  inférieure  à  celle  des  Annamites  du  Delta,  la  tête  est 
plus  allongée,  mais  le  nez  est  beaucoup  plus  aplati.  Chez  un  nombre  assez 
appréciable  d'individus  (25  pour  100),  la  largeur  du  nez  est  plus  forte  que 
sa  longueur. 

Planche  II f,  figl.  —  La  qua  ou  Pen  ti  lolo. 

Nous  nous  étendrons  plus  loin  sur  ce  groupe  qui  a  été  jusqu'ici  confondu 
avec  les  Lolo.  Nous  regrettons  vivement  de  n'avoir  pu  mensurer  qu'un 
petit  nombre  d'individus.  Les  chiffres  moyens  que  nous  donnons  plus  bas 
ne  sont  que  provisoires. 

Sept  hommes,  dont  trois  soldats. 

Taille i:604 

Indice  céphalique 83.9 

Indice  nasal 96.3 

Si  ces  chiffres  se  confirment,  les  La  qua  sont  les  plus  grands,  les  plus 


BONIFACY.  —    onOlPES  ETlIMnrES  DV  HASSIN  1)E  LA    IIIVIKUE  Cr.AIRE  299 

brachycéphales  et  les  plus  platyrhiniens  des  indigènes  du  haiil-Tonkin. 
Nous  n'avons  pu,  à  noire  grand  regret,  mensurer  des  Lao  et  des  La  ti  ; 
nous  sommes  persuadé,  en  etTet,  que  ces  indigènes  sont,  avec  les  La  qua, 
(les  plus  intéressants  à  décrire,  car  ils  représentent  sans  doute  les  restes 
des  groupes  ethniques,  peut-être  même  des  races,  stationnés  depuis  le 
plus  longtem[»s  dans  la  région. 

Mi'ni  ou  ïiio.  —Etant  donnés  les  sentiments  d'indt'qiendance  de  ces  indi- 
gènes, et  pour  ne  pas  froisser  des  traditions  resjM'ctaMes,  on  ne  les  a  pas 
soumis  au  service  militaire  ',  et  il  serait  à  désirer  ijue  l'on  agisse  partout 
et  pendant  longtemps  de  même,  si  on  veut  arriver  à  les  fixer  au  sol.  Nous 
renvoyons  donc  à  la  descri|ition  des  groupes  pour  les  photographies. 
Voici  les  données  anthropométri(iues  fournies  par  la  mensuration  de 
(piarante-deux  individus  des  tribus  OuAn  côc,  Ta  pan  et  Lan  tiôn. 

Taille 1.393 

Indice  céphalique 78.4 

Indice  nasal 90.9 

Les  Mân  sont  donc  en  moyenne  sous-dolichocéphales  comme  les  Lolo  ; 
ils  se  rapprocheraient  par  ce  caractère  du  type  Indonésien,  mais  il  faut 
remarquer  que  leur  pays  d'origine  est  le  plus  septentrional,  si  l'on  en 
croit  les  traditions,  et  que  la  brachycéphalie  paraît  s'affirmer  de  plus  en 
plus  quand  on  va  du  Nord  au  Sud  dans  la  Chine  et  le  Tonkin  (si  on 
excepte  les  Indonésiens,  et  en  ne  tenant  compte  que  des  peuples  que  l'on 
considère  comme  immigrés  <m  Indo-Chine,  Khmers,  Annamites,  Thai). 
Peut-être  faut-il  attribuer  cette  dolichocéphalie  à  une  déformation 
acquise,  analogue  à  la  déformation  toulousaine,  que  nous  avons  constatée 
chez  quelques  Mân,  et  qui  paraît  venir  de  l'habitude  qu'ont  ces  indigènes 
de  couvrir  la  tète  de  leurs  enfants  d'un  lourd  bonnet  conique. 

Pa  leng  et  Na  ê.  —  Nous  n'avons  fait  aucune  mensuration  dans  ces 
tribus. 

Mèo  ou  Miao  tse. 

Plaurho  Vil,  fiii.  1.  —  Mèo  ou  Miao  Is.'  I>1. 
Fig.  2.  —  Los  mêmes  de  prolil. 

N'oici  les  données  anthropométriques  en  ce  qui  concerne  ce  groupe.  Les 
moyennes  ont  été  obtenues  en  mensurant  quarante-huit  hommes  ailultes, 
dont  une  trentaine  de  soldats. 

Taille 1  .o37 

Indice  céphalique 80.2 

Indice  nasal 89.9 

*  Au  moins  dans  le  III'  Territoire  Militaire. 


300  f)  jiir.i.F.r  1000 

Faisons  remarquer  on  passant  ([iie  les  Mèu  ont  été  souvent  classés 
parmi  les  Aryens,  llien  ne  peut  juslilier  celle  liypolhèse  si  l'on  se  réfère 
aux  caractères  somaticjues,  ethniques  et  linguistiques  du  groupe. 

LolooH  La. 

Planche  VIII,  fuj.  1.  —  Lolo  noirs. 
Fif/.  ^.  —  Les  mêmes,  do  profil. 

Les  Lolo  viennent  de  l'Ouest,  d'après  toutes  leurs  traditions.  Leur 
langue  est  apparentée,  comme  forme  et  comme  vocabulaire,  aux  langues 
birmano-thibélainos.  On  trouve  parmi  eux  des  individus  ressemblant  aux 
Thibétains  et  rappelant  même  le  type  des  Tsiganes. 

Voici  les  moyennes  obtenues  parla  mensuration  de  vingt-six  hommes 
adultes,  dont  trois  soldats  seulement. 

Taille 1.556 

Indice  céphalique 78.8 

Indice  nasal 87 . 1 

Notons  encore  que  le  système  pileux  est  plus  développé  chez  les  Lolo 
que  dans  les  autres  groupes,  que  les  cheveux  sont  quelquefois  plus  fins 
et  légèrement  ondulés,  mais  cela  est  relatif,  et  il  n'en  faut  pas  conclure 
que  les  Lolo  sont  barbus  comme  des  Européens,  et  frisés  comme  des 
Somalis,  ce  que  n'ont  pas  manqué  de  faire  quelques  voyageurs  toujours 
portés  à  l'exagération. 

Les  figures  que  nous  avons  données  ne  représentent  que  des  types  indi- 
viduels; pour  bien  donner  la  physionomie  générale  du  groupe,  nous 
croyons  indispensable  de  reproduire  ici  des  photographies  d'ensemble. 
On  verra  que  les  mêmes  types  y  apparaissent,  au  point  que  certains 
officiers,  cependant  persuadés  que  les  Thai,  les  Mèo,  etc.,  appartiennent  à 
des  races  différentes  de  celle  des  Annamites,  confondaient  parfaitement  les 
uns  et  les  autres,  et  prétendaient  même  reconnaître  parmi  les  Thai  ou  les 
Mèo,  l'ordonnance  indigène  ou  le  boy  du  Delta  qu'ils  avaient  eu  à  leur 
service  quelques  années  auparavant. 

Planche  I,  fig.  1.  —  Groupe  de  liraillciirs  tonkinois  (.Vnnainile  du  Delta,  Kinh  ou  Kèo). 

Fig.  2.  —  Groupe  de  tirailleurs  tonkinois  (Thai,  ThA  noirs  de  Bac  lac). 

Planche  II,  juj.  1.  —  Groupe  de  tirailleurs  tonkinois  (Mèo  ou  Miao  tse). 

En  résumé,  et  pour  revenir  a  ce  que  nous  disions  en  commençant  ce 
chapitre,  les  habitants  du  llaut-Tonkin  et  les  Annamites  du  Delta  ne 
peuvent  être  considérées  comme  formant  des  races  distinctes,  mais  comme 
des fjroupes  dhniques  dans  la  composition  desquels  entrent,  à  doses  inégales, 
diverses  races  qu'il  est  bien  difficile  de  déterminer  en  l'état  actuel  de  nos 


ItoMKACV.   —  UKitUl'KS  KTlINInLKS  DU   ItASSI.N    [)E  l.\  lUVIKHK  CLAIltK  301 

connaissances.  La  nioytMun'   dn    ly()i'  varie  légèrenicnl  suivanl  iiin'  l'une 
ou  l'autre  de  ces  races  coni[>osanles  prédoniino. 

Nous  avons  décrit  lirii^veuient  les  plus  importants  caractères  moiplKj- 
logiques  des  Annamites  et  des  Montagnards.  En  ce  qui  concerne  les  carac- 
ir-res  physiologiques  et  pathologiques,  nous  dirons  qu'ils  sont  les  mômi.'s 
pour  tous  les  giouiies,  saut'  les  (pielques  dilîérences  produites  par  la 
diversité  des  milieux,  .\insi  le  goitre,  très  rare  chez  les  Annamites,  est 
fréipient  chez  les  Montagnards,  les  épidémii's  sont  plus  terribles  chez 
ceux-là  que  chez  ceux-ci,  etc.,  etc. 


CARACTÈRES    ETHNIQUES 

Langues.  —  Nous  avons  donné,  dans  le  linUclin  de  l'Ecole  française 
d' Extrême  Orient  (Juillet-Décembre  1905),  une  élude  sur  les  langues  par- 
lées par  les  groupes  qui  nous  occupent.  Nous  y  renvoyons  le  lecteur 
désireux  de  se  documenter  et  nous  ne  retiendrons  de  cette  étude  que 
ceci  : 

Tous  les  groupes  du  Haut-Tonkin  parlent  des  langues  monosyllabiques, 
comme  l'Annamite,  sans  tendance  ;i  l'agglutination  *. 

Certaines  de  ces  langues  (annamite,  thai,  la  qua,  mân),  terminent  sou- 
vent leurs  mots  monosyllabes  par  des  explosives;  les  autres  (lào,  lati, 
pa  teng,  mèo,  lolo), n'ont  pas  d'explosives,  mais  elles  possèdent,  comme 
les  premières,  des  syllabes  nasalisées. 

Toutes  possèdent  des  particules  numérales,  caractéristiques  d'une 
famille  d'objets,  mais  ces  particules  sont  plus  ou  moins  nombreuses  sui- 
vant la  langue.  La  langue  lào  possède  certainement  le  plus  grand  nombre 
de  particules. 

.\u  point  de  vue  de  la  syntaxe,  l'annamite,  le  thai,  le  la  (jua,  le  liio  et 
le  la  ti  ont  la  construction  directe.  Dans  le  mân,  le  pa  teng  et  le  mèo, 
comme  en  chinois,  les  compléments  et  qualificatifs  du  substantif  ou  du 
sujet  se  placent  devant  lui,  la  syntaxe  du  verbe  est  directe.  Enfin  dans  le 
lolo  et  ses  idiomes,  le  verbe  est  rejeté  en  fin  de  phrase;  de  plus  cette 
langue,  comme  ses  parentes  (birman,  thibétain,  etc.),  porte  des  traces  de 
llexion,  et  les  monosyllabes  y  sont  souvent  joints  pas  des  affixes  dont  la 
valeur  n'est  pas  bien  déterminée. 

Outre  leur  langue  propre,  certains  groupes  ont  des  langues  d'échange, 
tfu  Sud  l'annamite,  qui  est  en  outre  compris  par  tous  les  Thô,  au  centre 
et  à  l'Est  le  Thai,  au  Nord  l'idiome  chinois  dit  kouan  hoa  du  Yunnan, 
défiguré  par  la  suppression  des  consonnes  aspirées. 

Gomme  écriture  officielle,  ces  groupes  ont  le  chinois  ancien,  le  kou 
wen,  comme  les  Annamites,  les  Japonais,  les  Coréens;  les  Mân  l'emploient 


*  Le  chinois  moderne,  qui  a  penlu  ses  tons  et  ses  explosives,  surtout  en  ce  qui 
concerne  le  kouan  hoa,  est  obligé  d'employer  des  mots  doubles  et  des  sullixes  pour 
être  intelligible,  il  devient  agglutinant. 


302  S  JUILLET  1906 

cxclusiveint'iit,  miiis  les  Thai,  comme  les  Aniiamilcs,  ont  encore  formé 
des  caractères  phonéliques  et  iiléo-phonétiques,  pour  li-anscrire  les  mots 
de  leur  langue.  Ktant  donné  la  présence  d'explosives  dans  cette  langue, 
les  Tliai,  nnhne  ceux  qui  habitent  le  Yunnan  sont  obligés  de  prononcer 
à  la  cantonnaise  ou  à  l'annamite;  on  voit  combien  peu  est  justifiée  la 
théorie  de  ceux  qui  prétendent  que  la  prononciation  chinoise  dite 
kouan  hoa  suffit  pour  donner  le  son  des  noms  géographiques  imposés 
par  les  Thai  *. 

Enfin  les  groupes  ethniques  ayant  été  civilisés  par  les  Chinois,  un 
grand  nombre  de  mots  abstraits,  de  noms  d'outils,  etc.  viennent  du 
chinois,  mais  ils  ont  souvent  conservé  leur  ancienne  consonnance,  qui 
s'éloigne  considérablement  de  la  prononciation  kouan  hoa  actuelle,  pour 
se  rapprocher  de  la  consonnance  sino-annamite  ou  cantonnaise.  Beau- 
coup de  mois  thai  ainsi  empruntés  au  chinois,  ne  l'ont  pas  été  direc- 
tement, mais  par  le  canal  de  l'annamite.  Ainsi  les  Thô  disent  bût  pour 
pinceau,  et  non  pi  comme  en  kouan  hoa,  ou  put,  comme  en  cantonnais. 
Cela  est  aussi  vrai  sur  les  frontières  du  Yun  nan  que  sur  celles  de  Kouang 
si,  nous  nous  refusons  donc  absolument  à  diviser  les  Thô  en  deux  groupes, 
un  à  l'Est  influencé  par  les  Annamites,  un  à  l'Ouest  influencé  par  les  Chinois 
du  Yun  nan.  Ayant  vécu  sur  les  deux  frontières,  nous  n'avons  jamais  pu 
croire,  justifiée  cette  difi'ércnce.  Quelques  Thô  voisins  du  Yun  nan  parlent 
le  kouan  hoa,  très  mal  d'ailleurs,  tandis  que  ceux  voisins  des  frontières 
des  deux  Kouang  parlent  le  cantonnais  beaucoup  mieux,  parce  que  sa 
morphologie  est  semblable  à  celles  des  langues  thai  et  annamite. 

Sociétés.  —  La  société  si  perfectionnée  des  Annamites  n'a  que  des  équi- 
valents grossiers  chez  les  Montagnards.  Dans  le  Sud  de  la  Rivière,  on 
trouve  la  commune  régulière  annamite,  plus  haut,  les  habitants  de  cette 
commune  n'ont  pas  dépassé  le  stade  communautaire  et  se  partagent  les 
terres  fertiles,  en  principe  tous  les  trois  ans.  Plus  haut  encore,  la  com- 
mune n'existe  que  de  nom,  le  ly  truong  thô  devient  un  chef  féodal,  et  ses 
vassaux,  bien  qu'ils  portent  les  mêmes  noms  que  les  notables  annamites, 
lui  sont  en  tout  subordonnés.  Enfin  on  retrouve  sur  la  frontière  la  pro- 
priété particulière,  limitée  aux  meilleurs  terrains.  Presque  partout,  les 
terrains  maigres  de  montagne  sont  cultivés  par  des  usufruitiers  qui  ne 
paient  qu'une  redevance^  insignifiante  d'ailleurs,  au  chef  féodal  de  la 
région. 

Le  groupe  familial  est  de  forme  patriarchale,  tempéré  quelquefois  par 
l'entrée  d'un  gendre  dans  la  maison  de  son  beau-père.  En  dépit  des  lois  et 
bienséances  chinoises,  la  femme  est  libre.,  et  les  mariages  se  font  au  choix 


*  Un  exemple  sufTira  pour  le  démontrer.  Si  on  prononce  en  kouan  hoa  les  carac- 
tères que  les  Thai  emploient  pour  écrire  Pak  nam,  on  dira  Pé  nien  ce  qui  n'est  pas 
la  même  chose.  C'est  celte  prononciation  erronée  des  caractères  qui  a  amené  des 
confusions  dans  le  nom  des  tribus^  des  doubles  emplois,  car  souvent  ou  a  cru  qu'il  y 
avait  autant  de  tribus  que  de  prononciations  diCférentfs  des  caractères. 


lloMFAt:Y.    —   i;HOrPRs  KTIINIuIKS   DI'  IIASSIN  DR  I.A   lUVIKRF.  CLAIRE  303 

des  parties,  choix,  qui  est  toujours  sanclionné  par  les  parents.  La  puis- 
sance paternelle  est  en  général  bien  établie;  cependant  chez  les  Môo,  les 
enfants  se  passent  du  consentement  des  parents  pour  contracter  mariage. 

Le  régime  du  clan,  tel  qu'il  existe  en  Australie,  en  Afrique,  en  Amé- 
rique, a  presque  disparu.  On  ne  trouve  des  traces  de  totémisme  que  chez 
les  Ma n  (légende  du  chien  l'ien  ming  hu).  On  remarque  une  survivance 
d'exogamie  par  rapport  au  village,  d'endogamic  par  rapport  à  la  tribu. 
Par  contre,  les  Chinois,  puis  les  Annamites  civilisés  pareux,  ontcalalogué 
les  familles  dans  les  linh  (^)',  que  l'on  peut  assimiler  à  des  clans.  Dans 
le  Delta,  les  membre  de  ces  litik  ont  des  réunions  rituelles,  cela  n'existe 
pas  dans  le  Nord,  mais  il  est  de  règle,  comme  en  Chine,  que  les  membres 
il'un  même /j/i/t,  considérés  comme  parents,  ne  se  marient  pas  entre  eux. 
Cette  régie  est  pourtant  bien  souvent  violée 

La  religion  otricielle  est  celle  de  Confucius;  le  culte  des  ancêtres,  dont 
If  chef  de  famille  est  prêtre,  est  assez  bien  suivi.  On  trouve  desdevins,  des 
exorcistes  qui  se  réclament  de  Lao  tse  ou  de  Huddah,  sans  trop  savoir  ce 
que  sont  ces  personnages.  En  réalité,  la  religion  du  peuple  est  un  animisme 
tout  à  fait  primitif,  mélangé  au  culte  des  forces  naturelles.  On  fait  un 
assez  grand  usage  de  la  magie  sympathique.  Les  maladies  sont  causées 
par  les  mauvais  esprits  que  les  sorciers  savent  découvrir  et  apaiser.  En 
un  mot,  nous  trouvons  chez  les  Montagnards  du  hautTonkin  les  croyances 
qui  sont  communes  aux  peuples  primitifs  et  dont  on  retrouve  la  survi- 
vance au  sein  des  sociétés  les  plus  civilisées. 

Nous  excéderions  les  limites  de  cette  étude,  si  nous  traitions  de  tout  ce 
([ui  touche  la  vie  matérielle.  Disons  seulement  que,  en  ce  qui  concerne 
l'habitation,  on  trouve  quatre  types  de  cabanes:  les  unes  sont  bâties  sur 
le  sol,  d'autres  sur  pilotis  ;  d'autres,  sur  un  terrain  très  incliné,  à  moitié  sur 
le  sol  et  à  moitié  sur  pilotis;  enfm  le  quatrième  type,  que  nous  avons 
trouvé  chez  les  lieu  i  et  chez  les  Lolo  noirs,  comprend,  sous  la  même 
surface  couverte,  une  partie  formant  rezde  chaussée,  tandis  que  l'autre 
forme  une  espèce  d'estrade.  Les  matériaux  des  maisons  sont  le  bois,  le 
bambou,  la  paillotte,  très-rarement  le  pisé  en  dehors  du  Delta. 

Les  vêtements  sont  généralement  confectionnés  dans  la  tribu.  On 
ignore  le  tatouage,  les  mutilations  ethniques,  sauf  le  percement  des 
oreilles  des  tilles  et  quelquefois  celui  des  oreilles  des  garçons,  dans  le  but 
de  tromper  les  génies  malfaisants  sur  leur  sexe. 

L'agriculture  est  la  ressource  habituelle  du  montagnard.  Suivant  le 
cas,  il  se  sert  d'un  bàlon  pointu  sur  défrichement  par  le  feu,  ou  bien 
il  travaille  à  la  houe:  d'autres  labourent  le  versant  des  montagnes  et 
sèment  à  la  volée  le  riz  de  montagne,  le  sarrazin,  l'éleusine  coracana; 
d'autres  défoncent  la  rizière  inondée.  Tous  élèvent  des  bestiaux,  soit  pour 
les  manger,  en  user  comme  animaux  de  labour  ou  en  faire  le  commerce. 
Quelques-uns  de  ces  bestiaux  sont  réservés  pour  les  sacrilices.  La  pêche  et 


'  Les  caractères  chinois  ont  été  prêtés  par  Ilmpriineric  Nationale. 


304  O    JUILLET    190() 

la  chasse  viennent  ajouter  aiiv  ressources  de  la  famille.  On  use  d'exci- 
lants  et  de  slupi'llanls  tels  (ju'alcoul,  tabac,   opium. 

Nous  nous  contenterons  de  dire  quelques  mots  sur  les  myllies.  On 
croit,  avec  les  Chinois,  que  la  terre  et  le  ciel  furent  créés  par  Ban  cô 
(kûuan  hoa  :  Pan  kou),  dont  le  corps,  les  os,  le  sang  formt^rent  la  terre, 
les  pierres,  les  eaux.  Une  autre  version  altiibue  la  création  de  chaque 
chose  à  la  puissance  d'un  génie  particulier.  On  parcourt  ensuite  des 
époques  d'obscurité  et  de  lumière  trop  vive,  puis  un  déluge  universel 
vient  détruire  le  genre  humain.  Deux  enfants,  le  frère  et  la  s<eur  sont 
seuls  sauvés.  Sur  le  conseil  de  la  Tortue  et  du  Hambou,  ils  s'unissent  par 
le  mariage,  et  dans  un  enfantement  merveilleux,  la  a  jeune  soeur  »,  mère 
du  genre  humain,  donne  le  jour  aux  trois  cent  soixante  familles  humaines. 

Celte  légende  est  commune  à  tous;  si  on  compare  de  même  les  rites  de 
la  naissance,  du  mariage,  de  la  mort,  les  croyances  populaires,  le  folk 
lore,  on  sera  intimement  convaincu  que  tous  les  groupes,  quelle  que  soit 
leur  langue,  sont  de  môme  souche  ethnique.  Et  il  ne  faut  pas  en  cela 
croire  à  l'intervention  des  Chinois  civilisateurs,  car  la  légende  que  nous 
venons  de  raconter,  les  rites  que  nous  avons  observés,  se  différencient 
totalement,  de  ceux  des  Chinois,  dont  ils  choquent  le  plus  souvent  les 
coutumes.  Nous  mettons  à  part,  bien  entendu,  les  personnes  aisées  et  ins- 
truites qui  croient  bien  agir  en  adoptant  les  faeons  chinoises,  qu'ils  s'effor- 
cent de  copier;  il  ne  faut  pas  oublier  d'ailleurs  que  la  Chine  etsa  cour  fut  un 
modèle  que  le  peuple  et  le  roi  d'Annam  s'efforcèrent  toujours  d'imiter  et 
dont  ils  copièrent  presque  servilementles  lois,  sans  que  la  sage  tolérance  des 
autorités  aille  jusqu'à  prescrire  l'obéissance  absolue  à  leurs  prescriptions. 
Nous  ne  citerons  qu'un  exemple  :  d'après  la  loi  chinoise,  les  filles  n'héritent 
pas;  d'après  la  coutume  annamite,  toujours  suivie,  les  filles  reçoivent 
leur  part  de  l'héritage  paternel.  En  général,  et  malgré  le  travail  que  doit 
fournir  la  femme  dans  certaines  tribus  de  la  montagne,  on  peut  dire  que, 
en  Annam  et  dans  les  tribus  k  barbares  »  du  Sud,  sa  condition  est  infini- 
ment plus  relevée  qu'en  Chine. 

Avant  de  passer  à  la  nomenclature  des  groupes,  nous  devons  bien  spé- 
cifier que  tous  les  renseignements  quenousdonnonsont  été  recueillis  direc- 
tement par  nous,  le  plus  souvent  sans  l'intermédiaire  d'un  interprète,  et 
dans  la  tribu  même  des  intéressés.  Nous  conseillons  vivement  à  ceux 
qui  voudront  faire  des  études  pareilles,  de  se  méfier  des  sources  chinoises, 
écrites  ou  orales.  Les  Chinois  racontent  autant  d'absurdités  sur  les  Barba- 
res du  Sud  qu'il  en  ont  raconté  sur  les  Européens.  Ils  ne  savent  même  pas 
les  représenter  fidèlement  en  images,  et  le  barbare  est  placé  et  habillé 
d'une  façon  convenue,  souvent  contraire  à  la  vérité.  Nous  n'avons  jamais 
vu  que  le  costume  nông,  d'ailleurs  d'une  grande  simplicité,  qui  soit  donné 
par  les  Chinois  d'une  façon  tant  soit  peu  fidèle. 

Nous  classons,  pour  plus  de  facilité,  les  groupes  ethniques  en  trois 
grandes  divisions,  suivant  les  trois  formes  de  la  syntaxe.  Nous  faisons  dès 
à  présent  observer  que  parmi  les  Rlan  ou  Yao,  deux  tribus,  les  Cao  lan  et 


HOMKACY.    .IRdlF'KS   RTlINrOIF^  IH    ItASSiN  DR  I.A   HIVIKHE  (CLAIRE  305 

et  les  nii;\n  cùc  ne  |»arleiil  pas  la  langue  de  leur  groupe;   les  premiçrs 
parlent  lliai,  les  autres  un  chinois  arcliaï(|ue  de  forme  méridionale. 


DEScnil'TlON    DES    GROUPES 

1">  Dicisinn.  —  (Jroup.îS  pariant  des  laii;,'ue,s  ayant  la  inéine  syntaxe  que  la  langue 

annamite. 

Anmt/iilcs.  —  Dans  leur  langue,  les  Annamites  se  disent  hommes  de 
IWnnam  (ngùoi  .\n  nam),  ou  Khih  (i^j  ce  fjui  signifie  nombreux  ou 
hommes  de  la  capitale  ;  Qw  WvA\  on  les  appelle  AVo  '.  Nous  croyons  ne  pas 
avoir  à  parler  de  ceux  d'entr'eux  qui  sont  stationnés  dans  les  plaines  du 
Delta,  ils  sont  suffisamment  connus,  mais  nous  mentionnerons  les  Anna- 
miles  montagnards,  parlant  la  même  langue,  ayant  les  mômes  coutumes, 
mais  stationnés  dans  des  maisons  sur  pilotis,  portant  leurs  enfants  dans 
le  dos  comme  les  autres  Montagnards,  et  dont  les  femmes,  les  jours  de 
ftHe,  ont  des  turhans,  des  ceintures  et  des  cache-sein  de  couleur  voyante. 

P/am/ii'  /X,  /l'y.  1.  —  Annamites  inonlagnards. 

L'existence  de  ces  Kinh  en  pays  insalubre,  paraît  remonter  à  l'époque 
très  éloignée  où  les  plaines  du  Delta  étaient  encore  submergées.  Elle 
semble  contredire  la  théorie,  devenue  pres(jue  un  axiome,  qui  prétend 
que  les  Annamites  ne  peuvent  vivre  en  pays  de  montagne.  Leurs  bonnes 
relations  avec  les  Thai  et  les  Man,  leurs  voisins,  dénient  aussi  la  prétendue 
inimitié  qu'on  se  plaît  à  supposer  entre  Annamites  et  Montagnards. 

(.ROUl'E  TH.\I. 

Nous  englobons  dans  ce  groupe  toutes  les  tribus  (jui  parlent  des  idiomes 
thai,  bien  que  seuls  les  Thù  acceptent  au  Tonkin  cette  dénomination  de 
càn  làij  *  (hommes  thai). 

Planche  IX,  fig.  2.  —  Thù  méridionaux. 

Les  rAô(i  OU  i  ^),  en  kouan  boa  :  Cou  on  V on  j en,  en  cantonnais  : 
Von  fuîn,  sont  les  Thai  établis  depuis  longtemps  dans  les  vallées  du 
Tonkin  et  des  deux  Kouang.  Us  sont  frères  des  Laotiens,  des  Siamois,  et 
des  indigènes  insoumis  de  l'île  de  ILainan  qui  prononcent  leur  nom  sai  et 
non  tày.  Ceux  que  nous  présentons  ci-dessus  furent  dirigés,  il  y  a  deux 
siècles,  de  la  province  de  (^ao  Bang  sur  les  boids  du  Sông  Dày,  alTIuent 


•  Le  nom  de  Giao  clii  (orteils  écartés),  n'est  connu  que  des  gens  instruits, 

*  Nous  nous  servons,  autant  que  le  |)enncltent  les  ressources  de  la  typo^^iapliic,  de 
la  notation  qu6c  n^u,  en  ce  qui  concerne  les  mots  annamites.  Dans  ci  llo  notation 
on  doit  orlliographier  tAy. 

soc.  b'ANTURÛP.   1901).  31 


306  5  Jini-KT  i90() 

infrrieiii'  do  la  llivi^rn  Claire.  Ils  y  vivent  comme  leurs  voisins  les  Kinh 
montagnards,  et  portant  le  môme  costume.  Ils  ont  encore  conservé  Tiisage 
de  leur  langue,  qui  m-  laidera  pas,  sans  doute,  à  faire  place  h  l'anna- 
mite, que  tous  parlent  couramment.  Ils  i.2:norenl  s'ils  sont  Tiiy  blancs,  ou 
Tày  noirs. 

Planche  X,  juj.  1.  —  Tiio  blancs  de  Ilii  gianf^. 

Ces  Thai  se  trouvent  sur  la  rive  dioite  de  la  Ilivière  Claire,  depuis  Vinh 
Thuy  jusfju'en  Chine.  Leur  costume  est  différent  de  celui  des  Thai  noirs, 
qui  habitent  la  rive  gauche  de  la  Hiviére,  les  bords  du  SAng  g;\m,  et  le 
haut  Sông  Chay.  Leur  idiome  diffère  aussi  un  peu  de  celui  des  Noirs,  qui 
s'accordent  à  le  trouver  plus  doux  que  le  leur.  Nous  ignorons  si  les  Tàxj 
hlido  (blancs),  ont  droit  ou  non  à  cette  dénomination,,  il  nous  suffit  qu'ils 
y  tiennent  et  qu'ils  la  reçoivent  de  leurs  voisins  pour  la  leur  donner. 

Planche  XVII,  fig.  1.  —  Tliù  noirs  de  Baolac. 

Comme  on  le  voit,  les  Tài/  dàm  (noirs)  comme  les  Tày  khao,  ont  adopté 
la  couleur  indigo  foncé,  et  nous  croyons  que  ces  expressions  de  blancs  et 
de  noirs,  que  nous  retrouvons  souvent  dans  les  livres  chinois  quand  il 
s'agit  des  barbares,  indiquent  un  degré  différent  de  civilisation  ou  plutôt 
de  soumission,  et  non  un  détail  de  costume  ^ 

Les  Thô  sont  encore  appelés  Pa  i  dans  le  Yun  nan  ;  nous  croyons  qu'il 
n'y  a  là  qu'une  prononciation  vicieuse  de  tày,  le  ^  et  le  jo  permutant 
souvent  en  passant  d'une  langue  dans  l'autre. 

Les  Thô  sont  des  philosophes  qui  préfèrent  la  vie  calme  et  contempla- 
tive de  la  campagne  à  la  vaine  agitation  des  cités.  Ils  sont  soumis  à  leur 
chefs  féodaux,  et  vivent  tranquilles,  autant  que  le  leur  permettent  les  pi- 
rates chinois  ou  les  contrebandiers  qui  les  ont  remplacés.  Ce  sont  eux  qui 
sont  propriétaires  du  sol,  les  autres  Montagnards,  pour  la  plupart  nouveau- 
venus  de  Chine,  leur  paient  une  légère  redevance,  qui  sert  surtout  à 
affirmer  leur  droit  de  propriété.  Nous  avons  tout  intérêt  à  nous  appuyer 
sur  les  Thô,  fidèles  serviteurs  de  l'Annam  et  de  l'ordre  établi. 

Les  Thô  habitent  des  maisons  sur  pilotis.  Ils  cultivent  de  préférence  la 
rizière  de  plaine  (na),  et  ne  font  qu'exceptionnellement  la  rizière  de  mon- 
tagne (rày).  Ils  pratiquent  savamment  l'irrigation  au  moyen  de  canaux, 
ou  de  machines  élévatoires  actionnées  par  la  force  du  courant,  mais  ils 
laisseraient  dépérir  toute  leur  récolte  plutôt  que  d'élever  l'eau  à  bras 
comme  les  Annamites  du  Delta.  Sauf  l'abatage  des  arbres,  le  labourage 
et  le  battage,  les  travaux  agricoles  sont  faits  par  les  femmes.  Dans  son 
langage  rudimentaire,  le  Thai  emploie  la  même  épithète  pour  dire  belle 
et  active,  quand  il  parle  d'une  femme. 

Heu  i  (kouan  hoa)  ou  Hùc  i  (cantonnais).  Ces  mots  sont  les  pronon- 


'  Vers  l'I'^st,  à  partir  de  la  réf^ion  de  Gaobang,  les  Thô  so  disent   de  nouveau  Tày 
khao,  disant  que  les  Khao  sont  ceux  qui  suivent  les  coutumes  policées. 


ItoMKACV.   illlULl'ES   ETUNIulKS   1)1     ItASSIN    DE   I.A    lllVlKltE   CLAIHK  M)1 

cialiolis  (les  deux  caraclfivs  M  ^  ipii  sigiiili.'iil  Im/jit  mtir.  Dans  leur 
langue,  ces  Thai  se  nomment  Nông-suiu/  (prononcer  sungue).  Sur  ce  mot 
(le  nùng,  (ju'il  prononce  nô,  le  père  Vial  a  élahli  une  théorie  pour  expli- 
quer le  mot  lolo.  Si  les  .Nùng  sont  quehjuefois  seigneurs  des  Lolo,  en 
Chine,  oTi  ils  exercent  des  petites  fonctions,  ils  n'en  sont  pas  moins  Thai 
et  Nnng,  et  il  est  invraisemblable  (jue  le  mot  lolo,  qui  se  pi-onori<ait 
autrefois  lala  comme  actuellement  en  annamite,  vienne  (h;  nùng  nùng. 

L'idiome  des  lieu  i  ressemble  étonnamment  ;i  celui  des  Thù  noirs  de 
iJao  lac.  Parmi  les  dilTérences  que  nous  avons  notées,  signalons  tu  tiic 
(le  mâle)  qui  correspond  à  con  duc  (prononcer  luque  et  duque) annamite. 
Au  Tonkin,  les  lien  i  n'habitent  guère  que  le  nord  du  canton  de  Nam 
(|uang,  dans  le  IMui  de  Baolac.  En  Chine,  on  les  trouve  à  l'ouest  du 
Kouang  si  et  à  l'est  du  Yun  nan.  Ceux  que  nous  avons  vu  prononçaient 
les  caractères  à  la  canlonnaise  et  savaient  écrire  leur  langage  au  moyen 
de  caractères  démotiques. 

Planclic  .\\/ig.  2.  —  Homme  et  jeunes  filles  lieu  i. 

Les  lieu  i  habitent  des  maisons  sur  pilotis,  ou  avec  une  partie  intérieure 
sur  pilotis.  Ils  sont  bons  agriculteurs  et  font  beaucoup  de  cultures  de 
montagne  et  de  rizières  irriguées  étagées. 

Dans  son  Ethnographie  du  Tonkin  septentrional  \  le  commandant 
Lunet  de  Lajonquière  confond  les  Heu  i  et  les  Tchong  Kia,  il  donne  à 
ces  derniers  le  costume  des  lieu  i.  Il  y  a  là  une  erreur  que  les  photogra- 
phies suffîront  à  dissiper. 

Nôuf)  an.  —  On  ne  connaît,  en  fait  de  Nâng  (fj^)  *,  dans  le  bassin  de  la 
Rivière  Claire,  que  les  Nông  Sungou  Cliuong  dont  nous  venons  de  parler, 
les  Nùng  an  dont  nous  donnons  la  photographie,  et  les  Nông  quâij  son, 
dont  nous  parlerons  plus  loin. 

La  filiation  de  ces  Nùng  est  assez  mal  définie,  car  on  appelle  aussi  Nùng, 
les  métis  de  Chinois  et  de  femmes  du  pays.  Sur  le  Sùng  Gtlm  inférieur,  on 
trouve  un  village  (IMiù  trinhj,  où  les  femmes  portent  le  costume  thù,  les 
hommes  le  costume  chinois,  y  compris  la  tresse,  ce  sont  aussi  des  Nùng. 
Sur  les  frontières  du  Kouang  si  les  hommes  et  les  femmes  nùng  portent 
le  costume  cliinois,  mais  parlent  un  langage  thai,  qui  ne  dilfère  du  thù 
que  par  les  accents  toniques,  une  plus  forte  proportion  de  mots  empruntes 
au  chinois,  et  enfin  par  une  accentuation  toute  particulière  des  syllabes 
explosives.  Ces  syllabes  sonnent  absolument  comme  aken,  apen,  etc.  en 
allemand,  ainsi  pâc  (bouche)  se  prononcera  pakcn. 

Sur  la  frontière  du  Yun  nan,  les  femmes  Nùng  portent  un  costume 
particulier,  bien  représenté  dans  l'ouvrage  de  Devéria  sur  la  frontière 


*  Paris,  Ernesl  Leroux  éditeur,  d906. 

*  La  prouoncialioii  do  ce  caraclére,  «[in  est  un  iioiii  d>  c\xn,  m  inè.iie  Irrnps  (|u'ii(i 
nom  de  tribu,  est  Nùng  et  non  Nùng. 


308  -j  Ji  ii.i.Ki  llKHi 

siiiti-aniiainilo,  mais  dans  \c  phii  de  Maolac,  les  fcmiues  oui  un  |iantalon 
sous  la  jupoqui  n'est  pas  plissée.  Les  hommes  ])ortenl  le  cosluine  chinois 
ou  le  costume  annamite. 

Du  côté  de  lia  giang  et  de  lloang  Ihu  15i,  les  femmes  Mùng  ont  la  longue 
jupe  plissée,  sans  pantalon,  celte  jupe  est  relevée  par  derrière  et  forme 
une  sorte  de  pouf  qui  entoure  une  petite  gibecière. 

Enfin  lorsqu'on  va  vers  le  Sud,  les  hommes  et  les  femmes  prennent  le 
costume  thô,  mais  sans  collet. 

Les  Nong  an  se  sont  installés,  avec  la  permission  des  autorités  thô, 
sur  des  teri'es  libres,  en  plaine  ;  ils  les  cultivent  parfaitement  et  se  mon- 
trent plus  industrieux  (|ue  leurs  voisins.  Leurs  maisons  sont  bAlies  sur  le 
sol  et  non  sur  pilotis.  Les  femmes  accouchent  couchées  et  non  assises. 
Les  Nông  ont  un  certain  respect  du  chien  et  l'expliquent  ainsi  :  L'ancêtre 
de  leur  race,  étant  enfant,  se  laissa  choir  de  l'étage  de  la  maison,  qui  se 
bAtissail  alors  sur  pilotis.  La  chienne  de  la  maison  prit  soin  du  petit  être 
et  l'allaita. 

Les  Nônfi  qwhj  son  (seune),  ne  se  trouvent  pas  au  Tonkin,  mais  nous 
avons  vu  à  lia  giang  des  ma  fou  de  cette  tribu  qui  y  venaient  pour  les 
besoins   de    leur  commerce.    Leur  nom  est   le    plus  souvent  prononcé 

Planche  XI,  fifj-  i.  — Femmes  et  ûllettes  nông  an  ds  Iloang  tbu  Bi. 

Long  au  lieu  de  Nông,  on  l'a  écrit  phonétiquement  f|  (dragon),  et 
cela  a  suffi  pour  faire  croire  à  l'existence  d'une  nouvelle  tribu.  11  résulte 
des  renseignements  que  nous  avons  pris  auprès  d'un  Français  résidant 
à  K'ai  boa  fou,  que  les  Long  parlent  facilement  le  cantonnais,  mais 
s'expriment  avec  difficulté  en  kouan  boa. 

Giây.  —  Les  Giârj  habitent  la  partie  du  Yun  nan  qui  se  rapproche  de 
la  frontière  tonkinoise,  sur  la  Rivière  Claire;  la  partie  occidentale  du  phu 
de  Baolac;  ils  ont  pénétré  plus  bas,  dans  le  sud-est  du  cercle  de  Ha  giang, 
mais  ils  y  ont  abandonné  leur  costume  distinctif  pour  prendre  celui  des 
Thô,  toutefois  ils  ne  portent  pas  de  col  à  leur  habit. 

Le  commandant  de  Lajonquière,  dans  l'ouvrage  cité  plus  haut,  identi- 
fie les  Giây  aux  Nhang  du  IV*  Territoire.  Cette  identification  nous  parait 
prématurée.  Les  Giày  ignorent  absolument  ce  terme  de  Nhang  ou  Jang. 
Ils  se  nomment  eux-mêmes  Giây  et  transcrivent  phonétiquement  ce  mot 
par  le  caractère  |^.  Les  Chinois  leur  donnent  le  nom  de  Pa  i  et  de 
T'ou  jen,  comme  aux  Thô.  Interrogés  sur  la  signification  de  leur  nom, 
ils  répondirent  qu'ils  l'ignoraient.  Ils  savent  que  Gai  (avec  l'accent  remon- 
tant) signifie  grand  en  thô,  pour  exprimer  la  même  idée,  ils  se  servent 
du  terme  hung  lao. 

Le  dialecte  thai  dont  se  servent  les  Giây  s'éloigne  encore  plus  de 
l'idiome  thô  que  celui  des  Nông;  les  aspirées  y  remplacent  les  gutturales; 
r  est  toujours  employée  à  la  place  de  n  et  de  s.  Homme  se  dit  hun  au 


IlONIFACY.   —  (.nilIPES  ETIINrnlKS  ni'  lt.\»r\  DK  r,  V  ItlVIiaiK  cr.AIIIE  .'^09 

lieu  de  c.'\n  (llin)  ;  six  se  «lit  rùc  au  lieu  de  soc  (lliù)  ;  eau  se  dit  lani 
au  lieu  de  nani  (thùj. 

Les  maisons  des  tlidy  sont  construites  sur  pilotis  coninic  ct;lles 
des  Thù. 

Les  (Ji;Vy  sont  relalivciiii-iit  l('ttr<'-s.  Ils  lisi-nt  les  caiacli-i'cs  en  les 
accentuant  ;i  la  cantonnaise.  Nous  insistons  sur  re  fait  i(ui  dénote. l'ori- 
gine orientale  des  GiAy.  Ils  ont  également  une  transcription  phonétii(ue 
de  leur  langue,  cl  pendant  notre  séjour  chez  eux,  nous  ei^lmes  la  bonui' 
fortune  d'avoir  entre  les  mains  un  manuscrit,  c'était  une  complainte  sur 
les  malheurs  des  Gi;\y,  obligés  de  (juittei-  la  terr(5  de  Ilàc  (région  des  deux 
Kouangj,  pour  venir  occuper  des  pays  étrangers.  Nous  avons  souvent 
trouvé,  dans  les  diverses  tribus  que  nous  avons  visitées,  des  écrits  de  ce 
i^enre,  et  nous  pensons  (ju'ils  sont  dus  à  un  refoulement  des  Barbares  du 
.Sud  par  les  Chinois  lorscjue  ceux-ci  s'emparèrent  des  terres  fertiles  des 
deux  Kouang.  On  sait  que  les  llakka  sont  des  envahisseurs  venus  du  Nord 
au  Sud,  dans  les  provinces  précitées. 

l'idiii-lu'  Xl,  /i(j.  2.  —  .Icuiie  couple  giày. 

La  figure  ci-dessus  vaut  mieux  ({u'iine  description  du  costume.  Nous 
dirons  cependant  qu'habituellement  les  femmes  ne  portent  que  la  jupe; 
en  cérémonie,  elles  mettent  au-dessous  un  pantalon  et  relèvent  la  jupe 
pour  le  laisser  voir. 

Dans  les  environs  de  Hà  giang,  les  Giày  sont  presque  toujours  appelés 
Gidy  Que,  ce  qui  veut  dire  sans  doute  GiAy  du  pays. 

Trung  Cka,  —  Si  on  prononce  l'a  de  cha  bref^  on  a  dans  le  mot  ainsi 
orthographié  à  l'annamite,  la  vraie  prononciation  des  Trunff  cha  eux- 
mêmes  quand  ils  prononcent  leur  nom.  Ils  se  disent  encore  Cha  jen,  et 
sous  ces  deux  noms,  sont  répandus  dans  le  Kouey  tchéou,  le  Kouang  si 
et  le  Yun  nan.  On  n'en  trouve  qu'une  douzaine  de  familles  au  Tonkin,sur 
le  plateau  de  Lang  dan  à  25  kilomètres  environ  au  nord  de  lia  giang. 

On  discute  beaucoup  pour  savoir  si  on  doit  écrire  le  nom  de  cette  tribu 
^1^  ^)  S  ^5  S  ^ .  Le  premier  système  n'a  qu'une  valeur  plio- 
iiétique  plus  la  clef  des  chiens,  avec  laquelle  il  est  de  bon  ton,  en  Chine, 
de  désigner  les  tribus  non  chinoises,  i^e  second  signilie  maison  double 
ou  lourde,  et  le  troisième  cuirasse  double  ou  lourde.  On  transcrit  géné- 
ralement la  prononciation  kouan  boa  de  ces  caractères  :  Tckonr/  kia. 
Ouant  ;i  (Uia  jeu  ((piùc  ngu),  on  devrait  écrire  Kia  jen  car  les  caractères 
que  donnent  les  1  runu  cha  eux-mi''Mit's  pour  rcpn'senb'r  ce  sou  sont  : 
'^i    A. 

Les  maisons  de  ces  indigènes  ne  sont  jtas  b;Uies  sur  pilotis. 

Les  Trung  Cha  parlent  un  idiome  thai,  mais  très  éloigné  du  tbô,  et 
comprenant  un  assez  grand  nombre  de  mots  ijui  ne  sont  pas  thai,  par 

exemple  :   vAn  (h me).   Les   n,    les   1,    sont  généi'alement   rcnq^lacées 

par  y.  yam  (eau)  tbô,  nam  ;  yeum  (prononciation)  (veut)  thù,  lom. 


310  ."  jiii.i.KT  1906 

Nous  rappelons  (juo  les  Trunj,'  ciui  ne  doivent  pas  (}tre  confondus  avec 
Heu  i. 


PlniH'hc  XH,  /Uj.  l'.  —  KiiMiiiu  liuiig  clia  iii  coi^lumo  nalioiial. 

Le  costume  des  femmes  trung  cha  est  orné  de  couleurs  vives,  brodées 
en  soie.  C'est  une  dérogation  à  la  règle  des  costumes  sobres  imités  des 
Annamites.  Le  dessin  de  la  jupe  est  obtenu  en  appllcjuant  de  la  cire  sur 
la  toile  blanche,  avant  de  la  plonger  dans  le  bain  d'indigo.  C'est  le 
procédé  qui  est  employé  par  toutes  les  tribus  au  costume  bariolé. 


GROUPE    LA    QUA. 


Dans  le  Nan-tchao-ye-che  ',  tous  les  Lolo  sont  appelés  Kouolo  ^%  ^M  5 
dans  la  frontière  sino-annamite  de  Déveria  ',  ou  classe  les  Laqua, 
toujours  sous  ce  nom  de  Kouolo,  parmi  les  Lolo  noirs.  Il  est  vrai  que  plus 
loin  (page  150).  il  est  fait  allusion  à  une  famille  La  ka.  Dans  son  Ethno- 
graphie des  Territoires  militaires  ^,  le  commandant  de  Lajonquière  les 
classe  parmi  les  Thai,  sous  le  nom  de  Pen-ti-Lolo,  mais  dans  son  Ethno- 
graphie du  Tonkin  septentrional  '*,  cet  auteur  les  replace,  sous  le  même 
nom,  parmi  les  Lolo. 

En  réalité  les  La  qua,  ou  Lo  kouo  si  on  emploie  la  prononciation 
kouan  hoa,  et  qu'on  replace  les  deux  caractères  dans  l'ordre  usité  dans 
le  pays,  ne  sont  ni  des  Thai,  ni  des  Lolo,  ainsi  que  le  prouvent  leurs 
caractères  somatiques,  ethniques  et  surtout  linguistiques. 

Ce  nom  de  Pen-ti-lolo,  ou  Lolo  aborigènes,  leur  est  bien  donné  par  les 
Chinois  dans  la  langue  vulgaire,  mais  en  caractères  ils  sont  toujours 
désignés  par  le  nom  de  ^g  ^^. 

Les  Thai  les  appellent  Mon,  alors  qu'ils  nomment  les  Lolo,  Mia;  les 
Lolo  les  nomment  Me  nha,  alors  qu'ils  se  nomment  eux-mêmes  Màn  zi.  Ils 
se  donnenteux-mèmes  le  nom  de  Ca  Beo,  ou  Ha  Beo  car  la  prononciation 
des  lettres  C  II  et  T  est  presque  la  môme.  Ce  préfixe  ca  ne  signifie  pas 
homme,  c'est  une  particule  très  employée;  homme  se  dit  ca  dao.  Ils 
nomment  les  Lolo,  Kha. 

La  langue  des  La  (|ua  a  un  vocabulaire  distinct,  mais  sa  syntaxe  est  la 
même  que  celle  de  la  langue  annamite.  Le  système  de  numération,  fort 
complet  et  qui  n'emprunte  que  le  chiffre  dix  mille  (u;ln),  au  chinois,  a 


'  Krnest  Leuoux,  l'diteur,  iS'.l'i.  Voir  Ir  livre  II,  rlinp.  lY. 

*  Krnkst  LeR(JUX.  (''(litonr,  iSSfi.  Voir  jm^'cs  141,  ohsorvation    1,  ot   1.^0  premier 
]inr.ij^ra|)lie. 
•■'  Hanoi,  iniprimcrie  F. -II.  Sciinoiilcr,  1904.  Voir  page  K)'!. 
'*  Krnest  Leroux,  éditeur,  1()06.  Voir  pa^ce  339. 


IlllMl  ACY.    —   liUori'ES  ETIIMUI'ES    OV  lt.\>SIN   DK   I. A    IIIVIKHK  Cr.AlItR  311 

ceci  de  particulier  que  les  noms  de  nombre  sept,  huit,  neuf  sont  précédés 
de  meu  (prononciation)  qui  signifie  cini]  '.     . 

Planche  A  17/,  ////.  2. —  Groupe  de  f^a  qua. 

Le  costume  des  femmes  la  (jua  est  fui't  rem.iiiniahlc,  ainsi  que  le  mon- 
tre la  gravure  2  de  la  planche  XVII. 

La  maison  n'est  pas  sur  pilotis.  La  religion  est  excessivement  primi- 
tive. L'autel  des  anct^tres  se  compose  d'une  petite  étagère,  à  rebord,  sur 
laquelle  se  trouvent  des  urnes,  séjour  des  esprits.  Ces  esprits  répondent 
aux  questions  qu'on  leur  fait  en  faisant  osciller  un  poids  de  balance. 

Les  La  qua  se  trouvent  aujourd'hui  au  milieu  des  Méo,  qui  plus  pro- 
lifiques et  plus  travailleurs  (ju'eux,  s'emparent  peu  à  peu  de  leurs  teires. 
De  leur  long  contact  avec  les  Thô,  ils  ont  conservé  l'habitude  de  chanter 
exclusivement  en  langue  thai,  et  ils  ne  connaissent  guère  que  le  sens  de 
leurs  chants.  Les  femmes  sont  coquettes  et  se  livrent  facilement  aux 
étrangers,  soldats  annamites,  oHiciers  ou  sous-ofïiciers  français;  elles 
s'expatrient  au  besoin  pour  suivre  leurs  amants  dans  le  Delta, 

GROUPE  LAC, 

Dans  le  Nan-tchao  ye-che,  il  est  question  des  T'ou  lao  (voir  page  188). 
Il  est  également  question  de  T'ou  lao  dans  l'ouvrage  de  Déveria  déjà  cité 
(voir  page  lii)  et  on  cite  en  outre  les  Ki  lao,  (page  104)  * .  Dans  l'Ethno- 
graphie du  haut  Tonkin,  le  commandant  de  Lajonquière  sépare  les  T'ou 
lao  des  Keu  lao  et  place  les  premiers  parmi  les  Thai,  les  seconds  à  la  suite 
des  Muong  (page  356). 

Voici  ce  que  dit  la  tradition,  d'accord  avec  les  chroniques  chinoises, 
sur  les  Lào. 

Ils  habitaient  en  grand  nombre  la  province  de  Tuyèn  Ouang;  c'étaient 
des  honnnes  cruels,,  sachant  se  transformer  en  animaux  malfaisards, 
mangeant  de  la  chair  humaine.  Les  Chinois  les  firent  chasser  par  des 
soldats  venus  de  l'Est,  les  Lao  furent  tués  en  partie,  d'autres  s'expa- 
trièrent, (juelques  uns  seulement  restèrent  dans  le  pays.  Leurs  vainiiueurs 
s'emparèrent  de  leurs  filles  et  de  leurs  femmes. 

V^oici  ce  que  nous  avons  vu;  une  douzaine  de  familles  Kè  lao,  habile 
le  canton  de  Dùng  Huang,  dans  le  phu  de  liao  lac,  trois  familles  T'ou  lao 
habitent  le  haut  Sùng  chay,  à  une  trentaine  di3  kilomètres  au  Noid-Ouest 
de  Hoang  Ihu  lîi  :  nous  n'avons  pas  visité  ces  trois  familles. 

Planche  IV,  jUj.  1.  —  Kè  lao  blanc,  de  face. 


'  Cette  trace  d'une  numération  par  cinq  est  unique  dans  les  langu(>s  de  la  région. 
On  la  rclrouv.'  dans  les  )ant,'ues  des  peuplades  sauvages  du  sud  de  l'Annam  et  chez 
les  Cambodgiens. 

*  D'autres  ouvrages  parlent  de  Sing  lao,  etc. 


342  5  JtiLLET  1906 

Les  Ko  lao  parlonl  une  langiio  de  môme  syntaxe  que  1(^  thai.  Ou  trouve 
m(^nie  (juclciucs  mots  comparahles  au  thai,  d'autres  à  l'annamite,  mais  les 
particules  ai)(»ndenl,  la  ianjj'ue  est  excessivement  gutturale,  et  possMe  de 
nombreuses  silllantes  et  chuintantes  comme  le  chinois  *.  Les  mœurs  des 
Lao  sont  à  pou  pr(''s  semblables  à  celle  des  Môo,  au  milieu  desquels  ils 
vivent. 

Mais  au  poinf  de  vue  historique  et  anthropologique,  ces  Lao  sont 
excessivement  intéressants,  d'abord  par  leur  ancienneté  constatée  dans  la 
région,  ensuite  parce  qu<;  leurs  caractères  morphologiques  paraissent 
sensiblement  différents  de  ceux  des  autres  groupes.  11  serait  donc  désirable 
que  les  quelques  Lao  qui  subsistent  encore  au  Tonkin  et  dans  les  parties 
voisines  de  la  Chine  soient  examinés  sérieusement  au  point  de  vue 
anthropologique. 

Dans  leur  langue,  les  Lao  se  nomment  Thu  (prononcer  comme  l'u 
français).  Malgré  leur  petit  nombre,  ils  se  divisent  en  quatre  tribus,  les 
blancs,  les  bleus,  les  rouges  et  les  forgerons  ou  batteurs  de  fer,  qui 
paraissent  avoir  toutes  la  même  langue  et  le  même  costume.  Les  deux 
premières  tribus  sont  seules  rej)résentées  dans  le  Dông  quang. 

Ils  disent  ca  tsu  (u  français)  pour  homme.  Les  Mèo  les  appellent  des 
Khi.  Le  caractère  phonétique  qui  les  désigne  dans  le  pays  est  ■^. 


GROUPE  LA  TI. 


Les  La  ti,  au  nombre  de  76  familles,  habitent  sur  le  haut  Sông  chay, 
dans  les  environs  de  HoAng  thu  Bi.  Ce  groupe  a  été  très  peu  étudié;  il 
n'est  cité  que  dans  l'Etude  sur  les  groupes  ethniques  de  la  Haute  Rivière 
Glaire,  que  nous  avons  publiée  en  1904  dans  la  Revue  indo-chinoise  -,  et 
dans  ]' Ethnographie  du  Tonhin  septentrional  du  commandant  de  Lajonquière. 

Nous  avons,  à  la  fin  de  1905,  visité  cette  intéressante  tribu  et  nous 
donnons  une  gravure  représentant  les  La  ti  dans  leur  costume  de  fête. 

Plniirho.  XVI II,  fi<j.  2.  —  Ln  li. 

Comme  on  le  voit,  les  La  li  portent  le  costume  annamite,  agrémenté  de 
quelques  broderies  chez  les  femuies;  ils  se  proclament  d'ailleurs  Anna- 
mites, bien  qu'une  partie  do  leur  pays,  le  canton  de  Tu  long,  ait  été  cédé 
à  la  Chine. 

Le  vocabulaire  de  la  langue  la  ti  est  absolument  différent  de  celui  des 
groupes  environnants,  mais  la  syntaxe  est  semblable  à  la  syntaxe 
annamite. 


*  Il  est  à  remarquer  que  les  noms  des  plantes  inditîènes  se  ressemblent  beaucoup 
dans  les  langues  lao,  lliai  el  annamilc.  Il  pouirail  se  iuiie  (|ue  les  envahisseurs  venus 
du  Nord  aient  einiimnlé  ces  noms  aux  Lao  aborigi-nos. 

-  Revue  indo-r/iiiioise,  juin  et  juillet  l'.t()4. 


HONIFACY.   —    C.HOri'ES   ETIIN[nlES  UV  1IA>S1N  PK  I.  \    UIVII.HR  f.r.AIHK  313 

Dans  leur  langue,  ils  se  nonimoiif  A  Khn  (a  khou),  les  /<o/«»;^s..Ils 
vivent  dans  des  maisons  sur  pilutis,  cuiiimc  Ns  Tliai,  font  les  mômes 
cultures. 

Leur  religion  est  ranimisme  primitif,  môle  au  culte  des  forces  natu- 
relles. Ils  offrent  de  l'encens  aux  génies,  et  seulement  des  mets  et  de 
l'alcool  de  riz,  contenu  dans  une  corne  de  butlle,  aux  ancôtres. 

D'après  eux,  les  hommes  ont  plusieurs  Ames,  l'une  d'elle  vient  animer 
un  enfant  aprôs  la  mort,  et  on  l'appelle  pour  qu'elle  s'incarne  dans  le 
nirpsd'unt'  femme;  lors(|ue  lenfant  naît,  uu  agit  de  môme  pour  em|)ôclier 
l'Ame  de  (piiller  le  corps. 


hivisiiin.  —  Groupes  pnilant  des  langues  dont   la  syntaxe  est  la  mémo  i|uc  dans 
la  lansuo  chinoise. 


GROUPE    MAN     OU    YAO. 

Ce  groupe  est  le  mieux  défini  du  Tonkin  et  de  la  Chine  méridionale. 
Les  Man  se  considèrent  en  elïet  comme  un  corps  de  nation,  ils  ont  des 
traditions  qui  sont  communes  à  toutes  leurs  tribus,  ces  traditions  sont 
écrites,  ainsi  que  leurs  chants  religieux  et  autres. 

Le  mythe  de  la  création  du  monde  est  celui  que  nous  avons  donné  plus 
haut.  Quant  à  l'origine  du  groupe  mân,  voici  comment  on  le  rapporte  : 

In  empereur  de  Chine  était  en  guerre  avec  un  roi  barbare,  il  fit  afficher 
un  édit  promettant  sa  fille  et  la  moitié  de  son  royaume  a  celui  qui  lui 
apporterait  la  tête  de  son  ennemi,  l'n  chien  dragon,  nommé  l'ien  ming 
II"  1^  '}^  pMi)  se  présenta  et  tenta  l'entreprise.  Il  rapi)0rta  la  tète  du 
barbare,  et  comme  l'empereur  hésitait  à  tenir  sa  promesse,  il  saisil  la 
princesse  par  le  bas  de  son  pantalon. 

L'empereur,  obligé  de  tenir  sa  parole,  accorda  à  Pien  ming  ilu  la 
main  delaprincesse.il  envoya  le  jeune  couple  dans  bis  montagnes  de  Koei 
Ki,  dans  b'  rcbi'  Kiang  actuel,  et  donna  aux  enfants  de  sa  fille  les  mon- 
tagnes bleues,  en  stipulant,  contre  certains  avantages,  qu'ils  n'empié- 
teraient pas  sur  les  rizières  des  hommes  <les  cent  familles,  et  (ju'ils  cul- 
tiveraient avec  le  couteau  et  sèmeraient  avec  le  feu,  habitant  des  huttes 
de  feuillage;  au  milieu  des  oiseaux,  des  singes  et  des  gibbons.  Le  récit  de 
ces  événements  est  donné  dans  la  chartp  des  Man,  qui  contient  en  outre 
des  maximes  religieuses,  peu  intelligibles,  et  la  copie  de  plusieurs  cer- 
tificats et  permis  de  passage,  flonnés  par  les  autorites  chinoises  ou  tbai 
aux  familles  màn  ayant  habité  le  pays  qu'elles  administraient. 

On  reproche  aux  Français  du  Tonkin  de  désigner  par  le  terme  m;in,  le 
groupe  que  les  Chinois  nomment  yao,  en  faisant  remarquer  que  le  carac- 
tère mân  ^  ne  désigne  pas  une  peuplade,  mais  tous  les  Barbares 
du  Sud.  Gela  est  vrai,  et  le  terme  màn  est  employé  dans  le  même  sens 
par  les  Annamites,  qui  disent  mân  mèo,  mân  la  qua,  man  khoanh  (lolo), 
mais  il  faut  observer  que  le  terme  mân,  tout  seul,  a  fini  pai-  être  appliqué 


314  ")  Ji  ii.i.ET  1906 

aux  fils  de  Pien  lui.  Kiix- mômes  se  désignent  oITicielleinent  par  ce 
caractùrc,  mais  pour  on  felirei'  toute  idée  insultante,  ils  l'ont  fait  pré- 
céder i\o  la  cler  (les  hommes  \^ .  Actuellement  les  IMi'in  méridionaux 
ont  pi'es(iu('  tous  oublié  \o  torme  Yao,  et  ceux  qui  l'emploient  ont  changé 
le  caractère,  (pii  ivst  insultant.  ^^  yao  rx  gros  chien),  et  prononcent  diu, 
sieou,  ou  dzieou.  Dans  leur  langue,  ils  S(;  nomment  en  géni'ralisant  les 
hommes  de  la  montagne,  Kim  mirn  ou  hiiii  mun,  et  en  caractère,  les  fils 
de  la  montagne,  les  (ils  du  chien  dragon,  les  lils  de  la  montagne  aux 
habits  bigarrés. 

Ainsi  que  le  dit  la  tradition,  les  M;in  sont  originaires  de  l'Est  de  la 
Chine  centrale,  le  Nan-tchao  ^'e-che  ne  les  cite  pas  comme  tribu  du  Yun 
nan  ;  ce  sont  pourtant  les  barbares  qui  sont  les  mieux  connus  des  Chinois. 
Actuellement  leur  aire  de  dispersion  s'étend  du  Sud  du  IIou  nau  jusqu'au 
Delta  tonkinois  et  au  centre  de  la  chaine  annamitique  au  Sud,  à  l'Ouest, 
au  Thibet  et  aux  Etats  chans.  Deux  tribus  surtout,  les  Ta  pan  et  les 
Lan  tien  sont  représentées  sur  cette  sui'face;  l'habitat  des  quatre  autres 
est  beaucoup  moins  étendu. 

Tribu  Quân  côc  (en  annamite  pantalons  courts),  dans  leur  langue  Tsan 
sieu  nin  (|lj  ^  A)*- 

Planche  XII,  fuj.  2.  —  .louiie  homme  cl  jeunes  filles  iiiiiii  (juàii  côc. 

Nous  avons  dit  que  ces  Man  parlent  un  chinois  archaïque.  Ils  sont  fort 
habiles  agriculteurs,  et  leur  matériel  de  culture  dans  lequel  figure  un 
traîneau  aussi  ingénieux  que  bien  approprié  au  terrain,  est  fort  perfec- 
tionné. 

Stationnés  depuis  longtemps  dans  la  région  de  Mon  cay,  ils  furent 
transportés  en  partie,  dans  le  milieu  du  xviii*  siècle,  sur  les  pentes  du 
Tarn  dao;  un  canton  entier,  celui  de  Hôî  Ké  -,  dans  le  huyèn  de  Son 
Duong,  est  peuplé  de  Mân  quân  côc. 

Tribu  Cao  tan.  —  Ce  nom  est  celui  que  cette  tribu  se  donne,  concurrem- 
ment avec  celui  de  Son  ti  ou  Tsan  tsay  (prononciation  cao  lan),  mais  il 
semblerait  ipie,  dans  certains  villages^  les  Tsan  tsay  seraient  jtius  diffé- 
renciés et  parleraient  un  dialecte  chinois,  au  lieu  du  dialecte  lliai  habi- 
tuel; nous  n'avons  jamais  pu  vérifier  le  fait,,  bien  qu'ayant  beaucoup 


*  Ces  caractôres  signifient  certainement  iiommcs  yao  de  la  montagne,  mais  par 
suite  d'un  changement  de  racine,  pour  éviter  la  clef  des  chiens,  on  doit  le  traduire 
par  :  hommes  du  loinlain  montagneux.  Ce  changement  de  clef  donne  donc  une  tra- 
duction fort  éléganfe  des  sous  tsan  sieu  nin,  sans  les  altérer.  I-^lle  fait  honneur  au 
lettré  qui  l'a  trouve»;. 

'  C'est  la  prononciation  sino-aunamilc  du  nom  de  la  monlagno  du  Tcho  Kiaugqui 
l'ut  le  premier  séjour  des  Màn,  d'api'ès  la  tradition. 


BONIFACV.  —  r.ROlTpES  ETHNIOPES  DU  BASSIN  DE   LA   IIIVIKRE  CLAIRE  315 

fréquenté  los  Cao  lan.  Ceux  d'onlr'eux  ([ui  lial)ili'n(  dans  les  Cent  Mille 
Monts,  province  de  Kouang  tong,  parlent  aussi  l'idiome  Ihai. 

Les  Cao  lan  sont  aussi  bons  travailleurs  que  les  (Ju;\m  cùo.  Ils  s'acco- 
uiodent  de  tous  les  terrains,  et  changent  leur  mode  de  culture  d'après 
leur  lial»ilat.  Ils  ont  beaucoup  d(>  tendances  à  adopter  les  formes  sociales 
des  Aniiaiiiilr>.  dunt  \\<  \u\\\i-\\[  presque  le  costume,  et  duni  la  langue. 
dans  le  midi  de  leur  habitat,  est  devenue  leui-  langue  d'échange.  Ils  sont 
pmirlant  encore  attachés  ;i  leurs  traditions,  et  portent  dans  leurs  céré- 
monies, faites  d'après  le  rituel  mân,  leur  costume  Iradiliiuinel. 

Planche  XIII,  fiij.  2.  —  Jeune  lioinme  el  jeune  liile  ni.m  cao  lan  dans  son  coslunie 

traditionnel. 

Ce  costume  porte,  sous  les  bras,  des  pièces  blanches,  qui  représentent 
les  traces  des  pattes  du  chien  ancêtre,  et  sur  les  deux  omoplates,  des 
losanges  brodés,  qui  sont  un  souvenir  des  morsures  (ju'il  fit  à  la  prin- 
cesse, sa  femme,  dans  ses  transports  amoureux.  Il  est  à  remarquer  que 
les  Kha  du  bas  Laos  portent  le  même  costume,  et  assignent  à  ces  stig- 
mates la  même  origine. 

Les  Cao  lan  habitent  au  sud  les  limites  Nord  du  Delta,  les  environs  de 
Mon  cay,  et  les  montagnes  qui  se  trouvent  sur  la  limite  des  deux  Kouang, 
en  Chine. 

Les  caractères  qui  les  désignent  ]^  ^,  cao  lan,  signifient  hautes  orchi- 
dées. Quant  aux  caractères  lil  ^,  ou  [Il  ^  tsan  tsay,  ils  sont  phoné- 
tiques: le  deuxième  caractère  est  peut  être  employé  pour  ^,  dans  ce 
cas,  l'expression  signifierait  fils  de  la  montagne,  ce  qui  est  le  nom  de 
tous  les  Miin. 

Tribu  (Judn  lr(tn(/.  —  (iette  expression  signifie  pantalon  blanc,  elle  est 
traduite  dans  l'idiome  de  ces  indigènes  par  pè  coa  mun,  signifiant 
hommes  au  pantalon  blanc. 

Planifie  XVII/,  fiij.  1.  —  Jeunes  filles  et  fillettes  quàn  Irang  avec  leurs  diverses 

coilTures. 

Cette  tribu  parle  un  dialecte  man  ;  elle  a  cela  de  particulier (]ue  tous  les 
jeunes  garçons,  vers  douze  ans,  sont  soumis  à  une  initiation  qui  les  rend 
aptes  à  remplir  certaines  fonctions  sacerdotales.  Les  plus  instruits 
subissent  une  deuxième  initiation,  pendanl  laipielle  les  inilialetirs  font 
subir  au  ni'ophyle  des  épreuves  représentant  la  mort  et  la  renaissance  U 
la  vie  spirituelle.  L'initié  au  premier  degré  porte  le  costume  des  prêtres 
taoïstes,  l'initié  au  second  degré  un  habit  rouge,  avec  écharpo  el  mani- 
pule, plus  un  chapeau  représentant  le  visage  d'un  génie. 

Les  cérémonies  funèbres  sont  fort  curieuses,  et  se  terminent  par  la  cré- 
mation lorsque  le  défunt  est  un  chef  de  famille  Agé.  Comme  coutumes 
familiales,  on  peut  citer  la  monogamie,  l'obligation  du  stage  chez  le  beau- 
père  pour  le  gendre,  et  l'entrée  fréquente  de  celui-ci  dans  le  clan  de  sa 
femme. 


316  •>  J'iMT.T  1906 

Les  Qui\n  Iranc;  habitent  le  l)assiti  moyen  de  la  Rivière  Claire,  à  hau- 
teur de  Tuy«}n  (Juang. 

Tribu  Lan  tien.  —  Ces  deux  mots  signifient  en  chinois  teinture  d'indigo 
^!  H$  '•  1'^'^  ^^"'  ''<""  eux-mêmes  prononcent  dam  tin.  Très  souvent  ils  sont 
appelés  simplement  ^'ao,  ou  Yao  jen. 

Les  autres  noms  sont,  en  annamite  :  Chàm,  (indigo);  du  coté  de  Cao 
bang  :  San  ti  ou  San  tscui  (prononciation)  (ils  de  la  montagne;  dans  les 
Cent  mille  Monts  et  à  Mon  cay  :  Pan  i  *  fet  non  pang  gui),  habits  brodt's; 
près  de  Tuyôn  Quang  :  Ao  dài,  habits  longs.  Par  corruption  au  Laos, 
dans  les  Etats  Chan,  on  écrit  lanten,  lantenne,  etc. 

Dans  leur  langue,  les  Lan  tien  s'appellent  Kim  mun  (hommes  de  la 
montagne).  Les  femmes  portent,  sur  leurs  cheveux  artislement  arrangés, 
un  diadème  aplati^,  en  argent,  appelé  doat,  elles  le  recouvrent  d'une  pièce 
blanche  brodée. 

Planche  XIII,  /i//.  1.  —  Jeune  femme  lan  tien,  en  costume  de  mariée. 

Les  Lan  tien  se  plient  à  toute  espèce  de  culture,  ils  sont  très  industrieux, 
très  éveillés.  Leurs  femmes  jouissent  d'une  très  grande  liberté.  Comme 
leurs  cousins  les  Ou;\n  trang,  dont  ils  comprennent  l'idiome,  ils  brûlent 
le  corps  des  vieux  chefs  de  famille,  mais  ils  ne  font  initier  qu'un  certain 
nombre  d'enfants  destinés  au  sacerdoce.  L'aire  de  dispersion  des  Lan 
tien  est  la  même  (jue  celle  des  Ta  pan,  mais  au  Tonkin,  leur  village  le 
plus  méridional  sur  la  Rivière  Claire  est  environ  à  hauteur  de  Vinh  Thuy. 

Tribu  Siao  pan.  —  Ces  mots  >J>  IiS  ^  signifient  petite  planche.  En  anna- 
mite on  donne  à  la  tribu  le  nom  de  Deo  tien,  orné  de  sapèques,  dont  on 
a  fait  Tien,  par  abréviation,  ce  qui  permet  de  les  confondre  avec  les 
Lan  tien. 

Dans  leur  langue,  les  Siao  pan  se  disent  dzot  ton  mien,  hommes  à  la 
petite  coiffure,  et  ils  qualifient  les  Ta  pan  de  tum  dzot  mien,  hommes  à  la 
grande  coiffure. 

Les  sapèques  pendues  au  collet,  au  nombre  de  sept,  sont  en  relation 
avec  les  âmes. 

Planche  A7A,  //y.  3.  —  Jeunes  hommes  siao  pan  portant  des  bijoux  déjeune  liila, 
par  crainte  des  mauvais  génies,  et  jeunes  filles  portant  la  «  petite  coiffure  »  qui 
donne  son  nom  à  la  tribu. 

Les  hommes  Siao  pan,  ainsi  que  les  Quàn  eue,  les  Cao  lan  et  les  Quân 
trang,  portent  la  coiffui^e  annamite.  Celte  particularité,  fixe  leur  passage 


1  Les  caractères  sont  ïtt  ^. 

*  En  annamite  on  prononce  Tien  ban,  (accents  ri^montants).  Les  planches  dont  il 
est  question  sont  les  bois  qui  se  trouvent  dans  la  coifTure. 


lliiMKACV.    —  r.HOUl'K>  ETHNIgL'ES  IH    UASSIN  DR  l.\   HIVIKUE  CI.UUK  3iT 

en  Annain  à  une  éj)uque  anléiieuie  à  celle  de  l'avi^nenienl  ilf  la  dynastie 
Tsiiiy  en  Chine. 

Les  Siao  ]ian,  stationnés  sur  le  moyen  Song  GAm,  et  dans  les  parties 
;ivoisinanli>s  des  provinces  de  (lao  Hang  et  de  Thaï  Nguy<"'n,  parlent  le 
Ihai  connue  langue  d'échange.  Un  certain  nonihre  d'enlr'eux  parlent  en 
outre  l'annamite. 

Tribu  Ta  pan.  —  tlaraclères  J^  W  (grande  planche),  on  prononce 
encore  Tai  pan  Icantonnais)  Dai  ban  (sino-annamile),  et  par  corrup- 
tion, dai  van,  thanh  van.  En  annamite  on  dit  encore  sung  (prononcer 
sungue)  corne,  en  thai  coc,  mOme  signification.  Les  Ta  pan  partagent 
aussi  avec  les  Siao  pan  le  nom  de  Son  (Seune)  dàu,  télé  cirée.  Tous  ces 
mots  ont  rajiport  à  la  coitTure. 

Mais  la  tribu  se  subdivise  elle-même  en  trois  sous-tribus. 

I"  Les  petites  cornes,  en  chinois  :  ton  k«j  yao  ;  en  man  :  ngohg  nang 
mien. 

Phinrhi-  MW/if/.  t.  —  Homme  et  jeunes  filles  la  pan  courte  corne  (Dôug  Van). 

â"  Les  grandes  cornes,  en  chinois  :  san  kù  yao;  en  man  :  ngông  dao 
mien. 

Planche  XIV,fi(j.  2.  —  Homme  et  femme  ta  pan  f^rande  corne,  la  femme,  en  costume 
de  noce,  porte  la  coiffure  qui  donne  son  nom  ;i  la  tribu. 

Ces  deux  sous-tribus  reçoivent  le  plus  souvent  le  nom  thai  de  côc. 

A  l'Est,  vers  Cao  Bang,  Bao  lac,  leur  turban  ordinaire  est  bariolé  de 
rouge. 

Vers  l'ouest,  au  contraire,  le  turban,  plus  gros  est  tout  bleu. 

Les  hommes  de  ces  tribus  portent  un  costume  sombre  de  forme  chinoise. 

30  Les  Yao  bananes,  chinois  pa  tsiao  yao;  m;in,  hommes  au  couteau 
rond,  du  cun  mien  (dgiou  koune  mienne). 

Planche  XV,  /ig.  2.  —   Dai    ban  au   couteau  rond,  la  jeune  fille  de  droite  porte 

la  coifTure  nuptiale. 

Ceux-ci  reçoivent  plus  particulièrement  les  noms  de  consonnance  anna- 
mite donnés  plus  haut.  Les  hommes  portent  le  costume  annamite.  Quel- 
ques-uns sont  encore  stationnés  sur  les  limites  des  deux  Kouaiig,  ils  y 
reçoivent  le  nom  de  Tinh  pan  ]1  )i5  (sommet,  planche). 

Les  trois  sous-tribus  sont  réparties  du  Nord  au  Sud,  les  Du  cun  habi- 
tant la  partie  méridionale.  Les  Ta  pan  sont  regardés  par  les  autres  Mân 
comme  les  aînés  du  groupe.  Ils  se  font  remarquer  par  leurs  aptitudes 
industrielles,  ils  savent  traiter  les  minerais  de  fer,  travailler  les  autres 
métaux,  le  bois,  etc.  etc.  Ils  sont  souvent  les  fournisseurs  des  autres 
groupes  ethniques. 


318  5  Ji  ii.i.KT  iyoti 


CUOl  l'E  PA  TENO. 

7'//////  /'u  /('/«//.  — On  confoinl  souvent  les  l'a  teng  avec  les  Yao,  mais  ils 
allirment  ne  pas  descendre  du  chien  l'ién  llu.  Voici  leur  origine,  d'après 
leurs  légendes  :  la  «  jeune  sœur  »  sauvée  du  déluge  demeurait  stérile 
après  son  mariage  avec  son  frère,  lîn  génie  eut  pitié  d'elle  et  lui  remit 
huit  doliques,  en  lui  disant  (pu;  rha(]ue  fois  qu'elle  en  mangerait  une, 
elle  mettrait  au  monde  un  fils.  Dans  son  désir  d'être  mère,  la  jeune 
femme  avala  les  huit  graines  à  la  fois,  et  elle  mit  au  monde  huit  fils,  qui 
devinrent  les  ancêtres  des  huit  clans.  Les  mots  pa  teng,  ou  mieux  pa 
sing  (A  ^\  signifient  en  effet  «  huit  clans  ».  Dans  leur  langue,  les  Pa 
teng  se  nomment  Y  viang  mliê  et  qui  signifie  :  hommes  coupeurs  de  bois. 

Planche  II,  fig.  2.  —  Femmes  et  enfants  pa  teng. 

Les  Pa  teng  sont  très  en  retard,  ils  ne  connaissent  que  les  procédés  de 
culture  les  plus  primitifs.  Les  femmes  accouchent  debout,  les  hommes 
sont  portés  en  terre  assis  et  maintenus  sur  un  siège  par  des  cordes. 

Cette  tribu  est  stationnée  à  1  Ouest  de  Bac  Quang,  entre  ce  poste  et  le 
Sông  Chay. 

Fait  à  noter,  les  Pa  teng  se  sont  révoltés  en  190-4  contre  les  autorités 
thô.  Une  reine  leur  était  née  et  devait,  paraît-il,  donner  la  suprématie 
aux  Montagnards.  Ce  mouvement  fut  rapidement  étoufl'é  parles  autorités 
militaires  du  cercle  de  Hà  giang.  En  1905  nous  avons  logé,  sans  arme, 
dans  la  demeure  de  l'un  des  chefs  qui  avait  été  emprisonné  à  la  suite  de 
cette  rébellion.  Nous  avons  été  touché  de  la  confiance  et  de  la  bonne 
volonté  de  ces  pauvres  gens,  émerveillés  de  nous  entendre  lire  le  voca- 
bulaire de  leur  langue,  que  nous  avions  pris  deux  ans  auparavant  chez 
d'autres  famille  de  leur  tribu.  Comme  beaucoup  de  primitifs,  les  Pa  teng 
croient  qu'une  partie  dé  leurs  Ames  se  trouvent  dans  leur  reflet.  Contrai- 
rement ;i  ce  qu'auraient  fait  des  civilisées,  les  jeunes  filles  ne  voulaient 
pas  se  regarder  dans  mon  miroir  de  poche,  craignant  sans  doute  que  je 
n'emportasse  leurs  âmes.  Malgré  cette  crainte,  elles  consentirent  à  poser 
devant  mon  objectif,  mais  je  dus  leur  promettre  de  leur  renvoyer  l'image 
ainsi  obtenue  *. 

Tribu  Na  r  ou  Nong  ê.  —  La  langue  des  Pa  teng  est  telle,  qu'il  esta  peu 
près  impossible  de  savoir  si  la  voyelle  finale  est  pure  ou  nasalisée.  Les 
Naê  sont  désignés  à  Bao  lac  et  dans  les  environs  sous  le  nom.de  Kouey 
tchéou  et  passent  pour  des  Chinois.  Nous  interrogeâmes  ces  indigènes 

'  Voir  à  ce  .sujet  le  Bnmeau  d'or  de  Frazcr,  tome  I,  traduction  française,  pages  224 
et  suivantes.  Tous  les  Tonkinois  ont  la  même  croyance,  en  ce  ijui  concerne  la  pho- 
tographie, et  les  Annamites  du  Delta  eux-mêmes  ne  veulent  pas  se  laisser  mutiler, 
en  pemieltanl  de  faire  une  photographie  de  buste. 


BilNIKACV.   i;ilHll'l>  KIlIMnl  l>   lU     IIAS^IN   HK   I. A    UIVll.ltK   i.l.AlHK  'A\[) 

(laii>  plusieurs  l;in,i;iic'S,  el  nous  IViiucs  1res  tHonnésen  reconnaissaiil(|u'ils 
parlaient  celle  «les  l'a  teng. 

l'idiuhv  III,  jiij.  1.  —  (jrou|pu  <lo  Na  è. 

Le  coslu  me  (les  Na  t^  est  dilïérent,  leur  industrie  hien  plus  grande, 
mais  la  langue,  les  traditions  et  les  coutumes  ethniques  s(»nl  celles  des 
l'a  tong.  Ils  disent  (pie  de  nombreux  individus  de  leur  race  vivent  dans 
le  fou  de  Kouaui;  nan,  ;i  ri''st  du  Vun  nan.  Certains  d'entr'eux  auraient 
abandonné  la  langue  maternelle  et  les  vieilles  coutumes,  ils  les  appellent 
Aj /'/H  (mangeurs  de  riz)  en  cbinois,  ce  qui  n'est  (pie  la  traduction  des 
mots  na  è  (ou  nong  ô)  mangeurs  de  riz  en  pa  tcng. 

Les  autres  Kouey  tcheoii  que  nous  avons  visités,  dans  le  canton  du 
D(jng  quang,  étaient  par  contre  des  émigrés  chinois  venus  du  Hou  nan 
depuis  une  centaine  d'années  environ.  Ils  ont  conservé  les  coutumes  chi- 
noises, et  leurs  femmes  entourent  leurs  pieds  de  bandelettes,  sans  toute- 
fois aller  jusqu'à  la  mutilation. 


GROUPE  MEO. 

Sans  vouloir  discuter  longtemps  sur  la  question  de  savoir  si  les  Miao 
tse  descendent  oui  ou  non  des  San  miao,  si  on  doit  écrire  leur  nom  avec 
!j,  tïSj  lui  donnant  ainsi  le  sens  de  chat,  ou  seulement  |g,  semis  ou 
herbes  naissantes,  nous  nous  permettrons  de  faire  remarquer  qu'au 
Tonkin  et  dans  le  Sud  de  la  Chine,  on  a  traduit  miao  tse  par  le  mot  qui 
signifie  chat  (mèo),  et  non  par  semis  (ma  ou  na).  L'agilité  de  ces  mon- 
tagnards justitie  le  nom,  et  il  nous  semble  d'ailleurs  préférable  que  les 
ethnographes  rapportent  fidèlement  ce  qu'ils  voient  et  ce  qu'ils  entendent 
sur  place,  que  de  puiser  leurs  informations  dans  des  vieilles  chroniques 
écrites  dans  des  régions  fort  éloignées  de  celles  où  ils  op(''rent. 

Les  Méo  sont  appelés  mAu  mèo,  ou  nif^o  seulement  par  les  Annamites; 
mèo  ou  pu  mèo  par  toutes  les  tribus  thai,  les  La  qua,  les  La  ti  ;  la  gu 
(u  français),  par  les  Lao;  miao  ou  mèo  par  les  Màn  ;  ma  mieu  par  les  Lolo. 
lisse  donnent  à  eux-mêmes  le  nom  de  Mông,  (jue  nous  n'avons  jamais 
entendu  proncer  Hmôiuj. 

Les  Mèo  sont  habiles  agriculteurs  et  élèvent  de  beaux  bestiaux  qu'ils 
logent  mieux  (ju'ils  ne  se  logent  eux-mêmes.  Ils  connaissent  nombre 
d'industries,  y  compris  celle  du  fer  et  sont  si  habiles  dans  l'art  du  char- 
pentier que  les  Min  prétendent  (ju'ils  descendent  de  Lu  [)an,  le  i)atron 
chinois  des  ouvriers  en  bois. 

Ils  ne  connaissent  pas  ou  ne  veulent  pas  donner  l'origine  de  leur  race, 
mais  ils  repoussent  absolument  les  idées  totémiques  des  Mân  sur  le  chien. 
Contrairement  aux  habitudes  de  leurs  voisins,  ils  mangent  sans  répu- 
gnance la  chair  de  cet  animal,  tandis  qu'ils  s'abstiennent  de  viande  de 
chat  ou  de  cheval.  Le  chat,    disent-ils,   chargé   d'apporter   le  feu  aux 


;^20  •"'  Ji  ii.i.iM   VMi 

lioinmi's,  s;ici|iiilla  litltMeinenl  de  son  message,  tandis (jue  le  chien (|ui  fut 
inandi'  pour  leur  apporter  le  grain,  dans  sa  queue  en  fornied'épi,  mangea 
en  route  une  partie  de  celui  qui  lui  avait  été  confié.  Ils  croient  au  méta- 
morphisme, et  sont  persuadés  que  devenus  vieux,  ils  se  changent  en 
tigres,  s'ils  ne  sont  assistés  à  leurs  derniers  instants  par  un  devin,  qui 
envoie  les  âmes  où  elles  doivent  aller.  Us  croient  que  ces  âmes  des  morts 
pénètrent  dans  le  corps  des  femmes,  pour  donner  la  vie  au  fœtus.  Après 
la  naissance,  le  placenta  des  filles  est  enterré  sous  le  lit  de  la  mère,  celui 
des  garçons  sous  un  pilier  de  la  maison.  Ils  agissent  ainsi,  disent-ils, 
afin  qu'après  la  mort  les  âmes  viennent  se  revêtir  du  placenta  qui  devient 
leur  habit,  sans  quoi  elles  ne  pourraient  retrouver  le  chemin  du  lieu  où  se 
trouvent  les  ancêtres.  Ces  croyances,  ou  d'autres  analogues,  sont  d'ail- 
leurs communes  à  tous  les  groupes. 

Les  Mèo,  habitant  des  hautes  montagnes,  sont  descendus  peu  à  peu  du 
Sse  tchouen  vers  le  Sud;  ce  mouvement  se  continue  insensiblement, 
et  ils  i)euplenl  depuis  25  ans  le  plateau  de  Trais  ninh  sous  la  latitude 
de  Hué.  Leur  exode  se  fait  en  droite  ligne  vers  le  Sud,  cependant  on  en 
trouve,  paraît-il,,  dans  l'île  de  liai  nan  où  ilsont  sans  doute  été  transportés 
par  les  Chinois. 

Les  Mèo  sont  laborieux,  mais  ivrognes  et  cruels  à  l'occasion  ;  on  se  sou- 
viendra longtemps  dans  le  Haut-Tonkin,  des  massacres  auxquels  ils  se 
sont  livrés  vers  1850,  sous  les  ordres  de  Siung  Ta  (^|  ;^),  originaire 
du  plateau  de  Duong  Thuong  au  sud  du  canton  de  Dông  Quang.  Ce 
chef  mèo  se  déclara  empereur,  prit  le  titre  de  règne  Thuàn  Thién  Chua 
(M  ^  i'  obéissant  au  Seigneur  du  Ciel),  appela  à  lui  tous  les  Mèo 
des  pays  circonvoisins,  leur  donna  comme  enseigne  le  pavillon  blanc, 
et  les  lança  contre  les  habitants  des  plaines,  épargnant  ceux  des  mon- 
tagnes. Ce  brigandage  qui  s'étendit  au  Sud  jusqu'à  Tuyèn  Quang,  ne 
cessa  que  lorsque  la  contrée  fut  devenue  un  désert  et  que  les  Mèo  eux- 
mêmes,  épuisés  par  leurs  courses  dans  les  vallées  malsaines,  durent  rega- 
gner leurs  montagnes. 

On  trouve  au  Tonkin  et  dans  les  pays  circonvoisins  quatre  tribus  qui 
sont  : 

1°  Les  Mèo  blancs,  chinois /)t;  Miao,  dans  leur  langue  mông  daeu  on  ttaeu 
(prononciation). 

Planche  XIX,  /iij.  1.  —  Un  jeune  couple  do  riches  méo  blancs  et  les  deux  sœurs 

du  marié. 

Cette  tribu,  la  plus  nombreuse,  se  distingue  par  la  jupe  blanche  et  le 
turban  en  toile  circulaire.     . 

2°  Les  Mèo  rouges,  chinois  honfj  miao,  dans  leur  langue  iWôn^ /en  (signi- 
fiant Mèo  brodés). 

Planche  XX,  /ig.  2.  —  Groupe  de  Mùo  rouges. 


BOMKACV.   —  liHill  l'KS  KTIIMnlK>  Df   IIASSIN  DE  I.A   UIVIKKK  CI.AIItK  3:21 

dette  tribu  se  (lisliiifjiic  par  sa  jupi!  biudôe  cL  son  liiih.ui,  l'ail  df  clii'- 
veux  tuinbés  tressés  en  cordelettes,  Ils  n'acceptent  pas  le  nom  de  nièo 
rouge,  parce  que  les  Mèo  rouges  ont  la  réputation  d'«5tr<^  les  plus  cruels 
des  Mèo.  Peu  nombreux,  on  trouve  leurs  babitations  parmi  celles  des 
Mi'^o  blancs. 

',\'  Les  Mé(j  ;i  bHc  [)encbée,  cliinuis  pieu  Icnit  niino,  dans  leur  langue 
W()h// A'(M  (mèo  à  peigne),  ou  manu  clià  pia  (mè(Mpii  bint  nmd).  Ce  nom 
vient  de  la  i-oiiïiirt'  ordinaire  des  femmes;  elles  roulent  leui's  cliciveux  et 
les  lixenf  par  un  [)eigne  sur  le  cùté  rlroit  d».'  la  ttUe.  lin  cért'nntiiie 
comme  dans  la  ligure,  elles  puilnil  un  (miiaii  en  lunno  de  cœur,  dunl 
la  pointe  est  tournée  en  avant,  (les  .Méo  babilent  sur  le  flanc  des  mon- 
tagnes. Nous  on  avons  même  trouvé  dans  une  vallée,  sur  le  Sông  Mien. 

Planche  XV,  /i(j.  1 .  —  Mèo  à  tète  penchée,  une  aïeule  et  ses  petits-enfants* 

■4°  Les  Mèo  noirs,  cbinois  lieu  niiao,  dans  la  langue  des  autres  Mèo, 
mùng  du  (mèo  noirs)  dans  leur  idiome  mông  sa  (mèo  à  peigne). 

Les  Mèo  noirs  vont,  en  enfants  perdus,  sur  les  limites  de  l'habitat  des 
.Mèo,  ils  se  dissimulent  si  bien  dans  la  montagne,  (jue  les  autorités  fran- 
çaises ignorent  quelquefois  leur  présence.  Une  famille  isolée  de  cette 
tribu  vivait  sur  les  montagnes  du  haut  Sông  Dày  presque  à  hauteur  et  à 
l'Kst  de  Tuyèn  Quang. 

Planche  XVI,  jh].  i.  —  Homme  et  fillette  mèo  noirs. 

Les  Mèo  noirs  ne  veulent  pas  être  appelés  ainsi,  nous  n'avons  pu  savoir 
pourquoi.  Ils  préfèrent  le  mot  .sa  (peigne).  Comme  on  le  voit  leur  pronon- 
ciation diiïère  un  peu  de  celle  des  autres  Mèo,  et  le  vocabulaire  est  un 
peu  différent,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  noms  de  plantes.  On  peut  en 
conclure  à  une  séparation  déjà  ancienne  des  autres  tribus  mèo.  Le  cos- 
tume des  Mèo  noirs  est  de  couleur  bleu  foncé.  La  seule  coiffure  des  femmes 
est  un  peigne,  placé  derrière  la  tète,  et  retenant  grossièrement  les  cheveux. 


5»  Division.  —  Groupe  parlant  une  langue  de  forme  l)irmnno-thibétaine. 


GROUPE  LOLO. 

Si  l'on  considère  que  l'un  des  préfixes  le  plus  souvent  employé  dans  les 
anciennes  langues  du  llaut-Tonkin  et  de  la  Chine  méridionale  est /a  dans 
les  noms  de  peuple,  on  pourra  en  conclure  que  la,  lala  devenu  plus  tard 
/o,  lolo  en  chinois,  a  pu  devenir  synonyme  de  peuplade,  puis  s'être  appli- 
qué à  certain  groupe  de  peuplades.  En  annamite,  les  Lolo  sont  les  La  dûn 
(ÎS  Je),  le  peuple  La,  quelques  tribus  sont  appelées  Pu  la,  ce  qui  signi- 
fie en  thô,  les  La,  les  hommes  ou  le  peuple  la. 

Nous  avons  déjà  parlé  des  Lolo  au  point  de  vue  somatiquc  et  lin- 
guistique; au  point  de  vue  moral  ce  sont  des  hommes  doux  el  un  peu 
soc.  u'abtukop.  l'JÛO.  22 


:\-2-2  ri  jiii.i,KT  i'.)Oc. 

apathiques,  se  laissant  évincer  facileuienl  par  leurs  voisins.  Ils  sont  bons 
cullivaleurs.  habiles  vanniers,  leurs  feinuies  montrent  beaucoup  de 
patience  pour  orner  crapplicpies  aux  ligures  géométriques,  broder  et 
teindre  leurs  vétcnienls. 

lueurs  traditions  sont  assez  semblables  à  celles  d(;s  groupes  voisins. 
Dans  leur  légende  du  déluge  universel  et  de  la  création,  le  bambou  joue 
un  rùle  pn''[)ondéranl  ;  non  seulement  il  invita  le  frère  et  la  sœur  à  s'unir, 
mais  son  ombre  protégea  leurs  embrassements.  Il  s'en  suit  (jue  les  nou- 
veaux mariés  ne  peuvent  couper  le  bambou.  C'est  sur  l'écorce  brillante 
qui  se  trouve  à  la  base  des  nœuds  de  bambou,  disposée  sur  une  cloison, 
que  les  Lolo  placent  les  grossières  images  qui  représentent  leurs  parents 
morts.  Us  mettent  autour  quelques  feuillages  et  suspendent  au-dessous  la 
mâchoire  inférieure  des  animaux  immolés  dans  le  dernier  sacrifice. 

Us  appellent  les  esprits  Né,  le  plus  grand  est  celui  du  ciel  Mo  nô,  mais 
celui  qui  intercède  pour  les  hommes  est  Tchung  ne.  Les  esprits  des  mon- 
tagnes, des  eaux,  etc.,  ainsi  (jue  les  Ames  des  ancêtres  s'appellent  aussi 
Ne. 

Autrefois,  ils  ne  pouvaient  manger  du  canard,  du  poulet,  de  l'oie  et  du 
cochon,  mais  actuellement  ces  viandes  ne  sont  tabou  que  pour  les  femmes 
mariées. 

A  la  naissance  d'un  enfant,  le  mari  demeure  à  la  maison  15  jours, 
avec  sa  femme. 

Les  Lolo  qui  habitent  le  haut  bassin  de  la  Rivière  Claire  peuvent  se 
diviser  en  cinq  tribus  que  nous  allons  énumérer. 

1°  Mung  ou  Miiong  (prononcer  u  comme  en  français  et  o  comme  en  fran- 
çais.) Au  Tonkin  le  mot  muong  ne  désigne  pas  seulement  une  conscrip- 
tion thai,  on  trouve  quelques  tribus  qui  portent  ce  nom.  L'une  d'elles  est 
établie  sur  le  haut  Sông  gàm^  vers  Bac  Mè.  Ses  membres  portent  le 
costume  thô  et  parlent  thô,  ils  prétendent  même  ne  pas  connaître  d'autre 
langue,  et  pour  obtenir  un  vocabulaire,  nous  dûmes  nous  adresser  aux 
femmes.  Ce  vocabulaire  et  la  syntaxe  de  la  langue  sont  purement  lolo, 
mais  l'idiome  diffère  assez  de  celui  des  Lolo  noirs  de  Uao  lac.  On  reconnaît 
encore  les  Mung,  (c'est  le  nom  qu'ils  se  donnent  et  c'est  celui  qu'ils  reçoi- 
vent, même  des  Lolo  noirs  de  Baolac),  parce  qu'ils  ont  conservé  l'usage 
de  la  hotte  lolo  dont  la  courroie  se  passe  au  front. 

D'après  les  Thô  qui  les  environnent,  ils  se  sont  constitués  en  famille 
comme  eux,  pratiquent  le  culte  des  ancêtres  comme  eux,  ont  les  mêmes 
droits  et  les  mêmes  devoirs  qu'eux.  C'est  pourquoi,  probablement,  les 
hommes  que  nous  avons  interrogés  ne  voulaient  pas  nous  révéler  leur 
nationalité  réelle. 

Le  commandant  de  Lajonquière  a  trouvé,  à  Bao  ha,  sur  le  Fleuve 
Rouge,  des  Xapho,  clients  des  Thô  et  qui,  comme  les  Mung,  sont  des 
Lolo. 

En  février  1904,  nous  étions  en  visite  à  Chi  ne,  dans  le  pays  des 
Muong;  en  revenant  de  ce  poste  administratif  à  Nam  Diuh,  deux  miliciens 


IIONIKACY.   —  (ÎROLTES  ETHNIQUES  Dr  BASSIN  DE  I.A   ItIVIKUE  CI.AIIIK  323 

muong  nijus  si-ivaii-iiL  d'est-orti.'.  Ils  iiousdéclan^renlque  dans  k'ur  langue, 
ils  se  nommaicnl  cho  (prononcer  cli  comme  le  c  italien,  o  internit'diaire 
l'iitre  o  et  eu.).  Le  reste  de  leur  vocaliulaire  «Hait  d'ailleurs  i\  peu  pivs 
annamile,  mais  avec  prononciation  dilVérenle,  ainsi  (|ue  u(jus  le  savions, 
rius  lard,  vers  la  fin  de  1*J0j,  nous  avons  trouvé  ce  mAme  mot  pour 
désigner  Thouime  chez  les  Pu  la.  *  Nous  croyons  qu'il  serait  intéressant 
de  rechercher  si  les  Muong  sont  des  Thai  annamitisés,  les  restes  des 
anciens  (îiao  chi,  des  Indonésiens  ou  des  I.olo.  Faisons  remarquer  à  ce 
propos  que  certains  Kka,  classés  parmi  les  Indonésiens,  parlent  des  idio- 
nii's  lolo,  i[iu'  l'une  et  l'autre  race  est  dolichocéphale.  Les  Thai  et  les 
Annamites  étant  sous-brachycéphales,  il  serait  facile  de  déterminer  par 
des  mensurations  si  les  Muong  de  la  Rivière  Noire  et  de  la  province  de 
lloà  binli  appartenaient  aux  Indonésiens  ou  aux  Lolo  d'une  part,  aux 
Thai  ou  aux  Annamites  d'autre  part. 

2°  Lolo  noirs.  —  Dans  les  environs  immédiats  de  Baolac,  on  appelle 
|ilus  particulièrement  les  Lolo  noirs  Man  hhoanh  (sinoannamite  galon), 
ils  parlent  le  thai  comme  langue  d'échange,  les  hommes  ont  le  costume 
des  Thô,  et  les  femmes,  sauf  à  l'époque  de  leur  mariage,  ont  supprimé 
les  broderies,  ou  plutôt  les  appliques  du  panlalon  et  du  pagne. 

Les  Lolo  de  Baolac  ne  veulent  pas  apprendre  à  lire,  ils  sont  persuadés 
([u'un  génie  les  feraient  mourir  s'ils  le  faisaient. 

On  trouve  chez  ces  Lolo  une  coutume  analogue  à  celles  qui  sont  décrites 
dans  le  chap.  H  de  l'ouvrage  de  Westermack  sur  l'origine  du  mariage 
dans  l'espèce  humaine.  Dans  le  premier  mois  de  l'année  annamite  ou  chi- 
noise, qui  coïncide  avec  la  fin  des  récoltes  et  l'époque  où  les  travaux 
des  champs  ont  cessé,  les  jeunes  gens  sont  libres  de  se  fréquenter  comme 
ils  l'entendent.  IJe  nombreux  mariages  se  concluent  à  cette  époque.  11 
faut  dire  d'ailleurs  que  les  mois  d'hiver,  alors  que  les  greniers  sont  pleins, 
sont  particulièrement  mis  à  profit  par  les  Indigènes  de  tous  les  groupes 
ethniques,  pour  célébrer  leurs  fêtes  de  famille. 

IHanchi'  X.\,  /uj.  1.  —  Lolo  noirs  de  Bao  I;ic;  dits  Màn  Ulioanii. 

Les  Lolo  de  Mai)  lac  (Millivent  la  rizièn^  de  monlagiie,  avec  labour  et 
seuuiilli'  à  la  volri-,  et  la  lizièiv  irriguée  étagéc.  Ils  se  groupent  par 
hameaux  (jui  dis|)araissent  au  milieu  des  voj'gers.  Aux  arbres  à  fruit  des 
tropiques,  ils  joignent  les  poiriers,  pommiers,  pêchers,  abricotiers,  noyers 
et  châtaigniers  qui  viennent  bien  à  celte  latitude  sur  les  hauts  plateaux; 
on  y  trouve  même  une  vigne  sauvage  dont  les  fruits  sont  analogues  à 
ceux  de  nos  ri  paria. 

Dans  le  Hong  Quang,  on  désigne  les  Lolo  noirs  par  le  nom  de  :Mia  lai 
(lolo  brodés)  en  thai,  et  de  lloa  lolo  (^même  signification)  en  chinois.  On 


•  Les  autres  Lolo  disent  so  ou  sa. 


324  5  jiii.LET  1906 

accole  aussi  h  leur  nom   l'adjcclif  qui  signifie  noir  dans  les  dilTérentes 
langues  ;  enlin  on  les  appelle  encore  Kan  teou  lolo  en  chinois. 

Nous  avons  vu,  dans  les  difrérents  ouvrages  qui  traitent  de  l'ethnogra- 
phie de  la  Chine  occidentale,  qu'il  y  avait  une  tribu  de  Kan  lolo,  ou  de 
Kan  Kouolo  (  .^  Kan),  ce  qui  se  traduit  par  Lolo  secs.  Ici,  on  écrit 
^  M  1S  ^M,  t'«  <i^*i  signifie  Lolo  coupeurs  de  tètes.  Voici  l'expli- 
cation (le  celle  appellation  :  les  Lolo  nuirs  enli-rrent  leurs  morts  dans 
le  hameau,  à  proximité  des  maisons,  ils  mettent  un  bambou  dans  la 
terre,  une  extrémité  touchant  le  cadavre,  et  lorsqu'on  approchant  leur 
nez  du  bambou  ils  ne  perçoivent  plus  aucune  odeui-,  ils  déterrent  le 
cadavre  et  vont  enlerrer  les  ossements  dans  la  montagne.  Leurs  voisins 
prétendent  qu'à  ce  moment  ils  prennent  les  os  de  la  tète,  les  placent  dans 
un  panier  et  les  suspendent  à  proximité  de  leur  case,  pour  ne  pas  perdre 
le  souvenir  de  leurs  parents.  La  coutume  n'a  rien  d'extraordinaire,  et 
on  la  retrouve  dans  certaines  îles  de  l'Indonésie,  mais  les  Lolo  eux-mêmes 
soutiennent  que  cette  allégation  est  un  mensonge.  Peut-être  que  sous  la 
pression  des  idées  chinoises,  qui  tiennent  cela  pour  un  horrible  sacrilège, 
ont-ils  perdu  cette  coutume. 

Planche  XX/,  /if/.  2.  —  Jeune  garçon  et  femmes  lolo  noirs. 

Les  Lolo  noirs  n'habitent  au  Tonkin  que  le  phu  de  Baolac,  ils  y  étaient 
plus  nombreux  autrefois,  et  les  Mèo  occupent  des  terres  dont  ils  étaient 
jadis  propriétaires.  Encore  aujourd'hui,  nous  devons  défendre  celles  qui 
leur  restent  contre  les  entreprises  de  leurs  absorbants  voisins. 

Dans  leur  langue,  les  Lolo  noirs  s'appellent  Mân  zi  (prononcer  Meun  zi). 

5"  Lolo  blancs.  —  D'après  certains  auteurs  chinois,  les  Lolo  blancs  sont 
au  dernier  degré  de  l'échelle  des  Barbares  et  sont  sujets  des  Lolo  noirs; 
pour  d'autres,  au  contraire,  leur  langue  est  facile,  ils  savent  lire  et  écrire 
et  ils  ressemblent  à  des  Chinois.  Dans  ces  descriptions,  nous  ne  trouvons 
de  vrai  que  ceci,  ils  habitent  la  préfecture  de  K'ai  hoa  fou  et  paient  l'impôt, 

Platiflii'  XXI,  fifi.  1.  —  Groupe  Lolo  blancs. 

Les  Lolo  blancs  reçoivent  le  même  nom  que  les  Lolo  noirs,  en  chan- 
geant l'adjectif.  Ils  vivent  en  paix  avec  leurs  congénères  noirs  et  con- 
tractent mariage  avec  eux,  mais  dans  ce  cas,  la  femme  conserve  son 
costume,  tandis  que  ses  lillos  prennent  celui  de  la  tribu  du  père.  Leurs 
maisons  sont  sur  pilotis,  les  coutumes  et  la  langue  sont  les  mêmes,  sauf 
quelques  légères  différences.  Leurs  outils  ngricoles,  comme  leurs  <:ostumes, 
sont  faits  beaucoup  plus  finement  que  ceux  des  Noirs,  ils  les  brodent  avec 
de  la  soie  qu'ils  obtiennent  eux-mêmes.  Nous  avons  même  vu  chez  eux 
des  guitares  h  deux  cordes. 

Les  Lolo  blancs  se  nomment  eux-mêmes  Màn  za,  leur  habitude  de  porter 
les  cheveux  longs  les  font  nommer  quelquefois  Tckanfi  mao  lolo  par  les 


BONIFACY.   —  r.niHPKS  ETMMiJI  K>  l>l    IIK>-IN   l>K  l.\  niVIKRF.  i:i.\inE  325 

Chinois.  On  trouve  leurs  villages  parmi  ceux  des  I.olo  noirs  dans  la  partie 
Nord  du  plui  de  Bao  lac,  et  des  fou  de  K'ai  lioa  et  de  Kouaujf  nan  au 
Vun  nan. 

Pli  i(j  _  On  trouvi^  dans  le  bassin  de  la  HiviAre  Claire  au  Tonkin  : 
4'>  Douze  familles  Pu  la  dans  le  secteur  de  ll.iàn^'  thu  Bi,  pn^s  de  Xin 
nian;  ils  sr  en. i. Mit  dilTérenls  des  Lolo,  et  de  fait,  leur  langue,  bien  que 
piVs.Mitant  l.'s  m.iiies  racines,  est  bien  plus  chargée  d'alîixes  (|ue  celle  de 
ces  derniers.  .Nous  avons  remaniué  qu'elle  ressemble  bien  plus  à  celle  des 
Lolo  du  père  Viul,  ({ue  celle-ci  ne  ressemble  à  celle  des  Lolo  du  phu  de 
Bao  lac. 

Les  I*u  la  du  hameau  de  Nam  sing  phù,  près  de  Xin  man,  se  donnent 
enlr'eux  le  nom  de  Pu  pà.  Nous  n'avons  pu  voir  ni  leur  village,  ni  leurs 
femmes,  dont  le  costume  est  d'ailleurs  donné  dans  la  planche  XX  de 
l'ouvrage  du  commandant  de  Lajonquière,  que  nous  avons  plusieurs  fois 
cité.  Nous  avons  photographié  les  deux  hommes  qui  nous  ont  donné  leur 
vocabulaire  et  nous  les  reproduisons  ici. 

flanche  AlV,  /ùj.  2.  —  Pu  la  de  la  tribu  pu  p'à. 

5°  On  trouve  encore  sur  le  plateau  de  Lang  dan,  au  Nord  de  ilk  giang, 
deux  familles  pu  la  introduites  par  le  Capitaine  commandant  le  secteur 
dcOuan  ba  pour  défricher  des  terres  incultes.  Ces  familles  étaient  en  plus 
grand  nombre,  mais  les  conditions  climatériques  ne  leur  ayant  pas  con- 
venu, la  majeure  partie  d'entr'elles  est  retournée  dans  le  fou  de  K'ai  hoa, 
d'oi"!  elles  étaient  venues. 

J'ianrhr  IV,   /iy.   i'.  —  l'a  la  cho  eu  (tclieu  lio). 

Ces  Pu  la  se  donnent  le  nom  de  Cho  cô,  qm  signitle  hommes  à  cornes, 
à  cause  de  la  coiffure  des  femmes  qui  ressemble  à  des  cornes  de  bélier. 
Leur  langue  est  celle  des  autres  Pu  la,  avec  quelques  différences  dialec- 
tales. 

Nous  avons  vu  que  ce  nom  de  Cho  est  semblable  à  celui  que  se  donnent 
les  Muong  de  Chi  ne. 

Nous  n'avons  pas  parlé  des  Thô  ti,  en  chinois  t'ou  sse,  dans  l'énuméra- 
tion  des  groupes  ethniques.  Ce  nom  ne  s'appli(|uc  pas,  en  elfel,  à  un  groupe 
ethnique,  mais  il  est  l'apanage  de  familles  seigneuriales  auquel  il  fut 
donné,  suivant  le  cas,  par  l'Empereur  de  Chine  ou  le  Uoi  d'.Annam.  .\ctuel- 
lement,  les  descendants  d'un  chef  de  canton  prennent  le  litre  de  thô  ti 
dans  la  haute  région.  Il  se  peut  qu'il  y  ail  parmi  eux  quelques  familles 
ayant  un  ancêtre  annamite,  mais  ce  n'est  pas  une  règle  générale.  Nous 
avons  connu  des  descendants  authentiques  d'Annamites  fix^s  dans  la 
haute  région  qui  n'étaient  pas  Ihô  ti  :  par  contre,  nous  avons  eu  sous  nos 
ordres  des  thô  ti  qui  étaient  des  thai  purs,  nous  avons  même  connu  des 
Mèo  qui  se  paraient  officiellement  de  ce  titre.  Les  deux  caractères  i   ^ 


326  ^  JUILLET  1906 

qui  forment  cetto  expression,  signifient  gouvernour,  régisseur  de  la 
terre,  du  pays. 

Nous  venons  de  donner,  aussi  fid^Ienienl  que  possible,  un  aperçu 
rapide  des  groupes  ethniques  du  liant  Toidvin.  Notre  alVectiun  poui-  nos 
anci(;ns  administrés,  (pii  nous  ont  prodigué,  pendant  notre  long  séjour 
au  milieu  deux,  tant  de  marques  de  leur  filiale  alTection,  nous  amène  à 
foiiuuler  lin  vieii.  Nous  souhaitons  de  toute  notre  Ame  ipie  l'on  ne  trouble 
pas,  sous  prétexte  de  civilisation  ou  d'assimilation,  l'Ame  naïve  de  ces 
fils  des  montagnes.  On  ne  décrète  pas  le  progrès,  et  l'évolution  des 
j)euples  n'est  pas  l'eeuvre  d'un  jour.  .\près  une  longue  période  de  trouble 
et  de  soufîrance,  ces  tribus  ont  d'ailleurs  besoin  de  se  refaire,  et  toute  fis- 
calité exagérée,  toute  mesure  administrative  tatillonne  ne  peut  que  leur 
faire  perdre  la  confiance  qu'elles  avaient  mise  en  nous  au  lendemain  du 
jour  où  nous  les  avons  délivrées  des  pirates  chinois. 

Pendant  cette  lutte,  elles  ont  pris  résolument  notre  parti,  il  ne  faudrait 
donc  pas  qu'aujourd'hui  on  les  laisse  sans  défense  livrées  aux  entreprises 
de  leurs  anciens  tyrans,  et  on  marche  dans  cette  voie  en  désorganisant 
la  ligne  des  postes  frontières.  Nous  perdons  ainsi  tout  prestige  aux  yeux 
des  populations  montagnardes  de  la  Chine  et  de  l'Annam,  on  taxe  notre 
attitude  de  recul,  on  raille  notre  défaut  d'esprit  de  suite  qui  nous  fait 
abandonner  nos  entreprises  en  voie  d'exécution,  et  nos  protégés  en  vien- 
dront à  regretter  amèrement  de  s'être  compromis  pour  la  cause  de  gou- 
vernants aussi  versatiles. 

J'ai  entendu  ces  plaintes  et  ces  critiques,  j'ai  vu  les  effets  néfastes  de 
notre  mouvement  de  retraite,  et  je  saisis  cette  occasion  pour  faire  con- 
naître les  vœux  et  les  critiques  de  mes  amis  montagnards.  Mon  plus 
grand  désir  serait  de  voir  ces  vœux  pris  en  considération. 

Discussion 

M.  Zauorowski.  —  Je  remercie  vivement  M.  Bonifacy  d'avoir  bien 
voulu  faire  défiler  devant  nos  yeux  les  très  nombreux  documents  qu'il 
a  rapportés  du  Tonkin.  11  nous  en  a  montré  de  très  précieux.  Et 
après  ce  qu'il  vient  de  nous  dire,  avec  une  connaissance  plus  complète  de 
ces  populations  montagnardes,  dans  leurs  caractères  et  leurs  langues,  il 
est  manifeste  qu'il  y  a  dans  la  science  des  conclusions  h  leur  sujet  qui 
étaient  prématurées.  H  appartiendra  à  M.  Bonifacy  de  confronter  avec  elles 
ses  observations  et  de  nous  en  faire  une  révision.  Jl  voudra  bien,  je  l'es- 
père, faire  un  choix  des  types  qu'il  considère  comme  les  plus  divergents, 
les  plus  accentués,  types  que  nos  bulletins  reproduiront  comme  représen- 
tant, d'après  lui,  les  éléments  essentiels  qui  entrent  dans  la  composition 
de  tous  ces  peuples. 

M.  Deniker.  —  Permettez-moi,  chers  collègues,  de  vous  signaler  toute 
l'importance  des  recherches  ethnographiques  et  anthropologiques  que  le 


DISCUSSION 


327 


comniandanl  Uonifacy  a  accomplios  au  Tonkin.  Vous  venez  d'enleiidie 
le  résumé  clair,  quoique  Uès  succinct  «le  ces  reclierclies;  mais  ce  que  sa 
modestie  nous  a  fait  ignorer,  c'est  qu'il  a  passé  12  ans  dans  ce  haut  pays 
de  Tonkin  où  vivent  cO)te  à  cùle  tant  de  groupes  ethniques  divers  et  qu'il 
a  consacré  pendant  ce  long  séjour  tous  les  moments  lihres  ([ue  lui  laissent 
ses  occupations  multiples  d'ordre  militaire  et  ailministralit',  ii  létude  du 
chinois,  de  l'annamite  et  de  nombreux  dialects  des  langue-  thaï,  màn  et 
lolo  d'abord,  puis  aux  recherches  ethnographiques  et  anlhropologiqufs 
de  cet  immense  complexe  ethnique  qui  s'appelle  la  population  du   llaut- 

Tonkin. 

KnetTet,  dans  celte  région  montagneuse,  chaque  vallée,  chaque  plateau, 
est  occupé  par  une  peuplade,  qui  diffère  de  ses  voisines,  par  les  mœurs, 
par  les  costumes,  par  le  dialecte.  On  ne  peut  mieux  faire  que  de  comparer 
ce  pays,  au  point  de  vue  ethnique,  au  Caucase  :  môme  multiplicité  et 
même  diversité  de  langues,  de  mœurs,  etc.,  qui,  longtemps,  n'offrait  aux 
anthropologistes,  qu'un  chaos  de  noms  propres  :  Man,  Tho,  Meo,  Miao-tse, 
Vao,  Pa-y,  Y-gen,  Man-tsé,  Mousso,  Lolo,  Lao,  Muong,  Nang,  Giay,  Khas, 
Kouis,  etc.,  qui  n'ont  pas  souvent  une  grande  signilication. 

Les  recherches  du  commandant  Honifacy,  ainsi  que  celles  de  plusieurs 
de  ses  collègues,  officiers  et  administrateurs,  nous  permettent  aujourd'hui 
de  nous  orienter  et  de  mettre  un  peu  d'ordre  dans  ce  chaos.  GrAce  au 
volume  important  public  tout  récemment  par  le  commandant  Lunet  de 
Lajonquière  S  on  peut  même  se  faire  une  idée  très  exacte  de  la  répartition 
géographique  des  ditférentes  tribus,  et  de  leurs  caractéristicpies  générales 
au  point  de  vue  ethnique.  On  peut  se  rendre  compte  aussi,  et  c'est  en  cela 
(jue  les  recherches  du  commandant  Bonifacy  sont  d'une  grande  utilité,  on 
peut  se  rendre  compte,  dis-je,  que  malgré  la  multiplicité  de  noms,  les 
groupes  ethniques  peuvent  être  réduits  à  un  nombre  relativement  res- 
treint, et  que  dans  ces  groupes,  on  ne  rencontre  que  deux  ou  trois  types 
somatiques  ou  races  :  Indonésien,  Mongol  méridional  et  Tibeto-birnian. 

D'ailleurs,  je  ne  veux  pas  m'arréter  sur  la  question  des  races  de  l'Indo- 
Chine  et  du  Tibet;  il  y  a  là  encore  beaucoup  à  faire,  et  j'espère  que  le 
commandant  Bonifacy,  de  retour  au  Tonkin,  continuera  de  nous  aider 
dans  nos  efforts  pour  débrouiller  l'ethnogénie  de  l'Indo-Chine  et  des  pays 
avoisinants. 


'  Ellinof,'rapliie  du  Tonkin  septentrional,  rédigée  sur  l'ordre  de  M.  Bean...  par  le 
loinmandant  E.  Lunet  do  Lajonquiore...  d'après  les  éludes  des  Administrateurs  civils 
el  militaires  des  Provinces  septiMitrionales.  Paris  (Leroux),  lOOfi,  379  p.,  av.  pi.  et 
carte,  28  cm.  Les  travaux  du  commandant  Bonifacy,  en  partie  inédits,  occupent  une 
place  importante  dans  ce  volume. 


328  S  jriLi-ET  190G 


I.ÉCKNUES    DES    PLANCHES    SUIVANTES 


l'IaiK-lic  I. 

Fig.  1.  —  Soldats  Annamites  du  Tonkin. 
/.'iff    o    —  Soldais  Iho  noirs  d(î  Hao  lac. 

Wluiirli.'  II. 

Fi(/.  1.  —  Soldats  Méo. 

Fig.  -J.  —  Fcninics  et  enfants. 

Planche  111. 

Fig.  I .  —  Soldats  La-Qna. 

Fig.  'J.  —  Les  Na-è,  analof,Mies  aux  l'a-tenj;. 

Planche  IV. 

Fig.  1.  —  Ke-lao  blanc. 
Fig.  2.  —  Pu  la  cho  cù. 

Planche  V. 

Fig.  i.  —  Tirailleurs  (Annamites). 
Fig.  2.  —  Les  mêmes  (profil). 

Planche  VI. 

Fig.  1.  —  Tirailleurs  (Thô  noirs  de  Bao  lac). 
Fig.  2.  —  Les  mêmes  de  [irofil. 

Planche  VII. 

Fig.  1.  —  Tirailleurs  (Mèo). 
Fig.  2.  —  Les  mêmes  de  profil. 

Planche  VIIL 

Fig.  1.  —  Tirailleurs  (Lolo  noirs). 
Fig.  2.  —  Les  mêmes  de  profil. 

Planche  IX. 

Fig.  1.  —  .\nn;imitcs  montagnards. 
Fig.  2.  —  Tho  méridionaux. 

Planche  X. 

Fig.  1.  —  Thô  blancs  de  \\h  Giang. 
Fig.  2.  -    Homme  et  jeunes  filles  Heu  i. 


LÉGENDES    [)E>    l'I.A.N(;ill>  329 

l'I.iiirlio  Xi. 

Fiff.  l.  —  l'ctmiics  cl  tillcllc  iiong  de  Hoaiij.'  Ilm  151. 
/•'///.  ;'.  —  ,liMiiii>  coiiiili'  K'i^y. 

rillllrli.'   Ml. 

I''i;f.  I.  —  l'ctiiriH'  liiiiiL'  <li;i  en  cdsIiiiiic  iiiilidii.il. 
Fi;/.  -*.  — .li'iiiir  liiiriitiH'  ri  jciim-s  lillcs  iiiiii  ipi.lti  tin\ 

IMariclh'  Mil 

Fiij.  l.  —  .Icuiu'  It'inmo  lan  fiOn  on  costinno  <io  inariéo. 
Fig.  'J.  — ■Iciinc  lioiiinic  et  jeune  Mlle  iinin  cao  lan  dans. son   enslunie 
Iraililionnel. 

IM.nirlie  \IV. 

Fif/.  L  —  llDinnie  el  jeunes  Mlles  la  pa  eourle  eorne  (Dùiii,'  Van). 
Fiif.  i'-  —  Homme  e(  l'emnie  ta  pan  grande  corne,  la  lonime,  en  cos- 

liime  de  noce,  porte  la  coilTnre  qui  donne  son  nom  à  la 

Iriliu. 

Planelie  W. 

Fif/.  t.  —  Mèo  à  tête  penchée,  une  aïeule  et  ses  pidits  enlanls. 
Fi(/.  i\  —  Mai  han  au  eouleau   r(jn<l.    la    jeune  lille  de  droite  porte  la 
cnilTurc  nuptiale. 

l'iaueli..  \\\. 

Fif/.  i.  —  llommt;  et  lillelle  mèo  noirs. 
Fi(j.  i'.  —  l'u  la  de  la  tribu  pu  p'à. 

l'Ianehe  .Wil. 

Fiy.  /.  —  riid  noirs  de  Bao  lac. 
Fif/.  'J.  —  (lroii|ie  de  La  r|ua. 

l'Ianehe  Wlil. 

Fiy.  1.  —  .leiines   lillcs   cl   lillettcs  quAu   truug   avec   leurs  diverses 

coi  (Turcs. 
Fifj.  J.  —  La  li. 

l'Ianehe  MX. 

Fif/.  I.  —  Un  jeune  eoujiie  de  riches  m-'o  hlanes  el  les  deux  su'urs  ilu 
mai'ié. 

Fif/.  2.  —  .leunes  liDUHues  siao  pan  pnriani  des  hijouv  de  jeune  lille. 
par  crainte  des  mauvais  génies,  et  jeunes  lillcs  (lorlanl  la 
«  petite  coitrure  »  qui  donne  son  nom  à  la  trihu. 

soc.  d'anthrop.  19Q6  -- 


330 


5    Jl  ILLET    1006 

Planche  \.\. 

pi,j^  /.  _  Lolo  noirs  de  Bao  lac,  ditsMân  Khoanh. 
i:'i,j_  o   _  Crnujie  <U'  Mèo  rouges. 

Planche  XXI. 

fig^  /.  _  Groupe  de  Lolo  hlancs. 

pig^  o  _  Jeune  garçon  et  femmes  lolo  noirs. 


REGNAULT.  —  EMPREINTES  DE  MAIN;-  m"MAI^■E^  DA.N>   I.A  illKUTK  HE  i.Alti.A-       XW 


EMPREINTES  DE  MAINS  HUMAINES  DANS  LA  GROTTE  DE  GARQAS  (Hautes-Pyrénées.) 
Par  m.  Fki.ix  Uegnault  (de  Toulouse)  '. 

Les   empreintes  d»'   mains  humaines  signalées  par  M.M.   Carlailhac  et 
l'abbé  Breuil  dans  les  cavernes  <r.\llamira  et  i.lf  Marsoulas  ayant  (''v<illé 

1 


'  Communication  présentée  par  M.  G.  Hervé. 


332  •'  Jiii.i.ET  l'.xin 

mon  attention,  j'ai  examiné  avec  soin  la  grotte  de  Gargas  oîi  je  me  trou- 
vais le  1 1  juin  de  cette  année. 

Quand  on  a  dépassé  la  salle  des  Colonnes,  en  tournant  sur  la  gauche, 
sur  les  draperies  stalagmiliques  qui  tombent  de  la  voûte,  on  peut  voir  très 
noltenient  l'empreinte  de  deux  mains  sur  un  fond  rouge  brun  se  détachant 
en  rose  clair,  et  formant  ça  et  1;\,  de  larges  taches  rouges  au  milieu  des- 
quelles uni'  main  est  imprimée. 

Dans  un  réduit  qui  forme  une  petite  chambre  de  4  ii  5  mètres  de  long 
sur  2  et  2  m.  50  de  large,  les  grandes  taches  rouges  sont  abondantes,  et 
garnissent  j)resque  toute  la  paroi  de  la  roche. 

Sur  ce  point,  dans  celte  chambre,  l'empreinte  des  mains  humaines  est 
très  nombreuse.  Comme  les  précédentes,  elles  se  détachent  en  rose  p;\le 
sur  un  fond  d'ocre  rouge  foncé,  les  cinq  doigts  toujours  tournés  en  hau- 
teur. 

Enfin  dans  une  fissure  étroite,  à  2  mètres  de  hauteur  environ  en  se 
hissant  dans  cette  sorte  de  faille,  on  constate  que  tout  le  fond  de  celte 
cavité  est  peinte  en  rouge,  et  sur  le  côté  gauche,  sont  marquées  quatre 
bandes  de  traits  rouges  parallèles  et  horizontaux. 

La  grotte  de  Gargas,  comme  la  plupart  de  celle  des  Pyrénées,  est 
recouverte  de  concrétions  stalagmiliques  plus  ou  moins  épaisses,  qui 
recouvrent  peut-être  des  dessins  analogues  à  ceux  de  la  Dordogne  et  de 
Marsoulas. 

Si  le  fait  que  je  signale  paraît  digne  d'intérêt,  dans  une  prochaine 
campagne  je  relèverai  ces  empreintes  que  j'ai  l'honneur  de  signaler 
aujourd'hui  en  joignant  à  cette  note,  le  croquis  fait  sur  place  et  à  la  hâte 
de  ces  étranges  peintures,  relevées  dans  une  grotte  déjà  célèbre  comme 
gisement  paléontologique,  et  archéologique  par  ses  foyers  dont  j'espère 
pouvoir  continuer  l'étude. 

Analyse  chimique  des  Peintures  rouges. 

M.  C.  Fabre,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  a  ana- 
lysé des  fragments  de  peintures  rouges  de  la  faille  de  Marsoulas  (Haute- 
Garonne)  et  a  reconnu  que  ces  peintures  étaient  obtenues  par  l'oxyde  de 
fer. 

Les  peintures  rouges  qui  entourent  les  mains  de  la  grotte  de  (îargas, 
soumises  également  à  l'analyse  de  M.  Fabre,  ont  donné  des  résultats  iden- 
tiques. C'est  l'oxyde  de  fer,  répandu  en  fragments  et  en  galets  dans  toute 
la  chaîne  des  Pyrénées,  qui  semble  avoir  servi  aux  artistes  préhistoriques 
de  nos  cavernes,  pour  leur  ornementation  d'animaux  et  de  signes  mysté- 
rieux. Cette  couleur  rouge  à  l'oxyde  de  fer,  a  aussi  servi  à  colorer  certains 
silex  taillés  et  des  pointes  de  (lèche  en  os,  sans  doute  des  armes  de  choix, 
que  j'ai  recueillis  dans  les  foyers  de  la  faille  de  Marsoulas. 


OL'VUACES  OKKEUTS  333 

8Ô0-    SKANCE.  —   l'J   juillet    TJUO. 

Présidenck  de  m.  /aiioriiwski. 

Élection.  —  M.iili'miiisclii'  Oi'i-kmikim.  pri-st'iilri'  |i;ii-  MM.  Muimivrier.  Va- 
ri(»l.  Aiitliimy. 

OUVRAGES    OFFERTS 

M.  DEN'iKEn,  otlVe  ;i  la  Suciélé  le  ruimrni  do  juiii  l'.HIt)  <lii  Jmrnnl  des 
Savants  conlenanl  son  arliclc  sur  le  «  Catalogue  Inlernalional  do  Lilléra- 
tui'c  sciontidiiue.  » 

Kn  olTranl  ce  numéro,  M.  DeniUer  s'exprime  ainsi  : 

L'article  que  je  viens  de  publier  est  l'exposé  de  l'état  actuel  de  l'entre- 
prise du  Catalogue  Interational  dont  j'ai  déjà  eu  l'honneur  d'entretenir 
Il  Société  à  plusieurs  reprises.  Actuellement  on  est  a  la  publication  de  la 
i»  série  annuelle  (pour  lUO:M"JOi)  qui  a  paru  prosquo  en  entier. 

A  partir  de  la  6°  série  annuelle  (pour  1'J0,j-1906)  plusieurs  modifications 
vont  être  introduites  dans  la  publication. 

D'abord,  les  classifications,  sans  être  modifiées  quant  à  leur  ordonnan- 
cement général  ont  subi  de  notables  corrections  et  des  additions  qui  les 
mettent  à  la  hauteur  des  exigences  de  la  science  moderne.  De  ce  chef, 
plusieurs  volumes  du  Catalogue  vont  môme  changer  leur  titre  :  ainsi  la 
section  J  (Géographie  physique)  devient  «  Géographie  »  ;  la  sectien  0 
(Anatomie  humaine),  se  transforme  en  «  Anatomie  humaine  et  comparée 
(y  compris  l'histologie  et  l'embryologie)  »  ;  enfin  la  section  P  (Anthropo- 
logie physique),  qui  nous  intéresse  plus  particulièrement,  s'appellera, 
dans  son  cadre  élargi  :  «  L'Anthropologie  »  sans  autre  qualificatif,  com- 
prenant ainsi,  outre  la  somatologie,  toute  l'ethnographie  et  le  préhisto- 
rique. La  section  N  (Zoologie)  va  subir  aussi  de  profonds  remaniements, 
par  suite  de  sa  fusion  avec  le  recueil  bien  connu  et  apprécié  dans  le  monde 
savant  depuis  plus  de  40  ans  :  «  le  Zoological  Record  ».  En  somme  l'œuvre 
du  Catalogue  International  vient  de  donner  des  preuves  irrécusables  de  sa 
vilalilé;  elle  a  devant  elle  un  avenir  très  brillant.  Notre  Société  ne  man- 
(juera  pas,  je  l'espère,  de  lui  continuer  comme  parle  passé,  son  bienveil- 
lant concours,  afin  de  faciliter  ;i  ses  membres  les  recherches  bibliogra- 
phiques en  aiilhropologie  qui  deviennent  de  plus  en  plus  dilïiciles  et 
compliquées. 

M.  A.  Gi:ÉBH.\RD,cn  offrant  à  la  Société  une  note  sur  le  M urum*  duplex  des 
Gaulois,  d'après  Jules  César,  rappelle  les  dilïïcultés  d'interprétation  aux- 
quelles a  donné  lieu  celte  expn-ssion,  et  la  solution  toute  naturelle  qu'en 
a  fournie  l'observation  du  mur  doublé  visible  dans  \cs  caslelars  de  l'rovence, 
aussi  bien  que  dans  les  Forts  d'Kcosse,  et  autres  enceintes  préhistoriques 
en  pierres  sèches. 


'  Pour  murus.  Barbarisin.;  bas-lalm  regrollultlriii.'iil  u.]u[ilr  par  raiitcui-,  à  la  .suite 
d'une  cilalion  ecclésiastique. 

soc.  o'anthrop.  1906.  ^^ 


334  i'J  ji  iM.KT   IDOn 


Discussion. 

M.  l'Ai'ii.i.M  i.T  rappelle  à  la  Société  avec  quel  soin  et  quelle  constance 
M.  Guôbhard  poursuit  ses  patientes  recherches  sur  la  géologie  et  l'ar- 
chéologie de  la  Provence. 

M.  Vauvillk  compare  les  castelars  provençaux  avec  les  enceintes  gau- 
loises et  insiste  sur  la  nécessité  de  fouilles  systématiques. 

M.  GuÉBH.MtD  dit  que  certainement  ce  serait  le  meilleur  moyen  de  vérifier 
si,  comme  il  semble,  bon  nombre  d'entre  les  ca&lelars  provençaux  en 
pierres  sèches  ne  seraient  point  contemporains  de  certaines  enceintes  gau- 
loises en  terre  levée,  que  les  savantes  études  de  M.  Vauvillé  tendent  à 
rapprocher  du  Néolithique. 

Malheureusement,  l'absence  habituelle  de  fossés,  et  presque  de  terre, 
rend  fort  difficiles  des  fouilles  dont  les  conclusions  restent  elles-mêmes 
souvent  aléatoires  à  cause  du  mélange  ordinaire,  sans  stratification, 
d'époques  très  diverses,  que  vient  encore  de  constater  M.  Paul  Goby,  au 
camp  du  Bois-du-Ilouret.  (A. -M,). 


L'IDÉE  DE  SOLIDARITÉ  EN  CHINE  AU  V»  SIÈCLE  AVANT   NOTRE   ÈRE. 
Le  Philosophe  Meh-ti. 

Par  Madame  Alexandra  David  (Myrial). 

Trois  philosophes  Chinois  sont  généralement  connus  des  Occidentaux. 
Le  célèbre  Khoung-tse  (Confucius),  son  disciple  Meng-tse  (Mencius)  et 
Lao-tse,  l'auteur  du  Tao-te-king.  Tchou-hi,  le  chef  du  Néo-confucéisme, 
qui  occupe  cependant  une  si  grande  place  dans  la  philosophie  chinoise, 
sort  déjà  du  domaine  des  connaissances  du  public  cultivé  pour  appartenir 
à  celui  des  orientalistes...  Le  penseur  à  qui  je  compte  consacrer  pro- 
chainement un  ouvrage  est  plus  inconnu  encore.  Pas  une  ligne  n'a  été 
publiée  sur  lui  en  français.  Quant  à  la  bibliographie  étrangère,  riies 
recherches  personnelles  et  les  indications  que  je  tiens  de  l'obligeance 
de  l'érudit  sinologue,  M.  Vissière,  m'ont  montré  qu'elle  était  peu  impor- 
tante. 

Meh-ti  vivait  vers  le  v«  siècle  avant  notre  ère;  il  fut  le  contemporain, 
ou  précéda  de  peu,  Meng-tse,  son  adversaire  acharné.  Nous  manquons 
de  documents  sérieux  relativement  à  sa  vie.  Ses  œuvres  furent  englobées 
dans  la  destruction  générale  des  livres  ordonnée  par  l'empereur  Thsin- 
chi-IIoang  ti.  De  môme  que  les  autres  écrits  des  philosophes,  qui  nous 
sont  parvenus,  les  livres  de  Meh-ti  se  retrouvèrent,  plus  tard,  dans  des 


ALEXANDRA   DAVID.    —   L  IDÉE  DE  SOLIDARITÉ  EX  CHINE  333 

cachelles  où  des  Lelliés  zélés  les  avaient  déposés  pour  conserver  à  la  pos- 
térité les  doctrines  des  vieux  Maîtres. 

Les  caractères  chinois  employés  par  Meh-ti  comme  litre  général  de  son 
enseignement  représentent  une  main  saisissant  deux  tiges  de  blé.  L'inter- 
prétation qu'en  donnent  les  auteurs  chinois  les  plus  autorisés  est  celle  de: 
>(  Amour  égal  pour  tous,  Amour  universel.  »  C'est  sous  ce  titre  de  Philo- 
sophie de  l'Amour  égal  et  universel  que  j'entendis  pour  la  première  fois 
parler  du  système  de  Meh-ti  par  un  Lettré  d'Extrême-Orient.  Celte  déno- 
mination éveilla  mon  intérêt.  Je  me  demandai  si,  contre  toutes  prévisions, 
il  fallait  voir  dans  la  doctrine  de  ce  maître  une  doctrine  de  charité,  au 
sens  chrétien  du  mot.  L'hypothèse  me  semblait  assez  improbable,  ce  fut 
alors  que  je  m'attachai  à  l'idée  d'étudier  l'œuvre  de  Meh-ti  et  d'en  livrer 
au  public  les  parties  les  plus  essentielles.  Il  me  faut  ici  rendre  hommage 
au  concours  bienveillant  que  ma  app>orté  M.  le  sénateur  .Stephen  Pichon, 
ex-amhassadeur  à  Pékin  et  aujourd'hui  Résident  général  de  France 
à  Tunis,  qui  s'est  spontanément  offert  à  faire  les  démarches  nécessaires 
à  mes  recherches  et  a,  ainsi,  grandement  facilité  ma  tâche. 

L'étude  du  traité  de  Meh-ti  devait  pleinement  conGrmer  mon  opinion 
première.  Ce  n'était  pas,  en  effet,  l'Amour  du  prochain,  de  l'Humanité... 
l'.Xmour,  avec  tout  ce  que,  sous  ce  terme,  nous  entendons  de  passion 
impétueuse,  d'entraînement  irraisonné,  et  souvent  irraisonnable^  que 
prônait  le  vieux  philosophe  chinois,  mais  un  sentiment  plus  terre  à  terre, 
d'essence  purement  sociale,  une  règle  utilitaire  visant  l'ordre  dans  l'État, 
la  sécurité  et  le  bien-être  publics,  un  précepte  de  sage  prévoyance  portant 
ses  fruits  en  lui-même  et  non  une  vertu  abstraite.  En  un  mot,  dans 
r  u  Amour  Universel  )>  de  Meh-ti  je  retrouvai  l'idée  de  notre  moderne 
Solidarité. 

La  pensée  du  Maître  chinois  s'exprime  avec  une  simplicité,  une  can- 
deur que  les  esprits  entichés  des  philosophies  à  panache  trouveront  sans 
doute  pauvre,  voire  mème^  peut-être  basse  et  triviile  dans  le  but.  franche- 
ment avoué,  que  nous  propose  le  précepte  fondamental  :  Aimez  votre 
prochain  comme  tous-même  pour  votre  plus  grand  profit  mutuel.  Il  ne  s'agit 
point,  ici,  de  sentiments  spéculatifs  :  aiw^rpour  notre  philosophe  signiGe 
accomplir  des  actes  bons  pour  autrui.  Dans  ses  discours  il  ne  s'attarde  pas 
à  discuter  sur  la  valeur  morale  ou  le  bien  fondé  de  l'amour  réciproque 
qu'il  préconise,  mais  envisage  ses  résultats.  La  raison  qui  doit  nous  porter 
à  nous  aimer  mutuellement,  ou  plutôt,  à  agir  les  uns  envers  les  autres 
comme  des  gens  éprouvant  les  uns  pour  les  autres  des  sentiments  cor- 
diaux, c'est  que  chacun  de  nous  y  trouvera  un  bénéfice  tangible.  Le  senti- 
ment n'est  intéressant  que  par  ses  fruits.  Meh-ti  s'appuyant  sur  le  cas  le 
plus  ordinaire  où  les  actes  matériels  s'inspirent  des  dispositions  mentales 
de  l'individu,  exhorte  ses  disciples  à  cultiver  en  eux  les  sentiments  de 
bienveillance  afin  de  les  amener  à  se  conduire  en  hommes  bienveillants  ; 
mais  l'on  peut  très  bien  imaginer  les  théories  de  ce  Maître  adoptées  par 
des  hommes,  enlevant  à  la  pratique  de  i'entr'aide  réciproque  toute  filiation 


336  1!»  Jiii.i.KT   190r. 

morale  pour  'on  faire  une  loi  strictement  d'intérêt  matériel  assurant  la 
sécurité  et  le  bonheur  de  chacun  des  membres  de  la  Société. 

Le  caractère  d'égalité  que  semble  comporter  l'Amour  universel  prêché 
par  Meli-ti  ameuta  contre  ce  dernier  un  parti  considérable  de  Lettrés  : 

«  La  secte  de  Meh,  dit  Meng-tse,  aime  tout  le  monde  indistinctement, 
«  elle  ne  reconnaît  points  de  parents.  Ne  pas  reconnaître  de  parents 
«  c'est  être  comme  des  brutes  et  des  bêtes  fauves.  »  (Meng-tse,  !«'  livre 
VI,  y). 

La  logique  paraît  exiger,  en  elTet,  que  le  principe  de  l'Amour  universel 
comporte  l'égalité  de  cet  amour.  En  supposant  que  nous  accordions  aux 
indilTérents  —  dont  nous  sommes,  aujourd'hui,  enclins  à  léser  les  intérêts 
à  notre  profit  ou  à  celui  des  êtres  qui  nous  sont  chers  —  une  part  dans 
notre  affection,  part  minime  n'égalant  pas  celle  que  dou?  donnons  à  nos 
proches,  leur  situation  ne  sera  guère  modifiée.  Au  lieu  de  l'indifférent  nous 
aurons  le  moins  aimé  qui  en  maintes  occasions  demeurera  comme  devant 
le  sacrifié. 

Meng-tse  et  les  autres  détracteurs  de  Meh-ti  n'avaient  point  manqué  de 
pousser  le  principe  jusqu'en  ses  plus  rigoureuses  conséquences  et  d'en 
profiter  pour  exciter  les  colères  des  Chinois  contre  le  téméraire  capable 
d'oser  prétendre,  sur  la  terre  classique  de  la  Piété  Filiale,  qu'il  convient 
d'aimer,  d'égal  amour,  son  père,  son  fils  et  le  passant  inconnu  que  l'on 
croise  dans  la  rue. 

Reste  à  savoir  si  Meh-ti  poussait  ainsi  ses  idées  à  l'extrême  ou  si,  comme 
la  plupart  des  philosophes,  il  n'y  apportait  pas  les  tempéraments  néces- 
saires pour  les  rendre  plus  aisément  acceptables.  Nulle  part,  nous  ne  le 
voyons  renier  ou  attaquer  les  sentiments  familiaux.  Au  contraire,  nous 
l'entendons  fréquemment  qualifier  de  «  désordre  »  les  cas  où  la  piété 
filiale,  l'amour  paternel  et  fraternel  sont  offensés.  Il  accepte  tout  entière 
la  loi  morale  des  devoirs  des  enfants  envers  leurs  parents  et  place  sur 
la  même  ligne,  les  concevant  comme  aussi  impératifs,  les  devoirs  des 
parents  envers  leurs  enfants.  Ces  devoirs,  Meh-ti,  sans  s'attarder  à  des 
questions  de  sentiments,  les  porte  immédiatement  sur  le  terrain  positif 
où  il  se  meut  d'habitude.  L'entr'aide  mutuelle,  le  dévoûment  dans  les 
circonstances  critiques,  le  bien-être  matériel  assuré  à  ses  proches  par  tous 
les  moyens  dont  l'on  dispose,  voilà  ce  que  vise  notre  philosophe  dans  le 
cadre  des  relations  familiales,  voilà  ce  qu'il  rêve  d'étendre  à  la  grande 
famille  comprenant  la  Chine  tout  entière. 

Par  une  coïncidence  bizarre,  Meh-ti  se  rencontre  avec  l'Evangile  dans 
le  tableau  succinct  qu'il  trace,  des  œuvres  de  celui  qui  a  adopté  le  principe 
de  r  «  Amour  Universel  ». 

«  Celui  qui  adhère  au  pi'incipe  de  la  distinction,  dit  :  Comment  pour- 
«  rais-je  être  pour  la  personne  de  mon  semblable  comme  pour  ma  propre 
«  personne  et  pour  les  parents  de  mon  semblable  comme  pour  mes  propres 
«  parents?  Raisonnant  de  cette  manière  il  peut  voir  son  semblable  avoir 
«  faim  et  ne  pas  le  nourrir,  avoir  froid  et  ne  pas  le  vêtir,  être  malade  et 
«  ne  pas  le  soigner,  mort  et  ne  pas  l'ensevelir.  Le  langage  et  la  conduite 


ALEXANDHA    DAVID.   —  I.'iDÉE  DE  SOLIDARITK  EN  CHINR  337 

«  de  celui  qui  adhère  au  principe  de  l'Amour  l'niversel  sont  dilTèrenls. 
«  Celui-ci  dit  :  «  J'ai  compris  (jue  celui  qui  veut  jouer  un  rôle  élevf'  parmi 
«  les  hommes  doit  considérer  la  personne  de  son  semblable  comme  sa 
«  propre  personne,  les  parents  de  son  semblable  comme  ses  propres 
u  parents.  Ce  n'est  qu'ainsi  qu'il  peut  parvenir  à  ce  rang.  Raisonnant 
(i  dans  ce  sens,  quand  il  voit  son  semblable  avoir  faim,  il  le  nourrit;  avoir 
«  froid,  il  le  v(H  ;  être  malade,  il  le  soigne:  mort,  il  l'ensevelit  '.  » 

C'est  précisément  en  se  basant  sur  la  matéiialité  de  ses  desiderata  que 
Meh-ti  arrive  à  concilier,  jusqu'à  un  certain  point  et  avec  une  ingéniosité 
attrayante,  la  doctrine  de  l'amour  <(  égal  pour  tous  ^>  et  les  attachements 
particuliers  des  liens  du  sang  ou  de  l'amitié.  Comme  toujours  il  en  appelle 
à  notre  intérêt  : 

«  ...  Ceux  qui  condamnent  le  principe  de  r.\mour  Universel  disent  : 
,(  . —  n  (l'amour  universel)  n'est  pas  avantageux  au  dévoùment  entier  qui 
«  nous  est  prescrit  (envers  nos  parents);  il  fait  injure  à  la  Piété  filiale. 
«  Notre  Maître  dit  '.  «  —  Un  fils  pénétré  de  piété  filiale  a  à  cœur  le  bon- 
ce  heur  de  ses  parents.  Il  envisage  donc  comment  celui-ci  peut  être  assuré. 
«  Dans  cet  ordre  d'idée  doit-il  désirer  que  les  hommes  aiment  ses  parents 
«  et  leur  procurent  des  satisfactions.  Il  est  évident  qu'il  le  désire.  Que  doit- 
«  il  faire  lui  même  en  vue  d'atteindre  ce  but?  Il  faut  qu'il  s'exerce  à  aimer 
«  les  parents  des  autres  et  à  leur  procurer  des  satisfactions  afin  que  l'on 
«  se  conduise  de  même  envers  les  siens...  » 

Le  philosophe  veut  nous  faire  comprendre  qu'en  lésant  les  intérêts  des 
parents  ou  des  amis  d'autrui,  nos  parents  ou  nos  amis  courent  le  risque 
de  souffrir  l'effet  de  représailles.  Ce  mode  de  conduite,  ajoute-t-il,  ne  doit 
pas  être  considéré  comme  applicable  seulement  en  quelques  cas  isolés.  Il 
peut,  il  doit  s'étendre  jusqu'à  devenir  une  règle  générale  car  il  est  en 
parfait  accord  avec  le  sens  naturel.  Et  il  termine  en  citant  ces  antiques 
vers  du  «  Livre  des  Rois  »  : 

«  Chaque  parole  trouve  sa  réponse 
«  Chaque  action  sa  récompense 
«  On  me  donne  une  pêche 
«  Je  rends  une  prune  ». 

Ce  principe  de  l'.Xmour  Universel,  dit  Meh-ti,  beaucoup  le  combattent 
ou  le  raillent  et  cependant,  dans  la  pratique,  n'est-ce  pas  vers  lui,  vers 
ses  adeptes  que  l'on  se  tourne  : 

«  Voici  un  officier  revêtu  de  sa  colle  de  maille,  de  son  hausse  col,  de 
«  son  casque.  Il  est  sur  le  point  de  prendre  part,  comme  combattant,  à 
«  une  bataille;  quelle  en  sera,  pour  lui,  l'issue  :  la  vie  ou  la  mort?...  On 
«  ne  peut  le  prévoir...  Ou  bien  voici  un  olTicier  sur  le  point  d'être  chargé 


'  Comparez  Evangilo  de  Matthieu,  chap.  XXY,  verset  34  et  suivants, 
î  Gomme  les  ouvrages  analogues,  le  traitù  contenant  les  doctrines  de  Meh-ti  fut  rédigé 
par  un  ou  quelques  uns  de  ses  disciples;  d'où  la  forme  employée  :  «  Notre  Maître  dit..  « 


338  19  ji  ii.i.KT  lOOG 

ft  d'une  expëdilion  dans  un  pays  lointain  :  l'issue  du  voy.igo,  r.illci-,  le 
«  retour  sont  ploins  d'incertitudes.  Dans  ces  deux  suppositions,  ;i  qui  cet 
«  offîciercontiera-t-il  la  surveillance  de  sa  maison,  la  garde  de  ses  parents, 
«  le  soin  de  sa  femme  et  de  ses  enfants?  Je  pense  qu'il  n'y  a  pas  sous  le 
«  ciel,  un  homme,  une  femme  assez  stupide  pour  —  s'il  condamne  le 
«  principe  de  l'Amour  Universel  —  maintenir  sa  foi  jusqu'au  bout  (en 
«  accordant  sa  confiance  à  un  égoïste  qui  n'a  point  le  respect  des  intérêts 
«  d'autrui)...  C'est  en  paroles  que  l'on  condamne  le  principe  de  l'Amour 
«  Universel  et  quand  vient  l'occasion  de  choisir  entre  lui  et  le  principe 
«  contraire,  c'est  à  lui  que  l'on  donne  la  préférence.  Les  paroles  et  la 
«  conduite  sont,  ici,  en  contradiction...  » 

Meh-tise  retourne  ensuite  contre  ceux  qui,  tout  en  admirant  ses  théories, 
les  déclarent  impraticables,  l'amour  de  x  soi  »  parlant  trop  haut  en  chacun. 
La  puissance  de  l'égoïsme,  la  crainte  causée  par  la  souffrance,  l'ardeur 
passionnée  que  l'on  apporte  à  la  recherche  de  la  jouissance,  le  penseur 
chinois  ne  les  ignore  pas,  mais  son  calme  philosophique  n'en  est  point 
troublé.  —  Des  chuses  plus  difficiles  ont  été  accomplies  par  les  hommes, 
répond-il.  Ils  ont  su  maintes  fois  vaincre  leur  égoïsme,  subir  volontaire- 
ment la  douleur,  renoncer  aux  joies  de  la  vie,  parfois  à  la  vie  elle-même 
et  cela,  souvent,  pour  un  but  ridicule,  une  ambition  grotesque,  des  pré- 
jugés absurdes.  Puis,  aussitôt  il  cherche  à  confirmer  ses  dires  par  des 
exemples  puisés  dans  l'histoire  de  son  pays  : 

«  Le  prince  Ling  de  Ching  aimait  beaucoup  les  hommes  minces.  A  son 
«  époque,  les  officiers  l'éduisaient  d'eux-mêmes  leur  nourriturejusqu'à  la 
«  valeur  d'une  seule  poignée  de  riz  (afin  de  ne  pas  engraisser).  Ils  pous- 
«  salent  même  le  zèle  si  loin  que  certains  étaient  devenus  d'une  faiblesse 
«  telle  qu'ils  ne  pouvaient  marrher  qu'avec  l'aide  d'une  canne  et,  au  cours 
«  de  leurs  promenades,  devaient  s'appuyer  aux  murailles  (pour  se  sou- 
«  tenir). 

Une  phrase  brève,  un  tranquille  haussement  d'épaule  devant  cette 
manifestation  de  la  sottise  humaine,  est  toute  la  conclusion  du  philosophe  : 
((  Il  ne  faudrait  pas  plus  d'une  génération  pour  changer  les  mœurs  du 
«  peuple,  tant  est  grande  son  envie  de  calquer  les  siennes  sur  celles  de 
«  ses  supérieurs.  » 

Un  autre  exemp'e  succède  à  celui-ci.  Par  deux  fois  on  le  retrouve 
dans  l'ouvrage  de  Meh-ti,  soit  que  le  trait  qu'il  rapporte  fut  très  populaire 
en  (Ihine  à  l'époque  de  notre  auteur,  soit  que  celui-ci  le  trouvât  particu- 
lièrement caractéristique,  ce  qu'il  me  paraît  être,  en  effet. 

«  Kâu-chien,  le  roi  de  Yiieh  admirait  passionnément  la  bravoure.  11 
«  employa  trois  années  à  y  ex'ircer  ses  officiers,  puis,  ne  sachant  pas  s'il 
«  était  arrivé  à  les  rendre  vj'aîment  intrépides  il  fit  mettre  le  feu  à  un 
«  navire  sur  lequel  ils  se  trouvaient  réunis.  Alors  saisissant  un  tambour, 
«  il  se  mit  à  le  battre  de  ses  propres  mains,  les  pressant  d'entrer  dans  le 
«  feu.  Quand  ils  entendirent  le  tambour,  les  officiers  se  précipitèrent  à 
«  l'envi  parmi  les  fiammes,  les  derniers  rangs  marchant  sur  les  corps  de 
«  ceux  qui  les  avaient  précédés,  et  ils  piétinèrent  le  feu.  Une  centaine 


ALEXANDHA  DAVID.   —  f/lDKE  DE  Sl)LII)AUITK  KN  CHINE  339 

u  périrent  ainsi,  soit  dans  les  flammes,  soit  noyés,  mais  les  survivants  ne 
«  se  retirôi'ent  que  lorsque  le  souverain  battit  de  nouveau  le  tambour  pour 
«  les  rappeler...  » 

K  Faire  le  sacrifice  de  sa  vie,  supporter  la  mort  dans  les  flammes  est 
«  chose  dilïicile,  ceux-ci  se  trouvèrent  capables  de  l'accomplir  parce  (ju'ils 
«  désiraient  plaire  a  leur  souverain...  » 

Le  philosoplie  laisse  tomber  ses  exemples,  mais  il  ne  conclut  pas,  comme 
l'on  pourrait  s'y  attendre,  en  paroles  véhémentes.  Le  déterminisme  placide 
qui  constitue  le  fond  de  la  sagesse  asiatique,  s'y  oppose  :  Les  hommes 
sont  tels  qu'ils  peuvent  être.  Le  penseur,  peut-être  plus  pour  sa  propre 
satisfaction  que  dans  l'espoir  de  les  transformer,  leur  signale  les  erreurs 
de  conduite  qui  causent  leurs  maux;  si  la  foule  à  qui  il  s'adresse,  ne  peut 
le  comprendre,  il  ne  s'en  irrite  point. 

Pouniuoi,  alors  qu'elle  est  rationnelle,  alors  que  non  seulement  elle 
répond  à  nos  sentiments  idéaux  d'humanité,  de  générosité,  mais  satisfait 
également  nos  intérêts  matériels,  pourquoi  la  doctrine  de  l'Amour  Uni- 
versel ou  solidarité  n'est-elle  pas  mieux  accueillie?... 

«  Elle  ne  plaît  pas  aux  grands,  aux  «  chefs  »  répond  Meh-ti. 

Faut-il  chercher,  sous  ces  paroles,  une  arrière  pensée  de  révolte,  l'ex- 
pression d'un  socialisme  combattif?...  On  en  éprouverait  aisément  la 
tentation,  mais  il  convient,  je  crois,  de  s'en  irarder. 

Pouniuoi  les  «  grands  »  repoussent-ils  la  doctrine  de  l'Amour  Universel 
et  entravent-ils  sa  propagation  ?  —  Pensent-ils  que  la  désunion  des  petits, 
leurs  luttes  entre  eux  sont  la  meilleure  sauvegarde  de  la  situation  pri- 
vilégiée dont  ils  jouissent?  Pensent-ils  qu'à  la  faveur  des  dissensions 
séparant  les  éléments  populaires,  leur  autorité,  leur  tyrannie,  leurs  exac- 
tions s'exercent  plus  aisément?...  Peut-être  Meh-ti  le  croit-il,  mais  il  ne  le 
dit  pas,  et  semble  même  plutôt,  attribuer  l'hostilité  des  «  grands  »  à  un 
défaut  d'intelligence,  de  compréhension  de  leur  part  :  «  Ils  comprennent 
les  petites  choses  et  non  la  grande  »  (qui  est  d'établir  un  bon  gouverne- 
ment). Nous  risquerions  donc  de  travestir  sa  pensée  en  nous  lançant  dans 
la  voie  hasardeuse  des  déductions  trop  légèrement  fondées. 

Ce  que  Meh-ti  n'a  dans  tous  les  cas  pas  songé  à  attaquer,  c'est  le  prin- 
cipe de  la  hiérarchie.  Le  Haut  et  le  Bas,  le  Noble  et  le  Vil  —  suivant  les 
expressions  très  caractéristiques  des  auteurs  chinois  —  les  gouvernants  et 
les  gouvernés  forment  une  dualité  sociale  dont  il  ne  conteste  en  aucun 
niumcnt  la  légitimité  et  la  haute  nécessil(;. 

L'idéal  de  Meh-ti  est  un  Gouvernement  fort  :  «  Il  faut  que  le  kaul  gou- 
«  verne  fortement  et  (|ue  le  bas  travaille  fortement,  alors  la  paix  ré- 
«  gnera...  » 

-Après  avoir  failli  voir,  en  notre  philosophe,  un  révolutionnaire,  il  ne 
faut  pas  se  hâl(M',  sur  une  phrase,  telle  (pie  celle  dernière,  de  le  consi- 
dérer comme  un  soutien  du  despotisme  et  de  l'autocratie.  Ce  serrait  errer 
plus  grandement  encore  : 

<f  Ce  système  (celui  exposé  par  Meh-ti)  ne  consiste  pas  à  gouverner  le 
«  peuple  par  Tomnipotenee  d'un  seul  dont  l'autorité  s'exerce  sur  tous...  » 


:\\0  W)    JIU.LF.T    IDO») 

Les  chefs,  les  gouvernants  seront  ceux  (jiiisont  capables  de  gouverner  : 
les  intelligents,  les  sages.  Les  gouvernés  seront  les  esprits  médiocres  in- 
capables de  vues  profondes,  ignorants  qu'il  convient  de  tenir  en  tutelle. 
Mais  le  haut  et  le  bas  sont  des  démarcations  éminemment  transitoires, 
dépendant  de  la  seule  valeur  individuelle  et  momentanée. 

«  ...  Les  fonctionnaires  n'ont  pas  de  noblesse  d'Iiiiilive,  le  peuple  n'a 
((  point  de  bassesse  irrémédiable...  » 

a...  On  élève  les  gens  capables,  fussent-ils  ouvriers  ou  cultivateurs,  on 
«  leur  donne  des  fonctions  élevées  avec  de  gros  appointements...  » 

Meh-li  n'en  était  pas  à  croire  que  la  fonction  put  contenir,  en  elle  même, 
les  éléments  de  démoralisation  que  l'on  attribue,  souvent,  aux  seuls 
mauvais  penchants  de  l'homme  qui  en  est  investi.  Il  préconise  l'établis- 
sement d'une  étroite  solidarité  unissant  tous  les  degrés  de  l'échelle  hié- 
rarchique, chacun  s'employant  selon  ses  facultés  pour  le  bien  commun, 
chacun  occupant  la  place  qui  convient  à  ses  aptitudes  naturelles  et  s'en 
contentant. 

(c  De  là  beaucoup  de  crimes  (suivis)  de  cliAtimenls  sévères,  avec  ces 
«  deux  choses  un  royaume  est  troublé.  » 

«  On  voudrait  en  vain,  alors,  qu'il  n'y  ait  pas  de  troubles,  cela  n'est 
«  plus  possible.  '» 

La  vertu  majeure  de  l'individu  dans  l'Etat  est  son  utilité,  les  sentiments 
familiaux,  eux-mêmes,  ne  peuvent  pas  faire  accepter  l'être  inutile  : 
«  Un  père,  même  s'il  a  le  cœur  lendro,  n'aime  pas  un  fils  sans  utilité.  » 
Il  faut  donner  de  soi  à  autrui  et  recevoir  de   lui;   les  avares,  les  soli- 
taires sont  les  ennemis  du  bonheur  public. 

«  Celui  qui  détient  des  richesses  sans  vouloir  les  partager  avec  autrui 
«  n'est  pas  digne  que  l'on  soit  son  ami.  » 

Et  les  richesses  ce  ne  sont  pas  seulement  l'or,  la  terre  et  ses  produits,  ce 
sont  aussi  les  richesses  de  l'intelligence,  les  aptitudes  physiques  ainsi 
que  nous  le  voyons  dans  les  préceptes  suivants  do'nt  l'observance  fait  de 
l'homme  un  sage  : 

«  Celui  qui  possède  la  force  doit  aider  l'homme;  celui  qui  possède  des 
«  richesses  doit  les  par'ager  avec  l'homme;  celui  qui  possède  la  doctrine 
«  (c'est-à-dire  qui  est  instruit)  doit  enseigner  l'homme.  » 

Je  ne  puis  m'étendre  d'avantage  sansdépasser  les  limites  d'un  mémoire 
de  ce  genre.  Dans  le  volume  que  je  compte  consacrer  à  Meh-ti  je  pourrai 
suivre  cet  auteur  dans  les  multiples  développements  par  h  squels  il  s'efforce 
de  nous  démontrer  qu'en  tous  les  domaines  la  solidarité  est  productrice 
d'ordre,  d'harmonie,  de  bonheur  moral  et  matériel.  Pour  donner  plus  de 
poids  à  ses  assertions,  le  philosophe  chinois  ne  manque  pas,  selon  l'inva- 
riable coutume  de  son  pays,  de  nous  représenter  son  principe  d'  «  Amour 
Universel  »  comme  directement  inspiré  par  l'exemple  du  Ciel  «  dont  les 
dons  généreux  sont  sans  partialité  »  «  qui  procure  à  tous  des  biens  utiles  », 
etc.  H  invoque  aussi  r.\nt:quité,  cette  époque  héroïque  de  l'histoire  chi- 
noise où  vivaient  les  Yao,  les  Chun  et  autres  saints  monarques  qui  passent 
pour  avoir  été  le  modèle  de  toute  sagesse.  Par  maints  traits  empjuatés 


\I.K\.\M)IÎA    DAVID.    —    l'iDKK  DK   SOLIDAIUTK   K.N  CIIINR  341 

aux  vit'illes  clironi(]U('s  i!  nmis  les  monlio  pr;ili(|iiaiil  li'  [nincipc  de 
r  ((  Amour  Universel  »,  mais  au  milieu  •Icce'^  discours  —  concession  faite, 
peut-être,  aux  mœurs  conlemporaines  —  Meli-ti  n'abandonne  point  son 
principal  argument  et  c'est  toujours  le  tri-s  utilitaire  :  u  Aimez-vous  les  uns 
l.'>^  autres  j»our  votre  mutuel  avantage  »  (jui  revient  comme  la  raison  délini- 
live  devant  emporter  notre  adhésion  au  principe  de  la  solidarité. 

Ainsi,  en  dépit  des  25  siècles  qui  les  séparent,  le  vieux  penseur  chinois 
et  nos  sociologues  modernes  peuvent  se  rencontrer  sur  le  terrain  commun 
de  cette  sagesse  pratique,  doublement  sage,  qui  n'essaie  point  de  géné- 
raliser parmi  les  huinains  des  verttis  exceptionnelles  et  anormales,  mais, 
prenant  l'homme  tel  (juil  est,  s'appuie  sur  son  instinctif  et  légitime 
égoïsme,  s'ellbreant  de  lui  démontrer  que  l'intérêt  bien  compris  de  cet 
égoïsme,  doit  le  porter  à  ce  respect  de  l'égoïsme  d'aulrui  sans  lequel  il  ne 
peut  exister  ni  sécurité,  ni  ordre,  ni  bonheur  social. 

Le  llnut,  le  Nobh-,  malgré  la  supériorité  que  lui  confère  le  savoir,  l'in- 
telligence ne  doit  pas  se  contenter  de  régir  avec  une  dédaigneuse  bien- 
veillance \eBas,  le  Vil;  il  faut  que  le  dirigeant  se  pénètre  de  la  mentalité 
du  dirigé  et  qu'entre  tous  les  deux  il  y  ait  «  échange  de  pensées  »  : 

u  Les  anciens  saints  rois  ont  compris  qu'ils  faut  nommer  des  chefs  en 
«  accord  avec  le  peuple,  alors,  entre  le  Haut  et  le  Bas,  il  y  aura  échange  de 
«  pensées.  » 

Monarques  et  fonctionnaires,  tous  ceux  qui  ont  à  conduire  les  masses 
populaires,  ne  peuvent  le  faire  avec  équité  et  pour  le  bien  du  pays,  que 
s'ils  sont  arrivés  à  entrer  dans  la  manière  de  voir  du  peuple,  à  comprendre 
la  façon  dont  il  envisage  les  choses  : 

«  Qu'est-ce  qui  détermine  la  paix  entre  le  Haut  et  le  Bas.  C'est  que  les 
«  monarques  s'assimilent  les  sentiments  du  Bas.  Alors  règne  la  paix,  au- 
trement c'est  le  trouble.  » 

.(  Quand  les  souverains  se  sont  assimilé  les  sentiments  du  Bas,  par  ce 
«  fait  ils  comprennent  ce  ([ui  est  le  bien  et  ce  qui  est  le  mal  du  peuple.  » 
((  Quand  les  souverains  ne  se  sont  pas  assimilé  les  sentiments  du  peuple, 
«  ils  ne  comprennent  pas  le  bien  et  le  mal  du  peuple.  Alors  les  châtiments 
«  et  les  récompenses  qu'ils  distribuent  ne  sont  point  conformes  a  la  justice 
«  et  le  royaume  est  troublé.  Donc,  lorsqu'on  doit  récompenser  ou  chAtier, 
«  si  l'on  ne  s'est  pas  encore  assimilé  les  sentiments  du  Bas  il  faut  absolu- 
«  ment  se  livrer  à  un  examen  préalable.  »  C'est-i-dirc  se  rendre  compte 
des  sentiments  d'après  lesquels  le  peuple  juge  et  agit. 

«  Comment  se  fait-il  aujourd'hui  que  ceux  qui  sont  en  Haut  ne  peuvent 
«  pas  gouverner  ceux  qui  sont  en  Bas  et  que  ceux  (pii  s(jiil  (^n  lias  ne 
«  peuvent  pas  servir  ceux  qui  sont  en  Haut?  » 

«  C'est  parce  que  le  Haut  et  le  Bas  se  méprisent  imiUD'Ilement.  » 

«  Pourquoi? 

«  Parce  que  leur  manière  de  voir  est  différente.  » 

La  nécessité  de  la  solidarité  est  présentée  de  mille  façons  diverses  dans 
l'ouvrage  de  iMeh-ti,  soit  qu'il  l'envisage  dans  le  domaine  matériel,  ou 


'M-2  1<»  ji  ii.i.KT  1900 

dans  le  domaine  intellectuel.  1!  ne  manque  pas  d'affirmer  l'étroite  relation 
entre  les  faits  niatéri(,'ls  et  les  conséquences  morales  qu'ils  engendrent. 
La  misère  du  peuple  est  la  plus  grande  source  de  désordre  publique,  le 
luxe  outré  des  classes  du  Haut  entraîne  inévitablement  la  dépravation  et 
la  révolte  chez  celles  du  Bas  : 

«...  Ainsi  les  riches  vivent  dans  le  luxe  et  le  peuple  souffre  le  froid  et 
«  la  faim.  » 


NOTE  SUR  LES    OSSEMENTS  NÉOLITHIQUES    DU    DOLWEN  DE    CURTON   ET    DE  LA 
CAVERNE  DE  FONTARNAUD  (Gironde). 

Pau  m.  L.  Manouvrier. 

Ces  ossements  ont  été  recueillis  par  M.  l'abbé  Labrie  qui  a  fouillé  avec 
beaucoup  de  soin  et  de  compétence  les  deux  sépultures.  Il  a  bien  voulu 
envoyer  au  laboratoire  d'Anthropologie  tous  les  restes  squelettiques  pour 
leur  étude  spéciale,  bien  que  leur  très  mauvais  état  de  conservation  ne 
parût  pas  très  encourageant. 

J'ai  examiné  tous  les  menus  fragments  qui  composaient  la  plus  grande 
partie  de  l'envoi  sans  y  trouver  matière  à  la  plus  mince  remarque.  Les 
fragments  plus  ou  moins  utilisables,  après  avoir  été  étudiés,  ont  été  ren- 
voyés à  Lugasson,  par  Frontenac  (Gironde). 

M.  Labrie  a  étudié  lui-même  les  sépultures  ainsi  que  leur  mobilier 
funéraire  et  il  doit  publier  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de 
Bordeaux,  un  mémoire  sur  le  dolmen  de  Curton. 

Je  puis  toutefois  donner  ici  quelques  indications  que  l'auteur  a  eu  l'obli- 
geance de  me  fournir. 

Le  mobilier  funéraire  du  dolmen  de  Curton  se  composait  de  trois  coquil- 
les percées,  d'une  pendeloque  en  os,  d'un  os  travaillé  analogue  à  celui  qui 
fut  trouvé  dans  le  dolmen  de  Fargues  (Matériaux,  XP  vol.  p.  22  à  70, 
fig.  20),  de  quelques  débris  de  poteries  et  de  silex,  notamment  d'une  belle 
herminette  en  silex  poli. 

La  Caverne  de  Fontarnaud  a  surtout  donné  des  restes  de  l'industrie 
magdalénienne.  Mais  une  sépulture  néolithique  fut  établie  parmi  ces  restes 
et  fut  elle-même  bouleversée  par  des  occupants  gallo-romains. 

Caverne  de  Fontarnaud. 

M.  Labrie  estime  que  cette  sépulture  a  reçu  au  moins  six  individus 
dont  quelques  enfants.  Mais  il  n'en  est  resté  qu'un  petit  nombre  de  frag- 
ments et  un  tibia  complet. 

Parmi  les  fragments  j'ai  pu  reconnaître  des  restes  de  quatre  (?)  sujets 


MANOl'VRIEH    —  NoTK  SI  II   I.I>  OSSKMKNTS  NKOl.lTHIOlKS  1»!    iml.MKN  Kl'  CI  IITON       lU.'i 

adultes,  unoLideuN.  lioinincsct  deux  jeunes  f(?iniiios,  [ilusciiiq  eiifaiils  dunl 
le  plus  âgé  avait  enviiH)n  dix  ans. 

Les  débris  de  crines  et  la  plupart  des  dél)ris  d'os  lonj^s  ainsi  que  qu<'l- 
(|ucs  os  des  extrémités  et  des  fragments  de  mandibules  ne  m'ont  rien 
présenté  de  mesurable  ou  de  noliiile. 

Tiliia  complet,  masculin. 

Longueur  =  332  """.  correspondant  à  une  taille  cadavérique  de  1  "".  592, 
1  "'.  37  sur  le  vivant. 

Circonférence  minimum  r=  78. 

Rapport  de  la  grosseur  i\  la  longueur  =  23.4. 

Cet  indice  est  très  supérieur  à  la  moyenne  actuelle  des  hommes  pari- 
siens :  lU.f)  (Uahon  '"). 

Il  indique  ddiic  un  degré  notable  d'euryplastie,  d'où  nous  pouvons 
inférer  (jue  la  taille  du  sujet  était  probablement  supérieure  de  quelques 
centimètres  à  celle  indiiiuéc  ci  dessus. 

Diamètres  au  niveau  du  trou  nourricier: 

.-Vnléro-post.  =  36.  Transv.  =  24.  Indice  de  platycnémie  =  60. G. 

Angle  de  rétroversion  r=  13"  ;  d'inclinaison  =  8°. 

Largeur  maxim.  de  la  tète  du  tibia  ==  70. 

Largeur  maxim.  de  l'extrémité  inférieure  =:  36. 

t]n  somme,  euryplastie,  platycnémie  et  rétroversion  notables. 

Partie  supérieure  d'un  fémur  féminin  adulte. 

Ce  fragment  de  fémur  est  remarquable  pour  la  faible  inclinaison  du  col 
(non  mesurable  exactement)  et  pour  la  platymérie  très  accentuée  : 

Diamètres  "   30.5  et  20.  Indice  =  63.6. 

La  gouttière  hypotrochantérienne  est  profonde  et  longue.  11  existe,  en 
outre  un  3^  trochanter  de  forme  oblongue  qui  se  prolonge  entre  les  deux 
lèvres  de  la  gouttière  de  façon  à  occuper,  au  total,  une  étendue  de  32  mil- 
limètres en  hauteur. 

Ce  3°  trochanter  allongé  de  haut  on  bas  forme  une  sorte  de  crête  aplatie 
à  surface  rugueuse  présentant  avec  une  parfaite  évidence,  dans  toute 
son  étendue,  les  caractères  d'une  forte  insertion  musculaire. 

Pour  ces  raisons  ce  fragment  de  fi'inur  a  (''!(■  |)l.ic('>  dans  la  collection 
du  laboratoire  d'.Vnthropologie. 

Il  provient  d'une  femme  adulte,  mais  très  jeune.  Son  indii:e  pii,.!=trique 
=  100.0  (23  :  23),  chiffre  très  bas  qui  forme  un  contraste  avec  li;  grand 
développement  des  insertions  musculaires  de  la  partie  supérieure  de  l'os. 

,1'ai  montré  d'ailleurs  qu'il  en  est  ainsi  en  général  *,  mais  le  cas  présent 
est  des  plus  accentués  sous  ce  rapport. 


•  Reconstil.  de  lu  taille  préhist.  (Mèm   de  la  Soc.  d'AnlIir.) 

-  Mémoires  sur  les  variations  du  corps   du  fémur  d.in.s  !'.  spèce  humaine.  {Bull, 
Soc.  d'Anth.,  1893), 


;u4 


l'.l  jiiM.irr  IWfi 


Un  fragment  (l'humérus  féminin  présente  la  perforation  de  la  fosse 
olécrAnienne,  ce  qui  est  en  rapport  avec  la  gracilité  du  sujet  coïncidant 
un  travail  musculaire  assez  intense. 

[/extrémité  supérieure  d'un  cubitus  masculin  présente,  en  arrière  et  en 
dehors,  vers  la  base  de  l'olécràne.,  une  cavité  à  parois  lisses  pouvant 
loger  un  petit  pois  et  résultant  d'une  blessure  faite  par  une  flèche  ou  un 
autre  instrument  piquant. 

Parmi  les  débris  squelettiques  se  trouvait  un  fragment  de  fémur  non 
humain  et  non  adulte  paraissant  provenir  d'un  animal  de  la  taille  du 
renne  mais  dont  je  n'ai  pu  reconnaître  l'espèce. 


nOLMEN    DE    CURTON. 


Parmi  les  débris  provenant  de  ce  dolmen  beaucoup  plus  nombreux  que 
ceux  de  Fontarnaud,  j'ai  pu  former  deux  petites  séries  de  fragments 
mesurables  de  fémurs  et  de  tibias. 

La  sépulture  a  reçu  au  moins  8  individus  adultes  dont  5  hommes  et 
3  femmes. 


Tibias. 

Diam.  antéro 

post. 

Transverso 

Sonim( 

Masculins  . . , 

37 

24 

61 



40 

20 

60 

— 

35 

21 

56 

— 

33 

24 

57 

Féminins 

29 

22 

51 

—       ... 

28 

21 

49 

— 

26 

19 

45 

Indice  de  platycnémie. 

64.9 
50.0 
60.0 

72.7 

75.8 
75.0 
73.1 


La  platycnémie  est  faible  chez  les  trois  femmes. 

Elle  est  beaucoup  plus  accentuée  sur  trois  tibias  masculins  et  remar- 
quable sur  l'un  de  ceux-ci  qui  provient  d'un  sujet  robuste. 


Diamètres 


Fémurs. 

Indice  de  platymérie. 

antéro-post. 

Transv. 

Somm 

Masculins 

84.8 

28 

33 

61 

— 

81.2 

26 

32 

58 

— 

74.2 

23 

31 

54 

■^ 

82.1 

23 

28 

51 

— 

88.8      • 

24 

27 

51 

Féminins 

72.4 

21 

29 

50 

— 

66.6 

20 

30 

50 

— 

81.4 

22 

27 

49 

— 

68.9 

20 

29 

49 

DISCDSSION  .'l't."> 


Autres  fragments  : 

lûilice  pilastrique. 

114.3 

32 

28 

60 

107.1 

30 

28 

58 

112.0 

28 

25 

53 

La  platynitMie  peut  ùlre  considérée  comme  faible  dans  la  plupart  des 
cas.  L'indice  pilastrique  est  à  peu  près  moyen. 


Discussion. 


M.  Marcel  Baudouin.  —  Jeserais  très  heureux  de  voir  le  Laboratoire  dWn- 
thropologie  de  Paris  entreprendre  des  études  qui  auraient  pour  but  de  nous 
permettre  de  calculer  la  taille  des  individus,  en  se  basant,  non  plus  sur  la 
dimensions  des  os  bugs  entiers  (ce  qui  se  fait  actuellement!,  mais  seulement 
sur  les  fragments,  et  surtout  les  fragments  supérieurs  des  dits  os.  En  effet, 
dans  nombre  de  dolmens  etde  grottes,  on  ne  peutpas  recueillir  des  os  nUî^rs  ; 
et,  actuellement,  ces  ossements  brisés  sont  inutilisables  à  ce  point  de  vue. 
En  ce  qui  me  concerne,  je  me  suis  attaché  à  ce  problème;  et  j'espère 
qu'un  jour  on  pourra  arriver  à  des  résultats  pratiques.  En  attendant,  je 
signale  les  efforts  faits  jadis  par  certains  chirurgiens,  en  particulier  par 
M.  le  P'  Jaboulay  (de  Lyon). 

Cela  a  un  certain  intérêt,  car,  si  l'on  possède  nombre  d'os  longs  néo- 
lithiques entiers,  il  n'en  est  pas  ainsi  pour  les  os  paléolithiques,  dont  on  ne 
trouvera  guère  sans  doute  dans  l'avenir  que  des  fragments.  Par  consé- 
quent, c'est  là  un  problème  fort  important,  qu'il  ne  faut  pas  négliger; 
mais,  incontestablement,  il  y  a  là  une  méthode  nouvelle  à  trouver.  Les 
procédés  classicjues,  modernes,  ne  nous  permettent  pas  d'entrevoir 
aujourd'hui  une  solution. 

Je  demande  surtout  à  ce  (jue,  dans  les  calculs  anthropométriques,  on 
n'étudie  pas  en  un  seul  bloc  tous  les  ossements  préhistoriques.  Il  faut, 
dès  aujourd'hui,  isoler  les  paléolithiques  des  néolithiques  et  des  hommes 
de  l'âge  des  métaux.  —  Cela  est  indispensable,  si  l'on  veut  faire  désor- 
mais progresser  la  science. 

M.  Manouvrier.  —  En  ce  qui  concerne  la  reconstitution  de  la  taille 
d'après  des  fragments  d'os  longs  et  notamment  d'extrémités,  je  puis 
assurer  M.  Baudouin  que  sa  proposition  et  son  espoir  sont  chimériques. 
Déjà,  avec  des  os  entiers,  les  variations  des  proportions  du  corps  en- 
traînent des  erreurs  de  détermination  qui,  dans  les  cas  individuels,  peuvent 
atteindre,  comme  je  l'ai  montré  dans  mon  Mémoire  sur  la  détermination 
de  la  taille  d'après  les  os  longs  des  membres  (Mém.  de  la  Société)  10  et 
même  15  centimètres—  et  parfois  plusieurs  centimètres  dans  les  moyennes 
ethniques.  Si,  à  ces  erreurs  qui  peuvent  être  corrigées  en  partie  dans 
certains  cas  venaient  s'ajouter  les  erreurs  commises  dans  l'évaluation  de 


34G  ^*J  jiiu.ET  1U0H 

la  longueur  des  os  eux-mêmes  et  i\u\  seraient  inévitables  même  avec  des 
fra'Miienls  assez  imporlanls  de  ces  os,  alors  les  erreurs  ci-dessus  rares 
avec  des  os  entiers  deviendraient  tellement  fréquentes  qu'il  n'y  aurait  pas 
à  tenir  compte  des  chifTres  de  taille  obtenus,  si  ce  n'est  comme  on  le  fait 
à  vue  de  ne/, en  disant:  taille  probablement  grande  ou  petite—  sans  viser 
une  fausse  précision. 

Quant  à  l'indication  des  époques  et  même  des  diverses  sépultures  aux- 
quelles apparlieniicnl  les  os  qui  ont  servi  à  reconstituer  les  tailles  préhis- 
toriques, elle  a  toujours  été  donnée. 


NOTE  SUR  DES  PIÈCES  SQUELETTIQUES  MAXILLO-DENTAIRES   NÉOLITHIQUES 
Par  m.  Le  l)""  Siffhe. 

La  note  que  j'ai  l'honneur  de  vous  lire,  est  relative  à  des  pièces  maxillo- 
dentaires,  provenant  d'un  ossuaire  néolithique  d'Esbly.  Cet  ossuaire 
exploré  par  M.  Collin  et  M.  Tapitan,  est,  d'après  une  note  que  ce  dernier 
m'a  donnée,  du  «  pur  néolithique  ». 

Je  remercie  MM.  Manouvrier  et  Anthony  de  me  procurer  l'agréable 
devoir  de  venir  vous  entretenir  de  sujets  qui,  bien  spéciaux  cependant, 
pourront  être  de  quelque  utilité  aux  anthropologistes. 

Les  pièces  que  j'ai  en  ma  possession  sont  des  maxillaires  supérieurs  et 
inférieurs  et  un  nombre  assez  considérable  de  dents. 

Je  n'ai  pu  encore  fixer  le  nombre  d'individus  que  représentent  toutes 
les  pièces,  car  il  y  a  une  reconstitution  laborieuse  à  accomplir  et  le  temps 
m'a  manqué  pour  cela.  Néanmoins  j'ai  pu  faire  deux  lots  :  un  premier 
composé  de  toutes  les  pièces  appartenant  à  des  enfants;  un  second  de 
toutes  celles  appartenant  à  des  adultes. 

C'est  à  propos  du  premier  que  j'ai  l'honneur  de  vous  entretenir 
aujourd'hui. 

Un  premier  point  me  semblait  intéressant  à  établir  :  le  nombre  d'enfants 
que  les  pièces  osseuses  représentaient. 

Bien  que  ce  nombre  ne  puisse  être  qu'approximatif,  puisqu'il  a  pu  se 
perdre  pas  mal  de  j)ièces  —  non  point  tant  susceptible  de  compléter 
celles  qui  existent,  que  d'en  augmenter  la  quantité  —  ce  nombre  n'en  est 
pas  moins  instructif. 

Il  est  possible  d'affirmer  que  32  enfants  de  moins  de  12  ans  ont  été 
inhumés. 

Ce  nombre  résulte  du  nombre  même  des  premières  molaires  inférieures 
gauches  que  j'ai  trouvées  soit  isolées,  soit  portées  encore  par  les  mandi- 
bules ou  fragments  gauches  de  mandibules. 

J'ai  pris  comme  meilleur  document  la  première  molaire  inférieure  de 
lait  parce  que  cette  dent  a  une  forme  si  spéciale  qu'il  est  impossible  de  la 


SIFFRE.   —  NOTE  Slll  DES  PIKCES  SQLELETTIUIES    MA\IL(.0-I)ENTAIUES  'Ml 

confondre  avec  aucune  autre  dent,  soit  de  la  série  temporaire,  soit  de  la 
série  permanente. 
Le  lot  de  pièces  appartenant  à  des  enfants  se  compose  de  : 

Maxillaire  supérieur  (î.  et  1) -7  p. 

Maxillain?  inférieur  ayant  l'arc  dentaire 9  — 

Portion  G.  de  maxillaire  inférieure i'A  — 

Portion  D                  —                      l.'l  — 

Dents  de  lait  isolées 200  — 

Laissant  de  cùté  pour  le  moment  toutes  pièces  n'étant  pas  ou  ne  por- 
tant pas  de  première  molaire  inférieure  gauche  de  lait  (c'est  la  dent 
de  ce  cùté  qui  est  en  plus  grande  quantité),  nous  avons  : 

Dents  i^'-  mol.  inf  g.  \  Mandibules  avec  arc  dentaire  figuré  ' 9 

portées  par  :  (  Portions  gauches  de  la  mandibule 13 

l'«*  mol.  inf.  g.  temporaires  isolées 10 

Tutal 32 

J'ai  dit  que  ces  enfants  avaient  moins  de  douze  ans;  c'est  qu'en  effet 
sur  aucune  des  pièces  formant  le  l'^'"  lot  la  2°  molaire  n'est  sortie. 

Voici  du  reste  l'âge  approximatif  que  donnent  les  22  pièces  osseuses 
portant  des  dents. 

8  pièces  n'ont  pas  de  f"  gr.  mol.  permanentes,  c'est-k-direque  leurs  pro- 
priétaires devaient  avoir  moins  de  six  ans  :  en  effet,  on  peut  donner  à  : 

1    environ  2  ans  1/2 

3  —        4  ans 

4  —        5  ans 

14  pièces  ont  la  dent  de  six  ans.  Sur  ces  14  pièces  12  sont  à  cette  phase 
où  la  dent  de  six  ans  vient  de  sortir  et  les  dents  incisives  centrales  infé- 
rieures de  lait  viennent  de  tomber  ou  vont  tomber.  C'est  donc  environ 
7  ans  1/2  qu'on  peut  donner  à  ces  pièces. 

Deux  pièces  sont  un  peu  plus  âgées,  les  i  incisives  inférieures  sont  sorties 
et  l'on  peut  voir  sur  l'une  d'elles  la  2^  gr.  mol.  g.  pointer,  ainsi  que  la 
canine;  la  1''^  molaire  inférieure  est  remplacée  parla  première  bicuspide: 
à  l'une  nous  donnerons  9  ans  ;  à  l'autre  10  ans. 

Sur  les  dix  dents  isolées,  sept  ont  des  racines  complètement  formées 
mais  aussi  «  intactes  »  c'est-à-dire  pas  de  commencement  de  résorption 
radiculaire. 

Les  propriétaires  de  ces  dents  devaient  donc  avoir  environ  de  8  à  9  ans. 

Je  dis  9  ans,  maximum,  car  le  1"  bicuspide  qui  remplace  la  1"  mo- 
laire de  lait,  doit  avoir  terminé  son  évolution  vers  11  ans.  Or  en  donnant 


»  C'est-à-dire  ayant  encore  des  organes  permotlant  de  Iracir  la  courbo  formant  l'arc 
dentaire. 


348  l'.>  Jiii.i.ET  IDOC) 

2  ans  entre  le  placement  dr''linilif  et  la  première  trace  de  résorption  radi- 
culaire,  on  est  dans  le  vrai,  ce  qui  permet  de  dire  U  ans. 
Les  3  autres  dents  restant,  nous  donnent  à  peu  près: 

L'une 2  ans 

La  seconde 2  ans  1/2 

La  troisième 10  ans  1/2. 

La  première  de  ces  dents  est  représentée  par  la  couronne  seulement,  les 
racines  ont  dû  être  fracturées,  mais  la  dimension  de  la  chambre  pulpaire, 
les  cuspides  très  aiguës,  le  peu  d'épaisseur  d'ivoire  au  niveau,  de  la  frac- 
ture radiculaire  ne  permettent  par  l'erreur. 

La  seconde  a  des  racines  à  peu  près  formées  à  moitié. 

Le  troisième,  a  ses  racines  complètement  résorbées,  c'estdonc  parce  que 
la  bicuspide  vient  de  pointer  hors  la  gencive.  En  mettant  G  mois  au  moins 
nécessaires  pour  le  complet  placement  de  la  bicuspide,  on  est  aussi  dans 
le  vrai.  On  peut  donc  dire  10  ans  12 

Nous  laisserons  pour  le  moment  les  portions  mandibulaires  droites. 
Quelques  unes  peuvent  s'apparier  avec  les  portions  gauches  que  nous 
venons  de  voir;  quelques  autres  semblent  ne  pas  correspondre  à  ces  por- 
tions gauches. 

Peut-être  pourrait-on  individualiser  certaines  de  ces  portions  droites 
ce  qui  augmenterait  le  nombre  des  sujets;  mais  en  dehors  de  cette  aug- 
mentation numérique  nous  n'aurions  rien  à  retirer  de  leur  étude,  qui 
puisse  donner  un  plus  grand  intérêt  à  la  présente  note. 

En  résumé  on  peut  dire  qu'il  y  avait  au  moins  32  enfants  âgés  de  moins 
de  12  ans. 

Ainsi  classés. 

3  sujets  d'environ 3  ans  (2  ans  1/2  à  3) 

3  sujets        —       4  ans 

4  sujets        —        5  ans 

19  sujets        —       8  ans  (7  à  8  ans) 

1  sujet         —       9  ans 

2  sujets        —        10  ans  (10  ans  1/2  à  11) 

Les  portions  droites  de  mandibules  qui  portent  des  dents,  corroborent 
ces  chiffres. 

Ces  nombres  nous  permettent  de  constater  que  la  plus  forte  mortalité  est 
pour  les  enfants  d'environ  huit  ans.  Nous  avons  en  effet  19  cas  de  cet  âge. 

Il  serait  intéressant  de  connaître  les  causes  de  la  mort  ?  Je  ne  sais  si 
les  autres  parties  du  squelette  donnent  des  indications  sur  ce  point. 
Tout  ce  que  l'on  peut  constater  sur  les  pièces  que  je  possède,  c'estqu'elles 
appartenaient  à  des  sujets  normaux,  et  en  bonne  santé  antérieure,  car  il  est 
impossible  de  déceler  traces  d'hypotrophie,  de  carie  ou  d'affection  gingi- 
vale à  retentissement  osseux. 

On  constate  seulement  que  les  enfants  faisaient  bon  usage  de  leurs  dents 


l^l.ANCliK    1 


•-JUHWIt:  ^j,„g|^^  J^^^^,^^>^JL 


É^ 


Pi.wciii:  II 


.^     -  -^"^^yT^iiriJ 


Pl.wciii:    III 


^"•"Jj^^^^r'rL^, 


Pi.wc.iii:    W 


I^i.wc.iii:    \ 


Pi.wciii;    \| 


l'i.wi-.iii     \  M 


Pi.wc.m;    \lll 


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Pi.ANCiii-:   XX 


m 


Pi.wciii:    XXl 


tf 


Dis«:us.sioN  340 

(Jf  lait,  les  cupules  d'ivuire,  el  même  les  tables  d'ivoire  formées  par  dis- 
pariliun  de  l'émail  usé  par  la  mastication,  en  sont  une  preuve  manifeste, 
.le  pense  donc  que  la  mort  doit  avoir  été  déterminée  par  une  cause 
violente,  ou  tout  au  moins  à  ctïet  rapide,  .l'ajouterai  que  les  dents  per- 
manentes en  formation,  ([ui  sont  en  grand  nombre,  ne  portent  point  non 
plus  trace  d'arrêt  de  développement  indiquant  une  maladie  de  longue  durée. 

Discussion. 

M.  Marcel  Baudûun.  —  .l'attire  l'attention  sur  cette  remarque  faite  par 
notre  confrère  :  htsure  lirs  marquée  mémo  sur  ces  dents  d'enfants;  et 
l'absence  piesque  totale  de  carif,  sur  lesdites  dents,  comme  sur  celles 
des  adultes.  —  .l'ai  présenté  ici  '  des  pièces  analogues. 

Ces  constatations  plaident  en  faveur  des  idées  que  j'ai  soutenues 
ailleurs  -,  à  savoir  qu'il  y  a  une  sorte  de  balancement  entre  l'usure  et  la 
carie  à  l'époque  néolilhi{|ue  et  aux  âges  suivants.  La  carie  ne  se  montre 
guère  qu'à  la  fin  de  la  pierre  polie,  tandis  que  l'usure  est  très  marquée 
dès  son  début.  On  doit  en  conclure  qu'à  l'origine  du  néolitbique  la  nourri- 
ture était  surtout  végétale.  Un  hroievicnl  prolongé  était  nécessaire. 

Il  est  bien  certain  que  les  néolitbiques  consommaient  un  peu  de  viande 
cuile^  comme  tous  les  peuples  pasteurs  ;  mais  il  ne  faut  pas  exagérer,  car 
nos  paysans  français  de  Bretagne  et  de  N'endée,  il  y  a  peu  de  temps 
encore,  ne  mangeaient  que  très  rarement  de  la  viande  (presque  toujours 
du  porc  conservé,  d'ailleurs). 

Il  y  aurait  lieu  de  comparer  la  carie  dentain.',  trouvée  dans  les  dolmens 
et  sépultures  du  centre  du  bassin  de  Paris  (région  calcaire),  avec  celle  des 
dolmens  bretons,  situés  en  pays  granitique,  car  on  sait  que  la  carie  est 
bien  plus  rare  en  paijs  calcaire. 

Pour  le  paléolithique,  les  dents  ne  nous  apprennent  encore  rien,  puis- 
que les  sujets  d'observation  manquent;  mais  on  va  peut-être  un  peu  loin, 
en  affirmant  que  les  paléolithiques  étaient  exclusivement  fa/»/ro?-e. 

M.  Zaborowski.  —  Si  j'ai  bien  compris  M.  Baudouin,  il  prétend  que  les 
néolithiques  avaient  une  belle  dentition  et  que  chez  leurs  descendants  de 
l'âge  du  bronze,  l'usure  des  dents  devient  au  contraire  de  plus  en  plus 
commune  et  grande,  et  il  attribue  cette  différence,  la  moindre  usure  chez 
les  néolithiques,  à  ce  que  ceux-ci  se  seraient  nourris  de  végétaux  et  non 
de  viande.  Je  ne  crois  pas  qu'une  relation  plus  particulière  soit  établie 
entre  l'usure  des  dents  et  l'usage  de  la  chair.  Les  fellahs  de  l'Kgypte, 
les  conducteurs  de  chameaux  qui  ne  connaissent  guère  l'usage  de  la 
viande,  passent  pour  avoir  les  dents  beaucou]»  plus  usées  que  nous, parce 

'  Makcel  BauiiOUIN.  —  Ma.Lilltiire  inférieur  d'en/uni  a  t'  denlitions.  —  Bull, 
et  Mém.  Soc.  d'Anthvop.,  Paris,  l!i04.  —  Bull.  Soc.  Préh.de  France,  VJ04.  p.  327. 

'  Marcel  Baudouin.  —  [Les  dents  préhistoriques].  Bull.  Soc.  Préh.  de  France, 
Paris,  1904,  p.  2G3-266;  1905,  p.  40-48. 

soc.  d'anthrop.  i906.  28 


350  1^  ji  ii.i.KT  4906 

qu'ils  inAchent  incessainmenl  des  fèves  sùclies.  D'autre  part,  dos  sauvages, 
des  nègres  de  la  Côte-Uccidenlale,  les  DahotiK-ens  qui  mangent  de  tout, 
ont  les  dents  très  belles  et  intactes  parce  que,  faisant  bien  cuire  leurs 
aliments,  ils  ont  peu  à  mastiquer. 

Et  il  est  certain  que  la  nourriture  des  néolithiques  i-tait  i)rincipalement 
carnée.  Nous  savons  bien  par  l'énorme  (juantité  d'os  brisés  et  brûlés 
qu'ils  ont  laissés  dans  leurs  foyers,  qu'ils  se  nourrissaient  d'abord  princi- 
palement d'animaux  de  chasse  et  (jue  peu  à  peu  ils  ont  fini  par  se  nourrir 
principalement  de  la  chair  de  leurs  animaux  domestiques.  Et  leurs  habi- 
tudes ont  persisté  chez  leurs  descendants  éloignés  des  centres  de  civilisa- 
tion. Nous  savons  1res  bien  que  les  Cimbres,  les  Germains  migrateurs, 
ceux  môme  de  l'histoire, et jusqu'auxGaulois  avant  notre  ère,  se  nourris- 
saient principalement  de  la  chair  de  leurs  animaux  domestiques.  11  n'y  a 
donc  rien  d'extraordinaire,  rien  de  douteux  dans  ces  mœurs. 

M.  de  Mortillet  dit  que  les  néolithiques  se  nourrissaient  généralement 
de  céréales  '!  S'exprimer  ainsi  c'est  donner  de  leur  vie  une  idée  peu  exacte. 
Ils  ont  connu  et  cultivé  l'orge,  comme  je  l'ai  éiabVi  {La  céréale protoari/enne. 
Bull.,  1904,  p.  87);  ils  ont  partiellement  connu  le  blé.  Des  grains  d'orge 
et  d'un  blé  petit  rappelant  un  des  plus  anciens  blés  de  l'Egypte,  ont  été 
trouvés  dans  des  palafittes  de  l'Age  de  pierre  en  Suisse.  Mais  le  blé  était 
introduit  du  dehors.  Et  nos  néolithiques  ne  faisaient  pas  de  cultures 
assez  étendues  avec  une  régularité  suffisante  pour  que  leurs  produits 
aient  pu  entrer  pour  une  forte  part  dans  leur  alimentation.  Ils  faisaient 
surtout  de  la  cueillette,  et  ils  avaient  assurément  recours  à  toutes  sortes 
de  graines  qu'ils  écrasaient  plus  ou  moins  avec  leurs  grossières  petites 
meules.  On  a  trouvé  dans  les  palafittes  une  préparation  de   grains  de 
céréales.  Il  est  dérisoire  de  lui  donner  le  nom  de  pain.  C'est  une  grossière 
galette  renfermant  des  grains  entiers,  des  glumes,  de  la  pierraille  des 
meules.  L'usage  d'une  telle  préparation  dure  et  sèche,  et  celui  de  grains 
coriaces  auraient  sûrement  déterminé  l'usure  rapide  des  dents.   Si  les 
néolithiques  n'ont  pas  en  général  les  dents  très  usées,  c'est  qu'en  général  ils 
recouraient  peu  à  cette  alimentation  végétale.  Et  cela  est  bien  d'accord 
avec  ce  que  je  viens  de  dire.  J'ai  fait,  je  crois,  la  démonstration  du  peu 
d'importance  du  blé  et  du  pain,  d'un  simili-pain,  en  Europe  aux  âges  pré- 
historiques dans  une  note  qui  est  déjà  imprimée  et  paraîtra  incessamment 
dans  la  lifiue  de  l'École.  Nous  savons  qu'à  l'Age  du  bronze,   la  culture, 
celle  de  l'orge  surtout,  puis  du  blé,  est  devenue  bien  plus  générale  en 
Europe.  Il  serait  intéressant  de  constater  qu'en  même  temps  l'usure  des 
dents  est  devenue  plus  commune.    Ce  serait  cependant,  je  crois,  une 
erreur,  de  conclure  d'un  fait  semblable,  que  l'usage  de  la  grossière  galette 
des  palafittes  ou  d'un  pain  un  peu  moins  fruste,  était  répandu  partout 
dès  lors.  Nous  savons  positivement  que  les  graines  céréales  furent  d'abord 
consommées  plus  souvent  en  nature,  après  un   grillage   sommaire  ou 
réduites  en  farinç  et  sous-forme  de  bouillies. 


Lons  DrBnEi'n.-i:ii\MiiAHi"»i:i.    —  i.v  i. \nglie  scrotale  3."1 


LA   LANGUE  SCROTALE 

Par  m.  le  D""  Louis  Dubrelil-Chamuardel  (de  Tours). 

D'iniporlanls  travaux,  dans  ces  dernières  années,  ont  été  publiés  sur  la 
langue  scrutait'  ou  lamine  plicaturée.  Si  je  reviens  aujourd'hui  sur  cette  ques- 
tion, c'est  qu'il  l'occasion  de  plusieurs  observations  personnelles,  mon 
attention  a  été  attirée  sur  divers  points  qui,  scmble-t-il,  n'ont  pas  encore 
été  étudiés. 

La  langue  scrotale  —  (nous  conserverons  cette  appellation  expressive  du 
professeur  Horand,  de  Lyon)  — est  cette  variation  analomique  consistant 
essentiellement  dans  la  présence,  sur  la  face  supérieure  de  l'organe  et  sur 
ses  bords,  de  sillons  profonds,  plus  ou  moins  réguliers,  qui  lui  donnent 
assez  exactement  l'aspect  plissé  de  la  peau  du  scrotum. 

Il  faut  tout  d'abord  distinguer  cette  anomalie  de  deux  états  bien  dif- 
férents : 

1°  Lés  sillons  pathologiques  (jui  apparaissent  sur  la  langue  h  la  suite 
de  diverses  maladies  :  syphilis,  cancer,  tuberculose,  certaines  fièvres 
éruptives,  etc.  ; 

20  Les  sillons  que  j'appellerai  physiologiques  et  qui  existent  à  l'état  nor- 
mal chez  la  grande  majorité  des  personnes  adultes  et  vont  en  s'accentuant 
avec  l'âge.  On  sait  que  la  langue  de  l'enfant  est  tout  à  fait  lisse;  chez 
l'adulte  au  contraitre  on  trouve  des  fissures,  des  plis  plus  ou  moins  pro- 
fonds, plus  ou  moins  réguliers.  D'après  les  observations  inédites  de  M.  le 
D""  Edmond  Chaumier,  de  Tours,  et  les  noires,  ces  sillons  physiologiques 
existeraient  chez  60  0  0  des  personnes  ayant  atteint  l'âge  de  50  ans.  Je 
ne  crois  pas  que  cette  particularité  ait  été  signalée. 

La  langue  scrotale  est  une  variation  analomique  rare  comme  l'a  fait 
remarquer  le  D""  Ludger  Cruet,  et  qui,  à  notre  avis,  ne  se  rencontre  pas 
une  fois  sur  1.000  sujets. 

L'organe  a  un  aspect  très  caractéristique.  F^e  sillon  médian  est  forte- 
ment indi(iué,  plus  large  et  plus  profond  qu'a  l'état  normal.  De  part  et 
d'autre  de  ce  sillon  partent  des  sillons  latéraux,  également  profonds,  qui 
se  dirigent  vers  les  bords  qu'ils  échancrent  et  passent,  en  s'allénuant, 
sur  la  face  inférieure.  Suivant  la  disposition  de  ces  sillons,  on  a  des  types 
divers  :  foliacé,  cérébriforme,  transversal,  etc. 

Il  existe  parfois  une  hypertrophie  des  papilles  linguales.  Faut-il  ad- 
mettre comme  MM.  Cruet,  Barthélémy  et  plusieurs  autres  que  «  la  langue 
scrotale  n'est  que  l'état  exagéré  de  la  la  langue  papillaire  »?  Nous  ne  le 
pensons  pas.  Dans  cinq  cas  de  langue  plicaturée  que  nous  avons  observés, 
il  n'existait  aucune  hypertrophie  papillaire  manifeste.  D'autre  part  sur 
plusieurs  langues  papillaires  nous  n'avons  constaté  aucun  sillon  anor- 
mal, même  à  l'état  de  vestige.  Nous  ne  voyons  donc  là  qu'une  simple 
coïncidence  et  n'établissons  aucun  rapport  entre  ces  deux  anomalies. 


35i 


1«.)  ji  ii.ij;t  VM) 


l  ne  ftiis,  sur  un  soldai  du  ."')«  cjiirassins,  nous  avons  vu.  à  lliôpilal 
inililaire  de  Tours,  avec  M.  le  médecin  principal  Teslevin,  une  langue  scro- 
lale  absolument  dépittirvue  des  grosses  |)apilles  du  V  lingual,  niais  sur 
reniplacement  du  V  lingual,  on  remarquait  tout  un  champ  de  petites 
papilles  hyperlropliiées. 

La  langue  est  rouge  vif,  couleur  de  la  viande  saignante  ce  qui  l'a  fait 
comparer,  par  ipichpies  auteurs  anglais,  à  un  morceau  de  beefsteak. 


Langue  scrolalo  du  type  folincé  avec  hyperlrophio  papillaire. 
(Observation  prise  avec  M.  le  D'  Testevin^. 


Mais  ce  qui  frappe  de  suite  l'observateur  c'est  la  largeur  tout  à  fait 
anormale  de  l'organe  qui  est  étalé  et  comme  aplati.  Ce  fait  a  amené  cer- 
tains anatomistes  allemands  et  anglais,  à  expliquer  de  la  façon  suivante 
la  pathogénie  de  l'anomalie  :  la  langue  trop  large,  pour  s'adapter  aux 
dimensions  du  maxillaire  inférieur,  doit  se  plisser  en  tous  sens.  C'est  là 
une  manière  de  voir  que  nous  n'adopterons  pas  et  pour  la  raison  suivante 
qui  nous  paraît  convaincante.  En  elfet,  j'ai  constamment  remarqué,  dans 
les  onze  cas  personnels  que  j'ai  pu  étudier,  que  les  sujets,  porteurs  de 
langues  scrotales,  avaient  un  maxillaire  inférieur  très  large  :  la  courbe 
de  l'os,  chez  tous,  était  très  manifestement  hyperbolique  ainsi  que  1  ar- 


unis  DUllUEin.-CllA.MIlAnDEI..  —  I.A  I.ANGUE  SCROTALE  353 

cade  denlairo.  Que  faul-il  cunclurc  di'  cetlf  iotn;u(|U('?  <Ju'il  y  à  >^ans 
doute  uno  corrélation  entre  la  forme  de  la  langue  et  le  développement  du 
maxillaire  inférieur  et  que  celui-ci  est  peut-être  modelé  par  celle-là,  de 
même  que  le  crûne  l'est  par  le  cerveau. 

La  langue  scrolale  esl-l-(^lle  un  stigmate  d'hi-rédo-sypliilis,  coninii^  l'ont 
admis  MM.  Kournier,  (jaucher,  iJarlhélemy  et  beaucoup  d'autres?  Nous 
n'avons  aucune  raison  d'accepter  cette  opinion  et,  pour  notre  part, 
aucune  des  onze  personnes  ([ue  nous  avons  examinées  n'avait  eu  la  sy- 
philis et  ne  pouvait  être  soupçonnée  de  syphilis  héréditaire. 

Faut-il,  comme  certains,  attacher  une  grande  importance,  à  la  coïnci- 
dence de  troubles  rachitiques  et  de  langue  scrolale  ?  Non  plus,  car  ce  n'est 
pas  là  un  fait  général. 

La  langue  scrotale  peul-dle  être  déterminée  chez  les  t''[)ileptiques  par 
des  morsures  répétéiîs  au  cours  de  crises  et  serait-elle  un  signe  d'épi- 
lepsie  comme  semble  l'admettre  le  D''  Bianchinif  Nous  ferons  remarquer 
qu'il  n'y  a  aucune  comparaison  îi  établir  entre  les  sillons  de  la  langue 
plicaturée  et  les  empreintes  dentaires  causées  par  les  morsures  au  cours 
des  crises  épileptiques. 

Somme  toute  la  pathogénie  de  cette  disposition  ne  peut  être  expliquée 
de  façon  satisfaisante  par  l'hérédo-syphilis,   le  rachitisme  et  l'épilepsie. 

La  langue  scrotale  est  une  anomalie  congénitale,  simple  variation  ana- 
tomiquc  comme  beaucoup  d'autres,  et  dont  nous  ne  saisissons  pas  encore 
la  morphogénie. 

Nous  avons  pu  deux  fois  constater  son  caiactère  nettement  héréditaire. 
Dans  une  famille  de  Tours,  la  mère  et  quatre  enfants  étaient  porteurs  de 
cette  anomalie  et  il  paraîtrait  que  le  grand-père  et  un  frère  de  la  mère 
présentaient  celte  même  malformation.  Dans  une  autre  famille,  nous 
avons  vu  l'anomalie  chez  le  père  et  une  tille  de  façon  très  accentuée.  Le 
D'  Payenneville  a  signab';  plusieurs  observations  où  cette  hén^dité  était 
manifeste. 

Terminons  par  quelques  constatations  secondaires.  La  langue  scrotale 
est  une  langue  humide.  Nous  avons  remarqué  que  chez  les  porteurs  de 
cette  variation,  il  existait  un  développement  exagéré  du  systèmesalivaire, 
aussi  bien  des  glandes  parotides,  sublinguales  etsous maxillaires  que  des 
glandules  linguales. 

Nous  avons  noté  aussi  une  circulation  veineuse  liés  développée;  les 
veines  ranines  étaient  toujours  liés  saillantes  et  présentaient  de  nom- 
breuses varices. 

Enfin,  chez  tous  nos  sujets  nous  avons  été  frappé  de  la  grande  régu- 
larité du  système  dentaire,  tant  au  point  de  vue  di-  l'implanlalion,  du 
nombre  el  de  la  forme  des  dents,  que  de  leur  bon  état  île  conservation. 

Nous  tenions  à  fixer  ces  quelques  remarquer  qui  aideront  peut-être  à 
expliquer  un  jour  la  genèse  de  cette  curieuse  variation  anatomlipie. 


354 


l'J    JUILLET    1906 


QUELQUES  REMARQUES  D'ANTHROPOLOGIE  SUR  LES  CAIVIBODGIENS  ACTUELLEMENT 

A   PARIS 

(Avec  présentation  de  portraits). 
Par  m.  Adolphe  Bloch. 

On  sait  que  le  roi  du  Cambodge  se  ti'ouvait  encore  hier  à  Paris, 
accompagné  des  membres  de  sa  famille  et  d'un  certain  nombre  d'indi- 
gènes, hommes,  femmes  et  enfants,  en  tout,  plus  d'une  centaine  d'indi- 
vidus. Paimi  les  femmes  ce  sont  les  danseuses  dont  on  parlait  le  plus, 
mais  comme  il  ne  s'agissait  pas  là  d'une  exhibition  dans  le  genre  de  celles 
que  nous  avons  souvent  vues  à  Paris,  au  Jardin  d'Acclimatation  ou  aux. 
Expositions  universelles  de  1889  et  de  1900,  on  n'a  pu  songer  à  demander 
l'autorisation  de  mesurer  les  sujets  de  S.  M.  Sisowath.  11  a  donc  fallu  se 
contenter  de  les  voir  sans  y  toucher,  mais  toute  espèce  de  remarque  sur 
les  caractères  extérieurs  des  Cambodgiens,  aussi  incomplète  qu'elle  soit, 
pourra  toujours  nous  être  de  quelque  utilité  jtour  les  recherches  anthro- 
pologiques. 

Je  viens  donc  soumettre  à  la  Société  quelques  observations  que  j'ai  eu 
l'occasion  de  faire  sur  les  Cambodgiens  des  deux  sexes,  et  montrer,  en 
môme  temps,  divers  portraits  sur  lesquels  sont  représentés  le  roi,  ses 
enfants,  sa  sœur,  des  danseuses,  etc. 


Fig.   1.  —  sisowath,  roi  du  Cambodge  (Phot.  Dieulefils,  Hanoï). 
Voici  dans  quelles  conditions  j'ai  pu  faire  mes  observations.  En  face 


A.  HUtCH.  —  iJlKLiJlES  UEMARQIES  d'aNTHIMI'OLDGIE  SUR  I.KS  CAMBODGIENS     355 

l'hôtel  du  roi  liabitaient  les  femmes,  danseuses  ou  autres,  de  sorte  qu'elles 
étaient  obligées  de  traverser  la  rue  pour  rendre  visite  à  leur  maître,  et 
pour  s'en  retourner  ensuite  chez  elles. 

Mais  ces  allées  et  venues  se  répétaient  très  souviMit  dans  le  courant 
d'une  matinée,  et  il  nous  était  donc  facilt>  de  voir  et  de  revoir  les  physio- 
nomies qui  nous  intéressaient  particulièrement.  Quant  aux  hommes  qui 
haliitaienl  avec  le  roi  l'on  pouvait  aussi  les  rencontrer  fréquemment. 

Outre  cela  j'ai  pu  voir  le  roi  et  toute  sa  suite  qui  se  rendaient,  avec  les 
danseuses,  à  la  matinée  ufficielle  de  l'Elysée. 

Enfin  aux  deux  représentations  du  Cirque  Métropole  qui  eurent  lieu  le 
3  et  le  11  juillet,  en  l'honneur  des  Cambodgiens  hommes  et  femmes,  je 
me  suis  trouvé  placé  dans  leur  voisinage,  ce  qui  me  permit  de  les  obser- 
ver pendant  plusieurs  heures.  Quant  aux  danseuses  il  était  préférable  de 
les  voir  en  dehors  de  la  danse,  car  la  plupart  d'entre  elles  sont  obligées 
de  se  farder  pour  paraître  en  scène,  et  l'on  comprend  que  dans  ces  con- 
ditions l'on  ne  peut  pas  reconnaître  la  couleur  naturelle  de  la  peau. 

Du  reste,  ainsi  qu'on  peut  en  juger  d'après  les  portraits  que  jo  vous 
présente,  les  mouvements  de  torsion  des  doigts  et  des  mains,  pendant  la 
danse,  sont  absolument  semblables  à  ceux  des  danseuses  javanaises  que 
tout  le  monde  a  pu  voir  à  l'Exposition  de  1889,  et  dont  j'ai  d'ailleurs 
parlé  dans  une  communication  sur  la  forme  du  doigt,  à  V Association  fran- 
çaise pour  l'avancement  des  sciences.  (Congrès  de  Paris,  1889). 

Parmi  les  caractères  anthropologiques  il  y  en  a  trois  qui  nous  ont  par- 
ticulièrement frappé  dès  le  premier  moment  :  1°  la  coloration  de  la  peau  ; 
2"  les  dimensions  des  lèvres  et  la  grandeur  de  la  bouche;  3°  la  forme  de 
la  tête. 

Après  les  avoir  décrits  succinctement  nous  dirons  aussi  quelques  mots 
des  autres  caractères  extérieurs. 

10  Coloration  de  la  peau.  —  Les  Cambodgiens  font  partie,  comme  on  le 
sait,  du  groupe  des  races  jaunes  del'Indo-Chine,  mais  leur  couleur  est  en 
général  plus  foncée  que  celle  des  Annamites  donton  a  pu  voir,  en  France, 
de  nombreux  spécimens  aux  dilïérentes  expositions,  et  qui,  sous  le  rapport 
anthropologique,  sont  mieux  connus  que  les  Cambodgiens. 

Ceux-ci  ont  la  peau  d'un  rouge  brun  (couleur  mirron);  aussi  sont  ils 
considérés  comme  étant  les  moricauds  de  l'Indo-Chine.  Ajoutons,  en  pas- 
sant, que  l'Annamile,  (]ui  se  considèro  fomme  blanc  et  dédaigne  fort  les 
hommes  de  couleur,  méprise  cordialement  le  Camliodgien,  mépris  (jue  le 
Cambodgien  lui  rend  du  rfste  avec  usure.  Il  lèsiille  n.ilnr.'l!pm<Mit  de 
celte  antipathie  mutuelle  que  les  métis  sont  as>ez  rares  '. 

Mais  il  va  sans  dire  que  cette  leinlp  foncée  de  la  peau  n'est  pas  ki 
même  chez  tous  les  Cambodgiens  que  nous  avons  vus.   Il  y  a,  comme 


'  Bulletins  rie  la   Snciété   d'Anthropologie,   1875,    p.    ri2l43    (comiimnicalion   de 
M.  Monce,  sur  l'anthropologie  de  l'Iudo-Chiue). 


356 


iU  ji  ii.i.KT  1906 


partout,  des  variations  de  couleur;  ainsi  les  femmes  ont,  en  général,  le 
teint  plus  clair,  bien  que  l'on  puisse  remarquer,  chez  elles,  des  types  dont 
la  peau  est  hvs  foncée. 

Il  semble  aussi  que  la  coloration  de  la  peau  devient  plus  foncée  avec 
l'âge;  ainsi  le  roi  et  sa  sœur  ont  le  teint  bronzé,  tandis  que  l'un  des  fils 
du  roi,  encore  enfant,  a  la  peau  presque  blanche  :  (il  a  aussi  le  type  quasi 
européen  (F///.  '2}  mais  ses  autres  frères  l'ont  moins  à  cause  de  la  confor- 
mation de  la  bouche.) 


Fif/.  2.  —  Les  fils  du  roi  (Universel- Photo). 

Parmi  les  danseuses,  il  y  avait  des  petites  filles  dont  la  peau  était  d'une 
couleur  claire,  blanc  jaunâtre.  Si  l'on  songe  que  c'est  à  l'âge  de  la  puberté, 


Firj.  3.  —  La  fille  du  roi.  (Universel-Pholo.)  Couleur  de  la  peau  n*  37  (brun  très 
foncé)  du  tableau  de  Broca. 


A.   BLOCII.   —  OlEI.gUES   KEMMlMl-ES  I)"aN  rHHii|'OlJl(;iE  Sl'Il   LES  CAMHODCIENS     357 

et  rien  (ju'à  cet  âge,  (lue  se  produisent  les  plus  iinpiirtitiites  luuilificaliuns 
que  l'organisme  est  susceptible  d'acquérir,  l'on  peut  admettre  que  c'est 
aussi  h  ce  moment  ([u'apparait  le  type  d<'  la  race  à  la(|uelle  appaitiennent 
les  enfants  dont  nous  venons  de  pailer.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  cepen- 
dant iju'il  y  a  aussi  des  enfants  qui,  dès  la  naissance  ou  quelque  temps 
après,  ont  déjà  plus  ou  moins  la  couleur  et  le  type  qui  caractérisent  leur 
race.  Sur  le  portrait  de  la  lille  de  Sisowafh  Ton  remarque  (jue  la  couleur 
de  la  peau  est  déjà  très  foncée  et  que  les  lèvres  sont  déjà  épaisses. 
{Fig.  3).  (Il  est  possible  que  la  mère  de  cette  petite  n'était  pas  la  même 
que  celle  des  garçons.) 

2°  Dimensions  des  lèvres  et  de  la  bouche.  —  La  grosseur  des  lèvres  était 
très  variable;  ainsi  l'on  en  voyait  qui  pouvaient,  quoique  rarement,  être 
aussi  minces  que  celles  des  Européens,  mais  chez  beaucoup  de  Cambod- 
giens, hommes  et  femmes,  les  lèvres  étaient  épaisses  ainsi  qu'on  peut  s'en 
assurer  sur  le  portrait  du  roi  {Fig.  1)  ',  sur  celui  de  sa  sœur  ( F ig.  U)  et  sur 


^ 


Fiff.  4.  —  La  sœur  du  roi  (Universel-Photo;. 
Outre  le  volume  des  lèvres  reman|uoiis  aussi  la  dépression  de  la  racine  du  nez. 

ceux  de  certaines  danseuses  (F/^.  5).  Par  contre  les  lèvres  et  la  bouche  de 
la  première  danseuse  ont  des  dimensions  ;i  peu  près  européennes  {Fig  7). 
En  général  la  largeur  de  la  bouche  marche  de  pair  avec  la  grosseur  des 
lèvres,  ce  que  l'on  remarque  surtout  sur  les  danseuses  au  type  grossier 
(Fig.  5). 

Quelques  individus  avaient  aussi  les  lèvres  pigmentées,  c'étaient  ceux 
qui  avaient  ces  organes  particulièrement  épais. 

Ainsi  que  nous  l'avons  montré  en  1808,  dans  une  communication  à  la 
Société  -,  le  volume  des  lèvres  constitue  un  caractère  anlhrop(jlogique  de 
premier  ordre,    qui  permet  de  classer    les  différentes  races  humaines 


*  Nous  ne  reproduisons  ces  porlrails  iju'à  litre  de  docutnenls  sur  le  type  cani- 
bo  Igien. 

'  Bloch.  —  Essai  sur  les  lèvres  au  point  de  vue  nuthr(jpolo(ji<iui',  Bull.  Soc.  .Anthr. 
1898. 


358 


il»    JIILLKI     lUOC. 


suivant  le  degré  de  pigmentation  do  la  peau.  Nous  avons  aussi  montré» 
dans  une  autre  comiTiunication  en  11)01,  que  les  lèvres  épaisses  peuvent 
être  considérées  comme  un  caractère  alavi(|ue  rappelant  l'origine  négroïde 
des  races  qui,  sans  avoir  les  lèvres  aussi  volumineuses  (|uc  les  véritables 
nègres,  les  ont  cependant  beaucoup  plus  fortes  que  les  races  blanches. 
Ce  sont  particulièrement  les  races  jaunes  asiatiijues  qui  rentrent  dans  ce 
groupe,  et  conséquemment  les  Cambodgiens;  et  l'on  peut  d'autant  plus 
admettre  l'origine  négroïde  de  ces  derniers  qu'il  y  en  avait  parmi  eux, 
comme  nous  l'avons  dit,  dont  les  lèvres  étaient  pigmentées  et  en  même 
temps  épaisses.  Je  n'insiste  pas  plus  longuement  sur  ce  sujet,  et  je  m'en 
réfère  à  mes  communications  antérieures  sur  la  transformation  des  races 
et  sur  les  caractères  ataviques  qui  le  démontrent. 

3°  Formelle  la  tête.  —  Les  femmes  ayant  les  cheveux  coupés  en  brosse, 
laissés  un  peu  plus  longs  sur  la  face  supérieure  de  la  tète  que  sur  les  côtés, 
il  semble  que  la  tète  a  une  forme  carrée  qui  évidemment  ne  peut  provenir 
que  de  cette  façon  de  porter  la  chevelure,  sans  que  la  boîte  crânienne  y 
participe.  Mais  l'on  remarque  que  la  région  occipitale  est  particulièrement 
aplatie,  ce  qui  se  voit  d'autant  mieux  que  les  cheveux  sont  courts  à  ce 
niveau.  Cet  aplatissement  de  l'occiput,  ou  plutôt  le  peu  de  saillie  de  cette 
partie  de  la  tète,  s'observe  chez  presaue  tous  les  individus,  naturellement 
avec  des  degrés  plus  ou  moins  prononcés,  et  il  correspond  en  réalité, 
ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin,  avec  une  longueur  relativement  petite 
du  diamètre  antéro-postérieur  du  crâne'. 

D'autre  part,  chez  quelques  Cambodgiennes,  le  front  a  une  forme 
particulièrement  négroïde,  c'est-à-dire  qu'il  est  haut  et  bombé,  ainsi  qu'on 


Fi{f.  5.  -  Type  grossier  de  la  race.  (P.  Dieulefils,  Hanoï). 


*  Cette  particularité  delà  région  occipitale  a  été  également  observée,  sur  presque 
toutes  les  Gambod^'iennes  par  une  artiste  sculpteur  Mii«  R.  de  Vèriane  qui  avait  été 
chargée  parla  Ville  de  Paris  de  modeler  le  buste  du  roi. 


A.   IILDCII.    —   (jLELyrES   IIEMAltylKS  d'aNTIIKdImiIJXJIE  SIU  I.KS  CA.MIIODCIENS     359 

peul  le  constater  sur  ruin'  îles  danseuses  de  la  figure  5.  chez  laquelle  l'on 
remarque  encore  d'autios  oaraclt"'rcs  conélati/s  cumnie  raplatisscini'nt  du 
nez  et  la  grosseur  des  lèvres. 

Celte  forme  négroïde  du  front  est  donc  <!nc(irc  uti  oaraclt-rc  atavi(juc 
ijui  rappelle  l'origine  nnire  dos  Cambodgiens. 

4"  Autres  caractères  extérieurs.  —  Les  cheveux,  les  yeux  <H  le  nez  sont 
ceux  de  toutes  les  races  jaunes  asiati(|ues. 

Les  cheveux  sont  noirs  d'ébène  et  lisses,  et  si.  sur  certains  portraits,  ils 
paraissent  crépus  cela  résulte  de  la  coupe  particulière  de  la  chevelure. 

Les  yeux  ne  m'ont  pas  paru  souvent  obliques  et  bridés. 

Le  nez  est  généralement  déprimé  à  la  racine  et  peu  saillant,  môme  lors- 
qu'il se  rapproche  de  la  forme  caucasique;  aplati  à  sa  base  dans  le  type 
grossier  et  plus  ou  moins  étroit  dans  le  type  fin  chez  lequel,  malgré  cela, 
les  narines  sont  presque  toujours  écartées. 

Les  dents  paraissent  généralement  droites. 

En  ce  qui  concerne  la  taille,  sur  les  70  individus  du  sexe  féminin,  il 
n'y  en  avait  que  6  qui  étaient  d'une  assez  belle  stature,  mais  c'étaient  les 
favorites  du  roi  et  par  conséquent  des  sujets  de  choix. 

Toutes  les  autres  femmes  étaient  de  petite  taille,  abstraction  faite  des 
enfants  qui  s'y  trouvaient  mêlées. 

Quant  aux  liommes  (une  trentaine  environ),  ils  sont  relativement  beau- 
coup plus  grands  et  d'une  taille  au-dessus  de  la  moyenne,  mais  nous  ne 
devons  pas  oublier  de  dire  qu'il  y  avait,  parmi  eux,  quelques  Annamites. 
D'après  M"«  de  Vériane  le  roi  n'aurait  pas  plus  de  l'»o5,et  les  autres  Cam- 
bodgiens seraient  également  de  petite  taille. 


Fig.  Cl.  —  Le  roi  d»'  prolil.  (L'nivcrsfi-l^hofo.) 
Remarquons  l'appialissement  de  l'occiput. 


360  '•'  Ji  ii-i-M    i'""» 

Le  rui  Agé  <renviion  (i3  ans,  qui  csl  repiV'senlc  sans  barbe  sur  son  por- 
trait, a  (In  (Mre  rasé  avant  de  débarquer  à  Marseille,  car  j'ai  vu  un  autre 
portrait  fait  au  (lanibodge  même,  où  Ttui  rcmaiiiiu'  une  moustache  et  de 
la  barbe  au  menton. 

Il  parait,  d'après  M.  Mdiira  ',  ancien  résident  an  (lamlioilge,  (jue  la 
barbe,  chez  les  indigènes,  ne  punsse  (|u'('ntre  '.i^î  e(  40  ans. 

Disons  aussi  doux  mots  du  profil  dont  on  parle  rarement  dans  les  des- 
criptions anthropologiques.  La  lace  des  jaunes  étant  plate,  le  profil  doit 
nécessairement  avoir  un  tout  autre  aspeet  que  celui  des  Européens,  qui 
est  proéminent.  C'est  ce  ([uc  l'on  peut  constater  sur  la  figure  Ci  qui  montre 
le  roi  de  profil. 

Enfin  nous  avons  remarqué  que  les  muscles  du  mollet  sont  bien  déve- 
loppés, contrairement  à  ce  (pic  l'on  voit  dans  d'autres  races  foncées, 
comme  certains  Diavidiens. 

Il  résulte  donc  de  ce  qui  précède,  (pi'il  existe,  parmi  les  Cambodgiens, 
deux  types  différents,  un  type  grossier  et  un  type  lin,  qui  appartiennent 
tous  les  deux  à  la  même  souche,  le  deuxième  étant  issu  du  premier,  par 
le  seul  fait  de  l'évolution  et  non  par  suite  d'un  mélange  de  deux  races 
différentes;  mais  il  va  sans  dire  qu'il  est  indispensable  de  compléter  cette 
trop  courte  esquisse  par  l'étude  du  squelette,  et  principalement  par  le  cal- 
cul des  rapports  de  longueur  du  bras  avec  l'avant-bras,  de  la  cuisse  avec 
la  jambe,  du  membre  supérieur  avec  le  membre  inférieur,  calcul  qui, 
dans  le  cas  actuel,  est  aussi  utile  que  celui  de  l'indice  céphalique,  pour 
pouvoir  déterminer  l'origine  des  Cambodgiens. 

Comparaison  avec  les  descriptions  des  principaux  explorateurs. 

Si  nous  comparons  les  quelques  remarques  que  nous  avons  faites  sur 
les  caractères  extérieurs  des  Cambodgiens  avec  les  descriptions  de  quel- 
ques explorateurs,  nous  remarquons  qu'elles  concordent  avec  leurs  obser- 
vations. Ainsi  le  D'  Mondière  -  a  comparé  la  femme  cambodgienne  à  la 
femme  annamite,  à  la  femme  chinoise  et  à  la  femme  Min-Huong.  Or  de 
ces  quatre  races,  c'est  la  Cambodgienne  qui  a  le  plus  court  diamètre 
antéro-f)Ostérieur  du  crâne,  aussi  bien  pour  le  diamètre  maximum  que 
pour  le  diamètre  iniaque  ;  voici  du  reste  les  chiffres  indiqués  par  l'auteur  : 


Diamètres  antéro-postériour  do  crâne. 

Maximum 

Iniaque 

Par  contre  le  diamètre  bi-pariétal  vient  en  deuxième  ligne  comme  lon- 


*  MoDRA.  —  Le  royaume  du  Cambodge,  Paris,  1H83,  2  vol.  gr.  ia-8°, 

'  Mondière-  —  Monographie  de  la  femme  annamite  in  Mém.  Soc.  Anthr.,  iSTô. 


55 

46 

13                 27 

Annamites 

Chinoises 

Minh    Camboiigiennes 

177.00 

184.50 

178.77        172.65 

170.00 

170.06 

179.77        165.92 

A.   Itl.OCH.   —   QUELQUES  REMARQUES  D'ANTIlIUll'iif.OiilE  SUR   LES  CAMIIODGIENS     361 

gucur  chez  la  Canibodici'Minc,  car  il  est  de  148,25  chez  la  Chinoise,  de 
146,29  chez  la  Caiiibodgieiine,  de  lir».r)4  clie/,  la  Minli.  ot  d<'  1:{7,H4  chez 
l'Annamite. 


CAMBODGE 
Phnom-Penh 
Pho,  Première  Danseuse 


Fig.  7.  —  Type  lia  de  la  race.  (Phot.  iJieulelils,  Hanoï). 


L'indice  céphaliqiie,  suivant  M.  Mondière,  est  de  85,11  chez  la  Cambod- 
gienne, de  83, o2  chez  la  iMiiili.  de  82,12  chez  la  Chinoise,  de  81,23  chez 
l'Annamite. 

Cet  auteur  pense  aussi  que  le  volume  de  la  tète  est  presque  un  quart 


'M\-2  I'.)  jiii.i.iiT  1900 

plus  petit  chez  la  Cambodgienne  (jue  chez  la  Chinoise  '.  De  son  côté 
M.  Moura  trouve  (jue  le  volume  ilu  cr.'lne  est  généralement  faible. 

iJaprùs  M.  Maurel  l'indice  céphali(jue  est  de  82,74  pour  i3  Cambod- 
giens mesurés  *. 

l*our  la  taillf  M.  .Mondiùre  dit  (pio  la  Cambodgienne  est  la  plus  petite 
de  toutes  les  races  jaunes  précitées,  mais  cbcx  le  Cambodgien,  Maurel  a 
remarqué  deux  types  dilléienli^,  l'un  svelte  et  mince,  l'autre  court  et  trapu. 

En  ce  (|ui  concerne  la  (  oloratiot)  de  la  j)eaii,  .Mondiére  trouve  qu'elle 
est  très  foncée,  même  très  biune  chez  la  Cambodgienne,  presque  noire 
chez  quelques  sujets.  Ce  <pii  la  sépare,  ;ijoule-t-il,  de  ses  voisines  les  An- 
namites, les  Chinoises,  les  .Minh-Huong. 

Suivant  .Maurel,  la  couleur  de  la  peau  variechez  les  Cambodgiens,  entre 
le  28  et  le  30  du  tableau  de  iiroca.  Chez  les  femmes  elle  est  moins  foncée, 
dit-il  encore. 

Le  N°  30  de  ce  tableau  est  couleur  marron,  le  28  est  d'une  teinte  brune 
noirâtre  (couleur  chocolat). 

A  titre  de  curiosité  nous  reproduisons  ici  un  tableau  qui  se  trouve  dans 
l'ouvrage  de  M.  Moura,  et  qui  indique,  d'une  manière  générale,  le  teint  de 
chacune  des  races  de  Tlndo-Chine,  en  commençant  par  la  plus  foncée, 
d'après  l'observation  même  des  indigènes  de  la  presqu'île  indo  chinoise. 

i"  Les  Khmers  et  les  sauvages  du  Nord  et  de  l'Ouest  (Samies,  Cuois  et 
Pors)  qui  ont  été  de  tout  temps  môles  aux  Cambodgiens; 

2"  les  sauvages  de  l'Est  (Phuongs,  Stiengs)  qui  sont  considérés  comme 
assez  purs; 

3°  Les  Malais  et  les  Cham,  tous  mahométans  et  aujourd'hui  bien 
confondus; 

4"  Les  Siamois. 

S**  Les  sauvages  Chreais  et  Rodes,  fixés  très  à  l'Est,  sur  les  confins  de 
l'ancien  Ciampa  et  (|ue  l'on  dirait  croisés  de  Cham  et  d'Annamites. 

6"  Les  Laotiens; 

7»  Les  Annamites  ; 

8"  Les  Chinois. 

Nous  trouvons  pour  notre  compte,  dit  M.  Moura,  que  cette  classification, 
établie  d'un  commun  accord  par  les  indigènes  de  la  presqu'île  indo-chi- 
noise, est  vraie,  et  qu'il  faut  l'admettre  comme  règle  générale,  malgré  les 
nombreuses  exceptions  qui  sont  dues  aux  causes  que  nous  avons  en  par- 
tie indiquées  ^ 

Pour  ce  qui  est  des  autres  caractères  anthropologiques  que  nous  avons 
observés,  nous  nous  accordons  également  avec  les  auteurs  qui  les  ont 
décrits. 


*  MoNDlÈRE.   —  Lnc.  cit. 

*  Maurel.  —  Anthi'op.  du  Cambodge  m  Mémoires  de  la  Soc.  d'Anthr.,  2"  série,  t.  III 
et  IV. 

'  Moura.  —  Loc.  cit.,  t.  II,  p.  400. 


A.  nLonn.  —  QUEi.rtrEs  nEMAROi'Es  d'antiiuopologie  sur  r.EscAMBonr.iENs    363 

Ainsi,  d'après  M.  Maurel,  le  nez  est  le  plus  souvent  droit  mais  un  peu 
aplati,  avec  des  urifices  transversaux  ou  obliques. 

Selon  M.  Moura  le  nez  est  peu  proéminent  i\  la  racine,  mais  il  se  déve- 
loppe vers  rexlrémiti' et  atteint  une  dimension  moyenne;  il  est  tantôt 
aquilin  et  tanlùt   a[)lali,  mais  les  narines  sont  presque  toujours  dilat(''es. 

ijuaiit  à  la  houehe  et  aux  lèvres  des  (lamliodgiens,  Morice  dit  que  la 
bouche  est  généralement  t^^'ande  et  (]U(>  les  lèvres  sontgiosses  '. 

Mondiére  sur  .'Kl  Cambodgiens  a  trouvé  des  lèvres  de  volumi'  variabje, 
il  fois  grosses,  17  fois  moyennes  et  2  fois  seulement  fines  *. 

M.  Moura  a  également  remarqué  tie  la  variété  sous  ce  rapport.  La 
bouche  est  un  peu  grande,  dit-il,  mais  pas  mal  faite;  les  lèvres  sont 
épaisses,  sans  exagéiation,  et  on  les  liuuve  même  fines  chez  quelques 
sujets. 

Toutes  ces  descriptions  correspondent,  par  conséquent,  aux  deux  types 
que  nous  avons  remarqués,  c'est-à-dire  soil  au  type  grossier,  soit  au  type 
fin. 

Même  le  type  négroïde,  que  nous  avons  observé  sur  les  Cambodgiens, 
a  été  également  remanpié  dans  le  pays  par  le  DMIarmand  ;  bien  plus  il  dit 
aussi  qu'il  y  a  des  Cambodgiens  qui  ont  les  cheveux  presque  frisés,  avec 
des  traits  négroïdes. 

Pour  nous  ce  sont  encore  là  des  témoins  de  lorigine  négi'oïde  des  Cam- 
bodgiens. 

Mais,  dira-ton,  quelle  est  celte  race  noire  de  laquelle  sont  descendus 
les  Cambodgiens? 

Nous  croyons  que  c'est  celle  des  Négritos,  qui  jadis,  devait  occuper 
toute  cette  partie  du  globe  actuellement  habitée  par  la  race  jaune. 

Ici  nous  ne  sommes  pas  d'accord  avec  les  anthropologistes  qui  se  sont 
occupés  de  l'origine  des  Cambodgiens. 

En  efîet  il  existe  au  Cambodge,  ainsi  qu'on  le  sait,  des  monuments 
anciens  (Angkor-Thom  et  Angkor-N'at)  qui  ont  été  élevés  par  les  Indous, 
et  certains  auteurs  ont  conclu  de  là  que  les  Cambodgiens  étaient  origi- 
naires de  rindoustan. 

Telle  est,  en  particulier,  l'opinion  de  M.  Moura  ainsi  (jue  celle  de 
M.  Maurel  qui  s'appuie  en  cela  :  1°  sur  l'architecture  des  monuments 
Khmers  et  surtout  sur  leur  distribution  ;  2°  sur  les  traces  évidentes  de  la 
religion  brahmanique  au  Cambodge;  3°  sur  l'écriture  des  inscriptions; 
4°  sur  la  signification  des  bas-reliefs  d'Angkor-Vat,  représentant  l'épo- 
pée du  Ramayana;  5"  enfin,  sur  une  tradition  très  vivace  au  Cambodge'. 

Lors  de  la  discussion  qui  eut  lieu,  à  ce  sujet,  à  la  Société  d'Anthropo- 
logie en  1880,  Girard  de  Rialle  objectait  qu'à  côté  des  inscriptions  sans- 
crites il  y  en  avait  en  langue  Khmère  qui  elle,  n'est  pas  d'origine  indienne. 


*  Morice.  —  Loc.  cit.,  p.  143 

*  Mondiére.  —  Loc  cit. 
'  Maurel.  —  Loc.  cit. 


364  l'.>  Ji  iM.KT  1906 

13e  plus,  ajoule-t-il,  il  n'est  pas  démontré  que  deux  peuples  aient  une 
même  origine  par  le  seul  fait  qu'ils  ont  ou  ont  eu  la  môme  architecture  '. 

Celle  objection  est  parfaitement  juste,  croyons-nous.  D'abord  certains 
de  ces  monuments,  comme  ceux  d'Angkor-Vat,  ne  seraient  pas  très 
anciens,  puisqu'ils  ne  dateraient  guère  que  du  x"  siècle;  d'un  autre  côté 
les  caraclèies  anthropologiques  des  Cambodgiens  sont  tout  différents  de 
ceux  des  Indous. 

Il  est  clair  aussi  que  le  pays  élail  dcji  occupé  avant  l'arrivée  des  pre- 
miers immigrants,  et,  comme  le  dit  bien  M.  Ilarmand  ^  les  Indous  ou 
bien  se  sont  fondus  dans  la  masse  des  imligènes,  ou  bien  ils  n'ont  con- 
tracté aucune  alliance  avec  ceux-ci  à  cause  de  rinslilution  dos  castes. 

Ouaiil  au  tyi-e  des  personnages  qui  sont  représentés  sur  les  bas-reliefs 
ou  sur  les  ï-l.ilues,  il  n'est  pas  unifurme;  il  est  même  fort  varié  d'après 
M.  L)ela|(url('.  .Ainsi,  à  cùté  du  sauvage  indigène  ligurenl,  dit-il,  l'Anna- 
mite cl  II'  Laulien  ^ 

On  y  vuil  aussi  des  guei'riers  qui  ont  le  type  que  Ton  appelle  arifen,  au 
neza(|uilin  et  aux  lèvres  fines;  mais  l'on  y  remarque  des  tètes  de  Hrahma, 
i|iii  (Mil  (les  lèvn.'s  épaisses,  la  i)uiirlic  allongée  et  le  nez  large;  il  en  est 
de  iiHMiie  des  déesses  du  culte  brahinaniijue,  les  bayadères  célestes.  On 
constate  ainsi  que  IJralima  et  par  suite  les  Brahmanes,  qui  sont  considé- 
rés comme  de  purs  Aryens,  uiit  cependant  les  lèvres  épaisses,  comme 
d'ailleurs  un  grand  nombre  d'Iudous  de  toutes  les  castes;  mais  à  part 
cela  ils  n'ont  rien  de  mongolique,  et  les  Cambodgiens  ne  peuvent  pas 
en  être  les  descendants,  pas  plus  que  des  Indous  (}ui  ont  les  lèvres  fines. 

Discussion 

M.  Zaborûwski.  —  M.  Bloch  qui  nie  la  constance,  la  valeur  héréditaire 
de  nos  caractères  de  race,  semble  conclure  de  la  présence  au  Cambodge  de 
caractères  opposés,  qu'ils  ont  pu  passer  là  de  l'un  à  l'autre,  et  que,  par 
exemple  les  cheveux  frisés  ont  pu  par  une  transmutation  spontanée 
y  prendre  la  forme  des  cheveux  mongoliques.  Or  la  vérité  est  que  les 
Cambodgiens  actuels  sont  un  produit  assez  complexe.  Nous  savons  en 
particulier,  pertinemment,  que  les  introducteurs  de  leur  civilisation  sont 
des  Hindous.  Ces  civilisateurs  n'ont  jamais  formé  la  majorité.  Mais  il  est 
tout  naturel  que  certains  de  leurs  caractères,  comme  les  cheveux  frisés, 
se  soient  plus  ou  moins  conservés,  ou  se  représentent  sporadiquement 
dans  leur  intégrité. 

Dans  un  mémoire  sur  l'Origine  des  Cambodgiens  qui  date  de  1897  {Buliet- 


*  Bull.  Soc.  Anthr.,  iSSC.   Etude  anthropologique  du  peuple  Khmer,  parMaurel, 
Discussion,  p.  422. 

*  Harmand.  —  Notes  de  voyage  en  Indo-Ghine.  Annales  de  V Extrème'Orient,  t.  IV, 
Paris,  1879. 

^  Uelaporte.  —  Voyage  au  Cambodge.  L'architecture  Khmer.  Paris^  1880. 


cil.    ItIK.ntICT.    —  Ulisi;i.TATS  DU  CONSKII.  I.K  ItKVIM.iN  |,K  l.'lM.;  I,K  I.A   IIKUNK.N        :}Oij 

Suc.  Anili.,  IHDT.  p.  ;{,Si,  jai  âôrnùlô  .■xaclniieiil.  I.'s  (■lémonls  .iiii' sont 
entrés  dans  la  lonnation  de  ce  peuple.  Et  certes  depuis,  mes  conclusions 
ne  sont  devenues  .pic  plus  claires  et  plus  certaines,  puis(iuc  sur  les  monu- 
ineiils  (i'An,:,Mior  on  a  relevé  des  inscriptions  en  sanscrit,  :\  C(Mé  de  celles 
en  langue  Klnn.'r.  et  puisque  celle-ci,  notainniciit  dans  son  vorahulaire 
religieux,  est  pénétrée  d'éléments  hindous 


S.il»  SEANCK.  —  4  Ocldlirc  1907. 
PaÉsinENCE    DE    M.    Zaborowski. 

M.  Dexiker,  ancien  pivsiJeul  ,!,-  lu  Société,  est  délégué  par  elle  pour  la  re- 
présenter à  rina.iguration  du  nouveau  Musée  d'Elhnograpl.ie  de  Cologne  .pii 
doit  avoir  lieu  le  12  novembre  prochain. 

M.  le  Président  annoiiee  que,  au  mois  de  septembre  dernier,  le  sénat  acadé- 
mique de  rUniversilé  dAberdeen  (Ecosse),  à  l'occasion  des  fêtes  du  4*  cente- 
naire de  cette  Université,  a  décerné  à  M.  Deniker  le  titre  de  Docteur  honoraire  ; 
il  lui  adresse,  au  nom  /le  la  Société,  ses  sincères  ieli-ilalioiis. 


RESULTATS   DU  CONSEIL  DE  RÉVISION  DE  L'ANNÉE  1905 
A  L  ILE  DE  LA   REUNION 

et  évaluation  de  la  robusticité  d-^s  éléments  ethniques  qui   forment   le  contingent 
créole  basée  sur  1463  mensurations  et  sur  lapplication  du  procédé  Pignet. 

Pau  m.  le  I)""  Ch.  Bhoouet, 
Médeciu-major  ûc  2"  classe  de  rarniée  colomale. 

PREMIÈRE  PARTIE 

Etude  du  pays  et  des  races  gui  forment  le  contimjent.  —  Résultats  du  conseil  de 
révision  de  la  classe  lOO'i.  —  Maladies  ayant  motivé  l'exemption. 

L'Ile  de  la  Réunion,  autrefois  Bourbon,  est  située  dans   l'Océan  Indien 

k  i-iO  lieues  à  l'est  de  Ma'lagascar,  à  33  lieues  marines  au    Sud-Ouest   de 

l'Ile  .Maurice  entre  52"r)5'  etr^JHOde  longitude  Est  et  20050  et  Sl^oS'  de 

latitude  Sud.   Elle  a  la  forme  .l'une  conoïde  à  base  elliptique  dont  l'axe 

est  dirigé  du  Sud-Est  au  Nord-Ouest.  Le  grand  axe  de  la  pointe  dos  (ialets 

c\  la  pointe  Ango  mesure  74  kil.  200  et  le  petit  axe  allant  de  Ste  Suzanne. 

àSt-Pierre  mesure  50  kil.GOO  m.  Les   eûtes  se  développent  sur  207  kil. 

300  et  la  population  est  d'environ  173.3  l.j  habitants  ;  la  superficie  de  l'île 

couvre  251.100  hectares. 

De  nature  volcanique  Bourbon  présente  deux   régions  bien  distinctes: 

La  région    du  littoral  et  la    région   montagneuse  constituée  par  deux 

massifs  dont  l'un  celui  du  Sud  est  un  volcan  en  éruption   et   dont  l'autre 

soc.  d'anthhop.  1906.  26 


366  4  ocToiiRE  1906 

présente  un  point  culminant  do  ;j.U(l!l  mT-tres  «  Le  Piton  des  Neiges  »  qui 
domine  les 3  cirques  de  Cilaos,  Saluzio  (.'iMafalte  habités  par  une  popu- 
lation assez  dense. 

Les  deux  massifs  sont  reliés  par  un  isthme  de  i.600  mètres  d'altitude 
(Plaine  des  Palmistes  et  Plaine  des  Cafres)  qui  forme  une  région  de  sites 
grandioses  habitée  par  une  population  importante. 

Découverte,  croit-on,  en  l'année  1513  par  les  Portugais,  l'Ile  fut  ensuite 
occupée  par  des  Français  établis  à  Madagascar.  Son  sol  fut  mis  en  valeur 
par  les  premiers  colons  et  par  la  Compagnie  des  Indes  Orientales  et  les 
nombreux  esclaves  tle  la  côte  orientale  d'Afrique,  de  Madagascar,  des 
Comores,  qu'elle  recruta  pour  le  service  de  ses  plantations  de  café,  de 
girofle,  de  cacao  et  de  cannes  à  sucre  (1665-1764). 

En  1704  la  Compagnie  des  Indes  rétrocéda  l'île  au  roi  et  son  sort  fut 
alors  lié  à  celui  de  l'île  Maurice  jusqu'en  1810.  Prise  à  cette  époque  par 
les.\nglais  elle  ne  fut  rendue  à  la  France  que  le  6  avril  1815. 

Après  1848  et  après  l'abolition  de  l'esclavage,  les  planteurs  eurent 
recours  à  la  main-d'œuvre  anglo-indienne  qui  leur  donna  toute  satisfaction. 

Depuis  quelques  années  la  convention  conclue  avec  l'Angleterre,  pour 
le  recrutement  de  ces  Indous,  a  été  rompue  et  l'Ile  dont  la  situation  éco- 
nomicjue  est  critique  et  qui  ne  peut  trouver  chez  elle  les  éléments  de 
travail  nécessaire  à  l'exploitation  totale  de  son  sol  fait  sans  grand 
succès  des  tentatives  de  recrutement  d'engagés  k  Madagascar,  dans  les 
Iles  Comores  (Mayotte-Anjouan-Mohéli)  sur  la  côte  Est  d'Afrique  et  jus- 
qu'en Chine  et  au  Tonkin. 

En  même  temps  que  les  engagés  Indiens,  vinrent  s'établir  des  commer- 
çants de  Bombay  ou  d'autres  villes  commerciales  importantes  de  l'Inde 
qui  se  fixèrent  dans  le  pays:  et  il  n'est  pas  de  mois  où  n'arrivent 
d'Extrême-Orient,  de  Hong-Kong  et  des  ports  de  la  côte  chinoise  des 
commerçants  chinois  qui  s'implantent  aussitôt  dans  toutes  les  villes  et 
villages  de  l'Ile  dont  ils  détiennent  le  petit  commerce. 

Cet  historique  rapide  était  nécessaire  pour  comprendre  la  diversité  de 
peuples  et  de  race  réunis  dans  celte  île  de  Bourbon. 

Blancs  et  descendants  de  blancs,  petit  blancs  retirés  dans  l'intérieur  ou 
sur  certaines  parties  du  littoral,  mulâtres  de  teintes  variées  ;  Arabes, 
Chinois, Annamites  ',  Indiens  (Malabars) -de  Calcutta  de  Madras,  de  Pondi- 
chéry,  de  Bombay,  Cafres,  Africainsde  la  côte  deZanzibar  ou  de  Mozam- 
bique, Malgaches,  Comoréens  et  Anjouanais,  enfin  fusion  de  toutes  ces 
races  et  métis  de  tous  ces  peuples.  Hommes  du  littoral,  impaludés  ou  cachec- 
tiques ou  montagnards  robustes.  Créoles  de  la  classe  aisée,  Cafres  athlé- 
tiques, Indiens  malingres',  petits  blancs  affaiblis  par  le  climat,  le   palu- 


'  En  très  potit  nombre. 

*  Nom  par  lequel  on  désigne  comniunénifint  les  Indiens  de  l'Ile  de  la  Réunion. 

3  Au  sujet  des  Indiens  le  décret  du  22  décembre  1898  B.  0.  p.  310  relatif  à  l'incor- 
poration de  la  classe  1890  dit  :  Les  jeunes  gens  nés  à  l'Ile  de  la  Réunion  de  parents 
Indous  introduits    dans  l'ile  sous  le  régime  de   l'immisration  et  domiciliés   dans  la 


en.    UROlJL'ET.    —   HKSI;LTATS  Ul'  CONSEIL  DE  UÉVISION  DE  l.'lLE  DE  LA   nÉLMON        [Mu 

disine',  l.i  misère,  pMil-t'tro  les  liaisons  consanguines,  voilà  les  éléments 
ethnicjues  variés  (lu  conlingenl  lléimionnais  dont  nous  allons  étudier  le 
degré  de  robusticité  et  les  aptitudes  au  service  militaire. 

Division  politiijHc et juiliciairi'.  —  L'Ile  est  divisée  ou  deux  circonscrip- 
tions électorales  correspondant  aux  arrondissements  de  France  pour  les 
élections  législatives  suivant  les  divisions  naturelles  de  l'Ile. 

Le  premiei'  arrondissement  k  du  Vent  »  comprend  les  4  cantons  de 
St-Denis,  Ste  Suzanne  favec  la  commune  deSle-Marie),  St-André  (avec  la 
commune  de  Salazie),  St-Benoit  (avec  les  commune  duBras-Panon  —  de 
Ste-Uose  et  de  la  plaine  des  Palmistes). 

Le  deuxième  arrondissement  «  Sous  le  Vent  »  est  formé  de  cinq  cantons  : 
St  Paul  (avec  les  communes  de  la  possession  et  du  Port)  St-Leu,  (avec  les 
3  Bassins),  Si  Louis  (avec  les  communes  des  Avirons  et  de  l'Etang  Salé), 
St-Pierre  (avec  la  commune  de  St  Philippe)"-. 

Le  Conseil  de  Révision  ^  tient  ses  séances  dans  les  mairies  des  chefs- 


colonie  à  lépoque  de    leur  inajorilé,  seront  maintenus  dans  leur.s    foj'ers   jusqu'à 
ratification  des  conventions  internationalt  s  en  cours. 

*  Le  paludisme  a  fait  son  apparition  à  l'Ile  delà  Réunion  on  1838:  depuis  cette  époque 
la  malaria  n'a  pas  cessé  de  servir  dans  l'Ile  et  parait  menacer  les  blancs  et  descen- 
dants de  blancs  et  les   autres  races  du  littoral,   qu'elle  atteint  dés  le  plus  bas  âge. 

*  V.  St-1'hilippe  de  la  Réunion  dans  Tour  du  Monde,  n»  24  —  1906. 

3  Règlements  et  décrets.  —  La  loi  militaire  du  l.'i  juillet  1889  a  élé  appliquée  à  l'Ile 
de  la  Réunion  par  une  loi  en  date  du  1""  août  189o.  Le  service  du  recrutement  fut  or- 
ganisé dans  la  colonie  par  un  décret  du  2'i  septembre  ISO-j  Les  opérations  du  tirage 
au  sort  eurent  lieu  du  10  au  27  Juin  189f3  ;  celles  du  conseil  de  Révision  du  20  juillet 
au  20  Août  189G.  Les  3  articles  suivants  réglementent  la  composition  du  Conseil 
de  Révision. 

Art  7.  —  Le  conseil  de  révision  cantonal,  institué  dans  la  métropole  par  l'art.  M  de 
la  loi  du  Jo  juillet  1887  est  dans  la  colonie  de  la  Réunion  ainsi  composé. 

1*  Le  secrétaire  général,  président  ; 

20  Un  conseiller  privé,  titulaire  ou  suppléant,  de  nationalité  française  désigné  par 
le  gouvernement  ; 

3"  Deux  membres  du  conseil  général  autres  que  ceu\  élus  dans  lo  canton  ou  la 
révision  a  lieu,  désignés  par  la  commission  coloniale. 

4"  Le  commandant  des  troupes  ou  un  officier  désigné  par  lui,  un  officier  du  com- 
missariat désigné  [lar  le  gouverneur,  le  commandant  du  bureau  de  recrutement,  un 
médecin  des  corps  de  troupes  désigné  par  le  commandant  supérieur  des  troupes  ou  à 
son  défaut,  un  médecin  du  corps  de  santé  des  colonies  ou  un  médecin  civil  désignés 
parle  gouverneur  sur  la  demande  du  commandant  des  troupes,  assistent  aux  opé- 
rations du  conseil  de  révision. 

Les  maires  ou  administrateurs  des  communes  au.vquelles  appai  tiennent  les  jeunes 
gens  appelés  devant  le  conseil  de  révision  assistent  aux  séances. 

Ils  ont  le  droit  de  présenter  des  observations. 

Art.  8.  —  Le  conseil  de  révision  colonial  est  compose  des  membres  du  conseil  de 
révision  cantonal  auxquels  sont  adjoints  deux  antres  membres  du  conseil  général 
désignés  par  la  commission  coloniale. 

Art.  9.  —  Les  opérations  du  conseil  de  révision  cantonal  et  celles  du  conseil  de  ré- 
vision colonial  s'elTectueiit  dans  les  formes  et  conditions  déterminées  par  les  disposi- 
tions de  la  loi  du  la  juillet  1889  sur  les  opératious  du  conseil  de  révision  cantonal  et 
du  conseil  de  révision  départemental  dans  la  métropole. 


â68  -4  ocToHHK  iy()6 

lieux  de  cantons  où  se  rendent  aux  dates  indi(]ut''es,  les  conscrits  des 
diverses  localités.  Il  est  procédé  ;i  leur  examen  exactement  comme  dans 
la  métropole  et  conformément  aux  instructions  sur  l'aptitude  physi(juc  au 
service  militaire  par  un  médecin  rpuind  le  nombre  des  consciitscsl  inl'é- 
rieur  Ji  100  et  par  deux  médecins  quand  il  est  supérieur  à  ce  nombre.  Cette 
visite  est  encore  plus  importante  sous  les  tropiques  qu'en  France  car  en 
plus  des  fatigues  que  nécessitent  l'examen  complet  des  liommes  s'ajoutent 
celles  dues  au  climat  et  à  la  chaleur  qui  règne  dans  les  salles  exiguës. 


Résultats  du  conseil  de  révision  delà  classe  idOli. 

Sur  484d  inscrits  aux  tableaux  de  recensement  de  la  classe  1904,  27 
ont  été  rayés  par  décès  ou  double  emploi,  ce  qui  ramène  à  1814  le  chiffre 
des  jeunes  gens  sur  lesquels  le  Conseil  a  été  appelé  à  statuer.  1329  ont  été 
examinés  et  485  ne  se  sont  pas  présentés  et  ont  été  déclarés  «  Bons 
absents  »  soit  27  2  0/0.  Sur  les  1329,  308  ont  été  reconnus  bons,  soit 
23  0  0  ;  441  ont  été  exemptés,  soit  33  0/0;  480  ajournées,  soit  36  0/0; 
61  dispensés,  soit  4  0/0;  39  versés  dans  les  services  auxiliaires^  soit  2  0/0. 

Si  nous  nous  reportons  aux  ajournés  des  classes  1803  et  1902  que  le 
conseil  de  cette  année  avait  également  à  examiner,  nous  trouvons  que 
pour  242  ajournés  de  la  classe  1903,  4  ont  été  rayés  et  que  sur  les  238 
jeunes  gens  examinés  à  nouveau,  50  ont  été  reconnus,  soit  21  0/0  ;  50 
exemptés,  soit  21  0/0;  123  ajournés  encore,  soit  51  0/0  ;  6  dispensés 
soit  2  0  0;  9  classés  dans  les  services  auxiliaires,  soit  3  0/0. 

Pour  les  ajournés  de  1902,  sur  29  inscrits  examinés  à  nouveau  10  ont 
été  reconnus  bons,  soit  34  0/0  ;  9  exemptés,  soit  31  0/0;  10  classés  dans 
les  services  auxiliaires,  soit  34  0/0  *. 

De  ces  résultats  nous  ne  retiendrons  que  la  proportion  considérable  des 
exemptions  et  des  ajournements  et  nous  rechercherons  quelles  sont  les 
maladies  qui  les  ont  motivés. 

Le  tableau  ci-dessous  nous  éclairera  tout  d'abord  sur  les  affections  qui 
ont  rendu  441  conscrits  impropres  à  tout  service. A  l'examen  de  ce  tableau 
deux  chiffres  attirent  notre  attention:  ceux  des  colonnes  8  et  14;  71  hom- 
mes sur  441  soit  160/0  étaient  atteints  de  splénomégalie  ;  175,  soit  39,7  0/0 
de  faiblesse  de  constitution  et  dans  ce  terme  nous  avons  compris  les  in- 
suffisances de  développement,  les  anémies  profondes,  la  maigreur,  l'infan- 
tilisme, la  cachexie,  toutes  affections  qui  nous  ont  paru  relever  au  pre- 
mier chef  du  paludisme,  à  tel  point  que  nous  pouvons  dire  que  246 
exemptés  de  la  classe  1904  sur  441  soit  plus  de  55  0/0  l'ont  été  pour 
paludisme. 


1  Tous  les  tableaux  détaillùs  donnant  les  résultats  du  Conseil  ont  été  transmis  par 
le  service  du  recrutement  et  par  M.  le  Secrétaire  Général  du  Gouvernement  de  la 
Réunion  à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre;  aussi  croyons-nous  inutile  de  reproduire  ces 
documents  plutôt  d'ordre  administratif  que  médical. 


CH.   BROQUET.   —   RKSILTATS  DU  CONSEIL  UK  IlÉVlSloN  DE  l.'ll.E  DE  LA   UÉUNION       369 

Tableau  n»  I.  —  Maladies  ayant  moltv>'  l'e.rrmplion. 


SYSTEME 
CUTANE 


VISION 


441 

'ourcenlage. 


2 

0,4 


4 

0,9 


0,4 


AUDITION 


0,2 


0,2 


D  5 


1,8 


1 
0,2 


œ  ^ 


rOITRlNE 


1 

0,2 


16 

3J 


11 
1.2 


ABDOMEN  : 

Hypertrophie 


21(<) 
4 


71 

10% 


1 

0,2 


MEMBRES 


Nombre  de  coDscrits 
exemptés 


SYSTEME 
OSSEUX 


13 
2.0 


SYSTEME  NERVEUX 


4 

0,!) 


o 

o 

o 

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3 

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o 

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Xi 

a 

•^ 

1 

175 

0,2 

39,7 

54 
12 


Cette  affection  inconnue  jadis  à  l'île  de  la  Réunion  parait  avoir  fait  son 
apparition  vers  l'année  1868  et  depuis  cette  époque  elle  ne  cesse  de  frap- 
per les  habitants  du  littoral  de  l'Ile  dès  leur  plus  tendre  enfance,  n'épar- 
gnant ni  la  race,  ni  le  sexe,  mais  atteignant  avec  plus  d'intensité  les 
l)lancs  et  les  descendants  des  blancs.  Depuis  quelques  années,  la  malaria  a 
envahi,  m<iis  cependant  avec  moins  d'intensité,  les  hauteurs  oh  l'anophèle 
fut  signalé  par  Vassal  à  Cilaos.  Le  Conseil  de  Révision,  chaque  année, 
étale  au  grand  jourcette  plaie  qui  menace  le  pays  dans  ses  sources  vives. 

L'an  dernier  pour  la  classe  1903,  sur  1 402  conscrits  examinés,  603 
étaient  exemptés  dont  215  pour  faiblesse  de  constitution,  40  pour  spléno- 
mégalie  ou  cachexie  palustre, 33  pour  tuberculose  pulmonaire;  242  étaient 


*  Sur  ces  21  cas  d'afTections  diverses  de  la  poitrine  nous  avons  noié  11  cas  d'asthnit 
Celle  maladie  parait  très  fréquente  à  la  Réunion. 


liTO 


4    OCTOHKE    1906 


ajournés  poui'  défaut  de  taille  ou  faiblesse  de  constitution.  .Nous avons  vu 
les  résultats  de  cette  année  pour  la  classe  1904. 

Les  résultats  du  Conseil  de  Révision  permettent  aussi  de  se  rendre 
compte  des  localités  les  plus  éprouvées. 

On  verra  par  le  tableau  ci-dessous  que  les  communes  de  St  Benoît  et  de 
St  Joseph  sont  les  foyers  de  malaria  les  plus  intenses;  à  St-Benoît  sur 
49  exemptés  29  l'ont  été  pour  splénomégalie  ou  cachexie  palustre,  soit 
46  0/0;  à  St  Joseph  la  proportion  est  moindre,  mais  elle  est  encore  de 
22  0/0.  Ces  2  localités  sont  aussi  celles  où  la  misère  due  à  la  crise  éco- 
nomique atteint  son  plus  haut  degré  mais  dans  les  autres  localités  le  pour- 
centage varie  entre  8  et  15. 

L'homme  qui  par  faiblesse  de  constitution  n'est  pas  reconnu  apte  au 
service  militaire  ne  peut  pas  faire  un  bon  travailleur  et  l'on  ne  peut  pas 
plus  exiger  de  travaux  militaires  que  de  travaux  des  champs  d'organis- 
mes épuisés  par  la  malaria  et  atteints  d'affections  telles  que  la  splénomé- 
galie où  la  rate  remplissant  l'abdomen  gêne  la  marche  et  empêche  le 
corps  de  se  plier. 

Tableau  n^  IL  —  Exemptions  dues  à  la  splénomégalie  et  à  la  cachexie  palustre. 


LOCALITÉS 

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c 

B 

'5 

73 
6 

» 

» 
G 

c 
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3 

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o 

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34 

1 
1 

1 
3 

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33 
4 
2 

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CQ 

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'5 
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(73 

3 

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'3 

3 

5 

o 

Nombre    total    des 
exemples 

49 
18 

50 

44 
6 

14 

84 
7 

1 

4 

441 

Splénomégalie 

9 

1 

1 

11 
22% 

1 

60 

Cache.\ie  palustre 

1 
4 

» 
1 

15% 

» 

6 

Splénomégalie  et   ra- 
chexie  palustre 

11 

Total 

6 
18% 

23 
46% 

1 

7% 

12 

77 

Pourcentage  % 

8% 

8% 

14% 

17% 

Si  le  relèvement  économique  de  l'Ile  est  lié  à  l'introduction  de  nouveaux 
engagés  indiens  comme  le  croient  des  avis  autorisés,  il  l'est  certainement 


CH.   BROQUET.   —  RKSILTATS  DU  CONSEIL  DE   RKVISION  DR  I.'lLE  liK  l,A  UKINIuN        371 

davantag»:'  aux  mesures  hygiéniques  et  sanitaires  (jui  si'iont  prises  pour 
lutter  contre  la  malaria.  Depuis  que  le  paludisme  sévilà  Hourljon  et  malgré 
l'exemple  si  [)roljanl  (|ui  a  <''té  donné  par  des  payscouime  l'Italie  et  l'Amé- 
rique (assainissement de  Cuba)  aucune  lutte  antim;ilaiii[ue  ralionnelle  n'a 
encore  été  entreprise  dans  notre  ancien  m-  colonie. 

Que!  que  puisse  être  le  sort  de  la  loi  sur  le  recrutement  elle  aura  eu  le 
mérite  de  permettre  de  mettre  le  doigt  chaque  année  sur  la  plaie  qui 
ronge  le  pays  et  en  la  montrant  au  grand  jour  et  d'une  manière  scienli- 
flque  irréfutable  de  permettrede  la  combattre  efticacement. 

Les  autres  affections  les  plus  importantes  ayant  motivé  l'exemption 
ont  été  les  affections  cardiaques  (hypertrophie)  chez  les  montagnards; 
les  alïections  de  poitrines:  la  tuberculose  (:î. 4  0/0)  l'asthme,  l'épilepsie 
(1,8  0/0)  fréquente  à  tous  les  dges;  dans  les  maladies  relevant  de  la  pa- 
thologie externe  les  hydrocèles  (22  cas)  et  les  déformations  des  membres 
pieds  bots  etc..  (13  cas)  sont  avec  les  altérations  dentaires  les  affec- 
tions les  plus  fréquemment  notées.  La  lèpre  existe  dans  presque  toutes 
les  communes  de  l'Ile  et  en  particulier  dans  celle  de  St-Louis.  Nous  de- 
vons noter  la  rareté  des  affections  des  organes  des  sens. 

DEUXIÈME  PARTIE 

Il  est  d'habitude  dans  l'armée  d'évaluer  le  degré  d'aptitude  physique 
des  conscrits  au  moyen  d'un  certain  nombre  de  données  (taille,  périmètre, 
poids)  qui  n'ayant  chacuneséparément  aucune  valeur  absolue,  permettent 
par  leur  rapport  d'évaluer  la  robusticité  approximative  des  sujets.  Il  nous 
a  paru  intéressant  d'étudier  ces  divers  facteurs  chez  les  conscrits  des  dif- 
férentes races  que  nous  avons  examinés,  d'établir  ensuite  les  rapports  de 
ces  mensurations  en  établissant  le  coefficient  de  robusticité  d'après  la 
méthode  Pignst  et  d'essayer  de  déduire  quelle  est  à  l'heure  actuelle,  de 
toutes  ces  races,  celle  qui  est  la  plus  susceptible  de  fournir  au  contingent 
des  hommes  robustes. 

Étude  de  la  faille,  du  périmètre  thoracique,  du  poids. 

A.  Taille.  —  La  taille  varie  suivant  les  races,  le  milieu,  l'état  de  santé 
antérieur.  En  Europe,  la  taille  de  l'homme  adulte  paraît  être  en  moyenne 
de  1  m.  64  à  1  m.  65.  Il  était  intéressant  de  savoir  si,  ;i  la  Réunion,  nous 
retrouverions  ce  chiffre  chez  les  blancs  et  quelles  seraient  les  tailles  des 
muUUres,  des  noirs  et  des  Indiens.  Or  pour  les  blancs  nous  arrivons  ii  une 
moyenne  de  1  m  64,  chez  les  Indiens  1  m.  6-2,  chiffre  indifjué  par  Toi)inard' 
pour  riude  Anglaisc.Transgangétique.  Pour  les  noirs  Cafres,  Topinard 
donne  le  chiffre  de  1  m.  71  alors  que  notre  moyenne  est  de  1  m.  62,  mais 
nous  avons  classé  parmi  les  noirs  différentes  races,  Malgaches,  Como- 

'  L'anthropologie  par  P.  Topinard.  —  Reinwald,  1895,  p.  330. 


:r,-2  4  OCTOBRE  1U06 

riens,  etc..  dont  le  type  n'est  plus  pur  d'ailleurs.  Enfin  pour  les  mulAtres 
nous  trouvons  le  cliiffre  de  1  ni.  63,  intermédiaire  entre  celui  des  noirs 
et  celui  des  blancs. 

Tableau  n^  III.  —  Tailles. 


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102 

Indiens  . . 

10 

9% 

46 

45% 

39 

38.2% 

7 

6% 

1.77 

1.50 

1.62 

201 

Noirs 

14 
42 
12 

6,9% 

92 
343 
185 

45% 

73 
253 
172 

36% 

22 

8U 
73 

10% 

1.84 
1.91 
1.85 

1.40 
1.43 
1.32 

1.62 

718 

Bruns 

5,8% 

47.7% 

35,3% 

11% 

1.63 

442 

Blancs  ... 

2,T% 

420/ 

38,9% 

16% 

1.64 



_. 

Le  même  tableau  nous  montre  que  si  c'est  la  race  blanche  qui  fournit 
le  plus  petit  conscrit  (i  m.  32).  c'est  aussi  elle  qui  nous  donne  le  plus 
de  hautes  tailles  (16  0/0)  et  de  tailles  au-dessus  de  la  moyenne  (38,9  0/0), 
le  moins  de  tailles  au-dessous  de  la  moyenne  (42  0/0)  et  de  petites  tailles 
(2.7  0/0).  Ce  sont  les  bruns  ou  mulâtres  qui  nous  fournissent  le  conscrit 
le  plus  grand  (1  m.  91),  le  plus  de  hautes  tailles  (11  0/0)  après  les  blancs, 
mais  aussi,  s'ils  ont  également  après  les  blancs  le  moins  de  petites  tailles 
ce  sont  eux  en  revanche  qui  ont  parmi  ces  races  le  plus  de  tailles  au-des- 
sous de  la  moyenne  (47,7  0/0).  Les  petites  tailles  sont  plus  nombreuses 
chez  les  noirs  et  surtout  chez  les  Indiens  (9  0/0)  que  chez  les  bruns  et  les 
blancs.  Les  noirs  et  les  Indiens  ont  également  plus  de  tailles  au-dessous 
de  la  moyenne  (43  O-'O  que  les  blancs  mais  ils  en  ont  moins  que  les  mulâ- 
tres. Pour  les  tailles  au-dessus  de  la  moyenne,  les  Indiens  peuvent  presque 
rivaliser  avec  les  blancs  (38.2  0  0  et  38.9  0  0)  mais  les  noirs  sont  mani- 
festement inférieurs.  Enfin  pour  les  hautes  tailles  les  Indiens  sont  infé- 
rieurs aux  noirs  et  ces  deux  races  sont  encore  inférieures  aux  mulâtres 
et  surtout  aux  blancs. 

On  peut  donc  conclure  de  celte  étude  que  la  race  blanche  conserve 
manifestement  la  supériorité  de  la  taille  sur  les  autres  races  de  Bourbon. 


CH.   BHOyUET.   —  UKSILTATS  Df  CONSEIL  DK  UKVISION  DE  l'iLE  DE  LA  MÉL'NION       373 

B.  —  Périmètre  thoraci<iw\  —  Tailles  et  PérimtHn's. 

Le  périmètre  thoraciqiie  a  été  pris  au  moyen  du  ruban  métrique  à  2 
cenlimôlres,  au-dessous  du  mamelon.  Bien  que  n'ayant  pas  une  valeur 
absolue  cette  mesure  peut  être  considérée  comme  un  bon  élément  d'ap- 
préciation de  la  robusticité.  Laveran  a  constaté  que  les  jeunes  gens  dont 
le  périmètre  n'atteint  pas  au  moins  0  m.  78  pour  les  tailles  moyennes  et 
les  petites  tailles  sont  rarement  aptes  au  service  militaire.  On  admet 
également  que  pour  les  tailles  inférieures  à  1  m.  65  l'aptitude  au  ser- 
militaire  est  conciliable  avec  une  circonférence  égale  ou  peu  inférieure 
à  la  demi  taille.  Pour  les  tailles  supérieures  à  1  m.  65  le  périmètre  tho- 
racique  peut  rester  de  plusieurs  centimètres  au  dessous  de  la  demi-taille 
sans  que  l'inaptitude  soit  ix'elle.  Chez  les  sujets  bien  constitués  le  péri- 
mètre thoracique  est  supéineur  à  la  demi  taille  de  deux  h  six  centimètres. 

Nous  voyons  que:  si  nous  appliquons  ces  données  au  contingent  créole: 
pour  les  tailles  inférieures  à  1  m.  65  si  chez  les  Indiens  la  différence  entre 
la  demi-taille  et  le  périmètre  trouvé  est  assez  importante  ( — 4)elle est  insi- 
gnifiante chez  les  noirs  et  les  bruns  et  nulle  chez  les  blancs. 

Pour  les  tailles  supérieures  à  1  m.  65  la  dilTérence  est  importante  chez 
les  Indiens  ( — 10)  et  diminue  ensuite  du  noir  au  blanc  (de  —6  à  — 5). 

Ici  encore,  les  mensurations  nous  font  constater  chez  les  Indiens  une 
insuffisance  de  robusticité  et  dans  les  autres  races  des  rapports  conformes 
aux  règles  établies  et  une  aplitude  moyenne  suffisante  pour  le  service 
militaire  si  l'on  ne  tenait  compte  que  de  ces  seules  données. 

Tableau  n"  I\'.  —  Tailles  et  périmètres. 


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Moyenne  des  tailles 

inférieures  ou  égales 

à  1  m.  63 

1  .2 

«  i  5 

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Cl. 

-  "^  -.» 

c  =  = 

Moyenne  des 
péiimélres  corres- 
pondant à  ces  tailles 

tt  .5 

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102 

Indiens  . . 

65 

un 

426 

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l"i58 

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75 

37 

82 
292 

l'"68 

» 

74 

69 

201 

Noirs  .... 

i.r.8 

7r,3 

1.08 

78 

77 

718 

Bruns. . . . 

1.658 

78 

1.G8 

I) 

79 

78,5 

442 

Blancs  .. . 

1.59 

79 

2r.) 

1.69 

79 

79 

;{Ti 


4   OCTiiHUK    1906 


Tailles  inférieiwes  à  i^65. 
Ko  porimi'tro  doit  i-lro  égal  ou  peu  inréi-ieur  à  la  (Icini-laille. 


RACES 

Taillo 

Doini-taille 

IVriinèlre 

Différence 

Indiens 

1"'58 
1.58 
1.58 
1.59 

79 

79 
79 
79 

75 
78 
78 
79 

—  4 

Noirs 

_  1 

Mriins 

—  1 

Blancs 

0 

Tailles  supérieures  à  i'^65. 
Le  périmètre  peut  rester  de  plusieurs  centimètres  au-dessous  de  la  demi-taille. 


Indiens 

1.68 
1.68 
1.68 
1.69 

84 
84 
84 
84 

74 
78 
79 
79 

—10 

Noirs ■ 

—  6 

Bruns  

—  5 

Blancs 

-  5 

C.  —  Poids. 

Si  le  poids  n'aura  jamais,  lui,  non  plus  une  valeur  absolue  et  mathéma- 
tique pour  l'appréciation  de  l'aptitude  militaire  (Duponchel),  il  constitue 
l'une  des  données  les  plus  importantes.  Lemoine  '  dans  un  article  auquel 
nous  engageons  le  lecteur  à  se  reporter,  a  bien  étudié  les  rapports  du 
poids  et  de  la  taille  pour  l'appréciation  de  la  robusticité. 

Le  minimum  du  poids  exigé  dans  les  armées  étrangères  pour  un 
homme  de  18  à  20  ans  qui  a  la  taille  la  moins  élevée  de  l'aptitude  mili- 
taire varie  de  62  à  56  kilos.  Vallin  estime  que  le  poids  minimum  en  France 
pour  un  homme  de  1  m.  54  peut  être  abaissé  à  50  kilos,  et  pour 
un  homme  de  1  m.  64  à  54  kilos.  Les  différents  auteurs  qui  se  sont 
occupés  de  la  question  sont  d'avis  différents:  pour  une  taillle  de  1  m.  65 
Vallin  donne  comme  poids  minimum  56  kil.  7,  Morache60,  Duponchel  55 
(poids  minimum]  ou  60  (poids  moyen),  Tartières  58  (poids  moyen). 

D'une  manière  générale  on  peut  estimer  que  chez  les  hommes  qui  ont 
une  taille  de  1  m,  60  à  4  m.  65  le  poids  est  représenté  en  moyenne  par 


'  Caducée,  19  mars  1904. 


CH.    IIRiiijLKT.   —  IU:>I  I.TATS   1)1     (:ilN>Kll,  DK  IIKVI>|IIN   DE   1,'ll.K  l)K  I.A   UKl'NION       375 

autant  de  kilos  ([ue  la  taille  a  •!»•  oeiiliini''tres  au  dessus  d'un  niôlre. 
Chez  les  hommes  qui  ont  une  taille  de  1  m  rjl  à  I  m.  (>0  ont  trouve  en 
général  le  chilîre  des  kilos  supérieur  ;i  celui  des  centimètres.  Chez  les 
hommes  qui  ont  l  m.  65  de  taille  et  au-dessus  le  chiiïre  des  kilos  est  sou- 
vent inférieur  au  chiiïre  de  centimt''lres. 

En  appliquant  ces  données  au  contingent  créole  nous  remarquons  la 
faiblesse  du  poids  dans  les  races:  07  Indiens  sur  102  n'atteignent  pas  50 
kilos,  31  seulement  ont  un  poids  de  50  à  64  kilos  et  l'on  observe  un  poids 
minimum  de  35.3.  Enlin  la  moyenne  des  poids  est  de  48  kilos  33  alors 
que  la  moyenne  des  tailles  est  de  i  m.  Vrl.  Ce  chiiïre  de  48  kilos  33  est 
d'ailleurs  sensiblement  le  même  que  celui  cité  par  Topinard  pour  les  In- 
diens de  caste  inférieure  (48.7). 

Pour  les  autres  races  du  contingent  créole  nous  trouvons  des  poids 
inférieurs  à  ce  qu'ils  devraient  être  dans  un  pays  salubre  et  sur  des  types 
purs  mais  nous  constatons  encore  la  supériorité  de  robuslicité  de  la 'race 
blanche.  Le  nombre  de  poids  au-dessous  de  50  kilos  n'est  que  de  25  0/0 
alors  que  pour  les  noirs  et  les  mul;\lres  il  est  de  36.80/0  et  35,4  0/0.  La 
moyenne  des  poids  pour  une  taille  de  i">G4  n'est,  il  est  vrai,  que  de  53  kil.  5 
alors  qu'en  France  elle  devrait  être  d'après  le  tableau  de  Lemoine  de 
54  kilos  (poids  minimum  de  Vallin)  à  64  kilos  (poids  fort  de  Tarliôres). 
Pour  les  noirs  et  les  mûlAtres  la  différence  est  encore  plus  sensible 
comme  on  le  voit  dans  le  tableau  n°  5  ci-joint. 

Cette  donnée  est  importante  en  l'espèce  car  elle  paraît  bien  en  rapport 
avec  l'état  d'insalubrité  actuel  du  pays,  avec  l'état  de  misère  des  habi- 
tants de  la  plupart  des  localités,  et  avec  la  lutte  qu'ils  soutiennent  contre 
la  maladie.  Il  eut  été  intéressant  d'avoir  des  données  semblables  sur  l'état- 
de  robusticité  des  créoles  avant  4868  c'est-à-dire  avant  la  date  d'invasion 
du  paludisme  dans  l'ile. 

Comme  nous  allons  le  voir  en  parlant  du  coefficient  Pignet,  ces  chiffres 
inférieurs  de  poids  en  abaissant  la  valeur  du  coefficient  ont  motivé  un 
grand  nombre  d'ajournements  pour  faiblesse  de  constitution.  Si  le  contint 
gent  créole  était  assimilé  aux  troupes  Indigènes  dont  l'éfiuijtenient  est 
tout  dillérend  de  celui  des  troupes  métropolitaines  il  y  aurait  peut-être 
lieu  de  se  demander  si  quelques  restrictions  ne  pourraient  pas  être  appor- 
tées aux  règles  qui  président  à  leur  recrutement,  mais  dans  l'élat  actuel  des 
choses  le  contingent  créole  étant  assimilé  aux  troupes  métropolitaines 
malgré  les  différents  cléments  qui  le  composent,  et  ces  éléments  ayant  à 
supporter  l'équipement  et  les  mômes  fatigues  que  le  fantassin  de  France 
avec  en  plus  celles  inhérentes  au  climat  des  tropiques,  le  médecin  du 
Conseil  de  Révision  doit  appliquer  dans  toute  sa  rigueur  le  règlement 
sur  l'aptitude  physique  au  service  militaire  dans  la  métropole'. 


'  Les  Indiens,  les  noirs,  la  plii|).Trl  des  conscrits  mulâtres  et  blancs  sont  habitués 
à  vivre  cUtz  eux  pieds  nus.  \oliis  de  costumes  li-f^ers  ib;  loile  ou  de  coutil.  Malgré 
leur  apparence  malingre  confirmée  parla  mensuration,  quel(|ues-uns  d'entre  eux  sont 
d'excellents  marcheurs  cl  grimpeurs  et  portent  des  poids  considérables  sur  leur  tête 


376 


4   OCTOBRE    l'JOO 


ÏADLEXr  N-o  V.    —  Poids. 


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7 

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35,3 

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102 

Indiens  . , 

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31 

120 

436 

» 

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48S3399 

201 

Noirs 

36,8% 

59,7% 

34% 

37 
35 
37 

68 

77 

79,9 

51''.3893 

718 

Bruns 

35,4% 

60% 

330^ 

51  ".9529 

442 

Blancs. . . 

25% 

311 

~o% 

31% 

53\5759 

TROISIEME    PARTIE 

Le  coefficient  de  robusticité  Pignet  appliqué  au  contingent  créole. 

On  appelle  coefficient  de  robusticité  un  procédé  imaginé  par  M.  le 
médecin-major  Pignet,  pour  déterminer  par  un  chiffre  obtenu  d'une  façon 
presque  mathématique  le  degré  de  robusticité  des  jeunes  conscrits.  Ce 
procédé  utile  dans  les  conseils  de  révision  peut  être  appliqué  dans  toute 
autre  circonstance. 

Des  diverses  mensurations,  taille,  périmètre  thoracique,  poids,  que 
nous  avons  passés  en  revue,  nous  avons  vu  qu'aucune  n'a  de  valeur 
absolue,  mais  si  on  les  combine  et  si  on  les  rapproche  toutes  les  unes 
des  autres  on  arrive  à  établir  un  rapport  qui  a  une  signification  réelle. 

C'est  ce  qu'a  fait  M.  Pignet.  En  additionnant  le  poids  et  le  périmètre 
et  en  soustrayant  ce  total  de  la  la  taille  exprimée  en  centimètres  il  obtient 
un  indice  numérique  qui  représente  la  force  de  constitution  du  sujet 
examiné. 

Taille  —  (périmètre  +  poids)  =  Indice  numérique. 


en  gravissant  des  pentes  abruptes,  mais  quand  du  jour  au  lendemain  on  les  habille 
de  la  capote  du  fantassin,  qu'on  leur  met  de  lourds  souliers  aux  pieds,  et  un  sac  de 
plus  de  20  kilos  sur  le  dos,  ces  hommes  deviennent  incapables  de  produire  les  efforts 
qu'ils  produisaient  avant  leur  incorporation.  Si  on  les  laissait  faire  ils  retireraient 
souvent  leurs  souliers  et  leurs  lourds  vêtements  et  nous  les  avons  vus  gravir  des 
pentes  en  mettant  leur  sac  sur  leur  tète. 


CH.   BROgUET.    —  lŒSlLTATS  DV.  CÛNSEII.  1)E   lu';VI>IO.\  IiK  l.'lI.K  DE  I.A   UKl'NION         377 

Plus  cet  indice  sera  petit  plus  le  sujet  sora  foit,  plus  au  contraire  il  sera 
grand  et  plus  la  constitution  du  sujet  sera  faible. 

Le  rapport  entre  le  coellicient  et  lu  constiluliuii  r>l  ainsi  (Habli  : 

Coefficients  Ci  institution 

0  —   10 tri's  forte. 

11  —  15 forte. 

16  —  20 bonne. 

20  —  25 iiioyenno. 

25  —  30 f.iil.l.'. 

30  —  35 Irùs  faible. 

supérieur  à  35 très  médiocre, 

Le  D'  Butza',  médecin  chef  de  l'hôpital  militaire  de  Bucarest  d'après  816 
observations,  estime  que  l'on  a  par  le  procédé  de  M.  Pii,'net  le  «  critérium  » 
delà  constitution  de  l'hoinme  surtout  pour  les  douteux;  il  ajourne  tous  les 
jeunes  conscrits  dont  l'indice  numérique  est  supérieur  à  23  et  il  exempte 
ceux  qui  présentent  des  maladies  ou  inûrmités  incompatibles  avec  le  ser- 
vice militaire. 

Lemoine  *,  qui  a  établi  l'indice  numérique  de  près  de  500  tuberculeux 
et  de  200  hommes  non  tuberculeux  conseille  de  suivre  cette  règle  et 
d'ajourner  ou  de  rejeter  de  l'armée  les  hommes  présentant  des  indices 
supérieurs  à  22  et  à  25  «  sans  cependant  jamais  établir  une  règle  à  ce 
sujet  et  une  limite  réglementaire,  un  des  éléments  de  la  formule  étant 
trop  sujet  à  des  variations  individuelles  de  la  part  de  l'observateur  ». 

Comme  nous  n'avions  pas  à  la  Réunion  la  table  à  calculer  de  Pignet  et 
que  sans  elle  la  recherche  du  coefficient  exige  plus  de  temps  que  l'on  ne 
peut  en  disposer  dans  un  conseil  de  révision,  nous  avons  procédé  à  l'exa- 
men de  4,463  conscrits  créoles  en  nous  basant  uniquement  sur  les  men- 
surations ordinaires  et  sur  tous  les  signes  physiques  de  l'aptitude  au 
service  militaire,  signes  très  suffisants  pour  le  classement  des  hommes 
s'ils  sont  recherchés  avec  le  plus  grand  soin  par  des  médecins  ayant  la 
pratique  des  conseils  de  révision.  Nous  avons  plus  tard  établi  les  indices 
numériques  et  nous  avons  recherché  si  les  coeiïicients  établis  suivant  la 
méthode  Pignet  concordaient  bien  avec  le  résultat  auquel  nous  étions 
arrivé  par  les  autres  méthodes. 

1°  Par  l'étude  de  ce  tableau  n°  6  on  constate  que  311  conscrits  seule- 
ment sur  253  présentent  un  coefficient  inférieur  ;i  25  tandis  que  1.152 
c'est-a-dire  trois  fois  plus  ont  une  valeur  numérique  supérieure  à  25. 
Tandis  que  dans  les  séries  de  Butza  le  chilîre  le  plus  élevé  des  conscrits 
correspond  aux  valeurs  numériques  de  16  à  25  et  diminue  pour  les  valeurs 
supérieures  a  ce  chiffre  dans  le  contingent  créole  nous  voyons  au  con- 
traire que  le  nombre  des  conscrits  croît  avec  la  valeur  de  l'indice  numé- 

'  Butza.  -  Revue  sanilaria  Mil.  Bucarest,  avril  et  mai  1902.  Caducée,  G  mai  1905. 
*  Caducée.  19  mars  1904,  p.  77. 


378 


•i    (.CTOHIU-.     1906 


rique  ol  tandis  (|iie  281  (78  -\-  203)  conscrits  seulement  uni  un  indice  de 
ir»  à  25,  858  (358  -f-  500]  ont  un  indice  supérieur  h.  30  et  dépassant 
même  35. 


Tauleat  n"  VI,  —  Tableau  général  des  divers  coefficients  des  jeunes  gens 

de  la  classe  i'J05 

lie  df  la  liéunion.  (Conseil  rie  révision  1903), 


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1 

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2 

1 

1 

1 

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d" 

» 

4 

0,3% 

4 

0,9 

6 

» 

2 

» 

17 

» 

11-15 

forto 

» 

8 

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2 

11 

5 

1 

» 

78 

» 

16-25 

bonne 

» 

49 

4,7% 

29 

6,5 

38 

24 

15 

1 

203 

9 

20,5-20 

moyenne 

» 

139 

13% 

64 

14,4 

97 

45 

50 

11 

294 

» 

25,5-30 

faible 

» 

190 

19% 

98 

22 

94 

77 

112 

11 

358 

» 

30,5-35 

très  faible 

w 

233 

22,8% 

125 

28 

59 

94 

191 

14 

500 

» 

sup . à  35 

tr.  médiocre 

» 

388 

38% 

112 

25 

27 
334 

230 

228 

15 

1.463 

» 

» 

» 

)) 

1.021 

» 

442 

» 

23% 

476 
1.4 

600 

53 

1.46 

3 

63 

Cependant  204  créoles  de  couleur  seulement  sur  1,021  soit  19.9  0/0 
ont  un  indice  numérique  supérieur  ou  égal  à  25  tandis  que  107  créoles 
blancs  sur  442  soit  23.7  0/0  présentent  le  même  indice.  Il  y  a  donc  là 
encore  malgré  la  grande  faiblesse  totale  du  contingent  une  supériorité 
marquée  en  faveur  des  blancs. 

On  voit  que  le  plus  grand  chiffre  de  «  Bons  )i  (97)  correspond  au  coef- 
ficient moyen  et  que  les  chiffres  des  exemptés  et  des  ajournés  augmen- 
tent avec  la  valeur  du  coefficient  ce  qui  est  bien  conforme  à  la  régie  de 
Pignet. 

Toutefois  en  tenant  compte  de  certains  détails  de  races  nous  avons 
reconnu  bons  180  conscrits  dont  les  coefficients  dépassaient  25  et  cepen- 
dant le  nombre  total  des  «  Bons  »  n'a  pas  dépassé  le  chiffre  de  334  c'est- 
à-dire  de  23  0/0. 


CH.  BROQUET,  —  HÉSL'LTATS  DU  CONSEII,  1)K  HKVISION  l>K  1,'lLi:  DK  I.A   HKUNIoN 

Taui.eau  n"  \ll.  —  (coefficients. 


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Indiens 

60,5 

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44, G 

11 

48 

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5 

201 

Noirs 

53,5 

12 

33,6 

57 

48 

89 

7 

718 

Bruns 

5(i 

4 

32,04 

154 

241 

293 

29 

442 

Blancs 

59,5 

2 

31,42 

111 

139 

180 

12 

2°  Ce  tableau  n°  7  nous  montre  que  la  moyenne  des  valeurs  numéri- 
ques n'a  pas  été  inférieure  à  31.42  et  que  par  ordre  croissant  elle  s'est 
élevée  de  ce  chiffre  à  ceux  de  32.04  chez  les  créoles  bruns,  33.6  chez  les 
noirs,  44.6  chez  les  Indiens... 

Le  nombre  des  «  Bons  »  s'est  élevé  de  11  chez  les  Indiens  à  54  chez  les 
noirs,  154  chez  les  bruns,  111  chez  les  blancs. 


Ta  h 

JLEAU  no  VIII. 

—  Tableau 

général. 

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1.62 
1.62 

69 

77 

11 

57 

48 
48 

38 
89 

5 
7 

102 

Indiens. 

44,6 
33,6 

48^339 

10,!»-. 

47% 

37,9% 

4,9% 

201 

Noirs . . 

51^389 

28,3% 

23,8% 

44% 

3% 

718 

Bruns. . 

32,04 

1.63 

79 

51^952 

154 

21,4% 

241 

34,4% 

293 

44,9% 

29 

4% 

442 

Blancs . 

31,42 

1.64 

79 

.%3^575 

111 

25,1% 

139 

31,4% 

180 

40,7% 

12 

2,7% 

30  Enfin  ce  tableau  résumé  de  tous  les  autres  nous  permet  déjuger  d'un 


380 


4    OCTOBllK    l'.lOCt 


CMii|>  (l'ii'il  la  valeur  du  contingent  créole.  Malgré  ce  que  nous  avons  vu 
plus  haut  lie  l'indice  numérique  des  blancs,  on  voit  que  le  pourcentage 
des  ((  Bons  »  a  été  de  28.3  0  0  chez  les  noirs  alors  qu'il  n'était  (jue  de 
:2.").l  chez  les  blancs.  Cela  tient  à  ce  que  nous  n'avons  pas  appliqué  à  la 
lettre  les  données  du  coefficient  Pignet. 

Si  nous  nous  étions  servi  des  tables  à  compter  de  Pignet  nous  aurions 
vu  (jue  le  coefficient  qui  résume  et  confirme  toute  les  autres  données 
taille  —  périmètre  —  poids  établit  que  jusqu'à  présent,  dans  le  contingent 
créole,  ce  sont  les  conscrits  blancs  qui  offrent  les  meilleures  garanties  d'ap- 
titude physiq\ie  au  service  militaire. 

4"  Si  nous  examinons  maintenant  les  résultats  du  Conseil  dans  les 
diverses  localités  nous  voyons  que  le  chifïre  des  «  Bons  »  a  varié  depuis 
32  0  0  chiffre  maximum  obtenu  à  Saint-Leu  jusqu'à  17  0/0  minimum  de 
Sainte-Suzanne.    Voici  ces  chiffres  dans  l'ordre  décroissant  : 


Saint-Leu 32  0/0 

Saint-Louis 28  0/0 

Saint-André 25  0/0 

Saint-Benoit /  on  a /a 

Saint-l'icrre i  ^»-  ^2  0/0 


Saint-Paul 

Saint-Joseph. . . 
Saint-Denis. , . . 
Sainte-Suzanne. 


21  0/0 
19  0/0 
18  0/0 
17  0/0 


Les  hauteurs  de  Saint-Leu,  les  localités  «  Trois-Bassins  »  et  des  «  Coli- 
maçons y)  jouissent  en  effet  d'un  climat  salubre  et  c'est  dans  le  canton  de 
Saint-Louis  que  se  trouvent  la  commune  de  «  l'Entre-Deux  »  et  le  Cirque  de 
Cilaos  avec  son  climat  merveilleux  et  ses  eaux  thermales  réputées  comme 
les  meilleurs  de  l'ile,  qui  font  de  cet  endroit  le  meilleur  sanatorium  de  la 
mer  des  Indes. 

De  plus  ces  localités,  aussi  bien  celles  du  littoral  que  celles  des  hauteurs 

ont  joui  jusqu'à  maintenant  d'une  certaine  prospérité.  Il  n'y  a  donc  pas 

lieu  de  s'étonner  de  rencontrer  dans  ces   régions  les  conscrits  les  plus 

vigoureux  tandis  que  les  plus  faibles  viendront  des  endroits  de  l'Ile  ou  la 

misère  et  les  maladies  offriront  le  plus  d'intensité. 

5°  Maladies  et  coefficients.  — Dans  les  rapports  des  maladies  et  des  coeffi- 
cients nous  nous  sommes  borné  à  l'étude  de  la  «  splenomégalie  »,  de  la 
tuberculose  et  des  affections  pulmonaires,  de  la  cachexie  palustre  et  d'un 
cas  de  lèpre. 

Dans  ces  affections  nous  voyons  par  le  tableau  n°  10  ci-dessous  que  les 
moyennes  des  valeurs  numériques  sont  très  élevées  35.5  pour  la  tuber- 
culose et  les  affections  pulmonaires  suspectes,  39.9  pour  la  cachexie 
palustre,  39  pour  la  lèpre  et  enfin  41   pour  les  74  cas  de  splenomégalie. 

Ici  encore  l'indice  numérique  est  bien  en  rapport  avec  la  faiblesse  des 
organismes  et  ne  fait  que  confirmer  le  résultat  de  la  pesée  qui  seule 
aurait  pu  suffire  à  affirmer  l'inaptitude  de  ces  conscrits  au  service  mili- 
taire. La  moyenne  du  poids  est  en  effet  de  45  kilos  pour  la  cachexie 
palustre  (21  cas),  48  kilos  pour  la  lèpre  (1  cas)  49  kilos  pour  la  splenomé- 
galie (74  cas)  et  51  kilos  pour  la  tuberculose  pulmonaire  et  les  affections 
pulmonaires  suspectes. 


cil.   ItUdijIKT.   —   HKSlf.TATS  Df  CONSEIL  DE  UKVISIoN  DE  l.'ll.K  DE   l.A  UKINKt.N        381 

Saint- Alul  II'. 


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20,5  —  25 

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12 

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4 

38 

25,5  —  30 

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18 

20 

10 

5 

21 

2 

39 

30,5  —  35 

très  lailtle 

14 

25 

11 

4 

22 

2 

49 

supérieur  à  35 

très  médiocre 

35 

14 

2 

18 

26 

3 

41 

■ 

158 

82 

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25% 

31 

75 

11 

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Sainte-Suzanne. 


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très  forte 

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6  —  10 

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11   -  15 

forte 

16  —  20 

bonne 

20,5  -  25 

inovtMine 

25,5  -  30 

faible 

30,5  —  35 

très  faible 

supérieur  à  35 

très  médiocre 

» 

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1 

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13 

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69 

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17% 

39 

23 

76 

7 

6 

Saint- Louis. 


» 

0-9 

très  forte 

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» 

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1  —  5 

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11  -  ir, 

forte 

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12 

16  —  20 

lionne 

8 

4 

5 

4 

3 

» 

32 

20,5  —  25 

moyenne 

15 

17 

18 

3 

9 

2 

18 

25,5  —  30 

faible 

32 

16 

20 

7 

19 

2 

46 

30,5  —  35 

très  faible 

2.5 

21 

7 

12 

26 

1 

56 

supérieur  à  35 

très  médiocre 

42 

11 

4 
56 

25 

27 

» 

198 

123 

75 

51 

86 

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5 

lî 

)H 

1 

soci  d'anthhop.  1906. 


27 


'^H'2 


1 
5 
20 
28 
23 
27 


104 


11 
16 
22 
60 
44 


154 


4  iicniiiiti-:   I !)()() 
Sdiiit-I'it'in'. 


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0  —  9 

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1    -   5 

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1 

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11  -  15 

forte 

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18 

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bonne 

13 

5 

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4 

1 

45 

20.5  -  25 

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29 

16 

22 

10 

9 

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52 

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fail)l(' 

33 

19 

13 

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28 

3 

64 

no, 5  —  35 

très  r;ul)le 

42 

22 

10 

17 

35 

2 

71 

siq.'i'riciii-  ;i  35 

très  médiocre 

47 

24 

2 

35 

34 

» 

57 

255 

167 

88 

99  0/ 

75 

112 

11 

2t 

)5 

255 

Saint- Joseph. 


0  —  9 

1  —  5 
6  —  10 

11  —  15 

16  —  20 

20,5  —  25 

25,5  —  30 

30.5  —  35 


supérieur  ;i  35     très  médiocre 


très  forte 
do 
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forte 

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moyenne 

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très  faible 


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4 

16 

12 

14 

9 

15 

12 

64 

40 

11 

4 

104 


Saint-Benoit. 


0  —  9 

1  —  5 
6  —  10 

11  —  15 

16  —  20 

20,5  -  25 

25,5  -  30 

30.5  —  35 

supérieur  à  35 


très  forte 

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do 

forte 

bonne 

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très  faible 

très  médiocre 


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32 

12 

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20 

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Siiinl-I)fni\-. 


CofcfiicieuN 


CoDîililutluil 


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Irt'S  lortf 

1  —  5 

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0  —  10 

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11  —  15 

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10  —  20 

l)l)IIIU> 

20.5  -  25 

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25,5  —  30 

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30,5  —  35 

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sii|M'ri.Mii-  ;i  35 

très  iiiiMliiicn 

0-9 
1    -  5 
0  —  10 
11  —  15 
10  -  20 
20,5  -  25 
25.5  —  30 
30,5  —  35 
supérieur  à  35 


Saint- Paul. 

Iri's  forte 
.1° 

lorle 

lioune 

mnvciiiie 

rail)!." 

1res  laible 

très  médiocre 


0  -  9 

1  —  5 
0  —  10 

11  —  15 

16  —  20 

20,5  —  25 

25,5  —  30 

30.5  —  35 

su{)érieur  à  35 


Saint- Leu. 


très  forte 

do 

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forte 

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très  médiocre 


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13 

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20 

10 

48 

45 

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50 

18% 

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25 

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53 


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17 

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21 

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33 

9 

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30 

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384  4  iicruHUE  1906 

T.MiLKAi;  11"  IX.  —  Maladifs  i-l  (Jne/ficients. 


.MALAKIKS 


Splénomé^'alie. 


Tuberculose  pulmonaire. . 
Imminence  de  tuberculose. 

Mronchite  rhriniique f 

Anémie   et   sommets  sus-^ 

pects I 

Sommets  suspects \ 

Bronchite  suspecte 1 

.      u      •  ,      .  I 

,  (,achexie  palustre 1 

'Cacliexie  palustre  et  splé-' 
'     noméKalie \ 


74 


50 


21 


.epre 


53 
53 

56 
39 


18 


18,5 


41 


35,5 


39,9 


39 


77 


l'"62 


1.64 


1.62 


1.64 


49'' 


51 ''200e 


45"  600» 


48'' 


CONCLUSIONS 

1°  L'élude  de  la  valeur  physique  du  contingent  créole  permet  de 
constater  que  les  conscrits,  descendants  de  la  race  blanche  établie  à  l'Ile 
de  la  Réunion  ne  présentent  plus  les  mêmes  qualités  de  robusticité  que 
leurs  frères  de  la  métropole.  —  Les  principaux  facteurs  de  cette  déchéance 
paraissent  être  le  climat  et  la  malaria. 

Toutefois  il  résulte  de  nos  recherches  que  la  race  blanche  à  Bourbon 
maintient  sa  supériorité  physique  sur  les  autres  races  de  l'Ile  et  sur  les 
métis. 

2°  En  établissant  chaque  année  la  robusticité  exacte  du  contingent  par 
le  procédé  Pignet,  qui  peut  être  considéré  comme  le  «  critérium  »  de  la 
constitution  de  l'homme,  le  Conseil  de  Révision  donnera  des  renseigne- 
ments utiles  sur  la  robusticité  des  diverses  races  et  sur  l'état  de  la  santé 
publique  à  l'Ile  de  la  Réunion. 

Il  mesurera  d'année  en  année  les  réactions  anthropologiques  de  la  race 
blanche  vis-à-vis  de  ce  milieu  si  différent  de  son  pays  d'origine  et  servira 
à  résoudre  le  difficile  problème  de  l'acclimatement  de  la  race  blanche  sous 
les  tropiques. 

Discussion. 

M.  AvELoT.  —  Les  chiffres  donnés  par  M.  le  D""  Broquet  sont  fort  inté- 


SIFFRE.   —  «APPORT  DE  r.'os  ET  DE  I.A    DENT  385 

ressauts,  mais  il  serait  iiiij)rii(lent,  je  crois,  d'acconier  la  in<Mn<'  valeur 
aux  diirérentes  moyennes  ressortissant  à  chacun  des  groupes  ethniques 
envisagés.  11  y  a  lieu  en  effet  détenir  compte  des  dilTérences.  d'ailleurs 
encore  mal  connues,  qu'ollre  dans  chatjue  race  le  procexsns  de  l'évolution. 
Le  noir  est  complètement  formé  à  l'Age  de  21  ans,  et  les  moyennes  de 
taille  et  de  périmètre  thoracique  des  «  appelés  «  nègres  de  la  Réunion 
représentent  bien,  eu  égard  au  grand  nombre  des  mensurations,  la  taille 
moyenne  et  le  périmètre  thoraei(iue  moyen  delà  population  noire  mascu- 
line adulte  de  l'île.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  blanc,  dont  le  parfait 
développement  n'est  atteint  qu'à  l'Age  de  30  ans.  J'ai  constaté  chez  cer- 
tains sujets,  pendant  la  seule  durée  du  service  militaire,  un  accroissement 
de  taille  de  2  centimètres,  un  accroissement  de  périmètre  thoracique  de 
10  centimètres.  Je  sais  que  le  créole  est  plus  précoce  que  l'Européen. 
Néanmoins  il  me  semble  que  les  moyennes  des  mensurations  prises  sur  les 
conscrits  de  race  blanche  de  la  Réunion  doivent  être  inférieures  à  cellesde 
l'ensemble  de  la  population  blanche  masculine  adulte  de  l'île,  surtout  en 
ce  qui  concerne  le  périmètre  thoracique. 

Dans  l'armée,  le  périmètre  thoracique  est  mesuré  au-dessous  des  ma- 
melons, à  l'inspiration  et  à  l'expiration. 

MM.  Coi.LiGNON  et  Anthony  prennent  également  In  parole. 


RAPPORT    DE   L'OS    ET    DE   LA    DENT 

A  propos  d  une   mandibule  de   gorille  fracturée  au  moment  de  la  formation 

de  la  3°  molaire. 

Pau  le  !>  Siffre. 

(irAce  à  l'amabilité  de  mon  savant  collègue,  Monsieur  le  professeur 
Manouvrier,  t'ai  l'honneur  de  vous  présenter  une  observation  concernant 
une  mandibule  de  gorille  inAle  appartenant  au  musée  du  laboratoire 
d'anthropologie  de  l'école  des  Hautes-Ktudes. 

Cette  pièce  osseuse  nous  oiïre  un  intéressant  sujet  de  démonstration  des 
rapports  entre  le  tissu  dentaire  et  le  tissu  osseux,  et  particulièrement,  la 
déiTionstration  de  l'influence  qu'un  état  pathologique  de  ce  dernier  peut 
avoir  sur  le  premier. 

Il  s'agit  d'une  fracture  de  la  mandibule  et  d'un  changement  dans  la 
forme  de  la  3«  molaire  gauche  inférieure. 

Bien  que  l'on  puisse  commettre  une  erreur  en  diagnostiquant  une 
lésion,  par  les  signes  que  la  guérison  a  laissés  sur  une  piè:e  osseuse,  on 
est,  je  crois,  dans  la  vérité,  quand  on  dit  que  cette  mandibule  a  été  frac- 
turée, que  la  facture  s'est  bien  consolidée,  et  que,  si  l'on  constate  quelque 
différence  entre  les  deux  côtés,  le  côté  sain  et  le  côté  fracturé,  on    est 


386 


4    tiCluHHK     l'.)(J(j 


aussi  dans  la  vériU-  oi\  iiieltanl  la  tlilTérence  sur  le  cumplo  de  celle  frac- 
ture et  de  toutes  ses  conséquences. 

Je  pense  que  le  sujet  a  été  frappé  en  parfait  état  de  santé,  dans  un  point 
très  limité  de  son  individu  —  l'angle  gauche  de  la  ni;\choire  inférieure  — 
et  que  la  lésion  comme  les  conséquences  de  celte  lésion  sont  d'ordre  pu- 
rement mécanique.  Nous  verrons  pourquoi  plus  lard. 

Cette  mandibule  pèse  410  grammes.  Elle  a  perdu  les  4  incisives  trop  à 
l'aise  dans  leur  loge  alvéolaire  séchée.  Nous  constatons  qu'au  point  de  vue 
de  la  constitution,  le  coté  droit,  denture  et  os,  est  absolument  normal. 

Toutes  les  dents  sont  présentes,  normales,  tant  par  la  forme  que  par 
la  constitution. 

J'insiste  sur  ce  fait:  toutes  les  molaires  sont  parfaites,  et  point  n"est 
possible  d'y  découvrir  la  trace  d'un  arrêt  de  développement  correspon- 
dant à  un  trouble  de  la  nutrition,  érosion,  dyslropliie,  elc,  démontrant 
qu'elles  aient  eu  à  subir  l'inlluence  liypolrophiante  d'un  état  pathologique 
général  du  sujet,  acquis  ou  héréditaire. 


Fif/.  1.  —   Cùlcs  G  et   D  montrant  les-   rn|ipnr.s  do  la  8"  avec  l<i  bradclic  nionlaiiti 
D,  cù'.o  ^'aiiihc;  G,  cùlo  droit  ;  8,  Ji"  mol.  ;  7,  ii"  mol.  ;  0,  1"  mol.  ;  5,  2"  bic  sp. 


A  gauche,  les  dents  sont  aussi  bien  normales,,  jusqu'à  la  T"  molaire, 
bien  que  celle-ci  soit  fracturée.  {Fig.  1.  G  G.) 

Ldi  i"  molaire  manque.  La  3"  molaire  est  différente  de  sa' synonyme 
droite,  et  bien  qu'elle  aussi,  comme  toutes  les  autres  dents,  gauchps  et 
droite;^,  nep  orte  [as  de  signes  d'hypolrophic,  imputables  h  un  état  patho- 
logique général,  arrêtant  le  développement  de  l'individu  et  aussi  de  fcs 
df.'uts,  celte  3«  molaire  présente  cependant  les  traces  indéniables  d'un 
trouble  survenu  au  cours  de  sa  formation,  et  quoique  l'action  pertuba- 
Irice  n'ait  pas  été  très  prolongée,  elle  a  été  néanmoins  assez  puissante 
pour  transformer  la  couronne  de  celte   molaire. 

Cette  transfcrm.ilion  très  particulière  et  très  intéressante,  je  n'hésite  pas 
à  la  rattachera  l'influence  d'une  lésion  d'ordre  traumatique,  à  une  frac- 
ture, dont  nous  allons  rechercher  les  autres  signes  sur  la  mandibule. 

Nous  reviendrons  en  détail  sur  l'histoire  de  cotte  3"  molaire,  après 
l'examen  du  tissu  osseux. 

Ce  coté  gauche  de  la  mandibule  présente  au  niveau  de  la  jonction  du 
corps  avec  la  branche  montante  la  trace  d'une  cicatrice  osseuse  ancienne. 


SIKFRE.     —    HAI'I'OIIT  liK  \.'n>  VA  liK   LA   DKM 


n87 


fig  2.  —  Montrant  les  npports  des  brandies  inont.intfs.  C,  D,  côte  sain;  C,  G, 
côlè  traumatisé;  F.  croie  de  consolidation;  E,  éclinnrriirc  ou  la  branche  semble 
passer  sur  la  face  externe  du  corps  de  l'os. 

Sur  la  face  externe  de  la  hraiichc,  dans  un  trajel  allant  de  l'angle 
de  la  mâchoire  à  l'angle  formé  par  le  bord  alvéolaire  et  l'apophyse  coro- 
noïde.  existe  une  ligne  ondulée  accompagnée  par  une  crête  osseuse  qui 
part  d'une  échancrure  formée  elle-même  par  la  brisure  de  la  ligne  du 
bord  inférieur  du  corps  de  l'os  et  de  la  branche  montante.  Celte  crête  se 
perd  un  peu  avant  d'atteindre  la  base  de  l'apophyse  coronoïde. 

Les  rapports  du  corps  et  de  la  branche  semblent  être,  au  niveau  de 
l'échancrure,  comme  si  la  branche  était  appliquée  sur  le  corps  et  non 
point  comme  lui  faisant  suite  ;  ce  que  l'on  peut  constater  sur  le  côté  droit 
de  la  mandibule. 


fig.  3_  _  Bord  postérieur  do  la  liranolie.  G,  ■gauche;   D,  droite;  c,  c,  c,  insertions 

musculaires. 


388  4   OCTOBRE    1900 

Sur  la  face  interne  de  la  branche  existe  aussi  une  ligne,  correspondant 
a  la  crête  externe,  simulant  la  loge  d'un  organe  voisin  que  ne  porte  point 
la  face  interne  de  la  branche  droite. 

Vue  |>ar  la  partie  postérieure,  c'est-à-dire  par  le  bord  postérieur  des 
branches  montantes,  on  constate  que  le  condyle  gauche  est  moins  large 
que  le  droit.  Il  est  aussi  plus  épais,  et  plus  empAté  à  son  col.  {Fig.  .?). 

Ce  bord  postérieur,  qui  du  col  du  condyle  à  l'angle  de  la  mandibule 
porte  ses  crêtes  d'insertions  musculaires,  diffère  à  gauche  de  celui  de 
droite  :  d'abord  il  est  vertical  et  une  ligne  passant  au  centre  du  condyle 
passerait  aussi  par  l'angle.  A  droite,  une  môme  ligne  verticale  passant  au 
centre  du  condyle  passerait  îi  plus  d'un  centimètre  et  demi  en  dedans  de 
l'angle  mandibulaire. 

C'est  qu'en  effet,  à  droite,  la  branche  est  oblique  en  dehors,  la  face 
externe  regarde  en  haut;  à  gauche,  elle  est  verticale. 

La  hauteur  de  ce  bord  postérieur,  du  condyle  à  l'angle,  est  beaucoup 
moindre  h  gauche  qu'à  droite,  un  centimètre. 

Ce  même  bord  postérieur  porte  des  crêtes  d'insertion  s  musculaires  qui  sont, 
à  gauche,  un  peu  plus  épaisses  mais  moins  nombreuses  qu'à  droite  (Fig.  3 
c.  c.  c). 

L'apophyse  coronoïde  est  plus  en  arrière  et  l'échancrure  plus  creusée  à 
gauche  qu'à  droite. 

Je  pourrais  ajouter  bien  d'autres  signes;  mais  j'estime  qu'il  est  suffi- 
samment démontré,  par  ceux  que  nous  venons  de  constater  que  la  man- 
dibule «  a  subi  »  une  lésion  et  ses  conséquences  perturbatrices.  Celte 
lésion  unilatérale,  localisée  h  l'angle  gauche,  a  été  de  courte  durée.  Elle 
résulte  très  vraisemblablement  d'un  traumatisme  qui  a  dû  produire  une 
fracture  incomplète  de  la  mandibule.  Si  l'on  peut  constater  des  modifica- 
tions pouvant  être  produites  par  dyslrophieelhypotrophie  ostéo-dentaire, 
elles  ne  peuvent  pas  être  rattachées  à  un  état  pathologique  général  du 
sujet,  acquis  ou  héréditaire,  dont  nous  constaterions  sur  la  mandibule 
en  question  une  manifestation  localisée. 

Il  n'y  a,  sur  aucun  point  osseux  ni  sur  aucune  dent,  la  signature  d'un 
trouble  de  la  nutrition. 

Seule  la  3^  molaire  gauche  porte  sur  sa  couronne  une  partie  transformée, 
et  cette  transformation  précise  exactement  le  moment  et  la  durée  de  l'action 
perturbatrice  et  en  donne  si  ligoureusement  le  début  et  la  fin,  que  nous  pou- 
vons dire  que  le  traumatisme  s'est  produit  au  moment  de  la  formation  de  la 
partie  coronaire  postérieure,  puisque  les  trois  cuspides  seules,  formant  cette 
partie  de  la  couronne,  sont  distrophiées,  et  que  les  conséquences  de  ce  trau- 
matisme avaient  cessé  quand  la  racine  a  commencé  à  se  former,  puisque 
nous  constatons  que  la  racine  postérieure,  c'est-à-dire  celle  qui  tire  son 
origine  des  trois  cuspides  distrophiées,  est,  au  point  de  vue  du  dévelop- 
pement et  de  la  struclure,  absolument  normale.  Nous  reviendrons  en 
détail  sur  tout  ceci. 

La  3«  molaire  droite,  que  nous  tenons  pour  normale  et  qui  l'est  réelle- 
ment, présçftte  une  couronne  presque  rectangulaire  dont  le  diamètre  meso- 


^I^■1•■I1K.   —  ItAI'lMiin    DE  \.  t\>  El    liE  I,  \  DENT 


■AH[) 


distant  lie  la  face  IritiiiMnlo  est  de  0,017  ;  ce  iinhiic  diaiin'liv  ineso  diSlant 
au  collet  fHantdi)  0,01(i;  le  diaim'^lre  linirnal-jui^al  de  0,01.")  aux  cuspides 
antérieures  et  0,013  aux  cuspides  postérieures.  Elle  porte  nettement  5  cus- 
pides, 3  externes,  -2  internes;  sauf  la  cuspide  antéro-interne  qui  a  con- 
servé sa  fMiinto  adamantine,  les  quatre  auti-es  ont  l'ivoire  découvert  par 
usage.  Le  périmètre  de  sa  couronne  est  de  0,0.ji,  son  [  oids  ogr.  2.  (Fig.  'i) 


Fig.  4.  —  Vue,  Face  Uiluraiitr.  D,  (liuile;G,  g.uiclie.  c,  c,  apoph.  coronoïJ*»; 
8-8,  3«s  gr.  molaires.    7,  2«  gr.  mol.  droite.  G,  l'"  gr.  mol.  gauche. 


La  3®  molaire  gauche  présente  une  forme  presque  circulaire.  Le  dia- 
mètre meso-distant  de  sa  face  triturante  a  14  millimètres,  il  n'a  que  13  au 
collet.  Le  périnètrede  la  couronne  a  48  millimètres. 

Le  diamètre  meso-distant  est  à  peu  près  de  même  longueur  que  le 
diamètre  lingual-jugal.  Cette  3°  molaire  pèse  4  gr.  5,  soit  0  gr.  5  de  moins 
que  la  droite. 

Cette  dent  porte  aussi  5  cuspides,  mais  disposées  différemment  que 
celles  de  la  synonyme:  elle  ii  en  etlet  deux  cuspides  antérieures,  corres- 
pondant à  la  racine  mesiale;  immédiatement  en  arrière  de  ces  deux  cus- 
pides deux  autres  plus  petites  légèrement  écartées  l'une  de  l'autre  et 
correspondant  à  la  racine  distale,  et  enfin  entre  ces  deux  dernières  cuspi- 
des une  5®  de  même  taille  qu'elles. 

Dans  la  dent  droite,  c'est-à-dire  la  normale,  les  cuspitles  forment  (3  en 
dehors  et  2  en  dedans)  2  lignes  presque  parallèles;  dans  la  dent  gauche, 
la  dent  anormale,  les  3  cuspides  externes  forment  une  ligne  coui'be  dont 
la  concavité  regarde  la  concavité  d'une  ligne  courbe  formée  par  les  deux 
cuspides  internes. 

Dans  la  dent  droite  les  cuspides  distales  au  nombre  de  deux  sont 
parallèles  au  diamètre  transverse  de  la  dent  et  elles  forment  avec  les 
autres  cuspides,  soit  les  l»""  et  2"  externes,  soit  avec  rantero-interne,  un 
angle  droit. 

Dans  la  dent  gauche  on  peut  dire  rju'il  y  a  2  plans  de  cuspides,  un 
antérieur  et  un  postérieur,  l'antérieur  formé  des  2  cuspides  interne  et 
externe  et  le  postérieur  formé  par  la  2"  interne  et  la  2"  et 3"  externes.  En 
somme  la  3°  cuspide  externe  est  logée  entre  les  2*^'  interne  et  externe. 


Elle  esl  fiisi(mn(''e  entre  ops  deux  cuspides,  réalisant,  par  suite  du  IrouJjle 
jt'té  p:u"  le  trauinatisine  au  moment  de  leur  formation,  ce  (jue  nous  voyons 
sur  l)eaucoup  df  molaires  humaines  :  amoindriss<'menl  de  la  partie  ullra- 
distale  amenant  en  (in  de  compte  la  disparition  de  la  dernière  cuspide 
ap[)ai-uc,  la  3"  extei"ne  (chez  l'homme  et  chez  l'anthropoïde),  et  ramenant 
par  ce  procédé  logique,  mais  inverse  du  procédé  ordinaire  de  mullicus- 
pidisation,  la  dent  à  4,  puis  à  3  cuspides,  prévues  et  indiquées  par 
(iaudry. 

En  somme  une  dent  ào  cuspides  est  Irouhlée  pendant  qu'elle  groupe 
et  fabrique  sa  couronne.  Ce  trouble  se  traduit  par  une  diminution  de 
volume  et  conséquemment  de  disposition  de  ses  cuspides  en  formation; 
ce  sont  les  dernières  venues  qui  subissent  les  conséquences  du  choc  dans 
le  cas  présent,  parce  que  les  2  cuspides  antérieures  étaient  déjà  for- 
mées et  groupées.  Nous  en  avons  une  démonstration  évidente  en  compa- 
rant les  dents  3^*  molaires,  portées  par  cette  mandibule  de  gorille.  Cette 
mandibule  traumatisée  évidemment  nous  donne  donc  des  documents  très 
utiles  en  odontologie  et  en  anthropologie. 

Ce  traumatisme,  qui  a  dû  être  violent,  a  chassé  la  2°  molaire  dont  le 
souvenir  semble  être  conservé  seulement  par  un  infundibulum  confluent 
à  l'alvéole  de  la  racine  postérieure  de  la  1'''*  molaire,  cet  infundibulum 
ayant  dû  contenir  un  débris  radiculaire  fracturé  lors  du  traumatisme. 

La  première  grosse  molaire  a  été  fracturée  et  la  face  triturante  est 
constituée  par  une  table  d'ivoire  brun  foncé,  lisse,  qui  va  obliquement  en 
arrière  et  en  dedans,  de  la  moitié  de  la  f^  cuspide  externe  au  collet  de  la 
2° cuspide  interne. 

L'absence  de  la  2«  molaire,  la  fracture  de  la  f",  démontrent  péremp- 
toirement que  nous  somm!!s  bien  en  présence  d'un  traumatisme.  Et 
comme  d'autre  part,  du  coté  traumatisé,  une  dent,  la  3°  molaire,  est 
dilTorine,  nous  en  j)ouvons  déduire  que  ce  traumatisme  s'est  produit  pen- 
dant la  confection  de  celte  dent,  puisque  les  mêmes  éléments  de  droite 
sont  parfaitement  normaux. 

La  position  de  cette  troisième  molaire  gauche  est  telle  que  l'apophyse 
coronoïde  passe  à  plus  de  5  niillim,  en  arrière  d'elle.  La  position  de  la 
3^  molaire  droite  est  telle  que  cette  apophyse  passe  entre  la  2^  et  la  3^  cus- 
pide externe.  Comme  ce  n'est  pas  l'apophyse  qui  a  bougé,  on  doit  en 
déduire  que  la  dent  gauche  s'est  avancée  ;  cela  est  vrai,  car  l'espace 
occupé  jadis  par  la  2°  grosse  molaire  gauche  n'est  plus  que  de  6  millim. 
La  même  dent  à  droite  a  10  millim.  de  diamètre. 

On  a  prétendu  qu'un  vide  existant  en  avant  d'une  dent,  celle-ci  s'in- 
clinait dans  le  vide  et  transportait  ainsi  sa  face  distale  au  lieu  et  place  de 
sa  face  triturante,  d'où  l'impossibilité  de  résister  longtemps  aux  elïorts  de 
la  mastication  dans  cette  position,  et  nécessité  de  disparaître  précoce- 
ment; j'ai  prouvé  que  cela  n'était  pas  exact  chez  l'homme,  la  mandibule 
de  ce  gorille  prouve  que  cela  n'est  pas  exact  non  plus  chez  le  singe,  car 
la  dent,  3«  molaire  gauche,  est  bien  droite  et  l'image  est  manifestement 


SIKKHK.   —   IIAl'I'iiUT  DE  I.  ns  Kl    HK   I.a   DKNT 


:v.)i 


indiquée  par  les  cupules  d'ivoire  (|ui   uni   succède  ;iux   cuspides  d'émail 
usées. 


R«~ 


CRA 


CRP 


Fig.  '>.  —  liaciiics  iJi's  3'  iiio!.  gaiiclie  et  droilo.  —  .1.  Droile;  H.  (i.iucho;  IIA.  lliic. 

iiiiléritHire  ;  lU'.  U.ic.  poslôiiouro  ;  CliA.  Coupe  dclarac.  aiilérieurc; 

<'J{P.  Coupe  (\c  la  rue.  pnslérionre. 


La  forme  des  racines  est  bien  intéressante.  I^a  racine  antérieure  plate 
d'avant  en  arrière,  de  forme  et  de  volume  presque  identiques  dans  les 
deux  dents,  continue  la  forme  et  le  volume  normaux  de  la  [lartie  normale 
de  la  couronne,  c'est-;\-dirc  les  deux  cuspides  antérieures,  et  nous  savons 
qu'à  gauche  o*  'i  droile  la  3"  molaire  est  normale  dans  cette  partie  coro- 
naire; il  élait  logique  qui;  la  paitie  radiculaire  le  fiU  aussi,  puisque  rien 
n'est  venu  entraver  la  formation. 

La  racine  antérieure  de  la  fient  droite  a  li  millim  <1<;  contour,  celle  de 
la  dent  gauche  13  millim.  1   :2,  et  toutes  deux  du  collet  à  l'apex  20  millim. 

La  racine  [)Ostérieure  offre  des  diiïérences  à  gauche,  logii|ueiiient  en 
rapport  avec  la  partie  de  la  courorme  déjà  dilférente:  la  postérieure. 

Sur  la  droite,  nous  voyons  la  racine  alfenter  l;i  furine  triangulaire  résul- 
tant de  l'arrangement  coronaire  des  3  cuspides  poslérieure.«,  2"  et 
3«  externes,  2^  interne,  et  plus  parliculièi'emenl  triangulaiie  pai-  la  posi- 
tion ullra-distale  de  la  3"  cuspide  externe  qui  ('..nne  justement  le  sommet 
du  triangle  radiculaire  dont  la  hase  est  fm-ini'i'  par  le-  ^"^  cn.^pides 
externe  et  interne. 

A  gauche, se  ressentant  du  gr.)upement  cu^pidien  posténcin',  la  racine 
formée  parla  sui4,e,  des  cuspides  2«  et  3"  externes  et  -^  inicrne  alli-cle  une 
forme  plate  d'avant  en  arrière,  semblable  ;V  la  rac  ne  anl»'-!  iciire  et  pres- 
que aussi  volumineuse,  car  si  elle  est  moins  larse,  elle  est  pln^  épaisse. 
Celte  racine  est  bien  en  rapport  avec  les  cuspides  postérieures  groupées 
presque  transversilcmciil.  presquesur  une  ligne  linguale-jugale,  comme  le 
grand  diamèlre  de  celte  racine  postéi-ieure  est  lingual-jugal,  aloi's  que 
normalement,  dans  toute>  les  3"^  molaires  inférieures  des  anthropoïdes  et 
dos  gorilles  en  particulier,  le  grand  iliamètre  de  (;"llc  racine  postérieure 
est  meso-dislal  comiue  le  groupe  de  cuspides  posU'i  ieures. 


31)2  -i  «•ciitiim;   li>Or. 

En  résuiiii',  nous  pouvons  tirer  de  cette  observation  les  déductions  sui- 
vantes : 

A.  —  In  traunialisino  survenant  pendant  la  formation  des  cuspides 
adamantines  d'une  dent  détermine  une  h^'polrophie  et  conséquemment 
une  transformation  dans  le  i^roupement  des  cus|)ides,  l'ensemble  de  ces 
perturbations  réalisant  un  amoindrissement  de  la  partie  ayant  eu  à 
souffrir  du  traumatisme. 

H.  —  L'hypotrophie  cesse  quand  les  conséquences  du  traumatisme 
cessent  elles-mêmes  et  l'organe,  primitivement  amoindri,  reprend,  dans 
l'état  ultérieur  normal,  sa  formation   normale. 

il.  —  Mais  si  la  formation  de  la  racine  en  quantité  de  tissu  est  aussi 
considérable  qu'elle  l'aurait  été  sans  le  traumatisme.  la  forme  même  de 
cette  racine  est  dilTérente  puisqu'elle  est  déterminée  par  un  arrangement 
différent  des  centres  dentinigènes. 

I).  —  L'absence  de  la  2"  molaire  a  permis  à  la  troisième  d'avancer  et 
prendre  en  partie  sa  place. 

E.  —  Cette  dent,  3^  molaire,  a  migré  en  avant  et  ne  s'est  pas  inclinée, 
n'a  pas  transformé  ainsi  sa  face  triturante  en  face  mésiale. 

F.  —  Elle  a  été  parfaitement  utilisée,  car  elle  porte  les  traces  mani- 
festes de  l'usage ,  représentées  par  les  cupules  d'ivoire;  la  1''  cuspide 
interne  est  elle-même  disparue  et  remplacée  par  une  cupule  d'usure,  cela 
est  expliqué  par  la  migration  qui  a  changé  les  points  d'antagonisme. 

Je  suis  très  très  heureux  d'avoir  eu  la  bonne  fortune  de  posséder  un 
document  très  rare  en  somme,  et  qui  pourra  grandement  servir  à  l'his- 
toire de  la  3^  molaire,  chez  l'homme  surtout.  C'est  en  effet  un  très  heu- 
reux hasard  qui  a  fait  coïncider  le  traumatisme  avec  le  moment  précis 
de  la  formation  de  la  couronne  de  la  3^^  molaire.  Heureux  hasard  qui  se 
double  de  l'intérêt  de  constater  l'influence  de  ce  traumatisme  justement 
sur  une  mandibule  d'animal,  un  gorille,  chez  lequel  les  fractures  du 
maxillaire  ne  doivent  pas  être  très  fréquentes. 

Je  ne  sais  si,  parmi  les  pièces  osseuses  d'anatomo-pathologie  que 
possèdent  nos  musées,  il  se  trouve  un  échantillon  humain  semblable.  Je 
me  promets  de  chercher  de  ce  côté;  et  si  j'ai  la  chance  de  découvrir  un 
pareil  document,  je  m'empresserai  de  vous  en  entretenir. 


ANTHONY.   —  ADAl'TATKlN  1)1'   THn»A\   Al\  KONCTIONS   l<h>l'lHATUlUE>  393 


UNE  ADAPTATION    DU   THORAX   DES  VIEILLARDS    AUX   FONCTIONS    RESPIRATOIRES 

Le  mécanisme  de  production  de  l'articulation  intrachondrale 
de  la  première  sternocôtei. 

l*Ai{  M.   II.   .\miidny. 

Au  moment  où  je  faisais,  au  Laboratoire  d'Anatomie  de  la  Faculté  de 
Médecine  de  Lyon,  ma  Ihùse  de  Doctorat  en  Médecine  sur  «  Le  Sternum  et 
ses  connexions  dans  la  série  des  Mammifères  »  (1895-1898)  ',, j'eus  l'occasion 
d'examiner  un  très  grand  nombre  de  cadavres  humains  au  point  de  vue 
de  l'anatomie  de  la  région  thoracique  antérieure. 

Au  cours  de  ces  recherches  le  fait  suivant  me  frappa  :  un  grand  nombre 
d'entre  eux  présentaient  dans  le  corps  même  du  premier  cartilage  costal 
ou  sterno-cùte  une  articulation  ayant  tous  les  caractères  d'une  diarthrose  ; 
particularité  remarquable,  cette  diarthrose  supplémentaire  se  rencontrait 
uniquement  chez  des  vieillards. 

Tout  en  songeant  que  là  ne  devait  point  être  une  simple  coïncidence 
et  qu'on  réalité  cette  articulation  ne  devait  se  développer  (pi'avec  l'âge, 
je  ne  me  rendis  pas  compte  sur  le  moment  du  mécanisme  exact  de  sa 
production,  et,  tout  entier  à  l'étude  spéciale  qui  m'occupait  alors,  je  remis 
à  plus  tard  le  soin  de  résoudre  cette  question. 

Ayant  depuis  cetlfdale  examiné  encore  un  grand  nombre  de  squelettes 
à  ce  point  de  vue,  je  crois  être  maintenant  en  état  de  résoudre  ce  petit 
problème  d'adaptation  mécanique  qui,  il  m'a  paru  du  moins,  n'est  pas 
sans  présenter  un  certain  intérêt. 

Rappelons  d'abord  très  brièvement  en  vue  d'aider  à  la  compréhension 
du  sujet  :  1°  les  connexions  normales  des  différentes  pièces  de  la  région 
thoracique  antérieure  chez  l'homme  ;  2°  la  marche  de  l'infiltration  osseuse 
des  cartilages  costaux  avec  l'Age. 

l.  Le  squelette  de  la  région  antérieure  du  thorax  chez  l'homme  com- 
prend, on  le  sait,  outre  les  clavicules  dont  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper,  le  sternum  et  les  cartilages  costaux  ou  sternocotes. 

Le  sternum  au  lieu  d'être  formé  de  sternèbres  séparées  comme  il  l'est 
chez  les  Carnassiers  et  les  Singes  inférieurs  par  exemple,  est  formé,  chez 
l'homme  adulte,  de  trois  parties:  ^t,  le  manubrium  qui  représente  la  !'« 
sternèbrc  et  l'ensemble  des  vestiges  des  sternèbres  préthoraciques.  ?,  le 
mesosternum  qui  représente  les  sternèbres  2,  3,  4,  5,  6  synostosées. 
Y,  le  xiphisternum  ou  appendice  xiphoïde  qui  représente  les  vestiges  des 
sternèbres  post-thoraciqucs  * . 


1  R.  Anthony.  —  Du  sternum  et  de  ses  connexions  avec  le  membre  thoracique, 
Paris,  Oct.,  Doin.  ùditeur,  1898. 

-  Voir  à  cî  sujet:  B.  Anthony.  —  Notes  sur  la  morphologie  du  sternum  chez  les 
Mammifères  {Bull.  Soc.  d'Anthrop.,    1900. 


:{!ll  i  (ii;T(tliltK   iiKir. 

|,t"  iiiimihrium  esl  joint  au  mesosleinuin  par  une  arliculalion  qui  esl 
taiilùl  uiif  ainphiaiUirusi;  du  j^enro  des  symphyses,  c'est-îi-dire  forméo 
d'un  (il)ru-cai'lilai;o  assez  lAclie,  lanlùL  uni'  diailhrose  véritable  ou  arlicu- 
lalion cavilaire.  Ces  deux  pièces  fornienl  entre  elles  un  angle  très  obtus 
à  saillie  antérieure  (jue  les  médecins  appellent  souvent  Vaiu/le  de  Louis- 
(Jnelle  que  soil  la  nature  di-  l'articulation  de  l'angle  de  Louis,  elle  est 
généralement  ilouée  chez  l'adulte  d'une  mobilité  appréciable. 

Le  xiphislernum  est  souvent  en  continuité  osseuse  avec  le  mesoster- 
num  ;  d'autres  fois  il  en  est  simplement  séparé  par  une  mince  couche 
carlilagineuse  qui  ne  permet  pas  en  tous  cas  une  grande  mobilité. 

Le  sternum  est  en  rapport  par  ses  Ijords  latéraux  avec  les  clavicules  et 
les  carlilages  costaux.  Ceux  de  ces  derniers  i\n\  sont  en  connexion  avec 
le  sternum  sont  normalement  comme  l'on  sait  au  noml)rede  7.  Le  l*"",  très 
court  1^:2  centimètres  d'ordinairej.  s'articule  avec  le  manubriuin  par  une 
articulation  du  genre  des  synchondroses,  la  substance  cartilagineuse  de 
l'arc  costal  étant  directement  juxtaposée  à  la  substance  osseuse  du 
nianubrium  sans  interposition  de  cavité  synoviale  ou  de  fibro-cartillage 
lâche.  La  synchondrose  est  une  articalalion  immobile.  Les  6  autres  car- 
tilages costaux  s'articulent  avec  les  bords  du  mesosternum  au  niveau  des 
anciens  espaces  intersternébraux;  le  premier  d'entre-eux  qui  est  le  2»  de 
la  série  complète  s'attache  au  sternum  au  niveau  de  l'angle  de  Louis  qui 
marque  l'union  de  la  U«  sternèbre  à  la  2®.  Les  articulations  chondro-ster- 
nalessont  (^sauf  la  première)  desdiarthroses  à  cavité  très  bien  développée 
et  permettant  des  mouvements  d'une  amplitude  assez  grande.  La  cavité 
articulaire  très  bien  développée  pour  les  premières  articulations  chondro- 
slernales  à  partir  de  la  seconde,  l'est  beaucoup  moins  pour  les  suivantes  ; 
les  sternocôtes  ne  se  trouvent  alors  reliées  au  mesosternum  que  par  du 
tissu  fibreux  assez  lâche. 

Par  leurs  extrémités  distales  les  cartilages  costaux  s'unissent  tous  aux 
cotes  par  des  synchondroses  analogues  à  celle  de  la  première  articulation 
chondro-sternale. 

Rappelons  enfin  la  présence  extrêmement  fréquente  au  niveau  des 
arcs  costaux  6,  7  et  8  et  entre  eux  d'articulations  diarthrodiales  permet- 
tant à  ces  arcs  des  mouvements  de  glissement  les  uns  sur  les  autres. 

II.  D'après  Rambaud  et  Renaut  '  dont  la  remarquable  étude  sur 
l'origine  et  le  développement  des  os  constitue  encore  l'un  des  documents 
les  plus  importants  que  l'on  ait  sur  ces  questions,  l'ossification  des  carti- 
lages costaux  suivraient  la  marche  suivante  : 

Jusque  vers  30  ans  les  sternocôtes  resterit  cartilagineuses,  A  partir  de 
cet  ilge  le  I*"  cartilage  costal  s'ossifie  à  sa  surface,  principalement  à  ses 
deux  extrémités  et  dans  ses  parties  supérieures. 

A  60  ou  70  ans  environ  il  arrive  àéire  complètement  enveloppé  d'un  cy- 


*  Rambaud  et  Ren.vlt.  —  Orif/nieel  développement  des  os,  Paris  1804. 


AliAI'l  vntiN    Ul'  Tllnltv\    U  \   l'iiNCTKiNS  ltl>riU  ViiHltK 


:{'.).•■. 


li  ndit'  osseux  souvoiil  divisé  t;n  di'iix.  iiinit.'s,  rmic  slfinali',  r.nilii'  costale. 
Quant  iui\  aiilifs  cartilai^cs.  ils  (■omiiicin'craiiMit  à  s'ossidcr  vers  40  ans 
suivant  un  mode  analoLruc  à  cflui  qui  vii-iil  d'iMn;  oxposi''.  (''est-à-dirc  en 
débutant  par  les  extrémités,  les  faces  anli-iieures  et  les  bords. 

D'une  l'aeon  générale  rossili;ation  inliMiie  dé'InileiMii  |iliis  (,ird  que 
l'externe  et  ne  serait  jamais  complète. 

Chez  la  l'emme  l'ossirication  des  cartilages  costaux  ne  eoinmence  guère 
qu'a  GO  ans  et  est  moins  complète  (]ue  chez  l'homme. 

.\os  constatations  personnelles  corroborent  à  peu  près  l'exposé  classi- 
que de  Kambaud  et  Renaut. 

Ajoutons  toutefois  que  l'on  sait  fort  bien  aujourd'hui  ([uà  partir  d'un 
certain  âge,  variable  suivant  les  individus  mais  toujours  au  delii  de  la 
soixantaine,  nous  semble-t-il  du  moins,  l'articulation  sterno-manubriale 
commence  à  s'infiltrer  de  substance  osseuse.  A  un  certain  moment  son 
ossification  devenue  complète  rend  tout  mouvement  impossible  en  cette 
région. 


Fig.  1,  —  Squelette  de  la  région  thoracique  antérieure  chez  l'Iiomme  :  1,  2,  3,  4,  5,  6, 
7,  8,  9,  arcs  costaux.  —  x,  y,  Ligne  paralli'ile  ;ï  l'axe  de  rotation  du  sternum  au 
moment  de  l'inspiration.  —  a,  a',  Lieu  d'élection  de  l'articulation  intractiondrale 
de  la  !'■'  sternocùte. 


Au  sujet  de  l'articulation  supplémentaire  sise  dans  le  l'"'  cartilage  cos- 
tal, voici  ce  que  nos  observations  nous  ont  permis  de  constater.  Elle  se  pré- 
sente avec  les  caractères  suivants  :  elle  est  paire,  généralement  symétrique, 
existe  le  plus  souvent  à  peu  près  au  milieu  de  la  sternocôte,  mais  ne  coïncide 
jamais  avec  le  point  d'union  du  l^""  cartilage  costal  soit  avec  la  côte  osseuse, 
soit  avec  le  sternum  (voy.  /fV/.  /).  C(;  caractère  empêche  parconséquent  de 
pouvoir  la  confondre  avec  la  1"  articulation  chondro-sternale  qui  se  trouve 
dans  certains  cas  anormaux  être  unediarthrose.  Au  point  où  elle  setrouve 


396  4  ocToiiHE  190G 

il  existe  loujoursun  gondement  assez  marqué  de  la  slernocôte,  et,  c'est  au 
niveau  de  ce  gonlleinenl  môme  qu'on  perroildes  mouvements  articulaires. 
Si  on  fait  une  coupe  longitudinale  par  rapport  ;i  l'arc  costal  (coupe  coro- 
nale)  de  cette  sorte  de  petite  tumeur,  on  voit  qu'elle  est  ainsi  constituée 
d'une  faron  très  schémati(jue  : 

En  dehors,  le  périchondre  épaissi  forme  une  sorte  de  manchon  fibreux 
h  l'intérieur  duquel  sont  les  deux  extrémités  de  la  sternocôte  ossiQée, 
rugueuses,  mais  néanmoins  nettement  encroûtées  de  cartilage.  Le  pour- 
tour de  la  cavité  aiticulaire  est  rempli  d'une  sorte  de  contenu  caséeux 
dont  l'origine  sera  ultérieurement  expliquée.  (Voy.  fig.  2.) 


1. 

,--. 

-- 

4 

'3 

-- 

6.- 

i' 

5 


Fig.  2.  —  Disposition  schémntique  de  l'articulation  intrachondrale  de  la  i""»  sterno- 
cùte  :  1,  premier  arc  costal.  —  2,  manubriuru  sterni.  —  3,  cavité  articulaire.  — 
t,  cartilage  articulaire.  —  5,  capsule  articulaire.  —  6,  magma  caséeux  intraarticu- 
lairc. 

L'ensemble  de  ces  caractères  morphologiques  (gonflement,  irrégularité 
des  surfaces  articulaires,  présence  d'une  sorte  de  magma  caséeux)  empê- 
chent, en  admettant  même  que  l'on  fasse  abstraction  de  la  position  si  spé- 
ciale, de  confondre  cette  articulation  avec  une  diarthrose  chondro-sternale 
anormale. 

En  raison  du  raccornissement  inévitable  que  subissent  les  parties  car- 
tilagineuses et  de  la  section  qu'on  fait  du  l^r  arc  costal  pour  les  besoins 
des  autopsies  et  du  montage,  il  est  difficile  de  constater  la  présence  ou 
l'absence  de  la  diarthrose  supplémentaire  du  l^f  arc  costal  sur  des  sque- 
lettes secs  et  montés.  Ce  sont  donc  surtout  les  cadavres  frais  elnon  autop- 
siés qui  se  prêtent  à  sa  recherche.  Or,  on  sait  combien  dans  les  Ecoles  de 
Médecine  il  est  difficile  de  s'en  procurer  en  suffisamment  grand  nombre. 
Néanmoins,  pendant  le  cours  de  trois  années,  j'ai  pu  en  examiner  59  à  la 


ANTHONY.   —    ADAPTATION  DP  THORAX   AIX  K(»NCTIONS  RESPIRATOIRES  397 

Facullt!  lie  .Mi'Jo^ine  de  Lyon.  Kl  il  in'u  él''  possible  de  ré[>:irlir,  ;iii  point 
de  vue  de  leur  âge,  ces  o\)  cadavres  en  cint}  catégories  : 

l"""  Oatégorie Ftetus 14 

2e  Culéyoric de.  0  ii  20  ans 10 

3«  «liitégoric de  20  il  40  ans i:{ 

4"  Catégorie de  40  ii  (»')  ans 8 

5"   Catégorie au-dessus  de  GO  ans 14 

Sur  ces  59  individus,  j'ai  rencontré  5  cas  seulement  de  diarthroscs  sur 
le  trajet  de  la  l"""  slernocôte.  Tous  les  cinq  se  rapportaient  à  la  5«  caté- 
gorie, celle  des  vieillards  ayant  60  ans  et  plus,  laquelle  était  ainsi  consti- 
tuée. 

Cf (JO  ans  (articulation). 

P  .  .  .    (jl  ans. 

cf 01  ans. 

cf 00  il  05  ans  environ, 

cf 05  ans. 

p 68  ans  (arlirul.iUon). 

cf 71  ans. 

p 72  ans. 

p 77  ans. 

cf !^0  ans  (articulation). 

p 80  ans. 

p 81  ans. 

cf 82  ans  (arliculalion). 

p 85  ;ins. 

On  peut  donc  dire  qu'avant  60  ans  on  n'a  guère  de  chances  de  rencontrer 
la  diartlirosc  supplémentaire  du  1"  arc  costal,  mais  (ju'à  partir  de  60  ans 
on  la  rencontre  dans  environ  35.71  pour  100  des  individus. 

Notre  série  se  compose  exactement  de  7  hommes  et  de  7  femmes. 

Sur  les  7  hommes  4  présentaient  la  diarthrose  en  (juestion . 

Sur  les  7  femmes  1  seule  la  présentait. 

On  pourrait  donc  dire  si  notre  série  était  suffisante  en  nombre  : 

1"  Chez  l'homme  à  partir  de  60  ans  la  diarthrose  supplémentaire  du 
1"'  cartilage  costal  se  rencontre  dans  57.14  pour  100  des  cas; 

2°  Chez  la  femme  à  partir  de  de  60  ans  elle  se  rencontrerait  seulement 
dans  11.11  pour  100  des  cas. 

En  résumé,  ce  qui  est  certain,  c'est  que  l'articulation  diarthrodiale  de  la 
l"  sternocote  paraît  exister  exclusivement  au  delà  de  60  ans,  et,  cju'elle 
semble  notablement  plus  fréijuente  chez  l'homme  (}ue  chez  la  femme. 

Pour  essayer  de  comprendre  le  mécanisme  de  sa  formation,  il  est  indis- 
pensable de  faire  appel  aux  connaissances  que  nous  possédons  sur  les 
mouvements  du  sternum  et  le  mode  d'amplitude  antéro-postérieure  de  la 
cage  Ihoracique  au  moment  de  l'acte  respirjiloirc. 

Les  physiologistes  admettent  qu'au  moment  de  l'inspiration  le  volume 

soc    DANTHROP.  "1906.  28 


398 


4    OCTOBRE    1906 


(le  la  cavilt'  Ihoracique  augmente  ;\  la  fois  suivant  siîs  trois  diamètres 
anléro-poslérieur,  bilatéral  et  vertical.  L'augmentation  du  diaiurlie  an- 
téro-postérieur  se  produit  de  la  façon  suivante  :  les  côtes  tournent  autour 
d'un  axe  perpendiculaire  ;i  la  colonne  vertébrale  et  passant  par  les  arti- 
culations costo-verlébrales  et  costo-transversaires  droite  et  gaucbe  cor- 
respondantes. 11  en  résulte  que  le  sternum  est  projeté  en  avant  et  en  baut. 
Si  les  côtes  étaient  toutes  égales,  le  sternum  se  déplacerait  parallèle- 


Fig.  3.  —  Schéma  destiné  à  rappeler  le  mouvement  de  bascule  du  sternum  au  mo- 
ment de  l'inspiratinn  :  x,  y,  direction  générale  du  rachis.  —  \,  2,  3,  4,  ô,  6,  7,  po- 
sitions des  arcs  costaux  pendant  l'expiration.  —  1',  2',  3',  4',  5',  6',  7,  positions  de 
ces  mêmes  arcs  costaux  pendant  l'inspiration.  —  o,  o',  points  par  lesquels  peut 
passer  l'axe  de  rotation  du  .sternum. 


ment  à  lui-même  d'arrière  en  avant  et  de  bas  en  haut  (voy.  Fig.  3)  comme 
cela  a  lieu  pour  la  portion  de  cet  os  comprise  entre  6  et  7,  les  côtes  6  et  7 
étant  en  projection  sensiblement  égales;  mais  comme  elles  diminuent  de 
longueur  de  bas  en  haut  il  subit  en  réalité  un  mouvement  de  bascule 
tournant  autour  d'un  axe  bilatéral  situé  quelque  part  au  voisinage  de 
son  extrémité  supérieure  et  parallèle  à  x  y  (voy.  fig.  1). 


ANTIIilNV.    —  AOAl'TATInN;   1)1'  TIKIUAX  AIX  Ko.vmONS  RESPIRAT(JIRKS  3'Jt) 

Dans  la  ligure  3  j'ai  essayé  de  représenter  très  sohéinatiqueineftt  les 
éléments  osseux  de  la  cage  thoraciquo  humaine,  x.  y  figure  le  rachis 
dont,  pour  la  facilité  de  la  démonstration,  j'ai  supprimé  les  courbures. 
i,  2,  3,  4,  5,  6,  7  représentent  pendant  l'expiration  les  sept  premiers  arcs 
costaux  avec  leurs  longueurs  relatives  on  projections,  c'est-à-dire  directe- 
ment d'une  extrémité  à  l'autre.  On  voit  que  ces  arcs  diminuent  progressi- 
V3ment  de  longueur  de  bas  en  haut,  les  G«  et  1'  étant  toutefois  sensible- 
ment égaux  ;  la  diminution  de  longueur  devient  plus  rapide  pour  les 
côtes  supérieures.  Je  leur  ai  donné  sensiblement  l'inclinaison  qu'ils  pos- 
sèdent on  réalité  sur  le  rachis  et  j'ai  supposé  que  cotte  inclinaison  était 
semblable  pour  tous,  bien  qu'en  réalité  elle  soit  un  peu  plus  grande  pour 
les  côtes  supérieures  que  pour  les  cotes  inférieures  (je  veux  parler  bien 
entendu  do  Viiulinnlson  de  lu  liijne  jai'jnnnl  (es  (leur  extrémités  de  l'arc  coslnl). 
{',  -2',  3',  i',  o",  G",  7'  représentent  los  mômes  arcs  costaux  pendant  l'ins- 
piration. J'ai  supposé  que  l'ampliludo  du  mouvement  de  rotation  autour 
de  l'axe  transversal  était  le  mémo  pour  chacun  d'eux;  on  réalité,  ce  mou- 
vement de  rotation  parait  être  un  peu  moins  ample  pour  les  arcs  costaux 
supérieurs.  Quoi  qu'il  en  soit,  celte  figure  permet  de  se  rendre  compte 
que  le  sternum  qui  au  momentde  l'expiration  est  en  1-7  passe  au  moment 
de  l'inspiration  on  1',  7'.  Si  on  prolonge  les  lignes  i,  2  et  1',  2'  on  voit 
qu'elles  se  rencontrent  quoique  part  en  un  point  situé  sur  l'axe  de  rota- 
lion.  La  diminution  d'amplitude  du  mouvement  de  rotation  du  premier 
arc  costal  abaisse  le  point  0 jusqu'au  0'  très  voisin  de  l'extrémité  supé- 
rieure du  sternum.  Pendant  les  mouvements  d'inspiration,  quand  1,7 
passe  en  1'  7'  les  angles  que  font  les  arcs  costaux  avec  le  sternum  chan- 
gent nécessairement  de  valeur,  comme  la  figure  3  permet  de  s'en  rendre 
compte,  et  cela  n'est  possible  que  grâce  à  la  liberté  des  articulations 
costo  sternales.  Les  six  dernières  côtes  sont  munies,  on  le  sait,  d'articu- 
lations diarlhrodiales,  avec  le  sternum.  On  comprend  donc  aisément 
comment  les  choses  peuvent  se  passer,  mais  pour  le  l*""  arc  costal  dont 
la  substance  est  en  continuité  directe  avec  celle  du  sternum,  le  change- 
ment de  valeur  de  l'angle  i,  lorsque  i  passe  en  1',  ne  peut  être  obtenu 
que  par  un  certain  mouvement  de  torsion  de  la  portion  cartilagineuse  de 
cet  arc. 

C'est  ainsi  en  réalité  que  les  choses  se  passent  tant  que  l'homme  est 
jeune  et  (juc  son  l*»- cartilage  costal  est  (Icxible.  Mais  à  mesure  qu'il 
vieillit,  ce  cartilage  s'infiltre  de  substance  osseuse,  laquelle,  partant  à  la 
fois  de  la  côte  et  du  sternum,  limite  de  plus  en  plus  l'espace  llexible, 
celui  où  la  torsion  est  possible.  Comme  de  cette  façon  la  torsion  se  fait 
sur  une  longueur  progressivement  réduite,  elle  devient  de  plus  en  plus 
ample  et  le  cartilage  s'usant  peu  à  peu,  il  Unit  par  se  former  au  milieu 
de  la  l""»  sternocôte  une  véritable  articulation.  Le  magma  caséoux  (|ui 
l'entoure  n'est  autre  chose  que  le  produit  d'usure  dos  cartilages. 

La  formation  de  l'articulation  supplémentaire  du  l»""  cartilage  costal  est 
donc  bien  nettement  la  conséquence  de  l'ossification  avec  l'Age  de  ce  pre- 
mier cartilage  costal. 


400  ^  oCToiiuE  1900 

Une  autre  cause,  (M1  quelque  sorte  adjuvanle,  de  sa  production,  est 
aussi  i'ankylose  progressive  avec  l'Age  de  l'articulation  de  l'angle  de 
Louis.  Comme  on  peut  s'en  rendre  compte  sur  la  ligure  3,  pendant  le 
mouvement  d'inspiration  le  sternum  se  replie,  pour  ainsi  dire,  et  si  sa 
longueur  réelle  reste  la  même,  la  distance  de  son  sommet  1  à  sa  terminai- 
son 7  est  diminuée  ;  dans  la  réalité  des  choses,  ce  résultat  est  surtout  ob- 
tenu par  une  légère  flexion  de  l'angle  de  Louis.  L'ankylose  de  ce  dernier  a 
pour  elVet  d'augmenter  encore  le  mouvement  de  torsion  dont  le  i»-""  carti- 
lage costal  est  le  siège  et  participe  de  ce  fait  à  la  production  de  son  arti- 
culation supplémentaire. 

Dans  celte  démonstration  nous  avons  complètement  fait  abstraction  de 
la  lioxibilité  des  cartilages  costaux  des  côtes  2,  o,  4,  5,  6,  7,  elle  a  cepen- 
dant son  importance  ;  mais  cela  nous  eût  entraîné  trop  loin  de  notre 
sujet.  11  y  a  d'ailleurs  beaucoup  a  dire  encore  sur  les  caractères  d'adap- 
tation fonctionnelle  des  différents  éléments  de  la  cage  thoracique  et  nous 
comptons  y  rcvenirultérieurement  dans  un  mémoire  spécial. 

Bien  des  anatomistes  ont  vraisemblablement  avant  moi  constaté  la 
présence  de  l'articulation  supplémentaire  du  l"^""  cartilage  costal,  laquelle, 
tout  compte  fait,  n'est  point  rare,  mais  aucun  n'a  paru  nettement  saisir 
le  mécanisme  exact  de  sa  formation.  Le  premier  qui  en  ait  parlé  est  lleu- 
singer  '  qui  en  cite  un  exemple  pair  et  symétrique  chez  un  homme  de 
56  ans.  Luschka  ^  en  a  donné  également  deux  bonnes  représentations, 
l'une  complète  chez  un  homme  de  60  ans,  l'autre  en  formation  chez  un 
homme  de  oo  ans.  llelm  '  en  cite  aussi  un  cas  assy métrique  chez  une 
femme  de  60  ans.  M.  Leboucq  '',  enfin,  a  écrit  dans  un  mémoire  récent  le 
passage  suivant  : 

«  Articulation  dans  te  corps  de  la  l'°  côte.  —  Il  s'agit  d'un  vieillard  chez 
lequel  la  4'"  cote  présente  de  chaque  côté  un  épaississement  considérable 
avant  de  s'unir  au  manubrium  du  sternum. 

La  partie  épaissie  occupe  environ  le  tiers  antérieur  de  la  côte.  Le  carti- 
lage a  complètement  disparu  sous  des  plaques  d'ossification,  de  sorte  que 
l'extrémité  distale  des  !'«»  côtes  et  le  manubrium  sont  complètement 
synostosés  ;  mais  à  droite,  à  une  distance  de  25  millimètres  en  dehors  de 
la  limite  latérale  du  manubrium  encore  assez  bien  distincte,  il  y^  a  une 
articulation  entre  le  segment  vertébral  et  sternal  de  la  côte.  Les  surfaces 
en  contact  sont  raboteuses,  mais  recouvertes  de  cartilages  et  un  fort 


'  HEU.SINGER.  —  Merkwurdige  métamorphose  de  Brustheins  und  der  ersten  Rippen. 
Meckel's  Arch.,  VI,  1820. 

'  Luschka.  —  Die  anomalen  articulationen  des  ersten  Rippenpai'es.  Sitsungs 
der  Math.  Naturirisscnsch.  Classe  der  K.  Akad  der  Wissenschaften.  Bd.  39,  1860, 
Wien. 

•''  IIelm.  —  Einseilige  rudimentâie  Entwickelung  der  ersten  Rippe,  etc.  Anatom. 
Anzeicjer.  Bd  X.  a*  17,  1895. 

*  liEBOUCQ.  —  Reclierches  sur  les  variations  anatomiques  de  la  première  côte 
chez  l'homme.  Archives  de  Biologie,!.  XV,  1897. 


OUVRAGES    OKKKnTS  401 

ligament  périphérique  les  maintenait  en  contact.  —  Pour  le  reste,  rien 
(le  particulier  à  mentionner;  le  manubrium  est  encore  distinct  du  corps 
du  sternum;  il  y  a  sept  paires  de  vraies  eûtes  ». 

En  recherchant  soigneusement  dans  la  lillt'raturi'  anafonii(juo,  on  trou- 
verait certainement  d'autres  cas  encore. 

Leboucq,  qui  vient  de  faire,  assez  récemment,  une  révision  des  variations 
anatomiipies  de  la  première  côte,  considi'^re  simplement  tous  ces  cas 
comme  des  cas  de  rudiincntnlion  de  la  /'«  côle.  Apri^s  l'exposé  de  ce  qui  pré- 
cède, nous  croyons  inutile  d'insister  davantage  sur  l'interprétation  qui 
nous  parait  devoir  être  donnée  à  ces  faits. 

Le  seul  auteur  (]ni  pensait  en  avoir  entrevu  l'explication  rationnelle  est 
llcdm.  Dans  son  travail  déjà,  il  émet  cette  opinion  que  la  production  de 
l'articulalion  qui  noife  occupe  pourrait  l)i(Mi  être  considérée  comme  une 
sorte  de  compensation  à  la  perle,  par  le  fait  de  l'ossification,  de  l'élasticité 
du  !"■  cartilage  costal. 

CONCLUSIONS 

1°  Il  existe  parfois  chez  ihonime  une  diarthrose  supplémentaire  sur  le 
ti-ajet  du  1"'  arc  costal  cartilagineux  ; 

'2°  Cette  diarthrose  semble  être  le  plus  souvent  paire  et  symétrique  ; 

3"  Elle  n'a  guère  été  olj^ervée  que  sur  des  sujets  ayant  moins  de  60 ans. 
A  [tarlir  de  60  ans,  on  peut  la  rencontrer  dans  33.71  pour  100  des  cas  en- 
viron, ilisons  en  gros  dans  1  cas  sur  3  ; 

4"  Elle  paraît  plus  fréquente  chez  l'homme  (où  on  l'observe  dans  57.64 
pour  100  des  cas,  disons  en  gros  dans  1  cas  sur  2),  que  chez  la  femme 
{OÙ  on  l'observe  dans  11.11  pour  100  des  cas,  disons  en  gros  dans  1  cas 
sur  10).  Cela  est  d'accord  avec  ce  fait  que  l'ossification  des  cartilages 
costaux  est  plus  tardive  chez  la  femme  que  chez  l'homme  ; 

o"  La  formation  de  cette  articulation  supplémentaire  paraît  être  en  rap- 
port avec  les  nécessités  respiratoires  et  être  la  conséquence  de  la  perte 
d'élasticité  par  ossification  progressive  du  l'r  cartilage  costal  et  accessoire- 
ment de  la  perte  de  souplesse  de  l'articulation  manubriomésosternale. 


832«  SKW'CE.  —  IS  Oclolii'c   lOOli. 
Présidence  de  M.  IIamv. 

OUVRAGES   OFFERTS 

Marcki,  Haiddi  in  ot  G.  Lacoiloi-mkhi:.  —  Découvertes  de  stuUnns  rjullo- 
romaines  sur  Vancien  rivage  du  ILivre  de  la  Cac/i^i'-e  (Vendée).  —  Urorh., 
in-S".  41  p.,  14  fig. 

Cette  brochure,  extraite  de  Y  Annuaire  de  la  Société  d'émulalioi  de  la 
Vendée  pour  1005,  contient  la  description  très  détaillée  de  trois  stations 
gallo-romaines  inédites,  des  côtes  de  la  Vendée,   découvertes  au  cours  d'une 


40-2  18  OCTOBRE  1906 

mission  dont  les  aiitcms  l'iironl  diargt's  pour  rechercher  \a  situation  ihi  /  orlus 
Secor,  en  Vendée. 

L'une  d'elles  corres|)oiul  h  une  villa,  dont  il  siii)sisto  enrore  de  nombreux 
restes;  elle  est  importante,  parce  quelle  indique  l'existence  d'un  centre  romain 
i\  l'entrée  du  ilAvre  de  la  (iachère.  Les  deux  autres  sont  moins  importantes. 

Ces  trouvailles  démontrent  que  les  Romains  s'étaient  établis,  en  somme,  tout 
le  long  de  l'Océan  vendéen,  et  qu'ils  ont  laissé  des  traces,  même  là  où.  jusqu'à 
présent,  on  n'avait  pas  soupçonné  leur  pénétration. 

Makcei.  Haidoiin.  —  Contribution  à  l'étude  du  préhistorique  dans  les 
Marais  modernes.  —  Paris.  liK)6,  in-S».  12  p.,  3  fig. 

Cette  plaquette  est  consacrée  à  la  description  d'une  cachette  de  l'âge  du 
brome,  trouvée  dans  le  marais  de  Saint-Hilaire-de-Riez  (Vendée),  et  d'une 
trouvaille  de  haches  polies  faite  dans  le  même  endroit,  au  Loisson. 

Ces  découvertes  sont  intéressantes,  parce  qu'on  ne  peut  les  expliquer,  au 
milieu  des  marais  de  formation  post-romaine,  que  par  des  faits  particuliers,  très 
intéressants  au  point  de  vue  de  la  géologie  du  Néolithique  et  de  la  chronométrie 
préhistorique. 

Dans  le  cas  spécial  du  Loisson,  l'existence  des  vestiges  trouvés  est  dû  à  ce 
qu'il  y  a  eu  jadis  tm  îlol,  qui  était  réuni  au  continent  à  l'époque  de  la  pierre 
polie  et  du  bronze,  et  qui  s'est  formé  vers  l'époque  romaine,  pour  se  réunir  à 
nouveau  au  continent  à  la  période  moderne. 

11  n'y  a  guère  qu'en  Vendée  qu'on  peut  observer  en  France  des  phénomènes 
de  cette  nature  :  et  c'est  ce  qui  constitue  le  principal  intérêt  de  ce  mémoire, 
présenté  au  /«'"  Congrès  préliistorique  de  France  à  Périgueux  en  1905. 

Mahcel  Raidouin  et  (1.  Lacoui.oumkhe.  —  Les  vestiges  mégalithiques  de 
Sainl-Marlin-de-Breyn  (Vendée).  — Paris,  190fi.  in-S",  40  p.,  11  fig. 

Cette  plaquette,  extrait  des  Bulletins  de  la  Société  préhistorique  de 
France  (19U6).  contient  la  description  des  mégalithes  et  des  restes  mégalithi- 
ques de  la  commune  de  Saint-Martin-de-Rrem  (Vendée),  qui  n'ont  pas  déjà  fait 
l'objet  de  mémoires  spéciaux  de  ces  auteurs. 

Ces  vestiges  de  l'âge  de  la  pierre  polie  ont  des  caractères  particuliers,  en 
raison  delà  nature  du  sol,  qui  ne  fournissait  que  de  très  petits  éléments  d'ar- 
chitectonique.  Ils  sont  pour  la  plupart  de  signification  encore  indéterminée,  car 
ils  sont  tous  à  moitié  détruits,  ou  complètement  disparus.  Des  fouilles,  faites  au 
niveau  de  certains  d'entr'eux,  n'ont  rien  donné  :  ce  qui  n'a  rien  de  surprenant. 

Les  auteurs  en  tout  cas.  ont  examiné  le  cadastre  avec  le  plus  grand  soin  et 
en  ont  tiré  une  foule  de  renseignements  préliistoricjues.  inédits  et  insoupçonnés. 
De  nombreux  plans  situent  «le  façon  très  précise  tous  les  monuments  décrits. 

Marcel  Raudouîn  et  G  Lacouloumère.  —  Découverte  d'unpolissoirà  Saint- 
Yincent-sur-Jard  (Vendée).  —  Paris,  1906,  in-8",  10  p.,  3  fig. 

Cette  plaquette,  extraite  du  /  ■"  Congrès  préhistorique  de  France,  session 
de  Périgueux  (1905),  contient  la  description  détaillée  d'un  bloc  de  grès  cénoma- 
nien,  qui  jusqu'à  présent  avait  été  pris  pour  un  élément  dolménique  et  qui  en 
réalité  n'est  qu'un  bloc  erratique,  à  2  cupules  de  polissage  très  caractéristiques. 

On  trouvera  dans  ce  mémoire  d'intéressants  documents  sur  le  préhistorique 
de  la  commune,  qui  vient  de  faire  l'objet  d'un  nouveau  travail,  plus  important, 
des  auteurs,  soumis  au  [["  Congrès  j^ràhistorique  de  France,  à  Vannes,  en 
1906. 


AVEun.  —  sun  in  questionnaire  de  linguistique  i03 

SUR   UN   QUESTIONNAIRE   DE   LINGUISTIQUE 
1*AR    M.    AVELOT. 

Vous  devez  être  frappés  comme  moi  de  la  difficulté  (]ue  Ton  éprouve 
à  se  procurer  des  documents  ethnographiques,  môme  1res  simples,  sur 
des  peuplades  pourtant  fréquentées  depuis  longtemps  par  les  Européens. 

Il  y  a  c\  cela  deux  causes  principales  :  l'ignorance  de  certains  informa- 
teurs, la  négligence  des  autres. 

Un  voyageur,  fùt-il  doué  d'un  esprit  cultivé  et  chercheur,  ne  connaît 
généralement  pas  les  points  sur  lesquels  il  doit  porter  plus  spécialement 
son  attention.  11  nous  raconte  longuement  les  épreuves  qu'il  a  dû  affronter; 
il  nous  fait  d'une  façon  suffisante  la  géographique  physicjue  et  économique 
des  régions  qu'il  a  vues:  mais  il  ne  nous  donne  qu'une  image  très  impar- 
faite des  peuples  qu'il  a  visités,  soit  qu'il  n'ait  pas  su  observer,  soit  plutôt 
qu'il  n'ait  pas  cru  ce  qu'il  voyait  digne  d'èti-e  noté.  Vous  connaissez 
l'histoire  de  l'okapi.  Un  officier  belge  revenant  d'Afrique,  étonné  d'ap- 
prendre qu'un  Anglais  a  découvert  un  helladothevium  vivant  dans  les 
forêts  du  (longo,  va  visiter  l'okapi  empaillé  du  .Musée  de  Tervueren  et 
laisse  échapper  cette  exclamation  :  u  Ça!  il  y  a  dix  ans  que  j'en  mange.  » 

Eh  bien!  cette  histoire  est  celle  de  !a  presque  totalité  des  voyageurs, 
qui  n'ont  pas  su  se  préparer  à  leur  mission  par  un  dressage  spécial. 
H  abêtis  reum  confitentem. 

Vous  avez  cherché  à  remédier  à  celte  ignorance  par  la  création  d'un 
questionnaire  de  sociologie  et  d'elhnographi(\  questionnaire  logique,  clair, 
complet,  fort  bien  fait  en  un  mot.  11  y  a  vingt-trois  ans  (|ue  ce  question- 
naire existe.  Et  cependant  les  monographies  qu'il  aurait  dû  susciter  peu- 
vent se  compter  facilement   Pourquoi? 

Premièrement  ce  questionnaire  est  trop  peu  connu.  Je  l'ignorais  au 
moment  de  mon  départ  en  Afrique^,  et  c'est  pour  moi  un  regret  de  tous  les 
instants  de  songer  aux  précieuses  informations  que  j'aurais  pu  recueillir 
facilement  si  j'avais  pensé  à  poser  certaines  questions.  Je  sais  d'ailleurs 
bien  des  camarades  qui  sont  dans  mon  cas! 

En  second  lieu,  le  questionnaire  est  un  peu  long  pour  rKuropécn, 
militaire,  fonctionnaire,  missionnaire  ou  colon,  dont  les  occupations  pro- 
fessionnelles absorbent  une  grande  partie  du  temps.  Trois  cents  (piestions, 
et  des  questions  dont  quelques  unes  appellent  des  réponses  dem.mdant 
un  certain  développement!  C'est  beaucoup,  surloutdans  les  pays  tropicaux, 
où  le  blanc  anémié  voit  souvent  sa  volonté  frappée  dinhiliilion. 

Enfin  et  surtout  le  questionnai.'c  s'adresse  à  une  minorité  cultivée, 
alors  que  les  informateurs  les  plus  nombreu.x  ne  sont  pourvus  (juc  d'une 
instruction  rudimentaire.  Dans  notre  empin;  colonial,  po:ir  ne  parler  que 
de  ceiui-là,  il  n'est  aujourd'hui  pour  ainsi  dire  pas  de  tribu  près  de  laquelle 
ne  se  trouve  un  sous-officier,  un  commis  des  affaires  indigènes  ou  un 


404  IH  ocroHUK  lUOti 

agent  de  factorerie.  Ces  braves  gens  nous  tlunueraicnt  volonliors  leur 
modeste  collaboration,  si  nous  la  leur  demandions,  et  j'estime  (jue  nous 
aurions  le  plus  grand  tort  de  la  négliger. 

C'est  qu'en  elTel  il  faut  se  hAter  :  les  progrès  de  la  colonisation  sont 
devenus  si  rapides  que  les  anciennes  coutumes  disparaissent  à  vue  d'œil; 
les  objets  indig<^nes  sont  remplacés  par  des  produits  manufacturés 
d'Europe;  les  groupements  ethniques  importants  se  mélangent  et  se  trans- 
forment; les  petits  disparaissent.  Un  exemple  :  il  y  a  une  vingtaine 
d'années,  les  environs  de  Franceville  étaient  peuplés  de  tribus  nombreuses, 
Anziani,  Awoumbo,  Ba-Kaniké,  Mindoumbo,  sur  lesquels  nous  ne  possé- 
dons rien,  absolument  rien,  pas  même  de  vagues  données  morjibologiques; 
aujourd'hui  ces  tribus  ne  sont  plus  représentées  que  par  quelques  indi- 
vidus qui  se  sont  réfugiés  dans  les  îles  de  l'Ogôoué.  Autre  exemple  :  à  la 
Cùte  d'Ivoire,  autour  de  la  lagune  de  (Irand-Bassam,  se  pressent  les  der- 
niers descendants  des  anciennes  peuplades  refoulées  par  l'invasion  agni- 
ashanti  :  Avikam,  Aradyan,  Ari,  Abé,  Ae,  Adyoukrou,  etc.,  ne  nous  sont 
guère  connus  que  de  nom  ^  Et  ils  vont  prochainementdisparaîlre!  Et  auprès 
d'eux  habitent  en  permanence  des  centaines  d'Européens,  qui  ne  voient 
en  eux  que  des  nègres  pareils  h  tous  les  autres, 
(jue  faire  ;i  cela  ? 

D'abord  il  importe  de  faire  connaître  notre  questionnaire  ethnographi- 
que ;  le  résultat  semble  devoir  être  atteint  aisément  par  l'intermédiaire 
des  gouverneurs  de  nos  colonies,  des  chefs  de  corps  de  notre  armée  colo- 
niale, des  supérieurs  des  missions  chrétiennes. 

En  second  lieu  il  nous  faudrait  rédiger  un  petit  questionnaire  très  court, 
très  simple,  à  lusage  de  ceux  de  nos  compatriotes  dont  l'inslruclion  est 
modeste;  après  un  examen,  assez  rapide  à  la  vérité,  il  m'a  semblé  que  ce 
questionnaire  pourrait  êlre  réduit  a  une  cinquantaine  de  questions  deman- 
dant des  réj)onses  très  courtes,  parfois  même  un  simple  «  oui  »,  un  sim- 
ple «  non  ». 

Enfin,  et  j'insiste  tout  spécialement  sur  ce  point,  il  est  urgent  d'établir 
un  petit  questionnaire  de  linguistique.  A  défaut  de  mesures  anthropomé- 
triques, les  données  philologiques  constituent  encore  le  meilleur  critère 
ethnogénique,  et  n'importe  qui  peut,  sans  fatigue,  à  bâtons  rompus, 
aligner  dans  une  colonne  les  mots  indigènes  correspondant  aux  mots 
français  de  la  colonne  voisine.  C'est  qu'en  effet  il  ne  faut  pas  songer  à 
demander  autre  chose.  Le  paragraphe  «  langues  »  de  notre  questionnaire 
laisse  l'informateur  libre  de  choisir  lui-même  son  système  de  transcrip- 
tion, les  mots,  les  phrases  à  traduire;  le  chapitre  «  linguistique  »  des 
Inslritrtions  aux  voyageurs  de  la  Société  de  Géographie  repousse  avec 
dédain  l'établissement  d'un  vocabulaire,  et  préconise  la  confection  d'une 
grammaire  avec  indications  savantes  sur  la  nature  de  la  langue  étudiée. 


•  Exception  faite  cependant  pour  les  trop  courtes,  mais  si  précieuses  données  lin- 
guistiques fournies  par  M.  Delafosse. 


VVHIOT.        -   IlECHKItCUKS   ANrillliil'n(.i){il(jlK>   SIU   l,'uS>IKl(;ATHtN  iO.") 

Notre  questioiinairc  n'est  pas  assc/.  |>ircis:  les  Insl initions  (Icmaiidcnl 
trop.  Concluskm  :  nous  n'avons  rion  ! 

Voici  comment  je  comprendrais  le  (luestionnaire  linguistique  dont  je 
viens  vous  proposer  l'établissement:  sur  la  premi(^re  page,  une  notice 
explicpiaiit  sommairement  le  prix  que  nous  attachons  aux  renseignements 
demandes  ;  sur  la  deuxième  page,  un  alphabet  de  transcription  très  sim- 
ple, sans  signes  diacritiques,  sans  lettres  étrangères;  l'alphabet  officiel  de 
l'Etat  indépendant  du  Congo  peut  servir  de  modèle;  enfin,  sur  les  deux 
dernières  pages,  une  cinquantaine  de  termes  et  une  dizaine  de  phrases, 
ces  dernières  choisies  de  telle  sorte  que  nous  puissions  en  déduire  les 
principales  règles  grammaticales,  sans  (jue  l'informateur  ait  à  s'en  préoc- 
cuper. 

•l'ai  dtme  l'honneur  de  vous  proposer  la  nomination  d'une  commission 
spéciale  de  linguistique;  il  y  a  longtemps  que  j'hésitais  à  le  faire  :  il  ne 
sied  point  en  elTet  au  disciple  d'élever  la  voix  devant 'les  maîtres.  Je 
songeais  même  à  faire  aupaiavant  une  expérience  à  dire  piivé,  en  utili- 
sant les  nombreuses  relations  (pie  j'ai  gardées  sur  la  Côte  occidentale 
d'Afrique.  Mais  notre  vice-président  et  M.  le  Docteur  Delisle,  auxquels 
j'en  ai  parlé,  ont  bien  voulu  m'encourager,  et,  fort  d'un  Ici  appui,  je 
suis  venu  vous  soumetti'c  ce  projet  dont  j'attends  les  meilliMus  ri'sultats. 


NOUVELLES     RECHERCHES     RADIOGFîAPMIQUES     SUR     L'OSSIFICATION 

DES     METACARPIENS     ET     DES     PHALANGES     CHEZ     LES     ENFANTS     NORMAUX 

ET  CHEZ  LES    HYPOTROPHIQUZS 

Erreur  d'un  anatomiste   français  sur  l'époque  d'apparition  des  points 
complémentaires  '. 

Pau    .m.     (i.     \'AnioT. 

Mes  éludes  antérieures  sur  les  modalités  anormales  de  la  croissance, 
aussi  bien  chez  les  nourrissons  que  chez  les  enfants  du  deuxième  ;^ge, 
m'ont  permis  d'i'tabiir  sur  des  bases  solides  la  noliun  d'atrophie  et 
d'hypotrophie  infantiles  ^ 

*  Communication  à  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris. 

'  Voir  mes  publications  antérieures  sur  ce  sujot  et  spécialement  :  Le  Tmilenuiit  de 
Y  Atrophie  infantile  par  le  lait  stérilisé.  Bulletin  de  la  Société  ries  Hôpilau.r.  1898. 
La  ration  alimentaire  îles  nourrissons  atraphif/i/rs  [Clinit/ue  Infantile  \Wf)).  Ktude 
radiographiquc  des  mains  et  des  pieds  dans  lro\s  cas  à'hi/pnlrn/jliif  InfuniWe) Bulle- 
tin de  la  Société  des  H6pitau.i\  lyO.i).  Les  caractères  difTérenliels  île  l'hypotrophie 
et  du  rachitisme  Société  des  Ilùpilaur,  1905).  Les  caractères  diiïércntiels  de  l'iiypo- 
trophie  et  du  rachitisme  (Société  des  Hopitau.r,  1905.  avec  planche  radiof^ra- 
phique).  Voir  aussi  Bulletin  du  Congn-s  international  des  douttes  de  Lait  (Rapport 
sur  les  Gouttes  de  Lait  considérées  comme  champs  d'observation  uiéthodiriuc  pour 
les  pédiatres).  Edition  de  Fécamp. 


•iCM)  18  .Mrn.HiiE   190H 

A  l'aide  (li>  la  balance  el  de  la  toise,  qui  nous  fournissent  des  rensei- 
gnements iinniédiats  el  précis  sur  le  poids  et  la  taille  des  enfants,  nous 
constatons  si  le  dt'-veloppoment  d'un  enfant  est  ou  non  normal. 

Mais  hien  plus,  en  comparant  le  poids  et  la  taille  d'un  enfant  avec  les 
ehilTi-es  inscrits  dans  nos  tables  de  croissance,  nous  établissons  un  rap- 
port (|iii  nous  (ixe  sur  le  </<'9>v' d 'atrophie  et  d'bypotrop'iie. 

F-a  pédiométrie  dans  l'avenir  prendra  une  importance  de  plus  en  plus 
grande,  car  en  même  temps  qu'elle  nous  indique  la  marche  de  la  crois- 
sance, elle  classe  les  enfants  en  catégories  dont  la  résistance  vitale 
semble  augmenter  avec  le  développement  organique  général,  ou  inver- 
sement :  la  mortalité  infantile  qui  est  de  15  0/0  dans  la  première  année 
de  la  vie,  descend  à  5  0/0  dans  la  deuxième.  Si  un  enfant  de  deux  ans 
n'a  que  le  poids  et  la  taille  d'un  enfant  d'un  an,  ce  qui  n'est  pas  rare,  il 
est  bien  à  craindre  qu'il  réagisse  contre  les  processus  morbides  ou  infec- 
tieux non  pas  suivant  son  âge,  mais  suivant  sa  masse.  C'est  ce  que  nous 
sommes  appelés  à  vérifier  tous  les  jours  dans  nos  services  hospitaliers  où 
le  processus  d'hypotrophie  est  si  commun  chez  les  enfants  du  peuple. 

Ces  considérations  d'ordre  un  peu  général  suffisent  à  montrer  le  haut 
intérêt  des  recherches  analytiques  sur  les  causes,  le  mécanisme  intime  du 
processus  d'atrophie  et  d'hypotrophie.  Les  lecteurs  de  \a.  Clinique  Infantile 
ont  eu  sous  les  yeux  les  beaux  travaux  expérimentaux  de  MM.  Charrin 
et  Leplay,  sur  rinfiuence  des  poisons  d'origine  gastro-intestinale  injectés 
sous  la  peau  pour  produire  l'atrophie,  le  ralentissement  de  la  croissance 
chez  les  animaux. 

Dans  une  autre  direction,  nous  venons  apporter  un  nouveau  stock  de 
faits  anatomiquos  précis  qui  nous  éclairent  sur  la  formation  et  le  mode 
de  développement  du  squelette  à  l'état  normal  el  au  cours  de  l'hypo- 
trophie. 

Bien  que  les  os  soient  cachés  plus  ou  moins  profondément,  leur  étude 
anatomique,  sur  lo  vivant,  est  devenue  bien  plus  aisée  que  celle  des 
autres  systèmes,  ou  des  autres  organes,  si  l'on  recourt  à  la  radio-photo- 
graphie. C'est  ce  que  nous  avons  fait  dans  notre  service  de  l'hôpital  des 
Enfants-Malades. 

Une  centaine  d'enfants,  depuis  l'âge  de  4  mois  jusqu'à  8  ans,  la  plu- 
part entre  1  an  et  3  ans,  ont  été  envoyés  par  nous  au  laboratoire  central 
de  radiographie  de  l'bùpital  Necker;  ce  laboratoire  est  dirigé  parM.  Contre- 
moulins. 

Pour  avoir  des  termes  de  comparaison  rigoureux,  j'ai  fait  radiographier 
une  trentaine  d'enfants  de  1  an  à  3  ans  d'un  développement  normal 
poi.r  leur  âge;  les  autres  étaient  des  atrophiques  ou  des  hypotrophiques. 

J'ai  choisi  le  squelette  de  la  main  comme  objet  d'étude,  car,  ainsi  que 
je  l'ai  établi  antérieurement,  on  y  trouve  des  repères  tout  à  fait  fixes  en 
rapport  avec  l'apparilion  des  points  d'ossification  complémentaires  aux 
premières  phalanges  et  aux  métacarpiens. 

Vhi  même  que  le  point  d'ossification  de  l'extrémité  inférieure  du  fémur 
annonce  qu'un  fœtus  est  à  terme,  de  même  l'apparition  des  points  épi- 


VAIUOT.   —  UECllEUniKS  A  NHIIli>l'iil.o(;inl  K>  Slll  l'iiSSIKICATION  407 

physairos  métacarpiens  et  plialangicns  montre  (ju'nn  enfant  approche  de 
la  deuxième  année,  ou  plus  exactement  que  son  développement  corres- 
pond à  une  taille  d'environ  75  centimMrcs.  car  l'ossilicalion  marche  avec 
la  taille  et  non  avec  l'Age  cliez  l'enfant  '. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  de  mes  ohservations,  je  tiens  à  faire 
remanjuor  que  la  radio-photographie  est  une  méthode  d'analyse  anato- 
mique  extrêmement  pénétrante  et  commode  pour  le  squelette.  Dans  le 
cartilage  des  épiphyses,  très  clair  et  très  bien  traversé  par  les  rayons  X, 
le  point  d'ossification  se  distingue  aussitôt  qu'il  apparaît,  par  une  tache 
d'ombre  très  petite  et  très  légère,  correspondant  à  la  calcification  initiale 
de  la  substance  hyaline. 

Plus  tard,  cette  tache,  d'abord  à  peine  perceptible,  grandit  et  s'opacifie 
à  mesure  que  l'ossification  empiète  sur  le  cartilage. 

Il  est  bien  probable  que  les  anatomistes,  en  coupant  les  extrémités  des 
phalanges  ou  des  métacarpiens,  ont  dû  méconnaître  les  rudiments  des 
points  d'ossification  à  une  période  oii  ils  sont  déjà  décelés  par  les 
rayons  X. 

C'est  ainsi  que  l'on  doit  expliquer  les  erreurs  qui  ont  cours  actuellement 
et  qui  sont  propagées  dans  nos  grands  ouvrages  classiques  français  sur 
la  date  d'apparition  des  points  comi>lémentaires  aux  phalanges  et  aux 
métacarpiens.  Le  scalpel  a  pu  passer  à  coté  dn  point  riidimentaire  inclus 
dans  le  cartilage. 

D'ailleurs,  c'est  une  lâche  plulùt  longue  et  ingrate  de  sectionner  un 
grand  nombre  de  pelils  os  pour  fixer  avec  précision  un  détail  d'ossification 
dont  la  portée  n'est  pas  évidente  à  première  vue. 

Combien  il  est  plus  simple  dé  regarder,  à  l'œil  nu  ou  à  la  loupe,  des 
petites  mains  radio-pholographiées!  Les  contours  des  os  se  montrent  avec 
la  dernière  netteté  et  les  points  opaques  se  voient  dès  leur  origine  dans 
le  cartilage  épiphysaire.  En  examinant  une  soixantaine  de  radiographies, 
on  arrive  à  des  résultats  plus  concluants  que  si  Ton  coupait  plusieurs 
centaines  de  métacarpiens  et  de  phalanges.  En  outre,  comme  les  os  sont 
en  place,  on  peut  noter  quel  est  l'ordre  d'apparition  réciproque  dans  les 
phalanges  ou  dans  les  métacarpiens  et  dans  chique  os  en  parliculier  sur 
la  même  main. 

Voici  le  tableau  qui  montre  les  grandes  divergences  qui  cxislent  entre 
Cruveilhier  el  Kolliker  et  les  traités  c'assiques  d'anatomie  de  Sappey  et 
Poirier,  pour  la  date  d'apparition  des  points  d'ossification  du  métacarpe 
et  des  phalanges. 

Il  est  à  présumer  que  M.  Poirier,  dans  son  traité,  a  rcprolui;  les  asser- 
tions de  Sappey  sans  le>  contrôler,  bien  (|u'elles  s'écartent  plus  de  la 
vérité  que  celles  de  notre  grand  analomiste  Cruveilhier,  comme  nous 
allons  le  voir. 


1  Je  dis  communément  que  le  s^iiielettc  des  enfants  m  l'iigo  de  leur  taille. 


408 


18   OCTODHK    llM»r» 


'•"^■mm" 


I.  —  Radiographie  de  la  main  d'un  enfant  noi'mal  de  4  ans. 
Les  points  d'ossification  des  premiers  métacarpiens  et  des  premières  phalanges  ont 
leur  développement  normal.  Mais,  par  suite  d'une  anomalie  rare,  plusieurs  points 
complémentaires  maiiqii'mt  à  certaines  phalanges. 

D'après  nos  nombreuses  observations  personnelles,  tant  sur  les  enfants 
normaux  que  sur  les  hypotrophiques,  l'opinion  de  l'embryologiste  alle- 
mand Kollikei'  se  rapproche  beaucoup  de  la  réalité.  Cet  auteur  avance, 
en  effet,  que  les  points  complémentaires  aux  métacarpiens  se  montrent  à 
partir  de  la  deuxième  année,  et  aux  phalanges  à  partir  de  la  troisième 
année. 


VAUloT.  —  HECHERCHES  ANTIIHOPULOGIQUES  SUR  L  OSSIFICATION . 


409 


II.  —  Radiojthotofjrapliii^  (le  lu  innui  <l'un  enfant  normal  de  3  ans.  Taille  .88  cent.; 

poids  :  13  kilos. 
Les  points  d'ossification  complémi'iitaires  sont  apparus  à  tous  les  métacarpiens  et 
presque  à  toutes  les  phalanges  sauf  à  l'index  et  au  petit  doigt. 

Le  plus  souvent,  à  létal  normal,  c'est  de  18  à  20  mois,  lorsque  la  taille 
des  enfants  est  de  75  à  78  centimètres,  qu'on  voit  poindre  l'ombre  radios- 
copique  dans  le  cartilage  épiphysaire  aux  deuxième,  troisième  et  qua- 
trième premières  phalanges,  et  presque  simullanément  aussi  au  deuxième 
métacarpien. 

Quelquefois  les  points  métacarpiens  semonlront  un  peu  plus  lût  que  les 
points  phalangiens,  mais  à  (iuel(]ues  semaines,  à  un  mois  près;  l'appa- 
rition inverse  des  points  phalangiens  m'a  paru  plus  commune. 

A  partir  de  22  mois,  avec  une  taille  de  78  à  80  cent.,,  la  plupart  des 
points  complémentaires  sont  bien  visibles  dans  les  deuxième,  troisième, 


410 


18    OCTOBRE    1900 


(jiialri^me  cl  cinijuitMiie  premières  phalanges,  et  môme  dans  la  deuxième 
phalange  du  pouce,  ainsi  qu'aux  deuxième,  troisième,  quatrième 
métacarpiens. 


J 


m.  —  Raàio  photographie  delà  main  d'un  enfant  normal  de 20  mois.  Taille  :  74.5; 

poids  :  10  kilos. 
On  aperçoit  seulement   les  points  complémentaires  dans  les  cartilages  de  l'extré- 
mité proximale  des  trois  premières  phalanges.  C'est  l'ébauche  la  plus  précoce  des 
points  épiphysaires  et  le  type  le  plus  fréquent  d'apparition  de  ces  points. 

A  2  ans,  avec  80  centimètres  de  taille,  les  points  sont  visibles  aux 
deuxième,  troisième,  quatrième  et  cinquième  premières  phalanges,  à  la 
deuxième  phalange  du  pouce;  et  parfois  même  on  aperçoit  quelques 
points  aux  deuxièmes  phalanges. 

A  3  ans,  avec  un  développement  normal,  et  une  taille  de  88  à  90, 
tous  les  points  complémentaires  des  phalanges  et  des  métacarpiens  sont 


VARloT.    —  HECHERCHES  AXTHROl'OLOfilQUES  SUR  l'oSSIFICaTION  1  I  I 

visibles.  C'est  dans  le  cours  de  celte  troisième  année  qu'apparaissent  les 
points  (les  dciixirmes  «.'l  dos  troisir-ines  rangées  de  phalanges  et  tout  à  fait 
à  la  lin  Ifs  puints  cuinpléinenlaires  du  premier  nii'lai.'acarpien  et  de  la 
premii'^re  phalange  du  pouce.  Le  point  complémentaire  du  premier  méta- 
carpien est  parfois  encore  plus  tardif  '. 

Voici  ({uelques  observations  de  détail  ;  mais  il  serait  vraiment  fastidieux 
de  les  rapporter  toutes;  elles  sont  généralement  concordantes  j\  quelques 
exceptions  prés,  que  je  mentionnerai  et  (]ui  pfuvent  être  considérées 
comme  des  variétés  rares  ou  des  anomalies. 

En  me  plaçant  au  point  de  vue  pratique,  je  me  suis  borné  à  l'élude  du 
métacarpe  et  des  phalanges  dont  l'ossilicalion  constitue,  comme  je  l'ai  dit, 
un  repère  très  fixe,  pour  apprécier  le  développement  du  squelette  à  la 
fin  de  la  deuxième  année;  j'ai  négligé  l'étude  du  carpe  dont  les  points 
d'ossification  se  montrent  bien  plus  tard,  à  l'exception  de  ceux  du  grand 
os  et  de  l'unciformequi  sont  visibles  sur  les  radiographies  dès  le  quatrième 
mois  dans  certains  cas. 

Jusqu'à  l'Age  de  18  mois  et  tant  que  la  taille  n'atteint  pas  75  cent,  envi- 
ron, je  n'ai  pas  vu  dans  le  cartilage  de  taches  opaques  correspondant  aux 
points  complémentaires. 

I  —  Enfant  de  19  mois  avec  une  tnillc  de  15  cent.  —  On  aperçoit  trois 
points  complémentaires  aux  deuxième,  troisième  et  quatrième  pi-emières 
phalanges. 

II.  —  Enfant  de  2  ans,  72  cent,  de  lonf/ueur.  —  Xolablemenl  hypolro- 
phique,  aucun  point  complémentaire  visible. 

III.  —  Enfant  de  2  ans  avec  une  taille  de  11  cent.  —  Un  aperçoit  trois 
points  aux  deuxième,  troisième  et  quatrième  phalanges  et  un  point  au 
deuxième  métacarpien. 

IV.  —  Enfant  de  26  mois,  16  cent.  1/2  de  taille.  —  On  aperçoit  un  point 
complémentaire  à  la  deuxième  phalange  et  un  au  deuxième  métacarpien. 
Hypotrophie  notable. 

V.  —  Enfant  de  2  ans.  19  cent,  de  taille.  —  Trois  points  aux  deuxième, 
troisième  et  quatrième  phalanges  et  deux  points  au  deuxième  et  au  troi- 
sième métacarpien.  En  outre  un  point  unique  à  la  troisième  phalange  de 
la  deuxième  rangée. 

VI.  —  Mal  formation  de  la  main  chez  un  enfant  de  23  mois  d'une  taille  nor- 
male. —  La  main  ne  consiste  que  dans  le  pouce,  l'index  et  le  médius, 
avec  un  petit  appendice  latéral  au  médius.  La  radiographie  montre  que 
le  carpe  est  réduit  par  l'absence  de  l'unciforme. 

II  n'y  a  que  trois  métacarpiens. 

Les  points  complémentaires  des  métacarpiens  et  des  phalanges  sont 
apparents  comme  normalement;  on  voit,  en  outre,  deux  phalanges  aber- 


*  Suivant  la  remarque  de  M.  .Vntbony  (du  .Muséum),  ce  point  qui  est  tourné  vers  le 
carpe,  rapproche  tout  à  fait  le  premier  métacarpien  des  phalanges  au  point  de  vue 
morphologique. 


il -2 


18   OCTOBRE    190G 


railles  dans  l'appendice  charnu  ajuiilé  au  médius  et  qui  représente  une 
ébauclic  do  l'annulaire. 


lY.  —  Radio-photographie  d'une  fille  âgée  de  5  ans  moins  un  mois,  atteinte  d'hypo- 
trophie  d'origine  gastro-intestinale  sans  7'achitisme.    Taille  :    78  cent.  ;  poids    . 
9  kilos. 
La  taille  normale  à  cet  âge  serait  de  96  cent.  Les  points  épipliysaires  métacarpiens 

et  phalangiens  correspondent  à  peine  à  l'état  normal  d'un  enfant  de  2  ans. 

VII.  —  Enfant  de  21  mois.  Taille  SI  cent.  5.  Poids  i2  k.  250.  —  En  état 
de  croissance  anticipée.  On  voit  les  points  d'ossification  très  nettement  au 
niveau  des  premif'res  phalanges  et  même  des  deuxièmes  phalanges.  Cet 
enfant  a  d'ailleurs  la  taille  normale  moyenne  d'un  enfant  de  2  ans  1/2. 

VIII.  —  Enfant  de  2  ans  5  mois,  rackilique  flùiide  avec  les  tibias  très incur- 


VAUlut.   —  HRilMKUCIIES  AMIIIlUPoLtXJlgUES  SUR  l/oSSIlMCATION  413 

vés.  Taille  77  cent,  l'itiils  9  l,\  lui).  — Tous  les  points  complémenlaires  sont 
appaients  même  aux  tlernir'res  phalanges.  Le  processus  rachitique  ne 
retarde  donc  pas  l'apparition  des  points  d'ossilicalion  épipliysaire. 

IX.  —  Enfant  rachitique  de  2  ans,  sans  incurvation  des  tibiaSy  72 cent,  de 
lailli'.  —  Aucun  point  compb'mentaiie  visiijle. 

X.  —  FiHc  lie  ~t  ans  moins  un  muis.  U/fiiotropItie  sans  racliilisme.  Taille 
7S  cent.,  poids  9  kilos.  —  Les  points  complémentaires  sont  les  même  qu'à 
'1  ans  (voir  planche  IV ). 

Il  s'agissait  bien  d'une  liyputro[)liio  simple,  d'origine  gastro-intestinale. 
L'enfant,  relevant  d'une  scarlatine  a  été  gardée  dans  la  salle  Gilette  pen- 
dant (juatre  mois,  et,  soumise  à  un  régimealimentaire  convenable,  a  gagné 
5  centimrtres  de  taille  et  o  kilos  environ.  C'était  une  petite  lille  apparte- 
nant à  des  parents  tn-s  nialbeui'oux  et  (jui  avait  l'ié  inanitiée  depuis  sa 
naissance. 


V.  —  /Jijpolro/ihie  //'oiu'f/iiii'  f/us/tu-i/i/es/inale  alun  rlcgrè  tri's  arnnn;.  Aye  :  i21  mois  ; 
(aille  :  05  cent.;  poirls  :  (i  kil.  SôO. 
Les  os  sont  1res  transparent-^  a  cause  il;  leur  faible  cili-ilicilion,  et  le  développement 
général  de  la  main  correspond  à.  Celli^  d'un  cnfunt  normal  de  4  à  d  mois. 

Je  dois  mentionner  cependant  quelques  anomalies  et  quelques  variétés 
soc,  d'anthbop.  1906.  29 


444  18  ocTonHE  lOOfi 

]»eu  frf^quenles  et  qui  n'inlinuent  pas  la  rrirle  (juc  nous  avons  posée  de 
la  premit're  apparition  des  points  complhnentaitrs  dans  les  prnnii'ies  phalanges 
et  les  mi-lacarpiens,  vers  l'âf/e  de  i8  à  20  viois  ou  plus  exactement  lorsque  la 
taille  atteint  ITi  ou  Ki  cent.,  puisque  c'est  la  taille  et  non  l'Age,  comme 
nous  l'avons  remarqué,  qui  règle  le  processus  d'ossification. 

Une  seule  fois,  chez  un  enfant  de  3  ans,  très  paie,  ne  de  parents  tuber- 
culeux, nous  n'avons  pas  encore  vu  de  points  complémentaires,  quoique 
la  taille  fiH  \\  peu  près  normale. 

Il  arrive  quelquefois  que  les  points  complémentaires  des  dernières 
phalanges  manquent  jusqu'à  4  ans,  comme  on  le  voit  dans  le  cas 
reproduit  (planche  1). 

Rarement  les  points  des  deuxièmes  phalanges  se  montrent  avant  ceux 
des  métacarpiens. 

J'ai  eu  l'occasion  de  vérifier  plusieurs  fois,  depuis  l'an  dernier,  sur  des 
radiographies  d'enfants  rachitiques,  de  2  à  3  ans,  que  la  dystrophie 
osseuse  spéciale  qui  caractérise  le  rachitisme  ne  relarde  pas  l'apparition 
des  points  complémentaires  dans  la  main;  il  faut,  pour  qu'il  en  soit 
ainsi,  que  le  processus  d'hypotrophie  vienne  s'adjoindre,  se  superposer 
en  quelque  sorte  au  rachitisme.  Cette  combinaison  du  rachitisme  et  de 
l'hypotrophie,  à  des  degrés  divers,  est  très  fréquente,  il  faut  bien  le  dire  : 
mais  il  est  commun  aussi  de  rencontrer  des  cas  de  rachitisme  simple  et 
d'hypotrophie  pure.  La  distinction  du  rachitisme  et  de  l'hypotrophie  est 
capitale  pour  nous  permettre  de  progresser  dans  l'étude  des  troubles  de 
la  nutrition  et  de  la  croissance. 

Certains  états  dystrophiques  exceptionnels,  tels  que  le  myxœdème  et 
l'achondroplasie,  peuvent  reculer  de  plusieurs  années  l'apparition  des 
points  complémentaires  dans  les  phalanges.  J'ai  observé  dernièrement  un 
myxœdémateux  âgé  de  4  ans  1/2,  ayant  66  centimètres  de  taille,  et  dont 
toutes  les  épiphyses  phalangiennes  étaient  absolument  transparentes.  Cet 
enfant,  sous  l'influence  du  traitement  thyroïdien,  a  grandi  de  5  cent.  1/2 
en  quatre  mois  et  commence  seulement  de  faire  ses  premiers  pas  k  5  ans. 
Je  me  propose  de  surveiller,  par  la  radiographie,  l'époque  exacte  d'ap- 
parition de  ses  points  complémentaires. 

Il  résulte  de  cet  exposé  que  les  troubles  de  nutrition  et  de  d'assimi- 
lation déterminés  si  souvent,  dans  le  premier  âge,  par  l'allaitement 
artificiel  défectueux  et  les  gastro-entérites,  ralentissent  spécialement 
l'activité  du  processus  d'ossification  et  retardent  l'apparition  des  points 
complémentaires  dans  les  épiphyses. 

Le  système  osseux  étant  le  régulateur  de  la  taille  joue  donc  un  rôle 
capital  dans  le  syndrome  de  l'atrophie  et  de  l'hypotrophie  infantiles  *.  La 
radiographie  de  la  main  nous  permet  de  suivre,  avec  une  rare  précision, 
les  modalités  normales  et  anormales  de  la  croissance  dans  le  squelette  des 
enfants. 

1  Le  rôle  de  l'atrophie  et  de  l'hypotrophie  infantiles  dans  l'abaissement  de  la  taille 
dans  les  faubourgs  de  Paris  (Société  d'Anthropologie,  1905.) 


VARKtT.   —  RECHERCHES  ANTlIROPOI.oC.lOrKS  SIFl  r.'dSslIlCATION  415 


VI.  —  Main  d'une  petite  fille  rachititjue  de  4  ans  1/2  non  hijjwlrnjtkique. 
Tous  les  points  osseux  coinplémonlaires  sont  bien  apparents. 


416  18  ocTonuK  1ÎM)G 

pretendue  preuve  de  décharnement  sur  un  femur  du  mas  d'azil 

Par  m.  le  D""  Zaborowski. 

Je  désire  signaler  à  la  Société  d'Anthropologie  un  fait  en  lui-même  bien 
petit,  mais  qui  peut  néanmoins  avoir  beaucoup  d'importance. 

Il  existe  depuis  longtemps  une  théorie  d'après  laquelle  les  nécropoles 
néolithiques,  les  dolmens  eux-mêmes,  servaient  à  enfermer  les  os  des  morts 
après  décharnement,  d'après  laquelle  les  cadavres  étaient  décharnés  avant 
d'être  inhumés.  Comme  on  trouve  les  squelettes  entiers  avec  tous  les  os 
dans  leur  juxtaposition  naturelle,  cette  théorie  n'est  pas  soutenable  en 
tant  qu'elle  implique  le  décharnement  comme  règle  générale.  Mais  je  ne 
veux  pas  lui  faire  son  procès  maintenant,  je  ne  veux  pas  la  juger. 
Le  décharnement  fut  quelque  peu  pratiqué  en  Egypte  à  une  époque  pré- 
pharaonique; il  l'a  été  jusqu'à  nos  jours  par  des  sauvages,  mais  qui 
avaient  recours  uniquement  à  l'exposition  à  l'air  ou  à  l'immersion  dans 
l'eau. 

Ce  que  je  veux  signaler  c'est  ceci  à  savoir  que  depuis  pas  mal  d'années 
on  dit  assez  fréquemment  qu'à  l'époque  néolithique  on  décharnait  les 
cadavres  à  l'aide  de  silex  et  que  cela  résulte  des  observations  faites  par 
M.  Piette  au  Mas  d'Azil.  M.  Piette,  en  effet,  a  afûrmé  plusieurs  fois,  avoir 
observé  des  preuves  d'un  décharnement  à  l'aide  d'un  silex  sur  un  fémur. 
Moi-même  dans  Mon  homme  prékistorique,  j'ai  reproduit,  je  n'ai  fait  que 
reproduire  et  je  regrette  aujourd'hui  d'avoir  été  seulement  jusque  là,  un 
passage  de  son  important  mémoire  :  Notions  nouvelles  sur  l'âge  du  renne 
(1891),  où  il  dit  catégoriquement  (p.  11)  :  «  Les  os  longs  et  la  mandibule 
d'un  squelette  humain  gisaient  légèrement  rougis,  dans  la  couche  à  galets 
coloriés  du  Mas  d'Azil,  à  quelques  centimètres  au-dessous  de  la  surface. 
Deux  rayures  sur  l'un  des  fémurs  prouvaient  qu'il  avait  été  décharné  avec  un 
silex.  Le  soin  avec  lequel  ces  ossements  avaient  été  rassemblés,  le  contraste 
qu'ils  formaient,  étant  tous  intacts,  avec  les  os  longs  des  animaux  brisés 
pour  l'extraction  de  la  moelle,  la  teinte  rouge  qui  leur  avait  été  donnée 
intentionnellement  ou  qui  résultait  de  la  coloration  d'une  peau  dans 
laquelle  ils  auraient  été  enveloppés  et  qui  se  serait  détruite  par  l'effet  du 
temps,  m'ont  fait  penser  que  je  me  suis  trouvé  en  présence  de  la  sépul- 
ture d'un  squelette  que  l'on  avait  inhumé  après  avoir  laissé  le  corps 
exposé  à  l'air  jusqu'à  complète  putréfaction  et  en  avoir  raclé  les  chairs 
restées  adhérentes.  » 

Toute  l'hypothèse  qu'il  formule  d'un  décharnement  préalable  à  l'inhu- 
mation, repose,  pour  M.  Piette  lui-même,  sur  la  présence  de  deux  rayures 
comme  preuve  d'un  raclage  des  chairs. 

Il  a  bien  présenté  à  la  Société  d'Anthropologie,  séance  du  18  juillet  1895 
{liullH.,  p.  485),  le  fémur  en  question. 
Et  dans  la  note  qu'il  a  donnée  à  nos  bulletins,  il  dit  :  «  Quelques  os 


/AIKtHOWSKl.    —   l'IuVrENDlK  l'RICrVK  l)K  UKDIIAUNEMKNT  >ll<  IN    IKMltl         417 

étaient  rayés  par  le  tranchant  d'un  silex...  Sur  le  fémur  un  voit  plusieurs 
rayures  très  distinctes  faites  avec  un  silex.  «Je  n'assistais  pas  à  la  séance. 
Mais  il  ne  paraissait  pas  douteux,  d'après  les  ternies  employés  par 
M.  l'ielte,  qu'il  s'agissait  di'  multiples  traces  de  raclai^e  sur  toute  la  lon- 
gueur de  l'os. 

.M.  Pietle  a  donné  au  Musée  de  Sainl-iirruKun  sa  collection  entière  (}ui 
)>sl  sans  [irix  et  comprend  des  pièces  extraordinaires.  Je  suis  allé  la  visiter 
pendant  les  vacances  dernières.  M.  Champion,  statuaire,  directeur  des 
ateliers  du  Musée,  m'a  guidé  dans  cette  visite  avec  beaucoup  d'attention 
et  d'empressement.  Il  m'a  donc  montre-  les  os  humains  du  Mas  dWzil,  ces 
l)ièces  n'étant  pas  d'ailleurs  encore  toutes  classées,  ni  par  conséquent 
exposées  au  public.  Et  j'ai  vu  alors  ce  fémur  autrefois  présenté  ici.  Et 
quel  n'a  pas  été  mon  étonnement  en  constatant  que  les  empreintes  de 
raclage  dont  avait  parlé  M.  Piette,  consistaient  uniquement  dans  deux  petites 
rainures  à  peu  près  parallèles,  situées  à  une  extrémité  de  l'os  et  transver- 
salement à  lui.  Lorsque  je  rappelais  quelle  signification  leur  avait  été 
attribuée,  M.  Champion  eut  la  même  exclamation  que  moi:  «  Ce  n'est  pas 
là  une  preuve  de  raclage.  »  Une  empreinte  de  raclage  intéresserait  plus 
ou  moins  nettement  et  irrégulièrement  l'os  entier  dans  le  sens  longitu- 
dinal. Or  il  n'y  a  sur  cet  os  que  deux  petites  rainures  très  régulières. 
Et  elles  n'ont  pas  pu  être  produites  à  la  suite  d'une  opération  de 
raclage. 

Il  est  donc  inadmissible  qu'on  vienne  dire,  comme  on  en  a  pris  l'habi- 
tude, que  M.  Piette  a  donné  la  preuve  qu'à  l'époque  néolilhiciue  on 
décharnait  les  cadavres  préalablement  à  l'inhumation  avec  des  silex. 

Les  os  humains  qu'il  a  trouvés  dans  son  assise  à  galets  coloriés,  étaient 
en  tas,  sans  ordre.  Ils  ne  représentaient  pas  un  squelette  complet.  La  tête 
et  les  petits  os  manquaient.  Ces  circonstances  peuvent  être  facilement 
expliquées  autrement  que  ne  le  fait  M.  Piette.  La  première  idée  qui  vient 
à  l'esprit  est  qu'il  s'agit  de  restes  d'un  corps  mal  enterrés  que  des  carnas- 
siers sont  venus  dévorer  en  partie.  Mais  on  peut  supposer  également  qu'ils 
représentent  des  débris  humains  arrachés  à  quelque  hôte  féroce  après  un 
dépeçage  partiel. 

J'ai  vu  également  au  Musée  de  Saint-Germain  le  cnlne  humain  presque 
entier  que  M.  Piette  dit  avoir  trouvé  «  dans  l'amas  tarandien  de  la  rive 
droite,  au  Mas  d'Azil.  »  Je  ne  comprends  pas  que  cette  pièce,  précieuse 
comme  d'âge  quaternaire,  n'ait  pas  été  soumise  à  une  étude  attentive. 
Il  m'a  paru,  d'aprèsun  premier  coupd'œil, d'ailleurs  bien  rapide, que  l'opi- 
nion de  M.  Piette  sur  son  âge,  était  également  susceptible  d'être  révisée. 

J'ai  revu  enfin  ces  fameux  galets  coloriés  qui  sont  ornés  de  larges 
bandes  rouges  aujourd'hui  très  piVles.  Et  je  me  suis  extasié  devant  la 
fertilité  d'imagination  de  M.  Piette  qui  a  tiré  de  ce  bariolage  des  signes 
graphiques,  des  caractères  linéaires  semblables  à  ceux  des  plus  anciens 
alphabets  phénicien  et  grec,  considérés  comme  des  générateurs  de  ces 
derniers.  Il  les  a  également  rapprochés  des  signes  mnlquQs  {Bullet.,  18!)7, 
p.  286)  et  a  fini  par  affirmer  l'existence  de  deux  écritures,  l'une  hiéro- 


ils  18  ucn.miK  lîWn 

glypliiquo,  rauire  cursive,  chez  nos  troglodytes  de  l'Age  du  renne  (L'An- 
thropologie,  11H)5,  p.  9). 

I  II  savant  Portugais  fort  distingué,  encouragé  par  son  exemple,  s'est 
lancé  dans  la  même  voie  aventureuse  à  propos  d'inscriptions  sur  pierre, 
assez  suspectes,  de  dolmens  de  Traz-os-Montès.  Et  il  a  rapproché  décidé- 
ment les  runes  des  caractères  néolithiques  de  la  Péninsule.  Or,  les  signes 
runiques,  comme  je  l'ai  exposé  longuement,  nous  sont,  je  le  répète,  bien 
connus  dans  leurs  origines.  Ils  proviennent  d'une  imitation  des  lettres 
romaines.  Et  cette  imitation  n'a  eu  lieu  qu'après  le  contact  des  Germains 
et  des  Romains  sur  le  Rhin.  Le  plus  ancien  monument  runique  existant 
(la  lance  de  Kowel),  ne  peut  pas  èlre  antérieur  au  ii'^  siècle.  V.  Revue  de 
l'Ecole  d'Anthropologie,  1907,  p.  1  Communauté  de  langue  de  la  Germanie, 
l'écriture  runique...) 


LES    MORES    DU    ROI   RENE 

Par  m.  le  D^  E.  T.  Hamy. 

Président  de  la  Société. 

C'était,  h  Angers  comme  à  Aix  en  Provence,  une  Cour  singulièrement 
originale  que  celle  du  bon  roi  René,  dont  je  vous  disais  récemment  quel- 
ques mots  à  propos  des  mores  blancs  ou  autres  que  l'on  y  pouvait  voir. 
Ménestrel  eitunnenrs  (ténors),  acteurs  de  mystères  et  de  moralités,  farceurs, 
balleurs,  jongleurs,  danseurs  de  corde  affluaient  autour  de  ce  prince 
curieux,  aimable  et  généreux.  Puis  c'étaient  des  musiciens,  harpiste  ou 
doulçainier,  trompette,  tabourin  ;  c'étaient  des  fous  ei  petits  sots,  un  cer- 
tain Triboulet  entre  autres,  sorte  de  nain  microcéphale,  somptueusement 
vêtu,  dont  la  tête,  nous  disent  les  seigneurs  de  Bohême  qui  visitent 
Angers  en  1466,  ne  dépassait  guère  le  volume  d'une  orange  ^ 

C'étaient  enfin  les  înores  du  Roi,  Turcs,  Barbaresques,  Nègres,  auxquels 
il  faisait  la  vie  douce  et  facile,  en  les  transformant  en  chrétiens.  Villeneuve- 
Bargemont  nous  a  conservé  le  souvenir  d'un  de  ces  convertis  qui  recevait 
un  florin  d'or  «  pour  faire  ses  pasques  ^  »  le  11  avril  1476^. 

Ces  personnages   exotiques,    achetés  à  des    courtiers  ■*   ou   reçus  en 


•  Lecoy  de  la  Marche.  —  Le  roi  René,  sa  vie,  son  administration,  ses  travaux 
artistiques  et  littéraires,  t.  II,  p.  151,  Paris,  187S,  in-8». 

'  Villeneuve-Bargemont.  —  Histoire  de  René  d'Anjou,  duc  de  Loîvaine  et  comte 
de  Provence.  Paris,  182.i.  in-8*,  t.  III,  p.  351.  —  Lecoy  DE  La  Marche,  op.  cit., 
t.  II,  p.  3(i7. 

3  .Ircfi.  des  Bouches-du-R/iône,  B.  21o,  f*  5.  —  Je  tiens  ce  renseignement  et  tous  les 
autres  empruntés  à  la  mêm  ;  source  de  la  conplaisance  d3  M.  J.  Fournier,  archiviste- 
adjoint,  do  Marseille. 

•4  Id.  ibid.  t.  III,  p.  3ol.  —  Cf.  Arch.  des  Bouchesdu-Rliône,  B.  2û,  f»  17. 


K.-T.  HAMY.  —  r.ES  MORES  DO  ROI  RENÉ  419 

cadeau  *,  comptaient  pour  une  certaine  part  dans  le  personnel  inférieur 
de  la  Cour  Angevine  ou  Provençale,  et  les  comptes  de  1447  h  1449,  les  mé- 
moriaux de  4450  à  1489,  analysés  par  Lecoy  de  la  Marche*  fournissent  à 
leur  sujet  des  renseignements  caractéristiques  dont  l'analyse  peut  oiïrir 
un  certain  intérêt  à  nos  yeux. 

Les  premières  comptabilités  qui  nous  ont  été  conservées  nous  mettent 
en  présence  d'un  personnage  qualifié  more  blanc  el  qui  répond  au  nom  de 
Monnet  Alibcrl.  Il  est  compris  dans  une  note  de  tailleur  de  1447  avec 
quatre  autres  serviteurs  dont  deux  petits  tnores  qui  reviendront  plus  loin  et 
par  contraste  devaient  être  des  mores  noirs. 

Monnet-Alibert  fait  parti  de  la  a  fourrière duilit  seigneur  ».  Il  nous  appa- 
raît vôtu  d'une  jaquette  de  drap  à  pointes  doublée  de  toile,  d'un  pourpoint 
de  futaine  et  d'une  paire  de  chausses,  et  monte  un  cheval  acheté  pour  lui 
au  prix  de  20  florins  de  «  messire  Isnard  de  Correis,  prebstre  de 
Toulon.  » 

Moiinel-Aliberl,  le  more  blanc,  est  un  des  hommes  de  confiance  du  Roi, 
qui  tantôt  l'envoie  à  Fréjus  «  pour  aucunes  de  ses  affaires  »  et  tantôt  lui 
donne  mandat  d'aller  à  Tarascon  «  emballer  et  mectre  a  point  certaines 
choses  estrangesque  icellui  seigneur  envoie  en  Angers  »  par  son  serviteur 
Maincque. 

Un  second  more,  Falco,  que  les  comptes  distinguent  du  précédent  sous 
le  nom  de  çjrand  more,  a  été  présenté  à  René  le  19  septembre  1447  par  le 
ménestrt'l  Robin  Françoys,  joueur  de  doulçaine,  qui  l'a  amené  de  Solliès. 
C'était  quelque  Turc  ou  quelque  Barbaresque.  On  lui  fournit  entre  autres 
équipements,  des  robesde  sarazin  acquises  de  l'orfèvre  Raoulin  ou  de  l'apo- 
thicaire Marc  et  «  ung  couteau  turquoys  »  et  l'on  sait  avec  quelle  atten- 
tion le  roi-artiste,  au  service  duquel  il  entrait  ainsi,  poursuivait  la 
recherche  de  la  couleur  locale. 

Falco  a  vécu  seize  ans  à  Angers,  en  compagnie  des  dromadaires  et  des 
chèvres  du  Roi;  il  y  est  mort  en  octobre  ou  novembre  1463.  Il  jouissait 
d'une  j)ension  de  72  11.,  était  habillé  par  les  soins  du  concierge  du 
château  et  nourri  sur  la  recette  de  Chantoceaux  et  les  rachats  de  la  Tur- 
melière  et  de  Lire.  Trois  mandements  de  René  au  receveur  de  ces  biens 
Jehan  Verde,  en  date  des  7  novembre  1450,  10  novembre  1451  et 
21  janvier  1452,  enjoignent  de  payer,  baillier  et  délivrer  à  «  nostre  bien 
amé  servicteur  Ivhes  Cadorat  la  somme  de  66  h  t...  pour  nourrir  et 
alimenter  nos  more,  dromadaire  et  chèvres  estans  en  noslre  chastel 
d'Angiers.  » 


1  Francisque  Michel  r.icoiito  l'histoire  d'un  Turc  qui  fut  offert  au  petit  Jehan  fie 
Saiiitrè  par  un  gentilliomme  espagnol  avec  sa  feinru.!  el  sus  enfants  «  Ir.'s  grands 
ouvriers  de  fil  d'or  et  de  soie  »  (Francisque  Michel  :  Recherches  sur  les  étoffes  de  soie 
.d'or  et  d'argent  pendant  le  moyen  âge.  Paris,  18."j4,  in-4',  (.  Il,  p.  311. 

-  A.  Lecoy  de  la  Marche.  —  Extrait  des  comptes  et  Mémoriaux  du  Roi  René 
pour  servir  à  l'histoire  des  arts  au  XV'  siècle  (Docum.  hist.  publiés  par  la  Soc.  de 
l'École  des  Chartes.  l>aris,  1873,  in-8-,  pp.  92,  94,  96,  607,  744,  767,  etc.). 


.i20  18  OCTOBRE   1906 

Au  «léct'^s  (le  Falco  la  rente  dont  il  bônélit:iait  fui  attribuée  à  Bertrand 
(iosmes,  le  gardien  des  bêles  sauvages  et  des  oiseaux  du  Roi  '  et  h  Oes- 
selle,  sa  femme,  elle  aussi  qualitiée  de  inore  (5  novembre  1463),  Bertrand 
(lOsmes  a  reçu  cette  pension  jusqu'en  avril  1477. 

Je  n'ai  dit  qu'un  mot  plus  haut  des  deux  petits  mores  qui,  par  opposi- 
tion h  Monnet  dit  more  blanc  étaient  sans  doute  des  mo^rs  noirs,  des 
négrillons  plus  ou  moins  purs.  Il  semble  qu'ils  soient  arrivés  à  la  Cour  à 
la  fin  de  1447,  car  c'est  à  la  date  du  10  novembre  de  cette  année  qu'ils 
apparaissent  dans  la  comptabilité  oITicielle  pour  recevoir  un  complet 
équipage.  Ce  sont  des  robes  vertes,  doublées  de  blanc,  qu'on  fait  confec- 
tionner pour  eux  par  les  cousturiers  Claux  et  Berthault,  des  houzeaux, 
des  "souliers,  des  baudriers  «  pour  saindre  »  qu'on  achète  a  Jacquet, 
cordouannier  suivant  la  Court.  Ce  sont  encore  «  trois  cannes  de  blanchet  » 
que  l'on  paie  à  Pierre  Corpecy,  drapier  d'Aix  «  pour  couvrir  les  bardes 
(selles)  que  «  fait  faire  ledit  seigneur  pour  les  deux  asnes  »  que  vont 
monter  les  moricauds  (moriscos). 

Le  Juif  Bonmaquetdu  Pont  de  Tarascon,  un  des  fournisseurs  ordinaires 
du  roi  René  leur  apporte  le  13  décembre  1448  «  quatre  chemises  garnies 
de  petiz  draps  lonsg  »  deux  pourpoints  de  futaine,  deux  paires  de  chausses 
blanches,  deux  «  jacquetes  de  drap  gris  de  Josselin  »,  deux  bonnets  blancs, 
deux  ceintures  de  cuir,  des  aiguillettes  et  cordelettes  et  il  n'est  pas  trop 
malaisé  de  se  représenter  à  l'aide  de  ce  petit  inventaire  ces  jeunes 
étrangers  qui  contribuaient  pour  leur  part  au  pittoresque  de  la  Cour. 

Les  comptes  permettent  de  soupçonner  un  de  leurs  principaux  emplois. 
C'étaient  ces  moricauds,  probablement,  qui  exécutaient  devant  le  roi  à 
Orange  ou  ailleurs  cette  danse  more  ^Ethiopum  que  l'on  appelait  la  morisque. 
Bien  d'autres  choses  étaient  aussi  à  la  morisque,  dans  le  matériel  de  la 
Cour;  estreefs  (étriers)  et  éperons,  épées  et  couteaux,  touaitles  (toiles)  de 
mores,  targettes  (petits  boucliers)  «  à  la  fasson  de  Turcs  »,  etc.,  et  contri- 
buaient à  constituer  un  milieu  approprié  à  ces  personnages  exotiques  de 
races  diverses  au  milieu  desquels  se  complaisait  la  fantaisie  du  bon  Roi. 
Le  mémorial  de  1476,  que  j'ai  déjà  cité  plus  haut  d'après  M.  J.  Four- 
nier,  nous  fait  connaître  un  dernier  More,  joueur  de  flûte  celui-ci,  et  qui, 
avec  le  fou  Paillon  et  les  tabourins  Pierre  et  Coquillon,  contribue  à  égayer 
les  voj-ages  de  René  ^  Enfin  celui  de  1478  conservé  aussi  à  Marseille  nous 
parle  d'un  «  Turc  venu  de  Turquye  qui  sçait  parler  tous  langaiges  ».  Le 
Roi  l'a  fait  baptiser  à  Avignon  au  mois  d'août  de  cette  année  «  et  porter 
son  nom  ».  On  lui  a  payé  14  florins  sur  sa  cassette  «  pour  s'en  retourner 
son  chemin  -^  ». 


*  «  Autrusses,  serfs,  biches,  connils,  paons  et  autres  bestes  et  oayseaux  estans  en 
sa  sarde  audit  chastel  d'Angiers  »  Ces  animaux  ont  été  remplacés  le  17  septembre 
1471  par  t  une  bisclie  cornue,  une  brcbiz  de  Barbarie,  une  brébiz  de  Prouvence,  ung 
bouccstain  (bouquetin^  unj^  porc  e?py,  ung  cinge  et  une  cingesse.  » 

*  Les  mentions  relatives  à  ce  personnage  se  lisent  des  f*  '6  au  f*  3b  de  ce  registre 
et  se  placent  entre  le  \-2  avril  et  le  6  août. 

^  Arch.  des  Bouches  dxi-Iihône,  B.  2483,  f  9. 


nONS   A    LA    SOCIKTK  1:21 

83:J«  séance.   -  8  Nnveiiihro  1901). 

l'itKSIDKNtlK    l»K  M.   SkIIII.LOT. 
DONS    A    LA    SOCIÉTÉ 

.M.  <».  N'ai  \ii.i,K  ollVc  [idiir  la  l)ililiollu'(jiio  «le  la  Société  : 
1"  Une  brochure  avant  pour  titre  «  l'Enceinte  de  Pommiers  {Noviodu- 
niim  des  Suessions)  »,  comprenant  22  lijj;ures  dont  un  plan  de  l'oppidum  qui 
a  déjà  été  reproduit  dans  les  bulletins  de  la  Société  (vol.  1894.  p.  261);  un 
autre  plan,  qui  est  reproduit  ci-dessous  ',  avec  la  légende,  représentant  la 
même  enceinte  trauloise  et  celle  du  camp  de  César,  dune  superlicie  d'environ 
77  hectares  20  ares,  située  au  nord  de  l'oppiduni. 

Le  camp  romain,  très  bien  situé  pour  l'attaipie  de.  la  rurlercsse  gauloise  com- 
prend environ  29  hectares  59  ares  sur  le  territoire  de  Pommiers,  35  hectares  01  are 
sur  Pasly  et  12  hectares  69  ares  sur  le  territoire  de  Vanxrezis. 

La  découverte  de  ce  camp,  avec  fossés  généralement  de  l'orme  triangulaire, 
analogues  à  ceux  d'Alésia.  dont  il  a  reproduit  les  coupes,  pour  les  coujparcr  h 
celles  de  fossés,  découverts  par  lui  en  1904,  sur  Pommiers,  Pasly  et  Vauxrczis. 
ne  laissent  aucun  doute  que  c'est  bien  là  l'enceinte  du  camp  de  César,  venu  en 
l'an  57  avant  J.-C,  pour  faire  le  siège  du  Noviodaniim  des  Suessions. 

Pour  les  détails  il  renvoie  à  son  article  dont  il  a  offert  un  exemplaire  du 
tirage  à  part,  extrait  des  Méinoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
Fratice.  t.  LV,  1904-1905.  p.  45. 

Knsuite  il  fait  remarquer  que  divers  auteurs  ont  pensé  et  écrit  que  l'enceinte 
de  Pommiers  était  sur  l'asly,  c^est  là  une  erreur,  attendu  que  l'oppidum  est 
limité,  du  côté  de  Pasly,  par  un  hameau  de  Pommiers  dit  le  Le  Ville,  qui 
comprend  trois  maisons  et  neuf  grottes  où  sont  36  habitants  de  Pommiers, 
d'après  le  dernier  recensement. 

Le  chemin  de  ronde  qui  existe  devant  les  grottes  et  les  maisons  sé|)are  les 
territoires  de  Pommiers  et  de  Pasly. 

Ou  ne  [)eul  donc  considérer,  comme  étant  sur  Pasly,  (|ue  les  35  hectares 
faisant  partie  du  camp  de  César,  de  même  que  12  hectares  69  ares  se  trouvant 
sur  le  territoire  de  Vauxzezis.  dont  il  n'a  jamais  été  fait  mention  dans  aucune 
publication,  avant  la  découverte  récente  de  ce  camp  de  César. 

'Z°  Il  offre  ensuite  un  exemplaire  du  tirage  à  part  de  son  article  ayaiil  pour 
titre  ;  «  Monnaies  gauloises  de  Suessions  à  la  légende  CRICIRV  »  com- 
prenant la  reproduction  de  31  variétés  de  ces  monnaies  :  paru  n'icuirncnt 
dans  la  Revue  numismatique.  1906,  p.  117. 


422  8   .NOVEMBRE    1906 


PRESENTATION    ET    DESCRIPTION    D'OBJETS  DIVERS,  DECOUVERTS   DANS  L'OPPi- 
DUW  DE  POMMIERS  (NOVIODUNUW  DES  SUESSIONS). 


Pau  m.  0.  V  au  ville. 

Comme  il  vient  d'être  question  de  l'enceinte  gauloise  de  Pommiers, 
située  à  environ  3.500  mètres  au  nord-ouest  de  Soissons,  je  pense  qu'il 
peut  (Hre  intéressant  de  présenter  à  la  Société  un  certain  nombre  d'objets, 
parmi  les  très  nombreuses  pièces  qui  y  ont  été  trouvées  et  indiquer  aussi 
les  principales  découvertes  *. 

Je  crois  que  cet  oppidum,  d'après  le  très  grand  nombre  de  monnaies 
recueillies  isolément  dans  l'enceinte,  a  été  abandonné  complètement  vers 
l'an  51  avant  J.-C,  contrairement  à  ce  qui  a  eu  lieu  au  mont  Beuvray, 
Alésia,  etc.,  qui  ont  été  occupés  après  la  conquête  romaine. 

I.  —  Armes,  outils  et  objets  divers. 

1.  Pièce  avec  douille  de  28  centimètres  de  longueur,  avec  lame  tran- 
chante d'un  seul  côté,  de  forme  triangulaire  de  17  centimètres  de  longueur 
sur  52  millimètres  à  la  base  de  la  lame. 

2.  Même  forme  que  le  n°  1,  longueur  de  22  centimètres,  lame  de 
152  millimètres  de  longueur  sur  32  millimètres  à  la  base. 

3.  4  et  5.  Même  forme  que  les  n°*  précédents,  variant  de  16  à  18  centi- 
mètres de  longueur  totale,  lames  de  9  à  12  centimètres  de  longueur  et  15 
à  22  milimètres  à  la  base  *. 

6.  Pointe  de  javelot  à  douille,  de  15  centimètres  de  longueur;  le  milieu 
forme  nervure  de  chaque  côté  pour  donner  de  la  résistance^.  D' Pic.  Cechy 
na  usvite  Dejin.  Zwazek  2,  pi.  XXIX,  cf.  fig.  3  et  20  *  (V.  Praze,  1903). 

7.  Des  pointes  de  javelots  à  douille,  forme  feuille,  de  13  à  18  centi- 
mètres de  longueur.  Musée  Saint-Germain,  salle  13,  vit.  26,  d'Alésia. 
Pic,  pi.  XXIX,  23. 


*  La  collectioa  de  M.  L.  Brunehant  est  celle  où  sont  le  plus  grand  nombre  de  ces 
pièces. 

*  Les  objets  en  fer  avec  douille,  nos  4  à  5,  que  des  auteurs  ont  pris  pour  des  cou- 
teaux, peuvent  très  bien  se  rapporter  à  une  arme,  genre  de  lance,  comme  le  prouve 
la  pièce  n»  5,  dont  la  pointe  se  trouve  très  fortement  recourbée,  probablement  par 
suite  d'un  choc  sur  bouclier  ou  autre  pièce  résistante.  A  ma  connaissance  il  n'a  été 
trouvé  qu'un  seul  fer  de  lance;  cela  se  comprend,  les  véritables  armes  ayant  été 
livrées  à  César.  B.  G.  L,  II.  ch.  xni. 

'  Pour  certaines  pièces  j'indiquerai  où  il  en  a  été  trouvé  du  même  genre.  Les 
objets  no»  6  à  3t  sont  en  fer. 

*  Dans  la  suite  l'indication  Pic  se  rapportera  à  la  même  publication  sur  les  décou- 
vertes faites  à  Stradonitz,  en  Bohême. 


VALVIM.K.  l'IlKSENTATION  KT  DKMiltlI'lluN  ll'uUJKTS  DIVK.KS  423 

8.  Pointes  de  flèches  ;i  (louille,  forme  feuille,  de  95  millimètres  do  lon- 
gueur. Musée  Saint-Germain,  salle  13,  vit.  :2t),  .Mésia  ;  vit.  18,  Bovidés 
(Meuse),  Pic,  pi.  XXIX,  cf.  •>. 

9.  Pointe  de  llèche,  forme  Iriangulaiio,  ;i  soie,  longueur  111  milli- 
mètres. Pic,  pi.  XXIX,  cf.  y  (même  forme  mais  avec  douille). 

10.  11,  17,  18  et  19.  Pointes  de  Huches  à  soie,  longueur  de  51  à  111 
milimèlres.  Musée  Saint-Germain,  salle  13,  vit.  21,  Saint-Pierre-en- 
ChAlro  (Oise). 

12,  13,  1  i,  15  et  16.  Pointes  de  (lèches  à  douille,  longueur  de  40  à  60 
millimètres.  Musée  Saint-(îermain,  salle  13,  vit.  21,  Saint-Pierre-en- 
Châtre;  vit.  26,  Alésia. 

20,  21  et  22.  Talons  d'étendards  ou  autres.  Musée  Saint-Germain,  salle 
13,  vit.  . .,  Mont  Beuvray;  vit.  26,  Alésia. 

23  et  24.  Couteaux  à  soie,  longueur  152  et  158  millimètres.  Beuvray, 
Bulliot,  pi.  XL  VU,  9;  Pic,  pi.  XXXIV,  cf.  3. 

23  et  26.  Outils?,  forme  de  ciseau  de  chaque  bout,  le  milieu,  plus 
étroit,  se  trouve  renforcé,  longueur  111  et  130  milimètres. 

27.  Grandes  clefs  courbes,  avec  anneau  de  suspension  ',  celle  du  n"  27 
de  243  millimètres  de  longueur.  Musée  Saint-Germain,  salle  13,  vit.  18, 
Bovioles;  vit.  21,  Saint-Pierre-en-Châtre.  Beuvray,  Bulliot,  pi.  XLVI,  6, 
7  et  8. 

28  à  31.  Styles  en  fer,  longueur  de  10  à  Ho  mil li mètres. 

32.  Styles  en  os  ou  en  ivoire  (plusieurs  dont  la  collection  de  M.  Brune- 
hant),  longueur  du  n°  32  de  1 11  millimètres.  Pic,  pi.  XLIII.  cf.  1  et  4. 

33.  Spatule  en  bronze,  longueur  166  millimètres;  arrondie  d'un  bout, 
de  l'autre  extrémité  forme  de  lancette.  Pic,  pi.  XXl\',  cf.  11  et  23. 

34.  Aiguilles  en  fer. 

35  à  40.  Epingles,  alêne  et  poinçon  en  fer, 

41  à  43.  Poinçons  en  os.  Pic,  pi.  XLVIll,  2  et  12. 

II.  —  Objets  de  parures  *  et  autres. 

44  et  45.  Grains  de  collier,  en  verre  vert  foncé,  rubanés  de  jaune.  Pic, 
pi.  VI,  4  et  32. 

46  à  31.  Grains  de  collier,  de  diverses  couleurs,  en  verre.  Pic,  pi.  VI, 
cf.  9,10,  15  et  16. 

52.  Grains  de  collier,  forme  allongée  avec  aspérités,  en  verre  bleu. 
Pic,  pi.  VI,  cf.  45. 

53  à  59.  Grains  de  collier  en  bronze,  déformes  diverses.  Pic,  pi.  XN'III, 
1,  3,  4et5. 

60  à  64.  Grains  de  collier,  de  diverses  formes,  en  terre  cuite.  Pic, 
pi.  LVII,  cf.  13,16,  38el39. 

'  Celle  forme  de  clef  était  tiiorc  en  usage  en  Champagne,  il  y  a  quelques  années, 
pour  ouvrir  do  l'extérieur,  par  un  Irou  de  la  porlo,   l>s  venoux  placés  à  l'inlérieur, 
*  Les  fibules  seront  l'objet  d'un  article  spécial. 


i'2\  H    NOVEMBRE    1906 

05.  Grain  de  collier  en  os.  Pic,  pi.  XLIII,  14. 
»)(>  h  68.  Grains  de  collier  en  silex  perc*^. 

69  à  74.  Fragmenls  d'objets,  de  l'époque  dite  du  bronze,  destinés  àêtre 
refondus  '. 

73  ;\  77.  Anneaux  ou  bagues  en  bronze. 

78.  Bague  en  fer  avec  chaton  (la  pierre  manque). 

79.  Bague  en  argent  avec  chaton,  intaille  en  cornaline.  Cette  pierre 
gravée  a  13  millim(''tres  de  diamètre,  elle  représente  un  arbre  à  droite, 
sur  plan  incliné;  à  gauche  un  massue  dressée  *. 

Au  sujet  de  cette  bague  je  dois  dire  qu'il  existe,  dans  la  collection  de 
M.  Brunehant,  trois  bagues  en  fer,  avec  intallle,  qui  ont  été  trouvées, 
comme  celle  du  n"  79,  dans  des  fonds  d'habitations  gauloises,  bien  datées 
par  des  monnaies. 

M.  Brunehant  a  eu  l'amabilité  de  me  les  confier,  pour  les  communiquer 
à  la  Société  des  antiquaires  de  France  '.  Voici  la  description  des  bagues 
et  les  empreintes. 

La  première  est  ornée  d'une  agate  grise,  de  forme  ovale,  de  10  milli- 
mètres sur  7  millimètres,  sur  laquelle  on  voit  une  massue  entre  deux 
traits.  La  deuxième,  aussi  avec  agate  à  plusieurs  couches,  ovale,  de  9 
millimètres  sur  0  m.  0075,  représente  un  paon  a  gauche  au  repos.  La 
troisième,  la  plus  intéressante^  est  ornée  d'une  superbe  intaille,  sur  agate 
également  à  plusieurs  couches,  ovale,  de  13  sur  12  millimètres.  On  y  a 
représenté  un  pégase  galopant  h  droite,  dessus,  entre  la  tète  et  l'aile,  V; 
entre  l'aile  et  la  queue,  EL  ;  entre  la  queue  et  les  pieds  de  derrière,  VG  ; 
sous  le  cheval,  NL  L'inscription  de  cette  bague  est  à  étudier,  car  elle 
peut  varier  suivant  le  départ  de  la  lecture. 

Il  est  intéressant  de  faire  remarquer  que  le  pégase  de  cette  bague  res- 
semble, comme  forme  et  allure,  à  celui  des  très  nombreuses  monnaies 
en  bronze,  à  la  légende  CRICIRV,  qui  ont  été  trouvées  avec  les  bagues 
dans  les  fonds  d'habitations. 

80.  Bague  en  bronze  filigrane.  Pic,  pi.  VII,  7. 

81.  Chaton  de  bague  en  verre  bleu.  Pic,  pi.  VII,  cf.  30. 

82.  Verre  sphérique  vert  de  15  millimètres  de  diamètre,  ayant  proba- 
blement servi  pour  parure. 

83.  Pendeloque  en  bronze,  ornée  de  pointillés,  de  42  millimètres  de 
longueur. 

84.  Fragment  de  miroir. 

85  et  86.  Rouelles  en  bronze,  de  43  millimètres  de  diamètre'*.  Pic,  pi. 
X,  cf.  36  et  40. 
87  et  88.  Petits  disques  en  os,  de  12  à  13  millimètres  de  diamètre. 


»  Voir  Bulletins  de  la  Sociélé,  vol.  i904,  p.  491, 

*  Pic,  pi.  VII,  il  y  a  dans  cette  planche  plus  de  20  bagues  à  chaton  représentées. 

*  Séance  du  30  mai  1906,  reproduite,  dans  les  Bulletins  de  la  Société. 

*  Une  rouelle  du  même  diamètre    est   quelquefois  genre  sous  le  cheval  des  mon- 
naies en  or  à  la  légende  CRICIRV. 


VAl'VILLK.   —  PnKSENTATION  ET  DKSCniI'TIUN  d'iiHJETS  DIVERS  425 

89  et  90.  Objets  de  bronze,  indéterminés. 

91.  Boucle,  (lo  forme  rectangtilairi',  en  bronze,  de  10  millimètres  de 
largeur.  IMc,  pi.  XXIII,  cf.  DO. 

92  à  94.  Boucles,  de  différentes  formes,  en  bronze,  de  18,  1!>  et  21  mil- 
limètres de  largeur.  Beuvray.  Bulliot,  pi.  L,  cf.  12,  27  et  29. 

95  à  97.  Boucles  en  bronze  avec  pKuiuette double  et  rivets,  ayant  servi 
à  fixer  à  une  courroie,  de  13,  15  et  17  millimètres  de  largeur. 

98  et  99.    Hameçon  et  harpon  en  bronze,  pour  la  pèche. 

100.  l'iaquetle  rectangulaire,  en  os,  de  43  millimètres  de  longueur  sur 
10  millimètres  de  largeur,  ornée  de  trois  cercles  centrés.  Tic,  pi.  XLIV, 
cf.  6  et  7. 

101  à  106.  Objets  indéterminés  en  bronze. 

107  <à  111.  Petits  outils,  en  bronze,  de  24  à  39  millimètres  de  longueur. 

112.  Petit  crampon  en  bronze.  D'autres  enfer  ont  été  trouvés  dans  les 
fouilles. 

113  et  114.  Clous  rivets,  en  fer,  avec  large  tète  sphérique  creuse.  Un 
très  grand  nombre  de  clous  en  fer,  avec  tôle  plate,  variant  de  3  à  20  cen- 
timètres de  longueur,  ont  aussi  été  trouvés  dans  les  fonds  d'habitations. 

115  à  120.  Clous  coniques  en  fer,  pour  chaussures(?J  avec  pointes  sous 
la  tète  pour  les  fixer. 

121  à  130.  Gouttelettes  ou  parties  de  bronze  provenant  de  la  refonte 
de  ce  métal  dans  les  habitations  gauloises. 

131.  Forte  partie  d'émail  ayant  coulé  dans  une  habitation.  Beaucoup 
d'autres  objets  en  fer  ont  été  aussi  recueillis  dans  les  fouilles,  tels  que  : 
fragments  de  cercles  de  roues,  ronds  de  timons (■?),  ciseaux  à  froid  pour 
couper  le  fer,  disques  troués,  coins  de  fer,  pointes  à  base  cylindrique, 
anneaux  divers,  fausses  mailles,  clous  a  œillet,  clous  à  crochet,  gâche, 
creusets  et  pelle  d'émailleur,  etc..  Ces  objets  sont  analogues  à  ceux  du 
Mont  Beuvray.  Musée  Saint-(jermain,  salle  13,  vit.  8  et  9.  Des  pinces  à 
épiler  en  bronze  (collection  de  M.  Brunehanl).  Musée  Saint-Germain,  salle 
13,  vit.  13  et  21,  de  Saint-Pierre-en-Chàtre.  Pic,  pi.  XVII,  20. 

Une  sépulture  humaine  avec  char  a  aussi  été  trouvée,  un  peu  à  l'est  de 
la  lettre  N  du  plan  reproduit  dans  les  bulletins  de  la  Société,  vol.  1894, 
p.  260,  par  un  nommé  Denis  Ilenriquel,  en  extrayant  des  pierres,  vers 
1840. 

111.  —  Fibules. 

De  nombreuses  fibules  ont  été  trouvées  dans  les  fouilles  faites  dans 
l'oppidum.  La  collection  de  M.  Brunehant  en  comprend  83,  plus  44  que 
j'ai  pu  recueillir,  sans  celles  passées  à  d'autres  personnes. 

Cette  série,  bien  datée,  par  de  très  nombreuses  monnaies  gauloises, 
trouvées  dans  des  fonds  d'habitations  avec  les  fibules,  est  très  intéres- 
sante. 

Voici  la  description  des  principales  formes  et  le  nombre  de  celles  que 
je  représente  à  la  Société  et  celui  de  celles  de  M.  Brunehant  : 


.i20  8    NOVKMHRK    190<) 

1'^  Uuil  libules  en  for  rond  (lig.  i),  avec  ressort  en  spirale  et  fermoir, 
longueur  de  60  h.  80  millimètres. 

Il  y  a  dans  la  colleolion  de  M.  Brunchaiit  1  i  fibules  en  fer  rond,  plus 
7  autres  en  fer  ayant  le  dessus  plat. 

2°  Trois  fibules  en   bronze,  en  tige  ronde,  ressort  de  6  tours  •,  l'une 
d'elles,  de  77  millimètres  de  longueur,  est  représentée  (ûg.  2);  la  partie 
du  fermoir  e?t  ajourée. 
Coll.  H.,  20  pièces  variant  de  40  à  99  millimètres  de  longueur. 
3°  Fibule  en  bronze,  demi-rond,  longueur  de  36  millimètres,  ressort  de 
6  tours  (fig,  3);  l'épingle  manque. 

4"  Belle  petite  fibule  en  bronze,  de  44  millimètres  de  longueur,  ressort 
de  4  tours.  Le  dessus  est  orné  de  deux  nervures  saillantes  sur  le  bord,  et 
de  trois  traits  en  travers. 

5"  Une  belle  fibule  en  bronze,  de  110  millimètres  de  longueur.  Le  des- 
sus plat  est  orné  de  deux  lignes  droites  sur  les  bords,  ressort  de  8  tours, 
fermoir  ajouré  (fig.  5). 

6°  Cinq  parties  de  fibules  en  bronze,  dessus  plat,  de  forme  triangu- 
laire, ressort  de  6  tours,  les  épingles  manquent.  L'une  d'elles  est  ornée 
dessus  de  deux  lignes  ;  la  partie  du  fermoir  est  large  et  non  ajourée,  lon- 
gueur de  68  millimètres  (fig.  6). 

Dans  la  coll.  B.  il  y  a  10  fibules  en  bronze,  comparables  à  celles  des 
n"*  5  et  6. 

7°  Une  fibule  en  bronze,  le  dessus  en  partie  plat,  ornée  de  cinq  lignes 
parallèles,  ressort  de  4  tours,  longueur  de  47  millimètres  (fig.  7). 

B»  Deux  fibules  en  bronze,  le  dessus  plat  de  forme  triangulaire,  ornées 
de  6  lignes  droites,  épingle  à  charnière  formée  par  une  pièce  à  part  reliée 
par  un  petit  rivet,  longueur  34  et  36  millimètres  (fig.  8). 
Cinq  fibules  analogues  dans  la  collection  de  M.  Brunehant. 
9"  Une  fibule  en  bronze,  le  dessus  très  large,  ornée  d'une  ligne  perlée 
an  milieu,  deux  autres  lignes  pleines  sont  sur  les  bords,  longueur  de  36 
millimètres,  l'épingle  manque  (fig.  9). 
Collection  B.  une  pièce  du  même  genre. 

10"  Trois  fibules  en  bronze,  le  dessus  de  forme  triangulaire,  ornées 
de  quadrillés  séparés  au  milieu,  par  une  partie  droite  un  peu  saillante, 
épingle  a  charnière  *  (fig.  10). 

Dans  la  collection  B.  il  y  a  7  pièces  du  même  genre. 
Il»  Une  fibule  en  bronze,  le  dessus  large  en  forme  de  losange,  ornée 
de  trois  traits  et  d'une  petite  collerette,  longueur  de  48  millimètres,  l'épin- 
gle a  charnière  manque  (fig.  11). 
Collection  lî.  4  pièces  du  même  genre  en  bronze. 
120  Quatre  fibules  en  bronze,   le  dessus  assez  large,  ornées  de  diverses 


*  Toutes  les  pièces  indiquées  avec  le  nombre  de  tours  sont  à  ressort  à  spirale. 

*  Les  fibules  avec  épingle  à  charnière  sont  plus  rarement  trouvées  avec  l'épingle 
que  celles  à  ressort  à  spirale,  ces  dernières  étant  plus  résistantes  que  les  premières. 


VÀUVILLK.  {"UlCSENTATION  ET  DESCRIPTION  u'oHJETS   DIVEHS  427 

manières,  collerette  un  peu  plus  large  ([ue  celle  du  n''  11,  l'une  déciles  ' 
est  ornée  do  traits,  de  petils  anndclset  de  lignes  perlées,  longueur  de  50 
millimétrés  (lig.  12). 

Collection  B.  trois  fibules  en  bioir/»î  du  même  genre,  dont  une  avec  col- 
lerette ajourée. 

13°  une  très  belle  libule  en  bronz-e  ,  avec  collerette  de  11)  millimètres 
de  diamètre,  ornée  de  deux  cercles  de  grônetis,  le  dessus,  du  coté  du  res- 
sort de  8  tours  porte  des  lignes  perlées;  sur  les  bords,  du  coté  du  fer- 
moir, sont  deux  autres  lignes  perlées;  le  milieu  est  orné  de  zigzags,  lon- 
gueur 51  millimètres  (fig.  13)  '. 

140  En  plus  des  fibules  dont  il  vient  d'être  question,  voici  12  fragments 
d'autres  en  bronze,  avec  ressort  ;i  spirale. 

M.  Brunchant  a  aussi  12  autres  fibules  de  diverses  formes. 

.le  pense  qu'il  est  intéressant  de  faire  remarquer  que  la  fibule  du  genre 
du  n"  13  est  représentée  ouverte,  sur  les  monnaies  en  or  à  la  légende 
CRICIllV,  comme  l'a  fait  remarquer  .Maxc-Werly  *. 

IV.  —  Poteries. 

Un  très  grand  nombre  de  fragments  de  poteries  gauloises,  bien  datées 
par  de  nombreuses  monnaies  de  cette  époque,  ont  été  recueillies  dans  les 
fouilles  de  fonds  d'habitations. 

Les  formes,  les  dimensions  et  les  orneaients  de  ces  poteries  varient 
beaucoup;  je  renvoie  pour  les  détails  aux  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1894, 
p.  ^78,  au  sujet  de  112  fragments  de  poteries  gauloises  présentées  par 
moi  à  la  Société,  dans  la  séance  du  15  mars. 

y.  —  Monnaies. 

\o  Monnaies  fiauloises.  —  A  ma  connaissance,  il  a  été  recueilli,  dans 
l'oppidum  de  Pommiers,  environ  2.000  monnaies  gauloises,  trouvées  dis- 
séminées, dans  les  fouilles  d'habitations  et  dans  toutes  les  parties  de  l'en- 
ceinte. 

J'ai  donné  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France, 


»  Cette  fibule  a  été  étamée  on  argentée. 

«  Les  13  variétés  de  fibules  ont  été  représentées  dans  :  Mémoires  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  France  ,  t.  LXVI  (1906),  p.  10. 

,»  Une  fibule  analogue  a  été  trouvée  dans  l'oppidum  du  Cliatelet  (Haute-Marne)  et 
décrite  par  l'abbé  Fourot,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  arts,  etc.,  de 
Saint-Dizier,  t.  IV  (1887),  p.  88,  pi.  LIV. 

Une  autre,  du  môme  genre,  a  été  recueillie  au  Monl-Beuvray  par  M.  J.  Dehelelte. 
Ces  deux  fibules  avaient  leur  ressort  à  spirale  protégé  par  une  enveloppe  métallique, 
indiquant  certainement  l'influence  romaine,  contrairement  à  toutes  celles  de  Pom- 
miers dont  le  ressort  n'est  pas  garanti. 

4  Bulletin  monumental,  1884,  p. 


i-2S  8   NOVEMIIRE   1906 

T.  LV,   1904-1905,  p.   79',  un  inventaire  de  1.945  monnaies  gauloises, 
comprenant  456  pièces  de  la  collection  de  M.  Brunehant. 

l/examen  de  cet  inventaire  est  des  plus  intéressants,  on  constate  en 
effet  qu'il  comprend  de  très  nombreuses  monnaies  gauloises  étrangères  au 
pays,  telles  que  celles  des  peuplades  suivantes  *  :  Massilia,  d'Avenio, 
Segusiavi,  Tectosages,  Arverni,  Aedui,  Sequani,  Bituriges,  Carnutes, 
Eburovices,  Lexovii,  Caletes,  Veliocasses,  Meldi,  Silvanectes,  Bellovaci, 
Ainbiani.  Atrebates,  Nervii,  Treviri,  Aduatici,  Leuci,  etc.,  qui  prouvent 
évidemment  que  les  habitants  de  iVotu"o(/u»M?/i  avaient  des  relations,  très 
probablement  commerciales,  avec  ces  diverses  peuplades,  avant  la  con- 
quête romaine. 

Les  monnaies  gauloises  les  plus  communes  sont  : 

l»  Celles  en  bronze  à  la  tète  de  Janus,  lion  courant  ou  au  repos  au  revers 
(349  monnaies  sur  1.945),  qui  sont  dans  la  proportion  de  près  de  18  0  0. 

2°  Les  monnaies  de  bronze,  d'argent  ou  d'or  à  la  légende  GRICIRV 
sont  de  beaucoup  les  plus  fréquentes  (956  pour  1.945  monnaies),  leur  pro- 
portion est  de  plus  de  49  0  0. 

Les  découvertes  des  nombreuses  monnaies  à  la  tête  de  Janus^  de  même 
que  celles  a  la  légende  CRICIRV,  dans  l'oppidum,  ont  permis  de  les  attri- 
buer avec  certitude  aux  Suessions. 

Les  monnaies  de  CRICIRV,  aux  variétés  si  nombreuses,  est  l'une  des 
séries  les  plus  importantes  des  pièces  gauloises  avec  nom  de  chef,  recueil- 
lies dans  le  nord  de  la  France. 

Un  certain  nombre  de  ces  monnaies  ont  été  reproduites  dans  diverses 
publications  '.  Comme  parmi  les  1.286  pièces  que  j'ai  pu  recueillir  ^,  de- 
puis 1863  ■",  de  l'oppidum,  il  se  trouvait  12  variétés  inédites,  j'ai  donné 
dans  la  Revue  numismatique,  vol.  1906,  p.  117,  un  article  ayant  pour  titre  : 
«  Monnaies  gauloises  des  Suessions  à  la  légende  CRICIRV  »,  dont  j'ai 
oiïert  le  tirage  îi  part  à  la  Société,  31  monnaies  différentes  y  sont  repré- 
sentées, dont  18  variétés  en  bronze,  10  en  argent  et  3  en  or.  Sur  ces  trois 
dernières  la  fibule  n"  13,  dont  il  a  été  question  précédemment,  y  est  repré- 
sentée ouverte. 

-2°  Monnaies  romaines.  —  Les  pièces  romaines  trouvées  dans  l'oppidum 
sont  relativement  peu  nombreuses;  voici,  ;i  ma  connaissance,  celles  qui  y 
ont  été  recueillies,  en  comprenant  7  monnaies  de  M.  Brunehant  "  : 

1°  Monnaies  trouvées  disséminées  : 
1.   Un  as  frappé. 

*  Page  35  du  tirage  à  part  que  j'ai  offert  à  la  Société.  • 

*  Bévue  numismatique,  ]899,  p.  270. 

3  nevue  uumismatifjue,  1S36,  pi.  X,  6;  i833,  pi.  I,  3;  1885,  pi.  VI:  1886.  pi.  XI  et 
XII;  1893,  pi.  VIII.  Jîerue  archéologique,  1881,  pi.  VI,  24. 

4  Ces  monnaies  ont  été  trouvées  disséminées  dans  l'enceinte,  principalement  dans 
des  fonds  d'habi'.ations. 

5  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Soissons,  T.  XVII  (18G3),  p.  282. 

6  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  vol.  1881-1885,  p.  86. 


VAIVII.I.K.    -    l'UlisENTATlON  KT  DKM'.ltU'TKiN  d'oiuETS  DIVERS  ii>0 

2  il  4.  Trois  deniers  avec  la  tôte  de  l»allas  à  druile,  de  date  inceitaine. 
5.  Famille  PINAIIIA,  éin.  vers  200  av.  J.  Ch.  '. 
().       —       PAIMIUA.  —       13î)         — 

7.  —       l'o.Ml'l-IA,        —       1-2'J         _ 

8.  —       ANTESTIA,      —       \'2l        — 

9.  -     mi:mmia,       —      <)i      _ 

10.  -        IN'.XIA.  —         HU         _ 

11.  -        KNHUIA.  —         m         — 

1-2.  -       TiliMUA,  ém.  entre  1 1 1  et  T'J  av.  .I.'cii. 

i:{.  —       rUnCILlA,  ém.  vers  7!)  av.  J.-Ch. 

U.  —       COIINKLIA,  ém.  entre  Si  il  1-2  av.  .I.-Ch. 

\">.  —       AUIUA,                 _        44  î             _ 

16.  —       CLAVDIA,             —        43                — 
17  et  18.   Deux  monnaies  dWuguste. 

18.  Une  de  Tibère. 

20.  l'ne  de  Victorin. 

2"  .Monnaies  de  la  trouvaille  1875  '^  : 

Celte  découverte,  faite  en  extrayant  des  pierres,  comprenait  un  petit 
trésor,  caché  sous  une  pierre,  composé  d'environ  100  monnaies  en  argent, 
comprenant  des  gauloises  éduennes  et  séquanes  et  5  pièces  romaines  se 
rapportant  aux  familles  suivantes  : 

1.  MARCL\,  émission  vers  174  av.  J.-Cli. 

2.  FViNDANIA,         —  101       — 

3.  CIPIA,  —  94       — 

4.  CORNE Ll.\,        —  72       — 

5.  CASSIA,  —  54       — 

En  plus  des  découvertes  dont  il  vient  d'être  question,  on  a  trouvé  dans 
l'enceinte  de  Pommiers  beaucoup  de  silex  taillés  et  polis  de  l'époque  néo- 
Ihitique,  indiijuanl  (jue  cette  position  a  été  occupée  ;i  cette  époque. 

Conclusions. 

1"  Les  nombreuses  découvertes  faites  dans  l'oppidum  de  Pommiers,  la 
très  grande  largeur  du  fossé  et  la  haute  muraille  de  la  fortification  prin- 
cipale ^,  la  récente  di'couverte  du  camp  de  C'^sar,  d'environ  de  77  hec- 
tares, permettent  bien  d'affirmer  que  c'est  bien  là  l'emplacement  d(;  l'an- 
tique Noviodum  des  Suassions. 

•  Les  dates  d'émissi(jns  sont  celles  ailmiscs  par  M.  Raiielon  Jaiis  ses  Monnaies  de 
la  république  romaine. 

*  Le  peu  de  monnaies  romaines,  postérieures  à  l'an  57,  de  mémo  qtic  quelques  mon- 
naies gauloises  émises  après  cette  date  trouvées  dans  l'oppidum,  prouvent  bien  que 
l'enceinte  a  été  à  peu  près  abandonnée  après  le  passage  de  César.  Ces  quelques  mon- 
naies proviennent  probablement  des  habitants  des  grottes  creusées  dans  la  contres- 
carpe du  relmncheiuent  ou  décolles  du  Ville:  ces  dernières  ^Tottes  sont  méni  •  en- 
core habitées  de  nos  jours. 

■'  Bulletin  arrhéoln(/i(/ue  de  Soissons,  vol.  IS82,  p.  «8. 
4  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1894,  p.  i'6t  et  fi^'.  2  et  3. 

soc.  u'antuhop.  ^yOU  30 


430 


8   NOVEMHltK    1906 


o.Vtui4,tlL. 


^•-i?^ 


Plan  de  l'enceinte  gauloise  et  du  camp  romain  au  1/20.000*  (i). 


2»  Le  peu  de  monnaies  gauloises  et  romaines,  émises  après  l'an  57, 
recueillies  dans  l'enceinte,  prouve  bien  qu'elle  a  été  abandonnée  peu  après 
le  passage  de  César. 


♦  l.e  cliché  de  ce  plan  a  été  prêté  par  la  Société  des  Antiquaires  de  France. 


VAl  VII.I.K.   —  PIlKSENTATKtN   ET  DESCIIIPTION  d'oUJETS  DIVEHS  i'M 

'A"  La  fltM-ouvcrlc  de  IHT;'»,  cuiiiprciiaiil  des  uiDimaics  (kluennes  el  sé- 
quanes  et  5  deniers  .le  la  nipuldiqiu'  [(jinaine,  dont  la  plus  n^cenle  est  de 
l'an  54,  peniiPt  de  croire  t|u'après  la  di-faite  des  IJeliuvaciues  sur  l'Aisne 
(J'A  av.  .I.-Cli.),  César  a  oecupé  l'uppiiluni,  en  passant,  pour  se  rendre 
dans  la  région  située  entre  le  Khin  et  la  Meuse  où  Ainliiorix  se  révol- 
tait V 

C'est  très  probaiilement  à  ce  moment  (jue  la  haute  muraille  de  l'oppi- 
dum de  Pommiers  (environ  Kî  in-Hres  de  hauteur)  a  été  versée  dans  le 
fossé  où  les  pierres  sont  actuellement  recouvertes  de  plus  de  3"'50  de  rem- 
blais '. 


LKGENDE  du  I'LAN. 

r.onrlii^s  é(|ui(lis(antes  do  5  en  5  mètres  (raltilinic. 

Liniilc  lie  territoire  coiniuiiniil. 

Souliers 

N"'  1.  2.  3  et  4.  Fouilles  .le  li)03.  où  lo  lui"  a   été  creusé  |ioiu-  forlilier  le  cainp 
romain. 

5,  6,  7  et  8.  Talus,  restes  de  la  f()rtili<alion. 

9  et  10.  Tuf  taillé,  sur  une  forte  liaiitour  |)()ui'  la  défense. 

11-12.   Ouvrage  do  défense  pour  cimiiirendi'e  les  smirces   A    et   \i  dans  l'eii- 
ceinte. 

13.  14,  15  et  16.  Fossé  do  fortillcation  bien  conservé  dans  les  bois. 

17,  18,  19.  20  et  21.  Parties  do  fossé  de  fortillcation    bien  visibles  dans  les 
boie. 

22.  23.  24  et  25,  Talus  bien  conservé. 

26.  27.  28  et  29.  Restes  de  fortilicalions  encore  visibles. 

30  et  31.  Beau  et  fort  talus  de  l'enceinte  romaine. 

32.  Reste  de  la  fortification  romaine  au   point  le  |)lus  rapproché  de  l'oppi- 
dum. 
A,  B,  C.  D.  E,  F,  G,  II.  el  I.  Sources  utilisées  par  les  Romains. 
J,  K,  L.   Fossé  de  forlitication  de  l'est  du  camp  romain. 
M,  N,  0.  Fossé  de  la  fortification  romaine,  sur  le  front  de  la  fortilieatioii  (iriii- 

cipale  de  l'enceinte  gauloise. 
P  et  Q.  Roches  visibles  sur  les  choMiins  in<li<|iMiil    la    dillicidlé    de  cieuser  pro- 

fomlémenl  sin-  la  partie  du  fossé  M.  N,  U. 
H.  Fndroil  île  la  terrasse  élevée  par  les  romains  pour  }'  établir  des  tours. 
S.  Partie  la  moins  fortifiée  de  l'oppidum. 
T.  Puits,  le  17'=  découvert  dans  l'enceinte  gaidoise. 
U.  Puits  contigu  à  une  habitation. 

V.  Puits  ayant  servi  aux  habitants  rios  gnjttes  creusées  dans  la  eonlresearpe. 
U".  V,  et  \.  Fort  ruisseau  venant   de  .luvigny.  à  5()0   mètres   du    noni-est   du 

camp  où  les  chevaux  des  Koniains  élaienl  abreuvés. 

»  B.  G.  L.  VII. 

3  Bulletins  de  la  Société,  vol.  1874,  p.  274  et  tij,'    14. 


43-2  8  NOVEMBRE    1906 

MON   OPINION    SUR   UN    POINT   DE   MORPHOGENIE  OSSEUSE 
1*AR  M.  LE  iJf  FÉLIX  ReGNAULT. 

.le  lis  dans  le  Bulletin,  séance  du  !•■■  février*,  que  j'avais  attribué  à  tort 
au  l)nJ.  Papillault  une  théorie  de  morphogénie  osseuse  qu'il  n'avait  ja- 
mais émise  ;  à  savoir  l'action  phagocytaire  des  muscles  sur  les  os  pour 
expliquer  la  formation  des  fossettes  osseuses.  Je  m'incline  devant  sa  rec- 
tification, et  me  serais  incliné  avant  s'il  n'avait  attendu  près  de  cinq  ans 
pour  la  faire. 

Mais  je  ne  voudrais  pas  que  l'on  put  croire  que  je  lui  avais  attribué  une 
théorie  fausse  pour  le  facile  plaisir  de  la  réfuter.  Je  tiens  donc  à  dire  les 
raisons  de  mon  erreur.  Elles  résident  dans  les  quelques  lignes  qui  précè- 
dent et  qui  suivent  la  citation  qu'il  fait  de  son  travail,  lignes  qu'il  a 
omises  ;  qu'on  me  permette  de  les  citer  : 

«  Rappelons,  avant  d'aller  plus  loin,  une  expérience  très  simple.  Si 
une  aiguille  osseuse  pénètre  dans  les  tissus,  elle  ne  tarde  pas  à  diminuer 
de  volume,  et  elle  finit  par  disparaître  complètement  au  bout  d'un  certain 
temps.  Ce  n'est  ni  la  pression  sanguine,  ni  la  tonicité  des  muscles,  ni 
l'élasticité  des  téguments  qui  a  vaincu  cette  matière  résistante.  On  sait  que 
ce  sont  les  phagocytes  qui  l'ont  entourée,  se  sont  appliquées  sur  elle,  ont  décotnposé 
la  substance  osseuse  par  leurs  sécrétions,  et  l'ont  en  un  mot  digérée  peu  à  peu. 

«  Or  on  sait  que  cette  action  ne  s^ exerce  pas  seulement  sur  les  corps  inertes.  » 

Suit  la  citation  faite  par  M.  Papillault,  page  69  du  Bulletin.  Cette  cita- 
tion se  termine  par  ces  lignes  également  omises  : 

«  On  peut  même  aller  plus  loin;  si  les  mouvements  augmentaient 
d'amplitude,  si  les  cellules  avaient  besoin  de  s'étendre,  l'os  céderait 
devant  elles,  non  par  suite  de  leur  pression,  tnais  à  cause  de  leur  surcroit 
d'activité  de  la  même  façon  que  notre  aiguille  osseuse  cédait  aux  phagocytes.  » 

Je  mets  en  italique  les  passages  les  plus  expressifs.  Mon  honorable  col- 
lègue conviendra  qu'on  pouvait  s'y  tromper  et  admettre  que  les  muscles 
digèrent  l'os  directement  de  la  même  façon  que  les  phagocytes  digèrent 
les  microbes  comme  l'a  montré  si  heureusement  le  D""  Metchnikoff. 

J'ai  expliqué  comment  cette  lutte  était  impossible  puisque  le  muscle 
n'est  pas  en  contact  avec  l'os,  il  en  est  toujours  séparé  par  un  tendon. 
C'est  là  le  point  qu'il  importe  de  bien  marquer,  car  le  D""  Papillault,  nous 
répète  dans  sa  rectification  «  le  muscle  étant  parfois,  pour  des  raisons  que  j'ai 
déterminées,  en  contact  avec  le  pé)'ioste  par  une  de  ses  extrémités,  agit  sur  la 
couche  ostéogène  de  ce  dernier  et  imbibe  son  action  ossifiante  ».  . 

Si  le  muscle  agit  sur  le  périoste  par  ses  produits  chimiques  il  ne  peut 
le  faire  qu'indirectement,  à  la  façon  dont  la  glande  thyroïde  agit  par  ses 
sécrétions  sur  les  organes  de  l'économie. 


1  Voir  Bulletins  de  la  Société  d'Anthropologie,  1906,  p. 
•  Id.,  p.  69,  sixième  avant-dernière  ligne. 


K.-r.    IIA.MY.    —   NOTE  SUR  DES  COLLECTIONS  ANTHROPOLOC.IQUES  133 

Celte  action  indirecte  du  muscle  sui  le  pi^^rioste  est,  je  le  reconnais,  une 
nouvelle  hypothèse  dont  je  n'avais  pas  entendu  parler.  Mais  elle  uo  s'ap- 
puie jusqu'à  présent  sur  aucun  fait  positif. 

Discussion. 

M.  P.\piLLALLT.  —  Je  renonce  à  me  faire  comprendre  de  M.  Regnault. 
Je  rappelle  seulement,  pour  les  lecteurs  de  ces  Bulletins,  que  mon  article 
sur  la  morphogénie  osseuse  comprenait  ileux  parties  : 

4"  Une  partie  critique,  qui  montrait  l'impossibilité  d'explitjuer  la  forme 
des  os  par  des  actions  purement  mécaniques  des  muscles  dont  on  invo- 
quait partout  les  etîels.  On  n'y  a  jamais  répondu  et  pour  cause.  J'espère 
ne  plus  voir  admettre  dans  les  essais  futurs  de  morphogénie  osseuse  ces 
processus  hypothétiques  dont  l'action  n'a  jamais  existé  que  dans  l'imagi- 
nation des  auteurs. 

2°  J'ai  fait  h  mon  tour  une  nouvelle  hypothèse  sur  l'action  biochimique 
que  les  muscles  exercent  sur  l'ossidcation.  J'attends,  non  qu'on  discute 
sur  des  mots,  mais  qu'on  m'apporte  des  faits  en  contradiction  avec  elle, 
comme  je  l'ai  fait  pour  la  précédente. 


NOTE   SUR  LES  COLLECTIONS  ANTHROPOLOGIQUES, 
recueillies  par  M.  le  Lieutenant  L.  Desplagnes, 
DANS  LE  MOYEN-NIGER 

PakM.E.T.  Hamy, 
Président  de   la  Société. 

Les  deux  campagnes,  conduites  avec  autant  de  bonheur  que  de  cou- 
rage par  M.  le  Lieutenant  Desplagnes  dans  la  région  moyenne  du  Niger, 
n'ont  pas  eu  seulement  des  résultats  de  l'ordre  géographique.  Aux  ren- 
seignements tout  nouveaux  qu'il  a  recueillis  sur  la  chaîne  qui  limite  la 
bouche  du  fleuve  dans  la  direction  du  Sud,  aux  indications  précises  qu'il  a 
rapportées  sur  ce  long  chapelet  de  lacs  à  peu  près  inconnus  qui  reprodui- 
sent dans  la  plaine  à  l'Est  du  grand  fleuve  les  mômes  phénomènes  qu'on 
avait  observés  déjà  vers  sa  rive  occidentale,  M.  Desplagnes  a  ajouté,  en 
effet,  une  quantité  énorme  de  documents  particulièrement  précieux  sur  les 
premières  populations  de  ce  vaste  bassin,  dont  il  a  retrouvé  les  restes, 
à  l'état  d'ilols  ethniques,  soit  dans  les  lies  et  les  marécages,  soit  dans  les 
hautes  falaises  méridionales  '. 


*  Cf.  L.  Desplagnes.  —  Une  mission  archéologique  dans  la  vallée  du  Niger  (La 
Géographie  T,Xn\.  p.  81-90,  fig.  17-20,  1906).  —  Id.  Le  plateau  contrai  nigérien 
(Bull  de  Géogr.  Hisl.  et  Descriptive,  1906.  p.  6.0-81  carte.  Cf.  Bull.  Soc.  d'Anthrop. 
1er  février  1906,  p.  73-86.) 


^3i  8    MJVEMUHK    l'.»nO 

Ces  tribus,  à  peu  près  inconnues  jusqu'ici,  portent  les  noms  de  Sorkos, 
dans  la  vall«îe,  de  Habis  dans  la  montagne,  et  M.  Desplagnes  a  fixé  dans 
ses  notes,  ses  photographies  '  et  ses  collections  les  survivances  que  distin- 
liuiMil  les  unes  et  les  autres,  des  nouveaux  venus  qui  ont  dépossédé  les 
aiicn'ns  liahilants  du  sol  et  les  ont  refoulés  dans  les  sites  où  on  les  retrouve 
aujourd'hui. 

Sorkos  et  Habés  avaient  largement  développé  jadis  une  civilisation 
analogue  ;i  celle  de  notre  période  néolithique,  et  M.  Desplagnes  a  réuni  dans 
unt'  étonnante  vitrine  du  Musée  du  Trocadéro  des  spécimens  a  la  fois  très 
nombreux  et  fort  remarquables  de  cette  archéologie  caractéristique. 

Les  Habés  de  nos  jours  ont  d'ailleurs  conservé  un  certain  nombre 
d'habitudes  et  de  pratiques  représentées  aussi  dans  les  matériaux  de  la 
mission  de  M.  Desplagnes  par  un  certain  nombre  d'objets  dont  l'interpré- 
tation lui  a  fourni  des  données  ethnographiques  instructives. 

Knfin,  gr.Ace  à  une  petite  collection  de  crânes  et  d'ossements,  offerts  au 
Muséum  et  provenant  d'anciennes  sépultures  fouillées  par  ce  voyageur 
dans  les  falaises  de  Bandiagara  et  des  monts  Dalla  et  Ilombori,  nous 
sommes  en  mesure  de  commenter,  à  un  autre  point  de  vue  encore,  cette 
l'thnologic  si  nouvelle,  et  je  me  propose  d'abordei-  rapidement  dans  les 
lignes  qui  vont  suivre  l'étude  des  affinités  anatomiques  de  ces  néolithiques 
nigériens,  hier  encore  tout  à  fait  ignorés  des  antliropologistes. 


La  première  série  que  nous  ayons  à  analyser  se  compose  de  trois  crAnes 
exhumés  d'une  sorte  d'abri  sous  roches  entre  Tougoume  et  Sigama,  dans 
\o  cercle  de  Bandiagara.  La  sépulture  avait  été  déjà  violée;  on  y  recon- 
naissait toutefois  des  restes  fort  apparents  de  deux  enceintes  en  pierres 
sèches  de  formes  arrondies  ;  la  plus  interne  contenait  de  nombreux 
restes  humains  orientés  de  l'Ouest  à  l'Est  et  des  poteries  rouges,  bien 
cuites,  sortes  d'escabeaux  h  pieds  courbes  ajourés,  qui  avaient  dû  servir 
d'offertoires. 

Les  crânes  recueillis  dans  celte  tombe  sont  tous  trois  masculins,  et  rela- 
tivement volumineux  (capac.  cr;\n.,  moyenne  14o5  ".  circonf.  horizont. 
0  m.  513). 

Cette  augmentation  de  volume  se  traduit  dans  toutes  les  mesures  diamé- 
trales qui  l'emportent,  inégalement  d'ailleurs,  sur  les  mesures  correspon- 
dantes des  Soudaniens  actuels.  Les  diamètres  moyens  antéro-poslérieur  et 
Iransverse  s'élèvent,  en  effet,  à  0  m.  189  et  0  m.  137  et  comme  ce  dernier 
a  pris  une  importance  relative  un  peu  plus  considérable,  l'indice  céphali- 
que,  de  60.7  qu'il  est  chez  les  Soudaniens  de  la  région  du  Niger  s'élève  à 
7-2.4  chez  les  Habés  de  Bandiagara.  Par  contre,  l'accroissement  du  diamètre 
basilo-bregmatique  étant  moins  scnsib'c  que  celui  des  deux  autres  dia- 


Au  nombre  de  plus  de  500. 


F,. -T.    HAMY.   —  NOTE  SUR  HES  COLLECTIONS  ANTHHOI'OLOGIQLÎES  435 

mètres,  le  rapport  de  l.i  hauteur  à  la  longeur  s'abaisse k  7i,9  et  l'hypsisté- 
nocéphalie,  habituelle  à  tous  les  f;roupes  nigériens  actui'ls  «lisparatt, 
l'indice  (le  liauleur-Iargeur  demeurant  inférieur  à  100.  f'J!>.2) 

Ces  crânes oITrent  d'aillpuis  la  uiurphulogii-  lial»i(in'll<'  aux  Soudaniens, 
mais  avec  (|uel(|ue  chose  de  plus  massif  et  de  [dus  brutal.  Ils  ont  surtout 
les  arcades  sourciiiéres  plus  prononcées  et  les  insertions  de  la  baso  beau- 
coup plus  apparentes.  I.a  région  pariétale  est  relativement  plus  impor- 
tante. La  face  est  d'une  rudesse  frappante. 

Toutes  si's  dimensions  sont  augmentées  ;i  la  fuis  en  largeui' et  en  hauteur, 
mais  l'amplialion  des  dimensions  verticales  étant  plus  considérable,  l'in- 
dice facial  de  710  qu'il  est  chez  les  Soudaniens  modernes  monte  à  731. 
Les  arcades  zygomaliques  se  détachent  notablement,  surtout  sur  un  des 
trois  sujets,  le  plus  grossier  d'aspect  de  cette  petite  série,  où  elles  devien- 
nent de  véritables  mwe  capitis. 

Les  mesures  de  l'orbite  varient  peu  du  Suudanien  moderne  au  noir 
ancien  de  Bandiagara  et  l'indice  orbitaire  change  à  peine  d'un  groupe  à 
l'autre  (haut.  33""",  larg,  38°"",  ind.  orb.  8()8j.  L'indice  nasal  pris  sur  deux 
de  nos  sujets  seulement  (le  troisième  est  déformé  par  un  vaste  polype) 
est  un  peu  plus  platyrrhinien  chez  les  llabès  que  chez  les  Soudaniens; 
la  largeur  du  nez  atteignant  :28,  la  hauteur  demeurant  la  même  (50),  l'in- 
dice nasal  se  chiffre  par  56  au  lieu  de  54. 

Le  prognathisme  se  traduit  par  des  angles  faciaux  alvéolaire  et  sous- 
nasal  de  08°  et  de  78°;  les  mêmes  angles  mesurent  chez  les  Soudaniens 
63°  et  76°. 

Un  fémur  gauche,  le  seul  os  long  rapporté  par  M.  Desplagnes  de  Ban- 
diagara mesure  477"»'",  ce  qui  correspond  h  une  taille  de  1  m.  75  au  moins. 


II 


Une  deuxième  série  de  crAnes  provient  des  montagnes  de  Dalla.  Ils  ont 
été  tirés,  le  12  février  11)05,  d'une  petite  case  en  ma;;onnerie  de  4  mètres 
de  long  sur  2  mètres  de  large  et  1  mètre  de  haut,  ménagée  dans  un  abri 
sous  roche  à  200  mètres  environ  d'altitude  dans  la  falaise  qui  borde  au 
sud  le  bassin  lacustre  dont  il  était  question  plus  haut.  M.  Desplagnes  sup- 
pose que  cette  sépulture,  qui  renfermait  les  restes  d'une  (juinzaine  d'indi- 
vidus serait  antérieure  à  l'arrivée  desSonrhays  dans  la  région  (xii»  siècle. 

De  ces  cin([  crAnes  de  Dalla,  (juatre  .sont  masculins;  le  cinquième  a 
appartenu  ;i  une  femme  relativement  vigoureuse  et  un  peu  homasse  pour 
ainsi  dire.  Ces  gens  du  Dalla  appartiennent  à  deux  types  notablement 
ditl'érents,  l'un  qui  se  rapproche  plus  à  certains  égards  des  Soudaniens 
modernes,  l'autre  qui  s'en  écarte  davantage  au  contraire. 

Le  premier  type  du  Dalla,  tout  en  conservant  dans  ses  trois  dimensions 
une  suprématie  notable  sur  le  Soudanien  actuel  présente  des  indices  crâ- 
niens presque  identiques.  Les  trois  diamètres  mesurent  respectivement 
0  m.  191,  0  m.  133,  0  m.  139.  Les  indices  correspondants  se  chiffrent  par 


43(>  8  .NovKMiinK  1Î)8G 

0!(,(»;  7-', 7;  lUi,;").  (Jiez  les  Soudanicns  les  mômes  diam^-lres  sont  lepré- 
senlés  par  0,182,0,127,  0,133,  mais  les  indices  demeurent  69,7;  73,0; 
101.7. 

Il  en  est  de  môme  des  proportions  faciales;  les  dimensions  sont  un  peu 
plus  grandes,  mais  l'indice  facial  varie  peu  (71,4  ou  bien  71,0)  l'indice 
orbilairc  est  exactement  le  m(}me,  l'indice  nasal  exagéré  (62,5  au  lieu  de 
5i,0)  dans  le  sens  de  la  platyrrhinie. 

Les  angles  faciaux  sont  presque  les  mômes;  l'alvéolaire  un  peu  plus 
fermé  (61°)  le  sous-nasal  à  peine  un  peu  plus  ouvert  (77°). 

Le  second  type  du  Dalla  tend  vers  celte  autre  race  nigritienne  dont 
j'ai  essayé  naguère  de  dégager  le  type  sous  le  nom  de  nouba-haoussa  *  et 
dont  les  sept  tribus  de  ce  dernier  peuple  représentent  l'élément  occiden- 
tal. Ce  sont  presque  les  mêmes  diamètres  et  les  mêmes  indices  que  l'on 
relève  chez  les  uns  et  chez  les  autres  (Dalla  (2)  ind.  céph.,  76,7;  73,5 
95,7.  Haoussas,  77,2;  73,4;  95,0).  Les  variations  des  indices  S(5nt.plus 
étendues  à  la  face,  qui  est  proportionnellement  un  peu  plus  haute,  mais 
avec  son  nez  qui  reproduit  les  éléments  numériques  du  type  Dalla  n°  1. 

Les  crânes  des  monts  Hombouri,  dont  il  me  reste  k  dire  quelques 
mots,  ont  été  trouvés  le  8  février  1905  dans  des  fentes  naturelles  de  rochers, 
que  recouvrent  des  blocs  de  pierre  rapportés  formant  de  petites  chambres 
irrégulières.  Plusieurs  sujets  à  la  fois  occupent  la  même  cavité  et  sont 
habituellement  assez  emmêlés  pour  qu'il  soit  impossible  de  faire,  suivant 
l'expression  du  voyageur,  l'attribution  individuelle  exacte  de  chaque  osse- 
ment.  Un  sujet,  sur  les  quatre  qui  nous  ont  été  rapportés,  est  atteint  de 
scaphocéphalie;  c'est  une  femme.  Les  trois  autres  sont  masculins.  Ils  dif- 
fèrent considérablement  les  uns  des  autres;  le  premier  paraît  rentrer  plus 
tôt  dans  le  type  que  je  viens  de  définir  sommairement  sous  le  nom  de 
Dalla  n°  1,  tandis  que  le  3^  rappelle  de  préférence  le  type  n«  2  de  cette 
région. 

Par  les  chiffres,  la  petite  série  du  mont  Hombouri  s'écarte  même  assez 
peu  de  ce  deuxième  type,  quelques  mensurations  seules  accentuent  cer- 
taines particularités  telles  qu'une  brièveté  un  peu  plus  marquée  delà  face 
et  du  squelette  nasal  en  particulier. 

La  taille  moyenne  donnée  par  trois  fémurs  recueillis  par  le  voyageur 
serait  k  peu  près  la  même  que  celle  du  sujet  de  Bandiagara,  mais  il  n'est 
pas  inutile  d'observer  que  l'un  de  ces  trois  os  atteint  524"°'»,  ce  qui  cor- 
respond à  une  taille  des  plus  élevées. 

En  résumé  le  rapide  examen  que  nous  venons  de  faire  nous  apprend 
que  les  Ilabés  sont  très  franchement  nègres  dolichocéphales  en  moyenne 
(74  d'indice)  beaucoup  plus  prognathes  que  ne  le  soupçonnait  notre  voya- 
geur (angl.  fac.  s.  nas.  76°  alv.  64").  Ils  sont  en  outre  d'une  taille  élevée 
(moy.  4  fém.  0  m.  475)  ainsi  qu'il  le  proclame. 

Ces  nègres  des  montagnes  ne  constituent  pas  une  race  particulière 


»  Cf.  Cranta  Ethnica.  p.  340  et  suiv. 


K.   T.   II\.MV.  NOTE  sru  HKS  Ciir.l.KCTIiiNS   AM  llUnl'itl.ui.lul  l> 


t:r 


(M.  Des{>l;i;L,Mies  l'avult  bien  constiU(')  '  mais  lappillcnl  les  deux  types 
fondamentaux  du  Soudan  actuel,  Soudanions  et  Noubas  *,  sans  (|u'il  soit 
possible  d'établir  d'ailleurs  avec  les  Barliiresquns  1ns  aHinilés  que  leur 
elbno^'rapliio  p.irail  mollr^'  on  évidonrc 


Ciiifl's  antions  il 

3  la  noIUclion   Do 

<|ilagiic.s 

Crânes  moilcrnos 

Itan- 

Oalhl 

Hom- 

Souda - 
nions 

Noulias 

ML>1  i;i,s 

— 

l>r<>|'rn 

liaoïis- 

Jiat;ara 

1'  '    lv|lt' 

2-  i 

ypo 

bori 

inoiil 

.lils 

sa.s 

3  6 

2  6 

2  6 

1  9 

3  Ô 

T  6 

8   9 

(!a|i)ifil{''  1  rjiiiicimr 

1455 

» 

I> 

» 

)) 

1300 

145:) 

(an'oiif.  li(iri/iiiitnli> 

513 

525 

520 

500 

» 

501 

513 

1).  ant.-|)<ist 

ISl) 

lîll 

ISC. 

178 

180 

1<S2 

181 

—  tiansv.  ina\ 

137 

133 

143 

138 

136 

127 

140 

—  i.asii.-bn'- 

13',; 

72.4 

71  !i 
W  2 

13!) 

72.7 
104.5 

130 
70.8 
73.1 
!)5.1 

134 
77.5 
70.5 
97.1 

12!)  _ 
75.5 
71.1 

94.8 

133 
0!).7 
73.0 

104.7 

136 

Indice  lar^'.  Idiij,' 

77.2 

—     liaiil.  \t)u<i 

73.4 

—     liaul.  lai-fï 

i»5.0 

Diaiii.  Iiotil.  iiiax 

115 

111 

110 

113 

115 

lO'.l 

116 

—        —       min 

'.13 

0!) 

9() 

î)4 

•13 

<)6 

97 

—     l)i(irli.  ext 

110 

110 

110 

100 

105 

101 

108 

—     hizvyiim 

134 

133 

130 

12(; 

129 

128 

130 

Kaec  liant    

!»S 

!)5 

!)7 

"7 

87 

!)1 

8:1 

indice  lacial 

73.1 

71.4 

71.3 

01 . 1 

07  4 

71.0 

08.4 

(dbLtc  larjr. 

38 
33 

8(3.8 

38 
34 

89.4 

40 
35 

87.5 

30 

yi 

80.1 

38 
33 

86.8 

38 
34 
8!)  4 

38 

-      liant 

34 

Imlici"  nrliilaiii' 

8'.).  4 

Nez  lar:: 

28 
50 

30 

48 

29 
51 

27 
M 

27 
45 

27 
50 

20 

—   baut 

47 

Indice  na.sal 

5ii.O 

62" 

740 

G2.5 

(il- 

77'^ 

50. 8 
63° 

740 

50.0 

(i4" 

810 

60.0 

65» 

750 

54.0 
03" 

7()" 

55.3 

Angle  lac.  alv    

0>" 

—    s.  nas 

70" 

_ 

I  Bull,  de  Géogr  hi.it.  et  descript  ,  lOOG  p.  (i7. 
*  Cf.  Cvania  Elhnica,  p  34fi  et  3:J2. 


438  2ii  NovKMHRE  190r, 

854"  SÉANCE.  —  22  Novembr.'  1900. 
Présidenck  i»e  m.  Il  \MY. 

M.  AriiiKU  |tn's('nt(^  îles  (il))('ts  en  ds  iii'iivcn.inl  ilu  I  iinmhis  ilu  l'crs-Picrroiix. 
au  l'iiii-i^iix  lie  l'Ile  (le  !{(•. 

.M.  liKMKER  rcml  roiii[ilo  (Je  riii.iiiîîui'alion  (lu  nnuvoau  Musée  il'Kthnnrrraphie 
(le  Cologne,  i'i  la<|iit'lli>  il  avait  assisté  comme  délégué  odiciel  de  la  Scjciélé. 


VERIFICATION    POST-MORTEM    D'UN    PELVIGRAWME   RADIOGRAPHIQUE 
obtenu  par  la  méthode  d  i  Professeur  Fabre'. 

PAR 

M.  P.  Trillat,  et  m.  J.  Jarhicot, 

Moniteur  Clit.'f  du  Ltboialoire 

do  la  Clinique  obstétricale  de  Lyon. 

Nous  avons  eu  l'occasion  de  faire  l'autopsie  d'une  malade  morte  à  l'Hôtel- 
Dieu  de  Lyon  de  tuberculose  pulmonaire  et  qui  avait  été,  un  an  aupara- 
vant, radiographiée  par  la  méthode  du  Pi^of.  Fabre. 

Il  nous  semble  intéresssant  de  faire  connaître  les  résultais  que  nous 
ont  donnés  les  mensurations  comparées  du  radiogramme  et  du  bassin 
sec. 

Nous  avons  pu  examiner  le  cliché  radiographique  dû  à  l'habileté  du 
Dr  Destot. 

La  liialade  avait  été  soumise  à  l'action  des  rayons  X  en  position  «  sur 
le  ventre  »,  l'ampoule  dominant  le  plan  du  lit  de  50  centimètres  et  le 
rayon  normal  d'incidence  tombant  à  20  centimètres  en  arrière  de  la  règle» 
pubienne.  Autour  de  la  malade  le  cadre  denté  avait  été  disposé  suivant  la 
technique  usuelle. 

Les  belles  qualités  photographiques  du  cliché  rendent  aisée  sa  lecture 
et  n'autorisent  aucun  doute,  aucune  approximation  sur  les  contours  du 
détroit  supérieur.  —  Nous  retrouvons  du  reste  dans  ce  phototype  les 
avantages  incontestables  de  la  position  «  sur  le  ventre  ».  —  L'angle  sacro- 
vertébral  se  détache  nettement  sur  le  fond  clair  de  l'excavation.  Les 
vertèbres  sacrées  ne  donnent  qu'une  image  légère  et  transparente. 
La  symphyse  pubienne  et  tout  l'arc  antérieur  s'enlèvent  en  traits  vigou- 
reux *. 

*  Pour  l'exposé  de  cette  naéthode  et  sa  bibliographie,  voyez  Donnezan.  —  De  la 
mensuration  des  diamètres  du  détroit  supérieur  par  la  radiographie.  Thèse,  Lyon, 
1906. 

*  La  reproduction  en  simili-gravure  laisse  malheureusement  à  peine  deviner  la 
précision  de  l'image  originale. 


TRIM-AT   El    JAlîlUCnT.   VÉRIKh:  A  I  luN   Ii'l  N   l'KI.VKlH  \MM|-.    It  \I)|(h,|;  vl-MIul  K       i.'{!> 


iiO  22  NoVEMitiiK  190G 

l.e  radiogramme  ayant  été  redressé  avec  soin  p.ir  la  méthode  ordinaire 


sur  le  [lapier  quadrillé  au  millimiHre^,  voici   les  chiffres  que  nous  avons 
oblenus  : 


TRILLAT  F.T  JARRICOT.  —   VKRIFICATInN  n'i  N    l'KI.VIilU AMMK   H AlHiiCIt AlMMul  K         i41 

Diamètre  promonto-puLien  miiiiimiiu 6.,7 

—  Iransvcrse  médian 12.7 

—  transverse  niaxiniuni 14,3 

—  <>l)liiiue  droit 12,2 

—  iil)lii|LH'  gauche 12,0 

—  sacro-cotyloïdien   droit b,9 

—  sacro-cotyloïdien  gauche 7,1 


Le  Ijassin  recueilli  ;i  l'autopsie  a  ét<''  décharné  par  les  procédés  ordi- 
naires de  macération  mais  non  chaulé;  il  a  été  d'ailleurs  vissé  avant  la 
macération,  suivant  la  technique  du  Prof.  Fahre*.  Les  rapports  des  diiïé- 
rentes  pièces  osseuses  sont  donc  sur  le  hassin  sec  exactement  ce  qu'ils 
étaient  sur  le  vivant. 

Les  mesures  que  nous  comparons  à  celles  du  radiogramme  sont  prises 
sur  la  pièce  sèche  ;  mais  les  recherches  de  l'un  de  nous  ont  montré  que 
les  variations  hygrométriques  des  os  du  bassin  sont  minimes  et  (ju'en 
tout  cas,  «  si  l'on  veut  calculer  avec  une  approximation  aussi  possihle 
que  possible  les  dimensions  cadavéri(iues  d'une  série  de  bassins  secs 
vissés,  il  faut  et  il  suiïit  d'augmenter  do  :2  à  3  millimètres  leurs  princi- 
paux diamètres  »  -. 

Sous  le  bénéfice  de  ces  remarques,  il  est  évident  que  nous  sommes 
dans  les  conditions  les  plus  satisfaisantes  pour  vérifier  l'exactitude  de 
notre  radiogramme.  Or,  voici  quelles  sont  les  dimensions  relevées  sur  le 
bassin  sec. 

Ceotiinètres. 

Diamètre  promonto-pubien  mininmni (),5 

—  transverse  médian 12.9 

—  —         maximum 14,2 

—  iliauiètre  oblique  droit 12 

—  oblique  gauche.    12,5 

—  sacro-cotyloïdien  droit (>.(> 

—  sacro-cotyloïdien  gauche B,i) 

Si  nous  comparons  terme  à  terme  les  mensurations  du  radiogramme  et 
les  mensurations  du  bassin  sec,  nous  obtenons  des  diiïérences  faibles  au 
point  d'être  pratiquement  négligeables.  —  Par  rapport  au  bassin  sec,  le 
promonto-pubien  minimum  du  radiofjrainine  csi  augmenté  ào.  2  millimètres; 
le  transverse  maximum  de!  millimètre;  l'oblique  droit  de  -2  millimètres, 


*  Les  résultats  que  donne  cette  précaution  ont  été  bien  étudiés  par  Bourrud.  — 
Du  vissage,  des  os  du  bassin  avant  la  macération,  technitjue  et  résultats,  travail  du 
laboratoire  de  la  clinique  obstétricale  de  Lyon,  1904. 

*  J.  .Jarricot.  —  Le  degré  d'humidité  des  os  joue-t-il  un  rôle  important  en  ostéo- 
métrie?  —Bulletins  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Lyon.  190li. 


4.iiJ  --    NOVEMltRK    1900 

l'oblique  gauche  de  1  millinit'*lre  ;  le  sacro  cotyloïtiien  droit  de  3  milli- 
nuMios  ;  le  sacru-folyluïdien  j^'auche  de  û  millimètres.  —  Le  transverse 
médian  semble  di7ninni'  au  contraire  d*e  "2  millimètres.  —  On  peut  voir  du 
reste  que  dans  la  région  de  l'arc  antérieur  le  contour  du  radiogramme 
est  interne  par  rapport  au  contour  du  bassin  sec  (pointillé)  tandis  qu'à  la 
région  sacrée  c'est  le  contraire. 

Voici  l'explication  de  ce  fait  paradoxal. 

Nous  avons  superposé  nos  deux  courbes  en  les  orientant  d'après  le 
transverse  maximum,  ce  qui  est  irréprochable. 

Nous  avons  cru  devoir  d'autre  part  ne  rien  interpréter  dans  nos  dessins 
et  donner  les  contours  tels  quels. 

Or,  nous  comparons  à  l'H.  A.  *  du  bassin  sec  la  projection  radiogra- 
phique  d'une  région  assez  mal  déterminée  et  composée  en  tout  cas  de 
plusieurs  plans.  Kn  opérant  avec  des  bassins  secs  cerclés  de  fils  métal- 
liques, l'expéiience  nous  a  appris  que  —  toutes  choses  égales  d'ailleurs  — 
l'Il.  A.  passe,  dans  l'arc  antérieur,  à  3  millimètres  environ  en  arrière  des 
contours  donnés  par  la  radiographie. 

Il  nous  eut  été  facile  —  et  légitime  —  d'interpréter  notre  phototype  et 
de  redresser  en  conséquence  notre  ladiogramme.  Nous  avons  cru  plus 
correct  de  nous  borner  à  fournir  cette  explication. 

Le  tableau  suivant  va  faciliter  les  comparaisons.  Nous  y  indiquons  les 
chiffres  des  mesures,  les  écarts  absolus  et  le  pourcentage  de  l'erreur. 

Mensurations  comparées  du  radiogramme  et  du  bassin  sec. 

Les  mesures  sont  exprimées  on  millimètres. 

Si  D.  du  B.  sec  = 
Sur  le  Sur  le  Ecart  100  centim. 

Radiogr.       Bassin  sec  absolu  l'écart  = 

Promonto-pubien  miniinum .  67  65  —  2  S^niO? 

Transverse  maximum 143  142  —  1  0,7 

Transverse  médian 127  129  +2  1  ,  55 

(H.iiqiif  droit 122  120  —2  1,6 

(ll.li(pie  gauche ,.  126  125  —1  0,4 

Sacro-colyloïdien  droit 69  66  —  3  4,5 

Sacro-cotyloïdien  gauche ...  71  69  —  2  2,8 

En  somme,  Verreur  moyenne  est  de  2  millim.  Il  ;  mais  cette  erreur,  si 
minime  déjà,  doit  être  réduite  encore  par  une  épuration  correcte  des 
calculs,  c'est-à-dire  en  tenant  compte  de  la  variation  hygrométrique  (2  à  3 
millimètres)  dont  nous  avons  parlé. 


1  /foî-i contai  Anthropologi(/iie  pour  la  .signification  et  la  détermination  de  ce  plan. 
Rf.  J.  Jaruigot.  —  Méthode  et  appareils  pour  obtenir  des  figurations  rationnelles  du 
détroit  supérieur,  in  Bull,  df  la  Société  d'Aulli7'opolo(/ie  de  Lyon,  190G  et  Remarques 
et  expériences  sur  une  méthode  radiograpliique  de  mensuration  des  diamètres  du 
détroit  supérieur.  Eod.  loco,  1906,  ±2  lig.  et  in  Thèse  de  DoNNEZAN. 


K.-T.   IIAMV.   —  AUl  EMUAS,   WAlUiLAS,   HANGO-llANCOS  M'A 

On  jugera  sans  doute  avec  nous  (lu'un  toi  résultat  se  passe  de  commen- 
taires et  qu'il  démontre  d'une  manière  ijéreniploiic  rexcellenco  de  la 
méthode  radiographique   du  Pruf.  Fahre. 

Discussion 

M.  Papillault.  —  Je  me  suis  fait  un  plaisir  de  présenter  le  travail  de 
MM.TrilIat  et  .larricot,  car  il  nous  apporte  la  scjlntiun  d'un  problème  très 
important  en  anthropométrie.  I.es  dimensions  du  bassin  et  son  inclinaison 
dont  j'ai  présenté  une  étude,  il  y  a  quelques  années,  dans  mon  mémoire 
«  I/homme  moyen  ;V  Paris  »  constituent  des  caractères  fondamentaux  de 
la  morphologie  humaine.  La  souplesse  de  la  marche,  la  gnïcc  de  l'attitude, 
chez  la  femme  surtout,  dépendent  de  l'inclinaison  du  bassin.  La  ligne  des 
hanches,  la  forme  des  fesses  et  du  ventre,  se  rattachent  aussi  ù  cette 
inclinaison  et  aux  diamètres  de  l'organe.  Malheureusement  on  ne  pouvait 
établir  entre  les  caractères  du  squeilette  et  les  apparences  esthétiques  du 
corps  vivant  aucun  rapport  certain  ;  quand,  en  etî'et,  on  pouvait  mesurer 
le  squelette,  le  cadavre  était  déformé,  et  quand  on  pouvait  noter  les  carac- 
tères esthétiques,  on  ne  pouvait  étudier  le  squelette.  La  technique  de 
MM.  Trillat  et  Jarricot  ouvre  aux  chercheurs  une  voie  nouvelle,  et  j'es- 
père que  ces  ingénieux  chercheurs  ne  manqueront  pas  d'utiliser  eux- 
mêmes  leur  découverte,  en  établissant  entre  la  forme  du  tronc  et  le 
squelette  sous-jacent  des  rapports  numériques  précis. 


AOUEMBAS,   WAROUAS,   BANGO-BANGOS 

Notes  sur  une  petite  collection  de  crânes  rapportés  par   M.    Ed.  Foâ  de  la  région 
des  grands  lacs  africains. 

Par  m.  E.-T.  FIamy. 

Nous  ne  connaissons  guère  les  peuplades  localisées  dans  les  régions 
intermédiaires  au  Nyassa  et  au  Tanganyika  que  par  la  monographie  du 
D""  Fulleborn  publiée  à  Berlin  en  1902.  L'auteur  de  ce  précieux  travail  a 
constaté  dans  cette  région  la  présence  de  tribus  à  la  fois  nombreuses  et 
variées.  Les  plus  puissantes  sont  établies  dans  les  plaines  fertiles,  les  plus 
faibles  ont  été  refoulées  dans  les  monts  Livingston  et  sur  les  plateaux  (jui 
s'y  rattachent. 

M.  Fulleborn  a  mesuré  234  indigènes  appartenant  à  sept  groupes  diffé- 
rents et  sur  ce  nombre  total,  95  seulement  offraient  des  indices  céphaliques 
inférieurs  à  75  ;  20  ont  présenté  des  indices  de  80  et  au-dessus  et  l'en- 
semble se  décompose  à  peu  près  de  la  manière  suivante  : 

Dolichocéphales  (au-dessous  de  75). ...       40  0/0 

Mésaticéphales  (de  7G  à  80) 52  0/0 

Brachycéphales  (au-dessus  de  80) 8  0/0 


\U  22    NOVEMIIRE    1î)0fi 

Sur  ces  234  sujets,  mesurés  parle  voyageur  allemand,  28  appartenaient 
à  la  population  des  plateaux  et  sur  ces  28  sujets  11  rentraient  dans  la  pre- 
mière catégorie,  13  dans  la  seconde  et  3  dans  la  troisième,  donnant  les 
coefficients  iO,  40  et  14. 

Il  se  rencontre  donc  chez  les  peuples  des  plateaux,  comme  dans  la  masse 
totale  des  nègres  au  Nord  de  Nyassa,  40  0/0  seulement  d'individus  fran- 
chement dolichocéphales,  les  sujets  mésalicéphalcs  l'emportant  sur  ceux-ci 
de  6^12  0/0,  tandis  que  8  à  14  0/0  de  la  population  dépassent  l'indice  80*. 

Cette  prépondérance  des  formes  intermédiaires  (46  à  52  0/Oj  ne  s'aurait 
s'expliquer,  à  mon  gré,  par  l'action  plus  ou  moins  hypothétique  d'un 
élément  plus  ou  moins  brachycéphale  qui  nous  fait  complètement  défaut 
dans  l'ethnogénie  sud-africaine.  Mais  je  serais  tenté  d'y  chercher  l'inter- 
vention de  ce  groupe  ethnique  particulier,  que  j'ai  essayé  autrefois  de 
dégager  dans  une  communication  au  Congrès  de  Moscou  qui  est  devenue 
le  chapitre  X  des  Crania  Ethnicn.  Ce  groupe  que  j'ai  qualifié  d'abord  de  so?/- 
danien  n°  2,  par  opposition  au  soudanien  proprement  dit  (n°l)  comprenant 
Nigériens  et  Nilotiques,.  a  reçu  depuis  lors  le  nom  de  Nouba,  emprunté  à  la 
nation  la  plus  connue  entre  celles  où  prédomine  la  morphologie  cranio- 
faciale  particulière  qui  me  le  faisait  distinguer.  Il  embrasserait  les  Nou- 
bas du  Nil  Bleu  et  du  Takkalé,  certains  nègres  des  montagnes  du  Kor- 
dofan  et  du  Darfour,  les  Ahbîts  du  Dar  Bertat,  etc.  J'y  ai  rattaché  pro- 
visoirement les  populations  haoussa  *. 

Ces  tribus  dispersées  sur  une  aire  immense  avaient  comme  caractéris- 
tiques communes,  au  point  de  vue  craniologique,  un  volume  plus  consi- 
dérable (cap.  cran.  1.455";  cire,  horiz.  513°"»);  un  indice  céphalique 
sensiblement  plus  élevé  (77.2)  grâce  à  l'augmentation  considérable  du 
diamètre  transverse  (140™'")  ;  la  diminution  corrélative  de  l'indice  verti- 
cal qui  se  maintient  au-dessous  de  100  (95);  la  dilatation  générale  de  la 
face(diam.  bizyg.  139°i°>)  enfin  un  type  particulier  de  prognathisme  où 
se  combinent  un  certain  degré  de  projection  du  squelette  facial  déjà  sen- 
sible vers  l'espace  inlerorbitaire,  et  une  sorte  de  torsion  transverse  qui  se 
manifeste  au  niveau  de  la  plus  grande  largeur  et  a  pour  résultat  de  ra- 
mener légèrement  en  bas  et  en  arrière  l'arcade  maxillaire  en  dilatant 
quelque  peu  les  malaires.  Ceux-ci  sont  comme  projetés  en  bas  et  en 
dehors  et  l'angle  inférieur  devenu  saillant  dessine  parfois  une  sorte  de 
bec  au-dessous  de  la  pommette.  Le  profil  facial  prend  par  suite  de  cette 
torsion  une  convexité  très  apparente,  la  mandibule  est  de  force  moyenne, 
le  menton  fuit  et  la  branche  montante  est  fort  inclinée  sur  l'horizon- 
tale «. 

Ce  type  dit  Nouba-Haoussâ  ne  se  rencontre  pas  seulement  dans  les  ré- 
gions où  je  l'avais  d'abord  localisé,  à  l'aide  des  collections  que  je  connais- 


<  Cf.  Man.  1902,  n"  21.  Fulleborn,  anal,  de  Shrubsab. 

*  Crania  Ethnica,  p.  3'i0  et  suiv.  Il  faut  bien    se  garder  de  confondre  les  Noubas 
en  question  avec  les  Nabous  qui  sont  des  Chamiles  uégritisés. 
3  Ibid..  p.  342. 


K.T.   HVMV.    —  A<»Uii:.MHAS,  WaIIOI'AS,   UANGO-BANCOS  445 

sais  il  y  a  un  ijuail  de  siècle.  Il  s'étend  beaucoup  plus  loin  et  je  viens  de 
le  retrouver  extraordinaireuienl  accusé  parmi  les  |ii<>ces,  en  trop  petit 
nombre,  recueillies  par  le  regretté  Ed.  Foà  dans  cette  partie  du  Continent 
Noir,  dont  j'ai  dit  quelques  mots  en  commençaol  cette  lecture. 

En  etîet.  parmi  les  crânes  rapportés  au  Muséum  par  ce  voyageur  des 
contrées  (jui  s'étendent  entre  le  Xyassa,  le  Tanganyika  et  le  Haut-Congo, 
il  s'en  trouve  un,  qui  accumule  et  exagère  la  plupart  des  caractères 
résumés  ci-desus;  c'est  celui  d'un  adulte,  de  sexe  maculin,  (]ue  Foâ  s'est 
procuré  dans  le  pays  des  Ouvouas  *  entre  le  Tanganyika  et  la  Louvoua  *. 

C'est  une  tète  d'un  grand  volume  qui  se  traduit  k  la  fois  par  une  large 
capacité  (1745'-'^)  et  une  circonférence  considérable  (cire,  horiz.  Om.  ,"i40); 
toutes  ses  dimensions  sont  représentées  par  des  chiffres  élevés,  le  trans- 
verse est  surtout  développé  et  donne  un  indice  céphalique  qui  dépasse  80, 
tandis  que  le  basilo-bregmatique  ne  dépassant  pas  les  dimensions  ordi- 
naires, l'indice  de  hauteur  largeur  reste  au  voisinage  de  89  (d.  a.  p. 
0  m.  188;  d.  tr.  max.  0  m.  15:2;  d.  bas.  bregm.  0  m.  130;  ind.  céph. 
80.8;  7:2.3;  89.4). 

Toutes  les  autres  mesures  de  largeur  sont  également  très  étendues;  le 
frontal  atteint  un  maximum  deO  m.  132  avec  un  minimum  de  0  m.  101; 
le  biorbitaire  externe  monte  à  0  m.  114  et  le  bizygomalique  s'élève  jusqu'à 
0  m.  141.  La  hauteur  de  la  face  ne  dépassant  pas  les  dimensions  habi- 
tuelles, l'indice  facial  s'est  abaissé  à  64  o.  L'espace  interoi'bitaire  est  élargi 
(0  m.  029)  et  si  les  orbites  n'olfrent  rien  de  particulièrement  remarquable, 
le  squelette  nasal  se  montre  à  la  fois  dilaté  et  raccourci  (haut.  0  m.  049, 
larg.  0  m.  028)  et  l'indice  monte  à  57.1.  Le  prognathisme  est  mesuré  par 
des  angles  faciaux  de  77",  64°  etoS*'. 

Une  partie  de  ces  caractères  se  retrouvent  avec  des  atténuations  diverses, 
chez  le  Bango-Bango,  rapporté  par  Edouard  Foà  des  plateaux,  entre 
Mtova  et  Nyangoué  '.  La  capacité  diminue,  tout  en  demeurant  supé- 
rieure à  celle  des  Nègres  vrais,  tous  les  diamètres  sont  amoindris,  mais  la 
tète  demeure  sous-dolichocéphale  et  n'a  pas  reconquis  son  hypsisténocé- 
phalie.  La  face  se  rétrécit,  la  platyrrhinie  n'a  point  diminué  et  l'angle 
facial  sous-nasal  s'est  sensiblement  fermé. 

Ainsi  que  le  montre  le  tableau  de  mensurations  annexé  à  cette  note,  ce 
Bango-Bango  est  à  bien  des  égards  une  sorte  d'intermédiaire  entre  le 
rouroua  dont  je  viens  d'exposer  les  meilleurs  caractères  et  l'Aouemba 
dont  je  vais  maintenant  dire  quelques  mots.  Cet  Aouemba,  rapporte  par 
Edouard  Foà  de  Ngouana,  village  nègre  sur  un  alïluent  du  Tchanibézé, 
entre  le  Nyassa  et  le  Tanganyika  '  est  fort  semblable  au  vrai  Soudanien, 

*  Uruha  d'Edwarl  C.  Hore  {On  the  titelve  Tribes  of  Tanganyika  Journ.  Anthrop. 
fnsfil  of  Great  Britain  and  Ireland,  vol.  XII.  p.  2,  pi.  I);  Rua  do  V.  Giraiil  {Les 
lacs  dA'Alt'ique  Equatoriale,  Pari.s,  1890,  iii-8*,  p.  220). 

•Voyez  la  carte  qui  accompat,'nc  le  livr.i  d'Ed.  Foà  (Chasses  aux  grands  fauves 
du  Zaïnbfse  au  Congo  français.  Paris,  19(t0,  1  vol.  in-8"). 

'  Voyez  la  même  carte,  Hore  ne  parle  pas  de  cette  tribu  qui  n'est  pas  riveraine  du 
lac. 

soc.  d'anthhop.  i906.  31 


4i<.»  22  NovEMUUE  iOOG 

avec  sa  capacité'  médiocre,  s;i  doliclioci'plialic  cxagcrôe  (70),  son  indice 
vertical  su|)('ri('iir  ;\  100(iO;{.l)  ses  propoi'lions  faciales,  de.  Je  n'insiste 
pas  sur  les  détails  d'un  type  d'ailleurs  bien  défini,  et  je  veux  seulement 
appeler  une  fois  encore  l'attention  en  tenuinanl  sur  cette  juxtaposition 
de  typ^'s  ethni(|ucs  qui  siMuhlent  répéter- en  les  exagérant  dans  ces  régions 
nouv(>lles  qui  s'ouvi-entà  nos  études,  les  phénomènes  de  même  ordre  cons- 
tatés déjà  dans  les  contrées  moins  ignorées  du  Soudan  Nilotique  ou 
Nigérien. 

Al.  Ilouzé,  <]ui  a  eu  l'occasion  d'étudier  en  1886  trois  crânes  provenant 
d'une  région  comprise  dans  les  mêmes  limites  que  ceux  de  la  collection 
Vo:\,  est  arrivé  aux  mêmes  conclusions  générales  que  moi-même  '.  Com- 
mentant en  passant  les  mesures  que  Dulrieux  '  nous  a  données  de  dix 
crânes  de  Wanyamouezis,  il  déclare  que  le  tableau  qu'il  en  adressé  com- 
prend trop  de  mésaticéphales  «  pour  n'admettre  chez  ce  peuple  qu'une  seule 
race  »,  et  négligeant  cet  élément  particulier  sur  lequel  j'insistais  un  peu 
plus  haut  et  dont  noire  M'Roua  reproduit  si  bien  la  plupart  des  carac- 
tères, il  se  montre  disposé  à  aller  chercher  l'explication  de  ce  dualisme 
morphologique  chez  les  Pygmées  de  la  grande  forêt  équatoriale  "*,  ce  que 
rendent  tout  à  fait  inacceptables,  à  mes  yeux,  la  plupart  des  traits  relevés 
par  M.  Ilouzé  lui-même  sur  les  sujets  dont  il  a  si  bien  exposé  les  carac- 
tères céphaliques  et  faciaux. 

(Juoiqu'il  en  soit,  nos  renseignements  sur  les  populations  des  plateaux 
intermédiaires  aux  grands  lacs  et  au  cours  supérieur  du  Congo,  sont 
encore  bien  précaires.  Six  sujets  répartis  sur  une  aire  immense  sont  bien 
insuffisants  pour  édifier  une  théorie  quelconque.  Aussi  me  bornerai-je  (et 
ce  sera  la  conclusion  de  ce  court  travail),  à  constater  la  concordance  géné- 
rale des  renseignements  que  ces  six  crânes  nous  fournissent,  d'une  part, 
avec  ceux  que  la  cràniométrie  nous  avait  précédemment  appo'rtés  au  sujet 
des  régions  plus  ou  moins  voisines  ^,  et  de  l'autre,  avec  ces  mensurations 
de  M.  Fulleborn  dont  je  parlais  au  début  de  celte  communication,  qui 
mettent  en  présence,  dans  la  même  grande  région  géographique  d'où 
proviennent  nos  documents  d'aujourd'hui,  deux  groupes,  l'un  dolichocé- 
phale, l'autre  mésaticéphale,  qui  pourraient  bien  se  rattacher  aux  deux 


*  Ed.  Foa.  —  Traversée  de  l'Afrique  Equatoriale,  de  l'embouchure  du  Zambése.., 
à  celle  du  Congo  par  les  Grands  Lacs.  {Compt.  rend.  Soc.  Géogr.  1898,  p.  tM-118).  — 
Cf.  V.  GiRAUD,  Op-  cil ,  ch.  XI  et  sniv. 

'  Voyez  notamment  la  p.  48  du  Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Bruxelles, 
pour  1»8G-1887.  (IIouzÉ.  Les  tribus  occidentales  du  lac  Tanganyika.) 

'  P.  DuTRiEUX.  —  Souvenirs  d'une  exploration  médicale  dans  l'Afrique  intertro- 
picale, Bruxelles,  1885  br.  ia-8',  p.  118  et  suiv. 

*  Ibid.,  p.  50.  ^ 

5  Cf.  V.  Jacques.  Contribution  à  l'Ethîwlogie  de  l'Afrique  Centrale.  Huit  crânes 
du  Haut-Congo  {Bull.  Soc.  d'Anthrop.  de  Bruxelles,  t.  XV,  p.  -188.  -  R.  ViRCHOW. 
Schadel  von  Batuba  und  Congonegern  (Verhandl  der  Berlin,  Anthrop.  Gesellsch., 
1886,  s.  766). 


E.-T.  IIAMV 


AOIRMIIAS,    WMtDl  A>,    llAN(iO   HANiîOS 


441 


types  crAniens  (juo  je  (•oinmonr-.iis  à  dislingiici-  di'-^  ISHO  d.ins  ^Af|•i^|lle 
l']qnatoriaIi'  - 


Cràno  <! 

5  la  collcc 

ion  Foà 

Crànos  do  lu  coiloclion  Storins 

(liaiiiy  1 

(llûuzd) 

MKSIRKS 

M'Houa 

banj-o 

M 'Bomba 

M'run^a 

.M'l'ainp:i 

MTûin- 
houa 

i  6 

1  6 

1  6 

1  6 

1  6 

1  6 

l'.îipar.  (  raiiicniK»  apinoilK'c 

1745-- 

14:)5''^ 

1405-' 

1600"- 

1600''- 

1370-- 

('.in-niilÏTcnrc  liDriziiiilalr.  . 

5.10- 

510"- 

512"- 

528 

53.')""" 

510"" 

liiaiiK'trc  aiit.  post.  iiiax..  . 

188 

182 

187 

188 

189 

190 

—         Iraiisv.  max 

152 

139 

131 

140 

136 

125 

—         liasild-lireiMii    . .  . 

13C. 

138 

130 

137 

136 

135 

Iiiiliii's  lai'if.  lonj? 

80.8 

76.3 

70.0 

7'i  4 

71.9 

65.7 

—       liant.  1(1111.' 

72.3 

.S9.4 

75.8 
99.2 

72.7 
103.8 

72.8 
'.•7.8 

71.9 
100.0 

71  0 

—       liant.  lari( 

1<»8.0 

1).  iront,  ninxiiiinni 

1:52 

IIC) 

110 

110 

116 

102 

—      —      iiiiiiininni 

101 

104 

90 

100 

95 

100 

—  Itiorl).  cxlcnii' 

114 

29 
141 

91 

04.5 

m 

28 
131 

92? 
70.2? 

108 

24 
135 

96 

71.1 

115 

29 
137 
95 
69.3 

108 

29 
134 

88 

65.6 

113 

—  inlpi'orljitain' 

30 

—  l)i/V','oniali(ine 

134 

Ilantenr  face 

90 

Indice  racial 

67.1 

Orbilo  Inngncni' 

39 
34 

87.0 

49 

28 

41 
31 

75.6 
49 

28 

41 
34 

82.9 
5() 

29 

45 
37 

82.2 

51 

33 

40 
35 

87.5 

48 

25 

43 

—      hauteur  

33 

Indice  nrhitaire 

7(i  7 

.Nez  hauteur 

42 

—  Iar;,'eur    

28 

Indice  nasal 

57.1 

77" 

57  1 

72û 

51.7 

770 

64.7 

750 

52.0 

70° 

66.0 

.\ngles  faciaux  sous  nasal.. 

72<^ 

—             alvéolaire  . . 

64" 

()2" 

» 

66^ 

65» 

63° 

—            dentaire 

59° 

» 

» 

» 

» 

» 

*  Crania  Ethnica,  p.  340  et  suiv. 


.448  6  dkcembre;  190G 

8di)«  SÉANCK.  —  0  Décembre  lOOli. 
Présidence  de  M.  IIamv. 

Election  pour  le  bureau  de  1907. 

Le  Président  donne  lecture  du  règlement.  Le  dépouillement  du  vote  par  cor- 
respondance est  lait  par  M.  Weisgerber.  (Jn  tire  au  sort  les  noms  des  trois 
membres  cliargés  de  faire  le  dépouillement  de  scrutin.  MM.  Rivet,  Avelot  et 
Ch,  Schleicher  sont  désignés. 

Le  nombre  de  votants  étant  de  87  sont  élus  : 

Prt'sident Zaborowski  :  79  voix. 

^cr  Yire-Prèsident Cuver  :  80    — 

5«  Vice-Président d'Echerac  :      80    — 

Secrétaire  général  adjoint Papillault  :    75    — 

]  Anthony'  :        84    — 

Secrétaire  des  Séances ^  Dussaud  :        86    - 

,     ^  ,,    ,•  (       Delisle  :  86    — 

Conservateurs  des  Collections.     •     ■     ]  i,  oc 

ou«oc#i/«  ^         DE  MORTILLET  :  85      — 

Archiviste-Bibliothécaire Rabaud  :  85  — 

Trésorier Huguet  :  87  — 

(  Demker  ;  86  — 

Commission  de  publication .     .     .     .     <  Hamy  :  84  — 

f        SÉBILLOT  :  86     — 

Élections  de  membres  titulaires. 

M.  DuBDA.\.  présenté  par  MM.  d'Ault-du-Mesnil,  Capitan.  Paul  Raymond. 

M.  Jarricot,  présenté  par  MM.  Hamy,  Papillault,  Anthony. 

M.  le  Commandant  Bonifacy,  présenté  par  MM.  Deniker,  Manouvrier.  Anthony. 

M.  de  Mortillet  fait  entendre  à  la  Société  des  Phonogrammes  de  musique 
bolivienne. 

M.  le  D'  Rivet  présente  des  observations  sur  cette  musique  et  compare  celle 
des  régions  équatoriennes  avec  celle  des  hauts  plateaux  boliviens. 

DON    ET  PRÉSENTATION   D'OUVRAGES 

M.  Ed.  Fourdrignier.  —  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Société  une  petite  étude 
intitulée  :  UÉclairage  des  grottes  j^aJéolithiques  devant  la  tradition  des 
7noninnents  anciens  où  j"ai  tenté,  par  suite  de  déductions,  de  proposer  une 
explication  des  moyens  avec  lesquels  les  troglodytes  avaient  pu  s'éclairer  dans 
leurs  habitations  souterraines. 

Depuis  longtemps  cette  question  préoccupe  plusieurs  d'entre  nous,  auxquels 
les  explications  données  par  l'emploi  de  lampes  très  rudimentaires  ou  une  dis- 


DON    ET    PIIÉSENTATION    d'oUVRAGES  i  i'J 

jiosition  particulière  de  l'œil  ne  paraissent  pas  bien  concluantes.  Nous  avons 
songé  alors  à  plus  do  probabilités  par  un  fniploi  factice  de  la  lumière  directe 
du  jour. 

Vn  éclairaj:e  do  co  yonro  do  caves  oliarn|ionoises,  d'une  élondue  parfois  consi- 
dérable puisque  cortaiiies  ont  jusqu'à  dix  kilomètres,  nous  mit  sur  la  voie. 
Dinërents  textes  du  poète  Fortunat  que  nous  eûmes  h  étudier  à  [)ropos  d'im 
éclairage  assez  curieux  et  fréquemment  usité  dans  les  églises  du  vi«  siècle  qu'il 
avait  visitées  de  son  temps,  nous  amenèrent  ii  expliquer  l'obscurité  de  certains 
passages  et  de  quelques  expressions  do  Fortunat.  en  admettant  do  l'analogie 
avec  l'éclairage  des  caves  champenoises. 

Or,  si  les  Mérovingiens  d'alors  étaient  ingénieux  pour  éclairer  leurs  monu- 
ments, sous  ce  rapport  les  anciens  depuis  longtemps  les  avaient  devancés.  Leurs 
ronnaissances  sur  l'optique  sont  démontrées  par  leur  haute  science  astrono- 
mique. Puis,  en  ce  qui  nous  concerne,  l'immensité  des  vaisseaux  de  leurs 
monuments,  décorés  aussi,  souvent  dans  les  endroits  les  plus  profomls,  prouve 
bien  qu'ils  savaient  y  ménager  la  lumière  pour  que  l'on  puisse  les  voir  et  (ju'ils 
n'ignoraient  aucun  des  secrets  d'un  éclairage  entendu  et  parfait. 

C'est  ce  dont  nous  avons  pu  nous  convaincre  aussi  bien  dans  les  monuments 
de  l'Egypte,  les  palais  assyriens,  les  temples  de  l'Inde  que  dans  les  trésors 
mycéniens. 

Partout  c'était  la  lumière  directe  du  jour  qui,  savamment  dirigée,  servait  à  un 
éclairage  autrement  puissant  que  tout  autre  artificiel  qui,  dans  plusieurs  de  ces 
hypogées,  n'aurait  pu  suffire. 

Ce  sont  ces  multiples  observations  qui  nous  ont  fait  accepter,  que  cette 
manière,  aussi  simple  que  naturelle  <lo  faire  pénétrer  la  lumière  du  jour,  directe- 
ment ou  par  réflexion  sur  des  surfaces  propices  dans  les  endroits  profonds, 
avait  été  conservée  jusqu';\  nos  jours  par  suite  de  traditions  extrêmement  loin- 
laines  et  que  la  simplicité  de  ce  moyen  d'éclairage  pouvait  aussi  avoir  été  connue 
par  les  chasseurs  de  rennes  des  grottes  de  la  Vezère. 

Telles  sont  les  conclusions  où  nous  avons  été  conduit.  Comme  nous  nous 
devons  aussi  n  la  vérité,  depuis  la  publication  de  cet  essai  nous  avons  reçu  un 
assez  graml  nombre  de  lettres,  même  certaines  assez  curieuses  comme  éléments 
nouveaux. 

Si  presque  la  plupart  sont  très  encourageants,  en  acceptant  volontiers  la 
probabilité  de  notre  proposition,  quelques-uns,  rares  il  est  vrai,  mais  qui  ne 
sont  pas  les  moindres  dans  la  manière,  pensent  que  si  cette  hypothèse  est  sou- 
riante, pour  eux  ils  ne  peuvent  l'accepter  :  parce  que  avec  lagencement  actuel 
de  ces  grottes,  il  ne  leur  parait  pas  possible  ({u'un  rayon  ilo  la  lumière  du  jour 
ait  pu  jamais  y  pénétrer. 

Nous  ne  sommes  encore  qu'il  l'aurore  de  ces  révélations,  le  dernier  mot  pour 
nous  n'est  pas  non  plus  encore  dit.  Aussi,  tout  en  nous  inclinant  devant  l'au- 
torité de  nos  aimables  contradicteurs,  c'est  avec  sérénité  que  nous  attendrons... 
Chi  lo  sa? 


150  6  DkcKMiiiti;  iDOd 

WUSIQUE    BOLIVIENNE 

Par  m.  Edouard  Kourdrignier. 

L'audition  de  différents  morceaux  de  musique  recueillis  parmi  des  indi- 
g<^nes  de  Bolivie,  au  moyen  du  phonographe,  nous  a  conduit  à  plusieurs 
observations  '. 

Il  y  aurait  d'abord  deux  parts  assez  distinctes  à  faire  dans  les  phono- 
grammes que  nous  avons  écoutés  : 

La  première  comprend  les  airs  chantés.  Ce  sont  la  plupart  des  mélo- 
pées H  mouvement  lent,  d'un  accent  triste,  soutenues  par  quelques  accords 
d'instruments  à  cordes  pincées. 

Pour  la  seconde^  les  morceaux  ont  une  allure  différente  et  plus  animée. 
Ils  sont  exécutés  par  des  instruments  de  cuivre  de  facture  européenne 
qui  rappellent  ceux  de  nos  fanfares. 


Le  premier  groupe,  considéré  comme  étant  d'inspiration  indigène,  pos- 
sède plusieurs  particularités.  En  dehors  d'une  tonalité  fort  peu  différente 
de  la  nôtre,  ces  airs  se  caractérisent  surtout  par  leurs  mouvements.  Tout 
en  appartenant  aux  mesures  à  trois  temps  qui,  selon  les  règles  com- 
prennent un  premier  temps  fort^  un  second  faible  et  un  troisième  moyen- 
nement fort,  pour  eux  il  arrive  souvent  que  le  premier  temps  fort  est 
déplacé  et  qu'il  se  retrouve  au  second  temps  pour  produire  alors  une 
syncope  avec  le  troisième.  Puis  le  mouvement  à  trois  temps,  par  sa  len- 
teur devient  assez  indécis  et  la  mesure  alors  passe  en  deux  temps  toujours 
assez  vagues.  Ces  mesures  alternent  alors  et  se  réunissent  pour  composer 
des  dessins  qui  s'enchaînent,  pour  former  la  phrase  mélodique,  à  la  ma- 
nière habituelle  des  stances  d'une  poésie  ou  des  vers  d'un  quatrain. 

D'après  les  auteurs,  les  mesures  à  trois  temps,  dites  de  mouvement  ter- 
naire, sont  celles  que  l'on  retrouve  le  plus  .souvent  dans  les  airs  les  plus 
anciens  et  aussi  dans  beaucoup  de  ceux  des  peuples  primitifs.  Mais  les 
mesures  à  deux  temps,  ayant  un  premier  temps  fort  et  un  second  faible, 
ainsi  que  leurs  diverses  subdivisions  qui  constituent  le  mouvement  bi- 
naire, bien  que  considérées  comme  étant  plus  récentes,  se  rencontrent 
aussi  quelquefois  dans  les  chants  anciens. 

La  combinaison  de  ces  deux  mouvements  binaire  et  ternaire,  assez 
variée  et  même  parfois  compliquée,  donne  le  rythme  mélodique  aux 


'  Sociélé  d'Anthropologie,  Séance  <lii  G  décembre  190!î.  Présenlalion  par  M.  Adrien 
do  Morlillel,  de  phonogrammos  rapporlos  d'une  n-iission  scientifique  dans  l'Amérique 
du  Sud. 


ED.  FOURDRIGNIER.  —  MUSIQUE  IIOLIVIENNE  451 

notes  plus  ou  moins  élevées  qui  se  succèdent  pour  fonncr  un  air  ou  un 
morceau. 

Quand  on  rapproche  et  compare  plusieurs  de  ces  airs  entre  eux,  on  y 
reconnaît  faciloment  plusieurs  parentés  qui  sont  communes  h  tout  un 
groupe  ethnique.  Puis  dans  celte  formule  générale,  on  peut  encore  dis- 
tinguer quelques  accentuations  qui  constituent,  dans  le  langage  musical 
commun,  des  idiomes  en  quelque  sorte  particuliers,  alTérents  h  chaque 
nationalité. 

C'est  ainsi,  qu'en  France  par,  exemple,  nous  reconnaissons  facilement 
un  habitant  du  Nord  d'un  habitant  du  Midi  à  sa  manière  de  prononcer  et 
de  parler  pourtant  la  même  langue.  Dans  certaines  provinces  où  des 
patois  ont  été  conservés,  on  arrive  môme  à  ne  pas  confondre  ces  parlers 
de  village  à  village. 

Pour  le  rythme  musical,  quand  il  s'agit  seulement  de  mesures  à  deux 
temps  ou  à  trois  temps  et  de  la  combinaison  de  ces  mouvements,  il  n'y  a 
pas  grande  difficulté  pour  les  reconnaître  et  notre  transcription  musicale 
habituelle,  à  la  rigueur,  est  assez  suffisante. 


Mais  il  y  a  d'autres  nuances  bien  plus  délicates  qui,  tout  en  se  saisis- 
sant assez  bien  à  l'exécution  d'un  morceau,  ne  peuvent  être  que  fort  rela- 
tivement transcrites  avec  la  manière  actuelle  dont  se  servent  nos  musi- 
ciens. 

Ainsi  dans  certaines  occasions,  nous  avons  pu  entendre  le  même  mor- 
ceau exécuté  par  des  orchestres  de  nationalités  différentes.  Quoique  com- 
posés du  môuie  nombre  de  musiciens,  jouant  les  mêmes  instruments  et 
se  servant  de  la  même  musique  imprimée,  nous  avons  pu  parfois  remar- 
quer, sans  être  pourtant  bien  connaisseurs,  qu'il  y  avait  quelque  chose, 
comme  une  manière  dilTérente  dans  leur  exécution.  C'est  ainsi  que  sans 
trop  hésiter,  pour  chacun  de  ces  groupes  de  musiciens,  nous  avons  pu 
reconnaître  si  c'étaient  des  Italiens,  des  Français  ou  des  Hongrois  jouant 
à  la  dzarda. 

Pourtant,  telle  que  maintenant  et  partout  la  musique  est  enseignée, 
avec  les  mêmes  méthodes,  l'emploi  d'instruments  d'une  fabrication  iden- 
tique et  l'interprétation  presque  des  mêmes  œuvres  de  maîtres  pour  for- 
mer l'éducation  musicale,  on  peut  dire  que  de  tous  les  arts,  c'est  bien  la 
musique  qui  constitue  un  véritable  langage  universel  qui  se  lit,  s'entend 
et  se  comprend  dans  tout  le  monde  entier.  Cependant,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  il  y  a  certaines  accentuations  propres  i\  chaque  nationalité  (jui 
permettent  de  les  distinguer  à  l'exécution. 

Mais  notre  enseignement  actuel  n'a  pas  toujours  été  ce  qu'il  est,  les 
instruments  ont  été  souvent  très  différents.  Plusieurs  même  ne  sont  plus 
usités  et,  quaux  aux  œuvres  à  interpréter  pour  propager  le  goiU,  selon 
les  temps  et  bien  d'autres  considérations,  l'art  musical  de  régions  à  régions 
s'est  modifié  d'une  façon  profonde. 


\:\'},  6  DÉc.EMBiu-:  1906 

Ce  sont  toutes  ces  caractéristiques  quil  nous  importe  de  connaître  et 
do  préciser  tout  autrement  que  nos  moyens  habituels  nous  le  permettent  : 
car,  même  pour  ceux  déjà  versés  dans  l'art  musical,  il  ne  leur  est  pas 
possible  de  transcrire  les  subtilités  si  minimes  de  ces  nuances  de  style. 
Au  plus,  avec  une  certaine  virtuosité,  pourraient-ils  les  indiquer  en  accen- 
tuant sur  leurs  instruments  ou  par  la  voix  certains  passages. 

La  manière  de  transcrire  les  sons  et  la  musique  mérite  donc  toute  notre 
attention  :  car  pour  atteindre  des  résultats  nous  avons  besoin  d'une  tout 
autre  fidélité.  Une  méthode  autrement  scientifique  s'impose. 


On  voit  donc,  combien  l'emploi  du  phonographe  devient  intéressant 
pour  nos  recherches.  Il  enregistre  tout  ce  qu'il  entend  et  qui  est  mis  à  sa 
portée  :  la  tonalité  des  sons  plus  ou  moins  élevés  d'un  chant,  les  nuances 
subtiles  d'une  diction  et  pour  les  mouvements,  le  rythme  qu'altère  fré- 
quemment un  ralentissement  ou  bien  une  accélération.  Tous  ces  moindres 
détails  qui  ont  leur  valeur  pour  nous  se  trouvent  par  lui  fixés  chronomé- 
triquement. 

Comme  on  peut  faire  reproduire  au  phonographe  plusieurs  fois  la 
même  audition,  en  ralentissant  au  besoin  le  mouvement  réel,  la  valeur 
des  observations  a  une  tout  autre  importance.  Puis  il  n'est  plus  besoin 
alors  pour  observer  d'avoir  de  grandes  connaissances  en  musique,  à  part 
pour  les  sons  qui  demandent  une  éducation  de  l'oreille.  Et  encore  bientôt, 
il  n'en  sera  peut-être  plus  besoin  puisque  tout  récemment  on  est  arrivé  à 
photographier  la  parole  et  par  suite  tous  les  sons  musicaux. 

Si  la  dictée  musicale  a  bien  sa  valeur,  elle  est  artistique;  tandis  que  les 
phonogrammes  en  ont  une  autre,  qui  est  scientifique.  Comme  rapproche- 
ment, ils  sont  entre  eux  ce  qu'un  dessin  parfait  est  à  la  photographie 
d'un  objet  qui  nous  renseigne  souvent  au  delà  de  ce  que  l'œil  peut  per- 
cevoir. 

Ajoutons  encore,  comme  on  l'admet  et  paraît  vraisemblable,  c'est  qu'à 
leur  origine,  les  premières  modulations  rythmées  furent  une  aide,  comme 
un  besoin,  pour  régulariser  les  efforts  réunis  de  nombreux  ouvriers  dans 
des  travaux  d'ensemble.  Ainsi  la  traction  d'un  fardeau,  l'érection  d'un 
monument,  les  coups  de  rames  en  cadence  d'une  embarcation,  le  pas  régu- 
lier d'une  troupe  en  marche  et  aussi  dans  certaines  cérémonies  des  gestes 
d'ensemble,  tous  ces  mouvements  se  trouvaient  facilités  par  des  chants 
qui  précisaient  un  coup  d'énergie. 

Par  la  suite  ces  excitations  cadencées  se  modifièrent,  les  paroles  chan- 
tées prévalurent,  la  mélopée  s'accentua  pour  former  un  air,  la  phrase 
musicale. 

Enfin,  ce  que  nous  apprend  encore  l'histoire,  c'est  que  de  tous  les  arts, 
c'est  la  musique  qui  se  développe  le  plus  tard  dans  chaque  période  civi- 
lisatrice et  c'est  seulement,  quand  elle  arrive  à  son  apogée,  que  cet  art  à 


El),    lui  Rin<ir,NIEU.   —  MlSIoUE  BOLIVIENNE  iDS 

son  tour  s'y  épanouit.  Alors  tous  les  sentiments  de  l'Ame  humaine  s'y 
révèlent  les  instincts  guerriers,  rexallalion  religieuse,  les  joies,  les  tris- 
tesses, tout  ce  qui  personnilie  le  caractère  d'une  nation  se  rellète  dans 
son  art  musical. 

L'étude  de  la  musique  d'un  peuple  nous  ulVrc  donc  de  précieux  rensei- 
gnements pour  le  connaître  plus  intimement,  expliquer  ses  gloires,  ses 
faiblesses  jusque  même  ses  faits  politi(juos.  Souvent  encore,  nous  y  recon- 
naissons des  influences,  suite  de  rapports  extérieurs  ignorés  qui  ont 
parfois  modifié  certains  côtés  du  caractère  national. 


Après  ces  quelques  observations  générales,  il  nous  sera  plus  facile  de 
faire  quelques  remarques  sur  les  pbonogrammes  concernant  la  musique 
bolivienne. 

Nous  n'avons  que  peu  a  nous  préoccuper  des  modes  et  des  tonalités  de 
cette  musique,  parce  que  sous  ce  rapport,  elle  procède  de  la  môme  ma- 
nière que  la  nôtre.  Les  intervalles  se  composent,  en  efl"et,  de  tons  et  demi- 
tons  bien  définis,  donnant  la  gamme  chromatique  classique. 

Quant  aux  accords  (jui  accompagnent  les  motifs,  ils  rentrent  aussi  dans 
les  règles  de  l'harmonie  qui  nous  est  enseignée,  à  part  quelques  sur- 
prises assez  audacieuses  de  cadences  auxquelles  nous  sommes  moins  ac- 
coutumés. 

Sur  cette  partie  technique  nous  pouvons  déjà  conclure  que,  si  antérieure- 
ment les  modes  étaient  différents,  ils  ont  maintenant  un  caractère  fran- 
chement européen,  que  l'on  peut  faire  remonter  jusqu'à  la  conquête. 

Ce  qui  s'explique  très  bien  par  les  influences  de  noire  musique  importée, 
les  cantiques  et  chants  religieux  des  missionnaires  du  xv^  et  du  xvi"  siè- 
cle, les  jésuites  du  Paraguay,  région  peu  éloignée,  qui  confine  la  Bolivie. 
Or,  on  sait,  surtout  quand  il  s'agit  de  populations  mélomanes,  avec  quelle 
rapidité  un  air  s'apprend  vite  et  devient  |)0pulaire.  Aussi,  de  la  manière 
ancienne  des  modes  et  de  la  tonalité  nous  n'en  retrouvons  plus  de  traces 
certaines. 

D'ailleurs  les  instruments  nouveaux  introduits,  le  genre  guitare  accordé 
différemment  des  leurs  et  surtout  les  instruments  en  cuivre  de  facture 
européenne  ont  bien  vite  fait  abandonner  les  anciens.  L'éducation  de 
l'oreille  est  devenue  tout  autre. 

Ce  n'est  donc  ni  dans  leur  harmonie,  qui  est  une  conception  assez 
moderne  et  n'a  pris  son  essor  que  vers  la  Renaissance,  pres(jne  ;iu  mo- 
ment de  la  découverte  du  Nouveau-Monde,  ni  sous  le  côté  mélodique 
que  nous  pouvons  retrouver  une  origine. 

Ce  que  l'on  peut  remarquer  sous  ce  rapport,  c'est  qu'à  des  airs  plus 
anciens,  sans  doute  indigènes,  il  y  a  eu  des  adaptations  de  l'harmonie 
importée.  Quand  les  accords  étaient  trop  compliqués,  on  les  a  simplifiés, 
voilà  tout. 

Ainsi  dans  une  cadence  de  sous-dominante  puis    do  dominante  pour 


l.'jl  fi    rtKCEMHHE    1906 

tomber  sur  la  toniijuo,  il  est  rare  que  l'accord  de  sous-dominante  n'ait  pas 
disparu, 

l'ar  exemple  au  lieu  de  la  marche  harmonique  avec  accords  sur  la  basse  : 
fa.  sol,  do,  nous  les  trouvons  sur  celle  de  :  sol,  sol,  do. 

Enfin  le  passage  aux  tons  relatifs  du  majeur  ou  mineur  est  comme 
interverti  par  des  alternances  de  (juinles,  ceijui  produit  des  effets  bizarres. 

Il  est  encore  à  remarquer  pour  la  musique  en  fanfare,  que  les  accom- 
pagnements reproduisent  servilement  ceux  qui  conviennent  seuls  aux 
instruments  ;i  cordes  pincées,  types  guitare; c'est  une  imitation  constante 
du  pizzicato.  Four  les  airs  du  premier  groupe  dits  indigènes  les  quelques 
accords  toujours  en  pizzicato  n'indiquent  pas  non  plus  que  les  instru- 
ments à  archet,  tels  que  les  violons,  aient  été  en  grande  faveur. 

Ouant  aux  autres  instruments  à  vent  comme  les  flûtes,  les  liautbois 
plutôt  destinés  à  jouer  un  chant  qu'à  faire  de  l'accompagnement,  quelques 
anomalies  qui  consistent  en  notes  que  rationnellement  on  devrait  trouver 
diésées  ou  bémolisées  et  persistent  à  rester  naturelles,  elles  font  préjuger 
de  ce  qu'ils  étaient  précédemment.  C'est  que  la  tablature  de  ces  instru- 
ments ne  permettant  pas  de  faire  la  noie  accidentée,  on  s'est  servi  alors  du 
doigté  de  celle  possible  d'à  côté. 

Aux  premières  auditions  de  ces  escamotages,  on  est  un  peu  surpris,  car 
on  sent  bien  qu'il  y  a  une  faute,  mais  peu  à  peu,  à  force  de  l'entendre, 
on  s'y  habitue.  C'est  ainsi  que  l'éducation  de  l'oreille  peut  se  fausser.  Par  la 
suite,  cette  anomalie  devient  une  caractéristique,  laissant  une  preuve  de 
l'usage  d'instruments  moins  perfectionnés  seulement  n'étant  propres  qu'à 
une  musique  moins  savante  que  la  nôtre. 

Les  instruments  à  vent  et  à  trous  peuvent,  comme  on  le  voit,  donner 
aussi  des  renseignements  complémentaires  assez  utiles  pour  reconnaître 
des  influences  et  édifier  sur  une  musique  à  modes  difîérents  de  ceux  pour 
lesquels  on  les  a  conservés. 

Ces  anomalies  prouvent  même  une  connaissance  assez  sommaire  des  res- 
sources de  ces  instruments  :  car  plusieurs  de  ces  notes  accidentées  sortent 
justes  et  très  bien  en  employant  certains  doigtés  qui  ne  souffrent  aucune 
difficulté.  Ce  qui  indique  bien  qu'ils  sont  joués  par  routine. 


Le  premier  groupe  de  morceaux  indigènes,  étant  le  moins  influencé, 
attire  donc  plus  particulièrement  notre  attention. 

Ces  airs  n'ont  pas,  comme  notes,  une  très  grande  étendue,  la  plupart 
ne  comprennent,  au  plus,  qu'une  quinte  presque  toujours  à  tierce  mineure. 
C'est  dans  l'agencement  par  exemple  des  six  notes  :  ré,  mi,  fa,  sol,  la 
que  nous  les  retrouvons  tous  cantonnés.  Si  le  ton  du  morceau  est  plus  ou 
moins  haut,  l'ordre  des  intervalles  reste  toujours  dans  ce  sens.  Mais  il  ne 
s'ensuit  pas,  comme  notre  règle  musicale  nous  y  invite,  qu'un  morceau 
commencé  dans  un  ton  s'y  termine. 

Ainsi,  un  des  premiers  phonogrammes  entendus  commence  pour  les 


ED.   (lit  UDItlilMKIl.   —   Ml  SlglK  llnl.l  VIKNNE  i")0 

deux  premii'res  mesures,  on  la  inint'ur,  relonilje  soudain  en  la  majeur  et 
repasse  en  la  mineur,  (^omme  finale,  il  se  termine  i\  la  quinte  en  n'-  naturel 
mineur  avec  l'accord  de  ré,  fa,  la  sur  le  la  ;  nous  ne  sommes  pas  lial)itu<5s 
à  cette  finale  ('transe  (jui  nous  laisse  dans  rallciid',  com si  la  |tliias<'  mu- 
sicale n'élail  pas  finie. 

Dans  une  rumplainte  (Ju('idnia,  d'un  luuiivcmenl  en  4  .S  allcrnant  avec 
triolel  de  mouvement  ternaire  et  un  temps  de  deii\  notes  en  -_'  -i,  le  thème 
commence  en  ré  majeur,  passe  dans  son  relatif  si  mineur,  l'uis.  après 
moilulations  semblables  se  termine  par  un  accord  de  quinte  augmentée 
sur  le  ré  ré,  fn  (dièse),  la  (dièse)J  pour  cadencer  en  si  nalurel  mineLir 
'si,  ré  (nalurtd),  fa  (dièseV. 

Cet  accord  ré,  fa  Cdiôse),  la  (dièse);  avec  son  ré  nalurel  pourrait  être 
considéré  en  ré.ililé  comme  un  renversement  de  l'accord  imliqué  de  sep- 
tième sur  le  fa  (dièse),  avec  sa  quinte  augmentée,  ré  ;  naturel)  pour  do 
(dièse). 

.Mais  ici  nous  pouvons  reconnaître  que  c'est  un  inslrunuMit  (pii  en  est 
cause;  car  sur  les  (lûtes  primitives,  sans  la  clef  spéciale  pour  donner  un 
do  (dièse),  elles  ne  descendent  qu'au  ré  naturel  qui  a  été  substitué  pour 
tourner  la  difficulté. 

D'autres  exemples  de  ce  genre  seraient  encore  à  produire.  Us  indicpient 
les  influences  d'une  musiipie  étrangère  et  la  persistance  d'instruments 
plus  anciens  comme  usage. 


.Mais  c'c^sl  surtout  dans  les  mouveiinMils,  les  rythmes  p  niiculieis  puis, 
dans  ces  accentuations  subtiles  que  seul  le  phonographe  p'iil  enregistrer, 
que  des  observations  utiles  nous  sont  réservées.  Dans  les  airs  chantés 
nous  retrouvons  les  influences  de  la  langue  parlée,  la  somtrit*'  des  ses 
expressions,  les  règles  d'une  versification  cpii  p;é.-cnlent  (b's  T-carls  assez 
manjués  avec  les  formules  auxipielles  nous  sotumes  habitués. 

l'our  bien  se  pénétrer  de  ces  diffère n ces.  il  faudrait  dresser  un  tableau 
assez  compli(pu'^  (pii,  bientôt  sera  facilité  par  des  photographies  de  la 
parole,  dette  étude  est  donc  encore  à  réserver  pour  lui  donner  l'ampleur 
(ju'elle  comporte.  (Quelques  exem[)les  pouiront  cependant  en  dcuiuer  une 
idée. 

Comme  nous  l'avons  d/'j'i  t'ait  observer  |)ltis  haut,  ces  mébjdies.  au  lieu, 
selon  notre  règle  étal)lie.  de  se  composer  noruialeuKMil  de  de«^sii  s  r('guliers 
alternant  pour  furmer  la  phrase  miisicali.',  par  suite  du  mouvement  lent, 
finissent  i)ar  avoir  leurs  mesures  à  trois  temps  (|ui  ."e  confondent  avec  les 
mesures  à  deux  temps  et  alors  les  dessins  n'ont  plus  de  régularité. 

Ainsi  pour  transcrire  une  complainte  Ouéchua,  d'après  son  audition,  on 
peut  former  son  premier  dessin  de  deux  mesui'cs  à  trois  temps,  puis  de 
deux  à  deux  temps  qui  rend  assez  bien  le  rythme  Mais  cette  régularité 
n'est  pas  exacte,  car  en  se  rapportant  au  phonographe,  chronométrique- 
ment  on  trouve  en  décomposant  par  temps,  une  mesure  à  trois  temps 


450  6    DKCEMBHK    1906 

suivie  de  trois  mesures  à  deux  temps:  c'est  ce  (jui  montre  bien  l'indécision 
difficile  à  saisir  pour  certains  passages. 

Dans  une  autre  conipUùnlG  [Verde  limeticito),  le  premier  dessin  est  de 
cinq  mesures  et  le  second  de  quatre,  toutes  h  deux  temps.  .Mais  on  peut 
remarquer  que  si  ces  mesures  à  deux  temps  sont  df^composées  et  battues 
à  quatre  temps,  le  temps  fort  tombe  sur  la  deuxir'me  de  ces  subdivisions 
et  se  lie  avec  la  troisième  pour  former  syncope.  Cet  effet  rythmique  parti- 
culier est  bien  connu,  il  est  vrai,  mais  nous  pouvons  observer  qu'il  est 
très  fréquent  dans  la  musique  espagnole  à  mouvement  ternaire,  où  c'est 
encore  au  second  temps  qu'il  se  produit  pour  se  lier  au  troisième. 

Puis  dans  plusieurs  de  ces  morceaux,  ce  qui  vient  contribuer  à  donner 
au  chant  réel  un  indécis  dans  le  rythme  et  laisser,  comme  dans  le  vague, 
la  mélodie  et  même  ï'h  peu  près  des  accords  qui  la  soutiennent  :  ce  sont- 
des  enjolivures  de  notes,  des  ^n<j9/)e/<î  ternaires  et  binaires  qui  compliquent 
encore. 

Ces  notes  d'agrément  appartiennent  surtout  à  cette  musique  légère,  très 
en  vogue  aux  siècles  derniers  auprès  des  maîtres  italiens  et  espagnols.  La 
musique  du  Barbier  de  Séville  de  Rossini  en  est  un  exemple  bien  connu. 

Cette  manière  a  une  origine  assez  ancienne^  car  elle  était  très  goûtée  au 
moyen  t\ge  et  à  la  Renaissance.  Le  plein  chant  nous  l'a  conservée  par  tra- 
dition et  nous  pouvons  nous  en  faire  une  idée,  en  comparant  les  chants 
rituels  avec  la  musique  moderne  à  la  mode. 

La  musique  des  anciens  Boliviens  aurait-elle  subi  les  influences  de 
chants  religieux  entendus  jadis  dans  le  Paraguay?  Leurs  gruppetti  en  sont- 
ils  une  survivance? C'est  ce  que  nous  ignorons.  Mais,  d'autre  part,  ce  qui 
est  attesté  par  plusieurs  auteurs,  c'est  que  dans  la  péninsule  ibérique, 
pendant  l'occupation  des  Maures,  il  y  eut  des  chanteurs  et  des  chanteuses 
célèbres,  qui  savaient  agrémenter  ainsi  leurs  chants  d'une  façon  admirable. 
Leur  manière  devait  s'écarter  assez  sensiblement  de  la  nôtre  puisqu'ils  se 
servaient  d'une  autre  tonalité.  Au  lieu  d'avoir,  comme  dans  nos  gammes, 
des  intervalles  composés  de  tons  et  de  demi-tons,  ils  en  avaient  de  bien 
plus  subtiles,  ayant  pour  base  des  tiers  de  tons. 

Nous  avons  pu  nous  faire  une  idée  de  ce  genre  si  différent  du  nôtre,  en 
entendante  nos  Expositions  des  orctiestres  exotiques  jouant  de  la  musique 
arabe. 

Sans  doute  que  pour  nos  oreilles  européennes  cette  musique  laisse  un 
peu  à  désirer.  Mais  la  musique  est  bien  aussi  un  langage;  il  suffît  d'y  être 
habitué  et  de  le  comprendre  pour  y  trouver  des  charmes,  tout  comme  avec 
une  autre  à  laquelle  on  est  initié. 

Voir  dans  la  musique  bolivienne  une  réminiscence  d'une  influence 
directe  des  Maures,  c'est  ce  que  nous  ne  proposons  pas.  Mais  il  est  certain 
que,  pour  toutes  les  deux,  cette  superfétation  mélodique  des  gruppetti 
n'était  pas  inconnue. 

Mais  quant  à  l'influence  de  la  musique  espagnole,  elle  e.<;t  de  toute  évi- 
dence dans  les  morceaux  interprétés  par  les  instruments  en  cuivre.  Nous 
y  retrouvons  de  nombreux  motifs  empruntés  à  son  répertoire.  Le  type 


ED.  FODRDRIGNIER.  —  MUSIQUE  HOLIVIBNNE  4")? 

boléro,  fandango,  la  manière  de  l'orcheslrer,  les  mômes  effets  très  parti- 
culiers aux  instruments  à  cordes  pinc»'*es  que  s'efforcent  d'imiter  les  ins- 
truments à  vent,  cuivre  et  buis,  qui  cependant  sont  destinés  à  jouer  une 
musiijue  n'y  ayant  pas  rapport. 

Ce  que  nous  avons  retenu  de  cette  audition,  c'est  que  la  musique  boli- 
vienne, si  certainement  elle  conserve  encore  plusieurs  caractéristiques 
rappelant  un  art  dpja  existant  avant  l'uccupation,  depuis  elle  a  subi  des 
moditications  profondes  qui  tendejit  de  plus  en  plus  ;i  la  rapprocber  de 
celle  qui  est  usitée  en  Europe. 


A  propos  des  instruments  en  cuivre,  on  a  fait  remarquer  qu'ils  avaient 
des  sons  aigres  et  très  aigus,  comparés  à  ceux  de  nos  fanfares.  Nous 
croyons  en  trouver  l'explication  dans  la  facture  des  instruments  qui  sont 
la  plupart  d'industrie  allemande. 

La  perce  de  nos  instruments  français  n'est  pas  la  môme.  La  nuire  est 
beaucoup  plus  conique,  tandis  qu'en  Allemagne,  en  Suisse  et  dans  l'Italie 
du  nord,  le  tube  formant  le  corps  des  instruments  tend  à  être  cylindrique  : 
c'est  ce  qui  donne  déjà  des  sons  plus  stridents. 

On  peut  très  bien  s'en  rendre  compte  en  comparant  les  sons  émis  par 
les  différents  instruments  en  cuivre  d'une  fanfare.  Les  bugles,  les  altos, 
les  basses  et  surtout  les  cors  ayant  des  tubes  conoïdes,  ont  leurs  sons  plus 
ronds  et  plus  veloutés.  Tandis  que  les  cornets  à  pistons,  les  trompettes  et 
les  trombones  k  coulisse  dont  les  tubes  sont  presque  cylindriques  et  plus 
étroits  ont  leurs  sons  plus  clairs  et  plus  éclatants. 

Les  anciens  Scandinaves,  qui  étaient  des  maîtres  dans  le  travail  des 
métaux  et  surtout  du  bronze,  connaissaient  déjà  au  premier  millénaire 
avant  notre  ère  cette  particularité  acoustique  des  tubes  sonores.  On  peut 
voir,  en  effet,  au  musée  de  Copenhague,  d'immenses  instruments  de  musi- 
que en  bronze,  ayant  plus  de  deux  mètres  de  dimension,  dont  les  tubes 
sont  conoïdes. 

La  plupart  ont  à  l'emboucbure  6  millimètres  de  diamètre,  tandis  qu'ils 
se  terminent  au  pavillon  avec  un  diamètre  de  6  centimètres.  Leurs  sons, 
tout  en  étant  très  puissants,  se  rapprochent  beaucoup  de  ceux  de  nos 
barytons  et  basses  en  cuivre. 

Ces  instruments  sont  connus  sous  le  nom  de  lour.  Le  musée  Saint-Ger- 
main en  possède  deux  exemplaires. 

Dans  cette  région  du  nord  de  l'Europe,  l'art  musical  s'y  est  développé 
dans  une  très  haute  antiquité  puisque  4'on  considère  les  lours  comme 
étant  de  la  seconde  période  de  l'âge  du  bronze  Scandinave,  de  vers  le  xv« 
siècle  avant  notre  ère,  par  conséquent  bien  avant  l'antiquité  classique. 
S'il  y  avait  une  origine  à  rechercher  pour  les  instruments  de  cuivre,  c'est 
bien  vers  celte  contrée  du  nord  qu'il  faudrait  tourner  les  yeux. 


ihH 


G  DKCEMnnR  iOOG 


Une  aulre  cause  conlribue  encore  à  modiiïer  la  qualité  du  son  :  c'est  la 
forme  de  l'embouchure.  Plus  la  cuvette,  où  se  produisent  les  vibrations 
par  les  lèvres,  est  longue  et  profonde,  plus  les  sons  deviennent  voilés, 
("'est  ce  que  nous  remarquons  pour  les  cors  d'harmonie. 

Plus  cette  cuvette,  que  l'on  nomme  bocal,  est  courte,  plate  selon  l'ex- 
pression admise,  avec  une  élroitesse  de  diamètre  dans  le  fond,  plus  les 
sons  produits  sont  stridents,  comme  pour  nos  trompettes  de  cavalerie. 


Fif/.  1.  —  Embouchures  d'instruments  en  cuivre  (gr.  rel.).  —  A,  de  trompette  (sons 
stridents);  —  B,  de  trompe  de  ci:asse  (sons  puissants);  —  C,  de  cor  d'harmonie 
(sons  voilés). 

Cette  modification  du  timbre  de  l'instrument  obtenue  par  une  embou- 
chure est  assez  saisissante  avec  notre  clairon  d'infanterie.  Son  tube  étant 
conoïde,  ses  sons  devraient  être  plutôt  sombres  tout  en  étant  puissants. 
Or,  son  embouchure  étant  à  fond  plat,  on  arrive  alors  à  des  notes  très 
éclatantes,  quoique  cependant  moins  stridentes  qu'avec  la  trompette. 

Ce  sont  ces  deux  particularités,  de  la  perce  et  de  l'embouchure,  qui 
modifient  la  sonorité  des  instruments  en  cuivre  fabriqués  en  Allemagne 
d'avec  celle  des  nôtres.  Rien  donc  de  bien  surprenant  si  ceux  des  Boliviens 
sont  de  facture  allemande,  qu'ils  aient  des  sons  ayant  les  mêmes  qualités. 

Il  y  a  peut-être  encore  une  cause  d'un  autre  ordre,  à  considérer  :  c'est  la 
contexture  des  lèvres  des  musiciens  qui,  selon  la  diversité  des  races,  sont 
plus  bu  moins  conformées  pour  un  genre  d'instruments. 

Il  en  est  des  lèvres  comme  de  la  gorge  et  du  gosier,  tout  le  monde  n'est 
pas  doué  par  la  nature  pour  avoir  une  voix  de  ténor.  Il  y  a  des  contrées 
qui  sont,  C(jmme  on  le  sait,  plus  privilégiées  pour  avoir  certaines  voix 
spéciales. 

Il  en  est  de  même  pour  les  instrumentistes.  Grâce  à  des  dispositions 


ED.   FOURDRir.NIER.   —  MUSigUE  BOLIVIENNE  i"A) 

naturelles  certains  naissent  musiciens  et  ublicnni'iil,  sans  eiïorl,  une  ap- 
préciable viituosité,  où  (l'aiilres  n'y  arrivent  ([iii-  par  ''\,eptiun  et  ;i  force 
de  travail. 

La  disposition  des  lèvres  est  donc  h  considérer.  A  notre  sens,  les  lèvres 
d'un  sani?  mêlé  ne  pouvant  être  les  mêmes  que  celles  d'un  Européen  ou 
d'un  Ciermain,  les  sons  produits  ne  peuvent  être  non  plus  les  mêmes. 

Ur,  parmi  nos  nationaux  instrumentistes,  il  y  en  a  aussi  (jui  ont  les  lèvres 
plus  ou  moins  avantagées.  Les  uns  obtiennent  facilement  les  notes  élevées, 
ils  montent  sans  trop  d'elTorts  suivant  l'expression  consacrée.  Tandis  que 
d'autres  à  l'inverse  descendent  mieux  aux  notes  graves,  ayant  une  pro- 
pension ?i  h\cher  les  lèvres.  Afin  d'obvier  à  cet  inconvénient  ces  derniers 
se  servent  alors  d'embouchures  plus  étroites.  Ils  peuvent  monter,  mais  la 
qualité  du  son  s'en  ressent,  il  devient  aigre,  moins  puissant  et  paraît  plus 
aigu. 

C'est  sans  doute  aussi  ;i  cette  dernière  cause,  jointe  à  la  facture  des  ins- 
tiuments,  qu'il  faut  attribuer  l'aigreur  du  son  des  fanfares  boliviennes. 

Nous  pouvons  ajouter  incidemment,  qu'en  même  temps  (|ue  les  lèvres, 
il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  dentition  et  du  prognathisme  plus  ou 
ou  moins  accusé  des  races,  l-ln  effet,  si  les  vibrations  sont  bien  dues  aux 
lèvres,  celles-ci  s'appuyent  sur  les  incisives.  Une  obliquité  dentaire  trop 
exagérée  peut  modifier  l'orbiculaire  des  lèvres  et  parfois  devenir  un  obs- 
tacle, une  gène  même  douloureuse  pour  la  pression  indispensable  de  l'em- 
bouchure. 

Enfin,  la  capacité  thoracique  a  également  son  importance  afin  de  pou- 
voir retenir  un  volume  d'air  permettant  de  donner  plus  de  puissance  aux 
sons,  ou  de  pouvoir  le  ménager  pour  soutenir  assez  longtemps  une  note. 

Sans  insister  plus,  ont  voit  combien  les  éléments  physiques  peuvent 
faire  dévier  la  propension  de  certains  peuples  dans  leur  goiH  des  instru- 
ments à  vent  et  par  suite,  influencer  une  éducation  musicale.  N'étant  que 
le  résultat  de  l'audition  d'un  genre  de  morceaux  souvent  écoutés,  la  mu- 
sique de  certaines  races  subit  aussi  l'action  du  tempérament  qui  leur  est 
propre. 

Dans  chaque  groupe  ethnique,  l'art  musical  s'y  étant  développé  quand 
déjà  leur  culture  civilisatrice  était  fort  avancée,  l'étude  de  leurs  musiques 
peut  donc  les  faire  connaître  plus  intimement  :  car  c'est  bien  en  quelque 
sorte,  l'àme  de  la  nation  (}ui  s'y  reflète. 

Sans  doute  qu'avec  certaines  connaissances  musicales,  on  peut  arriver 
à  des  observations  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt;  mais  avec  notre  mé- 
thode actuelle,  ce  n'est  pas  suffisant,  nos  investigations  ont  un  caractère 
trop  artistique.  Une  autre  s'impose,  afin  de  mieux  saisir  les  détails  qui 
nous  échappent.  Puis,  il  faudrait  que  ces  études  puissent  se  poursuivre, 
sans  être  nécessairement  obligé  d'être  musicien.  L'emploi  du  phonographe 
nous  paraît  donc  tout  à  fait  indiqué.  Et  quand  bientôt,  tout  ce  que  cet 
appareil  sait  enregistrer  pourra  so  lire  dans  des  transcriptions  photogra- 


460  6    DÉCEMBRE    1906 

phiques  autrement  serviles  que  celles  actuelles,  des  révélations  inattendues 
sont  à  prévoir  :  car  c'est  alors  que  nos  observations  posséderont  ce  qui 
leur  manque  aujourd'hui  :  un  caractère  scientifique. 


DEUX  CRANES   DE   WHYDAH 


Par  m.  E.  T.  Hamy. 


Les  pièces  anthropologiques  bien  authentiques,  provenant  de  la  Guinée 
supérieure,  sont  encore  très  rares  dans  les  Musées  d'Histoire  Naturelle. 

Si  paradoxale  que  paisse  paraître  celte  aiïirination,  à  quiconque  songe 
à  l'elfrayante  consommation  de  Noirs  qui  s'est  faite  si  longtemps  sur  ces 
rivages,  elle  n'en  est  pas  moins  d'une  rigoureuse  exactitude.  A  part  les 
Ashantis,  dont  le  Musée  de  l'Ecole  de  Médecine  navale  de  Netlley  possède 
une  large  série  recueillie  jadis  par  Sweeney,  on  ne  connaît  jusqu'à  pré- 
sent que  des  pièces  dispersées  se  rapportant  aux  Krous  et  aux  Bush,  aux 
Fantis,  aux  Popos,  aux  Dahoméens,  aux  Yebous  et  enfin  aux  Calabars  *. 

Après  bien  des  efforts,  en  frappant  à  toutes  les  portes,  je  n'ai  pu  réunir, 
pour  les  Crania  Etknica,  qu'une  quinzaine  de  crânes  dont  les  origines 
étaient  plus  ou  moins  précises,  et  j'ai  accueilli,  avec  une  véritable  satisfac- 
tion, les  deux  belles  têtes,  bien  complètes,  que  feu  Edouard  Foâ  s'était 
fait  envoyer  de  Whydah,  cette  vieille  capitale  d'un  des  anciens  royaumes 
nègres  de  la  Côte  des  Esclaves. 

On  sait  que  cette  ville  de  Whydah  ou  Ouïdah,  soumise  aux  rois  du  Daho- 
mey depuis  1727,  n'en  a  pas  moins  gardé  une  physionomie  particulière  * 
et  qu'elle  est  demeurée  le  centre  principal  de  Vophiolàtrie  sur  toute  cette 
côte  '. 

Les  deux  têtes  fort  complètes  que  le  Muséum  doit  au  zèle  d'un  voya- 
geur trop  tôt  enlevé  à  ses  travaux  zoologiques,  constituent  des  types 
excellents  de  la  morphologie  des  deux  sexes  chez  les  peuples  nègres, 
refoulés  dans  les  lagunes  par  les  invasions  descendues  de  l'intérieur.  J'en 
ai  pris  soigneusement  les  mesures  principales  et  j'ai  rapproché  les  chiffres 
ainsi  obtenus  et  leurs  rapports  ou  indices  principaux  des  mômes  données 
numériques  tirées  des  moyennes  fournies  par  les  séries  ethniques  que 
j'avais  précédemment  présentées  aux  anthropologistes  *. 

Chacun  sera  frappé,  en  examinant  ces  mesures,  des  relations  étroites 


*  Cf.  Crania  Ethnica,  p.  3f)3  et  suiv. 

'  Voy.  Ann.  Maritim.  et  Coloniales,  ■1845  et  i846.  (Rev.  Col,  p.  406,  407  et  18). 

^  Cf  Ed.  Foa.  — Le  Dahomey;  histoire,  géographie,  mœurs,  coutumes,  commerce, 
industrie,  expéditions  françaises,  J891-1895.  (Bibl.  de  l'Explo7^ateur.  Paris,  Heu- 
nuyer,  1895,  in-8,  p.  415-420  et  carte). 

*  Cf.  Crania  Ethnica,  p.  370,  etc. 


K.-T.   IIVMV.    —   DEL'\  CHaNKS  IIK  WIIYDaH  .{{][ 

qu'elles  signalent.  Tous  ces  crv\nes  nègres  sunl,  en  etTet,  sous-dolichocé- 
phales (76.1  )  el  moins  hauts  (|ihî  larges  dX».!));  ils  sont,  en  outre,  inésopro- 
sopes,  mésosèmes  et  platyrhiniens,  c'esl-à-dire  (|u'ils  ont  les  indices  fa- 
ciaux («)8.3)  orhitaires  (86.4)  et  nasaux  (54.0)  qui  correspondent  h  ces 
su  hdi  vision  s  sysl('niali(iues. 

C'est  tout  un  groupe  de  peuples  très  anciens  du  littoral  (juise  diirérencie 
nettement  des  nouveaux  v.mhis,  .\slianlis.  Dahoméens,  Mandingues, 
devant  Icsipuds  ils  ont  dt'i  fuir  vers  les  lagunes  et  les  marécagcîs  des  cotes, 
où  l'arrivée  des  Blancs  a  pu  seule  les  [U'éserverd'unecouiplète destruction. 

W'iivDAiis  l'oi'os.  KTc.     (Ialahahs 

Mksikks  15  1    Ç  05  4   ^ 

Capacité  crânienne 

('.irconlércnee  horizontale 

Diamètre  aul.  post.    max 

—  transv.  max 

—  bas.  brog 

Indice  larg.  long 

—  haut,  long 

—  haut,  larg 

D.  Iront,  max 

—  —      min 

—  hiori).  ext 

—  bizygom 

Haut,  face 

Indice  facial 

Orbite  larg 

—  liant 

hulioe  orbitaii-e 

.Nez  haut 

—  larg 

Indice  nasal 


lllO 

1410 

1425 

1425 

507 

497 

509 

485 

18'. 

177 

181 

182 

138 

136 

135 

137 

132 

132 

VM 

132 

75.0 

76. 8 

74.5 

75.2 

71.7 

74.5 

72.3 

72.5 

95.(') 

97.0 

97.0 

96.4 

117 

106 

116 

112 

91 

89 

97 

98 

110 

101 

108 

108 

131 

128 

130 

130 

95 

89 

89 

90 

72.5 

68.7 

68.4 

69.2 

39 

40 

38 

38 

31 

33 

33 

33 

87.1 

82.5 

86.8 

86.8 

50 

48 

48 

49 

28 

27 

26 

26 

56.0 

56.2 

54.1 

53.0 

soc.  d'ânthhoi'.  1906.  33 


UM  6    DKCEMBRK    1 OOG 


LES    TERATOMES    NE    SONT  QUE   LE   VESTIGE    DE    L'UN    DES  SUJETS   COMPOSANTS 

d'un  monstre  double 
Par  iM.  le  D""  Marcel  Baudouin. 

Il  y  a  loiii:;leiaps  qu'l.  (leolFroy  Sainl-lliiairo  '  a  classé,  parmi  les  Hlons- 
truosités  doubles,  nombre  de  Tumeurs,  que  les  cliniciens  connaissent  bien, 
el  qu'on  peut  appeler  des  Tératomes*. 

Mais,  jusqu'à  présent,  les  cliirurgiens,  d'une  part,  ont  décrit  aussi  sous 
ce  nom  des  productions,  congénitales  ou  non,  qui  n'ont  rien  à  voir  avec 
la  Diplotératologie  :  et,  d'autre  pari,  nombre  de  faits  ont  été  publiés  qui 
sont  venus  compliquer  l'exposé  diiJactique  fait  alors  par  le  célèbre  fonda- 
teur de  la  science  lératologique,  et  sou  article  si  remarquable  sur  les 
Monstres  doubles  Endocijmiens,  les  anciennes  inclusions  fœtales. 

Pour  nous,  nous  employons  le  mot  Tératome  dans  son  sens  clinique  le 
plus  général,  c'est-à-dire  dans  le  sens  de  tumeur  importante  par  son 
volume. 

Nous  laissons,  en  effet,  décote  les  lératomes  histologiques,  c'est-à-dire  les 
inclusions  embryonaires  de  tissus  divers  en  d'autres  ^t'ssMS  (par  exemple  inclu- 
sion de  tissu  thyroïdien  dans  le  tissu  musculaire  du  cœur,  etc.),  car  ces 
productions  sont  comparables  aux  Dermoïdes  vrais,  dont  nous  ne  nous 
occupons  pas  ici. 

Dans  notre  esprit,  le  terme  Tératome  a  ici  un  radical  ayant  le  même  sens 
que  celui  des  mots  Tératologie,  Tératopages,  etc.  Il  s'applique  à  une  mons- 
truosité, correspondant  à  un  fœtus  tout  entier,  et  non  à  un  organe  donné  de 
ce  fœtus. 

Cela  nous  permet  de  distinguer  nettement  : 

4°  Les  Tératomes  vrais,  dont  nous  voulons  parler  exclusivement  '; 

2°  Les  Faux  Térato7nes,  dont  le  type  est  la  tumeur  ou  kyste  dermoide, 

*  I.  Geoffroy  Saint-Hilaibe.  —  Traité  des  Monstruosités,  t.  III. 

î  Brouha  (Contr.  à  l'étude  des  tumeurs  tératoïdes  de  l'abdomen.  Rev.  de  Gyn.  et 
de  Chir.  abd.^  Paris,  4902,  p.  401)  emploie  le  terme  de  «  tumeurs  tératoïdes  »,  qui 
est  inexact  parfois  en  clinique  (il  y  a  des  cas  où  il  n'y  a  pas  de  tuméfaction  appré- 
ciable), et  qui  est  plutôt  chirurgical  que  biologique.  —  Nous  préférons  le  terme  Té- 
ralome,  qui  implique  d'ailleurs  l'idée  de  i  tumeur»,  sans  la  mettre  trop  en  vedette. 

D'autre  part,  les  Tératomes  ne  sont  pas  des  tumeurs /e/'a^oirfes,  c'est-à-dire  ressem- 
blant à  des  Monstres  (ripa,  monstre;  liSo:;,  semblable),  mais  bien  des  tumeurs  qui 
sont  des  ?nonstrex!  —  Brouha  aurait  donc  dû  écrire  :  Tumeurs  tératiques. 

Le  mot  Embrijome  a  été  créé  par  Wilms  (1896);  mais  il  lui  attribue  un  sens  tout  par- 
ticulier, qui  n'est  pas  celui  indiqué  ici  (Tumeur  due  à  la  profilération  des  cellules 
sexuelles). 

5  M.  le  D""  Maurice  Ghevassu  (Thèse,  Paris,  1906)  appelle,  après  Wilms,  Tumeurs  or- 
ganoides,  par  exemple,  l'adénome  tosticulaire  ;  et  Embryomes  les  inclusions  fœtales.  Le 
premier  mot,  qui  ne  préjuge  rien,  peutse  défendre  ;  mais  le  terme  Embrijome  a  le  tort, 
en  l'espèce,  de  ne  pas  indiquer  l'origine  delà  tumeur hètéropique.  —  Tératome  me 
semble  donc  préférable,  jusqu'au  moment  du  moins  où  l'on  aura  démontré  que  la 
théorie  de  l'origine  diplotératologique  ne  peut  plus  se  soutenir 


MaUCKL    DAlDOUrN.    —   TÉHATÛMKS    DR    MONSTRES    DOI'HLES  463 

et  pour  les(|U('ls   il  reste  à  trouver  mi  nom  spi'oi.il.   par  exemple  celui 
d'Orfjanome,  ilunt  l'étymologie  est  claire. 

Nous  voudiiuiis,  dans  la  l)rève  élude  (jui  va  suivre,  redire  que,  depuis 
longtemps,  nous  acceptons  l'hypotlK^se  de  I.  (ieolTroy  Saint-llilaire,  et 
bien  spécifier,  ce  qui  n'a  pas  encore  iHé  fait,  que  le  Tértitow  n'est  qu'un 
rt'stifje  (le  l'un  de  ses  sujets  composaitls  d'au  monstre  double,  s'étant  dêvelojifiè 
ou  ayant  pénétré  dans  l'organisme  de  l'autre  sujet  par  un  mécanisme  facile  à 
comprendre,  mais  encore  un  peu  confus  dans  l'esprit  de  nombre  de  savants. 

Nous  voudrions  reiJire  sui'loul(pie  certains /i7/.s7('i-  dennoides,  parexemplc 
ceuxde  Vovaire,  sontaussi  des  Tératomes,  taudis  qm-  d'autres  n'en  sont  pas  : 
distinction  non  faite  par  M.  I.  (ienlTroy  Saint-llilaire,  ayant  décrit  sous 
le  même  titre:  1"  et  les  Monstres  Endociimxens  ou  inclusions  aljdominales  ; 
2o  et  \eîi  Monstres  Dermocijmiens  ou  inclusions  sous-cutanées;  3°  et  toutes  les 
productions  dermoïdes  connues  ;\  son  époque! 

Si  cette  tbéorie  est  exacte,  il  en  résulte  (jue  les  Monstres  uovai.ES,  complets 
et  incomplets,  c'est-à-dire  autositaires  et  parasitaires  (ces  derniers  compre- 
nant les  tératomes  et  certains  dermoïdes),  pour  employer  le  langage  des  an- 
ciens, sont  en  réalité  beaucoup  plus  (réguents  qu'on  ne  l'acru  jusqu'ici  :  cequi 
revient  à  dire,  toujours  si  cette  théorie  des  Monstres  doubles  est  exacte, 
qu'en  réalité  les  Œufs  à  deux  Germes  (pouvant  donner  tantôt  des  monstres 
doubles  vrais,  tantôt  des  Jumeaux  de  même  œuf  ou  univitellins),  s'observent  en 
nombre  beaucoup  plus  considérable  qu'on  ne  se  l'est  figuré  jusqu'à 
présent! 

Par  quel  mécanisme  psychique,  sommes-nous  arrivé  à  cette  conception, 
qui  a,  au  moins,  le  mérite  de  la  simplicité,  et  qui  nous  a  déjà  fourni  des 
théories  spéciales  pour  l'inversion  des  viscères  '  et  les  grossesses  multiples  *? 
C'est  ce  qu'il  nous  serait  assez  difficile  d'exposer  clairement  ou  tout  au 
moins  de  dire,  de  façon  à  être  utile  aux  psychologues  et  aux  anthropolo- 
gisles!  Ce  qui  e-^t  certain,  c'est  que  cette  conviction  s'est  établie  dans  notre 
esprit  petit  à  petit  et  par  phases  successives,  à  la  suite  des  études  que 
nous  poursuivons  de[)uis  près  de  (piinze  ans  sur  la  Diplotëratologie  ;  et  c'est 
surtout  l'examen  d'un  grand  n(jmbre  de  types  de  Monstres  doubles,  autosi- 
taires ou  parasitaires,  et  même  de  Monstres  dits  simples  ',  qui  nous  a  amené 

'  M.  Baudouin.  —  Théorie  nouvelle  de  l'inversion  des  viscères.  —  Gaz.  méd  de 
Paris.  iOOl,  i2  s.,  I,  p.  33.  —  Rev.  de  Méd.,  i90'i,  XXIV,  p.  827. 

'  M.  Baudouin.  —  De  l'existence  et  de  l'origine  des  œufs  à  germes  7nulli/tles_ 
Gnz.  méd.  de  Paris,  1903,  n*  2b,  p.  205.  —  Un  œuf  à  deu.i:  jaunes  peut-il  donner 
naissance  à  des  jumeaux  adhérents?  Gaz.  méd.  de  Paris,  1903,  n*  27,  p.  224.  — 
Un  cas  de  grossesse  triple  avec  trois  enfants  vivants.  Gaz.  méd.  de  Paris,  1902, 
p.  139-140.  —  Un  nouveau  cas  de  grossesse  triple  arec  iruf  à  deu.c  germes.  Gas. 
méd.  de  Paris,  1904,  p.  374.  —  Un  cas  de  r/ro.s.'^es.se  (/uadrup/e,  formée  de  deux  teufs, 
dont  l'un  à  trois  germes.  Gas.  méd.  de  Paris,  1902,  p.  3(>.)'570.  —  La  gm.isesse 
sextuple.  Gas.  méd  de  Paris,  10P4,  p.  157  ;  p.  20;'.  Fraueuarls,  190.';,  W, 
loi,  i;)5,  244,  •>'Ô2  {Texte  allemand). 

3  M.  Baudouin. —  La  Cyclopie  est  ute  monslruDsilé  doulile .  Gas.  lurd.de  Paris 
1902,  12  s.,  H,   177. 


.iiVi  G    DKCEMItllK    1900 

h  celle  [manière  de  voir,  ol  surtoiil  r<'lii(lo  de  ccrlaines  formes  rares  de 
Monshrs  cndoci/mlens  '  {Fa-tus  in  fa'lu). 

Oui  plus  est.  ces  derni(>res  recherches  ont  même  abouti  à  un  fait  assez 
inattendu,  que  j'ai  été  obligé  d'admettre  comme  démontré,  à  savoir  que 
certains  Tératomes  sont  en  réahté  les  vestiges  de  Monstres  triples,  et  non 
pas  seulement  de  monstres  doubles  ;  ce  qui,  d'ailleurs,  n'a  rien  d'extraor- 
dinaire, puisqu'aujourd'hui  l'existence  des  œufs  à  trois  germes  et  des 
monstres  qui  en  dérivent  est  admise  par  tous  les  tératologisles,  depuis 
I.  (ieolTroy  Saint-llilaire. 


Classification.  —  I.  Les  Tératomes  classiques  qu'on  peut  rencontrer  chez 
l'homme  alfectent  surtout  les  régions  suivantes  :  1"  Bégion  coccygienne; 
2°  Bégion  inguino-scrotale  ou  testiculaire.  II.  Les  Kystes  dermoides,  qui  peu- 
vent en  être  rapprochés,  sont  surtout  les  kystes  dermoides  de  l'ovaire. 

Nous  nous  bornerons,  pour  aujourd'hui,  à  ces  trois  ordres  de  faits  pa- 
thologiques, laissant  de  côté  les  autres  tératomes  et  dermoides. 

1»  Disons  de  suite  que  les  Tératomes  sacrocogcygiens  peuvent  recon- 
naître deux  origines,  qui,  d'ailleurs,  ne  sont  peut-être  pas  toutes  les  deux 
prouvées  de  façon  aussi  indiscutable. 

La  première,  qui  me  paraît  la  plus  fréquente,  est  pour  moi  démontrée 
d'une  manière  certaine  par  les  faits,  c'est  à-dire  Vanatomie  'pathologique 
elle-même.  La  seconde  est  simplement  probable,  jusqu'ici  du  moins,  car 
elle  ne  s'appuie  pas  sur  des  observations  bien  démonstratives. 

a)  i'o  Catégorie.  —  D'après  moi,  la  première  catégorie  est  le  résultat 
d'une  Omphitlûpagie,  avec  Inclusion  ultérieure  de  l'un  des  sujets  composants 
dans  l'abdomen  de  l'autre,  ou  d'une  Inclusion  primitive,  avec  Extériorisation 
ultérieure  de  ce  sujet,  au  niveau  de  la  région  sacrococcygienne. 

:2«  Catégorie.  —  D'autres  Tératomes  coccygiens  sont,  par  contre,  des  Téra- 
topages,  incomplets  ou  parasitaires,  du  groupe  des  Pygopages,  dans  lequel 
l'un  des  Pages  ne  s'est  pas  développé,  tandis  que  le  sujet  normal  a  grandi 
sans  accroc. 

2"  Les  TÉRATOMES  iNGUiNO-scftOTAUX  sout,  au  contraire,  du  groupe  des 
Omphalopages  (c'est-à-dire  des  Pages  abdominaux  avec  simple  union  ombi- 
licale), dans  lequel  l'un  des  sujets  composants  a  subi  une  Inclusion  dans 
l'abdomen  de  l'autre  ou  des  Inchisiojis  primitives,  Sivec  soudure  et  fusion  avec 
la  glande  génitale  mâle,  et  Extériorisation  secondaire  par  la  région  inguinale, 
lors  de  la  descente,  physiologique  et  normale,  du  testicule. 

3°  (^kuant  aux  Kystes  DERMomas  '  de  l'ovaire,  du  moins  ceux  qui  sont  de 


*  M.  Baudouin.— Tn  nouveau  genre  de  monsU^e  double.  Un  Endocyme  cardiaque. 
Gaz.  méd.  de  Paris,  1901,  p.  309.  —  Le  cas  de  M.  Guérin  (Fœtus  in  fœtu).  Int. 
des  Cherch.  et  des  Curieux,  1904,  10  déc,  p.   879-889  ;  30  déc,  p.  996-997. 

*  On  trouve  des  Kystes  dermoides  :  a)  Dans  les  organes  internes  (on  note  l'esto- 


MAnCEL    ItAUDOUIN.    —    TKHATOMKS    UK    MuNSTHES    UOUULES  405 

véritables  Tôratomes  (c'est-à-dire  tous  h  nuire  avis),  ils  rôsultenl,  par  le 
même  mécanisme,  de  la  fusion  avec  la  qlanJf  géiiilnle  femi'lle  de  l'un  des 
sujets  composants  d'un  Omphdlopage  ou  d'une  Inr/iisiun  primilivc ,  mais  ici 
le  tératome  reste  intraabdominat,  comme  le  Monstre  double  endocyme  {Fœlus 
in  fœtu). 

Les  léralomes  précédents  sont  donc  des  monstres  doubles  soit  dcrmûcijmes, 
c'est-à-dire  inclus  sous  la  peau,  pour  employer  une  expression  ancienne  ; 
soit  iutrn-abdominanx  primitifs. 

Ce  qui  nous  a  mis  sur  la  voie  de  ces  diverses  origines,  ce  sont  : 

a)  Pour  les  tératomes  sacro-coccygiens,  des  travaux  antérieurs,  comme 
par  exemple  celui  de  Ed.  Pfisler  ',  en  ce  qui  concerne  la  Pygopagie;  les 
rares  cas  de  monstres  endocymiens,  accompagnés  de  tératome  périnéal,  et 
dans  lesquels  on  a  pu  constater  l'union  du  fœtus  in  fœtu,  c'est-à-dire  d'un 
tératome  intra-abdominal  (endocyme),  avec  un  tératome  dermocyme  (on 
en  connaît  au  moins  trois  -  observations). 

6)  Pour  les  tératomes  inguino-scrotaux,  la  connaissance  des  tératomes 
ovaricjues,  et  de  la  descente  normale  du  testicule. 

De  tout  cela  nous  avons  pu  déduire  un  certain  nombre  de  conclusions, 
qu'on  peut  résumer,  de  façon  synoptique,  dans  le  tableau  ci-dessous  : 

Origine  des  Tératomes. 
i  i«^  —  tératomes  de  monstres  doubles. 

I.  Inclusions  sous-gutanées  ou  Monstres  Dermocymiens,  comprenant  : 

i°  Les  Dermocymiens  péri-ombilicaux,  qui  peuvent  cire  situés  tout  autour 
de  l'ombilic. 

En  haut  :  D.  Epigastriques  (cas  de  Gaither). 

En  bas     :  D.  Hypogastriques  (cas  de  Lécluse). 

D.  Inguino-cruranx  (cas  légendaire  de  B.  Lot)  (?). 

Dans  ces  cas,  Vinclusion  n'est  qu'incomplète,  avortée  pour  ainsi  dire. 

2"  Les  Dermocymiens  sacro-coccygiens,  qui  sont  les  Tératomes  sacro-coccygiens 
des  chirurgiens,  pour  lesquels  un  phénomène  nouveau  s'est  joint  ;i  l'in- 


mac,  l'intestin,  etc.,  mais  surtout  les  ovaires  cl  les  testicules).  —  Ceux  des  glandes 
génilales  sont  souvent  des  tératomes,  sinon  toujours. 

b)  Au  niveau  des  fentes  de  l'embryon  :  Face  (queue  du  sourcil,  nnxiliaires);  Cou 
(fontes  branchiales);  r/jora-r;  (Mùdiastin,  etc.). 

Ces  kystes  dcrmoïdes  là  conslituenl  les  Dermoïdes  vrais,  parce  qu'ils  ne  résullcnt 
que  d'une  inclusion  d'une  partie  do  psau  (et  non  d  un  fœtus  entier). 

Celte  remarque  a  été  déjà  faite,  dans  l'art.  Kystes  du  Dict.  Envyvl.  des  Se.  Méd.; 
mais  on  n'y  a  pas  prêté  assez  d'attention  i  ncorc  et  mis  eu  relief  sa  signilication  jus- 
qu'à présent. 

*  Egypte  médicale,  1!>02,  p.  448,  5.o2. 

'  Ce  sont  les  faits  dô  Fattori  fH:'!»),  Schaumann  (1839),  de  CoHN  (190C),  caracté- 
ristiques; d'HiMLY,  de  J.  Gilles,  etc.,  etc. 


46*»  <)    DKCKMIUIK     IDOO 

cliision  complèlc  ou  abdominale  :  une  extériorisation  primilire  du  ftetus 
inclus. 

Il  y  a  donc  ici  Inclusion  compliquée. 

II.  Les  Inclusions  intra-abdominales  proprement  dites,  ou  Monstres  Endo- 

CVMIKNS. 

C'est  là  l'inclusion  classique,  le  fœtus  infœtu  proprement  dit. 

III.  Les  Inclusions  abdominales  complexes,  c'est-à-dire  av^ec  fusion  à  la 
Glande  génitale,  que  l'inclusion  soit  primitive  ou  secondaire  (point  dis- 
cuté). 

Elles  sont  de  deux  ordres,  suivant  le  sexe. 

a)  Sexe  féminin  :  Ovaire  (sans  extériorisation)  :  Tératomes  ovariens  ou 
Kystes  dermdides  faux  de  l'ovaire. 

b)  Sexe  masculin  :  Testicule  (avec  extériorisation  secondaire,  postérieure 
à  la  naissance).  Tératomes  testiculaires,  ou  Tumeurs  fœtales  inguino-scro- 
lalesdes  chirurgiens. 

Ce  sont  de  vrais  Endocymiens  à  l'origine,  transformés  en  faux  Dermocy- 
miens,  par  suite  de  la  descente  du  testicule. 

I  II.  —  Tératomes  de  Monstres  triples. 

i°  Inclusion  abdominale  double. 

Monstre  Endocymien  double  (2  fœtus  in  fœtu). 

a)CasdeMayer.  i   Cas  de  836;  de  1672;  du  xvii»  s.  (filles), 

b)  Cas  légendaires,  particuliers  |  ^ 

2°  Inclusion  abdominale  et  Extériorisation  pkrinéale.  — Monstre  endocy- 
mien avec  Tératome  coccygien  :  2  cas  connus  (filles). 


I.  Inclusion  abdominale  proprement  dite  ou  Endocymie.  —  Je  n'ai  rien  à 
dire  de  spécial  sur  celte  monstruosité  double,  quoique,  jusqu'à  présent,  on 
ne  lui  a  pas  encore  donné  le  nom  de  Tératome  intr a- abdominal,  qu'elle 
pourrait  porter. 

Je  me  borne  à  faire  remarquer  que  j'explique  cette  monstruosité  de 
deux  façons  : 

1°  Inclusion  secondaire.  — On  admetalors  l'existence  préalable  d'une  Om- 
phalopagie,  réduite  à  sa  plus  simple  expression,  c'est-à-dire  l'existence 
d'un  œuf  à  deux  germes  qui  se  sont  développés  sans  se  souder  et  ont  donné 
deux  jumeaux  univitellins,  dont  l'un  à  un  moment  donné  a  été  absorbé  et  a 
disparu  dans  la  cavité  abdominale  du  sujet  normal.  Il  est  probable  que 
cette  absorption,  produisant  Vinclusion  intrapérilonéale  proprement  dite^ 
est  causée  par  des  troubles  de  nutrition  se  localisant  au  niveau  du  pédicule 
vasculaire  de  l'un  des  sujets,  tœubles  sur  lesquels  ce  n'est  pas  le  lieu 
d'insister. 


MARCEL    ItAUDOUIN.    —    TKIIAniMKS    l»K    MONSTRES    DOUHLES  4ti7 

2"  Inclusion  primitive.  —  Ici,  d'après  les  Ihi'ories  modernes,  un  œuf  se 
développe  dans  l'intérieur  nirme  de  l'autre. 

Si  l'une  ou  l'autre  de  ces  Ihéoi'ies  de  VEndocijme  ou  f(Ctas  in  fœlu  est 
exacte,  le  fœtus  inclus  doit  (ître  loujouis  du  même  sexe  (jue  le  sujet  déve- 
loppé. —  Mais,  sur  ce  point  encore,  nous  ne  pouvons  nous  a|>pesantir  au- 
jourd'hui sans  sortir  de  notre  sujet'. 

II.  Inclusion  sous-cutanée  ou  Uermûcymie  i-rimitive,  —  A  côté  de  l'inclu- 
sion abdominale,  l.  G.  Saint- llilaire  avait  déjà  placé  l'inclusion  sous  cuta- 
née, qui,  depuis,  a  reçu  le  nom  de  Dermocymie,  par  analogie  avec  VEndo- 
cymie. 

Mais  les  cas  du  savant  tératologiste  correspondent  à  des  inclusions 
siégeant  dans  des  régions  diverses  :  Epiyasfrc  ',  Hypcf/astre  \  /légion  coc- 
cyf/ienne,  etc. 

Or,  il  faut  mettre  à  part  les  rares  cas  qui  ont  trait  aux  régions  épigas- 
tritjue  et  hypogastricjue.  En  clfet,  ils  représentent,  d'après  les  uns,  des  sortes 
d'inclusions  abdominales  incomplètes,  dans  lesquelles  le  2°  fœtus  n'aurait  pas 
encore  pénétré  profondément  dans  l'abdomen,  et  suerait  resté  en  route;  ils 
sont  des  stades  intermédiaires  entre  VOmphalopagie  simple  el  l'Ompbalopagie 
incluse  ;  mais  l.-i,  il  n'y  a  pas,  comme  dans  les  cas  de  Dermocymes  coccygiens, 
extériorisation  ultérieure.  — D'après  les  autres,  il  faudrait  au  contraire  ad- 
mettre une  extériorisation  par  l'ombilic. 

m.  Inclusion  abdominale  avec  Extériorisation  ou  Dermocymie  secon- 
daire. —  Les  Tératomes  sacro-coccygiens,  au  point  de  vue  de  leur  insertion, 
peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  : 

a)  Ceux  qui  s'insèrent  ;i  la  partie  antérieure  du  sacrum  et  du  coccyx 
font  saillie  au  périnée,  en  arrière  de  Vamis  qu'ils  repoussent  en  avant, 
ou  en  avant  de  l'anus.  Ceux-ci  sont  parfois  réductibles. 

b)  Ceux  qui  s'insèrent  à  \a  partie  postérieure  du  sacrum  ou  au  sommet  du 
coccyx. 

Comment  expliquer  ces  points  de  départ  dilîérents  avec  la  théorie 
actuelle?  C'est  bien  simple. 

a)  Les  premiers  sont  les  sujets  avortés  et  inclus  d'un  Monstre  Endocy- 
mien,  qui  s'est  e.rtériorifé  plus  ou  moins,  par  suite  du  manque  de  place  à 
l'intérieur  de  l'abdomen,  et  est  sorti  près  du  rectum. 

b)  Les  seconds  représentent  le  sujet  avorté  d'un  Pygopage. 

Les  premiers  seuls  rentrent  dans  la  catégorie  que  nous  avons  à  étudier 
tout  d'abord. 


1  Nous  faisons  rentrer  dans  la  catégorie  des  Tératomes  inclus  infra-abdominaux, 
c'est-à-dire  des  inclusions  f.elales,  ayant  lieu  dans  la  cavilù  aLidoniinale,  non  .seu- 
lement les  Monstres  Eftdori/ miens  cAaii:i\quc<.  (/wlus  in  fa-lu),  mais  aussi  nomi)rc  de 
Kystes  dermoïdrs  t]e  l'ablomen,  de  l'utérus,  du  ligament  larg.\  du  ligament  rond, 
etc.,  et-:.  —  Le  même  mécanisme  s'applique  à  ces  inclusions  ([ui  ne  difTèrent  que  par 
leur  siège  anatomique. 

2  Cas  de  Gaither  (1810). 

3  Cas  de  Lécluse  (1746). 


.108  0    I.KCKMHKK     r.lOO 

a)  Inclusion  fœtale.  —  Il  est  bon  de  rappeler  que  depuis  longtemps  on  a 
soupçonné  celte  tht''orio,  puisqu'on  a  donné  jadis  à  ces  tumeurs  le  nom 
d'im-lusiun  fœtale  (par  analogie  avec  les  Monstres  endocymiens  ou  de  «i  Mons- 
truosité parasitaire  »,  sans  toutefois  spécifier  de  quel  genre  de  monstruosité 
il  s'agissait  :  ce  que  nous  faisons  très  nettement  aujourd'hui.  Citons, 
il  ce  propos,  les  noms  de  Meckel  (1818),  de  Hinily  [Fœtus  in  fœtu),  de 
Constantin  Paul,  Cabbet,  Stolper,  Hagen,  etc. 

Depuis,  cette  question  a  été  terriblement  embrouillée,  parce  qu'on 
n'avait  pas  d'idée  directrice  bien  arrêtée;  mais  nous  ne  perdrons  pas 
notre  temps  à  résumer  à  nouveau  toutes  les  hypothèses  émises. 

5.  Duplay,  en  1868  *,  toutefois,  et  Ghauvel  ',  ont  soutenu  plus  tard  la 
même  opinion,  qu'il  y  a  au  sacrum  de  véritables  inclusions  fœtales  à  classer 
parmi  les  monstres  autositaircs  endocymiens  ou  par  inclusion. 

.\  notre  avis,  C,  PauP  a  entrevu  la  vérité;  mais  il  n'a  pas  insisté  sur  la 
nature  exacte  de  ces  monstres  parasitaires.  Il  ne  faut  pas  les  classer  dans 
les  endocymiens,  car  ils  ne  sont  nullement  inclus  dans  le  sujet  bien  déve- 
loppé, comme  dans  les  cas  de  Fœtus  in  fœtu,  mais  au  contraire  très  nette- 
ment extériorisés  par  rapport  au  dit  sujet. 

S.  Duplay  a  noté,  jadis,  que  jamais  on  ne  trouve  dans  l'intérieur  des 
tératomes  sacro-coccygiens  de  vestiges  des  organes  génito-urinaires^ .  Celte 
remarque  très  importante  était  jusqu'ici  restée  h  peu  près  inaperçue,  et, 
en  tout  cas,  n'avait  pas  été  expliquée.  Notre  conception  des  tératomes 
permet  de  soupçonner  une  raison,  qui  est  peut-être  la  bonne.  Si  l'on 
admet,  en  effet,  que  les  tératomes  sacro-coccygiens  sont  pour  la  plu- 
part, au  début,  des  endocymiens,  c'est-à-dire  des  tératomes  inclut,  on  peut 
très  bien  concevoir  que  toutes  les  fois  que  les  tératomes  présentent 
des  traces  des  organes  ^^«tïaMaj  (et  par  suite  génilo-ur inaires),  ils  devien- 
dront des  tératomes  inguino-scrotaux  ou  ovariens  [K.  dermoïdes),  au  lieu 
d'évoluer  comme  tératomes  périnéaux.  D'où  cette  conclusion  qu'il  n'y  a 
lératome  sacro-coccygien  que  lorsque  le  fœtus  est  soumis  déjà  à  l'exté- 
riorisation avant  l'apparition  du  système  uro-génital  sur  l'embryon. 

Le  téralome  observé  par  Xan  Dnepe  (1895),  qui  fut  évacué  par  le  rectum 
au  cours  d'un  accouchement,  n'a  pas  été  compris;  il  s'explique  pourtant 
bien  facilement  !  C'est  une  inclusion  fœtale  qui,  en  s'extériorisant,  s'est 
engagé  dans  le  rectum,  et  est  sorti  par  là  au  lieu  de  continuer  sa  route 
dans  l'espace  périrectal  et  d'apparaître  dans  la  région  coccygienne. 

Ce  cas  est  donc,  en  réalité,  un  fait  intermédiaire,  qui  vient  éclairer  sin- 

1  Bien  entendu,  nous  ne  parlons  ici  que  des  tumeurs  congénitales,  qui  ne  sont  ni 
des  hernies,  ni  des  hydrorachis,  ni  des  néoplasmes. 

*  Dlplay  (S.).  —  Des  tumeurs  congénitales  de  la  région  sacro-coccygienne  [Revue 
critique].  Arch.  génér.  de  Médecine,  6*  éd.,  t.  XII,  1868  [Résumé]. 

3  J.  Ch.\uvel.  Art.  SACRO-coccYGiENNE  (Région).  —  Dict.  encycl.  des  Se.  Méd., 
Paris,  1898,  p.  65. 

4  Constantin  Paui,    —  .Avchires  générales  di>  Médecine,  Paris,  1802,  t.  XI.\  et  XX. 

5  Puurtcinl,  Kirmisson,  ou  1906  (Rec.  d'Orlhop.,  liJOO,  p.  141),  dans  un  cas,  aurait 
trouvù  «  un  rein  en  miniature  ». 


MARCEL    UAl'DnriN.    —    TKIlAT(iMK>    HK    .MuNSTHES    DOUHLES  409 

gulièrenienl  noire  explication  des  lératomes  coccygiens.  Il  coirespohii  ii 
une  descente  de  la  tumeur  après  débouchenient  du  rectum  dans  l'anus. 

b)  Pyyopaffie  avec  atrophie  d'un  sujet.  —  Le  tératome  sacro-coccygien 
peut  évidemment  n'être  qu'un  sujet  composant  d'un  Pi/uopni/e,  qui  ne  s'est 
pas  développé,  qui  est  resté  au  début  de  sa  course,  ou  plutôt  dont  la  vita- 
lité a  été  très  notablement  modifiée  et  arrêtée  par  des  raisons  analomi- 
ques  ou  physiologiques  qu'il  reste  à  trouver. 

Mais  il  ne  sutïit  pas  d'affirmer  do  la  sorte;  il  faut  démontrer  le  bien 
fondé  d'une  telle  hypothèse,  rappelée  par  l'fister  (  l'J02). 

Quelles  sont  donc  les  données  anatomo-palhologiques,  qui  plaident  en 
ce  sens?  Y  a-t-il  tous  les  intermédiaires  entre  le  composant  d'un  Pi/gojiage, 
c'est-à-dire  un  fœtus  normal  soudé  ii  un  frère  jumeau  de  même  œuf,  et  le 
tératome  sacro-coccygien  lypiijue  en  clinique?  11  parait  bien  en  être 
ainsi. 

Dans  les  cas  où  l'on  suppose  qu'il  y  a  eu  Py()opagie  (Faits  île  Sinmiunds 
(1880)  ',  Buzzi  (1887),  etc.),  on  a  noté,  parfois,  des  os  plais,  paraissant  cons- 
tituer le  bassin  du  Pygopage  avorté. 

Mais,  d'ordinaire,  dans  la  Pygopagic,  les  bassins  des  '2  sujets  sont  coudés 
par  le  sacrum  au  moins  (  ce  qui  n'était  pas  le  cas  dans  le  faitdeSimmonds). 
D'autre  part,  dans  le  fait  de  Buzzi,  la  «  face  postérieure  du  sacrum  ne 
paraissait  pas  présenter  de  fissures  »  (ce  qui  n'est  guère  en  faveur  de  la 
Pygopagie,  également). 

Aussi  Dénucé  donne-t-il,  croyons-nous,  trop  d'importance  à  cette  théo- 
rie de  la  Pygopagie  ou  de  la  Pygomélie  dans  son  récent  ouvrage  *.  Si  elle 
présente  quelque  chose  de  vrai,  ce  doit  être  dans  des  cas  rares  et  plus 
typiques  que  ceux  qu'il  cite  ! 

En  tout  cas,  déjà  en  1868,  dans  trois  faits,  Duplay  avait  trouvé  une 
communication  avec  la  cavité  rachidienne.  Or,  chez  les  Pygopages,  il  en  est 
presque  toujours  ainsi. 

Mais,  pourdiscuter  ces  divers  points,  il  faudrait  raj)i)eli'r  ici  la  constitution 
exacte  du  point  d'union  des  Pygopages  classiques,  normaux  ^i  l'on  peut 
dire.  Tout  cela  nous  entraînerait  trop  loin;  et,  pour  l'inslant,  nous  laissons 
cette  théorie  de  coté,  car  elle  nous  éloigne  trop  du  sujet  que  nous  étudions 
plus  spécialement, 

III.  Inclusion  audominale  de  monstkes  tiupi.es.  —  I  "  Inclusion  double.  — 
Nous  ne  savons  pas  si  l'on  a  jamais  observé,  en  dehors  du  cas  de  .Mayer, 
des   cas   d'inclusion  abdominale  double,  c'est-à-dire  dans  lesquels  il   y  a 


*  Dans  l'observation  de  Simniomls,  où  il  s'agit  probablemi'iit  d'un  tératomo  coccv- 
gien  par  pygopagie,  on  a  cru  rccoiinailrp  l'existence  d'un  testicule  (ce  ne  peut  être 
un  rein,  si  la  rof;le  de  Dupl.iy  est  exact-')  ;  or,  précisément,  le  i^ujel  porteur  était  un 
garçon.  Celte  ob>crvatioii,  où  les  sexes  sont  les  Uit*'mes,  |*lai  bnl  nelteinent  en  faveur 
de  la  Monstruosité  double. 

*  Maurice  Denucé.  —  Le  Spina  bifida    Paris,  11'06,  t.  I,  p.  437. 


470  0  DÉcEMitiu:   190G 

deux  fivlus  in  fœtn,  qui  soient  absolumenl  à  l'abri  de  critique  '  :  ce  qui 
s'explique  par  rinclusion  de  2  des  fœtus  d'un  œuf  à  3  germes,  dont  l'un 
contient  les  deux  autres,  c'est-à-dire  la  monstruosité  triple,  comme  l'a 
bien  dit  jadis  1.  (ieoffroy  St-IIilaire. 

2°  Inclusion  abdominale  et  extériorisation  périnéale.  —  Mais  on  a  trouvé 
(les  cas  où  un  tératome  sacrococcygien  h  se  trouvait  en  connexion  avec  une 
seconde  tumeur  fœtale,  incluse  dans  l'abdomen  »,  du  sujet  porteur  du  tératome, 
avait  dit  M.  .1.  Chauvel' .  Comment  expliquer  avec  notre  théorie  ces  faits, 
qui  doivent  être  très  rares  en  réalité? 

Pour  nous,  la  chose  est  facile,  quoiqu'elle  paraisse  peu  en  rapport  avec 
les  données  de  la  science  actuelle.  Pour  comprendre  ces  faits,  il  suffit,  en 
effet,  d'admettre  :  1°  l'existence  des  monstres  triples,  point  qui  paraît  dé- 
sormais hors  de  doute  d'après  nos  recherches  personnelles;  2"  la  possi- 
bilité de  Vinclusion,  qui  est  indiscutable  désormais;  3°  les  données  ci-des- 
sous, qui  sont  nouvelles  et  hypothétiques. 

Nous  admettons  que,  dans  ces  circonstances,  il  y  a,  soit  combinaison  de 
VOmphalopagie  extériorisée  avec  VOmphalopagie  interne  (qui  donne  le  fœtus  in 
fœtn),  soit  plutôt  existence  de  deux  Tératopages  internes,  dont  l'un  d'eux 
s'est  seul  extériorisé  par  le  périnée. 

Parmi  les  observations  de  cet  ordre,  on  peut  citer  les  trois  faits  sui- 
vants, qui  sont  tout  à  fait  caractéristiques,  et,  à  notre  avis,  tout  à  fait 
probants. 

Obs.  I.  —  Fattori  (1815)  ». 

Fœtus  de  six  mois,  avec  2  tumeurs  (parasitaires).  —  Sexe  féminin. 

1°  Ttimeur  intra-abdominale  {Fœtus  in  fœtn),  située  dans  le  bassin.  — 
Adhérence  avec  l'utérus,  les  trompes  et  les  ovaires  du  sujet  sain.  Chorion, 
amnios,  et  placenta  (?).  Vaisseaux.  2  pieds,  très  reconnaissables. 

2°  Tumeur  périnéale.  —  Elle  se  poursuivait  dans  le  bassin,  avec  le  fœtus 
intra-abdominal.  On  y  a  trouvé  :  des  os  ;  une  main,  très  reconnaissable; 
2  pieds,  avec  à  chacun  5  orteils  avec  ongles.  1  jambe  (1  tibia).  Débris 
d'intestin  bifurqué,  de  poumon,  et  du  cœur. 

Ce  cas  est  très  intéressant.  —  En  effet  :  l"  Il  s'agit  d'un  monstre  triple. 
(un  sujet  normal;  1  fœtus  in  fœtu  abdominal;  1  fœtus  périnéal).  2°  Ce  qui 
prouve  qu'il  y  avait  bien  là  3  sujets,  et  non  2  (dont  l'un  aurait  été  divisé), 
c'est  qu'il  y  avait  ^  pieds  dans  les  2  tumeurs.  3°  L'union  du  Fœtus  abdo- 
minal avec  celui  de  la  région  périnéale,  dans  le  bassin,  était  très  nette. 


1  Pour  l'être,  les  deux  fœtus  inclus  doivent  être  l'un  et  l'autre  de  même  sexe,  et, 
de  plus,  du  même  sexe  que  le  sujet  porteur  de  la  tumeur.  En  outre,  ils  doivent  être 
bien  distincts  et  faciles  à  reconnaître  par  l'existence  d'organes  en  nombre  voulu. 

'  J.  Chauvel.  —  Loc.  cit.,  p.  63. 

3  Sânto  Fattori.  —  De  feti  che  rachin  doiio  feti,  detli  volgermente  gravidi. 
Parma,  1815.  —  Himly,  Loc.  cit.,  p.  22. 


MARCEL    llAUnoriN.    —    TÉRATOMES    DE    MdNSTRKS    DOl'IlLES  itl 

Donc  le  jji-rincal  s'est  Irouvé,  avec  VabdomxnaL  dans  le  ventre.  Le  plus 
avancé  a  été  chassé  du  oenire  par  le  périnée  ;  l'autre  n'a  pas  pu  sortir. 

Le  sujet  était  du  sexe  féminin.  La  lésion  aurait  pu  donner  un  ki/ste 
dermoide  deVovaire,  si  rcx[)ulsion  n'avait  pas  été  si  prématurée,  et  niéuie 
deux  kystes  dennoides,  dislincls  (Explication  des  kystes  dermoides  ovariens 
doubles). 

ObS.    n.    —  SCHAUMANN  (4839). 

Enfant  à  terme,  niorl-né.  —  Sexe  féminin.  —  Avec  2  tumeurs. 

1«  Tumeur  intra-abdominale.  —  î  fcelus  complet {?).  Communication  Si\ec\a. 
tumeur  périnéale. 

"2"  Tumeur  périnéale.  —  Rattachée  au  sujet  par  des  bandes  fibreuses  h  la 
dernière  vertèbre  sacrée  et  aux  ligaments  sacro-sciatiques.  (Donc  origine 
interne). 

Observation    111.    —   Duaghiesco   et  Cohn   (1906)  '. 
Térutome  sacro-coccygien  chez  un  ft'tus  jumeau. 

Ayorloment  gémellaire  au  Vl"  mois.  —  Un  Fœtus  normal ,  de  sexe  inconnu^. 
Autre  fœtus,  de  sexe  masculin,  avec  tératome  sacro  coccygien. 

Diagnostic  :  Grossesse  trigemellaire,  la  tumeur  étant  le  .?"  fœtus  {sic). 

Etat  de  l'œuf  :  «  une  seule  masse  placentaire  avec  2  poches  ammio-cho- 
riales,  du  poids  de  800  grammes.  Hydramnios  aiguë. 

Il  s'agit  donc  bien  d'un  œuf  à  trois  germes,  puisque  le  placenta  est  unique. 

Tumetir  :  «  implantée  au  périnée,  entre  le  coccyx  et  l'arc  pubien  ».  — 
Pas  d'.^nus.  Scrotum  normal,  inhabité.  —  k  La  tumeur  se  continue  dans  l'in- 
térieur (lu  pi'Iris  fœtnl...  Elle  proémine  dans  l'intérieur  de  la  cavité  péri- 
tonéale,  en  poussant  la  vessie  vers  la  paroi  abdominale  antérieure.  Adhé- 
rence légère  à  la  face  antérieure  du  sacrum  et  du  coccyx,  ainsi  qu'à 
V arcade  pubienne.  — Pas  de  rectum  :  Colon  pelvien  terminé  en  anse  en 
forme  d'U,  située  à  gauche  ». 

Cette  observation  récente  est  extrêmement  importante  au  point  df  vue 
de  la  théorie  que  nous  défendons  ici  :  h  savoir  Vorigine  intra-abdominale  des 
tératomes  sacro-coccygiens  I 

Dans  ce  cas,  en  efl'et,  en  dehors  de  la  constatation  qui  a  été  faite  que  la 
tumeur  «  se  continuait  h  l'intérieur  du  pelvis  »,  on  note  :  1"  que  ce  pro- 
longement passe  entre  la  vessie  et  le  colon  pelvien  :  ce  qui  indique  la  voie 
de  descente;  2"  qu'il  adhère  à  Varcade  pubienne,  aussi  bien  (ju'à  la  (acr  anté- 
rieure du  sacrum  :  ce  qui  prouve  que  la  tumeur  a  franchi,  av -c  contact, 
le  détroit  supérieur,  aussi   bien  en    avant  qu'en  arrière.    Par  suite,  la 


*  GOHN.  —  Bull,  et  Mém.  de  la  Soc  de  MM.  de  Bucavext.  Bucarest,  190(i,  W,  n»  \, 
mars,  p.  18-20. 

*  Une  lettre   roctMile.  r.  rue  du  D''  Colin,  nous  a  appris  qm-  les  tteu.r  sujets   liaient 
bien  de  même  sexe  comme  nous  l'avions  prévu,  et  du  soxo  masculin  1! 

3  Par  suite,  il  s'acit  d'un  œuf  a  trois  germes  du  sexe  masculin. 


il -2  0    DKCEMlillE    11)06 

tumeur  s'est  développée  de  haut  fn  bas,  et  non  de  bas  en  haut,  car  dans 
cette  hypothèse  l'adhérence  pubienne  ne  s'expliquerait  guère. 

De  plus,  on  a  à  enregistrer  deux  anomalies  très  importantes  :  1°  ab- 
sence d'anus  ;  â*"  absence  de  rectum.  Or,  étant  donné  le  mode  de  développe- 
ment inverse  de  ces  deux  organes,  on  comprend  très  bien  leur  absence 
dans  le  cas  de  tumeur  pelvienne  s'extériorisant  par  en  bas,  îi  leur  niveau. 

S'ils  manquent,  c'est  que  la  tumeur  a  passé  au-dessous  du  colon,  au  mo- 
ment où  le  rectum  se  formait  et  allait  rejoindre  l'invagination  anale  pro- 
venant du  périnée;  et  la  tumeur  a  ainsi  empêché  l'ouverture  du  tube 
digestif  inférieur  ii  l'extérieur  du  corps. 

Le  fait  de  Gaetano  Mocito(i850)  a  trait,  croyons-nous,  <i  une  inclusion 
abdominale  double,  c'est-à-dire  à  une  Monstruosité  triple,  chez  un  homme 
(1  tibia  de  2  mois;  1  tibia  de  3  mois  :  ce  qui  semble  prouver  que  les  2  fœtus 
continuèrent  à  se  développer  assez  longtemps  dans  l'abdomen  de  l'autre). 

Ces  divers  cas  prouvent  nettement  que  les  tumeurs  périnéales  viennent 
de  Vintérieur  de  Vabdomen,  comme  les  inclusions  testiculaires. 

Ce  qui  n'exclut  pas  la  possibilité  qu'il  s'en  forme  par  le  mécanisme  de 
la  Pygopagie;  mais  les  pygopages,  vrais,  étant  extérieurs,  doivent  se  déve- 
lopper presque  toujours  facilement. 

IV.  Inclusion  abdominale  avec  fusion  primitive  avec  la  glande  cénitale.  — 

Nous  devons  envisager  successivement  ce  qui  a  trait  au  sexe  féminin, 
où  le  phénomène  est  le  plus  simple,  et  au  sexe  masculin. 

1°  Sexe  féminin  {Kyste  dermoide  de  l'Ovaire).  —  Il  est  indiscutable  qu'il 
y  a  plusieurs  espèces  de  kystes  dermoidcs  et  que  certains  d'entre  eux  sont 
des  tératom,es  vrais,  c'est-à-dire  des  vestiges  d'un  fœtus  non  parvenu  à  son 
développement  normal  et  constituant  une  monstruosité  formant  tumeur. 

Nous  ne  pouvons  ici  nous  appesantir  (ce  qui  nous  entraînerait  trop  loin) 
sur  les  raisons  qui  nous  font  admettre  cette  subdivision  des  dermoïdes  de 
l'ovaire.  Mais  nous  sommes  obligé  de  rappeler  que  certains  d'entre  eux 
au  moins  sont  bien  des  tératomes,  pour  que  ce  qui  va  suivre  soit  intelligi- 
ble et  démonstratif. 

Déjà  Velpeau  divisait  les  kystes  dermoïdes  de  l'ovaire  en  3  genres  : 
1°  K.  dépendant  de  la  même  cause,  qui  a  produit  l'organisme  qui  les 
contient;  2»  K.  dépendant  d'une  fécondation  incomplète;  3°  K.  dermoïdes 
véritables. 

Si  l'on  réunit  la  2»  catégorie  à  la  l'«(^.  par  inclusion,  kyste pilidentaire),  on 
a  là  nos  kystes-tératomes.  Depuis,  les  auteurs  ont  poussé  plus  loin  les  distinc- 
tions. Mais,  en  somme,  cette  vieille  division  est  restée. 

Autrefois,  on  croyait  que  les  kystes-tératomes  avaient  pour  point  de 
départ  :  1°  Une  grossesse  extra-utérine  (ce  qui  est  faux)  :  2o  Une  inclusion 
[Kystes  fœtaux  par  inclusion]  :  ce  qui  est  vrai. 

Mais  personne  n'avait  songé  aux  Monstres  doubles,  sans  réfléchir  que 
Vinclusion,  sans  monstruosité  double  ou  sans  jumeaux  de  même  sexe,  n'était 
pas  possible. 


MARCEL    IlAl'DOUIN.    TKRATOMES    DE    MONSTRES    IRirHLES  iTll 

Jadis,  les  théories  suivantes  ontéti'  émises  [loiir  expliquer  en  particulier 
les  dei'moïdes  df  l'ovaire. 

l»  Féconditllou  incompltHt'  d'un  ivnf  ^pcrml .  Mais  iJaiiies  a  prouvé 
iju'ils  n'avaient  aucun  rapport  avec  la  conception.  De  plus  faillie  en  a 
trouvé  chez  des  enfants,  ipii  n'avaient  jamais  été  uienslrué'.-s.  2°  Accident 
lit'  formation  (Byford).  3'^  Inrlusiou  sur  nn  jiniiit  ijuclcomine  du  hlnstodenne. 
4°  Elhnnxt  sjiermatique,  égaré  lors  de  la  lécundation,  et  emprisonné  dans 
les  parties  péripliériiiues  de  l'ovule.  5"  Prolifération  d'un  hj^te  ordinaire 
(Ranvier).  ti»  Production  naturelle  par /^rtj-f/jcjto^^n^.se  (lleinlin)  [Voirthèse 
Répinj. 

«  Il  est  permis  de  croire  que  les  diiïérents  mécanismes  peuvent  se 
réaliser  »,  concluait  l'auteur  de  l'article  du  grand  Dictionnaire  de  Méde- 
cine '.  —  Ce  n'est  pas  prouvé. 

Actuellement,  les  Dennoides  de  l'Ovaire  n'ont  pas  encore  d'explication  au- 
dessus  de  toute  critique.  Mais  les  tératomes  deviennent  très  conqjréhen- 
sihles.  si  l'on  admet  notre  théorie  (Monstruosité  double  par  inclusion 
dans  la  glande  génitale,  hypothèse  qui  n'a  pas  encore  été  indiquée,  ou 
l'a  été  d'une  autre  façon)  *. 

Le  Professeur  S.  Pozzi,  dans  son  beau  livre  ^  a  écrit  :  «  La  théorie  de 
la  diplof/énèse  par  inclusion  fœtale  est  inadmissible,  et  la  présence  d'un 
nombre  excessif  de  dents  sulTit  à  la  ruiner  o.  lia  ajouté  :  «  La  théorie  admise 
aujourd'hui  est  celle  de  V enclavement  d'un  (jlobule  polaire  fécondé  ou  d'un 
hlastomèse  isolé,  évoluant  pour  son  propre  compte  ». 

En  réalité,  la  théorie  qu'il  accepte  revient  à  ceWe  dos  œufs  à  deux  germes, 
donnant  naissance  à  deux  œufs  inétjaux,  soudés  /'«u  à  l'autre.  Or,  c'est  pré- 
cisément la  nôtre,  et  celle,  en  réalité,  de  Vinclusion  fœtale,  non  pas  sous  la 
forme  ancienne,  mais  au  sens  propre  du  mot.  Seulement  il  y  aurait  pour 
lui  inclusion  primitive  et  non  secondaire,  comme  nous  le  pnHendons. 

Il  a  donc  eu  tort  de  dire  plus  haut  que  la  Po///ot/onfie  ruinait  la  théorie  de 
la  Diplogénèse!  En  somme,  cette  Polyondotie  ne  prouve  rien  en  l'espèc'e,  si  ce 


'  Art.  Ovaire  (Palh.).  Dit.  encyc.  Se.  Mèd.,  p.  02. 

'  Pour  démontrer  que  les  dernioide.s  de  l'ovaire  étaient  bien  des  Monstres  doubles, 
j'ai  cherché  à  me  rendre  compte  de  la  couleur  des  cheveux  dans  les  kyst.s  de  cet 
ordre  qui  en  présentent;  mais  je  n'ai  pas  terminé  ces  recherches. 

En  effet,  on  sait  que  chez  les  monstres  doubUs  (ceux  ayant  vécu  surtout),  de  même 
(pie  chez  les  jumeaux  de  même  sexe  et  univitellins,  toujours  les  cheveux  sont  de  la 
même  couleur,  eu  raison  de  la  même  origine  des  fo.'tus  et  de  leur  grande  ressem- 
blance physique  ! 

Si  donc  il  est  constaté  un  jour  que,  dans  un  certain  nombre  di;  cas,  il  y  a  identité 
de  coloration  entre  les  cheveux  du  sujet  porteur  du  Kyste  et  ceux  du  Dermoïde,  ce 
fait  pourra  constituer,  dans  ces  cas,  au  moins  un  comraenccMiient  de  preuve,  quoi- 
qu'on puisse  dire  qu'un  sujet  qui  a  des  cheveux  d'une  couleur  donnée  puisse  pré- 
senter une  tumeur  à  poils  de  coloration  différente. 

Je  dois  signaler  d'ailleurs  qu'un  auteur  anglais  a  récemment  publié  une  courte  note 
sur  ce  sujet  [Bell  (R. -H.).  The  coluur  of  the  huir  in  ovariaa  dermnidrs.Brit .  mcd.J.. 
Lond.,  1906,  ii,  599]. 

»  S.  Pozzi  et  JiAYLE.  —  Traité  de  Gynécologie,  Paris,  1907,  t.  11,  p.  045  et  940. 


-iT-i  6    DÉCEMllHE    lOOfi 

n'est  que  l'embryon  léralulogi(iue,  en  raison  du  trouble  formidable  sur- 
venu dans  son  évolution,  peut  très  bien  présenter  cette  bypergénèse  des 
dents. 

Uépin  ',  d'ailleurs,  n'a  pu  se  dispenser  d'écrire  :  a  Nous  nous  rallierons 
à  cette  hypothèse    la  nôtre  Jjien  volontiers  dans  certains  cas  déterminés... 

Celte  présomption  se  changerait  pres(jue  pour  nous  en  certitude,  si 

Nous  croyons  donc  à  la  réntité  de  l'inclusion  ovarienne  dans  certains  cas 
rares,  faisant  pendant  à  l'inclusion  testiculaire...  Nous  allons  même  jus- 
qu'à admettre  que,  parmi  les  dermoïdes  de  l'ovaire,  quelques-uns  sont,  en 
réalité,  des  inclusions!  Mais  ces  concessions  sont  les  dernières.  » 

Pour  nous,  nous  n'hésitons  plus.  Tous  les  dermoïdes  de  l'ovaire  sont 
des  tératomes  :  ce  qui  montre  une  fois  de  plus  combien  est  en  réalité  fré- 
quente la  Polygcrminnlilé  et  surtout  la  Bigerminalité  ;  combien  est  impor- 
tante la  théorie  des  Œufs  à  deux  germes  et  de  la  Diplogénèse. 

On  a  trouvé  dans  les  kystes  dermoïdes  de  l'ovaire  qui  nous  regardent  : 
des  dents,  des  os  maxillaires,  des  cheveux,  des  os  plats  (du  crâne,  évi- 
demment), de  la  matière  cérébrale,  etc.  —  Tout  cela  prouve  qu'il  y  a  eu 
un  crâne  dans  cette  tumeur,  à  un  moment  donné. 

On  a,  d'autre  part,  la  preuve  que  ces  kystes  sont  bien  congénitaux  et  dus 
a  un  phénomène  antérieur  à  la  naissance.  En  effet,  on  en  a  observé,  pour 
18  cas  :  trois  cas  chez  des  fœtus  de  huit  mois  seulement;  4  sur  des  fœtus  h 
terme;  6  sur  des  enfants  de  6  mois  à  2  ans;  5  sur  des  vierges  de  12  ans 
(Pigné).  Le  doute  n'est  donc  plus  possible. 

On  a  prétendu  que  ces  kystes  étaientp/us  fréquents  d'un  côté quede  l'autre; 
mais  c'est  le  contraire  qui  paraît  être  la  vérité;  et  cette  objection  n'a,  par 
suite,  pas  de  valeur  dans  le  cas  présent. 

11  y  a  des  kystes  de  l'ovaire  doubles,  quoique  dermoïdes.  Mais  ces  téra- 
tomes doubles  de  l'ovaire  peuvent  à  la  rigueur  s'expliquer  par  une 
inclusion  double,  démontrée  par  les  faits  comme  nous  l'avons  dit,  et  la 
théorie  des  monstruosités  triples;  ou  même  autrement. 

2°  Sexe  masculin  {Tératorm  inguino-scrotal).  —  Voyons  maintenant  com- 
ment nous  pouvons  expliquer  les  Tératomes  de  la  région  inguino-scrolale, 
qui  forment  une  catégorie  clinique  très  importante,  puisque  tout  récem- 
ment David  G.  Hilton  *  a  pu  en  relever,  en  un  tableau  d'ensemble  qui 
nous  a  été  fort  utile  à  consulter,  91  cas  probants! 

Siège.  On  peut  les  classer  ainsi,  en  tenant  compte  de  leur  siège  : 

J  droit 22 

A3  dàïïsles  Testicules  )  gauche 17 

(  côté  indéterminé 4 


»  RÉPiN.  —  Thèse,  Paris,  1891. 

*  D.  C.  Hilton.—    Teralomaof  theinguiao-saolal  région.  —  Annals  of  Surgery^ 
1906,  oct.,  p.  388. 


MARCEL    UALDÛLIN.    —    TKUATÙMES    DE    MONSTRES    DULULES  475 

30  scrotum. 

48  dans  le  ImiuiI  de  desccnlc  des  teslivules  )  *"*  "^'^^^^  ini;uinal. 

i  luni(ju<'  va.i,'inali.'. 
'^  divers. 

On  remarquiTa  d'aburd,  si  l'on  additionne  coinnu'  nous  venons  de  le 
faire  ce  qui  a  trait  au  scrotiun,  au  canal  inguinal,  à  la  tunique  vaginale 
(ce  qui  est  très  logi(|ue,  puistjue  ces  diverses  régions  anatoniiques  cor- 
respondent en  somme  au  trajet  parcouru  par  le  testicule  en  descente) 
qu'on  a  le  chiffre  48  pour  le  canal  de  la  migration  testiculaire,  et  de  43  pour 
le  testicule  :  ce  qui  signifie  qu'il  y  a  autant  de  rltam-es  de  trouver  un  tératome 
dans  la  glande  elle-même  que  dans  les  parties  voisines,  situées  sur  le  trajet 
qu'elles  parcourent.  Ce  qui  est  très  compréhensible,  avec  notre  théorie,  qui 
voit  dans  la  descente  de  la  glande  génitale  la  cause  de  l'appai'ition  du 
tératome  à  la  région  inguinale,  alors  qu'il  était  primitivement  intra-alnlo 
minai. 

Pourquoi  y  a-t-il  des  localisations  intraranaliculaires  dans  les  circons- 
tances où  nous  sommes  placé?  Tout  simplement,  parce  que  la  tunique 
vaginale  dérive  en  partie  du  péritoine  qui  entoure  la  glande  génitale  à  son 
apparition,  et  parce  que  les  éléments  du  cordon,  qui  traversent  le  canal, 
de  même  que  certaines  parties  du  scrotum,  proviennent  des  tissus  péri- 
testiculaires.  Rien  d'extraordinaire,  nous  semble-t-il,  en  cette  affaire! 

Contenu.  On  peut  classer  ainsi  le  contenu  des  tératomes,  d'après  70  ob- 
servations utilisables. 

a)  Organes.  —  Parties  fœtales  nettes  :  5  fois. 

Dents  :  7  fois. 
Cheveux  :  28  fois. 
Peau  et  dérivés  :  29  fois. 
Corne  :  2  fois. 

b)  Tissus.    —  Tissu  osseux  :  17  fois. 

Tissu  cartilagineux  :  19  fois. 

ris.su  muqueux  (Epilhelium)  :  22  fois. 

Tissu  conjonctif  :  3  fois. 

Tissu  nerveux  :  1  fois. 

Tissu  musculaire  :  5  fois. 

Tissu  élastique  :  1  fois. 

c)  Divers.    —    Concrétions  calcaires  :  1  fois. 

En  examinant  cette  statistique,  il  est  facile  de  constater  que  ce  qui  se 
trouve  le  plus  souvent  dans  ces  tératomes,  c'est  la  peau  (29  fois)  et  les 
muqueuses  (22  fois)  :  ce  qui  s'explique  fort  bien,  puisque  ce  sont  les  deux 
téguments,  interne  et  externe,  de  tout  animal  qui  vient  au  monde! 

Mais,  ce  qu'il  est  bien  curieux  de  noter,  c'est  le  nombre  de  fois  où  l'on  a 
rencontré  des  cheveux  (28  fois),  c'est-à-dire  presqu'autant  de  fois  que  pour 
la  peau.  Or,  qu'est-ce  que  cela  prouve? 

Étant  donné  que  les  cheveux  ne  sont  qu'une   production  de  la  peau 


476  6  DHfiEMnuF.  lîW» 

[comme  le  tissu  corni-  qu'il  faut  y  ajouter  (2  fois),  il  en  résulte  que,  sur 
70  tumeurs,  on  a  trouvé,  en  réalité  (29  4"  28  +  2  =  59)  59  fois  de  la 
fieau  :  c'est-à-dire  "presque  toujours  /Ce  qui  n'est  pas  fait  pour  nous  étonner, 
au  demeurant. 

D'autre  part,  les  cheveux  correspondent  à  la  peau  d'une  région  unique  : 
celle  de  la  tête,  et  plus  spécialement  du  crâne.  Qu'en  conclure,  sinon  que 
29  fois  au  moins  sur  70  cas,  il  y  a  eu  un  crâne  dans  notre  tératome? 

Cette  proportion  nous  parait  très  importante  à  noter,  car  nous  ne  trou- 
vons pour  les  dents  que  7  cas  et  pour  les  autres  parties  fœtales  que  5  cas 
indiquant  la  face;  au  total  12.  Enfin,  dans  un  cas,  on  a  trouvé  des 
vertèbres  et  des  côtes,  c'est-à-dire  un  tronc  *;  et  cela  prouve  que  Varrêt  de 
développement  survient  parfois  assez  tardivement. 

Etant  donné  ce  que  l'on  sait  de  l'époque  de  l'apparition  du  crâne,  qui  est 
la  région  qui  apparait  la  première  et  progresse  le  plus  rapidement  chez  un 
embryon  normal,  il  nous  semble  possible  de  conclure  de  ces  seuls  chiffres 
(ju'au  début  le  tératome  ne  fut  qu'un  fd'ttcs  humain  inclus  dans  le  sujet 
porteur  du  tératome,  primitivement  abdominal. 

Cela  étant,  on  retombe  dans  le  cas  des  fœtus  in  fœtii  ;  et  tout  le  monde  sait 
aujourd'hui  que  cette  afi'ection  est  une  monstruosité  double,  dans  laquelle 
un  des  fœtus  est  resté  dans  l'autre,  et  a  été  arrêté  dans  son  développement. 

De  plus,  sur  39  tératomes  testiculaires  à  côté  connu,  nous  en  avons 
22  pour  le  côté  droit  et  17  pour  le  gauche,  c'est-à-dire  encore  presque 
égalité  pour  le  côté  atteint.  Ce  qui  semble  indiquer  que  la  notion  du  côté 
n'a  pas  grand  intérêt. 

Peut-il  y  avoir  des  tératomes  doubles,  c'est-à-dire  se  développant  sur  les 
deux  testicules  à  la  fois?  Oui,  étant  donné  ce  que  nous  savons  des  kystes 
dermoïdes  doubles  de  l'ovaire;  et  nous  avons  donné  plus  haut  des  expli- 
cations plausibles  pour  ces  tératomes.  Répin  nie  cependant  la  bilatéra- 
lité. 

Au  point  de  vue  théorique,  les  tératomes  du  testicule  ont  été  étudiés 
par  Wilms,  qui  leur  a  donné  le  nom  d'embryoïdes  ou  d'embryomes  :  ce  qui  a 
réussi  à,  compliquer  tout  à  fait  la  question.  Mais  cependant  il  a  bien 
montré  qu'il  fallait  rattacher  à  ces  formations  les  faux-adénomes  du  testi- 
cule décrits  par  Langhans  (1887),  qui  n'ont  rien  à  voir  avec  les  adénomes 
vrais  (Lecène  et  Chevassu,  1907)  :  ce  qui  augmente  encore  le  nombre  des 
tératomes  testiculaires  et  les  rapproche  une  fois  de  plus  de  ceux  de  l'ovaire. 

La.  fréquence  des  tératomes  testiculaires  n'est  pas  aussi  grande  que  celle 
des  tératomes  ovariens,  à  supposer  même  que  nombre  de  kystes  dermoïdes 
de  l'ovaire  ne  soient  pas  comptés  comme  tératomes  vrais,  mais  tumeur 
particulière.  Pourquoi  ?  Théoriquement,  on  ne  voit  pas  pourquoi  les 
monstres  doubles  à  inclusion  génitale  du  sexe  féminin  seraient  plus 
fréquents  que  ceux  du  sexe  masculin. 

Pourtant,  si  l'on  songe  qu'en  général  les  monstres  doubles  du  sexe  féminin 


1  Nous  ne  parlons  pus   des  membres  et  de  leurs  os,   dont  l'apparition    est  tardive. 


Marcel  iiAinmiN.  —  tkkatumks  i»k  monsthes  doi-hles  .477 

sont  nolablomenl  {dus  fré(|uenlsque  ceux  du  sexe  masculin, on  comprend 
déj.i  pour(|ijoi  il  y  a  un.-  dilTérence.  Mais  celle-ci  esl-olle  suffisante? 
L'avenir  nous  le  dira. 

Verneuil  (1853)  a  monlré.jue  les  lératomes  lesliculaires  sont  toujours 
para  tfsticulnires  el  non  inlra-testiculaires.  Ils  se  sont  donc,  à  un  moment 
donné,  surajoKtrs  X  la  glande,  qui  d'ailleurs  a  été  gênée  dans  son  propre 
développement. 

Les  tératomes  testiculaircs  sont  petits,  parce  que  les  gros  restent  inclus 
dans  l'abdomen  et  ne  peuvent  pas  s'extérioriser,  lors  de  la  descente  de  l'or- 
gane. C'est  ce  que  prouve  un  cas,  extrêmement  important,  parce  qu'il 
représente  un  stade  intermédiaire  de  révolution  ûosténitompstcsticulaires, 
et  qu'il  a  été  catalogué  jusqu'ici  comme  inclusion  alxloininale^erveiiv  de  dia- 
gnostic, qui  prouve  la  valeur  de  notre  théorie):  c'est  celui  de  Bornhuber 
(1831).  En  voici  le  résumé,  d'après  Répin,  (jui  en  a  d'ailleurs  bien  reconnu 
la  nature. 

«  Homme  né  en  1741.  Depuis  Venfance,  dans  l'hypochondre //riMc/tf',  tu- 
meur, peu  volumineuse,  qui  grossit  peu  à  pru.  Mort  à  30  ans,  en  1831. 

Autopsie.  Grosse  tumeur  dans  l'hypochondre  gauche,  adhérant  au 
diaphragme  et  à  V estomac.  Le  testicule  gauche  manque  seul.  Fœtus  calcifié 
(planche  probante  dans  le  traité  d'.Vhfeld),  avec  cordon  ombilical  ».   » 

Nous  nous  sommes  demandé  si  quelques-uns  de  ces  tératomes  ne  pour- 
raient pas  correspondre  à  des  téralopages  soudés  par  \a.  partie  antérieure  de 
l'extrémité  inférieure  du  corps,  et  par  suite  être  analogues  à  certains 
tératomes  sacro-coccygiens. 

Théoriquement,  cela  peut-être  possible,  puisqu'il  y  a  tous  les  intermé- 
diaires entre  les  Omphalopages  et  les  Pygopages,  en  passant  par  les  hchio- 
pages,  les  IJgpogastropages,  etc.,  etc. 

En  prati(iue,  étant  donné  le  phénomène  de  descente  des  testicules, 
nous  croyons  qu'il  faudra  bien  rarement  song>r  à  cette  origine,  surtout 
d'après  ce  qu'on  sait  des  tératomes  ovariens,  qui  éclairent  d'un  grand 
jour  toute  la  question  des  Tératomes  inguino-scrotaux.  D'ailleurs  l'ana- 
tomie  pathologique  ne  plaide  pas  en  faveur  de  cette  hypothèse. 

V.  —  IIem.\rques  générales  <,vi{  les  Térato.mes. 

Certains  points  de  l'évolution  des  Tératomes,  en  dehors  de  la  forme 
clinique  sous  laquelle  ils  se  manifestent,  seraient  intéressants  à  élucider. 

Malheureusement,  on  ne  peut  que  soulever  ces  questions,  sans  avoir  la 
prétention  de  les  ré.soudre  de  façon  di-Pinitivc  à  l'heure  présente. 

On  doit  distinguer  : 

A)  [ai  période  de  début  ;  \i)  L'écolutiou  ullrri/'ure. 


*  On  pourrait  peut  èlre  tu  riip|)roclier  le  ca.s  d'iiiclusiori  firUlo  d'Ilighinore  (1818). 
30C.  d'anti«\op.  190(j.  33 


478  6    DÉCEMBRE    1906 

A.  Pkriode  de  DicitrT.  —  Actuellemenl  il  y  a  deux  théories  : 

I.  Throrie  (le  l'inclusion  sccoudnirr,  dite  ancienne  {  Monstres  doubles). 

H.  Théorie  (Ir  l'inclusion  primifire,  di(e  nouvelle  [Deux  Germes). 

I.  Inclusion  secondaire.  —  1°  Mécanisme.  Le  fœtus  destiné  à  rinclusion 
se  trouve  ramené,  son  canal  vitellin  personnel  ne  se  développant  pas  et  lui- 
mOme  restant  ;i  un  stade  très  jeune,  au  contact  de  l'intestin  du  fœtus 
porteur;  il  doit  s'engager  forcément,  ce  dernier  se  développant  sans  cesse, 
par  dessus  le  canal  allantoïdien,  en  avant  du  rectum  et  en  arrière  de  la 
vessie,  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas. 

Immédiatement,  il  constitue  un  corps  étrnmjer  dans  l'abdomen  du  fœtus 
porteur,  dont  le  futur  péritoine  réagit  et  crée  des  adhérences  entre  les  deux 
fœtus  frères. 

Si  l'adhérence  se  fait  très  intime  et  très  rapide  au  niveau  de  la  glande 
génitale.,  le  fœtus  inclus  donnera  un  fératome génital {oxnnen  ou  testiculaire). 
S'il  glisse  au-devant  de  cette  glande,  il  descend  beaucoup  plus  bas  et 
devient  ultérieurement  un  tératome  sacro-coccygien ,  sorlSinl  du  bassin  entre 
le  rectum  et  le  sacrum. 

Il  est  bien  certain  que  l'endocyme  peut  être,  pour  une  raison  quel- 
conque, arrêté  en  route  et  par  suite  être  fixé  au  niveau  de  la  paroi  abdo- 
minale, soit  en  haut,  soit  en  bas  ;  il  constitue  alors  un  dermocyme  vrai 
périombilical  ;  mais  c'est  la  grande  exception.  D'ordinaire,  il  s'engage  fran- 
chement dans  l'intérieur  de  l'abdomen  :  ce  qui  s'explique  très  bien  par  la 
disposition  du  canal  vitellin  réunissant  les  deux  fœius,  ou  plutôt  les  deux 
intestins  '.  S'il  y  reste,  le  monstre  endocymien  est  constitué. 

2<*  Epoque  d'inclusion.  —  Peut-on  dire  à  quel  moment  de  la  vie  intra- 
utérine  se  produit  cette  inclusion  secondaire,  qui  est  alors  \e  fait  primordial? 

Il  n'est  pas  possible,  à  notre  avis,  de  le  préciser  encore.  Le  fait  qu'il  y  a 
des  membres  ■  dans  les  inclusions  ne  prouve  pas  que  l'inclusion  fœtale  a 
eu  lieu  après  Vapparition  dece'xx-ci  sur  le  sujet  inclus,  car  l'inclusion  n'em- 
pêche pas  certaines  parties  de  continuer  à  se  développer,  alors  que  la  plus 
grande  partie  des  cellules  de  l'organisme  est  atteinte. 

Mais  il  y  a  des  données  intéressantes  à  noter.  C'est  d'abord  la  fréquence, 
relativement  très  grande,  des  inclusions  abdominales  intra-génitales  (chez 
les  filles:  ovaires;  chez  les  garçons:  testicules). 

Pour  que  cette  inclusion  si  spéciale  ail  lieu,  il  faut  évidemment  qu'elle 
soit  antérieure  au  développement  et  surtout  à  l'isolement  de  la  glande 
génitaledu  reste  des  organes  du  sujet  porteur.  Or  cette  glande  (l'épithélium 
germinatif)  apparaît  de  très  bonne  heure,  parfois  le  5®  jour  chez  le  poulet. 
D'autre  part,  nous  avons  V extériorisation  pcrinéale  primitive.  Or,  pour 
que  celle-ci  se  produise,  il  faut  évidemment  que  le  plancher  périnéal  ne 
soit  pas  formé  tout  à  fait;  ou  plutôt  ce  phénomène  doit  avoir  quelque 


1  Celle  disposition  explique  les  tératomes  intva-stomachaux  et  intra-intestinaux, 
qui  ont  été  signalés,  mais  qui  sont  très  rares. 
-  Ils  apparaissent  d'ordinaire  du  209  au  25^  jour. 


MAUCEL    DAIDOUIN.     —    Tl';it\TnMK>    liK    MON^TtlKS    IxtlHI.KS  i79 

rapport  avec  la  commiiiiicitiufi  qui  st.'  pitMliiil  enln'  le  iccluin  t-t  l'aims, 
ainsi  rpie  le  [(i-diivf  le  cas  «le  Colin  (  lUOC)). 

I.e  fait  (pi'on  trouve  îles  <inses  iiilcslinuli-x  dans  les  Tératoincs  sai-ro- 
coccygiens  hii-n  pins  son  vent  '  qnf  dans  les  Tcrnhtmra  (fi-uUnu.r  scmijlo 
indiquer  ipio  rincliisiin)  pinir  ces  di-iincis  ;i  lieu  iijnh  l'appurition  dn  tube 
digestif,  c'est  .à  ilire  après  le  10""  jour. 

13e  même,  le  fait  que  les  tératomes  sacro-coccyi^iens  sont  moins  déve- 
loppés que  les  petus  in  firlii  nu  h^nilori/mrs  propreuient  dits  si-nilile  indi- 
quer que  ces  derniers  ne  sont  inclus  (juassez  tardivi^menl. 

Si  ces  réflexions  sont  exactes,  i'ordie  d'inclusion  seconda iresevaii  donc  le 
suivant  : 

Du  o"  au  iO"  jour  :  Térntovies  f/niitaux  (faux  dermoïdes),  etc. 

Du  10®  au  iJO"  jour  :  Téralomes  sacro-cocci/f/iens. 

Ultérieurement  :  Monstres  Enducymcs  proprement  dits. 

Ur  il  est  curieux  de  constater  que  cet  ordre  est  précisément  celui  de  la 
fréquence  de  ces  diverses  malfoimalions,  les  Endocymiens  étant  plus  rares 
encore  que  les  Tératomes  sacro-coccygiens. 

II.  Inclusion  primilire.  —  Telle  est  la  vieille  théorie  classique,  basée  sur 
la  notion  des  Monstres  doubles.  Mais  des  auteurs  modernes  (Bonnet,  Wilms, 
etc.)  ne  font  pas  intervenir  cette  notion  primordiale  de  Monstruosité.  Ils 
admettent  seulement  Vinclusion  primitive  d'un  sujet  dans  l'autre,  simple- 
ment par  le  fait  du  développement  d'un  /œlus  dans  l'autre,  en  raison  de  l'exis- 
tence de  deux  germes. 

Par  suite,  ils  n'admettent  pas  l'inclusion,  au  sens  de  I.  (ieoiïroy  Saint- 
Ililaire,  c'est-à-dire  cette  inclusion  secondaire  à  la  formation  des  deux  em- 
bryons distincts.  Nous  enregistrons  cette  théorie,  sans  la  discuter  ici,  car 
cela  nous  entraînerait  trop  loin.  D'ailleurs,  cette  explication  ne  change 
rien  à  tout  ce  (pie  nous  avons  voulu  prouver  ! 

III.  Evolution  ui.tkrirl'uk.  —  Pour  la  suite  de  l'évolution  des  Téra- 
lomes, la  théorie,  que  nous  allons  résumei'  maintenant,  nous  paraît  la 
seule  admissible. 

1°  Époque  de  l'extériorisation.  —  La  sortie  hors  de  l'abdomen  d'un 
fœtus  inclus  doit  être  évidemment  régie  pai-  une  hti  biologique,  plus  ou 
moins  comparable  à  celle  (pii  correspond  à  l'expuisitui  des  corps  étran- 
gers infectés  de  l'organisme.  Mais  aucun  fait,  jus(|u'ici,  n'a  permis  de  la 
surprendre  à  l'œuvre.  Toutefois  il  y  a  des  observations  qui  doivent  faire 
ouvrir  les  yeux. 

C'est  ainsi  qu'on  a  pu  prendre  V extériorisation  presque  sur  le  fait,  dans 
un  cas  d'IIimly,  publié  en  français  par  C.  Paul  '.  En  effet,  d;ins  cette 
observation,  il  est  noté  que  le  tératomc  sacro-coccygien  faisait  en  partie 

1  Ce  tiiit  peut  rire  aussi  on  rapport  avic  la  PijydpiKjio,  qui  donne  <les  tératomes 
sacro-coccygiens. 

*  Constantin  Paul.  —  Klwlr  pour  .temr  à  l'his/oirr  des  monstruosités  parasi- 
taires ;  De  r inclusion  fietale  située  dans  la  région  sacropévinkilf.  Arcli.  yènér.  de 
Médecine,  186:2,  H'  sér.,  t.  XIX  et  t.  XX  (.Mémoire  capital,  en  l'espèce). 


480  6   DKCEMUHK    1906 

«  saillie  dans  le  bassin,  et  remontait  jusqu'au  milieu  dcVépine  dorsale  n.  —  Dans 
un  autre  fait,  celifi  do  J.  (iillcs  (^i8:{:i),  la  tumeur  s'eniunçait  entre  les  deux 
ischions,  et,  en  haut,  elle  adhérait  au  coccyx.  — H  y  a  encore  d'autres  cas 
analogues,  mais  moins  probants,  sans  parler  des  faits  déjà  cités  ici. 

2°  Extériorisation  d'un  fœtus  après  la  naissance.  —  L'extériorisation  d'un 
fu'lus  inclus,  (jui  pour  nous  est  démontrée  au  moins  pendant  la  vie  intra- 
ulérine,  et  qui  se  produit  de  très  bonne  heure,  est-elle  susceptible  de  se 
montrer  après  la  naissance? 

Aucun  fait,  authentique  et  indiscutable,  ne  le  prouve;  mais,  si  elle  est 
possible,  ce  que  l'avenir  nous  dira,  elle  peut  expliquer,  de  même  que  les 
légendes  expliquent  certains  laits  géologiques  ou  historiques  :  1°  le  récit 
d'Otto  et  Clauder  (xvif  siècle),  relatif  à  un  accouchement  d'un  petit  fœtus 
femelle  chez  une  fillette  de  8  jours  (/rt  notion  de  sexe,  qui  est  la  même,  donne 
ici  du  poids  à  la  légende,  si  c'est  une  légende,  et  plaide  en  faveur  d'un 
monstre  double,  à  fœtus  inclus,  expulsé  après  la  naissance). 

2°  Le  cas  du  moine  ïsabord  de  Amelluxen,  datant  de  l'an  836,  qui  peut 
s'expliquer  par  une  inonstruositi;  double,  avec  deux  fœtus  inclus  (mais  l'un 
dans  l'autre  ici  :  ce  qui  n'est  pas  impossible),  extériorisés  par  le  porteur, 
âgé  de  19  ans. 

30  Le  cas  de  G.  Clauderius  (1672),  identique  à  celui  qui  précède,  au  point 
de  vue  pathogénique.  (Encore  ici  deux  enfants  du  sexe  féminin). 

4"  Le  cas  de  liertrandus  Lot  (1697)  :  Enfant  dans  la  cuisse  d'un  homme 
(Inclusion  crurale).  On  remarquera  que  l'enfant  était  du  sexe  même  du  père  : 
ce  qui  est  un  fait  très  important  et  plaide  en  faveur  de  l'authenticité  du 
cas  ! 

L'inclusion  directe  dans  la  région  crurale  me  semble  parfaitement  pos- 
sible ici,  cela  tout  aussi  bien  qu  une  extériorisation  crurale  après  inclusion 
abdominale. 

Par  conséquent,  L  Geoffroy  St-Hilaire  a  eu  tort  de  dire  que  le  cas  de 
B.  Lot  n'est  qu'une  «  variante  absurde  delà  fable  mythologique  de  Jupiter 
et  de  Semélé  ». 

C'est  le  contraire  qui  doit  être  vrai.  C'est  un  fait  du  genre  de  celui  de  B.  Lot 
qui,  au  contraire,  a  dû  donner  naissance  à  la  Légende  de  «  Jupiter  et  de  Se- 
mélé »,  pour  ce  cas  comme  pour  d'autres  légendes  mythologiques,  ayant  la 
monstruosité  pour  origine.  —  Nihil  est  in  intellectu  quodnon  erat  in  sensu  / 11  y  a 
longtemps  que  le  regretté  Mathias  Duval  a  dit  que  la  Mythologie  et  certaines 
Religions  ont  beaucoup  emprunté  à  la  Diplotératologie! 

3°  Nature  de  la  monstruosité  originelle.  —  Si  l'on  admet  la  théorie  de  la 
Monstruosité  double  vraie,  et  non  celle  de  l'inclusion  primitive,  pourquoi  n'y 
a-t-il  de  lératomes  congénitaux  que  dans  la  catégorie  des  Pa^es?  Pourquoi 
n'y  en  a-t-il  pas  dans  les  Dymes  et  dans  les  Adelphes?  Parce  que  leur  pro- 
duction est  bien  plus  facile  avec  les  Tératopages,  et  en  particulier  avec  les 
Omphalopages,  évidemment. 

Et  surtout  parce  que  l'Omphalopagie  est  une  chose  normale  à  chaque 


MVliCKI.    IIAUDOUIN.    —    TKItATO.MKS    liK    MONSTRES    DOOULES  IHl 

fois  (lu'une  naissance  gemellairo  est  consécutive  au  (léveloppem<Mit  il'un 
œuf  à  deux  germes. 

On  peut  même  ilire  qu'à  pii'soiit  on  no  cunn.iil  ^uèrc  ipii'  !<'■<  ihiijihdlo- 
par/es  internes  et  inclux  (cVst-à-<lire  les  fœtus  in  fœlii),  et(|ue  lesOmphalopagos 
vrais,  ou  externes,  sont  très  rares,  tamlis  (jne  les  Xipliopages  sont  assez 
fréquents. 


Jusqu'ici,  nous  n'avons  parlé  que  de  Clinique.  —  Mais,  en  dehors  des 
données  fournies  [yàvVAnatomo-pathologie,  puisqu'on  a  désormais  cette  idée 
directrice  pour  point  de  départ,  idée  qui  permettra  d'avoir  des  notions 
l)lus  exactes  sur  la  constitution  des  Tératomes,  il  est  maintenant  une  autre 
méthode  qui  permettra,  avant  leur  ablation,  de  se  faire  une  idée  plus 
nette  encore  de  leur  origine  et  de  l'endroit  d'où  partent  leurs  éléments 
principaux  :  c'est  la  fiadiograpliie,  dont  depuis  longtemps  nous  prônons 
l'emploi  pour  les  monstruosités  simples,  comme  pour  la  Diplotératolor/ie^ 

Il  est  bien  évident  qu'il  faudra  dorénavant  recourir  à  ce  moyen  d'étude, 
non  seulement  pour  les  Tératomes  extériorisés,  mais  môme  pour  les  kystes 
dermoides  de  Tovaire,  supposés  d'origine  tératologique.  et  surtout  les 
Monstres  endocymiens.  Nous  sommes  convaincu  qu'un  nouveau  champ 
s'ouvre  de  ce  côté  aux  recherches  des  ïératologistes  et  surtout  des  Clini- 
niciens  diplolératologistes  -.  Donc,  désormais,  il  faut  radiofirnplner  tous  les 
tératomes,  et  par  suite  tous  les  kystes  de  l'ovaire,  pour  y  dépister  le  téra- 
tome,  si  possible. 

l'ar  cette  simple  ébauche,  on  voit  toute  l'importance  qu'a,  en  réalité,  en 
pathologie  externe,  la  Tératologie  et  même  la  Diplotératologie.  Nous 
avions  donc  un  peu  raison  quand,  il  y  a  quelque  temps,  nous  demandions 
la  création  '  en  France,  soit  à  la  Faculté  de  iMédecine,  soit  à  laSorbonne, 
soit  mieux  au  Collège  de  France,  d'une  Chaire  de  Tératologie  humaine  et 
comparée. 

Hépétons  ici  encore  que,  sans  laboratoire  spécial,  sans  auditeurs,  sans 
milieu  intéressé  à  la  poursuite  de  ces  études,  il  sera  très  difficile  chez  nous, 


I  Marcel  Baudouin.  -  La  térntolnyie  et  lex  nu/ons  X.  Prngn's  mi'diml,  1807, 
5  juin,  11»  33,  p.  liiJ'i. 

*  On  [icut  Hirc  (ju'L'n  rtvilili'  il  n'y  a  pas  fie  Téraloingio  df.s  monstres  simp|p.«.  p\ 
qunn  somme  il  n'y  a-qu'iine  /'oli/téralologie.  J'ai  soulcnu  di-jà  celle  nianiôre  de  voir 
;i  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris,  en  montrant  que  la  iiluparl  des  anomalies  et 
monstrnosilùs  simples  étaient  désormais  du  ressort  delà  Cfiirurfficinfantile  propvQ- 
ment  dite,  au  point  de  vue  éliolosiquc  comme  au  point  de  vue  clinique,  tandis  que  la 
Patfioyénie  des  monstres  multiples  est  quelque  chose  de  tout  à  fait  spi^cial,  qui  n'a 
aucune  analogie  avec  ce  qu'on  observe  en  patbologie  ordinaire. 

'  M.  Baudouin.—  Une  chaire  de  Tératologieà  Paris.  Gas.  mvd.  df  Paris,  1902, 1-2  s., 
II,  193. 


t^:^  20   UKCEMItUK    l'.lOG 

où  cfs  travaux  sonl  à  peine  appréciés,  de  créer  un  courant  d'opinion  capa- 
ble d'entretenir  le  zélo  des  viais  chercheurs  et  surtout  de  faire  éclore  les 
initiatives  nécessaires  pour  le  développement  de  cette  Science,  pourtant 
d'origine  bien  française  '. 


836*  SEANCE.  —  20  décembre  1906. 

Présidbnce  de  m.  Zaborowski. 

Élection.  —  M.  Choc)Uet  présenté  par  MM.  Ilain.v.  Vorneau  et  Rivet,  est  élu 
iiiciuhi-e  titulaire. 

Présentations, 

Présentation  d'un  ouvrage  intitulé  :  Infradurtion  à  l'étude  des  Sciences 
physufiies  et  îiaturelles  :  Exercices  d'observation,  par  M.  Louis  Lapicque. 

L'ouvrage  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  mes  collègues  est  d'un  ordre  bien 
modeste  ;  c'est  un  manuel  pour  les  petites  classes  des  écoles  primaires.  Voici 
à  (|uel  titre  je  puis  espérer  qu'il  intéresse  la  Société.  La  Société  d'Anthropologie 
(le  Paris  a  toujours  considéré  comme  une  partie  importante  de  son  rôle  de 
répandre  le  transformisme,  cette  conception  qui  a  bouleversé  notre  connais- 
sance de  la  nature  animée. 

Le  petit  livre  en  question  introduit,  pour  la  première  fois,  je  crois,  le  trans- 
formisme d'une  façon  explicite  à  l'école  primaire.  Il  n'y  a  pas  un  chapitre 
spécialement  consacré  à  la  théorie  de  l'évolution  des  êtres  vivants;  le  plan 
même  de  l'ouvrage  ne  le  permettait  pas,  puisque  s'intitulant  E.vercices 
d'observation,  ce  manuel  s'est  imposé  de  rester  sur  le  terrain  du  fait  direct  ; 
mais  l'idée  transformiste  court  au  long  de  toutes  les  leçons  qui  traitent  des 
êtres  vivants  ;  c'est  cette  idée  même  qui  en  fait  l'unité  ;  mise  particulièrement 
en  relief  par  des  exemples  systématiquement  choisis,  elle  est  en  outre  rapportée 
à  ses  auteurs  légitimes  par  une  citation,  sous  forme  de  lecture,  de  Lamark  et 
de  Darwin. 

Il  m'a  semblé  qu'il  n'y  a  pas  raison  de  craindre  de  communiquer  k  des  enfants 
de  8  à  10  ans  cette  précieuse  conquête  du  xix«  siècle  ;  non  seulement  le  tians- 
forniisnie  n'est  pas  difficile  à  «omprendre,  mais  en  outre  lui  seul  met  une  cjai-té 
lof:iqiie  dans  la  connaissance  des  ditférenles  formes  de  la  vie.  L'accueil  bienveil- 
hint  fait  par  les  instituteurs  aux  premiers  spécimens  qui  leur  ont  été  adressés 
moidre  d'ailleurs  que  la  tentative  n'est  pas  inopportune  :  ce  petit  manuel  est 
établi  d'ailleurs  dans  des  conditions  commerciales  norriiales  ;  il  est  conforme 
aux  programmes,  et  sa  première  édition  comporte  un  tirage  de  trente  mille. 


'  A'.'  moment  de  remettre  c«  manuscrit,  nous  apprenons  que  la  Cliambre  des 
I)i''pulés  vient  do  voter  i.i  rrénlion  d'une  Chaire  de  Tératologie  à  la  Faculté  des 
Scif>ncrs  de  Paris  —  Il  esi  regrettable  que  ci-tte  création  n'ait  pas  ôé  faite  an  Collège 
de  France,  car  les  étudiants  ès-science.s  non  spécialisées  ne  peuvent  guère  s'intéres- 
ser aux  questions  de  cette  nature. 


PRÉSENTATIONS  483 

C'est  .Inné  II"  (iMMsIoniiisme  pénétrant  elïcrtivriiMMit  à  léculc  in-irnfiiic  i|Uf'jo 
iiit'  permet»  tle  sigiinlcr  à  la  Soiiélé. 

M.  ÉuouAHi)  Ci'VKit.  —  J'ai  I  liumieiir  dolliir  à  la  Sciciéd'  iii)  arlirlc  sur 
I  KuseifjriuMiii'iit  ilii  ili'ssiii  |ilaslii|iii'  dans  rKnseiirncnuMil  j^'énéi-aj,  (|iii'  je  viens 
i|i'  publier  dans  «  l'Kdueateur  uiodiTUc  ».  la  tivs  iiitéressanle  revue  l'ondée  et 
diri^'ée  par  nuire  colIrL'ui'  le  l)i  l'aul  {{(imour  en  collaboration  avec  le  D""  Jcau 
riiilippe  '. 

i'.tant  données  les  eri(i<pies  Imuuilees  eiudrela  méthode  olïieielle  d'enseipne- 
uienl  du  dessin,  par  les  partisans  di'  la  mélhode  intuitive,  je  me  suis  altarlié 
j"!  rechercher  jus(ju";"i  tpiel  pitii'.t  ces  critiques  étaient  léiçiliines.  j^i  méthode 
employée  actuellement  étant  basée  sur  la  raison,  tandis  «pie  la  méthode 
adverse  repose  uniquement  sur  le  sentiment,  Je  pense  (pi'il  serait  l'Aeheux  de 
vdii'.  dans  l'enseignement  général  (pii  n'a  pas  pour  but  de  former  des  artistes, 
la  preiuiére  remplacée  exclusivement  par  la  seconde.  .Mais  je  crois,  et  c'est  là  ma 
conclusion,  «pie,  dans  une  certaine  mesure,  elles  piinrraieul  tHre  associées 
l'une  à   l'autre. 

Zahokowski.  —  Les  conclusions  de  M.  Cuyi'r  m'  seront  pas  contestées  par 
ceux  qui  sont  au  cnurant  des  nécessités  de  renseignemenl. 

W  Louis  Dubreuil-Chambardei.  (de  Tdm-s).  —  .le  lais  hommage  à  la  Société 
d  iiu  exemplaire  de  mon  travail  sui-  les  Tniiis  tle  la  .'<i/mp/ii/s('  du  menton. 
I»aus  cette  note,  j'ai  cherché  à  fixer  la  morphologie  des  trous  et  des  canaux 
qui  traversent  la  sympinse  du  maxillaire  inférieur  et  j'ai  d(''crit  un  trou  et 
iiu  canal  sus-géniens,  un  trou  et  un  canal  inira-géniens,  un  trou  et  un  canal 
sous-géniens.  Les  premiers  qui  existent  normalement  chez  les  singes  inférieurs, 
et  à  titre  exceptionnel  chez  les  anthropomorphes,  constituent  une  variation 
auatomique  d'ordre  réversif.  Les  derniers  qui  n'existent  dans  aueuu  groupe 
zoologique  sont  liés  à  la  présence  des  os  meiitouniers.  qui  sont  spéciaux  à 
l'homme,  et  constituent  une  variation  d'ordre  progressif.  La  dill'érence  de 
vascularisaliou  vient  conlirmer  cette  diversité  d'origine;  h;  canal  sous-génien 
étant  irrigué  par  une  artériole  issue  de  l'artère  sublinguale  ;  le  canal  sous- 
génien  recevant  une  branche  de  l'artère  sous-mentale. 

.\u  nom  du  l)""  René  Héron  (de  Tr)urs),  je  dépose  îi  la  bibli(ilhèr|ue  de  la 
Société  un  exemplaire  de  son  important  mémoire  sur  les  Clinodartiilics  laté- 
rti/t's  coiu/énitdh's.  Aucun  li'avail  d'ensemble  n'avait  encore  été  fait  sur  les 
déviations  digitales  et  jusqu'à  présent  on  ne  trouvait  dans  la  littérature  rpie  des 
observations  isolées.  L'auteur,  s'inspirant  des  doctrines  de  l'Kcole  de  Tours, 
étudie  d'abord  les  déviations  normales  des  doigts,  puis  les  déviations  amu'males 
qui  sont  de  deux  ordres  suivant  (pi'elles  exagèrent  la  disposition  normale  ou 
suivant  ipi'elles  sont  en  sens  inverse  de  cette  dispositimi  normale.  DiscidanI  de 
très  près  les  dillérentes  théories  proposées  pour  expliipier  l'aïqiosition  de  ces 
variations,  il  démontre  leur  origine  osseuse  et  lait  remaïquei'  leur  caractère 
nettement  héréditaire  (|ui  conlirnu- la  loi  de  Mcndel.  (.i-  travail  illustré  de  noni- 
breuses  photographies  et  radiographies,  riche  en  observations  originales,  fixe 
un  fait  curieux  d'aualomie  humaine. 


•  Henry  Paulin  et  C'e,  éditeurs,  Paris. 


48.\  20    DKCEMIIRK     inOG 

La  Socirto  a  roçu  la  Icllro  siiivanti-  (|u  fllr  est  liciiivuse  dinsrrci-  <lans  ses 
Bulletins  : 

€  Fusagasuga  (Colombie),  le  2b  août  lOOfci. 
«  Monsieur  le  Président  de  la  Société  d' Anthropologie  de  Paris. 

•(.  .lai  Ihonneurilo  vous  remeltre  une  pioce  assez  curieuse  pour  quelle  puisse 
être  dans  les  galeries  de  votre  Musée.  Il  s'agit  d'un  hamac  que  jai  acheté  aux 
Indiens  de  la  rivière  du  Vichada  dans  les  pampas  de  Cundimamarca  à  l'est  de 
la  Colombie. 

«  Le  travail  est  bien  solide  pour  faire  le  filet  capable  de  soutenir  le  poids 
d'une  personne  couchée  :  il  est  tissé  avec  la  matière  textile  extraite  d'un  palmier 
qu'on  appelle  moriche. 

«  La  corde  ci-jointe  qui  sert  pour  attacher  le  hamac  aux  arbres  et  aux  pieux 
est  tirée  d'une  plante  «  le  Ilenequen  ». 

«  C'est  le  seul  lit  connu  dans  ces  endroits  et  il  n'est  pas  possible  de  coucher 
d'autre  manière  à  cause  du  climat  et  des  inondations:  le  terrain  est  tout  à  fait 
plat  et  très  humide  par  la  pluie  et  les  forêts  :  on  n'y  trouve  ni  pierres,  ni 
cailloux  d'aucune  espèce. 

a  Les  Indiens  du  Vichada  disparaissent  de  jour  en  jour  faute  d'une  bonne 
nourriture  :  ils  mangent  du  poisson,  de  la  banane  et  de  la  yuca. 

ft  Ils  parlent  à  peine  quelques  mots  d'espagnol  et  le  mot  le  plus  affectueux  est 
mon  beau  frère  quand  ils  distinguent  quelqu'un. 

«  Les  indiens  du  Vichada  sont  brun  foncé,  petits,  trapus,  peau  lisse,  sans 
barbe  et  vont  au  soleil  sans  chapeaux  et  ils  travaillent  ainsi  du  matin  au  soir. 

«  Pour  tout  vêtement,  ils  portent  une  toile  dans  les  parties  honteuses  par  devant 
et  par  derrière,  et  demandent  pour  leur  salaire  des  rubans,  bagues,  boucles 
d'oreilles,  chapeaux  et  leur  manière  de  compter  est  d'une  l'une  à  l'autre. 

«  Quand  on  arrête  son  canot,  ils  demandent  du  sel,  chapeaux,  toiles  ou  étoffes 

que  porte  le  voyageur,  et  à  être  baptisé  prenant  dans  ce  cas  le  nom  et  prénom 

du  parrain. 

^  M.  AvA. 


EXOSTOSES  DU  FEMUR 
Par   m.    le   D""   F.    Delisle. 

Dans  .son  travail  sur  le  Pithécanthropus  Erectus,  iM.  le  D'  Dubois  a 
figuré  un  fémur  exhumé  à  quelque  dislance  de  la  calotte  crânienne  du 
Trinil.  Une  particularité  de  cette  pièce,  fort  intéressante  du  reste  a  d'autres 
points  de  vue,  c'est  la  présence  d'une  exoslose  étendue  au  sujet  de  laquelle 
M.  Dubois  a  donné  une  interprétation  erronée  en  la  regardant  comme  la 
conséquence  d'un  anévrisme. 

M.  Manouvrier  en  a  au  contraire  parfaitement  expliqué  la  nature,  mais 
il  a  été,  à  notre  avis,  trop  loin  en  disant  au  sujet  de  celte  exostose  «  qu'il 
«  s'agit  d'une  anomalie  extrêmement  rare,  au  point  qu'elle  n'a  probablement 
«  jamais  été  observée  à  ce  degré  dans  l'espèce  humaine.  » 

Très  certainement  M.  le  D' Manouvrier  ne  s'était  pas  préoccupé  de  savoir 


V.   DKLISLE.  —  EXOSTOSES  DL'   FKMlll  iH'\ 

ce  (lue  pouvaient  posséder  les  collections  des  diiïéients  établissements 
scientifi<iue.s  à  sa  portée,  sans  cela  il  n'auiail  pas  é'té  aussi  anirniatif. 

Les  collections  ostéolo^iquesdu  Lahoratoiie  d'Anthropologie  du  .Miis(Mnn 
d'histoire  naturelle  possèdent  un  assez  grand  Uduilire  de  fémurs  liiuuains 
porteurs  d'exostoses,  mais  toutes  n(;  présentent  pas  les  mêmes  caraelèrfs 
au  point  de  vue  de  la  cause  génératrice,  du  développement,  de  la  situation 
sur  l'os,  etc. 

La  plupart  de  ces  pièces  ont  été  réunies  dans  le  courant  du  xvni'"  siècle 
et  font  partie  de  ce  lot  de  la  collection  ipii  constituait  le  Cabinet  du  Jardin 
du  Roi. 

Parmi  ces  pièces  se  trouve  un  fémur  dont  l'extrémité  inférieure  manque. 
Voici  la  description  telle  qu'elle  est  donnée  dans  1'  «  Histoire  natu- 
relle générale  et  particulière  avec  la  description  du  cabinet  du  Hoy  », 
T.  3%  p   89,  n°  CLXXIIL  Autre  exostose  sur  un  os  de  la  cuisse. 

«  Celte  exostose  est  au-dessous  du  petit  Irochanter,  sa  forme  est  fort 
irrégulière,  ce  sont  des  lames  allongées  qui  forment  des  espèces  d'arcades 
sur  l'os,  ou  qui  se  terminent  en  pointes  plus  ou  moins  acérées.  Les  plus 
grands  intervalles  n'ont  pas  un  demi-pouce  dans  la  dimension  la  plus 
grande,  et  les  pointes  les  plus  longues  n'ont  pas  un  pouce;  on  voit  par 
l'une  de  ces  lames  qui  a  été  entamée,  (jue  la  substance  osseuse  est  fort 
compacte,  et  par  conséquent  fort  dure.  Il  y  a  encore  des  marques  d'exos- 
tose  sur  la  partie  inférieure  de  cet  os,  et  il  a  été  scié  à  quelque  di-tance 
de  son  extrémité;  on  reconnaît  par  cette  coupe  que  la  partie  solide  de  l'os 
est  plus  compacte,  et  le  tissu  cellulaire  plus  serré  et  plus  dur  qu'à  l'ordi- 
naire. » 

Cette  pièce,  sans  être  absolument  identique  au  fémur  du  Trinil,  a  son 
exostose  dans  la  même  région,  au  voisinage  et  au-dessous  du  petit  tro- 
chanter,  région  d'insertions  musculaires.  La  partie  inférieure,  c'est  à-dire 
une  partie  du  corps  de  l'os  et  les  condyles  manquent,  mais  il  y  a  l'indice 
de  lésions  pathologiques  qui  se  manifestent  par  une  couche  d'os  nouveau 
et  on  pourrait  à  bon  droit  se  demander  si  on  ne  se  trouve  pas  en  présence 
d'un  travail  de  néo-formation  se  rattachant  à  une  syphilide  gommeuse. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  présenter  aussi  un  fémur  de  nègre  trouvé 
dans  une  sépulture  sur  le  terre  plein  de  Grand-Bassam,  Côte  d'Ivoire,  par 
le  Docteur  Henri  Vergoz,  médecin-major  des  troupes  coloniales  en  1899. 

Cette  exostose  située  vers  le  milieu  de  la  face  postérieure  du  fémur  olfre 
une  forme  particulière  en  crochet  et  paraît  correspondre  à  une  partie  de 
l'insertion  du  muscle  crural.  Des  faits  analogues  ont  été  signalés  sur  des 
sujets  de  race  blanche  (Bulletin  de  la  société  anatomique). 

Les  exostoses  sont  certainement  plus  fréquentes  qu'on  ne  peut  le  sup- 
poser, mais  par  suite  des  circonstances  ordinaires  de  la  vie.  ce  n'est  que 
par  exception  qu'on  peut  l<;s  observer  et  elles  ne  sont  pas  spéciales  h  telle 
ou  telle  race  humaine. 


^^^  20    DKCEMHItK    l\m 

Discussion. 

M.  l'M'ii.i.AiLT.  —  L^'s  itiv.s(Mil;ili<)iis  de  M.  Delislo  suiil  fort  inléres- 
Siuitos.  Kllfs  prouvent,  en  ell'et,  (|ue  les  exustoses  du  Pithecanlrope  ne 
sont  pas  très  rares.  On  les  avait  signalées  en  Allemagne  depuis  longtemps 
sous  le  nom  de  maladie  des  cavaliers;  mais  des  observations  ultérieures 
ont  montré  qu'i^lks  se  rencontraient  chez  des  personnes  qui  n'avaient  ja- 
mais connu  réquitation.  En  dehors  des  abcès  locaux,  il  faut  sans  doute 
songer  à  des  myosites  interstitielles  avec  ossification  progressive  plus  ou 
moins  généralisée. 

M.  Mau(]f:i.  BAunniiN.  —  A  mon  avis,  la  pièce  ancienne,  provenant  du 
Jardin  du  lloi,  présentée  par  M.  Delisle,  est  patlioloffique.  On  trouve  des 
traces  de  lésions  osseuses,  remontant  des  condyles  sur  la  face  antérieure  du 
fémur,  et  allant  en  diminuant  de  bas  en  haut,  comme  si  l'apparition  avait 
débuté  par  le  genou  ;  par  suite,  les  osteopliyles  de  la  région  sous-trochan- 
térienne  doivent  être  dues  à  une  ostéopériostite  de  même  nature.  —  Quant 
à  l'autre  pièce,  il  semble  qu'il  s'agisse  de  V ossification  d'une  insertion  tendi- 
neuse, au  niveau  du  milieu  de  la  ligne  .-^pre.  On  a  parlé  des  ostéomes  des 
cacatiers;  je  rappelle  que,  quand  ils  adhèrent  aux  os,  c'est  surtout  du  côté 
du  pubis  que  cela  s'observe,  si  mes  souvenirs  sont  exacts,  et  que  leurs 
adhérences  ne  sont  pas  souvent  osseuses. 


DEUXIEME  NOTE  SUR  LA  LANGUE  SCROTALE 
Par  m.  le  D""  Louis  Dubreuil  Chambardel  {de  Tours). 

Vous  me  permettrez  de  revenir  sur  un  sujet  qui  a  fait  déjà  l'objet  d'une 
communication  de  ma  part  :\  l'une  de  vos  précédentes  séances  :  la  langue 
scrotale  ou  langue  plicaturée  ' .  Je  le  fais,  parce  qu'ayant  eu  l'occasion  de  ren- 
contrer en  août  dernier  un  cas  très  typique  de  cette  curieuse  variation 
anatomique,  j'ai  pu  vérifier  chacune  des  conclusions  que  je  posais  ici  en 
juillet  et  faire  quelque  nouvelles  constatations  sur  lesquelles  je  crois 
devoir  insister,  par  suite  de  l'importance  qu'elles  peuvent  avoir  en  an- 
thropologie. 

\oic[  tout  d'abord  l'observation  détaillée  de  ce  nouveau  cas,  prise  à 
l'Hôpital  militaire  de  Tours  le  8  septembre  1906  par  M.  Seigneur,  étudiant 
en  médecine  : 

*  Cf.  Louis  DubreuilChambardel  :  Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Pa- 
ris, 1900,  no  4. 

Id.  :  Quelques  coDsidération.s  sur  la  langue  scrotale,  in  Archives  générales  de  Mé- 
decine, Nov.  1906;  Gazette  Médicale  du  Centre,  15  dèc.  190G;  Province  Médicale, 
janvier  1907. 


Df»RFA'll.-(:il\Mll\Hlti:i,.   —  I.A   LANGUE  sr.KOTALB 


4«? 


Eugène  Sa...,  Agé  (W -H)  ans,  wi^  ;'v  Au.vt'rro.  einploy»^  lie  foiniiuTce, 
acluellemonl  soldai  au  »j»>^  <!•'  ligne,  est  eiilréà  riln[»ital  inililaire  deTours, 
division  lies  contagieux,  salle  A,  lit  1.  |i<>ui'  ilyseiilerie. 

Àt,tfét^dcnls  hi'-ri'thlan-fs.  —  Le  pt'-re  (V)-!  ans),  aurait  eu  des  attaques  de 
'nerfs  (f)  il  y  a  i|uel(|ues  années;  la  mère  (48  ans),  est  artliritiiiue.  Les 
grands-parents  paternels,  Agés  de  î>;{  et  ',»!>  ans,  sunl  en  parfaite  santé. 
Ni  frères,  ni  soeurs. 

ÀnÛcéâents  pei.wnnrls.  —  S...  a  eu  dans  son  enfance,  jusqu'à  ITl  ansdes 
bronchites  fréquentes.  A  8  ans  il  a  eu  la  rougeole  avec  épislaxis  A  11  ans 
il  a  eu  successivement  la  scarlatine,  ladolhiénentérie,  un  ictère.  (Juelques 
mois  après  il  a  souffert  d'un  urticaire  (1)  qui  reparut  pendant  plusieurs 
hivers  consécutifs  et  nécessita  un  traitement  de  6  mois  à  l'Jlùpital  Saint- 
Louis  à  l'aris.  A  16  ans  il  a  eu  la  coiiueluclic.  Enfin,  à  plusieurs  reprises 
il  a  eu  des  aphtes  localisés  à  la  pointe  de  langue  et  de  légères  amygda- 
lites. Il  n'y  a  chez  lui  aucun  symptôme  de  syphilis,  de  rhumatisme,  ni 
d'épilepsie, 

ËMmen  (k  la  bouche.  —  Le  maxillaire  inférieur  est  large  et  nettement 
hyperholique.  L'indice  maxillaire  est  deGl,9  Les  dents  sont  helles  etim-. 
plantées  très  régulièrement  sur  une  large  arcade.  Il  n'y  a  pas  de  malfor: 
roation  de  la  voûte  palatine.  Le  système  s^livaire  est  lrt?s  dévejoppé;  la 
houche  est  toujours  humectée  par  de  la  saliyç  ^bonc)ante.  S...  déclare (ji^^ 


photo.  Sijhoot's. 


iH8  20    DKCEMlIltK    lUOC) 

tous  les  malins,  ;i  son  rt'veil,  son  oreiller  osl  humide  ii  cause  de  la  salive 
perdue  pendant  la  nuit,  les  glandes  sublinguales  sont  représentées  par 
deux  masses  volumineuses  qui  sailllenl  sur  le  plancher  de  la  bouche.  Il 
n'y  a  pas  de  végétations  adénoïdes  et  les  amygdales  palatines  et  linguales 
sont  normalement  développées. 

Examen  de  la  langue.  —  La  langue  est  large,  étalée,  de  couleur  unifor- 
mément rouge;  le  sillon  médian  est  à  peine  indiqué  ailleurs  qu'à  la  pointe. 
Sur  toute  la  face  supérieure  de  l'organe  on  remarque  des  sillons  en  assez 
grand  nombre,  dont  quelques-uns  arrivent  sur  les  bords  qu'ils  incisent 
largement.  Ces  sillons  sont  à  direction  transversale.  Ils  existent  aussi  sur 
les  marges  de  la  face  inférieure.  Assez  profonds  de  (0  m.  001  —  0  m.  002) , 
à  la  partie  antérieure,  ils  s'atténuent  bientôt  de  plus  en  plus  à 
mesure  que  l'on  approche  du  V  lingual,  mais  existent  encore  dans  la 
région  pharyngienne.  Ils  sont  courts;  leur  longueur  n'excède  pas 
0  m.  010  —  0  m.  015.  Leur  largeur  est  de  0  m. 0015  en  moyenne  D'après 
S...,  ces  sillons  existaient  dès  sa  naissance.  Le  V  lingual  est  normal, 
mais  on  remarque  une  hypertrophie  papillaire  se  continuant  jusque  sur 
la  face  pharyngienne.  Les  veines  et  les  artères  ranines  sont  très  saillantes 
sur  les  cotés  du  frein  de  la  langue. 

En  résumé,  S...  présente  un  bel  exemple  de  langue  scrotale  congénitale 
à  type  transversal.  On  n'a  pu  vérifier  si  d'autres  membres  de  sa  famille 
avaient  cette  même  anomalie. 

Examen  de  la  salive.  —  L'examen  de  la  salive  a  pu  être  fait  par  M.  E. 
Michelon,  pharmacien  à  Tours,  qui  nous  a  rerais  la  note  suivante  : 

EXAMEN    d'un    ÉCHANTILLON    DE    SALIVE 

Cette  salive  au  moment  de  son  prélèvement  était  incolore,  un  peu  opa- 
lescente, filante,  à  réaction  presque  neutre,  tendant  plutôt  vers  une  très 
légère  alcalinité. 

Analysée,  elle  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Extrait  sec 1  gr.  50  I 

Eau 98  er.  00  (  ,„^  ,        ,. 

p,  ,  n  "     o«  /  pour   100  {grammes    de  salive. 

Clilorures 0  gr.  22  i 

l^hosphate de  soude..      0  gr.  18  I 

Comparant  ces  résultats  à  ceux  donnés  par  Jambowitsch  pour  unesalive 
moyenne,  nous  voyons  que  la  quantité  des  éléments  qu'elle  renferme 
est  environ  le  i/3  de  la  dose  normale,  ce  qui  n'a  pas  lieu  de  surprendre  le 
sujet  salivant  très  abondamment. 

La  quantité  de  salive  recueillie  étant  très  faible,  il  m'a  été  impossible 
de  doser  la  ptyaline,  mais  les  résultats  précédents  permettent  d'en  évaluer 
la  quantité  à  environ  0  gr.  60  0/0. 

Dans  cette  observation  nous  retrouvons  les  différentes  particularités 


DUBREUIL-CHAMBARDEL.  —   LA    LANtilE  SClloTAl.F,  489 

qui  constituent  le  coinplexus  anatoiniiiue  do  la  langue  srrotalc  et  que  nous 
avons  signalées  précédeuiinent  : 

i"  Largeur  de  l'organe  très  manifestement  exagérée; 

2°  Sym-Hrie  parfaite  des  sillons  latéraux  par  rapport  au  sillon  médian  ; 

3°  Augmentation  de  largeur  du  maxillaire  inférieur; 

40  Régularité  absolue  et  bonne  conservation  du  système  dentaire; 

5°  Hypertrophie  très  nette  du  système  salivaire. 

Ce  sont  ces  cinq  particularités,  que  nous  avons  trouvées  constamment 
dans  toutes  nos  observations,  qui  caractérisent  cssentiellemet  l'anomalie 
en  question. 

Indice  maxillaire.  —  Nous  avons  es-ayé  de  déterminer  la  largeur  du 
maxillaire  inférieur  par  une  formule  précise  et  nous  avons  pensé  qu'il  y 
aurait  peut-être  intérêt  à  établir  un  indice  maxillaire.  Cet  indice  est  cal- 
culé d'après  les  deux  mesures  suivantes  :  1"  distance  maxima  des  deux 
angles  maxillaires;  2''  distance  séparant  le  point  mcnlonnier  du  point  où 
la  ligne  perpendiculaire,  menée  de  ce  point  mcnlonnier,  coupe  la  ligne  bi- 
angulaire. 

Nous  avons,  à  l'amphithéâtre  de  l'École  de  Médecine  de  Tours,  pris, 
tant  sur  le  squelette  que  sur  le  cadavre,  de  nombreuses  mensurations  sur 
des  sujets  tourangeaux,  et  nous  avons  pu  constater  que  l'indice  maxil- 
laire ainsi  calculé,  variait  dans  de  grandes  proportions  de  77  à  68.  Nous 
avons  essayé  d'appliquer  cette  méthode  sur  le  vivant,  et,  bien  que  la  tech- 
nique soit  assez  délicate,  nous  avons  été  conduit  aux  mêmes  résultats. 
Nous  présenterons  d'ailleurs  ultérieurement  une  note  à  la  Société  d'An- 
thropologie dans  laquelle  nous  donnerons  le  détail  de  nos  recherches  sur 
cet  indice  maxillaire. 

Je  tenais  cependant  à  entrer  dans  ces  quelques  explications  pour  dire 
que  chez  tous  les  sujets  porteurs  de  langue  scrotale,  que  nous  avons  exa- 
minés, cet  indice  maxillaire  a  toujours  été  trouvé  plus  petit  que  l'indice 
moyen.  Dans  l'observation  que  je  présente  aujourd'hui  l'indice  maxillaire 
était  de  61,9.  Dans  d'autres  nous  avons  trouvé  :  65,4;  64,3;  63,2;  67,  etc. 

11  était  donc  intéressant  de  constater  cette  plus  grande  largeur  du 
maxillaire  inférieur,  coïncidant  constamment  avec  l'exagération  de  lar- 
geur de  la  langue.  Y  a-l-il  là  une  relation  de  cause  h  effet?  Nous  serions 
assez  tenté  de  l'admettre. 

Hypertrophie  salivaire.  —  Nous  avons  signalé  parmi  lespartieularités  de 
la  langue  scrotale,  l'hypertrophie  du  système  salivaire.  Ce  fait  est  très 
manifeste  dans  l'observation  que  nous  donnons  ici.  Les  glandes  submaxil- 
laires et  sublinguales  sont  très  facilement  appréciables  et  manifestement 
augmentées  de  volume.  Les  glandes  parotides  forment  de  cha(iue  côté  de 
la  face,  des  masses  saillantes  et  rénitenles,  qu'on  peut  très  aisément  pal- 
per. La  salive  est  bien  plus  abondante  qu'h  l'état  normal  ;  le  sujet  se  plaint 
d'avoir  toujours  la  bouche  humide  et  d'être  obligé  de  cracher  souvent; 
chaque  matin  à  son  réveil  son  oreiller  est  abondamment  mouillé  par  la 


490  -t)    UKCEMIIUK    1900 

salive  qu'il  a  perdue  la  nuil.  iNous  en  avons  fait  faire  l'analyse  chimique 
par  M.  E.  Michelon,  et  il  a  été  reconnu  que  la  quantité  des  éléments  de  la 
salive  est  d'environ  un  tiers  de  la  dose  normale.  Cela  n'est  pas  pour  nous 
surprendre  puisque  le  sujet  salive  très  abundamment.  Dans  les  :24  heures 
la  quantité  de  ces  éléments  ne  sérail  donc  pas  supérieure  à  celle  produite 
par  un  homme  normal,  mais  se  trouverait  diluée  dans  un  liquide  bien 
plus  abondant. 

HégularUê du  système  deniain'.  —  l'our  ce  qui  est  du  système  dentaire 
notre  attention  a  été  portée  sur  les  trois  points  suivants  :  1°  régularité  des 
dents,  implantées  sur  une  large  arcade  (les  dents  sont  très  belles,  régu- 
lièrement espacées,  d'un  développement  normal);  2"  bon  Hat  de  conserva- 
tion des  dents  qui  sonl  rarement  et  tardivement  cariées;  3°  précocité  des 
cinquièmes  molaires  ([ui  souvent  ont  apparu  chez  nos  sujets  dès  l'âge  de 
15  ans  et  sont  volumineuses. 

Voici  donc  toute  une  série  de  constatations  qui  rendent  particulière- 
ment attrayante  l'étude  de  cette  curieuse  variation  anatomique.  Quelle  est 
l'origine  de  cette  variation?  Nous  avons  déjà  dit  qu'elle  ne  pouvait  être 
considérée  comme  un  symptôme  d'hérédité  pathologique;  nous  avons 
signalé  aussi  son  caractère  nettement  héréditaire  et  familial.  Nous  ajou- 
terons qu'on  ne  saurait  le  prendre  pour  un  stigmate  de  dégénérescence; 
rien,  dans  nos  observations,  ne  pouvant  appuyer  cette  hypothèse. 

On  nous  permettra  de  ne  pas  entrer  plus  avant  dans  l'explication  des 
faits.  Nous  franchirions  la  barrière  qui  nous  sépare  du  domaine  des 
théories. 

Discussion. 
Le  D''  Rivet  s'étend  sur  l'hérédité  de  la  langue  scrotale. 


TOUKOU    LE   HAOUSSA 
Souvenirs  de   laboratoire. 

Par  m.  E.  A.  Hamy 

Président  de  la  Société. 


.î'ai  eu  longtemps  pour  modèle  au  Muséum  un  nègre  de  race  supérieure, 
d'une  plastique  assez  remarquable  pour  avoir  fixé  l'attention  d'artistes 
tels  que  Benjamin  Constant  ou  Tony  Noël.  Toukou  —  c'est  son  nom,  — 
Haoussa  de  race,  posa  en  eiïet  pour  le  célèbre  tableau  du  premier  de  ces 
msi\lrt's,l' Entrée  de  Mahomet  11  à  Conslantinople  et  il  n'est  autre  qu'un  de  ces 
superbes  gladiateurs,  modelés  par  le  second  pour  le  vestibule  du  nouvel 
Hôtel  de  Ville  de  Paris. 


E.-T.    IIAMY.    —    TOUKOl'    LE    HAOUSSA  4'J  1 

J'avais  connu  le  personnage  a  l'hùpital  Cuchin  où  mun  ami  feu  le 
D'  Desprôs  me  l'avait  présenté,  et  comme  il  montrait  une  morphologie  très 
caractéristique,  je  l'employais  pour  les  démonstrations  antliropométriipies 
que  j'avais  instituées  pour  les  voyageurs  dans  mon  vieux  laboratoire  de 
la  lUie  Cuvier. 

Nous  avons  mesuré  et  remesuré,  dessiné,  plioti>grapliié.  moulé  notre 
modtMe,  j'ai  donné  le  profil  de  son  buste  en  plâtre,  réduit  au  (juart,  dans 
les  Crania  Elhnica  *,  mais  son  obsenmtion  est,  je  ne  sais  pourquoi,  demeurée 
inédite.  Or,  comme  le  sujet  asa  valeur(7//H/y«<'inlrinsè(pieet(ju'ila  fourni  en 
outre  le  modèle  d'œuvres  d'art  justement  célèbres,  je  crois  bon  d'olTrir  à 
la  Société  ce  document,  sur  lequel  je  viens  de  remettre  la  main,  en  y  joi- 
gnant des  commentaires  iii(lis[K'nsables. 

Ouelques  mots  d'abord,  si  vous  le  voulez,  pour  bien  «Hablier  l'oiigine 
très  authentique  de  cet  intéressant  sujet.  Toukou  est  né  dans  la  banlieue 
de  Sokoto  ou  Sakatou,  la  capitale  de  l'Etat  llaoussa  sur  les  bords  du 
Goubbi  N'  Sokoto,  allluent  de  gauche  du  Niger.  Il  avait  gardé  le  souvenir 
très  net  des  cases  rondes  de  son  village  natal  et  de  sa  pauvre  mère  en- 
levée avec  lui  dans  une  razzia  par  des  hommes  rouges  (jui  ne  peuvent  être 
que  des  Foulahs. 

Vendu  et  revendu  h  travers  le  pays  noir,  marqué  chaque  fois  d'une 
nouvelle  cicatrice  sur  le  front  ou  sur  les  joues,  Toukou  avait  enfin  trouvé 
la  liberté  un  jour  que  ses  derniers  maîtres  s'étaient  fait  prendre  par  un 
goum  algérien  ;  il  pouvait  avoir  alors  de  7  à  8  ans. 

On  plaça  le  jeune  libéré  dans  le  village  noir  d'Oran  oîi  il  fut  bap- 
tisé sous  les  prénoms  de  Pierre-Martin  et  à  dix-huit  ans  il  entra  au 
2"  tirailleurs  avec  lequel  il  fit  la  guerre  en  Crimée,  où  il  gagna  leMédjidié 
qu'il  portait  en  en  cachant  le  vert,  —  petite  supercherie  que  les  noirs  ne 
sont  pas  les  seuls  à  commettre. 

Son  congé  terminé,  il  venait  en  France,  épou.sait  à  Paris...  une  blan- 
chisseuse et  protégé  par  un  de  ses  anciens  officiers,  il  devenait  concierge 
d'un  immeuble  de  la  place  de  Grève.  Quand  je  l'ai  connu,  Toukou 
posait  chez  les  artistes  et  vivait  assez  largement  de  ses  gains. 

Fort  glorieux  des  compliments  que  lui  avait  valu  sa  plastique  de  la 
part  d'artistes  en  renom,  il  portait  beau,  suivant  une  expression  courante. 

Toujours  correctement  vêtu,  linge  blanc,  cravate  de  soie  de  couleur 
voyante,  gants  jaunes  à  barrettes  rouges,  le  ruban  à  la  boutonnière, 
vous  l'auriez  pris  pour  quelque  diplomate  haïtien,  n'était  son  type  qui  avait 
quelque  chose  de  bien  spécial  et  ses  cheveux  qu'il  serrait  d'un  cordon  au- 
dessus  du  vertex  et  dissimulait  dans  son  haut  de  forme,  les  laissant 
retomber  en  mèches  floconneuses  quand  il  prenait  la  pose.  Cette  chevelure 
avait  l'aspect  que  les  planches  des  anciens  voyages  donnent  aux  per- 
ruques des  Tasmaniens  aujourd'hui  disparus;  c'étaient  de  longs  entor- 
tillements cylindriques  qui  foisonnaient  en  manière  d'anglaises  crépues, 


»  Cran.  Ethnie,  fig.  309,  p.  348. 


492  20  DKCEMDiiK  lOOn 

de  10  à  15  cenlimèlres  de  longueur,  tout  autour  de  la  tôte  *.  Cette  coiffure 
donnait  à  Toukou  une  très  originale  sauvagerie.  Je  n'ai  jamais  revu 
depuis  semblables  cheveux  chez  un  noir  d'Afrique  et  ce  trait  me  paraît 
tout  à  fait  caractéristique  d'une  race  à  part,  dont  notre  noir  accumulait 
d'ailleurs  les  caractères  en  les  exagérant. 

•  Sa  couleur  de  peau  était  d'un  ton  chocolat  tirant  un  peu  sur  le  brun 
jaune-brun  dans  les  parties  le  plus  claires,  les  paumes  des  mains,  les 
plantes  des  pieds  correspondaient  aux  n'^»  30-40.  L'iris  était  noir  (n»  1), 
la  sclérotique  teintée  (n"  5).  Les  muqueuses  des  lèvres  et  des  gencives 
étaient  violacées;  les  dents  fortes,  d'un  blanc  jaunâtre,  offraient  une  usure 
très  prononcée  aux  molaires,  obliquement  taillées  en  dehors  et  en  bas. 
Les  ongles,  épais  et  arrondis^  formaient  un  peu  la  griffe,  la  lunule  s'y 
montrait  très  marquée.  La  pilosité  était  presque  nulle  ;  une  faible  mous- 
tache avec  quelques  poils  de  barbiche  et  un  semblant  de  favori  et  c'était 
à  peu  près  tout. 

La  taille  de  Toukou  était  exactement  de  1  m.  670;  assis  il  mesurait 
0  m.  860,  et  le  rapport  centésimal  du  second  de  ces  chiffres  au  premier 
était  de  514/1000.  Sa  grande  envergure  atteignait  1  m.  740  et  dépassait 
sa  taille  de  sept  centimètres,  ce  qui  donne  le  rapport  104.  1/100. 

La  distance  du  vertexau  menton  était  de  23  centimètres,  ce  qui  donnait 
au  sujet  sept  têtes  un  quart,  comme  on  dit  en  style  d'atelier. 

La  tète,  dont  les  courbes  horizontales  et  transverse  supérieure  sont 
représentées  par  0  m.  560  et  0  m.  390,  est  mésaticéphale  (d.  a.  p. 
185  mm.  d.  transv.  157  m.  ind.  ccph.  79)  reproduisant  à  peu  près  les 
formes  relalivement  arrondies  des  sujets  de  Katsena  et  de  Kano  photo- 
graphiés naguère  par  La  Gaze  du  Thiers.  Cet  indice  céphalique,  réduit  de 
deux  centièmes  suivant  les  approximations  les  plus  habituelles,  se 
ramènerait  à  77  pour  la  boîte  osseuse,  chiffre  qui  représente  le  crâne 
moyen  de  la  race  Nouba-Haoussa  d'après  de  précédentes  recherches  *. 

Les  largeurs  des  diverses  parties  de  la  face  ont  été  représentées  par  les 
chiffres  suivants  :  front,  min.  105""".;  biorb.  ext,  115,  bioculaire  externe 
100;  introculaire,  36;  distance  des  pommettes  125,  d.  bi-auricul.  130, 
bizygomalique,  140,  bigonial,  105,  largeur  des  narines,  45,  de  la  bou- 
che, 54. 

Les  hauteurs  correspondantes  sont  déterminées  par  ces  autres  chiffres  : 
hauteur  du  front  (partie  découverte)  64"'™,  du  nez  45,  de  la  lèvre  supé- 
rieure 32,  de  la  lèvre  inférieure  et  du  menton  43,  total  de  la  face  185; 
longueur  de  l'oreille  60. 

La  saillie  du  nez  ne  dépasse  pas  43'""\  les  trois  angles  faciaux  s'ouvrent 
approximativement  sur  82°,  72°  et  68'^. 

Je  renvoie  au  tableau  qui  suit  pour  les  chiffres  relatifs  au  tronc  et  aux 
membres  : 


'  En  tiraut  sur  les  plus  longues  de  c  s  luèclies.  J'ai  mesuré  16  centimcU-es. 
i  Cran.  Ethnie,  p.  330. 


K.-T.    HV.MY.    —    mi  K'.'l      I.K    lIAOlsS.V 


l'J3 


Toukûu     liolkhcii-  b>'n  Aiba       Ali  Olliinart-Ali 

Uuoussa  Hournou  Comuli  Arabo  d'Aden 

Tîiill.' .l.'l.oiil.           1.(170  1.670  I.()7U  1.070 

—  assis SiiM  700  805  808 

—  (iii  monloii 1 .457  1 .450  1 .450  1 .400 

Hauteur  au-dessus  du  sol  : 

de  l"arliculati(m  d.'  l"éi),iule...  I.;î5'»  1.300  1.380  1.400 

de  la  hanche 805  040  920  910 

de  Toinhilir 905  1.070  1.0:J0  1.010 

du  mollet 340  370  390  370 

Circonférence  de  la  tête 500  530  5 10  5 10 

Diamètre  anléro-postérieur  ma\.  185  188  190  19.5 

—  transversal  max 1.50  137  140  145 

—  frontal  minimum 105  107  120  110 

—  hi-auriculaire 130  123  140  135 

—  bizygomatiquc... 140  134  130  130 

—  Bigonial 105  90  115  110 

Distance  bi-ooulaire lUO  97  117  110 

—  inter-oculair(> 30  30  30  ".^8 

Longueur  du  nez 45  49  43  00 

Largeur  du  nez 45  49  43  33 

Largeur  de  la  bouche 54  52  52  47 

Distance  des  seins 205  184  210  210 

Largeur  des  épaules 390  400  420  400 

—  du  bassin 270  227  230  240 

—  dos  hanches 310  283  280  270 

(jirconférence  des  épaules 980  1 .040  1 .020  1 .000 

—  du  haut  des  seins. .  865  850  880  900 

—  de  la  taille  (min)..-  700  720  7.30  740 

—  aux  hanches 870  8.50  870  880 

—  du  bras 240  200  280  265 

—  de  la  cuisse 490  410  510  460 

—  de  la  jambe 340  290  315  315 

Longueur  du  bras 289  300  300  300 

—  de  l'avant-bras 244  290  255  265 

—  de  la  main 200  180  185  195 

—  du  membre  supérieur.  733  770  740  700 

Grande  envergure 1.740  1.800  1.770  m 

Longueur  de  la  cuisse 412  450  445  420 

—  de  la  jambe 398  430  420  405 

—  du  pied- 2.52  Ml  270  -iOO 

—  rétro-malléolaire 70  ni  02  05 

Ce  tableau  met  en  présence  les  nuMisiirations  d-Haillées  di;  noire  per- 
sonnage et  de  trois  autres  sujets  africains  de  rac-s  nelleiivMit  (lilïércnls, 
et  qui  mi-sui  aient  c.vncteiiienl  la  mèmi'  taille  (|ue  notre  Haoussa.  Ces  mesures 
sont  empruntées  au  registre  antliropumétrique  du  LahoratoiK-du  Muséum 
et  la  comparaison  des  chiffres  ainsi  rapprochés  va  mettre  en  évidence  du 
premier  coup  d'reil  une  série  de  variations  ethniques  inlére.ssanlos.On  y 
soc.  d'antubop.  1906.  ''* 


494  20   DICCEMDHE    1 90H 

verra,  par  exemple,  le  rapport  de  hauteur  de  l'homme  assis  et  debout 
varier  entre  i")")  chez  le  Uouniou  et  514  chez  nuire  ilauussa,  dont  le  tronc 
est  sensiblement  plus  long,  l^a  hauteur  de  tête  atteindra  de  21  à  22  centi- 
mètres et  la  taille  comprendra  par  suite  7  têtes  1/2  (Bournou)  à  8  têtes 
environ  (Arabe). 

i/ombilic  sera  placé  plus  bas  chez  Toukou  que  chez  tous  les  autres, 
tandis  que  ce  sera  sur  ce  sujet  qu'on  verra  le  mollet  descendre  le  plus 
bas,  le  Çomali  se  montrant  à  ce  point  de  vue  plus  nègre  que  le  Bournou. 

La  tête  plus  forte  chez  notre  ilaoussa  est  cependant  la  moins  longue 
des  quatre,  elle  est  en  même  temps  la  plus  large  et  l'indice  qui  était 
de  72  pour  le  Bournou  se  hausse  chez  lui  à  81.  Il  est  aussi  le  plus  large  de 
figure  (d.  bizyg.  140)  ;  le  nez,  surtout  sur  le  vivant,  est  sur  nos  trois  sujets 
nègres  exactement  aussi  large  que  haut,  tandis  que  sur  l'Arabe  il  est  à  la 
fois  bien  plus  haut  et  bien  plus  étroit,  la  largeur  de  la  bouche  est  aussi 
sensiblement  moindre  chez  ce  Sémite  que  chez  les  trois  nègres  qui  lui  sont 
juxtaposés.  La  racine  du  nez  est  aussi  chez  lui  sensiblement  plus  étroite 
et  l'œil  est  plus  largement  fendu. 

C'est  chez  le  Haoussa  que  l'harmonie  des  largeurs  est  la  plus  parfaite;  il 
n'a  ni  l'exagération  de  largeur  des  épaules,  ni  le  rétrécissement  extrême 
du  bassin  qui  s'accentuent  plus  ou  moins  sur  les  autres,  et  l'on  conçoit  très 
aisément  qu'il  ait  obtenu  les  préférences  d'artistes  tout  épris  de  belles  pro- 
portions tout  autant  que  de  formes  à  la  fois  élégantes  et  robustes.  Son  bras 
est  le  plus  fin  et  le  plus  court,  ses  proportions  relatives  sont  bien  plus  avanta- 
geuses que  celles  du  Bournou  dont  l'avant-bras  est  relativement  si  allongé. 
La  grande  envergure  est  aussi  bien  moindre  chez  le  Haoussa  que  chez 
le  Bournou. 

Ses  jambes  sont  plus  courtes,  son  pied  est  plus  petit,  mais  la  partie rétro- 
malléolaire  est  relativement  plus  longue  et  ce  dernier  caractère  se  montre 
très  apparent  dans  le  dessin  à  l'échelle  qui  accompagne  cette  rapide 
description. 

Je  dois  ce  dessin  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  en 
terminant  cette  courte  lecture  à  l'habile  et  patient  crayon  de  mon  vieil 
ami  Duhousset  dont  vous  avez  si  souvent  eu  roccasion  d'apprécier  l'exac- 
titude artistique. 

Toukou  est  mort  sans  enfants,  il  y  a  quelques  années.  Enterré  chré- 
tiennement dans  une  concession  à  long  terme,  il  ne  nous  a  laissé  de  sa 
précieuse  personne  (en  dehors  des  œuvres  d'art  que  j'ai  déjà  citées  et  de 
quelques  autres  qui  se  retrouveront  sans  doute  dans  les  ateliers  parisiens) 
qu'un  buste  moulé  par  Slahl,  des  photographies  et  une  mèche  de  ces 
cheveux  caractéristiques  dont  j'ai  dit  un  mot  plus  haut. 

On  n'a  gardé  de  lui  dans  son  quartier  que  le  vague  souvenir  d'un 
prince  noir,  qui  fut  concierge  et  modèle.  Il  avait,  en  effet,  réussi  à  se  faire 
passer  dans  son  entourage  comme  un  grand  seigneur  déchu.  «  Dans  mon 
pays,  disait-il,  plus  on  a  d'incisions  à  la  figure  et  plus  on  est  noble.  »  Et 
comme,  vendu  tant  de  fois,  il  était  zébré  de  cicatrices  sur  le  front  et  les 
joues,  les  voisins  en  concluaient  qu'il  était  au  moins  fils  de  roil 


E.-ï.    IIAMV.    TOlKiil      I.E    llAlil  SSA 


49r> 


'l'oiik(jii    le  lliiuiis>.i 
d'apivs  iiii  ■l.ssiii  à  1/10  de  M.  le  Colonfl  Duhousset 


496  20   DKCEMHUE   190C 

.r.iHjuelque  part  une  carie  de  visil»'  (lu'il  m'a  remise  une  des  dernières 
fois  que  je  l'ai  vu.  VA\e  était  ainsi  formulée  : 

Snid,  de  Tombonclou,  modèle  de  premier  choix  dans  les  genres  Al(/érien  et 
Orienta  l. 

Et  comme  je  lui  observais  qu'il  avait  changé  son  nom  et  celui  de  son 
pays  d'origine,  il  me  répondit  sans  sourciller  :  Cela  fait  mieux! 

Saïd  ou  Toukou,  le  prince  a  sa  statue  dans  notre  palais  municipal,  mais 
celte  gloire  anonyme  ne  sullit  pas  à  sa  naïve  vanité.  Je  grave  donc  sur  le 
socle  de  bronze  son  nom  désormais  impérissable,  à  côté  de  celui  du  grand 
artiste  qui  a  immortalisé  les  traits  de  l'esclave  de  bronze  de  Toukou  le 
HaoKSsa  ! 


M.  Choqubt  fait  une  communication  sur  :  Les  dents  selon  le  sexe  et 
selon  la  race  (manuscrit  non  remis). 

MiM.  Lapicque,  Baudouin  et  Papillault  font  quelques  remarques  sur  le 
travail  considérable  de  M.  Choquet. 


OUVRAGES   OFFERTS   PENDANT   LE   DEUXIÈME   SEMESTRE 

Deniker  (J.).  —  Le  Catalogue  international  de  littérature  scientifique.  {Journal 
des  Savants,  juin  1906).  Paris,  Hachette,  1906. 

Hrdlicka  (Aies).  —  Brains  und  Brain  Preservatives.  (N"  1451.  —  From  the 
Proceedings  of  the  United  States  National  Muséum.  Vol.  XXX,  p.  245-320. 
ln-8,  78  p.  Washington.  Government  Printing  Office,  1906. 

Hrdlicka  (.\les).  —  Diseases  ot  the  Indians,  more  espeeially  of  the  Southwest 
United  States  and  Northern  Mexico.  (  Washington  Médical  Annals.  Volume  IV, 
no  6).  In-S»,  24  p. 

Hrdlicka  (Aies).  —  Notes  on  the  Pima  of  Arizona.  {American  Anthropo- 
logist.  Vol.  8,  n»  1.  January-March,  1906).  In-S»,  8  p.  Lancaster  The  New  Era 
Printing  Company,  1906. 

Hrdlicka  (Aies).  —  Notes  on  the  San  Carlos  Apache.  {American  Anthro- 
pologist,  vol.  VII,  no  3,  July-september,  1905).  In-8o.  16  p.  Lancaster,  The  New 
Era  Printing  Company,  1905. 

Le  Double  (Dr  A. -F).  —  Traité  des  variations  des  Os  et  de  la  Face  de  l'Homme 
et  (le  leur  signification  au  point  de  vue  de  l'Anthropologie  zoologique.  471  p., 
163  dessins  et  schémas  dans  le  texte,  par  M.  Louis  Danty-Collas  et  une  planche 
hors  texte  en  photogravure.  Paris,  Vigot  frères,  1906. 

Van  Gennep  (Arnold).  —  Mythes  et  Légendes  de  l'Australie.  Études  d'Ethno- 
graphie et  de  Sociologie.  Gr.  in-S»  de  CXVI-188  p.  Paris,  E.  Guilmoto,  1906. 

Regnault  (D""  Félix).  —  L'Évolution  de  la  Prostitution.  ln-8<»,  354  p.  Paris, 
Flammarion.  1906. 

■PiETTE  (Ed.).  —  Etudes  d'Ethnographie  préhistorique.  Vol.  VIII.  Les  Écritures 
de  l'Age  Glyptique.  {L' Anthropologie .  Tome  XVI,  janvier-février,  1905).  In-8°, 
11  p.  Paris,  Masson,  1905. 

PiETTE  (Ed.).  —  Eludes  d'Ethnographie  préhistorique.  Vol.  VIL  Classification 


OrVIlAr.ES    OKPERT- 


497 


des  st'diinenlsi  l'oniu's  dans  los  cavornes  pciidaiil  I  à;;i'  du  Ucmn'.  l'rcniior 
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Schetei.k;  (llaakon).  —  Tho  crucilorni  brooches  of  Norway  (Bergens  Muséums 
Aarbog,  1906.  N»  8).  In-8\  162  p.  witb  194  illustrations  in  tlie  loxl..  1903. 

FoiKimir.MER  (Edouard).  —  L'éclairage  dos  grottes  paléolithicpies  .levant  la 
tradition  des  monuments  anciens  {Rerue  de  l'Ecole  d' Anthropologie.  ^i'\A('n\- 
brc  1906).  lu-8'\  12  p.  Paris.  Alcan.  1906. 

GuKFRn)A-RrG<,EUi.  — Dassog.  Aussterben  dor  Noandcitlial-S|)y  Rasso  (r;/o^?/.s. 
Bd,  XC.  Nr.  16.  25  oktober  1906).  2  p.  Viewog  und    Sulin,  Braunscbwcig.  1906. 

Castelkraxco  |P.).  —  Spada  Antropoido  oTombo  Gallichc  di  Malinalo  (Varese) 
{Rivista  Archeologica  délia  Provincia  e  antira  Diocesi  di  Como.  fasr.  53-.'')4). 
20  p.  Milano  Tipografia  Editrice  L.  F.  Cogliali.  1907. 

Bertu.lo.n  (Jacques).  —  Rapport  sur  les  relations  entre  la  mortalité  et  la 
natalité  dans  les  différents  pays  do  l'Europe  et  notamment  on  Franco.  24  p. 
Montévrain.  Imprimerie  Typograpliicpie  de  l'Ecole  d'Alembert.  1903. 

CvYER  (Edouard).  -  L'Enseignement  ilu  dessin  plasiiipie  (L'Fducal<-ur  Mo- 
derne, décembre  1906.  Paris.  Henry  Paulin.  1906. 

Hrducka  (Aies).  —  Analomical  observations  on  a  collection  of  Oraug  Skulls 
Irom  Western  Bornéo;  witb  a  Bibliogra|.hy  (N"  1495.  From  tho  Proceedings  of 
the  United  States  National  Muséum,  v.d.  \\\1.  pages  539-568).  Washington. 
Government  Printing  ollice.  19011. 

DinHi-ni.-CuAMHAHDEi.  [W  Louisi  d.'  Tours.  —  Les  Trous  do  la  symphyse  du 


502  -20    DKCKMIIHE    1906 

menton  (Comptes-vendus  de  V Association  des  Anatomistes.  Uordcaux,  1006). 

IIkro.n  (Kont').  —  Los  (".liiKidnflvlii's  latôralos  fonf.'f'nilalos.  Tlirso  pour  le 
hoclorat  en  Médecine,  présentée  ef  soutenue  publiciuenient  hî  19  décembre  1906 
(l'niversilé  de  Bordeaux,  Faculté  de  Médecine  et  de  IMiarmacie).  54  p..  in-8°. 
Honleaux.  Imprimerie  commerciale  et  industrielle.  1900. 

L.\picgi-K  (Louis).  —  Exercices  d'observation  (Lerons  de  choses).  Introduction 
A  l'étude  des  sciences  physiques  et  naturelles.  33  leçons  graduées.  -Nombreuses 
indications  d'expériences  faciles  pour  les  maîtres  et  les  élèves.  Résumés.  Ques- 
tionnaires. Lectures.  1G5  illustrations  originales.  (Enseignement  primaire.  Col- 
lection A.  Aulard.  Cours  élémentaire,  l^e  année  du  Cours  moyen).  224  p.  Paris, 
Edouard  Gornély. 

ARTICLES  A  SIG.NALKR  DANS  LES  PÉRIODIQUES 

Heviie  de  l'École  dWnlhropologie,  juillet  1906.  —  Thulié  (H.)  :  Le  terrain 
mystique;  —  Commo.nt  (M.)  :  Les  Découvertes  récentes  à  Saint-Acheul.  L'Acheul- 
léen.  avec  19  fig.;  —  Breuil  (H.)  :  Rhinocéros  gravé  sur  schiste  de  la  Grotte 
du  Trilobite,  à  Arcy-sur-Cure  O^nne),  avec  4  fig.:  —  Zaborowski  (S.)  :  Rap- 
ports du  Gothique  et  du  Lithuanien  et  de  eelui-ci  avec  le  Grec. 

Id.,  août  1906.  —  Manouvrier  (L.)  :  Conclusions  générales  sur  l'anthropo- 
logie des  sexes  et  applications  sociales;  —  C.\pitan  (L.)  :  Le  Congrès  Interna- 
tional d'Anthropologie  Préhistorique  de  Monaco  (1906);  —  Mortillet  (A.  de)  : 
La  Pierre-Folle  de  Bournand  et  les  Dolmens  du  département  de  la  Vienne  (avec 
^  1^Q-)\  —  Jacouot(L.)  :  Dessins  rupestres  de  Mogh'ar  (Sud-Oranais  [avec  2  fig.); 

—  Rabaud  (E.)  :  Anomalie  de  la  deuxième  circonvolution  pariétale  (avec  1  fig-); 

—  Zaborowski  (S.)  :  Pour  le  nom  d'c  Aryen  ». 

Id.,  septembre  190G.  —  Mortillet  (A.  de)  :  L'allée  couverte  de  Coppière 
(Seine-et-Oise),  (avec  25  figures);  —  Giuffrida-Ruggeri  (V.)  :  CrAnes  euro- 
péens déformés;  —  Fourdrigxier  (Ed.)  :  L'éclairage  des  grottes  paléolithiques 
devant  la  tradition  des  Monuments  anciens  [avec  4  fig.). 

Id.,  octobre  1906.  —  Her\-é  (G.)  :  Noirs  et  Blancs.  Le  Croisement  des  Races 
aux  Etats-Unis  et  la  Théorie  de  la  «  Miscégénation  »;  —  Zaboromski  (S.)  :  Le 
Blé  en  Asie  et  en  Europe  et  le  Culte  du  Pain).  Associations  de  Jeunes  gens  chez 
les  Turcomans.  Livres  et  Revues. 

Id.,  novembre  1906.  —  Huguet  (J.)  :  Origines  et  migrations  des  Tribus  Ber- 
bères et  particulièrement  des  Beni-Mzab  (Cours  d'ethnographie  générale);  — 
Verxeau  (R.)  :  La  Race  de  Spy  ou  de  Néanderthal:  —  Bardo.n  (L.),  Bouysso.me 
(J.  et  A.)  :  Grattoir  caréné  et  ses  dérivés  à  la  Coumbo-Delbouïtou  (Corrèze). 
Livres  et  Revues. 

Id.,  décembre  1906.  —  Schrader  (F.)  :  L'impulsion  du  milieu  et  la  pensée 
cosmologique;  —  Capitan  (L.),  Brelil  (H.)  et  Pevront  :  Les  gravures  de  la 
grotte  des  Eyzies. 

Journal  de  la  Société  des  Américanisles  de  Paris,  15  avril  1906.  —  IIamy 
(E.-T.)  :  Sur  une  statuette  mexicaine  de  la  déesse  Ixcuina  ;  —  Vignaud  (Henri): 
Sophus  Ruge  et  ses  vues  sur  Colomb. 

Revue  des  Traditions  Populaires,  Paris,  novembre  1906.  —  Laurext 
(Pierre)  :  Légendes  et  Superstitions  préhistoriques  CXL.  Une  pierre  à  frictions 
en  1832. 

La  France  Médicale,  Paris,  25  septembre  1906.  —  Marie  (A.)  et  Viollet  : 
Envoûtement  et  Folie. 


.\UTn:i.K>  A  >iii.NAi,i:..  ijan>  i-Es  i>K»nM)ini'Es  ri03 

Revue  Scientifique,  Paris.  6  octobre  190«.  —  FnF.DEv  (Louis)  :  La  roncfpfic.n 
humaine  de  l'Univers.  Revue  bibliograplii<iue:  —  M.  Jacques  Lckh,  Professeur 
(le  physiologie  à  l'Université  de  Californie  :  The  Dynaniiks  of  living  Militer 
{Vortesimr/en  iiber  die  Dyndtnik  der  Lehenserrheinunffen  (II.  riiimi). 

Id.,  13  octobre  1906.  —  Hiudoi'  (Dr)  :  La  joie  morbide. 

Id.,  15  et  22  décembre  1006.  —  Lapie  (Paul)  :  Civilisations  en  contael. 

La  Géographie.  Paris.  15  juin  1900.  —  Laim-arent  (A.  de)  :  Les  épocpies  gla- 
ciaires dans  le  massif  alpin  et  la  région  pyrénéenne. 

Archires  d'Anthropologie  Criminelle,  juillet-aniit-septriidin-  1900.  — 
D'K.NJOY  (Paul)  :  Pénalités  chinoises. 

/rf.,  octobre  1900.  —  Lombkoso  (C.)  :  Discours  d'ouverture  du  VlM  longrès 
d'.Vnthropologie  criminelle  î'i  Turin:  —  Lombhoso  (Gina)  :  La  pitié  dans  la  jus- 
tice; —  Ryckkre  (de)  :  La  criminalité  ancillaire;  Matignon  :  La  prostitutidu  au 
Japon  (avec  photographies). 

Id.,  novembre  1906.  —  Lacaspagne  (.\.)  et  Martin  (Ht.)  :  Les  données  de  la 
statistique  criminelle  (trois  graphiques). 

Id.,  décembre  1906.  —  Reiss  (P.  A.)  :  Les  méthodes  scientiliiiucs  dans  les 
enquêtes  judiciaires  et  policières;  —  Martin  (Et.)  :  Macrodactylie  (hypertrophie 
congénitale  de  l'auriculaire  droit  chez  un  dégénéré  épilepti(|iic  incendiaire), 
(avec  ligures). 

Bulletin  de  la  Société  Dauphinoi.se  d'Ethnologie  et d'A>Uhropologie.i.\U. 
>'*>  2,  juillet  1905.  —  Jacqvot  :  Charmeurs  et  magiciens  arabes. 

Revue  Tunisienne,  Tunis,  novembre  1906.  —  Behtholon  :  L'année  anthro- 
pologique nord-africaine,  1905-1906. 

Annales  de  la  Société  d'Archéologie  de  Bru.rellcs.  livraisons  I  et  11.  1906. 

—  ScHWEisïHAi.  (Martin)  :  Histoire  de  la  maison  rurale  en  Helgii}ue  et  dans  les 
contrées  voisines;  —  Mauxieix  (E.)  :  Les  stations  préhistoriques  des  environs 
de  Gouvin. 

Bulletin  de  la  Société  Vaudoise  des  Sciences  Naturelles,  Lausanne,  juin- 
septendire  1906.  —  Schenk  (Dr  Alexandre)  :  Etude  d'ossements  et  crAnes  hu- 
mains provenant  de  palalitfes  et  de  sépultures  de  l'Age  di-  la  pierre  poli.',  de 
l'Age  du  bronze  et  de  l'Age  du  fer. 

Internationales  Archiv  fiir  FAlinographie.  Leiilcn.  1900.  lîd  XVIII.  Hit  1 
u.  IL  —  Kesten  (D"-  L.)  :  Die  Indianerstiimme  des  (irmi  Chaco  bis  zum  Aus- 
gange  des  18  ten  lahrhunderts  (Mit  Zwei  Karten.  Taf.  Vil  .-t  VIH):  Schmeltz 
(D' J.)  :  Zwei  Gegenstimde  von  Niederl.  Nord  Neutluinca  (Mil  2  Abb.  im  Texl). 

Zeitschrift  fiir  Morphologie  und  Anthropologie  .  Stuttgart.  IM  l.\,  Hft  2. 

—  Fischer  (Eugen)  :  Die  Varialionen  an  Radius  und  llna  des  Mens.hen.  Mit 
Tafel  XI-XIV  und  16  Textfiguren  :  -  Frédéric  (.1)  :  Untersuchuiigen  uber  .lie 
Rassenunterschiede  der  menschlichen  Kopl'liaarc  Mil  Tafcl  X^ ,  ond  \\l. 

Id.,  M  IX.  Hft  3.  —  ik-NTAHo  AbACHi:  Das  Knorpelslii.U  in  <ler  l'iica  scmilu- 
naris  conjunctiva'  der  Japaner.  Mit  Tafel  XVII;  —  Frédéric  (J.)  :  .Naclitrag  zu 
den  «  Untersuchungen  ùber  die  Sinushaare  der  Atïen  ».  Mit  1  Hgur;  —  Hurst 
(Cari  M.)  :  Einiges  iiber  anthropologische  WinkelmessungiMi  und  idjer  cm  Ins- 
trument fiirWinkel-und  IndexRestimmungen.  Mit  TalVl  XVIII  und  1  Texttigur. 

Id.,  Bd  X.  Hft  1.  —  ScHWAi.BK  (G.)  :  Uber  das  Cchirn  Reliefder  Schlafengegend 
des  menschlichen  Schadels.  Mit  7  T.'xtfiguivn  und  TalVI  1-VI;  —  Zlckkrkandl 
(E.)  :  Uber  die  palmaren  TasIballen  von  Myopolamus  coypus.  Mit  Tafel  IX;  — 
Adlokf  (P.i  :  Einige  Bcson.lerheilen  des  menschli<-b.'n  C. -bisses  und  ihre  stam- 
mes  geschichtiiche  Bedeunlung;  —  BECK(Frie<l.  R)  :  Fine  Méthode  zur  Bestim- 


504  1>0   DKCEMIJItK    1!K)0 

munpdes  Schiiilolinhaltes  und  llii-ngewichtes  ani  Lehcntlen  und  ihre  Bozicliungen 
zuin  Kopfuinfang.  Mit  Tafel  X  und  1  Textfigur;  —  Peahson  (Karl)  :  On  a  Trigo- 
noiiii'ler  for  use  in  Crar)iologie;  —  Furst  (Cari  M.)  :  Narhlrag  zu  moiner  Arbeit: 
«  Kiniges  ùher  antliropologischc  Winkclincssiingcn,  efc. 

Archiv  fur  AnDiropolugic,  nraiiiiscliwcig.  Ncue  Folge-Baml  \'.  llfll  3/4.  — 
Stei.nman.n  (Prof.  I)""  (1.)  :  Dio  paliiolithisolie  Renntierstation  von  Munzingen  am 
Tuniherge  bei  Freiburg  i.  lî.  Mit  53  Abbildungen  im  Toxt.:  —  Kollmann  (Prof. 
!)•■)  :  I)pr  Schiidel  von  Kleinkenis  und  dio  Ncandcrllial.  —  Spy-Gruppe.  Mit  5 
Aliliildungon  ini  Text. 

Kon-csjiondeuz-Blatt  der  deutschcn  Gesellsclmfï  fiir  Anthropologie, 
KUtnologie  und  Urgeschichte.  Braunschweig.  Deccniber  1906.  —  Walkhoff 
(Professor  D')  :  ZurFrage  der  Pliylogenie  des  menscbliclien  Kinnes. 

Zeilschrift  fur  Démographie  und  Slalislik  der  luden.  Berlin  Halensee, 
juin  190(i.  —  KxopFKi.  :  Stand  und  Bewogung  dor  jùdischen  Bevolkerung  in 
(irossiierzogtuni  Hcsson  wahrend  des  19.  lahrhunderts;  — Sofer  (D""  Léo)  :  Zur 
Biologie  und  Pathologie  der  jùdischen  Basse;  —  Straus  (D""  E.)  :  Die  Haupter- 
gebnisse  der  Unterrichtsstatistik  im  K<>nigreioh  Bajern  fur  das  Schuljahr,  1903- 
04. 

Id.,  oktober  1906.  —  Wadler  (Arnold)  :  Die  .luden  in  Serbien:  —  Margolin 
(D""  S.)  :  Die  Entwicklung  des  jùdischen  Handwerks  in  Bussland. 

Id.,  dezember  1906.  —  Ruppin  (D""  A.)  :  Juden  und  Arnienier;  —  Smelianski 
(W.)  :  Die  jùdische  Bevolkerung  in  Jaffa  :  —  Thon  (D'  .lakob)  :  Die  Juden  in 
den  preussischen  Stiidten. 

Zeitachrift  fiir  Ethnologie.  Berlin,  38  lalu-gang  1906.  Heft  IV  u.  V.  — 
Maass  (A.)  :  Die  primitive  Kunst  der  Mentawai  Insulaner  (Taf.  VII-IX  und  32 
Textabb.);  —  Verworn  (M.)  :  Archaolithische  und  palâolithische  Beisestudien  in 
Frankreich  und  Portugal  (35  Textabb.);  —  Schlaginhaufen  (Y.)  :  Zur  Morpho- 
logie der  Palma  und  Planta  der  Vorderinder  und  Ceyloner  (25  Textabb.). 

Mitteilungen  der  Kais.  Kônigl.  Geographischefi  Gesellschaft  in  Wien. 
Band  49.  No  11  u.  12.  —  Bauer  (D'  Viktor  von)  :  Eine  Reise  auf  der  Insel 
Sawaii  (Samoa). 

Mitteilungen  der  Anthropologischen  Gesellschaft  in  Wien. —  XXXVI  Bd. 
Der  dritten  Folge  VI.  Bd.  III  und  IV  Hft.  —  Much  (M.)  :  Die  Trugspiegelung 
orientalischer  Kultur  in  den  vorgeschichtlichen  Zeitaltern  Nordeuropas  (Mil  11 
.\bbildungen  im  Texte.)  —  Muhko  (M.)  :  Zur  Geschichte  des  volkstùmlichen 
Hauses  bei  den  Sùdslawen  (Mit  9  Abbildungen  im  Texte).  —  Krone  (R.)  :  Die 
Guarany-Indianer  des  .\ldeamento  do  Rio  Itariri  im  Staate  von  Sâo  Paulo  in 
Brasilien. 

Bullelino  di  Pnletnologia  Ilaliana.  —  Parma,  giugno-settembre  1906, 
n^'  6-9.  —  Paribeni  :  Vasi  dell'  Italia  e  dell'  estero  con  figure  animali  nell' 
intorno  e  sugli  orti.  —  Colim  :  Le  Scoperte  archeologiche  dell  dott.  G.  Rosa 
nella  Valle  délia  Vibrata  e  la  civiltâ  primitiva  degli  Abruzzi  e  délie  Marche. 

Archivio  per  l'Antropologia  e  l'Etnologia.  — Firenze.  Vol.  XXXVI,  fasc.  2, 
1906.  —  Chérié-Lig.nière  (Massino)  :  Ancora  sui  derivati  del  secondo  arco  bron- 
chiale  nell'  uomo  adulto.  —  Gmjffrida-Ruggeri  (V.)  :  Caratteri  sessuali  di 
affinamento  e  altre  quistioni  antropologiche.  —  Biasutti  (Renato)  :  A  propo- 
sito  dei  caratteri  cranici  di  una  razza  primitiva.  —  Mochi  (Aldobrandino)  :  Dati 
craniologici  sui  Sandé. 

The  Journal  ofthe  Afithropological  Institute  of  Great  Britain  and  Ire- 
land,  vol.  XXXV,  1905,  July  to  Deceraber.  —  Bedd^  (John)  :  Golour  and  Race; 


ARTICLES    A    SIGNALER    DANS    LES    l'KlUnUlQUES  505 

—  Wheelwright  (C.-A.)  :  Native  Circuincision  Lodgos  in  tlio  ZdUtpan^borg 
District;  —  Abehcromuy  (llon.-Jolin)  :  Tlio  Chroiiolugy  of  pieliistorio  Glass 
Boads  and  Assoiiati'ti  cerauiic  Ty\H-s  in  Hrilain  (wilh  l'Ialcs  XVIll-XXIl):  — 
Grant  (William)  :  Magato  an.l  liis  Tribo:  —  Kose  (H. -A.)  :  Ilindu  Pivgnancy 
Observamt's  in  tlie  l'unjab:  —  WiLi.oitiHin"  (Kev.  W.-C)  :  Notes  on  Ihe  Tote- 
mism  of  the  Becwana;  —  l\\r.  (An.irew)  :  The-  Primitive  an.l  tb.'  Advanced  in 
Totemism:  —  r.oTxsciiLLNG  (Hev.  E.)  :  The  liawendaia  Sketch  of  tbeir  History 
and  Cnstoms;  —  Torday  (E.).  and  Joyce  (T.-A)  :  Notes  on  the  Ethnography  of 
the  Ba-Mbala  (wilh  IMalcs.  \\VIII-\\X);  —  Lewis  (A. -L.)  :  Prehislorir.  Romains 
in  Cornwall. 

Journal  of  Analomy  and  Phi/sioloijy,  London,  vol.  XLl.  Part.  1.  odobcr 
1906.  —  DucKWoRTH  (W.-L.-H.)  :  Note  on  an  unusual  Anomaly  inCrania  from 
the  Island  of  Kwaiawata.  New  Guinea.  Notes  on  the  Analomy  of  an  Eunuchoid 
Man  dissocted  at  llu-  Analomy  Srhool.  Cambridge,  during,  1905;  —  Kidd  (Wal- 
ter)  :  The  Papillary  Ridges  and  Papillary  Laver  of  the  Corium  in  thè  Mamnia- 
lian  Iland  and  Fool. 

The  American  Xaturalist,  Chicago.  August.  19U6.  —  LuLL(ProfessorR.-S.)  : 
Volant  Adaptation  in  Vertébrales. 

Id..  november  1906.  —  Osborn  (Professor  H, -F.)  :  ïhe  Causes  of  Extinction 
of  Mamraalia. 

The  Ainerican  Antùjnarian.  Chicago.  July  and  Augusl,  1906.  —  Wake(C.)  : 
Mythology  of  the  Plains  Indians;  —  Peet  (Stephen  D.)  :  Copper  Relies  from: 
the  Mounds. 


TABLE    DES    DONS 


A     LA     SOCIETE      D   A  N  T  11  ROPO  L  OG  I  E 


Dons  a  la  Société  :  3.  4.  141,  142,209, 
221.  222,  250.  251,  252,  253.  254.  255, 
256,257,  258,  2.S0,  291,401.  402.  421, 
448,  482,  483,  484.  496,  497,  498,  499, 
500,501.  502. 

Adrian!  (N.). 

Alix  (G.). 

Almgren  (0.)- 

ANTHnNY  (d""  K.)- 

Avelot  (R.). 
Aya. 
Babeau. 
IJalfour  (II.). 
Ba.\dklier(A.-F  ). 
Baudouin  (d''  .M.). 

lÎEDDOE  (J.). 

Bkrtillon  (J.). 

BlASUTTI  (H.). 
BiGBARD  (R.). 

Blagden  (Ch.-O.). 

Bloxdel  (d""  Ch.). 

Boas  (Fr.). 

Boucher  de  Grèveccecr  (A.). 

BOWDITCH  (Ch.-P.). 

BoTD  (H. -A.). 

Brandstetter. 

Brette  (A.). 

Brecil  (II.). 

BUCHNER   (L.). 

Bdshell  (S.-W.). 

Cagnat. 

Caix  DR  .Saint-Aymour  (C"  de). 

Cartailhac  (E.). 

Castelfranco  (P.). 

Castle  (E.-W.). 

Cazalis  de  Fondouce  (P.). 

Chantre  (E.). 

C'.hauvet  ((!.). 

Cherrie  (G.-K.). 

CouHBO^  (d""  P.). 

CUYER  (K.). 

Daleau  (F.). 

Dastre  (A.). 

Davenport  (C). 

Debruge  (A.). 

Deniker  (d""  j.). 

De.nnett  (R.-E.) 

Dubreuil-Chambardel  (Df  L.). 

DOBUS 

Dyar  (H. -g.). 
Fischer  (H.). 


Forbes  (A.) 
Fourdrignier  (E.). 
(îaleotti  (G.). 

GlUFFRIOA-RUGGhRI  (I)''  V) 

Guébhard  (dt  A.). 

(it'IDO  CORA. 

Hackman  (A.). 
IIaeckel  (E.). 
IIampei.  (J.), 
Hamy  (d"-  E.T.). 
Hauser  (K.). 
Hazard  (a.). 

HÉRON  (d'  r.). 

IIewett  (E.-L.). 
Holmes  (W.-II.). 
HouzÉ  (d'). 

HOWITT  (A.-W.). 
ISSEL. 

Klerck  ('Ë.-S.  de). 
KœzE  (G. -A.). 
Krause  (F.). 
Lafaye  (G.). 
Lahy  (J.-M.V 
Langi.et  (dt). 
Lapicuce  (d'  L.). 
Lasch  (d'  R.). 
Lasenhy-Liberty  (A.). 
Laurent  (or  .\.). 
Laville  (A.). 
Lecointe  (G.). 
Le  Double  (d""  A. -F.). 
Leumann-Nitsche  (d""  r.). 
Levi  (S.). 
Lissauer  (A.). 
LiviNi  (F.). 
Loret  (V.). 
Luschan  (Von). 
Maire  (A.). 
.Manouvbier  (d'  L.). 
.Marie  (d^  A.). 
Mathusen  (A.). 
Mattirolo  (0.). 
Mayet  (d""  L.). 
Menant  (D.). 
.Merriam  (.I.-C.). 
Meunier  (P.). 
Miller  (E.-V.). 
MiLLùuÉ  (L.  de). 
Mingaud  (G  ). 

NUTTALL  (Z.). 
Outes  (F.). 


r.08 

l»ALUAnY  (P.). 
|>AL-\V   (L.   DE). 
l'KAKSAIX  (K.-T.)- 

Pkllati  (F.). 
Penka  (K.). 

l'iKÏTE   (Ed.). 
l'OTTlKK  (Ed.). 
l'LTNAM  (F.-\V.). 
Hkinach  (S.). 
Uktzius  (G.). 

HUVILLK    (J.). 
RlVKT  (D'). 
HOLIN   (H.). 

RosEN.  (E.  von). 

RUTOT  (A..). 

Salas  (C.-P.)- 
Salkeby  (N.-M.). 
Savoyb  (Cl.). 

SCHAEFFKU  (Ch.;. 
SCHKERER. 


TAULES    DES    DONS 


SCHKTKLIG  (H   ). 
SCHI.AGINHAUFKN  (d'   0.). 
SCUMELTZ  (l)""  J.-Ù.-E.). 
SCHULLEK  (R.). 
SCHWALBE    (d""  g.). 
SCUW'ARZ  (J.-A.). 
Seahs  (J.-H.). 

Seune  Kok  (J.). 

SOLDl-COLBERT  DE  BeAULIEU  (E.). 

Stieda  1,0'  E.). 

SWANTON  (J.-R.)- 

Thiel'llen  (A.). 
Thiot(L  ). 
Van  iiENNEP  (A.). 
Vaschide(N.). 
Vauvillé  (0,). 
Verneau  (R.). 

ViNSON  (J.). 
VURPAS  C^l-). 

Walter  (H.-E.). 


TABLE  DES  FIGLUES 


Pig  I  à  3.  —  Tumulus  de  la  Gambie, 
fig.  \,  carte,  p.  26:  fig.  2,  lomlieaux  à 
enceiDtes,  p.  o'2:  fig.  A,  giseinouts  do 
tombes  à  tumulus,  p.  3;!. 

Fig.  4  II  G.  —  Tables  de  croissance  des 
enfants  parisiens,  fig.  1,  courbe  géni^- 
rale  do  la  croissanco  <lo  1  à  Ui  ans  (taille 
et  poids),  ]).  ïVi;  fij;.  '1,  ai-croisseiiu^nt 
annuel  de  la  taillo  de  2  à  l(i  ans.  p.  ol!; 
fig.  'A,  accroissement  annuel  du  poids  do 
tJ  à  IG  ans,  p.  57. 

Fig.  7.  —  Pierres  levées  et  figures  rii- 
pestres  du  Tagant,  1  fig.,  figures  ru- 
poslres   des   sources  de  Garaoual,  p.  10^. 

Fig.  8  à  9.  —  Survivances  ethnograplii- 
ques,  fig.  8,  écoiçoir  du  .Morvan  ;  fig.  0, 
écorçoir  de  l'Indre,  p.  lOi. 

Fig.  10  à  :21.  —  Les  fouilles  récentesdans 
les  Cyclades  et  en  Crète,  fig.  \ ,  l'Ile 
de  Crète,  p.  109;  fig.  '2,  céramique  néo- 
lithique ilo  Cnosse;  fig.  o,  statuetlrs  trou- 
vées dans  la  couche  néolilhiquo  à  Cnosse, 
p.  110;  fig.  i,  couloir  principal  du  pala's 
de  Ptiaostos,  p.  Ilo;  flg.  .=j,  objets  prove- 
nant (les  fouilles  de  Cnosse,  p.  1 1.')  ;  lîg.  6, 
tombe  royale  près  Cnos.so,  p.  Ilfi;  fig.  7, 
fresque  du  palais  do  Cnosse,  p.  1 18;  fig.  8, 
salle  dite  du  trône.  Palais  do  Cnosse,  p. 
119;  fig.  9,  terri'  cuilo  de  Palaekaslro 
(Crète  Orientale),  p.  1-20;  fig.  iO,  inscrip- 
tion du  type  linéaire  H  sur  un  pithos  do 
l'haoslos,  p.  I-Jl;  fig.  11.  bague  en  or  ilc 
Mycènes,  agrandie  uu  double,  p.  I2i;  fig. 
1"2,  trois  cachets  en  sléatite  provenant  do 
Crète,  p.  l;27. 

Fig.  22.  —  Les  Troglodytes  de  l' Extrême- 
Sud  Tunisien,  fig.,  int''riour  do  la 
cour  do  la  maison  du  Cheikh  Kolaa-Mat- 
mata,  p.   I7G. 

Fig.  2;-{  ;i  '2*.  —  Contribution  à  l'étude 
de  la  régénération  osseuse  du  crâne, 
fig.  I,  représentation,  d'a|irès  une  photo- 
graphie, do  la  paroi  crânienne  régénérée 
ii'un  jpuno  chien  cranieclo.nisé,  p.  19^  ; 
fig.  "2,  coupe  Iransvoisalo  schématique 
d'une  suture  crânienne,  p.  200. 

Fig.  23  —  Présentation  de  fragments 
de  poterie  gauloise,  fig..  échantillons 
do  poterie  gauloise,  p.  225. 

Fig.  2().  —  Edouard  Piette,  deux  portraits, 
p.  261. 

soc.  ii'anthhop.  1906. 


Fig.  "27.  —  Sur  un  vase  peint  prorenant 
des  sépultures  de  Saint-IIilaire-du- 
Riez,  fig  ,  vase  provenant  do  Jazenouil 
(Vienne),  p.  266. 

Fig.  28.  —  Empreintes  de  inains  humai- 
nes  dans  la  grotte  dj  Gargas  (Hautes- 
Pyrénées),  p.  331. 

Fig.  29.  —  La  langue  scrotale,  fig., 
langue  scrolalc  du  type  foliacé  avec  hyper- 
trophii'  papillaire,  p.  3o2. 

Fig.  30  à  36.  —  Quelques  remarques 
d'anthropologie  sur  les  Cambodgiens 
actuellement  à  Paris,  fig.  1,  Sisowalh, 
roi  ilu  Cambodge,  p.  3ol;  fig.  2,  lo.«  fils 
du  roi  ;  fig.  3,  la  fillo  du  roi.  p.  356; 
fig.  4.  la  sœur  du  roi,  p.  357;  fig.  5, 
type  grossier  de  la  race,  p.  338;  fig  6, 
le  roi  de  profil,  p.  339  ;  fig.  7,  type  fia 
do  la  race,  p.  361. 

Flg.  37  à  il.  —  Rapport  de  l'os  et  de  la 
dent,  fig.  1,  côtes  G  et  D  montrant  les 
rapports  do  la  8"  avec  la  branche  mon- 
tante, p.  386;  fig.  2,  montrant  les  rap- 
ports dos  branches  montantes;  fig.  3,  bord 
postérieur  de  la  manche,  p.  387;  fig.  4. 
vue,  face  triturante,  p.  389;  li;.  5,  racines 
dos  3''s  molaires  gauche  et  droite,  p.  391. 

Fig  42  à  ii.  —  Une  adaptation  du  tho- 
rax des  vieillards  aux  fonctions  res- 
piratoires, fig.  H,  squelotto  do  la  région 
thorayiquo  auiérioure  clio/.  l'homme,  ]>. 
39,S;  lig.  2,  disposition  schémaliquo  do 
l'articulation  intrachimdralo  do  la  Irostcr- 
not;ôte,  p,  396  ;  fig.  3,  schéma  destiné  à 
rappeler  le  m  «uvomenl  do  bascule  du  ster- 
num au  momi'nt  de  l'inspiration,  p.  398. 

Fig.  Va  à  50.  —  Nouvelles  recherches  ra- 
diographiques  sur  l'ossification  des 
métacarpiens  et  des  phalanges  chez 
les  enfants  normaux  et  chez  les  hy- 
potrophiques,  fig.  1,  radiographie  de  la 
m.iin  d'un  enfant  normal  do  4  ans,  p.- 
4ii8  ;  fig.  '2,  ladio-photographie  de  la 
main  «l'un  enfant  normal  do  3  ans,  p  409  ; 
lig.  3,  radio-pholKgrnphio  do  la  main  «l'un 
enfant  normal  ilo  JU  moi-;,  p  410;  lig.  4. 
radio-photographie  d  uno  fillo  à^éedo  5,ins 
moins  un  mois,  aUeinto  d'hypertrophio 
ii'origine  i.a>lro-inlestiu3lo  sans  rachi- 
tisme, p.  412;  fig.    3,  hypotrophie  d'ori- 

33 


ilO 


TABLE  DES  FIGURES 


pi 00  pastro-intestinale  à  un  (legré  très 
avancé,  p.  41:!;  fig.  (\  main  d'uno  i)eliti' 
fillo  lacliilique  do  4  ans  '^  non  liypoitro- 
phiquo.  p.  41.'>. 

fig.  51.  —  Présentation  et  description 
d'objets  divers  découverts  dans 
l oppidum  de  Pommiers  \Noviodu- 
num  des  Siiessions),  fig.,  plan  de  l'en- 
ceinte gauloise  ot  du  camp  romain  au 
ViO.OOO-,  p.  430. 


Fig.  n2  à  5S.  —  Vérification  post-mortem 
d'un  pelvigramme  radiographique, 
fig.  1.  p.  4;^9,  lig  -J,  p.  ;40. 

Fig.  54.  —  Musique  bolivienne ,  fig  ,  em- 
churos  d'inslrumenls  en  cuivre,  p.  io8. 

Fig.  î>5.  —  Deuxième  note  sur  la  langue 
scrotale,  p.  '«87. 

Fig.  o6.  —  Toukou  le  Haoussa,  Toukou  le 
Haoussa  d'après  un  dessin  à  1/10  de  M.  le 
Colonel  Duboussct,  p.  495. 


PLANCHES  HORS  TEXTE 


Le  Plateau  central  Nigérien,  par  M.  le 
Colonel  Desplagncs,  p.  86 

Planche  1.  —  \^  Tumulusde  la  région  deCoun- 
dam  (Killij:  -1'  Monts  Onallo.  Types  de 
la  moutngno;  3°  Tjpes  de  pêcheurs  Bozos. 

Planrhc  11.  —  1'  Groupes  de  pierres  levées 
Tondiiiarou,  près  de  Niakunfédac  Takadji); 
2*  Village  «le  Kikfra  sur  la  ]iente  nord  du 
plateau  de  N'Dalla;  .'i"  Inscriptions  de  Songo 
^1?)  kil.  N.-E.  Bandiagara). 

Planche  111.  —  1»  Grenier  à  mil  avec  ornemen- 
tation en  haut  relief  (Kroïkrous^  ;  io  Tu- 
mulusd'El-Oualcdjiet  résultats  des  fouilles. 

Planche  iV.  —  1"  Une  maison  de  Kori-Kori  ; 
2*  Maison  de  Touro  avec,  sur  la  droite  de 
la  porte,  l'autel  tu  chef  do  village;  3°  Rui- 
nes d'un  village  de  refuge  dans  les  parois 
verticales  d'une  falaise. 

Planche  V.  —  1°  Gogouna,  chef  de  Kani  fa  été 
envojéà  Tombouctou  par  AmahdouSchcic- 
kou.amir,  roi  des  Fculbès  d'Hamrialahi, 
pour  ordonner  aux  gens  de  la  ville  de  ren- 
voyer le  docteur  Barlli  (18oo);  2"  Bun- 
kassi,  abn-repos  du  village  de  Ban- 
kassi  dans  la  plaine  'omblêmo  de  tribu 
femelle);  .i°  Le  Bogon  de  Bankassi  devant 
sa  maison  i plaine  Sud). 

Planche  VI.  —  Autel  sur  h-  plateau  des  Ha- 
roua(Harou)  (tribu  mâle  des  Oiseaux); 
2°  Autel  au  piel  de  la  falaise  du  Sud  de 
Bandiagara;  o°  Autel  à  trois  pointes  sur 
lequel  fe  Hogon  fait  des  sacrifices  pour  la 
triade  divine. 

Planche  Vil.  —  1°  Danse  religieuse  dans  une 
tribu  du  clan  des  Oua  (Oiseaux)  et  des 
buffles  ou  anlilopes  :  2»  Une  danse  de  jeunes 
gens  pour  accompagner  le  chef  religieux; 
A"  Nama,  entretenu  par  chaque  famille,  se 
promenant  dans  les  champs  au  moment  de 
la  fête  des  semailles. 

Planche  VIII.  —  lo  Tombeaux  du  ravin  de 
Kani-Bzon;  2"  Case  funéraire,  abri  sous 
roche  MonlsDalla;  'i°  Case  sépulcrale. 
Tombeaux  du  Mont  Bouljani-Kani, 

Les  Troglodytes  de  l'Extrême-Sud  Tuni- 
sien, par  M  Emile  Macquart,  p.  170  bis. 
—  1°  Médinine  Les  vieilles  «  Khorfas  »  ; 
2"  Intérieur  delà  cour  do  la  maison  sou- 
terraine de  Si  Abd-AUah,  chaouch  de  Ka- 
laa  Matmata. 

Les  Groupes  ethniques  du  Bassin  de  la 
Rivière  Claire,  par  M.  le  Commandant 
Bonifacy,  p.  328-330. 


Planche  I.  —  Fig.  \,  soldats  Annamites  du 
Toukin  ;  fig.  2,  soldats  Thô  noirs  de  Bao  lac. 

Planche  M.  —  Fig.  1.  soldats  Méo;  fig.  2, 
femmes  et  enfants. 

Planche  III.  —  Fig.  1,  soldats  La-Qua;  fig.  2, 
les  Na-ê.  analogues  aux  Pa-teng. 

Planche  IV.  —  Fig.  1.  Ke-lao  blanc:  fig  2. 
Pu  la  cho  cô. 

Planche  V.  —  Fig.  1,  tirailleurs  (Annamites); 
fig.  2,  les  mémos  iprotil). 

Planche  VI.—  Fig.  1,  tirailleurs  (Thô  noirs  de 
Bjo  lac);  fig.  2,  les  mêmes  de  profil. 

Planche  VII.  —  Fig.  1.  tirailleurs  (Méo);  fig. 
2,  les  mômes  de  profil. 

Planche  VIII.  —  Fig,  1,  tirailleurs  (Lolo  noirs); 
fig    2.  les  mômes  de  profil 

Planche  IX.  —  Fig.  \,  Annamites  monta- 
gnards; fig.  2,  Thô  méridionaux. 

Planche  X.  —  Fig.  1,  Thô  blancs  de  Hà  Giang; 
fig.  2.  homme  et  jeunes  filles  Heu  i. 

Planche  XI.  —  Fig.  1,  femmes  et  fillette  nông 
tic  Hnang  thu  Bi  ;  fig  2,  jeune  couple  Giày. 

Planche  XII.  —  Fig.  \,  femme  truog  cha  en 
costume  national  ;  fig.  2,  jeune  homme  et 
jeunes  filles  mân  quân  côc. 

Planche  XIII.  —  Fig.  1,  jeune  femme  lan  tien 
en  costume  de  mariée  ;  fig.  2,  jeune  homme 
et  jeune  fille  mân  cao  lan  dans  son  cos- 
tume traditionnel. 

Planche  XIV.  —  Fig.  \,  homme  et  jeunes  fliles 
ta  pan  courte  corne  (Dông  Van);  fig.  2, 
homme  et  femme  ta  pan  grande  corne,  la 
femme,  on  costume  de  noce,  porto  la  coif- 
fure qui  donne  le  nom  à  la  tribu. 

Planche  XV.  —  Fig.  1,  Mêo  à  tôte  penchée, 
une  aïeule  et  ses  petits  enfants  ;  fig.  2, 
Dai  ban  au  couteau  rond,  la  jeune  fille  de 
droite  porte  la  coilTure  nuptiale. 

Planche  XVI.  —  Fig.  i,  homme  et  filetle  Méo 
noirs  ;  flg.  2,  Pu  la  de  la  tribu  Pii  p'à. 

Planche  WIl.  —  Fig.  1,  Thô  noirs  de  Bao  lac; 
fig.  2,  groupe  do  La  Qua. 

Planche  XVIII  -  Fig.  1,  jeunes  filles  et  fil- 
lettes yuan  trang  avec  leurs  diverses  coif- 
fures; fig.  2,  La  ti. 

Planche  XIX.  —  Fig.  1,  un  jeune  couple  de 
riches  Méo  blancs  et  les  deux  sœurs  du 
marié  ;  fig.  2,  jeunes  hommes  Siao  pau  por- 
tant des  bijoux  do  jeune  fille,  par  crainte 
des  mauvais  génies,  et  jeunes  filles  portant 
la  n  petite  coiffure  »  qui  donne  son  nom  à 
la  tribu. 

Planche  XX.  —  Fig.  1 ,  Lolo  noirs  de  Bao  lac,  dits 
Màn  Khoanh  ;  fig.  2,  Groupe  de  Mêo  rouges. 

Planche  XXI.  —  Fig.  1,  groupe  de  Lolo  blancs  ; 
fig,  2,  jeune  garçon  et  femmes  Lolo  noirs. 


TABLE    DES    AUTEURS 


137. 


Anthony  (D'  R.),  4.  \M.  197.  2tl,  385.  393.    Gui'bhard  (A.),  333,  33». 
At-ior  (D'i,  50.  67.207.  '220,  2-25.  288.  Haiiiv   lE.-T).  1,  3,  SO.  67,    101,   107,   1 

Avolot  (R.n   IM,  26-,  .384,  403.  187.  223,  271,  418,  433.  443.  460,  490. 

Ava  ihM    484  Hébert  ;J  ),  104. 

HtMvé  iD^  G  ).  24,  f<0,70,  130,  264,  270,  273 

Hu^uet  (Di-  J.).  137.  138,   187,  2M,  220,  270 

Jarricol  iD    J.l,  439. 

Kirkoff(N.),  226. 

Lacouloumèro  (G.).  3,  401.  402. 

Upicquo  (Louis).  233.  482,  496. 

I.ejeuno  (Ch.),  137,  148,  187,  220. 


Aya  (U').  484. 

Baudet,  207. 

Bauluoin  iD"   Marcoll.   3.  72,  221,  222,  264. 

266.    27  4,275,    295,    345,    349,    401,402, 

462,  486.   196. 
BlocluD'  A.loipho).  11,  65,  148,  220,  334. 
Bloch  (D-  Ivan).  202. 
Bonifacy  tCoiiimaniiant),  vJOG. 
Boutlier,  276 
Broquet  (Dr  C\\.>.  365. 
Capilan  (D'  L.),  65,  211,  275. 
Chaumot  (D'),  51. 
Cheivin  (D'n  221,  222. 
Choquet,   496. 
Collignon  (D'),  385. 
Cuver  (Ed),  141,  209,  483. 
Daao,  158. 

David  (M"'«  Aloxandral)  (Myrial),  334. 
Déchelette  (J.),  265. 
Delisle  (D^  F.).  130,  132,  294,  485. 
Delvincourt,  207. 
Deniker   (J  ),    24,    130,   226,  231.  274,  326, 

333.  438. 
Desplagnos,  73. 

Dobreuil-Cham!  ardel  (D'j.  143,  351,  483,  486. 
Ducheinin.  25. 

Dussau.l  IR.),  108,  213,220. 
Echerac  (D'),  275. 
Enjoy  (Paul  d'),  87. 
Ferraz  de  Ma.edo,  206. 
Forestier  (D""),  131. 
Fourdngnior  (Ed.).  50,  219,  448,  450. 
Georges  (Max.),  155. 


I.ejeuno 

Macquart  (Ein.),  17  4. 

Manouvrier(L.).  4.  49,  64,  132,  137,  197,202, 

207,  209,  2H,  220,  'idG,  342,  345. 
Marie  (D'i,  142. 
Malhews  (R.-H.),  164. 

Mortillct  (A.  de),  50.  67.  207,  211,  226.   448. 
Papillauit  (D'  G.),  (i4,  68,  85,   132,  13/,   149, 

164.  173.  196,  233,  334,  433,443,  486, 496. 
Paui-Boncour  (D'  G.),  201. 
Rognault  (D''  F.;,  289,  299,  432. 
Resnault  (Félix),  331. 
Rivet  (U'-j,  448.  490. 
Sthmidt  (Oscar),  164. 
Sébillot  (Paul).   1.  72. 
Siffro  (A),  233,  346.  385. 
Taté,  130. 

Thieulien  (Ad.),  150. 
Trillat  (D'  P.),  438. 
Van  Gennop  (A.),  291. 
Variot  (D'  G.j,  51,  293,  295,  405. 
Vauvillé  (0.),  208,  226,  334,421.  422. 
Vinson  (J  ),  220. 
Zaborowski  (S  ),  6,   34,    85.    130,  164.    202, 

2-22,    260,  270.   274.    276,    277,    326,   3i9, 

364,  416,  483. 


TABLE   DES   TRAVAUX   ORIGINAUX 


DES  PRINCIPALES  COMMUNICATIONS 


AI>iI>iÉE    i90« 


ANTHONY  (Dr  R.).     .  Contrihution   à   l'étude  de    la   réî;énération  osseuse   du 

eràue,  197. 
—  ...       Une  adaptation  du  thorax  des  vieillards  aux  fonctions 

respiratoires.  (Le  mécanisme  deproduclion  inlrachondrale 

de  Ja  première  sternoeôto),  303. 
ATCIER  (D''  E.)    .     .     .      Présentation  de  frajjmcnts  do  poterie  g^auloise,  p.  225. 
AVELOT  (R.)  ....      Etlinogcnie  des  peuplades  habitant  le  bassin  do  lOgooué, 

—  ....       Le  jeu  des  godets;   un   jeu  africain  à  combinaisons  mathéma- 

matiques,  267. 

—  ....       Sur  un  questionnaire  do  linguistique,  403. 

BAUDH Découverte  d'une  double  trépanation  préhistorique, 

à  .>iontigny-sur-Crécy,  canton  de  Crécysur-Serro  (Aisne), 

207. 
BAUDOUIN  (D'  Marcel).       Les  tératomes  ne  sont  que  le  vestige  de  l'un  des  sujets  com- 

posant.-i  d'un  monstre  double,  IG2. 
BLOCH  (D""  Adolplic)  .     .      Couleur  des  cheveux  et  dos  yeux  de  12  015  Françaises.  Taille 

de  H. 704  Françaises  et  de  491  Etrangères  (prostituées),  d'après 

le  D""  Parent-Duchatelct,  i\. 
—  .     .      Quelques  remarques  d'anthropologie  sur  les  Canïbod- 

giens  actuellement  à  Paris  (avec  présentation  de  portraits), 

354, 
Rl.OCil  (Dr  Ivan)  ...       La  prétendue  Syphilis  préhistorique,  202. 
BONIFACY  (Commandant)       Les  i;rou]tes    ethniques   du   bassin  de  la  Rivière  Claire 

(Haut-Tonkin  et  Chine  Méridionale),  29(i. 
BROQUET(D'  Ch.).     .     .       Résultais  du  Conseil  de  revision  de  l'année  11303  à  l'Ile 

de  la  Réunion  et  évaluation  de  la  robusticité  des  éléments 

ethniques   qui    forment   lo  contingent  créole  basée  sur  1.463 

mensurations  et  sur  l'application  du  procédé  Pignet,  365. 
CAPITAN  (L  )  ,     .     .     .       Une  couche  de  silex  taillés,  usés,  sur  la  terrasse  moyenne  du 

nioustier,  65. 
CHAUMET  (D' Ed.)    .     .       Tables    do   croissance    des    enfants  parisiens  de  i  à 

i(]  ans,  51. 
DAAE Sur  la  taille,  l'envergure,  !o  périmètre  thoracique  et 

la  hauteur  du  buste  chez  les  populations  de  l'intérieur  et 

des  côtes  do  la  \'orvège,  -loS. 
DAVID  fM">=  Alexandra)  (.Myrial).       L'idée    de  solidarité   en   Chine  eu  V  siècle  avant 

noire  ère.  Le  philosophe  Meh-li,  334. 


TltAVALX  itmtJI.NALX  i;i    I'UINCII'.\LK>  l'.D.MMUNlCATIDNS 


:ii:{ 


DÉr.HELETTE  (J.) 

OELISLE  (D'  F.) 
DELVINCOURT. 


Sur  un  %aso  point  provenant  des  sépultures  do  Salnl-Ililulrc» 

dn-ltirz,  26'i. 
KiLostosrs  du  fémur,  i^l. 
Déi>otivort«>  d'uni'  doiiblo  tri'panallon  pri^lilstorùnic, 

à  Moiili<;iiy-sor-<'rrcy,  canton  d(i  Crécy-surSeiro  (  Aisne), 


'JOT. 


(l'index 


DUSSAUD  (René)  . 

ENJOY  (Paul  d'i 
FORESTIEK  i\)')  , 

FOURDRIGN'IER  (Ed 
HAMY  (D'  ET). 


DESPLACNES  ....       le  plaleaii  rouirai  iii(;r>ricn,  7;i 
DUCIIE.MIN Tiimnliis  do  la  Oniiiliie.  '2!'.. 

DUBREUIL-GHAMBARDEL  (Dr  Louis).       Dos    drviatiunH    latérales    des  doigl^ 
varus),  as. 

—  La  langac  scrotale,  3o1. 

—  Deuxième  note  sur  la  langue  scrotale,  486. 
Les  fouilles  récentes  dans  les  Cycladcs  ot  en  Crète,  108. 
La  matérialisation  de  la  prii^re  en  Orient,  '2)3. 
Le  spiritisme  eu  Cliiiie,  87. 
Les  ossements  patliolo;;i<|ues  du  cimetière  de  lancionne 

église  d'Aix-eii-Savoie,  llîl. 
Slnsique  bolivienne,  450. 

rievrt's  lovics  et  ligures  rupestres  du  TaKan*»  ^^"• 
Ieonoi;ra;9liie  abolitioniste,  ti^.'J. 
Los   epiit    f|iiarante  nègres    de  M.    d'Avaux,  à  lHunï>(cr, 

(1644).  '271. 
Los  Mores  du  Roi  René,  418. 
Xole  .sur  les  eollectious  anthropologi«iues,  recueillies  par 

M.  le  lieutenant  L.  Desplagnos,  dans  le  .Moyen-Xîger,  433. 

—  ...       Aonembas,    Waronas,    Ban^o-ltangos.   Notes    s-ir    une 

petite  collection  de  crânes,  rapport('s  parEd.Foâ,  do  la  région 
des  grands  lacs  africains,  413. 

—  ...        Deux  crsïnes  do  AVIiydali,  4<iO. 

—  ...       Toukou  le  llaoussa.  Souvenirs  de  laboratoire,  491. 
HÉBERT  (J.)    ....       Survivances    ethnographiques.    L'écorçoir  dans   les    Ar- 

donnes,  l'Indre  <■[  l'Yonne,  104. 

HERVÉ  (G) Contribution  à  l'histoire  des  nK^galithes,  70. 

Vérilieation  posl-mortcm  d'un   pelvigramme    radio- 
graphique  0  tenu  par  la  méthode  du  professeur  Fabre,  }38. 
Recherelies  anthropologiques  sur  la  croissance  des  élèves 

de  l'école  militaire  do  S.  A.  II.  lo  l'iinco  de  BulKarie,  à  Sofia, 

000. 
Les  \'ègrcs  (r.%sîe  ot  la  race  nj^gre  en  général,  233. 
L'orieine  des  seienees  ot  la  religion,  187. 
Los  TroRloilytes  do  l'ExIrême-Sinl  Tunisien,   17'». 
La  prétendue  lésion  syphilitique  liu  erAne  [)irliist(irique  de 

Rray-sur-Seine,  209. 
îVote  sur  les  ossements  néolithi<|ues  du  dolmen  de  C'arlon 

et  de  la  caverne  de  Fontarnaud  (Gironde),  342. 
Organisation  sociale  de  quelques    tribus   australiennes, 

164. 
Mon  opinion  vraie  sur  un  point  de  morphogénle  osseuse, 

68. 
REGNAULT  (Félix),   de  Toulouse.       Empreintes  do  mains  humaines  dans  la  grotte 

de  Gargas  (Hautes-Pyrénéesj,  3:11. 


JARRICOT  (D'  P  )  . 
KIRKOFF  (D'  N).      . 

LAPICQUE  (D'  Louis). 

LEJEUNE  (Charles)  . 
MACQUART  (Emile)  . 
MANOUVRIER(D'  L.) 


MATHEWS  (R.  H  )    . 
PAPILLAULT  (D-  G.;. 


ÔU 


TRAVAUX  ORIGINAUX  ET  PRINCIPALES  COMMUNICATIONS 


HEr.NAULT  ^D'  Félix) 
SIFFRE  (D'  A.)     .     . 


THIEULLEN  (A.)  . 
TRILLAT(D'  I'.)  . 

VAIIiOT  (D'  G.)    . 


VAUVILLÉ  (0  )     . 
ZABOnOWSKI  (S  ) 


MoD  opinion  sur  un  point  de  nior|ilioK<:'nie   osseuse,  432. 
I\otc  «ur  dos  pièces  Mquclettiquc!»  uiaxillo-deataires 

iK'oiithiques,  346. 
Kappart  lio  l'os  ot  de  la  dent.  A  propos  d'uno  inandiliiile  de 

;;'oriiIe  fracturée  au  moment  de  la  formation  de  la  troisième 

molaire,  iJ8."). 
Les  faux  é«»lithes.  150. 
Vt^rilieation    posl-inorleni  d'un    pelvi^raninie  radio- 

;;-rapiii«|ue  obtenu  par  la  méthode  du  professeur  Fabre,  438. 
Tables   de   croissance    des    enfants   parisiens    do    1   à 

16  ans,  51. 
Sur  la  plagiocéplialie  et  le  eraniotabes,  2!>3. 
Nouvelles    recherches   radiographi((ues  sur    l'ossiHeation   des 

métacarpiens  et    des    phalan:;;es    chez   les  enfants 

normaux  et  chez  les  h^potrophiques.  40o. 
Présentation  et  description  d'objets  divers,  découverts  dans  l'op- 
pidum de  Pommiers  fNoviodunum  des  Suessionsj,  42'2. 
La  taille  des  chevaux  chez  les  Germains  otdans  l'Europe 

préhistorique,  6. 
les  Gaulois    L'industrie  dite  de  la  Tène  est  purement  Gauloise. 

Les  Bastarnes,  34. 
Edouard  IMette,  260. 

Patries  protogermanique  et  protoaryenne,  247. 
Prétendue  preuve  de  décharneiHcnt  sur  un  fémur  du  Mas- 

d'Azil,  416. 


TABLi:  ANALYTIUt'E   Ll    ALIMIABÉTIQUK 


«les  iii:ili«-i-fs  «Mtiiloiiiirs  dans  co  voliiiiir 


l*Mi  M.  1)'Im'.iii';h.\c. 


I  il  o  (i 


AGE  DE  PIERRE   —  Objets  trouvés  aux  envi 

rnns  do  Kayes  fhaut  Sén(5ga!),  3. 
ANCIENS  PRi:siD   NTS  (li<  la  socii'lé.  Anciens 

secri'taires  généraux,  XLl. 
Aouembas,      M'arouas,    Bango-Bangos. 

Notes  sur  une  collrclion  do  crânes  rapportés 

par  M.  E.  Koa  de  la  région  des  Grands  lacs 

africains,  4'»o;  Tableau,  447. 

Australiennes.  Organisation  sociale  de  quel- 
ques tribus  — ,  KIk  Table  1,  1H5.  Tablo  II, 
166.  Tablo  111.  170, 

BOUCUEli  DE  l'ERTHES.  Erection  do  sa  statue 
à  Abbevillo.  Uno  conscription  de  200  fr.  est 
TOléO.    1!I7. 

BUREAU  de  la  société  pour  19il6.  XXXVill. 
Son  installation:  allocution  du  président  sor- 
tant; —  du  président  entrant,  t,  "1. 

Cambodgiens.  Quelques  remarques  sur  les 
—  actuellement  à  Paris,  .SMi;  Coloration  do 
la  peau,  ',^ï>n  \  Dimension  dus  lèvres  et  do  la 
bouche,  857;  Forme  de  la  têtu,  8oS;  Autres 
caractères  extérieurs,  Holt;  Comparaison  avec 
les  descriptions  des  principaux  eiploratcurs, 
360;  Discussion,  364. 

CHEVAUX  :  leur  taille  chez  les  Germains  et 
dans  l'Europe  préhistorique,  6;  Rappel  d'une 
discussion  entre  M.  Zaborowski  et  M.  Piolre- 
moni.  D'après  M.  Piètrement  les  chevaux 
germains  étaient  grands;  ils  étaient  petits 
d'apiès  M.  Zaborowski,  7  à  <1. 

CHEVEUX  et  YEUX.  Couleur  dos  —  de  12,01;; 
françaises;  Taille  de  11.704  prostituées  fran- 
çaises et  do  4!)1  p.  étrangères,  d'après  le 
D'  Parent-Duchatelet,  M;  Influence  du  cli- 
mat, 12;  Particularités  que  présentent  les 
prostituées  de  Paris  sous  le  rai)port  do  la 
c.  des  ch.  et  de  la  taille,  13,  14,  l.'»,  16. 
17;  Tableau  des  tailles,  18,  19;  Tableau  dos 
moyennes  suivant  les  séries  totalisées,  20; 
Discussion,  24. 

COMITÉ  central,  XXXVUl. 

COMMISSION  de  publiration,  XXXVIII. 

COMPTE-RENDU  du  secrétaire  général  pour 
l'année  1905,  4  à  6. 

Congrès  de  Monaco.  Renseignements  supplé- 
mentaires donnés  par  M.  Verneau  sur  — ,  00  ; 
Quatrième  —  colonial  français,  M.  Worms 


invilo  les  membres  do  la  f  ociélé  ii  y  participer. 
BS;  Résumé  des  travaux  du —  par  le  D' Ca- 
pitan,  275. 

CRANE.  Contribution  à  l'étude  do  la  régénéra- 
tion osseuse  du  — ,  11>7;  représentation 
d'après  une  pliologi-ajdiio  de  la  paroi  cia- 
nionno  régénérée  «l'un  jeuno  chien  cianioc- 
tomisé,  19S;  Coupe  transversale  schématique 
d'une  suture  crânienne,  200,  Doux  crânes  de 
Wliydah,  î()l;  mesures,  461. 

CROLSSANCE  des  enfants  pirisiens  do  1  à  IG 
ans,  51  (tables);  modo  et  procédé  de  men- 
suration, 51,  52;  Courbe  générale  de  la 
croissance  de  1  à  16  ans  (taille  et  poids), 
.")3;  Moyenne  du  i)oids  et  do  la  laillo,  ^5 
(tableauj;  Accroissement  annuel  de  la  taille 
de  2  à  1I>  ans,  56  (graphique)  ;  du  poids,  37  ; 
Tables  comparatives  do  croissance,  58;  — 
maxima,  —  minima  cl  moyenne  garçons  et 
filles  5'J;  séries.  GO,  61,  6i',  G3;  Discussion, 
6i.  Croissance  des  élèves  do  l'école  militairo 
de  S.  A.  R.  le  Prince  de  Ruigario  ii  Sofia; 
Recherclies  anthropologiques  .••ur  — ,  22tl; 
Comparaisons  de  mensurations,  '228  ;  Circonfé- 
reme  thoracique,  229;  Mensuration  des 
membres  inférieurs;  poids  du  corps,  230; 
Mensuration  do  la  tête;  Discussion,  231. 

Cyclades  et  Crète.  Fouilles  récenlos,  108; 
L'ilf  de  Crète;  Les  Cyclades  n'ont  pas  été 
habitées  à  l'époque  néolithique.  A  rencontre 
do  co  qui  s'est  produit  pour  les  Cyclades,  la 
Crète  donna  asile  à  l'homme  dès  l'époque 
néolithique,  109;  Céramique  néolithique  île 
Cnosso;  statuettes  trouvées  dans  la  couche 
néolilhiquo  de  Cnosso,  110;  Le  minoen  ancien 
I  n'est  aiilro  que  l'énéoliliquo  ;  Lo  minoen 
ancien  II  voit  apparaître  dans  les  parties  les 
plus  anciennes  du  dép(\t  de  Haghios  Ononfrios 
les  sceaux  en  marbre  ivoire  ou  pierro  tendre, 
111;  Au  ininoon  ancien  III  appartiennent  les 
objets  les  plus  récents  du  dépôt  do  Haghios 
Onontiios ,  Lo  minoen  nioytm  correspond  au 
plein  âge  du  bronze;  Lo  minoen  moyen  III 
voit  élever  lo  second  palais  do  Cnosso  et  de 
Phaeslos,  112;  Couloir  principal  du  palais 
do  l'haestos,  113;  Objets  iirovcnant  des 
fouilles  de  Cnosso,  115:  Lo  minoen  récent  II 
est  caractérisé  par  un  remaniement  du  second 
palais  do  Cnosse  et  de  Phaostos  ;  Tombe  royale 
près  de  Cnosse,  116;  Fresques  du  palais  de 


510 


TAULE    ANALYTIQUE    ET    ALPHABETIQUE 


Cnossc;  Avoc  le  minoon  nVonl  UI  l'hé^iéma- 
nio  passe  sur  le  continent.  IIS;  Salle  liile 
(lu  liôno.  palais  île  C.noss",  li'J;  Terre  cuite 
(le  l'alaekastro  (Crète  orientale i,  1-20;  Inscrip- 
tion ilu  type  linéaire  15  sur  un  pithos  de  l'Iia- 
uslos,  1-21  ;  Les  ilocuinonts  fournis  par  les 
fouilles  (le  Crète  ouvrent  un  chapitre  nouveau 
(le  riustoire  des  religions,  l'2-»;  Les  minoens 
n'ont  pas  connu  le  temple,  123;  Bague  en  or 
(le  Mycèno:  Le  Zeus  crétoisou  Zous  kretijç*''- 
nès  a  conservé  dans  la  mythologie  grecque  des 
traits  narticuliers,  l'2i;  Trois  cachets  on 
sti^atito  provenant  de  Crèlo,  127. 
DÉLKCATION  donnée  à  M.  Doniker  pour  repré- 
senter la  société  à  l'inauguration  du  nouveau 
musée  d'Klhnographio  do  Cologne,  Jibo; 
M.  Oeniker  rond  compte  de  celte  inaugura- 
tion. 438. 
DÉLÉC.UÉS  an  comité  d'administration  de  l'asso- 

,iation.  XKXVllI. 
DENTS.    Comiiiuiiicdlion   sur  les   —   selon    lo 

sexe,  remarqnos  et  obscrvitions,  196. 
DÉVIATIONS    latérales    dos    doigts    (l'index 
varusi,  143;  Les  déviations  des  doigts  sont 
presque  toujours  bi-latérales,  Ui;  L'hérédité 
joue  un  rôle  très  important  dans  l'étiologje 
des   déviations    latérales    des    doigts.    145; 
Index  varus.obiiervations  1  et  2.  Ilti,  Obser- 
vation 3,  auriculaire  varus,  iil. 
DONATEURS  (principaux),  XLl. 
DONS.   Par   M.   A  va   d'un   hamac  acheté  aux 
indiens  de  la  rivière  Vichada  dans  les  pam- 
pos  du  Cundimamarca,  404 
ÉLECTIONS.   M.    le   Marquis    de  Bret-îuil  et 
M.  Siffre,  nommés  membres   titulaires,   87; 
MM.  d'Echérac,   Van  Cennep  ot  Weisgerber 
sont  nommés  membres  de  la  commission  du 
contrôle  des  financeô;  M.tf.  Oscar  Schraidt  et 
Yerneau  sont  nommés  délégués  de  la  société 
au  congrès  de  Monaco,  17  4;  M.  'c  D'  Saint- 
Martin"  est    élu     membre    titulaire.     223; 
MlleOppeinheim,  nommée  membre  titulaire, 
333;  Bureau   de  I'JOT.  Membres  titulaires  : 
MM.  Jourdan,    .(arricot.   Commandant  Boni- 
fary.  448;  M.  Cboqucl,  482. 
?:OLITHES.  Los  faux  —,  loO. 
ETHNOliRAl'HlE.    Survivances   ethnograplii - 
ijurs:  L'é(or(;oir  dans   les  Ardennes,  l'imlre 
et  l'Yonne.  104.  103,  106,  107. 
FÉMUR.  Prélonduos  preuves  do  décharnemont 
sur  un  —  du  Mas  d'Azil.  416;  Exostose   du 
— ,  484;  Discussion,  485. 

Gaulois  (Los).  L'industrie  dite  de  la  Tène  est 
purement  Gauloise  ;  Les  Bastarnes,  34  ;  Le 
nom  de  Celtes  prèle  à  de  regrettables  é([\i\- 
voques  scientifiques;  Comment  il  faut  l'en- 
tendre. 35;  L'industrie  du  fer  de  l'époque 
de  la  Téne  est  gauloise;  Ello  a  précédé  de 
hoaucoup  la  conquête  romaine,  39;  Les  Gau- 
lois de  l'histoire  sont  bien  dos  peuples  sortis 
d'une  race  unique,  45;  On  a  tort  do  voir  des 
Germains  dans  \(i^  Rasfaynes,  46,  47;  Proto 
ariens  cl  Gaulois,  48;  Ils  avaient  dos  mœurs 
semblables,  49;  Discussion,  49,  50. 
Groupes  etliniques   du  bassin  de  la  Ri 

viàfe  Claire  (HaulT'Mikin  et  Chine  méri- 
dionale). Généralités.  296;  Caractères  soma- 

tiques,     297;  Caractères    ethniques,    301; 


So'!iétés,  302  ;  Description  des  proupes  ; 
Groupe  Thaï,  305;  Nong  an,  3o7  :  Giay.  308  ; 
Groupe  LaQua,  310  ;  Groupe  l.ao,  34  ;  Groupe 
La  II,  312;  Groupe  Man  ou  Yao,  313;  Tribu 
Cao  lan,  314;  Tribu  Quan  Irang,  31. j;  Tribu 
Lan  tien;  Tribu  Siao  pan,  316;  Tribu  Ta 
\r.in,  317;  liroupe  Pa  teng;  Tribu  Naô  ou 
Nong  é,  31.S  ;  Groupe  .Méo,  319;  Groupe  Lolo, 
321  ;  Tribu  Mung  ou  Muong,  322;  l.olo  noirs, 
;;23:  Lolo  blancs.  324;  Pu  la,  325;  Discus- 
sion, 326;  Légende  des  planches  placées  à  la 
fin  de  rarticle",  328. 
ICONOGRAPHIE  abolitionniste,  223. 

Ile  de  la  Réunion.  Résultat  du  Conseil  de 
révision  pour  l'année  1905;  Elude  du  r.ays  et 
des  races  qui  forment  le  contingent;  Résuit  it 
du  conseil  de  révision  pour  la  classe  1904, 
368;  Maladies  ayant  motivé  l'exemption. 
3H9;  Exflmjitions  dues  à  la  splcnomegalio  et 
à  la  cachexie  palustre.  370  ;  Elude  de  la  taille, 
i!u  pjrimètru  thoacique,  du  poids,  371; 
Tailles,  372;  Périmètre  thoracique.  373; 
Poids,  374;  Coefficients  de  robusticité,  376; 
Tableaux  de  ces  coefficients.  378,  379,  380, 
381,  382,  383;  Maladies  et  coefficients  ;  Con- 
clusion, 384. 
JEU  DES  GODETS.  Jeu  africain  i  combinaisons 
mathématiques.  267;  —  Règle  du  jeu  séné- 
galais, du  jeu  Dahoméen,  du  jeu  Nago,  269; 
Du  jeu  Gabonais;  Discussion,  270. 
LANGUE  SCROTALE.  La —.  331;  Deuxième 
note  sur  la  — .  486;  Antécédents  héréiiitaires, 
personnels;  Examen  de  la  bouche,  487;  de 
la  langue,  do  la  salive,  488  ;  Indice  maxillaire; 
Hypertrophie  salivaire,  489;  Régularité  du 
système  dentaire;  Discussion,  4"J0. 
LINGUISTIQUE    Sur   un  questionnaire  do   —, 

403. 
LISTE  des  membres  de  la  société,  XIV  à  XXX  ; 
—   des   sociétés   savantes,    bibliothèques   et 
recueils  scientifiques  qui  reçoivent  la  publi- 
cation de  la  socié',6,  XXXI;  —  des  échanges, 
XXXIII  à  XXXVII. 
MÉGALITHES.  Contribulion  à  l'histoire  dos  — ; 
Survivance  des  cultes  mégalithiques  :  exem- 
ple   tiré   du   procès  de   Gilles  de    Rays,  71  ; 
Discussion,  72. 
MON.STRE  double  vivant.  Le  second  thoraco- 

xiphopage  du  Brésil,  221. 
Mores.  Les  —  du  Roi  René,  418. 
MORPHOGÉNIE    osseuse.    Opinion    vraie    ile 
M.  Papillault  sur  un  point  de  —,  68,  69,  70  ; 
Opinion    de  M.   le  D'  Félix  Regniult,  432; 
Discussion. 
Moyen-Niger.  Note  sur  les  collections  anthro- 
pologiques recueillies  par   M.  le  lieutenant 
Dosplagnes  dans  le  —,  433. 
Mythes  et  légendes  d'Australie,  études 
d'etJinographie  et  de  sociologie.  Présen- 
tation d'un  ouvrage  intitulé  —,  291. 
NÉCROLOGIE.  Clément  Rubbens,  20:)  ;  Edouard 

l'ieltc,  225,  260. 
Nègres  d'Asie  et  race  nègre  en  génJral, 
2.i3;  Qj  est-ce  qu'un  no;zro;  Où  irouve-t-on 
des  nC'grc^,  234;  Négios  africains:  Races 
mixtes  on  boiduro,  235;  Los  océaniens.  238  ; 
Nègres  de  Malaisie,  négritos,  239;  Nègres  de 


TABLE    ANALYTlyl'K    ET    ALl'llAHKTIOLE 


517 


rinde;  Diavidions  et  pr(''draviJions,  241: 
De  l'Inde  à  la  Map  Roupe;  Race  nègre  unique, 
:245;  Indice  radio-pelvien,  247. 

Les  cent  (|uaianto  nèjjres  do  M.  d'Avaux  à 
Munster  i  ItiU),  aneciolo  ethnologique, 
271  ;    Discussion,  273. 

négroïdes.  l>r<<sontation  de  types  phnto'ira- 
phiés  parmi  les  populations  actuelles  du  Var, 
26'». 

Nigériens.  Le  plateau  central.  7S;  Lo  Niger 
constitue  tout  I»^  régime  établi  des  eaux  de 
la  ié;;ioii,  71;  Nombreux  monuments  méga- 
lithiques; Grande  qiii'.nti té  d'armes  et  d'ins- 
truments en  pierre,  7o;  Aspect  dos  indigènes, 
7G;  Habitations;  Leur  origine;  Coutumes  et 
organisation  sociale;  Ho;;on."7;  Idées  reli- 
gieuses, 78;  Laggara,  79;  Conseil  des  an- 
ciens: Fêtos  reli;.;ieuses.  80;  Association  de 
jeunes  ^ens;  Mariai^es,  81;  Divorce:  Funé- 
railles, 82.  8<;  Cuminerce.  8t;  Discussion, 
83;  Huit  planches  annexées,  86. 

Norvège.  La  ta. Ile,  l'envergure,  le  périmètre 
thorariquo  et  la  hauteur  du  buslo  chez  les  po- 
pulations de  l'intérieur  et  des  rôles  do  la  — , 
158;  Pour  tout?  la  Norvège  la  taille  moyenne 
est  de  172.  132;  L'envergure  moyenne  de 
178.  243;  La  hauteur  moyenne  «lu  buste.  !ll 
19,  lo9;  Le  périmètre  moyen  Ihoracique  est 
do  87.33  d'une  manière  générale  un  peu  in- 
férieure à  la  moitié  de  la  taille  et  presque 
toujours  un  peu  inférieurfl  à  la  hauteur  du 
buste,  160;  Tableaux,  161,  162,  16;i. 

Ogôotié.  Ethnogénie  des  peuplades  habitant  le 
bassin  de  — ,  132. 

Oppidum  de  Pommiers.  Présentation  et  des- 
cription d'olijets  divers:  Armes,  outils,  422; 
Parures.  423;  Fibtiles,  (2.->;  Poteries,  mon- 
naies gauloises,  427;  Monnaies  romaines, 
42»;  Conclusion,  429;  Plan,  430;  Légende 
du  plan,  431. 

OS.  Rapport  do  l'os  et  de  la  dent,  îl  propos 
d'une  mandibule  de  gorille  fracturée  au  mo- 
ment do  la  formation  de  la  3'  molaire,  3So  ; 
Présentation  d'objets  «mi  —  provenant  du  tu- 
mulus  de  Pers-Pierroux  au  Poireux  de  l'Ile 
de  Ré.  498. 

Ossements  pathologiques  du  cimetière 
de  l'ancienne  église  d'Ai.v-en-Savoie. 
131  ;  Ossements  néolithiques  du  dolmen  do 
Curtoû  et  de  la  caverne  de  Fontarnaud  (Gi- 
ronde), 3i2:  Tibia,  complet  masculin;  Par- 
tie inférieure  d'un  fémur  féminin,  343;  Dol- 
men de  Carton,  d'' bris,  .lit  ;  Discussion,  343. 

OSSIFICATION.  Nouvelles  recherches  radio- 
graphiques  sur  —  des  métacarpiens  et  des 
pbalangi^s  chez  les  enfants  normaux  et  chez 
les  bypotropbiques,  403. 

OUVRAGES  offerts  et  dons  divers  par  M.  Hamy, 
son  livre  intitulé  :  Joseph  Domhey,  médecin 
naturaliste,  archéolomie,  explorateur  du  Pé- 
rou, du  Chili  et  du  Brésil.  Par  M.  lo  D'  Bau- 
douin :  Le  Menhir  de  Sain!-Martin-de-Brem 
(Vendée),  3.  Par  M.  Cuver  au  n  ni  de  M.  lo 
D""  Laurent,  un  ouvrage  ayant  pour  titre  : 
Physionomie  et  mimique  chez  les  alié- 
nés. 141.  La  démence,  par  le  D''  iMurie; 
Par  M.  Guyer,  au  nom  de  M.  le  Capitaine 
Parlior,  ouvrage  ayant  pour  titre  Méthode  de 

soc.  h'antiiiiop.  1906. 


cartographie,  cartoî  à  main  levée  et  de  mé- 
moire, tracés  rapides,  209.  Par  M.  le  D' 
Bau  louiii.  1.'  travail  qu'il  vient  de  publier 
sous  lo  titre  de  :  (ielasimu:  Tangeri, 
crustacé  d'Andalousie,  mœurs  et  chas- 
ses, etc.  Par  M.  lo  D""  Chervin.  au  nom  de 
M"""  Soldi,  une  collection  complète  des  tra- 
vaux d'Emile  Soldi.  jiubliés  sous  lo  tire  gé- 
néral do  Ca/aM^î<^  sacrée.  221.  Par  le 
mémo,  trois  têtes  momifiées  provenant 
ries  fouilles  faitos  en  19IIÎ')  jiar  M.  Gayei  à 
Anlinoë  i  E^'ypte),  222,  2M)  à  238.  Evolution 
de  la  prostitution  par  M  le  D""  Re^'oault, 
2S'.t.  Par  M.  Deniker,  Journal  des  savants 
contenant  son  article  sur  ■  le  catalogue  inter- 
national de  littérature  scientifique  ».  Par 
M.  (luebhard,  note  sur  lo  Munis  duplex 
des  Gaulois,  d'après  "Jules  César,  333. 
Par  M.  Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumère. 
découverte  de  stations  gallo-romaines  sur 
l'ancien  rivage  du  havre  da  la  Gachiro  (Ven- 
dée). 401.  Les  vestigt-s  mégalithiques  do 
Saiut-Martin-do-Brem  (Vendée).  Découverte 
d'un  polissoir  à  Saint-Vinrcnt-sur-Gard  (Ven- 
dée), 402  ;  Par  le  môme,  contribution  à 
l'étudo  préhistorique  dans  les  marais  mo- 
dernes. 401  Par  M.  0.  Vauvillé,  brochure 
avant  pour  titre  i  l'Enceinte  de  Pommiers 
(noviodunuin  dessuessionsi,  4-Jl .  ParM,  Four- 
drignier,  d'une  étude  intitulée  «  l'Eclairage 
des'grotles  paléolithiques  devant  la  tradition 
des  monuments  anciens»,  4i8.  Par  M.  La- 
picque,  «  Introduction  à  l'étudo  des  sciences 
physiques  et  naturelles,  exercices  d'observa- 
tion »  4;.2.  ParM.  Guyer.  d'un  article  sur 
l'ensciLinemerit  du  dessin  plastique  :  Par 
M  Dubreuil-Chambar.lel  «  Trous  do  la  sym- 
idiyso  (lu  menton,  483.  Liste  des  ouvrages 
offerts  pendant  lo  deuxième  semestre,  49(>  \ 
TjOS. 

PELVIGRAMME  RADIOGRAPBIQUE  obtenu 
par  la  méthode  du  professeur  Fabre,  438; 
Discussion,  443. 

PERIODIQUES.  Articles  à  signaler  dans  les  — 
238. 

PIIONOGRAMMES  DEMUSIQUE  BOLIVIENNE. 
M.  do  Mortillet  fait  entendre  dos  —  ;  M.  Rivet 
présente  des  observations  sur  cette  musique, 
448;  Otiservations   sur  cette   musique,  430 

PIÈCES  SQUELETTIQUES  MAXILLO-DEN- 
TAIRES  NEOLITHIQUES.  Note  sur  —  ,346; 
Discussion,  349. 

piètrement.  Quelques  mots  sur  — ,  107,  108. 

PLAGIOCÉPHALIE  ET  CRANIOTABES.  Sur  la 
—  ,  293;  Discussion,  29'k 

POTERIES  GAULOISES.  Fragments  —,  223, 
226 

PRIÈRE.  Matérialisation  de  la  —  en  Orient. 
213. 

PRIX    décernés  par    la   Société;    —    Godard, 

—  Broca,  XXXIX;  —  Bertillon;  —  Fauvel.  XL. 

Protogermaniques  et  Protoaryens.  Réfu- 
tation dos  opinions  do  MM.  Kossinnaet  PenVa, 
277;    Discussion,  288. 

RÈGLEMENT  do  la  Société  revisé  en  1900, 
Vil  à  XIII. 

SCIENCES  ET  RELIGIONS.  Origine  des  -,  187 . 


548 


TABLE  ANAYYTIQLE  Kï  ALPHABETIQUE 


SILKX   TAILLÉS.  Une  coucho  sur  la  terrasse 
movenne  du  Moustier.  6:^  ;    La  constitution 
.1,-  celte  couche  de  silex  taiUt^s  très  usés  in- 
tercalée entre  les  foyers  intacts  delà  terrasse 
du  Moustier,  permet  do  supi)Osei'  que  la  Vé- 
zère   a  coulé   à  cotte    .époque   à    un  niveau 
beaucoup  plus  élevé  qu'aujourd'hui  (12  mètres 
environ  au-dessus  de  son  niveau  actael,  bb, 
67. 
SOLIDARITÉ.  Idée  de  la  —  au  v«  siècle,  334. 
SPIRITISME     En   Chine,    que   devient   l'àmo 
après  la   mort?  87,    88;    Incerlitude    trou- 
blante; L'immense  majorité  croit  aux  esprits. 
8t-    Le    socret  de  la  position   géographique 
des  Trois  îles.  90;  L.<  Chen-Sien;  La  déesse 
Ma-Sou;  Les  Kouai-Sé,  91;  l.'y-Kin,  genèse 
du  monde  phvsique,  92:  Yu-Yan-Sé    le  com- 
posé  de  deux   principes   de  vie   préside  au 
temps.  93  ;  Les  sorciers.  9i.  9S,  96.  Les  ce. 
rémonies  de  Pou-Tou,  97;  Le  Dragon,  99; 
ST.\TUTS  DE  LA  SOCIÉTÉ,  III  et  IV. 
SYPHILIS.    Prétendue  préhistorique,  202,  209. 
Tapan.  Pierres  levées  et  fiijures  rupestres  du 
—,  101;   Figures  rupestros   des  sources  do 
Caraoual,  10-2. 
TER  ATOMES.  Ils  no   sont   que   le  vestige  de 
l'un   des    sujets   composants   d'un    monstre 
double,  46-2;    Classification,  4t54:   Origme  : 
Tératomcs  de  Monstres  doubles,  46o;  Téra- 
tomes  de  monstres  triples;    Inclusion  abdo- 
minale proprement  dite  ou  endocymie,   4bb; 
Inclusion  abdominale  avec  extériorisation  ou 
dermocymie  secondaire,  467  ;  Inclusion  abdo- 
minale de  monstres  triples.  469;  l^e  obser- 
vation  Fattori  (1815),  470;  2*  observation, 


Schauiiiann  (183'J);  3'  observation,  Dra- 
phicsco  et  Cohn  (1906)  ;  Inclusion  alidommale 
avec  fusion  primitive  avec  la  glande  génitale 
472  ;  Remarques  générales  sur  les  tératomes  ; 
477;  Inclusion  secondaire;  Mécanisme,  478; 
Inclusion  primitive  ;  Evolution  ultérieure; 
Epoque  de  l'extériorisation,  479;  Nature  de 
la  monstruosité  originelle,  480. 
THORAX.  Adaptation  du  —  des  vieillards  aux 

fonctions  respiratoires,  393. 
Toukou  le  Haoussa.  Nigre    de   race    infé- 
rieure — ,  490. 
THllPAN'ATION.  Découverte  d'une   double  — 
préhistorique  à   Montigny-sur-Crécy,  canton 
de  Crécy-sur-Serre  (Aisne),  207. 
TRÉSORIER.   Rapport  du  —   pour   l'exercice 

190o,  138. 
Troglodytes  de  l'extrême-sud  Tunisien,  174: 
Intérieur  de  la  cour  de  la  maison  du  cheikh 
Kalaa-Matmata,  176:  Médeoino;  Les  vieilles 
Rhorfas;  Intérieoir  de  la  cour  de  la  maison 
souterraine  de  .Si  Abd-Allah,  chaouch  de  Ka- 
laa  Matmata,  176  bis;  Les  troglodytes  arti- 
ficiels, 178;  Les  troglodytes  grimpeurs,  179. 
TUMULL'S  de  la  Gambie.  Observations  géné- 
rales sur  la  région  qui  les  contient,  25; 
Carte  de  cette  région,  20  ;  Prédilection  mar- 
quée par  les  constructeurs  de  mégalithes 
pour  les  régions  fertiles  et  sainas,  29;  Les 
Mandingues;  Disposition  dos  gisements;  Na- 
ture des  matériaux,  30. 
VASES  PEINTS  provenant  de?  sépultures  de 
Saint-Hilaire-de-Riez,  263;  Discussion,  266. 


^ 


BINDING  ZZ  _  T.  JUL  11  Wf 


GN      Société  d'anthropologie 

2       de  Paris 

S6l       Bulletins  et  mémoires 

ser.5 

t.  6-7 


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